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Full text of "La Grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts"

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LA 


GRANDE  ENCYCLOPÉDIE 


IMPEîiMERIK    mi    E,    ARRAULT    ET    C^^ 


LA 


GRANDE  ENCYCLOPÉDIE 


INVENTAIRE    RAISONNÉ 
DES    SCIENCES,    DES    LETTRES    ET    DES    ARTS. 

PAR     UNE 

SOCIÉTÉ  DE  SAVANTS  ET  DE  GENS  DE  LETTRES 

sous    LA   DIRECTION    DE 


MM.  BERTHËLOT,  sénateur,  membre  de  l'Institut. 

Hartwig  DERENBOURG,  professeur  à  l'École  spéciale  des 
langues    orientales  et   à  l'Ecole  des  hautes  études. 

A.  GIRY,  membre  de  l'Institut,  professeur  à  l'École  des 
chartes  et  à  l'Ecole  des  hautes  études. 

E.  GLASSON,  membre  de  l'Institut,  doyen  de  la  Faculté  de 
droit  de  Paris. 

D'  L.  HAHN,  bibliothécaire  en  chef  de  la  Faculté  de  médecine 
de  Paris. 

G.-A.  LAISANT,  docteur  es  sciences  mathématiques,  répé- 
titeur à  l'Ecole  polytechnique. 


MM.  Ch.-V.  LANGLOIS,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  lettres 
de  Paris. 
H.  LAURENT,  docteur  es  sciences  mathématiques,  examinateur 

à  l'École  polytechnique. 
E.  LEVASSEUR,  membre  de  rinstitmt,  professeur  au  Collège 
de  France  et  au  Conservatoire  des  arts  et  métiers. 

G.  LYON,  maître  de  conférences  à  l'École  normale  supérieure. 
H.  MARION,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris. 
E.  MUNTZ,  membre  de  l'Institut,    conservateur  de  PÉcole 
nationale  des  beaux-arts. 


Secrétaire  général  :  André  BERTHËLOT,  député  de  la  Seine. 


TOME     VINGT-CINQUIEME 

ACCOMPAGNÉ     DE     SIX    CARTES     EN    COULEURS,     HORS     TEXTE 
(NORD,   OCÉANIE,    OISE,   ORAN,   ORNE,   PARIS) 


NORD  —  PART 


PARIS 

SOCIÉTÉ  ANONYME  DE  LA  GRANDE  ENCYCLOPEDIE 


61,  RUE   DE    RENNES,   61 
Tous  droits  réserves. 


LISTE  DE  MM.  LES  COLLABORATEURS 


DE 


LA  GRANDE   ENCYCLOPÉDIE 


N.  B.  —  Cette  liste  sera  reproduite  avec  les  modifications  nécessaires  en  tête  de  chaque  volume  et  une  liste  générale 

sera  publiée  à  la  fin  de  l'ouvrage. 


COMITÉ  DE  DIRECTION 


MM.  BERTHELOT,  sénateur,  membre  de  rinstitut. 

Hartwig  DERENBOURG,  professeur  à  l'École  spéciale 

des   langues   orientales  et  à  TEcoIe   des  hautes 

'études. 
A.  GIRY,  membre  de  l'Institut,  professeur  à  l'École  des 

chartes  et  à  l'Ecole  des  hautes  études. 
E.  GLASSON,  membre  de  l'Institut,  doyen  de  la  Faculté 

de  droit  de  Paris. 
D»"  L .  HAHN,  bibliothécaire  en  chef  de  la  Faculté  de 

médecine  de  Paris. 
C.-Â.  LAISANT,  docteur  es   sciences  mathématiques, 

répétiteur  à  l'École  polytechnique. 


MM.  Ch.-V.  LANGLOIS,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  des 
lettres  de  Paris. 

H.  LAURENT,  docteur  es  sciences  mathématiques,  exa- 
minateur à  l'École  polytechnique. 

E.  LEVASSEUR,  membre  de  l'Institut,  professeur  au 
Collège  de  France  et  au  Conservatoire  des  arts  et 
métiers. 

G.  LYON,  maître  de  conférences  à  l'École  normale 
supérieure. 

H.  MARION,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris, 

E.  MÎJNTZ ,  membre  de  l'Institut ,  conservateur  de 
l'École  nationale  des  beaux-arts. 


Secrétaire  général  ;  André  BERTHELOT,  député  de  la  Seine. 


Abt  (G.),  agrégé  de  philosophie. 

ADAM,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Dijon. 

Aguillon,  inspecteur  général  des  mines,  professeur  à 
l'Ecole  nationale  supérieure  des  mines. 

AiLLET  (G.),  élève  de  l'Ecole  normale  supérieure. 

Alglave  (Emile),  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris. 

Altamira  (R.),  professeur  à  l'Université  d'Oviedo. 

André  (Louis,;,  substitut  près  le  Tribunal  de  la  Seine. 

Arnodin  (F.),  ingénieur  des  arts  et  manufactures. 

AssE  (E.),  de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal. 

AiîBRY  (Pierre),  archiviste-paléographe. 

Ablard  (F.-A.),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de 
l'Université  de  Paris. 

Auriag  (V.  d'),  bibliothécaire  à  la  Bibliothèque  nationale. 

Babelon  (E.),  membre  de  l'Institut,  conservateur  du  dé- 
partement des  médailles  et  antiques  de  la  Bibliothèque 
nationale. 

BAiLLY,  docteur  es  lettres,  agrégé  d'allemand. 

Bapst  (Germain),  membre  de  la  Société  natiosale  des  anti- 
quaires de  France. 

Barré  (L.),  astronome  adjoint  à  l'Observatoire  de  Paris. 

Barrés  (Maurice),  homme  de  lettres. 

Barroux  (Marins),  archiviste  adjoint  aux  archives  de  la  Seine. 

Baudrillart  (André),  ancien  membre  de  l'Ecole  française 
de  Rome,  agrégé  de  l'Université. 

Bayet,  recteur  de  l'Académie  de  Lille,  correspondant  de 
l'Institut. 

Beaudoin  (Mondry),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de 
Toulouse. 

Beauregard,  député,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris. 

Bechmann  (G.),  ingénieur  en  chef,  professeur  à  l'Ecole  des 
ponts  et  chaussées,  directeur  des  travaux  de  salubrité 
de  la  ville  de  Paris. 

BÉMONT  (Charles),  directeur  adjoint  à  l'Ecole  des  hautes 
études. 

Berger  (Philippe),  membre  de  l'Institut,  professeur  au  Col- 
lège de  France. 


Bertaux  (Emile),  agrégé  des  lettres,  ancien  membre  de 
l'Ecole  française  de  Rome. 

BERTHELOT  (Daniel),  agrégé  à  l'Ecole  de  pharmacie,  pro- 
fesseur d'histoire  des  sciences  physiques  à  l'Hôtel 
de  Ville  de  Paris. 

BERTHELOT  (Philippe),  licencié  es  lettres  et  en  droit. 

BERTHELOT  (René),  professeur  à  l'Université  de  Bruxelles. 

BERTRAND  (Alexandre),  membre  de  l'Institut,  directeur  du 
musée  de  Saint-Germain. 

BERTRAND  (Al.),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Lyon. 

Bertrand  (Léon),  chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  sciences 
de  Toulouse. 

BiNG  (M.). 

Blanchard  (Raphaél),  professeur  à  la  Faculté  de  médecine 
de  Paris. 

Blanchet  (Adrien),  ex-bibliothécaire  au  département  des 
médailles  et  antiques  de  la  Bibliothèqwe  nationale. 

Bloch  (G.),  maître  de  conférences  à  l'Ecole  normale  supé- 
rieure . 

Bloghet  (E.),  maître  de  conférences  à  l'Ecole  des  hautes 
études. 

Blondel  (D''  R.),  docteur  es  sciences. 

Blum  (Eug.),  professeur  agrégé  de  philosophie. 

BoiRAC;  recteur  de  l'Académie  de  Grenoble. 

Bosio,  direction  de  la  Statistique  du  royaume  d'Italie. 

Bossert  (A.),  inspecteur  général  de  l'Instruction  publique. 

Bouché -Leclercq  (A.),  membre  de  l'institut,  professeur  à 
la  Faculté  des  lettres  de  Paris. 

Bourion,  préparateur  à  la  Sorbonne. 

BouRNON  (F.),  archiviste-paléographe. 

BouTROux  (Emile),  membre  de  l'Institut,  professeur  à  la 
Faculté  des  lettres  de  Paris. 

BouvAT,  élève  diplômé  de  l'École  des  langues  orientales. 

BOYÉ  (Pierre),  docteur  es  lettres  et  en  droit,  licencié  es 
sciences,  avocat  à  la, Cour  d'appel  de  Nancv. 

Boyer  (G.),  professeur  à  l'Ecole  d'agriculture  de  Montpellier. 

Brancour  (René),  compositeur  de  musique. 


LISTE  DE  MM.  LES  COLLABORATEURS 


BfvicARD  (R.),  répétiteur  à  l'Ecole  polyteclmique. 
Bricon  (Etienne),  homme  de  lettres. 

Brochard  (Victor),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris. 
Brunetière  (Ferdinand),  membre  de  l'Académie  française. 
Brutails,  archiviste  du  département  de  la  Gironde. 
BûcHNF-R,  professeur  de  littérature   étrangère  à  la  Faculté 

des  lettres  de  Gaen. 
Buisson  (F.),  professeur  à  l'Université  de   Pari«,  directeur 

honoraire  au  Ministère  de  l'instruction  i)ublique. 
CABANES  (D'"  Aug.),  publiciste. 

GAGNAT,  membre  de  l'Institut,  professeur  au  Collège  de  France. 
Cagniard  (Gaston),  publiciste,  ancien  élève  ce  l'Ecole  des 

langues  orientales. 
Gaix  de  Saint-âymour  (vicomte  Amédée  de),  publiciste. 
Gapus  (Guillaume),  docteur  es  sciences. 
Cart  (Théophile),  professeur  au  lycée  Henri  IV  et  à  l'Ecole 

libre  des  sciences  politiques. 
Cart  (William),  agrégé  de  l'Université,  professeur  au  lycée 

Voltaire. 
CASANOVA  (E.),  de  r  «  Archivio  di  Stato  ^',  à  Sienne. 
Castan  (A.),  correspondant  de  l'Institut,  conservateur  de  la 

Bibliothèque  de  la  ville  de  Besançon. 
Cat  (E.),  professeur  à  l'École  des  lettres  d'Alger. 
Chabry  (L.),  docteur  en  médecine  et  es  sciences. 
Challamel,   conservateur   honoraire    de    la    bibliothèque 

Sainte- Geneviève. 
Champeaux    (de),    bibliothécaire    de    l'Union    centrale   dc-> 

arts  décoratifs. 
ChAntriot  (Emile),  agrégé  d'histoire,  professeur  au  lycée  et 

à  l'Ecole  supérieure  de  commerce  de  Nancy. 
Charavay  (Etienne),  archiviste-paléographe. 
Gharlot  (Marcel),  chef  de  bureau  au   Ministère    de  l'ins- 
truction publique. 
Charnay  ;;Maurice),  publiciste. 
Chassinat,  chargé  de  la    diiection   de   l'Institut    français 

d'archéologie  orientale  du  Caire. 
CïiA vannes  (Ed.),  professeur  au  Collège  de  France. 
Chervin  (D""),  membre  du  Conseil  supérieur  de  statistique, 

directeur  de  l'Institution  des  bègues  de  Paris. 
Cheuvreux  (Casimir),  avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Paris. 
Claparède  (A.  de),  docteur  en  droit,   ancien  secrétaire  du 
Département  politique  (affaires  étrangères)  de  la  Confé- 
dération suisse. 
Glermont,  docteur  en  médecine. 

Colin  (Maurice),  professeur  agrégé  des  Facultés  de  droit. 
CoLLiGNON  (M.),  membre  de  l'Institut,  professeur  à  la  Faculté 

des  lettres  de  runlver&ité  de  Paris. 
CoLMET  d'Aage  (Henri),  conseiller  maître  à  la  Cour  des  comptes. 
Colonna  de  Gesari  Rocca,  publiciste. 
GoMPAYRÉ,  recteur  de  l'académie  de  Lyon. 
CoRDiER  ^H.),  professeur  à  l'Ecole  des  langues  orientales. 
CoRLAY  (Pioire  de),  publicise. 
GosNEAU  (E.),  professeur  au  lycée  Henri  IV. 
CouDERC  (Camille),  sous-bibliothécaire  au  département  des 

manuscrits  à  la  Bibliothèque  nationale. 
CouDREAu  (Henri),  explorateur  de  la  Guyane. 
GouGNY  (Gaston),  prôlesseur    d'histoire    de  l'art   dans   les 
Ecoles  municipales  de  Paris. 

COUPARD. 

Gourant  (Maurice),  interprète  du  Ministère  des  affaires 
étrangères  pour  les  langues  chinoise  et  japonaise,  pro- 
fesseur suppléant  au  Collège  de  France. 

CocRTEAULT  (Hcurl),  archiviste  aux  Archives  nationales. 

CousTAN  (  A.),  docteur  en  médecine. 

CoviLLE  (A.-H.),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Lyon. 

Cramaussel,  professeur  de  piiilosoi)hie'au  lycée  de  Gap. 

Crozals  (J.  de),  prof,  à  la  Faculté  des  lettres  de  Grenoble. 

Da  Costa,  élève  de  l'Ecole  normale  supérieure. 

Dastre  (A.),  professeur  de  physiologie  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Paris 

Dauriac  (Lionel),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de 
Montpellier. 

Debîdour  (A.),  inspecteur  général  de  l'Instruction  publique. 

Debierre  (D""  Ch.),  professeurs  la  Faculté  de  médecine  deJiille. 

Debré  (S.),  rabbin. 

i)EGLAREUiL  (J.),  docteur  en  droit. 

DÉGLiN  (H.),  docteur  en  droit,  avocat  à  la  cour  d'appel  de  Nancv. 

ÔELAVAUD  ^h.),  inspecteur  du  service  de  santé  de  la 
marine,  en  retraite. 

Delavaud  (L.),  secrétaire  d'ambassade. 

Deniker,  docteur  es  sciences  naturelles,  bibliothécaire  du 
Muséum. 

Denis  (E.), chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris. 

tiERENBOURG  (Joseph),  membre  de  l'Institut. 

Desdouits,  ingénieur  en  chef  des  chemins  de  fer  de  l'Etat. 

Desrousseaux  (A. -m.),  directeur  adjoint  à  l'Ecole  des  .hautes 
études. 

DiDON  (Le  P.),  directeur  de  l'Ecole  Albert-le-Grand. 

DiEHL  (Ch.),  corree.pondant  de  l'Institut,  ancien  membre  de 
l'Ecole  d'Athènes,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de 
Nancy. 

DoiLFTJs  (G.),  attaché  à  la  Carte  géologique  deFcanee. 

Dollfus  :  Lucien). 

Douady  (J.),  élève  de  l'École  normale. supérieure. 

Dramard,  conseiller  à  la  cour  de  Limoges. 


Drapeyron  (Ludovic),  docteur  es  lettres,  directeur   de  la 

Revue  de  Géographie, 
Droogmans  (h.),  ancien  chancelier  du  Consulat  général  belge 

aux  Etats-Unis. 
Drouin  (E.),  secrétaire  adjoint  et  bibliothécaire  de  la  Soc. 

asiatique. 
Ducrocq,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris. 
DUFOUR,  chargé  du  cours  de  littérature  grecque  à  la  Faculté 

des  lettres  de  Lille. 
Dufourmantelle  (Charles),  ancien  archiviste  de  la  Corse. 
Dufourmantelle  (Maurice),  avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Paris. 
Duhamel  (Louis),  archiviste  du  département  de  Vaucluse. 
Dumoulin  (Maurice),  rédacteur  en  chef  du  Journal  du  Havre. 
Duproix  (Paul),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Uni- 
versité de  Genève. 
Durand  (G.),  archiviste   du  département  de  la  Somme. 
Durand-Gréville,  publiciste. 

DuREAu(D^\.),biblioth.  en  chef  de  l'Académie  de  médecine. 
Durier  (Ch.),  vice-président  du  Club  alpin  français,  ancien 

chef  de  division  au  Ministère  de  la  justice, 
Dussaud  (René),  élève  diplômé  de  l'Ecole  des  langues  orien- 
tales vivantes. 
Engerand. 

ExNjALRAN,  élève  de  l'Ecole  normale  supérieure. 
Enlart,  sous- bibliothécaire  de  l'Ecoie  des  beaux-arts. 
Ernst  (Alfred),  de  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève. 
EsGHBAECiiER  (Emile),  ancien  chef  de  bureau  au  Ministère  des 

postes  et  télégraphes. 
Espinas  Alfred),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris. 
Farges  (Louise  chef  du  bureau  historique  au  Ministère  des 

affaires  étrangères. 
Faucher  (L.),  ingén.  en  chef  des  poudres  et  salpêtres  à  Lille. 
Feer  (Léon),  bibliothécaire  au  département  des  manuscrits 

de  la  Bibliothèque  nationale. 
Flamaa^t  (A.),  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées. 
Flourac,  archiviste  du  département  des  Basses-Py»énéos. 
FoNCiN  (Pierre),  inspect.  générai  de  l'Enseignem.  secondaire. 
FoNSEGRivE,  professeur  de  philosophie  au  lycée  Buffon. 
Fonte  (R.),  professeur  au  collège  communal  d'Armentières. 
FouGART  (Georges),  ingénieur,  chargé  de  mission  à  Mada- 
gascar. 
FouoïïER  (A.),  maître  de  conférences  à  TEcole  des  hautes 

études. 
Fournier  (Henri),  docteur  en  médecine. 
FouRNiER  (Marcel),  ancien  professeur  à  la  Faculté  de  droit 
de  Gaen,  directeur  Je  la  Revue  politique  et  parle- 
mentaire. 
François  (G.),  chef  comptable  de  banque. 
Fredlricq  (  Paul  ) ,  professeur^  l'Université  de  Gand . 
Funck-Brentano  (Frantz),  sous-bibliothecaire   à  la  biblio- 
thèque de  l'Arsenal. 
Galbrun,  secrétaire  de  l'Ecole  du  Louvre. 
Garnier  (E.),  membre  du  Comité  des  Sociétés  des  beaux-arts. 
Garnier  (1..),  rédacteur  en  chef  de  la  Presse  vétérinaire. 
Gasté  (Armand),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Gaen. 
Gaubert  (Paul),  docteur  es  sciences,  préparateur  de  miné- 
ralogie au  Muséum. 
Gauthiez  (Pierre),  agrégé  de  l'Université. 
Ga-utiiiot  (Robert),  agrégé  de  l'L'niversiié. 
Gautier  (Jules),  inspecteur  de  l'académie  de  Paris. 
Gavrilovitch,  professeur  d'histoire .a:u  lycée  de  Belgrade. 
GAZ1ER  (A.),  piofesseur  adjoint  à  la  Faculté  des  lettres  de 

Paris. 
Gérard  (Aug.),  ministre  plénipotentiaire  en  Belgique. 
Gerspagh,  administrateur  .honoraire  de  la  manufacture  sdes 

Gobelins. 
Giard  (A.),  professeur  à  la  Faculté  des  sciences.de  Paris. 
Gidel,  ipro viseur  du  lycée  Condorcet. 
GiQUEAux  (P.),  professeur  au  lycée  de  N'we. 
Girard  (Charles),  chef  du  Laboratoire  municipal  ;de  Paris. 
Girard  (Paul),  maître   de  conférences  à    l'Ecole  normale 

supérieure. 
Girard  (P. -F.),  professeur  à  la  Faculté  de.droitid«  Paris. 
GiRODON  (F.),  docteur  en  droit,  greflier  à  la  Gour  'de  cassa- 
tion. 
Gla chant  (Victor),. abrégé  des  lettres,  professeur  au  lycée 

Buffon. 
Glangeald    (Ph.),    -agrégé  x\e   l'Université,     docteur     es 
sciences,  maltse  .de  conférences  à  l'Université  de  Cler- 
mont-Ferrand. 
Gley'^E..),  prof,  agrégé  àla  Faculté  de  médecine  de  Paris. 
Gobat  (D'),  conseiller  d'Etat,  directeur    de  l'Education  du 

canton  de  Berne. 
Gûguel  (P.),.prof.  de  filature  à  l'Institut  industriel  dfi  Nord. 
GoNSE,  membre  du  Conseil.supérieur  des  Beaux-Arts,  ancien 

directeur  de  la  Gazette  des. Beauxr Arts, 
GORCEix  (H.),  directeur  de  l'Ecole  des  mines  d'Ouro  Preto 

(Brésil). 
GouRDON  DE  Genouillac,  membre  du  comité  de  la, Société  de  s 

gens  de  lettres. 
Grand  (.E.tD.),  .archiviste-paléagraplie. 
Grandje AN  (Charles),  secrétaire-rédacteur, au  Sénat. 
GRiMALDi-CASTA'(Luigi),  secrétaire  à  la  Directian  générale 

de  la  Statistique  du  royaume  d'Italie. 
GuiGUE  (Georges),  archiviste  du  département  du  Kk^ne. 
•GuiRAUD  (Paul),  professeur  adjoint  àla  Facul-té'des  lettres  de 
Paris. 


LISTE.  DE  MM.  LES  COLLABORATEIRS 


Hâhn  (J.),  médecin-major  de  1"^^  classe. 

HAim  (Camille),  licencié  es  sciences  naturelles. 

Haiin  (Lucien),  sous-bibliolhécaire  à.  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Paris. 

HARLAY,  interne  en  pharmacie. 

Haug  (Emile),  maître  de  conférences  à  la  Faculté  des  sciences 
de  l'Université  de  Paris. 

Hauser  (H.),  docteur  es  lettres,  professeur  à  la  Faculté  des 
lettres  de  Clermont. 

Heckel,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Marseille. 

Hedi  (D''  Fr.)i  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Paris. 

Hemneguy  (Félix),  publiciste. 

Herrmann  (DO,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lille. 

HiLD  (J.-A.),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Poitiers. 

HoMOLLE,  membre  de  l'Institut,  directeur  de  l'Ecole  fran- 
çaise d'Athènes. 

HcfuDAs,  professeur  à  l'Ecole  des  langues  orientales. 

Houssaye  (Arsène),  homme  de  lettres. 

llUART  (M. -CL),  consul  de  France,  secrétaire-interprcto 
du  gouvernement,  profes&eur  à  l'École  spéciale  des 
langues  orientales  vivantes. 

Hubert  (Eugène),  professeur  à  l'Université  de  Liège. 

Hubert  (Henri),  agrégé  d'histoire,  attaché  aux  mtisées 
nationaux. 

HuMBERT  (G.),  ingénieur  des  ponts  et  chaussées. 

HCRET   (J.) 

Jeanroy,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Toulouse. 
JoANNis,  docteur  es  sciences,  chargé  de  cours  à  la  Faculté 

des  sciences  de  Paris. 
JoRGA  (N.),  professeur  à  l'Université  de  Bucarest. 
JouBi^i  (L.),  docteur  es  sciences,  maître  de  conférences  à  la 

Faculté  des  sciences  de  Rennes. 
JuLLiAN  (CamUle),  correspondant  de  l'Institut,  professeur  à 

la  Faculté  des  lettres  de  Bordeaux. 
KÉRAVAL  (P.  ),  médecin  des  asiles  de  la  Seine. 
Kergomard  (Joseph),  agrégé   d'histoire  et   de   géographie, 

I)rofesseur  au  lycée  Descartes,  à  Tours. 
Knab  (L.),  ingénieur  civil  des  arts  et  manufactures. 
KoHLER  (Ch.),  bibliothécaire  à  la  bibliothèque  Sainte-Gene- 

Tiève. 
KoNT  (J  ),  professeur  agrégé  au  collège  Rollin,  docteur  de 

l'Université  de  Budapest. 
KoRZE^^IOVTSKI  (L),  délégué  de  l'Académie  des  sciences  de 

Cracovie. 
KhûtSER  (F.-H.),  professeur  à  l'Institut  des  missions  évangé- 

liques  de  Paris. 
KuKFF  (G.),  docteur  en  médecine. 
KiiHNE,  publiciste. 

KuNSTLER,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Bordeaux. 
LvcouR  (P.),  attaché  à  la  direction  des  Beaux-Arts. 
Lacivoix,  docteur  es  sciences,  professeur  de  minéralogie  au 

Muséum  d'histoire  naturelle. 
Laloy,  docteur  en  médecine. 

Lambert  (Mayer),  professeur  au  séminaire  Israélite  de  Paris. 
Lambling  (D""),  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine 

de  Lilie. 
Lasglois  (D""  p.),  professeur  agrégé  à  la  Faculté:  de  méde- 
cine, de  Paris. 
Lanson  (G.),  professeur  de.  rhétorique  au  lycée  Louis-le- 

Graûd, 
Laroussie,  Yice  consul  de  Franice  àMoBtevideo. 
Launay  (L.  de),  professeur  à  l'Ecole  supérieure  des  mines 

de  Paris. 
Lavalley  (Gaston),  bibliothécaire  de  la  ville  de  Caen. 
Lavojx  (Henri),  administrateur  de  la  bibliothèque  Sainte- 
Geneviève. 
JiECORNu  (L.),  ingénieur  en  chef  des  mines,  docteur  es  sciences. 
LÉGRivAiN  (Ch.),  chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  lettres  de 

Toulouse. 
Lefèvre  (Ch*arles),  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris. 
Lefèvre  (Edouard),  ancien, président  de  la  Société  entomo- 

logique  de  France. 
Lefort  (Paul),  Inspecteur  des.  Beaux- Arts . 
Lefranc  (Abelî,  secrétaire  du  Collège  de  France. 
Leg^r  (L.),  professeur  au  Collège,  de  France. 
Legrand  (Emile),  professeur  à  l'Ecole  des  langues  orientales. 
Legras  (J.),  professeur  à  la  Faculté  des.  lettres  d«  Dijon. 
Leitr  (E.),  professeur  honoraire  de  droit  à  Lausanne. 
Lkuugeur  (Paul),  prolesseuj*  au  lycée  Henri  IV. 
Lkmoise  (Dj-  Georges),  pi^ofesseur  à  la.  Faculté  de  médecine, 

de  Lille. 
Lemosnier,  chargé  de  cours,  à  la  Faculté  des  lettres,  pro- 
fesseur à  l'Ecole  des^  beauxrarts. 
Lem  iSOF  (Paul),  attaché  à  la  Société  de  géographie, 
Léoxahûon,   archiviste.'paléographe^   conservateuii   adjoint 

de  la  Bibliothèque  de  Versailles. 
Leprieur  (Paul),  conservateur  adjoint  au  Musée  dâi  Louvre. 
Leriche,  drogman-chancelier  à-  Mogador . 
Leroux  (AH.),  archiviste  du  département  dé  la  Haute- Vienne; 
Le  Sueur  (L.),  docteur  en  droit,  juge  d'instruction  à  Châ- 

lons-sur-Marne. 
Levasseur  (L.),  rédacteur  au  Ministère  de  la  justice. 
LÉvEiLLÉ,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Pans. 


LÉvT  (Israël),  professeur  d'histoire  juive  à  I" Ecole  des  hautes 
études  et  au  séminaire  Israélite  de  Paris. 

LÉvi  (Sylvain)  professeur  au  Collège  de  France. 

Levillain,  agr.'^gé  d'histoire  et  de  géographie,  professeur 
au  lycée  de  Brest. 

Lévy  (Gaston),  maître  de  conférences  à  l'Université  d'Upsal. 

Lex  (L.),  archiviste  du  dépaj-tcment  de  Saône-et-Loire. 

Leymarie  (G.),  bibliothécaire  de  la  ville  de  Limoges. 

LiiuiLLiEK  (1;.),  avocat,  membre  de  la  So:iéLé  archéologique 
de  Touraine. 

LiARD,  membre  de  l'Institut,  directeur  de  l'enseignement 
supérieur  au  Ministère  de  l'instruction  publique. 

F.iBOJS,  archiviste  du  département  du  Jura. 

LicFiTENBERGFR  (Henri),  professeur  à  TUniversité  de  Nancy. 

LïÉTARD,  docteur  en  médecine. 

LoDS  (Armand),  docteur  en  droit,  directeur  de  la  Revue  de 
droit  et  de  jurisprudence  des  Eglises  protestantes. 

LoRÊT  (Victor),  directeur  des  fouilles  et  des  musées  d'Egypte,, 
au  Caire. 

Lot  (Ferdinand),  bibliothécaire  à  la  bibliothèque  de  l'Uni- 
versité de  Paris. 

Lucas  (Charles),  architecte. 

LuciPiA  (Louis),  membre  du  Conseil  municipal  de  Paris. 

Mabille  (J.),  attaché  au  laboratoire  de  malacologie  du  Mu- 
séum d'histoire  naturelle. 

Maglin,  ingénieur  des  arts  et  manufactures  et  répétiteur  à 
l'Ecole  centrale. 

Maindron  (Maurice),  critique  d'art. 

Mantz  (Paul),  directeur  général  honoraire  des  Beaux-Arts. 

Marais  (Paul),  sous-bibliothécaire  à  la  bibliothèque  Mazarine. 

Marçais'.W.),  directeur  de  la  Médersa  de  Tlemcen. 

Marcel  (Gabriel),  bibliothécaire  de  la  section  de  géographie 
à  la  Bibliothèque  nationale. 

MARCHAND  (G.). 

Marchand  (Ludovic),  licencié  es  lettres,  diplômé  d'études 
supérieures  de  géographie. 

Mariéton  (Paul),  directeur  de  la  Revue  félîbréenne. 

Marlet  (Léon),  attaché  à  la  bibliothèque  du  Sénat. 

Maure  (Aristide),  chargé  de  cours  à  l'École  des  langues 
orientales. 

Martel  (E.),  agréé. 

Martha  (Jules;,  professeur  à  la  Fd<îulté  des  lettres  de  Paris. 

Martha  (D'),  secrétaire  de  la  Société  de  médecine  publique 
et  d'hygiène  professionnelle. 

Martin  (A.-J.),  ancien  préparateur  au  laboratoire  de  phy- 
siologie de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris. 

Martin  (Henry),  bibliothécaire  à  la  bibliothèque  de  l'Arsenal. 

Martinet  (A.),  commissaire  du  gouvernement  près  le  conseil 
de  préfecture  de  la  Seine. 

Maspero  ,  membre  de  l'Institut ,  professeur  au  Collège  de 
France. 

Massebieau  (A.),  professeur  d'histoire  au  lycée  de  Rennes. 

Massigli  (Ch.),  agrégé  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris. 

Matignon  (G.),  maître  de  conférences  à  la  Faculté  des 
sciences  de  1  Université  de  Paris. 

Maury,  homme  de  lettres. 

May  (G.),  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Nancy. 

Ma-zade,  préparateur  au  Laboratoire  des  recherclies  mé- 
dicales. 

Mazerolle  (Fernand  ),  bibl  io  thécai  re-archi  viste  de  la  Monnaie 

Mazon  (A.),  homme  de  lettres. 

Mazzoni,  professeur  de  littérature  italienne  à  l'Institut  des 
Etudes  supérieures  de  Florence. 

Meillet  (A.),  directeur  adjoint  à  l'Ecole  des  hautes  études. 

MÉLiNAND  (G.),  agrégé  de  philosophie. 

Mély  (F.  de),  correspondant  du  Comité  des  Sociétés  des 
Beaux-Arts  deadepartementa. 

Menant  (J.),  membre  de  l'Institut. 

Menghini  (DO,  bibliothécaire  à  la  «  Biblioteca  nationale  »,  à 
Rome. 

MÉTiN  (Albert),  agrégé  d'histoire. 

Michaud  (D--  E.),  professeur  à  l'Universnté  de  Berne. 

MicHAUT  (G.),  chimiste  de  la  station  agronomique  de  l'Yonne. 

Michel  (André),  conservateur  au  Musée  du  Louvre,  profes- 
seur à,  l'Ecole  spéciale  d'architecture. 

Michel  (Emile),  membre  de  l'Institut. 

MoiREAU  (Aug.),  agrégé  des  lettres. 

Molinier(A.),  professeur  à  l'Ecole  des  chartes. 

MoLiNiEK  (Ch.),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Toulouse. 

MoLiNiER    (E.),    conservateur  au  Musée  du  Louvre. 

Monceaux  (P.),  docteur  es  lettres,  professeur  de  rhétorique 
au  lycée  Henri  IV. 

MoNïEZ  (DO,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Lille. 

M!onin(H;),  docteur  es  lettres,  professeur  au  collège  Rollin, 
professeur  d'histoire  à  l'Hôtel  de  Ville  de  Paris. 

MONMïTONNET,  profésseur  à  Saint-Pétersbourg. 

MoNOD  (Gabriel),  membre  de  l'Institut,  maître  de  confé- 
r«:ices  à  TEtole  normale  supérieure,  directeur  de  la 
Revue,  historique. 

MoRER,  médecin-major  de  l"*  classe. 

MoRTET  (Ch.),,  conservateur  à>  la  bibliothèque  Sainte-Gene- 
viève. 

MoRTET  (Victor),  bibliothécaire  à  la  Sorbonne. 

MtRTiLLET  (G.  de),  ancien  conservateur  adjoint  du  musée  de 
Saint- Germain. 

Moutard,  examinateur  à  l'École  polytechnique. 


LISTE  DE  MM.  LES  COLLABORATEURS 


MouTOu  (S.),  ingénieur  des  manufactures  de  l'Etat. 
Nachbaur  (Paul),  avocat  à  Mirecourt. 
NÉNOT,  membre  de  l'Institut,  architecte  de  la  Sorbonne. 
NOLHAC  (Pierre  de),  conservateur  du  musée  de  Versailles. 
Normand  (Charles),  directeur  de  la  revue  VAmi  des  monu- 
ments et  des  arts. 
Oltramare,  astronome  à  l'Observatoire  de  Paris. 
Omont  (H.),  conservateur  adjoint  au  département  des  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque  nationale. 
Oppert  (Jules),  membre  de  l'Institut,  professeur  au  Collège 

de  France. 
OuRÉM  (Alméida  Aréas ,  vicomte  d') ,  membre  d'e  l'Institut 
hist.  et  géogr.  du  Brésil,  ancien  ministre  plénipoten- 
tiaire du  Brésil  à  Londres. 
Oi]stalet(E.),  assistant  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Palustre  (Léon),  directeur  honoraire  de  la  Société  française 

d'archéologie. 
Palustre  (B.),  archiviste  du  dépaitement  des  Pyrénées- 
Orientales. 
Paris,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Bordeaux. 
Parodi  (D.),  agrégé  de  philosophie. 

Passy  (Paul),  directeur  adjoint  à  TEcole  des  hautes  études, 
président  de  l'Association  phonétique  des  professeurs 
d'anglais. 
Paulian,  secrétaire-rédacteur  à  la  Chambre  des  députés. 
Pawlowski  (Gustave),  bibliographe. 
PÉAN  (D^,  membre  de  F  Académie  de  médecine. 
PÉLissiER  (L.-G.),  professeur   à  la  Faculté  des  lettres  de 

Montpellier. 
Pelletan  (Camille),  député  des  Bouches-du-Rhône. 
PÉRATÉ,  conservateur  adjoint  du  musée  de  Versailles. 
Petit  (E.),  professeur  au  lycée  Janson-de-Sailly. 
Petit  (D'  h.-ll.),  ancien  bibliothécaire  à  la  Faculté  de  mé- 
decine de  Paris. 
Petit  (P.),  membre  de  la  Société  botanique  de  France. 
PETiT-DuTAiLLis   (Gh.) ,  Chargé  de  cours  à  la  Faculté   des 

lettres  de  Lille. 
Peyre,  sous-préfet  à  Coutances. 
Pfender  (Charles). 
PiCAVET,  docteur  es  lettres,  professeur  au  collège  Rollin, 

maître  de  conférences  à  l'Ecole  des  hautes  études. 
Picot  (Emile),  membre  de   l'Institut,  professeur  à  l'Ecole 

des  langues  orientales. 
PiÉcHAUD  (Adolphe),  docteur  en   médecine,  médecin   du 

Sénat,  inspecteur  des  écoles  de  Paris. 
Pierre  (Constant),  commis  principal  au  secrétariat  du  Con- 
servatoire national  de  musique. 
PiERRET  (Paul),  conservateur  du  musée  égyptien  du  Louvre. 
Pignot(A.),  préparateur  à  la  Faculté  de  médecine. 
PiLLET  (Jules),  professeur   au   Conservatoire  des  Arts   et 
Métiers,  à  l'Ecole  des  beaux-arts  et  à  l'Ecole  des  ponts 
et  chaussées. 
Pinard  (Ad.),  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris. 
PiNEL  Maisonneuve,  docteur  en  médecine. 
PiNGAUD,  agrégé  d'histoire  et  de  géopcraphie. 
Planiol,  professeur  adjoint  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris. 
Platon  (G.),  bibliothécaire  de  la  Faculté  de  droit  de  Bor- 
deaux. 
PoiNGARÉ  (Raymond),  député. 

PoTEL  (Maurice),  docteur  en  médecine,  licencié  es  sciences. 
PouGiN  (Arthur),  publiciste. 
PouzET  (Ph.),  agrégé  d'histoire. 

Prado  (Eduardo  da  Silva),  avocat  et  homme  de  lettres. 
Preux  (J.),  ancien  secrét'«  du  Comité  de  législation  étrangère. 
Prou  (M.),  bibliothécaire   au  Cabinet  des  médailles  à  la 

Bibliothèque  nationale. 
Prudhomme,  archiviste  du  département  de  Tlsère. 
PsiGHARi  (Jean),  directeur  à  l'Ecole  des  hautes  études. 
PuAux  (Franck),  publiciste. 
Quellien  (N.),  publiciste. 

QuESNEL,  professeur  à  l'Ecole  des  hautes  études  commer- 
ciales. 
Quesnerie  (Gustave  de  La),  professeur  au  Ivcée  Saint-Louis. 
QuiTTARD  (Henri),  çubliciste. 

RAVAissE(P.),chargé  de  cours  à  l'Ecole  des  langues  orientales. 
Ravaisson-Mollien  (Ch.),  conserv.  adjt  au  Musée  du  Louvre. 
REGNA UD  (P.),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Lyon. 
Reinach  (Théodore). 
Renard  (Georges),  professeur  à  la   Faculté  des   lettres  de 

Lausanne, 
Renoult  (René),  avocat  à  la  Cour  d'appel,  ancien  chef  de 

cabinet  du  président  de  la  Chambre  des  députés. 
RÉviLLouT  (E.),  conservateur  adjoint  au  Musée  du  Louvre. 
RiBOT  (Th.),  professeur  au  Collège  de  France,  directeur  de 

la  Revue  philosophique. 
RiCHET  (Charles),  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de 

Paris. 
RiEGEL  (Alfred),  ingénieur  des  manufactures  de  l'Etat. 
Rio-Branco  (J.-M.  da  Silva-Paranhos,  baron  de),  membre  de 
l'Institut  historique  et  géographique  du  Brésil,  ancien 
député. 
RiTTi  (D'-  Ant.),  médecin  de  la  maison  nationale  de  Cha- 
renton. 


RocHEBRUNE  (D''  de),  assistant  au  Muséum  d'histoire  naturelle 
Rolland,  médecin  des  asiles  de  Laforce  (Dordogne) 
RossKjNOL,  ^l^'lg^d^histoire,  professeur  à  l'Ecole  polytech- 

RouiRE  (D'),  membre  de  la  mission  scientifique  de  Tunisie 
Roussel  (Félix),  avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Paris  ""'^'''* 
Ruelle  (C.-E.),  administrateur  de  la  bibliothèque  Sainte-Gé- 

Russell  (W.),  docteur  es  sciences  naturelles,  préparateur 

en  chef  a  la  Faculté  des  sciences. 
Ruyssen  (Th.),  professeur  agrégé  de  philosophie. 
bAGNET  (Léon),  attaché  au  Ministère  des  travaux  publics 
S^^îNmM Henry),  rédacteur  en  chef  du  Journal  de  Vagri- 

Saint-Arroman  (de),  membre  du  comité  de  la  Société  des 

gens  de  lettres. 
SAL3I0N  (Georges),  élève  diplômé  de  l'École  des  lan^^ues 

orientales  vivantes.  ^ 

Salone,  professeur  agrégé  d'histoire  et  de  géographie  au 

lycée  Condorcet. 
Samuel  (René),  bibliothécaire  du  Sénat. 
Sarrau,  membre  de  l'Institut,  ingénieur  en  chef  des  poudres 

et  salpêtres. 
Saury  (D'),  médecin  de  l'asile  de  Suresnes. 
Sauvage  (D«-),  directeur  de  la  station  aquicole  de  Boulogne-sur- 

Mer.  ^ 

Saverot  (Victor),  docteur  en  droit. 
Sa  vous,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  Besançon 

membre  correspondant  de  l'Académie  hongroise. 
ScHEFER  (G.),  bibliothécaire  à  la  bibliothèque  de  l'Arsenal 
ScH^YAB  (M.),  bibliothécaire  à  la  Bibliothèque  nationale 
Second,  professeur  agrégé  de  philosophie. 
Simon  (Eugène),  ancien  président  des  Sociétés  entomologique 

et  zoologique  de  France. 
SiMOND  (Charles),  secrétaire  de  la  Revue  des  Revues, 
SouQUET  (Paul), 'professeur  de  philosophie  au  lycée  Henri  IV 
Stein  (H.),  archiviste  aux  Archives  nationales. 
Straus,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris. 
Strauss,  avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Paris.- 
Strœhlin,  professeur  à  l'Université  de  Genève. 
Stryienski  (Casimir),  professeur  agrégé  au  lycée  Montaigne 
Tânnery  (P.),  ingénieur  des  manufacturer  de  l'État. 
Tarde  (G.),  directeur  de  la  statistique  au  Minist.  de  la  justice 
Tausserat-Radkl    (Alexandre),   sous-chef  du  bureau  histo- 
rique au  Ministère  des  affaires  étrangères. 
Teodoru  (D.  A.),  chargé  de  mission  par  le  gouvernement 

roumain. 
Tertrin  (Paul),  préparateur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Théry  (Edmond),  directeur  de  l'Economiste  européen. 
Tholin  (G.),  archiviste  du  département  du  Lot-et-Garonne. 
Thomas  (Antoine),  chargé  de  cours  à  laFaculté  des  lettres  de 
Paris,  maîti-e  de  conférences  à  TEcole  des  hautes  éludes 
Thomas  (D'  L.),  bibliothécaire  à  la  Faculté  de  médecine  de 

Paris. 
Tiersot  (Julien),  sous-bibliothécaire  au  Conservatoire   de 

musique. 
TouRNEUx  (Maurice),  publiciste. 
Tournerie  (E.),  rédacteur  à  la  Préfecture  de  la  Seine 
TouTAiN  (Jules),  ancien  membre,dc  l'Ecole  française  de  Rome 
maître  de  conférences  à  l'Ecole  des  hautes  études.     ^ 
Trawinski,  secrétaire  des  Musées  nationaux. 
Troude  (J.),  ingénieur  agronome,  professeur  à  l'Ecole  des 

industries  agricoles  de  Douai. 
Trouessart,  docteur  en  médecine. 
Vachon  (Marins),  critique  d'art. 
Valabrègue  (Antony),  critique  d'art. 
Varigny  (H. de),  docteur  en  médecine,  docteur  es  sciences 

naturelles. 
Vast  (Henri),  professeur  d'histoire  et  de  géographie  au  lycée 
Condorcet,  examinateur  d'admission  à  l'école  Saint-Cyr. 
Vayssière  (A.),  archiviste  du  département  de  l'Allier. 
Vélain  (Charles),  professeur  de  géographie  physique  à  la 

Faculté  des  sciences  de  Paris. 
Venukoff  (  Michel  ) ,  ancien  secrétaire  général  de  la  Société 

de  géographie  de  Russie. 
Vergniol  (C),  professeur    agrégé  d'histoire  au  lycée   de 

Bourges . 
Vernes  (Maurice),   directeur  adjoint  à  l'Ecole  des  hautes 

études  (section  des  sciences  religieuses). 
ViALA  (Pierre),  professeur  de  viticulture  à  l'Institut  national 

agronomique  de  Paris. 
ViNsoN  (Julien),  professeur  à  l'Ecole  des  langues  orientales. 
VoLKOv  (Th.),  membre  de  la  Société  impériale  russe  de  géo- 
graphie. 
Vollet  (  E.-H.  ) ,  docteur  en  droit. 
Weill  (Georges),  docteur  es  lettres,  professeur  d'histoire 

au  lycée  Carnet. 
Welschinger  (Henri),  vice-président  de  la  Société  des  études 

historiques. 
Will  (Louis) . 

Yriarte  (Charles),  inspecteur  général  des  Beaux-Arts. 
Zaborowski,   publiciste,  ancien  secrétaire  de   la  Société 
d'anthropologie  de  Paris. 


LA    GRANDE   ENCYCLOPÉDIE 


N 


NORD  (D^p.  du).  Situation,  limites,  superficie. 

—  Le  dép.  du  Nord  doit  son  nom  à  sa  situation  à  l'ex- 
trémité septentrionale  de  la  France.  Il  touche  à  la  fron- 
tière de  Belgique  sur  tout  son  côté  N.  et  N.-E.,  à  la  mer 
du  Nord  sur  son  côté  N.-O.,  aux  dép.  de  l'Aisne  et  de  la 
Somme  au  S.,  du  Pas-de-Calais  au  S.-O.  Son  ch.-L,  Lille, 
est  distant  de  Paris  de  200  kil.  à  vol  d'oiseau,  de  247  kil. 
par  le  chemin  de  fer.  Il  n'est  qu'à  409  kil.  de  Bruxelles, 
capitale  de  la  Belgique,  etpresque  aussi  rapproché  de  Londres 
que  de  Paris.  Le  dép.  du  Nord  est  situé  entre  49^  58^  et 
54°  6'  lat.  N.  (com.  de  Bray-Dunes,  la  plus  septentrionale 
de  France),  entre  0«  45'  long.  0.  et  4^54/ long.  E.  Il  n'a 
de  limites  naturelles  que  sur  les  35  kil.  de  côtes,  sur  les 
24  kil.  où  l'Aa,  sur  les  48  kil.  où  la  Lys  le  séparent  du 
Pas-de-Calais,  sur  les  27  kil.  où  la  Lys  le  sépare  de  la  Bel- 
gique. Les  autres  limites,  même  la  frontière  internationale, 
sont  purement  conventionnelles,  ruisseaux,  routes,  sentiers, 
parfois  une  rue  de  village  le  divisant  entre  deux  nations. 
Le  pourtour  du  département  est  de  814  kil.,  dont  33 
pour  la  côte  de  la  mer  du  Nord,  330  pour  la  frontière 
belge,  420  le  long  du  dép.  de  l'Aisne,  44  le  long  de 
celui  de  la  Somme,  320  bornant  celui  du  Pas-de-Calais. 
La  longueur  du  N.-O.  au  S.-E.,  de  Fort-Philippe  sur 
la  mer  à  Anor,  est  de  484  kil.,  supérieure  à  celle  de 
tout  autre  département  français.  Mais  la  largeur  varie 
beaucoup  :  elle  est  de  33  kil.  sur  le  front  de  mer,  se  ré- 
duit à  6  kil.  vers  Armentières,  aux  limites  des  arr.  d'Ha- 
zebrouck  et  de  Lille,  et  dépasse  60  kil.  dans  le  S.  (arr.  de 
Cambrai  et  de  Valenciennes),  entre  Honnecourt  ou  Vil- 
lers-Outréaux  et  Mortagne.  Les  trois  com.  de  Doignies, 
Boursies,  Mœuvr es  sont  enclavées  dans  le  Pas-de-Calais,  et 
la  com.  d'Escaufourt  enclavée  dans  le  Nord  appartient  à 
l'Aisne.  La  superficie  du  département  est  de  568.400  hect. 
d'après  le  cadastre,  577.300  d'après  le  service  géogra- 
phique de  l'armée,  ce  qui  le  classe  au  59®  rang  des  dé- 
partements français  avec  une  étendue  inférieure  à  la 
moyenne. 

Relief  du  sol.  —  Au  point  de  vue  orographique,  le 
dép.  du  Nord  appartient  à  la  plaine  de  l'Europe  septen- 
trionale et  marque  le  commencement  méridional  des  Pays- 
Bas.  Toutefois,  vu  sa  très  grande  longueur,  il  convient 
d'y  distinguer  la  plaine  de  Flandre  sise  à  l'O.  et  les  col- 
lines du  Hainaut  et  du  Cambrésis  adossées  au  massif 
de  l'Ardenne.  La  Flandre  comprend  environ  les  3/5  du 
département,  N.-O.  et  centre,  de  la  mer  à  l'Escaut.  Plate 
et  presque  sans  pente,  puisqu'à  l'O.  de  Denain  l'ait,  n'est 
encore  que  de  53  m.  au-dessus  de  la  mer,  elle  est  fai- 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.   —  XXV. 


blement  inchnée  vers  le  N. ,  comme  le  révèle  la  direction 
de  ses  cours  d'eau,  partis  des  collines  de  l'Artois.  La  plaine 
comprend,  du  N.-O.  au  S.-E.,  la  Flandre  maritime  ou 
flamingante,  la  Flandre  wallonne  ou  française.  Dans  la 
Flandre  maritime,  région  marécageuse  et  tourbeuse,  im- 
bibée d'eau  et  péniblement  asséchée  par  Thomme,  on  dis- 
tingue, au  bord  de  la  mer,  la  zone  des  Dunes  littorales, 
au  miheu  desquelles  est  Dunkerque  ;  leur  hauteur  ne  dé- 
passe pas  20  m.,  leur  largeur  2  kil.,  les  chaînons  sablon- 
neux alternant  avec  les  prés  salins.  Ces  dunes,  qu'on  fixe 
avec  l'oyat,  roseau  des  sables,  sont  parfois  poussées  vers 
l'intérieur  par  les  tempêtes  ;  celle  du  4®^  janv.  4777  en- 
sevelit à  demi  Zuydcoote.  Derrière  le  bourrelet  des  dunes, 
l'ancien  delta  de  l'Aa  constitue  la  plaine  des  Waterin- 
gues,  vaste  de  40.000  hect.,  qui  s'étend  depuis  la  falaise 
du  Blanc-Nez  et  Sangatte  (Pas-de-Calais)  jusqu'à  Wat- 
ten  dans  l'intérieur;  Bourbourgen  occupe  le  centre.  L'ait, 
n'y  dépasse  pas  5  m.  et,  dans  une  grande  partie  de  la 
surface,  est  inférieure  au  niveau  des  hautes  mers  ;  aussi 
les  cours  d'eau  sont-ils  endigués  et  fermés  par  des  écluses. 
La  pente  descend  des  dunes  vers  l'intérieur  ;  Bergues  se 
trouve  à  4"^, 80  en  contre-bas  de  Dunkerque.  Les  fossés  ou 
canaux  appelés  watergands  drainent  l'eau,  la  maintenant 
au  niveau  des  sables  «  pissarts  »,  au-dessus  desquels 
s'étend  la  terre  végétale  ;  cette  nappe  douce  contient  l'in- 
filtration des  eaux  saumàtres  qui  gâteraient  le  sol  arable. 
Les  Wateringues  se  prolongent  au  N.par  les  Mo^r^s,  jadis 
submergées  tout  l'hiver,  desséchées  à  l'aide  des  moulins 
à  vent  et  de  la  vapeur,  selon  la  méthode  néerlandaise. 
Elles  se  continuent  en  Belgique.  Au  S.  de  ces  terres  basses, 
se  dressent,  comme  des  îles,  les  buttes  ou  monts  de  Wat- 
ten  (73  m.),  de  Gassel  (463  m.)  et  des  Récollets  (467  m.), 
puis  le  groupe  plus  étendu  du  Catsberg  ou  mont  des  Cats 
(475m.),  montdeBoeschêpe(457m.),montNoir(454  m.), 
sur  la  frontière  belge.  Un  peu  au  S.,  le  petit  mont  d'Hy- 
ver  (76  m.),  entre  Hazebrouck  et  Saint-Omer.Au  delà  se 
trouve  la  Flandre  wallonne,  où  les  grandes  villes  succèdent 
aux  vertes  cultures  et  aux  jardins;  l'horizon  se  couvre 
de  maisons  de  briques,  dominées  par  les  hautes  cheminées 
d'usines.  Après  cette  vaste  région  urbaine  coupée  de  jar- 
dins, de  champs  de  betteraves  et  de  céréales,  où  l'ait,  dé- 
passe rarement  50  m. ,  le  sol  se  relève,  entre  Lille  et  Douai, 
dans  la  colline  de  Pévèle  (407  m.). 

La  vallée  de  l'Escaut  marque  la  fin  de  la  plaine  fla- 
mande, le  sol  se  relève  et  s'accidente.  Au  S.  le  Cambrésis 
forme  une  plaine  ou  plateau  ondulé  et  raviné  par  des 
«  riots  »  temporaires,  dont  l'ait,  passe  de  75  à  450  m.  : 

4 


NORD 


2 


c'est  la  terminaison  des  collines  d'Artois  et  de  Picar- 
die. Au  N.  sont  les  hauteurs  du  Hainaut,  ne  dépassant 
guère  150  m.,  puis,  au  delà  de  la  Sambre,  on  arrive  à 
VArdenne,  de  laquelle  relève  l'arr.  d'Avesnes,  encadré 
entre  les  grandes  forêts  de  Mormal  et  de  Trélon  ;  au  S. 
de  la  dernière,  à  l'angle  S.-E.  du  dép.,  se  trouve  le  bois 
de  Saint-Hubert  (266  m.),  point  culminant  du  département 
du  Nord.  Le  long  de  la  limite  orientale,  les  collines  attei- 
gnent 240  m. ,  près  de  Solre,  de  Cousolre,  etc.     A.-M.  B. 

Géologie.  —  GÉNÉRAirrÉs.  —  Le  dép.  du  Nord  est 
un  des  plus  riches  de  France,  tant  par  son  sol  couvert 
en  grande  partie  de  Unions  et  de  calcaires  que  par  son 
sous-sol  d'où  l'on  extrait  la  houille.  C'est  peut-être  celui 
OLi  les  applications  de  la  géologie  à  l'industrie  et  à  l'agri- 
culture ont  été  poussées  le  plus  loin.  Grâce  aux  nombreux 
sondages  qui  ont  été  faits,  on  a  pu  connaître  l'allure  et 
la  disposition  des  bassins  houillers,  masqués  par  les  ter- 
rains plus  récents,  qui  constituent  une  partie  de  sa  for- 
tune. La  partie  élevée  et  accidentée  du  département  s'étend 
principalement  sur  la  r.  dr.  de  la  Sambre  où  affleurent 
les  terrains  anciens  (dévonien  et  carbonifère) .  Le  reste  du 
département  est  constitué  par  le  crétacé  supérieur,  dont 
l'extension  ne  va  pas  au  delà  de  Lille;  par  le  tertiaire, 
qui  est  principalement  développé  dans  le  milieu  du  dépar- 
tement et,  comme  le  crétacé,  ne  se  montre  guère  que  sur 
le  flanc  des  vallées.  Le  pléistocène  couvre  à  lui  seul  plus 
de  la  moitié  du  département  (tous  les  plateaux),  principa- 
lement le  pays  plat  formant  le  N,  de  l'ancienne  Flandre 
française.  On  ne  trouve  dans  le  dép.  du  Nord  ni  terrain 
primitif,  ni  silurien,  ni  jurassique,  ni  roches  éruptives. 
C'est  dans  les  terrains  crétacés,  tertiaires  et  quaternaires 
que  se  prolonge  le  bassin  houiller  de  Belgique,  qui  s'étend 
sous  forme  d'une  grande  cuvette  de  direction  générale 
E.-O.  entre  Valenciennes,  Douai  et  Lens  au  S.,  Saint- 
Amand,  Marchiennes  et  Béthune  au  N.  A  ce  bassin  se  rat- 
tache celui  du  Boulonnais,  qui  faisait  partie  jadis  de  la 
même  dépression. 

Tectonique.  —  Les  terrains  anciens  (dévonien  et  car- 
bonifère) sont  fortement  plissés.  Ils  forment  une  série  de 
plis,  de  direction  E.-O.,  parallèles  au  bord  du  massif  de 
l'Ardenne.  Après  une  première  plongée  du  dévonien  vers 
le  N.,  le  carbonifère  apparaît  dans  les  synclinaux  bordé 
par  le  dévonien.  Le  crétacé  et  le  tertiaire  ne  décrivent  que 
des  ondulations  de  faible  amplitude  ;  les  assises  qui  les 
constituent  sont  presque  horizontales.  Les  dislocations  les 
plus  importantes  et  les  plus  curieuses  se  rapportent  aux 
terrains  carbonifère  et  dévonien,  formant  la  cuvette  du 
bassin  houiller  de  Valenciennes.  Si  l'on  fait  abstraction  des 
formations  qui  recouvrent  ce  bassin,  on  peut  dire  que  la 
houille  est  logée  dans  une  cuvette  allongée  E.-O.  Par  suite 
de  mouvements  intenses,  postérieurs  au  houiller  (soulè- 
vement de  l'Ardenne),  la  partie  S.  du  bassin  a  été  pous- 
sée sur  la  partie  N.  ;  un  grand  pli  couché,  formé  de  dévo- 
nien, de  carbonifère  et  de  terrain  houiller  inférieur,  a  été 
charrié  sur  la  partie  N.  sur  plusieurs  kilomètres  d'étendue 
et  est  venu  se  superposer  au  houiller.  L'érosion  a  fait 
disparaître  la  partie  supérieure  du  ph,  de  sorte  qu'il  ne 
reste  plus  qu'un  lambeau  de  poussée  constitué  de  haut  en 
bas  par  le  dévonien  inférieur,  le  dévonien  supérieur,  le 
carbonifère,  le  houiller  renversé  et  le  houiller  normal 
rebroussé,  reposant  sur  la  cuvette  houillère.  On  pensait 
que  ce  mouvement  avait  amené  la  formation  d'une  faille 
appelée  faille  du  Midi,  tandis  qu'une  autre  faille,  appelée 
cran  de  retour,  Hmitait  la  partie  pUssée  du  bassin  de  la 
partie  moins  pUssée.  Le  cran  de  retour  est  considéré  par 
M.  Marcel  Bertrand  comme  une  faille  inverse  le  long  de 
laquelle  les  couches  du  faisceau  de    Denain  auraient  été 
poussées  de  bas  en  haut,  du  S.  vers  le  N.,  en  subissant 
un  fort  rebroussement.  Ainsi  le  cran  de  retour  se  confon- 
drait avec  la  faille  Hmite  du  lambeau  de  poussée  et  la 
faille  du  Midi.  Cette  faille  résulterait  de  Fétirement  et  du 
charriage  du  pU  couché,  et  si  elle  a  aujourd'hui  une  forme 
courbe,  cela  est  dû  à  des  tassements.  Le  lambeau  de  pous- 


sée n'a  été  conservé  qu'à  la  faveur  de  cet  affaissement, 
la  dénudation  n'ayant  fait  disparaître  que  la  partie  la  plus 
élevée  du  ph.  On  a  estimé  que  la  partie  enlevée  par 
l'érosion  atteignait  plus  de  5.000  m.  Ces  dislocations  sont 
des  plus  intéressantes  et  des  plus  importantes  à  connaître 
dans  la  recherche  de  la  houille.  Les  mouvements  de  char- 
riage dont  nous  venons  de  parler  sont  très  analogues  à 
ceux  que  l'on  a  constatés  en  Provence,  dans  le  bassin  de 
Eu  veau  ;  ils  ont  également  leurs  correspondants  dans  un 
certain  nombre  de  chaînes  de  montagne  (Alpes  de  Claris)  et 
montrent  l'intensité  des  phénomènes  de  phssement  dans 
le  bassin  houiller  du  Nord,  postérieurement  à  l'époque 
houillère. 

Stratigraphie.  —  Le  silurien  a  été  rencontré  dans 
plusieurs  sondages,  mais  il  n'affleure  pas  à  la  surface.  A 
la  fin  du  silurien  eurent  Heu  de  grands  mouvements  qui 
firent  de  l'Ardenne  une  contrée  montagneuse  et  redres- 
sèrent les  couches  siluriennes  constituant  ce  massif,  qui 
servit  de  rivage  à  la  mer  dévonienne.  Le  retour  de  cette 
mer  fut  marqué  par  la  formation  d'un  poudingue  consti- 
tué par  des  cailloux  roulés,  dont  quelques-uns  atteignaient 
des  dimensions  colossales  (5.000  kilogr.).  Ce  poudingue 
passe  à  une  arkose  (50  m.),  surmontée  de  schistes  gros- 
siers verdàtres  (50  m.)  à  Orthis  Verneuilli.  C'est  sur  ces 
couches,  qui  n'affleurent  pas  dans  le  dép.  du  Nord,  que 
reposent,  clans  le  département,  les  schistes  bigarrés  d'Oignies 
(4.000  m.)  recouverts  de  schistes  verts  quartzeux,  compacts 
I  (500  m.).  L'ensemble  de  ces  assises  constitue  le  gedinien. 
I  Le  coblentzien  comprend  les  grès  d'Anor  (550  m.) 
blancs,  roses  ou  gris,  exploités,  à  Spirifer  paradoxus,  qui 
forment  des  collines  élevées  partout  où  ils  affleurent.  Les 
schistes  grossiers  de  Montigny  (700  m.)  avec  bancs  de 
grès  à  Pleurodictyum  problematicum  les  surmontent; 
ils  sont  recouverts  à  leur  tour  par  des  grès  sihceux  très 
durs  (grès  noirs  de  Vireux,  350  m.),  puis  par  des  schistes 
rouges  et  le  poudingue  de  Burnot  (400  m.),  et  enfin  par 
la  grauwacke  rouge  d'Hierges  (600  m.)  avec  couche  d'oli- 
giste,  exploitée  comme  fer,  à  Spirifer  cultrijugatus. 

Le  dévonien  moijen  comprend  les  schistes'  et  calcaires 
deBancennes(400m.)'à  Calceola  sandalina  et  Spirifer 
speciosîis  ;  j^iiis  les  calcaires  noirs  ou  bleuâtres,  dits  cal- 
caires de  Civet  (400  m.),  exploités  comme  marbre,  pierre 
à  chaux,  etc.,  renfermant  Stringocephahis  Burtini  et 
de  nombreux  stromatopores  qui  formaient  à  cette  époque 
de  véritables  récifs.  Au-dessus  on  trouve  le  dévonien 
supérieur  comprenant  une  série  de  schistes  argileux 
(400  m.)  avec  nodules  calcaires  et  des  masses  considé- 
rables de  calcaire  exploité  comme  marbre  à  Rhynch.  cu- 
boides.  Ces  calc^iires  forment  des  collines  excessivement 
pittoresques.  La  série  des  couches  supérieures  se  continue 
par  des  schistes  noirs  à  Cardium  palmatum  (50  m.), 
puis  par  les  psammites  et  les  schistes  d'Eppe  Sauvage 
(1.000  m.),  comprenant  des  psammites  plus  ou  moins 
quartzeux  et  des  schistes  argileux  à  Spirifer  Ver- 
neuilli. Le  dévonien  se  termine  par  un  calcaire  noir  (cal- 
caire d'Etrœunght  [100  m.])  alternant  avec  des  schistes 
calcaires  à  Spirifer  distans.  La  puissance  du  dévonien 
est  considérable,  puisqu'elle  atteint  plus  de  7.000  m.  Cet 
étage  n'affleure  pas  cependant  sur  une  grande  étendue 
dans  le  département,  par  suite  du  redressement  très  fort 
des  assises.  Partout  où  il  se  montre,  il  constitue  des  ré- 
gions accidentées,  en  partie  couvertes  de  forêts. 

Il  y  a  concordance  de  stratification  entre  le  dévonien  et 
le  carbonifère.  On  a  vu  plus  haut  l'allure  de  ces  couches. 
Au  commencement  du  carbonifère,  il  y  avait  deux  bas- 
sins, celui  de  Dinant-Avesnes  et  celui  de  Nainur-Valen- 
ciennes,  séparés  par  un  haut  fond,  appelé  crête  de  Con- 
dros,  mais  communiquant  entre  eux  par  le  N.-O.  et  le 
S.~0.  Ces  deux  bassins  furent  comblés  d'abord  par 
des  sédiments  marins,  puis  par  des  sédiments  houillers. 
Dans  le  bassin  de  Dinant-Avesnes  qui  était  le  plus  large, 
le  calcaire  carbonifère  forme  des  rides  synclinales  de  di- 
rection E.-O.  séparées  par  des  voûtes  anticlinales  dévo- 


GraadeEacycLopédie  —Tonte  ^KXV. 


NORD 


: <urr"l yj  /")f//";'r" 


Cpood  et  imprimé'  par  ErhccrcL  F*^  (J896) 


Société  anoiyme  delaG-^Eucyclopédie. 


iiieiines.  Cette  disposition,  en  bandes  allongées,  est  très 
nette  sur  une  carte  géologique.  Le  earbonifère  comprend 
une  série  de  calcaires  et  de  dolomies  dans  les(fuels  on  dis- 
tingue plusieurs  sous-étages  :  1*^  le  tournaisien  foj'mé 
par  les  calcaires  et  les  schistes  d'Avenelles,  surmontés 
par  un  calcaire  bleu  à  crinoides  à  Spirifer  Dwsqueiisis  ; 
^"  le  waulsorlien,  constitué  par  les  calcaires  gris  ou 
blancs  de  Waulsort,  renuuHpiables  par  leurs  caractères 
coralliens,  car  ils  sont  pétris  de  stromatopores  ;  à  celte 
époque,  on  avait  des  récifs  coralliens  (fui  s'étendaieni 
en  Belgique,  sur  plus  de  60  kil.  ;  ces  calcaires  sont  carac- 
térisés par  Spirifer  cuspidatus,  Productus  semi-relicu- 
laliis;  3°  le  viséen  comprenant  des  cab-airesgris  ou  noirs 
à  Productus  cora  et  giganteus,  avec  inlercalalion  dedo- 
lomie  ruinifoi'me  à  Choneles  papiiionacea. 

Le  terrain  Jiouit ter  n'iiiWeiiYddimsh  département  qu'un 
peu  au  N.-O.  d'Avesnes,  vers  Aulnoye  et  Saint-Remy  ou  il 
constilue  âeu)^  petits  bassins  en  exploitation.  Le  terrain 
houiller  du  bassin  de  Valenciennes,  recouvert  par  les  morts 
terrains,  fait  partie  de  la  graiule  bande  qui  part  d'Aix-la- 
(^hapelle.  ])ass(,^  par  Liège,  Xanuu%  Mons  et  se  continue  à 
ro.  vers  Fléchineile  et  le  Boidonnais,  sur  une  étendue 
de  plus  de  'ioO  kil.  On  divise  le  terrain  houiller  en  plu- 
sieurs zones  caractérisées  pai'  la  riciiesse  de  la  houille  en 
matières  vobililes,  dont  la  teneur  augmente  quand  on 
passe  des  couches  les  plus  anciennes  aux  plus  récentes. 
A  la  base  on  trouve,  reposant  sur  le  calcaire  de  Visé,  des 
grès  et  des  calcaires  à  Productus  carlwnar lus,  puis  vient 
le  terrain  productif  ou  terrain  des  charbons  formés  d'une 
alternance  de  couches  de  houille,  de  schistes  et  de  grès, 
dans  lesquelles  on  distingue  :  la  zone  de  Vicoigne  ou  des 
cbarbons  maigres  (Vicoigne,  Fresnes)  ;  la  zone  d'Anzin 
ou  des  charbons  demi  gras  (Aniche,  L'i'^scarpelle)  ;  la  zone 
de  Denain  ou  des  charbojis  gras  :  c'est  Ja  plus  activement 
ex])loitée,  car  elle  s'étend  d'un  bout  à  l'autre  du  bassin; 
enfui  la  zojie  de  Bully-Grenay,  ou  des  cliarboiis  à  gaz  et 
tïénus,  qui  ne  dépasse  pas  Douai  à  l'O.  La  puissance  du 
terrain  houiller  est  d'environ  ^.500  m.  Let  étage  com- 
prend plus  de  ioO  couches  de  houille  dont  l'épaisseur 
varie  de  0'",]0  à  'L^,50. 

Le  tias  et  le  jurassique,  qui  n"affleurenl  pas  dans  le  dé- 
partement, ont  été  rencontrés  dans  plusieurs  sondages, 
ainsi  que  hgaiilt.  Ce  dernier,  constitué  à  la  base  par' des 
argiles  et,  à  la  partie  supérieure,  par  des  saî)les  assez  épais, 
fournit  un  niveau  aquifère  très  important  et  des  eaux  jail- 
lissantes. 

Le  CA'étacé  supérieur  ne  se  trouve  qu'an  S.  de  Lille. 
Il  est  priucipalement  développé  le  long  d'une  bande  pas- 
sant par  Lille,  Douai,  Valenciennes,  Cambrai,  Landrecies 
et  Maubeuge  ;  mais  on  ne  l'observe  guère  que  dans  les 
vallées,  les  plateaux  étant  recouverts  de  limon.  Le  céno- 
manien  comprend  des  sables  dits  aachéniens,  ex])loités 
près  d'Avesnes,  puis  des  argiles  à  Ostrea  aqiiila  et  Am. 
mitletiamis,  des  sables  verts  à  Am.  marnillaris,  des 
manies  sableuses,  glauconifères  à  Pecten  asper,  puis  des 
ma.rnes  blanches  ou  bleues,  glauconifères  (dièves)  à  Bel. 
ptcAuis  qui  constituent  un  niveau  aquifère.  Cette  formation 
ne  se  montre  guère  qu'à  l'extrémité  N.-L.  du  dépar- 
tement où  elle  forme  des  affleurements  peu  étendus, 
mais  on  l'a  rencontrée  dans  les  puils  de  mines.  Plus  au 
X.,  vers  Lille,  les  dièves  reposent  sur  une  craie  glauco- 
nieuse  avec  galets  de  phtanite,  de  gi'ès  houiller  et  dévo- 
nien,  connue  sous  le  nom  de  towlia,  et  très  dévelop])ée 
en  Belgique. 

Le  turonien  est  le  premier  terme  du  crétacé  affleurant 
sur  une  assez  grande  étendue.  H  com])ri4id  une  ai-gile  mar- 
neuse à  Inoceraniiis  tatnatus,  exploitée  pour  la  fabrication 
de  la  tuile,  puis  des  marnes  argileubcs  grises,  avec  interca- 
lation  de  bancs  de  craie  marneuse  à  Terebratula  gracie 
tis;  une  craie  blanche  avec  silex  à  Ilotaster  plamis,  em- 
ployée comme  inerre  à  chaux,  et  une  craie  glauconieuse 
plus  ou  moins  phosphatée,  exploitée  près  de  Cafubrai  comme 
pierre  de  taille,  et  renfermant  Micraster  tireviporus. 


—  NORD 

Le  sénonien,  remarquablement  développé  dans  le  dép. 
du  Nord,  est  constitué  par  une  craie  tendre  et  compacte 
fournissant  d'excellents  matériaux  de  construction.  La  plu- 
part des  vieux  édilices  de  Lille,  Douai,  Valenciennes,  Cam- 
brai, sont  construits  en  craie  de  c(M)iveau,  caractérisée  par 
}licrastercor.  testu(tinariuiiH}{  )l.  cor.  a}iguimwi;  cette 
craie  devient  de  plus  ei]  plus  Inie  de  la  base  au  sommet, 
les  silex  diminuent  également  d(;  taille.  On  s'en  sert  éga- 
lement coQime  piei're  à  cbaux,  et  on  l'emploie  beaucoup 
dans  la  préparation  de  l'acide  carbonique  dont  on  fait  usage 
dans  les  sucreries.  C'est  la  derinère  assise  crétacée  qui  se 
montre  dans  le  dép.  du  Nord.  Le  sénonien  supérieur  elle 
danien  s'étendent  plus  au  S.  et  plus  au  N.  Durant  cette 
période,  le  dép.  du  Nord  fut  émergé  et  il  se  produisit  des 
formatioiis  contineiitales,  qui  durèrent  jusqu'au  connnen- 
cement  du  tertiaire  (lignites,  couches  d'argiles  de  Léou- 
vdle,  argih;s  de  décab'itication  à  silex).  Ces' dernières  pa- 
raissent, cri  partie,  dater  de  la  base  de  Véocêne,  car  elles 
sont  nndangées  à  des  sables  verts  glauconieux,  parfois 
agglomérés  en  tufteau  très  dur  (ciel  de  marie  ou  turc), 
caractérisé  par  Cgprina  planata,  des  diatomées,  des  ra- 
diolaires et  des  spicules  d'épongés.  La  glauconie  de  ces 
sables  renferme  des  fragments  de  zircoji,  de  rutile,  d'ana- 
tase.  etc.  Au-dessus  viennent  les  sables  et  grès  blancs  ou 
verdàtres,  d'un  grain  tin,  dits  sables  du  Quesnoy  ou  d'Os- 
tricourt,  dont  la  stratification  est  entre-croisée.  Ds  ren- 
ferment des  intercalations  d'argile  plastique  où  l'on  a  trouvé 
des  empreintes  de  palmiers,  de  lauriers,  de  figuiers.  Os 
sables  sont  recouverts  par  l'argile  des  Flandres,  synchro- 
nique  del'argih^  de  Londres  ;  c'est  une  argile  plastique  sou- 
vent fenilhqée  rejifern)ant  des  cristaux  de  gypse,  de  py- 
rite, de  sidérose,  caractérisée  en  certains  points  par  Ostrea 
iKdlovacina  et  ùirouL  cuneifoonis.  Llle  couvre  une  assez 
grande  surface  et  atteint  iOO  m.  d'épaisseur  vei's  Haze- 
brouck.  Vieinient  ensuite  des  argiles  ou  des  sables  glau- 
conieux, micacés  avec  lumacbelles  de  lunnmulites  (V.';;/^^ 
nulata)  et  Turritella  édita  (Roubaix). 

Le  lutélien  débute  par  une  série  de  sables,  d'argiles  sa- 
bleuses et  glauconifères  et  de  grès  à  Cardita  ptanicosta 
très  développés  à  Cassel,  constituant  le  brnxeUien  et  le 
laekenien.  On  y  trouve  encore  0.  ftat)etluta  et  ^uni.  tœvi- 
gata  à  la  base,  OrtiitotUes  cojnptanata,  Nuin.  variota- 
ria  et  de  nombreux  débris  de  poissons  (Lamna,  Carclio- 
rodon)  à  la  ])artie  supérieure.  D'autres  sables  avec  bancs 
solides  de  grès  cah-aires  les  surmontent  ;  ils  renferment 
Cerithium  giganteum  et  0.  iiiflata. 

L'éocène  se  termine  par  des  sables  argileux  et  glauco- 
nieux (Cassel),  ravinant  les  cou(dies  inférieures  et  ren- 
fermant Pecten  corneus.  Au-dessus  de  cette  formation  se 
montre  au  sommet  des  collines  du  N.  du  département  une 
série  de  couches  que  les  uns  rapportent  à  l'éocène,  d'autres 
à  l'ohgocène,  mais  qui  sont  bien  développées  en  Belgique. 
Pendant  la  durée  de  Voligocènc,  le  N.  de  la  Franco  était 
émergé  et  constituait  une  barrière  entre  le  bassin  de  Paris 
et  le  bassin  de  la  mer  du  Nord. 

En  quelques  points  culminants,  on  trouve  des  lambeaux 
de  miocène  (N.  du  dép.).  A  (Cassel,  cet  étage  est  rejn-é- 
senté  par  des  argiles  grises,  mélangées  à  des  sables  bi- 
garrés renfermant  du  mica.  Le  sommet  de  ces  proéminences 
((Cassel)  est  occupé  par  des  sables  verts  plus  ou  moins 
ferrugineux,  s'étendant  en  F^elgique  oùl'on  a  recueilli  Ter. 
grandis.,  ce  qui  les  fait  assimiler  au  pliocène  inférieur 
(diestien).  Lu  cpielques  points  on  a  cependant  trouvé  des 
argiles  à  silex  (pii  paraissent  correspondre  à  cette  époque. 
Ces  dépôts  soin,  les  dépôts  tei'tiaires  h^s  plus  récents  du 
N.  de  la  France. 

PriJsKKiÈx!].  —  Pres([uetout  le  N.-O.  du  département 
constitue  un  pays  presipieplat,  couvert  de  limons  masquant 
les  terrains  sous-jacejits  sous  une  apparente  uniformité. 
Le  limon  est  divisé  connue  il  suit  :  à  la  base,  on  rencontre  un 
diluvium  formé  par  un  dépôt  de  caiUoux,  composés  presque 
exclusivement  de  silex  pyromaques,  plutôt  cassés  et  usés 
que  roulés,  renîennant  Eteptias  primigenius  et  des  silex 


NORD 


taillés  du  type  cliéléen;  vient  ensuite  un  sable  argileux 
verdàtre  rempli  de  succinées,  des  dépôts  de  cailloux  avec 
débris  de  rocbes  et  de  fossiles  tertiaires  à  Elephas  pri- 
miyeiiius  et  Hijœna  spelœa.  L'assise  qui  les  surmonte  est 
formée  de  limons,  variables  avec  la  nature  du  sol.  C'est  tan- 
tôt un  limon  jaune  clair,  doux  au  toucher  (ergeron),  avec 
petits  débris  de  craie,  tantôt  un  limon  argilo-sableux,  jaune, 
panaché  de  blanc.  L'assise  supérieure  est  formée  de  limon 
argileux  (limon  supérieur)  brun  rougeàtre,  exploité  acti- 
vement pour  lafabricalion  des  briques.  Il  produit  des  terres 
très  fertiles. 

Les  alluvions  modernes  offrent  un  beau  développement 
dans  les  vallées  de  la  Sambre,  de  l'Escaut,  de  la  Deùle, 
de  la  Lys,  oii  elles  reposent  sur  le  pléistocène,  le  tertiaire 
ou  le  secondaire.  Leur  composition  dépend  des  terrains 
dans  lesquels  est  creusée  la  vallée.  Ce  sont  surtout  des  argiles 
bleues,  des  argiles  calcaires  ou  sableuses,  qui  renferment 
parfois  des  couches  de  tourbe.  Elles  forment  aussi  une  assez 
large  bande  de  territoire,  le  long  des  côtes,  entre  Gravelnies, 
Bergues,  Hondschoote,  dontle  niveau  enbeaucoup  dépeints 
est  inférieur  à  celui  des  hautes  mers  (G  m.  à  Dunkerque). 
Cette  bande  continue  celle  qui  prend  une  si  grande  exten- 
sioji  en  Belgique.  C'est  pendant  les  premiers  temps  de  l'ère 
moderne  que  les  rivages  de  la  mer  du  Xord  se  soulevant 
amenèrent  la  formation,  le  long  des  rivages,  de  marécages 
où  se  développa  la  tourbe,  pendant  ([ue  les  essences  fo- 
restières croissaient  sur  les  parties  moins  humides.  La 
tourbe  est  suctout  concentrée  vers  le  S.  de  la  bande  que 
nous  avons  détinie,  mais  elle  n'a  guère  plus  d'un  mètre 
d'épaisseur,  tandis  qu'en  Belgique  elle  atteint  une  puis- 
sance de  7  m.  Ue  nombreux  documents  ont  été  trouvés 
dans  cette  tourbe.  A  la  partie  moyenne,  on  a  renconlré 
des  silex  de  la  pierre  pobe,  des  canots  et  des  idoles,  tan- 
dis que  la  partie  supérieure  renferme  des  armes,  des  ins- 
truments et  des  monnaies  gauloises  et  romaines.  Ces  tour- 
bières, dont  la  durée  de  formation  a  été  évaluée  à  7.000  ans, 
existaient  encore  au  moment  de  l'occupation  de  la  Gaule 
par  Jules  César.  La  tourbe  est  recouverte  par  dessables  ou 
des  glaises,  reposant  sur  de  la  vase  bleue,  dans  lesquels  on  a 
trouvé  des  coquilles  marines.  Cette  formation  résulte  en 
grande  partie  de  l'envahissement  de  la  région  par  la  mer, 
envahissement  dû  à  des  tempêtes  qui  se  firejît  sentir  entre 
les  années  400  et  840.  Puis  après  l'an  mille,  où  de  nouvelles 
invasions  eurent  lieu,  le  sol  se  souleva,  l'homme  dessécha 
les  marais  et  cultiva  cette  région  éminemment  fertile. 

Géolocie  AGiucohE.  —  Si  l'on  examine  les  terrains  des 
plus  anciens  aux  plus  récents,  on  remar(iue  (jue  la  région 
constituée  par  les  schisles  et  les  psammites  dèvoniens  est 
couverte  de  petits  l)ois  cultivés  en  taillis.  C'est  l'emploi  le 
plus  productif  (fue  Ion  puisse  retirer  de  ces  terrains.  Par- 
fois cependant  les  schistes,  les  psammites  et  les  dièves 
sont  cultivés  en  prairies.  La  craie  proprement  dite  ne  porte 
guère  (|ue  des  bois  et  des  garennes  ;  il  en  est  de  même 
des  sables  éocènes,  mais  là  où  existent  des  marnes  créta- 
cées, les  couches  tertiaires  et  quaternaires  qui  les  sur- 
montent forment  des  régions  humides  couvertes  de  prai- 
ries naturelles.  Les  dépôts  de  transport  argilo-sableux 
donnent  des  terres  un  peu  fortes,  mais  très  productives, 
où  le  tabac  et  le  houblon  sont  cultivés.  Le  limon  supé- 
rieur est  essentiellement  favorable  à  la  culture  des  cé- 
réales et  des  betteraves,  et  l'on  sait  que  cette  dernière 
('ulture  est  faite  en  grand  dans  le  déparlement. 

L'industrie  et  l'agriculture  utilisent  l'eau  provenant  des 
sources  ou  des  puits  artésiens.  Lue  première  nappe  aquifère 
se  trouve  dans  la  couche  argilo-sableuse  du  limon  pléis- 
tocène, retenue  soit  par  l'argile  des  Flandres,  soit  par  l'ar- 
gile à  silex.  Elle  ind)ibe  la  plaine  de  la  Lys  o'i  elle  forme 
une  couche  à  3  ou  4  m.  de  profondeur.  Une  deuxième 
nappe,  mieux  isolée,  existe  dans  les  sables  verts  éocènes. 
La  nappe  la  plus  importante  est  située  dans  la  marne  à 
Ter.  gracilis.  C'est  elle  qui  fournit  les  sources  de  TOise, 
de  la  Selle  et  de  leurs  affluents.  Les  sources  de  TEscaut  et 
de  la  Somme  ont  la  même  origine.  Un  dernier  niveau  se 


montre  dans  les  calcaires  carbonifères  ou  dèvoniens  ;  il 
fournit  des  eaux  pures,  légèrement  sodiques,  quelque- 
fois en  extrême  abondance,  mais  son  gisement  est  tou- 
jours incertain.  Ph.  Glaxgeaud. 

Régime  des  eaux.  —  Les  eaux  du  dép.  du  Nord  se 
partagent  entre  divers  tributaires  de  la  mer  du  Nord,  A  a, 
Vser,  Escaut,  Meuse.  Toutefois,  durant  3  kil.  à  l'angle  S.-E. , 
rOise,  tributaire  de  la  Seine,  longe  le  département,  le  sé- 
parant de  celui  de  l'Aisne;  dh  draine  environ  2.500  hect. 
de  l'arr.  d'Avesnes,  dont  le  ru  d'Anor,  également  né  en 
Belgique,  empht  et  déverse  quatre  étangs. 

L'Aa(80kil. ,  bassin  de  12  j  .474  hect. ,  débitmoyenSm.  c. 
par  seconde)  longe  pendant  ses  24  derniers  kil.  le  dép.  du 
Nord,  ou  il  baigne  Watten  et  Gravelines.  Canahsé,  il  com- 
plète le  réseau  navigable  formé  par  le  canal  de  Neuffossé 
qui  le  relie  à  la  Lys  (de  Saint-Omer  à  Aire),  le  canal  de 
la  Colme  qui,  de  Watten  à  Bergues,  s'appelle  Haute-Colme 
et,  de  Bergues  à  la  Belgique  vers  Furnes,  Basse-Colme  ;  le 
canal  de  Bourbourg,  également  alimenté  par  les  eaux  de 
l'Aa,  aboutit  au  port  de Dunker(fue,  d'où  lecanal  de  Dun- 
kei'que   à  Xieuj)ort  se  dirige  vers  Furnes.    Le  canal  de 
Bergues  rebeà  Dunkerque  le  canal  de  la  Haute-Colme.  — 
—  L'Yser  coule  en  France  pendant  36  kil.  et  y  draine 
39.500  hect.  qui  lui  fournissent  2.800  litres   d>au  en 
[)ortée  moyenne;  sa  source  jaillit  à  27  m.  d'alt. ,  il  passe 
au  pied  du  mont  Cassel,  à  Esquelbec([,  près  de  Worm- 
b()udt,([u'arrose  s(m  atlîuenl,laPeene-Becque(dr..  27  kil.), 
il  l'cçoit  encore  de  France  rEy-Becque(dr.,  22  kil.),  qui 
forme  un momentla  frontière,  etlaSalc-Becque(g.,  46  kil.). 
L'Escaut  a  100  (cours  actuel,  96),  de  ses  400  kil.  de 
cours,  en  France,  dont  89  kil.  dans  le  dép.  du  Nord, qui  prend 
365.000  hect.  de  son  bassin  sur  un  total  de  2.070.000 
dont  700.000  en  France.  Il  naît  dans  le  dép.   de  l'Aisne 
à  87  m.  d'ah.,  passe  dans  celui  duNordà  80  m.,  escorté 
par  le  canal  de  Saint-(^)uentin,  qui,  au  bout  de  26  kil., entre 
à  Cambrai  dans  l'Escaut  canahsé.  Aupai^avant,  celui-ci  a 
passé  à  Honnecourt,  Banteux,  Crèvecœur  où  il  boit  le  riot 
d'Esnesou  deLesdam  (dr.,  20  kil.,  bassin  de 4 0.561  hect., 
débit  moyen  de  135  htres,  nul  en  été),  Masnières,  Mar- 
coing,  où  d  reçoit  l'Eauette  ou  Escauette  (g.,20kd.,  bas- 
sin de  44.800  hect.),  autre  riot  sans  eau  jusqu'aux  fon- 
taines des  Pèi-es  et  delà  Troémée  (|ui  le  grossissent  à  2  kil. 
de  son  continent  avec  l'Escaut  ;    celui-ci  passe  ensuite  à 
Noyelles  avant  (Earriver  à  Cambrai,  grande  ville,  à  partir 
de  laquelle  il  est  canalisé  et  muni  de  46  écluses  sur  les 
63  kil.  qu'd  parcourt  avant  d'entrer  enBelgi(jue.  Il  passe 
à  Escaudœuvres,  Bamillies,  Iwuy  où  lui  arrive  l'Herclin 
(dr.,  30  kil,  bassin  de  45.000  hect.),  à  Estrun,  au  Bassin- 
Rond  au  confluent  de  la  Sensée,  à  Bouchain,  Neuvilie-sur- 
TEscaut,  Rœulx,  Lourches,  Denain,  llaulchin,  Trith-Saint- 
Léger,  Valenciennes,  Anzin,  Bruay,  Escaupont,  Fresnes, 
Condé  où  débouche  la  Haine  venue  de  Belgique;  l'Escaut 
qui  depuis  Marcoing  suivait,  réserve  faite  pour  les  sinuo- 
sités secondaires,  la  dh'ection  du  N.-E.,  tourne  à  angle 
droit  vers  le  N.-O.  par  Vieux-Condé,  Odomez,  Hergnies, 
Mortagne  où  lui  arrive  la  Scarpe  canalisée  et  entre  en  Bel- 
gi({ue  à  46  m.  d'alt.  ;  sa  largeur  est  alors  de  20  à  25  m., 
son  débit  moyen  de  42  m.  c.',  ne  s'abaissant  guère  à  moins 
de  7  m.  et  ne  s'élevant  guère  à  plus  de  40  m.  c.  En  dehors 
des  premiers  petits  affluents  que  nous  avons  signalés  au 
passage,  l'Escaut  reçoit,  en  France  :  la  Sensée  (g.,  60  kil. 
dont  20  dans  le  Nord,  3  m.  c.  de  débit  moyen)  vient  du 
Pas-de-Calais,  par  une  plaine  semée  d'étangs,  passe  près 
d'Arleux  ou  se  détache  le  canal  de  la  Sensée (25  kil.)  qui 
l'unit  à  la  Scarpe  ;  la  Sensée  est  dès  lors  canalisée  jusqu'à 
son  embouchure.  —  La  Selle  (dr. ,  46   lui.,  bassin   de 
24.500  hect.  dont  4.600  dans  l'Aisne,  2  m.  c.  pac  seconde) 
a  ses  2  premiers  kil.  dans  le  dép.  de  l'Aisne,  passe  à  tra- 
vers une  région  industrielle,  à  Saint-Souplet,  au  Cateau,  à 
Neuvilly,  Solesmes,  Haiissy,  Saulzoir,  Haspres,  pour  finir  à 
Lourches.  Elle  reçoit  le  Bassuyau  et  le  Bayart ,  (pii  creusent 
leur  vallon  dans  la  craie,  comme  la  Selle' et  comme  l'Ecail- 
lon.  Celui-ci  sort  d^un  étang  de  la  forêt  deMormal,  passe 


au  S.  du  Quesnoy,  s'augmente  du  Saint-Georges  (g., 49  kil.) 
et  de  la  rivière  des  Harpies  (g.,  25  kii.)  et  termine  en  aval 
de  Tiiiantson  cours  de  33  Jdl.  (bassin  de  15.800  hect., 
débit  475  litres).  —  La  Rhonelle  (dr.,  29  kil.,  bassin  de 
32.200  hect.,  débit  300  litres)  vient  aussi  de  la  forêt  de 
Mormal,  passe  auN.  du  Quesnoy,  à  Aulnoy,  Marly  et  finit 
dans  Valenciennes.  —  La  Haine  (dr.,  80  kiL  dont  5  en 
France,  1.500  litres)  est  essentiellement  ])clge;  c'est  la 
rivière  du  Hainaut  et  de  Mous,  qui  vient  finir  à  Condé,  ac- 
compagnée du  canal  de  Mous  à  Condé  ;  son  affluent  le  Hog- 
neauou  Anneau  (g.,  34  kil.  dont  22  enFrance)  se  forme  par 
la  jonction  du  Hogneau  majeur,  qui  passe  sur  le  champ  de 
bataille  de  Malplaquet,  et  du  Hogneau  mineur,  qui  sort  duN. 
de  la  forêt  de  Mormal  et  arrose  Louvignies-ies-Bavai  et 
Saint- Vaast  ;  le  Hogneau  passe  ensuite  en  Belgique,  rentre 
en  France  pour  y  recevoir,  près  deBlanc-Misseron,  laHon- 
nelle  (g.)  venue  également  de  la  forêt  de  Mormal. 

La  Scarpe,  le  premier  grand  affluent  de  g.  de  l'Escaut, 
s'y  jette  un  peu  avant  qu'il  sorte  du  territoire  français  ; 
elle  a  101  kil.  dont  43  dans  le  Nord,  draine  un  bassin  de 
109.450  hect.,  qui  lui  fournit  en  moyenne  5  m.  c.  par 
seconde.  Sa  vallée,  jadis  marécageuse,  a  été  bien  asséchée; 
elle  l'eprésente  l'artère  centrale  d'un  réseau  de  canaux,  de 
rigoles  qui  raccompagnent  (Bouchard,  Grande  et  Petite 
Traitoire,  Décours,  courants  de  Coutiche  et  de  l'Hôpital, 
Elnon,  etc.).  La  Scarpe  passe  à  Coinchelettes  où  débouche 
le  canal  de  la  Sensée,  à  Douai,  Fort-de-Scarpe  d'où  part 
le  canal  de  la  Haute-Deùle  ahmenté  par  elle,  à  Marchiennes, 
Saint-Amand . 

En  dehors  de  France,  l'Escaut  reçoit  encore  des  rivières 
qui  coulent  dans  le  dép.  du  Nord,  le  Décours,  canal  de  la 
Scarpe,  qui  aboutit  un  peu  au  delà  de  la  frontière,  et  sur- 
tout la  Lys  ou  Lis.  Celle-ci  a   ses  126  premiers  kil.  en 
France,  dont  55  kil.  le  long  ou  dans  le  dép.  du  Nord. 
Elle  est  déjà  navigable  quand  elle  l'atteint  à  3  kil.  i/2  en 
aval  d'Aire,  à  18  m.  d'alt.  C'est,  comme  les  autres  rivières 
flamandes,  un  large  fossé  endigué,  dont  les  eaux  se  traînent 
lentement,  faute  de  pente,  au  miheu  d'un  large  fond  allu- 
vial dont  Fait,  ne  dépasse  pas  20  m.;  sept  écluses  régu- 
larisant le  cours  pour  la  navigation  achèvent  la  ressem- 
blance avec  un  canal.  Pendant  une  vingtaine  de  kil.,  la 
Lys  divise  les  dép.  du  Pas-de-Calais  et  du  Nord  qui  ne 
possède  que  sa  rive  gauche  ;  à  Thiennes  se  détache  le  canal 
de  la  Nieppe,  à  Merville  celui  de  la  Bourre,  qui  rejoint  le 
précédent  au  N.  de  la  forêt  de  Nieppe  et  de  là  mène  à 
Hazebrouck;  à  La  Gorgue,  la  Lys  recueille  la  Lawe  (dr., 
38  kiL,  bassin  de  17.500  hect.,  1  m.  c.  par  seconde)  dont 
seuls  les  2  derniers  kil.  appartiennent  au  dép.  du  Nord  ; 
elle  passe  ensuite  à  Sailly,  i^>quinghem-Lys,  Armentières, 
Houphnes,  Frehnghien,  Deulémont  où  elle  reçoit  la  Deùle, 
Comines,    Werwicq-sud  (en  face  de   la   ville   belge  de 
Werwicq),  Bousbecques,  Halluin,  et  entre  tout  à  fait  en  Bel- 
gique, à  laquelle  sa  rive  g.  appartenait  déjà  depuis  Hou- 
plines.  La  Lys  quitte  la  France  à  Fait,  de  iO  m.,  roulant 
7  m.  c.   d'eau  en  temps  normal,  2  1/2  à  l'étiage  ;  son 
bassin  français  est  de  275.000  hect.   Dans  le  dép.  du 
Nord,  elle  reçoit  à  gauche  la  Bourre  ou  Borvre-Becque  qui 
naît  au  N.    d'Hazebrouck  et  est  à  partir  de  la  forêt  de 
Nieppe  confondue  avec  le  canal  de  la  Bourre  qu'alimente 
la  Lys  ;  la  Bourre  communique  par  le  fossé  dit  Plate- 
Becque  avec  l'affluent  suivant,  la  Méteren-Becque,  qui  com- 
mence à  rO.  du  Catsberg.  Une  troisième  Becque,  qui  garde 
mieux  l'aspect  d'un  ruisseau  naturel,  naît  au  mont  Noir, 
passe  à  Bailleul  et  Steenwerck  pour  finir  à  Sailly.  —  Le 
seul  affluent  notable  de  la  Lys  est  la  Deùle  (dr.,  68  kil. 
dont  34  dans  le  Nord,  bassin  de  77.000  hect.,    débit 
moyen  4  m.  c.   par  seconde).  Elle  naît  dans  le  Pas-de- 
Calais,  sous  le  nom  de  Carency,  puis  de  Souchez,  se  con- 
fond presque  constamment  à  partir  de  Lens  avec  le  canal 
de  la  Deùle  que  le  canal  de  la  Haute-Deùle  joint  à  la 
Scarpe  (à  Fort-de-Scarpe).  La  rivière  entre  ensuite  sur 
le  territoire  du  dép.  du  Nord,  après  avoir  accueilli  le  ca- 
nal de  la  Bassée,  qui  forme  un  moment  la  limite  avec  le 


—  NORD 

dép.  du  Pas-de-Calais,  et  par  lequel  elle  communiipie  avec 
la  Lys.  La  Deùle,  presque  toujours  confondue  avec  son 
canal,  et  dont  les  usines  et  les  villes  transforment  les  claires 
eaux  crayeuses  en  un  véritable  égout,  se  traîne  dans  un 
fond  marécageux  jusqu'aux  abords  de  Lille,  baigne  ses 
faubourgs  d'Haubourdin,  Loos,  puis  Lille  même,  bâtie  à 
FE.  de  la  rivière,  sauf  la  citadelle  établie  dans  un  repK 
sur  la  rive  occidentale.  La  Deùle  canalisée  passe  ensuite 
à  Marquette  ou  aboutit  la  Marcq,  née  au  pied  de  la  col- 
hne  historique  de  Mons-eu-Pévêle,  passant  à  Pont-à-Marcq, 
sur  le  champ  de  bataille  de  Bouvines,  entre  Croix  et  Was- 
quehal,  après  quoi  elle  se  confond  avec  le  canal  de  Rou- 
baix,  devant  Marc(f  et  Marquette.  Le  canal  de  Roubaix, 
qui  part  de  Marquette  sur  la  Lys.  forme  une  route  directe 
vers  l'Escaut,  passant  entre  Tourcoing  et  Roubaix  et  s'ache- 
vant  en  Belgique  sous  le  nom  de  canal  de  l'Espierre  ;  il 
ajoute  aux  eaux  de  la  Marcq  celles  de  la  rigole  de  dessèche- 
ment des  marais  de  la  Deùle  que  lui  refoulent  des  machines 
élévatoires  placées  à  Lille.  En  aval  de  Marquette,  la  Deùle 
décrit  un  coude  vers  le  N.-O.,  passe  à  Wambrechies,  au 
Quesnoy  et  se  joint  à  la  Lys. 

Dans  la  plaine  flamande,  qu'il  s'agisse  de  la  Flandre  ma- 
ritime ou  de  la  Flandre  wallonne,'  les  cours  d'eau  ne  se 
différencient  guère  des  canaux,  remphssant  leur  double 
fonction  de  fossé  de  drainage  et  de  chemin  de  navigation  ; 
la  description  des  rivières  naturelles  est  donc  insépa- 
rable de  celle  des  embranchements  creusés  entre  elles  pour 
les  relier  et  compléter  le  réseau  navigable.  Tout  autre  est 
l'aspect  de  la  partie  orientale  du  département,  celle  qui 
relève  du  bassin  de  la  Meuse. 

La  Meuse  ne  touche  pas  au  dép.  du  Nord;  elle  recueille 
les  eaux  de  la  plus  grande  partie  de  l'arr.  d'Avesnes  par 
son  grand  affluent  gauche,  la  Sambre,  qui  a  en  France  85 
de  ses  190  kil.,  et  107.500  hect.  d'un  bassin  de  266.200. 
Elle  naît  sur  le  plateau  de  Thiérache  (dép.  de  l'Aisne), 
mais  sa  branche  supérieure,  la  Yieille-Sambre,  a  été  dé- 
rivée vers  leNoirieu,  affluent  de  l'Oise,  au  xvi^  siècle,  pour 
ahmenter  le  canal  de  Sambre-et-Oise,  de  sorte  que  la  tète 
actuelle  de  la  rivière  est  la  Jeune- Sambre,  ou  ruisseau  de 
France,  parallèle  à  la  Yieille-Sambre,  mais  à  4  kil.  au  N.  ; 
elle  a  sa  source  dans  le  dép.  de  l'Aisne  et  descend  vers 
rO.  ;  au  bout  de  1  kii.  à  peine,  elle  atteint  au  S.  de  Beau- 
repaire  le  dép.  du  Nord  qu'elle  sépare  de  celui  de  l'Aisne 
durant  3  kil.  ;  elle  rentre  sur  le  territoire  de  l'Aisne  et, 
près  d'Oisy,  débouche  dans  le  bief  de  partage  du  canal  de 
Sambre-et-Oise.  La  Sambre  canalisée  tourne  vers  le  N., 
entre  dans  le  dép.  du  Nord,  où  neuf  barrages  écluses, 
distribués  sur  les  67  kil.  de  son  cours  rectifié,  assurent  son 
tirant  d'eau  de  2  m.  ;  elle  passe  à  Catillon,  (Jrs,  et  se  re- 
plie vers  le  N.-E.,  suivant  extérieurement  les  terrains 
dévoniens  de  l'Ardenne.  Elle  baigne  Landrecies,  le  pied  de 
la  forêt  de  Mormal,  reçoit  du  S. -E.  les  deux  Helpes,  baigne 
Sassegnies,  les  usines  de  Berlaimont,  Aulnoye,  Aymeries, 
Pont-sur-Sambre,  les  carrières  de  Boussières,  Hautmont, 
Louvroil,  Sous-le-Bois,  Maubeuge,  Assevent,  Recquignies, 
Rocq,  Marpent,  Jeumont  et  passe  en  Belgique,  à  123  m. 
d'alt.  ;  elle  roule  alors  près  de  6  m.  c.  par  seconde  aux 
eaux  moyennes,  31.2  à  l'étiage.  —Ses  affluents  français 
lui  viennent,  de  droite,  du  rivage  ardennais  ;  de  l'autre 
côté  du  ht  creusé  par  la  Sambre,  la  pente  du  sol  conti- 
nuant vers  le  N.-O.  mène  les  eaux  à  l'Escaut.  Ces  affluents 
droits  sont:  laRiviérette  (15  kil.),  venue  de  l'ancien  ma- 
rais de  Beaurepaire  ;  —  la  Petite-Helpe  ou  Helpe  mineure 
(45  kil.,  23.200  hect.,  700  litres  par  sec),  qui  se  forme 
sur  le  territoire  de  l'Aisne  par  l'union  de  plusieurs  ruis- 
seaux venus,  les  uns  de  la  Flamengrie  (Aisne),  les  autres 
des  bois  de  Fourmies  et  d'Anor,  parles  cités  industrielles 
de  Fourmies  et  Wignehies,  dont  ils  ahmentent  les  filatures; 
la  Helpe  mineure  passe  ensuite  à  Cartignies  ;  —  la  Grande- 
Helpe  ou  Helpe  majeure  (58  kil. ,  21 .400  hect. ,  1 .600  htres 
par  sec.  ),  qui  nait  sur  la  limite  de  la  Belgique,  dans  les  bois  au 
N.  d'Anor,  forme  quelque  temps  la  frontière,  tandis  qu'elle 
se  dirige  au  N.,  recueille  le  ruisseau  deBaives,  puis  à  Eppe- 


NORD 


—  6  ~ 


Sauvageja  petite  Eau  d'Rppe.  pittoresque  ri  yiérette  belge; 
la  Helpe  tourne  alors  àl'O.,  recueille  les  eaux  de  la  foi'èt 
de  Trélon  apportées  par  le  Xoyoïi,  déversoir  de  l'étang  de 
la  Folie,  quitte  la  pittoresque  région  des  bois,  arrose  Avesnes; 
—  la  Solre  (20  kil.,  bassin  de  48.400  liect.,  500  litres 
par  sec.),  cjui  se  forme  à  Solre-le-Château  de  ruisseaux  nés 
près  de  la  frontière,  arrose  Ferrières-la-Pelite  et  Ferrières- 
la-Grande.  —  Deux  autres  affluents  de  la  Sambre,  qui 
naissent  et  finissent  en  Belgique,  nous  appartiennent  par 
leur  cours  moyen  :  la  Tliure,  pendant  9  kil.  avant  et  après 
Cousolre;  la  Hantes,  pendant  5  kil.  autour  de  Bousignies. 

Climat.  —  Fe  climat  du  dép.  du  Nord  est  maritime, 
par  conséquent  doux  et  humide;  Tbiver  est  pluvieux, 
«  pourri  »,  disent  les  indigènes;  le  printemps l'ourt,  l'été 
parfois  très  chaud  et  à  température  variable  ;  la  belle  sai- 
son est  l'automne.  Fa  température  moyenne  annuelle  est 
(te +  40^2,  celle  de  l'hiver +  30,42,  celle  de  Fêté +17«, 8, 
du  printemps  -F-  9^,3,  de  Fautomne  +  40°,73.  Fes  extrêmes 
constatés  ont  été  —  49°  le  3  déc.  4879,  une  année  oti  il 
gela  48  jours  de  suite  à  Fille  et  où  la  couche  de  neige  se 
maintint  à  50  centim.  d'épaisseur;  -j-  30^.5  le  45  juin 
4858.  F'arr.  d'Avesnes,  plus  éloigné  de  la  mer  et  plus 
élevé,  a  un  climat  plus  continental,  fi'oids  plus  vifs,  cha- 
leurs plus  fortes.  J^e  nombre  des  jours  pluvieux  varie  entre 
475  et  258  par  an;  la  chute  d'eau  n'est  pas  très  forte  : 
670  miUim.  à  Fille;  un  peu  plus  sur  la  côte,  771  à  Dun- 
kerque  ;  davantage  dans  la  zone  ardennaise  plus  haute  et 
])lus  boisée,  857  millim.  à  Avesnes  ;  le  maximum  serait 
atteint  à  Anor.  Fes  vents  dominants  soufflent  de  l'O.,  du 
S.-O.  et  du  N.-O.  et  amènent  la  pluie. 

Flore  et  faune  naturelles.  —  V.  France,  §  Floi'e; 
France  et  Europe,  §  Faune. 

Histoire  depuis  1789.  Etat  actuel. —Fe  dép.  du 
Nord  fut  constitué  en  4790  de  territoires  appartenant  aux 
trois  anciennes  provinces  de  Flandre  française,  Hainaut 
français,  Cambrésis,  groupées  déjà  en  un  gouvernement 
avec  Fille  pour  ch.-l.  Fa  Flandre  a  fourni  la  moitié  occi- 
dentale du  département  (arr.  de  Dunkercpie,  Hazebrouck, 
Fille,  Douai);  le  Hainaut,  un  tiers  (Valenciennes,  Avesnes): 
le  Cambrésis  (arr.  de  Cambrai),  un  sixième.  Quelques  com- 
munes méridionales  ont  été  prises  aux  pays  voisins  d'Artois 
etdeVermandois.  Ce  territoire  se  divisait  entre  les  inten- 
dances de  Flandre  maritime  (Dunkerque,  Hazebrouck)  de  la 
mer  à  laFys,  Flandre  wallonne  (Fille,  Douai)  de  la  Fys  à  l'Es- 
caut, du  îlainaut  et  du  Cambrésis.  Dans  la  Flandre  wal- 
lonne, on  distinguait  de  petits  pays  répartis  entre  les  châ- 
tellenies  de  Taille,  Douai  et  Orchies  :  Mélantois,  autour  de 
Fille;  Ferrain,  au  N.  de  Roubaix  à  Comines;  Weppe,  à 
l'E.  de  la  Deûle,  avec  (Juesnoy-sur-Deùle  et  Armentières  ; 
Pévèle,  à  FE.  avec  Orchies  pour  centre;  Escrehieii,  autour 
de  Douai;  Ostrevant,  autour  de  Bouchain.  On  trouvera 
aux  art.  Flandre,  Fille,  etc.,  l'histoire  antérieure  à  4789. 
Fe  ch.-Fdu  département  fut  d'abord  Douai  jusqu'en  4804, 
puis  Fille.  Il  fut  le  théâtre  d'opérations  inilitaires  déci- 
sives dans  l'histoire  de  la  Révolution.  Fa  «  frontière  d'ai- 
rain »  des  forteresses  construites  par  Vauban  résista  aux 
envahisseurs,  autrichiens,  allemands,  anglais,  hollandais. 
Fes  principaux  faits  furent  :  le  siège  de  Fille  (4792),  qui 
repoussa  les  Autrichiens  en  4793  ;  la  prise  de  Valenciennes 
et  du  Quesnoy  ;  les  sièges  de  Cambrai,  Dunkerque,  Mau- 
beuge  débloquées  par  les  victoires  de  Hondschoote  (6-8  sept. 
4793),  Tourcoing,  Wattignies  (45-46  oct.);  en  4794,  la 
seconde  victoire  de  Tourcoing  (48  mai).  En  4823,  l'arr. 
de  Valenciennes  fut  formé  aux  dépens  de  celui  de  Douai. 
—  En  4870-74,  le  général  Faidlierbe  s'appuya  sur  les 
places  du  Nord  pour  contenir  les  Allemands  maîtres  des  dé- 
partements méridionaux  (V.  Franco-Allemande  [Guerre]). 

On  trouvera,  dans  les  art.  Pays-Bas,  I^landre,  Hainai:t, 
Fille,  Cambrai,  etc.,  l'histoire  de  ces  régions  avant  4789, 
et  la  liste  des  personnages  célèbres  nés  sur  le  territoire 
du  Nord  avant  le  xix^  siècle.  Au  cours  du  xix^  siècle,  on 
peut  mentionner  :  Merlin  de  Douai,  jurisconsulte  (4754- 
4838),  né  à  Arleux;  lejgénéral  Vandamme  (4770-4830), 


né  à  Cassel  ;  le  maréchal  Mortier  (4768-4835),  né  au  Ca- 
teau-Cambi'ésis  ;  le  peintre  Wicar  (4762-4831),  né  à  Fille  ; 
Martin  da  Nord,  homme  politique  (4790-4847),  né  à  Douai  ; 
M"'^  Desbordes-Valmore,  poète  (4785-4859),  née  à  Douai  ; 
Fe  Glay,  archéologue  (4785-4863),  né  à  Arleux^  Abel  de 
Pujol,  peintre  (4785-4864),  nés  à  Valenciennes;  le  père 
Gi'atry  (4805-72),  né  à  Lille;  Caignart  de  Saiilcy  (1807- 
80),  archéologue,  né  à  lille;  Defrémery  ('1822-83),  orien- 
taliste, né  à  (>iml)j*ai;  Wallon,  homme  politique,  né  à  Va- 
lenciennes en  4842;  les  sculpteurs  Femaire  (4798-4880) 
et  Carpeaux  (4827-75),  né  à  Valenciennes;  le  général 
Faidherbe  (4848-89).  né  à  Fille  ;  le  chansonnier  Gustave 
Nadaud  (1820-4893),  né  à  Roubaix;  le  sculpteur  Crauk, 
né  à  Valenciennes  en  4827  ;  le  peintre  Carolus  Duran,  né  à 
Fille  en  4837,  etc. 

Fa  population  se  divise  entre  les  Flamands  (jui  occui)ent 
la  Flandre  maritime  (V.  4\vys-Bas)  et  les  Français  qui 
peuplent  le  reste  du  département.  Fes  premiers  occu|)ent 
l'ancien  pays  des  Marins;  ceux  de  la  Flandre  w^allonne,  le 
N.  de  l'ancien  pays  des  Atrébates,  tandis  que  la  région 
du  haut  1^'scaut  et  de  la  Sambre  était  occupée  par  les 
^ervi  (V.  ces  mots).  Fa  population  flamande  descendrait 
des  Ménapiens  (V.  ce  mot),  qui,  probablement  vers  le 
iii^  siècle  de  l'ère  chrétienne,  refoulèrent  les  Morins.  Fes 
Flamands  sont  grands,  élancés,  blonds  aux  yeux  bleus, 
d'humeur  grave,  renfermée,  très  adonnés  aux  boissons 
alcooliques  (genièvre,  bière,  etc.).  Les  habitants  du  Hai- 
naut et  du  Cambrésis  sont  de  taille  moyenne,  bien  mus- 
clés, à  cheveux  châtains  et  yeux  bruns,  caractère  enjoué, 
aussi  laborieux  et  économes  que  les  Flamands.  Fa  popula- 
tion de  la  France  wallonne,  entre  Fys  et  Escaut,  est  inter- 
médiaire, très  mélangée  de  Belges  immigrés  dans  ses  cités 
ouvrières;  dans  les  districts  miniers  des  arr.  de  Valen- 
ciennes et  de  Douai,  l'immigration  vient  plutôtdes  campagnes 
voisines.  Enfin,  sur  les  rives  de  l'l^]scaut,  les  habitants, 
répartis  en  hameaux,  sont  tisserands  l'hiver,  travailleurs 
agricoles  l'été,  se  louant  dans  les  dép.  du  Pas-de-Calais,  de 
l'Aisne,  de  FOise,  etc. 

Divisions  administratives  actuelles.  —  Arron- 
dissements. —  Fe  dép.  du  Nord  comprend  7  arrondisse- 
ments :  Fille,  x\vesnes.  Cambrai,  Douai,  Dunkerque,  Haze- 
brouck, Valenciennes,  subdivisés  en  67  cantons  et  667  com- 
munes. On  en  trouvera  plus  loin  le  détail. 

Justice.  Police.  —  Fe  département  ressortit  à  la  cour 
d'appel  de  Douai.  Douai  est  le  siège  des  assises.  Il  y  a 
7  tribunaux  de  première  instance,  un  par  ch.-l.  d'arr.  ; 
celui  de  Fille  a  3  chambres,  celui  d'Avesnes  2.  Fe  dépar- 
tement possède  6  tribunaux  de  commerce,  à  Fille,  (Cam- 
brai, Dunkerque,  Roubaix,  Tourcoing  et  Valenciennes, 
une  justice  de  paix  par  canton.  Fe  nombre  d'agents  char- 
gés de  constater  les  crimes  et  délits  était,  en  4894,  de 
409  gendarmes  (83  brigades),  58  commissaires  de  police, 
463 agents depolice, 899  gardes  champêtres, 4.4 J 6  gai'des 
particuhers  assermentés,  77  gardes  forestiers.  Il  y  eut 
20.108  plaintes,  dénonciations  et  procès-verbaux. 

Finances.  —  Fe  département  possède  :  4  directeur  et 
4  inspecteur  des  contributions  directes  à  Fille;  4  tréso- 
rier-payeur général  à  Fille;  428  perceptions  dont  40  de 
ville  (5  à  Fille,  4  à  Cambrai,  Douai,  Dunkerque,  Haze- 
brouck, Valenciennes)  ;  6  receveurs  particuliers  dans  les 
sous-préfectures;  4  directeur,  2  inspecteurs,  44  sous- 
inspecteurs  de  l'enregistrement;  7  conservateurs  des  hy- 
pothèques (un  par  arr.);  3  directions  des  douanes  (Dun- 
kerque, Fille,  Valenciennes)  ;  le  recouvrement  des  contri- 
butions indirectes  est  assuré  par  4  directeur  et  44  inspecteurs 
(9  à  Fille,  4  à  Cambrai,  4  à  Valenciennes)  ;  6  sous-direc- 
teurs (dans  les  sous-préfectures,  2  receveurs  principaux 
(Fille,  Valenciennes)  ;  5  receveurs  principaux  entreposeurs 
(dans  les  5  autres  ch.-l.  d'arr.)  ;  2  entreposeurs  (Fille, 
Valenciennes).  Fille  possède  une  direction  et  une  manu- 
facture des  tabacs. 

Instruction  purltque.  —  Fe  département  relève  de 
l'académie  de  lille.  F'inspecteur  d'académie  réside  à  Fille. 


II  y  a  iO  iiispectGurs  primaires.  L'enseignement  secon- 
daire se  (loinic  :  aux  lycées  de  garçons  de  Lille.  Douai, 
T(iurcoing,  Valeiicieniies,  aux  collèges  cojujnunanx  de  gar- 
çons d'Armenîières,  Avesnes,  (^assel,  Coudé,  Duukersjue, 
Le  Quesnoy,  Maubeuge;  aux  collèges  communaux  de  tilles 
de  Lille,  Armentières,  Cambrai,  Valeuciennes.  L'um'versité 
de  Lille,  qui  doime  renseignement  supérieur,  possède  des 
facultés  do  droit,  médecine  et  pharmacie,  sciences,  lettres. 
Lille  a  des  écoles  normales  d'instituteurs  et  d'inslitulrices. 
L'enseignement  professionnel  est  représenté  par  Fécole 
nationale  des  industries  agricoles  (sucrerie,  distillerie, 
brasserie)  créée  à  Douai  en  1893,  la  station  agrono- 
mique, avec  lal)oratoire  de  Lille,  l'école  pratique  d'agri- 
culture de  Wagnonville,  la  chaire  agricole  départementale 
de  Douai,  celles  dWvesnes,  Cambrai,  Valeuciennes.  Lille  a 
une  école  supérieure  de  commerce.  Lille  possède  une  suc- 
cursale du  (Conservatoire  national  de  musi(|ue  et  déclauia- 
lion  ;  Douai,  lloubaix,  Valenciennes,  des  écoles  nationales 
de  musique. 

Cultes.  —  Le  département  forme  pour  le  culte  catho- 
lique le  diocèse  de  Cambrai  (archevêché).  Il  compte  (au 
1®^'  nov.  1894)  3  vicaires  généraux,  9  chanoines,  67  cu- 
rés. 599  desservants,  157  vicaires.  —  Le  culte  réformé 
relève  de  l'i^glise  consistoriale  de  Lille  et  comptait  9  pas- 
teurs pour  environ  'L2.l)00  fidèles  ;  le  culte  israélite  avait 
pour  un  millier  de  tidèles  un  grand  rabbin,  un  rabbin  et 
un  officiant. 

Armée.  —  Le  Nord  appartient  à  la  L^®  région  mili- 
taire (Lille).  De  même  (pie  le  1^^  corps  d'armée,  la  i^'^  di- 
vision d'infanterie  a  son  siège  à  Lille,  la  1^'*^  brigade  à 
Lille,  la  2^  à  Cambrai;  la  1'^  brigade  de  cavalerie  à 
Lille;  la  i^^  brigade  d'artillerie  à  Douai.  Le  département 
comprend  trois  groupes  de  défejise  de  places  fortes  : 
Lille,  Dunkercpie,  Maubcuge.  Au  point  de  vue  du  recrute- 
ment, le  Nord  forme  les  i'*^  (Lille),  2^  (Valejiciennes), 
3^  (C-ambrai),  4^  (Avesnes)  et  8*^  (Dunker([ue)  subdivisions 
de  la  1'"^  région. 

Divers.  —  Le  Nord  ressortit  :  au  1^''  arrondissement 
maritime (Cher])ourg),  sous-arrondissement  de  Duidverque  ; 
à  la  L'^  légion  de  gcndarnierie  (Lille)  ;  à  la  division  mi- 
néralogique  du  Nord-Ouest,  arr.  de  Ulle  et  Valenciennes  ; 
à  la  7^  conservation  des  eaux  et  forêts  (Amiens),  inspocti(ms 
de  Lille  et  du  Quesnoy;  à  la  3*^  région  agricole  (Nord). 
Il  y  a  ()  inspecteurs  départementaux  du  travail,  à  Lille, 
Avesnes,  Dunkerque,  Roubaix,  Tourcoing,  Valenciennes  ; 
9  chambres  de  commerce  à  Lille,  Armentières,  Avesnes, 
Cambrai,  Douai,  Dunkerque,  Roubaix,  Tourcoing,  Valen- 
ciennes. 

Démographie.  —  Mouvemext  de  la  populatioxX.  — 
Le  recensement  de  1896  a  constaté  dans  le  Nord  une 
population  totale  de  1.8T1.868  hab.  Voici,  depuis  le  com- 
mencement du  siècle,  les  chiffres  donnés  par  les  recense- 
ments précédents  : 


1801. 

480(). 
18^2] . 
18^20. 


76O.00I 

839.533 
905.764 
96^2.648 


989 . 938 
.      1.026.417 

4841. 1.085.298 

1846 1.132.980 


1831. 

1836. 


1851.... 

..     1.158.285 

LS56.  ... 

..      1.212.353 

iSi}] .  .  .  . 

..     1.303.380 

1866.. .. 

1.392.0^1 

1872... . 

..      1.447.764 

NORD 

1876 1.519.585 

1881 1.603.259 

1886 1.670.184 

1891 1.736.341 

1896 1.811.868 

Lu  1790,  RoUin  évaluait  la  popidation  à  808.147  hab. 
l'Ak  aiu'ait  donc  un  peu  dimiiuié  pejidant  les  guerres  ré- 
volutionnaires dont  le  pays  eut  beaucoup  à  soulfrir  de 
1792  à  1794.  Depin"s  lors,  l'accroissement  a  été  continu; 
même  les  pertes  des  guerres  de  ('rimée  et  de  1870-71. 
qui  ont  fait  iléchir  la  population  de  l'ensemble  de  la  France, 
n'ont  pas  ralenti  la  progression  de  celle  du  Nord.  Elle 
participe  au  nouvel  essor  industriel  des  Pays-Ras  et  croit 
par  l'immigration,  attire  les  campagnards  des  régions  voi- 
sines dans  les  villes  manufacttu'ières,  et  plus  encore  par 
l'excédent  des  naissances.  Pour  1.000  hab.  recensés  en 
1801,  on  e]i  comptait  1182  en  1821  ;  1415  en  1841  ; 
1700  en  1861;  2.095  en  1881;  2.270  en  1891;  enfin, 
2.368  en  189i).  Le  mouvement,  bien  qu'il  se  soit  produit 
dans  tout  le  département,  n'a  pas  été  tout  à  fait  le  même 
dans  chacun  des  arrondissements.  On  s'en  rendra  compte 
en  comparant  les  recensements  de  1801,  1851  et  I89(), 
arrondissement  par  arrondissement. 


arrondissemf:nts 

Population 
en  1801 

Population 
en  1851 

Population 
en  1896 

Lille 

222.988 
91.776 

108.550 
69.925 
80.212 
96.2  !5 
95.275 

371.156 
115.040 
171.215 
101.109 
105. tu 
10 1. 51 5 
156.779 

785.066 
210.053 
198  603 
137.145 
113.771 
113.006 
223.921: 

AvcvSiios 

Cambrai 

Douai 

Dunker(|ue    

Ilazebrouck  

Valencioniuîs 

Totaux 

7(i5.001 

1.158.285 

1.811.868 

DEXSrrE  DE  JA  DOPULA'llON  PAR  KILOMETRE   CARRE 


ARRONDISSEMENTS 

1801 

1851 

1896 

Augmen- 
tation de 

1801 
à  1896 

Lille     

255 
65.9 
120,3 
118.2 
112' 
139,1 
151,3 

421 

103.8 

195.2 

211.2 

146:i 

150. '7 

248,9 

898 

150.3 

222:5 

291  '2 

199:2 

163' 

355,2 

643 

81.  t 
102:2 
113 

87,2 

23.1 

203,9 

iVvesncs 

Canibrai 

Douai 

Duiikcr(|uo 

Hazebrouck • 

Valcncieuncs 

Départemout  oiiticr 

131,9 

203,7 

318,9 

181 

Ces  chiffres  ne  sont  qu'approximatifs  pour  les  arr.  de 
Douai  et  de  Valenciennes,  lesfpiels  n'ont  été  formés  qu'en 
1823  parla  division  du  premier  en  deux  parties. 

Voici  les  chiffres  absolus  pour  la  dernière  période  : 


ARRONDISSEMENTS 


Lille 

Avesnes. . . . 
Cambrai. . . . 

Douai 

Dunkerque. . 
Hazebrouck 
Valenciennc 


Totaux  du  départcnieut. 


1872 


555.262 
rr2  335 
195.191 
116.180 
118.096 
110.283 
180.117 


1.(17.761 


1876 


591.131 
182.577 
196.118 
123.619 
121.811 
111.775 
192.518 


1.519.585 


1881 


636.077 
199.870 
191  888 
128  191 
128.511 
111.757 
203.932 


1.603.259 


1886 


680.951 
205.189 
197.026 
131.278 
132.159 
112.921 
210.360 


1.670.181 


1891 


732.862 
207.779 
197.535 
133.037 
138.292 
112.713 
211.093 


1.736.311 


1896 


785.066 
210.053 
198.603 
137.445 
143.771 
113.006 
223.921 


1.811.868 


L'arr.  de  Lille  011  sont  les  grandes  villes  manufactu- 
rières a  gagné  252  "/o  et  plus  que  doublé  dans  la  seconde 


moitié  du  siècle;  l'arr.  de  Valenciennes,  où  sont  les  mines 
de  houille,  a  gagné  135  7o  ;  Pai'i^  d'Avesnes,  oii  l'indus- 


NORD  ~ 

tries' est  développée  le  long  de  la  Sambre,  agagnéi^O'^  oî 
c'était  de  ])eaiicoup  le  plus  vaste  et  celui  où  la  densité 
était  le  plus  faible,  et  il  est  encore  le  dernier,  à  ce  point 
de  vue,  à  cause  de  ses  vastes  surfaces  boisées,  mais  la 
population  y  est  déjà  deux  fois  plus  pressée  que  dans  la 
moyenne  du  territoire  français.  L'arr.  de  Douai  gagne 
96  °/o  et,  comme  dans  les  précédents,  le  progrès  continue 
à  peu  près  du  même  pas  que  dans  la  première  moitié  du 
siècle.  Dans  l'arr.  de  Cambrai,  qui  gagne  83  °  «,  il  s'est 
beaucoup  ralenti.  Dans  celui  de  Dunkerque,  qui  gagne 
79  ^'/o,  l'accroissement,  qui  revient  à  la  zone  côtière,  a  été 
plus  lent,  mais  plus  constant.  Enfin,  l'arr.  d'Hazebrouck, 
le  seul  qui  soit  à  peu  près  exclusivement  rural,  n'a  gagné 
que  17  «/o  depuis  1801  et  ne  progresse  plus  que  d'une 
quantité  insensible.  La  densité  y  est  d'ailleurs  fort  consi- 
dérable pour  un  district  agricole,  ainsi  que  c'est  le  fait 
général  dans  les  Pays-Bas  et  spécialement  dans  les  Flandres. 
L'arr.  d'Hazebrouck  est  le  seul  dont  le  gain  de  population 
demeure  inférieur  à  la  moyenne  générale  de  la  France 
(424  7oo  de  1801  à  1896).  Sur  l'ensemble  du  départe- 
ment, il  a  été  trois  fois  plus  fort,  et  dans  l'arr.  de  Lille, 
qui  absorbe  à  lui  seul  plus  de  la  moitié  de  la  plus-value, 
elle  a  été  six  fois  plus  forte  que  dans  le  reste  de  la  France. 
L'excédent  des  naissances  sur  les  décès  dans  le  dép.  du  Nord 
formait,  de  1886  à  1891,  le  tiers  de  l'excédent  total  de  la 
France  entière. 

Au  point  de  vue  de  la  population  totale,  le  dép.  du  Nord 
était,  en  1896,  le  2^  ;  il  était  le  1^^'  en  1801,  mais  a  été 
dépassé  par  la  Seine.  Au  point  de  vue  de  la  population 
spécifique,  il  était  le  2®  en  1801  et  l'est  demeuré,  avec 
une  densité  plus  que  quadruple  de  la  moyenne  française 
(73  hab.  par  kil.  q.).  Cette  densité  varie  de  10.250  hab. 
par  kil.  q.  dans  la  ville  de  Lille  à  78  environ  dans  le 
cant.  E.  du  Quesnoy,  partout,  en  somme,  fort  au-dessus 
de  la  moyenne  générale  de  notre  pays. 

La  population  des  chefs-lieux  d'arrondissement  et  des 
deux  autres  plus  grandes  villes  se  répartissait,  en  1896, 
de  la  manière  suivante  : 


VILLES 

Population 
municipale 
agglomérée 

t 

là 

Totale 

Lille 

160.723 

113.899 

55.705 

5.108 

14.306 

20.006 

37.860 

7.736 

23.692 

44.008 
9.733 
17.004 
85 
7.642 
6.709 

» 
4.243 
3.795 

11.545 
1.209 

644 
1.217 
3.302 
4.682 
1.858 

592 
2.425 

216.276 
124.661 
73.353 
6.400 
25.250 
31.397 
39.718 
12.751 
29.912 

Roubaix 

Tourcoing 

Avesnes 

Cambrai 

Douai 

Dunker(|ue 

Hazebrouck 

Valenciennes 

La  population  éparse  est  de  241  °/oo,  proportion  infé- 
rieure à  la  moyenne  française  (366  Voo),  mais  qui  serait 
considérable  pour  un  pays  urbain,  si  on  ne  comptait  dans 
la  population  éparse  une  partie  de  celle  des  faubourgs  des 
grandes  villes,  qui  devrait  figurer  dans  la  population  agglo- 
mérée ;  la  proportion  véritable,  répondant  à  une  définition 
correcte  de  la  population  éparse,  ne  dépasse  probablement 
pas  14  à  15  7o,  comme  dans  l'Aisne  et  l'Oise. 

La  population  se  répartit  comme  suit,  entre  les  groupes 
urbains  et  ruraux  : 


POPULATION 

au  30  mai  1886 

Urbaine....     1.042.771 

Rurale 627.413 

Total...     1.670.184 


POPULATION 
au  29  mars  1896 

Urbaine 1.225.027 

Rurale 586.841 


Total.. 


1.811. 


Le  nombre  des  communes  urbaines  (plus  de  2.000  hab. 
agglomérés)  était  de  136  en  1896,  dont  5  seulement  dans 
l'arr.  de  Hazebrouck,  35  dans  celui  de  Lille,  28  dans  cha- 


cun de  ceux  de  Cambrai  et  de  Yalenciennes,  19  dans  celui 
d' Avesnes,  12  dans  celui  de  Douai,  9  dans  celui  de 
Dunkerque.  Aucun  autre  département  ne  renferme  un  aussi 
grand  nombre  de  villes  ;  la  Seine,  qui  vient  ensuite,  n'en 
a  que  59,  le  Pas-de-Calais  que  53. 

Voici  quelle  était  l'importance  respective  des  popula- 
tions urbaine  et  rurale  aux  recensements  de  1856,  1872, 
1886  et  1896,  pour  100  hab.  : 

1856       1872       1886        1896 

Population  urbaine.     45,21       56,72       63,33      68,12 
—        rurale..     54,79      43,28      37,67       31,88 

La  population  urbaine  domine  complètement,  formant 
plus  des  deux  tiers  du  total  ;  cette  proportion  n'est  dépas- 
sée que  dans  la  Seine,  les  Rouches-du-Rhône  et  le  Rhône. 
Dans  l'ensemble  de  la  France,  la  population  urbaine  forme 
à  peine  40  *^/o  du  total. 

Le  mouvement  de  la  population,  en  1895,  se  traduit  par 
les  chiffres  suivants  :  naissances  légitimes,  43.814,  dont 
22.321  du  sexe  masculm,  21.493  du  sexe  féminin;  nais- 
sances naturelles,  6.067,  dont  3.096  du  sexe  masculin, 
2.971  du  sexe  féminin.  Soit  un  total  de  49.881  naissances. 
11  y  eut  2.667  mort-nés;  39.076  décès,  dont 20.627  du 
sexe  mascuHn  et  18.449  du  sexe  féminin.  L'excédent  des 
naissances  sur  les  décès  ressortait  à  10.805.  l\  se  produit 
surtout  dans  la  population  urbaine.  Le  nombre  des  ma- 
riages a  été  de  14.523,  celui  des  divorces  de  256.  La  si- 
tuation démographique  est  assez  satisfaisante  ;  mais  le 
nombre  des  naissances  tend  à  diminuer. 

La  répartition  des  communes,  d'après  l'importance  de 
la  population,  a  donné,  en  1891 ,  pour  les  ^Qi\  communes  du 
département:  3  com.  de  moins  de  100  hab.  ;  16  com.  de 
101  à  200  hab.  ;  28  com.  de  201  à  300  hab.  ;  43  com. 
de  501  à  400  hab.  ;  37  com.  de  401  à  500  hab.  ;  176  com. 
de  501  à  1.000  hab.  ;  108  com.  de  1.001  à  1.500  hab.  : 
70  com.  de  1.501  à  2.000  hab.;  47  com.  de  2.001  à 
2.500  hab.;  34  com.  de  2.501  à  3.000  hab.  ;  14  com. 
de  3.001  à  3.500  hab.  ;  21  com.  de  3.501  à  4.000 hab.; 
21  com.  de  4.001  à  5.000  hab.;  28  com.  de  5.001  à 
10.000.  hab.;  12  com.  de  10.001  à 20.000 hab.  et  8  com. 
de  plus  de  20.000  hab.  (Armentières,  Cambrai,  Douai, 
Dunkerque,  Lille,  Roubaix,  Tourcoing,  Yalenciennes).  En 
1896,  il  en  faudrait  ajouter  une  neuvième  (Wattrelos). 

Voici  par  arrondissement  et  canton  la  hste  des  com- 
munes dont  la  population  agglomérée  en  1896  dépassait 
1.000  hab.  Les  chiffres  de  superficie  ne  sont  pas  rigoureu- 
sement exacts,  parce  que  nous  attribuons  toute  la  superficie 
des  vifies  divisées  entre  plusieurs  cantons  au  premier  de 
ces  cantons  dans  la  liste.  Les  surfaces  cantonales  sont 
indiquées  d'après  h  Situation  financière  des  communes 
(année  1897): 

Arrondissement  de  Lille  (22  cant.,  129  com.,  87.439 
liect.,  785.066  hab.).  —  Cant.  d' Armentières  (8  com., 
6.284  hect.,  49.474  hab.)  :  Armentières,  29.603  hab. 
(28.377  aggl.)  ;  Houplines,  8.768  hab.  (7.013  aggl.).  — 
Cant.  de  la  Bassée  (11  com.,  7.009 hect.,  17.292  hab.)  ; 
La  Rassée,  4.017  hab.  (3.514  aggl.)  ;  Salomé,  2.837  hab. 
(aggl.  2.370).  —  Cant.  de  Cysoing  (14  coin..  9.701 
hect.,  18.484  hab.)  :  Cysoing,  3.379  hab.  (2.797  aggl. )^. 
—  Cant.  de  Haubourdin  (16  com.,  8.732  hect.,  37.285 
hab.)  :  Haubourdin,  7.858  hab.  (7.302  aggl.);  Lomme, 
5.677  hab.  (2.152  aggl.);  Loos,  8.770  hab.  (7.534 
aggl.)  ;  Wavrin,  3.809  hab.  (2.418  aggl.).  —  Cant.  de 
Lannoy  {ÏQ  com.,  7.980  hect.,  35.651  hab.)  :  Ascq, 
2.450  hab.  (2.405  aggl.);  Leers,  3.738  hab.  (3.023 
aggl.)  ;  Lys-les-Lannoy,  5.604  hab.  (3.272  aggl.).  — 
Cant.  de  Lille  (Centre)  :  1  com.,  2.110  hect.  (pour  la 
ville  entière),  37.413  hab.  —  Cant.  de  Lille  (E.)  (1  autre 
com.,  31.825  hab.)  :  Hellemmes-Lille,  329  hect.,  6.967 
hab.  (5.938  aggl.).—  Cant.  de  Lille  (N.)  (1  autre  com., 
29.142  hab.)  :  La  Madeleine,  285  hect.,  10.779  hab. 
(10.684  aggl.).  —  Cant.  de  Lille  (N.-E.)  (1  autre  com., 
31.065  hab.)  :  Mons-en-Rarœul,  288  hect.,  3.575  hab. 


—  9  — 


NORD 


(3.49o  aggl.).  —  Cant.  de  Lille  (0.)  (4  autres  com. 
mesurant  '2.968  hect.,  31.831  hab.  dont  ii.li6  pour 
Lille)  :  Lanibersart,  4.8^20  hab.  (3.929  aggl.)  ;  Marquette, 
4.930  hab.  (4.694  aggl.)  ;  Saint- André,  2.769  hab. 
(2.355  aggl.)  ;  Wambrechies,  4.599  hab.  (2.597  aggl.). 

—  Cant.  de  Lille  (S.),  41.157  hab.  —  Cant.  de 
Lille  (S.-E.)  (3  autres  com.,  ayant  1.216  hect.,  26.503 
hab.  dont  17.337  pour  Lille).  —  Canf.  de  Lille  (S.-O.), 
34.942  hab.  —  Cant.  de  Pont-à-Marcq  (15  com.,  11 .685 
hect.,  17.924  hab.  —  Cant.  de  Quesnoy-sur-Deùle 
(9  com.,  6.579  hect.,  22.881  hab.)  :  Comines,  7.527 
hab.  (5.595 aggl.);  Pérenchies,  3. 164 hab.  (2.653 aggL); 
Quesnoy-sur-Deiile,  5.254  hab.  (2.746  aggl.)  —  Cant. 
de  Roubaix  (E.)  ;  section  des  com.  de  Roubaix  et  Wat- 
trelos,  57.984  hab.;  Roubaix  a  1.285  hect.,  124.661 
hab.  dont  114.928  aggL  ;  Wattrelos  a  1.362 hect.,  22.731 
hab.,  dont  10.704  aggl.  —  Cant.  de  Roubaix  (N.), 
63.344  hab.  —  Cant.  de  Roubaix  (0.),  45.303  hab. 
dont  1.161  hect.  et  19.239  hab.  pour  les  2  autres  com.  : 
Croix,  14.338  hab.  (13.895  aggl.);  Wasquehal,  4.901 
hab.  (seulement  1.462  aggl.).  —  Cant.  de  Sec  lin  {[Q 
com.,  9.598  hect.,  28.732  hab.)  :  xVnnœullin,  5.013  hab. 
(3.980  aggl.);  Gondecourt,  2.183  hab.  (2.102  aggl.)  ; 
Seclin,  6.245  hab.  (5.371  aggl.).  —  Cant.  de  Tourcoing 
(N.)  (5  com.,  5.624  hect.,  y  compris  ïourcoiug  entier 
1.511  hect.;  35.582  hab.)  :  Halluin,  15.781  hab.  (11.619 
aggl.);  Roncq,  6.726  hab.  (3.856  aggl.).  —  Cant.  de 
Tourcoing  (N.-E.)  (1  autre  com.  de  614  hect.;  37.374 
hab.  dont  33.126  pour  Tourcoing)  :  Neuville-en-Ferrain, 
4.248  hab.  (2.593  aggl.).  —  Cant.  de  Tourcoing  (S.) 
(3  autres  com.  de  3.097  hect.  ;  54.084 hab.  dont  34.760 
pour  Tourcoing)  ;  Marcq-en-Barœul,  10.392 hab.  (7.289 
aggl.)  ;  Mouveaux,  5.786  hab.  (4.449  aggl.). 

Arrondissement  d'Ayesnes  (10  cant.,  153  com., 
139.723  hect.,  210.053 hab.).  —Cant.  d'Avesnes  (N.) 
(14com.,13.052hect.,13.074hab.):Avesnes,6.400hab. 
(6.325  aggl.).  —  Cant.  d'Avesnes  (S.)  (12  com., 
15.254  hect.,  16.410  hab.):  Sains-du-Nord,  3.886  hab. 
(3.886aggl.).  — Can^  de  Bauai  (18 com.,  12.725  hect., 
17.780  hab.).  —  Cant.  de  Berlaimont  (14  com., 
8.786  hect.,  11.109  hab.).  —  Cant.  de  Landrecies 
(lOcom.,  11.456  hect.,15.640hab.):Bousies,  3.109hab. 
(3.055  aggl.); Landrecies,  4.069  hab.  (3.771  aggl.).— 
Cant.  rf^i}/aw/;^w^^(28com., 20.975 hect., 58. 689 hab.)  : 
Ferrière-la-Grande,  3.719  hab.  (3.598  aggl.)  ;  Hautmont, 
11.336  hab.  (11.034  aggl.);  Jeumont,  3.626  hab. 
(3.511  aggl.);  Louvroil,  4.389 hab.  (2.390  aggl.);Mau- 
beuge,  19.799  hab.  (13.818  aggl.).  —  Cant.  du  Ques- 
noij{E.)  (15  com.,  18.023  hect.,  15.613  hab.):  LeQues- 
noy,  3.872  hab.  (3.475  aggl.);  Poix-du-Nord,  2. 426 hab. 
(2.326  aggl.).  —  Cant.  du  Quesnoy  (0.)  (13  com., 
7.983  hect.,  12.219  hab.).  —  Cant.  de  Solre-le-Chd- 
teau  (16  com.,  13.490  hect.,  12.684  hab.)  :  Consolre, 
3.311  hab.  (3.033  aggl.);  Sars-Poteries,  2.461  hab. 
(2.389aggl.);  Solre-le-Chàteau,  2.767  hab.  (2.529  aggl.). 

—  Cant.deTrélon{i3  com.,  18.512  hect.,  36.835hab.): 
Anor,  4.578  hab.  (2.077  aggl.);  Fourmies,  15.287  hab. 
(13.132  aggl.);  Trélon,  4.308  hab.  (3.918  aggl.);  Wi- 
gnehies,  5.987  hab.  (5.189  aggl.). 

Arrondissement  de  Cambrai  (7  cant.,  119  com., 
89.200  hect.,  198.603  hab.).  —  Cant.  de  Cambrai  (E.) 
(14com.,8.910hect.,22.839hab.):  Cambrai,  25.250hab. 
(17.608  aggl.)  ;  Escaudœuvres,  2.763  hab.  (2.740  aggl.)  ; 
Iwuy,  3.976hab.  {^. 90^ SiggL).  — Cant.  de  Cambrai  (0.) 
(17  com.,  7.993  hect.,  28.176 hab.).  —Cant.  de  Car- 
nières  (16  com.,  10.184  hect.,  31.184  hab.):  Avesnes- 
les-Aubert,  4.702  hab.  (4.475  aggl.);  Fontaine-au-Pire, 
2.337  hab.  (2.313  aggl.);  Quiévy ,  3.317  hab. 
(3.266  aggl.) ;  Aubert,  2.176  hab.  (2.176  aggl.);  Saint- 
Hilaire-les-Cambrai,  2.355  hab.  (2.355  aggl.).— toiL 
du  Cateau  (18  com.,  16.059  hect., 30.406  hab.):LeCa- 
teau,  10.451  hab.  (10.183  aggl.);  Ts'euvilly,  2.627  hab. 
(2.602  aggl.);  Saint-Souplet,  2.340  hab.  (2.087  aggl.). 


—  Cant.  de  Clary  (17com.,  13.739 hect., 35.997  hab.)  : 
Bertry,  3.055  hab.  (3.013  aggl.);  Busigny,  3.069  hab. 
(2.322  aggl.);  Caudry,  9.460  îiab.  (9.376  aggl.)  ;  Clary, 
2. 572 hab.  (2.474  aggl.)  ;  Lignv-en-Cambrésis,  2.218 hab. 
(2.188  aggl.);  Maretz,  2.874  hab.  (2.694  aggl.);  Vil- 
lers-Outréaiix,  2.812  hab.  (2.757  aggl.);  Walincourt, 
2.217  hab.  (2.167  aggl.).  —  tant.  deMarcointj  (20  com., 
20.123  hect.,  24.759  hab.)  :  Gou;œaucourt,  2.219  hab. 
(2.130  aggl.);  Masnières,  2.615  hab.  (2.469  aggl.); 
Rumilly,  2.225  hab.  (2.139  aggl.).  —  Cant.  de  So- 
lesmes  (17  com.,  12.771  hect.,  25.242  hab.)  :  Haussy, 
2.776hab.(2.650aggl.);Saulzoir,2.130hab.(2.130aggl.); 
Solesmes,  6.322  hab.  (5.829  aggl.);  Viesly,  2.827  hab. 
(2.748  aggl.). 

Arroni)Isskment  de  Douai  (6  cant.,  QQ  com.,  47.206 
hect.,  137.445  hab.).  —  Cant.  d'Ai'leux(ii)  com.,  8.747 
hect.,  13.906  hab.).  —  Cant.de  Douai  (N.)  (6  com., 
5.957  hect.,  25.288  hab.)  :  Douai,  31.397  hab.  (24.688 
hab.);  Flines-les-Raches,  4.074  hab.  (4.048  aggl.);  Sin- 
le-Noble,  6.969  hab.  (5.263  aggl.).  —  Cant.  de  Douai 
(0.)  (10  com.,  6.346  hect.,  32.845  hab.)  :  Raimbeau- 
court,  2.599  hab.  (2.588  aggl.);  Roost-Warendin,  2.701 
hab.  (2.412  aggl.).  —  Cant.  de  Douai  (S.)  (11  com., 
5.849  hect.;  25.014  hab.)  :  Aniches,  6.924  hab.,  6.437 
aggl.);  Auberchicourt,  2.739  hab.  (2.()53  aggl.);  Dechy, 
2.394  hab.  (2.301  aggl.).  —  Cant.  de  Maixhiennes 
(15  com.,  10.343  hect.,  23.182  hab.)  :  Fenain,  2.516 
hab.  (2.445  aggl.);  Marchiennes,  3.246  hab.  (2.535 aggl.); 
Somain,  6.042  hab.  (5.161  aggl.).  —  Cant.  d'Orchies 
(9  com.,  10.359  hect.,  17.210  hab.)  :  Orchies,  4.137 
hab.  (3.583  aggl.). 

Arrondissement  de  Dunkerque  (7  cant. ,  65  com. ,  72.160 
hect.,  143.771  hab.).  —  Cant.  de  Bergues  (13  com., 
12.133  hect.,  14.948  hab.)  :  Bergues,  5.258  hab.  (5.258 
aggl.).  —  Cant.  de  Bourbourg  (13  com.,  14.081  hect., 
14.861  hab.)  :  Bourbourg- Ville,  2.513  hab.  (2.513  aggl.). 

—  Cant.  de  Dunkerque  (E.)  (10  com.,  7.854  hect., 
39.035  hab.):  Dunkerque,  39.718  hab.  (39.718  aggl.); 
Coudekerque-Branche,  4.365  hab.  (2.994  aggl.);  Malo- 
les-Bains,  3.032  hab.  (3.032  aggl.);  Rosendael,  8.872 
hab.  (8.872  aggl.).  —  Ca7it.  de  Dunkerque  (0.)  (6  com., 
4.650  hect.,  36.480  hab.,  dont  21.986  pour  Dunkerque)  : 
Saint-Pol-sur-Mer,  7.492  hab.  (6.602  aggl.).  —  Cant. 
de  Gravelines  (5  com.,  6.943  hect.,  12.498  hab.)  : 
Grand-Fort-Philippe,  3.029  hab.  (3.029  aggl.);  Grave- 
lines, 5.907  hab.  (4.020  aggl.).  —  Cant.  de  Honds- 
choote  (8  com.,  12.860  hect.,  12.042  hab.)  —  Cant.  de 
Wormhoudt  (10  com.,  14.209  hect.,  13.907  hab.). 

Arrondissement  de  Hazebrouck  (7  cant. ,  53  com. 
69.321hect.,  113.006 hab.). —  Ca/i^  de  Bailleul(}^.-E.) 
(4  com.,  9.615  hect.,  18.675  hab.)  :  Bailleul,  13.449 
hab.  (8.951  aggl.).  —  Cant.de  Bailleul  (S.-O.)  (5  com., 
6.866  hect.,  14.028hab.).  —  Cant.de  Cassel  (13  com., 
11.758  hect.,  12.961  hab.)  :  Cassel,  3.562hab.  (2.384 
aggl.).  —  Cant.  de  Hazebrouck  (N.)  (10  com.,  12.530 
hect.,  16.600  hab.):  Hazebrouck,  12.571  hab.  (8.328 
aggl.).  —  Cant.de  Hazebrouck  (S.)  (7  com.,  8.383  hect., 
14.799  hab.).  —Cant.  de  Mer  ville  (^  com.,  8.278hect., 
21.099  hab.)  :  Estaires,  6.569  hab.  (3.583  aggl.)  ;  Mer- 
ville,  7.720  hab.  (4.100  aggl.).  —  Cant.  de  Steenvoorde 
(9  com.,  12.059  hect.,  14.844  hab.). 

Arrondissement  de  Valenciennes  (8  cant.,  82  com., 
62.978  hect.,  223.924  hab.).  —  Cant.  de  Bouchain 
(14  com.,  8.983  hect.,  22.254  hab.)  :  Haspres,  3.027 
hab.  (2.930  aggl.)  ;  Lourches,  4.863  hab.  (4.863  aggl.); 
Marquette,  2.463hab.  (2.374  aggl.).  —  Cant.de  Condé- 
sur-V Escaut  (10  com.,  8.471  hect.,  28.462  hab.)  : 
Condé-sur-l'Escaut,  4.481  hab.  (3.252  aggl.)  ;  Crespin, 
2.233  hab.  (2.233  aggl.)  ;  Fresnes,  6.844  hab.  (4.946 
aggl.)  ;  Hergnies,3.533hab.(3.533  aggl.)  ;  Vieux-Condé, 
7.125  hab.  (3.603  aggl.).  —  Cant.  de  Denain(l  com., 
5.259  hect.,  33.726  hab.);  Denain,  19.916  hab.  (17.356 
aggl.)  ;   Douchy,   2.815  hab.    (2.575    aggl.)  ;  Escau- 


NORD  —  40 


dam,  3.965  liai).  ('2.341  aggl.).  —  Cant.  de  Saint- 
Amand  (r.  dr.)  (7  com.,  40.877  liect.,  ±2.ili)  liai).); 
Raismes,  7.336 hab.  (4.964  aggl.)  ;  Saint-Amaiid,  43.038 
liai).  (9.443  aggi.).  —  CajiL  de  SaùU-Amand  {r.  g.) 
(40  com.,  3.874  liecl.,  44.764  liai).).  —  Cant.  de  Va- 
lenciennes  (E.)  (44  com.,  9.^6"2  liect.,  28.266  liab.): 
Marly,  2.863  hab.  (2.i9i  aggl.);  (hmaiiig,  4.643  hab. 
(4.434  aggl.)  ;  Préseaii,  2.449  hab.  (2.149  aggl.)  ;  Qua- 
rouble,  2.384  hab.  (2.377  aggl.);  Yalencieniies,  29.942 
hab.  (26.447  aggl.).  —  Cant.  de  Valenciennes  (N.) 
(8  com.,  3.808 hect.,  44.247  hab.)  lAnzin,  42.768  hab. 
(42.632  aggl.);  Rmay,  6.033  hab.  (3.046  aggl.)  ;  Saint- 
Saulve,  3.426  hab.  (2.396  aggl.);  Wallors,' 3.669  hab. 
(3.463  aggl.).  —  Cant.  de  Valenciennes  (S.)  (43  com., 
8.364  hect.,  32.732  hab.):  Aiilnoy,  2.333  hab.  (2.043 
aggl.),  Hérin,  2.330  hab.  (2.302  aggl.);  Maing,  2.328 
haï).  (2.320  aggl.);  La Sentmellc,  2.733  hab.  (2.223  aggl.); 
Trith-Saint-Léger,  3.716  hab.  (2.436  aggl.). 

Les  deux  grandes  agglomérations  urbaines  sont,  au 
centre  du  réseau  navigable:  Lille,  qui,  avec  ses  faubourgs, 
groupe  près  de  300.000  âmes  ;  et  au  N.-E.,  prescpie  re- 
liée à  l'agglomération  lilloise  par  des  rues  continues,  celle 
de  Roubaix-Tourcoing-Wattrelos,  fondues  en  une  ville 
unique  de  220.000  âmes,  240.000  avec  le  faubourg  de 
Croix- Was([uehal.  Viennent  ensuite  l'agglomération  côtiére 
de  Dunker(|ue,  qui  dépasse  60.000  âmes,  puis  celles  du 
bassin  houiller  :  à  l'!'..,  le  groupe  de  Yalenciennes-Auzin. 
réunissant  avec  ses  annexes  environ  60.000 personnes;  au 
centre,  ceux  de  Denain  (plus  de  30.000  âmes),  Aniche- 
Somain  (43.000  à  20.000);  à  l'O.,  le  groupe  de  Douai 
(40.000  hab.  environ).  Sur  la  Sambre,  la  principale  agglo- 
mération est  celle  de  Hautmont-Maubcuge  qui  réunit  près 
de  40.000  âmes.  Au  même  rang,  on  peut  placer  le  grou- 
pement d'Armentières,  qui  dépasse  40.000  âmes.  Au  troi- 
sième rang,  nous  trouvons  encore  des  agglomérations  do 
plus  de20. 000  hab..  Cambrai,  Fourmies-Wignehies,  Coudé. 

Habitations.  —  Le  nombre  des  centres  de  population 
(hameaux,  villages  ou  sections  de  communes)  était  en 
4894  de  3.867  dans  le  dép.  du  Nord.  Le  nombre  des  mai- 
sons d'habitation,  de  344.422,  dont  333.772  occupées 
en  tout  ou  en  partie,  et  40.630  vacantes.  Sur  ce  nombre, 
on  en  comptait  J  78.830  n'ayant  qu'un  rez-de-chaussée, 
440.793  un  seul  étage,  44.984  deux  étages,  44.664 
trois  étages,  4.433  quatre  étages  ou  davantage.  Elles 
comportaient 442. 742  logements  ou  appartements  distincts, 
dont  428.763  occupés  et  43.979  vacants  ;  en  outre, 
46.736  locaux  servant  d'atehers,  de  magasins  ou  de  bou- 
tiques. La  proportion  des  locaux  industriels  ou  commer- 
ciaux est  relativement  faillie  (403  °/oo,  mémo  moyenne 
que  sur  l'ensemble  de  la  France),  à  cause  de  la  prédomi- 
nance de  la  grande  industrie. 

Etat  des  personnes.  —  D'après  la  résidence.  — 
On  a  recensé,  en  4894,  48.846  individus  isolés  et  379.347 
familles,  plus  600  établissements  comptés  à  part,  soit  un 
total  de  428.763  ménages.  Il  y  a  48.846  ménages  com- 
posés d'une  seule  personne;  74.949  de  deux  personnes; 
77.424  de  trois  personnes;  78.283  de  quatre  personnes; 
36.984  de  cinq  personnes  ;  46.073  de  six  personnes; 
33.632  de  sept  personnes  et  davantage.  La  proportion 
d'isolés  est  moindre  que  dans  l'ensemble  de  la  France  (444 
sur  4.000  ménages  au  heu  de  432),  et  surtout  que  dans 
les  autres  départements  de  grandes  villes  (Seine,  288  ; 
Rhône,  483). 

La  population  résidente  comptait  4.736.341  personnes, 
dont  4 .677 .082  résidents  présents,  47 .224  résidents  absents 
et  42.033  personnes  comptées  à  part.  La  population  pré- 
sente comportait  4.749.417  résidents  présents  et  47.234 
personnes  de  passage,  soit  un  total  de 4 .736.334 .  La  popula- 
tion présente  est  donc  presque  exactement  aussi  nombreuse 
que  la  population  résidente  ;  en  général,  en  France,  elle  est  un 
peu  moins  nombreuse.  La  proportion  de  résidents  absents 
n'atteint  pas  4  %  (moyenne  française  4,74);  seuls,  les 
pays  d'élevage  (Mayenne,  Sarthe,  Maine-et-Loire,  Manche) 


et  la  Loire,  autre  pays  minier,  ont  atissi  peu  d'absents. 
Il  est  probable  que  cette  donnée  statistiipie  résulte  de  ce 
que  la  population  ouvrière  tlottante  est  en  partie  étrangère 
et  n'est  classée  l'ésidente  ([u'en  cas  de  présence. 

D'après  lk  eiec  de  naissance.  —  Classée  d'après   le 
lieu  de  naissance,   la  population  du  Nord  se  divisait,  en 
J894,  en  : 
Français  nés  dans  la  commune  où  ils  habitent.     930.620 

—  dans  une  autre  com.  du  dép.  . .     374.040 

—  dans  un  autre  département 87.337 

—  en  Algérie  ou  dans  une  colonie 
française ^  424 

Français  nés  à  l'étranger 6.664 

Soit  un  total  de  4.448.782  Français  de  naissance. 
Il  y  faut  ajouter  en  premier  lieu  24.382  naturalisés 
dont  9.902  nés  dans  la  commune,  3.803  dans  une  autre 
du  département,  969  sur  un  autre  point  du  territoire 
français,  6.908  à  l'étranger;  en  second  lieu,  293.987 
étrangers  dont  : 
Nés  dans  la  commune  où  ils  habitent 96.933 

—  dans  une  autre  commune  du  département.       30.744 

—  dans  un  autre  dép.  ou  dans  une  colonie..         4.872 

—  à  l'étranger 463 .436 

(Classée  par  nationalité,  la  population  du  Nord  comprend 

4.4^0.364  Français,  289.328  Belges,  4.6i-3  Anglais, 
l^xossais  ou  Irlandais,  36  Américains  du  Nord,  43  Amé- 
ricains du  Sud,  4.272  .Allemands,  434  Autrichiens  et 
Hongrois,  4.318  Hollandais, 434  Luxembourgeois, 630  Ita- 
liens, 434  Espagnols,  3 Portugais,  346 Suisses,  490  Russes, 
30  Suédois,  46' Norvégiens,  40  Danois,  22  d'autres  na- 
tionalités, 60  de  nationalité  inconnue.  Ces  chiffres  indi- 
quent d'une  part  la  très  grande  quantité  d'étrangers  ;  au- 
cun autre  département  français  n'en  renferme  autant,  ni 
en  aussi  forte  proportion.  La  frontière  franco-belge  étant 
artificieUe,  les  populations  de  même  langue  et  de  mêmes 
mœurs  des  deux  côtés  de  cette  frontière  sont  en  relations 
constantes.  Dans  les  grandes  cités  industrielles,  Roubaix, 
Tourcoing,  Lille,  Armentières,  le  dimanche,  quantité  d'ou- 
vriers voiit  eu  Flandre  belge  visiter  leurs  parents,  tandis 
que  d'autres  reçoivent  la  visite  de  ces  membres  de  leur 
famille  résidant  en  Belgique.  Ce  (jui  est  plus  grave,  c'est 
que  près  de  la  moitié  des  étrangers  sont  nés  en  France, 
souvent  de  parents  eux-mêmes  nés  sur  notre  territoire  et 
qu'il  s'y  forme  ainsi  une  véritable  colonie  belge,  réfrac- 
taire  à  la  nationalité  française  à  cause  des  charges  plus 
lourdes  ((u'elle  impose,  eu  particulier  pour  le  service  mi- 
litaire. Les  lois  récentes  sur  la  naturalisation  ont  cher- 
ché à  restreindre  cet  abus.  Néanmoins,  en  4891,  la  pro- 
portion d'étrangers  était  encore  dans  le  Nord  de  47  «/o, 
alors  que  dans  l'ensemble  de  la  France  elle  est  de  3  ^/o. 
—  Si  nous  nous  en  tenons  à  l'élément  français,  nous 
constatons  qu'en  4894  ledép.  du  Nord  possédait  4.324.660 
nationaux  nés  sur  son  territoire  et  que  l'on  a  recensé 
dans  la  France  entière  4.494.973  originaires  du  Nord 
Celui-ci  a  donc  conservé  89  «/o  de  ses  enfants  ;  des  autres, 
34.492  ont  passé  dans  le  département  voisin  du  Pas-de- 
Calais,  47.427  dans  celui  de  la  Seine,  49.634  dans  l'Aisne, 
3.990  dans  la  Somme,  etc.  En  revanche,  le  Nord  renferme 
87.334  Français  originaires  d'un  autre  département,  dont 
44.086  de  l'Aisne,  36.883  du  Pas-de-Calais,  7.227  de 
la  Seine,  7.442  de  la  Somme,  etc.  La  comparaison  de 
ces  chiffres  établit  que  le  Nord  a  perdu  par  l'émigration 
intérieure  79.988  Français  de  plus  que  l'immigration  ne 
lui  en  a  amené.  L'accroissement  de  sa  population  est  dû  à 
l'excédent  des  naissances  et  est  ralenti  par  l'émigration. 
Il  est  vrai  f[ue  l'immigration  belge  l'emporte  sur  l'émigra- 
tion française  en  Belgique. 

D'après  l'état  civil.  —  Classée  par  sexe,  la  popula- 
tion se  répartit  en  867.773  hommes  et  868.376  femmes  ; 
c'est  une  proportion  de  4 .004  femmes  pour  4 .000  hommes, 
inférieure  à  la  moyenne  française  (4.044),  ce  qui  s'expHque 
par  le  rôle   des   centres  industriels   attirant   plutôt   les 


—  44 


NORD 


hommes.  Le  sexe  masculin  compte  4o0.84o  célibataires 
majem^s;  le  sexe  féminin,  430.92o,  proportions  voisines 
des  moyennes  françaises.  La  proportion  des  personnes  ma- 
riées est  de  373  pour  1.000  (moyenne  générale  de  la 
France,  400).  On  a  recense  407.146  veufs  et  veuves,  soit 
62  °/oo  (moyenne  française,  84).  Le  nombre  des  mineurs 
est  de  740.375,  soit  HO  ^loo  (moyenne  française,  36o). 
L'âge  moyen  des  hommes  est  de  28 ans  9  mois  20  jours; 
l'âge  moyen  des  femmes  de29ans  2mois4ojours.  Lenombre 
moyen  des  enfants  vivants  est  de  274  par  400  familles 
(moyenne  française  210).  Il  est  relativement  satisfaisant 
et  classe  le  Nord  au  7^  rang  de  nos  87  départements. 
D'après  la  profession.  — La  population  du  Nord  se  dé- 
compose par  professions  de  la  manière  suivante  (en  4894). 
On  classe  sous  chaque  rubrique  non  seulement  ceux  qui 
exercent  la  profession,  mais  aussi  la  totalité  des  personnes 
qui  en  tirent  leur  subsistance  : 

Agriculture 396. o94,  soit  229  «oo 

Industries  manufacturières....  782.294  —  4o0  — 

Transports 79.393  —  4o  — 

Commerce 283.954  —  463  — 

Force  publique 22.720  — -  43  — 

Administration  publique 48.639  —  44  — 

Professions  libérales 38.924  —  22  — 

Personnes  vivant  exclusivement 

de  leurs  revenus 40.653  —  23  — 

En  outre,  8.694  gens  sans  profession  et  64. 489 indivi- 
dus non  classés  (enfants  en  nourrice,  étudiants  ou  élèves 
de  pensionnats  vivant  loin  de  leurs  parents,  personnel  in- 
terne des  asiles,  hospices,  etc.),  ou  de  profession  inconnue. 
Au  point  de  vue  social,  la  population  comprend:  226.486 
patrons,  33.353  employés,  463.600  ouvriers.  Les  per- 
sonnes inactives  de  leurs  familles  sont  au  nombre  de 
894.362,^ plus  48.376  domestiques. 

Etat  économique.  —  Propriété.  —  Le  nombre  des 
cotes  foncières  était,  en  4893,  de  536.223,  dont  332.839 
non  bâties  et  203.394  bâties  ;  le  nombre  des  cotes  non 
bâties  a  augmenté  de  444.287,  soit  50  "/o  depuis  4826. 
L'enquête  faite  par  l'administration  des  contiibutions  di- 
rectes en  4884  a  relevé  dans  le  dép.  du  Nord  324.094 
propriétés  non  bâties  imposables,  savoir:  303.079  appai'- 
tenant  à  la  petite  propriété,  47.244  à  la  moyenne  pro- 
priété, et  804  à  la  grande  propriété. 

Nous  donnons  ci-après  un  tableau  indiquant  le  nombre 
et  la  contenance  des  cotes  foncières  non  bâties  (en  4894)  : 


DÉSIGNATION 

NOMRRE 

SUPERFICIE 

dos  coles 

(en  hectares) 

Petllo  propriété  : 

Riens  de  moins  de  10  ares  . . 

109.808 

3.824 

—      de  10  à  20  ares 

33.340 
53.371 

4.937 
17.766 

-      de  20  à  50    -    

—       de  50  ares  à  1  liecl  — 

39.480 

28.296 

—      de    1  à    2  liect 

33.777 

48.207 

—      de2à3—    

15.535 

37.992 

-      de    3  à    4     -    

8.747 

:30.199 

—      de    4  à    5    —   

5.0(33 

25.370 

-      de    5  à    6    -    

3.855 

21.034 

Moyenne  propriété  : 

Biens  de    6  à    7  hect 

2.942 

19.081 

-      de7à8-    

2.216 

16.619 

—      de    8  à    1)    —    

1.699 

14.408 

-      de    9  à  10    —   

1.438 

13.903 

—      de  10  à  20    -    

5.893 

81.851 

—      de  20  à  30    -    

1.884 

45.276 

-      de  30  à  40    -    

745 

25.400 

-      de  40  à  50    -    

394 

17.273 

Grande  propriété  : 

Biens  de     50  à    75  hect 

425 

25.082 

—      de    75  à  100    —    

174 

15.035 

-      de  100  à  200    -    

150 

19.838 

Au-dessus    de    200    —    

Totaux 

55 

19.537 

321.094 

530.928 

On  voit  par  ce  tableau  que  la  petite  propriété  occupe 
247.625  hect.  ;  la  moyenne,  233.84  I  ;  la  grande,  79.492. 
La  pelite  propriété  domine,  avec  la  moyenne  ;  la  grande 
est  relativement  peu  étendue.  La  division  du  sol  est 
J)eaucoap  plus  grande  que  daiis  la  moyenne  de  la 
France,  puiscpic  la  contenance  moyenne  d'une  cote  fon- 
cière est  de4^^^^^65,  alors  qiio  la  moyenne  française  atteint 
3''«^^53. 

La  valeur  de  la  propriété  bâtie  était  évaluée  (d'après 
l'enquête  de  4887-89)  de  la  manière  suivante  : 


Nombre  (en  4894).. 


Maisons 

354.258 

Usines 

5.752 

Francs 

406.555.449 

.026.928.135 

24 

347 

Fr^nics 

932.984 
.376.456 

Valeur  locative  réelle. . 
Valeur  vénale  (en  4887) 


Il  faut  y  ajouter  2.776  bâtiments  publics  (asiles,  pres- 
bytères, préfectures,  etc.),  d'nue  valeur  locative  réelle  de 
950.022  fr.  La  part  du  département  dans  la  valeur  delà 
propriété  bâtie  sur  le  sol  français  re])résente  '1/21^  de  la 
valeur  totale. 

Agricultcre.  —  L'agriculture  ne  fait  vivre  que229hab. 
sur  4.000,  alors  que  dans  l'ensemble  do  la  j'rance  cette 
proportion  atteint  460.  Seuls  les  dép.  de  la  Seine,  des 
Bouches-du-Rhônc  et  du  Khène  ont  un  moindre  coef- 
ficient de  population  agricole,  et,  si  Ton  excepte  la  Seine, 
le  Nord  est  le  seul  département  finançais  où  il  y  ait  deux 
fois  plus  de  personnes  vivant  de  l'industrie  que  de  l'agri- 
culture. Mais  il  ne  faudrait  pas  en  conclure  que  l'impor- 
tance agricole  du  dép.  du  Nord  est  faible;  loin  de  là  ;  si 
elle  est  moindre  que  sa  ricbesse  industrielle,  sa  richesse 
agricole  est  encore  très  considérable.  Il  est,  à  cet  égard, 
le  premier  des  départements  français.  D'après  l'assiette  de 
la  contribution  foncière,  la  valeur  du  sol  non  bâti  du  Nord 
représente  environ  le  4/33^  de  la  valeur  totale  du  solfran 
çais  ;  c'est  à  peu  près  sa  part  dans  la  valeur  totale  des 
récoltes  de  céréales. 

On  trouvera  au  §  Géologie  agricole  des  indications  sur 
les  qualités  des  terrains  des  diverses  parties  du  départe- 
ment. Nous  rappelons  que  la  division  fondamentale  est  celle 
entre  la  plaine  des  Pays-Bas  et  la  région  accidentée  de 
l'Est,  qui  se  rattache  à  l'Ardenne  et  aux  collines  de  l'Ar- 
tois, la  limite  étant  à  peu  pi'ès  tracée  par  le  cours  de 
l'Escaut. 

Dans  les  schistes  et  les  glaises  de  l'arr.  d'Avesnes, 
les  prairies  naturelles  et  artificielles  ont  pris  une  grande 
extension  à  côté  des  champs  de  betteraves  et  de  blé  ;  dans 
les  polders  et  plaines  mouillées  de  la  Flandre  maritime 
(arr.  de  Dunkerque  et  Hazebrouck),  les  pâturages  alternent 
avec  les  champs  ;  enfin,  dans  les  arrondissements  centraux, 
les  terres  perméables,  très  fertiles  et  exploitées  d'une  manière 
plus  scientifique  que  dans  nul  autre  département  français, 
se  partagent  entre  la  cuhure  des  céréales,  dont  les  rende- 
ments sont  les  plus  beaux  de  France,  et  les  cultures  indus- 
trielles, surtout  celle  de  la  betterave.  Les  terres  labou- 
rables forment  les  deux  tiers  delà  surface  départementale  ; 
les  champs  de  blé  occupent  près  du  quart  du  dép.  du 
Nord.  La  culture  du  blé  et  de  l'avoine  a  gagné  du  terrain 
depuis  4852,  celle  de  l'orge  en  a  perdu.  Les  pommes  de 
terre  ont  doublé  leur  étendue  ;  celle  des  betteraves  su- 
crières  se  maintient  aux  environs  de  50.000  hect.  ;  celle 
des  prairies  artificielles  se  restreint.  Les  assolements  sont 
assez  compli([ués,  faisant  souvent  alterner  les  céréales  et 
les  plantes  sarclées.  La  jachère  ne  représente  que  42  °/oo 
de  la  surface  départemcntalo  ;  les  terrains  incultes,  9  •^/oo 
seulement.  L'usage  des  engrais  permet  de  mettre  en  va- 
leur presque  tout  le  sol. 

Nous  donnons  à  la  page  suivante  un  tableau  indiquant 
la  superficie  et  le  rendement  des  principales  cultures 
en  4897  (mauvaise  année  en  P>ance,  médiocre  dans  le 
Nord). 


NORD 


n 


CULTURES 


Froment 

Seigle 

Orge 

Avoine 

Ponniies  de  terre 

Betteraves  fourragères. . 

Trètle 

Luzerne 

Sainfoin 

Prés  naturels  et  herbages 

Chanvre 

Lin 

Col/a 

Œillette 

Cameline 

Tabac  

Houblon 

Betteraves  à  sucre 

Cidre 


SUPERFICIE 


Hectares 
127.000 


11.000 

8.000 

60.100 

20.100 
8.000 

16.000 
9.000 
1.400 

76.200 

80 

2.672 

490 
460 
180 
620 
900 
49.900 


PRODUCTION 


Hectolitres 
3.698.000 

Quintaux 

2.818.000 

Hectolitres 

275.000 

320.000 

2.885.000 

Quintaux 

2.110.500 

4.160.000 

800.000 

540.000 

64.400 

3.200.000 

(Filasse        720 

/  Graine         560 

^Filasse  32.000 

Graine    16.000 

13.720 

5.800 

2.000 

17.368 

13  500 

17.528.000 

Hectolitres 

15.058 


Dans  la  période  décennale  4  888-97 ,  la  production  moyenne 
annuelle  du  froment  (et  méteil)  fut  de  3.300.000  hectol., 
celle  du  seigle  de  ^241.000,  celle  de  l'orge  de  368.000, 
celle  de  l'avoine  de  2.990.000.  Les  rendements  sont  re- 
marquables, les  plus  beaux  de  France,  '29  hectol.  à  Fhect. 
en  4897  pour  le  froment  (moyenne  française,  43^^49); 
47^^\75  pour  le  seigle  (moyenne,  44^^68)  ;  40  pour  l'orge 
(moyenne,  46^'\90),  48  pour  l'avoine  (moyenne,  20'^\40); 
50  quintaux  à  Fhect.  pour  le  trèfle  (moyenne,  38*1,20); 
354  quiiUaux  à  l'hect.  pour  la  betterave  (moyenne,  288; 
Oise,  400).  Pour  la  quantité  comme  pour  la  valeur  de  la 
récolte  du  blé  et  delà  betterave  sucrier e,  le  Nord  vient  au 
premier  rang;  pour  l'avoine,  le  Pas-de-Calais,  la  Somme, 
l'Aisne,  l'Oise,  Eure-et-Loir  et  Seine-et-Marne  le  dépas- 
sent. Il  est  encore  le  premier  pour  le  lin  et  le  houblon. 
—  La  valeur  des  récohes  du  dép.  du  Nord  en  4897  était 
pour  les  céréales  (grains  seulement)  :  blé,  72.362.000  fr.  ; 
avoine,  22.876.000  fr.  ;  seigle,  3.286.000  fr.  ;  orge, 
3.309.000  fr.;  pour  les  fourrages,  37.600.000  fr.  ;  pour 
les  pommes  de  terre,  4  4.773.500  fr.  ;  pour  la  betterave 
à  sucre,  40.685.000  fr.  ;  pour  le  houblon,  4.350.000  fr.  ; 
pour  le  tabac,  4.389.000  fr.  ;  pour  le  lin,  2.820.000  fr.  ; 
pour  le  colza,  250.000  fr.  ;  l'oeillette,  197.000  fr.  ;  la  ca- 
meline, 40.000  fr.  ;  etc. 

Pour  compléter  ces  chiffres,  il  faut  tenir  compte  de 
9.600  hect.  de  fèves  et  féveroles,  3.900  hect.  de  pois, 
3.400  de  haricots,  430  de  lentilles,  4.800  de  navets, 
4.350  de  carottes.  La  culture  de  la  chicorée  à  café  est 
fort  importante  et  alimente  420  fabriques  qui  transforment 
les  racines  de  cette  plante.  —  L"en((uète  décennale  de  4882 
accusait  9.748  hect.  de  prairies  irriguées  natureUement, 
2.653  hect.  de  prairies  irriguées  à  l'aide  de  travaux 
spéciaux,  27.329  non  irriguées.  Les  herbages  pâturés 
sont  parmi  les  plus  beaux  de  France.  En  outre,  les  four- 
rages verts  annuels  étaient  cultivés  sur  6.554  hect.  dont 
2.482  de  trèfle  incarnat,  2.604  de  vesces,  994  de  choux, 
452  de  seigle  en  vert,  322  de  maïs  fourrages.  Aux 
chiffres  donnés  pour  les  prairies  artificielles,  il  faut  ajouter 
700  hect.  de  mélanges  de  légumineuses.  Si  les  prairies 
artificielles  ont  perdu  plus  de  45.000  hect.  depuis  quarante 
ans,  les  fourrages  verts  et  racines  fourragères  ont  gagné 
presque  autant,  et  la  pulpe  des  sucreries  et  distilleries  four- 
nit une  masse  alimentaire  équivalant  à  la  production  de 
25.000  hect.  de  prairies. 

Il  n'y  a  pas  de  vignes  dans  le  Nord,  sauf  quelques  es- 
paliers de  chasselas  et  des  serres  dont  l'importance  s'ac- 
croît dans  les  districts  houillers.  Les  vergers  sont  répandus 


dans  les  pays  d'herbages  :  pommes  à  couteau  vendues  dans 
les  grandes  villes  et  en  Angleterre  ;  pommes  à  cidre  ;  poires, 
cerises,  pèches,  abricots.  Les  jardins  maraîchers  sont  nom- 
breux autour  de  Dunkerque  et  le  long  de  la  Scarpe. 

La  surface  boisée  est  estimée  à  42.784  hect.,  dont 
49.250  appartenant  à  l'Etat,  2.393  aux  départements  et 
aux  communes,  24.438  à  des  particuliers.  Les  taillis  do- 
minent. Les  principales  forêts  sont  celles  de  Mormal  (9.200 
hect.)  et  de  Trélon  (3.300  hect.)  dans  l'arr.  d'Avesnes  ; 
puis  celles  de Saint-Amand  (3.274  hect.),  deNieppe  (2.500 
hect.),  de  Raismes  (4.300  hect.),  du  Bois  de  l'Abbé 
(4.400  hect.).  L'arr.  d'Avesnes  a  quelques  oseraies. 

L'élevage  est  très  prospère.  Le  nombre  des  animaux  de 
ferme  existant  au  34  déc.  4897  était: 

Espèce  chevahne 83 .  578 

—  mulassière 2 .  264 

—  asine 4  .  580 

—  bovine 278.949 

—  ovine 86 .  664 

—  porcine 80 .  477 

—  caprine 47 .  028 

Les  chevaux  sont  de  belle  qualité,  de  race  boulonnaise 
et  ardennaise  en  majorité.  Les  birufs,  principalement  de 
race  flamande,  sont  élevés  pour  la  viande,  spécialement 
dans  la  Flandre  maritime  autour  de  Cassel  et  Bergues,  et 
dans  les  herbages  de  l'arr.  d'Avesnes.  Les  vaches  lai- 
tières sont  au  nombre  de  4()4.000.  Si  numériquement  le 
dép.  du  Nord  est  dépassé  par  ceux  de  l'Ouest,  il  est  de 
beaucoup  le  premier  pour  la  production  laitière  (4. 564. 000 
hectol.  valant  75.742.000  fr.).  On  fait  plus  de  42  millions 
de  kilogr.  de  beurre,  surtout  vers  Cassel,  Wormhoudt, 
Bailleul  ;  quantité  de  fromages,  dont  les  variétés  les  plus 
réputées  sont  les  fromages  de  Maroilles,  Bergues,  Mons- 
en-Pévèle.  Les  moutons,  dont  le  nombre  diminue,  sont  de 
race  flamande  ou  métissés  de  mérinos  ;  en  4897,  ils  ont 
donné  3.784  quintaux  de  laine  valant  567.000  fr.  Les 
chèvres  sont  élevées  pour  le  lait.  Les  porcs,  qu'on  en- 
graisse dans  les  fermes  laitières,  sont  de  race  normande, 
souvent  croisée  avec  des  variétés  anglaises.  —  Enfm,  en 
4897,  on  recensait  8.400  ruches  en  activité  produisant 
66.000  kilogr.  de  miel  et  43.000  kilogr.  de  cire  d'une 
v^aleur  globale  de  462.500  fr. 

Les  exploitations  petites  et  moyennes  dominent  :  42.880 
ont  moins  d'un  hect.  ;  32.074,  de  4  à  40  hect.  ;  9.438,  de 
4  0  à  40  hect.  ;  4 .277 ,  de  plus  de  40  hect.  Les  propriétaires 
faisant  valoir  directement  leur  terre  sont  au  nombre  de 
48.000,  exploitant  des  domaines  d'une  étendue  moyenne 
de  3  hect.  ;  on  compte  22.700  fermiers  et  seulement 
4.234  métayers.  —  L'outiflage  agricole  est  très  perfec- 
tionné ;  le  semage,  le  battage  se  font  à  la  machine,  la 
moisson  en  partie.  L'emploi  des  engrais  a  été  depuis  long 
temps  réglé  méthodiquement;  à  l'engrais  humain,  dit  fla- 
mand, s'ajoutent  les  gadoues  des  villes,  les  cendres  et 
résidus  industriels,  la  marne,  la  chaux  et  toute  la  série 
des  engrais  scientifiques,  phosphates,  nitrates,  sels  de  po- 
tasse, etc.  Les  agriculteurs  du  Nord  ont  ainsi  conservé  la 
prééminence  séculaire  que  leur  assurent  la  fertilité  du  sol, 
la  science  agricole  et  l'abondance  des  capitaux.  Les  Sociétés 
agricoles  sont  nombreuses  :  au  premier  rang,  la  Société  des 
agricuheurs  du  Nord  ;  l'Ecole  nationale  de  Wagnouville, 
près  Douai,  la  grande  Ecole  des  industries  agricoles  do 
Douai,  et  les  professeurs  d'agriculture  continuent  d'activer 
le  progrès. 

Industrie.  —  L'industrie  fait  vivre  450  hab.  sur  4.000 
(moyenne  française,  250).  Elle  est  très  développée  sous 
toutes  ses  formes  et,  à  cet  égard,  le  dép.  du  Nord  ne  le 
cède  qu'à  celui  de  la  Seine.  Son  essor  a  été  favorisé  par 
les  richesses  houiUères  du  sous-sol,  par  la  production 
agricole  à  laquelle  se  sont  juxtaposées  de  puissantes  indus- 
tries agricoles,  enfin  par  un  magnifique  réseau  de  voies 
navigables,  doublé  aujourd'hui  du  plus  beau  réseau  ferré 
de  France.  Enfin  il  ne  faut  pas  oublier  que  le  dép.  du 


13  — 


NORD 


Nord  fait  partie  de  cette  région  des  Pays-Bas,  qui  est  de- 
puis le  moyen  âge  un  des  principaux  centres  manufactu- 
riers et  un  des  plus  grands  marchés  de  la  terre. 

Mines  et  carrières.  Des  mines  du  Nord  on  n'extrait  que 
de  la  houille  et  du  fer.  Il  existait  au  i^^  janv.  1897 
22  concessions  de  mines  de  houille  embrassant  une  super- 
ficie totale  de  64.160  hect.  et  6  de  mines  de  fer  embras- 
sant 2.791  hect.  Les  mines  de  houille  appartiennent  au 
bassin  du  Hainaut  décrit  ci-dessus  (V.  le  §  Géologie  et 
les  art.  Axzix,  Lens,  etc.),  et  qui  se  prolonge  vers  Mons 
et  Charleroi  en  Belgique,  Lens  et  Béthune  dans  le  dép.  du 
Pas-de-Calais.  Le  dép.  du  Nord  en  possède  la  partie  mé- 
diane, d'où  le  nom  de  bassin  de  Valenciennes  appHqué 
souvent  à  l'ensemble,  bien  que  cette  partie  soit  la  moins 
productive.  Elle  fournit  toutes  sortes  de  houille,  principa- 
lement la  qualité  grasse  à  longue  flamme.  La  production 
du  Nord  fut  en  1896,  pour  15  concessions  exploitées,  de 
5.201.877  tonnes,  valant  sur  le  carreau  de  la  mine 
49.982.525  fr.,  soit  une  moyenne  de  9  fr.  60  la  tonne. 
C'était  le  fruit  du  travail  de  16.916  ouvriers  de  l'in- 
térieur ayant  fourni  5.039.267  journées  et  reçu 
22.732.244  fr.  de  salaire,  et  de  5.604  ouvriers  de  l'exté- 
rieur ayant  fourni  1.764.360  journées  et  reçu  5.607.037 
fr.  de  salaire.  Ces  chiffres  placent  le  Nord  au  second  rang 
parmi  les  départements  français  pour  la  production  de  la 
houille,  loin  derrière  son  voisin  le  Pas-de-Calais.  Pour  la 
consommation,  il  est  le  premier  avec  6.574.900  tonnes, 
valant  en  moyenne  12  fr.  46  la  tonne  sur  le  lieu  de  con- 
sommation, soit  81.923.300  fr.  en  tout.  De  cette  quan- 
tité, 2.132.400  tonnes  seulement  viennent  du  département, 
qui  vend  le  surplus  de  sa  production  au  dehors  et  achète 
3.296.800  t.  au  Pas-de-Calais,  1.441.900  à  la  Belgique, 
2.800  à  l'Angleterre,  1.000  à  l'Allemagne.  Les  princi- 
pales mines  de  houille  sont  celles  d'Anzin,  x\niclic,  Dou- 
chy,  Marly,  l'EscarpeUe,  etc.  —  Les  mines  de  fer  (Ohain, 
Trélon)  ne  sont  pas  exploitées,  non  plus  que  les  tour- 
bières de  la  Colme. 

Les  carrières  ont  fourni  les  résultats  suivants  en  1896: 

l'OIDP  VALr.UR 

on  tonnes       en  francs 

Pierre  de  (aille  tendre 300  2.6i0 

—  —   dure 14.000  238.000 

Moellon 97.000  485.000 

Sable  et  gravier  pour  mort'cr  et 

béton 220.960  172.430 

Chaux  grasse 70.250  732.150 

Castine 146.000  262.300 

Dolomie 5.000  9.000 

Silex  et  sable 120.472  95.250 

Argile  à  faïence  et  poteries  ....  12.715  67.417 

—  pour  briques  et  tuiles  .  .  .  1.146.920  640.000 

—  rélVactaire 7.780  22.730 

Phosphate  de  chaux 1.500  37.500 

Marne 1.01  i  4.056 

Chaux  pour  amendement 20.000  66.000 

Pavés 12.000  160.020 

Dalles 150  1.650 

Matériaux  pour  ballast  et  empier- 
rement   131.864  452.900 

Marbre 7.500      210.000 

Total 3.659.013 

On  exploitait  23  carrières  souterraines  et  323  à  ciel 
ouvert,  ou  travaillaient  1.463  ouvriers.  La  chaux  et  l'ar- 
gile viennent  surtout  du  centre  et  de  PO.  du  département,  le 
marbre  et  la  pierre  dure  de  Tarr.  d'Avesnes  (Cousolre, 
Bavai,  Jeumont,  Ferrière-la-Petite,  etc.). 

Des  sources  minérales  sulfatées  calciques  (+  19°, 5) 
sont  exploitées  à  Saint-Amand  où  l'on  a  installé  des  bains 
de  boues. 

Industries  manufacturières.  Il  existait,  en  1896, 
dans  le  dép.  du  Nord,  4.001  étabhssements  industriels 
faisant  usage  de  machines  à  vapeur.  Ces  appareils,  au 


nombre  de  5.696,  d'une  puissance  égale  à  173.917  che- 
vaux-vapeur (non  compris  les  machines  des  chemins  de  fer 
et  des  bateaux),  représentaient  près  du  septième  de  la  force 
totale  empruntée  à  la  vapeur  par  les  manufactures  fi'an- 
çaises  ;  le  dép.  du  Nord  vient  à  cet  égard  au  1<^''  rang,  dis- 
tançant de  loin  la  Seine.  Ces  appareils  se  décomposaient  en  : 
4 .  223  machines  fixes  d'une  force  de  1 63 .  730  chev. -vapeur 
899      —      mi-fixes         —        5.741  — 

566      —      locomobiles    —        4.274  — 

8       —      locomotives     —  172  — 

Cette  force  se  répartissait  t!e  la  manière  suivante  entre 
les  principaux  groupes  industriels  : 

Mines  et  carrières 13.066  chev. 

Usines  métallurgiques 26.265 


-vapeur 


2.118 
18.713 


Agricuhure. 

Industries  alimentaires 

—       chimiques    et   tanne- 
ries          4.910  — 

Tissus  et  vêtements 100.433  — 

Papeterie,    objets   ]no))iliers    et 

d'habitation 2 .710  — 

Bâtiments  et  travaux 4.667  — 

Services  publics  de  l'Etat 965  — 

Ce  tableau  fait  ressortir  l'énorme  importance  des  indus- 
tries textiles,  pour  lesquelles  le  Nord  possède  plus  du  tiers 
de  la  force  mécanique  ([uiy  est  consacrée  en  France;  pour 
la  métallurgie,  il  n'est  dépassé  que  par  la  Meurthe-et-Mo- 
selle ;  pour  les  industries  alimentaires,  il  occupe  la  pre- 
mière place.  —  La  force  liydrauli(|uc  est  minime  dans  ce 
pays  de  plaines  :  en  1893,  on  l'utilisait  pour  3.500  che- 
vaux dans  300  établissements. 

L'industrie  métallurgique  occupait,  en  4891,  environ 
26.000  ouvriers  à  la  production  des  métaux  et  37. 000  pa- 
trons et  ouvriers  à  la  fabrication  de  machines,  d'outils  et 
instruments  divers.  Elle  est  représentée  en  premier  lieu 
par  les  grandes  forges  et  aciéries  de  Denain,  de  Fives-Lille, 
de  Blanc -Misseron,  par  les  usines  de  Baismes,  Dunkerque, 
Douai  (instruments  aratoires),  Hiuitmont,  Maubeuge,  Cres- 
pin,  Saint-Amand,  Ferrière-la-Grande,  Fourmics,  Tré- 
lon, etc.  11  existait,  en  4896,  20  usines  à  fer  en  activité  : 
40  hauts  fourneaux,  244  foursàpuddler,  3  foyers  d'afti- 
nerie,  93  fours  à  réchauffer,  etc.  La  production  de  la 
fonte  (d'aihnagc  im  coke)  fut  do  260.950  tonnes,  valant 


44.352.250  fr.,   plaçant   le  Nord  au   2° 


rang,    après 


Meurthe-et-Moselle  (72.500.000  fr.);  celle  de  la  fontemou- 
lée  en2<^  fusion  fut  de  65.292  tojuies,  valant42.294 .572  fr., 
et  ici  le  Nord  n'est  dépassé  <pie  par  le  dép.  des  Ardennes. 
Pour  le  fer  ouvré,  il  vient  en  tète  avec  306.840  tonnes, 
valant  44.546.404  fr.,  la  moitié  de  la  proiluction  fran- 
çaise ;  il  fait  des  fers  marchands  et  des  tôles  (5.460.000  fr.) . 
Pour  l'acier,  il  passe  au  3*^  rang  (après  la  Loire  et  Saone- 
et-Loire),  avec  484.059  tonnes,  valant  26.625.679  fr., 
dont  35. 000  tonnes  de  rails,  62. 500  de tùles,86. 000  d'aciers 
marchands.  —  Une  usine  à  Blanc-Misseron  fond  un  peu 
de  plomb  argentifère.  Une  grande  usine  à  Aubry  traite 
34.307  tonnes  de  calamine,  d'où  elle  tire  47.223  tonnes  de 
zinc  laminé,  valant  7.473.840  fr.  ;  elle  produit  accessoi- 
rement 44.243  tonnes  d'acide  sulfurique. 

Les  industries  chimiques  sont  représentées  par  les 
fabriques  d'acide  sulfurique,  de  céruse,  desavons  de  Lille, 
Valenciennes,  etc.  On  évaluait,  en  4892,  le  nombre  des 
savonneries  à  59,  leur  production  à  5.500.000  fr.  ;  le 
nombre  des  usines  à  gaz  à  4 06,  leur  production  à  48  mil- 
lions de  m.  c,  valant  40  millions  de  fr.  l^a production  des 
bougies  était  estimée  2.300.000  fr.  ;  celle  des  5  papete- 
ries, 4.400.000  fr.  Les  teintureries  sont  des  annexes  de 
la  grande  industrie  textile.  Il  existait,  en  4892,  43  ver- 
reries occupant  4.430 ouvriers  et  produisant8.500.000  fr. 
de  marchandises,  8 usines  cérami(pies occupant  4.000  ou- 
vriers et  produisant  4.500.000  fr.  (faïenceries  des  arr. 
de  Valenciennes  et  d'Avesnes,  carreaux  céramiques  de 
Maubeuge,  etc.).  En  y  comprenant  les  briqueteries  et  tui- 


NORD 


—  14  — 


leries ,   l'industrie    céramique    fait    travailler    plus   de 
17.000  personnes. 

Les  industries  alimentaires  sont  représentées  :  par  une 
centaine  de  sucreries  (91  en  activité  en  1894  sur  ;-)()8  en 
France,  ayant  produit  IJ 7.000  tonnes  sur  un  total  de 
523.000  en  France)  ;  par  environ  1 10  distilleries  de  mé- 
lasse et  de  betterave  dont  la  production,  de  1883  à  1892, 
représentait  733.000  liectol.  (en  4893,  8o(i.000),  plus 
du  tiei's  de  la  production  française  ;  enfin,  par  plus  de 
1.700  brasseries,  produisant  annaellement  3 millions  d'hec- 
tol.  presque  entièrement  consommés  sur  place. 

Les  industries  textiles  occupent  plus  de  100,000  tra- 
vailleurs, patrons  et  ouvriers.  On  comptait  :  en  1892, 
325  filatures  et  tissages  de  laine,  avec  1.500.000  broches 
actives,  24.000  métiers  mécaniques  et  8.000  métiers  à 
bras  ;  206  fdatures  et  tissages  de  coton,  avec  en  activité 
1  million  de  broches,  9.000  métiers  mécaniques,  7 .500  mé- 
tiers à  bras;  185  filatm^es  et  tissages  de  lin,  chanvre  et 
jute  avec  360.000  broches,  9.000  métiers  mécaniques  et 
4.500  métiers  à  bras  en  activité  ;  110  fdatures  et  tissages 
de  soie  et  mélangés,  avec  16.000  broches  ou  bâtonnets, 
14.000  métiers  mécaniques  et  4.200  métiers  à  bras. 
A  Lille  et  dans  sa  banlieue,  nous  trouvons  des  filatures  de 
hn  et  d'étoupe  pour  tissage  et  filterie,  des  fdatures  et 
retorderies  de  coton,  produisant  des  fils  à  (poudre,  mais 
surtout  des  numéros  fins  pour  mousselines,  tuUes,  ])onnc- 
terie,  rubans,  velours  divers,  tissus  de  nouveauté.  Au  Ca- 
teau  est  une  grande  filature.  Roubaix  file  surtout  la  laine 
et  les  mélangés  ;  Tourcoing,  de  môme,  travaille  plutôt  la 
laine;  Cambrai,  le  lin  et  le  chanvre;  Dunkerque,  le  jute. 
Les  tissus  fins  de  lin,  linons,  batistes,  se  font  spéciale- 
ment à  Cambrai  et  Valenciennes  ;  Caudry  se  consacre  sur- 
tout aux  tulles  et  dentelles.  Les  toiles  de  lin  ont  fait  la 
fortune  d'Armentières,  concurrencée  par  Lille  pour  les 
linges  de  table,  les  coutils,  toiles  de  confections,  à  mate- 
las, à  bâches,  à  sacs,  d'emballage.  On  y  prépare  aussi  les 
rubans  de  fil  et  le  velours  de  lin  pour  ameublement.  Les 
tissus  de  laine  se  font  surtout  à  Roubaix  (draps  de  laine 
peignée)  et  Tourcoing  (tapis,  moquettes,  étoffes  d'ameu- 
blement), puis  à  Lille,  Halluin,  etc. 

Il  existait,  en  1894,  dans  le  Nord,  60  syndicats  patro- 
naux (3.389  membres),  87  syndicats  ouvriers  (22.424 
membres),  14  syndicats  mixtes  (5.679  membres)  et  8  syn- 
dicats agricoles  (1.404  membres).  La  consommation 
moyenne  d'alcool  était,  en  1893,  de  4\74  par  tète,  celle 
de  vin  de  11  lit.,  celle  de  cidre  de  1  lit.,  celle  de  bière 
de  248  lit.  par  tête.  —  11  a  été  vendu  3.789.487  kdogr. 
de  tabac  à  fumer  ou  à  mâcher  et  110.619  de  tabac  à 
priser,  soit  nue  consommation  moyemie  de  2.246  gr.  par 
tète,  la  plus  forte  de  France  (moyenne,  933  gr.). 

Pêche.  —  Comme  sur  tout  le  littoral  des  Pays-Bas  et 
plus  généralement  de  la  mer  du  Nord,  la  pèche  est  acti- 
vement pratiquée  par  les  ports  du  dép.  du  Nord  et  forme 
un  revenu  considérable.  Les  deux  ports  de  GraveHnes  et  de 
Dunkerque  (y  compris  Fort-Mardyck)  pratiquent  la  pèche 
à  pied,  la  pèche  côtière,  arment  pour  la  pèche  du  hareng 
sur  le  Dogger  Bank  et  pour  la  grande  pèche  maritime  (morue) 
dans  la  mer  d'Islande  et  sur  le  banc  de  Terre-Neuve. 
En  1894,  la  pèche  à  pied,  pratiquée  par  1.800  pécheurs, 
et  portant  notamment  sur  la  crevette  grise,  a  rapporté 
plus  de  400.000  fr.;  la  pèche  côtière  (200  bateaux  et 
1 .689  hommes  de  Dunkerque,  127  bateaux  et  1 .079  hommes 
de  Gravelines)  a  rapporté  3.724.000  fr.  ;  les  principales 
espèces  pèchées  sont  la  sole,  la  plie,  la  raie,  le  turbot,  le 
maquereau  ;  la  pèche  du  hareng  (31  bateaux,  218  hommes) 
a  rapporté  78.000  fr.  La  pèche  de  la  morue,  pratiquée 
par  environ  120  navires  jaugeant  un  peu  plus  de  11.000 
tonneaux  et  montés  par  plus  de  1.800  hommes,  procure 
en  moyenne  plus  de  6  millions  de  kilogr.  de  morues  vertes, 
320.000  kilogr.  d'huiles,  70.000^  kilogr.  de  rognes, 
650.000  kilogr.  d'issues. 

CoMMEiicK  Eï  Cjrculatiox.  —  Lc  commcrce  fait  vivre 
163  hab.  sur  F. 000  (moyenne  française,  103),  proportion 


qui  n'est  dépassée  que  dans  les  dép.  de  la  Seine,  du  Rhône, 
des  Bouches-du-Rhône  et  des  Alpes-Maritimes  ;  ajoutez 
45  o  o  vivant  de  l'industrie  des  transports  (moyenne  fran- 
çaise, 30).  Le  montant  des  opérations  des  six  succursales 
de  la  Banque  de  France  à  Lille,  Roubaix-Tourcoing,  Va- 
lenciennes, Dunkerque,  Cambrai,  Douai,  représentait  en 
1894  un  total  de  970.268.600  fr.  ;  celle  de  Lille 
était  la  ¥  de  France  avec  447.733.100  fr.,  celle  de 
Roubaix  la  6^  avec  237.121.100  fr.,  Valenciennes  la 
10_^^avec  142.785.300  fr.  ;  l'ensemble  formait  plus  du 
1/7®  du  chiffre  total  d'affaires  des  succursales  et  près 
du  1/15*^  du  total  des  opérations  de  la  Banque.  —  Le 
nombre  des  patentes,  en  1894,  était  de  94.428,  dont 
867  hauts  commerçants  et  banquiers,  83.968  commer- 
çants ordinaires  et  8.322  industriels;  1.671  personnes 
exerçant  des  professions  libérales.  Les  valeurs  locatives 
étaient  de  90.920.144  fr.,  c.-à-d.  le  1/14<^  de  la  valeur 
totale  de  l'ensemble  de  la  France. 

Le  dép.  du  Nord  exporte  des  fils  et  tissus  de  toute  na- 
ture dans  le  monde  entier,  de  la  houihe,  des  fers  et  aciers 
ouvrés,  du  zinc,  des  machines,  des  outils,  du  sucre  en 
France  et  en  Angleterre,  des  céréales,  des  légumes,  du 
beurre,  des  œufs  pour  l'Angleterre,  de  l'alcool,  des  tour- 
teaux, huiles  et  graines  de  colza,  etc.  ;  bref,  tous  les  pro- 
duits de  son  agricuhure  et  de  son  industrie.  —  Il  importe 
du  sel,  du  vin  (France, Espagne,  Portugal),  des  raisins  et 
figues  secs,  des  minerais  de  fer  et  de  zinc,  de  la  fonte  brute, 
des  soufres  de  Sicile,  des  bois  de  Scandinavie,  beaucoup  de 
laine  de  la  République  Argentine,  des  colonies  anglaises, 
beaucoup  de  jutes  d'Austrahe,  de  lin,  de  suif  et  de  potasse  de 
Russie,  de  blé  d'Amérique  et  d'Odessa,  d'orge  de  Beauce  et 
d'Algérie,  de  houille  du  Pas-de-Calais  et  de  Belgique,  etc. 

Le  commerce  international  et  interdépartemental  se  fait 
par  mer,  par  voie  fluviale,  par  voie  ferrée  et  aussi  par 
charroi.  Les  recettes  des  douanes  du  dép.  du  Nord  accu- 
saient en  1892  une  perception  de  54.891.317  fr.,  infé- 
rieure seulement  à  celles  de  la  Seine-Inférieure  (Le  Havre  et 
Dieppe)  et  de  la  Seine.  —  Parmi  les  20  premiers  bureaux 
de  douane,  nous  en  trouvons  6  dans  le  Nord,  constatant 
en  1893  le  mouvement  suivant  (sur  un  ensemble  de  9.278 
millions  au  commerce  général)  :  Dunkerque,  519  miUions  ; 
Tourcoing,  174;  Jeumont,  125  ;  Lille,  60;  Roubaix,  56; 
Blanc-Misscron,  Valemdennes,  52  millions. 

Le  commerce  maritime  international  se  fait  par  les  ports 
de  Dunkerque  et  de  Gravelines,  dont  voici  le  mouvement  en 
1894: 


i°  ENTRÉES  (mwlrcs  chargea). 

Navires   français 

Navires  étrangers 

TOTAUX         Ij 

^^*=^  „,»— 

— -*^  ^-ii-— 

_--_—»- — - 

Dunkerque. 
Gravelines. 

Nombre 

Tonnage 

Nombre 

Tonnage 

Nombre 

Tonnage 

310 

82 

212.894 
3.051 

1.171 
11 

950.315 
16.530 

1.811 

126 

1.163.209 

19.581 

2°  SORTIES    (navires  clianjés). 

Dunkerque. 
Gravelines. 

191 

78 

109.891 
2.327 

813 
2 

330.636 
519 

1.037 
80 

410.527 
2.846 

Ces  chiffres  dénotent  la  faiblesse  commune  à  toute  la 
navigation  française,  l'insuffisance  du  fret  dans  nos  ports; 
on  voit  (pie  la  majorité  des  navires  doivent  repartir  sur 
lest  ou  avec  une  cargaison  insuftisante.  Le  commerce  de 
Dunkerque,  ([ui  est  noti'e  quatrième  port  et  balance  l'im- 
portance du  trahc  du  Havre  et  de  Bordeaux  pour  le  ton- 
nage, sinon  pour  la  valeur  des  marchandises,  se  fait  sur- 
tout a^'ec  l'Angleterre  et  la  République  Argentine  et  porte 
principalement  sur  les  produits  agricoles.  Le  cabotage, 
très  actif,  se  fait  avec  tous  les  ports  de  l'Océan,  surtout 
Bordeaux,  et  avec  Marseille.  Eii  1893,  il  représentait 
141.000  tonnes  aux  entrées  et  338.000  aux  sorties;  il 


—  15  - 


NORD 


transporte  de  la  houille,  des  fers  et  aciers,  de  l'alcool, 
des  pierres  et  matériaux  de  construction,  dos  engrais  et 
produits  chimiques,  des  dépouilles  d'animaux,  etc. 

Voies  de  communication.  Le  dép.  du  Nord  avait  en 
1894  une  longueur  de  590  kil.  de  routes  nationales  dont 
528 kil.  pavés,  51 4kil.  déroutes  départementales,  9.1 43 kil. 
de  chemins  vicinaux  de  grande  communication,  "2.213  kil. 
de  chemins  vicinaux  d'intérêt  commun  et  4.132  kil.  de 
chemins  vicinaux  ordinaires.  La  circulation  sur  les  roules 
nationales  avait  été,  en  1888,  de  97.299.()3()  tonnes  kilo- 
métriques de  tonnage  utile  (Je  double  en  tonnage  brut), 
soit  un  tonnage  utile  quotidien  de  452  t.  par  kilomètre. 
Cette  circulation  routière  forme  le  1/18^  do  celle  de  la 
France  entière,  et  est  supérieure  de  moitié  à  celle  de  la 
Seine  et  de  Seine-et-Oise  qui  viennent  ensuite,  triple  de 
celle  de  tout  autre  département. 

Le  Nord  est  traversé  en  J899  par  52  lignes  de  cliemin 
de  fer,  d'une  longueur  totale  de  -1.275  kil. ,  savoir  : 
i.092  kil.  pour  44  lignes  d'intérêt  général,  dont  13 
(1.040  kil.)  appartenant  à  la  compagnie  du  Nord  et 
483  kil.  pour  7  lignes  d'intérêt  local.  En  voici  lahste: 

1°  La  ligne  de  Paris  à  la  frontière  par  Lille  parcourt 
53  kil.  dans  le  dép.  du  Nord  oii  elle  pénètre  avant  Douai, 
tourne  à  l'O.  par  Leforest,Libercon}*t.  Seclin,  Wattignies, 
et  après  Lille  dessert  Fives,  Croix,  Roubaix,  Tourcoing 
pour  entrer  en  Belgique  à  Mouscron  et  de  là  gagner  G  and, 
Bruges,  Ostende.  —  2«  La  ligne  de  Paris  à  la  fi'ontière 
par  Valenciennes  se  détache  de  la  précédente  à  Douai, 
dessert  Somain,  Wallers,  Raismes,  Valenciennes  et  au 
bout  de  44  kil.  quitte  la  France  à  Blanc-Misseron  pour 
entrer  en  Belgique  à  Quiévrain,  gagner  Mous  et  Bruxelles. 

—  3°  La  ligne  de  Soissons  à  la  frontière  traverse  l'angle 
S.-E.  du  département  sur  7  kil.  après  Hirson,  vers  Anor, 
d'où  ehe  passe  en  Belgique,  à  Momignies.  pour  se  rendre  à 
Chimay  et  Namur.  —  4"  La  ligne  de  Creil  à  lù'quellnes, 
qui  parcourt  6i  kil.  dans  le  dép.  du  Nord,  est  la  grande 
voie  ferrée  de  Paris  vers  la  Meuse  et  la  Basse-Allemagne 
(Namur,  Liège,  Cologne,  etc.)  ;  elle  pénètre  dans  le  Nord 
après  Saint-()uentin,  à  Basigny,  dessert  le  Cateau,  suit 
la  vallée  de  la  Sambre  par  Landrecies,  Aulnoye,  llaiitniont, 
Maubeuge  et  sort  de  France  à  Jeuniont  pour  eiiti-er  en 
Belgi(pie  à  Erquelines.  —  5°  L'embranchement  de  Busi- 
gny  à  Birson  a  ses  3  premiers  kil.  dans  le  dép.  du  Nord. 

—  6"  L'embranchement  de  Busigny  à  Somain,  long  de 
50  kil.,  dessert  et  relie  directement  à  Paris  les  villes  de 
Caudry,  Cambrai,  Escaudœuvres,  Ivvuy,  Bouchain,  Lour- 
ches.  —  7°  L'embranchement  de  Cambrai  à  Douai  (27  kil.), 
par  Aubigny-au-Bac,  Arleux,  Sin-le-.Xoble.  —  8°  L'em- 
branchement d'Aubigny-au-Bac  à  Somain  (H-  kil.)  se  dé- 
tache du  précédent  et  dessert  Aniche.  —  9^  La  ligne  de 
Cambrai  à  la  frontière  belge  (51  kil.)  se  détache  à  Escau- 
dœuvres de  celle  de  Busigny  à  Somain  et  dessert  Rieux, 
Saint- Aubert,  Solesmes,  le  (iuesnoy.  Bavai,  Bettrechies 
pour  entrer  en  Belgique  à  Roisin  et  s'y  diriger  vers  Dour 
et  Saint-Ghislain  (ligne  de  Paris-Valenciennes-Mons- 
Bruxelles) .  —  1 0*^  et  d  1  «  La  ligne  d' Aulnoye  à  Anor  (32  kil .  ) 
dessert  Avesnes  et  Fourmies  et  forme,  avec  la  ligne  d'Aul- 
noye  à  Valenciennes  (35  kil.)  par  le  Quesnoy,  les  derniers 
tronçons  de  la  ligne  de  Paris  à  Valenciennes  par  Hirson 
et  Aulnoye.  —  12*^  La  ligne  de  Hautmont-Maubcuge  à 
Mons,  qui  parcourt  40  kil.  en  France  avant  d'entrer  en 
Belgique  entre  Feignies  et  (iuevy,  fonne  un  tronçon  de  la 
voie  de  Paris  à  Bruxelles,  qui  emprunte  le  trajet  Paris- 
Liège  jusiju'à  Hautmont-Maubeuge,  puis,  à  partir  de  Mons, 
le  trajet  Valenciennes-Bruxelles.  —  '13«  La  hgne  de  Mau- 
beuge à  Fourmies  (51  kil.)  dessert  Fei*rière-la-Crande, 
d'où  son  embranchement  mène  à  Cousolre,  puis  Sars- 
Poteries,  Solre-le-Chàteau,  Clageon-Trélon  et  se  raccorde 
à  Fourmies  avec  la  ligne  de  Paris  à  Valenciennes  par  Hir- 
son. —  14°  La  ligne  de  Laon  au  Cateau  par  Wassigny  et 
Saint-Souplet  n'a  que  ses  4  derniers  kil.  dans  le  dép.  du 
Nord. — 15°  La  ligne  de  Valenciennes  au  Cateau  (37  kil.) 
passe  à  Trith-Saint-Léger,  Prouvy-Thiant,  liaspres,  So- 


lesmes, Neuvilly.  —16°  La  ligne  de  Valenciennes  à  Dou- 
zies  (33  kil.)  se  raccoi*de  à  la  ligne  de  Paris-Mons  par 
Maid)euge,  après  avoir  desservi  Marly  et  Bavai.  — 
17^^  La  ligne  de  Valcncienues  à  Lille  (44  kil.  avec  les  rac- 
cordements) passe  à  Raismes,  Saint-Arnaud,  Orchies,  Tem- 
pleuve,  Ronchin  et  Lezennes.  —  18°  L'emhrauchement  de 
Saint-Amand  à  Tournai  parcourt  9  kil.  en  France,  (ju'il 
quitte  à  Maulde-Mortague,  avant  la  station  belge  de  Blé- 
haries.  —  19°  L'embrauchemeut  de  Saint-Amand  à  Blanc- 
Misseron  (20  kil.)  dessert  Odomez  et  Fresnes-sur-l'iLS- 
caut.  —  20°  La  ligne  de  Valenciennes  à  Lourches  (18  kil.) 
se  confond  d'abord  avec  celle  de  Valenciennes  à  Aulnoye 
et  au  Cateau,  s'en  détache  à  Prouvy,  passe  à  Denain.  — 
21^  La  ligne  de  Denain  à  Saint-Amand  (17  kil.)  passe  i)ar 
Vallers.  —  22°  La  ligne  de  Saint-.lust  à  Cambrai,  (jui  se 
détache  de  la  grande  ligne  Paris-Amiens,  passe  à  Mont- 
didier,  Chaulnes,  Péronne,  avant  de  pénétrer  après  Epehy 
dans  le  dép.  du  Nord,  où  elle  parcourt  24  kil.,  desservant 
Gouzeaucourt,  Marcoing.  —  23'^  Le  pelit  embranchement 
de  Marcoing  à  Masnières  (2  kil.)  se  détacbe  de  la  ligue 
précédente.  —  2i°  La  ligne  de  Lens  à  Don  et  Arnien- 
tières  (22  kil.)  entre  dans  le  Noid  à  Bauvin-Provin,  des- 
sert Don-Sainghiu,  Wavrin.  Ennetières.  —  25"^  La  ligne 
de  Don  à  Templeuve  (28  kil.)  passe  à  Annœulin,  Gonde- 
court,  Sechn  et  Poni-à-Marcq.  —  20°  et  27°  La  ligne  de 
Douai  à  Orchies  (17  kil.)  se  déiache  de  la  grande  ligne 
Paris-Lille  au  Pont-de-la-Deùle,  dessert  Roost-Warendin, 
Flines-lès-Raches,  Orcliies  d'où  elle  se  continue  sur  Tour- 
nai par  une  autre  ligne  (détachée  de  celle  de  Valenciennes 
à  Lille),  laquelle  sort  de  France  au  bout  de  5  kil.  à  Bachv, 
et  entre  en  Belgique  à  Humes.  —  28°  La  ligne  d'Armen- 
tières  à  Comines  et  Meniu  par  la  r.  g.  de  la  Lys  sort  de 
France  au  bout  de  3  kik  —  29°  La' ligne  de  Lille  à  Co- 
mines (15  kil.)  part  de  Saint-André  et  dessert  Marquette, 
W'ambrecliies,  Quesnoy-sur-Deùle.  —  30°  La  ligne  de  Lille 
à  Tournai  sort  de  France  au  13^  kil.,  après  "avoir  passé 
à  Hellemmes,  Ascq,  Baisieux;  elle  forme  le  trajet  direct 
de  Lille  à  Bruxelles,  et,  par  suite,  entre  Calais  et  Bruxelles, 
par  Saint-Omer,  Ha/.ebrouck,  Aruieutières,  Tournai,  Ath 
et  Hal.  —  31°  La  ligne  de  Lille  à  l^étbune  (25  kil.  dans 
le  Nord  avec  ses  raccordements)  dessert  Loos,  Haubour- 
din.  Wavrin,  Don-Sainghin,  La  Bassée.  -—  32°  et  33°  Le 
cheiJiin  de  Ceinture  de  LiUe  mesure  0  kil.  ;  un  circuit  plus 
étendu,  empruntant  la  ligne  dite  de  Haubourdin  (11  kil.) 
et  des  tronçons  de  diverses  autres,  passe  par  Fives,  La  Ma- 
deleine, Saint-André,  Lambersart.  Lomme,  Haubourdin, 
Loos,  le  faubourg  des  Postes,  la  porte  de  Douai.  —  34°  La 
ligne  de  Somain  à  Menin  (57  kil.)  passe  par  Fenain, 
Marchiennes,  Orchies,  Cysoing,  Bouvines,  Ascq,  Roubaix- 
Wattrelos,|Tourcoing,  Roncq,  Hahuin  et,  passant  la  Lys, 
entre  en  Belgi(]ue  à  Meniu.  —  35°  La  ligne  de  Lille  à  (]a- 
lais  passe  par  La  Madeleine,  Saint-André,  Armentières, 
Nieppe,  Bailleul,  Hazebrouck,  et  entre  en  Pas-de-Calais 
avant  Saint-Omer  au  bout  de  60  kil.  —  36°  La  hgne 
d" Hazebrouck  à  Dunkerque  (40  kil.)  se  détache  de  la  pré- 
cédente après  Ha/ebrouck  et  passe  à  Cassel  et  Bergues.  — 
37°  l.a  ligne  de  Dunkerque  à  Furnes  entre  en  Belgique 
au  [6''  kil.,  après  avoir  desservi  Roseiulael  et  Ghyvelde. 
—  38°  La  ligne  de  Dunkerque  à  Calais  parcourt  clans  le 
Nord  25  kil.,  par  Bourbourg  et  Gravehnes.  —  39°  L'em- 
branchement de  Bourbourg  (ou  Gravelines)  à  Watten  me- 
sure 14  kil.  —  40°  La  ligne  de  Saint-Omer  à  Armen- 
tières (18  kil.),  par  Merville,  Estaires,  Erquinghem,  le 
long  de  la  Lys.  —  41°  La  ligne  de  Don  à  Hénin-Liétard 
a  ses  6  premiers  kil.  dans  le  Xoi'd.  — 42°  La  ligne  d'Ar- 
ras  à  Hazebrouck  par  Lens  (fune  de  celles  dites  des  Houil- 
lèi'es  du  Pas-de-Calais)  a  13  kil.  dans  le  dép.  du  Nord 
à  partir  de  Thiennes.  -~  43°  et  44°  La  hgne  industrielle 
de  Somain  à  Peruwelz  (Belgi(}ue),  par  Abscon,  Escaudin, 
Denain,  Herin.Anzin,  Bruay.  Lresnes,  Coudé,  Vieux-Condé, 
longue  de  37  kil.,  et  la  ligne  de  Haze])rouck  à  Poperinghe 
(Belgique)  et  Vprch,  longue  de  15  kil.  dans  le  Noi'd,  sont 
deux  hgnes  d'intérêt  général  que  i-i'exploite  pas  la  compa- 


NORD 


~  16  - 


gnie  du  Nord  ;  elles  appartiennent  à  des  compagnies  parti- 
culières. 

Voici  les  lignes  d'intérêt  local  :  43*^  La  ligne  d'Achiet  à 
Marcoing  a  ses  5  derniers  kil.  dans  le  Nord.  —  46'^,  47^^ 
et  48°  La  petite  compagnie  des  chemins  de  fer  du  Cam- 
brésis  exploite  des  lignes  :  do Denain  à  Caudry  (28  kil.),  par 
Bessemer,  Douchy,  Noyelles- sur -Selle,  Avesnes-le-Sec, 
Saint- Aubert,  Saint-Hilaire  et  Quiévy;  de  Caudry  à  Saint- 
Quentin  (22  kil.  dans  le  Nord),  parClary,  Villers-Outréaux 
et  Le  Catelet  ;  de  Cambrai  à  Catillon(3okil.),  par  Caudry 
etLeCateau.  —  49°  Ligne  de Bettrechies  à  Hon  (9  kil.). 
—  50°  Ligne  de  Maubeugeà  Villers-Sire-Nicole  (auN.  de 
Maubeuge  sur  la  frontière) .  — 31°  Ligne  du  Pont-de-la- 
Deùle  à  Pont-à-Marcq  (29  kil.),  très  sinueuse,  par  Roost- 
Warendin,  Raimbeaucourt,  Mons-en-Pévèle,  Bersée, 
Mérignies.  —  52°  Ligne  de  Hazebrouck  à  Bergues  par 
Steenwoorde,  avec  embranchement  de  Rexpocde  sur  Honds- 
choote  (42  kil.). 

On  projette,  d'autre  part,  quelques  nouvelles  lignes 
d'Avesnes  à  Sars-Poteries,  d'Armentières  à  Roubaix  et  un 
réseau  d'intérêt  local  autour  de  Solesmes,  le  rehaut  à 
Ilaspres,  Quiévy,  Landrecies  et  Avesnes  :  enfin  une  ligne 
d'intérêt  local  entre  Cambrai  et  Lourches. 

Le  dép.  du  Nord  possédait  de  plus,  en  1897,  137  kil. 
de  tramways,  auxquels  devaient  s'ajouter  à  bref  délai  29  kil. 
de  nouvelles  hgnes. 

Le  trafic  des  voies  ferrées  du  dép.  du  Nord  est  très 
considérable.  On  en  jugera  par  les  chiffres  suivants  (ra- 
menés à  la  distance  entière)  : 

La  ligne  d'Amiens  à  Lille  et  Mouscron  a  une  moyenne 
annuelle  de  1.511.000  voyageurs  et  2.822.000  tonnes  de 
marchandises  ;  celle  deDouaià  Yalenciennes  et  Quiévrain, 
467.000  voyageurs,  2.055.000  t.  de  marchandises  ;  cehe 
de  Paris-Creil  k  Erquelines  ou  Feignies,  1.005.000  voya- 
geurs et  1.886.000  t.  Le  trafic  national  est  naturellement 
plus  faible  que  l'international;  cependant  la  ligne  deBusi- 
gny  à  Somain  transporte  444. 000  voyageurs  et  1 . 401 .  000 1.  ; 
celle  de  Yalenciennes  à  Aulnoye  et  Anor,  336.000  voya- 
geurs et  2.060.000  t.  ;  celle  de  Lille  à  Valenciennes, 
605.000  voyageurs  et  469.000  t.  ;  celle  de  Lille  à  Dun- 
kerque  et  Calais,  717.000  voyageurs  et  964.000  t.  Les 
tonnages  de  marchandises  des  lignes  Amiens-Lille  dé- 
passent ceux  de  toute  autre  hgne  française. 

Les  routes  d'eau,  canaux  et  rivières  canalisées  n'ont 
pas  moins  d'importance  commerciale  que  les  voies  ferrées. 
Le  dép.  du  Nord  possède  256  kil.  de  rivières  navigables 
et  environ  260  kil.  de  canaux.  Les  uns  et  les  autres  ont 
un  mouillage  normal  de  2  m.,  à  l'exception  des  canaux 
d'Hazebrouck  (li",30)  et  de  celui  de  Furnes  (l'^,50).  En 
voici  le  détail.  — La  route  de  Paris  à  Charleroi  par  l'Oise 
et  la  Sambre  est  formée  dans  le  dép.  du  Nord  par  le  ca- 
nal de  la  Sambre  à  l'Oise,  qui  y  parcourt  13  kil.  le  long 
de  la  Sambre  jusqu'à  Landrecies,  puis,  à  partir  de  cette 
ville,  jusqu'à  la  frontière,  durant  54  kil.,  par  la  Sambre 
canalisée.  Le  tonnage  moyen  (ramené  à  la  distance  en- 
tière) fut,  en  1893,  de  757.500  t.  sur  le  canal,  de  760.600 
sur  la  rivière.  —  La  route  de  Paris  àMonset  à  la  Flandre 
se  détache  de  la  précédente  en  quittant  l'Oise  pour  suivre 
le  canal  de  Saint-Quentin  ;  celui-ci  atteint  l'Escaut  sur 
le  territoire  du  dép.  de  l'Aisne  et  Tescorte  dans  le  Nord 
pendant  26  kil.  jusqu'à  Cambrai,  où  il  se  confond  avec 
ï  Escaut  canalisé;  dans  la  navigation  de  ce  fleuve,  on  dis- 
tingue trois  sections:  1°  de  Cambrai  à  Etrun  (12  kil.)  ; 
2°'d'Etrun  à  Condé  (36  kil.)  ;  3°  de  Condé  à  la  frontière 
(15  kil.)  ;  à  Etrun  se  détache  le  canal  de  la  Sensée  par 
lequel  le  grand  courant  de  transports  gagne  le  bassin  de 
la  Scarpe,  puis  de  la  Deûle  ;  à  Coudé,  tandis  que  l'Escaut 
tourne  vers  EO.,  s'en  détache  vers  l'E.  le  canal  de  Mous, 
qui  passe  en  Belgique  au  bout  de  5  kil.  Le  mouvement  du 
canal  de  Saint-Quentin  se  traduisait  en  1893  par  un  ton- 
nage moyen  de  3.391.000  t.  ;  celui  de  FEscaut,  de  Cam- 
brai à  Etrun,  atteignait  3.541 .000,  maximum  d'intensité  de 
la  navigation  française  intérieure  ;  mais  en  aval  d'Etrun, 


malgré  la  clientèle  des  charbonnages,  le  tonnage  moyen 
s'abaisse  à  1.011.000  t.,  et  en  aval  de  Condé  à464.000, 
tandis  que  celui  du  canal  de  Mons  est  de  616.000. 

La  grande  route  de  la  navigation  fluviale  abandonne 
donc  l'Escaut  après  Etrun  ;  elle  se  dirige  vers  l'O.  par  le 
canal  de  la  Sensée  (25  kil.),  qui  atteint  la  Scarpe  à 
Courchelettes  (limite  du  dép.  du  Pas-de-Calais)  ;  de  là 
elle  descend  la  Scarpe,  pendant  7  kil.,  par  Douai  jusqu'à 
Fort-de-Scarpe  où  s'embranche  le  canal  de  la  Haute- 
Deûle;  celui-ci  a  57  kil.  de  long,  dont  une  vingtaine  dans 
le  Pas-de-Calais  où  il  entre  après  Auby,  pour  y  rejoindre 
à  Courrières  le  canal  de  Lens  et  le  cours  de  la  Deûle  et 
rentrer  dans  le  Nord  à  Bauvin  ;  il  pousse  un  embranche- 
nient  vers  SecHn  et  aboutit  à  Marquette  au  N.  de  Lille  ;  là, 
il  se  bifurque  :  tandis  que  le  canal  de  Roubaix  (24  kil.) 
s'en  va  passer  entre  Boubaix  et  Tourcoing  et  desservir 
Croix  par  un  embranchement,  avant  d'entrer  en  Belgique 
et  d'y  rejoindre  l'Escaut,  le  canal  de  la  Basse-Ùeûle 
(13  kil.)  s'en  va  tomber  dans  la  Lys  à  Deulémont.  Le 
tonnage  moyen  du  canal  de  la  Sensée  en  1893  fut  de 
2.498.000  t.  ;  celui  de  la  Scarpe  entre  Courchelettes  et 
Fort-de-Scarpe,  de  2.663.000  ;  celui  du  canal  de  laHaute- 
Deùk,  de  1.824.000  ;  au  N.  de  Lille,  il  se  restreint  à 
233.000  t.  sur  le  canal  de  Boubaix  et  397.000  sur  la 
Basse-Deùle.  Quant  à  la  Scarpe,  sur  ses  derniers  36  kil., 
en  aval  de  Fort-de-Scarpe  jusqu'à  la  ville  frontière  de  Mor- 
tagne,  où  elle  s'unit  à  l'Fscaut,  elle  conserve  seulement 
un  tonnage  moyen  de  423.000  t. 

Une  autre  série  de  canaux,  plus  ou  moins  branchés  sur 
la  Lys  et  ses  tributaires,  relient  ceux  de  l'Escaut  et  de  la 
Deûle  à  la  zone  maritime.  Le  premier  est  le  canal  de  la 
Bassée  qui  se  sépare  à  Bauvin  du  canal  de  la  Ilaute-Deùle  ; 
il  ne  fait  que  borner  le  dép.  du  Nord  sur  5  à  6  kil.,  se 
dirigeant  vers  Aire  et  de  là  vers  Saint-Omer  ;  cette  voie 
fluviale  appartient  au  Pas-de-Calais,  dont  elle  dessert  le 
bassin  houiller.  A  Aire,  elle  atteint  la  Lys,  canalisée  de 
cette  ville  à  la  frontière  belge;  sur  72  kil.  (dont  69  le 
long  ou  dans  l'intérieur  du  dép.  du  Nord),  son  tonnage 
moyen  est  (en  1893)  de  235.000  tonnes;  celui  de  son 
affluent  de  gauche,  la  Lawe,  canalisée  depuis  Béthune 
(18  kil.  dont  les  2  derniers  dans  le  Nord),  n'est  que  de 
4.000  tonnes.  A  Aire,  ou  convergent  les  routes  fluviales 
de  Lille  par  la  Lys  et  de  Douai  et  Lens  par  la  Haute-Deùle 
et  la  Bassée,  commence  le  canal  de  Neuff'ossé  qui  fait  com- 
muniquer le  bassin  de  l'Escaut  avec  celui  de  l'Aa  et  ainsi  avec 
les  ports  maritimes  (Dunkerque,  Cravehnes,  Calais,  etc.). 
Ce  canal  de  Neuff'ossé  ne  traverse  le  dép.  du  Nord  que  sur 
2  kil.  1/2,  à  Blaringhem,  et  le  côtoie  ensuite  sur  4  kil.  Son 
tonnage  moyen  est  de  1.640.000  tonnes.  Il  débouche  dans 
l'Aa  à  Saint-Omer  ;  le  tonnage  moyen  de  l'Aa,  canahsé 
sur  29  kil.  (dont  25  dans  le  Nord),  entre  Saint-Omer  et 
Gravelines,  est  de  1.074.000  tonnes;  l'abaissement  du 
chiffre  moyen  s'explique  par  les  bifurcations  du  canal  de 
Calais  qui  se  détache  à  West  (Pas-de-Calais),  du  canal  de 
la  Colme  qui  se  détache  à  Watten  et  du  canal  de  Bour- 
bourg.  Le  canal  de  la  Haute-Colme  (25  kil.)  a,  de  Watten  à 
Bergues,  un  tonnage  moyen  de  450.000  tonnes  ;  à  Bergues, 
il  se  continue,  sous  le  nom  de  canal  de  la  Basse-Colme,  vers 
Furnes  en  Belgique,  desservant  Hondschoote  par  un  em- 
branchement; sur  les  13  kil.  français  de  cette  fraction,  le 
tonnage  moyen  n'est  que  de  40.000  tonnes;  le  grand 
courant  de  transports  passe  par  le  canal  de  Bergues  vers 
Dunker<iue  (8  kil.,  393.000  t.).  Toutefois,  le  mouvement 
est  encore  plus  actif  sur  le  canal  de  Bourbourg  (21  kil.), 
entre  Guindal  sur  l'Aa  et  Dunkerque  ;  il  y  atteint  une 
moyenne  de  980.000  tonnes.  —  Le  long  du  rivage  est 
creusé  le  canal  de  Furnes  (13  kil.  en  France),  auquel  sa 
jtrofomleur  insuffisante  ne  laisse  (ju'un  tonnage  moyen  de 
47.500  tonnes.  La  navigation  a  iout  à  fait  délaissé  :  le 
canal  des  Moeres  (10  kil.),  au  centre  de  la  plaine  asséchée 
de  ce  nom,  dont  il  porte  les  eaux  à  Dunkerque  par  le  canal 
de  la  Cunelte  (2  kil.);  le  canal  de  Mardyck(3  kil.  1/2),  qui 
communique  avec  ceux  de  Bergues  et  de  Bourbourg.  EHe 


—  17  — 


NORD 


emploie  encore  un  peu  les  quatre  petits  canaux  du  réseau 
crHazebrouck  (25  kil.,  tonnage  moyen  16.000  tonnes). 
Canal  d'Hazebrouck,  canal  de  Préavin,  canal  de  la  Nieppe, 
canal  de  la  Bourre  reliant  Hazebrouck  à  Thiennes  et  à 
Merville-sur-la-Lvs. 

Le  mouvement  poslal  et  télégraphique,  desservi  par 
17  bureaux  de  poste,  4^2  bureaux  de  télégraphe  et  157  bu- 
reaux mixtes,  a  donné  lieu  en  '189!2  à  une  recette  postale 
de  6. 192. 39^2  fr.  qui  n'est  dépassée  que  dans  la  Seine,  et 
à  une  recette  télégraphique  nette  de  1.079.431  fr.,  résul- 
tant de  946.871  dépèches  intérieures  et  139.105  dépèches 
internationales. 

Finances.  —  Le  dép.  du  Nord  a  fourni,  en  1896,  au 
budget  ordinaire,  167.627.909  fr.  03. 

Ce  chiffre  se  décompose  comme  suit  : 

Francs 

Contributions  directes 22 .  207 .134  95 

Taxes  spéciales  assimilées  aux  contri- 
butions directes 1 .  695 .  627  76 

Enregistrement 17 .  661 .  928  59 

Timbre 4.314.955  97 

Impôt  de  4  °/o  sur  le  revenu  des  va- 

hîurs  mobilières 1 .  499 .  549  54 

Douanes ' 46.708.193  68 

Contril)utions  indirectes 31 .  680 .  371  53 

Sucres 12.560.871  36 

Monopoles  et  exploitations  industrielles 

de  l'Ktat ,..  15.672.705  31 

Postes 7 .  363 .  075  53 

Télégraphes 1 .213.143  96 

Téléphones 719.718  28 

Domaine  de  l'Ltat  (y  compi-is  les  forêts) .  1 .  749 .  514  43 

Produits  divers  du  budget 694.792  37 

Recettes  d'ordre 1 .  886 .  325  77 

Les  revenus  départementaux  ont  été  en  1895  de 
8.914.182  fr.  79  (plus  un  reliquat  de  1.347.015  fr.  83 
provenant  de  l'exercice  1894),  se  décomposant  comme  suit  : 

Produit  des  centimes  départementaux.  5.793,241  52 

Revenu  du  patrimoine  départemental.  23.726  75 
Subventions  de  l'Etat,  des  communes, 

des  particuliers 1 .725.954  32 

Revenus  extraordinaires,  produits  des 

emprunts,  aliénation  do  propriétés.  1.371.260  20 

La  dette  se  montait  à  1 1.671.878  fr.  96  en  capital  a 
la  clôture  de  l'exercice  1895.  (1  y  a  eu  22  cent,  portant 
sur  les  quatre  contributions,  dont  8  cent,  ordinaires  et 
14  extraordinaires;  de  plus,  25  cent,  ordiiuiires  portant 
sur  la  foncière  et  la  mobilière  seulement.  La  valeur  du  cen- 
time portant  sur  la  contribution  foncière,  la  contribution 
personnelle-mo])ilière  et  sur  les  bois  de  l'Etat  était  de 
84.634  fr.  59  ;  le  produit  du  centime  départemental  portant 
sur  les  quatre  contributions  atteignait  167.153  tV.  49. 

Les  dépenses  de  l'exercice  1895  ont  été  de  8.7 37.1 98  fr.  06, 
dont  982.590  fr.  37  pour  le  service  des  emprunts, 
4.528.693  fr.  25  pour  la  voirie,  200.218  fr.  48  pour 
l'instruction  publique,  138.589  fr.  66  pour,  le  personnel 
préfectoral,  931.769  fr.  77  pour  les  propriétés  départe- 
mentales, 77.186  fr.  13  poui*  les  bâtiments  pris  à  loyer, 
34.535 fr. pour  lemobdier  départemental,  1 .341 .723 fr.  70 
pour  l'assistance  publique,  242.394  fr.  26  pour  les  en- 
couragements aux  sciences,  arts  et  industrie,  41.000  pour 
le  cadastre,  218.497  fr.  44  pour  les  dépenses  diverses. 

Les  667  communes  du  département  avaient,  en  1897, 
un  revenu  de  32.719.722  fr.  ;  le  nombre  des  centimes 
pour  dépenses,  tant  ordinaires  qu'extraordinaires,  était  de 
64.810.  dont  10.929  extraordinaires;  le  nombre  moyen  de 
centimes  par  commune  atteignait  97.  Il  y  avait  5  com- 
munes imposées  de  uu)ins  de  15  cent.,  22  de  15  à  30  cent., 
56  de  31  à  50  cent.,  296  de  51  à  100 cent.,  et  288  au- 
dessus  de  100  cent.  Le  nombre  des  connu  unes  à  octroi 

GRANDE    ENCYCLOrÉDlE.    —    XXV. 


était  de  69,  le  produit  des  octrois  montait  cà  15.434.000  fr. 
Les  dépenses  ordinaires  communales  s'élevaient  à 
29.219. 183 fr.,  la detteàl35. 885. 658 fr.au31marsl896. 

La  valeur  moyenne  du  sol  était  de  5.643  fr.  par  hectare. 
Les  valeurs  successorales  étaient,  en  moyenne  (1885-89), 
de  230  millions  de  fr.  par  an  approximativement. 

Etat  intellectuel  du  département.  —  Au  point  de 
vue  de  l'instruction,  le  dép.  du  Nord  est  au-dessous  de  la 
moyenne.  En  1894,  sur  15.934  conscrits  examinés,  1.026 
ne  savaient  pas  lire.  Cette  proportion  de  64  illettrés  sur 
1.000  place  le  dép.  du  Nord  au  67«  rang  (sur  90  dép.) 
parmi  les  départements  français.  Pour  l'instruction  des 
femmes,  en  1892,  il  est  au  66"^  rang  (sur  87  dép.),  avec 
835  femmes  pour  1.000  ayant  signé  leur  acte  de  mariage. 
La  proportion  pour  les  hommes  est  de  908. 

Le  dép.  du  Nord  comptait,  durant  l'année  scolaire 
1894-95,  430  écoles  maternelles,  dont  204  publi([ues 
(161  lai(pies)  et  226  privées  (214  congréganistes),  les- 
quelles recevaient  un  total  de  82.790  éKnes,  répartis 
comme  suit  :  écoles  p(d)li<fues  laïques,  18.701  garçons  et 
17.743  tilles  ;  écoles  privées  laïques,  434  garçons  et  521 
biles;  écoles  publiques  congréganistes,  4.769  garçons  et 
5.284  lilles;  écoles  privées  c(mgréganistes,  16.188  gai'- 
çons  et  19.584  tilles.  —  Lu  1894-95,  il  y  avait  dans  le 
département  1.478  écoles  primaires  p{d)li({ues,  à  savoir  : 
691  écoles  laïques  de  garçons,  551  de  tilles  et  125  mixtes, 
contre  110  écoles  congréganistes  de  filles  et  1  mixte. 
D'autre  part,  490  écoles  privées,  à  savoir  :  29  écoles 
laïques  de  garçons,  23  de  tilles  et  5  mixtes,  contre  106 
écoles  congréganistes  de  garçons,  326  de  filles  et  1  mixte. 

—  Le  nombre  des  élèves  était  de  265.021,  qui  se  répar- 
tissaient  comme  suit  entre  renseignement  laïque  et  l'en- 
seignement congréganiste  :  écoles  pubUques  laïques  : 
114.868  garçons,  75.045  filles  ;  écoles  privées  laïques  : 
4.678  garçons,  1.571  filles;  écoles  publiques  congréga- 
nistes :  720  garçons,  18.853  filles;  écoles  privées  con- 
gréganistes :  29.007  garçons,  49.937  filles.  Les  4/5  des 
garçons  et  la  majorité  des  filles  reçoivent  donc  l'enseigne- 
ment laïque.  Le  nombre  des  enfants  d'âge  scolaire  (six  à 
treize  ans)  était  de  232.264.  d'après  le  recensement  de 
1891  ;  celui  des  élèves  des  écoles  maternelles  et  primaires 
de  265.071,  ce  (fui  provient  de  la  (juantité  de  doubles 
inscriptions  pour  les  enfants  (|ui  ont  changé  d'école  au 
cours  de  F  an  née. 

L'enseignement  primaire  supérieur  public  comptait,  en 
1894-95,  1.891  garçons  dans  9  écoles  et  471  dans  les 
18  cours  complémentaires;  534  filles  dans  2  écoles  et 
145  dans  5  cours  complémentaires,  i'^n  outre,  l'enseigne- 
ment primaire  supérieur  privé  était  donné  à  1 42  garçons 
dans  des  cours  complèmentaiTes,  à  349  filles  dans  des 
écoles  et  à  94  dans  des  cours  complémentaires. — L'école 
normale  d'instituteurs  de  Douai  (fondée  en  1833)  comp- 
tait 146  élèves-maîtres  en  1895-96.  L'école  normale  d'ins- 
titutrices de  Douai  (fondée  en  1879)  comptait  1 42  élèves- 
maitresses.  Ces  écoles  dépensèrent  (en  1894)  213.351  fr. 

—  Il  y  eut,  en  1895,  6.842  garçons  et  5.112  filles  can- 
didats au  certificat  d'études  primaires.  6.161  garçons  et 
4.685  filles  l'obtinrent  ;  55  garçons  sur  137  candidats, 
31  filles  sur  85  candidates,  obtinrent  le  certificat  d'études 
primaires  supérieures.  Le  brevet  de  capacité  élémentaire 
fut  brigué  par  589  aspirants,  dont  252  furent  admis,  et 
par  841  aspirantes,  dont  484  furent  admises.  Pour  le 
brevet  supérieur,  il  y  eut  99  candidats  et  65  admissions, 
230  candidates  et  152  admissions.  Ces  chiffres  témoi- 
gnent d'un  développement  très  satisfaisant  de  l'instruction, 
sauf  dans  la  région  flamingante. 

Les  221  caisses  des  écoles  avaient  dans  l'exercice  fait 
290.610  fr.  de  recettes,  244.795  fr.  de  dépenses.  Le 
total  des  ressources  de  renseignement  primaire  était  de 
7.906.860  fr. 

i^'enseignement  secondaire  se  donnait  en  1893-94, 
aux  garçons,  dans  4  lycées  comptant  1.588  élèves 
dont    726    internes  ;    dans    10    collèges    communaux   à 

2 


NORD  —  NORDAU 


—  18 


'1.62o  élèves  dont  6i4  internes.  Aux  tilles,  l'enseignement 
secondaire  était  donné  dans  i  collèges  communaux  comp- 
tant 717  élèves  (172  internes)  et  dans  les  cours  secondaires 
de  Douai  et  de  Dunkerque. 

Nous  avons  signalé  le  remarquable  développement  de 
l'enseignement  professionnel;  aux  institutions  publiques 
énumérées,  écoles  nationales  des  industries  agricoles 
(Douai),  des  arts  industriels  (Roubaix),  professionnelle 
(Armentières) ,  école  supérieure  de  commerce  de  Lille,  il 
faut  ajouter  l'école  des  hautes  études  agricoles  de  Lille, 
l'école  d'ouvriers  mineurs  de  Douai,  l'école  industrielle  de 
Maubeuge,  les  cours  municipaux  de  filature  et  tissage  et 
de  chauffage  à  Lille,  l'école  pratique  de  commerce  et  in- 
dustrie de  Fourmies,  etc. 

L'enseignement  supérieur  se  donnait  dans  l'université 
officielle  de  Lille  (273  étudiants  en  droit,  476  en  médecine 
et  pharmacie,  '^60  à  la  faculté  des  lettres,  166  à  celle  des 
sciences,  concurrencée  par  un  institut  catholi([ue  (théolo- 
gie, droit,  médecine  et  pharmacie,  sciences,  lettres,  école 
industrielle).  On  trouve  encore  à  Ldle  1'  «  Institut  indus- 
triel du  Nord  de  la  France  »,  et  une  puissante  société  de 
géographie,  sans  oublier  le  musée  qui  est  un  des  plus 
riches  de  province. 

Etat  moral  du  département.  —  La  statistique  judi- 
ciaire de  1891  accuse  100  condamnations  en  cour  d'assises 
dont  51  pour  crimes  contre  les  personnes  ou  l'ordre  public. 
Les  4  tribunaux  correctionnels  examinèrent  9.831  affaires 
et  12.239  prévenus,  dont  411  furent  acquittés,  467  mi- 
neurs rendus  à  leurs  parents,  649  envoyés  en  correction, 
263  prévenus  condamnés  à  Temprisonnement  de  plus  d'un 
an,  7.789  de  moins  d'un  an,  et  2.660  à  l'amende  seule- 
ment. On  a  compté  5.211  récidivistes  dont  63  devant  la 
cour  d'assises,  et  5.148  en  police  correctionnelle;  31  furent 
condamnés  à  la  relégation.  11  veut  15.453 contraventions 
de  simple  police.  Le  chiffre  des  morts  accidentelles  fut  de 
505,  celui  des  suicides  de  302. 

La  justice  civile  a  prononcé,  en  1891,  sur  5.509  affaires 
civiles  en  première  instance  et  1.043  en  appel  et  sur  7.108 
affaires  commerciales  en  première  instance  et  81  en  appel. 
Il  a  été  ouvert  212  et  clos  225  faillites,  constitué  276  et 
dissous  125  sociétés;  208  divorces  et  95  séparations  de 
corps  ont  été  prononcés. 

Les  bureaux  de  bienfaisance,  au  nombre  de  643  en  1895, 
secoururent  près  de  250.000  personnes  (3.000  étrangers), 
sur  une  population  d'environ  1.800.000  comprise  dans 
leur  ressort  ;  letirs  recettes  s'élevèrent  à  la  somme  de 
4.791.706  fr.  ;  les  dépenses  se  sont  élevées  à  la  somme  de 
4.832.819  fr.  Il  existe  à  Roubaix  un  mont-de-piété  (jui  a 
prêté  (en  1895)  un  total  de  305.119  fr.  Les  dégage- 
ments ont  poi'té  sur  225.855  fr.  On  comptait  89  hospices 
et  hôpitaux  avec  11.291  lits,  dont  2. 496  affectés  aux  ma- 
lades civils,  320  aux  militaires,  6.049  aux  vieillards, 
infirmes,  etc.,  1.337  aux  enfants  assistés,  1.089  au  per- 
sonnel des  établissements,  6.941.106  fr.  de  recettes  et 
6.872.266  de  dépenses.  Siu'  les  18.037  malades  soignés 
dans  les  hôpitaux  1.934  sont  morts.  Il  y  a  eu  un  nombre 
total  del. 038. 671  journéesdeprésencepour  3. 874  hommes; 
875.619  pour  2.854  femmes  et  415.740  pour  2.416  en- 
fants. Le  service  des  enfants  assistés  a  secouru  1.571  en- 
fants à  l'hospice  et  276  enfants  à  domicile  et  dépensé 
356.055  fr.  Il  existe  3  asiles  départementaux  d'aliénés 
(Railleul,  Armentières,  Marquette)  ;  2.300  aliénés  sont 
à  la  charge  du  département.  On  compte  141  élabhssements 
d'assistance  privée. 

La  caisse  des  retraites  pour  la  vieillesse  a  reçu,  en 
1893,  101.679  versements  se  montant  à  660.573  fr.  File 
avait  5.1 69 rentes  en  cours  pour  une  somme  de  540.339  fr. 

Les  7  caisses  d'épargne  du  Nord  avaient  déUvré,  au 
31  déc.  1893,  un  total  de  251.446  livrets.  Le  solde  dû 
aux  déposants  était  de  135.124.707  fr.  La  valeur  moyenne 
du  livret  était  de  539fr.  La  caisse  nationale  d'épargne  avait 
reçu  84.524  dépôts.  L'excédent  des  remboursements  était 
de  128.082  fr.  —  Les  sociétés  de  secours  mutuels  étaient 


au  nombre  de  300  approuvées  ou  reconnues,  avec 
54.606  membres  participants.  Files  avaient  un  avoir  dis- 
ponible (au  31  déc.  1892)  de  927.420  fr.  Il  existait  en 
outre  166  sociétés  autorisées,  avec  11.435  participants,  et 
un  avoir  disponible  de  138.043  fr.  —  Fn  1895,  les  libé- 
ralités (dons  et  legs)  aux  éta])lissements  charitables  ont 
atteint  484.181  fr.  ;  les  fibéralités  aux  communes,  14.102  fr.  ; 
aux  établissements  religieux,  190.726.  A. -M.  Rerthelot. 
BiBL.  :  Y.  la  bibl.  des  art  Pays-Bas,  Lillk.  Cambrai. etc. 

—  Anniuiive  du  Nord,  iii-12.  —  Aiimudre  stidlstlquc  de  lu 
France,  particulièreiueut  ceux  de  1885.  188G,  1897  et  1898.  — 
Déiiombi'emods.  i)articulierenieiit  ceux  de  1886  et  1891, 
avec  les  résultats  développés.  —  Stutislkiac  ngrlcole  an- 
nuelle  de  1891.—  Stidlstuiae  deVUidastne  muiénde  (1896), 

—  S  tcUlstlque  des  chemins  de  fer  un  31  déc.  1806.  —Compte 
défirdtif  des  recettes  de  1896.  —  Rnpport  sur  lu  situidion 
fimmcière  des  dépnrtements  en  189b.  —  A  Joanni-,,  Géo- 
(p^iphie  du  Nord,  iu-16.  —  Dieudonxé,  Stnilsiupie  du 
'dép.  du  Nord,  1801.  3  vol.  in-8(a^ecla  collaboration  ùc 
Bottin).  —  Pkuciif.t  et  CiiArsLAiRE.  Stid.  du  dép.  du  Nord, 
1801.  in-1.  —  M"»'' Cl  IIkmery.  Hlst.  des  fêtes  et  des  usiujes 
uuclens  du  dép.  du  Nord.  l83l.  2  vol.  iu-8.  —  J^orkl 
d'IIautkrivk,  Armoriid  de' Flandre,  Uainaut,  Combrésls 
(reiMieil  officiel  )comuiandépar  Louis  XlV,  publié  en  1856, 
in-8).  —  J.  CuRj-sTiF, N.  A'oiicc  stid.  sur  le  dép.  du  Nord, 
]8'i2.  in-8.  —  Stid.  nrchéol.  du  dép.  du  Nord  \)av  la  Com- 
mission hist  ;  Lille  et  Paris,  1867,  2  vol.  in-8.  —  Juivg,  No- 
tice descriptive  et  stat.  sur  le  dép.  du  Nord;  Imprim.  nat  , 
1879.  in-16.  —  Paillard,  Nivellement  (jénénd  du  Nord. 
atlas  au  40. 000-^  eu  17  feuilles  avec  notice  hist  —  Bruni. l, 
M()Ri)AC(,>  etLi'COQ.  Géo(jr.  (jénérale  du  dép.  duNord;lAl\c, 
lS8l.iu-8  —-JA-.URiDX^.'Statist.  féodale  du  dép.  du  Nord, 
1866,  1  vol.  —  Di:cR()()^.  Histoire  générale  de  la  France  du 
Nordjusijn'en  1811:  Lille.  1871. 

C):oLOGii:.  —  Travaux  d(>s  a-éolopues  Ixd.ues  Dumunt, 
C(jRM'T,  Briart,  Dupont.  —  iMkugv,  Fssai  de  géoloçjie 
praticpie  de  laFla)ulre  française.  1852.  in-8.  —  CiiklloxI'UX 
et  Ori-liku^  Etude  (jéoloulciue  des  collines  tertiaires  du,  dé- 
partement du  Nord,  187Ô.— Nombreux  travaux  de  M.  Gos- 
sKLKT,  Cf.  Esfjuisse  (jéolo(ji(pu>  du  Nord  de  la  France  et 
des  cimtrées  v  o  is  lue  s. \hmi^  Bull.  Soc.  (/éol.  Nord  (1880-83;  ; 
VArdenne,  1888,  avec  biblio-raplne.  —  Barrois,  Cavuux, 
Ladrièrk,  Bull.  Soc.  (jéol.  Nord  et  Bull.  Soc.  géol.  France. 

—  Marcel  Blrtrani^,  Sur  le  raccordement  des  bassins 
liouillers  du  nord  de  la  France  et  du  sud  de  VAnyleterre 
(Annales  des  Mutes,  1893).  —  Du  même,  Etudes  sur  le  bassin 
hoidller  du  Nord  et  sur  le  Boulonnais,  dans  Annales  des 
Mines,  1894.  —  Le  Bassin  crétacé  de  Provence  et  le  bassin 
houiller  du  Nord,  dans  Annales  des  Mines,  1898,  etc.  — 
Feuilles  liéolopqucs  au  1/80.000  de  Dunkerque,  Lille, 
Samt-Omer,  Valenciennes,  Cambrai,  Arras,  Douai,  Mau- 
beuiix;  (Servic(;  cart(!  iiéol.  France;)- 

NORDALBINGEN  (Bernhard  de)  (V.  Basedow  [J.-B.]). 

NORDALBINGIE. Ancien  nom  des  pays  auN.  del'Elbe, 
àlarctcine  de  la  presqu'île  danoise  ou  ciinbrique.  Peuplée 
d'abord  de  Cimbres,  puis  de  Saxons,  cette  région  fut  con- 
quise par  Charlemagne  jusipi'à  l'Eider.  On  la  subdivisa  en 
llolstein  au  N. ,  Stormarn  au  S. ,  pays  des  Dithmarses  à  l'O. , 
AYagrie  à  LE.,  sur  la  Baltique;  cette  dernière  province 
demeurait  slave.  Les  Danois  conquirent  les  premières,  mais 
Henri  P^  les  reprit  et  fonda  mémo  au  N.  de  l'Eider  la 
marche  de  Slesvig,  qui  allait  jusqu'à  la  Schlei,  tandis  qu'à 
l'E.  la  marche  de  Saxe,  du  côté  de  la  Wagrie,  s'étendit 
jusqu'à  la  Trave.  Otton  L^^  conquit  la  Wagrie  et  le  Jut- 
land  jusqu'à  l'Ottensund  (930).  Mais  les  Danois  en  rede- 
vinrent maîtres,  et  Conrad  II  dut  leur  céder  le  Slesvig 
(I03o).  Depuis  cette  époque,  les  limites  des  races  ont  peu 
varié,  bien  que  les  duchés  de  l'Elbe  aient  politiquement  été 
très  disputés  entre  l'Allemagne  et  le  Danemark  (V.  Hol- 
STEiN  et  Slesvu^.). 

NORDAU  (Max-Simon),  écrivain  allemand,  né  à  Buda- 
pest le  29  juii.  1849.  Fils  d'un  savant  juif,  M.  Nordau 
étudia  d'abord  la  médecine  ;  il  termina  ses  études  en 
1872  ;  après  avoir  beaucoup  voyagé,  il  s'établit  comme 
médecin  à  Pest  (1878)  ;  depuis "^1880,  il  vit  à  Paris.  — 
Disciple  convaincu  du  célèbre  aliéniste  italien  Lombroso, 
M.  Xordau  s'est  efforcé  dans  son  œu^re  la  plus  connue 
{Entartung,  2«  éd.,  1893)  d'appliquer  aux  arts  età  la 
littérature  les  méthodes  rigoureuses  de  l'analyse  scienti- 
licpie,  les  procédés  de  la  psycho-physiologie.  La  dégé- 
nérescence n'est  poijit  seulement  une  tare  physique, 
mais  aussi  intellectuelle.  Le  sm)b  est  un  dégénéré  :  il 
veut  surprendre,  étomier  ;  il  se  singularise  par  son  cos- 
tume ;  il  recherche  ce  qui   est  en  dehors  des  lois  natu- 


relies  ;  il  a  horreur  de  Faction  parce  (|ue  chez  lui  la  voloiUé 
est  atrophiée.  Le  snob  subit  fortement  Fintluence  d'ar- 
tistes, peintres,  musiciens,  littérateurs,  qui,  eux  aussi, 
sont  des  dégénérés.  Ces  artistes  tombent  volontiers  dans 
le  mysticisme,  l'égotisme,  le  faux  réalisme.  Or  le  mysti- 
cisme n'est  que  «  l'expression  de  l'impuissance  à  être 
attentif,  à  penser  clair,  à  dominer  ses  émotions  ;  il  a 
pour  cause  l'affaiblissement  des  sens  cérébraux  supé- 
rieurs »  ;  au  mysticisme  se  rattachent  le  symbolisme,  le 
préraphaélitisme,  l'engouement  pour  les  romans  de  Tols- 
toï, pour  lamusique  wagnérienne.  L'égotisme,  (pie  cultivent 
les  parnassiens,  les  décadents,  les  admirateurs  d'Ibsen  et 
de  Nietzsche,  a  pour  origine  «  les  nerfs  sensoriels  mau- 
vais conducteurs,  les  centres  de  perception  émoussés. 
l'aberration  des  instincts  par  le  désir  des  impressions  suf- 
fisamment fortes,  la  prédominance  des  sensations  orga- 
ni(pies  sur  les  représentations  ».  Le  faux  réalisme  enfm, 
que  l'on  trouve  chez  Zola  et  chez  ses  disciples  de  France 
et  d'outre-Rhin,  vient  de  «  théories  esthéti([ucs  confuses  ; 
il  se  caractérise  par  l'irrésistible  penchant  aux  représen- 
tations lubri(jues  et  à  l'expression  la  plus  vulgaire  et  la 
plus  sale  ».  M.  Nord  au  est  un  critique  sévère,  mais,  au 
fond,  bienveillant  ;  il  met  à  nu  les  plaies  de  l'esprit 
humain,  mais  c'est  pour  les  soigner;  malgré  son  habileté 
à  découvrir  les  maladies  intellectuelles  et  morales,  il  est 
optimiste  ;  il  pense  (^ue  «  l'hystérie  de  l'époque  moderne 
ne  durera  pas  ;  les  faibles,  les  dégénérés  périront,  les 
forts  s'adapteront  aux  conquêtes  de  la  civilisation  ou  la 
subordonneront  à  leur  capacité  organique  ».  Déjà  dans  les 
Paradoxes  psychologiques  [Paradoxe,  i88o),  M.  Nor- 
dau  avait  exprimé  la  même  foi  dans  l'avenir  :  après 
avoir  critiqué  le  roman  contemporain,  (pii  n'est  que  des- 
cription ou  apologie  de  faits  morbides  et  exceptionnels, 
l'auteur  annonçait  le  «  triomphe  du  moi  contre  les  puis- 
sances hostiles  »,  la  victoire  du  sens  vital  sur  la  dégéné- 
rescence. —  M.  Nordau  a  également  applicpié  sa  uié- 
thode  aux  sciences  sociales  :  dans  Die  konventionellen 
Lilgen  der  Kulhuiaenschheit,  1884,  il  part  en  guerre 
contre  les  préjugés,  ou  mieux  contre  les  mensonges,  sur 
lesquels  s'élève  Fédifice  vermoulu  des  conventions  sociales  ; 
en  religion,  en  politiijue,  dans  la  vie  privée,  l'homme 
moderne  est  lâche;  il  n'ose  agir  selon  ses  couNictions;  il 
craint  de  choquer  les  opinions  reçues  ;  il  n'est  pas  sincère  ; 
bien  plus,  il  a  peur  de  la  vérité.  Et  pourtant,  force  lui  est 
de  reconnaître  que  l'organisation  de  la  société  n'est  con- 
forme «  ni  à  la  saine  raison,  ni  aux  données  fournies  par 
les  sciences  expérimentales,  physi(]ues  et  naturelles».  Des 
idées  analogues  sont  développées  dans  Paradoxe  (Leipzig, 
1891,  5^  éd.),  où  le  critique  sape  à  leur  base  les  lieux 
communs  qui  courent  le  monde  et  qui  sont  en  désaccord 
avec  la  loi  du  progrès.  M.  Nordau  a  raconté  ses  voyages 
(  Voiii  kreinlznr  Alhambra,  1880)  ;  il  a  décrit  les  mœurs 
françaises  (Paris  Studien  aus  dem  wahren  Milliarden- 
lande,  1878;  Pans  unter  der  dritlen  llepiihlik,  1881  ; 
Aiisgewâhlte  Pariser  Briefe,  1887)  ;  il  a  écrit  des  pièces 
de  théâtre  {Die  neuen  Journalisiea ,  en  collaboration  avec 
F.  Gross,  1880;  Der  lirieg  der  Millionen,  188"i;  Das 
liecht  zu  lieben,  2<^  éd.  1894;  Die  Kiigel,  1894);  des 
romans  et  des  nouvelles  [Seifenhlasen  Federzeichnungen 
u.  Geschichfen,  1879  ;  Die  Krankheit  des  Jahrhiinderts, 
1889;  Gefnhlskomôdie,  1892;  Seelenanalysen,  Nouel- 
len,  1892  ;  Die  Drohnenschlacht,  1897).  —  Vaste  éru- 
dition littéraire,  scientifique  et  philosophiciue,  puissance  de 
l'observation,  ilnesse  de  Fanalyse,  rigueur  du  l'aisonneraent, 
originalité  de  la  pensée,  voiLà  quelques-unes  des  qualités  de 
M.  Nordau.  Dans  son  ardeur  à  rechercher  la  vérité,  il  rap- 
pelle Lessing  ;  il  y  a  en  lui  du  combattant  et  de  F  apôtre  ;  il 
semble  souvent  paradoxal,  mais  c'est  parce  qu'il  ne  recule 
pas  devant  les  conclusions  les  plus  hardies  ;  il  a  une  foi 
inébranlable  dans  le  triomphe  hnal  de  la  vérité,  et  cela 
justifie  l'ardeur  de  sa  polémi(pie.  M.  Nordau  traite  les 
(juestions  philosophiques  avec  aisance  et  a\ec  précision  ;  il 
aime  l'image  frappante  ;  il  ne  crain  tpoint  la  triviahté,  ou  tout 


19  —  NORDAU  —  NORDENFLYCHT 

ou  moins  la  familiarité;  son  style  est  \if,  coloré,  plein  de 
^erve.  —  Les  principales  aaivres  de  M.  Nordau  ont  été 
traduites  en  français  par  M.  A.  Dietrich.       L.-W.  Fart. 

NORDAUSQUES.  Corn,  dudép.  du  Pas-de-Calais,  arr. 
de  Saint-Omer,  cant.  d'Ardres;  336  hab. 

NORDBORG  (ix\L  Norhurg).  Village  du  Slesvig,  au  N. 
de  File  d'Alsen  ;  jadis  appelé  Kjœping,  il  a  pris  le  nom 
d'un  vieux  château  des  rois  de  Danemark  brûlé  en  1665, 
rebâti  en  1779,  mais  en  grande  partie  démoli  depuis,  qui 
devint,  lors  du  partage  des  duchés,  le  siège  d'une  lignée 
de  la  famille  royale  danoise. 

NORDEN.  Ville  de  Prusse,  district  d'Aurich,  à  4  Idl. 
de  la  mer  du  Nord;  6.800  hab.  (en  1895).  Vieille  église 
Liudger  ;  grande  fabrication  de  genièvre  (20.000  hectoL); 
tourbières  ;  important  marché  agricole.  A  4  kil.  N.-O. 
est  le  port  de  Sorddeich.  —  Norden  est  l'ancien  centre 
du  territoire  frison  de  Nordi  ou  Nordividi  cité  dès  842. 
En  1463,  Frédéric  III  Férigea  en  comté  immédiat. 

NORDENBERG  (Bengt),' peintre  suédois,  né  à  Gcmsjœ, 
dans  le  Bleking,  le  22  avril  1822.  D'abord  élève  de  l'Aca- 
démie des  beaux-arts  de  Stockhohn,  il  continua  ses  études 
à  Dusseldorf  (1851)  où  il  eut  Tidemand  comme  maître. 
Il  séjourna  ensuite  en  Suède,  à  Paris,  à  Rome  et  à  Naples 
et  revint  s'éta])hr  définitivement,  vers  1859,  à  Dusseldorf. 
La  plupart  des  sujets  de  ses  tableaux  sont  tirés  de  la  vie 
des  paysans  en  Suède  :  les  plus  connus  sont  la  Fêle  de 
la  Mi-cté  à  Leksand,  une  Noce  à  Vwrend,  le  Premier 
Voyage,  le  Dernier  Voyage,  etc.,  etc.  —  Son  fils  Een- 
rik  est  peintre  de  genre. 

NORDENFLYCHT  (Hedvig-Charlotta),  femme  do  lettres 
suédoise,  née  à  Stockbo]mle28  nov.  1718,  morte  à  Lugnet 
le  28  juin  1765.  Fille  d'un  chef  de  bureau  de  la  Chambre 
des  thiances.  elle  montra  de  fort  bonne  heure  un  goût  très 
vif  pour  l'étude  et  un  véritable  talent  poétique.  Cédant 
aux  instances  de  son  père  mourant,  elle  se  hança  à  l'âge 
de  seize  ans  avec  son  professeur,  un  nommé  Tideman, 
pour  (|ui  elle  semblait  éprouver  moins  d'amour  que  de 
respectueuse  affection.  Le  mariage,  continuellement  remis, 
ne  se  ht  pas,  le  jeune  houime  étant  mort  après  trois  ans 
de  hançailles.  L'année  suivante,  elle  fit  connaissance  d'un 
jeune  pasteur,  J.  Fabricius,  (pii  était  lui-même  un  écri- 
vain de  mérite,  sen  éprit,  mais  ne  put  l'épouser  que 
quatre  ans  plus  tard  (17^1),  à  cause  de  l'opposition  de 
sa  famille  à  ce  mariage.  Elle  le  perdit  au  bout  de  sept 
mois.  Sa  douleur  fut  extrême.  Elle  se  retira  alors  à  la 
campagne  aux  environs  de  Stockholm,  et  y  composa  un 
recueil  d'élégies,  intitulé  la  Plainlive  Tourlerelle,  où 
elle  donne  un  libre  cours  à  sa  tristesse.  L'état  de  sa  santé 
la  força  à  revenir  à  Stockholm  en  1744  ;  son  salon  devint 
au  bout  de  quelques  années  le  centre  où  se  réunissaient 
les  jeunes  écrivains  les  plus  distingués  de  l'époque,  parmi 
eux,  vers  1753,  Oeutz  et  (îyllenborg.  En  1761,  elle  tomba 
])assionnément  amoureuse  d'un  jeune  auteur,  J.  Fischer- 
stro^m,  qui  fréquentait  cbez  elle.  Son  amour  n'était  pas 
partagé,  semble-t-il,  et  elh^  en  éprouva  un  si  grand  cha- 
grin qu'elle  se  jeta,  à  ce  qu'on  prétend,  dans  le  lac  Malar, 
près  de  Skokloster.  ou  elle  résidait  depuis  un  an,  dans 
le  voisinage  de  celui  qu'elle  aimait.  On  sauva  la  «  Sapho 
suédoise  »,  mais  elle  mourut  (pielques  jours  après.  Ses 
œuvres  jusque  vers  1750  ont  un  caractère  passionné  et 
sentimental  (pie  l'on  ne  retrouve  guère  dans  les  produc- 
tions postérieures,  d'une  note  plus  philosophique,  d'une 
forme  plus  soignée,  mais  d'un  moindre  élan  lyrique.  Outre 
les  élégies  menlionnées  ])lus  haut,  on  peut  cjter  encore, 
parmi  les  oeuvres  de  la  première  ])éri()de:  les  Pensées  fé- 
)ni)n}ies  d'une  bergère  du  Nord  (il ^ti-'ûQ)  et  la  Suède 
sauvée,  poème  épique  (1746)  ;  parmi  celles  de  la  se- 
conde période,  les  charmants  récits  :  l'Oiseau  vert.  Al- 
légorie, les  Poètes  suédois,  etc.  ;  un  poème  épique  :  la 
Traversée  de  Badtpar  le  roi  Charles-Gustave  en  i658 ; 
un  poème  didactique:  Défense  de  la  femme  (  on  tre  J.-J. 
Housseau,  où  elle  défend  avec  énergie  les  droits  des 
femmes  ;  un  recueil  de  Poésies,  etc.  Ses  Œuvres  complètes 


NORDENFLYCHT  —  NORDHAUSEN 


—  20  — 


ont  été  publiées  en  4852.  Il  a  paru  en  allemand,  à  Berlin, 
en  1851).  un  choix  de  ses  poésies,  traduites  par  '-'.-O. 
Nordentlvcht.  Th.  C. 

NORDENSKJÔLD  (Xils-Adolf-frie,  baron  de),  natura- 
Ustc  el  explorateur  suéilois,  né  à  llelsingfors  (Finlande)  le 
18  nov.  1852.  Fils  de  A'z7s-Gw6'^^//'Nordenskj(ild,  surin- 
tendant des  mines  à  llelsingfors  et  membre  de  la  Société 
des  sciences  ('e  cette  ville,  il  accompagna,  à  vingt  ans, 
son  père  dans  un  voyage  d'exploration  aux  monts  Oural, 
et.  reçu  docteur  es  sciences  en  1857,  alla  ^e  fixer,  après 
une  série  de  démêlés  avec  le  gouvernement  russe,  à 
Stockholm,  où  il  fut  nommé,  en  1858,  professeur  de  miné- 
ralogie à  l'Académie  royale  des  sciences  et  directeur  du 
cabinet  de  géologie.  Fn  1859  et  en  -1861.  il  fit  avecTore'l 
ses  deux  premières  expéditions  au  Spitzberg,  en  dirigea 
lui-même  nue  troisième  en  1854  et,  en  18()8.  alla,  pour 
la  (juatrièmc  fois,  visiter  ce  groupe  d'des.  dont  il  déter- 
mina la  position  exacte  ainsi  (pie  la  constitution  géolo- 
gi(pie  ;  il  effectua  en  même  temps  sur  la  côte  de  nombreux 
sondages,  qui  amenèrent  la  découverte  de  plusieurs  espèces 
nouvelles  de  plantes  et  d'animaux  marins;  il  s'était  avancé, 
avec  le  vapeur  Id  Sofia,  le  h»  sept.  1868,  |usqu'à8i"42'X., 
la  plus  liante  latitude  qu"un  navire  ait  alors  atteinte.  Fn 
1870,  un  riche  habitant  de  Goteboi'g,  M.  Oscar  Dickson 
(V.  ce  nom),  qui  avait  déjà  fait  en  partie  les  frais  de  son 
dernier  voyage,  mit  à  sa  disposition  une  nouvelle  somme: 
Xordenskjold  se  rendit,  cette  fois,  suc  la  côte  occidentale  du 
Orœnland.  s'avança  plus  loin  dans  l'intérieur  ([u'on  ne  l'avait 
encore  fait  et  rapporta  de  précieuses  collections  d'histoire 
natui'elle,  notamment  des  échantillons  de  trois  météorites  du 
poids  de  10.000,  20.000  et  50.000  livres,  trouvés  dansl'ile 
de  IJisko.  Fn  1872,  il  explora,  une  cinipiième  fois,  les  lies 
du  Spitzberg  et  biverna  dans  la  baie  de  Mossel.  lui  1875, 
il  s'avança  sur  le  voilier  Pnv.ven,  à  travers  la  mer  de 
Kai'a.  j(is(fu'aux bouches  de  riénisséi.  A  la  fin  dejuil.  1876, 
il  refit  le  même  voyage  sur  le  vapeur  Yiner,  en  revenant 
de  visite!'  l'exposition  de  Philadelphie,  et  il  remonta  l'iénis- 
séi  jus(fu'au  70'^N.  Il  était  de  retour  à  la  hn  de  septembre 
et  il  employa  toute  l'année  suivante  à  préparer  sa  huitième 
expédition,  la  plus  importante  de  toutes.  Parti  de  Gote- 
borg  le  4  juil.  1878  avec  deux  petits  vapeurs,  la  Vû/a 
et  la  Ijna.  il  traversa  la  merde  Kara,  arriva,  le  20  août, 
au  cap  Tchéliouskine,  le  27  août  en  vue  du  delta  de  la 
Féna,  laissa  la  J.cna  remonter  le  cours  du  fleuve  jusqu'à 
lakoustk  et,  continuant  avec  la  Vâja,  que  commandait  le 
lieutenant  Palander,  de  longer  la  cote  de  Sibérie,  atteignit, 
dès  le  5  sept.,  les  des  de  B:iren,  par  160^  E.  ;  mais,  à 
partir  de  ce  point,  la  navigalion.  entravée  par  les  glaces, 
devint  des  plus  pénibles  ;  le  28  sept,  reniement,  la  Vc'fja 
entra  dans  la  baie  de  Kolioutchine  ;  elle  n'en  put  sortir 
(pie  le  18  juil.  1870.  et.  deux  jours  après,  le  20  juil., 
elle  franchit  le  détroit  de  Bering.  Xordenskjold  avait  ainsi 
réussi,  le  i)remier,  à  se  rendre  de  l'Atlantitpie  dans  le 
Paciti(fue,  par  ce  fameux  passage  du  N.-F.,  si  vainement 
tenté  depuis  plus  de  trois  siècles  (V.  Poiauiks  [KégionsJ)  ; 
il  avait  en  outre  reclihé,  sur  bien  des  points,  la  carte  de 
ces  régions.  Il  parcourut  rapidement  les  deux  rives  du  dé- 
troit, toucha  le  31  juil.  à  l'de  Saint-Lorenz,  fit  relâche  le 
2  sept,  à  Yokohama  et  regagna  l'iuirope  par  le  canal  de  Suez. 
A  Naples,  à  Home,  à  Paris  (mars  1880),  le  hardi  navigateur 
fut,  ainsi  (pie  le  lieutenant  Palander.  l'objet  de  réceptions 
(mth(msiastes,  et,  à  son  arrivée  àStockboîm.  le  24  avr.,le 
roi  de  Suéde  le  fit  baron.  En  1885,  il  effectua,  toujours  aux 
frais  de  M.  Oscar  Dickson,  une  neuviimie  expédition  :  parti 
de  Goteborg,  sur  la  Sofia,  le  25  mai,  il  mit  le  cap,  pour 
la  seconde  fois,  sur  le  Groenland,  y  arriva  le  1^''  juil.  et 
s'enfonça  dans  l'intinleur,  avec  des  traîneaux,  jus([u'à 
150  kil.,  tandis  que  les  Lapons  ([ui  l'accompagnaient  pous- 
saient, avec  leurs  patins.  jus(pi"à  250  kil.,  sans  arriver 
d'ailleui's  à  découvrir  une  terre  libre  déglaces.  Depuis,  Xor- 
denskjold s'est  à  peu  près  exclusivement  consacré  à  des 
travaux  de  cartographie  ancienne.  11  est  membre  de 
l'Académie  des,  sciences  de  Stockholm,   associé  étranger 


de  celle  de  Paris.  Il  a  aussi  été,  à  plusieurs  reprises, 
membre  de  la  seconde  Ghambre  suédoise.  Il  a  piibHé, 
outre  un  grand  nombre  de  mémoires,  d'articles  et  de 
notes  parus  dans  divers  recueils  :  Voyage  de  la  Vega 
autour  de  l'Asie  et  de  l'Europe,  en  suéd.  (Stockholm, 
1881,  2  vol.  ;  trad.  franc.,  par  Gh.  Rabot  et  Gh.  Lalle- 
mand;  Paris,  1885-84,  2  vol.  avec  cartes;  trad.  allem., 
Leipzig.  181)0,  2^"  éd.)  ;  liësullats  scientifiques  de 
l'expédition  de  la  Véga,  en  suéd.  (Stockholm,  1882-87, 
5  vol.);  la  Seconde  Expédition  suMoise  au  Grœ)iland, 
en  suéd.  (Stockholm,  1885  ;  trad.  fr.  par  Gh.  Rabot, 
Paris,  1888,  avec  cartes)  ;  Atlas  de  cartographie  an- 
cienne, en  suéd.  et  en  angl.  (Stockholm,  1889).  —  Son 
fils,  Gustaf  (1868-95),  a  fait  en  1890  un  voyage  au 
Spitzberg  et  a  exploré  en  1891  les  plus  beaux  canons  du 
Golorado.  Il  a  donné  des  relations  de  ces  voyages,  en  sué- 
dois. La  dernière  a  été  traduite  en  anglais  par  Morgan, 
sous  le  titre  :  The  Cliff'  dwellers  of  Ihe  Mesa  Verde 
(1895).  L.  Sa(^net. 

l)iiîi,  :  Li^sLii';.  Arctic  voijii'ies  ofX  -A  .-E .  Nonlcnslijôld, 
JS3S-10  ;  Londres.  1880. 

NORDERNEY.  Ile  delà  mer  du  Nord,  dépendant  de  la 
Prusse,  district  d'Aurich,  cercle  de  Xorden  ;  15  kil.  q.  ; 
4.000  hab.  (en  1895).  llle  appartient  à  la  rangée  d'îles 
de  la  Frise  orientale  séparées  du  continent  par  le  Wat- 
tenmeer  qui  assèche  à  marée  basse.  Le  bourg  de  Xor- 
derney  est  à  Textrémité  0.  de  File,  et  sa  prospérité 
est  due  aux  bains  de  mer  dont  les  établissements  couvrent 
le  rivage  maritime  extérieur,  celui  du  X.  Ils  sont  fré({uentés 
depuis  1800  et  attirent  annuellement  14.000  baigneurs; 
la  t(mipérature  moyenne  estivale  est  de  -{-'W'^  à  -\-  17°. 
La  saison  dure  du  1^''  juil.  au  15  sept. 

UiiiL.  :  ]^i;ri:niji;iig,  Dus  NorOsccbud  Xordenietj  :  Kov- 
(!(>n,  1MI5.  ;.«  ê(l. 

NORD-EST  (Passage  du)  (Y.  P(mAiRKS  [Régions]). 

NORDFJORD.  Contrée  et  fjord  de  Xorvège,  district  de 
Xordre  Bergenhus.  (^est  une  des  parties  les  plus  sauvages 
et  les  ])lus  grandioses  du  pays  :  c'est  là  que  s'élève  le 
Gjegnalund  (1.725  m.),  avec  de  grands  glaciers,  encore 
peu  coiuuis.  On  y  élève  une  race  de  chevaux  de  petite 
taille,  les  chevaux  du  fjord  {f'jordlio'sterna),  (pi'on  vend 
clunpie  année,  en  juin,  sur  les  marchés  du  Giidbrandsdal. 

NORDGAU  {Sorlgoiva,  905).  Un  des  deux  comtés  de 
l'Alsace,  à  l'épotpie  carolingienne.  11  comprenait  le  dio- 
cèse de  Strasbourg  et  correspondait  à  peu  près  à  cette 
partie  du  pays  (pi'on  a  appelée  depuis  la  Basse-Alsace, 
tandis  (pie  le  Sundgau  (pagus  meridionalis)  était  le 
comté  de  la  Haute-Alsace  et  était  conijU'is  dans  le  diocèse 
de  Bàle.  Le  Sordgau  s'étendait  entre  les  Vosges  et  le 
Kliin,  depuis  le  Seltzbach,  au  X.,  jusqu'à  l'Fckenbach, 
petit  ruisseau  (pii  se  jette  dans  l'ill  entre  Schlestadt  et 
Guéniar  et  (pii,  déjà  à  l'épo(pie  gallo-romaine,  formait  la 
frontière  entre  la  Germanie  et  la  Séipianaise.  Le  "Sordgau 
et  le  Sundgau  étaient  administrés  par  des  comtes  (Gau- 
grafim)  (jui,  vassaux  du  roi,  axaient  la  haute  juridiction. 
Uuand,  \ers  le  milieu  du  xii^  siècle,  ces  comtes  furent 
remplacés  par  des  landgraves,  la  division  de  l'Alsace  en 
ISordgan  et  en  Sundgau  disparut. 

NORDGREN  (Axel),  paysagiste  suédois,  né  à  Stockholm 
le  5  déc.  1828.  Lils  d'un  portraitiste  distingué,  Karl- 
Wilhebn  (1804-57),  il  débuta  de  bonne  heure  et  ex- 
posa (h^'jà  avec  succès  à  Stockholm  en  1850.  Il  se  rendit 
ensuite  à  Dusseldorf.  ou  il  fut  l'élève  de  Gude.  Il  se  fixa 
d'ailleurs  définitivement  à  Dusseldorf,  mais  fit  de  fré- 
({uents  séjours  en  Suède  et  en  Xorvège  et  en  a  rapporté 
ses  meilleures  toiles  :  Paijsage  d'hiver  en  Norvège,  Bord 
de  la  nier  en  Norvège,  Chute  d'eau  dans  le  Homsdal, 
un  Jour  d'ét'  au  bord  de  la  nier,  etc. 

NORDHAUSEN.  Yille  de  Prusse,  district  d'Frfurt,  sur 
la  /orge;  27.555 hab.  (en  1895)  ;  huit  églises  dont  celle 
de  Blasius  (peintures  de  Lucas  Granach)  ;  vieil  hôtel  de 
ville  (statue  en  bois  de  Roland)  ;  beau  puits  de  Rietschel. 
La  grande  industrie  locale  est  la  distillerie  (74  fabriques 


—  -il 


NOKDHAUSEN  —  NORD-OUEST 


produisant 500.000 hectol. d'alcool);  Hbrasseries;  17  ma- 
nufactures de  tabac  d'où  sortent  Oi'i. 000  kilogr.  de  tabac 
à  mâcher,  290.000  de  tabac  à  fumer,  3.600  de  tabac  à 
priser  et  15.700.000  cigares.  Fabrique  de  tapis  qui  en 
produit  2  millions  de  pièces  par  an;  produits  cliimiques, 
chicorée,  etc.  Commerce  très  actif  en  pro(hiils  locaux, 
denrées  coloiiiales,  cotonnades,  tils  de  lin,  etc.  —  Nord- 
luuisen,  cité  pour  la  première  fois  en  87  i,  possédait  un 
palais  royal;  l'impératrice  Mathilde,  femme  de  Henri  l^'', 
y  fonda  un  monastère  (902).  En  1220,  la  ville  revint  à 
l'empire  et  en  1253  reçut  les  droits  d'une  ville  libre  im- 
périale ;  l'avouerie  passa  des  comtes  de  Ilohenstein  aux 
électeurs  de  Saxe,  puis  au  Brandebourg  (1703),  qui  l'aban- 
donna en  1715.  Nordhausen  fut  médiatisée  et  annexée  à 
la  Prusse  en  1803,  au  royaume  de  Westphalie  en  4807, 
revint  à  la  Prusse  en  1815.  Il  s'y  tint  :  en  1105,  un  con- 
cile réuni  par  Henri  V  qui  condamna  le  mariage  des  prêtres; 
en  1207  et  1223,  des  diètes  impériales. 

Veau-de-vie  de  Nordhausen  est  une  eau-de-vie  de 
grains  obtenue  par  une  double  distillation  et  dont  un  long 
séjour  en  fût  adoucit  le  goût.  On  la  falsifie  couramment 
avec  de  l'alcool  de  pommes  de  terre. 

Sur  Vacide  fumant  de  Nordhausen  ou  acide  disulfu- 
rique,  V.  Sulfuhique  (Acide).  A. -M.  B. 

HiHL.  :  Vœr?^tkma:s^.  Uriuuidllchc  (Tesch.von  Nordluni- 
sen  bis  1250  ;  1828-40,  2  vol.  —  Du  luùmc.  Klelne  Scliriftmi 
zur  Gesch.  der  Studt  Nordhuuscn,  1855.— Ecjkart.  Gedenk- 
blœtter  mis  der  Gescli.  der  Relchstadt  Nordhausen  ;  Lcip- 
zi-,  1895. 

NORDICA  (Lillian), cantatrice  scénique  américaine,  née 
à  Farmington  vers  1860.  Elève  de  J.-O.  Neill  à  Boston  et 
à  Milan  de  Sangiovanni,  elle  débuta  à  Brescia,  dans  la  Ira- 
viata.  Engagée  ensuite  à  l'Opéra  impérial  de  Saint-Péters- 
bourg, elle  y  demeurait  deux  années,  après  quoi  elle  ve- 
nait débuter  le  21  juil.  1882  à  l'Opéra  de  Paris,  dans 
Faust,  s'y  montrait  dans  Hamlet,  puis  se  retirait  brus- 
quement de  la  scène  pour  épouser  M.  Fr.-A.  Gower,  qui 
la  laissait  veuve  presque  aussitôt.  Elle  reparaissait  alors 
en  public  à  Londres,  au  théâtre  de  Covent  Garden,  enl884, 
et  pendant  plusieurs  années  parcourait  l'Europe  et  l'Amé- 
rique en  donnant  des  concerts  et  des  représentations  sur 
les  principales  scènes  des  grandes  capitales.  En  1894,  on 
la  retrouve  sur  le  théâtre  Wagner,  à  Baireuth,  oii  elle 
joue  Eisa  de  Lohenyrin,  et  dans  les  années  suivantes  elle 
obtient  de  grands  succès  en  chantant  tout  le  grand  réper- 
toire au  Metropolitan  Opéra  de  New  York,  oii  elle  est  encore 
engagée  à  l'heure  présente  (1898).  M"^^ Nord ica  a  épousé  en 
secondes  noces,  en  1896,  un  artiste  hongrois,  le  ténor  Dœme. 

NORDIQUES  (Civilisation,  Droit,  Langues,  Littérature, 
Mythologie)  (V.  Scandinavie). 

NORDKYN  (Cap)  (V.  Nord  [Cap]). 

NORDLAND  (V.  Norrland). 

NORDLINGEN  (Nordlingue).  Ville  de  Bavière,  prov. 
de  Souabe,  sur  l'Eger;  8.236  hab.  (en  1895).  Eglise 
Georg  en  style  gothique  (1427-1505)  ;  vieille  enceinte 
conservée  avec  ses  portes.  Textiles,  cuirs,  meubles,  ma- 
chines agricoles.  —  Citée  d'abord  en  898,  Nordlingen 
appartint  à  l'évèque  de  Batisbonne,  fut  acquise  en  1215 
par  l'empereur  Frédéric  II  et  demeura  ville  libre  impé- 
riale, membre  de  la  ligue  souabe  (1347).  Elle  adopta  la 
Béforme  en  1529,  mais  ne  prit  pas  part  à  la  lutte  contre 
l'empereur.  Assiégée  en  1634  par  les  catholiques,  elle 
fut  secourue  par  l'armée  suédoise  qui  perdit  sous  ses  murs 
la  fameuse  bataille  des  5  et  6  sept.  1634.  Le  roi  de  Hon- 
grie et  Gallas  commandaient  les  30.000  impériaux;  Ber- 
nard de  Saxe-Weimar  et  Horn,  les  24.000  Suédois  ;  Ber- 
nard brusqua  l'attaque  sans  attendre  les  renforts  ;  la 
bataille  fut  acharnée  et  meurtrière  ;  les  Suédois  perdirent 
les  trois  quarts  de  leur  effectif  (12.000  morts  ou  blessés, 
6.000  prisonniers),  toute  leur  artillerie;  Horn  fut  pris, 
Bernard  blessé.  L'Allemagne  du  Sud  retomba  au  pouvoir 
des  catholiques,  et  l'hégémonie  suédoise  fut  brisée  pour 
jamais.  Le  3  août  1647  fut  livrée  près  d'Allersheim  la 
seconde  bataille  de  Nordliniren.  —  La  ville  fut  bombardée 


par  les  Bavarois  en  1647.  Elle  fut  médiatisée  et  annexée 
à  la  Bavière  en  1803.  A. -M.  B. 

BriiL.  :  l^Kv<(if[.A(x.  Gesch.  der  >^tndt  NordJ'nK/eii,  1851. 
—  Mam'.ii.  Die  Hindi  N<n'dlut(ien.  LsTC  —  lù'cii^,  Die 
HcJdiiehi  l)ei  XordliiKjen:  Wciiiuu'.  18(i8.  —  I-'raas,  7^i(; 
NordIuKier  Schhiehf/  \>^(\')  —  SriiL'CK.  Die  Schhicht  bel 
Nordhnne)}  :  Slralsinid.  is'l'.-! 

NORDMARK.  ?.larche  orientale  <le  Saxe  (955-1134) 
qui  fut  concédée  en  1131'  à  Albert  l'Ours  et  appelée  de- 
puis Altmark  (V.  BHANDEBouHr,). 

NORDMŒRÉ.  Province  norvégienne,  dans  le  Romsdal; 
environ  39.000  hab.  Elle  est  traversée  par  la  roule  na- 
tionale qui  va  de  Molde  àïrondhjem.  Ses  ressources  sont 
la  pèche  et  la  culture  forestière. 

NORD-OUEST  (Passage  du).  Boute  maritime  cherchée 
depuis  le  début  du  xvi^  biècle  afin  d'arriver  à  ITnde  par 
l'Ouest  en  passant  au  N.  du  nouveau  continent.  Les  expé- 
ditions polaires  arcti(|ues  (V.  Poi.aip.e)  ont  fini  par  ré- 
véler deux  passages,  mais  toujours  obstrués  par  les  glaces 
et  commercialement  in]prati(îal)les.  Le  premier,  signalé  par 
Mac  (allure  en  1850,  passe  par  la  mer  de  Baffin.  les  dé- 
troits de  Lancastre  et  de  Barrow,  le  bassin  du  Melville- 
Sund  et  le  détroit  du  Prince-de-Galles;  le  second,  plus 
méridional  le  long  du  rivage  continental,  par  le  détroit  et 
la  baie  dTIudson,  le  canal  Fox,  le  détroit  de  Fury  et  Hécla, 
le  golfe  Boothia,  les  détroits  de  Bellot.  Victoria,  Dease. 
Dolphin  et  de  l'Union  pour  atteindre  la  mer  ouverte  près 
du  cap  Bathurst. 

NORD-OUEST  (Province  du).  Province  de  l'Inde  anglaise 
(V.  Inde),  réunie  à  l'Aoudh  depuis  1877,  sous  un  lieute- 
nant-gouverneur ;  située  entre  23°  52'  et  31  «  7'  lat.  N., 
74«  45'  et  82^20'  long.  E.,  entre  le  Tibet  et  le  Népal  au 
N.,  le  Bengale  à  TE.,  l'Inde  centrale  au  S.,  le  Badj- 
poutana  au  S.-O. ,  elle  occupe  278.421  kil.  q.  avec 
46.905.085  hab.  (en  1891),  plus  13.232  kil.  q.  et 
792.491  hab.  poui^  les  principautés  vassales  de  Kampur 
et  Garhwal.  Au  N.  est  l'Himalaya  (Nanda-devi,  7.821  m.  ; 
Karnat,  7.132  m.  ;  Kidarnath,  6.980  m.),  puis  les  avant- 
monts  Sivahk,  enfin  la  plaine  du  Gange,  arrosée  par  la 
Djemna,  le  Gange,  la  Bamganga,  la  Gogra,  ces  trois  der- 
niers naissent  dans  la  province,  admirablement  irriguée. 
La  plaine  et  plus  encore  la  zone  du  Terai  (V.  Inde)  sont 
insalubres  ;  les  sanatoria  sont  à  Mussui'i,  Nama  Tal  et 
Landaur.  Des  46.905.085  hab.,  40.380.1 68  sont  hindous, 
6.346.651  musulmans,  84.061  djainas,  58.411  chrétiens, 
n  y  avait  (en  1891)  27.995  lùu'opéens.  en  majoi-ité  mili- 
taires. L'instruction  est  faible,  68  ^/oo  des  enfants  vont  à 
l'école.  On  cultivait  13.361.152  hect.  en  blé,  i-iz,  coton, 
indigo,  pavot,  canne  à  sucre,  etc.  Le  bétail  (iion  com- 
pris l'Aoudh)  comprenait  15  millions  de  bètes  bovines. 
2.800.000  buffles,  325.000  chevaux,  263.000  ânes  et 
mulets,  4.177.000  moutons  et  chèvres.  Les  grandes  villes 
sont  Khanpur  (Cawnpore).  Allahabad,  Mirzapour,  Béna- 
rès.  Mirât  (Meerut),  Mattrah,  Agra.  où  siègent  l'industrie 
et  les  marchés  commerciaux.  La  province,  dont  le  chef-lieu 
est  Allahabad,  se  partage  en  sept  divisions,  non  compris 
l'Aoudh  :  Mirât,  Agra,  Kohilkand,  Allahabad,  Bénarès, 
Djansi,  Kumaou.  A. -M.  B. 

NORD-OUEST  (Territoire du).  Ancien  nom  de  la  région 
des  Etats-Unis  comprise  entre  le  Mississipi,  FOhio  et  les 
grands  lacs.  Les  chartes  des  colonies  riveraines  et  notam- 
ment de  la  Virginie,  du  Massachusetts  et  du  Connecticut 
ne  précisant  pas  leurs  limites  vers l'O.,  quand  cette  région 
eut  été  enlevée  à  la  France,  elles  se  la  disputèrent.  A])rès 
la  constitution  de  l'Union,  les  Etats  lui  firent  abandon  de 
leurs  droits,  et  l'on  forma  le  territoire  du  Nord-Ouest  en 
spécifiant  que  l'esclavage  y  serait  interdit  (1787).  Les 
Etats  actuels  d'Ohio,  Indiana,  Illinois,  Michigan,  Wiscon- 
sin  y  furent  successivement  créés  (V.  Etats-Unis). 

NORD-OUEST  (Territoire  du).  Vaste  territoire  de  l'Amé- 
rique anglaise  ou  Canada  (V.  ce  mot)  encore  non  orga- 
nisé, formé  des  anciens  territoires  de  la  Compagnie  de  la 
baie  d'Hudson,  entre  l'océan  Arctique  au  N.,  le  Keewatin 
(102«  20'  long.  0.)  à  l'E.,  ceux  de  Saskatchéouane  (55« 


NORD-OUEST  —  NORFOLK  —  ^ 

lat.  N.),  Athabasca  et  Colombie  britannique  (60"  lat.  N.) 
au  S.,  l'Alaska  (443" 20'  long.  0.)  à  l'O.  Il  s'étend  sur 
2.310.450  kil.  q.  On  en  a  déjà  démembré,  en  1882,  les 
territoires  d'Assiniboiue,  Saskatdiéouane,  Aiberta,  Atha- 
basca et  plus  récemment  Keewalin.  Les  Indiens  ne  sont 
guère  plus  de  lo.OOO,  dont  1.700  sur  la  rivière  delà 
Paix,  5.600  sur  l'Atbabasca  et  le  Macken/.ie,  4.000  sur 
la  côte  arctique,  etc.  La  population  blanche  n'existait  guère 
que  dans  les  postes  de  la  Compagnie  de  la  baie  d'Hudson, 
sur  les  lacs  de  l'Lsclave  et  du  Grand-(hu^s  et  sur  le  fleuve 
Mackenzie,  avant  que  la  découverte  des  placers  aurifères 
du  Klondyke  eût  attiré  dans  le  bassin  glacé  de  l'Youkoa 
des  milliers  de  mineurs.  A. -M.  B. 

NOROSJERNE-Oruen.  Ordre  suédois  (V.  Etoile:  po- 
laire [Ordre  de  l'i). 

NORDSTRAND.  Petite  île  de  la  mer  du  Nord,  à  6  kil. 
de  la  côte  0.  du  Slesvig;  42  kil.  q.  ;  environ  2.500  hab. 
L'île  a  perdu,  par  suite  d'inondation,  en  1300,  plus  de 
7.000  hab.,  de  nouveau  un  grand  nombre  en  1362  et 
plus  de  6.000,  ainsi  que  50.000  têtes  de  bétail,  en  1634. 
On  construisit  en  1650  des  digues  ([ui  mirent  l'île  dès 
lors  à  l'abri  de  pareilles  catastrophes,  mais  elle  n'a  plus 
retrouvé  son  ancienne  prospérité. 

NORE.  Rivière  àlslande  (V.  ce  mot,  t.  XX,  p.  950). 

NOREEN  (Adolf-Gotthard),  philologue  suédois,  né  en 
Vaermland  le  13  mars  1854.  Reçu  docteur  en  philosophie 
en  1877,  il  enseigne  depuis  lors  les  langues  Scandinaves 
(nordiques)  à  l'Université  d'Upsal.  Il  a  été  nommé  profes- 
seur titulaire  en  1887.  Ses  travaux  sont  considérables,  et 
il  fait  autorité  dans  le  domaine  scientifique  qu'il  s'est 
assigné.  Ses  ouvrages  et  articles  les  plus  importants,  re- 
latifs soit  aux  langues  germaniques  en  général,  soit  plus 
particulièrement  aux  langues  du  Nord  et  aux  dialectes 
Scandinaves,  sont  :  Phonetiqne  du  dialecte  du  Fryhdal 
(1877),  Vocabulaire  du  dialecte  du  Fryksdal  (1878). 
dialecte  de  Fàrœ,  etc.,  du  Traitement  d'une  voyelle 
longue  en  relation  avec  une  consonne  longue  suivante 
dans  le  groupe  nordique  oriental  (1880),  des  Voyelles 
nasalisées  dans  les  langues  nordi(iues,  des  Doublets 
en  suédois  moderne  (tous  en  suédois),  Altisldndische 
und  altnorvegische  Grammatik  (V^  éd.  en  1884,  2^  éd. 
en  1892).  Il  a  pubUé  dans  V Encyclopédie  britannique 
Fart.  Scandinavian  languages  et  d'importants  articles 
dans  le  Grundriss  de  Paul,  dans  les  Arkiv  for  nordisk 
filologi,  dans  le  Nordisk  Familjel)ok,et(i.,ei,Q-n  suédois 
et  en  allemand,  Abriss  des  urgermanischen  Laullehre 
(Strasbourg,  1894),  etc.  Th.  C. 

NOREG  (V.  Egypte,  t.  XV,  p.  653). 

NOREIA.  Ville  antique,  capitale  du  peuple  celte  des 
Taurisques.  dans  le  Norique,  non  loin  de  l'emplacement 
de  la  ville  moderne  de  Neumarkt  (Styrie).  En  113,  les 
Cimbres  y  détruisirent  l'armée  romaine  de  Cn.  Carbo.  Les 
Bûies  l'assiégèrent  en  59  av.  J.-C.  C'était  le  marché  de 
l'or  et  du  fer  extraits  des  mines  voisines.  I^^lle  fut  saccagée 
par  les  Romains  et  perdit  son  importance  après  la  conquête. 

NÛREUIL.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr.d'Arras, 
cant.  de  Croisilles;  296  hab. 

NORFOLK.  Comté  maritime  de  l'Angleterre  orientale, 
au  S.-E.  de  la  baie  du  Wash  ;  5.295  kil.  q.,  454.516  hab. 
(en  1891)  dont  seulement  317.983  appartiennent  au  comté 
rural  administratif.  Le  Norfolk  confine  aux  comtés  de  Lin- 
coln et  Cambridge  à  l'O.,  Suffolk  au  S.  La  côte  de  la  mer 
du  Nord  est  plate,  sauf  le  long  de  la  petite  falaise  de 
Runstanton-point  (25  m.)  sur  le  Wash.  Le  sol  intérieur 
est  crétacé,  un  bourrelet  le  sépare  des  marais  (fens) 
conquis  sur  la  mer.  Les  principaux  cours  d'eau  sont  l'Ouse, 
tributaire  du  Wash,  et  la  Y  are,  grossie  de  la  Bure  et 
du  Wavenay;  elle  finit  à  Yarmouth.  Le  chmat  est  humide 
et  nébuleux.  Le  Norfolk  est  essentiellement  agricole  ; 
60  "/o  de  la  surface  sont  labourés,  21  "/o  en  prairies, 
4  °/o  en  bois.  Il  existait,  en  1890,  64.500  chevaux, 
137. OÛÛ  bœufs,  595. QOÛ  moutons,  105.000  porcs,  beau- 
coup de  volailles,  notamment  d'oies.  La  pêche  est  active, 


surtout  à  Y^armouth.  L'industrie  est  insignifiante.  Le  chef- 
lieu  et  la  grande  ville  est  Norvvich. 

NORFOLK  (Ile).  Ile  de  l'Australasie  britannique,  dans 
ro(îéan  Pacifique,  à  LE-  de  l'AusIralie,  par  29«  3'  lat.  N. 
et  165^38^  long.  E..  enli'e  la  Nouvelle-Calédonie  et  la 
Nouvelle-Zélande.  Elle  mesure  4.130  hect.,  4.400  avec 
les  Ilots  voisins  de  Nepean  et  Phillip  ou  Pig,  et  comptait, 
en  1891,  738  hab.  Son  sommet  est  le  mont  Pitt(317  m.); 
48  hect.  sont  cultivés,  le  reste  se  partage  entre  les  prés 
et  les  bois  où  l'on  remarque  le  palmier  Ar^ca  Daueri,  le 
magnifique yyf/i  de  Sor folk  (Araucaria  excelsa),  lePhor- 
niium  ienax.  Découverte  par  Cook  en  1774,  l'Ile  fut  de 
1788  à  1851  un  heu  de  déportation,  puis  on  en  fit  cadeau 
aux  gens  de  l'ile  Pilcairn  (V.  ce  mot).  Elle  dépend  delà 
colonie  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud. 

NORFOLK.  Ville  des  Etats-Unis  (Virginie),  sur  le  James, 
au  confluent  de  l'Ehzabeth  ;  34.871  hab.  (en  1890)  dont 
16.254  gens  de  coideur.  Son  ])ort  est  accessible  aux  na- 
vires de  9  m.  de  tirant.  Une  station  balnéaire,  étabfie  près 
de  l'ancien  fort  Monroë,  à  Old-Point-Comfort,  dépend  de 
la  ville.  Le  principal  commerce  se  fait  sur  le  coton,  puis 
le  bois,  le  tabac,  les  huîtres,  légumes,  fruits.  En  face  de 
Norfolk  sont,  à  Portsmouth  et  Gosporl,  les  grands  éta- 
blissements, arsenal  et  chantier  de  construction  de  la  ma- 
rine. L'incendie  des  navires  fédéraux  de  ce  port  et  de  cet 
arsenal  par  les  sudistes,  le  20  avr.  1861,  fut  un  des  pre- 
miers actes  de  la  guerre  de  sécession.  Le  3  mai  1862,  les 
fédéraux  ou  nordistes  reprirent  Norfolk. 

NORFOLK  (Thomas  Mowbray,  duc  de),  homme  d'Etat 
anglais,  né  vers  1366,  mort  en  1399,  fils  du  dixième  ba- 
ron Mowbray  et  d'Elisabeth  Segrave,  qui  descendait  par 
sa  mère  du  roi  Edouard  I^^.  Il  s'appela  d'abord  le  comte 
de  Nottingham,  siégea  au  Parlement  de  1383,  suivit  Ri- 
chard dans  sa  campagne  contre  les  Ecossais  en  1384  et 
reçut  de  lui  le  titre  de  comte-maréchal  d'Angleterre.  11 
figura  honorablement  dans  le  brillant  combat  livré  par 
Arundel,  son  beau-frère,  aux  flottes  espagnole,  fran- 
çaise et  flamande  (24  mars  1387).  Richard  prit  les  deux 
comtes  en  haine  et  songea  aies  supprimer.  Pourtant,  Not- 
tingham ne  prit  pas  ouvertement  part  à  la  révolte  des 
lords,  qui  finirent  par  imposer  leurs  volontés  au  roi. 
Richard  II,  ayant  réussi  à  ressaisir  lui-même  le  pouvoir, 
chargea  Nottingham  de  négocier  un  traité  de  paix  avec 
l'Ecosse,  lui  confia  d'autres  missions  importantes  et  le 
combla  de  faveurs.  Nottingham  accamp^igua  le  roi  en 
Irlande  (1394),  prit  part  à  la  mission  chargée  de  négocier 
un  traité  avec  la  France  et  de  demapder  en  mariage 
Isabelle,  fille  de  Charles  VL  figura  aux  grandes  fêtes  de 
Calais  (1396).  Il  fut  un  des  premiers  à  pousser  Richard  JI 
dans  la  voie  de  l'absolutisme.  Glocester,  Arundel,  War- 
wick  furent  arrêtés,  emprisonnés,  condamnés  à  mort,  leurs 
partisans  persécutés  (1397).  Puis  ce  fut  le  tour  du  Parle- 
ment. Nottingham  avait  trempé  dans  le  meurtre  de  Glo- 
cester.  Il  fut  récompensé  par  d'immenses  propriétés  enle- 
vées à  Arundel  et  à  Warwiek.  Il  fut  créé  duc  de  Norfolk 
(29  sept.).  Le  nouveau  duc  ne  tarda  pas  à  s'ahéner  l'es- 
prit du  roi  par  des  propos  inconsidérés.  Norfolk  fut  banni 
du  royaume  et  ses  biens  furent  confisqués.  Il  passa  en 
Hollande,  puis  en  Italie,  eut  l'intention  de  visiter  la  Pa- 
lestine, mais  il  mourut  à  Y'enise  le  22  sept.  1399. 

John  Mowbray,  second  duc,  né  en  1389,  mort  en  1432, 
fils  du  précédent,  devint,  en  1405,  comte-maréchal  d'An- 
gleterre ;  d  figura  au  premier  parlement  de  Henri  V,  pré- 
sida la  commission  chargée  de  faire  une  en(|uête  sur  le  complot 
du  comte  de  Cambridge  (1415),  suivit  le  roi  dans  son  expé- 
dition en  France  et,  après  avoir  assiégé  Harfleur,  il  tomba 
malade  et  dut  rentrer  en  Angleterre.  Il  revint  en  France 
en  1417,  figura  aux  sièges  de  Caen  et  de  Rouen  et  fut 
chargé  de  gouverner  les  villes  de  Gournay  et  deNeufcbâtel 
(1419).  Le  16  mai  1420,  il  battait  l'armée  du  Dauphin, 
près  du  Mans,  et  devenait  gouverneur  de  Pontoise.  En 
1422,  on  le  retrouve  à  la  bataille  de  Cravant.  En  1424, 
il  ravage  leRrabant  et  paraît  sous  les  murs  de  Bruxelles. 


23  — 


NORFOLK 


Kn  44!25,  il  recouvra  le  titre  de  duc  de  Norfolk  qui  avait 
été  enlevé  à  son  père.  Revenu  en  France  en  iA'H^}  avec 
Henri  VI,  il  s'empara  de  Dammartin.  H  conseilla  le  clian- 
gemenl  de  ministres  opéré  par  Gloucester  an  commence- 
ment de  1434  et  il  mourut  peu  après  (19  oc  t.). 

John  3îoirbray,  tvokmriG  duc,  iié  le  l"i  sept.  1413, 
mort  le  6  nov.  1461,  tils  du  précédent  et  de  Catherine 
Nevill.  Dès  1436,  il  sert  en  France  sous  Gloucester,  de- 
vient garde  des  marches  d'Ecosse  en  1437,  et  fait  partie 
en  14'39  de  l'amhassade  chargée  de  négocier  la  paix  avec 
la  France.  Fn  1-442,  il  réprime  une  insurrection  à  Xor- 
wich  ;  en  1446,  il  obtient  la  ])ermission  de  faire  un  pèle- 
rinage à  Rome  et  en  1447  il  est  envoyé  en  ambassade  en 
France.  A  partir  de  cette  é])0(]ue,  il  prit  une  grande  part 
aux  intrigues  qui  se  nouaicjit  (kuis  le  but  de  gouverner  le 
roi.  Norfolk,  dès  que  la  folie  de  Henri  V  fut  reconnue,  ré- 
clama une  enquête  sur  l'administration  de  Somerset.  Mais 
le  duc  d'York  et  Nevill  le  reléguèrent  au  second  plan,  et 
il  occupa  ses  loisirs  à  faire  divers  pèlerinages  en  Irlande, 
en  Fcosse,  en  Bretagne,  en  Allemagne,  à  Rome,  à  Jérusa- 
lem. Il  ])i'it  sa  revanche  en  ne  soutenant  pas  York,  War- 
wick  et  Salisluuy,  lors  de  leur  révolte  de  1439,  et  il  se 
déclara  pour  la  uiaison  de  Lancastre,  ce  ({ui  ne  l'empêcha 
pas,  en  1460,  d'adhérer  à  la  cause  de  la  maison  d'York. 
Après  la  bataille  de  Saint-Albans  (17  févr.  1461),  il  pro- 
clama, avec  d'autres  seigneurs,  Fdouard  d'York,  roi  d'An- 
gleterre, combattit  à  ses  côtés  à  Towton  (29  mars)  et 
remplit  au  couronnement  (28  juin)  son  office  de  comte- 
maréchal.  Il  reçut  en  récompense  diverses  fonctions,  entre 
autres  celles  de  chief  justice  des  forêts  royales.  Il  mourut 
peu  après. 

De  son  mariage  avec  Eleanor  Rourchier,  il  eut  un  fils, 
John,  né  le  IS'oct.  1444,  mort  le  47  janv.  1476,  qui  fut 
quatrième  duc  de  Norfolk.  Ce  John,  de  son  union  avec 
Ehzabeth  ïalbot,  hlle  du  fameux  comte  de  Shre\vs])ury, 
n'eut  quune  tille,  Anne  Mowbray,  qui  épousa,  en  1478, 
Richard,  duc  d'York,  second  tlls  d' Fdouard  IV,  auquel 
revint  alors  le  titre  de  duc  de  Norfolk.  Mais,  Richard 
ayant  été  assassiné  à  la  Tour  de  Londres  avant  que  le 
niariagc  fût  consommé,  la  duchesse  Anne  mourut  sans 
héritier  et  le  titre  fut  ét'^int.  R.  S. 

iiiijL.  :  Wal><ixgiiam,  Ihsto}-ia  anulicana,  dan.s  les 
Jlolls  Séries.  —  Frojssart,  Chronique.  —  Rvm?:h,  Fœ- 
dera.  —  Monstrelkt,  ChronUiue.  —  Clironicles  of  thc 
wldte  Rose,  1845.  —  Doyli',  Officiai  biironage. 

NORFOLK  (John  Howard,  duc  de),  homme  d'Ftat  an- 
glais, né  vers  1420,  mort  le  22  août  1483.  Partisan  de 
la  maison  d'York,  il  fut  écuyer  d'Fdouard  IV  qui  lui 
témoigna  beaucoup  d'affection.  Il  obtint  divers  autres 
emplois,  fit  partie  de  l'expédition  des  lords  Fauconberg 
et  CUnton  sur  les  côtes  de  Bretagne  (1462),  fut  nommé 
vice-amiral  en  1466  et  conduisit  en  France  les  ambassa- 
deurs envoyés  au  roi  et  au  duc  de  Bourgogne.  A  la  res- 
tauration d'Henri  VI,  il  demeura  fidèle  à  la  cause  yorkiste. 
Nommé  gouverneur  de  Calais  en  1471,  il  fut  chargé  de 
diverses  négociations  à  la  cour  de  France  et  à  celle  de 
Bourgogne  ;  il  accompagna  le  roi  durant  l'expédition  de 
1 473'  et  contribua  à  la  conclusion  du  traité  d'Amiens.  Il 
négocia  encore  avec  Louis  XI  et  Commines  en  1 477  et  en 
141*9-80.  Après  la  mort  d'Fdouard,  il  s'attacha  à  la 
cause  de  Richard  de  Gloucester.  Nommé  conseiller  privé 
en  1483.  il  fut  créé  la  même  année  duc  de  Norfolk,  et, 
un  peu  plus  tard,  après  le  couronnement  de  Richard  IH, 
amiral  d'Angleterre,  d'Irlande  et  d'Aquitaine.  Il  réprima 
une  révolte  dans  le  Kent,  négocia  avec  Jacques  III  d'Fcosse 
en  1484,  leva  des  troupes  en  1483  contre  le  comte  de 
Richmond.  Il  périt  sur  le  champ  de  ])ataille  de  Bosworth 
ou  il  commandait  l'avant-garde.  R.  S. 

NORFOLK  (Thomas  Howard,  comte  de  SuRREY,ducde), 
homme  d'Ftat  anglais,  né  en  1443,  mort  le  21  mai  1324, 
fils  du  précédent.  Il  lit  partie  de  la  maison  d'Fdouard  IV 
dès  sa  jeunesse,  participa  à  la  guerre  contre  le  comte  de 
V^arwick  en  1467,  combattit  à  Rarnet  (1471),  servit 
comme  volontaire  dans  les  troupes  du  duc  de  Bourgogne 


et.  revenu  en  Angleterre,  devint  shérif  de  Norfolk  et 
Suffolk  en  1176  et  fut  créé  comte  de  Snrrey  en  1483.  Il 
se  déclara  pour  lîichard  IH,  et,  fait  prisonnier  sur  le 
cliamp  de  l)alailh'  de  B(ls\^orth,  fut  envoyé  à  la  Tour  où 
il  resta  trois  ans  et  chmii.  Henri  VH,  inaugurant  la  poli- 
tique qui  devait  si  bien  hù  réussir,  résolut  de  l'attacher 
aux  intérêts  de  la  couronne.  H  lui  rendit  ses  biens  et  ses 
titres  (1489),  le  chargea  de  réprimer  une  insurrection 
dans  le  comté  d'York  et  lui  conha  la  garde  des  frontières 
d'Fcosse.  Il  s'acquitta  avec  bonheur  de  sa  tâche  jusqu'en 
1497,  date  à  laquelle  Jacques  IV  repoussa  son  intrusion 
en  Fcosse.  Surrey  entra  au  conseil  privé  en  1301  et  fut 
nommé  lord  trésorier.  Il  négocia  le  mariage  de  Jacques  IV 
avec  la  fille  de  Henri  VII,  Marguerite,  et  accompagna  cette 
princesse  à  Fdinibourg  (1303).  11  négocia  encore  l'union 
de  Marie,  autre  hlle  du  roi.  avec  Charles  de  Castille 
(1308).  Surrey  jouit  d'une  influence  encore  plus  considé- 
rahle  à  la  cour  de  Henri  VIII.  Il  fit  partie  des  commis- 
sions chargées  de  conclure  des  traités  avec  la  France 
(1309)  et  avec  Ferdinand  le  Catholique  (1311).  La  faveur 
de  Wolsey  lui  porta  ombrage  et  il  quitta  brusquement  la 
cour  en  131 2.  Le  roi  ne  lui  garda  pas  rancune,  lui 
donna,  en  1313,  Je  grade  de  lieutenant  général  et  lui 
confia  la  tâche  dilïicile  de  contenir  Jactpies  ÏV  d'Fcosse 
pendant  son  expédition  de  France.  Surrey  remporta  sur 
les  Fcossais  la  victoicc  décisive  de  Flodden  (9  sept.).  Il 
fut  récompensé  de  ce  haut  fait  par  le  titre  de  duc  de 
Norfolk  (1*^^"  févr.  1314).  H  essaya  de  s'opposer  au  ma- 
riage de  la  sœur  de  Henri  VIII  avec  Louis  XIH,  et,  com- 
prenant l'inutilité  de  cette  perpétuelle  opposition  aux  vues 
de  Wolsey,  il  se  soumit  et  fut  depuis  en  fort  bons  termes 
avec  le  cardinal.  Norfolk  réprima  en  1317  la  rébellion 
des  apprentis  de  Londres  ;  il  fut  préposé  à  la  garde  du 
royaume  pendant  que  le  roi  assistait  à  l'entrevue  du  (^lamp 
du  Drap  d'or  (1320).  Il  présida  au  procès  de  son  ami  et 
parent,  le  duc  de  Buckingham,  (ju'il  fut  forcé  de  condamner 
à  mort  en  pleurant  à  chaudes  larmes.  H  dut,  en  1323, 
résigner  ses  fonctions  de  trésorier  à  cause  de  son  grand 
âge.  R.  S. 

'ihBL.  :  Hio.m-aphio  do  Th.  Howard,  dan.s  Wi:i;\Eii,  Fii- 
aernll  Monmnoiis.  —  Blom!;i  ii'^.li).  liistorij  of  Norfolh,  I. 
—  Howard,  Memovials  of  tlw  Howiirds.  —  Sandford  et 
To\vx.<^]-:m),  Great  governimj  Fumdies  of  Enqlavd,  II. 

NORFOLK  (Thomas  Howard,  comte  de  Surrey,  duc  de) , 
homme  d'i'^tat  anglais,  né  en  1473,  mort  le  23  août  1354, 
fils  du  précédent.  H  fut  envoyé  en  1312  en  Espagne  avec 
le  grade  de  lieutenant  général  pour  y  commander  sous 
les  ordres  du  manfuis  de  Dorset  une  armée  anglo-espa- 
gnole qui  devait  envahir  la  Guyeime.  Mais  cette  expédi- 
tion, mal  conçue,  ne  put  aboutir.  Fn  1313,  il  était  nommé 
lord  amiral,  en  remplacement  de  son  frère  Fdouard 
Howard,  tué  dans  une  bataille  navale.  Il  devint  comte  de 
Surrey  quand  son  père  fut  créé  duc  de  Norfolk  (1314)  et 
avec  lui  fit  une  vive  opposition  à  la  politique  de  Wolsey. 
Il  venait  d'épouser  en  secondes  noces  une  tille  du  duc  de 
Ihickingham,  ce  qui  ne  contribua  pas  peu  à  accroître  ses 
sentiments  de  haine  à  l'égard  de  Wolsey.  Biais  son  beau- 
père  ayant  été  exécute  (1321),  il  dut  les  manifester  avec 
plus  de  retenue.  Fn  1320,  il  fut  chargé  de  rétablir  l'ordre 
en  Irlande,  ])uis  il  obtint  le  commandement  de  la  flotte 
envoyée  sur  les  côtes  de  France.  Il  brûla  Morlaix  (1322) 
et  ravagea  les  alentours  de  Boulogne.  Puis  il  fut  envoyé 
sur  la  frontière  d'iu'osse,  et,  suivant  la  môme  tactique  de 
destruction  systématique,  il  fit  un  désert  sur  toute  la  ligne 
des  marches  écossaises  et  obligea  le  duc  d'Albany  à  une 
retraite  honteuse.  l']n  1323,  if  fut  chargé  de  négociations 
de  paix  avec  la  France.  La  même  année,  il  eut  à  apaiser 
à  Norwich  une  révolte  des  fabricants  de  draps  qui  ne  vou- 
laient pas  payer  les  impôts  excessifs  exigés  par  Wolsey. 
Mais  la  grande  affaire  était  maintenant  le  divorce  du  roi. 
Norfolk  était  parent  d'Anne  Boleyn  ;  il  poussa  adroite- 
ment Henri  VHI  dont  la  passion  était  avivée  par  les 
obstacles  que  lui  opposait  Wolsey  et  bientôt  il  prit  la 
haute  main  dans  le  conseil.  Wolsey  tomba.  Le  duc  de 


NORFOLK 


—  24  — 


Norfolk  le  remplaça  aussitôt  au  conseil  privé  ;  son  plan 
fut  de  s'appuyer  sur  l'Espagne  et  d'obtenir  l'assentiment 
du  Parlement.  Il  échoua  dans  ses  négociations  avec  l'em- 
pereur qui  ne  put  se  résoudre  à  abandonner  sa  tante. 
Ouant  aux  plaintes  adressées  par  le  Parlement  au  pape, 
elles  ne  produisirent  aucun  effet  sur  Clément  Ylï.  Le  gou- 
vernement eut  alors  recours  à  un  autre  expédient  suggéré 
par  Cranmer  :  la  consultation  des  universités  d'Europe  ; 
mais  il  tourna  à  sa  confusion,  et  il  fallut  un  véritable  abus 
de  pouvoir  pour  arracher  l'approbation  de  celles  de  Cam- 
bridge et  d'Oxford.  C'est  alors  que  Thomas  Cromwell 
(V.  ce  nom)  entra  en  jeu  et  fit  reconnaître  le  roi  comme 
chef  suprême  de  l'Eglise  d'Angleterre.  On  sait  (V.  Thomas 
More)  quelles  conséquences  immédiates  en  résultèrent. 
Toute  la  noblesse  du  Nord  se  souleva.  Norfolk  négocia 
d'abord  avec  les  insurgés,  les  berna,  réintégra  sans  bruit 
les  garnisons  royales  dans  les  villes  du  Nord  et  s'établit 
fortement  au  cŒ'ur  du  Yorkshire.  Puis  quelques  émeutes 
sans  importance  servirent  de  prétexte  pour  retirer  toutes 
les  concessions  qu'on  avait  accordées,  et  on  fit  une  véritable 
boucherie  des  chefs  et  des  principaux  adhérents  du  «  pèle- 
rinage de  grâce  »  (1537).  Cependant  Norfolk  s'indignait 
de  la  toute-puissance  de  Cromwell.  Il  se  mit  à  la  tète  de 
l'opposition  et  marcha  d'accord  avec  Gardiner,  le  plus 
ardent  de  ses  adversaires.  En  même  temps,  il  essayait  de 
contrecarrer  sa  politique  d'alliance  avec  l'Allemagne  pro- 
testante en  cherchant  à  détacher  lYançois  I*^''  de  Charles- 
Quint.  11  vint  à  Paris  dans  ce  but  en  1540,  mais  n'obtint 
aucun  résultat.  Il  réussit  mieux  à  l'intérieur.  Henri  VIII 
finit  par  abandonner  Cromwell  qui  l'avait  marié,  malgré 
sa  répugnance,  avec  Anne  de  Clèves.  Norfolk  fut  chargé 
d'arrêter  le  premier  ministre  en  pleine  chambre  du  conseil 
et  il  lui  arracha  insolemment  du  cou  le  collier  de  l'ordre 
de  la  Jarretière  (1540).  Il  redevint  tout-puissant,  annula 
le  mariage  avec  Anne  de  Clèves  et  maria  le  roi  à  une 
jeune  fdle  de  sa  famille,  Catherine  Howard.  Il  restaura  la 
politique  de  More  et  des  humanistes  :  réformer  l'Eglise 
par  un  concile  général  et  réconcilier  l'Angleterre  avec 
l'Eglise  catholique,  ce  qui  impliquait  une  alliance  avec 
l'empereur.  Malheureusement  pour  lui,  Catherine  Howard 
déplut  à  Henri  VIII  tout  comme  Anne  Boleyn  et,  du  pre- 
mier rang,  Norfolk  tom])a  à  celui  de  commandant  mili- 
taire. En  1542,  il  réprima  brutalement  et  cruellement,  à 
son  ordinaire,  une  incursion  des  Ecossais  sur  la  frontière; 
puis,  avec  le  grade  de  lieutenant  général,  il  accompagna 
le  roi  en  France  en  1544,  assiégea  Montreuil  et  prit  Bou- 
logne. Le  comte  d'Herford  gagna  la  faveur  du  roi  et  le 
ramena  à  la  politique  de  la  Réforme.  Norfolk  fut  accusé 
de  haute  trahison,  jeté  en  prison,  et  son  fils,  le  comte  de 
Surrey,  fut  décapité.  Lui-même  faillit  être  exécuté,  mais, 
le  roi  étant  mort  la  veille  du  jour  fixé  pour  son  exécution 
(27  janv.  1547),  le  conseil  ne  crut  pas  devoir  inaugurer 
le  nouveau  règne  par  un  acte  de  rigueur.  Norfolk  demeura 
à  la  Tour  pendant  le  règne  d'Edouard  VI  ;  il  fut  délivré 
à  l'avènement  de  Marie,  reprit  possession  de  ses  droits  et 
entra  au  conseil  privé  (1553).  Il  présida  le  procès  du  duc 
de  Northumberland  et,  en  1554,  fut  chargé,  malgré  son 
âge,  de  commander  l'armée  envoyée  contre  Thomas  Wyatt. 
Mais  les  milices  bourgeoises  de  Londres  qu'il  avait  sous 
ses  ordres  passèrent  à  l'insurrection  et  il  ne  put  empêcher 
Wyatt  de  pousser  jusqu'à  Londres.  Il  mourut  peu  après. 

R.  S. 

BiBL  :  Howard.  Memoruds  of  tJie  Howards.  —  Blome- 
FiELD,  History  of  Norfolk,  III.  —  Froude,  History  of  En- 
gland.  —  Sandford  et  TowNSEND,  Great  governing  Fiimi- 
ïies  of  England,  II. 

NORFOLK  (Thomas  Howard,  duc  de),  homme  d'Etat 
anglais,  né  le  10  mars  1536,  mort  à  Londres  le  2  juil. 
1572,  petit-fils  du  précédent.  Comte  de  Surrey  en  1553, 
il  entra  dans  la  maison  du  prince  consort  et  devint  duc  de 
Norfolk  en  1554.  Dès  l'avènement  d'Elisabeth,  il  fut  chargé 
de  négociations  avec  l'Ecosse  ;  il  siégea  au  conseil  privé 
en  1561  et  bientôt  se  prit  de  querelle  avec  le  favori, 
comte  de  Leicester.  Elisabeth  dut  les  réconcilier  en  1567. 


Mais  Norfolk  restait  mécontent  et  il  conçut  l'étrange  projet 
d'épouser  Marie  Stuart.  En  secret,  il  gagna  à  sa  cause 
les  lords  des  comtés  du  Nord  et  il  tenta  de  la  délivrer  de 
sa  prison.  Cecil  surprit  le  projet  de  mariage,  et  Elisabeth 
ht  enfermer  Norfolk  à  la  Tour  (1569).  Remis  bientôt  en 
liberté,  il  s'empressa  de  renouer  une  correspondance  avec 
Marie  ;  il  réclama  l'aide  de  Philippe  II  et  l'intervention 
d'une  armée  espagnole.  Les  pairs  conservateurs  adhéraient 
pour  la  plupart  à  ses  idées,  car  ils  ne  voulaient  pas  d'une 
politique  purement  protestante.  Ces  menées  aboutirent  à 
un  complot  formel.  Philippe  II  promit  son  concours.  La 
situation  devenait  menaçante  pour  Elisabeth,  car  au  même 
moment  les  réfugiés  catholiques  se  groupaient  à  Anvers. 
Norfolk  fut  arrêté,  emprisonné  à  la  Tour  (5  sept.  1571), 
jugé  sous  le  chef  de  haute  trahison  et  condamné  à  mort. 
H  fut  décapité  sur  le  Tower  Hill.  R.  S. 

HuîL  :  Blomefij:ed,  Hisk)rg  of  Norfolk,  III.  —  Whright, 
Queen  Ellzabeth  and  her  Times.  —  Howard,  Memoruds 
of  the  HoKurds.  —  Froudi:.  History  ofEnglund.  —  Sand- 
ford et  Tow>;^]:xD,  Grcid  governing  Families  of  En- 
gland,  II. 

NORFOLK  (Henry  Howard,  duc  de),  homme  politique 
anglais,  né  le  11  janv.  1655,  mort  à  Londres  le  2  avr. 
1701.  Fils  de  Henry,  sixième  duc  de  Norfolk  (1628-84)  et 
d'Anne  Somerset ,  il  porta  le  titre  de  comte  d'Arundel  de  1 678 
à  1684.  Lord  lieutenant  de  Rerkshire  et  Surrey  en  1682, 
de  Norfolk  en  1683,  il  fut  nommé  colonel  d'un  régiment 
d'infanterie  en  1685.  Fort  protestant,  son  attachement  à 
la  personne  du  roi  ne  l'empècbait  pas  de  témoigner  à 
l'occasion  son  mécontentement.  Jacques  II  l'ayant  chargé 
de  porter  devant  lui  l'épée  d'Etat,  le  duc  s'arrêta  à  la 
porte  de  la  chapelle  catholique.  «  Votre  père  aurait  été 
plus  loin,  dit  le  roi.  —  Le  père  de  Votre  Majesté  valait 
mieux  que  nous,  répondit  Norfolk,  il  ne  serait  pas 
allé  plus  loin.  »  En  1688,  il  signa  la  pétition  réclamant 
convocation  d'un  Parlement,  puis,  dès  le  débarquement 
de  Guillaume  d'Orange,  il  apparut,  à  la  tète  de  300  gen- 
tilshommes, sur  la  place  du  marché  de  Norwich,  où  il 
proclama,  au  milieu  des  acclamations  universelles,  la  haine 
du  «  papisme  et  du  pouvoir  arbitraire  ».  Il  leva  un  régi- 
ment qui  fut  employé  à  la  soumission  de  l'Irlande  et  il 
demeura  un  des  plus  fidèles  partisans  de  Guillaume  III. 

NORFOLK  (Charles  Howard,  duc  de),  homme  politique 
anglais,  né  le  5  mars  1746,  mort  à  Londres  le  16  déc. 
1815.  Fils  du  dixième  duc  de  Norfolk  (1720-86),  qui  a 
laissé  quelques  ouvrages,  entre  autres  :  Considérations 
on  the  pénal  laws  ayainst  lloinan  catholics  in  En- 
gland  (1764,  in-8)  ;  Thoughts,  essays  and  Maxi^ns 
(1768,  in-8)  et  Historical  anecdotes  of  some  of  Ihe 
Howard  FaniiUj  (1769,  in-8),  il  jouissait  dans  le  Cum- 
berland  d'une  immense  popularité,  due  autant  à  son  iné- 
puisable générosité  qu'à  ses  excentricités.  Membre  du 
Parlement  en  1780  et  1784,  il  soutint  Fox  et  combattit 
vivement  la  guerre  d'Amérique.  En  1783,  il  devint  lord 
de  la  trésorerie  dans  le  cabinet  Portland  ;  il  s'attira  en 
1798  le  mécontentement  du  roi,  pour  avoir  porté,  dans 
un  banquet  monstre,  le  toast  suivant  :  «  A  la  santé  de 
notre  souverain,  S.  M.  le  Peuple  !  »  et  il  perdit  sa  situa- 
tion de  lord  lieutenant  de  Sussex  et  quelques  autres  em- 
plois honorifiques.  Il  ne  laissa  pas  d'enfants,  et  le  titre 
passa  à  Bernard-Edward  Howard  (1765-1842),  qui  fut 
le  premier  lord  catholique  appelé  à  la  Chambre  haute 
après  l'acte  d'émancipation.  Son  fils  Henri-Charles,  né 
le  12  août  1791,  mort  le  18  fév.  1856,  membre  de  la 
Chambre  des  communes  pour  Horsham  (1829  à  1832), 
fut  un  whig  renforcé.  En  1837,  il  fut  nommé  trésorier 
de  la  maison  de  la  reine  dans  le  cabinet  Melbourne,  et 
grand  éciiyer,  en  1846,  dans  le  cabinet  John  Russell. 

Henri-Granville-Fitzalan  Howard,  duc  de  Norfolk, 
fils  du  précédent,  né  le  7  nov.  1815,  mort  au  château 
d'Arundel  le  25  nov.  1860,  représenta  Arundel  à  la 
Chambre  des  communes  à  partir  de  1837,  épousa  en  1839 
la  fdle  de  lord  Lyons,  l'ambassadeur,  et  vécut  beaucoup 
à  Paris  oti  il  se  lia  avec  Montalembert.  Catholique  con- 


NORFOLK  —  NORMAL 


vaincu,  il  soutint  la  politique  du  parti  whig,  mais  s'en 
sépara  lors  de  la  présentation  du  bill  ecclésiastique  de 
4850.  A  la  Chambre  des  lords,  où  il  entra  à  la  mort  de 
son  père,  il  combattit  Palmerston.  lia  laissé  :  .1  feiv  re- 
■inarkH  on  the  social  and  poUtical  condiiion  of  Brifish 
catholirs  (Londres,  1817,  in-8)  ;  Lettcr  to  Plumpfre 
on  the  bull  «  in  cœnd  Domini  »  (Londres,  4848,  in-8)  ; 
Observations  on  diploniatik  relations  ivitJi  Ho)ne 
(Londres,  4848,  in-8),  et  il  a  publié  :  Lives  of  Pliilip 
Howard,  earl  of  Arundel  and  of  Anne  Dacresjiis  wife 
(Londres,  4857,  in-8).  Montalembert  a  donné  sa  biogra- 
phie dans  le  Correspondant  (4860,  déc).  R.  S. 

NORGES.  Rivière  du  dép.  de  la  Côte-d'Or  (V.  ce  mot, 
t.  XII,  p.  4487). 

NORGES-LA-ViLLE.  Corn,  du  dép.  de  la  (^ôte-d'Or, 
arr.  et  cant.  (N.)  de  Dijon  ;  490  hab. 

NORIA  (V.  AuoET,  t.  [V,  p.  638). 

NORiAC  (CJaude-Antoine-Jules  CAmoN,  dit),  littérateur 
français,  né  à  Limoges  en  4827,  mort  à  Paris  le  46  oct. 
4882.  Il  débuta  de  bonne  heure  dans  le  journalisme,  se  fit 
un  nom  de  chroniqueur  au  Figaro,  collabora  à  quantité 
de  journaux  et  de  revues,  entre  autres  la  Revue  fantai- 
siste et  la  Gazette  des  Beaux- xirts,  fut  un  moment  direc- 
teur du  Soleil  et  fonda  en  4865  un  petit  journal  littéraire, 
les  youvelles,  qui  vécut  peu.  Un  des  directeurs  du  théâtre 
des  Variétés,  Jules  Noriac  prit  en  4867  la  direction  des 
Rouffes-Parisiens.  Ecrivain  brillant,  léger,  spirituel,  il  a 
beaucoup  produit.  Citons  :  la  Vie  en  détail,  le  iOI'^  ré- 
giment (Paris,  4857,  in-42)  qui  eut  un  très  grand  succès; 
la  Bêtise  humaine,  Eusèbe  Martin  (4860,  in-42);  le 
Grain  de  sable  (4864 ,  in-42);  Sur  le  rail  (4862,  in-42); 
la  Dame  il  la  plume  noire  (4862,  in-42);  Mémoires 
d'un  te',9^r  (4863,  in-42);  Mademoiselle  Poucet  (4865, 
in-i%;  Journal  d'un  flâneur  (ISGd,  in-42);  le  Capitaine 
sauvage  (4866,  in-8);  les  Gens  de  Paris  {iS6S,  in-42); 
Histoire  du  siège  de  Paris  (4874,  in-4);  Dictionnaire 
des  amoureux  (4874,  in-42);  la  Falaise  d'Houlgate 
(4877,  in-42);  la  Comtesse  de  Bruges  (4878,  in-42);  le 
Chevalier  de  Cerny  (4879,  in-42);  Paris  tel  gu'il  est 
(4884,  in-42);,  les  Plumeurs  d'oiseaux  (4884,  in-42).  Il 
a  donné  aussi  quelques  pièces  de  théâtre  :  les  Baisers 
d'alentour  (iSli);  le  Mouton  enragé (iSl-i);  Pierrette 
et  Jacquot  (4876),  opérette  avec  musi({ue  d'Offenbach;  et 
collaboré  à  la  Timbale  d'argent  de  Jaime,  à  la  Boite  au 
lait  de  Grange,  à  la  Sorrentine  de  Moinaux. 

NORIEN.  terme  employé  par  les  géologues  dans  plu- 
sieurs acceptions  différentes,  proposé  par  M.  von  Mojsiso- 
vics  en  486<)  pour  désigner  une  partie  des  calcaires  de 
Hallstadt,  étendu  plus  tard  par  le  même  auteur  à  des 
couches  beaucoup  plus  anciennes,  introduit  en  Amérique 
en  4870  par  Sterry-Hunt  pour  désigner  des  couches  de  la 
série  paléozouiue  (V.  Trias). 

NORIQUE  (/Yo/7V?zr?>i,  Nwpr/ov).  Province  de  l'empire 
romain,  situé  au  S.  du  Danube,  entre  la  Pannonie  à  l'L. 
et  la  Rhétie  à  l'O.,  Tltahe  au  S.,  correspondant  aux  pro- 
vinces actuelles  de  Rasse  et  Haute-Autriche,  et  la  plus 
grande  partie  de  la  Styrie  et  de  la  Carinthie,  des  fragments 
de  Salzbourg,  du  Tirol  et  de  la  Carniole.  Elle  s'étendait 
jusqu'à  rinn  à  l'O.,  jusqu'à  la  Save  et  aux  Alpes  Car- 
niques  au  S.,  au  mont  Cetius  (Wienerwald)  à  l'E.  Le 
Norique,  dont  la  principale  ville  était  Noreia.  était  peuplé 
des  Taurisques  ouNoriques,  nation  celtique,  peut-être  venue 
seulement  au  iv*^  siècle  av.  J.-C.  La  richesse  du  pays  tenait 
à  ses  mines  d'or  et  surtout  de  fer  qui  alimentèrent  ses 
fabriques  d'acier  et,  de  plus,  tous  les  pays  voisins.  Le 
Norique  fut  envahi,  à  la  fm  du  ii®  siècle  av.  J.-C,  par  les 
(timbres  et  les  Teutons,  puis,  en  59  av.  J.-C,  par  les  Roies 
(passés  d'Italie  en  Rohême)  qui  en  conquirent  le  N.  Il  fut 
aussi  dévasté  par  les  Gètes,  et  le  peuple  norique  paraît 
s'être  émictté  en  six  tribus  dont  une  seule  conserva  son 
nom;  les  autres  étaient  les  Sevaces,  Alauni  au  S.,  Ambi- 
sontii  sur  l'Isonta  (Salzach) ,  Ambidravi  sur  la  Drave, 
Ambihci.  Les  Noriques,  qui  faisaient  un  grand  commerce 


avecl'Itahe,  parAquilée,  furent  soumis,  sous  le  règne  d'Au- 
guste, par  Tibère,  Drusus  et  P.  Silius.  en  une  année,  vers 
l'an  4i)  av.  J.-C  Le  prétexte  de  la  guerre  avait  été  une 
incursion  en  Istrie.  Le  pays  fut  organisé  en  province  ro- 
maiue,  xma  légion  (Italica  il)  canq)ée  à  Laureaciun  (Lorch, 
près  d'Lnns),  trois  ilottilles  établies  sur  le  Danube  (Comagi- 
nensis  vers  TuUn  au  pied  du  lvauud)erg;  Arlapensis  au  con- 
lluent  de  l'Ei'hif,  Laureacensis  àLorch),  des  routes  tracées, 
des  forteresses  bâties,  des  villes  fondées  ;  les  principales  furent 
Roiodurum  (Innstadt,  près  Passau),  Lentia  (Linz),  Ovilava 
(Wels),  Jiivavum  (Salzbourg),  Redaium  (Chieming,  sur  le  lac 
Chiem),  Arlape,  ou  Arelate  (sur  l'Erlaf),  Xamare.  Cetium, 
Virunum  (près  de  Klagenfiu't),  Celeia  ((^iUi),  Teurnia.  sur 
la  r.  g.  de  la  Drave.  etc.  Plus  tard,  la  prov.  de  Nori(pie 
fut  subdivisée  en  deux  :  Xoricum  ripense,  le  long  du 
tleuve  ;  ^\n'icu}n  médit erraneum,  région  alpestre. 

HijjL.  :  MuciiAR,  Dos  Bœiniscfie  XoricLun;  Grat/,  1825. 
2  vol. 

NORIQUES  (Alpes)  (Y.  Alpes,  t.  II,  p.  439). 
NORIS  (Henri),  cardinal,  né  à  Vérone  (4634),  de  famille 
anglaise,  mort  en  4704.  Après  avoir  enseigné  la  théologie 
à  Pesaro,  à  Pérouse  et  àPadouc,  dans  la  maison  de  l'ordre 
des  augustins,  auquel  il  appartenait,  il  fut  nommé  par  le 
duc  deToscane  professeur  d'histoire  à  l'Université  de  Pise; 
enfin,  par  le  pape  Innoc-ent  XII,  cardinal  (4695)  et  con- 
servateur de  la  bibliothè([ue  du  Vatican.  —  OEuvres  prin- 
cipales :  Histoire  des  pélagiens  (en  latin,  Padoue,  4673, 
in-fol.  :  objet  de  luttes  opiniâtres  avec  les  jésuites)  ;  Ceno- 
taphia  Pisana  Caii  et  Lucii  Ca'.sarum  (Venise,  4684, 
iu-fol.  fig.)  ;  Histoire  des  donatistes.  Ses  OEuvres  coin- 
/;/^/e.s  ont  été  publiées  à  Vérone  (4729-44,  5  vol.  in-fol.). 
NORITE.  Les  norites  sont  des  roches  grenues  très  voi- 
sines du  gabbro  (V.  ce  mot)  et  n'en  différant  que  parce 
que  lediailage  y  est  plus  ou  moins  complètement  remplacé 
par  un  pyroxène  rhombi(|ue  {hypersthêne  ou  enstatite). 
Ces  deux  types  de  roches  constituent  une  même  famille  et 
passent  souvent  l'une  à  l'autre  dans  un  même  massif.  La 
norite  est  formée  de  cristaux  de  magnétite  et  à'hyper- 
sthène  cimentés  par  une  pâte  verdâtre  à  structure  grenue 
formée    de   feldspath  plagio:dase  basique   (labrador  ou 
anorthite).  Le  diallage  et  le  mica  noir  peuvent  s'asso- 
cier à  l'hypersthène,  mais  il  n'y   a  jamais  d'amphibole. 
D'autre  part,  on  rencontre  assez  fréîpiemment  entre  les 
éléments  précédents  un  peu  de  (juartz  d'aspect  granuli- 
tique,  mais  d'origine  probablement  secondaire.  Ces  roches 
peuvent  aussi  renfermer  de  Volivine.  Les  norites  con- 
tiennent généralement  de  42   à  50   ^/o  de  silice  et  sont 
par  suite  nettement  basiques.  Ces  roches  sont  bien  déve- 
loppées en  Norvège,  et  c'est  en  général  en  relation  avec 
elles  que  se  trouvent  les  grosses  masses  de  fer  titane  de 
cette  région.  Les  norites  ont  comme  équivalent  tertiaire 
les  hypérites  ;  il  convient  d'ailleurs  actuellement  de  ne 
pas  conserver  ce  dernier  nom,  car  ces  roches  sont  iden- 
tiques aux  norites  antétertiaires,  et  leur  âge  seul  est  dif- 
férent. Léon  Rertrand. 

NORMAL  (Géom.).  Normal  est  en  général  synonyme 
de  perpendiculaire  ;  deux  ligfies  sont  normales  l'une  sur 
l'autre  quand  elles  se  coupent  de  telle  sorte  que  leurs 
tangentes  au  point  d'intersection  soient  rectangulaires. 
Deux  surfaces  sont  normales  quand  leurs  plans  tangents 
aux  points  communs  sont  rectangulaires,  etc. 

Normales  des  courbes  planes.  —  On  appelle  normale 
d'une  courbe  plane  en  un  point  donné  la  perpendiculaire 
à  la  tangente  menée  par  le  point  de  contact.  La  normale 
au  cercle  en  un  point  est  donc  le  rayon  qui  passe  par  ce  point. 
L'équation  de  la  normale  en  coordonnées  rectangulaires  est 

(X  —  x)  dx  4-  (Y  —  y)  dy  =  0, 
X,  Y  désignant  les  coordonnées  courantes,  et  ^,;î/ celles  du 
point  de  contact.  On  appelle  quelquefois  longueur  de  la 
normale   la  portion   de  cette  droite  comprise  entre  la 
courbe  et  l'axe  des  x,  elle  a  pour  expression  : 

\dx) 


y  sj 


1  + 


NORMAL  —  NORMAND 


26  — 


Le  point  où  la  normale  rencontre  la  courbe  et  où  elle  est 
perpendiculaire  à  la  tangente  porte  le  nom  â(',pied  ou  de 
point  (rincidence.  Le  ])liis  court  chemin  d'un  ])oint  à 
une  courbe  esl  le  phis  soiiveni  l'une  des  noi'males  que  l'on 
])eut  mener  de  ce  point  à  la  courbe. 

Normales  aux  courbes  (.AU(:in<:s.  Plan  normal.  —  Kn 
chaque  point  d'uîie  courbe  gauche  passe  un  ])lan  perpen- 
diculaire à  la  tangente:  c'esile  plan noD nul;  les  droites 
situées  dans  le  phui  normal  et  passant  par  le  point  ou  il 
coupe  la  courbe  sont  les  normales  en  ce  point  à  la  courbe. 
Parmi  toutes  les  normales,  il  y  en  a  deux  particulière- 
ment remarquables,  l'une  située  dans  le  plan  oscillateur 
(V.  ce  mot)  est  dile  noimate  /)riur?//?<7/^,  l'autre  perpen- 
diculaire à  celle-ci  e(,  par  consécpient,  au  plan  osculateur 
est  appelée  binorniale.  Si  l'on  appelle  X,  Y,  Z  les  coor- 
données courantes  supposées  rectangulaires,  x,  y,  z  les 
coordonnées  d'un  point  d'une  courbe,  les  é(fuations  d'une 
normale  en  x.  //,  z  seront 

(X  —  x)  dx  -h  (Y  —  y)  dy  -h  (Z  —  z)  dz  —  0 

qui  est  l'équation  du  plan  normal  et 

a  (X  —  x)  -j-  /;  (Y  —  y)  +  c  (Z  —  %  —  {), 

a,  h,  c  désignant  des  arl)itraires.  Les  é(piations  de  la 
normale  princi])ale  sont 

X  — ^_Yj-j/_Z— j 
~d'x    ~    dhi~    d''\^  ' 
Alors  l'arc  est  variable  indépendante.  Leséipiations  de  la 
binormale  sont 

X—  X X  —  y         __  l  —  z 

dhjdx,  —  d:H  dy         d^ulx  —  di}xd:,        d^xdAj  —  d'ydx 

(V.  Frpnet).  Le  lieu  des  normales  principales  est  une  sur- 
face gauche;  elle  n'est  jamais  déyeloppable,  à  moins  que 
la  courbe  ne  soit  plane.  Le  lieu  des  binormales  n'est  pas 
j]on  plus  une  surface  développable. 

Normales  aux  sup^eaces.  —  La  normale  i\  une  surface 
en  un  point  est  la  perpendiculaire  menée  par  ce  point  au 
])lan  tangent;  les  plans  qui  passent  par  la  normale  sont 
dits  plans  normaux  à  la  surfïuîe.Les  équations  de  la  nor- 
male à  une  surface  sont 

X  — ,x' 


Y 


l  —  z 
''  —1 


■^  celles 


(h    ~     d_z    ~ 
dx  dy 

X,  Y,  Z  désignantles  coordonnées  courantes,  x,y. 

du  point  ou  la  normale  perce  la  surface.  SiF(x',  y. 

est  l'équation  de  la  surface,   on  peut  enclore  mettre  les 

é(piations  de  la  normale  sous  la  forme 

X  —  X Y  —  y Z  —  o 

ôx  dy  ô V 

(Bourres  normales.  —  On  appelle  courbes  normales  des 
courbes  types  de  dpgré  7?  -f-  2  avec  des  singularités  équi- 
valentes à  ~^^ ■ ,  points  doubles  auxquels  on  peut 

toujours  ramener  les  courbes  de  genre  p  an  moyen  d'une 
transformation  rationnelle.  Les  courbes  normales  pour  le 
genre  zéro  sont  des  droites.  Les  courbes  normales  pour  le 
genre  1  sont  des  courbes  dont  les  coordonnées  peuvent 
s'exprimer  au  moyei]  de  fonctions  elliptiques;  elles  sont  du 
troisième  degré  et  ont  un  point  double,  etc.  (V.  Genre). 

H.  Laurent. 
BiBi.  :  Les  traités  do  fréométrio  analyti(|ue  et  de  calcul 
iiiiiiiitésimal. 

NORMALE  (Ecole)  (V.  Ecole,  t.  XY,  p.  378). 

NORMALIE  (Qéom.).  On  appelle  normalies  d'une  sur- 
face les  surftices  réglées  dont  les  génératrices  sont  nor- 
males à  cette  surface.  Les  normalies  les  plus  importantes 
sont  les  normalies  développables,  elles  coupent  la  sur- 


face suivant  ses  lignes  de  courbure  iX .  ce  mot);  les  lieux 
de  leurs  ai'ètes  de  rebroussement  forment  les  surfaces 
lieux  des  centres  de  courbure  pi'incipaux.     H.  Laurent. 

NORMAN.  Fleuve  d'Australie,  colonie  de  Queensland, 
qui  se  jette,  à  l'angle  S.-i-L,  dans  le  golfe  de  Carpentarie. 
A  Fembouchure  est  le  p(tri  de  Kimberley  et,  à  48  kil.  en 
amont,  la  ville  de  Xo)'manlon.  débouché  des  mines  d'or 
et  de  cuivre  de  Lloncurrv,  Etherigc  et  Crodyon. 

NORMANBY.  Vihe  d'Angleterre,  comté  d'York,  North- 
Riding,  faubourg  de  Middlesborough  ;  9.100  hab.  (en 
I(S91).  Verreries,  usines  à  fer. 

NORMANBY  ((^.onstantin-lienry  Pmeps,  marquis  de), 
homme  d'Etat  anghiis,  né  le  15  mai  1797,  mort  à  Hamil- 
lon  Lodge  (Soulh  Kensington)  le  28  jui).  1863.  Dès  sa 
sortie  de  l'Universilé  de  F.ambridge,  il  représente  Scarbo- 
roug  au  Parlement  (1818)  et,  pour  ses  débuts,  réclame 
la  reconnaissance  des  droits  des  catholiques  et  la  réforme 
parlementaire.  Sa  famille,  irritée  de  ce  libéralisme 
avancé,  l'obligea  à  voyager  en  Italie.  Il  revint  en  1822 
et  rentra  à  la  Chambre  des  communes  comme  député  de 
Iligham  Ferrers.  Toujoin^s  libéral,  jl  écrivit  force  pam- 
phlets à  l'appui  des  vues  de  Canning.  Réélu  par  Malton 
en  1826,  il  fut  nommé  en  1832  gouverneur  de  la  Ja- 
mai(pie.  [I  démissionna  en  1831  et  entra  dans  le  cabinet 
de  lord  Melbourne  comme  lord  du  sceau  privé  (1835), 
poste  ([u'il  échangea  lûentôt  poui'  celui  de  hu'il  lieutenant 
trii'lande.  Les  Irlandais  raccueillirenl  avec  enthousiasme  ; 
mais  les  relations  amicales  (\u\\  eut  avec  O'Connell  le  ren- 
dirent suspect  aux  protestants  et  odieux  aux  orangistes. 
Il  dut  se  retirer  en  1839,  et  reçut,  à  titre  de  compensa- 
tion, le  titre  de  marquis  et  le  porlefeuille  de  la  guerre  et 
des  colonies  qu'il  échangea  ensuite  pour  celui  de  l'inté- 
l'ieui'.  Après  la  chute  du  ministère  (1841),  il  resta  assez 
longtemps  sairs  emploi.  Nommé  ambassadeur  à  Paris  en 
1846,  il  conserva  ce  poste  jusqu'en  1852  ;  il  se  lia  avec 
Thiers  assez  intimement  pour  (pie  Guizot  se  criH  obligé 
de  le  faire  attaquer  par  la  presse,  ce  qui  faillit  amener 
une  rupture  diplomatique  en  1847.  En  1854,  il  fut  mi- 
nistre à  la  cour  de  Florence,  mais  il  y  manifesta  de  telles 
sympathies  pour  l'Autriche  qu'on  dut  le  rappeler  en 
1858.  Lord  Nornjanby  a  publié  un  gi'and  nombre  de 
nouvelles  et  de  petits  romans.  Liions  de  lui  :  Tlie  En- 
(jlisJi  in  fiait/  (1825.  3  vol.)  ;  The  Eniflisk  in  France 
(1828)  ;  Maiilda  (1825)  ;  \es  and  AV/(1828,  2  vol.)  ; 
Clorindam%))  ;  The  Contrast  (1832,  3  vol.);  A  Year 
of  Révolution  (1857).  journal  qu'il  tint  en  1848  et  qui 
a  été  traduit  en  français  (Paris,  1858,  2  vol.  in-8)  ;  The 
Congress  and  Ihe  Cabinet  (1859),  trad.  en  français 
sous  le  titre  le  Cabinet  anglais,  lltalie  et  le  Congrès 
(Paris,  1860,  in-8)  ;  Historical  Sketch  of  Louise  de  Bour- 
bon., dutcfiess  of  Parma  (1861)  ;  A  vindicalion  of  Ihe 
duke  of  Modena  from  M.  Gladstone  s  charges  (1861), 
trad.  en  français  (Paris,  1862,  in-8).  R.  S. 

NORMANBY  (George -Augustus-Constantine  Phipps, 
marquis  de),  homme  politique  anglais,  né  le23  juil.  1819, 
mort  à  Rrighton  le  3  avr.  1890,  fils  du  précédent.  Il  en- 
tra dans  l'armée  en  1838  et  démissionna  en  1846.  En 
18^7,  il  se  faisait  élire  par  S(;arborough  à  la  (Chambre 
des  communes,  et,  réélu  en  1852  et  1857,  soutint,  comme 
son  père,  le  parti  libéral.  Entré  au  Conseil  privé  en  1851 ,  il 
fut  trésorier  de  la  maison  royale  de  1853  à  1858  et  fut 
nommé  gouverneur  de  la  Nouvelle-Ecosse  en  1858.  Ren- 
ti'é  en  Angleterre  en  1863.  il  siégea  à  la  Chambre  des 
lords,  devint  gouverneur  de  Queensland  en  1871,  de  Nou- 
velle-Zélande en  1874,  de  Yictoria  en  1879  ;  il  témoigna 
en  ces  divers  postes  de  sérieuses  (|ualités  d'administra- 
teur et  se  fit  partout  aimer.  Il  rentra  dans  la  vie  privée 
en  1884.  R,  S. 

NORMAND  (Charles-Pierrc-Joseph),  architecte  et  gra- 
veur d'architecture  français,  né  k  Goyencourt  (Somme)  le 
25  nov.  1765,  mort  à  Paris  le  13  févr.  184(i.  Elève  de 
l'Ecole  royale  de  dessin,  Ch.  Normand  obtint,  en  1792, 
le  premier  grand  prix  d'architecture  sur  un  projet  de 


"27  — 


NORMAND  —  NORMANDES 


marché  pul)lic  pour  une  grande  ville.  Cli.  Normand  se 
mit  ensuite  à  graver  des  monuments  et  des  dessins  d'ar- 
chitecture dont  il  puhlia  environ  7.000  sujets  de  IcSOO  à 
'1(S15,  amsi  que  les  billets  de  la  Banque  de  France  et 
des  cartes  à  jouer,  et  enfin  donna  ses  soins  comme  auleui', 
collaborateur  ou  simplement  comme  graveui'.  à  nombre 
d'ouvrages  de  valeur,  enrichis  de  sujets  antifjues,  et  qui 
exercèrent  une  grande  iniluence  sur  le  mouvement  artis- 
tique du  commencement  de  ce  siècle.  ïl  faut  citer,  entre 
autres  :  Ornements,  Arabesques,  Meubles,  Irises  (1(800, 
in-fol.)  ;  Nouveau  Recueil  de  divers  genres  d'orne- 
ments (1803,  in-fol.)  ;  llerneil  de  plans  el  de  façades 
(1815-2o,  in-fol.);  i\ouveaii  Parallèle  des  ordres  d'ar- 
chiteelnre  des  Grecs,  des  Uomains,  etc.  (1819-2o, 
traduit  en  anglais  et  allemand;  le  Vignole  des  ouvriers 
(1821-"2o,  in-4)  ;  Modèles  d'orfèvrerie  choisis  aux 
expositions  du  Louvre  (1819-22,  in-fol.)  ;  Olvuvres  de 
serrurerie  (1824,  in~fol.);  le  Guide  de  V ornemaniste 
(1826,  in-fol.);  le  Vignole  des  archilectes  et  Forne- 
mentation  des  cinq  ordres  (1827-28,  in-4)  ;  etc.  En 
outre,  Ch.  Normand  grava  de  nombreuses  planches  ])our 
les  ouvrages  de  Biet,  Grillon  et  Gourlier,  de  Clarac,  de 
Durand,  et  de  Legrand  etLandon.         Charles  Lu(.as. 

Hiin,  :  Notice  sur  lu  vtc  cl  les  ournujcs  (Je  C'.-P.-J 
Nontuind  :   lioip.e.  18 12,  in-<s. 

NORMAND  (xVlfred-Nicolas) ,  architecte  français,  né  à 
Paris  en  'J822.  Eils  de  Nicolas  Normand,  architecte  des 
bâtiments  de  la  Couronpe  qui,  sous  la  Restauration,  avait 
fait  élever  Bon-Secours,  Ehôtel  de  son  parent,  Richard 
Lenoir,  rue  de  Charonne,  à  Paris,  et  petit-fds  de  Nicolas 
Normand,  qui  avait  été  architecte  du  duc  d'Orléans  Phi- 
lippe-Egî^lité,  élève  de  son  père  et  de  M.  Jai,  il  entra  à 
l'Ecole  des  beaux-arts  et  remporta  le  premier  grand  prix, 
en  1846,  sur  un  projet  de  muséum  d'histoire  naturelle. 
Devenu  inspecteur  des  bâtiments  pénitentiaires,  meuibre 
du  conseil  des  bâtiments  civils,  M.  Normand  a  fait  élever 
la  Maison  centrale  de  force  et  de  répression  de  Rennes, 
l'hùpital-hospicc  de  Saint-Germain-en-Laye,  plusieurs  mai- 
sons et  tombeaux  à  Paris,  un  château  et  un  tombeau  de 
famille  à  Eiancourt  (Oise),  et  surtout  la  villa  pompéienne 
de  l'avenue  Montaigne,  à  Paris,  édiiice  malheureusement 
détruit,  mais  qui  fut  certes  le  plus  remanpiable  essai 
couronné  de  succès  qui  ait  été  tenté  pour  faire  revi\re 
une  riche  habitation  gréco-romaine  du  temps  des  Césars. 
II  fut  élu,  en  1890,  membre  de  l'Institut.  Il  a  publie 
plusieurs  notices  et  articles  parus  dans  le  Moniteur  des 
Arcliitectes,  dont  il  dirigea  quelques  années  la  publica- 
tion, et  fait  paraître  un  important  ouvrage  intitulé 
VArcliitecture  des  nations  étrangères  étudiée  sur  les 
principales  constructions  élevées  li  l'Exposition  'uni- 
verselle de  Paris  en  1861  (texte  et  pi.  in-fol.). 

Son  iils  aîné,  Charles-Nicolas,  né  à  Paris  en  '1858, 
architecte,  élève  de  son  père  et  de  M.  J.  André,  s'est  con- 
sacré surtout  à  la  publication  d'études  ardiéologiques, 
parmi  lesquelles  il  faut  citer  :  V  Hôtel  de  Cluny,  le 
Guide  archéologique  de  Paris,  la  Jroie  d'Homère,  le 
Musée  de  Sahbourg,  V Architeclure  métallique  an- 
tique, les  Arènes  de  Lutèce,  etc.  M.  Ch.  Normand  est 
secrétaire  général  et  fondateur  de  Timportante  et  active 
Société  des  Amis  des  monuments  parisiens  et  directeur 
de  la  Revue  des  Monuments  et  des  Arts.  —  Le  deuxième 
ills,  Paul,  également  architecte,  élève  de  son  père  et  de 
M.  J.  André,  a  été  chargé  au  concours  de  la  construction 
d'une  vaste  prison  à  Douai  (Nord).         Charles  Lucas. 

NORMANDEL.  Com.  du  dép.  de  l'Orne,  arr.  de  Mor- 
tagne,  cant.  de  Tourouvre  ;  \{\{^  hab. 

'NORIYIANDES  (Iles)  (angl.  Channel-islands).  Archi- 
pel de  la  Manche,  dépendant,  au  point  de  vuephysi(fue,  de 
la  province  française  de  Normandie,  au  point  cïe  vue  po- 
liti(pie  du  Royaume-Lni  de  Grande-Bretagne  et  d'Irlande. 
Il  se  compose  des  îles  de  Jersey,  Sercq,  Guernesey,  Au- 
rigny.  Leur  siiperficie  est  de  196  kil.  q..  leur  population 
en  1891   de  92.234  hab.,  soit  471  par  kil.  q.  Autour 


s'étendent  une  foule  d'îlots  rocheux  et  de  bancs  de  sable. 
Géographie.  —  Jersejj  {(Avsarea),  la  plus  méridionale 
des  îles  de  l'archipel .  est  située  à  uuc  distance  de  25  à 
30  kil.  de  la  côte  française  du  Cotentin,  PÎO  kil.  S.  du 
pî'omonfoir(^  anglais  de  Portland  ;  elle  a  116  kil.  ([.  et 
54.518  hab.  (en  1891).  Elle  est  de  forme  rectangulaire, 
mesurant  22  kil.  du  S.-!'^.  au  N.-O.  sur  10  de  hu'geur  duN. 
au  S.  La  pente  du  soi  est  du  N.  au  S.,  les  falaises  du  N.  do- 
minent la  mer  de  100  et  même  de  148  m.,  celles  du  S.  de 
20  m.  seulement.  Sur  le  littoral  méi'idional  se  creuse  la 
baie  de  Saiut-Aubin,  fermée  à  KO.  par  la  pointe  Noirmont, 
à  Y\\.  par  la  pointe  de  Pas;  à  FO.  de  la  baie  principale 
qui  renferme  les  ports  de  Saini-\ubin  et  Sainl-llélier,  se 
trouvent  la  baie  de  Sainte-Brelade,  puis  la  pointe  de  la 
Corbière,  dont  les  falaises  déchiquetées  et  creusées  de  ca- 
vernes forment  l'angle  S.-O.  de  l'île;  à  l'O.  de  la  baie 
principale  s'évase  la  baie  Saint-(]lément,  termniée  par  la 
pointe  de  La  Rocipie,  angle  S.-E.  de  l'île.  Le  côté  occi- 
dental est  formé  par  la  baie  de  Saiut-Ouen,  grève  sauvage, 
bordée  de  dunes;  elle  est  abritée  au  N.  pai'  le  bastion  ro- 
cheux du  N.-O.  de  Jersey,  ou  se  distinguent  les  avancées 
rocheuses  de  l'iiltac,  de  Gros-Nez,  et,  vers  le  N.,  de  Pié- 
mont. La  côte  septentrionale  est  une  succession  de  petites 
baies  ci'eusées  de  grottes  et  divisées  par  d'aiuuipts  pro- 
montoires :  la  grève  de  Lecq,  le  Trou  du  Diable,  la  pohite 
Sorel  (ext]*émité  N.  de  l'île),  la  pointe  Eremout,  le  havj»e 
Giffard,  la  Roche  aux  Eées,  la  baie  Bouley,  la  pointe  de 
Rûzel  sont  les  principaux  accidents  de  ce  rivage;  à  la 
pointe  de  la  Coiq)e.  angle  N.-E.  de  l'île,  la  côte  tourne. 
Le  rivage  oriental,  qui  fait  face  au'  Colentin,  est  divisé 
entre  les  baies  de  Sainte-l^atherine  et  Grouville,  séparées 
par  le  promontoire  oii  s'élève  le  château  de  Montorgueil, 
au-dessus  de  la  ville  de  Gorey.  —  L'île  est  formée  de 
g/'anite  et  de  syénite  et  se  partage  en  une  multitude  de 
vallons  bordés  de  hêtres,  de  chênes,  de  châtaigniers,  de 
noyers.  Le  lierre  pullule,  l'evètant  non  seulement  les  troncs 
d'arbres,  mais  les  rochers.  Le  plateau  oii  se  creusent  les 
vallons  est  bien  cultivé.  —  Le  climat  est  très  doux,  saul 
au  N.  où  le  vent  salin  de  la  mer  brûle  la  végétation.  Les 
araucarias  du  Chili,  les  fuchsias  ai'boi*escents  poussent  en 
pleine  terre.  55  "/o  du  sol  sont  labourés,  14  'Vo  cultivés 
en  prairies.  On  récolte  du  blé,  des  pommes  de  terre  hâ- 
tives, des  fourrages  ;  les  pommiers  à  cidre  parsèment  les 
prés;  les  fruits  de  Jersey,  en  particuher  les  poires  do 
Chaumontel,  sont  très  goûtés  en  Angleterre.  Une  culture 
propre  à  Jersey  est  celle  du  chou  Cavalier  dont  la  tige 
atteint  2  m.  de  haut  et  sert  à  faire  des  rotins  vendus  à 
Saint-Héher  (cabbage  sticfis),  —  La  race  locale  des  petites 
vaches  laitières  de  Jersey  est  très  estimée.  Le  cheval  de 
Jersey,  issu  d'un  croisement  avec  les  chevaux  des  Cosaques 
casernes  dans  l'île  au  début  du  xix^  siècle,  est  de  bonne 
qualité.  L'île  exporte  en  Angleterre  les  produits  du  sol,  y 
achète  ses  étoffes,  ses  objets  métahurgiques,  et  demande 
à  la  France  du  vin,  de  la  viande,  du  blé.  Des  services  ré- 
guliers relient  Jersey  à  Southampton,  Granville,  Saint- 
Malo,  Saint-Brieuc.  Deux  petits  chemins  de  fer  vont  de 
Saint-Héher  à  Saint- Aubin  et  à  Gorey.  Le  principal  ré- 
venu de  Jersey,  comme  des  autres  îles  normandes,  pro- 
vient des  touristes  qui  la  visitent  ou  y  séjournent,  surtout 
en  été.  Leur  exploitation  est  méthocliipiement  organisée. 
La  douceur  dn  climat  a  attiré  beaucoup  d'immigrants  an- 
glais. 

Guernesey  (Sarniia  des  Romains),  la  seconde  des  îles 
de  rarchipel',  a  65  kil.  (j.  et  35.218  hab.  De  forme  trian- 
gulaire, elle  mesure  15  kil.  du  S.-O.  au  N.-E.,  sur  6  kil. 
et  demi  de  large,  i'^lle  est  séparée  de  Jersey  par  un  détroit  de 
29  kil.  L'île,  formée  de  gneiss,  de  granité,  de  trapp,  et  en- 
tourée de  rochers  fouillés  par  la  jner,  se  divise  en  deux 
parties,  plate  au  N.-E.,  accidentée  et  creusée  de  profonds 
ravins  au  S.-O.  oîi  les  falaises  atteignent  120  m.  Sur  le 
rivage  oriental  est  la  ville  de  Saint-Pieri'e-Port ;  à  l'angle 
S.-O.,  la  pointe  de  Pleinmont,  au  largo  de  laquelle  sont 
les  écueils  des  Hanois.  —  Le  climat  est  humide  et  plus 


NORMANDES 


—  28  — 


doux  encore  qu'à  Jersey  :  myrtes,  oraugers,  camélias 
croissent  en  pleine  terre  ;  les  fuchsias  ar])orescents  forment 
les  haies  des  jardins;  des  ormes,  plantés  sur  les  banquettes 
qui  séparent  les  prés,  les  abritent  du  vent.  Outre  le  blé, 
l'orge,  les  pommiers  à  cidre,  on  cultive  au  dehors  les 
fruits,  les  légumes,  le  hs  doré  de  Guernesey,  les  prime- 
vères vendus  en  Angleterre.  L'Ile  s'est  couverte  de  serres 
où  l'on  produit  des  raisins,  des  tomates,  des  melons,  des 
choux-fleurs,  des  chrysanthèmes  pour  TAngleterre.  Ajou- 
tez le  granité  des  carrières  de  Saint-Sam psou  et  les  pro- 
duits de  la  pèche  (congres,  chancres,  etc.).  Les  touristes 
sont  fort  nombreux,  attirés  en  particulier  par  flauteville- 
house,  où  Victor  Hugo  habita  dans  un  faubourg  de  Saint- 
Pierre  de  1856  à  1870.  A  l'E.  de  Guernesey  sont  les  dots 
de  Herm,  Jethou  et  Sercq.  Les  deux  premiers  en  sont  sé- 
parés par  le  chenal  du  Petit-Ruau.  Herïn  (o  kil.  sur 
i.200)  en  pente  douce  vers  le  N.  (grève  de  Shell-beach)  ; 
Jethou  la  prolonge  au  S.  et  se  continue  par  les  aiguilles 
rocheuses  des  Ferrières. 

Sercfj  est  la  perle  de  l'archipel  ;  séparée  de  France  par 
le  passage  de  la  Déroute,  d'Herm  par  le  Grand-Ruau, 
longue  de  5.800  m.,  large  de  i. 800,  vaste  de  510hect., 
peuplée  de  572  hab. ,  elle  se  divise  en  deux  parties  :  le  Grand- 
Sercq  (420  hect.)  au  N.,  le  Petit-Sercq  (90  hect.)  au  S., 
communicfuant  par  l'isthme  étroit  de  la  Coupée.  C'est  un 
bloc  granitique  et  schisteux  de  114  m.  de  haut,  dominant 
de  80  à  100  m.  à  pic  les  flots  marins  qui  la  rongent;  ses 
hautes  falaises,  ses  courts  et  profonds  ravins,  ses  cavernes 
lui  donnent  grand  air,  les  touristes  y  affluent.  Au  S.  est 
le  petit  îlot  Jirechou  ou  des  Marchands  (MO  m»  de  long, 
250  m.  de  large,  45  m.  de  haut)  avec  sa  grotte  ou  cave 
des  Pirates  où  fut  une  mine  de  cuivre.  Entre  Sercq  et 
Brechou,  le  chenal  du  Gouliot,  large  de  73  m. ,  est  parcouru 
par  la  marée  à  une  vitesse  de  40  kd.  à  l'heure. 

Aurigmj  (angl.  Alderney)  mesure  6  kil.  q.  et  compte 
1.843  hab.  Distante  de  45  kil.  du  cap  de  la  Hague,  de 
96  de  la  pointe  de  Porland,  elle  est  flanquée  à  l'O.  par 
le  dangereux  plateau  rocheux  des  Casquets.  Une  jetée  de 
4.400  m.  abrite  sur  le  littoral  septentrional  le  port  de 
Braye  fortifié  par  les  Anglais,  mais  dont  le  brise-lames 
résiste  mal  aux  tempêtes.  L'de  forme  un  plateau  granitique 
de  90  m.  de  hauteur  maxima,  incliné  vers  le  N.,  battu 
des  vents  ;  les  champs  y  sont  séparés  par  des  tas  de  pierres, 
au  lieu  des  haies  et  des  arbres  de  Guernesey  et  Jersey. 
La  pêche  est  la  principale  ressource. 

Histoire  et  organisation  politique.  --  Les  des 
normandes  sont  connues  depuis  la  conquête  romaine  de  la 
Gaule,  et  les  monuments  mégaHthiques.  appelés  Poifue- 
laijes  par  les  insulaires,  y  abondent.  César  vint  de  Cou- 
tances  à  Jersey  dont  le  nom  d'Augia  fut  changé  en  celui 
de  Ca^sarea.  Au  vi^'  siècle.  Childebert  enleva  les  îles  à  un 
chef  saxon  et  les  donna  à  Févôque  de  Dol,  saint  Sampson. 
qui  les  évangélisa.  Son  œuvre  fut  continuée  par  son  suc- 
cesseur, saint  Magloire,  lequel  fonda  un  monastère  à 
Sercq  (568)  et  termhia  sa  vie  à  Jersey  où  il  fut  enterré. 
Prétextât,  évêque  de  Rouen,  y  fut  exilé  de  577  à  587. 
Le  chef  normand,  Hastings,  dévasta  l'archipel  en  856.  Il 
fut  implicitement  englobé  dans  la  concession  faiteàRollon 
et  suivit  les  destinées  du  duché  de  Normandie  auquel  il 
fut  annexé  en  933,  sous  le  duc  Guillaume.  Jersey  fut 
alors  divisé  en  quatre  fiefs  principaux  ou  de  haubert,  eux- 
mêmes  fort  subdivisés.  Quand  Philippe-Auguste  se  saisit 
de  la  Normandie,  les  des  restèrent  au  roi  Jean  qui,  pré- 
tendirent plus  tard  les  habitants,  leur  donna  une  charte. 
Son  authenticité  est  peu  probable.  Edouard  P^*  leur  ga- 
rantit leurs  privilèges  (4279).  Edouard  III  les  confirma  en 
4344.  Une  descente  française  fut  tentée  en  4343.  En 
4368,  Guernesey  fut  occupé  par  des  mercenaires  espagnols 
de  Charles  V,  et  Duguesclin  assiégea  vainement  le  château 
deGorey,  chef-lieu  de  Jersey,  qui  reçut  ensuite  le  nom  de 
Montorgued.  En  4380,1e  pape  Pie  IX  promulgua  une  bulle 
lançant  l'anathème  contre  quiconque  molesterait  les  îles 
normandes.   Cette   bulle   fut  enregistrée   en  Angleterre 


(4384)  et  en  F'rance  (4386)  et  garantit  pour  trois  siècles 
une  quasi-neutralité.  En  4  460,  durant  la  guerre  des  Deux- 
Roses,  Marguerite  d'Anjou  s'entendit  avec  le  sénéchal  de 
Normandie  pour  céder  à  Maulevrier  les  îles  normandes,  en 
échange  d'un  secours  pour  Henri  VI.  Une  descente  eut 
lieu  dans  l'île  de  Jersey.  Montorgueil  fut  enlevé  ^par  esca- 
lade ;  Maulevrier,  nommé  gouverneur  de  l'île,  y  organisa 
des  états,  sur  le  modèle  français,  chacune  des  douze  pa- 
roisses y  déléguait  son  recteur  ou  curé  (clergé),  un  con- 
nétable (tiers  état)  ;  la  noblesse  éhsait  douze  jurés.  Mais, 
dès  4463,  Philippe  de  Carteret,  seigneur  de  Saint-Ouen, 
qui  avait  résisté  à  l'O.  de  l'île,  réussit  avec  l'aide  de 
l'amiral  Harliston  à  reprendre  Montorgued.  Jersey  fut  alors, 
malgré  la  charte  de  1494  qui  restreignit  le  pouvoir  des 
gouverneurs,  tyrannisée  jus([u'au  règne  d'Ehsabeth,  qui, 
par  crainte  d'une  atta([ue  française,  lui  rendit  ses  Etats, 
leur  laissant  l'administration  de  l'île.  Des  calvinistes  fran- 
çais l'avaient  gagnée  à  la  Réforme,  et  une  discipline  reli- 
gieuse très  sévère  fut  mise  en  vigueur.  L'île  de  Sercq,  où 
s'étaient  instahés  des  corsaires  français,  fut  donnée  en  fief 
par  la  reine  à  Héher  de  Carteret  (4563),  delà  famille  du- 
quel la  seigneurie  passa  aux  Le  Pelley  (4738),  puis  aux 
Collings  (4852).  Lors  de  la  révolution  d '/Angleterre,  Guer- 
nesey, qui  était  demeurée  calviniste,  se  déclara  pour  les 
parlementaires,  tandis  que  Jersey,  où  une  réaction  dans  le 
sens  de  l'épiscopat  anghcan  avait  triomphé  en  4649,  de- 
meurait fidèle  au  roi;  en  4649,  Charles  II  y  séjourna  cinq 
mois.  En  4654,  Cromwell  envoya  une  flotte  qui  bombarda 
et  prit  le  château  de  Saint-Pierre-Port,  puis  Saint- Aubin, 
Montorgueil  et  le  F'ort-Elisabeth  (de  Saint-HéMer)  où  sir 
George  Carteret,  chef  des  royalistes,  dutserendre.  Guillaume 
d'Orange  aboht  en  4689  la  neutralité  de  l'archipel.  Le 
5  janv.  4784,  un  coup  de  main  tenté  de  Saint-Malo  sur 
Jersey  par  le  baron  de  Rullecourt  échoua  ;  le  fort  Régent 
fut  alors  construit  au-dessus  de  Saint-Hélier. 

Actuellement,  les  îles  normandes  forment  dans  l'empire 
britannique  un  petit  F]tat  autonome.  Les  lois  du  parlement 
de  Londres  ne  leur  sont  applicables  que  si  leur  texte  le 
dit  expressément  et  si  les  Etats  de  Jersey  et  Guernesey  en 
autorisent  l'enregistrement  sur  leurs  registres  (records). 
Les  habitants  ne  doivent  le  service  mihtaire  que  dans  l'ar- 
chipel. Jersey  et  Guernesey  battent  monnaie  de  cuivre 
(pièces  d'un  et  deux  sous).  La  langue  française  est  la 
langue  officielle,  bien  que  l'anglais  l'emporte  dans  les 
villes.  Le  dialecte  parié  dans  la  campagne  dérive  de  celui 
du  xii^  et  du  xiii^  siècle;  il  est  plus  pur  à  Sercq. 

Le  gouvernement  de  Jersey  et  celui  de  Guernesey  sont 
indépendants  l'un  de  l'autre  ;  dans  chacun  des  bailHages, 
la  reine  d'Angleterre  est  représentée  par  un  lieutenant 
gouverneur,  officier  anglais  qui  commande  la  garnison,  les 
milices  insulaires,  siège  aux  Etats  à  droite  du  bailli;  il  a 
un  droit  de  veto  suspensif.  Le  baifli,  chefcivd,  est  nommé 
par  la  reine,  parmi  les  insulaires.  Les  Etats  de  Jersey, 
présidés  par  le  badh,  comprennent  les  42  jurés-justiciers 
élus  à  vie  par  les  contribuables,  les  42  recteurs  anghcans 
des  paroisses  nommés  par  la  reine,  les  42  connétables 
(maires)  de  ces  paroisses,  élus  pour  trois  ans  par  les 
contribuables  de  chacune;  on  y  a  ajouté,  depuis  4856, 
44  députés  élus  pour  trois  ans  par  les  conti'ibuables 
(3  pour  Saint-Hélier,  4  pour  chaque  autre  paroisse).  L'île 
de  Jersey  se  divise  en  douze  paroisses,  administrées  par 
leurs  assemblées  paroissiales  que  préside  le  connétable  (élu 
pour  trois  ans),  assisté  de  centeniers  et  de  vingteniers 
élus  à  raison  d'un  par  vingt  feux.  —  La  cour  royale  de 
justice  est  formée  des  42  jurés-justiciers  présidés  par  le 
iiaifli,  assisté  du  lieutenant-gouverneur.  Les  affaires  crimi- 
nelles relèvent  à  Jersey  d'un  jury  de  24  hommes  du  voisi- 
nage ;  5  voix  suffisent  pour  l'acquittement. 

Guernesey  se  divise  en  dix  paroisses.  Les  «  Etats  de 
débbération  »  se  composent  de  37  membres  :  bailli  nommé 
à  vie  par  la  reine  depuis  4607,  de  42  jurés-justiciers,  de 
8  recteurs  de  paroisses  (les  40  siègent  à  tour  de  rôle),  du 
procureur  royal,  des  6  députés  de  la  ville  de  Saint-Pierre, 


de  9  députés  des  autres  paroisses.  —  Les  jurés-justiciers, 
qui  forment  sous  la  présidence  du  bailli  la  cour  royale, 
tribunal  civil  et  criminel  sont  élus  par  les  Etats  d'élection 
comprenant  en  tout  224  membres  :  le  bailli,  12  jurés, 
10  recteurs,  le  procureur,  20  connétables,  16  douzeniers 
du  Valle,  68  douzeniers  de  Saint-Pierre,  96  des  huit  autres 
paroisses.  En  pratique,  la  cour  royale  a  accaparé  le  pouvoir 
et  maintenu  le  plus  possible  les  vieux  abus  (peine  du  fouet, 
confiscation).  —  La  seigneurie  de  Serc([,  (jui  relève  de  Guer- 
nesey  (de  même  qu'Aurigny),  est  partagée  entre  40  tenan- 
ciers, qui  l'administrent  dans  leur  assemblée  des  «  chefs- 
plaids  »,  présidée  par  le  sénéchal,  qui  rend  la  justice  au  nom 
du  seigneur,  sauf  appel  à  la  cour  de  Guernesey.     A. -M .  B. 

BuiL.  :  Lecerf,  l'Archipel  des  îles  Normandes  ;  Caen, 
1853,  iri-8.  —  Ansted  et  I.atiiam,  The  Chunnel  islands, 
18G5.  —  Franrois-Victor  Hugo,  la  Normandie  hiromuie'^ 
Paris,  1857.  in-8.  —  Victor  Hugo,  les  TravaÂlleurs  d»/  la 
mer.  —  Du  inûnio,  l'Archipel  de  la  Mancfie,  1883,  in-8.  — 
Au'j:  LiicHjn\  Soiwenirs  de  Jersey.  —  Joanm;,  les  Iles  a/i- 
fjliiises  (Guide),  189(5.  —  Nourv,  Géolo(jic  de  Jerseij  ;  Paris, 
1887.  —  Charles  Li-:  Quesnjs,  A  Consiitidionnal  h'istory  of 
Jersey,  185G.  —  Duncan.  llistory  of  Guernsey,  18J'2.  — 
Delacroix,  Jersey,  ses  antuiLÙiés,  ses  instd.ntio)is...^lHb^). 

NORMANDIE.  Ancienne  province  comprise  entre  la  Pi- 
cardie àl'E.,  le  Vexin  français  et  l'Ile-de-France,  le  Perche 
et  le  Maine  au  S.  et  la  Bretagne  à  TO.  Au  N.  elle  est  bai- 
gnée par  la  Manche.  Elle  a  formé,  en  1790,  cinq  départe- 
ments :  la  Seine-Inférieure,  l'Eure,  le  Calvados,  l'Orne  et  la 
Mauche.  Otte  contrée  tire  son  nom  des  Normands,  pirates 
norvégiens  ou  danois,  qui  s'établirent  en  Neustrie  à  la  fui 
du  ix«  siècle  (V.  Neustrie,  Normands  et  Scandinavie). 

Histoire.  —  Période  préhistorique.  —  La  Normandie 
n'a  ])as  conservé  de  traces  de  la  présence  des  races  mag- 
dah'Miiennes  sur  son  sol .  Les  plus  anciens  vestiges  ([ue  riiomme 
ait  laissés  dans  cette  région  ne  remontent  ])as  au  delà  de 
l'âge  de  la  pierre  polie  ;  ils  sont  nombreux  surtout  dans 
les  dép.  de  la  Manche,  de  l'Orne  et  du  Calvados.  On  en 
a  trouvé  en  assez  grand  nombre  à  Notro-Dame-de-la-Ga- 
renne  (Eure),  au  Mont-de-Cerisy,  à  Briante  (Orne),  à 
Saint-Cyr-du-Bailleul (Manche),  à  Cocherel,àYauvray,  etc. 
(rest  également  à  cette  époque  de  la  ])ierre  polie  que  re- 
monteut  les  monuments  mégalithiijues  :  dolmens  et  monu- 
ments funéraires  que  l'on  trouve  dans  la  Manche,  dans  la 
pai'tie  occidentale  du  Calvados,  dans  l'Orne  et  dans  la  par- 
lie  méridionale  de  l'Eure  (Cf.  A.  Bertrand,  la  Gaule  avant 
les  Gaulois). 

Période  CELTIQUE  — Avant  l'incorporation  de  la  Gaule 
à  l'Empire  romain,  la  région,  qui  porta  dans  la  suite  le  nom 
de  Normandie,  était  habitée  parles  Calètcs,  les  Véliocasses, 
les  Lexoviens,  les  Aulerques  Eburovi({ues,  les  Sagiens,  les 
Yiducasses,  les  Bajocasses,  les  Unelles,  les  Abrincates. 
Avant  l'invasion  romaine,  le  territoire  des  Calètes  et  des 
Véliocasses,  ayant  été  conquis  par  les  Gallo-Kymris,  fut 
détaché  de  la  Celtique  et  incorporé  à  la  Belgique.  César 
eut  vite  fait  de  con(|uérir  cette  partie  de  la  Gaule.  Pendant 
qu'il  guerroyait  contre  les  Venètes,  les  Unelles,  sous  la 
conduite  de  Viridovix,  se  soulevaient.  Les  Aulerques  Ebu- 
rovicfues  et  les  Lexoviens  formèrent,  avec  les  Unelles,  une 
confédération.  Trompés  par  un  transfuge,  les  Gaulois  atta- 
quèrent le  camp  de  Q.  Titurius  Sabinus  et  se  firent  tuer 
en  grand  nombre.  Toutes  les  cités  se  donnèrent  aussitôt 
au  lieutenant  de  César,  et  le  proconsul  romain  put,  au  re- 
tour d'une  expédition  contre  les  Morins  et  lesMénapiens, 
prendre  ses  quartiers  d'hiver  chez  les  Aulerques,  les  Lexo- 
viens et  dans  les  autres  cités  récemment  soumises.  En  5^2, 
lors  du  soulèvement  général  de  la  Gaule,  les  ï^buroviques 
fournirent  un  contingent  de  3.000  hommes  à  l'armée  de 
Yercingétorix. 

Période  callo-romaine.  —  Après  l'invasion,  quand  la 
domination  romaine  fut  définitivement  établie,  Auguste  rat- 
tacha à  la  Lyonnaise  les  tribus  (pie  nous  avons  nommées, 
y  compris  les  deux  cités  belges,  les  Calètes  et  les  Vélio- 
casses, ((ui  furent,  dès  lors,  unies  à  la  Celtique.  Plus  tard, 
sOus  Dioclétien,  la  Lyonnaise  fut  démembrée  en  deux  pro- 
vinces. La  U^  Lyonnaise  comprit  toute  la  région  qui  nous 


29  —  NORMANDES  —  NORMANDIE 

occupe.  Rouen  en  fut  la  capitale.  Enfin,  sous  Gratien,  la 
11^  Lyonnaise  fut  fractionnée  en  deux  parties,  dont  l'une, 
ayant  toujours  Rouen  pour  métropole,  embrassa  à  peu  près 
exactement  le  territoire  qui  forma  la  Normandie.  La  Po- 
llua provinclarum  el  civitatum  Galliœ,  rédigée  vers 
l'an  400,  énumère  huit  cités  :  la  métropole  de  Rouen,  les 
cités  de  Bayeux,  d'Avranches,  d'Evreux,  de  Sées,  de  Li- 
sieux  et  de  Cou  tances.  Il  y  avait  donc  eu  comme  un  tas- 
sement des  anciennes  tribus  :  les  Calètes  avaient  été  absor- 
bés par  les  Véliocasses  ;  les  Vi(hicasses  par  les  Bajocasses. 

Sous  la  domination  romaine  s'élevèrent  des  bourgs  re- 
liés entre  eux  par  des  routes  dont  on  retrouve  de  nom- 
breuses traces  ;  il  n'est  guère  de  localité  où  l'on  ne  ren- 
contre des  vestiges  de  l'occupation.  Cette  région  profita 
grandement  de  la  paix  romaine.  Rouen  en  devint  le  grand 
port  maritime.  Juliobona  (Lillebonne)  nous  a  laissé'd'iin- 
portantes  ruines  :  les  arènes,  de  très  belles  mosaïques  et 
des  objets  d'orfèvrerie.  Le  trésor  d'ai'genterie  de  Bernay 
est  célèbre  parmi  les  archéologues,  et  le  marbre  de  Vieux, 
appelé  aussi  marbre  de  Thoriguy,  parce  (prila  été  trouvé 
dans  cette  localité,  est  un  texte  épigraphi(pie  de  première 
importance  pour  l'histoire  des  assemblées  des  Gaules  sous 
l'Empire  romain.  M.  l'abbé  Cocliet,  au  coui's  de  nombreuses 
et  fructueuses  fouilles,  a  mis  au  jour  des  maisons  romaines, 
des  sépultures  gauloises  et  gallo-romaines. 

i.e  christianisme  ne  se  répandit  que  lentement  dans  cette 
région  ;  l'évangélisation  ne  commença  qu'au  iii^  siècle  pour 
se  compléter  au  vii^  siècle.  Saint  Nicaise,  saint  Firmin, 
sainte  Honorine,  saint  (]lair,  saint  Mellon  de  Rouen  prê- 
chèrent les  premiers  la  foi  nouvelle.  Saint  Floxel  et  saint 
Wigor  évangélisèrent  le  Bessin  ;  saint  Valéry,  saint  Wan- 
drille,  saint  Ribert,  saint  Romain,  saint  Wulfran  exter- 
minèrent le  paganisme  dans  la  région  de  hi  basse  Seine  et 
le  pays  de  Caux. 

Période  franque.  —  Sous  les  Mérovingiens  et  les  Caro- 
hngiens,  les  cités  formèrent  des  pagi  :  la  cité  de  Rouen 
comprenait  4  pagi  :  le  Roumois  {pagus  liolojuagemis), 
le  Vexin  (p,  Vilcassinus),  leCaux(/;.  Ca/^h^s)  et  le  Talon 
(/}.  Tallaus)  ;  la  cité  d'Avranches  ne  formait  qu'un  pagus, 
l'Avranchin  (/;.  Abrincatinus),  qui  fut  réuni  au  ix^  siècle 
au  Cotentin  {p.  Gonstantùms)  ;  la  cité  de  Bayeux  donna 
naissance  à  ^i  pagi  :  le  Bessin  (/;.  Bajocassinus)  aiVOl- 
linga  Sai'()}ua;  la  cité  d'Evreux,  à  "i  pagi  également: 
l'Evrecin  (p.  Ehroicimis)  et  le  pagus  Madriacensis  ;  la 
cité  de  Sées  ou  Hiémois  comprit  3  pagi  :  p.  Sagensis, 
p.  Corbonensis,  p.  Oximensis.  Corbon  fut  remplacé 
dans  le  courant  du  x*^  siècle  par  Mortagne  comme  chef- 
lieu  de  pagus;  lacitédeLisieux  forma leLieuvin  (/;.  Le.ro- 
vinus)  et,  enfin,  la  cité  de  Coutancesou  Cotentin  fut  divisée 
en  '2  pagi  :  le  pagus  Gonslantinus  et  le  pagus  Corioval- 
lensis,  dont  la  capitale  (^oriovallum  s'élevait  sur  l'empla- 
cement de  (Cherbourg. 

Vers  la  fin  du  v^  siècle,  Rouen  et  tout  le  territoire  qui 
en  relevait,  c.-à-d.  la  contrée  N.-O.  de  l'héritage  de  Clovis, 
ht  partie  de  la  Neustrie  et  en  suivit  les  destinées  (V.  Neus- 
trie). Mais  dans  un  remaniement  territorial,  peu  antérieur 
au  traité  de  Verdun,  le  Talou,  le  Caux,  le  Roumois  et  le 
Vexin  furent  détachés  de  la  Neustrie  et  incorporés  dans 
la  Francia.  D'autre  part,  en  807,  \q^  Annales  de  sainl 
Berlin  nous  apprennent  que  le  Cotentin  fut  cédé  au  roi  de 
Bretagne  Salomon  par  Charles  h  ('hauve  ;  le  Cotentin  en- 
globait sans  doute  déjà  l'Avranchin. 

Les  invasions  normandes  en  Neustrie.  La  convention  de 
Saint-Clair-sur-Epte. — Les  Normands  apparurent  de  bonne 
heure  dans  la  région  neustrienne.  Dès  843,  ils  avaient 
remonté  la  Seine  au-dessus  de  Rouen.  Les  annalistes  enre- 
gistrent leurs  expéditions  de  845,  ^^Q  et  857.  Ils  étaient 
un  véritable  fléau  (pie,  par  des  prières  publiques  et  (pio- 
ti(hennes,  on  chercliait  à  détourner.  Sydroc  est  le  plus 
ancien  chef  des  Normands  de  la  Seine  (jui  nous  S()it  connu. 
En  858,  Charles  le  Chauve  et  l'empereur  Lothaire  H  l'as- 
siègent, ainsi  qu'un  autre  chef  de  bande,  Bjoern  Cote-de- 
Fer  (le  Berno  des  Annales  de  saint  Berlin),  dans  les  îles 


NORMy^NDlE 


-  30  - 


situées  en  face  de  Jeu  fosse,  et,  ne  pouvant  les  vaincre,  achè- 
tent leur  départ  ;  mais  ilfaut  croire  que  Sydroc  et  Bjoern re- 
çurent l'argent  et  ne  partirent  pas.  ou  que,  s'ils  s'éloi- 
gnèrent, ils  revinrent  peu  après,  car,  la  même  année,  les 
Normands  de  la  Seine  pillent  Bayeux  et  tuent  révé(|ue  ; 
en  859,  Noyon  etBeauvais,  dont  l'évcque  est  tué.  En  860, 
Charles  le  Chauve  traita  avec  un  autre  chef  normand  étahli 
à  l'embouchure  de  la  Somme,  Weland,  qui  s'engagea  pour 
3.000  livres  à  chasser  de  Jeufosse  ses  compatriotes.  Weland 
reçut  5.000  livres  et,  en  861,  assiégea  Jeufosse;  mais  il 
se  laissa  gagner  par  les  promesses  de  ceux-ci,  et,  de  con- 
cert avec  eux,  ravagea  le  pays  ([u'il  était  chargé  de  pur- 
ger d'hôtes  incommodes  (86 1-62).  Charles  le  Chauve  eut 
une  nouvelle  entrevue  avec  lui,  et  Weland  se  fit  chrétien. 
Le  roi  franc  fit  fortifier  Pitres  (86!2)  et  le  cours  de  la  Seine 
(864).  Ces  défenses  furent  insutîisantes  ;  en  865,  les  Nor- 
mands reparurent  ;  l'année  suivante,  ils  défirent  Robert 
le  Fort  et  Eudes  à  Mehm  et  consentirent  à  se  retirer  moyen- 
nant4.000  livres.  En  876,  les  Normands  occupèrent  Rouen  ; 
le  comte  Conrad  fut  chargé  de  traiter  avec  eux,  ]^]n  88i2 
et  885,  des  bandes  ravagèrent  de  nouveau  la  région,  et 
l'un  des  chefs,  Siegfried,  attaqua  Paris.  L'année  suivante, 
Rollon  entrait  en  scène.  Les  historiens  avaient  admis  jus- 
qu'à nos  jours  que  Rollon  était  arrivé  en  Gaule  vers  876; 
la  comparaison  attentive  de  Dudon  de  Saint-Ouentin  et  de 
l'annaliste  de  Saint-Waubt  oblige  à  reculer  l'apparition  de 
Rollon  jus([u  en  886.  Le  récit  de  la  campagne  de  886,  ([ui 
nous  est  fourni  par  les  Annales  Vedastini.  ne  contient 
aucune  mention  de  Rollon,  qui  devait  être  alors  un  simple 
chef  en  sous-ordre,  (iuoi  qu'il  en  soit,  entre  890  et  89"2, 
Rollon  dirige  personnellement  une  expédition  contreBayeux, 
qui  avait  déjà  victorieusement  résisté  au  Normand  Bothon 
(le  comte  Bérenger  avait  même  fait  prisonnier  Bothon). 
Rollon  prit  et  détruisit  la  ville.  Au  nombre  des  captifs 
que  Rollon  emmenait  avec  lui,  se  trouvait  la  fille  du  comte 
Rérenger,  Poppa,  que  le  chef  nornioand  épousa  more  da- 
nico.  Au  retour  de  cette  expédition,  Rollon  pilla  Lisieux, 
vint  assiéger  Paris  (892).  H  fit  ravager  l'Evrecin  à  cette 
même  époque,  alla  peut-être  lui-même  dévaster  le  S.  de 
l'Angleterre,  puis  la  Lorraine,  et,  de  retour  à  Rouen,  il 
conclut  une  trêve  avec  ses  voisins.  Cette  trêve,  s'il  faut  en 
croire  Dudon,  fut  rompue  par  ceux-là  mêmes  qui  avaient 
le  plus  d'intérêt  à  la  respecter.  Les  pillages  recommen- 
cèrent. Rollon  partit  de  Rouen  (vers  911)  pour  assiéger 
Chartres,  mais  il  fut  battu  devant  cette  ville  par  Raoul  de 
Bourgogne  et  Robert  de  Paris.  Cette  défaite  ne  semble  pas 
l'avoir  arrêté.  On  ne  s'expliquerait  pas  autrement  que  les 
habitants  eux-mêmes  eussent  attendu  la  défaite  des  Nor- 
mands pour  demander  au  roi  qu'on  donnât  la  Neustrie  à 
Rollon,  et  que  Charles  le  Simple,  accueillant  cette  demande, 
eût  envoyé  à  Rollon  l'archevêque  do  Rouen,  Francon,  pour 
conclure  la  paix  définitive.  li  ressort  en  toute  évidence  de 
ce  qui  précède  que  les  Normands  étaient  établis  comme  à 
demeure  sur  la  Seine  inférieure  ;  cela  nous  est  confirmé 
par  ce  fait  que,  vers  l'an  900,  l'archevêque  de  Rouen, 
Witto,  demanda  à  rarchevê([ue  de  Reims  des  conseils  pour 
convertir  les  hommes  du  Nord.  La  célèbre  convention  de 
Saint-Clair-sur-]^]pte  ne  fit  donc  (|ue  sanctioinier  une  prise 
de  possession  déjà  accom])lie. 

Il  n'y  a  pas  eu,  comme  il  seu)ble,  de  traité,  c.-à-d. 
d'instrument  écrit,  rédigé  après  des  conférences  et  signé 
par  les  parties  contractantes.  R  n'y  eut,  à  Saint-Chiir-s'ur- 
Epte,  qu'une  entrevue  suivie  de  conventions  verbales.  Aussi 
les  historiens  ne  s'accordent-ils  pas  sur  la  nature  et  l'im- 
portance des  concessions  faites  par  Charles  le  Simple.  L'opi- 
juon  la  plus  vraisemblable  est  qu'en  911  le  territoire  con- 
cédé par  Charles  le  Simple  à  Rollon  ne  comprenait  que  le 
Talou,  le  Caux,  le  Roumois,  la  partie  du  Yexin  située  sur 
la  rive  droite  de  l'Epte.  leLieuvin  etTINrecin.  Rollon  obtint 
aussi  des  terres  à  ])iller  en  Bretagne,  s'il  faut  en  croire 
Dudon  de  Saint-(Juentin  ;  ces  terres  ne  pouvaient  être  (|ue 
FAvranchin  et  le  Cotentin,  peut-être  aussi  le  Bessin.  Enfin, 
Dudon  raconte  que,  par  la  convention  de  Saint-Clair-sur- 


l^^pte,  Rollon  et  Charles  conclurent  une  alliance  qui  fut  con- 
sacrée par  le  mariage  de  Rollon  et  de  Cisela,  fille  du  roi 
de  France.  Mais,  en  911,  Cisela  ne  pouvait  avoir  que  trois 
ou  quatre  ans,  et  tout  semble  indiquer  que  ce  n'est  là  qu'une 
légende  inventée  postérieurement. 

La  Normandie  sous  les  princes  normands.  —  lia  lion  ne 
nous  est  pas  connu  avant  son  arrivée  dans  notre  pays. 
Tout  ce  qu'on  a  dit  sur  son  origine  et  celle  de  ses  compa- 
gnons est  hypothétique  :  les  preuves  en  faveur  de  l'origine 
danoise  sont  aussi  nombreuses  et  aussi  peu  convaincantes 
(fue  celles  données  en  faveur  de  l'origine  norvégienne. 
Rollon  se  fit  baptiser  avec  beaucoup  de  ses  compagnons. 
R  partagea  les  terres  qui  lui  avaient  été  concédées'  entre 
ses  fidèles,  probablement  au  sort  ;  donna  à  ses  sujets  des 
lois;  fil  des  largesses  aux  églises  et  aux  couvents,  moins 
peut-être  poussé  par  la  piété  que  par  le  désir  de  se  faire 
un  allié  du  clergé  qu'il  savait  puissant.  Les  Normands 
importèrent  dans  la  région  qu'ils  occupèrent  une  organi- 
sation féodale  avant  la  lettre.  Le  duc  continua  de  gou- 
verner avec  le  concours  des  chefs  de  bande.  Rollon  resta 
fidèle  à  ralliance  carofingienne.  En  918,  il  combat  les 
Normands  de  la  Loire,  mais  il  ne  se  mêle  pas  aux  guerres 
civiles  jusqu'en  923.  Une  brouille  survint  à  cette  époque 
entre  Rollon  et  Charles  le  Simple  ;  néanmoins,  le  duc  nor- 
mand refusa  à  Hugues  le  Grand  d'entrer  dans  une  révolte 
contre  le  roi.  En  923,  il  prit  parti  pour  Charles  le  Simple. 
Après  la  mort  de  l'antiroi  Robert,  à  Soissons,  les  grands 
avaient  donné  la  couronne  à  Raoul  de  Bourgogne.  Charles 
le  Simple  appela  à  son  secours  les  Normands  de  la  Loire. 
Ceux-ci,  conduits  par  Ragnold,  furent  renforcés  par  les 
contingents  de  Rollon.  Ragnold  échoua  en  Ponthieu  et  en 
Artois  ;  il  pilla  le  Beauvaisis.  Cette  campagne  malheureuse 
eut  pour  conséquence  l'envahissement  par  le  roi  Raoul  des 
territoires  de  Rollon.  Celui-ci  demanda,  sans  doute  en 
dédommagement  des  dégâts  commis  dans  ses  Etats,  des 
terres  ull]-a  Sequanani.  A  la  paix  qui  fut  signée  en  924, 
Rollon  obtint  le  Bessin  et  le  pays  manceau  (Flodoard).  Le 
Bessin,  qui  avait  probablement  été  pillé  par  Rollon,  (|ui 
était,  d'autre  }>art,  le  refuge  des  Normands  restés  fidèles 
aux  coutumes  et  à  la  foi  de  leur  pays  d'origine  et  sans 
cesse  grossis  par  Tan'ivée  de  nouveaux  barbares,  chercha 
à  se  soustraire  à  cette  domination.  ¥a\  925,  Rollon,  ayant 
déchiré  le  traité  conclu  avec  Raoul,  s'était  jeté  sur  le 
Beauvaisis  et  l'Amiénois.  Les  gens  du  Bessin  ravagèrent 
les  terres  normandes  situées  sur  la  rive  gauche  de  la 
Seine,  pendant  que  Hugues  le  Grand,  vainqueur  à  Noyon, 
envahissait  de  son  côté  la  Normandie  et  que  Helgaud, 
Ariioul  de  Flandre  et  Herbert  de  Vermandois  ravageaient 
un  pays  récemment  occupé  sur  la  rive  droite  (leVimeu?). 
La  situation  de  Rollon  était  désespérée  quand  Hugues  le 
Grand  passa  avec  lui  un  traité  de  JUHilralité.  Rollon  re- 
poussa ses  adversaires  jusque  sous  Arras  où  il  les  vain- 
(piit  (926).  Cetie  victoire  des  Normands  et  Finvasion  hon- 
groise de  926  obligèrent  le  roi  Raoul  à  signer  la  paix. 
Rollon  reçut  un  tribut  que  l'on  préleva  sur  la  France  et 
sur  la  Rourgogne,  et  on  lui  donna  en  otage  le  fils  d'Her- 
bert de  Vermandois,  Eudes.  Il  n'en  resta  pas  moins  le 
parlisan  fidèle  de  Charles  le  Simple.  En  927,  il  associa 
son  fils  aillé  Guillaume  au  gouvernement  de  son  duché,  et 
Guillaume  alla  au  château  d'Eu  prêter  hommage  à  Charles 
que  Herbert  venait  de  relâcher;  l'année  suivante,  Rollon 
refusait  de  rendre  lAides  à  son  père  tant  que  le  comte  de 
Vermandoib  et  ses  partisans  u'auraicnl  pas  juré  fidélité  au 
roi  carolingien. 

Rollon  mourut  plein  de  jours  vers  931 .  En  appelant 
son  fils  à  gouverner  dés  927,  non  pas,  comme  le  dit 
Dudon  de  Saint-Quentin,  à  la  demande  des  seigneurs,  mais 
de  sa  propre  initiative,  comme  le  veut  Guillaume  de  Ju- 
mièges,  Rollon  avait  inauguré  une  pratique  dont  les  rois 
capéliens  se  serviront  pour  faire  triom[)her  le  principe 
héréditaire  sur  le  principe  électif  que  le  duc  normand, 
tout  voisin  encore  de  ses  origines  Scandinaves,  pouvait 
moins  que  tout  autre  attaquer  de  front.  Ses  successeurs 


—  34 


NORMANDIE 


l'imiteront.  Cette  pratique  était  d'autant  plus  nécessaire 
que  les  ducs  normands  n'eurent  pas,  comme  les  Capétiens, 
la  chance  de  perpétuer  leur  race  légitime.  Le  mariage 
more  danico  assura  l'hérédité  dans  la  famille  de  Kollon. 

Guillaume  Longiie-Epi'e,  '^^  duc  de  Normandie 
(927-931-942),  était  (ils  de  Ilolion  et  de  Poppa,  par  con- 
séquent un  bâtard.  Il  naquit  probablement  à  Rouen.  Le 
règne  de  Guillaume  est  marqué  par  des  événements  con- 
sidérables. Dès  931,  les  comtes  bretons,  Alain  etRérenger, 
chassant  devant  elix  les  Normands  de  la  Loire,  s'avan- 
cèrent jusque  dans  le  Dessin.  Guillaume  se  porta  à  leur 
rencontre,  prit  Avranches  et  Goutances,  franchit  le  Coues- 
non,  força  Rérenger  à  se  soumettre  et  Alain  à  se  réfugier 
auprès  du  roi  d'Angleterre,  Athelstan  (932).  Guillaume 
prit,  d'après  Flodoard,  une  concubina  britaniiica  ; 
Guillaume  de  Jumièges  dit  qu'il  épousa  Sprota  more  da- 
nico. Cette  guerre  est  présentée  le  plus  souvent  comme 
une  révolte  des  comtés  bretons  contre  la  domination  nor- 
mande ;  c'est  une  erreur.  Cette  ex])édition  fut  une  véri- 
table guerre  de  conquôlc,  comme  le  prouve  l'événement 
de  l'année  933.  En  celte  année,  Guillaume  contracta 
alliance  avec  Hugues  le  Grandet  Herbert  de  Vermandois  ; 
il  prêta  hommage  au  roi  de  France,  Raoul,  (pii  lui  con- 
firma la  conquête  effectuée  l'année  précédente,  la  terram 
Brittonum  in  ora  )nariti))ia  sitam,  c.-à-d.  l'Avranchin 
et  le  Cotentin. 

La  politi(pie  d'alliance  française  adoptée  par  le  duc 
normand  eut  pour  conséquence  une  révolte  dans  laquelle 
s'affirmèrent  les  instincts  aristocratiques  des  Scandinaves. 
Les  Normands,  encore  païens,  du  Dessin  et  du  Cotentin, 
craignirent  que  leur  duc  ne  devint  trop  puissant  ;  ils  lui 
reprochèrent  de  n'être  plus  un  pur  Scandinave,  de  se 
montrer  trop  favorable  aux  Français.  Il  se  forma  une 
sorte  de  parti  contre  l'étranger.  Sur  les  conseils  d'unjarl 
(noble)  nommé  Riulf,  ils  exigèrent  que  le  duc  se  dépouillât 
de  tout  le  pays  à  l'O.  de  la  Risle  :  de  la  sorte,  disaient- 
ils,  «  nous  l'égalerons  en  puissance,  il  ne  nous  sera  supé- 
rieur que  de  nom  »  (potentiores  co  erimus  fortuna,  ille 
tantum  nobis  nomine) .  GuillaunK*  rejeta  leurs  demandes; 
ils  envahirent  le  Roumois  et  le  Vexin  et  marchèrent  sur 
Rouen.  Guillaume,  abandonné  pres(|ue  totalement,  offrit 
ce  qu'on  lui  avait  demandé.  Riulf  lui  ht  répondre  de  s'en 
ail  >r  avec  ses  partisans  chez  les  Français  ses  parents 
{petatque  Francos  suos  parentes  citim).  Guillaume 
tojiba  à  l'improviste  sur  les  rebelles  et  les  mit  en  déroute. 
En  réprimant  la  révolte  de  Riulf,  Guillaume  assurait  le 
triomphe  de  la  monarchie  ducale  sur  l'aristocratie.  Le 
même  jour,  à  Dayeux,  dil-on,  Sprota  donnait  un  héritier 
de  cette  monarchie  à  Guillaume,  Richard, 

Guillaume  consolidait  ses  alliances  ])ar  des  mariages. 
Il  épousait  une  iille  d'Herbert  de  Vermandois,  Leulgarde, 
et  mariait  sa  so'ur  Gerloc  au  'comte  de  Poitou,  Guillaume 
Tète-d'Etou|)e.  Sur  ces  entrefaites.  Raoul  de  Rourgogne 
mourut.  Guillaume  dut  prendre  part  au, rappel  de  Louis  IV 
d'Outremer,  car,  en  936,  il  est  un  des  premiers  à  lui 
prêter  hommage  à  Doulogne.  En  939,  Guillaume  suivit 
Hugues  le  Grand  dans  sa  révolte  contre  l^ouis  IV,  et 
l'accompagna  en  Lorraine,  où  ils  portèrent  leur  hommage 
à  Otton  de  Lorraine.  Les  évèques  de  Tentourage  du  roi 
excommunièrent  le  duc  de  Normandie.  Louis  IV,  ayant 
fait  une  trêve  avec  Hugues  le  Grand,  s'apprêta  à  tourner 
ses  forces  contre  Guillaume;  celui-ci  demanda  la  paix. 
Dans  une  entrevue  en  Amiénois,  Louis  IV  lui  renouvela 
rinrestiture  de  la  Normandie  (94()).  Mais  à  la  fm  de  cette 
même  année  940,  Hugues,  Guillaume  et  Herbert  de  Ver- 
mandois s'emparèrent  de  Reims  et  mirent  le  siège  devant 
Laon  que  Louis  IV  secourut  à  temps.  La  paix  fut  signée. 
Guillaume  semble  avoir  été  sincère  en  cette  circonstance; 
il  s'est  rapproché  de  Louis  IV,  lui  a  ménagé  avec  l'empe- 
reur Henri  l'Oiseleur  une  entrevue  au  cours  de  laquelle 
fut  décidé  le  mariage  de  Louis  IV  et  de  Herberge,  fille 
de  Henri.  Il  est  même  le  parrain  du  tils  de  Louis  IV,  Lo- 
thaire.  Et  cependant,  en  941,  Guillaume  a  une  entrevue 


avec  Hugues  le  Grand,  Arnoul  de  Flandre  et  Herbert  de 
Vermandois,  et,  vers  Noël,  Herbert  va  trouver  Otton. 
Guillaume  ne  resta  pas  fidèle  aux  engagements  pris  dans 
cette  entrevue  ;  il  se  laissa  gagner  par  Louis  IV,  qui  vint 
le  trouver  à  Rouen.  «  Wiïlelmus,  dit  Flodoard,  regeni 
Ludovicum  regaliter  in  liothomo  suscepil.  »  Le  comte 
deRretagne,  Alain  Darbetorte,  qui,  en  938,  avait  secoué  le 
joug  normand,  le  comte  de  Rennes,  Rérenger  et  Guillaume 
Tête-d'Etoupe  vim'cnt  se  joindre  à  eux.  Hugues,  Herbert 
et  Otton  campèrent  sur  les  bords  de  l'Oise  où  les  deux 
armées  se  trouvèrent  en  présence.  Une  trêve  de  deux  mois 
fut  conclue,  vers  le  15  sept.  942,  et  la  paix  générale 
signée  à  la  fin  de  cette  a/mée  qui  devait  voir  la  mort  tî'a- 
gique  de  Guillaume.  Arnoul,  comte  de  Flandre,  avait  mis 
la  main  sur  le  château  de  Montreuil.  Le  comte  Herluin, 
dépossédé,  invo(|ua  le  secours  du  duc  de  Normandie,  qui 
le  rétablit  dans  son  bien  et  reçut  pour  prix  de  ce  service 
sou  hommage.  Le  comte  de  Flandre  attira  Guillaume  à 
une  entrevue  (peut-être  à  Picquigny)  et  le  fit  assassiner 
le  17  déc.  942  (et  non  le  16  janv.  943). 

Guillaume  avait,  peu  de  temps  avant  de  mourir,  con- 
vo([Ué  les  grands  de  Normandie  à  Rayeux  et  fait  recon- 
naître comme  son  héritier  son  fils  âgé  de  dix  ans  à  peine. 
liichard  t'^  sans  Peur,  3^  duc  de  Normandie  (942- 
996),  failUt  perdre  son  duché.  Louis  IV,  après  l'assas- 
sinat de  Guillaume,  était  venu  à  Rouen  ;  il  avait  donné 
l'investiture  à  Richard  et  reçu  l'hommage  d'une  partie  des 
seigneurs.  D'autres  Noi'mands  avaient  reconnu  Hugues  le 
Grand  pour  leur  suzerain.  Mais,  en  943,  des  Scandinaves 
païens,  sous  la  conduite  de  Setric,  débarquèrent  en  Nor- 
mandie et  ramenèi'ent  beaucoup  d'habitants  au  paganisme. 
L'uu  de  ces  renégats,  Turmod,  essaya  d'arracher  le  jeune 
duc  au  christianisme.  Hugues  le  Grand  avait  vaincu  ces 
barbares  et  occupé  Evreux.  Louis  IV  les  anéantit  sous 
Rouen.  Il  rêva  de  réunir  la  Normandie  à  la  couronne  ; 
ayant  fait  conduire  Richard  à  Laon,  il  l'y  retint  dans  une 
demi-captivité.  Il  s'entendit  avec  Hugues  le  Grand  à  l'en- 
trevue de  la  Croix,  prés  Compiègne.  pour  occuper  mili- 
taii'emont  le  duché,  et  le  chargea  de  prendre  Rayeux. 
Mais,  peu  après,  trompé  par  le  vieux  Rernard  le  Danois, 
qui  lui  déclara  <|ue  les  Normands  du  Dessin  le  préféraient 
à  Hugues  pour  suzerain,  craignant  aussi  sans  doute  de 
rendre  trop  puissant  son  redoutable  allié,  il  ordonna  à 
celui-ci  de  lever  le  siège  de  Rayeux.  Hugues  obéit  et 
Louis  [V  ht  son  entrée  à  Rayeux,  à  I>reux  et  à  Rouen  (944). 
Il  crut  pouvoir  s'éloigner.  Mais  à  ce  moment  arrivait  une 
flotte  Scandinave  qui  séjourna  près  d'un  an  à  Cherbourg. 
Rernard  le  Danois  avait  envoyé,  au  nom  du  duc  Richard, 
une  ambassade  au  roi  de  Danemark,  Harold  à  la  Dent 
bleue  (consanguineus  et  propinquus  dncis  Richardi). 
l'ji  9i'3,  Harold,  pénétrant  dans  la  Dive,  débarqua  à 
Varaville.  Louis  IV  était  alors  occu])é  au  siège  de  Reims  ; 
il  revint  à  Rouen.  Il  eut  une  entrevue  avec  Hagrold,  qui 
commandait  à  Rayeux  et  qui  le  somma  de  rendre  la  Nor- 
mandie à  Richard.  L'escorte  du  roi  fut  massacrée  (13  juil. 
945)  ;  ses  troupes  furent  défaites  à  Varaville.  Il  s'enfuit 
et  gagna  Rouen  avec  un  Normand  hdèle  ;  mais  à  Rouen 
il  fut  fait  prisonnier  par  des  Normands  qu'il  croyait  ses 
partisans.  Il  n'obtint  sa  liberté  qu'en  signant  avec  Richard 
sans  Peur,  qui  s'était  enfui  de  Laon,  le  traité  de  Gerberoy 
(appelé  aussi  le  deuxième  traité  de  Saint-Clair-sur-Epte). 
Louis  IV  reconnaissait  les  conquêtes  successives  faites  par 
les  Normands.  Le  jeune  Richard  lui  prêtait  hommage, 
mais  le  duc  de  Normandie  n'était  teini  à  aucun  service 
militaire  envers  son  b'uzerain  ;  peut-être  même  fut-il  auto- 
risé à  paraître  devant  le  roi  désarmé,  l'épée  au  côté.  Selon 
le  mot  de  Dudon  de  Saint-(^)uentin,  depuis  ce  traité,  le 
duc  était  roi  m  "Sovnmndie  {tenet  sieiit  rex  monarchia)n 
Nortkmanniœ  regionis).  Hugues  le  Grand,  qui  n'avait 
pas  pardonné  au  roi  l'affaire  de  Bayeux,  fit  alliance  avec 
Richard  et  célébra  les  hançailles  du  duc  de  Normandie 
avec  sa  fille  Emma.  Le  mariage  n'eut  lieu  qu'en  958,  deux 
ans  après  la  mort  de  Hugues  le  Grand.  Louis  IV  répondit 


NORMANDIE 


82  — 


à  cette  alliance  en  faisant  appel  à  Otton  de  Germanie 
auqnel  il  abandonna  ses  droits  sur  la  Lorraine.  Otton, 
Louis  IV,  Tarchevèque  de  Reims  Artautl,  Arnoul  de 
Flandre,  Conrad  le  Pacifique,  roi  de  Bourgogne  transju- 
rane,  attaquèrent  les  Etats  de  Hugues,  passèrent  la  Seine 
et  marchèrent  sur  Rouen.  Leur  avant-garde  fut  détruite 
dans  le  bois  de  Maupertuis  ;  ils  assiégèrent  Rouen  et  se 
retirèrent  à  l'approche  de  l'hiver  (946).  Dès  lors,  la 
Normandie  vécut  en  paix  jus(ju"à  \i\  mort  de  Louis  IV 
(10  sept.  954). 

Le  jeune  roi  Lothaire,  ou,  mieux,  sa  mère  Herl)erge, 
attaqua  la  Normandie  avec  l'aide  de  Thibaut  le  Tricheur, 
comte  de  Chartres,  Tours  et  Blois,  qui  avait  épousé  la 
veuve  de  Guillaume  Longue-Epée.  Une  première  tentative 
sur  l'Aulne  échoua  ;  une  seconde  sur  Evreux  réussit. 
Thil)aut  marcha  alors  sur  Rouen  pendant  que  Richard  de 
son  côté  ravageait  le  pays  chartrain.  Celui-ci  rentra  pré- 
cipitamment dans  sa  capitale,  poursuivit  son  ad\ersaire 
vaincu  jusque  dans  (Chartres  (|u'il  brûla  (vers  96i2).  Thi- 
luiut  forma  contre  Richard  une  coalition  dans  laquelle 
entrèrent  le  roi  et  le  comte  du  Perche  et  de  Rellème. 
Richard  envoya  une  ambassade  à  llarold  k  la  Dent  bleue. 
La  flotte  Scandinave  remonta  la  Seine  jus(|u'à  Jeufosse  ; 
les  Danois  se  jetèrent  sur  le  pays  chartrain  et  tirent  de 
tels  ravages  que,  selon  la  forte  expression  de  Guillaume 
de  Jumièges,  on  n'entendait  plus  un  chien  aboyer  {Fit 
lactus  (»}inù(}}i  1)1  couDinoie,  nuUo  cane,  per  comila- 
tuin  Tedhaldi,  latmnte.  ?i(S^).  La  paix  fut  négociée  au 
noui  de  Thibaut  par  Tévèiue  de  Chartres  :  Tlùbaut  ren- 
dait Evreux.  Le  roi  ne  déposa  les  armes  qu'en  969. 

Pour  la  seconde  fois,  sous  ce  règfie,  la  Normandie  jouit 
d'une  longue  tranquillité,  peiidant  laquelle  le  duc  assura 
à  l'intérieur  la  bonne  administration  de  ses  Etats,  comme 
en  témoigne  l'aifaire  du  sénéchal  Raoul  Torte,  «  cet  oppres- 
seur du  peuple  et  do  l'Eglise  »,  qui  fut  mis  à  mort  ; 
s'eft'orça  de  réparer  les  maux  de  la  guerre  en  restaurant 
et  reconstruisant  les  églises.  A  l'extérieur,  Kichard  joua 
le  rôle  de  médiateur  et  d'arbitre.  En  956,  Hugues  le 
Grand  lui  a  confié  en  mourant  son  jeune  fils.  Quand 
celui-ci,  Hugues  Capet,  fut  élu  roi,  le  comte  de  Flandre 
refusa  de  le  reconnaître;  Richard  les  accorda.  Il  intervint 
avec  autant  de  succès  entre  Hugues  Capet  et  Herbert  II 
de  Vermandois. 

Richard  sans  Peur  tomba  malade  à  Bayeux  ;  il  se  fit 
transporter  à  Fécamp.  Il  y  convoijua  les  grands  et  leur 
présenta  son  fils  Richard  H  pour  qu'ils  l'acceptassent 
comme  son  successeur,  (^clui-ci  était,  comme  ses  ])rédé- 
cesseurs,  un  hls  naturel.  De  son  mariage  asec  lùiima, 
Richard  P^' n'eut  ])as  d'enfant.  De  sa  femme  }iiore  danico, 
(fOimor,  il  eut  six  enfants  :  Hichard,  lioherl,  archevè(pie 
de  Rouen,  comte  d'E^reux;  Manger,  comte  de  (.orbeil, 
([ui  fut  le  ])ère  de  Guillaume,  comte  de  Mortain  ;  Emma, 
(pii  épousa  Ethelred,  roi  d'Angleterre;  Hedumje,  (pii  fut 
duchesse  de  Bretagne  par  son  mariage  avec  Geoffroi,  et 
Malhilde,  qui  devint  comtesse  de  Chartres,  Tours  et  Blois 
par  son  mariage  avec  le  hls  de  Thibaut  le  Tricheur, 
Eudes  IL  H  avait  eu  des  enfants  d'autres  femmes,  entre 
autres  Guillaume,  comte  d'Exmes. 

llichard  il  le  Bon,  ¥  duc  de  Normandie  (996- 
lO'^ô),  vit  son  règne  commencer  par  une  tragédie.  Guil- 
laume de  Jumièges  rappoi'te  (ju'en  l'année  996  les 
paysans  formèrent  une  véritable  fédération  pour  vivre  à 
leur  guise,  c.-à-d.  pour  écha]q)er  à  la  tyrannie  toute 
féodale  des  seigneurs  normands.  Ils  eurent  la  simplicité 
de  croire  qu'ils  pourraient  atteindre  leur  but  sans  vio- 
lence. Ils  envoyèrent  des  députés  auprès  du  duc.  Les 
envoyés  eurent  les  j)ieds  et  les  mains  coupés.  L'oncle  ma- 
ternel du  roi,  Raoul  d'Ivry.  ré])rima  avec  une  sauvagerie 
inouïe  ce  mouvement  social  ])acifi(jue.  Il  fut  aussi  chargé 
de  réduire  à  Tobéissance  un  frère  consanguin  du  duc, 
Guillaume,  comte  d'I^xmes,  (pu  avait  refusé  Lhommage. 
Guillaume,  fait  prisonnier  dans  sa  capitale,  obtint  son 
pardon  après  cinq  ans  de  captivité  et  devint  comte  d'Eu. 


Ses  partisans  eurent  les  yeux  crevés  ;  leurs  biens  furent 
confisqués.  —  Après  avoir  rétabli  l'ordre  dans  ses  Etats, 
Richard  II  reprit  la  politique  d'alliance  capétienne  qui 
avait  si  bien  réussi  à  son  père.  C'est  en  vertu  de  cette 
alliance  qu'il  intervint  dans  l'affaire  de  Melun  et  dans  celle 
de  Bourgogne.  Le  comte  de  Chartres,  Eudes  II,  s'était 
emparé  du  château  de  Melun,  appartenant  à  Bouchard  le 
Vénérable.  Il  refusa  de  rendre  cette  place  à  la  requête  du 
roi.  Ro])ert  solHcita  l'aide  de  Richard  II  et  Melun  fut 
repris  (999).  A  la  mort  de  Henri  le  Grand,  son  beau-fils, 
Otte -Guillaume,  comte  de  Màcon,  mit  la  main  sur  le 
duché  de  Bourgogne  (V.  Bourgogne).  Robert  le  Pieux, 
qui  avait  des  droits  à  la  succession,  essaya,  avec  le  con- 
cours de  Richard,  de  faire  valoir  ces  droits  à  la  pointe  de 
ré])ée.  En  1003,  les  deux  alHés  assiégèi-ent  Auxerre,  sans 
succès.  Pour  venger  cet  échec,  ils  ravagèrent  la  Bourgogne 
jus(pi'à  la  Saône. 

La  politique  de  fauiille  vint  seule  troubler  la  paix  du 
duché.  La  Normandie  fut  en  effet  menacée  d'une  guerre 
par  Ethelred,  beau-frère  de  Richard  IL  La  cause  du  malen- 
tendu est  mal  conruie  ;  on  sait  seulement  que  Richard  ht 
des  reproches  au  roi  d'Angleterre  au  sujet  d'Emma. 
Ethelred  arma  une  flotte.  Le  débarquement  eut  lieu  près 
de  Coutances.  Les  gens  du  Cotentin  s'armèrent  et  reje- 
tèrent à  la  mer  le  corps  de  débarquement.  Quelques 
aimées  plus  tard,  ce  même  Ethelred,  chassé  de  son 
royaume  par  Swein  le  Danois,  se  réfugiait  avec  toute  sa 
famille  en  Normandie.  En  104  4  ou  j015,  une  autre  so'ur 
de  Richard,  Mathilde,  mourut  sans  enfants.  Elle  avait  eu 
en  dot  une  partie  du  comté  de  Dreux.  Son  mari,  Eudes  H 
de  Chai'tres,  refusa  de  rendi'e  la  dot.  Richard  assiégea 
Dreux  et  ht  bâtir  sur  la  frontière  Tillières.  Eudes' II, 
s' étant  allié  à  Hugues,  comte  du  Mans,  et  à  Galei'aii, 
comte  de  Meulan,  pilla  les  terres  de  Richard  qui  appela 
à  son  secours  les  deux  chefs  Scandinaves,  Olaf  de  Nor- 
vège et  Locman.  L'arrivée  des  Scandinaves  fit  signer  la 
paix.  Eudes  rendit  à  Richard  la  dot  de  Mathilde,  moins 
Dreux  (|u'il  remit  au  roi  de  France.  Les  Scandinaves, 
bien  payés,  se  retirèrent,  non  sans  avoir  massacré  Olaf, 
qui  avait  été  comerti  au  christianisme  par  l'archevèfpie 
de  Rouen,  Robert.  Enfin,  en  1025,  le  comte  de  Chalon, 
Hugues,  ayant  fait  prisonnier  le  comte  de  Nevers,  Renaud, 
(pii  avait  épousé  une  fille  de  Richard  il,  Alice,  eut  à  sou- 
tenir une  guerre  avec  la  Normandie.  Il  vint,  à  Rouen,  la 
selle  au  cou,  demander  personnellement  pardon  au  duc  de 
l'offense  faite  à  Renaud  (pii  fut  remis  en  liberté. 

Jamais  la  ])uissance  des  ducs  normands  ne  fut  plus 
grande.  VA  cependant  le  duc  de  .Xormaiidie  était  un  ])er- 
sonnage  à  demi  ecclésiasti(iue  comme  son  cont(Mnporain 
Robert  H;  il  fil  de  larges  disti'ibutioiis  aux  églises,  aux 
pèlerins.  11  avait,  en  j008,  épousé  Judith  de  Bretagne; 
il  en  eut  deux  hls  :  IHchard  et  liobert,  (pii  tous  deux 
montèrent  sur  le  tnine  ducal.  Il  mourut  à  Fécamp  en  1026 
après  avoir  fait  reconnaître  comme  son  successeur  Richard 
et  donné  à  Robert  le  comté  d'MKiues. 

Le  court  règne  de  likhard  Uî,  5°  duc  de  Nor- 
mandie (1026-27),  est  ensanglanté  par  la  révolte  de  Robert 
d'Exmes.  Robert  refuse  à  son  frère  l'hommage  et  se  réfugie 
dans  le  cbàleau  de  Falaise.  Assiégé  par  Richard  Hletpar 
le  comte  d'Alençon.  (iuillaume,  il  fut  forcé  de  s'amender; 
il  obtint  son  pardon.  Mais  à  ])eine  Richard  était-il  de 
retour  à  Rouen  qu'il  mourait  ])res(pie  subitement  (3févr. 
i027).  On  accusa  Robej-t  de  Lavoir  fait  empoisonner, 
mais  les  preuves  manquent  comme  elles  mancpient  contre 
Hugues  du  Mans  sur  lequel  on  a  fait  également  peser  des 
soupçons.  Richard  III  laissait  un  hls  naturel,  Nicolas,  (\m 
devint  plus  tard  abbé  de  Saiut-Ouen. 

Uobert  l'^  le  Diable,  le  Magnifique  ou  encore  le  Libc- 
ral  était  (Lune  rudesse  de  caractère  et  crune  prodigalité 
(|ui  ont  fraj)])é  ses  contemporains.  H  était  aussi,  dit  Guil- 
laume de  Jumièges,  «  de  mœurs  féroces  aux  ennemis  ». 
L'avènement  de  Robert  fut  le  signal  d'une  révolte  des 
grands.  Au  nombre  de  ceux-ci,  étaient  :  l'archevêque  de 


Rouen,  Robert,  oncle  du  roi;  l'évèque de Rayeux,  Hugues, 
son  cousin  ;  Guillaume  Talvas,  comte  d'Alençon  et  de 
Rcllême  ;  Alain,  duc  de  Rretagne,  qui  avait  prêté  liom- 
lîiage  à  Richard  11  en  1003.  L'archevêque,  assiégé  dans 
Evreux,  réussit  à  s'enfuir  en  France  d'où  il  excommunia 
le  dnc  et  mit  le  duché  en  interdit.  Peu  après,  il  se  récon- 
cilia avec  son  neveu.  L'évêijue  de  Rayeux  fut  assiégé  dans 
son  château  d'Ivry  et  fut  reçu  à  composition.  Guillaume 
Talvas,  qui  aNait  refusé  de  prêter  hommage,  défia  Robert 
dans  sa  ville  de  Domfront,  perchée  sur  une  hauteur  quil 
croyait  inaccessible.  Robert  le  Diable  le  força  à  venir 
une  selle  sur  les  épaules  demander  merci  et  faire  hom- 
mage. Les  fils  de  Guillaume  tinrent  la  campagne  ;  ils 
furent  vaincus  dans  la  forêt  de  Rallon.  A  la  mort  du  comte 
d'Alençon,  son  fds,  Robert  de  Rellême,  à  son  tour,  refusa 
l'hommage  à  Robert  le  Diable  ;  il  mourut  dans  une  expé- 
dition contre  le  comte  du  Maine,  Herbert  Eveille-Chien. 
Son  frèi'e  et  successeur,  Guillaume  IH  Talvas,  se  soumit. 
Enfin  conire  Alain  de  Rretagne,  Robert  construisit  sur  le 
(^ouesnon  la  forteresse  de  Carrouges  (auj.  Pontorson), 
mais  il  ne  put  poursuivre  de  ce  côté  ses  succès  parce 
qu'alors  il  avait  soulevé  la  question  de  succession  d'An- 
gleterre. Robert,  qui  avait  épousé  une  sœur  de  Knut  le 
Grand,  avait  à  sa  cour  les  enfants  d'EthelrecL  Alfred  et 
Edouard.  Il  envoya  une  ambassade  au  roi  d'Angleterre 
pour  l'engager  à  restituer  à  ses  protégés  leur  patrimoine. 
Knut  ayant  congédié  les  am})assadeurs  normands  «  sans 
bojnie  réponse  »,  Robert  réunit  une  flotte  à  Fécamppour 
rétablir  Alfred  et  Edouard.  Sa  flotte  fut  dispersée  par  la 
tempête  et  la  plupart  de  ses  navires  furent  rejetés  à  Guer- 
nesey.  Robert  se  retourna  alors  contre  la  Rretagne.  Alain 
invoqua  la  médiation  de  l'archevêque  de  Rouen,  son  oncle. 
La  paix  fut  conclue.  Alain  reconnut  la  suzeraineté  de 
Robert  le  Diable  (1030). 

Ayant  ainsi  assuré  son  autorité  dans  ses  Etats,  Robert  1^'" 
intervint  dans  les  affaires  de  ses  voisins,  en  France  et  en 
Flandre.  En  France,  à  la  mort  de  Robert  le  Pieux,  se 
forma  contre  Henri  P^'  une  véritable  coalition  dans  laquelle 
entrèrent  le  frère  du  roi,  Robert,  sa  mère  Constance, 
Eudes,  comte  de  Champagne,  et  le  comte  de  Flandre, 
Raudouin  IV  le  Rarbu.  Henri  P''  vint  à  Fécamp  implorer 
l'aide  de  Robert  le  Diable  ;  grâce  au  duc  de  Normandie 
et  au  comte  de  Corbeil,  Henri  triompha  de  ses  adver- 
saires. Robert  le  Diable  reçut,  pour  prix  de  ce  service, 
Pontoise,  Chaumont-en-Vexin  et  tout  le  Vexin  français 
(1031).  En  Flandre,  Robert  fut  appelé  par  Raudouin  IV 
contre  son  fils,  Raudouin  de  Lille,  qui  l'avait  chassé  de 
son  comté,  et  il  le  rétablit  dans  son  autorité. 

En  1033,  la  famine  et  la  peste  désolèrent  la  Norman- 
die, lies  malheurs  publics  poussèrent  probablement  Robert 
le  Diable  à  entreprendre  pour  la  rémission  de  ses  péchés 
un  pèlerinage  à  Jérusalem.  Avant  de  partir,  il  assura  sa 
succession  à  son  fils  naturel  Guillaume  qu'il  plaça  sous  la 
protection  du  roi  de  France.  Il  mourut  au  retour  de  Jéru- 
salem à  Nicée  en  i035. 

(kiillaumell  le  Bâtard,  le  Grand,  le  Conquérant  ou 
encore  le  Triomphant,  naquit  à  Falaise,  très  probable- 
ment en  i027,  alors  que  son  père  n'était  pas  encore  duc 
de  Normandie,  de  Robert  le  Diable  et  d'Ariette  (ou  mieux 
Herleva),  fille  d'un  tanneur,  Fulbert.  La  tradition  anglaise 
qui  rattache  Herleva  à  la  maison  royale  d'Angleterre  est 
invraisemblable.  Les  seigneurs  normands  ne  firent  aucune 
diificulté  pour  reconnaître  Guillaume,  issu,  comme  Guil- 
laume Longue-Epée,  Richard  I^'"  et  Richard  H,  d'un  ma- 
riage more  danico.  Ce  n'est  donc  pas  la  bâtardise  de 
Guillaume  qui  est  la  cause  des  troubles  qui  éclatèrent  en 
Normandie  à  la  mort  de  Robert  le  Diable.  Les  seigneurs 
semblent  avoir  voulu  mettre  à  profit  la  minorité  de  Guil- 
laume pour  ressaisir  un  peu  de  leur  indépendance  perdue. 
La  Normandie  fut  alors  ensanglantée  par  des  haines  de 
famille  et  des  rivalités  d'ambition  au  milieu  desquelles  la 
vie  du  jeune  duc  fut  souvent  en  danger.  Les  Montgom- 
mery,  les  Talvas  de  Rellême,  et  surtout  Roger  de  Toeni 

GRANDE    ENCYCLOPÉDIE.    —    XXV. 


33  —  NORMANDIE 

se  distinguèrent  par  leurs  crimes  épouvantables.  Le  peuple, 
qui  est  accablé  de  maux,  est  la  victime  des  guerres  pri- 
vées. Une  révolte  de  paysans,  ([ui  nous  est  d'ailleurs  mal 
connue,  éclate  à  ce  moment  ;  un  homme  du  peuple,  Rre- 
ton  de  naissance,  î']rmenald,  qui  s'intitule  le  champion 
des  opprimés,  se  met  à  la  tête  de  bandes  armées,  bataille 
plusieurs  fois  avec  succès  et  finit  après  maintes  prouesses 
par  être  tué.  Les  chroniqueurs  n'ont  pas  jugé  bon  de  nous 
renseigner  sur  le  héros  de  cet  épisode  ;  l'un  d'eux  se  con- 
tente de  nous  dire  qu'il  s'était  donné  au  diable.  Pour  arrê- 
ter les  troubles,  l'Eglise  se  décida  à  intervenir  ;  en  1042, 
un  concile  tenu  à  Caen  décréta  la  trêve  de  Dieu.  Le 
connétable  Raoul  de  Gacé  rétablit  l'ordre. 

(^hiand,  en  1047,  Guillaume  prétendit  régner  par  lui- 
même,  la  Normandie  fut  de  nouveau  profondément  agitée. 
L'attitude  du  roi  de  France,  Henri  P^\futle  signal  d'une 
nouvelle  révolte  contre  le  duc  normand.  Henri  exigea  qu'on 
lui  remit  le  fort  de  Tillières  qui  était  devenu,  par  la  ces- 
sion de  Dreux,  forteresse  frontière  des  possessions  fran- 
çaises. Guillaume  le  fit  raser  avant  de  s'en  dessaisir. 
Henri  P^'  se  vengea  en  ravageant  l'Hiémois.  Ce  fut  le  mo- 
ment choisi  par  les  rebelles  de  Normandie  pour  entrer  en 
campagne.  Personne  ne  bougea  dans  la  partie  de  la 
Neustrie  cédée  à  Rollon  par  Charles  le  Simple  ;  mais  dans 
le  Ressin  et  le  Otentin,  la  noblesse  soulevée  prétendit 
renverser  Guillaume  et  mettre  à  sa  place  son  cousin  Guy 
de  Rourgogne,  fils  de  Renaud  de  Nevers  et  d'Alice,  qui 
avait  reçu  de  son  oncle  Robert  le  Diable  les  deux  fiefs 
considérables  de  Vernon  et  de  Rrionne.  Les  chefs  des  re- 
belles étaient  :  Néel  de  Saint-Sauveur,  \icomte  du  Coten- 
tin;  Renaud,  vicomte  du  Ressin;  Aymon,  seigneur  de  Tho- 
l'igny,  etGrimoultduPlessis.  Le  complot  tramé  dans  l'ombre 
à  Rayeux  fut  dénoncé  à  Guillaume  qui  résidait  alors  à 
Valognes,  en  plein  pays  ennemi.  Le  duc  gagna  Falaise, 
puis  Rouen.  Enfin,  il  alla,  sur  les  conseils  de  l'archevêque 
de  Rouen,  demander  à  llejui  L^^'  son  appui.  Promis  ad 
pedes  Henrici  régis,  ut  ah  eo  contra  malefldos  pro- 
ceres  et  cognatos  petivit  (Orderic  Vital).  Henri  n'osa 
refuser.  Les  deux  armées  de  Henri  P'^'  et  de  Guillaume  dé- 
firent l'armée  rebelle  au  Val  des  Dunes,  à  quelques  heures 
de  Caen,  grâce  surtout  à  la  défection  d'un  des  principaux 
révoltés,  Raoul  Taisson  de  la  Roche.  Néel  et  Renaud  s'en- 
fuirent en  Rretagne  ;  Aymon  fut  tué  ;  Grimoult,  fait  pri- 
sonnier. Guy  de  Rourgogne,  assiégé  dans  Rrionne,  se  sauva 
en  Rourgogne.  Les  plus  coupables  des  rebelles  eurent  la 
tête  tranchée  ou  furent  mutilés.  Leurs  châteaux  furent 
démolis  (1047).  L'année  suivante  (1048),  Guillaume  ren- 
dit à  Henri  P^  l'assistance  que  celui-ci  lui  avait  prêtée 
dans  cette  circonstance  difficile.  Henri  P^',  en  guerre  contre 
G eoff'roi  Martel,  comte  d'Anjou  (V.  Anjou),  fut  secouru  par 
le  duc  de  Normandie  et  dut  à  ce  concours  la  victoire. 
Mais  cette  expédition  attira  sur  la  Normandie  les  repré- 
sailles du  comte  d'Anjou.  G  eoff'roi  Martel  abandonna  HeiuM  1'-^ 
pour  se  venger  de  Guillaume:  il  s'empara  d'Alençon,  de 
Domfront  et  de  tout  le  Passais  normand.  Guillaume  lui 
reprit  Alençon,  fit  couper  les  mains  et  les  pieds  aux  dé- 
fenseurs de  la  place  parce  qu'ils  avaient  frappé  sur  des 
peaux  en  criant:  La  pel  !  la  pel!  par  allusion  moqueuse 
à  la  profession  de  Fulbert.  H  investit  Domfront  que  Geof- 
froi  Martel  n'osa  secourir.  Pendant  ce  temps,  Néel  de 
Saint-Sauveur  défaisait  les  Angevins  sous  Angers  et  ren- 
trait ainsi  en  grâce  auprès  de  Guillaume. 

L'alliance  de  la  Normandie  et  de  la  France  touchait  à 
sa  fin.  Le  roi  Henri  comprit  quels  dangers  faisait  courir 
à  sa  couronne  la  puissance  des  ducs  normands.  Il  semble 
que  ce  soit  le  projet  de  mariage  de  Guillaume  et  de  Ma- 
thilde,  fille  de  Raudouin  V  de  Flandi'e,  qui  lui  ait  ouvert 
les  yeux.  Dès  1051,  en  eff'et,  Henri  appuya,  sans  se  dé- 
couvrir, un  nouveau  compétiteur  à  la  couronne  ducale, 
Guillaume  Busas,  comte  d'Eu  et  deMontreuil,  descendant 
de  Richard  P^',  dont  les  plus  chauds  partisans  étaient  des 
parents  de  Guillaume,  ses  deux  oncles  :  Manger,  arche- 
vêque de  Rouen,  et  le  comte  d'Arqués,  Guillaume.  Le  chà- 

3 


NORMANDIE 


—  34  — 


teau  d'Arqués,  forteresse  quasi  imprenable,  servit  de  base 
d'opérations  aux  rebelles.  Guillaume  le  Bâtard  accourut 
du  fond  du  Cotentin,  tailla  en  pièces  une  armée  française 
à  Saint- Aubin,  prit  Arques  que  Henri  P^'  avait  refusé  de 
secourir.  Le  prétendant  trouva  asile  à  la  cour  capétienne 
et  devint  duc  de  Soissons.  Peut-être  l'archevêque  de  Rouen 
fut-il  encore  l'agent  de  Henri  1^^"  dans  la  question  du  ma- 
riage llamand  au({uel  le  roi  de  France  dut  nécessairement 
s'opposer.  Matliilde  descendait  par  sa  mère  de  Richard  II. 
Le  pape  Léon  IX  (et  non  Nicolas  il,  comme  il  est  dit  à 
Fart.  Guillaume  le  Conquérant)  vit  dans  la  parenté  des 
deux  futurs  conjoints  un  empêchement  canonique  et  s'op- 
posa au  mariage.  Guillaume  passa  outre,  malgré  Lanfranc. 
L'archevêque  Manger  excommunia  le  duc  et  la  duchesse. 
Guillaume  brisa  cette  nouvelle  résistance  ;  il  fit  déposer 
Manger  par  un  concile  tenu  à  Lisieux.  Le  pape  céda  à 
condition  que  Guillaume  et  Mathilde  bâtiraient  chacun  une 
abbaye.  Le  mariage  fut  alors  célébré  en  grande  pompe 
dans  la  cathédrale  de  Rouen.  C'est  à  cette  transaction  qu'on 
doit  l'Abbaye  aux  Hommes  et  l'Abbaye  aux  Dames,  à  Caen. 
Dès  lors,  Henri  I^^'  passa  ouvertement  dans  le  camp  des 
ennemis  de  Guillaume  et  s'allia  à  son  adversaire  de  la 
veille,  Geo|froi  Martel.  La  Normandie  fut  envahie  par  deux 
armées  à  1  Est  et  au  Sud.  L'armée  de  VEsi  fut  vaincue  à 
Mortemer  sur  Aulne  dans  le  pays  de  Neufchâtel.  Guillaume 
fit  construire  en  face  de  Tillières  le  château  de  Breteuil. 
Henri  demanda  à  traiter,  rendit  à  Guillaume  Tillières  et 
céda  d'avance  à  charge  d'hommage  toutes  les  conquêtes  faites 
sur  Geoffroi  Martelai  05 4). 

Guillaume  le  Bâtard  devint  alors  Guillaume  le  Conqué- 
rant. Sa  première  conquête  fut  celle  du  Maine.  Il  cons- 
truisit sur  les  frontières  de  cette  province  la  forteresse 
d'Ambrières  malgré  Geoffroi,  et  ce  fut  autour  de  cette 
place  forte  que  pendant  quatre  ans  la  guerre  se  canton  lui. 
Mais,  en  4058,  Henri  F''  se  laissa  circonvenir  par  Geoffroi 
Martel  et  reprit  les  armes  contre  son  redoutable  vassal. 
Les  alliés  pénétrèrent  jusque  dans  le  Bessin  ;  ils  allaient 
entrer  dans  le  pays  d'Auge  quand  Guillaume  les  arrêta  sur 
les  bords  de  la  Dive  par  sa  brillante  victoire  de  Yaraville. 
L'année  suivante,  la  paix  fut  signée  à  Fécamp.  Le  comte 
du  Maine,  Héribert,  transporta  à  Guillaume  l'hommage  qu'il 
devait  jusqu'alors  au  comte  d'Anjou,  fiança  sa  sœur  Mar- 
guerite au  fils  aine  de  Guillaume  le  Conquérant,  Robert 
Courte-Heuse.  Il  fut  décidé  que,  si  Héribert  mourait  sans 
enfants,  le  Maine  passerait  à  Robert.  Mais  Héribert  avait 
marié  une  autre  de  ses  soeurs  au  comte  de  Pontoise,  Gau- 
tier. A  sa  mort,  celui-ci  disputa  le  Manie  à  Guillaume  qui 
se  débarrassa  de  son  adversaire  par  le  poison  (1063). 

La  puissance  du  duc  de  Normandie  consacrée  par  le 
traité  de  Fécamp,  par  la  minorité  du  roi  de  France  Phi- 
lippe F''  que  Guillaume  a  contribué  à  faire  reconnaître  en 
4 '360,  par  son  alHance  avec  Baudouin  de  Flandre,  régent 
du  royaume,  par  la  con({uêtc  (hi  Maine  et  de  quelques 
domaines  de  moindre  importance,  par  la  reconjiaissance 
de  la  suzeraineté  des  ducs  normands  sur  la  Bretagne 
(4065),  permit  à  Guillaume  d'entreprendre  sa  grande  ex- 
pédition d'outre-mer.  (Sur  la  conquête  de  l'Angleterre, 
V.  Angleterre  et  Guillaume  le  (Conquérant.)  Au  dire  de 
Guillaume  de  Poitiers,  la  nouvelle  de  la  victoire  d'Has- 
tings  (ou  de  Senlac)  fut  accueillie  avec  une  grande  allé- 
gresse en  Normandie,  et  quand  Guillaume,  sacré  roi  d'An- 
gleterre à  Westminster  (25  déc.  4066),  revint  dans  son 
duché,  il  fut  reçu  comme  un  triomphateur.  La  victoire  du 
duc  était  une  victoire  pour  hi  Normandie  :  l'Angleterre 
n'était  qu'une  province  normande,  une  nouvelle  terre  à 
coloniser.  Quantité  de  seigneurs  que  la  trêve  de  Dieu  lais- 
sait inactifs  s'étaient  enrôlés  ;  quelques-uns  seulement  re- 
vinrent; les  autres  reçurent  en  Angleterre  de  nombreuses 
terres,  mais  disséminées.  Ils  s'étaient  enrichis  sans  deve- 
nir redoutables  pour  le  duc-roi  auquel  ils  devaient  tout 


grandes  fêtes  qui  eurent  lieu  à  Rouen,  à  Fécamp  (Pâques, 
4067)  et  enfin  à  Dives  pour  la  dédicace  de  l'éghse  Notre- 
Dame  (4^'"  mai).  La  pompe  des  cérémonies  fut  vraiment 
royale.  Mais  cet  accroissement  subit  des  terres  normandes 
fut,  à  Forigine,  une  cause  de  faiblesse  bien  plutôt  qu'une 
cause  de  force,  car  le  souci  d'assurer  définitivement  sa 
con({uête  d'outre-Mancbe  fit  quelque  peu  perdre  de  vue  au 
duc-roi  ses  intérêts  continentaux.  Pendant  que  les  révoltes 
de  4067-69-74-72-75-76  occupaient  Guillaume  en  Angle- 
terre, de  graves  événements  se  passaient  sur  le  conthient. 
D'abord,  en  4074,  la  duchesse  Mathilde  découvrit  en  Nor- 
mandie un  complot  qui  nécessita  le  retour  précipité  de  son 
mari.  Dans  la  même  année,  en  Flandre,  Robert  le  Frison 
dépouilla  les  neveux  du  duc  de  Normandie  sans  que  celui- 
ci  intervint  efficacement.  L'année  suivante  (4072),  lesMan- 
ceaux  cherchèrent  à  se  rendre  indépendants,  et  Guillaume 
donna  le  comté  du  Maine  à  son  hls  Robert  à  charge  d'hom- 
mage au  comte  d'Anjou,  Foulques  {Traité  de  la  Blanche- 
Lande).  Enfui,  l'un  des  révoltés  d'Angleterre  (de  4075), 
le  Breton  Raoul  de  Gael,  comte  de  Norfolk,  poussa  le 
comte  de  Bretagne,  Hoel  V,  à  se  proclamer  indépendant. 
Hoel  fut  soutenu  par  le  roi  de  France  Philippe  P^",  et  Guil- 
laume échoua  sous  les  murs  de  Dol  (4076).  Guillaume  ne 
fut  pas  plus  heureux  avec  le  successeur  de  Hoel  V,  Alain 
Forgent,  auquel  il  donna  en  mariage  sa  fille  Constance. 
Le  plus  grave  danger  ([ue  courut  Guillaume  vint  de  son 
fils  anié,  liobert  Courte-lieuse,  qui  fut  le  héros  incon- 
scient d'une  tentative  de  divorce  entre  la  Normandie  et 
l'Angleterre.  Les  contemporains  nous  ont  laissé  de  Robert 
la  peinture  la  plus  défavorable;  ils  se  sont  montrés  d'une 
injustice  flagrante.  Né  en  4054,  Robert  se  montra  de 
bonne  heure  d'une  activité  dévorante;  âgé  de  quatorze 
ans  à  peine,  il  dirigea  de  courtes  guerres  contre  les  Man- 
ceaux.  Peu  après,  à  l'occasion  d'une   dispute  qu'il  eut  à 
Couches  avec  ses  trois  frères  Richard,  Guillaume  et  Henri, 
il  essaya  vainement  de  s'emparer  du  château  ducal  de 
Rouen.  Vers  4078-79,  une  dispute  beaucoup  plus  grave 
ayant  éclaté  entre  son  père  et  lui,  il  se  retira  auprès  du 
roi  de  France  Philippe  I^^'  qui  eut  le  mérite  d'inaugurer 
cette  politique,  si  avantageuse  pour  la  cause  capétienne, 
de  protection  accordée  aux  fils  ou  frères  révoltés  contre 
le  duc  régnant.  Philip])e,  en  effet,  encouragea  l'ambition 
de  Robert  qui  réclamait  par  avance  sa  part  de  l'héritage 
paternel,  la  Normandie  et  le  Maine,  et  rétal)lit  sur  la 
frontière  de  Normandie  au  château  de  Gerberoy.  Guil- 
laume l'y  assiégea;   mais  dans  une  sortie  Robert  blessa 
son  frère  Guillaume  le  Roux,  faillit  tuer  son  père  qu'il 
n'avait  pas  reconnu  et  défit  Farmée  assiégeante  (4079). 
Toutes  les  influences  s'unirent  pour  réconcilier  le  père  et 
le  fils  :  le  pape,  xMatbilde,  les  barons  normands.  Guil- 
laume céda  :  il  reconnut  Robert  comme  comte  du  Maine 
et  lui  assura  la  Normandie.  Robert  peu  après  ramenait 
Malcolm  H  d'Ecosse  à  la  fidéhté.  Mais,  en  4083,  il  partait 
de  nouveau  poiu'  l'exil,  on  ne  sait  pour  quelles  raisons. 
Mathilde  jusqu'à  sa  mort  (2  nov.  4083)  implora  son  mari 
pour  qu'il  pardonnât.  Les  dernières  années  de  Guillaume 
furent  tristes.  {[  fut  obligé  d'arrêter  de  sa  propre  main 
pour  trahison  son  frère,  l'évèque  de  Bay eux,  Eudes,  qu'il 
avait  fait  comte  de  Kent  et  régent  d'Angleterre  :  il  le  retint 
prisonnier  malgré  les  protestations  de  Grégoire  VIL  II  eut 
la  douleur  de  perdre,  outre  sa  femme,  son  deuxième  fils  et 
l'une  de  ses  filles.  En  4084,  une  invasion  danoise  projetée 
contre  l'Angleterre  lui  créa  de  gros  embarras.  ]^]nfin.  en 
4087,  irrité  d'une  plaisanterie  de  Philippe  F'',  il  s'était 
jeté  sur  Mantes.  11  incendia  la  ville.  Il  fit  une  chute  de 
cheval  ;  on  le  transporta  au  monastère  de  Saint-Gervais, 
près  de  Rouen; il  y  mourut  abandonné  de  tous,  le  7  sept. 
4087.  Ses  funérailles  donnèrent  lieu  ta  des  scènes  lamen- 
tables. Il  fut  enterré  à   Saint-J^^tienne  de  Caen.   Orderic 
Vital  dit  qu'à  son  ht  de  mort  Guillaume  avait  donné  à 


-  35  — 


NORMANDIE 


Normandie  à  la  mort  de  son  père.  Son  autorité  fut  par- 
tout reconnue.  11  y  avait  donc  un  duc  de  Normandie  et  un 
roi  d'Angleterre.  Cette  scission  amena  des  troubles  sans 
fin  :  Robert  voulait  F  Angleterre,  Guillaume  le  Roux  vou- 
lait la  Normandie,  et  chacun  avait  chez  son  frère  des  par- 
tisans. En  4088,  Robert  emprunta  de  l'argent  à  son  frère 
Henri  pour  faire  valoir  ses  droits  sur  F  Angleterre.  Ses 
partisans  furent  battus  en  Angleterre  ;  sa  flotte  fut  dé- 
truite par  la  tempête.  Il  lui  fallut  en  outre  combattre  en 
Normandie  les  Montgommery  qui  s'étaient  donnés  à  Guil- 
laume le  Roux.  En  1090,  celui-ci  fit  organiser  à  Rouen 
un  complot  qui  échoua  et  que  Henri  Beauclerc  se  cJiargea 
de  châtier.  L'année  suivante,  Guillaume  le  Roux  vint  en 
personne  conquérir  la  Normandie  ;  une  révolte  éclata  contre 
Robert  qui  se  tira  fort  bien  de  ce  mauvais  pas.  Le  traité 
de  Caen  lui  conservait  son   duché  ;  Guillaume  recevait 
Cherbourg  et  le  Mont-Saint-Michel  ;  les  deux  frères  s'en- 
gageaient mutuellement  à  laisser  leur  héritage  au  dernier 
vivant.  Ainsi  se  préparait  l'union  des  Etats  de  la  monar- 
chie anglo-normande;  mais  Robert  allait  man{juer  l'occa- 
sion. Il  partit  pour  la  croisade;   comme  il  lui  fallait  de 
l'argent,  il  engagea  pour  10.000  livres  son  duché  à  Guil- 
laume. Il  revint  au  mois  d'août  1100  et  se  rendit  d'abord 
au  Mont-Saint-Michel  et  aux  abbayes   caennaises.  Guil- 
laume le  Roux  venait  de  mourir  ("2  août  1100)  dans  des 
circonstances  mystérieuses  :  on  a  accusé  Henri  de  l'avoir 
fait  disparaître.  Quoiqu'il  en  soit,  Henri,  qui  avait  répandu 
le  bruit  que  Robert  ne  reviendrait  pas,  qu'il  était  roi  de 
Jérusalem,  se  fit  couronner  roi  d'Angleterre.  Robert,  que 
son  mariage  avec  Sibylle  de  Fouille  avait  enrichi,  voulut, 
fort  du  traité  de  Caen,  lui  disputer  le  trône.  Il  aborda  à 
Portsmouth  ;  mais  les  nobles  des  deux  armées  refusèrent 
de  se  battre.  Henri  l^^\  usant  d'habileté,  négocia.  Robert 
fut  joué  :  Henri  garda  la  couronne  d'Angleterre.  Robert 
se  contenta  du  vain  titre  de  suzerain,  d'une  rente  annuelle 
de  3.000  marcs  d'argent  et  d'une  promesse  d'héritage 
(1101).  La  Normandie  fut  alors  troublée  par  des  luttes  de 
seigneur  à  seigneur,  par  des  révoltes  contre  Robert  qui 
fut  même  blessé  d'une  flèche  empoisonnée  et  qui  ne  dut 
la  vie  qu'au  dévouement  de  Sibylle  :  elle  suça  le  sang 
corrompu  et  en  mourut.  Henri  1^^'vint  lui-même  en  1103 
organiser  la  révolte,  sous  prétexte  de  visiter  Domfront 
qui  lui  appartenait.  En  1104,  il  débarqua  à  Barfleur, 
pilla  et  incendia  Bayeux.   Robert  s'enferma  dans  Caen 
qu'il  fit  entourer  de  murailles.  En  11 05,  Henri  reparut 
pour  la  troisième  fois  ;  il  faillit  s'emparer  à  Caen  de  son 
frère  trahi  par  quelques-uns  des  siens;  il  échoua  contre 
Falaise.  Enhn,  il  revint  eti  1106  ;  la  querelle  se  termina 
le  28  sept.  1106  par  la  bataille  de  Tinchebray.  Robert, 
complètement  vaincu,  tomba  aux  mains  de  Henri  et  fut 
enfermé  à  CardifF,  où  il  devait  mourir  après  vingt-huit  ans 
de  captivité.  La  victoire  de  Tinchebray,  remportée  (jua- 
rante  ans  juste,  jour  pour  jour,  après  hi  bataille  d'Has- 
tings,  était  la  revanche  des  Anglais  sur  les  Normands  ;^ 
elle  consacrait  la  sujétion  de  la  Normandie  à  l'Angleterre. 
La  Normandie  sous  les  rois  axgeo-normaxds.   —  La 
Normandie  resta  attachée,  au  point  de  vue  politique,  à 
l'Angleterre  de  1!06  à  1204.  Le  siècle  anglo-noruiand 
est  loin  d'avoir  l'intérêt  des  deux  siècles  précédents,  sim- 
plement normands.  Jusqu'ici  la  Normandie  avait  été  au 
premier  plan;  elle  s'efface  peu  à  peu  devant  l'Angleterre 
et  les  autres  possessions  de  ses  souverains.  Cela  est  encore 
peu  sensible  sous  Henri  i^^.  Henri  est,  comme  Guillaume 
le  Conquérant,  un  pur  Normand.  Elevé  en  Normandie,  il 
continua  de  vivre  en  Normandie.  Son  séjour  [)référé  était 
Caen;  il  n'aimait  pas  l'Angleterre  et  méprisait  lesAnglo- 
Saxons.  Il  eut  fort  à  faire  en  Normandie.  Le  duché  était 
entouré  d'ennemis  ;  des  luttes  presque  quotidiennes  avaient 
lieu  entre  la  France  et  la  Normandie,  dans  le  Yexin.  Ro- 
bert Courte-Heuse  avait  laissé  deux  fds.  L'aîné,  Guillaume 
Chton,  comte  de  M  or  tain,  qui  avait  été  enfermé  à  CardifF 
avec  son  père,  s'était  enfui.  Devenu  pour  quelque  temps 
comte  de  Flandre,  il  revendiqua  la  Normandie.  Il  fut  sou- 


tenu par  le  roi  de  France,  Louis  YI,  et  par  Foulques  II 
d'Anjou  qui  voulait  détacher  le  Maine  de  la  Normandie. 
Louis  le  Gros  fut  battu  à  Brémule  en  1119.  Après  le  nau- 
frage de  la  Blanche  Nef,  qui  frappait  Henri  1*^^' d'un  coup 
si  terrible  que  jamais  plus  il  ne  sourit,  il  ne  restait  plus 
pour  succéder  au  roi  anglo-normand  qu'une  fille,  Ma- 
tliilde  (1121).  En  Normandie,  l'émotion  fut  profonde  ;  les 
ambitions  se  réveillèrent  :  le  roi  de  France,  le  conite 
d'Evreux  et  quantité  d'autres  barons  s'armèrent  pour  Guil- 
laume Cliton.  Au  mois  de  mars  1124,  les  ennemis  mena- 
çaient Rouen.  Henri  était  à  Caen  ;  il  fait  armer  des  pay- 
sans et  les  place  sous  les  ordres  de  Robert  de  Caen  ;  il 
attendit  le  résultat  dans  cette  ville.  Une  nouvelle  défaite 
ruina  les  espérances  de  ses  adversaires.  Il  se  montra  plus 
inflexible  que  jamais  et  fit  arracher  les  yeux  aux  prison- 
niers. Henri  s'épuisa  à  tenter  de  remettre  la  paix  dans  la 
province.  Il  s'était  remarié,  mais  il  n'eut  pas  d'enfant.  Sa 
fille,  Mathilde,  veuve  de  l'empereur  d'Allemagne,  HenriV, 
épousa  GeofFroi  Plantagenet,  comte  d'Anjou,  l'ennemi 
héréditaire  du  nom  normand;  ce  mariage  eut  un  effet  dé- 
plorable en  Normandie  ;  les  barons  s'agitèrent  de  nouveau 
en  faveur  de  Guillaume  (Cliton,  qui  mourut  à  ce  moment 
(1128)  en  essayant  de  s'emparer  de  nouveau  de  la  Flandre 
après  le  meurtre  de  Charles  le  Bon.  Henri  P^'  faillit  lui- 
même  se  repentir  de  ce  mariage.  Mathilde  «  l'impéra- 
trice »,  à  l'instigation  peut-être  de  son  mari,  organisait 
un  complot  contre  son  père,  quand  Henri  I^^  mourut  d'une 
indigestion  à  Lyons,  près  de  Rouen  (1^^  déc.  1135).  Son 
corps  fut  transporté  en  Angleterre  :  déjà  la  sépulture  des 
ducs  échappait  à  la  Normandie. 

Henri  I^'"  était  mort  sans  régler  sa  succession  :  la  des- 
cendance mâle  deRollon  n'existait  plus.  Qui  allait  hériter? 
Il  y  eut  trois  candidats  :  Mathilde,  au  nom  de  son  fils, 
Henri  Plantagenet,  né  en  1133  ;  Thibaut  et  Etieznie,  de 
la  maison  de  Blois-l^hampagne,  petits-fils  par  leur  mère, 
Adèle,  de  Guillaume  le  Conquérant.  Mathilde  et  son  fils 
étaient  mal  vus  des  Normands  ;  aussi  crut-on  le  connétable 
Hugues  Bigot,  quand  il  affirma  que  Henri  I®^  avait  déshé- 
rité sa  fille  au  profit  de  ses  neveux.  L'un,  Thibaut,  fut 
appelé  par  les  Normands  de  Normandie  ;  l'autre,  Etienne, 
par  les  Normands  d'Angleterre.  Le  15  déc.  1135,  Etienne 
de  Blois  était  couronné  roi  d'Angleterre  à  Westminster. 
En  Normandie  la  lutte  fut  très  vive  ;  la  guerre  de  suc- 
cession ne  dura  pas  moins  de  neuf  ans,  avec  des  alterna- 
tives de  succès  et  de  revers  pour  les  deux  partis.  Thibaut 
de  Blois,  que  l'assemblée  du  Neubourg  avait  élu  comme 
duc,  n'accepta  pas;  son  frère  prit  sa  place.  La  Norman- 
die fut  en  proie  à  la  guerre  civile  ;  l'Angevin  en  profita 
pour  ravager  le  pays  jusqu'au  mois  de  janv.  1144,  ou 
Geoffroi  prit  la  dernière  place  restée  fidèle  à  Etienne, 
Falaise.  Les  Normands  décidèrent  d'élire  Thibaut.  Le  comte 
de  Blois  céda  la  couronne  ducale  à  GeofFroi  contre  Tours 
et  la  mise  en  liberté  de  son  frère,  Etienne,  que  Mathilde 
avait  fait  prisonnier  en  1141  à  Lincoln.  Henri  Plantagenet, 
fils  de  GeofFroi,  devenait  maître  de  la  Normandie.  Pour  la 
seconde  fois,  la  Normandie  et  l'Angleterre  étaient  sépa- 
rées ;  pour  la  troisième  fois,  elles  allaient  être  réunies,  et 
la  situation  de  la  Normandie  allait  en  être  modifiée.  Hemi 
Plantagenet  tint  une  assemblée  à  Lisieux  dans  laquelle 
il  décida  les  barons  normands  à  l'accompagner  en  Angle- 
terre. En  1153,  il  partit  avec  une  flotte  de  56  vaisseaux, 
(iuand  Henri  H  débarqua  (juin),  Etienne  de  Blois  venait 
de  perdre  son  fils  unique.  Les  deux  adversaires  s'enten- 
dirent. Henri  fut  reconnu  comme  héritier  par  l']tienne, 
qui  mourut  au  mois  d'octobre  de  cette  même  année.  Le 
18  mai  1152,  Henri  II  avait  épousé  Aliénor  d'Aquitaine. 
A  la  suite  de  cet  héritage  et  de  ce  mariage,  la  Normandie 
se  trouva  comme  noyée  dans  les  possessions  territoriales 
des  rois  angevins  ;  elle  en  éprouva  un  vif  ressentiment  ; 
elle  se  détacha  insensiblement  de  princes  qu'elle  ne  con- 
naissait plus.  La  fin  du  xii^  siècle  nous  montre  une  Nor- 
mandie prédisposée  à  la  conquête  capétienne. 

La  puissance  de  Henri  H  était  une  menace  constante  pour 


NORMANDIE 


36  — 


le  roi  de  France  qui  ne  cessa  d'inquiéter  son  rival.  Dès 
115!2,  après  le  mariage  de  Henri  avec  Aliénor,  Louis  VII 
avait  attaqué  la  Normandie.  La  guerre,  coupée  de  trêves, 
se  fait  dans  le  Vexin  jusqu'en  J 157.  Au  mois  d'août,  la 
paix  est  conclue  sur  les  bords  de  l'Epte  :  le  fils  aîné  du 
roi  anglais,  Henri  Court-Mantel,  épouse  Marguerite  de 
France,  fille  de  Louis  VIL  La  guerre  de  Toulouse,  dans 
laquelle  Louis  VII  fit  échec  à  Henri  II,  ralluma  la  guerre 
dans  le  Vexin.  A  la  paix,  Henri  Court-Mantel  rendit  hom- 
mage à  son  beau-père  pour  le  duché  de  Normandie  (1158). 
Fn  1159,  les  hostilités  reprirent  autour  de  Neaufie  et  de 
Chaumont-en-Vexin  ;  de  nouvelles  trêves  furent  signées, 
bientôt  suivies  d'une  nouvelle  paix.  En  1165,  le  roi  de 
France  ayant  pris  parti  pour  le  comte  Guillaume  d'Au- 
vergne dans  la  guerre  que  Henri  H  soutint  contre  lui,  le  Vexin 
fut  de  nouveau  ravagé.  Dans  la  révolte  de  Thomas  Becket,  la 
cour  de  Louis  VU  devint  le  refuge  des  exilés  tP  Angleterre  : 
Thomas  Becket  vécut  de  l'argent  fourni  par  le  Capétien. 
Mais  une  meilleure  occasion  de  nuire  à  Henri  allait  s'offrir 
à  Louis  VIL  Le  roi  d'Angleterre  avait  associé  son  fils  aine 
au  trône  pour  assurer  la  paisible  transmission  de  la  cou- 
ronne ;  mais  il  eut  le  tort  de  partager  de  son  vivant  son 
empire.  Henri  Court-Mantel  eut  Théritage  paternel  :  Angle- 
terre, Normandie,  Anjou,  Maine  et  Touraine.  Le  second, 
Richard  Cœur  de  Lion,  l'héritage  maternel  :  Aquitaine  et 
Poitou.  Le  troisième,  Jean,  n'eut  rien,  ce  qui  lui  valut  le 
surnom  de  Sans  Terre.  A  l'occasion  du  mariage  de  celui-ci 
avec  la  fille  du  comte  de  Maurienne,  Henri  II  voulut  pré- 
lever sur  la  part  des  deux  aines  quehpies  châteaux.  Henri 
{^ourt-Mantel  se  révolta  et  se  réfugia  à  la  cour  du  roi  de 
France  qui  le  reconnut  comme  l'uniijue  et  légitime  héritier 
de  son  père.  Quantité  de  seigneurs  le  suivirent  dans  la 
rébellion  ;  la  reine  Aliénor  intrigua  avec  son  premier  mari 
contre  le  second.  Une  coalition  se  forma  contre  Henri  H, 
dans  laquelle  entrèrent  le  comte  de  Boulogne,  le  comte  de 
Flandre,  le  comte  de  Chanq)agne  et  ]e  roi  de  France,  les 
deux  fils  de  Henri  H,  Henri  et  Richard.  Aliénor  fut  arrêtée 
et  jetée  en  prison  au  moment  où  elle  allait  rejoindre  ses 
fils.  La  Normandie  fut  encore  le  théâtre  de  la  guerre. 
Louis  VII  assiégea  Verneuil,  Henri  Court-Mantel  occupa 
Gournay,  le  comte  de  Flandre  s'empara  du  château  de 
Drincourt.  Henri  H  secourt  Verjieuii  et  bat  les  troupes  de 
Louis  VH  à  Couches.  Le  comte  de  Boulogne  est  tué  dans 
un  combat  et  les  Flamands  sont  repoussés.  Le  roi  de  France 
obtient  une  trêve  à  Noël  1173. 

L'année  suivante,  Louis  VH,  qui  avait  repris  les  armes, 
voulut  tenter  une  descente  en  Angleterre  ;  Henri  II  n'eut 
qu'à  paraître  pour  forcer  Louis  à  demander  la  paix.  Elle 
fut  conclue  à  Gisors  le  30  sept.  117  i.  Une  autre  révolte 
des  fils  de  Henri  H  en  1176  n'eut  pas  plus  de  succès.  Au 
traité  d'Amboise,  Henri  Court-Mantel  recevait  deux  for- 
teresses en  Normandie  et  15.000  livres  de  pension.  Il 
sTiumiha,  vint  solliciter  son  pardon  à  Bures  et  mourut 
peu  après,  en  1183.  La  dernière  rébellion  des  fils  de  Henri  II, 
Richard  et  Jean  sans  Terre,  troubla  les  dcï^niers  instants 
du  vieux  roi  anglais  ;  elle  avait  encore  été  soutenue  par 
le  roi  de  France  :  Philippe-Auguste  continuait  la  politique 
traditionnelle  des  Capétiens,  Henri  II  mourut  le  6  juil.  ï  189. 
Richard  Cœur  de  Lion  lui  succéda. 

Au  retour  de  la  troisième  croisade  et  après  sa  captivité, 
Richard  Cœur  de  Lion  était  rentré  en  Angleterre.  Le 
12  mai  1194,  il  partait  pour  la  Normandie.  Pendant  son 
absence,  Jean  sans  Terre  l'avait  trahi  au  profit  du  Capé- 
tien. Sa  mère  vint  au-devant  de  lui  à  Barfleur  et  le  récon- 
cilia avec  Jean.  La  guerre  contre  Philippe-Auguste,  au 
cours  de  laquelle  fut  construit  le  Château-Gaillard,  sur 
une  colline  de  la  Seine  qui  domine  le  Petit- Andely,  fut 
sans  intérêt.  Le  traité  d'Issoudun,  passé  le  5  déc.  1195 
entre  les  deux  rois  de  France  et  d'Angleterre,  assura  à 
Philippe-Auguste  quelques-unes  des  conquêtes  qu'il  avait 
faites  en  Normandie,  c.-à-d.  le  Vexin  normand,  d'une  part; 
les  chàtellenies  deNonancourt,  d'Ivry,  de  Pacy,  deVernon 
et  de  Gaillon,  à  la  limite  S.-O.  de  l'Evrecin,  d'autre  part. 


Les  deux  derniers  ducs  de  Normandie  avaient  été  des 
étrangers.  Henri  II  était  un  pur  Angevin.  Richard  Cœur 
de  Lion,  né  en  Angleterre,  était  un  Aquitain  ;  il  ne  fit 
qu'apparaître  en  Normandie.  Son  frère,  Jean  sans  Terre, 
ne  sut  pas  garder  cette  province.  Philippe-Auguste  lui 
opposa  son  neveu  Arthur  de  Bretagne.  Après  quelques 
escarmouches,  il  entra  en  négociations  avec  lui.  Le  traité 
du  Goulet  (mars  1200)  amendait  le  traité  d'Issoudun  :  il 
rendait  au  roi  d'Angleterre  le  Vexin  normand  et  recon- 
naissait au  roi  de  France  la  possession  d'Evreux  et  d'une 
partie  importante  de  l'Evrecin,  l'écemment  conquis  sur  le 
comte  Amaury,  vassal  de  Jean  sans  Terre.  Jean  mariait 
sa  nièce.  Blanche  de  Castille,  avec  Louis  de  France,  et  lui 
donnait  en  dot  quelques  fiefs  en  Berry  et  en  Normandie. 
Il  se  reconnaissait  l'homme  lige  du  souverain  français. 
Philippe-Auguste,  que  ses  démêlés  avec  la  cour  de  Rome 
occupaient  alors,  avait  différé  la  conquête  de  la  Normandie. 

La    CONQUETE  DE  ]A    NoaMANDIE     PAR   PhIJJPPE-AuCUSTE. 

—  La  Normandie  détestait  les  rois  angevins.  Toutefois 
elle  restait  encore  attachée  à  l'Angleterre  parce  que  la  rup- 
ture avait  des  conséquences  économiques  désastreuses 
pour  elle.  Les  Normands  tiraient  de  la  Grande-Bretagne 
des  laines,  des  métaux,  des  cuirs  bruts  et  faisaient  le 
commerce  des  vins  et  des  blés  avec  les  provinces  mé- 
ridionales de  la  France  qui  étaient  aux  mains  des 
Anglais.  D'autre  part,  si  les  exactions  d'une  fiscalité 
violente  pouvaient  réunir  les  barons  et  le  peuple  contre 
la  royauté,  elles  n'allaient  pas  jusqu'à  provoquer  le  dé- 
sir d'une  scission,  parce  qu'elles  avaient,  au  cours  des 
dernières  guerres  contre  les  rois  capétiens,  permis  le 
développement  des  libertés  munic'ipales  qu'un  nouveau 
maître  pouvait  ne  pas  reconnaître.  Philippe-Auguste  com- 
prit qu'après  avoir  détruit  par  les  armes  l'union  politique 
contractée  sur  les  champs  de  bataille  d'Hastings  et  de  Tiii- 
chebray,  il  lui  faudrait  ruiner  l'union  économique  et  as- 
surer aux  vaincus  le  maintien  des  libertés  acquises 
(V.  Communes).  U  saisit  la  première  occasion  de  reparaître 
en  Normandie.  Après  l'enlèvement  par  Jean  sans  Terre 
d'Isabelle  d'/iiigoulême,  fiancée  au  comte  de  la  Marche, 
une  coalition  s'était  formée  contre  le  ravisseur.  Les  con- 
fédérés en  a})pelèrent  à  Philippe-Auguste.  Dans  un  par- 
lement qu'il  tint  au  château  de  Gaillon  en  Normandie,  le 
roi  capétien  cita  Jean  sans  Terre  à  comparaître  devant 
lui  quinze  jours  après  Pâ(jues  (1202).  Jean  promit  de  venir 
se  justifier,  tergiversa  et  ne  comparut  pas.  La  cour  des 
pairs,  conformément  au  droit  féodal,  le  déclara  félon 
(avr.  1202).  Dès  lors,  le  roi  d'Angleterre  ne  pouvait  plus 
tenir  aucun  fief  mouvant  de  la  couronne  ;  il  n'y  avait  plus 
qu'à  reprendre  ceux  qu'il  détenait  indûment.  Philippe  entra 
en  Normandie,  s'empara  de  Tillières,  Boute-Avant,  Long- 
champ,  Morteuier,  La  Ferté-en-Bray,  Lyons  et  Gournay. 
Sous  cette  dernière  ville,  Philippe  H  fut  rejoint  par  Arthur 
de  Bretagne  qui,  fait  chevalier  et  fiancé  à  Marie  de  France, 
^fut  investi  des  comtés  de  Poitou,  d'Anjou,  du  Maine  et 
de  Touraine.  La  mort  tragi(iue  d'Arthur  de  Bretagne 
(3  avr.  1203)  ne  donna  pas  lieu,  comme  on  l'a  dit  à  tort, 
à  une  condamnation  capitale  du  meurtrier  Jean  sans  Terre. 
On  se  contenta  de  faire  revivre  la  sentence  de  1202  et 
d'en  reprendre  l'exécution.  Philippe  pritConches,  les  Ande- 
lys  et  le  Château-Gaillard  que  Roger  de  Lacy  défendit  avec 
la  plus  sauvage  énergie  pendant  cinq  mois  (6  mars  1204), 
et  il  occupa  le  Vaudreuii.  Après  les  fêtes  de  Pâ(jues,  Phi- 
lippe attaquait  la  Normandie  par  le  S.  Il  se  rendit 
maitre  de  Falaise  en  sept  jours,  deDomfrontet  de  Laigle. 
Il  marclia  alors  sur  Rouen.  Pendant  ce  temps,  Guy  de 
Thouars,  qui  avait  épousé  la  mère  d'Arthur,  à  la  tête  de 
rarniée  de  Bretagne,  brûlait  la  forteresse  et  l'abbaye  du 
Mont-Saint-Michel,  prenait  Avranches,  Coutances,  Bayeux, 
Caen  et  Lisieux,  et  terminait  cette  brillante  campagne  en 
enlevant  Pontorson  et  Mortain.  Le  siège  de  Rouen  ne  fut 
pas  un  haut  fait  d'armes.  A  la  nouvelle  de  l'approche  de 
l'armée  royale,  la  garnison  anglaise  sortit  de  la  ville.  Les 
bourgeois  fermèrent  néanmoins  les  portes  et  réclamèrent 


HT 


NORMANDIE 


un  délai  de  quatre  semaines,  promettant,  s'ils  n'étaient  pas 
secourus,  de  se  rendre.  La  trêve  fut  conclue  ;  chevaliers 
et  bourgeois  fournirent  des  otages.  Selon  Matthieu  de 
Paris,  Jean  sans  Terre  jouait  aux  échecs  quand  les  délégués 
arrivèrent  à  Londres.  Il  refusa  de  les  recevoir  et  continua 
à  jouer.  Rouen  capitula.  Philippe-Auguste  promit  aux 
Rouennais  de  confirmer  leurs  privilèges  ;  mais,  pour  être 
plus  sûr  de  leur  soumission,  il  fit  raser  les  murailles  de 
la  ville.  La  reddition  de  Rouen  entraîna  celles  de  Verneuil 
et  d'Arqués  qui  avaient  été  comprises  dans  la  trêve  de  juin 
(juil.  1204).  Ce  fut  le  26  oct,  4206  seulement  que  le 
sort  de  la  Normandie  fut  réglé  par  une  trêve  de  deux  ans, 
plusieurs  fois  renouvelée  dans  la  suite.  A  partir  de  ce 
moment,  en  droit  comme  en  fait,  le  roi  de  France  fut  le 
suzerain  immédiat  du  comté  de  Rrctagne  et  des  autres 
comtés  moins  importants  d'Eu,  d'Aumale,  de  Longueville, 
de  Mortain  et  du  Perche.  Les  îles  anglo-normandes,  dont 
la  perte  doit  être  probablement  attril)uée  à  l'absence  de  flotte 
sous  Philippe- Auguste,  furent  oubliées  et  restèrent  entre  les 
mains  des  rois  d'Angleterre,  La  possession  leur  en  a  été 
otficiellement  reconnue  par  les  rois  de  France  au  traité  de 
Paris  (4  déc.  J259).  Justpi'à  la  paix  de  Brétigny  (1360), 
le  roi  d'Angleterre  les  a  tenues  en  fief  du  roi  de  France 
par  foi  et  hommage;  à  cette  date,  le  roi  de  France  aban- 
donna son  droit  de  suzeraineté,  et  c'est  alors  seulement 
que  les  îles  anglo-normandes  cessèrent  de  faire  partie  du 
royaume  de  France. 

La  Normandie  sous  les  Capétiens  directs  (1204-1328). 
—  Afin  de  se  concilier  ses  nouveaux  sujets,  Philippe- 
Auguste  confirma  les  droits  et  privilèges  reconnus  par  les  rois 
d'Angleterre  aux  églises,  aux  monastères,  aux  villes.  La 
plus  caractéristique  de  ces  confirmations  fut  l'acte  donné 
à  Pacy  entre  le  23  avr.  et  le  31  oct.  1207  en  faveur  de 
Rouen.  Des  troubles,  dont  les  raisons  et  les  circonstances 
nous  sont  inconnues,   avaient  éclaté  à  Rouen.   xA  la  tête 
d'une  armée,  Philippe-iVuguste  les  réprima;  après  avoir 
frappé   la  ville  d'une  forte  contribution,   il  confirma  et 
même  étendit  ses  privilèges;  mais  il  interdit  le  commerce 
étranger  ;  il  défendit  en  particulier  de  transporter  par  eau 
à  Rouen  les  vins  du  Poitou,  de  l'Anjou  et  de  la  Gascogne 
afin  d'y  donner  accès  aux  vins  de  l'Ile-de-F'rance,  du  Berry 
et  de  la  Bourgogne.  Il  substituait  ainsi  l'influence  économique 
de  la  France  à  celle  de  l'Angleterre  et  utilisait  la  navigation 
de  la  basse  Seine  au  profit  de  ses  propres  Etats.  Falaise, 
Pont-Audemer,  Caen,  Fécamp,  Montivilliers,  Verneuil,  etc., 
obtinrent  des  confirmations  de  leur  commune.  Cette  po- 
litique fut  celle    des  successeurs  immédiats   de  Philippe- 
Auguste  ;  Louis VIII,  enjânv.  1224,  LouisIXà  son  avène- 
ment, Philippe  le  Hardi  à  son  avènement  et  en  mai  1278 
confirmèrent  et  précisèrent  à  leur  tour  les  chartes  des 
villes.  En  1266,  saint  Louis  donna  même  aux  bourgeois 
de  Rouen  l'autorisation  de  faire  le  commerce  étranger. 
Une  seule  mesure  parait  limitative  des  libertés  urbaines. 
Par  la  célèbre  ordonnance  de  1256  relative  à  toutes  les 
communes  de  Normandie,  saint  Louis  soumet  les  finances 
communales  à  la  tutelle  royale  ;  les  comptes  doivent  être 
présentés  chaque  année  au  mois  de  novembre  à  des  com- 
missaires délégués  par  le  roi.  En  réalité,  le  roi  avait  voulu 
conjurer  le  péril  de  mal  vivre  dans  lequel  tombèrent  toutes 
les  communes  de  France.  La  bourgeoisie  le  comprit  ainsi 
et  s'attacha  aux  rois  de  France.  Les  grands  eurent  moins 
à  se  louer  de  la  conquête  que  les  bourgeois.  Philippe- 
Auguste  avait  forcé  les  seigneurs  à  opter  pour  la  France 
ou  pour  l'Angleterre;  il  dédommagea  ceux  qui, en  s'atta- 
chant  à  lui,  sacrifiaient  leurs  biens  d'outre-mer  en  leur 
donnant  les  terres  confisquées  de  ceux  qui  s'étaient  déclarés 
pour  l'Angleterre.  Mais  déjà  la  royauté  française,  qui 
s'efforçait  partout  ailleurs  de  se  rendre  indépendante  de 
la  noblesse,  ne  pouvait  consentir  en  Normandie  à  sou- 
mettre ses  actes  au  contrôle  des  seigneurs.   Encore,  en 
1204  et  en  1205,  Philippe-Auguste,  comme  les  anciens 
ducs  normands,   avait  tenu  des  assemblées   de  barons. 
Ceux-ci,  ayant  voulu  astreindre  le  roi  à  les  réunir  régu- 


lièrement, ne  furent  plus  convoqués.   Ils  regrettèrent  dès 
lors  la  domination  anglaise;  à  l'avènement  de  saint  Louis, 
ils  se  jetèrent  dans  la  révolte  féodale.   Quand,   en  1230, 
Henri  Hl  d'Angleterre  débarqua  à  Nantes,  deux  seigneurs 
de  l'illustre  famille  des  Paynel  et  soixante  gentilshommes 
normands  vinrent  le  solliciter  })Our  qu'il  p\irat  en  Nor- 
mandie, l'assurant  que  tout  le  pays  se  soulèverait  en  sa 
faveur.  Henri  IH  fit  une  manifestation  militaire  sur  les 
frontières  de  la  province  ([ui  ne  bougea  pas.  Le  traité  de 
Paris  (4  déc.  1259)  contenait  la  renonciation  absolue  du 
roi  d'Angleterre  à  la  Normandie.  A  la  fin  du  xiii^  siècle, 
l'assimilation  était  si  complète  que  les  Normands  jouèrent, 
dans  les    démêlés   de  Philippe  le  Bel  et  d'iùkiuard  P'" 
(1291-99),  un  rôle  capital  en  organisant  la  course  pour 
ruiner  les  cinq  ports  (Hastings.  Romney,  Hythe,  Douvres. 
Sandwich)  dont  ils  redoutaient  la  concurrence.  Aussi  Phi- 
lippe le  Bel  pouvait-il  rompre  impunément  avec  la  poli- 
tique traditionnelle  à  l'égard  de  la  Normandie  et  ruiner 
les  communes   en  confisquant  tous  leurs  droits.  Si,   en 
1293,  il  rend  aux  Rouennais  ces  droits,  moins  «  certains 
privilèges  intolérables»,  entre  autres  le  monopole  du  com- 
merce de  la  basse  Seine  (il  y  avait  conflit  entre  la  vicomte 
de  Veau  de  Rouen  et  la  marchandise  de  Veau  de  Paris); 
si,  en  1309,  il  conflrme  les  chartes  de    1207  et  de  1278 
sans  restriction,  c'est  qu'il  bat  monnaie  :  ce  sont  des  me- 
sures fiscales  (fui  lui  rapportent,  la  première  12.000  livres, 
et  la  deuxième  30.000.  Louis  X  enleva  en  1315  le  mono- 
pole du  commerce  de  la  basse  Seine  aux  Rouennais.  Phi- 
lippe V  mit  fin  au  régime  municipal  de  Rouen  en  mettant 
la  main  sur  la  mairie  dont  le  titulaire  fut  nommé  par  le 
roi  (1321).  Les  autres  communes,  perdues  de  dettes,  avaient 
fini  par  disparaître.  A  l'époque  même  où  le  système  mu- 
nicipal périclite,   aux  libertés  des  individualités  urbaines 
succèdent  des  libertés  plus  générales,  communes  à  toute 
la  province.  Les  Etats  de  Normandie  font  leur  appari- 
tion ;  ils  se  développeront  à  la  faveur  de  la  guerre  de 
Cent   ans,   comme  les  institutions  municipales   s'étaient 
développées  pendant  les  guerres  des  rois  capétiens  et  des 
souverains  angevins.   L'origine  de  ces  l^tats  réside  dans 
les  privilèges  financiers  de  la  province,  dans  le  droit  de 
consentir  l'impôt  né  de  l'usage  {mos patriœ),  inscrit  dans 
le    Très   ancien   Coutiimier    de   Normandie   (rédigé 
vers  1199  à  1200),   fixé  dans  le  Grand  Coiitumier  de 
Norynandie  vers  le  milieu  du  xiii^  siècle,  reconnu  officiel- 
lement par  saint  Louis  en  1266  dans  une  charte  adressée 
auxévêques  de  Rayeux,  Lisieux  et  Coutances.  A  la  défense 
de  ces  privilèges  encore  mal  définis,  la  Normandie  se  con- 
sacra tout  entière  sous  les  règnes  de  Philippe  III  et  de 
Philippe  IV.  Les  soulèvements  de  1276,  1283, 1286, 1292 
eurent  pour  cause  la  levée  d'impositions  non  consenties. 
En  1304,  la  royauté  n'osa  pas  affronter  [de  nouveau  la 
révolte  normande  ;  Charles  de  Valois  obtint  «  de  grâce 
pour  quatre  mois  »  l'aide  demandée.  La  mort  de  Philippe 
le  Bel  fut  le  signal  d'une  violente  réaction  féodale  et  pro- 
vinciale. Bien  (ju'aucun  document  ne  soit  relatif  à  la  Nor- 
mandie, il  n'est  pas  douteux  qu'elle  prit  part  à  la  révolte. 
Louis  X  céda.  La  charte  donnée  à  la  Normandie  fut  la 
première  en  date.   Elle  est  du  19  mars  1315;  elle  fut 
renouvelée  et  remaniée  le  22  juil.  de  la  même  année  en 
vertu  delà  décision  générale  prise  par  Louis  X  le  17  mai 
précédent.  Parla  Charte  aux  Normands,  le  roi,  en  dehors 
des  droits  régaliens,  s'engageait  à  ne  rien  réclamer  des 
nobles  et  des  non-nobles,   ({ue  ce  soit  service  d'ost  ou  de 
finances,  sauf  quand  il  y  aurait  arrière-ban  et  évidente 
nécessité  pour  les  impositions  extraordinaires.  Il  ne  pouvait 
lever  des  subsides  qu'en  faisant  appel  à  ses  sujets  nor- 
mands, par  conséquent  aux  Etats.  Ce  fut  pour  la  Nor- 
mandie l'équivalent  de  la  Grande  Charte  anglaise.  Tou- 
tefois, ce  n'est  qu'en  1337  que  nous  constatons  l'existence 
d'Etats  provinciaux  dûment  constitués.  Les  Etats  de  Nor- 
mandie allaient  être  entre  les  mains  des  Valois  une  arme 
contre  l'invasion  anglaise. 

La  Normandie  pendant  la  guerre  de  Cent  ans.  —  La 


NORMANDIE 


38  — 


Normandie  reprenait  une  demi-autonomie.  En  1329,  Phi- 
lippe VI  rétablissait  le  duché  de  Normandie  au  profit  de 
son  fils  Jean.  Dix  ans  plus  tard,  il  octroyait  la  seconde 
Charte  aux  Normands,  qui  complétait  la  première.  Le 
25  août  4347,  le  duc  Jean  recevait  «  povoir,  congié  et 
auctorité  qu'il  puisse  assembler  toutes  foiz  et  quantes  foiz 
que  il  voudra  tous  ses  subgiez  »  ;  et,  au  mois  de  mars  -134'8, 
aux  Etats  de  Pont-Audemer,  les  gens  de  la  province  met- 
taient la  main  sur  les  iinances  en  accaparant  l'administra- 
tion du  subside.  Ea  Normandie  allait  dès  lors,  par  ses 
Etats,  s'imposer  de  lourds  sacrifices  d'hommes  et  d'argent 
pour  la  défense  du  royaume  et  en  particulier  de  son 
propre  sol.  Les  affaires  d'Ecosse  et  de  Flandre,  qui  furent 
comme  les  préludes  de  la  guerre  de  Cent  ans,  eurent  leur 
contre-coup  dans  l'histoire  de  la  Normandie.  En  1333. 
1336,  1337,  1338,  la  Normandie  fut  en  quelque  sorte 
l'arsenal  maritime  de  la  France  pour  des  expéditions  qui 
aboutirent  à  l'annexion  momentanée  de  Farcliipel  anglo- 
normand  au  duché.  «  Le  garde  du  clos  des  galées  du  roy 
à  Rouen  et  des  armeures  et  artillerie  dudit  seigneur  » 
était  un  commissaire  général  de  la  marine  :  il  centralisait 
les  recettes,  effectuait  les  dépenses  sous  le  contrôle  de  la 
chambre  des  comptes.  En  1339,  la  province  mit  à  la  dis- 
position du  duc  Jean  une  armée  de  4.000  hommes  d'armes 
et  de  20.000  sergents  et  une  flotte  pour  aller  détrôner 
Edouard  IIl  et  conquérir  l'Angleterre.  L'expédition  n'eut 
pas  lieu,  et  les  préparatifs  qui  furent  faits  servirent  à  la 
campagne  de  F  Ecluse.  Siméon  Luce  et  M.  Rourel  de  la 
Roncière  ont  bien  mis  en  évidence  la  part  importante, 
presque  exclusive,  que  les  marins  normands  prirent  à  ce 
désastreux  combat  naval  (24  juin  1340).  La  guerre  directe 
entre  Philippe  VI  et  Edouard  III  avait  commencé  dans  le 
Midi  de  la  France  (1343).  Le  roi  anglais  préparait  une 
expédition  qu'il  destinait  à  la  Guyenne  quand  arriva  près 
de  lui  Godefroi  d'Harcourt,  frère  du  comte  Jean  d'Har- 
court  et  seigneur  de  Saint-Sauveur.  Malgré  la  défense  de 
Philippe  VI,  Godefroi,  en  guerre  privée  avec  l'évèquc  de 
Bayeux,  avait  fait  acte  d'hostilité.  Son  château  de  Saint- 
Sauveur  avait  été  occupé  par  les  troupes  royales.  Accusé 
de  complot  avec  l'Angleterre,  il  avait  été  obligé  de  fuir. 
Il  représenta  à  Edouard  III  tous  les  avantages  qu'il  tire- 
rait d'une  diversion  en  Normandie  et  attira  sur  cette  pro- 
vince l'invasion.  Le  12  juil.  1346,  Edouard  III  débarquait 
à  Saint-Waast-la-Hougue.  Il  s'empara  de  Cherbourg,  Bar- 
fleur,  Valognes,  Carentan,  Saint-Lô,  Thorigny.  Le  25  juil. 
il  était  sous  Caen  dont  les  bourgeois  firent  une  belle  dé- 
fense, quoi  qu'en  ait  dit  Froissart.  Lisieux  n'offrit  pas 
de  résistance.  Falaise  et  Rouen  repoussèrent  victorieuse- 
ment l'ennemi.  Cette  campagne  de  Normandie  fut  l'une 
des  plus  barbares  de  la  guerre  de  Cent  ans.  De  Saint- 
Waast  à  Poissy,  l'armée  anglaise  fit  une  vaste  razzia. 
Pont-de-F Arche,  les  faubourgs  de  Vernon,  Meulan  furent 
incendiés.  A  partir  de  ce  moment,  la  Normandie  fut  par- 
courue par  des  bandes  anglaises  et  françaises  qui  vécurent 
sur  le  pays,  «  le  gâtèrent  et  Fardirent  ».  Néanmoins,  en 
1348  et  en  1350,  les  Etats  votèrent  de  nouveaux  subsides 
pour  la  conquête  de  l'Angleterre.  L'argent  fut  dépensé 
sans  résultat.  En  1351,  Jean  le  Bon  faisait  un  nouvel 
appel  de  fonds.  La  levée  du  subside  accordé  au  mois  de 
mars  donna  Heu  à  de  graves  désordres.  A  Rouen,  23  dra- 
piers furent  pendus.  La  révolte  qui  couvait  n'empêcha 
pas  Jean  le  Bon  de  recourir  encore  aux  Etats  (1352  et 
1353).  A  partir  de  1353,  à  côté  des  Etats  généraux  de 
la  province,  il  y  eut  des  Etats  partiels  qui  eurent  surtout 
pour  but  la  défense  locale.  La  Normandie,  si  cruellement 
affligée  par  la  guerre  étrangère,  eut  encore  à  souffrir  de 
la  guerre  civile.  Un  membre  de  la  famille  royale,  arrière- 
petit-fils  de  Philippe  le  Hardi  par  ses  ascendants  mascu- 
lins, petit-fils  de  Louis  X  le  Hutin  par  sa  mère,  Charles  II 
le  Mauvais  fut  l'ennemi  le  plus  perfide  du  royaume.  Ré- 
cemment encore,  M.  E.  Meyer,  après  Sismondi,  a  tenté 
une  réhabilitation  ;  il  n'y  a  pas  pleinement  réussi.  Outre 
ses  possessions  de  Navarre,  Charles  le  Mauvais  tenait  par 


héritage  de  ses  père  et  mère  le  comté  d'Evreux,  le  comté 
de  Lo'nguevillc  en  Caux,  Mantes,  Anet,  Nogent-le-Roi, 
Monlchauvet,  Broval  dans  la  Haute-Normandie,  le  comté 
de  Mortain  dans  la  Basse-Normandie.  Par  le  traité  de 
Mantes  (22  févr.  1354),  il  obtint  de  Jean  le  Bon,  après 
que  celui-ci  eut  confié  la  lieutenance  de  la  province  à  son 
jeune  fils  Charles,  le  comté  de  Beaumont-le-Roger,  les 
châteaux  et  châtellenies  de  Couches  et  de  Breteuil,  la  vi- 
comte de  Pont-Audemer,  moins  la  forêt  de  Brotonne  dans 
la  Haute-Normandie,  et  dans  la  Basse-Normandie  le  clos 
du  Cotentin  avec  Cherbourg,  les  vicomtes  de  Valognes, 
Coulances  et  Carentan.  Bien  que  la  vicomte  d'Orbecne  se 
trouve  pas  menlionnée  dans  le  traité,  elle  fut  cependant 
à  cette  époque  cédée  au  roi  de  Navarre.  Après  le  meurtre 
du  connétable  Charles  de  la  Cerda  (1354),  Charles  le  Mau- 
vais se  réfugia  auprès  d'Edouard  III.  Jean  le  Bon  lui  par- 
donna. Mais  le  Xavarrais  ne  tardait  pas  à  organiser  contre 
le  roi  de  France  un  complot  dont  le  but  était  de  détrôner 
Jean,  peut-être  même  de  le  faire  mourir;  il  essaya  d'y 
faire  entrer  le  dauphin.  Celui-ci  dénonça  les  manœuvres 
de  Charles  le  Mauvais  à  son  père.  Il  y  eut  encore  pardon, 
apparent  seulement.  Le  dauphin  recevait  en  apanage  le 
duché  de  Normandie  (7  déc.  1355).  En  janv.  1356,  il 
vint  à  Rouen  pour  recevoir  l'hommage  de  ses  barons.  Jean 
comte  d'Harcourt  le  lui  refusa.  Aux  Etats  de  févr.  1356, 
tenus  au  château  du  Vaudreuil,  le  comte  d'Harcourt  s'éleva 
contre  les  exigences  royales,  non  sans  raison,  et  prononça 
«  plusieurs  orgueilleuses  et  injurieuses  paroles  contre  le 
roi  ».  Le  subside  demandé  ne  put  être  levé,  comme  il 
semble,  sur  les  terres  des  barons  de  Normandie.  Aux  Etats 
généraux  de  Paris  (1^'"  mars  1356),  les  nobles  et  quelques 
grosses  villes  de  Normandie  firent  défaut.  Le  roi  soupçonna 
Charles  le  Mauvais  d'être  l'instigateur  de  cette  résistance 
qu'il  résolut  de  briser.  Les  5  et  6  avr.,  le  duc  de  Nor- 
mandie tenait  sa  cour  à  Rouen  ;  il  invita  à  sa  table  les 
principaux  seigneurs  normands.  Le  roi  Jean  que  l'on 
croyait  à  Paris  parut  danslasalle  à  Fimproviste,  fit  saisir, 
malgré  les  supplications  du  duc  Charles,  quelques-uns  des 
convives.  Jean  d'Harcourt,  Jean  Malet  de  Graville  et  plu- 
sieurs autres  furent  «  décollés  »  sans  jugement.  Le  roi 
de  Navarre  fut  conduit  de  prison  en  prison  au  château 
d'Arleux  en  Picardie.  La  tragédie  de  Rouen  fut  un  acte 
inique  et  maladroit.  Philippe  d'Evreux,  frère  du  roi  de 
Navarre,  et  Godefroi  d'Harcourt,  oncle  du  comte  Jean, 
appelèrent  de  nouveau  Edouard  IH,  et  avec  800  hommes 
d'armes  ravagèrent  la  Normandie  jusqu'au  moment  où, 
après  la  défaite  de  Poitiers,  le  régent  Charles  de  Nor- 
mandie envoya  contre  eux  des  troupes  (|ui  défirent  et 
tuèrent  Godefroi  à  Saint-Sauveur-le-Vicomte  et  rejetèrent 
Philippe  dans  Evreux.  La  Normandie  resta  en  grande  ma- 
jorité fidèle  à  la  cause  royaliste  ;  alors  que  le  dauphin  ne 
trouvait  plus  d'argent  ailleurs,  il  pouvait  encore  s'adresser 
aux  Normands.  De  1357  à  1362,  on  ne  compte  pas  moins 
de  dix-sept  assemblées  partielles  ou  générales  suivies  d'un 
impôt  consenti.  Après  cette  crise  terrible,  la  Normandie 
faillit  passer  sous  la  domination  anglaise  par  les  prélimi- 
naires de  Londres  (24  mars  1359).  Au  traité  de  Brétigny, 
la  Normandie  restait  française. 

Le  premier  soin  de  Charles  V  fut  de  punir  Charles  le 
Mauvais.  Du  Guesclin  prit  Mantes,  Meulan  et  vainquit  les 
troupes  anglo-navarraises  de  Jean  Grailly  et  de  Jean  Jouel 
à  Cocherel  (16  mai  1364).  D'autre  part,  Valognes,  Ca- 
rentan furent  occupés.  Le  traité  de  Pampelune  du  6  mars 
1365  enleva  en  Normandie  le  comté  de  Longueville  à 
Charles  le  Mauvais  qui  recouvrait  le  comté  d'Evreux  et 
les  places  du  Cotentin.  La  guerre  étrangère  et  la  guerre 
civile  terminées,  la  Normandie  ne  jouit  pas  encore  de  la 
paix  ;  elle  resta  livrée  aux  Grandes  Compagnies  de  Hugues 
de  Caverley  et  de  James  de  Pipe. 

Au  printemps  de  1369,  les  hostilités  contre  Edouard  III 
furent  reprises.  Charles  V,  qui  pensait  à  faire  une  des- 
cente en  Angleterre,  vint  à  Rouen  surveiller  l'armement 
des  grosses  barges  construites  spécialement  au  Clos  des 


Galées."^^  La  flotte  ne  partit  pas.  Le  duc  de  Lancastre, 
débarqué  à  Calais,  ravageait  la  Picardie  et  le  pays  de 
('aux  jusqu'à  Hartleur  et  regagnait  Calais.  En  1373,  la 
Normandie  fournit  Larmée  qni  harcela  celle  du  duc  de 
Lancastre.  Un  siège  mémorable  occupa  la  Normandie  : 
celui  de  Saint-Sauveur-le-Vicomte  (jue  les  Anglais  occu- 
paient. Apr(s  plusieurs  tentatives  infrucUieuses,  grâce  à 
l'argent  donné  par  les  huit  l^tats  partiels  tenus  de  1372 
à  1373,  grâce  à  la  grosse  artillerie  de  siège,  qui  apparaît 
pour  la  première  fois,  la  ville  fut  rendue  à  l'été  de  1375. 
Les  Anglais  étaient  chassés  de  Normandie.  Restait  le  roi 
de  Navarre.  Lu  i\év.  1377,  l'arrestation  d'un  chanibellan 
de  Navarre,  Jac({ues  de  Rue,  révélait  un  nouveau  complot 
contre  Charles  Y.  Avec  le  concours  de  Charles  le  Noble, 
mis  au  courant  de  la  trahison  de  son  père,  on  reprit  suc- 
cessivement toutes  les  possessions  de  Charles  le  Mauvais, 
moins  Cherbourg,  que  le  roi  de  Navarre  avait  cédé  à 
l'Angleterre  pour  trois  ans  et  dont,  en  1381,  il  prolongea 
le  délai  de  restitution  jusqu'au  jour  ou  il  lui  plairait 
de  réclamer  la  place.  L'occupation  de  la  Normandie  fut 
complétée  en  1380  par  la  concpiètede  Jersey  et  de  Guer- 
nesey  qui  devinrent  françaises  pour  (juelques  années. 

Le  règne  de  Cbarles  Yl  commençait  heureusement  :  la 
guerre  était  limitée  à  la  Bretagne,  et  Charles  Y  en  mou- 
rant   avait   aboli    les  aides.    Les  lettres  d'abolition  du 
10  sept.  1380  furent  publiées  dans  la  province  jusque 
dans  les  plus  petites  villes.  La  Normandie  devait  pouvoir 
réparer  les  ruines  de  la  guerre  ;  il  n'en  fut  rien.  Malgré 
les  engagements  pris,  les  oncles  du  roi  obtinrent  des  Etats 
une  aide  considérable  pour  l'entretien  des  hommes  d'armes, 
le  joyeux  avènement  et  F  «  estât  du  roy  »  (3  févr.  1381). 
En   1382,   le  duc  d'Anjou  prit  le  parti  dangereux  de 
mettre  les  Normands  à  contribution  encore  une  fois  ;  le 
13  janv.  1382,  le  receveur  Bérenger  Loutrel  vint  à  Rouen 
pour  préparer  l'établissement  d'une  crue  sur  les  aides.  Le 
24  févr.,   une  révolte  terrible  éclata  dans  la  ville  :  elle 
est  célèbre  sous  le  nom  de  Harelle.   Un  mai'chand  de 
drap,  proclamé  roi  de  Rouen,  dut  promettre  l'abolition 
des  aides  à  la  foule  (jui  entourait  son  trône  sur  la  place 
du  Marché  :  il  lit  publier  à  son  de  trompe  une  ordonnance 
soi-disant  royale.  La  Charte  aux  Normands,  confirmée 
le  25  janv.  1381,  fut  lue  solennellement.  Les  maisons  des 
officiers,    des   riches,   les  monastères  furent  pillés.   Le 
pseudo-roi  se  sauva  pour  échapper  à  toute  responsabilité. 
Au  mois  de  mars,  Cbarles  YI  vint  à  Rouen  avec  ses  oncles 
à  la  tête  d'une  armée;  il  entra  dans  la  ville  par  la  brèche. 
1^'amiral  de  France,  Jean  de  Yienne,  fut  chargé  d'infor- 
mer contre  les  séditieux  ;  il  se  contenta  de  punir  les  plus 
coupables.  La  ville  paya  une  amende  au  profit  du  roi. 
Les  exigences  financières  du  gouvernement  devinrent  plus 
grandes.  Le  8  avr.,   en  .juin  1382.  les  Etats  de  la  pro- 
vince s'imposèrent  encore.  O^^^wes  mois  plus  tard,  pour 
l'expédition  de  Flandre,  la  Normandie  fut  mise   à  contri- 
bution ;  toutefois,    on  ne  convoqua  pas  les  i^^tats  provin- 
ciaux, on  eut  recours  à  des  consultations  locales  dans  les 
principales   villes  des  diocèses   de   Bayeux,    Coutances, 
Avranches,  Sées,  Lisieux  et  Evreux.  Le  diocèse  de  Rouen, 
troublé  par  une  nouvelle  sédition  qui    avait  éclaté  le 
1^'^  août  à  Rouen,  ne  fut  pas  soUicité.  Dans  le  grand 
mouvement  de  réaction  qui  suivit  la  bataille  de  Rose- 
becque  (1382),  les  libertés  provinciales  s'abimèrent  :    il 
n'y  eut  plus  d'Etats  provinciaux  communs  à  toute  la  Nor- 
mandie jusqu'à  l'époque  de  la  domination   anglaise.   Les 
assemblées  locales  elles-mêmes  disparurent  dix  ans  plus 
tard  :  la   dernière  est  celle  de  1393.   Elle  fut  réunie  à 
l'occasion  du  rachat  de  Cherbourg  aux  Anglais  qui  deman- 
daient 30.000  écus  d'or.   Cherbourg  fut    alors    rendu  à 
Charles  llï  qui  y  entretint  une  garnison.  Le  9  juin  1401, 
Charles  le  Noble    cédait  au  roi   celte  ville  moyennant 
200.000  livres  tournois.  Par   un  acte  du  même  jour, 
il    renonça ,    moyennant    une    rente   de  12.000    livres 
tournois  constituant  le  duché-pairie  de  Nemours,  à  l'héri- 
tage de  ses  parents  qui  avait  été  légalement  confisqué 


—  39  —  NORMANDIE 

en  1385  à  la  suite  de  la  tentative  d'empoisonnement  sur 
la  personne  de  Charles  YI  par  Wourdreton,  agent  de 
Charles  le  Mauvais. 

La  guerre  étrangère  avait  failli  reprendre  dès  1386  : 
une  grande  expédition  avait  été  préparée  au  port  de  l'Ecluse, 
la  Normandie  avait  fourjji  1.387  navires,  une  ville  de  bois, 
et  des  approvisionnements.  Pendant  trois  ans,  on  attendit 
le  duc  de  Berry.  Cette  attente  créa  de  nouveaux  frais  en 
majeure  partie  supportés  par  les  vicomtes  de  Normandie; 
et  l'on  ne  partit  pas.  Dans  Tété  de  1415  seulement,  la 
guerre  fut  conduite  avec  vigueur  par  les  Anglais.  Une 
armée  anglaise  de  00.000  hommes  montés  sur'l.400  na- 
vires débarqua  à  l'embouchure  de  ia  Seine  le  14  août. 
Harfleur  l'arrêta  jusqu'au  10  sept.  1415.  Après  Azincourt, 
les  Anglais  profitèrent  de  leur  victoire.  Ils  ravagèrent 
toute  la  Haute-Normandie.  En  1417,  l'amiral  de  France, 
le  bâtard  de  Bourbon,  essaya  de  les  déloger  dllarfleur  ; 
sa  campagne  malheureuse  fut  suivie  à  bref  délai  de  la 
conquête  de  la  Basse-Normandie.  Le  3  août  1417,Renri  Y 
d'Angleterre  débarcpia  à  Touques.  En  moins  d'un  an,  il 
soumit  Caen,  Ronfleur.  Argentan,  Alençon,  Falaise,  Bayeux, 
Saint-Lo,  Coutances.  Carentan,  Avranches  et  Cherbourg, 
qui  résista  six  mois;  puis,  revenant  vers  la  Ilaute-Xor- 
mandie,  il  occupa  Lisieux,  Beriuiy,  le  Xeubourg,  Louviers, 
Pont-de-l'Arche.  Heiui  Y  s'établit  sous  les  murs  de  Rouen 
le  29  juil.  1418.  Les  Rouennais furent  admirables;  ils  ne 
cédèrent  qu'à  la  famine.  La  capitulation  fut  signée  par 
Gui  le  Bouteiller,  capitaine  de  la  ville,  le  13  janv.  1419  ; 
la  ville  ouvrit  ses  portes  le  19.  Henri  Y  exigea  une  rançon 
de  345.000  écus  d'or  et  trois  habitants  :  le  chanoine 
Delivet,  vicaire  général  de  l'archevêque  et  Jean  Jourdain, 
capitaine  de  l'artillerie,  se  rachetèrent;  Alain  Blanchart, 
capitaine  des  arbalétriers,  trop  pauvre  pour  payer  sa 
rançon,  fut  mis  en  croix.  La  prise  de  Rouen  entraîna 
celle  des  principales  places  de  la  Haute-Normandie  :  Eu 
(15  févr.  1419),  Saint-Clair-sur-Epte,  Etrépagny  (févr. 
1419),  Chaumont-en-Yexin,  Gisors  (17  sept.)',  etc.  La 
domination  anglaise  fut  mal  accueillie.  Il  y  eut  de  nobles 
dévouements  :  à  Caen,  25.000  bourgeois  et  artisans  sor- 
tirent de  la  ville  pour  ne  pas  devenir  Anglais.  Perrette 
de  la  Rivière,  dame  de  La  Roche-Guyon,  en  avr.  1419, 
partit  pour  l'exil  avec  ses  enfants,  refusant  les  offres  du 
vainqueur.  Quelques  petites  places,  comme  Fresneaux, 
Méru,  la  Neu\ille-en-Hez,  ne  capitulèrent  qu'en  1422.  Le 
Crotoy,  défendu  par  Jacques  dlïarcourt,  retint  les  forces 
qui  l'assadlaient  jusqu'au  1^'"  mars  1424.  Dans  la  Basse- 
Normandie,  le  Mont-Saint-Michel  brava  l'Anglais.  Suc- 
cessivement défendu  par  Jean  d'Harcourt,  par  Dunois  et 
par  Louis  d'Estouteville,  il  eut  à  subir  trois  sièges  dont 
le  principal  dura  de  sept.  1424  à  juin  1425.  Là  s'étaient 
enfermés  presque  tous  les  membres  de  la  célèbre  famille 
desPaynel.  Néanmoins,  on  peut  dire  qu'en  1420,  à  Fépoque 
du  traité  de  Troyes,  la  Normandie  était  conquise.  Henri  Y 
vint  en  cette  année  à  Rouen  tenir  un  parlement  d'Anglais 
et  de  Normands,  ou  il  fit  reconnaître  le  duc  de  Clarence, 
son  frère,  pour  son  lieutenant  général  en  Normandie. 

Les  faits  de  guerre  de  1420  à  1435  sont  peu  impor- 
tants dans  la  région  normande.  A  part  les  deux  défaites 
des  Français  à  Yerneuil  près  d'Evreux  le  17  aoiit  1424, 
et  à  Saint-James-de-Beuvron  près  d'Avranches  le  6  mars 
1426,  ils  se  réduisent  à  des  sièges  de  places  secondaires, 
à  des  coups  de  main  heureux  ;  de  part  et  d'autre,  ce  sont 
des  succès  et  des  revers  compensés  qui  ne  modifient  pas 
l'état  de  choses,  jusqu'en  1433  oîi  le  régent  d'Angleterre 
le  duc  de  Bedford,  envoie  d'Angleterre  des  renforts  consi- 
dérables en  Normandie.  Les  Français  lâchent  pied  presque 
partout.  Cependant  la  Normandie  n'avait  pas  souscrit  au 
honteux  traité  de  Troyes  ;  elle  ne  cessa  de  s'agiter.  Dès 
juil.  1419,  à  Rouen,  il  y  avait  eu  une  conspiration  pour 
livrer  la  ville  aux  Français  ;  il  y  eut  pareille  entreprise 
à  Neufchâtel,  à  Dieppe,  à  Saint-Martin-le-Gaillard,  etc. 
Partout  la  répression  fut  sanglante,  ce  qui  n'empêcha  pas 
de  recommencer;  vers  juin  1423,  les  bourgeois  de  Rouen 


NORMANDIE 


40  — 


appelaient  de  nouveau  Charles  VIT;  en  4434  et  4433,  des 
troubles  éclatent  encore.  La  résistance  à  la  domination 
anglaise  s'organisait  dans  les  campagnes  :  les  documents 
anglais  parlent  d'insurgés,  de  réfractaires,  ou  encore  de 
larrons  et  de  brigands  qui  ne  sont  que  des  révoltés,  des 
partisans.  La  guerre  des  partisans  s'étend  de  la  forêt 
d'Eu  à  la  flague.  La  Basse-Xormandie  est  parcourue  par 
des  bandes  d'irréguliers,  sans  lien  entre  elles.  Au  con- 
traire, dans  la  Haute-Normandie,  les  compagnies  des  Guil- 
laume Halley,  Perrot  le  Saige,  Roger  (.hristophle,  Guil- 
laume de  Brédevent,  Jeannecpiin  de  Villers,  Le  Roy  de 
Valescoiirt,  agissent  de  concert  et  se  tiennent  perpétuel- 
lement en  contact  avec^  les  troupes  régulières.  Elles  ont 
une  organisation  et  des  cadres.  Les  hal)itants  sont  leurs 
complices.  Les  partisans  s'engagent  par  serment  les  uns 
envers  les  autres,  se  reconnaissent  à  un  mot  d'ordre.  Ils 
pullulent  malgré  que  les  Anglais  les  traquent  comme  des 
bètes  fauves,  mettent  leur  tète  à  prix,  les  exécutent  sans 
jugement.  Le  recel  est  puni  comme  l'insurrection  :  la 
mort  est  donnée  par  la  corde,  la  hache  ou  la  noyade.  Les 
femmes  sont  enterrées  vives  au  pied  des  gibets.  Contre 
cette  insurrection  qui  paralyse  ses  forces,  le  gouverne- 
ment de  la  conquête  est  ol)ligé  d'entretenir  sur  pied  une 
série  de  petits  corps  mobiles.  Il  a  cherché  à  organiser  la 
défense  à  l'aide  des  populations.  Des  dizeniers  sont  ins- 
titués dans  les  paroisses  pour  essayer  d'encadrer  les  gens 
de  village.  Cette  première  ébauche  de  milice  locale,  cet 
«  armement  et  embastonnement  des  communes  gens  »  ne 
semble  pas  avoir  réussi  aux  conquérants.  C'était  fournir 
des  armes  à  leurs  ennemis.  En  4429,  Philippe  le  Cat  or- 
ganise un  complot  dont  le  but  était  de  livrer  Cherbourg 
aux  Français.  x4 près  4435,  de  grands  soulèvements  éclatent 
dans  le  pays  de  Caux,  dans  le  Bessin  et  la  plaine  de 
Caen,  dans  le  Lieuvin,  dans  le  val  de  Vire  (4436)  où  un 
certain  Boschier  tient  en  échec  les  Anglais.  Le  soulève- 
ment du  Val  de  Vire  a  laissé  des  souvenirs  dans  les  chan- 
sons du  XV®  siècle,  et  en  particulier  dans  les  poésies  attri- 
buées à  Olivier  Basselin.  Le  connétable  Arthur  de  Richemoni 
met  à  profit  ces  soulèvements.  Il  envoie  le  maréchal  de 
Rieux  dans  le  pays  de  Caux  rejoindre  Charles  Desmarets 
et  Le  Carnier  qui  se  sont  mis  à  la  tête  des  Cauchois  ré- 
voltés ;  Dunois  dans  le  Lieuvin  où  le  bâtard  de  Douville 
en  4436  et  Le  Borgne  de  Noce  en  4438  organisent  la  ré- 
sistance ;  André  de  Laval,  Jean  de  La  Roche  et  Jean  de 
Beuil  dans  le  Val  de  Vire  ;  le  duc  d'Alençon  et  Ambroise 
de  Loré  dans  le  Cotentin.  Les  insurgés  du  Bessin  ont  atta- 
qué Caen  (janv.  4436).  Les  années  4436  et  4437  sont 
marquées  paroles  succès  de  la  cause  française;  mais 
bientôt  les  gens  de  la  campagne  abandonnés  à  eux-mêmes 
sont  vaincus.  Cette  guerre  d'indépendance  finissait  au  mi- 
lieu d'infortunes  de  toute  sorte  :  la  peste,  la  famine 
s'ajoutaient  à  la  guerre.  Richemont,  ({ui  a  voulu  utiliser 
les  écorcheurs  de  Champagne  dans  le  pays  de  Caux,  a 
déchaîné  sur  ce  malheureux  pays  un  nouveau  fléau.  En 
4440,  les  Anglais  sont  les  maîtres  presque  partout  ;  sur 
quelques  points  seulement,  ils  trouvent  encore  de  la  ré- 
sistance, à  Harfleur  qui  succombe  après  un  siège  de  trois 
mois  (aoùt-oct.  4440),  à  Granville,  à  Dieppe  qui  résiste 
victorieusement  k  Talbot  de  nov.  4442  à  août  4443.  La 
trêve  de  Bourges  (20  mai  4444),  renouvelée  à  plusieurs 
reprises,  et  prolongée  par  le  traité  de  Lavardin  jusqu'au 
4®''  avr.  4450,  donna  quelque  répit  à  la  Normandie.  Les 
hostilités  recommencèrent  avant  la  fin  de  la  trêve.  Dans 
la  nuit  du  23  au  24  mars  4449,  le  capitaine  anglais, 
François  de  Surrienne,  avait  surpris  Fougères.  Le  gouver- 
nement anglais  refusa  de  rendre  cette  ville  au  duc  de 
Bretagne.  Par  représailles,  le  roi  de  France  entra  en  Nor- 
mandie. Quand  la  guerre  fut  officiellement  déclarée  le 
34  juil.  4449,  déjà  Pont-de-F Arche,  Conches,  Gerberoy, 
Saint-James-de-Beuvron,  Mortain  avaient  été  pris  par  les 
Français.  Après  la  déclaration  de  guerre,  la  Normandie 
fut  attaquée  de  deux  côtés  à  la  fois  :  par  le  roi  et  Dunois 
au  S.-E.,  par  Richemont  et  le  duc  de  Bretagne   dans  le 


Cotentin.  On  fit  appel  aux  habitants  que  les  Anglais  cher- 
chaient à  contenir  par  la  terreur.  La  campagne  de  l'Est 
fut  facile  :  Pont-Audemer,  Mantes,  Vernon,  Lisieux,  Ver- 
neuil,  Pont-fEvêque,  Fécamp  se  soumirent.  Le  roi  entrait 
à  Evreux  au  mois  d'août  4449et  le  lendemain  àLouviers. 
L'opération  capitale  fut  le  siège  de  Rouen.  La  ville,  dé- 
fendue par  le  meilleur  capitaine  anglais,  Talbot,  fut  livrée 
par  ses  habitants  le  9  oct.  4449  pendant  la  messe.  Le 
duc  de  Sommerset  et  Talbot  s'enfermèrent  dans  le  châ- 
teau, capitulèrent  le  29  oct.  et  livrèrent  tout  le  pays  de 
Caux.  Charles  VU  entra  à  Rouen  le  40  nov.  Les  capitu- 
lations du  Château-Gaillard  (23  nov.),  de  Harfleur  (2  4  nov.), 
de  Condé-sur-Noireau  et  de  Bellême  en  décembre,  enfin  le 
siège  de  Ronfleur  (janv.-févr.  4450),  terminèrent  cette  cam- 
pagne. Celle  de  l'Ouest  se  divise  en  deux  périodes.  Dans 
la  première,  qui  dura  jusqu'au  mois  d'oct.  1449,  Riche- 
mont et  son  neveu  le  duc  de  Bretagne  conquirent  tout  le 
Cotentin.  sauf  Avi'anches,  Saint-Sauveur-le-Vicomte,  Bri- 
quebec  et  Cher])ourg  :  -les  principaux  événements  mili- 
taires furent  la  prise  du  château  du  Hommet  par  les  pay- 
sans soulevés  (25  sept.),  le  siège  de  Carentan  (26-29  sept.) 
et  le  siège  de  Gavray  (9-44  oct.).  La  seconde  période 
commença  le  45  mars  4450  avec  le  débarquement  à  Cher- 
bourg des  5.000  hommes  de  Thomas  Kyriel.  Celui-ci  avait 
reçu  l'ordre  de  rejoindre  le  duc  de  Sommerset  qui  s'était 
enfermé  dans  Caen  après  la  capitulation  de  Rouen.  Il  oc- 
cupe Valognes,  passe  le  Grand  Vey  malgré  les  gens  du 
pays  (44  avr.).  Il  trouve  en  face  de  lui  le  comte  de  Cler- 
mont,  fils  du  duc  de  Bourbon  et  gendre  de  Charles  VII; 
le  connétable  de  Richemont,  de  son  côté,  arrivait  à  Saint- 
Lô.  Les  deux  capitaines  français  concertèrent  mal  leurs 
mouvements  et,  le  45  avr.,  k  Formigny,  le  comte  de  Cler- 
mont  attaquait  seul  Thomas  Kyriel.  (^uand  le  connétable 
arriva,  il  était  trois  heures  de  l'après-midi,  la  bataille 
était  presque  perdue.  Les  paysans  du  voisinage  se  joignirent 
aux  hommes  d'armes  de  France  ;  3.774  Anglais  furent  tués  ; 
4.200  à  4.400  étaient  prisonniers,  dont  Thomas  Kyriel. 
x4près  cette  victoire,  Vire  le  24  avr.,  Avranches  après 
trois  semaines  de  siège  (43  mai),  l'îlot  de  Tombelaine, 
8aint-8auveur-le-Vicomte  après  dix  jours  d'investissement, 
Briquebec,  Valognes  (mai),  furent  réoccupés  par  les  troupes 
françaises.  Alors  commença  le  siège  de  Caen  par  Riche- 
mont, Dunois,  les  comtes  d'Eu  et  de  Nevers.  La  popula- 
tion força  Sommerset  à  capituler  le  24  juin.  La  ville  fut 
remise  au  roi  le  4®^'  juil.  et  Charles  VU  y  faisait  son  en- 
trée solennelle  le  6  juil.  Les  trois  dernières  villes  occu- 
pées par  les  Anglais,  Falaise,  Domfront  et  Cherbourg,  ou- 
vrirent leurs  portes  les  23  juil.,  2  août  et 42  août  4450. 
La  Normandie  était  conquise  définitivement.  En  oct.  4452, 
une  flotte  anglaise  vint  bien,  il  est  vrai,  menacer  les  côtes 
de  Normandie  ;  mais  c'était  une  fausse  démonstration  : 
l'attaque  principale  devait  avoir  lieu  en  Guyenne.  On 
continua  néanmoins  cà  faire  bonne  garde.  A  l'assemblée 
de  Montils-lez-Tours  réunie  en  mars  4454,  Richemont, 
Dunois,  le  comte  d'Eu,  l'archevêque  de  Narbonne  qui  était 
président  de  l'Echiquier  et  Pierre  de  Brézé  firent  au  roi 
un  rapport  détaillé  sur  l'état  de  la  Normandie  ;  ils  lui  re- 
montrèrent que  les  impôts  levés  pour  l'entretien  et  la 
solde  des  troupes  dans  la  province,  si  durement  et  long- 
temps éprouvée  par  la  guerre,  étaient  «  à  très  grand  dé- 
plaisir et  charge  à  ses  sujets  »  ;  ils  le  prièrent  de  ne  point 
rejeter  des  réclamations  qui  leur  paraissaient  fondées. 
Charles  se  rendit  à  cet  avis.  Par  l'ordonnance  du  20  mars 
4454,  il  permit  de  remplacer  les  contributions  exigées  au- 
paravant par  une  taille  fixe  de  250.000  livres  tournois 
que  la  Normandie  et  le  duché  d'Alençon  auraient  à  payer, 
à  partir  du  mois  d'avril,  pour  la  solde  de  600  lances  et 
des  troupes  auxiliaires  qui  semblaient  encore  indispensables 
à  la  défense  du  pays. 

Ainsi  la  Normandie  échappait  à  la  domination  anglaise 
pour  la  seconde  fois.  Cette  conquête  est  un  événement  ca- 
pital, tant  pour  l'histoire  générale  que  pour  l'histoire  de  la 
province.  La  Normandie  aux  mains  des  rois  d'Angleterre 


—  41  — 


NORMANDIE 


était  une  menace  perpétuelle  pour  le  suzerain  de  Paris. 
Henri  V  le  comprenait  quand  il  disait  :  «  Vous  charge  sur 
tant  que  vous  povez  mesprendre,  que  tant  que  vous  vivrez, 
ne  souffrez  à  faire  traictié  avecques  nostre  adversaire  Charles 
de  Vallois  ne  autres  pour  chose  qu'il  advienne,  que  le  duché 
de  Normandie  ne  lui  demeure  franchement.  »  Aussi  les 
Anglais  s'étaient-ils  efforcés  de  donner  à  la  Normandie  une 
vie  indépendante.  Ils  avaient  rendu  aux  Normands  leurs 
Etats  provinciaux  ;  l'Echiquier  tenait  lieu  de  Parlement. 
En  juil.  1436,  Henri YI  avait  établià  Rouen  une  chaml)re 
des  comptes  spéciale  à  la  Normandie,  qui  fut  distraite  de 
la  juridiction  des  généraux  et  delà  cour  des  aides  de  Paris. 
Enfin,  en  143^2,  le  régent  Bedford  avait  érigé  à  Caen  une 
faculté  de  droit  canon  et  de  droit  civil,  rivale  des  écoles 
françaises  d'Orléans  et  d'Angers.  Après  l'expulsion  des 
Anglais  de  Paris,  en  1436,  f  université  de  Caen  comprit 
une  faculté  de  théologie  et  arts  (1437),  une  école  de  mé- 
decine (1438)  :  destinée  à  détourner  les  sujets  normands 
du  roi  d'Angleterre  d'aller  étudier  à  Paris,  elle  fut  en  quelque 
sorte  modelée  sur  l'université  parisienne.  Après  la  conquête, 
Charles  VU  confirma  l'œuvre  des  rois  anglais.  En  1450, 
l'université  reçut  une  continuation  temporaire  ;  seule,  la 
faculté  de  droit  disparut  ;  elle  fut  rétablie  par  une  charte 
de  1452.  Le  roi  conserva  les  Etats  provinciaux  et  la  juri- 
diction financière  en  matière  d'aides.  En  1461,  la  Cour  des 
aides  fut  abolie  ;  mais,  sur  la  plainte  des  Etats  de  Norman- 
die, Louis  XI,  par  lettres  patentes  du  19  nov.  1462,  la 
rétablit,  en  lui  donnant  la  plénitude  de  juridiction  qu'avait 
celle  de  Paris.  Elle  vécut  peu  de  temps.  Enfin,  il  autorisa 
son  frère  à  recréer  une  Chambre  des  comptes  à  Rouen. 

La  Normandie  de  1461  À  1790.  —  Ce  souci  de  s'atta- 
cher la  Normandie  nous  révélerait  au  besoin  l'intérêt  que 
les  rois  de  France  trouvaient  à  sa  possession,  si  les  con- 
temporains ne  nous  avaient  pleinement  renseigné  sur  ce 
sujet,  «  La  chose  du  monde,  écrit  Commines,  qu'il  (Charles 
le  Téméraire)  désiroit  le  plus,  c'estoit  de  voir  un  duc  en 
Normandie,  car,  par  ce  moyen,  il  lui  sembloit  le  roy  estre 
affoibli  de  la  tierce  partie.  »  Louis  XI,  qui  avait  donné  en 
1461  le  gouvernement  de  cette  province  à  Charles  de  Cha- 
rolais,  se  rendit  compte  de  sa  faute  et  dépouilla  celui-ci 
de  sa  charge  de  gouverneur  en  1464.  Après  la  première 
ligue  du  Bien  public,  le  comte  de  Charolais  exigea  que  la 
Normandie  fût  donnée  au  chef  des  révoltés,  le  duc  Charles 
de  Berry,  frère  du  roi.  L'art.  3  du  traité  de  Contlans  disait 
que  «  Charles,  frère  unique  du  roi,  auroit  en  apanage  le 
duché  de  Normandie,  sous  la  foi  et  hommage  de  Sa  Ma- 
jesté, pour  en  jouir  tout  ainsi  qu'avoient  fait  les  ducs  de 
Normandie  ».  Le  duc  -de  Bourbon  occupa,  d'oct.  1465 
au  17  janv.  1466,  le  château  de  Rouen,  au  nom  du  duc 
Charles.  Louis  XI  était  bien  décidé  à  ne  point  laisser  son 
frère  en  possession  de  cet  apanage.  Il  profita  de  la  brouille 
survenue  entre  le  duc  Charles  et  le  duc  de  Bretagne,  mé- 
content d'être  le  vassal  du  premier,  en  vertu  de  l'art.  3 
précité.  Il  eut  une  entrevue  avec  le  duc  breton  à  Caen,  et, 
avec  son  aide,  il  réduisit  facilement  toute  la  province.  Le 
10  janv.  1467,  il  entrait  triomphalement  à  Rouen  et  en- 
voyait au  supplice  les  serviteurs  de  son  frère.  Les  Etats 
généraux  de  Tours  (1468)  ratifièrent  l'usurpation  du  roi 
et  déclarèrent  que  la  Normandie  ne  pourrait  plus,  sous  au- 
cun prétexte,  être  démembrée  du  domaine  de  la  couronne. 

En  1490,  Charles  VIII  donna  le  gouvernement  de  la  pro- 
vince au  duc  Louis  d'Orléans,  qui  resta  à  la  tète  de  cette 
province  jusqu'à  son  avènement  au  trône.  Louis  XII  nomma 
à  sa  place  le  cardinal  d'Amboise,  archevêque  de  Rouen,  de- 
puis 1494.  Par  un  édit  d'avr.  1499,  il  rendit  l' Echiquier 
permanent,  et,  le  1^^'oct.  1506,  l'Echiquier,  qui,  jusqu'a- 
lors, avait  tenu  ses  séances  dans  une  des  salles  du  château, 
les  tint  dans  le  palais  (aujourd'hui  le  palais  de  justice). 
En  1512,  François  d'Angoulême  succédait  au  cardinal  d'Am- 
boise, et,  sur  l'emplacement  du  petit  port  de  Leure,  fai- 
sait jeter  les  premiers  fondements  du  Havre  de  Grâce,  des- 
tiné à  remplacer  Harfleur,  qui  s'ensablait.  Ce  nouveau 
gouverneur,  devenu  roi  de  France,  changea,  en  1515,  le 


nom  d'Echiquier  en  celui  de  Parlement.  Le  Parlement  de 
Normandie  n'eut  pas  à  se  louer  toujours  de  son  parrain  ; 
après  avoir  reçu  de  lui,  en  1518,  les  privilèges  dont  jouis- 
sait celui  de  Paris,  il  eut  à  subir,  delà  part  du  chancelier 
Poyet,  une  épuration.  Poyet  n'avait  pas  pardonné  aux 
membres  de  cette  cour  souveraine  l'improbation  qu'ils  avaient 
manifestée  contre  lui  pour  sa  conduite  dans  le  procès  de 
Philippe  Chabot,  seigneur  de  Brion,  amiral  de  France  (1540). 
Le  Parlement  résista  à  la  mesure  qui  frappait  quelques- 
uns  de  ses  membres.  François  l^^'  vint  à  Rouen  au  mois 
d'août  avec  le  chancelier,  qui  prononça  l'interdiction  de 
cette  cour.  H  nomma  un  président  et  douze  conseillers  qu'il 
envoya  à  Bayeux  pour  rendi'c  la  justice  à  ses  sujets  de 
Normandie.  Après  la  réhabilitation  de  l'amiral,  par  l'arrêt 
du  29  mars  1541,  il  revint  sur  l'interdiction  prononcée 
et,  par  l'édit  de  juin  1542,  accorda  aux  parlementaires 
une  exemption  générale  et  perpétuelle  de  l'arrière-ban. 
L'année  suivante,  au  mois  de  juillet,  il  créait  une  cour  des 
aides,  l'ancienne  ayant  disparu. 

La  Normandie  accueillit  bien  VàUéforme,  qui  s'implanta 
d'abord  à  Rouen.  L'une  des  premières  victimes  des  haines 
religieuses,  Etienne  Lccourt,  curé  de  Condé-sur-Sarthe, 
fut  brûlée,  le  11  déc.  1533,  sur  la  place  du  Marché.  Dès 
1535,  les  protestants  eurent  des  ministres  à  Rouen,  entre 
autres  le  fameux  Morlerat.  Malgré  les  exécutions  de  1555 
et  de  1559,  les  idées  réformistes  gagnèrent  de  proche  en 
proche.  Rouen,  Dieppe,  le  Havre,  Caen,  Bayeux,  Falaise, 
Coutances,  Vire,  Saint-Lô,  Carentan  et  quelques  autres 
places  étaient  aux  mains  des  religionnaires.  A  l'assemblée 
préparatoire  aux  Etats  généraux,  qui  se  tint  au  mois  d'août 
1560,  Cohgny  présenta  deux  requêtes  des  réformés  de 
Normandie':  ils  suppUaient  le  roi  de  leur  accorder  des 
temples,  l'assurant  de  leur  dévouement  ;  à  cette  condition, 
ils  s'engageaient  à  renoncer  aux  congrégations  illicites, 
s'offrant  même  à  payer  des  taxes  plus  élevées  que  celles 
qui  frappaient  les  catholiques.  Les  Etats  généraux  qui  s'ou- 
vrirent le  13  déc.  1560  marquent  le  début  d'une  période 
d'apaisement  qui  prit  fin  avec  le  massacre  de  Vassy  (1562). 

En  1562,  500  protestants  s'emparèrent  des  portes  de 
la  ville  de  Rouen  et  mirent  au  pillage  églises  et  couvents. 
Le  Parlement  se  retira  à  Louviers,  et  le  duc  de  Bouillon, 
gouverneur  de  la  province,  obligé,  lui  aussi,  de  sortir  de 
la  ville,  occupa  solidement  Caudebec  et  Pont-de-l'Arche 
pour  couper  aux  Rouennais  toute  communication  extérieure 
par  la  vallée  de  la  Seine.  Son  lieutenant,  xMatignon,  prit 
toutes  les  places  que  détenaient  les  protestants  dans  la 
Basse-Normandie.  Une  armée  royale  commandée  par  le  duc 
d'Aumale  prit  Harfleur,  MontiviUiers,  Lillebonne  ;  elle 
parut  sous  les  murs  de  Rouen  ({u'une  conspiration  catho- 
lique devait  lui  livrer;  elle  échoua.  Le  duc  d'Aumale  s'em- 
para ensuite  de  Brionne,  Pont-Audemer  et  Ronfleur.  Le 
Parlement  de  Louviers,  le  26  août,  déclara  les  protestants 
rebelles  et  criminels  de  lèse-majesté.  La  cause  protestante 
était  compromise.  L'amiral  Coligny,  imitant  en  cela  les 
catholiques,  appela  l'étranger.  Par  le  traité  d'Hampton- 
Court  (20  sept.  1562),  3. 000  Anglais  prenaient  garnison 
au  Havre,  au  nom  du  roi  de  France;  Elisabeth  fournissait 
3.000  hommes  pour  défendre  Rouen  et  Dieppe  contre  les 
catholiques,  et  payait  300.000  écus  d'or  pour  le  Havre. 
L'armée  cathoUque,  commandée  par  le  roi  en  personne, 
assiégea  Rouen.  Le  24  sept.,  les  forts  Sainte-Catherine  et 
Saint-Michel  étaient  emportés,  et  le  26  oct.,  après  les 
assauts  infructueux  des  23  et  24,  la  ville  fut  prise  de 
vive  force  ;  elle  fut  mise  au  pillage  ;  les  ministres  Mor- 
lerat et  Montreville  furent  exécutés.  Le  Parlement  rentra 
à  Rouen  le  29  oct.  Dieppe  et  Caen  se  soumirent  au  roi. 
Pour  réparer  cet  échec,  Condé  voulut  surprendre  Paris  ; 
mais,  cà  l'approche  d'une  armée  catholique,  il  se  retira 
vers  l'Ouest  et  se  fit  battre  à  Dreux,  où  il  fut  fait  prison- 
nier (19  déc.  1562).  Coligny  fut  plus  heureux;  après  avoir 
ravitaillé  Orléans,  il  se  jeta  en  Normandie,  occupa  Evreux, 
Bernay,  Saint-Pierre-sur-Dives,  Ronfleur  et  Pont-l'Evèque. 
Avec  le  concours  des  Anglais,  il  prit  le  château  de  Caen 


NORMANDIE 


—  42  — 


(J^^  mars  1563).  En  même  temps,  les  protestants  redeve- 
naient les  maîtres  de  Baveux  assiégé  du  14  févr.  au  4  mars, 
de  Saint-Lô,  d'Avranclies,  de  Vire,  de  Mortagne,  etc.  A 
la  paix  d'Amboise  (19  mars  lo63),  les  protestants  domi- 
naient en  Basse-Normandie;  le  Havre  et  Caeii  étaient au,^ 
mains  des  Anglais.  La  paix  faite,  prolestants  et  catbj- 
liques  concoururent  à  reprendre  le  Havre.  Le  maréch?  ide 
Cossé-Brissac  mit  le  siège  devant  cette  ville  le  5  juil  Le 
28  du  môme  mois,  le  comte  de  Warwick,  c|ui  défend'  itla 
place,  capitula.  Charles  L\,  qui  avait  assisté  au  siège  vint 
à  Rouen  le  12  août  ;  le  17  août,  il  fut  proclamé  ma; air; 
Ledit  de  proclamation  ayant  été  publié,  véi'ifié  et  eni'egis- 
tré  au  Parlement  de  Normandie,  le  Parlement  de  Paris  pro- 
testa contre  l'irrégularité  du  fait.  Le  roi  passa  outre. — 
Après  cette  terrible  secousse,  la  Normandie  fut  relativement 
tranquille.  Le  diocèse  de  Rouen  fut  préservé  des  plus  grands 
maux  par  la  modération  de  son  archevêque,  le  cardinal  de 
Bourbon.  Le  massacre  de  la  Saint-Bartbélemy  (21  août 
1572)  n'eut  pas  une  très  grande  répercussion  dans  la  pro- 
vince. A  liouen,  le  cardinal  s'interposa  entre  catholicpies  et 
])rotestants.  A  Dieppe  le  gouverneur  Sigognes,  à  Lisieuxle 
gouverneur  Furnichon  deLongchamps  (et  non  l'évêque  Jean 
Le  Hennuyer)  refusèrent  d'obéir  aux  ordres  de  la  cour.  En 
1573,  à  la  reprise  des  hostilités,  lecomte  deMontgommery 
et  ses  deux  fils,  les  sires  deGallardon  et  de  Lorges,se  sai- 
sirent de  Saint-Lô,  de  Carentan,  de  Valognes  et  s'enfer- 
mèrent dans  Domfront.  Matignon  investit  cette  place. 
Montgommery  fut  conduit  à  Paris  et  exécuté  en  place  de 
Grève,  le  26  juin  1574.  —  Cette  période  de  paix  relative 
fut  consacrée  à  des  travaux  législatifs.  Michel  de  FHospital 
fit  nommer  par  le  roi,  en  1577,  des  commissaires  pour  la 
rédaction  en  un  code  unique  des  coutumes  normandes. 
Ces  commissaires  s'entourèrent  des  députés  des  grands 
bailliages;  à  la  fin  de  1582,  le  travail  était  achevé.  En 
1585,  Henri  Hl  ratifiait  et  approuvait  la  nouvelle  cou- 
tume. H  rétablit  aussi  la  chambre  des  comptes  et  chargea 
Charles  de  Bauquemare  de  Bourg-Denis,  premier  président 
du  parlement  de  Normandie,  d'installer  cette  cour  et  de 
rédiger  ses  statuts  et  règlements,  lùifin,  par  ses  lettres 
patentes  de  1579,  il  érigeait  en  juridictions  royales  les 
tribunaux  subalternes. 

La  paix  de  Loches,  signée  le  14  mai  1576,  causa  une 
profonde  indignation  dans  le  parti  cathoHque.  En  Nor- 
mandie, les  nobles  formèrent  une  ligue  «  pour  l'honneur 
de  Dieu,  service  du  roi,  bien  et  repos  de  la  patrie  ».  Hs 
furent  maîtres  d'une  grande  partie  de  la  Normandie  en 
quelques  années.  Rouen,  cependant,  tenait  toujours  pour 
le  roi.  Après  la  journée  des  Barricades  à  Paris  (mai  1588), 
Henri  HI  se  réfugia  à  Chartres,  puis  à  Rouen  où  il  arriva 
le  11  juin.  C'est  là  qu'il  reçut  Yilleroi  qui  lui  portait  les 
demandes  des  seigneurs  et  qu'il  signa  Ledit  d'Lnion,  par 
lequel  il  promettait  d'exterminer  les  hérétiques  et  d'exclure 
du  trône  Henri  de  Navarre.  11  resta  à  Rouen  jusqu'à  la 
fin  de  juil.  1588  ;  il  (piitta  la  ville  pour  se  rendre  àBlois 
où  les  Etats  généraux  étaient  convoqués.  La  Normandie 
prit  part  à  cette  réunion.  Les  cahiers  de  doléances,  qui 
furent  rédigés  dans  les  Assemblées  de  baiUiage  à  cette 
occasion,  sont  des  témoignages  irrécusables  des  calamités 
qui  avaient  frappé  la  province  sous  les  règnes  de  Fran- 
çois II,  Charles  IX  et  Henri  lïl  :  141.570  victimes, 
491.480.000  bvres  tourn.  d'impositions,  tel  est  le  bilan 
de  cette  malheureuse  époque.  —  L'arrestation  du  cardinal 
de  Bourbon,  après  l'assassinat  d'Henri  de  Guise,  détacha  les 
Rouennais  de  la  cause  royale.  Le  4  févr.  1589,  Rouen 
eut  sa  journée  des  Barricades.  Le  président  du  Parlement 
de  Normandie,  Claude  Groulart,  sortit  de  la  ville  ;  le  duc 
de  Mayenne  y  entra  (fin  de  févr.  1589).  En  cette  même 
année,  le  comte  de  Brissac,  chassé  d'Angers,  passait  en 
Normandie  pour  attirer  cette  province  dans  le  parti  de  la 
Ligue,  à  Fexemple  de  Rouen.  Des  rassemblements  désignés 
sous  le  nom  de  Gautier  se  formaient,  et  le  peuple  «  animé 
d'un  saint  zèle  pour  la  religion  »  se  livrait  au  pillage,  au 
désordre,  à  tous  les  excès  du  fanatisme.  Le  marquis  de 


Villars  fut  fait  gouverneur  de  Normandie  pour  la  Ligue, 
au  mépris  des  droits  du  duc  de  Montpensier,  gouverneur 
au  nom  du  coi.  (^aen  était  l'csté  fidèle  à  la  calise  royale. 
Henri  HI  y  transféra,  par  édit  perpétuel  et  irrévocable,  le 
Parlement  de  Normandie,  dont  la  moitié  environ  des 
membres  avait  suivi  Groulard  dans  son  exode.  Le  duc  de 
Montpensier  procéda  à  l'installation  le  26  juin  1589.  Le 
Parlement  de  Caen  reconnut  Henri  IV,  lorsque  Henri  HI 
eut  été  assassiné,  le  1^^"  août  1589.  Le  nouveau  roi,  appré- 
ciant de  quelle  importance  serait  pour  lui  la  possession  de 
la  Normandie,  se  rendit  maître  de  la  vallée  de  la  Seine 
en  ])i'enant  Meulaii  et  Gisors.  Dieppe,  Caen,  Pont-de- 
TArclie,  Neufchàtel  se  donnèrent  à  lui.  Le  duc  de  Mayenne 
accourut  pour  lui  disputer  le  terrain  ;  autour  de  Dieppe 
se  livra  toute  une  série  de  combats  qui  se  termina  par  une 
mêlée  très  vive  au  pied  du  château  d'Arqués  (21  sept.). 
Mayenne  fut  vaincu,  l.e  Parlement  de  Rouen,  par  arrêt 
du  23  sept.,  appela  la  noblesse  normande  aux  armes 
contre  Henri  IV.  Mais,  même  à  Rouen,  le  roi  avait  des 
pai'tisans  résolus.  Deux  bourgeois,  Cavey  et  Louis,  avaient 
résolu  de  lui  livrer  la  ville.  Ils  furent  pris  par  la  faction  de 
la  Ligue  et  pendus.  Henri  IV  passa  l'hiver  sur  les  bords  de  la 
Loii'e.  Pendant  ce  temps,  Alençon,  Argentan,  Domfront.  Fa- 
laise, Lisieux,  Pont-Audemer,  Baveux.  Ronfleur,  Pont- 
r  l<]vêque  se  prononçaient  en  sa  faveur  et  ouvraient  leurs  portes 
à  ses  troupes.  Au  printemps  de  1590,  le  roi  rentra  en  cam- 
pagne; il  emporta  Xonancourt,  assiégea  Dreux  (5  mars)  et 
vai n( |u  it  M ay enn e  à  Ivry-l a-Bat aille  (  1 4  m ars) .  L a  Norm and i e 
était  à  lui  pres([ue  tout  entière.  Le  Parlement  de  Caen  pro- 
mulgua une  ordonnance  prononçant  la  saisie  et  la  vente  des 
biens  des  ligueurs  :  une  Chambre  des  Domaines,  compo- 
sée tout  exprès  et  présidée  par  Groulart,  fonctionnait  sans  re- 
lâche. Il  protesta,  comme  ceux  de  Tours  et  de  Châlons,  contre 
la  bulle  de  Grégoire  XIV,  excommuniant  le  roi  (août  1591). 
Le  maréchal  de  Biron  réduisait  Caudebec,  Harfleur,  Fé- 
camp  et  quelques  autres  places  du  pays  de  Caux  à  l'obéis- 
sance. Avec  des  secours  anglais  et  allemands,  Henri  IV 
venait  camper  sous  les  murs  de  Rouen  le  11  nov.  1591. 
La  ville,  défendue  par  André  de  Villars-Brancas,  fut  se- 
courue par  Alexandre  Farnèse,  duc  de  Parme  et  gouver- 
neur des  Pays-Bas  espagnols,  qui,  bien  que  vaincu  à  Au- 
male  le  5  févr.  1592,  occupa  Neufchàtel  et  força  le  roi  à 
lever  le  siège  de  Rouen  (20  avr.  1592).  La  guerre  se  pour- 
suivit sans  autre  intérêt  que  la  prise  de  quelques  villes  de 
part  et  d'autre.  Quand  le  roi  eut  abjuré  la  foi  protestante, 
Sully  négocia  avec  Villars.  Celui-ci  exigea  pour  la  reddi- 
tion de  Rouen  et  des  autres  villes  qu'il  commandait 
1.200.000  livres  comptant,  60.000  livres  de  pension  et 
la  charge  d'amiral  de  France.  Biron,  que  le  roi  avait  pourvu 
de  cette  charge,  consentit  à  la  céder  pour  120.000  écus. 
Groulart  et  les  trois  autres  présidents  du  Parlement,  pour 
hâter  la  pacification  de  la  Normandie,  s'obligèrent  ensemble 
et  solidairement  à  la  garantie  du  paiement  desl20. 000 écus. 
Les  autres  membres  du  Parlement  donnèrent  immédiate- 
ment 30.000  écus.  Le  Parlement  revint  de  Caen  dans  le 
courant  de  mai  1594  et  fut  réinstallé  le  26  avr.  H  ne 
tarda  pas  à  reprendre  son  rôle  d'opposition  en  refusant 
d'enregistrer  Ledit  de  Nantes  (1598).  L'art.  30  de  cet 
édit  créait  au  Parlement  de  Normandie  une  Chambre  de 
Ledit.  Par  contre,  le  Parlement  normand  vota  le  bannis- 
sement des  jésuites  que  Henri  IV  devait  rappeler  en  1603 
par  un  édit  daté  de  Rouen.  En  1596,  Henri  IV  avait 
réuni  à  Rouen  les  notables  des  trois  ordres;  le  16  oct.,iI 
vint  au  milieu  d'eux. 

Les  révoltes  seigneuriales  sous  le  règne  de  Louis  XIII 
n'eurent  qu'un  faible  écho  en  Normandie.  Seule,  la  noblesse 
de  Normandie  prit  parti  pour  Marie  de  Médicis  en  1620. 
La  prise  du  château  de  Caen  entraîna  celle  des  autres  for- 
teresses occupées  par  les  grands.  Le  roi  fit  une  véritable 
promenade  militaire  dans  la  province,  du  10  au  28  juil. 
Plus  importante  fut  la  révolte  des  non-nobles  en  1639. 
Les  aides  avaient  à  ce  point  progressé  qu'en  juil.  1638 
on  avait  dû  créer  une  cour  des  aides  à  Caen.  Leur  poids 


43  — 


NORMANDIE 


fut  la  cause  de  Finsurrection  des  Nii-Pieds  et  des  Braf;- 
Nus.  Cette  insurrection  prit  naissance  à  Avranchcs.  Son 
chef  était  Jean,  dit  Nu-Pieds.  Elle  s'étendit  à  toute  la 
Normandie.  Il  y  eut  des  désordres  àBayeux,  àPontorson, 
à  Coutances,  à  Vire  et  à  Rouen.  A  Caen,  le  chef  des  ré- 
voltés est  Bras-Nu.  L'insurrection  éclate  le  13  août  et  dure 
jusqu'au  16  ;  elle  se  rallume  le  26  et  dure  jusqu'au  :29. 
Gassion  fut  envoyé  à  Caen  le  23  nov.  1639  pour  con- 
naître des  troubles.  Bras-Nu  fut  exécuté.  Le  chancelier 
Séguier  destitua  les  échevins  et  nomma  six  commissaires. 
Les  autres  villes  se  soumirent.  Le  chancelier  vint  ensuite 
à  Rouen;  il  chargea  Gassion  de  âispQv^Qv  nicniu  ndlilari 
le  Parlement  qui  n'avait  pas  su  étouifer  la  révolte  et  il 
commit  en  sa  place  des  membres  du  Parlement  de  Paris. 
Le  Parlement  de  Rouen  ne  fut  rétabli  que  par  un  édit  de 
janv.  1641  ;  encore  n'était-il  plus  que  semestre. 

Les  expédients  financiers  de  Particelli  d'Emery  (joyeux 
avènement,  droit  sur  les  vins  et  augmentation  de  la  taille) 
suscitèrent  en  Normandie  les  révoltes  de  paysans  de  1643  et 
de  1644.  l^a  Fronde  eut  quelque  retentissement  dans  la 
province.  En  janv.  1649,  le  duc  de  Longueville,  (pie  le 
comte  d'Harcourt  venait  de  remplacer  comme  gouverneur 
de  Normandie,  réussit  à  entraîner  dans  la  révolte  le  Parle- 
ment (23  janv.),  puis  les  autres  coui^s  souveraines.  Le  Par- 
lement ne  pomait  pardonner  au  pouNoir  royal  le  semestre  ; 
il  s'en  affranchit  cette  année  même.  Le  reste  de  la  pro- 
vince resta  tranquille.  Le  comte  d'Harcourt,  maître  des 
environs  de  Rouen,  infligea  deux  défaites  aux  frondeurs 
dans  «  la  grande  occasion  de  la  Bouille  »  et  dans  «  la 
guerre  des  Moulineaux  ».  Mais  des  lieutenants  de  Longue- 
ville  se  jetèrent  dans  Ilarfleur,  Montivilliers,  Fontaine- 
Martel,  Neufchâtel  et  Clères.  D'autres  prirent  Valognes, 
dont  le  siège  dura  du  20  mars  au  o  juin,  et  Argentan.  La 
pacification  de  la  Normandie  demanda  trois  semaines  (févr. 
1630).  A  la  nouvelle  que  son  mari  avait  été  arrêté,  la 
duchesse  de  Longueville  tenta  de  soulever  la  Normandie. 
D'Harcourt  maintint  la  province  dans  l'obéissance  et  il 
suffit  fpi'Aime  d'Autriche  vînt  avec  son  hls  à  Rouen  le 
6  fév.  pour  que  la  duchesse  s'enfuît  aux  Pays-Bas.  L'ordre 
ne  fut  troublé  pendant  tout  le  règne  de  Louis  XIV 
que  par  la  conjuration  de  la  Truaumont  en  1674.  De  con- 
cert avec  le  chevalier  de  Préaux  et  un  membre  de  la 
famille  de  Rohan,  la  Truaumont  eut  l'intention  de  livrer 
Quiliebeuf  aux  Hollandais.  Le  complot  fut  découvert  et 
ses  auteurs  condamnés  à  mort  furent  exécutés. 

La  Normandie  eut  à  souffrir  de  l'absolutisme  royal  :  les 
Etats  provinciaux  disparurent  en  1666.  Le  Parlement  fut 
réduit  au  silence  ;  il  n'en  sortit  que  pour  approuver  haute- 
ment et  enregistrer  la  révocation  de  F  édit  de  Nantes  ipii 
atteignit  surtout  les  manufactures  créées  par  Colbert  :  on 
estime  à  environ  180.000  individus  la  part  contributive  de 
la  Normandie  dans  le  grand  mouvement  d'émigration  de 
1683  cà  1690.  Ruinée  par  les  impôts,  la  Normandie  fut 
encore  inquiétée  pendant  la  guerre  de  la  Ligue  d'Augs- 
bourg.  En  1694,  lord  Barclay  ruina  de  fond  en  comble 
Dieppe  et  bombarda  avec  moins  de  succès  le  Havre. 

Le  xviii®  siècle  rendit  quelque  vie  aux  provinces.  D'abord, 
l'édit  du  15  sept.  1715  ayant  rendu  le  droit  de  remontrance 
aux  Parlements,  celui  de  Normandie  se  servit  de  ce  droit  pour 
défendre  les  intérêts  de  la  province  et  aussi  ses  propres 
prérogatives.  Il  fit  des  remontrances  contre  l'édit  du  24  mars 
1693  qui  déclara  la  bulle  Unigenitus  loi  de  l'Eglise  et  do 
l'Etat,  et  sur  les  scènes  affligeantes  dont  la  Normandie  fut 
le  théâtre  à  Foccasion  du  refus  de  sacrements  qui  en  fut 
la  conséquence.  Il  lança  des  arrêts  contre  les  jésuites,  prit 
une  part  malheureuse  aux  persécutions  contre  les  protes- 
tants sous  le  ministère  du  duc  de  Bourbon,  résista  aux 
édits  bursaux  du  cinquantième  (1725),  du  vingtième 
(1749),  de  subvention  (1759),  du  nouveau  vingtième  et 
de  la  crue  de  la  capitation  (1760).  Tous  ses  arrêts  furent 
biffés  d'un  trait  de  plume  le  3  août  1760  par  le  gouver- 
neur, le  duc  de  Luxembourg.  L'affaire  la  plus  grave  fut 
celle  de  1763.  Le  duc  d'Harcourt,  gauverneur  de  la  Nor- 


mandie, avait  imposé  au  Parlement  l'enregistrement  de 
Fédit  du  31  mai  portant  recensement  des  propriétés  au 
moyen  d'un  nouveau  cadastre  général  du  royaume.  Des 
protestations  s'élevèrent.  Dix  magistrats  furent  exilés. 
Le  19  déc.  1763,  tous  leurs  collègues  se  démirent  de 
leurs  charges.  L'accord  n'eut  lieu  que  le  10  mars  1764. 
Le  Parlement  de  ?\ormandie,  sept  ans  plus  tard,  prit  fait 
et  cause  pour  celui  de  Paris  contre  Maupeou.  Le  26  sept. 
1771,  un  édit  réunit  la  Haute-Normandie  au  ressort  du 
nouveau  Parlement  de  Paris,  et  créa  un  conseil  supérieur 
à  Bayeux  pour  la  Basse-Normandie.  La  Chambre  des 
comptes  protesta;  elle  fut  supprimée  le  4  oct.  1771.  Ln 
second  conseil  supérieur  fut  institué  à  Rouen.  Ces  mesures 
furent  mal  accueillies.  Le  Mdnifesfe  aux  yormands  allait 
jusqu'à  réclamer  l'exécution  de  la  Charte  aux  Normands, 
«  pacte  sacré,  disait-il,  qui  était  la  condition  essentielle 
de  la  soumission  des  Normands  aux  rois  de  France,  de 
sorte  que,  puisqu'il  était  violé,  ils  redevenaient  libres  ». 
Quand  on  apprit  (jue  les  deux  conseils  supérieurs  avaient 
enregistré  les  édits  portant  prorogation  des  deux  ving- 
tièmes, ordonnant  de  continuer  les  opérations  du  cadastre, 
la  fermentation  des  esprits  fut  grande  en  Normandie. 
271  gentilshommes  signèrent  une  adresse  de  protestation 
au  roi.  On  exigea  de  chacun  d'eux  en  particulier  une  ré- 
tractation. Les  opposants  furent  jetés  à  la  Bastille  ou  exilés. 

Louis  XVI  rappela  les  Parlements.  Celui  de  Normandie 
revint  animé  d'un  esprit  plus  réactionnaire  que  jamais. 
Il  se  montra  hostile  à  toutes  les  mesures  utiles  préconisées 
par  les  ministres  qui  se  succédèrent  au  pouvoir,  et  en  par- 
ticulier à  la  libre  circulation  des  grains.  Et  cependant  les 
révoltes  et  les  émeutes  causées  par  l'insuflisance  des  ré- 
coltes se  multipliaient.  Des  séditions  avaient  éclaté  en  1768 
eà  Rouen,  à  Caen.  à  Granville,  à  Fécamp.  Le  mal  grandit  : 
bientôt  le  Bocage,  le  Cotentin  et  le  pays  de  Caux  furent 
en  pleine  insurrection,  l^ji  1773,  le  mal  prit  encore  des 
proportions  plus  inifuiétantes  à  cause  des  ouragans  et  des 
pluies  tori'entielles  (jui  détruisirent  les  moissons,  à  cause 
aussi  du  chômage  des  ouvriers  des  manufactures.  A  ces 
maux  s'ajoutait  en  temps  de  guerre  l'insécurité.  On  avait 
bien  essayé  de  protéger  les  cotes  par  l'institution  des  mi- 
lices gardes-côtes  déhnitivement  organisées  par  le  règle- 
ment \lu  28  janv.  1716.  Les  capitaineries  de  ces  milices 
furent  divisées,  par  l'ordonnance  du  5  juin  1757,  en  trois 
départements  généraux:  Haule,  Moyenne  et  Basse-Nor- 
mandie. Elles  étaient  à  peine  instituées  (ju'elles  servirent. 
En  1758,  l'amiral  anglais  Anson  tenta  vainement  de  dé- 
barquer au  Havre  et  à  Cherbourg  ;  mais  le  7  août  de  la 
même  année,  Anson,  après  avoir  reconnu  Cherbourg  et  les 
côtes  voisines,  put  occuper  l'anse  d'Frville,  et  entrer  dtins 
Cherbourg  qu'il  abandonna  à  l'approche  du  duc  d'Har- 
court. En  juil.  1759,  l'amiral  Rodney  ne  put  que  bom- 
barder le  Havre  :  «  Il  faut,  disait-il,  que  le  Havre  soit 
couvert  de  fer  pour  avoir  résisté  à  tout  le  feu  que  j'y  ai 
jeté.  »  Trois  ans  après,  le  12  juil.,  une  escadre  anglaise 
vint  mouiller  dans  la  rivière  d'Orne  pour  intercepter  une 
cargaison  de  bois  de  construction  à  destination  de  Brest. 
Elle  tenta  un  débarquement.  Le  sergent  des  milices  gardes- 
côtes,  Michel  Cabieux,  par  une  ruse  célèbre,  força  la  com- 
pagnie de  débarquement  à  regagner  les  navires  anglais. 
Somme  toute,  les  tentatives  de  descente  n'avaient  réussi 
qu'à  Cherbourg.  Les  travaux  de  défense  sur  ce  point, 
étudiés  depuis' 1647,  furent  repris.  Et  Dumouriez,  qui  fut 
gouverneur  militaire  de  Cherbourg  de  1778  à  1789,  pou- 
vait écrire  dans  ses  Mémoires  :  «  La  France  doit  le  port 
et  la  digue  de  Cherbourg  à  trois  hommes,  le  duc  d'Har- 
court, gouverneur  de  la  Normandie,  le  capitaine  de  vais- 
seau de  la  Bretonnière  et  moi.  »  Les  travaux  durèrent  de 
1784  à  1790.  Ils  furent  repris  en  1792  et  continués 
prescpie  sans  interruption  jusqu'en  1858. 

A  l'Assemblée  des  notables,  réunie  par  Calonneenl787 
pour  chercher  un  remède  à  la  situation  de  la  France,  on 
décida  tout  d'abord  d'établir  des  assemblées  provinciales 
dans  toutes  les  provinces  oii  il  n'en  existait  pas  encore. 


NORMANDIE  —  44  — 

La  Normandie,  divisée  en  trois  généralités,  eut  trois  assem- 
blées, tenues  Tune  à  Rouen,  sous  la  présidence  de  Tar- 
chevè((ue  le  cardinal  de  La  Rochefoucauld  ;  la  seconde  à 
Lisieux,  sous  la  présidence  de  l'évèque  iVL  de  la  Ferron- 
nays,  et  la  troisième  à  Caen,  sous  la  présidence  du  duc 
de  Coigny.  Le  Parlement  de  Rouen,  comme  les  autres, 
refusa' d'enregistrer  l'arrêt  du  conseil  qui  créait  en  Nor- 
mandie ces  assemblées.  Cette  protestation  arrivait  à  un 
moment  bien  inopportun.  Lamoignon.  (|ui  veiuiit  de  rem- 
placer tous  les  tribunaux  d'exception  parkas  grands  bail- 
liages, institua  une  cokv  plciiière  pour  reni'egistrement 
des  édits  et  supprima  ainsi  le  rôle  politique  des  Pai'jements. 
L'agitation  grandit.  La  retraite  de  Loménie  de  Brieiuicel 
de  Lamoignon  y  mit  fin  :  les  arrêts  de  mai  furent  rap- 
portés. Le  triomphe  des  Parlements  fut  de  courte  durée: 
quand  ils  entrèrent  en  vacances  à  la  fui  d'août  1789,  leur 
rôle  était  fini.  La  nation  tenait  elle-même  ses  grandes 
assises.  La  Normandie  avait  accueilli  avec  enthousiasme 
Ledit  de  convocation  des  Etats  généraux. 

Aux  termes  du  règlement  du  Vl  janv.  1789,  la  Nor- 
mandie était  divisée  en  six  bailliages  principaux,  (pii  dépu- 
teraient directement,  et  en  trente-six  bailliages  secondaires. 
pour  lesquels  il  y  aurait  une  élection  à  deux  degrés.  Les 
bailliages  principaux  étaient  Alençon,  Caen,  Caudebec, 
Coutances,  Evreux  et  Rouen.  Les  réunions  électorales,  fixées 
par  le  décret  au  16  mars  1789.  se  tinrent  dans  les  six 
bailliages  de  Normandie  avec  le  plus  grand  calme  ;  dans 
quelques-unes  du  clergé,  les  réclamations  des  curés  à  por- 
tion congrue  contre  les  hauts  dignitaires  de  l'Eglise  don- 
nèrent lieu  à  des  scènes  tumultueuses.  La  Normandie 
envoya  aux  Etats  généraux  76  députés  :  le  clergé  19,  la 
noblesse  autant  et  le  tiers,  en  vertu  de  la  déclaration 
royale  du  Ti  déc.  1788,  38. 

La  plupart  des  assemblées  de  Normandie  prirent  pour 
modèle  de  leurs  cahiers  celui  de  la  commune  de  Rouen. 
Les  trois  ordres  réclamaient  les  Etats  proAinciaux.  La  no- 
blesse de  Normandie  se  montra  presque  partout  libérale, 
s'empressa  d'aller  au-devant  des  va'ux  du  tiers  état  en 
abandonnant  ses  privilèges  pécuniaires  et  en  consentant 
à  supporter  avec  les  autres  ordres  sa  part  proportionnelle 
des  charges  de  l'Etat.  L'accord  entre  le  tiers  état  et  les 
deux  ordres  privilégiés  fut  rompu  sur  les  questions  de  pré- 
séance et  de  distinctions  honorifujues  et  sur  la  question 
du  vote  par  ordre  ou  par  tête,  malgré  les  appels  à  la 
conciliation  de  quelques  membres  du  tiers  comme  l'avocat 
Tliouret,  qui  publiait  son  Avis  des  bons  Normands  ii  leurs 
frères  tons  les  bons  Français  (févr.  1789),  et  de  ipiebpies 
nobles  comme  le  comte  Leforestier  de  Yendeuvre,  prési- 
dent de  l'assemblée  du  clergé  et  de  la  noblesse  de  Falaise, 
ou  connue  Fauteur  anonyme  de  Mon  opinion  motivée 
(ou  le  Vœu  d'un  gentil ho)nme  normand  à  la  'noblesse), 
qui  osait  écrire  que,  dans  une  assemblée  nationale,  il  n'y 
a  plus  «  que  des  citoyens,  (pie  des  frères,  les  uns  aînés, 
les  autres  cadets  ».  C'est  le  mot  du  président  de  Mesmes 
aux  Etats  généraux  de  1614.  L'histoire  de  la  Normandie 
prend  fin  avec  le  décret  de  l'Assemblée  nationale  consti- 
tuante (15  janv.  1790),  sanctionné  par  le  roi  le  '26  févr. 
1790,  qui  substitua  à  Fancienne  division  territoriale  par 
provinces  la  division  en  départements. 

Administration.  — La  province  ou  le  gouvernement 
de  Normandie  comprenait  les  pays  de  Caux,  de  Bray,  le 
Yexin,  le  Roumois,  la  Champagne,  l'Ouche,  leLieuvin,le 
pays  d'Auge  (pii  formaient  la  îlaute-Normandie,  le  Des- 
sin, le  Bocage,  le  Cotentin,  FAvranchin  et  FHoulme  qui 
constituaient  la  Basse-Normandie.  Elle  était  placée  sous  le 
commandement  supérieur  d'un  gouverneur  ayant  sous 
ses  ordres  deux  lieutenants  généraux,  un  pour  la  Haute- 
Normandie,  l'autre  pour  la  Basse-Normandie. 

Jusqu'au  xvii^  siècle,  la  Normandie  avait  été  un  pays 
d'Etats.  Les  Etats  s'étaient  régulièrement  constitués  au 
xiv^  siècle,  et  nous  avons  vu  que  leur  histoire  est  intime- 
ment liée  à  celle  de  la  province.  Le  pouvoir  de  convo- 
quer les  Etats  appartenait  au  roi  seul  ;  mais  il  pouvait 


déléguer  ce  pouvoir.  La  convocation  se  faisait  par  lettres. 
Le  roi  appelait  les  nobles  qu'il  lui  plaisait  de  faire  venir. 
Les  évêques  assistaient  de  droit  aux  Etats;  le  clergé  sécu- 
lier et  réguUer  députait.  Les  élections,  à  proprement  par- 
ler, n'avaient  lieu  que  dans  les  bonnes  villes,  en  présence 
des  sergents  et  vicomtes.  Le  roi  déléguait  aux  Etats  des 
commissaires  spéciaux.  Le  lieu  de  réunion  fut  variable  au 
moins  jusqu'au  xv®  siècle,  et  il  ne  semble  pas  qu'il  y  ait 
jamais  eu  périodicité  des  l^tats.  La  compétence  particu- 
lière des  Etats  était  le  vote  et  l'administration  des  subsides 
et  des  aides.  Toutefois,  les  l^tats  abordèrent  les  questions 
d'intérêt  local  et  adressèrent  ta  ce  sujet  au  roi  des  remon- 
trances. La  dernière  séance  des  Etats  de  Normandie  se 
tint  en  1666.  A  partir  de  ce  moment,  la  Normandie  de- 
vint pays  d'élections.  Le  gouvernement  de  Normandie 
fut  alors  divisé  en  trois  généralités  ou  intendances, 
celles  de  Rouen,  Caen,  Alençon,  à  la  tête  desquelles  étaient 
des  intendants.  Chacune  de  ces  généralités  était  divisée  en 
élections  devenues  le  siège  des  snbd'Hégués  des  inten- 
dants. La  généralité  de  Rouen  comprenait  les  élections  de 
Rouen,  Arques,  Eu,  Neufchâtel,  Lyons,  Cisors,  (^haumont 
etMagny,  les  Andelys  et  Vernon,  Evreux,  Pont-de-l' Arche, 
Pont-1'Evêque,  Pon't-Audemer,  Caudebec  et  Montivilliers. 
La  généralité  de  Caen  formait  8  élections,  celles  de  Caen, 
Bayeux,  Carentan,  Valognes,  Coutances,  Avranches,  Yii*e 
etSaint-Lô.  La  généralité  d'Alençon  comprenait  les  9  élec- 
tions d'Alençon,  Bernay,  Lisieux,  Couches,  Yerneuil, 
Domfront.  Falaise,  Argentan  et  Mortagne. 

Dès  le  xni^  siècle,  la  Normandie  avait  formé  une  ad- 
ministration financière  ;  mais  les  rôles  normands  étaient 
dans  les  archives  de  la  Chambre  des  comptes  de  Paris. 
Sous  la  domination  anglaise,  en  juil.  1436,  une  Cfiambre 
des  comptes  fut  établie  à  Rouen  (Y.  Chambre  des  comptes 
DE  Roukn).  Maintes  fois  supprimée,  elle  fut  définitivement 
rétablie  en  juil.  1580.  En  oct.  1704,  elle  fut  réunie  à 
la  Cour  des  aides  de  Normandie.  Celle-ci,  créée  en  1450 
par  Charles  YIÏ,  supprimée  en  1461  et  rétablie  le  19  nov. 
146^2,  absorba  en  mai  1641  la  Cour  des  aides  de  Caen 
érigée  en  1638.  Elle  comptait,  dans  son  dernier  état, 
3  présidents,  27  conseillers,  2  avocats  généraux  etl  pro- 
cureur général.  Avant  la  réunion,  la  Chambre  des  comptes 
comprenait  89  offices  :  5  de  présidents,  36  de  conseil- 
lers maîtres,  10  de  correcteurs,  36  d'auditeurs,  1  de 
procureur  général  et  1  d'avocat  général.  En  1749,  la 
cour  des  comptes,  aides  et  finances  de  Normandie  se 
composa  de  8  présidents,  63  conseillers  maîtres.  10  con- 
seillers correcteurs,  34  conseillers  auditeurs,  2  avocats 
généraux,  1  procureur  général,  4  greffiers  en  chef,  1  com- 
mis au  greffe,  2  substituts  des  aides,  2  substituts  des 
comptes.  Les  conseillers  maîtres  étaient  divisés  en  deux 
bureaux  :  le  bureau  des  comptes  et  le  bureau  des  aides, 
fonctionnant  alternativement  par  semestre.  Le  siège  de 
cette  cour  était  à  Rouen,  et  sa  juridiction  s'étendait  sur 
les  trois  généralités.  Au  siège  des  généralités  étaient  les 
bureaux^ des  trésoriers  des  /in^/i^'é^s.  Chacun  d'eux  avait 
1  présideiit.  F'  Irésoriers,  1  avocat,  1  procureur  du  roi. 
Ds  connaissaient  des  donu  i:i^s  du  roi  et  avaient  l'inspec- 
tion sur  les  finances  et  sur  la  i)olice  des  grands  chemins. 
Enfin  Rouen  et  Saint-Lô  avaient  eu  le  privilège  de  battre 
monnaie.  Les  pièces  sorties  de  F  atelier  monétaire  de 
Rouen  étaient  marquées  d'un  B,  et  celles  de  Saint-Lô 
d'un  C.  L'atelier  monétaire  de  Saint-Lô  avait  dans  la  suite 
été  transféré  à  Caen.  En  conséquence,  des  juridictions  ou 
cours  des  monnaies  avaient  été  établies  à  Rouen  et  à 
Caen  pour  connaître  particulièrement  des  malversations 
commises  par  les  officiers,  les  gardes  et  ouvriers  em- 
ployés aux  hôtels  des  monnaies.  Ces  cours  se  composaient 
de  cinq  ou  six  officiers,  et  les  appels  de  leurs  jugements 
étaient  portés  devant  la  Cour  des  monnaies  de  Paris. 

Le  g)avernement  de  Normandie  constituait  le  ressort 
du  Parlement  de  Normandie.  Le  Parlement  était  l'ancien 
Echiquier  (V.  ce  mot)  des  ducs  normands  devenu  séden- 
taire à  Rouen  en  1499.  Le  nom  de  Parlement  avait  rem- 


—  45  — 


NORMANDIE 


placé  celui  d'Echiquier  en  4515.  Il  ne  se  composait  alors 
que  de  deux  chambres;  il  avait  4  présidents,  13  conseil- 
lers clercs,  15  conseillers  lais,  2  greffiers  en  chef,  7  huis- 
siers, 2  avocats  généraux  et  un  procureur  général.  En 
1545,  on  institua  une  Chambre  criminelle  ou  lournelle. 
En  1548,  une  Chambre  des  requêtes  fut  créée;  suppri- 
mée en  1560,  elle  fut  rétablie  en  1568.  La  Chambre  des 
enquêtes  fut  dédoublée  en  1669.  Sous  la  Ligue,  le  Par- 
lement se  scinda  en  deux,  et  une  des  parties  s'étabht  à 
Caen  avec  le  premier  président  Groulart.  Le  Parlement 
de  Caen  s'accroît  d'une  Cha))it)re  des  doiriaines.  Au 
xviii^  siècle,  le  Parlement  se  composait  de  cinq  chambres. 
La  grand'chambre  avait  un  premier  président,  2  prési- 
dents à  mortier,  20  conseillers  clercs,  8  conseillers  lais. 
Les  deux  chambres  des  enquêtes  avaient  chacune  2  pré- 
sidents, 19  conseillers  lais  et  9  conseillers  clercs.  La 
chambre  des  recpiètes  était  composée  de  2  présidents  et 
11  conseillers.  La  Tournelle,  de  3  présidents  et  12  con- 
seillers. Auprès  du  Parlement,  il  y  avait  2  avocats  géné- 
raux, 1  procureur  général  et  9  substituts,  2  greffiers 
principaux,  4  notaires,  12  huissiers,  56  procureurs.  Le 
Parlement,  maintenu  en  vacances  par  le  décret  de  l'As- 
semblée nationale  du  3  nov.  1789,  fut  supprimé  «  après 
cet  enterrement  vivant  »,  selon  l'expression  d'A.  Lameth, 
par  le  décret  (ki  6  sept.  1790. 

Au  Parlement  de  Normandie  ressortissaient  7  grands 
bailliages  :  1«  le  bailliage  de  Rouen  qui  comprenait  les 
vicomtes  .de  Rouen,  de  Pont-de-l' Arche,  de  Pont-Aude- 
mer,  Pont-l'Evèque  et  de  Pontorson  ;  2°  le  bailliage  de 
Caux  formé  par  les  vicomtes  de  Caudebec,  Montivilliers, 
Arques,  Eu,  Neufchàtel,  Gournay,  le  Havre,  Cany,  Lon- 
gueville;  3*^  le  bailliage  d'Evreux  composé  des  vicomtes 
d'ICvreux,  de  Couches,  de  Rreteud,  de  Beaumont-le-RogCi', 
d'Orbec,  de  Lisieux,  de  Pacy  et  de  Nonancourt;  4"^  le 
bailliage  de  Gisors  comprenant  les  vicomtes  de  Gisors, 
Vernon,  les  Andelys,  Lyons,  Chaumont  et  Magny;  5*^  le 
bailliage  de  Caen  dont  les  vicomtes  étaient  celles  de  Caen, 
Bayeux,  Ealaise,  Yire-(^ondé,  Thorigny;  6^  le  bailliage 
du  Cotentin  qui  comptait  11  vicomtes  :  Coutances,  Caren- 
tan,  Valognes,  Avranches,  Mortain,  Saint-Lô,  Périers, 
Saint-Sauveur-le- Vicomte,  Gramille,  Gravillc  et  Cher- 
bourg; 7'^  le  bailliage  d'Alençon  avec  ses  vicomtes  d'Alen- 
(:on.  Argentan,  Domfront,  Bernay,  Montreuil,  Verneuil, 
Chàteauneuf,  Exmes,  Laigle,  Lessey.  Chacun  de  ces  bail- 
liages était  le  siège  à'unprésidial  qui  se  tenait  généra- 
lement dans  la  ville  principale.  Rouen,  Caen,  Alonçon, 
Evreux,  (Caudebec,  les  Andelys  et  Coutances  avaient  un 
de  ces  tribunaux  qui  jugeaient  en  dernier  ressort  les  pro- 
cès dont  l'enjeu  n'était  pas  supérieur  à  250  livres.  Les 
présidiaux  furent  établis  par  Henri  II  en  1551.  Les  vicom- 
tes étaient  des  prévôtés,  le  prévôt  portant  en  Normandie 
le  nom  de  vicomte. 

Parmi  les  autres  tribunaux,  il  faut  encore  mentionner 
les  trois  directions  générales  et  greniers  à  sel  dont  les 
sièges  étaient  Rouen,  (^aen  et  Aleneon  ;  la  Normandie, 
sauf  dans  une  petite  région  à  l'O.  de  l'Orne  et  à  l'embou- 
chure de  la  Touques  qui  était  de  quart  bouillon,  était 
soumise  au  régime  de  la  grande  gabelle.  La  Normandie 
avait  eu  deux  grandes  maîtrises  des  eaux  et  forets  jus- 
qu'en 1702,  l'une  à  Rouen  pour  la  Haute-Normandie, 
l'autre  à  Caen  pour  la  Basse-Normandie.  Une  troisième 
fut  établie  à  Alençon,  à  cette  date.  Le  siège  général  des 
eaux  et  forêts  de  la  table  de  marbre  du  palais  à  Rouen 
se  composait  d'un  lieutenant  général,  d'un  heutenant  par- 
ticulier et  de  4  conseillers.  La  juridiction  consulaire 
n'existait  tout  d'abord  qu'à  Rouen  oii  Henri  H  l'avait  ins- 
tituée en  1556  ;  bientôt  elle  eut  un  second  siège  à  Dieppe  ; 
puis,  en  1710,  il  fut  fondé  des  chambres  de  commerce  à 
Caen,  Vire,  Coutances  et  xVlençon.  La  Normandie  était 
aussi  le  principal  siège  de  V Amirauté  de  France.  L'ami- 
rauté tenait  ses  assises  à  la  table  de  marbre  du  palais  de 
Rouen  :  elle  était  composée  d'un  lieutenant  général, 
d'un  lieutenant  particulier  et  de  4  conseillers.  L'amiral 


de  France  exerçait  en  outre  sa  juridiction  par  ses  lieute- 
nants résidant  à  Rouen,  Caen,  Dieppe,  le  Havre,  Caudebec, 
Eu,  le  Tréport,  Fécamp,  Saint-Valéry,  Veules,  Quille- 
beuf,  Hontleur,  Touques,  Dives,  Caen,  Ouistreham,  Ber- 
nières,  Port-en-Bessin,  Cherbourg,  Port-Bail  et  Carteret, 
Granville,  le  Mont-Saint-IVlichel.  Les  appels  des  sentences 
rendus  par  les  lieutenants  étaient  jugés  en  première  ins- 
tance à  la  table  de  marbre,  en  dernier  ressort  au  Parle- 
ment. 

La  maréchaussée  avait  pour  chefs  deux  grands  prévôts, 
placés  l'un  dans  la  Haute,  l'autre  dans  la  Basse-Normandie. 
Dans  certains  cas,  les  grands  prévôts  jugeaient  les  crimi- 
nels en  dernier  ressoj't.  Ils  avaient  sous  leurs  ordres  des 
vice-baillis  et  des  compagnies  d'archers  toujoui's  prêts  à 
monter  à  cheval. 

La  Normandie  ecclésiastique  constituait  la  province  de 
Rouen.  L'archevêque  de  Rouen  avait  pour  sullragants  les 
évoques  d'tATCux,  de  Sées,  de  ij'sieux,  de  Bayeux,  de 
Coutances  et  d' Avranches.  H  y  avait  sur  le  sol  normand 
quantité  de  monastères  ;  le  grand  prieuré  de  Bourg-Achard, 
les  abbayes  de  Jumièges,  de  Saint-Wandrille,  de  Saint- 
Evroult,  du  Mont-Saint-Michel,  d'Ardejuie,  de  Troarn, 
d'Ouche,  duBec-llellouin,  les  célèbres  Abbayes  des  Hommes 
et  des  Dames  à  Caen,  de  Saint-Ouen  à  Rouen,  l'abbaye 
Saint-Martin  de  Sées,  Notre-Dame  de  Bernay,  Fécamp, 
Mortemer,  etc. 

Lettres  et  Sciences .  —  (7est  seulement  au  vn®  siècle 
que  nous  constatons  une  certaine  activité  intellectuelle  en 
Normandie.  Saint  Wandrille  a  fondé  le  monastère  de  Fon- 
tenelle  où  les  religieux  rédigèrent  les  Gesta  abbatum  Fon- 
tanetlensium,  si  précieux  pour  lacoiniaissance  delà  chro- 
nologie mérovingienne  et  le  Chronicon  Fontanellense 
écrit  vers  le  w'^  siècle  et  continué  jus(pi'en  1040  par  des 
auteurs  anonymes.  Toutefois,  il  send)le  (fuc  les  moines 
normands  aient  été  plus  préoccupés  d'écrire  la  vie  des 
saints  personnages,  connue  Ausbert,  archevêque  de  Rouen, 
Lambert,  2^  abbédeSaint-Wandcille,  ou  même  de  la  reine 
(^lotiide,  jus([u'au  x^  siècle.  L'établissement  des  Normands 
fut  le  signal  d'une  véritable  renaissance  Ht téraire  et  artis- 
tique. La  cour  des  ducs  eut  son  académie.  L'auteur  ano- 
nyme du  Plaiictus  super  )norle})i  Guillehni  ducis  (vers 
943)  en  devait  faire  partie  au  même  titre  que  le  Picard 
Dudon  de  Saint-Quentin  (pii  écrivait  de  994  à  1026,  sous 
la  direction  de  Raoul  dTviy,  son  De  Moribus  et  Actis  pri- 
moi'um  Aorïnaiiniœ.  ducuni.  Le  xi^  siècle,  qui  fut 
l'époque  la  plus  brillante  de  l'histoire  ducale,  fut  aussi 
la  période  la  plus  féconde  ])our  les  lettres.  L'abbaye  du 
Bec-Hellouin  a  été  fondée  vers  1035.  Sous  la  direction  de 
Lanfranc  et  de  saint  Anselme,  elle  devint  Fécole  par  ex- 
cellence de  la  France  du  Nord,  et  à  la  lin  du  xi^'  siècle 
Anselme  de  Laoji  y  étudiait  avant  d'enseigner  à  Laon  et 
à  Paris.  Les  monastères  rivalisent.  A  Jumièges,  Guil- 
laume Calcutus  écrit,  entre  1070  et  1087,  une  Historia 
yormannorum  ([u'il  dédie  à  Guillaume  le  Conquérant. 
A  Saint-Evroult,  l'Anglais  Orderic  Vital  cojnpose  à  la  re- 
quête des  moines  son  Historia  ecclesiastica  qui  devait 
être  tout  d'abord  une  histoire  de  Saint-Evroult  et  qui 
devint  une  histoire  universelle,  de  la  naissance  du  Christ 
jusqu'à  l'an  1141.  date  à  hnfuelle  il  meurt  très  proba- 
blement. La  cour  des  ducs  était  toujours  un  centre  impor- 
tant de  production  littéraire.  Le  Normand  Guillaume  de 
Poitiers,  chapelain  (\\\  duc,  èci'ivit  ses  Gesta  Guilletmi 
ducis  Aor)iia)inorum  vers  1070-80  ;  et  Gui  de  Ponthieu, 
qui,  avant  d'être  èvè(jue  d'Amiens  (1058-76),  avait  été  cha- 
pelain de  la  duchesse  Mathilde,  chanta  (1067)  dans  un 
poème  officiel  en  disti([ues  la  bataille  d"Hastings.  Raoul 
de  Caen,  dans  ses  Gesta  Tancredi,  nous  donnait  la  version 
]iormande  d'un  témoin  oculaire  de  la  première  croisade. 
Le  clergé  séculier  était  lui-même  lettj'é.  Les  évêques  de 
Lisieux!  Hugues  d'Eu  (f  1077)  ctGilbei'tMaminotdllOl), 
avaient  formé  une  sorte  d'académie  où  l'on  discutait  des 
questions  de  science,  de  théologie  et  de  littérature.  Vn 
autre,  Arnoul,  qui  fut  évêque  de  1141   à  1181   et  qui 


NORMANDIE 


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mourut  en  1184,  a  mérité,  comme  le  montrent  ses  lettres, 
que  Robert  du  Mont  le  qualifiât  :  callidiis,  eloqiiens  et 
lilteratm.  Robert  Wace  composait  au  milieu  de  ce  même 
siècle  le  lloinan  de  lioii  et  son  œuvre  était  reprise,  après 
sa  disgrâce,  par  Benoit  de  Sainte-31aure.  iLtienne  de  Rouen 
écrivait,  peu  après  1170.  en  mètres  variés,  son  Draco 
yornianniciis  en  trois  livres.  Robert  de  Thorigny  ou  du 
Mont,  moine  du  Bec  en  11:28  et  abbé  du  Mont-Saint-Micbel 
de  1144  à  1186,  donna  une  nouvelle  édition  de  Guillaume 
de  Jumièges  et  rédigea  une  continuation  de  la  CJwonique 
universelle  de  Sigebert  de  Gembloux.  Peu  après,  un  ano- 
nyme composait  une  histoire  des  ducs  de  Normandie  et 
des  rois  d'Angleterre  jusquà  i!2"20,  apparentée  à  la  chro- 
nique de  l'anonyme  de  Béthune.  Un  certain  Ambroise,  Nor- 
mand de  naissance,  écrivait  peu  avant  1196  un  grand 
poème  français  sur  le  pèlerinage  du  roi  Richard.  Alexandre 
de  Bernay  et  Alexandre  de  Villedieu  vivaient  vers  le  môme 
temps.  Sous  Je  règne  de  Philippe  le  Bel,  Pierre  Dubois, 
avocat  du  roi  à  Coutances,  publiait,  entre  autres  œuvres, 
son  De  liecuperatione  terrœ  aanctœ.  J^es  guerres  du 
xiv^  et  du  xv^  siècle  donnèrent  naissance  à  toute  une  lit- 
térature :  la  Chronique  normande  (1337-72),  la  Chro- 
nique du  Blont-Saint- Miche l  {ioVS-iioS) ,  la  CJironique 
de  Pierre  Cochon,  notaire  apostolique  à  Rouen  (f  iiij6), 
l'histoire  en  latin  de  révé(|ue  de  Lisieux  Thomas  Basin, 
né  à  Caudebec  en  ilH.  VOratio  Imtorialis  et  la  7t(?- 
ductio  NorjiKinnice  de  Ro])ert  Blondel  (1380-1461),  le 
liecouvreinenl  de  Sor]nandie  par  le  héraut  Berry.  Les 
a^uvres  littéraires  d'Alain  Chartier,  les  Vaux  de  Vire  dont 
(pielques-uns  sont  l'o'uvre  d'Olivier  Basselin.  sont  égale- 
ment très  précieux  pour  Thistoire  du  xv^^  siècle.  Le  Jour- 
nal de  Masselin  sur  les  Etats  généraux  de  1484  est  un 
document  historique  d'un  prix  inestimable.  Au  xiv^  et  au 
xv<^  siècle,  la  Normandie  avait  domié  le  jour  à  quelques 
médecins  illustres,  Jean  Pitarl,  qui  fut  médecin  de  Phi- 
lippe le  Bel;  Henri  de  Mondeville,  dont  le  traité  de  méde- 
cine récemment  publié  renferme  des  prescriptions  (pu 
n'ont  pas  peu  étonné  le  monde  médical;  Jean  Dalechamp, 
qui  fut  surtout  un  praticien. 

Les  xvi*',  xvii^etxvm"  siècles  normands  ont  été  illustrés 
par  quantité  d'écrivains,  d'érudits.  de  jurisconsultes  et  de 
savants.  Parmi  les  poètes,  citons  :  Pierre  Gringoire  (1480- 
1547),  Jean  le  Houx  vers  1550,  l'héritier  de  son  compa- 
triote 0.  Basselin  ;  Jean  Marot,  Malherbe  (1555-16^28), 
Jean  Yauquelin  et  son  fils  Nicolas  Vau<juelin  de  la  Fres- 
naie  qui  mourut  en  {^[''1,  Montchrétien  (pii  mourut  en 
1621,  Jean  Bertaut  (1552-1611),  l'académicien  Pierre 
Bardin,  né  à  Rouen  en  1590  et  mort  en  1637  ;  de  Boisro- 
bert  (1592-1662),  Saint-Amand  (1594-1661),  Georges 
de  Scudéry  (1601-67),  Pierre  Ojrneille,  né  à  ]\ouen  en 
1606,  son  frère  Thomas,  né  en  1625,  Benserade  (1612-90), 
le  rival  de  Racine  et  compatriote  de  Corneille,  Pradon,  né 
en  1632;  Amfrye  de  Chaulicu  (1639-1720),  qui  mérita 
l'épithète  de  iwe^nier  des  poêles  nqjlùjes  (pie  Voltaire 
lui  décerna  ;  Segrais,  le  traducteui'  en  vers  de  {'Enéide. 
des  Bucoliques  et  des  Géorgiques;  ,k'dn  Sarrazin.  qui  fut 
à  la  fois  poète  et  historien;  Richer  (1685-1718),  Juhen 
Quersens,  auteur  d'une  tragédie  Panihée,  mort  en  1738  ; 
Malfilâtre  (1732-67).  Les  prosateurs  ne  sont  pas  moins 
]iombreux;  nous  citerons:  Madeleine  de  Scudéry,  l'auteur 
de  Clélie,  de  Ci/rus  et  de  quantité  d'autres  romans  qu'on 
n'essaye  même  plus  de  lire;  son  émule.  M"^*^  de  La  Layette, 
(|ui  a  écrit  la  Princesse  de  Clèves  et  ÏMÏde  ;  Françoise 
Bertaut,  dame  de  Motteville  (1615-89),  dont  les  Mémoires 
sont  une  des  sources  liiï^tontiues  les  mieux  renseignées  et 
les  plus  impartiales  pour  fénoque  de  la  Fronde;  les  his- 
toriens et  historiographes:  Mèzerai.  né  en  1610;  Robert 
Deniaud,  historiographe  (hi  roi  en  1663;  Daniel  îluet, 
évoque  d'Avranches;  le  P.  Daniel  (1649-1728),  Louis 
Legendre  (f  1747),  François  Raguenet  (f  1720),  Saint- 
Fvremond  (1613-1703),  qui  s'illustra  plus  par  ses  lettres, 
qui  sont  de  A^ais  chefs-d'œ^ivre  de  hnesse  et  de  goût,  (]ue 
par  ses  œuvres  de  longue  haleine  ;  le  Bovier  de  Fontenelle 


(1657-1755),  (pii  échoua  misérablement  comme  poète  et 
qui  eut  (pielques  succès  avec  ses  Dialogues  des  Morts  et 
ses  Eloges  académiques  ;  l'abbé  de  Saint-Pierre  (1658- 
1743),  dont  les  opuscules  politiques,  économiques  et  mo- 
raux sont  marqués  au  coin  du  plus  parfait  amour  de  ITiu- 
manité,  et  Bernai'din  de  Saint-Pierre,  né  au  Havre  (1737- 
1814).  plus  connu  par  son  idyllique  Prt?^/(?^  Virginie  (i^Q 
par  ses  Eludes  de  la  nature  ou  par  ses  Vœux  d'un  so- 
litaire. 

L'érudition  est  représentée  en  Normandie  dès  le  xv^^  siècle 
par  l'évéque  de  Lisieux,  Nicolas  Oresme;  au  xvi^  siècle, 
par  les  Rouennais,  Turnèbe,  Mathurin  Cordier,  et  surtout, 
au  xvn^,  par  Samuel  Bochart  cpii  fut  principalement  un 
hébraisant;  un  autre  Normand,  dom  Thomas  Dufour,  lit 
également  des  études  sur  la  langue  hébraïque.  On  peut 
encore  nommer  en  ce  siècle  les  humanistes  le  P.  Bulteau, 
Le  Brun-Desmarets,  né  à  Rouen  en  1560,  l'éditeur  de 
Lactance,  Guyot-Desfontaines  (1685-1715)  et  M"^^  Dacier. 
Au  xvm^  siècle,  deux  Normands,  dom  François  ïoustain 
et  dom  Tassin,  bénédictins  de  l'abbaye  de  Saint-Wandrille, 
donnèrent  une  histoire  de  cette  abbaye  et  collaborèrent 
au  Nouveau  Traité  de  diplomatique;  enfin,  à  Granville, 
est  né  en  1716  l'un  des  plus  illustres  érudits  de  ce  siècle 
si  fécond,  Oudart  Feudrix  deBréquigny  (f  1795),  membre 
de  l'Académie  française  et  de  l'Académie  des  Inscriptions 
et  Belles-Lettres.  La  Normandie  a  aussi  fourni  de  grands 
jurisconsultes,  parmi  lesquels  Hemi  Basnage,  avocat  au 
Parlement  de  Normandie  (1615-95),  ([ui  publia  un  Com- 
mentaire  sur  la  coutu))ie  de  Normandie  ;  ses  deux  fils, 
Henri  et  Jac(|ues  ;  Guillaume  Rouillé,  né  à  la  fin  du  xv^  siècle 
à  Alençon,  auteur  d'un  Coimnenlaire  sur  la  coutunie 
du  Maine  et  de  Noies  sur  la  glose  de  la  couhune  de 
Normandie  ;  cniin  le  feudiste  Le  Loyer  qui  a  composé 
un  Jraité  des  fiefs. 

Les  sciences  n'ont  pas  été  cultivées  avec  moins  de  succès 
en  Normandie  dans  les  deux  derniers  siècles.  Le  médecin 
Pierre  Heurtant  publia  un  Traité  de  la  peste  en  1621  à 
Caen  où  il  exerçait.  Son  confrère  de  Dieppe,  Jean  Pecquet 
(f  1674),  découvrit  le  réservoir  du  chyle  connu  sous  le 
nom  de  réservoir  de  Pecquet  et  publia  ses  Expériences 
d'anatomie.  Georges  Fournier  (1595-1652),  Adrien  Au- 
zout  (f  1690),  Guillaume  et  Jean  Gosselin,  Pierre  Yari- 
gnon  (1654-1722)  et  La  Place  (1749-1827),  furent  des 
mathématiciens  et  des  astronomes.  Rouen  a  produit  le 
chimiste  Lémery  (1645-1715),  et  le  Havre  le  naturaliste 
l'abbé  Dicquemare  (1733-89). 

Beaux- Arts.  •—  L'époque  romaine  ne  nous  a  laissé 
comme  ruines  importantes  que  les  arènes  de  Lillebonne, 
et  nous  ne  possédons  plus  de  monuments  de  l'art  franc 
en  Normandie.  Les  invasions  normandes  avaient  couvert 
le  pays  de  ruines  ;  les  ducs  ont  réédifié.  L'école  romane 
de  Noi'inandie,  définitivement  constituée  dès  le  xi°  siècle, 
fut  l'une  des  plus  brillantes.  Son  influence,  dépassant  les 
frontières  du  duché,  s'étendit  jus(pi'à  la  Picardie,  jus({u'à 
Beauvais  à  TE.,  juscpi'à  Gassicourt,  près  Mantes,  se  fit 
sentir  dans  le  pays  cliartrain  et  en  Bretagne  jusqu'à  Dol. 
L'art  normand  a  régi  toute  l'Angleterre.  Le  foyer  de  cette 
école  fut  à  Caen.  Les  églises  romanes  de  Normandie  sont 
construites  sur  trois  plans  :  les  églises  rurales  ont  une 
nef  terminée  par  un  chevet  plat,  ou  très  rarement  par  une 
abside  ronde,  connue  à  Saint-André-d'Hébertot  (Calvados). 
D'auti'cs  ont  une  nef  et  deux  bas  côtés  avec  un  chamr  en 
hémicycle  et  un  traiiï^ept  à  deux  abbidioles.  Ce  plan  a  subi 
une  modification  impoi'tante  à  signaler  :  les  églises  d'Au- 
tlieuil  et  de  Saint-fk'^nery,  dans  l'Onic,  n'ont  pas  de  bas 
cotés  ;  c'est  le  plan  de  l'église  d'Axiat,  dans  J'Ariège. 
Enfin  les  grandes  églises  ont  une  nef  avec  deux  bas  côtés, 
un  transept  avec  deux  absidioles.  Quelquefois,  comme 
dans  l'église  romane  du  Mont-Saint-Michel  ou  à  Cerisy-la- 
Forèt,  au  lieu  (pie  les  bas  côtés  se  prolongent  par  des 
absidioles,  ils  se  terminent  par  des  clievets  droits.  La  partie 
droite  du  chœur  est  recouverte  de  deux  voiites  d'arête, 
exceptionnellement  à  Saint-André-d'Hébertot,  de  deux 


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NORMANDIE 


voûtes  d'ogive.  Le  carré  clii  transept  est  surmonté  d'une 
lanterne  carrée  ;  an  xii''  siècle  seulement,  on  Jança  sur  le 
carré  du  transept  des  voûtes  d'ogive.  Les  bras  du  transept 
étaient  voûtés  en  berceau  plein  cintre.  Au  xi^  siècle,  les  nefs 
étaient  couvertes  d'une  cbarpente,  et  encore  au  xii^  siècle 
beaucoup  d'églises  rurales  ne  sont  pas  voûtées.  Vers  1 150, 
les  arcliitectes  normands  ont  adopté  la  voûte  d'ogive  sur 
plan  carré  avec  doubieau  intermédiaire  passant  par  la  clef. 
Ils  ont  été  coiuluits  à  lancer  ces  voûtes  après  coup  sur  des 
nefs  qui  en  étaient  primitivement  dépourvues.  Cette  addi- 
tion les  a  entraînés  à  remanier  l'œuvre  primitive,  et  en 
particulier  à  aveugler,  comme  cela  se  constate  à  Saint- 
Etienne  de  Caen.  l'une  des  arcatures  basses  en  plein  cintre 
qui  ouvrent  de  la  nef  sur  les  tribunes  placées  au-dessus 
des  bas  côtés,  et  à  llanquer  les  piliers  de  colonneltes  ;  à 
Saint-Etienne  de  Caen  et  à  Bernicres  (Calvados),  les  piliers 
qui  reçoivent  les  grands  douldeaux  ont  dix  colonnes  en- 
gagées, les  autres  deux  seulement.  A  Cerisy-la-Eorèt,  à 
Saint-Georgcs-dc-Boscherville,  à  Saint-Sauveuj'-le-Vicomte 
les  piliers  sont  flanqués  de  huit  colonnes.  Les  clocbers 
normands  sont  composés  généralement  d'une  tour  carrée 
flanquée  de  clochetons  à  la  base  de  la  fièclie.  L'ornemen- 
tation est  simple,  mais  la  profusion  des  décors,  bâtons 
brisés,  chapiteaux  à  godrons,  galeries  extérieures  d' arca- 
tures entremêlées  sont,  avec  les  passages  en  galerie  au- 
dessus  des  tribunes  dans  les  grandes  églises,  les  caracté- 
ristiques de  cette  architecture  romane  de  Normandie.  Les 
monuments  de  l'école  normande  sont  nombreux.  Dans  le 
Calvados,  les  principaux  sont  :  à  Caen,  les  églises  Saint- 
Etienne  et  la  Trinité,  dont  la  construction  commença  vers 
i0o4  ;  Saint-Nicolas  ;  la  crypte  de  la  cathédrale  deBayeux, 
qui  est  du  xi^  siècle;  Secqueville-en-Bcssin,  Ouistreham; 
dans  la  Manche,  les  égUses  de  Cerisy-la-Eorèt,  Lessay  et 
Pontorson;  dans  l'Orne,  Domfront;  dans  l'Eure,  l'église 
abbatiale  Notre-Dame  de  Bernay,  et  Saint-Taurin  d'l>reux  ; 
dans  la  Seine-Inférieure,  Jumièges,  Saint-Georges  de  Bos- 
cherville,  Saint-Hildobert  de  Gournay,  l'église  de  Petit- 
Quevilly. 

Les  spécimens  de  l'architecture  militaire  du  xi^  et  du 
xii^'  siècle  sont  assez  nouibreux  en  Normandie.  Au  château 
d'Arqués,  l'enceinte  est  du  xi*^^  siècle;  le  donjon,  d'après 
Sigebert  de  Gembloux,  n'aurait  été  commencé  ([u'en  iL23. 
Le  donjon  de  Domfront  est  probablement  du  xi'^  siècle. 
l^e  donjon  de  Ealaise  n'est  pas  antérieur  au  xii^^  siècle  ; 
il  fut  construit  par  Robert  de  Belléme.  Le  château  dit  de 
Guillaume  le  Conifuérant  à  Bonneville-sur-Touques  n'était 
pas  plus  ancien  que  celui  de  Ealaise.  Cbambois,  dans  l'Orne, 
est  aussi  du  commencement  du  xii"  siècle.  Le  château  de 
Gisors  appartient  déjà  à  une  époijue  de  transition  ;  il  a 
d'ailleurs  été  restauré  en  LL23  et  remanié  en  llTo.  Tandis 
qu'au  xi^  siècle  et  au  commencement  du  xii^  siècle  les 
donjons  sont  carrés,  celui  de  Gisors  est  octogonal.  Mais 
le  chef-d'œuvre  do  l'architecture  mililaire  ]U)rnumdc  était 
le  formidable  Cbàteau-Gadlard,  dont  les  j'uines.  à  un  coude 
de  la  Seine,  dominent  le  Petit-Andely.  Son  donjon,  en 
forme  d'amande,  était  entouré  de  trois  enceintes  dont  les 
substructions  sont  encore  visibles.  Il  avait  été  construit 
par  Richard  Cœur  de  Lion.  La  tour  Jeanne  d'Arc  à  Rouen 
est  le  donjon  rond  de  Tancien  château  de  Rouen,  construit 
par  Philippe-Auguste. 

L'école  gothique  de  Normandie,  dont  l'influence  s'éten- 
dit à  toute  la  Normandie  et  à  toute  la  Bretagne  et  s'arrêta 
aux  frontières  du  Maine,  n'a  pas  des  cai'actères  distinctifs 
aussi  accentués  que  l'école  romane  parce  qu'elle  a  été 
soumise  à  l'influence  de  l'école  française,  connue  en 
témoignent  les  cathédrales  de  Rouen  et  de  Lisieux.  0]i 
s'était  contenté  le  plus  souvent  en  Normandie  d'adapter 
les  procédés  architecturaux  nouveaux  aux  édifices  de 
l'époque  romane.  Saint-Etienne  de  Caen,  la  Trinité,  Saint- 
Gabriel,  près  de  Caen,  nous  en  fournissent  des  exemples. 
Mais,  à  la  fin  du  x/i^  siècle,  l'art  gothique  triomphe.  C'e^^t 
l'époque  la  plus  belle  de  cet  art.  Alors  fut  counnencée  la 
cathédrale  de  Rouen.   L'église  romane  avait  été  brûlée 


en  'L200.  La  tour  de  Saint-Romain  seule  resta  intacte. 
Jean  sans  Terre  ofti'it  "2.000  livres  pour  la  reconstruction 
qui  fut  immédiatement  commencée  sous  la  direction  du 
maître  maçon  Enguerrand.  Les  voûtes  de  la  nef  ne  furent 
achevées  qu'au  xiv^  siècle  par  un  certain  Durand.  Les  tra- 
vaux se  poursuivirent  jusqu'au  xvi^  siècle.  Le  porche  de 
la  cour  des  Libraires  fut  fait  en  i{{)-2.  La  tour  de  Beurre, 
commencée  en  L487,  fut  terminée  par  Jacques  le  Roux 
en  150(i  ;  le  neveu  de  celui-ci,  Roullant  le  Roux,  relit  le 
grand  portail  en  1510.  Après  le  grand  incendie  de  1514, 
on  édifia  une  flèche  qui  fut  remplacée  après  l'incendie 
de  i82"2  par  la  flèche  actuelle  en  fonte  à  laquelle  on  travailla 
de  18-27  à  187(3.  La  cathédrale  de  Lisieux  fut  également 
commencée  à  la  belle  époque  du  gothique.  L'église  primi- 
tive, ayant  été  détruite  par  un  incendie,  avait  été  recons- 
truite de  1141  à  118^2  ;  mais,  en  'L2:26,  un  nouvel  incendie 
ruina  l'édifice,  sauf  les  tours.  La  cathédrale  actuelle 
(Saint-Pierre  de  Lisieux)  fut  achevée  en  l'233  ;  elle  fut 
modifiée  vers  le  milieu  du  xni^  siècle  par  l'allongement 
de  la  chapelle  absidiale  et  par  la  réfection  des  portails. 
La  cathédrale  d'i-^vreux,  dont  quelques  parties  remontent 
au  xii*^  siècle  et  même  au  xi^,  nous  offre,  dans  son  état 
actuel,  une  ]ief  refaite  de  i'IO'l  à  1^40,  un  chœur  dont 
la  première  pierre  fut  posée  en  1^205,  mais  (|ui  fut  mo- 
difié après  Tincendie  de  1579,  et  un  transept  du xvi*^  siècle, 
i^a  cathédrale  do  Bayeux,  ou  nous  trouvons  quelques  ves- 
tiges de  l'éghse  romane  construite  de  1077  à  1158  envi- 
ron, fut  en  partie  reconstruite  vers  1^240  ;  le  croisillon  N. 
est  du  xiv-  siècle,  la  tour  centrale  du  xv«.  Celle  de  Cou- 
tances  est  presque  entièrement  de  la  première  moitié  du 
xiii^  siC'cle,  la  chapelle  delà  Vierge  est  du  xiV\  Le  chœur 
de  celle  de  Sées  fut  construit  de  1210  à  l'250  ;  la  nef 
est  de  la  seconde  moitié  du  xni^  siècle.  Enfin  à  la  même 
époque  appartiennent  les  églises  d'Eu,  du  Petit-Andely 
où  l'on  voit  des  peintures  murales  qui  sont  un  des  exemples 
les  plus  anciens  que  l'on  puisse  citer,  de  Eierville,  de  Norrey , 
de  Langrune,  de  Bernières-sur-Mer,  de  Saint-Pierre-sur- 
Dives.  Toutes  les  cathédrales  sont  construites  sur  un  même 
plan  qui  comporte  une  nef,  des  bas  côtés  simples,  un 
transept,  des  chapelles  rayonnantes  ouvrant  sur  le  déam- 
bulatoire. La  chapelle  de  la  Vierge,  disposée  dans  l'axe  de 
réghse.  est  une  véritable  petite  église  annexée  à  la  grande. 
Toutes  ces  grandes  églises  ont  un  caractère  commun  ; 
elles  ont  une  tour-lauterne,  tr.'>s  richement  ornée,  sur  le 
carré  du  transept.  Les  éghses  rurales  sont  composées 
d'une  nef  terminée  par  un  chevet  plat.  Le  caractère  le 
plus  frappant  est  l'acuité  des  arcs  (arcs  en  Lancette)  sur- 
tout dans  les  chœurs,  portails  et  clochers.  Les  croisées 
d'ogive  sont  sur  plan  barlong.  Ces  dispositions  restèrent 
celles  des  monuments  du  gothi(iue  rayonnant  auquel 
appartiennent  Saint-Oucnde  Rouen,  Saint-Pierre  de  Caen 
(le  chœur  est  du  xm^  siècle)  et  des  édifices  du  gothique 
flambloyant:  Saint-Maclou  de  Rouen,  Caudebec-en-Caux, 
Notre-Dame  de  Saint-Lô,  le  chfcur  de  Téglise  abbatiale 
du  Mont-Saint-Michel,  Saint-Jacques  de  Lisieux,  Saint- 
Jacques  de  Dieppe,  Notre-Dame  dWlençon,  les  deux  églises 
Saint-Martin  et  Saint-Germain  d'Argentan.  Les  différences 
portent  sur  des  détails  d'exécution,  comme  la  construction 
de  chapelles  latérales  entre  les  contreforts  de  la  nef  ou  les 
pihers  losanges  à  nervures  continuant  celles  de  la  nef,  les 
arcs-boutants  doubles  et  à  double  volée  (Saint-Ouen)  ou 
encore  l'arc  quint-point  que  l'on  trouve  au  xvi^  siècle 
dans  la  piscine  de  l'abbaye  de  Saint- Wandrille.  Ce  qui 
caractérise  surtout  l'école  de  Normandie  à  toutes  les  époques 
du  gothique,  ce  sont  les  clocbers,  remarquables  par  la 
hauteur  des  flèches  et  des  clochetons  ;  les  plus  belh^s  iièches 
sont  celles  de  Saint-l^^tienne  de  Caen,  de  Notre-Dame  de 
Coutances,  de  Bayeux,  de  Secqueville-en-Bessin,  de  Saint- 
Pierre-sur-Dives,  de  Langrune,  de  Bernières  et  de  Saint- 
Pierre  de  Caen. 

L'architecture  civile  est  représentée  par  de  beaux  spé- 
cimens :  tels  le  beffroi  d'IAreux  qui  compte  parmi  les  plus 
beaux  de  Erance,  le  palais  de  justice  de  Rouen,    com- 


NORMANDIE 


48  — 


mencé  en  1499  et  dont  toute  l'aile  qui  comprend  la 
grand'chambre  était  terminée  dès  4506,  l'hôtel  Bourgthe- 
roulde  encore  à  Rouen,  la  chambre  de  commerce  de  Caen. 
l^es  maisons  particulières  anciennes  à  signaler  sont  nom- 
breuses ;  on  en  pourrait  citer,  particulièrement  à  Rouen 
et  à  Caen  ;  l'une  des  mieux  conservées  était,  jusqu'à  ces 
dernières  années,  le  manoir  François  I*^^à  Lisieux,  appelé 
aussi  maison  de  la  Salamandre  à  cause  du  principal  motif 
de  sculpture  ([ui  orne  la  façade.  Il  y  avait  un  véritable 
style  normand  pour  les  manoirs. 

La  Renaissance  pénétra  de  bonne  heure  en  Normandie, 
sauf  dans  Fart  religieux.  C'est  dans  le  chœur  de  Til- 
lières,  rebâti  de  1534  à  1536  et  dans  les  chapelles  de 
Dieppe  que  se  manifesta,  timidement  encore,  l'influence 
italienne  qui  finit  par  devenir  prépondérante  et  même 
exclusive  :  le  style  rococo  est  représenté  par  quelques 
monuments  comme  l'église  du  Havre,  Sainte-Catherine  de 
Ronfleur,  l'église  du  Grand  Andely  qui  est  de  trois  styles 
diftérents.  Le  triomphe  de  cet  art  académique  est  dû  sur- 
tout à  l'école  qui  se  fonda  à  Caen  sous  la  direction  d'Hector 
Sohier  im])u  des  idées  nouvelles.  Dans  l'architectuj'e  civile, 
dès  les  premières  années  du  xvj«  siècle,  l'italianisme  perce. 
Le  château  de  Verneuii,  construit  pour  le  duc  de  Nemours, 
en  porte  les  traces,  même  dans  ses  ruines.  Le  château  de 
Caillou,  construit  de  1508  à  1519  pour  le  cardinal  d'Am- 
boise,  probablement  d'après  les  plans  de  Fra  Giocondo  le 
Classi(|ue,  par  Guillaume  Senault,  Pierre  Fain  et  Pierre 
Delormc,  est  en  quelque  sorte  le  témoin  de  la  hille  de 
l'art  indépendant  et  de  l'art. 

Les  traditions  de  la  belle  sculpture  du  moyen  âge  qui 
avait  produit  les  stalles  de  la  cathédrale  de  Lisieux,  les 
plus  belles  de  tout  le  xiv^  siècle,  la  chaire  extérieure  de 
Notre-Dame  de  Saint-Lù  au  xv^  siècle,  se  perdirent  au 
commencement  du  xvi^  siècle,  vers  le  même  temps  où 
Michel  Colombe  exécutait  le  Combat  de  saint  Georges 
contre  le  dragon  pour  le  retable  du  maitrc-autel  destiné 
à  la  chapelle  du  château  de  Gaillon  (1508).  Déjà  les  deux 
tombeaux  de  la  chapelle  de  la  Vierge,  dans  la  cathédrale 
de  Rouen,  sont  imprégnés  d'italianisme  ;  celui  du  cardinal 
d'Amboise  fut  commencé  en  1520  et  terminé  en  'I5"25; 
le  plan  fut  donné  par  Roullant  le  Roux,  sous  lequel  tra- 
vaillèrent, entre  autres,  Jean  Goujon,  André  Le  Flamand 
et  Mathieu  Laignel.  Le  neveu  du  cardinal  fit  placer  sa 
statue  auprès  de  celle  de  son  oncle  en  I54i.  Le  tombeau 
de  Louis  de  Brézé  (V.  ce  nom)  fut  exécuté  de  -1536  à  1544 
par  Nicolas  Quesnel  :  on  attribue  à  Jean  Goujon  la  belle 
ligure  du  gisant.  Jean  Goujon  était  d'ailleurs  probable- 
ment Normand;, c'est  à  Rouen  qu'on  le  voit  tout  d'abord 
travailler  :  le  portail  de  Saint-Maclou  est  dû  presque 
entièrement  à  son  ciseau. 

Au  xvii^'  et  au  xvin^  siècle,  la  Normandie  a  produit  des 
artistes.  Parmi  les  peintres,  il  convient  de  citer  :  Nicolas 
Poussin,  né  aux  Andelys  (1594-1665)  ;  Jean  Jouvenet, 
né  à  Rouen  (1647-17:27),  auteur  du  Tableau  de  mai  et 
du  Magnificat;  son  neveu,  Jean  Restout,  né  à  Rouen 
(169:2-1768),  dont  les  tableaux  les  plus  célèbres  sont  la 
Présentation  de  la  Vierge  et  la  Destruction  du  palais 
d'Armide.  François  et  Michel  Anguier  furent  des  sculp- 
teurs d'un  très  réel  mérite.  Rouen  a  donné  naissance  au 
sculpteur  Pierre  Mazeline  (1632-1708)  et  à  un  architecte, 
(|ui  fut  sui'tout  un  théoiicien,  Jacques- François  Blondel 
(1709-74).  Michel  Lasne,  qui  na(|uit  à  Caen  et  moui-ut 
en  1667,  fut  un  graseur  de  grand  talent  et  son  compa- 
triote, Jean-Baptiste  Fontenay,  fournit  des  dessins  pour 
les  Gobehns  et  la  manufacture  de  Chaillot  (1654-1715). 
Enfin  le  xviii^  siècle  a  vu  naître  à  Caen  le  grand  musicien 
Auber  (1782)  et,  à  Rouen,  Boieldieu  (1775). 

Léon  Lemllaix. 

Assises  de  Normandie  (V.  Assises). 

l^iiiL.  :  G.  Du^iouiJN.  Histoire  (jénvi-u Je  da  Nonnondie; 
Rouen,  l()8t.  iu-f(»l.  —  hoiw  \  A'.  "Soir.  ^J('lnolr('  n'iutif  au 
jji'ojct  d'imc  histoire  (/énénile  de  Nonnaudie.  1700.  — 
.l.-J  -C  Goui5E.  Histoire  du  duehé  de  Xormundie  ;  Rouen, 
Paris,  1815,  3  vol.  in-8,—  Licqukt,  Histoire  de  lu  Xormtin- 


die,  1885.  2  vol.  —  Depping,  Histoire  de  la  Norinandie, 
1835.  2  vol.  —  Léon  Tiiikssk.  Résumé  de  l'histoire  du  dît- 
elié  de  Normandie  ;  Paris,  1825,  in-82.  —  Trigan.  Histoire 
eeeh'siasti(iue  de  la  Normamlie.  —  Farix,  Normamfie 
chrétienne.  —  L  Duboi.^,  Ilecherelies  archéolo(ji([ues  et 
historiques  sur  la  Normandie.  1813.  —  Cochet,  la  Nor- 
niandie  souterraine  ;  Paris,  1855.  in-8.  —  A.  Labutte, 
lUstoire  des  ducs  de  Normandie  jusqu'à  la  mort  de  Guil- 
laume le  Con([uérant:  2«  édit..  Paris,  1866,  in-8.  —  V.  Fré- 
MLLE,  les  Dues  de  Normandie  :  Finio.u'es,  1872.  in-8.  — 
ISIarcel  Mariox.  De  Normannorum  ducum  cum  Cape- 
tianis  jiaeta  rujHaque  societate,  1892.  —  Ch.-V.  Laxglois, 
Hollon.  Les  Scandinares  en  Neustrie,  1890.  —  A.  Deville! 
Dissertation  sur  Vétendue  du  territoire  concédé  à Rollon 
par  le  traité  de  Saint-Clair-sur-Epte  en  Oïl  [Métn.  de  la 
Soc.  des  Antiip  de  Normandie,  1831.1832.  1833).  —  J.  Pair, 
Etude  sur  la  rie  et  la  mort  de  Guillaume  Lomjue-Epée  ; 
Paris.  1893.  in-Fol.  —  Pli.  Lacer,  Louis  IV  dOutremer 
{936-03^1).  dans  Dibt  de  VEcole  des  H  aides-Etudes.  —  E.-A. 
FRl•J•:^LV^■.  theHistorij  of  the  Norman  conquest  of  Emjland : 
OxCord.  1870-76.  6  vol"  \n-^.~¥ .VA\A\K^\v..Nor)ria)id[i  and 
E.nqland,  2  vol.,  1851-57  —  Lapp]:nijerg.  Anqlo-Norman 
Kinqs  (Cl"  Lappj<;>I!i;rg  cAV\['iA.Geschichtevon  Eiujland, 
1.  II  ('t  ÎII).  —  (î  Li:  Hardy,  le  Dernier  des  ducs  nonhands. 
Etude  rriti(pie  et  liistori([ue  sur  Robert  Courte-Heuse, 
1882.— Kati:  NoRCiATF,.  En(iland  u)ulertheAn<ieinn  Kinqs; 
Oxford.  1887.  2  \ol.  iii-8.  -  Ad.  Poignant.  Histoire  de  la 
comiuéte  delà  Nor}uandie  par  Philippe- Auquste  eu  I20^i  ; 
Paris.  1851.  in-8  (plnnclios).  —  A.  1)i:villÉ.  Histoire  du 
Cliâtea-u-ijaiUard  etdusièqequ'ilsouti)itenI203-0^i;ll()UOA\^ 
1819,  in-8.  —  A.  (îiRv,  lesEtablissements  deRouen  ;  Paris, 
1883-85.  2  vol  in-8.—  xV.  Covilli:,  les  Etats  de  Normandie 
au  xi\''  su''cle  ;  Paris.  1891.  itr.  in-8.  —  Laroqui^:.  Histoire 
de  la  maisoii  d'IIarcourt.  —  Cli.  de  La  Roncièri^,  Qua- 
trième guerre  navale  entre  la  Erance  et  VAnqleterre,  1335- 
47  ;  Paris.  1898.  in-8.  —  S]-:(:ousse.  Mémoires  pour  servir  à 
l'histoire  de  ('harles  II,  roi  de  Navarre.  —  T^dnL  Meyer. 
Charles  IL  roi  de  Navarre,  comte  (VEvreiLx,  et  la  Nor~ 
mandie  a/t  xi\«  siècle:  Paris.  1898,  in-8  —  G  -A.  Pri:nost. 
inti'odnction  an  ("ompte  des  recettes  et  dépenses  du  roi  de 
Navarre  en  Erance  et  enNorniandie,  de  1307  à  1370.  publié 
par  K.  I/AR>'  —  K.  Privât,  (yharles  III  le  Noble  {Positions 
des  thèses  de  VEcole  des  Chartes),  1898.  —  G.'  Dupont. 
Histoire  du  Cotentin.  et  de  ses  iles.—l..  Dj<;lisle,  Histoire 
du  châteiu  etdes  sires  de  Saint- Sauveur-le-Vicomte  ;  Va- 
loiinos.  1867.  in-8.  —  Siinron  Lu(;e.  la  Erance  pendant  la 
(juerre  d<>  Cent  ans  ;  Paris,  1890-93.  2  vol.  in-12.  —  O.  de 
Poli,  les  Défenseurs  du  Mont-Saint-Michel,  Ik  17-50  ;  Pa- 
ris. I891.in-18  — L  Pl"isi;ux.  les  Insurrections  populaires 
oi  Normandie  :  Caen.  1^51.  in-1. —  G.  L]:fevr]^-Pontalis, 
la  Guerre departisans  dans  la  Haute-Normandie,  1^2^-20^ 
dans  Bibl.  LJeole  des  Chartes,  t.  LV  ot  suiv.  —  Rioult  de 
Ni':uviLLi:.  De  la  résistance  à  Voccupation  anglaise  dans  le 
pays  de  Lisieux,  de  Er2^i  à  l'iUk,  1891.  in-8.  -^11.  Vautier, 
Caen  et  l'éUit  du  bailliage  de  Caen  sous  la  domination  an- 
glaise, 1^1 17-50  [Positions  des  thèses  de  l'Ecole  des  Chartes), 
1894.  —  E.  CosM':ai:.  le  Connétable  de  Richemont,  cli.  vii, 
le  Recouvremoit  de  la  Normandie  :  Paris.  1887,  in-8  (Cf. 
les  liisloirc'S  de  Charles  VII.  de  Yallkt  di',  Viriville  et 
de  (t.  de  Peal'courtj  —  L  Duval.  la  Libération  du  ter- 
ritoire normand  sous  Cliarb's  VII  [Bull,  de  la  Soc.  hist.  et 
arcliéol.  de  VOi'ne,  1894)  —  Ch  |de  Peaurepaire.  De  VAd- 
ministi'atioii  de  la  Nornuuidie  sous  la  domination  an- 
(flaise,  Pi2'i-2i)  {Mém.  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  Norman- 
die. 1  XXI\').  1859  —  Du  même,  les  Etats  de  Nor- 
mamtie  sous  la  doniination  a)iglai8e  ;  Evreux,  1859.  — 
Ch  Li:  Pklion.  lAvrancICui  pendant  la  guerre  de  Ceid 
ans.  1880  --  L.  PiMsiax.  VEnCugratiou  normande  au 
XN*-'  siècle.  —  Canel.  Recherclu's  sui'  les  Etats  particuliers 
de  Normandie  à  pa)'tir  du  xn"  ,si<^'n'/(';  Pont-x\udemer.  1837 

—  FL()(^UT'yr.  Histoire  du  Parlement  de  Normandie.  — 
Y^^^cnvAi.  Evénenwnts  militaires  de  la  première  (pierre  de 
religion  en  Normandie  ;  Caen.  1835.  ni-8.  —  Rob.  d  Es- 
TAixTOT.  la  Lhjue  oi  Normandie,  1588  9k:  Paris,  1862.  in-8. 

—  J.  Pair.  Histoire  du  Parlemoit  de  Nornwndie^  1589-9^: 
Caen.  1861.  in-8.  —  A  -M.  Laisxe.  Recherches  sur  l'affaire 
des  Nu-Pieds  ;  Avranclies.  1863.  in-8.  —  P.  Carel.  Une 
Emeute  à  Caen  sous  Louis  XIII  <  /  Ru-helieu  ;  Caen,  1886. 
in-8.  —  A.-M.  LaîsxI',.  les  Agitations  de  la  Eronde  enNor- 
maiidie:  Avranches.  1863.  in-8. — II.  d'EsTAixTOT,  ?a  Cour 
des  aides  en  Normandie  ;  Rf)U(ni,  1882.  in-8.  —  M.-C.  Hip- 
pi:aij.  le  Gintveriiemeid  de  Normandie  au  xvii«  et  au 
xviTi''  siècle  :  Caen.  PMi^-O'.).  !>  \-oI  in-N.  —  AL  Daxsix.  A'o- 
In-esur  les  hberles  proi  inciales  et  Ve.'iprit  public  en  Nor- 
mandie en  1788 :  Paris.  Ib65.  in-8.  V.  l(>s  bibliographies  de 
Rori:x  et  Cai:x.  Pour  rUni\  ersilé.  V.  CaI':x  ;  y  ajouterllAs- 
TixGs  Rasiidall.  ///('  Universilies  of  LJurojie',  t.  III.  (jui 
donne  une  bonne  1)i})lioura])lhe  sommaire.  —  L.  Di':lisle. 
Iidudessurla  condition  des  classes aip'icoles  en  Normandie 
aumogen  âge:  Evr(Mix.  1851  —Du  nièn)e.  Des  Reveiiiis  pu- 
blics en  Normandie  au  wi"  siècle  {Bibl.  Ecole  des  Cliartes, 
2'' série,  t  V)  —A  ComiaA'..  Reelierches  sur  lamisère  en 
Normandie  au  temps  de  Charles  VI  :  Caen.  1886,  in-8  — 
Ch.  d(>  Ri:auui:pair1';.  Notes  concernant  l'état  des  cam- 
pagnes de  la  Haute-Normandie  dans  les  derniers  temps 
du  mogen  âge  ;  Rouen.  1865.  —  l^.-D.  Berxier.  Essai  sur 
le  tiers  état  rural  ou  les  Pagsans  de  Basse-N  or  mandie  au 


49 


NORMANDIE  —  NORMANDS 


xviii"  siècle  ;  Mayenne,  IbOl.  1ji-8  --  Witingdon,  An  llis- 
torlcal  Survey  on  tJie  eccbisiasUcol  anttcpiities  o'f  Fnmcc, 
1809.  —  CoTMAXN.  Archiiechn\  l  anilqulllcà  of  Norinb)i- 
cbj.  —  RuPRicii-Roiii-j^w  l'Architecture  normande  oiix 
xi"  et xw siècles  enNorrruindie  tien  AnfiJetci're.  —  L;i  Nor- 
mandie 7nonnrnen[ale,  o  vol.  (on  cours  de  publication'.  — 
J.  Jakin,  la  Norma.ndic  historique,  pittoi  esciue  et  nionn- 
mentiile^  ISIS.  p:v.  in-8.  V.  les  publications  de  la  Société  de 
rUlstolre  de  Normandie^  le  Bulletin  de  la  Société  des  j\}i- 
liqualres  de  Norme ndic  et  les  Mémoires  de  la  Société  des 
Antlciiwirej  de  ?ùjrm.andic. 

N 0 R IVI Â M  DS.  Sous  ce  nom  générique  d'hommes  du  ?û)rd, 
les  clironiqueiirs  ec  annalisies  du  moyen  ù9;q  ont  désigné 
les  i>irates  Scandinaves,  la  plupart  Danois  et  Norvégiens, 
qui,  sous  la  conduite  de  chefs  ou  vikin-;S  (rois  uc  mer), 
onl ,  au  ix^  et  au  x"  siècle,  fait  de  nombreuses  incursions 
dans  les  pays  de  l'occident  de  Tlvurope  et  parlicuKèrement 
en  France.  Outre  le  nom  de  Normands,  (ini  est  le  plus 
souvent  employé,  on  les  Irouve  souvent  appelés  aussi  païens 
ou  Danois  et  parfois  Marcomans.  On  trouvera  au  mot 
•ScÂîs^DTNAVKs  j'expose  des  causes  ([ui  ont  provoqué  ces  incur- 
sions et  une  étude  do  la  civilisation  à  laquelle  ces  peuples 
étaient  alors  arrivés.  Nous  nous  bornerons  à  pader  briè- 
vement ici  du  caractère  de  leurs  principales  invasions. 

Les  premières  que  rhisto'rc  signale  sont  des  dernières 
années  du  vui^  siècle  et  eurent  pour  théâtre  la  Grande- 
Bretagne.  Kn  79-j  et  793,  des  pirates  normands  firent  des 
incursions  enMcrcie,en  Noithumijcie  et  s'établirent  quelque 
tem[)S  da;rs  l'de  de  Lindisfarue,  où  ils  saf^-^agèreut  le  mo- 
nastère de  S'aint-Cuthbert,  En  800,  ils  apparurent  sur  les 
côles  septentrionales  de  Fraiice  dont  ils  longèrent  le  littoral 
jusqu'en  Aquitaine.  GrCce  aux  mesures  prises  aussitôt  par 
Cfjarlemagne,  ils  n'y  firent  (juc  quelques  descentes  sans 
conséquence.  .Ocs  i]ol tilles  pour  les  poursuivre  sur  mer,  dos 
posies  militaires  pour  surveiller  les  cotes  et  surtout  pour 
protéger  Feniboucliure  des  fleuves  suliirent  pendant  assez 
longtemps  à  les  tenir  en  respect.  Les  côtes  de  la  Frise, 
entre  le  FJiin  et  le  Weser,  seules  ne  purent  être  efficace- 
ment protégées,  et,  dès  le  règue  de  Charlemagne,  les  Nor- 
mands s'y  établirent  à  demeure.  Sons  le  règne  do  Louis  le 
Pieux,  ou  les  revit  sur  les  cotes  de  Flandre,  ils  dévastèrent 
à  diverses  reprises  la  ville  alors  florissante  de  Doresiad 
(auj.  'Wiik-te-Ducrt,tçde)  dans  le  Wahal,  ils  débar([ucreat 
fréquemment  dans  l'île  de  Noirmoutier,  d'où  les  moines  de 
l'ahbaye  de  Sainl-Phihbert,  après  avoir  tenté  de  protéger 
leur  monastère  cd  le  fortifiant,  durent  se  résoudre  à  émi- 
grer  sur  le  continent;  omui  ils  s'emparèrent  de  l'de  de 
Y\^a]chcreii.  Malgré  ces  teatalivcs,  les  précautions  prises 
sous  le  règue  précédent  suffirent  encore  à  leur  interdire 
l'accès  des  fleuves  et  à  empêcher  toute  incursion  sérieuse 
sur  le  continent.  C'est  sur  F/'-ngleierre  que  semble  s'être 
alors  porté  tout  l'effort  des  pirates.  D3  833  à  846,  ils  ne 
cessèrent  d'y  com])attre  avec  des  alternatives  de  succès  et 
de  revers.  La  guerre  civile  qui  suivit  la  juort  de  Louis  le 
Pieux  leur  livra  la  Gaule  ;  la  ScUTeillauce  des  côtes  de 
l'Océan  négligée,  les  garnis;) .is  des  poslrs  fortifiés  retirées, 
ils  eurent  accès  dans  tous  les  ileuves.  et  par  Vi  ils  péné- 
trèrent bientôt  jusqu'au  cœur  même  de  L'empire.  Lothaire 
leur  céda  dès  l'abord  File  de  Walcheren  et  dès  lors  ils 
s'étabhreut  à  demeure  à  remi)ouchrire  de  l'I^iscaut.  Dès 
81'0,  ils  pénétrèrent  dans  la  Seine,  pillèrent  et  biùlèrent 
Rouen  le  1  i  mai,  saccagèrent  ou  rançonnèrent  les  abbayes 
de  Saint-Guen,  de  Jumièges  et  de  Saint-Wandrille.  Ln 
peu  plus  tard,  à  l'embouchure  de  la  Candie,  ils  s'empa- 
rèrent de  ilriontovic,  l'un  des  priucipaux  ports  de  la  Gaule, 
et  le  ruinèrent  si  complètement  qu'on  en  cherchait  naguère 
encore  Femplaccment  exact.  Un  peu  plus  tard,  de  Noir- 
moutier, où  ils  étaient  établis,  ils  partaient  pour  remonter 
la  Loire,  s'emparaient  de  Nantes,  dont  ils  massacraient 
l'évêque  dans  sa  cathédrale,  et  remontaient  jusqu'à  Tours. 
Vers  le  même  temps,  ils  eutra'ent  dans  la  Giror-de.  attei- 
gnaient Toulouse  et  se  répandaient  dans  le  pays  jusqifau 
pied  des  Pyrénées  où  ils  se  heurtaient  à  la  rébistance  des 
juontagiiards.  Bieulôt  ils  aiteignaient  les  cotes  de  Galice, 
d'où  ils  étaieut  repoussés  par  le  roi  des  Asiuries,  entraient 

GRANDE    EXCYtLOPÉDlE.    —    XXV. 


dans  le  Tage,  débarquaient  à  Cadix,  et  arrivaient  en  844 
à  Séville,  où  ils  essuyaient  une  défaite  de  la  part  des  Maures. 

Nous  ne  saurions  faire  ici  l'histoire  de  chacune  des 
incursions  des  Normands  ;  on  trouvera  dans  les  articles 
consacrés  à  chaque  pays,  et  pour  la  France  à  chaque  pro- 
vince, des  indications  précises  sur  les  invasions  dont  ils 
furent  le  théâtre.  Aussi  bien  jnanque-t-on  de  renseigne- 
ments contempoîains  assez  nombreux,  assez  surs  et  assez 
précis  pour  qu'ils  puissent  être  coordonnés  en  un  récit 
d'ensemble.  Les  annales  du  temps  ne  contiennent  guère 
que  de  sèches  inentions  ;  les  chroniques  monastiques,  les 
vies  de  saints,  les  récits  de  miracles  donnent  des  détails 
locaux,  très  nombreux  et  pleins  de  saveur,  mais  où  déjà 
la  légende  se  substitue  sensiblement  à  la  réalité;  les  chartes 
fournissent  ci  el  là  des  faits  précis  et  bien  datés  ;  les  ca- 
pituiaires,  les  décisions  do  conciles,  les  correspondances, 
les  œuvres  littéraires  ajoutent  de  nombreux  traits  au  ta- 
bleau, font  connaître  les  iiupressions,  l'état  d'esprit  des 
contemporains  et  montrent  les  conséquences  des  invasions; 
mais  tout  cela  est  insuffisant  pour  qu'on  en  puisse  tirer 
uue  histoire  coînplèto;  on  ne  peut  suivre  les  principaux 
chefs  ;  des  incursions  certainement  très  importantes  ne 
nous  sont  connues  (fue  par  quelques  faits  isolés,  tandis  que 
d'autres,  tout  à  fait  secondaires,  sont  racontées  dans  le 
plus  menji  détail.  Si  l'on  s'adresse  aux  écrivains  posté- 
rieurs, on  se  trouve,  au  contraire,  eu  pleine  légende. 

On  sait  comment  se  faisaieiit  les  expéditions  des  Nor- 
luands;  des  flottilles  de  grandes  barques  en  nombre  va- 
riable, contenant  chacune  de  50  à  70  hommes,  se  grou- 
paient sous  le  commandement  d'un  chef.  Souvent  plusieurs 
flottilles  se  réunissaient  pour  une  campagne.  Ces  flottilles 
pénétraient  par  l'embouchure  des  fleuves,  débarquaient  des 
hommes  dans  une  lie  où  ils  se  fortifiaient  et  qui  devenait 
b'entôt  un  étabhssernent  permanent,  point  de  départ  pour 
les  expéditions,  heu  de  dépôt  pour  le  butin,  de  garde  pour 
les  otages,  de  ravitaiUement,  et  éventueflement  place  de 
retraite  et  de  défense.  C'est  ainsi  qu'ils  occupèrent,  entre 
autres,  V/alcheren  et  d'autres  lies  des  ])ouches  de  l'Fscaut, 
les  des  en  face  de  Jeufosse,  sur  la  Seine,  Noirmoutier  aux 
approches  de  la  Loire,  puis  l'de  de  Biesse,  dans  le  fleuve 
même,  en  face  de  Nantes,  ci  la  Camargue 'à  l'embouchure 
du  Rlnnie.  De  là  partaient  de  rapides  incursions,  soit  sur 
terre  et  par  les  routes,  soit  le  plus  souvent  par  eau,  en 
remontant  le  fleuve  et  ses  affluents.  On  y  employait  des 
barques  plus  petites  qu'on  remorquait  à  la  cordefle  ou 
môme  qu'on  tirait  à  terre  et  qu'on  traînait  sur  des  rouleaux 
lorsque  le  fond  inanquait  ou  que  la  rivière  présentait  des 
obsî  actes. 

One  remarque  intéressante  est  que,  jusqu'au  x^  siècle 
du  moins,  les  barques  normandes  n'étaient,  contrairement 
à  l'opinion  courante,  que  des  moyens  de  transport  et  nul- 
lement des  navires  de  guerre.  Aussi  ne  les  voit-on  ja- 
mais engagées  dans  des  combats,  ni  sur  mer,  ni  sur  les 
reuves.  C'est  pour  cela  que,  sous  Charlemagne  et  sous 
Louis  le  Pieux,  tant  ([ucremph'o  franc  conserva  les  restes 
d'une  marine  militaire,  elles  furent  aisément  tenues  à  l'écart 
des  côtes.  Plus  tard,  les  marins  de  la  Frise,  les  vaisseaux 
du  roi  Alfred  et  surtout  ceux  d'AbdérameU,  les  mirent  fa- 
cilement en  déroute.  Les  embarcations  des  pirates  trans- 
portaient des  troupes  de  débarquement,  ]'ecevaient  le  butin, 
servaient  de  canipernent^  et  de  refuge,  permettaient  de  se 
retrancher  dans  les  îles  oii  de  les  attaquer,  mais  n'étaient  pas, 
à  proprement  parier,  des  instruments  de  combat.  Les  guer- 
riers combattaient  à  terre,  le  plus  souvent  à  pied,  quelque- 
fois montés  sur  des  chevaux;  habiles  à  se  dissimuler,  très 
rapides  dans  leurs  mouvements,  prompts  à  battre  en  retraite, 
féconds  en  ruses  de  tout  genre,  experts  en  attaque  de  vive 
force,  mais  ne  redou-ant  pas  non  plus  les  sièges.. L'objet  de 
leurs  expéditions  était  de  se  pi'ocurerdu  butin  et  des  ri- 
cJiesses  :  c'est  i)oim  cela  qu'ils  s'attaquèrent  surtout  aux 
monastères  et  aux  églises  dont  les  riches  trésoi's  étaient 
faits  pour  les  tenter.  Tous  ceuK  (pii  se  trouvèrent  à  proxi- 
mité de  leurs  passages  furent  d'abord  rançonnés  à  diverse 


NORMANDS 


oO 


reprises,  et,  lorsque  leurs  ressources  eurent  été  épuisées, 
ou  ])ien  lorsque  les  moines  épouvantés  eurent  pris  la  fuite, 
ils  furent  saccagés,  incendiés  et  détruits.  NatuceUenient  ils 
ne  se  faisaient  pas  faute  de  piller  les  iiabitations  des  pays 
([U  ils  traversaient,  mas-^acrant  les  populations  et  dévasiant 
à  tel  point  que  souvent,  dit  un  chroniqueur,  «  il  ne  restait 
pas  un  chien  qui  pût  aboyei'  après  eux  ».  Pourtant,  lors- 
qu'ils y  trouvaient  intérêt,  ils  faisaient  aussi  des  prisonniers  ; 
connue  tous  les  pirates  de  tous  les  temps  et  de  tous  les 
pays,  ils  s'emparaient  d'otages  qu'ils  rendaient  moyennant 
rançon.  C'est  ainsi  c|u'en  838  ils  réussirent  à  s'emparer  de 
deux  grands  personnages  du  royaume  franc  :  Gozlin,  le 
futur  évoque  de  Paris,  et  son  demi-frère,  Louis,  abbé  de 
Saint-Denis  et  grand  chancelier  de  Charles  le  Chauve.  Tous 
deux  ne  furent  relâchés  que  moyennant  une  énorme  rançon, 
payée  pour  le  premier  par  l'église  de  Keims  et  pour  le  se- 
cond par  son  abbaye. 

Les  monastères,  les  évêques,  les  populations  payaient 
les  Normands  poiu'  éviter  le  pillage  ;  bientôt  les  monarques 
eux-mêmes,  impuissants  k  les  repousser  par  la  foi'ce,  son- 
gèrent à  traiter  avec  eux.  Tantôt  ils  essayèrent  de  les  fixer 
au  sol  en  leur  concédant  le  pays  qu'ils  occupaient  ;  ce  moyen, 
qui  devait  réussir  à  Charles  le  Simple,  ne  semble  pas  avoir 
tout  d'abord  produit  de  bons  résultais.  Tantôt  ils  essayèrent 
de  se  servir  de  Normands  comme  auxiliaires  contre  d'au- 
tres armées  normandes.  Les  pirates  s'y  prêtaient  volontiers  ; 
Eî'ispoé,  Pépin  d'Aquitaine,  Robert  le  Fort ,  Baudoin  ne 
Flandre,  Cliarles  le  (Vnauve  prirent  ainsi  les  Normands  à 
leur  solde.  Mais  le  moyen  était  dangereux;  sans  cloute  les 
pirates  n'avaient  aucun  scrupule  à  combattre  leurs  compa- 
triotes, mais  si  ceux-ci  enchérissaient  sur  les  promesses 
qui  leur  avaient  été  faites,  ou  leur  offraient  le  butin  en  par- 
tage, les  auxiliaires  s'empressaient  de  faire  défection.  Iji 
853,  une  flotte  normande  ayant  remonté  la  Loire  avait  sac- 
cagé Nantes  et  s'était  établie  en  face  de  la  ville,  dans  l'iie 
de  Blesse,  pour  exploiter  le  ileuve.  Suî'vint  une  seconde 
ilotte,  sous  le  commandement  de  Sydroc.  qui.  trouvant  la 
place  prise,  loua  ses  sei^vices  au  roi  de  Bretagne,  f^rispoi^ 
pour  déloger  les  premiers  occupants  qu'elle  attaqua  dans 
leur  île.  Mais  bientôt  un  accord  intervint;  les  assiégés 
oifrirent  à  Sydroc  une  part  des  richesses  cju'ils  avaient 
accumulées  et  celui-ci,  faussant  compagnie  au  roi  de  Bre- 
tagne, repartit  pour  la  Seine.  De  même  quelques  années 
plus  tard,  en  8(i0,  Charles  le  Chauve,  désespérant  de  re- 
fouler la  grande  armée  normande  de  Bjorn,  cantonnée  à 
Jeufo-^se  et  maltresse  de  tout  le  cours  de  la  Seine,  traita, 
pour  s'en  débarrasser,  avec  les  bandes  de  ^^'eiand  (jui  exploi- 
taient alors  le  cours  delà  Somme.  Pour  payer  le  prix  énorme 
cju'elles  fixaient  à  leur  concours,  Charles  le  Chauve  dut  lever 
dans  tout  le  royaume  un  impôt  extraordinaire  sur  les 
églises,  les  nobles,  les  marchands  et  juscfu'aux  plus  pauvres 
gens  à  proportion  de  leur  foi'tune,  et.  comu]e  la  perception 
prenait  du  temps,  les  Normands,  iiupatients  de  leur  inaction, 
demandèrent  des  (otages  et  s'en  allèj-ent  faire  une  expédi- 
tion en  Angleterre.  De  retour  l'année  suivante,  ils  reçurent, 
outre  la  somme  convenue,  des  bestiaux  et  des  vivres  (lu'on 
leur  livra  pour  éviter  la  dévastation  du  pays  et  se  mirent  en 
devoir  d'exécuter  la  convention.  AN  eland  avec  200  barques 
remonta  la  Seine  jusqu'à  Jeufosse,  lit  passer  60  barques 
par  l'r'pte  pour  prendre  à  revers  les  Normands  retranchés 
dans  ïde,  qui  se  trouvèrent  ainsi  bloqués  et  ])ientôt  affa- 
més. Mais  alors  ils  traitèrent  avec  leurs  assiégeants,  et 
bientôt,  remontant  la  Seine  de  conserve,  ils  allèrent  hiver- 
ner les  uns  dans  les  îles  situées  en  face  de  Melun,  les  autres 
dans  la  boucle  de  la  Marne,  à  l'abbaye  ([ui  fut  plus  tard 
Saint-Maur-des-Fossés . 

Le  plus  souvent,  pour  paye?'  tributs  aux  pirates,  on  lie 
demandait  même  pas  leur  coopération  ;  on  achetait  leur  dé- 
part. Charles  le  Chauve  et  ses  successeurs  ne  se  firent  pas 
faute  de  traiter  avec  eux  dans  ces  conditions,  mais  ils  éprou- 
vèrent combien  de  pareilles  négociations  étaient  décevantes. 
D'abord  parce  que  la  ])aix  (ju'on  obtenait  ainsi  était  de 
courte  durée,  de  pareilles   conventions  devenant  fatale- 


ment raie  prime  à  la  piraterie;  mais  aussi  parce  que  l'exé- 
cution même  de  la  convenlion  n'était  rien  moins  qu'assu- 
rée :  parsuite  do  l'oi-ganisation  des  armées  normandes,  il 
fallait  traiter  en  effet  non  seulement  avec  le  chef  de  l'ex- 
pédition, mais  avec  tous  les  chefs,  ceux  d'entre  eux  avec 
lesquels  il  n'y  avait  pas  en  entente  ne  se  considérant  pas 
connue  liés  par  ces  engagements. 

La  seconde  moitié  du  ix^  siècle  est  l'époque  oi;i  les  incur- 
sions normandes  eurent  la  plus  grande  extension  :  depuis 
les  bouches  de  l'IThe  jus([u'à  l'embouchure  de  la  Gironde, 
les  pirates  pénétî'èrent  dans  tous  les  lieuves  de  la  mer  du 
Nord,  de  la  Manche  et  de  l'Océan,  l'établis  dans  la  Frise, 
ils  remontent  le  Rhin  jusqu'à  Worms,  atteignent  Trêves 
par  la  Moselle,  et  de  Cologne  font  une  expédition  sur  Aix- 
la-Chapelle  ;  par  r^:scaut'et  ses  affluents',  ils  dévastent  la 
Flandre;  en  remontant  la  Somme,  ils  attaquent  Abbevillo, 
Amiens  et  l'abbaye  de  Saint-Riquier  ;  maîtres  du  cours  de 
la  Seine,  ils  mejiacent  Troyes,  s'engagent  dans  tous  les 
afduents,  l'Eure,  l'Andelle,'^  l'Oise,  la  Marne,  l'Yonne,  et 
portent  successivement  le  pillage  dans  la  Picardie,  le  Beau- 
vaisis,  le  pays  chartrain,  la  Champagne  et  la  Bourgogne. 
La  Loire  leur  livre  les  riches  abbayes  riveraines  de  Saint- 
Florent,  de  Saint-Maur.  de  Marmôutier,  de  Saint-Martin 
et  les  villes  de  Nantes,  d'Angers,  de  Saumur,  de  Tours,  de 
Blois  et  d'Amboise  ;  à  Orléans  seulement,  ils  trouvent  la 
résistance  organisée  par  révêipie  et  subissent  un  échec. 
En  Aquitaine,  ils  saccagent  Angoulême,  Saintes,  Poitiers, 
Bordeaux,  Périgueux,  Toulouse,  Bourges  et  Limoges.  Re- 
pousses des  côtes  d'Espagne,  ils  passent  le  détroit  de  Gi- 
braltar et  voîit  jus(|u'à  l'embouchure  du  Rhône  s'étabUr 
dans  la  Camargue,  d'où  ils  remontent  jusqu'à  Valence.  Puis 
ils  cinglent  vers  l'Italie  où,  entre  autres  villes,  ils  s'empa- 
rent de  Pise.  (ju'ils  dévastent,  et  de  Luna,  (\\ie,  d'après 
une  ancienne  légende,  ils  auraient  prise  pour  Rome. 

Nulle  part  en  Gaule  ils  n'éprouvèrent  de  résistance  sé- 
rieuse. Les  divisions  intestines  qui  déchiraient  l'empire,  le 
défaut  de  cohésion  des  populations,  l'absence  de  tout  pa- 
triotisme national,  l'égoisme  et  la  préoccupation  exclusive 
de  l'intérêt  personnel  chez  les  grands,  la  faiblesse  des 
princes,  j-endirent  vains  les  efforts  que  tentèrent  çà  et  là 
les  habitants  du  pays  pour  repousser  les  envahisseurs.  De- 
vant eux  les  moines  épouvantés,  emportant  leurs  trésors 
et  leurs  reliques,  se  sauvaient  à  la  hâte,  et,  allant  à  travers 
le  royaume  de  refuge  en  refuge,  affolaient  les  populations 
en  leur  racontant  les  atrocités  connnises  par  les  païens. 
Nombre  d'hagiographes  ont  raconté  ces  «  translations  » 
de  reliques,  et  les  miracles  extraordinaires  qu'accomplis- 
saient, au  cours  de  ces  pérégrinations,  ces  pauvres  saints 
dont  les  mérites  avaient  été  impuissants  à  protéger  lem-s 
monastères.  Il  est  vrai  (}ue  les  invasions  étaient  un  fléau 
déchaîné  par  la  Providence  pour  punir  les  peuples  de  leurs 
péchés  et  en  particulier  pour  châtier  les  grands,  coupables 
d'avoir  usurpé  les  biens  des  églises.  Abandonnés  à  eux- 
mêmes,  les  habitants  fuyaient  devant  l'invasion,  cherchaient 
un  asile  dans  les  villes  fortifiées;  ceux  qui  restaient  étaient 
massacrés  ou  bien  passaient  dans  les  rangs  des  Normands 
pour  lesquels  ils  devenaient  des  auxiliaires  pi  écieux.  «  Le 
nombre  est  grand,  disait  en  88(3  un  archevêque  de  Reims, 
de  ceux  qui  ont  abandonné  la  religion  chrétienne  pour  s'as- 
socier aux  païens  et  se  metti-e  sous  leur  protection.  >> 

Et  cependant,  chaque  fois  qu'une  résistance  locale  était 
organisée,  elle  était  suivie  d'assez  de  succès  pour  montrer 
que,  si  l'on  coordonnait  les  efibrts,  et  surtout  que  si  on 
pom^ait  les  rendre  durables,  il  ne  serait  pas  impossible  do 
refouler  l'invasion.  Mais  toute  action  sérieuse  était  entra- 
vée par  l'anarrhie  où  se  trouvait  l'empire.  En  8o8,  Chai'les 
le  (Chauve,  qui  témoigna  parfois  d'une  volonté  énergique, 
résolut  de  faii-e  un  grand  effort  pour  chasser  les  Normands 
de  la  Seine.  Il  réussit  à  déterminer  son  neveu  Lothaire  à 
coopérer  avec  lui  ;  tous  deux  rassemblèrent  une  armée 
nombreuse  et  s'avancèrent  sur  les  deux  rives  de  la  Loire, 
de  manière  à  isoler  les  Normands  cantonnés  dans  l'île  de 
Jeufosse.  En  même  temps,  Charles  avait  rassemblé  les 


ol  — 


NORMANDS 


barques  nécessaires  pour  débar([uer  dans  l'île  et  y  donnci' 
l'assaut  au  camp  normand.  Mais  les  grands  du  royaume 
mécontents  choisn^ent  ce  moment  pour  se  révolter  et  appe- 
ler Louis  le  Germanique,  qui,  profitant  de  l'absence  de 
Lotliaire  pour  traverser  la  Lorraine,  arriva  en  Champagne 
pour  tendre  la  main  aux  rebelles  et  déposséder  son  frère. 
Olui-ci  dut  abandonner  les  Normands  pour  faire  volte- 
face  et  faillit  y  perdre  sa  couronne. 

Quelques  années  plus  tard,  il  s'avisa  de  mesures  qui, 
s'il  avait  pu  les  appuyer  de  forces  sulfisantes,  auraient  pu 
réussir  ;  elles  consistaient  à  entraver  la  navigation  des 
cours  d'eau  en  y  établissant  des  ponts  fortifiés.  Le  pre- 
mier fut  établi  en  862,  sur  la  Marne,  à  Trilbardou,  à 
quelques  kilomètres  en  aval  deMeaux,  et  eut  aussitôt  pour 
résultat  de  contraindre  à  capituler  les  Normands  ([ui  s'étaient 
aventurés  jusqu'à  cette  ville,  et  même  de  débarrasser  com- 
plètement la  Seine  des  pirates.  Charles  se  hâta  de  profiter 
de  ce  répit  pour  entreprendre  la  construction  d'un  pont' 
semblable  près  de  Pitres,  un  peu  en  aval  du  confluent  de 
l'Kurc  et  de  l'Andelle,  à  l'endroit  où  se  trouve  aujour- 
d'hui le  Pont  de  l'Arche.  Achevé,  il  aui'ait  fermé  aux  Nor- 
mands l'accès  de  ces  rivières  et  du  fleuve  ;  mais  les  ti'a- 
vaux  conduits  ti^op  mollement  n'étaient  pas  terminés 
quatre  ans  plus  tard,  et  les  Normands,  forçant  le  passage. 
remontaient  encore  jusqu'à  Saint-Denis  et  à  MeUm  et  ré- 
duisaient le  prince  à  acheter  leur  départ  en  payant  un 
nouveau  tribut.  En  868,  le  pont  de  Pitres  fut  rétabh  et 
achevé,  et  réussit,  en  effet,  à  arrêter  les  Normands.  Un 
pont  analogue  fut  construit  sur  l'Oise  et  un  autre  plus 
important  à  Paris,  probablement  à  la  pointe  de  la  cité, 
et  non,  comme  or  le  dit  d'ordinaire,  sur  l'emplacement 
du  Pont-au-Change. 

La  construction  de  ce  pont  fortifié  de  Paris  eut  une  con- 
séquence singulière  :  jusqu'alors,  lorsque  les  Normands 
remontaient  la  wSeinc,  les  habitants  se  retiraient  dans  l'en- 
ceinte de  la  cité,  tandis  que  les  Normands,  peu  soucieux 
de  s'attarder  à  un  siège,  se  contentaient  de  piller  les  fau- 
bourgs et  passaient.  L'existence  d'un  pont,  au  contraire, 
si  elle  suftisait  à  arrêter  de  petites  ilottilles,  obhgeait  à  un 
siège  une  armée  qui  voudrait  forcer  le  passage  pour  re- 
monter au  delà  de  Paris.  C'est  ce  qui  arriva  en  885. 

En  cette  année,  de  nombreuses  flottilles  se  réunirent  en 
une  grande  armée  commandée  par  Siegfried.  Aux  Nor- 
mands de  la  Seine  se  joignirent  des  bandes  du  Bessin,  de 
la  Loire,  de  l'Escaut  et  même  d'Angleterre  ;  elles  s'empa- 
rèrent de  Rouen  (25juil.),  forcèrent  le  passage  de  Pitres, 
enlevèrent  des  fortifications  élevées  à  la  hâte  à  Pontoise 
et  se  présentèrent  le  25  nov.,  fortes  de  40.000  hommes 
devant  la  cité  de  Paris,  défendue  par  l'évêque  Gozlinetle 
comte  Eudes.  La  flotte,  composée  de'  700  barques,  sans 
compter  les  embarcations  plus  légères,  couvrait  la  Seine 
jusqu'à  deux  lieues  et  demie  en  aval  de  Paris,  au  dire  d'un 
contemporain.  Le  pont  fortifié,  élevé  à  la  pointe  de  la 
Cité,  défendu  à  ses  extrémités  et  sur  le  terre-plein  sur 
lequel  il  s'appuyait  par  des  tours,  barrait  le  fleuve  dans 
toute  sa  largeur.  L'effort  des  Normands  se  porta  d'abord 
sur  la  tour  de  la  rive  droite,  mais  leurs  attai;-^  -.  c.  h')uè~ 
rent  ;  une  crue  du  fleuve  ayant  emporté  le  pont  de  h  rive 
gauche,  la  tête  en  fut  isolée  de  la  cité  et  la  tour  tomba  au 
pouvoir  des  assiégeants.  Mais  la  cité  continua  à  tenir  bon 
dans  l'attente  des  armées  de  secours  amenées  par  Henri 
de  Saxe  et  l'empereur  Charles  le  Gros.  Après  dix  mois  d'un 
siège  héroïque,  celui-ci  campa  sur  les  hauteurs  de  Mont- 
martre ;  mais,  au  lieu  d'atîa<|uer  'es  Normands,  il  négocia 
et  acheta  leur  retraite  en  leur  laissant  la  faculté  de  remon- 
ter la  Seine  au  delà  de  Paris  jusqu'en  Bourgogne  et  en 
Champagne.  Le  royaume  était  de  nouveau  abandonné  à  la 
dévastation  et  au  pillage. 

L'ordre  social  créé  par  l'empire  de  Charlemagne  acheva 
alors  de  tomber  en  dissolution.  Les  Sarrasins  au  midi,  les 
Hongrois  à  i'E.,  les  Normands  pai'tout  aclievèrent  l'œuvre 
de  destruction.  Aucune  région  ne  fut  épargnée  et  quelques- 
unes  devinrent  de  véritables  déserts.  Çàet  là  cependant  les 


populations  rurales  trouvent  un  refuge  à  l'abri  de  fortifica- 
tions qui,  bien  défendues  ou  mal  attaquées,  résistent  aux 
envahisseurs.  Tantôt  ce  sont  de  riclies  monastères  qui,  pla- 
cés dans  une  situation  avantageuse,  s'entourent  de  mu- 
railles, y  ouvrent  une  place  de  lefuge  et  appellent  les  ha- 
bitants du  voisinage  à  leur  défense  ;  tantôt  ce  sont  les 
anciennes  cités  qui  réparent  à  la  liàte  leurs  fortiflcations 
gallo-romaines  et  se  repeuplent  pom^  résister  aux  Nor- 
mands comme  elles  avaient  résiste  aux  barbares  du  iv®  et 
du  V®  siècle  ;  tantôt  enfin  des  seigneurs  construisent  des 
ciiàteaux,  et  dans  leurs  enceinies  palissadées  viennent  aussi 
se  réfugier  les  habitants  des  environs,  formant  des  grou- 
pements dont  plusieurs  devinrent  plus  tard  des  vides.  Et 
c'est  ainsi  que  les  invasions  normandes  eurent  cette  con- 
séquence inattendue  de  contribuer  d'une  part  à  substituer 
à  la  civilisation  j-urale,  qui  durait  depuis  les  invasions  du 
IV®  siècle,  une  civihsation  urbaine,  et  d'autre  part  de  com- 
mencer à  faire  sentir  aux  populations  qui  se  groupaient 
pour  résister  la  puissance  d'une  nouvelle  force,  celle  de 
l'association. 

Llever  \va  château  fut  pour  les  seigneurs  le  moyen  ordi- 
naire de  se  mettre  à  l'abri  des  invasions.  Le  pays  tout 
entier  se  iiérissa  de  donjons  de  bois,  construits  sur  des 
éminences  naturefles  ou  artificielles,  auxquels  on  n'avait 
accès,  par  une  porte  placée  aupremier  étage,  qu'au  moyen 
d'une  sorte  d'échelle  ou  de  pont  mobile,  et  qu'on  entourait 
de  fossés  et  de  palissades.  Ces  constructions  n'étaient  point 
susceptibles  d'arrêter  les  Normands,  mais  lorsque  ceux-ci 
n'avaient  pas  intérêt  à  s'attarder  pour  les  enlever,  elles 
pouvaient  donner  à  lem^s  défenseurs  une  sécurité  provi- 
soire. Loin  du  reste  de  protéger  la  contrée  environnante, 
elles  favorisaient,  une  fois  les  Normands  partis,  les  guerres 
entre  seigneurs,  le  piUage  et  le  brigandage.  Si  bien  que 
les  souverains,  sans  jamais  du  reste  être  obéis,  durent 
ordonner  à  maintes  reprises  la  desti'uction  de  toutes  ces 
forteresses  élevées  sans  leur  autorisation.  Et  ainsi,  les 
invasions  normandes  deviiirent  les  auxiliaires  du  dévelop- 
pement de  la  féodalité. 

A  la  fin  du  ix®  siècle,  les  Normands  avaient  donc  par- 
couru les  plus  riches  contrées  du  royaume  franc  de  l'Ouest, 
et  ne  se  trouvaient  plus  arrêtés  (fue  par  des  résistances 
locales  dont  ifs  flnissaient  presque  ioi-jours  par  trionipher. 
!.es  Vikings,  enrichis  par  le  butin,  ne  songeaient  plus 
guère  àretourner  en  Scandinavie,  et  les  invasions  se  trans- 
formaient peu  à  peu  en  émigration,  les  expéditions  en 
conquêtes.  Déjà  plusieurs  chefs  célèbres,  Weland,  iïas- 
tings,  Ketil,  Hunedée,  avec  de  nombreux  compagnons, 
avaient  demandé  le  baptême,  pour  se  flxer  en  Ei'ance  à 
demeure  et  jouir  paisiblement  de  leurs  conquêtes.  Rollon 
s'était  établi  sur  les  bords  de  la  Seine.  Au  lieu  de  s'épui- 
ser en  efforts  pour  le  déloger,  Ciiarles  le  Simple  accepta 
les  faits  accomplis  et,  par  la  convention  de  Saint-Clair- 
sur-'4)le  en  91  i,  lui  concéda  la  partie  de  la  Neustrie  qui 
est  devenue  la  Normandie  (V.  ce  mot). 

Depuis  cette  époque,  les  invasions  Scandinaves  dimi- 
nuèrent progressivement.  Les  pirates  de  la  Loire  conti- 
nuèrent quelque  temps  encore  leurs  expéditions  dans  ce 
fleuve  et  dans  la  Gironde,  mais  ils  subirent  des  échecs 
décisifs  sous  le  règne  du  roi  Raoul  après  le([uel  ils  ne  tar- 
dèrent pas  à  disparaître.  Ln  Normandie,  ïa  duc  Richard, 
en  962.  pour  se  défendre  contre  le  roi  de  Erance,  fit  ap- 
pel à  ses  conq)atriotes  cjui  s'établirent  de  nouveau  à  Jeu- 
fosse,  d'où  ils  dirigèrent  des  expéditions  dans  les  vallées 
de  la  Seine  et  de  l'Eure;  mais  Richard  lui-même,  la  paix 
faite,  débarrassa  le  royaume  de  ces  pirates  en  leur  four- 
nissant des  vaisseaux  et  des  pilotes  pour  les  conduire  en 
b]spagne.  Dans  le  Nord  même,  l'industrie  de  la  piraterie 
prenait  fm  peu  à  peu.  Convertis  au  christianisme,  les  Scan- 
dinaves devenaient  agriculteurs,  artisans,  marchands  ou 
pêcheurs.  Au  xi^  siècle,  quelques  expéditions  furent  encore 
dirigées  sur  les  des  du  N.  de  la  Grande-Bretagne  où 
des  colonies  de  pirates  normands  subsistèrent  jusqu'au 
xiii®  siècle. 


NORMANDS  —  NORRBOTTEN  — 

Les  pèlerinages  d'outrc-mer  fournirent  aux  Normands 
convertis  le  moyen  de  satisfaiie  l'esprit  d'aventure  qu'ils 
conservaient  encore,  vm  iOlii,  au  cours  d'un  de  ces  pèle- 
rinages au  Monte-Gargano.  dans  la  (^apitanate,  quarante 
pèlerins  normands  se  mij'cnl  à  la  solde  des  Grecs  pour 
combattre  les  Maures  de  Sicile;  ceux-ci  vaincus,  les  Nor- 
mands, appuyés  j)ar  des  gens  du  pays,  se  retournèrent  contre 
leurs  alliés,  appelèrent  à  leur  secours  des  compatriotes  et 
hientùt.  sur  les  déliris  des  principautés  qui  s'étaient  formées 
dans  l'Italie  méridionale,  ils  fondèrent  le  royaume  des  Deux- 
Siciles  (V.  Sicile).  A.  G. 

BiijL.  :  l''  Sourcils.  —  Aucun  ('liruni(|ncur  contemporain 
n'a  essayé  un  récit  d'ensemble  des  invasions  normandes  : 
le  (lironicon  de  (jGsi'is  Nonnannoriun  n'est  qu'une  compila- 
tion faiieaux^  siècle  des  mentions  relatives  aux  Normands 
(jui  se  trouvent  dans  les  Annales  de  saint  Berlin.  Avec  les 
c[ironi(|ues  et  annales  des  i\«  etx"  siècles,  il  faudrait  cifer 
les  innombrables  œuvres  hagiographiques  du  temps  :  vies 
de  saints,  récits  de  miracles  et  cte  translation. 

2"  Ouvrages  de  si:com)1.  maix  —  M.  Uepping,  Histoire 
des  exj^éditions  maritimes  des  Normands,  l"'"  éd..  1<S2')  ; 
2'^  éd.,  l^aris,  1843,  in-8.  I^ivre  vieilli,  u'ais  (jui  demeure  le 
seul  ouvrage  d'ensemble.  —  J.  Steeas'iri  p,  Normannerne; 
Copenhague,  1876-82.  4  vol  in-8.  —  Du  miMne.  Etudes  pré- 
liminaires pour  servir  à  l'histoire  des  Normands  et  de  leurs 
invasions.,  traducl.  (abrégée),  par  K  de  Bi:AUREPALRi'\  du 
t.  Idel'ouvrage  précédent,  Paris,  1881,  in-8.  — C  -K  Kj:ar^-, 
Tlie  Vikimjs  in  \V ester n  Christendiom  a.  d.  ISOtoa.  d  tl^'H  ; 
Londres,  18D1,  in-8.  —  Il  existe  (piebjues  mémoires  relatifs 
à  certaines  régions  i)armi  lesfjuels  nous  citerons  :  G.  de 
Lestang,  Dissertation  sur  les  ineursions  normandes  da)is 
le  Maine,  18.35.  —  A  Carro,  Notes  sur  les  Incnrsions  des 
Nori)ian<ls  dans  la  3iar/ie,18'o.')  —  ri:urXi>l)ELAc<)URT,  les 
Nornuinsdans  le  No^jon^nns.  1808  — K.  ^Iauilli;,  les  I n- 
vasions  normandes  dans  la  Loire,  18b'J.  —  Paillard  d1', 
S A^yr- Al i^LA:s,  Histoire  des  invasiotis  des  Nortlunans  dans 
Ui  Morinie,  1878  — J.  Lair,  les  Nor^iiands  dans  l'de  dVs- 
cellc,  18:J7.  —  Pour  les  ex})éditi()ns  en  Pspagne  :  l)o/v, 
Rechcrclies  sur  Vhist.  et  la  littérature  de  iEspa<jne  pen- 
dant le  moyen  âge,  3«  éd.,  t.  II;  Leyde,  1881,  p]).  2o0-332.  — 
On  consultera  également  avec  [)r()fit  les  bonnes  histoires 
locales  et  surtout  les  voluuies  parus  ou  sur  le  point  de  pa- 
raître des  Annales  de  l'Iiist.  de  France  pendant  l'époque 
carolingienne,  publiées  dans  la  Diblioth.  de  VEcole  des 
hautes  étiK^ es ^  —Kd.  Va\iif..,  Euxles  [il  s'y  trouve  un  ap- 
pendice sur  la  civilisaJion  des  Normarids)  —  Eckkl, 
Charles  le  Simple.  —  Ph.  LAuiai,  Louis  IV.  —  F.  Pot,  les 
Derniers  Carolingiens.  —  Poupardix.  le  Royaume  de 
Bourgogne.  —  Pour  les  invasions  en  Ilalie,  V.  abbé  De- 
LARC,  ^cs  Aor)7ia/w/s  en  Halle  depuis  les  premières  inva- 
sions jusqu'à  V avènement  de  Grégoire  VU  (809-802, 1010-73); 
Paris,  188J.  m-8. 

NÛRÎVIANN  (Eilerl-Adels(een),  peintre  norvégien,  né 
en  1848.  Il  appartient  à  l'école  de  Dusseldorf.  Ses  la- 
Ldeanx,  dont  plnsieurs  ont  été  exposés  à  Paris  ou  ils  onl 
obtenuunvif  succès,  représentent  principalement  des  pay- 
sages Scandinaves. 

^N  OR  IV!  AN  TON  (Y.  Norman). 

NORIVIANVILLE.  Com.  du  dép.  de  la  Seine-înférieure, 
arr.  d'Yvetot,  cant.  de  Fanville  ;  784  hab. 

NORME  (Math.)  (V.  Idévux). 

NORIVIÉE.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  d'Épernay, 
cant.  de  La  Fère-Champenoise  ;  148  lia!). 

NORIYÎIER.  Com.  du  dép.  de  la  C/de-d'Or.  arr.  de  Se- 
mur,  cant.  de  Précy-sons-Thil  ;  ["i^)  uab. 

NORNA-G.EST,  héros  scanthnave,  fils  de  Thord,  ])rince 
de  Groeninge.  A  sa  naissance,  inie  Xonie  prédit  qu'il  ne 
vivrait  qu'aussi  longtemps  (jue  durerait  une  cfuindelle 
allumée  dajis  la  chambre.  La  mère  du  ]iouveau-Jié  éteignit 
la  chandelle,  la  serra  soigneusement  et,  à  sa  mort,  la 
remit  à  son  fils.  Celui-ci  vécut  près  de  trois  ceiits  ans  avaiit 
do  la  brûler  ;  ce  fut  un  laineux  giierrier,  compagnon  do 
lulles  des  fils  de  Ragnar  L;jdbrok,  du  roi  Erik  d'Upsal, 
de  Harald  Hârfagre,  de  Olaf  Tryggvesson,  etc.  Son  his- 
toire est  racontée  dans  la  Sa^ja  de  Olaf  Tryggvesson.  La 
melleure  édition  est  celle  de  Brugges,  dans  sa  collection 
de  Norrœne  Skrifler  (Christiana,  1863,  et  suiv.). 

NORNES.  Nom  des  déesses  de  la  deslinée,  dans  la  my- 
thologie Scandinave.  Elles  déroulent,  à  la  naissance  de 
l'homme,  le  fil  de  sa  vie  et  marquent  sa  sphère  d'action 
terrestre.  Leurs  décrets  sont  inviolables  et  les  dieux 
mêmes  sont  soumis  à  leurs  lois.  Les  Irois  Nornes  prijici- 
pales   soiit   Uni  (le   Pabbc),    Verilande  (le  Prébcnt)   et 


Skuld  (l'Avenir).  Elles  demeurent  au  pied  de  l'arbre  du 
monde  Ygdrasil.  Outre  les  trois  grandes  Nornes,  il  y  en 
a  d'autres  bienfaisantes  ou  malfaisantes,  elles  nains  mêmes 
ont  leurs  Nornes.  Elles  n'appartiennent  d'ailleurs  qu'au 
monde  actuel,  et  après  le  Ragnariek,  dans  le  nouveau 
monde  éternel,  il  n'y  aura  plus  de  Nornes.         Th.  C. 

NORODOiVI,  roi  du  Cambodge,  né  en  1835.  Après 
avoir  pasi^é  son  adolescence  à  la  cour  du  roi  de  Siam  à 
Bangkok,  il  succéda  à  son  père  Ong-Duong  en  nov.  183(3. 
Il  ht  aussitôt  acte  de  vassalité  au  roi  de  Siam,  qui  envoya 
un  mandarin  à  Oudong,  sa  capitale,  ])our  ratifier  le  choix 
des  ministres  (pii,  de  concert  avec  son  père,  l'avaient  dé- 
signé pour  monter  sur  letnine.  Dès  le  début  de  son  règne, 
Norodom  eut  à  s'occuper  des  menées  de  son  frère  puîné, 
Si-Yotah.  (jui  voulait  s'emparer  du  pouvoir  et  régner  à  sa 
place.  Yaincu  au  S.  de  Phnôm-Penh(juil.  1861),  Norodom 
se  réfugia  eji  août  1861  à  Battambang  ;  de  là  il  se  rendit 
à  Bangkok  danv.  186'^)  pour  demander  l'appui  du  roi  de 
Siaui.  La  France,  qui  était  entrée  en  relation  avec  lui 
dès  mars  1861,  lit  échec  aux  prétentions  du  Siam.  Revenu 
à  Ou(b)ng  en  mai*s  186'i,  Norodom  reçut  en  septembre  la 
visiie  de  l'amical  Bonard  et,  en  juil.  1863,  accepta  défi- 
nitivement le  protecîoj'at  de  la  France,  gcàce  à  laquelle 
il  a  toujours  déjoué  les  elforts  de  Si-Yotah  (sur  la  suite 
de  son  règne.  Y.  Cambodge). 

NOROLLES.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr.  de  Pont- 
riLvé([ue,  cant.  deBlangy  ;  Wi5  hab.  L'égbse,  dont  le  portail 
est  du  xvi^  siècle,  a  uu  ciiœur  roman.  Elle  conserve  un  moi)i- 
lier  intéressant,  des  statues,  des  tombes  plates  du  moyen 
âge  et  possède  un  trésor  (jui  contient  quehpies  pièces  cu- 
rieuses. Manoirs  de  la  Pelletière  (xvii^  siècle),  delà  Yallée 
(xvi^  s.)  transformé  en  ferme.  Cbàteau  du  Malon  (xvii^  s.). 

NORON.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr.  et  cant.  (N.) 
de  Falaise;  182  hab. 

NORON.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr.  de  Baveux, 
cant.  de  Ballerov  ;  264  hab. 

NOROY  ou  NOROY-suR-OuRa}.  (^.om.  du  dép.  de  FAisne, 
arr.  de  Soissons,  cant.  de  Yillers-Cotterets  ;  143  hab. 

NOROY.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de  Clermont,  cant. 
de  Saint- Just  ;  201  hab. 

NOROY-Li:-Bounr.  ou  NOROY-l'Akchevèque  (//r>îîor/- 
siaciis,  Noii-etiuii,  Noreiiun).  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de 
la  Haute-Saône,  arr.  de  Yesoul  ;  8oo  hab.  Carrières  de 
pierre.  Moulins.  Traces  de  voies  antiques.  Découvertes 
d'objets  gallo-romains.  Le  bourg  fut  fortitié  au  moyen  âge 
par  les  archevêques  de  Besançon  à  qui  l'empereur  d'Alle- 
magne, Henri  HI,  confirma  leurs  possessions  en  1049,  et 
Renaud  de  Bourgogne,  comte  de  Montbéliard,  donna  la 
seigneurie  en  1314.  Lors  du  démêlé  qui  éclata  en  1389 
entre  Philippe  le  Hardi  et  l'archevêque  Guillaume  de  Yergy, 
Noroy  fut  eassiégé  et  pris.  Occupé  })ar  les  troupes  de  Louis'XI 
en  1479,  il  leur  fut  repris  par  l'archiduc  xMaximilien,  époux 
de  Marie  de  Bourgogne,  en  1492.  Un  lieutenant  de  Trem- 
blecourt  le  saccagea  encore  en  1396.  Les  archevêques  de 
Besançon  afranchirent  les  habitants  en  1360.         Lex. 

BiJiJ..  ;  C  -J.  PizARD.  Documents  inédits  et  notes  histo- 
riques sur  Norog-le-Boarg.  Sai)it-Ljng  et  Calmoutier  ;  Vc- 
soul.  1888.  in-S.  Siippléi}ie')it  ;  YoHiwA,  18!Jl  i)i-8. 

NOROY-j.Ès-JussEV.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Saône, 
arr.  de  Yesoul,  cant.  de  Yitrev  ;  327  hab. 

NORRAIN,  NORROiS  (Langue,  etc.)  (Y.  Scanuiname). 

NORRBOTT  EN.  Province  la  plus  septentrionale  delà 
Suède,  hmitée  à  FF.  et  au  N.-E.  par  la  Finlande,  à  FO. 
et  au  N.-O.  par  la  Norvège,  au  S.  par  la  province  de  Yester- 
botten  et  par  le  golfe  de  Bothnie;  104.413  kil.  q.,  dont 
6.700 en  lacs;  107.000  hab.  environ,  dont  9.000  seule- 
ment habitent  dans  les  villes.  La  population  se  compose  de 
Suédois/80  ''o),  de  Finnois  (ii)  «,o)  ot  de  Lapons  (4  ^  o). 
La  province  est  divisée  en  (piaire  juridictions  :  Piteâ,  Lulea, 
Kalix  et  Tornea.  Au  point  de  vue  ecclésiastique,  elle  se 
rattache  au  diocèse  d'Ha'rnœsand.  Ses  principales  res- 
sources sojit  l'exploitation  des  mines  de  fer  (Cellivara) 
et  de  cuivre,  la  culture  du  sol,  Fexploitation  dcb  forêts 


NORHBOTTEN  —  NOHTH 


et  l'élevage  du  bétail  (environ  12.000  chevaux,  46.000 
bêtes  à  cornes,  3'2.000  moutons,  2.000  chèvres  et  -170.000 
rennes).  Le  nouveau  chemin  de  fer  Luleà-Ofoten  contri- 
buera sans  doute  puissamment  au  développement  com- 
mercial et  peut-être  industriel  de  cette  province. 

NORRENT-FoNTKs.  Ch.-l.  de  cant.  du  dcp.  du  Pas- 
de-Calais,  arr.  de  Béthune  ;  4.288  ha'j. 

NORREY.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr.  de  Caen, 
cant.  de  Tilly;  230  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  l'Ouest. 
Eglise  du  xm*^  siècle  (mon.  liist.),  beau  type  d'architecture 
gothique  particulière  à  la  Normandie. 

NORREY  ou  NORREY-en-Alge.  Com.  du  dép.  du 
Calvados,  arr.  de  Falaise,  cant.  de  Morteaux-Coulibo'uf  ; 
197  hab. 

NORRI  (Charles),  architecte  français  (V.  Norry). 
NORRIS  (Henry),  homme  politique  anglais,  mort 
le  -17  mai  -lo26.  D'une  vieille  famille  aristocratique, 
il  fut  placé  jeune  à  la  cour  oii  il  fit  ses  débuts  comme 
gentilhomme  de  la  chambre  du  roi.  Il  gagna  l'amitié 
d'Henri  VIH  et  jouit  bientôt  d'une  iniluencc  considéra])le. 
11  combattit  vivement  Wolsey  et  fut  le  principal  instru- 
ment de  sa  chute.  Très  lié  avec  Anne  de  Boleyn,  il  la 
poussa  à  jouer  un  rôle  dans  l'Etat.  H  ne  se  fit  du  reste 
pas  scrupule  d'abandonner  ses  intérêts  pour  s'occuper  avec 
zèle  des  négociations  du  mariage  du  roi  avec  Jane  Sey- 
mour.  Pour  se  venger,  Anne  fit  courir  le  bruit  qu'il  avait 
voulu  la  séduire.  Henry  YIH  fit  arrêter  Norris  à  la  fin  du 
tournoi  de  Greenwich  auquel  il  avait  participé.  Empri- 
sonné à  la  Tour,  il  fut  exécuté  le  17  mai  1526.  Sa  pré- 
tendue comphce  fut  décapitée  le  lendemain  (V.  Anne  de 
Boleyn).  R.  S. 

NORRISTOWN.  Ville  des  Etats-Unis  (Pennsylvanie), 
r.  g.  du  Schuylkill,  en  face  de  Bridgeport,  à  29  kil. 
amont  de  Philadelphie;  19.791  hab.  (en  1890).  Hauts 
fourneaux,  filatures  de  laine  et  coton,  verreries,  etc.  Vaste 
prison. 

NORRKŒPING.  Ville  maritime  de  Suède,  prov.  d'OEs- 
tergœtland,  à  l'embouchure  du  Motala,  dans  le  Brâvik  ; 
34.816  hab.  (189i).  Nombreuses  églises  et  nombreuses 
et  importantes  écoles.  C'est  par  l'industrie  (elle  compte 
plus  de  90  fabriques)  la  seconde  ville  de  la  Suède,  après 
Stockholm  (filatures,  teintureries,  papeteries,  fabriques 
d'allumettes,  forges,  etc.).  Elle  est  reUée  à  la  capitale 
par  une  voie  ferrée  et  par  un  service  régulier  de  bateaux 
à  vapeur.  Commerce  assez  actif  avec  les  ports  de  la  Bal- 
tique. Connue  dès  le  xn^  siècle,  elle  se  développa  au  xvii^ 
quand  le  Hollandais  de  Geery  créa  des  fabriques.  En  1604 
s'y  tint  la  diète  où  fut  couronné  Charles  IX;  en  1800, 
celle  où  fut  couronné  Gustave- Adolphe  IV. 

NORRLAND.  Région  de  Suède.  Nom  donne  à  toute  la 
partie  au  N.  de  l'Uppland.  Le  Norrland  comprend  les  huit 
anciennes  provinces  de  Gestrikland,  Helsingland,  Medel- 
pad,  Jœmtland,  Haerjedalen,  Angermanland,  Vesterbotten 
et  le  Lappmark ,  représentées  par  les  cinq  Isen  de  Gefle- 
borg,  Westernorrland,  Jaemtland,  Vesterbotten  et  Norr- 
botten;  255.881  kil.  q.  ;  754.642  hab.  (1891).  En  1751, 
la  population  était  seulement  de  148.759  hab. 

NORROIS.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  de  Vitry- 
le-François,  cant.  de  Thiéblemont  ;  126  hab. 

NORROY.  Com.  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle,  arr. 
de  Nancy,  cant.  de  Pont-à-Mousson  ;  674  hab. 

NORROY  ou  NORRO Y-SUR- Vair.  Com.  du  dép.  des 
Vosges,  arr.  de  Neufchâteau,  cant.  deBulgnéville  ;  285  hab. 
NORROY-le-Sec.  Com.  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle, 
arr.  de  Briey,  cant.  de  Conflans  ;  502  hab. 

NORRTELJEouNORRT>€LJE.VillemaritimedeSuède, 
prov.  de  Stockholm,  à  l'embouchure  de  la  Norrteljeâ  ; 
2.476 hab.  (1891).  Ee  commerce,  qui  consiste  principale- 
ment dans  l'exportation  du  bois,  est  peu  développé.  C'est 
surtout  une  ville  de  bains  (bains  de  boue)  ;  il  y  vient  | 
chaque  année,  outre  un  milKer  de  baigneurs,  de  nombreux 
habitants  de  Stockholm,  qui  y  passent  l'été.  Elle  est  reliée  j 
à  Upsala  et  à  Stockholm  par  un  chemin  de  fer  à  voie  étroite. 


NORRY  (Charles),  architecte,  dessinateur  et  écrivain 
français,  né  à  Bercy,  près  Paris,  en  1756  et  mort  à  Paris 
le  16  nov.  1832.  Elève  de  Uousset,  puis  de  de  Wailhi 
(V.  ce  nom).  Norry  fut  emmené  par  ce  dernier  maître 
pour  le  seconder  dans  les  voyages  qu'il  fit  en  Russie,  en 
Suisse  et  à  Gênes.  H  fut  ensuite  attaché  à  l'expécii- 
tion  d'Egypte  et,  outre  son  importante  collaboration  au 
remarquable  ouvrage  cpii  fut  le  plus  clair  résultat  de  cette 
expédition,  il  en  publia  un  compte  rendu  sous  ce  titre  : 
Une  Relation  de  Vexpédition  d'Egypte  (Paris,  1799, 
in-8,  fig.).  Norry,  ((ui  avait  exposé  au  Salon  del799,  fut, 
de  1812  à  1829,  inspecteur  général  (ki  Conseil  des  bâti- 
ments civils,  memltre  du  Comité  consultatif  des  bâtiments 
de  la  Couronne  et  inspecteur  général  de  la  grande  voirie 
de  Paris.  Cet  architecte,  qui  se  piquait  de  littérature, 
était  un  des  membres  assidus  du  Portique  républicain, 
club  composé  de  «  sans-culottes  Uttéraires  »,  comme  ses 
membres  se  quaUfieaient  eux-mêmes,  et  dont  les  produc- 
tions poétiques,  surtout  dirigées  contre  le  Lycce  Thélus- 
son,  autre  club,  mais  à -tendances  réactionnaires,  qui 
avait  son  si'-ge  dans  l'hôtel  de  ce  nouT,  ont  fourni  un 
important  contingent  aux  Satiriques  du  xvni^  siècle. 

Charles  Lucas. 
NO  RI.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  la  Loire-Inférieure, 
arr.  de  Chàteaubriant,  sur  la  rive  droite  de  l'Erdre; 
5.346  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  d'Orléans.  Eabriques  de 
noir  animal;  corderies,  minoteries.  La  commune  se  divise 
en  trois  quartiers  distincts  :  le  bourg  de  Nort,  Saint- 
Georges  et  Port-Malou. 

NORT-L^']ULiNGHEM.   Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais, 
arr.  de  Saiiit-Omer,  cant.  d'Ardres  ;  205  hab. 

NORT  H  (Frederick),  comte  de  Guiiford,  homme  poli- 
tique anglais,  né  à  Londres  le  13   avr.  1732,  mort  à 
Londres  le  5  août  1792.  Fils  de  Francis  North,  premier 
comte  de  (i  ail  font   (170i-90),   qui  fut  gouverneur  des 
])rinces  George  et  Edward,  et  de   lady  Lucy  Montagu, 
i^Yederick,  au  sortir  de  l'université,  fut  élu  membre  de  la 
Chambre  des  communes  par  Banbury  ('175{)  et,  grâce  à 
sa  parenté  avec  le  duc  de  Newcastle,  fut  nommé  lord  de 
la  Trésorerie  (1759).  Chatham  lui  procura  un  siège  au 
Conseil  pri^é  en  1766  et  voulut  même  le  nommer  en  1767 
chancelier  do  l'Echiquier  et  leader  des  Communes.  North 
refusa  d'aliord  (mars),  puis  accepta  à  la  fin  de  l'année. 
Il  réussit  à  expulser  Wilkes  de  la  Chambre  des  communes, 
et,  en  177  ),  il  décida  le  gouvernement   à  reprendre  le 
projet  de  taxe  de  Townsend  sur  le  thé  américain,  ce  qui 
rendit  la  guerre  inévitable.  North  devint  alors  premier 
lord  de  la  Trésorerie,  il  lutta  courageusement  contre  une 
opposition  formidable  dirigée  par  des  hommes  comme  Cha- 
tham, Grenville  et  Rockingham.  Il  fut  d'ailleurs  gran- 
dement aidé  par  George  lîl,  qui  tenait  à  avoir  la  haute 
main  sur  toutes  les  affaires  de  politi([ue  extérieure  et  in- 
térieure et  qui  lui  donna  des  conseils  fort  habiles  sur  la 
manière  de  conduire  les  débats  du  Parlement.  North  était 
dédaigneux  de  la  popuîarité  ;  il  le  montrait  trop,  et,  lors 
des  troubles  do  177-1,  sa  voiture  fut  mise  en  pièces  et  il 
ne  put  échapper  qu'à  grand'peine  aux  fureurs  de  la  po- 
pulace. L'émeute  de  Boston  (1773),  au  cours  de  laquelle 
la  cargaison  de  plusieurs  navires  chargés  de  thé  fut  jetée 
à  la  mer,  fut  suivie  de  mesures  rigoureuses  :  bill  fermant 
le  port  de  Boston  à  tout  conmierce,  retrait  des  libertés 
du  Massachusetts  ^1774).  Des  troupes  furent  envoyées  en 
iVmérique  pour  appuyer  ces  mesures  de  répression.  C'était 
le  début  de  la  guerre  de  l'indépendance  américaine.  North 
voulut  en  vain  essayer  de  la  conciliation,  il  se  heurta  à 
l'obstination  du  roi.  Après  la  défaite  de  Saragota  (1777), 
après  la  conclusion  d'une  alliance  entre  la  France  et  les 
Etats-Unis  (1778),  il  tenta  de  parer  le  coup  en  promet- 
tant de  renoncer  à  l'avenir  au  droit  de  taxer  directement 
les  colonies,  mais  il  était  trop  tard,  et  le  roi,  d'ailleurs, 
persistait  dans  son  aveuglement.  En  1781,  lord  Cornwal- 
lis  était  acculé  à  la  capitulation  humiUante  de  Yorkstown. 
North,  désespéré,  se  mit,  lorsqu'on  lui  annonça  cette  nou- 


NORTH  —  NORTHCOTE  —  o4 


vclle,  à  arpenter  la  chambre  en  gesticulant  et  en  répétant  : 
«  Tout  est  perdu  »,  et  il  donna  sa  démission.  George  ÏU. 
iuricux,  n'eut  ])as  un  remerciement  pour  un  minisire  (pii 
l'avait  servi  si  tidèlementet.  la  plupart  du  temps,  contrai- 
rement à  ses  propres  convictions.  Il  lui  dit  durement  : 
«  Rappelez-vous  bien,  milord,  ({ue  c'est  vous  qui  m'a- 
bandonnez, non  moi  qui  vous  abandonne  »  (178^2).  La 
chute  de  lord  North  rappela  les  whigs  au  pouvoir.  11  con- 
serva à  la  Chambre  des  communes  environ  170  partisans, 
ce  qui  lui  permit,  en  4783,  en  s'alliant  avec  Fox,  de 
renverser  le  ministère  Sheb urne.  Le  roi  l'accabla  d'injures, 
mais  fut  obligé  de  le  nommer  secrétaire  d'Etat  à  l'inté- 
rieur dans  le  cabinet  Portland.  Ce  nouveau  cabinet  était 
extrêmement  impopulaire,  d'autant  plus  qu'il  entreprit 
d'arracher  l'tnde  à  la  Compagnie  commerciale.  Le  bill  fut 
rejeté  par  les  lords,  sur  lesquels  le  roi  fit  une  scandaleuse 
pression,  et  il  profita  de  ce  rejet  pour  renvoyer  des  mi- 
nistres qui  lui  étaient  odieux  (48  déc.  4783).  North  con- 
tinua de  prendre  une  part  active  aux  débats  parlemen- 
taires, bien  qu'il  fût  devenu  complètement  aveugle  au 
commencement  de  4787.  11  fit  à  Pitt  une  opposition  per- 
sistante. —  On  a  de  beaux  portraits  de  lord  North,  entre 
autres  celui  de  Nathaniel  Dance  (à  Wroxton  Abbey),  un 
autre  du  même  artiste  (à  la  bibliothèque  Bodléienne 
d'Oxford),  ceux  de  Reynolds,  de  Ramsay,  de  Rovvney. 
W.-B.  Donne  a  pu])lié  sa  Correspondance  avec  George  111 
(Londres,  4867,  2  vol.).  R.  S. 

BiBL.  :  Walpole,  Memoirs  of  tho  Rclgn  of  GconjQ  III  ; 
Londres,  1815  —  Du  même.  Joarnal  of  t/ie  Heign  of 
George  III  ;  Londres,  1859.  —  Brougham,  Historical  sket- 
ches  of  the  Stutesmen  of  George  III  ;  Londres,  1839,  I  — 
A  view  ofthe  historg  ofGreut  BriUmi  during  ihe  adminis- 
tration oflord  North  ;  Londres,  1782,  2  vol. 

NORTH  (John-Thomas),  capitaliste  anglais,  né  près 
de  Leeds  le  30  janv.  4842,  mort  le  5  mai  4896.  Après 
avoir  été  mécanicien  à  Leeds,  il  s'établit  au  Pérou.  Il 
s'enrichit  par  diverses  entreprises  (distillation  de  l'eau  de 
mer  dans  des  régions  sans  eau  potable  du  Chili,  guano,  etc.) . 
11  fut  un  des  premiers  à  reconnaître  la  valeur  commerciale 
des  champs  de  nitrate  de  Tarapaca,  et  devint  «  le  roi  du 
nitrate  de  soude  ».  Son  immense  fortune  fut  grandement 
augmentée  par  des  spéculations  pendant  la  guerre  entre 
le  Chili  et  le  Pérou.  Le  «  colonel  »  North,  de  retour  en 
Angleterre,  se  fit  un  nom  par  son  faste,  son  écurie  de 
courses  et  ses  chenils.  Ln  4895,  peu  s'en  fallut  qu'il  n'en- 
levât le  siège  parlementaire  de  West  Leeds  à  M.  Herbert 
Gladstone  :  il  s'était  présenté,  naturellement,  comme  con- 
servateur. 

NORTH-ADAMS.  Ville  des  Etats-Unis  (Massachusetts), 
sur  le  Hoosac;  46.074  hab.  (en  4894).  Grandes  fabri- 
ques de  cotonnades  imprimées,  de  guingans,  de  cache- 
mires; cordonnerie. 

NORTHALLERTON.  Ville  d'Angleterre,  comté  d'York, 
ch.-l.  du  North  Riding;  3.802  hab.  (en  4894).  Au  N.  fut 
livrée  le  22  août  4138  la  bataille  de  l'Etendard,  dans  la- 
quelle les  Anglais  défirent  David  l^^  d'Ecosse. 

NORTHAMPTON.  Ville.— Ville  d'Angleterre,  ch.-l.  du 
comté  de  ce  nom,  sur  le  Nen;  64.042  hab.  (en  4894). 
C'est  une  vieille  ville  aux  maisons  de  pierres  rouges  ;  parmi 
ses  nombreuses  églises,  on  remarque  celles  du  Saint-Sé- 
pulcre (ronde,  de  LÎ27)  et  de  Saint-Pierre  (en  style  nor- 
mand). Evèché  catholique.  Ecole  de  médecine.  La  cordon- 
nerie y  occupe  43.000  ouvriers.  Foires  de  chevaux  et 
bœufs.  Au  N.-O.  est  AUhorp  Park,  résidence  des  Spen- 
cer (belle  galerie  de  tableaux) . 

Comté.  —  Le  comté  de  Northampton,  dont  la  ville  est 
détachée  administrativement  depuis  1888,  a  2.598  kil.  q. 
et  302.483  hab.  (en  4894);  203.247  hab.  sans  le  comté 
urbain.  C'est  un  pays  accidenté,  au  centre  de  l'Angleterre 
(V.  Grânde-Rretagne),  entre  les  comtés  de  Leicester 
au  N.,  Warwick  à  l'O.,  Buckingham  au  S.,  Bedford  au 
S.-E.,  Huntingdon  à  l'E.  11  est  arrosé  par  le  Welland  et 
le  Nen,  dont  la  vallée  devient  marécageuse  au  N.-E.  du 
comté.  De  la  surface  totale,  53  %  sont  en  prairies,  36  ^o 


en  champs.  On  y  recensait,  en  1890,  21.700  chevaux, 
130.000  bœufs,  429.000  moutons,  37.500  porcs.  On  en- 
graisse du  bétail  importé  des  comtés  voisins.  On  exploite 
les  mines  de  fer  (1.131.000  tonnes  do  minerai  en  1894), 
et  on  fabrique  de  la  fonte  (233.000  tonnes);  la  cordonnerie 
occuoe  36.000  ouvilers. 

NORTHAMPTON.  Ville  des  Etats-Unis  (Massachusetts), 
sur  le  Connecticut;  15.000  hab.  (en  1891).  Célèbres 
écoles,  parmi  lesquelles  le  Smith  Collège  pour  les  jeunes 
tilles  (500  élèves).  Im  face  est  Hadiey  avec  son  école  nor- 
male féminine  de  Mount  llolyoke  (300  élèves). 

NORTHAMPTON  (Spencer  Compfon)  (V.  Compton). 

NORTH-ATTLEBOROUG.  Ville  des  Etats-Unis  (Massa- 
chusetts); 6.727  hab.  (en  1891).  Orfèvrerie. 

NORTHBROOK  (Sir  Francis  Thornhill  Baring,  lord), 
homme  poHtiquo  anglais,  né  à  Calcutta  le  20  avr.  1796, 
mort  à  Londres  le  6  se})t.  1866.  Membre  de  la  grande 
famille  financière  des  Ikiring  (V.  ce  nom),  il  fit  de  bril- 
lantes études  à  l'Université  d'Oxford.  En  1827,  il  fut  élu 
membre  de  la  Cbamijre  des  communes  par  Portsmouth 
qu'il  représenta  sans  interruption  pendant  quarante  ans, 
votant  avec  le  parti  fibéral.  Lord  de  la  Trésorerie  de  1830 
à  1834,  chancelier  de  l'Echiquier  de  1839  à  1841,  il 
occupa  les  fonctions  de  premier  lord  de  l'Amirauté  de 
1849  à  1852.  Il  avait  été  créé  baron  Northbrook  le 
4  janv.  1866.  R.  S. 

NORTHBROOK  (Thomas-George  Baring,  comte), 
homme  politique  anglais,  né  le  22  janv.  1826,  fils  du 
précédent.  Il  entra  à  la  Chambre  des  communes  au  sortir 
de  l'université,  comme  représentant  de  Penryn  et  Fal- 
mouth  (1857),  circonscriptions  qu'il  représenta  jusqu'à 
son  entrée  à  la  Chambre  des  lords  (1866).  Comme  son 
père,  il  soutint  les  principes  libéraux.  11  occupa  succes- 
sivement les  hauts  emplois  de  lord  de  l'Amirauté  (1857- 
58),  de  sous-secrétaire  d'Etat  pour  l'tndo  (4859-64),  do 
sous-secrétaire  d'Etat- à  la  guerre  (4868).  Gladstone  le 
nomma  vice-roi  de  l'Inde  après  l'assassinat  de  lord  Mayo 
(4872).  Northbrook  démissionna  en  4876,  et  devint  en 
4880  premier  lord  de  l'Amirauté.  Il  accomplit  en  4884 
en  Egypte,  avec  le  titre  de  lord  haut  commissaire,  une 
mission  financière  qui  aboutit  à  l'emprunt  de  9.000.000  SZ. 
Lord  xXorthbrook  se  sépara  de  Gladstojio,  en  4886,  sur 
la  question  du  Home  Unie.  R.  S. 

NORTHCOTE  (Stafford  Henry),  comte  d'Iddesleigh, 
homme  d'Etat  anglais,  né  à  Londres  le  27  oct.  4848, 
mort  à  Londres  le  44  janv.  4887.  D'une  santé  délicate, 
il  fit  cependant  de  bonnes  études  à  Eton  et  à  Oxford.  Ins- 
crit au  barreau  de  Londres  en  4840,  il  devint  en  4842 
secrétaire  particuKer  de  Gladstone.  H  eut  de  bonne  heure 
l'idée  de  se  jeter  dans  la  politique,  mais  il  dut  passer  au- 
paravant par  diverses  situations  administratives.  C'est 
ainsi  qu'il  s'occupa  de  l'organisation  de  l'Exposition  uni- 
verselle de  4850  et  qu'il  lit  partie  de  la  commission  de 
réforme  du  ministère  du  commerce.  Elu  membre  de  la 
Chambre  des  communes  par  Dudley,  en  4855,  il  prit  part 
à  tous  les  débats  importants,  combattant  les  libéraux. 
H  fut  batlu  à  Dudley  en  1857,  se  présenta  sans  succès 
pour  le  North  Devoji  et  fut  élu  enfin  par  Stamford  en 
4858.  Il  devint  un  des  meilleurs  orateurs  de  l'opposition 
et  se  lia  avec  Disraeli.  Réélu  par  Stamford  en  4865,  il 
fut  nommé  président  du  bureau  du  commerce  dans  le  ca- 
binet Derby  (4866)  et  peu  après  secrétaire  d'Etat  pour 
l'Inde.  Il  recommanda  dans  l'administration  de  ce  pays 
une  large  décentralisation  financière,  la  création  d'un 
gouvernement  séparé  pour  le  Bengale,  et  l'admission  des 
indigènes  aux  emplois.  Député  du  North  Devon  de  4866 
à  4880,  il  devint  directeur  de  la  compagnie  de  l'Hudson 
en  4869,  s'occupa  passionnément  de  ses  affaires,  et  fit 
un  voyage  en  Amérique  à  cette  occasion.  Il  fut  membre 
de  la  commission  chargée  de  régler  avec  les  Etats-Unis 
les  questions  délicates  de  VAlahama,  des  pêcheries  cana- 
diennes, etc.  (4874),  commission  dont  les  travaux  abou- 
tirent au  traité  de  Washington  (8  mai  4874).  En  4874, 


Northcote  devenait  cluincelior  do  rEchitîiiier  dans  ]e  mi- 
nistère Disraeli.  11  fit  adopter  une  excelîeîile  loi  sur  les 
sociétés  de  secours  mutuels  (11  aoA(  1(S75)  et  présenta 
des  budgets  remarquables  qu'il  défendit  avec  succès  contre 
les  attaques  de  Gladstone,  li  essaya  par  une  série  de  me- 
sui'es  raisonnées  de  réduire  la  dette  pub'ique  ■  sa  décla- 
ration concernant  Fincome-lax,  dont  il  dit  avec  franchise 
(jue  c'était  un  impôt  qui  depuis  longtemps  avait  cessé 
d'être  temporaire,  souleva  d'ardentes  polémiques.  Il  suc- 
céda à  Disi'aéli  en  1876  comme  leader  de  la  Chami)re  d{'6 
communes,  et  c'est  ainsi  (;u'il  eut  l'occasion  de  prononcer 
sur  les  aflaires  de  Bulgarie  et  la  question  d'Orient  des 
discours  qui  tirent  sensation  et  de  défendre  contre  l'op- 
position les  expéditions  do  FAfghanislan  et  du  Zoulou- 
land.  Il  eut  à  lutter  dans  l'assemblée  contre  la  fameuse 
tactique  de  Parnell  et  Biggar  (jui  éternisait  les  discussions, 
et,  lorsqu'il  déposa  des  mêlions  de  nature  à  y  mettre  un 
terme,  il  eut  à  subir  la  mémorable  séaîice  des  30  et  ol  juil. 
1877  qui  dura  trente-six  heures  sans  hiterruptioji.  Ces 
travaux  l'épuisaient.  En  1(S80,  les  libéraux  revinrent  au 
pouvoir.  Northcote.  avec  lord  Salisbury,  prit  la  direction 
de  l'opposition.  îl  infligea  maintes  défaites  au  ministère 
qui  tomba  le  8  juin  1883.  Northcote  prit  le  portefeuille 
de  premier  lord  de  la  Trésorerie  et  fut  créé  comte  d'Id- 
desieigh.  f  e  ministère  dura  peu  et  Gladstone  redevenait 
premier  minisire  le  8  mars  1886,  pour  tomber,  il  est 
vrai,  le  27  juil.  Northcote  fut  nonnné  ministre  des  affaires 
étrangères.  Il  eut  à  s'occuper  des  inextricables  affaires  des 
Balkans  et  arrangea  les  différends  survenus  entre  les  Etats- 
Unis  et  le  Canada  au  sujet  des  pêcheries  des  eaux  cana- 
diennes. Il  se  retira,  à  la  suite  de  la  démission  de  lord 
Randolph  Churchill,  afin  de  faciliter  une  com])inaison  avec 
les  libéraux  unionistes.  Le  11  janv.,  il  rendait  visite  à 
lord  Salisbury  lorscpi'il  fut  pris  d'une  syncope  dans  l'aji- 
tichambre  du  premier  ministre  et  mourut  quelques  heures 
après.  Gladslone  a  fait  son  plus  bel  éloge  en  disant  que 
c'était  un  homme  qui  avait  pour  pi-incipe  absolu  «  de  .se 
mettre  complètement  hors  de  cause  lors(|u'il  avait  en  vue 
lai'éalisation  de  gramls  projets  d'intérêt  })ublic  ».  Northcote 
a  laissé  wn  certain  nombre  d'ouvrages  intéressants,  entre 
autres:  A  sJioii  review  of  Ihe  Javigalion  laivs  {ISid); 
A  statement  connecled  ivith  the  élection  of  Glad- 
slone, etc.  (Londres,  1853);  On  previoiis  Imprison- 
ment  of  Children  (1856)  ;  et  surtout  son  traité  de 
finances,  intitulé  Twenty  years  of  ftnancial  policy 
(Londres).  U.  S. 

BijiL  :  WoRT.^y,  Lifo  oftfieeiirl  of  Iddesleigli;  Londres 
—  Ai>di\!\v  I.A^G,  I/ifc,  Ictlers  und  diurlcs  of  Stafford 
NorUicote,  firsL  ctirl  of'lddesJel'jh  :  Londres.  1H*)0.  2  voî. 

NORTHEliVi  (Norlen).  Ville  d'Allemagne,  roy.  de 
Prusse,  district  de  Hildesheim  (Hanovre),  sur  la  JUiume  ; 
7.d88  hab.  (en  1893).  Minoterie,  sucre,  tabac.  Citée  dès 
875,  on  y  fonda  en  1063  le  couvent  de  Saint-Blasie  (sécu- 
larisé à  la  Réforme).  En  1208,  elle  reçut  une  charte  ur- 
baine ;  elle  fit  partie  de  la  Hanse,  accepta  la  Réforme 
(1539),  fut  prise  par  les  impériaux  le  18  juin  1627. 

BiBL.  :  GnoTEN,  Gesch    dur  Stadt  Norlheiiii  ;  Einbeck. 

NORTHESK  (Comte  de)  (V.  Carnegie  [William]). 

NORTHFLEET.  Ville  d'Angleterre,  comté  de  Kent,  au  S. 
de  la  Tamise,  àl'O.  de  Gravesend  ;  11.717  hab.  (en  1891). 

NORTH-FORK  (V.  Flatte  [Rivière]). 

NORTHiA(Malac.).  Genre  deMoHusquesProsobranches 
établi  par  Gray  en  1847  pour  une  coquille  lisse,  allon- 
gée, turri culée,  non  épidermée,  aspire  élevée  etacuminée  ; 
tours  convexes,  séparés  par  une  suture  profonde.  Ouver- 
ture ovale,  terminée  par  un  canal  faiblement  développé  ; 
columelle  dentée;  bord  externe  sillonné  intérieurement  et 
denticulé.  Ex,  N.  serrata  Dufresne.  Les  espèces  de  genreha- 
bitent  les  cotes  de  l'isthme  de  Panama  et  des  Philippines. 

NORTHINGTON  (Robert  Henley,  comte  de),  homme 
d'Etat  anglais,  né  vers  1708,  mort  en  1772.  Membre  du 
parlement  pour  Bath  (1747-57),  attorney  général  (1756), 
il  devint  garde  du  grand  sceîïti  en  1737  et  lord  chancelier 


-  3*)  -  NORTHCOTE  -  NORTHUMBERLAND 

,   en  1761.  Il  garda  ces  fonctions  jusqu'en  1767.  R  a  laissé 

I    Repolis  of  Cases  argued  and  deterniined  in  the  High 
]    Court  ofChancei'ij  (Londres,  1827,  2  vol.  in-8,2^éd.). 
I       Son   ftls  Jlobert  (17i7-86)  fut  lord  lieutenant  d'Ir- 
lande en  1783-84.  R.  S. 

Bn3L  :  Lord  IIi.;\Lj-r/.  Mcniotr  of  lord  chpucellor  Nor- 
Ihingtoii  ;  Londres,  18'U. 

NORTHUMBERLAND  (Détroit  de).  Bras  de  mer  des 
côtes  canadiennes  qui  sépare  l'ile  du  Prince-Edouard  de 
!a  Nouvelle- lu^osse  et  du  Nouveau-Brunswick. 

NORTH  U  iYI  8ERLAN  D  {Northuinbrie).  Géographii- .  — 
Comté  du  N.  de  l'Angleterre,  5.219  kil.  (f.,  506.030  hab. 
(en  1891)  ;  comme  district  administratif,  319.730  hab. 
Riverain  delà  mer  du  Nord,  il  est  borné  au  N.  par  l'Ecosse, 
à  ro.  par  le  Gundierland,  au  S.  par  le  Durham.  C'est  un 
pays  de  collines  dénudées  et  de  maigres  pâtis  parsemés  de 
tourbières;  toutefois,  au  N.,  les  pentes  des  monts  Cheviots 
sont  revêlus  de  beaux  pâturages,  et  les  vallées  inférieures 
sont  très  fertiles.  La  Tweed  l'arrose  auN.,  la  Tyne  au  S. 
(V.  GRANDE-BRETAr.:\v).  Le  clhnat  est  froid  et  nébuleux. 
Les  champs  occupent  20  ^o,  les  pâturages  35  1/2  %,  les 
bois  3  1/2  7o  de  la  superlicie.  On  v  comptait,  en  1890, 
17.500  chevaux,  105.000  bœufs, '1.003.000  moutons, 
14.000  porcs.  Le  sol  fournit  do  la  houille  (9.541.000  t. 
en  1894),  du  plomb  ai-gentifère  (J.042  t.),  de  l'argile  à 
potier  (145.000  t.).  L'industrie  est  développée  autour  de 
la  grande  ville  de  Nev.castle  :  construction  de  machines, 
de  navires  en  fer,  production  de  fonte,  fer  et  acier,  ver- 
rerie. Le  ch.-l.  est  Newcastle-upon-Tyne. 

lIisioiRE.  —  Les  principales  villes  sont,  après Newcastle, 
Tynemouth  et  les  ancieiines  places  forîes  de  Berwick,  Alm- 
vick,  Morpeth,  îlexham. 

Le  Northumberland  est  couvert  de  vestiges  du  passé  : 
cairns,  menhirs,  croinlechs,  rocs  sculptés,  l'ancien  mur 
d'Adrien,  la  grande  voie  romaine  de  Londres  à  la  fron- 
tière, (pie  les  paysans  appellent  Jfafling  street;  restes  de 
camps  et  mines  du  tenips  rcnnain.  ruines  du  prieuré  de 
Lindisfarne  (1093),  du  cbaleau  de  Norham  (1121).  de 
l'abbaye  d'Hexham  et  des  innombrables  forteresses  dont 
ce  pays  frontière  se  hérissa  au  moyen  âge.  En  1160.  il 
renfermait  encore  37  châteaux,  78  tours,  quantité  de  mai- 
sons fortihées  des  yeomen  (nobles). 

Le  Northumberland  représente  (ui  débris  du  royaume 
de  Nortliiunbric(Y.  ci-dessous),  dont  il  renferme  une  ca- 
pitale, Bambnrgh. 

Quand  ce  dernier  eut  été  soumis  à  celui  de  Wessex,  dont 
son  roi  Eadred  se  reconnut  tributaire  (827),  il  ne  tarda 
pas  à  succomber  aux  attaques  des  Pietés  et  des  Danois. 
Les  premiers  reconquirent  le  Lothian  au  milieu  duix°  siècle. 
Les  seconds;  qui  avaient  dès  793  pillé  Lindisfarne  et  en 
794  Yarrow,  s'établirent  à  demeure  au  N.  de  la  Tyne  en 
875.  Ce  ne  fut  qu'en  924  que  le  roi  de  Wessex,  Edouard, 
rétablit  sa  suprématie  sur  le  Northumberland. 

En  937,  la  grande  \ictoire  de  son  fils  Athelstan  sur 
Olaf  Cuaran,  fils  du  roi  danois  Sitric.  et  ses  auxiliaires  les 
Scols,  les  Danois  d'Irlande  et  les  Bretons  de  Cumbrie, 
rendit  à  l'Angleterre  le  pays  jusqu'au  Solway  et  à  la  Tweed. 
Le  rs'orthumberland  fut  d'ailleurs  bientôt  après  offert  à  Eric 
Bloodaxe,  fils  d'Harold  Harlager,  qui  ne  put  s'y  mainte- 
nir. Ce  ne  fut  qu'en  954,  que  le  roi  de  Wessex,  Eadred, 
put  le  reprendre  effectivement  et  y  nommer  un  comte  de 
son  choix,  Oswulf.  Son  successeur,  le  roi  Edgar,  le  partagea 
en  deux  comtés,  celui  du  S.  répondant  au  comté  d'York, 
celui  du  N.  au  Northumberland  et  Durham  que  con- 
serva Oswulf.  La  Cumbrie  avait  été  cédée  en  945  à  Mal- 
colm  P^'  d'Ixosse.  Le  Lothian  le  fut  délinitivement  à  son 
fils  Kenneth  vers  970,  et  conquis  par  Malcolm  II  après  sa 
victoire  de  Carham  (1018),  au  moment  où  Knut  s'empa- 
rait de  l'Angleterre.  Le  comte  Waltheof  (975)  avait  réuni 
les  deux  parties  delaNorthumbrie  ;  son  fils,  le  comte  Uhtred 
(1000),  vainqueur  des  Ecossais  à  Durham,  se  soumit  à 
Knut,  dont  le  beau-frère  Eric  reçut  à  sa  mort  le  comté 
méridional,  tandis  qu'EadulfCudel, frère  d'Ehtred,  gardait 


NORTHUMBERLAND  —  NORTON  —  56 

le  Nortlminborlaïul  ou  Rernicic.  fios  (ils  Airent  h'-' s  i\r;  le 
Danois  Si^ard,  i^ciidro  d'halrod.  (;ul  winni  i(;:iic  Ij  ^-r'- 
lîiiimbi'ie  (iOlii.  ('o  puissant  personnage  est  diineuré  !;'-- 
f^'endaire,  et  on  lui  prête  une  intervention  daiiS  la  cir.ite  (1(* 
Macbeth.  Asanio^t  (lOr^^),  iMouard  le  ''a')n!'''r-s.'-ur  noiinn;^ 
Tostig,  (ils  de  Godv.  in,  (  ointe  du  ?^'o!  tiinir.beriu.ivl,  [.K-nal 
s'ajoutèrent  les  comtés  de  ?u)r;!u]uipion  eLdellunliûgdirn.  V 
fut  chassé  par  les  gens  du  pays,  bc  réni^va  j-rès  de  .son 
beau-frère  Baudouin  de  Fiandic.  env^aîr'r  r.\ngieieiTe  avec 
Ilarold  Ilar(h^ai!a.  en  même  îe.-nps  (iue  Guillaume  le  Con- 
quérant, et  fut  vaiFîCii  el  tué  à  Siaii^fbrdlHddge  ('25  scjs. 
iOiio)  [)ar  son  frère  le  roi  Ikmohi.  I.e  comté  d'Ycu'k  fu. 
presque  de  suite  incorporé  au  royauuie  de  Gu'Jiauùie.  f-kds 
les  pays  du  Nord,  gouvernés  par  Morkere  f:!s  d'/Elfgar  êe 
Mercie  et  par  le  Ihane  (^opsige,  demeurèrent  ind/pendar^s 
en  fait,  puis(ju"iis  ne  sont  pas  compris  da.is  le  Doinc^i'i.y 
Book.  Après  une  série  de  luttes  où  péF'ireîrl  les  comles 
Robert  de  Comines  (iOoD).  WaiihciM'  (■':JT()),  X^'aK 'icr 
(1080),  le  dernier  comte  seini-îndéponda:^t  Ait  l-oheri  (\o 
Montbray  (Movvbray)  (i08o~n.j).  après  la  ré\(j[te  (hi'juri 
Guillaume  le  Roux  unit  le  ^(ortiunnberhuid  à  la  Couronne. 
Henri  ÎI  conféra  le  comté  à  Henri,  fils  de  L-arid  i^-'  d'vcosho 
et  déjà  comte  d'Huntingdon.  Il  (lemem'a  dispnlé  jusqu'à 
l'issue  des  guerres  entre  les  Planta>7enets  et  fL'cossL'  (sui 
deeneura  indépendante,  mais  dont  la  ûx):il"èie  fut  arrêtée 
à  la  IVeed.  Richard  fi,  en  1377,  (hnsnc  :c  v"i,:';lé  à  Henri 
Percy,  danslafainilieduMuei  il  estdeme.i'é.  sanfune  courte 
occupation  par  les  Dudley.  Le  titre  de  comte,  ])uis  de  duc 
do  Northuuiberiaud.  appartient  doiic-  derjuis  \'S~1  é  lu 
famille  iVrr?/,  sauf  un  niomenl  où  il  fut  ixau-ijié  aux 
Dudley  (Y.  ces  noms).  X.~â.  B. 

BiiJL.  :   Kat,.«.   îhslorij  of  XorUtu,.ih.>rUn(t  ;    Lwiuir(ir., 
LS95 

NORTHUrvIBERLANQ  (Robert  cm  51ov--.,':av,  comte  de), 
mort  vers  -ii'io.  Fils  de  Roger  de  l^iouibrai,  origiju'lr.^  du 
Cotenlin  et  compagnon  de  Guillaume  le  (^onquérajit,  il  se 
distingua  dès  sa  jcuiiesse  par  sa  turbulence  et|>rii  le  ]'.arti 
de  Robert  dans  sa  ré'oellion.  contre  son  père  (1078).  Créé 
comte  de  Northumbcrhmd  vers  lOB'l,  il  soutint  c.icore  Ro- 
bert contic  Guillaume  le  Roux  (1088),  'irùla  Bjùh,  rava- 
gea le  Wiltshire,  assiégea  iJchester.  Puis  il  lutta  contre 
son  voisin,  Tévèque  de  Durham,  Guillaume  de  Saint-Calais, 
dont  il  voulait  prendre  les  terres,  repoussa  une  invasion  de 
Blalcolm  (iOdi),  fut  blessé  en  i(j\)3  pi  es  dkilnvdck,  en 
résistant  à  ujio  nouvelle  in'.asion  du  roi  d'î'cosse,  (ufil  en- 
ferma peu  après  et  brûla  dans  réglise  du  prieuré  de  Tync- 
moutlr.  îl  prit  une  part  prépondérante  à  la  conspiration 
qui  avait  pour  but  d'enlever  la  couronjie  aux  :d,s  du  C.on- 
quérant  pour  la  placer  sur  la  tète  dk^ieriiso  d'Aumf'b 
(40;;">).  Guiilauiiie  le  Roux  marcha  coîîh'e  lui.  s'ciirpaî-;. 
de  Newcastle-oci-lyne,  assiégea  et  prit  Tyi;e;]]ouih  el  viiil 
oiirir  la  bataille  à  Northundierlami  dcVcUii  Bamborouijh. 
Northum])erland  se  contenta  de  ^'ciiTcrmer  dans  cette  for- 
teresse imprenable.  Peu  après,  il  tominsit  dans  uiie  em- 
bûche; il  réussit  à  s'enfuir  et  à  gagiier  Tynemontii  où  il 
se  réfugia  dans  l'éghsc.  11  y  soutint  an  siège  do  si\  j-"urs 
et  fut  pris.  11  fut  emprisoinié  à  Wiudsor.  On  ne  ScJ'  (';■ 
qu'il  devint  par  la  suite.  Quelques  liisioi-ions  aiilrnunU 
(lu'il  demeura  prisonnier  jusqu'i  sa  mort;  d'autres,  qu'i! 
finit  ses  jours  comme  moine  au  monastère  de  Saint -.\lhans. 
n  avait  épousé  Mathilde  du  Laigle,  qui  défendit  hérorpie- 
ment  Baniborough  jusqu'à  la  prise  de  son  mari.  H.  S. 
Bi»L.  :  ORDr.RiC  Vital,  Hlstorhi.  caJcsiaslicii,  éd.  I.o 
Prévost  (Société  de  t'tïibtoire  de  ]<ù'auce;.  —  Siiijéoii  do 
Duriia^nI,  Gestd  Re<jurn.  éd.  ïlinde.  —  Les  '.'hroniqucs  d(i 
Guillaume  de  AlALMiîSBUiiY,   de   Mathieu   Pari-î,   a'iîeni'y 

d'IIUXTÏXGDON. 

NORTHUMBERLAND  (comtes  de)  (V.  IvlouKÙai:,  Nn™ 
VILLE,  Pergv,  Puusi'^y  [IPugh  dc]). 

NORTHUMBERLAND  (Ducs  de)  (V.  Dlu.ley  et  Percv). 

NORTHUiVlBRiE.  Ancien  royaume  anglo-saxon  (piiud 
constitué  par  le  chef  anglais  J-^thetnaih,  ^cî's'J-r^'K  ïl  com- 
prit d'abord  les  royaumes  de  Deii'ie  et  de  Bernicio  .^t,  en 
603,  à  la  suite  d'une  bataille  ou  furejit  écrasés  les  Bre- 


core  aux  d<  ixMx;  lu^ 
S'  u!huicbrù-::s  e^  ;' 
s'i^'céda  '!  Jililnd'cl! 
j'iva  à  !ùiii,),;(";^  i:. 


i    to;is  sep!en!:'iîOianx.  il  sù'dendit  depu.is  rfJiunb'U' jiisqd'au 

j    ]A>i(ii.  ;qo''s  ;;o7  iluiL./lede  Ches'cr),  il  ^'agrandit' c  i - 

i-ioiis   de  !a   Bretaf^n-'^  coiiîi  aie-,  des 

^h-i'ciens.  r-oi  s  le  roi  Làul\M!n>  (pii 

])]'.!  I   eu  (^'17.  la  Northi:!iii)i''e  ar- 

p  ;tu'  garorr  'a  'Voniière  (lu  Nord.  Man  et  Aiiglesey  fiu'ent 
aoîiCoNS.  La  'aîJhumlsri:'  jusfpralors  païenne  fu!  con- 
verti'^ par  j ;■:'';!:  h\  éhis  ajurs  la  mortd'l'^adwiiie  (()3o). 
le  royaiupo  au  (iv'c'drf'  par  des  li^ties  iotesticiCs.  Le  roi 
CsNvjtu  {i)3{-vl)  ;oa;:];[  une  bille  terrible  cojiiro  les 
oa'Ci.s  coo(!'ùss  par  raîula  d*^  .Mercie.  Cswi  {iji:''-1''} 
b'Và:^'!  (îénoilivcincat  ':■'  paganisme  (lans  une  gcaiide  ba- 
taille ])iei  de  -v^'ds  (7j5).  Son  ssiccessear  Kcgirilb  lutta 
conire  hi  .n,  ■(!,'.  ;'oa  ^-a  iv-^  Creicos  du  royauiue  de  (àiiu- 
bria,  tr. -,  ;.^,|  le  Tol;!;  cî  aiia  attaipuu'  les  Pietés  en  G85. 
Son  a:i'iér  Un  coiophùeineol,  é('rao>  e  et  il  péj'iL  Ses  suc- 
ce-sei-i's  Ru'entsoîi  ;Vère  bâtard  Aldfrid  (G85).  Osred  (7(o). 
Coenr'^d  (7i(3),  Osvi  ([IS),  Caoiwulf  (7^Ù),  Kadheid 
'7'râ-7")8).  C'en  éhiii  1';  i!  de  Ut  sopi'é'oalia  da  -a  ^à)r-- 
Ibainhî'ù^.  l'dle  ^  i'i'la  enua-e  dhm  éclat  iiîtéraire  sous  \c--, 
r^^gues  ("a  Ci^oi,,  'i'.  d'Sadhert,  îjUi  !'^!'>  .  (Mx  i-iitLèroid 
au  couvejit.  «d  <•  oui  naissance  au  celuîiv  f]a  da.  Pins  elb 
tomba  dans  une  ro;iip!ète  anai'chie.  Sas  i.os  iareid  su-'- 
(\'->iv(xnen(  rv'oviu'^rs  par  une  mnlessc  tîo'bidnde,  el'c 
ja/v  a  aaos  la  O'ionoation  de  la  )'.'i;i(^  au  teaips  d'Oifa. 
(x  'oadxi  ii'iab'iacid  au  \}}\-\u'i'  (•"Scgl^eriit,  roi  ('es 
SaxoiiSuccidentaiix.ipii  pril  'e  Ida- 'sic roi  des  Anglais  (S'.u). 
S^^s  derniei'h  rois,  ipd  ;>resa\ie  tors  ])érirent  de  mari  vio- 
bao^,  rorent  Os'auh'  (758).  î'dheL\\ald  (7()o).  Alcbrad 
(77^).  Ethe!i-ed  (771;)^  delvo'l  (788;.  Osred  (7;;2). 
Iitheired  (78'G),  ''YMah'e  d'Offar  [''adred,  (lUi  se  jxh'ouîiul 
vassal  du  roi  de  We^^cx  (827).  P^.  S. 

Idin.  .  Li  p;'.  llislor,;.  c  (J"  hiôllco  f/.  <slU  A/';';'o"qj/o  — 
:'!:roiii<jLic  nn(il()-8<ixo}iiic.  —  Spa^^wa  i  ujin;- m.  Hiblcnj 
o'i  ll\(3  ÀH(jlo-:<o  ^'Oi'rô.  —    (Pii'KX.  Fii-:,'()]'il  of   Lie  ciiiilibli 

NORTH-V/ALSHALï.  Ville  d' Vngleterre,  comté  de  Nor- 
n  Ik,  à  M  kil.  N.  de  Aurxich;  o^GlJ  hab.  (en  7891). 
f  gbse  gotliivpo.e  du  xiv^  siècle.  Instruments  agricoles,  d-u 
S.,-'),  .a'd  le  vJIage  de  Wof'r'lcd  '  (V.  ce  mot). 

iiOHTHWICH;  Ville  d'Angleterre,  comté  do  Chestcr  ; 
i-i.V>i-i  Ivdh.  (en  1871).  Grandes  saliiies.  'Un  '1884,  le 
sol  (buoe  l'artie  c:'  ta  'Vile,  mina  pai'  les  galeries,  s'e!'- 
fondra. 

■•rjRTllERQUE.  Goun  du  dép.  du  Pas-de-Galais,  ara. 
de  Saiîit-Oiuer.  cant.  (■'.'. udruicq  ;  i.077  hab. 

NORTON  (  Ulaire).  Célèbre  aifaire  de  faux  (jui  se  pro- 


:.-d   en  [''raace  ci! 


■Un  nîulàire  de  File  i\]auri('e. 


'Jl'ied  "^V'on,  dit  Uo)  lu]i  ('i850--dM-),  fabrliuia  des 
,,x.  .-o.  qu'il  prétendit  dén'.ées  à  l'ambassade  d'Angleteiae, 
destia.ées  >>  é[aMi::pur'rlusiau!'s  houijnes  politiques,  en  par- 
ù:  ;d7'r  yU:l.  (aémenceauet  Id^diefoit.  élaient  vendus  à PAn- 
gb'drre.  Cesi^aî-iers  fu'aaïl  vendus  pa:' lu"  aux boulangistes 
(ud  en  tirent  le  ihème  de  virulentes  attaiiues  développées  par 
li".  Hil'evoye  et  iaéroubnP.  Cette  accusation  absurde 
sVa'amdra  sous  b^iidi(aur>,  dds  que  Al.  }di!levoye  produisit  à 
la  tribune  de  la  Cixan'aa^  res  doauments  extravagants 
('éanae  du  2i:  xdn  1803). a  A  AérouPale  se  condamna  à  une 
retiaite  p(niti  aïo  de  quatre  anxAes.  Mais  l'accusation, 
rep'd'îe  ea.  teimes  plus  vagnx-spai'  1  '  Pdil -JoirintaJ.  détr;-- 
mina  bé^Vec  dr 'A  (7émencean  aux  éîeations  législatives. 

ivOllTûH  (Carij!ioe-i'b'ai)eth-Sarmi).  îemme  autCvir 
ajig'aise.  née  à  Londres  en  iSAS.  morte  le  io  juin -1877. 
Fille  de '!  h-'a-as  Shcridan  (V.  ((»a;nn).  {'Vm'  témoigna 
dès  sa  jeunesse  une  vive  iide!iigen;ax  Comina  :-es  deuv 
so'urs.  Héièioe  qui  épousa  lord  Daireiin.  cl  Georgette  ([lîi 
épousa  le  duc  de  Somerset,  elle  était  d'une  beauté  ex- 
traordinaire. Elle  éci'ivait  dès  trei/C  ans  des  essais  non 
sajis  vahir^a  Soi:  véaitad)le  délud  di-^'^s  les  lettres,  llie 
Sorroms  n''  Hi'yidic  (Aondres.  1S':2A).  uiie  irasche  et  giai- 
cieuse  idy'ie.  lui  vaUd  du  înaanier  coup  la  célébrité.  (Ca- 
roline Sh«n'i,lan  avait  é;);;usé.  en  PS':?//,  tui  homniie  de  lc<i, 
George  Norton,  frère   de  loi-d  GraniJey.  Ce  fut  m\  ma- 


o7  ~ 


NoirrON  —  NOSAIKTS 


riagc  {l'amour  qui  (légé;i«'ru  rapidement  en  une  haino  fn~ 
l'ioiise  Cl  (jUL  a!)()LitLt  à  mi  procèd  scandaleux,  o.i  an  in)- 
pliqué  ]i  iu  3]on)ourjio,  '»[  à  unebej>oi'a(iî)ii  (■i8r)Lj).  Cas'oliîie 
poiirsuivil  sa  carrière,  donna::!  d'^sporsiies  :  ïlie  [jK'ijnig 
one  (J83v/),  <[ui  met  en  œuvre  la  !é:^'"!u!.^  dii  -Inlt  crcaiit; 


The  'Jiv-D't 


oUu 


The  (jiihl  Oj 


rue  hhcii'U  iioij),  .sorte  c!e  poèmes  S()(':aiistes  (jiii  re- 
ilèiQHl  les  prèGcccîpations  du  iemps.  VT.ea  ([ne  séparé.  Nor- 
ton !;e  ce-saii  de  p-erséciUer  sa  le^nme,  cssayani  de  ]i;i 
soiiiirer  de  ['argent.  Lasse  Je  ces  persécutions.  (Caroline 
lui  inlei:ia  nn  procès  (1^38).  Les  diiiercinls  dos  époux 
iïiienl  étalés  dans  les  journanx.  (Lironne  pidiiia  pour  sa 
déiense  un  patîiéliifue  {}pnscn!e,  ITi'Jisii  uiws  foi'  wo- 
men  >;}  llie  !iiiie!ee:\lh  Cciihirij  (l/nnires.  '185:;).  Dix 
ans  après,  elle  écrivaif  son  clief-dèeîîVî'e,  iJie  L'uuj  of  La 
ihiraye  (Lc'ndres.  lo;r2).  Xortoa  étaiiî  mort  en  '1H7:L  sd 
veuve,  en  dépii  de  ses  soixaote-di  v  ans,  se  remaria  le 
\  "  maîo  'j8TT  au  haroimei  sir  U'idiam  Stiriing-MaX'vcl!. 
^h's  .Voi'ton.  nuire  ses  poènies.  a  é(  iâi  des  roînans  ioté- 
re.ssants  c-omme  :  Sîuarl  o;'  Tnd  leelli  (i8-j'i),  h)^!  un'l 
Sared  (i8(>3).  Old  sir  ')i)n';iiis  (-1867).  T^.  ". 

'■îORTOi''  (Sir  (^'nnde  ;  !]o>vyi.\i'  -''--ddorn\v).  ]]  ):vnne  po- 
lihijue  angLu^,  né  en  liyli.  En  1841.  il  était  éiii  moinbre 
de  !a  C[uimi)re  des  conrinunes  par  lo  coinié  (îe  StafforiL 
(|iLil  représenta  sans  interrnption  p-nulant  trente-seiit 
ans.  Conservateur,  il  occupa  dans  ie  ministère  de  lord 
Derby  ('1838-39)  ki  fonefioas  de  président  du  bnroan 
d'iiygièiio  et  de  vice-préside]il  du  coiised  de  l'enseigne- 
ment. Dans  le  ministère  Derby  do  i8fi6,  il  fat  sous-secré- 
taire d'Etat  des  cotanies  et.  en  4874,  il  fut  mis  à  la  tète 
du  inirean  di!  commerce.  Crée  baron  en  4878,  il  passa  à 
ta  Chambre  des  ^ords.  La  môme  mniée,  il  représenta  la 
reine  aux  fuQérailles  de  la  reine  Mercedes,  à^Lulrid.  Du- 
rant son  adniinistialion  des  colonies,  lord  Norton  s'occupa 
d'établir  ;'autojiomie  administrative  et  iî  ])u!}lia  de  nom- 
f)renx  traités  sur  renseignement,  sur  la  réforme  ])énalc 
et  sac  les  affaires  coloniales,  R.  S. 

NORTON'S  Vunn:,!!  (Viticuk.).  Cépage  a.::érii  aiii.  issu 
dii  L///-)  lidn'UôCa,  dn  !'.  eslioalis  et  (!u  l\  ciaerea.  11 
])oi  te  encore  les  Ui^rnsda  Oyn//i/an.cz,  lied  Hiver,  Sortoii, 
MorloiTs  Virijinid  see  iliivj,  ranplové  en  France,  au  début 
de  la  reconstiiutioii.  comme  producteur  (!irect  à  cause  du 
goût  franc  et  do  la  ibrilianto  coloration  de  son  vin,  il  est 
aujourd'liui  totalement  abaiidonné. 

NORVÈGE  ÇTorije)  ( /.  ScAxmxAvi^). 


Meu  \va  NonvÈGr: 


Nom  donné  dejm' 


geograT)no 


Mi>'ni  à  la  poî'lion  de  Focéan  Atlantiipw  omprise  en.tre 
r  Islande  et  la  NojTège  ;  elle  forane  un  bassin  isolé  du  reste 
de  Focéan  par  l'isliimc  sous-marin,  probablement  volca- 
niijne,  ({ui  joint  l'L^lande  aux  lies  l'iereei-.  Le  point  lep^lus 
profiind  e>t  à  3.403  m.  rdle  est  parcomaie  par  le  Guif 
Stream.  qui  s'y  heurte  au  courant  glacial  de  Ja:)  Mayen  ; 
dans  la  zone  de  rencontre,  on  traverse  altern.aiivenient  des 
couclies  dont  la  température  varie  de  1  à  3*^. 

NORViLLE  (La).  Com.  du  dép.  de  Seirie-et-Oise,  arr. 
de  Oirbcil,  cant.  d'Arpajon  ;  487  hab. 

NORViLLE.  Com.  dudéj).  de  la  Seine-Inférieure,  arr. 
du  Havre,  cant.  de  Lilleb.'nne;  622  nab.  Eglise  (mon. 
List.)  des  xii*^,  xiiL^xv^  et  xvL^si'cies,  clocher  avec Uèche 
en  pierre  de  la  fni  du  xv"  sièrlj. 

l^ORVJNS  (Jacmies  Mxa-^rEL,  baron  de  Moxxia:Erox  u;.;), 
é,-i-ivaéin  français,  ué  à  Paris  le  18  juin  1769,  mort  à  Paris 
le  30  juil.  1834.  Conseiller  (bu  '3!L-.te'el,  il  démissionna 
lors  du  procès  de  J^'avras,  émigra,  servit  daïis  le  régiment 
d"Lr!ach,  vécut  cin'j  ans  en  Puisse.  U.enti'ô  en  Erancc  avant 
les  ;(»urnées  de  Fructidor,  il  fut  arrêté  eomme  ancien  émi- 
gré et  libéré  après  le  18  brumaire.  Il  devint  un  faaaiiipio 
partisan  de  Bonaparte,  suivit  Lecierc  à  Saint-Domingue 
comute  secrétaire  général,  le  fut  ensîiito  du  conseil  d'i'.tat 
du  royaujne  de  Westpbalie,  puis  cbai'gé  d'affaires  à  Bade, 
directeuir  de  la  police  des  fjats  romains  de  1810  à  1814. 
Il  se  bt,  après  la  Pioslauration,  l'apologiste  de  Napolé(m, 
dont  il  a  éci'it  la  biograptiie  dans  la  lUograpki''  'nouvelle 


j   des  eonlemporains  dèlrnaull  et  Jav.  Tl  fut  préfet  de  la 

j  Dordogne  (août  1830),  de  ia  Loire  (mai  1831a  sept.  1832). 
Parmi  ses  ouvrages,  on  peut  ciîer  une  Histoire  de  Napo- 
léon (1827  et  suiv.,  i  vol.  in-8)  et  un  lissai  sur  la  ll/vo- 
luHoih  française  (1832,  2  voL  in-8). 

NORWÂLK.  Yitb'  des  !3a;s-Lnis  (i:onnccticiît),  sur  le 
détroit  de  Loug-Lsiaud,  à  reini)oacbuî  e  du  Norwalk  ; 
17.7 1'7  hab.  (en  1890).  Plage  ba  néaire  fro(pientéc ;  excel- 
lent poî't.  Commerce  de  ileurs  et  d'iuutres. 

r^OnWALK.  Ville  des  Etals-Lnis  (Oliio).au  S.  de  San- 
dusky  ;  7.193  hab.  (en  189()).  Fonte,  machines,  scieries, 
mins)leries. 

MORWAÏ.  Groupe  iiisubiire  du  golfe  du  Tonkin,  au  S. 
de  l'ile  Cac-])a.  Les  iles  Vorv>-ay  sont  très  nombreuses  ; 
au  X.  tout  uii  groupe  dblots  l'ocheux.  les  ilochers  du 
large,  rendent  ces  parag-'s  très  dibiciles  à  ni  navigation. 

;\*ORWICH.  V;uê  d'Angleterre  (comté  administratif), 
comté  de  Nolfork,  au  confliienî  de  LYare  et  du  Wensum; 
100.970  liab.  (eu  1891).  Dix  pouts  y\^'q\\\  les  différents 
([luirt'ers;  le  {>his  ancien,  dit  pont  de  Levènpie,  remonte  à 
'i293.  Siu'  une  moite  fciîihile  s'élève,  au  i'eïiirede  la  ville, 
le  château  nornuuid  avec  son  donjon  de  2i  vu.  Au  pied  est 
le  vieux  marché  ave  i'h<;tel  de  viiie  (guihlball)  de  1433. 
La  saJie  Saint-Andj-é,  nef  d'une  église  abbatiale,  sert  de 
lieu  de  réunion.  11  l'Cste  34  églises,  dont  une  belle  calb.é- 
drale  édifiée  de  1096  à  1310  ;  la  phis  grande  partie  est 
e:i  style  normand  ;  la  toîU'  de  96  m.  et  le  cloître  sont  du 
XV®  siècle.  Ecole  latine  fondée  en  1323  ;  école  de  méde- 
cine, etc.  L'indu^-trie,  très  active,  dut  son  essor  aux  Fla- 
mands attirés  par  'Elisabeth,  qui  importèrent  le  tissage  de 
la  toile,  et  aux  réfugiés  luiguenots  français  qui  importèrent 
Lhorlogerie  et  rindustile  de  la  soie  ;  cette  dernière  do- 
mine aujourd'luîi  ;  puis  vient  la  cordonnerie.  On  exporte 
aussi  des  tourteaux.  A  3  kil.  S.  de  Norv.nch  est  l'emplace- 
ment de  la  cité  romaine  de  Venla  leenorum,  aujourd'hui 
boiu^g  de  Cuis l or. 

\M\n..  .  .'i>--oio\  Uht.  of  Norwldi:  Loiulivs,  188t. 

NORWIGH.  Ville  des  Etats-Unis  (Connecticut),  au  point 
où  le  Yantic  et  le  Shentucket  s'unissent  pour  former  le 
Tuâmes;  16.136  hab.  (en  1890).  ?Nombreuses  fabri(jues. 
Jriicien  cimetière  des  Mohicans,  dont  quelques  descendants 
métis  vivent  à  8  klL  S.  de  la  ville,  dans  le  village  de 
JloJieoad. 

NOBWlGrL  Ville  des  Etats-Unis  (New  York),  sur  le 
Clienango;  3.212  hab.  (en  1890).  Voitures,  pianos, 
ciùrs,  etc. 

NORWIGH  (Comte  de)  (V.  Gojuxg  [George]). 

NORWOOO.  Faubourg  de  Londres  (V.  ce  mot). 

i'IORV/OOD  (Richard),  mathématicien  anglais  de  la  pre- 
mière moitié  du  xvii®  siècle.  ïl  était  professeur  de  naviga- 
tion. Il  a,  l'un  des  premiers  (1633-36),  mesuré  avec 
(juehjue  exacrilude,  entre  Londres  et  York,  la  longueur 
d'un  degré  dii  niéridien  (V.  Géooésie,  t.  XVIH,  p.  760). 
Il  suivait  les  chemins,  la  cbaîne  à  la  main,  ramenant  les 
distances  trouvées  à  la  direction  de  la  méridienne  et  du 
plan  horizontal.  Pour  avoir  ensuite  la  différence  de  latitude 
des  points  de  dépari  et  d'à:  rivée,  il  observa,  à  deux  sols- 
lices  d'été,  la  hauteur  du  soleil  en  chacun  de  ces  points, 
et  il  conclut  ilnalement,  pour  le  degré  du  méridien,  à  une 
longueur  de  367.176  pieds  anglais,  soit  environ  37.300 
toises.  11  a  paiffié, outre  plusieurs  mémoires  insérés  dans  les 
Pliilosopliieal  Transaeiious  :  TJie  Doclrine  of  tria]U)les 
(Londres,  1631,  nombr.  éd.);  TJie  Searnaris  practice, 
conUiiiiing  Ihe  niensuralioa  of  a  degree  of  the  earlh 
(Londres,  1636.  nombr.  éd.);  Loqarilhmic  Tables,  etc. 

NOSAiRÎS  ou  AMSÂBIYES.  Peuplade  habitant  en  Sy-- 
rie  la  montagne  dite  'djebel  en-Nosairi,  ju'olongatioii 
du  Liban  au  ?^.,  s'étondant  entre  la  côte  et  la  vallée  de 
rOronto,  depuis  le  Nain*  el-Kebir  (l'ancien  Eleuthère)  au 
S.,  juscpio  vers  le  Casius  au  N.  Ce  massif  est  formé  d'une 
série  de  collines  peu  élevées  —  d'une  hauteur  moyenne 
de  900  m.  —  en  pente  douce  du  coté  de  la  mer,  mais 
tombant  à  pic  sur  la  vallée  de  l'Oronte,  Le  sol  uniforme- 


NOSAÏRÎS 


—  58  — 


ment  calcaire,  à  part  quelques  affleurements  de  roches 
basaltiques,  est  très  perméable.  Aussi,  sauf  le  Nabr  eî- 
Kebir  du  Nord  (ne  pas  le  confondre  avec  l'ancien  Eleu- 
thère)  qui  se  jette  dans  la  Méditerranée  un  peu  au-des- 
sous de  Lataquié,  la  région  n'a-t-ellc  pas  de  rivières. 
Excepté  pendant  la  grosse  Soaison  des  pluies,  l'eau  fdtre 
dans  le  sous-sol  pour  réapparaître  en  masse,  soit  au  pied 
des  collines  près  du  littoral,  soit  même  en  pleine  mer. 
Ainsi  se  forment  des  cours  d'eau  qui,  comme  le  Nalir  es- 
Sin  entre  Banias  et  Djebelé,  n'ont  que  quelques  kilomètres 
de  long,  mais  possèdent  dès  leur  source  le  débit  d'un 
fleuve. 

Le  climat  de  ce  pays  est  sain.  La  température  n'est 
guère  plus  élevée  qu'en  Provence  ;  on  y  retrouve 
beaucoup  des  mêmes  cultures.  Les  céréales,  le  coton, 
le  sésame,  l'oignon,  la  réglisse,  le  tabac,  le  mûrier, 
l'olivier,  le  figuier,  la  vigne,  l'oranger,  le  citronnier,  les 
arbres  fruitiers  se  cultivent  suivant  l'altitude.  On  ren- 
contre de  nombreuses  essences  :  pin,  chêne,  platane,  etc. 
On  élève  le  buffle,  le  bœuf,  le  mouton,  la  chèvre,  le  che- 
val, l'âne  et  le  mulet.  La  volaille  y  prospère,  et  le  com- 
merce des  œufs  qu'on  expédie  en  France  et  en  Angleterre 
donne  heu  à  un  trafic  important.  La  vigne  et  le  tabac 
fournissent  des  produits  particuhèrement  estimés.  Les  rai- 
sins du  Sahioun  étaient  déjà  renommés  dans  l'antiquité 
et  fournissaient  à  Alexandrie  la  plus  grande  partie  de  son 
vin;  on  l'expédiait  par  le  port  de  Laodicée  (Lataquié). 
De  Laodicée  jusqu'à  Apamée,  nous  dit  Strabon,  les  col- 
lines étaient  couvertes  de  vignes  jusqu'à  leur  sommet. 
L'incurie  et  les  vexations  turques  ont  conduit  peu  à  peu 
les  Nosairîs  à  abandonner  la  fabrication  du  vin.  La  cul- 
ture du  tabac  dans  le  Djebel  en-Nosairi  était,  jusqu'à 
l'établissement  de  la  régie  turcpe,  la  principale  source  de 
richesse  du  pays.  On  l'exportait  en  grande  quantité  en 
Egypte  et  il  était  le  plus  réputé  de  tout  l'Orient. 

Parmi  les  peuplades  syriennes  sédentaires,  celle  des  No- 
sairîs occupe  le  territoire  le  plus  étendu.  Mais,  bien  que  le 
sol  soit  presque  partout  fertile,  la  densité  delà  population 
est  très  faible.  La  cause  en  est  au  régime  auquel  sont  sou- 
mis les  Nosairîs.  Considérés  comme  sujets  infidèles  et  re- 
négats, ne  pouvant  comme  les  Maronites  se  prévaloir  de 
la  protection  des  puissances  européennes,  ils  sont  en  butte 
à  toutes  les  exigences  de  fonctionnaires  avides  et  prévari- 
cateurs. Les  tentatives  de  toute  sorte  pour  les  amener  à 
renoncer  à  leur  rehgion  et  à  embrasser  l'islam,  le  grand 
nombre  de  recrues  qu'ils  doivent  fournir,  ajoutent  au  ma- 
laise de  cette  population.  Si  bien  que  le  Nosairî  en  est 
revenu  à  l'idéal  de  l'homme  primitif,  ne  cultivant  que  le 
nécessaire  pour  subvenir  aux  besoins  les  plus  immédiats. 
Les  Nosairîs  sont  presque  exclusivement  agriculteurs;  leur 
nom  est  synonyme  de  fellah.  Habitant  de  faibles  agglo- 
mérations", ils  ne  viennent  à  la  ville  que  pour  vendre  leurs 
produits  et  acheter  leurs  vêtements.  Avec  la  misère,  l'igno- 
rance a  atteint  chez  eux  un  point  qui  les  place  bien  au- 
dessous  des  Maronites  et  même  des  Druses. C'est  un  état  auquel 
il  serait  facile  de  remédier,  comme  le  prouvent  quelques 
exceptions.  A  Antioche  qui  renferme  une  forte  proportion 
de  Nosairîs,  beaucoup  de  ceux-ci  sont  arrivés  parleur  in- 
telligence à  s'emparer  d'une  grande  partie  du  commerce. 
Les  agglomérations  nosairîs  d'Adana,  de  Tarsous  en  Cili- 
cie,  formées  d'cmigrants  de  la  région  d' Antioche,  sont  re- 
lativement prospères.  L'évaluation  à  450.000  du  nombre 
des  Nosairîs,  dont  430.000  pour  la  Syrie,  est  certaine- 
ment un  minimum.  En  d'autres  temps,  ce  nombre  pouvait 
être  décuplé. 

Dès  une  haute  époque,  la  montagne  des  Nosairîs 
semble  avoir  été  sous  la  domination  des  Phéniciens  du 
Nord.  Nous  savons  en  particuher  qu'à  l'arrivée  d'Alexandre 
le  Grand  en  Syrie  tout  ce  territoire  dépendait  du  royaume 
d'Arad.  Nous  traiterons  à  l'art.  Piïénicie  des  monuments 
qui  subsistent  de  cette  époque.  Il  nous  suffira  de  retenir 
que  pendant  des  siècles  les  Nosairîs  durent  s'assimiler  aux 
Phéniciens  et  que,  longtemps  après  la  disparition  de  l'au- 


tonomie phénicienne,  ils  conservèrent  les  traditions  et  les 
croyances  de  ce  peuple.  Pline  mentionne  la  tétrarchie  des 
Nazerini.  A  cette  époque,  la  montagne  des  Nosairîs  por- 
tait le  nom  de  7nons  Bargyhis.  Le  christianisme  ne  pé- 
nétra pas  chez  les  Nosairîs.  Nous -les  voyons  même,  vers 
la  fin  du  iv^  siècle,  prêter  main-forte  aux  païens  d'Apamée 
dans  leur  lutte  contre  les  chrétiens.  Au  vu®  siècle,  la 
grande  irruption  arabe  en  Syrie  ne  les  atteint  que  très 
superficiellement.  Il  en  sera  de  même  des  conquêtes  suc- 
cessives des  Byzantins,  des  Arabes  et  des  Croisés.  Les 
plus  ardents  se  contenteront  d'occuper  certains  points 
stratégiques  assurant  leur  domination  morale  et  la  sécu- 
rité des  routes.  Entre  temps,  sous  l'influence  de  la  pro- 
pagande-des  Ismaéliens  (V.  ce  mot),  les  Nosairîs  subirent 
une  transformation  religieuse.  Les  écrits  druses  prouvent 
que  la  religion  nosairî,  telle  qu'elle  nous  est  connue  aujour- 
d'hui, était  déjà  constituée  au  commencement  du  xi®  siècle 
de  notre  ère  et  qu'elle  était  distincte  de  la  doctrine 
ismaélienne.  Un  siècle  après,  les  Ismaéhens,  chassés  de  la 
forteresse  de  Panéas,  près  de  Damas,  se  rejettent  dans  le 
Djebel  en-Nosairî  dont  ils  occupent  un  grand  nombre  de 
points  et  d'où  ils  répandent  la  terreur  chez  les  musul- 
mans comme  chez  les  Croisés  sous  le  nom  à' Assassins. 
Quand  il  eut  détruit  en  Syrie  la  puissance  ismaélienne, 
Beibars  essaya,  sans  y  réussir,  de  contraindre  les  Nosairîs 
à  embrasser  l'islam.  Plusieurs  fois  leur  perte  fut  décidée  ; 
mais  les  propriétaires  musulmans  locaux,  soucieux  de 
leurs  intérêts,  intervinrent  à  temps. 

A  l'époque  moderne,  on  trouve  les  Nosairîs  divisés  en 
tribus  ou  flc/izr(?5  qui  dominent  alternativement  et  cherchent 
à  asseoir  leur  autorité  en  payant  tribut  au  pacha  de  Tri- 
poh.  Ibrahim  Pacha  ruina  ce  centre  d'indépendance  en 
détruisant  tous  les  châteaux  forts  de  la  montagne.  Le 
dernier  chef  local  fut  ismaèl  Beg,  qui,  contre  une  redevance 
annuelle  de  300.000  fr.  payés  au  gouvernement  turc,  eut 
le  pouvoir  le  plus  absolu  sur  toute  la  région.  Les  exigences 
du  petit  potentat  amenèrent  des  soulèvements,  et  lorsqu'il 
se  fut  ahéné  les  musulmans  de  la  région,  le  gouvernement 
turc  fut  obhgé  d'intervenir  (4858).  Ismaèl  Beg  ne  put 
tenir  tête  aux  troupes  turques.  S'étant  enfui  dans  la  haute 
montagne,  il  fut  trahi  et  tué  par  un  de  ses  propres 
parchts.  Depids,  le  gouvernement  turc  n'a  cessé  de  subs- 
tituer des  fonctionnaires  ottomans  aux  chefs  locaux.  xAu- 
jourd'hui  tout  le  pays  est  sous  l'administration  directe 
des  Qaïmaqams  de  Safita  (résidant  à  Drekich),  de  Hosn 
el-Akrad  (résidant  à  Tell  el-Khala),  de  flamidié  (Deir 
ech-Chemâl),  de  Sahioun  (résidant  à  Babenna) ,  de  Marqab 
(résidant  à  Baniyas)  et  des  villes  de  la  côte. 

La  religion  des  Nosairîs  est  soigneusement  tenue  se- 
crète, ce  qui  a  donné  lieu  à  des  accusations  fort  mal- 
veillantes. Les  Nosairîs  n'ont  pas  accepté  les  doctrines 
ismaéhennes  sans  leur  faire  subir  d'importantes  transforma- 
lions.  Leur  rehgion  est  un  moyen  terme  entre  les  vieux 
cultes  syro-phéniciens  dégénérés  etl'enseignementismaéUen. 
On  distingue  plusieurs  sectes,  entre  autres  :  les  Chemâ- 
liyés  ou  Chemsiyés,  les  Kléziyés  ou  Qamariyés,  les  Ghai- 
biyés  et  les  Haidariyés.  Sans  entrer  dans  le  détail  de  ces 
sectes,  nous  dirons  que  leurs  adhérents  s'accordent  pour 
reconnaître  la  divinité  d'Alî.  Ils  repoussent  les  traditions 
musulmanes  concernant  le  gendre  de  Mohammed.  Pour 
eux,  Alî  ibn  Abî  Tâhb  n'a  eu  ni  père,  ni  mère,  ni  frère, 
ni  sœur,  ni  femme,  ni  enfants.  Son  essence  est  la  lumière, 
de  lui  rayonnent  les  astres,  c'est  l'émir  des  abeilles,  c.-à-d. 
des  étoiles.  Il  est  caché  par  la  nature  de  son  essence 
divine,  non  enveloppé  ;  il  est  le  sens,  le  Maana.  Avec 
Mohammed  qui  est  son  Voile  ou  son  No7n  et  Salman  el- 
Farsi  qui  est  sa  Porte,  Alî  forme  une  sorte  de  trinité, 
sans  doute  survivance  des  triades  syro-phéniciennes,  car 
Alî  est  identifié  au  ciel,  Mohammed  au  soleil  et  Salman 
•el-Farsi  à  la  lune.  Plus  tard,  la  comparaison  avec  la  tri- 
nité chrétienne  s'imposa.  La  trinité  nosairî  est  représen- 
tée par  un  symbole  très  vénéré,  le  Ain-Mim-Sin  —  formé 
de  la  première  lettre  des  trois  noms  divins  —  qui  joue  un 


—  59  — 


NOSAIRIS  —  NOSTALGIE 


grand  rôle  dans  les  séances  d'initiation.  Entre  les  trois 
personnes  il  y, a  une  gradation  fort  nette  :  Alî  a  créé  Mo- 
hammed, celui-ci  a  créé  Salman  el-Farsi  qui  a  créé  les 
cinq  Incomparables.  Ces  derniers  roprésenlent  les  cinq 
planètes  et  à  leur  tonr  ils  ont  créé  le  monde. 

La  vénération  des  Ismaéliens  pour  AU  s'étendait  à  sa  fa- 
mille. Les  Nosairls,  admettant  la  divinité  d'Alî,  furent  con- 
duits à  englober  ses  proches  dans  la  même  adoration.  Ali, 
Hasan,  Hosein,  Mohsin  et  Fatima  sont  dieux  dans  leur  en- 
semble. Parfois  Mohammed  est  substitué  k  Ali,  celui-ci 
étant  dieu  par  excellence,  souvent  Fater  remplace  Fatima. 
Mais  toujours  le  nombre  est  fixé  à  cinq,  chiffre  qui  rap- 
pelle la  croyance  d'origine  grecque  aux  cinq  éléments  pri- 
mitifs :  la  Raison  universelle,  l'Ame  universelle,  la  Matière 
première,  F  (espace  et  le  Temps,  système  qu'on  trouve  à  la 
base  de  la  doctrine  Ismaélienne.  ICn  dehors  des  personnages 
d'Alî,  de  Mohammed,  etc.,  il  faut  citer  surtout  chez  le 
commun  peuple,  le  non  initié,  une  vénération  toute  par- 
ticuUère  pour  Khodr,  ce  personnage  mythique  identifié  à 
saint  Georges. 

Les  Nosairis  possèdent  nn  certain  nombre  de  livres  re- 
ligieux dont  le  principal  est  le  Kitâb  el~madjmou.  On  y 
retrouve  un  grand  nombre  de  préceptes  islamiques,  mais 
complètement  dénaturés  par  l'interprétation  allégorique, 
le  tawîl.  Ainsi,  faire  le  pèlerinage  de  la  Mecque,  c'est  ar- 
river à  la  connaissance  des  divers  personnages  religieux, 
Mohammed,  Salman,  etc.,  symbolisés  par  les  éléments  du 
temple  de  la  Mecque.  L'interdiction  de  manger  de  certains 
animaux  comme  le  chameau,  le  lièvre,  l'anguille,  le  sallour 
(poisson  noir  de  FOronte  et  du  lac  d' Antioche) ,  le  porc  et 
en  général  toutes  les  bêtes  mal  tuées  ™  à  cause  du  sang 
—  doit  appartenir  au  plus  vieux  fonds  superstitieux  que 
certains  codes  religieux,  comme  la  Bible  et  le  Coran,  ne 
firent  que  consacrer.  Chez  les  Nosairîs,  le  vin  est  d'usage 
rituel  :  il  est  considéré  comme  émanation  du  soleil  et  par 
suite  de  la  divinité,  on  le  désigne  par  le  titre  de  abd 
en-nour.  Les  Nosairis,  suivant  probablement  en  cela  une 
coutume  fort  ancienne,  pratiquent  la  circoncision. 

La  connaissance  de  la  religion  est  exclusivement  réser- 
vée aux  hommes  qui  ne  peuvent  y  parvenir  qu'après  une 
initiation  à  trois  degrés  où  sont  peu  à  peu  révélées  les 
formules  et  leur  explication.  Les  Nosairîs  ont  adopté 
comme  héros  éponyme  Mohammed  ibn  Nosair.  La  mention 
des  Nosairîs  par  Pline  doit  faire  complètement  rejeter 
cette  tradition  et  celle  qui  en  découle,  à  savoir  que  les 
Nosairîs  sont  originaires  de  Perse.  Ils  considèrent  el- 
Khoseibî  comme  celui  qui  a  mis  au  point  leurs  livres  et 
leur  doctrine. 

Les  Nosairîs  croient  à  la  métempsycose  et  vont  jus- 
qu'à admettre  la  transmigration  des  âmes  dans  les  ani- 
maux, ce  qu'ils  réservent  naturellement  à  leurs  ennemis. 
Le  séjour  sur  la  terre  est  considéré  par  eux  comme  le  fait 
d'une  déchéance  de  l'âme  condamnée  à  revêtir  un  corps 
humain.  L'âme  du  Nosairl  doit  se  purifier  en  revenant 
plusieurs  fois  dans  des  corps  déplus  en  plus  parfaits  pour 
revêtir  enfin  l'enveloppe  lumineuse  et  demeurer  parmi  les 
étoiles  du  ciel.  La  terre  est  en  somme  leur  purgatoire,  si 
bien  que  leurs  prières  les  plus  instantes  sont  pour  ne  plus 
revenir  en  ce  bas  monde.  Parmi  eux  les  cheikhs  jouissent 
d'une  vénération  particulière.  Ils  sont  initiés  plus  avant 
dans  les  mystères  de  la  religion  et  constituent  une  sorte 
d'aristocratie  reHgieuse.  A  sa  mort,  un  cheikh  renommé 
pour  sa  piété  est  considéré  comme  ayant  élu  domicile 
parmi  les  étoiles,  et  son  tombeau  est  l'objet  d'un  véri- 
table culte.  En  somme,  la  rehgion  nosairî  est  à  l'islam 
ce  que  les  gnostiques  étaient  au  christianisme. 

L'état  de  dépendance  économique  dans  laquelle  les  No- 
sairîs vivent  par  rapport  aux  populations  des  villes  voisines 
les  ont  souvent  conduits  à  accepter  des  fêtes  ne  répon- 
dant nullement  à  leur  religion.  C'est  ainsi  qu'ils  chôment 
les  principales  fêtes  chrétiennes  comme  les  musulmanes. 
Leur  grande  fête  est  celle  du  Ghadir,  le  18  du  mois  de 
Dhou  el-Hidjdja.  A  toutes  ces  fêtes  on  fait  les  mêmes 


prières  et  les  mêmes  cérémonies.  Le  cheikh  le  plus  consi- 
dérable prend  le  titre  àHmam.  A  sa  droite  se  place  un 
cheikh  avec  le  titre  de  naqib,  à  gauche  un  autre  avec  le 
titre  de  nadjib.  Ils  représentent  respectivement  Alî,  Mo- 
hammed et  Salman  el-Farsi.  Après  une  série  de  prières, 
l'imam  trempe  ses  lèvres  dans  un  verre  rempli  de  vin  et 
le  passe  successivement  à  tous  les  assistants.  Parfois  ils 
font  usage  d'encens  et  d'aspersion  d'eau  parfumée.  Il  n'y 
a  point  là,  comme  on  l'a  cru,  un  souvenir  de  la  messe 
chrétienne  :  les  Nosairîs  ne  font  jamais  usage  des  deux 
espèces.  Ils  ne  possèdent  pas,  comme  les  chrétiens,  les 
musulmans  et  les  juifs,  de  sanctuaire  où  ils  viennent  prier 
en  commun.  Aux  jours  de  fête,  la  réunion  a  Heu  dans  la 
maison  d'un  particuHer,  ou  bien  ils  s'assemblent  en  plein 
air  pour  prier  autour  d'une  Qoubbet  vénérée,  en  général 
un  ancien  tombeau.  René  Dussaud. 

Btbl.  :  Ed.  Saltrbury,  Jour  mil  oflha  American  Oriental 
Societ?/,  t  VIÏI  (1861),  pp.  227-308.  —  Clément  Iïuart,  la 
Poésie  religieuse  des  Nosal7'ls,  dans  Journal  asiatique, 
7«  sorio,  t.  XIV  (1879),  pp.  190-261  —  René  Dussaud,  His- 
toire et  Religion  des  Nosairis  (doit  ])araîtrc  en  1899). 

NOSENCÉPHÂLIE  (Tératol.)  (V.  Anencéphalie). 

NOSSAGE-et-Bénévént.  Com.  du  dép.  des  Hautes- 
Alpes,  arr.  de  Gap,  cant.  d'Orpierre;  46  hab. 

NOSSl-BÉ.  Ile  française  de  la  côteN.-O.  de  Madagascar, 
au  N.  de  la  baie  de  Passandava,  séparée  de  la  grande  île 
par  un  détroit  de  12  kil.  de  large,  où  s'élève  l'îlot  rocheux 
de  Nossi-Coumba.  Nossi-Bé  a  293  kil.  q.  et  environ 
9.500  hab.  (dont  240  blancs)  ;  22  kil.  de  long,  45  de 
large.  D'origine  granitique  et  volcanique,  son  plus  haut  pic 
est  le  Loucoubé  (453  m.).  Les  côtes  sont  très  découpées 
avec  de  bons  mouillages,  surtout  au  S.  la  rade  de  Helville, 
autour  de  laquelle  se  groupe  la  population.  Le  climat  est 
assez  salubre,  le  sol  fertile,  cultivé  en  canne  à  sucre,  riz, 
indigo,  vanille,  maïs,  etc. 

Cette  île  fut  placée  le  14  avr.  4840  sous  le  protectorat 
français  et  occupée  le  5  mars  4844.  Le  ch.-l.  est  Helville. 

NOSSONGOURT.  Com.  du  dép.  des  Vosges,  arr.d'Epi- 
nal,  cant.  de  Rambervillers  ;  230  hab. 

NOSSOVKA.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Tchernigov,  sur 
le  chem.  de  fer  de  Koursk  à  Kiev;  44.000  hab.  7  églises. 
Sucreries,  distilleries. 

N OSTÂ LG i  E.  Lsinostalgie  est  connue  en  Allemagne  sous 
le  nom  de  Heimweh,  en  Espagne  de  malatia  del  paes, 
en  Angleterre  de  homes  sickness.  Ces  dénominations  in- 
diquent toutes  le  regret  du  pays  natal,  regret  qui  forme, 
il  est  vrai,  le  caractère  dominant  de  la  maladie,  mais 
n'en  est  pas  la  cause  exclusive.  Si  la  nostalgie  est  un  dé- 
sir irrésistible  de  retourner  au  pays  natal,  ce  désir  n'em- 
brasse pas  seulement  les  lieux  qui  nous  ont  vus, naître,  il 
s'applique  également  aux  amis,  aux  parents  que  nous  y 
avons  laissés,  aux  objets  dont  la  vue  a  charmé  notre  en- 
fance, et  jusqu'au  genre  d'ahments  dont  nous  avons  été 
nourris  (Widal). 

Pour  nous,  la  nostalgie  est  le  surmenant  et  incessant 
voyage  de  l'esprit  vers  un  but  dont  on  s'éloigne  toujours  ; 
ce  sont  les  étapes  forcées  de  la  pensée  en  des  lieux  où 
le  corps  n'est  jamais.  Ce  «  mal  du  pays  »  est  une  véri- 
table manie  qu'Haspel  caractérisait  «  le  regret  exagéré 
que  cause  l'éloignement  des  miheux  dans  ^  lesquels  on  a 
vécu  un  certain  temps,  avec  le  désir  irrésistible  d'y  re- 
tourner ».  Cela  veut  dire  que  le  nostalgique  ne  regrette  pas 
seulement  le  pays  qui  l'a  vu  naître,  mais  encore  le  pays 
—  quoiqu'il  soit  —  où  il  a  goûté  le  bonheur,  et  sur  lequel 
toutes  ses  sympathies  se  sont  concentrées. 

Les  causes  de  la  nostalgie  peuvent  être  classées  ^  en 
deux  groupes  :  causes  prédisposantes  (âge,  profession, 
éducation,  etc.)  ;  causes  occasioiinelles  (relatives  cà  tous 
les  incidents  propres  à  réveiller  et  à  exalter  le  souvenir 
du  sol  natal). 

Causes  prédisposantes.  —  4^^  Vdge.  L'adolescence  est 
l'âge  de  prédilection  de  la  nostalgie  ;  nous  pourrions  dire 
l'adolescence  sage,  car  il  est  bien  rare  que  la  nostalgie,  du 
moins  à  l'intérieur  du  pays,  s'attaque  aux  insouciants,  à  ceux 


NOSTALGIE 


60  — 


qui  s'amusent  et  trouvent  clans  le  commerce  des  femmes 
ou  les  habitudes  d'intempérance  une  arme  contre  les 
étreintes  poignantes  de  l'absence  et  le  souvenir  des  temps 
heureux.  C'est  entre  dix-huit  et  vingt-deux  ans  —  l'âge 
des  illusions  et  de  l'amour  ardent,  irréfléchi  —  du  pre- 
mier amour  —  que  se  montrent  d'ordinaire  les  regrets  des 
inclinations  brisées,  des  projets  caressés  avec  cette  naïveté 
qu'apporte  l'adolescent  à  son  entrée  dans  la  vie,  la  décep- 
tion précoce  des  carrières  entrevues,  désirées,  mais  trou- 
vées trop  difficiles.  A  cette  époque  delà  vie,  le  cœur  parle 
trop,  les  sens  également,  tandis  qu'à  vingt-cinq  ans 
l'homme  a  fini  son  service  militaire,  il  a  connu  les  tortures 
de  Fabsence  ;  il  ne  songe  plus  qu'à  s'établir,  à  fonder  un 
foyer,  il  aimera  mieux,  désormais,  la  famille  qu'il  a  créée 
que  le  sol  qui  l'a  vu  naître,  et  il  le  quittera  le  cœur  léger 
pour  aller  gagner  ailleurs  le  pain  de  ceux  dont  il  a  la 
charge. 

2°  Le  sexe.  Les  femmes  sont  peu  portées  à  la  nostal- 
gie. De  dix-sept  à  vingt  ans,  en  effet,  la  jeune  fille  est 
appelée  à  se  marier,  à  faire  souche  d'enfants  ;  les  migra- 
tions que  lui  impose  ce  nouvel  état  ne  l'étonnent  pas  ;  elle 
s'adapte  plus  facilement  que  l'homme  aux  nécessités  de 
l'existence,  et  c'est  avec  raison  que  M"^^  de  Staël  a  dit  de 
la  jeune  femme  que  l'amour  devient  pour  elle  toute  l'his- 
toire de  sa  vie,  et  supprime  en  elle  tout  retour  vers  le 
passé. 

3*^  Tempérament.  Instruction.  Les  tempéraments  les 
plus  divers  payent  un  égal  tribut  à  la  nostalgie.  Les  ner- 
veux, au  cœur  tendre,  au  caractère  doux,  timide,  sont, 
pourtant,  les  plus  enclins  à  cette  maladie.  L'éducation 
trop  molle  de  la  famille  rend  l'âme  plus  sensible,  sans  la 
fortifier  contre  les  difficultés  de  la  vie,  et  laisse  l'enfant, 
devenu  homme,  mal  armé  contre  la  nostalgie. 

40  Profession.  La  profession  militaire  est  celle  qui  pré- 
dispose le  plus  à  cette  maladie  par  l'inconnu  qui  l'accom- 
pagne, les  dangers  dont  elle  menace  sans  cesse  le  novice, 
l  inflexibiHté  d'une  discipline  de  fer,  les  fatigues  de  chaque 
jour,  le  dépaysement  —  et  c'est  ce  dernier  facteur  qui  joue 
le  principal  rôle  ;  son  action  nocive  est  en  raison  directe 
de  l'éloignement  du  pays  natal  et  des  difficultés  de  commu- 
nication. C'est  pourquoi  la  nostalgie  est  beaucoup  plus  fré- 
quente et  ses  conséquences  plus  graves  aux  époques  d'ex- 
péditions coloniales. 

La  nostalgie  fait  de  grands  ravages  parmi  les  troupes 
de  France  appelées  à  servir  éventuellement  aux  colonies, 
et  c'est  elle  qu'il  faut  accuser  au  premier  rang,  parmi 
les  causes  qui  ont  favorisé  à  un  degré  si  élevé  l'apti- 
tude pour  les  maladies  des  pays  chauds  des  soldats  de 
notre  armée  à  l'intérieur  qui  ont  pris  part  aux  cam- 
pagnes de  Tunisie,  du  Tonkin,  de  Madagascar.  Et  c'est 
avec  raison  qu'en  4863  Arnould  pouvait  écrire  que,  si  la 
paralysie  générale  constitue  la  forme  la  plus  fréquente 
d'aliénation  mentale  chez  les  officiers,  c'est  la  nostalgie  qui 
s'observe  le  plus  parmi  les  soldats.  On  ne  saura  jamais  le 
nombre  des  victimes  qu'a  faites  cette  affection,  parfois 
vraiment  épidémique.  C'est  ainsi  que,  pendant  les  premiers 
temps  de  la  Révolution,  alors  que  les  levées  en  masse  en- 
rôlaient dans  la  même  demi-brigade  tous  les  jeunes  gens 
d'une  province,  la  nostalgie  opérait  de  terribles  ravages 
dans  les  rangs.  En  l'an  II,  elle  se  déclara  chez  les  Bretons 
de  l'armée  de  la  Moselle  décimés  par  la  dysenterie  ;  elle 
fut  particulièrement  fréquente  à  l'armée  d1']gypte,  après 
la  prise  de  Saint-Jean-d'Acre  ;  àl'arméedes  Alpes  (an  VIII). 
En  4812,  elle  décima  l'armée  de  Pologne  épuisée  par  le 
froid  et  les  privations.  En  4843,  les  assiégés  de  Mayence, 
atteints  par  le  typhus,  sont  achevés  par  elle.  Après  la 
malheureuse  expédition  de  la  Dobroudja  (guerre  de  Cri- 
mée), une  épidémie  de  nostalgie  ravagea  les  troupes  ;  en 
4870,  elle  se  montrasur  les  mobilesBretons  enfermés  dans 
Paris  ;  en  Tunisie,  au  Tonkin,  à  Madagascar,  ses  méfaits 
furent  lamentables. 

La  loi  de  4832  sur  le  recrutement  de  l'armée,  en  con- 
fondant dans  un  même  régiment  des  conscrits  pris  dans 


tous  les  départements,  rendit  plus  rares,  et  même  sup- 
prima ces  épidémies  de  nostalgie,  véritable  contagion  mo- 
rale, fruit  d'un  échange  continuel  de  regrets  et  de  souvenirs 
portant  sur  les  mêmes  objets. 

La  nostalgie,  maladie  du  repos  prolongé  dans  l'attente 
énervante  des  combats,  a  été  mise  en  cause  par  les  médecins 
coloniaux  de  tous  les  pays  comme  cause  importante  de  sui- 
cides. Comme  notre  armée  en  Algérie,  en  Tunisie,  au  Tonkin, 
à  Madagascar,  l'armée  anglaise  aux  Indes  enregistre  deux 
fois  plus  de  suicides  que  les  mêmes  troupes  dans  les  garni- 
sons  d'Angleterre.  Là-bas,  quand  les  fièvres  ont  terrassé 
un  soldat, 'la  nostalgie  l'achève  :  et  celui  qui,  pour  la  pre- 
mière fois,  a  quitté  la  France,  et  ne  voit  ni  les  tableaux 
enchanteurs  qu'il  avait  rêvés,  ni  l'ennemi  qui  se  dérobe 
devant  lui,  s'il  n'a  pas  un  moral  ferme  et  soutenu,  pense 
alors  à  se  détruire  ;  car  la  désillusion  arrive  vite  lorsque, 
débarqué  sous  un  ciel  sans  pitié,  sur  un  continent  noir  ou 
jaune,  la  fatigue,  puis  l'oisiveté,  la  fièvre,  les  regrets  le 
ramènent  à  la  réalité. 

Voici  ce  qu'écrivait  dans  son  rapport  officiel  sur  l'expé- 
dition de  Madagascar,  en  4896,  M.  le  général  Duchesne  : 
«  Il  suffit,  au  surplus,  d'avoir  vu  et  entendu  les  malades 
du  corps  expéditionnaire,  pour  savoir  que  tous  ne  for- 
mulaient qu'une  demande,  ne  caressaient  qu'un  rêve, 
rentrer  en  France,  et  retrouver  au  plus  tôt  l'air  natal,  la 
vue  du  pays  et  les  soins  de  la  famille.  Cette  observation 
est  si  vraie  que  l'interdiction,  justifiée  cependant,  de  con- 
tinuer les  rapatriements  pendant  les  deux  mois  les  plus 
chauds,  provoqua,  chez  la  plupart  des  malades,  de  véri- 
tables accès  de  désespoir.  »  Ce  tableau  est  absolument 
exact,  il  n'y  a  que  la  justification  de  la  cessation  des  rapa- 
triements pendant  les  deux  mois  les  plus  chauds  que  nous 
ne  saurions  accepter.  Quel  que  dût  être  le  nombre  des 
hommes  jetés  à  la  mer  durant  la  traversée,  il  eût  été 
toujours  moindre  que  celui  des  moribonds  qui  dorment 
aujourd'hui  sur  la  grève  de  Majunga. 

Les  Anglais,  sujets  au  spleen  en  leur  pays,  sont  peu 
nostalgiques  au  dehors.  C'est  qu'ils  s'expatrient  souvent 
avec  le  désir  et  l'espoir  déplanter  leur  tente  aux  colonies, 
où  ils  trouvent  une  solde  rémunératrice,  un  avenir  assuré, 
du  confort  et  de  nombreux  compatriotes.  Dans  leurs  pos- 
sessions d'outre-mer  —  presque  toutes  enviables  —  on 
ne  peut  pas  regretter  le  pays  natal,  car  souvent  on  l'y  re- 
trouve. Notre  soldat,  au  contraire,  aime  jusqu'à  ses  gar- 
rigues et  ses  montagnes  pelées  ;  il  ne  songe  qu'à  y  revenir. 

Fréquente  autrefois,  la  nostalgie  est  aujourd'hui  rare  dans 
l'armée  de  mer.  Les  hommes  de  l'Inscription  maritime  qui 
y  servent,  habitués  à  la  mer,  à  ses  dangers  et  aux  fatigues 
qu'elle  impose,  ne  deviennent  nostalgiques  que  s'ils  ne  sa- 
vent pas  se  plier  à  la  disciphne  inflexible  qui  règne  abord, 
ou  si,  mariés,  ils  font  des  absences  beaucoup  plus  longues 
que  celles  que  nécessitaient  jadis  la  pêche  ou  le  petit  cabo- 
tage. Quant  à  ceux  qui  proviennent  de  la  conscription,  pris 
dans  les  campagnes  ou  les  villes  de  l'intérieur,  ils  entrent 
de  plain-pied  dans  une  vie  nouvelle,  le  métier  qu'on  leur 
impose  du  jour  au  lendemain  est  dur,  la  règle  inexorable, 
et  bientôt  le  mal  de  mer,  les  plaisanteries  dont  ils  se  voient 
assaillis  grâce  à  leur  gaucherie,  l'inhabileté  de  certains  à 
se  faire  comprendre  —  comme  les  Bretons  —  les  disposent  à 
un  état  d'âme  tel  qu'ils  sont  mûrs  pour  la  nostalgie. 

§0  La  race.  Cette  maladie  est  de  tous  les  pays,  quel 
que  soit  le  degré  de  civilisation,  quelque  pauvre  que  soit 
la  terre  regreUée.  Les  Lapons  et  les  Grœnlandais  trans- 
portés éventuellement  en  Danemark  ne  tardent  pas  à  re- 
gretter leurs  huttes  enfumées  ;  les  nègres  émigrés  en  Eu- 
rope ont  souvent  la  nostalgie  de  leur  soleil  perdu,  et  les 
jeunes  Algériens  que  leurs  études  appellent  en  France  ont 
hâte  de  les  terminer  pour  retourner  sous  leur  ciel  regretté. 
Les  Français,  peu  portés  à  voyager,  attachés  à  leur  sol 
fertile,  ne  s'expatriant  qu'avec  répugnance,  sont  particu- 
lièrement enclins  à  la  maladie,  et  chaque  région  de  France 
fournit  d'autant  plus  de  nostalgiques  que  l'instruction  et 
les  voies  de  communication  y  sont  moins  répandues. 


6^  Vesclavage,  la  transportation,  la  captivité,  Vexil 
sont  des  conditions  très  favorables  au  développement  du 
7nal  du  pays;  nous  n'insisterons  pas.  Rappelons  seule- 
ment qu'on  trouve  plus  de  nostalgiques  chez  les  écoliers 
internes  que  chez  les  externes,  et  que,  parmi  les  monta- 
gnards de  même  âge,  qui,  chaque  année,  descendent  dans 
les  villes  du  pays  bas,  soit  pour  y  faire  leur  service 
militaire,  soit  pour  y  exercer  librement  un  métier,  les 
premiers,  seuls,  sont  enclins  à  la  nostalgie,  —  ce  qui 
montre  le  rôle  évident  que  jouent  dans  la  prédisposition  à 
cette  maladie  la  privation  de  la  liberté,  la  crainte  des 
punitions. 

Causes  occasionnelj.es.  —  Tout  ce  qui  peut,  à  un 
moment  donné,  rappeler  les  lieux  où  l'on  fut  heureux,  l'ar- 
rivée d'une  lettre,  la  perte  d'un  confident,  favorise  la  ma- 
ladie. Jadis,  l'effet  de  l'air  du  Jlanz  des  vaches  sur  les 
soldats  suisses  au  service  de  la  France  était  si  désastreux 
qu'on  dut  interdire  de  le  jouer  dans  leurs  régiments,  parce 
qu'il  faisait  «  fondre  en  larmes,  déserter  ou  mourir  ceux 
qui  l'entendaient,  tant  il  excitait  en  eux  l'ardent  désir  de 
revoir  leur  pays  ».  Et  lorsque,  en  1881,  dans  la  colonne 
de  huit  mille  hommes  qui,  au  Sud  de  la  Tunisie,  s'avançait 
de  Tcbessa  vers  Kaïrouan,  la  fièvre  typhoïde  eut  fait  de  tels 
progrès  que  l'on  crut  devoir  prescrire  à  la  musique  des 
zouaves  de  sonner  tous  les  jours  la  diane  à  grand  orchestre, 
ce  concert  de  l'aube,  succédant  aux  insomnies  ou  aux  rêves 
mensongers  de  la  nuit,  entendu  par  des  hommes  que  rete- 
naient pour  la  plupart,  sous  la  tente,  les  loisirs  du  station- 
nement ou  quelque  indisposition,  leur  rappelait  les  belles 
après-midi  du  dimanche  passées  dans  les  garnisons,  au 
miUeu  de  figures  aimées  et  de  gens  en  fête,  et  ne  faisait 
qu'accroître  la  nostalgie  de  ceux  que  la  maladie  avait  déjà 
effleurés.  C'est  une  constatation  que  nous  fîmes  autour  de 
nous  chaque  jour,  à  cette  époque.  De  même  les  ballades 
écossaises,  VAnanigoux,  breton,  sont  chants  attristants, 
entendus  loin  du  milieu  où  d'ordinaire  ils  résonnent  ; 
n'évoquant  que  jeunesse  et  plaisirs  passés,  ils  appellent  le 
contraste  avec  le  présent  odieux.  Enfin,  l'état  ^^  maladie 
est  la  plus  importante  des  causes  occasionnelles.  Comme 
les  revers  et  les  désastres,  il  plonge  épidémiquement  dans 
la  nostalgie  le  soldat  et  le  marin.  Toutes  ces  causes,  nous 
le  répétons,  ont  été  bien  atténuées  depuis  un  quart  de 
siècle,  à  la  faveur  des  nombreuses  lignes  de  chemins  de 
fer,  de  la  bicyclette,  des  voies  de  navigation  rapide, 
récemment  créées,  qui  permettent  à  l'affligé,  grâce  à  la 
perspicacité  des  médecins,  de  regagner  ie  pays  perdu  en 
quelques  semaines,  quehjues  jours  ou  quelques  heures. 

Symptômes.  —  Au  milieu  de  cet  état  d'indifférence,  vé- 
ritable mélancolie,  dans  lequel  «  il  semble  que  l'àme  du 
nostalgique  ne  réside  plus  dans  le  corps,  et  qu'elle  a  rompu 
tout  commerce  avec  lui  »,  le  sommeil  est  perdu,  les  rêves 
évoluent  autour  de  l'idée  fixe  du  pays  perdu,  le  réveil  est 
pénible  et  triste.  Les  forces  physiques  diminuent,  le  sys- 
tème nerveux  se  trouble,  les  traits  s'altèrent,  l'appétit  dis- 
parait, le  cœur  palpite,  la  respiration  devient  irrégulière 
et  s'entrecoupe  de  soupirs,  les  yeux  se  creusent,  le  regard 
devient  vague,  le  pouls  se  déprime  et  s'irrégularise.  Du 
c'.té  du  tube  digestif,  on  voit  la  bouche  s'empâter,  l'assi- 
milation languir  ;  des  alternatives  de  diarrhée  ou  de  cons- 
tipation se  produisent,  et  il  survient  un  profond  amaigris- 
sement. Parfois  il  y  a  refus  de  nourriture. 

Pronostic.  —  La  nostalgie  invétérée  peut  entraîner  la 
mort,  soit  par  le  dépérissement  progressif  qu'elle  déter- 
mine, soit  par  l'aggravation  des  maladies  et  des  blessures 
qu'elle  complique.  Mais  bien  des  nostalgiques  finissent  par 
guérir  sur  place,  surtout  en  France,  La  rechute  est  rare, 
et  nous  avons  vu,  en  Tunisie,  des  officiers  que  la  nostal- 
gie avait  absolument  déprimés,  au  point  de  leur  enlever 
l'énergie  nécessaire  pour  faire  tout  leur  service,  partir  peu 
après  pour  le  Tonkin,  sur  leur  demande,  et  y  faire  preuve 
de  la  plus  grande  vigueur  pendant  plus  de  deux  ans. 

Marche.  Durée.  Terminaison.  —  La  marche  de  la  nos- 
talgie est  habituellement  lente,  chronique  et  progressive. 


61  —  NOSTALGIE  —  NOSTITZ 

Elle  se  termine  parfois,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  par  le 
suicide.  Dans  ce  cas,  les  nostomanes  seraient  de  tous  les 
mélancoliques  ceux  qui  ont  le  plus  de  tendance  à  se  dé- 
truire dès  que  leur  état  mental  prend  un  caractère  morbide 
(L.  Colin).  Brierre  de  Boismont  avait  déjà  constaté,  il  y 
a  plus  de  trente  ans,  que  sur  52  cas  de  suicide  par 
monomanie  13  étaient  occasionnés  par  la  nostalgie.  Le 
rapatriement  dissipe  à  peu  près  toujours  la  maladie,  la 
certitude  du  retour  suffit  même  quelquefois.  Percy  a  vu 
des  nostomanes  mourir  le  jour  même  ou  ils  apprenaient 
qu'on  les  avait  trompés,  et  les  sables  de  Madagascar  re- 
couvrent les  corps  de  nombreux  soldats  du  corps  expédi- 
tionnaire qui,  désignés  pour  être  rapatriés,  moururent  en 
quelques  jours,  dès  qu'on  leur  apprit  que  les  convois  vers 
la  France  étaient  provisoirement  suspendus,  grâce  aux  ré- 
clamations de  journalistes  incompétents  qui  attribuaient 
au  voyage  seul  —  toujours  bienfaisant  pour  les  nosto- 
manes —  les  nombreux  décès  survenus  en  mer  à  un  cer- 
tain moment. 

Formes.  Complications.  —  La  forme  la  plus  com- 
mune est  la  nostalgie  hectique.  Haspel  ainsi  que  d'autres 
auteurs  ont  décrit  la  forme  cérébrale  suraiguë,  la  forme 
cérébrale  chronique,  et  admis  que  l'excitation  outre  me- 
sure de  Fappareil  cérébral  par  la  préoccupation  mélanco- 
lique, sa  persistance  et  son  énergie,  finissent  par  déterminer 
une  altération  de  texture  du  cerveau.  Il  est  certain  que 
cette  poussée  congcstive  incessante,  inexorable,  qui  est  la 
nostalgie,  surchauffe  la  cellule  cérébrale  jusqu'à  l'épuise- 
ment ;  mais,  au  point  de  vue  anatomo-pathologique,  les 
conclusions  de  nos  prédécesseurs  sont  évidemment  discu- 
tables. Haspel  admettait  encore  une  forme  intestinale.  De 
tout  temps,  en  effet,  on  a  remarqué  la  coïncidence  de  la  nos- 
talgie avec  la  fièvre  typhoïde,  et  L.  Colin,  considérant,  il  y  a 
de  nombreuses  années,  la  fièvre  typhoïde  comme  l'aboutis- 
sant de  plusieurs  affections,  n'oubliait  pas  la  nostalgie  qui, 
d'après  lui,  agirait  sur  le  développement  de  cette  maladie 
en  produisant  presque  toujours  une  altération  des  fonctions 
digestives  :  d'où  dyspepsie,  arrêt  des  sécrétions  et  des  éli- 
minations des  matériaux  putrides  renfermés  dans  le  tube 
digestif  —  véritable  auto-infection. 

Pour  cet  auteur,  les  nostomanes  seraient  également  très 
accessibles  à  la  tuberculose.  Rien  de  plus  vrai  que  la  fré- 
quence de  ces  deux  maladies  chez  les  nostomanes,  et 
l'explication  en  est  aujourd'hui  bien  simple.  L'homme,  à 
l'état  de  santé,  au  moral  comme  au  physique,  lutte  victo- 
rieusement contre  les  microbes,  commensaux  ordinaires  de 
son  organisme,  ou  qui  n'y  font  que  passer,  indifférents. 
Vient  la  nostalgie  qui  enraye  la  nutrition,  épuise  les 
forces,  entrave  la  phagocytose.  Les  microorganismes,  la- 
tents jusqa'alors,  deviennent  agressifs,  et  l'homme,  sans 
défense,  est  la  proie  de  la  fièvre  typhoïde,  de  la  tubercu- 
lose, des  épidémies  qui  passent.  C'est  une  constatation 
faite  au  cours  de  toutes  les  guerres  de  la  Révolution,  du 
premier  et  du  second  Empire,  et  de  nos  jours.  Et  l'on 
peut  dire,  en  définitive,  que  la  nostalgie  est  tantôt  anté- 
rieure, tantôt  consécutive  à  la  maladie.       D^'  Coustan. 

NOSTANG.  Com.  du  dép.  du  Morbihan,  arr.  deLorient, 
cant.  de  Port-Louis;  1.179  hab.  Monuments  préhisto- 
riques. Vestiges  romains.  Chapelle  du  xvi^  siècle  avec  beau 
clocher  gothique  à  Legeven.  Chapelle  de  Locmaria.  Maison 
Renaissance  à  façade  sculptée. 

NOSTiTZ.  Ancienne  famille  do  Lusace,  représentée  par 
trois  lignées  comtales:  Rokitnitx enBohème  (comte  d'em- 
pire depuis  1692),  Rieneck  en  Bohême  et  Silésie  (comte 
d'empire  depuis  1673)  et  Jamckendorf.  On  en  peut  citer 
Ïohann-Nepomuk  (1768-1840),  lieutenant  feld-maréchal 
autrichien  (1809),  qui  prit  part  à  toutes  les  campagnes 
de  1788  àl8l5;  —son  fils  Albert  (1807-71);  —  Au~ 
gust-Liulwig-Ferdinand  (1777-1866),  aide  de  camp  de 
Bliicher  (1813-15)  qu'il  sauvaàLigny,  ministre  prussien 
à  Hanovre  (1850-59);  Hermann  de  Nostitz-Wallwitz, 
né  le  30  mars  d826,  qui  fut,  de  1866  à  1891,  ministre 
de  l'intérieur  en  Saxe,  et  y  joignit  en  1882  le  portefeuille 


NOSTITZ  —  NOSTRADAMUS  —  62 

des  affaires  étrangères;  —  son  frère  Oswald  (1830-85) 
fut  ministre  de  Saxe  à  Berlin  de  4873  à  4885. 

NOSTOC(Bot.).  Genre  d'AIgnes,  de  la  famille  desNos- 
tocacces  et  de  la  classe  clés  Cyanopliycées,  communes, 
se  rencontrant  fréquemment  dans  les  lieux  humides  et  à 
l'ombre  des  arbres.  Le  végétal  se  présente  sous  la  forme 
d'une  masse  gélatineuse  à  contours  très  irréguliers,  qui 
lui  constitue  une  enveloppe  vert  bleuâtre.  L'Algue  est 
essentiellement  composée  de  fdaments  simples  ou  trichomes 
et  plus  ou  moins  pelotonnés,  constitués  de  cellules  ajus- 
tées bout  à  bout,  parfois  toutes  semblables  entre  elles, 
généralement  différenciées  en  cellules  vivantes,  purement 
végétatives,  et  cellules  mortes  ou  hétérocystes,  qui  semblent 
être  des  organes  de  fixation,  présentant  deux  épaississe- 
ments  au  niveau  de  leurs  points  d'attache  avec  les  cellules 
voisines  ;  ces  dernières  sont  beaucoup  moins  nombreuses 
que  les  premières.  Les  Nostocs  (V.  Algues,  fig.  4,  t.  11, 
p.  492)  se  multiplient  par  homogonies,  toute  la  partie 
d'un  filament  comprise  entre  deux  hétérocystes  se  déta- 
chant et  allant  reproduire  un  nouveau  végétal  à  quelque 
distance.  Ils  ne  forment  pas  de  véritables  spores,  mais 
constituent  des  kystes  de  conservation  lorsque  les  condi- 
tions extérieures  deviennent  défavorables  :  ces  kystes  se 
forment  par  l'accroissement  d'une  cellule  végétative, 
souvent  quelconque,  dans  certains  cas  locaUsée  au  voi- 
sinage immédiat  d'un  hétérocyste,  qui  ciitinisc  fortement 
sa  membrane  de  façon  à  la  rendre  très  résistante; 
la  formation  des  kystes  peut  gagner  toutes  les  cellules 
d'un  fdament  ou  se  borner  à  quelques  cellules  seulement. 
Ces  spores  de  conservation  germent  comme  les  spores 
ordinaires  et  reproduisent  un  filament  de  Nostoc  droit, 
qui  se  pelotonne  dans  la  suite,  son  accroissement  étant 
intercalaire  et  ses  extrémités  fixes;  le  filament  jeune  pré- 
sente des  mouvements  d'oscillation  analogues  à  ceux  des 
Oscillaires.  Les  Nostocs,  assez  répandus  dans  la  nature, 
ont  été  classés,  d'après  leur  habitat  :  en  Nostocs  terrestres, 
paludéens  et  submarins,  par  Kiitzing;  en  Nostocs  terrestres, 
l)ryophiles  et  aquatiques  ,par  Rabenborst.  Ils  affectionnent 
les  endroits  humides.  Ils  entrent  dans  la  composition  d'un 
certain  nombre  de  lichens.  Henri  ^'ournier. 

NOSTOCACÉES  (Bot.).  Famille  d'Algues,  de  la  classe 
des  Gyanopliycées,  assez  hétérogène  et  offrant  de  remar- 
quables différences  entre  ses  genres.  Thalle  ou  filamenteux 
{Beggiatoa,  Oscillaria),  ou  plan  {Merismopœdid) ,  ou 
massif  (Glœocapsa),  présentant  généralement  des  hété- 
rocystes dans  les  premiers  cas,  n'en  offrant  pas  dans  les 
deux  autres  ;  généralement  rort  bleuâtre,  par  suite  de  la 
superposition  d'un  pigment  bleu,  la  phycocyanine,  au  pig- 
ment vert,  la  chlorophylle,  ces  pigments  n'étant  pas  loca- 
lisés sur  des  corpuscules  spéciaux,  mais  étant -uniformé- 
ment répartis  dans  toute  la  masse  protoplasmique  ;  quel- 
quefois complètement  incolore  {Beggiatoa,  Lemonostoc) , 
parfois  seulement  vert.  Développement  extrêmement  ra- 
pide. Les  Nostocacées  ont  les  habitats  les  plus  variés,  mais 
affectionnent  les  heux  humides.  Beaucoup  sont  aquatiques 
{Anabœna  Flos  aqiiœ)  ;  qnelques-unes  pullulent  dans  l'eau 
chaude  {Beggiatoa)  ou  dans  certains  solfatares.  Certaines 
ont  la  propriété  de  réduire  les  sulfates  en  emmagasinant 
le  soufre  et  en  mettant  en  liberté  l'acide  suif  hydrique.  Le 
Lemonostoc  mesenteroides  intervertit  le  sucre  de  canne 
et  se  multiphe  dans  les  sucreries  avec  une  rapidité  sur- 
prenante et  désastreuse. 

y  an  Tieghem  divise  les  Nostocacées  en  trois  groupes, 
suivant  qu'elles  présentent  une,  deux  ou  trois  directions 
de  cloisonnement,  et  en  six  tribus.  Dans  le  premier  groupe 
se  classent  quatre  tribus  :  les  Oscillariées  sont  composées 
de  filaments  constitués  par  des  cellules  toutes  semblables, 
renfermant  de  la  chlorophylle  (genres  Oscillaria,  Lyng- 
bya,  Glœothece,  Aphanotece  et  Synechococcus)  ou  n'en 
renfermant  pas  (genres  Beggiatoa  et  Lemonostoc).  Les 
trois  autres  tribus  présentent  des  hétérocystes  ;  chez  les 
Nostocées,  la  croissance  est  uniforme  :  cette  famille  ren- 
ferme les  genres  Nostoc,  Anabœna,  Cylindrosjjermum, 


Sphœrozyga)  ;  chez  les  Rivulariées  {Rivularia,  Glœotri- 
chia,  Calothrix),  le  sommet  du  filament  est  dépourvu  de 
croissance  et  allongé  en  poil  ;  chez  les  Scytonémées  {Scy- 
tonema,  Tolypothrix,  Stigonema),  la  croissance  est  au 
contraire  localisés  au  sommet  ;  les  filaments  semblent  se 
ramifier. 

Les  Mérismopédiées,  à  thalle  membraneux  et  dissocié, 
constituent  le  second  groupe  et  renferment  les  genres  Me- 
rismopœdia,  CœlosphœîHum  ;  enfin  le  troisième  groupe 
renferme  des  Algues  à  thalle  m.assif  et  dissocié,  réunies 
dans  la  tribu  des  Chroococées  et  renfermant  les  genres 
Chroocoaciis,  Glœocapsa,  Aphanocapsa,  Polycyslis,  Pla- 
coma,  la  classification  de  plusieurs  d'entre  eux  restant 
douteuse  et  ne  paraissant  être  que  provisoire. 

Henri  Fourinier. 

NOSTRÂDÂIVIUS  (Michel  de NoTREDAME,  dit),  astrologue 
français,  né  à  Saint-Remy-de-Provence  le  44  déc.  4503, 
mort  à  Salon  le  2  juilL  4566.  D'une  ancienne  famille  juive, 
qui  se  convertit  au  christianisme  quelques  années  après  sa 
naissance,  il  avait  pour  grands-pères  deux  médecins,  dont 
l'un  fut  conseiller  du  roi  René,  et  pour  père  un  notaire. 
Son  grand-père  maternel  lui  enseigna  les  éléments  du  grec 
et  du  latin  ;  il  fut  mis  ensuite  au  collège  d'Avignon  et,  ses 
classes  terminées,  il  alla  étudier  la  médecine  à  MontpeUier. 
Il  y  était  encore  lorsqu'une  terrible  épidémie  de  fièvre  pes- 
tilentielle vint  désoler  le  S.-O.  de  la  France;  pendant 
quatre  ans  (4525-29),  il  séjourna  dans  les  principales 
villes,  à  Narbonne,  à  Toulouse,  à  Bordeaux,  donnant  ses 
soins  aux  malades,  et,  à  son  retour  à  MontpeUier,  se  fit 
recevoir  docteur.  Pou  après,  on  le  trouve  établi  à  Agen,  où 
l'avait  appelé  Scaliger  et  où  il  se  maria.  Il  eut  deux  en- 
fants, mais  il  les  perdit  tout  jeunes,  ainsi  que  leur  mère, 
et  pour  calmer  sa  douleur  se  mit  à  voyager  ;  il  parcourut 
ainsi,  pendant  une  douzaine  d'années,  la  Guyenne,  le  Lan- 
guedoc, l'Italie,  la  Provence;  en  4544,  il  se  remaria  avec 
une  jeune  fille  très  riche,  Pons  Jumel,  et  se  fixa  à  Salon. 
En  4545,  une  nouvelle  épidémie  de  peste  éclata.  A  Aix  et 
à  Lyon,  où  elle  sévit  surtout,  et  où  il  fut  successivement 
mandé  par  défibérations  solennelles  des  autorités,  il  fit 
preuve  d'un  réel  dévouement  et  employa,  paraît-il,  avec  un 
grand  succès,  un  remède  secret,  dont  il  était  l'inventeur. 
La  jalousie  de  ses  confrères  et  leurs  attaques  l'obligèrent 
à  vivre  très  retiré.  Cette  solitude  exalta~t-elîe  son  esprit 
au  point  qu'il  crut  se  découvrir  le  don  de  prédire  l'avenir, 
ou  comprit-il,  connaissant  la  crédulité  de  son  époque,  qu'il 
lui  serait  aisé  de  conquérir,  s'il  parvenait  à  se  faire  passer 
pour  prophète,  la  considération  et  les  honneurs?  Quoi  qu'il 
en  soit  sur  ce  point,  qui  a  été  très  discuté,  il  se  mit,  dès 
4550,  à  écrire  dans  un  style  énigmatique,  et  en  quatrains, 
pour  leur  donner  une  allure  plus  prophétique,  toute  une 
série  de  prédictions,  dont  il  pubfia  à  Lyon,  en  4555,  les 
sept  premières  Centuries.  La  vogue  de  ce  recueil  fut  con- 
sidérable. Tout  le  monde  prit  parti  pour  ou  contre  Nostra- 
damus,  et  Catherine  de  Médicis,  qui  avait  dans  l'astrologie 
une  confiance  aveugle,  l'appela  à  la  cour,  où  il  fut  l'objet 
des  distinctions  les  plus  flatteuses.  En  4558,  il  donna  une 
nouvelle  édition  de  son  recueil,  augmenté  de  trois  centu- 
ries et,  l'année  suivante,  la  mort  de  Henri  II,  blessé  dans 
un  tournoi,  vint  mettre  le  comble  à  sa  réputation.  On  vou- 
lut voir,  en  effet,  la  prédiction  de  cet  événement  dans  le 
35®  quatrain  de  sa  première  centurie  : 

Le  lyon  jeune  le  vieux  surmontera 

En  champ  bellique  par  singulier  duelle; 

Dans  caige  d'or  les  yeux  luy  crèvera  : 

Deux  classes  une,  puis  mourir;  mort  cruelle. 

Retourné  à  Salon,  il  y  reçut  en  4564  la  visite  de 
Charles  IX,  qui  le  nomma  son  médecin  ordinaire.  Mais  nul 
n'est  prophète  dans  son  pays  et  il  était  traité  comme  un 
imposteur  par  ses  compatriotes.  Il  mourut  à  l'âge  de 
soixante-trois  ans  et  fut  enterré  dans  l'église  des  frères 
mineurs.  Le  bruit  courut  bientôt  qu'il  s'était  fait  enfermer 
tout  vivant  dans  un  caveau,  avec  une  lampe,  du  papier,  de 
l'encre,  des  plumes,  et  qu'il  continuait  à  y  écrire  ses  pro- 


—  63  - 


NOSTMDAMUS  —  NOTAIRE 


phéties.  Parmi  les  nombreuses  satires  qui  furent  dirigées 
contre  celles-ci,  on  cite  surtout  ce  joli  distique,  attribué 
tour  à  tour  à  Jodelie,  à  Bèze  et  à  Utenhove  : 

Nostra  daiims  ciim  falsa  daraus,  non  fallere  nostrura  est, 
Et  cura  falsa  damus,  nil  nisi  nostra  damus. 

Il  convient  de  mentionner  également  une  autre  satire  en 
vers  due  à  Conrad  Badins  :  les  Vertus  de  notre  maître 
Nostradamiis  (Genève,  1562).  Les  Centuries  ont  en  de 
nombreuses  éditions;  les  plus  recherchées  sont,  outre  les 
deux  premières  (V.  ci-dessus),  les  suivantes  :  Lyon,  1605  ; 
Leyde,  1650;  Amsterdam,  1667.  De  nombreux  commen- 
taires en  ont  été  donnés  (V.  ci-dessous  Bibl.).  On  attribue 
encore  à  Nostradamus  :  Traité  des  fardements  (Lyon, 
1552;  réimpr.,  Poitiers,  1556);  le  Remède  très  utile 
contre  la  peste  et  toutes  fièvres  pestillentieles  (Paris, 
^561)  ;  Opuscule  de  plusieurs  exquises  receptes  (Lyon, 
1572).  Il  a  enfin  publié,  à  partir  de  1550  et  jusqu'à  sa 
mort,  un  Almanach,  qui  fut  contrefait  de  son  vivant  et 
qui,  continué  sous  son  nom  après  sa  mort,  rivalisa  long- 
temps, dans  la  faveur  populaire,  avec  celui  do  Mathieu  Laens- 
berg.  La  Bibliothèque  nationale  a  de  lui  de  nombreuses 
lettres  inédites  (Corresp.  de  Pciresc,  suppl.  franc.,  n»  986, 
et  fonds  latin,  n"  8589). 

Jean  de  Notredame,  son  frère  pumé,  mort  en  1590, 
était  procureur  au  parlement  d'Aix.  On  a  de  lui  une  com- 
pilation intitulée  les  Vies  des  plus  célèbres  et  anciens 
poètes  prouensaux  (Lyon,  1575),  qui  a  été  traduite  en 
itahenpar  J.  Giudici (Lyon,  i  575)  etpar  Crescimbeni  (Rome, 

César  de  Notredame,  son  second  fils  (1555-1629),  fit 
d'abord  de  la  peinture  (portrait  de  son  père  au  musée 
d'Avignon),  puis  cultiva  la  poésie;  mais  il  est  particulière- 
ment connu  par  son  Histoire  et  chronique  de  Provence 
(Lyon,  1614,  in-foL),  qui  lui  valut  d'être  nommé  par 
Louis  XIÎI  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre  du  roi. 

Un  autre  fils  du  célèbre  astrologue,  Michel  de  Notre- 
dame, dit  le  Jeune  (mort  en  1574),  tenta,  comme  lui, 
de  prédire  l'avenir,  mais  ayant  annoncé  que  le  Pouzin,  pe- 
tite ville  du  VivaraJs  assiégée  par  les  troupes  royales,  pé- 
rirait dans  les  flammes,  il  y  mit  lui-même  le  feu  après 
qu'elle  eût'  été  prise  et,  surpris  par  le  commandant  des 
assiégeants,  Saint-Luc,  fut  tué  de  sa  main.  Il  a  écrit  : 
Traité  d'astrologie  (Paris,  1563).  L.  S. 

Bibl.  :  Ciiavigny,  Commentaires  sur  les  centuries  de 
Nostradmnus;  Paris,  1596.  ~  E.  Jaubert,  Vie  de  M.  Nos- 
tradamus ;  Amsterdsim,  1656.  —  GuYNAUD,  la  Concordance 
des  prophéties  de  Nostradamus  avec  rhistoire;P avis,  1G93. 
—  D.-G.  MoRHOF,  Polyhistor;  Lubeck,  1708,  Jiv.  J,  ch.  x.  — 
J.  Leroux,  la  Clef  de  Nostradamus;  Paris,  1710.  —  L.-J. 
de  Haïtze,  Vie  de  m.  Nostradamus  ;  A\x,lll2.  —  P.  Tronc 
DE  CoNDOULET,  Abrégé  de  la  vie  de  Michel  Nostradamus  ; 
Salon,  s.  d.  —  D'Artigny,  Mémoires:  Paris,  1749,  t.  Il,  III 
et  VIT.  —  Adelung,  Histoire  de  la  folie  humaine;  Leipzio-, 
1785,  t.  VIT,  p.  105.  —  Anon.,  la  Vie  et  le  Testament  de 
M.  Nostradamus;  Paris,  1789.  —  Th.  Bouys,  Nouvelles 
Considérations  sur  les  sibylles  et  les  prophètes  et  particu- 
lièrement sur  Nostrad,amus  ;  Paris,  1806.  —  E.  Bareste, 
Nostradamus  ;  Paris,  1842. 

NOTA  (Alberto),  auteur  dramatique  itahen,  né  à  Turin 
le  15  nov.  1775,  mort  le  17  avr.  1847.  Il  occupa  divers 
emplois  dans  l'administration,  d'abord  sous  le  gouverne- 
ment français,  puis,  après  1815,  sons  celui  de  la  dynas- 
tie de  Savoie  ;  d'abord  secrétaire  du  prince  de  Carignan 
(Charles-Albert),  il  fut  successivement  administrateur  des 
districts  de  Robbio,  San-Remo,  Pignerol,  Casai  et  Coni. 
C'est  dans  les  nombreux  loisirs  que  lui  laissaient  ses  fonc- 
tions qu'il  écrivit  pour  le  théâtre.  Ses  premiers  essais 
sont  des  traductions  ou  imitations  de  Molière  {Il  nuovo 
ricco,  VAmmalato  per  immaginaùone) ,^  puis  de  Gol- 
doni.  Même  dans  ses  oeuvres  originales,  il  suit  de  près 
les  traces  de  celui-ci  :  il  se  distingue  surtout  de  lui  en 
essayant  de  peindre  plus  exactement  la  réafité  et  en  fai- 
sant plus  de  place  aux  préoccupations  morales.  Ses  pièces 
sont  bien  construites,  mais  d'une  invention  médiocrement 
originale  et  d'une  allure  un  peu  tramante  ;  de  plus,  son 


style  académique  et  châtié  convient  parfois  assez  peu  aux 
personnages  de  condition  moyenne  qu'il  se  plaît  à  mettre 
en  scène.  Ses  pièces  sont  au  nombre  d'une  trentaine  ;  les 
meilleures  sont  :  la  Hera;  Rivoluuoni  in  amore,  Il 
Benefattore,  la  Pace  dômes tica,  Vîrrequieto,  il  Pro~ 
gettista,  la  Lusinghie?rc,  Educazione  e  Natura,  la  Ve- 
dova  in  solitudine,  l'Anior  timido.  Ses  œuvres  ont  eu, 
de  1816  à  1829,  dix  éditions;  la  meilleure  est  la  der- 
nière (Naples,  1829-30,  7  vol.).  A.  Jeanroy. 

Bir.L.  :  Mestica,  Manuale  délia  lett.  ital  nel  secolo 
decimo  nono^  II,  447. 

NOTABLES.  Cette  désignation  tout  honorifique,  em- 
pruntée à  la  hiérarchie  nobiliaire  du  Bas-Empire,  s'ap- 
plique, sous  l'ancien  régime,  aux  individus  nobles  ou  non 
nobles  (en  général  de  haute  ou  de  ])onne  bourgeoisie) 
appelés  par  le  roi  à  former  des  assemblées  consultatives 
(V.  Assemblées  des  notables,  t.  IV,  p.  198).     H.  Monin. 

NOTAIRE.  î.  Histoire.— On  désignait  à  Rome,  sous  le 
nom  de  notaires,  les  scribes  qui  écrivaient  en  notes,  c.-à-d. 
en  une  sorte  de  sténographie  (V.  Notes  TiRo^nENNEs).  Ces 
scribes  remplissaient  les  fonctions  de  secrétaires  des  princes, 
des  hauts  fonctionnaires,  des  écrivains,  des  avocats,  des 
administrations,  ainsi  que  celles  do  grefilers  des  tribunaux. 
Les  écrivains  qui  avaient  pour  métier  de  rédiger  les  con- 
trats portaient  un  autre  nom,  celui  de  tabellion.  Organi- 
sés en  corporation,  les  tabeiUons  de  l'empire  romain  fini- 
rent, aux  derniers  temps  de  l'empire,  par  acquérir  la 
qualité  Aq  personœ  publicœ,  en  vertu  de  laquelle  les  actes 
qu'ils  rédigeaient  avaient  le  caractère  d'écritures  publiques. 
Des  constitutions  impériales  réglementèrent  leur  profes- 
sion et  déterminèrent  le  protocole  qu'ils  devaient  employer. 
On  no  saurait  suivre  l'histoire  du  notariat  et  dutabelhonat 
après  la  chute  de  l'empire  :  en  Italie  au  moins,  ils  parais- 
sent avoir  survécu  aux  invasions,  mais  en  tombant  dans  la 
confusion  et  l'irrégularité  comme  toutes  les  institutions 
romaines  qui  ne  furent  pas  alors  anéanties. 

Les  notaires,  avec  le  caractère  de  secrétaires,  se  re- 
trouvent auprès  des  papes.  Ils  eurent  charge  de  recueillir 
les  actes  des  martyrs,  et  plus  tard,  organisés  en  collège 
sous  la  direction  d'un  primicier,  et  sous  l'autorité  du 
chancelier,  ils  furent  chargés  de  la  rédaction  et  de  l'expé- 
dition des  lettres  apostoliques.  On  retrouve  des  notaires 
chargés  à  peu  près  des. mêmes  fonctions  dans  toutes  les 
chancelleries  et  notamment  dans  celle  des  rois  de  France. 
Depuis  le  xiii^  siècle,  ils  y  forment  la  corporation  des  «  no- 
taires du  roi  »,  parmi  lesquels  un  certain  nombre,  qui  s'in- 
titulent «  notaires  et  secrétaires  du  roi  »,  sont  chargés  de 
fonctions  spéciales.  Il  existait  de  môme  des  notaires  auprès 
de  chaque  juridiction  où  ils  remplissaient  les  fonctions  de 
greffier.  Les  officialités,  comme  les  prévôtés  et  les  baiUiages, 
avaient  leurs  notaires.  Quant  aux  notaires  qui  dressaient 
les  actes  privés,  il  y  a  heu  de  distinguer,  pour  la  France 
du  moins,  entre  les  pays  de  droit  écrit  et  les  pays  de  droit 
coutumier.  Dans  les  pays  de  droit  écrit,  c.-à-d.  dans  tout 
le  midi  du  royaume,  il  existait  des  tabellions  ou  notaires 
publics  (les  deux  titres  paraissent  avoir  été  indifféremment 
employés),  ayant  caractère  àe personœ publicœ,  ayant  le 
privilège  de  donner  aux  actes  qu'ils  dressaient,  par  l'addi- 
tion d'un  certificat  et  par  l'apposition  de  leur  seing  ma- 
nuel, le  caractère  d'actes  authentiques.  Ces  notaires  rece- 
vaient l'investiture  de  l'écritoire  et  de  la  plume  de  ceux  qui 
détenaient  une  part  de  la  puissance  publique.  Les  seigneurs 
justiciers,  les  évoques,  les  communes  créaient  des  notaires 
publics,  seigneuriaux,  épiscopaux,  municipaux,  auxquels 
ils  conféraient  le  droit  d'instrumenter  dans  le  ressort  de 
leurs  seigneuries.  Le  pape  et  l'empereur,  qui  prétendaient 
à  la  juridiction  sur  le  monde  entier,  non  seulement  créèrent 
des  notaires  pubhcs  ayant  droit  d'instrumenter  partout, 
mais  encore  déléguèrent,  concédèrent  comme  une  faveur  ou 
vendirent  la  faculté  d'instituer  des  notaires.  En  sorte  que, 
pour  la  plupart,  les  notaires  pubhcs,  apostoliques  et  impé- 
riaux (un  grand  nombre  réunissaient  ce  double  titre)  te- 
naient leur  investiture,  non  pas  du  pape  ou  de  l'empereur, 


NOTAIRE  —  64  --- 

mais  du  sénateur  romain,  du  préfet  de  Rome,  de  princes 
italiens,  de  seigneurs  de  l'empire.  Les  souverains  de  la 
plupart  des  Etats  de  l'Europe  durent  prendre  des  mesures 
pour  imposer  des  limites  aux  prétentions  de  ces  notaires 
qui  pullulaient  dans  toute  la  chrétienté.  Après  la  réunion 
à  la  couronne  des  provinces  du  Midi  delà  France,  les  rois 
y  instituèrent  à  Jeur  tour  des  notaires  ayant  faculté  d'ins- 
trumenter in  terra  quœ  jure  siripto  regilur,  ainsi  que 
le  porte  la  teneur  de  leur  serment  professionnel. 

Dans  les  pays  de  droit  coutumier,  il  y  avait  aussi  des 
notaires,  mais  qui,  n'ayant  pas  de  caractère  public,  n'avaient 
pas  le  privilège  d'authentiquer  eux-mêmes  les  actes  qu'ils 
dressaient.  lis  étaient  attachés  aux  diverses  juridictions 
ecclésiastiques,  seigneuriales  ou  royales  et  devaient  faire 
apposer  aux  actes  qu'ils  dressaient  le  sceau  de  la  juridic- 
tion près  de  laquelle  ils  étaient  assermentés.  Ces  notaires 
de  cour  ou  de  juridiction  [nolarii  curiœ)  étaient  parfois 
aussi  appelés  tabellions  ;  ceux  qui  exerçaient  près  des  juri- 
dictions royales  étaient  appelés  «  notaires  royaux  »,  titre 
qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  celui  de  notaire  du  roi. 
Depuis  les  règlements  établis  par  Philippe  le  Bel,  il  y  eut 
auprès  de  chaque  juridiction  royale  une  petite  chancellerie 
placée  sous  la  direction  d'un  garde  du  scel  royal.  Parfois 
même  on  en  établit  plusieurs  dans  le  ressort  de  la  juri- 
diction. Chacune  de  ces  chancelleries  avait  pour  annexe  un 
tabellionage  ou  bureau  public  d'écritures,  dans  lequel  un  no- 
taire, tabellionjurô,  avaitpour  fonction  principale  derecevoir 
des  notaires  jurés  du  ressort  les  minutes  des  actes  dressés 
par  eux,  de  les  transformer  en  expéditions  originales  ou 
«  grosses  »,  de  leur  faire  conférer  l'authenticité  par  l'appo- 
sition du  sceau  de  la  juridiction,  et  enfin  de  conserver  les 
minutes.  Les  notaires  chargés  de  rédiger  les  actes  n'en 
avaient  pas  la  garde,  et  parfois  môme  il  fut  créé  à  côté 
des  tabellionages  des  offices  de  gardes- notes,  distincts  de 
ceux  de  tabellion. 

A  Pari:-,  l'organisation  était  un  peu  différente  ;  il  n'exis- 
tait pas  de  tabellionage,  mais  seulement  une  nombreuse  et 
puissante  corporation  de  notaires  royaux,  les  notaires  du 
Châtelet,  qui  remplissaient  en  mémo  temps  auprès  de  cette 
juridiction  les  fonctions  de  procureurs.  Comme  il  n'y  avait 
pas  de  tabellion,  chaque  notaire  devait  rédiger  les  actes 
en  minutes,  les  grossoyer  et  les  présenter  chaque  vendredi 
à  l'audience  du  sceau  où  le  scelleur  du  Châtelet  devait  y 
apposer  le  sceau  de  la  Prévoté  do  Paris.  Mais,  en  fait,  les 
notaires  du  Châtelet  prenaient  peu  à  peu  l'habitude  de  ne 
jamais  rédiger  les  actes  qu'en  minutes  et  de  les  délivrer 
aux  parties,  signés  seulement  de  leurs  seings  manuels  sans 
sceau.  Tandis  que  les  notaires  royaux  des  juridictions 
locales  ne  pouvaient  instrumenter  que  dans  le  ressort,  ceux 
du  Châtelet  le  pouvaient  faire  dans  tout  le  royaume  et 
étaient  seulement  tenus  à  n'avoir  pas  leur  domicile  ailleurs 
qu'à  Paris.  Charles  VI  les  plaça  sous  la  sauvegarde  royale, 
les  autorisant  en  conséquence  à  placer  sur  leurs  maisons 
les  armes  royales;  c'est  l'origine  des  panonceaux  qui  servent 
encore  aujourd'hui  d'enseigue  aux  notaires,  lui  dépit  des 
prescriptions  multipliées  pour  les  obliger  à  faire  sceller 
leurs  actes  à  la  Prévôté,  la  pratique  de  les  délivrer  non 
scellés  aux  parties  se  perpétua,  surtout  à  partir  de  l'époque 
où  les  signatures  des  parties  et  des  témoins  eurent  été 
rendues  obhgatoires.  Depuis  le  xvi^  siècle,  on  eut  de  moins 
en  moins  recours  à  la  formalité  du  sceau  qui  fut  réservé 
aux  actes  auxquels  on  voulait  assurer  force  exécutoire  par 
voie  parée.  Cette  pratique  fut  consacrée  par  les  édits  de 
juil.  1706  et  cl'avr.  4708,  cpji  suppiimèrent  la  différence 
qui  existait  entre  les  notaires  pubhcs  du  Pdidi  et  les  notaires 
l'oyaux  du  Nord,  en  supprimant  les  offices  de  garde-scel  et 
en  autorisant  les  notaires  royaux  à  apposer  eux-mêmes 
sur  leurs  actes  un  sceau  aux  armes  royales. 

La  Révolution  supprima  les  qualités  anciennes  des  notaires, 
abolit  la  vénalité  et  l'hérédité  de  leurs  offices  et  les  réunit 
en  un  seul  corps  sous  la  dénomination  de  notaires  publics, 
iille  en  fit  les  délégués  directs  du  pouvoir  exécutif  pour 
rendre  exécutoires  tous  actes  et  contrats  alors  nu' autre- 


fois on  les  considérait  comme  une  émanation  de  l'autorité 
judiciaire.  A.  G-. 

IL  Droit  actueL  •—  Fonctionnaire  public  établi  pour 
recevoir  tous  les  aclcs  cl  contrats  auxquels  les  parties 
doivent  ou  veulent  faire  donner  le  caractère  d'authenticité 
attaché  aux  actes  de  t'auiorité  publique,  et  pour  en  assurer 
la  date,  en  conserver  le  dépôt,  en  délivrer  des  grosses  et 
expéditions.  Cette  cléllniiion,  qui  est  empruntée  à  la  loi 
du  25  ventôse  an  XI,  loi  organicpue  du  notariat,  n'est 
pourtant  pas  rigoureusement  exacte.  Il  est  certain  que 
les  notaires  ne  sont  pas  des  fonciionnaires,  mais  des  ojfi- 
ciers  pichlics,  pourvus  d'un  office  ministériel  dont  ils 
sont  propriétaires  et  qu'ils  peuvent  céder  à  un  succes- 
seur, moyennant  un  prix  détcrmijié.  En  Algérie  cepen- 
dant, les  offices  de  notaires  sont  incessibles,  et  il  ne  peut 
pas  être  traité  ni  du  titre,  ni  de  la  clientèle  (décret  du 
30  déc.  4842)  ;  dans  cette  colonie,  les  notaires  sont  véri- 
tablement des  fonctionnaires. 

Comme  tous  les  officiers  ministériels,  les  notaires  sont 
nommés  par  décret  du  président  de  la  République,  sur  la 
présentation  de  leur  cédant,  et  après  examen  du  traité  de 
cession  par  la  chancellerie.  Leurs  fondions  sont  incom- 
patibles avec  celles  de  magistrat,  de  greffier,  d'avocat, 
d'avoué,  d'huissier,  de  commissaire-priseur,  et  avec  les 
professions  de  Ijanquicr,  courtier  ou  négociant,  ou,  d'une 
manière  générale,  avec  toutes  les  professions  commer- 
ciales. Cependant,  il  est  de  jurisprudence  constante  que, 
si  un  notaire  se  livre  à  dos  actes  de  commerce  et  qu'il 
vieinie  à  toml^-cr  au-dessous  de  ses  affaires,  il  peut  être 
déclaré  en  faillite  ou  en  banqueroute  comme  un  véritable 
commerçant. 

D'après  la  loi  du  25  ventôse  an  XI,  les  notaires  sont 
divisés  en  trois  classes,  suivant  qu'ils  appartiennent  au 
ressort  d'une  cour  d'appel,  d'un  tribunal  de  première 
instance  ou  d'une  justice  de  paix.  Ainsi  la  première  classe 
comprend  les  notaires  en  résidence  dans  une  ville  où  siège 
une  cour  d'appel  ;  la  deuxième  comprend  les  notaires  en 
résidence  dans  une  ville  où  siège  un  tribunal  ;  enfin,  la 
troisième  classe  comprend  les  notaires  qui  habitent  dans 
luie  connnune  oîi  ne  siège  ni  cour  ni  tribunal  de  première 
instance.  L'intérêt  de  cette  classification  n'est  pas  pure- 
ment théori([ne  :  d'une  part,  les  notaires  de  première  et 
de  deuxième  classe  peuvent  exercer  leurs  fonctions  dans 
toute  l'étendue  du  ressort  de  la  cour  ou  du  tribunal, 
tandis  que  les  notaires  de  la  troisième  classe  ne  peuvent 
instrumenter  que  (kins  l'étendue  de  leur  canton.  La  loi  du 
25  ventôse  an  XI  défend  à  tout  notaire  d'instrumeiiter 
hors  de  son  ressort,  à  peine  d'être  suspendu  de  ses  fonc- 
tions pendant  trois  mois,  d'être  destitué  en  cas  de  réci- 
dive, et  de  tous  dommages-intérêts  envers  les  confrères 
du  ressort  voisin  auxquels  il  aurait  porté  préjudice  par  une 
concurrence  déloyale.  Nous  verrons,  d'autre  part,  que  les 
conditions  de  capacité  varient,  suivant  qu'il  s'agit  d'un 
notaire  de  première,  de  deuxième  ou  de  troisième  classe. 
il  doit,  en  principe,  y  avoir  deux  notaires  au  moins  et 
chiq  au  plus  dans  chaque  canlon.  Dans  les  villes  de 
400.000  âmes  et  au  delà,  il  doit  y  en  avoir  un  au  plus 
pour  6.000  âmes.  Les  créations  de  charges  nouvelles  et 
les  suppressions  d'offices  se  font  comme  il  sera  dit  au  mot 
Office  !,îlxisïérîel. 

Pour  être  admis  aux  fonctions  de  notaire,  il  faut  : 
4°  être  Français  ;  2°  jouir  de  l'exercice  de  ses  droits  de 
citoyen  ;  3°  avoir  satisfait  aux  lois  sur  le  recrutement 
militaire  ;  4°  produire  un  certificat  de  moralité  et  de  ca- 
pacité ;  D'^  enfin  juslifier  d'un  stage  déterminé.  La  durée 
de  ce  stage  varie  suivant  les  cas.  Elle  est,  sauf  exceptions, 
de  six  années  entières  et  non  interrompues,  dont  une  des 
deux  dernières  au  moins  en  qualité  de  premier  clerc  chez 
un  notaire  d'une  classe  égale  à  celle  à  laquelle  ils'agit  d'êti'e 
nommé  ;  ce  temps  de  stage  peut  n'être  que  de  quatre 
années  lorsqu'il  en  a  été  employé  trois  dans  l'étude  d'mi 
notaire  d'une  classe  supérieure,  et  lorsque  pendant  la 
quatrième  l'aspirant  a   travaillé  en  quahté  de  premier 


65  -. 


NOTAIRE 


clerc  chez  un  notaire  d'une  classe  supérieure  ou  égale  à 
Celle  à  laquelle  il  se  présente.  L'aspirant  qui  a  travaillé 
pendant  quatre  ans  sans  interruption  chez  un  notaire  de 
première  ou  de  deuxième  classe,  et  qui  a  été  pendant  deux 
ans  au  moins  avocat  ou  avoué  près  d'un  tribunal  civil, 
peut  être  admis  dans  une  des  classes  od  il  a  fait  son 
stage,  pourvu  que,  pendant  l'une  des  deux  dernières  années, 
il  ait  travaillé  en  qualité  de  premier  clerc  chez  un  notaire 
d'une  classe  égale  à  celle  à  laquelle  il  aspire.  La  durée  du 
stage,  telle  que  nous  venons  de  la  fixer,  d'après  les  art.  36  et 
suiv.  de  la  loi  du  25  ventôse  an  XI,  est  d'un  tiers  en 
plus  toutes  les  fois  que  l'aspirant,  ayant  travaillé  chez  un 
notaire  d'une  classe  inférieure,  se  présente  pour  remplir 
une  place  d'une  classe  immédiatement  supérieure.  Enfin, 
pour  être  admis  à  exercer  dans  la  troisième  classe,  il 
suffit  d'avoir  travaillé  pendant  trois  ans  chez  un  notaire 
de  première  ou  de  seconde  classe  ou  d'avoir  exercé  pen- 
dant deux  ans  les  fonctions  d'avocat  ou  d'avoué  près  d'un 
tribunal  ou  d'une  cour,  et  d'avoir,  de  plus,  travaillé  pen- 
dant un  an  chez  un  notaire.  Quant  au  certificat  de  mora- 
lité et  de  capacité  exigé  par  la  loi  du  25  ventôse  an  XI, 
il  est  délivré  par,  la  chambre  de  discipline  des  notaires 
de  l'arrondissement  dans  lequel  le  candidat  désire  être 
admis  à  exercer.  Il  est  accordé  après  un  examen  profes- 
sionnel passé  devant  cette  chambre. 

Toutes  les  conditions  que  nous  venons  de  résumer  étant 
remplies,  le  candidat  est  nommé  par  décret  du  président 
de  la  République,  qui  indique  en  même  temps  le  lieu 
de  sa  résidence.  Chaque  notaire  doit  résider  dans  le  lieu 
qui  lui  est  ainsi  désigné  ;  il  ne  peut  donc  pas  changer 
cette  résidence,  à  peine  d'être  considéré  comme  démission- 
naire, mais  il  peut  être  autorisé  à  effectuer  ce  changement 
par  le  ministre  de  la  justice,  sur  l'avis  de  la  chambre  de 
discipline  et  du  ministère  public.  Les  notaires  sont  assujettis 
à  un  cautionnement  fixé  par  le  gouvernement  et  qui  est  spé- 
cialement affecté  à  la  garantie  des  condamnations  qui  peuvent 
être  prononcées  contre  eux  à  l'occasion  de  l'exercice  de  leurs 
fonctions.  Ces  cautionnements  varient  suivant  le  chiffre  de 
la  population,  et  selon  qu'il  s'agit  d'un  notaire  de  première, 
de  deuxième  ou  de  troisième  classe  :  ils  sont  fixés  par  la 
loi  du  28  avr.  1816.  Avant  d'entrer  en  exercice,  chaque 
notaire  doit  prêter  serment  de  bien  et  fidèlement  remplir 
ses  fonctions,  et  déposer  au  greffe  de  chaque  tribunal  de 
première  instance  de  son  déparlement  la  signature  et  le 
paraphe  dont  il  compte  se  servir.  En  principe,  tout  acte 
notarié  doit  être  reçu  par  deux  notaires  ;  aussi  ces  actes 
commencent-ils  uniformément  par  la  mention  :  «  Par- 
devant  M«  X...  et  son  collègue,  notaires  à...  ».  Toutefois, 
l'assistance  du  notaire  en  second  peut  être  remplacée  par 
la  présence  de  deux  témoins.  Exceptionnellement,  quand 
il  s'agit  d'un  testament  authentique,  l'art.  971  du  C.  civ. 
exige  la  présence  de  deux  notaires  et  de  deux  témoins, 
ou  d'un  seul  notaire  assisté  de  quatre  témoins. 

Les  actes  notariés  doivent  énoncer  le  nom  et  la  rési- 
dence du  notaire  qui  les  reçoit  ;  les  noms,  prénoms,  qua- 
lités et  demeures  des  parties  contractantes  ;  les  noms  et 
demeures  des  témoins  ;  le  lieu,  l'année  et  le  jour  ou  ces 
actes  ont  été  passés.  Ils  sont  signés  par  les  parties,  les 
témoins  et  les  notaires,  et  mention  doit  en  être  faite.  Ils 
doivent  être  écrits  en  un  seul  contexte,  lisiblement,  sans 
abréviations,  blancs,  ratures  ou  intervalles  (V.  Acte),  et 
enregistrés  dans  les  dix  jours  de  leur  date,  si  le  bureau 
d'enregistrement  est  à  la  résidence  du  notaire  ;  dans  les 
quinze  jours,  au  cas  contraire.  En  dehors  des  actes  qui 
constatent  les  conventions  des  parties,  les  notaires  reçoi- 
vent encore  beaucoup  d'autres  actes  et  sont  chargés  de 
fonctions  multiples  par  des  textes  de  lois  spéciaux  ;  ainsi, 
ils  représentent  les  présumés  absents  dans  les  inventaires, 
comptes,  liquidations  et  partages  dans  lesquels  ils  sont 
intéressés  ;  ils  sont  chargés  de  notifier  les  actes  respec- 
tueux (V.  Acte)  ;  ils  reçoivent  la  déclaration  par  laquelle 
le  père  nomme  à  la  mère,  pour  le  cas  où  elle  lui  sur- 
vivra, un  conseil  spécial  chargé  de  l'assister  dans  la  tutelle 

ÇBANDE  ENCYCLOPÉDIE.   —   XXV. 


des  enfants  communs  ;  ils  procèdent  aux  licitations  d'im- 
meubles ;  ils  reçoivent  le  dépôt  des  testaments  olographes  ; 
ils  représentent  les  parties  absentes  aux  levées  de  scellés  ; 
ils  procèdent  aux  ventes  d'immeubles  appartenant  à  des 
mineurs  ;  ils  peuvent  faire  les  protêts  d'effets  de  com- 
merce concurremment  avec  les  huissiers,  etc.  Les  actes 
reçus  par  les  notaires  sont  exécutoires  quand  ils  sont  re- 
vêtus de  la  formule  exécutoire  ;  mais  cette  formule  ne 
doit  être  donnée  que  lorsqu'il  s'agit  d'une  grosse.  Les 
honoraires  des  notaires  sont  fixés,  pour  un  très  petit 
nombre  d'actes,  par  le  décret  du  16  févr.  1807  ;  pour 
les  autres  actes,  ils  sont  déterminés  par  un  règlement  ap- 
plicable dans  le  ressort  de  chaque  cour  d'appel.  Si  une 
partie  estime  que  les  "honoraires  demandés  par  le  notaire 
sont  trop  élevés,  elle  a  toujours  le  droit  de  demander 
l'avis  (qui  n'a  rien  d'obligatoire)  de  la  chambre  de  disci- 
phne  de  l'arrondissement,  et  la  taxe  du  président  du  tri- 
bmial  civil  de  sa  résidence.  Contre  la  taxe  du  président, 
0*  peut  se  pourvoir  par  action  principale  devant  le  tri- 
bunal. Les  notaires  doivent  inscrire,  jour  par  jour,  sur  un 
registre  timbré,  coté  et  paraphé,  un  sommaire  de  tous  les 
actes  qu'ils  reçoivent  ;  ce  registre  porte  le  nom  de  réper- 
toire ;  il  sert,  d'une  part,  à  retrouver  la  trace  de  divers 
actes,  et,  d'autre  part,  à  faciliter  la  surveillance  de  l'ad- 
ministration de  Fenregislrement. 

En  principe,  tout  acte  nul  par  la  faute  du  notaire  qui 
l'a  reçu  expose  celui-ci  à  des  dommages-intérêts  envers 
les  parties.  La  jurisprudence,  partant  de  cette  idée  que 
les  notaires  sont  les  guides  et  les  conseils  des  parties, 
leur  impose  de  plus  l'obligation  de  les  avertir  des  dan- 
gers auxquels  les  exposent  les  actes  qu'elles  font,  et  de 
leur  indiquer  les  diverses  formalités  qu'elles  auront  à 
remplir  pour  assurer  la  validité  de  ces  actes.  Indépen- 
damment de  leur  responsabilité  civile  envers  les  clients, 
les  notaires  encourent  de  plus  une  responsabilité  pénale 
pour  les  diverses  contraventions  qu'ils  peuvent  commettre 
à  la  loi  de  l'an  XL 

Pour  assurer  la  régularité  et  la  correction  des  notaires 
dans  l'accomplissement  de  leurs  délicates  fonctions,  la  loi 
du  4  janv.  1843  a  organisé  dans  toutes  les  villes,  où  siège 
un  tribunal  civil  de  première  instc^ce,  une  chambre  de 
notaires  chai'gée  du  maintien  de  la  discipline  parmi  les 
notaires  de  l'arrondissement,  sous  la  surveillance  du  mi- 
nistère public.  A  Paris,  la  chambre  de  discipline  se  com- 
pose de  dix-neuf  membres;  dans  les  départements,  les 
chambres  des  notaires  comprennent  neuf  membres  dans 
les  arrondissements  où  il  y  a  plus  de  cinquante  notaires, 
sept  membres  seulement  dans  les  autres.  Pour  que  la 
chambre  puisse  émettre  un  vote  régulier,  il  faut  la  pré- 
sence de  douze  membres  au  moins  à  Paris,  de  sept  membres 
dans  les  arrondissements  qui  comprennent  plus  de  cin- 
quante notaires,  de  cinq  dans  les  autres.  Les  notaires  de 
chaque  arrondissement  choisissent  parmi  eux  les  membres 
de  leur  chambre  ;  ceux-ci  choisissent  entre  eux  un  prési- 
dent, un  syndic,  un  rapporteur,  un  secrétaire  et  un  tré- 
sorier. Le  président  dirige  les  débats  et  les  réunions  ;  il 
a  voix  prépondérante  en  cas  de  partage  ;  il  convoque  la 
chambre  quand  il  le  juge  à  propos  ou  sur  la  réquisition 
de  deux  autres  membres.  Le  syndic  joue  à  peu  près,  dans 
les  chambres  de  notaires,  le  rôle  de  ministère  public  ;  c'est 
lui  qui  poursuit  les  notaires  inculpés  ;  il  donne  ses  conclu- 
sions et  assure  l'exécution  des  délibérations  de  la  chambre  ; 
il  représente  la  chambre  devant  les  tribunaux.  Le  rappor- 
teur est  chargé  de  procéder  à  l'instruction  des  reproches 
dirigés  contre  un  de  ses  confrères  et  d'en  faire  son  rapport 
à  la  chambre.  Le  secrétaire  rédige  les  délibérations,  garde 
les  archives  et  dresse  les  expéditions.  Indépendamment  de 
ces  fonctions  spéciales,  chaque  membre  de  la  chambre  a 
voix  délibérative  dans  toutes  les  assemblées  ;  par  excep- 
tion, lorsque  le  syndic,  exerçant  son  rôle  de  ministère 
public,  est  partie  poursuivante,  il  s'abstient  dans  la  déU- 
bération.  Les  chambres  de  notaires  se  renouvellent  par 
tiers  chaque  année,  dans  la  première  quinzaine  du  mois 

5 


NOTAIRE  —  NOTATION  —  66 

de  mai.  Les  attributions  de  la  chambre  sont  :  i^  de  pro- 
noncer ou  de  provoquer,  suivant  les  cas,  l'application  de 
toutes  les  dispositions  de  discipline  ;  2«  de  prévenir  ou 
concilier  tous  différends  entre  notaires,  et  notamment  ceux 
qui  pourraient  s'élever,  soit  sur  des  communications,  re- 
mises, dépôts  ou  rétentions  de  pièces,  fonds  et  autres 
objets  quelconques,  soit  sur  dés  questions  relatives  à  la 
réception  et  garde  des  minutes,  à  la  préférence  ou  con- 
currence dans  les  inventaires,  partages,  ventes  ou  adju- 
dications et  autres  actes  ;  et,  en  cas  de  non-conciliation, 
d'émettre  son  opinion  par  simple  avis  ;  3^  de  prévenir  ou 
concilier  également  toutes  plaintes  et  réclamations  de  la 
part  de  tiers  contre  des  notaires,  à  raison  de  leurs  fonc- 
tions ;  de  donner  simplement  son  avis  sur  les  dommages- 
intérêts  qui  pourraient  être  dus,  et  réprimer,  par  voie  de 
censure  et  autres  dispositions  de  discipline,  toutes  infrac- 
tions qui  en  seraient  l'objet,  sans  préjudice  de  Faction 
devant  les  tribunaux,  s'il  y  a  lieu  ;  4^*  de  donner  son  avis 
sur  les  difficultés  concernant  le  règlement  des  honoraires 
et  vacations  des  notaires,  ainsi  que  sur  tous  différends 
soumis  à  cet  égard  au  tribunal  civil  ;  5**  de  délivrer  ou 
refuser  tous  certificats  de  bonnes  mœurs  et  capacité  à 
elle  demandés  par  les  aspirants  aux  fonctions  de  notaire, 
prendre  à  ce  sujet  toutes  délibérations,  donner  tous  avis 
motivés,  les  adresser  ou  communiquer  à  qui  de  droit  ; 
6^  de  recevoir  en  dépôt  les  états  des  minutes  dépendant 
des  études  de  notaires  supprimées  ;  7*^  de  représenter 
tous  les  notaires  de  l'arrondissement  collectivement,  sous 
le  rapport  de  leurs  droits  et  intérêts  communs.  D'une 
manière  générale,  tout  fait  quelconque  contraire  à  la  pro- 
bité, à  la  délicatesse  professionnelle  ou  à  la  déférence  du® 
à  la  chambre,  expose  le  notaire  qui  l'a  commis  à   une 
poursuite    disciplinaire.    Spécialement,  l'ordonnance  du 
4  janv.  4843  intordit  aux  notaires,  soit  par  eux-mêmes, 
soit  par  personnes  interposées,  soit  directement,  soit  in- 
directement :  i^  de  se  livrer  à  aucune  spéculation  de 
bourse  ou  opération  de  commerce,  banque,  escompte  et 
courtage  ;  2^  de  s'immiscer  dans  l'administration  d'aucune 
société,  entreprise  ou  compagnie  de  finances,  de  commerce 
ou  d'industrie  ;  3*^  de  faire  des  spéculations  relatives  à 
l'acquisition  et  à  lacevente  des  immeubles,  à  la  cession 
de  créances,  droits  successifs,  actions  industrielles  et  autres 
droits  incorporels  ;  4°  de  s'intéresser  dans  aucune  affaire 
pour  laquelle  ils  prêtent  leur  ministère  ;  5'^  de  placer  en 
leur  nom  personnel  des  fonds  qu'ils  auraient  reçus,  même 
à  la  condition  d'en  servir  l'intérêt  ;  6^  de  se  constituer 
garants  ou  cautions,  à  quelque  titre  que  ce  soit,  des  prêts 
qui  auraient  été  faits  par  leur  intermédiaire  ou  qu'ils 
auraient  été  chargés  de  constater  par  acte  public  ou  privé  ; 
7^  de  se  servir  de  prête-noms  en  aucune  circonstance, 
même  pour  des  actes  autres  que  ceux  désignés  ci-dessus. 
Toutes  ces  infractions,  et  nous  répétons  que  cette  liste 
n'est  pas  limitative,  exposent  le  notaire  qui  s'en  rend 
coupable  à  l'application  d'une  des  peines  suivantes  :  le 
rappel  à  l'ordre,  la  censure  simple,  la  censure  avec  ré- 
prnuande  par  le  président  de  la  chambre  devant  la  chambre 
assemblée  ;  la  privation  de  la  voix  délibérative  dans  l'as- 
semblée générale  ;  l'interdiction  de  l'entrée  de  la  chambre 
pendant  trois  ans  et  pendant  dix  ans  en  cas  de  récidive. 
Outre  ces  peines,  qui  sont  prononcées  par  la  chambre  de 
discipline,  il  en  est  d'autres,  beaucoup  plus  sévères,  qui 
sont  prononcées  par  les  tribunaux  civils,  sur  la  plainte 
des  parties  intéressées  ou  sur  la  poursuite  du  ministère 
public  ;  nous  voulons  parler  de  la  suspension,  de  la  des- 
titution et  des  condamnations  à  des  dommages-intérêts, 
réservées  à  des  infractions  particulièrement  graves.  Dans 
quelques  cas  déterminés,  les  décisions  des  chambres  de 
notaires  statuant  en  matière  disciplinaire  sont  soumises  à 
l'appel  ;  elles  restent  d'ailleurs  toujours  soumises  au  con- 
trôle de  la  cour  de  cassation. 

En  dehors  de  leurs  réunions  discipMn aires,  les  chambres 
de  notaires  tiennent  de  droit,  chaque  année,  deux  assem- 
blées générales,  soit  pour  les  nominations  des  membres 


de  la  chambre,  soit  pour  délibérer  sur  tous  sujets  pou- 
vant intéresser  la  profession.  F.  Girodon. 

BiBL.  :  Les  ouvrages  sur  les  notaires  et  le  notariat  sont 
nombreux.  De  plus,  des  recueils  périodiques,  parmi  lesquels 
nous  citerons  le  Journal  des  Notaires  et  des  Avocats  et  le 
Répertoire  du  Notariat,  s'occupent  des  questions  multiples 
que  soulève  chaque  jour  l'exercice  du  notariat. 

NOTALGIE  (Physiol.).  On  désigne   sous  ce  nom  une 
douleur  siégeant  dans  le  dos,  sans  phénomènes  inflamma- 
toires. La  notalgie  est  très  fréquente  dans  la  neurasthénie 
et  en  est  presque  pathognomonique.  Elle  siège  à  la  fois 
dans  les  muscles  rachidions  et  dans  le  squelette  osseux 
du  rachis.  Le  diagnostic  devra  être  fait  avec  les  affec- 
tions inflammatoires  de  la  moelle  épinière;  dans  la  no- 
talgie, la   douleur  est  purement  subjective,   la  moelle 
n'est  pas  atteinte.  On  observe  encore  de  la  douleur  de 
dos  sans  lésion  anatomique,  après  les  fatigues  prolongées, 
les  efforts  répétés;  d'autre  part,  dans  certaines  affections 
des  viscères  abdominaux,  il  y  a  une  douleur  par  irra- 
diation, qui  est  localisée  entre  les  deux  épaules  pour  les 
affections  de  l'estomac,  dans  la  région  des  reins  pour 
celles  de   Tutérus.   Le  traitement  de   la   notalgie  sera 
d'abord  celui  de   ses  causes  :  neurasthénie,  dyspepsie, 
métrite,  etc.   Comme  traitement  local,  on  pourra,  sui- 
vant les  cas,  employer  l'hydrothérapie  froide,  la  faradi- 
sation  ou  la  franklinisation,  les  frictions  térébenthinées 
ou  à  l'alcool  camphré,  les  sinapismes,  les  vésicatoires, 
les  pulvérisations  de  chlorure  de  méthyle.     D^'  L.  Laloy. 
NOTARAS  (Lucas),  conseiller  des  empereurs  Jean  VU 
et  Constantin  XI,  amiral  et  grand-duc.   Il  joua  un  rôle 
important  dans  les  derniers  jours  deConstantinople.  Très 
hostile  à  l'union  et  aux  Latins,  d'humeur  arrogante  et 
hautaine,  il  eut  d'aigres  conflits  avec  le  Vénitien  Giusti- 
niani  ;  pris  avec  les  siens  dans  la  catastrophe  finale,  et 
d'abord  bien  traité  par  Mohammed  II  qui  songeait  à  lui 
confier  l'administration  de  la  ville  conquise,  il  fut  ensuite 
massacré  avec  son  jeune  tils  par  ordre  du  vainqueur. 

NOTARCHUS  (Malac).  Animal  allongé,  de  forme  ovale, 
convexe  en  dessus  ;  tête  portant  4  tentacules,  les  posté- 
rieurs développés  et  coniques  ;  une  branchie  arquée, 
située  sur  la  ligne  médiane,  dans  une  cavité  étroite  qu'elle 
déborde  lorsque  l'animal  est  en  marche  ;  un  pied  très  étroit, 
acuminé  postérieurement.  En  arrière  de  la  masse  viscérale, 
se  trouve  une  très  petite  coquille,  de  même  forme  que  celle 
des  Coriocelles,  à  Jspire  peu  développée.  Les  Notarchus 
habitent  la  Nouvelle-Guinée,  les  Antilles,  la  Méditerranée. 
NOTARIAT  (V.  Notaire). 

NOTATION.  I.  Mathématiques.  —  La  notation  est 
l'art  de  représenter  les  opérations  arithmétiques  ou  algébri- 
ques par  des  symboles.  La  notation  est  à  peu  près  la  même  chez 
tous  les  mathématiciens,  elle  a  cependant  un  peu  varié  avec 
les  temps.  On  sait  d'ailleurs  que  les  mêmes  opérations  peu- 
vent être  notées  par  des  symboles  différents.  Ainsi  l'opéra- 

a 
tion  r  peut  aussi  se  noter  a  :  b.  Les  anciens  ont  employé 


le  signe  a  où  nous  employons  le  signe  n:  ;  ils  écrivaient 
volontiers  aa  au  lieu  de  a'^,  etc. 

Notation  abrégée.  —  On  a  donné  le  nom  de  notation 
abrégée  à  un  chapitre  de  la  géométrie  analytique  dans  le- 
quel les  fonctions  qui,  égalées  à  zéro,  représentent  des 
lignes  ou  des  surfaces,  sont  désignées  par  une  seule  lettre  ; 
les  coordonnées  des  points  n'interviennent  plus  directe- 
ment dans  les  calculs.  Une  foule  de  questions  peuvent  se 
résoudre  ainsi  d'une  manière  très  élégante,  et  les  formules 
sont  alors  d'une  interprétation  beaucoup  plus  facile,  la 
position  des  axes  de  coordonnées  reste  alors  complètement 
indéterminée.  Pour  fiiire  comprendre  l'utilité  des  nota- 
tions abrégées,  il  suffira  de  traiter  un  exemple. 

On  sait  que  X  désignant  une  quantité  indépendante  de 
X  et  ?/,  S  -|-  ^  S^  =  0  est  l'équation  générale  des  coniques 
passant  par  les  intersections  des  coniques  qui  ont  S  z:z  0, 
S^=  0  pour  équations.  Soient  oc  ziz  0,  p  zz:  0,  y  =  0, 
8  =  0  les  é(}uations  des  quatre  droites,  ap-f-XY5;=:0  sera 
alors  l'équation  générale  des  coniques  circonscrites  au  qua- 


67 


NOTATION 


drilatère  ayant  pour  côtés  opposés  a  =  0,  p  zr:  0  et 
y=0,  8  =  0.  Interprétons  alors  l'équation  a|3  -f-  ^yB  r=:  0, 
«[3  est  à  un  facteur  constant  près  le  produit  des  distances 
d'un  point  de  la  conique  aux  droites  a  =0,  |3=:0  ;  yS 
est  le  produit  des  distances  du  même  point  aux  droites 
Y  =:  0,  S  =  0,  toujours  à  un  facteur  constant  près,  et  comme 
on  peut  écrire  l'équation  ajS  -|-  XyB  =r  0  gous  la  forme 
a3 
-5.  ==::  ~  X,  on  a  ce  théorème  :  le  produit  des  distances  d'un 

point  d'une  conique  à  deux  côtés  d'un  quadrilatère  inscrit 
est  proportionnel  au  produit  des  distances  du  même  point 
aux  deux  autres  côtés.  Vx  et  Vij  du  point  ne  sont  intervenus 
que  virtuellement  dans  la  question,  et  les  axes  n'avaient  pas 
de  position  déterminée.  On  voit  ({uel  parti  l'on  peut  tirer  de 
ces  notations  abrégées.  Il  est  bien  difficile  de  dire  à  qui  on 
doit  en  attribuer  l'invention  ;  c'est,  je  crois,  Plaecker  qui  en 
a  fait  systématiquement  usage  pour  la  première  fois  [System 
der  analytischen  Géométrie).  On  consultera  avec  fruit 
sur  ce  sujet  l'ouvrage  de  Salmon,  Traité  de  géométrie  ana- 
lytique et  le  Cours  lithocfraphié  de  géométrie  analytique 
de  Painvin  et,  dans  un  autre  ordre  d'idées,  la  Géométrie 
de  direction  de  Paul  Serret.  H.  Laurent. 

II.  Musique.  —  Si  nous  recherchons  les  plus  anciens 
vestiges  de  la  notation  musicale,  ce  n'est  nichez  les  Egyp- 
tiens, ni  chez  les  Sémites  que  nous  les  trouverons,  quelque 
ingénieuses  que  soient  les  hypothèses  émises  à  cet  égard. 
Par  contre,  les  Indous  et  les  Chinois  semblent  avoir  figuré 
les  sons  au  moyen  de  signes  spéciaux.  Est-ce  à  ces  peuples 
que  les  Hellènes  durent  à  leur  tour  leur  système  tonal  ?  Là 
encore  les  conjectures  se  sont  donné  carrière,  et  nous  ne  les 
examinerons  point  ici.  Toujours  est-il  que  la  musique  grecque 
fut  notée  d'abord  au  moyen  des  simples  lettres  de  l'alpha- 
bet, puis  celles-ci  furent  modifiées  quant  à  leur  position  et  à 
leur  îbrme  et  groupées  de  diverses  manières  jusqu'à  former 
un  total  de  i  .680  et  1 .620  signes,  selon  les  uns,  de  990  ou 
de  138,  selon  les  autres.  En  outre,  les  Grecs  se  servaient 
pour  la  solmisation  de  quatre  voyelles  qu'ils  joignaient  à  dif- 
férentes consonnes  pour  discerner  les  modes  d'articulation. 

Les  Latins  n'adoptèrent  pas  la  notation  grecque,  et  le 
philosophe  Boétius,  soit  qu'il  ait  le  premier  appliqué  à 
l'échelle  des  sons  compris  entre  les  deux  octaves  les  quinze 
premières  lettres  de  l'alphabet  romain, 


^ 


i 


ix: 


Fi-.   1. 

soit  qu'il  n'ait  fait  qu'enregistrer  cette  application,  ne  nous 
laisse  aucun  doute  sur  le  fait  même.  De  même,  il  est 
certain  que  le  nombre  des  lettres  employées  dans  ce  des- 
sein fut  ensuite  réduit  à  sept,  mais  il  ne  l'est  .nullement 
que  saint  Grégoire  le  Grand  soit  l'auteur  de  cette'réduction. 
Un  autre  système  de  notation  dont  les  traces  les  plus 
anciennes  remontent  au  vi^  siècle  de  notre  ère,  mais  dont 
les  premiers  spécimens  réellement  bien  tracés  appar- 
tiennent au  viii^,  vient,  non  pas  encore  détruire  la  nota- 
tion alphabétique,  mais  coexister  avec  elle.  Ce  sont  les 
neiimes,  sortes  d'hiéroglyphes  mystérieux  et  malai- 
sément déchiffrables,  qui  ont  exercé  la  patience  des  érudits 
sans  l'avoir  jusqu'ici  complètement  récompensée.  Pendant 
cinq  siècles,  la  notation  neumatique  subira  de  profondes 
et  nombreuses  modifications,  mais  restera  toujours  basée 
sur  trois  signes  fondamentaux  d'où  naitra  la  foule  innom- 
brable des  signes  dérivés.  Ce  sont  le  point  (punctus),  la 
virgule  [im^ga)  et  l'incHnaison  (clivus), 


l'i^-  2.  Fi-    3.  Fig.  4. 

le  premier  désignant  un  son  bref,  le  deuxième  un  son  lon^, 


le  troisième  un  groupe  de  deux  notes.  La  distance  à  laquelle 
les  neumes  se  trouvaient  des  mots  du  texte  indiquait  approxi- 
mativement les  différents  intervalles  des  sons.  Ce  système, 
extrêmement  imparfait,  fut  amélioré  au  x®  siècle  par  une  in- 
vention assurément  géniale  et  qui  contenait  en  germe  notre 
notation  actuelle  ;  elle  consistait  en  une  ligne  rouge,  qui, 
tracée  horizontalement  au-dessus  du  texte,  fournissait  au 
chanteur  une  note  invariable  (F  =:  fa)  et  aidait  grande- 
ment à  l'approximation  des  intervalles.  A  cette  première 
ligne,  une  seconde,  décodeur  jaune  (C  ~  ut),  fut  ajoutée. 
Puis  deux  autres  lignes,  à  l'encre  noire,  les  surmontèrent, 
et  la  portée  rendit  dès  lors  la  lecture  incomparablement 
plus  facile,  en  déterminant  exactement  la  place  des  sons. 
Soucieux  avant  tout  de  retracer  la  généalogie  de  la  nota- 
tion moderne  depuis  ses  origines,  nous  nous  bornerons  à 
citer  en  passant  la  portée  imaginée  par  le  moine  Ilucbald 
de  Saint-Amand,  et  qui,  se  rattachant  à  l'ancien  système 
grec  des  tétracordes,  fut  bientôt  et  définitivement  aban- 
donnée. Après  un  certain  nombre  de  tâtonnements,  la 
portée  de  quatre  lignes  fut  adoptée  pour  la  musique 
sacrée  et  celle  de  cinq  lignes  pour  la  musique  profane. 
La  coloration  jaune  et  rouge  de  certaines  lignes  fut  peu 
à  peu  supprimée  et  remplacée  par  les  lettres  F  et  C  repré- 
sentant nos  notes  fa  et  ut.  Ces  lettres  peuvent  être  re- 
gardées comme  les  embryons  de  nos  clçfs  dont  les  signes 
représentatifs  ne  sont  autre  chose  que  les  déformations 
de  lettres  gothiques.  On  conçoit  aisément  que  la  portée 
munie  de  ses  clefs  devait  amener  la  disparition  ou  tout  au 
moins  la  simplification  des  neumes  dont  les  complications 
devenaient  inutiles  en  face  d'un  système  aussi  ingénieux 
que  pratique.  C'est  à  Franco  de  Cologne  (xi«  siècle)  que 
nous  devons  le  premier  traité  de  notation  mesurée  néces- 
sité par  l'introduction  de  Idi  mesure  dans  la  musique, 
élément  inconnu  au  plain-chant  (V.  ce  mot)  et  qui  devait 
apparaître  avec  la  musique  profane.  C'est  à  cette  époque 
qu'il  convient  de  placer  la  naissance  de  la  notation  noire. 
Il  est  aisé,  d'ailleurs,  en  comparant  les  signes  qu'elle  nous 
présente  avec  les  neumes  primitifs,  de  reconnaître  les  liens 
de  parenté  qui  les  unissent,  la  double  longue  et  la  longue 
dérivant  de  la  virga,  la  brève  et  la  semi-brève  dérivant 
du  punctus.  Il  résulte  donc  de  ce  qui  précède  que  la 
notation  noire  s'est  substftuée  peu  à  peu  à  l'antique 
système  des  neumes,  par  perfectionnements  progressifs, 
sans  que  jamais  un  changement  brusque  soit  intervenu 
pour  remplacer,  de  propos  délibéré,  l'une  par  l'autre. 

Suivant  la  mesure  employée,  la  longue  valait  deux  ou 
trois  brèves,  et  la  même  relation  subsistait  d'une  valeur 
à  l'autre,  suivant  leur  degré  de  durée. 

Plus  tard,  Philippe  de  Vitry  enrichit  des  deux  signes 
suivants  la  série  précédente  : 


I 


Fig.  5. 


Enfin,  au  début  du  xiv«  siècle,  la  notation  blanche 
commence  à  s'établir,  et  au  siècle  suivant  nous  la  trou- 
verons définitivement  établie.  C'est,  après  Jean  de  Mûris, 
à  Dufay  et^  à  Binchois  que  revient  l'honneur  de  cette 
transformation.  Voici  le  tableau  des  signes  employés  dans 
ce  système  : 


=1 


Q 


Fig.  7. 


Fig.  8. 

Ce  fut  au  xviii^  siècle  que  la  notation  arrondie  ou 
plutôt  ovalisée,  actuellement  en  usage,  vint  remplacer  la 
notation  carrée  qui  a  continué  d'être  employée  dans  le 
plain-chant.  Il  est  aisé,  en  supprimant  les  trois  premières 
valeurs,  de  reconnaître  dans  la  semi-brève  et  dans  les 


NOTATION  —  NOTE  ^ 

valeurs  décroissantes  qui  la  suivent  l'image  de  la  ronde 
et  de  SOS  sous-multiples,  auxquels  on  a  ajouté  la  double, 
la  triple  et  la  quadruple  croche  (V.  Musique,  §  Théorie, 
où^Fon  trouvera  l'exposé  de  notre  système  actuel  de 
notation). 

Les  signes  accidentels  remontent,  le  bémM  et  le  bé- 
carre (!?  molle  ou  rotondum  et  1?  durum  ou  quadrum) , 
au  X®  siècle,  le  dièse  (figuré  d'abord  par  une  double  croix 
de  Saint-André  ;^)  au  xiii®  siècle.  La  barre  de  mesure 
date  du  xvi*^  siècle,  mais  elle  paraît  n'avoir  été  d'abord 
employée  que  pour  faciliter  la  lecture  en  servant  à  super- 
poser exactement  les  portées.  Ce  n'est  guère  qu'au  siècle 
suivant  qu'elle  servit  à  séparer  entre  elles  les  mesures  et 
permit  au  lecteur  de  se  rendre  un  compte  exact  de  la 
division  des  temps.  Quant  aux  indications  de  nuances, 
elles  n'ont  commencé  à  apparaître  que  vers  la  fin  du 
XVII®  siècle. 

Telle  est,  dans  ses  grandes  lignes,  l'histoire  de  la 
notation  musicale  moderne.  Bien  des  systèmes  ont  été 
proposés  pour  la  remplacer,  dans  le  but  de  rendre  la  lec- 
ture plus  facile  et  de  mettre  la  musique  à  la  portée  du 
plus  grand  nombre  par  la  simplification  de  l'apprentis- 
sage. Nous  ne  nommerons  ici  qu'un  seul  de  ces  systèmes, 
parce  qu'il  a  laissé  dans  les  annales  de  la  pédagogie  mu- 
sicale une  trace  assez  profonde  et  a  produit  d'incontes- 
tables résultats.  Nous  voulons  parler  de  la  méthode  Galin- 
Paris-Chevé,  qui  remplace  par  les  sept  premiers  chiffres 
les  sons  des  notes.  Mais  si  cette  méthode  a  rendu  de  réels 
services  pour  le  déchiffrage  du  chant  en  partie,  elle  est 
inapplicable  à  la  musique  instrumentale  et  ne  peut,  par 
conséquent,  prétendre  à  régir  qu'un  domaine  très  restreint. 

René  Brancour. 
III.  Chimie.  —  La  nomenclature  chimique  de  Lavoi- 
sier  a  été  complétée  par  Berzélius,  qui  a  donné  le  moyen 
de  représenter  par  des  symboles  les  corps  simples  ou 
composés  et  les  réactions  auxquelles  elles  donnent  nais- 
sance. 

Deux  systèmes  de  notation  sont  employés  concurremment: 
la  notation  en  équivalents  et  la  notation  en  atomes. 

Les  corps  simples  se  représentent  ordinairement  par  la 
première  lettre  de  leur  nom  ou  par  cette  première  lettre 
suivie  d'une  seconde  dans  le  cas  où  il  y  a  plusieurs  corps 
commençant  par  la  môme  lettre,  0  représente  l'oxygène, 
H  l'hydrogène,  S  le  soufre,  C  le  carbone,  Ca  le  calcium, 
Cd  le  cadmium.  Ces  sym])oles  représentent  l'élément  non 
seulement  qualitativement,  mais  encore  quantitativement  ; 
ainsi  0  représente  non  seulement  de  l'oxygène,  mais  un 
poids  de  ce  corps  égal  à  son  équivalent,  ou  à  son  poids 
atomique,  suivant  le  système  de  notation  utilisé.  L'équi- 
valent de  l'oxygène  est  8,  son  poids  atomique  est  J6. 
0  représentera  8  gr.  d'oxygène,  quand  pn  emploiera  la 
notation  en  équivalents;  16  gr.,  si  on  emploie  la 
notation  atomique.  Quand  l'équivalent  et  le  poids  ato- 
mique sont  égaux,  comme  cela  arrive  pour  le  chlore  Cl, 
l'hydrogène  H,  les  symboles  Cl,  H  ont  la  même  valeur 
dans  les  deux  notations.  On  différencie  quelquefois  les 
symboles  éqiiivalentaircs  et  atomiques  quand  ils  n'ont 
pas  la  même  valeur  en  barrant  la  lettre  qui  représente 
quantitativement  le  poids  atomique  de  l'élément  considéré. 
Ainsi  0  vaudra  8  gr.  d'oxygène  et  O  46  gr.  du  même 
élément. 

Les  corps  composés  sont  représentés  par  des  formules 
obtenues  en  réunissant  l'un  à  côté  de  l'autre  les  symboles 
des  éléments  constituants  et  en  affectant  chacun  des  sym- 
boles d'un  exposant  qui  représente  le  nombre  d'équivalents 
ou  d'atomes  (suivant  la  notation  employée)  contenus  dans 
le  poids  moléculaire  du  composé.  Ces  nombres  d'équi- 
valents ou  d'atomes  sont  toujours  des  nombres  entiers, 
comme  cela  résulte  des  lois  de  Gay-Lussac  et  des 
nombres  proportionnels.  Ainsi  le  poids  moléculaire  de  l'eau 
fixé  par  la  densité  de  ce  composé  est  égal  à  18;  de  plus, 
l'analyse  de  ce  corps  établit  qu'il  renferme  1  gr.  d'hydro- 
gène pour  8  gr.  d'oxygène.  Si  l'on  consulte,  d'autre  part, 


la  table  des  équivalents,  on  y  trouve  que  l'équivalent  de 
l'hydrogène  est  égal  à  1  et  celui  de  l'oxygène  à  8,  la 
formule  de  l'eau  en  équivalents  sera  donc  H^O^  ;  si,  au  con- 
traire, on  veut  exprimer  la  formule  en  notation  atomique, 
on  consultera  la  table  des  poids  atomiques  : 

Poids  atomique  de  l'hydrogène  z=i    1 
—  de  l'oxygène     zn  16. 

La  formule  est  donc  H^O. 

Une  question  se  pose  ici.  Dans  quel  ordre  faut-il  placer 
les  symboles  des  éléments  ?  Faut-il  écrire,  par  exemple,  pour 
la  première  formule  H^O  ou  OH^  ?  On  est  convenu  d'écrire 
le  corps  électro-positif  le  premier  ;  l'hydrogène  étant  élec- 
tro-positif par  rapport  à  l'oxygène,  on  écrira  H^O. 

La  formule  d'un  corps  établit  donc  à  la  fois  sa  compo- 
sition qualitative,  sa  composition  quantitative  et  la  gran- 
deur de  son  poids  moléculaire.  Ainsi  le  symbole  Fe~0^ 
représente  le  sesquioxyde  de  fer  constitué  par  l'union  de 
deux  atomes  de  fer  pour  trois  atomes  d'oxygène. 

Remarquons  en  outre  que,  dans  la  nomenclature  parlée, 
on  commence  toujours  par  désigner  le  corps  électro-néga- 
tif, tandis  que,  dans  cette  notation,  on  écrit  d'abord  le  sym- 
bole de  l'élément  électro-positif. 

Comme  conséquence  des  faits  exposés  précédemment,  il 
est  facile  de  transformer  dans  la  notation  en  équivalents 
la  formule  d'un  composé  écrite  dans  la  notation  atomique 
et  inversement.  Il  suffit  de  connaître  le  rapport  entre  le 
poids  atomique  et  l'équivalent  des  éléments  contenus. 

Ces  notations  symboliques  permettent  de  représenter 
d'une  façon  fort  simple  les  réactions  chimiques.  Ainsi 
l'équation  (notation  en  équivalents) 

S  4-  02  rrr  S02 

indique  que,  si  l'on  fait  réagir  dans  des  conditions  conve- 
nables 16  gr.  de  soufre  (1  équivalent)  et  16  gr.  (2  équi- 
valents) d'oxygène,  il  se  forme  32  gr.  d'un  composé  SO^, 
l'anhydride  sulfureux.  C.  Matignon. 

BiiîL.  :  MusiQUi:.  — Alyi^hj.s,  Introduction  à  la  musique, 
mss  do  hi  Bibl.  nationale,  n"  3221.  —  Bœtius,  De  Institu- 
tione,  1.  V,  éd.  Glareau;  Bâle,1750.  — Chrysanthe  de  Ma- 
D  YïE,  Introduction  à  la  théorie  et  à  la  pratique  de  la  musique 
ecclésiastique  ;  Paris,  1821.  —  De  Coussemaker,  Hucbald, 
moine  de  Saint-Amand.  —  Hist.  de  l'harmonie  au  moyen 
âge.  —  Deldevez,  la  Notation  de  la  musique  ancienne 
comparée  à  la  notation  de  la  musiciue  moderne.  —  DihroTz 
DE  LA  Salle,  Remarciue  sur  la  manière  d'écrire  la  mu- 
sique ;  Paris,  1726.  —  Franco  de  Cologne,  Ars  cantus 
mensurabilis,  mss  de  la  Bibl.  nationale,  n»  7360.—  Galin, 
Exposition  d'une  nouvelle  méthode  pour  l'enseignement 
de  la  musiciue.  —Jean  de  Mûris,  Spéculum  musicœ,  mss 
de  la  Bibl,  nationale,  n»"  7027  et  7207.  —  Le  P.  Louis  Lam- 
lîiLLOTTE,  Antipho7iaire  de  Saint-Gall;  Bruxelles,  1847.  ~ 
Ernest  David  et  Mathis  Lussv,  Histoire  de  la  notation 
musicale  depuis  ses  origines  ;  Paris,  1882.  —  Th.  Nisard 
Etudes  sur  les  anciennes  notations  de  l'Europe  ;  Parisl 
1852.—  Le  P.  Penîs^a,   li  Priml  Albori   inusicali  per   il 

principianti  délia   musica   fîgurata;  Bologne,    1679.   

L'abbé  Raillard,  Explication  des  neumes  ;  Paris,  s.  d. 

NOTAWAY.  Fleuve  du  Canada,  tributaire  de  la  baie 
James  (baie  d'Hudson)  ;  500  kil.  de  long. 

NOTE.  I.  Musique  (V.  Musique  et  Notation). 

II.  Diplomatie.  —  En  diplomatie,  on  donne  le  nom  de 
note  à  toute  communication  écrite,  notamment  en  vue  d'une 
négociation  en  cours,  échangée  par  des  agents  diploma- 
tiques entre  eux  ou  avec  le  gouvernement  auprès  duquel 
ils  sont  accrédités.  Les  notes  sont  tantôt  signées  par  celui 
dont  elles  émanent,  tantôt  non  signées  ;  ces  dernières  sont 
dites  notes  verbales.  Les  notes  signées  sont,  en  général, 
réservées  pour  les  actes  ou  déclarations  impHquant  un 
engagement  ;  les  notes  verbales  servent  à  élucider  des 
points  de  détail,  à  fixer  une  conversation,  à  rappeler  cer- 
tains faits  ou  certaines  propositions,  etc.  Les  notes  sont 
rédigées  à  la  troisième  personne,  tant  pour  le  fonction- 
naire qui  les  écrit  que  pour  celui  à  qui  elles  s'adressejit. 
—  On  appelle  notes  ad  référendum  les  dépêches  qu'un 
agent  diplomatique  adresse  à  son  propre  gouvernement 
pour  obtenir,  dans  une  négociation  dont  il  est  chargé,  des 
instructions  nouvelles  ou  supplémentaires.     Ernest  Lehr. 


— .  69  --. 


NOTE 


III.  Tachygraphie. —  Notes  Tironiennes. —  Ecriture 
tachygrapliique  latine  employée  dans  l'antiquité  et  au  moyen 
âge.  Ce  n'est  pas  une  écriture  conventionnelle,  mais  une 
écriture  littérale,  chaque  mot  étant  représenté  par  un  seul 
caractère  ou  signe  dont  les  éléments  sont  des  lettres  de 
l'alphabet  latin  capital,  tronquées,  modifiées  et  liées  en 
vue  d'une  très  grande  rapidité  de  tracé.  Plutarque  {Cato 
Minor,  XXIÏI)  rapporte  que  des  discours  de  Catond'Utique 
un  seul  avait  été  conservé,  recueilli  par  des  scribes  que 
Cicéron  avait  placés  dans  la  curie  et  à  qui  il  avait  ensei- 
gné l'art  d'écrire  rapidement  en  notes  brèves  dont  cha- 
cune représentait  plusieurs  lettres.  Suétone  (De  vins 
illustribics,  §  406,  dans  Suetoni  reliqiiiœ,  éd.  Reiffers- 
cheid,  p.  435)  attribue  l'invention  de  ce  système  d'écri- 
ture à  Ennius,  qui  aurait  trouvé  «  onze  cent  notes  servant 
à  consigner  par  écrit  les  discours  et  les  débats  devant  les 
tribunaux.  A  Rome,  TuUius  Tiro  (d'où  le  nom  de  notes 
tironiennes),  affranchi  de  Cicéron,  le  premier  forma  un 
recueil  de  notes  ;  après  lui,  Vipsanius,  Philargyrus  et 
Aquila,  ce  dernier  affranchi  de  Mécène,  ajoutèrent  de 
nouveaux  signes.  Enfin  Sénèque  fit  de  ces  notes  un  recueil 
général  et  en  porta  le  nombre  à  5.000.  Les  scribes  qui 
pratiquaient  ce  système  d'écriture  prirent  le  nom  de 
notaires  ».  Ces  notes  servaient  à  recueillir  les  discours, 
les  plaidoyers,  les  dépositions  des  témoins,  plus  tard  les 
sermons. 

Pour  faciliter  la  lecture  des  notes,   l'on  composa  des 
lexiques.  Ceux  qui  nous  sont  parvenus  remontent  à  l'époque 
carolingienne.  Jean  Trithème,  dans  sa  Polygraphia  publiée 
en  4548,   a  recueilli  trente  notes  tirées  d'un  psautier. 
Griiter  en  4603  a  donné  dans  ses  Inscriptiones  antiqiiœ 
totiiis  or  bis  romani  un  glossaire.  Le  bénédictin  Dom 
Carpentier  publia,  sous  le  titre  de  Alphahetum  tironia- 
num  seu  notas   Tironis  explicandi  methodus  (Paris, 
4745,  in-fol.),  un  formulaire  composé  à  Saint-Martin  de 
Tours,  entre  828  et  832,  aujourd'hui  conservé  à  la  BibHo- 
thèque  nationale  sous  le  n**  2748  des  manuscrits  latins, 
et  où  les  notes  sont  accompagnées  de  leur  transcription 
en  caractères  ordinaires.  Ce  manuscrit  a  été  à  nouveau 
reproduit,  en  phototypie,  par  le  D^'  W.  Schmitz,  Monu- 
menta  tachygraphica   codicis  parisiensis  lat,  27i8 
(Hanovre,  4882-83,  in-4).  Au  commencement  de  notre 
siècle,  Kopp  a  exposé  scientifiquement  les  lois  et  le  sys- 
tème des  notes  tironiennes;  le  premier  volume  de  sa 
P alœographia  critica  (M.Qj[\n]\em,iSil,  in-4)  est  consa- 
cré à  l'étude  de  la  tachygraphie  des  anciens,  le  second 
renferme  un  très  ample  Lexicon  tironianum,  divisé  en 
deux  parties  :  la  première  donnant  les  notes  dans  l'ordre 
de  leur  valeur  alphabétique,  avec  transcription  littérale 
et  interprétation  en  regard  ;  la  seconde,  une  liste  alpha- 
bétique des  mots  latins  avec  renvois  aux  notes  qui  les 
expriment.  Les  deux  volumes  de  Kopp  sont  restés  l'ou- 
vrage capital  sur  la  matière  et  le  plus  utile  pour  le 
déchiffrement  des  notes.  Jules  Tardif  a  étudié  à  son  tour 
les  notes  et  dressé  un  lexique  sous  le  titre  de  Mémoire 
sur  les  notes  tironiennes  inséré  dans  les  Mémoires  pré- 
sentés par  divef^s  savants  à  V Académie  des  Inscrip- 
tions (4854,   2«  série,  t.  lïl,  p.  404).  Le  D^  Wilhelm 
Schmitz  s'est  fait  en  ces  dernières  années  une  spécialité 
du  déchiffrement  et  de  la  publication  des  manuscrits  en 
notes  tironiennes.  Th.  von  Sickel  et  Julien  Havet  ont 
plus  particuHèrement  porté  leurs  efforts  sur  la  lecture 
des  notes  des  diplômes.  L'un  des  lexiques  tironiens  les 
plus  répandus  à  l'époque  carolingienne  est  celui  qui,  con- 
servé en  quinze  exemplaires,  tous  des  ix®  et  x^  siècles,  a 
été  reproduit,  d'après  un  manuscrit  de  Cassel,  provenant 
de  l'abbaye  de  Fulda,  transcrit  et  commenté  par  le  D*'  W. 
Schmitz,  dans  ses  Gommentarii  notarum  Tironianarum 
(Leipzig,  4893,  in-fol.).  Cet  ouvrage  est  précédé  de  pro- 
légomènes comprenant,  outre  une  dissertation  sur  l'ori- 
gine et  l'histoire  des  notes,  une  liste  de  tous  les  lexiques 
manuscrits. 
Dans  les  manuscrits  littéraires,  ce  système  tachy gra- 


phique n'a  guère  été  employé,  du  viii^  au  xi®  siècle,  que 
pour  les  gloses  marginales.  Quelques  ouvrages  ont  été 
écrits  intégralement  ou  partiellement  en  notes  tironiennes. 
M.  S.  G.  de  Vries  en  a  donné  le  catalogue  dans  ses  Exer- 
citationes  palœographic.  in  bibliotheca  Universitatis 
Lugduno-Batavœ  instauranda  (Leyde,  4890,  in-8). 

Les  notes  ont  été  aussi  usitées  dans  les  chancelleries, 
pour  consigner  sur  les  diplômes  de  brèves  indications 
«  relatives  à  la  confection  de  l'acte;  le  nom,  par  exemple, 
de  celui  qui  l'a  prescrit  ou  de  celui  qui  l'a  collationné, 
relu  ou  souscrit  »  (Giry,  Manuel  de  diplomatique, 
p.  524).  En  ce  qui  concerne  la  diplomatique  mérovin- 
gienne, la  plus  ancienne  note  qu'on  ait  signalée  se  trouve 
dans  un  diplôme  de  Clotaire  11,  de  l'an  625  ;  c'est  seule- 
ment à  partir  du  règne  de  Thierry  lll  que  les  notes 
deviennent  fréquentes  dans  les  actes  royaux.  Elles  ont 
parfois  une  valeur  historique  ;  c'est  ainsi  que  des  men- 
tions comme  celles-ci  :  ordinante  Ebroino  majore 
domiis,  ordinante  Pippino  majore  domus,  sont  un 
témoignage  du  rôle  important  que  jouait  le  maire  du  Palais 
dans  le  gouvernement.  M.  d'Arbois  de  Jubain ville  a  donné 
la  liste  des  diplômes  des  rois  mérovingiens  qui  contiennent 
des  notes  tironiennes  en  y  ajoutant  le  texte  de  celles  qui 
ont  été  déchiffrées  {BibL  de  VEcole  des  Chartes,  XLI, 
p.  85).  Julien  Havet  en  a  lu  quelques  autres  (/Z?z(i. ,  XLVI, 
p.  720).  L'usage  des  notes  se  développa  au  ix®  siècle. 
«  Dans  les  diplômes  des  monarques  carolingiens,  depuis 
Louis  le  Pieux,  les  notes  accompagnent  le  plus  souvent, 
comme  auparavant,  la  souscription  de  chancellerie  et  se 
placent  dans  la  ruche,  mais  on  en  trouve  aussi  qui  sont 
jointes  à  l'invocation  monogrammatiquc  du  début,  pla- 
cées à  la  suite  de  la  date,  ou  parfois  môme  immédiate- 
ment après  la  teneur  »  (Giry,  ouvr.  cité,  p.  522).  Le 
plus  souvent  ces  notes  donnent  le  nom  du  personnage 
par  l'intermédiaire  duquel  le  diplôme  a  été  obtenu.  Au 
x^  siècle,  les  notes  deviennent  moins  fréquentes  dans  les 
diplômes  royaux  ;  elles  sont  souvent  remplacées  par  des 
signes  sans  valeur  qui  en  sont  la  simple  imitation.  Le  der- 
nier exemple  de  l'emploi  des  notes  à  la  chancellerie  royale  de 
France  se  trouve  dans  des  diplômes  de  Philippe  P^\  à  la 
fin  du  XI®  siècle.  Cependant  la  connaissance  des  notes 
tironiennes  était  courante  à  Tours  au  x®  siècle,  et  l'on  en 
a  relevé  un  grand  nombre  dans  les  chartes  de  l'arche- 
vêque Teotolon. 

De  plus,  jusqu'à  la  fm  du  xi®  siècle,  le  signe  de  subs- 
cripsit  se  conserva  dans  la  plupart  des  chancelleries, 
mais,  comme  les  scribes  n'en  savaient  plus  la  valeur 
exacte,  au  lieu  de  le  placer  à  la  suite  du  nom  du  témoin, 
on  le  mettait  devant  ce  nom  au  génitif,  comme  équivalent 
de  signum.  Les  notes  tironiennes  ont  également  laissé 
des  traces  dans  le  système  des  abréviations  ;  l'abréviation 
de  us,  en  forme  de  9,  dont  l'emploi  a  persisté  jusque 
dans  les  livres  imprimés  au  xvi®  siècle,  est  une  note  tiro- 
nienne. 

On  ne  doit  pas  confondre  avec  les  notes  tironiennes 
une  écriture  tachygraphique,  dont  Julien  Havet  a  le  pre- 
mier déterminé  les  règles  {V Ecriture  secrète  de  Gerbert 
et  la  Tachygi^aphie  italienne  du  x®  siècle,  dans 
Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  Inscript.,  4®  sér.,  XV) 
et  qui  fut  employée  par  les  notaires  italiens  au  x®  siècle 
et  dans  les  premières  années  du  xi®  siècle.  Cette  écriture 
se  compose  de  caractères  syllabiques,  c.-à-d.  que,  pour 
écrire  un  mot,  il  faut  autant  de  caractères  que  le  mot  a 
de  syllabes.  Tous  les  monuments  de  cette  tachygra- 
phie jusqu'ici  signalés  sont  d'origine  italienne,  sauf  les 
lettres  de  Gerbert  qui  contiennent  quelques  passages  ainsi 
écrits,  mais  on  doit  remarquer  que  ce  personnage,  ayant 
séjourné  dans  la  péninsule,  a  pu  être  initié  à  ce  système 
d'écriture  par  des  scribes  italiens.  M.  Piiou. 

BiBL.:  Tachygraphie.— Outre  les  ouvra!:>es  cités  au  cours 
de  l'article  précédent,  V.  :  Bresslau,  Handbuchder  Urkun- 
denlehre,  I,  p.  919.— A.  Giry,  Manuel  de  diplomatique,];).  519^ 
—  J.  Havet,  une  Charte  de  Metz  accompagnée  de  notes  tiroi 
niennes,  dans  Bibliot  de  VEcole  des  Chartes,  XLIX 


NOTE  —  NOTHOSAURUS 


70 


g.  95.  —  Lehmann,  Das  ii7'07iisehe  Psalteriiim  dev  Wolfen- 
ûtteler  Bibliotheh  ;  Leipzig,  1885,  in-8.  —  Reusens,  Elé- 
ments de  paléogy^aphie,  p.  27.  —  W.  Schmitz,  Beitrage  znr 
lateinischen  Sprach-und  Literaturhunde  ;  Leipzig,  1877, 
in-8.  —  Th.  von  Sickel,  Acta  regum  Karolinorimi,  1, 
p.  326,  et  Beitrage  zur  Diplomatik,  Tl,  p.  115.  —  J,  Tardif, 
Une  Minute  de  notaire  du  ix^  siècle  en  notes  tironiennes  ; 
Paris,  1888,  in-8.  —  L.  Traube,  Varia  libamenta  critica. 
Commentationes  Woelfflinianœ^  p.  197.  —  Wattenbach, 
Anleitung  zur  lateinischen  Palœçjraphie,  4»  édit.,  p.  10.  — 
K.  Zangemeister,  Zur  Géographie  des  rômischen  Galliens 
und  Germaniens  nach  den  tironischen  Notcn,  dans  Neue 
Heidelberger  Jahrbûcher,  II,  p.  1. 

NOTENCÉPHALE  (Térat.)  (V.  Monstre,  t.  XXIV, 
p.  173). 

NOTôER,  évêque  de  Liège,  né  vers  940,  mort  en 
1007.  Issu  d'une  maison  princière  de  Souabe,  il  se  fit 
moine  à  Fabbaye  de  Saint-Gall  et  fut  élevé  à  la  dignité 
d'évêque  de  Liège  par  l'empereur  Otlion  P^'  en  972  ;  il 
fortifia  sa  ville  épiscopale,  purgea  le  pays  des  voleurs  de 
grand  chemin  qui  l'infestaient,  agranclit  considérablement 
son  diocèse,  et  obtint  des  empereurs  Othon  III  et  Henri  P^ 
des  diplômes  confirmatifs  de  ses  acquisitions.  Il  organisa 
des  écoles  qui  devinrent  célèbres,  et  fut  considéré  pendant 
tout  le  moyen  âge  comme  le  véritable  fondateur  de  l'Etat 
liégeois.  Un  de  ses  biographes  s 'adressant  à  la  ville  de 
Liège  dit  :  Notgermn  Christo,  Notgero  cœtera  debes, 

BiBL.  :  G.  KuRTH,  Une  Biographie  de  Vévêque  Notger  au 
xn"  siècle  {Bidletui  de  l'Académie  royale  de  Belalciue, 
4«  sér.,  t.  XYI,  1801). 

NOTH.  Com.  du  dép.  de  la  Creuse,  arr.  de  Guéret, 
cant.  de  La  Souterraine  ;  865  hab. 

NOTHI PPOS,  poète  tragique,  contemporain  de  Périclès. 
Il  était  raillé  par  les  comiques,  par  exemple  Hcrmippe 
et  Téléclide,  pour  sa  gloutonnerie.  On  a  conjecturé  ingé- 
nieusement que  ce  nom  n'était  qu'un  calembour  désignant 
par  allusion  le  tragique  Gnésippos.  Mais  cette  conjecture 
doit  être  abandonnée,  puisque,  dans  une  liste  de  poètes  tra- 
giques, conservée  par  une  inscription  (CI.  A.,  II,  977'^  4), 
le  nom  de  Nô6t7i:7:oç  se  restitue  avec  certitude. 

N  OTH  N  AG  E  L  (Hermann),  médecin  allemand  contempo- 
rain, né  à  Alt-Lietzegôrike  le  28  sept.  1841.  Reçu  doc- 
teur à  Berlin  en  1864,  il  enseigna  successivement  àKonigs- 
berg,  à  Berlin  et  à  Breslau  en  qualité  de  privat-docent, 
puis  en  1872  fut  professeur  de  polyclinique  médicale  à 
Fribourg,  en  1874  professem'  do  clinique  à  léna,  puis  à 
partir  de  1882  à  Vienne.  Les  travaux  de  pathologie  ner- 
veuse et  de  thérapeutique  de  Nothnagel  sont  universelle- 
ment connus.  Il  a  fait  paraître  :  Handbuch  der  Arznei- 
mittellehre  (1870;  7«  éd.  avec  Rossbach,  1894);  To- 
pische  Diagnostik  der  Gehirnkrankheiten  (1879)  ; 
Beitrœge  zur  Physiologie  und  Pathologie  des  Darms 
(1884).  Depuis  1894  il  publie,  à  Vienne  une  revue,  Spe-^ 
zielle  Pathologie  und  Thérapie.  D^'  L.  Hn. 

NOTHOMB  (Jean-Baptiste),  homme  d'Etat  belge,  né  à 
Messancy  le  3  juill.  1805,  mortàBcrlin  le  16 sept.  1881, 
Après  avoir  pris  à  Liège  le  grade  de  docteur  en  droit  en  1826, 
il  se  rendit  à  Bruxelles  et  entra  dans  la  vie  politique  comme 
rédacteur  du  Courrier  des  Pays-Bas,  journal  de  l'oppo- 
sition belge.  Il  prit  une  part  active  à  la  résistance  oppo- 
sée par  les  habitants  des  provinces  du  Sud  à  la  politique 
du  roi  Guillaume,  et  devint,  après  la  révolution,  membre 
du  Congrès  national  pour  le  district  d'Arlon,  et  secrétaire 
du  comité  constitutionnel.  Il  défendit  le  principe  de  la 
monarchie,  l'institution  de  deux  assemblées  élues,  la  liberté 
de  la  presse,  la  liberté  des  cultes,  et  se  prononça  pour  la 
candidature  du  duc  de  Nemours.  Il  fut  appelé  par  le  ré- 
gent Smiet  de  Chokier  au  poste  de  secrétaire  général  du 
département  des  affaires  étrangères,  et,  en  cette  qualité, 
contribua  personnellement  au  succès  de  l'élection  du  prince 
de  Saxe-Cobourg.  Il  jjrilla  dans  les  discussions  du  Con- 
grès et  plus  tard  dans  celles  des  chambres  législatives, 
notamment  à  propos  des  traités  dits  des  dix-huit  articles 
et  des  vingt-quatre  articles,  qui  réglèrent  définitivement 
la  séparation  de  la  Belgique  et  de  la  Hollande.  Il  se 
démit  de  ses  fonctions  en  1836,  et  fut  appelé  l'année 


suivante  à  prendre  le  portefeuille  des  travaux  publics  ; 
réalisant  les  projets  conçus  par  Rogier  (V,  ce  nom), 
il  travailla  avec  une  grande  activité  au  développement 
du  réseau  des  chemins  de  fer  et  en  fit  construire  plus 
de  300  kil.  en  moins  de  quatre  ans.  Le  cabinet  dont  il 
faisait  partie  ayant  dû  se  retirer  en  1840,  à  la  suite  d'un 
vote  hostile  de  la  Chambre  des  représentants,  J.-B.  No- 
thomb  fut  envoyé  en  mission  auprès  de  la  Confédération 
germanique.  La  trêve  des  partis  qui  existait  depuis  la 
révolution  de  1830  s'était  rompue  après  la  paix  défi- 
nitive avec  la  Hollande  en  1839,  et  les  libéraux  et  les 
catholiques  se  disputaient  le  pouvoir.  Nothomb,  qui  était 
classé  parmi  les  libéraux,  accepta  un  portefeuille  dans  le 
cabinet  catholique  dirigé  par  le  comte  de  Muelenaere 
(V.  ce  nom)  en  1841,  et  il  devint  en  1843  président  du 
Conseil.  Il  s'efforça  de  faire  prévaloir  une  politique  de 
modération  et  de  tenir  la  balance  exacte  entre  les  préten- 
tions rivales  des  deux  partis,  mais  il  fut  vivement  atta- 
qué par  ses  anciens  amis,  Devaux,  Lebeau  et  Rogier,  qui 
l'accusaient  d'avoir  abdiqué  ses  principes,  tandis  que  le 
ministre  leur  reprochait  d'avoir  déserté  le  drapeau  unio- 
niste pour  adopter  un  libéralisme  exclusif.  Il  succomba 
sous  un  vote  do  coalition  en  1845  et  rentra  dans  la  di- 
plomatie. Son  œuvre  principale  fut  la  loi  du  23  sept. 
1842,  organisant  l'enseignement  primaire  dans  toutes  les 
communes  du  royaume  et  y  admettant  le  clergé  à  titre 
d'autorité.  Cette  loi,  votée  à  l'unanimité  moins  trois  voix 
par  la  chambre  des  représentants,  et  à  l'unanimité  par  le 
Sénat,  resta  en  vigueur  jusqu'en  1879" 

Après  sa  sortie  du  ministère,  J.-B.  Nothomb  se  retira 
entièrement  de  la  politique  pour  se  consacrer  à  ses  fonc- 
tions de  ministre  de  Belgique  à  Berlin,  qu'il  occupa  du- 
rant près  de  trente-six  années  avec  une  haute  distinction. 
Comme  parlementaire  et  comme  homme  d'Etat,  il  avait 
fait  preuve  d'un  esprit  souple,  fertile  en  ressources,  d'un 
talent  oratoire  remarquable,  d'une  grande  puissance.de 
travail  et  d'une  rare  modération  d'esprit.  Comme  diplo- 
mate, il  rendit  des  services  signalés  à  son  pays,  notam- 
ment pendant  les  années  de  crise  de  1866  à  1870.  Il  avait 
publié  en  1833  un  Essai  historique  et  politique  sur  la 
révolution  belge,  qui  eut  trois  éditions  en  une  année 
(Bruxelles,  1876,  2  vol.  in-8,  ¥  éd.),  et  qui  est  un  des 
ouvrages  les  plus  remarquables  de  l'époque.  On  ne  sait,  dit 
M.  de  Loménie,  ce  qu'il  faut  le  plus  admirer  dans  ce  livre 
d'un  homme  d'Etat  de  vingt-sept  ans,  de  la  science  des  faits, 
de  la  perspicacité  des  vues  et  de  la  logique  des  déductions. 
Les  détails  de  diplomatie  les  plus  arides  prennent  sous  la 
plume  de  M.  Nothomb  une  physionomie  attrayante  et  vive, 
le  récit  des  négociations  et  des  faits  y  est  habilement  mêlé 
de  considérations  générales  pleines  d'élévation  ;  l'auteur 
veut  prouver  que  la  révolution  n'est  pas  un  accident  M- 
tuit,  qu'elle  constitue  plutôt  le  résultat  historique  et  néces- 
saire d'un  besoin  de  nationalité  qui  remonte  à  quatre 
siècles  ;  mais  il  a  parfois  le  tort  de  forcer  les  fidts  pour 
établir  cette  thèse;  c'est  la  partie  contestable  de  son 
œuvre.  —  Son  frère,  Alphonse,  né  en  1815,  fut  procu- 
reur général  à  la  Cour  d'appel  de  Bruxelles,  puis,  du 
30  mars  1855  au  9  nov.  1857,  ministre  de  la  justice; 
ultramontain  militant,  il  siégea  à  partir  de  1859  à  la 
Chambre,  reçut  en  1884  le  titre  de  ministre  d'Etat;  lors 
de  l'agitation  révisionniste  de  1891,  il  se  déclara  nette- 
ment démocrate  catholique.  E.  Hubert. 

BiBL.  :  T.  Juste,  le  Baron  Nothomb;  Bruxelles,  1874, 
2  vol.  in-8.  —  TiioNissEN,  Histoire  du  règne  de  Léopold  I*"'; 
Louvain,  1861,  3  vol.  hi-8.  —  T.  Juste,  lîistoire  du  Congrès 
national;  Bruxelles,  1880,  2  vol.  in-8.  —  L.  Hyaians,  His- 
toire parlementaire  de  la  Belgique;  Bruxelles,  1877-80, 
5  vol.  in-8. 

NOTHOSAURUS  (Paléont.).  Ce  genre  a  été  établi  par 
Munster  pour  des  Reptiles  Sauropodes  du  trias,  caracté- 
risés par  la  tête  longue  et  étroite,  les  fosses  temporales 
très  développées,  les  dents  de  l'intermaxillaire  plus 
grandes  que  les  autres,  le  cou  allongé,  composé  de 
20  vertèbres.  La  caractéristique  de  la  famille  des  Notho- 


71  -- 


NOTHOSAURUS  —  NOTO 


sauridées  est  :  cinq  doigts,  deux  facettes  articulaires  aux 
vertèbres  cervicales,  clavicule  distincte,  coracoïdes  non 
réunies  à  Fépisternon.  Cette  famille,  outre  le  genre  No- 
tliosaure,  comprend  les  genres  suivants,  spéciaux  aux 
terrains  du  trias  :  Conchiêsaurus  Meyer  t  dents  en 
massue,  à  couronne  plissée  ;  Simosaurus  :  crâne  large  et 
déprimé,  museau  tronqué  ;  Lariosaurus  Curioni  :  appa- 
rence de  lézard,  cou  allongé,  ceintures  pectorale  et  pel- 
vienne puissantes  ;  Pachijpîeura  Cornalia,  ressemblant 
au  genre  précédent,  mais  de  plus  petite  taille,  0*^,2j  à 
0"%'80,  cou  plus  court,  queue  plus  allongée  comprenant 
4)0  vertèbres  au  lieu  de  35  ;  Dactylausaurus  Giiricli, 
très  semblable  aux  deux  genres  précédents,  avec  la  main 
conformée  comme  celle  des  lézards  avec  cinq  doigts  d'iné- 
gale longueur.  .  E,  Sauvage. 
BiBL.  :  ZiTTEL,  Traité  de  paléontologie^  t.  III. 

NOTHROPUS  (Paléont.)  (V.  Megatherium). 

NOTHRUS  (Zool.)  (V.  Oribate). 

NOTICE»  On  a  nonimé  au  moyen  âge  notices,  par  oppo- 
sition aux  «  chartes  »,  la  consignation  par  écrit  d'actes 
antérieurs.  Tandis  que  la  charte  est  un  acte  authentique 
qui  fait  foi  en  justice,  la  notice  ne  constitue  qu'un  com- 
mencement de  preuve.  Les  notices  ont  été  le  plus  souvent 
rédigées  par  les  bénéficiaires  des  actes  qu'elles  rappelaient. 
Tandis  que  la  charte  est  généralement  écrite  à  la  première 
personne,  la  notice  l'est  généralement  à  la  troisième.  Les 
notices  sont  souvent  dépourvues  de  dates,  mais  parfois 
aussi  elles  sont  datées  et,  dans  ce  cas,  la  date  se  rapporte 
plus  souvent  à  l'époque  où  l'acte  a  été  fait  qu'à  celle  où  sa 
consignation  a  été  écrite;  certaines  notices  portent  une 
double  date,  celle  de  l'acte  et  celle  de  la  notice.  La  plupart 
n'ont  pour  signes  de  validation  qu'une  longue  énumération 
de  témoins  ;  mais  parfois  aussi  elles  sont  revêtues  de  sous- 
criptions ou  même  de  sceaux.  C'est  au  x^  et  au  xi^  siècle 
surtout  qu'on  trouve  des  actes  rédigés  sous  cette  forme. 

NOTIFICATION  (Procéd.).  C'est  l'acte  par  lequel  on 
donne  connaissance  à  une  personne  d'un  fait  ou  d'une  dé- 
cision. Elle  est  judiciaire  ou  administrative.  La  première, 
qui  porte  le  nom  de  signification  (V.  ce  mot) ,  se  fait  par 
exploit  d'huissier.  La  notification  administrative  consiste, 
au  contraire,  dans  une  simple  lettre  remise  à  l'intéressé 
par  un  agent  de  l'autorité  administrative.  C'est  dans  cette 
forme,  notamment,  que  l'Etat  notifie  aux  parties  les  arrê- 
tés rendus  par  les  conseils  de  préfecture  dans  les  instances 
engagées  par  lui  ou  contre  lui  (L.  22  juil.  '1889,  art.  51 
et  s.)  ;  la  notification  qui  émane  alors  du  préfet,  et  qui  doit 
contenir  toutes  les  mentions  essentielles  exigées  pour  les 
significations  par  huissier,  est  remise  contre  réccj)issé  ;  elle 
fait  courir  les  délais  d'appel,  aussi  bien  contre  l'Etat  qui 
notifie,  qu'en  sa  faveur.  L'Etat  a  seul,  d'ailleurs,  le  pou- 
voir d'imprimer  aux  significations  faites  par  ses  agents  un 
caractère  d'authenticité  qui  le  dispense  de  recourir  au 
ministère  d'huissier  ;  si  la  signification  est  faite  au  nom 
d'autres  personnes  morales  ou  de  particuliers,  ce  minis- 
tère est  indispensable,  quelle  que  soit  la  juridiction. 

NOTION  (V.  Idée  et  Concept).  Ces  trois  termes  idée, 
concept  et  notion  s'emploient  à  peu  près  indifféremment 
comme  des  synonymes.  Cependant  Kant,  dans  sa  termino- 
logie, s'efforce  d'assigner  à  chacun  d'eux  un  sens  spécial. 
Voici  comment  il  s'exprime  à  ce  sujet  dans  la  Critique 
de  la  raison  pure  {Dialectique  transcendantaîe,  1.  I, 
§  423,  trad.  Tissot,  t.  II,  p.  24):  «  Le  mot  générique  est 
représentation  {reprœsentatio)  ;  il  comprend  la  représen- 
tation avec  conscience  (perceptio).  Mais  une  perception 
qui  se  rapporte  simplement  au  sujet  comme  modification 
de  son  état  est  sensation  (sensatio)  ;  une  perception  ob- 
jective est  connaissance  (cognitio).  Celle-ci  est  à  son  tour 
intuition  ou  concept  (intuitio  vel  conceptus).  L'intui- 
tion se  rapporte  immédiatement  à  l'objet,  de  soi'te  qu'elle 
est  nécessairement  singulière  ;  le  concept  s'y  rapporte 
médiatement,  par  le  moyen  d'un  signe,  d'un  caractère  ou 
attril^ut  qui  peut  être  commun  à  plusieurs  choses.  Le  con- 
cept est  ou  empirique  ou  pur  ;  et  le  concept  pur,  s'il  a 


Notiophilus  rufipes. 


son  origine  dans  l'entendement  seul  (et  non  dans  une 
image  pure  de  la  sensibilité)  s'appelle  notion  (notio).  Le 
concept  suscité  par  des  notions  et  qui  dépasse  la  possibi- 
lité de  l'expérience  est  Vidée  ou  concept  de  raison  ou  bien 
encore  concept  rationnel.  »  —  Dans  Hegel,  la  notion  {Be- 
griff)  est  l'objet  de  la  troisième  partie  de  la  logique,  les 
deux  premières  ayant  pour  objet  l'être  et  l'essence,  et 
l'idée  est  le  dernier  terme  de  l'évolution  de  la  notion, 
conséquemment  de  la  logique  elle-même  :  le  concept  semble 
n'être  au  contraire  que  le  premier  moment  de  cette  évo- 
lution. E.  BOIRAC. 

NOTIOPHILUS  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Coléop- 
tères, de  la  famille  des  Carabides, 
établi  par  Duméril  {Zool.  Anal., 
p.  194).  Les  Notiophilus  sont  de 
petite  taille,  très  vif,  d'un  bronzé 
jjrillant  et  remarquables  par  la  gros- 
seur des  yeux,  les  cannelures  de  la 
tête  et  la  disposition  des  stries  ély- 
trales.  On  les  trouve  dans  les  en- 
droits sablonneux  et  frais  de  la  zone 
européo-méditerranéenne,  du  N.  de 
l'Asie  et  de  l'Amérique.  Le  N.  ru- 
fipes Curt.  se  rencontre  aux  en- 
virons de  Paris  dans  les  mousses  et  les  feuilles  mortes. 
NOTKER  Balbulus,  moine  bénédictin  de  Saint-Gall,  né 
à  Jonsv^il  (cant.  actuel  de  Saint-Gall)  vers  830,  mort  à 
Saint-Gall  le  6  avr.  912.  Il  perfectionna  le  chant  d'église 
et  fut  le  principal  auteur  des  proses  rythmées  ou  séquences 
latines  ajoutées  à  la  mélodie  sans  paroles  de  V Alléluia. 
Wilmann  lui  attribue  35  mélodies  et  44  textes  rythmés.  — 
Il  fut  canonisé  en  4513. 

BiBL.  :  Wilmann,  au  t.  XV  de  ZeitscJirift  fur  deutsches 
Altertum  de  Haupt,  1871.  —  Bârtscii,  Die  lateinischen 
Sequenzen  des  Mittelalters  ;  Rostock,  1868.  —  G.  Mkykr 
VON  Knonau,  Lebensbild  des  heiligen  Nother^  dans  Mit- 
teil.  Antiq.  Gesellschaft  de  Zurich,  1877. 

NOTKER  Labeo  (le  Lippu)  ou  Teutonicus,  moine  de 
Saint-Gall,  né  vers  952,  mort  le  29  juin  4022.  Il  vivait 
sous  l'excellent  abbéPurchard  (ouBurkard)  11(4001-22), 
Il  fut  le  premier  à  introduire  systématiquement  dans  l'ensei- 
gnement la  traduction  des  auteurs  latins  en  langue  vul- 
gaire, c.-à-d.  en  allemand.  Il  commentait  même  souvent  en 
allemand.  On  a  conservé  sa  traduction  des  Psaumes  avec 
commentaires  (d'abord  dans  le  Thésaurus  de  Schiller,  à 
Ulm,  4727,  t.  I;  séparément  par  Heinzel  et  Scherer,  a 
Strasbourg,  4876),  une  partie  de  VOrganon  d'Aristote, 
le  De  Consolatione  de  Boëcc,  un  petit  traité  de  rhéto- 
rique avec  exemples  tirés  de  chansons  populaires  alle- 
mandes, etc.  (dans  Hattemer,  Denkmahle  des  Mittelal- 
ters; Saint-Gall,  4844-46,  t.  III).  On  a  perdu  ses  traduc- 
tions de  Job,  AçiVAndrienne  de  Térence,  des  Bucoliques 
de  Virgile.  Il  fut  emporté  par  la  peste  que  l'expédition 
d'Henri  II  rapporta  d'Italie.  Les  œuvres  complètes  de 
Notker  ont  été  données  par  Piper,  dans  le  Germanischer 
Bûcherschatz  (Fribourg-en-Brisgau,  4883,  t.  VIII  à  X). 

F.-H.  K. 

BiBL.  :  Henrici,  Die  Qucllen  von  Notkers  Psalmen; 
Strasbourg,  1878.  —  Kelle,  Die  Saint-Gallen  deutschen 
Schriften  /Munich,  1888.  —  Du  môme,  Verbum  und  Nomen 
in  Notkei's  BoethiuS  ;  Vienne,  1885  ;  Untersuchungen  zur 
Ueberlieferung. ..  der  Psalmen  Notkers  (1889)  et  des  articles 
au  t.  XXX  de  Zeitschrift  fiïr  deutsches  Altertum  et  aux 
t.  XVIII  et  XX  de  Zeitschrift  far  deutsche  Philologie. 

NOTKER  Physicus,  moine  bénédictin  de  Saint-Gall, 
mort  le  42  nov.  975,  élève  de  NotKer  Balbulus,  peintre, 
scribe  et  médecin  de  la  cour  d'Otton  P^.  Il  décora  l'église 
et  plusieurs  manuscrits  de  son  couvent. 

NOTO,  Province  maritime  du  Japon,  sur  la  mer  du  Ja- 
pon, formée  d'une  presqu'île  du  centre  de  Nippon,  échan- 
crée  par  le  golfe  de  Nanao  renfermant  l'ile  ^foto. 

NOTO.  Ville  d'Italie,  proy.  et  à  25  kil.  S.-O.  de  Syra- 
cuse (Sicile) ,  sur  le  fleuve  côtier  du  même  nom  ;  20.000  hab. 
(avec  la  commune).  Elle  a  remplacé  Noto  vecchio,  l'an- 
tique Necethum,  détruite  par  un  tremblement  de  terre  en 


NOTO  -^  NOTORYCTES  ^  72  — 

1693.  —  Le  val  di  Noto  fut  jadis  une  des  trois  divisions 
(compartimenti)  de  la  Sicile,  bornée  à  l'O.  par  le  Salos, 
au  N.  par  la  Giaretta. 

NOTOCIRRHUS  (ZooL).  Genre  d'Annélides  polychètes 
errantes,  famille  des  Eunicides,  tribu  des  Lumbriconé- 
réines  ;  ces  animaux  ont  la  tète  dépourvue  d'yeux  et 
d'antennes,  les  pieds  portent  un  cirrlie  supérieur  et  des 
soies  simples  ou  des  soies  simples  et  composées.  Type  : 
N.  Edwardsi  Saint-Vaast;  la  plupart  des  autres  espèces 
sont  exoti(pies. 

N  OTOCORDE  (Anat.).  La  notocorde  ou  corde  dorsale 
{chorda  dor salis)  est  une  tige  qui  s'étend  d'une  extrémité  à 
l'autre  de  l'embryon,  au-dessous  du  canal  neuràl,  au-dessus 
du  tube  digestif  et  de  l'aorte.  Elle  dérive  du  protendoderme  ; 
elle  se  façonne  au-dessous  du  névraxe  et  progresse,  comme 
lui,  d'après  une  direction  longitudinale.  Elle  représente 
le  squelette  axial  primitif  chez  les  vertébrés.  C'est  autour 
d'elle  du  moins  que  se  développe  le  corps  des  vertèbres, 
d'abord  cartilagineuses,  puis  osseuses,  aux  dépens  des 
expansions  mésodermiques  (couche  squelettogène) ,  éla- 
borées par  les  segments  internes  des  protovertèbres  ou 
scléro tomes.  Au  début  de  la  période  cartilagineuse  du 
rachis,  la  notocorde  offre  l'aspect  d'une  tigelle  cylindroïde, 
étendue  de  la  poche  pharyngienne  de  Seessel  ou  poche  de 
Selenka,  jusqu'au  sommet  de  l'extrémité  caudale.  Elle  se 
compose  d'un  cordon  central  cellulaire  (cellules  de  la 
corde),  qui  acquièrent  peu  à  peu  une  paroi,  transforment 
leur  protoplasme  en  suc  muqueux,  qui  se  réduit  ensuite 
à  une  mince  couche  appliquée  contre  la  paroi  de  la  cel- 
lule, se  tassent  les  unes  contre  les  autres  et  donnent  à  la 
coupe  transversale  de  l'organe  l'aspect  de  la  moelle  de 
sureau.  Ce  cordon  de  cellules  est  entouré  d'une  gaine  cu- 
ticulaire  et  d'un  étui  plus  externe  (gaine  de  la  corde), 
dérivant  du  mésoderme  et  faisant  corps  avec  la  substance 
fondamentale  des  vertèbres  cartilagineuses.  Bientôt  on 
remarque  qu'elle  se  renfle  de  distance  en  distance.  Les 
renflements  correspondent  au  centre  des  disques  interver- 
tébraux. Là,  les  éléments  de  la  corde  persistent  jusque 
dans  l'âge  adulte  sous  la  forme  du  noyau  mou  des  disques 
intervertébraux.  Au  niveau  des  corps  des  vertèbres,  la 
notocorde  disparaît  au  moment  de  l'ossification  des  ver- 
tèbres. En  d'autres  termes,  la  notocorde  a  l'aspect-  d'un 
chapelet  et  enfile  la  série  des  vertèbres  et  des  disques 
invertébraux.  Les  étranglements  sont  vertébraux  chez  les 
amniotes  et  les  mammifères  ;  ils  sont  intervertébraux  chez 
les  reptiles  et  les  oiseaux  ;  ils  ont  les  deux  dispositions  chez 
les  amphibrens. 

Chez  l'amphioxus,  la  corde  dorsale  constitue  à  elle 
seule  tout  le  squelette  axial.  Elle  envoie  une  expansion 
supérieure  en  forme  d'anneau  (anneau  neural)  et  une 
expansion  inférieure  (anneau  hémal),  et,  en  plus,  des 
expansions  latérales  et  transversales  qui  se  réunissent  aux 
bandes  conjonctives,  myotomes,  qui  séparent  les  segments 
musculaires.  Elle  forme  encore  chez  les  vertébrés  infé- 
rieurs, même  adultes,  un  organe  plus  ou  moins  volumi- 
neux. Chez  les  cyclostomes,  les  ganoides  cartilagineux,  les 
chimères,  les  dipneustes,  le  corps  des  vertèbres  est  rem- 
placé par  la  gaine  de  la  notocorde,  très  développée,  dans 
laquelle  se  montrent,  du  côté  dorsal  et  du  côté  ventral, 
des  pièces  cartilagineuses  (arc  neural  et  arc  hémal).  —  Par 
contre,  chez  les  amniotes,  elle  s'atrophie  presque  complè- 
tement durant  le  développement  et  ne  joue  un  rôle  que 
pendant  les  premières  phases  ;  elle  est  ensuite  remplacée 
par  un  autre  squelette  axial.  On  comprendra  maintenant 
comment  la  notocorde  a  pu  être  appelée  colonne  verté- 
brale primitive.  Ch.  Debierre. 

NOTOMASTUS  (ZooL).  Genre  d'Annélides  polychètes 
sédentaires,  famille  des  Capitellides  ;  caractères  :  42  seg- 
ments thoraciques  pourvus  uniquement  de  soies  subu- 
lées,  les  segments  abdominaux  exclusivement  armés  de 
soies  en  crochets  ;  les  peignes  supérieurs  des  soies  en 
crochet,  au^  commencement  de  la  partie  postérieure  du 
corps,  sont  relégués  tout  à  fait  sur  le  dos  ;  branchies 


Notonectii  i^lauca. 


simples  ;  organes  segmentaires  dans  presque  tous  les  seg- 
ments abdominaux.  iV.  lineatus  ;  Naples. 

NOTONECTE  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Hémiptères- 
Hétéroptères,  du  groupe  des  Hy- 
drocorises,établiparLinné(5i/Si^. 
Nat.,  éd.,  X,  p.  439)  et  qui  a 
donné  son  nom  à  la  famille  des 
Notonectidae.  Celle-ci  comprend 
notamment  les  genres P/mFieb., 
AnisopsS])m.,  NotonectaL.  Les 
Notonectes  sont  des  insectes  aqua- 
tiques, très  carnassiers,  nageant 
sur  le  dos  et  remontant  fréquem- 
ment à  la  surface  pour  renouve- 
ler leur  provision  d'air.  Ce  genre 
comprend  une  vingtaine  d'espèces 
répandues  sur  toute  la  surface 
du  globe.  Le  N.  glaiicaL.,  long 
de  15  millim.,  d'un  jaunâtre  luisant,  avec  l'écusson  noir, 
se  trouve  dans  toute  l'Europe  et  le  N.  de  l'Afrique. 

NOTOPODES  (ZooL).  Division  des  Crustacés  Déca- 
podes brachyurcs,  caractérisée  par  l'insertion  plus  ou 
moins  accusée  sur  la  face  dorsale  de  la  dernière  ou  des 
deux  dernières  paires  de  pattes  ;  les  uns  ne  comprennent 
sous  ce  nom  que  la  famille  des  Dromiides  ;  d'autres  y  font 
rentrer,  en  outre,  les  Porcellanides,  Lithodides  et  Dorip- 
pides. 

NOTOPYGOS  (ZooL).  Genre  d'Annélides  polychètes 
errantes,  famille  des  Amphinomines.  Ces  animaux  ont 
quatre  yeux  ;  leurs  branchies  sont  en  houppes,  situées  à 
l'extrémité  des  rames  supérieures  ;  les  soies  dorsales  sont 
bifides  ;  l'anus  est  dorsal,  éloigné  de  l'extrémité  posté- 
rieure. N.  crinita;  Sainte-Hélène.    _  R.  Mz. 

NOTORIÉTÉ  (Acte  de)  (V.  Acte,  t.  I,  p.  463). 

NOTORYCTES  (ZooL).  Genre  de  Mammifères  marsu- 
piaux créé  par  Stirling  (4894)  pour  un  animal  récemment 
découvert  dans  le  désert  de  l'Australie  centrale  où  il  vit 
à  la  manière  des  Taupes  eurasiatiques  et  des  Chrysochlores 
africains  qu'il  représente  dans  le  groupe  des  Didelphes. 
L'unique  espèce  (Notonjctes  typhîops)  doit  être  considé- 
rée comme  le  type  d'une  famille  à  part  que  l'on  place 
parmi  les  Marsupiaux  polyprotodontes,  à  la  suite  des  Da- 
syuridœ.  La  taille  diflere  peu  de  celle  de  la  Taupe,  mais 
les  formes  rappellent  plutôt  les  Chrysochloirs  (V.  ce 
mot).  Le  pelage  est  d'un  jaune  isabelle  comme  chez  les 


Notoryctes  typhîops. 

animaux  déserticoles.  La  dentition  est  très  remarquable  : 
il  existe  trois  paires  d'incisives  dans  chaque  mâchoire,  deux 
paires  de  prémolaires  et  une  canine  très  petites  ;  les 
quatre  vraies  molaires  ont  une  couronne  triangulaire  et  à 
trois  tubercules,  rappelant  celles  des  Chrysochlores.  Les 
pattes,  très  courtes,  ont  cinq  doigts  très  inégalement  dé- 
veloppés :  aux  pattes  antérieures,  le  troisième  et  le  qua- 
trième doigt  sont  munis  d'ongles  énormes,  comme  chez 
les  Chrysochlores  ;  aux  pattes  postérieures,  les  ongles  cor- 
respondants sont  dirigés  en  dehors  et  décroissent  du  se- 
cond au  cinquième  qui  est  court  et  atrophié  aux  deux 
paires  de  membres.  La  plante  du  pied  est  munie  de  tu- 
bercules en  forme  de  sillon.  La  queue  est  très  courte, 
nue,  en  cône  tronqué.  Le  museau,  court  et  obtus  avec  la 
bouche  au  centre,  porte  en  dessus  une  plaque  cornée  dure  : 
il  n'y  a  pas  d'oreille,  ni  d'œil  visible  extérieurement.  La 


7S 


NOTORYCTES  -~  NOTRE-DAME 


poche  de  la  femelle  a  son  ouverture  dirigée  en  arrière  et 
contient  deux  petits  mamelons.  Le  pelage  est  long  et 
soyeux. 

Les  mœurs  de  cet  animal,  que  les  indigènes  appellent 
«  Ur-quamata  »,  sont  assez  mal  connues.  On  sait  seule- 
ment que  c'est  un  animal  fouisseur  qui  vit  sous  terre  et 
se  creuse  un  chemin  dans  le  sable  à  la  manière  de  la 
Taupe  d'Europe,  s'aidant  pour  cela  de  la  plaque  cornée 
qu'il  porte  sur  le  nez,  et  se  servant  des  grands  ongles  de 
ses  pattes  pour  écarter  le  sable  :  il  creuse  ainsi  un  tun- 
nel à  quelques  centimètres  au-dessous  du  sol,  venant  à  la 
surface  au  bout  de  quelques  mètres,  sans  doute  pour  res- 
pirer, et  s'enfonçant  de  nouveau.  Dans  ce  mouvement  sa 
rapidité  est  telle  qu'il  semble  nager  littéralement  dans  le 
sable,  et  si,  après  avoir  capturé  l'animal,  on  le  laisse  de 
nouveau  s'enfoncer  dans  le  sable,  il  est  presque  impos- 
sible de  le  rattraper  même  en  se  faisant  aider  de  plusieurs 
personnes  armées  de  pelles  et  de  pioches.  D'après  les  ob- 
servations faites  sur  des  animaux  captifs,  h  Notoryctes  so 
nourrirait  de  larves  qui  vivent  dans  les  racines  des  aca- 
cias et  probablement  aussi  d'autres  insectes.      E.  Trt. 

BiBL.  :  Stirling,  Trans.  Roy.  Soc.  Soutli  Austî^alia,  1891, 
p.  154,  avec  planche.  —  Trouessart,  la  Nature,  XIX, 
2«  sem.,  1891,  p.  290,  avec  fig. 

NOTOTHERIUM  (Paléont.).  Genre  de  Mammifères  fos- 
siles, de  Tordre  des  Marsupiaux  et  de  la  famille  des  Di- 
protodontidœ,  formant  une  sous-famille  intermédiaire 
entre  le  Diprotodon  (V.  ce  mot)  et  le  Wombat  (Phasco- 
lomtjs).  La  taille,  encore  considérable,  était  inférieure  à 
celle  du  Diprotodon.  Le  crâne  est  court  et  large  avec  la 
l'égion  nasale  étalée  en  dehors.  Les  dents,  en  môme 
nombre  que  chez  le  Diprotodon,  présentent  des  incisives 
coniques  et  non  en  ciseau,  séparées  sur  la  ligne  médiane. 
Les  deux  paires  de  membres  étaient  d'égale  longueur.  La 
forme  de  l'humérus  est  semblable  à  celle  du  Wombat  et 
indique  un  animal  fouisseur.  Ce  type  vivait  en  Australie 
à  l'époque  quaternaire.  L'espèce  la  mieux  connue  est  le 
Not.  Mitchelli  Owen,  qui  devait  avoir  la  taille  d'un  bœuf. 
Les  genres  Zygomaturus  at  Euowe- 
nia  appartiennent  à  la  même  fa- 
mille et  sont  de  la  même  époque  en 
Australie. 

NOTOXUS(Entom.).  Genred'In- 
sectes  Coléoptères  de  la  famille  des 
r    /TlWX  Anthicides,établipar Geoffroy  (^tô^. 

t  f^^m\  Ins.  enu.  Paris,  1762,1,  p.  356). 
Les  Notoxus  sont  caractérisés  par 
le  corselet  prolongé  en  avant  en 
forme  de  corne.  Ils  diffèrent  des 
Mecynotarsus  (V.  ce  mot)  par 
Ax^^  les  pattes  simples  et  de  longueur 

^  moyenne.  Ce  sont  des  insectes  très 

petits,  se  nourrissant  des  parties 
molles  de  certains  Vésicants.  Le 
genre  comprend  quatre-vingts  es- 
pèces environ  répandues  sur  toute 
la  surface  du  globe.  Le  N.  cornu- 
tiis  Fab.  mesure  4  millim.  de  long  ;  il  est  fauve  avec 
trois^bandes  noires.  On  le  trouve  aux  environs  de  Paris. 
NOTRE  (André  Le),  célèbre  dessinateur  de  jardins,  né 
à  Paris  en  4613,  mort  à  Paris  en  1700.  Son  père,  surin- 
tendant des  jardins  des  Tuileries,  le  destinait  à  la  pein- 
ture. Il  fréquenta  en  effet  Fatelier  de  Simon  Vouet,  oii  il 
se  lia  avec  Lebrun  ;  mais  il  préféra  succéder  à  son  père 
dans  son  emploi,  et  il  s'acquit  rapidement  dans  l'art  de  tracer 
et  de  disposer  les  jardins  une  réputation  assez  grande  pour 
que  Fouquet  le  chargeât  d'exécuter  ceux  qui  devaient  en- 
tourer son  château  de  Vaux-le- Vicomte.  Le  Notre  donna, 
à  cette  occasion,  la  mesure  de  son  génie  et  créa  le  jardin 
français,  aux  allées  droites  et  aux  plates-bandes  entou- 
rant des  gazons  plans  ou  des  bassins,  avec  des  portiques, 
des  berceaux,  des  grottes,  des  treillages,  des  labyrinthes 
(V.  Architecture,  t.  III,  p.  739).  Louis  XIV,  qui  avait 


Notoxus  cornutus. 
A,  profil  de  la  tête 
et  du  thorax. 


été  convié  par  Fouquet  à  venir  visiter  ces  magnificences 
nouvelles,  en  fut  enthousiasmé  et  il  confia  à  leur  auteur,  en 
même  temps  que  la  direction  de  tous  les  jardins  de  ses  ré- 
sidences, le  soin  d'aménager  la  terrasse  et  le  parc  de  Ver- 
sailles. Le  Nôtre  se  surpassa  ;  il  fit  d'une  plaine  aride  la 
merveille  conservée  à  peu  près  intacte  depuis  deux  siècles 
et  demi,  et,  après  avoir  imaginé  le  grand  canal,  pour  des- 
sécher le  marais  malsain  qui  couvrait  toute  cette  partie, 
dessina  Trianon  (V.  Versailles).  Ses  autres  chefs-d'œuvre, 
tous  postérieurs,  sont  :  la  terrasse  de  Saint-Germain,  le 
parterre  du  Tibre  à  Fontainebleau,  les  jardins  de  Clagny,  ceux 
de  Chantilly,  de  Saint-Cloud,  de  Meudon,  de  Sceaux,  de 
Villers-Cotterets,  la  promenade  de  la  Hotoie,  à  Amiens,  les 
parcs  de  Greenwich  et  de  Saint- James,  à  Londres,  etc. 
En  1678,  il  visita  l'Italie  avec  la  permission  du  roi  et  reçut  du 
pape  Innocent  XI  le  plus  aimable  accueil.  Il  apporta  encore,  à 
son  retour,  plusieurs  améliorations  dans  les  jardins  royaux 
et  ne  prit  sa  retraite  qu'âgé  de  près  de  quatre-vingts  ans. 
Louis  XIV,  qui  lui  avait  accordé  en  1675  des  lettres  de 
noblesse  et  la  croix  de  Saint-Michel,  continua  de  le  combler, 
jusqu'à  sa  mort,  des  plus  flatteuses  distinctions.  On  conte 
notamment  qu'à  Marly,  au  cours  d'une  promenade,  il  le 
fit  monter  près  de  lui  dans  une  chaise  semblable.  Il  fut 
enterré  à  Saint-Roch,  dans  une  chapelle  qu'il  y  avait 
fondée.  Son  buste  a  été  sculpté  par  Coysevox.       L.  S. 

NOTRE-DAME.  I.  Histoire  religieuse.  —  Chan- 
delle-Notre-Dame. —  Bougie  enroulée,  dont  les  magis- 
trats municipaux  de  Paris  faisaient  hommage  chaque  an- 
née à  Notre-Dame.  Cet  usage  avait  été  étabfi  en  1357,  à 
la  suite  d'un  vœu  fait  par  les  bourgeois,  pour  obtenir  la 
délivrance  du  roi  Jean,  prisonnier  des  Anglais,  et  être  eux- 
mêmes  délivrés  du  froid  qui  sévissait  durement  alors.  La 
bougie  devait  avoir  la  même  longueur  que  l'enceinte  de  la 
ville.  En  1605,Miron,  prévôt  des  marchands,  la  remplaça 
par  une  lampe  d'argent  en  forme  de  navire,  qui  devait  être 
allumée  perpétuellement  devant  l'autel  de  la  Vierge. 

Ordres  et  Congrégations  employant  ces  mots  dans  leur 
dénomination.  —  Les  indications  qui  suivent  ont  été  ex- 
traites du  recensement  spécial  de  i86i,  le  seul  de  nos 
documents  officiels  qui  nous  semble  avoir  été  dressé  avec 
l'autorité  et  le  soin  nécessaires.  Depuis  lors,  le  nombre  et 
l'importance  des  congrégations,  particuhèrement  des  con- 
grégations de  femmes,  ont' considérablement  augmenté. 
Il  convient  aussi  de  noter  que  les  congrégations  désignées 
sous  le  vocable  Notre-Dame  ne  forment  qu'une  très  petite 
partie  des  congrégations  qui  portent  des  noms  empruntés 
au  culte  de  Marie.  On  trouvera  des  renseignements  sur 
la  plupart  de  ces  autres  congrégations  dans  la  série  alpha- 
bétique des  mots  qui  leur  servent  de  titre.  —  Frères  de 
ISotre-Pame  de  Pitié  :  1  maison,  6  frères.  —Mission- 
naires de  iV.-/).  de  la  Salette  :  2  maisons,  19  mission- 
naires; de  ^.-D.  de  Garaison  :  2  m.,  46  mis.  —  Pères 
de  N.-D.  de  la  Paix  :  1  m.,  27  pères.  —  Prêtres  de 
N.-D.  de  Sion  ;  1  m.,  10  prêtres.  —  Augustines  de  la 
Charité  de  N.-D.  :  1  maison,  22  dames;  de  la  Congré- 
gation de  N.-D.  ;  2  m.,  64  d.  ;  de  N.-D.  de  Miséri- 
corde ;  1  m.,  39  d.  —  Bénédictines  de  N.-D.  du  Cal- 
vaire :  4  maisons,  141  dames. — Franciscaines  de  iV.-i). 
des  Anges  :  8  maisons,  58  dames.  —  Religieuses  de 
Notre-Dame  :  12  maisons-mères,  114  maisons,  1.902  re- 
hgieuses;  de  N.-D.  des  singes  ;  9  m.,  42  r.  ;  de  N.-D. 
du  Calvaire  :  36  m.,  206  r.  ;  de  N.-D.  de  Charité  : 
4  m.,  102  r.  ;  de  N.-D.  de  Charité  du  Refuge  :  13  m., 
506  r.  ;  de  N.-D.  de  Compassion  :  2  maisons  mères, 
14  m.,  144  r.;  de  N.-D.  de  Grâce  :  1  m.,  12  r.;  de  N.-D. 
de  la  Providence  :  i  m.,  19  r.;  àe  N.-D.  du  Refuge  : 
4  m.,  87  r.  ;  de  N.-D.  du  Saint-Rosaire  :  3  m.,  42  r.  ; 
de  N.-D.  des  Sept-Douleurs  :  7  m.,  57  r.  —  SœuRs  de 
N.-D.  de  Sainte-Croix  :  6 maisons,  52 sœurs;  de  N.-D. 
Auxiliatrice  ;  19  m.,  240  s.  ;àe N.-D.  de  Bon-Secours  : 
2  maisons  mères,  58  m.,  494  s.  ;  deiV.-D.  de  la  Charité 
du  Bon-Pasteur:  35  m.,  1.046  s.  ;  de  N.-D.  de  la  Croix  : 
11  m.,  83  s.  ;  de  N.-D.  de  Loretta  ;  3  m.,  33  s.  ;  de 


NOTRE-DAME 


—  74 


N.-D.  de  la  Providence  ; 2 maisons  mères,  44  m.,  33s.  ; 
de  N.-D.  de  la  Présentation  :  3 maisons. mères,  i4  m., 
136  s.  ;  de  N.-D.  de  Sion  :  2  m.,  143  s.  ;  de  N.-D.  de 
la  Treille  :  2  m. ,  22  s.  —  Total  :  pom^  les  Hommes  ;  9  mai- 
sons, 108  religieux;  pour  les  Femmes  :  277  maisons, 
5.672  religieuses.  E.-H.  Vollet. 

Notre-Da.me  DE  SioN  (V.  Doctrine  chrétienne). 

II.  Ordres.  —  Ordre  de  Notre-Dame  de  Bethléem. 

—  Cet  ordre  fut  créé  en  1459  par  le  pape  Pie  II,  ^Enéas 
Sylvius  Piccolomini,  en  vue  de  résister  aux  incursions  des 
Turcs.  Son  siège  était  à  Lemnos.  Il  ne  survécut  pas  à  la 
prise  de  cette  île. 

Ordre  de  Notre-Dame  de  Guadalupe.  —  Cet  ordre 
fut  fondé  le  21  juil.  1822  par  Iturbide,  alors  empereur 
du  Mexique.  Supprimé  en  1823  par  la  République,  rétabli 
en  1853  et  supprimé  de  nouveau  en  1855,  il  fut  une 
dernière  fois  rétabli  par  Maximilien  et  reconstitué  par  lui 
le  10  avr.  1865.  A  sa  chute,  il  cessa  définitivement 
d'exister.  Trois  classes  :  grands-croix,  commandeurs,  che- 
valiers. Une  étoile  à  cinq  branches  ;  sur  le  médaillon, 
l'image  de  la  Vierge.  Devise  :  Religion,  Indépendance, 
Union.  Ruban  bleu  à  la  bordure  lilas. 

Ordre  de  Notre-Dame  de  la  Congepcion  de  Villaviciosa. 

—  Jean  VI,  roi  de  Portugal,  institua  cet  ordre  le  6  févr. 
1818.  Il  est  divisé  en  grands-croix,  commandeurs  et  che- 
valiers. La  devise  est  :  Padroeira  de  Reino,  patronne  du 
royaume.  Ruban  moiré  bleu  clair,  au  liseré  blanc. 

Ordre  de  Notre-Dame  de  la  Merci.  —  Cet  ordre  fut 
créé  le  10  août  1218  par  Jacques  ou  Jayme  P^',  roi  d'Ara- 
gon, avec  le  concours  de  Pierre  Nolasque  et  de  saint  Ray- 
mond de  Penafort.  Tous  trois  avaient  eu,  dit  la  légende, 
un  même  songe  où  la  sainte  Vierge  leur  était  apparue 
pour  leur  prescrire  de  fonder  un  ordre  destiné  au  rachat 
des  chrétiens  prisonniers  des  musulmans.  Le  pape  Gré- 
goire IX  l'approuva  en  1230  et,  le  8  janv.  1235,  imposa 
à  ses  membres  la  règle  de  Saint- Augustin.  Des  dissen- 
sions étant  survenues  dans  l'ordre  en  1308,  un  très  grand 
nombre  de  membres  le  quittèrent  pour  celui  de  Notre- 
Dame  de  Montesa.  Ceux  qui  restèrent  adoptèrent  la  règle 
de  Saint-Benoit.  L'ordre  de  la  Merci  eut  un  très  grand 
éclat  et  se  répandit  dans  le  monde  entier.  Il  comprit  aussi 
des  congrégations  de  femmes.  Il  disparut  en  France  à  la 
Révolution. 

Ordre  de  Notre-Dame  de  la  Noble-Maison  (V.  Etoile 
[Ordre  de  1']). 

Ordre  de  Notre-Dame  de  Lorette  (V.  Lorette). 

Ordre  de  Notre-Dame  de  Montesa.  —  Jacques  ou 
Jayme  II,  roi  d'Aragon  et  de  Valence,  fonda  cet  ordre  en 
1 317  et  le  pourvut  des  biens  des  templiers,  abolis  en  1311 . 
Il  était  destiné  à  combattre  les  Maures  et  soumis  à  la 
règle  de  Cîteaux.  Les  chevaliers  portaient  une  croix  rouge 
sur  la  poitrine  et  dans  leurs  armoiries  une  croix  alésée  de 
gueules  sur  champ  d'or.  Ils  furent  confirmés  et  régle- 
mentés par  plusieurs  papes,  dont  le  premier  fut  Jsan  XXlï. 
Cet  ordre,  qui  rendit  de  très  grands  services,  a,  depuis 
1587,  le  roi  d'Espagne  pour  grand  maître.  11  est  encore 
conféré  aujourd'hui  et  ne  comprend  qu'une  seule  classe 
de  chevaliers.  Ruban  rouge. 

Ordre  de  Notre-Dame  des  Grâces.  —  A  la  suite  de 
l'heureux  succès  de  l'institution  de  l'ordre  de  Notre-Dame 
de  la  Merci,  le  roi  Jacques  I®^'  d'Aragon  en  créa  un  autre, 
en  1223,  celui  de  Notre-Dame  des  Grâces,  dans  le  même 
but,  pour  le  rachat  des  chrétiens  captifs  des  musulmans. 

Ordre  de  Notre-Dame  du  Chardon  ou  de  Bourbon,  ou 
de  la  Ceinture  de  l'Espérance.  —  Cet  ordre  fut  fondé 
en  1370  par  Louis  II,  duc  de  Bourbon,  à  l'occasion  de 
son  mariage  avec  Anne  d'Auvergne,  comtesse  de  Forez, 
fille  de  Béraud  II,  comte  de  Clermont  et  dauphin  d'Au- 
vergne. Il  comprenait  une  seule  classe,  de  vingt-six  che- 
vahers,  y  compris  le  duc.  Les  chevaliers  portaient  une 
ceinture  de  velours  bleu,  bordée  d'or,  sur  laquelle  était 
brodé  le  mot  Espérance.  Le  collier  était  composé  ?de 
losanges  et  de  demi-losanges  à  double  orle  émaillés  de  vert, 


remplis  de  fleurs  de  lys  d'or  et  du  mot  Espérance  écrit 
en  capitales,  à  l'antique.  Au  collier  pendait  un  médaillon 
représentant  l'image  de  la  sainte  Vierge,  couronnée  de 
douze  étoiles,  sur  un  soleil  d'or,  les  pieds  posés  sur  un 
croissant.  Au  bout,  une  tète  de  chardon  émaillée  de  si- 
nople,  barbillonnée  d'argent. 

Ordre  de  Notre-Dame  du  Mont-Carmel.  — L'ordre  de 
Notre-Dame  du  Mont-Carmel  fut  la  continuation,  en  France, 
de  l'ordre  de  Saint-Lazare.  Le  pape  Paul  V,  par  une  bulle 
du  16  févr.  1607,  autorisa  Henri  IV  à  établir  cet  ordre, 
et  le  roi  en  nomma  grand  maître  Philibert  de  Nérestang, 
dernier  grand  maître  de  l'ordi^e  de  Saint-Lazare  en  France. 
Cette  famille  de  Nérestang  conserva  la  grande  maîtrise  jus- 
qu'à la  cinquième  génération.  Louvois,  Dangeau  possédèrent 
aussi  cette  dignité.  L'insigne  était  une  croix  d'or  de  huit 
rais,  d'un  côté  d'amarante  à  l'image  de  la  Vierge  au  centre, 
de  l'autre  de  sinople  à  l'image  de  saint  Lazare  aussi  au 
centre  ;  chaque  rayon  pommetc  d'or,  et  des  fleurs  de  lys 
d'or  entre  les  rayons.  Ruban  amarante.  Les  chevaliers 
pouvaient  se  marier,  faisaient  vœu  de  chasteté  conjugale 
et  étaient  astreints  à  certaines  pratiques- rehgieuses.  Cet 
ordre  disparut  à  la  Révolution.  V.  l'Aurïac. 

Ordre  de  Notre-Dame  du  Rosaire  (V.  Rosaire). 

BfDL.  :  Ordres.—  Ordre  de  Notre-Daime  de  la  Merci: 
Histoire  de  l'ordre  de  Notre-Dame  de  la  Merci;  Paris,  1691, 

Ordre  DE  Notre-Dame  du  Mont-Carmel:  Mémoires^ 
ri'illes,  statuts,  cérémonies  et  privilèges  des  ordres  mili- 
tnircs  de  Notre-Dame  du,  Mont-Carmel  et  de  Saint-Lazare 
de  Hierusalem,  par  le  P.  C.  M.  D.  ;  Lyon,  1619,  in-8. 

NOTRE-DAM E-d'Aliermont.  Coin  du  dép.  de  la 
Seiiic-Inférieure,  arr.  de  Dieppe,  cant.  d'Envermeu  ; 
AU  hab. 

NOTRE-DAME-d'Allençon.  Com.  du  dép.  de  Maine- 
et-Loire,  arr.  d'Angers,  cant.  de  Thouarcé;  432  hab. 

NOTRE-DAME-d'Aspres.  Com.  du  dép.  de  l'Orne,  arr. 
de  Mortagne,  cant.  de  Moulins-ïa-Marche  ;  402  hab. 

NOTRÈ-DAIVIE-de-Rellecomde.  Com.  du  dép.  de  la 
Savoie,  arr.  d'Albertville,  cant.  d'Ugines  ;  592  hab. 

NOTRE-ÛAME-de-Rliquetuiï.  Com.  du  dép.  de  la 
Seine-Inférieure,  arr.  d'Yvetot,  cant.  de  Casdebec  ; 
3o6  hab. 

NOTRE-DAM E-de-Boisset.  Com.  du  dép.  de  la  Loire, 
arr.  de  Roanne,  cant.  de  Perreux  ;  340  hab. 

NOTRE-DAM E-de-Bokdeville.  Com.  du  dép.  de  la 
Seine-Inférieure,  arr.  de  Rouen,  cant.  de  Maromme  ; 
2.897  hab. 

NOTRE-DAME-de-Rriançon.  Com.  du  dép.  de  la 
Savoie,  arr.  et  cant.  de  Moùtiers  ;  227  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  de  Lyon. 

NOTRE-DAME-de-Cemlly.  Com.  du  dép.  de  la 
Manche,  arr.  de  Coiitances,  cant.  de  Cerisy-la-Salle  ; 
4<345  hab. 

NOTRE-DAME-DE-CoMMiERs.  Com.  du  dép.  de  l'Isère, 
arr.  de  Grenoble,  cant.  de  Vizille  ;  223  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  de  Lyon. 

NOTRE-DAM E-DE-GouRSON.  Com.  du  dép.  du  Calva- 
dos, arr.  de  Lisieux,  cant.  de  Livarot  ;  793  hab. 

NOTRE-DAME-de-Franqueville.  Com.  du  dép.  de  la 
Seine-Inférieure,  arr.  de  Rouen,  cant.  de  Roos  ;  486  hab. 

NOTRE-DAME-de-Fresnay.  Com.  du  dép.  du  Calva- 
dos, arr.  de  Lisieux,  cant.  de  Saint-Pierre-sur-Dives  ; 
203  hab. 

NOTRE-DAM E-de-Gravenciion.  Com.  du  dép.  delà 
Seine-Inférieure,  arr.  du  Havre,  cant.  de  Lillebonne; 
716  hab. 

NOTRE-DAM E-de-l'Epine  (V.  Lépine). 

NOTRE-DAM E-de-l'Islë.  Com.  du  dép.  de  l'Eure, 
arr.  et  cant.  des  Andelys  ;  4'iO  hab. 

NOTRE-DAM E-DE-LiYAYE.  Com.  du  dép.  du  Calvados, 
arr.  de  Lisieux,  cant.  de  Mézidon;  114  hab. 

NOTRE-DAM  E-DE-LiYOYE.  Com.  du  dép.  de  la  Manche, 
arr.  d'Avranches,  cant.  de  Brécey;  211  hab. 


NÔTRE-DÂMÉ-d'ELLE.  Com.  du  dép.  delà  Manche, 
aiT.  de  Saint-Lô,  cant.  de  Saint-Clair  ;  183  hab. 

NOTRE-DAMÉ-DE-LoiNDRES.  Com.  du  dép.  de  l'Hé- 
rault, arr.  de  Montpellier,  cant.  de  Saint-Martin -de- 
Londres  ;  4i9  liai). 

NOTRE-DAM E-de-l'Osier.  Com.  du  dép.  de  l'Isère, 
arr.  de  Saint-Marcellin,  cant.  de  Vinay;  536  hab. 

NOTRE-DAM  E-de-Mésage.  Com.  du  dép.  de  Flsère, 
arr.  de  Grenoble,  cant.  de  Vizille  ;  239  hab. 

NOTRE-DAME-de-Monts.  Com.  du  dép.  de  la  Ven- 
dée, arr.  des  Sables-d'Olonne,  cant.  de  Saint-Jean-de- 
Monts;  1.369  hab. 

NOTRE-DAME-i/Epine.  Com.  du  dép.  de  l'Eure,  arr. 
de  Bernay,  cant.  de  Brionne  ;  96  hab. 

NOTRE-DAME-de-Sanilhâc.  Com.  du  déj.  de  la 
Dordogne,  arr.  de  Périgueux,  cant.  de  Saint-Pierre-dc- 
Chignac  ;  1.511  hab. 

NOTRE-DAM E-des-Lândes.  Com.  du  dép.  de  la 
Loire-Inférieure,  arr.  de  Saint-Nazaire,  cant.  de  Blain  ; 
1.884  hab. 

NOTRE-DAM E-des-Millières.  Com.  du  dép.  de  la 
Savoie,  arr.  d'Albertville,  cant.  de  Grésy-sur-lsère  ; 
794  hab. 

NOTRE-DAM E-d'Esïrées.  Com.  du  dép.  du  Calvados, 
arr.  de  Pont-l'Evèque,  cant.  de  Cambremer;  307  hab. 

NOTRE-DAME-de-Vaux.  Com.  du  dép.  de  l'Isère, 
arr.  de  Grenoble,  cant.  de  La  Mure  ;  986  hab. 

NOTRÊ-DAME-d'Oé.  Com.  du  dép.  d'Indre-et-Loire, 
arr.  de  Tours,  cant.  de  Vouvray;  468  hab.  Stat.  ducliem. 
de  fer  d'Orléans. 

NOTRE-DAME-d'Or.  Com.  du  dép.  de  la  Vienne,  arr. 
de  Loudun,  cant.  de  Moncontour;  177  hab. 

NOTRE-DAME-du-Bec.  Com.  du  dép.  de  la  Seine- 
Inférieure,  arr.  du  Havre,  cant.  de  Montivilliers  ;  356  hab. 

NOTRE-DAM E-du-Cruet.  Com.  du  dép.  de  la  Savoie, 
arr.  de  Saint- Jean-de-Maurienne,  cant.  de  La  Chambre  ; 
251  hab. 

NOTRE-DAME-du-Guildo.  Com.  du  dép.  des  Côtes- 
du-Nord,  arr.  de  Dinan,  cant.  de  Matignon  ;  980  hab. 

NOTRE-DAME-du-Hàmel.  Com.  du  dép.  de  l'Eure,  arr. 
de  Bernay,  cant.  de  Broglie  ;  475  hab. 

NOTRE-DAME-du-Parc.  Com.  du  dép.  de  la  Seine- 
Inférieure,  arr.  de  Dieppe,  cant.  de  Longueville  ;  164  hab. 

NOTRE-DAM E-du-Pré.  Com.  du  dép.  de  la  Savoie, 
arr.  et  cant.  de  Moûtiers;  496  hab. 

NOTRE-DAME-DU- Rocher.  Com.  du  dép.  de  l'Orne, 
arr.  de  Domfront,  cant.  d'Athis;  152  hab. 

NOTRE-DAM E-du-Thil.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr. 
et  cant.  (N.-E.)  de  Beaiivais  ;  1.900  hab.  Filatures  de 
laine.  Ancienne  abbaye  de  Saint-Lucien  dont  il  ne  reste 
que  le  mur  de  clôture  (xv^  siècle)  et  une  tour  (xm®  siècle). 

NOTRE-DAM E-Du-ToucHET.  Com.  du  dép.  de  la 
Blanche,  arr.  et  cant.  de  Mortain;  1.191  hab. 

NOTRE-DAME-du-Vauûreuil.  Com.  du  dép.  de  l'Eure, 
arr.  de  Louviers,  cant.  de  Pont-de-l'Arche  ;  889  hab. 
Stat.  du  chem.  de  fer  de  l'Ouest. 

NOTRE-DAM  E  (Michel  de),  astrologue  français  (V,  Nos- 
ïradamus). 

NOTRE-HEURE  (La).  Rivière  du  dép.  du  Loiret  (V.  ce 
mot,  t.  XXn,  p.  474). 

NOTT  (Sir  William),  général  anglais  (1782-1845). 

NOTTEBOHM  (Martin-Gustav) ,  compositeur  et  musi- 
cographe allemand,  né  à  Ludenscheid  en  1817,  mort, à 
Gratz  le  30  oct.  1882.  Apres  aYoir  étudié  à  Berhn,  sous 
la  direction  de  Dehn  et  de  Berger,  il  vint  à  Leipzig,  où  il 
se  Ua  d'amitié  avec  Mendelssohn  et  surtout  avec  Schumann. 
En  1846,  il  s'établit  à  Vienne,  où  sa  réputation  comme  pro- 
fesseur ne  tarda  pas  à  se  répandre.  Mais  c'est  surtout  le 
critique  et  l'érudit  qu'il  y  a  lieu  d'apprécier  en  lui.  En 
effet,  ses  travaux  historiques  sur  Beethoven  et  les  belles 
éditions  qu'on  lui  doit  des  œuvres  des  grands  classiques 
sont  précieux  à  tous  égards  et  font  à  la  fois  honneur  à  sa 
science  et  à  la  loyauté  de  ses  recherches.  Outre  ces  ou- 


—  75  —  NOTRE-DAME  —  NOUAGE 

vrages,  Nottebohm  a  écrit  un  certain  nombre  de  pièces 
pour  piano  et  quelques  morceaux  de  musique  de  chambre. 

N0TT1N6HAM.  Ville.  —Ville  d'Angleterre,  ch.-l.  du 
comté  de  ce  nom,  au  confluent  de  laLeenet  duTrent,  sur 
les  pentes  d'un  coteau  de  grès  surmonté  par  un  beau  châ- 
teau de  1674  restauré  en  1831  ;  4.420  hecl.  ;  213.877  hab. 
(en  1891).  C'est  une  ville  très  pittoresque,  avec  sa  place 
du  marché  enveloppée  de  massifs  de  verdure  où  sont  les 
boutiques  élégantes,  avec  ses  rues  étroites  et  irrégulières, 
ses  vieilles  églises  :  la  principale  est  celle  de  Marie  ;  on 
remarque  aussi  la  cathédrale  catholi(|ue  bâtie  par  Pugin, 
l'université,  édifice  néogothique  de  1881,  le  nouvel  hôtel 
de  ville  en  style  Renaissance.  Le  château  renferme  un  mu- 
sée; l'école  latine  date  de  1513  ;  les  baptistes  ont  un  col- 
lège à  Chilwell.  Nottingham  est  surtout  une  ville  indus- 
trielle (V.  Grande-Bretagne),  centre  de  la  fabrication  des 
dentelles,  qui  occupait  21.700  ouvriers  en  1891,  et  de  la 
bonneterie  (7.300  ouvriers).  On  y  construit  aussi  des  ma- 
chines, des  vélocipèdes;  on  y  fait  des  chaussures,  etc.  Elle 
se  développe  rapidement,  car  en  1871  la  population  n'était 
que  de  138.876  hab. 

Comté.  —  Comté  du  centre  de  l'Angleterre  ;  2.184  kil.q.; 
445.823  hab.  (en  1891),  dont  231.946  seulement  dans 
le  comté  administratif  rural.  Il  est  compris  entre  ceux  de 
Lincoln  à  l'E.,  Leicester  au  S.,  Derby  à  l'O.,  York  au  N. 
C'est  un  pays  ondulé,  s'abaissant  à  l'E.  vers  la  plaine 
humide  où  coule  le  Trent,  s'escarpant  à  l'O.  vers  les  col- 
lines du  comté  de  Derby.  Au  S.  sont  les  forêts,  landes  et 
bruyères  qui  continuent  celles  de  Leicester;  à  l'E.,  quelques 
débris  de  l'ancienne  forêt  de  Shervvood.  Le  sol  est  très  fer- 
tile, grâce  à  l'abondance  de  l'eau  et  à  la  douceur  du  climat, 
(fui  favorisent  la  culture  et  l'élevage.  Les  champs  occupent 
48  7o,  les  prés  39  7o,  les  bois  4  1/2  ^/o  de  la  superficie 
du  comté.  Il  renfermait  en  1890  21.000  chevaux, 
82.000  bœufs,  231.000  moutons,  32.000  porcs.  En  1894, 
on  a  extrait  6.822.000  tonnes  de  houille  et  46.200  de 
plâtre  (V.  Grande-Bretagne).  Les  industries  très  actives 
sont  la  dentellerie  et  la  bonneterie,  puis  la  métallurgie. 
Les  villes  principales  sont,  après  Nottingham,  Mansfield  et 
Newark.  A.-M.  B. 

BiBL.  :  WiLLiA?^!,  Nottingham  part  and  py^esent  ;  Not- 
tingham, 1878.  —  G.  Brown,  Historu  of  Nottinqhamshire; 
Londres?,  1891. 

NOTTINGHAM  (Thomas  Mowbray,  comte  de),  né  en 
1386,  mort  en  1405.  Fils  du  premier  duc  de  Norfolk 
(V.  ce  nom),  il  était  en  1399  page  de  Richard  II.  En 
1400,  il  épousaitConstancelIolland,  nièce  du  roi,  et  parti- 
cipait en  1405  au  complot  du  duc  d'York.  Ayant  reçu  son 
pardon,  il  se  prit  bientôt  de  querelle  avec  Warwick,  et, 
mécontent  que  le  roi  eût  pris  le  parti  du  comte,  il  .entra 
dans  les  intrigues  de  Northumberland,  dénonça  le  roi 
comme  usurpateur  et  marcha  avec  une  armée  pour  re- 
joindre les  troupes  de  John  Fauconberg^  Mais,  une  armée 
royale  ayant  dispersé  les  partisans  de  Fauconberg,  Not- 
tingham fut  fait  prisonnier  avec  l'archevêque  Scrope.  Ils 
furent  décapités  tous  les  deux  sous  les  murs  d'York  le 
8  juin  1405.  Nottingham  avait  porté  le  titre  héréditaire 
de  comte-maréchal  d'Angleterre.  R.  S. 

NOTTINGHAM  (Comtes  de)  (V.  Finch). 

NOTTONVILLE.  Com.  du  dép.  d'Eure-et-Loir,  arr.  de 
Châteaudun,  cant.  d'Orgères;  614  hab. 

NOTTS.  Abréviation  usuelle  du  nom  du  comté  de  Not- 
tingham (V.  ce  mot). 

NOTUM  (Entom.)  (V.  Insectes,  t.  XX,  p.  823). 

NOTUS  (Mythol.)  (V.  Vent). 

NOU.  Ile  de  la  Nouvelle-Calédonie  (V.  ce  mot). 

NOUAGE  (Tissage).  Lorsque  l'on  doit  tisser  sur  le 
même  métier,  successivement,  plusieurs  chaînes  de  même 
composition  et  présentant  la  même  armure,  on  évite 
d'exécuter  à  nouveau  le  rentrage  des  fils  de  chacune  de 
ces  chaînes  dans  les  mailles  des  lames  et  des  dents  du 
peigne,  par  l'opération  du  nouage.  Cette  opération  con- 
siste, lorsque  le  tissage  de  l'une  des  chaînes  est  terminé. 


NOUAGE  -  NOUBA  —  76 

à  rattacher  chacun  des  fils  de  la  nouvelle  chaîne  au  fil 
correspondant  de  l'ancienne,  pour  continuer  le  travail  du 
tissage  sans  autre  interruption.  La  rattache  se  fait,  non 
par  un  véritable  nœud,  mais  en  tordant  ensemble  les  fils 
qu'il  faut  réunir.  Dans  le  tissage  à  bras,  le  nouage  se  fait 
ordinairement  sur  le  métier  à  tisser  lui-même  ;  dans  les 
tissages  mécaniques,  on  y  procède  sur  de  petits  métiers 
spéciaux,  P.  G. 

NOUAILHER  (Les).  Duxv«  auxix^  siècle, les Nouailhcr, 
dont  le  nom  originaire  est  Noylier,  transformé  sous 
Louis  XIII  en  Nouailher,  occupent  une  place  importante 
dans  Fémaillerie  peinte  de  Limoges.  Mais  si  les  noms  des 
membres  de  cette  famille  d'artistes  parvenus  jusqu'à  nous 
sont  nombreux,  quelques-uns  seuls  méritent  d'être  re- 
tenus. 

Le  premier  que  nous  rencontrons  est  Couly  Noylier, 
équivalent,  en  patois,  de  Colin,  diminutif  de  Nicolas.  Il  figure 
en  4503  dans  un  acte  de  partage.  A.  Darcel  le  suppose 
fils  d'un  Pierre  Noylier  que  nous  voyons  consul  à  Limoges 
pendant  les  années  4513,  4519,  4525  et  1531.  En  45(17, 
un  Nicolas  Noylier  est  consul,  ce  ne  peut  être  le  même; 
pour  être  consul,  il  fallait  avoir  un  certain  âge,  et  cin- 
quante-quatre ans  séparent  1513  de  1567.  Un  acte  de 
4558  le  dit  frère  d'un  Pierre  Noylier.  Ce  Couly  Noylier 
vit  encore  en  4588.  Il  est  donc  évident  qu'il  y  eut  deux 
Couly  ;  mais  aucun  renseignement  positif  ne  permet  de  les 
distinguer  l'un  de  l'autre.  Les  pièces  au  nom  de  Couly 
portent  le  millésime  de  1539  et  de  1545,  ce  qui  n'au- 
toiise  pas  l'attribution  à  l'un  plus  qu'à  l'autre.  Comme  il 
n'existe  aucun  point  de  repère,  c'est  donc  l'archaïsme  du 
dessin  seul  qu'il  faut,  en  résumé,  interroger.  L'un,  débutant 
à  la  fin  du  xv**  siècle,  doit  certainement  conserver  des  traces 
d'influence  gothique,  même  en  pleine  Renaissance,  quand 
le  second,  au  contraire,  doit  être  absolument  net  de  toute 
réminiscence  du  moyen  âge.  C'est  ainsi  que  M.  M.  Ardant 
croit  pouvoir  faire  une  différence  entre  les  pièces  signées 
Colin  et  celles  signées  C.  N.  Et  Darcel  fait  alors  remar- 
quer que,  dans  la  collection  du  baron  A.  de  Rothschild, 
un  coffret,  qui  présente  précisément  des  caractères  d'ar- 
chaïsme, se  distingue  également  par  une  particularité  du 
modelé  qui  fait  voir,  comme  à  travers  un  trou  de  la  peau, 
les  articulations  des  genoux  et  des  coudes  des  personnages. 

Si  les  émaux  des  pièces  signées  Couly  sont  merveilleux, 
par  contre  le  dessin  en  est  tout  à  fait  négligé.  Un  excès 
de  fondant  en  rend  les  contours  'pâteux  et  incertains,  et 
les  gris,  de  ce  fait,  deviennent  légèrement  transparents. 
Couly  II,  enfin,  abuse  réellement  de  légendes  latines  ou 
françaises,  remarquables  par  leurs  incorrections  et  leurs 
déformations  invraisemblables . 

Jacques  Nouailher,  né  en  4605  de  Pierre  P^'  et  deNarde 
Guybert.  M.  Molinier  donne  comme  date  de  sa  mort  le 
9  déc.  4674  ;  Darcel  croit  au  contraire  qu'il  survécut  à 
sa  femme  Catherine  Cogniasse,  décédée  le  30  oct.  1680.  Il 
demeure  à  Limoges,  rue  Magninie,  et  semble  surtout  s'être 
consacré  à  la  fabrication  des  pièces  ornées  d'émaux  en  re- 
lief, modelés  d'abord  sur  le  cuivre  avec  une  pâte  d'émail 
blanc,  qui  recevait  ensuite  une  coloration  de  couleurs  vitri- 
fiables. 

Pierre  Nouailher.  Comme  les  Couly,  il  existe  deux  Pierre 
Nouailher.  Le  faire  des  pièces  signées  Pierre  Nouailher 
et  P.  N.  présente  des  différences  si  évidentes  qu'il  est  im- 
possible de  les  attribuer  à  la  même  main.  Pierre  Nouailher, 
né  en  4657,  ne  peut  être  assez  imprégné  du  style  de  la  Re- 
naissance pour  être  l'auteur  des  émaux,  D.  424-428  du 
Louvre.  Déplus,  nous  venons  de  voir  que  Jacques  Nouailher, 
né  en  1615,  était  fils  de  Pierre  Nouailher  et  de  Narde 
Guybert;  d'après  M.  Molinier,  ce  Pierre,  qu'il  faut  appeler 
Pierre  I®^\  était  frère  de  Couly  II  Nouailher. 

Le  Pierre,  né  en  4657,  de  Jacques  Noylier  et  de  Ca- 
therine Cogniasse,  doit  porter  le  nom  de  Pierre  IL  II 
épouse  Anne  Faute,  qui  meurt  en  4724  :  Pierre  était  dé- 
cédé en  4747.  Telle  est  la  filiation  adoptée  par  M.  Moli- 
nier. Darcel,  au  contraire,  le  fait  descendre  de  Martin, 


de  la  branche  des  Chabrou,  qui  avait  épousé  Anne  Gui- 
bert.  Son  style,  qui  procède  par  hachure,  est  absolument 
différent  de  celui  de  Pierre  P'',  qui  d'ailleurs  signe  Pierre 
Noualher,  sans  i. 

Jean-Baptiste  Nouailher.  Ici  encore  ils  sont  deux,  mais 
ce  sont  le  père  et  le  fils.  Le  père,  fils  de  Joseph  Nouailher 
et  de  Françoise  Dumas,  nait  en  1699,  il  meurt  le  8  juil. 
4775  ;  sa  femme  Anne  Gay  l'avait  précédé  dans  le  tombeau. 

Le  fils  naît  en  4732,  épouse  Anne  Gaston  et  meurt  en 
4804.  Tous  les  deux  appartiennent  à  la  décadence  la  plus 
complète.  Il  importe  donc  peu  de  savoir  à  qui  attribuer 
les  trois  plaques  D.  434-436  du  musée  du  Louvre,  si- 
gnées I.  B.  N.,  et  Bap*«  Nouailher.  Cependant,  comme 
Jean-Baptiste  II  est  en  quelque  sorte  le  dernier  représen- 
tant de  l'école  limousine,  on  doit  parler  de  son  dessin 
lourd  et  sec,  de  ses  couleurs  criardes  sur  fond  noir,  enfin 
de  ses  ornements  en  reliefs,  souvenir  et  imitation  des  com- 
positions de  Jacques  Nouailher.  F.  de  Mély. 

BiBL.  :  Archives  de  l'art  français  (t.  III),  1853-55.  Docu- 
7nents,  pp.  381-2.  —  M.  Sarclant,  Couly  Noylier  ;  Angou- 
lôme,  1865,  in-8.  —  Darcel,  Notices  des  émaux  et  de  Vor- 
fèvrérie  du  Louvre,  série  D,  1867.  —  Labarte,  Histoire 
des  arts  industriels  du  moyen  âge  et  à  l'époque  de  la  Re- 
naissance; Paris,  1881,  in-4. 

NOUAI LLE  (La).  Com.  du  dép.  de  la  Creuse,  arr. 
d'Aubusson,  cant.  de  Gentioux;  4.455  hab. 

NOUAI  LLÉ.  Com.  du  dép.  delà  Vienne,  arr.  de  Poitiers, 
cant.  de  La  Villedieu,  sur  le  Miosson;  850  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  d'Orléans.  Monuments  mégalithiques.  Ruines 
de  l'ancienne  abbaye  bénédictine  de  Nouaillé,  fondée  au 
VI®  siècle,  reconstruite  aux  xii®,  xv®,  xvi®  etxviii^  siècles. 
L'église  (mon.  hist.)  du  xii®  siècle  est  entourée  d'une  en- 
ceinte fortifiée,  formée  d'épaisses  courtines  flanquées  de 
tours  rondes.  Dans  un  caveau  orné  de  fresques  anciennes 
se  trouve  le  sarcophage  de  saint  Junien.  Une  crypte,  dite 
Notre-Dame  de  Sous-Terre,  a  été  récemment  mise  à  jour 
par  des  fouilles  entreprises  par  le  P.  de  La  Croix.  Des  bâ- 
timents de  l'abbaye  subsistent  :  le  pavillon  de  FAbbé,  édi- 
fice octogone  du  xv*'  siècle  ;  des  celliers,  une  curieuse  che- 
minée, et  une  porte  d'entrée  entre  deux  tours. 

NOUAINVILLE.  Com.  du  dép.  de  la  Manche,  arr.  de 
Cherbourg,  cant.  d'Ocleville  ;  238  hab. 

NOUAN-LE-FuzELiER.  Com.  du  dép.  du  Loir-et-Cher, 
arr.  de  Romorantin,  cant.  de  Lamotte-Beuvron  ;  4 .957  hab. 

NOUAN-suR-LoiRE.  Com.  du  Loir-et-Cher,  arr.  de 
Blois,  cant.  de  Bracieux  ;  700  hab. 

NOUANS.  Com.  du  dép.  d'Indre-et-Loire,  arr.  de  Loches, 
cant.  de  Montrésor  ;  4.462  hab. 

NOUANS.  Com.  du  dép.  delaSarthe,  arr.  de  Mamers, 
cant.  de  Marolles-les-Braults  ;  576  hab. 

NOUART.Com.  du  dép.  des  Ardennes,  arr.  de  Vouziers, 
cant.  de  Buzancy  ;  580  hab.  Patrie  de  Chanzy.  Combat 
du  29  août  4870,  préliminaire  de  la  bataille  de  Sedan 
(V.  Franco-allemande  [Guerre]). 

NOUÂTRE.  Com.  du  dép.  d'Indre-et-Loire,  sur  la  rive 
droite  delà  Vienne,  arr.  de  Chinon,  cant.  de  Sainte-Maure  ; 
442  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  l'Etat.  Minerais  d'ar- 
gent et  de  cuivre.  Fabrique  d'instruments  agricoles.  Eglise 
3u  XV®  siècle*  Vestiges  d'un  château  féodal.  Ruines  de 
l'abbaye  de  Noyers,  fondée  en  4030. 

NOUAYE  (La).  Com.  du  dép.  d'Ille-et- Vilaine,  arr.  %t 
cant.  de  Montfort  ;  494  hab. 

NOUB  (V:  ÏIathor). 

NOUBA.  Mot  arabe  désignant  dans  le  monde  islamique 
un  orchestre  composé  de  plusieurs  instruments  concertants, 
principalement  de  tambours  et  trompettes.  A  l'origine,  la 
nouba  désignait  exclusivement  le  concert  qui  se  faisait  en- 
tendre périodiquement  devant  le  palais  d'un  prince  ou  d'un 
officier.  Cela  constituait  une  des  prérogatives  les  plus  ca- 
ractéristiques de  la  souveraineté  ou  d'une  haute  charge, 
particulièrement  militaire.  R.  Dd. 

NOUBA.  Peuple  du  Soudan  oriental  qu'on  rencontre 
dans  le  S.  du  Kordofan. 


NOUE  (Charp.).  Pièce  de  bois  taillée  à  sa  partie  supé- 
rieure de  façon  à  former  un  angle  rentrant  dont  les  faces 
se  raccordent  avec  les  surfaces  des  deux  comldes  se  péné- 
trant suivant  la  ligne  de  sommet  de  l'angle.  On  appelle 
délardement  de  la  noue  Topération  qui  consiste  à  enlever 
de  la  pièce  de  bois  un  prisme  triangulaire  de  façon  à 
fermer  la  gorge  de  la  noue.  Dans  les  couvertures  en 
tuiles,  les  noues  sont  recouvertes  d'une  série  de  tuiles 
creuses,  et,  dans  les  couvertures  en  ardoises  ou  en  zinc, 
elles  sont  recouvertes  de  tables  de  plomb  ou  de  feuilles 
de  zinc,  et  c'est  au  travers  des  noues  que  l'on  fixe  sou- 
vent les  barres  de  fer  servant  d'échelons  pour  former 
les  chemins  de  service  des  combles.       Charles  Lucas. 

NOUE  (La).  Riv.  des  dép.  de  la  Haute-Garonne  et  du 
Loir-et-Cher  (V.  Garonne,  t.  XYIIl,  p.  5S4,  et  Loir-et- 
Cher,  t.  XXII,  p.  487). 

NOUÉ  (Bias.).  Se  dit  de  la  queue  fourchue  d'un  lion, 
qui  forme  un  nœud  à  la  naissance  de  la  fourche.  On  dit 
aussi  d'une  fasce  qu'elle  est  nouée  quand  elle  s'élargit  à 
son  milieu  ;  doublement  nouée,  si  elle  s'élargit  deux  fois. 

NOUE  (François  de  La)  (V.  La  Noue). 

NOUE  (Jean  Sauvé,  dit  de  La),  auteur  dramatique 
français  (V.  La  Noue). 

NOUÉE  ou  NOUEUSE  (Géom.).  Le  dictionnaire  de 
Saverien  dit  que  «  M.  Newton  appelle  ainsi  une  espèce 
d'hyperbole  qui,  tournant  en  rond,  se  croise  elle-même  ». 
Nous  n'avons  pas  retrouvé  dans  les  Œuvres  de  Newton 
l'indication  de  cette  courbe,  qui  est  peut-être  la  spirale 
hyperbolique. 

NOUEILLES.  Corn,  du  dép.  delà  Haute-Garonne,  arr. 
de  Villefranche,  cant.  de  Montgiscard;  254  hab. 

NOUER.  Tribu  du  Soudan  (V.  Afrique,  t.  I,p.  735). 

NOUET  (Nicolas- Antoine),  astronome  français,  né  à 
Pompey  (Lorraine)  le  30  août  1740,  mort  à  Chambéry  le 
Vk  avr.  4814.  Il  entra  dans  l'ordre  de  Cîteaux,  où  il  vé- 
cut plusieurs  années,  puis  vint  habiter  Paris  et  fat  admis, 
en  4782,  à  l'Observatoire.  Envoyé  en  4784  à  Saint-Do- 
mingue pour  y  dresser  la  carte  des  côtes,  il  revint  prendre, 
dès  l'année  suivante,  ses  travaux  à  l'Observatoire  de  Pa- 
ris, fut  nommé  par  la  Convention,  en  4793,  l'un  des 
quatre  professeurs  de  cet  établissement  et,  passé  eut 7 95 
au  dépôt  de  la  guerre,  exécuta,  d'abord  dans  les  départe- 
ments rhénans,  puis  en  Savoie,  de  grandes  opérations  de 
triangulation.  En  4798,  il  fut  choisi  pour  faire  partie  de 
l'expédition  d'Egypte  et,  avec  ses  deux  adjoints,  Quenot 
et  Méchain  fils,  s'occupa,  au  milieu  de  difficultés  et  de 
dangers  de  toute  sorte,  de  lever  la  carte  du  pays.  Il  re- 
monta le  Nil  jusqu'à  Syène ,  et  détermina  36  positions  ; 
mais  ses  calculs  n'avaient  pu  avoir  toute  la  précision  dé- 
sirable, et  la  valeur  qu'il  trouva  pour  l'arc  du  méridien  fut 
forcément  un  peu  hypothétique.  De  retour  en  France,  il 
rentra  comme  ingénieur  au  dépôt  de  la  guerre  et  alla  con- 
tinuer sa  triangulation  de  la  Savoie.  Il  mourut  à  Cham- 
béry d'une  attaque  d'apoplexie.  Outre  des  mémoires  et 
notes  parus  dans  le  recueil  de  l'Académie  des  sciences 
(4788-89),  dans  la  Connaissance  des  Temps  et  dans  la 
Décade  égyptienne,  il  a  publié  :  Exposé  des  résultats 
des  ohsernations  astronomvfues  faites  en  Egypte  du 
i'"-  juil.  1898  au  '28  août  1800  (Descript.  de  l'Egypte, 
t.  I).  L.  S. 

NOUEUX  (Blas.).  Se  dit  d'un  bâton  ou  chicot  qui  pré- 
sente des  nœuds. 

N  0  U  6  A  R  ET  (Pierre- Jean-Baptiste) ,  écrivain  français , 
né  à  La  Rochelle  le  46  déc.  4742,  mort  à  Paris  en  juin 
4823,  auteur  d'une  quantité  de  romans  souvent  erotiques 
et  de  compilations  dont  le  succès  fut  assez  grand  :  Lucetfe 
(la  Paysanne  pervertie)  (4765-66,  6  vol.  in-48)  ;  la 
Capucinade  (4765,  in-42)  ;  les  Astuces  de  Paris  [1116, 
in-42),  etc. 

BiBL.  :  Quérard,  Ja  France  liltérairo.  —  Rainguet, 
Biographie  saintongeoise. 

NOUGAROULET.  Com.  du  dép.  du  Gers,  arr.  et  cant. 
(N.)  d'Auch;  502  hab. 


77  —  NOUE  -  NOUKIIA 

NOUGAT.  Gâteau  d'amandes  ou  de  noix  préparé  en 
prenant,  d'une  part,  des  amandes  (250  gr.)  débarrassées 
de  leurs  pellicules,  coupées  en  filets  ou  hachées  grossièi  ement, 
que  l'on  fait  sécher  dans  une  casserole  sur  feu  doux  en 
ayant  soin  de  toujours  remuer.  D'autre  part,  on  fait  fondre 
200  gr.  de  sucre  et,  lorsqu'il  est  fondu  et  d'une  belle  cou- 
leur îîlonde,  on  y  mêle  les  amandes,  on  retire  du  feu  et  on 
monte  le  plus  mince  possible  autour  d'un,  moule  huilé  avec 
soin.  Le  montage  doit  se  faire  le  plus  promptement  pos- 
sible pour  ne  pas  laisser  la  composition  se  refroidir.  Afin 
de  ne  pas  se  brûler  les  doigts,  on  se  sert  pour  appuyer  sur 
les  amandes  et  le  sucre  d'un  citron  ou  d'une  carotte  bien 
nettoyée  et  séchée.  Si  l'on  fait  des  nougats  de  grande  di- 
mension, il  faut  s'y  prendre  à  plusieurs  fois  pour  la  cuis- 
son du  sucre  et  des  amandes  :  une  personne  monte  le  nou- 
gat pendant  que  l'autre  veille  sur  le  sucre  et  les  amandes. 

Pour  obtenir  les  petits  nougats  à  la  crème,  on  garnit  avec 
la  préparation  ci-dessus,  à  laquelle  on  a  ajouté  un  peu  de 
jus  de  citron  ou  d'acide  citrique,  de  petits  moules  à  tar- 
telette de  la  grandeur  d'une  pièce  de  5  fr.  légèrement 
enduits  d'huile  d'amandes.  On  coupe  au  niveau  des  bords, 
on  laisse  refroidir,  on  démonte  et  au  moment  de  servir  on 
remplit  chaque  nougat  avec  de  la  crème  fouettée,  sucrée 
et  parfumée,  bien  égouttée. 

Le  nougat  blanc  ou  nougat  de  Marseille  se  prépare 
avec  du  miel,  du  sucre,  des  blancs  d'œuf,  des  amandes  et 
des  pistaches.  On  fait  d'abord  bouillir  pendant  une  heure 
du  miel  auquel  on  incorpore  des  blancs  d'œuf  fouettés 
(3  pour  500  gr.  de  miel).  Quand  le  mélange  est  cassant, 
on  le  retire  du  feu  et  on  y  môle  375  gr.  de  sucre  cuit  au 
cassé,  4.500  gr.  d'amandes,  250  de  pistaches  et  l'on  aro- 
matise avec  du  citron  ou  de  la  vanille.  Le  tout  est  ensuite 
versé  sur  une  plaque  à  rebords,  masquée  de  pains  azymes, 
et  étendu  en  une  couche  de  3  à  4  centim.  d'épaisseur.  Une 
autre  plaque,  également  masquée  de  pains  azymes  et  char- 
gée d'un  poids  suffisant  pour  presser  convenablement,  est 
placée  sur  le  nougat  qui  est  ensuite  divisé  en  carrés  et 
livré  à  la  consommation. 

NOUHANT.  Com.  du  dép.  de  la  Creuse,  arr.  de  Bous- 
sac,  cant.  de  Chambon  ;  748  hab. 

NOUÏ-Cac-Ba.  Montagne  centrale  de  l'île  Cac-Ba, 
située  dans  le  golfe  du  Tonkin,  dans  la  baie  d'Halong,  à 
peu  de  distance  d'Haï-Phong. 

NOUÏ-Tanh-Mau.  Montagne  de  Cochinchine,  un  des 
derniers  contreforts  du  grand  plateau  qui  forme  la  partie 
centrale  de  l'Annam. 

NOUIC.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Vienne,  arr.  de 
Bellac,  cant.  deMézières;  1.356  hab. 

N  0  U I L  H  A  N .  Com .  du  dép .  des  -  Hautes-Pyrénées,  arr 
de  Tarbes,  cant.  de  Vic-en-Bigorre  ;  240  hab. 

NOUILLERS  (Les).  Com.  du  dép.  de  la  Charente- 
Inférieure,  arr.  de  Saint- Jean-d'Angély,  cant.  de  Saint- 
Savinien;  868  hab. 

NOUILLES  ou  NOULES.  Espèce  de  pâte  faite  avec  de 
la  farine  et  des  œufs  et  qui  reçoit  les  mêmes  applications 
culinaires  que  le  înacaroni  (V.  ce  mot).  Pour  leur  faim- 
cation,  on  se  sert  principalement  de  farine  de  froment  dur, 
pétrie  avec  de  l'eau  chaude  de  façon  à  obtenir  une  pâte 
consistante  souvent  colorée  avec  du  safran.  Cette  pâte  est 
coupée  au  couteau  en  petites  lanières,  et  dans  l'industrie 
elle  est  jetée  dans  un  cylindre  à  double  paroi  chaulfé  à 
la  vapeur  et  à  fond  perforé.  Une  presse  à  vis  comprime 
la  pâte  qui  en  sortant  du  cylindre  reçoit  la  forme  des 
trous.  Les  principaux  lieux  de  fabrication  se  trouvent  en 
Italie,  en  Allemagne.  On  en  fabrique  aussi  en  Auvergne. 

NOUILLONPONT.  Com.  du  dép.  de  la  Meuse,  arr.  de 
Montmédy,  cant.  de  Spincourt;  302  hab. 

NOUKA-HivA  (Ile)  (V.  Marquises). 

NOUKHA.  Ville  de  la  Transcaucasie  russe,  ch.-l.  de 
district  du  gouv.  d'Elisavetpol,  sur  le  Kych-tchaï  (sous- 
affl.  du  Kour)  ;  22.000  hab.  Persans,  Tatars,  Arméniens. 
Soieries,  teintureries,  tanneries,  savons,  poteries  ;  30  mos- 
quées, 2  éghses.  Vaste  citadelle  bâtie  en  4765  par  les 


NOUKHA  —  NOUPÉ 


78  — 


klians  de  Chéki  dont  elle  fut  la  capitale  jusqu'à  l'annexion 
àlaPiussie  (1817). 

NOULENS.  Corn,  du  dcp.  du  Gers,  arr.  de  Condom, 
cant.  d'Eauze;  203  hab. 

NOULET  (Cliarp.).  Elément  d'une  petite  ferme  à  deux 
])ranclies  établie  à  la  rencontre  de  deux  combles  de  hau- 
teur différente  et  dont  l'un,  celui  qui  pénètre  dans  l'aulre, 
est  à  deux  égouts  :  ainsi  la  rencontre  du  toit  d'une  lu- 
carne avec  le  comlde  d'un  bâtiment.  Dans  ce  cas,  iQsnou- 
1e ts  sont  des  chevrons  formant  les  noues  (V.  ce  mot) 
dont,  au  reste,  ils  tirent  leur  nom.  Ch.  L. 

NOUMÉA.  Ch.-l.  de  la  Nouvelle-Calédonie,  sur  la  côte 
0.  de  File;  6.968  hab.  (en  1 896) .  Elle  fut  choisie  comme 
telle  et  fondée,  en  1854,  par  le  capitaine  de  vaisseau  Tardy 
de  Montravel,  qui  découvrit  sa  superbe  rade  et  apprécia 
sa  situation  commerciale  avantageuse.  Il  lui  avait  donné 
le  nom  de  Port-de-France,  qu'elle  ne  garda  que  quelques 
années.  Celui  qui  a  prévalu  provient  d'une  tribu,  dite 
Nguéa  ou  Nouméa,  qui  en  occupait  l'emplacement.  Sa  po- 
sition géographique  est  à  l'extrémité  sud-occidentale  de 
nie,  i^2â«  16'  12'^  lat.  S.,  164«  6'  53''  long.  E.  (mât 
du  pavillon).  Elle  est  bâtie  sur  une  péninsule  montagneuse 
découpée  de  baies  et  de  criques  et  entourée  d'Iles  et  d'Ilots  ; 
une  grande  brèche  dans  la  ceinture  de  madrépores  fait  com- 
muniquer avec  plusieurs  rades  abritées.  La  principale,  au 
N.-N.-O.,  sépare  File  Non  et  la  presqu'île  Ducos,  elle 
pourrait  aisément  contenir  une  flotte  entière.  Tout  Je  com- 
merce se  concentre  dans  ce  port,  qui,  d'ailleurs,  est  le  seul 
de  la  colonie,  les  autres  n'étant  que  des  petits  ports  d'es- 
cale. C'est  aussi  la  seule  ville  de  la  Nouvelle-Calédonie, 
malgré  l'importance  que  peuvent  avoir  diverses  localités 
comme  centres  agricoles,  miniers  ou  pénitentiaires.  Elle 
est  le  siège  du  gouvernement  et  des  administrations.  Sur 
la  population  totale,  il  y  a  4.010  hab.  libres,  dont 
3.560  Français.  Au  dernier' recensement  (20  févr.  1898), 
la  population  blanche  et  libre  de  Nouméa  (ville)  était  de 
4.316  hab.,  dont  2.171  du  sexe  mascuhn  et  2.145  du. 
sexe  féminin.  Ses  rues  sont  tirées  au  cordeau,  elle  possède 
de  jolies  avenues  ombragées;  la  place  des  Cocotiers  est  la 
promenade  favorite  ;  il  y  existe  encore  beaucoup  de  maison- 
nettes en  bois  entremêlées  avec  les  édifices  civils  et  mili- 
taires; son  aspect  est  agréable;  les  montagnes  qui  l'envi- 
ronnent sont  franchies  à  l'aide  de  sentiers  pittoresques 
jusqu'à  la  cote  orientale.  L'eau  dont  elle  manquait  lui  arrive, 
par  une  conduite  de  13  kil.,  pure  et  abondante.  La  ville 
et  le  port  sont  en  voie  de  formation  et  de  p^^ogrès.  Tempé- 
rature moyenne,  25*^;  quantité  moyenne  de  pluie,  à 
Nouméa,  du  21  cléc.  au  21  juin,  120  millim.;  du  21  juin 
au  21  déc,  60  millim. 

Nouméa  est  le  ch.-l.  du  premier  arrondissement;  con- 
seil municipal  (du  8  mai  1879)  :  c'est  la  seule  commune 
qui  en  soit  pourvue;  tribunal  de  première  instance  ;  tri- 
bunal supérieur  ;  tribunal  de  commerce  ;  chambre  de  com- 
merce; chambre  d'agriculture  (12  mai  1884)  ;  un  évèque; 
succursale  de  la  banque  de  FIndo-Chine  (ses  billets  ont 
cours  dans  la  colonie);  douanes;  hôpital  mihtaire  ;  hôpital 
de  l'immigration. 

En  dehors  des  services  publics,  dont  Nouméa  est  le  siège, 
il  est  des  industries  et  des  maisons  de  commerce,  telles 
que  :  fabriques  de  chaux  et  de  Iniques  ;  hauts  fourneaux 
pour  fondre  les  minerais  de  cobalt  et  de  nickel  ;  usine  à 
vapeur  pour  fonderie,  traitement  du  fer  et  fonte  (à  la  pointe 
Chaleix)  ;  six  compagnies  minières,  ,'dont  trois  étran- 
gères ;  distilleries  ;  minoterie  à  vapeur  ;  fabriques  de  savon, 
de  tabac  ;  imprimeries  ;  six  journaux.  La  pêche  ne  se  pra- 
tique guère  qu'à  Nouméa,  où  le  poisson  est  abondant.  C'est 
le  port  de  Nouméa  qui  est  le  point  de  départ  ou  d'arrivée 
et  l'escale,  pour  la  colonie,  des  communications  avec  FEu- 
rope  (Marseille  en  est  distante  de  21 .027  Idl.  et  de  qua- 
rante jours),  l'Australie  (Sydney);  etc.  Des  bateaux  font 
un  service  régulier  autour  de  l'île,  en  dedans  de  la  bar- 
rière des  récifs.  Bureau  télégraphique  en  rapport  avec  les 
diverses  localités  de  File  ;  téléphone  desservant  Nouméa 


et  ses  faubourgs  ;  câble  entre  la  Nouvelle-Calédonie  et  a 
France  (13  fr.  le  mot).  Ch.  Delavâud. 

Bir.L.  :  Cartes  liydrograph.,  il"  1939.  Port-de-France... 
levée  par  Bouquet  dk  la  Grye,  en  1852,  n"  4310  (1888, 
1896).  —  Exposition  de  Nouméa  en  1811,  dans  Revue  ma- 
rit.  et   coloniale  (1878),  t.  LIV,  p.  879. 

NOUMÈNE  (Noup,svov,  c.-à-d.  connu  par  le  vov?,  par 
la  raison  pure).  Ce  mot  a  été  forgé  par  Kantqui  l'oppose 
à  phénomène  (V.  ce  mot),  comme  la  chose  en  soi  à  ce 
qui  apparaît.  On  sait  ([iieles  catégories  (V.ce  mot),  indé- 
pendantes de  l'expérience  quant  àleuro?'ir/i?i^,  sont,  dans 
leur  usage,  absolument  limitées  au  monde  de  l'expérience. 
Les  objets,  tels  que  nous  les  connaissons,  sont  donc  rela- 
tifs à  la  constitution  de  notre  sensibiHté  et  de  notre  en- 
tendement. Ce  sont  de  purs  phénomènes.  Or  la  raison  est 
tentée  d'opposer  à  ces  phénomènes  ces  mêmes  objets  con- 
çus au  point  de  vue  de  leur  nature  en  soi,  c.-à-d.  des 
noumènes.  Ce  terme  offre,  d'ailleurs,  une  double  acception, 
positive  ou  négative.  Au  sens  positif,  il  désigne  une  chose 
qui  peut  être  l'objet  d'une  intuition  suprasensible  ;  au  sens 
négatif,  une  chose  qui  ne  peut  pas  être  l'objet  d'une  in- 
tuition sensible.  Le  noumène  positif  est  un  concept  pro- 
l)lématique;  sa  possibilité  dépend  de  la  question  de  savoir 
s'il  existe  un  entendement  intuitif.  Peut-être  l'entendement 
divin  (intellectus  archetgpus)  est-il  pourvu  de  ce  pou- 
voir d'intuition  intellectuelle.  Mais  l'entendement  humain 
est  discursif,  et  le  noumène  n'a  pour  notre  raison  qu'une 
valeur  négative.  Il  peut  devenir  un  principe  régulateur 
mais  non  pas  constitutif  de  notre  connaissance. 

Cependant  la  métaphysique  dogmatique  tout  entière  est 
fondée  sur  cette  conviction  que  la  raison  peut  atteindre  la 
chose  en  soi.  C'est  précisément  à  dissiper  cette  illusion 
transcendante  qu'est  destinée  la  deuxième  partie  de  la  Lo- 
gique transcendaniale,  la  Dialectique  transcendantale 
(V.  Kânt).  Dans  cette  partie  capitale  de  la  Critique  de 
la  raison  pure,  la  distinction  du  noumène  et  du  phéno- 
mène intervient  notamment  pour  résoudre  les  deux  der- 
nières des  quatre  antinomies  (V.  ce  mot)  auxquelles  la 
raison  se  heurte  quand  elle  prétend  déterminer  le  monde 
comme  une  réalité  absolue.  Tandis,  en  effet,  que  les  thèses 
et  les  antithèses  des  deux  antinomies  mathématiques  (in- 
finitude  du  monde,  divisibilité  à  l'infini)  sont  également 
fausses,  la  thèse  des  deux  antinomies  dynamiques  (impos- 
sibilité de  la  liberté  et  de  l'être  nécessaire)  est  vraie  au 
point  de  vue  phénoménal,  et  l'antithèse  (réahté  de  la  liberté 
et  existence  de  l'être  nécessaire)  également  vraie  au  point 
de  vue  nouménal.  La  liberté  et  l'existence  de  Dieu  sont 
possibles  dans  le  monde  des  noumènes.  Il  est  vrai  que  la 
raison  pure  ne  peut  déterminer  la  réalité  de  ces  idées. 
Mais  la  raison  pratique,  le  fait  de  l'obligation  attestent  en 
faveur  de  la  liberté  de  l'agent  moral  et  de  l'existence  d'un 
législateur  de  l'ordre  moral  de  l'univers.     Th.  Ruyssen. 

NOUWIÉNIE  (V.  Néoménie). 

NOUMRIS  (V.  BÉLouTCHisTÂN,t.  VI,  p.  107). 

NOUN.  Région  du  Maroc,  riveraine  de  F  Atlantique,  au 
S.  de  F  Atlas,  au  N.  de  F  oued  Draa,  arrosée  par  Foued 
Assaka  ou  Noun  qui  la  sépare  du  Sous  et  signalée  par  le 
cap  Noun  ou  Los  Morretes  (V.  Maroc,  t.  XXIII,  p.  245). 
C'est  un  pays  pauvre,  peuplé  d'environ  45.000  hab. 
vivant  de  leurs  moutons  et  de  leurs  chèvres.  Le  principal 
centre  est  Oughelmin  (Aouguilmin) ,  sur  Foued  Noun 
(3.000  hab.).  A  35  kil.  E.  sont  les  ruines  de  Fancienne 
Nouna  ou  Agadir. 

NOUN  AT  (V.  Aphye). 

NOUPÉ.  Etat  du  Soudan  central  occupant  les  deux 
rives  du  Niger  depuis  le  confluent  de  la  Bénoué  jusqu'au 
pays  de  Boussa.  Il  est  borné  au  N.  par  le  Boussa,  le 
Yaouri  et  le  Gando,  au  S.  par  le  Yorrouba,  à  l'O.  par  le 
Borgou,  à  FI'],  par  le  Sokoto  dont  il  est  tributaire.  Le 
Noupé  a  pour  capitale  Bida,  située  à  25  kil.  de  la  rive  g. 
du  Niger  et  qui  compte  60.000  hab.  D'autres  villes, 
comme  Rabba  et  Egga,  comptent  de  20.000  à  25.000  hab. 
Le  chiffre  de  la  population  totale  de  ce  royaume  s'élève- 


—  79  — 


NOUPE  —  NOUR 


rait  à  3  millions.  Les  habitants  du  Noupé  sont  de  race 
peul  ou  foulali  ;  ils  sont  mahomctans.  Le  Noupé  fait 
partie  depuis  1885  de  la  Nigeria  ou  Territoires  de  la  Com- 
pagnie du  Niger.  D^'  Rouire. 

NOUR-DjmAN  ou  NOURMAHAL,  impératrice  mongole 
de  l'Inde,  née  en  1585,  morte  à  Lahore  en  1645.  Fille  du 
trésorier  d'Akhar,  elle  fut  aimée  de  l'empereur  Djihan-guir, 
lequel  fit  tuer  son  mari  qui  refusait  le  divorce.  iVprcs  une 
longue  résistance,  elle  accepta  l'amour  du  souverain  siu' 
lequel  elle  eut  la  plus  grande  influence  (1611).  Il  fit  ajou- 
ter son  nom  au  sien  sur  les  monnaies  avec  le  titre  de  pàdi- 
chali  (impératrice),  lui  éleva  des  palais  à  Agra  et  Delhi. 
Un  parti  opposant  la  combattit  ;  un  moment  emprisonnée 
avec  Djihan-guir,  elle  fut,  après  sa  mort,  reléguée  à  Lahore. 
Son  souvenir  est  resté  très  populaire. 

NOUR  ED~DtN  Mahmoud  (El-Melik-el-Adil) ,  souvent  appelé 
le  martyr,  el  Chahid  par  les  historiens  arabes),  né  à 
Damas  le  21  févr.  1116  de  l'ère  chrétienne,  mort  à  Damas 
le  15  mai  1174.  Il  était  fils  de  Vatabek  Imad  ed~Dîn 
Zengi,  qui,  à  force  de  victoires  remportées  sur  les  Francs, 
avait  étendu  son  empire  depuis  Mossoul  jusqu'à  Homs, 
Hamah  et  Alep  ;  Zengi  mourut  le  25  sept.  1145,  laissant 
ses  possessions  de  Syrie  à  Nour  ed-Din,  et  Mossoul  ainsi 
que  la  province  qui  en  dépendait  à  son  fils  aîné,  Seïf  ed- 
D;n  GhazL  Nour  ed-Dîn  vint  s'établir  à  Alep  pour  être 
plus  à  proximité  des  Francs,  et  il  se  prépara  à  leur  faire 
une  guerre  sans  merci  pour  les  obliger  à  abandonner  leurs 
possessions  de  Syrie.  A  peine  Zengi  était-il  mort  que  Jos- 
celin,  qui  résidait  à  Tell-Bashir,  parvint  à  surprendre  la  ville 
d'Edesse,  qui  avait  été  sa  capitale,  et  à  l'enlever  aux  musul- 
mans; Nour  ed-Dîn  la  reprit  et  fit  raser  les  fortifications. 

La  prise  de  cette  ville  eut  un  grand  retentissement  en 
Occident,  et  ce  fut  pour  l'arracher  aux  mains  du  prince 
d'Alep  que  saint  Bernard  prêcha  la  seconde  croisade,  dont 
les  deux  principaux  chefs  furent  le  roi  de  France  Louis  Yïï 
et  l'empereur  d'Allemagne  Conrad  III  ;  mieux  conduite 
que  la  première  croisade,  cette  expédition  faillit  amener 
la  chute  de  l'empire  de  Nour  ed-Dîn,  et  les  croisés  furent 
bien  près  de  s'emparer  de  Damas,  mais,  Seïf  ed-Dîn  Ghazî 
étant  venu  à  son  aide,  il  put  empêcher  la  prise  de  cette 
ville  qui  aurait  rendu  les  chrétiens  maîtres  de  toute  la 
Syrie.  L'abandon  du  siège  de  Damas  lui  ])ermit  de  re- 
prendre l'offensive,  et,  peu  de  temps  après,  il  s'empara 
de  plusieurs  places  fortes  de  la  principauté  d'Antioche  ; 
en  1 148,  il  détruisit  la  forteresse  d'Oraïmah,  qui  dépen- 
dait du  comté  de  Tripoli,  et  il  détruisit  une  armée  franque 
à  Yagra;  la  citadelle  de  ïlarim,  qui  était  la  clef  de  la 
principauté  d'Antioche  du  côté  d'Alep,  fut  également 
ruinée.  Raymond,  prince  d'Antioche,  fut  battu  et  tué  non 
loin  d'Apamée  (29  juin  1149)  ;  cette  défaite  fit  tomber 
la  ville  d'Innib  entre  les  mains  de  Nour  ed-Dîn.  Les  deux 
années  qui  suivirent  furent  aussi  désastreuses  pour  les 
chrétiens,  et  il  n'y  eut  qu'à  l'époque  de  Saladin  qu'ils 
subirent  une  telle  série  de  défaites  :  toutes  les  villes  et 
les  citadelles  de  la  Syrie  septentrionale  furent  prises  et 
ruinées  par  Nour  ed-Dîn. 

A  cette  époque,  la  ville  de  Damas  appartenait  à  un 
prince  indépendant  qui  se  nommait  Modjir,  et  Dîn  Abak, 
l'un  de  ses  principaux  généraux,  était  un  émir  nommé 
Anar,  dont  Nour  ed-Dîn  épousa  la  fille.  Le  sultan  d'Alep 
avait  depuis  longtemps  l'intention  d'étendre  son  empire 
vers  le  Sud  et  de  s'emparer  de  l'Egypte  dont  les  khalifes 
fatimites  étaient  alors  les  maîtres,  et  il  fallait,  pour  qu'il 
put  songer  à  le  faire,  que  la  ville  de  Damas  lui  appartînt. 
Modjir  ed-Dîn  n'était  point  très  populaire  parmi  ses  sujets 
et  Nour  ed-Dîn  n'eut  pas  de  peine  à  détacher  complète- 
ment de  lui  la  population  de  Damas  ;  quand  l'émir  comprit 
quel  était  le  plan  du  sultan  d'Alep,  il  pria  les  princes 
francs  de  lui  prêter  secours  et  de  le  défendre  ;  mais  Noûr 
ed-Dîn  arriva  soudainement  devant  Damas  et  y  entra  sans 
coup  férir  ;  Modjir  ed-Dîn  n'eut  que  le  temps  de  se  réfu- 
gier à  Bagdad  (1156). 

Nour   ed-Dîn  fut  empêché    d'attaquer   les   colonies 


franques  de  Syrie  et  l'Egypte  par  un  terrible  tremblement 
de  terre  qui  renversa  les  murs  de  ses  principales  villes 
fortes,  puis  par  une  grave  maladie  dont  il  fut  atteint  en 
1159  et  durant  laquelle  les  chrétiens  prirent  les  deux 
villes  de  Chaizar  et  de  Harim,  tandis  que  son  frère  Nosret 
ed-Dîn  cherchait  même  à  se  rendre  maître  d'Alep,  et  que 
Chirkouk  tentait  de  se  rendre  indépendant  à  Damas.  Quand 
Nour  ed-Dîn  reprit  la  guerre  contre  les  chrétiens,  Beau- 
doin  III,  roi  de  Jérusalem,  lui  infligea  une  sanglante  dé- 
faite près  du  lac  de  Génésareth  ;  néanmoins,  il  parvint  à 
éloigner  l'empereur  Manuel  Comnène  d'Alep  et  enleva 
plusieurs  villes  au  sultan  seldjoucide  du  pays  de  Roum  ; 
en  1163,  il  s'empara  do  Renaud  de  Châtillon,  qui  avait 
dévasté  la  principauté  d'Edesse. 

Pendant  ce  temps,  la  situation  de  l'Egypte  devenait  de 
plus  en  plus  critique  par  suite  de  la  décadence  de  la 
dynastie  des  Fatimites.  Le  vizir  du  kliahfe  El-Aded, 
Cliaver,  fut  attaqué  et  mis  en  déroute  par  un  officier 
égyptien  nommé  Dargham  ;  il  s'enfuit  à  Damas,  oîi  il  se 
mit  sous  la  protection  de  Nour  ed-Dln  et  il  s'engagea  à 
lui  payer  un  tribut  considérable  s'il  envoyait  au  Caire  une 
armée  pour  vaincre  les  révoltés  et  lui  rendre  les  dignités 
dont  il  était  revêtu.  Nour  ed-Dîn  saisit  avec  empresse- 
ment l'occasion  qui  lui  était  ainsi  offerte  de  s'emparer  de 
r  Egypte  ou  tout  au  moins  d'y  dicter  ses  volontés  et  il  fit 
partir  de  Syrie  une  armée  commandée  par  l'émir  Chirkouh, 
gouverneur  de  Homs  ;  cet  officier,  qui  était  d'origine 
kurde,  ne  tarda  pas  à  remettre  l'ordre  en  Egypte  et  à 
rétablir  Chaver  dans  son  poste  de  vizir  ;  Chaver  oublia 
bientôt  les  engagements  qu'il  avait  pris  volontairement 
envers  Nour  ed-Dîn  et  il  refusa  de  payer  le  tribut  qu'il 
avait  fixé  lui-même.  Chirkouh  prit  immédiatement  ses 
mesures  pour  attaquer  le  vizir,  qui  fit  appel  aux  chrétiens 
de  Syrie  pour  repousser  les  troupes  de  Nour  ed-Din, 
assiégé  dans  Belbeis  par  des  forces  très  supérieures. 
Chirkouk  dut  battre  en  retraite,  pendant  que  son  maître 
infligeait  aux  chrétiens  une  sanglante  défaite  près  de 
Harim.  Pendant  le  peu  de  temps  qu'il  avait  passé  en 
Egypte,  Chirkouh  n'avait  pas  été  long  à  reconnaître  que 
l'Egypte,  bien  que  ruinée  par  un  gouvernement  d'une  in- 
vraisemblable insouciance,  était  l'un  des  pays  les  plus 
riches  du  monde  et  que  rien  n'était  plus  facile  que  de  s'en 
emparer.  A  partir  de  ce  moment,  il  ne  songea  plus  qu'au 
moyen  de  s'en  rendre  maître,  et  il  fut  assez  habile  pour 
se  faire  donner  par  Nour  ed-Dîn  lui-même  les  moyens 
d'arriver  à  ce  but.  Le  sultan  de  Damas  avait  également 
fort  envie  d'ajouter  l'Egypte  à  l'empire  que  lui  avait  légué 
Zengi  et  que  ses  victoires  sur  les  Francs  avaient  considé- 
rablement agrandi;  aussi  ne  fit-il  aucune  objection  à 
Chirkouh  quand  ce  général  lui  demanda  de  lui  fournir  une 
armée  pour  envahir  l'Egypte  ;  en  même  temps,  il  sollici- 
tait du  khalife  abbaside  de  Bagdad  la  permission  de  s'em- 
parer de  l'Egypte  pour  la  soustraire  au  joug  des  Fatimites 
hétérodoxes.  Chirkouh  n'eut  qu'à  paraître  pour  mettre 
l'armée  égyptienne  en  pleine  déroute  et,  malgré  l'aide 
d'Amaury,  roi  de  Jérusalem,  Chaver  dut  s'avouer  vaincu  ; 
il  fut  assassiné  par  Saladin,  neveu  de  Chirkouh,  qui  devint 
alors  vizir  du  khalife  El-x4ded  ;  il  ne  jouit  que  pendant 
deux  mois  de  sa  dignité  dans  laquelle  Saladin  lui  succéda. 
Nour  ed-Dîn  n'avait  pas  vu  sans  dépit  les  rapides  succès 
de  Chirkouh  et  du  jeune  Saladin  dont  il  redoutait  l'ambi- 
tion par-dessus  tout  ;  aussi  il  lui  intima  l'ordre  de  revenir 
en  Syrie  ;  Saladin  chercha  à  gagner  du  temps,  quoiqu'il 
n'espérât  guère  pouvoir  résister  à  Nour  ed-Dîn  ;  il  allégua 
que  sa  présence  au  Caire  était  absolument  indispensable 
à  la  sûreté  du  pays  et  que  son  départ  serait  le  signal  du 
rétablissement  de  la  dynastie  déchue.  Nour  ed-Dîn,  com- 
prenant les  motifs  de  son  refus,  rassembla  une  nombreuse 
armée,  et  il  allait  marcher  sur  le  Caire  quand  il  mourut 
subitement  à  Damas  d'une  maladie  de  la  gorge,  à  l'âge  de  cin- 
quante-huit ans  ;  il  laissait  le  trône  à  son  fils  El-Mehk-el-Salèh 
Ismaïl,  qui  n'était  âgé  que  de  onze  ans.  E.  Blochet. 

BiBL.  :  V.  aux  mots  Egypte  et  Syrie  les  indications  des 


NOUR  —  NOURRICE 


80  -^ 


œuvres  des  historiens  inusulmans.  Nous  citerons  en  par- 
ticulier Abou  Chama,  le  Livide  des  deux  jardins.  —  Bkha 
ED-DÎN,  Histoire  de  Saladin.  —  La  Chronique  ûg  Guillaume: 
de  Tyr,  etc. 

NOURA.  Rivière  de  la  Sibérie  occidentale  (prov.  de  S6- 
mipalatinsk  et  Akmolinsk),  tributaire  du  lac  Dengliiz  ;  longue 
de  745  kil.  à  partir  de  la  source  de  laNoura-Tchouroubai, 
elle  décrit  des  détours  à  travers  le  steppe  kirghis  où  elle 
forme  plusieurs  lacs  (Ourta-Tclielkar,  Kourgaldjin,  etc.). 
En  été,  elle  est  souvent  à  sec  ;  au  printemps  elle  déborde 
parfois  et  va  s'épancher  dans  'Ichim  (affl.  de  l'Ob),  près 
d' Akmolinsk. 

NOURARD-le-Franc.  Corn,  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de 
Clermont,  cant.  de  Saint-Just-en-Chaussée  ;  339  liab. 

NOURPOUR.  Ville  de  llnde,  prov.  de  Djalandar  (Pend- 
jab), à  40  kil.  N.-O.  de  Kangra;  6.000  liab.  Ruines 
d'un  beau  palais  des  radjahs.  Ancienne  capitale  d'une  prin- 
cipauté. 

NOURRAY.  Corn,  du  dép.  du  Loir-et-Cher,  arr.  de 
Vendôme,  cant.  de  Saint- Amand  ;  222  hab. 

NOURRI  (Blas.).  Les  plantes  dont  les  racines  ne  sont 
pas  figurées,  la  fleur  de  lys  dont  manque  la  partie  infé- 
rieure, sont  dites  au  pied  coupé  ou  au  pied  nourri. 

NOURRICE  (Méd.).  En  principe,  le  nouveau-né  doit 
être  allaité  par  sa  mère.  Les  causes  qui  peuvent  autoriser 
une  dérogation  à  cette  loi  naturelle  ont  été  énumérées  à 
l'article  Allaitement.  L'usage  de  remplacer  le  lait  de  la 
mère  par  le  lait  d'une  nourrice  mercenaire  remonte  à  une 
époque  reculée.  D'exceptionnel  et  réprouvé  qu'il  était  au- 
trefois, cet  usage  passa  dans  les  mœurs  courantes,  et  au 
moyen  âge  il  existait  déjà  des  bureaux  de  nourrices.  Rous- 
seau remit  à  la  mode  pour  quelque  temps  l'allaitement 
maternel  qui  tomba  de  nouveau  en  désuétude  dans  la  pre- 
mière moitié  du  siècle  actuel.  Les  efforts  des  accoucheurs 
et  des  médecins  semblent  depuis  quelque  temps  faire  ga- 
gner du  terrain  à  la  cause  de  l'allaitement  maternel.  Il 
existe  deux  variétés  de  nourrices  :  les  nourrices  externes 
ou  à  distance,  auxquelles  on  confie  l'enfant,  qui  s'él-n^e 
ainsi  à  la  campagne,  le  plus  souvent  loin  de  la  surveil- 
lance des  parents  ;  les  nourrices  sur  lieu,  que  l'on  prend 
à  domicile.  Ces  dernières  sont  en  réalité  des  nourrices  de 
luxe,  accessibles  seulement  aux  personnes  dont  la  situation 
est  aisée.  Les  gages  mensuels  en  sont  en  effet  particuliè- 
rement élevés,  car  ils  atteignent  de  50  à  80  fr.,  sans 
compter  les  menus  frais  accessoires.  Les  nourrices  à  dis- 
tance demandent  en  général  de  25  à  40  fr.  Ces  nourrices 
à  distance  élèvent  l'enfant  au  sein  ou  au  biberon,  suivant 
des  conventions  rarement  observées  s'il  s'agit  de  l'allaite- 
ment au  sein,  car  la  surveillance  est  bien  difficile.  La 
nourrice  est  tout  naturellement  tentée  de  réserver  son  lait 
à  son  propre  enfant  au  lieu  d'en  faire  profiter  l'enfant  des 
étrangers.  D'après  une  statistique  établie  par  M.  Petit,  la 
mortalité  qui  frappe  les  enfants  élevés  au  sein  par  une 
nourrice  à  distance  est  de  74  ^/o,  tandis  que  la  mortalité 
des  enfants  élevés  au  sein  par  leur  mère  est  seulement  de 
45  ^/o  et  de  32  «/o  s'ils  sont  soumis  à  l'allaitement  arti- 
ficiel dans  leur  famille. 

La  nourriture  sur  lieu  présente  beaucoup  moins  d'in- 
convénients pour  le  nourrisson  qui  en  pr otite.  Mais  que 
dire  de  l'enfant  de  la  nourrice  qui  est  ainsi  frustré  de  son 
aliment  naturel?  Lorsque  la  nourrice,  après  un  séjour 
plus  ou  moins  prolongé  dans  un  bureau  de  placement, 
dont  les  conditions  hygiéniques  laissent  souvent  à  désirer, 
trouve  ce  que  l'on  est  convenu  d'appeler  une  bonne  place, 
l'enfant  sevré  brusquement  du  sein  est  confié  aux  soins 
d'une  meneuse  pour  être  ramené  au  pays  maternel.  Ces 
deux  voyages  d" aller  et  de  retour,  effectués  souvent  du- 
rant la  saison  froide,  ce  sevrage  brusque  et  habituelle- 
ment prématuré,  exercent  des  ravages  considérables  parmi 
ces  malheureux,  et  la  moitié  au  moins  de  ces  enfants,  ro- 
bustes pour  la  plupart,  périt  à  la  suite  de  ce  triste  exode. 
Il  y  a  là,  au  point  de  vue  social,  une  perte  considérable, 
un  déchet  qu'il  faudrait  se  hâter  de  faire  disparaître. 
L'emploi  du  lait  stérilisé,  e^i  diminuant  dans  une  certaine 


mesure  les  dangers  de  l'allaitement  artificiel,  l'application 
plus  sévère  et  plus  intellectuelle  de  la  loi  Roussel  permet- 
tront, il  faut  l'espérer,  de  restreindre  l'emploi  des  nour- 
rices sur  lieu  et  de  le  réserver  aux  cas  où  il  est  absolu- 
ment indispensable.    ^ 

Lorsque  l'on  doit  procéder  au  choix  d'une  nourrice,  il 
faut  s'enquérir  de  son  âge  et  de  celui  de  son  enfant  :  exa- 
miner son  aspect  extérieur,  l'état  général  de  sa  santé, 
l'état  de  la  glande  mammaire  et  les  qualités  du  lait  ;  le 
nourrisson  sera  en  oi^re  examiné  avec  attention.  Une 
bonne  nourrice  a  les  mialités  suivantes  :  elle  ne  doit 
pas  avoir  moins  de  vingt  ans  ni  plus  de  trente.  L'enfant 
n'aura  pas  moins  de  trois  ou  quatre  mois.  La  nour- 
rice sera  robuste  d'aspect  et  propre  ;  peu  importe  qu'elle 
soit  brune  ou  blonde.  Ses  dents,  si  elles  ne  sont  pas  au 
complet,  ne  seront  pas  du  moins  cariées  ;  les  amygdales  ne 
seront  pas  trop  grosses,  ni  la  bouche  ni  le  nez  n'émettront 
pas  d'odeur  répugnante.  La  peau  ne  présentera  aucune 
éruption  récente  ou  ancienne  ;  les  ganghons  lymphatiques 
du  cou  et  des  aines  ne  seront  pas  perceptibles  par  la  pal- 
pation.  L'examen  par  la  percussion  et  l'auscuhation  du 
cœur  et  des  poumons  révélera  jusqu'à  l'évidence  que  ces 
organes  sont  sains. 

Ldi  glande  ma^nmaire  est  volumineuse;  la  palpation 
sous  un  sein  souvent  pendant,  mais  sillonné  de  grosses 
veines  qui  lui  donnent  un  aspect  marbré,  permet  de  re- 
connaître les  nodosités  formées  par  la  glande.  Le  bout  de 
sein  est  proéminent,  sans  présenter  un  volume  exagéré  ; 
à  sa  surface  on  distingue  nettement  les  orifices  des  con- 
duits du  lait.  Il  ne  présente  ni  gerçures  ni  excoriations. 
En  pressant  le  sein  vers  la  base  du  mamelon,  l'on  doit 
faire  jaillir  facilement  le  lait,  dont  on  en  doit  recueillir  un 
peu  sur  une  cuiller  ou  sur  l'ongle  pour  apprécier  sa  ri- 
chesse autant  que  faire  se  peut. 

L'examen  de  l'enfant  de  la  nourrice  est  non  moins 
important.  Le  nourrisson  ne  doit  être  ni  maigre  ni  chétif. 
Il  faut  demander  qu'on  le  déshabille  complètement,  après 
s'être  assuré  autant  que  possible  de  son  identité.  L'état 
de  propreté  dans  lequel  il  se  trouve  est  déjà  un  indice  des 
habitudes  de  la  nourrice.  On  examinera  ensuite  soigneu- 
sement l'aspect  extérieur  de  l'enfant  dont  la  peau  doit 
être  nette  et  marbrée,  les  chairs  fermes.  L'espace  inter- 
fessier, les  fesses,  les  plis  de  l'anus,  la  face  plantaire  des 
pieds  et  palmaire  des  mains  seront  l'objet  d'un  examen 
spécial  pour  constater  s'il  n'y  a  point  là  d'éruptions  de 
nature  syphilitique.  La  bouche,  les  lèvres,  la  muqueuse 
buccale  et  l' arrière-gorge  ne  doivent  présenter  ni  fissures 
ni  plaques.  Par  la  palpation  on  se  rendra  compte  du  vo- 
lume du  foie  qui  ne  doit  déborder  que  de  fort  peu  les 
fausses  côtes. 

L'interrogatoire  de  la  nourrice  viendra  ensuite.  On  saura 
si  elle  est  mariée  ou  fille,  si  elle  est  primipare  ou  multi- 
pare, ces  dernières  étant  considérées  comme  meilleures 
nourrices.  Par  des  questions  indirectes,  on  cherchera  à 
s'assurer  qu'elle  n'a  eu  ni  pleurésie  ni  hémoptysies  ;  on 
s'inquiétera  de  savoir  si  elle  n'a  pas  eu  son  retour  de 
couches,  etc.  L'importance  de  ces  questions  et  la  difficulté 
de  contrôler  les  réponses  amènent  à  conclure  que,  lorsque 
l'on  a  besoin  d'une  nourrice,  il  est  plus  sage  de  la  choisir 
ou  de  la  faire  choisir  à  l'avance  dans  le  milieu  où  elle  vit, 
et  de  la  faire  examiner  par  un  médecin  qui  connaît  ses 
antécédents  et  ceux  de  sa  famille. 

Il  est  impossible  de  donner  des  règles  pour  le  choix 
qu'il  convient  de  faire  entre  une  nourrice  mariée  et  une 
nourrice  fille-mère.  Les  inconvénients  que  l'on  peut  avoir 
à  supporter  du  fait  d'une  nourrice  mariée  sont  les'  sui- 
vants :  la  mère  de  famille  regrette  son  foyer  et  son  enfant 
qu'elle  prive  de  son  afiment  naturel  ;  l'affection  qu'elle 
porte  au  père,  le  souci  de  savoir  ce  que  deviennent  les 
siens  la  portent  à  l'ennui.  Malheureusement  aussi,  elle  sait 
faire  valoir  toutes  ces  raisons,  et  elle  est  toujours  prête  à 
résilier  son  engagement,  si  on  ne  lui  accorde  pas  l'aug- 
mentatiop  qu'elle  demande.  La  fille-mère  a  contre  elle  la 


-^  84  -^ 


NOURRICE 


qualification  même  que  Ton  lui  donne,  et  sa  situation 
irrégulière.  R  est  bien  certain  que,  si  la  fille-mère  n'en 
est  pas  à  son  premier  enfant,  et  par  surcroît  que  ses 
enfants  ne  soient  pas  du  même  père,  il  y  a  lieu  de  la 
rejeter  d'emblée  et  de  ne  pas  l'admettre  dans  le  milieu 
domestique.  Nous  résumerions  volontiers  les  règles  à  suivre 
à  ce  sujet  en  un  dilemme  :  ou  une  nourrice  multipare  et 
mariée  ou  une  nourrice  primipare  et  fille-mère.  En  tout 
cas,  qu'elle  soit  mariée  ou  non,  il  convient  d'interdire  à 
la  nourrice  toute  sortie  non  accompagnée,  toute  visite  hors 
de  la  présence  d'une  personne  de  confiance.  La  nourrice 
ne  doit  pas  sortir  seule  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit. 
x\ussi  convient-il  de  refuser  absolument  d'engager  toute 
nourrice  dont  la  famille  ou  les  relations  habitent  la  ville 
même  où  résident  les  parents  du  nourrisson.  R  y  a  vrai- 
ment dans  l'observance  de  ces  règles,  qui  sont  cependant 
indispensables,  quelque  chose  de  contraire  à  la  dignité 
humaine,  et  même  à  la  justice.  Aussi  doit-on  désirer  voir 
disparaître  peu  à  peu  la  nourrice  mercenaire,  qui  aliène 
sa  liberté  et  vend  en  quelque  sorte  la  vie  de  son  enfant. 
Quelle  pitié  cependant  méritent  les  mères,  les  vraies  mères, 
qui  sont  réduites  à  cette  nécessité  par  la  misère,  par 
le  besoin  pressant  de  gagner  le  pain  quotidien  pour 
elles-mêmes  et  pour  leur  petit  enfant  !  La  société  actuelle 
a  également  une  bien  grave  responsabilité  dans  ce  ser- 
vage des  nourrices  dont  la  plupart  sont  des  filles-mères 
abandonnées  par  le  père  de  leur  enfant. 

L'hygiène  des  nourrices  est  soumise  aux  mêmes  règles 
que  celle  de  la  mère  qui  allaite.  On  veillera  tout  particu- 
lièrement aux  soins  de  propreté.  Un  bain  hebdomadaire 
est  indispensable.  Le  bout  de  sein  sera  lavé  après  chaque 
tétée  à  l'eau  bouillie  et  couvert  d'un  linge  fin.  L'ahmen- 
tation  doit  être  abondante  et  riche  en  azote  ;  les  graisses 
et  les  féculents  doivent  y  entrer  aussi  pour  une  assez 
forte  proportion.  Les  potages  gras  et  maigres,  les  viandes 
de  boucherie,  les  œufs,  les  poissons  frais,  le  beurre,  le 
saindoux,  d'une  part  ;  les  lentilles,  les  petits  pois,  les  ha- 
ricots, d'autre  part,  en  formeront  la  base.  On  interdira 
seulement  la  charcuterie,  les  coquillages,  le  gibier,  les 
fromages  fermentes,  les  choux,  l'ail  et  l'oignon,  les  pâtis- 
series. R  est  bon  d'autoriser  un  repas  supplémentaire  dans 
l'après-midi  si  la  nourrice  le  désire.  Chez  la  femme  qui 
allaite,  la  soif  est  toujours  vive,  par  suite  de  la  déperdi- 
tion d'eau.  R  est  d'usage  d'encourager  les  nourrices  à 
boire  de  la  bière.  Mais  cette  bière  doit  être  légère  et  la 
quantité  ingérée  ne  dépassera  pas  un  litre  par  jour. 
Comme  supplément,  on  donnera  une  tisane  quelconque. 
L'alcool,  sous  toutes  ses  formes,  vin,  liqueurs,  etc.,  doit 
être  proscrit.  R  est  fréquent  de  voir  les  enfants  dont  les 
nourrices  ont  fait  usage  d'alcool  ou  de  café  présenter  des 
signes  d'agitation.  Tous  les  excitants  moraux  ou  physiques 
seront  d'ailleurs  mesurés  à  la  nourrice,  à  laquelle  on 
évitera  aussi  toute  cause  de  chagrin  ou  d'inquiétude.  Ces 
divers  agents  ont  leur  retentissement  fatal  sur  la  santé  de 
l'enfant  en  amenant  des  modifications  qualitatives  et  quan- 
titatives du  lait.  Les  médicaments  ne  peuvent  être  admi- 
nistrés à  la  nourrice  qu'avec  la  plus  grande  prudence.  Les 
uns,  tels  que  l'iodure  de  potassium,  la  rhubarbe,  passent 
en  partie  dans  le  lait  et  agissent  sur  le  nourrisson;  les 
autres  diminuent  la  sécrétion  lactée,  telle  l'antipyrine. 

Toute  maladie  de  la  nourrice  amènera  la  suspension  de 
l'allaitement,  surtout  s'il  y  a  de  la  fièvre,  les  toxines  et 
quelquefois  les  microbes  enx-mêmes  passant  dans  le  lait  ;  si 
la  maladie  doit  être  de  courte  durée,  on  peut  espérer  suppléer 
à  l'allaitement  naturel  à  l'aide  de  l'allaitement  artificiel. 

La  question  de  savoir  si  une  nourrice  qui  a  ses  périodes 
menstruelles  peut  continuer  à  allaiter  est  encore  contro- 
versée. Cependant,  si  la  durée  n'en  est  pas  trop  longue  et 
surtout  si  l'enfant  ne  souffre  pas  durant  cette  période,  il 
n'y  a  aucune  raison  de  changer  la  nourrice.  Le  plus  sou- 
vent, l'enfant  cesse  d'augmenter  de  poids  durant  quelques 
jours,  ses  garde-robes  sont  un  peu  vertes;  il  présente 
un  léger  degré  d'excitation.  Mais  ces  phénomènes  ne  pré- 

GRANDE   ENCYCLOPÉWE.    —  XXV. 


sentent  pas  habituellement  de  gravité  et  ne  valent  pas  que 
l'on  coure  les  risques  d'un  changement  de  nourrice. 

Nous  prions  le  lecteur  de  bien  vouloir  se  reporter  pour 
les  détails  complémentaires  à  Fart.  Allaitement  de  cette 
Encyclopédie.  D^'  M.  Potel. 

II.  Législation.  —  Nourrices  externes  (V.  Enfant, 
t.  XV,  p.  1041). 

Bureaux  de   nourrices.    —  L'industrie  des  recom- 
manderesses  ou  directrices  de  bureaux  de  nourrices  est 
très  ancienne.  Dès  1350,  un  édit  de  Jean  le  Bon  la  régle- 
mente ;  il  confère  aux  recommanderesses  le  droit  exclusif 
de  recevoir  les  nourrices  amenées  par  les  meneurs,  mais 
il  les  frappe  en  même  temps  de  peines  sévères  pour  toute 
infraction  à  ses  prescriptions,  notamment  à  l'interdiction 
de  confier  plus  d'un  enfant  par  an  à  une  même  nourrice. 
Au  xvii®  et  au  xviii®  siècle,  les  ordonnances  se  succèdent, 
ordonnances  royales  et  ordonnances  du  lieutenant  général 
de  la  police.  En  1769,  les  bureaux  de  recommanderesses, 
au  nombre  de  deux  seulement,  à  Paris,  jusqu'à  Louis  XIV, 
puis  au  nombre  de  quatre,  sont  supprimés  et  remplacés  par 
un  bureau  unique,   dirigé  par  quatre  personnes,  deux 
hommes  et  deux  femmes.  En  l'an  IX,  ce  bureau  (bureau 
municipal  ou  grand  bureau)  passe  des  attributions  de 
la  police  dans  celles  du  conseil  général  des  hospices  et,  finale- 
ment, de  l'Assistance  publique.  Une  se  bornait  pas  à  procurer 
aux  Parisiens  de  bonnes  nourrices  ;  il  garantissait  aussi  le 
paiement  de  leurs  salaires,  dont  le  recouvrement  était  as- 
similé à  celui  des  contributions  indirectes.  R  constituait 
pour  les  finances  municipales  une  lourde  charge  et  sa  sup- 
pression, demandée  dès  1866  par  le  directeur  de  l'Assis- 
tance publique  et  réclamée  tous  les  ans  par  le  Conseil  gé- 
néral depuis  1872,  a  été  prononcée  en  1876.  R  n'existe 
plus  aujourd'hui,  aussi  bien  à  Paris  que  dans  les  dépar- 
tements, que  des  bureaux  particuliers.  La  loi  du  23  déc. 
1874  ou  loi  Roussel,  qui  régit  encore  l'industrie  nourri- 
cière (V.  Enfant,  t.  XV,  p.  1042)  et  qui  a  complété  le 
règlement  d'administration  publique  du  27  févr.  1877, 
contient,  dans  sa  partie  finale,  un  certain  nombre  de  dis- 
positions concernant  leur  fonctionnement.  Aux  termes  de 
l'art.  11,  nul  ne  peut  ouvrir  ou  diriger  un  bureau  de  nour- 
rices, ni  exercer  la  profession  d'intermédiaire  pour  le 
louage  des  nourrices  ou  le  placement  des  nourrissons,  sans 
une  autorisation  préalable  du  préfet  du   département  du 
domicile  (du  préfet  de  police  à  Paris).  La  demande  fait  con- 
naître les  divers  départements  dans  lesquels  doivent  être 
pris  ou  placés  les  enfants  ;  le  préfet,  après  l'avoir  commu- 
niquée à  ses  collègues  de  ces  départements  et  s'être  as- 
suré de  la  moralité  du  demandeur,  de  la  salubrité  des  locaux 
et,  s'il  s'agit  de  meneurs,  du  bon  état  du  matériel  de 
transport,  accorde  ou  refuse  l'autorisation,  qu'il  subor- 
donne, dans  le  premier  cas,  à  l'observation  de  conditions 
particulières  intéressant  l'iiygiène,    les   bonnes   mœurs, 
l'ordre  public,  et  qui  est  toujours  révocable.  Défense  est  faite 
aux  directeurs  des  bureaux  de  nourrices  et  aux  autres  inter- 
médiaires de  pourvoir  de  nourrissons  ou  de  reconduire  dans 
leurs  communes  des  nourrices  non  munies  des  pièces  régle- 
mentaires. Dans  chaque  bureau  et  chez  les  logeurs  de  nour- 
rices est  tenu  un  registre  coté  et  parafé,  où  doivent  être  ins- 
crits les   nom,  prénoms,  profession,  domicile,  etc.,  des 
nourrices  et  de  ?eurs  maris.  Toute  contravention  à  l'interdic- 
tion d'ouvrir  un  bureau  de  nourrices  ou  de  servir  d'intermé- 
diaire sans  autorisation  est  punie  d'une  amende  de  16  à 
100  fr.  et,  en  cas  de  récidive  ou  si  la  santé  d'un  ou  de  plu- 
sieurs enfants  a  été  compromiser  d'un  emprisonnement  de 
un  à  cinq  jours.  L'amende  est  de  5  à  15  fr.,  avec  application 
des  art.  463,  482  et  483  C.  pén.,  pour  toutes  les  autres 
infractions  à  la  loi  et  aux  règlements  d'administration 
publique  s'y  rattachant.  Les  établissements  où  l'on  reçoit  en 
nourrice  ou  en  garde  des  enfants  de  deux  ans  sont  d'ailleurs 
soumis,  de  même  que  les  bureaux  déplacement,  à  la  néces- 
sité de  l'autorisation  préalable,  et  les  nourrices  qui  y  sont 
employées  sont  assimilées  aux  nourrices  sur  lieu.     L.  S. 
BiBL.   ;   Les  divers  traités  d'accu uclienieut.    mais  tout 

6 


NOURRICE  —  NOURRIT 


particulièrement  P.-S.  Le  Gejsdre^  Revue  pratique  d'obsté- 
trique et  dliygiène  de  l'enfance,  1888.  —  Choix  des  nour- 
rices. ~  A.-B.  Marp^an,  Traité  de  l'allaitement  ;  Paris, 
1899,  pp.  214  à  273.  On  trouvera,  en  outre,  dans  ce  dernier 
ouvrage,  de  nombreux  renseignements  bibliographiques. 

NOURRISSON  (Jean-Félix),  pliilosoplie  français  con- 
temporain, né  à  Thiers  (Puy-de-Dôme)  le  18  juil.  4825. 
Il  étudia  d'abord  le  droit  et  se  fit  inscrire,  en  1848,  au 
barreau  de  la  cour  d'appel  de  Paris.  Mais  sa  vocation  phi- 
losophique ne  tarda  pas  à  se  dessiner.  Dès  1849,  il  ensei- 
gnait la  philosophie  au  collège  Stanislas,  et,  en  1850,  était 
reçu  agrégé  de  philosophie.  En  1852,  il  obtenait  le 
grade  de  docteur  es  lettres.  Dès  lors,  nous  le  trouvons 
successivement  professeur  de  logique  au  lycée  de  Rennes, 
chargé  du  cours  de  philosophie  (1854),  puis  professeur 
titulaire  (1855)  à  la  faculté  des  lettres  de  Clermont-Fer- 
rand,  professeur  de  logique  au  lycée  Napoléon  (1858). 
Trois  fois  de  suite,  l'Institut  le  couronna  :  il  obtient,  en 
effet,  deux  fois  le  prix  du  budget  (concours  sur  la  philo- 
sophie de  Leibniz,  1859,  et  sur  le  rôle  de  la  psychologie 
en  philosophie,  1862)  et  le  prix  Rordin  (concours  sur  la 
philosophie  de  saint  Augustin,  1864).  En  1870,  l'Acadé- 
mie des  sciences  morales  et  politiques  l'appelle  à  siéger 
dans  la  section  de  philosophie.  Après  la  guerre,  il  est  dé- 
légué pendant  trois  ans  aux  fonctions  d'inspecteur  général 
de  l'Université.  Enfin,  en  1873,  il  est  appelé  à  la  chaire 
d'histoire  de  la  philosophie  moderne  du  Collège  de  France 
comme  professeur  adjoint,  et  titularisé  en  1874.  M.  Nour- 
risson est  membre  honoraire  ou  associé  de  plusieurs  corps 
savants  étrangers. 

M.  Nourrisson  est  l'un  des  nombreux  représentants  du 
spiritualisme  français  qui,  sans  renouveler  dogmatiquement 
cette  tradition  philosophique,  ont  activement  collaboré  à 
la  rénovation  des  études  d'histoire  de  la  philosophie  inau- 
gurée   par  Y.    Cousin.   Ses  principaux   ouvrages  sont: 
Quid  Plato  de  ideis  senserit,  thèse  latine  (Paris,  1852, 
in-8)  ;  la  Philosophie  de  Bossuet,  thèse  française  (Paris, 
1852  ;  2«  éd.,  1862)  ;  les  Pères  de  l'Eglise  latine  (Pa- 
ris, 1853,  2  vol.  in-12)  ;  le  Cardinal  de  Bérulle  (Paris, 
1856,  in-12)  ;  Tableau  des  progrès  de  la  pensée  humaine 
depuis   Thaïes  jusqu'à^  Hegel  (Paris,  1858  ;  6«  éd., 
1886,  in-8);  la  Philosophie  de  Leibniz  (Paris,  1860, 
in-8);  Portraits  et  Etudes  (Paris,  1860,  in-12)  ;  Expo- 
sition de  la  théorie  platonicienne  des  idées  (Paris,  1862  ; 
2  «^  éd . ,  1 863 ,  in-1 2)  ;  /a  Nature  humaine ,  essais  de  psycho- 
logie appliquée  (Paris,  1865,  in-8)  ;  la  Philosophie  de 
saint  Augustin  (Paris,  1866,  2  vol.  in-8);  Spinoza  et 
le Natwalisme contemporain {^uris,  i  866,  in-12)  ;  la  Po- 
litique de  Bossuet  (Paris,  1 867,  in-12)  ;  le  Christianisme 
et  la  Liberté  (Paris,  1868,  in-8)  ;  Essai  sur  Alexandre 
d'Aphrodisias,  suivi  du  Traité  du  destin  et  du  libre ^ 
arbitre,  traduit  pour  la  première  fois  en  français  (Paris, 
1870,  in~8)  ;   l'Ancienne   France   et  la  Révolution, 
avec  une  introduction  sur  la  Souveraineté  nationale 
(Paris,  1873,  in-12);  Machiavel  {Varis,  1875;   2«  éd., 
1883,  in-12);  Trois  révolutionnaires  :  Turgot,  Necker, 
Bailly  (Paris,  1885,  in-8);  Pascal  physicien  et  philo- 
sophe (Paris,  1885,  in-12);  Philosophes  delà  nature  : 
Bacon,  Bayle,  Toland,^  Biiffbn  (Paris,   1887,  in-12)  ; 
Défense  de  Pascal  (Paris,  1888,  in-12);  Voltaire  et  le 
voltairianis me  (Psœis,  1896,  in-8).  Il  faut  y  joindre  un  très 
grand  nombre  de  rapports  et  travaux  académiques  puWiés 
dans  les  Mémoires  de  l'Institut,  et  d'articles  parus  dans  le 
Journal  des  Débats,  la  Revue  des  Peux  Mondes,  la  Bévue 
Contemporaine,  le  Correspondant,  etc.      Th.  Ruyssen. 
NOURRIT  (Louis),  chanteur  dramatique  français,  né  à 
Montpellier  le  4  août  1780,  mort  le  23  sept.  183  ! .  Après 
avoir  appris  la  musique  à  la  collégiale  de  Montpellier,  où 
il  était  enfant  de  chœur,  il  vint  à  Paris,  où  Méhul,  charmé 
de  sa  belle  voix  de  ténor,  le  fit  entrer  au  Conservatoire. 
Là,  devenu  élève  de  Garât,  il  mit  à  profit  les  leçons  de 
cet  admirable  artiste,  et  devint  un  chanteur  extrêmement 
distingué.  Engagé  à  l'Opéra,  il  y  débuta  le  3  mars  1805 
dans  Armide,  où  on  apprécia  aussitôt  le  timbre  pur  et 


argentin  de  sa  voix,  la  bonne  émission  du  son,  la  justesse 
des  intonations  et  l'élégance  de  la  diction  musicale.  Ces 
qualités  faisaient  contraste  avec  les  cris  peu  harmonieux 
qu'on  avait  coutume  d'entendre  alors  sur  la  scène  de 
l'Opéra,  et  Nourrit,  après  Armide,  se  fit  vivement  ap- 
plaudir dans  Orphée  et  la  Caravane  du  Caire.  Par  mal- 
heur, il  était  gauche  et  froid  comme  comédien  ;  il  acquit 
pourtant,  par  la  suite,  quelque  expérience  sous  ce  rapport. 
Devenu  au  bout  de  quelques  années  chef  d'emploi,  Louis 
Nourrit  parcourut,  jusqu'à  l'arrivée  de  son  fils,  qui  devait 
l'éclipser,  une  carrière  intéressante,  au  cours  de  laquelle 
il  fit  un  grand  nombre  de  créations,  dans  Abel,  les  Baya- 
dères,  les  Abencérages,  le  Piossignol,  Natalie  ou  la 
Famille  russe,  Olympie,  la  Mort  du  lasse,  Stratonice, 
Aladin  ou  la  Lampe  merveilleuse,  les  Deux  Salem,  etc. 

Arthur  Pougin. 
NOURRIT  (Adolphe),  chanteur  dramatique  français, 
fils  du  précédent,  né  à  Paris  le  3  mars  1802,  mort  à 
Naples  le  8  mars  1839.  Destiné  au  commerce  par  son 
père,  qui  lui  fit  donner  une  bonne  éducation,  c'est  àl'insu 
de  celui-ci  que,  passionné  pour  le  chant,  il  alla  prier 
Garât  de  lui  donner  des  leçons.  Garât  hésita  d'abord,  puis, 
charmé  par  son  admirable  voix  et  sa  rare  intelligence  mu- 
sicale, il  finit  par  céder,  et  ce  fut  lui-même  qui,  après 
avoir  complété  l'éducation  de  son  élève,  alla  tout  racon- 
ter à  son  père.  Louis  Nourrit  fit  mine  alors  de  se  fâcher, 
mais,  séduit  à  son  tour  par  les  quahtés  <[u'il  découvrait 
dans  son  fils,  il  voulut  ensuite  le  préparer  en  personne  à 
la    carrière    qu'il   ambitionnait.    Adolphe   Nourrit,  âgé 
seulement  de  dix-neuf  ans,  débuta  à  l'Opéra  le  1^^'  sept. 
1821,  dans  ïphigénie  en  Tauride.Lo.  beauté  de  sa  voix, 
son  intelligence  scénique  et  la  chaleur  communicative  de 
sa  diction  lui  firent  obtenir  un  succès  complet.  Des  leçons 
excellentes  de  déclamation  qu'il  prit  de  Baptiste  aîné,  ac- 
teur du  Théâtre-Français,  complétèrent  son  beau  talent 
de  tragédien  lyrique,  et  après  s'être  fait  applaudir  dans 
les  Bayadères,   Orphée,  Armide,  Adolphe  Nourrit  fit 
brillamment  sa  première  création  dans  le  Siège  de  Co- 
rinthe  d«  Rossini,  où  il  jouait  le  rôle  de  Néoclès,  tandis 
que  son  père,  à  ses  côtés,  remplissait  celui  de  Cléomènes. 
Son    père  s'étant  presque   aussitôt    retiré ,  Adolphe 
Nourrit  resta  seul  en  possession  de  l'emploi  de  premier 
ténor,  et  l'on  peut  concevoir  une  idée    de  son  admi- 
rable talent  par  les  succès  que  lui  valurent  ses  créations 
dans  tous  les  ouvrages  importants  de  cette  période  féconde 
en  chefs-d'œuvre:  Moïse,  le  Comte  Ory,  la  Muette  de 
Portici,  le  Philtre,  Guillau7ne  Tell,  le  Dieu  et  la  Baya- 
dère,  Piobert  le  Diable,  le  Serment,  la  Juive,  les  Hu- 
guenots, Stradella.   Ces  succès  étaient  de  véritables 
triomphes,  justifiés  par  un  talent  d'un  genre  absolument 
neuf  et  tel  qu'on    n'en   avait   encore  jamais   connu  à 
l'Opéra.  Mais  justement,   après  une  quinzaine  d'années, 
l'administration  de  ce  théâtre  s'avisa  avec  raison  que  son 
avenir  pourrait  être  compromis  si  le  répertoire  continuait 
de  reposer  sur  un  seul  artiste,  et  elle  engagea  Duprez, 
qui  s'était  fait  une  grande  renommée  en  Itafie,  pour  par- 
tager avec  Nourrit  le  poids  de  ce  répertoire.  Mais  Nourrit, 
dont  l'imagination  était  faible,  ne  l'entendit  pas  ainsi.  Il 
crut  qu'on  n'estimait  plus  son  talent  à  sa  juste  valeur,  et, 
d'autre  part,  il  craignit  une  comparaison  qui  pouvait  lui 
être  funeste.  Il  préféra  se  retirer  et  donna  sa  démission, 
en  dépit  de  tous  les  conseils  et  de  tous  les  efforts  qu'on 
fit  pour  le  retenir.  Il  alla  donner  des  représentations  à 
Bruxelles,  puis  à  Marseille,  où  un  accident  qui  lui  arriva 
en  scène  détermina  en  lui  comme  une  sorte  de  première 
crise  de  folie.  Il  se  remit  pourtant  et  partit  pour  l'Italie, 
où  il  trouva  de  grands  succès  à  Milan,  à  Florence  et  à 
Rome  ;  mais  décidément  il  était  perdu,  et  à  la  suite  d'une 
représentation  à  laquelle  il  avait  pris  part  à  Naples,  il  se 
précipita  par  la  fenêtre  de  son  hôtel  et  mourut  sur  le  ' 
coup.  Arthur  Pougin. 

BiBL.  :  L.  QuicHERAï,  Adolphe  Nourrit;    Paris,  1867- 
3vol.in-S.  '  .   . 


83  — 


NOUSSE  —  NOUVEAU-MEXIQUE 


HOUSSE.  Corn,   du  dép.   des  Landes,  arr.  de  Dax, 
caiit.  de  Montfort  ;  336  hab, 

NOUSTY.  Corn,  du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  arr.  et 
eant.  (E.)  de  Pau  ;  604  hab. 

NO  UT  (Myth.  égypt.).  Déesse  personnifiant  le  Ciel  sous 
la  forme  d'une  femme  courbée 
au-dessus  de  la  terre  et  donnant 
naissance  au  soleil  :  elle  est  appe- 
lée de  ce  fait  la  mère  des  dieux. 
Peinte  ou  sculptée  sur  le  couvercle 
des  sarcophages,  elle  s'étend  au- 
dessus  de  la  momie  qu'elle  pro- 
tège. On  la  représente  aussi  surgis- 
sant des  branches  d'un  sycomore 
pour  donner  aux  défunts  l'alimen- 
tation d'outre-tombe.  Elle  est  figu- 
rée quelquefois  par  une  femme 
debout,  coiffée  du  vase  sphéroïdal, 
hiéroglyphe  de  son  nom.     P.  P. 

NOUVEAU-BRUNSWICK(iVgw- 
Brimsivick) .  Province  du  Canada, 
située  au  S.  de  l'estuaire  du  Saint- 
Laurent,  à  rO.  du  golfe  de  ce 
nom,  au  N.  de  la  baie  de  Fundy, 
bornée  à  l'O.  par  l'Etat  améri- 
cain de  Maine.  Elle  est  rattachée 
Déesse  Nout.  par  l'étroit  isthme  de  Chignecto, 
entre  le  golfe  du  Saint-Laurent 
et  la  baie  de  Fundy,  à  la  presqu'île  d'Acadie  ou  Nou- 
velle-Ecosse, avancée  orientale  du  continent  américain. 
Compris  entre  45*^  et  48«  lat.  N.,  66M0'  et  71°  25' 
long.  0.,  le  Nouveau-JBrunswick  s'étend  sur  72.780  kil.  q. 
peuplés  en  4891  de  321.263  hab.,  soit  4  hab.  par  kil.  q. 
Les  rivages  ont  800  kil.  de  développement  à  partir  de  la 
baie  de  Passamiquoddy,  limitrophe  des  Etats-Unis,  jusqu'à 
la  baie  des  Chaleurs  (golfe  du  Saint-Laurent),  limite  sep- 
tentrionale de  la  province.  La  baie  de  Chignecto  termine  la 
baie  de  Fundy  au  N.  ;  de  l'autre  côté  de  l'isthme,  nous 
trouvons  le  détroit  de  Northumberland,  qui  isole  l'île  du 
Prince-Edouard,  puis  la  baie  de  Miramichi.  —  Le  Nouveau- 
Brunswick  est  plat  au  centre,  escarpé  au  N.  et  au  S.,  où 
les  hauteurs  approchent  de  1.000  m.  Les  assises  cam- 
briennes  et  siluriennes  sont  le  plus  souvent  recouvertes  de 
terrains  dévonîens  et  carbonifères  ;  ils  sont  fortement 
plissés  dans  le  sens  du  N.-E.  La  culture  n'utihse  que  les 
vallées  où  se  sont  déposés  les  terrains  glaciaires  et  les 
alluvions  ;  les  tourbières  sont  très  vastes.  Le  sol,  fertile, 
se  partage  entre  de  belles  prairies  et  d'épaisses  forêts  de 
conifères,  d'érables,  de  chênes,  d'orme.s.  Le  seul  fleuve 
côtier  important  est  le  Saint-John,  qui  naît  dans  le  Maine, 
lui  sert  de  frontière  au  N.  et  traverse  le  Nouveau-Brunswick, 
passant  à  Fredericton,  pour  finir  dans  la  baie  de  Fundy  ; 
citons  encore  le  Sainte-Croix,  qui  sert  de  frontière  jusqu'à 
son  embouchure  dans  la  baie  de  Passamaquoddy,  et  le 
Miramichi.  Le  seul  lac  étendu  est  dit  G^rand  Lac  et  se  dé- 
verse dans  le  Saint-John.  Le  climat  est  rude;  la  moyenne 
annuelle  de  Fredericton  est  de  -h  4^,6  sous  la  latitude  de 
Bordeaux  et  de  Lyon  ;  la  température  oscille  entre  -+-  36*^ 
et  —  31 '^.  La  chute  d'eau  annuelle  est  de  850  millim., 
mais  beaucoup  d'eau  tombe  sous  forme  de  neige  et  occupe 
à  ce  titre  une  épaisseur  de  2^^,80.  La  flore  et  la  faune 
sont  celles  du  Canada  (V.  Amérique  du  Nord).  Le  sol  ren- 
ferme de  la  houille,  du  fer,  du  cuivre,  etc. 

La  population  comprenait,  en  1891,  321.263  personnes 
dont  163.739  hommes  et  157.524  femmes.  Elle  avait 
diminué  depuis  1881  où  l'on  avait  recensé  323.358  per- 
sonnes. Le  total  des  habitants  de  1891  comprenait  1.500 
Peaux-Rouges  (Micmacs,  Etchémin,  etc.),  1.700  nègres, 
22.100  Européens,  61.767  personnes  de  langue  française 
établies  surtout  auN.,  descendant  généralement  des  an- 
ciens Acadiens.  Beaucoup  des  Anglais  descendent  de  colons 
loyalistes  émigrés  lors  de  la  guerre  de  l'Indépendance  amé- 
ricaine. Les  1.585  écoles  primaires  recevaient,  en  1892, 


31.967  garçons  et  28.819  'filles,  les  écoles  supérieures 
avaient  66  maîtres  et  683  élèves,  les  écoles  normales 
36  maîtres  et  269  élèves.  Saint-John  a  une  université.  — 
Le  pouvoir  politique  est  partagé  entre  un  lieutenant-gou- 
verneur assisté  de  7  ministres  et  un  Corps  législatif  de 
41  députés.  Les  revenus  provinciaux  étaient,  en  1893,  de 
652.669  dollars,  les  dépenses  de  676.483,  la  dette  de 
2.752.297  dollars. 

Géographie  économique.  — La  grande  richesse  du  Nou- 
veau-Brunswick est  formée  par  ses  bois  dont  il  exportait, 
en  1892,  357.775  tonnes,  charge  de  455  navires;  les 
tarifs  différentiels  anglais,  grevant  lourdement  les  bois 
étrangers,  favorisent  l'importation  de  ceux  des  colonies. 
On  cultive  un  peu  plus  de  500.000  hect.  en  prés,  avoine, 
blé,  orge,  pommes  de  terre,  racines,  pommiers.  Le  bétail 
comprenait,  en  1891,  environ  60.000  chevaux,  202.000 
bœufs,  181.000  moutons,  51.000  porcs.  L'industrie  pro- 
gresse, occupant  (en  1891)  26.000  ouvriers  au  travail  du 
bois,  aux  constructions  navales,  à  la  papeterie,  corroirie, 
tissage,  etc.  La  valeur  des  produits  dépasse  125  millions 
de  fr.  La  pêche  occupait,  en  1893,  6.079  barques  et  ba- 
teaux montés  par  12.265  marins  et  produisait  en  harengs, 
morues,  saumons,  homards,  une  vingtaine  de  millions  defr. 
—  Le  commerce  se  fait  surtout  avec  la  Grande-Bretagne 
à  laquelle  on  achetait  en  1893  pour  31  millions  de  fr. 
de  produits  manufacturés,  lui  vendant  pour  38  millions 
et  demi  de  bois,  objets  en  bois,  de  poissons,  fourrures, 
fer,  etc.  Des  voies  ferrées  relient  les  principaux  centres 
aux  villes  du  Canada  et  des  Etats-Unis.  Le  trafic  maritime 
se  fait  par  douze  ports  :  Saint-André ws  et  Saint-Stephen, 
sur  la  baie  de  Passamaquoddy  ;  Saint-John,  à  l'embouchure 
du  fleuve  ;  Moncton,  sur  le  détroit  de  Northumberland  ; 
Chatham,  sur  la  baie  de  Miramichi  ;  Dalhouse,  sur  la  baie 
des  Chaleurs,  etc.  Le  principal  marché  intérieur  est  le 
ch.-L,  Fredericton.  La  grande  ville  est  Saint-John  (Saint- 
Jean)  avec  son  faubourg  de  Portland. 

Histoire. —  Le  Nouveau-Brunswick,  colonisé  par  les  Fran- 
çais en  juil.  1604,  fut  d'abord  une  dépendance  àeVAcadie 
française  (V.  ce  mot).  Comme  on  ne  s'entendit  pas  sur  les 
limites,  il  fut  contesté  entre  la  France  et  l'Angleterre  de 
1713  à  1763,  où  la  seconde  l'acquit  définitivement.  En 
1764,  des  colons  écossais  furent  installés  sur  le  Miramichi. 
En  1783,  il  reçut  quantité  de  loyalistes  sortis  des  Etats- 
Unis  et  fut  alors  érigé  en  province  distincte,  et  en  1867 
rattaché  à  la  Puissance  (Dominion)  de  Canada.  La  fron- 
tière actuelle  avec  le  Maine  a  été  réglée  en  1842. 

BiBL.  :  V.  AcADiE  et  Canada.  —  Geol.  survey  of  C^-naAa, 
rapports  de  1878  et  suiv.  —  Public  Documents  of  New 
Brunswick  and  Canada^  1882.  —  A.  Leith-Ada^is,  Field 
and  forest  ramble  ;  Londres,  1873. 

NOUVEAU-HANOVRE.  Ile  de  l'Océanie,  la  plus  sep- 
tentrionale des  grandes  îles  de  l'archipel  Bismarck  ou  de 
la  Nouvelle-Bretagne  (V.  ce  mot). 

NOUVEAU -fVlEGKLEMBOURG.  Nom  actuel  de  la 
Nouvelle-Irlande  (V.  Nouvelle -Bretagne). 

NOUVEAU-i^lEXIQUE.  L'un  des  Etats-Unis  de  l'Amé- 
rique du  Nord  ;  317.470  kil.  q.  ;  153.593  hab.  (en  1890), 
187.000  avec  les  Indiens  libres.  Compris  entre  31^  20'  et 
37«  lat.  N.,  105«  20'  et  111^  20'  long.  0.,  il  confine  au 
S.-O.  au  Mexique,  au  S.-E.  au  Texas,  à  l'E.  au  Texas, 
au  N.  au  Colorado,  à  l'O.  à  F  Arizona.  C'est  un  plateau 
d'une  ait.  moyenne  de  1.850  m.,  en  pente  du  N.  au  S., 
traversé  du  N.  au  S.  par  la  profonde  vallée  duBio  Grande, 
qui  descend  environ  1.100  m.  sur  ce  parcours.  Au  N.  du 
Nouveau-Mexique  et  à  l'E.  du  Pdo  Grande  est  un  puissant 
massif  qui  termine  au  S.  la  rangée  orientale  des  montagnes 
Bocheuses  ;  le  Cobtilla  y  atteint  3.845  m.,  le  Truchas 
4.008  m.,  le  Baldy  3.858  m.  De  ce  massif  découlent  vers 
l'E.  la  Bivière  Canadienne,  affl.  de  l'Arkansas,  vers  le 
Pecos,  affl.  du  Bio  Grande.  A  l'O.  et  au  S.  s'étendent  de 
vastes  espaces  Infertiles,  mesas  (plateaux)  ou  bas-fonds 
salins  et  alcalins.  Les  mesas  occidentaux  (mesa  de  los  Lo- 
bes, plaine  de  San  Augustin)  forment  la  zone  de  partage 
des  eaux  entre  les  océans,  avec  les  monts  de  Zuni,  de 


NOUVEAU-MEXIQUE  —  NOUVEAU-NÈ 


—  84 


Membres  et  plus  au  S.  le  plateau  de  la  sierra  Madré.  A 
TE.  du  fleuve,  on  remarque  dévastes  coulées  de  laves,  do- 
minées à  rO.  pai'  la  sierra  Soledad,  à  l'E.  par  le  petit  mas- 
sif de  la  sierra  Blanca  (3.564  m.)  et,  au  delà  du  Pecos,  le 
désert  du  Llano  Estacado.  Vers  VO.  se  dirigent  les  rios 
San  Juan  etGila,  tributaires  du  Colorado.  Aucun  des  cours 
d'eau  souvent  enfoncés  dans  les  canons  de  300  m.  de  pro- 
fondeur n'est  navigable.  Les  monts  sont  boisés  de  pins,  de 
sapins,  de  cèdres;  les  pentes  des  vallées,  de  chênes  et 
d'érables,  alternant  avec  les  prairies  qui  tapissent  aussi 
une  partie  des  «  mesas  ».  L'ours,  le  loup,  le  lynx,  le  bi- 
ber,  l'élan,  le  buffle  sont  encore  assez  nombreux.  Le  cli- 
mat est  sec  ;  il  ne  pleut  qu'en  été,  de  juiUet  à  octobre.  La 
température  moyenne  annuelle  de  Santa  Fé  à  2.312  m. 
d'alt.  est  de  +  i0«,3  ;  elle  varie  de  +  ol«  à  —  24«. 

La  population  augmente  régulièrement  :  en  1850,  efle 
était  de  61.547  âmes;  en  1870,  de  91.874;  en  1880,  de 
119.565  ;  en  1890,  de  153.593  dont  83.055  hommes  et 
70.538  femmes,  1.956  nègres  ou  mulâtres,  361  Chinois, 
9.903  Indiens  sédentaires  (Pueblos,  Apaches).  Il  y  faut 
ajouter  23.450  Apaches  etNavajos,  qui  ont  conservé  leurs 
habitudes  de  vie  sauvage.  La  population  est  en  majorité 
métisse  d'Espagnols  et  d'Indiens,  parlant  surtout  l'espa- 
gnol, qui  domine  dans  les  écoles.  L'instruction  est,  d'ail- 
leurs, peu  répandue,  plus  de  la  moitié  des  habitants  ne 
savent  pas  lire;  sur  44.200  enfants  d'âge  scolaire,  22.600 
seulement  allaient  à  l'école.  Il  n'y  a  pas  d'enseignement 
supérieur  ou  secondaire.  —  Le  territoire  a  un  gouverneur 
et  un  grand  juge  désignés  par  le  président  des  Etats-Unis, 
un  Sénat  de  12  membres,  une  Chambre  de  26  députés  ; 
il  élit  un  délégué  au  congrès  fédéral.  Son  budget  était,  en 
'1890,  d'environ  1.600.000  fr.  aux  recettes,  800.000  fr. 
aux  dépenses,  avec  une  dette  de  15  miUions  (territoire, 
comté,  communes).  Le  chef-lieu  est  Santa  Fé. 

On  exploite  des  mines  d'or  et  d'argent,  de  houille,  de 
cuivre,  de  plomb,  de  fer,  le  sel  des  lacs  salins.  La  production 
de  métaux  précieux  représente  8  à  10  miUions  de  fr.  par 
an.  —  L'agriculture  n'est  possible  que  dans  les  vallées  et 
les  points  qu'on  peut  irriguer  ;  elle  s'étendait,  en  1890,  à 
105.000  hect.  de  maïs,  blé,  avoine,  pommes  de  terre;  les 
fruits  sont  excellents.  L'élevage  du  bétail  est  la  principale 
ressource  :  38.000  chevaux,  8.400  ânes  et  mulets, 
577.500  bœufs,  1.250.000  moutons,  10.000  porcs.  Le 
centre  commercial  est  Santa  Fé.  Les  voies  ferrées  ont  rem- 
placé les  anciennes  caravanes  de  bœufs.  Le  Southern  Pa- 
cific et  la  ligne  d'Atchison-Topeka-Santa  Fé  desservent  la 
grande  vallée. 

Histoire.  —  Les  grandes  ruines  des  régions  de  Zuni  et 
de  Pecos  attestent  l'antique  civilisation  ruinée  par  les  sau- 
vages Indiens  nomades.  Près  de  Pecos,  à  l'E.  de  Santa  Fé, 
se  voient  les  restes  de  la  cité  de  Cicuyé,  patrie  tradition- 
nelle de  Montezuma.  Le  premier  Européen  qui  parcourut  la 
région  fut  Cabeza  da  Vaca  ;  naufragé  sur  la  côte  du  Texas, 
il  traversa  le  continent  jusqu'au  golfe  de  Californie,  visi- 
tant les  cités  des  Indiens  Pueblos.  Le  gouverneur  de  Nou- 
velle-Galice, Coronado,  envoya  en  exploration  un  moine 
franciscain  qui  visita  Zuni,  alors  appelé  Cibola  (1539). 
L'année  suivante,  le  gouverneur  s'y  rendit  lui-même.  A  la 
fin  du  XVI®  siècle,  Onate  amena  de  nombreux  colons  et  les 
mines  furent  mises  en  exploitation.  En  1680,  les  Pueblos 
asservis  se  révoltèrent,  prirent  Santa  Fé  et  chassèrent  les 
Espagnols.  En  1693,  Diego  de  Vargas  reconquit  le  pays. 
Celui-ci  forma  une  province  sous  son  nom  actuel.  En  1804, 
le  lieutenant  américain  Pike,  remontant  l'Arkansas,  y  pé- 
nétra et  fut  fait  prisonnier.  Les  relations  commerciales 
s'établirent  à  travers  la  Prairie  avec  les  Etats-Unis.  En 
1820,  le  Nouveau-Mexique  fut  affranchi  avec  le  reste  du 
Mexique.  En  1835,  la  constitution  supprimant  le  fédéra- 
lisme, un  gouverneur  fut  envoyé  de  Mexico.  Ce  fut  la  cause 
de  la  révolte  du  l®"*  août  1837,  qui  partit  de  Canada  ou 
Santa  Cruz,  vifle  des  Pueblos  ;  le  gouverneur  Perez  fut 
mis  à  mort  ;  un  Indien  Taos,  du  nom  de  José  Gonzalez, 
fut  installé  à  sa  place.  Le  général  Manuel  Armijo  comprima 


le  mouvement  et  demeura  gouverneur  jusqu'à  l'invasion 
américaine  de  1846  ;  il  se  retira  sans  combattre  devant  le 
général  Kearney.  Le  traité  de  Guadalupe-Hidalgo  céda  le 
Nouveau-Mexique  aux  Etats-Unis.  Il  fut  organisé  en  Ter- 
ritoire par  acte  du  9  sept.  1850.  En  1854,  la  convention 
Gadsden  l'agrandit  d'une  bande  dé  terre  au  S.  On  y  avait 
joint  la  partie  de  la  Vieille-Californie  acquise  par  l'Union. 
Mais  en  1863  on  détacha  la  moitié  occidentale  qui  forma 
le  territoire  d'Arizona.  Lors  de  la  guerre  de  sécession,  une 
armée  du  Texas  occupa  Santa  Fé  le  20  mars  1862,  mais 
fut  battue  à  Glorieta  huit  jours  après  et  contrainte  à  la 
retraite.  Les  gens  du  Nouveau-Mexique  demeurèrent  fidèles 
à  l'Union  et  lui  fournirent  6.000  hommes.      A.-M.  B. 

BiiîL.  :  Ladd,  The  Stovij  of  New  Mexico;  Boston,' 1891. 
—  Bandelier,  History  ofthe  Soutlivoesiern  -portion  of  the 
United  States;  Cambridge  (Mass.),  1891.  —  Cf.  la  bibl.  de 
l'art.  Etats-Unis. 

NOUVEAU-NÉ.  I.  Médecine.  —  La  désignation  de 
nouveau-né  s'applique  aux  enfants  depuis  leur  naissance 
jusqu'à  une  période  indéterminée,  la  sixième  semaine  pour 
Parrot,  l'apparition  des  premières  incisives,  de  quatre  à 
sept  mois  pour  d'autres  auteurs.  On  peut  pratiquement 
fixer  comme  limite  Vàge  de  cinq  mois  où  se  manifestent 
habituellement  les  phénomènes  prémonitoires  de  la  denti- 
tion du  coté  des  gencives.  Cette  dénomination  n'est  cepen- 
dant pas  purement  nominale,  car  elle  détermine  en  réalité 
la  période  durant  laquelle  l'enfant  sorti  du  milieu  maternel, 
oii  il  trouvait  température  constante  et  nutrition  élémentaire, 
s'adapte  aux  conditions  de  sa  vie  nouvelle  et  individueUe. 
Ainsi  que  le  dit  Fonssagrives,  le  nouveau-né  n'est  qu'un  fœtus 
qui  se  fait  enfant.  La  nutrition  et  la  respiration  placentaires, 
servies  par  un  système  vasculaire  spécial,  cessent  brusque- 
ment. D'un  milieu  liquide  à  température  élevée  et  cons- 
tante, 38^,  l'enfant  se  trouve  transporté  dans  l'atmosphère, 
où  les  conditions  thermiques  sont  toutes  différentes.  L'or- 
ganisme en  entier  subit  donc  une  véritable  crise  durant  les 
premiers  jours  qui  suivent  la  naissance  ;  la  chute  du  cor- 
don ombilical,  qui  se  produit  du  quatrième  au  sixième  jour, 
est  un  des  épisodes  de  cette  crise,  mais  n'en  marque  pas 
la  fin.  Le  changement  de  milieu  est  bien  la  cause  des  mo- 
difications qui  se  produisent,  ainsi  que  la  rupture  du  lien 
vasculaire  qui  unissait  l'enfant  à  la  mère,  puisqu'elles  se 
montrent  quelle  que  soit  la  période  où  l'enfant  est  jeté  hors 
de  la  vie  intra-utérine,  pourvu  qu'il  naisse  viable.  Elles  ne 
sont  donc  point  dues  uniquement  au  développement  spon- 
tané et  naturel  des  organes. 

i\ussitôt  après  la  naissance,  la  respiration  pulmonaire, 
condition  essentielle  de  la  vie  du  vertébré  dans  le  miUeu 
aérien,  s'établit  d'emblée  ;  le  sang  suit  de  nouvelles  voies, 
et  le  cœur  se  modifie  en  vue  d'une  distribution  nouvelle  du 
liquide  sanguin.  D'autre  part,  l'absorption  et  la  digestion 
de  l'aliment  inaugurent  un  nouveau  mode  de  nutrition.  Les 
facuhés  de  la  vie  de  relation  qui  permettront  plus  tard  au 
nouvel  être  de  pourvoir  à  ses  propres  besoins  se  dévelop- 
peront peu  à  peu,  mais  elles  vont  rester  au  début  dans  un 
état  de  grande  imperfection.  Le  nouveau-né  humain  diffère 
ainsi  de  beaucoup  d'autres  vertébrés,' qui  peuvent  marcher 
dès  la  naissance,  et  dont  un  certain  nombre,  comme  les 
poussins,  sont  a])tes  à  chercher  eux-mêmes  leur  nourri- 
ture dès  le  début  de  leur  vie. 

L'on  conçoit  que  ces  modifications  profondes  dans  la  vie 
organique  ne  peuvent  s'accomplir  sans  exposer  l'enfant  à 
de  nombreux  dangers.  Cette  fragilité  spéciale  dure  plus  ou 
moins  longtemps,  suivant  que  l'enfant  est  vigoureux  ou 
faible,  suivant  qu'il  est  né  à  terme  ou  prématurément.  Il 
est  nécessaire  que  pendant  cette  période  l'enfant  soit  en- 
touré de  soins  spéciaux,  dont  nous  énumérerons  les  prin- 
cipaux après  avoir  examiné  les  caractères  propres  au  nou- 
veau-né. 

he  poids  du  nouveau-né  à  terme  est  en  moyenne  de 
3^^s',200  à  3'^ê',400,  suivant  le  sexe.  La  longueur  varie 
entre  49  et  50  centim.  Les  filles  pèsent  en  moyenne  150  gr. 
de  moins  que  les  gar(;ons  et  ont  en  longueur  1  centim.  de 


moins.  Les  prématurés  (enfants  nés  avant  terme)  ont  en 
n^oyenne  un  poids  inférieur,  qui  peut  descendre  jusqu'à 
4^^8,200  pour  les  enfants  de  six  mois  et  demi,  ou  pour  les 
enfants  atteints  de  faiblesse  congénitale  :  ce  poids  si  faible 
est  cependant  compatible  avec  la  vie  et  avec  un  dévelop- 
pement ultérieur.  Le  poids  et  le  volume  des  jumeaux 
est  habituellement  au-dessous  de  la  moyenne,  même 
lorsqu'ils  naissent  à  terme,  ce  qui  est  rare.  11  arrive 
souvent  que  l'un  des  fœtus  succombe  durant  le  cours 
de  la  gestation.  Les  jumeaux  sont,  le  plus  habituellement, 
de  même  sexe.  Durant  les  deux  premiers  jours  qui  sui- 
vent la  naissance,  on  constate  une  diminution  du  poids 
initial.  Cette  diminution  est  d'environ  150  gr.  ;  mais  dès 
que  l'alimentation  s'établit  de  façon  régulière,  la  descente 
s'arrête  et,  vers  le  septième  jour,  il  y  a  retour  au  poids 
primitif.  Lorsque  l'équilibre  s'est  définitivement  rétabH, 
l'enfant  augmente  rapidement  de  poids  :  cette  augmentation 
est  en  moyenne  de  20  à  30  gr.  par  jour  durant  les  premiers 
mois.  Quant  à  la  taille,  elle  s'accroît  de  4  centim.  durant 
le  premier  mois,  de  3  durant  le  second.  Au  moment  de  la 
naissance,  la  peau  est  couverte  d'un  enduit  blanchâtre  et 
gras,  qui,  enlevé,  laisse  apercevoir  la  coloration  rouge  ou 
rose  foncé  de  la  peau.  Cette  coloration  persiste  durant 
quatre  ou  cinq  jours  et  pendant  ce  temps,  si  l'on  presse 
sur  les  téguments,  elle  s'efface  et  la  peau  paraît  jaunâtre. 
Les  extrémités  des  pieds  et  des  mains  sont  légèrement  vio- 
lacées. Dans  un  gi'and  nombre  de  cas,  les  modifications  du 
sang  provoquent  la  mise  en  liberté  de  pigments  qui  colo- 
rent la  peau  en  jaune.  En  ce  même  temps,  l'épiderme  pri- 
mitif se  fendille,  desquame,  et  fait  place  à  un  épiderme  nou- 
veau. Dans  la  race  nègre,  les  enfants  présentent,  au 
moment  de  la  naissance,  une  couleur  d'un  rouge  foncé  ;  le 
pigment  noir  est  locahsé  presque  uniquement  autour  de 
l'ombilic. 

Durant  les  tout  premiers  jours,  l'enfant  ne  présente  pas 
d'ordinaire  de  sécrétion  sudorale.  Par  contre,  on  -constate 
très  souvent  chez  les  enfants  des  deux  sexes  un  phénomène 
singulier,  bien  étudié  par  Natalis  Guillot  :  c'est  le  gonfle- 
ment de  la  glande  mammaire  et  l'établissement  temporaire 
de  la  sécrétion  lactée  avec  production  de  véritable  lait.  Il 
peut  même  se  produire  au  niveau  de  la  glande  de  l'inflam- 
mation allant  jusqu'à  l'abcès. 

Après  la  ligature  du  cordon,  la  partie  qui  reste  adhé- 
rente à  l'ombilic  de  l'enfant  se  dessèche  peu  à  peu,  puis  en 
quelques  jours  se  transforme  en  une  sorte  de  lame  dure  et 
cornée  qui  tombe,  laissant  à  sa  place  une  petite  plaie  qui 
se  couvre  de  bourgeons  charnus  et  se  cicatrise  en  huit 
jours  environ.  Il  se  produit  là  un  phénomène  de  nécrose, 
le  cordon  n'ayant  pas  de  vaisseaux  propres.  Ces  modifica- 
tions extérieures  sont  accompagnées  de  la  production  d'un 
caiUot  dans  la  veine  ombiKcale  et  du  retrait  des  deux  ar- 
tères ombilicales.  Le  canal  veineux  s'oblitère  et  la  circu- 
lation définitive  s'établit  dès  les  premiers  moments.  Le  trou 
de  Botal,  qui  faisait  communiquer  les  deux  oreillettes  du 
cœur,  s'oblitère  peu  à  peu,  la  circulation  pulmonaire  per- 
met au  sang  de  s'oxygéner  au  contact  de  l'air  et  de  rejeter  - 
au  dehors  l'acide  carbonique. 

Au  moment  de  la  naissance,  la  tête  de  l'enfant  ne  pré- 
sente pas,  sauf  des  exceptions  rares,  sa  forme  définitive, 
mais  son  passage  à  travers  la  filière  pelvienne  l'a  plus  ou 
moins  déformée.  Cette  déformation  disparaît  rapidement, 
d'ailleurs,  après  la  naissance.  Si  l'on  explore  la  surface  du 
crâne,  on  rencontre  entre  les  os  des  espaces  membraneux 
linéaires  qui  les  unissent  entre  eux,  et,  à  Fentre-croisement 
de  ces  sutures,  des  surfaces  membraneuses  auxquelles  on 
donne  le  nom  de  fontanelles  (V.  Foetus).  La  seule  fonta- 
nelle a[.T)réciable  au  moment  de  la  naissance  est  la  fonta- 
nelle antci  ieure  ou  frontale,  qui  continue  à  s'accroître  jus- 
qu'au neu^  ième  mois  et  qui  ne  disparaît  qu'à  la  fin  de  la 
deuxième  année.  Le  cuir  chevelu,  souvent  infiltré  dans  les 
premiers  j(»urs  (bosse  séro-sanguine),  est  habituellement 
couvert  de  cheveux  courts  et  forts  qui  sont  remplacés  par 
d'autres  après  quelques  semaines.  La  peau  est  elle-même 


—  NOUVEAU-NE 

couverte  d'un  duvet  fin  qui  tombe  bientôt.- Les  ongles  sont 
développés  et  atteignent  l'extrémité  des  phalanges. 

Les  fonctions  de  l'enfant  nouveau-né  s'accompUssent  sui- 
vant un  type  un  peu  spécial.  Le  sang  subit  dans  les  pre- 
miers jours  une  véritable  crise  qui  se  traduit  par  la  mul- 
tiplicité des  globules  blancs,  et  par  une  rénovation  intense 
des  globules  rouges,  qui  sont  plus  nombreux  et  de  dimen- 
sion plus  inégale  que  chez  l'adulte.  La  circulation  est 
également  plus  active,  le  cœur  battant  137  fois  par 
minute  environ  durant  les  deux  premiers  mois.  Cette 
fréquence  s'exagère  encore  pour  la  moindre  cause.  Dans 
les  premiej's  instants  qui  suivent  la  naissance,  l'enfant  fait 
une  première  inspiration  et  crie.  Cette  première  inspira- 
tion et  celles  qui  suivent,  tant  que  les  battements  du  cor- 
don ombiUcal  persistent,  font  pénétrer  dans  la  circulation 
la  quantité  de  sang  nécessaire  pour  remplir  les  vaisseaux 
pulmonaires.  Les  premières  respirations  sont  continues 
mais  irrégulières.  Elles  sont  très  fréquentes,  puisqu'elles 
sont  au  nombre  de  50  en  moyenne  par  minute.  Au 
début,  la  cage  thoracique  se  dilate  peu,  et  la  respiration 
est  presque  uni(|uement  diaphragmatique.  La  température 
centrale  dunouveau-néestdeST'^  environ  au  moment  de  la 
naissance,  elle  tend  à  diminuer  durant  les  instants  qui 
suivent,  d'où  la  nécessité  fréquente  de  réchauffer  le  nou- 
veau-né. 

La  bouche  de  l'enfant  est  sèche  durant  les  trois  pre- 
miers mois,  la  sécrétion  salivaire  étant  peu  abondante. 
Les  muscles  des  lèvres,  des  joues,  de  la  langue  et  du 
pharynx  sont  bien  développés  et  aptes  à  la  succion  dès  la 
naissance.  Le  nouveau-né  entoure  hermétiquement  le  ma- 
melon avec  la  lèvre  supérieure  d'une  part,  la  lèvre  infé- 
rieure et  la  langue  d'autre  part  ;  le  maxillaire  inférieur  et 
la  langue,  en  se  portant  en  arrière,  aspirent  le  lait  qui  coule 
dans  la  bouche.  Durant  la  succion  l'enfant  respire  par  le 
nez.  Lorsqu'une  série  de  succions  ont  remph  la  bouche, 
l'enfant  avale  en  produisant  un  bruit  de  déglutition.  L'es- 
tomac de  l'enfant  nouveau-né  est  très  petit.  D'une  conte- 
nance de  50  centim.  c.  au  moment  de  la  naissance,  il  ne 
contient  encore  que  400  centim.  c.  à  trois  mois.  Durant 
les  premiers  jours,  l'enfant  ne  prend  qu'une  très  faible 
quantité  de  lait,  ou  plutôt  de  colostrum  (V.  Allaitement), 
en  vingt-quatre  heures,  30  gr.,  420  gr.,  300  gr.,  les  pre- 
mier, deuxième  et  troisième  jours.  Plus  tard,  durant  le  pre- 
mier mois,  les  quantités  quotidiennes  de  lait  atteignent  de 
500  à  600  gr.  Lorsque  le  lait  arrive  dans  l'estomac  du 
nourrisson,  la  caséine  se  coagule  en  fins  grumeaux  s'il 
s'agit  du  lait  de  femme,  en  caillots  plus  volumineux  et  de 
digestion  plus  difficile  s'il  s'agit  du  lait  de  vache  ;  puis  le 
coagulum  est  en  partie  liquéfié  et  peptonisé.   Le  sucre  de 
lait   se  transforme  en   acide  lactique;  le  beurre  n'est 
pas  modifié.  L'estomac  met  deux  heures  environ  à  se  vider. 
Dans  l'intestin  grêle  la  caséine  achève  de  se  modifier  sous 
l'influence  du  suc  pancréatique,  le  beurre  se  dédouble  en 
acides  gras  et  en  glycérine,  et  les  graisses  s'émulsionnent 
pour  l'absorption.  La  digestion  s'achève  presque  complè- 
tement dans  le  duodénum,  et  l'absorption  dans  les  parties 
supérieures  de  l'intestin  grêle.  Les  phénomènes  de  la  di- 
gestion chez  le  nouveau-né  s'accompagnent  à  un  très  fable 
degré  seulement  de  putréfaction.  Les  selles  revêtent  deux 
aspects  différents.  Les  premières,  qu'expulse  l'enfant  du- 
rant les  deux  jours  qui  suivent  la  naissance,  forment  ce 
que  l'on  nomme  le  méconium  qui  se  présente  sous  l'as- 
pect d'une  masse  épaisse  et  gluante  d'un  vert  foncé.  Puis 
viennent  les  fèces  réguHères,  d'abord  mélangées  de  méco- 
nium. Les  selles  du  nourrisson  élevé  au  sein  sont  d'une 
couleur  jaune  d'or,  d'une  consistance  et  d'un  aspect  rap- 
pelant les  œufs  brouillés,  d'odeur  faible,  non  fécaloïde. 
Elles  ne  doivent  pas  verdir  à  l'air.  L'enfant  élevé  au  lait 
de  vache  rend  des  selles  qui  sont  grisâtres  et  présentent 
l'aspect  du  mastic  de  vitrier.  Les  évacuations  sont  chaque 
jour  de  trois  ou  quatre  durant  le  premier  mois,  de  deux 
ou  trois  durant  le  deuxième.  Au  moment  de  la  naissance  la 
vessie  contient  un  peu  d'urine  qui  est  expulsée  le  premier 


NOUVEAU-NÉ  —  86. 

jour.  Durant  le  premier  mois,  la  quantité  d'urine  varie 
journellement  de  200  à  300  gr.  L'urine  renferme  une  très 
faible  quantité  d'urée. 

Le  nouveau-né  est  plongé  dans  un  état  habituel  de  som- 
nolence, et  pour  que  l'état  de  veille  se  produise,  il  faut 
une  excitation  des  nerfs  sensitifs.  La  faim  ou  la  douleur 
physique  sont  presque  les  seuls  excitants  qui  amènent  cet 
état  de  veille.  D'autre  part,  l'action  de  téter  et  le  cri  pro-, 
voquent  rapidement  la  fatigue  et  ramènent  de  nouveau 
l'enfant  à  l'état  de  sommeil.  Comme  le  remarque  Preyer, 
si  on  laisse  crier  l'enfant  qui  a  faim,  il  s'endort  le  plus 
souvent  au  bout  de  peu  de  temps,  même  quand  on  ne  lui 
a  rien  donné.  Si  un  enfant  tète  une  nourrice  dont  le  lait 
est  peu  abondant,  il  est  habituel  de  voir  l'enfant  s'endor- 
mir durant  la  tétée.  Le  mode  d'activité  le  plus  habituel 
est  donc,  en  dehors  de  la  succion,  le  cri.  Ce  cri  prend  des 
caractères  un  peu  différents  suivant  qu'il  est  provoqué  par 
la  faim  ou  par  une  impression  désagréable  ou  un  état  de 
malaise.  Le  cri  delà  faim  est  plus  faible  que  le  cri  de  dou- 
leur, il  ne  se  produit  que  par  intervalles,  la  bouche  est 
largement  ouverte,  la  langue  tirée  en  arrière,  comme  si 
l'enfant  s'apprêtait  à  saisir  le  mamelon.  Si  on  lui  offre  le 
sein,  l'enfant  tourmenté  par  la  faim  ouvre  largement  les 
yeux,  tourne  la  tête  de  côté  et  d'autre.  Les  enfants  nou- 
veau-nés ne  trouvent  pas  le  mamelon  sans  y  être  aidés, 
ils  n'arrivent  au  but  d'eux-mêmes  que  quelques  jours 
après  la  naissance.  L'enfant  suce  souvent  une  partie  voi- 
sine du  mamelon  sans  se  rendre  compte  de  la  différence. 
La  fonction  de  succion  n'est  aussi  développée  que  parce 
qu'elle  est  héréditaire. 

Les  mouvements  musculaires,  en  dehors  de  ceux  de  la 
succion,  sont  un  simple  exercice  musculaire  et  ne  sont  pas 
soumis  au  contrôle  de  la  volonté  qui  n'existe  pas  encore. 
Ils  n'ont  ni  précision,  ni  mesure,  et  l'ataxie  apparaît  smv 
tout  dans  les  divers  mouvements  des  membres  qui  se  font 
pai'  petites  saccades.  La  préhension  du  sein  elle-même  ne 
se  fait  qu'après  un  tâtonnement,  ainsi  que  nous  l'avons  dit. 
Les  doigts  sont  habituellement  en  flexion,  et  l'acte  de  la  pré- 
hension n'est  qu'un  pur  réflexe.  Les  mouvements  volontaires 
n'existent  pas  durant  les  trois  premiers  mois.  Les  mouve- 
ments que  l'on  constate  durant  cette  période  sont  ou  innés 
ou  réflexes  ou  instinctifs.  Les  déplacements  des  yeux  eux- 
mêmes  sont  incoordonnés,  les  muscles  du  globe  de  l'œil 
comme  ceux  des  membres,  ne  recevant  pas  encore  des  centres 
nerveux  les  excitations  systématiques  et  synergiques  qui  sont 
nécessaires  au  bon  exercice  de  la  vision,  et  qui  sont  consécu- 
tives elles-mêmes  à  l'exercice  du  sens  musculaire.  Durant 
les  premiers  jours  le  regard  est  vague,  puis  l'enfant  ap- 
prend à  diriger  les  yeux  d'un  objet  à  l'autre,  et  plus  tard 
à  suivre  du  regard  un  objet  qui  se  déplace.  Il  devient  apte 
alors  à  regarder,  à  examiner  les  objets  qui  attirent  son 
attention.  Durant  les  premières  semaines  d'ailleurs  l'en- 
fant ne  peut  voir  au  sens  propre  du  mot,  il  distingue  seu- 
lement le  clair  de  l'obscur.  Le  réflexe  du  clignement  que 
l'on  provoque  en  approchant  rapidement  de  l'œil  un  objet 
quelconque  manque  aussi  durant  les  premiers  temps  et  ne 
s'acquiert  que  par  l'expérience. 

Au  moment  de  la  naissance,  il  n'y  a  pas  d'air  dans 
l'oreille  moyenne,  le  conduit  auditif  externe  n'est  pas  per- 
méable ;  en  outre,  les  centres  de  l'audition  ne  sont  pas  dé- 
veloppés. Aussi  durant  un  temps  variable,  mais  qui  peut 
aller  jusqu'à  plusieurs  jours,  le  nouveau-né  doit  être  con- 
sidéré comme  sourd.  La  sensibilité  au  contact,  à  la  tempé- 
rature, à  la  douleur  est  obtuse  au  moment  delà  naissance. 
L'odorat,  mais  surtout  le  goût  sont  relativement  beaucoup 
plus  perfectionnés. 

Les  sentiments  de  l'enfant  durant  la  première  période 
de  la  vie  sont  peu  nombreux,  mais  ils  peuvent  être  très 
vifs  ;  la  volonté  se  développe  peu  à  peu  par  la  mémoire  de 
tout  ce  qui  a  provoqué  une  sensation  agréable  et  par  le 
désir  d'amener  le  retour  de  cette  sensation,  d'éviter  tout 
ce  qui  a  provoqué  une  sensation  inverse.  La  mémoire  pro- 
prement dite,  mémoire  des  visages,  mémoire  des  Heux, 


n'existe  pas  avant  le  troisième  mois.  Les  sensations  désa- 
gréables, pour  peu  qu'elles  soient  vives,  provoquent  le  cri 
qui  s'accompagne  de  la  tm^gescence  du  cou  et  de  la  face 
et  de  rougeur  de  ces  parties  ;  toute  impression  forte  et 
subite  amène  la  fermeture  des  yeux,  et  au  plus  léger  sen- 
timent de  malaise  les  coins  de  la  bouche  s'abaissent.  Les 
manifestations  de  plaisir  ne  sont  pas  variées;  au  début,  la 
sensation  de  bien-être  se  manifeste  par  l'ouverture  des 
yeux.  Le  premier  sourire  apparaît  à  une  époque  variable, 
pour  certains  à  la  quatrième  semaine,  plus  habituellement 
vers  la  dixième.  Prayer  dit  avoir  constaté  le  rire  véritable 
chez  son  enfant  au  vingt-troisième  jour.  Pour  Pline,  aucun 
enfant  ne  rit  avant  le  quarantième  jour. 

Aussitôt  après  sa  naissance,  l'enfant  doit  être  l'objet  de 
soins  spéciaux.  Il  faut  l'entourer  immédiatement  d'une 
couverture  chaude  et  procéder  à  la  Kgature  du  cordon  dès 
que  les  battements  de  celui-ci  ne  sont  plus  perceptibles. 
Cette  ligature  doit  se  faire  très  soigneusement  avec  du  fil 
fort  ou  de  la  soie  chirurgicale  conservés  dans  un  Kquide 
antiseptique.  Cette  ligature  doit  être  appliquée  à  5  centim.  de 
l'ombihc  de  l'enfant  ;  elle  sera  double  et  serrée.  Une  fois  la 
Hgature  assurée,  on  procède  à  la  section  du  cordon  qui  doit 
se  faire  au  delà  du  fil,  sur  la  partie  maternelle  du  cordon. 

Lorsqu'il  s'agit  d'une  naissance  gémellaire  diagnostiquée 
ou  seulement  soupçonnée,  il  importe  de  faire  sur  le  cor- 
don deux  ligatures,  après  la  première  naissance,  et  de  ne 
pratiquer  la  section  du  cordon  qu'entre  ces  deux  ligatures. 
On  ne  doit  négliger  cette  précaution  que  dans  le  cas  où 
l'on  a  la  certitude  que  les  deux  placentas  sont  complète- 
ment séparés. 

Il  arrive  que,  lorsque  l'accouchement  a  été  laborieux 
ou  que  la  mère  est  atteinte  d'une  maladie  telle  que 
l'éclampsie,  l'enfant  ne  respire  pas  au  moment  de  la  nais- 
sance et  se  présente  en  état  de  mort  apparente.  Il  peut 
naître  simplement  étonné  (P.  Dubois),  c.-à-d.  en  état 
de  suffocation  transitoire.  Il  suffit  alors  de  débarrasser 
avec  le  doigt  les  voies  aériennes  des  mucosités  qui  les  en- 
combrent et  de  pratiquer  quelques  vives  frictions  sur  le 
dos  et  sur  les  côtés  de  l'enfant  pour  voir  apparaître  les 
mouvements  de  la  respiration.  Il  est  inutile  de  se  hâter  de 
sectionner  le  cordon.  Dans  d'autres  cas,  l'enfant  naît  en 
état  de  véritable  asphyxie.  Il  naît  alors  complètement 
inerte,  les  membres  souples,  la  tête  tombe  de  côté  et 
d'autre,  sous  l'influence  de  la  pesanteur  ;  les  paupières 
sont  entr'ouvertes,  les  yeux  saillants,  les  conjonctives  in- 
jectées, la  face  tuméfiée,  la  peau  et  les  lèvres  violacées. 
Mais,  à  l'auscultation,  on  constate  que  les  battements  du 
cœur  persistent  encore,  bien  qu'affaiblis,  et  souvent  irré- 
guliers. Après  la  section  du  cordon,  qu'il  est  inutile  de 
laisser  saigner  ainsi  qu'on  Fa  conseillé,  il  faut  se  hâter 
de  désobstruer  les  voies  respiratoires,  comme  dans  le  cas 
précédent,  puis  pratiquer  de  suite  la  respiration  artifi- 
cielle. Celle-ci  peut  se  faire  directement  de  bouche  à  bouche, 
en  interposant  un  linge  fin  ;  mais  il  vaut  mieux  employer 
soit  le  tube  de  Chaussier,  soit  l'insufflateur  de  Ribemont- 
Dessaignes.  Ce  dernier  instrument  est  le  plus  parfait  ;  on 
en  introduit  l'extrémité  conique  dans  le  larynx  en  se  ser- 
vant du  doigt  comme  guide  et  comme  conducteur.  Il  est 
muni  d'une  poire  en  caoutchouc  qui  permet  d'envoyer  de 
l'air  dans  les  poumons,  sans  pression  exagérée,  et  à  l'aide 
de  laquelle  on  peut  aussi  aspirer  les  mucosités.  Les  mou- 
vements alternatifs  d'élévation,  puis  d'abaissement  des 
bras  le  long  du  corps  avec  pression  sur  les  flancs  peuvent 
être  employés  en  même  temps.  Il  convient  d'agir  avec 
calme  et  méthode.  Les  tractions  rythmées  de  la  langue, 
peu  faciles  à  employer  chez  le  nouveau-né,  sont  peu  usi- 
tées. En  même  temps  que  l'on  pratique  la  respiration 
artificielle,  l'on  doit  faire  préparer  un  bain  chaud  à  45«, 
ou  un  bain  tiède  sinapisé,  et,  dès  que  cela  est  possible,  y 
plonger  l'enfant.  Les  docteurs  allemands  emploient  vo- 
lontiers l'eau  froide.  Lorsque  les  accidents  ont  tendance  à 
cesser  et  que  l'état  d'asphyxie  s'améliore,  on  voit  la  co- 
loration violacée  faire  place  à  une  ce^loration  rosée,,  les 


—  87  ~- 


NOUVEAU-NE 


mouvements  du  cœur  deviennent  plus  amples  et  plus  ré- 
guliers, une  première  inspiration  spontanée  apparaît,  et 
est  suivie  de  plusieurs  mouvements  respiratoires,  faibles 
et  irréguliers  d'abord,  puis  tendant  à  devenir  normaux. 
Il  ne  faut  point  abandonner  l'enfant  avant  qu'il  ait  bien 
franchement  crié.  L'on  doit  aussi  se  souvenir  qu'il  est 
quelquefois  nécessaire  de  continuer  les  manœuvres  précé- 
dentes durant  une,  heure  et  plus,  avant  d'arriver  à  rani- 
mer le  nouveau-né.  Au  lieu  de  présenter  ces  phénomènes 
de  l'asphyxie  bleue,  l'enfant  peut  naître  en  état  syncopal, 
en  état  à' asphyxie  blanche.  Il  offre  alors  toutes  les  appa- 
rences de  la  mort  ;  la  face  et  les  téguments  sont  blancs  et 
décolorés  ;  la  résolution  musculaire  est  complète,  les  sphinc- 
ters sont  relâchés.  Les  battements  du  cœur,  lorsqu'ils  sont 
perçus,  sont  très  faibles  et  irréguliers.  Le  traitement  indi- 
qué ci-dessus  convient  encore,  mais  avec  des  chances  bien 
moindres  de  succès.  Il  faut  savoir,  d'ailleurs,  que,  malheu- 
reusement, un  grand  nombre  d'enfants  ainsi  ranimés,  à 
la  suite  de  phénomènes  asphyxiques,  succombent  les  jours 
suivants,  le  plus  souvent  à  la  suite  d'affections  pulmo- 
naires. 

L'on  doit  baigner  l'enfant  après  sa  naissance  pour  le  débar- 
rasser de  son  enduit  sébacé.  Le  bain  sera  donné  avec  de 
l'eau  plutôt  chaude,  bouiUie;  il  est  utile  d'employer  le 
savon  et  une  brosse  douce  ou  une  éponge  ;  on  veillera 
surtout  à  la  propreté  des  plis  articulaires  de  la  tête.  Il 
est  bon  d'éviter  que  l'eau  du  bain  n'atteigne  les  yeux 
de  l'enfant,  que  l'on  se  contentera  de  laver  avec  un  peu 
d'eau  boriquée,  sauf  indication  contraire.  Quelques  accou- 
cheurs se  sont  élevés  récemment  contre  cette  coutume  sé- 
culaire du  bain,  et  se  contentent  de  frictions  effectuées 
à  l'aide  de  ouate  hydrophile  et  d'alcool  ou  d'eau  de  Co- 
logne. On  procède  ensuite  au  pansement  du  cordon  que 
l'on  entoure  simplement  de  ouate  ou  de  gaze  stérilisées  et 
que  l'on  maintient  sur  le  côté  à  l'aide  d'une  petite  bande 
de  flanelle  modérément  serrée.  On  doit  ensuite  habiller  le 
nouveau-né. 

L'habillement  du  nouveau-né  se  compose  de  deux  par- 
ties, une  partie  pour  ainsi  dire  inamovible,  qui  recouvre 
la  moitié  supérieure  du  corps,  et  ne  doit  pas  descendre 
au-dessous  du  nombril,  pour  ne  pas  être  souillée  par 
l'urine  et  par  les  garde-robes,  et  une  partie  qui  doit  être 
fréquemment  défaite  et  qui  forme  une  sorte  de  gauie  à  la 
moitié  inférieure  du  corps.  La  première  se  compose  d'une 
chemisette  en  toile  fine,  en  contact  direct  avec  la  peau, 
puis  une  brassière  de  tricot  ou  de  flanelle,  enfin  une  bras- 
sière plus  large  en  piquet.  Ces  vêtements  s'ouvrent  en  ar- 
rière, et  c'est  là  qu'on  les  ferme  en  les  croisant  et  en  les 
fixant  à  l'aide  d'une  épingle  de  sûreté.  La  partie  inférieure 
du  corps  est  enveloppée  dans  une  couche  pliée  en  triangle 
et  dont  les  bouts  vont  entourer  et  séparer  les  membres 
inférieurs  ;  puis  vient  une  pièce  carrée  en  laine,  le  lange, 
que  l'on  enroule  autour  de  l'enfant,  que  l'on  fixe  par  des 
épingles  et  dont  on  ramène  le  bout  pendant  en  arrière 
pour  l'y  fixer  également.  Dans  l'habillement  dit  à  l'an- 
glaise le  lange  de  laine  est  remplacé  par  une  petite  culotte 
de  flanelle,  les  jambes  et  les  pieds  étant  recouverts  de 
chaussettes  et  de  chaussons.  On  superpose  au  tout,  dans 
ce  dernier  cas,  une  longue  robe  le  plus  souvent  de  fla- 
nelle. Le  premier  mode,  dit  maiflot  à  la  française,  convient 
durant  le  premier  mois  ;  le  second,  l'habillement  à  l'an- 
glaise, qui  laisse  plus  de  hberté  à  l'enfant,  sera  employé 
avec  avantage  dès  le  second  mois,  surtout  en  été.  En  tout 
cas,  il  faut  bien  se  souvenir  que  les  mouvements  de  l'en- 
fant doivent  être  absolument  hbres  et  que  le  maillot  ne 
doit  le  comprimer  en  aucun  point.  Il  est  bon  d'ailleurs  de 
laisser  le  nourrisson  exercer  ses  petits  membres  chaque 
jour,  en  le  débarrassant  de  ces  entraves  dans  la  chambre 
chaude.  La  tête  de  l'enfant  doit  être  nue,  sauf  pour  les 
sorties. 

Il  est  bon  dès  les  premiers  mois  de  déshabiller  l'enfant 
à  chaque  tétée,  et  de  le  placer  sur  un  vase.  Il  prendra 
ainsi  l'habitude  de  la  propreté  et  se  souillera  plus  rare- 


ment d'urine.  Souvent  l'enfant  crie  dès  qu'il  est  mouillé 
et  il  est  bon  de  le  changer  de  suite.  Il  est  bien  entendu 
qu'en  aucun  cas  l'enfant  ne  doit  être  couché  dans  le  lit 
de  la  mère.  La  pièce  dans  laquelle  il  doit  vivre  sera,  au- 
tant que  possible,  vaste  et  exposée  au  midi,  largement 
éclairée.  Il  faut  que  la  température  en  soit  constante, 
au  moins  durant  les  premiers  jours,  et  elle  ne  doit  pas 
descendre  au-dessous  de  45°  C.  Le  berceau  de  l'enfant 
sera  en  métal,  afin  de  pouvoir  être  lavé  périodiquement. 
On  le  garnira  de  deux  petits  matelas  ou  paillassons  recou- 
verts d'un  drap  et  d'une  toile  imperméable.  Le  nouveau-né 
y  sera  placé  tout  habillé  et  on  mettra  près  de  lui  deux 
ÎDOules  d'eau  chaude,  pour  peu  que  la  température  soit 
froide,  mais  en  ayant  bien  soin  qu'elles  ne  puissent  le 
brûler.  Il  est  inutile  de  garnir  le  berceau  de  rideaux,  mais 
il  est  bon  de  le  placer  en  face  d'une  fenêtre.  Le  nourris- 
son doit  rester  dans  ce  berceau  sauf  durant  les  tétées,  au 
moins  durant  les  premières  semaines.  Chaque  fois  que 
l'on  change  l'enfant,  il  est  nécessaire  de  laver  les  régions 
souillées  et  de  les  saupoudrer  de  poudre  de  lycopode,  pré- 
férable à  la  poudre  d'amidon.  Ces  lavages  doivent  être 
faits  avec  de  l'eau  bouiUie.  Chaque  jour  l'on  doit  égale- 
ment donner  un  bain  général  à  l'enfant,  bain  dont  la  tem- 
pérature sera  de  30*^  au  plus  et  dont  la  durée  n'excédera 
pas  cinq  minutes.  Les  narines,  la  bouche,  les  yeux  et  les 
oreilles  doivent  également  être  nettoyés  à  plusieurs  re- 
prises chaque  jour  avec  du  coton  aseptique  et  de  F  eau 
bouillie.  Il  faut  réaliser,  autant  que  possible,  l'asepsie  de 
l'enfant  nouveau-né  et  ne  pas  le  laisser  manier  et  surtout 
,  embrasser  parle  premier  venu. 

On  trouvera  à  l'art.  Allaitement  tout  ce  qui  concerne 
l'alimentation  des  nouveau-nés.  Nous  nous  bornerons  à 
rappeler  que  l'enfant  laissé  à  jeun  jusque-là  doit  être  mis 
au  sein  de  six  à  douze  heures  après  sa  naissance  ;  on  lui 
donnera  successivement  les  deux  seins,  et  l'on  aura  soin 
d'introduire  le  bout  du  sein  dans  sa  bouche,  en  pressant 
la  base  du  mamelon  pour  faire  couler  un  peu  de  lait  ou  de 
colostrum.  La  seconde  tétée  aura  ,Heu  quatre  heures  au 
moins  après  la  première,  et  il  en  sera  de  même  jusqu'au 
troisième  jour.  A  partir  de  ce  moment,  les  tétées  devien- 
dront régulières  et  l'on  donnera  le  sein  à  l'enfant  toutes 
les  deux  heures  et  demie.  La  dernière  tétée  du  soir  doit 
se  faire  sur  les  onze  heures  et  la  première  du  matin  vers 
cinq  heures  ;  dans  cet  intervalle,  l'enfant  restera  sans  rien 
prendre.  A  chaque  tétée,  l'enfant  sain  et  bien  constitué 
prend  en  moyenne  70  gr.  durant  le  premier  mois,  100  gr. 
le  mois  suivant.  S'il  existe  un  doute  sur  la  quantité  de  lait 
prise  à  la  tétée,  il  est  bon  de  le  peser  avant  et  après  chaque 
tétée.  On  ne  doit  pas  laisser  l'enfant  s'endormir  au  sein  ; 
il  faut,  dans  le  cas  où  il  aurait  cette  mauvaise  habitude,  le 
réveiller  doucement  et  l'exciter  par  de  petites  pressions 
sur  les  joues.  Il  faut  peser  le  nouveau-né  régulièrement 
toutes  les  semaines,  et  même  tous  les  jours  s'il  y  a  un 
doute  sur  la  valeur  de  sa  nutrition.  Ces  poids  seront  ins- 
crits, et  l'on  établira  la  moyenne  quotidienne  de  l'accrois- 
sement. Cette  moyenne  seule  a  une  valeur.  Ces  pesées 
doivent  être  effectuées  autant  que  possible  à  la  même 
heure,  ou  plutôt  dans  les  mêmes  conditions  physiolo- 
giques. Il  est  bien  entendu  que  l'enfant  sera  dépouillé  de 
^on  maillot  avant  de  procéder  à  la  pesée.  La  première 
sortie  de  l'enfant  peut  se  faire  en  été  à  la  fin  de  la  pre- 
mière semaine,  en  hiver  à  la  fin  du  premier  mois.  La 
vaccination  ne  doit  pas  être  pratiquée  avant  le  troisième 
mois,  à  moins  qu'il  ne  soit  né  dans  un  milieu  oti  la  variole 
est  fréquente. 

Les  enfants  nés  avant  terme  doivent  être  élevés  dans 
une  couveuse  (V.  ce  mot).  Ils  sont  souvent  atteints  de 
cyanose  et  se  présentent  habituellement  en  état  de  débilité 
congénitale.  Ils  sont  aussi  plus  prédisposés  que  les  autres 
à  la  gastro- entérite.  Leur  alimentation  offre  souvent  des 
difficultés  spéciales,  car  ils  ne  sont  pas  toujours  en  état 
de  prendre  le  sein,  et  ils  doivent  être  gavés. 

Les  maladies  qui  frappent  les  nouveau-nés  sont,  comme 


NOUVEAU-NÉ  —  NOUVEAU  TESTAMENT 


on  peut  le  concevoir,  très  nombreuses  et  très  variées  ;  nous 
ne  pouvons  même  pas  les  énumérer  ici.  On  en  trouvera  la 
description  aux  divers  articles  de  cette  Encyclopédie  (V.Cor- 

DON  OMBILICAL,  EnTÉRITE,  PnEUMONIE,   StOMATITE,   MuGUET, 

Hernie,  Bec-de-lièvre),  etc.  D^'M.  Potel. 

IL  Législation.  —  Quiconque  trouve  un  enfant  nou- 
veau-né est  tenu,  sous  peine  d'un  emprisonnement  de  six 
jours  à  six  mois  et  d'une  amende  de  16  à  300  fr.,  de  le 
remettre,  ainsi  que  les  effets  trouvés  avec  lui,  à  l'officier 
de  l'état  civil  et  de  lui  déclarer  toutes  les  circonstances  du 
temps  et  du  lieu  où  il  aura  été  trouvé.  Un  procès- verbal 
détaillé  en  est  dressé,  qui  énonce,  outre  Fàge  apparent,  le 
sexe,  les  noms  donnés,  l'autorité  civile  à  qui  l'enfant  est 
remis,  et  qui  est  inscrit  sur  les  registres  de  l'état  civil 
(C.  civ.,  art.  58,  et  G.  pén,,  art.  347).  —  V.  aussi  Enfant, 
t.  XV,  pp.  1039  et  suiv.,  et  Naissance,  t.  XXIV,  p.  711. 

NOUVEAU  TESTAMENT.  On  a  vu  à  l'art.  Canon  du 
Nouveau  Testament  comment  s'était  formée  la  collection 
des  livres  sacrés  propres  à  l'Eglise  chrétienne.  Les  pre- 
miers chrétiens,  qui  étaient  des  Israélites  réformés,  qui 
constituaient  une  secte  ou  branche  particulière  du  judaïsme 
promptement  séparée  et  détachée  du  tronc,  professaient 
avec  leurs  coreligionnaires  d'origine  la  foi  en  l'inspiration 
divine  des  livres  sacrés  de  la  synagogue  ;  mais  ils  appli- 
quèrent à  ceux-ci  un  système  d'interprétation  justifiant 
leur  propre  position,  système  d'après  lequel  la  loi  (Thora), 
les  prophètes  et  les  hagiographes  n'étaient  qu'un  premier 
degré  de  la  révélation  accordée  par  Dieu  aux  descendants 
d'Abraham,  que  le  premier  étage  d'un  bâtiment,  dont  le 
couronnement  était  l'œuvre  de  Jésus  de  Nazareth,  pro- 
clamé comme  Messie  ou  Christ.  Il  était  donc  essentiel,  du 
moment  où  la  révolution  surnaturelle  qu'espérèrent  les 
premiers  disciples  de  Jésus  se  faisait  attendre,  de  donner 
une  forme  matérielle  et  précise  au  système  d'interpréta- 
tion de  la  Bible  adopté  par  le  christianisme,  de  mettre  par 
écrit  les  souvenirs  relatifs  à  la  personne  de  Jésus  et  aux 
débuts  de  la  communauté  chrétienne,  d'exposer  et  de  jus- 
tifier le  dogme  et  les  institutions  propres  aux  disciples  du 
crucifié.  Le  recueil  ainsi  formé,  qui  seul  livrait  le  sens 
profond  et  définitif  des  livres  sacrés  du  judaïsme,  devait 
jouir  d'une  autorité  au  moins  égale  à  ceux-ci.  Il  se  com- 
posa des  Evangiles,  traités  historico-dogmatiques,  desti- 
nés à  démontrer  que  Jésus  de  Nazareth  est  le  Messie  an- 
noncé par  les  prophètes,  et  des  Actes  des  apôtres  qui 
relatent  les  faits  essentiels  de  la  constitution  de  la  société 
chrétienne.  On  y  joignit  treize  lettres  de  l'apôtre  saint  Paul, 
Epîtres  aux  Romains,  aux  Corinthiens  (au  nombre 
de  deux),  aux  Galates,  aux  Ephésiens,  aux  Philip- 
piens,  aux  Colossiens,  aux  Thessaloniciens  (au  nombre 
de  deux),  à  Timothée  (au  nombre  de  deux),  à  Tite  et  à 
Philémon,  une  lettre  anonyme,  dite  Epitre  aux  Hébreux, 
une  lettre  attribuée  à  saint  Jacques,  deux  à  saint  Pierre, 
trois  à  saint  Jean,  une  à  saint  Jude,  toutes  lettres  qui  dé- 
fendent la  doctrine  chrétienne  et  fixent  des  points  de  dis- 
cipline et  d'organisation  ;  enfin  une  œuvre,  conçue  sur  le 
modèle  des  prophéties  dites  apocalyptiques,  V Apocalypse 
de  saint  Jean,  qui  annonçait  le  triomphe  complet  de 
l'Eglise  chrétienne.  On  trouvera  une  analyse  suffisante  de 
ces  écrits  aux  art.  Evangile,  Actes  des  Apôtres,  Paul 
(saint),  HÉRREUx(Epître  aux),  Jacques  (saint),  Pierre  (saint), 
Jean  (saint),  Jude  (saint)  et  Apocalypse  de  saint  Jean,  en 
même  temps  que  des  indications  sur  leur  origine  probable. 
Il  est  très  remarquable  que  la  totalité  de  ces  livres  soit 
écrite  en  langue  grecque,  qui  fut  ainsi  la  langue  officielle 
de  la  nouvelle  forme  religieuse.  Comme  ancienneté  rela- 
tive de  ces  différents  écrits,  l'avantage  revient  aux  épîtres 
de  saint  Paul  reconnues  authentiques  (notamment  les  épîtres 
aux  Galates,  aux  Corinthiens  et  aux  Romains)  ;  ce  sont 
les  seuls  écrits  pour  lesquels  on  puisse  proposer  décidé- 
ment une  date  antérieure  à  la  destruction  de  Jérusalem 
par  Titus  (70  de  notre  ère).  Les  autres  livres  paraissent 
appartenir  au  dernier  quart  du  i*'^  siècle,  quelques-uns  au 
premier  ou  au  second  quart  du  ii®  siècle.  Ils  sont  rédigés 


dans  une  langue  assez  médiocre  et  dans  le  dialecte  dit  hel- 
lénistique, c.-à-d.  dans  le  grec  tel  qu'on  l'écrivait  en  Syrie 
et  en  Asie  Mineure.  Ici  encore,  il  faut  distinguer  les  écri- 
vains du  Nouveau  Testament  selon  leur  degré  de  culture, 
visiblement  très  médiocre  chez  quelques-uns.  On  trouvera 
à  l'art.  Critique  sacrée  et  Bibliographie  de  la  Bible  toutes 
les  indications  nécessaires  sur  l'évolution  qui  a,  peu  à  peu, 
substitué  les  règles  d'une  interprétation  historique,  repo- 
sant sur  les  principes  de  la  critique  rationnelle  appliquée 
aux  œuvres  littéraires,  à  l'interprétation  dogmatique,  qui 
a  prévalu  sans  contradiction  sérieuse  jusque  dans  le  cours 
du  xviii^  siècle.  Le  Nouveau  Testament  est,  pour  la  science 
moderne,  un  document  d'un  prix  infini  pour  l'histoire  des 
idées  et  des  institutions  religieuses,  mais  ce  document  doit 
être  abordé  dans  les  conditions  de  rigueur  et  de  précision 
que  réclame  l'étude  de  tous  les  monuments  à  nous  par- 
venus des  littératures  anciennes.  Il  doit  être  soustrait  aux 
polémiques  des  différentes  Eglises  qui  appuient  leur  doc- 
trine ou  leur  pratique  sur  son  contenu,  pour  rentrer  dans 
le.  cercle  de  ce  qu'on  peut  appeler,  au  sens  large,  les  hu- 
manités, par  quoi  nous  entendons  les  institutions  et  les 
idées  qui  ont  joué  un  rôle  essentiel  dans  le  développement 
des  sociétés  civilisées  de  la  Grèce,  de  l'empire  romain  et 
du  monde  occidental  jusqu'à  nos  jours. 

Dans  les  traités  dits  Introductions  au  Nouveau  Tes- 
tament, on  discute  les  questions  touchant  l'aspect  que  de- 
vaient offrir  les  manuscrits  originaux  des  livres  entrés  dans 
la  composition  de  ce  recueil,  manuscrits  qui  se  sont  per- 
dus et  qui  ne  nous  sont  connus  que  par  l'intermédiaire  de 
copies  de  date  plus  récente.  Nous  possédons  notamment 
deux  copies,  qu'on  peut  faire  remonter  jusqu'au  iv«  siècle 
de  notre  ère,  l'une  dite  le  Codex  Sinaïticus,  l'autre  le 
Codex  Vaticanus,  quicontenaient,àrorigine,  F  Ancien  Tes- 
tament grec  ainsi  que  le  Nouveau.  Le  premier  a  été  dé- 
couvert en  1844  par  le  paléographe  Tischendorf  dans  la 
riche  bibliothèque  du  couvent  grec  (orthodoxe)  du  Sinaï  et 
publié  en  1862,  et  il  est  connu  sous  la  lettre  hébraïque  aleph 
(iS)  ;  le  Codex  du  Vatican  (désigné  par  la  lettre  B)  repré- 
sente un  texte  plus  correct,  malheureusement  il  offre  une 
lacune  assez  considérable.  Le  nombre  des  manuscrits  de 
date  plus  récente  est  considérable.  A  leur  aide  et  en  invo- 
quant le  témoignage  d'anciennes  traductions  en  diverses 
langues  ou  des  citations  que  fournissent  les  textes  des  an- 
ciens écrivains  ecclésiastiques,  on  a  cherché  à  corriger  le 
texte  étabU  provisoirement  par  les  savants  de  la  Renais- 
sance et  à  reconstituer,  d'une  façon  quelque  peu  arbitraire, 
il  faut  l'avouer,  le  texte  primitif  des  écrits  sacrés  du  chris- 
tianisme. Ce  texte  vulgaire,  dit  texte  reçu,  avait  été  lui- 
même  établi  sur  des  manuscrits  trop  modernes  et  renfermait, 
à  côté  de  quelques  grosses  interpolations,  de  nombreuses 
erreurs  de  détail.  A  ce  travail  minutieux  et  déUcat  de 
correction  sont  attachés  les  noms  de  Griesbach,  de  Lach- 
mann,  de  Tischendorf,  de  Tregelles,  de  Westcott  et  Hort. 
Nous  emprunterons  à  M.  Sabatier  quelques  indications  auto- 
risées touchant  la  délicate  question  de  la  reconstitution  scien- 
tifique du  texte  grec  du  Nouveau  Testament  (7^^^^  du  Nou- 
veau Testament,  dans  VEncyclopédie  des  sciences  reli- 
gieuses de  Lichtenberger) .  «  Le  texte  du  Nouveau  Testament, 
ditce  savant,  n'estpas  arrivé  jiisqu'ànous  sans  modifications. 
Il  a  une  histoire,  qui  est  l'exposé  de  ces  vicissitudes  et  de 
ces  changements.  On  y  peut  distinguer  trois  parties  :  l'his- 
toire des  modes  de  conservation,  celle  des  altérations  su- 
bies et  celle  enfin  des  efforts  persévérants  de  la  critique 
pour  retrouver  autant  que  possible  le  texte  primitif.  Dans 
ces  trois  parties,  la  découverte  de  l'imprimerie  marque  un 
moment  capital,  qui  divise  en  deux  périodes  profondément 
distinctes  l'histoire  du  texte  du  Nouveau  Testament.  —  Les 
manuscrits  originaux,  ceux  que  l'on  pourrait  appeler  les 
autographes  mêmes  des  premiers  livres  chrétiens,  ont  dis- 
paru sans  laisser  dans  l'histoire  aucune  trace  certaine.  Il 
faut  tenir  pour  des  fables  tout  ce  que  l'on  raconte,  dans 
l'antiquité  et  dans  les  temps  modernes,  de  documents  de 
cette  nature  retrouvés  ou  conservés  dans  quelques  biblio- 


thèques.  —  Les  premières  copies  que  l'on  fit  des  livres 
apostoliques  ne  tardèrent  pas  à  présenter  de  nombreuses 
variantes,  qui  se  multiplièrent  encore  avec  le  nombre  des 
copies  elles-mêmes.  C'était  une  chose  inévitable.  On  peut 
ranger  les  variantes  en  deux  classes  :  la  première  compre- 
nant les  erreurs -involontaires  des  copistes;  la  seconde,  les 
modifications  conscientes  et  intentionnelles.  Rien  n'est  plus 
difficile  que  de  copier  exactement  un  long  manuscrit;  et  il 
faut  compter  toujours  :  i^  avec  les  erreurs  des  yeux,  si  le 
scribe  lit  lui-même  le  texte  qu'il  reproduit,  qui  lui  font 
prendre  un  mot  pour  un  autre  ;  2°  avec  les  erreurs  de 
l'oreille,  s'il  écrit  sous  la  dictée,  qui  lui  font  confondre  des 
sons  voisins  ;  3°  avec  les  erreurs  de  la  mémoire,  qui  lui 
font  échanger  des  synonymes  ou  des  mots  semblables  ; 
Âi^  avec  les  erreurs  de  l'intelligence,  qui  lui  font  mal  inter- 
préter une  phrase  et  mal  lire  ou  partager  les  mots...  Il 
vaut  mieux  insister  sur  la  seconde  classe  de  variantes,  bien 
autrement  importantes  et  qui  proviennent  d'une  intention 
évidente  d'améliorer  le  texte  qu'on  avait  à  reproduire  :  1^  on 
a  voulu  corriger  la  langïie,  la  rendre  plus  correcte  et  plus 
claire  là  où  elle  paraissait  fautive  et  obscure.  Un  grand 
nombre  des  variantes  de  l'évangile  de  Marc,  par  exemple, 
ont  cette  origine  ;  2*^  on  voulait  écarter  certaines  erreurs 
géographiques  ou  historiques  qui  paraissaient  évidentes. . .  ; 
3"  des  variantes  ont  été  amenées  par  des  usages  litur- 
giques, comme  la  doxologie  introduite  dans  l'Oraison  domi- 
nicale de  Matthieu  ;  4°  enfin,  il  faut  noter  les  préoccupations 
dogmatiques.  Sous  ce  rapport,  les  grandes  controverses  des 
premiers  siècles  ont  exercé  sur  le  texte  du  Nouveau  Tes- 
tament une  action  bien  plus  considérable  qu'on  ne  le  croit 
communément.  »  Après  avoir  donné  à  cet  égard  de  curieuses 
indications,  M.  Sabatier  déclare  «  qu'il  est  d'autres  traces 
d'altérations  plus  profondes.  On  sait,  par  exemple,  que  la 
fin  actuelle  de  l'évangile  de  Marc  (xvi,  9-20)  est  une  ad- 
dition postérieure,  quoique  très  ancienne. . .  La  fin  de  VEpître 
aux  Romains  présente  une  confusion  étonnante. . .  J'oserais 
de  même  soupçonner  les  trois  premiers  versets  de  l'Apo- 
calypse, qui  ne  sont  qu'un  titre  ajouté  au  livre,  sans  doute 
après  coup.  Le  récit  de  la  femme  adultère  (Jean,\m,  4-9) 
n'appartient  pas  plus  au  quatrième  évangile  que  le  pas- 
sage 2  Corinthiens,  vi,  44-vii,  1  n'appartient  à  cette  lettre 
de  Paul.  On  doit  en  dire  autant  du  fameux  passage  des  trois 
témoins  (1  Jean,  v,  7)  et  des  versets  Jean,  v,  3  et  4,  qui 
ont  tout  à  fait  l'air  de  glose  explicative  passée  peut-être  de 
la  marge  dans  le  texte,  etc.  On  voit  combien  la  critique  a 
eu  à  faire  pour  arriver,  je  ne  dis  pas  au  texte  certain,  mais 
au  texte  probable  des  écrits  apostoHques.  Encore  aujour- 
d'hui, ce  qu'elle  peut  scientifiquement  établir,  ce  sont  les 
textes  les  plus  généralement  admis  d'une  époque  donnée, 
comme  celles  du  v*'  siècle  et  du  iv«  ;  mais  elle  ne  peut  re- 
monter au  delà  que  par  des  conjectures  toujours  sujettes 
à  discussion.  »  Voici  enfin  quelques  indications  touchant  la 
constitution  du  texte  grec,  dit  textus  recèptus,  et  les  diffé- 
rentes familles  de  manuscrits  du  Nouveau  Testament  : 
«  Erasme  publia  en  1516,  àBâle,  sa  première  édition,  très 
hâtivement  faite,  du  Nouveau  Testament.  On  a  retrouvé  les 
trois  ou  quatre  manuscrits,  fort  peu  anciens,  où  Erasme  a 
puisé  son  texte  et  l'on  s'est  rendu  compte  de  son  audace, 
pour  ne  pas  dire  de  sa  témérité.  En  1519,  il  publia  une 
seconde  édition,  beaucoup  mieux  étudiée...  —  Robert Es- 
tienne,  son  fils  Henri  et  Théodore  deBèze  réunirent  cepeh- 
dant  de  nouveaux  manuscrits  et  de  nombreuses  variantes. 
L'édition  de  1550,  surnommée  la  Royale,  est  célèbre.  C'est 
dans  celle  de  1551,  faite  à  Genève,  qu'apparaît  pour  la 
première  fois  notre  division  vulgaire  et  souvent  absurde 
du  texte  en  chapitres  et  versets.  Henri  Estienne  raconte 
que  son  père  l'aurait  faite  à  cheval  durant  son  voyage  de 
Paris  à  Lyon.  Les  éditions  de  Théodore  de  Bèze  ne  sont 
guère  que  la  reproduction  du  texte  des  Estienne,  qui  est 
devenu  aussi,  à  peu  de  chose  près,  celui  des  Elzévir.  C'est 
dans  la  préface  de  leur  seconde  édition  (1633)  qu'ils  pré- 
sentèrent leur  texte  comme  le  texte  reçu  par  tous  {tex- 
tum  nunc  habes  ah  omnibus  receptum).  Cette  réclame 


89  —        NOUVEAU  TESTAMENT  —  NOUVELLE 

de  librairie,  qui  n'avait  sans  doute  dans  la  pensée  des  édi- 
teurs aucune  valeur  absolue,  devint  bien  vite  un  dogme 
consacré  par  la  superstition  des  théologiens,  en  sorte  que 
toucher  au  texte  reçu  sembla  longtemps  un  sacrilège  in- 
tolérable ».  Griesbach,  il  y  a  tantôt  un  siècle,  eut  le  grand 
mérite  d'esquisser  pour  la  première  fois  une  histoire  an- 
cienne des  textes  du  Nouveau  Testament  ;  il  classe  les  ma- 
nuscrits dans  trois  familles.  Lachmann,  à  son  tour,  dis- 
tingue entre  un  type  oriental  et  un  type  occidental.  «  Le 
travail  critique  poursuivi  depuis  Erasme  est  loin  d'être 
achevé,  déclare  M.  Sabatier.  La  lâche  consisterait  à  pou- 
voir suivre  sûrement,  à  travers  les  siècles  et  les  pays,  les 
modifications  du  texte  en  remontant  aussi  haut  que  pos- 
sible. Pour  cela  il  faudrait,  mieux  qu'on  ne  l'a  fait  encore, 
établir  l'histoire  et  la  généalogie  des  manuscrits  grecs  et 
les  comparer  individuellement  entre  eux  et  avec  les  Pères 
de  l'Eglise,  comme  avec  les  versions  ou  les  lectionnaires 
auxquelles  ils  correspondent  par  leur  date  et  leur  lieu  d'ori- 
gine. Quand  cela  sera  fait,  on  pourra  écrire  avec  quelque 
précision  une  histoire  du  texte  du  Nouveau  Testament.  » 
On  voit  que  la  constitution  du  texte  du  Nouveau  Testament 
obéit  exactement  aux  mêmes  règles  que  l'étabUssement 
scientifique  de  n'importe  lequel  des  textes  littéraires  de 
l'antiquité  classique.  Mais  la  difficulté  est  rendue  plus  grande, 
d'une  part  par  l'abondance  extraordinaire  des  manuscrits, 
de  l'autre  par  les  préoccupations  dogmatiques  dont  les  pa- 
léographes ne  savent  pas  toujours  se  débarrasser. 

Maurice  Vernes. 
BiBL.  ;  Nous  renverrons  à  rarliclc  intitulé  Critique  sa- 
crée ET  Bibliographie  de  la  Bible,  et  à  l'excellent  Grun- 
driss  der  theologischen  Wissenschaften,  7«  division, 
Einleitung  in  das  Neue  Testament,  par  Adolf  Jûliciier  ; 
Fribourg-en-Brisgau  etLeipzifï,  1894,  notamment  aux  pp.  1, 
6-18  (Uebersicht  ueber  die  Litteratur  der  Disciplin)^  19-20, 
ai,  39,  44,  51,  67-68,  78,  84,  97,  112,  130,  136, 147, 152, 161,  161, 
183,  238,  251,  259,  273,  280,  349,  358,  364,  392,  sans  négliger 
les  indications  données  au  cours  de  l'exposition. 

NOUVELLE  (Littér.)  (V.  Roman). 

NoTi  velle  à  la  main. — Nom  donné  au  xvii®  siècle  à  des 
gazettes  clandestines  imprimées  en  secret,  qui  donnaient 
les  nouvelles  de  la  cour  ou  de  la  ville  souvent  en  forme  sa- 
tirique. Ce  titre  s'étendit  à  des  gazettes  simplement  humo- 
ristiques, comme  les  Nouvelles  de  l'ordre  la  Boisson  chez 
Museau  Cramoisi  d'Avignon.  Les  mazarinades  (V.  ce 
mot)  rentrent  dans  la  catégorie  des  nouvelles  à  la  main, 
d'ailleurs  prohibées  par  le  Parlement  de  Paris  dès  1620  et 
par  arrêts  des  18  août  1666  et  9  déc.  1670,  sous  peine 
du  fouet  et  des  galères  pour  les  vendeurs.  Le  lieutenant 
de  police  La  Reynie  fut  spécialement  chargé  de  la  réprimer 
et  finit  par  y  réussir.  Elles  reparurent  sous  la  Régence  où 
M"^®  Doublet  publia  un  journal  hebdomadaire  intitulé 
Nouvelles  a  la  main  et  dont  Rachaumont  a  reproduit  le 
contenu. 

La  liberté  de  la  presse  fit  disparaître  ces  feuilles,  mais 
les  anecdotes  dont  elles  s'alimentaient  se  retrouvent  dans 
les  journaux  mondains,  et  le  titre  de  Nouvelle  à  la  main 
s'applique  aujourd'hui  à  de  courtes  anecdotes  on  à  des 
«  mots  »  généralement  imaginés. 

Nouvelles  ecclésiastiques  (Gazette  janséniste) 
(V.  Fontaine  [Jacques]). 

NOUVELLE  (La).  Com.  du  dép.  de  l'Aude,  arr.  deNar- 
bonne,  cant.  de  Sigean,  sur  un  isthme  sablonneux  sépa- 
rant de  la  mer  l'étang  de  Sigean,  sur  un  chenal  formé 
par  le  grau  d'écoulement  de  l'étang;  2.446  hab.  Station 
du  chemin  de  fer  du  Midi.  Syndicat  maritime,  conseil  de 
prud'hommes  ;  entrepôt  des  douanes  ;  vice-consuls  d'Espagne 
et  d'Italie.  Râteau  de  sauvetage.  Chantiers  de  constructions 
maritimes.  Forges,  corderies  pour  la  marine.  Raffineries 
de  soufre;  tonnellerie,  salaisons  de  sardines.  Commerce 
de  poissons.  Rains  de  mer.  Le  chenal  de  La  Nouvelle  est 
relié  à  Narbonne  par  le  canal  de  la  Robine.  Le  port  importe 
surtout  des  charbons,  des  bois  du  Nord,  des  salaisons,  des 
oranges,  des  fruits  secs,  du  soufre,  des  vins  d'Espagne  et 
d'Italie  ;  il  exporte  des  vins,  des  eaux-de-vie,  des  huiles, 
des  poteries,  tuiles  et  briques,  du  sel,  du  salpêtre,  du  tartre, 


NOUVFXLE  ~  NOUVELLE-CALÉDONIE 


90  — 


des  amandes,  des  farines,  du  soufre  raffiné,  des  fourrages, 
du  miel,  etc. 

NOUVELLE-ÂIVISTERDAi  (Guyane  anglaise)  (V.  Am- 
sterdam [Nouvelle-]). 

NOUVELLE-BRETAGNE  (archipel  Bismark).  Avchii^el 
de  rOcéanie,  situé  au  N.-E.  de  la  Nouvelle-Guinée.  On 
réunit  sous  ce  nom,  que  les  Allemands  ont  remplacé  de- 
puis ^1885  par  celui  d'archipel  Bismarck,  les  groupes  de 
la  Nouvelle-Irlande,  du  duc  d'York,  de  la  Nouvelle-Bre- 
tagne, de  l'Amirauté  et  du  Nouvel-Heanovre,  On  a  queqluc- 
fois  réuni  toutes  ces  lies,  sous  le  nom  d'archipel  Salomon, 
à  celles  qui  portent  plus  spécialement  ce  nom.  Les  princi- 
pales lies  portent  le  nom  de  l'Echiquier,  Rasco,  Gérard 
de  Nys,  Nouveau-Hanovre,  Gracieuse,  Guillaume,  Nouvelle- 
Irlande  et  Nouvelle-Bretagne  (celles-ci  sont  les  plus  grandes) , 
les  douze  îlots  du  duc  d'York  qui  entourent  le  port  Fer- 
guson,  etc.  Elles  sont  séparées  de  la  Nouvelle-Guinée  par 
le  détroit  de  Dampier.  Elles  sont  encore  très  peu  connues. 
Ces  îles  sont  situées  entre  0^40'  et  6^*  30'  lat.  S.,  140«et 
153°  long.  E.  L'ensemble  mesure  45.000  kil.  q.,  et  on 
leur  attribue  200.000  hab.  Les  deux  principales  îles,  dis- 
posées en  demi-cercle  ouvert  à  l'O.,  sont  :  la  Nouvelle- 
Poineranie  (Nouvelle-Bretagne),  24.000  kil.  q.,  et  le 
Nouveau- Mecklembour g  (Nouvelle-Irlaiide),^. d^Ùkil,  q. 
Puis  viennent  auN.-O.  :  le  Nouveau-Hanovre,  4 .476  kil.  q. , 
les  îles  de  l'Amirauté,  2.276  kil.  q.;  Matthias,  660  kil. 
q.,  etc.  Souvent  on  ajoute  à  ce  total  2.000  kil.  q.  pour 
les  îles  Rouk,  Long,  Dampier,  Vulcan  et  Schouten,  sises  à 
l'O.  de  la  Nouvelle-Poméranie.  La  plupart  de  ces  îles,  et 
surtout  les  deux  grandes,  sont  longues  et  minces,  avec  de 
hautes  montagnes  (2.0i)0  m.  dans  le  Neuveau-Mecklem- 
bourg)  en  partie  volcaniques.  Elles  sont  placées  sur  une 
sorte  de  piédestal  sous-marin  formé  par  les  coraux  ;  il  pa- 
raîtrait qu'elles  ont  subi  un  affaissement,  mais  qu'aujour- 
d'hui elles  se  soulèvent  au  contraire.  On  y  trouve  des 
volcans  qui  n'ont  pas  eu  d'éruptions  depuis  longtemps. 
On  a  remarqué  sur  les  côtes  de  la  Nouvelle-Irlande  des 
marées  diurnes  :  le  flux  et  le  reflux  y  durent  chacun  douze 
heures  ;  il  y  a  peu  de  points  du  globe  où  se  trouvent  réunies 
les  conditions  nécessaires  à  la  production  de  ce  curieux 
phénomène.  Les  côtes  sont  d'un  accès  difficile  en  raison  de 
la  présence  des  coraux  qui  offrent  d'autre  part  des  ports 
naturels  de  bonne  tenue.  Le  climat  est  doux  et  humide  et 
ne  semble  pas  très  sain.  La  Nouvelle-Irlande  est  très  boisée 
et  arrosée  par  de  nombreux  ruisseaux.  Toutes  produisent 
en  abondance  les  bananes,  les  ignames,  les  patates,  le  taro, 
les  noix  de  coco.  On  y  trouve  beaucoup  de  poules  et  de  porcs 
et  un  grand  nombre  d'oiseaux.  Les  habitants  appartiennent 
à  la  race  papoue  comme  ceux  de  la  Nouvelle-Guinée.  Dans 
la  Nouvelle-Bretagne,  M  Broon  a  trouvé  une  peuplade  dif- 
férant absolument  de  celles  du  reste  de  l'île  ;  la  teinte  est 
plus  claire,  les  cheveux  moins  crépus  ;  ils  parlent  une  langue 
inintelligible  à  leurs  voisins  ;  les  hommes  et  les  femmes 
portent  une  couverture  pour  vêtement,  tandis  que  les 
autres  indigènes  sont  complètement  nus.  Les  habitants  des 
îles  de  l'Amirauté  peignent  en  ocre  rouge  leur  corps  oint 
d'huile  de  coco.  Presque  toutes  les  peuplades  indigènes 
sont  cannibales.  Les  naturels  habitent  dans  des  huttes 
basses;  ils  sont  armés  de  massues,  de  lances,  de  casse- 
téte  et  de  frondes.  Les  chefs  sont  élus  et  n'ont  pas  beau- 
coup de  pouvoir.  La  population  est,  dit-on,  divisée  en 
deux  classes  distinctes;  un  homme  ne  doit  pas  épouser 
une  femme  appartenant  à  la  même  classe  que  lui;  les  en- 
fants appartiennent  à  la  classe  de  leur  mère.  Ces  deux 
catégories  portent  le  nom  de  Maramara  et  de  Pikalaba. 
La  polygamie  est  en  usage,  A  l'âge  de  six  ou  huit  ans,  les 
jeunes  filles,  d'après  les  coutumes  de  la  Nouvelle-Irlande, 
doivent  être  enfermées  dans  une  vaste  cabane  qui  est 
strictement  tabou,  jusqu'à  ce  qu'elles  aient  atteint  onze 
à  douze  ans  ;  elles  sont  forcées  de  demeurer  dans  des  es- 
pèces de  cages  à  l'intérieur  de  cette  grande  hutte.  On 
cite  plusieurs  autres  traits  curieux  des  mœurs  et  des  su- 
perstitions indigènes.  Les  naturels  ont  plusieurs  dialectes 


différents  ;  ceux  des  îles  du  duc  d'York  ont  le  nombre  cinq 
comme  base  de  leur  système  de  numération.  La  monnaie 
du  pays  consiste  en  petits  coquillages  blancs.  Les  objets 
d'échange  sont  le  tabac,  les  pipes  de  terre,  les  étoffes 
légères,  les  perles,  les  couteaux,  les  armes.  On  estime  à 
100.000  le  nombre  des  habitants. 

Les  îles  de  l'Amirauté  ont  été  découvertes  par  Alvaro 
de  Saavedra  en  1528  qui  les  nomma  îles  des  noirs;  on 
ne  connaît  pas  bien  le  voyage  de  Jorge  Menezes,  naviga- 
teur portugais,  qui  l'aurait,  dit-on,  précédé  dans  ces  pa- 
rages (1526).  D'autres  îles  du  même  groupe  furent  décou- 
vertes par  Hernando  de  Grijalva  (1537);  celle  des  Ana- 
chorètes, par  Inigo  Ortiz  de  Retes,  qui  l'appela  lie  des 
blancs  (1545);  la  Nouvelle-Irlande,  par  Schouten  (161 6); 
la  Nouvelle-Bretagne,  par  Tasman  (1643)  et  par  Dampier 
(1699);  le  canal  Saint-Georges  (entre  la  Nouvelle-Bre- 
tagne et  la  Nouvelle-Irlande),  par  Carteret  (4767).  Il  faut 
aussi  citer  les  voyages  de  Bougainville  (1768);  Surville 
(1769)  ;d'Entrecàsteaux  (1793)';  Dumontd'Urville(l827); 
Redlich  (1873);  Broon,  Cerutti,  Powell,  Finsch,  etc.  Des 
missionnaires  catholiques  et  protestants  ont  vainement  es- 
sayé de  convertir  les  indigènes  Des  négociants  allemands 
ont  fondé  quelques  comptoirs  et  acheté  des  terres.  Le 
19  mai  1889,  des  lettres  impériales  de  protection  ont  été 
accordées  à  la  Compagnie  de  la  Nouvelle-Guinée  et  de 
l'archipel  Bismarck  qui  s'était  fondée  l'année  précédente 
à  Berlin.  Cette  Société  prétend  à  la  possession  d'une  par- 
tie de  la  Nouvelle-Guinée  et  de  «  l'archipel  Bismarck  », 
c.-à-d.  des  «  îles  situées  entre  l'Equateur,  le  8°  de  lat. 
S.  et  les  141  <^  et  153°  de  long.  E.  L'Angleterre  a  re- 
connu à  l'Allemagne  la  souveraineté  de  cet  archipel  ;  le 
traité  du  6  avr.1886  a  fixé  une  ligne  de  démarcation  par- 
tant de  White  Rock,  sur  la  côte  N.-E.  de  la  Nouvelle- 
Guinée,  à  8"  lat.  S.  et  coupant  les  îles  Salomon  qui  se- 
raient ainsi  partagées  entre  les  deux  puissances.  La 
France,  qui  pourrait  avoir  certaines  prétentions  sur  l'ar- 
chipel Salomon,  n'en  a  pas  sur  la  Nouvelle-Bretagne.  Un 
commissaire  impérial  représente  le  gouvernement  allemand 
dans  les  pays  protégés  des  mers  du  Sud.     L.Delâvaud. 

BiBL.  :  Pi^elations  des  anciens  navigateurs  espagnols,  de 
Schouten,  de  Dampier,  de  Carteret,  de  Bougainville, 
de  DuMONT  d'Urville.  —  Herrera,  Historia  gênerai  de 
los  hechos  de  los  Castellanos  en  las  islas  del  Mav  oceano  ; 
Madrid,  1730.  —  Luis  Torres  de  Mendoza,  Coleccion  de 
documentos  inedilos  relativos  al  desciibrimiento  de  las 
antiguas  posesioiies  espanolas  en  America  y  Oceania  ; 
Madrid,  186G.  —  F.  Coello,  la  Conferencia  de  Berlin  y  la 
cuestion  de  las  Carolinas  ;  Madrid,  1885.  —  Redlich,  Notes 
on  the  western  islands  of  the  Pacific  Océan  (Journal  of  the 
Royal  geographical  Society,  1874}.—  Broon,  The  Archi- 
pelaqo  ofNew Brilain  (ib'id.^  1877).  —Missions  catholiques, 
n««  710,  726,  744,  765.  —  The  Islands  of  the  New  Britain 
group  (The  Colonies  and  India,  26  nov.  1880).  —  Nachrich- 
\en  fïir  unduher  Kônigs-Wilhelms  Land  und  den  Bis- 
marck Ai'chipel  (Berlin,  périodiqiie,  paraît  depuis  1885).  — 
Hermann,  Deutschland  in  der  Sïidsee  :  Leipzig,  1885.  — 
D''0.  FiNSci-i,  DieethnologischeAnsstellungaerN.  Giiinca 
O"  in  kôniglicJie  Museura  far  Volkerkunde  ;  Berlin,  1886. 
—  Du  mùmè,  Uber  die  ethnologische  Samm.lungen  ans  der 
Siidsee  ;  Berlin,  1886.  —  Du  môme,  Uber  Naturprodukte  der 
westlichen  Sûdsee,  besonders  der  deiitschen  Schutzgebiete  ; 
Berlin,  1887.  —  Friederighsen,  Karte  des  westlichen 
Theiles  der  Sûdsee,  1/3.000.000  ;  Hambourg,  1885. 

NOUVELLE-CALÉDONIE.  Ile  de  l'Océanie  (Mélanésie) 
appartenant  à  la  France,  ainsi  que  les  îles  voisines,  dé- 
pendances immédiates.  Son  nom  lui  a  été  donné  par  Cook, 
l'auteur  de  sa  découverte,  peut-être  parce  qu'il  lui  trouva 
de  la  ressemblance  avec  l'Ecosse  (anciennement  Calé- 
donie)  par  son  aspect  montagneux  (le  même  nom  a  été 
porté  en  1806  par  une  contrée  à  l'O.  des  montagnes  Ro- 
cheuses, jusqu'en  1858,  où  il  fut  remplacé  par  celui  de 
Colombie  britannique).  A  l'O.  de  la  rangée  des  archipels 
qui  se  terminent  au  S.  par  celui  des  M ouvelies -Hébrides, 
dont  elle  est  séparée  par  l'archipel  des  Loyalty,  la  Nou- 
velle-Calédonie est  la  première  terre  qu'on  rencontre  en 
ce  point  à  l'E.  de  l'Australie.  Elle  est  ainsi  isolée  au  milieu 
de  possessions  anglaises  et  allemandes.  Tandis  qu'elle  est 
éloignée  de  la  côte  australienne  de  près  de  1.400  kil.,  elle 


est  relativement  voisine  des  Loyalty  (ou  Loyauté)  (98  kil.) 
et  des  Nouvelles-Hébrides,  à  235  kil.  au  delà  (de  Lifou  à 
Tanna)  et  directement  (de  la  côte E.,  presqu'île Naouandou 
à  Tanna)  356  kil.  Ce  sont  ses  dépendances,  mais  ces  der- 
nières ne  le  sont  encore  qu'au  point  de  vue  géographique, 
étant  régies  par  un  condominium  franco-anglais.  La  direc- 
tion de  la  Nouvelle-Calédonie  est  du  N.-O.  au  S.-E.,  pa- 
rallèlement à  la  côte  du  Queensland  ;  il  en  est  de  même 
des  îles  Loyalty,  de  la  portion  septentrionale  de  la  rangée 
d'archipels  dont  la  portion,  au  S.,  néo-hébridaise,  incline 
auN.-N,-0.-S.-S.-E.^ 

Géographie  physique.  —  La  Nouvelle-Calédonie  est 
comprise  entre  les  lat.  S.  20°  W  (pointe  Néréma)  et  22°  24' 
(cap  N'doua),  entre  les  long.  E.  161°  40'  (Néréma,  presqu'île 
duS.-O.,  pointe  de  Poume)  et  164°  41'  (baie  du  Goro)  et, 
avec  ses  îles,  lat.  19°  30'  (îlesBelep)  et  22°  48'  (lleNokanhui)  ; 
long.  161°  15'  et  165°  15'  (mêmes  îles) .  Elle  a  la  forme  d'une 
ellipse  très  allongée,  d'une  longueur  de  400  kil.  sur  une  lar- 
geur d'environ  50  kil.  On  évalue  approximativement  son  pour- 
tour à  plus  de  1 .000  kil.  et  sa  surface  à  deux  fois  celle  de  la 
Corse,  soit  environ  17.000 kil.  q.  ;  on  a  donné  les  chiffres 
suivants  :  la  grande  terre,  16.712  kil.  q.  ;  les  îles  adja- 
centes, 208  ;  les  Loyalty,  2.743  ;  ensemble,  19.663  kil.  q. 
Abstraction  faite  de  l'Océanie  occidentale,  îles  asiatiques 
et  Australasie,  c'est  la  plus  grande  île  de  la  Polynésie. 

Côtes  et  îles.  —  La  Nouvelle-Calédonie  est  entourée  par 
une  ceinture  de  récifs  coralliens  qui  ne  se  ferme  pas  sur 
la  grande  terre,  mais  se  prolonge  au  delà  de  ses  deux 
extrémités,  s'imînergeant  à  l'île  des  Pins,  au  S.,  et  se 
prolongeant,  au  N.,  de  280  kil.  au  delà  des  îles  Huon 
qu'elle  enferme.  La  barrière  de  récifs  ou  grand  récif  affleure 
dans  une  largeur  de  200  à  1.000  m.,  interrompue  par  des 
passes  nombreuses  sur  l'une  et  Fautré  côtes,  entre  la  mer 
extérieure  et  le  canal  côtier.  Celui-ci,  large  de  10  kil.  en 
moyenne,  offre  aux  navires  une  voie  en  eau  tranquille  et 
profonde,  de  50  à  60  m.,  au  milieu  du  chenal.  Il  est  des 
points  toutefois  où  les  récifs  longent  de  trop  près  la  côte 
pour  permettre  aux  gros  bâtiments  cette  navigation  inté- 
rieure, comme  cela  a  lieu  sur  la  côte  0.  depuis  Ouarai 
jusqu'à  la  baie  Chass^loup,  sur  un  espace  d* environ 
170  kil.  Eii  dehors  de  la  muraille  madréporique,  souvent 
accore,  où  \k  mer  vient  briser,  les  fonds  atteignent 
rapidement  plus  de  700  m.  Un  vaste  plateau  sous-marin 
de  325  kii.  de  large  et  de  0  à  2.000  Ui.  de  profondeur 
supporte  la  Nouvelle-Calédonie  et  les  îles  voisines,  des 
Pins,  Loyalty,  Huon;  ce  sont  les  restes  non  immergés 
d'une  terre  plus  vaste. 

Signalons  les  accidents  naturels  des .  côtes  en  les  par- 
courant a  partir  de  Nouméa  par  le  N.-O.  Elles  sont  très 
dentelées  et  morcelées,  offrant  un  grand  nombre  de  baies 
et  de  'havres,  de  presqu'îles  et  de  caps,  d'îles,  îlots  et 
rochers.  Nouméa,  en  premier  Heu,  est  le  point  le  plus 
remarquable  à  cet  égard  ;  vers  Textrémité  S.  de  la  côte  0., 
l'Ile  Nou  et  la  presqu'île  Ducos  forment  la  grande  rade, 
la  première  constituant,  de  plus,  avec  la  terre  ferme,  où 
est  assise  la  ville,  un  port,  le  meilleur  et  presque  le  seul 
pratiqué  de  l'île  entière,  dont  cette  ville  est  la  capitale. 
D'autres  anfractuosités  l'environnent  au  S.,  telle  la  baie 
des  Pêcheurs,  protégée  par  la  pointe  Chaleix  et  l'îlot 
Brun.  Au  N.  de  la  presqu'île  Ducos  se  trouve  la  baie  de 
Dombéa  (ou  de  Koutio-Kouéta),  à  l'entrée  de  laquelle  sont 
les  îlots  Freycinet  et  Nié,  et  qui  correspond  au  territoire 
de  la  rivière  Dombéa,  qui  fournit  de  l'eau  à  la  capitale 
par  une  longue  conduite.  Puis  viennent  :  le  portLaguerre, 
la  baie  Saint- Vincent  fermée  par  plusieurs  petites  îles  entre 
lesquelles  s'oUvre  la  passe  de  même  nom,  et  vis-à-vis  des 
embouchures  de  deux  rivières  et  des  localités  de  Tomo  et 
Bouloupari  ;  la  passe  et  la  baie  d'Ouaraï  viennent  ensuite, 
en  face  de  la  Fôa,  Téremba,  Moindou  ;  puis  la  baie  de 
Bourail,  localité  importante  ;  le  cap  Goulvain  ;  baies  de 
Porwy,  de  Muéo,  de  Koné,  de  Chasséloup,  où  est  le  poste 
de  Gatope  ;  de  Gomen  avec  lé  cap  Devert  qui  supporte  la 
ville  ;  baie  de  Néhoué,  île  et  baie  de  Tânlé,  pointe  de 


91  —  NOUVELLE-CALÉDONIE 

Poumé,  baie  de  Banaré,  à  l'O.  de  la  presqu'île  extrême  N. 
de  Néréma  ;  île  Néba  à  l'O.,  île  Yandé,  îles  Paâba  et  îlots 
Témaghié  et  Taanto,  prolongeant  la  presqu'île  au  N.  Al'E. 
de  celle-ci  et  à  l'extrémité  de  la  grande  terre,  la  baie 
d'Harcourt  reçoit  le  Diahot  et  elle  est  fermée  par  les  petites 
îles  septentrionales  Pam  et  Boualabio. 

Nous  allons  maintenant  suivre  la  côte  E.  Le  havre  de 
Balade  se  présente,  nom  primitif  de  la  Nouvelle-Calédonie 
et  point  de  débarquement  de  sa  découverte  et  plus  tard 
de  sa  prise  de  possession.  On  rencontre  peu  après  le  port 
de  Pouébo  ;  puis,  après  Oubatche,  le  cap  Colnett  (c'est  le 
nom  de  l'officier  qui,  le  premier,  aperçut  la  terre,  à  bord 
,  de  la  Résolution)  ;  le  mouillage  d'iiienghène,  des  îlots 
Yenga,  Yengou,  Ouao,  le  cap  Touho,  la  rivière  et  la  baie 
assez  profonde  de  Tiouaka,  le  cap  Bayes,  les  îlots  d'Har- 
court, le  cap  Bocage  et  le  port  de  Bà,  la  rade  de  Ouaïlou, 
les  baies  de  Konaoua  et  Laugier,  la  baie  de  Kanala  entre 
le  cap  Dumoulin  et  la  pointe  Bogota,  rappelant  par  sa  dis- 
position les  rades  de  Toulon,  avec  la  ville  au  fond,  et  à 
quatre  ports  naturels  ;  tout  auprès,  la  baie  de  Nakéti, 
l'îlot  Toupéti,  les  baies  Konakoué  et  Ouinné,  que  sépare 
la  presqu'île  Naoundou,  celles  des  Massacres  ou  de  Pou- 
rina  et  de  Yaté.  Contournant  l'extrémité  S.,  on  trouve  : 
les  îlots  Nou  (de  l'E.)  et  Néa,  le  cap  de  la  reine-Charlotte  ; 
le  canal  de  la  Havannah,  qui  longe  cette  extrémité  ;  le  cap 
N'doua,  point  du  continent  le  plus  méridional  ;  côté  E.  de 
la  baie  du  Sud  ou  du  Prony,  dont  le  côté  0.  se  prolonge 
par  la  petite  île  Ouén  et  par  l'îlot  Mato,  et  qui  s'enfonce 
de  13  kil.  dans  les  terres.  La  côte  offre  plusieurs  antres 
baies,  savoir  :  Ouié,  Ngo,  des  Pirogues  ou  Koao,  et  de 
Boulari  ;  cette  dernière,  au  fond  de  laquelle  est  Saint- 
Louis,  est  située  sur  le  côté  oriental  de  la  péninsule  qui 
porte  Nouméa,  ainsi  que  la  baie  Ouémo,  le  port  N'guéa, 
l'île  de  même  nom  et  l'île  Ouéré.  Enfin,  après  la  pointe 
du  mont  N'Doï,  les  petites  anses  Vata  et  du  Styx  nous 
ramènent  à  la  baie  des  Pêcheurs. 

Dans  l'axe  de  la  Nouvelle-Calédonie  se  trouve,  à  30  milles 
de  l'extrémité  S.,  Vile  des  Pins,  de  i6  kil.  sur  14,  et  les 
îlots  Koutoma  et  Nokanhoui,  en  dedans  de  l'anneau  de  co- 
rail, mais  celui-ci  ne  se  manifestant  que  par  quelques  ré- 
cifs à  peine  émergents.  Au  N.,  à  une  distance  de  27  milles, 
le  groupe  de  Bélep,  comprenant  les  îles  d'Art  et  de  Pott, 
s'élève  dans  le  lagon,  dont  la  ceinture  ne  se  referme  qu'au- 
tour des  îles  Huon,  Fabre,  Leleizour  et  Surprise,  en  cons- 
tituant un  véritable  et  vaste  atoll.  En  dehors,  mais  sur  le 
socle,  est  la  chaîne  des  îles  Loyalty,  parallèle  à  la  grande 
île  néo-calédonienne.  Elle  commence  au  N.-O.  par  le  récif 
de  l'Astrolabe,  comprend  les  îles  Ouvéa,  avec  une  pléiade 
d'îlots  ;  Lifou,  la  plus  grande  de  l'archipel,  50  kil.  sur  27  ; 
et  Mare,  quadrilatère  de  21  kil.  environ  dans  ses  diamètres  ; 
enfin  la  petite  île  Walpole.  Cet  archipel  constitue  avec  la 
Nouvelle-Calédonie  un  ensemble  géographique,  mais  dif- 
fère de  celle-ci  en  ce  que  sa  chaîne  de  montagnes  sur  les- 
quelles les  polypiers  ont  bâti  est  plus  ou  moins  profon- 
dément sous-marine.  Quant  aux  îles  Chesterfield,  à  320  milles 
au  N.-O.  de  la  Calédonie,  et  qui  appartiennent  aussi  à  la 
France,  eUes  ne  sont  point  une  dépendance  géographique 
de  la  grande  île,  étant  placées  sur  un  socle  différent,  seuil 
prolongé  de  la  Nouvehe-Zélande,  émergeant  pour  former 
en  passant  l'île  Norfolk. 

Relief.  —  La  Nouvelle-Calédonie  est  une  terre  élevée. 
On  a  cru  dans  les  commencements,  en  l'apercevant  de  la 
mer,  et  d'après  les  cartes  marines,  que  son  système  mon- 
tagneux consistait  en  deux  chaînes  côtières  séparées  par 
une  vallée,  mais  cette  disposition  ne  se  présente  qu'aux 
deux  extrémités  de  l'île.  Ailleurs  les  monts  sont  épars  ou 
en  chaînes,  entre  les  deux  versants.  La  diversité  la  plus 
grande  existe  pour  la  forme  et  l'altitude  des  montagnes  ou 
des  collines  et  la  nature  des  plaines.  Au  S.-E.  les  hau- 
teurs forment  des  massifs  isolés  et  nettement  délimités 
s'élevant  au-dessus  des  plaines  horizontales  marécageuses 
et  arides.  Au  N.,  les  monts  occupent  la  largeur  de  l'île  en 
s'abaissant  vers  le  N.-O.  C'est  au  N.^E.  qu'ils  sont  les 


NOUVELLE-CALEDONIE 


—  n 


pus  élevés.  Les  sommets  les  plus  remarquables  sout,  daus 
la  portion  sud,  la  Dent  de  Saint- Vincent  (1.445  m.)  et  le 
pic  de  Humboldt  (4.634  m.),  plus  rapproché  de  la  côte 
orientale  ;  plus  haut,  au  centre,  et  visible  des  deux  côtes. 
Table  Unio  ;  l'aiguille  de  Muéo  ;  le  Pic  Table  (1.243  m.)  ; 
le  pic  Homodéboua  (1.200  m.)  et  le  mont  Koala  (1.085), 
au  N.-O.  ;  vis-à-vis,  sur  la  côte  orientale,  les  plus  grandes 
altitudes:  le  piton  dePanié  (1.642  m.)  et  une  cime,  sorte 
de  plateau  de  1.700  m.  Bien  d'autres  sommets  pourraient 
être  cités,  entre  autres,  au-dessus  de  Nouméa,  le  mont 
Dore  (775  m.),  le  mont  des  Sources  (1.025  m.),  le  mont 
Ouen  (1.319  m.),  le  mont  Mou  (1.218).  En  général,  le 
sol,  bouleversé  par  d'anciennes  éruptions,  offre  l'aspect 
de  monts  entassés,  aux  flancs  profondément  ravinés,  aux 
vallées  étroites  et  boisées  ;  les  plaines  sont  rares,  un  cer- 
tain nombre  sont  fertiles. 

L'île  des  Pins  offre  un  plateau  central  d'origine  érup- 
tive,  de  80  m.  de  hauteur,  aride  et  ferrugineux,  et  un  pic 
de  266  m.,  dit  Nga.  Au  pourtour  est  une  ceinture  ma- 
dréporique,  de  2  à  3  m.  d'alt.,  creusée  de  grottes,  avec 
une  bande  intermédiaire  étroite  d'alluvions.  Au  S.  se 
trouve  également  l'Ile  Ouen,  elle  a  262  m.  Les  îles,  auN., 
ont  aussi  d'assez  grandes  élévations.  L'île  Yandé  a 
326  m.  ;  l'île  Balabio,  282  m.  Plus  loin,  dans  les  Bélep, 
l'île  d'Art  a  252  m.  —  L'altitude  des  îles  Loyalty,  bien 
qu'elles  soient  de  nature  corallienne,  est  assez  grande.  Elle 
augmente  en  allant  au  S.  Après  les  récifs  de  Pétrie  et  ceux 
de  l'Astrolabe,  situés  à  tleur  d'eau,  vient  l'île  d'Uvea, 
plateau  de  corail  haut  de  15  à  18  m.  et  renfermant  un 
lagon  de  18  m.  de  profondeur.  Lifou,  qui  est  aussi  un 
ancien  atoll,  soulevé  successivement  jusqu'à  90  m.,  et  où 
l'on  distingue  trois  terrasses  d'exhaussement.  Mare  s'élève 
jusqu'à  100  m.  et  montre  cinq  étages,  ainsi  qu'un  noyau 
éruptif  central.  Les  îles  Huon,  également  madréporiques, 
sont  peu  élevées. 

Géologie.  —  L'ossature  de  la  Nouvelle-Calédonie  est 
constituée  par  des  roches  de  serpentine,  formant  une  chaîne 
qui  suit,  dans  le  S.,  l'axe  de  l'île,  et  où  s'élèvent  les  hautes 
cimes  de  Humboldt,  de  Saint- Vincent,  de  Table  Unio  ; 
elle  se  divise  entre  Ouarail  et  Canala  et  se  manifeste  par 
de  nouvelles  rangées  de  monts,  sur  la  côte  0.  jusqu'à 
l'archipel  de  Bélep,  tandis  qu'à  l'E.  elle  forme  une  chaîne 
de  Canala  à  Mou,  se  retrouve  dans  l'intérieur  et  disparaît 
sous  les  schistes  micacés  de  la  chaîne  qui  s'étend  de  Touho 
à  l'île  Balabio.  Cette  chaîne  schisteuse  est  pittoresque  et 
donne  à  cette  portion  orientale  de  l'île  le  plus  agréable 
aspect.  En  dehors  des  terrains  serpentineux  et  de  ce  lam- 
beau de  terrain  cristallin,  il  est  des  terrains  sédimentair es, 
fréquemment  métamorphosés  par  des  roches  éruptives  mé- 
laphyriques  ;  c'est  à  l'O.  qu'on  les  rencontre.  On  signale, 
parmi  les  roches,  en  outre  de  celles  magnésiennes  serpen- 
tineuses  et  des  porphyres  mélaphyriques ,  des  syénites, 
des  diorites,  des  trachytes,  même  des  pierres  ponces  en 
galets  roulés  par  la  mer,  indices  d'anciennes  éruptions. 
Comme  il  y  a  une  grande  ressemblance  géologique  avec 
l'Austrahe  orientale,  il  n'est  pas  étonnant  que  de  l'or  existe 
en  Nouvelle-Calédonie  ;  des  veines  aurifères  ont  été  ob- 
servées dans  la  partie  nord.  Mais  ce  sont  surtout  les  métaux 
communs  qu'on  y  rencontre.  Le  groupe  du  fer  est  repré- 
'  sente  :  d'abord,  par  le  fer  lui-même,  à  l'état  d'oxydule  et 
d'hématite  brune,  particuHèrement  dans  le  Sud,  et  à  fleur 
du  sol  ;  par  le  manganèse  ;  par  le  chrome  ou  fer  chromé, 
également  au  S.  ;  par  le  cobalt,  très  répandu  (île  Ouen, 
baie  du  Sud,  cap  Bocage,  Nakéti,  îles  Yandé  et  Bélep,  etc.)  ; 
enfin,  principalement,  par  le  nickel,  à  l'état  d'un  minéral 
nouveau,  sihcate  de  nickel  et  de  magnésie  (à  Boulari,  Thio, 
Canala,  Houailou,  etc.).  Tout  ce  groupe  appartient  aux 
régions  serpentineuses.  L'or,  le  cuivre,  l'antimoine  et  le 
plomb  se  rencontrent  dans  les  terrains  anciens  du  Nord.  Le 
cuivre  sulfuré  existe  dans  la  vallée  du  Diahot,  à  Balade, 
Oégoa  et  à  Koumac.  Le  sulfure  d'antimoine  a  été  décou- 
vert dans  le  district  de  Nakéti.  Des  gisements  de  plomb 
sulfuré  argentifère  ont  été  trouvés  à  Koumac,  avec  la  py- 


rite cuivreuse  et  dans  la  mine  d'or  de  Fern-Hill,  où  la 
galène  est  accompagnée  de  blende.  La  houille,  si  impor- 
tante, a  offert  des  affleurements  sur  la  côte  ouest,  les  re- 
cherches sont  contiimées  et  se  poursuivent  aujourd'hui 
activement.  Dernièrement,  on  a  découvert  des  pierres 
lithographiques  dans  le  Sud,  notamment  à  l'île  Mato. 

En  ce  qui  concerne  les  madrépores,  les  passes  que  pré- 
sente la  ceinture  de  récifs  dépendraient  plutôt  de  l'isole- 
ment primitif  des  roches  sous-adjacentes  sur  lesquelles 
les  polypiers  ont  bâti,  que  de  la  destruction  de  ces  ani- 
maux par  le  mélange  avec  la  mer  de  l'eau  douce  des  ri- 
vières ;  car  les  passes  ne  correspondent  pas  ici  d'ordinaire 
avec  les  embouchures  des  cours  d'eau.  11  est  à  remarquer 
que  la  croissance  des  coraux  s'y  fait  avec  une  rapidité 
extraordinaire  ;  on  y  observe  des  astrées  gigantesques  de 
30  m.  de  tour,  dans  les  parties  exposées  aux  vagues.  Aux 
Loyalty,  des  coquilles  appartenant  aux  espèces  actuelles, 
et  situées  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  démontrent  la 
date  géologique  récente  de  leur  dernier  exhaussement.  Il 
faut  y  signaler  des  fissures  nombreuses  dans  les  falaises 
extérieures. 

Bégime  des  eaux.  —  Grâce  aux  nuages  qui  s'arrêtent 
sur  les  hauteurs,  la  Nouvelle-Calédonie  est  parfaitement 
arrosée.  Le  faîte  de  partage  des  eaux  qui  suit  l'axe  insu- 
laire les  déverse  perpendiculairement  sur  l'un  et  l'autre 
rivage.  Les  cours  d'eau  sont  fort  nombreux,  on  pourrait 
en  nommer  près  d'une  centaine.  Ils  ont  nécessairement 
une  faible  longueur  et  le  caractère  de  torrents  avec  chutes, 
qu'on  pourrait  utiliser,  et  ils  donnent  lieu  parfois  à  des 
inondations.  Leurs  embouchures  sont  le  plus  souvent  o  s- 
truées  par  des  roches  ou  autres  obstacles,  et  un  pe.it 
nombre  seulement  sont  navigables  à  u.ie  faible  distance. 
Le  Diahot,  le  «  fleuve  »,  se  distingue  à  cet  égard,  étant 
le  plus  considérable,  navigable  jusqu'à  40  kil.  de  son 
embouchure,  mais  il  diffère  aussi  des  autres  parce  qu'il 
coule  dans  le  sens  de  l'axe  :  né  dans  les  hauts  massifs  de 
Panié,  il  se  jette  au  N.,  après  mille  détours,  dans  la  baie 
d'Harcourt.  Il  est  une  autre  particularité  des  rivières  de 
la  Nouvelle-Calédonie,  c'est  que  plusieurs  ont  un  cours 
souterrain,  en  sorte  qu'en  certains  points,  notamment  au 
S.,  des  montagnes  sèches  à  la  surface  reposent  sur  une 
nappe  interne.  On  entend  à  ses  pieds,  sous  le  sol,  mur- 
murer ces  ruisseaux.  Le  plus  curieux  est  la  rivière  de 
Tontouta,  dont  la  source,  au  mont  de  Humboldt,  est  énorme, 
et  qui  disparaît  et  se  montre  alternativement  avant  de  se 
jeter  dans  la  baie  Saint- Vincent.  La  rivière  d'Hienghène 
serait  plus  remarquable  encore.  Après  avoir  dispara,  elle 
viendrait  sourdre  au  miheu  de  l'îlot  de  sable  Yenga,  à 
5  kil.  de  la  côte.  On  a  attribué,  du  moins  en  partie,  la 
salubrité  des  marais  de  l'île  à  ce  que,  par  suite  des  fis- 
sures du  sol,  les  eaux  n'y  séjournent  pas  et  n'y  sont  pas 
stagnantes.  Toutefois,  des  terrains  marécageux  offrent  des 
lacs,  tel  est  le  plateau  des  Lacs,  au  S.-E.  Les  régions  sou- 
terrahies  jouent  un  rôle  remarquable  ;  on  voit  des  ruis- 
seaux voisins,  des  cascades  rapprochées,  dont  l'eau  ici  est 
chaude,  et  là  fraîche  et  glacée,  par  exemple,  sur  la  côte 
Nord-Orientale.  Dans  la  baie  de  Prony,  deux  sources  ther- 
males jailHssent  du  fond  de  la  mer.  Plusieurs  rivières  sont 
d'un  charme  pittoresque,  avec  leurs  vallées  boisées  et  les 
viUages  épars  sur  les  bords.  Les  plus  connues  sont,  en 
contournant  l'île  comme  précédemment  :  le  ruisseau  des 
Français,  la  Dombéa,  la  Tamoa  ;  d'autres:  Tontouta, 
Ouengué,  Foa,  Néra,  Témala,  louanga  ou  de  Gomen,  de 
Koumac,  sur  la  côte  Ouest;  après  le  Diahot,  et  sur  la  côte 
Est,  celles  de  :  Pouéba,  Ouaième,  Hienghène,  Tiouaca, 
Tchamba,  Pounérihouen,  Houailou,  Ni,  du  Sud  (iàùe  du 
Prony).  —  Aux  Loyalty,  où  il  n'y  a  pas  de  mohlagnes 
pour  retenir  les  nues,  il  n'y  a  point  de  cours  d'eau;  les 
habitants  recueillent  un  peu  d'eau  de  pluie  à  l'aide  de 
rigoles  creusées  le  long  des  cocotiers,  et,  d'ailleurs,  ils 
boivent  le  lait  de  coco. 

Climat.  —  Située  dans  la  zone  torride,  la  Nouvelle- 
Calédonie  a  une  température  assez  élevée,  22*^  à  23«  de 


93  — 


NOUVELLE-CALÉDONIE 


moyenne  annuelle,  les  extrêmes  étant  36^  et  12<^  :  on  a 
observé,  mais  exceptionnellement,  38^  et  7*^.  A  Nouméa, 
d'après  Campana,  moyenne  annuelle  24^,7,  max.  36^,2, 
minim.  d4«,  écart  22«,2;  à  Fîle  des  Pins  (Mialaret), 
moyenne  annuelle  23*^,4,  écart  19'^.  Les  différences  des 
températures  pour  les  saisons  sont  moindres  pour  elle 
que  pour  les  grandes  îles  de  l'Océanie,  plus  ou  moins 
continentales,  mais,  par  contre,  plus  marquées  que  pour 
les  autres,  vu  l'isolement  où  elle  se  trouve  de  la  haute 
mer  par  son  récif  circulaire.  La  température  moyenne  de 
Tété,  dans  ses  mois  les  plus  chauds,  décembre  à  mars, 
est  27^,  celle  de  l'hiver,  entrejuinetaoût,  20*^,5.  L'été  ou 
hivernage  est  la  saison  des  pluies,  des  vents  variables  et 
des  ouragans  ;  l'autre  saison,  qui  dure  huit  mois,  du 
21  mars  au  2i  nov.,  est  belle,  plus  sèche  et  fraîche.  En 
réalité,  la  saison  pluvieuse  n'est  pas  déterminée  nettement. 
Il  est  des  années  sèches,  par  exemple  0*^^767  d'eau  en 
1877,  1>^,597  en  1897.  La  moyenne  de  la  pluie  à  Nou- 
méa est,  du  21  déc.  au  22  juin,  de  120  millim.,  et  du 
21  juin  au  21  déc.  de  60  millim.  La  cote  occidentale  offre 
des  distinctions  moins  marquées  dans  ses  saisons,  étant 
influencée  par  les  moussons  de  l'Australie,  vents  d'O.  et 
de  S.-O.,  en  juillet,  août,  septembre.  C'est  dans  les  mois 
de  janvier  et  février  que  sévissent,  après  s'être  annoncés  par 
la  baisse  du  baromètre  (750  millim.),  les  ouragans,  cyclones 
tournant  de  droite  à  gauche  (sens  inverse  des  aiguilles 
d'une  montre)  avec  translation  dans  le  S.,  conformément 
à  l'hémisphère  S.,  d'ailleurs  moins  étendus  en  diamètre  et 
moins  dévastateurs  qu'aux  Mascareignes.  Ces  phénomènes 
ici  sont  rares  et  ne  se  présentent  guère  que  tous  les  quatre 
ou  cinq  ans.  Ils  sont  plus  rares  dans  la  partie  N.  que 
dans  le  reste  de  la  contrée  et  moins  violents,  en  raison 
des  vents  alizés  qui  remontent  au  N.  et  qui  prédominent, 
continuant  de  souffler  avec  régularité  du  S.-E.  et  de  l'E.- 
S.-E.  Le  tonnerre  ne  se  fait  presque  jamais  entendre 
sur  la  cote  0.  Les  brises  rafraîchissantes  de  mer  et  de 
terre  sont  inégales  par  rapport  aux  deux  côtes,  les  pre- 
mières dominant  à  l  E.,  les  secondes  à  l'O.  qu'on  pour- 
rait appeler  la  côte  sous  le  vent.  —  La  pression  baromé- 
trique moyenne  est  de  758™"\5.  —  Les  jours  les  plus 
longs  sont  en  décembre  et  ont  14  heures  ;  les  plus  courts 
en  juillet  ont  10  heures  et  demie.  —  La  mer  marne  de 
0^,80  à  1^^,20. 

La  salubrité  exceptionnelle  de  la  Nouvelle-Calédonie  per- 
met aux  Européens  de  travailler  aux  champs,  en  se  pré- 
servant, bien  entendu,  des  insolations,  par  des  casques 
légers  notamment.  La  mortalité  de  nos  soldats  y  est  moindre 
qu'en  France.  L'explication  de  ce  fait  est  dans  l'absence 
des  causes  telluriques,  telles  que  celle  des  véritables  ma- 
rais, des  corps  en  décomposition,  des  coraux  morts,  etc., 
et  peut-être  dans  la  présence  des  niaoulis,  les  analogues 
des  eucalyptus  ailleurs.  Malheureusement,  la  lèpre,  qui 
est  répandue  chez  les  naturels  et  atteint  aussi  les  Euro- 
péens, tend  à  envahir  la  colonie  (1.500  à  4.000  individus 
environ,  dont  près  de  60  blancs).  Pour  enrayer  ce  mal 
contagieux,  on  a  établi  une  léproserie  à  File  Art,  que  l'on 
va  (4898-99)  remplacer  par  des  étabUssements  moins 
éloignés. 

Flore.  —  La  richesse  de  la  flore  de  la  Nouvelle-Calé- 
donie, où  toutes  les  classes  du  règne  végétal  sont  repré- 
sentées, vient  à  l'appui  de  l'opinion  d'après  laquelle  cette 
île  n'a  pas  été  toujours  isolée  et  a  du  faire  partie  d'un 
grand  continent,  une  océanide.  Sans  compter  les  cryp- 
togames amphi gènes,  algues,  champignons,  lichens,  il  y 
aurait  plus  de  1.500  espèces  de  plantes.  Les  cryptogames 
acrogènes  sont  surtout  représentées  par  les  fougères,  sou- 
vent arborescentes;  il  y  a  plus  de  1.100  dicotylédones. 
Les  graminées,  dont  il  n'y  a  que  160  espèces,  sont  sur- 
tout nombreuses  en  individus.  On  remarque  les  familles 
suivantes  :  mimosées,  césalpiniées,  protéacées,  sautalacées  ; 
le  santal  {Santalum  austro-caledonicum) ,  abondant  ja- 
dis, est  devenu  fort  rare  ;  laurinées  ;  saxifragées  arbores- 
centes; nyctaginées;  malvacées;  tiliacées;  euphorbiacée: 


{Aleurites)  ;  térébinthacées;  sapindacées;  méliacées;  ulma- 
cées  (Ficus,  Artocarpus)  ;  combrétacées  (les  badamiers)  ; 
rhizophorées  (les  palétuviers)  ;  myrtacées  {Melaleuca  vi- 
riâitlora  ou  niaouli)  ;  elles  sont  fort  nombreuses  ;  clu- 
siacées;  rubiacées  (divers  Gartiema);  borraginées  ligneuses; 
apocynées  ;  sapotacées  ;  ébénacées  (Diospyros)  ;  styracées; 
épacridées,  conifères  [Araucaria,  Dammara  ou  kaori) , 
casuarinées  (le  filao)  ;  cycadées  ;  palmiers;  pandanées  ;  dior- 
corées  {Dioscorea,  Tacca)  ;  musacées  (les bananiers)  ;  aroï- 
dées  (Colocasia);  cypéracées;  graminées;  fougères,  etc. 
Un  très  grand  nombre  d'espèces  sont  ligneuses  et  consti- 
tuent les  diverses  essences  des  forêts.  La  végétation  est 
inégalement  répartie.  Dans  la  région  du  Sud,  aux  terrains 
éruptifs  inféconds,  il  est  des  espèces  spéciales  de  myrta- 
cées, casuarinées,  conifères,  mais  non  les  plantes  consti- 
tuantes des  pâturages.  Celles-ci,  graminées,  papiHonacées, 
composées,  sont  abondantes  sur  les  terrains  sédimentaires 
du  Nord.  Malheureusement,  une  graminée  envahissante,  An- 
dropogon  allionii,  ne  permet  pas  l'élève  des  brebis,  ses 
graines  s'accrochant  à  leur  toison  et  déterminant  des 
ulcères. 

Faune.  —  Elle  est  pauvre  en  mammifères  terrestres. 
On  n'y  trouve  guère  que  :  2  variétés  de  roussette  (Plero- 
pus),  P.  rubiHcollis,  grandes  chauves-souris  atteignant 
0'^,80  d'envergure  ;  c'est  un  mets  recherché  des  naturels  ; 
une  petite  espèce  de  vespertilion,  et  2  variétés  de  rats.  Les 
mammifères  marins  sont  :  le  phoque,  le  morse,  le  marsouin, 
le  cachalot.  Les  mammifères  introduits  :  chat,  chien,  co- 
chon, cheval  et  âne,  importés  d'Australie  ;  bœuf,  chèvre, 
mouton,  également  d'Australie  ;  lièvre,  cerf.  —  Les  oiseaux 
sont  nombreux  en  espèces,  plus  d'une  centaine:  l'île,  par 
plusieurs  espèces,  se  rattache  aux  aires  de  la  Nouvelle- 
Zélande,  de  l'Australie  et  des  îles  de  la  Sonde.  Les  pas- 
sereaux dominent;  ils  chantent  et  sont  très  vifs.  Les 
palmipèdes  et  les  échassiers  sont  abondants  ;  puis  les  oi- 
seaux de  proie  et  les  grimpeurs.  Les  tourterelles  offrent 
des  espèces  agréablement  nuancées.  Le  kagou  (Rhina- 
chetos  jubatus),  qui  ressemble  aux  hérons  et  aux  grues, 
est  fort  curieux,  il  tend  à  disparaître.  Il  faut  citer  encore 
le  n'diuo  [Gallirallus  Lafresneyanus)  et  le  talève,  poule 
sultane  superbe,  etc.  Ont  été  introduits  :  poules,  paons, 
pintades,  pigeons,  canards,  oies,  dindons,  perdrix  de  Ca- 
lifornie. 

La  classe  des  poissons  est  fort  nombreuse  et  utile  pour 
l'alimentation,  mais  certaines  espèces  sont  dangereuses 
par  leur  piqûre  venimeuse  (Diodon  tigrimis,   etc.)  ou 
par  une  chair  toxique,  ex.  la  Sardine  vénéneuse  (Meletto 
venenosa).  Ces  propriétés  malfaisantes  n'existent  pas  pour 
les  poissons  d'eau  douce,  qu'on  peut  manger  sans  crainte. 
Des  raies  pèsent  jusqu'à  200  kilogr.  Les  requins  sont  trop 
nombreux.  —  Les  reptiles  sont  peu  nombreux  en  espèces. 
Le  genre  lézard  domine.  Il  n'y  a  pas  d'ophidiens  ter- 
restres venimeux,  mais  des  serpents  d'eau  ou  hydrophides, 
sur  la  côte,  qu'on  a  crus  inoffensifs,  parce  qu'ils  mordent 
difficilement,  ayant  la  bouche  petite,  en  réahté  deux  es- 
pèces venimeuses  des  genres  Platurus  et  Hydrophis.  Il 
faut  s'en  méfier.  Des  tortues  vivent  en  abondance  dans 
les  récifs  ;  on  pêche  la  tortue  caret  dont  l'écaiflc  est  pré- 
cieuse. Les  crustacés,  fort  nombreux  en  individus,  ont  des 
espèces  remarquables.  Plusieurs  (lupées,  langoustes)  ont 
une  chair  délicate.  Les  insectes,  s'ils  offrent  des  espèces  cu- 
rieuses, des  papillons  brillants,  n'en  ont  que  trop  de  nui- 
sibles, sauterelles,  moustiques,  puces  répandues  dans  les 
champs,  etc.  D'autres  espèces  nuisibles  sont  des  arachnides 
(scorpion)  et  des  myriapodes.  Il  est  des  annéhdes  terrestres 
ou  marins.  Les  moflusques,  entre  tous,  se  font  remarquer, 
terrestres,  fluviatiles  ou  marins  ;  ils  sont  souvent  alimen- 
taires. Des  nautiles,  des  Turbo  sont  nacrés.  On  remarque 
des  Pinna  et  des  bénitiers  de  plus  d'un  mètre.  Les  huîtres 
perlières  (Meleagrina  margaritifera)  se  trouvent  généra- 
lement par  de  grandes  profondeurs  ;  il  y  en  a  un  banc  sur 
le  récif  entre  l'île  Balabio  et  la  pointe  Nord.  C'est  dans  les 
rayonnes  qu'on  range  les  holothuries  ou  Iripangs  ou 


NOUVELLE-CALEDONIE 


—  U  — 


biches  denfier,  aliment  aphrodisiaque  aimé  des  Chinois, 
et  qui  fait  l'objet  d'un  commerce  important.  Enfin,  les 
coraux  eux-mêmes,  si  abondants,  méritent  l'attention  des 
savants. 

Géographie  politique.  —  Découverte  et  histoire 
POLITIQUE.  —  La  Nouvelle-Calédonie  fut  découverte  par 
Cook  le  4  sept.  1774,  ainsi  que  l'île  des  Pins,  le  26.  Il 
avait  abordé  à  Balade.  Ce  fut  en  ce  même  point  que 
mouilla,  le  17  avr.  1793,  d'Entrecasteaux,  après  avoir 
reconnu  en  1792  l'île  des  Pins  et  exploré  ces  parages, 
tandis  que  Beautemps-Beaupré  en  dressait  les  cartes  hydro- 
graphiques. Il  faut  placer  ici  les  nombreuses  explorations 
dans  l'île  et  sur  ses  côtes  par  les  navigateurs  baleiniers  et 
sandaliers  :  les  vexations  que  subirent  alors  les  indigènes 
exphquent  leurs  sanglantes  représailles,  aujourd'hui  dis- 
parues sous  l'influence  de  notre  domijiation.  En  1843,  le 
Bucéphale  y  amena  des  missionnaires  français,  et  hissa 
notre  drapeau  sur  l'île.  Le  commandant,  M.  de  La  Fer- 
rière,  dut  être  désavoué  par  son  gouvernement,  par  suite 
des  réclamations  de  l'Angleterre.  La  Seine  fut  expédiée 
pour  faire  retirer  le  pavillon  français.  Dans  cette  mission 
ce  bâtiment  se  perdit  sur  les  récifs  de  Pouçbo  (4juil.  1846), 
l'équipage  revint  en  France  sur  un  navire  anglais,  comme 
pour  combler  la  mesure.  En  1851,  la  corvette  française 
rAlcmène,  commandée  par  le  comte  d'Harcourt,  étant  au 
mouillage  de  Balade,  une  de  ses  embarcations  fut  atta- 
quée par  les  indigènes,  et  ses  officiers  et  matelots  furent 
tués  et  dévorés  ;  seul,  un  jeune  novice  de  la  marine  échappa 
au  massacre.  Ce  fait  détermina  la  prise  de  possession 
de  l'île,  qui,  d'ailleurs,  semblait  convenir,  aux  yeux  des 
morahstes,  pour  l'internement  des  condamnés.  Ce  fut  en- 
core à  Balade  qu'elle  eut  heu,  par  l'amiral  Febvrier  Des- 
pointes le  24  sept.  1853.  A  ce  moment,  un  commodore 
anglais,  Taylor,  commandant  d'une  mission  scientifique 
sur  ï Herald,  négociait  à  l'autre  extrémité,  avec  le  chef 
Vandégou  de  File  des  Pins,  le  protectorat  de  cette  île.  Sur 
ces  entrefaites,  arrive,  avec  sa  corvette  le  Phoque,  l'ami- 
ral français,  prévenu  par  le  P.  Montrouzier  à  Balade.  Il 
agit  sur  Vandégou,  mis  dans  nos  intérêts  par  nos  mis- 
sionnaires ;  et  ce  fut  notre  pavillon  qui  définitivement  fut 
arboré  sur  ce  point.  Le  drapeau  anglais,  qui  avait  été 
déjà  hissé  par  un  des  compagnons  de  Taylor,  un  des  sa- 
vants, nommé  Clarke,  fut  amené.  Le  malheureux  commo- 
dore, sensible  aux  reproches  de  son  état-major,  à  cause 
de  sa  faiblesse,  se  brûla  la  cervelle  à  l'arrivée  de  V Herald 
à  Sydney. 

Au  mois  de  janv.  1854,  le  capitaine  de  vaisseau  Tardy 
de  Montravel,  commandant  la  Constantine,  découvrait 
l'excellente  rade  de  Nouméa  et  choisissait  ce  port  naturel, 
le  plus  rapproché  de  Sydney,  pour  y  établir  le  chef-lieu 
ou  capitale  de  la  colonie  :  la  ville  reçut  le  nom  de  Port- 
de-France,  qu'elle  ne  garda  pas.  De  1853  à  1860,  la 
Nouvelle-Calédonie  fut  placée  sous  les  ordres  du  gouver- 
neur des  établissements  français  de  l'Océanie  et  dirigée, 
pendant  ses  absences,  par  un  commandant  particuher.  Un 
décret  du  14  juil.  1860  l'érigea  en  colonie  distincte,  sous 
l'autorité  d'un  commandant,  à  dater  du  1^^  juil.  Ce  titre 
fut  changé  peu  après  en  celui  de  gouverneur.  Le  capi- 
taine de  vaisseau  Guillain  fut  le  premier  gouverneur  de 
la  Nouvelle-Calédonie  et  dépendances,  ayant  été,  nommé 
par  décret  du  14  déc.  1861.  Il  dut  pourvoir  à  l'organi- 
sation, entreprendre  des  travaux,  réprimer  des  soulève- 
ments indigènes,  un  entre  autres,  en  1868.  Ce  fut  en  1864, 
en  mai,  que  le  premier  convoi  de  condamnés,  au  nombre 
de  250,  arriva  et  forma  le  noyau  du  pénitencier  de  Fîle 
Nou.  Depuis,  le  nombre  des  criminels  expatriés  a  progressé 
rapidement,  il  était,  à  la  fin  de  1884,  de  11.358  indivi- 
dus; en  1875,  il  y  en  avait  déjà  6.647,  sans  compter 
3.937  déportés.  La  déportation  remonte  à  l'année  1871 
et  a  pris  naissance  dans  des  circonstances  exceptionnelles. 
Environ  4.000  de  ces  condamnés  politiques  furent  placés, 
les  uns  à  la  presqu'île  Ducos,  enceinte  fortifiée,  les  autres 
à  l'île  des  Pins,  déportation  simple  (4  oct.  1872).  Leur 


concours  pour  la  colonisation  promettait  de  bons  résul- 
tats ;  nulle  évasion,  quoique  facile,  ne  se  produisit  avant 
celle  de  Rochefort  ;  bientôt  la  perspective  d'une  amnistie 
prochaine  annula  tout  service  de  leur  part  pour  le  déve- 
loppement de  la  colonie  jusqu'à  la  fin  de  leur  séjour, 
en  1880.  En  1878,  le  25  juin,  une  insurrection  plus 
sérieuse  que  les  précédentes  éclata,  déterminée  par  les  pré- 
judices causés,  dans  leurs  propriétés  et  dans  leurs  idées 
religieuses,  aux  indigènes,  malentendus  qu'on  aurait  pu 
éviter.  Heureusejnent,  ceux-ci,  étant  divisés,  ne  purent 
que  commettre  des  méfaits  isolés  et  furent  réprimés  par 
les  troupes,  sous  le  haut  commandement  du  gouverneur 
Olry.  Cette  insurrection  n'en  eut  pas  moins  une  répercus- 
sion fâcheuse  sur  la  colonisation  en  montrant  son  insé- 
curité ;  et  pourtant  aujourd'hui,  c'est  dans  ces  mêmes 
indigènes  que  nous  trouvons  les  meilleurs  limiers  pour 
s'emparer  de  nos  forçats  évadés.  A  la  suite,  ceux  qui 
durent  être  punis  furent  exilés  à  l'île  des  Pins,  ce  qui  était 
punir  du  même  coup  ses  habitants  et  les  déposséder.  Après 
le  départ  des  déportés,  des  condamnés ^et  libérés,  bientôt 
au  nombre  de  750,  vinrent  prendre  leur  place,  qu'ils  cé- 
dèrent à  leur  tour  à  la  fin  de  1886,  car  cette  malheureuse 
petite  île  annexe  reçut,  le  25  janv.  1887,  les  300  pre- 
miers relégués  coUectifs,  un  nouvel  élément  pénal,  les 
récidivistes  ou  les  incorrigibles,  relégués  loin  de  France, 
moins  criminels  que  déshérités  et  misérables,  privés  de 
toute  énergie,  «  parasites  sociaux  »,  et  constituant  une 
cause  d'encombrement  et  une  gêne  plutôt  qu'une  aide  pour 
la  colonisation. 

La  Nouvelle-Calédonie  est  une  île  privilégiée  :  prin- 
temps éternel,  salubrité  parfaite,  absence  de  tout  danger 
des  fauves  et  des  serpents  venimeux,  soumission  des  natu- 
rels, perspective  éloignée  du  péril  anglo-saxon  l'attirant 
dans  l'orbite  du  grand  continent  océanien  ;  richesses 
minières  èxceptionneUes  ;  mais  le  nombre  et  la  durée  du 
séjour  sont  deux  forces  avec  lesquelles  il  faut  compter, 
quand  il  y  a  similitude  de  race.  Or,  ces  deux  forces,  ce 
sont  les  condamnés  qui  les  possèdent,  la  colonisation  libre 
devrait  prédominer  par  le  nombre  pour  que  cette  colonie 
de  peuplement  ne  fût  pas  un  simple  établissement  pénal. 

Administration.  —  En  outre  de  ses  dépendances  géo- 
graphiques, la  colonie  administre  les  îles  Wallis  (V.  ce 
mot).  Le  gouverneur,  commandant  général,  a  sous  ses 
ordres  le  commandant  militaire  et  ceux  des  bâtiments  de 
la  station.  Les  troupes  sont  composées  crinfanterie  de  ma- 
rine, d'artillerie  de  marine  et  de  gendarmerie.  Au  civil, 
le  gouverneur,  assisté  d'un  conseil  privé,  a  sous  ses  ordres 
immédiats  la  direction  de  l'intérieur  et  la  direction  péni- 
tentiaire, auxquelles  il  faut  ajouter  le  service  judiciaire, 
dirigé  par  un  procureur  général,  celui  de  la  marine,  chef 
un  commissaire  des  colonies,  le  service  de  santé,  etc. 

Au  point  de  vue  administratif,  l'île  est  divisée,  par 
tranches  transversales,  et  du  S.  au  N.,  en  cinq  arrondis- 
sements :  1^^  ch.-l.  Nouméa;  2^,  ch.-l.  Canala;  3®,  ch.-l. 
Houadou  ;  4^,  ch.-l.  Touho  ;  5^,  ch.-l.  Ouégoa,  compre- 
nant les  îles  du  Nord.  Ce  sont  surtout  des  circonscriptions 
électorales.  — Au  point  de  vue  de  la  surveillance  à  exercer 
par  les  administrateurs,  elle  est  divisée,  par  arrêté  du 
gouverneur  du  16  avr.  1898,  en  trois  territoires  :  1®^  ter- 
ritoire comprenant  le  1®-  arrondissement,  avec  Nouméa  pour 
ch.-l.;  le  2^  comprend  tous  les  autres,  versant  E.,  ch.-l. 
Canala;  le  3®,  également,  versant  0.,  ch.-l.  (provisoire- 
ment) Moindou.  —  En  ce  qui  a  trait  aux  institutions  libres, 
la  colonie  élit,  comme  représentant  dans  la  métropole,  un 
délégué;  il  y  a  un  conseiï  général,  un  conseil  munidpal 
à  Nouméa,  des  commissions  municipales  dans  les  autres 
centres.  —  Des  écoles,  un  collège,  des  pensionnats  ;  pour 
le  culte  catholique,  des  missionnaires  maristes,  un  évêque, 
un  pasteur  protestant.  —  La  police  et  des  postes  mili- 
taires protègent  les  colons  ;  la  sécurité  est  réelle,  particu- 
lièrement contre  les  criminels.  —  La  défense  contre  les 
ennemis  extérieurs  n'est  pas  seulement  confiée  à  nos 
troupes,  elle  se  trouve  déjà  dans  les  moyens  naturels  du 


—  95  ~ 


NOUVELLE-CALÉDONIE 


pays,  dans  sa  muraille  de  coraux,  aux  passes  difficiles  et 
assez  éloignées  pour  que  l'on  n'ait  pas  à  craindre  un  bom- 
bardement. —  Le  budget  annuel  de  la  colonie  oscille  entre 
2  et  3  millions  de  fr.  (1887). 

Le  personnel  administratif  de  la  transportation  et  de  la 
relégation  est  considérable  :  bureaux,  commandement  mili- 
taire, surveillance,  personnel  technique,  instruction  et  édu- 
cation, soins  de  médecins  et  de  sœurs  hospitalières.  Les 
établissements  sont  nombreux;  comprenant  les  pénitenciers 
et  les  centres  agricoles.  Les  pénitenciers  et  camps  com- 
prennent l'île  Non,  Montravel,  la  baie  du  Sud  et  les  chantiers 
de  routes  ;  les  centres  agricoles  sont  Koé,  Kouttio-Koéta, 
Fonwahary,  la  Foa,  Téremba,  Bourail,  Pouembout  et  Ko- 
niambo,  leDiahot,  Canala,  Oégoa,  baie  duProny,  îledesPins. 

Géographie  économique.  —  Démographie.  —  Les 
éléments  de  la  population  sont  très  divers  :  4^  par  leur 
origine  (européens  ou  blancs  et  noirs  ou  autres  races)  ; 
2*^  au  point  de  vue  moral  (hommes  libres  et  condamnés). 
Des  subdivisions  sont  nécessaires  :  1^  parmi  les  blancs 
Hbres  (les  colons,  de  nationalités  et  de  sexes  différents; 
les  fonctionnaires  et  les  troupes)  ;  2^  parmi  les  noirs  libres 
(indigènes  de  la  Nouvelle-Calédonie  et  des  Loyalty  ;  engagés, 
Néo-Hébridais,  Chinois  et  Hindous,  Africains)  ;  o^  parmi 
les  condamnés  (transportés  et  libérés,  relégués,  déportés). 
Dans  cette  classe,  il  y  a  à  considérer  les  dates  d'arrivée 
et  de  départ  des  catégories.  En  1875,  on  avait  (approxi- 
mativement) :  colons  libres,  2.532;  fonctionnaires  et  trou- 
pes, 2.394,  total  4.926  sur  lesquels  4.360  du  sexe  fémi- 
nin; indigènes  de  la  grande  île  et  des  îles  adjacentes, 
24.250;  des  Loyalty  ,47.600;  total,  38.850;  engagésnéo- 
hébridais,  africains  et  asiatiques,  2.600;  total  des  indivi- 
dus de  races  non  européennes,  44 .450  ;  transportés  et  libé- 
rés, 6.645  ;  déportés,  3.937;  total  des  condamnés,  40.584. 
Total  général,  56.960.  —  En  4885  (les  déportés  ont  été 
amnistiés  et  sont  partis  depuis  cinq  ans,  les  relégués  n'ar- 
riveront qu'en  4887)  :  colons  libres,  4.465,  comprenant 
2.505  hommes  et  4.660  femmes,  et  comme  nationalités, 
3.535  Français,  547  Anglais,  45  Allemands,  66  divers; 
ofTiciers,  troupes  et  familles,  2.458;  surveillants  militaires 
et  familles,  857  ;  total  des  blancs  hbres,  7.480.  Indigènes  de 
la  Nouvelle-Calédonie,  23.000  ;  des  Loyalty,  47.000  ;  total, 
40.000;  engagés,  2.465;  races  noires,  42.465;  trans- 
portés et  libérés,  44.358.  Total,  60.703  hab.  —  En  4887  : 
colons,  5.585;  fonctionnaires  et  troupes,  3.476;  indi- 
gènes, 44.874;  engagés,  4.825;  transportés  (7.477)  et 
libérés  (2.545),  9.992;  relégués,  4.424;  total  générai, 
63.876.  —  En  4898,  total  général  de  la  population 
blanche  et  libre  :  40.595.  Elle  a  donc  augmenté  constam- 
ment. Cette  augmentation  a  porté  principalement  sur  les 
colons,  du  moins  nous  en  voyons  4.465  en  4885  et  5.585 
en  4887;  on  peut  évaluer  leur  nombre  à  7.000  en  4898. 
Si,  pour  ce  dernier  recensement,  effectué  le  20  févr.  4898 
de  la  population  blanche  et  hbre  de  la  Nouvelle-Calédonie 
et  dépendances,  on  élimine  les  troupes,  non  les  fonction- 
naires, cet  effectif  étant  4.234  hommes,  il  reste  9.364  in- 
dividus, pour  lesquels  on  a  constaté  4.963  hommes  .et 
4.404  femmes.  —  Bien  des  éléments  manquent  encore  en 
précision,  pour  établir  des  comparaisons  exactes  et  en  tirer 
des  conséquences  au  point  de  vue  où  l'on  se  place,  dont  le 
principal  est  la  colonisation  Hbre.  Il  ne  serait  pas  besoin 
d'une  statistique  minutieuse,  si,  comme  dans  tant  d'autres 
contrées  riches,  le  développement  était  ici  ce  qu'il  doit 
être.  L'obstacle  est  évidemment  dans  la  transportation. 
C'est  ce  que  l'autorité  locale  reconnaît,  et  récemment  (oct. 
4897)  des  territoires  attribués  à  la  transportation  ont  été 
désaffectés  au  profit  de  la  colonisation  libre.  Il  y  a,  du  reste, 
un  grand  progrès  depuis  quatre  ans,  et  la  valeur  des  terres 
s'est  accrue.  —  On  a  émis  l'idée  de  la  culture  des  îles 
Kerguélen  (amiral  Layrle)  et  de  la  transportation  des 
condamnés  en  ces  lieux.  —  Les  fruits  des  unions  passa- 
gères des  Européens  avec  les  femmes  indigènes  sont  bien 
doués  physiquement  et  intellectuellement;  la  colonie  a 
créé  pour  eux  des  orphelinats. 


Colonisation.  •—  La  Nouvelle-Calédonie  est  une  colonie 
de  peuplement  et  d'exploitation,  et  jusqu'ici,  malgré  les 
progrès  réalisés  dans  ces  derniers  temps,  elle  manque  en- 
core de  colons  et  de  capitaux.  L'immigration  européenne 
est  faible,  l'argent  est  craintif.  En  ce  qui  concerne  les  émi- 
grants  de  France  en  nos  possessions,  ils  trouveront  au 
ministère  des  colonies  des  renseignements  verbaux  et  des 
notices  à  leur  usage.  Enumérons  ici  ce  qui,  dans  la  notice 
concernant  la  Nouvelle-Calédonie,  se  rapporte  à  l'éco- 
nomie. 

Lignes  de  navigation.  —  Les  communications  sont  assu- 
rées par  la  Compagnie  des  Messageries  maritimes,  dont  les 
paquebots  partent  de  Marseille  le  3  de  chaque  mois.  Les 
émigrants  peuvent  obtenir  la  concession  du  passage  de 
troisième  classe  à  titre  gratuit.  La  durée  du  trajet  jusqu'à 
Nouméa  (24.027  kil.)  est  de  38  à  40  jours.  Le  colon,  à 
son  arrivée,  trouvera  à  la  direction  de  l'intérieur  et  au- 
près de  la  société  V  Union  agricole  calédonienne  (créée 
en  4894)  les  renseignements  utiles  pour  son  étabhssement. 
Des  concessions  de  terres  lui  sont  octroyées  sous  certaines 
conditions.  Une  hgne  de  navigation  est  projetée,  pour 
une  compagnie  française  :  4°  de  Nouméa  à  Tahiti,  par 
les  Samoa  et  Tonga  ;  2«  de  Nouméa  à  Saigon  avec  escales 
à  Batavia,  etc. 

Voies  de  communication  intérieure.  —  La  navigation  flu- 
viale ne  comporte,  pour  les  principaux  cours  d'eau,  que  45 
à  20  kil.  avec  des  chaloupes  ou  des  chalands.  Les  voies 
terrestres,  encore  insuffisantes,  consistent  :  en  routes  car- 
rossables, dans  la  partie  S.  de  Nouméa  à  Bourail  et  à  Na- 
kéti  (total,  492  kil.);  et  en  sentiers  muletiers  jusqu'au  N. 
et  en  travers  de  l'île.  La  navigation  côtière  est  aisée,  éco- 
nomique et  s'effectue  par  un  service  bimensuel  de  bateaux 
à  vapeur  et  par  des  navires  marchands.  Un  chemin  de  fer 
de  Nouméa  à  Bourail,  en  projet,  a  été  déclaré  (4875)  d'uti- 
lité publique.  Un  ciiemin  de  fer  privé  a  été  inauguré  aux 
mines  de  Nepoui  en  4897. 

Postes  et  télégraphes.  —  Ces  services  se  font  par  des 
courriers,  des  bateaux  côtiers,  une  malle-poste,  des  pié- 
tons indigènes,  des  bureaux  télégraphiques  dans  les  centres 
agricoles  et  miniers,  le  téléphone  pour  Nouméa  et  ses  fau- 
bourgs. Des  câblogrammes  sont  échangés  directement  avec 
la  France,  43  fr.  le  mot.  Le  câble  atterrit  à  Gomen  pour 
Sydney  depuis  4893;  il  est  concédé  à  une  société  fran- 
çaise. —  Un  service  postal  a  été  établi  aux  îles  Wallis,  le 
bureau  est  géré  par  l'administrateur  (4894). 

Travailleurs.  —  Pour  les  divers  travaux,  publics  et 
privés,  de  l'Etat  ou  de  la  colonie,  des  compagnies  et  des 
particuhers,  la  main-d'œuvre  est  fort  variée,  'mais  laisse 
à  désirer.  En  premier  lieu,  la  main-d'œuvre  pénale  des 
condamnés  en  cours  de  peine  et  libérés  est  peu  appréciée, 
on  les  emploie  aux  routes  et  aux  mines.  Les  Européens 
libres,  trop  rares,  peuvent  exercer  certains  métiers  et  ser- 
vir comme  employés.  Les  indigènes  sont  paresseux  et  in- 
dépendants. Les  engagés  néo-liébridais  sont  estim.és  pour 
les  travaux  agricoles  et  la  domesticité,  leur  recrutement 
est  difficultueux.  On  a  commencé  à  introduire  des  Annamites 
et  des  Javanais.  L'immigration  des  Chinois  offre  des  dan- 
gers en  raison  de  leur  concurrence  commerciale. 

Centres  de  colonisation.  —  Les  principaux  sont  les 
^  suivants  :  La  Foa,  important  au  point  de  vue  agricole, 
comporte  deux  territoires  distincts,  pour  les  colons  libres 
et  pour  les  hijérés.  Elevage.  —  Moindou,  centre  libre, 
prospère,  où  on  cultive  le  café,  le  tabac,  etc.  —  Bourail, 
centre  presque  exclusivement  pénal,  non  prospère  malgré 
de  riches  terrains.  —  Pouembout,  centre  pénitentiaire.  Cul- 
tures secondaires.  Dans  le  voisinage,  exploitation  de  mines 
de  nickel  employant  200  engagés  annamites.  —  Koné, 
centre  libre,  plantation  de  café  importante.  —  Voh,  hbre, 
mais,  tabac.  —  Ouaco.  Elevage.  —  Oégoa,  pénitentiaire; 
a  perdu  son  importance  minière.  —  Hienghène,  libre. 
Plantations.  —  Pouérihouen,  hbre.  Elevage.  —  Houailou, 
hbre.  Elevage,  café.  —  Canala,  mixte,  caféeries,  exploi- 
tation de  nickel  et  de  cobalt.  —  Thio,  centre  libre,  kplus 


NOUVELLE-CALEDONIE 


—  96  - 


important  comme  exploitation  des  mines  de  nickeL  Ele- 
vage, café.  On  doit  préconiser  le  système  des  petites 
propriétés  et  celui  du  métayage. 

Produits  naturels.  —  1^  Minéraux.  La  surface  des 
mines  de  nickel  est  en  Nouvelle-Calédonie  de  plusieurs  cen- 
taines de  mille  hectares.  L'exploitation  s'est  réduite  parla 
surproduction  et  par  la  concurrence  des  minerais  canadiens. 
L'exportation  du  minerai  en  1893  a  été  de  52.400  tonnes, 
valant  6.241.912  fr.  Il  faudrait  le  transformer  sur  place. 
Les  exploitations  de  cobalt  sont  nombreuses.  Le  minerai  est 
fondu  à  Nouméa,  dans  de  hauts  fom^neaux.  On  a  exporté, 
en  1893,  pour  101.080  fr.  de  minerai  et  pour  476.294  fr. 
de  fonte.  — Les  nombreuses  mines  de  fer  chromé  du  Sud 
n'ont  fourni  à  l'exportation,  en  1893,  que  pour  une  valeur 
de  21.525  fr.  —  L'exploitation  des  mines  de  plomb  ar- 
gentifère d'Oégoa  est  arrêtée,  et  n'a  exporté  que  pour 
44.560  fr.  de  lingots  en  1893.  —  Les  mines  de  cuivre 
dn  Nord  ont  eu  une  courte  durée  vu  leur  teneur 
faible  en  métal.  —  Aucun  travail  n'a  été  fait  pour  les 
filons  d'or.  —A  Nakétise  trouve unemine d'antimoine, qui 
a  été  abandonnée.  — On  n'a  pas  exploité  les  quantités  con- 
sidérables des  riches  minerais  de  fer  dans  le  Sud. — La  houille 
trouvée  jusqu'ici  paraît  de  bonne  qualité  et  donne  des  es- 
pérances. —  Les  pierres  lithogi'aphiques  du  Sud  n'ont  pas 
encore  été  jugées  définitivement.  —  D'une  manière  géné- 
rale, l'industrie  minière  subit  une  crise  depuis  quelques 
années.  Une  compagnie  anglaise,  International  Mining 
Society,  exploite  plusieurs  mines  de  minerais  fort  riches 
renfermant  plomb,  zinc,  cuivre,  argent,  or.  Il  est  bien 
d'autres  mines  qui  attendent  les  capitaux  français. 

2"  Végétaux.  La  superficie  des  forêts  est  d'environ 
100.000  hect.  On  les  observe  sur  les  flancs  des  montagnes. 
Elles  comprennent  les  essences  les  plus  variées  ;  nous  en 
relevons  près  de  300  dans  le  catalogue  de  l'Exposition 
universel^  de  1878.  Les  bois  utiles  de  ces  arbres  ont  été 
étudiés  par  M.  Sébert.  Rappelons  le  pin  colonnaire  {Arau- 
caria cookii,  qui  se  fait  remarquer  à  l'île  des  Pins  ;  le 
kaori  (Dammara  lanceolata);  les  Casuai^ina;  le  santal, 
encore  assez  commun  à  l'île  des  Pins  ;  des  ébénacées  ;  le 
faux  bois  de  rose  (Thespesia  populnea),  etc.  Des  pro- 
duits en  sont  retirés  :  résines  du  kaori,  du  pin  colonnaire  ; 
caoutchouc  du  banian  (Ficus  prolixa)  ;  essence  du 
niaouli  ;  écorce  du  palétuvier  (arbre  du  littoral)  ;  huile  de 
bancoul;  fibres  textiles,  etc.  —  Les  cultures  principales 
sont  :  celles  du  café,  qui  est  d'excellente  qualité  et  offre 
de  l'avenir;  du  maïs,  des  haricots,  du  riz,  du  manioc;  tabac 
(une  manufacture  à  Nouméa);  canne  à  sucre,  abandonnée; 
luzerne  et  herbes  fourragères  ;  légumes  de  France  ;  arbres 
fruitiers;  ananas  exquis;  vanilles,  céréales.  Le  cocotier, 
presque  sans  soins,  peut  donner,  par  le  coprah,  de  grands 
bénéfices.  , 

3*^  Animaux.  Le  gibier  à  poil  ne  consiste  guère  qu'en 
porcs  devenus  sauvages,  et  en  des  cerfs  importés,  qui  vi- 
vent dans  les  forêts  du  Sud.  Le  gibier  à  plume  est  assez 
commun.  —  L'élevage  comprend  près  de  800.000  hect.  de 
pâturages,  pour  bœufs  de  boucherie,  avec  un  débouché  de 
conserves  de  viande;  pour  chevaux,  de  bonne  race  (il  y  a 
une  société  de  courses)  ;  pour  moutons,  mais  ici  Yandro- 
pogon  est  nuisible  :  cette  graminée  n'existe  pas  à  l'île  des 
Pins.  Citons  encore  comme  animaux  domestiques  :  chèvres, 
porcs,  lapins,  volailles.  —  La  pêche  ne  se  pratique  qu'à 
Nouméa  ;  le  poisson  (parfois  à  chair  vénéneuse) ,  les  lan- 
goustes, huîtres,  etc.,  sont  abondants.  —  Rappelons  le 
guano  des  îles  Huon  et  Chesterfield. 

Industrie.  —  En  dehors  des  industries  minière  et  agri- 
cole, «celles  manufacturières  sont  peu  développées.  Les 
principaux  établissements  sont  :  minoterie  à  vapeur  ;  hauts 
fourneaux  ;  fonderie  ;  manufacture  de  tabac  ;  usine  à  sucre  ; 
tannerie  ;  fabriques  de  conserves  de  viandes,  de  savon  et 
d'huile  ;  scieries  à  vapeur.  Toutes  les  professions  et  mé- 
tiers sont  à  peu  près  occupés. 

Commerce.  —  Les  magasins  se  sont  multipliés  depuis 
que  plusieurs  articles  de  consommation  se  produisent  dans 


la  colonie.  -—  Une  succursale  de  la  banque  de  l'Indo-Chine 
peut  émettre  des  billets  qui  ont  cours  dans  le  pays.  Le 
taux  de  l'argent  est  8%  et  même  12.  —Les  importations 
totales  (de  France,  des  colonies  françaises  et  de  l'étranger) 
ont  été  :  en  1894,  8.661 .293  fr.  ;  en  1895,  7.374.522  fr.  ; 
en  1896, 9.192.606  fr.  ;  enl897, 8.679.236  fr.  Les  expor- 
tations correspondantes:  6.423.663  fr.  ;  7.779.441  fr  * 
5.748.552  fr.  ;  7.045.624  fr.  Le  chiffre  des  importations 
de  l'étranger,  presque  exclusivement  de  l'Australie,  est 
fort  élevé.  Il  a  diminué  depuis  l'établissement  de  la  douane 
(1^^*  févr.  1893).  Il  était,  en  1892,  de  8.512.619  fr.;  il 
est  descendu  en  1893  à  4.010.307  fr.,  en  1894  à 
3.385.869  fr.  et  en  1895  à  3.56i.215  fr.  Contre  l'en- 
vahissement, la  production  néo-calédonienne,  très  possible 
et  en  progi^ès,  sera  le  moyen  le  plus  efficace.  C.  Delavaud. 
Anthropologie.  —  Il  y  a  en  Nouvelle-Calédonie  de 
nombreux  restes  d'anciennes  cultures  du  taro  [Arum  es- 
culentum,  Colocase)  qui  ont  nécessité  des  travaux  d'amé- 
nagement assez  étendus.  Ses  premiers  habitants  connais- 
saient bien  cette  plante  pour  ses  qualités  nutritives.  Ils 
en  tiraient  un  plus  grand  parti  qu'aujourd'hui  ou  étaient 
plus. nombreux.  Il  n'est  donc  pas  sans  intérêt  de  faire 
remarquer  que  son  nom  indigène  est  à  peu  près  le  même 
à  la  Nouvelle-Zélande,  à  Taïti,  aux  lies  Fidji,  et  que  ce 
nom  est  étroitement  parent  du  nom  malais  de  la  même 
plante.  Les  Néo-Calédoniens  cultivaient  aussi  ancienne- 
ment et  avec  autant  de  soins  une  igname,  YOiibi  (Dios- 
corea  alata),  qui  est  de  même  très  répandue  à  la  Nou- 
velle-Guinée, aux  Moluques,  dans  la  Malaisie.  Nous 
savons  d'ailleurs,  à  n'en  pas  douter,  que  le  fond  premier 
de  la  population  néo-calédonienne  est  du  type  des  Papous 
de  la  Nouvelle-Guinée.  Mais  cette  population  a  reçu  une 
infusion  de  sang  polynésien  plus  ou  moins  pur  qui  l'a  re- 
levé physiquement  et  intellectuellement.  La  plus  récente 
immigration  de  Polynésiens  déjà  mêlés  qui,  des  îlesLoyalty, 
se  sont  répandus  sur  la  côte  orientale  et  à  l'île  des  Pins, 
date  du  siècle  dernier.  En  raison  de  cette  double  origine, 
on  a  toujours  distingué  parmi  les  Néo-Calédoniens  deux 
types  différents  (Rourgarel,  Moncelon).  Les  individus  du 
premier,  dans  la  proportion  de  deux  cinquièmes  (?),  sont 
petits,  ont  les  membres  grêles,  des  cheveux  crépus, 
courts,  en  masse  floconneuse,  un  prognathisme  considé- 
rable, d'énormes  arcades  sourcilières,  la  peau  fuligi- 
neuse, le  crâne  étroit  et  allongé,  le  bord  inférieur  de  l'ou- 
verture nasale  déprimé  en  deux  gouttières  simiennes. 
Les  individus  du  second  type,  dans  la  proportion  d'un 
cinquième  (?)  à  peine,  à  Canala,  ont  la  peau  plus  claire, 
rouge  jaune,  exceptionnellement  du  tonde  celle  des  Taï- 
tiens,  les  cheveux  plus  longs,  quelquefois  à  peine  crépus 
ou  frisés,  la  taille  grande,  les  membres  mieux  propor- 
tionnés, le  crâne  moins  étroit,  un  indice  nasal  moins 
élevé.  Ce  sont  des  Mélano-Polynésiens  et  leur  supériorité 
leur  a  permis  de  s'emparer  des  rôles  de  chefs.  Mais  il  n'y 
a  pas  de  démarcations  bien  tranchées  entre  les  uns  et  les 
autres. 

Ils  ne  sont  pas  localisés  en  groupes  distincts.  La  ma- 
jorité de  la  population  se  compose  aujourd'hui  d'un  mé- 
lange oii  s'entre-croisent  des  caractères  des  uns  et  des 
autres.  Ainsi  le  Néo-€alédonien,  Papou  par  les  cheveux, 
le  prognathisme,  la  saillie  des  arcades  sourcilières,  est 
quelque  peu  Polynésien  par  la  taille  (moyenne,  1^,67),  la 
proportion  des  membres,  la  corpulence,  parfois  le  nez  et 
la  couleur  de  la  peau.  Il  existe  maintenant  un  nombre 
appréciable  de  métis  de  blancs  et  de  femmes  canaques, 
parvenus  à  l'âge  adulte.  Abandonnés  jusqu'ici  générale- 
ment à  la  discrétion  des  tribus  de  leurs  mères,  ils  passent 
pour  bien  constitués,  robustes,  prolifiques,  intelligents  et 
enclins  à  tous  les  vices.  Les  caractères  du  blanc  tendent 
à  l'emporter  chez  eux. 

On  ne  peut  pas  estimer  aujourd'hui  la  population  ca- 
naque à  plus  de  40.000  individus.  Et  elle  tend  à  dimi- 
nuer devant  la  colonisation.  Les  infanticides  de  filles 
étaient  fréquents  naguère,  s'ils  naJe  sont  plus  (?).  En  tout 


—  97 


cas,  le  nombre  des  hommes  l'emporte  notablement  sur 
celui  des  femmes.  Et  celles-ci,  très  ardentes  à  ne  manquer 
aucune  de  leurs  fêtes  orgiaques  (pilou-pilou),  sont  peu 
prolifiques.  Elles  donnent  d'ailleurs  le  sein  à  leurs  enfants 
souvent  pendant  plus  de  trois  ans.  Les  mariages  se  font 
par  convention  entre  les  parents  et  alors  que  les  futurs 
époux  sont  encore  en  bas  âge.  Les  parents  de  la  fille  re- 
çoivent des  cadeaux  de  nourriture  de  ceux  du  garçon,  et, 
dès  lors,  il  y  a  achat  irrévocable.  Les  unions  sont  par 
suite  souvent  mal  assorties.  Et  la  femme  n'a  alors  d'autre 
ressource  que  de  se  sauver  de  son  village  et  de  se  livrer 
au  libertinage.  Détail  très  particulier  des  mœurs  néo- 
calédoniennes, les  hommes  habitent  à  part  des  femmes  et 
des  enfants,  dans  des  cases  distinctes,  et  ils  ont,  comme 
certains  Polynésiens,  des  habitudes  dépravées.  Ils  sont 
pourtant  très  jaloux  de  leurs  femmes.  Ils  les  tuent,  a-t-on 
dit,  lorsqu'ils  les  prennent  en  faute.  D'après  M.  Monce- 
lon,  en  cas  d'adultère,  les  hommes  de  la  tribu  de  l'homme 
outragé  s'instituent  ses  vengeurs...,  en  faisant  subir  les 
derniers  outrages  à  la- femme  du  complice  de  l'adultère. 
Les  hommes  peuvent  avoir  autant  de  femmes  qu'ils  peu- 
vent s'en  procurer  et  en  nourrir  ;  ils  en  font  leurs  esclaves. 
Les  femmes  doivent  accoucher  hors  clu  village,  où  elles 
ne  rentrent  qu'après  des  purifications,  une  offrande  au 
sorcier.  Les  chefs,  qui  sont  héréditaires,  ont  toujours  un 
sorcier  comme  second;  ils  consultent  aussi  les  vieillards. 
«  La  culture  des  ignames  et  des  taros  se  fait  presque  tou- 
jours en  commun,  et  tous  ceux  qui  ont  pris  part  h  la  pré- 
paration d'une  planche  d'ignames  ou  d'un  bassin  de  taros 
ont  droit  à  y  puiser  pour  leur  nourriture.  »  La  propriété 
n'est  donc  pas  nettement  individualisée.  Quiconque  veut 
entreprendre  un  défrichement  pour  jouir  personnellement 
d'une  nouvelle  parcelle  de  terre  a  besoin  de  la  permission 
du  chef.  Ils  travaillent  la  terre  à  l'aide  de  deux  épieux, 
deux  «  piquets  ^>  de  bois  dur.  Le  bananier,  le  cocotier, 
la  canne  à  sucre,  sont,  de  leur  part,  l'objet  de  soins  cul- 
turaux.  Ils  ont  la  ressource  des  coquillages,  du  poisson 
qu'ils  prennent  en  quantité  au  filet,  à  la  ligne,  et  surtout 
à  la  sagaie,  et  aussi  du  gibier,  oiseaux  divers,  et  de  la 
roussette,  grande  chauve-souris  charnue,  très  abondante. 
Ils  possèdent  des  porcs,  de  la  volaille,  des  chiens.  Les 
vieux  ont  conservé  le  goût  de  V anthropophagie  (V.  ce 
mot). 

Leurs  armes  consistent,  en  outre  de  la  sagaie,  souvent 
travaillée  avec  art,  dans  la  fronde,  dans  le  casse-tête  fait 
pour  les  chefs  d'un  disque  en  serpentine  très  curieuse- 
ment emmanché  d'une  branche  de  banian,  et  en  haches  au- 
trefois de  pierre,  etc.  Ils  ont  grand  soin  de  leur  chevelure 
qu'ils  peignent,  lavent,  teignent  même  fréquemment.  Ils 
se  couvrent  la  tête  souvent  d'une  couronne  ou  d'un  dia- 
dème de  feuillage,  d'écorce,etc.  Ils  se  tatouent  rarement,  ' 
mais  se  perforent  le  lobe  de  l'oreille  largement.  Sauf  des 
jarretières  en  poils  de  roussette,  ils  vont  presque  nus.  Les 
hommes  seulement  enroulent  leurs  parties  dans  un  mor- 
ceau d'étoffe  en  écorce  battue,  qui  forme  ainsi  un  cornet 
de  50  à  60  centim.  de  long,  retenu  par  une  cordelette 
entourant  la  taille.  Cet  ornement  bizarre  est  distinctif  des 
Néo-Calédoniens,  mais  se  rencontre  cependant  chez  les 
habitants  des  Loyalty,  de  même  composition  ethnique,  de 
même  race  qu'eux.  Jusqu'à  leur  mariage,  les  filles  ne 
portent,  à  part  des  colliers,  qu'une  cordelette  autour  des 
reins,  et  elles  peuvent  impunément  se  livrer  au  Hberti- 
nage.  Ensuite  elles  enroulent  autour  de  leur  taille  une 
longue  ceinture  avec  une  frange  d'environ  50  centim.  de 
long  formant  jupon  court.  Leurs  cases,  en  branchages, 
de  forme  conique  pour  les  chefs,  sont  des  réduits  à  unique 
ouverture  très  basse  constamment  enfumés.  Les  femmes 
savent  fabriquer  une  poterie  ovoïde.  Les  morts  sont  dé- 
posés dans  des  grottes,  dans  des  troncs  d'arbres,  ou  sus- 
pendus au  sommet  d'un  arbre  et  boucanés.  On  brûle  sou- 
vent leurs  cases,  et  on  mange  leurs  provisions.  Les  parents 
se  font  des  brûlures  en  signe  de  deuil.  Ils  n'ont  pas  de 
religion,  mais  leurs  sorciers  sont  guérisseurs.  Et  leurs 

r.RANDE  ENCYCLOPÉLTE.    —   XXV. 


NOUVELLE-CALÉDONIE — NOUVELLE-GALLES 

fêtes,  les  pilou-pilou,  qu'ils  organisent  lors  de  la  récolte 
des  ignames,  à  la  mort  des  chefs  et  après  une  guerre, 
bien  que  consistant  en  danses,  simulacres  de  combats  et 
festins,  ont  un  caractère  religieux,  car  elles  sont  relevées 
de  quelques  prescriptions  et  cérémonies  superstitieuses. 
Leur  langue  appartient  au  groupe  papou.      Zaborowski. 

BiBL.  :^  Catalogue  de  l'Exposit.  unlv.  de  1818  ;  Nouvelle- 
Calédonie.  —  E.  Vallée,  Essai  d'une  bibliographie  de  la 
Nouvelle-Calédonie  et  dépendances;  Paris,  1880.  —  Ander- 
SON,  NoteS'Of  voyage  in  Fiji  and  New  Caledonia;  Londres, 
1880.  —  H.  Rivière,  Souvenirs  de  la  Nouvelle-Calédonie, 
L'insurrection  canaque;  Paris,  1881.  —  Ch .  Lemire, 
Voyage  à  pied  en  Nouvelle-Calédonie  et  descript.  des 
Nouvelles-Hébrides  ;  Paris,  1884.  —  Notices  coloniales  à 
l'occasion  de  l'exposition  d'Anvers  en  1885,  t.  II.  —  De 
Lanessan  et  Egasse,  les  Plantes  utiles  des  colonies  fran- 
çaises, annexe  aux  notices  précéd.  ;  Paris,  1886.  —  G.  de 
La  Richerie,  Nouvelle-Calédonie,  dans  Atla,-<  Mager,  1885. 
—  Opigez,  Aperçu  général  sur  la  Nouvelle-Calédonie, 
dans  Bull.  Soc.  géog.,  1886.  —  Les  Colonies  françaises,  no- 
tices sous  la  direction  de  M.  L.  Henrique,  Exposit,  univ. 
de  1889,  t.  IV.  Cette  notice  comprend  une  vingtaine  d'ar- 
ticles bibliographiques,  tels  que  :  Montrouzier,  Notices 
(1860);  Vieillard,  Plantes...  (1865);  Garnier,  Géologie... 
(1867);  BayÀy,  ...n.iaoidi  ...anacardier  (1869)  et  autres  mém. 
sur  reptiles,  etc.;  Heurteau,  ...constitution  géologique  et 
richesses  minérales...  (1876);  Lemire,  la  Colonisation  f ran- 
çaise  eï2. .  .(1878);  Gauharou,  GéogfrapMe  de. .  .(1882);  Gallet, 
Notice...  (1884);  Perret,  ...ciUture  clu  blé...  (1889)  ;  Porte, 
...houille...  (1887).  —  Reclus,  Géog.  univ.,  t.  XIV  (1889), 
avec  indications  bibl.  :  Chambeyron,  Bull.  Soc.  géog.  (1875)  ; 
Grundemann,  Pcterm.  Mitteil.  (1876)  ;  Glaumont,  Bull. 
Soc.  géog.  comm.  (1888)  ;  Balansa,  Btdl.  Soc.  géog.  (1875)  ; 
GiFFAULT.  —  D«-  Legrand,  Au  pays  des  Canaques.  La 
Nouvelle-Calédonie,  1890.  —  Notice  à  l'usage  des  émi- 
grants.  La  Nouvelle-Calédonie,  1895.  —  Mialaret,  l'Ile  des 
Pins;  Paris,  1897;  avec  une  liste  bibliographique  par 
M.  Regelsperger,  comprenant  28  articles,  tels  que  :  cartes 
hydrographiques  ;  le  R.-P.  Goujon,  dans  Annales  de  la 
propagat  de  la  /"oi  (1850);  Vinson,  ...Topographie  médi- 
cale... (1858),  etc.  —  Pierre,  les  Lépreux  en  Nouvelle- 
Calédonie,  dans  Annal,  d'hyg.  et  de  méd.  colon.,  1898,  t.  I, 
p.  149.  —  Kermorgant,  la  Lèpre  à  la  Conférence  de  Ber- 
lin de  1897  ;  même  recueil,  I,  p.  266.  —  Annuaire  de  la 
Nouvelle-Calédonie  et  dépendances,  année  1898;  Nouméa, 
1898.  —  Bullet.  de  la  Soc.  de  géog.,  passim.  —  Bullet.  de 
la  Soc.  de  géog.  commerciale  de  Paris.  On  y  remarque  les 
communications  de  MM.  Moncelon,  Moriceau,  Feillet, 
CoRDEiL,  Mercier,  Benoît,  etc. 

Anthropologie.  —  De  Rochas,  Sur  les  Néo-Calédo- 
niens, dans  Bidl.  Soc.  anth.,  1860,  p.  380.  —  Bourgarel, 
Sur  les  crânes  des  Néo-Calédoniens  et  des  Polynésiens  {ihicL, 
p.  449),  —  Sur  les  races  de  VOcéanie  franc.  Mémoires  de  la 
Soc.  anth.,  t.  I  et  II.  —  Deplanche,  Ethnologie  calédo- 
nienne, dans  Btdl.  Soc.  linnéenne  de  Normandie;  Caen, 
1870.  —  Bertillon,  Etude  des  crânes  néo-calédoniens 
du  musée  de  Caen  {Revue  d'anthr.,  1873).  —  Moncelon, 
Présentation  d'un  Canaque  N éo-Calédonien,  dans  Bull. 
Soc.  ardh.,  1885,  p.  353.  —  Les  Canaciues  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  et  des  Nouvelles-Hébrides  ;  Paris,  1886,  1  br.  in-8. 

NOUVELLE-CASTILLE  (V.  Câstille  [Nouvelle-I). 

NOUVELLE-CORINTHE  (La)  (V.  Corinthe). 

NOUVELLE-ECOSSE  (V.  Acadie). 

NOUVELLE-ÉGLISE.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais, 
arr.  de  Saint-Omer,  cant.  d'Audruicq  ;  369  hab. 

NOUVELLE-FRANCE  (Compagnie  de  La)  (V.  Compa- 
gnie, t.  XII,  p.  i58). 

NOUVELLE-GALLES  du  Sud  {New  South  Wales). 
Colonie  britannique  de  l'Australie  orientale;  799.139kil.q.; 
1.236.440  hab.  (au  30  juin  1894).  Riveraine  de  l'océan 
Pacifique  à  FE.,  elle  confine  au  S^à  la  colonie  de  Victoria 
dont  la  sépare  le  Murray,  à  l'O.  à  la  colonie  d'Australie 
méridionale,  le  long  du  138°  40'  long.  E.,  au  N.  à  la 
colonie  de  Queensland.  Les  petites  îles  océaniques  qui  en 
dépendent  (Lord  Howe,  Norfolk,  Pitcairn)  portent  son 
étendue  à  799.204  kil.  q.  —  Le  nom  de  Nouvelle-Galles 
du  Sud  fut  donné>à  cette  région  par  Cook  qui,  longeant 
le  littoral  en  1770,  fut  frappé  de  l'analogie  de  ces  côtes 
escarpées  avec  celles  du  pays  de  Galles.  Etendu  à  toute 
la  moitié  orientale  de  l'Australie,  ce  nom  fut  limité  à  la 
colonie  actuelle  par  les  démembrements  successifs  de  celles 
de  Victoria,  Tasmanie  et  Queensland. 

La  géographie  générale  a  été  exposée  dans  Fart.  Aus- 
tralie. La  colonie  comprend  trois  régions  :  1°  zone  côtière, 
très  fertile,  large  de  50  à  200  kil.  ;  2<^  zone  des  plateaux, 
qui  ^'élève  brusquement  au-dessus  de  la  précédente  et  est 

7 


NOUVELLE-GALLES  —  NOUVELLE-GUINÉE 


98 


creusée  de  profondes  vallées  ;  3°  zone  de  la  plaine  inté- 
rieure du  continent.  La  chaîne  côtière  suit  le  bord  de  la 
zone  des  plateaux,  à  l'O.  de  laquelle  se  développent  les 
massifs  de  la  Great  Dividing  Chain,  ligne  de  partage  des 
eaux  ;  ce  sont  :  du  N.  au  S.,  les  montagnes  de  Nouvelle- 
Angleterre,  Liverpool,  Bleues,  CuUarin,  Gourock,  Mancroo 
et  les  Alpes  australiennes,  avec,  près  de  la  frontière  méri- 
dionale, le  groupe  de Kosciuszko  (mont  Townsend,  2.241  m.  ; 
mont  Clarke,  2.216  m.  ;  MuUers  Peak,  2.196  m.).  Au 
delà  des  grandes  plaines  et  du  cours  du  Darling  s'élèvent 
les  monts  Grey  et  Barrier.  —  La  zone  côtière  appartient 
aux  formations  secondaires  et  comprend  au  S.  un  bassin 
houiller  ;  la  zone  des  plateaux  est  granitique,  avec  des 
coulées  de  trapp  et  des  revêtements  schisteux  :  c'est  la 
région  des  mines  d'or  et  du  zinc  ;  la  plaine  occidentale  est 
de  formation  tertiaire  et  quaternaire,  avec  de  vastes  éten- 
dues de  trapp.  —  Les  fleuves  côtiers  sont  insignifiants, 
avec  des  embouchures  envasées  et  un  régime  irréguher, 
presque  torrentiel.  L'intérieur  est  parcouru  par  le  Murray 
et  ses  grands  affluents,  Murrumbidgee,  Lachlan,  Darling. 
Le  climat  est  chaud,  la  moyenne  annuelle  atteint  -h  19^,4 
sur  les  côtes.  H- 12*^,5  sur  les  plateaux,  -1-18'^  dans  la 
plaine  occidentale.  La  chute  d'eau  est:  de  1.200  milhm.  à 
Sidney,  sur  la  côte  ;  de  534  à  Bathurst,  sur  le  plateau  ; 
de  158,  le  long  du  Darling.  —  Sur  h  flore  et  la  faune, 
V.  Australie. 

Des  1.236.440  hab.  recensés  au  30  juin  1894,  665.000 
étaient  du  sexe  masculin,  571.400  du  sexe  féminin  ; 
44.156  Chinois  (dont  867  métis),  14.156  indigènes  (dont 
3.183  métis).  L'immigration  avait  dépassé  Témigration de 
8.059  têtes.  Les  trois  quarts  des  habitants  étaient  pro- 
testants, 286.895  catholiques,  5.484  Israélites,  9.356 
bouddhistes,  528  musulmans,  etc.  En  1871,  on  ne  comp- 
tait que  503.981  hab.  et  751.468  au  3  avr.  1881. 
L'instruction  se  donnait  dans  2.520  écoles  primaires  pu- 
bliques, 620  écoles  catholiques,  5  collèges,  une  université 
d'Etat  à  Sidney,  laquelle  comptait  48  professeurs  et  586 
étudiants  dont  108  femmes.  —  Le  gouverneur  est  nommé 
par  la  reine  pour  cinq  ans  et  assisté  de  neuf  ministres. 
La  Chambre  haate  {législative  Council)  est  formée  de 
membres  nommés  à  vie  par  le  gouverneur  ;  la  Chambre 
basse  [législative  Assembly),  de  125  députés  élus  pour 
trois  ans.  Les  revenus  publics  se  montaient,  en  1893,  à 
265  millions  de  fr.,  les  dépenses  à  274  millions,  la  dette 
à  1 .464  minions.  La  force  mih taire  locale  comporte  534  sol- 
dats, plus  4.174  volontaires  ;  la  flotte  coloniale  (indépen- 
damment de  celle  de  l'Australie  stationnée  à  Sydney), 
2  torpilleurs.  Des  batteries  défendent  les  ports  de  Sydney, 
Newcastle,  Wollongong. 

L'agriculture  prospère  dans  la  zone  côtière,  les  hautes 
vallées  et  la  pente  occidentale  de  la  chaîne  de  partage  des 
eaux  ;  le  manque  d'eau  la  paralyse  dans  la  plaine  inté- 
rieure livrée  à  la  pâture  des  bœufs  et  surtout  des  mou- 
tons. Les  montagnes  orientales  sont  encore  bien  boisées. 
La  grande  richesse  vient  des  troupeaux  ;  en  1894,  on 
comptait  493.000  chevaux,  2.270.000  bœufs,  56  millions 
981.000  moutons,  27.000  chèvres,  241.000  porcs.  Les 
lapins  sont  un  fléau.  —  La  production  minière,  qui  occu- 
pait 30.122  personnes,  s'éleva  en  1893  à  136  millions  de 
fr.,  en  plomb  argentifère  (75  milhons),  houille  (29  mil- 
lions), or  (16  millions  et  demi),  zinc  (3  millions),  anthra- 
cite (2  millions  et  demi),  cuivre,  antimoine,  fer,  cobalt, 
opal,  etc.  Depuis  l'origine  jusqu'en  1893,  la  colonie  avait 
produit  pour  plus  d'un  milHard  d'or,  de  700  millions  de 
houille,  400  milhons  de  plomb  argentifère,  150  de  zinc 
et  92  de  cuivre.  Les  grandes  mines  d'argent  sont  dans  les 
monts  Barrier,  celles  de  houille  à  Newcastle,  celles  d'an- 
thracite à  Hartley  Vale.  —  L'industrie  est  peu  développée. 
1  e  commerce  se  fait  par  la  côte  et  aussi  par  la  colonie  de 
Victoria  et  celle  d'Australie  méridionale.  En  1894,  on 
importa  pour  398  millions  de  fr.  d'objets  manufacturés, 
vêtements,  sucre,  machines  et  objets  métalliques,  spiri- 
tueux, bière,  thé,  blé  et  farine,  meubles,  etc.  ;  on  exporta 


pour  520  millions  de  laine,  or,  argent,  zinc,  houille,  bétail, 
conserves  de  viande,  peaux,  cuirs,  suif,  bois.  Sydney  pos- 
sède une  puissante  organisation  financière  et  commerciale. 
C'est  le  principal  port,  puis  viennent  Newcastle,  Grafton, 
Richmond,  Tweed  River,  Eden.  La  flotte  locale  était,  en 
1893,  de  475  vapeurs  déplaçant  54.512  tonnes  et  494  voi- 
hers  déplaçant  55.683  tonnes;  le  mouvement  de  la  navi- 
gation, de  2.590.000  tonnes.  Il  existait,  au  30  juin  1894, 
4.002  kil.  de  chemins  de  fer  ayant  transporté  dans  l'année 
19.266.000  voyageurs  et  3.494.000  tonnes  do  marchan- 
dises. Les  lignes  télégraphiques  avaient  une  longueur  de 
19.355  kil.  et  expédiaient  2.765.000  télégrammes.  La 
poste,  desservie  par  5.615  employés -(1.827  bureaux), 
transportait  77.540.000  lettres,  850.000  cartes  postales, 
44.928.000  imprimés  et  72.124.000  paquets. 

La  colonie  remonte  à  l'étabhssement  pénitentiaire  de 
Port  Jackson  (1788)  et  son  histoire  se  confond  avec  ceUe 
de  V Australie  et  de  V Australasie  britannique  (V.  ces 
mots).  A.-M.  B. 

BïBL.  :  Lang,  Historiccil  and  statistical  account  of  New 
South  Wales;  Londres,  1874,  2  vol.  —  Liversidge,  The 
Minerais  of  New  South  Wales  ;  Londres,  1888.  —  Griffin, 
New  South  Wales,  her  commerce  and  resources^  1888.  — 
Barton,  History  of  New  South  Wales,  1890  et  suiy. 

NOUVELLE-GRENADE  (V.  Colombie). 
NOUVELLE-GUINÉE.  La  Nouvelle-Guinée  est  la  plus 
grande  île  du  globe,  si  l'on  considère  l'Austrahe  comme 
un  continent.  Sa  superficie  est  de  785.360  kil.    q.   EHe 
est  située  dans  la  partie  occidentale  de  l'océan  Pacifique, 
entre  128«  41'  50^'  et  148«  51'  50''^  de  long.  E.  et  0«  19'  et 
10<*  34'  de  lat.  S.  La  plus  grande  partie  de  l'intérieur  est 
encore  inconnue  et  le  relevé  même  des  côtes  est  à  peine 
achevé.   L'île  fut  découverte  en  1526  par  Jorge  de  Me- 
neses,  envoyé  du  vice-roi  de  Goa.  Elle  fut  vue  de  nouveau 
en  1528  par  un  compagnon  de  Certes,  Saavedra.  Le  nom 
de  Nueva  Guinea  lui  aurait  été  donné  en  1545  par  Ynigo 
Ortiz  de  Retez,  à  cause  de  la  cotdeur  de  ses  habitants.  Les 
Portugais  ne  connurent  d'aifleurs  que  la. côte  septentrio- 
nale. La  côte  S.  fut  découverte  parValz  de  Terres  en  1605. 
Mais  le  secret  de  cette  découverte  resta  caché  jusqu'en  1762, 
année  où  les  Anglais  s'emparèrent  de  Manille,  et  l'on  con- 
tinua de  croire  que  la  Nouvelle-Guinée  faisait  partie  de 
l'Australie.  —  En  1606,  les  Hollandais  s'avancèrent  sur 
la  côte  S.  jusqu'au   Valsche  Kaap.  En  1705,   le  navire 
hoflandais  Geelvink  découvrit  la  grande  baie  du  N.  à  la- 
quelle il  donna  son  nom.   —  Le  voyage  de  James  Cook, 
en  1770,  eut  une  importance  capitale  :  il  doubla  le  cap 
York,  refit  le  chemin  de  Torrès  et  donna  au  détroit  le  nom 
de  son  navire  :  Endeavour.  Ce  ne  fut  que  plus  tard  que 
les  géographes  lui  restituèrent  celui  de  Torrès.  —  La  fin 
du  xvjii^  siècle  et  le  commencement  du  xix*^  furent  l'ère 
des  .grands  voyages  dans  le  Pacifique  :  en  1791,  Mac  Cluer 
explora  le  golfe  étroit  qui  porte  son  nom,  entre  les  deux 
presqu'îles  du  N.-O.  D'Entrecasteaux  en  1793,  Duperrey 
en  1825,  Dumont  d'Urville  en  1827  et  1839,  firent  de 
nombreux  relevés  sur  la  côte  N.  de  la  Nouvefle-Guinée. 
En  1835,  les  Hoflandais  découvrirent   le  détroit  de  la 
Princesse-Marianne,  entre  la  grande  lie  et  l'île  du  Prince 
Frederik  Henry  qu'oui  croyait  jusquN à  rattachées.  En  1845, 
le  capitaine  Blackwood  découvrit  dans  le  golfe  des  Papous 
le  delta  d'un  grand  fleuve  qu'il  remonta  pendant  37  kil. 
et  auquel  il  donna  le  nom  de  son  navire,  le  Fly,  L'ex- 
ploration du  fleuve  fut  continuée  par  Yule,    par  Ov^^en 
Stanley  et  surtout  par  d'Albertis  qui  le  remonta  jusqu'à 
200  kil.  dans  l'intérieur,  en  1875.  En  1874,  le  capitaine 
Moresby,  à  bord  de  la  Basilisk,  parcourut  toute  la  côte 
de  la  péninsule  S.-E.  Russefl  Wallace  et  Allen  firent  des 
excursions  zoologiques  autour  de  la  baie  du  Geelvink,  et,  à 
deux  reprises,  le  Russe  Mikloukho  Maklay  séjourna  sur  la 
côte  de  la  baie  de  l'Astrolabe.  —Depuis  le  traité  de  1885, 
les  Anglais,  les  AUemands  et  les  Hollandais  ont  poussé 
avec  vigueur  l'exploration  de  leurs  possessions  respectives. 
Le  résident  hoflandais  de  Ternate,  de  Clercq,  a  surtout 
fait  connaître  les^  deux  presqu'fles  du  N.-O.  et  les  îles  de 


—  99  — 


NOUVELLE-GUINÉE 


la  baie  du  Geelvink.  Les  Allemands  Finsch,  Dallmann, 
Schleinitz,  ont  découvert  et  exploré  le  fleuve  de  r Impé- 
ratrice Augusta.  Schleinitz  a  également  exploré  la  baie 
de  Huon  et  le  fleuve  Markham.  En  1895,  une  expédition 
allemande  mal  préparée,  sous  la  conduite  d'Otto  Ehlers, 
échoua  complètement;  mais  cet  échec  a  été  compensé 
en  1896  par  le  succès  de  l'expédition  de  Lauterbach,  Tap- 
penbeck  et  Kersting.  —  Les  Anglais  ont  aussi  fortement 
poussé  la  reconnaissance  de  leur  colonie.  Chalmers  a  dé- 
couvert à  l'E.  du  Fly  le  Wickhamet  a  exploré  une  partie 
de  la  péninsule  S.-E.  En  4883,  la  partie  de  la  côte  en- 
core inconnue,  comprise  entre  le  détroit  de  Torrès  et  File 
Frederik  Henry,  fut  explorée  par  Robert  Drewqui  y  trouva 
le  Chester  River.  Des  missionnaires  catholiques  ont  dé- 
couvert le  fleuve  Saint- Joseph.  En  4887,  Hartmann  et 
Hunter  ont  atteint  la  crête  de  l'Owen  Stanley.  Enfin, 
de  1893  à  1896,  le  heutenant-gouverneur  de  la  Nouvelle- 
Guinée  anglaise,  sir  WiUiam  Mac  Gregor,  a  entrepris 
l'exploration  méthodique  de  la  péninsule  du  S.-E.  qu'il 
est  parvenu  à  franchir  de  part  en  part. 

Orogknie.  Relief.  —  La  Nouvehe-Guinée  est  encore 
trop  mal  connue  pour  qu'on  puisse  rien  affirmer  de  cer- 
tain sur  son  histoire  géologique.  L'île  paraît  être  essen- 
tiellement un  morceau  de  Tare  montagneux  déterminé  par 
les  ondulations,  suite  des  effondrements  des  fosses  Paci- 
fiques. Ces  ondulations  ont  été  arrêtées  par  un  massif 
résistant,  l'Australie,  autour  duquel  eUes  ont  formé  des 
pKs  montagneux.  Le  reUef  de  la  Nouvelle-Guinée  se  rat- 
tacherait ainsi,  d'une  part,  à  l'arc  malais,  d'autre  part,  à 
la  Nouvelle-Calédonie  et  à  la  Nouvelle-Zélande.  Les  ter- 
rains paraissent  formés  surtout  de  grès  et  de  calcaire; 
dans  le  S.-E.,  les  roches  volcaniques  abondent;  les  for- 
mations coralliennes  ont  eu  aussi  une  part  importante 
dans  la  constitution  de  l'île  :  un  cap  voisin  de  Finsch- 
hafen  porte  le  nom  de  Fortification  Point,  à  cause  de  la 
forme  caractéristique  de  ses  terrasses  de  calcaire  coralUen. 
Sur  la  côte  0.,  les  sédiments,  plus  jeunes  qu'à  l'E.,  sont 
de  l'époque  jurassique. 

La  Nouvelle-Guinée  parait  être  traversée  dans  toute  sa 
longueur  par  une  suite  de  massifs  très  élevés  ;  elle  porte 
les  plus  hauts  sommets  que  l'on  rencontre  entre  l'Hima- 
laya et  les  Andes.  La  péninsule  du  S.-E.  n'est  qu'une 
arête  montagneuse  dont  les  principaux  massifs  sont  : 
VOwen  Stanley  (3.044  m.),  le  mont  Yule  (3.062  m.), 
le  mont  Daymann  (2.794  m.).  Dans  la  partie  centrale, 
les  crêtes  semblent  d'abord  se  rapprocher  de  la  côte  N. 
pour  laisser  place  à  la  grande  dépression  où  coule  le  Fly; 
puis  la  chaîne  vient  rejoindre  la  côte  S.,  laissant  au  N. 
un  large  espace  qui  est  la  vaUée  de  l'Ambemoh.  Les  dif- 
férentes sections  de  cette  chaîne  centrale,  sur  la  coordination 
desquelles  on  sait  très  peu  de  chose,  ont  reçu  différents 
noms  :  monts  Musgrave,  monts  Albert-Victor,  monts 
Char  les- Louis.  Ces  derniers  ont  plusieurs  sommets  à 
neiges  persistantes,  dont  l'un  atteindrait  5.200  m.  La 
presqu'île  du  N.-O.  est  parcourue  par  une  chaîne  de  direc- 
tion générale  S.-N.,  les  monts  Àrfak  (2.902  m.),  qui 
marquent  peut-être  la  première  intersection  des  pMs  E.-O., 
avec  les  plis  qui  ont  formé  les  Philippines  et  le  Japon. 

Côtes.  —  La  nature  des  côtes  est  en  relation  directe 
avec  le  relief  :  tandis  que  la  plaine  ou  coule  le  Fly 
donne  lieu  à  une  côte  plate,  la  péninsule  montagneuse  du 
S.-E.  est  bordée  de  côtes  abruptes.  Les  péninsules  du 
N.-O.  descendent  en  pente  douce  à  l'O.  vers  la  mer  des 
Moluques,  tandis  que  la  côte  0.  de  la  baie  du  Geelvink, 
bordée  par  les  monts  Arfak,  est  escarpée.  Le  bord  oriental 
de  cette  baie,  jusqu'à  la  pointe  d'Urville,  est  bas  et  limo- 
neux. A  l'E.  du  fleuve  Ambernoh  la  côte  se  relève.  — 
Cette  côte  N.  de  la  partie  centrale  de  File  est  la  moins 
indentée  :  on  n'y  trouve  guère  que  les  deux  baies  peu  pro- 
fondes de  Humboldt  et  de  V Astrolabe.  En  continuant  à 
l'E.  on  rencontre  le  mont  Finisterre,  qui  s'avance  dans 
la  mer  vers  l'île  de  la  Nouvelle-Poméranie.  La  côte  redes- 
cend alors  au  S.  formant  le  grand  golfe  de  Huon.  Celui-ci, 


avec  le  golfe  des  Papous,  qui  lui  est  opposé  sur  la  côte 
S.,  marque  le  commencement  de  la  presqu'île  du  S.-E., 
sur  les  côtes  de  laquelle  sont  les  baies  de  Collingiuood, 
de  Goodenough  et  de  Milne.  La  côte  S.  est  de  plus  en 
plus  découpée,  à  mesure  qu'on  approche  des  deux  pres- 
qu'îles du  N.-O.,  Onin  et  Berau,  séparées  par  le  golfe 
étroit  et  profond  de  Mac  Cluer,  qui  n'est  séparé  que  par 
un  seuil  de  20  kil.  de  large  de  la  baie  du  Geelvink.  — 
La  NouveUe-Guinée  est  entourée  d'un  grand  nombre  d'îles 
qui  font  partie  du  même  groupe  géographique.  Ce  sont  : 
au  N.-O.,  les  îles  des  Papous  {Waigeoe,  Salaivatti,  Mi- 
sool)  ;  dans  la  baie  du  Geelvink,  de  nombreux  Ilots  dont 
les  plus  importants  sont  Jobie  et  Mysore;  entre  la  baie 
de  Humboldt  et  le  golfe  de  Huon,  les  îles  Dampier;  le 
long  de  la  péninsule  S.-E.,  les  rangées  parallèles  des  archi- 
pels à' Entrecasteaux  et  de  Moresby;  davantage  à  l'E., 
le  groupe  de  la  Louisiade;  sur  la  côte  S.,  l'île  Frederik 
Henry,  à  peine  séparée  de  la  grande  île,  et  les  îlots  d'Arou 
et  de  Keï. 

Climat.  Hydrographie.  —  Les  quelques  données  pré- 
cises que  nous  avons  sur  le  climat  de  la  Nouvelle-Guinée 
nous  viennent  de  la  partie  aUemande.  A  Hatzfeldthafen, 
sur  la  baie  de  l'Astrolabe.,  la  température  moyenne  an- 
nuelle est  de  W.  Le  maximum  moyen  est  30^^,8,  le  mi- 
nimum moyen  22°, 5  ;  le  maximum  absolu  est  35*^,3,  le 
minimum  absolu  49«,3.  Le  mois  le  plus  froid  est  juin^ 
avec  une  moyenne  de  25«,2,  le  plus  chaud  est  février, 
avec  une  moyenne  de  26°, 7.  La  hauteur  des  pluies  a  été, 
en  1886-87,  de  194  centim.  ;  en  1887-88,  de  249  cen- 
tim.  ;  en  1888-89,  de  238  centim.  A  Finschhafen,  la 
moyenne  des  précipitations  (1887-90)  a  été  de  277  cen- 
tim. —  Pour  le  reste  de  l'île,  nous  en  sommes  réduits  à 
des  observations  générales.  Par  suite  de  sa  position  dans 
les  basses  latitudes  et  de  sa  proximité  des  continents  asia- 
tique et  austrahen,  la  NouveUe-Guinée  a  un  cHmat  de 
mousson,  maritime  et  tropical.  Mais  la  grande  hauteur 
des  montagnes  arrête  tour  à  tour  l'humidité  des  moussons 
alternatives  et  établit  une  légère  différence  entre  le  N.  et 
le  S.  Ainsi  la  mousson  du  N.-E.,  qui  souffle  de  novembre 
à  avril,  coïncide  avec  les  hauteurs  maximales  de  pluie 
dans  la  partie  N.,  et  c'est  pendant  le  règne  de  la  mousson 
du  S.-O.  d'avril  à  novembre  que  les  plaines  du  S.  sont 
le  plus  arrosées.  Cependant,  il  pleut  toute  l'année,  surtout 
la  nuit,  dans  l'île  tout  entière.  Malgré  les  réclames  colo- 
niales anglaises  et  aUemandes,  il  semble  bien  que  ce  cK~ 
mat  soit  quelque  peu  insalubre  ;  cependant  les  fièvres  ma- 
lignes y  sont  rares  ;  le  béribéri  des  indigènes  est  une  dy- 
senterie accompagnée  de  fièvre  ;  on  croit  qu'efle  est  due 
uniquement  à  l'insuffisance  de  la  nourriture. 

L'abondance  des  pluies  donne  Heu  à  un  réseau  hydro- 
graphique très  développé  ;  toutes  les  explorations  récentes 
tentées  dans  l'intérieur  signalent  une  grande  quantité  de 
cours  d'eau,  navigables  parfois  jusqu'à  une  assez  grande 
distance.  Quelques-uns  comme  le  Fly,  le  Banxter,  le 
Douglas,  le  Wickham,  le  Saint-Joseph,  V Ambernoh, 
VImpératrice  Augusta,  sont  de  véritables  fleuves.  Aucun 
d'eux,  il  est  vrai,  n'a  été  remonté  jusqu'aux  sources  et 
nous  n'avons  que  des  renseignements  épars  sur  le  régime 
de  leurs  eaux. 

Flore  et  faune.—  La  flore  delà  Nouvelle-Guinée  marque 
la  transition  entre  celle  de  l'archipel  insuHndien  et  celle 
de  l'Australie.  Dans  le  Nord,  la  forêt  est  touffue  comme  aux 
Moluques  ;  les  arbres  sont  énormes,  rehés  les  uns  aux 
autres  par  des  Kanes.  Le  sous-bois  est  dénué  de  végéta- 
tion. Cependant  les  espèces  sont  déjà  moins  nombreuses 
que  dans  les  îles  de  la  Sonde.  Dans  le  Sud,  la  forêt  s'éclair- 
cit  et  l'on  voit  apparaître  les  arbres  caractéristiques  de 
l'Austrahe,  l'acacia  et  l'eucalyptus.  La  faune,  par  suite 
sans  doute  de  l'ancienne  communication  avec  le  continent 
voisin,  est  purement  austraUenne.  On  y  compte  une  ving- 
taine d'espèces  de  marsupiaux,  dont  un  kangourou  qui  vit 
sur  les  arbres.  On  ne  rencontre  qu'un  mammifère,  de  Fes- 
pèca  porcine,  qu'on  classe  comme  une  variété  de  sanghef 


NOUVELLE-GUINÉE  —  NOUVELLE-ORLÉANS       —  100 


ou  de  babiroussa.  Les  espèces  d'oiseaux  sont,  au  contraire, 
excessivement  nombreuses,  et  la  Nouvelle-Guinée  est  le 
domaine  propre  de  l'oiseau  de  paradis,  dont  les  indigènes 
de  la  baie  du  Geelvink  font  un  grand  commerce.  Le  per- 
roquet est  représenté  par  des  espèces  de  toutes  les  tailles 
et  de  toutes  les  couleurs  ;  les  reptiles  et  les  insectes  sont 
très  abondants  :  les  scarabées  et  les  papillons  en  particu- 
lier présentent  les  colorations  les  plus  variées. 

Ethnographie  (V.  Papous). 

Géographie  politique.  — Par  un  acte  du  17  mai  1885, 
l'Allemagne  et  l'Angleterre  ont  reconnu  implicitement  la 
souveraineté  de  la  Hollande  sur  la  partie  de  la  Nouvelle- 
Guinée  située  à  FO.  de  138^0'  delongit.  E.  (141°  E.  de 
Greenwich),  et  elles  se  sont  partagé  l'E.  de  l'île,  l'Angle- 
terre gardant  la  côte  S.  et  la  péninsule  de  l'Est  presque 
tout  entière.  —  La  Nouvelle- Guinée  britannique  a  une 
superficie  de  229.111  kil.  q.  avec  une  population  approxi- 
mative de  350.000  hab.,  dont  250  Européens.  Le  régime 
administratif  a  été  établi  par  l'acte  de  nov.  1887  et  les 
lettres  patentes  du  5  juin  1888.  Les  frais  d'administration 
sont  évalués  à  375.000  fr.  par  an  et  le  payement  en  a  été 
garanti  pendant  dix  ans  par  le  Queensland  ;  mais  cette 
somme  est  partagée  également  entre  le  Queensland,  la  Nou- 
velle-Galles du  Sud  et  Victoria.  La  Nouvelle-Guinée  est  une 
colonie  de  la  Couronne.  Le  territoire  est  divisé  en  quatre 
districts  et  le  centre  de  l'administration  est  établi  à  Port 
Moresby.  On  a  commencé  à  instituer  des  magistrats  et  une 
police  indigènes  dans  les  villages.  L'armée,  exclusivement 
indigènCj^  compte  60  hommes.  Le  revenu,  en  1895-96,  a 
été  de  163.675  fr.,  provenant  presque  exclusivement  des 
droits  de  douane.  L'importation  d'étoffes,  de  tabacs,  de 
vêtements  a  été  de  863.025  fr.  ;  l'exportation,  limitée 
presque  exclusivement  aux  perles  et  à  For  exploité  dans 
la  Louisiade  et  au  mont  Scratclilev,  dans  la  péninsule  S. -E., 
a  produit,  en  1895-96,  485.02d  fr. 

La  partie  allemande  de  la  Nouvelle-Guinée  porte  le  nom 
de  Kaiser  Wilhelms  Land.  Le  protectorat  allemand  y  a 
été  établi  en  1884.  Le  territoire  n'est  pas  administré  par 
des  agents  de  l'Etat,  mais  par  une  compagnie  commer- 
ciale. En  y  comprenant  les  îles  voisines,  la  superficie  est  de 
181 .300  kil.  q.  avec  une  population  de  1 10.000 hab.  dont 
198  Européens.  La  capitale  est  Finschhafen;  les  deux 
meilleurs  ports  sont  Friedrich  Wilhelmhafen  et  Hatz- 
feldthafen,  sur  la  baie  de  l'Astrolabe.  Les  principaux  ar- 
ticles d'exportation  sont  le  sagou,  le  bambou,  le  caout- 
chouc, le  bois,  le  coton,  le  tabac  et  les  perles.  Le  revenu 
en  1896-97  a  été  de  116.000  fr. 

La  Nouvelle-Guinée  hollandaise  n'a  qu'une  impor- 
tance très  faible  au  point  de  vue  économique  et  politique. 
Elle  est  administrée  par  le  résident  général  de  Ternate, 
dans  les  Moluques.  Quelques  comptoirs,  Amberbaken, 
Doreh,  se  sont  étabUs  au  N.  de  la  péninsule  de  Berau. 

Ludovic  Marchand. 
BiJ3L.  :  James  Alexander,  Tlie   Islands  of  ihe  Pctcijic  ; 
New  York,  1895.  —  Bâsseer,  Sndsee  Bilder  ;  Berlin,  1895. 

—  Chal^fers,  Pioneer  life  and  work  in  NewGuincci; 
Londres,  1895.  —  De  Cleroq,  De  West  en  Noordhustvcin 
Nederlandsch  Nieuw  Giùnea  {Tijdsdsehrift  van  het  aar- 
drijhskundig  Genootschaft,  1893,  t.  X).—  Jack  et  Etiie- 
rtd  G  E,  Geo  ?0{/y  and  Paleontology  of  Queensland  and  New 
Guinea;  Briâbane  et  Londres,  1^92.  —  W.  Mac  Gregor, 
British  New  Giiinea^  Countrij  and  People  ;  Londres,  1897. 

—  Cari  Meinick,  Dze  Insein  des  stillen  Océans;  Leipzig. 
1875.  —  Moresby,  New  Guinea  and  Polynesia  ;  Londres^ 
,1876.  —  Ilastings  Romilly,  From  my  verandah  in  New 
Guinea,  sketches  and  iradilions  ;  Londres,  1889. 

Cartograpiiie.  —  Langiiaus,  Carte  des  parties  anglaise 
et  allemande  au  l/2.000.000«,  De?tisc/ie?^  Kolonial  Atlas; 
Gotha.  J.  Fertiles,  1893.  —  Noordhust  van  Nieuw  Guinea, 
1/1.000.000%-  Bata\ia,  1889.  —  Queensland  and  British  New 
Guinea,  surueyor-generaVs  Office;  Brisbane,  1891.  —  Kai- 
ser WUhebns  Land  und  Bismarck  Archipel,  1/1.000.000», 
Deutsche  Kolonialqesellschaft  :  Berlin,  1893. 

NOUVELLE-IRLANDE.  Ancien  nom  de  l'ile  du  Nou- 
veau-Mecklembourg  (V.  Nouvelle-Bretagne). 

NOUVELLE-ORLÉANS  (La)  (New  Orléans).  Ville  des 
Etats-Unis,  la  plus  grande  au  S.  de  Saint-Louis,  la  prin- 
c'pale  de  l'Etat  de  Louisiane^  située  sur  la  rive  gauche  du 


Mississipi,  à  462  kil.  de  son  embouchure,  par  '^d^  55^  de 
lat.  N.    et  92°  25'  de  long.   0.  de  Paris.  Population, 
242.000  hab.  en  1890,  300.000  en  1898.  Le  tleuve  est 
large  en  ce  point  d'un  peu  moins  de  1  kil.  La  double  courbe 
qu'il  décrit,  convexe  en  amont,  concave  en  aval,  a  fait 
donner  le  surnom  de  Crescent  City  (Cité  Croissant)  à  la  ville 
de  La  Nouvelle-Orléans,  dont  les  différentes  parties,  soudées 
graduellement  les  unes  aux  autres,  s'étendent  sur  près  de 
20  kil.  de  la  rive  gauche.  La  ville  est  construite  sur  une 
plaine  basse  et  marécageuse  qui,  aux  hautes  eaux,  se  trouve 
de  O'^jG  à  1^^\2  au-dessous  de  la  surface  .du  fleuve,  et  en 
temps  ordinaire,  émerge  de  '6  m.  dans  les  parties  les  plus 
élevées.  Elle  couvre  une  superficie  énorme,  467  kil.  q., 
entre  le  Mississipi  au  S.  et  le  lac  Pontchartrain  au  N., 
mais  les  trois  quarts  de  cette  étendue  se  composent  de 
marécages  inhabitables.  Une  digue  ou  levée  protège  la  ville 
contre  les  eaux  du  fleuve.  Haute  d'un  peu  plus  de  4  m., 
avec  une  largeur  variant  de  5  à  100  m.  dans  la  ville,  de 
4  à  5  m.  dans  la  campagne,  elle  s'étend  jusqu'à  Plaque- 
mines,  à  190  kil.  en  amont  de  La  Nouvelle-Orléans.  Le 
climat  est  très  chaud  (les  moyennes  sont  27*^,3  en  été, 
13°, 3  en  hiver,  20^,6  pour  toute  l'année),  et  humide  (hau- 
teur de  pluie,  1.269  milhm.).  La  fièvre  jaune  y  a  fait  long- 
temps de  grands  ravages.  Des  mesures  énergiques  de  dé- 
fense ont  fait  reculer  le  fléau  et  diminué  l'action  des  autres 
causes  de  la  mortalité,  qui  a  été  cependant  encore  de  25  °/oo 
chez  les  blancs,  et  de  40  °/oo  chez  les  gens  de  couleur  en 
1890.Enl890,ilestmort,àLaNouvelle-Orléans,6.875per- 
sonnes,  dont  3.198  blancs  natifs,  1.296  blancs  étrangers 
et  2.367  personnes  de  couleur.   Des  citernes  en  bois  et 
des  puits  artésiens  constituent  l'ahmentation  d'eau  potable. 
Les  242.000  hab.  de  1890  se  composaient  des  élé- 
ments suivants  au  point  de  vue  des  origines  :  Anglo-Anjé- 
ricains  18  ^o,  Erançais  17  ^/o,  Allemands  15  ^/o,  Irlan- 
dais 14  %,  personnes  de  couleur  25  %,  italiens  8  °/o, 
Espagnols  2  à  3  °/o.  Le  nombre  des  habitants  d'origine 
étrangère,    nés    à   l'étranger,    était   de    34.500,    dont 
7.900   Irlandais,    11.300   Allemands,    1.599    Anglais, 
5.700  Français,  3.622  Italiens. 

Le  quartier  français  ou  créole,  appelé  «  Vieux  Carré», 
est  séparé  par  la  grande  voie  commerciale  Canal  Street 
de  la  ville  nouvelle  ou  quartier  américain,  situé  au  S.-O. 
du  quartier  créole  et  dont  les  plus  belles  habitations  se 
trouvent  dans  l'avenue  Saint-Charles,  parallèle  au  fleuve. 
Le  «  Vieux  Carré  »  est  presque  exclusivement  habité  par 
des  créoles,  c.-à-d.  par  des  descendants  des  colons  fran- 
çais, nés  en  Amérique.  La  langue  française  y  est  d'un  usage 
général.  Les  édifices,  les  mœurs,  les  coutumes  y  ont  con- 
servé le  caractère  des  premiers  habitants,  Français  et  Es- 
pagnols. Les  principales  rues  y  portent  les  noms  de 
Chartres,  Royal,  Bourbon,  Dauphine,  Rampart,  Marais, 
Ursuhnes,  Dumaine,  LaHarpe,  Lapérouse,  d'Abadie,Aubry, 
Carondelet,  Esplanade,  La  Fayette,  La  Force,  Libéral,  Fer- 
dinand, Montégut,  Clouet,  etc.  On  retrouve  là  les  façades 
en  stuc  blanchies  à  la  chaux,  les  jalousies,  les  portes  co- 
chères,  les  arcades,  "  les  balcons,  des  anciennes  villes 
d'Espagne  ou  de  la  France  méridionale,  le  tout  encadré 
d'une  végétation  tropicale  aux  fleurs  élégantes.  Les  mai- 
sons sont  de  construction  légère,  en  bois  ou  en  briques. 
Les  édifices  pubHcs  reposent  sur  des  pilotis  enfoncés  de 
20  ou  25  m.  dans  le  sol.  L'intérieur  de  la  vifle  est 
sillonné  de  canaux  dérivés  du  bayou  Saint-John.  A  l'E. 
de  la  vifle,  les  rues  principales  sont  :  l'avenue  La  Fayette, 
l'avenue  Saint-Bernhart  et  les  Elysian  Fields  (Champs- 
Elysées),  toutes  voies  perpendiculaires  au  fleuve,  près 
daquel*leurs  extrémités  se  rapprochent.  La  disposition 
en  échiquier  est  à  peu  près  complète  dans  le  quartier 
français,  entre  l'avenue  Saint-Bernhard  et  la  rue  du  Ca- 
nal. Le  quartier  neuf  ou  américain  présente  l'aspect  d'un 
grand  éventail  ouvert  dont  la  poignée  est  la  jonction  des 
rues  Julia  et  Carrollton,  et  dont  les  branches  sont  les  rues 
se  dirigeant  vers  les  divers  points  de  la  courbe  convexe 
du  Mississipi.  Les  principales  de  ces  voies  sont  l'avenue 


—  404  — 


NOUVELLE-ORLEANS 


Tulane,  la  rue  Melpomène,  la  route  de  la  Félicité,  les  ave- 
nues Washington,  Toledano,  Louisiana,  Napoléon,  le  parc 
de  l'Exposition,  et  enfin,  tout  à  l'O.,  l'avenue  Carrollton. 
Ces  voies  sont  coupées  par  une  grande  quantité  de  rues 
parallèles  au  fleuve  dont  elles  reproduisent  la  courbe  ;  les 
principales  sont  les  avenues  Prytania,  Saint-Charles,  Clay- 
borne  et  Broad.  C'est  dans  ces  quartiers  du  Sud-Ouest  que 
se  trouvent  les  maisons  les  plus  élégantes,  entourées  de 
plantations  d'orangers,  de  jasmins,  de  magnolias,  etc. 

Les  principaux  édifices  pubhcs,  cathédrale  de  Saint- 
Louis  (construite  de  1792  à  1794  dans  le  style  hispano- 
créole),  douane,  poste,  hôtel  de  ville,  archevêché  (un  vieux 
couvent  d'ursulines),  Bourse  des  produits,  Bourse  du  coton, 
Bourse  du  sucre,  Monnaie,  Grand  Opéra,  Académie  de  mu- 
sique, tribunaux  [cabildo  espagnol),  salle  des  Odd  Fellows, 
Université  Tulane,  sont  concentrés  sur  la  limite  des  deux 
principaux  quartiers  français  et  américain,  en  face  de  la 
pointe  formée  sur  l'autre  rive  par  l'avancée  continue  des 
terres  depuis  cent  cinquante  ans.  Près  de  la  cathédrale  de 
Saint-Louis,  sur  le  fleuve,  se  trouvent  le  square  (ancienne 
place  d'Armes)  et  la  statue  équestre  du  général  Andrew 
Jackson,  et  le  débarcadère  de  l'un  des  ferries  qui  font 
communiquer  la  rive  gauche  aux  faubourgs  usiniers  d'Al- 
giers,  Mac  Donoughville  et  Gretna  de  la  rive  droite.  Tout 
le  long  de  la  rive  gauche,  sur  une  longueur  de  près  de 
10  kil.,  la  «  levée  »  est  la  promenade  favorite  de  la  po- 
pulation new-orléanaise. 

La  ville  possède  d'assez  nombreux  squares  ornés  de  sta- 
tues de  personnages  célèbres,  un  petit  nombre  de  jardins, 
leCityParkauN.  (60  hect.),  l'Exposition  Park  à  l'O.,  longue 
et  étroite  bande  de  terrain  boisée  qui  s'étend  du  fleuve  à  près 
de  4  kil.  dans  l'intérieur,  et  où  eut  heu  l'Exposition  de 
1884-85  ;  des  cimetières,  qui  sont  une  des  curiosités  de  La 
Nouvelle-Orléans,  les  corps  y  reposant  non  sous  terre,  mais 
dans  des  tumuli  ou  mounds,  monticules  artificiels,  parce 
que  le  sol  est  trop  marécageux  pour  que  l'on  y  puisse  creu- 
ser des  tombes  :  Cypress  Grove  Cemetery,  près  de  City 
Park,  Greenwood  Cemetery,  où  un  monument  a  été  élevé 
à  des  soldats  confédérés  ;  dans  la  rue  Esplanade,  de  vieux 
cimetières  français.  A  8  kil.  au  N.  de  la  ville  s'étend  le  lac 
Pontchartrain,  long  de  65  kil.  sur  40  de  large.  Le  bayou 
Saint-John  s'y  jette.  Au  N.-O.  se  trouvent  les  jardins, 
dits  Carrollton  Gardens. 

La  Nouvefle-Orléans  a  dû  sa  prospérité  et  son  dévelop- 
pement à  sa  magnifique  position  commerciale  qui,  dès  le 
commencement  du  xix^  siècle,  attirait  le  long  de  ses  quais 
les  produits  de  toute  la  vaflée  du  Mississipi,  même  des  ré- 
gions riveraines  de  l'Ohio.  Il  est  vrai  que  ces  produits 
étaient  encore  peu  importants,  et  la  brillante  période  de 
l'ancienne  métropole  de  la  Louisiane  française  a  été  celle 
du  prodigieux  développement  de  la  culture  du  coton  et  de 
l'expansion  de  l'esclavage  dans  le  S.  des  Etats-Unis,  entre 
1830  et  1860.  Encore  aujourd'hui,  bien  que  les  chemins 
de  fer  qui  reHent  directement  Saint-Louis,  Memphis  et  les 
autres  points  importants  de  la  grande  vallée  aux  ports  de 
l'Atlantique,  aient  enlevé  au  marché  louisianais  une  bonne 
partie  de  son  trafic  de  transit,  La  NouveUe-Orléans  a  con- 
servé le  premier  rang  pour  l'expédition  des  cotons.  Presque 
tout  le  trafic  se  fait  dans  la  rade  que  forme  le  croissant 
d'aval.  «  Une  triple  ou  quadruple  rangée  de  bateaux  à  va- 
peur, disposés  comme  un  quartier  insulaire  de  maisons  à 
triple  étage,  borde  les  quais  encombrés  de  balles,  de  caisses 
et  de  boucauts.  Des  embarcations  de  toute  espèce  animent 
le  fleuve,  les  gros  vapeurs  se  croisent  en  grondant,  les 
petits  remorqueurs  attelés  aux  lourds  trois-mâts  les  font 
pirouetter  gracieusement  sur  l'eau,  les  ponts  volants  vont 
et  viennent  d'une  rive  à  l'autre.  Après  la  récolte  des  co- 
tons, lorsque  la  première  crue  a  dégagé  les  bateaux  qui 
opéraient  leur  chargement  sur  les  divers  affluents  du  Mis- 
sissipi, on  voit  parfois  jusqu'à  cinquante  léviathans  à  va- 
peur descendre  le  fleuve  en  un  seul  jour,  portant  sur  leurs 
ponts  et  sur  leurs  galeries  trois,  quatre  ou  cinq  mille  balles 
de  coton.  »  (Elisée  Reclus,  Nouv.  Géogr.  univ.) 


La  Nouvelle-Orléans  reçoit  encore  des  Etats  du  Centre 
et  du  Nord  de  grandes  quantités  de  denrées  agricoles  : 
maïs,  blé,  tabac  en  feuille,  tourteaux,  huile  de  graines  de 
coton,  riz,  viande  de  porc;  elle  recueille  une  partie  du  sucre 
produit  dans  la  Louisiane.  Efle  reçoit  d'autre  part  de  l'Amé- 
rique centrale,  de  Cuba  et  des  autres  Antilles,  du  sucre  et 
des  fruits,  surtout  des  bananes.  Elle  n'a  qu'une  part 
médiocre  dans  l'importation  des  produits  manufacturés. 
Elle  possède  elle-même  quelques  filatures,  mais  peu  actives. 
En  1890,  son  port  a  reçu  960  navires,  portant  1.019.000 
tonnes,  et  elle  a  exporté  1.650.000  balles  de  coton.  En 
certaines  années,  le  chifi're  s'est  élevé  à  2  milhons  de  baUes. 
Mais  Galveston  (Texas)  lui  fait  depuis  quelque  temps  une 
redoutable  concurrence  sur  ce  terrain,  où  sa  suprématie 
était  naguère  incontestée. 

Le  commerce  général,  intérieur  et  extérieur,  de  La  Nou- 
veUe-Orléans représentait  en  1890  une  valeur  de  550  mil- 
hons de  dohars.  Le  total  a  été  ramené  à  483  millions  en 
1894  et  à  455  milhons  en  1895.  Cette  diminution  pro- 
gressive n'est  due  qu'à  la  baisse  du  prix  des  denrées,  car 
le  volume  des  échanges  a  légèrement  augmenté,  10.397.000 
tonnes  en  1895  contre  10.082.000  en  1890.  Ce  commerce 
est  réparti  comme  suit  pour  1895  :  il  est  entré  pour  231 
milhons  de  dohars  de  marchandises,  dont  151  par  chemins 
de  fer  et  bateaux  du  Mississipi,  67  par  cabotage  et  13  par 
navires  étrangers.  Il  est  sorti  224  miUions  de  dollars  de 
marchandises,  dont  111  par  voie  fluviale  et  chemins  de  fer, 
44  par  bateaux  à  destination  d'autres  ports  des  Etats-Unis 
et  68  à  destination  des  pays  étrangers. 

Les  chilfres  du  commerce  extérieur,  représentant  la  va- 
leur des  échanges  de  La  NouveUe-Orléans,  exclusivement 
avec  les  pays  étrangers,  sont  en  décroissance  continue.  En 
1890,  les  importations  avaient  été  de  15.500.000  dollars, 
les  exportations  de  173  miUions,  dont  83  millions  de  co- 
ton. En  1891 ,  les  chiff'res  correspondants  ont  été  de  21  mil- 
lions aux  entrées,  109  aux  sorties;  en  1895,  13  millions 
aux  entrées,  68  miUions  aux  sorties,  dont  58  miUions  (soit 
290  millions  de  fr.)  de  coton.  Là  encore  la  baisse  de  prix 
des  denrées  entre  pour  une  grande  part  dans  la  diminu- 
tion constatée,  mais  U  reste  aussi  l'effet  de  la  concurrence 
de  nouveaux  ports,  et  surtout  du  déplacement  des  cou- 
rants commerciaux  par  l'abaissement  du  fret  sur  les  voies 
ferrées,  La  pari  de  la  France  dans  le  commerce  de  La  Nou- 
velle-Orléans est  minime.  En  1895,  eUe  a  importé  de  cette 
place  pour  14  milhons  de  doUars  de  marchandises,  dont 
12  1/2  miUions  représentant  450.000  balles  de  coton,  et 
elle  y  a  expédié  pour  556.000  doUars  d'eaux-de-vie,  de 
liqueurs  et  de  conserves. 

La  Nouvelle-Orléans  a  été  fondée  en  1718  par  Jean  de 
BienviUe,  gouverneur  du  petit  établissement  français  qu'il 
avait  lui-même  créé  depuis  1690  à  Biloxi.  En  1721,  elle 
fut  élevée  au  rang  de  capitale  de  la  Louisiane,  alors  que 
cette  colonie,  livrée  à  la  compagnie  du  Mississipi,  venait  de 
servir  aux  spéculations  de  Law  (1717-21),  puis  de  passer 
à  la  Compagnie  française  des  Indes.  La  ville  ne  se  déve- 
loppa que  très  lentement.  EUe  fut  cédée  par  la  France  à 
l'Espagne,  avec  la  partie  de  la  Louisiane  située  à  l'E.  du 
Mississipi,  en  1763  après  la  guerre  de  Sept  ans.  Les  habi- 
tants s'organisèrent  en  gouvernement  autonome  et  ne  re- 
connurent qu'en  1769  la  juridiction  espagnole.  En  1800, 
le  traité  de  Saint-Udefonse  rétrocéda  La  NouveUe-Orléans 
à  la  France,  qui  vendit,  en  1803,  la  Louisiane  aux  Etats- 
Unis.  Le  territoire  fut  admis  comme  Etat  dans  l'Union  en 
1804.  La  guerre  de  1812  contre  l'Angleterre  se  termina 
par  la  célèbre,  victoire  du  général  Andrew  Jackson  à  La  Nou- 
velle-Orléans (1815)  ou,  plus  exactement,  prèsdeChal- 
mette  sur  le  Mississipi,  à  8  kiï.  au  S.  de  Canal  Street.  Pen- 
dant la  guerre  de  sécession,  la  Nouvelle-Orléans  prit  parti 
avec  toute  la  Louisiane  pour  la  cause  sudiste,  mais,  l'ami- 
ral Farragut  ayant  forcé  le  passage  à  l'embouchure  du  Mis- 
sissipi sous  le  feu  des  forts  des  deux  rives  et  détruit  la 
flottiUe  confédérée  devant  les  quais  de  La  NouveUe-Orléans, 
la  ville  se  rendit  au  général  Butler  (1862).     A.  Moireau. 


NOUVELLE-POMERANIE— NOUVELLE-ZELANDE     —  10^  — 


NOUVELLE-POMÉRANIE  (Ile  de  la)  (V.  Nouvelle- 
Bretagne). 

NOUVELLE-RUSSIE  {Novorossiskijkraj).  Région  de 
la  Russie  méridionale  comprise  entre  le  Dniestr  et  les  ter- 
ritoires du  Don,  les  mers  Noire  et  d'Azov  et  la  Petite- 
Russie.  Elle  comprend  les  gouvernements  d'Ekaterinoslav, 
Kherson,  Tauride.  Ce  dernier  nom,  tombé  en  désuétude, 
fut  donné  par  l'impératrice  Elisabeth  quand  elle  appela  à 
coloniser  ces  steppes  des  immigrants  serbes,  auxquels  se 
joignirent  ensuite  des  Roumains,  des  Hongrois,  des  Polo- 
nais, des  Arméniens,  etc.  En  dT64,  Catherine  11  constitua 
le  gouvernement  de  Nouvelle-Russie,  correspondant  à  ceux 
actuels  d'Ekaterinoslav  et  Kherson.  Après  la  conquête  de 
la  Crimée,  le  nom  s'étendit  à  cette  région  aussi. 

NOUVELLE-SIBÉRIE.  Archipel  de  l'océan  Glacial  Arc- 
tique compris  entre  73°  9'  et  77«  30'  lat.  N.,  433o  56'  et 
i56M'61ong.  E.  ;  25.966  kil.  q.  11  comprend  les  îles 
Liakhov  (5.058  kil.  q.),  dont  les  principales  sont  BKshnii 
(3.907  kiL  q.)  et  Malyi  (808  kil.  q.)  ;  un  peu  au  N.  le 
groupe  d'Anjou  ou  de  Nouvelle-Sibérie  (16.079  kil.  q.) 
avec  les  îles  Kotelnoï  (40.841  kil.  q.),  Faddeiev  ou  Thad- 
dée  (2.573  kil.  q.)  et  de  Nouvelle-Sibérie  (2.316  kil.  q.)  ; 
enfin,  plus  au  N.,  les  îles  Delong  (4.829  kil.  q.),  Bennett, 
Henrietta,  de  la  Jeannette.  Ces  terres  rocheuses,  sans 
arbres,  presque  constamment  bloquées  par  les  glaces,  sont 
inhabitées.  On  y  vient  chasser  des  bêtes  à  fourrures  et  re- 
cueillir l'ivoire  fossile  et  les  os  de  mammouths,  rhinocéros, 
buffles,  etc.  Elles  sont  rattachées  administrativement  au 
district  de  Verkhoiansk  du  gouvernement  d'Iakoutsk.  Le 
commerçant  russe  Liakhov  découvrit  en  1770-73  les  îles 
qui  ont  gardé  son  nom,  et  d'où  il  rapporta  l'ivoire  des 
mammouths;  La  Nouvelle-Sibérie  fut  explorée  par  San- 
nikov  (1805-11),  Hedenstrœm  (1809-10),  Anjou  et  lljin 
(1822),  ToU  (1885-87).  L'Américain  Delong  trouva  en 
1879  les  trois  îles  auxquelles  on  a  laissé  son  nom. 

NOUVELLE-SILÉSIE.  Ancienne  province  prussienne, 
formée  de  districts  polonais  acquis  en  1795,  duché  de 
Sévérie  et  partie  du  territoire  de  Cracovie.  Ils  furent  cédés 
en  1807  au  grand-duché  de  Varsovie. 

NOUVELLE-ZÉLANDE.  Le  groupe  d'îles  appelé  fort 
improprement  Nouvelle-Zélande  fut  découvert  en  1642  par 
Abel  Tasman.  Mais  pendant  plus  d'un  siècle  les  consé- 
quences de  cette  découverte  furent  absolument  nulles  et 
les  voyages  de  Cook  eurent  pour  cette  contrée  toute  la 
valeur  d'une  première  exploration.  Lors  de  son  premier 
voyage,  eii  17695  il  aborda  dans  un  golfe  de  File  du  Nord, 
qu'il  appela  Poverty  Bay.  Il  fit  le  périple  de  l'archipel, 
qu'il  visita  plus  en  détail  au  cours  de  ses  deux  autres 
voyages.  La  même  année  que  Cook,  un  Français,  Surville, 
aborda  également  à  l'île  du  Nord.  Depuis,  la  Nouvelle- 
Zélande  est  devenue  une  des  parties  les  plus  importantes 
de  l'empire  colonial  anglais,  et  la  connaissance  que  nous 
en  avons  repose  sur  des  bases  aussi  scientifiques  que  celle 
de  la  plupart  des  contrées  européennes.  La  longueur  de 
l'archipel,  du  N.  au  S.,  est  de  1.600  kil.  ;  sa  plus  grande 
largeur  est  de  320  kil.  ;  la  longueur  des  côtes  est  de 
48.000  kil.  ;  la  superficie  totale  est  de  269.957  kiL  q.,  dont 
115.175  pour  l'île  N.,  151.570  pour  l'île  S.,  et  1.725 
pour  l'île  Stewart. 

Orogénie.  Relief.  —  La  Nouvelle-Zélande  est  constituée 
par  la  section  la  plus  méridionale  du  bourrelet  monta- 
gneux produit  par  l'effondrement  des  fosses  Pacifiques, 
boufrelet  qui  s'est  collé,  à  l'époque  tertiaire,  contre  le 
bord  oriental  du  grand  continent  primaire  connu  en  géo- 
logie sous  le  nom  de  continent  austral.  Situés  au  bord 
même  des  effondrements,  les  plis  ont  été  affectés  de  cas- 
sures qui  ont  laissé  fuser  des  coulées  volcaniques;  les 
volcans  de  la  Nouvelle-Zélande  font  partie  de  la  ceinture 
qui  entoure  le  Pacifique  et  qui  est  appelée  cercle  de  feu. 
Dans  l'île  du  Sud,  le  bourrelet  montagneux  n'est  qu'un 
demi-pli,  les  roches  sédimentaires  des  divers  âges  géolo- 
giques ne  se  retrouvant  que  sur  un  seul  flanc.  C'est  un 
premier  caractère  de  ressemblance  avec  les  Alpes  euro- 


péennes, au  moins  dans  leur  moitié  occidentale.  Les  Alpes 
néo-zélandaises  commencent  à  l'O.,  le  long  de  la  mer  de 
Tasman,  par  des  gneiss  et  des  granits.  Puis  vient  une 
bande  primaire  formant  les  plus  hauts  sommets.  Les  sédi- 
ments secondaires  ont  été  plissés  en  un  grand  synclinal 
ondulé  ;  enfin,  la  plaine  de  FE.  est  formée  de  sédiments 
tertiaires.  Dans  le  S.-E.  de  l'île  méridionale  se  trouvent 
quelques  \olcans  éteints.  —  Les  mêmes  couches  géolo- 
giques se  retrouvent  dans  l'île  du  Nord.  Mais  la  plaine 
tertiaire  de  l'E.  s'est  presque  complètement  effondrée  et 
il  n'en  reste  qu'une  bande  étroite.  La  partie  la  plus  con- 
sidérable de  l'île  N.,  située  à  l'O.,  est  entièrement  volca- 
nique. Les  montagnes  de  l'île  S. ,  dans  leur  partie  archéenne 
et  primaire,  sont  riches  en  minéraux  exploitables  :  or, 
argent,  cuivre,  chrome,  antimoine,  manganèse,  houille. 

L'effondrement  des  couches  situées  à  l'O.  de  l'île  du 
Sud  a  eu  pour  effet  de  rendre  inégales  les  pentes  des  deux 
versants.  La  crête  montagneuse  suit  le  bord  occidental  de 
l'île.  Ces  montagnes,  appelées  Alpes  néo-zélandaises,  com- 
mencent dans  la  petite  île  située  au  S.  de  l'île  méridionale, 
dont  elle  est  séparée  par  le  détroit  de  Foveaux  :  c'est 
Stewart  Island,  formée  de  tables  de  sédiments  anciens. 
Le  caractère  tabulaire  se  continue  dans  l'île  Sud  où,  jus- 
qu'au Milford  Sound,  le  relief  est  formé  d'un  plateau  de 
1.000  à  1.200  m.  d'alt.  A  partir  de  là,  l'arête  se  rétrécit. 
Elle  est  dominée  par  le  Castle  Mountain  (2.146  m.),  par 
les  monts  Earnslaw  (2.793  m.)  et  Aspiring  ÇàM^^m,). 
La  crête  se  trouve  alors  interrompue  par  une  véritable 
cluse,  le  passage  de  Haast,  qui  n'est  qu'à  491  m.  d'alt. 
Puis  les  sommets  se  relèvent  aussitôt  pour  atteindre  leur 
point  culminant  (3.768  m.)  avec  le  mont  Cook,  accom- 
]3agné  lui-même  de  très  hauts  sommets  :  le  Hochstetter, 
le  Lyell,  le  Danvin,  VElie  de  Beaumont,  le  Malte-Brun. 
Les  Alpes  se  maintiennent  à  une  ait.  de  2.500  m. 
pendant  près  de  200  kil.,  jusqu'au  Harper's  Pa5s(1.067m.). 
AuN.  de  cette  échancrure  oii  trouve  encore  quelques  hauts 
massifs,  comme  le  mont  Franklin  (3.000  m.)^  le  mont 
Arthur  (1.768  m.).  Enfin  les  Alpes  néo-zélandaises  se 
terminent  au  N.-O.  par  le  cap  Fareioell.  Sous  les  lati- 
tudes où  se  trouve  l'île  Sud,  la  limite  des  neiges  persis- 
tantes n'est  qu'à  2.400  ou  2.450  m.  Un  grand  nombre 
de  sommets  se  trouvent  donc  couverts  de  névés.  Ceux  du 
mont  Cook  et  des  pics  environnants  sont  énormes.  Sur  le 
versant  E.,  le  glacier  de  Tasman,  dominé  par  le  Malte- 
Rrun,  a  19  kil.  de  long  et  sa  moraine  frontale  est  à  715  m. 
d'alt.  Sur  le  versant  0.,  exposé  à  de  plus  fortes  précipi- 
tations, le  glacier  descend  jusqu'à  240  m.  Après  avoir 
occupé  une  surface  beaucoup  plus  considérable  qu'au- 
jourd'hui, ces  glaciers  ont  diminué,  mais  ils  semblent 
entrer  dans  une  nouvelle  période  d'accroissement. 

Le  modelé  résultant  de  ces  extensions  glaciaires  a  eu 
pour  conséquence  l'établissement  :  sur  le  versant  oriental, 
de  lacs  ;  sur  le  versant  occidental,  de  fjords.  Les  lacs  ont 
été  formés  par  des  barrages  morainiques  et  ils  sont  peu  à 
peu  comblés  parles  torrents  qui  s'y  déversent  ;  aussi,  dans 
le  N.  et  le  centre  de  l'île  Sud,  où  la  glace  a  disparu  depuis 
un  temps  plus  long,  les  barrages  ont  été  déblayés,  les  lacs 
comblés,  les  cours  d'eau  régularisés.  Dans  le  Sud,  on  compte 
encore  plus  de  60  grands  lacs  et  de  nombreux  étangs.  La 
plupart  de  ces  lacs  ont  plus  de  100  kil.  q.  de  surface  et  de 
100m.  de  profondeur.  Les  principaux  sont  :  leWakatipu, 
qui  a  80  kil.  de  longueur  avec  une  largeur  de  2  à  5  kil. 
et  une  profondeur  maximale  de  415  m.,  comportant  une 
profondeur  moyenne  de  365  m.  ;  le  Te  Anau,  le  plus 
vaste  de  tous,  qui  a  340  kil.  q.  et  286  m.  de  profondeur 
maximale;  le  Manapouri.  —  Sur  la  côte  0.,  les  vallées, 
autrefois  remplies  par  la  glace,  tombent  directement  dans 
la  mer,  et  les  débris  des  moraines  frontales  se  sont  accu- 
mulés à  la  ligne  même  du  rivage.  Les  vallées,  protégées 
contre  l'alluvionnement  par  la  glace,  barrées  à  leur  em- 
bouchure, sont  devenues  des  fjords  quand  les  glaces  ont 
disparu.  Comme  nous  l'avons  vu  à  propos  des  lacs,  les 
fjords  du  centre,  débarrassés  de  leur  glace  depuis  un  temps 


—  408 


NOUVELLE-ZELANDE 


plus  long,  ont,  par  érosion,  perdu  une  grande  partie  de 
leur  caractère.  Les  fjords  véritables  ne  se  rencontrent  plus 
qu'à  l'angle  S»-0.  de  File  Sud.  Les  principaux  sont  :  le  Pre- 
servaiiôn  Inîet^  le  Dai'k  Cloiid,  le  Dusky  Sound,  le 


George  Sound,  \eMilford  Sound.  Plusieurs  fjords  s'unis- 
sent quelquefois  par  des  bras  latéraux  et  forment  des  îles. 
La  profondeur,  dans  la  partie  moyenne,  est  d'environ  220  m. 
Le  Milford  Sound  atteint  360  m.  Tous  les  fjords  sont  barrés 


NOUVELLE-ZÉLANDE 


,.»•  I  dcJ"  ProLr  Rois 


à  leur  entrée  par  un  seuil,  en  avant  duquel  la  mer  elle- 
même  est  peu  profonde.  —  La  côte  E.  de  l'île  du  Sud  est 
d'un  caractère  tout  différent  :  les  fleuves  ont  formé  des 
plaines  alluviales  et  étalé  leurs  limons  jusque  dans  la  mer. 


Aussi  la  côte  offrirait-elle  peu  de  bons  ports  sans  la  pré- 
sence de  deux  grands  caps  d'origine  volcanique  :  le  cap 
Saunders  et  la  péninsule  de  Banks;  celle-ci  n'est  reliée 
à  la  terre  que  par  une  mince  langue  de  sable  et  est  décou- 


NOUVELLE-ZÉLANDE 


—  J04  — 


pée   par  des  baies  :  Poî^t  Akmva,  Pigeon  Bay,  Port 
Levy,  Port  Cooper. 

Le  relief  de  l'île  du  Nord  est,  à  l'E.,  la  continuation  de 
celui  de  l'île  du  Sud.  Mais,  par  suite  de  l'effondrement  de 
la  plaine  tertiaire,  la  ligne  des  grands  sommets  se  trouve 
très  près  du  rivage  oriental.  Les  sommets  sont,  d'ailleurs, 
beaucoup  moins  élevés  et  le  point  culminant,  le  mont 
Hikurang,  situé  près  du  cap  Est,  est  à  1.688  m.  d'alt. 
Sur  le  versant  0.,  la  montagne  se  relie  par  des  plaines  au 
reste  de  l'île  qui  est  entièrement  volcanique.  Au  centre  de 
l'île  sont  les  plus  hauts  cônes  volcaniques  :  c'est  d'abord 
le  Riiapehu,  dont  les  pyramides  suprêmes,  reposant  sur 
un  plateau  de  1.000  m.  d'alt.,  s'élèvent  à  2.803  m.  ;  ce 
volcan  éteint  est  couvert  de  forêts  sur  ses  pentes  0.  Mais 
à  l'E.  s'éteïid  le  désert  à'Onetapu,  formé  de  cendres  et 
de  scories.  A  quelques  kilomètres  au  N.,  le  cône  actif  du 
Tongariro,  en  état  constant  d'éruption,  s'élève  à  1.981  m. 
Puis  viennent  le  Ketotahi,  le  Ngauruhoe  (2.280  m.),  le 
Pihanga,  qui  limite  au  S.  le  lac  Taupo,  d'origine  proba- 
blement volcanique.  Ce  lac  est  à  358  m»  d'alt.  et  couvre 
une  surface  de  775  kil.  q.  Entre  le  lac  Taupo  et  la  baie 
de  V Abondance  est  un  autre  groupe  de  volcans  et  de  lacs, 
dont  le  plus  vaste  est  le  Roto?ma,  C'est  dans  les  environs 
de  ce  lac  que  se  trouve  le  «  Pays  des  Merveilles  »,  région 
de  geysers  (V.  ce  mot,  t.  XVIII,  p.  893),  de  sources 
thermales  et  minérales;  à  l'E.  du  lac,  le  volcan  de 
Tarawera,  qu'on  croyait  éteint,  s'est  réveillé  en  1886, 
transformant  complètement  l'aspect  de  la  contrée.  —  Au 
S.-O.  de  l'île  Nord,  le  massif  volcanique  du  Taranaki 
ou  7nont  Egmont  dresse  au  bord  de  la  mer  sa  masse 
isolée  jusqu'à  2.521  m.  d'alt.  Le  N.-O.  de  l'île  est  formé 
par  la  presqu'île  d'Auckland,  amas  de  petits  cratères 
éteints,  peu  élevés,  mais  nombreux;  plusieurs  de  ces 
cratères  ont  été  envahis  par  la  mer  et  forment  des  baies 
excellentes  pour  les  navires. 

Climat.  Hydrographie.  —  Le  S.  de  la  Nouvelle-Zélande 
est  situé  à  la  même  latitude  que  la  Bretagne,  le  N.  à  la 
même  latitude  que  la  Sicile.  L'archipel  est  donc  dans  la 
zone  de  climat  tempéré.  Mais,  d'une  part,  c'est  un  climat 
maritime  ;  d'autre  part,  la  température  est  généralement 
moins 'élevée  dans  l'hémisphère  S.  que  dans  l'hémisphère  N. 
En  juillet,  le  mois  le  plus  froid,  la  température  moyenne 
est  de  6*^  dans  le  S.  de  l'île  méridionale,  de  8*^  dans  le  N., 
de  10*^  dans  l'île  septentrionale.  En  janvier,  l'archipel  est 
compris  entre  les  isothermes  de  14*^  et  de  20^.  L'incons- 
tance des  vents  est  très  grande  ;  ils  soufflent  avec  force 
et  ont  des  sautes  brusques,  surtout  dans  le  détroit  deCook. 
Sur  la  côte  0.  ils  sont  plus  réguliers,  la  Nouvelle-Zélande 
étant  sur  le  passage  des  grands  frais  d'ouest;  mais  il 
n'y  a,  pour  ainsi  dire,  pas  un  jour  dans  l'année  où  l'at- 
mosphère soit  calme.  C'est  la  persistance  de  ces  vents 
d'ouest,  arrêtés  par  le  bourrelet  élevé  des  montagnes,  qui 
donne  à  la  côte  occidentale  sa  grande  masse  de  précipita- 
tions. Depuis  l'entrée  du  détroit  de  Foveaux  jusqu'à  la 
baie  de  Tasman,  il  tombe  annuellement  plus  de  2  m.  d'eau. 
Dans  l'île  Sud,  la  hauteur  de  pluie  décroît  progressivement 
vers  l'E.  jusqu'à  60  centim.  La  plus  grande  partie  de  l'île 
Nord  reçoit  en  moyenne  1  m.  d'eau,  sauf  en  trois  points, 
la  presqu'île  de  Wellington,  l'extrémité  N.-O.  de  la  pres- 
qu'île d'Auckland  et  le  territoire  du  Taranaki,  où  les  pré- 
cipitations atteignent  1"^,30.  On  a  souvent  assimilé  ces 
conditions  climatériques  à  celles  de  l'Angleterre  ;  mais  il  y 
a  en  faveur  de  la  Nouvelle-Zélande  une  différence  essen- 
tielle, c'est  l'absence  complète  de  brouillards,  qui  rend  le 
chmat  de  l'archipel  très  salubre. 

Les  masses  de  pluie  sont  suffisantes  pour  entretenir  des 
cours  d'eau  importants.  Une  grande  partie  des  précipita- 
tions tombe  sous  forme  de  neige  dont  la  fonte  ahmente  les 
lacs  et  les  cours  d'eau  qui  leur  servent  de  déversoirs.  Les 
principaux  cours  d'eau  sont,  dans  l'île  Sud  ;  le  Waiau, 
alimenté  par  les  lacs  Te  Anau  et  Manapouri  ;  la  Clutha, 
le  fleuve  le  plus  important  de  tout  l'archipel,  qui  sert  de 
déversoir  aux  lacs  du  centre  et  qui,  grâce  à  sa  position 


dans  la  région  aurifère,  est  le  mieux  exploré  ;  le  Waima- 
kaviri,  k  Waitaki.  Dans  l'île  Nord,  ce  sont  encore  les 
lacs,  volcaniques  ici,  qui  servent  de  réservoirs  aux  cours 
d'eau.  Le  lac  Taupo  reçoit  dix-sept  aflluents,  dont  le  prin- 
cipal est  le  Waikaio,né  dans  les  neiges  du  Ruapehu.  L'af- 
fluent du  lac  s'appelle  aussi  Waikato  ;  à  la  dmte  de  Huka,  il 
saute  de  15  m.,  reçoit  à  l'O.  un  affluent  qui  lui  amendes 
eaux  de  la  région  des  geysers  et  se  termine  au  pied  de  la 
péninsule  d'Auckland  par  un  large  estuaire.  Du  Ruapehu 
descend  vers  le  détroit  de  Cook  une  autre  rivière,  le  Wan- 
gacha.  Enfin,  les  lacs  du  Nord  s'écoulent  par  le  Awa  o 
te  Atua  (rivière  des  Dieux),  qui  descend  auN.-E.  et  s'unit 
au  Rangitaiki  avant  de  se  jeter  dans  la  baie  de  l'Abon- 
dance. 

Flore  et  faune.  — La  flore  de  la  Nouvelle-Zélande  pré- 
sente de  nombreuses  analogies  avec  celle  de  l'Austrahe  et 
surtout  avec  celle  de  l'Amérique  du  Sud.  En  effet,  les 
arbres  caractéristiques  de  l'Austrahe,  l'acacia  et  l'euca- 
lyptus, manquent  totalement  en  Nouvelle-Zélande.  Le 
nombre  des  espèces  indigènes  est  assez  restreint  ;  on  en 
compte  à  peine  un  milher.  C'est  la  contrée  où  les  fougères 
arborescentes  se  sont  le  mieux  conservées  ;  il  y  en  a 
130  espèces.  L'arbre  caractéristique  des  forêts  est  un 
pin  spécial,  le  kauri.  Les  troncs,  très  élevés  et  très  droits, 
donnent  un  bois  excellent  pour  la  construction  et  surtout 
pour  la  charpente  des  navires.  La  résine  est  très  appré- 
ciée pour  la  fabrication  des  vernis.  L'aire  de  végétation 
de  ce  pin  était  autrefois  beaucoup  plus  étendue  vers  le  S.  ; 
on  trouve,  en  effet,  dans  le  S.  de  l'île  méridionale,  de  véri- 
tables mines  de  résine  fossile,  dont  la  quaflté  est  supé- 
rieure encore  à  celle  de  la  résine  extraite  des  arbres 
vivants.  Les  forêts,  très  étendues  et  très  denses,  sont  assez 
monotones  d'aspect;  les  fleurs  qu'on  y  rencontre  sont 
ternes  et  peu  apparentes  ;  l'absence  presque  complète 
d'oiseaux  rend  ces  forêts  tristes. 

Avant  l'arrivée  des  Européens,  la  faune  était  en  effet 
assez  pauvre.  Les  zoologistes  pensent  qu'elle  ne  compre- 
nait qu'une  seule  espèce  de  quadrupèdes,  une  loutre,  dont 
Haast  a  reconnu  les  traces  et  que  quelques  chasseurs  ont 
vue,  mais  sans  pouvoir  s'emparer  d'aucun  individu.  Le 
rat  maori,  aujourd'hui  disparu,  avait  été  apporté  par  les 
naturels,  ainsi  que  le  chien.  On  ne  trouve  ni  serpents  ni 
tortues;  une  seule  espèce  de  grenouille  vit  dans  l'île  du 
Nord.  Les  lézards  sont,  par  contre,  assez  nombreux.  Avant 
l'arrivée  des  colons,  on  trouvait  fort  peu  de  poissons,  à 
l'exception  d'une  espère  d'anguilles,  analogue  à  celles  qui 
vivent  en  Chine,  aux  Indes  et  en  Europe,  et  d'une  truite, 
qu'on  retrouve  également  en  Tasmanie  et  dans  l'Amé- 
rique du  Sud.  Les  oiseaux,  formant  la  classe  la  plus 
riche,  comptaient  150  espèces.  Le  kiwi  ou  aptéryx, 
aujourd'hui  disparu,  n'avait  ni  ailes  ni  queue  ;  le  corps 
était  couvert  de  poils.  Les  quinze  espèces  de  moa  ou 
dinornis,  très  analogue  au  grand  oiseau  de  Madagascar, 
ont  également  disparu;  mais  il  semble  que  ce  soit  depuis 
fort  peu  de  temps,  car  on  a  retrouvé  des  squelettes  ré- 
cents, des  plumes  et  même  des  œufs  d'un  pied  de  long.  — 
Les  Européens  ont  amené  avec  eux  une  faune  nouveUe, 
qui  n'a  pas  tardé  à  prospérer.  Dans  les  forêts  vivent  des 
chevreuils,  des  cerfs,  des  Hèvres  et  des  lapins  ;  les  porcs 
sont  redevenus  sauvages  dans  quelques  districts,  ainsi  que 
le  chat  ;  les  chasseurs  ont  introduit  la  perdrix  grise,  le 
faisan  de  Chine,  la  caille  de  Californie,  qui  a  remplacé  la 
caille  indigène  ;  le  faisan  ordinaire  avait  prospéré,  mais  il 
a  vite  été  détruit.  Des  saumons,  des  truites  vivent  dans 
les  cours  d'eau,  et  autour  des  habitations  on  voit,  comme 
en  Europe,  des  étourneaux,  des  fauvettes,  des  moineaux, 
des  merles,  des  grives,  des  corneilles,  des  alouettes,  des 
pinsons. 

Ethnographie.  —  Lors  du  débarquement  des  premiers 
colons  blancs,  les  .îles  de  la  Nouvelle-Zélande  étaient 
habitées  par  une  population  de  120.000  hab.,  les  iW«om, 
de  race  polynésienne.  Les  Maoris  ne  sont  pas  des  autoch- 
tones; ils  conservent  encore  des  légendes  très  précises  et 


—  105  — 


NOUVELLE-ZELANDE 


très  détaillées  sur  leurs  migrations  ;  au  xm^  siècle,  le 
Maori  Te  Kupe  aborda  dans  l'île  du  Nord.  Frappé  des  res- 
sources du  pays,  il  retourna  dans  son  île  natale  d'Hawaïki 
et  revint  avec  une  flottille  portant  environ  700  guerriers. 
La  traversée  fut  sans  doute  d'autant  plus  facile  que  dans 
cette  partie  du  Pacifique  les  courants  portent  des  archipels 
polynésiens  vers  la  Nouvelle-Zélande.  Il  est  possible  que 
les  Maoris  aient  trouvé  une  population  déjà  installée  qu'ils 
auraient  en  grande  partie  détruite  ;  des  crânes  néo-zélan- 
dais offrent,  en  effet,  selon  Huxley  et  Quatrefages,  tous 
les  caractères  des  crânes  papouas.  On  n'a  pas  complète- 
ment identifié  l'île  d'Hawaïki.  Peut-être  est-ce  l'île  de 
Savaïi,  dans  l'archipel  des  Samoa,  d'où  auraient  aussi 
émigré  les  naturels  d'Hawai  ;  peut-être  est-ce  une  île  de 
l'archipel  des  Tonga.  Comme  tous  les  Polynésiens,  les 
Maoris  sont  de  haute  taille  (4^^,76)  ;  la  poitrine  est  large, 
mais,  proportionnellement,  le  buste  est  plus  long  et  les 
jambes  plus  courtes  que  chez  les  Européens.  La  couleur 
de  la  peau  varie  du  blanc  jaunâtre  à  une  teinte  cuivrée. 
Les  cheveux  sont  noirs,  avec  une  tendance  à  friser  ;  la 
barbe  est  assez  rare.  Les  yeux,  noirs,  sont  ouverts  et 
droits  ;  la  tète  est  légèrement  allongée,  l'indice  cépha- 
hque  étant  de  77 .  Les  pommettes  sont  légèrement  saillantes, 
le  nez  est  droit,  parfois  aquilin,  la  mîchoire  est  très  peu 
projetée.  En  arrivant  dans  un  pays  plus  froid  que  leur  île 
natale,  les  Maoris  avaient  dû  compléter  leur  costume  rudi- 
men taire  avec  des  peaux  de  chien.  Mais  ils  conservèrent 
l'habitude  du  tatouage  qu'ils  portèrent  à  sa  perfection  et 
dont  on  trouve  encore  aujourd'hui  de  fréquents  exemples. 
Mieux  armés  que  le  reste  des  Polynésiens,  ils  avaient  des 
armes  de  pierre.  Hs  admettaient  l'existence  d'un  esprit 
distinct  du  corps  et  croyaient  détruire  ou  au  moins  s'assi- 
miler le  souffle  spirituel  d'un  ennemi  en  mangeant  son 
corps  ;  le  cerveau  donnait  son  intelligence,  le  cœur  son 
courage.  L'anthropophagie  avait  d'ailleurs  une  autre  ori- 
gine que  cette  croyance,  c'était  le  défaut  de  nourriture 
animale.  Les  Maoris  étaient  surtout  agriculteurs.  Avec 
des  pointes  de  silex  ils  exécutaient  des  sculptures  et  des 
décorations  d'une  finesse  étonnante  ;  ils  savaient  filer  les 
fibres  du  phormium  tenax,  teindre  les  étoffes,  tanner 
les  peaux  de  chien.  Leur  reUgion  était  celle  des  forces 
naturelles,  combinée  avec  le  culte  des  ancêtres.  Hs  sont 
aujourd'hui  chrétiens  ;  mais  pendant  la  révolte  de  1864, 
beaucoup  d'entre  eux  abjurèrent  le  christianisme  et  fon- 
dèrent la  secte  des  hau-hau,  pratiquant  un  mélange  de 
cérémonies  chrétiennes  et  fétichistes.  D'un  caractère  très 
élevé,  ils  ont  en  effet  toujours  su  se  faire  respecter  des 
Anglais.  Peu  à  peu  refoulés  au  centre  de  l'île  Nord,  ils 
s'étaient  réservé  autour  du  lac  Taupo  un  territoire  de 
25.000  kil.  q^.,  appelé  le  Pays  du  roi.  Les  empiétements 
des  colons  anglais  les  poussèrent  à  une  série  de  révoltes 
entre  1860  et  1870.  La  guerre  fut  surtout  furieuse  en 
1864;  retranchés  derrière  des  ouvrages  qui  témoignaient 
d'une  vraie  science  de  la  fortification,  ils  repoussèrent 
victorieusement  les  4.000  soldats  de  Cameron.  Malgré 
tout,  la  race  maori  disparaît  ;  au  recensement  de  1896, 
ils  n'étaient  plus  que  40.000.  Ils  se  fondent  aussi  par 
mariages  dans  la  population  blanche  ;  ils  ont  d'ailleurs 
adopté  complètement  les  usages  des  blancs,  leurs  vêtements, 
leur  genre  de  vie  ;  ils  sont  instruits  ;  quatre  des  leurs 
sont  députés  au  Parlement  où  leur  éloquence  leur  assure 
souvent  des  succès  par  sa  logique. 

Géographie  poutique.  —  La  colonie  fut  fondée  en 
févr.  1840  par  des  missionnaires  austraUens  qui  firent  si- 
gner aux  principaux  chefs  maoris  le  traité  de  Waitangi, 
par  lequel  ils  acceptaient  le  protectorat  anglais.  Au  mois 
de  juillet  de  la  même  année,  des  colons  français  arrivèrent 
sur  la  côte  orientale  ;  mais  il  était  trop  tard,  et  ceux  qui 
restèrent  durent  accepter  la  souveraineté  de  l'Angleterre. 
—  Le  traité  de  Waitangi  ne  régla  pas  d'une  façon  défi- 
nitive les  relations  entre  colons  et  naturels.  Chez  les  Maoris, 
le  sol  était  la  propriété  collective  des  tribus;  quand  le 
nombre  des  colons  blancs  s'accrut,  les  nouveaux  venus 


tentèrent  d'acheter  des  terres  aux  indigènes  ;  mais  les  rela- 
tions d'échange  sont  difficiles  entre  deux  systèmes  de  pro 
priété  différents,  et  des  conflits  naquirent.  Pendant  la  guerre 
de  1863-64,  les  blancs  durent  reculer;  l'hostilité  des  natu- 
rels, entretenue  parla  secte  rehgieuse  des  hau-hau,  dura 
fort  longtemps  et  ne  cessa  complètement  qu'en  1883,  par 
la  réconcihation  des  blancs  avec  le  chef  Tewhiao,  reconnu 
par  presque  toutes  les  tribus  de  l'île  du  Nord.  Aujourd'hui, 
les  Maoris  possèdent,  dans  le  centre  de  l'île  Nord,  un  ter- 
ritoire de  plus  de  2  millions  1/2  dliectares,  dont  une  partie, 
il  est  vrai,  sont  des  terres  très  pauvres.  Le  mouvement  de 
la  population  blanche  en  NouveUe-Zélande  a  été  le  suivant 
depuis  1864  : 


1886 578.482 

1891 626.658 

1896 703.360 


1864 172.158 

1871 256.260 

1878 414.412 

1881 489.933 

Pour  le  chiffre  de  1896,  il  uait  ajouter  39.854  Maoris 
et  3.711  Chinois,  dont  26  femmes  seulement.  Les  districts 
sont,  par  ordre  décroissant  du  chiffre  de  la  population  : 
Welhngton,  Canterbury,  Taranaki,  Hawke  Bay,  Otago, 
Auckland,  Nelson,  Westland,  Marlborough.  En  trente  ans, 
la  population  a  presque  quintuplé  ;  ce  résultat  n'est  pas 
dû  seulement  à  Fimmigration,  car  si  la  Nouvelle-Zélande 
reçoit  des  colons,  elle  envoie  aussi  des  émigrants  ;  il  est  dû 
surtout  à  l'excès  des  naissances  sur  les  décès,  comme  le 
montrent  les  tableaux  suivants  : 

MOUVEMENT  d'iMMIGRATION    ET    d'ÉMIGRATION 

Années  Immigration  Emigration 


1892 

18.122 

13.164 

1893 

26.135 

15.723 

1894 

25.237 

22.984 

1895 

21.862 

20.967 

1896 

17.236 

15.764 

EXCÉDENT   DES    NAISSANCES    SUR 

LES  DÉCÈS 

Années 

Naissances 

Décès 

Excédoi 

1892 

17.876 

6.459 

11.417 

1893 

18.187 

6.767 

11.420 

1894 

18.528 

6.918 

11.610 

1895 

18.546 

6.863 

11.683 

1896 

18.612 

6.432 

12.180 

Comme  la  plupart  des  colonies  anglaises  de  fondation 
récente  et  de  faible  population,  la  Nouvelle-Zélande  était 
en  1840  une  colonie  de  la  Couronne,  administrée  entière- 
ment par  des  fonctionnaires  venus  de  la  métropole  (V.  Aus- 
tralasie  et  Australie).  Ce  régime  fut  modifié  par  la  cons- 
titution de  1852.  La  Nouvelle-Zélande  devint  une  colonie 
autonome,  régie  par  une  représentation  locale  ;  le  chef  du 
gouvernement  est  un  gouverneur  nommé  par  la  reine,  mais 
qui  n'a  qu'un  droit  de  veto  suspensif  et  qui  est  obligé  de 
choisir  les  ministres  dans  la  majorité  des  Chambres.  La 
constitution  a  été  revisée  en  1891,  en  ce  qui  concerne  la 
Chambre  haute,  ou  assemblée  législative  :  les  membres 
sont  au  nombre  de  quarante-six,  payés  à  raison  de 
3.750  fr.  par  an  ;  ceux  qui  étaient  en  charge  avant  le 
17  sept.  1891  sont  membres  à  vie;  les  autres  sont  élus 
tous  les  sept  ans,  et  rééfigibles.  La  Chambre  basse,  ou 
Chambre  des  représentants,  comprend  74  membres,  dont 
4  Maoris  ;  les  députés  reçoivent  un  traitement  annuel  de 
6.000  fr.  Pour  être  électeur,  un  Européen  n'a  besoin  que 
d'un  an  de  séjour  dans  la  colonie,  et  de  trois  mois  dans 
un  district  électoral.  Les  femmes  font  partie  du  corps  élec- 
toral depuis  1893.  On  avait  d'abord  prétendu  que  l'exer- 
cice de  ce  droit,  réclamé  pour  elles  surtout  par  le  parti  ^ 
sociaHste,  les  laissait  assez  indifférentes.  Les  résultats  des 
élections  de  1896  semblent  prouver  le  contraire  ;  le  nombre 
des  femmes  qui  ont  voté  a  été  de  très  peu  inférieur  à  celui 
des  hommes  :  142.305  femmes  pour  196.925  hommes. 
Les  Maoris  ont  pris  part  au  vote  au  nombre  de  13.008. 


NOUVELLE-ZÉLANDE 


—  406  — 


—  PourBradministration  locale,  la  constitution  de  4852 
avait  divisé  le  territoire  en  six  provinces,  portées  plus  tard 
à  neuf.  Ces  provinces  étaient  administrées  par  des  agents 
du  pouvoir  central.  En  4873,  les  provinces  ont  été  sup- 
primées et  remplacées  par  des  districts,  qui  s'administrent 
d'une  façon  autonome.  Cependant  le  pouvoir  de  l'Etat  est 
très  fort,  grâce  à  la  prépondérance  du  parti  ouvrier.  Ce 
parti,  accusé  d'opportunisme  par  les  partis  révolutionnaires 
d'Europe,  est  le  seul  en  Nouvelle-Zélande  qui  ait  une  or- 
ganisation réelle  ;  dans  ce  pays  jeune,  les  partis  qui  se  rat- 
tacheraient à  des  traditions  historiques  font  totalement 
défaut.  Les  partis  sont  factices,  tramés  à  la  remorque  de 
certaines  personnalités.  En  se  coaKsant  tantôt  avec  l'un, 
tantôt  avec  l'autre,  le  parti  ouvrier  est  maître  de  la  situa- 
tion. Il  en  a  profité  pour  faire  de  la  démocratie  néo-zélan- 
daise la  démocratie  du  monde  qui  a  obtenu  le  plus  de  ré- 
sultats pratiques.  Les  libertés  politiques,  par  suite  du 
simple  développement  des  libertés  anglaises,  sont  acquises 
depuis  longtemps  ;  dans  le  Parlement  néo-zélandais,  les 
discussions  portent  le  plus  souvent  sur  des  questions  éco- 
nomiques; les  séances  sont  très  longues,  durent  souvent 
jusjïu'à  minuit  ou  une  heure  du  matin.  L'instabilité  minis- 
térielle est  plus  grande  qu'en  aucun  pays  d'Europe  ;  les 
lois  votées  sont  non  seulement  révisables  en  théorie,  elles 
sont  en  pratique  constamment  remaniées  sous  la  pression 
des  circonstances.  Les  partisans  du  référendum  deviennent 
de  jour  en  jour  plus  nombreux,  et  il  n'est  pas  douteux  qu'il 
ne  soit  bientôt  établi,  annulant  en  fait  le  rôle  de  la  Cbambre 
haute.  C'est  cette  poussée  démocratique,  déterminée  eUe- 
même  par  les  conditions  économiques,  qui  a  dirigé  toute 
la  législation  dans  ces  dernières  années.  L'état  de  l'indus- 
trie naissante  a  fait  établir  un  protectionnisme  rigoureux 
qui  s'exerce  même  envers  les  produits  de  la  métropole  qui, 
elle,  pratique  le  libre  échange  le  plus  large.  Les  postes, 
le  télégraphe  sont  dans  la  main  de  l'Etat,  ainsi  que  les 
chemins  de  fer.  Le  phénomène  qui  a  eu  en  effet  une  im- 
portance capitale  dans  l'histoire  de  la  NouveUe-Zélande  a 
été  la  découverte  des  mines  d'or.  La  «  fièvre  de  l'or  » 
a  attiré  des  colons  beaucoup  plus  nombreux  que  n'en  com- 
portait l'exploitation.  La  quantité  des  sans-travail  s'est 
accrue  dans  des  proportions  formidables  ;  comme,  d'autre 
part,  l'Etat  était  riche,  grâce  aux  droits  de  douane,  il 
s'est  mis  à  construire  des  lignes  de  chemin  de  fer  nom- 
breuses, qui  n'avaient  très  souvent  qu'une  utilité  électo- 
rale. Mais  ce  procédé  même  ne  suffit  plus  ;  les  tracés  pos- 
sibles de  chemins  de  fer  sont  tous  effectués  et  le  nombre 
des  sans-travail  augmente,  accroissant  sans  cesse  la  popu- 
lation urbaine.  Pour  remédier  à  cet  état,  les  législateurs 
néo-zélan<iais  en  sont  arrivés  à  toucher  au  principe  même 
de  la  propriété.  On  expHquera  plus  loin  (V.  §  Géographie 
économique)  la  méthode  spéciale  qui  fut  employée  pour 
la  colonisation  de  la  NouveUe-Zélande.  Les  grandes  pro- 
priétés qui  se  sont  établies  à  ce  moment  sont  menacées. 
Les  hommes  d'Etat  ont  proclamé  ce  principe  que  la  société 
est  propriétaire  du  sol,  et  ils  l'ont  combiné  avec  un  système 
de  tenure  perpétuelle-  Une  partie  des  terres  de  la  Couronne 
est  bien  encore  vendue  aux  nouveaux  colons  ;  mais  ceux-ci 
ne  peuvent  acquérir  qu'une  étendue  relativement  restreinte 
sur  laquelle  ils  sont  tenus  de  faire  des  améliorations,  sous 
peine  de  reprise.  Pour  le  reste  des  terres,  elles  sont  louées 
pour  999  ans.  Comme  les  terres  de  la  Couronne  sont  à 
peu  près  toutes  aliénées,  les  Chambres  ont  donné  à  l'Etat, 
en  4894,  le  droit  d'exproprier  les  propriétaires  de  plus  de 
400  hect.  de  bonne  terre^  de  800  hect.  de  terre  moyenne, 
de  2.000  hect.  de  terre  médiocre.  Les  terres  ainsi  recou- 
vrées doivent  être  louées  en  petites  exploitations.  C'est  là 
une  extension  toute  nouvelle  du  principe  de  l'expropriation 
pour  cause  d'utilité  publique.  Les  Néo-Zélandais  ne  pa- 
raissent pas  vouloir  s'en  tenir  là  :  ils  ont  annoncé  offi- 
ciellement, en  4897,  la  préparation  d'une  loi  assurant  une 
pension  à  tout  homme  âgé  de  plus  de  soixante-cinq  ans. 
Enfin,  sous  l'influence  des  idées  propagées  dans  le  pays 
ainsi  qu'en  Australie  par  le  socialiste  américain  Henry 


George,  on  annonce  la  promulgation  d'une  loi  reprenant 
sous  forme  de  taxe  ce  que  Ricardo  a  appelé  la  rente  du 
sol,  c.-à-d.  la  plus-value  imprimée  à  une  terre  par  autre 
chose  que  le  travail  personnel  du  propriétaire,  par  exemple 
par  la  mise  en  culture  des  terres  environnantes  moins  fer- 
tiles. —  Les  ouvriers  des  villes  ont  aussi  obtenu  de  ce 
gouvernement  démocrate  des  lois  de  protection  pour  le  tra- 
vail industriel  ;  la  journée  de  huit  heures,  établie  en  fait  par 
l'effort  des  syndicats,  a  été  sanctionnée  par  les  Chambres, 
qui  ont  aussi  déclaré  officielle  la  fête  annuelle  du  travail. 
Les  enfants  âgés  de  moins  de  quatorze  ans  ne  peuvent  être 
employés  dans  les  ateliers,  et  de  quatorze  à  seize  ans  ils 
ne  peuvent  l'être  que  s'ils  justifient  d'un  certain  degré 
d'instruction.  Le  jour  de  repos  hebdomadaire  est  obHga- 
toire,  et  il  s'y  ajoute  même  une  demi-journée  dans  le  cours 
de  la  semaine  pour  les  ouvriers  âgés  de  moins  de  dix-huit 
ans.  Enfin,  comme  en  Californie,  on  a  édicté  des  lois  contre 
l'envahissement  des  ouvriers  chinois. 

Pour  toutes  les  réformes  démocratiques,  c'est  la  Nou- 
velle-Zélande qui  a  donné  l'exemple  aux  autres  colonies 
anglaises  d'Australasie.  Sur  un  point  seulement  eUe  résiste 
à  la  tendance  générale  :  en  4885,  le  Parlement  d'Angle- 
terre a  voté  un  bill  permettant  la  tenue  d'un  conseil  fé- 
déral chargé  de  préparer  la  fédération  des  colonies  du 
Pacifique.  La  Nouvelle- Galles  du  Sud  et  la  Nouvelle-Zélande 
s'abstinrent  d'envoyer  des  délégués.  En  4890,  une  nou- 
veUe  tentative,  faite  cette  fois  sur  la  proposition  de  la  Nou- 
velle-Galles du  Sud,  faillit  aboutir  ;  mais  elle  fut  arrêtée  par 
la  crise  financière  de  4893.  Elle  a  été  reprise  en  4895 
dans  un  congrès  tenu  à  Hobart  ïown  ;  mais  jusqu'ici  la 
Nouvelle-Zélande  n'a  pas  participé  aux  efforts  de  ce  con- 
grès. Les  Néo-Zélandais  craignent  que  dans  un  système 
fédéral  leur  importance  politique  ne  soit  amoindrie  au  pro- 
fit de  la  colonie  austraUenne  qui  posséderait  la  capitale  de 
la  fédération. 

Dans  ce  pays  anglo-saxon,  les  forces  militaires  ont  na- 
turellement une  importance  très  faible  ;  l'armée  ne  com- 
prend, avec  les  officiers,  que  7.000  hommes.  L'instruction 
est  au  contraire  très  développée.  L'enseignement  supérieur 
comprend  3  universités  :  celle  d'Otago,  à  Dunedin,  qui  a 
7  professeurs  ;  celle  de  Canterbury,  à  Christchurch,  avec 
9  professeurs;  cehe  d'Auckland,  avec  5  professeurs.  Le 
nombre  total  des  étudiants  est  de  677.  L'instruction  se- 
condaire était  donnée,  en 4 897,  à  2.473  élèves,  par  484  pro- 
fesseurs, répartis  dans  24  écoles.  Enfin  l'enseignement  pri- 
maire, laïque,  obligatoire  et  gratuit,  comprend  4 .533  écoles, 
3.545  professeurs  et  434.000  élèves.  11  y  a  pour  les  Mao- 
ris 74  écoles  de  villages,  avec  436  professeurs  et  2.220 
élèves.  L'archipel  possède  en  outre  des  écoles  :  de  méde- 
cine, de  mines,  d'agriculture,  d'ingénieurs,  de  sourds-muets, 
d'aveugles,  2  écoles  normales,  4  écoles  d'art^  6  écoles  in- 
dustrielles. Il  n'y  a  pas  de  culte  dont  les  ministres  soient 
payés  par  l'Etat  ;  mais,  comme  dans  tous  les  pays  anglais, 
la  vie  religieuse  est  très  intense-  La  majorité  des  Néo-Zé- 
landais sont  des  protestants,  répartis  dans  un  grand  nombre 
de  sectes.  Les  cathoMques  sont  nombreux  aussi,  quoiqu'ils 
le  soient  moins  que  dans  beaucoup  de  pays  anglo-saxons, 
par  suite  du  peu  d'intensité  de  l'immigration  irlandaise. 
On  compte  à  peine  70.000  personnes  qui  refusent  de  se 
déclarer  sectatrices  d'aucune  religion. 

Géographie  économique.  —  Les  trois  sources  principales 
de  produits  en  Nouvelle-Zélande  sont  l'agriculture,  les  fo- 
rêts, les  mines.  Jusqu'à  la  découverte  de  l'or,  en  4857, ce 
fut  un  pays  uniquement  agricole.  La  colonisation  s'opéra 
au  moment  où  les  idées  de  Wakefield  et  de  Torrens  étaient 
en  faveur  (V.  Colonisation).  Il  fut  plus  facile  en  Nouvelle- 
Zélande  qu'en  Austrahe  d'appliquer  leur  système  :  l'éten- 
due du  territoire,  beaucoup  moindre,  permettait  moins 
aux  salariés  venus  de  l'étranger  de  se  disperser  dans  le 
pays  en  formant  une  foule  de  petits  propriétaires.  On  choi- 
sit aussi  avec  plus  de  rigueur  le  personnel  des  colons  ;  ce 
furent  uniquement  des  cultivateurs  moyens,  aisés,  des  offi- 
ciers retraités,  même  des  fils  de  familles  riches.  Il  en  ré- 


407 


NOUVELLE-ZELANDE 


siilta  tout  d'abord  une  société  très  diiféreiite  de  la  société 
australienne,  plus  pondérée,  plus  uniforme,  dont  le  carac- 
tère anglais  était  aussi  plus  fortement  marqué.  La  décou- 
verte de  For,  en  1857,  dans  le  S.  de  l'île  méridionale, 
vint  bouleverser  ces  conditions.  Les  immigrants  devinrent 
beaucoup  plus  nombreux,  en  même  temps  que  l'abandon 
partiel  des  théories  de  Wakefield  ne  permettait  plus  d'opé- 
rer parmi  eux  une  sélection.  Il  semblerait  que  cet  afflux 
de  travailleurs  réalisait  naturellement  un  des  points  du  pro- 
gramme de  Wakefield,  qui  était  de  multiplier  la  main- 
d'œuvre  aux  colonies.  Mais  en  même  temps  la  Nouvelle-Zé- 
lande perdait  en  partie  son  caractère  de  colonie  pour 
devenir  du  jour  au  lendemain  une  puissance  économique 
dans  le  monde.  Nous  avons  exposé  (V.  §  Géographie  poli- 
tique) les  dernières  conséquences  qu'eut  ce  bouleversement 
sur  la  vie  politique  de  la  Nouvelle-Zélande. 

Malgré  tout,  et  quel  que  devienne  le  régime  de  la  pos- 
session de  la  terre,  la  Nouvelle-Zélande  reste  essentielle- 
ment un  pays  agricole.  Ce  n'est  pas  pourtant  que  la  plus 
grande  partie  de  sa  surface  soit  utilisable  pour  l'agricul- 
ture: 8.095.000  hect.  sont  couverts  de  forêts;  3.645.000 
hect.,  occupés  par  l'eau  des  lacs  ou  formés  de  montagnes 
et  de  rochers  dénudés,  sont  inutilisables.  Il  reste  4.065.000 
hect.  de  terres  labourables  et  4.675.000  hect.  de  prai- 
ries. La  population  agricole  s'élevait,  au  recensement  de 
1896,  à  83.300.  En  4897,  l'archipel  nourrissait  249.732 
chevaux,  4.438.572  têtes  de  gros  bétail  et  49.438.493 
moutons.  La  progression  du  nombre  de  têtes  de  petit  bé- 
tail a  été  la  suivante  : 


4858 4.523.324 

4864 4.937.273 


4874 44.704.853 

4886 46.580.388 


Par  rapport  à  l'Australie,  et  en  tenant  compte  de  la  dif- 
férence d'étendue,  le  nombre  des  moutons  est  faible.  La 
Nouvelle-Zélande,  en  effet,  se  prête  difficilement  à  l'élevage 
des  très  grands  troupeaux,  par  le  développement  même  de 
l'agriculture  proprement  dite  et  par  le  manque  des  grands 
steppes  herbeux  qui  forment  la  plus  grande  partie  de 
l'Australie.  En  4897 ,  le  nombre  des  porcs  était  de  209.853. 
La  récolte  en  4897  a  été  de  5.927.000  boisseaux  de  blé, 
44.233.000 boisseaux  d'avoine,  822.009  boisseaux  d'orge 
et  440.837  tonnes  de  foin.  Le  rendement  moyen  du  blé  est 
de  24  hectol.  à  l'hectare  ;  c'est  surtout  dans  le  district  de 
Cauterbury  qu'il  est  cultivé  en  grand. 

Une  grande  partie  de  ces  grains  sont  exportés  en  Eu- 
rope et  ils  ont  une  grande  influence  sur  les  conditions  de 
nos  marchés,  parce  qu'ils  arrivent  avant  ou  après  la  ré- 
colte en  Europe,  celle  de  la  Nouvelle-Zélande  ayant  lieu 
pendant  l'hiver  de  l'hémisphère  nord.  Produits  à  meilleur 
marché  que  les  blés  européens,  ils  leur  font  une  concurrence 
redoutable.  Les  agriculteurs  du  vieux  monde  ont  essayé 
de  reporter  une  partie  de  leurs  efforts  vers  la  production 
delà  viande  et  des  produits  accessoires  de  la  ferme  :  beurre, 
œufs,  fromage,  fruits,  miel.  Mais  vnici  que  là  encore  la 
concurrence  des  produits  australiens  menace  de  les  frap- 
per. Depuis  longtemps  déjà  la  Nouvelle-Zélande  exportait 
en  Europe  delà  viande  conservée  par  congélation.  Mais  ce 
procédé  avait  le  défaut  grave  de  nuire  sinon  à  la  qualité 
de  la  viande,  au  moins  à  son  goût.  Or.  en  4895,  l'expé- 
rience décisive  du  vaisseau  le  Gothic  a  prouvé  qu'on  pou- 
vait conserver  la  viande  en  la  refroidissant  simplement  à 
—  2«.  Le  Gothic,  parti  de  Wellington,  après  avoir  tra- 
versé naturellement  la  zone  équatorfale,  a  débarqué  à  Lon- 
dres de  la  viande  refroidie  qui  a  été  enlevée  plus  rapide- 
ment et  à  un  bien  meiUeur  prix  que  de  la  viande  congelée. 
Les  Néo-Zélandais  font  en  ce  moment  des  expériences  pour 
transporter  de  la  même  façon  le  beurre  et  le  miel. 

L'exploitation  du  bois  des  forêts  ne  donne  pas  matière 
à  exportation  ;  le  pin  kauri  seul  est  apprécié  dans  toute 
l'Australasie  par  les  constructeurs  de  navires.  Mais  c'est 
surtout  par  sa  résine  qu'il  est  une  source  de  profits.  D'ail- 
leurs, la  gomme  de  kauri  fossile  est  encore  plus  appréciée; 
des  sociétés  de  capitalistes  se  sont  formées  pour  l'exploi- 


tation des  gisements  (je  l'île  S.  ;  la  production  totale  de  la 
gomme  de  kauri  a  été,  en  4896,  de  7.426  tonnes,  ayant 
une  valeur  de  40.782.975  fr.  —  L'or  se  trouve  dans  la 
vallée  de  la  Clutha  et  dans  la  région  des  lacs  qui  l'alimen- 
tent. 11  y  a  longtemps  déjà  que  le  travail  des  orpailleurs 
de  rivière  est  terminé  et  qu'on  est  obligé  de  traiter  le 
quartz  aurifère  par  des  procédés  mécaniques.  La  valeur  de 
l'or  extrait  en  4896  a  été  de  26.035.700  fr.  La  valeur  de 
l'argent  a  été  de  264.725  fr.  ;  celle  de  l'antimoine  et  du 
manganèse,  insignifiante.  Le  fer  est  de  bonne  qualité,  mais 
entièrement  inexploité.  La  Nouvelle-Zélande  paraît,  au  con- 
traire, être  une  réserve  de  houille  pour  l'avenir  ;  on  évalue 
rimportmce  du  gisement  à  WO  millions  de  tonnes.  En 
4896,  on  a  extrait  792.854  tonnes  de  charbon,  valant 
40.746.200  fr.  Cette  production  est  d'ailleurs  inférieure 
de  80.000  tonnes  à  la  consommation  des  îles.  La  Nouvelle- 
Zélande  pourrait  largement  suffire  à  ses  besoins  et  même 
exporter  de  la  houille  si  les  mines  étaient  plus  faciles  à 
exploiter  :  situées  à  l'O.  de  l'île  S.,  dans  un  pays  monta- 
gneux où  les  transports  sont  difficiles,  les  mines  sont,  en 
outre,  privées  d'un  bon  port  à  leur  proximité. 

Le  chiffre  total  de  l'importation  s'est  élevé  en  4896 
à  478.433.000  fr.  ;  celui  de  l'exportation  a  été  de 
233.027.625  fr.  Les  principaux  objets  d'importation  sont  : 
les  étoffes,  le  fer,  les  machines,  le  sucre,  le  thé,  les  spi- 
ritueux, le  vin,  la  bière,  le  tabac,  le  papier,  lahouille,  les  sacs, 
l'huile,  les  objets  de  luxe.  Les  produits  envoyés  à  l'étran- 
ger sont  :  la  laine,  l'or,  le  blé,  les  légumes,  la  farine, 
les  viandes  congelées,  la  résine  de  kauri,  les  graisses,  les 
peaux,  le  cuir,  le  beurre,  le  fromage,  le  porc  conservé, 
les  semences  de  prairies,  le  phormium  tenax.  Le  réseau 
des  voies  ferrées  a  été  considérablement  étendu  pour  les 
raisons  politiques  exposées  plus  haut.  En  4897,  il  y  en 
avait  4.250  kil.  dans  l'île  Nord,  2.000  IdL  dans  l'île  Sud, 
appartenant  tous  à  l'Etat.  Il  n'y  a  que  270  kil.  de  che- 
mins de  fer  appartenant  ô  des  particuliers.  Au  reste,  la 
plus  grande  partie  du  commerce  entre  les  différentes  villes 
se  fait  par  cabotage  le  long  des  côtes. 

Le  système  des  impôts  est  assez  complexe  ;  aux  an- 
ciennes sources  de  produits  :  douanes,  location  et  vente 
de  terres  domaniales,  recettes  des  services  publics,  droits 
de  succession,  impôts  de  consommation,  sont  venues  s'ajou- 
ter de  nouveUes  taxes  :  un  impôt  foncier  et  un  impôt  sur 
le  revenu  ;  celui-ci  est  progressif  et  les  revenus  inférieurs 
à  7.500  fr.  en  sont  exonérés.  Le  produit  des  impôts  en 
4897  s'est  élevé  à  422.705.700  fr.  Les  dépenses  ont  été 
de  442.749.700  fr. 

Les  villes  néo-zélandaises.  —  Dans  une  contrée  où 
les  dangers  extérieurs  sont  nuls,  on  n'a  pas  été  guidé  dans 
l'étabhssementdes  villes  par  des  raisons  politiques,  mais  uni- 
quement par  des  considérations  économiques.  Le  peu  de  lar- 
geur des  îles,  la  présence  de  bons  ports  naturels,  la  nature 
montagneuse  du  pays,  ont  fait  que  toutes  les  villes  impor- 
tantes se  sont  établies  sur  la  côte.  Celles  qui  sont  situées 
à  quelques  kilomètres  du  rivage  sont  reliées  à  un  port  qui 
est  comme  un  faubourg  de  la  grande  ville.  D'ailleurs,  la 
grande  extension  des  faubourgs  est  aussi  caractéristique 
qu'en  Angleterre.  L'aspect  des  viUes  néo-zélandaises  est 
tout  britannique  avec  ses  maisons  entourées  de  jardins  et 
ne  comportant  que  deux  ou  trois  étages,  sauf  dans  les 
parties  de  la  ville  qui  sont  le  centre  du  commerce.  Les 
plus  importantes  de  ces  villes  sont  :  Auckland,  fondée  en 
4840  au  centre  de  la  presqu'île  duNord-Ouest.  Lamer,  péné- 
trant dans  ce  pays  volcanique,  a  formé  d'excellents  ports; 
iVuckland  se  trouve  entre  deux  baies,  l'une  de  la  côte  N., 
l'autre  de  la  côte  S.,  à  peine  séparées  par  une  langue  de 
terre  et  que  l'on  projette  de  réunir  par  un  canal.  Auckland 
est  le  centre  d'exportation  du  bois  de  pin  et  de  la  résine 
de  kauri.  —  Tauranga,  au  fond  de  la  baie  de  l'Abon- 
dance (Plenty  Bay),  est  le  lieu  de  débarquement  des  tou- 
ristes qui  vont  visiter  le  lac  Tarawera  et  le  Pays  des 
Merveilles.  —  Napier,  au  fond  de  la  baie  de  Hawke,  sur 
la  côte  E.  del'île  Nord,  est  d'accès  difficile:  c'est  cependant 


NOUVELLE-ZÉLANDE— NOUVELLES-HÉBRIDES     —  408 

un  port  important.  —  Wellington,  la  capitale  de  la  co- 
lonie, a  été  fondée  en  1840,  quelque  temps  avant  Auckland. 
Située  sur  la  partie  la  plus  étroite  du  détroit  de  Cook,  elle 
est  vraiment  au  centre  politique  et  économique  de  l'archipel. 
—  La  ville  de  Blenheim,  sur  l'autre  rive  du  détroit, 
profite  des  mêmes  avantages.  —  Westport  et  Greymouth, 
sur  la  côte  0.  de  l'île  du  Sud,  sont  les  ports  qui  centrali- 
sent la  houille  pour  l'expédier  sur  tout  le  reste  de  l'ar- 
chipel. —  Christchurch,  sur  la  côte  orientale,  est  située 
à  quelques  kilomètres  de  la  mer  ;  elle  a  i)our  port  Lyttel- 
ton,  refuge  très  sûr  grâce  aux  échancrures  de  la  pres- 
qu'île de  Banks.  —  La  position  de  Port  Chalmers,  à 
l'abri  du  cap  Saunders,  est  tout  à  fait  analogue  ;  Port 
Chalmers  établit  la  connnuni cation  avec  la  mer  de  la  grande 
ville  du  Sud,  Dunedin,  d'origine  écossaise.  Toutes  ces 
villes  ont  été  d'abord  des  villes  calmes,  des  centres  du 
commerce  des  produits  agriculturaux.  Mais  ce  sont  elles 
uniquement  qui  ont  profité  de  l'afflux  de  population  amené 
par  la  découverte  de  For.  Elles  sont  sans  doute  appelées 
à  se  développer  davantage  encore,  même  si,  par  l'exten- 
sion des  industries  extractives,  il  se  fondait  dans  les  dis- 
tricts miniers  des  villes  industrielles.  Le  pays  lui-même 
est  tout  entier  dans  une  phase  de  développement  très  ac- 
tive. On  a  cru  pouvoir  prédire  que  l'étonnant  excès  des 
naissances  sur  les  morts  allait  s'arrêter  et  que  la  popula- 
tion arriverait  vite  à  un  certain  équihbre  démographique. 
Les  statistiques  ne  semblent  pas  encore  confirmer  ces 
prévisions.  Il  est  certain  que  la  surface  disponible  pour 
de  nouveaux  agriculteurs  paraît  maintenant  très  restreinte, 
puisqu'on  essaye  de  réduire  l'étendue  des  grandes  pro- 
priétés. Mais  la  vie  industrielle  est  à  peine  née  en  Nou- 
velle-Zélande, et,  grâce  aux  mines  de  métaux  et  de  houille, 
elle  est  susceptible  de  prendre  un  énorme  développement 
et  de  précipiter  encore  l'évolution  du  pays. 

Ludovic  Marchand. 

BiBL.  :  New  Zectland  officiai  year  Book;  Wellington.  — 
Officiai  H a,ndbook  of  New  Zealand;  Wellington,  1892.  — 
Report  on  the  results  of  Census  of  New  Zealand,  1896  ; 
Wellington,  1897.  —  Fitzgerald,  Climbs  in  the  New  Zea- 
land Alps  ;  Londres,  1896.  —  Gisdorne,  The  Colomj  of 
New  Zealand  ;  Londres,  1891.  —  Grey,  Polynesian  Mitho- 
logy  and  Maori  Legends  ;  Londres,  1885.  —  Harper,  Pio- 
neer Work  in  the  Âlps  of  New  Zealand;  Londres,  1896.  — 
Hamilton,  On  the  forest  of  New  Zealand  (Transactions 
and  Proceed.  New  ZeaUnd  Institute,  1895,  XXVIII).  — 
Ferd.  von  Hochstetïer,  Neu-Seeland;  Stuttgart.  1863.  — 
DiELS,  Vegetations-biologie  von  Neii-Seeland.  Engler's 
bot.  Jahrbuch;  Leipzig.  1896.  —  De  Launay,  les  Richesses 
minérales  de  la  Nouvelle-Zélande,  dans  Annales  des  mines, 
i894.  —  Pierre  Leroy-Beaulieu,  les  Nouvelles  Sociétés 
anglo-saxonnes  ;  Paris.  Ib97.  —  Morton  A.  Aldrich,  Die 
Arbeiter  bewegung  in  Australien  und  Neu-Seeland;  Leii)- 
zig,  1897.  —  Henri  de  Walker,  Aiislralasian  Democracy  ; 
Londres,  1897. 

NOUVELLE-ZEMBLE  (Novaia  Zembia,  c.-à-d.  nou- 
veau pays).  Groupe  de  deux  îles  russes  de  l'océan  Glacial 
Arctique;  91.070  kil.  q.  Elles  sont  situées  sur  le  prolon- 
gement de  l'Oural  entre  70«  31'  et  77«  &  lat.  N.,  49°  15' 
et  6Q^  42'  long.  E.,  séparant  la  mer  de  Kara  de  ce  qu'on 
pourrait  appeler  la  mer  du  Spitzberg  ou  de  Barendsz.  Les 
deux  îles  sont  divisées  par  l'étroit  bras  de  mer  de  Matocli- 
kin  Char;  l'île  du  Nord  a  50.115  kil.  q.,  l'île  du  Sud 
40.955  ;  mais  elles  forment  un  ensemble,  qu'un  détroit 
de  43  kil.  de  large  sépare  au  S.  de  l'île  de  Vaïgatch,  très 
voisine  du  continent.  Dans  son  ensemble,  la  Nouvelle- 
Zemble  a  950  kil.  de  long,  depuis  le  cap  des  Glaces  au 
N.  jusqu'au  cap  Kussov  au  S.,  sur  60  à  145  kil.  de  large. 
On  y  rattache  les  petites  îles  Kussov,  Mitiouchev,  Gorbo- 
viyé,  Pankratievii,  Krestoviyé,  Orange,  Pachtousov,  en- 
semble 321  kil.  La  Nouvelle-Zemble  a  une  arête  centrale 
qui  atteint  1 .400  m.  de  haut  ;  la  côte  occidentale  est  creu- 
sée de  profonds  fjords  où  aboutissent  les  vallées  ;  toute- 
fois la  côte  des  Oies  (GussinaiaZemlia),  au  S.-O.,  estrec- 
tiligne  sur  160  kil.  ;  de  même,  le  N.  et  le  S.  de  la  côte 
orientale.  Au  delà  du  74^  lat.  N.,  les  glaciers  descendent 
jusqu'à  la  mer.  —  Le  sol  est  formé  de  terrains  siluriens 
et  dévoniens  ;  au  S.,  sont  des  chaînons  porphyriques  et 


des  schistes  carbonifères.  —  La  flore  comprend  185  es- 
pèces de  phanérogames,  beaucoup  de  mousses  et  de  lichens  ; 
la  faune,  43  oiseaux  (hibou  des  neiges,  cygne  nain,  eider, 
colombe),  l'ours  blanc,  le  renne,  le  loup,  le  renard  blanc, 
l'hermine. 

Dès  lexi^  siècle,  les  chasseurs  de  fourrures  etd'eiders, 
les  pêcheurs,  visitaient  les  côtes  de  la  Nouvelle-Zemble.  Il 
y  fut  créé  un  étabHssement  sédentaire  en  1877,  par  le 
gouvernement  russe,  dans  la  baie  Moller,  où  fut  aménagée 
une  station  météorologique  (1882).  En  1888,  Nossilov  y 
amena  une  colonie  de  Samoyèdes  et  en  fixa  une  atitre  dans 
le  détroit  de  Matochkin.  —  La  Nouvelle-Zemble  dépend 
du  gouvernement  d'Arkhangel,  cercle  de  Mezen.  —  Son 
premier  explorateur  fut  Barendsz  (1594-97),  qui  hiverna 
au  N.-E.  dans  le  Port  des  glaces  ;  il  fautencore  citerLiitke 
(1821-24),  Nordenskjœld  (1875-78)  et  Nossilov. 

NOUVELLES-HÉBRIDES.  Archipel  de  l'Océanie  (Mé- 
lanésie)  qui  a  été  neutralisé.  Son  nom  est  celui  donné  par 
Cook  ;  il  a  prévalu  sur  ceux  antérieurement  donnés  de 
Terra  australia  ciel  Espiritu  Santo,  par  Quiros,  et  de 
Grandes  Cyclades,  parBougainvillc.  — Il  constitue  l'extré- 
mité méridionale  d'une  longue  rangée  d'îles  en  forme  de 
croissant  à  peine  indiqué,  située  àl'E.  de  la  Nouvelle-Guinée 
et  de  la  Nouvelle-Hollande,  comprenant  les  archipels  de 
l'Amirauté,  Bismarck  et  Salomon,  dirigés  à  peu  près  N.-O.- 
S.-E.,  puis  de  Santa  Cruz,  de  Banks  et  des  Nouvelles- 
Hébrides  à  direction  approchée  du  N.-N.-O.  au  S.-S.-E. 
Cette  deuxième  ligne  s'étend  du  10°  de  lat.  S.  au  delà  du 
20°  et  même  du  22°  (îlot  Matthew)  ;  si  on  laisse  à  part  les 
Santa  Cruz  et  cet  îlot,  la  lat.  au  N.  des  îles  Banks  étant 
13°  5'  et  celle  au  S.  de  l'île  Anatom  étant  20°  15',  la  diffé- 
rence est  de  plus  de  7°  ;  celle  des  long.  E.  (0.  de 
l'île  Saint-Esprit  164°  10',  etE.  de  Erronan  167°  50')  est 
de  3°  40'.  On  distingue  :  un  groupe  S.,  formé  de  cinq  îles, 
Anatom,  Tanna,  p]rronan  ou  Futuna,  Nina,  Erromango  ; 
un  groupe  N.,  que  sépare  un  canal  de  105  kil.,  formé  de 
l'île  Vaté  ou  Sandwich,  qui  est  entourée  au  N.  d'îlots  : 
Protection,  Déception,  Vêlé,  Montagne,  etc.  ;  des  petites 
îles  Deux-Monts,  TrOis-Monts,  des  îles  Shepherd  ;  de  l'île 
Tongas,  de  l'île  Api  ;  ici,  il  y  a  une  bifurcation,  et  les 
îles,  jusque-là  arrondies,  s'allongent  dans  le  sens  de  la 
chaîne;  branche  orientale:  îlols  Lopévi  et  Paama,  et  îles 
Ambrym,  Pentecôte,  Aurore  avec  Aoba  (ou  des  Lépreux) 
à  l'O.  ;  la  branche  occidentale  comprend  :  Malhcolo,  Saint- 
Barthélémy,  Saint-Esprit.  Ce  second  groupe  devient  le 
groupe  du  milieu  si  l'on  comprend  dans  les  Nouvelles-Hé- 
brides les  îles  Banks  (V.  ce  mot),  séparées  par  un  canal 
de  80  kil.  Le  troisième  groupe  montre  :  le  Pic  de  l'Etoile  ; 
l'île  Santa  Maria  ;  Vanoua-Lava,  avec  les  îlots  Mota,  la 
Selle  ou  Valua,  Ouréparapara,  Yatou;  les  îles  Torrès  : 
du  Sud,  Lô  ou  la  Selle,  du  MiHeu,  du  Nord.  L'archipel 
de  Santa  Cruz,  en  outre  de  l'île  de  ce  nom,  renferme 
Vanikoro,  où  périt  Lapérouse  ;  au  N.-E.  de  cet  archipel, 
Duff  ;  au  S.-E.,  Tukopia,  Anuda.  Tout  cet  ensemble  d'îles 
aurait  une  superficie  de  13.000  à  14.000  kil.  q.,  avec 
une  population  de  70.000  hab. 

Géographie  physique.  — Aspect,  relief,  géologie, 
COURS  d'eau.  —  L'aspect  de  ces  îles,  accidentées  et  cou- 
vertes d'une  végétation  puissante  depuis  les  bords  de  la 
mer  jusqu'au  sommet  de  leurs  montagnes,  est  splendide 
et  a  frappé  d'admiration  tous  les  navigateurs.  Ces  mon- 
tagnes constituent  dans  leur  ensemble  une  longue  chaîne 
dont  les  sommets  varient  entre  100  m.  et  1.500  m.  : 
1°  Anatom,  850  ;  Tanna,  910  ;  Erromango,  900  ;  2°  Vaté, 
275;  Api,  900;  Lopévi,  1.524;  Ambiym,  1.065;  Pen- 
tecôte, Aurore,  600;  Aoba,  1.200;  Saint-Esprit,  660; 
3°  Santa  Maria,  700  ;  Vanua-Lava,  931  ;  îles  Torrès,  180, 
360.  Les  pics  coniques  sont  nombreux  et  répandus  dans 
toutes  ces  îles,  ce  qui  dénote  autant  de  volcans  :  plusieurs 
sont  encore  en  activité.  La  ligne  d'activité  actuelle  passe 
précisément  entre  les  plus  grandes  îles,  depuis  le  Tina- 
koro,  un  des  îlots  septentrionaux  de  Santa  Cruz,  qui  est 
toujours  en  éruption,  puis,  dans  le  groupe  des  Banks,  le 


d09 


NOUVELLES-HEBRIDES 


volcan  d'Ureparapara,  de  595  m.,  au  cratère  effondré, 
les  sources  thermales  de  Vanua-Lava  ensuite,  dans  le 
groupe  N.  des  Nouvelles- Hébrides  proprement  dites,  le 
volcan  d'Ambrym  et  celui  de  l'îlot  de  Lopévi,  le  plus 
haut  de  tous,  jusqu'à  l'île  de  Tanna  (groupe  S.),  qui  ren- 
ferme le  plus  puissant,  le  Yasova,  toujours  en  travail.  Le 
sol  est  fréquemment  agité  par  des  secousses,  qui  se  font 
sentir  jusqu'en  Nouvelle-Calédonie,  et  qui  sont  accompa- 
gnées d'éruptions  sous-marines.  H  est  constitué  par  des 
roches  récentes  ignées,  laves  et  cendres,  pierre  ponce,  et 
par  des  basaltes*  plus  anciens.  Une  mine  de  soufre  impor- 
tante existe  dans  Tanna.  A  Santo,  il  y  aurait  des  schistes 
ardoisiers  et  des  terrains  de  sédiment  anciens.  Des  ma- 
drépores forment  une  bordure  plus  ou  moins  large,  ils 
sont  aussi  parfois  soulevés  à  de  grandes  hauteurs,  mais 
ce  sont  des  coraux  morts,  comme  si  la  chaleur  ou  les 
éruptions  volcaniques  avaient  tué  les  zoophytes  ;  ils  ne 
montrent  point  de  récifs  ou  de  ceintures,  si  ce  n'est  à  Va- 
nikoro,  archipel  de  Santa  Cruz,  contrairement  aux  archi- 
pels coralligènes  entre  lesquels  les  Nouvelles-Hébrides 
sont  situées,  et  aucune  île  ici  n'offre  de  lac  intérieur  ou 
d'atoll.  Les  débris  et  la  poussière  de  leurs  roches  produisent 
avec  l'humus,  fort  épais,  une  terre  végétale  fertile,  rouge, 
noirâtre  ou  blanchâtre,  trop  souvent,  sur  les  côtes,  ma- 
récageuse et  insalubre.  L'instabilité  est  dans  ces  parages 
presque  la  règle,  les  commotions  volcaniques  donnant  lieu 
à  des  effondrements  ou  au  comblement  des  golfes.  Les 
ruisseaux  descendant  en  cascades  sont  nombreux,  et  se 
réunissent  en  rivières  dont  les  eaux  pures  et  claires  (en 
dehors  des  Heux  marécageux)  fournissent  d'excellentes 
aiguades  ;  les  marais  sont  dus  à  ce  que  ces  eaux  sont 
arrêtées  dans  leur  cours  inférieur  par  l'horizontalité  du 
terrain  ainsi  que  par  l'enchevêtrement  des  broussailles  et 
des  racines  de  palétuviers.  D'autre  part,  la  mer,  autour  des 
îles  et  jusqu'au  pied  des  rochers  à  pic,  a  de  grandes  pro- 
fondeurs, et  les  côtes  ont  des  anfractuosités  constituant 
des  havres  naturels  où  les  bâtiments  sont  à  l'abri. 

Climatologie.  —  Le  climat  est  chaud  et  humide  et  il 
a  une  réputation  (exagérée,  il  est  vrai)  d'insalubrité  ; 
il  exige  une  hygiène  scrupuleuse  et,  pour  les  immigrants, 
l'arrivée  à  une  époque  favorable  (de  mai  à  oct.).  Le  pays 
pourrait  être  assaini  en  le  débroussant.  La  température 
est  nécessairement  différente  aux  deux  extrémités  de  la 
ligne  des  archipels,  soit,  pour  les  moyennes,  de  "2^  à  3^. 
On  distingue  deux  saisons  :  l'une,  sèche  et  relativement 
fraîche,  de  mai  à  octobre  ;  l'autre,  chaude  et  humide,  de 
novembre  à  avril.  A  la  fin  de  cette  dernière,  on  a  trouvé 
de  28^  à  32*^  ;  et  la  température  ne  descendait  pas  la 
imit  au-dessous  de  25".  Dans  l'année  la  température  varie 
de  14°  à  35*^.  H  y  a  un  ou  plusieurs  grains  de  pluie  par 
jour.  Même  il  n'est  pas  rare,  dans  les  îles  du  Nord,  qu'il 
pleuve  beaucoup  durant  la  saison  sèche.  Le  régime  des 
vents  est  semblable  pour  tout  l'archipel,  savoir:  alizés  du 
S.-E.  en  hiver  (de  l'hémisphère  austral)  ;  dans  l'été  ou 
hivernage,  de  novembre  à  avril,  ce  sont  des  vents  irré- 
guhers;  celui  d'O.  l'emporte,  amenant  des  pluies,  des 
orages,  voire  même  des  cyclones.  Cette  dernière  saison 
est  la  plus  insalubre,  il  en  est  de  même  du  côté  occidental, 
ou  des  pluies.  Les  maladies  des  Européens  sont  l'anémie, 
la  dysenterie,  la  fièvre  paludéenne,  celle-ci  d'ailleurs  non 
pernicieuse,  mais  tenace  et  sévissant  semblablement  sur 
les  naturels,  décimés  particuhèrement  par  la  tuberculose 
et  sujets  aux  affections  de  la  peau,  entre  autres  le  eo- 
kelau,  et  aux  ulcères.  Les  indigènes  évitent  le  contact  des 
rivières  marécageuses  qu'empoisonnent  les  coraux  en  dé- 
composition, et  ils  ont  le  soin  de  ne  pas  s'exposer  aux 
brouillards  des  matins  et  des  soirs  ;  mais,  en  demeurant  dans 
leurs  cases,  ils  contractent  par  la  fumée  qui  lo3  emplit 
des  maladies  des  yeux.  Les  hommes  faits  sont  générale- 
ment robustes  —  c'est  qu'il  faut  être  robuste  pour  résister 
aux  influences  qui  les  entourent  —  ils  sont  des  produits  de 
sélection. 

Floue  et  faune.  —  La  végétation  est  luxuriante,  mais 


les  forêts  vierges  sont  impénétrables  ;  on  ne  connaît  pas 
l'intérieur  des  îles,  oti  mènent  des  sentiers  étroits  et  boi- 
sés, dangereux  par  la  présence  dissimulée  des  sauvages. 
Sans  doute  cette  flore  ménage  des  surprises  aux  bota- 
nistes. Elle  tient  de  celle  de  l'Inde,  et  l'on  peut  citer 
comme  espèces  spéciales  une  myrtacée  de  42  m.,  au  par- 
fum pénétrant,  une  sorte  de  cèdre  à  feuilles  d'olivier  fort 
élevé,  un  grand  nombre  d'arbres  à  suc  résineux,  et  sur- 
tout le  sandal  au  bois  odorant.  Les  Nouvelles-Hébrides 
appartiennent  aussi  au  domaine  néo-zélandais  par  la  mul- 
titude de  leurs  fougères,  par  le  dammara  et  l'araucaria. 
Les  arbres  à  fruit  sont  ceux  des  autres  îles  océaniennes  : 
cocotiers,  sagoutiers,  arbres  à  pain,  bananiers.  Un  lé- 
gume, ici  principal  aliment,  c'est  l'igname.  La  faune  est 
pauvre  en  mammifères  :  des  chauves-souris  et  des  rats, 
espèces  primitives;  les  cochons,  à  défenses  recourbées, 
y  vivent  à  l'état  sauvage  et  domestique  ;  les  chiens  y  ont 
été  introduits  il  n'y  a  pas  longtemps.  H  existe  à  Tanna  une 
espèce  particulière  de  pigeons,  le  pigeon  du  muscadier.  Il 
n'y  a  pas  de  serpent.  La  mer  est  très  })oissonneuse. 

Anthropologie  et  ethnographie.  —  Les  habitants  des 
Nouvelles-Hébrides  sont  des  Mélanésiens  ou  des  noirs  océa- 
niens dérivés  de  la  race  papoue.  Leur  peau  est  noir  mat, 
leurs  cheveux  laineux  ;  le  crâne  comprimé  dans  le  bas 
âge,  au  moyen  de  planchettes  ou  de  bandelettes,  fuit  en 
arrière  ou  s'allonge  en  pain  de  sucre.  Hs  vont  presque 
nus  ;  leur  tatouage  consiste  en  de  simples  entailles  à  cica- 
trices saillantes  ;  ils  aiment  sur  eux  les  ornements  et  les 
enluminures.  La  condition  de  la  femme  est  inférieure,  ils 
la  traitent  à  la  manière  d'une  bête  de  somme;  ils  la 
vendent,  comme  épouse,  au  plus  offrant,  pour  un  certain 
nombre  de  porcs.  Leurs  mœurs  sont  féroces  ;  dès  qu'un 
malade  ne  man^e  plus,  on  l'enterre  ;  dans  Anatom,  la 
femme  suit  son  époux  dans  la  fosse  ;  comme  oh  lui  met, 
quand  elle  se  marie,  une  corde  au  cou,  il  ne  reste  plus 
qu'à  la  serrer.  Hs  sont  anthropophages,  bien  que  la  base 
de  leur  nourriture  soit  purement  végétale.  H  y  a  peu  de 
temps  encore  (1892),  un  équipage  composé  de  Canaques 
héli ridais  ayant  assassiné  les  officiers,  le  capitaine  fut 
cuit  et  mangé  dans  une  fête.  Ce  sont  d'habiles  navigateurs; 
leurs  pirogues,  simples  ou  doubles,  sont  à  balancier.  Les 
cases,  aux  toits  établis  sur  quatre  pieux,  et  les  villages, 
sont  entourés  de  palissades  solides.  Des  troncs  d'arbres 
creusés  leur  servent  d'orchestre  ;  leurs  armes  sont  des 
casse- tète,  des  lances,  des  flèches  empoisonnées.  L'extré- 
mité de  celles-ci  a  été  plongée  dans  des  trous  de  crabes 
de  la  vase  infecte  des  marais  et  se  trouve  imprégnée  d'un 
double  poison  microbien,  l'un  septique  et  altérable,  promp- 
tement  mortel,  l'autre  tétanique  et  persistant.  A  ce  der- 
nier succomba  un  commodore  anglais,  Goodenough,  en 
1875.  Il  est  une  autre  race  plus  belle,  parmi  les  Néo- 
Hébridais,  c'est  celle  des  Polynésiens,  à  la  large  carrure, 
à  la  peau  presque  blanche,  à  la  figure  souriante,  et  dont 
les  femmes,  nullement  esclaves,  ont  des  attraits.  Ils  y  ont 
émigré  et,  par  leur  mélange,  ont  donné  lieu  à  une  race 
intermédiaire.  De  même  que  les  types,  les  dialectes  sont 
fort  divers,  entre  le  rude  langage  mélanésien  et  le  doux 
idiome  maori.  La  religion  est  ici  une  grossière  idolâtrie 
de  fétiches  en  bois.  Les  sorciers  ou  prêtres  sont  redoutés 
et  pratiquent  la  tyrannie  du  tabou.  On  croit  aux  esprits, 
à  une  vie  après  la  mort  ;  les  ancêtres  sont  les  dieux  de 
la  tribu.  H  n'y  a  pas  de  roi  ni  de  conseil  comme  en 
Polynésie,  mais  les  chefs  sont  absolus  et  conduisent  les 
guerriers  au  combat  ;  ils  ont  un  caractère  sacerdotal. 

Géographie  économique.  —  Les  cultures  princi- 
pales dans  l'archipel,  dont  la  terre  est  d'une  grande  fer- 
tilité, sont  celles  :  du  cocotier,  qui  constitue  la  première 
richesse  du  pays,  en  fournissant  le  coprah  ;  du  maïs,  qu'on 
expédie  à  Nouméa  ;  du  tabac,  besoin  impérieux  pour  les 
indigènes,  et  d'excellente  qualité  d'ailleurs;  du  café  et 
de  l'igname.  La  fécule  de  ce  tubercule  du  Dioscorea  sa- 
liva est  la  base  de  l'alimentation  des  naturels  ;  il  y  faut 
joindre  le  taro  [Colocasia  esculenia),  le  manioc,  le  fruit 


NOUVELLES-HEBRIDES 


—  140 


de  l'arbre  à  pain,  la  patate  douce  {Convolvulus  batatas), 
l'amande  de  Vlnocarpus  edulis,  la  banane  et  autres  fé- 
culents. Celle-ci  est  aussi  un  fruit  sucré,  et  l'on  doit 
mentionner  les  goyaves,  la  iwmme-cyihèrQ  (Spondias  dul- 
cis),  les  oranges,  les  ananas,  la  canne  à  sucre,  qui  est 
consommée  telle  quelle  par  les  indigènes  et  dont  il  n'existe 
que  peu  de  plantations.  Le  kava,  du  Piper  methysticiim, 
est  leur  boisson  enivrante,  de  préférence  au  vin  et  à  l'eau- 
de-vie,  qu'ils  repoussent.  Les  produits  industriels  sont 
d'abord  représentés  par  les  bois  d'ébénisterie  dont  les  fo- 
rêts sont  remplies,  tels  que  le  cliône  tigré,  l'arbre  à  ca- 
not, le  gaïac,  le  tamanou  {Calophyllum  montanum) ,  le 
faux  bois  de  rose  {Thespesia  populnea?),  le  bourao,  le 
milnèdi  {JSemedr a  eleagnoides  ?) ,  enfin,  surtout  le  bois 
de  fer  (Casuarina),  le  plus  utile  et  le  plus  commun.  Le 
santal  (Santalum  aiistro-caledonicum) ,  exploité  jadis 
avec  fureur  ici  comme  en  Nouvelle-Calédonie,  est  devenu 
fort  rare  dans  les  deux  archipels  océaniens.  Citons  en- 
core :  les  bambous,  les  Pandanus,  les  palmiers,  le  banian, 
aux  dimensions  gigantesques  ;  les  palétuviers  du  rivage, 
dont  l'écorce  pourrait  être  utilisée.  On  cultive  le  coton  en 
certains  points.  La  Société  française  des  Nouvelles-Hé- 
brides, ayant  son  siège  à  Nouméa  et  qui  est  représentée 
à  Paris,  possède  dans  l'archipel  plus  de  800.000  hect.  de 
terres,  avec  de  grandes  plantations,  de  gras  pâturages 
(à  l'île  Vaté)  pour  l'élevage  des  montons,  et  les  mines  de 
soufre  de  Tanna.  Les  indigènes  élèvent  des  volailles  ;  ils 
pratiquent  avec  brutalité  (aujourd'hui  au  moyen  de  la 
dynamite)  la  pêche  du  poisson,  qu'ils  mangent  cru.  On 
prend  à  Saint-Esprit  des  tortues  dont  l'écaillé  est  de  pre- 
mier choix,  et  l'on  y  trouve  des  huîtres  à  nacre  en  abon- 
dance. Un  produit  vivant,  ce  sont  les  naturels  eux-mêmes 
dont  se  fait,  pour  la  Nouvelle-Calédonie,  les  Fidji,  Vkm- 
trahe  et  les  possessions  insulaires  allemandes,  le  trafic  ou 
engagement  comme  travailleurs,  qui  fut  souvent  une  traite 
déguisée. 

Iles.  —  Population  et  superficie.  Ports.  Le  tableau 
comparatif  suivant  donne  (Reclus,  Géog.  univ.,  XIV,  683) 
la  superficie  en  kil.  q.  et  la  population  approximative  des 
îles  dans  les  archipels  voisins  : 

Superficie.      Population. 

Archipel    (  Santa  Cruz 560 

de        ]  Vanikoro 164  }     5.000 

Santa  Cruz  (  Autres  îles 214 


Ensemble 

Iles  de  Banks  et  de  ïorrès 

/  Espiritu  Santo. 


Nouvelles- 
Hébrides 


938 

926  4.500 

4.857  20.000 

Mallicolo 2.268  8.000 

Ambrym 644  3.000 

Vaté  (Sandwich)...         518  3.000 

Erromango 1.041  2.000 

I  Tanna 380  10.000 

Anatom 160  1.280 

\  Autres  îles 3.259  15.000 

Ensemble 13.127      62.280 

IlesdePEst  :  Tukopia,Anuda,  etc.  66  650 

La  population  spécifique,  faible  en  général,  serait  donc  ; 
archipel  de  Santa  Cruz,  5,3  ;  pour  celui  des  Nouvelles- 
Hébrides,  4,7  ;  dans  ce  dernier,  on  remarque  que  la  den- 
sité est  d'autant  plus  faible  que  les  îles  sont  plus  grandes, 
comme  si  la  population  se  portait  vers  le  rivage  ou  était 
inconnue  au  centre  ;  ce^'e  de  Tanna  (26,3)  est  extraor- 
dinaire, relativement  aux  autres  :  Anatom,  8  ;  Vaté,  5,8  ; 
Espiritu  Santo,  4,1  ;  Mallicolo,  3,5;  Erromango,  1,9 
seulement. 

Dans  le  groupe  Sud,  Anatom  possède  deux  ports  : 
Patrick,  au  N.,  et  Inyang,  au  S.;  ce  dernier  offre  un 
mouillage  sûr  d'avril  à  octobre.  C'est  un  pays  malsain, 
où  néanmoins  les  missionnaires  séjournent  depuis  cinquante 
ans  et  où  ils  ont  installé  plus  de  40  écoles.  Habitants 
civilisés,   quoique  du   type  nègre  océanien.   On  y  voit 


des  niaoulis  {Melaleuca  viridifl,ora),_  aux  troncs  blan- 
châtres. —  Tanna.  Soji  port  le  plus  connu.  Port  Réso- 
lution, ayant  été  bouleversé  par  les  derniers  treml)lemenls 
de  terre,  les  navires  mouillent  actuellement  à  Uaisisi, 
dans  une  petite  baie  de  sable  (le  Segond,  en  1879).  Race 
métissée  malayo-polynésienne  ;  peuple  belliqueux  ;  vivres 
en  abondance.  —  Erromango.  Il  y  a  deux  an(*rages,  dans 
les  baies  de  Cook  et  de  Polénia,  entourées  de  récifs.  Popu- 
lation hostile  aux  Européens,  par  vengeance  de  méfaits 
dus  à  ces  derniers.  Type  nègre  océanien. 

Dans  le  groupe  Nord,  Vaté  ou  Sandwich  possède  les 
deux  rades  les  plus  fréquentées  de  l'archipel  :  Port  Ha- 
vannah,  mouillage  par  33  m.,  aiguade,  vivres,  point 
central  des  établissements  de  la  compagnie  des  Nouvelles- 
Hébrides,  qui  peut  fournir  bœufs,  moutons,  cochons; 
Port  Yila  ou  Eranceville,  vaste  baie  d'un  atterrissage 
facile.  Cultures  variées,  admirables  ;  on  emploie  comme 
engrais  des  astéries  de  la  mer  ;  pâturages,  élève  de 
troupeaux  considérables.  Indigènes  de  race  métissée,  guer- 
riers et  migrateurs.  Colons  européens,  français  surtout. 
Un  délégué  de  V Alliance  française  et  un  de  V Alliance 
scientifique  y  résident,  ainsi  que  le  directeur  de  la  Société 
des  Nouvelles-Hébrides.  —  Api  (Tasiko).  Cette  île  a  deux 
bons  mouillages,  les  baies  Nelson  et  Eoreland  ;  elle  est  très 
fertile  et  renferme  une  population  considérable,  de  mœurs 
plus  douces  que  dans  les  îles  voisines  et  qui  fournissent 
aux  engagistes  un  grand  nombre  de  travailleurs.  —  Am- 
brym a  également  deux  bons  mouillages,  les  pointes  Dip 
et  Rodds.  —  Mallicolo  possède  le  port  Sandwich,  le 
meilleur  mouillage  de  l'archipel,  par  20  à  30  m.;  il  y  a 
aussi  la  baie  du  S.-O.,  havre  excellent.  Il  faut  y  ajouter 
le  port  Stanley  du  petit  îlot  Urikiki,  sa  dépendance  au 
N.-E.,  très  bien  abrité,  30  m.  de  fond.  Type  nègre  océa- 
nien. A  Port  Sandwich  est  un  délégué  de  V  Alliance  fran- 
çaise. —  Pentecôte.  Ile  allongée,  pittoresque,  possède 
plusieurs  mouillages,  entre  autres  la  baie  de  la  Falaise. 
—  Aurore.  Trois  bons  ancrages  sur  la  côte  0.  de  cette 
île  oblongue  ;  au  S.,  baie  de  Latoto  ;  au  milieu,  baie 
Narovo-Rovo,  22  m.  de  fond,  aiguade  ;  au  N.,  baie  de 
Laka-Réré.  —  Aoba,  mal  dénommée  île  des  Lépreux.  Sa 
population  polynésienne  se  fait  remarquer  par  ses  formes 
gracieuses  et  par  son  hospitalité.  Mouillage  de  Rice  Road, 
assez  bon,  mais  pas  d'aiguade.  —  Saint-Esprit  ou 
Santo.  C'est  sur  la  côte  E.  de  cette  île,  la  plus  grande 
de  l'archipel,  que  se  rencontrent  ses  mouillages,  qui  sont 
très  bons,  savoir  :  port  de  l'île  Aoré,  baie  du  Requin, 
Port  Olry,  et  surtout  la  vaste  baie  Saint-Philippe,  où  vint 
mouiller  C)uiros  en  \666.  C'est  un  abri  pai^fait  pour  les 
plus  gros  vaisseaux.  A  son  extrémité  se  trouve  le  port  de 
Vera  Cruz,  entre  deux  rivières,  que  le  navigateur  portugais 
dénomma  Jourdain  et  Saint-Sauveur.  La  végétation  de 
l'île  est  remarquable.  Les  habitants  sont  de  type  croisé 
malayo-polynésien,  les  hommes  sont  grands  et  forts,  les 
femmes  sont  bien  proportionnées. 

Voies  de  commuimicâtion  et  commerce.  —  Les  moyens 
de  transport  étaient  bornés,  jusqu'à  une  époque  non  éloi- 
gnée, aux  bateaux  appartenant  à  la  compagnie  calédo- 
nienne et  aux  bâtiments  de  passage  ;  il  existe  actuellement 
un  service  régulier  entre  Nouméa  et  l'archipel  néo-hébri- 
dais.  Un  vapeur,  subventionné  par  l'Etat,  parcourt  les 
divers  groupes,  faisant  escale  dans  les  principaux  ports 
pour  prendre  leà  produits  de  la  compagnie,  ainsi  que  les 
colons  hbres,  et  les  porter  à  destination.  De  plus,  les 
bateaux  d'un  service  australien  reliant  Sydney  aux  Fidji 
relâchent  à  Port  Sandwich.  —  Les  marchandises  expor- 
tées des  Nouvelles-Hébrides  arrivent  d'abord  à  Sydney  ou 
à  Nouméa  d'oii  elles  peuvent  être  expédiées  en  France  ou 
à  Sydney  par  la  voie  des  Messageries  maritimes,  paque- 
bots mensuels.  Il  y  a  un  service  bi  mensuel  par  la  ligne 
australienne  de  Sydney  à  Port  Vila  par  Nouméa.  Des 
bâtiments  à  voile  font  aussi  le  service  régulier  des  trans- 
ports. La  Compagnie  nantaise  Pénitentiaire  pour  Nouméa 
prend  des  passagers  pour  les  Nouvelles-Hébrides. 


Historique.  —  Le  navigateur  espagnol  Mendana  avait 
découvert  en  1595  l'archipel  de  Santa  Cruz.  Il  mourut 
la  même  année.  Son  pilote  et  son  remplaçant,  le  Portu- 
gais Pedro  Fernandez  de  Queiros,  au  service  de  l'Espagne, 
fit,  en  4606,  la  découverle  des  Nouvelles-Hébrides  ;  il 
reconnut  File  Saint-Esprit,  où  il  fonda  la  ville  (imagi- 
naire) de  la  «  Nouvelle- Jérusalem  ».  Plus  de  cent  soixante 
ans  s'écoulèrent  avant  que  Bougainville(  1768)  vînt  explorer 
plusieurs  des  autres  îles  de  l'archipel.  Puis,  six  ans  après, 
Cook  (1774)  compléta  l'œuvre  de  son  prédécesseur. 
En  1789,  Bligh  rencontra  le  groupe  des  îles  de  Banks. 
L'année  précédente,  Laper ouse  avait  parcouru  ces  parages, 
mais,  à  partir  de  sa  relâche  àBotany  Bay,  en  janv.  1788, 
on  ne  sut  ce  qu'il  était  devenu,  jusqu'à  ce  que  l'Anglais 
Dillon  retrouva,  trente-neuf  ans  après,  le  lieu  de  son  nau- 
frage à  Vanikoro.  Après  Lapérouse,  les  Nouvelles-Hébrides 
furent  visitées  en  passant  par  les  marins  à  la  recherche 
de  ses  traces,  d'Ëntrecasteaux  (1793),  Dillon  (1827),  Du- 
mont-d'Urville(1828),  ainsi  que  par  des  navigateurs  russes. 
Vers  1840,  des  bâtiments  y  vinrent  exploiter,  particulière- 
ment à  Erromango,  le  bois  de  santal  à  destination  de  la 
Chine.  Des  missionnaires  presbytériens,  en  1843,  s'éta- 
blirent à  Anatom.  Lorsque  l'amiral  Febvrier  des  Pointes 
prit  possession  de  la  Nouvelle-Calédonie  en  1853,  les 
Nouvelles-Hébrides  étaient  en  relations  commerciales  avec 
la  grande  île,  grâce  au  capitaine  Paddon,  qui  vivait  dans 
ces  parages  depuis  une  douzaine  d'années.  Cette  circons- 
tance et  leur  proximité  relative  en  faisaient  une  dépen- 
dance de  la  Nouvelle-Calédonie.  Mais,  en  1877,  les  mis- 
sionnaires presbytériens  menèrent  une  campagne  pour 
l'annexion  anglaise,  précisément  après  la  pétition,  en  1876, 
des  planteurs  anglais  eux-mêmes  de  l'île  Vaté,  réclamant, 
auprès  du  gouverneur  de  la  Nouvelle-Calédonie,  le  protec- 
torat de  la  France.  Un  arrangement  provisoire  fut  conclu 
entre  la  France  et  l'Angleterre,  sous  le  nom  de  «  Con- 
vention de  1878  »  :  les  îles  furent  neutralisées.  Toutefois, 
les  colons  anglais  et  français,  au  point  de  vue  des  actes 
civils,  n'y  sont  pas  sur  le  même  pied,  par  suite  de  la 
nomination,  peu  de  temps  après,  du  gouverneur  des  îles 
Fidji,  en  qualité  de  haut  commissaire,  donnant  à  ces  actes 
force  de  loi,  ce  qui  n'a  pas  lieu  aux  Hébrides  avec  le  gou- 
verneur de  la  Nouvelle-Calédonie  (1881).  Les  colons  de 
cette  dernière  colonie  craignant  l'empiétement  australien 
et  l'influence  anglaise,  M.  Higginson  fonda,  en  1882,  la 
«  Compagnie  calédonienne  des  Nouvelles-Hébrides  »,  qui 
acheta  des  terres  considérables  pour  affirmer  la  supré- 
matie de  la  France.  La  suite  des  affaires  de  cette  société 
a  été  prise  en  1894  par  une  association,  également  fon- 
dée par  M.  Higginson,  sous  le  nom  de  Société  française 
des  Nouvelles-Hébrides.  —  En  1883  (déc),  le  congrès 
de  Sydney  demanda  l'application  au  profit  de  l'Australie 
de  la  doctrine  de  Monroë  pour  les  terres  du  Pacifique 
sans  maîtres  européens.  Alors,  l'Angleterre  et  l'Allemagne 
se  partagèrent  les  îles  Salomon  et  la  Nouvelle-Guinée  (1885). 
Ce  dernier  gouvernement  assura  la  France  de  son  désin- 
téressement quant  aux  Nouvelles-Hébrides,  se  réservant 
seulement  la  faculté  d'y  recruter  des  travailleurs.  Durant 
les  pourparlers  entre  la  France  et  l'Angleterre  survint  un 
événement  (avr.  1886),  le  massacre  de  colons  français 
par  les  indigènes  aux  Nouvelles-Hébrides,  qui  amena  le 
gouvernement  de  la  Nouvelle-Calédonie  à  y  envoyer  des 
troupes. 

La  queslionàes  Nouvelles-Hébrides  avait  passé  par  les 
mêmes  phases  que  celle  des  îles  Sous  le  Vent  :  mission- 
naires anglais  établis  dans  le  pays  avant  l'intervention  des 
puissances  européennes  ;  occupation  incomplète  de  la 
France  en  ces  pays,  négligeant  leurs  dépendances  ;  menées 
des  missionnaires  ;  conventions  entre  les  gouvernements 
français  et  anglais,  et  condominium,  système  bâtard  ; 
scrupules  du  côté  de  la  France  vis-à-vis  de  ses  engage- 
ments. Ici,  la  simihtude  fut  telle  que  l'une  des  questions 
fut  tranchée  à  la  condition  que  l'autre  ne  le  fût  pas.  La 
convention  franco-anglaise  du  24  oct.  1887  porte  que  le 


—  111  —  NOUVELLES-HÉËRIDES  —  NOUVION 

gouvernement  britannique  consent  à  abroger  la  déclaration 
de  1847  relative  aux  îles  Sous  le  Vent  de  Tahiti  aussitôt 
après  l'accord  suivant  concernant  les  Nouvelles-Hébrides  : 
surveillance  par  une  commission  mixte  d'officiers  de  ma- 
rine des  stations  navales  française  et  anglaise  ;  retrait  des 
postes  miHtaires  français.  La  question  est  donc  encore 
indécise,  et  c'est  une  de  celles  que  l'Angleterre  veut  régler 
actuellement  (nov.  1898).  En  attendant,  elle  a  planté  de 
sa  propre  autorité  son  drapeau  sur  les  Santa  Cruz  (août 
1898).  Quoiqu'il  en  soit,  et  malgré  la  concurrence  d'une 
société  australienne,  les  Français  ont  la  prépondérance, 
jusqu'ici,  aux  Nouvelles-Hébrides,  même  par  le  nombre 
des  colons.  Du  moins,  en  1894,  on  y  comptait  157  Fran- 
çais contre  60  Anglais  et  18  colons  de  nationalités  diverses. 
La  Société  française  des  Nouvelles-Hébrides  a,  en  outre, 
des  représentants  dans  le  groupe  Banks.  D'autre  part, 
afin  de  se  conformer  loyalement  à  la  convention  du  pro-^ 
tectorat  mixte,  la  France  n'a  pas  adopté  pour  Port  Villa 
le  nom  de  France  ville.  — L'immigration  des  Néo-Hébridais 
comme  travailleurs  fut  pratiquée  d'abord  par  le  capitaine 
Towns  pour  l'AustraHe.  En  1875,  à  la  suite  de  troubles, 
les  naturels  furent  châtiés  par  le  commodore  Wiseman. 
Ceux-ci  se  vengèrent  en  1867.  Les  missionnaires  anglais, 
l'année  suivante,  dénoncèrent  au  Queensland  cette  «  traite 
des  travailleurs  ».  L'immigration  en  Nouvelle-Calédonie, 
suspendue  en  1882,  reprise  en  1883,  suspendue  de  nou- 
veau en  1885,  fut  rétablie  en  1890.  Près  de  600  tra- 
vailleurs y  furent  introduits.  Ch.  Delavaud. 

BiBL.  :  Brenciiley,  So^Uh  sea  Islancls.  —  Meinicke, 
Zeitschrift  cler  Gesellschaft  fCw  ErcUumcle,  1874.  —  Otto 
FiNSCH^  Anthropologische  Ercjâbi'iisse  einer  Reise  in  cler 
Suclsee.  —  Cl.  Markham,  Criàsc  of  the  «  Rosario  »  among 
the  New  Hébrides  (voyage  en  1872).  —  Roberjot,  Sur 
les  Nouvelles-Hébrides,  dans  Biill.  Soc.  géogr.,  1883.  ~ 
MoNiN,  les  Nourelles-Hébrides,  dans  Archives  de  méd. 
navale,  t.  XXXVIII  (1882j  et  t.  XXXIX  (1883).  —  Le  Char- 
TiER,  la  Nouvelle-Calédonie  et  les  Nouvelles-Hébrides  ; 
Paris,  1883.  —  Lemire,  Voyage  à  pied  en  Nouvelle- 
Calédonie  et  description  des  Nouvelles-Hébrides  ;  Paris, 
1884.  —  Comte  de  Baudissin,  Notizen  uber  die  Neu- 
Hebriden  ;  Annalen  der  Hydrographie,  1886.  —  J.  Lœse- 
vrrz,  la  Question  des  Nouvelles-Hébrides,  dsins  Gazette  géo- 
graphique, 1886.  —  L.  MoNCELON,  la  Question  des  Nou- 
velles-Hébrides {ibid.,  nouvelle  série,  1886,  t.  XXI).— L.  Gâ- 
tât, l'Occupation  française  aux  Nouvelles-Hébrides,  dans 
Bull.  Soc.  géogr.  commerciale  de  Paris,  1886-87.  —  Pol- 
liart,  les  Nouvelles-Hébrides,  dans  môme  recueil,  1886-87. 

—  Oraiières,  Aux  Nouvelles-Hébrides,  même  recueil, 
1887-88.  —  Le  baron  Michel,  Confér.  sur  les  Nouvelles- 
Hébrides,  dans  Bull.  Soc.  franc,  de  colonisation,  nov. 
1887.  —  Higginson,  les  Nouvelles-Hébrides,  dans  Atlas 
colonial  de  Mager.  —  Reclus,  Géogr.  universelle,  t.  XIV 
[1^%^^) .— Les  Colonies  françaises  {h.  l'Exposition  de  1889). 

—  Imîiauss.  les  Nouvelles-Hébrides  ;  Paris,  1890.  —  Spe- 
DER,  les  Nouvelles-Hébrides,  dans  Bull.  Soc.  géogr. 
commerc.  de  Paris.,  1891-92.  —  François,  môme  titre, 
môme  recueil,  môme  volume.  —  Le  Dantec,  Origine  tel- 
lurique  du  poison  des  flèches  des  naturels  des  Nouvelles- 
Hébrides,  dans  Arch.  de  médecine  nav.,  t.  LIX  (1893J.  — 
Davillé  Sur  les  Nouvelles-Hébrides.,  môme  recueil, 
t.  LXII  (1894).  —  Du  môme,  la  Colonisation  française  aux 
Nouvelles-Hébrides  ;  Paris,  1895.  —  Les  Colons  français 
aux  Nouvelles-Hébrides,  dans  Revue  coloniale;  déc.  1895. 

—  Cartes  hydrographiques  :  n"  4310  (1888)  ;  n°  4811 
(1890-93). 

NOUVELLISTE  (V.  Nouvelle  à  la  main). 

NOU\HON  (Le)  ou^LE  N0UV10N-en-Thiéiuche.  Ch.-l. 
de  cant.  du  dép,  de  fAisne,  arr.  deVervins;  3.085  hah. 
Stat.  du  chem.  de  fer  du  Nord.  Boisselleries,  hrasscrics, 
filat.  de  laine. 

NOUVION-KN-PoNTïiTEu.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  la 
Somme,  arr.  d'Al)heville,  àl'O.  delà  forêt  de  Crécy  ;  716 
hah.  —  Etait  autrefois  une  chàtellenie  et  une  pairie  du 
comté  de  Ponthieu. 

NOUVION"Et-Catillon  ou  NOUVION-l'Abbesse.  Corn, 
du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Laon,  cant.  de  Crécy~sur- 
Serre;  818  hah. 

NOUVION-le-Comte.  Corn,  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de 
Laon,  cant.  de  Crécy-sur- Serre;  603  hah. 

NOUVION-le-Vineux.  Corn,  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  et 
cant.  de  Laon;  145  hah. 


NOUVION  —  NOVARE 


142  ^ 


NOUVION-sur-Meuse.  Com.  du  dép.  des  Ardennes, 
arr.  de  Mézières,  cant.  de  Flize;  338  liab. 

NOUVOITOU.  Com.  du  dép.  d'Ille-et- Vilaine,  arr.  de 
Rennes,  cant.  de  Châteaugiron  ;  1.541  liab. 

NOUVRON-ViNGRÉ.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de 
Soissons,  cant.  de  Vie-sur- Aisne  ;  337  hab. 

NOUY  (Lecomte  du)  (V.  Lecomte  du  Nouy). 

NOUZERNIES.  Com.  du  dép.  de  la  Creuse,  arr.  et 
cant.  de  Boussac  ;  915  hab. 

NOUZEROLLES.  Com.  du  dép.  de  la  Creuse,  arr.  de 
Guéret,  cant.  de  Bonnat-les-Eglises  ;  480  hab. 

NOUZIERS.  Com.  du  dép.  de  la  Creuse,  arr.  de  Bous- 
sac,  cant.  de  Châtelus-Malvaleix  ;  874  hab. 

NOUZILLY.  Com.  du  dép.  d'Indre-et-Loire,  arr.  de 
Tours,  cant.  de  Cliâteaurenault  ;  1.031  hab. 

NOUZON.  Com.  du  dép.  des  Ardennes,  arr.  de  Mé- 
zières, cant.  de  Charleville,  sur  la  Meuse;  6.603  hab.  Na- 
guère simple  hameau  composé  de  quelques  cabanes  de  pé- 
cheurs, aujourd'hui  bourgade  industrielle  :  forges,  fonde- 
ries, fabriques  de  ferronnerie  ;  clouterie,  quincaillerie,  etc. 
Stat.  sur  la  ligne  ferrée  Mézières-Namur.  E.  Ch. 

NOVA-Alexandria  (autrefois  Pulawij).  Ville  de  la  Po- 
logne russe,  gouv. deLublin, r.  dr.  delaVistule  ;  3.130  bab. 
Beau  château  où  résidèrent  les  Czartoryski.  Institut  im- 
périal pour  l'éducation  des  jeunes  filles I 

NOVA-Friburgo.  Agglomération  urbaine  centrale  d'une 
colonie  suisse  de  l'Etat  de  Rio  de  Janeiro,  à  près  de 
1.000  m.  d'alt.,  dans  une  vallée  de  la  Serra  clos  Or- 
gaos  (V.  ce  mot).  On  y  a  installé  un  sanatorium  ;  c'est 
aujourd'hui  une  coquette  résidence  d'été  où  l'on  'se  rend 
de  la  capitale  fédérale  en  trois  heures,  après  avoir  tra- 
versé la  baie  de  Rio  (station  de  chemin  de  fer  de  Nichte- 
roy)  par  une  voie  ferrée  d'un  système  spécial  (dérivation 
du  système  Riggenbach).  Ch.  Larr. 

NOVA-Petropolis.  Ville  du  Brésil,  Etat  de  Rio  Grande 
do  Sul,  sur  le  rio  Cahy  ;  12.000  hab.  (en  1892).  Colonie 
allemande  fondée  en  1858  ;  marché  agricole  dont  les  denrées 
s'exportent  par  Sao  Sebastiâo,  sur  le  Cahy. 

NOVA  (Joao  da),  dit  Joao  Gallego,  navigateur  his- 
pano-portugais, originaire  delaGahce.  Il  dirigea  en  1501 
une  escadre  de  quatre  voiles,  découvrit  à  l'aller  Fîle  de  la 
Conception,  se  rendit  par  Mozambique  à  Cananore,  détrui- 
sit la  flotte  du  zamorin  de  Calicut,  découvrit  à  son  retour 
l'ile  de  Sainte-Hélène.  Revenu  en  Asie,  il  se  brouilla  avec 
Albuquerque,  demeurant  le  dévoué  ami  d'Almeida  aux 
exploits  duquel  il  collabora. 

NOVACELLES.  Com.  du  dép.  du  Puy-de-Dôme,  arr. 
d'Ambert,  cant.  d'x\rlanc;  711  hab. 

iiOVAGlILITE  (Pétrogr.)  Pierre  schisteuse,  à  grain  très 
fin  et  de  couleur  jaune,  qui  n'est  d'ailleurs  qu'une  variété 
de  phyllade  (V.  ce  mot)  et  dont  les  couteliers  se  servent, 
sous  le  nom  de  pierre  à  rasoir,  pour  affûter  la  coutellerie 
fine.  On  la  rencontre  principalement  dans  le  cambrien. 

NOVAIA-Ladoga.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Saint-Pé- 
tersbourg, sur  le  lac  Ladoga,  au  point  où  il  reçoit  le  Vol- 
chov  et  le  canal  Ladoga  ;  4.159  hab.  (en  1889).  Grande 
foire  en  août.  4  éghses.  Ville  bâtie  par  Pierre  le  Grand 
en  1704,  à  la  place  d'un  couvent  du  xvi^  siècle. 

NOVAlA-OucHrrzA.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Podolie, 
sur  le  Kaljus;  4.783  hab.  (en  1889).  Toile,  tabac. 

NOVAIRI  (Ahmed),   historien  et  jurisconsulte    arabe 

(V.  NOWAIRI). 

NGVAKGVITCH  (Stoian),  philologue,  diplomate,  homme 
d'Etat  serbe,  né  à  Chabatz  le  13  nov.  1842.  Après  avoir 
Fait  ses  études  à  la  faculté  de  droit  de  Belgrade,  il  a  dé- 
buté dans  la  carrière  universitaire  comme  professeur  de 
lycée  (1863),  poste  qu'il  quitta  pour  devenir  directeur  de 
la  Bibliothèque  Nationale  (1869),  et  ensuite,  ministre  de 
l'instruction  publique  d'avr.  à  nov.  1873  et  de  déc.  1874 
à  août  1875.  Nommé  après  professeur  de  philologie  slave 
à  la  faculté  des  lettres  de  Belgrade  (1876),  il  quitta 
cette  chaire  en  oct.  1880  pour  être  successivement  mi- 


nistre de  l'instruction  publique,  membre  du  conseil  d'Etat 
(1883),  ministre  de  l'intérieur  (févr.  1884-mars  1886). 
De  1886  à  1891,  il  occupa  le  poste  de  ministre  de  Serbie 
à  Constantinople,  qu'il  reprit  en  déc.  1897,  après  avoir 
été  président  du  conseil  des  ministres  du  6  août  1895  au 
25  déc.  1896.  S.  Noyakovitch,  philologue  de  talent,  est  le 
meilleur  élève  de  Danicic  et  l'un  des  premiers  érudits  slaves 
méridionaux.  Ses  mémoires  se  trouvent  dans  le  Glasnik 
de  la  Société  scientifique  serbe,  le  l\ad  de  l'Académie  sud- 
slave  de  Zagreb  (Agram),  le  Staline  et  VAixhiv  filr 
slavische  Philologie.  Parmi  ses  ouvrages,  il  faut  citer  : 
Bibliographie  serbe  de  1141  à  1867  (Belgrade,  1869)  ; 
Histoire  de  la  littérature  serbe  (1871);  Ecriture  des 
vieux  Serbes  et  Slovènes  (1877)  ;  Grammaire  du  vieux 
slave  (1884);  les  Débuts  de  la  littérature  slave  balka- 
nique (J893);  Serbes  et  Turcs  aux  xiv^  e^  xv®  siècles 
(1893).  Ses  passages  au  ministère  de  l'instruction  publique 
ont  été  signalés  par  des  réformes  salutaires  dans  l'ensei- 
gnement secondaire,  de  même  que,  pendant  son  séjour  à 
Constantinople,  il  a  réussi  à  obtenir  quelques  concessions  en 
faveur  du  développement  intellectuel  des  Serbes  en  Macé- 
doine. Depuis  la  mort  de  Miloutine  Garachanin  (mars  1898), 
il  est  considéré  comme  le  chef  du  parti  progressiste .    M .  G . 

NOVA  LAI  SE.  Com.  du  dép.  de  la  Savoie,  arr.  de  Cham- 
béry,  cant.  de  Saint-Genix  ;  1 .367  hab. 

NOVA  LE  (V.  DiME,  t.  XIV,  p.  573). 

NOVALE.  Com.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de  Corte, 
cant.  de  Valle-d'Alesani  ;  276  hab. 

NOVALIS  (Georg-Friedrich-Philipp,  baron  de  Harden- 
.BERG,  dit),  poète  et  philosophe  allemand  (1772-1801) 
(V.  Hardenberg). 

NOVARE.  I.  Ville.  —  Ville  d'Italie,  ch.-l.  de  la  prov.  de 
ce  nom,  à  159  m.  d'alt.,  sur  une  colline,  entre  l'Agognaet 
le  Terdoppio  ;  26.206  hab.  (en  1881)  avec  les  faubourgs; 
33.077  pour  la  commune  entière.  Vieille  cathédrale  qui 
remonte  au  iv^  siècle,  mais  fut  refaite  à  l'époque  romane, 
avec  baptistère  octogone  de  la  première  époque  et  cloître 
gothique.  Eglises  San  Gaudenzio,  bâtie  en  1577  par  Pelle- 
grino  Tibaldi,  avec  un  étrange  campanile  déplus  de  80  m.  ; 
San  Pietro  del  Rosario,  où  furent  anathématisés  les  parti- 
sans de  Fra  Dolcino.  Hôtel  de  ville;  ancien  marché  cou- 
vert ;  hôpital  du  ix^  siècle  ;  ancien  château  transformé  en 
prison.  Les  anciens  remparts,  démoUs  en  1830,  sont  rem- 
placés par  des  plantations.  —  Evêché.  —  Novare  est  le 
grand  marché  des  céréales  du  N.-O.  de  l'Italie  ;  on  y  fait 
aussi  le  commerce  de  la  soie  et  des  textiles,  on  y  fabrique 
des  cotonnades,  des  lainages,  de  la  céramique.  C'est  un 
important  nœud  de  voies  ferrées  au  croisement  des  routes 
de  Milan  à  Turin,  du  Simplon  et  du  lac  de  Côme  vers 
Alexandrie  et  Gênes. 

C'est  l'ancienne  Novaria,  cité  gauloise  et  ligure  colonisée 
par  les  Romains,  saccagée  par  Radagaise  (405)  et  Attila 
(452).  Ce  fut  le  chef-heu  d'un  duché  lombard,  comté  ca- 
rolingien, l'une  des  principales  cités  lombardes.  En  1110, 
Henri  V  la  brûla;  à  la  fin  du  xu^  siècle,  elle  passa  sous  le 
protectorat  de  Milan.  Le  6  juin  1513,  les  mercenaires  suisses 
de  Sforza  y  défirent  les  Français.  Les  ducs  de  Savoie,  ar- 
guant d'un  traité  avec  les  Visconti,  la  réclamèrent  long- 
temps et  finirent  par  se  la  faire  céder  aux  traités  de  1735-38. 
C.^  fut  le  ch.-l.  du  dép.  français  d'Agogna.  Le  23  mars  1849, 
le  général  autrichien  Radetzky'y  infligea  un  désastre 
complet  au  roi  de  Sardaigne  Charles-Albert,  qui  abdiqua 
dans  la  ville.  —  Le  rhéteur  Albucius  Silus  et  le  peintre 
Gaudenzio  Ferrari,  dont  Novare  renferme  beaucoup  de  ta- 
bleaux, y  sont  nés.  De  célèbres  musiciens  y  furent  maîtres 
de  chapelle  (Paganini,  Mercadante,  Coccia,  etc.), 

II.  Province.  — Province  du  Piémont  s'étendant  du  Pô  aux 
Alpes  Pennines  ou  Valaisanes  qui  la  séparent  de  la  Suisse, 
confinant  à  l'E.  au  lac  Majeur,  au  Tessin,  à  la  Sesia,  qui  la 
séparent  de  laLombardie  (prov.  de  Côme  et  de  Milan),  à 
l'O.  à  la  prov.  de  Turin,  qui  ne  dépasse  pas  le  bassin  de 
la  Doire  Baltée .  Elle  a  6 .  61 3  kiL  q.  et  comptait  754 . 5 75  hab . 
(fin  1895),  soit  114  hab.  par  kil.  q.  Elle  se  partage  en 


^  443  ^ 


NOVARE  --  NOVATIEN 


une  région  alpestre  septentrionale  et  une  région  méridio- 
nale appartenant  à  la  plaine  du  Pô,  où  les  eaux  aboutis- 
sent par  la  Sesia,  FAgogna  et  le  Tessin.  Les  principaux 
produits  sont  le  riz  (2.100.900  hectol.  en  4894),  le  blé, 
le  maïs,  le  vin  (344.000  hectol.),  les  châtaignes.  On 
compte  488.000  bêtes  bovines  donnant  beaucoup  de  lait 
et  de  fromage  ;  l'élevage  du  ver  à  soie  est  important.  On 
exploite  quelques  minerais  de  fer,  d'or,  des  pierres.  On 
fait  de  la  toile,  des  lainages,  cotonnades,  du  papier,  du 
cuir,  des  machines,  des  allumettes,  de  l'alcool,  etc.  Les 
principales  villes  sont  :  dans  la  montagne,  Domo,  d'Ossola, 
Varallo;  au  débouché,  Pallanza,  Biella  ;  en  plaine,  Novare 
et  Verceil.  Ce  sont  les  chefs-lieux  des  six  cercles. 

NOVAT  (Novatiis),  prêtre  de  Carthage.  Il  s'était  opposé 
à  l'élection  de  Cyprien  (248).  Persévérant  dans  cette  op- 
position, il  devint  un  des  meneurs  les  plus  actifs  du  parti 
qui  reprochait  à  cet  évêque  de  refuser  la  réconciliation 
aux  lapsiy  c.-à-d.  à  ceux  qui  avaient  apostasie  devant 
les  persécuteurs  (pour  la  signification  précise  de  ce  mot, 
V.  Donatjsme),  et  d'exagérer  les  prérogatives  de  l'auto- 
rité épiscopale  :  ils  prétendaient  que  tous  les  prêtres  sont 
égaux,  et  que  révê([ue  n'est  que  leur  président.  Confor- 
mément à  cette  prétention,  Novat  avait  reconnu  comme 
diacre  un  laïque  nommé  Felicissimus,  et  il  lui  avait  im- 
posé les  mains,  sans  demander  l'autorisation  de  l'évèque. 
Cyprien  avait  quitté  son  siège  pour  se  soustraire  à  la  vio- 
lente persécution  édictée  par  Decius  (250).  Quand  il  fut 
rentré  à  Carthage,  il  convoqua  un  concile  qui  décida  que 
Ie>  lapsi  ne  seraient  reçus  dans  l'Eglise  qu'en  cas  de 
péril  de  mor.t,  et  qui  condamna  les  opposants.  Novat  se 
rendit  à  Rome  et  se  joignit  à  un  parti  qui  voulait  exclure 
inexorablement  de  l'Eglise  les  lapsi,  c.-à-d.  leur  appliquer 
une  règle  beaucoup  plus  sévère  que  celle  que  lui-même 
avait  blâmée  chez  Cyprien.  Il  paraît  avoir  contribué  puis- 
samment à  Télection  de  Novatien  (V.  ci-après).  Après  la 
consécration  de  Novatien,  il  fut  envoyé  en  Ahique,  pour 
organiser  le  parti  ;  dès  lors,  on  ne  trouve  plus  mention 
de  lui  dans  l'histoire  ecclésiastique.        E.-H.  Vollet. 

NOVATI  (Francesco),  érudit  italien,  né  à  Crémone  le 
40  janv.  4859.  Il  fut  d'abord  chargé  du  cours  d'histoire  com 
parée  de  littératures  néo-latines  à  l'Académie  scientifico- 
iittéraire  de  Milan  (4883),  puis  professeur  extraordinaire 
à  Païenne  (4886)  et  à  Gênes  (4889),  enfin  professeur  à 
Milan  (4892).  Après  avoir  pubHé  quelques  travaux  sur 
la  philologie  classique  (dans  VHermès  et  la  RivUta  di 
filologia  classica),  M.  Novati  s'est  depuis  longtemps  con- 
sacré tout  entier  à  l'histoire  des  littératures  romanes  au 
moyen  âge  et  à  l'époque  de  la  Renaissance.  Il  s'est  signalé 
non  seulement  par  quelques  très  heureuses  trouvailles  (un 
fragment  du  Tristan  de  Thomas,  les  Noie  de  Patecchio), 
mais  surtout  par  des  travaux  dont  un  grand  nombre  ont 
une  importance  capitale  pour  l'étude  du  moyen  âge  ita- 
lien ;  quelques-uns  ont  été  réunis  en  volume  (Studj  cri- 
tici  e  letterari;  Turin,  4889)  ;  on  trouvera  les  autres 
dans  le  Giornale  storico,  VA^rhivio  storico  italiano, 
VArchivio  storico  lombardo,  les  Studj  di  filologia  ro- 
manza,  la  Romania,  etc.  Une  de  ses  dernières  publica- 
tions est  la  Correspondance  de  Coluccio  Salutati  (4894-96, 
3  vol.),  mine  inépuisable  de  renseignements  sur  l'histoire 
de  l'humanisme.  Enfiin  par  la  fondation  (4883)  du  Gior- 
nale storico  délia  letteratura  italiana  (en  collaboration 
avec  MM.  A.  Graf  et  R.  Renier),  il  a  grandement  con- 
tribué au  progrès  des  études  philologiques  en  Itahe.  A.  J. 

NOVATIEN,  antipape,  élu  en  254.  L'historien  Philos- 
torge  (iv®  siècle)  écrit  qu'il  était  né  en  Phrygie.  Ce  qui  est 
plus  certain,  c'est  qu'il  appartenait  à  une  famille  païenne, 
et  qu'avant  sa  conversion  au  christianisme  il  était  philo- 
sophe, vraisemblablement  de  l'école  stoïcienne.  Ordonné 
prêtre  par  Fabien,  évêque  de  Rome,  il  acquit  par  ses  vertus 
et  par  son  éloquence  une  grande  autorité  dans  l'Eglise  de 
cette  ville.  Il  semble  que  jusqu'en  250  il  avait  professé  à 
l'égard  des  lapsi  des  maximes  très  modérées.  Mais  les  dé- 
faillances dont  il  fut  témoin  pendant  la  persécution  de  Dé-  ' 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.    -*-   XXV. 


cius  le  convainquirent  de  la  nécessité  d'une  inexorable 
sévérité.  Après  la  mort  de  Fabien,  le  siège  de  Rome  resta 
vacant  pendant  plus  d'une  année.  Au  mois  de  juin  254  ou 
plutôt,  suivant  Lipsius,  au  commencement  de  mars,  Cor- 
neille (V.  t.  XII,  p.  985)  fut  élu.  Il  appartenait  au  parti 
de  l'indulgence.  Les  fidèles  rigides,  excités  par  Novat  (V.  ci- 
dessus),  lui  opposèrent  Novatien  et  le  firent  consacrer  par 
trois  évêques  d'Italie.  Cyprien  de  Carthage  et  Denis  d'Alexan- 
drie reconnurent  Corneille  ;  Fabius  d'Antioche  refusa  ou 
s'abstint.  Vers  la  fin  de  l'année  254,  Novatien  fut  for- 
mellement condamné  par  un  concile  de  60  évoques  assem- 
blés à  Rome.  H  entreprit  d'organiser  avec  ses  adhérents 
une  Eglise  constituée  d'après  les  principes  de  rigidité  in- 
transigeante qui  avaient  motivé  son  élection  ;  et  dan^^  ce 
but,  il  expédia  des  lettres  et  des  agents  dans  toutes  les 
parties  de  l'Empire.  Les  renseignements  précis  manquent 
sur  le  reste  de  sa  vie.  Socrate  rapporte  qu'il  souffrit  le 
martyre  sous  Valérien  {hist,  ecclés,,  IV,  28).  Jérôme 
{de  Viris  illustribus,  LXX)  attribue  à  Novatien  de  nom- 
breux écrits  :  de  Pascha,  —  de  Sabbato,  —  de  Circum- 
cisione,  —  de  Sacerdote,  —  de  Oratione,  —  de  Ins- 
tantia,  — deAttalo,  —  de  Cibisjudaicis,  —  de  Trinitate. 
De  tous  ces  traités,  les  deux  derniers  seulement  nous  sont 
parvenus.  Ils  ont  été  imprimés  à  Oxford  (4724),  à  Londres 
(4728)  et  dans  la  Bibliotheca  grœco-latina  veierum 
patrumde  Galland  (Venise,  4765-84,  44  vol.  in-fol.). 
NovATiANisME.  —  Lcs  novaticiis  n'étaient  ainsi  nommés 
que  parleurs  adversaires.  Eux-mêmes  s'appelaient  les  chré- 
tiens, les  purs:  considérant  l'apostasie  et  généralement 
toute  pactisation  avec  l'apostasie  et  l'idolâtrie  comme  une 
corruption  inconcihable  avec  la  pureté  essentielle  à  l'Eglise 
chrétienne.  Ils  administraient  un  nouveau  baptême  à  ceux 
qui  avaient  été  baptisés  par  des  hommes  entachés  de  cette 
indulgence  corruptrice.  La  fondation  de  leur  Eghse  présente 
le  premier  exemple  d'un  schisme  motivé  uniquement  par 
des  considérations  d'ordre  disciphnaire.  Avant  eux,  les 
montanistes,  dont  ils  avaient  repris  les  conceptions  sur  plu- 
sieurs points,  prétendaient  bien  adhérer  à  tous  les  dogmes 
de  l'Eghse  catholique,  mais  ils  professaient  une  doctrine 
différente  sur  les  procédés  et  la  continuité  de  la  révélation. 
Les  novatiens  n'admettant  aucune  ditï'érence  de  ce  genre, 
leur  opposition  portait  principalement  sur  la  rémission  des 
péchés  ;  et  à  certains  égards  elle  était  conforme  aux  ten- 
dances de  l'Eglise  primitive  et  aux  sentiments  des  chrétiens 
les  plus  zélés  parmi  leurs  contemporains,  ainsi  qu'aux  be- 
soins d'une  religion  constamment  menacée  de  persécution. 
C'est  pourquoi  leur  secte  se  répandit  rapidement  et  cons- 
titua en  beaucoup  de  lieux  une  minorité  respectable  et  res- 
pectée, dotée  de  sa  hiérarchie  propre  et  affrontant  vaillam- 
ment le  martyre.  Pour  maintenir  sa  supériorité  morale  et 
conserver  sa  raison  d'être,  lorsque  le  danger  des  persécu- 
tions diminua,  elle  augmenta  l'énumération  des  péchés 
auxquels  l'Eglise  ne  peut  point  accorder  de  rémission  après 
le  baptême.  —  Tant  que  l'empire  fut  gouverné  par  des 
princes  païens,  l'Eglise  catholique  resta  dépourvue  des 
moyens  d'opprimer  les  novatiens.  Constantin  lui-même  les 
traita  avec  égards.  Cette  tolérance  dura  jusqu'à  ce  que  l'al- 
.liance  de  l'Eglise  et  de  l'Empire  eut  augmenté  les  préten- 
tions et  la  puissance  du  clergé  officiel.  Alors  commença 
une  série  de  mesures  de  compression  qui  aboutit  à  la  des- 
truction de  la  secte,  déteirminée  d'autre  part  par  sa  fusion 
avec  des  sectes  similaires,  telles  que  celle  des  donatistes, 
et  aussi  par  ses  propres  divisions.  On  connaît  les  noms  de 
plusieurs  de  ses  évêques  à  Rome  jusqu'à  la  fin  du  iv®  siècle, 
à  Constantinople  jusqu'à  la  fin  du  v®.  A  Rome,  Célestin  lui 
enleva  ses  églises  vers  la  fin  du  v®  siècle.  A  Alexandrie, 
quoiqu'ils  eussent  été  traités  fort  rigoureusement  par  Cy- 
rille et  ses  successeurs,  les  novatiens  étaient  encore  nom- 
breux au  vu*'  siècle.  La  dernière  mention  officielle  de  leur 
existence  se  trouve  dans  le  xcv^  canon  du  concile  in  Trullo 
(692).  —  Socrates  rapporte  aux  mesures  prises  contre  le 
novatianisme  l'institution  du  prêtre  pénitencier  que  nous 
avons  déjà  indiquée  sommairement  au  mot  Nectaire.  Afin 


NOVATIEN  —  NOVATION  —  iU 

d'apaiser  les  scrupules  de  ceux  qui  connaissaient  des  lapsi, 
les  évêques  avaient  commis  un  prêtre  pour  recevoir  secrè- 
tement la  confession  des  pénitents.  Cet  office  fut  maintenu  à 
Constantinople  jusqu'au  temps  du  patriarche  Nectaire  (39i  ), 
qui  l'abolit,  à  cause  d'un  grave  scandale  auquel  il  avait 
donné  lieu.  Dès  lors,  il  fut  décidé  qu'on  laisserait  chacun 
à  sa  propre  conscience,  pour  décider  de  sa  participation 
aux  saints  mystères  (Hist.  ecclés.,  XIX).  Plusieurs  théo- 
logiens latins  nient  ce  fait,  qui  contredit  leurs  assertions 
sur  la  confession  secrète.  E.-H.  Yollet. 

BiBL.  :  G.-T.  Stokes,  Novatianism,  dans  le  Dtctionary 
of  Christian  biography  de  W.  Smith  et  H.  Wack  :  Londres. 
1877-87,  4  Yol.  m-8. 

NOVATION.  I.  Droit  romain.  —  La  novation,  qui  est 
l'extinction  d'une  obligation  par  la  formation  d'une  obliga- 
tion nouvelle,  paraît  figurer  dans  le  système  des  modes 
d'extinction  des  obligations  du  droit  romain  dès  une  époque 
fort  ancienne,  dès  une  époque  où  les  obligations  nées  de 
contrats  ne  pouvaient,  en  principe,  s'éteindre  que  par  un 
cérémonial  inverse  de  celui  de  leur  formation.  La  position 
anormale  ainsi  occupée  par  la  novation  tient  probablement 
à  ce  qu'elle  tire  son  origine  d'un  autre  principe,  également 
très  ancien,  du  vieux  droit  romain,  du  principe,  plus  tard 
oublié  en  partie,  selon  lequel  deux  obligations  ne  peuvent 
coexister  quant  au  même  objet  (V.  par  ex.  Pomponius,  i)., 
45, i,  DeV.O.,iS).  Ce  principe  n'excluait  pas  la  pluralité 
de  sujets  actifs  et  passifs  pour  une  obligation  unique  née 
dès  l'origine  au  proiit  de  plusieurs  créanciers  ou'à  la  charge 
de  plusieurs  débiteurs  (corréalité)  ;  mais  il  excluait  la  jux- 
taposition à  une  obligation  ancienne  d'une  obligation  nou- 
velle ayant  le  même  objet,  même  probablement  quand  le 
créancier  ou  le  débiteur  nouveau  n'était  pas  le  même  (ce 
qui  porte  à  considérer  le  cautionnement  comme  plus  récent 
que  la  solidarité),  à  plus  forte  raison  entre  les  mêmes  par- 
ties. En  conséquence,  ou  il  empêchait  l'obligation  nouvelle 
de  naître,  si  elle  était  identique  à  l'ancienne,  ou,  si  elle  en 
différait  sur  un  point  quelconque,  il  ne  lui  permettait  de 
naître  qu'à  condition  qu'elle  éteignît  l'obligation  ancienne 
—  un  peu,  comme  en  vertu  de  la  règle  pareillement  très 
vieille  :  Bis  de  eadem  re  ne  sit  actio,  le  droit  déduit  en 
justice  est  anéanti  par  l'acquisition  même  du  droit  d'obte- 
nir un  jugement  qui  résulte  de  l'accomplissement  de  la 
legis  actio  (Y.  Litis  contestatio  et  Chose  jugée). 

Ce  principe  a  plus  tard  été  obscurci,  presque  totale- 
ment effacé  ;  mais  il  n'en  faut  pas  moins  remonter  à  lui 
pour  comprendre  l'origine  de  la  novation,  et  c'est  même  par 
lui  que  s'expliquent  le  mieux  les  règles  fondamentales  qui, 
malgré  la  pression  des  besoins  pratiques,  ont  continué  en 
grande  partie  à  la  régir  jusqu'au  temps  de  Justinien. 

Conformément  à  sa  haute  antiquité,  la  novation  romaine 
ne  peut  être  opérée  qu'au  moyen  d'un  contrat  formel, 
peut-être  seulement  d'un  contrat  verbal.  Résultant  de  l'in- 
compatibilité de  deux  obligations  tendant  à  un  même  objet, 
elle  exige  nécessairement  une  dette  ancienne  à  éteindre, 
d'une  part,  une  dette  nouvelle  à  créer,  de  l'autre.  Il  est 
aussi  d'accord  avec  sa  pensée  première  qu'elle  ^'dgQ^  à  la 
fois,  entre  les  deux  obligations,  l'identité  d'objet  {idem 
debitiim),  qui  produit  l'incompatibilité,  et  l'élément  nou- 
veau divers  {alicjuid  noui)  à  raison  duquel  c'est  l'obliga- 
tion nouvelle  qui  tue  l'ancienne  et  non  pas  l'ancienne  qui 
empêche  la  première  de  naître.  Il  est  moins  conforme  à  cet 
esprit  que  la  novation  exige,  comme  condition  propre,  à  côté 
de  ses  éléments  matériels,  un  élément  tiré  de  l'intention 
des  parties  qui  procèdent  au  nouveau  contrat,  l'intention  de 
nover  {animus  novandi);  mais  cette  condition  distincte 
n'est  sûrement  exigée  qu'à  une  période  du  droit  classique 
assez  récente  où  l'institution  formée  brisait  son  ancien 
moule.  Il  faut  arriver  au  temps  de  Justinien  pour  voir  le 
droit  romain  rompre  définitivement  avec  l'ancien  principe 
en  effaçant  nettement  une  autre  condition  ancienne,  l'exi- 
gence de  l'identité  d'objet,  et  en  admettant  la  novation  par 
changement  d'objet. 
Les  utilités  trouvées  par  la  pratique  à  l'institutioliî  sont 


tirées  de  l'élément  nouveau  qui  sépare  l'obligation  nouvelle 
de  l'obligation  ancienne.  Cet  élément  est  le  créancier, 
dans  la  novation  par  changement  de  créancier,  où  le  débi- 
teur s'engage  envei's  un  nouveau  créancier  sur  l'invitation 
de  l'ancien  et  qui  peut  intervenir  dans  toutes  les  circons- 
tances où  l'on  désire  opérer  une  cession  de  créance.  C'est 
le  débiteur,  dans  la  novation  par  changement  de  débiteur, 
où  une  personne  promet  ce  que  devait  une  autre  et  qui 
peut  être  motivée  par  toutes  les  raisons  de  nature  à  déter- 
miner à  assumer  la  dette  d'autrui.  Même  sans  changement 
de  parties,  la  nouveauté  peut  consister  dans  la  substitution 
d'une  obligation  contractuelle,  perpétuelle  et  transmissible, 
née  d'un  contrat  formel  et  de  droit  strict,  à  une  dette  qui 
était  peut-être  une  dette  délictuelle,  temporaire,  intrans- 
missible passivement,  une  dette  née  d'un  contrat  de  bonne 
foi,  une  dette  née  d'un  contrat  non  formel  ;  si  l'obligation 
primitive  était  déjà  verbale,  dans  une  modification  de  mo- 
dalité ;  depuis  Justinien,  dans  un  changement  d'objet. 

Quant  aux  effets,  la  novation  éteint  l'obligation  ancienne  ; 
par  conséquent,  à  moins  de  précautions  spéciales,  elle  h- 
hère  définitivement  le  débiteur  ancien,  quand  bien  même 
le  débiteur  nouveau  serait  insolvable  ;  elle  éteint  aussi,  au 
moins  en  principe,  les  garanties  accessoires  de  la  dette  an- 
cienne ;  enfin  elle  Hbère  le  débiteur  de  la  demeure.  En 
retour,  elle  crée  une  obligation  nouvelle  ;  mais  c'est  un 
point  très  controversé  de  savoir  en  quelle  mesure  cette 
créance  nouvelle  ayant  le  même  objet  que  l'ancienne  est 
exposée  aux  fins  de  non-recevoir  qui  étaient  opposables  à 
l'ancienne.  A  notre  sens,  la  solution  dépend,  avant  Justi- 
nien, de  la  formule  du  contrat  novatoire.  P.-F.  Girard. 
IL  Ancien  broiï  et  droit  actuel.  —  Les  obligations 

s'éteignent,  dit  l'art.  1234  du  C.  civ.  :  1» ;   2^  par 

la  novation.   Eteindre  une  obligation,   c'est  détruire  le 
lien  de  droit  qui  met  le  débiteur  dans  la  dépendance 
de  son  créancier,  c'est  le  délier  {solvei^e)  de  son  obli- 
gation (ob-ligare).  Or,  de  même  qu'une  obligation  n'a 
pas  seulement  pour  objet  une  somme   d'argent,   mais 
toute   espèce  de  prestation  (Y.  ce  mot),  toute  espèce 
de  chose  que  le  débiteur  s'oblige  à  donner,   à  faire  ou 
même  à  ne  pas  faire   (art.  1404,   C.   civ.),   de  même 
aussi  le  paiement,  au  sens  large  qu'a  ce  mot  dans  la  langue 
du  droit,  n'est  pas  seulement  le  fait  de  remettre  la  chose 
due  au  créancier  ;  en  d'autres  termes,  une  obligation  ne 
s'éteint  pas  seulement  par  l'accomplissement  envers  le 
créancier  de  la  chose  qui  fait  l'objet  de  cette  obligation  ; 
l'extinction  résulte  de  tout  acte  juridique  ay^ant  pour  effet 
de  libérer  le  débiteur,  de  faire  qu^il  ne  doit  plus  la  chose 
qu'il  avait  promise,  qu'il  n'est  plus  lié  envers  le  créan- 
cier. La  novation  est  un  de  ces  faits  juridiques  :  c'est  une 
manière  de  paiement,  dit  justement  Demolombe.  Pothier 
la  définit  la  «  substitution  d'une  nouvelle  dette  à  une  an- 
cienne ».  Cette  définition  peut  ne  pas  paraître  rigoureu- 
sement exacte,  puisque  nous  allons  voir  que  la  novation 
a  lieu  également  par  substitution  d'un  nouveau  débiteur 
à  l'ancien  ou  par  celle  d'un  nouveau  créancier.  Mais 
comme  la  notion  de  créancier  et  de  débiteur  implique  né- 
cessairement une  dette  et  une  créance,  si  l'on  va  au  fond 
des  choses,  c'est  bien  aussi  une  dette  nouvelle  qui,  même 
dans  ce  cas,  est  substituée  à  une  {incienne.  Ainsi  le  con- 
trat de  novation  est  toujours  complexe  :  on  y  peut  tou- 
jours distinguer  un  double  effet,  l'un  d'éteindre  une  obli- 
gation préexistante,  l'autre  d'en  faire  naître  une  nouvelle 
qui  la  remplace.  L'extinction  de  la  première  obhgation 
n'est  donc  pas  complète  et  absolue  ;  il  en  reste  et  il  doit 
en  rester  toujours  quelque  chose,  soit  le  débiteur,  soit  le 
créancier,  soit  l'objet,  parce  que  le  caractère  essentiel 
de  ce  mode  de  libération  est  qu'une  nouvelle  dette  se 
substitue  à  l'ancienne,  sans  quoi  la  novation  ne  se  réali- 
serait pas  :  car,   si  la  première  obligation  continuait  à 
subsister,  il  y  aurait  deux  obligations  concurrentes,  ou 
plutôt  la  deuxième  serait  null«  faute  de  cause,  et  l'on  se 
trouverait  juridiquement  dans  la  même  sikiation  que  si 
l'on  n'avait  rien  fait.  Ainsi  Paul  doit  4.000  fr.  à  Pierre  : 


115  — 


NOVATION 


ils  conviennent  que  Paul,  au  lieu  cl<e  payer  ces  1.000  fr. 
à  Pierre,  fera  son  portrait  ou  lui  remettra  10  hectol.  de 
vin  de  sa  récolte.  Par  l'effet  de  cette  convention,  Paul 
doit  toujours  quelque  chose,  il  n'y  a  de  changé  que  la  chose 
qu'il  va  maintenant  devoir;  quant  aux  1.000  fr.  qu'il 
devait  avant,  il  ne  les  doit  al3solument  plus  désormais. 
Prenons  garde  toutefois  que  des  additions  ou  des  modifi- 
cations faites  à  la  première  obligation  peuvent  ne  pas  en 
entraîner  l'extinction  dans  toutes  ses  parties.  Ainsi  Paul 
qui 'devait  1.000  fr.  à  terme  fixe  obtient  la  faculté  de  se 
libérer  par  dixièmes,  ou  bien  il  devait  sur  parole,  mais 
son  créancier  exige,  pour  lui  accorder  délai,  qu'il  donne 
des  garanties.  Ces  modifications  et  autres  semblables 
laissent  intact  le  contrat  primitif. 

Ainsi  la  condition  essentielle  de  la  novation  est  qu'une 
nouvelle  dette  soit  substituée  à  une  ancienne  qui  est  éteinte, 
ce  qui  a  Heu  de  trois  manières  :  1^  par  le  changement  de 
dette  ;  2^  par  le  changement  de  débiteur  ;  3*^  par  le  chan- 
gement de  créancier.  —  Nous  avons  donné  plus  hau^  des 
exemples  de  la  novation  par  changement  de  dette.  Cette 
manière  de  nover  exige,  on  le  comprend  du  reste,  le  con- 
cours du  créancier  et  du  débi«teur.  —  Il  y  a  novation  par 
changement  de  débiteur  quand  le  créancier  accepte  un 
nouveau  débiteur  qui  s'offre  de  remplir  l'obligation  aux 
lieu  et  place  du  débiteur  originaire.  Cette  novation  exige 
le  concours  du  créancier  et  du  nouveau  débiteur  ;  mais 
l'opération  peut  se  faire  à  l'insu  de  l'ancien.  —  La  no- 
vation par  changement  de  créancier  a  heu  quand  un  nou- 
veau créancier  est  substitué  à  l'ancien  envers  qui  le  dé- 
biteur est  définitivement  libéré.  Le  concours  de  ces  trois 
parties  est  indispensable  pour  opérer  la  novation  :  celui  du 
précédent  créancier,  puisque  lui  seul  peut  libérer  le  débi- 
teur, et  celui  des  deux  autres  parties  pour  créer  la  nou- 
velle obligation.  —  Cette  manière  de  nover  se  rapproche 
beaucoup  d'un  autre  contrat  avec  lequel  il  faut  se  garder 
de  la  confondre,  c'est  la  subrogation  (V.  ce  mot)  par  la- 
quelle un  nouveau  créancier,  le  subrogé,  est  mis  aux  lieu  et 
place  et  aux  droits  du  créancier  originaire.  Dans  la  subro- 
gation la  dette  primitive  reste  intacte,  le  débiteur  reste 
devoir  ce  qu'il  devait  et  il  continue  môme  à  le  devoir, 
dans  certains  cas,  au  créancier  envers  qui  il  s'est  engagé, 
parce  qu'il  reste  étranger  à  l'opération  faite  entre  le  pre- 
mier et  le  seeond  créancier.  De  là  il  résulte  qu'il  peut 
opposer  au  nouveau  créancier  toutes  les  exceptions  pui- 
sées dans  la  nature  de  la  dette  qu'il  aurait  pu  opposer  au 
créancier  subrogeant  :  les  cautionnements,  hypothèques 
et  autres  garanties  dont  bénéficiait  le  subrogeant,  conti- 
nuent à  exister  au  profit  du  subrogé,  tandis  que  dans  la 
novation  ils  disparaissent  avec  la  dette  elle-même.  La 
cession  de  créance  produit  les  mêmes  effets  que  la  subro- 
gation. 

La  novation,  en  général,  ne  peut  se  faire  qu'entre  per- 
sonnes capables  de  contracter,  car  la  novation  est  une  con- 
vention soumise  à  toutes  les  règles  sur  la  validité  des  conven- 
tions. On  comprend,  d'après  ce  qui  précède,  que  la  novation 
suppose  que  l'obligation  antérieure  était  valable  puis- 
qu'elle est  la  cause  de  l'obligation  nouvelle.  Si  donc  elle 
est  affectée  d'un  vice  qui  en  entraîne  la  nullité  —  par 
exemple  si  elle  est  nulle  comme  n'ayant  point  de  cause, 
ou  en  ayant  une  contraire  à  l'ordre  public  ou  à  la  morale 
—  la  novation  ne  peut  avoir  lieu,  car  on  ne  nove  pas, 
on  ne  transforme  pas  le  néant.  —  A  l'inverse,  la  nullité 
de  la  nouvelle  obligation  ne  laisse  pas  toujours  subsister 
la  première.  Sans  doute,  si  le  créancier  n'a  pas  la  capacité 
exigée  pour  aliéner  les  droits  qu'il  tient  du  premier  enga- 
gement, celui-ci  subsiste  puisqu'il  n'a  pu  être  détruit  par 
le  second  qui  est  réputé  ne  pas  exister.  Mais  si  le  créan- 
cier avait  la  capacité  voulue,  peu  importe  qu'il  ait  échangé 
un  contrat  valable  contre  un  contrat  inefficace.  Par 
exemple,  il  a  libéré  son  premier  débiteur  qui  était  solvable 
pour  en  accepter  un  qui  ne  l'était  pas  ou  J)ien  qui  était 
incapable  de  s'obliger,  la  nullité  ou  Tinefficacité  du  second 
engagement  ne  fera  pas  revivre  les  droits  du  créancier 


contre  le  débiteur  primitif.  De  même,  si  le  créancier  con- 
sent à  ce  que  l'obligation  de  livrer  un  immeuble  soit 
substituée  à  l'obligation  de  payer  une  somme  d'argent,  et 
qu'il  soit  évincé  de  l'immeuble  qu'il  a  reçu  du  débiteur, 
il  ne  redevient  pas  créancier  de  la  somme  que  lui  devait 
en  premier  heu  celui-ci  ;  il  puise  seulement  dans  le  fait  de 
l'éviction  un  recours  en  garantie  contre  lui  ;  mais  ce 
recours  est  tout  à  fait  indépendant  de  la  première  obli- 
gation ;  il  se  rattache  au  contraire  intimement  à  la 
seconde. 

La  novation  ne  se  présume  pas,  il  faut  que  la  volonté 
de  l'opérer  résulte  clairement  de  l'acte  (art.  1273).  Il 
appartient  aux  juges  du  fait  d'apprécier  quelle  a  dû  être 
la  volonté  des  parties. 

L'extinction  de  la  dette  originaire  emporte  l'extinction 
des  garanties  qui  y  étaient  attachées  ;  mais  les  parties 
peuvent  décider  le  contraire  dans  l'acte  même  qui  opère 
la  novation,  et  transporter  les  garanties  dans  la  seconde 
obligation.  Mais,  la  novation  éteignant  la  dette,  le  trans- 
fert de  l'hypothèque  à  la  créance  nouvelle  n'a  pas  l'effet 
d'une  subrogation.  L'hypothèque,  ne  pouvant  préjudicier 
aux  droits  acquis  à  des  tiers,  ne  prend  rang  qu'à  sa  date 
nouvelle  et  non  à  celle  qu'elle  avait  lorsqu'etaiten  vigueur 
la  dette  novée  depuis.  —  La  novation  opérée  à  l'égard  du 
débiteur  principal,  éteignant  la  dette,  libère  par  cela  même 
les  cautions,  car  il  n'y  a  plus  de  cautions  quand  il  n'y  a 
plus  de  dette.  Cependant  le  créancier  peut  ne  consentir  à 
la  novation  qu'autant  que  les  cautions  accéderont  au  nou- 
vel engagement.  S'ils  refusent,  il  n'y  a  pas  de  novation  et 
l'ancienne  dette  continue  de  subsister. 

La  délégation  est  l'acte  par  lequel  un  débiteur  indique 
à  son  créancier  un  autre  débiteur  qui  paiera  à  sa  place  ou 
pour  lui,  mais  sans  que  ce  débiteur  délégué  soit  pour  cela 
substitué  au  débiteur  déléguant  qui  n'en  reste  pas  moins 
obligé.  Pour  réaliser  une  délégation,  il  faut  le  concours  de 
trois  volontés  :  celle  du  débiteur  déléguant,  celle  du  délégué 
qui  devra  payer  pour  lui  et  celle  du  délégataire  qui  ac- 
cepte cet  arrangement.  Son  avantage  est  évident  puisqu'il 
a  ainsi  deux  débiteurs  au  lieu  d'un.  Il  ne  peut  y  avoir 
dans  ce  cas  novation  puisque  le  créancier  conserve  ses 
droits  contre  son  débiteur  originaire.  Pour  que  celui-ci 
soit  libéré,  il  faut  une  déclaration  expresse  et  non  équi- 
voque du  créancier  ;  son  intention  de  nover  ne  se  présu- 
mant pas.  Il  n'y  a,  dans  ce  cas,  aucune  place  pour  l'in- 
terprétation par  le  juge  de  la  volonté  des  parties  et  son 
appréciation  des  circonstances.  Mais  si  le  créancier  a  ex- 
pressément libéré  son  premier  débiteur  en  acceptant  le 
délégué  comme  seul  débiteur,  il  ne  conserve  aucun  re- 
cours contre  lui  si  le  délégué  devient  insolvable.  Toute- 
fois, si  l'insolvabilité  existait  déjà  au  moment  de  la  délé- 
gation, si  le  deuxième  débiteur  était  déjà  en  état  de 
cessation  de  paiements  ou  en  déconfiture,  le  créancier  a 
de  plein  droit  un  recours  contre  son  premier  débiteur. 
Mais  il  est  bon  de  remarquer  que  dans  ce  cas  le  recours 
se  borne  à  une  simple  action  personnelle  en  paiement  ex- 
cluant tous  droits  d'hypothèque  ou  autres  qui  accompa- 
grtikient  la  dette  originaire  et  qui  se  sont  trouvés  éteints 
avec  la -dette  elle-même,  par  suite  de  la  novation. 

Une  délégation  régulière  ne  produit  que  les  effets  res- 
treints dont  il  vient  d'être  question,  mais  au  moins  n'est- 
elle  pas  dénuée  d'effets  juridiques.  Il  en  est  tout  autre- 
ment de  la  simple  indication  faite  par  le  débiteur  d'une 
personne  qui  doit  payer  po'ur  lui  ou  par  le  créancier  d'un 
tiers  qui  doit  recevoir  pour  lui  ;  ce  n'est  pas  plus  une 
délégation  que  la  délégation  n'est  une  novation.  La  loi 
ne  veut  y  voir  qu'un  mode  d'exécution  de  l'obligation 
propre  à  satisfaire  les  convenances  des  parties,  mais  dé- 
pourvu de  toute  sanction.  E.  Dramard. 

BiBL.  :  Droit  romaixX.  —  Salpiup,  Novation  vnd  Dele- 
(lailon  nach  rôinisdwm  Recht,  1864.  —  Salkowski,  Zur 
LGhre  von  der  Novation  nach  rômischem  Recht,  18ti6.  — 
P.  Gide,  Etudes  sur  la  novation  et  le  transport  des 
créances,  1879.  —  Windscheid,  Lehrbiich  des  Pandekten- 
rechts,  II,  1891,  §§  353-35i.  —  Dernburg,  Pandekten,   II, 


NOVATÎON  -«  NOVELL! 


•^  416  -^ 


1894,  §§  GO  et  suiv.    —  P. -F.  Girard,   Manuel  de    droit 
romain,  2*  édit.,  1898,  pp.  669  et  675-887. 

Ancien  droit.  —  Cousult.  tous  les  traités  et  commen- 
taires de  droit  civil  au  titre  des  Contrats  et  Obligations 
(art.  1271  à  1281).  —  V.  Dramard,  Bibliographie  du  droit 
civil,  nos  2102  et  suiv.  et  2245  à  2248. 

NOVÉANT.  Corn,  de  la  Lorraine  annexée,  rive  g.  de  la 
Moselle;  U  kil.  de  Metz;  1.457  hab.  (en  1895).  Pont 
suspendu  sur  la  Moselle.  Première  station  allemande  de  la 
ligne  Nancy-Metz.  Extraction  de  minerais  de  fer  aux  envi- 
rons. Mentionné  en  858  {Noviandum).  Ancien  château 
seigneurial  dans  le  hameau  dit  de  FAître.  E.  Ch. 

NOVEL.  Corn,  du  dép.  de  la  Haute-Savoie,  arr.  de 
Thonon,  cant.  d'Evian;  118  hab. 

NOVELDA.  Ville  d'Espagne,  prov.  d'Alicanto,  sur  le 
Vinalopo  ;  10.000  hab.  Dentelles,  vins,  fruits  ;  eaux  sul- 
fureuses. 

NOVELLA.  Com.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de  Calvi, 
cant.  de  Belgodere  ;  520  hab. 

NOVELLA,  jongleur  (V.  Augier). 

NOVELLÂRA.  Ville  d'Italie,  prov.  de  Reggio-d'Emilie, 
entre  Guastalla  et  Sassuolo;  1.500  hab.  Ancien  palais  des 
Gonzague.  Soie,  fromages. 

NOVEL  LE  (Ettore),  écrivain  italien,  ne  à  VeUetri  en 
1822.  Il  est  actuellement  bibliothécaire  k  l'Angelica  de 
Rome.  Versificateur  élégant  et  habile,  il  est  l'un  des  meil- 
leurs représentants  de  l'école  dite  romaine  (V.  Nanna- 
RELLi).  Il  a  donné  une  traduction  de  Héro  et  Léandre, 
de  Musée  (avec  une  introduction  critique),  et  plusieurs  vo- 
lumes de  vers  (1881  et  1883). 

NOVELLES  {Novellœ  constUutiones).  Dénomination 
donnée  sous  l'Empire,  en  un  sens  large,  à  des  constitutions 
nouvelles  quelconques,  mais  surtout,  dans  un  sens  plus 
technique  et  plus  fréquent,  aux  constitutions  rendues  en 
Orient  et  en  Occident  après  la  publication  du  code  Théodo- 
sien  et  à  celles  rendues  en  Orient  après  la  publication  de  la 
deuxième  édition  du  codé  Justinien. 

Les  premières,  les  novellespost-théodosiennes,  sont  des 
constitutions  qui,  après  la  publication  du  code  commun 
dans  les  deux  moitiés  de  l'Empire,  ont  pu  être  rendues  libre- 
ment par  chacun  des  deux  princes  dans  le  territoire  soumis 
à  sa  souveraineté,  mais  qui,  naturellement,  n'acquéraient 
force  de  loi  dans  l'autre  partie  de  l'Empire  que  par  une 
promulgation  distincte  de  l'autorité  compétente,  dont  la 
preuve  existe  seulement  pour  des  constitutions  rendues  en 
Orient  et  ainsi  transmises  en  Occident.  Les  recueils  faits 
dans  l'Empire  d'Orient  des  novelles  qui  y  étaient  obliga- 
toires ont  été  mis  hors  d'usage  par  la  codification  de  Jus- 
tinien, et  il  ne  nous  en  est  parvenu  aucun  débris.  Au  con- 
traire, la  lex  llomana  Wisigolhorum  contient  des 
fragments  d'un  recueil  de  ce  genre  fait  en  Occident,  aux- 
quels certains  de  ses  manuscrits  ajoutent  même  d'autres 
extraits  de  l'ouvrage  original.  La  dernière  édition  en  a  été^ 
donnée  par  Hœnel,  comme  complément  de  son  édition  des 
codes  Grégorien,  Hermogénien  et  Théodosien  (Novellœ 
constitutiones  imper atorum  Theodosii,  etc.,  édit.  lls- 
nel,  1844). 

Les  novelles  de  Justinien,  rendues  pour  la  plupart  en 
langue  grecque  et  en  langue  latine  seulement  pour  des 
motifs  spéciaux,  ont  été  conservées  dans  trois  collections 
principales,  toutes  trois  d'un  caractère  privé  :  VEpitome 
Jiiliani,  recueil  latin  de  122  novelles  attribué  à  un  pro- 
fesseur de  Constantinople  nommé  Julien,  qui  est  le  plus 
anciennement  connu  ;  V Aulhenticum,  contenant  cmiron 
134  novelles,  les  latines  en  original,  les  grecques  dans 
une  traduction  latine  défectueuse  qui  paraît  avoir  été  connue 
depuis  le  début  du  xn*^  siècle,  et  auquel  Trnerius  semble 
avoir  donné  ce  nom  par  opposition  à  VEpitome  de  Julien  ; 
enfin,  une  collection  plus  complète  et  meilleure  de  164  no- 
velles en  langue  grecque  de  Justinien  et  de  ses  successeurs, 
qui  n'a  été  utiKsée  que  depuis  lexvi®  siècle.  La  meilleure 
édition  est  celle  commencée  par  Schoell  et  achevée  par 
Kroll,  en  1895,  qui  forme  le  tome  III  du  Corpiis  juris 
avilis  de  Mommsen,  Krueger  et  Schoell;   elle  donne  le 


texte  grec,  une  ivd.à\xQ,\ÀmQ,iVAuthenticum;  une  édition 
distincte  de  VEpitome  Juliani  a  été  donnée  par  Hsenel, 
en  1873.  p.-F.  Girard. 

BiBL.  :  V.  sur  les  novelles  post-théoclosiemiesP.  Kruk- 
GER,  Histoire  des  sources  du  droit  romain,  trad.  Brissaud, 
1894,  pp.  390-392. —  Sur  les  novelles  de  Justinien,  V.  le  même 
ouvrage,  ])}).  472-480,  515-516.  —  Bikner,  Geschichte  dor 
Novellen  Justimans,  1821,  et  la  préface  rédi«:ée  par  Kroll, 
de  l'éd.  Schoell-Kroll.  ^ 

NOVELLES  (Jacques  de)  (V.  Benoît  XII,  pape). 
NOVELLI  (Antonio),  sculpteur  italien,  né  à  Castel- 
Franco  (Toscane)  en  1600,  mort  à  Florence  en  im^. 
Entré  de  bonne  heure  dans  l'ateher  de  Gherardo  Silvani, 
il  y  passa  six  ans,  puis  il  étudia  sous  la  direction  d'yVgos- 
tino  Bugiardini,  dont  il  devint  le  collaborateur.  Après  la 
mort  de  ce  maître,  Novelli  fut  désigné  pour  continuer  le 
Mausolée  d'Arcanqela  Paladini,  et  le  caractère  nouveau 
et  original  qu'il  sut  imprimer  à  cette  œuvre  le  signala  à 
l'attention  de  ses  contemporains.  Bientôt  après,  il  pro- 
duisit une  colossale  figure  de  pierre.  Vent  déchirant  une 
voile,  de  nombreux  bustes  et  une  Lucrèce  couchée,  dont 
le  succès  lui  valut  des  travaux  considérables.  Il  entreprit 
successivement  la  décoration  de  la  façade  du  palais  Stro.zi 
et  l'ornementation  d'une  salle  du  palais  Pitti  ;  l'exécution 
d'un  Michel- Ange  assis,  deux  statues  des  Mois,  pour  la 
reine  Marie  de  Médicis  ;  quatre  figures  à' Apôtres,  desti- 
nées au  vestibule  de  la  sacristie  de  Saint-Marc;  une 
Madeleine,  que  lui  avait  demandée  la  reine  de  Suède  — 
c'est  sa  meilleure  statue  ~  enfin  les  fontaines  du  palais 
BJdolli.  Après  un  repos  forcé  de  plusieurs  années,  néces- 
sité par  l'état  de  sa  santé,  il  se  remit  à  l'ouvrage,  sur 
l'ordre  de  Cosme  IH,  avec  un  Atlas  portant  le  ciel  sur 
ses  épaules.  Adonné,  comme  statuaire,  aux  figures  colos- 
sales, Antonio  Novelli,  dont  l'imagination  était  d'une  rare 
souplesse,  s'était  acquis  également,  en  qualité  de  ciseleur, 
une  brillante  renommée,  et  on  lui  doit,  à  ce  titre,  d'ex- 
quises créations.  Il  avait  d'autres  talents  encore  :  il  cul- 
tivait la  poésie  et  la  musique  et  pratiquait  les  sciences 
a])pliquées.  G.  Cougny. 

NOVELLI  (Pietro),  dit  le  Morrealese,  peintre  et  archi- 
tecte itaKen,  né  à  Morreale  en  1608,  mort  à  Païenne  en 
1647.  Ses  oncles,  artistes  médiocres,  furent  ses  premiers 
jnaltres  ;  mais,  dès  l'âge  de  dix-huit  ans,  les  fresques  qu'il 
exécuta  à  Palerme,  dans  l'église  de  San  Giovanni  di  Dio, 
dénotèrent  les  excellentes  qualités  de  cet  artiste.  A  vingt 
ans,  il  entreprit  le  plafond  des  bénédictines  de  San  Mar- 
tine, près  de  Palerme,  et  le  succès  qu'il  obtint  fut  tel  que 
ses  amis  et  protecteurs  l'envoyèrent  à  Rome  pour  se  per- 
fectionner dans  la  peinture.  Il  y  passa  deux  ans,  puis 
revint  à  Palerme,  dont  il  dota  les  églises  de  nombreux 
tableaux,  parmi  lesquels  il  faut  citer  :  à  la  confrérie  du 
Rosaire,  la  Descente  du  Saint-Esprit;  à  Santa  Maria 
di  Valverde,  Notre-Dame  du  Mont-Carmel  ;  à  Santa 
Zita,  la  Communion  de  la  Madeleine;  à  Saint-Charles, 
la  Vierge  avec  saint  Benoit  et  ses  compagnons  ;  à  la 
cathédrale,  un  Saint  François  de  Paule,  et  maintes  autres 
toiles  à  Saint-Nicolas  de  Tolentino,  à  l'église  des  Jésuites, 
à  la  Conception,  à  l'hospice  des  Pauvres,  au  couvent  de 
Saint-Martin,  etc.  La  qualité  maîtresse  de  Novelli,  c'est 
la  couleur,  qui,  chez  lui,  est  brillante  et  ferme.  Peintre 
consciencieux,  il  sacrifia  peu  aux  grâces,  mais  sa  forme 
est  distinguée  et  savante.  Il  pratiquait  aussi  l'architecture, 
et  les  travaux  qu'il  avait  dirigés  à  la  maison  des  Pères  de 
l'Olivella  de  Palerme  et  à  la  Porta  Felice  lui  avaient  fait 
conférer  par  Phihppe  IV  les  fonctions  d'ingénieur  royal  ; 
il  moiu^ut  en  les  exerçant,  occupé  à  visiter  les  dégâts  subis 
par  les  monuments  durant  les  guerres  civiles  de  cette 
époque.  G.  Cougny. 

NOVELLI  (Ermete),  acteur  et  auteur  dramatique  ita- 
hen,  né  à  Lucques  le  5  mars  1851,  d'une  noble  famille  de 
la  Romagne.  A  l'âge  de  quinze  ans,  il  se  fit  remarquer  dans 
une  revue  à  Milan,  où  il  figurait  comme  amateur.  Signalé 
à  l'attention  pubhque  par  la  presse,  il  fut  engagé  dans  la 
«  Troupe  romaine  »,  et  y  tint  l'emploi  de  comique  de  genre 


^  w 


NOVELLI  -~  NOVGOROD 


(generico).  Un  an  plus  tard,  il  abordait  les  jeunes  premiers 
comiques,  avec  l'imprésario  Cuniberti.  Ses  succès  lui  va- 
lurent un  engagement  d'un  des  plus  célèbres  impresarii  de 
l'Italie,  Giuseppe  Pietriboni  (1871),  auprès  j duquel  il  se 
façonna  dans  l'art  de  la  mimique.  Il  obtint  «  la  grande 
vedette  »  dans  la  troupe  de  Bellotti-Bon,  où  il  fut  chargé 
des  rôles  «  marqués  »  {caratterista).  Après  deux  années 
de  pratique  avec  Paolo  Ferrari,  considéré  alors  comme  le 
plus  grand  artiste  dramatique  de  son  pays,  la  réputation 
ds  Novelli  éclata  au  grand  jour.  En  1884,  il  prit  lui-même 
la  direction  d'une  de  ces  «  tournées  »  qui,  en  Italie,  rem- 
placent nos  théâtres  réguliers  de  France.  Gomme  son  glo- 
rieux devancier,  Molière,  Novelli  est  à  la  fois  imprésario, 
acteur  et  auteur  dramatique.  C'est  ainsi  qu'il  a  parcouru 
l'Espagne,  les  Etats-Unis,  le  Brésil,  l'Autriche,  en  provo- 
quant partout  l'enthousiasme  par  ses  créations  variées  et 
par  son  jeu  inimitable.  A  Monte-Carlo,  à  Paris  surtout 
(1898),  il  a  produit  une  sensation  profonde.  Comme  auteur 
dramatique,  il  a  écrit  les  Distractions  de  M.  Antonere, 
avec  Traversi,  et  Monsieur  Lecocq,  d'après  un  roman  de 
Gaboriau.  La  plupart  des  œuvres  représentées  par  sa 
troupe  et  par  ses  confrères  italiens  ont  été  modifiées,  adap- 
tées ou,  comme  on  dit  en  Italie,  «  réduites»  par  ses  soins. 
Parmi  ses  principales  adaptations  figurent  iï^m/^i,  Otello, 
Shylock  de  Shakespeare,  ainsi  que  la  Mégère  apprivoi- 
sée, qu'il  a  fait  connaître  dans  le  Midi  de  l'Europe.  Il  faut 
citer  encore  :  Papa  Lebonnard,  de  Jean  Aicard  ;  Ma 
I^emme  n'a  pas  de  chic,  de  Valabrègue  ;  F  Alléluia,  de 
Braga,  dont  il  a  renouvelé  tout  le  troisième  acte,  et  sur- 
tout Nitouche  {la  Santarellina),  pour  laquelle  il  com- 
posa une  grande  scène,  adoptée  par  toute  lltalie.  On  lui 
doit  aussi  des  centaines  de  monologues. 

Mais  c'est  avant  tout  comme  artiste  que  Novelli  jouit 
d'une  grande  célébrité  dans  les  pays  latins.  Sa  renommée, 
assise  dès  1884,  devint  universelle  en  1890,  lorsqu'il  eut 
créé  à  Madrid  le  Drame  nouveau,  de  Tamayo  y  Baus, 
une  de  ses  plus  remarquables  adaptations.  Shylock 
(1893)  ;  Papa  Lebonnard  (1893);  Otello  (1894)  comp- 
tent parmi  ses  meilleures  créations  ;  de  même  qii'Hamlet, 
le  Bourru  bienfaisant,  de  Goldoni  ;  le  Pain  d' autrui, 
de  Tourgueniev  ;  Kean,  et  les  grandes  pièces  du  théâtre 
contemporain  français.  Il  eut  à  lutter,  en  Italie,  pour  faire 
triompher  le  genre  dramatique,  complètement  abandonné, 
et  il  y  réussit,  grâce  à  son  énergie  et  à  son  talent.  S' étant 
fait  lui-même,  Novelli  a  sa  manière  originale,  caractéri- 
sée par  la  mobilité  de  sa  physionomie,  par  le  naturel  de 
sa  voix  et  de  son  geste,  ainsi  que  par  la  simplicité  péné- 
trante de  son  jeu.  Sa  femme,  W^^  Giannini,  est  l'étoile 
féminine  de  sa  troupe.  A. -P.  de  Lannoy. 

NOVELLO  (Mary)  (V.  Clarke  [M'^^]). 

NOVEMBRE  (Astron.).  Nom  du  onzième  mois  de  l'an- 
née actuelle  ;  c'était  le  neuvième  de  l'année  romaine  de 
dix  mois;  de  là  son  nom. 

NOVEMPOPULANIE.  Province  romaine  au  S.  de  la 
Gaule,  correspondant  plus  tard  k  la  Gascogne  avec  le 
Béarn,  c.-à-d.  au  pays  aquitain  s'étendant  entre  l'Océan, 
les  Pyrénées,  la  vallée  de  la  Garonne  et  la  ceinture  orien- 
tale de  son  bassin  supérieur.  Les  Novem  Populi,  qui  ont 
donné  le  nom  à  la  province,  étaient  ces  peuples  de  race 
ibérienne  qui,  après  la  Constitution  de  Narbonne  de  l'an 
27  avant  notre  ère,  ne  voulaient  pas  être  confondus  avec 
les  peuples  gaulois  compris  avec  eux  dans  la  province 
politique  d'Aquitaine.  S'il  faut  ajouter  foi  à  l'inscription 
d'Hasparren  (V.  ce  mot),  ils 'auraient  envoyé  à  l'empe- 
reur Auguste  un  délégué,  pour  lui  demander,  comme 
faveur,  à  ne  pas  être  soumis  au  même  régime  que  les 
populations  celtiques.  Ils  formaient  donc  un  groupe  ethno- 
graphique très  distinct  et  nettement  délimité,  représen- 
tant l'élément  ibérien  au  N.  des  Pyrénées.  Cependant, 
tout'  en  admettant  l'authenticité  relative  de  l'inscription 
d'Hasparren,  M.  E.  Desjardins  suppose  que  la  rédaction 
actuelle  de  cette  inscription,  reproduisant  avec  de  légères 
modifications  un  texte  du  f^  siècle,  ne  date  que  de 


l'époque  deDioclétien  ;  car  les  novem  populi,  mentionnés 
par  l'inscription,  n'existaient  pas  encore  du  temps  d'Au- 
guste. Ptolémée,  au  ii^  siècle,  n'en  connaît  que  cinq,  et  ces 
cinq  peuples  occupaient  l'Aquitaine  ibérienne  dont  l'éten- 
due correspondait  à  la  Novempopulanie,  formée  ultérieu- 
rement. Les  peuples  de  race  ibérienne,  qui,  d'après 
Ptolémée,  occupaient,  au  ii«  siècle,  le  territoire  de  l'Aqui- 
taine proprement  dite,  étaient:  l^^les  Vassarii  (Vasates) 
avec  Cossium  (Bazas)  ;  2«  les  Lactorates  ou  Datii  avec 
Tasta  ou  Lactora  (Lectoure)  ;  3*^  les  Ausci  avec  Elim- 
berris  ou  Augusta  Auscorum  (Auch)  ;  4»  les  Tarbelh 
avec  Aquœ  farbellicœ  (Dax)  ;  5°  les  Convenœ  avec 
Lugdunum  (Saint-Bertrand-de-Gomminges).  L'expression 
géographicfue^  de  Novempopulanie  et  le  nombre  de  cités 
qui  la  justifiaient  ne  datent  donc  pas  de  l'époque  d'Au- 
guste, mais  bien  d'une  époque  postérieure.  La  liste  de 
Vérone  de  297  est  le  document  le  plus  ancien  qui  men- 
tionne neuf  cités.  Le  territoire  des  cinq  peuples  primitifs 
avait  été  démembré  et  comprenait,  du  temps  de  Dioclétien, 
quatre  cités  nouvelles  :  1»  celle  des  Boiates{aii'N.  d'Ar- 
cachon);  2°  celle  des  Elusates  ixyacEliiza  (Eause),  aux 
dépens  des  Tarbelli  et  des  Ausci;  3«  celle  des  Bigerri 
(Bigorre)  ou  Turba  ubi  caslrum  Bigorra  (Tarbcs)  ; 
¥  celle  des  Consorani  (le  Couserans)  avec  Saint-Lizier  ; 
les  deux  dernières  cités  furent  démembrées  du  territoire 
des  Convenœ.  C'est  de  cette  époque  probablement  que 
date  l'inscription  actuelle  d'Hasparren;  l'Aquitaine  est 
maintenant  vraiment  la  province  des  neuf  peuples  ibé- 
riens.  Cependant,  plus  tard,  le  nombre  des  cités  fut  encore 
augmenté  à  la  suite  d'un  nouveau  fractionnement.  La 
Notice  des  Provinces,  rédigée  vers  le  v®  siècle,  nous 
donne  douze  peuples  ou  cités  pour  la  Provincia  Novem- 
populana,  qui,  plus  tard,  formeront  douze  évêchés.  Cela 
n'empêcha  pas  la  Provincia  Novempopulana  de  garder 
un  nom  qui  n'était  justifié  que  pour  la  période  de  Dioclé- 
tien à  Théodose.  Les  trois  nouvelles  cités,  probablement 
détachées  du  territoire  des  Tarbelli,  sont  :  1«  la  civitas 
Aturensium  (Aire)  ;  2^  la  civitas  Benarnensium  (le 
Béarn)  ;  3<^  la  civitas  îluronensium  (Oloron).  La  métro- 
pole de  la  Novempopulanie  du  v^  siècle  était  la  civitas 
Elusatium  (Eause).  L.  Will. 

BiBL.  :  Desjardins,  Géogr.  de  la  Gaule  rom.  —  Baron 
Ghaudruc  de  Crazannes,  Recherches  sur  la  Novempo- 
pulanie;  Paris,  1811. —A.  du  Mège,  Archéologie  pyré- 
néenne ;  Toulouse,  1858-62,  3  vol. 

N  0  V  E  R  R  E  (Jean-Georges) ,  danseur  français,  né  à  Paris 
le  29  mars  1727,  mort  à  Saint-Germain-en-Laye  le 
19  nov.  1810.  Elève  de  Dupré,  il  débuta  avec  grand 
succès  à  Fontainebleau  (1743),  exerça  à  Berlin,  à  Paris 
comme  maître  de  ballet  de  l'Opéra-Comique,  à  Londres 
dans  la  troupe  de  Garrick,  à  Lyon,  Stuttgart,  Vienne, 
Milan,  à  l'Opéra  de  Paris  (1776)  et  prit  sa  retraite  en  1780. 
Il  a  publié  :  Lettres  sur  les  arts  imitateurs  (Lyon,  1767  ; 
2®  éd.,  Paris,  1807,  2  vol.).  Sur  son  rôle  et  ses  réformes 
dans  le  ballet,  V.  Danse,  t.  XIII,  p.  871. 

NOVES.  Com.  du  dép.  des  Bouches-du-Rhône,  arr. 
d'Arles,  cant.  de  Châteaurenard  ;  2.173  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  de  Barbentane  à  Orgon.  Etablissements  de 
moulinage,  dévidage  et  filature  de  la  soie  ;  fabrique  de 
papiers  et  de  cartons.  Eglise  des  xii®  et  xiv*^  siècles  ;  rem- 
parts avec  portes  crénelées  et  tours  carrées.  A  peu  de  dis- 
tance, sur  la  colline  du  Puech,  chapelle  de  Notre-Dame 
de  Pitié,  appartenant  à  un  ancien  couvent  d'observantins, 
aujourd'hui  délaissé  ;  belle  vue  sur  la  vallée  de  la  Du- 
rance  ;  sur  une  autre  colline,  chapelle  de  Notre-Dame 
des  Fonts  de  Vaquières  appartenant  à  un  ancien  ermitage. 
—  La  légende  fait  naître  à  Noves,  en  1308,  la  célèbre 
Laure  chantée  par  Pétrarque  (V.  ce  nom)  ;  mais  cette 
légende  ne  s'appuie  sur  aucune  preuve  certaine,  et  l'exis- 
tence même  de  Laure  reste  douteuse.  J.  M. 

NOVGOROD.  Ville.  —  Géographie  (Velîki  Novgorod, 
la  Grande).  — Ville  de  Russie,  ch.-l.  dugouv.  de  ce  nom, 
sur  le  Volchov  (affl,  du  lac  Ladoga),  à  2  kil.  1/2  en  aval 
do  *a  sortie  du  lac  Ilmen,  à  52  m,  d'alt.  ;  24.786  hab. 


NOVGOROD 


148  - 


(en  1893).  Elle  se  divise  en  deux  quartiers:  à  gauche  de 
la  rivière,  la  ville  officielle  Sofiiskaia  Storona  avec  leKreml  ; 
à  droite,  la  ville  marchande  Torgovaia  Storona.  Il  subsiste 
41  églises  et  14  couvents,  parmi  les  centaines  qu'elle  pos- 
séda au  temps  de  sapuissance  ;  quelques-unes  sont  à  7  kil. 
du  centre.  La  principale  est  celle  de  Sophie,  cathédrale 
dans  le  Kreml,  édifiée  en  bois  en  989,  rebâtie  en  pierre, 
après  incendie,  par  des  architectes  byzantins  (1044-51) 
sur  le  modèle  de  Sainte-Sophie.  On  y  montre  les  reliques  de 
plusieurs  saints,  métropolitains  et  anciens  tsars,  une  image 
miraculeuse  du  Christ,  qu'on  fait  remonter  au  xi^  siècle, 
un  autel  chaldéen,  des  portes  de  bronze  rapportées  au 
XII®  siècle  de  la  ville  suédoise  de  Sigtuna  et  celles  dites  de 
Itossoun  datées  de  1152-56.  Une  puissante  muraille  enve- 
loppe le  Kreml  ;  elle  remonte  à  1302,  fut  agrandie  en  1490. 
Dans  cette  vaste  enceinte  s' abritaient]  adis  quantité  d'églises, 
de  boutiques,  de  places  où  l'on  se  réunissait,  en  particulier 
la  cour  d'ïaroslav,  lieu  d'assemblée  du  conseil  communal 
(vyetché),  dominée  par  la  vieille  tour  d'ïaroslav  où  siégeait 
la  chancellerie.  Citons  encore  les  églises  de  Nicolas  (1135), 
Nicolo  Dvoritchki  (1113),  Paraskevy-Pisenitza  (1156),  le 
monastère  Saint-Antoine,  celui  de  louriev,  à  3  kil.  N.  de 
la  ville,  fondé  en  1030  et  somptueusement  décoré.  Un 
monument  du  millième  anniversaire  de  l'Etat  russe  fut 
érigé  par  Mikiéchin  en  1864.  —  Il  se  fait  un  peu  de  com- 
merce de  blé,  fourrages,  bois,  fer,  sel.  Un  embranchement 
relie  la  vieille  cité  au  chem.  de  fer  de  Saint-Pétersbourg 
à  Moscou. 

Histoire.  —  Novgorod  se  développa  auprès  de  forts 
érigés  par  les  Slaves  sur  le  Volchov  :  le  premier,  Gorodich, 
au  bord  du  lac  où  il  existait  encore  au  xiii^  siècle,  le  se- 
cond ensuite  (d'où  le  nom  de  nouvelle  ville)  un  peu  plus 
bas.  Les  Scandinaves  ouVarègues  s'y  établirent  au ix®  siècle; 
ils  l'appelaient  Holmgadr,  et  dès  ce  moment  elle  exerçait 
une  sorte  de  .suprématie  sur  les  villes  de  la  région  des 
grands  lacs.  En  864,  Rurik  y  fixa  sa  résidence  (V.  Russie, 
I  Histoire) .  Elle  continua  d'appartenir  au  premier  empire 
russe  et  d'être  ainsi  subordonnée  à  Kiev  jusqu'à  la  fin  du 
X®  siècle.  Elle  avait  sauvegardé  son  autonomie  munici- 
pale et  obtint  en  997,  de  son  prince  laroslav,  une  consti- 
tution qui  dura  cinq  siècles  et  donna  le  gouvernement  au 
vyetche  ou  conseil  communal.  Celui-ci  élut  les  princes  que 
jusqu'en  1136  on  choisit  dans  la  famille  régnante  de  Kiev 
ou  dans  une  autre  branche  de  la  famille  de  Rurik.  Ils 
étaient  chefs  militaires  ;  le  conseil,  qui  votait  les  dépenses, 
les  expulsait  en  cas  de  conflit.  La  municipalité  fut  aussi 
divisée  par  les  luttes  entre  l'aristocratie  des  grands  mar- 
chands et  la  masse  populaire.  Enfin,  comme  le  blé  venait 
du  pays  de  Souzdal,  les  princes  de  cet  Etat,  qui  s'ap- 
puyaient sur  le  petit  peuple,  firent  plusieurs  fois  élire  leurs 
parents  à  la  principauté  de  Novgorod.  Grâce  à  sa  position 
sur  le  réseau  fluvial  et  lacustre  qui  faisait  communiquer 
l'intérieur  de  la  Russie  et  les  pays  de  la  mer  Noire  avec 
la  Scandinavie  et  l'Allemagne,  assez  au  N,  pour  être  à 
l'abri  des  invasions  asiatiques,  Novgorod  fut  l'intermé- 
diaire entre  les  Russes,  l'Asie  et  l'Europe  septentrionale 
et  put  maintenir  son  indépendance. 

En  1270,  quand  les  Mongols  eurent  asservi  les  princes 
du  bassin  du  Volga,  elle  refusa  d'en  accepter  plus  long- 
temps et  confia  le  pouvoir  exécutif  à  un  maire  électif  (po- 
sadnik).  Elle  prenait  le  titre  de  «  Souveraine  Grande 
Novgorod  »  (Gospodin  Velîki  Novgorod).!,^  pouvoir  di- 
rigeant appartenait  au  conseil  (vyetche).  La  ville,  qui  comp- 
tait bien  100.000  hab.  (on  dit  même  400.000  au  xiv^  siècle 
où  la  peste  eij  emporta  134.000,  mais  ces  chiffres  doivent 
s'appliquer  au  territoire),  était  divisée  en  secteurs  (kontsy) 
rayonnant  du  centre  et  subdivisés  en  rues  (vlitsy),  les- 
quelles correspondaient  aux  corporations  professionnelles 
et  s'administraient  librement,  élisant  leurs  prêtres,  faisant 
leur  police,  réglant  leur  vie  économi<jue  et  leurs  petites 
affaires  judiciaires.  Dans  les  corporations,  on  distinguait 
les  marchands  (gosti)  des  artisans.  Par  le  Volchov  et  la 
Neva  on  communiquait  avec  les  ports  de  la  Raltique  ;  par 


le  Dniepr,  avec  ceux  de  la  mer  Noire  et  Constantinople,  et 
accessoirement,  par  le  Volga,  avec  le  reste  de  la  Russie  et 
les  steppes  turco-mongols.  Les  relations  se  resserrèrent 
au  XII®  siècle  avec  les  négociants  de  Wisby  et  bientôt  avec 
la  Hanse  (V.  ce  mot  et  Commerce).  Novgorod  fut  le  grand 
entrepôt  de  l'Europe  du  N.-E.  :  le  cuir,  les  fourrures,  la 
cire,  le  suif,  le  lin,  le  chanvre  de  Russie  s'y  échangeaient 
contre  les  toiles,  les  draps,  les  objets  métalliques,  le 
plomb,  le. soufre,  le  vin,  la  bière,  le  parchemin,  plus  tard 
la  poudre  d'Allemagne  et  des  Pays-Ras. 

Les  gens  de  Novgorod  marchands,  et,  à  l'occasion,  pil- 
lards, furent,  par  la  chasse  aux  fourrures,  entraînés  de 
bonne  heure  vers  les  rivages  de  la  mer  Rlanche  ;  au 
XI®  siècle,  ils  parcouraient  la  NouveUe-Zemble.  Ils  coloni- 
sèrent le  bassin  de  la  Dvina  septentrionale,  et  par  le  Volga, 
franchissantl'Oural,  pénétrèrent  en  Sibérie.  Les  deux  grandes 
colonies  de  Vologda  et  de  Viatka,  oi'ganisées  sur  le  modèle 
de  la  métropole,  civifisèrent  la  Russie  septentrionale,  tandis 
que  des  forts  protégeaient  les  comptoirs  du  Zavolotchié 
(bassin  de  la  Dvina).  D'autres  cités  vassales  [prigorodg), 
dont  les  plus  prospères  furent  Novyilorg  (Torchok),  No- 
vaia,  Ladoga,  Pskov,  grandirent  dans  la  région  des  lacs. 
Pskov  ne  tarda  pas  à  se  rendre  indépendante  ;  les  autres 
continuèrent  de  coopérer  avec  la  grande  république.  Celle- 
ci  sut  se  défendre  contre  les  princes  de  Sorzdal,  puis 
contre  les  Scandinaves  et  les  Allemands  qui  unissaient  ie 
prosélytisme  religieux  à  la  passion  conquérante,  mais  furent 
battus  à  Ladoga  (1240)  et  à  Pskov  (1242).  Les  Mongols 
s'arrêtèrent  devant  les  marécages,  mais  leurs  vassaux,  les 
princes  de  Moscou,  attaquèrent  Novgorod  qui  paya  aux 
Idians  un  tribut,  plus  tard  retenu  en  route  par  les  princes 
moscovites.  La  république  aida  cependant  ceux-ci  contre 
les  princes  de  Tver.  L'aUiance  des  Lithuaniens  lui  permit 
de  repousser  une  attaque  de  Moscou  (1332).  Mais  au 
XV®  siècle  les  dissensions  intestines  et  les  troubles  civils 
livrèrent  Novgorod  à  ses  ennemis. 

En  1456,  le  giwd  prince  de  Moscou,  VasifiTemnyi,  ap- 
puyé par  les  boïards  de  la  ville,  lui  impose  un  lourd  tri- 
but. Ivan  III  s'empare  de  ses  colonies  de  la  Kama  et  de 
Dvina,  et,  malgré  une  énergique  résistance  dirigée  par 
Martha  Posadnitza,  il  prend  Novgorod  (1475),  abolit  sa 
constitution,  déporte  1.000  familles  riches  qu'il  remplace 
par  des  Moscovites.  Ivan  IV  le  Terrible  achève  le  désastre; 
profitant  des  ravages  de  la  peste,  il  prend  prétexte  d'une 
entente  avec  les  Lithuaniens  pour  entrer  en  campagne.  La 
ville  fut  occupée  sans  résistance  ;  les  abbés  des  monastères 
furent  bâtonnés  à  mort  et  Novgorod  mise  à  sac  ;  les  bou- 
tiques détruites,  les  marchands  et  le  clergé  massacrés  ou 
noyés  par  masses  dans  la  rivière  ;  on  dit  que  60.000  per- 
sonnes furent  égorgées  (d'autres  abaissent  ce  chiffre  à 
15.000).  Les  villages  des  environs  eurent  le  même  sort. 
Le  butin  fut  emporté  à  Moscou.  La  famine  acheva  Fœuvre 
des  soldats.  Les  survivants  furent  transportés  à  Moscou, 
à  Nijni-Novgorod  et  dans  d'autres  villes  moscovites.  La 
Grande  Novgorod  ne  se  releva  pas  de  ce  coup.  Au 
XVII®  siècle,  les  Suédois  l'occupèrent  sept  ans  ;  elle  tenta 
une  fois  encore,  en  1650,  de  recouvrer  sa  liberté.  Son  rôle 
commercial  passa  à  Saint-Pétersbourg.  Elle  gardait  encore 
quelque  importance  par  sa  situation  sur  la  route  fluviale 
de  la  Neva  au  Volga  et  au  Dniepr  et  sur  la  route  de  terre 
entre  Saint-Pétersbourg  et  Moscou  ;  mais  l'ouverture  du 
canal,  qui  du  Ladoga  mène  directement  au  Volga,  et  du 
chemin  de  fer  de  Moscou  à  Saint-Pétersbourg,  qui  passe 
à  75  kil.  de  Novgorod,  ont  consommé  son  effacement. 

Gouvernement.  —  Province  du  N*-0.  de  la  Russie  ; 
122.339  kil  q.  ;  1.279.910hab.  (en  1892),  soit  10 hab. 
par  kil.  q.  Elle  est  comprise  entre  ceUes  de  Saint-Péters- 
bourg au  N.-O.,  Olonetz  au  N.,  Vologda  au  N.-E.,  laros- 
lav au  S.-E*,  Tver  au  S.,  Pskov  au  S.-O.  La  partie  S.-E. 
est  occupée  par  le  plateau  de  Valdaï  (313  m.)  que  pro- 
longe celui  d'Alaun  ;  c'est  la  ligne  de  partage  des  eaux 
entre  le  versant  de  la  Caspienne  et  de  la  Baltique.  Vers 
rO.  le  sol  s'abaisse,  à  32  m.  au  lac  Ilmen;  vers  le  N., 


419  — 


NOVGOROD  ^  NOVICIAT 


l'altitude  est  d'une  centaine  de  mètres  dans  la  région 
du  lac  Bielozéro,  entouré  de  vastes  marais  dont  l'en- 
semble occupe  16.000  kil.  q.  L'O.  du  pays  est  formé  de 
calcaires  et  de  grès  dévoniens,  l'E.  d'assises  carbonifères 
et,  à  l'extrémité,  permo-triasiques.  Une  grande  partie  de 
ces  terrains  sont  revêtus  de  limons  pleîstocènes.  On  compte 
environ  3.000  petites  nappes  lacustres.  Le  lac  Ilmen,  ali- 
menté par  le  Lovât  venu  du  S.  et  à  l'E.  par  la  Msta  qui 
contourne  au  N.  le  plateau  de  Valdaï,  s'écoule  au  N.  par 
le  Volchov  dans  le  lac  Ladoga.  Celui-ci  reçoit  également 
le  Sias,  utilisé  par  le  canal  de  Tichvin  pour  la  communi- 
cation fluviale  avec  le  bassin  du  Volga,  auquel  reviennent, 
par  la  Mologa  et  ses  affluents  la  Chekna  (issue  du  lac  Bie- 
lozéro) et  la  Tchagodochtcha,  les  eaux  du  N.  et  de  TE.  du 
gouvernement.  —  Le  climat  est  rude  ;  la  température 
moyenne  annuelle,  +  4<^,4'. 

Les  bois  de  pins,  sapins  et  bouleaux  couvrent  49  %  de 
la  superficie,  les  prés  16  1/2  ^/o,  les  champs  12  1/2,  le 
reste  est  inculte  ou  aquatique.  Les  principales  cultures  sont 
l'avoine  (4.500.000  hectol.  en  1883-92)  dont  on  exporte, 
le  seigle  (3  millions  d'hectol.)  qui  ne  suffit  pas  à  la  consom- 
mation, le  lin.  On  comptait  en  1892  :  251,000  chevaux, 
460.000  bœufs,  251. 000  moutons  à  laine  grossière,  4.500 
chèvres,  53.000  porcs.  On  chasse  beaucoup.  On  extrait 
des  mines  du  ferhmoneux,  delà  houille  mêlée  de  pyrites, 
du  cuivre,  un  peu  d'argent.  Il  y  a  beaucoup  de  sources 
minérales,  notamment  à  Staraia  Russa.  —  La  population 
est  russe,  sauf  26.000  Carélîens,  7.000  Tchoudes,  quelques 
Juifs  et  Allemands.  Elle  émigré  beaucoup  vers  Saint-Pé- 
tersbourg et  y  cherche  du  travaiL  Le  commerce  se  fait 
surtout  aux  foires  locales  de  Kirilo-Novozersk,  Staraia 
Russa,  Tchérépovez.  On  exporte  du  bois,  achète  et  revend 
le  sel,  les  métaux,  les  grains  des  |3rovinces  du  Volga. 
L'industrie  se  développe  un  peu  :  scieries,  papeteries,  allu- 
mettes, verrerie,  céramique,  toiles  ;  elle  occupait  en  1893, 
dans  355  fabriques,  7.358  ouvriers  produisant  8.880.000 
roubles  de  marchandises. 

Le  gouvernement  se  divise  en  onze  cercles  :  Biélozersk, 
Borovitchi,  Demiansk,  Kirilov,  Krestzy,  Novgorod,  Sta- 
raia Russa,  Tichvin,  Tchérépovez,  Oustiouchna,  Valdai. 

A,-M.  B. 
NOVGOROD-LiTOvsKY  (V.  Novogroudok). 
NOVGOROD-SiÉvERSK  (Novgorodok).  Ville  de  Russie, 
gouv.  de  Tchernigov,  surlaDesna;  8.005  hab.  (en  1889). 
14  églises,  2  gymnases.  Clianvre,  huile,  bois.  Ville  fon- 
dée au  xi*^  siècle. 

NOVL  Ville  de  Bosnie,  au  confluent  de  la  Sanna  et  de 
l'Unna;  2.147  hab.  en  1885.  Ancienne  place  forte  où 
furent  livrés  de  nombreux  combats  entre  Turcs  et  Autri- 
chiens en  1629,  1717  et  1789. 

NOVL  Ville  maritime  de  Croatie- Slavonie,  comitat  de 
Modrus-Fiume,  sur  le  canal  de  Morlacca,  en  face  de  l'de 
de  Veglia;  3.267  hab. 

NO VI   Ligure.  Ville  d'Italie,  prov.  d'x41exandrie,  à  la 
bifurcation  des  voies  ferrées  de  Gênes  à  Alexandrie  et  à 
Pavie-Milan;  9.917  hab.  en  1881  (com.  13.783  hab.). 
Filatures  de  soie  et  de  coton.  Le  15  août  1799,  Souvorov 
y  remporta  sur  Joubert,  qui  fut  tué,  une  sanglante  victoire  ; 
le  6  nov.,  Saint-Gyr  y  défit  les  Autrichiens  de  Kray. 
NOV!-Seher  (V.  Zepce). 
NOVI  (Jean)  (V.  Caveirac  [Novi  de]). 
NOVIANT'Aux-Prés.  Com.  du  dép.  de  Meurthe-et-Mo- 
selle, arr.  de  Toul,  cant.  de  Domêvre  ;  355  hab. 

NOVI  BAZAR  [lenipasar).  Ville  de  Turquie  d'Europe, 
ch.-l.  d'un  sandjak  du  vilayet  de  Kossovo,  sur  la  Rachka 
(sous-affluent  de  la  Morava  serbe),  à  544  m.  d'alt.; 
12.000  hab.  Thermes  romains  à  coupole  octogone,  vieille 
éghse  serbe  Petrovo,  installée  dans  un  ancien  temple  païen  ; 
ruines  du  couvent  d'Iourjovi  Stoupovi.  Novibazar  a  suc- 
cédé à  la  viUe  de  Rassia,  importante  dans  l'histoire  primi- 
tive des  Serbes.  C'est  une  position  stratégique  de  premier 
ordre  dominant  le  couloir  qui  relie  la  Macédoine  à  la  Bos- 
nie et  coupant  la  Serbie  du  Monténégro.  Le  sandjak  de 


Novibazar,  auquel  on  conserve  son  ancien  nom  de  Rascw, 
compris  entre  la  Serbie,  le  Monténégro,  la  Bosnie  et  l'AlDa- 
nie,  a  7.350  kil.  q.  et  153.000  hab.  dont  un  quart  d'Al- 
banais musulmans  et  trois  quarts  de  Serbes.  C'est  un  pla- 
teau calcaire  sans  eau  ni  verdure,  incliné  vers  le  Lim,  affl. 
de  la  Drina  qui  le  traverse  du  S.-O.  au  N.-E.  Le  ch.-l. 
est  Sienitza,  bourgade  insignifiante.  En  vertu  de  l'art.  85 
du  traité  de  BerMn,r Autriche-Hongrie  a  occupé  militaire- 
ment le  district  du  Lim  avec  ses  villes  de  Plevlié,  Priépo- 
lié,  Biélopohé.  Elle  a  rendu  aux  Turcs  le  canton  de  Mitro- 
vitza  à  l'extrémité  S.  du  sandjak.  A. -M.  B. 

NOVICE  (Mar.)  (V.  Marine,  t.  XXIII,  p.  135). 
NOVICIAT.  Dans  le  système  monastique,  on  appelle 
ainsi  le  temps  pendant  lequel  on  éprouve  les  personnes  en- 
trées en  religion,  avant  de  les  admettre  à  la joro/^sswn,  par 
la  prononciation  des  vœux.  «  Cette  probation,  disait  un 
de  nos  anciens  canonistes,  est  nécessaire,  parce  que  la 
chair  et  le  démon  font  tous  les  jours  illusion  à  plusieurs, 
comme  il  appert  de  la  conduite  de  certains  religieux  qui 
ne  montrent  de  leur  état  que  l'habit.  »  C'est  pourquoi  la 
plupart  des  règles  monastiques  prescrivent,  tant  pour  le 
bien  de  l'ordre  que  pour  celui  des  prosélytes,  le  noviciat 
et,  même  avant  le  noviciat,  une  sorte  d'épreuve  prélimi- 
naire qu'on  appelle  postulation,  —  Parmi  les  cas  d'exclu- 
sion, les  uns  résultent  du  droit  commun  et  sont  reconnus 
par  tous  les  ordres,  les  autres  sont  déterminés  par  la  règle 
particulière  de  chaque  ordre.  Sont  exclus  par  le  droit  com- 
mun :  1«  les  personnes  mariées;  2"  les  esclaves  sans  le 
consentement  de  leur  maître  ;  3^^  les  évêques  sans  le  con- 
sentement du  pape  ;  4°  ceux  qui  sont  contraints  par  la 
force  ou  par  la  crainte  ;  5olcs  impubères,  les  fous,  les  im- 
béciles ;  6^  les  personnes  chargées  de  dettes.  Cependant 
plusieurs  saints  docteurs  enseignent  que  les  dettes  ne  sont 
point  un  obstacle  à  la  vocation  d'une  personne  que  Dieu 
semble  décharger  de  toute  obligation  en  l'appelant  à 
lui  :  Ex  decreto  Spiritus  Sancti  sit  liber.  7*^  Ceux  dont 
les  parents  sont  dans  un  état  qui  demande  absolument  leur 
secours.  —  Suivant  les  canons  des  anciens  moines  d'Egypte, 
la  durée  du  noviciat  était  de  trois  ans  ;  saint  Benoît  ia  ré- 
duisit à  un  an.  Mais  ces  règlements  furent  mal  observés. 
Plusieurs  abbés  et  même  les  supérieurs  des  ordres  men- 
diants, par  suite  des  privilèges  qu'ils  obtinrent  du  pape, 
dispensaient  de  l'année  du  noviciat.  Pour  réformer  ces 
abus,  le  concile  de  Trente  (Sess.  XXV,  c.  25)  décida  que  : 
«  En  quelque  rehgion  que  ce  fût,  tant  d'hommes  que  de 
femmes,  on  ne  ferait  point  profession  avant  seize  ans  ac- 
comphs,  et  qu'on  ne  recevrait  à  cette  profession  personne 
qui  n'eût  passé  au  moins  un  an  entier  dans  le  noviciat, 
après  avoir  pris  l'habit  ;  que  toute  profession  faite  plus  tôt 
serait  nulle  et  ne  produirait  aucun  engagement  à  l'obser- 
vation de  quelque  règle  ou  ordre  que  ce  fût,  ni  aucune 
autre  chose  qui  pourrait  s'ensuivre.  »  Cette  décision  fut 
reproduite  par  Fart.  28  de  l'ordonnance  deBlois.  Mais  les 
conditions  relatives  à  l'âge  étaient  si  mal  observées,  sous 
l'ancien  régime,  que  Jacqueline  Arnaud  (la  Mère  4ngéhquc) 
était  abbesse  de  Port-Royal  à  huit  ans,  et  qu'efle  fit  pro- 
fession solennelle  à  neuf  ans.  Sa  sœur  Jeanne  (la  Mère 
Agnès)  était  abbesse  de  Saint-Cyr  à  six  ans  et  fit  profes- 
sion à  sept  ans.  Une  déclaration  de  mars  1768  prescrivit 
l'âge  de  vingt  et  un  ans  pour  les  hommes  et  de  dix-huit 
ans  pour  les  filles.  L'ai't.  7  du  décret  du  18  janv.  1808 
fixe,  pour  les  fiUes,  à  seize  ans  accomplis  l'âge  des  novices 
qui  pourraient  contracter  des  vœux  pour  un  an,  avec  le 
consentement  de  leurs  parents.  A  vingt  ans,  l'art.  8  leur 
permet  de  s'engager  pour  cinq  ans.  —  Un  règlement  de 
Clément  VIII  ordonne  de  séparer  les  novices  desprofès,  et 
de  leur  donner  pour  maître  un  ancien  refigieux  zélé  et 
bien  exercé  dans  la  pratique  de  la  règle.  —■  Le  concile  de 
Trente  (Sess.  XXV,  c.  16)  a  statué  que,  le  temps  du  no- 
viciat étant  fini,  les  supérieurs  recevraient  à  la  profession 
les  novices,  en  qui  ils  auraient  trouvé  les  qualités  requises-; 
sinon,  qu'ils  les  mettraient  hors  du  monastère;  »  mais  il 
a  formellement  exempté  \qs  jésuites  de  cette  ordonnance, 


NOVICIAT  -.  NOVOPACKY 


—  420 


«  afin  de  ne  point  empêcher  qu'ils  ne  rendent  service  à 
Notre- Seigneur  et  à  son  Eglise,  conformément  à  leur  pieux 
institut,  approuvé  par  le  saint-siège  apostolique  ».  — 
L'habile  organisation,  qui  est  une  des  principales  causes 
de  la  puissance  de  la  milice  créée  par  Ignace  de  Loyola, 
comprend  six  états  :  i^  les  Novices,  subdivisés  en  trois 
classes  :  les  novices  destinés  au  sacerdoce,  les  novices 
pour  les  emplois  temporels,  et  les  indifférents;  ^^  les 
Frères  temporels  formés;  ^^  les  Scolastiques  ou  Eco- 
liers APPROUVÉS  ;  ¥  les  Coadjuteurs  spirituels  formés  ; 
5*^  les  Profês  des  Trois-Vœux,  qui  sont  toujours  en 
nombre  fort  restreint;  6^  les  Profes  des  Quatre-Voeux, 
beaucoup  moins  nombreux  encore.  Ce  sont  les  seuls  qui  aient 
entrée  dans  les  congrégations  où  sont  élus  le  général  et  les 
assistants  ;  les  seuls  aussi  qui  puissent  être  nommés  général, 
assistant,  secrétaire  général,  provincial.     E.-H.  Vollet. 

NOVIKOV  (Nicolos-Ivanovitch),  écrivain  russe,  né  sur 
le  domaine  d'Avdotchino  (gouv.  de  Moscou)  le  8  mai  4744, 
mort  à  Avdotchino  le  42  août  4848.  Officier  d'un  régi- 
ment de  la  garde,  Catherine  II  le  distingua  et  lui  donna 
un  emploi  administratif,  auquel  il  renonça  dès  4768  pour 
se  vouer  à  la  littérature.  Il  débuta  par  des  journaux  sati- 
riques {le  Bourdon,  4769-70  ;  le  Peintre,  4772-73)  et  des 
essais  d'histoire  Httéraire  {Dict.  dliist.  de  la  litt,  russe, 
4772),  entreprit  la  publication  d'une  Bibliothèque  des  an- 
ciens auteurs  russes  (4773),  puii  fonda  en  4777  l'Aurore 
{Utrennii  Svet),  vayiiQ  hebdomadaire  qu'il  continua  plus 
de  dix  ans  sous  divers  titres,  assuma  en  4779  la  direction 
des  Nouvelles  de  Moscou.  Il  s'occupa  activement  de  déve- 
lopper la  franc-maçonnerie  (V.  ce  mot)  en  Russie,  ce 
qui  lui  valut  quatre  années  d'emprisonnement  (4792-96).* 
BiBL.  :  Biographie  par  Neseliènov;  Saint-Pétersbourg, 
1875. 

NOVIKOV  (Olga),  écrivain  russe,  née  Kiréev,  née  à 
Moscou  le  29  mars  (40  avr.)  1840,  d'une  famille  d'ancienne 
noblesse.  Elle  a  épousé  en  1859  le  général  Jean  Novikov, 
curateur  de  l'Université  de  Saint-Pétersbourg  (f  4890)  et 
dont  le  frère  a  été  ambassadeur  de  Russie  à  Vienne  etàCons- 
tantinople.  Entraînée  par  le  dévouement  de  son  frère  Nicolas 
Kiréev,  mort  en  héros  en  1877,  elle  a  voulu,  elle  aussi,  ser- 
vir la  cause  slave.  C'est  son  patriotisme  qui  lui  a  mis  la 
plume  à  la  main.  Dans  la  crainte  de  créer  des  difficultés 
à  son  beau-frère  par  la  franchise  de  ses  convictions  poli- 
tiques, elle  garda  d'abord  l'anonyme  et  ne  signa  ses 
publications  que  de  ses  initiales  :  0.  K.  Elle  publia  en 
russe,  en  anglais  et  en  allemand  des  livres  et  des  articles 
qui  eurent  un  grand  retentissement  en  Europe  et  lui  con- 
quirent immédiatement  l'amitié  des  Gladstone,  des  Car- 
lyle,  des  Fronde,  des  Kinglake,  des  Tyndall,  des  Frohs- 
chammer,  des  Riehl,  etc.  Ses  principales  publications  sont  : 
Is  Russia  wrong?  (Londres,  4877);  Friends  or  Foes  ? 
(Londres,  4878)  ;  Russia  and  England  from  i876  to 
■J880;  a  Protest  and  an  Appel  (Londres,  4880)  ;  Sko- 
beleff  and  tke  Slavonic  Cause  (Londres,  4884)  ;  Uns- 
terblichkeitslehre  nach  der  Bihel,  etc.  W^^  Novikov  a 
publié,  en  outre,  de  nombreux  et  remarquables  articles 
dans  la  XIX  Century,  le  Fraser  s  Magazine,  la  Contem- 
porary  Review,  le  Daily  Graphie,  le  Russ  d'Aksakov, 
la  Gazette  de  Moscou,  la  Revue  russe,  etc.  Les  thèses 
religieuses  et  politiques  qu'elle  soutient  sont  principale- 
ment la  glorification  de  l'orthodoxie  et  cfelle  du  nationa- 
lisme. E.  MiCHAUD. 

BiBL.  :  Review  of  Reviews,  It  févr.  1891,  pp.  122-13G. 
—  V.,  sur  plusieurs  des  articles  précités,  les  articles  de 
M.  Gladstone  dans  la  XIX  Century,  de  E.  de  Laveleye 
dans  la  Revue  des  Deux  Mondes,  de  M.  Girard  (Coriolis) 
dans  la  Nouvelle  Revue,  etc. 

NOVILLARD.  Com.  du  territ.  de  Belfort,  cant.  de 
Belfort;  452  hab. 

N OVULA R S.  Com.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Besan- 
çon, cant.  de  Marchaux;  273  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer 
de  Lyon. 

NOVILLERS.  Com,  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de  Beauvais, 
cant,  de  Noailles  ;  i  §2  hab,  Stat,  du  chem,  de  fer  du  Nord. 


NOVION-PoRciEN.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  des  Ar- 
dennes,  arr.  de  Rethel  ;  884  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer 
de  l'Est.  Extraction  de  phosphates.  Machines  agricoles  ; 
briqueteries, 

NOVION  (L.-A.-J.  Potier,  marquis  de)  (V.  Potier). 

NOVO-ALEXANDROVSK.  Ville  de  Russie,  gouv.  de 
Kovno,  entre  les  lacs  Ossa  et  Ossida  ;  6.927  hab.,  en  ma- 
jorité juifs.  C'est  l'ancien  village  d'Esirtrossy  érigé  en  ville 
en  4836  pour  remplacer  Vidsy. 

NOVO-BAYEZID.  Ville  de  la  Caucasie  russe,  prov. 
d'Erivan,  à  FO.  du  lac  Goktchaï  ;  7.500  hab.  (en  4889) 
arméniens  grégoriens.  Ch.-l.  d'un  cercle  de  6.424  kil.  (i. 
(400.000  hab.). 

NOVODVINSKAIA.  Autre  mm  à' Arkhangel (Y,  ce  mot). 

NOVOGEORGIEVSK.  Nouveau  nom  de  Modlin,  grande 
place  forte  et  camp  retranché  de  la  Pologne  russe,  gouv.  de 
Plock  (Plozk),  au  confluent  du  Boug  et  de  la  Vistule.  La 
citadelle  est  sur  la  rive  droite  du  fleuve  avec  les  caserne- 
ments à  l'épreuve  de  la  bombe,  enveloppés  d'une  muraille 
qui  domine  l'eau  de  40  m.  ;  extérieurement,  une  série  d'ou- 
vrages protègent  les  approches  sur  la  rive  gauche,  et  le 
long  du  Boug  sont  plusieurs  forts.  Novogeorgievsk,  (jui 
peut  abriter  40.000  hommes,  forme  avec  les  places  de 
Varsovie,  Ivangorod  et  Brest-Litovsk,  le  quadrilalèi-e 
polonais.  Son  importance  stratégique  fut  signalée  par 
Charles  XII  de  Suède,  qui  y  fortiha  le  village  de  Modlin. 
Napoléon  P^  en  fit  une  véritable  forteresse  (4807),  où 
Dœndels  dut  capituler  devant  les  Russes  le  4^^déc.  4813. 
Alexandre  P^'  continua  les  travaux.  Les  Polonais  prirent 
k  place  en  4830,  mais  le  comte  Ledochowski  dut  s'y  rendre 
au  général  russe  Golovin  (7  oct.  4834).  Elle  fut  recons- 
truite sur  les  plans  de  Dehn  et  récemment  aménagée  de 
nouveau.  ,  A. -M.  B. 

NOVOGEORGIEVSK  (Krylov).  Vifle  de  Russie,  gouv. 
de  Kherson,  près  du  confluent  du  Tiasmin  et  du  Dniepr  ; 
9.042  hab.  (en  4892).  Suif,  chandelles,  cuirs,  commerce 
de  bois  et  de  bétail. 

NOVOGOROD.  Ville  de  Russie  (V.  Novgorod). 

NOVOGRAD  VoLYNSK.  Ville  de  Russie,  ffouv.  de  Vol- 
hynie,  sur  la  Sloutch  ;  45.345  hab.  (en  4892).  45  églises  ; 
commerce  de  blé  et  de  bois. 

NOVOGROUDOK  (ou  Novgorod  Litovsky).  Ville  de 
Russie,  gouv.  de  Minsk;  42.600  hab.  (en  4894);  4  églises, 
mosquée.  Ce  fut  la  capitale  d'une  puissante  principauté, 
dont  le  plus  illustre  souverain  fut  Witowt  (4392-4430), 
qui  embellit  la  ville  et  y  implanta  une  colonie  de  prisonniers 
tatares  dont  500  descendants  y  vivent  encore.  Casimir  IV 
de  Pologne  y  tint  une  diète  en  4448.  De  4584  à  4775,  le 
tribunal  provincial  (transféré  à  Grodno)  y  siégea  une  année 
sur  deux. 

NOVO-MEXICANA  (Viticult.).  Ce  céjpage,  considéré  par 
M.  T.-V.  Munson  comme  une  espèce,  constitue,  en  réalité, 
un  groupe  d'hybrides  très  nets  de  F.  candicans  et  de  W 
Riparia;  peut-être  même  aussi,  d'après  M.  Millardet,  de 
F.  Rupestrls.  Ce  groupe  d'hybrides,  qui  a  pour  type  le 
Solonis,  comprend  plusieurs  formes  peu  intéressantes  au 
point  de  vue  de  la  reconstitution  ;  ce  sont  :  l'Hutchison, 
le  Mobeetie,  le  Doaniana. 

NOVOMIRGOROD.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Kherson, 
sur  le  lac  Longo  ;  6.622  hab.  Suif.  Quatre  foires  annuelles. 

NOVOMOSKOVSK.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  lékatéri- 
noslav,  sur  la  Samara;  49.406  hab.  (en  4889).  4  églises. 
Grandes  foires  à  chevaux  et  bestiaux.  Suif.  Tanneries  qui 
emploient  des  racines  de  statice.  Fondée  en  4687,  elle 
reçut  son  nom  actuel  en  4784,  au  lieu  de  celui  d'Iékaté- 
rinoskv  qu'elle  portait. 

NOVOPACKY  (Jean),  paysagiste  et  lithographe  tchèque, 
né  en  Bohème  en  1824.  Après  avoir  suivi  les  cours  de 
l'Académie  des  beaux-arts  de  Vienne,  il  séjourna  longtemps 
en  Italie  d'où  il  rapporta  des  études  très  attachantes.  Les 
musées  de  Vienne  possèdent  de  lui  des  paysages  (Ruines 
d'églises)  qui  ne  manquent  pas  de  saveur,  On  l'a  quel- 
quefois comparé  à  Ruysdaël,  F,  T, 


^  i^^l  -^ 


NOVORADOMSK  r-  NOYELLES 


NOVORADOMSK,  Ville  de  la  Pologne  russe,  gouv.  de 
Petrokov,  sur  la  Radomka;  8.832  hab.  (en  1890)  dont 
beaucoup  de  juifs.  Ancien  couvent  franciscain  ;  bel  hôtel 
de  ville. 

NOVO-REDONDO.  Ville  de  la  côte  occidentale  d'Afrique, 
dans  la  province  portugaise  d'Angola,  à  275  kil.  S.  de 
Loanda. 

NOVOROSSIISK.  Ville  maritime  de  la  Caucasie  russe, 
ch.-l.  du  district  de  la  mer  Noire,  sur  une  baie  qui  four- 
nit un  abri  à  de  grandes  flottes  ;  19.309  hab.  (en  1890).- 
Elle  a  remplacé  en  1838  la  ville  turque  de  Soudjouk- 
Kaléh,  détruite  par  les  Russes  en  1812.  Le  port,  achevé 
en  1893,  sert  de  débouché  aux  mines  de  naphte  du  val 
de  Koudako,  aux  céréales,  graines  de  lin  des  campagnes 
voisines.  Le  mouvement  s'élevait  en  1891  à  1.000  navires 
et  355.800  tonnes  de  marchandises,  les  deux  tiers  sous 
pavillon  anglais. 

NOVO-TCHERKASK.  Ville  de  Russie,  ch.-l.  du  terri- 
toire du  Don,  sur  une  colline  enveloppée  par  le  Tourssov 
et  l'Akssaï,  au  N.  du  fleuve;  38.476  hab.  (en  1891). 
11  églises  ;  2  foires  annuelles.  Marché  actif  de  grains, 
de  vin,  de  bois»  de  denrées  coloniales.  Minoterie,  brique- 
terie, forges.  Résidence  de  l'ataman  Nakasnoï,  chef  des 
Cosaques  du  Don  qui  n'ont  pas  d'autre  ville.  Celle-ci  fut 
fondée  en  1805  par  Fhetman Platov.  A  30  kil.  N.,  grandes 
mines  d'anthracite  de  la  Grouchevka. 

NOVOZYBKOV.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Tchernigov; 
14.348  hab.  (en  1889)  presque  tous  raskolniks,  3  éghses. 
On  y  prépare  du  cuir,  de  la  toile,  de  l'huile,  du  sucre, 
des  allunettes  ;  c'est  le  marché  du  blé,  du  suif,  du  bétail, 
du  chan/re,  du  lois  des  campagnes  environnantes. 

NOVY-Chevriêres.  Com.  du  dép.  des  Ardennes,  arr. 
et  cant.  de  Rethel  ;  749  hab. 

nOM^d-BOUG  {jadis  KouzourzaBalka). Ville  chUwssic, 
gouv.  de  Kherson,  sur  le  chem.  de  fer  de  Nikolaiev  à  Kiev  ; 
8.000  hab.  Ecole  normale. 

NOVYI-DVOR.  Ville  de  la  Pologne  russe,  gouv.  de  Var- 
sovie, sur  la  presqu'île  au  confluent  du  Boug  et  de  la  Vis- 
tule,  sorte  de  faubourg  de  Novogeorgievsk  ;  5.641  hab. 
(en  1880)  en  majorité  juifs.  Faïences. 

NOVYI-OUSEN.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Samara,  sur 
rOusen;  12.497  hab.  (en  1889).  Suif,  tanneries.  Deux 
grandes  foires  annuelles,  dont  celle  de  Pokrov,  dans  la  pre- 
mière quinzaine  d'octobre,  est  très  importante,  parce  que 
les  Kirghis  de  la  Horde  intérieure  y  viennent  échanger 
leurs  troupeaux  contre  des  objets  manufacturés.  Erigée 
en  ville  en  1835. 

NOWAWES.  Ville  de  Prusse,  district  de  Potsdam,  sur 
la  Havel;  10.055  hab.  (en  1895).  Peluche,  cotonnades, 
lainages. 

NOXA  (Dr.  rom.).  Terme  juridique  romain  exprimant 
le  dommage  causé  à  un  tiers  par  l'esclave  ou  par  l'animal 
domestique  d' autrui.  Il  donnait  heu  à  ïactio  noxalis  contre 
le  propriétaire,  lequel  pouvait  se  hbérer  en  abandonnant 
au  plaignant  l'esclave  ou  la  bête.  Cette  action  dirigée  contre 
le  propriétaire  actuel  (noxa  caput  sequitur)  s'éteignait 
avec  le  caput  noxium. 

NOYA.  Ville  maritime  d'Espagne,  prov.  de  la  Corogne 
(Coruna),  à  Fembouchure  duTambre,  dans  la  baie  de  Muros  ; 
9.257  hab.  (en  1888).  Port.  Papier,  cuir. 

NOYAL.Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Ver  vins,  cant. 
de  Guise;  366  hab. 

NOYAL,  Com»  du  dép.  des  Côtes-du-Nord,  arr.  deSaint- 
Brieuc,  cant»  de  Lamballe  ;  490  hab. 

NOYAL.  Com.  du  dép.  de  la  Loire-Inférieure,  arr.  de 
Châteaubriant,  cant.  de  Rougé;  557  hab. 

NOYAL-MuziLLÂC.  Com.  du  dép.  du  Morbihan,  arr.  de 
Vannes,  cant.  de  Muzillac;  2.368  hab.  Monuments  méga- 
lithiques. Eglise  des  xi®  et  xm®  siècles.  Chapelles  de  Notre- 
Dame  de  Brangolo,  de  Notre-Dame  de  Logorenne,  de  Notre- 
Dame  de  Benneguy.  Château  de  Keralio  (xv^  siècle). 

NOYAL-PoNTivY.  Com.  du  dép.  du  Morbihan,  arr.  et 
cant,  de  Pontivy;  3.390  hab.  Eghse  des  xiii%  xv^  et 


xvi®  siècles  avec  porche  orné  de  sculptures  ;  chape  de 
saint  Mériadec,  chapelle  et  fontaine  de  Sainte-Noyale,  lieu 
de  pèlerinage.  Chapelle  Saint- Jean  (xvi®  siècle)  et  Sainte- 
Barbe  (xv^-xvi®  siècles). 

NOYAL-sous-BAzouGEs.Com.  du  dép.  d'IUe-et-Vilaine, 
arr.  de  Fougères,  cant.  d'Antrain  ;  1.050  hab.  Menhir 
(mon.  hist.)  de  S'",  10  de  haut.,  désigné  sous  le  nom  de 
Pierre-Longue  ou  Pierre  de  Lande  Ros. 

NOYAL-sur-Seiche.  Com.  du  dép.  d'Ille-et-Vilaine, 
arr.  et-cant.  (S.-O.)de  Rennes;  957  hab.  Stat.  du  chem. 
de  fer  de  l'Ouest. 

NOYALO.  Com.  du  dép.  du  Morbihan,  arr.  et  cant. 
(E.)  de  Vannes;  382  hab. 

NOYANT  ou  NOYÂNT-d'Allier.  Com.  du  dép.  de  l'Al- 
lier, arr.  de  MouKns,  cant.  de  Souvigny  ;  818  hab.  Stat. 
du  chem.  de  fer  d'Orléans. 

NOYANT.  Com.  du  dép.  d'Indre-et-Loire,  arr.  de  Chi- 
non,  cant.  de  Sainte-Maure  ;  564  hab. 

NOYANT.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  Maine-et-Loire, 
arr.  de  Baugé;  1.591  hab.  Stat.  des  chem.  de  fer  de 
l'Etat  et  d'Orléans. 

NOYANT-ET-AcoNiN.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  et 
cant.  de  Soissons  ;  269  hab. 

NOYANT-la-Grâvoyère.  Com.  du  dép.  de  Maine-et- 
Loire,  arr.  et  cant.  de  Segré;  1.021  hab. 

NOYANT-la-Plaine.  Com.  du  dép.  de  Maine-et-Loire, 
arr.  de  Saumur,  cant.  de  Gennes;  243  hab. 

NOYA  RE  Y.  Com.  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  de  Grenoble, 
cant.  de  Sassenage  ;  727  hab. 

NOYAU.  I.  Botanique.  —  Couche  intérieure  (endocarpe) 
du  péricarpe  qui,  dans  certains  fruits  (Prunées,  etc.), 
devient  ligneuse  (V.  Cellule,  Fruit,  etc.). 

IL  Economie  domestique.  —  Liqueur  de  noyaux.  Elle 
se  prépare  en  prenant  : 

Noyaux  de  pêches  ou  d'abricots.  .     n^  60 

Eau-de-vie 1  litre. 

Sucre 150  gr. 

On  casse  les  noyaux  et  on  les  met  en  macération  dans 
l'eau-de-vie.  Au  bout  d'un  mois  on  ajoute  le  sucre  et  l'on 
filtre.  On  opère  de  même  avec  les  noyaux  de  cerises. 

III.  Anatomie  (V.  Cellule). 

Noyaux  lenticulaire  et  caudé(Y.  Cerveau,  t.  X,  p.  95). 

IV.  Technologie  (V.  Modèle  et  Moule). 

V.  Architecture  (V.  Escalier,  t.  XVI,  p.  235). 

VI.  Astronomie  (V.  Comète,  t.  XII,  p.  d6). 
NOYE.  Rivière  du  dép.  de  VOise  (V.  ce  mot). 
NOYELLE-Godault.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais, 

arr.  deBéthune,  cant.  de  Carvin;  1.982  hab. 

NOYE  ILE  (Charles  de),  12^  général  de  la  Compagnie 
de  Jésus,  né  à  Bruxelles  le  28  juil.  1615  ;  élu  le  5  juil. 
1682,  à  l'unanimité  des  suffrages  ;  mort  le  12  déc.  1686. 
Avant  son  élection,  il  était  vicaire  général,  nommé  par 
Paul  Oliva,  à  qui  il  succéda.  Lorsqu'il  fut  élu,  le  conflit 
entre  Louis  XIV  et  Innocent  XI  venait  de  provoquer  la 
célèbre  Déclaration  du  clergé  de  France  (19  mars  1682). 
Ce  conflit  mettait  dans  une  situation  extrêmement  diflîcile 
et  périlleuse  l'ordre  des  jésuites,  qui  était  voué  à  la  dé- 
fense de  toutes  les  prétentions  de  la  papauté.  L'habileté 
du  père  La  Chaise  et  la  souplesse  de  Charles  de  Noyelle 
firent  prendre  aux  jésuites  une  attitude  qui  leur  permit  de 
conserver  tout  leur  crédit  en  France,  mais  qui  excita  vi- 
vement la  colère  du  pape.  Il  menaça  de  dissoudre  leur 
Compagnie  et  lui  fit  défense  d'admettre  à  l'avenir  des 
novices  et  de  recevoir  aucun  vœu,  simple  ou  solennel 
(1684).  E.-H.  Vollet. 

NOYELLES  ou  NOYE  LLES-sur-l'Escaut.  Com.  du  dép, 
du  Nord,  arr.  de  Cambrai,  cant.  de  Marcoing;  716  hab. 

NOYELLES  ouNOYELLES-sur-Sambre.  Com.  du  dép. 
du  Nord,  arr.  d'Avesnes,  cant.  de  Berlaimont  ;  365  hab. 

NOYELLES-en-Chaussée.  Com.  du  dép.  de  la  Sommo, 
arr,  d'Abbeville,  cant,  de  Crécy;  480  hab. 


NOYELLES  -~  NOYER 

NOYELLES-LÈs-HuMiÈRES.  Com.  du  dép.  du  Pas-de- 
falais,  arr.  de  Saint-Pol,  cant.  du  Parcq;  406  hab. 

NOYELLES-lès-Seclin.  Com.  du  dép.  du  Nord,  arr, 
de  Lille,  cant.  de  Seclin;  298  hab. 

NOYELLES-lês-Vermelles.  Com.  du  dép.  du  Pas-de- 
Calais,  arr.  de  Béthune,  cant.  deCambrîn;  374  hab. 

M OYELL ES-SOUS -Bellonne.  Com.  du  dép.  du  Pas-de- 
Calais,  arr.  d'Arras,  cant.  de  Vitry-en-Artois  ;  546  hab. 
NOYELLES-sous-Lens.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Ca- 
lais, arr.  de  Béthune,  cant.  de  Lens;  4.469  hab.  ' 

NOYELLES-sur-Mer.  Com.  du  dép.  de  la  Somme,  arr. 
d'Abbeville,  cant.  de  Nouvion;  883  hab.  Stat.  du  chem. 
de  fer  du  Nord.  Estacade  de  4367  m.,  sur  laquelle  le 
chemin  de  fer  de  Saint-Valery  franchit  l'estuaire  de  la 
Somme. 

NOYELLES-suR-SELLE.Com.  du  dép.  du  Nord,  arr.  de 
Valenciennes,  cant.  de  Bouchain  ;  654  hab. 

NOYELLES-ViON.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr. 
de  Saint-Pol,  cant.  d'Avesnes-le-Comte  ;  405  hab. 

NOYELLETTE.  Com,  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr. 
de  Saint-Pol,  cant.  d'Avesnes-le-Comte  ;  d 57  hab. 

NOYEN.  Com.  du  dép.  de  la  Sarthe,  arr.  de  La  Flèche, 
cant.  deMalicorne,  sur  la  r.  dr.  de  la  Sarlhe;  2.534  hab. 
Stat.  du  chem.  de  fer  de  l'O.  Etang  de  la  Bonde.  Fontaine 
ferrugineuse  à  la  Chevalerie.  Carrière;  scierie  mécanique; 
chaux;  taillanderie;  tuilerie;  corderie;  minoterie.  Eglise 
moderne  de  style  gothique  flamboyant.  Ancienne  église 
des  xii^,  XIV®  et  xv®  siècles  servant  de  halle.  Manoir  d'Au- 
bigné  (xvi^  siècle).  Fontaine  intermittente  du  Chatelet. 
Pont  suspendu  sur  la  Sarthe. 

NOYEN-sur-Seine.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Marne, 
arr.  de  Provins,  cant.  de  Bray-sur-Seine  ;  508  hab. 

NOYER  {Juglans  L.).  L  Botanique.  —  Genre  type 
de  la  famille  des  Juglandacées,  dont  les  représentants  sont 
de  grands  et  beaux  arbres  à  feuilles  alternes,  répandus  ordi- 
nairement dans  l'Asie  occidentale  et  dans  l'Amérique  boréale. 

Les  fleurs,  apé- 
tales, sont  mo- 
noïques, dispo- 
sées chez  les 
mâles  en  longs 
et  grêles  cha- 
tons, dont  l'axe 
porte  des  brac- 
tées alternes.  A 
l'aisselle  de 
celles-ci  se  trou- 
vent les  fleurs, 
en  général  so- 
litaires, et  dont 
le  périanthe  pré- 
sente d'ordi- 
naire 6  divi- 
sions imbri- 
quées et  des 
étamines  en 
nombre  variable 
à  anthères  bi- 
loculaires  e  x  - 
trorses.  Les 
fleurs  femelles  sont  ou  solitaires,  ou  réunies  en  courts 
chatons  ;  le  périanthe,  protégé  par  des  bractées  axillantes, 
est  formé  de  4  folioles  et  surmonte  un  ovaire  infère. 
En  dedans  du  périanthe,  il  y  a  deux  branches  stylaires 
épaisses,  chargées  de  papilles  stigmatiques.  L'ovaire  est 
imiloculaire  avec  un  placenta  basilaire  supportant  un 
seul  ovule  orthotrope,  dressé,  à  micropyle  supérieur.  Le 
fruit  est  une  drupe  de  couleur  verte,  la  noix,  dont  le 
mésocarpe  fibreux  ou  brou  (V.  ce  mot)  est  employé  en 
pharmacie  et  dans  l'industrie.  Le  péricarpe  ligneux,  qui 
s'ouvre  en  deux  valves,  vulgairement  appelées  coquilles 
de  noix,  au  moment  de  la  germination,  renferme  une 
graine  unique,  "privée  d'albumen,  bosselée,  toruleuse,   et 


422  — 


Chaton  de  fleurs  mâles  et  fleur  femeUe 
du  noyer  commun. 


divisée  en  quatre  lobes  séparés  les  uns  des  autres,  au 
sommet  et  à  la  base,  par  de  fausses  cloisons  à  testa  mem- 
braneux mince.  Elle  est  comestible  (V.  ci-après).  L'embryon, 
exal buminé ,  à  cotyléd ons  bilol)és ,  charnus  et  huileux ,  off're  d es 
anfractuositésct  des  circonvolutions  ;  la  radicule  est  courte, 


Rameau  fructifère  du  noyer  commun. 

supère  ;  la  geiîimule  présente  2  feuilles  multifides.  —  Les 
espèces  principales  de  ce  genre  sont  :  /.  regia  L.,  ou 
Noyer  cammun,  bel  arbre  dont  toutes  les  parties  exhalent, 
si  on  les  froisse,  une  odeur  aromatique  ;  il  est  origi- 
naire de  la  Perse  et  du  Caucase,  mais  naturalisé  depuis 
longtemps  dans  presque  toute  l'Europe.  Les  feuilles, 
riches  en  tannin,  comme  toutes  les  parties  du  noyer,  ser- 
vent à  titre  d'astringent  sous  forme  de  décoction  (60  à 
200  ^/oo)  en  injections  contre  la  leucorrhée,  et  en  bains 
dans  les  affections  lymphatiques  et  scrofuleuses.  On  en  con- 
naît un  grand  nombre  de  variétés.  —  /.  nigra  L.,  espèce 
américaine,  abondante  surtout  aux  environs  de  Philadelphie. 
—  /.  cinerealu.  (/.  catharticaMichx,  J.  oblong a MiW.), 
répandu  aux  Etats-Unis  d'Amérique,  où  son  écorce  interne 
sert  de  purgatif  sous  forme  de  décocté  ou  d'extrait  ;  on  a 
comparé  cette  action  purgative  à  celle  de  la  rhubarbe  ;  elle 
n'occasionne  ni  irritation,  ni  coliques  et  ne  débilite  pas  le 
canal  intestinal.  —  Le  genre  Caryal^iitt.,  voisin  des  Ju- 
glans, n'en  difî'ère  que  peu  (Y.  Carya)  ;  il  en  est  de  même 
des  genres  Pterocarya  Kunthet  Engelhardtia  Nutt.,  que 
nous  ne  ferons  que  nommer.  D^  L.  Hn. 

Noyer  vénéneux  (Y.  Mancenillier). 

IL  Arroriculture.  —  Le  noyer  se  cultive  de  préfé- 
rence dans  les  régions  tempérées  à  sol  profond,  frais  et 
perméable.  Les  noyers  destinés  à  la  plantation  sont  élevés 
de  semis  qu'on  exécute  en  pépinière,  après'  les  gelées, 
avec  des  noix  stratifiées  dans  le  sable  pendant  l'hiver.  On 
bine,  on  arrose  les  jeunes  plants  pendant  trois  ou  quatre 
ans  et  on  les  repique  pour  qu'ils  émettent  un  chevelu 
abondant.  On  les  met  ensuite  en  place,  soit  en  bordure, 
soit  en  lignes  à  grand  écartement,  et  on  les  greff'e,  après 
la  reprise,  en  une  ou  plusieurs  des  variétés  estimées  pour 
la  table  ou  pour  l'huile,  hâtives  ou  tardives.  On  peut 
aussi  grefî'er  en  pépinière  un  an  avant  la  plantation  à 
demeure.  0.  Boyer. 


123  — 


NOYER  —  NOYON 


III.  Economie  rurale  et  domestique.  —  La  culture  du 
noyer,  autrefois  importante  en  France,  a  diminué  sensi- 
blement, depuis  le  milieu  de  ce  siècle,  particulièrement 
sous  l'influence  de  la  concurrence  faite  aux  huiles  comestibles 
indigènes  par  les  produits  exotiques  ;  il  faut  aussi  ajouter  à 
cette  cause  la  négligence  même  des  planteurs  dont  les  arbres 
mal  entretenus  ont  été  souvent  attaqués  par  certains 
cryptogames  qui  ont  entraîné  leur  mort  ou,  tout  au 
moins,  réduit  considérablement  leur  vigueur,  et,  par  suite, 
les  rendements.  Les  fruits  du  noyer  arrivent  à  complète 
maturité,  sous  nos  climats,  depuis  la  mi-septembre  jus- 
qu'à la  fin  d'octobre;  le  brou  se  crevasse  alors  et  se  dé- 
tache naturellement;  le  plus  souvent,  on  provoque  leur 
chute  par  le  gaulage,  opération  que  l'on  doit  exécuter  avec 
beaucoup  de  précaution,  en  évitant  de  casser  les  brindilles 
terminales  qui  porteront  les  bourgeons  à  fleurs  l'année  sui- 
vante. Les  noix  sont  transportées  à  la  ferme  et  débarras- 
sées le  plus  rapidement  possible  de  leur  enveloppe  (éca- 
lage), puis  on  les  dépose  en  couches  de  faible  épaisseur 
(8  à  10  centim.)  sur  le  plancher  de  greniers  ou  de  chambres 
bien  aérés  ;  la  dessiccation  est  complète  au  bout  de  trois  à 
quatre  semaines,  on  la  facilite  par  des  pelletages  fréquents 
et  même  journaKers  si  la  récolte  a  été  effectuée  par  un 
temps  humide  ;  réchauffement  des  fruits  est  prévenu  éga- 
lement par  ces  manipulations.  La  conservation  des  noix 
sèches  se  fait  dans  des  pièces  un  peu  fraîches  et  gardant 
une  température  moyenne  aussi  constante  que  possible.  La 
vente  des  noix  de  table  se  fait  à  l'état  frais  (cerneaux) 
ou  après  dessiccation,  suivant  les  variétés  et  l'état  du  mar- 
ché ;  on  ne  peut  poser  de  règles  générales  à  ce  sujet.  Les  noix 
destinées  à  l'huilerie  sont  plus  difficiles  à  conserver  que 
les  premières  et  doivent  être  livrées  sans  perte  de  temps, 
afin  de  prévenir  le  rancissement  qui  est  une  cause  de  dé- 
préciation notable  ;  leur  valeur  commerciale  varie  ordinai- 
rement entre  la  moitié  et  le  tiers  de  celle  des  fruits  de 
table. 

Toutes  les  parties  du  noyer  peuvent  être  utilisées  avan- 
tageusement. Le  fruit  constitue,  pour  l'ahmentation  hu- 
maine, une  précieuse  ressource  ;  pressé,  il  fournit  une  huile 
de  bouche  de  bonne  qualité  et  des  huiles  secondaires  qui 
trouvent  leur  place  dans  quelques  industries  (V.  Huile); 
son  tourteau  est  encore  un  excellent  aliment  pour  le  bé- 
tail; il  peut  sernr  pour  la  préparation  de  confiseries  saines 
et  agréables  au  goût.  Le  brou  macéré  est  employé  comme 
teinture  et  comme  Hqueur  ;  sa  décoction  jouit  aussi  de  pro- 
priétés vermifuges  (V.  Brou).  Les  feuilles, douées  de  pro- 
priétés astringentes  très  prononcées,  sont  également  uti- 
lisées en  décoction  et  Fécorce  de  quelques  espèces  comme 
purgatif  (V.  ci-dessus,  §  Botanique).  Le  bols  est  très 
veiné  et  flexible,  facile  à  tailler  et  à  tourner  et  susceptible 
d'un  beau  poH  ;  on  l'emploie  pour  la  fabrication  des  meubles 
et  d'une  foule  d'objets  divers.  Enfin  les  racines  sont  uti- 
lisées en  teinturerie. 

Il  serait  impossible  d'indiquer  Tétendue  consacrée  à 
la  culture  du  noyer  en  France,  aussi  bien  que  le  nombre 
des  arbres  en  rapport;  les  statistiques  font  défaut  à  ce 
sujet;  elles  nous  renseignent  uniquement  sur  les  chiffres 
de  production  ;  cette  dernière  a  varié,  dans  les  dix  der 
nières  années,  de  807.615  quint,  à L. 349. 8^7  quint.,  avec 
une  moyenne  générale  de  831.147  quint.;  elle  est  surtout 
spéciale  aux  régions  montagneuses  du  Centre,  du  Sud- 
Ouest,  des  Alpes  et  de  l'Est;  la  région  des  Cévcnneset  du 
Plateau  central  fournit  à  elle  seule  plus  des  trois  quarts 
de  la  production  totale  (Dordogne,  Lot,  Corrèze,  Drôme, 
Ardèche,  etc.).  La  valeur  totale  moyenne  de  la  production 
pour  la  période  1889-97  est  estimée  à  17.873.700  fr.  et 
celle  du  quintal  à  21  fr.  55  ;  il  faut  remarquer  que  ces 
moyennes  sont  purement  approximatives,  car  nous  rele- 
vons, dans  les  cours,  des  écarts  de  8  fr.  à  65  fr.  ;  les 
prix  les  plus  élevés  sont  atteints  dans  le  Dauphiné  et  le 
Sud-Est,  nos  meilleurs  centres  de  production  des  noix  de 
table  ;  leurs  fruits  sont  très  estimés  et  donnent  lieu  à  un 
mouvement  commercial  très  important  à  l'intérieur  et 


pour  l'exportation  :  cette  dernière  atteint  en  année 
moyenne  environ  120.000  quint.,  elle  a  lieu  surtout  vers 
l'Angleterre,  la  Belgique,  l'Allemagne,  etc.;  nos  impor- 
tations ne  dépassent  guère  une  moyenne  de  5.000  quint.; 
elles  proviennent  presque  exclusivement  d'Italie  et  d'Es- 
pagne. Le  tiers  environ  de  notre  production  est  consacré 
à  la  fabrication  de  l'huile  ;  le  rendement  moyen  est  de 
11  à  12  lit.  par  hectol.  de  fruits;  il  a  varié,  en  1892,  de 
8  à  18  ht.  J.  Troude. 

NOYER  (Le).  Com.  du  dép.  des  Ilautes-Alpes,  arr.  de 
G^ap,  cant,  de  Saint-Bonnet;  689  hab. 

NOYER  (Le).  Com.  du  dép.  du  Cher,  arr.  de  Sancerre, 
cant.  de  Vailly;  978  hab. 

NOYER  (Le).  Com.  du  dép.  de  la  Savoie,  arr.  de  Cham- 
béry,  cant.  du  Châtelard;  568  hab. 

NOYER-EN-OucHE  (Le).  Com.  du  dép.  de  l'Euro,  arr. 
de  Bernay,  cant.  de  Beaumesnil  ;  376  hab. 
NOYER  (PaulCARDEL  du)  (V:  Cardel). 
NOYERS  ou  NOYERS-BocÂGE.  Com.  du  dép.  du  Cal- 
vados, arr.  de  Caen,  cant.  de  Villiers-Bocage  ;  Q%^  hab. 
NOYERS  ou  NOYERS-près-Vesly,  Com.  du  dép.  de 
l'Eure,  arr.  des  Andelys,  cant.  de  Gisors  ;  177  hab. 

NOYERS.  Com.  du  dép.  de  Loir-et-Cher,  arr.  de  Blois, 
cant.  de  Saint- Aignan  ;  1.822  hab. 

NOYERS.  Com.  du  dép.  du  Loiret,  arr.  de  Montargis, 
cant.  de  Lorris;  491  hab. 

NOYERS.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  arr.  de 
Chaumont,  cant.  de  Clefmont;  285  hab. 

NOYERS.  Com.  du  dép.  de  la  Meuse,  arr.  de  Bar-le- 
Duc,  cant.  de  Vaubecourt;  343  hab. 

NOYERS  ou  NOYERS-sur-Serein.  Ch.-l.  de  cant.  du 
dép.  de  l'Yonne,  arr.  de  Tonnerre;  1.348  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  de  Laroche  k  l'Isle-sur-Sercin.  Buines  d'un 
château  et  de  remparts  du  xiii^  siècle. 

NOYERS-Pont-Maugis.  Com.  du  dép.  des  Ardennes, 
arr.  et  cant.  (S.)  de  Sedan  ;  769  hab. 

NOYERS-Saint-Martin.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr. 
de  Clermont,  cant.  de  Froissy;  579  hab. 

NOYERS-sur-JabrOn.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  des  Basses- 
Alpes,  arr.  de  Sisteron;  797  hab. 

NOYON.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de  Com- 
piègne,  sur  la  Verse,  près  du  canal  latéral  de  l'Oise  ; 
6.141'  hab.  Stat.  du  ch.  de  fer  du  Nord.  Petit  séminaire. 
Bibliothèque  publique.  Société  archéologique.  Cons'iu'tic  n 
de  bateaux;  atefiers  de  constructions  mécaniques;  sneiio 
mécanique;  sucrerie;  fabriques  de  chaussures,  de  chan- 
delles, de  chapeaux;  brasseries;  carrosseries;  briquete- 
ries; tanneries  et  corroirie;  imprimeries;  teintureries;  sa- 
boteries  ;  moulins.  Important  commerce  de  blé.  Commerce 
de  chevaux,  de  bestiaux,  de  grains,  de  haricots,  de  pois, 
de  fruits,  de  chiffons  et  de  peaux.  Port  sur  le  canal. 

Histoire.  —  Noyon  apparaît  dans  l'histoire  au  iv^  siècle 
dans  l'Itinéraire  d'Antonin,  sous  le  nom  de  Noviomagus, 
comme  station  de  la  voie  romaine  qui  reliait  Beims  à 
Amiens  ;  elle  était  comprise  dans  la  cité  des  Veromandui. 
Au  vi*^  siècle  l'évèque  de  Vermand,  dont  la  cité  avait  été 
à  diverses  reprises  saccagée  par  les  Vandales,  les  Huns 
et  les  Francs,  transféra  sa  résidence  à  Noyon  qui  devint 
ainsi  le  chef-lieu  du  diocèse.  La  cité  se  développa  obscti- 
rément  pendant  l'époque  mérovingienne;  un  palais  roja), 
une  cathéxlrale  y  furent  construits,  et  ce  fut  à  Noyon  que, 
le  9  oct.  768,  Charlemagne  fut  reconnu  et  couronné  roi, 
en  môme  temps  que  son  frère  Garloman  l'était  à  Soissors. 
Au  ix^  siècle,  Noyon  reçut  à  diverses  reprises  la  visite  des 
pirates  normands  ;  en  859,  la  ville  fut  saccagée  et  l'évèque 
tué;  en  889,  ils  passèrent  par  Noyon  en  allant  assiéger 
Reims  ;  en  890,  ils  attaquèrent  la  ville,  mais  furent  repous- 
sés; en  925 'enfin,  ils  incendièrent  les  faubourgs,  mais 
furent  également  repoussés.  Au  xi^^siècle,  le  pouvoir  royal 
ne  se  manifestait  plus  dans  la  ville'  que  par  une  tour,  qui 
se  dressait  dans  le  voisinage  de  la  cathédrale  et  de  l'évè- 
ché,  gardée  par  un  châtelain  royal.  En  1027,  l'évèque 
Hardouin  de  Croy  arma  les  habitants  et  fit  raser  la  tour  ; 


NOYON 


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condamné  au  bannissement  par  le  roi  Robert,  il  ne  tarda 
pas  à  obtenir  son  pardon  et  demeura  depuis  lors  le  sei- 
gneur incontesté  de  la  ville.  Il  exerçait  ses  pouvoirs  tem- 
porels par  l'intermédiaire  d'un  vidame  qui  prit  plus  tard 
le  nom  de  châtelain,  d'officier  devint  seigneur  féodal  et 
(mit  par  être  le  rival  de  l'évêque.  En  1108,  la  ville  reçut 
de  son  évoque  Baudry  une  charte  de  commune.  Cette  com- 
mune de  cultivateurs,  de  clercs  et  de  moines  eut  une  exis- 
tence fort  tranquille.  En  1223,  seulement  une  émeute  éclata 
contre  le  chapitre  :  l'archevêque  de  Reims  et  le  roi  de 
France  vinrent  la  réprimer  et  depuis  lors  les  institutions 
communales  ne  cessèrent  de  décliner.  La  faillite  de  la  com- 
mune qui  survint  à  la  fin  du  xiii®  siècle  acheva  la  ruine 
des  libertés  municipales  en  mettant  la  ville  à  la  discrétion 
du  pouvoir  royal.  La  liquidation  financière  dura  plus  de 
cinquante  ans  (1278-1333).  Depuis  lors  l'évêque  fut  le 
maître  de  la  cité,  et  la  commune  ne  subsista  plus  que  de 
nom.  Un  traité  d'alliance  .fut  conclu  à  Noyon  le  13  août 
1516  entre  François  P^  et  Charles-Quint.  Les  Espagnols 
assiégèrent  vainement  la  ville  en  1552,  mais  six  mois  plus 
tard  ils  revinrent  et  réussirent  à  l'emporter.  Noyon  em- 
brassa le  parti  de  la  Ligue,  fut  prise  par  Henri  IV  en  1591 , 
réoccupée  par  les  ligueurs  le  30  mars  1593,  réassiégée  par 
Henri  IV  et  reprise  par  lui  à  la  fm  de  1594.  Calvin  est  né 
à  Noyon  en  1509. 

Monuments  et  description.  —  De  l'époque  gallo-ro- 
maine subsistent  des  débris  nombreux  de  l'enceinte  forti- 
fiée, dont  le  plus  important  est  nommé  le  Château-Corbault. 
Le  principal  et  le  plus  intéressant  monument  de  Noyon  est 
Fancienne  cathédrale  (mon.  hist.),  aujourd'hui  église  Notre- 
Dame  (V.  les  art.  Bibliothèque,  fig.  3  ;  Eglise,  fig.  4  ,et  Fe- 
nêtre, fig.  5).  C'est  l'une  des  premières  cathédrales  cons- 
truites en  style  gothique.  L'église  ancienne  ayant  été  détruite 
par  un  incendie  en  1131,  un  nouvel  édifice  fut  commencé 
en  1135  par  l'évêque  Simon  de  Vermandois.  Le  chœur 
paraît  avoir  été  construit  tout  d'abord  en  style  roman,  mais 


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Hôtel  de  ville  de  Noyon. 

démoli  bientôt  après  pour  être  mis  en  harmonie  avec  le 
reste  de  l'édifice  ;  il  en  subsiste  des  fragments  dans  le 
chœur  actuel.  L'édifice  est  construit  tout  entier  en  style 
gothique  auquel  cependant  le  grand  nombre  des  ouver- 
tures en  plein  cintre  donne  un  aspect  archaïque.  Malheu- 
reusement, il  a  subi  de  trop  nombreuses  retouches  :  la 
façade  restaurée  à  diverses  reprises,  augmentée  d'un 
porche  au  xvi^  siècle,  est  disgracieuse;  les  voûtes  de  la 
grande  nef,  détruites  par  un  incendie  à  la  fin  du  xiii®  siècle, 
ne  reproduisent  pas  les  dispositions  primitives  ;  les  arcs- 


boutants  sont  une  restauration  moderne  qui  a  remplacé 
des  arcs-boutants  refaits  au  xviii^  siècle,  en  forme  de 
consoles  renversées  ;  les  chapelles  de  la  nef  ont  été  ajou- 
tées après  coup,  etc.  La  longueur  de  l'édifice  est  de  104  m.  ; 
la  hauteur  sous  voûte  de  la  grande  nef  est  de  23  m.  ;  les 
bras  du  transept  se  terminent  par  des  absides  ;  la  nef,  le 
chœur  et  l'abside  principale  ont  des  bas  côtés  et  des  tribunes 
La  façade  est  flanquée  de  deux  tours  dissemblables,  hautes 
l'une  et  l'autre  de  62  m.  A  côté  de  la  cathédrale  s'élève 
au  N.  un  cloître  avec  arcades  à  meneaux  du  xiii®  siècle, 
une  salle  capitulaire,  une  salle  du  trésor  de  la  même  épo- 
que, et  l'ancienne  librairie  ou  bibliothèque  des  chanoines, 
édifice  en  bois  du  commencement  du  xvi^  siècle.  L'ancien 
palais  épiscopal,  reconstruit  sous  Louis  XÏI  en  style  de 
la  Renaissance,  est  aujourd'hui  une  habitation  privée. 
L'hôtel  de  ville  (mon.  hist.)  est  une  belle  construction 
partie  gothique,  partie  Renaissance,  élevée  de  1485  à 
1522.  Sur  la  place  qui  précède  Fhôtel  de  ville  s'élève  une 
fontaine  ornée  de  statues,  construite  en  1770  par  Févêque 
Charles  de  Broglie.  L'HôteFDieu  a  conservé  une  tour  du 
XVI®  siècle. 

Evêques  de  Noyon.  —  On  a  vu  plus  haut  que  c'est  .au 
VI®  siècle  que  Noyon  devint  ch.-l.  du  diocèse.  Voici  la 
liste  des  évoques  depuis  cette  époque  :  saint  Médard,  v.  531  ; 
nommé  évoque  de  Tournai  peu  de  temps  après,  il  réunit 
les  deux  diocèses  et  cette  union  persista  sous  ses  succes- 
seurs; il  mourut  le  8  juin  545;  Faustin;  Gondulf;  Chras- 
maras,  v.  575;  Evroul  ;  Bertimond;  S.  Achaire,  v.  621- 
V.  640;  S.  Eloi,  640-1®^  déc.  659  ;  S.  Mommelin,  659 
ou  665-685  ou  691  ;  Autgaire  ;  Gondoin;  Garoul,  721  ; 
Framenger,  723  ;  Hunuan,  730  ;  Guy  I®^  v.  741  ; 
S.  Eunuce,  v.  742;  Elisée,  v.  745;  Alfred,  757-65;  Do- 
don;  Gilbert,  769-82;  Philéon,798;  Wandelmar,  814-47; 
Ragenaire,  825-29  ;  Achard,  830-v.  839  ;  Emmon,  v. 
840-59;  Rainelme,  860-80  ;  Hédilon.  880-v.  903;  Ram- 
bert,  999;  Airard,  v.  915-32;  Walbert,  932-26  déc. 
936  ;  Transmar,  938-22  mars  950  ;  Rodolphe,  950- 
9  janv.  952  ;  Fulchaire,  954-55  ;  Adolphe,  955-25  juin 
977  ;  Liudulf,  977-88  ;  Ratbod  P^,  989-v.  997  ;  Har- 
douin  de  Croi,  1000-v.  1030  ;  Hugues,  v.  1030-44  ; 
Baudoin  1®^,  1044-68  ;  Ratbod  ïï,  1068-janv.  1098  ; 
Baudry,  1098-1113  ;  Lambert,  1113-20  ou  1123  ;  Si- 
mon I®"^  de  Vermandois.  Sous  l'épiscopatde  Simon,  en  1146, 
le  diocèse  de  Tournai  fut  séparé  de  celui  de  Noyon  ;  Simon 
mourut  en  1148.  Baudoin  H  de  Boulogne,  1148-2  mai 
1167  ;  Baudoin  III,  1167-74  ou  1175  ;  Renaud,  1175-88; 
Etienne  I®^  de  Nemours,  1188-1221  ;  Gérard  de  Bazoches, 
1222-28  ;  Nicolas  de  Roye,  1228-40  ;  Pierre  I®^'  Chariot, 
1240-7  oct.  1249  ;  Vermond  de  la  Boissière,'  1250-janv. 
1272  ;  Guy  H  des  Prés,  1272-11  janv.  1297  ;  Simon  H 
de  Clermont-Nesle,  23  juin  1297-1301  ;  Pierre  H  de  Fer- 
riores,  1301-23  août  1303  ;  André  le  Moine,  8  août  1304- 
avr.  1315;  Florent  de  la  Boissière,  27  juin  1315-17  ; 
Foucaud  de  Rochechouart,  1317-30  ;  Guillaume  I®^'  Ber- 
trand, 6  avr.  1331-févr.  1338  ;  Etienne  II  Aubert  (pape 
Innocent  VI),  1338-39  ;  Pierre  IH  d'André,  26  oct. 
1339-42  ;  Bernard  le  Brun,  1342-47  ;  Guy  IH  de  Com- 
born,  1347-49;  Firmin-Coquerel,  1349-janv.  1350;  Phi- 
lippe P^  d'Arbois,  23  janv.  1350-janv.  1351  ;  Jean  P^ 
de  Meulan,  janv.  1351-févr.  1352  ;  Gilles  de  Lorris,  févr. 
1352-28  nov.  1388  ;  PhihppeH  de  Moulin,  24  déc.  1388- 
31  juil.  1409  ;  Pierre  IV  Fresnel,  21  août  1409-15  ; 
Raoul  de  Coucy,  1415-17  mars  1425  ;  Jean  II  de  Mailly, 
2  sept.  1425-14  févr.  1473  ;  Guillaume  ïï  Marafin, 
5  juil.  1473-7  avr.  1501;  Charles  I®^*  de  Hangest,  janv. 
1502-25  ;  Jean  lïï  de  Hangest,  1®^  août  1525-4  févr. 
1577  ;  Claude  P^'d'Angennes,  24  nov.  1578-88  ;  Gabriel 
deBlaigny,  1588-90;  Jean  IV  Munier,  1590-9  juil. 
1594  ;  François-Annibal  d'Estrées,  nommé  1594,  démis- 
sionnaire 1596,  sans  avoir  pris  possession;  Charles  II 
de  Balzac,  10  janv.  1596-1625;  Gilles  deLourmé,  nommé 
déc.  1625,  n'est  jamais  entré  en  possession  ;  Henri  de 
Baradat,  2  août  1626-20  août  1660  ;  François  de  Cler- 


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NOYON  ^  NUAGE 


mont-Tonnerre,  mars  4661-25  févr.  1701  ;  Ciaude-Maur 
d'Aubigné,  mars  1701-24  déc.  1707;  Cli.-Fr.  de  Clia- 
teaimeuf  de  Rochebonne,  déc.  1707-jml.  1731  ;  Claude  II 
de  Rouvroy  de  Saint-Simon,  juil.  1731-sept.  1733;  Jean- 
François  de  la  Cropte  de  Bourzac,  9  nov.  d  734-29  janv. 
1766  ;  Charles  lïl  de  Broglie,  mars  1766-77  ;  Louis- 
André  de  Grimaldi,  1777-90.  Supprimé  en  1790,  révèclic 
de  Noyon  est  resté  depuis  réuni  à  celui  de  Beauvais. 

Conciles  de  Noyon.  —  814.  Concile  présidé  par  Wul- 
faire,  archevêque  de  Reims:  il  détermina  les  limites  des 
diocèses  de  Noyon  et  de  Soissons.  —  1233.  Quatre  con- 
ciles furent  tenus  en  cette  année,  à  Noyon,  à  Laon  et  à 
Saint-Quentin  pour  le  môme  objet  (V.  Laon,  t.  XXI, 
p.  936).  —  1271  :  canons  disciplinaires.  —  1280:  ca- 
nons disciplinaires.  —  1299  ?  :  décisions  contre  les  usu- 
riers et  le  trop  grand  nombre  des  avocats.  —  1344.  Con- 
cile présidé  par  Jean  de  Vienne,  archevêque  de  Reims  : 
dix-sept  canons.  La  plupart  concernent  la  protection  de  la 
juridiction  et  des  biens  du  clergé.  V:  Excommunication 
des  seigneurs  qui  empêchent  leurs  vassaux  de  rien  vendre 
aux  ecclésiastiques,  de  rien  leur  acheter  et  de  labourer 
leurs  terres.  XII  :  Défense  de  publier  des  miracles  nou- 
veaux, sans  la  permission  de  Tévêque. 

BiRL.  :  J.  LE  Vasseur,  Annales  de  Véglise  de  Noyon  ; 
Paris,  1638,2  vol.  in-L  —  Moët  delà  Forte-Maison,  An- 
tiquitês  de  Noyon;  Rennes,  1845,  in-8.  —  A.  Lefranc, 
Histoire  de  la  ville  de  Noyon;  Paris,  1887,  in-8  (BibliotJi. 
de  l'Ecole  des  Hautes  études).  — CL  A.  de  Marsy,  Biblio- 
graphie noyonnaiso,  au  t.  V.  du  Bulletin  du  comité  ar- 
chéologique de  Noyon. 

NOZAC.  Com.  du  dép.  du  Lot,  arr.  etcant.  deGourdon; 
541  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  d'Orléans. 

NOZAL  (Alexandre),  paysagiste  français  contemporain, 
é  à  Paris  le  7  août  1852.  Elève  deLuminais,  il  a  débuté 
au  Salon  de  1876  hyoc  un  Etang  de  la  Brenne.  Il  exposa 
en  1878  :  Effet  d'automne  en  Berry;  en  1879,  une  Al- 
lée du  pare  de  Saint-Cloud  en  janvier  1819  ;  en  1880, 
le  Cap  d'Antifer,  et  depuis  lors'il  a  régulièrement  envoyé 
des  paysages  à  tous  les  Salons.  On  voit  de  lui,  au  musée  du 
Luxembourg  :  la  Lande  d'or;  au  musée  d'Evreux  :  une 
Bande  d'étang  enBrenne;  au  musée  de  Saint-Quentin: 
Vieux  Chênes  au  bord  de  l'eau;  au  musée  de  Châlons- 
sur-Marne  :  Lever  de  soleil  en  automne  dans  un  petit 
bras  de  la  Seine  au  Petit  Andely;  au  musée  de  Carcas- 
sonne  :  V Hiver  à  l'étang  de  Saint-Cucufa,  pastel;  au 
musée  de  Montpellier  :  les  Saintes  Maries  de  la  mer  en 
Provence;  au  musée  de  Nantes  :  Moisson  sur  le  plateau 
d'Elretat,  Cet  artiste  très  consciencieux  a  une  vision  tou- 
jours juste  et  précise  des  choses  avec  un  goût  particuher 
pour  les  effets  de  la  nature  aux  fortes  colorations.     E.  Br  . 

NOZAY.  Com.  du  dép.  de  l'Aube,  arr.  et<îant.  d'Arcis; 
158  hab. 

NOZAY.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  la  Loire-Inférieure, 
arr.  de  Chateaubriand;  3.978  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer 
de  rOuest.  Ancienne  Ecole  nationale  d'agriculture  fondée 
en  1830  (à  Grand- Jouan),  transférée  à  Rennes  en  1893. 

NOZAY.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr.  de  Ver- 
sailles, cant.  de  Palaiseau;  323  hab. 

NOZEROY.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  du  Jura,  arr.  de 
PoHgny  ;  751  hab.  Petit  séminaire  diocésain.  Ruines  d'un 
château  où  les  comtes  de  la  maison  de  Chalon  aimaient  à 
fah^e  leur  résidence.  Patrie  de  Gilbert  Cousin,  ami  et  secré- 
taire d'Erasme. 

NOZEYROLLES.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Loire,  arr. 
de  Brioude,  cant.  de  Pinols;  448  hab. 

NOZIÈRES.  Com.  du  dép.  de  FArdèche,  arr.  de 
Tournon,  cant.  de  Lamastre;  1.405  hab. 

NOZIÈRES.  Com.  du  dép.  du  Cher,  arr.  et  cant.  de 
Saint-Amand-Mont-Rond;  283  hab. 

NOZZARI  (Andréa),  l'un  des  plus  fameux  représen- 
tants de  la  belle  école  de  chant  italien,  né  à  Bergame  en 
1775,  mort  à  Naples  le  12  déc.  1832.  Elève  d'un  maître 
de  chapelle  nommé  Petrobelli,  puis  de  David  père  et 
d'Aprile,  il  débuta  à  Pavie  âgé  seulement  de  dix-neuf  ans. 


et  son  succès  fut  tel  qu'il  fut  engagé  à  Rome  Tannée  sui- 
vante. Après  avoir  fait  applaudir  sa  belle  voix  de  ténor 
et  son  rare  talent  de  chanteur  à  la  Scala  de  Milan,  il  vint 
à  Paris  en  1803  et  obtint  de  vifs  succès  à  l'Opéra  Italien, 
particulièrement  dans  il  Matrimonio  segrelo  de  Cimarosa, 
qu'il  chantait  avec  une  suavité  délicieuse.  Cependant,  le 
climat  de  la  France  étant  défavorable  à  sa  voix,  il  dut  re- 
tourner en  Itahe  l'année  suivante.  Sa  voix  retrouva  alors 
toutes  ses  qualités,  avec  une  puissance  qui  même  lui  était 
inconnue  jusqu'alors.  Après  avoir  remporté  d'éclatants 
succès  à  Turin,  à  Rome,  à  Venise,  à  Milan,  il  se  fixa  à 
iXaples,  où  il  créa  les  rôles  de  ténor  de  tous  les  opéras 
que  Rossini  écrivait  alors  pour  le  théâtre  San  Carlo  :  Eli- 
sabetta,  Otello,  Armida,  Mosè,  Ricciardo  e  Zoraide, 
Ermione,  la  Donna  del  Lago,  Zelmira.  Il  se  retira  de 
la  scène  en  1822,  conservant  seulement  les  fonctions  de 
chanteur  qu'il  occupait  à  la  chapelle  royale  de  Naples. 

N  U.  I.  Beaux-arts.  —  Le  nu  est  le  fond  nécessaire  des 
arts  du  dessin,  de  la  sculpture  et  de  la  peinture,  et  l'on  ne 
saurait  prétendre  à  les  exercer  avec  succès  si  l'on  n'a  fait 
des  études  suffisantes  de  nu,  c.-à-d.  si  l'on  n'a  pratiqué 
la  représentation  des  formes  vivantes,  considérées  direc- 
tement et  sans  voile.  Et  l'histoire  de  l'art  nous  enseigne 
que  les  peuples  qui  se  sont  montrés  les  plus  habiles  dans 
les  arts  plastiques  sont  précisément  ceux-là  qui  ont  abordé 
cette  étude  du  corps  nu  :  là  est  le  secret  de  la  supériorité 
des  Egyptiens,  puis  des  Grecs ,^  et  aussi  la  raison  de  l'in- 
suffisance du  sculpteur  assyrien  quand  il  taille  dans  la 
pierre  des  personnages  humains  ;  il  n'a  pas  reçu  ces  leçons 
de  la  forme  nue,  indispensables  à  l'artiste.  Mais,  si,  pour 
les  anciens,  et  surtout  pour  les  Grecs,  le  beau  ne  pouva.'t 
trouver  de  plus  complète  traduction  que  dans  des  formes 
matérielles  accomplies  et  parfaites,  aux  yeux  des  chré- 
tiens qui  jetèrent  Fanathème  à  la  matière,  la  beauté  prii:~ 
cipale  devait  résider  dans  l'expression  du  reflet  de  l'âme 
sur  les  traits  du  visage  ;  l'idéal  moderne,  surtout  au 
moyen  âge,  ditfère  donc  essentiellement,  à  ce  point  de  vue, 
de  l'idéal  antique.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'importance  du  nu 
dans  les  beaux-arts  n'est  point  contestable,  et  il  est  cer- 
tain, par  exemple,  qu'elle  est  le  principal  objet  de  Fart 
statuaire,  où  le  vêtement,  la  draperie  apportent  seule- 
ment un  motif  de  variété,  un  supplément  d'expression  ou 
un  raffinement  de  grâce.  Au  surplus,  le  nu  en  art  est 
toujours  chaste,  parce  qu'au  lieu  d'avoir  les  accents  de  la 
vie  individuelle,  il  porte  les  empreintes  de  la  vie  générique. 
«  Aucune  idée,  a  écrit  Charles  Blanc,  aucun  soupçon  même 
d'impudeur  ne  saurait  s'attacher  à  Vénus,  si  elle  est  une 
statue  impersonnelle  de  l'amour.  »       Gaston  Cougny. 

IL  Architecture.  —  Surface  plane,  concave  ou  con- 
vexe, qui  sert  de  champ  pour  recevoir  un  motif  de  déco- 
rations et  à  partir  de  laquelle  on  compte  la  saillie  de  ce 
motif:  ainsi  un  bandeau  sera  indiqué  comme  devant  faire 
saillie  de  0^,05  sur  le  nu  d'un  mur,  et  un  chiffre,  ou  tout 
autre  ornement,  sera  coté  avec  une  sailhe  de  0"^,03  sur 
la  table  destinée  à  le  recevoir.  On  appelle  aussi  nu  dans 
les  diverses  industries  du  bâtiment  le  devant  d'un  ouvrage 
quelconque,  tel  que  bâti  ou  panneau  de  menuiserie  ou  de 
serrurerie.  -  Ch.  L. 

NUAGE.  Si  une  masse  d'air  contient  de  l'humidité  et 
qu'elle  se  refroidisse,  soit,  selon  la  règle,  en  s'élevant  dans 
des  couches  plus  hautes  de  Fatmospîière,  soit  pour  toute 
autre  cause,  il  pourra  se  faire  qu'elle  devienne  sursatu- 
rée. En  ce  cas,  son  excédent  de  vapeur  d'eau  se  transfor- 
mera généralement  en  gouttelettes  dont  le  diamètre  peut 
varier  de  6  à  100 microns  (millièmes  de  millimètre).  Cette 
transformation,  comme  l'a  montré  Aitken ,  est  grandement 
favorisée  par  la  présence  de  poussières  microscopiques,  qui 
serventdecentresdeprécipitation.Latempératures'abaisse- 
t~elle  encore,  les  gouttelettes  passent  à  l'état  de  surfusion, 
puis  finissent  par  devenir  de  petits  cristaux  de  glace  très 
tins.  Toute  agglomération  de  particules  d'eau,  liquides  ou 
solides,  flottant  dans  l'air,  constitue  un  nuage.  H  n'existe, 
en  réalité,  que  deux  sortes  de  nuages,  les  cirrus,  formés 


NUAGE  ~  NUBAR 


126  -- 


de  glace,  et  les  cumulus,  formes  d'eau  ;  les  cirrus  pro- 
vieniierxt  ordinairement  des  masses  d'air,  qui,  après  avoir 
été  en  contact  avec  la  surface  de  la  terre  ou  des  eaux, 
sont  envoyées  à  de  très  grandes  hauteurs  (40  kil.  au  delà) 
par  le  puissant  tourbillonnement  ascendant  des  cyclones 
et  des  bourrasques  ;  les  seconds  sont  produits  par  un  mou- 
vement ascensionnel  vertical,  surtout  aux  heures  chaudes 
de  la  saison  chaude. 

Ces  deux  espèces  de  nuages  présentent  de  nombreuses 
variétés  que  Lamarck  et  Howard,  puis  Poëy,  Cl.  Ley, 
Koppen,  Abercromby  et  lî.  Hildebrandsson  ont  cherché  à 
classifier.  La  classification  de  ces  deux  derniers  savants, 
prise  comme  base  par  la  commission  internationale  des 
météorologistes,  réunie  à  Munich  en  1891,  et  un  peu  mo- 
difiée par  un  comité  permanent,  se  retrouve  dans  V Atlas 
international  des  nuages,  dont  la  publication  a  été  dé- 
cidée lors  de  la  réunion  du  comité  permanent  à  Upsal,  en 
1894.  Cet  atlas,  accompagné  de  figures,  distingue  deux 
formes  dans  les  nuages  :  les  uns  sont  divisés  en  fragments, 
les  autres  étalés  en  nappes  ;  en  tout,  dix  espèces.  , 

Les  nuages  supérieurs,  de  9.000  m.  d'alt.  en  moyenne, 
sont  :  les  cirrus,  vulgairement  queues-de-cheval,  à  struc- 
ture fibreuse,  et  les  cinv-stratiis,  forme  étalée  et  presque 
homogène  des  mêmes  masses  de  glace,  qui  produit  parfois 
des  halos  autour  du  soleil  et  de  la  lune.  Les  nuages  moyens, 
de  3.000  m.  à  7.000  m.,  ont  deux  formes  divisées,  le 
cirro-cumulus  ou  ciel  pommelé  ;  V alto-cumulus,  à  boules 
plus  épaisses  et  légèrement  ombrées  ;  Fun  et  l'autre  lais- 
sant voir  du  ciel  entre  leurs  balles.  La  forme  étalée  est 
V alto-stratus,  <^^\\.  produit  non  des  halos,  mais  des  petites 
couronnes.  Les  nuages  inférieurs  planent  au-dessous  de 
2.000  m.  Ce  sont  les  strato-cumulus^  bourrelets  de  nuages 
sombres  qui  couvrent  parfois  tout  le  ciel,  surtout  en  hiver, 
mais  laissent  voir  du  ciel  bleu  entre  eux,  et  les  nimbus, 
nuages  à  pluie,  couche  épaisse  de  nuages  sombres  et  dé- 
chirés. Quand  cette  dernière  couche  se  déchire  en  lambeaux 
très  déchiquetés,  ce  sont  des  fracto-nimbus .  Encore  plus 
bas,  au-dessous  de  1.000  m.,  se  trouvent  les  stratus  ou 
brouillards  élevés;  /?'ac^o-Si^raifi(5,  quand  leur  couche  est 
déchirée  en  lambeaux.  Les  nuages  de  courant  ascendant 
diurne,  ou  cumulus,  ont  leur  base  à  4.400  m.  environ 
d'alt.  On  les  reconnaît  à  leur  forme  arrondie  de  balles  de 
coton.  Leurs  sommets  sont  à  1.800  m.  Mais,  pendant  les 
journées  très  chaudes  et  humides,  les  courants  ascendants 
peuvent  former  de  grands  bancs,  des  masses  énormes  de 
cumulo-nimbus,  nuages  à  averses,  nuages  d'orage,  dont 
la  base  est  naturellementàl.400m.,mais  dont  les  som- 
mets peuvent  atteindre  à  4,  6,  8  kil.  et  davantage.  Comme 
ils  pénètrent  dans  les  couches  glacées,  leurs  sommets  sont 
souvent  effilochés  en  cirrus,  et  forment  même  des  «  cham- 
pignons »  ou  «enclumes  »  de  cirrus,  qui  surmontent  leur 
masse  arrondie  ou  surélevée  en  grosses  tours.  Ces  cirrus 
qui  les  surmontent,  ou  qui  parfois  flottent  autour  d'eux, 
sont  de  vrais  nuages  de  cristaux  de  glace  ;  on  les  a  pour- 
tant appelés  «  faux  cirrus  »  pour  les  distinguer  des  cirrus 
ordinaires,  qui,  formés  par  le  tourbillon  ascendant  des 
bourrasques,  ne  quittent  pas  les  régions  supérieures  de 
9  à  iO  kil.  d'alt.  Mais  leur  seule  différence  est  dans  la 
hauteur. 

En  règle  générale,  les  nuages  d'eau  étalés  se  résolvent 
en  pluie  ;  les  nuages  d'eau  divisés  restent  en  suspension, 
ainsi  que  les  nuages  de  glace.  La  pluie  d'orage  est  le  ré- 
sultat du  iml'imgQ  brusque  des  cirrus  bas,  ou  faux  cirrus, 
avec  les  sommets,  en  surfusion,  des  grands  cumulus. 

E.  Duranb-Gréville. 

NUAGE  (Blas.).  En  forme  de  nuées;  se  dit  des  pièces 
présentant  une  suite  de  courbes  semblables. 

N  UÂI LLÉ.  Com.  du  dép.  de  la  Charente-Inférieure,  arr 
de  Saint-Jean-d'Angély,  cant.  d'Aulnay;  327  hab. 

N  UAI  LLÉ.  Com.  du  dép.  de  la  Charente-Inférieure,  arr. 
de  La  Rochelle,  cant.  de  Courçon;  699  hab. 

NUANCE  (Mus.).  On  appelle  nuances  ks  différences 
d'intensité  données  aux  sons  par  l'exécutant.  Le  compo- 


siteur les  indique  au  moyen  de  mots  français  ou  allemands, 
mais  le  plus  souvent  italiens,  pai^  des  abréviations  de 
ceux-ci  ou  encore  par  des  signes.  Voici  le  tableau  des 
nuances  les  plus  usitées  : 

DOLCE 


Piano 
Pianissimo 

FURÏE 

Fortissimo 
Forte-piano 


par  abréviation  dol. 
V' 

■        /'. 

-  tl 

-  (V- 


-ppp. 


Vf' 

nif. 

mez-voc. 
cresc. 
(ou<). 

decresc.  oii  dim. 
(ou>). 


Doux. 

Doux. 

Très  doux. 

Fort. 

Très  fort. 

Fort,  puis  subi- 
tement doux. 

Doux,  puis  subi- 
tement fort. 

A  moitié  fort. 

A  demi-voix. 

En  augmentant. 


En  diminuant. 


sf%. 
rfi: 


En  forçant. 
En  renforçant. 

des   nuances,  les 


Piano-forte 

Mezzo-forte 
Mezza-voge 

Crescendo 

Decrescendo  ) 

ou  >     " 

DlMINUENDO      ) 

Sforzando 

RiNFORZANDO 

Bien  que   n'étant  pas   absolument 
termes  et  les  signes  d'accentuation  s'y  rattachent  d'assez 
près  pour  que  nous  les  fassions  figurer  ici  : 

Sostenuto Soutenu. 

Legato  ou   y^    ^^    Lié. 

Marcato  ou  >  /\  /\~ Marqué,  accentué. 

Espressivo Expressif. 

Leggiero Léger. 

Staccato  ou  * Détaché. 

NUARS.  Com.  du  dép.  de  la  Nièvre,  arr.  de  Clamecy, 
cant.  de  Tannay;  396  hab. 

NUBAR  Pacha,  homme  d'Etat  égyptien,  né  à  Smyrne 
en  janv.  1825,  mort  à  Paris  le  14  janv,  1899.  Issu 
d'une  famille  chrétienne,  il  fut  élevé  en  Suisse,  puis 
en  France,  entra  en  1842  au  service  de  Méhémet-Aii, 
dont  il  devint,  deux  ans  plus  tard,  secrétaire-interprète, 
et  fut  employé  au  même  titre  par  Abbas  Pacha,  qui, 
à  partir  de  1850,  le  chargea  de  plusieurs  missions  diplo- 
matiques à  Londres  et  à  Vienne,  Abbas  Pacha  lui  confia 
en  1856  l'organisation  du  transit  égyptien  pour  l'Inde, 
tâche  dont  il  s'acquitta  avec  succès.  Sous  ïsmail  (1863), 
il  devint  pacha,  fut  envoyé  à  Paris,  où  il  aplanit,  de 
concert  avec  Napoléon  III,  les  difficultés  qui  s'étaient 
élevées  entre  le  gouvernement  égyptien  et  la  Compa- 
gnie du  canal  de  Suez  (1864),  occupa  quelque  temps 
le  ministère  des  travaux  publics  et,  nommé  en  1866  mi- 
nistre des  affaires  étrangères,  fit  accorder  à  son  maître 
par  le  sultan  le  titre  de  khédive  avec  une  notable  aug- 
mentation de  pouvoir.  A  partir  de  1870,  il  se  rapproclia 
visiblement  de  l'Angleterre,  dont  il  favorisa  de  plus  en 
plus  les  intérêts  en  Egypte,  au  détriment  de  ceux  de  la 
France.  Ecarté  du  gouvernement  en  1874,  il  y  rentra 
l'année  suivante,  en  sortit  encore  en  1876,  mais  y  fut 
rappelé  le  23  août  1878  comme  président  du  Conseil. 
C'est  lui  qui,  à  cette  époque,  eut  à  réorganiser  hcondo- 
minium  anglo-français,  contre  lequel  le  khédive  Ismaïl 
essaya  de  réagir  en  1879.  Nubar  dut  se  retirer,  mais 
ïsmail  fut  bientôt  après  déposé  et  remplacé  par  son  fils, 
Tewfik  Pacha,  sous  qui  l'Angleterre  put  mettre  la  main 
sur  l'Egypte,  par  suite  des  hésitations  et  des  fausses  ma- 
nœuvres de  la  France  (1882).  Nubar,  rappelé  aux  affaires 
comme  président  du  Conseil  et  ministre  de  la  justice 
(4  janv.  1884),  se  signala  par  sa  complaisance  pour  le 
gouvernement  britannique,  surtout  en  matière  financière 
et  policière  (suppression  du  journal  le  Bosphore  égyp- 
tien, etc.).  Il  se  produisit  pourtant  à  la  longue  une  lutte 
sourde  entre  cet  homme  d'Etat  et  le  représentant  de 
l'Angleterre  (sirEvelyn  Baring),  qui  voulait  s'emparer  de 
fait  du  service  de  la  police  en  Egypte,  et  qui  finit  par 


obliger  Nubar  à  résigner  ses  fonctions  (11  juin  1888).  Il 
revint  au  pouvoir  de  1894  à  1895.  A.  Debidour. 

NUBÉCOURT.  Corn,  dudép.  de  la  Meuse,  arr.  deBar- 
le-Duc,  cant.  de  Triaucourt;  257  hab.  ^ 

NUBIE.  Contrée  de  l'Afrique  située  sur  le  Nil,  au  S.  de 
l'Esypte,  et  s' étendant  à  peu  près  d'Assouan  à  Khartoum 
et  des  oasis  occidentales  du  désert  de  Libye  à  la  mer  Rouge. 
Cet  espace  d'environ  750.000  kil.  q.  a  1  million  d'hab. 
Le  nom  de  Nubie  n'a  pas  de  valem^  officielle.  On  trouvera 
la  description  physique,  politique  €t  économique  du  pays 
à  l'art,  Soudan  égyptien.  La  flore,  la  faune  et  l'ethno- 
graphie ont  été  traitées  à  l'art.  Afrique. 

NUBILITÉ  (V.  Puberté). 

NUBLE.  Prov.  du  Chili,  entre  31«  5'  et  37«  151at.  N.  ; 
9.210  kil.  q.,  165.529  hab.  (en  1894),  soit  18  hab.  par 
kiL  q.  La  zone  maritime  est  fertile,  puis  viennent  des 
llanos,  puis  la  montagne  avec  ses  bois  et  ses  pâturages. 
Le  ch.-l.  est  Chillan. 

NU  CELLE  (V.  Cellule,  Ovule). 

NUGERIA  (V.  Nocera). 

NUCINE  (Chim.  ind.)  (V.  Brou  de  noix). 

NUCK  (Anton),  anatomiste  hollandais,  né  à  Harderwyk 
en  1650,  mort  à  Leyde  en  1692. 11  fut  professeur  d'ana- 
tomie  et  de  chirurgie  à  Leyde,  Ses  découvertes  en  anato- 
mie  (glandes,  lymphatiques,  œil,  etc.),  ses  recherches  dans 
le  domaine  de  la  chirurgie,  etc.,  le  placent  au  rang  des 
c"  ands  savants  de  son  siècle.  1)''  L.  Hn. 

"   NUCLÉINE  (V.  Cerveau,  t.  X,  p.  96). 

NUCOURT.  Corn,  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr.  dePon- 
toise,   cant.  de  Marines;  366  hab.  Stat.  du  chem.  de 


Eglise  (le  Niicourt. 

fer  de  Chars  à  Magny.  Eglise  du  xn«  au  xvi^  siècle,  ave. 
un  beau  retable  de  cette  dernière  époque.  Carrières  de 
pierre. 

NUCULÂ.  L  Zoologie.  —  Cenrede  Mollusques  Lamd- 
libr anches,  de  l'ordre  des  Pectinacés,  établi  par  Lamarck  en 
i799pourune  coquille  de  petite  tailk,  épaisse,  épidermcc, 
trigone,  équivalve  et  inéquilatérale  ;  entièrement  close. 
Le  ligament  interne  est  reçu  dans  une  fossette  de  chaque 
côté  de  laquelle  existe  une  rangée  de  petites  dents  lamel- 
^  leuses.  Llmpression  palléale  est  simple  et  l'intérieur  des 
valves  nacré.  Ex.  N,  nudeus  L.  Les  Nucules  habitent 
toutes  les  mers,  quelques-unes  à  de  grandes  profondeurs. 
IL  Paléontologie.  —  Les  représentants  de  cette  famille 
S):it  connus  depuis  le  silurien  où  le  genre  JSmula  est 
représenté,  bien  que  beaucoup  d'espèces  décrites  sous  ce 
ujm  puissent  aussi  bien  appartenir  au  genre  TelUnomyia. 
Les  genres  Cucullela,  Cleidophorus  sont  de  la  même 
époque.  Piychostolis  est  jurassique.  Leda,  encore  vivant, 
date  du  silurien;  il  en  est  de  même  de  Yoldia,  genre 
arctique.  Malletia,  qui  vit  encore  au  Chili,  se  trouve  dans 
le  tertiaire  d'Italie. 


127  —  NUBAR  —  NUCENT 

NU  eu  LA!  NE  (Bot.)  (V.  Fruit,  t.  XVÎÏI,  p.  217). 
NU  DDE  A  (Nadya),  Ville  de  l'Inde  anglaise,  prov.  de 
Calcutta  (Bengale),  r.  dr.  delaBaghirati  (deltadu  Gange)  ; 
9.000  hab.  Port  fluvial.  Ancienne  capitale  du  Bengale 
hindou,  fondée  par  le  roiLakchman  Sen  en  1065,  un  des 
centres  de  la  résistance  aux  musulmans.  Ville  sainte  et 
littéraire,  patrie  du  réformateur  vichnouite  Tchaïtanya; 
ses  écoles  sont  très  fréquentées. 
NUDITÉ  (Beaux-arts)  (V.  Nu). 
NUE  PROPRIÉTÉ,  La  nue  propriété  est,  comme  l'on  sait, 
une  propriété  dont  on  ne  jouira  qu'au  décès  d'une  ou  plu- 
sieurs pei^sonnes  désignées  (V.  Propriété).  —  Une  nue 
propriété  a  une  valeur  vénale  que  l'on  peut  estimer  comme 
il  suit  :  soit  V  la  valeur  actuelle  d'une  nue  propriété  qui 
sera,  pour  fixer  les  idées,  une  somme  d'argent  (ou  la  somme 
d'argent  estimation  du  capital  qu'elle  représente).  Suppo- 
sons que  l'on  ne  puisse  entrer  en  jouissance  qu'à  la  mort 
d'une  personne  actuellement  d'âge  a.  La  valeur  de  cette  ' 
propriété  est  évidemment  égale  à  la  prime  d'assurance  qu'il 
faudrait  verser  pour  se  procurer  le  capital  V  au  décès  d'une 
tête  d'âge  a.  Elle  se  calculera  donc  comme  il  a  été  dit  à 
l'article  Assurance.  Mais  il  est  clair  que  si  la  personne 
d'âge  a  est  d'une  santé  débile,  ou  exposée  à  des  risques  qui 
mettent  son  existence  en  danger,  le  calcul  n'a  plus  au- 
cune prise  sur  l'estimation  de  cette  nue  propriété.    H.  L. 
NUÉE  (Blas.).  La  nuée  se  représente  héraldiquement 
par  une  succession  de  plusieurs  volutes  nuageuses. 

NUEIL-sous-Fâye,  Com.  du  dép.  de  la  Vienne,  arr. 
de  Loudun,  cant.  de  Monts-sur-Guesnes  ;  510  hab. 

N U E I  L-sous-les-Aubiers  ou  N U E I  L-les-Aubiers.  Com. 
du  dép.  des  Deux-Sèvres,  arr.  de  Bressuire,  cant.  de 
Châtillon-sur-Sèvre  ;  2.129  hab,  Stat.  du  chem.  de  fer  de 
l'Etat.  Ateliers  de  constructions  mécaniques,  moulins. 

NUEiL-so us-Passavant.  Com.  du  dép.  de  Maine-et- 
Loire,  arr.  de  Saumur,  cant.  de  Vihiers;  1.790  hab.  Eglise 
moderne.  Monument  érigé  en  1894  à  15  habitants  qui,  le 
27  avr.  1794,  enfermés  dans  le  clocher,  résistèrent  aux 
attaques  de  600  Vendéens  jusqu'à  l'arrivée  de  l'armée  ré- 
publicaine. 

NUEIL-sur-Dive.  Com.  du  dép.  de  la  Vienne,  arr.  de 
Loudun,  cant.  des  Trois-Moûtiers  ;  618  hal). 

NU  EL  LES.  Com.  du  dép.  du  Rhône,  arr.  de  Lyon, 
cant.  de  l'Arbresle  ;  242  hab. 

NUEVA  BARCELONA  (V.  Barcelona). 
NUEVÂ-BERIViEJA  (Colon).  Ville  de  Cuba,  prov.  de 
Matanzas,  sur  le  chem.  de  fer  de  la  Havane  à  Cienfue- 
gos;  16.679  hab.  (en  1887).  Sucre. 

NUEViTAS  (San-Fernàndo-dk).  Ville  maritime  du  N. 
de  Cuba  ;  6.618  hab,  (en  1887).  C'est  le  port  dePuerto- 
Principe  auquel  la  relie  un  chem.  de  fer  de  71  kil. 

NUEVO-LEON.  L'un  des  Etats  unis  du  Mexique,  au 
N.  de  la  république;  62.381  kil.  q.  ;  293.793  hab.  (en 
1894).  Il  est  compris  entre  les  Etats  de  Coahuila  à  l'O., 
Tamanlipas  au  N.  et  à  l'E.,  San-Luis-de-Potosi  au  S.-O. 
Montagneux  à  l'O,  il  s'abaisse  àl'Ë.  vers  la  plaine  du  Rio 
Grande  del  Norte,  auquel  le  Pesquerto  mène  ses  eaux.  La 
capitale  est  Monterey.  Culture  d'agave,  élevage  de  bé- 
tail ;  mine-s  d'argent,  plomb,  houille,  soufre,  salpêtre, 
fer. 

NUfENEN  (italien  Novena).  Col  des  Alpes valaisanncs, 
conduisant  du  val  d'Eginen  (Valais)  au  val  Bedrctto,  dans 
le  Tessin,  par  le  sud  du  Saint-Gothard.  Alt.,  2.441  m. 
NUFFAR  (V.  Nippour). 

NUGENT,  barons  de  Delvin,  vieille  famille  irlandaise 
dont  les  membres  les  plus  importants  sont  : 

Sir  Gilbert  Nugent,  qui  reçut  de  Hugh  de  Lacy  la  ])a- 
ronnie  de  Delvin,  vers  1172. 

Sir  Richard,  qui  fut  shérif  deMcath,  en  1424,  et  prit 
une  part  importante  à  la  guerre  contre  l'Irlande,  durant 
laquelle  il  s'empara  d'O'Conor  (1427).  Il  fut  nommé  en 
1444  lord  député  d'Irlande  et,  en  1452,  sénéchal  deMcath. 
Il  mourut  vers  1465. 

Richard,  w^oî't  ^'<?î's  1538,  fut  employé  à  la  répression 


NUGENT  ^  NUIT 


128 


de  la  révolte  de  lord  Clanricarde  (4504),  et  il  s'y  dis- 
tingua par  son  audace.  Il  fut  nommé  lord  député  d'Ir- 
lande en  1527.  Son  administration  souleva  les  plus  âpres 
critiques.  Il  essaya  de  traiter  avec  Brian  O'Conor,  qui  par 
ruse  s'empara  de  lui  (1528)  et  le  garda  dix  mois.  Pour- 
tant Delvin  fut  nommé  de  nouveau  gouverneur  d'Irlande 
en  1534,  mais  ce  fut  seulement  en  l'absence  du  comte  de 
Kildare.  Il  rendit  par  la  suite  d'importants  services  mili- 
taires et  ce  fut  lui  qui  annonça  à  Henri  VIII  la  soumis- 
sion de  O'Conor  et  de  Fitz-Gerald  (1535).  Aussi  fut-il 
chargé  de  réprimer  une  nouvelle  rébellion  d'O'Conor  en 
1537  et  mourut  au  cours  des  opérations. 

Sir  Christopher,  petit-fils  du  précédent,  né  en  1544, 
mort  en  1602,  lutta  comme  ses  parents  contre  les  rebelles 
irlandais,  notamment  contre  Shane  O'Neill  (1565).  Mais 
en  1574,  ayant  refusé  de  reconnaître  pour  rebelle  le  comte 
de  Desmond,  il  fut  poursuivi  par  le  gouvernement  et  dut 
faire  amende  honorable.  En  1576,  il  excita  encore  le  res- 
sentiment d'Elisabeth,  en  poussant  un  grand  nombre  de 
gentilshommes  irlandais  à  déclarer  inconstitutionnelle  la 
coutume  de  s'emparer  d'approvisionnements  pour  l'armée 
à  des  prix  arbitrairement  fixés.  Il  fut  emprisonné  quelque 
temps.  Après  avoir  été  chargé  de  réprimer  les  incursions 
de  Turlough  Luineach  O'Neill  sur  les  frontières  du  Nord 
(1579),  il  tomba  encore  en  disgrâce  à  cause  de  son  ca- 
thohcisme  intransigeant  et  fut  impliqué  dans  le  complot 
de  Baltingias.  Il  fut  emprisonné  dix-huit  mois  à  DubUn,  et 
retenu  ensuite  en  Angleterre.  On  lui  permit  en  1588  de 
revenir  en  Mande,  mais,  toujours  suspect,  il  fut  surveillé 
de  près.  Cependant,  lors  de  la  grande  révolte  du  comte  de 
Tyrone  (1593-97),  il  fut  chargé  de  la  défense  du  Pale  et 
fit  partie  de  la  commission  d'enquête  sur  les  abus  commis 
dans  le  gouvernement  de  l'Irlande.  En  1600,  il  fut  obligé 
de  se  soumettre  à  Tyrone.  Arrêté  peu  après  comme  traître, 
il  fut  enfermé  à  Dublin  et  mourut  avant  l'ouverture  de  son 
procès.  Delvin,  qui  était  éruditet  grand  amateur  de  livres, 
a  écrit  :  A  primer  of  the  Irish  Language  et  A  Plot  for 
the  Reformation  of  Ireland,  publiés  par  Gilbert  dans 
Account  of  National  Mss  of  Ireland. 

Sir  Richard,  premier  comte  deWestmeath,  né  en  1583, 
mort  en  1642,  fils  du  précédent,  prit  part  en  1606  aune 
conspiration  contre  le  gouvernement.  Arrêté  et  emprisonné, 
il  réussit  à  s'évader  et  à  se  réfugier  dans  les  montagnes, 
où  sir  Richard  Wingfield,  envoyé  à  sa  poursuite,  ne  par- 
vint pas  à  le  saisir.  Il  fit  sa  soumission  en  1608  et  il  ne 
tarda  pas  à  faire  de  l'opposition  au  gouvernement  dans 
le  Parlement.  Le  roi  ne  lui  garda  pas  rancune  et  il  fut 
créé  comte  de  Westmeath  en  1621.  Il  fut  chargé  d'une 
mission  auprès  de  Buckingham  à  l'île  de  Ré  (1627),  et, 
lors  de  la  révolte  de  l'Irlande  de  1641,  il  demeura  fidèle 
à  l'Angleterre,  malgré  les  prières  et  les  menaces  de  ses 
compatriotes.  R.  S. 

BiBL.  :  Gilbert,  Contemporary  history  ofaffairs  in  Ire- 
land (Irish  archœological  Society ^  I,  35). 

NUGENT (George,  baron)  (1788-1850)  (V.  Grenville). 

NUGENT-Craggs  (Robert,  comte),  homme  politique  et 
écrivain  anglais,  né  en  1 702 ,  mort  à  Dublin  le  1 3  oct.  1 788 . 
D'une  bonne  famille  irlandaise,  mais  peu  favorisé  de  la 
fortune,  il  s'enrichit  colossalement  en  épousant  successi- 
vement des  veuves  riches,  sorte  de  talent  qui  inspira  à 
Horace  Walpole  un  mot  nouveau,  la  «  Nugentize  ».  Repré- 
sentant de  Saint-Mawes  à  la  Chambre  des  communes,  de 
1741  à  1754,  puis  député  de  Bristol  de  1754  à  1774,  et 
de  nouveau  de  Saint-Mawes  (1774  à  1784),  il  fut  nommé 
lord  de  la  Trésorerie  en  1754,  devint  vice-trésorier  d'Ir- 
lande en  1760,  président  du  bureau  du  commerce  en  1766  ; 
il  fut  un  ministériel  imperturbable.  Il  était  très  populaire 
dans  les  milieux  parlementaires  et  il  essaya  en  1784  de 
réconcilier  Pitt  et  Fox.  Il  avait  prêté  de  grosses  sommes 
au  prince  de  Galles.  Georges  II  ne  remboursa  jamais  les 
dettes  de  son  fils,  mais  il  créa  Nugent  vicomte,  puis  ba- 
ron, puis  comte.  Grand,  gros,  doué  d'une  voix  de  sten- 
tor et  infiniment  spirituel,  Nugent  eût  joué  un  plus  grand 


rôle  s'il  n'avait  été  trop  sceptique  pour  s'attacher  à  un 
parti  quelconque.  Il  a  laissé  des  poésies  qui  ne  manquent 
pas  de  valeur,  entre  autres  une  Ode  à  William  Putney 
(Londres,  1739),  qui  passa  pour  un  chef-d'œuvre.  Mal- 
heureusement, on  a  prétendu  qu'il  avait  payé  Mallet  pour 
l'écrire.  Citons  de  lui  :  Odes  and  epistles  (1739)  ;  Faith 
(1774);  The  Genius  of  Ireland  (\11^).  Glover,  dans  ses 
Mémoires  (1813),  a  laissé  de  Nugent  ce  portrait  :  «  C'était 
un  joyeux  et  voluptueux  Irlandais  qui  avait  abandonné  le 
catholicisme  pour  le  protestantisme,  l'argent  et  les  veuves.  » 
Sa  fille  aînée  épousa  en  1775  le  marquis  de  Buckin- 
gham, qui  prit  dès  lors  le  nom  de  Nugent  et  Temple  et 
le  transmit  à  ses  héritiers.  •  R,  S. 

NUGENT  DE  Westmeath  (Comte Laval),  feld-maréchal 
autrichien,  né  à Ballynacor  (Irlande)  le  3  nov.  1777,  mort 
au  château  Bosilievo,  près  de  Carlstadt,le  21  août  1862. 
Il  descendait  des  barons  de  Delvin  (V.  ci-dessus).  En 
1793,  il  entra  dans  l'armée  autrichienne,  où  son  grand- 
oncle,  Jacob-Robert  Nugent  (1720-94),  avait  été  feld- 
maréchal-lieutenant,  se  distingua  durant  la  campagne 
contre  l'Italie,  et,  promu  en  1807  colonel,  devint  en  1809 
chef  d'état-major  général  de  l'archiduc  Jean.  En  1813, 
il  dirigea,  comme  général-major,  les  opérations  contre  le 
vice-roi  d'Italie,  Eugène  de  Beauharnais,  fut  une  première 
fois  repoussé  par  les  troupes  françaises,  puis  conquit  la 
Croatie,  l'Istrie,  et  se  rendit  maître  de  la  vallée  du  Pô. 
En  1815,  il  eut  le  commandement,  comme  feld-maréchal- 
lieutenant,  de  l'aile  droite  de  l'armée  autrichienne  en  Ita- 
lie, occupa  Rome  et  battit  Murât.  En  1816,  il  fut  élevé 
par  le  pape  à  la  dignité  de  prince  de  l'Eglise,  entra  l'an- 
née suivante,  comme  capitaine-général  du  royaume  de 
Naples,  au  service  de  Ferdinand  I^^  et,  après  fa  révolu- 
tion de  1820,  reprit  du  service  en  Autriche.  Envoyé  en 
1848,  à  la  tête  d'un  corps  d'armée,  au  secours  de  Ra- 
detzky,  il  prit  part,  l'année  suivante,  à  la  soumission  de 
la  Hongrie  et  fut  promu  peu  après  feld-maréchal.  L.  S. 

NUGENT-DuNBAR  (Robert)  (V.  Dunbar). 

NUGENT-Temple  (V.  Grenville). 

NUILLE-le-Jalais.  Corn,  du  dép.  de  la  Sarthe,  arr. 
du  Mans,  cant.  de  Montfort  ;  438  hab. 

NUILLÉ-sur-Ouette.  Com.  du  dép.  de  la  Mayenne, 
arr.  de  Laval,  cant.  de  Montsùrs  ;  344  hab. 

NUILLÉ-suR-VicoiN.  Com.  du  dép.  de  la  Mayenne,  arr. 
et  cant.  (E.)  de  Laval;  1.184  hab. 

NUISEMENT-aux-Bois.  Com.  du  dép.  de  la  Marne, 
arr.  de  Vitry-le-François,  cant.  de  Saint-Remy-en-Bou- 
zemont;  115  hab. 

NUISEMENT-sur-Coole.  Com.  du  dép.  de  la  Marne, 
arr.  de  Châlons,  cant.  d'Ecury-sur-Coole  ;  181  hab. 

NUIT.  I.  Astronomie.  —  La  nuit  est,  par  opposition 
au  jour,  dont  elle  forme  le  complément,  l'espace  de  temps 
compris  entre  le  coucher  et  le  lever  du  soleil.  Pourtant,  il 
ne  fait  réellement  nuit,  au  sens  propre  du  mot,  qu'assez 
longtemps  après  le  coucher  du  soleil,  et  il  cesse  de  faire 
nuit  bien  avant  son  lever;  la  lumière  indécise,  intermé- 
diaire entre  le  jour  et  la  nuit,  qu'on  observe  le  soir  et  le 
matin,  alors  que  le  soleil  est  entre  l'horizon  et  un  cercle 
situé  à  18^  au-dessous  de  cet  horizon,  constitue,  le  soir, 
le  crépuscule,  et  le  matin,  V aurore  (V.  ces  mots).  A 
Paris,  au  moment  du  solstice  d'été,  il  n'y  a  pas  de  nuit 
absolue,  le  soleil  ne  descendant  pas  au-dessous  du  cercle 
précité.  Dans  les  régions  polaires,  au  contraire,  il  y  a  de 
longues  nuits  de  plusieurs  mois  (V.  Polaires  [Terres]). 

II.  Législation.  —  Les  lois  et  règlements  emploient 
fréquemment  le  mot  nuit.  Parfois,  ils  en  délimitent  ex- 
pressément la  durée,  et  c'est  alors  cette  délimitation  qui 
doit  être  suivie.  Ainsi,  l'art.  1037  du  Code  de  proc.  civ., 
qui  interdit  de  faire,  durant  la  nuit,  aucune  signification 
ni  exécution,  fait  courir  cette  nuit  de  six  heures  du  matin 
à  six  heures  du  soir  du  1®^  oct.  au  31  mars  et  de  quatre 
heures  du  matin  à  neuf  heures  du  soir  du  1®^'  avr.  au 
30  sept.  Mêmes  limites  sont  fixées  par  l'ordonnance  du  29  oct. 
1820,  qui  défend  à  tout  gendarme  de  pénétrer,  la  nuit 


dans  les  maisons  des  citoyens,  hors  les  cas  d'incendie, 
d'inondation  ou  de  réclamation  venant  de  l'intérieur  de  la 
maison.  Dans  d'autres  cas,  au  contraire,  les  textes  sont 
muets  sur  la  durée  de  la  nuit  :  telle  la  loi  du  3  mai  48i4, 
qui  interdit  de  chasser  la  nuit,  tel  le  décret  du  40  août 
4852  qui  ordonne  d'éclairer  les  voitures  circulant  la  nuit 
sur  les  routes,  tels  également  les  art.  384,  385  et  386 
du  C.  pén.  qui  aggravent  les  pénalités  du  vol  lorsque 
celui-ci  est  commis  la  nuit.  Dans  ces  cas  et  dans  les  autres 
cas  analogues,  il  semble  que  les  tribunaux  aient  à  pro- 
céder avant  tout,  pour  établir  la  contravention  ou  le  ca- 
ractère du  délit,  à  une  constatation  de  fait  et,  à  défaut 
d'indications  contraires,  à  réputer  la  nuit  commencée  dès 
que  le  crépuscule  a  pris  fin.  Pourtant,  un  arrêt  de  la  Cour 
de  cassation  du  6  févr.  4886  a  décidé  qu'en  l'absence  de 
toute  énonciation  contraire  dans  un  règlement  municipal 
ordonnant  l'éclairage  des  voitures  pendant  les  «  courses 
de  nuit  »,  ce  mot  doit  s'entendre  de  plein  droit  de  tout 
l'intervalle  de  temps  qui  s'écoule  du  coucher  au  lever  du 
soleil.  L.  S. 

III.  Mythologie.  —  La  Nuit  (Nyx  des  Grecs,  Nox  des 
Latins)  n'a  jamais  été  qu'une  personnification  allégorique 
figurant  dans  les  poèmes  ou  les  œuvres  d'art.  Homère 
chante  sa  puissance  qui  dompte  par  le  sommeil  les  hommes 
et  les  dieux.  La  théogonie  hésiodique  la  classe  fille  du 
Chaos,  sœur  et  épouse  de  FErèbe,  avec  qui  elle  procrée 
l'Ether  et  le  Jour  ;  seule  elle  enfante  les  divinités  de  la 
destinée,  Kères  et  Moires,  la  Mort,  le  Sommeil,  les  Rêves, 
la  Plainte,  la  Misère,  la  Faim,  la  Peur,  la  Némésis,  la 
Discorde,  la  Folie  (Atê),  mais  aussi  l'Amour  (Eros).  Elle 
était  représentée  sur  le  fameux  coifret  de  Kypselos  (Cyp- 
selus)  avec  le  Sommeil  et  la  Mort  dans  ses  bras.  On  prit 
l'habitude  de  la  peindre  la  face  voilée  de  noir,  vêtue  d'une 
longue  robe  noire  semée  d'étoiles,  tantôt  ailée,  tantôt  sur 
un  char  traîné  de  chevaux  noirs,  portant  soit  le  Sommeil 
et  la  Mort,  soit  une  torche  renversée.  A. -M.  B. 

IV.  Histoire.  —  Nuit  du  4  août  (V.  Août). 
NUITS   ou    NUITS-sous-Beaune  ou    NUITS-Satnt- 

Georges.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  la  Côte-d'Or,  arr. 
de  Beaune,  sur  le  Muzin,  à  l'entrée  d'une  vallée  pit- 
toresque ;  3.625  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  P. -L. -M. 
Commerce  de  vins  ;  vignobles  renommés  ;  les  crus  les 
plus  renommés  sont  Saint-Georges  et  Chàteau-Latour.  La 
seigneurie  de  Nuits  appartenait  aux  sires  de  Vergy  ;  Alix 
de  Vergy  la  porta  en  dot  à  Eudes  III,  duc  de  Bourgogne 
en  4498.  Celui-ci  dota  en  avr.  4242  les  hommes  de  son 
abe7^gement  de  l^iiits  d\me  charte  de  liberté,  par  laquelle 
il  les  affranchissait  de  toute  taille  et  exaction,  ne  se  réser- 
vant qu'un  cens  annuel  de  cinq  sols  par  manse.  Cette 
charte  fut  confirmée  en  4256  et  4268  par  le  duc  Hugues  IV. 
Les  privilèges  qui  ne  s'appliquent  qu'à Nuits-à-Val  furent 
plus  tard  étendus  à  Nuits-à-Mont.  L'origine  des  magis- 
trats municipaux  est  inconnue  ;  mais  dès  4347  on  constate 
l'existence  d'échevins.  Pour  se  préserver  des  pillages  des 
Compagnies,  les  habitants  obtinrent  en  4362  du  gouver- 
neur de  Bourgogne  la  permission  de  construire  une  forte- 
resse. En  4477,  Louis  XI  donna  la  ville,  prévôté  et  sei- 
gneurie de  Nuits,  à  Pierre  DorioUe,  chancelier  de  France. 
François  1^^  visita  Nuits  le  29  déc.  4533  ;  d'autres  sou- 
verains s'y  arrêtèrent  :  Louis  XIII  en  4630,  Louis  XIV 
en  4658.  En  4576,  la  ville,  après  un  siège  vaillamment 
soutenu,  dut  ouvrir  ses  portes  au  duc  Casimir  qui  la  livra 
au  pillage  et  à  l'incendie.  Les  Nuitons  se  montrèrent 
ardents  partisans  de  la  Ligue  ;  le  maréchal  de  Biron  entra 
dans  la  ville  le  23  mai  4595.  Pendant  la  guerre  franco- 
allemande,  Nuits  a  été  le  théâtre  d'une  sanglante  bataille, 
le  48  déc.  4870,  entre  la  première  légion  des  mobiUsés 
du  Rhône  et  les  mobiles  de  la  Gironde,  commandés  par  le 
général  Cremer,  et  la  division  badoise  de  Glumer.  L'issue 
du  combat  demeura  indécise  ;  et  tandis  que  les  Allemands 
se  repliaient  sur  Dijon,  Cremer  se  retira  sur  Beaune.  Un 
monument  commémoratif  en  forme  d'obélisque  a  été  élevé 
sur  le  lieu  de  la  bataille. 

gp.a^'dt:  eXvCyclopédie.  —  XXV, 


429  -«.  NUIT  —  NULL 

On  a  recueilli  quelques  silex  taillés  dans  les  excava- 
tions dites  T7VUS  Légers,  creusées  dans  le  flanc  de  la  col- 
line au-dessus  du  Muzin.  A  diverses  reprises,  on  a  trouve 
des  substructions  et  des  antiquités  romaines.  Uéglise  pa- 
roissiale de  Saint-Symphorien  est  un  monument  remar- 
quable de  la  fin  du  xiii^  siècle  ;  elle  a  la  forme  d'une  croix 
latine  avec  transept  n'excédant  pas  les  bas  côtés,  et  chevet 
plat  ;  le  croisillon  septentrional  du  transept  a  disparu  au 
XV®  siècle  par  la  construction  de  la  chapelle  de  Saint-Jean  ; 
au  carré  du  transept  s'élève  une  tour  carrée.  L'église  col- 
légiale de  Saint-Denis,  dans  Nuits-à-Val,  a  été  naguère 
remplacée  par  une  église  dans  le  style  roman  :  c'est  une 
succursale  de  la  paroisse.  L'hôpital  Saint-Laurent,  qui  exis- 
tait dès  4445,  est  tenu  par  des  religieuses  du  même  Institut 
que  les  dames  hospitalières  de  Beaune.  Patrie  du  corsaire 
François  Thurot.  Les  armes  de  Nuits  sont  :  Bandé  d'or 
et  d'azur  de  six  pièces,  à  la  bordure  de  gueules,  au 
chef  d'or  à  trois  tourteaux  de  gueules.     M.  Prou. 

BiBL.  :  H.  ViENxXE,  Essai  historique  sur  la  ville  de  Nuits; 
Dijon,  18-45,  m-8. 

NUITS-sur-Armançonou  NUITS-sous-Bavières.  Com. 
du  dép.  de  l'Yonne,  arr.  de  Tonnerre,  cant.  d'Ancy-le- 
Franc,  sur  l'Armançon.  Stat.  du  chem.  de  fer  P.-L.-M., 
embranchements  sur  Châtillon-sur-Seine  et  sur  Avallon  ; 
507  hab.  Autrefois  baronnie  relevant  de  Châtel-Gérard. 
Voie  romaine  de  Sens  à  Alise.  EgUse  de  Saint-Cyr  et  Sainte- 
Julitte,  avec  portail  du  xii^  siècle  ;  vitrail  de  4578  ;  pis- 
cine de  la  Benaissance.  Château  Morin,  manoir  du  xv^  siècle. 
Château  des  xvn®  et  xvni®  siècles.  Pont  sur  l'Armançon 
datant  de  4738.  Aux  environs,  restes  de  la  commanderie 
de  Saint-Marc  :  chapelle  du  xn^  siècle. 

NUJEEBABAD.  Ville  de  Flnde  (V.  Nadjibabad). 

NUL  (Math.).  Un  nombre  est  nul  lorsqu'il  devient  égal 
à  zéro,  ou,  pour  parler  plus  exactement,  le  symbole  zéro 
exprime  l'absence  de  toute  grandeur.  En  algèbre,  on  trouve 
grand  avantage,  en  général,  à  rendre  nul  le  second  mem- 
bre de  toute  équation.  Ce  symbole  de  la  nulHté  s'introduit 
dans  le  calcul,  mais  exige  des  précautions  particuUères. 
C'est  ainsi  qu'on  ne  peut,  par  exemple,  diviser  par  une 
expression  les  deux  membres  d'une  équation  sans  avoir 
l'assurance  que  cette  expression  n'est  pas  nulle.  Cette  oj)é- 
ration  faite  à  la  légère  conduirait  aux  pires  absurdités,  et 
il  est  facile  d'en  présenter  de  nombreux  exemples.  Cela 
tient  à  ce  que  le  produit  de  tout  nombre  par  0  est  nul  ; 
de  3  X  0  =  7  X  0,  on  ne  peut  conclure  3  zn  7. 

En  géométrie,  on  considère  quelquefois  aussi  des  lon- 
gueurs nulles.  On  dit  souvent  que  l'équation  ^^+î/'2  =  0, 
en  coordonnées  rectangulaires,  représente  un  cercle  de 
rayon  nul,  ce  qui  est  surtout  une  forme  de  langage.  L'une 
des  définitions  des  foyers  d'une  conique  consiste  à  dire 
qu'un  foyer  est  un  cercle  de  rayon  nul,  doublement  tan- 
gent à  la  conique. 

A  un  point  de  vue  plus  général  que  celui  qui  précède,  il 
y  a  lieu  de  distinguer  entre  zéro  et  une  quantité  nulle  ; 
zéro  est  nul  en  ce  qui  concerne  l'addition  ;  mais  si  l'on 
multiphe  un  nombre  par  4 ,  on  ne  l'altère  pas.  Il  serait  donc 
permis  de  dire  que  4  est  nul  par  rapport  à  la  multipHcation, 
puisque  la  multiplication  par  4  est  de  nul  effet.  En  général,  on 
peut  considérer  comme  nul,  dans  une  opération  quelconque 
représentée  par  le  symbole  anb,  tout  opérateur  a  tel  que 
<xnb  soit  identique  à  b,  quel  que  soit  b.     C.-A.  Laisant. 

N  U  LES.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Castellon,  sur  le  chem. 
de  fer  de  Valence  àTarragone;  4.500  hab.  (en  4887). 
Vieille  enceinte  garnie  de  tours.  A2kil.  0.,  source  ferru- 
gineuse (-h  30 '^^  de  Villavieja. 

NULL  (Eduard  van  der),  architecte  autrichien,  né  à 
Vienne  le  9  janv.  4842,  mort  (suicidé)  à  Vienne  le  3  avr. 
4868.  Professeur  à  l'Académie  de  cette  ville,  il  eut  une 
grande  influence  sur  le  style  des  nouvelles  constructions, 
dont  il  éleva  un  grand  nombre  en  collaboration  avec  Sic- 
cardsburg,  notamment  la  maison  Haus  (au  Graben),  le 
palais  Larisch,  l'Opéra.  Il  imitait  le  style  Renaissance  avec 
tendance  au  rococo. 


NULLEMONT  —  NUMA 


—  430 


NULLEMONT.  Corn,  du  dép.  de  la  Seine-Inférieure, 
arr.  de  Neufchâtel,  cant.  d'Aumale  ;  472  hab. 

NUL  LlTÉ  (Droit  civ.).  On  peut  appeler  nullité  tout  vice 
qpi  en  droit  empêche  un   acte  ou  une  convention  d'avoir 
une  existence  légale  et,  partant,  de  produire  effet.  La  théo- 
rie des  nullités  est  une  des  plus  compliquées  de  notre  droit 
français  ;  cela  vient  surtout  de  l'insuffisance  des  règles 
tracées  en  cette  matière  par  le  législateur.  La  jurispru- 
dence a  bien,  il  est  vrai,  essayé  en  certains  cas  de  sup- 
pléer à  l'insuffisance  de  la  loi,  mais  ses  principes,  bien 
que  justes  et  relativement  simples,  sont  souvent  en  prati- 
que d'une  application  délicate.  Les  nullités  peuvent  se  clas- 
ser à  différents  points  de  vue  :  ainsi,  on  distingue  les  nullités 
absolues  et  les  nullités  relatives.  Les  nullités  absolues  sont 
celles  qui  ne  peuvent  être  couvertes,  qui  peuvent  être  invo- 
quées par  tous  ceux  qui  y  ont  intérêt  et  même  par  le  ministère 
public.  Les  nullités  relatives  sont,  au  contraire,  susceptibles 
d'être  couvertes,  et  sont  moins,  à  vrai  dire,  une  nullité  qu'une 
faculté  accordée  à  une  ou  plusieurs  personnes  d'attaquer 
un  acte  ou  un  contrat.  Les  nullités  sont  aussi  extrinsèques 
ou  intrinsèques.  La  nullité  extrinsèque  est  celle  qui  résulte 
de  la  forme  extérieure  d'un  acte  ;  la  nullité  intrinsèque 
est  celle  qui  résulte  du  fond  môme  de  l'acte.  Enfin  certains 
auteurs  divisent  les  nullités  en  nullités  de  plein  droit  et 
nullités  par  voie  d'action.   Les  premières  sont  celles  qui 
sont  expressément  prononcées  par  la  loi  ou  qui  résultent 
d'un  vice  qui  a  empêché  l'acte  d'exister  ou  le  contrat  de  se 
former.  Les  nuUilès  par  voie  d'action  sont  celles  qui  doi- 
vent être  prononcées  par  les  tribunaux  sur  la  demande  des 
parties  ou  de  l'une  d'elles  et  qui  résultent  d'un  ensemble 
de  circonstances  laissées  à  l'appréciation  des  juges. 

La  théorie  des  nullités  s'applique  à  toutes  les  branches 
du  droit  et  particulièrement  aux  actes  de  procédure,  aux 
exploits  (V.  ce  mot) .  En  ce  qui  touche  la  nuHité  de  ces  actes, 
la  loi  a  pris  soin  de  formuler  les  règles  générales.  En 
principe,  aucun  acte  de  procédure  ne  peut  être  déclaré 
nul  qu'autant  que  la  nullité  en  est  formellement  prononcée 
par  un  texte  ;  c'est  ce  qu'on  exprime  en  disant  que  les 
nullités  ne  se  suppléent  poi7it.Vac conséquent,  ûorsmème 
(jue  la  loi  prescrit  une  formalité  en  termes  impératifs, 
l'omission  de  cette  formalité  n'entraîne  pas  la  nullité  de 
l'acte  si  la  loi  ne  le  dit  pas  expressément.  Inversement, 
dès  qu'une  nullité  est  prononcée  par  la  loi,  elle  doit  être 
prononcée  par  le  juge,  qui  n'a,  à  ce  point  do  vue,  aucun 
pouvoir  d'appréciation  ;  on  dit,  en  ce  sens,  que  les  nulHtés 
ne  sont  pas  comminatoires.  Les  nullités  de  procédure,  les 
seules  dont  nous  parlions  actuellement,  doivent,  en  règle 
générale,  être  proposées  avant  toute  défense  au  fond.  Un 
exemple  précisera  ces  trois  règles.  Je  suis  assigné  devant 
un  tribunal  en  paiement  d'une  somme  d'argent,  mais 
l'exploit  qui  m'est  signifié  n'indi([ue  pas  le  nom  de  l'huis- 
sier qui  l'a  délivré  ;  c'est  une  cause  de  nuUité,  car  l'art.  64 
du  G.  de  procéd.  exige  cette  .mention,  à  peine  de  nullité. 
Dès  lors,  si  je  relève  cette  omission,  le  juge  devra  néces- 
sairement prononcer  la  nullité  de  l'exploit,  car  les  nullités 
ne  sont  pas  comminatoires.  Je  devrai  d'ailleurs  invoquer 
la  nullité  de  l'ajournement  avant  de  conclure  au  fond,  car 
si  j'accepte  le  débat,  je  suis  réputé  y  renoncer.  Mais, 
inversement,  je  ne  serai  pas  admis  à  me  plaindre  de  ce 
que  l'exploit  n'indique  pas  quel  jour  de  la  semaine  il  a 
été  rédigé,  car  la  loi  n'exige  pas  cette  mention,  et  les 
nullités  ne  se  suppléent  point.  Il  va  de  soi  que  la  nullité 
ne  peut  être  demandée  que  par  la  partie  à  qui  l'acte  est 
opposé  et  non  par  celle  à  la  requête  de  laquelle  il  a  été  fait  ; 
dans  l'exemple  précédent  notamment,  le  défendeur  peut 
seul  relever  la  nullité  de  l'assignation.  —  L'acte  de  pro- 
cédure une  fois  déclaré  nul  ne  produit  aucun  effet,  et, 
pour  continuer  l'exemple  précédent,  l'ajournement  annulé 
n'interrompt  pas  la  prescription,  ne  fait  pas  courir  les 
intérêts  et  ne  met  pas  le  débiteur  en  demeure.  On  com- 
prend combien  une  nulUté  ainsi  commise  peut  entraîner 
de  graves  conséquences.  Aussi  la  loi  dit-elle  que  les  pro- 
cédures ou  les  actes  nuls  seront  à  la  charge  des  officiers 


ministériels  qui  les  auront  faits  et  permet-elle,  en  ci:':e, 
de  condamner  ceux-ci  à  des  dommages-intérêts  envers  k 
partie  lésée. 

En  ce  qui  touche  les  conventions,  la  théorie  des  nul- 
Htés est  beaucoup  plus  compliquée.  D'une  manière  géné- 
rale, le  contrat  nul  est  celui  qui,  bien  que  réunissant 
tous  les  éléments  essentiels  à  sa  formation,  renferme  ce- 
pendant un  vice  suffisant  pour  le  faire  annuler.  Ces  causes 
de  nullité  sont  l'incapacité  d'une  des  parties  contractantes, 
le  dol,  l'erreur,  la  violence  et  exceptionnellement  la  lésion, 
c.-à-d.  le  fait  qu'un  des  contractants  n'a  pas  reçu  un 
équivalent  suffisant.  La  nullité  d'un  contrat  ne  peut  être 
prononcée  que  par  la  justice,  aussi  peut-on'  dire  que  la 
convention  nulle  est  celle  qui  a  été  déclarée  telle  par  un 
tribunal,  et  que,  jusqu'à  ce  moment,  elle  n'est  qu'annu- 
lable. Les  contrats  nuls  (ou  plus  exactement  annulables) 
ne  peuvent  être  attaqués  que  par  la  partie  en  faveur  de 
laquelle  la  nullité  a  été  édictée,  par  celle,  par  exemple, 
qui  était  incapable  ou  dont  le  consentement  a  été  surpris 
par  erreur,  dol  ou  violence.  D'ailleurs,  cette  partie  peut 
confirmer  l'acte  annulable  dès  qu'elle  est  devenue  capable 
ou  dès  que  son  consentement  est  devenu  libre.  Cette  con- 
firmation peut  être  expresse,  la  partie  qui  pourrait  atta- 
quer le  contrat  déclarant  le  tenir  pour  bon  et  valable. 
Elle  peut  aussi  être  tacite,  lorsque  celui  qui  pourrait  in- 
vo([uer  la  nullité  n'intente  pas  son  action  dans  un  certain 
délai.  Ce  délai  n'est  pas  toujours  le  même  :  ainsi,  quand 
il  s'agit  d'une  demande  en  revision  d'une  vente  d'im- 
meuble pour  lésion  de  plus  de  sept  douzièmes,  l'art.  4676 
du  C.  de  comm.  le  limite  à  deux  ans.  Mais,  en  règle  gé- 
nérale, dans  tous  les  cas  où  l'action  en  nullité  n'est  pas 
fixée  à  un  moindre  temps  par  une  loi  particulière,  l'action 
dure  dix  ans.  Ce  temps  court,  dans  le  cas  de  violence,  du 
jour  où  la  violence  a  cessé  ;  dans  le  cas  d'erreur  ou  de 
dol,  du  jour  où  ces  vices  ont  été  découverts  ;  pour  les 
actes  passés  par  des  femmes  mariées  non  autorisées,  du 
jour  de  la  dissolution  du  mariage.  A  l'égard  des  actes 
faits  par  des  interdits,  le  délai  de  dix  ans  cowt  du  jour  oii 
l'interdiction  est  levée,  et  par  ceux  faits  par  des  mineurs, 
du  jour  de  la  majorité.  La  nullité  une  fois  prononcée,  le 
contrat  est  réputé  n'avoir  jamais  existé  ;  si  donc  il  n'a 
pas  encore  été  exécuté,  il  ne  peut  plus  l'être,  car  il  n'a 
engendré  aucune  obligation,  ni  civile,  ni  même  naturelle. 
Si  la  convention  a  déjà  été  exécutée,  les  parties  doivent 
être  remises  au  même  et  semblable  état  que  si  aucun 
contrat  n'était  jamais  intervenu  entre  elles  ;  par  exemple, 
s'agissant  d'une  vente,  l'acheteur  doit  rendre  la  chose 
vendue  avec  les  fruits  qu'il  a  recueillis  depuis  la  passation 
du  contrat  ;  par  contre,  le  vendeur  doit  lui  restituer  le 
prix  qu'il  a  payé  et  les  intérêts.  Par  exception,  s'il  s'agit 
d'un  incapable,  mineur,  interdit  ou  femme  mariée,  qui 
obtient  la  nullité  d'un  contrat  à  raison  de  son  incapacité, 
il  ne  doit  rembourser  que  ce  qui  a  tourné  à  son  profit, 
de  façon  qu'il  ne  soit  pas  enrichi  aux  dépens  de  son  co- 
contractant.  Enfin,  par  suite  de  la  nullité  prononcée,  les 
droits  que  les  parties  peuvent  avoir  concédés  à  des  tiers  sont 
rétroactivement  anéantis.     P.  Girodon  et  E.  Tournerie. 

N  U  LLY.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  arr.  de  Wassy, 
cant.  de  Doulevant,  à  la  source  du  Martin-Champ,  r.  dr. 
du  Ceffondet  (affll.  de  la  Voire)  ;  474  hab.  Mouhns,  tuilerie, 
carrières.  Les  seigneurs  de  NuUy  sont  mentionnés  au 
xii^  siècle  {Nuilleïum)  ;  ils  relevaient  de  la  prévôté  de 
Bar-sur- Aube.  La  seigneurie  avait  titre  de  baronnie; 
elle  appartenait  à  la  famille  de  Mandat.  L'ancien  château 
subsiste.  E.  Ch, 

NUMA  (Marc  Beschefer,  dit),  comédien  français,  né  à 
Vincennes  en  4802,^  mort  à  Sarcelles  (Seine-et-Oise)  en 
4869.  Après  avoir  fait  de  bonnes  classes  et  commencé 
l'étude  de  la  médecine,  le  goût  du  théâtre  s'empara  de  lui, 
et,  après  s'être  essayé  sur  le  petit  théâtre  de  société  de 
Doyen,  il  accepta  un  engagement  pour  Versailles,  d'où, 
en  4823,  il  était  appelé  au  Gymnase,  où  l'on  désirait  le 
voir  prendre  la  succession  de  Perlet.  Mais  Numa  était  ua 


134  — 


NUMA  —  NUMÉRATION 


comique  trop  fin,  trop  personnel  pour  chausser  les  souliers 
d'autrui.  Les  auteurs  le  comprirent,  et  les  créations  qu'ils 
lui  confièrent  lui  firent  bientôt  conquérir  sur  le  public  une 
autorité  que  peu  d'artistes  peuvent  se  flatter  de  posséder. 
Comique  froid  en  apparence,  avec  des  allures  de  pince- 
sans-rire,  mais  plein  de  naturel  et  de  bonhomie,  il  avait 
le  don  d'exciter  la  galté  à  l'aide  d'un  flegme  impertur- 
bable. De  plus,  il  était  doué,  à  l'occasion,  d'une  émotion 
communie  a  live,  et  savait  par  un  mot,  par  un  geste,  tirer 
les  larmes  des  yeux.  A  part  quelques  courtes  escapades 
au  Cirque,  à  la  Gaité,  au  Théâtre-Historique,  aux  Variétés, 
Nu  m  a  resta  pendant  quarante  ans  au  Gymnase  et  y  fit 
plus  de  deux  cents  créations.  Parmi  celles  qui  lui  firent 
le  plus  d'honneur,  on  peut  citer  :  Rodolphe,  les  Mora- 
listes, la  Cour  d'assises,  la  Demoiselle  à  marier,  Moi- 
roud  et  C*^,  V Ambassadeur,  les  Malheurs  d'un  amant 
heureux,  Geneviève,  l'Article  2i8,  le  Premier  Coup  de 
cfimf,  Bocquet  père  et  fils,  Jeanne  et  Jeannelon,  etc. 

NUMA  PoMPiLius.  Le  second  des  rois  légendaires  de 
Rome  (745-672  av.  J.-C).  l^ilsdu  Sabin  PompiliusPompo, 
gendre  du  roi  Tatius,  il  fut  quelque  temps  associé  au  trône 
de  Romulus.  On  vint  le  chercher  à  Cures,  après  la  mort  de 
ce  dernier  et  un  interrègne  d'une  année,  le  peuple  ayant 
forcé  le  sénat  à  rétablir  la  royauté  que  ce  dernier  voulait  laisser 
vacante.  A  rencontre  du  règne  belliqueux  de  Romulus,  le 
sien  fut  entièrement  pacifique.  On  lui  prête  un  caractère 
essentiellement  pacifique  et  pieux  et  la  légende  en  fait  l'or- 
ganisateur de  l'Etat  romain,  et  en  particufier  l'auteur  de 
ses  institutions  religieuses.  Il  partagea  entre  les  citoyens 
les  terres  conquises  par  Romulus,  planta  des  bornes  aux 
limites,  ériga  des  sanctuaires  à  Terminus  et  à  Fides.  Il  fit 
concorder  l'année  civile  avec  l'année  solaire,  créant  douze 
mois  au  lieu  de  dix  usités  jusqu'alors,  combla  par  des  mois 
intercalaires  l'écart  existant  avec  l'ancienne  chronologie, 
institua  les  collèges  religieux  des  Pontifes,  des  Augures, 
des  Saliens,  des  Féciaux,  des  Vestales,  les  Flamines 
(V.  ces  mots),  érigea  à  Janus  un  temple  avec  une  double 
porte  qu'on  ne  devait  ouvrii'  qu'en  temps  de  guerre  ;  sous 
son  règne,  elle  fut  constamment  close.  Il  régla  les  rites 
des  prières  et  des  sacrifices,  des  conjurations  pour  forcer 
les  dieux  à  révéler  leurs  volontés  par  les  éclairs  ou  le  vol 
des  oiseaux.  Ces  enseignements  lui  furent  donnés  par  Fau- 
nus  et  Picus  qu'il  avait  surpris  et  enchaînés,  grâce  aux 
avis  de  la  nymphe  Egérie.  On  contait  en  effet  que  Camcna 
Egeria  avait  épousé  Numa  et  qu'ils  se  voyaient  dans  un  bois 
sacré  des  environs  de  Rome.  On  disait  aussi  que  les  livres 
sacrés  de  Numa  avaient  été  enfermés  dans  un  caveau  voi- 
sin de  sa  tombe.  En  l'an  484  av.  J.-C,  on  déclara  les 
avoir  découverts  sur  le  Janicule  ;  7  ou  42  livres  étaient  en 
latin,  autant  en  grec  ;  sagement  le  sénat  fit  brûler  les  se- 
conds et  mettre  de  côté  les  premiers.  Les  Grecs  ont  voulu 
faire  du  sage  roi  romain  un  disciple  de  Pythagore,  dont 
la  personnalité  historique  est  aussi  bien  brumeuse,  il  n'est 
pas  possible  de  dégager  des  faits  historiques  certains  de  la 
légende  de  Numa.  On  a  mis  sous  son  nom  toutes  les  vieilles 
institutions  refigieuses,  par  un  procédé  évidemment  arti- 
ficiel. Retenons  seulement  son  origine  sabine  qui  affirme 
la  dualité  ethnique  de  la  population  dirigeante  do  la  Rome 
primitive.  On  lui  donnait  une  fille,  Pompilia,  qui,  mariée  à 
Numa  Marcius,  en  eut  Ancus  Martius,  quatrième  roi  de 
Rome.  Ces  versions  sur  les  mariages  et  filiations  parais- 
sent en  contradiction  avec  Tusage  de  l'exogamie  que  tra- 
duirait la  légende  de  l'enlèvement  des  Sabines  (V.  Famille)  ; 
elles  seraient  donc  peut-être  plus  récentes.     A. -M.  R. 

NU  MANGE.  Ville  antique  d'Espagne,  dont  les  ruines  se 
voient  à  G-array,  auN.  de  Saria,  sur  le  haut  Douro  (Duero). 
C'était  la  capitale  des  Arevaques,  de  race  celtibère,  bâtie 
sur  une  colline  abrupte  à  1.400  m.  d'alt.,  ayant  environ 
4.500  m.  de  tour.  Après  la  soumission  des  Celtibères  par' 
le  consul  Metellus  (442),  elle  continua  la  résistance  avec 
ses  8.000  combattants.  Le  consul  Q.  Pompeius  fut  mis  en 
échec  et  forcé  de  traiter  (439),  mais  le  sénat  romain  re- 
jeta la  paix.  Le  consul  M.  Popilius  Lsenas  fut  repoussé  ; 


son  successeur,  Gna;us  Hostilius  Mancinus,  enveloppé  et 
forcé  de  capituler  (137)  ;  le  consul  et  ses  ofliciers,  dont  le 
({uesteur  Tiberius  Sempronius  Gracchus,  jurèrent  le  traité  ; 
il  n'en  fut  pas  moins  rejeté  encore  par  le  sénat,  et  Mancinus 
livré  aux  Numanciens  qui  refusèrent  de  l'accepter.  Enfin,  en 
434,  on  envoya  en  Espagne  le  jeunePublius  Cornélius  Scipio 
l'Africain.  Celui-ci  refusa  tout  combat,  dévasta  la  cam- 
pagne aux  environs  de  Numance  et  entoura  la  ville  de 
circonvallations  gardées  par  60.000  hommes.  Affamés,  les 
Numanciens  s'entre-tuèrentpour  la  plupart;  les  survivants 
furent  vendus  comme  esclaves,  la  ville  rasée  (433).  Scipion 
obtint  le  triomphe  et  le  nouveau  surnom  de  Numantinus. 

N  U  M  E N I U  S  d' Apamée,  philosophe  grec  platonicien,  qui 
vivait  vers  450  après  J.-C.  Il  soutint  que  la  philosophie 
de  Platon  dérivait  de  celle  de  Pythagore,  elle-même  ori- 
ginaire d'Orient,  développa  le  thème  des  trois  hypostases 
de  la  divinité  (esprit,  créateur  et  Cosmos).  On  trouvera 
des  fragments  de  ses  œuvres  dans  Mullach,  au  t.  III  des 
Fragmenta  phil.  Grœc. 

BiBL.  :  Thedinga,  De  Numenio  philosopha  plàtoràco  ; 
Bonn,  1875. 

NUMÉRAIRE  (Econ.  pol.)  (V.  Monnaie). 

NUMÉRATEUR  (Arithm.).  Une  fraction  ordinaire,  en 
arithmétique,  se  définit  par  une  collection  de  parties  égales 
de  l'unité,  celle-ci  ayant  été  divisée  en  un  certain  nombre 
de  parties  égales.  Le  nombre  de  ces  parties  égales  que 
l'on  prend  pour  former  la  fraction  s'appelle  le  numérateur 
de  cette  dernière,  et  le  nombre  des  parties  en  lesquelles 
on  a  divisé  l'unité  s'appelle  le  dénominateur.  Le  numéra- 
teur s'écrit  au-dessus  et  le  dénominateur  au-dessous,"  les 
deux  étant  séparés  par  un  trait.  La. fraction  cinq  septièmes, 

par  exemple,  s'écrira  -,  et  5  est  le  numéi-ateur.  De  mémo, 

.       a 
dans  une  fraction  algébrique  y,  <2  est  le  numérateur. 

NUMÉRATiON  (Arithm.  ) .  Exprimer  les  nombres  par  le 
langage  articulé  et  par  l'écriture,  tel  est  le  but  de  la  nu- 
mération, qu'on  distingue  pour  cette  raison  en  numération 
parlée  et  en  numération  écrite,  dans  pres.juetous  les  traités. 
Cependant  les  principes  essentiels  restent  les  mêmes.  Nous 
ne  pouvons  ici  ni  expliquer  par  le  détail  la  numération 
décimale,  aujourd'hui  à  peu  près  universellement  en  usage, 
ni  nous  livrer  à  des  recherches  historiques  sur  les  numé- 
rations qui  ont  été  ou  qu'on  croit  avoir  été  employées  suc- 
cessivement par  les  divers  peuples  et  aux  diverses  époques. 

Toutes  les  numérations  semblent  avoir  reposé  sur  le 
principe  uniforme  des  bases,  lequel  consiste  au  fond  à 
mettre  un  nombre  N  sous  la  forme 

N  r=  ^0  +  a^B  +  a^R^  4- , 

B  étant  la  base,  et  aQ,a.^,a2,...  des  coefficients  toujours 
inférieurs  à  B,  qui  sont  les  chiffres,  par  conséquent' tou- 
jours inférieurs  à  B  ;  en  y  ajoutant  le  zéro  qui  sert  à  mar- 
quer la  place  d'un  coefficient  nul,  cela  fait  donc  B  carac- 
tères différents.  Dans  la  numération  décimale,  la  plus  usitée 
aujourd'hui  dans  le  monde,  B  =;  40,  et  il  faut  par  consé- 
quent j  0  caractères  pour  écrire  un  nombre  entier  quel- 
conque. Dans  la  numération  binaire,  due  à  Leibniz,  B  =  2, 
et  on  lie  se  sert  que  des  deux  caractères  0  et  4.  La  numé- 
ration duodécimale,  qui  a  quelquefois  été  proposée,  exige- 
rait deux  chiffres  de  plus,  représentant  les  nombres  40  et 
44  par  un  seul  caractiTe.  il  importe,  dans  l'étude  (ie 
l'arithmétique,  de  s'exercer  à  passer  rapidement  d'un  sys- 
tème de  numération  à  un  autre. 

Cauchy  parait  être  le  premier  qui  aie  proposé  d'employer 
la  numération  décimale  avec  cinq  chiffres  seulement,  4,2, 
3,  4,  5,  plus  le  zéro,  bien  entendu,  en  affectant  cerlains 
chiffres  d'un  signe  —,  placé  au-dessus  d'eux  et  indi([uant 
([ue  le  terme  correspondant  du  développement  ci-dessus 
doit  être  pris  négativement.  Par  exemple,  3687  s'écrirait 
dans  ce  système  4  343,  car  4000  —  300  —  40  —  3=3687 . 
Il  est  possible,  avec  un  peu  d'usage,  de  calculer  dans  ce 
système  aussi  simplement  (et  peut-être  plus  simplement) 
qu'avec  la  numération  décimale  ordinaire. 


NUMÉRATION  —  NUMEROTAGE 


—  432  — 


Ainsi  37,568  représente  3.10  +  7  +  fâ  -^    a^  " 


Il  est  possible  d'imaginer  beaucoup  d'autres  méthodes 
de  numération,  en  dehors  du  principe  des  bases.  Nous 
indiquons,  uniquement  à  titre  d'exemple,  dans  cet  ordre 
d"idées,  la  numération  factorielle,  où  les  chiffres  succes- 
sifs, de  droite  à  gauche,  indiquent  les  coefficients  par  les- 
quels il  faut  multiplier  les  factorielles  4!  =  1,  2!  =:  2, 
3!  z=  6,  4!  =:  24,...  pour  obtenir  le  nombre  en  ajoutant 
les  produits  obtenus.  Ainsi,  en  numération  factorielle,  le 
nombre  36259  s'écrirait  7420304,  comme  il  est  facile  de 
le  vérifier.  Dans  un  tel  système,  un  chiffre  est  toujours  au 
plus  égal  à  son  rang  à  partir  de  la  droite  ;  mais  le  nombre 
des  chiffres  à  employer  est  illimité  quand  les  nombres  à 
représenter  deviennent  très  grands,  ce  qui  rend  cette  nu- 
mération, pour  ainsi  dire,  impraticable  au  point  de  vue 
des  calculs  ordinaires.  Elle  n'en  est  pas  moins  précieuse 
pour  certaines  questions  purement  scientifiques. 

Dans  tout  ce  qui  précède,  il  ne  s'agit  que  des  nombres 
entiers.  Nous  rappelons  seulement  que  l'usage  de  la  vir- 
gule, et  des  chiffres  décimaux  écrits  à  la  suite,  permet 
d'écrire  toutes  les  fractions  décimales  d'après  un  principe 
analogue  à  celui  qui  préside  à  la  numération  des  entiers. 

5    .     6   _^  J_ 
'"^40^^* 
C.-A.  Laisant. 
NUWIERI.  Un  des  quatre  corps  d'élite  qui  constituaient 
à  Byzance  la  garde  impériale,   et  dont  la  résidence  était 
fixée  au  Palais  sacré,  auprès  de  la  personne  du  basileus. 
On  le  désignait  également  par  le  terme  d'^ApiOp-o;.  11 
semble  que  ce  régiment,  outre  la  garde  du  palais,  four- 
nissait des  détachements  pour  le  service  des  murs,  du 
cirque,  de  certaines  prisons.  A  la  tète  de  ce  corps  était 
placé  un  officier  appelé  domestique  ou  drongaire.    Ch.  D. 
NUMERIANUS  (Marcus-x^urelius),  empereur  romain. 
Fils  cadet  de  Carus,  qui  l'avait  nommé  césar,  il  avait 
accompagné  son  père  à  la  campagne  de  Perse,  tandis  que 
son  frère  aîné  Carinus  restait  en  Occident.  Il  fut,  après 
la  mort  étrange  de  Carus,  tué  par  la  foudre  à  ce  que  pré- 
tendit son  entourage,  proclamé  empereur,  avec  son  frère, 
par  l'armée  (déc.  283).  Les  troupes,  effrayées  par  cette 
mort  qu'elles  rattachaient  aux  prophéties  qui  interdisaient 
à  l'empire  romain  de  dépasser  le  Tigre,  exigèrent  la  re- 
traite. Numerianus,  qui  était  un  lettré  doux  et  aimable, 
céda.  Durant  cette  marche  qui  dura  huit  mois,  du  Tigre 
au  Bosphore,  il  fut  bientôt  confiné  dans  sa  litière  par  une 
maladie  des  yeux.  L'autorité  fut  exercée  par  son  beau- 
père  Avrius  Aper,  préfet  du  prétoire.  A  la  fin,  surpris  de 
ne  plus  voir  l'empereur,  les  soldats  forcèrent  l'entrée  de 
sa  tente  et  y  trouvèrent  son  cadavre.   Aper,  accusé  de 
meurtre,  dans  un  conseil  de  guerre  tenu  à  Chalcédoine,  fut 
tué  sur  place  par  Dioclétien  qui  fut  acclamé  empereur 
(47  sept.  284).  A.-M.  B. 

NUMÉRIQUE.  Valeur  numérique.  —  On  appelle  valeur 
numérique  d'une  expression  F  (a,  ^,  c. . .  )  la  valeur  évaluée  en 
nombres  de  cette  expression  quand  on  y  remplace  a,  b,c... 
par  des  nombres  donnés.  Ainsi  la  valeur  numérique  de 

^2ab 

di^oiir  a-=6,  b=:^,  c^^^i,  d==:i,  est 44. 

Fonctions  numériques.  —  On  appelle  fonctions  numé- 
riques les  fonctions  qui  ne  sont  définies  que  pour  des 
valeurs  entières  de  leurs  variables.  Ainsi  la  fonction  9  (N), 
qui  désigne  le  nombre  des  entiers  non  supérieurs  à  N  et 
premiers  avec  N,  est  une  fonction  numérique.  L'interpo- 
lation des  fonctions  numériques  est  un  problème  très  in- 
déterminé qui  a  pour  but  de  trouver  une  fonction  conti- 
nue qui  prenne  pour  des  valeurs  entières  de  la  variable 
les  mêmes  valeurs  qu'une  fonction  numérique  donnée. 

'g)        est  une  fonction  qui  interpole  la  fonction  numé- 
rique 4  -[-  2  -|-  3. . .  -1-  n.  —  La  fonction  F  {x)  de  Legendre 
et  d'Euler  interpole  le  produit  4.2.3..  (x  —  4)  (V.  Eulé- 
RiENNEs).  H.  Laurent. 
BiBL.  :  Laurent,  Traité  d'analyse^  vol  .III. 


N  U  iVi  ERO.  I.  Art  militaire.  —  Numéro  matricule.  — 
C'est  le  numéro  qui  est  donné  au  soldat  lors  de  son  incor- 
poration dans  un  régiment  ou  dans  un  bataillon  formant 
corps.  Il  est  porté  sur  son  hvret  et  reproduit  sur  tous  ses 
effets  et  objets  d'équipement,  ainsi  que  sur  les  diverses 
pièces  le  concernant.  Il  est  changé  si  le  soldat  change  de 
corps  et  lors  de  son  passage  dans  la  réserve. 

IL  Marine.  —  Chaque  bâtiment  a,  outre  son  nom,  un 
numéro,  qu'il  conserve  toujours,  même  quand  il  change 
d'escadre,  de  station,  ou  qu'il  désarme  :  c'est  son  numéro 
officiel.  Il  reçoit  en  outre,  lorsqu'il  entre  dans  une  escadre, 
un  numéro  d'escadre,  qui  lui  est  donné  par  l'amiral.  Ces 
numéros  permettent  aux  bâtiments  de  se  faire  reconnaître  en 
arborant  les  signaux  qui  leur  correspondent. 
III.  Voirie.  —  Numérotage  des  maisons  (V.  Voirie). 
NUMÉROTAGE.  I.  Technologie.  •—  Numérotage  des 
fils.  —  Nous  avons  indiqué  au  mot  fil  quelles  sont  les 
bases  des  méthodes  employées  pour  indiquer  la  grosseur 
des  fils  industriels,  au  moyen  d'un  numéro  (ou  titre  lors- 
qu'il s'agit  de  fils  de  soie  moulinés).  Pour  les  soieries,  le 
titre  indique  le  poids  que  pèse  une  longueur  déterminée 
de  fil,  tandis  que,  pour  les  filés  d'autres  matières,  le  nu- 
méro représente  la  longueur  de  fil  qui  correspond  à  un 
poids  invariable. 

Les  systèmes  employés  pour  les  différentes  matières 
textiles  et  dans  les  différents  pays  sont  toujours  établis 
d'après  ces  principes,  mais  varient  par  les  unités  de  poids 
et  de  mesures  dont  on  fait  usage.  Le  poids  base  est  ordi- 
nairement l'unité  de  poids  usuelle  du  pays,  et  la  longueur 
base  est  déterminée  par  la  manière  dont  se  fait  le  dévi- 
dage des  fils  lorsque  la  vente  doit  en  être  faite  sous 
forme  d'échevettes. 

Le  dévidoir  dont  on  fait  usage  en  France  pour  les  fils 
de  laine  et  de  coton  a  un  périmètre  de  4"\428.  L'éche- 
veau,  correspondant  à  la  longueur  base  de  4.000  m.,  est 
composé  de  40  échevettes  formées  chacune  par  70  tours 
enroulés  autour  du  dévidoir.  Jusqu'il  y  a  peu  de  temps, 
les  écheveaux  de  laine  comprenaient  5  échevettes  formées 
de  400  tours,  et  contenaient  par  conséquent  environ 
740  m.  de  fil.  Le  dévidoir  ordinairement  employé  en  An- 
gleterre a  un  périmètre  de  4  4/2  yard  équivalent  à 
4^,3746,  et  l'écheveau  formé  par  7  échevettes  à  80  tours 
renferme  une  longueur  de  fil  de  840  yards  ou  768  m. 
L'industrie  du  lin  fait  usage,  même  en  France,  d'un  nu- 
mérotage anglais  dérivant  d'un  dévidoir  ayant  un  péri- 
mètre de  2  4/2  yards  ou  2'",286;  l'écheveau  contenant 
300  tours  renferme  une  longueur  de  fil  de  300  yards  ou 
274  m.  Le  tableau  ci- après  indique  les  bases  des  systèmes 
les  plus  usuellement  employés. 

Rien  n'est  plus  facile  que  de  ramener  les  numéros  pris 
dans  un  système  à  ceux  d'un  autre  système.  Pour  établir 
la  relation  qui  existe  entre  ces  numéros,  il  suffit  d'expri- 
mer, au  moyen  des  mêmes  unités,  le  poids  d'une  même 
longueur  de  fil,  en  le  déduisant  des  données  des  systèmes 
que  l'on  veut  comparer,  et  d'égaler  les  valeurs  de  ces 
poids. 

En  prenant,  par  exemple,  les  numérotages  anglais  et 
fi'ançais  du  coton,  l'on  trouve  que  le  poids  de  4.000  m, 
de  fil  a  pour  valeur,  d'après  le  système  français, 

500 
p  =  -^  grammes, 

et  d'après  le  système  anglais, 

453,6  Xi, 000 
^'=      N.X768     ^'''^'^''- 
d'où,  en  égalant  ces  deux  valeurs, 

500      453,6  X  4,000 


Nr 

par  suite  : 

-^~.:r:4,48etN,r 


N.  X  T68 


Nk  X  4 ,48  ou  N.  —  Na  X  0,846. 


133 


NUMÉROTAGE  -  NUMIDIE 


SYSTÈME 

LONGUEUR  BASE 

POIDS   BASE 

Métrîane          ••• 

1.000  m. 
1.000  m. 

840  yards  =768  m. 

840  yards  =:  768  m. 

700  à  714  m. 

560  yards  =  512  m. 

840  yards  =  768  m. 
1.120  êllen  =750  m. 

300  yards  =  274  m. 
3.600  ellen  de  Vienne  =  2.805m. 

0i^?,500. 

1  livre  =  0>'«,4536. 

Oi^s,  500. 

li'g  ou  500g'-. 

1  livre  angl.  =  0%,4536. 

1  livre  de  Berlin  =  0i'g,468. 

1  livre  angL=ûi'-g,4536. 
10  livres  anglaises  =  4i^g,536. 

Français  du  coton 

Belge             ~        

Ancien  français  de  la  laine 

Anû'lais  de  la  laine 

Allemand  de  la  laine 

Saxon  de  la  laine 

Anû'lais  de  lin 

Autrichien  de  lin 

Un  fil  portant  le  n*^  50  dans  le  système  français  aura 
par  conséquent  en  Angleterre  le  n^  59,  et  un  fil  anglais 
du  n'*  60  sera  désigné  en  France  par  le  n°  50,76. 

Signalons  aussi  pour  les  soies  grèges  et  moulinées  les 
bases  des  trois  systèmes  suivants  : 


SYSTÈME 

LONGUEUR 

BASE 

POIDS 

BASE 

Ancien  de  Lyon.. 
Nouveau  de  Lyon. 
Suisse  et  Italie.. . 

400  aunes  =476'>'. 43 
500  mètres. 
450      - 

1  grain  =  0s'-,0533 

Id.             Id. 
0,05  grammes. 

Les  titres  fournis  par  ces  systèmes  diffèrent  peu  les  uns 
des  autres.  Pour  les  schappes  et  autres  déchets  de  soie 
filés,  le  numérotage  des  fils  se  fait  comme  pour  le  coton 
ou  la  laine  ;  en  France,  on  leur  applique  le  numérotage 
métrique..  P.  Goguel. 

NUMÉROTEUR  (Techn.).  On  désigne  sous  ce  nom  des 
appareils  destinés  à  imprimer  une  série  de  nombres 
consécutifs  et  dans  lesquels  un  mouvement  de  rota- 
tion, généralement  automatique,  permet  qu'après  chaque 
coup  de  l'appareil  le  chiffre  qui  vient  d'être  imprimé  se 
déplace  et  soit  remplacé  par  celui  qui  le  surpasse  numé- 
riquement d'une  unité.  Le  numéroteur  est  composé  d'une 
série  de  molettes,  petits  disques  métalliques  qui  portent 
en  relief,  sur  la  tranche,  la  succession  des  chiffres  de  0 
à  9  inclus.  La  première  molette  de  droite  figure  la  colonne 
des  unités  ;  la  deuxième,  celle  des  dizaines  et  ainsi  de 
suite.  Dans  les  timbres  dateurs,  le  remplacement  des 
chiffres  du  quantième  ne  se  faisant  qu'une  fois  par  jour, 
on  l'effectue  généralement  à  la  main  ;  il  en  est  de  même 
pour  le  timbre  sec  des  correspondances  d'omnibus.  Pour 
le  foHotage  et  pour  le  numérotage  des  billets  de  chemin 
de  fer,  billets  de  banque,  etc.,  le  mouvement  est  auto- 
matique. 

Le  problème  le  plus  difiîcile  est  le  numérotage  des  titres 
de  Bourse  (actions,  obligations,  etc.).  On  emploie  alors 
non  plus  un  numéroteur  unique,  mais  une  série  de  numé- 
roteurs disposés  dans  des  châssis  spéciaux  s' adaptant  sur 
des  presses  typographiques  mues  à  bras  ou  mécanique- 
ment. Un  jeu  de  tringles  et  de  leviers  permet  d'opérer 
instantanément  et  d'un  seul  coup  toutes  les  transforma- 
tions de  chiffres  dans  l'ordre  où  elles  doivent  se  produire. 
Nous  citerons,  comme  exemple  des  difficultés  qu'on  peut 
surmonter  avec  ces  appareils,  le  numérotage  fait,  avec  des 
machines  de  la  maison  Trouillet,  de  deux  miUions  d'obli- 
gations des  chemins  de  fer  turcs,  où  chaque  titre  portait 
deux  cents  coupons,  moitié  au  recto,  moitié  au  verso,  les 
premiers  numérotés  en  chiffres  romains,  les  seconds  en 
chiffres  turcs,  avec,  en  outre,  l'adjonction  sur  chaque 
coupon  d'une  autre  série  de  numéros  indiquant  s'il  appar- 


tenait à  un  titre  de  5-40-25  ou  100  obligations.  Chaque 
titre  multiple  présentait  alors  plus  de  400  numéros,  de 
7  chiffres  chacun,  dans  lesquels  toutes  les  substitutions  se 
faisaient  à  l'aide  d'un  seul  coup  de  levier.     E.  Maglin. 

NU  NI  ICI  A  {Gens).  Vieille  famille  patricienne  de  Rome 
dont  un  membre,  T.  Numicius  Priscus,  fut  consul  en  469 
av.  J.-C.  EUe  disparaît,  mais  on  trouve  un  Titus  Numicius 
tribun  de  la  plèbe  en  320. 

NUMICIUS.  Petit  fleuve  côtier  du  Latium,  aujourd'hui 
nommé  rio  Torto.  C'est  un  ruisseau  qui  se  jette  dans  la 
mer,  entre  Lavinium  et  Ardée.  On  contait  qu'Enée  avait 
été  brûlé  au  bord  du  Numicius,  et  on  lui  rapportait  un  bois 
sacré  et  un  autel  consacrés  à  Jupiter  Indiges,  identifié  avec 
le  héros  troyen.  Auprès  était  le  sanctuaire  d'Anna  Perenna, 
nymphe  locale  dont  on  fit  une  sœur  de  Didon. 

BiBL.  :  Ovide. Fast.,  III,  5i5-64.  —  Silius  Italicus,  VIII, 
28-201.  -  Pline,  III,  5.  —  Denys,  I,  64. 

NUMIDIE.  I.  Géographie  ancienne.  —  Ancien  royaume 
de  l'Afrique  septentrionale,  correspondant  à  l'Algérie;  la 
Mulucha  (Moulouia)  le  séparait  de  la  Maurétanie  à  l'O.  ; 
le  Tusca  (ruisseau  de  Tabarka),  du  territoire  carthaginois, 
qui  forma  ensuite  la  province  d'Afrique  (aujourd'hui  Tu- 
nisie). Au  S.,  la  région  saharienne  était  occupée  par  les 
Gétules.  Les  Numides,  dont  les  descendants  sont  les  Ka- 
byles, étaient  divisés  en  tribus,  dont  les  deux  principales 
étaient,  au  iii^  siècle,  les  Massyli  et  les  Massœsyli,  for- 
mant deux  royaumes  séparés  par  l'Ampsaga  (oued  el- 
Kebir,  entre  les  Sept  Caps  [Seba-Rous]  et  Djidjelli)  ;  les 
premiers  à  l'E.,  les  seconds  à  l'O.  Le  nom  de  Numides 
dérive  du  mot  nomade  et  fut  donné  par  les  Grecs.  La 
cavalerie  excellente  de  ces  peuples  était  leur  principale 
force  militaire.  Ils  ignoraient  encore  le  chameau,  qui  ne 
fut  introduit  qu'à  l'époque  des  Ptolémées,  et  d'abord  vers 
la  Cyrénaïque,  mais  ils  possédaient  l'éléphant,  qu'ils  do- 
mestiquaient, chassaient  la  gazelle,  l'âne  sauvage,  l'au- 
truche, le  lion,  très  abondants.  Les  principales  ressources 
végétales  étaient  l'olivier,  l'oranger,  le  ricin  arborescent, 
le  dattier.  Les  marbres  veinés  de  Numidie  furent  les  plus 
recherchés  à  l'époque  impériale. 

A  l'époque  romaine,  où  la  région  occidentale  fut  ratta- 
chée à  la  Maurétanie  et  la  Numidie  réduite  au  pays  des 
Massyli,  les  principales  villes  furent  :  avec  la  capitale  Cirta, 
(Constantine),  son  port  de  Rusicade  (près  Philippeville), 
Hippo  Regius  (près  de  Bône),  Tabraca  (Tabarka),  The- 
veste  (Tebessa),  Lambsesa,  Thamucadis  (Timgad),  Bulla 
Regia,  sur  le  Bagradas  (Medjerda),  Sicca  Veneria  (le 
Kef),  etc. 

II.  Histoire.  —  La  cavalerie  numide  faisait  la  force  des 
armées  carthaginoises,  et  le  contingent  commandé  par  le 
métis  Mutines  faillit  enlever  la  Sicile  aux  Romains.  A 
cette  époque,  le  roi  des  Massy liens  était  Gala,  voisin  et 
allié  de  Carthage  ;  le  roi  des  Masssesy liens,  Syphax, 
s'était,  au  contraire,  rapproché  de  Rome.  Masinissa,  fils 
de  Gala,  fut,  en  213,  chargé  de  combattre  Syphax,  le 
vainquit  et  l'obligea  à  se  réfugier  chez  les  Maurétaniens, 
l'empêchant  d'exiler  les  Romains  en  Espagne.  Lui-même  y 
passa  avec  ses  cavaliers  numides  (212).  On  l'y  retrouve 


NUMIDIE 


d34 


en  209  et  en  206  à  la  bataille  de  Silpia  où  Scipion  écrasa 
l'armée  carthaginoise  d'Asdrubal,  Giscon  et  Magon.  Le 
priice  numide  négocia  alors  avec  le  vainqueur,  eut  une 
entrevue  personnelle  avec  Scipion  et  s'engagea  à  lui  prê- 
ter son  concours  pour  une  invasion  en  Afrique.  Cette  dé- 
fection fut,  dit-on,  motivée  par  un  manque  de  parole 
d'Asdrubal,  qui  avait  promis  à  Masinissa  la  main  de  sa 
fille,  la  belle  Sophonisbe,  et  qui  la  donna  à  Syphax  pour 
le  gagner  ;  mais  il  se  pourrait  que  cette  rupture  fût  pos- 
térieure à  l'entente  secrète  de  Masinissa  et  de  Scipion. 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  premier  demeura  en  apparence  fidèle 
à  ses  alliés.  Sur  ces  entrefaites,  son  père,  étant  mort,  avait 
eu  pour  successeur,  selon  l'usage  numide,  le  mâle  aîné 
de  la  famille,  son  frère  OEsalcès,  oncle  de  Masinissa,  lequel 
mourut  bientôt  et  fut  remplacé  par  son  fils,  le  faible  Capusa, 
lequel  fut  évincé  au  profit  de  son  frère,  le  jeune  Lacumacès, 
sous  le  nom  duquel  le  pouvoir  fut  exercé  par  un  chef  du 
nom  de  Mezetulus*  Masinissa  revendiqua  la  couronne,  sol- 
licita vainement  l'appui  de  Bocchar,  roi  de  Maurétanic, 
et  n'en  vainquit  pas  moins  ses  concurrents.  Mais  à  peine 
était~il  établi  qu'il  fut  attaqué  par  Syphax  et  trois  fois 
de  suite  complètement  défait  et  réduit  à  se  cacher.  Il 
errait  sur  la  côte  avec  une  bande  de  maraudeurs  quand 
Scipion  débarqua  (204).  Il  ne  lui  rendit  pas  moins  de  si- 
gnalés services,  embaucha  des  cavaliers  numides,  défit 
Hannon,  fils  d'Amilcar,  et  eut  une  grande  part  à  la  dé- 
cisive attaque  de  nuit  qui  dispersa  les  forces  d'Asdrubal 
et  de  Syphax.  Masinissa,  intimement  lié  avec  Scipion 
et  Laîlius,  révéla  des  qualités  militaires  remarquables, 
une  énergie  à  toute  épreuve,  une  fidéUté  qui  ne  se  démen- 
tit jamais.  Après  une  seconde  défaite  de  Syphax  et  Asdru- 
bal,  il  reconquit  son  royaume  ;  un  retour  offensif  de  Syphax 
fut  repoussé  et  le  roi  fait  prisonnier.  Sa  capitale,  Cirta, 
fut  prise  avec  ses  trésors  et  sa  femme,  la  belle  Sopho- 
nisbe. Celle-ci  était  toujours  aimée  de  Masinissa  ;  mais  le 
général  romain,  redoutant  l'influence  de  la  fille  d'Asdru- 
bal, mit  l'amoureux  en  demeure  de  choisir,  et  Masinissa 
invita  Sophonisbe  à  s'empoisonner.  En  récompense,  il  obtint 
les  honneurs  royaux.  Annibal,  revenu  en  Afrique,  fit  une 
tentative  pour  le  ramener  à  lui,  mais  sans  y  parvenir. 
Masinissa  assistait  à  la  bataille  de  2ama,  avec  6.000  fantas- 
sins et  4.000  cavaliers,  et  commandait  la  cavalerie  de  l'aile 
droite;  après  avoir  mis  en  fuite  les  cavaliers  numides, 
qui  lui.  étaient  opposés,  il  revint  prendre  à  revers  l'infan- 
terie d' Annibal  et  eut  part  au  choc  qui  décida  de  la  vic- 
toire.^ A  la  paix,  il  obtint  non  seulement  la  protection 
romaine  et  ses  anciens  Etats,  mais  encore  la  plus  grande 
partie  do  ceux  de  Syphax  (201). 

A  partir  de  ce  moment,  le  redoutable  chef  régna  pen- 
dant cinquante  années  sur  la  Numidie.  Son  objectif  cons- 
tant fut  l'annexion  des  fertiles  territoires  carthaginois,  en 
particulier  deTEmporia  (Tunisie  centrale,  Sahel  de  Sfax- 
Sousse).  Les  querelles  étaient  portées  à  Rome  dont  les 
Carthaginois  invoquaient  l'autorité  pour  faire  observer  le 
traité,  mais  qui  favorisait  en  sous  main  les  agressions  nu- 
mides. Masinissa  fournissait  des  auxiliaires  commandés 
par  son  fils  Misagènes,  des  cavaliers,  des  éléphants,  du 
blé  pour  les  guerres  de  Macédoine  et  d'Asie.  Enfin,  en 
\^0,  on  en  vint  à  un  conflit,  le  parti  favorable  aux  Nu- 
mides fut  exilé  de  Carthage  par  les  démocrates  ;  le  i*oi 
prépara  la  guérite  ;  une  ambassade  envoyée  par  lui,  avec 
ses  deux  fils  Micipsa  etGulussa,  ne  fut  pas  reçue  et  nlême 
fut  attaquée  au  retour.  Masinissa  vint  assiéger  Orocaspa. 
Asdrubal  lui  livra  bataille  sans  résultat.  Le  jeune  Scipion 
Emilien,  venu  visiter  Masinissa,  s'interposa  sans  pouvoir 
réconcilier  les  ennemis,  Carthage  ayant  refusé  de  livrer 
les  déserteurs  numides.  Asdrubal  fut  cernée  obligé  de  ca- 
pituler, et  une  grande  partie  de  ses  soldats  furent  égorgés  au 
mépris  du  pacte.  Ce  fut  alors  que  les  Romains  intervinrent 
pour  consommer  la  ruine  de  la  cité  rivale  (149).  Les  né- 
gociations conduites  par  eux  avec  une  perfidie  insigne  dé- 
sarmèrent Carthage  (V.  ce  mot),  sans  lui  laisser  d^autre  î 
issue  qu'une  résistance  désespérée.  Masinissa  s'abstint  au   ' 


début  de  la  troisième  guerre  punique,  inquiet  de  voir  les 
Romains  opérer  pour  leur  propre  compte  et  peu  soucieux 
du  redoutable  voisinage  qu'allait  procurer  à  son  royaume 
leur  installation  permanente  en  Afrique.  Il  mourut  plus 
que  nonagénaire  au  moment  où  une  ambassade  romaine 
venait  le  mettre  en  demeured'envoyer  ses  auxiliaires.  Jus- 
qu'à la  fin,  il  avait  conser\é  son  activité  physique  et  mar- 
ché lui-même  à  la  tête  de  ses  troupes.  Des  54  fils  qu'il 
avait  eus  de  ses  femmes  ou  concubines,  trois  seulement 
survivants  ont  joué  un  rôle,  Micipsa,  Mastanabal  et  Gu- 
lussa.  A  son  lit  de  mort,  le  vieux  monarque  avait  mandé 
Scipion  EmiKen,  le  chargeant  de  régler  sa  succession 
('148). 

Le  fils  aîné,  Micipsa,  eut  Cirta  et  les  trésors  paternels  ; 
la  mort  de  ses  frères  le  laissa  bientôt  seul  roi  de  la  Nu- 
midie agrandie  jusqu'aux  Syrtes  après  la  chute  de  Car- 
thage. Il  fut  fidèle  à  l'alliance  romaine,  envoya  des  auxi- 
liaires pour  les  guerres  d'Espagne,  notamment  contre 
Viriathe  (142)  et  contre  Numance.  En  125,  une  peste  ra- 
vagea la  Numidie  et  fit  périr  800.000  personnes.  Micipsa, 
comme  ses  frères,  était  fort  civilisé,  s'entourant  de  lettrés 
et  gavants  grecs  ;  il  embellit  beaucoup  sa  capitale.  A  sa 
mort  (118),  il  laissa  son  royaume  à  ses  fils  légitimes 
Adherbal  et  Hiempsal  et  à  son  neveu  Jugurtha,  qu'il  avait 
adopté.  Il  restait  encore  un  fils  de  Gulussa,  du  nom  de 
Massiva,  et  un  autre  fils  de  Mastanabal,  du  nom  de  Gaiida, 
qui  fut  désigné  comme  héritier  à  défaut  des  trois  premiers 
princes.  De  ceux-ci ,  le  plus  remarquable  était  Jugurtha, 
fils  d'une  concubine  de  Mastanabal  ;  son  grand-père  Ma- 
sinissa l'avait  tenu  à  Fécart,  mais  le  doux  Micipsa  l'adopta 
et  l'associa  à  ses  fils  Adherbal  et  Hiempsal.  Jngurtha,  très 
brave  et  habile  aux  exercices  physiques,  était  populaire 
parmi  les  Numides  ;  il  commanda  brillamment  le  corps 
auxiliaire  envoyé  à  Scipion  contre  Numance.  Dès  que  Mi- 
cipsa fut  mort,  la  brouille  éclata  entre  Jugurtha  et  ses 
cousins,  surtout  le  plus  jeune,  le  bouillant  Hiempsal.  On 
était  convenu  de  partager  le  royaume  et  les  trésors,  mais 
pendant  les  pourparlers  Hiempsal,  logé  à  Thirmida  cbez 
un  serviteur  de  Jugurtha,  fut  assassiné.  Adherbal  prit  les 
armes,  mais  fut  battu  et  se  réfugia  dans  la  province  ro- 
maine d'où  il  gagna  Rome  afin  de  plaider  sa  cause  devant 
le  sénat. 

Jugurtha,  qui  avait  vécu  devant  Numance  avec  les  nobles 
romains  et  savait  leur  corruption,  expédia  des  ambassa- 
deurs qui,  par  des  présents  bien  distribués,  calmèrent  l'in- 
dignation des  sénateurs.  Ils  décidèrent  de  partager  la  Nu- 
midie entre  les  deux  compétiteurs  et  en  chargèrent  une 
commission  qui  vint  en  Afrique.  Jugurtha  la  corrompit 
et  se  fit  adjuger  la  portion  occidentale,  la  pltis  vaste 
(117).  Il  ne  tarda  pas  à  reprendre  ses  tentatives  pour  de- 
venir maître  de  tout.  Adherbal  supportant  sans  répondre 
ses  agressions,  il  finit  par  envahir  son  royaume  ;  vain- 
queur, il  le  bloqua  dans  Cirta.  Une  ambassade  romaine 
arriva  pour  ordonner  la  paix  ;  Jugurtha  là  renvoya  avec 
de  belles  paroles  et  de  l'argent  et  reprit  h  siège.  Une 
seconde  ambassade  survint,  dirigée  par  M.  /Emifius  Scau- 
rus  ;  elle  se  laissa  berner,  et  quand  elle  fut  partie  la  gar- 
nison de  Cirta  capitula  sur  la  promesse  d'avoir  la  vie 
sauve  :  ce  qui  n'empêcha  pas  Jugurtha  défaire  aussitôt  mas- 
sacrer Adherbal  et  sa  suite  (112).  C'était  trop  compter 
sitr  la  longanimité  romaine;  le  tribun  G.  Memmius  porta 
la  question  devant  le  peuple  et  la'guorre  fut  déclarée. 

Le  consul  L,  Calpurnius  Bestia  débarqua  en  Afrique 
et  envahit  la  Numidie  ;  Jugurtha  l'acheta,  ainsi  que 
M.  Scaurus,  son  lieutenant,  et  en  obtint  une  paix  favo- 
rable (111).  L'irritation  redoubla  à  Rome  et  l'intègre 
préteur  L.  Cassius  fut  dépêché  au  roi  pour  le  sommer  de 
venir  à  Rome  se  justifier.  Il  déféra  à  l'invitation,  mais 
acheta  un  tribun  de  la  plèbe  qui,  lorsqu'il  parut  devant 
l'assemblée  du  peuple,  lui  défendit  de  parler.  Il  resta  à 
Rome,  continuant  ses  intrigues,  et  eût  fiiîi  probablement 
par  s'en  tirer,  sHl  ii'âVàit  eu  l'atidace  de  faire  assassiner 
soîl  cousin  Mâssiva,  ûh  de  Gulussâ,  qui,  allié  d' Adherbal, 


—  435  — 


NUMÏDIE  —  NUMISIUS 


s'était  réfugié  à  Rome,  où  il  briguait  le  trône  de  Numidie 
(HO).  L'agent  du  crime,  Bomilcar,  fut  mis  en  accusation, 
et  Jugurtha  reçut  l'ordre  de  quitter  l'Italie.  A  son  départ 
de  Rome,  il  s'écria,  dit-on  :  «  Ville  vénale  qui  périrait 
vite  s'il  se  trouvait  un  acheteur  !  »  Le  consul  Sp.  Pos- 
tumius  Albinus,  protecteur  de  Massiva,  fut  chargé  de  la 
guerre  ;  il  ne  fit  rien,  et  son  frère  Aulus,  qui  le  suppléait 
en  son  absence,  laissa  surprendre  et  battre  son  armée 
près  de  Suthul  ;  une  partie  passa  sous  le  joug.  Le  traité 
consenti  par  Aulus  fut  annulé  par  le  sénat,  et  le  consul 
désigné,  Q.  Caecilius  Metellus,  envoyé  en  Numidie  (109). 
La  campagne  fut  bien  conduite,  Jugurtha  battu,  mais 
Metellus  ne  put  prendre  Zama.  Suivant  la  méthode  ro- 
maine, il  négocia,  augmentant  à  mesure  ses  exigences,  et, 
lorsque  Jugurtha  eut  livré  ses  éléphants  et  une  grande 
partie  de  ses  armes  et  de  ses  chevaux,  l'invita  à  se  livrer 
lui-même.  Le  roi  reprit  la  lutte,  déjoua  le  complot  de 
Bomilcar  et  Nabdalsa,  deux  de  ses  fidèles  gagnés  par 
l'ennemi,  et  qu'il  fit  tuer.  Dès  lors  il  n'eut  plus  confiance 
en  personne  et  beaucoup  de  ses  adhérents  furent  immolés 
à  ses  soupçons.  Il  se  retira  vers  le  désert,  où  Metellus 
lui  enleva  sa  place  forte  de  Thala,  mais  obtint  l'alliance 
de  Bocchus,  roi  de  Maurétanie  (108).  Marins  réussit  alors 
à  se  faire  donner  le  commandement  aux  lieu  et  place  de 
Metellus  (107).  Il  mena  vivement  la  guerre,  emporta 
toutes  les  forteresses  du  roi  numide  et  conquit  ainsi  tous 
ses  trésors.  Désespérés,  Jugurtha  et  Bocchus  tentèrent 
une  surprise,  mais  furent  complètement  défaits.  Jugurtba 
fut  livré  à  Sulla,  questeur  de  Marius,  par  son  allié  au 
début  de  l'an  ,106.  Il  figura  au  triomphe  de  Marius  le 
l^*'  janv.  104,  puis  fut  étranglé  dans  son  cachot.  Ses 
deux  fils  furent  internés  à  Venouse.  L'histoire  de  ce  cruel 
et  rusé  personnage  nous  a  valu  le  chef-d'œuvre  de 
Salluste. 

L'héritier  du  trône  était  le  faible  Ganda  qui  avait  épousé 
la  cause  des  Romains  et  s'était  attaché  à  Marius.  Il  eut 
probablement  pour  sa  part  la  Numidie  orientale,  l'ancien 
royaume  des  Massscsyli  étant  cédé  à  Bocchus  et  annexé 
à  la  Maurétanie.  On  peut  supposer  que  le  roi  Hiempsal, 
dont  il  est  question  ensuite,  était  le  fils  de  ce  Gauda,  bien 
qu'une  inscription  le  présente  comme  petit-fils  de  Masi- 
nissa  et  en  fasse  un  fils  de  Gulussa.  Quoi  qu'il  en  soit, 
cet  Hiempsal  régnait  en  Numidie  à  l'époque  de  la  guerre 
civile  entre  Marius  et  Sulla,  et  il  se  prononça  contre  les 
Marianistes  (88).  Il  fut,  en  raison  de  cette  attitude,  ren- 
versé par  Cn.  Domitius  Ahenobarbus,  qui  lui  substitua 
Hiarbas.  Mais  après  le  triomphe  des  Sullaniens,  Pompée 
vint  en  Afrique  écraser  Domitius  et  restaurer  Hiempsal 
(81),  lequel  vivait  encore  en  62.  Salluste  parle  de  ses 
ouvrages  en  langue  punique. 

Il  eut  pour  successeur  son  fils  Juba,  qui  était  venu  à 
Rome  en  62  pour  plaider  la  cause  de  son  père  contre  un 
Numide  du  nom  de  Masintha  et  eut  à  ce  sujet  une  violente 
discussion  avec  César,  alors  préteur.  Le  royaume  de  Nu- 
midie s'étendait  sur  une  grande  partie  des  tribus  gélules 
du  désert.  Juba,  dans  la  guerre  civile,  resta  fidèle  à 
Pompée,  d'autant  plus  que  le  tribun  césarien  Gurion  avait 
en  50  proposé  de  réduire  son  royaume  en  province.  Qimnà 
ce  même  Curion  débarqua  en  Afrique  l'année  suivante 
avec  deux  légions,  Juba  accourut  au  secours  du  général 
pompéien  P.  Attius  Varus.  Celui-ci  avait  été  battu  et  rejeté 
surUtique,  mais  Juba  infligea  une  défaite  sanglante  à 
Curion  qu'il  avait  su  attirer  sur  les  bords  du  Bagradaâ  ; 
il  resta  sur  le  champ  de  bataille  avec  toute  son  infanterie; 
les  cavahers  survivants  se  rendirent  à  Varus,  mais  furent 
passés  au  fil  de  l'épée  par  ordre  de  Juba.  Le  sénat  pom- 
péien lui  décerna  les  honneurs  royaux  ;  César  et  son  sénat 
le  déclarèrent  ennemi  public.  Ce  fut  en  Afrique  que  se 
réfugièrent  après  Pharsale  les  chefs  de  la  noblesse,  à  leur 
tête  Scipion  et  Caton.  En  46,  César  les  y  poursuivit  ;  en 
même  temps,  Bocchus,  roi  de  Maurétanie,  renforcé  par 
un  aventurier  du  nom  de  P.  Sittius,  qui  s'était  mis  au 
service  de  César,  avec  la  bande  réunie  par  lui,  envahit  la 


Numidie  et  prit  Cirta.  L'arrogance  du  roi  blessait  vive- 
ment ses  aUiés  romains,  et  ni'ses  éléphants  ni  sa  cavalerie 
ne  leur  furent  d'un  grand  secours.  Les  Gétules,  qui  avaient 
conservé  le  souvenir  de  Marius,  passèrent  du  côté  de 
César.  Juba  et  Labienus  furent  -d'abord  battus  dans  un 
combat  de  cavalerie.  Après  la  déroute  de  Thapsus,  la  forte 
place  de  Zama,  où  le  roi  avait  abrité  sa  famille  et  ses 
trésors^  lui  ferma  ses  portes.  Quand  il  apprit  le  suicide 
de  Caton  à  Utique  et  la  défaite  de  son  général  Saburra, 
qu'il  avait  opposé  à  Sittius,  lui-même  se  donna  la  mort 
avec  son  compagnon  romain  Petreius. 

La  Numidie  fut  alors  réduite  en  province  romaine  sous 
le  titre  de  Numiclia  propria  ou  de  Nova  Africa,  et  l'his- 
torien Salluste  chargé  de  l'administrer  comme  préfet  avec 
pouvoir  proconsulaire.  Dion  Cassius  l'accuse  d'avoir  sur- 
tout pillé.  La  province  fut  d'ailleurs  démembrée  pour  ré- 
compenser le  concours  de  Sittius,  qui  reçut  Cirta,  et  du  roi 
de  Maurétanie,  qui  reçut  le  pays  jusqu'à  Saldse  (Bougie) 
ou  même  jusqu'à  FAmpsaga.  Tous  deux  y  furent  tenus  en 
échec  par  un  chef  numide  du  nom  d'Arabion.  Lors  du  par- 
tage du  second  triumvirat,  l'Afrique  fut  assignée  à  Octave 
(43).  T.  Sextius,  ancien  légat  de  César,  gouvernait  la 
Nouvelle  Afrique,  il  guerroya  contre  Q.  Cornificius  et 
Lœhus  qui  tenaient  l'ancienne  Afrique  au  nom  du  parti 
républicain  ;  il  les  défit  et  les  fit  périr.  Mais  alors  il  fallut 
remettre  les  deux  provinces  à  Lépide  auquel  les  attribuait 
le  nouveau  partage  fait  entre  les  triumvirs  après  la  bataille 
de  PhiHppes.  Elles  revinrent  à  Octave  en  36.  Quand  il  fut 
seul  maître,  il  rendit  au  jeune  Juba  lï,  fils  du  premier 
Juba,  le  royaume  de  Numidie.  Elevé  en  Italie,  celui-ci  avait 
été  le  compagnon  d'Auguste  qui  lui  fit  épouser  Séléné, 
fille  d'Antoine  et  de  Cléopâtre.  En  l'an  25,  Juba II  échan- 
gea la  Numidie  contre  la  Maurétanie,  l'empereur  lui  attri- 
buant le  double  royaume  de  Bogud  et  de  Bocchus. 

La  Numidie  fut  définitivement  réduite  en  province  ro- 
maine. Elle  fut  adjointe  à  l'Afrique,  formant  une  province 
sénatoriale  et  proconsulaire,  qui  s'étendit  de  Saldse  à  l'au- 
tel djes  Philénes  aux  limites  de  la  Cyrénaïque.  A  Lambèse 
fut  campée  une  légion  (Tertia  Augusta),  noyau  de  la  dé- 
fense militaire  de  l'Afrique.  Au  temps  de  Caligula,  on 
sépara  l'autorité  civile  du  commandement  militaire  confié 
à  un  légat  qui  paraît  bien  avoir  administré  sous  l'empire 
la  province  de  Numidie,  séparée  de  celle  d'Afri({ue  par  le 
Tusca  sur  la  côte  N.  et  le  fossé  de  Scipion  à  Thense  (entre 
Sfax  et  Maharès)  sur  la  côte  E.  A  l'O.,  la  frontière  avait 
été  rapprochée  par  l'extension  de  la  Maurétanie  jusqu'au 
cours  de  l'Ampsaga  au  moment  où  Caligula  en  fit  une 
province  romaine.  —A  l'époque  de  Dioclétien,  la  Numidie 
était  à  peu  près  réduite  à  notre  dép,  de  Constantine,  par 
la  formation  des  nouvelles  provinces  de  Byzacène  et  Tri- 
pohtaine.  Dans  l'intervalle,  son  histoire  avait  été  celle  de 
l'Afrique  romaine,  très  prospère,  à  peine  troublée  par 
quelques  insurrections  de  tribus  natives  et  la  guerre  civile 
des  G-ordiens  (238).  Au  iv^  siècle,  les  troubles  s'aggravent, 
le  schisme  desdonatistes,  celui  des  circumcellions,  devaient 
s'appuyer  sur  des  éléments  indigènes.  La  conquête  van- 
dale de  429  à  439  fut  marquée  par  de  cruels  ravages  ; 
elle  désorganise  le  pays  et  les  Maures  ruinent  les  villes 
de  l'intérieur.  Les  Byzantins  luttent  contre  les  Berbères 
jusqu'au  moment  où  la  conquête  arabe  efface  jusqu'au  nom 
de  Numidie.  A. -M.  B. 

BiBL.  :  BoissiÈRE,  l'Algérie  ro7nai/îe,1883,  2  vol.,'  2°  ôd 
—  TissoT,  Géographie  comparée  de  la  province  romaine 
d'Afrique,  1884-88,  2  vol.  -  Fallu  de  Lessert,  les  Fastes 
de  la  Numidie;  Constantine,  1888. 

N  U  lï!  1 S I U  S,  architecte  romain,  qui,  d'après  une  inscrip- 
tion retrouvée  en  place,  construisit  le  théâtre  d'Hercula- 
m\m  {Mommsm,  Inscript,  Neopolitan.,  2419).  Numisius 
vivait  probablement  au  temps  d'Auguste.  On  doit  peut- 
être  l'identifier  avec  l'architecte  P.  Numisius,  que  Vitruve 
(I,  prœfat.,  2)  mentionne  comme  étant  son  collègue  dans 
l'inspection  des  machines  de  guerre.  P.  M. 

BiBL.  :  Brunn,  Geschichte  der  griechischen  Kûnstler  : 
Stuttgart,  1889,  t.  II,  p.  251,  2«  éd.  ^ 


NUMISMATIQUE 


—  433 


NUMISMATIQUE.  La  numismatique  (de  numisma, 
monnaie)  est  la  science  des  monnaies  et  médailles  ancien- 
nes. Les  spécialistes  qui  s'y  adonnent  étaient  appelés, 
dans  les  siècles  derniers,  des  numismates  et  plus  souvent 
des  médaillistes  ou  «  des  curieux  de  monnaies  et  mé- 
dailles ».  La  Bruyère,  dans  son  chapitre  sur  la  Curiosité, 
raille  spirituellement  Diognète,  le  curieux  «  qui  sait 
d'une  médaille  le  frust,  le  feloux  et  la  fleur  de  coin  ». 
Aujourd'hui,  quelques  auteurs,  qui  font  autorité  dans  la 
science,  répudient  les  expressions  de  médailliste  et  de 
numismate  pour  leur  substituer  celle  de  numismatiste. 
Néanmoins,  si  le  vieux  mot  de  médailliste  n'est  plus 
guère  employé,  celui  de  numismate  a  persisté  dans 
l'usage  populaire  et  courant  ;  le  terme  de  numisma- 
tiste, forgé  vers  1830,  sur  le  modèle  des  mots  comme 
«  artiste,  légiste,  diplomatiste,  etc.  »,  a  l'inconvénient 
d'être  plus  long  et  d'avoir  une  allure  plus  pédante.  Si  le 
mot  numismate  est  critiquable  au  point  de  vue  des  règles 
de  la  morphologie,  il  peut  cependant  invoquer  des  ana- 
logues, tels  que  «  gymnaste  »  (de  gymnastique),  «  ca- 
suiste  »  (de  casuistique),  «linguiste»  (de linguistique) ,  etc. 
Enfin,  il  a  pour  lui  l'antériorité,  car  jusqu'ici  le  Diction- 
naire de  l'Académie  française,  qui  consacre  Tusage,  n'a 
encore  enregistré  que  le  mot  numismate.  Néanmoins,  on 
lira  des  plaidoyers  en  faveur  du  terme  numismatiste, 
écrits  par  F.  de  Saulcy  {Revue  française  de  numisma- 
tique, 4837,  p.  44),  Cartier  {Revue  belge  de  numis- 
matique, 4847,  pp.  447-454),  Adrien  de  Longpérier  et 
M.  Deloche  {Revue  numismatique,  4893,  p.  442).  Le 
mot  numismatique  est  employé  à  la  fois  substantivement 
et  adjectivement;  on  dit  :  «  une  singularité  numisma- 
tique, la  Revue  numismatique,  des  recherches  numisma- 
tiques  »,  etc. 

Dans  son  acception  la  plus  large,  la  numismatique 
embrasse  l'étude  des  monnaies  anciennes  sous  tous  leurs 
aspects  :  elle  doit  les  considérer,  soit  en  elles-mêmes,  soil 
dans  les  documents  écrits  qui  les  concernent,  sous  le  rap- 
port économique,  social,  métrologique,  artistique,  aussi 
bien  qu'aux  multiples  points  de  vue  des  sciences  histo- 
riques :  mythologie,  iconographie,  épigraphie,  géographie, 
chronologie,  etc.  Elle  n'est  pas  seulement  l'une  des  bases 
fondamentales  de  l'archéologie  :  c'est  aussi  l'une  des 
sources  les  plus  fécondes  des  annales  de  l'évolution  éco- 
nomique des  sociétés  civilisées.  Il  est  juste  d'ajouter  qu'à 
tous  ces  points  de  vue  l'importance  de  la  numismatique 
est  en  raison  inverse  de  l'abondance  des  autres  sources 
d'information  historique.  Une  comparaison  fera  toucher 
du  doigt  ce  que  nous  venons  d'énoncer  en  principe.  Pla- 
çons-nous, un  instant,  par  rapport  à  notre  numéraire  cir- 
culant, dans  la  situation  où  nous  nous  trouvons  vis-à-vis 
des  monnaies  que  nous  ont  laissées  les  Grecs  et  les  Ro- 
mains. Supposons  que  dans  vingt  siècles  d'ici  des  savants 
cherchent  à  reconstituer  l'histoire  de  notre  civilisation, 
alors  que  le  temps  aura  fait  disparaître  presque  entière- 
ment notre  littérature  et  nos  monuments  :  voici  tout  à 
coup  un  savant  entre  les  mains  duquel  tombe  une  pièce 
de  5  francs,  au  millésime  de  4878.  Que  lui  apprendra  cette 
monnaie  ?  Il  est  aisé  de  démontrer  qu'armé  de  la  critique 
la  plus  rigoureuse,  il  en  tirera  des  éléments  propres  à 
enrichir  le  domaine  de  toutes  les  sciences  historiques  et 
économiques.  La  légende  République  française  lui  indi- 
quera la  forme  actuelle  de  notre  gouvernement,  et  s'il  a 
déjà  rangé  dans  son  médaillier  un  nombre  raisonnable  de 
monnaies  de  notre  xix®  siècle,  il  constatera  que  notre 
régime  politique  a  changé  souvent  ;  il  pourra  même  pré- 
ciser la  durée  de  chaque  régime.  Dans  l'inscription  Liberté, 
Egalité,  Fraternité,  il  verra  la  formule  officielle  de  l'idéal 
social  que  nous  poursuivons  ;  le  type  de  l'Hercule  debout 
entre  la  Justice  et  l'Equité  lui  donnera  quelque  idée  des 
tendances  philosophiques  de  notre  temps  en  lui  démon- 
trant que,  à  rencontre  des  siècles  antérieurs,  nous  pré- 
férons ces  allégories  païennes  aux  emblèmes  du  christia- 
nisme. L'inscription  Dieu  protège  la  France,    gravée 


sur  la  tranche,  lui  enseignera  le  fondement  essentiel  de 
nos  conceptions  religieuses  et  morales.  En  consultant  son 
médaillier,  il  s'apercevra  que  la  frappe  de  la  pièce  de 
5  fr.  est  suspendue  chez  nous  depuis  4878,  ce  qui  lui 
servira  d'argument  pour  disserter  sur  les  questions  éco- 
nomiques, telles  que  le  monométalHsme  et  le  bimétallisme. 
La  date  4878  témoignera  de  la  persistance  de  l'ère  chré- 
tienne, tandis  que  les  premières  monnaies  émises  aux 
mêmes  types  révéleront  l'existence  momentanée  d'une 
ère  nouvelle,  celle  de  la  Révolution,  et  la  durée  de  celle- 
ci  dans  les  usages  officiels  sera  rigoureusement  indiquée 
à  notre  collectionneur  par  le  seul  examen  de  sa  série  nu- 
mismatique. Cette  même  suite  des  monnaies  du  xix^  siècle 
lui  permettra  de  mieux  comprendre  la  valeur  réelle  et 
relative  des  choses  à  noire  époque;  d'interpréter  avec 
plus  d'assurance  les  comptes  et  les  marchés  dont  le  texte 
aura  réussi  à  se  conserver  jusqu'à  lui.  Pour  l'histoire  de 
notre  droit  public,  il  constatera  que  la  République  fran- 
çaise ne  donne  pas  à  ses  présidents  le  droit  d'effigie  qu'ont 
eu  nos  souverains.  Bref,  on  se  rend  compte,  par  ces  con- 
sidérations que  nous  pourrions  multiplier,  de  toute  la 
portée  historique  ou  économique  que  nos  monnaies  mo- 
dernes, ce  vulgaire  instrument  de  nos  échanges  quotidiens, 
si  pauvre  comme  invention,  pourrait  néanmoins  acquérir, 
dans  un  lointain  avenir  et  dans  une  situation  scientifique 
comparable  à  celle  qui  nous  a  été  faite  vis-à-vis  de  l'an- 
tiquité, par  le  temps  et  les  révolutions  des  siècles. 

Ainsi,  les  monnaies  anciennes  sont  des  témoins  oculaires, 
indiscutables  et  officiels,  appelés  à  déposer  dans  la  vaste 
enquête  entreprise  par  l'ensemble  des  sciences  historiques 
sur  le  passé  de  l'humanité.  De  là,  l'intérêt  des  études 
nmnismatiques,  et  l'importance  des  collections  de  médailles 
anciennes.  Partout,  dans  l'antiquité  grecque  ou  romaine, 
on  trouve  dans  les  monnaies  le  reflet  des  commotions 
politiques  et  économiques,  de  l'histoire  de  l'art,  de  la  vie 
municipale,  de  l'activité  commerciale,  de  l'expansion  colo- 
niale, de  cette  diversité  d'institutions,  d'usages,  de  tradi- 
tions locales  qui  sont,  le  principal  aliment  de  l'étude  de 
l'antiquité.  La  prodigieuse  variété  des  types  monétaires 
fait  que  chaque  trouvaille  nouvelle  de  monnaies  grecques 
ou  romaines  n'est  pas  seulement  un  attrait  pour  les  curieux 
et  les  amateurs,  mais  souvent  le  point  de  départ  d'une 
découverte  scientifique,  venant  compléter  le  récit  des  his- 
toriens, le  rectifier  au  besoin,  ou  nous  aider  à  le  mieux 
comprendre  (V.  Monnaie,  t.  XXIV,  §  xiii,  p.  423). 

La  numismatique  du  moyen  âge  et  des  temps  modernes 
n'ofi're  pas,  sans  doute,  aux  investigations  de  l'érudit,  la 
même  abondance  d'informations.  Les  types  monétaires 
s'immobilisent,  et  les  documents  écrits  deviennent  trop 
nombreux  pour  qu'on  puisse  espérer  combler  des  lacunes 
historiques  par  les  monnaies.  Cependant,  la  philologie  et 
la  géographie,  par  exemple,  ont  tiré  un  immense  profit 
des  1.200  noms  de  localités  et  des  2.400  noms  de  per- 
sonnes qu'on  a  jusqu'ici  relevés  sur  les  monnaies  mérovin- 
giennes. En  outre,  les  plus  utiles  renseignements  sur  les  ori- 
gines de  la  féodalité  ont  été  fournis  par  l'étude  des  espèces 
frappées  du  ix®  au  xii^  siècle.  L'histoire  monétaire  a  par 
elle-même  son  attrait  et  son  impoi^tance.  N'est-il  pas  néces- 
saire à  l'historien  et  à  l'économiste  de  savoir  exactement 
ce  qu'étaient  les  variétés  d'espèces  monétaires  qu'ils  trour 
vent  mentionnées  dans  les  textes  :  le  parisis,  le  tournois, 
l'agnel,  le  florin,  le  franc,  l'esterlin,  legros,lapougeoise, 
le  ducat,  le  sequin,  lapistole,  lemarabotin,  pour  ne  citer 
qu'un  bien  petit  nombre  d'espèces,  comparativement  à 
toutes  celles  qui  furent  en  usage  ? 

Ainsi,  de  quelque  époque  de  l'histoire  qu'il  s'agisse,  la 
numismatique  revêt  les  caractères  d'une  science  'féconde, 
et  elle  ne  saurait  être  considérée,  ainsi  que  le  font  parfois 
les  esprits  superficiels  et  en  dépit  de  l'attitude  de  certains 
collectionneurs,  comme  un  délassement  de  curieux,  un 
luxe  ou  une  mode  un  peu  plus  relevée  que  la  passion  des 
timbres-poste.  Le  déchiffrement  des  pièces,  leur  attribu- 
tion, leur  classement  géographique  et  historique  néces^ 


137  — 


NUMISMATIQUE 


sitent  une  expérience  prolongée  et  une  grande  acuité  de 
critique  de  la  part  de  ceux  qui  s'y  livrent  et  qui  ont,  en 
outre,  souvent  à  se  tenir  en  garde  contre  les  entreprises 
des  faussaires.  De  tout  temps,  les  esprits  éclairés  se  sont 
rendu  compte  du  parti  scientifique  qu'on  pouvait  tirer 
do  l'étude  des  monnaies.  Les  Romains  déjà  gardaient  des 
collections  de  pièces  anciennes  et  étrangères  auxquelles 
ils  avaient  recours  pour  établir  la  réalité  de  certains 
événements  (F.  Lenormant,  la  Monnaie  dans  l'anti- 
quité, t.  I,  p.  80).  A  l'époque  moderne,  on  a,  dès  le 
XVI®  siècle,  imprimé  des  livres  sur  la  numismatique  consi- 
dérée comme  l'une  des  principales  sources  de  l'histoire. 
Mais  l'absence  complète  de  critique,  l'inexpérience  des 
monuments  et  l'habitude  qu'on  avait  alors  de  fabriquer 
des  médailles  telles  qu'on  supposait  qu'elles  avaient  dii 
exister,  enlèvent  à  ces  premiers  traités  toute  valeur  scien- 
tifique ;  ils  ne  peuvent  être  considérés  que  comme  des 
curiosités  de  bibliophiles.  Le  plus  ancien  livre  imprime 
que  nous  connaissions  sur  la  numismatique  a  pour  titre  : 
llhistrium  imagines,  opus  impressum  Lugduni,  in 
aedibus  Antonii  Blanchardi,  calcographi,  impensis 
honestojmm  virorum  J.  Mousnier  et  tr.  Juste  (1524, 
in- 12).  Un  livre  plus  connu,  imprimé  aussi  à  Lyon,  un 
peu  plus  tard,  est  le  Promptuaire  des  medalles  des  plus 
renommées  personnes  qui  ont  esté  depuis  le  commen- 
cement du  monde,  avec  briève  description  de  leurs 
vies  et  faicts,  recueillie  des  bons  auteurs.  A  Lyon, 
chez  Guillaume  Rouille,  1553,  in-4*'.  Comme  l'indique  suffi- 
samment leur  titre,  ces  ouvrages  avaient  la  prétention  de 
donner,  d'après  les  monnaies,  les  portraits  de  tous  les 
grands  hommes  de  l'antiquité.  Mais,  dans  le  Promptuaire, 
par  exemple,  cette  suite  de  grands  hommes  commence 
par  une  médaille  représentant  Adam,  pour  finir  à  Henri  IV, 
en  passant  par  tous  les  patriarches,  les  rois  mentionnés 
dans  la  Bible,  quelques  philosophes  grecs,  des  poètes,  des 
artistes,  des  rois,  les  empereurs  romains.  On  n'y  ren- 
contre qu'un  bien  petit  nombre  de  pièces  authentiques,  et 
encore  mal  interprétées  ou  défigurées.  Tout  le  reste  est 
une  galerie  de  portraits  supposés. 

Un  ouvrage  déjà  mieux  documenté  et  plus  sérieux  est 
celui  que  Hubert  Goltz  (Goltzius)  publia,  en  4566,  sur 
les  monnaies  de  la  République  romaine,  sous  ce  titre  : 
Fasti  magistratuum  et  triumphorum  Romanorum, 
ab  Urbe  condita  ad  Augusti  obitum  (Brugis  Flandi^o- 
rum,  '1566,  in-fol.  ;  une  2®  édit.  a  été  donnée  à  Anvers  en 
1617)  ;  onze  ans  après,  en  1577,  Fulvio  Orsini  (Fulvius 
Ur sinus)  donnait,  à  Rome,  un  recueil  du  même  genre,  où 
abondent  encore  les  pièces  imaginées  par  les  faussaires 
contemporains  ;  il  est  néanmoins  jugé  par  les  antiquaires 
des  derniers  siècles,  tels  que  Scaliger  et  Spanheim, 
aureum  et  divinum,  et  Charles  Patin  le  réédita,  en 
l'améliorant,  en  1663.  Dans  tous  les  pays  de  l'Europe,  on 
voit  ainsi  paraître,  au  xvi®  siècle,  des  traités  où  les  pièces 
apocryphes  sont  plus  nombreuses  que  les  monnaies  authen- 
tiques, véritables  recueils  de  naïvetés,  qualifiés  absurda 
ac  frivola  par  Eckhel.  Nous  citerons,  entre  autres,  le  livre, 
longtemps  en  vogue,  d'Antonio  Augustino,  archevêque  de 
Tarragone  :  Dialogo  de  medallas,  inscriciones  y  otras 
antiquedades  (îarragom,  1587),  ouvrage  traduit  en  latin 
et  en  italien.  Adolphe  Occo  publie  à  Anvers,  en  1579, 
un  catalogue  des  monnaies  des  empereurs  romains  ;  Phi- 
lippe Paruta,  à  Païenne,  en  1612,  compose  le  premier 
répertoire  des  monnaies  de  la  Sicile.  Viennent  ensuite  le 
Co7nm.eniaire  historique  de  Jean  Tristan  (1635),  les 
Selecta  numismata  de  Pierre  Seguin,  puis  les  ouvrages 
de  Charles  Patin,  de  François  Mezzabarba,  d'Henri  Noris, 
d'André  Morell,  de  Jean  Vaillant  :  les  nombreux  et  savants 
écrits  de  ce  dernier  sont  parfois  encore  consultés  par  les 
érudits,  de  même  que  les  Dissertationes  de  prœstaniia 
et  usu  numismatum  antiquorum  d'Ezechiel  Spanheim 
(Londres,  1706,  in-fol.).  Les  divagations  du  fameux  P.  Har- 
douin  ont  eu  pour  excellent  effet  d'aiguiser  la  critique  de 
ses  contradicteurs  ;  le  P.  Louis  Jobert,  Banduri,  Nicolas 


Haym,  Sigebert  Havercamp,  Christian  Liebe,  le  P.  Frah- 
lich,  Gori,  Arigoni,  François  Wiese,  Henri  Florez,  Joseph 
Pellerin,  le  P.  Khell,  Beauvais  et  quelques  autres,  pré- 
parent et  annoncent  le  P.  Joseph  Eckhel,  l'immortel  légis- 
lateur de  la  numismatique.  La  Doctrina  numorum 
veterum  d'Eckhel  (Vienne,  1792-98,  8  vol.  in-4),  qui 
traite  à  la  fois  des  monnaies  grecques  et  romaines,  est 
un  chef-d'œuvre  de  saine  et  sévère  critique  :  il  n'a  pas 
encore  été  remplacé  comme  ouvrage  d'ensemble. 

Il  n'estpas possible  de  songer  à  énumérer  ici  les  ouvrages 
importants  parus,  dans  le  cours  de  ce  siècle,  sur  les  diverses 
branches  de  la  numismatique  grecque  et  romaine  :  ils 
forment  toute  une  bibliothèque.  Disons  seulement  que, 
comme  livres  de  doctrine,  les  travaux  de  J.  Brandis,  de 
Th.  Mommsen,  de  Fr.  Lenormant  font  autorité;  comme 
répertoires  généraux,  on  consulte  couramment  la  Descrip- 
tion de  médailles  antiques  de  T.Mionnet(1806  à  1837, 
15  vol.  avec  le  Supplément) ,  la  Description  des  mon- 
naies de  Vempire  romain,  de  H.  Cohen  (1880-92, 2®  éd., 
8  vol.),  les  Monnaies  grecques  et  les  Griechische  Mûn- 
%en  de  M.  Imhoof-Blumer  (1883  et  1890,  in-4),  enfin  la 
suite  considérable  des  catalogues  de  cabinets  numisma- 
tiques,  en  particulier  les  Catalogues  du  Musée  britannique, 
du  Cabinet  des  médailles  de  Paris  et  du  musée  de  Berlin. 
Comme  guide  manuel  pour  la  numismatique  grecque, 
VHistoria  numorum  de  M.  Barclay  V.  Head  (Londres, 
1887,  in-8)  est  supérieure  à  tous  les  autres  livres  du 
même  genre.  L'Académie  de  Berlin,  enfin,  se  dispose  à 
éditer  prochainement  un  Corpus  numorum  destiné  à 
remplacer  le  recueil  vieilli  de  Mionnet. 

Ce  fut  seulement  au  début  du  xvii®  siècle  que  parurent 
les  premiers  livres  sur  la  numismatique  du  moyen  âge  et 
des  temps  modernes.  C'est  l'époque,  d'ailleurs,  oti  Henri  IV 
faisait  venir  d'Aix  en  Provence  le  sieur  Rascas  de  Bagarris, 
pour  jeter  les  fondements  de  la  collection  royale  qui  est 
devenue  aujourd'hui  le  département  des  médailles  et  an- 
tiques de  la  Bibliothèque  nationale.  C'est  le  temps  aussi 
où  Fabri  de  Peiresc  (1580-1637)  posait  véritablement  les 
bases  de  la  critique  archéologique  :  les  lettres  et  manus- 
crits de  Peiresc  sont  remplis  de  judicieuses  réflexions  sur 
des  monnaies,  soit  de  l'antiquité,  soit  de  l'époque  méro- 
vingienne et  carolingienne  ou  même  des  temps  féodaux. 
En  1610,  un  antiquaire  d'Orléans,  Paul  Petau,  faisait 
imprimer  son  Veterum  numorum  gnorisma,  dans  lequel 
sont  reproduites  quelques  monnaies  mérovingiennes  et  caro- 
lingiennes. En  1619,  J.-B.  Hautin,  conseiller  au  Châtelet, 
éditait  un  album  de  planches,  intitulé  higuresdes  mon- 
noyes  de  trance,  commençant  à  la  seconde  race  pour 
finir  avec  le  règne  de  Henri  IV.  En  Hollande,  dès  1597, 
Erasme  von  Houvveninghen  publiait,  sous  le  titre  de  Pen- 
ningboeck  of  te  wechwijser  der  Chroniken,  une  histoire 
numismatique  des  comtes  de  Hollande  qu'on  a,  plus  tard, 
complétée  et  éditée  plusieurs  fois.  On  cite  en  Allemagne 
un  certain  Tileman  Friese  qui,  dès  1588,  fit  imprimer  un 
Mûnz-Spiegel,  recueil  de  dessins  de  monnaies  anciennes, 
d'ailleurs  sans  portée  scientifique.  Dès  la  fin  du  xvii^  siècle, 
l'étude  des  monnaies  du  moyen  âge  et  de  la  période  mo- 
derne revêt  un  caractère  de  sérieuse  érudition  ;  en  tête 
des  savantes  publications  qui  vont  éclore  désormais  de 
plus  en  plus  nombreuses,  il  faut  placer  les  dissertations 
de  Du  Cange  et  le  magistral  traité  de  François  Le  Blanc  : 
Traité  historique  des  monnaies  de  France,  depuis  le 
commencement  de  la  monarchie  jusques  à  présent 
(1690,  in-4).  Ce  livre,  un  siècle  avant  la  Doc^rma  d'Eckhel, 
fait  époque  dans  l'histoire  de  la  numismatique  moderne  : 
tous  les  écrits  parus  jusqu'à  ce  jour  sur  la  monnaie  fran- 
çaise s'inspirent  de  l'œuvre  de  Le  Blanc. 

Comme  pour  l'antiquité,  le  nombre  des  écrits  publiés, 
dans  ce  siècle,  sur  la  numismatique  médiévale  et  moderne, 
est  immense;  mais  tous  ces  travaux,  il  convient  de  le 
dire,  ont  un  caractère  descriptif  ou  documentaire  :  pour 
aucune  contrée  de  l'Europe,  il  n'existe  encore  un  traité 
doctrinal  de  son  histoire  monétaire. 


NUMISMATIQUE  —  NUMMULITIQUE  —  438 

Telle  est  Texpaiision  qu'ont  prise  les  études  de  numis- 
matique depuis  soixante  ans,  que  chaque  pays  a  aujour- 
.d'iiui  une  société  de  numismatique  et  une  ou  plusieurs 
revues  de  numismatique.  Non  seulement  les  grandes  capi- 
tales, mais  les  villes  provinciales  qui  sont  dotées  d'un 
musée  tiennent  à  honneur  de  posséder  un  médaillier  où, 
à  côté  de  spécimens  choisis  de  la  numismatique  grecque 
et  romaine,  on  trouve  rangées  les  monnaies  frappées  par 
les  anciens  ateliers  locaux.  Des  découvertes  développent 
et  complètent  journellement  ces  diverses  séries.  Le  mo- 
ment viendra  bientôt  où  il  sera  possible  d'entreprendre 
et  de  rédiger,  non  seulement  pour  les  temps  antiques, 
mais  pour  la  période  moderne,  le  catalogue  général  des 
monnaies  de  chaque  pct^^s.  Ajoutons  que  la  publication 
critique  de  tous  les  textes  et  documents  écrits  relatifs  à 
la  monnaie  et  à  son  histoire,  aussi  bien  pour  l'antiquité 
que  poiu*  les  temps  modernes,  serait  le  plus  utile  corol- 
laire du  catalogue  descriptif  des  pièces.  Ce  sont  ces  deux 
espèces  de  travaux  —  l'étude  directe  des  monnaies  elles- 
mêmes  et  la  critique  des  documents  monétaires  —  qui 
constituent  l'ensemble  si  vaste  et  si  complexe  du  domaine 
de  la  numismatique.  .  E.  Babelon. 

BiBL.  :  Numismatique.  —  Les  principaux  répertoires  bi- 
bliographiques relatifs  à  la  numismatique  sont  les  suivants  : 
J.-G.  Lipsius,  Bibliotheca  niimaria,  sive  catalogiis  aucto- 
riiin  qui  itsqtie  ad  finem  seculi  xviii  de  re  monetaria  aut 
niimis  scripsetunt ;  Leipzig,  1801,  etdeux  suppléments,  par 
Leitzmann,  181:1  et  1867.  — J.  Friedlaender, Eepertoî^mm 
zur  antiken  Niimismatik;  Berlin,  1885,  in-8.  —  Arthur 
Engel  et  R.  Serrure,  Répertoire  des  sources  imprimées 
de  la  numismatique  française  ;  Paris,  1887-89,  in-8,  2  vol. 
et  Supplément.  —  V.  Monnaie* 

NUNIITOR,  roi  d'Albe  (V.  Romulus). 

NUMMULARIA  (Bot.)  (V.  LYsiMAcmE). 

NUMMULITES.  I.  Zoologie.  —  Genre  de  Fommini- 
fères  (V.  ce  mot),  surtout  connu  à  l'état  fossile  et  qui 
présente  les  caractères 
suivants  :  coquille  dure, 
calcaire,  perforée  de  fins 
canaux  pluriloculaires . 
Tours  disposés  en  spirale 
ou  en  cercle.  Cloisons 
composées  de  deux  la- 
melles calcaires  com- 
pactes tapissant  l'inté- 
rieur des  loges.  Entre  les 
lamelles  des  cloisons,  il 
existe  souvent  un  sys- 
tème de  canaux  ramifiés  ; 
les  cloisons  ne  sont  per- 
forées que  d'un  petit 
nombre  de  pores.  —  Ce 
genre,  créé  par  d'Orbi- 
gny,  est  le  type  d'une 
importante  famille  qui 
a  joué  un  rôle  considé- 
rable dans  la  formation 
des  couches  géologiques  ^ 
£Utiout  à  l'époque  éo- 
cène.  Les  types  encore 
vivants  habitent  les  mers 
tropicales  du  globe  a  de 
grandes  profondeurs,  et 
sont  assez  mal  connus. 
Ce  sont  les  plus  grands 
de  tous  les  Foramini- 
fèrcs.  Le  nom  du  genre 

vient  de  la  forme  discoïdale,  souvent  à  peine  bombée  au 
centre,  que  présente  la  coquille,  forme  que  l'on  a  com- 
parée à  celle  d'une  pièce  de  monnaie.  La  famille  des 
Nummulitidœ  se  subdivise  en  quatre  sous-familles  :  les 
Fusulinœ  tous  éteints  ;  les  Polystomellince  représentés 
à  l'époque  actuelle  par  les  genres  Nonionina  et  Polys- 
tomeila  qui  sont  cosmopoHtes  dans  les  mers  chaudes  ;  les 
Nummulitinœ,  vivants  et  fossiles,  parmi  lesquels  nous 


Nummulites fossiles,  a,  NummitUtcs  Lucasanus,  coupes  montrant 
les  loges  séparées  par  des  cloisons  et  les  canaux  interseptaux 
(très  grossi)  ;  b,  b\  Nummulites  gizehensis  du  désert  Libyque, 
de  champ  et  de  profil  (2/3  grand,  natur.);  c,  calcaire  à  Nummulites 
des  Pyrénées  avec  N.  distans  (coupe,  2/3  grand,  natur,)  ;  d,  cal- 
caire à  JV.  Lucasaniis  des  Karpates  (coupe  transversale,  2/3  grand, 
natur.). 


citerons  :  Amphistegina  Lessoni,  des  mers  tropicales; 
Operculina  ammonoides,  qui  se  trouve  sur  les  côtes  de 
France  ;  Nummulites  Cumingii,  des  mers  tropicales  ; 
enfin  les  Cycloclypeinœ  qui  atteignent  une  assez  grande 
taille  et  rappellent,  sous  ce  rapport,  les  grandes  formes 
fossiles  {Cycloclypeus  gambelianus  des  îles  Fidji). 

IL  Paléontologie.  *-*  Les  Nummulites  constituent  pres- 
que en  entier  certaines  assises  géologiques  de  l'époque 
tertiaire  (calcaire  nummuHtique) ,  notamment  celles  qui  ont 
servi  à  bâtir  les  pyramides  d'Egypte.  Les  plus  ancienne- 
ment connues  sont  les  Fusulina  du  calcaire  carbonifère  ; 
les  véritables  Nummulites  apparaissent  pour  la  première 
fois  dans  le  jurassique  supérieur,  et  la  famille  a  son  plus 
grand  développement  dans  l'éocène,  où  elle  donne  môme 
son  nom  à  un  étage  important  qui  forme  en  quelque  sorte 
le  bassin  de  la  Méditerranée,  et  s'étend  jusqu'aux  Pyré- 
nées. Elle  décroît  ensuite  rapidement  jusqu'à  l'époque 
actuelle,  où  ses  rares  représentants  sont  confinés,  à  part 
quelques  exceptions,  dans  les  mers  intertropicales. 

Les  genres  principaux  sont  :  Archœdiscus,  du  calcaire 
carbonifère  d'Angleterre  et  de  Russie  ;  Amphistegina, 
encore  vivant,  est  fossile  dans  le  miocène  et  le  pliocène 
d'Autriche.  Operculina  (vivant)  date  du  crétacé  et  abonde 
dans  l'éocène  du  S.  de  l'Europe  et  du  N.  de  l'Afrique. 
Nummulites  est  caractérisé  par  sa  coquille  discoïdale,  len- 
ticulaire, renflée  des  deux  côtés,  parfois  presque  sphérique. 
Ce  genre  a  été  subdivisé  en  plusieurs  sous-genres  [Assi- 
lina,  Nummulina,GU.).  Les  espèces  les  plus  remarquables 
sont  :  Assilina  exponens  du  nummulitique  des  Pyrénées  ; 
Nummulites  lœvtgatus  du  calcaire  grossier  parisien  ; 
N.  gizehensis  du  désert  Libyque  :  le  sable  du  désert  autour 
des  pyramides  d'Egypte,  et  sur  une  étendue  considérable, 
est  presque  entièrement  formé  de  ces  coquilles  qui  ont  le 
diamètre  d'un  écu  de  5  fr.  ;  d'autres  nummulites  se  dé- 
tachent   des    blocs    de 
pierre  dont  sont  cons- 
truites les  pyramides 
elles-mêmes,  car  ce  cal- 
caire en  est  littéralement 
pétri.    N.  Ramondi, 
beaucoup  plus  petit,  est 
du   calcaire    nummuli- 
tique des  Pyrénées; 
N.  distans,    du  même 
gisement,  est.  de  taille 
très  variable  ;  Polysto- 
niella  (vivant)  date  du 
crétacé,   peut-être    du 
calcaire  carbonifère  ;  il 
en  est  de  même  de  No- 
nionina;  Cycloclypeus 
est  remarquable  par  sa 
taille  supérieure  à  celle 
des  autres  Nummulites 
(jusqu'à  7    centim.   de 
(iiam.)  ;  Orbitoïdes  enfin 
s'étend  du  crétacé  au  mio- 
cène.    E.  Trouessart. 

NUMMULITIQUE 
(Géol.).  Nom  donné  au 
type  méditerranéen  des 
terrains  tertiaires  infé- 
rieurs ou  éogènes.  C'est 
une  formation  géologique 
caractérisée  par  l'abon- 
dance des  Nummulites;  certaines  roches  qui  y  prennent 
part  en  sont  presque  exclusivement  formées  ;  ce  sont  ou 
des  calcaires  (calcaires  à  NummuUtes)  essentiellement  zoo- 
gènes, ou  des  marnes,  ou^encore  des  sables  ou  des  grès. 
Les  calcaires  éogènes  de  l'Europe  méridionale  sont  consti- 
tués, soit  par  des  Alvéolines  ou  par  d'autres  Foraminifères, 
soit  par  des  Algues  calcaires  du  genre  Lithothamnium. 
Les  calcaires  marneux  sont  souvent  riches  en  Echinides, 


i39  — 


NUMMULITIQUE 


en  Zoanthaires,  en  Lamellibranches.  Les  Gastropodes 
abondent  surtout  dans  les  faciès  saumâtres.  Le  flysch  est 
un  faciès  schisteux  ou  gréseux,  très  peu  fossilifère,  attei- 
gnant des  épaisseurs  énormes. 

Le  nummulitique  s'étend  dans  la  région  alpine,  dans  les 
Pyrénées  et  dans  toute  la  région  méditerranéenne,  jus- 
qu'en Asie  Mineure.  En  dehors  de  l'Europe,  il  est  confiné 
aux  régions  équatoriales  (V.  Tertiaire).  Les  mers  du  S. 
de  l'Europe  ne  communiquaient  pas  directement  avec  le 
bassin  anglo-parisien,  où  les  Nummulites  ne  se  rencontrent 
que  temporairement  (dans  l'yprésien,  Nummulites  pla- 
nulata;  dans  le  lutétien,  ISummulitês  lœvigata);  leurs 
eaux  étaient  évidemment  plus  chaudes  que  celles  du  N.  de 
l'Europe,  et  c'est  ce  qui  explique  l'abondance  des  gros  Fo- 
raminifères,  des  grandes  Ovules-,  des  grands  Corbis  et,  en 
général,  des  êtres  sécrétant  de  grandes  quantités  de  cal- 
caire. Cependant  les  Rudistes,  qui,  au  crétacé,  caracté- 
risaient les  mêmes  régions,  ont  entièrement  disparu,  et 
leur  disparition  coïncide  très  exactement  avec  l'apparition 
des  premières  Ntimmulites  dans  la  région  méditerra- 
néenne. 

Dans  les  Pyrénées,  ainsi  qu'en  Istrie,  il  y  a  concordance 
et  continuité  parfaite  entre  le  crétacé  supérieur  et  le  num- 
mulitique, de  sorte  que  la  paléontologie  peut  seule  fournir 
une  limite  entre  les  deux  systèmes.  Dans  la  région  alpine, 
par  contre,  il  y  a  toujours  une  lacune  entre  le  crétacé  et 
le  tertiaire,  due  à  ce  que,  entre  le  dépôt  du  sénonien  et 
celui  de  Féocène  moyen,  il  s'est  produit  des  mouvements 
orogéniques  qui  se  sont  continués  quelquefois  pendant 
toute  l'époque  éocène.  Lorsque  la  mer  envahit  à  nouveau 
la  région  alpine,  les  premiers  dépôts  formés  reposent  sou- 
vent en  discordance  angulaire  sur  les  terrains  secondaires 
redressés,  voire  même  sur  les  terrains  cristallophylliens, 
comme  par  exemple  au  S.  du  massif  du  Pelvoux.  La  trans- 
gression du  nummulitique  débute  alors,  soit  par  Féocène 
moyen,  soit  par  Féocène  supérieur,  soit  même  par  l'oli- 
gocène inférieur. 

La  classification  du  nummulitique  a  été  basée  en  partie 
sur  la  distribution  verticale  des  Nummulites.  Si,  avec 
d'Archiac  et  Jules  H  aime,  on  divise  les  Nummulites  en 
Lisses,  Réticulées,  Subréticulées,  Granulées  et  Striées,  on 
constate,  d'après  de  La  Harpe,  que  ces  différents  groupes 
sont  répartis  de  la  manière  suivante  dans  Féocène  : 

IIL  Eocène  supérieur 

3.  Striées,  zone  supérieure.  N.  vasca,  N.  Boucheri, 
*2,  Réticulées N.  intermôdia-Fichteli. 

i .  Lisses N.  complanata-Tchihat- 

cheffl. 

IL    ÉoCÈNE   MOYEN 

4.  Striées,  zone  moyenne. .  iV.  contorUi-striata. 
3.  Assilines (sous-genre).. ,  A.  spira. 

â.  Granulées .' N.  perforata-Lucasana, 

i .  Subréticulées N.  lœvigaia. 

L  ËOCÈNE  INFÉRIEUR 

Striées,  zone  inférieure. .  N.  planulata-elegans. 

(Les  espèces  réunies  par  un  trait  d'union  constituent  des 
couples  de  formes  toujours  associées,  qui  ne  sont  autre 
chose  que  des  générations  alternantes  d'une  même  es- 
pèce.) 

On  a  beaucoup  exagéré  la  valeur  absolue  de  cette  ré- 
partition ou  échelle  des  Nummulites;  en  Algérie  et  en 
Egypte  la  succession  n'est  plus  la  même,  de  sorte  qu'il  est 
préférable  de  baser  la  classification  du  nummulitique  sur 
l'ensemble  de  la  faune  et  sur  les  caractères  stratigra- 
phiques. 

EocÈNE  INFÉRIEUR.  —  Les  couchès  les  pllîs  inférieures 


de  Féocène  ne  sont  représentées  dans  la  région  méditer- 
ranéenne que  dans  un  très  petit  nombre  de  points.  On 
les  connaît  dans  les  Pyrénées,  par  exemple  aux  environs 
de  Foix,  où  elles  renferment  comme  fossiles  caractéris- 
tiques :  Echinanthus  Pouechi,  Horiolampas  Miche- 
Uni,  Nummulites  spileccensis,  Operculina  B'eberii. 
Dans  le  Vicentin,  Féocène  inférieur  fait  souvent  défaut, 
mais  au  Monte  Spilecco  le  niveau  le  plus  inférieur  existe 
et  se  trouve  représenté  par  des  tufs  très  fossilifères  {Num- 
mulites spileccensis ,  nombreux  Ofthophragmina,  Rh^jn- 
chonôUa  polymorpha). 

Un  niveau  plus  élevé  de  Féocène  inférieuf  peut  être 
parallélisé  .avec  les  sables  de  Cuise  du  bassin  de  Paris 
(yprésien).  Il  est  représenté  dans  les  Pyrénées  par  les 
couches  à  Nummulites  planulata  de  la  Chalosse.  En  Al- 
gérie, on  peut  lui  attribuer  une  importante  série  de  couches 
à  nummulites,  qui  forme  une  bande  continue  dans  la  ré- 
gion des  Hauts  Plateaux,  ainsi  qu'une  bande  plus  méri- 
dionale, séparée  de  la  première  par  une  terre  émergée  à 
Féocène  inférieur,  comprenant  les  célèbres  gisements  de  ' 
phosphates  de  Tebessa  et  de  Gafsa.  En  Egypte,  la  partie 
inférieure  de  F  «  étage  libyen  »  de  M.  Zittel  parait  occuper 
le  même  niveau. 

Eocène  moyen  ou  étage  parisien.  —  La  succession  des 
dépôts  nummulitiques  correspondant  à  Féocène  moyen  est 
surtout  bien  nette  dans  le  Vicentin  et  en  Hongrie  (Hé])ert 
et  Munier-Gh aimas).  On  distingue  dans  ces  deux  régions 
trois  niveaux,  que  l'on  peut  caractériser  chacun  par  une 
espèce  de  Nummulite  : 

1°  Couches  à  Nummulites  lœvigata,  correspondant 
par  leur  faune  au  calcaire  grossier  inférieur  du  bassin  de 
Paris.  Ce  sont  tantôt  des  calcaires  à  Lithothamninm, 
tantôt  des  calcaires  à  Alvéolines  (Monte  Postale),  tantôt, 
comme  à  la  célèbre  localité  du  Monte  Bolca,  des  schistes 
à  Poissons. 

2**  Couches  à  Nummulites  perforata,  niveau  de  San 
Giovanni  Harione.  C'est  un  des  horizons  nummulitiques  les 
plus  répandus  dans  la  région  méditerranéenne,  il  est  sur- 
tout caractérisé  par  ses  Echinides  (Conoclypus  conoideus, 
Amblypygus  dilatatus,  Prenaster  alpinus,  etc.).  On  le 
retrouve  avec  la  même  faune  en  Istrie,  dans  les  Pyrénées, 
dans  le  canton  de  Schwytz,  au Kressenberg  (Bavière),  etc. 
Des  calcaires  à  Nummulites  perforata  et  grandes  Num- 
mulites complanata  constituent  aux  environs  de  Nice  et 
dans  l'Ubaye  (Basses-Alpes)  le  terme  le  plus  inférieur  de 
la  série  tertiaire.  En  Egypte,  on  retrouve  au  Mokkatam, 
près  du  Caire,  les  Echinides  de  San  Giovanni  Harione  as- 
sociés aux  grandes  Nummulites  Gizehensis,  tandis  que 
Nummulites  perforata  se  remontre  à  un  niveau  plus  bas. 
En  Algérie,  par  contre,  cette  espèce  se  trouverait  au  som- 
met de  Féocène  moyen,  au-dessus  des  Assilines  (Fi- 
cheur) . 

3°  Couches  à  Nummulites  striata  et  conforta  de  la 
forêt  de  Bakony  (Hongrie),  de  Faudon  près  Gap,  de 
Vence,  de  Biarritz  (niveau  moyen).  A  Roncà,  dans  le  Vi- 
centin, le  même  horizon  est  représenté  par  des  couches 
saumâtres  renfermant  des  espèces  des  sables  de  Beauchamp 
(Fusus  polygonus,  F.  subcarinatus,  Cerithium  corvi- 
num). 

Eocène  supérieur  ou  étage  priabonien.  —  C'est  encore 
dans  le  Vicentin  que  l'on  rencontre  le  type  le  plus  net  de 
cet  étage,  aussi  le  nom  de  priabonien  (de  Priabona,  Vi- 
centin), qui  lui  a  été  donné  par  MM.  Mimier-Chalmas  et 
de  Lapparent,  lui  convient-il  fort  bien.  A  la  base  on  ob- 
serve,, à  la  Granella,  un  niveau  saumâtre  qui  renferme  déjà 
plusieurs  espèces  oligocènes  (Cerithium plicatum,  C.  dia- 
boli,  C.  margaritaceum,  Baijania^  semidecussaia)  et 
qui  existe  avec  les  mêmes  associations  aux  Diablerets 
(Alpes  vaudoises),  à  Entrevernes  (Haute-Savoie),  à  Fau- 
don près  Gap,  à  Allons  (Basses-Alpes).  Puis  viennent  les 
couches  de  Priabona  proprement  dites,  ce  sont  des  marnes 
riches  en  Nummulites  (N.  intermedia-Fichteli) ,  en  0?^- 
bitoîdes,  en  Echinides  [Leiopedina  Tallavignesi,  Echi- 


NUMMULITIQUE  —  NUNEZ  -~  140 

nanthus  scutella,  Schizaster  vicinalis,  etc.),  en  Lamel- 
libranches {Ostrea  Brongniarti),  L'étage  se  termine  par 
les  marnes  de  Brendola  contenant  de  petites  Nummulites 
(N.  vasca,  N.  Boucheri)  et  un  autre  Foraminifère,  par- 
ticulièrement caractéristique,  Clavulina  Szaboi.  Ces 
mêmes  couches  sont  connues  en  Hongrie  sous  le  nom  de 
marnes  de  Biide  ;  on  les  a  retrouvées  aux  environs  de 
Nice. 

A  Biarritz,  le  priabonien  est  également  fort  bien  repré- 
senté; M.  Pellat  y  distingue  un  groupe  inférieur,  où 
abonde  Serpula  spirulœa  et  qui  comprend  les  calcaires 
du  rocher  du  Goulet,  riches  en  Echinides,  et  les  marnes 
du  Port  des  Basques,  sans  Echinides,  puis  un  groupe  su- 
périeur à  Operculines,  renfermant  plusieurs  espèces  de 
Priabona. 

En  Algérie,  Féocène  supérieur  est  représenté  par  des 
argiles  et  des  grès  à  Fucoïdes  très  développés  dans  la  ré- 
gion littorale  ;  M.  Ficheur  y  a  distingué  deux  termes,  dont 
le  supérieur,  discordant  et  transgressif  par  rapport  à 
l'autre,  correspond  aux  grès  de  Numidie,  qui  possèdent 
une  grande  extension  dans  toute  l'Afrique  septentrionale.  ■ 
En  Egypte,  toutefois,  il  existe  des  calcaires  priaboniens 
très  fossilifères. 

Oligocène.  —  Le  priabonien  peut  avec  autant  de  rai- 
son être  attribué  à  Féocène  ou  à  l'oligocène,  il  corres- 
pond certainement  à  F  «  oligocène  inférieur  »  de  l'Alle- 
magne du  Nord  (lattorfien).  En  France,  on  a  l'habitude 
de  faire  commencer  l'oligocène  par  les  «  marnes  supra- 
gypseuses  »  et  on  réunit  dans  l'oligocène  inférieur  ou 
tongrien  les  deux  sous-étages  sannoisien  et  stampien. 
Dans  le Yicentin,  le  sannoisien  est  représenté  parles  tufs 
de  Montecchio  Maggiore,  encore  très  riches  en  Nummu- 
lites, tandis  que  les  calcaires  de  Castel  Gomberto  à  Na- 
tica  crassatina,  Macropneustes  Meneghinii,  correspon- 
dent peut-être  déjà  au  stampien,  auquel  appartiennent 
certainement  les  calcaires  à  Cerithium  plicatum  d'Isola 
di  Malo.  Dans  les  Alpes  françaises,  on  connaît  à  Barrême 
(Basses-Alpes)  et  aux  Déserts,  près  Chambéry,  des  couches 
sannoisiennes,  surmontées  à  cette  localité  par  des  calcaires 
à  NummuHtes  (iV.  variolaria,  Ramondi,  striata,  Guet- 
tardi,  Boucheri),  et  le  stampien  est  représenté  par  des 
grès,  des  conglomérats,  des  schistes  à  écailles  de  pois- 
sons. Une  grande  partie  du  flysch  des  Alpes  appartient  à 
l'oligocène,  il  en  est  de  même  des  grès  de  FEmbrunais  et 
des  grès  d'Annot  (Basses-Alpes),  qui  sont  transgressifs 
par  rapport  aux  calcaires  schisteux  du  priabonien. 

L'aquitanien,  qui,  dans  le  N.  de  l'Europe,  se  rattache 
à  l'oligocène,  dont  il  constitue  le  terme  supérieur,  a,  dans 
les  régions  méditerranéennes,  beaucoup  plus  d'affinités 
avec  le  miocène.  On  ne  le  connaît  pas  à  l'état  de  calcaire 
à  Nummulites.  Emile  Haug. 

NU  MM  US.  Monnaie  romaine  (V.  Monnaie,  t.  XXIV, 
p.  100). 

NUNCQ.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr.  et  cant. 
de  Saint-Pol;  313  hab. 

N  UN  DINES  (Antiq.  rom.).  On  appelait  ainsi  les  jours 
de  marché  à  Bome.  Ils  revenaient  tous  les  neuf  jours. 
Cette  périodicité  était  invariable,  si  ce  n'est  que  les  nun- 
dines  ne  pouvaient  avoir  lieu  aux  calendes  de  janvier  ni 
le  jour  des  nones  de  chaque  mois.  Néfastes  à  l'origine, 
les  nundines  furent  rendues  fastes  en  466  par  une  loi  Hor- 
tensia, afin  que  les  gens  du  peuple  venus  à  Bome  pour 
le  marché  pussent  faire  juger  leurs  procès  ce  jour-là  et 
traiter  leurs  affaires  privées.  On  affichait  les  projets  de  loi 
avant  de  les  mettre  en  déUbération,  et  les  campagnards  en 
prenaient  connaissance.  Les  candidats  aux  magistratures 
profitaient  aussi  des  nundines  pour  parcourir  les  mar- 
chés et  entrer  en  rapport  avec  les  électeurs. 

N  UN  EATON.  Ville  d'Angleterre,  comté  de  V^arwick, 
au  N.  de  Coventry  ;  11.580  hab.  Laine,  filature  de  coton. 

NUNEZ  (Bio).  Fleuve  côtier  de  l'Afrique  occidentale, 
colonie  française  des  Rivières  du  Sud  (V.  ce  mot),  qui  a 
reçu  le  nom  du  navigateur  portugais  Nuno  Tristao  (f  1 445) . 


Il  a  180  kil.  de  long  et  finit  par  deux  bras  enveloppant 
Fîle  du  Sable  (10«  36'  lat.  N.).  A.-M.  B. 

NUNEZ-iVLVARES-PEREiRA.  Com.  de  Portugal  (V.  Pe- 
reira). 

NUNEZ  (Pedro),  également  connu  sous  les  noms  de 
Nonius,  Nunes,  Nunnius,  mathématicien  portugais,  né  à 
Alcazar  de  Sal  en  1492,  mort  à  Coïmbre  en  1577.  Il  fit 
ses  études, à  Lisbonne  et  à  Salamanque,  fut  d'abord  ins- 
pecteur des  douanes  à  Goa,  dans  l'Hindoustan  (1519), 
puis  professeur  de  mathématiques  transcendantes  à  l'Uni- 
versité de  Coïmbre  et  cosmographe  en  chef  du  royaume, 
il  a  fait  faire  d'importants  progrès  à  l'art  de  la  naviga- 
tion, notamment  par  la  découverte  de  la  loxodromie 
(V.  ce  mot)  et  par  l'indication  de  plusieurs  procédés  nou- 
veaux d'astronomie  nautique.  On  l'a  aussi  considéré,  mais 
à  tort,  comme  l'inventeur  de  l'instrument  appelé,  de  son 
nom,  Nonius  (V.  Vernier),  car  celui  qu'il  préconise  dans 
ses  ouvrages  pour  la  mesure  des  petites  portions  d'arc  n'a 
rien  de  commun  avec  le  précédent.  11  a  laissé  de  nombreux 
écrits  :  Tratado  da  Esphera  (Lisbonne,  1537)  ;  De  cre- 
pusculis  liber  unus  (Eisbonne,  1542)  ;  De  arte  atque 
ratione  navigandi  (Connbre,  1546),  etc.  Il  a  réuni  en 
outre,  sous  le  titre  Opéra  mathematica  (Bâle,  1566), 
une  série  d'opuscules  sur  la  géométrie,  Fart  nautique,  les 
projections  cartographiques,  la  correction  des  instruments 
d'astronomie.  L.  S. 

BiBL.  :  F.  Navarrete,  Recherches  sur  les  progrès  de 
Vastronomie  et  des  sciences  nautiques  en  Espagne  (trad. 
fr.  par  M.-D.  de  Mofras)  ;  Paris,  1839. 

NUNEZ  (Bafael),  président  des  Etats-Unis  de  Colombie, 
né  à  Carthagène  (Etat  de  Bolivar),  en  1825,  mort  à  Car- 
thagène  le  18  sept.  1894.  Docteur  en  droit,  avocat  élo- 
quent, il  fut  élu,  en  1851,  par  la  province  de  Panama, 
membre  du  congrès  qui  donna  à  la  répubhque  de  Nouvelle- 
Grenade  (nom  que  portait  alors  la  Colombie)  une  consti- 
tution démocratique,  basée  sur  le  suffrage  universel  direct. 
A  ce  moment,  il  appartenait  à  la  fraction  modérée  du 
parti  HbéraL  Sous  la  présidence  du  D^  Mallarino  (1855-57), 
il  eut  le  courage  de  prendre  le  portefeuille  des  finances, 
dans  une  situation  lamentable,  causée  par  une  récente 
guerre  civile,  et  il  s'en  tira  à  son  honneur.  La  réaction 
conservatrice  ayant  repris  le  dessus  avec  le  président  Os- 
pina,  le  D^'  Nunez  se  mit  à  la  tête  du  journal  El  Parvenir, 
où  il  défendit,  avec  talent  et  vigueur,  la  politique  fédéra- 
liste, qui  prévalut  et  aboutit  à  Fétabfissement  de  la  Con- 
fédération Grenadine  (1858).  Le  général  Mosquera  s'étant 
emparé,  après  une  nouvelle  guerre  civile,  du  pouvoir  su- 
prême delà  république  (20  sept.  1861),  qui  reçut  alors 
le  nom  qu'elle  porte  actuellement,  Nunez  redevint  ministre 
des  finances,  et  rendit  derechef  des  services  marquants  à 
son  pays.  Après  la  retraite  constitutionnelle  du  dictateur 
(1864),  il  se  fixa  à  New  York,  oti  il  dirigea  le  journal  El 
Continental,  et  exerça  ensuite  les  fonctions  de  consul 
au  Havre,  puis  à  Liverpool.  De  retour  dans  sa  patrie  en 
1874,  il  devint  gouverneur  de  l'Etat  de  Bolivar,  après 
avoir  échoué  aux  élections  pour  la  présidence  ;  mais  il  fut 
élu,  le  l®'^  avr.  1880,  en  remplacement  du  général  Tru- 
jillo.  Pour  se  rendre  compte  de  l'énormité  de  la  tâche  qu'il 
assuma  alors  et  des  efforts  qu'il  dut  faire  dans  le  but  de 
pacifier  et  de  relever  son  pays,  toujours  divisé  et  ruiné  de 
nouveau,  il  faut  se  reporter  à  ce  qui  a  été  exposé  à  cet 
égard  à  Fart.  Colombie.  Cette  tâche  colossale  ne  fut  pas 
au-dessus  de  son  génie  pohtique  et  financier,  et  il  le  prouva 
pendant  la  première  période  de  sa  présidence  (1880-82). 
Béélu  en  1884,  il  eut  à  lutter,  l'année  suivante,  contre  sept 
Etats  insurgés.  Etant  venu  à  bout  de  cette  levée  de  bou- 
cliers à  tendances  séparatistes,  il  résolut  d'en  prévenir  le 
retour.  Il  se  rallia  au  mouvement  centrahste,  et  fit  voter, 
le  5  août  1886,  une  nouvelle  constitution,  qui  remplaça  le 
régime  fédéraliste  par  une  république  unitaire  (V.  Colom- 
bie). Le  Conseil  national  l'investit,  en  même  temps,  des 
fonctions  présidentielles  pour  une  période  de  six  années. 
Ge  coup  d'Etat  fit  tout  rentrer  dans  l'ordre,  la  pacification 


—  441 


NUNEZ  —  NUPTIALITÉ 


des  esprits  s'opéra  graduellement,  et  ramélioration  des 
conditions  économiques  du  pays  reprit  un  vigoureux  essor. 
Adversaire  du  canal  de  Panama,  il  renouvela  cependant, 
en  1890,  le  contrat  avec  la  Compagnie  concessionnaire  et 
lui  accorda,  en  1893,  une  prolongation.  Enfin,  réélu  pour 
la  quatrième  fois  président  de  la  république,  le  7  août  1892, 
il  eut  la  gloire  de  terminer  le  différend  avec  le  Venezuela 
au  sujet  d'une  importante  question  des  limites  territo- 
riales, par  une  sentence  arbitrale  que  la  régente  d'Es- 
pagne rendit  en  faveur  de  la  Colombie*  (1873).  Un 
an  avant  sa  mort,  il  obtint  du  parlement  national  un 
congé  permanent  pour  cause  de  santé,  et  se  retira  dans 
sa  ville  natale.  Le  vice-président,  M.  A.  Caro,  reçut  alors 
le  titre  de  chef  du  pouvoir  exécutif.  Poète  à  ses  heures, 
le  président  Nunez  publia  un  recueil  de^  Versos  (Bogota, 
1880,  in-8).  On  lui  doit  aussi  des  brochures  politiques. 

G.  Pawlowski. 

NUNEZ  Cabeza  de  Vacâ  (Alvar)  (V.  Cabeza). 

NUNEZ  DE  Arce  (Gaspar),  poète,  auteur  dramatique 
et  homme  d'Etat  espagnol  contemporain,  né  à  Valladolid 
le  4  août  1834.  Docteur  en  philosophie  de  l'Université  de 
Tolède,  il  débuta  dans  les  lettres  par  des  poésies  dispersées 
çà  et  là  et  aborda  le  théâtre  en  1859,  avec  des  piécettes 
qui  n'eurent  que  des  succès  éphémères.  Député  depuis 
1865,  il  appartint  d'abord  au  parti  libéral  modéré,  figura 
plus  tard  parmi  les  soutiens  du  roi  Amédée  et  se  rangea 
ensuite  du  côté  des  partisans  de  la  restauration  des  Bour- 
bons. Sous  l'influence  des  secousses  violentes  qui  ont  agité 
l'Espagne  depuis  la  révolution  de  1868,  il  se  révéla  pocte 
poHtique  d'une  inspiration  puissante  dans  ses  G7'itos  del 
combate  (Madrid,  1875,  in-8),  composés  dès  1870,  œuvre 
de  désespérance  et  du  doute,  qui  eut  un  retentissement 
formidable.  Elle  lui  valut  d'être  reçu  à  l'Académie  espa- 
gnole le  21  mai  1876.  Sa  gloii^e  ne  fit  dès  lors  que  gran- 
dir. Ses  poèmes  :  Ultima  Lamentacion  de  lord  Byron 
(1879  ;  trad.  en  franc,  par  Georges  Bouret  ;  Paris,  1888); 
la  Selva  oscura  (1879),  un  bijou  de  poésie  lyrique  ;  El 
Vertigo  (1879),  résurrection  du  genre  romantique;  la 
Vision  de  Fray  Martin  (1880),  dont  le  héros  est  Martin 
Luther  ;  enfin  Raimundo  Lulio  assurèrent  à  Nunez  de 
Arce  la  première  place  parmi  les  poHes  lyriques  contem- 
porains de  son  pays,  même  à  côté  de  Campoamor.  Un  de 
ses  biographes  dit  qu'il  est  «  la  personnification  de  la  plus 
haute  inspiration  et  du  génie  le  plus  titanique  de  l'Espagne 
actuelle  ».  Il  a  su  concilier  l'idéal  du  temps  présent  avec 
la  forme  traditionnelle  et  classique  de  la  poésie  castillane, 
forme  qui,  sous  sa  plume,  devient  admirable.  On  peut 
encore  citer  parmi  ses  œuvres  poétiques  :  la  Pesca  (1884); 
Maruja  (1886),  etc.  Il  a  réuni  en  un  volume  (Obras  dra- 
mdticas,  1880,  in-4)  ses  meilleures  pièces  de  théâtre  : 
Deudas  de  la  honra,  Quien  dehe  paga,  Justicia  provi- 
dencial  et  El  Haz  de  lena.  Cette  dernière,  drame  his- 
torique dont  le  sujet  est  la  prison  et  la  mort  de  Don  Carlos, 
fils  de  Philippe  11,  a  été  comprise  parmi  les  chefs-d'œuvre 
insérés  dans  le  recueil  Autores  dramdticos  contempo- 
rdneos  (Madrid,  1881-82,  2  vol.  in-4). 

Nunez  de  Arce  fut  ministre  des  colonies  dans  le  cabinet 
Sagasta  (9  janv.  1883-18  janv.  1884),  puis  sénateur  et 
président  de  section  au  conseil  d'Etat  en  1888. 

G.  Pawlowski. 

BiBL.  :  M.  DE  LA  Revilla,  Obras  ;  Madrid,  1883,  gr.  in-8. 

—  Uu  môme,  Criticas  ;  Burgos,  1885,  in-16.  —  Menendez 
V  Pelayo,  Estudios  de  critica  literaria;  Madrid,  1884,  in-16. 

—  G.  Bouret,  la  Poésie  lyrique  en  Espagne.  D.  G.  Nunez 
de  Arce;  Paris,  1889,  in-18.  —  V.  aussi  la  bibliographie  de 
l'art.  Espagne,  §  Littérature  du  xix^  siècle. 

NUNEZ  DE  Balboa  (V.  Balboa). 

N  U  N  EZ-Delgado  (Gaspar),  sculpteur  espagnol  établi  à 
Sévilleoù  il  travaillait  au  commencement  du  xvi®  siècle.  Il 
avait  été  l'élève  de  Pedro  Delgado,  qui  lui-même  avait 
appris  son  art  d'un  sculpteur  florentin,  venu  à  Séville. 
Les  ouvrages  de  Nunez,  parmi  lesquels  on  cite  principale- 
ment une  figure  de  saint  Jean-Baptiste,  de  grandeur 


nature,  que  Pacheco  étoffa,  c.-à-d.  peignit  en  tons  natu- 
rels, sont,  au  dire  de  Ce  an  Bermudez,  de  véritables  chefs- 
d'œuvre  par  la  perfection  du  rendu  et  leur  tournure  gran- 
diose. L'artiste  avait  exécuté  beaucoup  de  terres  cuites 
qui,  malheureusement,  ont  été  brisées  ou  ont  été  empor- 
tées à  l'étranger.  P.  Lefort. 
BiBL.  :  Pacheco,  Arte  de  la  pintura  ;  Séville,  1649. 

NUNEZ  DE  GuzMAN  (Hernan)  (V.  Guzman). 

NUNEZ  DE  ViLLAvicENCio  (Pedro),  peintre  espagnol  et 
chevalier  de  Malte,  né  à  Séville  en  1635,  mort  à  Séville 
on  1700.  Cjuoique  issu  d'une  famille  noble,  ses  aptitudes 
et  son  incHnation  pour  la  peinture  l'amenèrent  à  fré- 
quenter l'ateHer  de  Bartolomé  Murillo,  qui  le  prit  en  grande 
amitié  et  s'appliqua  à  développer  ses  dons  innés.  Pendant 
qu'il  faisait  ses  caravanes  et  qu'il  séjournait  à  Malte, 
l'élève  de  Murillo  y  rencontra  Mattias  Preti(z7  Calabrese), 
appartenant  comme  lui  à  l'ordre  de  Malte.  Ce  nouveau 
maître  enseigna  à  Nunez  les  mystérieuses  ressources  du 
clair-obscur  et  le  perfectionna  grandement  dans  l'exercice 
de  l'art.  Rentré  dans  sa  patrie,  Nunez  de  Villavicencio 
se  remit  sous  la  direction  de  Murillo,  devint  son  intime 
ami,  le  seconda  dans  ses  travaux  et  ses  entreprises,  pre- 
nant part  avec  lui  à  la  création  d'une  académie  de  pein- 
ture à  Séville  et  contribuant  largement  par  ses  dons  aux 
dépenses  et  à  l'entretien  d'un  établissement  qui  était  cher 
à  Murillo.  Lorsqu'en  1682  Murillo  se  sentit  près  de  sa 
fin,  ce  fut  Nunez  qui,  nommé  son  exécuteur  testamen- 
taire, reçut  le  dernier  soupir  du  grand  artiste.  Le  talent 
de  Nunez  est  un  reflet,  mais  assez  vigoureux,  des  créa- 
tions et  des  méthodes  de  son  maître.  On  en  a  la  preuve 
devant  la  vivante  peinture  de  lui  représentant  des  Enfants 
jouant  aux  des,  que  conserve  le  musée  du  Prado.  Bien 
des  toiles  de  Nunez,  reproduisant  siirtoiit  des  muchachos, 
des  sujets  pittoresques,  des  scènes  de  la  rue,  en  raison  de 
l'analogie  de  facture  et  de  coloris  qu'elles  ofiTrent  avec 
les  mêmes  sujets  traités  par  Murillo,  ont  été  fréquemment 
attribuées  à  ce  maître.  Paul  Lefort. 

NUNZIANTE  (Vito),  général  italien,  né  à  Campagna 
(princip.  citer.)  le  12  avr.  1TT5,  mort  à  Torre-Anniin- 
ciata,  près  de  Naples,  le  22  sept.  1836.  De  parents 
pauvres  et  sans  instruction,  il  s'enrôla  en  1794  dans  un 
régiment  d'infanterie  et,  de  fourrier  qu'il  était  en  1799, 
se  promut  lui-même  colonel,  mettant  à  la  disposition  du 
cardinal  Ruflb,  qui  le  continua  dans  son  grade,  le  millier 
de  volontaires  qu'il  avait  rassemblés.  Durant  les  seiz% 
années  qui  suivirent,  il  prit  part  aux  affaires  de  Capoue, 
de  Sienne,  de  Campotenese,  de  Reggio,  fut  nommé  en 
1807  brigadier,  en  1814  maréchal  de  camp,  en  1815 
commandant  supérieur  des  Calabres  et  présida  à  la  con- 
damnation et  à  l'exécution  de  Joachim  Murât  (V.  ce  nom). 
Récompensé  du  tact  qu'il  déploya  en  cette  circonstance 
par  le  titre  de  marquis,  il  devint  par  la  suite  lieutenant- 
général  (1819),  commandant  de  Salerne  (1820),  com- 
mandant des  divisions  de  Syracuse  et  de  Palerme,  inspec- 
teur général  de  l'armée,  quartier-maître  général,  vice-roi 
de  la  Sicile  (1830),  ministre  d'Etat  et  commandant  de 
toutes  les  troupes  du  royaume  (1831).  L.  S. 

BiDL.  :  Fr.  Palermo,  Vita  e  fatti  di  Vito  Nunziante  ; 
Florence,  1839. 

NUORO.  Ville  d'Italie,  prov.  de  Sassari  (Sardaigne)  ; 
6.000  hab.  Evêché.  Carrières  de  marbre.  Un  chemin  de 
fer  la  relie  à  Bosa. 

NUPHAR  (Bot.)  (V.  Nénuphar). 

NURAGHl  (Paléoarchéol.)  (V.  Italie,  t.  XX,  p.  1042). 

NUPTIALITÉ.  Mot  qui,  comme  ceux  de  natalité  et  de 
morialité,  a  deux  significations  distinctes  en  démographie  : 
il  signifie,  à  proprement  parler,  le  rapport  du  nombre  des 
mariages  au  nombre  des  habitants  qui  ont  fourni  ces  ma- 
riages ;  il  signifie  aussi,  par  extension,  l'étude  démogra- 
phique des  mariages.  Le  tableau  suivant,  déjà  inséré  à 
l'article  Démographie,  résume  par  périodes  décennales 
la  nuptialité  française  : 


NUPTIALITE 


—  im  — 


NOMBRE  MOYEN 

NOMBRE 

NOMBRE 

PÉRIODES 

de  mariages 

de  mariages 

de  personnes 

annuels 

par 

mariées 

(en  milliers  d'unités) 

1.000  hab. 

par  100  hab. 

1801-10 

222 

7,6 

15,2 

1811-20 

244 

7,9 

15,8 

1821-30 

246 

7,8 

15,6 

1831-40 

266 

8 

16 

1841-50     -^ 

279 

8 

16 

1851-60 

287 

7,9 

15,8 

1861-70 

294 

7,8 

15,6 

1871-80 

297 

8 

16 

1881-90 

280 

7,3 

14.6 

1891-96 

287 

7.5 

15 

Quoique  le  mariage  soit  un  acte  libre,  dépendant  —  dans 
les  pays  civilisés  où  le  consentement  de  la  femme  est 
nécessaire  —  de  la  volonté  des  personnes  qui  le  contractent, 
on  peut  dire  qu'il  est,  comme  la  naissance  et  la  mort, 
soumis  à  une  certaine  régularité  qui  constitue  des  lois  démo- 
graphiques, La  mort  est,  à  part  quelques  exceptions,  un 
tait  involontaire  ;  la  naissance  est  le  résultat  d'un  acte 
volontaire,  le  rapprochement  de  l'homme  et  de  la  femme. 
Divers  mobiles  poussent  au  mariage.  Le  premier  mobile 
est  une  loi  naturelle  :  un  instinct,  qui  est  un  des  plus 
énergiques  de  l'homme  comme  des  animaux,  porte  à  la 
propagation  de  l'espèce;  l'amour  ennoblit  ce  sentiment 
instinctif  et,  dans  une  société  civilisée,  le  sens  moral  en- 
seigne que  le  mariage,  c.-à-d.  l'union  permanente  et  légale 
de  l'homme  et  de  la  femme,  est  le  moyen  légitime  de  fonder 
une  famille.  On  pourrait  penser  que,  d'après  la  loi  natu- 
relle, chaque  génération  doit  entrer  successivement  tout 
entière  dans  le  mariage  à  mesure  qu'elle  parvient  à  la 
puberté,  les  (llles  plus  tôt  parce  qu'elles  sont  nubiles  de 
bonne  heure,  les  garçons  plus  tard;  que,  par  suite,  le  nombre 
de  mariages  serait  à  peu  près  égal  à  celui  des  survivants 
du  sexe  mascuHn  à  l'âge  d'une  vingtaine  d'années.  Ce 
n'est  pas  ce  qui  a  lieu,  parce  que  des  obstacles  détournent 
du  mariage  une  partie  des  individus  de  chaque  généra- 
tion ou  en  retardent  l'époque.  Ces  obstacles  sont  :  les  uns, 
d'ordre  physique,  comme  les  infirmités  et  les  maladies  ; 
d'autres,  d'ordre  moral,  comme  une  affection  contrariée, 
un  caractère  indépendant  ou  solitaire;  d'autres,  d'ordre 
social,  résultant  d'une  obligation  politique  ou  religieuse, 
*1['omme  le  service  militaire  et  les  vœux  monastiques,  ou 
d'une  convenance  économique,  comme  le  désir  de  parvenir 
à  une  certaine  situation  avant  de  fonder  une  famille  ou 
celui  d'assortir  des  fortunes.  Les  lois  ont,  comme  les  mœurs, 
une  influence  sur  la  nuptiahté  :  par  exemple,  la  prohibi- 
tion du  mariage  à  certains  degrés  de  parenté,  l'obUgation 
du  consentement  des  parents,  etc. 

Avant  4789,  vers  la  fm  de  l'ancien  régime,  on  éva- 
luait à  peu  près  à  8  le  nombre  des  mariages  annuels 
par  4.000  hab.,  peut-être  même  à  un  peu  plus  (cepen- 
dant une  des  études  les  plus  pi^écises  faites  sur  ce  sujet: 
V Essai...  sur  le  mouvement  de  la  population  de 
Roiiùaix,  de  M.  Faidherbe,  donne  moins  4e  7  pour  cette 
ville).  Depuis  4804  la  statistique  dispose,  comme  pour  les 
naissances  et  Jes  décès,  des  relevés  annuels  de  l'état  civil,  et 
ces  relevés  sont  plus  à  l'abri  de  la  critique  pour  les  mariages 
que  poOT  les  deux  autres  faits  démographiques,  parce  qu'au- 
cun mariage  n'a  pu  être  contracté  sans  être  inscrit  sur  le 
registre  de  l'état  civil.  De  4804  à  4808,  le  nombre  des  ma- 
riages a  varié  entre  200.000  et  220.000,  et  la  nuptialité, 
c.-à-d.  le  rapport  du  nombre  des  mariages  au  nombre 
des  habitants  de  la  France,  a  viirié  entre  7,2  et  7,5  ;  au- 
trement dit,  sur  4.000  hab.,  il  y  en  a  eu  44,4  à  J5  qui 
se  sont  mariés.  Toutefois,  l'année  4805  a  donné  une  nup- 
tialité plus  forte:  7,9  ^/oo,  parce  qu'on  levait  alors  la 
(conscription  pour  la  campagne  d'Autriche  et  que  beaucoup 
de  jeunes  gens  se  hâtaient  d'entrer  en  ménage  pour 
acquérir  le  droit  de  rester  dans  leurs  foyers.  Cet  empres- 


sement se  manifesta  d'une  manière  plus  sensible  en  4809 
lorsque  la  cinquième  coalition  nécessita  de  nouvelles  levées  ; 
le  nombre  des  mariages  s'éleva  à  267.964  et  la  nuptiahté 
atteignit  9,4  par  4.000  hab.  La  même  cause,  après  le  dé- 
sastre de  Russie,  fit  monter  le  nombre  des  mariages  en 
4843  à  387,486.  Jamais,  même  avec  une  population  plus 
nombreuse,  la  France  n'a  enregistré  dans  la  suite  un  tel 
chiffre  :  la  nuptiahté  monta  à  42,9.  La  loi  de  compensa- 
tion se  manifeste  dans  la  nuptialité  comme  dans  la  nata- 
hté  et  la  mortalité  :  ainsi  en  4806  la  nuptialité  tombe  à 
7,2,  en  4844  à  6,8,  en  4844  à  6,5.  Balance  faite,  la 
nuptialité  moyenne  de  la  période  impériale  a  été  de  7,8. 

Sous  la  Restauration  et  sous  le  règne  de  Louis-Philippe, 
période  de  paix,  le  nombre  des  mariages  augmenta, 
243.343  en  4848  et  283.338  en  4845,  non  seulement 
parce  que  la  population  augmentait,  înais  parce  que  le 
taux  de  la  nuptialité  s'élevait  :  la  moyenne  générale  de 
4833  à  4845  a  été  de  8,4.  En  4845  et  en  4846,  le  taux 
a  été  de  8,3  et  de  8,5  ;  la  disette  de  4847  l'a  abaissé 
à  7  ;  celle  de  4847,  à  7  aussi. 

Après  la  révolution  de  4848,  le  taux,  grâce  à  de  bonnes 
récoltes  et  malgré  la  crise  poUtique,  remonta  jusqu'à  8,3 
en  4850.  Puis  de  mauvaises  récoltes  et  le  choléra  le  firent 
redescendre  à  7,5  en  4854.  Il  se  maintint  ensuite  à  8 
environ  pendant  le  second  Empire.  La  guerre  franco-alle- 
mande le  fit  descendre  au  niveau  le  plus  bas  qu'ait  atteint 
la  France  au  xix^  siècle  :  6°/oo,  taux  d'où  le  mouvement  de 
compensation  le  fit  monter  en  4872  jusqu'à  9,8.  Depuis 
ce  temps,  la  nuptiahté  a  eu  une  tendance  à  faiblir.  L'année 
4890  n'a  fourni  que  7  mariages  par  4.000  hab.,  c'est 
la  plus  mauvaise  des  vingt  dernières  années  dont  la  moyenne 
ne  dépasse  pas  7,4.  De  4887  à  4896,  avec  une  population 
de  plus  de  38  millions  d'âmes,  le  nombre  total  des  ma- 
riages n'a  pas  été  supérieur  à  celui  qu'avait  fourni  de  4835 
à 4845  une  population  d'environ  34  millions;  la  généra- 
tion qui  se  mariait  de  4887  à  4896  était  celle  qui  était 
née  pendant  et  après  la  guerre  de  4870.  Sans  doute  les 
mariages  inconsidérés  des  prolétaires  peuvent  empirer 
l'état  démographique  d'une  nation,  et  il  n'est  pas  toujours 
désirable  de  les  voir  se  multiplier.  Mais  la  France,  à  la 
considérer  dans  l'eiisemble,  est,  malgré  certains  symptômes 
fâcheux,  plus  riche  aujourd'hui  qu'il  y  a  cinquante  ans, 
et  cependant  on  s'y  marie  moins.  Quoique  la  statistique 
ne  nous  renseigne  pas  sur  la  fortune  des  mariés,  l'ana- 
lyse par  départements  montre  que  la  nuptialité  a  diminue 
dans  tous,  et  on  peut  en  induire  que  cette  diminution  a 
porté  sur  toutes  les  catégories  sociales  ;  l'accroissement 
du  nombre  des  ouvriers  et  des  domestiques  dans  les 
villes  a  dû  avoir  pour  conséquence  plus  de  célibataires  ; 
l'augmentation,  non  du  prix  de  chaque  chose  en  elle- 
même,  mais  des  dépenses  générales  de  la  vie,  a  dû 
tenir  éloignées  du  mariage  plus  de  personnes  de  la  classe 
moyenne,  etc.  L'obstacle  vient  surtout  d'un  goût  exagéré 
du  bien-être. 

Néanmoins,  à  considérer  toute  la  durée  du  siècle,  le 
nombre  absolu  des  mariages  a  augmenté.  De  4804  à  4805, 
27  milhons  4/2  d'hab.  ont  fourni  en  moyenne  205.000  ma- 
riages; de  4890  à  4896,  38  millions  4/2  en  ont  fourni 
287.000.  Quand  on  examine  la  courbe  annuelle  des  ma- 
riages, on  distingue  l'influence  de  certains  événements  de 
l'histoire,  surtout  de  l'histoire  économique,  crises,  disettes, 
prospérité  commerciale.  Les  disettes  ont  exercé  une  action 
ti'ès  sensible  jusqu'à  l'époque  oli  1^  libeité  du  commerce 
des  céréales  et  la  facilité  des  approvisionnements^  qui  a 
subsisté  en  partie  malgré  le  rétablissement  du  droit  de 
douane,  en  ont  amorti  les  effets. 

Il  y  a  en  France  une  géographie  de  la  nuptialité,  comme 
de  la  mortahté  et  de  la  natahté,  c.-à-d.  que  l'état  éco- 
nomique et  moral  de  la  population  détermine  un  taux  de 
nuptialité  différent  suivant  les  régions.  Voici  les  dix  dé- 
partements dans  lesquels  la  nuptialité  était  la  plus  forte  et 
les  êix  dans  lesquels  elle' était  la  plus  faible  au  eommen- 
eement  du  siècle  et  en  4893. 


Départements  où  la  nuptialité  était  la  plus  forte 


En  1801-10 

Nuptialité  :  10,5  à  8. 
Vendée. 
Allier. 
Indre. 

Haute- Vienne. 
Bas-Rhin. 
Nièvre. 

Pyrénées-Orientales . 
Finistère. 
Var. 
Maine-et-Loire. 

Départements  où 
En  1801-10 

Nuptialité  :  5  à  6 

AvejTon. 

lUe-et- Vilaine. 

Ain. 

Ariège. 

Lozère. 

Marne. 

Basses-Pyrénées. 

Vienne. 

Doubs. 

Cher. 


En  1893 

Nuptialité  :  9,3  à  8,0 
Seine. 
Allier. 

Côtes-du-Nord. 
Creuse. 
Dordogne. 
Loire. 
Nord. 

Seine-Inférieure. 
Vaucluse. 
Haute-Vienne. 

la  nuptialité  était  la  plus  faible 

En  1893 

Nuptialité  :  5,5  à  6,6 
Basses-Pyrénées. 
Hautes-Pyrénées. 
Corse. 
Savoie. 
Hautes- Alpes. 
Alpes-Maritimes. 
Côte-d'Or. 
Lot. 

Haute-Marne. 
Haute-Savoie. 


Les  départements  de  montagnes,  qui  sont  pauvres  et 
d'où  les  hommes  émigrent  à  la  recherche  de  travail,  sont 
généralement  dans  les  derniers  rangs  de  la  nuptialité,  parce 
)  que  la  population  nubile  mâle  fait  défaut.  Le  même  phé- 
nomène s'observe,  mais  d'une  manière  moins  prononcée. 


—  UU  —  NUPTIALITÉ 

dans  les  départements  de  forte  immigration,  parce  que 
beaucoup  d'immigrants  n'ont  pas  l'intention  de  se  û^r 
en  fondant  une  famille.  La  Normandie  a  une  faible  nup- 
tialité parce  qu'on  y  redoute  les  charges  du  ménage.  Au 
contraire,  les  Landes,  le  Massif  central,  etc.,  ont  une 
forte  nuptialité. 

La  nuptialité  paraît  souvent  plus  élevée  dans  les  villes 
que  dans  les  campagnes.  Ainsi,  en  1885,  elle  était  de  8,3 
dans  le  dép.  de  la  Seine,  de  7,4  dans  la  population 
urbaine  et  de  7,3  dans. la  population  rurale.  C'est  une 
simple  apparence  :  les  populations  des  grandes  villes  com- 
prenant en  général,  à  cause  de  l'immigration,  une  pro- 
portion d'adultes  supérieure  à  la  proportion  normale,  il 
peut  y  avoir  plus  de  mariages  par  rapport  à  la  population 
totale,  bien  qu'il  y  en  ait  moins  par  rapport  à  la  fraction 
de  cette  population  qui  est  en  âge  de  se  marier. 

En  France,  l'âge  moyen  du  mariage  est  en  moyenne  de 
30  ans  environ  pour  les  hommes  et  d'un  peu  plus  de  25 
pour  les  femmes.  Cette  moyenne  se  compose  d'éléments 
divers.  Entre  célibataires,  la  moyenne  descend  à  28  ans 
3  mois  pour  les  hommes  et  à  24  ans  2  mois  pour  les 
femmes  ;  entre  veufs  et  veuves,  elle  s'élève  à 48  ans  pour 
les  hommes  et  à  42  1/2  pour  les  femmes.  L'âge  est  d'or- 
dinaire un  peu  plus  précoce  dans  les  campagnes  que  dans 
les  villes  et  un  peu  plus  tardif  dans  le  dép.  de  la  Seine  que 
dans  les  autres.  Les  mariages  entre  célibataires  sont  de 
beaucoup  les  plus  nombreux:  243.768  en  1895  sur  un 
total  de  282.915  mariages,  soit  86,1  ^/o.  Pour  la  période 
1865-82,  on  a  calculé  que  sur  100  mariages  il  y  en  avait 
eu  84,4  entre  célibataires,  4,1  entre  gar(;ons  et  veuves, 
7,8  entre  veufs  et  filles,  3,7  entre  veufs  et  veuves. 

Voici  comment  se  répartissaient,  suivant  l'âge,  les  ma- 
riasses des  céhbataires  en  1895  : 


CELIBATAIRES 

du 

SEXE  MASCULIN 


\  au-dessous 
de  20  ans 


Au-dessous  de  20  ans 
De  20  à  25  ans 

—  25  à  30  ans 

—  30  à  35  ans 

—  35  à  40  ans 

—  40  à  50  ans 

—  50  à  60  ans 

Au-dessus  de  60  ans . 


0,67 
7,20 
10,08 
1,81 
0,34 
0,07 
0,01 
0,001 


MARIES   AVEC  DES   CELIBATAIRES   DU   SEXE   FEMININ 


de   20 
à  25  ans 


0,77 
14,81 
23,19 
6,20 
1,34 
0,31 
0,03 
0,002 


de   25 
ù  30  ans 


0,69 
4,84 
10,58 
4,31 
1,56 
0,49 
0,05 
0,006 


de    30 
à  35  ans 


0,12 
0,89 
2,15 
2,13 
1,04 
0,54 
0,09 
0,011 


de    35 
à  40  ans 


0,03 
0,17 
0,46 
0,53 
0,59 
0,42 
0,09 
0,015 


de    40 
à  50  ans 


0,004 

0,04 

0.10 

0,15 

0,19 

0,37 

0,12 

0,03 


au-dessus 
de  50  ans 


0,003 

0,008 

0,011 

0,015 

0,06 

0,07 

0,04 


TOTAL 


2,29 

28,02 

46,58 

15,16 

5,10 

2,28 

0,46 

0,11 


Si-  l'on  veut  chercher  la  probabilité  de  mariage,  c.-à-d. 
la  chance  qu'a  un  individu,  homme  ou  femme,  célibataire 
ou  veuf,  de  se  marier  dans  l'année,  il  faut  diviser  le 
nombre  total  des  individus  vivants  de  chaque  âge  par  le 
nombre  des  individus  de  cet  âge  qui  ont  contracté  mariage. 
Voici  le  résultat  (calculé  sur  la  période  1877-81). 


GROUPES  D'AGES 


De  15   à  20  ans  (femmes) 

—  18  à  20  ans  (hommes) 

—  20  û,  25  ans  (les  deux) 

—  25  â  30  ans         — 

—  30  à  35  ans         — 

—  35  à  40  ans        — 

—  40  à  50  ans        — 
Plus  de  50  ans       — 


SUR    1.000    PERSONNES 

de  chaque  groupe  d'âge 

Nombre  de  ceux  qui  se  marient  dans  l'année 


CELIBATAIRES 

VEUFS 

Hommes 

Femmes 

Hommes 

Femmes 

, 

39,9 

12.5 

» 

282.0 

160,5 

59,8 

110,4 

119,2 

112,6 

238,6 

98,3 

109,9 

79,8 

226,2 

75,2 

79,1 

49,3 

161,5 

74,1 

34,8 

21,1 

76,1 

18,9 

10,7 

3,9 

13,2 

2,6 

La  moyenne  générale  pour  toute  la  population  mascu- 


line pendant  cette  période  a  été  de  57  mariages  par 
1.000  hab.  Les  veufs  à  tout  âge  ont  plus  de  chance  de 
mariage  que  les  célibataires.  On  comprend  facilement 
pourquoi  :  les  veufs  avaient,  au  physique  et  au  moral,  l'ap- 
titude au  mariage  puisqu'ils  s'étaient  mariés  ;  en  outre, 
beaucoup  d'entre  eux  ont  besoin  d'une  compagne,  soit  pour 
élever  leurs  enfants,  soit  pour  remplacer  dans  leur  pro- 
fession la  compagne  qu'ils  ont  perdue.  Il  en  est  tout  au- 
trement pour  le  sexe  féminin  :  les  veuves  sont  moins  re- 
cherchées que  les  filles.  Sur  100  hommes  qui  se  sont 
mariés,  on  a  calculé  (période  1865-82)  qu'il  y  avait  88,4 
garçons  et  11,6  veufs  ;  sur  100  femmes,  92,2  filles  et 
7,8  veuves. 

Dans  tous  les  pays  on  trouve  des  rapports  de  même 
nature  relativement  aux  mouvements  de  la  population. 
Toutefois,  on  doit  observer  que  d'un  pays  à  l'autre  les 
différences  sont  plus  considérables  pour  la  nuptialité 
que  pom' la  natahté.  Entre  la  Serbie  qui  accusait  11,5 
et  l'Irlande  qui  ne  donne  que  4,4,  la  différence  est  de  plus 
du  simple  au  double.  La  moyenne  générale  de  l'Europe, 
calculée  sur  la  période  1865-83,  a  été  trouvée  de  8,4  ma- 
riages par  1.000  hab.  La  France  se  plaçait  un  peu  au- 
dessous  de  cette  moyenne.  Les  Slaves  et  Magyars  occu- 


NUPTIALITÉ 


144 


paient  le  premier  rang  avec  une  nuptialité  dépassant  8,5 
et  même  10,  pour  la  Serbie.  Les  Germains  étaient  au  se- 
cond rang.  La  nuptialité  est  très  forte  dans  certains  pays 
d'immigration  :  le  Massachusetts  en  est  un  exemple.  Elle  ne 
Test  cependant  pas  dans  tous,  surtout  quand  l'immigration 
amène  peu  de  femmes  :  l'Australasie  en  est  un  exemple. 
Nulle  part  la  nuptialité  n'est  aussi  faible  qu'en  Irlande  où  les 
difficultés  économiques  opposent  un  obstacle  considérable 
au  mariage  et  d'où  émigrent  beaucoup  d'adultes. 

En  divisant  l'Europe  en  quatre  régions,  Sir  W.  Raw- 
son  a  trouvé  une  nuptialité  de  7  pour  le  N.-O.  de  l'Eu- 
rope, 8  pour  le  S.,  8,4  pour  le  centre  et  9,4  pour  l'E. 
Les  Slaves  doivent  en  général  leur  taux  supérieur  à  la 
précocité  du  mariage  et  à  la  grande  prédominance  de  l'élé- 
ment rural.  En  Russie,  68  ^/o  des  hommes  se  marient 
avant  25  ans  ;  le  paysan  marie  même  souvent  son  fds 
entre  16  et  20  ans  ;  la  jeune  fdle  qu'il  lui  donne  est  quel- 
quefois à  peine  nubile,  mais  elle  devient  une  servante  de 
plus  dans  la  famille.  En  Hongrie  et  en  Serbie,  les  mariages 
sont  précoces  aussi  :    la  vie  rurale  prédomine. 

Une  forte  nuptialité  peut  avoir  parfois  une  autre  cause. 
Ainsi  le  Japon  a  accusé  de  1883  à  1887  un  taux  de  6,8 
à  9  par  1.000  hab.,  et  même  en  1896  un  taux  de  11,7  : 
c'est  que  la  fréquence  des  divorces  motivait  un  grand 
nombre  de  mariages  nouveaux.  Dans  quelques  pays  ru- 
raux, la  naissance  d'un  enfant  précède  souvent  le  mariage  : 
le  Chili  en  fournissait  naguère  un  exemple. 

Le  tableau  suivant  présente  la  nuptialité  des  Etats 
d'Europe  et  de  trois  Etats  américains  à  trois  époques  ; 
ces  Etats  sont  groupés  d'après  l'ordre  de  leur  nuptialité 
à  la  dernière  époque  : 

NUPTIALITÉ 

(d'après  les  calculs  de  M.  Bodio). 


ETATS 


Serbie 

Massachusetts 

Saxe 

Rhode  Island 

Hongrie 

Prusse 

Roumanie 

Connecticut. . . 

Empire  allemand*... 

Russie  d'Europe 

Autriche 

Italie 

Angleterre  et  Galles. 

France. 

Belgique 

Finlande 

Suisse 

Pays-Bas 

Danemark 

Bavière 

Wurttembei'g 

Ecosse 

Norvège 

Suéde  

Espagne 

Grèce 

Irlande 


1865-69    1876-80    1887-91 


11,29 
10,53 
9,18 
11,27 
10,28 
8,82 

» 
9,21 
8,86 

»  • 
8,69 
7,30 
8,36 
7.89 
7,58 
7,01 
» 
8,10- 
7,90 
9,25 
» 
7,02 
6,45 
6,18 
7,57 
6,49 
5.29 


11,48 

7,83 

8,se 

8,94 
9,61 

7,88 

7,30 

7,83 

9,79 

7,74 

7,51 

7,67 

7,61 

6,90 

7,81 

7,40 

7,84 

7,78 

7,30 

7,12 

6,88 

7,18 

6,58 

6,60(1) 

5,66 

4,56 


9,29  (2) 

9,23 

9,16 

8,64 

8,08 

7,99 

7,95  (3) 

7,93 

>,74 
7,69 
7,51 
7,26 
7,22 
7,12 
7,11 
7.02 
6,97 
6,98 
6,66 
6,64 
6,36 
5,98 
5,61  (4) 

4,41 


*  Total  pour  l'Empire  allemand  entier. 

(1)  1878-80.  -  (2)  1886-90.  -  (3)  1885-89.  —  (4) 


La  nuptialité  de  chaque  Etat  est  soumise  à  des  variations 
accidentelles  ou  continues  ;  mais  elle  oscille  en  quelque  sorte 
autour  de  la  moyenne  qui  lui  est  propre.  Ainsi  la  Prusse  a 
éprouvé,  comme  la  France,  mais  moins  qu'elle,  l'influence 
dépressive  de  la  guerre  en  1870  et  en  1871  ;  le  mouvement  de 
compensation  s'y  est  fait  brusquement  sentir  aussi  en  1872, 
et  la  nuptialité,  qui  était  tombée  à  7,6,  s'est  relevée  à  10,2  ; 
elle  a  diminué  ensuite  jusqu'en  1886,  puis  est  remontée 
un  peu  et  marquait  8  en  1894.  La  Norvège,  de  1801 
à  1815,  période  agitée,  a  eu  une  nuptialité  faible  qui 


est  tombée  à  6,4  en  1814  :  la  mer  était  alors  fermée  aux 
pêcheurs.  Après  la  paix,  les  mariages  se  sont  multiphés  : 
la  nuptialité  a  été  de  10,2  en  1816.  La  crise  commerciale 
de  1837  l'a  fait  tomber  à  6,2  ;  la  prospérité  l'a  ramenée 
à  8,3  en  1846.  Après  les  événements  de  1870  et  l'essor 
que  prirent  alors  les  affaires,  elle  s'éleva  à  7,8  en  1875,  elle 
est  redescendue  depuis,  peut-être  à  cause  de  l'émigration 
et  du  ralentissement  des  affaires  ;  le  taux  moyen  en 
1887-91  était  à  peine  de  6,4;  il  a  été  de  6,5  de  1892 
à  1895. 

Chaque  Etat  a  pour  l'âge  des  époux,  comme  pour  tous 
les  phénomènes  démographiques,  sa  moyenne  propre  qu'ex- 
pliquent le  climat,  les  lois  et  les  mœurs.  Ainsi,  sous  le 
climat  froid  des  Etats  Scandinaves,  les  hommes  et  les 
femmes  se  marient  d'ordinaire  tardivement.  Nous  avons 
dit  qu'au  contraire,  en  Russie,  les  paysans  mariaient  de 
très  bonne  heure  leurs  enfants,  garçons  et  filles,  coutume 
qui  paraît  être  la  conséquence  du  régime  de  communauté 
dans  lequel  vivent  les  familles.  En  Angleterre,  d'autres 
mœurs,  qui  ont  leur  fondement  dans  une  précoce  éman^ 
cipation  morale,  portent  les  jeunes  gens  à  se  marier 
plus  tôt  qu'en  France,  et  comme  ce  sont  eux-mêmes  plus 
que  les  parents  qui  font  les  accords,  il  y  a  plus  parité 
d'âge  qu'en  France  :  la  différence  moyenne  est  de  2  ans 
en  Angleterre  (28  ans  pour  les  hommes  et  26  pour  les 
femmes),  tandis  qu'elle  est  de  4  ans  en  France  (28  ans 
3  mois  et  24  ans  2  mois  pour  les  mariages  de  célibataires). 
La  différence  est  d'environ  2  ans  1/2  en  Belgique,  dans 
les  Pays-Bas  et  en  Norvège.  En  général,  cette  différence 
augmente  à  mesure  que  le  mari  est  plus  âgé  et  au  con- 
traire diminue  à  mesure  que  la  femme  est  plus  âgée  : 
ainsi  on  a  calculé  qu'un  jeune  homme  de  20  à  25  ans 
épousait  une  femme  qui,  en  moyenne,  avait  seulement 
quelques  mois  de  moins  que  lui  et  qu'un  homme  de  50  à 
60  ans  épousait  une  femme  ayant  en  moyenne  15  ans  de 
moins  que  lui. 
La  proportion  entre  les  mariages  des  célibataires  et  ceux 
des  veufs  varie  suivant  les  Etats,  mais  avec  des  diffé- 
rences qui  ne  sont  pas  considérables.  Les  extrêmes  sont 
représentés  par  la  Grèce  qui  a  86,1  °lo  de  mariages  de 
célibataires  et  par  la  Croatie  qui  n'en  a  que  68,9.  Il  est 
naturel  que,  dans  les  pays  où  les  mariages  sont  précoces, 
il  y  ait  plus  de  jeunes  veufs  et  veuves  qui  désirent  se 
remarier.  Le  tableau  suivant  a  été  établi  par  M.  Bodio 
pour  la  période  1865-83  : 

PÉRIODE  1865-1883 


ETATS 


Grèce 

Irlande 

Norvège  (1876-82). . . 

Suède  (1869-82) 

Ecosse 

Roumanie 

France .^ 

Belgique 

Italie 

Danemark 

Angleterre 

Espagne 

Pays-Bas 

Prusse 

Bavière  (1876-83)  . . . 
Suisse  (1876-83)  .... 

Finlande 

Russie 

Autriche 

Hongrie 

Croatie  et  Slavonie 
(1871-82) 


SQR 


100  MARIAGES 

de  mariages  de  : 


as 


86,1 

85,7 
85,3 
85,3 
85,1 
84,8 
84,3 
83,4 
83,2 
82,3 
81,9 
81,1 
80,2 
80,0 
79,8 
79,0 
78,8 
77,2 
75,8 
74,5 

68,9 


o3> 


3,9 
8,1 
3,2 
3,3 

2,9 
2,8 
4,1 
5,0 
3,7 
4,7 
4,4 
4,0 
4,3 
5,2 
5,3 
4,2 
5,4 
4,2 
6,2 
4,7 

4,3 


6,7 
8,6 
9,3 

^^ 

8,9 

6,1 

7,8 
8,1 

9,6 

8,4 
10,1 
10,3 
10,3 
12,2 
10,4 
11,3 

9,8 
12,9 

9,7 

12,0 


3  ^ 
» 


3,3 
2,6 
2,1 
2,1 
3,1 
6,3 
3,7 
3,5 
3,7 
2,1 
5,3 
4,8 
4,8 
3,5 
2,4 
3,1 
4,5 
8,8 
5,1 
10,2 

14,7 


0)   «3 


O  Ul 


0,1 
0,2 


2,2 


1,4 

1,7 
1,3 
3,3 


^  145  — 


NUPTIALITÉ  -^  NUREMBERG 


On  comptait  on  France,  clans  la  période  186S-83,  4  ma- 
riage consanguin  sur  100  mariages.  C'est  une  proportion 
qui,  quoique  faible  par  elle-même,  paraît  un  peu  plus 
élevée  que  celle  de  la  plupart  des  Etats  d'Europe  ;  la 
Prusse  en  compte  seulement  8  par  1.000,  la  Bavière  9, 
l'Italie  7,  la  Finlande  2.  On  a  beaucoup  écrit  sur  la  ques- 
tion des  mariages  consanguins  et  on  a  produit  des  exemples 
et  même  des  statistiques  partielles  en  vue  de  prouver  le 
danger  des  unions  de  ce  genre.  On  les  accuse  d'être  moins 
fécondes  que  ks  autres  et  de  donner  iiaissance  à  des 
e/ifants  malingres  ou  infirmes,  surtout  à  des  sourds-muets 
et  à  des  crétins.  Il  est  certain  qu'on  citera  des  cas  à 
l'appui  de  cette  thèse  pessimiste  et  qu'elle  contient  par 
conséquent  une  part  de  vérité.  Mais  il  n'y  a  jamais  eu  de 
statistique  précise  portant  sur  une  population  entière  et 
sur  un  nombre  suffisant  d'années  qui  permette  d'établir  à 
cet  égard  une  loi  démographique. 

Les  mariages  ont,  comme  les  naissances,  leurs  saisons. 
En  France  et  dans  quelques  autres  pays,  comme  la  Bel- 
gique, la  plus  favorisée  est  le  printemps.  L'influence  re- 
ligieuse est  marquée  dans  tous  les  pays  catholiques  en 
février  et  dans  la  seconde  moitié  d'avril  par  le  grand 
nombre  de  mariages  contractés  avant  et  après  le  carême; 
février  donne  le  maximum  et  mars  le  minimum.  C'est  une 
influence  économique  qui  se  manifeste  par  le  petit  nom])re 
de  mariages  en  juillet,  août  et  septembre,  où  la  popula- 
tion est  occupée  dans  les  champs  par  les  travaux  de  la 
moisson  ;  la  compensation  s'étabHt  par  les  nombreux  ma- 
riages de  novembre.  On  s'explique  aisément  comment  en 
juillet  la  moisson  puisse  être  à  la  fois  une  cause  de  nais- 
sances illégitimes  et  un  obstacle  aux  mariages.  En  Suède, 
pays  protestant,  l'influence  du  carême  est  très  peu  sensible  ; 
mais  l'hiver  venant  de  bonne  heure,  le  cultivateur  ne  doit 
pas  perdre  de  temps,  et  les  mariages  d'été  sont  relativement 
bien  plus  rares  qu'en  Italie  où  la  belle  saison  se  prolonge 
longtemps  ;  aussi,  en  Suède,  y  a-t-il  une  grande  accu- 
mulation de  mariages  en  décembre,  à  l'époque  où  la  neige 
tient  le  paysan  enfermé  dnns  son  village.    E.  Levâsseur. 

BiBL.  :  E.  Levâsseur,  la  Population  frunçaise,  t.  IL  ch.  x 
et  XIV  du  livre  IL  —  L'ouvrage  de  M.  G.  von  Mayr  {Statis- 
tik  und  Gesellschaftslehre  contient  \mie  bibliographie  dé- 
taillée du  sujet  dans  le  chapitre  Eheschliessungen. 

NURAGHI  (Grec  Tholoi,  italien  Noraga,  Nuracu, 
Nurhag  ou).  Monuments  d'architecture  militaire,  véri- 
tables tours  fortifiées  aujourd'hui  ruinées,  mais  dont 
environ  trois  mille  ont  été  reconnues  avoir  été  élevées 
dans  l'île  de  Sardaigne  avant  l'époque  de  la  conquête  ro- 
maine (259  à  176  avant  notre  ère).  Ces  monuments,  décrits 
par  Délia Marmora  (  Foya^^6^UvS>rf/<2?>m^,  Turin,  i  839-60, 
t.  Il,  in-8),  occupent  généralement  les  sommets  de  mon- 
tagnes naturelles  ou  de  collines  artificielles  créées  en  vue 
de  la  protection  des  plaines  environnantes  ;  ils  affectent 
la  forme  de  tronc  de  cône  et,  à  l'origine,  ils  devaient  être 
entourés  de  murs  de  circonvallation  formant  une  enceinte 
à  leur  pied,  de  même  qu'ils  étaient  surmontés  de  tourelles 
de  guet.  En  outre,  lorsque,  ce  qui  était  assez  fréquent, 
deux  de  ces  ouvrages  étaient  rapprochés,  ils  étaient  reliés 
par  une  muraille.  Leur  maçonnerie  se  compose  d'assises 
de  pierres  non  taillées,  assemblées  sans  liaison,  et  dont  les 
pierres  des  rangs  inférieurs  atteignent  parfois  de  très 
grandes  dimensions  :  aussi,  de  temps  immémorial,  ces  mo- 
numents ont-ils  servi  de  carrières  de  matériaux  pour  la 
création  des  édifices  des  centres  de  population  les  avoisi- 
nant.  (^)uelques-unes  de  ces  tours  ont  de  iO  à  20  m.  de 
hauteur,  et  le  diamètre  de  leur  base  varie  de  10  à  30  m. 
Dans  l'intérieur  se  distinguent  deux  ou  trois  étages,  et 
des  niches  sont  aménagées  dans  l'épaisseur  des  murs.  On 
a  reconnu  de  semblables  constructions  à  Malte  et  dans 
les  îles  Baléares,  et  cet  ensemble  de  monuments  d'une 
antiquité  reculée  présente  quelque  analogie  avec  les  duns 
d'Ecosse  et  les  clochans  d'Irlande  ;  mais  c'est  dans  l'île 
de  Sardaigne  que  l'on  peut  en  observer  le  plus  grand 
nombre  et  aussi  la  plus  grande  variété  de  forme  et  de 
groupement.  Charles  Lucas. 

GRANDE    ENCyCLOPÉDTE,  —   XXV. 


NUREMBERG(all.  Nûrnberg).  Grande  ville  de  Bavière, 
prov.  de  Franconie  moyenne,  sur  la  Pegnitz,  sous-affluent 
du  Main  et  la  voie  navigable  du  Danube  au  Bhin  ;  113hect.  ; 
162.380  hab.  (en  1895).  La  ville  intérieure,  qui  renferme 
55.453  hab.,  est  partagée  en  deux  moitiés  par  la  Pegnitz, 
qui  portent  le  nom  de  leurs  grandes  églises  :  Saint-Sebald, 
à  droite  et  au  N.;  Laurent  (Lorenz),  à  gauche  et  au  S.  La 
rivière  forme  quatre  îles  dont  la  première,  seule  considé- 
rable, s'appelle  Schutt.  Elle  est  franchie  par  10  ponts  et 
11  passerelles;  le  plus  intéressant  est  le  pont  de  la  Boucherie, 
arche  unique  de  32  m.  La  ville  intérieure  possède  encore 
son  enceinte  formée  d'une  double  muraille  flanquée  de  tours 
et  de  bastions  et  enveloppée  d'un  fossé  de  10  m.  de  pro- 
fondeur et  30  m.  de  large.  Elle  a  5  kil.  de  pourtour, 
4  grandes  portes  garnies  de  grosses  tours  bâties  par  Unger 
(1555-68)  et  6  petites  portes.  Sur  plusieurs  points  on  a 
récemment  percé  de  nouvelles  et  plus  commodes  entrées. 
Les  faubourgs,  qui  possèdent  les  deux  tiers  de  la  popula- 
tion, s'étendent  autour  de  la  vieille  ville  et  renferment  les 
fabriques. 

La  ville  intérieure  a  gardé  un  aspect  archéologique  avec 
ses  maisons  du  xvii^  et  du  xviii*^  siècle,  présentant  à  la 
rue  leur  pignon  et  des  avancées.  Elle  renferme  beaucoup 
de  monuments  remarquables.  L'église  Saint-Laurent,  en 
style  gothique  (1274-1477  ;  restaurée),  mesure  101  m. 
de  long  sur  34  de  large,  avec  deux  tours  de  77  m.,  une 
rosace  de  9  m.  de  diamètre,  un  portail  très  décoré  de  sculp- 
tures, trois  nefs,  la  centrale  mesurant  25  m.  de  haut.  On 
y  voit  la  maison  du  Saint-Sacrement,  chef-d'œuvre  d'Ad. 
kraft,  pyramide  de  19  m.  de  haut  sur  laquelle  est  retra- 
cée la  passion  du  Christ  ;  de  belles  boiseries,  des  vi- 
traux, etc.  —  L'église  Saint-Sebald,  également  gothique, 
a  été  commencée  dans  la  première  moitié  du  xiii®  siècle, 
le  chœur  et  les  tours  sont  du  xiv®  ;  elle  a  94  m.  de  long 
sur  32  de  large,  la  voûte  est  portée  par  20  colonnes  de 
26  m.  de  haut.  On  y  voit  le  célèbre  tombeau  de  Saint- 
Sebald  par  P.  Vischer  (1508-19),  avec  les  statuettes  des 
douze  apôtres,  de  pères  de  l'Eglise  et  autres  personnages  ; 
de  vieux  vitraux  ;  au  dehors  se  voit  le  tombeau  de  Schreyer 
(pierre),  par  Ad.  Kraft  (1492),  qui  a  aussi  sculpté  le  Ju- 
gement demie}'  sur  la  porte  S.-O.  de  la  nef.  L'église  de 
Marie,  gothique  (1355-61;  restaurée,  1878-81),  se  dis- 
tingue par  un  vaste  portail  chargé  de  sculptures,  des  ta- 
bleaux de  Wolgemut,  de  beaux  vitraux.  J^'église  Mgiùi 
(1711-18),  en  style  italien,  conserve  une  chapelle  romane 
et  un  tableau  d'autel  de  Van  Dyck.  L'église  du  Saint-Es- 
prit (1333-41;  rest.  1850)  abritait  jadis  les  ornements 
impériaux,  aujourd'hui  conservés  à  Vienne.  L'église  Saint- 
Jacques,  bâtie  par  l'ordre  Teutonique  en  1283,  a  été  re- 
faite en  1824-25.  L'église  Saint-Jean,  àl  kil.  de  la  ville, 
est  entourée  d'un  cimetière  où  reposent  Albert  Diirer,  Veit 
Stoss,  Sandrart,  Pirkheimer,  L.-A.  et  A.  Feuerbach , 
L.  Spengler,  Grubel,  etc. 

A  l'angle  N.-O.  de  la  ville  intérieure  s'élève  le  châ- 
teau, la  burg  impériale,  propriété  commune  du  roi  de 
Bavière  et  de  l'empereur.  Elle  fut  bâtie  par  l'empereur 
Henri  II  et  prit  sa  physionomie  actuelle  sous  Frédéric  Bar- 
berousse.  On  y  remarque  la  tour  ronde  Vestner,  point  cul- 
minant de  Nuremberg  (ait.  352  m.),  la  tour  carrée  des 
païens  avec  ses  deux  chapelles  (de  Marguerite  ei  de 
l'empereur)  superposées,  la  tour  pentagonale  qui  est  le 
plus  ancien  édifice  de  ÎS'uremberg,  des  boiseries  de  Veit 
Stoss,  des  tableaux  de  L.  Cranach,  Burgkmaier,  Schœnf- 
ferlin,  un  grand  tilleul  dans  la  cour  intérieure,  auquel  on 
attribue  un  âge  de  huit  cents  ans.  A  côté  de  la  burg  im- 
périale s'élevait  jadis  le  château  du  burgrave  ;  il  fut 
brûlé  en  1420  et  remplacé  parunehalle  au  blé  (1494-95), 
le  Kaiserstall,  qu'on  aménagea  ensuite  pour  contribuer  à 
la  défense  entre  la  tour  pentagonale  et  celle  de  Lugins- 
land.  —  En  face  de  Saint-Sebald  s'élève  l'hôtel  de  ville, 
en  style  italien  (1616-22),  avec  sa  façade  à  deux  étages 
longue  de  89  m.  et  ses  trois  portails  ;  dans  la  cour  est  le 
joli  puits  de  bronze  de  Hirschvogel  (1557);  la  grande  salle 


NUREMBERG  ~-  NORSCHAU 


"~  446  — 


qui  s'étend  sur  les  deux  étages  a  39  m.  de  long  sur  14 
de  large,  et  est  décorée  de  fresques,  d'après  les  cartons  de 
Diirer,  et  de  vitraux  de  Hirsclivogel  ;  Essenveina  refait  le 
côté  ^f.-E.  de  l'hôtel  de  ville  dans  le  dernier  tiers  du 
xix^  siècle.  —  L'hôpital  du  Saint-Esprit  est  à  cheval  sur  la 
Pegnitz,  à  la  pointe  de  l'île  Schiitt.  —  Un  grand  nombre 
de  maisons  particuUères  offrent  un  intérêt  historique  et 
esthétique.  Citons  celles  de  Nassau,  avec  une  statue  de  l'em- 
pereur Adolphe  de  Nassau  sur  le  puits  ;  de  Grundherr,  où 
fut  rédigée  la  bulle  d'or  de  4356  ;  d'Albert  Durer,  de 
Hans  Sachs,  du  poète  Griibel,  de  Kraft,  dePeller  (en  style 
vénitien,  4605),  deRuprecht,  etc.  —  Les  autres  monu- 
ments notables  sont  les  fontaines  :  celle  du  Marché  (5c/iœng 
Brunnen),  œuvre  de  maître  Henri  le  Balier  (4385-96), 
colonne  de  pierre  de  49^^,5  à  trois  étages,  finement  ou- 
vragée et  décorée  de  jolies  figurines  ;  celle  de  bronze 
connue  sous  le  nom  de  l'Enfant  à  l'Oie  ;  celle  de  la  Vertu 
(bronze):  celle  de  l'Art,  œuvre  moderne  érigée  en  1835 
pour  commémorer  l'ouverture  du  premier  chemin  de  fer 
d'Allemagne  (de  Nuremberg  àFùrth)r  On  peut  enfin  citer 
les  statues  d'A.  Diirer  par  Rauch,  d  e  Hans  Sachs  par 
Krauser,  le  monument  de  Griiber  par  Wanderer,  les  sept 
stations,  colonnes  de  pierre,  décorées  par  Ad.  Kraft,  qui 
s'espacent  sur  le  trajet  entre  la  maison  de  Pilate  et  le 
cimetière  Saint-Jean. 

La  population,  qui  n'était  en  1818  que  de  26.854  hab., 
a  sextuplé.  Elle  comprenait,  en  1895, 417.744 protestants, 
38.994  catholiques  et  4.749  juifs,  sur  un  total  de 
462.380  personnes  (garnison  comprise).  —  Nuremberg 
est  une  ville  essentiellement  industrielle.  Ses  jouets,  sa 
quincaillerie,  ses  objets  de  laiton  et  d'acier,  ses  montres, 
ses  crayons  (Maison  Faber  depuis  4764),  ses  produits  chi- 
miques, ses  couleurs  (outremer)  se  vendent  dans  le  monde 
entier  ;  ajoutez  la  brosserie,  la  cire  à  cacheter,  la  pâtis- 
serie, le  ta])ac,  les  cartes  à  jouer,  les  pantoufles,  les  ma- 
chines et  wagons,  les  appareils  électriques  de  toute  nature, 
les  fonderies  de  caractères,  l'imprimerie,  la  chromolitho- 
graphie, toutes  industries  considérables,  la  fameuse  bière 
noire,  etc.  Le  mouvement  de  la  succursale  de  la  banque 
impériale  était,  en  1894,  de  4.260  millions  de  francs.  Nu- 
remberg est  aussi  un  marché  de  denrées  coloniales  impor- 
tées des  Pays-Bas,  de  houblon  exporté  vers  l'Amérique, 
de  céréales  et  farines,  de  pétrole,  de  timbres-poste.  Le 
commerce  se  fait  par  voie  ferrée.  Le  mouvement  fluvial 
est  insignifiant  :  40.000  tonnes  en  1893. 

La  ville  est  administrée  par  un  Conseil  comprenant 
3 }  magistrats  et  51  conseillers.  Son  budget  était,  en  1894, 
de  12.877.000  fr.  derecettes,  12.080.000  fr.  de  dépenses, 
la  dette  de  26.370.000  fr.  Parmi  les  musées  et  collec- 
tions, il  faut  signaler  le  musée  germanique  national,  fondé 
en  1852  et  logé  dans  le  couvent  des  Chartreux  qui  date 
de  1382.  Ce  musée,  subventionné  par  l'empire  allemand, 
par  la  Bavière,  par  une  foule  de  particuliers,  réunit  une 
superbe  collection  de  monuments  archéologiques  relatifs  à 
toute  l'histoire  de  la  nation  allemande,  vie  privée  et  vie 
pubHque.  Ils  sont  répartis  en  40  groupes  ,  à  commencer  par 
les  monuments  préhistoriques,  puis  les  œuvres  architec- 
turales et  plastiques  de  toute  nature,  en  particulier  de 
céramique  (poêles,  carreaux),  de  serrurerie,  quantité  de 
moulages  des  principales  œuvres  du  moyen  âge  (sculptures, 
tombeaux,  etc.),  une  magnifique  sirie  numismatique,  une 
collection  considérable  de  vitraux  du  xii^  au  xix®  siècle, 
plus  de  200.000  estampes,  parmi  lesquelles  quelques-unes 
remontant  aux  origines  de  la  gravure  (V.  ce  mot),  des 
instruments  et  livres  de  musique,  d'astronomie,  de  chi- 
rurgie, de  géographie,  de  pharmacie,  d'alchimie  ;  des  sé- 
ries historiques  de  tissus,  broderies  et  dentelles,  de  l'époque 
romaine  à  nos  jours;  plus  de  5.000  objets  d'ameuble- 
ment ;  plus  de  2.000  armes  (grâce  à  l'achat  de  la  collec- 
tion Sulkowski,  cette  série  est  presque  sans  rivale  pour  le 
moyen  âge)  ;  un  musée  commercial,  etc.  La  bibliothèque 
possède  plus  de  200.000  volumes,  les  archives  11.000 
diplômes  dont  8.000 sur  parchemin,  4.000  recueils  d'actes. 


12.000  autographes.  Le  musée  publie  un  annuaire,  une 
revue,  des  guides  spéciaux. 

La  bibhothèque  municipale,  logée  dans  l'ancien  couvent 
des  dominicains,  n'a  que  60.000  volumes,  mais  de  précieux 
manuscrits  et  beaucoup  d'incunables. 

Histoire.  —  Nuremberg  était  déjà  une  ville  en  1062  ; 
elle  obtint  de  Henri  HI  la  franchise  du  marché,  le  droit 
d'octroi  et  de  monnaie.  Frédéric  II  lui  accorda  l'immé- 
diateté  (1219).  Le  burgraviat  mentionné  à  partir  de  1105, 
où  Henri  V  saccagea  la  ville,  passa  en  1191  aux  comtes 
de  Zollern  (V.  Hohenzollern),  mais  n'arrêta  pas  le  déve- 
loppement des  libertés  municipales  de  la  ville,  administrée 
par  ses  consulsdès  1236.  Ce  ne  fut  pourtant  qu' au  xv^  siècle 
qu'ayant  acquis  les  propriétés  impériales,  les  bourgeois 
transformèrent  en  magistrats  municipaux  les  officiers  im- 
périaux des  finances  et  des  forêts.  La  grande  prospérité 
de  la  ville  date  du  xiv«  siècle,  elle  devint  le  grand  en- 
trepôt du  négoce  entre  l'Italie  et  l'Allemagne  du  Nord  ;  les 
découvertes  maritimes,  détournant  la  route  du  commerce 
indien,  la  firent  décliner.  Toutefois,  sa  population  ne  semble 
pas  avoir  été  considérable,  variant  de  20.000  à  40.000 
âmes.  En  raison  de  sa  position  en  plaine,  entre  le  Danube, 
le  Rhin  et  l'Elbe,  beaucoup  de  diètes  impériales  y  furent 
tenues  depuis  1073  jusqu'à  la  fin  du  xvi«  siècle  ;  la  'plus 
célèbre  est  celle  ouverte  le  25  nov.  135.5  où  fut  rédigée 
la  Bulle  d'Or.  De  1424  à  1806  les  ornements  officiels  de 
l'empire  furent  conservés  à  Nuremberg.  En  1247,1a  ville 
acheta  au  burgrave  Frédéric  VI  son  château  et  tous  ses 
droits  pour  la  somme  de  120.000  florins.  Elle  eut  cepen- 
dant des  luttes  à  soutenir  à  ce  sujet  avec  les  margraves 
de  Brandebourg- Ansbach  et  Culmbach  (1449-50  et  1552). 
Elle  profita  de  la  guerre  de  succession  palatine  (1583-87) 
pour  agrandir  son  territoire  vers  l'E.  et  le  S.  A  l'époque 
de  la  Renaissance,  Nuremberg  fut  un  des  centres  les  plus 
brillants  de  l'art  et  de  la  science  allemands  (V.  Allemagne), 
patrie  de  Martin  Behaim,  Coban  Hess,  Melchior  Pfintzing, 
Joachim  Sandrart,  Wilibald  Pirkheimer,  Hans  Sachs, 
Albert  Durer,  Ad.  Kraft,  P.  Vischer,  Griibel,  etc.  Elle 
revendique  avec  plus  ou  moins  de  raison  l'invention  de  la 
montre,  de  la  clarinette,  de  la  pédale,  des  globes,  de  l'ar- 
quebuse, du  laiton.  La  Réforme  fut  acceptée  en  1524.  A 
Nuremberg  furent  conclues  la  première  paix  religieuse  entre 
protestants  et  catholiques  (23  juil.  1532)  et  une  ligue  de 
Charles-Quint  et  des  Etats  catholiques  (10  juin  1538).  La 
ville  resta  neutre  dans  la  guerre  de  Smalkalde,  adhéra  à 
l'Union  protestante  du  10  mai  1609,  vit  en  1632  les  sa- 
vantes manœuvres  de  Gustave-Adolphe  contre  Wallens- 
tein,  traita  avec  l'empereur  en  même  temps  que  l'électeur 
de  Saxe  (i  635).  Ruinée  par  les  guerres  de  la  Révolution, 
elle  offrit,  en  1796,  de  se  donner  au  roi  de  Prusse  qui 
refusa,  conserva  sa  liberté  en  1803,  mais  fut  en  1806 
annexée  à  la  Bavière  avec  son  territoire  (1.266  kil.  q., 
80.000  hab.)  ;  il  est  vrai  que  la  Bavière  se  chargeait  de 
sa  dette  qui  montait  à  9  millions  de  florins.     A.-M.  B. 

BiBL.  :  LoTTER,  Grossindiistrie  uncl  Grosshandel  V)On 
Nûrnberg-Fûrth  und  Umgehung,  1895.  —  Nurnhergische 
Chronik,  éd.  î)ar  Hegel  ;  Leipzig,  1862-74,  5  vol.  —  Soden, 
Kriegs  und  Sittengeschichte  der  Reichsstadt  Nûrnberg  ; 
Erlangen,  1860.  —  Priem,  Nûrnberger  Sagen  und  Geschich- 
ten  ;  Nuremberg,  1870.  —  Du  même,  Illustrierte  Gesch.  der 
Stadt  Nûrnberg,  1895,  2«  éd.  —  Stockhaner,  Nûrnber- 
gisches  Handwerksrecht  derl6^'>^Jahrh.  ;  Nuremberg,  1875. 
—  LuDEwiG,  Die  Politih  Nûrnbergs  imZeitalter  derRefor- 
mation;  Gœttingue,  1893.  —  Thode,  Die  Malerschule  von 
Nûrnberg  im  i4t«^  und  15^''^  Jahrh.;  Francfort,  1891.  — 
Rœsel,  AUnûrnberg  in  ZussLmmenhang  des  deutschen 
Reichs  und  Volksgeschichte,  1895. 

NURET-le-Ferron.  Com.  du  dép.  de  l'Indre,  arr.  du 
Blanc,  cant.  de  Saint-Gaultier;  762  hab. 

NURLU.  Com.  du  dép.  de  la  Somme,  arr.  dePéronne, 
cant.^  de  Roisel;  858  hab. 

NÎJRSCHAU  (tchèque  Nyrany).  Ville  de  Bohème,  dis- 
trict de  Mies,  sur  le  ch.  de  fer  de  Pilsen  à  Furth  ;  5.159  hab. 
(en  1890)  dont  3.088  Tchèques  et  2.063  Allemands.  Mines 
de  houille  (800.000  tonnes  en  1894), 


-147 


NURSERY  —  NUTATION 


NURSERY  (Arcliit.).  Les  Anglais  désignent  ainsi  les 
pièces  spécialement  aménagées  dans  les  grandes  habita- 
tions, hôtels  à  la  ville  ou  résidences  à  la  campagne,  pour 
recevoir  les  enfants  en  bas  âge  et  les  domestiques  qui  les 
soignent.  Une  nursery  bien  ctabHe  doit  comprendre  au 
moins  deux  grandes  pièces,  une  pour  le  jour  et  une  pour 
la  nuit  avec,  à  cette  dernière,  quelques  dépendances.  La 
pièce  de  jour,  véritable  salle  de  jeu  des  enfants,  doit  être 
au  rez-de-chaussée  et  s'ouvrir  largement  sur  la  partie 
de  jardin  ou  de  cour  plantée  dans  laquelle  les  enfants 
prennent  leurs  ébats,  tandis  que  la  pièce  de  nuit  doit  être 
à  l'étage  des  chambres  à  coucher  de  la  maison  et  à  proxi- 
mité de  l'escalier  la  mettant  en  communication  avec  la 
pièce  de  jour.  A  la  pièce  do  nuit,  véritable  dortoir, 
doivent  être  annexés  une  lingerie,  une  petite  cuisine  et 
un  water-closet.  Dans  les  grandes  villes  industrielles  des 
Flandres,  en  France  et  en  Belgique,  où  les  familles 
comptent  encore  de  nombreux  enfants,  il  n'est  pas  rare 
de  voir,  dans  une  des  ailes  d'une  grande  habitation,  un 
ensemble  de  pièces  disposées  comme  il  est  dit  ci-dessus  et 
formant  une  véritable  nursery.  Charles  Lucas. 

BiBL,  :  Kerr,  The  Gentleman's  Ilonse  ;  Londres,  187Ï, 
in-8,  3«  éd. 

NURSIA  (V.  Norciâ). 

N Û  RTl  N GEN .  Ville  du  Wurttemberg,  cercle  de  la  Forêt- 
Noire,  sur  le  Neckar;  5.738  hab.  (en  4895).  Filature  de 
coton,  bonneterie,  teinture,  ébénisterie.  C'est  l'ancienne 
Niordinge. 

NUS  (Eugène),  auteur  dramatique  français,  né  à  Cha- 
lon-sur-Saône le  2i  nov.  4816,  mort  à  Cannes  le  18  janv. 
J894.  11  débuta  en  1837  dans  le  journalisme,  collabora 
à  VEntr'acte,  au  Prisme,  à  la  Revue  critique,  s'essaya 
au  théâtre  et,  après  d'heureux  débuts  sur  de  modestes 
scènes  de  banlieue,  obtint  un  grand  succès  à  la  Gaîté  avec 
un  drame  mouvementé,  Jacques  le  Corsaire  [iSM).  Il 
continua  donc  dans  cette  voie  et  produisit  un  assez  grand 
nombre  de  pièces,  soit  seul,  soit  en  collaboration.  Entre 
temps,  il  se  jetait  avec  ardeur  dans  le  mouvement  socia- 
liste de  1848,  et,  aux  côtés  des  phalanstériens,  combattait 
le  bon  combat  dans  la  Démocratie  pacifique.  Ces  idées 
altruistes  ne  l'abandonnèrent  jamais  et,  en  1873,  nous  le 
retrouvons  à  la  tète  du  Bulletin  de  mouvement  social, 
et  se  faisant  l'apôtre  de  la  coopération  et  du  mutualisme. 
Enfin,  le  mysticisme  le  ^agna  et,  à  la  suite  de  Papas  et 
de  Stanislas  de  Guaita,  il  s'adonna  à  l'occultisme.  Citons 
parmi  ses  œuvres  :  i°  Théâtre  :  r Enseignement  mutuel 
(comédie  en  3  actes,  1846),  en  collab.  avec  Desnoyer;  le 
Comte  de  Sainte-Hélène  {ànmie  en  5  actes,  1849),  avec 
le  même  ;  le  Vicaire  de  Wakefteld  (drame  en  5  actes, 
1854),  avec  Tisserand;  la  Tour  de  Londres  (drame  m 
5  actes,  1855),  avec  A.  Brot  et  Ch.  Lemaître  ;  les  Pau- 
vres de  Paris  {id.,  1856),  avec  Ed.  Brisebarre  ;  Jane 
Grey  (id.,  1857),  avec  A.  Brot  ;  la  Femme  coupable  {id., 
1863);  Léonard  {id.,i%i^),  avec  Brisebarre;  la  Vierge 
noire  (id.,i869),  avec Bravard;  laCamorra  {id.,  1873); 
les  Deux  Comtesses  (comédie  en  3  actes,  1875);  la 
Fièvre  du  jour  (comédie  en  4  actes,  1870),  avec  Ad. 
Belot;  la  Marquise  (1874),  avec  le  même  ;  Madame  de 
Navarret  (id.,  1881,  3  actes),  avec  Charles  de  Courcy;  le 
Mari  (drame  en  4  actes,  1884),  avec  Arthur  Arnould;  les 
Petits  Concours  (comédie  en  3  actes,  1881),  avec  Be- 
lot, etc.  —  2°  En  dehors  du  théâtre  :  les  Dogmes  nou- 
veaux (Paris,  1861 ,  in-12),  poésies  ;  la  République  natu- 
raliste. Lettre  à  Emile  Zola  (1879,  in-8)  ;  Choses  de 
r  autre  monde  (1880,  in-12)  ;  A  la  recherche  des  des- 
tinées (1891,  in-12);  Vivisection  du  catholicisme 
(1894,  in-12).  R.  S. 

NU  SCO.  Ville  d'Italie,  prov.  d'Avellino;  3.000  hab. 
Evêché. 

NUSLE.  Ville  de  Bohême,  faubourg  E.   de  Prague; 
7.693  hab.  (en  1890).  Château,  jolies  villas^  brasserie. 

NUSSBAUM  (Johann-Nepomuk  von),  chirurgien  alle- 
mand contemporain,  né  à  Munich  le  2  sept.  1829.  Il  étu- 


dia à  Berlin  et  k  Wurtzbourg,  puis  à  Paris  sous  Nélaton, 
à  Londres  sous  Spencer  Wells,  à  Edimbourg  sous  Lister, 
et,  en  1860,  fut  nommé  à  Munich  professeur  de  chnique 
chirurgicale  et  médecin  en  chef  de  l'armée.  Il  a  écrit  un 
très  grand  nombre  de  mémoires  sur  le  cancer,  l'extension 
des  nerfs,  l'ovariotomie,  les  greffes  osseuses,  les  panse- 
ments antiseptiques,  la  cure  radicale  des  hernies,  la  trans- 
fusion, etc.  D^'  L.  Hn. 

NUTATION.  ï.  Astronomie.  —  La  terre  tourne  au- 
tour d'un  axe  de  rotation  (Hgne  des  pôles)  sensiblement 
invariable  par  rapport  à  sa  surface,  mais  cette  droite  est 
loin  d'être  fixe  comme  direction  dans  l'espace.  Les  astro- 
nomes lui  rapportent  cependant  continuellement  les  posi- 
tions apparentes  des  étoiles,  il  en  résulte  que  ces  dernières, 
ou,  ce  qui  revient  au  même,  la  sphère  céleste  tout  entière, 
paraissent  animées  de  mouvements  assez  compliqués.  Ils 
ont  été  décomposés  en  éléments  plus  simples,  dont  le 
principal  est  la  précession  :  sujet  qui  sera  traité  ultérieu- 
rement vu  son  importance. 

Si  nous  faisons  abstraction  de  cette  donnée,  l'on  trouve 
que  l'axe  polaire  se  meut  autour  d'une  position  moyenne 
en  décrivant  sensiblement  une  petite  ellipse  dans  un  in- 
tervalle de  18  ans  1/2.  Cette  période  concorde  avec  celle  du 
mouvement  moyen  des  nœuds  de  l'orbite  de  la  lune  sur 
l'éclip tique,  et  la  théorie  montre  qu'il  faut  reporter  prin- 
cipalement à  cette  cause  l'oscillation  dont  nous  venons  de 
parler.  Elle  porte  le  nom  de  nutation  luni-solaire,  car  Ton 
y  fait  rentrer  aussi  l'action  du  soleil. 

Pour  en  percevoir  la  cause,  quelques  explications  sont 
nécessaires  ;  la  lune  et  le  soleil  se  meuvent  sur  des  orbites 
passant  par  le  centre  de  la  terre,  mais  ne  concordant  pas 
avec  son  équateur.  Si  notre  planète  était  rigoureusement 
sphérique  et  formée  de  couches  concentriques  homogènes, 
l'attraction  de  ces  astres  ne  pourrait  avoir  aucune  action 
sur  la  direction  de  son  axe  de  rotation.  En  réalité,  sa 
forme  est  celle  d'un  ellipsoïde  de  révolution  ;  la  portion 
équatoriale  offre  un  renflement,  une  sorte  d'anneau  pesant, 
et,  l'attraction  de  la  lune  ou  du  soleil  étant  légèrement 
plus  forte  sur  la  partie  la  plus  voisine  que  sur  l'autre,  il 
en  résulte  une  série  de  faibles  déplacements.  Abstraction 
faite  de  la  précession,  l'on  trouve  que  l'un  a  pour  période 
le  mois  lunaire,  l'autre  l'année  solaire,  et  enfin  le  plus  im- 
portant est  lié  à  la  position  du  plan  de  l'orbite  de  la  lune. 
Ce  dernier  tourne  et  reprend  la  même  position  au  bout 
de  18  ans  222  jours  environ  ;  après  ce  laps  de  temps,  tout 
se  retrouve  dans  la  position  primitive. 

La  nutation  au  point  de  vue  théorique  avait  été  prévue 
par  d'Alembert,  mais,  ne  considérant  que  l'action  du  soleil, 
il  trouvait  que  son  effet  était  négligeable.  Bradleyen  1748, 
après  la  remarquable  série  d'observations  stellaires  qui 
lui  permit  de  découvrir  l'aberration,  fit  voir  qu'elle  était 
en  réalité  sensible  et  trouva  sa  relation  avec  le  moute- 
ment  de  l'orbite  de  la  lune.  Euler,  Laplace,  Poisson  re- 
prirent la  question  au  point  de  vue  théorique  et  établirent 
[es  formules  qui  donnent  la  solution  du  problême  ;  Peters, 
à  Dorpat,  Stone  à  Greenwich,  Nyren  à  Pontkowa,  pour  ne 
citer  que  les  principaux,  firent  des  observations  pour  con- 
trôler la  théorie.  L'on  trouvera  dans  la  Mécanique  céleste 
de  Tisserand  (Paris,  1895-96)  tous  les  développements  dési- 
rables au  point  de  vue  mathématique.  Il  considère,  comme 
ses  devanciers,  un  ellipsoïde  de  révolution  en  rotation  uni- 
forme autour  de  son  petit  axe,  et  développe  les  équations 
de  son  mouvement  en  tenant  compte  des  attractions  luni- 
solaires  sur  ses  différents  points.  La  précession  s'en  dé- 
duit et,  en  réduisant  les  mouvements  restants  à  leurs 
termes  principaux,  il  retrouve  l'ellipse  de  nutation.  Ses 
éléments  sont  :  grand  axe,  18''',44'6„;  petit  axe,  13'^735, 
quantités  petites,  mais  non  négligeables. 

Par  suite  de  la  nutation  et  abstraction  faite  de  l'action 
des  planètes^  l'obliquité  de  l'équateur  sur  l'écliptique 
moyen  varie  continuellement  ;  de  même  l'intersection  des 
deux  plans  a  lieu  tantôt  en  avant,  tantôt  en  arrière  de  la 
position  moyenne.  Des  formules  de  transformations  de 


NUTATION  —  NUTRITION 


—  148 


coordonnées,  fort  simplifiées  yu  la  petitesse  des  oscilla- 
tions, permettent  de  rechercher  les  variations  qui  en  ré- 
sultent pour  les  coordonnées  apparentes  des  étoiles.  Chaque 
année,  la  Connaissance  des  temps  donne  les  valeurs  numé- 
riques des  corrections  (étoiles,  formules  de  réduction),  il 
est  donc  facile  d'en  débarrasser  les  observations.  Elles 
sont  réunies  aux  effets  de  la  précession  et  de  l'aberration, 
ce  qui  simplifie  le  calcul  destiné  à  rapporter  toutes  les 
positions  à  l'équateur  moyen  de  Tannée  (Position,  jan- 
vier 0).  Oltramare. 

II.  Balistique  (V.  Projectile). 

NUTER-KHER  (V.  Enfers,  t.  XV,  p.  1048). 

NUTRITION.  I.  Physiologie.  —  L'instabilité  chimique 
est  la  caractéristique  même  de  la  cellule  vivante  ;  il  est 
impossible,  en  fait,  de  comprendre  une  manifestation  vitale 
quelconque,  si  simple  soit-elle,  sans  dépense  d'énergie. 
D'autre  part,  l'intégrité  même  de  l'organite  ne  peut  s'ex- 
pliquer que  par  une  tendance  constante  à  maintenir  l'équi- 
libre chimique  dans  les  éléments  constituants  de  cet  orga- 
nite.  Phénomènes  de  désassimilation  ou  de  katabolisme  et 
phénomènes  d'assimilation  ou  d'anabohsme  doivent  donc 
se  produire  parallèlement,  les  uns  l'emportant  sur  les 
autres  temporairement,  suivant  les  circonstances. 

La  nutrition  doit  comprendre  non  seulement  les  phé- 
nomènes d'assimilation  qui  se  produisent  dans  l'être  vi- 
vant, mais  encore  une  partie  des  phénomènes  de  désas- 
similation qui  font  partie  adéquate  des  premiers. 

La  digestion  n'est  qu'un  élément  de  la  nutrition,  c'est 
grâce  à  elle  que  les  éléments  ingérés  subissent  une  trans- 
formation première,  mais  non  ultime,  qui  leur  permet  de 
pénétrer  dans  le  miUeu  intérieur,  dans  le  sang;  dans  le 
liquide  sanguin  encore  la  digestion  continue;  l'existence 
de  véritables  ferments  digestifs  est  en  effet  démontrée  : 
ferments  diastasiques,  lypasiques,  etc.  Puis  ces  éléments 
ainsi  transformés  arrivent  en  contact  direct  avec  les  cel- 
lules et  subissent  de  nouveau  des  modifications  plus  im- 
portantes encore  qui  constituent  le  véritable  stade  de  la 
nutrition,  stade  le  plus  intéressant,  mais  aussi  le  plus 
obscur.  Si  nous  avons  pu  jusqu'ici  en  effet  connaître  ap- 
proximativement, tout  au  moins,  le  mécanisme  même  de 
l'inversion  du  sucre  par  la  salive  ou  le  suc  intestinal  de 
la  peptonisation  des  albuminoïdes  par  le  suc  gastrique  ou 
pancréatique,  de  l'émulsion  des  graisses  par  le  suc  pan- 
créatique encore,  les  transformations  ultimes  au  contact 
ou  dans  l'intérieur  de  la  cellule  nous  échappent  totalement. 

Prenons  un  exemple  :  chez  un  enfant  nourri  exclusive- 
ment avec  du  lait,  nous  voyons  les  matières  albuminoïdes 
du  lait  servir  à  son  entretien,  à  sa  croissance,  donner 
lieu  à  d'autres  matières  albûmlnoides  à  constitutions  bien 
différentes.  Un  double  travail  de  décomposition  et  de  re- 
composition, d'analyse  et  de  synthèse  est  nécessaire.  La 
molécule  albuminoïde  au  poids  moléculaires!  élevé  (6.000) 
se  désagrège  en  syntonine,  en  albumosc,  enpeptone,  puis 
se  reconstitue  ensuite  pour  former  la  sérumalbumine  et 
la  sérumglobuline,  mais  ensuite  la  phase  d'intégration 
vraie  nous  échappe,  et  il  existe  une  lacune  peut-être  im- 
mense dans  nos  connaissances  sur  les  transformations 
nécessaires  de  la  sérumalbumine  en  myosine,  en  chon- 
drine,  en  hémoglobine.  Pour  Gauthier,  le  pouvoir  électif 
des  cellules  est  limité,  déterminant  simplement  une  mo- 
dification des  principes  immédiats,  ne  portant  que  sur  les 
annexes  de  la  molécule,  mais  non  sur  les  éléments  qui 
donnent  à  ces  corps  leurs  caractères  fondamentaux.  Cette 
restriction  nous  paraît  aujourd'hui  en  contradiction  avec 
les  faits. 

On  peut  admettre  jusqu'à  un  certain  point  que  les  nîa- 
tières  albuminoïdes,  en  apparence  si  différentes,  qui  en- 
trent dans  la  constitution  des  tissus  vivants,  possèdent  un 
noyau  commun  constant,  et  qu'elles  ne  donnent  leurs  pro- 
priétés particuHères  qu'à  des  modifications  accessoires, 
parfois  même  à  de  simples  glissements  dans  les  combinai- 
sons moléculaires.  Mais  comment  exphquer  alors  la  trans- 
formation des  matières  albuminoïdes  et  des  hydrates  do 


carbone  en  graisses.  Il  s'agit  évidemment  d'un  phéno- 
mène de  nutrition  qui  se  passe  dans  la  cellule  même,  et 
qui  entraîne  des  transformations  complètes  des  éléments 
primitifs.  Parmi  les  phénomènes  de  nutrition,  nous  pou- 
vons prendre  pour  type  la  fonction  glycogénique.  Sous 
l'influence  des  processus  vitaux  qui  se  passent  dans  un 
certain  nombre  de  tissus,  mais  principalement  dans  les 
cehules  hépatiques,  les  hydrates  de  carbone  sont  formés 
incessamment  chez  les  animaux,  alors  que  ceux-ci  n'en 
reçoivent  point  par  les  aliments  ou  ne  reçoivent  même  pas 
d'aliments  pendant  un  certain  temps.  Quelque  importantes 
que  soient  les  critiques  adressées  aux  idées  de  Chauveau, 
il  n'en  reste  pas  moins  étabh  que  c'est  dans  la  combustion 
du  sucre  que  réside  la  source  essentielle  de  l'énergie  dé- 
pensée par  l'animal.  Or  chez  l'animal  en  état  d'inanition, 
la  quantité  d'hydrates  de  carbone  disséminée  dans  les  lis- 
sus  est  rapidement  comburée;  la  dépense  d'énergie  n'en 
continue  pas  moins,  parce  que  les  graisses  en  réserve, 
puis,  à  défaut  de  graisses,  les  albuminoïdes  des  tissas 
viennent  à  leur  tour  former  le  glycogène  et  le  glucose  in- 
dispensables. Il  va  de  soi  que  ces  mêmes  modifications  se 
produisent  avec  les  substances  ingérées  pour  l'animal  ali- 
menté. 

Dans  un  autre  ordre  d'idées,  il  faut  noter  les  mutations 
qui  se  produisent  dans  l'organisme  en  faveur  d'un  tissa 
aux  dépens  d'un  autre. 

L'animal  privé  d'aliment  meurt  quand  il  a  perdu  le  tiers 
de  son  poids  (Chossas).  Or  à  ce  moment  les  pesées  mon- 
trent que  certains  organes,  comme  le  cerveau,  le  cœur, 
n'ont  pas  diminué,  alors  que  d'autres,  comme  les  muscles, 
sont  émaciés,  ont  perdu  jusqu'à  la  moitié  de  leurs  poids 
primitifs,  et  cependant  il  est  certain  que  pendant  cette  pé- 
riode de  jeûne  absolu,  quelquefois  très  longue,  quarante 
jours  chez  le  chien,  ces  organes  ont  travaillé,  usé  par 
suite  des  matériaux  qu'ils  ont  di:i  prendre  aux  autres 
tissus.  Un  exemple  saisissant  de  cette  mobiUsation  des 
principes  nutritifs  a  été  donné  par  Miescher.  Les  saumons 
pendant  le  temps  qu'ils  remontent  le  Rhin  pour  frayer  ne 
prennent  aucune  nourriture,  soit  six  mois  de  jeûne.  Or, 
au  début  de  la  montée,  les  ovaires  sont  rudimentaires  ; 
au  moment  de  la  ponte,  ils  atteignent  un  poids  considé- 
rable, le  quart  de  celui  de  l'animal.  Par  contre,  les  muscles, 
tout  d'abord  puissants  et  volumineux,  sont  réduits  en  rap- 
port avec  le  développement  même  des  ovaires.  Les  molé- 
cules azotées  qui  entraient  dans  la  constitution  du  muscle 
sous  forme  de  myosine,  de  syntonine,  etc.,  se  sont  donc 
mobilisées  pour  aller,  sous  une  forme  nouvelle,  constituer 
les  ovoalbumines  et  autres  corps  azotés  que  l'on  rencontre 
dans  l'ovaire. 

Sous  quelle  influence,  sous  quelle  impulsion  se  produi- 
sent ces  mutations  ?  nous  l'ignorons  encore.  Que  le  sys- 
tème nerveux  exerce  une  réelle  action  trophique  sur'  les 
cellules  de  l'organisme,  c'est  un  fait  indéniable,  mais  les 
phénomènes  sont  si  complexes  qu'il  est  impossi])le  jus- 
qu'ici de  donner  d'explication  satisfaisante. 

Ce  que  nous  connaissons  le  mieux  à  cet  égard,  c'est 
l'action  trophique  de  la  cellule  nerveuse  sur  ses  prolon- 
gements cellulaires  (V.  Nerveux)  ;  il  semble,  dans  ce  cas 
tout  au  moins,  que  les  phénomènes  de  nutrition  sont  Hés  à 
l'intégrité  du  neurone.  Pour  les  cellules  musculaires  et 
autres,  le  rôle  du  système  nerveux  est  moins  manifeste  ; 
nous  voyons  cependant  que  certaines  conditions  paraissent 
requises  pour  maintenir  l'intégrité  de  la  nutrition  des  or- 
ganes. Il  suffit  d'immobiliser  un  membre  pour  constater 
l'amaigrissement  des  muscles.  Par  contre,  nous  voyons, 
sous  l'influence  de  causes  morbides  multiples,  certains  élé- 
ments présenter,  soit  une  activité  nutritive  exagérée,  soit, 
au  contraire,  une  diminution  dans  l'activité  '  entraînant 
l'hypertrophie  ou  l'atrophie  des  organes. 

Toute  la  pathogénie  pour  ainsi  dire  se  rattache  à  l'étude 
des  troubles  de  la  nutrition  cellulaire,  puisque  la  maladie 
n'est,  en  fait,  qu'une  perturbation  dans  la  nutrition  de  la 
cellule.  J.-P.  Langlois. 


—  149 


NUTRITION 


II.  Botanique.  —  Avant  de  traiter  de  la  nutrition 
des  plantes,  il  importe  de  dire  quels  sont  leurs  aliments. 
Les  plus  indispensables  d'entre  eux  sont  :  le  carbone, 
l'hydrogène,  l'oxygène,  l'azote,  le  phosphore,  le  soufre, 
le  jpotassium,  le  magnésium,  le  fer,  puis,  à  un  moindre 
degré,  le  silicium,  le  zinc,  le  manganèse.  D'autres  élé- 
ments, tels  que  le  calcium,  le  sodium,  le  chlore,  se 
rencontrent  chez  les  végétaux  ;  mais  ils  ne  sont  pas  in- 
dispensables aux  phénomènes  essentiels  de  la  nutrition 
chez  toutes  les  plantes.  Il  y  a  cependant  des  végétaul 
calcicoles  qui  absorbent  le  calcium  avec  une  grande  acti- 
vité ;  d'autres  qui  en  font  autant  du  sodium  ;  enfin  les 
plantes  marines  contiennent  de  l'iode,  du  brome,  etc. 
Mais  nous  n'avons  à  nous  occuper  ici  que  de  l'absorption 
des  éléments  nécessaires  à  toutes  les  plantes  et  non  de 
ceux  qui  ne  sont  indispensables  qu'à  certains  groupes  végé- 
taux ou  dont  la  présence  est  simplement  accidentelle.  Nous 
n'aurons  pas  à  parler  ici  de  l'absorption  de  l'oxygène  à 
l'état  libre  ;  c'est  là  une  fonction  de  respiration  (V.  ce 
mot),  dont  il  sera  traité  plus  loin.  Mais  la  plante  puise  éga- 
lement ce  corps  dans  l'eau  et  dans  les  divers  composés 
organiques  et  inorganiques  qui  le  contiennent.  Le  carbone 
est  fourni  à  la  plante  par  sa  fonction  chlorophyllienne,  ou, 
si  elle  est  privée  de  chlorophylle  (V.  ce  mot),  par  les  ma- 
tières organiques  toutes  formées  dont  elle  se  nourrit.  Mais, 
en  tous  les  cas,  la  plante  puise  aussi  des  composés  car- 
bonés dans  le  sol.  L'hydrogène  et  l'azote  sont  absorbés 
à  l'état  d'ammoniaque  et  d'autres  combinaisons  plus 
complexes.  L'azote  l'est  également  à  l'état  de  nitrates 
formés  dans  le  sol  aux  dépens  de  l'azote  de  l'air,  grâce  à 
l'activité  de  ferments  nitrifiants  (V.  Azotate  et  Nitri- 
fication).  Le  phosphore,  le  soufre  et  le  silicium  sont  pris 
à  l'état  de  phosphates,  de  sulfates  et  de  silicates.  Quant 
aux  autres  éléments,  ils  sont  métalliques  et  constituent 
les  bases  des  sels  que  nous  venons  d'énumérer.  L'oxygène, 
le  carbone,  l'hydrogène  et  l'azote  proviennent  en  majeure 
partie,  soit  de  l'atmosphère,  soit  de  la  décomposition  de 
matières  organiques,  dont  la  présence  est  indispensable 
pour  la  grande  majorité  des  plantes.  Les  autres  éléments 
ont  pour  origine  la  destruction  des  roches  superficielles  de 
l'écorce  terrestre  sous  l'influence  des  agents^^atmosphériques. 
Ces  roches  finement  divisées  et  mêlées  de  matières  orga- 
niques en  décomposition  constituent  l'humus  ou  terre  arable, 
dont  l'épaisseur  et  la  composition  sont  variables  suivant 
les  points  du  globe,  mais  dont  la  présence  est  indispensable 
à  toute  végétation  terrestre,  excepté  à  celle  des  lichens 
et  de  quelques  autres  plantes  inférieures. 

Nous  éliminerons  de  notre  étude  :  d'une  part,  les  végé- 
taux saprophytes  qui  utilisent  les  produits  de  la  destruc- 
tion d'autres  organismes  :  tels  sont,  par  exemple,  le  plus 
grand  nombre  de  champignons  ;  d'autre  part,  les  para- 
sites, qui  vivent  aux  dépens  d'un  hôte  vivant  et  qui  pui- 
sent en  lui  la  totalité  ou  une  partie  de  leurs  aliments.  Ils 
seront  étudiés  au  mot  PARAsrrisaiE.  Nous  éliminerons 
également  les  lichens  qui  ne  se  nourrissent  guère  que  de 
substances  contenues  dans  l'air  et  absorbées  directement 
par  toute  la  surface  du  thalle,  et  les  végétaux  aquatiques, 
dont  les  uns,  comme  la  plupart  des  herbes  de  nos  eaux 
douces,  absorbent  au  moins  une  partie  de  leurs  aliments 
par  des  racines  fixées  au  fond  de  l'eau  et  rentrent  donc 
partiellement  dans  le  cas  général,  tandis  que  les  autres, 
flottant  dans  ou  sur  l'eau,  ou  possédant  de  simples  cram- 
pons de  fixation,  qui  ne  peuvent  servir  à  la  nutrition, 
absorbent  par  toute  la  surface  de  leur  corps  les  aliments 
dissous  dans  l'eau. 

Le  premier  acte  de  la  nutrition  est  V absorption,  c.-à-d. 
l'acte  par  lequel  le  végétal  extrait  du  milieu  cosmique 
les  substances  qui  peuvent  lui  servir  d'aliments.  Cette 
fonction,  dans  ce  qu'elle  a  de  plus  général,  a  été  étudiée 
au  mot  Absorption.  Nous  n'avons  donc  à  nous  occuper 
que  de  l'absorption  effectuée  par  l'organe  spécialement 
dévolu  à  cet  usage  dans  les  plantes  supérieures,  c.-à-d. 
par  la  racine  (V,  ce  mot).  La  pénétration  des  liquides 


dans  la  racine  n'a  lieu  qu'au  niveau  de  la  région  pilifère. 
Cette  pénétration,  déterminée  par  l'osmose,  se  continue 
de  proche  en  proche  jusqu'au  cylindre  central.  Le  liquide 
monte  ensuite  dans  le  système  ligneux,  grâce  à  la  capil- 
larité qui  l'aspire  le  long  des  éléments  vasculaires.  Il  est 
attiré,  en  outre,  vers  les  régions  supérieures  par  la  perte 
d'eau  due  à  la  transpiration  (V.  ce  mot)  et  à  la  chloro- 
vaporisation,  et,  à  un  moindre  degré,  par  les  différences 
de  température,  les  parties  aériennes'  du  végétal  étant  en 
général  à  une  température  plus  élevée  que  les  racines, 
enfin,  par  l'appel  exercé  par  la  formation  d'organes  nou- 
veaux. Ce  liquide  est  la  sève  brute  ou  ascendante,  dont 
les  propriétés  physiques  et  chimiques  seront  étudiées  au 
mot  Sève.  Il  nous  suffira  de  dire  ici  que  c'est  une  solu- 
tion aqueuse  très  peu  chargée  en  sels  minéraux  et  en 
substances  organiques  et  ne  contenant  aucun  corps  en 
suspension.  Toute  substance,  pour  être  absorbée  par  le 
végétal  intact,  doit  être  préalablement  dissoute.  Aussi  les 
poils  des  racines  sécrètent-ils  un  liquide  acide  qui  a  la 
propriété  de  faciliter  la  dissolution  de  certains  composants 
de  l'humus.  Chaque  corps  est  dissous,  au  fur  et  à  mesure 
de  son  utihsation  par  l'organisme,  soit  qu'il  soit  décom- 
posé, soit  qu'il  donne  lieu,  en  réagissant  sur  d'autres 
principes,  à  des  combinaisons  insolubles.  Aussi,  comme  les 
plantes  n'utiUsent  pas  toutes  les  mêmes  principes,  si  elles 
sont  placées  dans  un  milieu  identique,  toutes  n'absorbent 
pas  les  mêmes  substances  contenues  dans  ce  milieu.  C'est 
ce  qui  avait  fait  croire  au  pouvoir  électif  des  racines,  qui 
étaient  censées  choisir  dans  le  milieu  les  seules  substances 
nécessaires  au  végétal.  Dans  la  tige,  la  sève  brute  continue 
à  s'élever  surtout  par  les  éléments  vasculaires  du  bois. 
Elle  commence  aussi  à  se  modifier  en  absorbant  les  maté- 
riaux de  réserve  qu'elle  trouve  sur  son  passage  et,  quand 
la  tige  n'est  pas  recouverte  de  parties  imperméables,  mais 
de  tissus  verts,  en  se  concentrant  par  évaporation  et  en 
changeant  de  nature  chimique  par  fixation  du  carbone. 
Ces  modifications,  transpiration,  chlorovaporisation,  fonc- 
tion chlorophyllienne,  atteignent  leur  maximum  d'inten- 
sité dans  la  feuille,  où  elles  sont  d'ailleurs  complétées 
par  l'excrétion  d'acide  carbonique  et  la  fixation  d'oxygène 
dues  à  la  respiration  (V.  ce  mot).  C'est  là  que  la  sève 
se  concentre  définitivement  et  transforme  les  principes 
minéraux  et  organiques  qu'elle  contenait  en  composés 
nouveaux,  sur  lesquels  nous  aurons  à  revenir.  Elle  prend 
dès  lors  le  nom  de  sève  élaborée  ou  sève  descendante. 
Cette  dernière  expression  est  impropre.  Car  la  sève  éla- 
borée ne  fait  pas  que  descendre,  elle  se  transporte  aussi 
obliquement  et  même  en  haut,  partout  où  les  aliments 
qu'elle  contient  peuvent  être  utilisés  par  le  végétal.  Elle 
ne  circule  pas  à  travers  les  vaisseaux  ligneux,  mais  à 
travers  les  éléments  cribreux  du  liber. 

Les  matières  nutritives  apportées  par  la  sève  élaborée 
aux  tissus  végétaux  sont  souvent  directement  assimilées 
par  eux,  c.-à-d.  utilisées  pour  l'entretien  des  phytocystes 
ou  cellules  végétales  ou  pour  la  création  de  nouvelles 
cellules  destinées  à  l'accroissement  des  organes  anciens  ou 
à  la  formation  d'organes  nouveaux.  D'autres  fois,  elles 
sont  mises  en  réserve,  soit  simplement  dans  les  tissus  de 
la  plante,  soit  dans  des  organes  modifiés  de  façon  à  servir 
de  réservoirs  de  substances  alimentaires.  Ces  organes  se 
présentent  sous  la  forme  de  bulbes,  de  tubercules,  de 
rhizomes,  de  tiges  épaissies,  de  vaisseaux  laticifères.  D'autre 
part,  dans  les  graines  des  plantes,  il  y  a  toujours  des 
réserves  alimentaires,  contenues,  soit  dans  un  albumen 
extérieur  à  l'embryon,  soit  dans  les  cotylédons  eux- 
mêmes.  Au  moment  de  la  germination,  ces  réserves  doi- 
vent être  digérées  pour  être  rendues  absorbables  (V.  Al- 
bumen, Cotylédon,  Germination,  Graine). 

Les  matières  mises  en  réserve  dans  les  plantes  soit 
adultes,  soit  embryonnaires,  sont,  soit  des  composés  ter- 
naires, tels  que  l'amidon,  l'inuline,  les  sucres,  les  tanins 
et  les  divers  glucosides,  les  acides  organiques,  les  huiles 
grasses,  les  essences  volatiles,  les  résines,  les  cires,  divers 


NUTRITION  —  NYAYA 


—  4S0  — 


alcaloïdes,  soit  des  composés  quaternaires,  tels  que  Faleu- 
rone,  l'asparagine,  le  gluten  et  certains  alcaloïdes.  D'autres 
fois,  elles  constituent  des  -liquides  complexes  nommés 
latex,  contenus  tantôt  dans  des  vaisseaux  spéciaux,  les 
laiicifères  (V.  ce  mot),  tantôt  dans  des  phytocystes  de 
forme  variable,  comme  chez  les  champignons.  Les  latex 
sont,  en  général,  des  émulsions,c.-à-d.  qu'ils  sont  formés 
d'un  liquide  incolore  et  limpide  dans  lequel  flottent  des 
globules  de  substances  non  dissoutes,  qui  lui  donnent 
une  consistance  plus  ou  moins  visqueuse,  une  couleur  et 
des  propriétés  souvent  très  accentuées.  Tantôt  peu  riche 
en  globules  et  peu  coloré,  comme  chez  les  fumariacées, 
le  latex  revêt,  dans  le  pavot,  les  euphorbes,  la  laitue, 
une  couleur  blanche  qui  le  fait  ressembler  à  du  lait.  Ailleurs, 
il  est  jaune,  comme  dans  la  chéhdoine,  les  plantes  à  gutta- 
percha  et  à  gomme-gutte.  Sa  couleur  devient  de  plus  en 
plus  brune  à  mesure  qu'il  contient  plus  de  résine,  comme 
dans  les  ombetlifères,  les  conifères,  etc.  Le  latex  peut 
renfermer  des  alcaloïdes,  comme  dans  le  pavot  ;  des  principes 
volatils  comme  ceux  de  l'antiar,  du  manioc,  de  la  laitue 
vireuse  ;  du  caoutchouc,  comme  dans  les  arbres  qui  sont 
utilisés  pour  l'extraction  de  cette  substance  ;  enfin,  le  latex 
de  certaines  euphorbiacées  renferme  de  l'amidon.  On  avait 
longtemps  pris  le  latex  pour  une  substance  excrémentitiellc. 
On  sait  aujourd'hui  qu'il  est  souvent  repris  par  les  liquides 
nourriciers  et  qu'il  es  t  susceptible  de  se  modifier  à  leur  contact . 
Il  doit  donc  rentrer  dans  la  grande  classe  des  réserves  nu- 
tritives. Les  autres  substances  faisant  partie  de  cette  caté- 
gorie sont  étudiées  en  détail  au  nom  de  chacune  d'elles,  ainsi 
qu'au  mot  Cellule  (Physiologie  végétale).  Tous  ces  corps, 
pour  être  repris  et  utilisés  par  la  plante,  doivent  être  solul)i- 
lisés  s'ils  sont  insolubles  et  à  l'état  solide,  et,  dans  tous 
les  cas,  transformés  chimiquement.  Ce  sont  ces  transfor- 
mations qui  constituent  ce  qu'on  appelle  la  digestion;  elle 
a  lieu  par  l'intermédiaire  de  divers  ferments  solubles  (V.  Fer- 
mentation), qui  se  forment  dans  la  plante  dans  le  voi- 
sinage des  matières  sur  lesquelles  ils  doivent  réagir.  C'est 
ainsi  que  la  diastase  transforme  l'amidon  en  dextrine,  qui 
est  soluble  ;  un  autre  ferment  fabrique  également  de  la 
dextrine  avec  la  cellulose  de  l'albumen  dur  et  corné  de 
certaines  plantes,  notamment  du  caféier.  Un  autre  sapo- 
nifie les  corps  gras  des  graines  oléagineuses.  De  même  les 
réserves  azotées  sont  digérées  au  moment  de  la  germination 
des  graines  qui  les  contiennent  par  une  pepsine  sécrétée  par 
l'embryon.  D'autres  plantes  contiennent  d'autres  ferments 
solubles  destinés  à  agir  sur  les  substances  particulières 
qu'elles  ont  mises  en  réserve.  D^  L.  Laloy. 

NUWA  (Astron.)  (V.  Astéroïde,  t.  IV,  p.  354). 

N  UYENS  (François),  historien  hollandais,  né  à  Avenhorn 
en  1823,  mort  à  Westwoud  (près  Hoorn)  le  il  déc.  1894. 
11  étudia  la  médecine  à  Utrecht  et  s'établit  comme  prati- 
cien à  Westwoud,  toutefois  il  se  voua  surtout  aux  études 
historiques  et  publia  un  grand  nombre  d'ouvrages  inspirés 
par  l'esprit  ultramontain  le  plus  étroit,  mais  oii  il  fait 
preuve  d'un  incontestable  talent.  Les  principaux  sont  : 
Du  Catholicisme  dans  ses  rapports  avec  la  civilisa- 
tion de  l'Europe  (Amsterdam,  1856,  2  vol.  in-8)  ;  His- 
toire du  règne  de  Pie  IX  (ibid.,  1862,  2  vol.  in-8); 
Histoii^e  générale  du  peuple  néerlandais  (1871-82, 
20  vol.  in-8)  ;  Histoire  du  siège  'de  Leyde  (Leyde, 
1874,  in  8);  Histoire  du  peuple  néerlandais  depuis 
1E1 5  jusqu'à  nos  jours  (Amsterdam,  1883-86,  4  vol. 
in-8).  Tous  ces  ouvrages  sont  écrits  en  néerlandais.  Il 
fonda,  en  collaboration  avec  le  D^  Schaepman,  en  1871, 
une  revue  cathoHque,  De  Wachter  (la  Sentinelle),  qui  se 
fusionna  avec  le  Katholiek  en  1874. 

NUYTS  (Pierre),  navigateur  hollandais,  né  à  Amster- 
dam vers  1600.  Chargé  de  conduire  un  navire  de  com- 
merce à  Batavia,  il  fut  détourné  de  sa  route  par  la  tem- 
pête, et  aborda  en  1627  en  Australie  peu  de  mois  après 
que  Carpenter  eut  découvert  ce  continent.  Il  occupa  en- 
suite les  fonctions  d'ambassadeur  du  conseil  des  Indes  au 
Japon,  et  fut  nommé  vers  1629  gouverneur  de  Formose. 


'  Un  acte  de  mauvais  gré  dont  Nuvts  se  rendit  coupable  en 
1630  rompit  les  relations  de  la  Compagnie  des  Indes  avec 
le  Japon.  Le  Conseil  destitua  le  gouverneur  et  le  livra 
aux  Japonais  qui  le  retinrent  en  captivité  pendant  deux 
ans,  puis  le  laissèrent  retourner  en  Hollande.  Il  termina 
ses  jours  dans  l'obscurité. 
BiBL.  :  Charlevoix,  Histoire  du  Japon;  Paris,  1715. 

NUZÉJOULS.  Com.  du  dép.  du  Lot,  arr.  de  Cahors, 
cant.  de  Catus  ;  307  hab. 

NYA-Halla  (V.  Hala). 

NYACK.  Ville  des  Etats-Unis  (New  York),  port  fluvial 
de  la  r.  dr.  de  l'Hudson;  4.111  hab.  (en  1890).  Villé- 
giature d'été. 

NYANI-Nyam  (V.  Afrique,  §  Anthropologie). 

N  YA  NI  I N  A  ou  YA  IVl  I N  A.  Ville  du  Soudan  français,  sur  la 
r.  g.  du  haut  Niger,  à  55  kil.  N.-O.  de  Koulikoro.  Les 
habitants  appartiennent  à  la  race  barabarave. 

NYANGOUÉ.  Localité  de  l'Etat  du  Congo,  r.  dr.  du 
Loulaba,  par  4«  15'  lat.  S.  et  24«  long.  E.,  à  530  m. 
d'alt.  Deux  quartiers  dont  chacun  a  son  chef.  C'est  le 
grand  entrepôt  du  commefrce  avec  le  Manyema  et  l'Ouroua, 
exercé  par  des  traitants  arabes.  Routes  de  caravanes  vers 
Albertville  sur  le  Tanganyika  et  Lousambo,  station  des  va- 
peurs sur  le  Sankourou.  Livingstone  y  vint  en  1871,  Ca- 
meron  en  1872,  Stanley  en  1876;  le  baron  Dhanis  s'en 
empara  le  15  fév.  1893. 

NYANZA  (Lac)  (V.  Nil). 

NYASSA  (Niandcha).  Grand  lac  de  l'Afrique,  compris 
entre  9^^  30'  et  14«  25'  lat.  S. ,  32«  et  33«  long.  E. ,  à  480  m. 
d'alt.  11  a  570  kil.  de  long  du  N.  au  S.,  90  kil.  de  largeur 
moyenne,  26.500  kil.  q.  de  superficie,  une  profondeur 
moyenne  de  130  à  170  m.  C'est  une  profonde  dépression 
des  hautes  terres  africaines,  encaissée  entre  de  hautes  mon- 
tagnes qui  ne  laissent  quelque  espace  de  plaine  qu'au  N., 
entre  les  monts  Beja  (3.600  m.)  etOufafa  (3.000  m.),  et 
au  S.,  le  long  du  rivage  oriental,  se  développent  les  monts 
Livingstone  et  Mosamba.  Les  îles  sont  petites,  assez  nom- 
breuses au  S.  Les  tempêtes  et  la  force  des  vagues  gênent 
la  navigation.  Les  principaux  affluents  sont  le  Sougoué  et 
le  Rikourou  au  N.  ;  au  S.  le  lac  Nyassa  s'écoule  par  le 
Chiré  dans  le  Zambèze.  Le  N.  et  le  N.-E.  appartiennent 
à  l'Allemagne,  le  S.-E.  au  Mozambique  portugais,  l'O.  à 
la  colonie  anglaise  de  Nyassaland.  Au  N.  est  la  station  al- 
lemande de  Langenburg.  Les  Anglais  ont  plusieurs  canon- 
nières et  vapeurs  sur  le  lac.  —  Connu  depuis  le  xvii*^  siècle 
par  les  Portugais,  il  fut  visité  par  Livingstone  en  sept. 
1859.  '  A.-M.  B. 

NYASSALAND  (Ancien  Makololand).  Territoire  pro- 
tégé de  la  Grande-Bretagne  dans  l'Afrique  méridionale. 
Elle  s'en  est  emparée  en  1891,  forçant  le  Portugal  à  le 
lui  abandonner.  Il  est  compris  entre  l'Etat  du  Congo,  au- 
quel il  confine  vers  les  lacs  Moero  etBangouélo,  l'Afrique 
orientale  allemande,  le  Mozambique  portugais  et  la  co- 
lonie britannique  du  Zambèze  ou  d'Afrique  centrale.  Il 
embrasse  donc  un  vaste  territoire  à  FO.  du  lac  Nyassa, 
et,  de  plus,  au  S.  de  ce  lac,  le  bassin  du  Chiré  moins  son 
embouchure.  C'est  une  région  montagneuse  de  I.OOO  à 
1.800  m.  d'alt.,  parcourue  au  centre  par  le  Chiré  et  à  l'O. 
par  leTchambezi,  affl.  du  Congo,  et  le  Loangoua,  affl.  du 
Zambèze.  La  température  moyenne  annuelle  est  de  +  17*^; 
le  chmat  est  supportable  pour  les  Européens,  le  sol  fertile 
en  riz,  café,  etc.  L'a  population  est  de  race  cafre  (bantou), 
le  principal  peuple  est  celui  des  Yao.  Des  compagnies 
anglaises  ont  enlevé  le  commerce  aux  Arabes  et  plantent 
du  café.  Le  chef-lieu  est  Somba,  sur  le  Chiré;  le  centre 
commercial,  Blantyre.  Il  y  a  des  forts  à  Maguire,  Fort- 
Johnston,  Port-Hérald,  Tchiromo,  Katounga.   A.-M.  B. 

BicL.  :  Bankin,  The  Zambesi  basin  and  Nyassaland; 
Londres,  1893. 

NYÂYA  est  le  nom  d'un  des  six  systèmes  ou  Barçanas 
de  la  philosophie  indienne  (V.  Inde,  p.  704),  et  celui  dont 
l'étude  forme  la  meilleure  introduction  à  celle  des  cinq 
autres,  à  cause  de  l'importance  qu'il  donne  à  la  logique  : 


154 


NYAYA 


aussi  a-t-on  pu  l'appeler  «  la  colonne  vertébrale  de 
la  philosophie  indienne  ».  Il  a  des  rapports  particuliè- 
rement étroits  avec  le  système  Vaiçéshika  :  on  peut 
dire  d'une  façon  générale  que  ce  dernier  complète  par  ses 
vues  métaphysiques  la  dialectique  diiNydya,  mais,  en  fait, 
aucun  des  deux  systèmes  ne  s'interdit  les  digressions  qui 
lui  semblent  utiles  à  son  objet,  à  savoir,  comme  pour  tous 
les  Darçanas,  l'obtention  du  salut  par  la  science.  Les 
soufras  de  Gotama  (V.  ce  mot)  sont  la  base  de  l'étude 
du  Nyâya,  comme  ceux  de  Kanâda,  le  «  mangeur  d'ato- 
mes »,  le  sont  du  Vaiçéshika  :  on  ignore  la  date  exacte 
de  la  composition  de  ces  soûtras  qui  devaient  résumer  un 
long  développement  spéculatif  plus  ancien,  mais  nous  ne 
voyons  aucune  raison  pour  ne  pas  les  croire  antérieurs, 
comme  on  l'admet  quelquefois,  de  trois  à  quatre  siècles  à 
notre  ère.  Disons  toutefois  que  le  commentateur  le  plus 
ancien  dont  l'ouvrage  ait  été  conservé,  Vâtsyâyana,  dut 
vivre  vers  la  fin  du  v*^  siècle  ap.  J.-C.  :  Udyotakâra  le 
suivit  de  près.  A  partir  du  x"^  siècle,  nous  trouvons  une 
suite  ininterrompue  d'écrivains  Naiydyikas  :  citons  no- 
tamment Çridhara,  auteur  àelsi  Nydya-Kandalî  (x^  siècle} 
et  Yachaspati,  qui  commenta  Udyotakâra  et  fut  à  son  tour 
commenté  par  Udayana,  l'auteur  de  la  Kirandvali  {xii^  siè- 
cle). A  la  fin  du  xiv^  siècle,  Gangeça  écrivait  la  Tattva- 
Cintdmani  et  fondait  l'école  dite  nouvelle  du  Nyâya  qui 
fleurit  encore  aujourd'hui  dans  les  «  lois  »  ou  collèges 
indigènes  de  Nadia  (anc.  Navadvîpa)  au  Bengale  et  d'où 
sortit  au  xvi^  siècle  le  grand  réformateur  bengali  Chaita- 
nya.  Ce  fut  une  période  de  subtilités  et  de  distinctions  sco- 
lastiques  amoncelées  à  plaisir  et  même  de  polémiques  entre 
sectateurs  du  Nyâya  et  du  Vaiçéshika.  Elle  amena,  par 
une  réaction  naturelle,  la  confection  au  xvii^  siècle  de 
manuels  extrêmement  simplifiés  et  combinant  tant  bien 
que  mal  les  deux  systèmes  :  le  plus  célèbre  de  ces  ma- 
nuels est  le  Tarkasangraha  on  Résumé  des  notions  phi- 
losophiques, ouvrage  du  pandit  Annambhatta  el  qui  est 
resté  le  livre  classique  élémentaire,  toujours  en  usage 
dans  les  écoles  de  l'Inde.  Faute  d'un  ouvrage  européen 
auquel  renvoyer  le  lecteur,  c'est  également  de  ce  petit 
traité  que  nous  nous  servons  pour  donner  un  aperçu 
sommaire  des  deux  systèmes  Nyâya  et  Vaiçéshika. 

Catégories.  —  Tout  ce  qui  existe  se  répartit  sous 
sept  chefs  principaux  ou  catégories  (paddrtha)  qui  sont: 
4^  la  substance  (dravyci)  ;  2°  la  qualité  (guna)  ;  Surac- 
tivité (karma)  ;  4^  la  généralité  {sdmdnya)  ;  5°  la  spé- 
cificité (viçesha)  ;  6^  la  coexistence  (samavâya)  et 
7^  l'inexistence  (abhdvd).  Nous  les  examinerons  tour  à 
tour. 

I.  Substances.  —  Les  substances  sont  au  nombre  de 
neuf:  4°  la  terre,  caractérisée  par  l'odeur;  2^  Veau, 
caractérisée  par  la  froideur  au  toucher  ;  3^  Véclat  (lu- 
mière, feu,  etc.),  caractérisé  par  la  chaleur  au  toucher  ; 
4^  Vaù\  caractérisé  par  un  toucher  sans  forme  ni  cou- 
leur ;  5^  Véther,  caractérisé  par  le  son  ;  6*^  le  temps, 
cause  de  l'emploi  du  présent,  du  passé  et  du  futur;  7*^  Ves- 
pace,  cause  de  l'emploi  des  points  cardinaux  ;  8*^  Vdme 
(dtman),  substrat  de  la  connaissance  ;  ^^V esprit  {manas), 
sens  du  plaisir  et  de  la  douleur. 

II.  Qualités.  ^  Les  quaMtés  ou  attributs  sont  au 
nombre  de  vingt-quatre  :  4^  la  forme  ou  la  couleur, 
perçue  seulement  par  la  vue  et  qui  est  de  sept  sortes  : 
blanche,  bleue,  jaiîne,  rouge,  verte,  brune  ou  bigarrée  ; 
'2^  la  saveur,  perçue  seulement  par  le  goût  et  qui  est  de 
six  sortes  i  sucrée,  amère,  salée,  acre,  astringente  ou 
piquante  ;  3*^  Vodeur,  perçue  seulement  par  l'odorat  et 
qui  est  de  deux  sortes,  parfumée  ou  non  ;  4°  le  toucher, 
perçu  seulement  par  le  tact  et  qui  est  de  trois  sortes  : 
froid,  chaud  ou  tempéré  ;  ^°  le  nombre,  cause  de  l'em- 
ploi de  l'unité,  etc.  ;  G*'  la  dimension,  cause  de  la  notion 
de  mesure  et  qtii  est  de  quatre  sortes  :  petite,  grande, 
longue  ou  courte;  7°  la  distinctivité,  cause  de  la  notion 
de  différenciation  ;  8*^  la  conjonction,  cause  de  la  notion 
de  contact  ;  9*^  la  disjonction,  négation  du  précédent  ; 


40«  et  W  Véloignement  et  la  proximité  tant  dans  le 
temps  que  dans  l'espace  ;  42«  la  pesanteur,  cause  de  la 
chute  spontanée  et  qui  ne  réside  que  dans  la  terre  et  l'eau; 
43«  la  fluidité,  qui  fait  que  les  liquides  coulent  et  qui  est 
de  deux  sortes,  naturelle  dans  l'eau,  artificielle  dans  la 
terre  et  l'éclat  (ex.  beurre  ou  or  fondus  au  feu)  ;  44°  la 
viscosité,  qui  fait  que  la  farine  se  pétrit  et  qui  ne  réside 
que  dans  l'eau  ;  45°  le  son,  perçu  seulement  par  Fouie  et 
qui  est  de  deux  sortes,  articulé  ou  inarticulé;  46°  Vin- 
lelligence,  cause  de  toute  notion  ;  47*^  le  plaisir,  ce  qui 
est  conforme  à  la  nature  ;  48«  la  douleur,  ce  qui  est  con- 
traire à  la  nature;  49«  le  désir  ou  l'amour;  20Ma 
haine  ou  l'aversion  ;  24  ^  V effort  ou  la  volonté  ;  22°  le 
bien,  ce  qui  est  prescrit  ;  23«  le  mal,  ce  qui  est  défendu 
et  24«  la  faculté  ou  samskara  qui  est  de  trois  sortes  : 
dans  la  terre,  l'eau,  le  feu  et  l'air,  c'est  la  vitesse;  dans 
l'âme,  ce  sont  les  traces  de  l'imagination,  causes  de  la 
mémoire;  dans  la  terre,  c'est  l'élasticité. 

Parmi  ces  vingt-quatre  qualités,  les  numéros  46-23  sont 
spécifiques  de  l'âme  :  c'est  à  leur  propos  que  sont  intro- 
duites dans  le  système  les  théories  de  la  cause  et  de  la 
connaissance  dont  il  faut  que  nous  donnions  une  idée. 

Théorie  de  la  cause.  La  cause  causante  ou  détermi- 
nante (karana)  est  définie  «  une  cause  {kârana)  spéci- 
fique agissant  au  moyen  d'une  opération  {vijâpâra)  ».  Une 
cause  est  un  antécédent  constant  et  nécessaire  ;  tel  est, 
dans  la  production  d'un  pot,  si  nous  prenons  l'exemple 
traditionnel  et  famiher  aux  écoles  indiennes,  le  bâton  dont 
le  potier  se  sert  pour  faire  tourner  sa  roue  à  l'exclusion 
de  son  âne  dont  la  présence  au  même  moment  n'a  aucune 
influence  sur  la  production  du  résultat.  Une  opération  est  ce 
qui,  produit  par  la  cause,  produit  ce  qui  est  produit  par 
la  cause  :  dans  l'exemple  choisi,  c'est  la  révolution  de  la 
roue  qui,  produite  par  le  bâton,  produit  le  pot  qui  est 
produit  par  le  bâton.  Ajoutons  que  cette  opération  ne 
saurait  jamais  être  une  substance  ;  et  ceci  nous  conduit  à 
la  distinction  de  trois  sortes  de  causes  :  4<^  la  cause  coes- 
sentielle  (ou,  comme  nous  dirions,  matérielle),  qui  ne 
peut  être  qu'une  substance;  2°  la  cause  non-coessen- 
tielle,  qui  no  peut  être  qu'une  qualité  ou  une  action,  et 
enfin  3«  la  cause  instrumentale,  qui  présente  avec  les 
deux  premières  cette  différence  qu'elle  peut  être  détruite 
sans  que  l'effet  soit  du  même  coup  détruit.  Par  exemple, 
dans  la  production  d'une  étoffe,  les  fils  sont  la  cause  coes- 
sentielle,  le  contact  des  fils  est  la  cause  non-coessentielle, 
le  métier  et  la  navette  sont  la  cause  instrumentale. 

Théorie  de  la  connaissance.  La  seizième  qualité,  la 
Buddhi  ou  intelligence,  est  la  cause  de  toute  notion;  c'est 
elle  qui  fait  que  nous  communiquons  entre  nous  par  le 
langage.  Elle  est  de  deux  sortes  :  la  mémoire  (smriti) 
qui  est  le  produit  d'impressions  antérieures,  et  la  con- 
naissance nouvelle  ou  directe  (anubhaua).  Toutes  deux 
sont  susceptibles  d'être  fausses  ou  vraies  ;  occupons-nous 
de  la  seconde.  Etant  donné  un  objet  possédant  tel  attri- 
but, si  la  connaissance  que  nous  en  avons  a  pour  prédicat 
ce  même  attribut,  elle  est  exacte  ;  dans  le  cas  contraire, 
c.-à-d.  si  nous-prédiquons  d'un  objet  un  attribut  qu'il  ne 
possède  pas,  elle  est  inexacte.  Ex.  :  étant  donné  de  l'ar- 
gent, si  nous  disons  :  «  c'est  de  l'argent,  »  notre  con- 
naissance est  vraie  ;  étant  donnée  de  la  nacre,  si  nous 
disons  :  «  c'est  de  l'argent,  »  notre  connaissance  est 
fausse. 

La  connaissance  vraie  (pramâ)  est  de  quatre  sortes  : 
la  perception  (pratyaksha) ,  la  déduction  par  syllogisme 
(anumiti),  l'induction  i^rv  mûogie  (upamiti)  et  la  parole 
(çabda).  Analysons-les  tour  à  tour. 

a.  h^ perception  est  une  connaissance  primitive,  c.-à-d. 
non  dérivée  d'une  connaissance  antérieure.  Elle  est  de 
deux  sortes  :  4°  indéterminée,  quand  elle  n'a  pas  de 
prédicat,  comme  quand  on  dit  :  «  voiLà, quelque  chose  ;  » 
2°  déterminée,  quand  elle  a  prédicat,  ex.  :  «  c'est  un  tel, 
c'est  un  Brahmane,  »  etc.  Elle  est  produite  par  le  «  frot- 
tement »  du  sens  et  de  l'objet  ;  ce  frottement  étant  de 


NYAYA  —  NVCTAGINACÉES 


im  — 


six  sortes,  elle  naît  donc  :  l^par  simple  contact,  comme  la 
perception  du  pot  par  Toeil  ;  ^^  par  coexistence  avec  ce 
qui  est  en  contact,  comme  la  perception  par  l'œil  de  la 
couleur  du  pot  qui  est  coessentielle  au  pot  qui  est  en  con- 
tact avec  l'œil  ;  3°  par  coexistence  avec  ce  qui  est  coes- 
scntiel  à  ce  qui  est  en  contact,  comme  la  perception  par 
l'œil  de  l'idée  de  la  couleur  du  pot,  laquelle  idée  est 
coessentielle  à  la  couleur  qui  est  coessentielle  au  pot  qui 
est  en  contact  avec  l'œil;  4°  par  coexistence,  comme  la 
perception  par  Fouie  qui  n'est  que  l'éther  contenu  dans 
le  creux  de  l'oreille  du  son  qui  n'est  autre  que  la  qualité 
spécifique  de  l'éther  et  lui  est  par  suite  coessentiel  ;  5"  par 
coexistence  avec  ce  qui  est  coessentiel,  comme  la  percep- 
tion par  l'ouïe  de  l'idée  du  son  qui  est  coessentielle  au 
son  qui  est  coessentiel  à  l'ouïe,  ou  enfin  6^  par  «  quali- 
fiant et  qualifié  »,  comme  quand,  dans  la  perception  de 
l'inexistence,  on  qualifie  une  place  en  contact  avec  l'œ^l 
par  le  fait  qu'elle  possède  une  absence  de  pot. 

b.  La  déductiop.  suppose  :  4^  la  connaissance  acquise 
par  expérience,  d'une  concomitance  invariable  (vyâpti) 
entre  une  raison  (hetu  ou  linga  =:  moyen  terme)  et  ce 
dont  il  faut  démontrer  l'existence  (5ac^%a  =  petit  terme) . 
Ex.  :  partout  où  il  y  a  de  la  fumée,  il  y  a  du  feu  ; 
2°  la  considération  (parâmarça)  que  le  sujet  ipaksha 
—z  le  grand  terme)  possède  justement  le  moyen  terme,  lequel 
en  traîne  l'existence  du  petit  terme  ;  ex.  :  sur  cette 
montagne  il  y  a  de  la  fumée,  laquelle  implique  du  feu. 
En  fait,  cette  «  considération  »  contient  le  raisonnement 
tout  entier  et  c'est  en  ce  sens  qu'on  peut  dire  qu'elle  est 
la  déduction  même  et  la  cause  de  la  connaissance  déduite, 
à  savoir,  dans  ce  cas  particulier  :  donc  sur  cette  mon- 
tagne il  y  a  du  feu.  Mais  il  faut  distinguer  deux  cas,  se- 
lon que  l'on  fait  le  raisonnement  pour  soi-même  ou  pour 
le  bénéfice  d'autrui  :  dans  le  premier  cas,  la  démarche 
de  la  pensée  est  à  peu  près  celle  que  nous  venons  d'es- 
quisser :  mais  le  syllogisme  didactique  procède  autrement 
et  comporte  cinq  membres  :  4^  la  proposition  (il  y  a  du 
feu  sur  la  montagne)  ;  2*^  la  raison  (car  il  y  a  de  la  fu- 
mée) ;  3^  l'exemple  (partout  oti  il  y  a  de  la  fumée,  il  y 
a  du  feu,  comme  par  exemple  dans  une  cuisine)  ;  4°  l'ap- 
plication (il  en  est  de  même  pour  cette  montagne)  ;  5<^  la 
conclusion  (donc  il  en  est  ainsi).  Les  raisons  (ou  moyens 
termes)  sont  de  trois  sortes  ;  à  leur  tour  les  fautes  de  syl- 
logisme sont  de  six  espèces,  qui  elles-mêmes  comportent 
plusieurs  subdivisions,  etc.  Il  serait  trop  long  d'entrer  ici 
dans  tous  ces  détails. 

c.  h' induction  far  analogie  est  proprement  le  fait  de 
mettre  un  nom  sur  un  objet.  L'opération  est  ainsi  dé- 
crite :  quelqu'un  qui  ne  sait  pas  ce  que  c'est  qu'un  rhi- 
nocéros a  entendu  dire  à  un  chasseur  que  c'était  un  ani- 
mal de  la  taille  d'un  petit  éléphant  avec  une  corne  sur  le 
nez  :  cette  description  lui  est  restée  dans  la  mémoire,  et 
un  jour,  dans  la  forêt,  apercevant  un  animal  qui  y  cor- 
respond, il  connaît  :  «  c'est  là  ce  qu'on  appelle  un  rhi- 
nocéros ;  »  cette  connaissance  est  une  iipamiti. 

d.  La  parole  est  la  sentence  d'une  personne  digne  de 
foi  ;  une  personne  digne  de  foi  est  celle  qui  dit  la  vérité  ; 
une  sentence  est  une  collection  de  mots;  un  mot,  c'est  un 
son  articulé  qui  a  un  sens  ;  le  rapport  des  mots  et  de 
leur  sens  respectif  est  d'institution  divine.  Pour  qu'une 
sentence  soit  compréhensible,  il  faut  que  les  mots  qui  la 
composent  soient  :  i^  subordonnés  l'un  à  l'autre  ;  2^  com- 
patibles entre  eux  et  3°  énoncés  à  intervalles  rapprochés. 
Il  y  a  deux  sortes  de  parole  :  la  sacrée  ou  védique  et  la 
mondaine  ou  profane  ;  la  première  fait  toute  autorité  ; 
pour  la  seconde,  cela  dépend  de  celui  qui  l'énonce. 

Telles  sont  les  quatre  espèces  de  connaissance  vraie.  De 
son  côté,  la  connaissance  fansse  est  de  trois  sortes  :  4^  le 
doute,  comme  quand  on  dit  :  «  c'est  un  tronc  d'arbre  ou 
un  homme  »  ;  2"  la  méprise,  comme  quand  on  prend  de 
la  nacre  pour  de  l'argent,  et  S^l'absurdité  logique,  comme 
quand  on  dit  :  «  voilà  de  la  fumée  sans  feu,  »  proposi- 
tion qui  peut  être  immédiatement  «  réduite  à  l'absurde  », 


III.  Activité.  —  Elle  est  de  cinq  espèces  :  rélévation, 
l'abaissement,  l'expansion,  la  contraction  et  le  mouvement 
en  général. 

IV.  Générauté.  —  Elle  est  éternelle,  une,  existant  en 
plusieurs  :  elle  réside  dans  la  substance,  la  qualité  et 
l'activité.  Elle  est  de  deux  sortes,  supérieure  ou  inférieure. 
La  supérieure,  c'est  l'idée  d'être  ;  l'inférieure,  c'est  par 
exemple  l'idée  plus  restreinte  de  substance. 

V.  SpÉciFicrrÉ.  —  Les  diiférences  résident  dans  les 
atomes  subtils  des  substances,  lesquels  sont  éternels  : 
elles  s'excluent  l'une  l'autre  et  sont  sans  nombre. 

VI.  Coexistence.  —  C'est  une  relation  intime  et  per- 
pétuelle qui  existe  entre  des  couples  qui  se  supposent 
mutuellement,  comme  le  qualifiant  et  le  qualifié,  l'action 
et  l'agent,  l'espèce  et  l'individu,  etc. 

VII.  Inexistence.  —  Elle  est  de  quatre  espèces  : 
4 '^  l'inexistence  antérieure,  qui  n'a  pas  de  commencement, 
mais  qui  a  une  fin  (ex.  celle  d'un  effet  antérieurement 
à  sa  production)  ;  2^  l'inexistence  postérieure  ou  par  des- 
truction, qui  a  un  commencement,  mais  n'a  pas  de  fin  (ex.  : 
celle  d'un  effet  après  sa  destruction)  ;  3''  l'inexistence 
absolue,  à  la  fois  passée,  présente  et  future,  comme  quand 
on  dit  :  «  il  n'y  a  pas  de  pot  à  cet  endroit  ;  »  4^  l'inexis- 
tence réciproque,  comme  quand  on  dit  :  «  un  pot  n'est 
pas  de  l'étoffe.  »  Avec  cette  septième  et  dernière  catégo- 
rie, nous  avons  épuisé  la  liste  de  tous  les  objets  connus 
et  terminé  notre  tableau  général  des  choses. 

Tel  est,  d'après  Annambhatta,  le  résumé  ou  plutôt  le 
squelette  de  cette  philosophie  :  il  y  manque,  il  va  de  soi, 
dans  les  limites  qui  nous  sont  imposées  ici,  sans  parler 
de  plus  d'une  théorie  importante,  comme  par  exemple  celle 
de  la  définition,  toute  la  richesse  des  détails,  tous  les  raf- 
finements des  commentaires,  toute  la  saveur  particulière 
des  discussions  d'école,  c.-à-d.  tout  ce  qui  en  fait  la  vie, 
la  substance  et  l'intérêt.  A.  Fougher. 

NYBLOM  (Carl-Rupert),  littérateur  suédois,  néàUpsal 
le  29  mars  4832.  Il  enseigne  depuis  d860  l'esthétique  et 
la  Httérature  à  l' Université  d'Upsal.  Chargé  à  diverses  reprises 
de  missions  artistiques  et  littéraires  en  France,  en  Itahe,  en 
Finlande,  en  Allemagne,  en  Hollande  et  en  Belgique,  il  a  rap- 
porté de  ses  voyages  et  de  ses  séjours  de  nombreuses  et 
remarquables  études  sur  l'art  et  la  littérature  de  ces  divers 
pays  :  Eludes  d'art  à  Paris  (4863),  De  l'Art  antique 
et  de  sa  régénération  (4864),  Tableaux  d'Italie  des- 
sinés par  Carlino  (4864,  remanié  en  4883  sous  le  titre  : 
Un  an  au  Midi),  Etudes  esthétiques  (4873  et  4884),  etc. 
Il  a  publié  en  outre  plusieurs  volumes  de  vers,  qui  se 
distinguent  par  la  perfection  de  la  forme.  Il  a  excellem- 
ment traduit  les  Mélodies  irlandaises  de  Moore,  les  Son- 
nets de  Shakespeare  et  d'autres  auteurs  anglais  ou  italiens, 
et  a  écrit  sur  plusieurs  écrivains  et  artistes  suédois  de 
bonnes  études  (Sergel,  Lindblad,  Runeberg,  Nybom,  etc.) . 
Il  a  contribué  à  la  reconstruction  de  la  cathédrale 
d'Upsal.  Th.  C. 

NYBLOIVI  (Hélène-Augusta),  femme  de  lettres  danoise 
et  suédoise,  femme  du  précédent,  née  à  Copenhague  le 
7  déc.  4843.  Fille  du  peintre  danois  Jœrgen  Koed,  elle 
voyagea  avec  lui  en  Angleterre,  en  France  et  en  Italie 
(1864-62),  où  elle  fit  connaissance  de  C.-R.  Nyblom, 
qu'elle  épousa  en  4864.  Elle  a  publié  des  charmantes 
Nouvelles  en  danois,  bientôt  traduites  en  suédois  et  en 
allemand.  Ses  Poésies,  composées  en  danois  (4884  et 
4886)  révèlent  un  don  poétique  rare.  On  lui  doit  aussi 
plusieurs  Etudes  d'art  et  de  littérature  (Ibsen,  de  Amicis, 
Turgenief,  etc.).  Th.  C. 

NYBORG.  Ville  danoise,  bâtie  sur  un  golfe  du  Grand 
Belt,  à  30kil.  d'Odense;  8.755  hab.  (4890).  Nyborg, 
autrefois  résidence  royale,  a  un  bon  port.  L'industrie  et 
le  commerce  y  sont  assez  développés. 

NVCTAGINACÉES  (Bot.)  {NijctaginaceœA.RÏdi,,  Nyc- 
tagineœ  Juss.).  Famille  de  plantes  Dicotylédones  apétales, 
dont  les  représentants,  propres  pour  la  plupart  aux  régions 
tropicales  du  nouveau  monde,  rares  sur  l'ancien  continent, 


sont  des  herbes  annuelles  ou  vivaces,  à  racines  parfois 
charnues-tubéreus'es,  ou  des  arbrisseaux,  quelquefois  sar- 
menteux;  les  feuilles  sont  simples,  entières,  opposées,  ra- 
rement alternes,  sans  stipules  ;  les  fleurs,  en  général  her- 
maphrodites, axillaires  ou  terminales,  sont  solitaires  ou 
groupées,  dans  un  involucre  caliciforme,  monophylle  ou 
polyphylle,  qui  présente  souvent  des  couleurs  éclatantes  ; 
le  périanthe  pétaloide,  également  coloré,  est  tubuleux,  à 
limbe  élargi  en  coupe  ou  en  entonnoir,  à  5  divisions,  in- 
dupliquées-tordues.  Los  étamines,  ordinairement  au  nombre 
de  5,  alternes  avec  les  divisions  du  périanthe  et  de  lon- 
gueur inégale,  avec  une  anthère  courte,  biloculaire,  sont 
ijisérées  sur  une  sorte  de  disque  glanduleux  qui  entoure 
l'ovaire  libre.  Celui-ci  est  uniloculaire  et  surmonté  d'un 
style  grêle,  à  sommet  capité  et  ramifié.  Il  renferme,  vers 
la  base,  un  placenta  que  surmonte  un  ovule  unique,  as- 
cendant, anatrope,  à  micropyle  inférieur.  Le  fruit  sec, 
akène  ou  plutôt  caryopse,  est  enveloppé  en  partie  par  l'in- 
volucre  et  complètement  par  la  base  accrescente  et  per- 
sistante du  tube  du  périanthe,  de  manière  à  constituer  une 
sorte  de  péricarpe  crustacé.  La  graine  renferme  un  em- 
bryon recourbé  sur  lui-même  et  pourvu  de  cotylédons  fo- 
liacés entourant  un  albumen  farineux  central.  —  On  connaît 
une  douzaine  de  genres  de  Nyctaginacées,  parmi  lesquels  : 
Mirabilis  L.,  Boerhaavia  L.,  Abronia  Juss.,  Pisonia 
Plum.,  Boldoa  CnY.,  Bougainuillea Commers.,  etc.,  dont 
un  grand  nombre  possèdent  des  propriétés  purgatives. 

D^'  L.  Hn. 
NYCTALOPIE  (Méd.).  Ce  mot,  qui  est  employé  par 
({iielques  auteurs  pour  désigner  la  cécité  nocturne  ou  Af'- 
m'ralopie  (V.  ce  mot),  doit  en  réalité  désigner  tout  le 
contraire.  Les  nyctalopes  voient  mieux  dans  l'obscurité 
ou  du  moins  dans  la  demi-obscurité.  Cette  anomahe  delà 
vision  s'observe  ordinairement  dans  l'albinisme,  la  my- 
driase,  le  colobome  de  l'iris  et  dans  quelques  affections 
(lu  nerf  optique  et  de  la  rétine.  Arlt  décrit  une  rétinite 
nyctalopique  dans  laquelle  la  nyctalopie  constitue  le  symp- 
tôme principal  (V.  Rétinite)  ;  dans  ce  cas,  elle  est  sans 
doute  le  résultat  d'une  hyperesthésiede  la  rétine.  Souvent 
aussi  on  observe  la  nyctalopie  dans  la  cataracte  centrale  ; 
cela  tient  à  la  dilatation  de  l'iris  dans  l'obscurité  et  à  la 
transmission  des  rayons  lumineux  par  les  parties  du  cris- 
lallin  non  atteintes  d'opacité.  D^  L.  Hn. 

NYCTÈRE  (ZooL).  Genre  de  Mammifères  Chiroptères, 
devenu  le  type  de  la  famille  des  Nycteridœ,  qui  comprend 
dos  Chauves-Souris  insectivores  à  appendices  cutanés  bor- 
dant l'ouverture  des  narines,  à  grandes  oreilles  réunies 
au-dessus  du  front  et  munies  d'un  oreillon.  Le  doigt  mé- 
dian de  l'aile  a  deux  phalanges  dont  la  première  est  étendue 
(au  repos)  en  ligne  droite  avec  le  métacarpien  ;  il  existe 
ou  non  une  courte  phalange  à  l'index.  Les  incisives  supé- 
rieures font  défaut  ou  sont  rudimentaires  au  centre  de 
l'espace  qui  sépare  les  canines.  Les  molaires,  bien  déve- 
loppées, ont  des  tubercules  pointus  disposés  en  W.  Tous 
sont  propres  à  l'Afrique,  à  l'Asie  méridionale,  à  la  Ma- 
laisie  et  à  l'Australie.  On  y  distingue  deux  sous-familles. 
Les  Megaderminœ,  avec  le  seul  genre  Megaderma,  sont 
caractérisés  par  leur  feuille  nasale  dressée,  leur  queue 
très  courte.  Le  type  du  genre  {Megaderma  spasma)  est 
une  Chauve-Souris  un  peu  plus  grande  que  la  Sérotine,  à 
oreilles  très  grandes,  largement  sondées  par  leur  bord 
interne,  à  oreillon  large  et  bifide,  à  feuille  nasale  tronquée 
carrément,  la  base  cordiforme.  Elle  habite  l'Indo-Chine 
et  la  Malaisie  jusqu'à  Ternate.  Lei¥.  gigas  est  une  grande 
et  belle  espèce  récemment  découverte  dans  leN.  de  l'Aus- 
tralie. Le  M.  lyra  est  de  l'Inde,  les  M.  cor  et  frons  de 
l'Afrique  chaude. 

La  sous- famille  des  Nycterinœ  comprend  le  seul  genre 
Nycteris  où  la  feuille  nasale  est  remplacée  par  un  sillon 
profond  ;  la  queue  est  longue,  dépassant  de  beaucoup  la 
membrane  interfémorale.  Le  Nycteris  thebaïca  est  une 
espèce  un  peu  plus  grande  que  notre  Pipistrelle,  bien  re- 
connaissable  au  sillon  profond  qui  sépare  les  deux  narines 


J33  --  NYCTAGINACEES  —  NYIR 

et  à  sa  queue,  plus  longue  que  le  corps  et  bien  dégagée 
de  la  membrane  interfémorale.  Elle  habite  l'Afrique  orien- 
tale et  remonte  jusqu'en  Egypte.  D'autres  espèces  habi- 
tent l'Afrique  méridionale  et  occidentale.  Le  N.  javanica 
représente  le  genre  dans  la  région  orientale,  à  Java  et  à 
Malacca.  -  E.  Trouessart. 

NYCTEREUTES  (Zool.)  (V.  Chien,  t.  XI,  p.  2). 

NYCTICÈBE  (Zool.)  (V.  Loris). 

NYCTICÉE  (Zool.)  (V.  Yespertilion). 

NYCTINE  (Zool.)  (V.  Molosse). 

NYCTIORNITHINES  (Zool.)  (Y.  Guêpier). 

NYCTIPITHÈQUE  (Zool.).  Genre  de  Singes  américains 
présentant  les  caractères  suivants  :  incisives  inférieures 
verticales  ;  queue  longue  non  préhensile  ;  pouce  bien  dé- 
veloppé; tète  ronde;  orbites  très  larges  séparés  par  une 
cloison  étroite;  narines  moins  séparées  que  chez  les  autres 


Nyctipithèque  {Nyctipithecus  vociferans). 

Singes  américains.  —  Les  Ouistitis  exceptés,  ce  sont, 
avec  les  Saimiris,  les  plus  petits  Singes  américains  ;  on 
les  désigne  au  Brésil  sous  le  nom  de  Douroiicoulis.  Leurs 
grands  yeux  de  chat  indiquent  des  habitudes  nocturnes. 
D'après  Bâtes  qui  les  a  observés  sur  les  bords  de  l'Ama- 
zone, ces  petits  Singes  dorment  le  jour  dans  des  trous 
d'arbre  et  n'en  sortent  qu'à  la  nuit  pour  chercher  les 
insectes  et  les  fruits  dont  ils  se  nourrissent.  Leur  phy- 
sionomie est  plutôt  celle  d'un  chat  ou  d'une  chouette  que 
celle  d'un  Singe,  et  rappelle  aussi  certains  Lémuriens, 
leur  face,  à  museau  peu  saillant,  étant  encore  élargie  par 
un  collier  de  poils  blancs.  Le  Nyctipithecus  trivirgatus, 
déjà  signalé  par  Humboldt,  a  la  taille  d'un  chat  de  six 
mois,  et  son  pelage  est  agréablement  varié  de  gris,  de 
noir,  d'orangé  et  de  blanc.  Sa  voix  est  forte  et,  d'après 
Humboldt,  rappelle,  pendant  la  nuit,  le  cri  du  jaguar.  Il 
habite  la  Guyane  et  l'Amazonie  jusqu'au  Pérou.  Des  espèces 
assez  voisines  habitent  plus  au  N.  ;  tels  sont  le  N.  ru- 
fipes  du  Nicaragua  et  le  N.  vociferans  de  Costa  Rica  et 
de  Colombie.  Au  contraire  le  N.  Azarce  est  plus  méri- 
dional :  on  le  trouve  en  Bolivie  et  même  dans  le  N.  de 
l'Argentine,  sur  les  bords  du  Rio  Paraguay  (Y.  Cébiens 
et  Singe).  E.  Trouessart. 

NYCTITHÉRIUIVI  (Zool.)  (Y.  Yespertilion). 

NYCTOPHILE  (Zool.)  (Y.  Yespertilion). 

NYDALA  Kloster.  Cloître  dans  le  Smâland  (Suède), 
fondé,  dit-on,  par  des  moines  de  Clairvaux  (Clara  Vallis, 
Nova  Vallis,  Ny  dal)  en  1144.  De  riches  trésors  y  furent 
réunis,  mais  il  fut  pillé  par  Christian  II  de  Danemark,  qui 
fit  périr  tous  les  moines  qui  y  résidaient  en  les  faisant 
jeter,  les  mains  liées,  dans  le  lac  Rusken,  au  pied  du 
cloître. 

NYER.  Com.  du  dép.  des  Pyrénées-Orientales,  arr.  de 
Prades,  cant.  d'Olette;  37^  hab. 

NYIR.  Plateau  sablonneux  de  Hongrie,  au  S.  de  la 
Tisza,  occupant  4.800  kiL  q.  partagés  entre  le  comita 


NYIR  —  NYMPHE 


—  154  — 


de  Szabolis  et  celui  de  Szatmar.  Il  comprend  des  marais, 
quatre  lacs  de  natron.  11  était  jadis  couvert  de  bouleaux 
{Nyir,  en  magyar). 

NYIRBATOR.  Ville  de  Hongrie,  comitat  de  Szabolis; 
5.061  hab.  (en  1896)  magyars,  protestants.  Résidence 
patrimoniale  des  Bathori.  Tabac,  alcool. 

NYIREGYHAZA.  Ville  de  Hongrie,  cli.-L  du  comitat 
de  Szabolis  ;  27.014  hab.  (en  1890),  magyars  et  slovaques. 
Important  nœud  de  chemin  de  fer  vers  Debreczin,  Szerencs, 
Csap,  Mateszalka.  Grand  marché  agricole  de  moutons,  de 
céréales,  de  tabac. 

NYITRA  (AH.  Neittra).  Rivière  de  Hongrie,  affl,  du 
Vag,  longue  de  175  kil.,  née  au  mont  Facsko  ;  elle  traverse 
le  comitat  auquel  elle  donne  son  nom. 

NYITRA.  Ville.  —  Ville  de  Hongrie,  ch.-l.  du  comitat 
de  ce  nom,  sur  la  Nyitra  ;  13.538  hab.  (en  1890)  ma- 
gyars. La  cité  épiscopale,  avec  sa  double  cathédrale  et  son 
vieux  château,  est  bâtie  sur  un  rocher  qui  s'élève  au  milieu 
de  la  plaine  et  est  fortifiée.  La  ville  basse,  où  sont  les  mo- 
numents modernes,  est  industrielle  et  commerciale  (fa- 
rine, drèche,  alcool,  vinaigre,  instruments  agricoles).  En 
face  est  le  mont  Zobor^  couvert  de  vignes  et  de  villas. 

CoMrrAT.  —  Province  de  Hongrie,  rive  gauche  du  Da- 
nube, limitrophe  de  la  Moravie  et  du  comitat  de  Poszoni 
(Presbourg)  ;  5.742  kil.  q.  ;  396.559  hab.  (en  1890) 
slovaques,  magyars  et  allemands.  Région  montagneuse  par- 
courue par  le  Vag,  la  Marche  (Morava).  Le  sol,  sablon- 
neux à  rO.,  est  fertile  au  S.  50  7o  sont  labourés,  25  ^/o 
en  prairies.  Plusieurs  sources  minérales.  Industrie  active. 
Sucre,  alcool,  papier,  verre,  machines,  toiles  grossières. 

NYKJŒBING.  Nom  de  trois  villes  danoises  :  l'une,  sur 
la  côte  0.  de  l'île  deFalster;  6.087  hab.  (1890)?évêché; 
l'autre,  sur  la  côte  E.  de  l'île  de  Mors,  près  du  Limfjord, 
3.607  hab.  (1890)  ;  la  troisième,  sur  la  côte  N.  de  File 
de  Seeland;  1.703  hab.  (1890). 

NYKŒPING.  Ville  de  Suède,  ch.-l.  dulœn  (prov.)  de  Sœ- 
dermanland,  située  sur  les  deux  rives  de  la  Nykœpingsâ  ; 
5.949  hab.  (1891).  Ruines  de  l'ancien  château  fort  royal. 
Bonneterie,  toiles,  machines.  Le  commerce  y  est  médiocre  et 
consiste  spécialement  en  exportation  d'avoine  et  de  minerais 
de  fer.  C'est  une  très  ancienne  ville,  qui  a  joué  au  moyen 
âge  un  rôle  important  :  c'est  là  que  fut  retenu  prisonnier 
le  roi  Waldemar  et  qu'il  mourut  en  1302;  c'est  là  aussi 
que  le  roi  Birger  Magnusson  fit  périr  en  1318  ses  frères 
Erik  et  Waldemar,  dont  il  s'était  emparé  par  trahison. 
Cet  assassinat,  connu  sous  le  nom  de  Festin  de  Nykœ- 
ping  (Nykœping  gœstabud),  provoqua  un  soulèvement 
populaire  qui  renversa  le  roi.  Les  Russes  détruisirent  la 
ville  en  1719. 

NYLÂND  (Unsimaa,  en  finnois).  Prov.  de  la  Finlande, 
sur  îa  côte  S.  ;  11.814  kil.  q.;  254.313  hab.  (en  1887), 
dont  la  moitié  Suédois.  Ch.-l.  Helsingfors.  Les  cours  d'eau 
les  plus  importants  qui  la  traversent  sont  le  Karis,  le 
Borgâ,  le  Lapptraesk  et  le  Kymmene.  Le  pays  contient 
des  mines  de  fer  et  est  assez  fertile.  La  partie  à  l'E.  du 
Kvmmene  appartient  à  la  Russie  déjà  depuis  la  paix 
d'Abo  (1743). 

NY1VIE6EN  (V.  Nimègue). 

NY1V1PH>€A.  I.  Mythologie  (V.  Nymphée). 

IL  Botanique  (V.  Nénuphar  et  Nymph^acées)  . 

NYMPH/CACÉES  {Nyniphœaeeœ  Salisb.).  Famille  de 
plantes  Dicotylédones,  dont  on  trouve  des  représentants 
dans  les  eaux  douces  de  toutes  les  parties  du  monde.  Ce 
sont  des  herbes  vivaces,  à  gros  rhizomes  souten^ains  cou- 
verts de  cicatrices,  à  feuilles  alternes,  de  forme  variable, 
soit  submergées  et  alors  très  découpées  chez  les  Cabomha 
et  genres  voisins,  soit  flottantes  et  alors  de  forme  arron- 
die, peltée,  cordée,  ou  pliées  en  forme  de  cornet,  etc.  Les 
Heurs  s'épanouissent  à  la  surface  de  l'eau.  Les  pétales  et 
les  élamines,  très  nombreux  en  général,  sont  insérés  sui- 
vant une  spirale  continue.  L'ovaire,  libre,  renferme  un 
grand  nombre  de  carpelles  multilocul aires  à  loges  multi- 
ovulées.  Le  fruit,  charnu,  est  indéhiscent  ;  les  graines  sont 


renfermées  dans  une  enveloppe  succulente  ;  l'embryon  est 
droit,  avec  la  radicule  dirigée  vers  le  hile.  —  H.  Bâillon 
divise  les  Nympha^,acées  en  trois  séries,  ou  en  quatre,  si 
l'on  y  comprend  les  Sarracénées:  1°  Cabombées.  Fleurs 
trimères.  Carpelles  libres  insérés  sur  un  réceptacle  con- 
vexe. Ovules  en  petit  nombre,  insérés  dans  l'angle  interne 
des  ovaires  (disposition  rappelant  les  Alismacées).  Double 
album-en  autour  de  l'embryon.  Genre  :  Cabomha  Aubl. 
—  2*^  Nélumbées.  Fleurs  4-5-mères.  CarpeUes  Ubres, 
entourés  par  le  réceptacle  accru,  qui  isole  chacun  d'eux 
dans  une  cavité  particuhère.  Ovules  1,2,  insérés  en  haut 
de  l'angle  interne  des  ovaires  (analogues  des  Renonculées). 
Albumen  nul.  Genre  :  Nelnmbo  T.  —  3°  Nymph^ées. 
Fleurs  4-5-mèrés.  Cai'pelles  unis  sur  la  surface  convexe 
ou  concave  d'un  réceptacle  commun.  Ovules  en  nombre 
indéfini  insérés  sur  les  parois  latérales  des  loges  ovariennes 
(analogues  des  Lardizabalées,  Podophyllées,  etc.).  Albu- 
men double.  Genres  :  Nupha?-  Sm.  Nymphœa  L.,  Ba?^- 
elaya  Wall.,  Eui^yale  Salisb.  —  ¥  Sarracénées.  Fleurs 
4-5-mères.  Carpelles  unis  en  un  ovaire  partagé  complè- 
tement ou  incomplètement  en  loges  peu  nombreuses, 
miiltiovulées,  analogues  des  Papavéracées,  etc.,  albumen 
simple.  Genres  :  Sarracena  T.,  DarlingtoniaTorv.,  etc. 

Les  Nymphgeacées  forment,  à  certains  égards,  la  transi- 
tion des  Monocotylédones  aux  Dicotylédones,  par  exemple 
par  l'inégalité  de  leurs  deux  cotylédons.  Il  faut  aussi  re- 
marquer que  les  faisceaux  caulinaires  des  plantes  de  cette 
famille  sont  dénués  de  cambium  et  se  comportent  comme 
ceux  des  Monocotylédones  ;  au  point  de  vue  phylogénique, 
Saporta  et  Marion  voient  là  plutôt  un  retour  vers  un  état 
originaire  qu'un  résidu  de  cet  état.  Il  paraît  bien  établi, 
d'autre  part,  quelesNymphaeacées,  demême  que  lesNaia- 
dées,  ont  fait  retour  au  milieu  primitif  aquatique,  à  la  suite 
d'une  vie  terrestre  plus  ou  moins  longue,  dont  elles  ont 
gai'dé  l'empreinte.  Le  genre  Nelumbium  apparaît  le  pre- 
mier dans  la  craie  ;  Saporta  a  trouvé  le  N.  provinciale 
dans  la  craie  campanienne  de  Provence.  Dans  l'éocène  d'Aix, 
les  premiers  types  de  Nymphœa  font  leur  apparition,  et  on 
retrouve  des  NymphcBa  dans  l'oMgocène  à  côté  des  ISelmn- 
hiuin.  Enfin  l'étude  des  tufs  calcaires  de  Cannstadt  prouve 
que  dans  la  flore  quaternaire,  si  semblable  à  la  flore  ac- 
tuelle de  l'Europe  centrale,  existaient  des  espèces  sem- 
blables aux  Nuphai'  et  aux  ISymphœa  actuels.    D^  L.  Hn. 

NYMPH^EUWI  (Archéol.)  (V.  Nymphée). 

NYMPHALE  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Lépidoptères- 
Rhopalocères,  établi  parLatreille  {Eist.  nat.  Crust.  Ins., 
XIV,  p.  82)  et  qui  a  donné  son  nom  au  groupe  des  Nym- 
phalides.  Les  Nymphalides  comprennent  les  Vanesses, 
les  Argynnes,  les  Apatures,  les  Satyres.  Le  genre  Nym- 
phalis  est  composé  de  beaux  papillons  (V.  Danaïs)  répan- 
dus sur  toute  la  surface  du  globe,  avec  prédominance  dans 
les  pays  chauds.  Les  chenilles  sont  en  forme  de  limace  ;  le 
dernier  anneau  est  aplati  et  terminé  en  queue  de'poisson  ; 
la  tête  est  ornée  de  cornes.  Le  N.  {Limenitis)  popiilih., 
d'un  brun  velouté  avec  deux  rangées  de  taches  blanches, 
vit,  à  l'état  de  chenille,  sur  les  jeunes  trembles.  On  le 
trouve  en  France  et  en  Allemagne. 

NYMPHE.  I.  Mythologie.  —  Le  mot  nymphe  est  à 
rattacher  au  même  radical  que  nuhere  et  signifie,  d'une 
façon  générale,  femme.  Dans  la  mythologie  gréco-romaine, 
il  sert  à  désigner  un  ensemble  de  personnifications,  qui,  sous 
une  forme  gracieuse  et  animée,  expriment  la  vie  de  la  nature 
champêtre,  les  sources  vives  et  jaillissantes,  la  végétation 
luxuriante  des  forêts,  l'ombre  fraîche  des  grottes,  la  verdure 
fleurie  des  prés.  Ces  personnifications  sont  des  divinités 
d'ordre  inférieur,  mais  leur  généalogie  les  rattache  aux 
grands  dieux,  àZeusou  à  Oceanos,  qui,  tous  deux,  sont  ap- 
pelés leur  père,  à  la  Terre  qui  est  leur  mère.  L'imagina- 
lion  des  Grecs  se  les  représentait  sous  les  traits  de  jeunes 
filles,  d'une  beauté  ravissante,  qui  animent  de  leurs  danses 
et  de  leurs  chants  les  montagnes  et  les  bois,  prennent 
leurs  ébats  au  sein  de  la  mer,  peuplent  les  bords  des  ruis- 
seaux et  des  lacs,  ou  font  leur  résidence  dans  les  antres 


155  — 


NYMPHE 


qui  sont  à  la  tête  des  fleuves.  Les  Nymphes  de  la  mer  sont 
appelées  Océanides  ou  Néréides,  suivant  qu'on  les  fait 
descendre  d'Oceanos  ou  de  Ncrée.  Leurs  noms  expriment 
les  aspects  pittoresques  et  multiples,  les  énergies  et  les 
séductions  de  l'élément  où  elles  habitent;  Amphitrite, 
épouse  de  Poséidon,  est  une  Néréide,  et  les  Tritons  sont 
leurs  compagnons  ou  leurs  frères.  Sur  des  chars  attelés 
de  Tritons  ou  sur  le  dos  des  dauphins  et  des  hippocampes, 
elles  parcourent  les  flots,  s'intéressent  aux  exploits  des 
héros  navigateurs,  viennent  au  secours  des  naufragés  et 
parfois  aussi  se  vengent  des  femmes  mortelles,  qui  leur 
ont  contesté  la  suprématie  de  la  beauté,  en  évoquant  contre 
elles  des  monstres  marins. 

Sur  la  terre  ferme  oti habitent  les  Nymphes  proprement 
dites,  elles  s'appellent  iVfl^mfc,  quand  elles  président  à  la 
vie  des  sources,  des  rivières  et  des  lacs,  Oréades  quand 
elles  peuplent  les  sohtudes  des  montagnes,  Dryades  et 
Hamadryades  lorsqu'elles  incarnent  la  force  végétative 
des  arbres  dans  les  bois.  La  distraction  qui  leur  est  com- 
mune à  toutes,  parce  qu'elle  exprime  le  mieux  leur  nature 
légère  et  gracieuse,  c'est  la  danse  ;  on  les  voit  également 
occupées  à  filer  ou  à  tisser  des  vêtements,  à  soigner  les 
abeilles  dans  leurs  ruches  et  à  puiser  dans  les  fontaines 
avec  des  cruches  à  anses  et  des  cratères  :  c'est  ainsi  qu'Ho- 
mère, à.dimV  Odyssée,  dépeint  les  Nymphes  de  l'île  d'Ithaque  : 
Pénélope,  la  fileuse,  n'est  que  la  plus  éminente  d'entre 
elles. 

Mais  ces  Nymphes  terrestres,  personnifications  de  la  vie 
riante,  qui  se  manifeste  par  les  phénomènes  de  la  végé- 
tation sous  l'action  des  eaux,  sont  aussi  à  l'occasion  des 
agents  de  guérison  par  la  vertu  des  plantes  et  des  sources, 
des  prophétesses  qui  rendent  des  oracles  et  même  des  di- 
vinités de  l'inspiration  poétique,  puisque,  sur  l'Hélicon  et 
au  pied  du  mont  Olympe,  la  religion  des  Muses  n'a  été 
d'abord  qu'une  forme  cle  celle  des  Nymphes.  Les  Oréades 
sont  déterminées  à  la  fois  par  l'idée  des  grottes  monta- 
gneuses, des  sources  qui  s'en  échappent,  et  par  les  dis- 
(ractions  de  la  chasse,  les  courses  infatigables  à  travers 
les  hallicrs  et  les  rochers  ;  de  même  les  Naïades,  par  les 
occupations  plus  calmes  de  la  vie  pastorale  et  rustique. 
Les  Ménades  elles-mêmes  ne  sont  que  les  Nymphes  de 
Bacchus,  avec  le  caractère  animé  et  le  véhément  enthou- 
siasme qui  est  le  propre  de  tout  l'entotirage  de  ce  dieu  ; 
ce  sont,  du  reste,  les  Nymphes  qui  se  sont  chargées  de 
l'éducation  du  dieu  dans  les  grottes  parfumées  de  Nysa  ; 
et  lorsque,  dans  sa  force  juvénile,  il  parcourt  les  bois, 
elles  l'accompagnent  de  leurs  ébats  et  de  leurs  chants.  Les 
Oréades  sont  les  compagnes  d'Artémis-Diane,  comme  les 
Naïades  font  surtout  partie  du  cortège  d'Apollon  pasteur 
ou  d'Hermès-Mercure.  Quant  aux  Dryades  et  Hamadryades, 
c'est  en  elles  que  s'incarne  la  vie  des  grands  arbres  au 
fond  des  bois  ;  un  hymne  homérique  raconte  de  celles  du 
mont  Ida  que  les  hêtres  et  les  chênes  sont  leurs  sanctuaires, 
([u'il  n'est  permis  à  personne  de  violer  ces  arbres  et  que 
ceux-ci  naissent  et  meurent  avec  elles.  Quoique  divines, 
elles  ne  sont  pas,  en  effet,  immortelles,  mais  leur  durée 
dépasse  neuf  fois  celle  du  palmier  qui  lui-même  vit  trois 
fois  plus  qu'un  corbeau,  lequel  dépasse  quatre  fois  la  vie 
d'un  cerf,  etc.  De  là  les  fables  qui  veulent  qu'une  Nymphe 
ait  sauvé  la  vie  de  l'arbre  à  laquelle  la  sienne  propre  est 
attachée,  en  accordant  son  amour  ;  ou  aussi  qu'elle  venge 
sur  une  race  tout  entière  le  dommage  causé  à  l'arbre  sacré 
par  quelque  mortel  ;  dans  VIliade,  les  Oréades  elles-mêmes 
plantent  des  ormeaux  sur  un  tertre  funéraire. 

Ces  Nymphes  sont  l'objet  de  l'amour  des  dieux  qui  en- 
fantent avec  elles  des  héros  et  des  rois  ;  et  même  les 
hommes  des  générations  primitives,  ancêtres  et  fondateurs, 
ont  obtenu  leurs  faveurs.  Ainsi  les  légendes  ont  rattaché 
aux  Nymphes  les  origines  d'un  grand  nombre  de  peuples 
ou  d'illustres  familles.  Dans  le  récit  de  ces  amours  ne 
manquent  pas  les  épisodes  d'une  grâce  idylHque  ni  quel- 
quefois les  complications  tragiques  ;  c'est  le  cas  de  la  lé- 
gende de  Daphnis,  berger  sicilien,  ou  celui  des  amours 


de  Narcisse  et  d'Echo.  Souvent  aussi  les  Nymphes  frappent 
de  délire  ceux  qui  les  offensent  ou  les  trompent  :  on  ap- 
pelait ces  victimes  en  grec  vjfjLcpdXrjTCToi  et  en  latin  hjïn- 
phaiici,  par  une  identification  du  mot  lympha  avec  celui 
de  nymphe  que  la  linguistique  n'a  pas  confirmée.  —  Le  culte 
des  Nymphes  a  un  caractère  naïf  et  simple  ;  on  leur  offre 
des  agneaux  et  des  chèvres,  du  lait,  de  l'huile  et  du  vin  ; 
on  leur  consacrait  les  grottes  qui  par  elles-mêmes  se 
trouvaient  être  leurs  sanctuaires  dans  la  religion  primi- 
tive ;  plus  tard,  on  leur  élevait  des  Nymphéa,  monuments 
qui  n'étaient  que  des  grottes  artistiques,  rappelant  leur 
destination  première  en  ce  qu'elles  servent  d'ordinaire  de 
réservoirs  ou  de  châteaux  d'eau.  Ainsi  Théagène,  tyran 
de  Mégare,  construisit  une  sorte  de  temple  orné  de  colonnes 
où  s'écoulait  l'eau  des  Nymphes  Sithniennes  ;  Zeus  avec 
l'une  d'entre  elles  avait  enfanté,  disait-on,  Megaros,  le 
héros  éponyme  du  pays  et  l'ancêtre  prétendu  de  Théagène. 
L'être  des  Nymphes  est  assez  nettement  déterminé  par  la 
poésie  pour  que  l'art  n'ait  eu  aucune  peine  à  en  tirer  des 
figures  aussi  variées  d'aspect  et  de  fonctions  qu'elles  sont 
naturellement  gracieuses  ;  l'on  peut  dire  que  le  charme 
des  représentations  qui  en  sont  issues  et  qui  contribuent 
pour  une  si  grande  part  à  varier  les  sujets  en  honneur 
dans  la  céramique  à  figures  rouges  ou  polychromes,  est 
demeuré  inépuisable  :  les  artistes  de  tout  ordre,  depuis  la 
Renaissance  jusqu'à  nos  jours,  ont,  en  effet,  exploité  la 
conception  hellénique  des  Nymphes  au  moins  autant  que 
ceux  de  l'antiquité.  J.-A.  Hïld. 

II.  Entomologie  (V.  Métamorphose). 

III.  Anatomie.  —  Les  nymphes  ou  petites  lèvres  sont 
deux  repUs  cutanés,  d'aspect  muqueux  et  chagriné,  greffés 
sur  la  face  interne  des  grandes  lèvres.  Leur  bord  adhérent 
se  continue  en  dehors  avec  la  peau  de  la  grande  lèvre  coi'- 
respondante,  en  dedans  avec  la  muqueuse  du  vestibule  du 
vagin.  Leur  bord  libre  est  souvent  denticulé,  ce  qui  fait 
que  Boyer  avait  comparé  la  forme  des  petites  lèvres  à 
une  crête  de  coq.  Leur  extrémité  antérieure  se  bifurque 
pour  embrasser  le  chtoris  auquel  elle  forme  un  capuchon, 
prépuce  du  clitoris,  qui  no  recouvre  que  la  demi-circon- 
férence supérieure  du  phallus  féminin.  Los  branches  de 
bifurcation  inférieures  droite  et  gauche  s'unissent  à  la  face 
inférieure  du  même  organe  pour  constituer  le  frein  (frein 
du  clitoris).  L'extrémité  postérieure  des  nymphes  se  perd 
en  mourant  à  la  face  interne  des  grandes  lèvres.  Très 
rarement,  elles  se  prolongent  suflisamment  en  arrière  pour 
se  réunir  et  former  en  dedans  des  grandes  lèvres  un  anneau 
complet.  Elles  sont  encadrées  dans  l'aire  des  grandes 
lèvTes  ou  les  dépassent  selon  les  femmes.  Dans  le  premier 
cas,  elles  sont  rosées  ;  dans  le  second,  brunâtres.  Chez  les 
Hottentotes,  elles  acquièrent  d'énormes  dimensions  et  sor- 
tent de  la  vulve  où  elles  constituent  le  tablier  de  cette 
race  humaine. 

Leur  structure  est  celle  de  la  peau  modifiée  comme 
partout  où  la  peau  rentre  dans  les  orifices  naturels.  Son 
chorion  est  papillaire  et  se  trouve  doublé  d'un  épithélium 
pavimenteux  stratifié,  analogue  à  celui  qui  constitue  l'épi- 
derme.  Elles  contiennent  des  glandes  sébacées  et  des  cor- 
puscules du  tact  (corpuscules  de  la  volupté).  Leurs  artères 
viennent  des  rameaux  de  la  honteuse  interne  ;  leurs  veines 
sont  volumineuses  et  forment  un  plexus  qui  se  continue 
avec  ceux  du  clitoris  et  du  bulbe  du  vagin  ;  leurs  lym- 
phatiques vont  aux  ganglions  de  Faine  et  leurs  nerfs  sont 
fournis  par  le  nerf  honteux  interne.  Elles  dérivent  des 
bords  de  la  gouttière  uro-génitale  (partie  préurélrale 
du  vestibule),  tandis  que  les  grandes  lèvres  dérivent  des 
bourrelets  génitaux.  Les  anciens  les  ont  appelées  nymphes 
parce  que,  étant  situées  à  droite  et  à  gauche jiu  méat  uri- 
naire,  ils  avaient  pensé  qu'elles  étaient  destinées  à  diriger 
le  jet  de  l'urine.  Ch.  Debierre. 

IV.  Ordres.  —  Ordre  des  Ciip:valiers  et  des  Nymphes 
DE  LA  Rose.  —  Sous  forme  d'ordre  chevaleresque,  c'était 
une  association  de  compagnons  de  plaisir  fondée  en  1780 
par  Louis-Pbflippe- Joseph  d'Orléans,   duc  de  Chartres 


NYMPHE  -  NYONS 


IS 


(Philippe-Egalité).  Certains  y  ont  vu  une  pensée  poli- 
tique. 

BiBL.  :  Mythologie.  —  Preller,  Griechische  Mytho- 
logie, I,  p.  593,  2«  édit.,  etpassim.— Welcker,  Griechische 
Gœtterlehre,  I,  pp.  656  et  suiv.  ;  III,  48  et  suiv.  —  Lehrs, 
Popiilâren  Aiifsâtze^  pp.  91  et  suiv.  —  O.  Mûllee, 
Handbuch  des  Archœologie,  §  403,  etc.  ~  Curtius,  Die 
Plastik  der  Hellenen  an  Quellen  iind  Drunneïi ;  Berlin,  187(5. 

NYMPHÉE  (Antiq.  grec,  et  rom.).  On  appelait  de  ce 
nom  des  monuments  en  rapport  avec  le  culte  des  Nymphes, 
ayant  à  la  fois  le  caractère  d'un  temple  et  d'un  château 
d'eau  ;  l'idée  première  en  était  tirée  des  grottes  naturelles 
que  l'opinion  consacrait  aux  Nymphes.  L'exemple  le  plus 
anciennement  connu  est  celui  du  monument  de  Mégare, 
élevé  par  Théagène  aux  Nymphes  locales,  dont  il  se  van- 
tait de  descendre.  Strabon  dit  que  toute  la  région  de 
l'Arcadie  était  pleine  de  monuments  en  l'honneur  d'Ar- 
témis,  d'Aphrodite  et  des  Nymphes,  et  que  ces  monuments 
s'élevaient  dans  des  bosquets  humides  et  fleuris.  On  a 
supposé  que  les  nymphœa  élevés  par  l'art  étaient  une 
imitation  des  grottes  de  stalactites  ;  ceux  qui,  à  l'exemple 
des  Grecs,  furent  construits  par  les  Romains,  étaient  d'or- 
dinaire des  rotondes,  ornées  de  statues  et  de  peintures  ; 
ils  étaient  placés  sous  la  protection  des  Nymphes  et  dis- 
posés, dans  certaines  de  leurs  parties,  pour  servir  de  réser- 
voirs, d'oîi  l'eau  se  distribuait  par  les  quartiers,  dans 
d'autres  pour  ofi'rir  un  lieu  de  réunion,  où  se  célébraient 
surtout  les  cérémonies  nuptiales  ;  on  en  cite  à  Corinthe, 
à  Antioche,  à  Byzance  ;  Rome  en  possédait  plusieurs.  On 
vient  de  découvrir  à  Gennes,  près  de  Saint-Maur  (Maine- 
et-Loire),  les  restes  d'un  nymphœum  très  considérable  : 
c'est  une  demi-rotonde  avec  colonnade,  flanquée  de  deux 
salles  rectangulaires  de  49  m.,  le  tout  d'une  longueur  de 
50  m.  ;  la  rotonde  était  ornée  de  cinq  statues.  C'est  le 
monument  le  plus  curieux  en  ce  genre  qui  ait  été  décou- 
vert hors  de  Rome.  J.-A.  Hild. 

NYMPHENBURG.  Village  de  Bavière,  à  l'O.  de  Munich  ; 
3.694  hab.  Château  royal  de  1663,  dont  la  galerie  de  ta- 
bleaux a  été  écrémée  au  profit  de  la  Pinacothèque  de  Mu- 
nich. On  y  transféra  en  4758  la  fabrique  de  porcelaine 
de  Naudeek,  dont  la  marque  était  M.  V.  avec  le  bouclier 
bavarois  en  losange;  elle  fabriquait  des  services  de  table 
et  des  figurines.  Beau  jardin  en  style  français,  avec  plu- 
sieurs pavillons  de  plaisance. 

Le  traité  de  Nymphenburg  du  28  mai  4741  fut  conclu 
par  l'électeur  Charles- Albert  avec  l'Espagne,  au  début  de 
la  guerre  de  succession  d'Autriche,  pour  attribuer  à  la 
Bavière  une  fraction  des  possessions  allemandes,  à  l'Es- 
pagne les  possessions  italiennes  des  Habsbourg.  L'Autriche 
mit  en  circulation  un  faux  traité  du  18  mai,  prétendument 
conclu  entre  la  France  et  l'électeur,  pour  le  partage  des 
possessions  autrichiennes  et  des  agrandissements  de  la 
France  aux  dépens  de  l'Allemagne.  Ce  faux  grossier  fit 
passer  l'électeur  pour  traître  à  l'empire.  Un  autre  traité 
réglant  la  succession  palatine  fut  signé  à  Nymphenburg, 
le '5  sept.  1766,  entre  la  Bavière,  le  Palatinat  et  les  Deux- 
Ponts.  A.-M.  B. 

BiBL,  :  Remlein,  Nymphenburg  s  Vergangenheit  und  Ge- 
genvart;  Munich,  1885,  2«  éd.  —  ÎIeigel,  Das  œsterr.  Erb- 
folgestreît  und  die  Kaiserwahl  Karls  YIJ  ;  î^œrdlingen, 
1877.  —  Droysen,  Abhandlungen  zur  deutschen  Gesch.  ; 
Leipzig,  1876. 

NYWIPHODORE  (NuixcodScapo;),  de  Syracuse,  chroni- 
queur grec  du  m«  siècle.  Il  avait  composé  des  ouvrages  sur 
les  Merveilles  de  la  Sicile  (:t£pitl5v  Iv  SixsXi'a  6au{xa^o- 
(xevwv),  sur  les  Législations  barbares  (vdfxtfxa  pap6a- 
pt/a,  en  trois  livres  au  moins),  et  un  Périple  ou  descrip- 
tion des  côtes  de  la  Méditerranée.  Tous  sont  perdus.  Une 
mauvaise  leçon  de  manuscrit  est  cause  qu'on  a  cru  devoir 
le  distinguer  d'un  soi-disant  Nymphodore  d'Amphipolis  ; 
mais  le  fait  est  qu'il  exerça  à  Syracuse  la  magistrature 
nommée  à^icp^i^oKa.  —  Les  fragments  de  ses  écrits  se 
trouvent  dans  les  Fragmenta  historicorum  grœcorum 
de  la  collection  Didot  (t.  II,  pp.  375  et  suiv.). 


NYMPHOMANIE  (Path.).  Variété  de  délire  erotique 
propre  à  la  femme  et  consistant  en  une  exaltation  exces- 
sive et  morbide  de  l'appétit  vénérien.  Elle  relève  le  plus 
souvent  d'une  névrose  générale,  mais  c'est  de  l'appareil 
sexuel  atteint  d'une  manière  primitive  ou  secondaire  que 
dépendent  les  principaux  symptômes.  Les  causes  qui  pro- 
duisent cette  affection  sont  :  A.  cérébrales  ;  B.  génitales. 
A.  On  l'observe  dans  diff'érentes  formes  d'aliénation  men- 
tale, telles  que  la  période  de  début  de  la  paralysie  générale, 
la  folie  hystérique,  la  manie  simple  ou  épileptique,  l'im- 
bécillité, l'idiotie.  On  la  rencontre  également  chez  les 
femmes  à  imagination  vive  à  la  suite  de  lectures  erotiques, 
d'attachements  romanesques  contrariés,  etc.,  en  dehors  de 
toute  folie  préexistante.  B.  Les  causes  génitales  sont  toutes 
celles  qui  peuvent  déterminer  une  irritation  locale  des 
organes  sexuels,  telles  que  :  excès  vénériens,  pratiques 
solitaires,  etc.,  affections  cutanées  provoquant  une  déman- 
geaison insupportable  du  côté  des  organes  génitaux,  les 
parasites  du  rectum,  de  la  vulve,  les  altérations  orga- 
niques du  vagin,  de  l'utérus,  des  ovaires.  —  A  tous  les 
âges  on  a  pu  observer  des  cas  de  nymphomanie;  il  existe 
des  cas  d'enfants  de  trois  ans  et  de  femmes  de  soixante-dix 
ans.  En  général,  elle  se  manifeste  pendant  la  période 
d'activité  de  l'appareil  sexuel,  entre  la  puberté  et  l'âge 
critique.  Il  n'est  pas  rare  que  ces  malades  présentent  un 
développement  exagéré  du  clitoris. 

Symptômes.  —  A  un  premier  degré,  l'affection  est  peu 
marquée  ;  elle  est  due  à  une  cause  locale,  à  une  affection 
cutanée  ;  la  femme  peut  réussir  à  dominer  ses  ardeurs. 
A  un  degré  plus  avancé,  il  n'en  est  plus  de  même,  et  la 
malade  perd  toute  pudeur,  d'autant  plus  que  des  déman- 
geaisons intolérables  l'obligent  à  se  gratter.  Dans  la  nym- 
phomanie diOidgine  cérébrale,  il  n'existe  plus  aucune  re- 
tenue :  on  est  en  présence  d'une  folle  qui  recourt  à  tous 
les  moyens  pour  manifester  ses  ardeurs  et  les  assouvir  : 
regards  hardis,  gestes  provoquants,  propos  obscènes  tra- 
duisent la  constante  préoccupation  de  leur  esprit  ;  elles 
sollicitent  effrontément  les  faveurs  de  l'homme,  relèvent 
leurs  vêtements,  etc.  Jusque  dans  leur  sommeil  l'éréthisme 
vénérien  persiste  et  se  manifeste  par  des  rêves  lascifs. 
Parfois,  à  ces  crises  succède  une  dépression  passagère 
accompagnée  de  remords,  de  désespoir,  d'idée  de  suicide. 

Il  est  rare  que  cette  affection  soit  permanente  ;  elle  finit 
par  guérir.  Quand  elle  dépend  d'une  dermatose,  elle  en 
suit  les  variations  ;  lorsqu'elle  n'est  qu'un  symptôme  acci- 
dentel de  Faliénation  mentale,  elle  en  subit  les  alterna- 
tives. 

ÎRArrEMENT.  —  Lo  mariage  doit  être  déconseillé.  On 
prescrira  le  bromure  de  potassium  qui  donne  les  meilleurs 
résultats.  L'hydrothérapie,  les  lavages  locaux,  le  traite- 
ment de  la  maladie  occasionnelle  et  le  traitement  moral 
ne  seront  pas  négligés.  D^  Marthâ. 

BiBL.  :  Tardieu,  Etude  médico-légale  sur  la  folie. 

NYOISEAU.  Com.  du  dép.  de  Maine-et-Loire,  arr.  et 
cant.  de  Segré;  725  hab. 

NYON  (lat.  Noviodunum,  ail.  iV^W5^).  Ville  de  Suisse, 
cant.  de  Vaud,  au  bord  du  lac  de  Genève  ;  4.225  hab. 
(en  1888).  Ancien  château  des  avoués  bernois.  Auprès  est 
le  château  de  Prangins,  résidence  de  Joseph  Bonaparte, 
puis  du  prince  Napoléon,  fils  de  Jérôme.  —  Nyon  est  l'an- 
cienne colonie  romaine  Julia  equestris. 

NYONS.  Ch.-l.  d'arr.  du  dép.  de  la  Drôme,  sur  la  rive 
droite  de  l'Eygues  ;  3.601  hab.  Eglises  réformée  et  bap- 
tiste.  Collège.  Hospice;  orphelinat.  Sources  minérales. 
Gisement  de  lignite.  Fabriques  de  conserves  alimentaires, 
de  papier  à  cigarettes,  de  chaises,  de  poteries.  Filature  et 
moulinages  de  soie  ;  distillerie  d'essences  ;  tanneries  ;  cou- 
elleries  ;  chapelleries  ;  huileries  ;  moulins  ;  imprimeries. 
Ateliers  de  constructions  mécaniques.  Nyons  est  une  très 
ancienne  ville,  déjà  mentionnée  par  Ptolémée.  Elle  fut 
comprise  depuis  le  xi®  siècle  dans  le  domaine  direct  des 
dauphins  de  Viennois  qui  lui  concédèrent  une  charte  de 
franchise  en  1337,  Restes  d'anciennes  fortifications  flan- 


quées  de  tours.  Clocher  gothique.  Pont  du  xiv^  siècle  sur 
le  rocher  du  Guard,  vestiges  de  l'ancienne  citadelle  démo- 
lie sous  Louis  XIII.  L'ancien  quartier  dit  des  Forts  a  con- 
servé son  aspect  pittoresque  du  moyen  âge.  L'hôpital  est 
établi  dans  les  anciens  bâtiments  des  Récollets.  Ruines  du 
château  de  Randonne,  dont  la  tour  est  convertie,  depuis 
1863,  en  sanctuaire  de  Notre-Dame  de  Bon-Secours. 

NYREN  (Magnus),  astronome  suédois,  né  à  Wermland 
le  21  févr.  1837.  Il  fit  ses  études  à  Upsal,  se  fit  admettre 
en  1868  à  l'observatoire  de  Pulkowa  et  en  devint,  en 
1871,  astronome  adjoint,  en  1873  premier  astronome*'  :il 
en  est,  depuis  1892,  sous-directeur.  Observateur  des  plus 
actifs  et  des  plus  scrupuleux,  M.  Nyren  s'est  placé  au 
premier  rang  parmi  les  astronomes  modernes  par  de  re- 
marquables travaux  sur  la  précession  et  la  nutation,  sur 
l'aberration  des  étoiles  fixes,  sur  la  hauteur  du  pôle  à 
Pulkowa,  sur  les  variations  de  sa  latitude,  etc.  Il  en  a 
publié  les  résultats  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de 
Saint-Pétersbourg  et  dans  plusieurs  autres  recueils.  L.  S. 

NYROP  (Christoph),  philologue.danois,  né  à  Copenhague 
le  11  juin  1858.  Il  étudia  à  Paris  et  professe  à  Copenhague 
la  philologie  romane;  il  est  l'auteur  d'un  remarquable 
ouvrage  sur  D^n  Oldfranske  Oheltedigtning  (iS8S,tYiid. 
ital.  de  Grorra,  1886),  de  travaux  sur  l'adjectif  dans  les 
langues  romanes,  etc. 

NYS  (Ernest),  publiciste  belge,  né  à  Courtraienl851. 
Après  avoir  pris  le  grade  de  docteur  en  droit,  il  fut 
successivement  chef  de  bureau  au  ministère  de  la  jus- 
tice et  juge  au  tribunal  d'Anvers  ;  puis  il  passa  au  tri- 
bunal de  Bruxelles,  et  devint  en  même  temps  professeur 
à  l'Université  libre.  Il  s'est  voué  surtout  à  l'étude  du 
droit  international  et  a  pubHo  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages importants,  qui  ont  été  très  remarqués  des  spécia- 
listes ;  en  voici  les  principaux  :  la  Guerre  maritime 
(Bruxelles,  1881)  ;  le  Droit  de  la  Guerre  et  les  Pré- 
curseurs de  Grotius  {ibid.,  1882)  ;  l'Arbre  des  batailles 
d'Homwé  Bonet  (ibid.,  1883);  les  Théories  politiques 
et  le  droit  inte7mational  en  France  jusqu'au  xvni'^  siècle 
(Paris,  1891);  les  Théories  politiques  en  Angleterre 
(Bruxelles,  1892);  les  Origines  du  droit  international 
(Paris,  1894).  M.  Nys  est  un  des  directeurs  de  l'Institut 
et  de  la  Revue  du  droit  international.  Il  a  traduit  de 
l'anglais  les  deux  travaux  les  plus  considérables  de  James 
Lorimer  :  les  Principes  du  droit  hiternational 
(Bruxelles,  1885)  et  les  Principes  du  droit  naturel 
(ibid.,  1890).  E.  Hubert. 

NYS  A.  I.  Mythologie  grecque.  —  Localité  légendaire 
oii  serait  né  Dionysos  (V.  ce  mot).  On  la  situait  en  Thrace, 
dans  l'Inde,  en  Arabie.  Ce  nom,  attribué  aussi  à  la  nourrice 
du  dieu,  fdle  d'Aristée,  fut  ensuite  donné  à  quelques  villes 
historiques  placées  sous  lepatronage  de  Dionysos;  l'une  en 
Cappadoce,  près  de  FHalys,  sur  la  route  d'Ancyre  à  Cé- 
sarée  ;  une  autre  en  Carie,  au  N.  du  Méandre,  sur  la 
pente  S.  du  mont  Mésogis,  fondée  par  des  Spartiates  ;  elle 
fut  assez  florissante  à  l'époque  romaine  et  nous  a  laissé 
beaucoup  de  monnaies  des  empereurs  d'Auguste  à  Gallie- 
nus.  Ses  ruines  sont  apparentes. 

IL  Astronomie  (V.  Astéroïde,  t.  IV,  p.  353). 

NYSLOTT  (finnois  Savonlinna).  Forteresse  de  Fin- 
lande, gouv.  de  Saint-Michel,  sur  l'îlot  de  Kyrœnsaari, 
entre  les  lacs  Pihlajavesi  et  Haukivesi;  1.543  hab.  (en 
1-890).  Deux  églises.  La  ville  est  sur  un  îlot  voisin  de  la 
forteresse.  Celle-ci  s'appelait  primitivement  Olofsborg  et 
fut  construite  en  1475-77.  Prise^par  les  Russes  en  1742, 
elle  leur  fut  cédée  parlapaixd'Àbo  (1743)  et  resta  for- 
teresse jusqu'en  1847.  De  1855-59,  elle  servit  de  prison, 
brûla  en  1868  et  en  1869  et  n'a  pas  été  reconstruite 
depuis.  C'est  encore  un  des  plus  beaux  monuments  histo- 
riques de  la  Finlande. 

NYSSA  (NyssaL.).  Genre  de  Combrctacées,  dont  les 
représentants  sont  désignés  indistinctement,  dans  l'Amé- 
rique du  Nord,  sous  le  nom  de  Tupelos.  Ce  sont  des  arbres 
à  feuilles  alternes,  propres  à  l'Amérique  septentrionale 


—  157  -^  NYONS  —  NYSTAGMUS 

et  aux  montagnes  de  l'Inde  et  de  la  Malaisie  ;  on  les  cul- 
tive aussi  en  Europe,  et  il  en  reste  de  beaux  exemplaires 
à  Trianon.  Les  fleurs  sont  polygames-monoïques  ;  les  mâles 
ont  le  calice  divisé  en  5  lobes  ou  plus,  possèdent  5  pétales 
imbriqués  ou  plus,  5  à  8  étamines  ;  les  femelles  ont  le  ré- 
ceptacle concave,  logeant  l'ovaire  infère  et  portant  sur  ses 
bords  un  petit  calice  à  5  dents.  L'ovaire  est  uniloculaire 
avec  un  ovule  descendant.  Le  fruit  est  une  drupe  aréolée 
au  sommet,  avec  une  graine  albuminée  et  un  embryon 
renversé.  Dans  la  Caroline,  on  substitue  fréquemment  aux 
citrons  les  drupes  acides  du  N.  hiflora  Michx  et  celles  du 
N.  capitala  Walt.  D^  L.  Hn. 

NYSSENS  (Albert),  homme  politique  belge,  né  à  Ypres 
en  1855.  Après  avoir  pris  à  Gand  le  grade  de  docteur  en 
droit,  il  fut  nommé,  en  1880,  professeur  de  procédure 
pénale  et  de  droit  commercial  à  l'Université  catholique  de 
Louvain.  Il  entra  dans  la  vie  politique,  d'abord  comme 
conseiller  provincial  du  canton  de  Louvain  en  1888,  puis 
comme  représentant  de  cet  arrondissement  en  1892.  Ace 
moment,  les  Chambres  avaient  à  se  prononcer  sur  la  revi- 
sion de  la  Constitution.  Les  débats  sur  l'électorat  législatif, 
longs  et  pénibles,  n'aboutissaient  pas  :  douze  formules  basées 
les  unes  sur  le  suffrage  universel,  d'autres  sur  la  capacité, 
d'autres  encore  sur  l'habitation,  avaient  été  successive- 
ment rejetées.  La  situation  devenait  critique  :  des  émeutes 
avaient  éclaté  à  Mons  et  à  Anvers,  le  sang  avait  coulé,  et 
des  troubles  graves  étaient  à  redouter  dans  les  régions 
industrielles  ;  il  était  urgent  de  mettre  un  terme  aux  agi- 
tations. C'est  alors  que  M.  Nyssens  parvint  à  réunir  la 
majorité  légale  des  deux  tiers  des  voix  sur  sa  proposition 
dite  du  suffrage  plural.  Cette  solution,  votée  à  la  Chambre 
des  représentants  le  18  avr.  1893  par  119  voix  contre 
14  et  12  abstentions,  était  ingénieuse;  elle  accordait  le 
droit  de  suffrage  à  tout  citoyen  belge  âgé  de  vingt-cinq 
ans,  mais  créait  en  faveur  de  certaines  catégories  un  ou 
deux  suffrages  complémentaires  et,  tout  en  décrétant  le 
suffrage  universel,  accordait  un  privilège  à  la  capacité  et 
à  la  propriété.  Le  Sénat  s'y  rallia  à  la  presque  unanimité. 
Cette  discussion  mémorable  avait  mis  M.  Nyssens  en  évi- 
dence ;  il  s'était  montré  habile  tacticien  autant  qu'orateur 
distingué.  L'année  suivante,  il  fut  appelé  au  ministère  de 
l'industrie  et  du  travail,  nouvellement  créé.  Il  y  a  fait 
preuve  d'une  grande  activité,  a  obtenu  des  Chambres  le 
vote  d'une  série  de  lois  dites  sociales,  et  organisé  l'ins- 
pection du  travail.  Ces  mesures  n'ont  pas  été  admises 
sans  opposition  ;  les  sociaHstes  reprochent  au  ministre  de 
n'avoir  proposé  que  des  lois  de  façade,  tandis  que  les 
conservateurs  l'accusent  de  faire  au  parti  intervention- 
niste des  concessions  dangereuses.  L'avenir  dira  si  ces 
plaintes  sont  fondées.  M.  Nyssens  est  l'auteur  de  travaux 
juridiques  remarquables  ;  d'autre  part,  il  a  dédié  à  la  mé- 
moire d'Eudore  Pirmez  une  étude  considérable  portant  sur 
l'homme  politique,  l'économiste,  le  jurisconsulte,  le  sa- 
vant, l'orateur  et  l'homme  privé.  Membre  de  la  droite 
parlementaire,  et  écrivant  la  biographie  d'un  des  chefs 
les  plus  éminents  de  la  gauche,  l'auteur  fait  preuve,  dans 
l'appréciation  des  questions  les  plus  délicates  et  les  plus 
brûlantes,  d'une  grande  hauteur  de  vues  et  d'une  rare 
impartialité.  On  trouve  largement  esquissé  dans  son  livre 
le  tableau  de  la  politique  belge  de  1 856  à  1 890 .  E.  Hurert. 

NYSTAD.  Ville  de  Finlande,  prov.  d'Abo-Bjœrneborg, 
sur  le  golfe  de  Botnie;  3.908  hab.  (en  1890).  Bon  port, 
chantier  de  construction,  commerce  de  bois.  Fondée  en 
1617,  on  y  signa  le  10  sept.  1721  la  paix  qui  consacra 
la  déchéance  de  la  Suède  après  la  grande  guerre  du  Nord 
engagée  par  Charles  XII.  Le  5  juil.  1855,  les  Anglais  la 
bombardèrent. 

NYSTAGMUS  (Ophtalm.).  Le  nystagmus  est  un  mou- 
vement d'oscillation  rythmique,  rapide  et  de  peu  d'étendue, 
des  globes  oculaires,  accompagné  ou  non  de  clignotement 
des  paupières.  Ces  oscillations  peuvent  être  verticales  ou 
horizontales,  consister  en  mouvements  de  rotation  ou  de 
circumduction,  ou  même  en  mouvements  mixtes.  Les  deux 


NYSTAGMUS  —  NYSTEN 


_  158  - 


globes  oculaires  sont  en  général  agités  simultanément, 
surtout  dans  le  nystagmus  horizontal.  Ces  mouvements 
anormaux  s'exagèrent  par  la  fatigue  de  l'œil,  la  fixation 
prolongée  de  celui-ci  sur  un  objet  et  par  les  efforts  d'ac- 
commodation. On  ne  saurait  les  confondre  avec  les  mouve- 
ments saccadés,  non  conjugués,  dus  à  l'action  des  muscles 
oculaires  restés  sains,  dans  le  cas  de  strabisme  paralytique. 

Le  nystagmus 'peut  être  congénital,  sans  trouble  no- 
table de  la  vision,  cfui  cependant  n'est  pas  tout  à  fait  nor- 
male ;  il  existe  généralement,  dans  ce  cas,  quelque  diffi- 
culté de  la  perception  nette  des  petits  objets  (amblyopic). 
Il  peut  accompagner  l'albinisme;  sa  cause  physiologique, 
dans  ce  cas  particulier,  est  encore  obscure.  Le  nystagmus 
acquis  professionnel  se  rencontre  chez  les  personnes  tra- 
vaillant avec  un  éclairage  insuffisant  (mineurs  des  houil- 
lères) ou  obhgées  à  exécuter  des  mouvements  oculaires 
incessants  toujours  identiques  (couturières,  etc.). 

Le  nystagmus  congénital,  qui  peut  être  considéré  comme 
physiologique,  malgré  un  certain  degré  d'amblyopie,  se 
distingue  aisément  du  nystagmus  acquis,  pathologique.  Il 
suffit  de  faire  fixer  au  sujet  un  objet  qu'on  éloigne  de  ses 
yeux  de  manière  à  le  lui  faire  suivre  et  fixer  dans  les 
positions  extrêmes  de  la  vision  distincte;  le  nystagmus 
pathologique  s'exagère  dans  la  position  la  plus  éloiguéc, 
celui  qui  est  physiologique  disparait  (Bard).  Le  nystag- 
mus professionnel  seul  peut  être  considéré  comme  une 
maladie  propre.  Dans  tous  les  autres  cas,  il  n'est  qu'un 
symptôme  soit  d'une  lésion  des  muscles  moteurs  de  l'œil, 
primitive  ou  consécutive  à  des  anomalies  de  la  réfraction, 
soit  d'une  altération  des  centres  nerveux  (sclérose  en 
plaques,  plus  rarement  maladie  de  Friedreich,  plus  rare- 
ment encore  tabès  et  syringomyélie,  exceptionnellement 
tumeurs  cérébrales  et  encéphalites  partielles  de  l'enfance)  ; 
dans  ces  différents  cas,  les  symptômes  concomitants  per- 
mettent de  déterminer  les  maladies  dont  le  nystagmus  n'est 
le  plus  souvent  qu'un  symptôme  accessoire.  Enfin,  il  peut 
exister  dans  l'hystérie,  l'épilepsie  et  la  chorée. 

Quelle  que  soit  la  cause  du  nystagmus,  les  mouvements 
qui  le  caractérisent  s'accompagnent  d'ordinaire  de  mou- 
vements concomitants  de  la  tête.  Il  augmente  avec  les  exci- 
tations morales,  les  variations  de  l'éclairage  et  les  efforts 
brusques  d'accommodation.  Le  plus  souvent  iLse  présente 
sous  la  forme  d'accès  paroxystiques,  mais  il  cesse  d'or- 
dinaire dans  le  sommeil  profond,  naturel  ou  provoqué.  Les 
malades  peuvent  n'avoir  pas  conscience  de  ce  trouble  fonc- 
tionnel, surtout  s'il  est  continu.  Il  en  est  tout  autrement 
dans  le  nystagmus  paroxystique  des  mineurs.  Tout 
d'abord  le  nystagmus,  chez  ceux-ci,  ne  se  produit  que 
lorsque  la  ligne  du  regard  est  dirigée  au-dessus  du  plan 
horizontal,  et  il  consiste  en  un  mouvement  de  va-et-vient 
de  la  cornée  le  long  du  diamètre  vertical,  d'où  deux:  genres 


d'oscillations  qui  se  combinent  et  alternent  parfois  chez  le 
même  sujet;  en  même  temp^  la  vue  est  troublée,  les  objets 
placés  devant  les  yeux  paraissent  tourner  et  se  mouvoir 
dans  le  sens  des  oscillations,  d'oti  des  sensations  de  ver- 
tige. Tout  cesse,  quand  le  mineur  regarde  en  bas.  S'il 
persiste  à  travaillera  la  veine,  il  survient  des  maux  de 
tête  sous  forme  d'une  barre  frontale.  A  la  suite  d'excès 
de  boissons,  le  nystagmus  augmente  d'intensité.  Chez  tous 
les  mineurs  atteints  de  cette  maladie,  on  rencontre  un 
brliit  de  souffle  dans  la  région  du  cou  (Dransart).  Il  y  a 
en  même  temps  des  symptômes  de  déchéance  générale. 
Nous  ne  pouvons  ici  décrire  toutes  les  formes  do  cette 
maladie.  Son  étude  approfondie  a  amené  M.  Dransart  à 
la  définir  de  la  manière  suivante:  Le  nystagmus  desmi- 
neiirs^  est  une  myopathie  de  la  paire  des  élévateurs  et  du 
droit  interne,  intimement  liée  à  Y  anémie  et  à  la  parésie 
de  r accommodation.  Cette  maladie  n'aboutit  à  des  troubles 
définitifs  de  la  vue  que  si  le  mineur  persiste  à  travailler 
dans  les  veines.  La  première  condition  pour  la  guérison 
est  donc  de  changer  de  profession  ou  du  moins  de  ne  plus 
travailler  qu'à  ce  qu'on  appelle  Vaccrochage.  Puis  on 
combattra  l'état  général,  l'ariémie,  par  les  ferrugineux  et 
le  quinquina,  et  on  tonifiera  les  fibres  musculaires,  dont 
Faction  est  en  déficit,  par  l'électricité  et  la  strychnine. 

Quant  aux  variétés  symptomatiques  du  nystagmus,  le 
seul  traitement  qui  leur  convient  est  celui  de  la  cause, 
c.-à-d.  de  la  maladie  dont  il  n'est  qu'un  symptôme.  La 
ti'notomie  et  la  gymnastique  des  muscles  de  l'œil  sont  les 
meilleurs  moyens  à  opposer  au  nystagmus  d'origine  mus- 
culaire.        "  D^'  L.  Hn. 

BiDL  :  WARLOMO^•T,  Art.  Nysiagmiis  du  Dictionnaire 
encyclop.  des  sciences  -tnCdicales,  2«  série,  t.  XIII.  — 
Mayet,  Traité  de  diagnostic  médical  et  de  séméiologie  ; 
Paris, 1899,  t.  II,  in-8.  —  Dransart,  Du  nystagmus  des  mi- 
neurs [Annal  cVocuUst,  t.  LXXVIII,  p.  109).  —Les  Traités 
des  maladies  des  yeux. 

NYSTEN  (Pierre-Hubert),  médecin  belge,  né  à  Liège  le 
30  oct.  4774,  mort  k  Paris  le3  mars  1817.  Il  fit  ses  études 
à  Paris,  y  devint  aide  d'anatomie  en  4798,  fut  envoyé  en 
mission  en  Espagne  et  dans  le  Midi,  et  à  son  retour  devint 
médecin  de  l'hôpital  des  Enfants.  11  est  surtout  connu  par 
le  dictionnaire  de  médecine  qui  a  porté  son  nom,  et  qui,  à 
sa  treizième  édition,  devint  franchement  matérialiste  de 
spirituahste  qu'il  était  et  ne  porta  plus  que  les  noms  de  Lit- 
tré  et  Robin.  Depuis  la  quinzième  édition,  le  nom  de  Robin 
a  également  disparu.  Ouvrages  principaux  :  Nouvelles  expé- 
riences faites  sur  les  07^g ânes  musculaires  de  l'homme  et 
des  animaux  à  sang  rouge  (Paris,  4803,  in-8)  ;  Re- 
cherches sur  les  maladies  des  vers  à  soie  (Paris,  4808, 
in-8)  ;  Nouveau  Dictionnaire  de  médecine,  etc.  (2*^  éd. 
[avec  Capuron]),  Paris,  4840,  in-8  (la  4^'^  éd.  était  de 
Capuron  seul).  Nombreuses  éditions.  D^'  L.  Hn. 


LA 


GRANDE  ENCYCLOPÉDIE 


1—1 


i.  Ms.  \isigothique  du  viii®  siècle. 

2.  Ms.  \isigothique  du  \iii^  siècle. 

3.  Ms.  anglo-saxon  du  ix®  siècle. 

4.  Ms.  anglo-saxon  du  ix®  siècle. 

5.  Ms.  italien  du  x®  siècle. 

6.  Ms.  italien  du  xii^  siècle. 


<:>(Oi:^^V(,L,uiv.. 


7.  Ms.  français  du  xii®  sièc'e. 

8.  Ms.  français  du  xii^  siècle. 

9.  Ms.  français  du  xiii®  siècle. 
iO.  Ms.  français  du  xiv^  siècle. 

\  i .  Gothique  deslivres  de  chœur.  Ms.duMont-Caesin,x\'i®s. 

12.  Bible  de  Wittemberg,  xvi^  siècle. 


LA    GRANDE  ENCYCLOPÉDIE 


0 


0.  I.  Phonétique.  —  Quinzième  lettre  de  l'alphabet 
latin.  La  voyelle  o,  longue  et  brève,  constitue  avec  le  ii 
long  ou  bref,  qui  en  est  l'état  faible,  une  série  vocalique 
primitivement  et  essentiellement  différente  de  celle  dont  a 
long  ou  bref  est  le  premier  terme  et  i  long  ou  bref  le 
dernier.  Tout  ce  qu'on  a  pu  dire  sur  la  relation  entre  le  cl 
du  sanscrit  pâd  (pied)  et  le  to  du  grec  (dorien)  tcoSç  est 
donc  chimérique.  L'antécédent  commun  est  pôâds  (cf. 
vieux  haut  allemand  foaz),  et  c'est  l'élimination  de  ô  qui 
a  réduit  cette  forme  à  pâd,  alors  que  c'est  l'élimination 
de  à  qui  l'a  réduite  à  tioS;.  En  un  mot,  ces  deux  voyelles 
sont  primitives  et  irréductibles  entre  elles,  du  moins  dans 
les  langues  delà  famille  indo-européenne. 

Comme  pour  toutes  les  voyelles,  la  forme  forte  ô  a 
précédé  la  forme  affaiblie  o,  ainsi  que  l'indiquent  le  vo- 
calisme en  ô,  quand  il  appartient  à  cette  série,  de  la  plu- 
part des  monosyllabes  sanscrits,  grecs,  latins,  etc.,  et  le 
fait  que  le  sanscrit  et  le  gothique  ne  connaissent  encore 
que  Vd  long. 

Un  état  moyen  de  cette  voyelle  est  représenté  en  grec 
par  la  diphtongue  ou  d'où,  par  exemple,  l'ionien-attique 
7U0UÇ  auprès  du  dorien  /zoSç.  Cf.  en  latin  archaïque  douco 
(dùco)  pour  un  plus  ancien  d(ko, 

Vo  bref  est  très  souvent  descendu  en  latin  à  u  (pro- 
noncé ou)  ;  c'est  ce  qui  explique  Vu  de  genus  (archaïque 
genos)  auprès  de  Vo  du  grec  y^voç,  etc.  L'italien  a  con- 
servé Vo  primitif  à  la  finale  des  mots  de  la  seconde 
déclinaison  ;  exemple  bono,  auprès  du  latin  bonus,  bonum, 
antériieurement  bonos,  bonom. 

Dans  le  passage  du  latin  au  français,  Vo  s'est  maintenu 
surtout  dans  les  cas  suivants  :  pondre  auprès  ^^.ponere  ; 
long  auprès  de  longum  ;  ordre  auprès  de  ordinem  ; 
mordre  auprès  de  mordere;  fort,  mort,  sort  auprès  de 
fortem,  mortem,  sortent,  etc.  ;  soh^e  auprès  de  so- 
brium;  bon  auprès  de  bonum;  son  auprès  àesonum; 
honneur  auprès  de  honorem;  dot  auprès  de  dotem;  note 
auprès  de  notam  ;  proche  auprès  de  proximum.  Vo 
commun  du  latin  est  représenté  par  la  jfausse  diphtongue 
eu  dans  honneur  auprès  de  honorem,  amateur  auprès 
de  amatorem,  fleur  auprès  de  florem,  etc.  La  fausse 
triphtongue  œu  représente  1'^  long  dans  cœur  auprès  de 
cor,  sœur  auprès  de  sororem,  nœud  auprès  de  no- 
dum,  etc. 

Enfin  la  fausse  diphtongue  ou  tient  lieu  de  Vo  latin  à 
titre  d'état  faible  (eu  égard  à  eu)  dans  nous  mourons, 
cf.  je  m£urs  ;  courage,  cf.  cœur;  ouvrage,  cf.  œuvre; 
amoureux,  cf.  amour  \>QMvameur;  vouer,  d.  vœu,  ^Xc. 

GRANDE  ENCYCLOPÉDIE.  —  XXV. 


L'effet  de  la  nasalisation  a  amené  l'orthographe  on, 
om  pour  un,  um  dans  inonde  auprès  de  mundum,  fond 
auprès  de  fundum,  ombre  auprès  de  umbram,  tombe 
auprès  de  tumbam,  son  auprès  de  suum,  ton  auprès  de 
tuum,  etc.  Paul  Regnaud. 

II.  Paléographie.  — La  lettre  0  de  l'alphabet  latin  est 
Vomikron  grec  reproduisant  lui-même  Vaïn  (œil)  phéni- 
cien, détourné  de  sa  valeur  primitive  {gh)  pour  prendre 
le  son  d'une  voyelle.  Entre  la  forme  du  signe  phénicien 
et  celle  du  caractère  correspondant  de  l'écriture  hiératique 
égyptienne,  d'où  dérive  l'alphabet  phénicien,  il  n'y  a  pas 
de  rapport  sensible;  aussi  M.  de  Rougé,  qui  a  fait  le  pre- 
mier la  démonstration  de  cette  dérivation,  l'a-t-il  laissé 
en  dehors  de  son  système.  Rien  que  de  vraisemblable  en 
effet  à  ce  que  les  Phéniciens,  tout  en  imitant  pour  laphi- 
part  de  leurs  lettres  les  caractères  égyptiens,  aient  rem- 
placé un  caractère  qui  ne  se  différenciait  pas  suffisamment 
d'autres  caractères  analogues,  par  un  signe  nouveau  aussi 
simple  que  l'O.  (îuoi  qu'il  en  soit,  le  signe  adopté  par  les 
Phéniciens  a  passé  sans  modification,  un  peu  grossi  seu- 
lement, dans  l'alphabet  grec,  de  là  dans  l'alphabet  latin, 
et  s'est  perpétué  tel  quel  jusqu'à  nous.  On  conçoit  en  effet 
qu'une  forme  aussi  précise  et  aussi  simple  ne  pouvait  se 
prêter  à  de  grandes  variétés  d'interprétation.  Parfois  seu- 
lement les  lapicides  grecs  ou  latins  ont  trouvé  plus  facile 
de  graver  un  losange  qu'un  cercle  (V.  tabl.  i).  L'étrusque, 
qui  ne  possédait  pas  le  son  0,  a  cependant  dans  son  al- 
phabet le  même  signe,  mais  il  y  a  une  tout  autre  valeur  ; 
c'est  le  Ô  grec  {th)  ;  et  il  en  est  de  même  des  alphabets 
italiotes  dérivés  de  l'étrusque  :  ombrien,  sabeUique  et 
osque.  C'est  même  là,  pour  le  dire  en  passant,  l'un  des 
indices  que  l'alphabet  latin  doit  dériver  directement  de  l'al- 
phabet grec,  sans  intermédiaire  de  l'alphabet  étrusque. 

De  toutes  les  lettres  de  l'alphabet  latin,  Vo  est  certai- 
nement celle  dont  la  forme  est  demeurée  la  plus  constante 
aux  diverses  époques,  dans  les  différents  pays  et  dans  les 
diverses  espèces  d'écriture.  Entre  les  formes  capitale  ou 
onciale  et  les  formes  cursive  ou  minuscule,  il  n'y  a  guère 
de  différence  que  dans  la  régularité  et  la  dimension.  Dans 
les  inscriptions  seulement  la  fantaisie  ou  la  commodité  des 
graveurs  a  parfois  donné  à  Vo  la  forme  de  losange  que 
nous  avons  déjà  signalée  dans  l'épi^aphio  grecque  et  la- 
tine. Dans  ce  qui  nous  reste  de  l'écriture  antique,  les  graf- 
jiti  et  les  tablettes  de  cire  nous  montrent  des  o  dont  la 
panse  est  souvent  plus  ou  moins  ouverte  à  droite  ;  les  pa- 
pyrus des  rescrits  impériaux  nous  font  voir  Vo  cursif 
caractérisé  par  sa  très  faible  dimension  par  rapport  aux 

W 


—  162  — 
1.    ORIGINE    ET    DÉRIVATION    DE    L'O    LATIN 


- 

tXXAjU><\llO 

A/ 

nénicieny 

toîa(^ot'im 

il 

O 

O 

0 

00 

2.    ÉCRITURES    DE    LA    PREMIÈRE    PERIODE    DU    MOYEN    AGE 


Ecriture  antique. 


V^  siècle . 


VP  siècle. 


VII®  siècle . 


VIII®  siècle . 


IX®  siècle  . 


X®  siècle . 


XI«  siècle. 


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—  163  —  0 

autres  lettres  ;  et  il  en  est  encore  de  même  dans  les  écri-  1  carolingienne.  Mais  ce  qu'il  faut  noter  surtout,  ce  senties 
tures  cursives  et  minuscules  des  époques  mérovingienne  et  |  traits  de  liaison  qui  rattachent  Yo  aux  caractères  qui  le 

3,     ÉCRITURES    DITES    NATIONALES 


Mérovingienne. 


Lombarde . 


Yisigothique 


Irlandaise . 


Anglo-saxonne . 


CamJïcâù 

0\\^dw>.c 

Cur^içe 

)Umuâcui0- 

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précèdent  ou  le  suivent,  lui  donnent  très  souvent  la  forme  I    parfois  aussi  celle  d'un  b  ou  d'un  chninuscule  (V.  tabl.  2  et  3) . 
d'unSouvert  par  le  haut,  parfois  celle  d'un  sz^^m^  (a)  grec,   j   Ces  formes  à  traits  parasites  ont  disparu  d'assez  bonne 

4.    ÉCRITURES    GOTHIQUES 


Mam^ulC 


XRe  siècle. 


XIIP  siècle. 


XrV^  siècle . 


XY^  siècle. 


àviécïïj)tixmé 


Sccauoc 


JlïUui^ycim 


@ 


ED 


® 


CiA/CàlVt 


heure  (ix®  siècle)  dans  les  manuscrits,  mais  elles  ont  per- 
sisté dans  les  chartes  jusqu'au  cours  du  xi^  siècle.  On  re- 


trouve il  est  vrai  cette  forme  du  8  ouvert  par  en  haut  dans 
les  manuscrits  allemands  du  xii®  et  du  xiii®  siècle,  mais 


^  164 


alors  c'est  un  o  surmonté  d'un  it  suscrit,  et  c'est  pour 
noter  la  diphtongue  ou.  Dans  l'écriture  anglo-saxonne  on 
rencontre  assez  fréquemment  la  lettre  o  barrée  d'un  trait 
vertical,  qui  lui  donne  un  peu  l'aspect  de  certains  9  grecs  ; 
c'est  une  ^manière  de  noter  la  diphtongue  oe.  On  a  fait 
usage  de  cette  notation  pendant  le  moyen  âge  dans  la  plu- 
part des  langues  du  Nord. 

L'O  n'est  pas  une  des  lettres  caractéristiques  des  écri- 
tures dites  nationales,  et  il  n'y  présente  même  absolument 


aucune  particularité,  comme  on  peut  le  voir  par  notre  ta-, 
bleau  3.  Il  en  est  de  même  des  écritures  de  la  fm  du 
moyen  âge  (tabl.  4).  A  l'époque  gothique  l'O  a  été  sou- 
vent composé  de  traits  juxtaposés  qui  ont  transformé  la 
forme  normale  du  cercle  en  un  quadrilatère  ou  un  poly- 
gone plus  ou  moins  régulier  (tabl.  4  et  5).  Dans  l'écriture 
des  bulles,  rO  n'est  plus  composé  que  de  deux  traits  lourds, 
parallèles  et  inclinés,  qui  n'ont  guère  plus  de  ressemblance 
avec  la  forme  itahque  ou  romaine  que  Vaïn  phénicien  avec 


5.    ECRITURES    MODERNES 


JicoaolJèic^c 

Jlonuiivu/ 

olaîic[iit/ 

LckxXaxkji 

0^  iJa^ 

JMXoKVt 

Q 

0 

0 

0 

0 

le  caractère  égyptien  correspondant,  et  cependant  ici  la 
dérivation  n'est  pas  douteuse. 

Dans  les  majuscules,  la  fantaisie  n'a  pu  se  donner  au- 
tant carrière  que  dans  les  autres  lettres,  et,  même  dans  les 
grandes  majuscules  ornées,  les  ornements  sont  toujours 
accessoires  et  n'ont  jamais  beaucoup  modifié  la  forme  fon- 
damentale de  l'O.  *** 

m.  Logique. — Les  propositions  particulières  négatives, 
telles  que  :  quelques  oiseaux  ne  sont  pas  capables  de 
voler  ;  il  y  a  des  gens  qui  ne  sont  jamais  contents  de  leur 
sort,  etc.,  se  symbolisent,  en  logique  formelle,  par  la 
voyelle  0,  comme  l'indiquent  les  deux  vers  traditionnels  : 
Assevii  A,  negat  E,  verum  qeneraliter  arnbo. 
Asserit  I,  negat  0,  sed  particuhiriter  ambo. 

Les  propriétés  principales  des  propositions  0  sont  les 
suivantes  :  1«  elles  ne  peuvent  se  convertir  ni  simplement, 
comme  E  et  I,  ni  par  accident  comme  A  (V.  Conversion)  ; 
on  les  convertit  par  une  opération  appelée  coMraposition 
qui  consiste  à  ajouter  la  négation  devant  le  sujet  et  l'at- 
tribut. Soit  par  exemple  la  proposition  :  Quelque  B  n'est 
pas  C;  elle  devient  par  contraposition  :  Quelque  non-B 
n'est  pas  non-C,  et  en  cet  état  se  convertit  simplement  : 
Quelque  'uon-C  n'est  pas  non-B  ou,  ce  qui  revient  au 
même,  Quelque  non-C  est  B.  On  pourrait  donc  dire,  sans 
avoir  recours  à  la  théorie  de  la  contraposition  (qui  semble 
avoir  été  imaginée  par  Boèce),  qu'il'  suffit  pour  convertir 
0  de  la  transformer  en  I  en  faisant  retomber  la  négation 
du  verbe  sur  l'attribut  et  de  convertir  ensuite  simplement  la 
proposition  I  ainsi  obtenue.  Exemple  :  Quelque  B  n'est 
pas  C 1=  Quelque  B  est  non-C  zn  Quelque  non-C  est  B. 
â°  Au  point  de  vue  de  l'opposition,  0  est  la  subalterne  de 
E,  la  subcontraire  de  I  et  la  contradictoire  de  A  :  elle 
est  vraie,  si  E  est  vrai  ;  mais  sa  fausseté  entraîne  celle 
de  E  ;  si  elle  est  fausse,  I  est  fausse  ;  mais  elle  peut  être 
vraie  en  même  temps  que  I  ;  enfin,  si  elle  est  vraie,  A 
est  fausse,  et  si  elle  est  fausse,  A  est  vraie.  3°  Enfin  0  est 
la  conclusion  de  huit  modes  du  syllogisme  sur  19  ;  Ferio 
(1'^®  fig.),  Festino,  Baroco  (2^-  fig.),  Felapton,  Ferison, 
Bocardo  (3*^  fig.),  Fesapo,  Fresison  (4^  fig.). 

E.    BoiRAC. 

0  (Famille  d').  Maison  de  Basse-Normandie  qui  re- 
monte au  xii^  siècle.  Bobert  d'O,  chevalier,  seigneur  d'O, 
près  Argentan,  figure  dans  un  acte  de  1158.  On  rencontre 
Godefroy  en  1195  et  1200,  puis  Bobert  II  en  1257  et 
1264.  Bobert  III  aida  Philippe  de  Valois  contre  les  An- 
glais en  1306.  Bobert  IV  épousa  en  1345  Alix  de  Ven- 
dôme. Bobert  VI,  capitaine  des  ville  et  château  d'Exmes, 
fut  tué  à  Azincourt.  Bobert  VII,  écuyer  et  échanson  de 
Charles  P^,  duc  de  Bom^bon,  hérita  de  sa  mère,  Jeanne  le 
Baveux,  les  terres  de  Fresne,  Baillet,  Maillebois  et  Fran- 


con ville.  Jean,  marié  en  1454  à  Jeanne  de  Montfaucon, 
succéda  en  1473  au  titre  de  sénéchal  héréditaire  du  comté 
d'Eu,  et  devint  conseiller  et  chambellan  de  Charles  VIII. 
Son  fils  aîné,  Charles,  fut  chambellan  de  Louis  XII.  Le 
fils  de  Charles,  Jean  II,  chevalier  de  Tordre,  capitaine 
des  gardes  écossaises,  grand  maréchal  de  Normandie,  eut 
de  son  mariage  avec  Hélène  d'IUiers  (1534)  :  1«  Fran- 
çois (V.  ci-dessous)  ;  2°  Jean,  tige  des  seigneurs  de  Ma- 
non ;  3«  Françoise,  mariée  à  Louis  d'Angennes.  Fran- 
çois n'ayant  pas  eu  d'enfants,  le  titre  passa  à  la  branche 
de  Jacques,  second  fils  de  Jean  P^',  qui  avait  reçu  de  son 
frère  Charles  les  terres  de  Baillet  et  Franconville  ;  il  mou- , 
rut  à  Pavie.  De  son  mariage  avec  Louise  de  Villiers  de 
risle-Adam  naquit  Charles  IL  Le  roi  renouvela  en  1699 
le  titre  de  marquis  de  Franconville  en  faveur  de  Gabriel- 
Claude  d'O,  gouverneur  du  comte  de  Toulouse,  chef  d'es- 
cadre, lieutenant  des  armées  navales,  grand-croix  de 
l'ordre  de  Saint-Louis,  mort  en  1718.  Gabriel-Simon 
(f  1743)  ne  laissa  qu'une  fille,  qui  épousa  Louis  de  Bran- 
cas.  —  Armes  :  D'hermine,  au  chef  endenté  de 
gueules.  H.  Hauser. 

BiBL.  :  La  Chesnaye-Desbois.   —   Desvaux,  VAbbaye 
d'Almenèches  et  le  château  d'O  ;  Caen,  1890,  in-8. 

0  (François,  marquis  d'),  surintendant  des  finances,  né 
à  Paris  en  1535,  mort  à  Paris  le  24  oct.  1594.  Présenté 
à  la  cour  à  l'avènement  de  Henri  III  par  son  beau-père, 
M.  de  Villequier,  l'un  des  favoris  de  ce  prince,  il  ne  tarda 
guère  à  être  personnellement  fort  en  faveur  près  de  lui. 
Beaucoup  moins  frivole  que  la  plupart  de  ses  collègues  dans 
l'amitié  souveraine,  Quélus  et  consorts,  il  ne  dédaigna  pas 
de  coopérer  à  la  besogne  fiscale  destinée  à  fournir  la  dé- 
pense commune.  Aussi  bien  il  fit  merveille  dans  la  voie  des 
exactions  plus  ou  moins  légales  :  en  quelques  années,  le 
revenu  de  la  Couronne  augmenta  d'un  tiers.  Le  roi  lui  sut 
grand  gré  de  cette  activité  intéressée  et  l'en  récompensa 
en  lui  conférant  le  collier  du  Saint-Esprit,  puis  en  l'éle- 
vant à  la  surintendance  des  finances,  poste  en  rapport  avec 
ses  tendances  utilitaires,  sinon  avec  ses  capacités  réehes, 
Bientôt  même  il  le  nomma,  par  sur  croit,  gouverneur  de 
Paris  et  de  l'Ile-de-France.  Ce  fut  en  cette  dernière  qua- 
lité qu'il  fut  appelé  à  faire  prendre,  lors  de  h  Journée  des 
barricades  (déc.  1588),  des  mesures  pour  barrer  la  route 
à  l'émeute.  Il  échoua  d'abord  complètement  dans  cette  nou- 
velle direction  de  sa  volonté.  Son  administration  des  de- 
niers publics  fut  à  son  tour  vivement  attaquée  par  les 
Etats  généraux  assemblés  à  Blois  au  commencement  de 
l'année  suivante,  et  Henri  Hï  fut  contraint  de  le  relever 
de  ces  fonctions.  Après  l'attentat  de  Jacques  Clément,  il 
fut  près  de  Henri  IV  le  porte-parole  des  catholiques,  réso- 
lus à  ne  lui  conserver  leur  fidélité  que  s'il  abjurait  le  pro-  • 


465 


0  ^  OANG 


testantisme.  Cependant  il  ne  poussa  pas  la  défiance  aussi 
loin  que  certains  et  demeura  attaché  au  Béarnais  encore 
huguenot.  La  direction  des  finances  lui  fut  rendue  alors. 
En  4593,  il  fut  chargé  par  le  roi  de  préparer  avec  les 
principaux  prélats  de  France  sa  conversion,  promise  au 
cathoKcisme  et  ajournée  jusque-là,  moitié  par  dignité  de 
souverain,  moitié  par  répugnance  de  sceptique.  Il  mourut 
l'année  suivante,  ne  laissant  pas  d'enfant  de  Charlotte- 
Catherine  de  Villequier,  qu'il  avait  épousée  en  4573. 

Léon  Marlet. 
OABOU  (Ile)  (V.  Sandwich  [Iles]). 
OAKHAM.  Ville  d'Angleterre,  ch.-l.  du  comté  de  Rut- 
land;  3.542  hab.  (en  4894).  Château  ruiné  du  xii^  siècle. 
Non  loin  est  le  château  de  Burley-on-the-Hill. 

OAKLAND.  Ville  des  Etats-Unis  (Californie),  à  l'E.  de 
la  baie  de  San-Francisco,  terminus  occidental  du  chem. 
de  fer  Central-Pacific ;  48.682  hab.  (en  4890).  Entou- 
rée de  chênes  verts,  ellepossède  de  vastes  docks,  greniers, 
étables,  abattoirs.  Au  N.  est  Alameda,  au  S.  Berkeley. 
OAKLEY  (Barons)  (V.  Cadogan). 
OAKS  STAKES  (V.  Course,  t.  XIU,  p.  453). 
OAKWORTH.  Ville  d'Angleterre,  comté  d'York  (West- 
Riding),  à  5  kil.   S.-O.  de  Keighley;  5.880  hab.  (en 
4894).  Cotonnades,  draps. 

0  A  NI  ABU»  Ville  de  la  Nouvelle-Zélande,  sur  la  côte  E.  de 
l'ile  du  Sud  ;  5.624  hab.  Abattoirs,  magasins  de  grains, 
minoterie. 

OAN  cHEou  CHENG  TIEN.  Description  des  fêtes  célébrées 
pour  le  soixantième  anniversaire  de  l'empereur  Khang  hi, 
comprenant,  avec  des  planches,  le  texte  des  décrets,  pièces 
de  vers,  procès-verbaux  des  cérémonies.  Ouvrage  très 
soigné,  publié  par  une  commission  de  fonctionnaires  (4743); 
des  rééditions  modernes  à  bon  marché  l'ont  popularisé 
parmi  les  étrangers  résidant  en  Chine.  M.  C. 

OAN  G.  Dynastie  qui  a  régné  sur  la  Corée  de  948  à  4392  ; 
capitale  principale  à  Syong  to  ou  Kai  kyeng  (Kai  syeng, 
à  60  kil.  environ  au  N.  de  Séoul)  ;  près  de  la  ville,  on  voit 
encore  les  tombes  de  la  plupart  de  ses  rois  ;  capitale  se- 
condaire à  Sye  kyeng  ou  Ho  kyeng  (Hpyeng  yang). 

Le  fondateur  de  cette  dynastie,  Oang  Ken,  d'une  origine 
obscure,  était  né  à  Syong  ak  (Syong  to)  en  877.  Dans  les 
troubles  qui  déchiraient  le  royaume  de  Sin  ra,  il  entra  au 
service  de  Koung  yei,  membre  de  la  famille  royale,  l'un 
des  principaux  rebelles  ;  il  se  distingua  comme  général, 
aida  son  chef  à  se  rendre  maître  du  N.  et  du  N.-O.  du 
pays  et  fut  mis  à  sa  place,  lorsque  le  peuple  eut  tué 
Koung  yei,  détesté  pour  sa  cruauté  (948).  Il  donna  à  son 
royaume  le  nom  de  Ko  rye  (d'où  Corée),  peut-être  en  sou- 
venir d'un  des  anciens  Etats  de  la  péninsule  (V.  Trois 
Royaumes).  Il  soumit  (935)  Tjin  Houen  qui  s'était  rendu 
indépendant  dans  le  Sud-Ouest  (royaume  de  Paik  tjyei  pos- 
térieur, 892-935)  ;  il  persuada  à  Kyeng  syoun,  roi  légitime 
du  Sin  ra,  d'abdiquer  en  sa  faveur,  il  lui  donna  une  riche 
dotation  et  épousa  sa  fille  (935).  Dès  948,  il  avait  recons- 
truit Hpyeng  yang  abandonné  depuis  668  ;  il  avait  élevé 
d'autres  citadelles  encore  plus  au  N.  et  étendu  son  pou- 
voir jusqu'à  l'Ap  rok  kang  (Ya  lou)  et  au  Tou  man  kang , 
par  des  alhances  avec  les  peuplades  Nye  tjin  et  Keui  tan  ; 
l'île  de  Quelpaërt  paya  tribut  en  938  :  à  cette  date,  la 
Corée  unifiée  atteignait  à  peu  près  ses  limites  contempo- 
raines. A  l'intérieur,  le  roi,  connu' depuis  sa  mort  sous  le 
nom  de  Htai  tjo,  s'efforça  d'organiser  une  société  nouvelle 
à  la  place  de  l'aristocratie  du  Sin  ra,  et  il  s'appuya  surtout 
sur  les  bonzes  et  sur  ses  compagnons  d'armes. 

Ses  ûls  Hyeitjong  (943-45),  Tyeng  tjong  (945-49), 
Koang  tjong  (949-75)  régnèrent  après  lui  ;  les  deux  pre- 
miers s'adonnèrent  au  luxe  et  aux  grandes  constructions, 
exemple  que  suivirent  presque  tous  leurs  successeurs  ;  le  pou- 
voir fut  tyranniquement  exercé  pendant  plusieurs  années 
par  Oang  Kyou,- beau-père  de  Hyei  tjong,  qui  joua  le  rôle 
d'un  maire  .du  palais  et  dont  Tyeng  tjong  ne  sut  se  débar- 
rasser que  par  l'assassinat.  Koang  tjong  gouverna  par  lui- 
même,  poursuivit  l'œuvre  de  la  défense  des  frontières  sep- 


tentrionales et  fonda  des  examens  littéraires  imités  de 
ceux  de  la  dynastie  des  Thang  (958). 

Après  son  fils  Kyeng  tjong  (975-84),  un  autre  petit-fils 
de  Htai  tjo,  Syeng  tjong  monta  sur  le  trône  (984-97);  il 
déploya  une  grande  activité,  organisa  l'administration ît 
vile,  institua  des  préfets  et  des  sous-préfets,  maintint  dans 
le  respect  du  pouvoir  les  bonzes  toujours  prêts  à  abuser  de 
la  faveur  royale.  C'est  lui  qui  fit  graver  les  planches  pour 
l'impression  du  Tripitaka  complet  :  un  exemplaire  tiré  au 
xv«  siècle  sur  ces  planches  se  voit  encore  aujourd'hui  à 
Tokyo.  Il  eut  à  lutter  contre  les  Keui  tan  (Khi  tan)  qui 
avaient  fondé  un  empire  sous  le  nom  de  Liao,  étaient  de- 
venus voisins  du  Ko  rye  en  détruisant  le  royaume  de  Pal 
hai  (Po  hai,  925)  et  réclamaient  le  N.  de  la  Corée  jusqu'à 
Hpyeng  yang;  vainqueur  (993),  Syeng  tjong  maintint  sa 
frontière  à  l'Ap  rok  kang,  mais  consentit  à  se  servir  des 
noms  d'années  des  Liao  et  envoya  des  Coréens  apprendre 
la  langue  keui  tan. 

Le  règne  de  Mok  tjong,  fils  de  Kyeng  tjong,  fut  marqué 
par  les  débauches  et  les  conspirations  de  la  reine  mère 
(997-4009)  ;  le  roi  fut  déposé  et  remplacé  par  Hyen  tjong, 
petit-fils  de  Htai  jo.  De  4044  à  4020,  les  Keui  tan  enva- 
hirent plusieurs  fois  la  Corée,  occupèrent  la  capitale,  chas- 
sèrent le  roi  vers  le  S.  ;  les  principaux  fonctionnaires 
miUtaires,  se  croyant  indispensables,  se  rendirent,  par  leur 
arrogance,  insupportables  aux  fonctionnaires  civils  et  à  la 
cour  :  ils  furent  massacrés  (4045).  Des  discordes  du  même 
genre,  avec  les  incursions  des  Nye  tjin,  tantôt  soumis, 
tantôt  révoltés,  remplirent  les  règnes  de  Tek  tjong  (4034- 
34)  et  de  Tjyeng  tjong  (4034-46),  tous  deux  fils  de 
Hyen  tjong.  Dès  le  règne  de  ce  dernier,  on  avait  commencé 
de  donner  aux  Nye  tjin  (Niu  tchen)  et  à  d'autres  tribus 
eptentrionales  des  terres  situées  à  l'intérieur  du  royaume 
et  dont  on  formait  de  nouveaux  districts  ;  cette  politique 
s'accentua  sous  les  règnes  suivants,  surtout  sous  Moun 
tjong  (4046-83),  également  fils  de  Hyen  tjong.  Ce  prince 
reprit  (4074)  les  relations  avec  la  Chine,  qui  étaient  inter- 
rompues depuis  plus  de  cinquante  ans  ;  en  effet,  la  puis- 
sance des  Keui  tan  était  déjà  sur  son  déclin.  Moun  tjong 
montra  la  plus  grande  partialité  pour  les  bonzes  :  des  dis- 
tricts entiers  furent  exemptés  d'impôts  et  consacrés  à  la 
corvée  pour  la  construction  de  la  bonzerie  de  Heung  oang, 
qui  fut  élevée  sur  un  plan  grandiose,  magnifiquement  ornée 
et  somptueusement  inaugurée  en  4067  ;  trois  ans  plus 
tard,  les  bonzes  obtinrent  de  la  fortifier.  Syoun  tjong,  fils 
du  précédent,  ne  régna  que  quelques  mois  ;  Syen  tjong 
(4083-94),  également  fils  de  Moun  tjong,  institua  des 
examens  spéciaux  pour  les  bonzes  (4084).  Syouk  tjong 
(1095-4405),  troisième  fils  de  Moun  tjong,  força  son  neveu 
Heh  tjong  (4094-95)  à  lui  céder  le  trône  ;  il  forma  une 
importante  collection  de  livres,  dont  une  partie  subsistait  au 
xv«  siècle  ;  il  jeta  les  premières  fondations  d'une  nouvelle 
capitale  (4099)  qui  est  devenue  Séoul. 

C'est  sous  son  règne  et  sous  celui  de  son  fils  Yei  tjong 
(4405-22)  que  s'établit  la  puissance  des  Nye  tjin  :  le  pre- 
mier chef  important  de  ces  barbares,  Yeng  ka,  envoya 
une  ambassade  en  Corée  (4402)  ;  une  défaite  infligée  par 
son  successeur,  0  a  syok,  aux  Coréens  (4404),  fut  vengée 
par  le  massacre  de  quatre  cents  chefs  invités  à  un  banquet 
(4407),  d'où  résulta  la  pacification  de  la  frontière  du  Nord 
pour  quelques  années.  En  4444,  A  kol  hta  (Agouta),  chef 
d'une  branche  plus  septentrionale,  parent  de  Yeng  ka  et 
descendant  d'un  bonze  coréen  et  d'une  femme  nye  tjin,  se 
révolta  contre  les  Liao  et  fonda  l'empire  des  Kin.  Il  y  eut 
entre  le  nouvel  empire  et  la  Corée  quelques  difficultés  de 
frontières  :  mais  le  royaume  accepta  la  suzeraineté  des 
Nye  tjin  (4446)  et  eut  moins  à  souffrir  de  leur  part  que  de 
celle  des  Keui  tan. 

Les  règnes  de  Yei  tjong,  de  son  fils  In  tjong  (4422- 
46),  de  ses  petits-fils  JÇm  tjong  (4446-70),  Myeng  tjong 
(4470-97),  Sin  tjong  (4497-4204),  ceux  de  Hem  tjong 
/4 204-44),  fils  du  précédent,  de  Kang  tjong  (4244-43), 
nls  de  Myeng  tjong,  et  les  premières  années  de  Ko  tjong 


OANG  —  OASIS 

(4243-59),  fils  de  Kang  tjong,  furent  calmes  à  rextérieiir. 
Mais  à  Fintérieur  ils  furent  marqués  par  les  prodigalités 
et  le  luxe  des  rois  et  par  l'affaiblissement  centinu  du  pou- 
voir royal  :  rivalités  sanglantes  entre  militaires  et  civils 
(4440,  70),  pouvoir  de  Ri  Tja  kyem,  beau-père  des  rois 
Yei  tjong  et  In  tjong  (4422),  révoltes  des  bonzes  {ii^6- 
35,  etc.),  un  roi  déposé  en  4470,  mis  à  mort  en  4473,  un 
autre  détrôné  en  4496,  un  autre  en  4244,  tels  sont  les 
événements  les  plus  saillants  de  cette  période.  A  partir 
de  4470,  le  pouvoir  appartint  uniquement  aux  fonction- 
naires militaires  qui  se  réservèrent  presque  toutes  les 
charges;  ce  n'est  qu'en  4275  que  les  fonctionnaires  civils 
reprirent  quelque  influence.  D'ailleurs,  la  tyrannie  dos 
grands  chefs  militaires  fut  telle  qu'un  personnage  peu  im- 
portant, Tchoi  Tchyoung  hen,  réussit  à  les  renverser 
(4496)  et  fut  considéré  comme  un  sauveur:  il  s'empara 
de  tout  le  pouvoir,  nomma  et  destitua  les  fonctionnaires, 
réorganisa  l'administration  à  son  profit.  Il  fit  d'ailleurs 
preuve  de  hautes  capacités  et  d'une  grande  énergie  et 
devint  une  sorte  de  maire  du  palais  ;  son  fils  Tchoi  Ou 
(4248),  son  petit-fils  Tchoi  Hang  (4249),  son  arrière- 
petit-fils  Tchoi  Eui  (4257),  héritèrent  de  son  autorité  et 
de  ses  dignités  ;  c'est  par  l'assassinat  de  ce  dernier  (4258) 
que  s'éteignit  cette  dynastie  comparable  à  celles  des 
chôgouns  japonais.  Il  faut  encore  noter  pendant  cette  pé- 
riode la  réunion  au  royaume  de  l'île  de  Quelpaërt  trans- 
formée en  sous-préfecture  (4468)  et  la  composition  du 
Sam  kouk  sa  keui,  le  plus  ancien  ouvrage  d'histoire  co- 
réenne qui  soit  pcxrvcnu  jusqu'à  nous  :  il  fut  présenté  au 
roi  par  son  auteur  Kim  Pou  sik  (4445). 

Les  quarante  dernières  années  de  l'administration  des 
Tchoi  (4248-58)  furent  signalées  par  une  lutte  opiniâtre 
contre  l'invasion  mongole,   plus  terrible  que  celles  des 
Keui  tan  et  des  Nye  tjin.  En  4234 ,  soixante-douze  résidents 
mongols  furent  installés  en  Corée,  le'pays  dut  payer  tribut, 
donner  des  otages,  fournir  un  million  d'hommes  à  l'armée 
du  khan  ;  mais  l'année  suivante,  Tchoi  Ou  emmena  la  cour 
dans  l'île  de  Kang  hoa  et  prescrivit  au  peuple  de  se  retirer 
dans  les  îles  et  dans  les  montagnes  pour  continuer  la  résis- 
tance. Après  la  mort  de  Tchoi  Eui,  le  prince  héritier  fut 
envoyé  à  la  cour  du  khan  pour  traiter  (4259),  et  la  pre- 
mière condition  posée  fut  que  le  roi  revînt  sur  la  terre 
ferme.  A  son  retour,  le  prince  héritier  monta  sur  le  trône 
(Ouen  tjong,  4259-74).  Désormais,  la  Corée  ne  fut  plus 
qu'une  province  mongole,  gouvernée  par  des  rois  indi- 
gènes :  ceux-ci  étaient  mariés  à  des  princesses  mongoles 
qui  prenaient  le  pas  sur  eux  dans  les  cérémonies  publiques  ; 
des  conseillers  mongols   dirigeaient  leur  politique  ;    ils 
étaient  appelés  à  Peking,  exilés,  déposés,  remis  sur  le 
trône  suivant  les  caprices  du  khan  ;  fils  de  mères  mongoles, 
ils  parlaient  la  langue  de  celles-ci,  portaient  des  noms  mon- 
gols, étaient  privés  d'une  partie  des  honneurs  posthumes 
rendus  jusqu'alors  à  leurs  ancêtres.  Telle  fut  la  situation 
de  Tchyoung   ryel  (4274-98  et  4298-4308),  fils  de 
Ouen  tjong;  de  son  fils  Tchyoung  syen  (4298  et  4308- 
43),  qui  abdiqua  pour  vivre  à  Peking  avec  des  lettrés  ;  de 
Tchyoung  syouk  (4343-30  et  4332-39),  fils  du  précédent  ; 
de  Tchyoung  hyei  (4330-32  et  4339-44),  fils  du  précé- 
dent ;  de   Tchyoung  niok  (4344-48)  et  de  Tchyoung 
lyeng  (4348-54),  tous  deux  fils  de  Tchyoung  hyei. 

Pour  la  politique  extérieure,  les  Mongols  firent  de  la 
Corée  leur  base  d'opérations  contre  le  Japon  ;  malgré  des 
préparatifs  considérables  (depuis  4270),  Mongols  et  Coréens 
réunis  furent  plusieurs  fois  repoussés  par  les  tempêtes  et 
par  le  courage  des  Japonais  ;'après  un  dernier  échec  (4280), 
le  khan  Koubilaï  renonça  à  son  projet.  Mais  ces  expédi- 
tions avaient  appauvri  la  Corée  d'hommes  et  de  grains  et 
avaient  ajouté  de  nouvelles  inimitiés  à  celles  qui  existaient 
déjà  entre  la  péninsule  et  le  Japon. 

Grâce  à  l'affaiblissement  de  la  puissance  mongole,  le 
roi  Kong  min  (4354-74),  fils  de  Tchyoung  syouk,  jouit 
de  plus  d'indépendance  que  ses  prédécesseurs.  Il  tomba 
sous  la  domination  des  bonzes,  particulièrement  de  Pyen 


466  — 

syo,  ou  Sin  Ton  ;  celui-ci  sut  persuader  au  roi  que  Sin 
Ou,  son  propre  fils,  devait  la  naissance  au  roi  lui-même. 
Sin  Ou  (4374-88),  puis  Sin  Tchyang  (4388-89),  fils 
de  Sin  Ou,  succédèrent  donc  à  Kong  niin  ;  ils  s'atta- 
chèrent à  la  fortune  des  Mongols  qui  venaient  d'être 
chassés  de  Chine.  Ri  Syeng  kyei,  principal  chef  de  la  no- 
blesse, fut  le  général  chargé  de  marcher  contre  les  Chi- 
nois (4388)  ;  il  refusa  d'obéir,  déposa  le  roi  et  le  rem- 
plaça par  Kong  yang  (4389),  descendant  de  Sin  tjong  ; 
peu  d'années  après,  il  se  sentit  assez  fort  pour  régner 
lui-même  :  il  déposa  Kong  yang  et  fonda  une  nouvelle 
dynastie  (4392). 

Outre  les  événements  rapportés  ci-dessus,  il  faut  noter 
que,  sous  cette  dynastie,  la  noblesse  territoriale  du  Sinra 
ra  a  graduellement  disparu  et  qu'une  nouvelle  aristocratie, 
une  «  noblesse  de  pinceau  »,  s'est  peu  à  peu  formée  ;  elle 
était  constituée  dès  le  xi*^  siècle  avec  les  principaux  traits 
qu'elle  a  conservés.  En  même  temps  est  apparu  un  régime 
de  castes  qui  a  laissé  des  traces  jusqu'aujourd'hui.  D'autre 
part,  les  formes  extérieures  de  l'administration  ont  été  de 
plus  en  plus  empruntées  à  la  Chine.    Maurice  Courant. 

BiBL,  :  Maurice  Courant,  Bibliogniphie  coréenne  sVaris, 
1895-97,  3  vol.  gr.  m-8. 

GANG  Ngan  chi,  célèbre  réformateur  politique  chi- 
nois (4024-86).  Doué  d'un  talent  littéraire  remarquable, 
il  fut  distingué  par  Ngeou  yang  Sieou  (V.  ce  nom),;  sa 
carrière  fut  cependant  ordinaire  jusqu'à  l'avènement  de 
Chen  tsong  (4068)  ;  sa  profonde  connaissance  de  l'anti- 
quité, la  logique  de  ses  idées  et,  ajoutent  ses  adversaires, 
ses  adroites  flatteries  lui  attirèrent  la  faveur  du  souverain 
qui  le  mit  à  la  tête  des  affaires.  Il  élabora  un  plan  de 
réorganisation  du  gouvernement  chinois,  portant  sur  les 
points  suivants  :  formation  de  forces  d'infanterie  et  de  ca- 
valerie au  moyen  du  service  obligatoire,  le  service  étant 
dû  par  groupes  do  dix  feux  unis  solidairement  ;  rempla- 
cement de  la  corvée  et  des  prestations  en  nature  par  un 
impôt  en  monnaie  ;  avances  de  fonds  par  l'Etat  à  tout 
homme  qui  fournit  des  gages  ;  avances  de  grains  par 
l'Etat  aux  cultivateurs,  ces  avances  étant  faites  au  prin- 
temps et  remboursées  après  la  récolte  ;  suppression  de 
la  propriété  foncière  individuelle,  les  terres  étant  chaque 
année  distribuées  également  par  les  fonctionnaires  locaux 
à  tous  les  imposables  du  district. 

Des  essais  partiels  d'application  furent  faits  dans  diffé- 
rentes régions,  malgré  l'opposition  de  Ngeou  yang  Sieou, 
de  Seu  ma  Koang  et  autres  ;  ils  donnèrent  heu  à  toutes 
sortes  de  désordres  et  à  des  rébellions  ;  pourtant  on 
n'abandonna  totalement  les  idées  de  Oang  Ngan  chi  que 
vers  J420.  Il  avait  été  privé  de  sa  charge  par  Tche  tsong 
(4085)  et  était  mort  l'année  suivante.   Maurice  Courant. 
CANNES.  Divinité  chaldéenne  mentionnée  par  Bérose. 
On  racontait  que  cet  être,  à  corps  et  tête  de  poisson,  se- 
conde tête  et  pieds  humains,  à  voix  humaine,  était  sorti 
de  la  mer  Erythrée  pour  enseigner  aux  Babyloniens,  qui 
vivaient  sans  lois  comme  des  animaux,  l'écriture,   les 
sciences  et  les  principaux  arts,  arpentage,  agriculture,  etc. 
OASIS  (Egypt.  Ouit,  copte  Ouah,  arabe  OuûK  grec 
Ouasis).  On  désigne  sous  ce  nom  des  points  situés  dans 
le  désert  et  qui  se  distinguent  du  milieu  environnant  par 
une  végétation  plus  ou  moins  abondante.  Les  oasis  doivent 
leur  fertilité  aux  sources  qu'elles  renferment  et  qui  les 
arrosent.  Si  l'eau  vient  à  tarir,  l'oasis  disparaît;  de  même 
on  peut  créer  artificiellement  des  oasis  en  forant  des  puits 
dans  le  désert.  Le  terme  oasis,  appliqué  dans  l'antiquité 
exclusivement  aux  îlots  do  verdure  situés  dans  le  désert 
égyptien  {Oasis  d'Ammon,  auj.  Siouah;  Petite  Oasis, 
auj.  Baharièh  et  Parafrah;  Grande  Oasis,  auj.  Khargèh 
et  Dakhel),  s'est  généralisé  et  s'applique  aujourd'hui  aux 
îlots  du  même  genre  situés  dans  les  déserts  d'Afrique, 
d'Asie,  d'Amérique,  d'Australie.  Leur  emplacement  déter- 
mine le  trajet  des  routes  de  caravanes  à  travers  le  désert. 
Les  plus  vastes  et  les  plus  importantes  oasis  sont  celles 
du  désert  de  l'Asie  centrale,  le  long  du  Tarim,  autour  de 


—  167  — 


OASIS  —  OAXAGA 


Khotan,  Yarkand,  Kacligan,  etc.;  celle  de Palmyre,  aiiN.  de 
l'Arabie,  celles  du  Sahara, du  Fezzan,d  u  Touât,  de  l'Air,  etc. 
OATES*  (Titus),  fanatique  anglais,  né  à  Oakham  en 
4649,  mort  à  Londres  le  42  juil.  4705.  Fils  d'un  recteur, 
il  se  fait  remarquer  dès  son  enfance  par  son  inconduite  ; 
chassé  de  diverses  "écoles,  il  quitte  l'Université  de  Cam- 
bridge après  des  études  incomplètes.  Cependant  il  prend 
les  ordres  et  devient  vicaire  de  Bobbing  (Kent),  puis  curé 
à  Hastings.  Impliqué  dans  un  procès  louche,  il  est  empri- 
sonné à  Douvres.  Il  s'échappe,  s'engage  comme  aumônier 
sur  un  navire  de  guerre.  Bientôt  chassé  de  la  flotte,  il 
réussit  à  tromper  la  confiance  du  duc  de  Norfolk  qui  l'en- 
gage comme  chapelain.  Il  se  lie  avec  de  nombreux  catho- 
liques et,  tombé  dans  la  pire  misère,  songe  à  tirer  parti 
d'une  conversion  opportune.  Il  s'introduit  dans  les  mai- 
sons jésuites  de  Valladolid  et  de  Saint-Omer  d'où  sa  mau- 
vaise conduite  le  fait  encore  expulser.  Par  vengeance  ou 
désir  de  battre  monnaie,  coûte  que  coûte,  il  conçoit  un 
abominable  projet.  Ayant  appris  à  Saint-Omer  que  les  jé- 
suites se  disposaient  à  tenir  à  Londres  une  assemblée 
secrète,  probablement  une    de   ces  réunions  ordinaires 
où  ils  discutent  les  intérêts  de  l'ordre,  il  fait  passer  au 
roi,  en  4678,  l'avis  que  les  papistes  tramaient  un  grand 
complot .  contre  le  protestantisme  et   contre  la  vie  de 
Charles  II.  Le  roi  accueille  cette  confidence  avec  incrédu- 
lité. Oates  la  rédige  avec  soin,  entrant  dans  les  détails 
les  plus  extraordinaires,  et  affirme  par  serment,  solen- 
nellement reçu  par  un  magistrat  de  Londres,  la  vérité  de 
sa  relation.  Il  est  mandé  devant  le  conseil  privé  (28  sept.) 
où  il  répète  son  histoire  avec  la  plus  incroyable  assu- 
rance et  en  la  corsant  de  nouveaux  détails.  Il  s'agissait, 
en  un  mot,  de  fomenter  une  insurrection  en  Irlande,  de 
pénétrer  en  Ecosse  sous  le  costume  de  cameroniens  et 
d'assassiner  le  roi  pour  assurer  le  trône  au  duc  d'York. 
Charles  II  se  montrait  de  plus  en  plus  défiant.  Mais  au  mo- 
ment où  Titus  Oates  allait  être  renvoyé  avec  le  mépris  qu'il 
méritait,  la  correspondance  de  Coleman,  secrétaire  de  la 
duchesse  d'York,  tomba  entre  les  mains  du  gouvernement. 
Coleman  parlait  d'un  projet  d'entente  avec  Louis  XIV, 
dans  le  but  de  convertir  les  trois  royaumes  et  de  «  vaincre 
complètement  l'hérésie  pestilentielle  qui  a  si  longtemps 
dominé  dans  une  grande  partie  du  Nord  ».  Cette  décou- 
verte donnait  quelque  couleur  de  'STaisemblance  au  com- 
plot papiste  imaginé  par  Oates.  La  situation  fut  savam- 
ment exploitée  par  Shaftesbury,  pressé  de  ruiner  la  poli- 
tique de  Danby.  Sur  ces  entrefaites,  le  magistrat  devant 
lequel  Oates  avait  déposé  fut  trouvé  dans  un  lîhamp  des 
environs  de  Londres,  le  cœur  per«cé  de  son  épée.  L'imagi- 
nation populaire  se^^nonta.  On  eut  la  conviction  d'un  crime 
commis  par  les  jésuites  pour  étouffer  l'affaire.  On  fit  à  sir 
Edmundsbury  Godfrey  des  funérailles  solennelles.  Londres 
et  la  province  connurent  toutes  les  folles  extrémités  de 
la  panique.  Sous  la  pression  populaire,  la  Chambre  des 
lords  et  la  Chambre  des  communes  nommèrent  des  com- 
missions pour  faire  une  enquête  sur  les  révélations  de 
Titus  Oates.  Shaftesbury  s'arrangea  pour  la  diriger  (4679). 
Il  accepta  sans  contrôle  toutes  les  accusations  nouvelles 
que  le  dénonciateur  se  prit  à  forger.  Cinq  lords  catho- 
liques furent  envoyés  à  la  Tour,  deux  mille  suspects  furent 
jetés  en  prison.  Une  véritable  terreur  s'abattit  sur  le  pays. 
Shaftesbury  apparaissait  comme  un  sauveur  et  il  ne  né- 
'gligeait  rien  pour  fortifier  cette  apparence,  faisant  chasser 
de  Londres  tous  les  catholiques,  appelant  les  mihces  aux 
armes,  faisant  voter  un  bill  excluant  les  catholiques  des 
Chambres.  Au  bout  de  quatre  mois  de  ce  régime,  on  com- 
mença à  concevoir  des  doutes  sur  la  réalité  du  complot 
papiste.  Mais  un  autre  imposteur,  nommé  Bedloe,  se  mit 
à  inventer  des  atrocités  plus  fortes  que  celles  qu'avait  con- 
çues Oates,  Il  ne  parlait  rien  moins  que  du  débarquement 
d'une  armée  papiste  et  du  massacre  général  des  protes- 
tants. Oates  ne  voulut  pas  se  laisser  distancer  et  il  accusa 
la  reine  d'avoir  participé  à  la  conjuration  contre  son  mari. 
L'affolement  de  la  population  parvint  à  son  comble.  Les 


lords  cathoHques  furent,  mis  en  jugement  sous  l'inculpa- 
tion de  haute  trahison,  et  Shaftesbury  fit  procéder  à  une 
série  de  meurtres  juridiques  qui  débuta  par  l'exécution  de 
Coleman  ;  mais  il  remplaça  Danby  à  la  tête  du  gouverne- 
ment. Il  essaya  encore  de  jouer  du  complot  papiste  pour 
lutter  contre  la  réaction  qui  vint,  inévitable.  Ainsi,  en 
4680,  il  produisit  de  nouvelles  révélations  sensationnelles  : 
complot  contre  sa  vie,  affiliation  du  duc  d'York  lui-même 
aux  diverses  conjurations  papistes,  etc.  Il  ne  réussit  qu'à 
provoquer  de  grandes  processions  aux  flambeaux  qui,  après 
s'être  promenées  dans  Londres,  brûlèrent  l'effigie  du  pape. 
Le  jury  acquittait,  coup  sur  coup,  les  victimes  désignées 
par  les  dénonciateurs  et,  Titus  Oates,  qui  vivait  grassement 
du  produit  de  ses  mensonges,  fut  un  beau  jour  arrêté, 
condamné  à  400.000  £de  dommages-intérêts  et  mis  aux 
fers  (4684).  Dès  son  avènement,  Jacques  II  lui  fit  intenter 
un  procès  pour  parjure.  Oates  fut  condamné  (4686)  au 
pilori  et  à  la  détention  perpétuelle.  Guillaume  d'Orange  le 
fit  remettre  en  liberté  (4689),  et  l'imposteur  trouva  encore 
moyen  de  faire  des  dupes  en  épousant  une  riche  veuve,  en 
obtenant  son  admission  dans  la  secte  des  baptistes,  d'où 
il^  se  fit  expulser  d'ailleurs  pour  avoir  sollicité  un  legs 
d'une  dévote,   etc.  Il  a  laissé  un  abominable  pamphlet 
contre  Jacques  II,  l'Eîxcoy  pacrtXtxrj  (Londres,  4696-97, 
4  vol.  in-4).  K.  s. 

BiBL.  :  Thomas  Seccombe,  Lives    of  twelve    Badmen: 
Londres,  1894. 

OAXACA  (Oajaca).  Ville.  —  Ville  du  Mexique,  capi> 
taie  de  l'Etat  d'Oaxaca,  dans  une  vallée  voisine  du  fleuve 
Atoyac,  à  4 .542  m.  d'alt.  ;  27.856  hab.  (en  4894).  Palais 
épiscopal  dans  le  style  des  palais  de  Mitla  ;  cathédrale 
achevée  en  4729;  grand  couvent  de  dominicains  au  point 
culminant  de  la  ville,  souvent  utifisé  comme  forteresse 
dans  les  guerres  civiles  ;  séminaire,  école  technique.  On 
y  fait  des  cigares,  du  chocolat,  des  cierges,  du  savon,  des 
cotonnades.  Elle  a  remplacé  en  4522  la  forteresse  aztèque 
d'Huaxiacac,  sise  à  6  kil.,  et  porta  d'abord  le  nom  d'An- 
tequera.  Non  loin  sont  le  bourg  aztèque  de  Xalatlaca  et 
Villa  de  Santa-Maria  de  Marquesado,  ch.-l.  d'un  mar- 
quisat de  Fernand  Certes.  A  45  kil.  E.  ,les  ruines  de  Mitla, 
Etat.  —  L'Etat  mexicain  d'Oaxaca,  riverain  de  l'océan 
Pacifique  au  S.,  embrasse  88.974  kil.  q.,  peuplés  de 
793.449  hab.  (8  hab.  par  kil.  q.).  Il  s'étend  entre  45« 
et  48<>  lat.  N.  et  confine  aux  Etats  de  Chiapas  à  l'E.-, 
Vera  Cruz  et  Puebla  au  N.,  Guerrero  à  l'O.  Son  terri-^ 
toire  comprend  les  montagnes  qui,  du  plateau  d'Anahuac, 
vont  à  l'isthme  de  Tehuantepec,  les  hautes  vallées  qui 
descendent  vers  l'Atlantique  et  tout  le  versant  du  Paci- 
fique. Le  mont  Zempoaltepec  atteint  3.990  m.  La  côte, 
qui  a  570  kil.  de  long,  est  peu  accidentée  et  uniforme, 
sauf  à  l'E.  de  Tehuantepec  où  elle  est  échancrée  par  une 
vaste  lagune.  Les  principaux  fleuves  sont  :  vers  le  S.,  le 
rio  Verde,  qui  arrose  Oaxaca;  vers  le  N.,  le  Papaloapan 
et  San  Juan,  qui  fusionnent  à  leur  embouchure  (Etat  de 
Vera  Cruz)  et  le  Coatzacoalco.  Le  climat  est  celui  du 
Mexique,  frais  et  sain  sur  les  hautes  terres,  chaud  sur  la 
côte  et  dans  les  vallées.  Il  pleut  beaucoup,  même  durant 
la  saison  sèche  ;  le  littoral  souffre  de  fréquents  orages  ; 
les  tremblements  de  terre  sont  assez  fréquents.  Les  bois 
de  teinture,  le  caoutchouc,  la  vanille  sont  exploités  dans 
les  bois  où  errent  les  onces,  les  léopards,  les  loups.  Il 
existe  des  mines  d'or,  d'argent,  de  cuivre,  de  mercure, 
de  fer,  de  sel,  de  pétrole,  de  houille. 

La  population  est  formée  d'Indiens,  avec  moins  de  40  «/o 
de  métis.  Elle  vit  d'agriculture  et  d'élevage,  cultivant  le 
maïs,  le  blé,  l'agave,  la  canne  à  sucre,  le  cacao,  le  café, 
le  coton,  le  tabac  ;  l'industrie  est  à  peu  près  exclusive- 
ment agricole  ;  sucreries,  distilleries,  manufactures  de 
tabac,  et,  dans  chaque  petit  centre,  poterie  et  savonnerie. 
Le  commerce  se  fait  par  Vera  Cruz.  Cette  région  fut  un 
des  foyers  de  la  civilisation  mexicaine  (en  particulier  des 
prêtres  Zapotecs),  ainsi  qu'en  témoignent  les  belles  ruines 
de  Mitla,  Miguitland,  Achiutla,  etc.  A. -M.  B. 


OB  --  OBÉDIENCE 


—  168 


OB.  Fleuve  de  Russie  (V.  Obi). 

OBADYAH,  prophète  (V.  Abdias). 

OBAID  ou  LOBAIT  (El).  Ville  du  Soudan  égyptien, 
capitale  du  Kordofan,  par  28«  31'  long.  E.  et  18M0' 
lat.  N.,  à  585  m.  d'alt,,  ayant  une  population  de  80.000  à 
35.000  âmes  environ.  La  ville  a  2  kil.  de  circonférence 
environ  et  s'étale  dans  une  vaste  plaine  desséchée  en  été, 
parsemée  d'une  abondante  végétation  en  hiver;  elle  se 
compose  de  six  villages  distincts,  aux  huttes  entourées  de 
haies  épineuses,  peuplées  de  gens  deDongola,  du  Bornou, 
du  Borgou,  du  Daghirmi,  du  Darfour,  et  de  diverses  races 
nègres.  On  y  fait  des  nattes,  des  vases,  des  ouvrages  en 
filigrane.  C'était  avant  la  conquête  mahdiste  (17  janv.  1 883) 
un  marché  d'exportation  de  gomme  et  de  plumes  d'au- 
truche vers  l'Egypte.  Rouire. 

OBAI  D-Allah,  général  arabe  (648-685),  fils  de  Ziyâd, 
que  Moâwiya,  1^^'  khalife  omeyyade,  avait  reconnu  pour 
frère,  malgré  l'illégitimité  de  sa  naissance.  .11  servit  la 
cause  des  Omeyyades  sous  les  khalifats  de  Yazîd  I®^', 
Molwiya  II,  Marwàn  P^  et  Abd-el-Melik,  fdsde  Marwân. 
Gouverneur  de  Basra,  puis  de  Koûfa,  il  fut  chargé  par 
Yazîd  d'étouffer  la  réJjellion  des  Alides  dans  la  province 
d'Iraq.  Après  avoir  soumis  les  Koùfiens,  il  tua  al-Housain, 
fils  d  Ali,  et  massacra  ses  partisans  dans  la  sanglante  jour- 
née de  Kerbéla  (680).  Sa  cruauté  lui  attira  les  reproches 
du  khalife  et  les  malédictions  des  Chiites.  Obaid-Allah  re- 
fusa ensuite  de  marcher  contre  Abdallah,  fils  d'Az-Zoubalr, 
qui  s'était  révolté  dans  le  Hidjâz,  ne  voulant  pas  com- 
mettre un  second  sacrilège  en  portant  les  armes  contre 
La  Mecque.  En  684,  il  facilita  à  Marwân,  filsd'Al-Hakam, 
l'accès  du  khalifat,  par  sa  victoire  de  Merdj  Rahat,  près 
de  Damas,  contre  Dahak  ibn  Kais,  lieutenant  de  l'usurpa- 
teur de  La  Mecque.  Envoyé  par  le  khalife  Abd-el-Melik 
contre  les  révoltés  de  Koùfa,  il  rencontra  à  Mossoul  ur.e 
armée  ennemie  commandée  par  Ibrahim  ibnMaHk  Aschtar. 
Il  fut  battu  et  tué  par  ce  dernier,  qui  avait  juré  de  ven- 
ger la  mort  des  descend«ints  d'AU  (685).      G.  Salmon. 

OBAID  Allah  Abou  Mohammed,  surnommé  Al  Mculhy, 
c.-à-d.  Al-Madhy-billah,  celui  qui  est  conduit  par  Allah, 
fondateur  de  la  dynastie  des  Fâtimites,  né  en  88!2,  mort 
en  934.  Ce  nom  de  Madhy  était  donné  par  certains  chiites 
(V.  les  art.  CniirES  et  Ismaéliens)  à  l'imam  qui,  dans 
l'opinion  de  ces  sectaires,  devait  être  envoyé  par  Dieu 
pour  rétablir  l'interprétation  véritable  du  Coran  et  ap- 
porter la  solution  des  questions  difficiles  de  l'islam.  Obaid 
Allah  se  disait  le  descendant  d'Alî  et  de  Fàtima,  fille  du 
prophète  (d'où  le  nom  de  Fâtimites),  par  Hosain,  le  mar- 
tyr de  Kerbela.  Au  reste,  la  plupart  des  auteurs  musul- 
mans ont  mis  en  doute  l'authenticité  de  la  généalogie,  que 
ses  descendants  invoquèrent  à  l'appui  de  leurs  prétentions. 
Dès  le  règne  d'El  Moktafy,  Obaid  Allah  commença  sa  pro- 
pagande par  l'envoi  de  daïs  ou  missionnaires,  en  Arabie, 
en  Egypte,  en  Syrie,  dans  le  Maghreb.  Dans  ce  dernier 
pays,  le  dai  Abou-Alîd- Allah  Hasan  Ibn  Ahmed  recruta  de 
nombreux  adhérents  et  détruisit  la  dynastie  des  Aghla- 
bites.  Vers  908,  sous  le  règne  d'El  Moktadir,  il  invita 
Obaid  Allah  à  passer  en  Afrique  pour  venir  se  mettre  à 
la  tête  des  partisans  qu'il  y  comptait.  Obaid  Allah  tra- 
versa la  Syrie  et  l'Egypte,  et  parvint  sain  et  Sauf  jusqu'à 
Sedjelmes,  où  il  fut  reconnu  et  arrêté  sur  l'ordre  du  gou- 
verneur. Délivré  peu  de  temps  après  par  Abou- Abd-Allab, 
il  monta  sur  le  trône  à  Rakkadaen  910,  et  ajouta  au  titre 
de  Ma(Z%  celui  d'Am/r-^/-MoMmmm,  prince  des  croyants. 

Abou-Abd-Allah  avait  pensé  que  le  Madhy  se  conten- 
terait d'une  autorité  spirituelle,  et  que  lui-même  conser- 
verait entièrement  la  conduite  des  affaires  temporelles.  Il 
ne  tarda  point  à  être  déçu  dans  cette  espérance.  Obaid 
Allah,  en  même  temps  qu'il  faisait  peser  sur  ses  nouveaux 
sujets  une  lourde  inquisition,  manifesta  dès  le  début  l'in- 
tention d'exercer  sans  partage  tous  les  pouvoirs  de  la 
royauté;  aussi,  dès  l'année  912,  Abou-Abd-Allah  se  ré- 
volta contre  celui  qu'il  avait  appelé.  Il  fut  vaincu,  mis  à 
mort,  et  les  Berbères  qu'il  avait  entraînés  dans  sa  rébellion 


furent  durement  châtiés.  Puis  Obaid  Allah,  pour  aia»rmir 
son  autorité  naissante  et  assurer  l'avenir  de  ses  descen- 
dants, fonda  la  ville  de  Madhyya  dans  une  forte  position, 
entre  le  golfe  d'Hammama  et  Gabès,  et  eii  fit  sa  capitale. 
Il  dirigea  sans  succès  plusieurs  expéditions  contre 
l'Egypte  :  la  conquête  de  cette  province  était  réservée  â 
l'un  de  ses  successeurs.  Il  réussit  mieux  en  Sicile.  Son 
général,  Abou  Saïd,  mit  habilement  à  profit  les  discordes 
qui  avaient  éclaté  dans  ce  pays  entre  Arabes  et  Ber- 
bères, chassa  le  gouverneur  abbaside,  et  installa  des  gar- 
nisons à  Païenne  et  à  G^irgent.  A  la  mort  d'Obaid  Allah, 
l'île  tout  entière  avait  reconnu  la  suprématie  spirituelle 
et  temporelle  des  Fâtimites.  W.  Marçâis. 

BiBL.  :  QuATREMÈRE,  Mémoire  historique  sur  la  dynastie 
des  Fâtiinites,  dans  Journ.  as.,  1836.  —  Wûstenfeld, 
Geschichte  der  Fatiiniden-Chalifen^  1881. 

OBAMA.  Ville  maritime  du  Japon,  île  de  Nipon,  ken 
et  à  80  kil.  S.  de  Fonkoui,  dans  la  baie  de  Vakasa  ; 
20.000  hab. 

OBAMBA  ou  MBAMBA.  Peuple  de  l'Afrique  occiden- 
tale dans  le  Congo  français.  Son  habitat  est  la  rive  droite 
du  haut  Ogooué.  Sa  langue  est  le  dialecte  bantou. 

OBAN.  Ville  d'Ecosse,  comté  d'Argyle,  sur  le  lac 
Linnhe;  4.946  hab.  (en  1891).  C'est  le  centre  d'excur- 
sions des  touristes  dans  l'Ecosse  occidentale. 

OBANI  (V.  Bonny). 

OBAZINE  (V.  AuBAziNEs). 

OBBL  Localité  de  la  côte  italienne  des  Somalis,  à 
5^^  20'  lat.  N.,  près  du  Ras  Aouad;  résidence  d'un  petit 
sultan  local. 

OBBOS.  Peuplade  du  Soudan  oriental  égyptien  habi- 
tant la  rive  droite  du  haut  Nil,  au  midi  du  poste  de 
Lado. 

OBCHA.  Riv.  de  Russie  d'Europe,  gouvernement  de 
Smolensk,  afïl.  de  gauche  de  la  Meja,  bassin  de  la  Dvina 
occidentale.  Direction  S.,  puis  N.-O.,  longueur  130  kil., 
largeur,  en  été,  de  10  à  4()  m.  ;  profondeur,  par  endroits, 
jusqu'à  3  m.  Elle  est  utilisée  pendant  le  printemps  pour  le 
transport  de  diverses  marchandises  de  Bieli,  principal 
bourg  situé  sur  ses  rives.  P.  Lemosof. 

OBCHTCHI  Syrt.  Dénomination  donnée  à  un  plateau 
de  faïble  élévation,  au  S.-O.  des  monts  Oural,  englobé  par- 
tiellement par  les  provinces  d'Oufa,  Orenbourg  et  Samara, 
et  qui  forme  le  partage  des  eaux  entre  les  bassins  du 
Volga  et  de  l'Oural.  La  région,  qui  n'est  pas  dépourvue  de 
pittoresque,  tranche  également  l'aspect  physique  du  pays. 
Au  N.,  le  sol  est  couvert  de  vastes  forêts  et  traversé  par 
de  nombreux  cours  d'eauj  le  Sud  n'est  plus  qu'un  steppe 
Importants  gisements  de*cuivre. 

OBDORSK(iVosoi;a,  Nosovoïgorod  ;  ostiak  Polnowat- 
wam;  samoïède  Saléchmm).  Village  de  Sibérie,  gouv. 
de  Tobolsk,  cercle  de  Berezov,  près  du  confluent  du  Po- 
loui  et  de  l'Obi  ;  le  commerce  s  est  déplacé  au  profit  de 
Touroukhansk.  —  On  appelle  Ohdorié  la  plaine  sise  entre 
l'Obi,  le  golfe  de  l'Obi  et  les  monts  Oural,  dénommés  ici 
Obdor.  Elle  est  peuplée  de  3.000  Ostiaks  et  de  quelques 
centaines  de  Samoïèdes. 

OBÉDIENCE.  Dans  le  régime  monastique,  on  appelle 
maison  d'obédience  celle  où  un  religieux  doit  faire  sa 
demeure  ordinaire,  parce  qu'il  y  est  soumis  aux  ordres  et 
corrections  de  ses  supérieurs.  —  En  un  sens  spécial  et 
communément  usité,  le  mot  obédience  désigne  une  or- 
donnance du  provincial  ou  d'un  autre  supérieur  de  l'ordre 
permettant,  à  titre  de  faculté,  ou  enjoignant,  en  forme  de 
commandement,  de  sortir  d'un  monastère  pour  aller  dans 
un  autre  ou  ailleurs.  Le  concile  de  Trente  (Sess.  XXV, 
c.  4)  défendit  aux  réguliers  de  s'éloigner  de  leur  couvent, 
même  sous  prétexte  de  se  rendre  auprès  de  leurs  supé- 
rieurs, s'ils  n'étaient  envoyés  ou  mandés  par  eux.  Plu- 
sieurs conciles  avaient  défendu  aux  religieux  d'aller  seuls 
dans  les  villes  ou  de  demeurer  seuls  dans  les  prieurés. 
Néanmoins  les  anciens  canonistes  constataient,  scandali- 
sés, que  rien  n'était  plus  fréquent  que  de  rencontrer  des 


169  — 


OBEDIENCE  -  OBERDANK 


religieux,  même  des  ordres  les  plus  austères,  seuls  et 
qu'on  savait  bien  n'être  pas  employés  à  visiter  et  confesser 
les  malades.  Pour  réprimer  ces  vagabondages,  l'art.  109  du 
cahier  de  la  Chambre  ecclésiastique  des  Etats  généraux  de 
4614  porte  que,  si  quelque  religieux  est  trouvé  seul,  hors 
de  son  monastère,  sans  son  habit  régulier  et  sans  lettre 
d'obédience  ou  viatique,  il  sera  appréhendé  et  châtié  comme 
apostat.  E.-H.  Vollet. 

Pays  d'obédience  (V.  France  ecclésiastique,  t.  XVII, 
p.  4057). 

Lettre  d'obédience  (V.  Lettre,  §  Histoire  reli- 
gieuse). 

OBÉISSANCE  (V.  Discipline). 

Vœu  d'obéissance  (V.  Vœu). 

OBÈLE  (du  grec  o6c).o$,  broche).  Signe  critique  en 
forme  de  broche  ou  de  raie  transversale,  employé  fréquem- 
ment dans  les  anciens  manuscrits,  principalement  dans  les 
Hexaples  d'Origène,  pour  indiquer  une  répétition,  une 
surabondance  de  mots  ou  une  transposition.  Origène  dis- 
tinguait par  un  astérisque  les  suppléments  qu'il  a  ajoutés 
au  texte  des  Septante.  Saint  Jérôme  dit  que  l'obèle  se 
trouvait  seulement  dans  les  endroits  où  quelque  chose 
avait  été  retouché  des  Septante  comme  superflu,  et  l'as- 
térisque dans  ceux  où  il  manquait  quelque  chose.  —  On  dis- 
tingue :  l'obèle  ponctuée  (-^  ou  -7-)  qui  indique  le  doute 
où  Ton  se  trouve  d'ôter  ou  de  laisser  le  passage  ainsi 
marqué,  l'obèle  surmontée  de  deux  points {■^)  indiquant 
une  transposition,  etc.  \J astérisque  (V.  ce  mot)  est  une 
croix  de  saint  André  accompagnée  de  quatre  points  (>k<)  . 

OBÉLION  (Anat.)  (V.  Crâne,  t.  XllI,  p.  264).      *" 

OBÉLISQUE  (Archit.).  Motif  architectural,  spécial  à 
l'ancienne  Egypte  et  consistant  le  plus  souvent  en  un  seul  bloc 
de  granit,  de  grande  hauteur  par  rapport  aux  dimensions 
de  sa  base,  di^essé  sur  un  plan  carré,  taillé  à  quatre  faces 
légèrement  pyramidales,  terminé  par  une  petite  pyramide 
dite  pyramidion  et  couvert  d'inscriptions  en  caractères 
hiéroglyphiques.  C'est  à  cause  de  cette  forme  élancée  que 
les  Grecs  ont  donné  aux  obélisques  leur  nom  qui,  en  grec, 
signifie  broche  ou  aiguille,  dernier  mot  par  lequel  on  dé- 
signe aussi  ce  genre  de  monuments.  Les  obélisques  étaient 
généralement  au  nombre  de  deux,  placés  symétriquement 
sur  des  piédestaux  peu  élevés,  au-devant  et  à  droite  et  à 
gauche  de  la  porte  percée  dans  le  pylône  extérieur  des 
temples  égyptiens  ;  ils  avaient  alors  environ  de  20  à  30  m. 
de  hauteur.  L'obélisque  de  syénite  rose,  donné  par  Méhé- 
met-Ali  à  la  France,  enlevé  en  4834  de  la  façade  du  temple 
de  Louqsor  (Haute-Egypte)  et  transporté  à  Paris,  où  il  fut 
dressé  en  4836  sur  la  place  de  la  Concorde  par  les  soins 
de  l'ingénieur  de  la  marine  Lebas  ,  mesure  exactement 
22«^,83  de  hauteur  et  pèse  environ  230.000  kilogr.  M.  P. 
Pierret  {Dict.  d'archéol.  égypt.)  a  donné  la  traduction  du 
texte  couvrant  une  des  faces  de  cet  obélisque  et  rappelant 
les  formules  protocolaires  de  Ramsès  II,  pharaon  qui  l'avait 
fait  ériger.  Mais,  à  Louqsor,  cet  obélisque  était,  comme 
celui  lui  faisant  pendant,  élevé  sur  un  socle  décoré  sur  deux 
de  ses  faces  de  cynocéphales  adorant  le  soleil  et,  sur  les 
deux  autres,  de  représentations  du  dieu  Nil  faisant  ses 
offrandes  à  Ammon  ;  de  plus,  le  pyramidion  fruste  et  dé- 
gradé qui  le  surmonte  devait,  d'après  Hittorff  {Précis  sur 
les  pyramidions  de  bronze,  etc.  ;  Paris,  4836,  in-8,  pL), 
être  recouvert  d'une  enveloppe  métallique  dorée.  Peut-être 
même  l'obélisque  lui-même  était-il  doré  sur  toutes  ses  faces, 
ce  qui  aurait  fait  ressortir,  en  ton  de  granit  sur  une  sur- 
face brillante,  les  caractères  hiéroglyphiques  qui  le  décorent 
et  dont  le  fond  a  été  soigneusement  poli.  On  conçoit  que, 
privé  de  son  compagnon  et  de  la  façade  du  temple  au-devant 
de  laquelle  il  était  élevé,  l'obélisque  de  la  place  de  la  Con- 
corde, semblant  perdu  dans  un  espace  trop  vaste,  ne  donne 
qu'une  idée  bien  incomplète  de  l'effet  décoratif  produit  par 
les  obélisques  égyptiens  au  xv®  siècle  avant  notre  ère.  On 
taillait  aussi,  et  même  dès  la  IV«  dynastie,  de  petits  obé- 
lisques monolithes  de  grès  ou  de  calcaire,  mesurant  de  4 
à  4  m.  de  hauteur  et  que  l'on  plaçait  dans  les  tombes,  à 


droite  et  à  gauche  de  la  porte  de  la  chambre  du  défunt, 
dont  ces  obélisques  portaient  gravés  le  nom  et  les  titres.  Il 
ne  faut  pas  négliger  de  remarquer  que,  dans  les  grands 
obélisques  comme  ceux  de  Louqsor,  les  faces  présentent  une 
faible  convexité  calculée  de  façon  à  ce  que  ces  faces,  par 
le  seul  fait  de  l'acuité  des  arêtes,  ne  paraissent  pas  con- 
caves, et  il  faut  peut-être  chercher,  dans  cette  courbure 
des  faces  des  obélisques  égyptiens,  l'origine  de  la  courbure 
si  longtemps  discutée  des  lignes  des  temples  grecs.  Les 
grands  obélisques,  malgré  leur  énorme  poids,  ont  dû  être 
mis  à  leur  place  primitive  seulement  à  l'aide  de  cordages 
et  de  caissons  de  sable  et,  à  voir  les  difficultés  qu'ont  éprou- 
vées les  ingénieurs  des  temps  modernes  à  enlever  ces  mio- 
numents  d'Egypte  et  à  les  transporter  en  Europe  pour  les 
dresser  sur  les  places  de  quelques  grandes  villes,  on  ne  saurait 
trop  admirer  la  patience  et  la  grande  entente  déployées  par 
les  milliers  d'esclaves  ou  de  fellahs  qui  les  ont  extraits  des 
carrières  souvent  lointaines  et  les  ont  amenés,  puis  élevés 
devant  la  façade  des  temples.  Au  reste,  cette  coutume  d'en- 
lever les  obélisques  d'Egypte  remonte  à  une  assez  haute  an- 
tiquité, car,  d'après  0.  Smith  (Transactions  de  la  So- 
ciété d'arc  fiéologie  biblique),  Assurbanipal,  au  vii^  siècle 
avant  notre  ère,  aurait  rapporté  à  Ninive,  et  comme  tro- 
phées d'uMe  expédition  en  Egypte,  deux  grands  obéhsques 
enlevés  à  Thèbes,  de  même  que  d'autres  monuments  de  ce 
genre  ont  été  trouvés  dans  les  ruines  de  plusieurs  villes 
anciennes.  Rome  ne  compte  pas  moins  de  douze  obélisques 
qui  y  ont  été  amenés  par  les  empereurs  romains,  et  neuf 
d'entre  eux  ont  été  relevés  en  leurs  places  actuelles  à  di- 
verses époques  :  trois  de  4586  à  4589  pai^  G.  Fontana  ; 
deux  en  4667  par  le  Bernin,  et  trois  de  4786  à  4792  par 
G.  Antinori.  Il  y  avait  également  à  Constantinople  trois  obé- 
lisques dont  un  fut  transporté  à  Venise  en  4546  ;  un  autre, 
trouvé  à  Arles,  fut  placé  sur  un  piédestal  en  4675  ;  il  y  en 
avait  un  à  Florence,  etc.  On  emploie  assez  fréquemment, 
dans  les  édifices  modernes,  les  obélisques  comme  motifs, 
d'amortissement  et,  dans  la  langue  des  arts,  le  mot  obélis- 
cal  qualifie  assez  bien  des  membres  d'architecture  d'une 
trop  grande  hauteur  par  rapport  aux  dimensions  de  leur 
base.  Enfin  on  appelle  obélisque  d'eau  une  pyramide  dont 
les  faces  sont  formées  de  nappes  d'eau  tombant  par  étages 
ou  réduits  et  comme  il  en  existe  dans  les  jardins  de  Ver- 
sailles. Charles  Lucas. 

OBER.  Rivière  de  Prusse  (V.  Obra). 

OBERALP.  Route  carrossable  des  Alpes  suisses,  mas- 
sif du  Saint-Gothard,  établie  de  4862  à  4864  (34  kil. 
de  long),  mettant  en  rapport  les  cant.  des  Grisons  et  d'Uri, 
de  Dissentis  à  Andermatt.  Le  col  où  se  trouve  la  limite 
est  à  2.046  m.  Près  de  là,  un  petit  lac,  l'Oberalpsee,  de 
4  kil.  4/2  de  longueur.  En  4799,  il  y  eut  dans  ces  parages 
un  combat  terrible  où  les  Français  battirent  les  Autri- 
chiens. 

OBERAMMERGAU.  Com.  de  Bavière,  prov.  de  Haute- 
Bavière,  sur  l'Ammer,  à  844  m.  d'alt.  ;  4.366  hab.  Elle 
est  connue  par  ses  représentations  théâtrales  populaires 
mettant  en  scène  la  Passion  du  Christ.  Elles  ont  lieu  tou^ 
les  dix  ans  (4890, 4900,  etc.),  en  souvenir  de  la  peste  de 
4634.  Les  acteurs  sont  au  nombre  de  près  de  500.  La 
mode  s'en  est  engouée  et,  en  4889,  on  construisit  près  du 
village  un  théâtre  de  4.000  places. 

BiBL.  :  Daisenberger,  Obevcimmergau  und  seine  Be- 
xçôhner;  Munich,  1890,  2"  éd. 

OBERBERGHEIM  (Alsace)  (V.  Bergheim). 

OBERBEUTHEN  (Prusse)  (V.  Beuthen). 

OBERDANK  (Wilhelm)\  étudiant  autrichien:,  né  à 
Trieste,  exécuté  à  Trieste  le  22  déc.  4882.  Affilié  kVIta- 
lia  irredenta,  il  passa  en  Italie  pour  ne  pas  servir  dans 
l'armée  autrichienne,  revint  à  Trieste,  lors  d'un  voyage 
de  l'empereur  François-Joseph,  y  fut  arrêté,  le  46  sept. 
4882,  porteur  de  bombes  Orsini,  et  condamné  à  mort  par 
un  conseil  de  guerre.  Sa  mémoire  est  célébrée  en  ItaHe 
par  les  irrédentistes  comme  celle  d'un  martyr. 


OBERHALBSTEIN  —  OBERNAI 


—  no  — 


OBERHALBSTEIN.  Vallée  de  Suisse,  cant.'  des  Gri- 
sons, arrosée  par  un  affluent  de  l'Albula  qu'on  nomme 
Rhin  d'Oberhalbstein  et  formé  par  deux  ruisseaux  issus, 
Fun  du  Julier,  l'autre  du  Septimer,  qui  se  joignent  à 
Stalla  ou  Bivio  (4.776  m.),  la  plus  haute  des  onze  com- 
munes de  la  vallée.  Celle-ci  forme  la  route  d'accès  du 
Rhin  vers  les  cols  du  Julier  et  du  Septimer,  fermée  en 
bas  par  une  yéritable  porte  de  rochers,  le  «  Stein  »,  et  fort 
pittoresque.  Les  habitants,  au  nombre  de  2.500,  sont 
catholiques,  sauf  à  Bivio,  et  de  langue  romanche  :  ils 
appellent  leur  vallée  Sui^  Seissa. 

OBERHASLACH.  Com.  de  Basse-Alsace,  cercle  et  cant. 
de  Molsheim,  sur  la  Hasel;  992  liab.  (en  4895).  Scie- 
ries. Cascades.  Quatre  burgs  ruinées,  dont  la  plus  célèbre 
est  Niedeck. 

OBERHAUSEN.  Ville  de  Bavière,  prov.  de  Souabe,  sur 
la  Wertach,  au  N.-O.  d'Augsbourg  dont  c'est  un  lieu  de 
plaisance  ;  6.454  hab.  (en  4895). 

OBERHAUSEN,  Ville  de  Prusse,  district  de  Diisseldorf, 
à  rO.  d'Essen ,  dans  le  bassin  houiller  de  la  Ruhr  ; 
30.459  hab.  (en  4895),  dont  un  tiers  protestant.  Fondée 
en  4845,  ce  n'était  encore  qu'un  hameau  en  4862.  Im- 
portant nœud  de  voies  ferrées.  Mines  de  houille.  Grandes 
usines  à  fer,  acier,  zinc  ;  atcHers  de  chemins  de  fer  ;  cons- 
truction de  chaudières.  Verreries,  porcelaine,  produits 
chimiques. 

OBERKAMPF  (Christophe-Philippe) , manufacturier  fran- 
çais, d'origine  allemande,  né  à  Weissenbach  (Bavière)  le 
44  juin  4738,  mort  à  Jouy-en-Josas  (Seine-et-Oise)  le 
4  oct.  4845.  Fils  d'un  fabricant  de  toiles  peintes,  qui  était 
venu  fonder  à  Aarau,  en  Suisse,  un  établissement  assez 
prospère  et  qui  l'associa,  tout  jeune,  à  ses  travaux,  il  se 
rendit  à  Paris  à  dix-neuf  ans  et,  deux  ans  plus  tard,  ne 
disposant  que  d'un  faible  capital  de  25  louis,  il  monta, 
dans  une  modeste  chaumière  des  bords  de  laBièvre,  à  Jouy, 
l'une  de  nos  premières  fabriques  àHndiennes  (V.  Impres- 
sion, t.  XX,  p.  642).  D'abord,  il  y  fit  et  fut  tout; 
mais,  grâce  à  son  activité  et  aux  perfectionnements  qu'il 
imagina,  elle  devint  bientôt  la  plus  importante,  et,  de  nos 
jours  encore,  il  est  considéré  comme  le  véritable  introduc- 
teur de  cette  industrie  dans  notre  pays.  11  jouit,  du  reste, 
de  son  vivant,  de  la  plus  grande  considération.  Louis  XVI 
lui  donna  des  lettres  de  noblesse,  qui  lui  conféraient,  du 
même  coup,  la  naturalisation  ;  en  4790,  le  conseil  général 
du  département  lui  vota  une  statue,  qu'il  refusa,  de  même 
que,  dix  ans  plus  tard,  un  siège  de  sénateur  ;  en  4806,  le 
jury  de  l'exposition  lui  décerna  une  médaille  d'or,  et,  vers 
le  même  temps,  Napoléon  P^'  lui  attacha  sur  la  poitrine, 
au  cours  d'une  visite  qu'il  lui  fit,  sa  propre  croix.  C'est 
aussi  à  cette  époque  que  le  «  seigneur  de  Jouy  »,  comme 
on  l'appelait,  fonda  à  Essonnes,  près  de  Corbeil,  notre  pre- 
mière filature  de  coton.  L.  S. 

BiBL.  :  Notice  histoynqiie  sur  Oherkampf,  dans  le  Mémo- 
rial universel  de  l'industrie^  t.  III,  p.  220. 

OBERKAMPF  (Emilie),  dame  Mollet  (V,  Mallet). 

OBERKIRCH  (Baronne  de),  auteur  de  mémoires,  née 
au  château  de  Schweighausen,  en  Alsace,  le  5  juin  4754, 
morte  en  4804.  Elle  fut,  dès  son  enfance,  liée  d'amitié 
avec  la  jeune  princesse  de  Montbéhard,  Sophie-Dorothée, 
qui  devint,  sous  le  nom  de  Marie-Feodorowna,  impératrice 
de  Russie  par  son  mariage  avec  le  grand-duc  Paul,  plus 
tard  Paul  P^,  fils  et  successeur  de  Catherine  IL  M'^®  d'Ober- 
kirch  ne  suivit  point  son  amie  on  Russie,  mais  elle  resta 
jusqu'à  sa  mort  en  relation  épistolaire  avec  l'impératrice 
et  l'accompagna  au  cours  des  deux  voyages  fameux  qu'elle 
fit  en  France  avec  son  mari,  le  grand-duc  Paul.  Ses  mé- 
moires, écrits  d'une  plume  alerte  et  piquante,  sont  pré- 
cieux pour  l'histoire  de  la  principauté  de  Montbéliard  et 
de  l'Alsace  au  xviii^  siècle  ;  ils  peuvent  être  consultés  avec 
fruit  sur  l'état  de  la  cour  de  France  à  la  veille  de  la  Révo- 
lution. Beaulieu. 

BiBL.  :  Baronne  cI'Oberkirch.  Mémoires,  publiés  par 
le  comte  de  Montbrison  ;  Paris,  1853,  2  vol.  in-Î8. 


OBERLAHNSTEIN.  Ville  de  Prusse,  district  de  Wies- 
baden,  au  confluent  de  la  Lahn  et  du  Rhin  ;  7.037  hab. 
(en  4895).  Mines  de  plomb  argentifère.  Sources  d'acide 
carbonique.  Couleurs  ;  fonte  ;  machinés.  EUe  a  gardé  sa 
vieille  enceinte  garnie  de  tours.  Ancien  château  des  élec- 
teurs de  Mayence,  chapelle  où  fut  déposé  l'empereur  Wen- 
ceslas  (20  août  4400).  On  a  restauré  à  côté  la  burg  de 
Lahneck.  Sur  la  rive  droite  de  4a  Lahn,  en  face,  est  Nie- 
derlahnstein.  Oberlahnstein  fut  un  domaine  royal,  cédé 
en  900  à  l'archevêché  de  Mayence,  et  reçut  sa  charte 
urbaine  en  4324. 

OBERLAND  (soit  haut  pays) .  On  désigne  ordinairement 
sous  ce  nom  la  partie  du  cant.  de  Berne  (Suisse)  qui  est 
située  au  pied  des  hautes  Alpes.  Elle  comprend  les  dis- 
tricts de  Thun,  du  Haut  et  Bas-Simmenthal,  de  Gesse- 
nay,  de  Frutigen,  d'Interlaken  et  du  Hasli,  avec  environ 
95.000  hab.  C'est  une  des  contrées  les  plus  pittoresques 
et  les  plus  visitées  du  monde  entier. 

OBERL^ENDER  (Adolf),  dessinateur  allemand,  né  à 
Ratisbonne  le  4^^"  août  4845.  Elève  de  Piloty,  il  collabore 
depuis  4863  à  la  revue  humoristique  et  caricaturale,  les 
Fliegende  Blœtter,  dont  il  est  devenu  le  plus  remar- 
quable artiste.  Son  dessin  est  simple,  sans  brutalité,  la 
caricature  très  spirituelle.  Il  réunit  ses  œuvres  dans  Ober- 
lœnder- Album  qui,  de  4879  à  4894,  comptait  déjà  9  vol. 
(Munich). 

0 BERLIN.  ViUedes  Etats-Unis  (Ohio);  4.376  hab. 
(en  4890).  Formée  autour  du  collège  Oberhn  qui  comp- 
tait 70  professeurs  et  4.462  étudiants,  admis  sans  dis- 
tinction de  sexe  ni  de  couleur. 

0 BERLIN  (Johann-Friedrich),  philanthrope  alsacien, 
né  à  Strasbourg  le  34  août  4740,  mort  au  Ban-de-la- 
Roche,  en  Alsace,  le  4®^"  juin  4826.  Il  fit  ses  études  à 
Strasbourg  et  devint,  en  4767,  pasteur  au  Ban-de-la- 
Roche,  où  il  devait  passer  toute  sa  vie.  Cette  commune 
était  l'une  des  plus  misérables  et  des  plus  incultes  des 
Vosges.  Oberlin  en  entreprit  la  transformation  matérielle 
et  morale.  En  même  temps  qu'il  se  préoccupait  de  la  cul- 
ture des  âmes  avec  un  dévouement  qui  l'a  fait  appeler  par 
un  de  ses  biographes  «  un  saint  de  l'Eglise  protestante  », 
il  fondait,  l'un  des  premiers,  une  salle  d'asile  pour  les 
enfants,  une  caisse  d'épargne  et  de  prêt,  un  grenier  d'abon- 
dance, améliorait  l'agriculture  et  installait  le  tissage  du 
colon.  Il  fit  ainsi  de  sa  paroisse  un  véritable  modèle  de 
prospérité  et  de  moralité.  A  son  exemple  se  fondèrent, 
po(ir  la  protection  de  l'enfance,  un  grand  nombre  d'asso- 
ciations qui  prirent  son  nom  (Oberlinvereine). 

Th.  RUYSSEN. 

BiBL.  :  François  de  Neufciiàteau,  Rapport  fait  à  la  So- 
ciété royale  d'agricult.  sur  Vagricult.  et  la  civilis.  du  Ban- 
de-la-Roche,  1818.— Lutteroth,  Vie d'Oberlin^  Paris,  1826; 
trad.  en  allem.  par  Krafft;  Strasbourg,  1826,  et  par  Schu- 
bert, Nuremberg,  1826,  2«éd.,  1890.  —  Hilpert  etStŒBER, 
Vie  et  écrits  d'Oberlin,  trad.  et  éd.  en  allem.  par  Bur- 
ckhart,  Stuttgart,  1843  ;  par  Bodeman,  i5id.,  1855,  3«  éd., 
1879,  et  par  Spach,  Strasbourg,  1864  ;  édité  en  IVançais 
paf  Bernard,  Paris,  1867. 

OBERMÙLLNER  (Adolf) ,  peintre  paysagiste  autrichien , 
né  à  Wels  en  4833.  Elève  de  Steinfeld  et  Zimmermann, 
auteur  de  paysages  alpestres  et  polaires  :  Obersee,  Cha- 
monix,  Stilfser  Joch,  Ortler,  Goldberggletscher  (galerie 
imp.  de  Vienne),  Kœnigssee,  etc. 

OBERNAI  (CunaEhenheimlOS,EhinhaimnS,  en 
allem.  Oberehnheim).  Ch.-l.  de  cant.  de  la  Basse-Alsace, 
arr.  d'Erstein,  sur  l'Ehn,  affluent  de  l'Ill,  et  le  chem.  de 
fer  de  Saverne  à  Schlestadt,  au  pied  du  mont  Sainte- 
Odile  ;  3.966  hab.  ;  progymnase  j  école  normale  {Lehrer- 
seminar)  ;  tissage  de  coton,  vins,  carrières  de  chaux 
hydraulique,  antiquités  gallo-romaines.  A  l'époque  mérovin- 
gienne, Obernai  fut  la  villa  regia  du  duc  Adalric  ou  Etichon, 
et,  sek>n  la  légende,  le  lieu  de  naissance  de  sainte  Odile. 
Plus  tard,  les  Hohenstaufen  y  construisirent  un  château 
qui  servit  de  résidence  à  plusieurs  d'entre  eux.  Obernai, 
entouré  de  murs  dès  4260,  fut  élevé  au  rang  de  ville  im- 
périale, et,  en  4330,  affranchi  par  Louis  de  Bavière  de 


—  ITl  — 


OBERNAl  —  OBESITE 


toute  juridiction  étrangère.  Après  avoir  résisté,  en  i44'4, 
aux  Armagnacs,  la  petite  ville,  pendant  la  guerre  de  Trente 
ans,  fut  prise  en  1622  par  les  troupes  de  Mansfeld,  dix 
ans  plus  tard  par  les  Suédois  et  en  1836  par  Bernard  de 
Weimar. 

Monuments.  —  Des  anciennes  fortifications  il  subsiste 
encore  quelques  murs  et  une  tour  du  xiii®  siècle.  Hôtel  de 
ville  commencé  en  1642  en  style  gothique  et  restauré  en 
1525  par  l'architecte  Hans  Jùnglingen  style  Renaissance, 
avec  les  armes  de  la  maison  de  Habsbourg  et  des  peintures 
du  xvi^  et  du  xvii^  siècle  ;  dans  la  chapelle  de  l'hôpital, 
peintures  du  xv®  siècle,  attribuées  à  tort  à  Hans  Holbein; 
belle  fontaine  de  1579  en  style  Renaissance  ;  près  de 
l'église  paroissiale  on  trouve,  encastrées  dans  un  mur,  de 
curieuses  sculptures  provenant  de  l'ancienne  église  go- 
thique du  xv^  siècle,  démolie  en  1 867 .  Obernai  porte  :  parti 
diapré  de  gueules  et  de  sable,  à  un  aigle  d'or  brochant 
sur  le  tout.  — Patrie  de  Gœsli,  poète  {Minnesœnger)  du 
XV®  siècle  ;  de  Thomas  Murner,  moine  franciscain,  poète 
satirique  (1475-1536)  ;  du  général  Becker  (1770-1840) 
et  de  l'abbé  Freppel  (1827-91).  L.  Will. 

BiBL.  :  Ï.-Ph.  Meyer,  Oberehnlielm;  Strasbourg,  1841.  — 
Gyss,  les  Vicissitudes  du  protestantisme  à  Obernai  ;Stra^- 
bourg,  1864.  ~  Du  môme,  Hist.  de  la  ville  d'Obernai  ;  Stras- 
bom^g,  1866.  —  Du  même,  Notice  hist.  sur  l'Hôtel  de  Ville 
d'Obernai.  dans  BitU. de  ïa  Soc. pou?'  laçons,  des  mon.  hist., 
2"  série,  II,  pp.  25  et  suiv.  —  Du  même,  Urkundliche  Ge's- 
chichte  der  Stadt  Oberehnheim  ;  Obernai,  1894.  —  Maurice 
ScHEFFER,  A  travers  Obernai;  Strasbourg,  1887.  —  R.  Reuss. 
l'Alsace  au  xvii«  siècle;  Paris,  1897,  I,  pp.  483-487. 

OBERNDORF.  Ville  de  Wurttemberg,  cercle  de  la 
Forêt-Noire,  sur  le  Neckar  ;  4.067  hab.  Grande  manufac- 
ture d'armes  des  Mauser,  qui  occupe  2.500  ouvriers. 
Ruines  de  la  burg  de  Weseneck.  Possession  autrichienne 
jusqu'en  1805. 

OBERNETTER  (Johann-Baptist),  chimiste  allemand, 
né  à  Munich  le  31  mai  1840.  Entré  on  1860  dans  l'ate- 
lier d'Albert,  il  a  contribué  à  plusieurs  perfectionnements 
de  procédés  photographiques  :  impressions  photographiques 
sur  porcelaine,  émail  et  verre;  papier  au  coUodion;  im- 
pressions aux  encres  grasses  avec  sous-couche  d'albumine 
et  de  silicate  de  soude;  photogravure  sans  retouche.  11  a 
aussi  travaillé  aux  plaques  sèches,  à  la  photographie  des 
couleurs  et  à  l'orthochromie  au  moyen  de  l'éosine  et  de 
Férythrosine. 

OBERNKIRGHEN.  Ville  de  Prusse,  district  de  Cassel, 
sur  le  flanc  duBiickeberg;  3.282  hab.  (en  1895).  Vieille 
église  renfermant  les  toml3eaux  de  plusieurs  comtes  de 
Schaumburg.  Ancien  couvent  bénédictin.  Mine  de  houille 
(1.800  ouvriers)  et  grande  verrerie  (1.000  ouvriers). 

0  B  E  R  N  Y  l  K  (Karoly) ,  écrivain  dramatique  hongrois ,  né 
en  1816,  mort  en  1855.  Il  fit  ses  études  à  Debreczcn  et 
devint  précepteur  dans  la  famille  de  son  oncle  Kolcsoy, 
poète  et  orateur  ;  finalement  professeur  à  Kecskemét.  Il 
remporta  son  premier  succès  par  un  drame  intitulé  tour 
es  Par  (Noble  et  Serf),  qui  fut  couronné  par  l'Académie 
en  1843,  et  exprimait  à  merveille  les  idées  ambiantes  du 
jour.  Bientôt  suivirent  :  rïïéritage  (1844);  TAméf  (1846); 
V Homme  sans  femme  (1846);  Mère  et  Rivale  (1850)  ; 
Khelonis  (1855),  et  son  chef-d'œuvre,  Georges  Bran- 
kovics,  qu'on  trouva  dans  ses  manuscrits.  Cette  tragédie 
historique  s'est  surtout  maintenue  grâce  au  génie  de 
l'acteur  Egressy,  le  Talma  magyar.  Obernyik  a  égale- 
ment écrit  des  nouvelles.  C'est  un  disciple  intelligent  des  au- 
teurs dramatiques  français  dont  l'influence  a  été  si  grande 
en  Hongrie  depuis  la  fondation  du  Théâtre  National  de 
Budapest  (1837).  Pathétique,  souvent  violent,  exprimant 
les  tendances  politiques  à  la  veille  de  la  Révolution,  le 
théâtre  d'Obernyik  a  beaucoup  perdu  de  sa  valeur,  mais 
son  Brankovics,  d'otiErkel  a  tiré  un  opéra,  est  une  œuvre 
durable.  J,  Kont. 

BiBL.  :  Œuvres  complètes  d'Obernyik  Karoly,  éditées  par 
Joseph  Ferenczy  en  4  vol.  ;  Budapest,  1879,  avec  une  bonne 
introduction.  — .  Moravosik,  dans  Philologiai  Kôzlôny  ; 
1889  —  Joseph  Bayer,  A  magyar  dràmdirodatom  tôr- 


ténete  (Hist.  de  la  littérature  dramatique  hongroise)  ;  Bu- 
dapest, 1897,  vol.  II. 

OBERON  (en  français  Albéron).  Légendaire  roi  des 
Elfes.  Une  légende  du  moyen  âge  mettait  en  scène  un  frère 
enneiui  de  Mérovée,  le  sorcier  Albéric,  qui  fit  épouser  à 
son  fils  amé  Valbert  une  princesse  byzantine.  Cette  légende 
se  retrouve  dans  le  poème  à'Huon  de  Bordeaux  (éd.  par 
Guessard  de  Grandmaison;  Paris,  1860),  où  Albéric  est 
devenu  le  nain  Albéron  ou  Aubéron,  roi  des  génies;  on 
la  trouve  aussi  dans  le  poème  germanique  à^Ortnit.  C'est 
d'après  Huon  qu'elle  passa  dans  la  littérature  romanesque, 
servit  de  thème  à  Chaucer,  Spencer,  Shakespeare  [Songe 
d'une  nuit  d'été)  et  enfin  à  Wieland  qui  consacra  à  Obe- 
ron  un  poème  épique  (1780).  Weber  en  fit  un  opéra  d'après 
un  livret  de  Planche. 

OBERSTDORF.  Station  alpestre  de  Bavière,  district  de 
Souabe,  aux  sources  de  l'Uler  ;  1.889  hab.  (en  1890).  Très 
visitée  l'été,  elle  a  une  chapelle  qui  est  un  lieu  de  pèleri- 
nage; c'est  aussi  un  centre  d'élevage  de  la  race  bovine 
d'Algau  et  d'exportation  de  beurre  et  fromages.  Draps. 

OBERTYN.  Ville  d'Autriche  (Galicie),  district  d'Horo- 
denka;  5.346  hab.  (en  1890).  Distillerie,  marché  de  bes- 
tiaux ;  ancienne  forteresse. 

OBERWEStL.  Ville  de  Prusse,  district  de  Coblentz, 
r.  g.  du  Rhin;  2.666  hab.  (en  1895).  Ruines  d'anciennes 
fortifications  (tour  Rouge,  tour  du  Bœuf,  etc.).  EgUse 
gothique  de  1312.  Au-dessus,  un  rocher  porte  les  ruines 
de  Schœnberg,  burg  détruite  par  les  Français  en  1689. 
Ancienne  viÙe  libre  impériale,  cédée  par  l'empereur 
Henri  VII  à  l'archevêque  de  Trêves. 

BiBL.  :  ViNG,  Gesch.  der  Trechirgaues  ;  Leipzig,  1881, 

OBÉSITÉ.  Définition.  — -  L'obésité  ou  polysarcie  ou 
polyadipose  ou  lipomatose  généralisée  est  constituée  par 
une  accumulation  de  graisse  dans  l'organisme  dépassant 
notablement  la  normale.  La  graisse  se  dépose  d'abord  ^n 
tous  les  points  où  il  y  a  normalement  du  tissu  adipeux, 
notamment  dans  le  tissu  conjonctif  sous-cutané,  où  elle 
constitue  un  pannicule  adipeux,  puis  dans  le  mésentère,  le 
grand  épiploon,  la  capsule  adipeuse  des  reins,  le  médias- 
tin,  le  péricarde.  Dans  les  degrés  les  plus  intenses  de 
l'obésité,  il  se  forme  de  la  graisse  môme  dans  les  régions 
qui  n'en  contiennent  pas  normalement,  entre  les  faisceaux 
musculaires  et  dans  les  divers  viscères.  Une  faut  d'ailleurs 
pas  confondre  cette  surcharge  adipeuse  des  organes  viscé- 
raux, qui  caractérise  les  stades  extrêmes  de  l'obésité,  avec 
la  dégénérescence  graisseuse  de  ces  mômes  organes,  qui 
constitue  un  phénomène  d'atrophie  accompagnant  d'ordi- 
naire les  cachexies.  Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  chez  les 
obèses  les  organes  les  plus  essentiels  à  la  vie,  notamment 
le  cœur,  sont  comprimés,  étouffés  par  l'envahissement 
progressif  du  tissu  adipeux.  Le  sang  lui-même  est  altéré, 
et,  d'après  les  expériences  de  Ritter  sur  des  oies  soumises 
à  l'engraissement,  il  charrie  des  quantités  beaucoup  plus 
considérables  de  graisse  qu'à  l'état  n«rmal.  Aussi  les  obèses 
meurent-ils  fréquemment  d'asystolie  et  d'asphyxie  car])o- 
nique  :  les  poumons,  le  cerveau,  la  rate  sont  souvent  con- 
gestionnés et  gorgés  d'un  sang  noir  et  difiluent.  Les  obèses 
respirent  mal  ;  ils  ont  de  l'essoufflement,  de  l'oppression, 
des  palpitations. 

Symptomatologie.  —  Il  y  a  une  infinité  de  degrés  entre 
l'embonpoint  le  plus  aimable  et  cet  état  extrême  d'engrais- 
sement qui  rend  le  sujet  difforme  et  l'expose  souvent  à  la 
risée  du  vulgaire.  Les  obèses  sont  apathiques  et  rarement 
capables  d'un  travail  long  et  soutenu  ;  tout  effort  leur  est 
pénible,  ils  dorment  dix,  douze  heures  par  jour,  et  leur 
vie  se  passe  en  quelque  sorte  d'une  façon  végétative.  Ils 
sont,  en  général,  de  gros  mangeurs  ;  Heysler  rapporte  l'his- 
toire d'un  Anglais  polysarcique  et  mort  à  vingt-huit  ans, 
qui  mangeait  18  livres  de  bœuf  par  jour.  La  soif  est  éga- 
lement vive  chez  eux  :  la  plupart  sont  grands  buveurs  de 
bière,  de  cidre,  d'eau.  Leurs  urines  contiennent  assez  sou- 
vent du  sucre  (V.  Diabète),  parfois  de  l'albumine.  Les 
fonctions  génitales  sont  peu  développées  et  les  femmes 


OBESITE  -^  OBI 


^  172  -^ 


obèses  sont  en  général  stériles.  L'obésité  peut  n'être  que 
partielle  ;  chez  certaines  femmes,  les  mamelles  deviennent 
énormes.  D'autres  fois,  ce  sont  les  fesses  qui  se  dévelop- 
pent outre  mesure  et  qui  rappellent  la  conformation  par- 
ticulière aux  femmes  boschimanes  et  connue  sous  le  nom 
de  stéatopygie  (V.  ce  mot).  Les  lipomes  enfin,  tantôt 
uniques,  tantôt  multiples,  peuvent  être  considérés  comme 
une  obésité  partielle. 

Etiologie.  —  L'une  des  principales  causes  prédispo- 
santes est  l'hérédité  ;  le  plus  souvent,  les  enfants  d'obèses 
n'héritent  que  d'une  prédisposition  à  la  polysarcie  ;  dans 
des  cas  bien  plus  rares,  l'hypertrophie  des  tissus  adipeux 
est  réellement  congénitale  et  peut  devenir  une  cause  de 
dystocie.  Plus  fréquemment,  c'est  immédiatement  après  la 
naissance  que  cette  obésité  infantile  se  développe.  Une 
autre  époque  où  la  polysarcie  apparaît  de  préférence  est 
l'âge  de  la  puberté,  surtout  chez  les  jeunes  filles.  Enfin, 
chez  l'adulte,  c'est  ordinairement  de  vingt  à  trente  ans 
que  débute  l'obésité,  et  chez  la  femme  vers  l'époque  de  la 
ménopause.  On  a  dit  que  le  sexe  féminin  avait  une  prédis- 
position pour  l'obésité.  Nous  pensons  que  c'est  plutôt  au 
genre  de  vie  plus  sédentaire  des  femmes  qu'il  faut  attri- 
buer la  fréquence  plus  grande  de  la  polysarcie  dans  ce 
sexe.  L'influence  du  climat  et  de  la  race  est  également 
problématique  ;  en  pareil  cas,  il  faut  faire  entrer  en  ligne 
de  compte,  outre  le  genre  de  vie,  l'influence  de  la  mode, 
qui  porte  les  Orientaux  et  certains  nègres  à  priser  par- 
dessus tout  l'obésité  chez  la  femme.  Une  i^elation  plus 
importante  à  noter  est  celle  qui  existe  entre  l'obésité  et  la 
diathèse  arthritique,  et  cela  aussi  bien  en  ce  qui  concerne 
le  tempérament  de  l'obèse  lui-même  que  celui  de  ses 
ascendants.  Les  principales  causes  occasionnelles  sont  l'oi- 
siveté, la  vie  sédentaire,  une  nourriture  trop  abondante, 
la  grossesse,  la. cessation  du  flux  menstruel,  de  même 
qu'une  menstruation  peu  abondante,  enfin  la  castration. 
Les  aliments  qui  donnent  le  plus  facilement  naissance  à 
l'obésité  sont  les  aUments  gras  et  féculents.  Une  nourri- 
ture exclusivement  azotée  ne  produit  l'engraissement  que 
si  elle  est  très  exagérée  comme  quantité. 

Traitement.  —  Le  traitement  est  d'abord  une  question 
de  régime  ;  on  commencera  par  modérer  la  quantité  des 
aliments  et  celle  des  hquides  absorbés.  Cependant  il  ne 
faut  pas  exagérer  cette  prescription  ;  on  arriverait  à  tomber 
au-dessous  de  la  ration  d'entretien  et  à  provoquer  des 
phénomènes  d'inanition  graves.  La  base  de  la  nourriture 
sera  la  viande  rôtie,  saignante  et  bien  dégraissée.  On  re- 
jettera toutes  les  viandes  grasses,  notamment  le  porc  et 
l'oie  grasse.  On  recommandera  l'usage  des  légumes  verts 
et  des  fruits  acides.  On  permettra  les  œufs,  le  lait  bien 
écrémé  et  comme  boisson  un  verre  d'eau  et  de  vin  à  chaque 
repas  et  surtout  du  vin  plutôt  jeune.  La  bière,  les  liqueurs, 
les  alcools  sont  formellement  interdits.  Si  la  soif  est  très 
Aàve,  on  peut  permettre  une  décoction  de  café  noir  très 
léger  ou  du  thé.  D'ailleurs,  une  fois  les  malades  habitués 
à  prendre  une  moins  grande  masse  d'aliments,  on  voit  en 
général  la  soif  ou  polydipsie  (V.  ce  mot)  diminuer  et 
disparaître.  Un  second  point  important  du  traitement,  mais 
qui  est  parfois  difficile  à  appliquer  chez  les  sujets  dont 
l'obésité  est  extrême,  est  l'exercice  :  promenades  au  grand 
air,  gymnastique,  canotage,  natation,  escrime,  etc.  Cette 
méthode  est  basée  sur  ce  fait  que  le  muscle  qui  travaille 
brûle  non  des  matières  azotées,  mais  des  hydrocarbures, 
de  la  graisse  et  des  matières  amylacées  ;  elle  met  donc  à 
profit  les  pertes  que  subit  l'organisme  par  l'exercice  mus- 
culaire. Elle  est  aidée  d'ailleurs  par  les  sudations  qui 
accompagnent  d'ordinaire  tout  travail  chez  les  obèses. 
Comme  médications  internes,  la  plus  utile  est,  sans  con- 
testation, l'usage  répété  des  purgatifs  salins.  L'iodure  de 
potassium  est  le  type  des  médicaments  dénutritifs  ;  il  sera 
prescrit  de  préférence  sous  forme  d'eau  de  Bondonneau  à 
prendre  avec  le  vin  aux  repas.  Les  alcalins  seront  donnés 
lorsque  l'obésité  se  compliquera  de  manifestations  arthri- 
tiques. Enfin  on  a  préconisé  récemment  contre  la  poly- 


sarcie les  extraits  de  corps  thyroïde  ;  cette  médication,  qui 
n'a  d'ailleurs  pas  encore  fait  ses  preuves,  pourrait  donner 
lieu  à  des  phénomènes  de  dénutrition  graves.  D'ailleurs, 
tous  les  médicaments  que  nous  avons  énumérés  ne  peuvent 
agir  que  comme  adjuvants  du  régime  et  de  l'exercice,  qui 
sont  les  deux  pierres  angulaires  du  traitement  de  l'obé- 
sité. D^  L.  Laloy. 

0  B  L  Petit  groupe  de  onze  îles  de  l'archipel  des  Moluques, 
dépendant  de  la  résidence  deTernate;  1.900  kil.  dont 
1.500  pour  l'île  principale  (Obi,  Ombirah).  Forêts  de  mus- 
cadiers ;  climat  insalubre. 

OBI  ou  OB  ou  OBI  US.  Fleuve  de  Sibérie,  l'un  des  plus 
vastes  du  globe.  Il  prend  ses  sources  dans  les  monts  Ahaï 
(région  de  la  Biéloukha,  vers  50°  lat.  N.,  85'^  long.  E.) 
par  une  série  d'affluents  secondaires,  dont  les  principaux 
sont  la  Bia  et  la  Katomi;  se  jette  dans  le  golfe  de  même 
nom  (mer  de  Kara,  océan  Glacial),  après  un  parcours  total 
de  plus  de  5.000  kil.  Direction  générale  N.-O.Les  eaux  de 
rObi,  ne  rencontrant  nul  obstacle,  s'épanchent  librement  à 
droite  et  à  gauche,  se  divisent  en  branches  nombreuses, 
entourant  des  îles,  et  forment,  par  endroits,  de  vastes  lacs. 
Le  fleuve  devient  particulièrement  puissant  à  la  cinquième 
partie  de  son  cours,  à  1.100  kil.  environ  de  la  mer,  où  il 
reçoit  à  gauche  l'Irtyche,  cours  d'eau  égal  en  importance  à 
l'Obi,  au  point  que  les  géographes  hésitent  parfois  auquel 
de  ces  deux  cours  d'eau  il  convient  d'attribuer  le  titre  de 
fleuve  principal.  Les  eaux  de  l'Obi  sont  partout  troubles  ;  le 
fond  argileux.  Sa  largeur  varie,  dans  son  cours  moyen, 
suivant  les  saisons,  de  1.000  à  2.000  m.  La  vitesse  du 
courant  est  de  1  à  2  nœuds  à  l'heure,  la  profondeur  de 
4  à  40  m.  ;  en  beaucoup  d'endroits,  la  profondeur  est 
plus  considérable;  en  d'autres  parties,  elle  est,  par  contre, 
insignifiante.  Les  rives  incessamment  rongées  sont  cou- 
vertes de  forêts  de  cèdres,  de  pins,  de  mélèzes,  de  bou- 
leaux. Sur  tout  son  parcours,  la  rive  droite  est  plus  élevée 
que  la  rive  gauche;  près  de  l'embouchure,  la  berge  du 
grand  Obi  domine  les  eaux  de  60  m.  environ;  c'est  une 
vraie  montagne  revêtue  de  broussailles.  Un  peu  avant  son 
entrée  dans  la  mer,  le  fleuve  se  divise  en  deux  branches 
parallèles,  le  Grand  Obi  et  le  Petit  Obi,  séparées  par  un 
espace  de  30  à  40  kil. ,  mais  unies  entre  elles  par  des  bras 
innombrables.  Son  entrée  dans  la  mer  se  trouve  déjà  au  delà 
du  cercle  polaire  (67*^  lat.  N.)  qu'il  longe  en  partie  après 
un  brusque  retour  à  l'E.  La  superficie  du  bassin  de  l'Obi  est 
évaluée  à  près  de  3  miUions  de  q.  c.  et  off're  à  la  navigat'on 
un  réseau  d'une  longueur  déplus  de  1.600  kil.,  malheureu- 
sement inutilisable  par  la  gelée  durant  la  plus  grande  partie 
de  l'année.  Sa  profondeur  permettrait  pourtant  la  naviga- 
tion aux  plus  grands  navires.  Comparé  aux  autres  fleuves 
de  la  Sibérie,  le  mouvement  sur  ce  cours  d'eau  est  assez 
actif,  mais  limité  au  trafic  intérieur.  Le  premier  bateau  à 
vapeur  fut  lancé  en  1844.  Plusieurs  tentatives  furent  faites 
depuis  pour  pénétrer  dans  le  fleuve  par  la  mer  de  Kara. 
(iuelques-unes  échouèrent  misérablement.  En  1893,  une 
expédition  scientifique  fut  organisée  sous  les  ordres  du  co- 
lonel Vilkitzky  pour  l'exploration  des  cours  de  l'Obi  et  du 
Yenisseï.  Avec  beaucoup  de  précautions,  les  voyageurs 
purent  traverser  la  baie  et  remonter  le  fleuve  jusqu'à  To- 
bolsk,  sur  l'Irtyche.  Deux  années  plus  tard,  en  1897,  une 
flottille  organisée  par  un  groupe  de  négociants  anglais  réus- 
sit à  pénétrer  en  Sibérie  par  cette  même  voie.  Le  gouver- 
nement russe  encouragea  ces  essais  en  faisant  des  remises 
de  taxes  de  douanes.  De  nouvelles  expéditions  se  préparent 
actuellement  dans  le  même  but.  D'autre  part,  les  travaux 
du  chemin  de  fer  transsibérien  ne  manqueront  pas  de  don- 
ner une  impulsion  nouveUe  aux  entreprises  à  tenter  sur 
les  rives  du  grand  fleuve.  Au  point  de  vue  politique,  le 
bassin  de  l'Obi  a  une  réeUe  importance  pour  la  Bussie  ; 
c'est  par  là  qu'eUe  a  commencé  la  conquête  de  ses  ter- 
ritoh^es  asiatiques.  Les  migrations  de  nombreuses  familles 
slaves  du  S.-E.  de  l'Europe  ont  pour  but  les  régions  par- 
fois très  fertiles  du  bassin  de  l'Obi.  Les  tribus  aborigènes 
des  rives  de  l'Obi  sont  :  les  Tatars,  les  Ostiaks  et  les  Sa- 


473 


OBÎ  «-  OBITUAIRE 


moyèdes.  Les  villages  sont  assez  nombreux  dans  la  partie 
supérieure  du  bassin  et  comptent  chacun  700  à  800  bab. 
A  mesure  qu'on  s'avance  dans  le  Nord,  les  habitations  de- 
viennent fort  rares.  Les  villages,  très  disséminés,  ne  comptent 
habituellement  que  70  à  100  bab.  La  majeure  partie  des 
habitants  s'adonne  à  l'industrie  de  la  pêche,  tant  dans  l'Obi 
que  dans  ses  affluents  :  esturgeon,  saumon  (nelma),  lotte, 
éperlan,  dauphin  blanc. 

L'Obi  porte  :  chez  les  Tatars,  les  noms  de  Omar  ou  Ou- 
mor;  chez  les  Ostiaks,  As,  Yag  ou  Kolta;  chez  les  gens 
du  Narym,  Ema;  chez  les  Samoyèdes,  Kouay.  Les  princi- 
paux affluents  de  l'Obi  sont,  ceux  de  gauche,  en  dehors  de  l'Ir- 
tyche  :  le  ïobol,  la  Chaya,  le  Yougan,  la  Sosva,  la  Voikara  ; 
de  droite  :  la  Choulym,  le  Tom,  le  Liamine,  le  Polouy.  Les 
communications  d'une  rive  à  l'autre  se  font  encore  sur  toute 
l'étendue  du  fleuve  (sauf  le  pont  du  chemin  de  fer  trans- 
sibérien), au  moyen  de  bacs.  Aucune  ville  importante  ne  se 
trouve  encore  sur  les  rives  de  ce  grand  fleuve. 

La  baie  (en  russe  :  Ohskaya  gouba) ,  formant  une  pro- 
fonde entaille  dans  la  terre,  est  séparée  de  la  mer  de  Kat  a 
par  la  longue  presqu'île  de  Yalmal.  A  droite,  une  autre 
échancrure,  la  baie  du  Taz,  forme  comme  un  puissant  bras 
de  la  baie  principale.  Les  rives  ont  une  étendue  de  près  de 
600  kil.  chacune;  sa  profondeur  est  de  11  à  22  m.  dans 
la  partie  supérieure  ;  elle  est  moindre  dans  la  partie  infé- 
rieure et  près  des  côtes;  sa  largeur  dépasse,  dans  la  plus 
grande  étendue,  35  milles  marins.  Le  fond  est  vaseux. 
L'eau  est  douce  et  nourrit  une  quantité  considérable  de 
poissons.  Les  premières  informations  sur  cette  vaste  baie  ne 
datent  que  de  l'année  1734.  De  nombreux  naufrages  y 
eurent  lieu  par  suite  de  l'absence  complète  d'instructions 
nautiques.  Des  travaux  hydrographiques  furent  entrepris 
dans  la  baie  pour  la  première  fois  en  1881  et  continués  en 
1894-96  par  l'expédition  citée  plus  haut.  Les  rives,  arides 
et  dépourvues  de  toute  habitation  humaine,  offrent  un  spec- 
tacle des  plus  désolés.  La  baie  est  prise  de  glace  pendant 
près  de  huit  mois  de  l'année,  sauf  dejuillet  à  octobre.  La  partie 
supérieure  reste  parfois  congelée  durant  toute  l'année. 

P.  Lemosof. 

OBI  DOS.  Ville  du  Portugal,  prov.  d'Estremadura,  à 
7  kil.  de  la  mer;  3.500  hab.  Remparts  mauresques,  an- 
cien château. 

OBI  DOS.  Ville  du  Brésil,  port  amazonien  de  l'Etat 
de  Para,  r.  g.  du  fleuve,  à  mi-chemin  entre  Belem  et 
Manaos,  ancienne  capitainerie  portugaise  avec  forteresse 
du  XVI®  siècle.  —  A  cet  endroit,  l'Amazone  ne  forme  pas 
d'iles  et,  resserré  entre  ses  rives  (1.800  m.  de  largeur 
moyenne),  il  a  80  k  dOO  brasses  de  profondeur  (courant 
de  6  à  8  nœuds).  La  population,  d'un  millier  d'iiab.,  tend 
à  diminuer:  elle  se  porte  vers  les  exploitations  de  caout- 
chouc. Le  commerce  consiste  dans  l'exportation  du  cacao 
récolté  aux  environs. 

OBIER  (Bot.)  (V.  Viorne). 

OBIL  Décoration  instituée  par  Danilo  P^  prince  de 
Monténégro,  en  l'honneur  du  général  Meutenant  du  Gar 
Lajar  qui  se  couvrit  de  gloire  à  Rossow  et  dont  le  nom  et 
la  bravoure  sont  restés  légendaires  dans  les  pays  yugllo- 
slaves.  Elle  est  purement  locale. 

OBISIUM  (ZooL).  Genre  d'Arachnides,  de  l'ordre  des 
Chernètes,  type  d'une  famille  différant  surtout  de  celJe 
des  Cheliferides  par  les  chélicères  dépourvues  de  galea  à 
leur  article  mobile  et  par  les  pattes  manquant  du  petit 
article  appelé  trochantin.  Le  céphalothorax  des  Obisium 
est  parallèle,  tronqué  en  avant  et  dépourvu  de  stries,  il 
porte  de  chaque  côté  en  avant  deux  yeux  contigus  ;  leurs 
téguments,  lisses  et  généralement  rougeâtres,  sont  garnis 
de  poils  simples,  jamais  claviformes.  Les  Obisium  habi^ 
tent  dans  les  mousses  et  les  détritus  végétaux  où  on  peut 
les  trouver  toute  l'année  ;  ils  sont  très  agiles  "et  courent 
facilement  à  reculons.  Plusieurs  espèces  :  0.  muscorum 
Leach,  Simoni,  Simîis  L.  Koch,  sont  communes  dans 
les  bois  des  environs  de  Paris.  E.  Simon. 

OBIOU  (Mont)  (V.  Isère,  t.  XX,  p.  988). 


OBIT,  Obitus,  anniversarium.  Messe  fondée,  qu'on 
dit  pour  un  défunt  tous  les  ans,  au  jour  de  sa  mort.  Il  est 
di\  aux  fabriques,  pour  les  obits,  comme  pour  tous  les 
autres  services  rehgieux  fondés  dans  les  églises,  des  droits 
qui  sont  réglés  par  le  tarif  diocésain  {Décision  ministé- 
rielle du  10  nov.  i853).  En  France,  le  plus  ancien  obit 
était  celui  de  Childebert,  fondé  en  l'abbaye  de  Saint-Ger- 
main des  Prés,  à  Paris.  Les  obits  étaient  parfois  accom- 
pagnés d'aumônes  :  argent,  pain,  sel,  etc.  Il  y  avait  à 
Notre-Dame  de  Paris  un  obit  appelé  salé,  parce  qu'on  y 
distribuait  du  sel. 

OBITUAIRE.  On    appelle    obituaires  ou  nécrologes 
des  registres,  en  forme  de  calendriers,  où  les  commu- 
nautés rehgieuses  du  moyen  âge  inscrivaient  les  noms  de 
leurs  membres,  confrères,  associés  spirituels  ou  bienfai- 
teurs, pour  l'âme  desquels  elles  étaient  tenues  de  réciter 
des  prières.  Les  noms  qui  servaient  à  désigner  ces  livres 
étaient  en  latin  obituarius,  liber  obitumn,  et  quelquefois 
martyrologium,  necrologium,  calendarium,  liber  de- 
functorum.  Les  obituaires  n'apparaissent  qu'au  ix^  siècle. 
Le  plus  ancien  obituaire  français  est  celui  de  Saint-Ger- 
main-des-Prés  compilé  par  d'Usuar  entre  858  et  869  et 
que  l'on  ne  doit  pas  confondre  avec  le  martyrologe  pro- 
prement dit  du  même  auteur.  Toute  église,  abbaye,  prieuré, 
chapitre  de  cathédrale,  communauté  de  chanoines  régu- 
liers ou  même  simple  paroisse  pouvait  avoir  son  obituaire. 
Il  semble  que  primitivement,  après  la  disparition  de  l'usage 
d'écrire  les  noms  des  défunts  sur  des  diptyques  d'ivoire 
qu'on  posait  sur  l'autel  et  dont  on  lisait  les  listes  au  canon 
de  la  messe,  on  se  soit  d'abord  servi  des  martyrologes 
pour  y  inscrire,  dans  les  espaces  laissés  en  blanc,  les  noms 
des  défunts  recommandés  aux  prières  des  fidèles.  C'est 
ainsi  qu'un  obituaire  de  la  cathédrale  d'Auxerre,  conservé 
à  la  Bibliothèque  nationale,  à  Paris,  sous  le  n^  894  des 
manuscrits  latins,  n'est  autre  chose  qu'un  martyrologe 
écrit  au  x^  siècle  et  interpolé  jusqu'au  xii^  siècle.  Les 
manuscrits  obituaires  contiennent  d'ordinaire  un  martyro- 
loge, celui  d'Adon  ou  celui  d'Usuard,  puis  une  règle  qui 
varie  suivant  l'éghsc,  la  règle  de  Saint-Benoît  ou  celle  de 
Saint-Augustin  à  laquelle  on  joignait  les  constitutions  du 
concile  d'Aix-la-Chapelle  de  816,  quelquefois  la  règle  dite 
de  Saint-Isidore,  plus  rarement  celle   de  Saint-Basile  ou 
celle  de  Saint-Gérôme,  enfin  l'obituaire  proprement  dit. 
L' obituaire  se  présente  sous  la  forme  d'un  calendrier  per- 
pétuel ;  en  face  de  chaque  jour  l'on  inscrivait  les  noms 
des  défunts  dont  on  devait  célébrer  l'anniversaire  ou  aux- 
quels on  se  contentait  d'appliquer  le  bénéfice  des  prières 
récitées  par  la  communauté  pour  le  repos  des  âmes.  Les 
obituaires  étaient  tenus  au  courant  ;  l'on  ajoutait  les  noms 
des  défunts  au  fur  et  à  mesure  des  décès.  Les  plus  an- 
ciennes formules  d'inscription  sont  très  simples  ;  le  nom 
du  défunt  est  précédé  du  mot  obitus  :  obitus  Guillelmi, 
ou  du  mot  obiit  :  obiit  Guillelmus.  On  trouve  encore 
depositio,  commemoralio,  anniversariiim  talis.  Le  nom 
du  mort  est  suivi  de  sa  qualité.  Au  cours  des  temps,  les 
mentions  s'amplifièrent  ;  on  rappela  les  bienfaits  du  défunt 
envers  l'église,  les  objets  d'orfèvrerie  et  les  livres  qu'il 
avait  donnés,  ses  constructions,  ses  fondations  pieuses,  ses 
legs  en  terres  ou  en  argent,  les  constitutions  de  rentes 
qu'il  avait  faites  et  même  les  conditions,  le  temps  et  le 
lieu  de  leur  perception,  etc.  Rarement  on  mentionnait 
l'année  de  la  mort  ;  cet  usage  toutefois,  qui  apparaît  au 
xiii^  siècle,  lendit  à  se  propager  au  xiv®  siècle.  L'obit  d'un 
personnage  n'est  pas  toujours  mar(|ué  au  jour  anniversaire 
de  sa  mort.  En  effet,  certains  défunts  ayant  droit  à  un 
office  spécial,  il  arrivait  ou  bien  que  son  anniversaire  coïn- 
cidait avec  l'une  des  grandes  fêtes  de  l'année,  à  date  fixe, 
jour  auquel  on  ne  pouvait  célébrer  un  office  funèbre,  ou 
qu'un  même  jour  comprît  plus  de  messes  commémoratives 
que  le  nombre  de  prêtres  de  la  communauté  ne  perm?ttait 
d'en  dire  ;  dans  ces  deux  cas,  on  inscrivait  l'obit  à  un 
jour  différent  de  celui  de  sa  mort,  autant  que  possible  la 
veille.  Quand  l'anniversaire  se  rencontrait  avec  un  dimanche 


OBITUAIRE  --  OBJECTIF  —  474  — 

ou  une  fête  solennelle  mobile,  on  le  célébrait  aussi  la  veilk. 
Mais,  d'une  façon  générale,  l'obit  est  inscrit  au  jour  anni- 
versaire de  la  mort.  Aussi  les  renseignements  que  les  his- 
toriens peuvent  tirer  des  obituaires  sont  surtout  chrono- 
logiques, permettant  de  fixer  avec  précision  la  date  de 
décès  d'un  personnage.  Par  exemple,  soit  un  Guillaume, 
abbé  d'un  monastère  quelconque,  inscrit  au  5  juil.  dans 
un  obituaire,  si  d'autres  documents  établissent  qu'il  vivait 
encore  le  7  oct.  1254,  mais  qu'en  mars  1253  il  avait  déjà 
un  successeur,  nous  conclurons  qu'il  mourut  le  5  juil.  1252. 

Autre  exemple  :  «  Si  l'on  consulte  les  historiens  du . 
XIII®  siècle,  écrit  M.  Molinier,  on  remarque  qu'ils  placent 
la  mort  de  Philippe  III  dit  le  Hardi  à  des  jours  différents 
du  15  sept,  au  15  oct.  1285.  La  question  a  son  impor- 
tance... ;  si  l'on  arrive  à  prouver  que  le  roi  de  France 
mourut  à  Perpignan,  c.-à-d.  au  commencement  d'oct.  1285, 
on  détruit  une  légende  rapportée  par  Muntaner.  Or  parmi 
les  chroniqueurs  contemporains,  quelques-uns...  disent 
que  Philippe  mouinjt  à  Perpignan  le  5  oct.  1285,  c.-à-d. 
le  III  des  nones  de  ce  mois  ;  cette  date  est  également 
fournie  par  plusieurs  obituaires.  Nous  en  citerons  seule- 
ment deux,  celui  de  la  cathédrale  de  Narbonne  (on  sait 
que  dans  cette  éghse  fut  inhumée  une  partie  du  corps  du 
roi)  et  celui  des  Trinitaires  de  Fontainebleau  ;  plus  que 
tous  les  autres,  ces  religieux,  chapelains  ordinaires  des  rois 
durant  le  séjour  de  ces  princes  au  château,  devaient  être 
bien  renseignés  »  (A.  MoHnier).  Ce  qu'on  a  dijt  plus  haut 
des  mentions,  qui,  surtout  à  partir  du  xii®  siècle,  accom- 
pagnent le  nom  du  défunt,  indique  assez  de  quel  genre 
sont  les  autres  renseignements  fournis  par  les  obituaires. 

Il  convient  de  distinguer  des  obituaires  les  livres  d'an- 
niversaires où  sont  énumérés  et  déterminés  les  offices 
anniversaires  dus  par  une  église  et  les  livres  de  dÂstri- 
butions  où  sont  énumérées  les  fondations  pieuses  faites  en 
faveur  d'une  égUse,  les  charges  à  acquitter  par  elle  et  les 
distributions  à  faire  sur  les  rentes  léguées. 

M.  A.  Molinier  a  dressé  le  catalogue  des  obituaires  ma- 
nuscrits des  églises  de  France  et  la  liste  de  ceux  qui  ont 
été  imprimés.  L'académie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
a  confié  au  même  savant  la  rédaction  d'un  recueil  général 
des  obituaires  français,  dont  le  premier  volume,  compre- 
nant l'ancien  diocèse  de  Paris,  est  sous  presse.  Pour  les 
obituaires  des  pays  allemands,  on  en  trouvera  une  biblio- 
graphie dans  le  Deutschlands  Geschichtsquellen  de  Wat- 
tenbach  (4®  éd.,  t.  II,  p.  379).  La  commission  dés  Monu- 
menta  Germaniœ  historica  a  entrepris  la  publication  des 
principaux  nécrologes  allemands.  Le  premier  volume  (Ber- 
lin, 1888,  in-4)  est  intitulé  Necrologia  Germaniœ.  Diœ- 
ceses  xiugustensis,  Constantiensis,  Cmnensis  ;  il  est  dû 
à  M.  L.  Baumann.  Sur  les  obituaires  autrichiens,  on  con- 
sultera la  Bibliothèque  de  VEcole  des  chartes  (année 
1878,  pp.  489  et  490)  et  des  articles  de  MM.  Friess  et 
Budik  dans  Archiv  fur  œsterreichische  Geschichte  (t.XLVI 
et  LXV).  Une  bibliographie  sommaire  des  nécrologes  ita- 
liens a  été  donnée  par  M.  Novati  dans  son  édition  de  l'obi- 
tuaire  de  Crémone,  Archivio  storico  lombardo  (années 
1876.  et  1880);  on  consultera  en  outre  le  livre  de  Gio- 
vine,  Kalendaria  vetera  manuscripta  aliaque  monu- 
menta  ecclesiarum  Apuliœ  et  Japigiœ.  M.  Prou. 

BiBL.  :  Auguste  Molinier,  les  Obituaires  français  au 
moyen  âge;  Paris,  1890,  in-S. 

OBJ  AT.  Com.  du  dép.  de  la  Corrèze,  arr.  de  Brive, 
cant.  d'Ayen;  1.772  hab. 

OBJECTIF.  I.  Philosophie.  —  Objectif  signifie  litté- 
ralement ce  qui  appartient  à  Vobjei  (V.  ce  mot)  et 
s'oppose  à  subjectif  qui -désigne  tout  attribut  propre  au 
sujet  (V.  Subjectif  et  Sujet).  Le  langage  philosophique 
courant,  indépendamment  de  toute  théorie  spéciale,  recon- 
nail  un  caractère  objectif  à  toute  réahté  que  l'esprit  affirme 
comme  extérieure  à  lui-même,  comme  indépendante,  et 
investie  d'une  valeur  propre.  Le  sens  commun  attribue  l'ob- 
jectivité à  la  matière  et  à  ses  qualités,  à  l'existence  des 
esprits  et  des  vivants  ;  le  savant,  aux  lois  générales  qui 


lient  les  phénomènes.  Mais  le  mot  objectif  est  très  loin 
d'être  resté  conforme,  dans  l'histoire  des  doctrines  philo- 
sophiques, à  cette  acceptionréaliste.  Laplus  simple  réflexion 
amène  l'esprit  à  se  rendre  compte  qu'il  ne  connaît  pas  les 
choses  en  elles-mêmes,  mais  simplement  les  représenta- 
tions, images  ou  idées  plus  ou  moins  déformées  qu'il  s'en 
fait.  Les  êtres  ou  qualités  auxquelles  nous  accordons  l'ob- 
jectivité ne  sont  encore  que  des  états  subjectifs.  Aussi  Des- 
cartes désignait-il  par  réalité  objecrtive,  non  pas  les  objets 
extérieurs,  mais  l'idée  même  considérée  comme  un  objet 
interne  sur  lequel  se  fixe  l'attention.  C'est  le  caractère  re- 
présentatif des  idées.  Pour  Kant,  le  mot  objectif  prend  un 
sens  tout  autre,  très  spécial  encore,  quoique  plus  voisin 
du  sens  ordinaire.  L'objectivité  de  la  connaissance  est  cons- 
tituée non  pas  par  une  accommodation  tout  empirique,  et 
par  suite  contingente,  de  la  pensée  et  de  l'objet,  mais  par 
l'application  des  catégories,  ou  formes  à  priori  de  l'en- 
tendenient,  au  divers  de  l'intuition.  Toute  connaissance  dé- 
rive, il  est  vrai,  de  l'expérience,  mais  l'expérience  même 
n'est  possible  qu'autant  qu'elle  est  soumise  à  l'action  uni- 
fiante des  catégories.  Or,  cette  unification  même  suppose 
que  le  sujet,  saisissant  son  unité  dans  l'acte  du  «  je  pense  », 
s'oppose,  par  cet  acte  même,  au  multiple  qu'il  coordonne.  Il 
en  résulte  que  le  cogito,  ou  «  aperception  transcendantale  » 
du  sujet  par  lui-même,  est  la  condition  de  la  valeur  ol)- 
jective  des  catégories,  c.-à-d.  de  toute  objectivité.  Ce  carac- 
tère est  nécessairement  valable  pour  tous  les  esprits,  et 
Kant  a  pu,  dans  les  Prolégomènes,  définir  l'objectivité  : 
la  nécessité  et  l'universalité  d'une  proposition.  Il  en  ré- 
sulte cette  conséquence  d'apparence  paradoxale  qie  l'objec- 
tivité dépend  chez  Kant  des  conditions  subjectives  de  la 
connaissance  et  que  les  objets,  que  la  raison  dogmatique  pré- 
tend découvrir  derrière  les  phénomènes,  n'ont  qu'une  valeur 
limitative  (Grenzbegriffe)  et  nullement  objective.  .Seule, 
la  raison  pratique  rend  à  la  croyance  le  droit  d'affirmer  la 
réalité  objective  de  l'âme,  de  Dieu  et  de  la  liberté.  Plus 
récemment,  M.  Benouvier  a  modifié  le  sens  kantien  du  mot 
objectif,  et  désigne  par  ce  terme  le  caractère  de  la  repré- 
sentation considérée  par  le  sujet  «  à  titre  d'objet  ».  L'ob- 
jectivité n'est  plus  dès  lors  qu'un  point  de  vue  admis  par 
le  sujet  quand  il  s'oppose  à  ses  propres  représentations. 

Th.   RUYSSEN. 

^  IL  Grammaire.  — •  Ce  mot  en  terme  de  grammaire 
s'oppose  à  subjectif  comme  objet  s'oppose  à  sujet.  Le 
sujet  étant  l'être  dont  l'action  émane,  l'objet  est  celui  qui 
la  subit.  C'est  ainsi  que  quelques  grammairiens  ont  em- 
ployé l'expression  aujourd'hui  abandonnée  de  voix  objec- 
tive pour  désigner  la  voix  passive,  qui  est  la  forme  que 
prend  le  verbe  quand  le  sujet  subit  l'action.  De  même  on 
dit  quelquefois  cas  objectif  pour  désigner  le  cas  auquel 
se  met  le  complément  direct.  On  distingue  parmi  les  dif- 
férents emplois  du  génitif  celui  du  génitif  objectif  sevYmt 
à  désigner  la  personne  ou  la  chose  qui  est  l'objet  de  ce 
que  signifie  le  substantif  complété  :  indagatio  veri,  la 
recherche  du  vrai,  amor  Dei,  l'amour  de  Dieu,  c.-à-d. 
l'amour  dont  Dieu  est  l'objet,  etc. 

m.  Physique.  —  On  désigne  par  objectif,  en  physique, 
une  lentille  ou  un  système  de  lentilles  capable  de  donner 
une  image  d'un  objet  déterminé  ;  la  plupart  des  instru- 
ments d'optique  se  composent  de  deux  systèmes  :  l'un,  l'ob- 
jectif, donnant  une  image  des  objets,  et  l'autre,  l'oculaire, 
placé  près  de  l'œil,  et  avec  lequel  on  regarde  l'image  fournie 
par  l'objectif:  tels  sont,  par  exemple,  le  microscope  et  la 
lunette  astronomique.  En  photographie,  le  système  op- 
tique est  réduit  à  l'objectif. 

Les  objectifs  sont  de  natures  très  différentes  :  lorsqu'ils 
font  partie  d'appareils  destinés  à  regarder  des  objets  éloi- 
gnés, les  lentilles  qui  les  composent  ont  des  diamètres  con- 
sidérables qui  peuvent  atteindre  0^^,60  et  plus  dans  les 
grandes  lunettes  astronomiques.  Leurs  rayons  de  cour- 
bures sont  aussi  très  grands,  plusieurs  mètres  ;  leur  dis- 
tance focale  est  donc  considérable.  En  effet,  la  grandeur  de 
l'image  qu'ils  fournissent  est  indépendante  de  la  distance 


—  475  -. 


OBJECTIF 


des  objets  très  éloignés  que  l'on  regarde  ,  mais  elle  est 
proportionnelle  à  la  distance  focale  de  l'objectif,  de  là  la 
nécessité  pour  avoir  de  grandes  images  d'employer  les  len- 
tilles à  grandes  distances  focales,  c,-à-d.  à  grands  rayons 
de  courbures.  Comme  il  faut,  en  outre,  que  ces  images  soient 
le  plus  éclairées  possible,  l'objectif  doit  être  de  surface  aussi 
grande  que  possible.  Ce  qui  limite  les  dimensions  qu'on 
leur  donne,  ce  sont  les  difficultés  pratiques  que  l'on  ren- 
contre dans  la  fabrication  de  grandes  lentilles  bien  homo- 
gènes; aussi  ne  peut-on  pas  dépasser  un  certain  dia- 
mètre. D'autre  part,  à  mesure  que  l'on  prend  des  rayons 
de  courbures  plus  grands,'  la  longueur  des  lunettes  aug- 
mente et,  par  suite,  leur  montage  et  leur  entraînement 
régulier  par  un  mouvement  d'horlogerie,  quand  on  les  em- 
ploie pour  suivre  les  astres,  deviennent  plus  difficiles. 

Dans  les  appareils  destinés  à  regarder  au  contraire  des 
objets  ti^ès  rapprochés,  comme  les  microscopes,  la  grandeur 
de  l'image  fournie  par  les  objectifs  dépend  à  la  fois  de  la 
distance  focale  de  ceux-ci  et  de  la  distance  de  l'objet  que 
l'on  peut,  dans  ce  cas,  faire  variera  volonté.  En  plaçant  les 
objets  suffisamment  près  du  foyer  de  l'objectif,  on  aurait 
théoriquement  une  image  aussi  grande  qu'on  le  voudrait  ; 
il  suffirait  pour  cela  d'employer  des  microscopes  suffisam- 
ment longs,  mais  pratiquement  on  ne  peut  dépasser  une 
certaine  longueur,  parce  que,  lorsque  l'objet  est  trop  près  du 
foyer,  les  plus  petites  différences  dans  la  distance  de  l'ob- 
jet au  foyer  se  traduisent  par  des  changements  considé- 
rables dans  la  distancé  de  l'image  à  la  lentille,  de  sorte 
que  l'oeil  ne  verrait  nettement  que  les  points  situés  dans 
une  tranche  extrêmement  mince  de  l'objet.  Il  n'y  a  donc 
pas,  dans  la  pratique,  intérêt  à  dépasser  une  certaine  lon- 
gueur ;  mais  on  peut  encore  augmenter  la  grandeur  de 
l'image  en  diminuant  la  distance  focale  de  l'objectif  ; 
on  n'est  arrêté  que  car  les  difficultés  que  l'on  rencontre 
pour  travailler  régulièrement  les  très  petites  lentilles.  De- 
puis quelque  temps,  en  employant  des  verres  très  réfrin- 
gents, on  a  pu  augmenter  encore  le  pouvoir  grossissant 
des  objectifs. 

Outre  cette  qualité  de  fournir  des  images  très  grossies, 
on  demande  aux  objectifs  de  les  donner  aussi  exactes  que 
possible  :  les  images  des  lignes  droites  doivent  être  droites, 
les  contours  des  objets  ne  doivent  pas  être  irisés  sur  leurs 
bords  ;  c'est  ce  que  l'on  exprime  en  disant  que  l'aberra- 
tion de  sphéricité  (¥.  Aberration)  doit  être  nulle  et  l'achro- 
matisme aussi  parfait  que  possible  (V.  Achromatisme). 

Objectifs  photographiques.  — Xes  objectifs  photogra- 
phiques doivent  posséder  un  certain  nombre  de  qualités  ; 
quelques-unes  sont  contradictoires,  de  sorte  qu'elles  ne 
peuvent  être  réunies  dans  le  même  appareil,  mais,  comme 
elles  importent  plus  ou  moins  selon  le  but  qu'on  se  pro- 
pose^  on  en  réalise  l'une  ou  l'autre  dans  des  objectifs  spé- 
ciaux. 

Le  champ  des  objectifs^  c.~à-d.  la  portion  de  l'espace 
dans  laquelle  doit  se  trouver  un  point  pour  être  vu  dans 
l'appareil,  est  toujours  un  cône  dont  le  sommet  est  au 
centre  optique  de  l'objectif;  on  l'évalue  en  indiquant  en 
degrés  l'angle  au  sommet  de  ce  cône.  Pour  qu'une  plaque 
photographique  de  dimensions  a  et  b  et  par  conséquent  de 
diagonale  ^  a^-hb'^  puisse  être  couverte  par  un  objectif 
de  distance  focale/',  il  faut  et  il  suffit  que  la  tangente  tri- 
gonométrique  de  la  moitié  de  l'angle  du  cône  soit  supé- 
\fa^+b' 

avec  un  objectif  ayant  une  distance  focale  de  12  centim.,  on 
veut  couvrir  la  dimension  quart  de  plaque  («= 9,  è=:  12), 

le  rapport  considéré  devient  ^  ;  or  l'angle  qui  a  pour  tan- 
gente trigonométrique  ce  rapport  est  32<^.  Le  champ  de 
l'objectif  doit  donc  être  de  64<^.  Les  objectifs  doivent  être 
exempts  de  distorsion  ;  en  présence  de  Hgnes  droites  et  pa- 
rallèles, ils  doivent  donner  des  images  également  droites 
et  parallèles.  Ils  doivent  être,  de  plus,  dépourvus  à'astig- 


rieure  ou  au  moins  égale  à , 


Si,  par  exemple, 


matisme.  On  constatera  ces  qualités  dans  un  objectif  en 
s'en  servant  pour  photographier  des  lignes  tracées  en  da- 
mier sur  une  grande  feuille  de  carton  :  les  lignes  devront 
être  sur  la  photographie  bien  droites  et  parallèles  et  en 
outre  également  nettes.  Pour  faire  cette  épreuve,  il  est  in- 
dispensable que  la  feuille  de  carton  et  le  cliché  soient  ri- 
goureusement parallèle^.  Les  objectifs  doivent,  déplus,  être 
aplanétiques  :  les  rayons  centraux  et  marginaux  des  ob- 
jectifs doivent  avoir  sensiblement  môme  foyer.  Les  objec- 
tifs doivent  être  en  outre  achromatiques,  c.-à-d.  que  les 
lignes  gui  forment  les  contours  des  objets  ne  doivent  pas 
être  irisées,  ni  au  centre  de  l'image,  ni  sur  les  bords  ;  il 
faut  de  plus  qu'ils  soient  achromatisés  pour  les  rayons  chi- 
miques, c.-à-d.  que  les  rayons  violets  et  ultra-violets  aient 
leurs  foyers  au  même  point  que  les  rayons  les  plus  bril- 
lants (jaunes).  Leur  surface  focale  doit  être  sensible- 
ment plane,  c.-à-d.  que  le  lieu  géométrique  de  tous  les 
foyers  situés  sur  les  axes  secondaires  doit  être  sensible- 
ment plan.  Toutes  ces  conditions  ne  peuvent  être  satis- 
faites avec  une  rigueur  mathématique,  mais  il  suffit  qu'elles 
le  soient  suffisamment  pour  que  l'œil,  dont  la  justesse  et 
la  sensibilité  sont  limitées,  ne  s'en  aperçoive  pas.  En  par- 
ticulier, l'image  d'un  point  n'est  pas  rigoureusement  un 
point,  mais  on  admet  que,  si  cette  image  est  un  petit  cercle 
de  diamètre  de  0'^^'^\2,  l'image  est  suffisamment  nette  si 
elle  doit  être  regardée  à  l'œil  nu  ;  pour  être  regardée  à  la 
loupe,  on  reporte  la  limite  à  0"^"\1.  Grâce  à  cette  tolé- 
rance de  l'œil,  les  objets  situés  à  des  distances  diverses  de 
l'objectif  peuvent  paraître  fournir  des  images  également 
nettes.  On  appelle  profondeur  de  foyer  le  déplacement 
que  l'on  peut  imprimer  à  la  glace  dépolie  d'un  appareil 
sans  que  l'image  d'un  point  lumineux  cesse  d'être  nette, 
c.-à-d.  sans  que  sa  dimension  dépasse  la  limite  tolérée, 
0mm ^1^  Cette  profondeur,  pour  un  point  situé  à  l'infini,  est 

égale  à  0,2  X  -7  ;  dans  cette  formule,  festla  distance  fo- 
cale principale  et  d  le  diamètre  à' ouverture  utile  de  l'ob- 
jectif (V.  un  peu  plus  loin  la  détermination  de  cette  cons- 
tante). Pour  un  point  situé  à  une  distance  jo  de  l'objectif, 

cette  profondeur  est  0,2  -4  -/-  .  Il  est  bon  qu'un  objectif 

ait  une  profondeur  de  foyer  notable,  la  mise  au  point  est 
alors  plus  facile.  On  w^^eWe  profondeur  du  champ  le  dé- 
placement suivant  l'axe  optique  de  l'objectif  que  l'on  peut 
imprimer  à  un  point  sans  que  son  image  atteigne  un  dia,- 
mètre  supérieur  à  0"^°^,1.  Avec  les  mêmes  notations  que 
précédemment,  la  profondeur  du  champ,  pour  un  point  si- 

tué  à  une  distance  p.est  0,2^    //■     •  ^^  appelle  souvent 

distance  hyperfocale  d'un  objectif  la  distance  à  laquelle 
un  point  lumineux  doit  se  trouver  d'un  objectif  pour  que 
son  image  sur  une  glace  dépolie,  placée  au  foyer,  ait  un 
diamètre  inférieur  à  0^™,2.  Cette  distance  est  donnée  par 

la  formule  ---ç..  Ainsi  un  objectif  ayant  pour  diamètre  utile 

30  millim.  et  pour  foyer  100  millim.  aura  pour  distance 

.  „  ,  30  XlOO  ,„  ^„„  ,,  ^ 
hyperfocale  — jr-^ z=i  Ib.OOO  ou  15  m.  Pour  un  pa- 
reil objectif  tous  les  objets  placés  à  plus  de  15  m.  seraient 
nets,  l'appareil  étant,  une  fois  pour  toutes,  réglé  pour  l'in- 
fini. On  peut  aussi  se  poser  le  problème  suivant  :  avec  un 
objectif  d'ouverture  utile  de  20  millim.,  quelle  distance  fo- 
cale doit-on  employer  pour  que  tous  les  objets  soient  nets 
à  partir  de  4  m.?  On  aurait  alors  l'équation 


20  X^ 


'=  4.000, 


0,2 

d'où  l'on  tire  x  =  40  millim.  Les  profondeurs  de  foyer  et 
de  champ  étant,  comme  le  montrent  les  formules  citées 
pilus  haut,  inversement  proportionnelles  kd,  et  cette  quan- 
tité étant  proportionnelle  au  diamètre  du  diaphragme  em- 
ployé, il  en  résulte  que  ces  profondeurs  sont  inversement 


OBJECTIF 


_  176 


proportionnelles  à  ce  diamètre  ;  la  distance  hyperfocalc  est 
au  contraire  proportionnelle  à  ce  diamètre.  Au  point  de 
vue  de  la  clarté,  les  objectifs  doivent  avoir  la  plus  grande 
clarté  possible  et,  en  outre,  éclairer  d'une  façon  uniforme 
les  divers  points  de  la  plaque  sensible.  D'après  la  défini- 
tion du  Congrès  international  de  photographie  de  1888,1a 
clarté  d'un  objectif  est  le  rapport  entre  l'éclat  de  l'image 
qu'il  donne  d'un  objet  situé  à  l'infini,  sur  l'axe  principal, 
et  celui  de  l'image  que  donnerait  du  même  objet  un  ob- 
jectif pris  comme  unité.  Si  l'on  fait  abstraction  de  la  lu- 
mière perdue  par  réflexion  à  la  surface  des  verres  et  par 
absorption,  la  clarté  est  proportionnelle  à  l'ouverture  utile 
et  en  raison  inverse  de  la  distance  focale  principale  ;  mais 
la  portion  de  lumière  réfléchie  et  absorbée  n'est  nullement 
négligeable,  elle  peut  dépasser  20  ^jo  de  la  lumière  to- 
tale. Enfin  l'objectif  ne  doit  pas  laisser  arriver  sur  la 
plaque  de  rayons  étrangers  aux  objets  :  pour  éviter  les  ré- 
flexions intérieures,  on  a  soin  de  noircir  les  objectifs  en  de- 
dans ;  il  faut  aussi  pour  la  même  raison  que  les  lentilles 
de  l'objectif  soient  absolument  propres  ;  un  léger  dépôt  de 
poussière  sur  la  face  antérieure  de  la  première  lentille  peut 
produire  un  voile  manifeste  sur  la  plaque,  surtout  dans 
les  photographies  faites  à  contre-jour. 

Divers  types  d'objectifs.  On  peut  les  diviser  en  objec- 
tifs simples,  objectifs  doubles  et  triplets.  Les  verres  em- 
ployés pour  leur  construction  sont  des  flintet  des  crown. 
Depuis  quelques  années,  on  a  fabriqué  des  verres  nouveaux 
dont  les  indices  de  réfraction  et  la  dispersion  ont  beau- 
coup augmenté  le  nombre  de  combinaisons  possibles.  Les 
objectifs  simples  se  composent  d'une  ou  plusieurs  len- 
tilles accolées.  On  a  employé  d'abord  une  simple  lentille 
plan-convexe,  sur  la  surface  plane  de  laquelle  on  plaçf.it 
le  diaphragme,  puis  un  ménisque  convergent,  la  face  con- 
cave étant  tournée  vers  l'objet  avec  un  diaphragme  situé 
en  avant,  à  une  distance  égale  au  d/5  de  la  distance  [->- 
cale.  On  a  perfectionné  ces  appareils  en  prenant  des  verres 
achromatisés  formés,  par  exemple,  par  l'ensemble  d'unflint 
plan-concave  et  d'un  crown  biconvexe  ou  par  juxta- 
position d'un  flint  biconcave  et  d'un  crown  biconvexe,  en 
plaçant  toujours  en  avant  la  surface  la  moins  convexe. 
Vn  objectif  simple  plus  moderne  consiste  en  un  ménisque 
convergent  en  crown  associé  à  un  ménisque  divergent  en 
flint  ;  le  diamètre  des  lentilles  et  la  distance  du  diaphragme 
représentent  4/5  de  la  distance  focale.  Son  ouverture  a  pour 

diamètre  r^.  L'objectif  simple  grand  angulaire  deDall- 

meifer  se  compose  de  3  verres  :  un  ménisque  divergent 
en  flint,  compris  entre  deux  ménisques  convergents  en  crown; 
le  diaphragme  est  situé  en  avant,  à  une  distance  égale  au 
diamètre  des  lentilles  ;  la  distorsion  est  légère  et  la  clarté 
plus  grande  que  dans  les  objectifs  précédents  ;  le  champ 
est  d'environ  90*^.  V  objectif  grand  angulaire  pour  vues 
(Landscape,  1886)  est  formé  aussi  de  3  lentilles  analogues 
aux  précédentes,  de  courbure  un  peu  diff'érente  ;  le 
champ  n'est  plus  que  de  50**,  mais  la  clarté  est  deux  ff  is 
plus  grande  et  permet  de  faire  des  instantanés  :  on  peut 
aussi  rapprocher  des  objectifs  simples  un  objectif  rectili- 
néaire  pour  vues,  formé  d'une  première  lentille  composée 
d'un  ménisque  divergent  en  flint  et  d'un  ménisque  conver- 
gent en  crow^n,  et  à  une  très  petite  distance  se  trouve  un 
ménisque  convergent  en  crow^n  ;  le  diaphragme  d'une  ou- 

f  .     , 

verture  -^  est  situé  en  avant  à  une  distance  un  peu  plus 

grande  que  le  diamètre  des  lentilles,  le  champ  est  d'envi- 
ron 50"  ;  cet  objectif,  qui  peut  servir  de  transition  entre 
les  simples  et  les  doubles,  est  mieux  corrigé  de  l'astigma- 
tisme et  de  la  distorsion  que  les  premiers.  Les  objectifs 
simples,  les  seuls  employés  au  début,  ont  été  abandonnés 
ensuite;  mais  on  y  est  revenu  depuis  peu,  pour  certains 
usages.  Leurs  défauts  sont  les  suivants  :  ils  présentent  des 
aberrations  de  sphéricité  et  des  distorsions  notables,  leur 
surface  focale  n'est  pas  très  plane  ;  ils  sont  peu  clairs  et 


par  suite  peu  rapides  à  cause  de  la  petite  ouverture  des 
diaphragmes  qu'il  est  nécessaire  d'employer  ;  ils  ne  peu- 
vent donc  servir  pour  les  photographies  instantanées  et 
pour  les  reproductions,  mais  pour  les  paysages  ils  donnent 
beaucoup  de  finesse  et  une  meilleure  répartition  de  la  lu- 
mière entre  les  premiers  plans  et  les  lointains.  Les  objectifs 
doubles  se  composent  de  deux  systèmes  de  lentilles  formées 
elles-mêmes  de  deux  ou  plusieurs  verres.  Tantôt  ces  deux 
systèmes  sont  identiques  et  disposés  symétriquement,  tanttU 
ils  sontdifl*érents.  Le  nombre  des  combinaisons  adoptées  est 
très  considérable  ;  les  nouveaux  verres  allemands,  les  verres 
français  de  M.  Mantois,  etc.,  ont  permis  de  varier  beaucoup 
plus  qu'autrefois  ces  combinaisons.  Parmi  les  objectifs  déjà 
anciens,  nous  citerons  le  rectilinéaire  rapide  de  Dallmeyer 
(1866),  Faplanat  du  D^'  Steinheil  (1866).  Chacun  des  deux 
systèmes  de  lentilles  est  formé  d'un  ménisque  divergent  en 
flint  et  d'un  ménisque  convergent  en  crown  (ou  en  flint  lourd 
dans  Faplanat)  ;  les  surfaces  convexes  de  ces  deux  systèmes 
sont  tournées  vers  l'extérieur.  Comme  variantes  de  ces  sys- 
tèmes, on  peut  citer  les  aplanétiques  rapides  de  Berthiot, 
les  rectilinéaires  rapides  de  Français,  les  aplanats  rapides 
d'Hermagis,  les  euryscopes  de  Voigtlânder,  etc.  En  rap- 
prochant les  deux  systèmes  de  lentilles  et  en  augmentant 
leur  courbure  on  a  obtenu  des  champs  plus  considérables  : 
tels  sont  l'aplanat  pour  paysages  et  Faplanat  grand  angu- 
laire pour  vues  du  D^  Steinheil.  Citons  encore  parmi  les 
objectifs  de  ce  genre  les  objectifs  grands  angulaires  de 
Martin,  panoramique  de  Prazmowski,  lepantoscopedeBusch 
et  le  périgraphique  de  Berthiot  dont  les  champs  sont  voi- 
sins de  100".  Dans  les  objectifs  symétriques  pour  portraits, 
au  contraire,  on  écarte  les  deux  systèmes  de  verre  et  on 
diminue  les  courbures  ;  le  champ  est  moins  grand  et  peut 
descendre  à  30",  et  moins  profond,  mais  la  rapidité  est 
augmentée.  Les  objectifs  les  plus  récents  faits  avec  des 
verres  nouveaux,  à  base  de  baryte  principalement,  sont 
ceux  qui  constituent  les  diverses  séries  de  ZeissetdeGoerz 
qui  comprennent  des  champs  variant  entre  70  et  105",  puis 
Faplanastigmat  de  Fleury-Hermagis,  le  planigraphe  de  la 
maison  Darlot,  etc.  Parmi  les  objectifs  doubles  non  symé- 
triques se  trouvent  les  rectilinéaires  grand  angle  de  Dall- 
meyer, les  doublets  de  Boss,  Fantiplanat  pour  groupes  de 
Steinheil,  formé  de  deux  systèmes  très  différents  ayant  sé- 
parément des  aberrations  très  notables  de  sphéricité  et  de 
réfrangibilité,  mais  se  compensant  d'une  façon  satisfai- 
sante. Les  eury graphes  de  Lacour  sont  aussi  des  objectifs 
dissymétriques. 

Parmi  les  triplets,  objectifs  formés  de  trois  groupes  de 
lentilles,  on  peut  citer  Fantiplanat  pour  portraits  de  Stein- 
heil ;  il  est  formé  d'un  crown  biconvexe  collé  à  un  flint 
biconcave,  puis  d'un  flint  biconcaxe  et  enfin  d'un  crown 
biconvexe;  le  champ  est  faible,  mais  la  rapidité  est  grande. 
Le  triplet  de  Dallmeyer  sert  principalement  pour  la  repro- 
duction de  cartes  et  de  monuments  ou  pour  faire  des 
agrandissements  ;  il  se  compose  de  trois  lentilles  doubles  : 
la  première,  de  diamètre  moyen,  formée  d'un  crown  bicon- 
vexe et  d'un  flint  biconcave  ;  la  seconde,  qui  est  la  plus  pe- 
tite, d'un  flint  biconvexe  et  d'un  crown  biconcave  ;  et  la 
troisième,  qui  est  la  plus  grande,  d'un  flint  biconcave  et 
d'un  crown  biconvexe. 

Détermination  des  constantes  d'un  objectif,  La  dis- 
tance focale  principale  absolue,  c.-à-d..  la  distance  du 
))oint  nodal  d'émergence  au  foyer  principal  postérieur,  se 
détermine  en  visant  d'abord  un  objet  très  éloigné,  et  met- 
tant au  point  sur  la  glace  dépolie  dont  on  note  la  position, 
puis  on  vise  une  circonférence  tracée  sur  une  feuille  de  pa- 
})ier  et  l'on  déplace  cette  feuille  jusqu'à  ce  que  son  image 
nette  sur  le  ven^e  dépoli  ait  un  diamètre  égal  au  sien  ;  il 
a  fallu  pour  cela  reculer  la  glace  dépolie  d'une  longueur 
justement  égale  à  la  distance  cherchée.  On  peut  aussi  la 
déterminer  à  l'aide  du  tourniquet  du  commandant  Moëssard 
fondé  sur  les  propriétés  des  points  nodaux  des  objectifs  : 
les  points  nodaux  sont  des  points  tels  que,  si  un  rayon  lu- 
mineux, avant  de  pénétrer  dans  l'objectif,  se  dirige  vers  le 


_17T  -- 


OBJECTIF 


point  nodal  trincidence,  il  en  ressort  suivant  une  direc- 
tion émanée  du  point  nodal  d'émergence  ;  ces  deux  points 
jouent  un  rôle  analogue  à  celui  du  centre  optique  ,dans  la 
théorie  élémentaire  des  lentilles.  C'est  à  partir  de  ces 
points  que  l'on  compte  respectivement  les  distances  j;,  p' 

111 

et  f  qui  figurent  dans  la  formule  -4-  —  =  «t:.  Le  tourni- 
quet se  compose  d'une  boîte  en  Lois  sans  fond  ni  couvercle 
AA  (fig.  1),  qui  contient  intérieurement  une  planchette  BB 
qui  peut  se  mouvoir  parallèlement  à  elle-même  à  l'aide  d'une 
vis  non  représentée  sur  la  figure.  C'est  sur  cette  planchette 
que  l'on  adapte  l'objectif  (jue  l'on  étudie.  Cette  boîte  peut 
tourner  autour  d'un  axe  vertical  creux  ;  cet  axe  00  tra- 
verse une  boîte  CC  qui  est  percée  de  deux  grandes  ouver- 
tures pour  laisser  passer  les  rayons  lumineux  qui  traver- 
sent l'objectif  ;  en  arrière  de  cette  boîte  se  trouve  un  soufflet 
qui  relie  la  partie  précédente  à  un  cadre  DD,  où  se  trouve 
une  glace  dépolie  que  l'on  regarde  avec  une  loupe  L  ;  on 
avance  plus  ou  moins  ce  cadre  à  l'aide  d'une  crémaillère 
et  du  bouton  V,  et  l'on  mesure  ces  déplacements  le  long 
d'une  règle  graduée  dont  le  zéro  correspond  au  centre  de 
Taxe  0.  De  même  le  haut  de  cet  axe  est  muni  d'une  ma- 
nette M  qui  se  déplace  devant  un  cercle  divisé.  Pour  me- 
surer la  distance  focale  d'un  objectif,  on  dispose  celui-ci 


Fig.  1. 

de  façon  que  son  axe  géométrique  rencontre  Taxe  0;  puis, 
l'appareil  étant  tourné  vers  des  objets  quelconques,  on  met 
au  point  leur  image  sur  la  glace  dépolie  et,  tournant  la  ma- 
nette M,  on  regarde  si  l'image  se  déplace.  Si  elle  ne  se  dé- 
place pas,  c'est  que  Taxe  00  rencontre  l'axe  géométrique 
0 


QA^,QL/L,ele.posià'0fts  successives  de  la,  mcuiêîSè 


Fig.  2. 

de  l'objectif  juste  au  point  nodal  d'émergence.  Mais  si 
l'image  se  déplace  dans  le  même  sens  que  la  manette,  c'est 
que  le  point  nodal  est  en  arrière  de  l'axe  00  ;  si  elle  se 
déplace  au  contraire  en  sens  inverse  de  celui  de  la  ma- 
nette, c'est  que  le  point  nodal  est  en  avant  ;  on  modifie 
alors  la  position  de  la  planchette  BB  jusqu'à  ce  que  l'on 
obtienne  l'immobilité  de  l'image  malgré  la  rotation  de 
Taxe  ;  on  met  alors  au  point  de  nouveau  avec  la  vis  V  et 
le  nombre  lu  sur  la  règle  graduée  donne  immédiatement 
la  distance  focale  cherchée.  Pour  marquer  sur  l'objectif  la 

GR.\NDE   ENCYCLOPÉDIE.  —   XXV, 


position  du  point  nodal  d'émergence,  on  introduit  dans 
l'intérieur  de  l'axe  0  un  poinçon  portant  comme  marque 
un  <^  dont  le  sommet  est  juste  au  centre  de  l'axe  ;  un 
coup  très  léger  permet  de  marquer  ainsi  la  position  du 
point  nodal.  En  retournant  ensuite  l'objectif,  on  détermine 
de  même  la  position  de  l'autre  point  nodal. 

Mesure  du  diamètre  d'ouverture  utile.  Ce  diamètre 
varie  avec  le  diaphragme  employé.  Pour  le  déterminer, 
on  met  le  plus  grand  diaphragme  ;  on  met  au  point  sur 
l'infini,  puis  on  remplace  la  glace  par  un  écran  en  carton 
percé  d'un  petit  trou  que  l'on  expose  à  une  lumière  vive, 
tandis  que  le  reste  de  l'appareil  est  dans  l'obscurité  ;  on 
voit  alors  un  cercle  lumineux  à  la  surface  antérieure  de 
Tobjectif,  on  mesure  son  diamètre  avec  un  compas  :  c'est 
le  diamètre  cherché.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  recommen- 
cer cette  mesure  pour  les  divers  diaphragmes,  il  suffit  de 
multiplier  le  diamètre  trouvé  par  les  rapports  respectifs 
des  diamètres  des  divers  autres  diaphragmes  au  diamètre 
de  celui  qui  a  servi  à  l'expérience.  La  profondeur  de  foyer, 
qui  est  inversement  proportionnelle  à  ce  diamètre  d  utile, 

f 
se  détermine  par  la  formule  0,2-,.  De  même  la  profon- 
deur du  champ  peut  être  calculée  à  l'aide  de  d  et  de  f  et 
des  formules  données  plus  haut. 

Etude  de  la  surface  focale  principale.  Cette  étude  se 
fait  avec  le  tourniquet  :  sur  une  feuille  de  papier  on  trace 
une  série  de  rayons  faisant  entre  eux  des  angles  de  10^ 
par  exemple,  puis,  l'objectif  étant  placé  sur  la  planchette 
du  tourniquet  et  la  manette  étant  à  la  division  0*^,  on  met 
au  point  un  objet  très  éloigné  ;  on  mesure  la  distance  fo- 
cale et  Ton  porte  la  longueur  trouvée  sur  l'une  des  lignes 
tracées  sur  le  papier  ;  on  déplace  ensuite  la  manette  de 
10^,  et  on  met  de  nouveau  au  point  ;  la  longueur  trouvée 
est  ensuite  portée  sur  la  droite  qui  fait  avec  la  première 
un  angle  de  10° et  ainsi  desuite  ;  en  joignantpar  une  courbe 
régulière  les  divers  points  a^,  «g,  %  ainsi  tracés  (fig.  2) 
sur  le  papier,  on  obtient  une  courbe  qui  est  la  méridienne  de 
la  surface  focale  cherchée.  Cette  surface  focale  variant  avec 
le  diamètre  du  diaphragme,  on  peut  faire  cette  détermina- 
tion pour  ces  divers  diaphragmes,  ou  au  moins  pour  le  plus 
grand  et  le  plus  petit. 

Etude  du  volume  focal.  A  l'aide  du  tourniquet  on  vise 
un  objet  très  éloigné  présentant  des  détails  ayant  1/10  de 
millim.  sur  la  glace  dépolie.  On  donne  à  la  manette  une 
certaine  direction,  on  met  au  point  comme  pour  l'étude  de 
la  surface  focale  et  on  lit  la  division  du  vernier,  ce  qui 
donne  un  point  de  cette  surface,  puis  on  déplace  le  verre 
dépoli  jusqu'à  ce  que  le  détail  de  1/10  de  millim.  ne  soit 
plus  visible  et  on  lit  de  nouveau  la  position  du  vernier. 
On  a  un  nouveau  point  qui  représente,  suivant  la  direction 
de  la  manette,  la  profondeur  du  foyer  ;  en  recommençant 
ainsi  pour  diverses  directions  de  la  manette,  on  a  deux  sé- 
ries de  points  qui  représentent  :  l'une,  la  méridienne  de  la 
surface  focale,  %,  a^...  a,^\  l'autre,  la  méridienne  limitant 
la  profondeur  du  foyer,  b^,  h-^...  b^;  le  volume  focal  est 
compris  entre  les  surfaces  correspondant  à  ces  deux  méri- 
diennes. 

Mesure  du  champ.  Le  champ  de  visibilité  se  déter- 
mine facilement  à  l'aide  du  tourniquet  en  notant  l'angle 
compris  entre  les  positions  extrêmes  qu'on  peut  donner  à 
la  manette  sans  cesser  d'apercevoir  une  image  ;  le  champ 
de  netteté,  qui  ne  comprend  que  les  points  pour  lesquels 
la  netteté  est  parfaite,  se  déduit  facilement  des  deux  mé- 
ridiennes du  volume  focal.  Au  sommet  de  la  courbe  de  sur- 
face focale  principale  on  mène  une  tangente  qui  rencontre 
l'autre  méridienne  en  deux  points  BB  (fig.  2)  dont  la  dis- 
tance représente  le  diamètre  du  champ. 

Clarté.  La  clarté  normale  d'un  objectif  se  mesure  en  le 

f 
munissant  d'un  diaphragme  d'ouverture  -j^.  Pour  compa- 
rer la  clarté  de  deux  objectifs  on  place  au  foyer  princi- 
pal de  chacun  d'eux  une  plaque  sensible  recouverte  d'un 

12 


OBJECTIF  —  OBJET 


—  178  — 


sensitomètre  de  Warnerke;  c'est  un  ensemble  de  cases 

numérotées  de  4  à  25  et  recouvertes  chacune  d'un  noml)re 

égal  au  numéro  qu'elles  portent  de  couches  de  gélatine 

teintée  avec  du  noir  de  fumée.  On  développe  ensuite  les 

,  plaques.  Tous  les  numéros  du  sensitomètre  n'apparaissent 

pas;  si  n^  et  n^  sont  les  deux  nombres  les  plus  grands  lus 

C 
sur  leschchés  ;  le  rapport  des  deux  clartés  ~   est   donne 

Essai  d'un  objectif.  L'essai  d'un  objectif  cojuporte  la 
détermination  des  constantes  précédentes  et  la  vérification 
d'un  certain  nombre  de  conditions. 

Centrage.  On  s'aperçoit  qu'un  objectif  est  mal  centré, 
c.-à-d.  que  les  centres  de  ses  diverses  courbures  ne  sont 
pas  sur  une  même  droite  en  cherchant  à  déterminer  la  po- 
sition du  point  nodal  d'émergence  à.  l'aide  du  tourniquet  ; 
on  ne  peut  pas,  dans  ce  cas,  arriver  à  trouver  un  point  tel 
que  l'image  soit  immobile  quand  on  tourne  la  manette.  A 
l'aide  du  même  instrument  on  peut  contrôler  le  travail 
des  surfaces  en  déterminant  et  marquant  les  points  no- 
daux  dans  diverses  sections  longitudinales  des  objectifs, 
chaque  série  de  points  nodaux  doit  former  une  circonfé- 
rence parfaite  perpendiculaire  à  Taxe  de  l'objectif.  La 
position  des  diaphragmes  est  correcte  quand  le  champ 
de  visibilité  ne  change  pas  avec  les  différents  diaphragmes. 
Pour  vérifier  V achromatisme  on  vise  une  série  de  secteurs 
numérotés  et  placés  perpendiculairement  sur  un  même  axe, 
mais  à  des  distances  variables  et  disposés  en  éventail,  de 
façon  à  ne  pas  se  masquer  les  uns  les  autres  ;  l'axe  est  di- 
rigé vers  l'objectif  et  on  met  au  point  sur  le  secteur  5  par 
exemple  ;  on  expose  une  plaque  et  on  développe  ;  si  c'est 
le  chiffre  5  qui  sur  la  photographie  se  trouve  le  plus  net, 
c'est  que  le  foyer  des  rayons  chimiques  correspond  bien  au 
foyer  des  rayons  lumineux  qui  servent  pour  la  mise  au 
point.  Pour  vérifier  Vaplanétisme,  on  fait  deux  photogra- 
phies :  l'une  en  mettant  au  point,  mais  en  masquant  la  par- 
tie centrale  de  l'objectif;  l'autre  sans  changer  la  mise 
au  point,  mais  en  masquant  la  partie  marginale  ;  sil'apla- 
nétisme  est  bon,  les  deux  images  développées  doivent  être 
également  nettes.  On  vérifie  l'absence  de  tache  centrale 
en  dirigeant  l'appareil  sur  le  ciel  et  exposant  une  plaque 
sensible  qui  ne  doit  pas  présenter  de  tache  centrale  au  dé- 
veloppement. V astigmatisme  et  la  distorsion  s'étudient 
en  photographiant  un  réseau  à  mailles  carrées  de  lignes 
d'épaisseur  égale  ;  l'image  obtenue  doit  être  formée  aussi 
de  lignes  droites  de  même  intensité.  A.  Joanais. 

OBJET.  I.  Philosophie.  —  Pour  le  sens  commun, 
un  objet  est  un  tout  concret,  matériel,  présenté  par  l'ex- 
périence sensible.  A  ce  point  de  vue,  les  objets  se  dis- 
tinguent, en  s'opp osant  les  uns  aux  autres,  suivant  les 
régions  de  l'espace  qu'ils  occupent.  Le  langage  philoso- 
phique courant  supprime  cette  distinction  purement  spa- 
tiale et  y  substitue  la  distinction  logique  du  moi,  de  l'esprit, 
du  sujet  (V.  ce  mot)  qui  connaît  ou  qui  agit  et  de  Vohjet 
de  cette  connaissance  ou  de  cette  action. 

Au  point  de  vue  de  la  connaissance,  Platon  avait  reconnu 
déjà  que  la  connaissance  sensible  est  due  à  la  coopération  de 
l'esprit  et  des  choses.  Cependant,  la  distinction  de  l'objet 
du  sujet  est  essentiellement  moderne  et  prend,  selon  les 
théories,  une  signification  très  variable.  Pour  le  réalisme, 
l'objet  de  la  connaissance  n'est  autre  chose  que  la  matière 
avec  ses  qualités  sensibles,  premières  ou  secondes.  Lephé- 
noménisme  le  ramène  aux  impressions,  aux  états  du  moi. 
L'idéalisme  de  Malebranche  et  de  Berkeley  arrive  à  sup- 
primer toute  réalité  en  dehors  des  esprits,  et  l'objet  véritable 
de  la  connaissance  est  Dieu  manifesté  par  son  action  sur 
l'intellect  et  sur  les  sens.  Le  criticisme  de  Kant  a  singu- 
lièrement compliqué  ce  dualisme  de  l'objet  et  du  sujet  en 
distinguant  radicalement,  au  moyen  de  deux  mots,  deux 
sens  du  mot  objet  que  la  langue  française  traduit  malheu- 
reusement par  le  même  mot:  Gegenstand  etObject.  Au 
premier  sens,  l'objet  {Gegenstand)  est  le  donné  offert  à 


la  sensibihté  et  à  l'entendement,  c'est  le  divers  de  l'intui- 
tion, le  phénomène  auquel  l'esprit  applique  ses  formes  à 
priori  ;  ainsi  unifié  par  le  sujet,  le  phénomène  devient  objet 
au  second  sens  {Object)  ;  et  le  jugement  qui  opère  cette  ré- 
duction du  divers  à  l'intuition  prend  une  valeur  objective. 
Quant  à  l'objet  dont  le  réalisme  affirme  l'existence  derrière 
le  phénomène,  Kant  n'y  voit  qu'un  X  irreprésentable.  La 
raison  n'atteint  pas  d'objets  au  delà  du  monde  de  l'expé- 
rience et  ne  peut  que  concevoir  des  idées,  des  noumènes 
vides  de  réalité.  —  L'idéahsme  issu  du  kantisme  devait 
logiquement  dépasser  ce  point  de  vue  et  nier  l'opposition 
fondamentale  de  l'objet  et  du  sujet.  Le  moi,  suivant  Fichte, 
pose  le 'non-moi  en  même  temps  qu'il  se  pose  lui-même. 
Chez  Hegel,  l'esprit  et  les  choses  dérivent  également  de  l'idée 
qui  les  contient  virtuellement.  Pour  Schopenhauer,  l'objet 
n'est  qu'une  représentation,  une  illusion  du  sujet. 

Au  point  de  vue  de  l'action,  l'objet,  dans  les  doctrines 
eudémonistes  ou  utilitaires,  détermine  la  valeur  de  l'acte 
moral.  A  cette  conception,  Kant  oppose  l'autonomie  de  la 
bonne  volonté.  Dédaignant  de  considérer  la  matière  delà 
moralité,  il  n'en  retient  que  la  forme  et  demande  au  su- 
jet seul  de  s'ériger  en  législateur  de  l'acte  moral.  De  cette 
conception  il  déduit  logiquement  l'objet  qui  servira  de  ma- 
tière à  l'impératif  catégorique,  à  savoir  la  dignité  même  de 
la  personne  morale.  Th.  Ruyssen. 

II.  Droit  civil.  —  Tout  contrat,  toute  obligation  a 
un  objet  :  relativement  au  contrat,  c'est  le  droit  que  les 
parties  veulent  créer  en  contractant  ;  relativement  à  l'obli- 
gation, c'est  la  chose  ou  le  fait  auquel  ce  droit  s'applique. 
Le  code  civil  confond  du  reste  l'objet  du  contrat  avec 
l'objet  de  l'obligation  et,  dans  son  art.  1126,  il  nous  fait 
connaître  que  cet  objet  peut  consister  en  une  chose  ou  en  un 
fait.  Si  l'obligation  a  pour  objet  une  chose,  il  faut  que  cette 
chose  rempMsse  trois  conditions  essentielles  :  1^  Elle  doit 
être  in  rerum  natura,  c.-à-d.  existante.  Ainsi  la  vente 
d'une  bête  de  trait  morte  la  veille  est  nulle  (art.  lôOl). 
2«  Elle  doit  être  dans  le  commerce  (art.  1128).  Parmi 
les  choses  qui  sont  hors  du  commerce,  les  unes  le  sont  par 
nature,  tels  l'air,  la  mer,  etc.,  d'autres  par  destination, 
comme  faisant  partie  du  domaine  public,  tels  les  fleuves, 
les  places  fortes,  les  routes  nationales,  etc.,  d'autres  enfin 
par  des  considérations  d'ordre   public,  telles  certaines 
armes  et  certaines  substances,  dont  la  vente  est  prohibée, 
et  telles  aussi  les  successions  futures.  En  ce  qui  concerne 
ces  dernières,  l'art.  1130,  qui  permet,  en  principe,  de 
prendre  comme  objet  d'une  obligation  une  chose  future, 
une  récolte  à  venir,  par  exemple,  interdit,  au  contraire, 
de  la  façon  la  plus  expresse,  toute  renonciation  ou  toute 
autre  espèce  de  stipulation .  ayant  pour  objet  une  suc- 
cession non  ouverte,  «  même  avec  le  consentement  de 
celui  de  la  succession  duquel  il  s'agit  »  |(V.  Succession). 
o«  Elle  doit  être  déterminée  ou  déterminable,  au  moins 
quant  à  l'espèce  (art.  1129).  Il  faut  en  effet  que  l'obli- 
gation du  débiteur  soit  sérieuse,  et  celui-ci  ne  pourrait 
s'engager  à  livrer  «  un  animal  »,  «  du  blé  »,  «  du  vin  ». 
Mais  la  convention  serait  vaiable  si  elle  portait  sur  «  un 
cheval  »,  sur  «  un  hectolitre  de  blé»,  sur  «  une  pièce  de 
vin»,  sans  préciser  davantage  la  qualité,  et  quitte  ensuite, 
au  cas  de  contestation,  à  rechercher  la  commune  intention 
des  parties.  Le  simple  usage  ou  la  simple  possession  d'une 
chose  peut  être  d'ailleurs,  comme  la  propriété  même  de 
la  chose,  l'objet  d'un  contrat  (art.  1127).  Si,  maintenant, 
l'obligation  a  pour  objet  un  fait  (obligation  de  faire  ou  de 
ne  pas  faire  telle  ou  telle  chose),  il  faut  que  ce  fait  rem- 
plisse, lui  aussi,  sous  peine  d'inexistence  du  contrat  et  de 
l'obligation,  trois  conditions  :  1*^  Il  doit  être  possible.  La 
promesse  d'un  fait  impossible  ne  saurait  en  effet  obliger 
le  débiteur  ;  mais  il  faut  naturellement  qu'il  s'agisse  d'une 
impossibilité  absolue,  générale,  car  l'impossibilité  qui  ne 
serait  relative  qu'à  ce  débiteur  l'obligerait  à  des  dom- 
mages et  intérêts.  2«  Il  doit  être  utile  au  stipulant.  Pas 
d'intérêt,  pas  d'action.  3^  Il  doit  être  licite,  car  les  faits 
contraires  à  l'ordre  public  ou  aux  bonnes  moeurs  sont  lé- 


179 


OBJET  —  OBLAT 


gaiement  ou  moralement  impossibles.  Si  la  chose  ou  le 
fait  ne  réunit  pas  les  diverses  conditions  qui  précèdent, 
le  contrat  et  l'obligation  se  trouvent  sans  objet  ;  ils  ne 
sont  pas  seulement  nuls  :  ils  sont  inexistants  (V.  Con- 
vention). Il  en  est  de  même  pour  les  sociétés.  Art.  1833  : 
«  Toute  société  doit  avoir  un  objet  licite  et  être  contractée 
pour  l'intérêt  commun  des  parties.  Chaque  associé  doit  y 
apporter  ou  de  l'argent,  ou  d'autres  biens,  ou  son  in- 
dustrie. » 

III.  Administration.  —  Objets  trouvés.  — On  a  vu 
à  Fart.  Epave,  t.  XVI,  p.  18,  que  l'inventeur  d'un  objet 
perdu  doit,  s'il  ne  veut  s'exposer  à  être  poursuivi  pour  vol, 
en  faire  le  dépôt  entre  les  mains  de  l'autorité  publique, 
et  qu'aucune  disposition  légale  ne  réglant  la  matière,  il 
ne  devient  propriétaire  de  l'objet,  s'il  n'est  pas  réclamé, 
que  par  l'effet  de  la  prescription,  c.-à-d.  après  une  pos- 
session de  trois  ans.  A  Paris,  le  dépôt  doit  être  effectué, 
dans  les  vingt-quatre  heures  chez  le  commissaire  de  police 
du  quartier  si  l'objet  a  été  ramassé  sur  la  voie  publique, 
dans  un  théâtre,  un  magasin,  etc.  ;  il  est  de  là  envoyé  à  la  Pré- 
fecture de  police,  où  sont  portés  directement,  dans  les  qua- 
rante-huit heures,  les  objets  trouvés  dans  les  voitures  pu- 
bliques et  oii  tout  est  ainsi  centralisé.  Après  un  an  et  un 
jour  et  si  son  propriétaire  ne  l'a  pas  réclamé,  l'objet  est  remis, 
sur  sa  demande,  à  l'inventeur,  auquel  il  en  a  été  donné 
reçu  et  qui,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut,  en  devient, 
deux  ans  après,  définitivement  propriétaire.  Sur  64.177 
objets  déposés  en  1897  à  la  Préfecture  de  police,  24.436 
ont  été  réclamés  par  leurs  propriétaires,  25.856  ont  été 
rendus  à  ceux  qui  les  avaient  déposés  ;  les  autres,  que 
personne  n'avait  retirés,  ont  été  vendus  aux  enchères. 

OBLADE  (IchtyoL).  Genre  de  Poissons  Téléostéens,  de 
l'ordre  des  Âcanthoptérygiensperciformes,  de  la  famille 
des  Sparidœ,  créé  pour  une  forme,  VOblada  melanura.  Ce 
Poisson  a  le  corps  oblong  ;  derrière  les  incisives  se  trou- 
vent une  rangée  de  très  petites  dents  grenues,  le  dos  est 
de  couleur  jaunâtre,  les  flancs  d'un  gris  argenté  nuancé  de 
bleuâtre,  et  parcourus  par  des  lignes  longitudinales  noi- 
râtres ou  d'un  bleu  foncé,  le  ventre  est  gris  jaunâtre  glacé 
d'argent,  une  tache  noire  se  montre  sur  l'opercule,  la  tète 
est  grisâtre  à  reilets  dorés,  la  caudale  est  brune,  les  autres 
nageoires  d'un  gris  plus  ou  moins  foncé.  Cette  forme  est 
spéciale  à  la  Méditerranée.  Sa  chair  n'est  pas  estimée. 

BiBL.  :  Sauvage,  dans  Breha:,  éd..  t'r. 

OBLAT.  Ce  mot  est  employé  avec  des  acceptions  fort 
diverses.  A  l'art.  Conyeus,  nous  en  avons  indiqué  la 
première  signification.  —  Anciennement,  on  appliquait 
aussi  ce  nom  à  ceux  qui  donnaient  à  un  monastère  leur 
personne  et  leurs  biens.  Quelques-uns  même  vouaient  à 
ce  servage  leurs  enfants  et  leurs  descendants.  Ceux-ci 
étaient  dits  donnés.  On  recevait  les  oblats  en  leur  mettant 
autour  du  cou  les  cordes  des  cloches  de  l'église.  Ces  serfs 
par  dévotion  étaient  distingués  des  frères  convers,  parce 
qu'ils  n'étaient  point  religieux,  et  ne  portaient  point  l'ha- 
bit, ou  du  moins  ne  portaient  pas  un  habit  semblable  à 
celui  des  religieux.  On  les  distinguait  aussi  des  serfs  de 
naissance  et  des  valets.  —  Nos  rois  mettaient  en  chaque 
abbaye  ou  prieuré  de  leur  nomination  un  moine  lai,  appelé 
oblat.  Les  rehgieux  devaient  lui  donner  une  portion  mo- 
nacale ;  ses  fonctions  étaient  d'ouvrir  les  portes,  de  sonner 
les  cloches  et  de  rendre  des  services  analogues.  Ces  places 
étaient  ordinairement  réservées  à  des  soldats  invahdes.  Les 
monastères  qui  ne  voulaient  point  recevoir  les  oblaîs  de- 
vaient leur  payer  une  pension,  qui  fut  fixée  à  60,  puis  à 
100,  enfin  à  150  livres.  Ces  obligations  et  redevances  furent 
supprimées  par  la  fondation  de  V Hôtel  des  Invalides  à 
Paris  ;  mais  les  abbayes  et  les  prieurés  conventuels  à  la 
nomination  du  roi  furent  mis  à  contribution  {Ari'êt  du 
Conseil,  7  juil.  1716)  pour  l'entretien  de  cet  hôtel.  — On 
donne  encore  le  nom  à' oblats  et  d'oblates  à  des  personnes  ({ui 
s'agrègent  à  des  communautés  religieuses,  en  leur  faisant 
donation  de  tous  leurs  biens.  Ces  personnes  portent  un 
habit  qui  les  distingue  [des  séculiers,  ordinairement  l'ha- 


bit rehgieux  avec  quelques  retranchements  ;  elles  vivent 
dans  le  couvent  et  prennent  part  aux  exercices.  La  plupart 
font  des  vœux  simples.  En  certaines  congrégations,  notam- 
ment chez  les  Olivetains,  elles  peuvent  devenir  profès  ou 
professes,  en  faisant  des  vœux  solennels,  après  une  pro- 
bation  plus  ou  moins  longue.  Dans  l'ordre  de  Saint-Fran- 
çois, les  oblats  sont  chargés  du  maniement  de  l'argent,  in- 
terdit aux  profès.  Un  décret  de  la  Sacrée  Congrégation  des 
Evêques  et  Réguliers  (16  mai  1675)  contient  les  principales 
règles  relatives  à  cette  variélé  de  l'état  monastique. 

Enfin,  ont  été  formées  des  Congrégations  dont  tous  les 
membres  portent  le  nom  d'OfiiATS  :  1°  Oblats  de  Saint- 
Ambroise  :  Congrégation  de  prêtres  fondée  en  1578,  par 
saint  Charles  Borromée,  archevêque  de  Milan  (V.  t.  YII, 
p.  445).  Ces  prêtres  s'engageaient,  par  un  vœu  particulier, 
à  s'offrir  à  leur  évêque  et  à  se  rendre  partout  où  il  esti- 
merait leur  action  utile.  Leur  institut  fut  approuvé  par 
Grégoire  XIII,  qui  lui  accorda  beaucoup  de  privilèges  et 
leur  attribua  les  revenus  de  la  congrégation  des  Humiliés, 
récemment  supprimée  :  les  constitutions  rédigées  par  saint 
Charles  Borromée  pour  les  oblats  de  Saint-Ambroise  ont 
servi  de  modèle  pour  les  congrégations  analogues  qui  se 
sont  établies  en  divers  diocèses.  —  2^  Oblats  de  Marie 
Immaculée:  Congrégation  de  prêtres  fondée  en  1815,  à 
Aix  en  Provence,  par  Ch.-J.  de  Mazenod,  approuvée  par 
lettre  apostolique  du  17  févr.  1828.  OEuvre  des  missions 
et  des  grands  séminaires.  La  maison-mère,  étabhe  primi- 
tivement à  Marseille,  a  été  transférée  à  Paris,  où  réside 
le  supérieur  général  ;  procureur  général  à  Rome.  Maisons 
en  France,  en  Italie  et  en  Angleterre  ;  établissements  mis- 
sionnaires dans  toutes  les  parties  du  monde.  En  France, 
12  maisons  et  190  prêtres,  d'après  le  recensement  de  1861 . 

—  3^  Oblals  de  la  Vierge  Marie  :  Congrégation  de  prêtres 
fondée  en  1816,  pour  la  perfection  de  ses  membres  et  celle 
des  fidèles  ;  elle  pratique  les  exercices  de  Saint-Ignace, 
fait  l'éducation  des  aspirants  à  la  prêtrise,  envoie  des  pré- 
dicateurs partout  où  ils  sont  appelés  avec  la  permission 
de  l'Ordinaire,  et  répand  les  bons  livres.  La  Sacrée  Con- 
grégation de  la  Propagande  l'a  chargée  d'envoyer  des  mis- 
sionnaires aux  Indes  et  en  Birmanie.  Elle  est  dirigée  par 
un  procureur-majeur,  avec  un  procureur  général.  En  l^'rance, 
2  maisons,  46  prêtres  (recensement  de  1861).  —  4^  Oblats 
de  Saint- Alphonse  de  Liguori  i  Congrégation  de  prêtres, 
fondée  par  l'évêque  de  Bobbio  et  établie  dans  le  célèbre 
monastère  de  cette  ville.  Institut  loué  en  1839,  par  la  Sacrée 
Congrégation  des  Evêques  et  Réguliers.  —  5^  Oblats  de 
Saint- François  de  Sales.  Il  importe  de  ne  pas  confondre 
celte  congrégation  de  prêtres  avec  la  société  des  Mission- 
naires d'Anneey  ni  avec  celle  des  Salésiens  de  Turin. 
Elle  a  été  fondée  par  l'abbé  Brisson,  alors  chapelain  de  la 
Visitation  de  Troyes  ;  bénie  par  Pie  IX  et  louée  par  décret 
en  déc.  1875  ;  constitutiojiS  approuvées  par  Léon  XIII 
(déc.  1887).  L'inspiratrice  de  cette  fondation  fut  la  Mère 
Marie  de  Sales  Chappuis,  morte  en  1875,  Objets  ;  Salut 
des  âmes  conformément  aux  moyens  employés  par  saint 
François  de  Sales,  éducation  de  la  jeunesse,  missions  eh 
pays  hérétiques  et  inOdèles.  Maison-mère  à  Troyes  et,  di- 
vers établissements  en  Europe  ;  préfecture  apostolique  du 
fleuve  Orange  (Afrique),  mission  de  Rio  Rambo  (Equateur). 
A  cette  congrégation  de  prêtres  le  même  fondateur  et  la 
même  inspiratrice  adjoignirent  celle  des  religieuses  Oblates 
de  Saint-François  de  Sales,  qui  a  pour  but  de  faire 
pénétrer  dans  le  monde,  au  moyen  des  pensionnats  et  des 
œuvres,  l'esprit  de  saint  François  de  Sales.  —  6*^  Oblals 
de  Saint- Hilaire  :  Congrégation  de  prêtres  fondée  en  1850, 
par  l'évêque  de  Poitiers,  pour  les  missions  et  la  direction 
des  séminaires  du  diocèse.  Louée  en  1855,  par  la  Sacrée 
Congrégation  des  Evêques  et  Réguliers.  5  maisons,  33  prêtres 
en  1861 .  —  Les  Missionnaires  de  Marie  Immaculée  por- 
tent aussi  dans  leur  nom  le  titre  lï Oblats  de  Saint- Hilaire. 

—  En  ce  qui  précède,  nous  avons  relevé  les  nombres  pré- 
sentés par  le  recensement  spécial  de  1861,  lesquels  for- 
ment un  total  de  19  maisons,  ^89  oblats,  mais  ne  pou- 


OBLAT  —  OBLIGATION  -^  180. 

vaient  point  comprendre  les  oblats'de  Saint-François  de 
Sales,  non  institués  alors.  Les  nombres  indiqués  en  4877, 
à  l'occasion  des  décrets  relatifs  aux  congrégations  d'hommes 
non  autorisées,  sont:  21  maisons,  231  oblats. 

Pour  ce  qui  concerne  les  congrégations  d'oblats  et 
d'oblates  ne  possédant  pas  de  maisons  en  France,  il  con- 
vient d'ajouter  aux  Oblats  de  Saint-Ambroise  et  aux 
0()lats  de  Saint- Alphonse  de  Liguori  la  congrégation 
des  Oblats  de  Saint-Charles  Borroniée,  dits  Oblats  de 
Westminster,  fondée  en  1856,  par  le  cardinal  Wiseman  ; 
les  Oblats  de  Marie  comprenant  deux  compagnies  établies 
à  Viterbe  (Italie),  par  sainte  Hyacinthe,  franciscaine  morte 
en  1640,  pour  les  malades,  les  convalescents,  les  pauvres 
honteux  et  les  prisonniers  ;  les  Oblates  philippines^  ins- 
tituées à  Rome  en  1620,  sous  la  règle  de  Saint- Augustin  ; 
les  Oblates  de  la  lourdes  Miivirs  (V.  Françoise  [Sainte], 

t.   XVIII).  E.-H.    VOLLET. 

Oblats  de  Saint-François  de  Sales  (V.  Missionnaire)  . 
BiBL.  :  André  et  Condis,  Dictio7inaire  de  droit  cano- 
nique; Paris,  1888-90,  3  vol.  in-8.  —  Glaire,  Dictionnaire 
universel  des  sciences  ecclésicistiques ;  Paris,  1867,  2  vol. 
in-8. 

OBLATE  (Hist.  relig.).  On  donnait  ce  nom  aux  pains 
qui  servaient  à  la  célébration  de  la  messe.  Il  y  en  avait  de 
deux  sortes  :  les  uns  pour  être  consacrés,  les  autres  pour 
être  distribués  aux  fidèles,  comme  aujourd'hui  le  pain 
])énit. 

OBLATION  (Dr.  canon)  (V.  Casuel,  Dîme,  Offrande  et 
Offertoire). 

OBLATlONARlUWl.Se  dit  Siimi prothesis.  C'était,  dans 
les  anciennes  basiliques  chrétiennes,  une  absidiole  latérale 
réservée  à  la  cérémonie  du  pain  et  du  vin.  Au  moyen  âge, 
il  y  eut  aussi  dans  les  églises  ou  autour  des  églises  des 
tables  d'offrande  ou  d'oblation,  analogues  par  leur  forme 
à  des  autels,  et  sur  lesquelles  les  fidèles  déposaient  leurs 
offrandes. 

OBLATORIUP/i  (Archit.).  On  désignait  sous  ce  nom,  dans 
la  primitive  église,  une  des  absides  latérales  terminant  les 
basses  nefs  dans  les  basiliques  affectées  au  culte,  lorsque, 
dans  cette  abside,  avait  lieu  la  bénédiction  du  pain  et 
du  vin. 

OBLIGATION.  L   Jurisprudence.  —  L'obligation 
est  un  Ifen  de  droit  en  vertu  duquel  une  personne  est  te- 
nue de  donner  quelque  chose  ou  d'accomplir  un  fait  au 
profit  d'une  autre  personne.  La  première  est  le  débiteur 
et  la  seconde  le  créancier.  En  général,  tout  créancier  a 
une  action  en  justice  pour  contraindre  le  débiteur  à  ac- 
complir son  obligation.  Il  existe  cependant  certaines  obli- 
gations, dites  naturelles,  qui  ne  sont  pas  sanctionnées 
par  des  actions  et  ne  produisent  que  certains  effets  civils. 
Cela  tient  à  ce  qu'au  point  de  vue  du  droit  civil  elles  sont 
entachées  de  quelque  imperfection.  Tels  sont  les  engage- 
ments des  personnes  incapables,  les  obligations  résultant 
de  contrats  ou  actes  soumis  à  des  formahtés  qui  n'ont  pas 
été  observées,  comme  les  legs  imposés  aux  héritiers  par  un 
testament  qui  n'est  pas  valable  en  la  forme.  De  même, 
lorsqu'une  dette  civile  est  éteinte  par  la  prescription,  il 
subsiste  encore  une  obligation  naturelle.  Bien  que  le  dé- 
biteur ne  puisse  pas  être  contraint  par  action  en  justice  à 
acquitter  une  obhgation  naturelle,  cependant  s'il  la  paie 
volontairement,  c.-à-d.  sachant  qu'il  s'agit  d'une  obU- 
gation  naturelle,  le  paiement  est  valable  et  il  n'y  a  pas 
heu  à  répétition.  Les  obligations  comportent  encore  beau- 
coup d'autres  modalités  dont  il  suffira  de  relever  les  prin- 
cipales. Ainsi  elles  sont  pures  et  simples,  lorsque  le  créan- 
cier peut  exiger  immédiatement  le  paiement;  à  terme,  si 
ce  paiement  dépend  d'un  événement  futur  qui,  d'ailleurs, 
arrivera  certainement;  sous  condition,  si  l'existence  de 
l'obligation  elle-même  dépend  d'un  événement  futur   et 
incertain  (V.  Condition,' Terme).  Certaines  obligations  sont 
soUdaires,  soit  de  la  part  des  créanciers,  soit  de  la  paît 
des  débiteurs  :  c'est  ce  qui  a  lieu  toutes  les  fois  qu'il  existe 
plusieurs  créanciers  ou  plusieurs  débiteurs  de  la  même 
dette  et  que  chacun  des  créanciers  peut  réclamer  le  tout. 


comme  chacun  des  débiteurs  peut  être  actionné  pour  le 
tout.  Cette  sohdarité  résulte  tantôt  de  la  loi  elle-même,  tantôt 
de  la  convention  des  parties  (V.  Solidarité)  .  Il  y  a  encore  un 
autre  cas  ou  plusieurs  personnes  étant  tenues  d'une  même 
dette,  chacune  d'elles  peut  être  actionnée  pour  le  tout  :  c'est 
ce  qui  a  lieu  si  l'objet  sur  lequel  porte  l'oWigation  est  indi- 
visible (V.  Indivisibilité).  La  sohdarité  et  l'indivisibilité  sont 
deux  dérogations  à  la  règle  suivant  laquelle  toutes  les  fois 
que  plusieurs  personnes  sont  tenues  d'une  même  dette,  cette 
dette  se  répartit  entre  elles.  Parfois  une  personne  est  tenue 
d'une  obligation  qui  porte  sur  plusieurs  objets,  mais  de 
telle  sorte  cependant  qu'eUe  sera  libérée  par  le  paiement 
d'un  seul  de  ces  objets  ;  on  dit  alors  que  l'obHgation  est 
alternative  et,  à  moins  de  convention  contraire,  le  choix 
parmi  les  objets  dus  appartient  au  débiteur.  Il  ne  faut 
pas  confondre  cette  obligation  alternative  avec  F  obhgation 
facultative.  Dans  ce  second  cas,  un  seul  objet  est  dû  au 
Heu  de  plusieurs,  mais  le  débiteur  a  la  faculté  de  se  libé- 
rer en  livrant  une  autre  chose.  En  cas  d'obligation  alter- 
native, si  un  des  objets  dus  vient  à  périr  par  cas  fortuit, 
les  autres  n'en  continuent  pas  moins  à  être  encore  dus, 
tandis  que  dans  F  obhgation  facultative,  si  le  seul  objet  dû 
vient  à  périr  par  cas  fortuit,  la  dette  est  entièrement 
éteinte.  Il  arrive  parfois  que  les  parties  contractantes, 
prévoyant  le  cas  où  le  débiteur,  par  sa  faute,  n'accom- 
plirait pas  son  obligation,  fixent  à  l'avance  le  montant 
des  dommages-intérêts  que  ce  débiteur  devra  payer  au 
créancier.  On  dit  alors  que  F  obhgation  est  contractée  avec 
clause  pénale  (V.  Clause  pénale,  t.  XI,  p.  589).   • 

Les  obligations  naissent  de  quatre  causes  principales  : 
le  contrat,  le  quasi-contrat,  le  délit,  le  quasi~d/lit 
(V.  ces  mots).  D'un  autre  côté,  elles  peuvent  s'éteindre  de 
bien  des  manières  :  par  le  paiement,  par  la  remise  de 
la  dette,  par  la  novation,  par  la  confusion,  par  la 
compensation  (V.  ces  mots).  De  même,  lorsque,  par  cas 
fortuit,  il  devient  impossible  au  débiteur  d'accomplir  son 
obligation,  on  l'en  tient  quitte  et  la  perte  est  ainsi  supportée 
par  le  créancier.  D'un  autre  côté,  toutes  les  fois  qu'une 
obligation  est  entachée  de  nullité,  soit  pour  vice  de  forme, 
soit  pour  incapacité  de  l'un  des  contractants,  soit  pour 
vice  du  consentement  de  l'une  ou  de  l'autre  des  parties, 
l'action  en  nullité  a  aussi  pour  résultat  d'entraîner  l'ex- 
tinction de  l'obligation.  Mais  la  lésion  n'est  pas  en  principe 
une  cause  de  rescision  au  profit  des  majeurs;  ce  sont 
seulement  les  mineurs  qui  peuvent  attaquer  pour  cause 
de  lésion  et  faire  tomber  les  obligations  qu'ils  ont  par 
eux-mêmes  contractées  (V.  Lésion).  Par  exemption,  la 
lésion  est  une  cause  de  rescision  entre  majeurs  dans  deux 
cas,  celui  de  partage  et  celui  de  vente  d'un  immeuble.  Tout 
copartageant  lésé  de  plus  du  quart  peut  demander  la  resci- 
sion du  partage  (V.  Partage),  et  tout  vendeur  d'un 
immeuble  lésé  de  plus  des  sept  douzièmes  peut  demander 
la  rescision  de  la  vente  (V.  Vente).  E.  Glasson. 

IL  Philosophie.  —  Obligation  morale  (V.  Devoir, 
t.  XIV,  p.  387). 

ÎIÎ.  Enseignement.  —  Obligation  scolaire  (V.  En- 
seignement, t.  XV,  p.  1143). 

IV.  Finances.  — Lorsqu'une  société  a  épuisé  la  por- 
tion versée  de  son  capital  social  et  qu'elle  a  besoin  de  nou- 
veaux fonds,  elle  se  les  procure,  en  général,  au  moyen 
d'une  émission  d'obligations.  C'est  aussi  dans  cette  forme 
que  les  grandes  villes  contractent  le  plus  souvent  leurs 
emprunts  (V.  ce  mot).  L'obligation,  qui  constitue  avec 
{[action  et  la  rente  (V.  ces  mots)  l'une  des  trois  catégo- 
ries principales  de  valeurs  mobilières  (V.  ce  mot),  dif- 
fère essentiellement  de  l'action  en  ce  qu'elle  rapporte  un 
intérêt  fixe  et  en  ce  qu'elle  est  remboursable  dans  des  con- 
ditions bien  déterminées.  Tandis  que  l'actionnaire  est  un 
propriétaire  et  participe,  à  ce  titre,  aux  risques  aussi  bien 
qu'aux  gains  de  l'entreprise,  l'obhgataire  est  un  créancier, 
qui  n'a  jamais'  droit,  quelle  que  soit  la  prospérité  de  l'af- 
faire, qu'au  revenu  convenu  et  au  remboursement  à 
l'échéance  fixée,  mais  qui  est  assuré  de  l'un  et  de  l'autre, 


—  484 


OBLIGATION  ~~  OBLIQUE 


tant  que  la  société  ne  sera  pas  devenue  insolvable.  Celle-ci 
vient-elle  à  être  déclarée  en  faillite,  il  sera  intégralement 
remboursé  avant  qu'aucun  actionnaire  ait  pu  to.ucher  une 
part  quelconque  de  son  apport,  et  si  l'actit  est  insuffisant, 
il  concourra  au  marc  le  franc  avec  les  autres  créanciers. 
Il  arrive  même  parfois  que  la  créance  de  certaines  obliga- 
tions est  privilégiée  par  rapport  à  certaines  autres  ;  il 
existe  alors,  parmi  les  porteurs,  divers  degrés  de  garantie 
et  les  obligataires  privilégiés  viennent,  dans  la  répartition, 
avant  les  créanciers  qui  n'ont  pas  eux-mêmes  un  privilège 
d'un  rang  antérieur. 

La  différence  entre  les  obligations  et  les  rentes  est 
moins  grande,  car  les  unes  et  les  autres  produisent  un 
revenu  fixe.  Il  n'en  existe  même,  à  proprement  parler, 
qu'entre  les  obligations  et  les  rentes  perpétuelles,  les- 
quelles ne  sont  pas  remboursables;  quant  aux  rentes 
amortissables,  ce  sont,  à  tous  égards,  de  véritables  obli- 
gations ;  mais  on  réserve  plus  ordinairement  la  première 
des  deux  dénominations  aux  fonds  d'Etat. 

Les  principaux  types  d'obligations  actuellement  en  usage 
sont  :  les  obligations  remboursables  à  époque  fixe,  les 
obligations  remboursables  par  tirages  au  sort,  les  obliga- 
tions à  lots.  Le  porteur  de  Vobligation  remboursable  à 
époque  fixe  a  droit  au  remboursement  à  une  époque  dé- 
terminée d'avance,  soit  que  toutes  les  obligations  d'un 
même  emprunt  doivent  être  remboursées  à  une  date 
unique,  soit  qu'elles  aient  été  fractionnées  en  plusieurs 
séries  venant  à  échéance  à  des  dates  successives.  Ce  type, 
assez  répandu  aux  Etats-Unis,  est  au  contraire  fort  peu 
usité  en  France.  Il  a  l'inconvénient  d'astreindre  l'emprun- 
teur au  remboursement  simultané  d'une  somme  considé- 
rable, ou,  si. le  remboursement  est  fractionné,  de  créer 
autant  de  cours  qu'il- y  a  d'échéances,  chaque  série  de 
titres  ayant  une  valeur  variable  avec  l'éloignement  de  son  rem- 
boursement. Vobligation  remboursable  par  tiiriges  au 
sort  est  de  beaucoup  préférable.  Avec  l'aide  des  tables 
à' ainortissement  (V.  ce  mot),  Femprunteur  qui  a  décidé  de 
se  libérer  en  un  temps  donné  établit  le  nombre  de  titres 
qu'il  lui  faudra  rembourser  successivement  chaque  année 
pour  que  l'annuité  (intérêt  et  amortissement)  demeure 
constante,  et,  au  lieu  de  désigner  d'avance  les  titres  qui 
composeront  chacune  de  ces  séries,  il  procède,  le  moment 
'  venu,  à  leur  désignation,  au  moyen  d'un  tirage  au  sort. 
De  cette  façon,  les  titres  non  encore  remboursés  ont  tous, 
à  un  moment  quelconque,  la  même  valeur,  et  il  ne  s'éta- 
blit, pour  tous,  qu'un  cours  unique.  Le  remboursement  a 
lieu,  en  principe,  au  pair,  c.-à-d.  pour  la  somme  qui  est 
portée  sur  le  titre  et  qu'on  appelle  la  valeur  nominale. 
Elle  est  presque  toujours  supérieure  au  prix  cV émission 
et  la  différence  constitue  la  prime  de  remboursement. 
En  outre,  dans  le  troisième  type,  dans  les  obligations  à 
lots,  les  premiers  numéros  désignés  par  le  sort  pour  le 
remboursement  reçoivent  une  seconde  prime,  le  lot.  Ces 
lots  varient  beaucoup  et  comme  nombre  et  comme  impor- 
tance, le  plus  gros  étant  ordinairement  de  400.000  ou 
450.000  fr.,  les  moindres  de  4.000  fr.  Ils  équivalent  à  ; 
un  supplément  d'intérêt,  très  aléatoire,  il  est  vrai,  et  les 
obligations  qui  en  comportent  ont  une  clientèle  spéciale,  ■ 
que  l'appât  d'un  gros  gain  possible  attire  beaucoup  plus 
que  le  revenu  lui-même,  ce  qui  permet  à  l'emprunteur 
d'émettre  à  des  taux  très  avantageux.  Toutefois,  comme 
de  pareils  emprunts  constituent,  en  réalité,  des  loteries, 
une  loi  spéciale  doit  les  autoriser.  Ajoutons,  pour  termi- 
ner ce  qui  concerne  spécialement  les  obligations  à  lots, 
que,  presque  toujours,  le  gagnant  d'un  lot  perd  son  capi- 
tal. Soit,  par  exemple,  une  obligation  d'une  valeur  nomi- , 
nale  de  500  fr.  sortie  au  tirage  dans  un  rang  qui  lui  donne 
droit  à  un  lot  de  10.000  fr.;  l'obligataire  touchera  en  tout 
40.000  fr.  et  non  40.500  fr.  Les  Villes-de-Paris  4855-60, 
aujourd'hui  amorties,  faisaient  exception  à  cette  règle. 

Un  quatrième  type  d'obligations  mérite  une  mention.  Il 
est  d'ailleurs  très  onéreux  pour  l'emprunteur  et  l'on  n'y  a 
recours  que  dans  des  cas  exceptionnels,  lorsque  le  crédit  ' 


est  fort  compromis.  Aux  termes  d'une  clause  du  cahier 
des  charges,  il  est  distrait  immédiatement  du  produit  de 
l'emprunt  un  capital,  dont  le  montant  a  été  calculé  d'avance 
de  façon  à  assurer,  aux  échéances  successives,  le  ser- 
vice des  remboursements  et  des  lots,  et  qui  est  converti 
en  titres  de  rentes  ou  en  autres  valeurs  très  sûres.  Le  dé- 
pôt en  est  effectué,  avec  privilège  pour  les  obligataires, 
dans  un  établissement  placé  sous  la  surveillance  de  l'Etat 
(Banque  de  France,  Crédit  foncier,  etc.),  et,  si  l'emprun- 
teur vient  à  tomber  en  déconfiture,  les  porteurs  ne  perdent 
que  les  intérêts,  le  remboursement  au  pair  et,  éventuelle- 
ment, le  paiement  des  lots  gagnés  se  trouvant  matérielle- 
ment garantis  par  ce  fonds  spécial  qui  leur  est  affecté. 
C'est  le  type  qui  a  été  adopté  par  la  Compagnie  du  canal 
de  Panama  pour  son  dernier  emprunt. 

Nous  ne  pouvons  entrer  dans  le  détail  des  nombreuses 
sous-variétés  d'obligations,  les  conditions  du  rembourse- 
ment et  du  paiement  des  intérêts  variant  fréquemment,  au 
moins  dans  leurs  dispositions  secondaires  et  pour  un  même 
type,  voire  pour  une  même  société  ou  une  même  ville, 
d'un  emprunt  à  un  autre.  Ainsi  les  tirages  au  sort  sont 
tantôt  annuels,  tantôt  semestriels,  tantôt  trimestriels; 
quelquefois  même,  ils  ont  lieu  tous  les  deux  mois.  Les  in- 
térêts se  paient  en  général  par  semestre,  plus  rarement 
par  année  ou  par  trimestre  ;  souvent,  le  service  des  amor- 
tissements et  celui  des  intérêts  fonctionnent  simultané- 
ment ;  souvent  aussi  ils  sont  distincts,  l'un  fonctionnant 
plus  fréquemment  que  l'autre.  Toutes  ces  conditions  sont, 
du  reste,  relatées  sur  chaque  titre.  Il  est  nécessaire  d'en 
tenir  grand  compte,  ainsi  que  des  chances  de  lots,  lors- 
qu'on veut  calculer  mathématiquement  la  valeur  actuelle 
d'une  obligation.  La  formule  qui  la  donne  exactement  est 
d'ailleurs  trop  complexe  pour  que  nous  croyons  devoir  la 
reproduire.'.  - 

Comme  les  autres  valeurs  mobiUères,  les  obligations 
sont  frappées  d'un  double  impôt  (V.  Valeur)  ;  elles  com- 
portent, comme  elles,  des  titres  nominatifs  et  des  titres 
au  porteur  (V.  Titre);  elles  sont  susceptibles,  dans  les 
mêmes  conditions,  de  conversions  (V.  ce  mot)  ;  enfin,  si 
elles  ont  été  admises  à  la  cote,  elles  se  négocient  de  la 
même  façon,  en  Bourse,  au  comptant  ou  à  terme  (V.  Bourse)  . 
On  trouvera  au  Journal  officiel  et  à  la  Cote  officielle  la 
liste  complète  de  toutes  les  obligations  figurant  sur  notre 
marché.  Les  plus  recherchées  et  les  plus  nombreuses  sont 
celles  de  nos  grandes  Compagnies  de  chemins  de  fer,  qui 
appartiennent  au  deuxième  type,  celles  de  la  Ville  de  Pa- 
ris, qui  appartiennent  au  troisième  type,  celles  du  Crédit 
foncier  (communales  et  foncières),  qui  sont  également  à 
lots. 

Obligations  à  court  terme  (V.  Dette,  t.  XIV,  pp.  328- 
335).  ^ 

BiBL.  :  Code  civil,  art.  1101  à  1387.  —  Aubry  et  Rau, 
Cours  de  droit  civil  français,  t.  IV.  —  La^rombière,  Traité 
des  obligations  ;  Paris,  iii-8,  2«  éd. 

OBLINGHEM.  Corn,  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr.  et 
cant.  de  Béthune;  463  hab. 

OBLIQUE.  I.  Géométrie.  —  Quand  une  ligne  droite 
n'est  pas  perpendiculaire  à  une  autre  ligne  droite  (ou  à  un 
plan),  on  dit  qu'elle  est  oblique  sur  cette  ligne  (ou  sur  ce 
plan) .  Lorsque  d'un  point  on  mène,  aune  droite  ou  à  un  plan, 
une  perpendiculaire  et  des  obliques,  la  perpendiculaire 
est  plus  courte  que  toute  oblique  ;  des  obliques  qui  s'é- 
cartent également  du  pied  de  la  perpendiculaire  sont 
égales,  et  la  réciproque  est  vraie.  Il  s'ensuit  que  d'un 
point  on  ne  peut  mener  à  une  droite  que  deux  obliques 
égales,  et  que  le  lieu  des  pieds  des  obliques  égales  menées 
d'un  point  à  un  plan. est  un  cercle  ayant  pour  centre  le 
pied  de  la  perpendiculaire.  —  En  topographie,  pour  la 
représentation  figurée  des  terrains,  on  distingue  la  lu- 
mière verticale  et  la  lumière  oblique,  correspondant 
aux  deux  conventions  que  l'on  peut  faire  sur  la  façon 
dont  on  suppose  le  terrain  éclairé.  —  En  géométrie  des- 
criptive, on  a  quelquefois  à  considérer  des  projections 


OBLIQUE  —  OBONGOS 


—  482  — 


obliques,  c.-à-d.  faites  parallèlement  à  une  direction 
donnée,  qui  n'est  pas  pez^pendiculaire  au  plan  sur  lequel 
on  fait  la  projection.  G.-A.  Lâisânt* 

II.  Anatomie.  —  Muscles  obliques,  —  Obliques  du 
ventre.  Il  y  en  a  deux  :  le  grand  oblique  ou  oblique  externe, 
et  le  petit  oblique  ou  oblique  interne.  —  Le  premier  est  un 
muscle  large,  inséré,  d'une  part^  à  la  face  externe  des  huit 
dernièi*es  côtes  (face  externe)  et  à  l'aponévrose  lombaire, 
et,  d'ailtro  part,  à  l'aponévrose  abdominale  (et  par  elle  à 
la  ligne  blanche  abdominale),  au  pubis ,  à  l'arcade  crurale 
et  aux  deux  tiers  antérieurs  de  la  lèvre  externe  de  la  crête 
iliaqite;  Il  est  abaisseur  des  côtes,  rotateur  du  thorax  du 
côté  opposé,  compresseur  de  l'abdomen  et,  partant,  expi- 
rateur. —  Le  petit  oblique,  situé  au-dessous  du  précé- 
dent, s'attache,  d'une  part,  à  l'aponévrose  lombaire,  au 
bord  inférieur  des  cartilages  des  quatre  dernières  côtes,  et, 
d'autre  part,  à  l'aponévrose  abdominale  (et  par  elle  à  la 
ligne  blanche),  aux  deux  tiers  antérieurs  de  l'interstice  de 
la  crête  iliaque  et  à  la  moitié  externe  de  l'arcade  crurale. 
11  est  fléchisseur  du  tronc,  compresseur  de  l'abdomen  et 
rotateur  du  thorax  du  même  côté. 

Obliqiles  de  la  têlei  Grand  oblique  ou  oblique  infé- 
rieur :  il  s'insère,  d'une  part,  à  l'apophyse  épineuse  de 
l'axis,  de  l'autre,  à  l'apophyse  transverse  de  l'atlas.  — 
Petit  oblique  ou  oblique  supérieur  :  il  s'attache  en  bas  à 
l'apophyse  transverse  (sommet)  de  l'atlas,  et  en  haut  à 
l'occipital.  Ces  muscles  sont  extenseurs  et  rotateurs  de  la 
tète. 

Obliques  de  l'œil.  Grand  oblique  ou  oblique  supérieur  : 
Il  s'insère  au  pourtour  du  trou  optique  ^  se  rétléchit  au 
niveau  du  tubercule  trochléaire  en  traversant  un  anneau 
ostéo-fibreux  (poulie  du  grand  oblique)  et  va  s'insérer  à 
la  partie  supéro-externe  de  la  calotte  postérieure  du  globe 
de  l'œil.  —  Petit  obhque  ou  oblique  inférieur  :  il  s'attache 
au  plancher  de  l'orbite  et  sur  le  globe  de  l'œil  au-dessous 
de  l'insertion  du  grand  oblique*  Ces  muscles  sont  pro- 
tracteurs et  rotateurs  du  globe  de  l'ieiL  Ch.  Debieure. 
OBNUBILATIONi  C'est  cet  état  qui  précède  la  syncope 
ou  la  mort  et  dans  lequel  les  objets  sont  vus  comme  à 
travers  un  nuage*  L'obnubilation  ti'est  cependant  pas  né- 
cessairement suivie  de  syncope  i  de  même  dans  le  vertige, 
les  objets  peuvent  paraître  tourner  sans  cesser  d'être  vus 
distinctement;  L'obnubilation  ou  éblotiissenieîit  indique, 
soit  de  l'anémie  cérébrale^  soit,  au  contraire,  de  la  con- 
gestion. Elle  peut  donc  être  le  signe  avant-coureur  d'une 
apoplexie.  Elle  a  lieu  également,  de  même  que  les  nau- 
sées et  la  syncope,  dans  les  douleurs  vives.  Enfin,  cer- 
taines personnes,  des  cardiaques  notamment^  ont  de  l'ob- 
nubilation chaque  fois  qu'ayant  été  baissées,  elles  se 
relèvent  brusquement.  —  Le  mot  obnubilation  est  quelque- 
fois usité  dans  un  sens  tout  an  atomique,  pour  exprimer 
l'opacité  d'un  tissu  ;  on  dit  qu'il  y  a  obnubilation  de  la 
cornée,  lorsque  celle-ci  est  couverte  d'un  voile  ténu  res- 
semblant à  une  toile  d'araignée.  D^  L.  LâlOy. 

OBOGK  (Ville)»  Côte  française  des  Sômalis  et  dépen- 
dances (V.  SoMALLs).  C'est  de  cette  colonie  que  dépend 
Obock  (ou  Obok),  situé  sur  la  côte  des  Danakils.  Naguère, 
son  nom  s'étendait,  non  seulement  à  son  territoire,  mais 
encore  à  la  colonie  tout  entière,  successivement  agrandie, 
et  dont  la  mince  localité  avait  été  le  point  de  départ  et 
le  chef4ieu  (1862).  Dès  4892,  à  la  suite  d'une  enquête 
faite  à  Obock,  une  commission  présidée  par  M.  Lagarde, 
gouverneur  de  cette  colonie,  approuvait  le  transfèrertient 
à  Djibouti  du  siège  de  son  gouvernement.  A  la  fin  de  4895, 
un  câble  sous^marin  rehait  cette  dernière  ville  à  Obock, 
déjà  en  communication  avec  le  réseau  international  parle 
câble  aboutissant  cà  Périm,  et  (42  nov,)  l'escale  de  Dji- 
bouti était  substituée  à  celle  d'Obock  dans  l'itinéraire  de 
la  ligne  postale  (subventionnée)  de  Marseille  à  la  Réunion 
(Messageries  maritimes)  par  la  côte  orientale  d'Afrique 
(Journal  officiel  du  4  oct  4895).  Le  décret  relatif  au 
transfèrement  du  chef-lieu  et  au  changement  de  la  colonie 
est  du  20  mal  4896. 


Depuis  lors,  Obock  est  abandonné.  On  n'y  compte  guère 
comme  blancs  que  l'employé  du  télégraphe.  Ce  n'est  plus 
qu'un  village  d'indigènes  ;  les  routes  mêmes  des  caravanes 
vers  l'Abyssinie  sont  délaissées  pour  la  tête  de  ligne  de 
Djibouti. 

Obock,  situé  par  44*^57'  lat.  N.  et  iO"  57^  long.  E.,  à 
l'extrémité  S.-E.  du  pays  dafar  ou  dankali,  sur  la  côte  N. 
de  la  baie  de  Tadjoura,  possède  une  rade  entourée  par 
des  falaises  madréporiques  et  protégée  ainsi  contre  les 
vents  du  N.-N.-E.  et  du  N.-O.  Ces  falaises  sont  le  pro- 
longement de  celles  qui  encadrent  la  vallée  dite  des  Jar- 
dins, en  formant  deux  plateaux,  au  N.  celui  des  Sources, 
et  au  S.  celui  des  Gazelles.  Le  port,  entre  les  deux  caps 
Raz  el  Bir  et  d'Obock,  est  naturellement  divisé  en  deux 
parties  par  des  bancs  de  coraux.  Les  torrents  de  la  vallée 
sont  d'ordinaire  à  sec,  malgré  le  nom  de  Moya  (qui  veut 
dire  eau)  donné  au  principal,  qu'on  appelle  aussi  rivière 
d'Obock.  Le  climat  chaud  et  sec  de  cette  localité  est  plus 
excessif  qu'à  Djibouti,  mais  non  pas  malsain  comme  dans 
des  contrées  chaudes  et  humides.  —  La  population,  peu 
nombreuse  (200  à  300  hab.),  est  un  mélange  de  Danakils, 
d'Arabes  et  de  nègres,  de  quelques  Abyssins  et  Somalis. 

Ch.  Dblavâud. 
BÎBL.  :  Pï  Loti,  Obock  en  passant,  clans  Revue  polit  et 
llttér.,  févr.  1887.  —  Poydekot,  Obock,  station  de  ravitail- 
lement, 1889  (Pour  la  colonie,  V.  Somalis). 

OBOIAN.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Koùrsk,  près  du 
Psiol,  affl.  g.  du  Dniepr;  9.024  hab.  (en  4894).  Suif, 
huile,  cire;  tanneries.  Commerce  de  céréales  et  de  bétail 
avec  Moscou.  Fondée  en  4650. 

OBOLE.  Ancienne  monnaie  grecque  (V.  Athènes,  §  Nu- 
mismatùjue-,  t.  ÏV,  p.  439,  Drachme  et  Monnaie). 
Frappée  en  argent,  puis  en  cuivre,  c*était  la  pièce  divi- 
sionnaire usuelle.  On  mettait  une  obole  dans  la  bouche 
des  morts  pour  payer  au  nautonier  Char  on  le  prix  du 
passage  (V.  Enfers). 

OBOLUS  (Paléont.).  Genre  de  Brachiopodes  fossiles, 
type  d'une  famille  qui  présente  les  caractères  suivants  : 
coquille  un  peu  inéquivalve^  ronde  ou  en  ovale  transversal, 
calcaire,  cornée.  Bord  cardinal  épaissi  avec  sillon  pour  la 
sortie  du  pédoncule.  Structure  de  la  coquille  semblable  à 
celle  de  Lingula^  mais  le  phosphate  de  chaux  est  plus 
abondant  que  la  substance  cornée.  Les  genres  Acrothele, 
Siphonotreta,  Acrotreta,  etc.,  sont  de  cette  famille. 
Obolus  Apollinis  est  une  coquille  de  petite  taille,  presque 
ronde,  très  commune  en  Russie  dans  le  «  grès  à  Ungu- 
lites  »  du  silurien  inférieur.  Ungulites  est  syno'nyme 
à'Obolus.  Ë.  Trt. 

OBONGOS  (Ethnol.).  Les  Obongos,  Bongos  ou  Babon- 
kos,  car  ces  noms  ont  le  même  sens  en  s'appliqUant  à  des 
tribus  dispersées  dans  des  localités  ditférentes,  sont  les 
descendants  des  Matimbas  de  Battellj  des  Bakkes-Bakkes 
de  Dapper  (V.  Négriîos).  Du  Chaillu  a  rencontré  les  nains 
qu'il  appelle  Obongos  chez  les  Achangos^  à  TE.  de  la  Ngii- 
jai.  Un  homme  mesuré  par  lui  avait  4™, 52^  quatre  femmes 
avaient  4^^,42.  Leur  tête  était  relativement  volumineuse, 
leur  peau  plus  claire  que  celle  des  autres  noirs  (l'Afrique 
sauvage i  4868^  p.  263).  Les  nains  Babonkos,  à  peu  de 
distance  au  S.,  ont  été  étudiés  par  la  mission  allemande  du 
Loango.  Des  photographies  qu'en  a  prises  Mi  Falkenstein, 
deux  ont  été  publiées  par  la  Revue  d'ethnologie  de  Berlin 
pour  4874  (VI,  p.  46)  et  deux  par  M.  Hartmann,  dans  son 
livre  sur  les  Nigritiens  (Die  Nigritief^  etc.,  4876).  Elles 
représentent  dèUx  adultes.  L'un  d'eux  rappelle,  par  l'appa- 
rente dimension  de  sa  tête,  Timpression  notée  déjà  par  Dap- 
per qui  disait  des  Bakkes  quils  avaient  la  tête  extraordinai- 
rement  grosse.  Elle  est  en  effet  très  grosse,  mais  par  rapport 
à  la  taille  qui  n'est  que  de  six  têtes.  Le  nez  est  court  et  large, 
les  lèvres  sont  retroussées  et  les  oreilles  relativement 
grandes.  Les  mâchoires  sont  robustes  et  leurs  muscles  fort 
accusés  ;  le  thorax  est  ample  et  les  avant-bras  sont  pro- 
portionnellement très  lôftgs.  Le  second  adulte,  d'environ 
quarante  ans,  niestirait  4"^,36.  Son  indice  céphalométrique 


-  183  — 


OBONGOS  —  O'BRIEN 


était  de  80,45,  c.-à-d.  que  son  crâne  n'était  pas  allongé 
comme  celui  de  la  généralité  des  nègres.  Son  apparence 
était  encore  plus  robuste. 

Les  Babonkos  vivent  dispersés  dans  les  forêts  de  l'inté- 
rieur du  Loango,  fuyant  les  autres  noirs,  et  les  individus 
observés  par  les  voyageurs  sont  pour  la  plupart  des  esclaves. 
Dybowski  a  pu  en  voir  plusieurs,  et  il  en  a  pris  des  por- 
traits. Ces  photographies,  présentées  à  la  Société  d'anthro- 
pologie en  1894,  n'ont  malheureusement  pas  été  publiées 
encore,  du  moins  à  ma  connaissance.  Chez  les  N'javis, 
dans  les  montagnes  à  TE.  de  la  Ngujai,  c.-à-d.  dans  la 
région  où  du  Chaillu  a  vu  les  Obongos,  Marche  a  observé 
des  hommes  de  petite  taille  (au-dessous  d«4"^,60),quipar 
la  forme  de  la  tète,  les  traits  du  visage,  le  ton  plus  clair 
de  leurs  téguments,  rappelaient  ces  nanis.  Zaborowski. 
OBOTRITES,  ABODRITES,  BÔDRIZES  ou  BÉ- 
RÈGES.  Ancien  peuple  slave  wende  étabH  à  l'angle  S.-O. 
de  la  Baltique,  au  N.  des  bouches  de  l'Elbe,  à  l'époque  de 
Charlemagne,  auquel  ils  prêtèrent  assistance  contre  les 
Saxons.  Ils  furent  ensuite  les  alhés  des  Francs  contre  les 
Danois.  Mais  quand  le  royaume  germanique  eut  à  sa  tête 
une  dynastie  saxonne,  elle  fit  la  guerre  aux  Wendes  ;  les 
Obotrites,  qui  étaient  partiellement  convertis  au  christia- 
nisme, saccagèrent  Hambourg  (983),  chassèrent  leur  prince 
chrétien  Mistislav.  Toutefois,  le  Holstoin  demeura  germa- 
nique et  chrétien.  Le  parti  chrétien  fut  de  nouveau  mas- 
sacré en  1060,  dans  un  soulèvement  où  périrent  le  prince 
Gottschalk  et  quantité  de  missionnaires.  Les  Obotrites  ne 
revinrent  au  christianisme  qu'un  siècle  plus  tard,  lorsque 
Henri  le  Lion  les  soumit  avec  l'alliance  de  Waldemar  P^ 
roi  de  Danemark.  Les  princes  obotrites  se  sont  perpétués 
dans  le  duché  de  Mecklemboiirg  (V.  ce  mot). 

OBOUCHOVSK.  Grand  établissement  métallurgique  de 
l'Etat  russe,  à  Alexandrovski  près  de  Saint-Pétersbourg. 
Il  suffit  à  fabriquer  tous  les  canons  d'acier  de  l'Empire  et 
dépend  de  la  marine.  Il  conserve  le  nom  de  son  fondateur, 
l'ingénieur  des  mines  Obouchov,  qui  Fétabht  en  1864. 

080UT0NG.  Région  de  l'Afrique  occidentale  située 
sur  la  rive  gauche  du  VieuX7Calabar  ou  Cross  River. 
Ch.-l.  Old  Town.  Elle  est  comprise  aujourd'hui  dans  le 
Cameroun  allemand. 

OBRA.  Rivière  de  Prusse  (prov.  de  Poznan),  née  au 
N.  de  Koschmin,  elle  coule  vers  TO.  et  s'épanche  dans  les 
vastes  marais,  aujourd'hui  canalisés,  de  l'Obrabruck,  longs 
de  82  kil.,  larges  de  2  à  8.  ;  de  ce  bas-fond  part  vers  le 
Nord  un  bras  canalisé  qui  va  se  jeter  dans  la  Warta 
(Warthe)  en  aval  de  Schwerin;  mais,  d'autre  part,  l'Ob- 
rzycko  (Faule  Obra),  descendant  du  N.  au  S.,  recueille  une 
partie  des  eaux  du  canal  de  l'Obra  et  les  amène  à  l'Oder 
au  S.  de  Zùllichau  (Brandebourg). 

OBRADOVITCH  (Dmitriyé,  puis  de  son  nom  de  moine 
DosiTHEus),  né  à  Tchakovo  tiaas  le  Banat  (Hongrie)  en 
1739,  mort  à  Belgrade  le  7  avr.  1811.  Ce  fut  le  premier 
écrivain  national  serbe.  La  grammaire  grecque  et  les  Vies 
des  Saints  furent  ses  lectures  favorites  dans  sa  jeunesse  ; 
aussi  finit-il  par  se  faire  moine  (1753).  Mais  il  quitta  bien- 
tôt son  monastère  d'Opovo  (Syrmie)  et  vint  à  Zagreb 
(Croatie)  où  il  apprit  le  latin.  Il  séjourna  longtemps  pour 
étudier  au  mont  Athos,  à  Smyrne  (trois  ans  auprès  du 
grec  Hierotheos),  à  Corfou,  à  Vienne,  en  Italie,  à  Cons- 
tantinople  et  Halle,  toujours  en  quahté  de  précepteur  ou 
de  professeur.  C'est  à  Leipzig  qu'il  publia  en  1783  Vie  et 
Aventures,  en  1784  Conseil  (Vun  Esprit  sain,  et  en 
1788  les  Fables  d'Esope,  publications  écrites  en  serbe 
vulgaire,  qui  devint  de  ce  fait  la  langue  littéraire,  par 
laquelle  l'auteur  s'adressa  directement  au  peuple  qu'il 
voulait  instruire.  Jusque-là  la  langue  littéraire  était  le 
slavo-serbe,  mélange  bizarre  et  disparate  de  russe  ecclé- 
siastique et  de  serbe,  qui  s'était  formé,  chez  les  Serbes 
de  Hongrie,  sous  Fintluence  des  instituteurs  et  des  livres 
envoyés  de  Russie.  Dosithée  fit  ensuite  d'autres  voyages 
à  Paris,  à  Londres,  en  Russie  (1788),  k  Venise  (1802) 
et  publia  quelques  ouvrages  dans  lesquels  il  se  révèle -de 


plus  en  plus  comme  le  fondateur  de  la  nouvelle  école 
serbe.  Le  plus  connu  est  son  Recueil  de  morale  (Vienne, 
1793,  continué  en  1818  par  Solaric  sous  le  titre  de 
Mezimac).  En  1807,  il  vint  en  Serbie,  au  moment  où  ce 
pays,  venait  de  s'affranchir  du  joug  turc,  et  fut  nommé 
précepteur  des  enfants  de  Karageorges.  En  sa  qualité  de 
sénateur,  il  était  chargé  de  la  direction  générale  des  écoles, 
fonction  qu'il  occupa  jusqu'à  sa  mort.  Une  édition  com- 
plète de  ses  oeuvres  fut  pubhée  par  G.  Vozarovitch  (Bel- 
grade, 1833-40,  10  vol.).  M.  Garrilovïtch. 

BiBL.:  Sevic  Mil4.n,  Dositheus  Obradovic,  ein  serbis- 
cher  Aiifklarer  d.  XVIII.  Jahrh  ;  Neusatz,  1889,  in-8.  — 
Pypine  et  Spasovitch  (tracL.  Denis),  Histoire  des  littéra- 
tures slaves;  Paris,  1888,  in-8.  -~  P.-J.  Safarik,  Geschi- 
chte  der  sûdslavischen  Litteratur  ;  Prague,  1865,  in-8, 
t.  III. 

OBRAY  (Esteban  de),  sculpteur  espagnol,  ou  mieux 
tailleur  d'images,  que  l'on  croit  originaire  de  la  Navarre. 
C'est  de  ce  royaume  qu'il  vint,  en  1541,  à  Saragosse, 
prendre  part  à  un  concours  ouvert  pour  l'établissement 
et  la  décoration  sculpturale  des  stalles  du  chœur  à  la 
cathédrale  à'el  Pilaf;  le  modèle  présenté  par  Obray 
obtint  la  préférence  et  il  fut  chargé  de  l'exécution  de  la 
silleria.  Elle  se  compose  de  cent  quinze  stalles,  toutes  en 
chêne  des  Flandres,  et  merveilleusement  ornées  de  colon- 
nettes,  de  rinceaux  de  feuillage  et  de  figures  d'angelots 
d'une  rare  délicatesse  d'exécution.  Dans  ce  travail  qu'il 
commença  en  1542  et  termina  en  15^8,  Obray  eut  pour 
aides  et  collaborateurs  Juan  Moreto,  Florentin,  et  Nicolas 
Lobato.  '  P.  L. 

OBRECHIES.  Corn,  du  dép.  du  Nord,  arr.  d'Avesnes, 
cant.  de  Maubeuge;  227  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  du 
Nord. 

OBRECHT  (Jacques),  musicien  flamand,  né  à  Utrccht 
vers  1440,  mort  à  une  date  inconnue.  Il  exerça  de  bonne 
heure  dans  cette  ville  les  fonctions  de  maître  de  chapelle, 
puis,  après  un  séjour  à  Florence,  il  revint  à  Anvers,  où 
il  remplit  un  emploi  analogue  et  acquit  une  grande  répu- 
tation. Plusieurs  de  ses  œuvres  ont  été  conservées,  no- 
tamment huit  messes  et  une  certaine  quantité  de  motets 
et  do  chansons.  Erasme,  qui  fut  son  élève,  parle  de  lui  avec 
le  plus  grand  enthousiasme.  R.  Br. 

OBRÉGON  (Bernardin),  né  à  Las  Huelgas,  près  deBur- 
gos,  en  1540,  mort  en  1599.  Il  avait  commencé  par  suivre 
la  carrière  des  armes  ;  en  1568,  il  quitta  le  monde,  et  ins- 
titua en  l'hôpital  de  la  cour  à  Madrid  les  frères  hospita- 
Hers  du  tiers-ordre  de  Saint-François,  appelés  Infirmiers- 
minimes  ou  Obrégons.  Cet  institut  fut  approuvé  en  1669. 
08REN0V1TCH,  famille  royale  de  Serbie  (V.  ce  mot 
et  les  art.  Miloch,  Milan  et  Michel). 

OBREPTION,  SUBREPTION.  Quelques  canonistes pré- 
sentent ces  termes  comme  synonymes  ;  mais  la  plupart  les 
distinguent  et  appellent  obreptice  un  exposé  contraire  à 
la  vérité  ;  subreptice,  un  exposé  qui  omet  ou  soustrait 
une  vérité,  dont  l'exposant  redoute  les  conséquences.  Ainsi, 
l'obreption  constituerait  un  faux;  la  subreption  une  omis- 
sion frauduleuse.  En  matière  bénéficiale,  l'obreption  et 
la  subreption  étaient  généralement  considérées  comme  dé- 
terminant la  nuUité  de  la  grâce  obtenue.  E.-H.  V. 

O'BRIEN.  Ancienne  famille  irlandaise,  qui  a  fourni  un 
nombre  considérable  d'hommes  remarquables  et  qui  des- 
cend de  Brian,  roi  d'Irlande  (926-1014).  Nous  mention- 
nerons : 

Donough  O'Brien,  petit-fils  de  Brian,  roi  de  Munster  ; 
il  fut  déposé  en  1064  et  mourut,  la  même  année,  à  Rome 
où  il  accomplissait  un  pèlerinage. 

Turlough,  né  en  1009,  mort  le  14  juil.  1086.  Ega- 
lement roi  de  Munster,  il  passa  son  existence  à  guerroyer 
contre  ses  voisins. 

Son  fils  Murtough,  mort  le  1 0  mars  1 119,  roi  de  Munster , 
est  dépeint  dans  les  vieilles  chroniques  comme  un  guerrier 
redoutable*  Il  fit  des  expéditions  plus  ou  moins  heureuses 
dans  le  Connaught  (1093  et  1094),  dans  le  Meath(1094), 
dans  rUlster  (1100)  et,  notamment  en  1101,  entreprit  une 


O'BRIEN 


-^  184 


marche  militaire  tout  autour  derirlande(7/i^  Circuitous 
hosting)  qui  le  rendit  fameux. 

Domhnall,  fils  du  précédent,  mort  en  1494,  devint  roi 
de  Munster  en  1168,  battit  les  Normands  à  Thurles  on 
1174,  lutta  longtemps  contre  les  Anglais,  et  fit  sa  sou- 
mission à  llenri  II  à  Caslue  (1171). 

Donogh  Cairbrech,  fils  du  précédent,  mort  en  124^, 
devint  roi  de  Thomond  en  1208,  fit  des  expéditions  heu- 
reuses dans  le  Connaught  et  repoussa  una  invasion  an- 
glaise du  Thomond  en  1233. 

Son  fils,  Conchobhar,  mort  en  1267,  fut  roi  de  Tho- 
mond en  1242,  battit  les  Anglais  en  1257,  et  fut  blessé 
mortellement  à  Belaclugga,  en  réprimant  une  insurrec- 
tion de  ses  sujets  qui  refusaient  de  payer  l'impôt. 

Brian  Ruadh,  fils  du  précédent,  mort  en  1276,  roi  de 
Thomond  en  1242,  remporta  de  brillants  succès  sur  les 
Anglais,  prit  le  château  de  Clare  (1270),  fut  expulsé  en 
1275  par  une  révolte  de  seigneurs  qui  lui  opposaient  un  de 
ses  parents,  Turlough  O'Brien,  s'allia  alors  avec  les  An- 
glais, surprit  les  rebelles,  les  écrasa  en  diverses  rencontres, 
mais  fut  battu  par  Turlough  avec  son  allié  de  Clare  qui,  fu- 
rieux, le  fit  pendre. 

Conor,  mort  en  1539,  descendant  de  Turlough,  devint 
prince  de  Thomond  en  1528  et  eut  à  lutter  contre  les 
puissantes  familles  de  Kildare  et  de  Butler,  ses  rivales.  Il 
s'alha  aux  Fitzgerald,  tandis  que  son  frère  Donogh  O'Brien, 
s'alliait  aux  Butler.  Conor  fut  battu  à  Jerpoint  (1534).  Il 
combattit  désespérément  l'ingérence  anglaise  jusqu'en  1537 . 
Une  expédition  anglaise  le  contraignit  à  la  paix.  Conor  fut 
le  dernier  prince  indépendant  de  Thomond. 

Son  frère  Murrough,  mort  en  1551,  continua  la  lutte 
contre  les  Anglais.  Il  fut  obligé  de  reconnaître  la  souveraineté 
d'Henri  VIII,  qui  fut  reconnu  roi  d'Irlande  en  1541 .  O'Brien, 
reçut  le  titre  de  comte  de  Thomond  (1  ®^'juil.)  .Ce  fut  le  premier 
pas  fait  par  le  roi  dans  la  voie  de  la  pacification  de  l'Irlande. 

Conor,  troisième  comte  de  Thomond,  né  vers  1534,  mort 
en  1581,  fut  dépossédé  par  son  oncle  de  Clonroad,  la 
vieille  résidence  des  O'Brien.  Avec  l'aide  des  Anglais,  il  fut 
rétabU  dans  ses  droits.  En  1569,  il  se  rebella  et  entra 
dans  la  ligue  dirigée  par  James  Fitzmaurice  Fitzgerald. 
Obhgé  de  se  rendre  au  comte  d'Ormonde,  il  passa  en  France 
où  il  causa  des  embarras  à  l'ambassadeur  sir  Henry  Nor- 
ris.  On  eut  quelque  difficulté  à  le  faire  rentrer  en  Irlande, 
oii  il  reçut  le  pardon  d'Efisabeth. 

Son  fils  aîné,  Donough,  mort  en  1624,  baron  d'Ibri- 
Civan,  et  plus  connu  sous  le  nom  du  «  grand  comte  de 
Thomond  »,  se  montra  fidèle  à  la  maison  d'Angleterre. 
En  1583,  il  réprime  une  révolte  des  montagnards  irlan- 
dais, et  en  1595,  il  joue  le  plus  grand  rôle  dans  la  répres- 
sion de  la  révolte  de  Tyrone.  En  1599,  il  fut  chargé,  avec 
le  comte  d'Ormonde,  de  combattre  O'Donnell,  qu'il  chassa 
du  comté  de  Clare.  Il  entra  au  conseil  privé,  continua  jus- 
qu'en 1602  à  guerroyer  contre  Mac  Carthy  Reagh  et  contre 
O'Donnell,  assiégea  et  prit  Kinsale,  puis  Dunboy  (1601). 
En  1605  il  fut  nommé  président  de  Munster. 

Daniel,  premier  vicomte  Clare,  né  vers  1577,  mort  en 
1663,  frère  du  précédent,  l'assista  dans  ses  combats  contre 
les  patriotes  irlandais  ;  il  fut  blessé  et  fait  prisonnier  en 
1599  et  bientôt  délivré  par  son  frère.  Il  joua  un  rôle  im- 
portant au  Parlement  irlandais,  oti  son  indépendance  dé- 
plut au  gouvernement  anglais.  Membre  de  la  confédération 
de  Kilkenny  en  1541,  il  prit  vigoureusement  l'offensive, 
mais  en  1651  tous  ses  châteaux  étaient  pris  et  il  se  ré- 
fugia auprès  de  Charles  IL  II  jouit  auprès  de  ce  prince 
d'une  grande  faveur,  fut  rétabli  dans  ses  possessions  en 
1660  et  créé  vicomte  Clare  en  1663. 

Barnabas,  shiëme  comte  de  Thomond,  mort  en  1657, 
fils  de  Donough  (V.  ci-dessus),  fit  partie  du  Parlement 
irlandais  et  demeura  longtemps  suspect  au  gouvernement 
anglais.  Lors  de  la  rébellion  d'Irlande  de  1641,  il  voulut 
demeurer  neutre.  Habile  diplomate,  il  sut  pourtant  se  mé- 
nager la  faveur  du  roi,  qui  le  nomma  en  1645  marquis  de 
Billing,  puis  celle  de  Cromwell. 


Murrough,  comte  d'Inchiquin,  né  en  sept.  1614,  mort 
le  9  sept.  1674.  Il  prit  part  en  1641  à  la  répression  de 
la  grande  rébellion  de  l'Irlande,  se  distingua  au  siège  de 
Cork  (1642),  et  remporta  une  victoire  sur  le  général  Barry 
à  Liscarrol.  Gouverneur  de  Munster,  il  entreprit  en  1643 
une  campagne  contre  le  chef  irlandais  Muskerry  et  traita 
avec  lui  sur  l'ordre  du  roi.  Les  grands  services  qu'il  avait 
rendus  furent  mal  récompensés.  Le  gouvernement  de  Muns- 
ter fut  donné  au  comte  de  Portland.  Fort  mécontent,  In- 
chiquin  se  fit  restituer  le  gouvernement  de  Munster  parle 
Parlement  anglais  et  se  donna  tout  entier  à  la  cause  par- 
lementaire (1644).  Le  Munster  fut  envahi  par  une  forte 
armée,  sous,  le  commandement  de  Castlehaven.  Inchiquin, 
obligé  de  se  retirer  d'abord  devant  des  forces  supérieures, 
finit  par  reconquérir  tout  le  pays  ;  cette  réduction  n'alla 
pas  sans  massacres  et  sans  atrocités.  En  1647,  il  était 
maître  de  tout  le  S.  de  l'Irlande  et  personne  n'osait  plus 
se  mesurer  avec  lui.  Mais  comme  le  Parlement  ne  payait 
pas  ses  troupes,  il  se  rapprocha  d'Ormonde  et  des  confé- 
dérés catholiques.  En  1649,  il  s'empara  de  Drogheda  dont 
Monk  était  gouverneur.  Cromwell  accourut  à  la  rescousse, 
reprit  la  ville:  et  obligea  Inchiquin  à  se  réfugier  dans  le 
Leinster.  Toutes  les  villes  du  Munster  se  soumirent  l'une 
après  l'autre.  Inchiquin,  après  une  énergique  résistance, 
finit  par  être  acculé  et  s'empressa  de  passer  dans  le  comté 
de  Clare,  et  de  là  à  Perros-Guirec,  en  Bretagne.  Il  se  mit 
aussitôt  en  rapport  avec  la  cour  de  Saipt-Germain,  et 
Charles  II  le  nomma  membre  de  son  conseil  royal.  x\vide 
de  mouvement,  il  s'en  fut  guerroyer  à  Naples  à  la  tête  d'un 
régiment  de  réfugiés  irlandais,  qui  fut  détruit  dans  la  né- 
faste expédition  de  Guise,  puis  en  Catalogne.  En  1659, 
il  passait  en  Portugal  et  était  capturé  par  des  corsaires 
algériens.  Délivré  grâce  à  l'intervention  active  du  gouver- 
nement anglais,  il  devint  par  la  suite  intendant  delà  mai- 
son d'Henriette-Marie.  En  1662,  il  fut  chargé  du.comman- 
dement  des  forces  que  Charles  II  envoya  au  secours  du 
Portugal.  Les  Espagnols  se  retirèrent  devant  lui,  et  son 
armée  décimée  parla  dysenterie  s'épuisa  en  longues  marches 
à  leur  poursuite.  En  1663,  il  était  de  retour  en  Angle- 
terre oïl  il  vécut,  depuis,  tranquillement  dans  ses  pro- 
priétés. 

IF///mm,  comte  d'Inchiquin,  né  vers  1638,  mort  à  San- 
tiago de  laVega  en  1692,  fils  du  précédent.  Il  prit  part  à 
presque  toutes  les  campagnes  de  son  père,  et  fut,  comme 
lui,  capturé  par  les  corsaires  barbaresques.  En  1674,  il 
fut  nommé  gouverneur  de  la  citadelle  de  Tanger,  cédée  à 
l'Angleterre  par  le  Portugal  et  occupa  ce  poste  six  ans.  Il 
se  déclara  en  1688  en  faveur  du  prince  d'Orange,  ce  qui 
amena  la  confiscation  de  ses  propriétés  d'Irlande.  Il  leva  des 
troupes  pour  les  reprendre,  fut  mal  soutenu  par  le  gou- 
vernement et  battu  par  Maccarthy.  Il  revint  en  toute  hâte 
en  Angleterre.  Il  figura  ensuite  à  la  bataille  delaBoyne, 
accompagna  Guillaume  III  à  Dublin,  et  en  1690  fut  nommé 
gouverneur  de  la  Jamaïque.  Il  trouva  l'île  en  pleine  anar- 
chie, augmenta  encore  les  difficultés  par  son  attitude  in- 
tolérante et  s'épuisa  à  vouloir  rétablir  l'ordre. 

Charles,  vicomte  Clare,  mort  en  1706,  fils  de  Daniel 
(V.  ci-dessus).  Il  commanda  un  régiment  dans  l'armée  de 
Jacques  II  en  Irlande  (1689-91),  passa  en  France  en  1692 
et  servit  la  France  durant  les  campagnes  de  1696  et  1697. 
Au  début  de  la  guerre  de  la  succession  d'Espagne,  il  s'en- 
rôla dans  l'armée  allemande  et  combattit  brillamment  à 
Hochstaedt  (20  sept.  1703).  En  1704,  il  fut  créé  maréchal 
de  camp,  servit  dans  l'armée  de  Flandre  et  fut  mortelle- 
ment blessé  à  Bamillies  (23  mai  il 06), 

Charles,  vicomte  Clare,  fils  du  précédent,  né  le  27  mars 
1699,  mort  à  Montpellier  le  9  sept.  1761,  demeura  au 
service  de  la  France.  En  1715,  il  servait  à  l'armée  d'Es- 
pagne ;  il  se  distingua  à  Dillingen  et  encore  plus  à  Fon- 
tenoy,  à  Boucoux,  à  Laeffelt  et  fut  créé  maréchal  de  France 
en  1757.  Il  devint  par  la  suite  commandant  en  chef  du 
Languedoc.  Il  était  connu  sous  le  nom  de  maréchal  de 
Thomond.    . 


185 


O'BRIEN 


Sir  Lucius  Henry,  homme  politique  ii  lai  Riais,  membre 
de  la  branche  cadette  des  comtes  d'Inchiqiiiri  et  de  Tho- 
mond,  mort  à  Dromoland  le  15  janv.  1795.  Membre  du 
Parlement  à  partir  de  1763,  il  devint  rapidement  un  des 
chefs  les  plus  influents  du  parti  populaire.  Il  s'occupa  avec 
passion  des  moyens  d'améliorer  le  sort  de  l'Irlande,  no- 
tamment par  la  suppression  des  restrictions  imposées  au 
commerce  irlandais. 

James ,  marquis  de  Thomond ,  né  en  1769 ,  mort  le 
3  juil.  1855.  Entré  dans  la  marine  en  1783,  il  eut  un 
service  très  actif  et  se  distingua  notamment  dans  les  cam- 
pagnes de  1803  et  1804.  Contre-amiral  en  1825,  il  de- 
venait amiral  en  1847  et  gentilhomme  de  la  chambre  de 
Guillaume  IV  en  1831. 

James  Thomas,  né  à  New  Ross  (comté  de  Westmeath) 
en  sept.  1792,  mort  à  Londres  le  12  déc.  1874,  entra 
dans  les  ordres  et  devint  évêque  d'Ossory,  Ferns  et  Leigii- 
lin  (1842).  Très  érudit,  il  a  laissé  de  nombreux  ouvrages, 
entre  autres  :  Tractarianism  (1850)  ;  An  Attempt  to 
explain  the  Doctrine  of  justification  by  faith  only 
(1833)  ;  The  Expediency  ofrestoring  at  this  Time  to  the 
Church  her  synodical  Powers  (1843)  ;  The  Church  in 
Ireland  (1866)  ;  The  Case  of  the  est ablished  Church  in 
Jreland  (1867-68). 

William,  acteur  et  auteur  dramatique,  de  la  branche 
des  vicomtes  Clare,  mort  en  1815.  En  1758,  il  apparaît 
sur  la  scène  de  Drury  Lane  où  il  obtint  de  grands  succès 
jusqu'en  1764.  Il  fut  forcé  de  s'enfuir  en  Amérique  ayant 
enlevé  et  épousé  une  jeune  fille  de  bonne  famille,  et  il 
obtint  un  emploi  dans  les  bureaux  du  gouverneur  de  la 
province  de  New  York.  Il  a  écrit  quelques  comédies  pour 
Covent  Garden,  entre  autres  :  Cross  Purposes  (1772)  ; 
The  Duel  (1773),  qui  est  une  adaptation  dix  Philosophe 
sans  le  savoir,  de  Sedaine. 

William  Smith,  célèbre  agitateur  irlandais,  de  la  fa- 
mille des  comtes  de  Thomond,  né  à  Dromoland  (comté  de 
Clare)  le  17  oct.  1803,  mort  à  Bangor  le  18  juin  1864, 
petit-fils  de  sir  Lucius  (V.  ci-dessus).  Entré  en  1828  à  la 
Chambre  des  communes,  lors  d'une  élection  partielle  dans 
le  bourg  d'Ennis,  qu'il  représenta  jusqu'en  1831,  il  sou- 
tint l'émancipation  des  catholiques  et  il  se  trouva  dès  1819 
en  opposition  avec  O'Connell.  Réélu  en  1835  par  le  comté 
de  Limerick,  il  présenta  diverses  propositions  relatives  à 
l'allégement  de  la  misère  des  Irlandais,  à  l'éducation,  à 
l'émigration,  etc.,  et  il  appuya  fortement  le  cabinet  whig 
en  1841.  Après  la  mort  d'OConnell,  il  adhéra  formel- 
lement au  parti  de  la  jeune  Irlande,  et  devint  une  des  per- 
sonnalités politiques  les  plus  en  vue.  Très  populaire,  mal- 
gré son.infatuation  aristocratique,  et  la  complaisance  avec 
laquelle  il  rappelait  la  longue  lignée  de  ses  aïeux,  O'Brien 
eut  bientôt  la  tête  tournée  par  les  ovations  enthousiastes 
de  ses  partisans  et  sa  situation  de  chef  de  parti.  On  crut 
trouver  en  lui  le  Lafayettede  la  révolution  irlandaise.  Mais 
il  n'en  avait  pas  l'étoffe.  Après  les  événements  de  1848, 
il  conduisit  auprès  de  Lamartine  une  députation  de  jeunes 
Irlandais  qui  fut  assez  froidement  accueillie.  Puis,  poussé 
par  John,Mitchel,  qui  préconisait  l'action  dans  son  journal 
r Mande  unie,  il  prêcha  l'insurrection,  surtout  après  l'ar- 
restation de  Mitchel,  parcourant  le  pays,  passant  en  revue 
les  confédérés.  Le  gouvernement  anglais  lança  contre  lui 
un  mandat  d'arrêt  et  snsi^enôitV  haheas  corpus  en  Irlande. 
O'Brien  se  jeta  dans  la  campagne  et  réunit  un  corps  de 
partisans  qui  bientôt  en  vint  aux  mains  avec  la  police  à 
BaUingarry  (29  juil.  1848).  Les  soixante  policiers  se  dé- 
fendirent énergiquemen*,'  et  le  pays  ne  bougeant  pas,  la 
révolte  en  resta  là.  O'Brien  fut  arrêté  quelques  jours  api  es 
et  jugé.  Il  fit  preuve,  durant  son  procès,  d'une  rare  dignité 
et  d'une  vraie  noblesse  détenue.  Il  fut  condamné  à  mort, 
sous  le  chef  de  haute  trahison,  ie  16  janv.  1849.  La  peine 
fut  commuée  en  transportation  à  vie.  O'Brien,  envoyé  en 
Australie,  refusa  de  prendre  part  à  l'évasion  de  Mitchel  et 
de  Meagher,  ses  compagnons  de  captivité,  ne  voulant  pas 
manquer  à  son  serment,  car  on  le  traitait  assez  doucement 


et  il  était  prisonnier  sur  parole.  Il  fut  gracié  (1854), 
s'établit  à  Bruxelles,  puis  reçut  l'autorisation  de  revenir 
en  Irlande  (1856).  Il  fit  un  voyage  en  Amérique  en  1859, 
un  autre  en  Pologne  en  1863,  et  le  reste  du  temps  vécut 
tranquillement  dans  le  comté  de  Galles.  Il  a  laissé  quelques 
écrits  :  Considérations  i^elative  to  the  reneval  of  the 
east  India  Company' s  Charter  (Londres,  1830,  in-8)  ; 
Education  in  Ireland  (Londres,  1839,  in-8)  ;  Principles 
of  govermnent,  or  méditations  mEx"//(?(Dubhn,  1856, 
2  vol.  in~8)  ;  Du  véritable  caractère  de  Vinsmrection 
polonaise  de  i863  (Paris,  1863,  in-8).  L'arrivée  de  son 
corps  à  Dublin  le  23  juin  1864  donna  lieu  à  une  im- 
mense démonstration  nationaliste.  Sa  statue,  œuvre  de  Tho- 
mas Farrell,  a  été  élevée  à  Dublin  en  1870. 

James  Francis  Xavier,  né  en  1831,  secrétaire  de  la 
ligue  nationale  irlandaise,  fut  condamné  à  mort  en  1867 
pour  crime  de  haute  trahison.  Cette  peine  fut  commuée  en 
celle  des  travaux  forcés,  et  O'Brien  lut  remis  plus  tard  en 
liberté  et  amnistié.  Membre  de  la  Chambre  des  communes 
pour  le  comté  de  Mayo ,  de  1 885  à  1 895 ,  et  réélu  par  Cork  aux 
élections  de  juil.  1895,  il  appartient  au  parti  nationaliste. 
-  William,  né  en  1852,  entra  à- la  Chambre  des  com- 
munes en  1883  pour  le  bourg  de  Mallow  qu'il  représenta 
jusqu'en  1885 .  Il  fut  ensuite  député  du  Tyrone  (Sud)  (1 886) , 
puis  de  Cork  (1892)  et  démissionna  en  1895.  Membre  très 
influent  du  parti  parnelliste,  rédacteur  en  chef  de  r/?^toiffe 
unie,  il  prit  part  à  la  convention  de  Chicago  (1886),  fut 
emprisonné  à  diverses  reprises,  à  cause  de  la  violence  de 
ses  polémiques,  et  finit  par  se  brouiller  avec  Parnell  qu'il 
combattit  au  Parlement. 

Patrick,  né  àTullamore,  en  1853,  membre  de  la  Chambre 
des  communes  pourMonaghan  (Nord),  de  1886  à  1892, 
et  pour  Kilkenny  (1895),  ingénieur  distingué,  prit  aussi 
une  part  active  au  mouvement  nationaliste,  fut  secrétaire 
de  la  «  Land  League  »,  de  la  «  Ligue  nationale  »  et  lui 
aussi  subit  plusieurs  emprisonnements.  Il  demeura  fidèle 
à  Parnell.  -      ■  R.  S. 

BiBL.  :  O'DoNOGHUE,  Meinoirs  of  the  O'Briens,  1861.  — 
Mao  Cab-thy,  Histoire  contemporaine  d'Angleterre  ;PanF, 
1885,  t.  II,  in-8. 

O'BRIEN  (Donat-Henchy),  amiral  anglais,  né  en  Irlande 
en  mars  1785,  mort  le  13  mai  1857.  Entré  dans  la  ma- 
rine en  1796,  il  fit  naufrage  à  l'île  de  Sein  en  1804,  fut 
fait  prisonnier  et  retenu  trois  ans  à  Verdun.  Il  réussit  à 
s'échapper  en  1808,  reprit  du  service  dans  l'escadre  de 
lord  CoUingwood,  participa  à  l'afi'aire  de  Lissa  (1811)  et 
se  distingua  à  diverses  reprises  pendant  les  campagnes  de 
1811  à  1813.  Il  avait  été  promu  contre-amiral  en  1852.^ 
On  a  de  lui  :  The  Narrative,  containingan  account  ofhis 
shipwreck,  captivity  and  escapefrom  France  (Londres, 
1814)  ;  My  Adventures  during  the  late  war  (Londres, 
1839,  2  vol.  in-8).  R.  S. 

O'BRIEN  (James,  dit  Bronterre),  écrivain  socialiste 
anglais,  né  en  1805,  mort  le  23  déc.  1864.  Elève  de 
l'Université  de  Dublin,  il  fut  inscrit  au  barreau  de  Londres 
en  1829,  fonda  en  1831  le  Poor  Man' s  Guardian  où  il 
développa  des  théories  politico-sociales,  inspirées,  au  début, 
des  idées  de  Cobbett.  En  1836,  il  traduisait  l'histoire  de 
la  conspiration  de  Babeuf  de  Buonarotti  et  publiait  en 
1837  une  apologie  de  Robespierre.  Il  créait  encore  deux 
journaux  qui  vécurent  peu  :le  Bronterre' s  National Be- 
former  et  the  Operative.  Il  se  jeta  avec  ardeur  dans  le 
mouvement  chartiste  et  bientôt  y  joua  un  rôle  prépondé- 
rant. Poursuivi  à  outrance  par  le  gouvernement,  il  fut 
condamné  en  1840  à  treize  mois  de  prison.  Remis  en  hberté 
en  1841,  il  eut  avecO'Conor  des  polémiques  amères,puis 
il  reprit  dans  h  Bristish  Statesman  (1842),  dans  le  Na- 
tional Pie  former  (1845),  la  difl'usion  des  théories  char- 
tistes.  Après  l'échec  du  chartisme  en  1848,  il  se  tint  dans 
une  retraite  studieuse.  Citons  encore  de  lui  :  Odes  to  lord 
Palmerston,  and  Napoléon  Bonaparte  ;  elegy  on  Bo- 
bespierre  (1856-59)  ;  The  Bise,  progress,  and  Phases 
of  human  Slavery  {iS8^).  R.  S, 


O'BRIEN  —  OBSERVATION 


486 


O'BRIEN  (Henry),  érudit  anglais,  ne  dans  le  comté  de 
Kerry  en  1808,  mort  à  Hanwell  (Middlesex)  le  28  juin 
4835.  11  consacra  sa  courte  existence  à  l'érudition  et  pu- 
blia, entre  autres,  une  traduction  de  Villanueva,  Phœnician 
Jreland  (4833,  in-8)  ;  The  Round  towers  of  Irelmid 
(Londres,  4834,  in-8),  ouvrage  qui  renferme  pas  mal 
d'extravagances.  k.  S. 

O'BRYEN  (Dennis),  littérateur  anglais,  né  en  Irlande 
en  4755,  mort  à  Margate  le  43  août  4832.  Médecin,  il 
négligea  fort  la  pratique  pour  s'occuper  passionnément  de 
politique.  Partisan  zélé  de  Fox,  il  publia,  pour  le  soute- 
nir, quantité  de  brochures.  Ce  zèle  lui  valut  de  grosses 
sinécures,  comme  celle  de  payeur  général  adjoint  ou  celle 
de  maréchal  de  l'amirauté  au  cap  de  Bonne-Espérance. 
Citons  parmi  ses  écrits  :  Défense  ofthe  earl  of  Shelhurne 
(Londres,  4782,  in-8)  ;  A  Friend  in  Need  is  a  Friend 
indeed  (4783),  amusante  comédie,  jouée  à  Haymarket 
sans  le  moindre  succès  ;  A  Gleam  of  Comfort  {ilM)  ;  A 
View  of  the  commercial  treaty  with  France  (4786)  ; 
Lines  written  at  Twickenham  (4788)  ;  The  Prospect 
before  us  (4788),  relatif  à  la  question  de  la  Régence  ; 
Utrum  Horum?  The  Government  or  the  Country? 
(4796).  R.  S. 

OBROUTCHEV  (Nicolas-Nicolaiévitch) ,  général  russe, 
né  en  4829.  Entré  au  service  en  4848,  il  se  fit  remarquer 
dès  4850  par  un  Essai  d'histoire  de  l'art  militaire  en 
Russie,  passa  par  l'école  d' état-major  (académie  Nicolas) 
en  4852,  publia  une  esquisse  des  documents  manuscrits  ou 
imprimés  relatifs  à  l'histoire  de  l'art  militaire  avant  4725, 
devint  professeur  à  l'académie  Nicolas  (4857),  président 
du  comité  scientifique  de  la  guerre  (4866),  avec  rang  de 
major  général.  Il  eut  dès  lors  un  rôle  considérable  dans 
toute  l'organisation  militaire,  fut  promu  lieutenant  général 
(4873)  ;  attaché  à  l'état-major  de  l'armée  du  Caucase, 
dans  la  guerre  russo-turque,  il  prépara  et  régla  le  mou- 
vement tournant  exécuté  par  Lazarev  qui  décida  la  victoire 
d'Aladja-dagh  (45  oct.  4877).  En  4884,  il  est  devenu  le 
chef  du  grand  état-major.  C'est  un  panslaviste  ardent  et 
un  partisan  convaincu  de  l'alliance  française.  Il  a  épousé 
une  Française.  On  prise  très  haut  son  traité  de  statistique 
militaire  publié  en  4874. 

OBSEQUENS  (Juliu^),  écrivain  latin,  de  date  inconnue, 
sous  le  nom  duquel  nous  est  parvenu  un  fragment  d'un 
traité  des  prodiges  {De  prodigiis),  extrait  surtout  de  Tite- 
Live,  publié  par  Aide  (Venise,  4508,  in-8),  d'après  un 
manuscrit,  appartenant  à  Jodocus  de  Vérone  et  perdu  de- 
puis. Ce  fragment  se  rapporte  à  la  période  de  l'an  490  à 
Tan  44  av.  J.-G.  Citons  les  éditions  d'Oudendorp  (Leyde, 
4720)  avec  commentaires,  et  de  Jahn  (Leipzig,  4853). 

OBSERVATION.  I.  Philosophie.— L'observation  est 
l'acte  par  lequel  l'esprit  s'applique  à  un  fait  ou  à  un  ensemble 
de  faits,  en  vue  de  le  connaître  et  de  l'expliquer.  On  peut 
donc  dire  que  c'est  un  cas  particulier  de  V attention  (V.  ce 
mot).  Mais  tandis  que  l'attention  peut  être  éveillée  par  la 
façon  toute  particulière  dont  un  objet  affecte  notre  sensibi- 
lité ou  par  son  accord  ou  son  désaccord  avec  notre  vouloir, 
l'observation  n'est  suscitée  que  par  ce  qui  intéresse  notre 
intelligence.  Elle  est  comme  la  forme  intellectuelle  de 
l'attention.  Elle  en  est  même  la  forme  scientifique,  en  ce 
sens  qu'il  n'y  a  pas  observation  véritable  s'il  n'y  a  pas 
un  désir  et  même  un  pressentiment  d'une  explication  ulté- 
rieure des  faits  observés.  L'attention  se  contente  du  fait 
en  lui-même,  l'observarion  ne  l'enregistre  que  dans  l'es- 
poir d'en  dégager  une  loi,  ou  d'y  saisir  un  trait  caracté- 
ristique d'une  espèce.  Nous  distinguerons. successivement 
l'observation  extérieure  qui  porte  sur  les  phénomènes 
du  monde  visible,  et  Vobseruation  intérieure  qui  porte 
sur  les  faits  de  conscience,  (iuand  nous  aurons  appris  à 
connaître  l'observation  comme  méthode,  nous  chercherons 
ce  qu'elle  exige  en  tant  que  faculté  de  l'esprit,  pour  se 
développer,  c.-à-d.  comment  l'on  peut  acquérir  et  fortifier 
en  soi  l'ejsprît  d'obserVi.tion. 

i.  Observation  extérieure.  -—  Toutes  les  sciences  phy- 


siques et  naturelles  débutent  par  l'observation  des  phéno- 
mènes. Comme  c'est  précisément  pour  cette  raison  que 
ces  sciences  sont  dites  dérivées,  à  des  degrés  divers,  de 
l'expérience,  on  ne  voit  pas  bien  au  premier  abord  ce  qui 
peut  différencier  V expérience  (V.  ce  mot)  et  l'observation. 
Toutes  deux  semblent  faites,  comme  dit  Bacon,  pour 
«  amasser  les  matériaux  ».  En  ce  sens  large,  on  peut  dire 
en  effet  que  le  domaine  de  l'observation  et  celui  de  l'ex- 
périence coïncident.  Mais  on  peut  prendre  ces  deux  mots 
dans  un  sens  plus  étroit  et  établir  des  distinctions.  C'est 
ce  que  s'est  efforcé  de  faire  Claude  Bernard  (Introduction 
à  l'étude  de  la  Médecine  expérimentale  y  4^^  part. ,  ch.  i^''). 

La  première  distinction  que  l'on  croie  pouvoir  faire,  dit 
cet  auteur,  entre  l'observation  et  l'expérience,  est  celle  de 
la  passivité  à  V activité.  L'observateur  constaterait  sim- 
plement des  faits;  l'expérimentateur  les  déterminerait. 
Mais,  dit  Cl.  Bernard,  l'esprit  ne  reste  plus  toujours 
inactif  comme  la  main  dans  l'observation.  S'il  y  a  des 
observations  passives,  lûtes  au  hasard,  sans  idée  pré- 
conçue (l'observation  d'une  maladie  endémique  quelconque 
qui  se  manifeste  dans  une  contrée,  ou  d'une  planète  qui 
passe  par  hasard  dans  le  champ  de  la  lunette  d'un  astro- 
nome), il  y  a  aussi  des  observations  actives,  faites  «  avec 
intention  de  vérifier  l'exactitude  d'une  vue  de  l'esprit  ». 
Peut-être  môme  faut-il  aller  plus  loin  que  Cl.  Bernard  et 
dire  qu'il  n'y  a  pas  d'observation  absolument  passive,  que, 
si  l'on  peut  observer  sans  idée  préconçue  particulière, 
sans  l'idée  arrêtée  d'une  explication  déterminée,  l'on  n'ob- 
serve jamais  sans  l'idée  d'une  explication  possible  et  de 
la  nature  même  de  cette  explication.  Observer,  c'est  déjà, 
dans  une  certaine  mesure,  interpréter.  Toute  observation 
consiste  à  faire  un  choix  entre  les  nombreux  faits  de  détail 
qui  constituent  un  phénomène  particulier  et  à  ne  noter 
que  ce  que  l'on  sait  devoir  être  utile  à  la  science  :  l'heure 
du  passage  de  la  planète  observée,  par  exemple,  à  un 
point  du  ciel.  D'un  autre  côté,  continue  Cl.  Bernard,  s'il 
y  a  des  expériences  actives,  où  la  main  de  l'expérimenta- 
teur doit  intervenir  (pour  établir  une  fistule  gastrique, 
par  ex.),  il  peut  y  avoir  des  expériences  en  quelque  sorte 
passives,  oU  l'opération  est  réalisée  par  un  accident  (la  fis- 
tule de  l'estomac  peut  se  produire  à  la  suite  d'une  bles- 
sure) . 

L'on  est  alors  porté  à  croire  que  «  l'observation  con- 
siste dans  la  constatation  de  tout  ce  qui  est  normal  et  ré- 
gulier »,  tandis  que  l'expérience  impliquerait  «  l'idée 
d'une  variation  ou  d'un  trouble  intentionnellement 
apportés  par  l'investigateur  dans  les  conditions  des  phéno- 
mènes naturels  ».  Cette  distinction,  dit  Cl.  Bernard,  n'est 
pas  beaucoup  plus  décisive  que  la  première,  car  si  elle 
admet  qu'il  n'y  a  expérience  que  si  l'on  fait  varier  ou  si 
l'on  décompose  par  l'analyse  le  phénomène  à  connaître, 
elle  suppose  toujours  une  activité  intentionnelle  de  la  part 
de  l'expérimentateur.  Or,  nous  avons  vu  que  des  troubles 
servant  à  l'expérience  peuvent  se  produire  spontanément 
ou  fortuitement,  par  lésion  pathologique  ou  par  accident. 

Pour  établir  une  distinction  réelle  entre  l'observation 
et  l'expérience.  Cl.  Bernard  distingue  le  procédé, d'inves^ 
tigation  employé  pour  obtenir  les  faits  du  procédé 
intellectuel  qui  les  met  en  œuvre. 

Du  point  de  vue  de  l'investigation^  qui  est  le  point 
de  vue  concret,  celui  de  la  recherche  des  faits,  l'obser- 
vation se  distingue  de  l'expérience  en  ce  qu'elle  est  Vin- 
vestigation  d'un  phénomène  naturel,  tandis  que  l'ex- 
périence est  V investigation  d'un  phénomène  modifié 
par  l'expérimentateur.  Cette  •définition  diffère  de  la 
première  des  deux  définitions  que  nous  avons  successive- 
ment rejetées  en  ce  qu'elle  ne  laisse  pas  l'observateur 
passif,  mais  le  considère  au  contraire  comme  ayant  le 
devoir  d'aller  au-devant  des  phénomènes  par  tous  les 
moyens  qui  sont  en  son  pouvoir,  de  les  analyser  menta- 
lement (non  matériellement,  comme  l'expérimentateur) 
et  en  se  servant  même  d'instruments  spéciaux  pour  n'en 
garder  que  l'essentiel j  l'instructif.  (Cf.  à  cet  égard  Stuait 


—  187  — 


OBSERVATION 


Mill,  Système  de  logique  inductive  et  déductive,  1.  lîL 
ch.  tu,  §  4.)  Et  elle  diffère  de  la  seconde  définition  re- 
jetée en  ce  qu'elle  est  moins  exclusive,  en  ce  qu'elle  ne 
prétend  pas  établir  une  distinction  absolue  et  unique  entre 
l'observation  et  l'expérience,  fondée  sur  l'action  réelle 
que  l'expérimentateur  seul  a  sur  les  phénomènes,  en  ce 
qu'elle  laisse  au  contraire  place  à  une  autre  définition, 
fondée  sur  l'analyse  du  raisonnement  expérimental. 

du  "point  de  vue  du  raisonnement  expérimental, 
qui  est  le  point  de  vue  logique,  abstrait,  observation  et 
expérience  ne  diffèrent  plus  comme  deux  méthodes  diffé- 
rentes, mais  comme  deux  moments  différents  d'une  même 
méthode.  L'observation  alors  est^  ou  bien  le  fait  qui  sert 
de  point  de  départ  au  raisonnement,  ou  bien  l'action  de 
l'esprit  qui  montre  ce  fait  initial,  tandis  que  l'expérience 
est,  ou  bien  «  le  fruit  d'un  raisonnement  juste  appliqué  à 
l'interprétation  des  faits  »,  ou  bien  le  fait  décisif  qui  nous 
instruit^  qui  sert  de  contrôle  Ou  de  conclusion  au  raison- 
nement expérimental.  L'expérience,  considérée  ainsi  comme 
un  fait  permettant  de  contrôler  une  hypothèse  et  comme 
le  dernier  moment  du  raisonnement  scientifique,  peut  être 
simplement  une  observation,  au  premier  sens  du  mot, 
c.-à-d.  un  fait  qui  se  sera  produit  naturellement,  sans 
que  nous  ayons  eu  le  besoin,  ni  même  parfois  le  pouvoir 
de  faire  varier  expéiimentalement  ses  conditions. 

C'est  précisément  ce  qui  se  produit  dans  les  sciences 
d'observation  pure,  comme  l'astronomie,  dans  les  sciences 
où  nous  ne  pouvons  pas  expérimenter  et  où  nous  avons  à 
retrouver  les  causes  par  les  effets  sans  pouvoir  faire  varier 
les  effets  en  agissant  sur  les  causes  (cf.  S.  Mill,  loc.  cit.^ 
§  3  et  4)*  Dans  ces  sciences,  comme  16  fait  remarquer 
S.  Mill,  nous  ne  pouvons  atteindre  qu'  «  une  antécé- 
dence  invariable  dans  les  limites  de  l'expérience,  mais  non 
une  arttécédence  inconditionnelle  ou  la  causation  ». 

L'observation  étant  ainsi  définie  et  distinguée  dé  l'ex- 
périence et  de  l'expérimentation^  il  nous  reste  à  faire  re- 
marquer avec  Cl.  Bernard  {loc.  cit.,  §5  et  6)  que  dans 
l'expérience  même  l'observation  reprend  ses  droits.  Toute 
expérience,  en  effet,  au  sens  de  fait  contrôlant  une  hy- 
pothèse, est,  ou  bien  une  observation  invoquée  pour  le 
contrôle  (dans  les  sciences  d'observation  pure),  ou  bien 
une  observation  provoquée  par  l'expérimentateur  (dans 
les  sciences  d'e:Jfpérimentation),  c.^à-d.  qu'une  fois  l'ex- 
périence commencée,  il  reste  à  observer*  ce  que  la  nature 
répondra.  Pour  cela,  il  faut  que  le  savant  se  débarrasse 
de  toute  idée  préconçue,  qti'il  prenne  bien  soin  d'observer 
réellement  ce  qui  se  passe,  dû  ne  pas  faire  d'inférences 
hâtives  (cf»  S.  Mill,  loc,  cit.,  l  ÎV,  ch.  i,  §  %  et  Y,  iv,  8) 
et  d'éviter  tous  ces  sophismes  {ibid.<,\^  iv)  qui  viennent,  ou 
bien  de  ce  que  l'oti  oublie  de  noter  certains  faits,  ou  bien 
de  ce  que  l'on  néglige  des  circonstances  importantes  d'un 
fait  donné*  L'observation  devra  être  exacte,  c.-à--d.  qu'on 
ne  devra  rien  ajouter  ni  omettre  ;  elle  devra  être  précise, 
c.-à-^d.  qu'on  devra  autant  que  possible  apprécier  la  quan- 
tité de  faits  observés,  les  mesurer  ;  elle  devra  enfin  être 
méthodique,  c.-à-d.  «  procéder  régulièrement  d'un  objet 
à  un  autre  »  (cf.  Rabier,  Logique,  ch.  vu,  §  2).  Pour  cela 
l'observateui*  ne  devra  négliger  aucun  instrument  qui 
puisse  étendre  la  portée  ou  augmenter  la  précision  de 
ses  sens,  ou  môme  les  suppléer  avantageusement. 

IL  ObsehvâTïon  ïntëriëuïië  Ou  psvchologiquk.  --^  En 
psychologie,  l'observation  prend  deux  aspects  très  diffé- 
rents, suivant  que  par  elle  on  prétend  constituer  une 
science  psychologique  rigoureuse  ou  simplement  noter  des 
faits  utiles  à  la  conduite  de  la  vie  ou  pouvant  servir  de 
matière  à  des  deuvres  d'art. 

i^  Observation  scientifique  ou  introspection.  La  mé- 
thode d'obsei^vation  intérieure  en  psychologie  fut  surtout 
préconisée  à  la  fin  du  xviii^  siècle  et  au  commencement 
du  %tx^  par  l'école  écossaise  (Reid,  Dugald  Stewart,  etc.). 
Elle  ^'introduisit  en  France,  principalement  souâ  l'influence 
de  mm  école  (cf.  Boutf ôUï,  Etudes  d'histoire  de  la  phi- 
losophie) et  par  réaction  contre  la  méthode  constructive  I 


abstraite  des  condillaciens.  On  espérait,  grâce  à  une  ob- 
servation rigoureuse  de  la  conscience,  recueillir  un  nombre 
suffisant  de  faits  internes  que  l'on  classerait  et  d'où  Ton 
induirait  des  lois  aussi  certaines  que  celles  des  sciences 
de  la  nature.  Victor  Cousin  d'abord,  puis,  avec  des  pré- 
occupations moins  métaphysiques,  Jouffroy  et  Garnier 
furent  les  principaux  propagateurs  de  la  psychologie  nou- 
velle. Maine  de  Biran  vint  en  étendre  le  champ  par  sa 
philosophie  de  l'effort:  ce  ne  sont  plus  simplement  des 
phénomènes,  des  faits  psychiques  que  la  conscience  saisit 
en  elle,  mais  l'effort  même  de^  Tesprit  qui  les  produit. 
Maine  de  Biran  cependant  faisait  moins  appel  à  l'obser- 
vation et  à  l'induction  qu'au  sentiment  et  à  la  réflexion, 
(iuoi  qu'il  en  soit,  on  peut  dire  que  tous  les  psychologues 
qui  ont  eu  le  souci  de  distinguer  leur  science  de  la  phy- 
siologie ont  adopté  la  méthode  d'observation  intérieiu^e. 
Bain,  S.  Mill  et  tous  les  associationistes  en  font  la  mé- 
thode propre  de  la  psychologie.  Par  elle  cependant  la 
psychologie  peut-elle  arriver  k  se  constituer  comnie  science 
de  l'esprit  ?  Aug.  Comte  le  nie.  Selon  lui,  l'esprit  ne  peut 
pas  plus  s'observer  que  l'œil  ne  peut  se  voir  lui-même. 
L'observation  suppose  deux  termes  :  le  sujet  observant  et 
l'objet  observé.  Il  est  absurde  de  supposer  qu'on  peut  être 
les  deux  à  la  fois.  Comte  conclut  que  nous  ne  pouvons 
connaître  l'esprit  que  dans  ses  manifestations  extérieures. 
Il  y  a  une  double  base  à  la  psychologie  :  la  sociologie  et 
la  phrénologie.  C'est  nier  la  psychologie  comme  connais- 
sance directe  de  l'esprit  par  la  conscience.  Cette  connais- 
sance est  pourtant  un  fait.  Nous  savons  tous  par  expé- 
rience ce  que  c'est  que  penser,  ce  que  c'est  qu'un  acte 
spirituel.  La  difficulté  est  de  savoir  comment  nous  pour- 
rons arriver  à  une  intelligence  complète  de  la  pensée.  Or 
il  semble  bien  que  ce  ne  puisse  être  par  la  simple  obser- 
vation, si  l'on  entend  ce  mot  en  son  sens  précis.  Des  phi- 
losophes comme  M.  Ravaisson  (cf.  l'art,  intitulé  Philoso- 
phie contemporaine  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes 
de  nov.  4840,  et  les  pp.  22  et  suiv,  de  son  Rapport  sur 
la  Philosophie  en  France  au  xix®  siècle)  et  surtout 
M.  Lachelier  (art.  intitulé  Psychologie  et  Métaphysique, 
Rev.  philos.,  mai  4885)  se  sont  efforcés  de  substituer  à 
la  psychologie  d'observation  pure  qui  chercherait  à  noter 
des  faits  de  conscience  et  à  en  induire,  sous  le  nom  de 
lois  psychologiques,  des  faits  plus  généraux,  une  psycho- 
logie réflexive  qui  chercherait  surtout  à  fonder  en  raison 
et  à  rattacher  à  des  premiers  principes  les  diverses  fonc- 
tions de  la  vie  mentale. 

Avec  l'école  anglo-américaine  (James  Ward,  William 
James),  la  psychologie  d'observation  intérieure,  reprise 
surtout  en  France  par  M.  Bergson,  s'occupe  non  plus  de 
rechercher  des  lois  de  composition  ou  de  combniaison 
entre  des  faits  internes  déterminés,  mais  de'  saisir,  sous 
les  déformations  abstraites  que  les  nécessités  de  la  vie 
pratique  introduisent  dans  notre  conscience,  la  réalité  psy- 
chique fondamentale  (cf.  J.  Ward,  art.  Psychology  de 
V Encyclopédie  britannique;  W.  James,  Psychoïogy, 
surtout  ch.  IX  du  4^^*  vol.  ;  Bergson,  Essai  sur  les  données 
immédiates  de  la  conscience;  Matière  et  Mémoire), 
Pour  reprendre  la  très  intéressante  distinction  de  W.  James, 
il  y  a  dans  la  conscience  des  parties  substantielles  (images, 
sentiments),  érigées  par  l'ancienne  psychologie  en  réalités 
indépendantes,  et  des  parties  transitives  qui  sont  surtout 
les  processus  psychiques,  l'activité  mentale  continue  abou- 
tissant à  ces  sentiments  ou  à  ces  ilnages.  Les  parties  subs- 
tantielles sont  comme  des  choses  dans  la  pensée;  c'est 
dans  leâ  parties  transitives  que  l'observation  intérieure 
doit  s'efforcer  de  ressaisir  la  pensée  même.  Or  elle  ne  le 
peut  qu'en  faisant  appel  à  là  connaissance  immédiate  ({ue  , 
nous  avons  des  réalités  psychiques,  en  nous  déshabituant 
des  formes  arrêtées,  délimitées  dans  l'espace  et  dans  le 
temps,  que  les  nécessités  de  l'action  nous  font  donner  aux 
phénomènes,  en  nous  faisant  retrouver  sous  ces  formes 
cô  qu'il  y  a  de  fluide  danâ  les  états  de  conscience,  la  mul- 
tiplicité vivante  de  transformations  qualitatives  qui  se  pé- 


OBSERVATION  ^  188 

nètrent  réciproquement.  Mais  cette  méthode  nouvelle,  par 
cela  même  qu'elle  consiste  à  prendre  conscience  de  la 
vraie  nature  de  la  pensée,  suppose  que  nous  avons  l'idée 
de  cette  vraie  nature.  En  prendre  conscience,  ce  sera 
confronter  toutes  les  déformations  inférieures,  toutes  les 
expressions  inexactes  de  la  pensée  avec  cette  idée  que 
nous  en  avons  ;  ce  sera  réfléchir  sur  elles  et  juger  dans 
quelle  mesure  elles  s'en  approchent  ou  s'en  éloignent.  Il 
semble  donc  qu'il  n'y  ait  pas  là  observation  proprement 
dite,  mais  interprétation,  réflexion. 

2"  Observation  littéraire  et  morale.  Cette  seconde 
forme  de  l'observation  psychologique  est  bien  encore  une 
forme  de  l'observation  intérieure.  Alors  même  que  nous 
n'observons  pas  nos  propres  sentiments,  mais  ceux  d'au- 
trui,  et  que  nous  les  observons  par  l'intermédiaire  des 
actions  extérieures  qui  nous  les  révèlent,  nous  ne  pou- 
vons interpréter  ces  actions  et  par  là  connaître  ces  sen- 
timents que  grâce  à  la  connaissance  intérieure  que  nous 
avons  de  nous-mêmes.  C'est  seulement  en  nous  et  par 
nous  que  nous  pouvons  connaître  les  autres.  Les  historiens 
et  les  littérateurs  ne  font  œuvre  de  psychologues  que  dans 
la  mesure  où  ils  ont  un  sens  affiné  de  la  vie  intérieure. 
Mais  l'observation  pour  eux  est  plutôt  un  art  qu'une  mé- 
thode scientifique  rigoureuse.  Bien  que  certains  romanciers 
aient  émis  la  prétention  d'expérimenter  dans  leurs  œuvres, 
en  soumettant  leurs  personnages  à  certaines  conditions 
déterminées,  ils  ne  saluaient  atteindre  ainsi  que  des 
probabilités  et  des  vi'aisemblances.  L'observation  des  mi- 
lieux où  vivent  les  bommes  semble  être,  grâce  à  l'in- 
lluence  réelle  et  assez  déterminée  du  climat,  de  la  race, 
de  la  condition  sociale,  et  en  général  des  conditions  phy- 
siques sur  le  moral,  une  source  de  connaissances  plus 
certaines.  Mais  il  ne  faudrait  pas  oublier  que  le  milieu 
n'est  qu'une  des  Ui-mbreuses  circonstances  qui  peuvent 
influer  sur  la  formation  du  caractère  individuel. 

L'observation  morale  n'a  pas  seulement  pour  but  la  con- 
naissance théorique  des  hommes  ou  le  plaisir  esthétique  que 
l'on  goûte  à  les  faire  revivre  dans  une  œuvre  d'art.  Elle 
peut  avoir  aussi  un  intérêt  pratique.  Cet  intérêt  est  double. 
Nous  pouvons  nous  observer  et  observer  les  autres,  ou 
bien  dans  l'intention  morale  de  devenir  nous-mêmes  et  de 
rendre  les  autres  meilleurs,  ou  bien  dans  l'intention  pru- 
dente de  nous  conduire  habilement  et  d'user  d'autrui  pour 
des  fins  particulières  Cette  seconde  forme  de  l'observa- 
tion morale  est  ce  que  l'on  entend  ordinairement  par  «  con- 
naissance des  hommes  ».  C'est  celle  que  nous  exigeons 
des  politiques  et  que  nous  pratiquons  à  des  degrés  divers 
dans  la  vie  quotidien ae.  Mais  elle  n'aboutit  le  plus  sou- 
vent qu'à  connaître  les  faiblesses  d'autrui  et  repose  au 
fond,  si  l'on  en  fait  une  règle  de  l'action,  sur  un  certain 
mépris  des  hommes  qui  seul  peut  permettre  de  les  traiter 
comme  des  moyens,  c.-à~d.  comme  des  choses.  En  ce 
sens,  observer  les  hommes,  c'est  observer  ce  que  nous 
croyons  qu'ils  sont,  et  nullement  ce  qu'ils  peuvent  être  en 
réalité  ou  ce  qu'ils  sont  capables  de  devenir.  La  véritable 
observation  morale  tient  compte  de  ce  progrès  toujours 
possible  :  elle  est  limitée  par  la  conscience  de  ce  que  nous 
ne  pouvons  observer.  Elle  est  fondée  sur  la  connaissance 
de  notre  devoir  et  porte  sur  les  moyens  pratiques  que 
nous  avons  de  le  réaliser.  Elle  tire  aussi  un  grand  parti 
de  la  connaissance  des  sentiments  que  font  naître  chez  les 
autres  nos  propres  actions,  et  des  résultats  réels,  que 
souvent,  en  dépit  de  nos  intentions,  nous  avons  atteints. 

IIÏ.  De  la  faculté  d'observer.  —  Outre  une  santé  par- 
faite de  l'esprit  et  de  tous  les  organes  des  sens,  la  faculté 
d'observer  exige  encore  l'acquisition  de  certaines  qualités 
mentales  utiles  à  son  complet  développement,  comme  la 
patience  et  le  désintéressement  (cf.  Rabier,  Logique,  ch. 
VII,  §  i).  Mais  ce  sont  là  des  qualités  que  l'on  ne  peut 
demander  qu'au  savaat  ou  à  l'homnie  adulte.  Chez  l'en- 
fant, la  faculté  d'observation  est  peu  développée  :  elle  ne 
porte  guère  que  sur  les  objets  qui  peuvent  servir  à  ses 
besoins.  C'est  dire  qu'elle  est  surtout  fort  peu  désinté-  , 


ressée.  En  second  lieu,  Fenfant  n'analyse  guère  :  il  est 
trop  ému  par  les  choses  pour  les  étudier  (cf.  l'art.  Obser- 
vation de  M.  Espinas,  dans  le  Dictionnaire  pédago- 
gique de  M.  Buisson).  Ne  cherchant  pas  à  connaître,  mais 
à  constater,  il  ne  suit  aucune  méttiode.  Enfin,  il  généra- 
lise, mais  hâtivement,  sans  réflexion.  Des  lors,  l'éducation 
de  la  faculté  d'observer  devra  se  faire  en  développant 
chez  l'enfant  ces  qualités  qui  lui  manquent.  Pour  éviter 
ces  généralisations  rapides  et  abstraites,  on  le  mettra  en 
présence  des  choses  mêmes,  en  le  forçant  à  les  discerner, 
à  les  regarder  de  près.  On  évitera  tout  ce  qui  est  con- 
vention et  artifice.  C'est  ce  que  les  grands  éducateurs 
comme  Rabelais,  Montaigne,  Rousseau  n'ont  cessé  de 
réclamer.  On  évitera  aussi  l'excès  contraire  qui  serait  de 
lui  faire  croire  qu'il  n'y  a  de  vrai  que  ce  qu'il  touche  : 
on  lui  fera  sentir  combien  ses  moyens  d'investigation  sont 
restreints  ;  on  lui  fei'a  comprendre  la  nécessité  d'instru- 
ments spéciaux  pour  étendre  la  portée  des  sens  et  pour 
mesurer  ce  qu'il  serait  tenté  d'évaluer  sommairement. 
Pour  lui  faire  saisir  la  nécessité  de  la  méthode,  on  l'ha- 
bituera à  reconnaître  d'abord  le  trait  essentiel,  à  savoir 
décrire  et  définir  :  la  composition  littéraire  pourra  être  à 
cet  égard  un  bon  auxiliaire  pour  la  formation' de  l'esprit 
scientifique.  L'enfant  pourra  encore,  grâce  à  elle,  déve- 
lopper ses  facultés  d'analyse.  C'est  ainsi '.que  peu  à  peu 
on  le  forcera  à  s'intéresser,  non  plus  à  l'utilité  grossière- 
ment pratique  que  les  objets  peuvent  avoir  pour  lui,  mais 
à  ces  objets  en  eux-mêmes.  On  rendra  sa  curiosité  plus 
désintéressée.  Par  sa  formation  même  et  par  son  déve- 
loppement, l'esprit  d'observation,  en  excitant  et  en  diri- 
geant tout  à  la  fois  l'attention,  est  comme  l'intermédiaire 
nécessaire  entre  l'instinct  qui  est  l'esclave  du  besoin,  et 
l'intelligence  qui  libère.  G.  Aillet. 

II.. Astronomie  (V.  Astronome  et  Astronomie). 

ill.  Météorologie,  —  Pour  connaître  la  situation 
météorologique  générale  d'un  pays  ou  d'uri  continent,  il  faut 
savoir  quels  sont,  au  même  instant  absolu,  dans  le  plus  grand 
nombre  d'endroits  possible,  la  pression  barométrique,  la 
température,  le  degré  d'humidité,  la  vitesse  et  la  direction 
du  vent,  l'état  du  ciel  plus  ou  moins  couvert,'  enfin,  la 
pluie,  la.  neige  ou  l'orage,  s'il  y  a  lieu.  Les  trois  pre- 
mières sortes  d'observations  se  font,  soit  directement,  à 
l'aide  du  baromètre,  du  thermomètre  et  de  l'hygromètre, 
celui-ci  pouvant  être  remplacé  par  la  comparaison  du  ther- 
momètre sec  et  du  thermomètre  humide,  soit  indirecte- 
ment, au  moyen  d'instruments  enregistreurs  qui  inscri- 
vent ou  photographient  en  chaque  instant,  d'une  façon 
continue,  la  valeur  de  l'élément  auquel  ils  correspondent. 
La  direction  du  vent  s'observe  au  moyen  d'une  girouette, 
à  laquelle  on  peut  aussi  adapter  un  cylindre  enregistreur. 
Pour  la  vitesse  des  vents,  on  peut  l'évaluer  d'après  une 
échelle  variable  selon  les  pays  et  la  situation  des  obser- 
vateurs sur  terre  ou  sur  mer.  Les  marins  préfèrent  l'échelle 
de  Beaufort  (de  0  à  42)  ;  les  météorologistes  français  se 
contentent  de  l'échelle  de  0  (calme)  à  6  (ouragan).  Ils 
évaluent  la  vitesse  d'après  l'effet  produit  par  le  vent  sur 
les  arbres,  sur  les  voiles,  ou  simplement  sur  leur,  visage. 
Il  existe,  du  reste,  plusieurs  sortes  d'anémomètres  qui 
enregistrent  la  vitesse  du  vent  en  mètres,  yards,  etc.,  par 
seconde  ;  de  même,  des  pluviomètres  enregistreurs  pour 
la  pluie  ou  la  neige.  L'état  du  ciel  ne  peut  être  observé 
que  directement  :  on  note,  en  le  représentant  par  des  ini- 
tiales, les  diverses  espèces  des  nuages  observés  ;  on  in- 
dique la  direction  d'où  ils  viennent  et  aussi,  ce  qui  n'est 
pas  la  même  chose,  leur  orientation,  c.-à-d.  les  points  de 
Ihorizon  où  les  bandes  parallèles  des  nuages,  surtout  su- 
périeurs, paraissent  converger  ;  la  proportion  du  ciel  cou- 
vert est  compté  de  0,  ciel  pur,  à  10,  ciel  tout  à  fait  cou- 
vert. Pour  les  orages,  V.  ce  mot. 

Dans  chaque  pays,  le  bureau  ou  institut  central  publie 
des  Instructions  météorologiques,  destinées  à  mettre  de 
l'unité  dans  la  manière  d'observer.  Les  observations  du 
matin  envoyées  par  voie  télégraphique  au  bureau  central 


189  ™^- 


OBSERVATION  —  OBSERVATOIRE 


permettent  d'établir  tous  les  jours  un  Bulletin  inlerha- 
tional  dont  les  cartes  servent  à  la'  prévision  du  temps 
pour  le  jour  même  et  le  lendemain  (V.  Bulletin  et  Bureau)  . 

Le  minimum  du  nombre  des  observations  nécessaires 
est  de  trois  par  jour  ;  elles  sont  faites  à  des  heures  telles 
que  leur  moyenne  journalière  se  rapproche  de  la  moyenne 
réelle.  Dans  certains  pays,  elles  se  font  à  six  heures  du 
matin,  deux  heures  après  midi  et  dix  heures  du  soir  ; 
dans  d'autres,  à  huit  heures  du  matin,  deux  heures  du 
soir  et  huit  heures  du  soir.       .  E.  Durand-Gbéville. 

OBSERVATOIRE.  I.  Astronomie.  —Il  ne  semble 
pas  que  les  anciens  aient  eu  de  véritables  observatoires. 
Les  instruments  dont  se  servaient  leurs  astronomes  étaient 
fort  rudimentaires,  et  ils  les  dressaient  le  plus  ordinaire- 
ment sur  les  places  pubhques  ou  sur  les  façades  des 
temples.  Peut-être  y  eut-il  aussi  quelques  installations  d'un 
caractère  plus  permanent,  notamment  dans. la  tour  de 
Belus;  à  Babylone,  au  tombeau  d'Ôsymandias,  en  Egypte, 
et,  plus  tard,  dans  les  bâtiments  de  la  bibUothèque  d'Alexan- 
drie. Mais  ce  furent  des  exceptions  et  il  n'exista,  en  tout 
cas,  aucune  construction  spécialement  aménagée  pour  les 
observations  célestes.  Les  premières  remontent  aux  Arabes., 
Le  khalife  Almamon,  au  commencement  du  ix^  siècle,  les 
khalifes  EI-Aziz  et  El-Hàkim,  au  x®  siècle,  furent  ériger  à 
Bagdad  et  au  Caire  des  observatoires  munis  d'astrolabes, 
d'armilles  et  de  quadrants  :  c'est  là  qu'Aboul- Wefa  et  Ibn- 
Younis  efiTectuèrent  les  observations  qui  les  ont  rendus 
célèbres.  D'autres  observatoires  s'élèvent  ensuite,  qui  eu- 
rent également  une  grande  réputation  :  celui  de  Meragah 
(Perse),  qui  fut  bâti  vers  1250  par  Filkhan  Houlagou; 
celui  de  Samarkand,  qui  date  de  la  fin  du  xv^,  siècle, et 
qui  est  dû  à  Ouloug-Beg.  En  Europe,  il  n'y  avait  encore,  à 
cette  époque,  que  des  installations  particulières,  établies 
tant  bien  que  mal  dans  leurs  propres  maisons  par  les  as- 
tronomes du  moyen  âge.  Le  premier  observatoire  pubhc 
paraît  avoir  été  celui  de  Cassel,  construit  en  1561  par 
ordre  du  landgrave  de  Hesse,  Guillaume  IV.  Tous  furent 
d'ailleurs  bientôt  éclipsés  par  celui  d'Uranicnborg,  que  le 
roi  de  Danemark,  Frédéric  II,  fit  élever  en  1576,  dans  File 
de  Hven,  pour  ïycho  Brahe.(V.  Brahe),  et  qui  fut,  vingt 
ans  durant,  comme  le  temple  de  l'astronomie.  Par  la  suite 
et  avec  les  progrès  réalisés  ;  dans  la  ;construction  des  ins- 
truments, les  observatoires  se  multiplièrent.  En  ItaUe,  les 
grandes  congrégations  religieuses  en  dotèrent  leurs  col- 
lèges. Puis  toutes  les  capitales,  toutes  les  grandes  villes 
universitaires  voulurent  avoir  le  leur ,  et  on  en  vit 
tour  à  tour  surgir  à  Dantzig  (1641),  à. Paris  (1667),  à 
Greenwich  (1675),  à  Nuremberg  (1678),  à  Berlin  (1706), 
à  Saint-Pétersbourg  (1725),  à  Gœttingue  (1734),  k 
Vienne  (1758),  à  Palerme  (1787),  etc.  A  Paris  seulement, 
il  y  avait,  à  la  fin  du  xviii^  siècle,  une  dizaine  d'observa- 
toires :  le  grand  observatoire,  ou  observatoire  national, 
ou  encore  observatoire  de  l'Académie  des  sciences,  qui  a 
seul  subsisté  ;  l'observatoire  de  l'Ecole  militaire,  où  tra- 
vaillèrent les  Lalande  ;  l'observatoire  du  Luxembourg,; 
l'observatoire  de  la  Marine,  à  l'hôtel  Cluny,  qui  eut  pour 
directeur  Messier  ;  celui  de  Lemonnier,  rue  Saint-Honoré  ; 
celui  de  Delambre,  rue  de  Paradis  ;  l'observatoire  de  Sainte- 
Geneviève,  dans  les  bâtiments  actuels  du  lycée  Henri  lY, 
avej&k  l'abbé  Pingre  ;  l'observatoire  du  collège  Mazarin, 
fondé  par  Lacaille,  etc.  La  situation  était,  proportions 
gardées,  à  peu  près  la  même  en  province  et  dans  les  autres 
pays  d'Europe.  Dans  les  contrées  lointaines,  au  S.  de 
l'Afrique,  aux  Indes,  en  Australie,  l'Angleterre  créa  vers  le 
même  temps  de  nombreuses  stations,  où  elle  envoya  ses 
meiliears  astronomes.  Ce  fut  enfin  le  tour  des  Etats-Unis, 
qui  ont  eu,  depuis  un  demi-siècle,  une  part  très  grande 
dans  les  progrès  de  l'astronomie  pratique. 

De  nos  jours,  la  tendance  est  à  la  limitation  du  nombre 
des  observatoires,  au  profit  du  développement  et  de  l'amé- 
nagement de  ceux  qui  sont  conservés  ou  qu'on  construit 
nouvellement.  Comme  d'ailleurs  les  images  fournies  par 
les  instruments  sont  d'autant  plus  nettes  que  l'atmosphère 


est  plus  pure  et  qu'il  y  a  intérêt  à  pouvoir  embrasser 
un  horizon  très  étendu,  on  recherche  de  préférence  les 
endroits  élevés  et  éloignés  des  habitations.*  Les  trépi- 
dations doivent  aussi  être  évitées  et,  conséquemment,  le 
voisinage  immédiat  des  lignes  de  chemins  de  fer.  Enfin, 
on  disperse  le  plus  possible  les  observatoires,  afin  d'avoir 
des  observations  sous  toutes  les  latitudes.  La  mission  prin- 
cipale d'un  grand  observatoire  astronomique  est  la  déter- 
mination de  la  position  précise  des  astres,  étoiles  et  pla- 
nètes, par  l'observation  de  leurs  passages.  On  s'y  occupe 
aussi,  mais  subsidiairement,  de  la  recherche  de  planètes 
nouvelles  ou  de  comètes,  de  l'étude  de  la  constitution 
physique  des  astres,  d'analyse  spectrale,  de  mesure  d'étoiles 
doubles,  etc.  ;  mais  ce  sont  là,  nous  le  répétons,  des  tra- 
vaux en  quelque  sorte  extraordinaires,  qui  nécessitent  des 
services  spéciaux  et  qu'on  poursuit  le  plus  souvent  dans 
des  observatoires  spéciaux  ;  il  s'est  ainsi  créé  des  observa- 
toires d'astronomie  physique,  de  spectroscopie  céleste,  etc. 
D'autre  part,  la  photographie  céleste,  qui  a  pris  dans  ces 
derniers  temps  une  grande  extension,  a  nécessité,  elle 
aussi,  l'installation  de  nouveaux  services,  et  tous  les  grands 
observatoires  sont  aujourd'hui  organisés  de  façon  à  pou- 
voir concourir  à  la  confection  de  la  carte  du  ciel. 

Les  principaux  instruments  dont  doivent  être  munis  les 
établissements  de  premier  ordre  sont  :  le  cercle  méridien 
(V.  Cercle,  t.  X,  p.  8),  Véquatorial  (V.  ce  mot)  et  le 
télescope  (V.  ce  mot),  tous  trois  pouvant  recevoir,  du 
reste,  des  appareils  de  spectroscopie  et  de  photographie 
célestes.  Des  héfiomètres,  des  altazimuts,  de  petites 
lunettes,  d'excellents  chronomètres,  des  •  appareils  enre- 
gistreurs complètent  l'outillage.  Les  plus  grands  instru- 
ments reposent  sur  des  piliers  de  pierre  a  fondations 
profondes  et  indépendantes.  De  grandes  ouvertures  sont 
pratiquées  suivant  le  plan  de  la  méridienne,  dans  les  sens 
vertical  et  horizontal,  c.-à-d.  du  haut  en  bas  des  murs 
et  au  plafond  des  salles,  pour  les  instruments  de  pas- 
sage. Les  équatoriaux,  les  héhomètres,  les  altazimuts 
sont  placés  au  sommet  de  tours,  dans  des  coupoles 
tournantes,  ce  qui  permet  l'observation  dans  toutes  les 
directions.  Enfin  on  ménage,  en  général,  une  terrasse  pour 
la  recherche  des  comètes  et  pour  les  observations  en  plein 
air. 

Le  nombre  des  observatoires  astronomiques  actuellement 
existants  est  de  300  environ,  dont  130  datent  des  siècles 
précédents  et  dont  une  vingtaine  à  peine  sont  situés  dans 
l'hémisphère  austral.  Le  tableau  de  la  page  suivante  en 
donne  la  liste  pour  la  France  et,  pour  les  autres  pays,  les 
noms  des  plus  importants,  avec  l'indication  de  la  latitude 
(en  degrés) ,  de  la  longitude  (en  temps)  et  de  la  différence  AO 
entre  le  temps  sidéraLlocal  à  midi  moyen  et  le  temps  sidéral 
à  midi  de  Paris. 

Des  neuf  observatoires  français  mentionnés  dans  ce 
tableau,  et  qui  ont  tous  été  construits  ou  transfoimés, 
sauf  celui  de  Paris,  postérieurement  à  1867,  huit  seule- 
ment appartiennent  à  l'Etat,  celui  de  Nice  (V.  ci-après) 
étant  un  établissement  particuher.  Celui  de  Meudon  est 
spécialement  consacré  à  l'astronomie  physique  ;  celui  de 
Besançon  est  plutôt  chronométrique.  Ce  dernier  est,  en  oui  re, 
de  même  que  ceux  de  Bordeaux  et  de  Lyon,  en  même 
temps  météorologique.  A  signaler  encore  les  observatoires 
de  la  marine  de  Toulon  et  de  Brest  et  une  trentaine  d'ob- 
servatoires privés,  d'importance  moindre,  notamment  l'ob- 
servatoire de  Juvisy,  fondé  en  1882  et  dirigé  par  M.  Camille 
Flammarion.  —  Comme  observatoire  astronomique  de 
montagne,  on  ne  peut  guère  citer,  en  France,  que  la 
station  établie  au  sommet  du  mont  Blanc  (4.810  m.)  par 
M.  Janssen.  C'est  le  point  le  plus  élevé  où  l'on  ait  pra- 
tiqué des  observations  astronomiques  ;  mais  l'instalkition 
se  réduit  à  un  simple  édicule  et  l'on  n'y  peut  opérer  que 
l'été.  L'observatoire  du  mont  Hamilton,  en  Californie,  est 
à  une  altitude  beaucoup  moindre  :  1.480  m.;  par  contre, 
il  est  l'un  des  mieux  aménagés  et  des  plus  richement  do- 
tés comme  instruments.  Les  observatoires  astronomiques 


OBSERVATOIRE 


—  190  — 


de  Nice,  de  Strasbourg  et  du  mont  Hamillon  peuvent  être 
considérés  en  effet,  à  l'heure  actuelle,  comme  les  premiers 
du  monde.  De  même,  l'observatoire  d'astronomie  physique 
de  Potsdam  est  le  modèle  du  genre.  ^Quelques  renseigne- 
ments sur  chacun  de  ces  quatre  observatoires  sont  indis- 
pensables. Nous  les  ferons  précéder  d'un  rapide  historique 
et  d'une  description  sommaire  de  celui  de  Paris,  demeuré,  à 
plus  d'un  titre,  le  plus  célèbre. 

OBSERVATOIRES   FRANÇAIS   ET   PRINCIPAUX   OBSERVATOIRES 
ÉTRANGERS 


OBSERVATOIRE 


France 

Paris ♦ 

Nice 

Marseille 

Toulouse.,..,.. 
Meudon...,.,.» 

Lyon 

Bordeaux 

Besancon.., ., . 
Alger 

Angleterre 

Greenwich 

Cambridge 

Allemagne 

Berlin 

Leipzig 

Bonn 

Strasbourg 

Gotha.. 

Potsdam., 

Kœnlgsbci'g-.... 

Autriche 
Vienne , 

Italie 

Palerme 

Russie 

Poulkova 

Dorpat 

Afrique 
Le  Cap 

Amérique 
Mont-Hamilton. 
Cambridge  (Har- 
vard) . , 

Washington . , 
Ri  o-de- Janeiro 

Ocêanie 
Melbourne. . .. 


LATITUDE  JLONGITUDE 

(en  degrés  (en  temps) 


48'>50'11"N. 
43  43  11  N. 
43  18  19  N. 

43  36  45  N. 
48  48  18  N. 
45  41  41  N. 

44  50  7  N. 
47  14  50  N. 
36  47  50  N. 


51  28  38  N. 
5'2  12  52  N. 


52  30  17  N. 

51  20  6  N. 
50  43  45  N, 
4S  35  0  N, 

50  56  36  N, 

52  22  56  N 

51  42  50  N, 


48  13  55  N. 
38  6  46  N 


59  46  19  N 

58  22  47  N. 


33  56  3  S. 


0^  Oi 
0  19 
0  12 
0  3 
0  0 
0  9 
0  11 
0  11 
0  2 


37  20  24  N. 

42  22  48  N. 

38  53  15  N. 
22  54  24  S. 


37  49  53  S 


0  44 
0  40 
0  19 
0  21 
0  33 

0  42 

1  12 


t  0* 
51  E. 
14  E. 
310. 

25  0. 
48  E. 

26  0. 
36  E. 
48  E. 


210. 
58  0. 


14  E 

13  E. 

2E 

44  E 

30  E 
55  E. 

38  E, 


t 


0%00 
3  ,26 
2  ,01 
0  ,58 

0  ,07 

1  ,61 

1  .88 

2  ;40 
0  ,46 


-f  1  ,53 

+  1,47 


0  56 
0  44 


1  51 
1  37 


lE 
5E. 


58  E, 
32  E, 


1  4  34  E 


8  15  56  O. 


4  53 

5  17 
3  2 


52  0. 
37  0. 
2  0. 


9  30  33  E. 


Ao 


André. 
Ray«t 
Gruey, 
TrépieJ. 


Cbristie. 
Bail. 


-  7 


,27 
6  ,61 
3  .13 
3  ,57 

6  ,59 

7  ,05 
11  ,93 

9  ,20 

7  ,24 


- 18  .39 
-16  ,02 


-10  ,61 


DIRECTEUR 
actuel 


Lœwy. 

Stephan^ 
Biillaud. 


Porster, 
Bruns. 
Kustner. 
E.  Becker. 

)) 
Vogel. 
H.  Struva. 


Baeklund. 
Lewitzky. 


+  81  ,47Holdea. 

-{-48  ,27iPeoîcermg. 
4-52  ,18  Harckness. 
+  29  ,90cruls. 


-93  ,73'£llery. 


Commencé,  nous  l'avons  déjà  dit,  dès  1667,  sous  l'in- 
fluence de  Colbert  et  d'après  les  plans  de  l'architecte  Per- 
rault, V Observatoire  de  Paris,  dont  la  construction  exigea 
à  peine  cinq  ans,  fut  terminé  en  1672.  Cassîni  protesta 
tout  de  suite  contre  son  aménagement,  qui  ne  répondait 
pas  à  sa  destination  ;  mais  Louis  XIV  ordonna  qu'on  n'y 
changeât  rien.  Il  est,  du  reste,  encore  tel  quel.  Il  a  la 
forme  d'un  rectangle,  dont  chacun  des  côtés  correspond 
aux  quatre  points  cardinaux,  la  façade  principale,  qui  ter- 
mine l'avenue  de  l'Observatoire,  au  S.  dujardin  du  Luxem- 
bourg, regardant  exactement  ie  N.  Aux  deux  angles  s'élè- 
vent des  pavillons  octogones,  surmontés  de  coupoles  ;  entre 
elles  règne  une  terrasse  dont  le  milieu  est  occupé  par  un 
observatoire  minuscule  de  trois  petites  coupoles.  L'en- 
semble de  Fédifice,  qui  est  tout  en  pierre  et  qui  forme  deux 
étagtîs,  le  dernier  beaucoup  plus  élevé,  a  une  hauteur  totale 
de  27  m.  C'estégalement  la  profondeur  des  fondations,  qui 
recèlent  des  caves  à  température  constante  (-f- 12°  C),  où 
sont  conservés  depuis  1671,  à  l'abri  de  l'influence  de  la 


chaleur  solaire,  des  thermomètres-types.  Le  bâtiment  lui" 
même  est,  aujourd'hui,  plutôt  un  musée  qu'un  observatoire^ 
Dans  la  grande  salle  centrale  du  deuxième  étage,  ornée 
des  bustes  des  plus  illustres  astronomes  et  meublée  d'an- 
ciens instruments,  est  incrustée  en  cuivre,  sur  le  pavé  dallé, 
la  ligne  méridienne.  Les  autres  pièces  sont  affectées  à  di- 
vers usages,  notamment  à  la  bibliothèque  et  aux  services 
de  l'administration.  Sur  la  terrasse  et  dans  les  coupoles 
des  tourelles  se  trouvent  des  instruments  météorologiques, 
le  célèbre  cercle  répétiteur  deReichenbach,  unpetitéqua- 
torial  de  Gambey  et  deux  fortes  lunettes,  de  5  m.  et  de  9  m. 
Toute  l'activité  est,  de  fait,  concentrée  dans  les  ailes  et  dans 
les  nombreuses  annexes  du  jardin.  Les  ailes,  très  basses, 
sont  au  nombre  de  deux,  l'une  àl'E.,  l'autre  à l'O.  Edifiées 
en  1834,  elles  renferment  :  la  première,  dont  les  faces  N.  et 
S.  et  le  toit  sont  fendus  comme  par  trois  énormes  traits  de 
scie,  le  cercle  méridien,  une  ancienne  lunette  méridienne 
et  un  cercle  mural,  ces  deux  derniers  désormais  sans  uti- 
lité ;  la  deuxième,  un  amphithéâtre  de  800  personnes,  oii 
professa  Arago.  Dans  le  jardin,  absolument  encombré, 
quoique  assez  vaste,  s'élèvent  plusieurs  coupoles  et  autres 
constructions  abritant  des  équatoriaux,  parmi  lesquels  le 
bel  équatorial  du  système  coudé,  dû  à  M.  Lœwy  (0"'\60 
d'ouverture),  et  l'appareil  photographique  de  M.  M.  Henry 
(0*^,33  d'ouverture),  un  nouveau  cercle  méridien,  des  ap- 
pareils divers,  enfin  le  télescope  colossal  de  7 "^,30  de 
hauteur  et  de  1"^,20  de  diamètre.  Il  est  l'un  des  plus 
grands  qui  existent,  mais  non  l'un  des  meilleurs,  car  son 
diamètre  utile  se  trouve  souvent  réduit,  par  suite  de  la 
taille  défectueuse  de  ses  bords,  à  moins  de  75  centim. 
D'ailleurs,  la  situation  même  de  l'établissement  au  milieu 
des  brumes  de  la  capitale  et  dans  le  voisinage  d'une  ligne 
de  chemins  de  fer  s'oppose  à  toute  observation  rigou- 
reusement précise. 

L'observatoire  de  Paris  a  eu  successivement  pour  di- 
recteurs: Dominique  Cassini,  Jacques  Cassini,  César-Fran- 
çois Cassini,  Lalande,  Bouvard,  Arago,  Leverrier  (l^^fois), 
Delaunay,  Leverrier  (2®  fois).  Mouchez,  Tisserand,  et, 
depuis  1896,  M.  Lœwy.  Placé  jusqu'à  la  Révolution  dans 
la  dépendance  de  l'Académie  des  sciences,  qui  y  installait 
ses  astronomes,  puis,  jusqu'en  1854,  dans  celle  du  Bu- 
reau des  longitudes  (V.  Bureau,  t.  VIII,  p.  457),  qui 
nommait  son  directeur,  il  fut,  durant  les  quinze  années 
qui  suivirent,  affranchi  de  cette  tutelle,  mais  pour  y  re- 
tomber en  1868,  à  la  suite  des  réclamations  que  souleva 
l'administration  de  Leverrier.  Les  décrets  des  13  févr. 
1873  et  21  févr.  1878  lui  ont  donné  son  organisation 
actuelle,  qui  est  aussi  celle  des  observatoires  de  province. 
Le  personnel  scientifique  comprend,  outre  un  directeur  et 
un  sous-directeur,  des  astronomes  titulaires,  des  astro- 
nomes adjoints,  des  aides --astronomes,  tous  nommés  par 
le  ministre  de  l'instruction -publique.  Le  directeur,  assisté 
d'un  conseil  de  12  membres,  administre  rétablissement,  sans 
intervention  du  Bureau  des  longitudes,  dirige  le  service  scien- 
tifique, pourvoit  au  service  intérieur  et  est  exclusivement 
chargé  de  la  correspondance,  ainsi  que  de  la  publication  du 
résultat  des  travaux.  Un  arrêté  du  31  oct.  1879  a  régle- 
menté en  outre  l'admission  des  élèves-astronomes.  Pris, 
sur  la  proposition  du  directeur  de  l'observatoire,  parmi 
les  anciens  élèves  de  l'Ecole  normale  et  de  l'Ecole  poly- 
technique et  parmi  les  licenciés  es  sciences  mathématiques 
âgés  de  vingt-cinq  ans  au  plus,  ils  passent  dans  l'établis- 
sement deux  années,  durant  lesquelles  ils  sont  successive- 
ment astreints  au  service  des  calculs,  au  sei^vicedu  méri- 
dien, auservice  des  équatoriaux  et  au  service  d'astronomie 
physique.  Ils  sont  nommés  ensuite,  au  fur  et  à  mesure 
des  vacances,  aides-astronomes  dans  un  observatoire  de 
l'Etat.  Il  y  a  enfin  des  élèves  libres,  agréés  par  le  direc- 
teur. Quant  au  personnel  administratif,  il  se  compose  d'un 
secrétaire-agent  comptable,  d'employés  de  bureaux  et  de 
calculateurs.  L'observatoire  de  Paris  a  poursuivi  sans  in- 
terruption, depuis  le  1^^  janv.  1837,  ses  observations  de 
Chaque  année,   son  service  de  calculs  publie 


-  191  -- 


OBSERVATOIRE 


un  volume  d'Observations  (aim.  1858  et  s.),  ([ui  consti- 
tuent avec  les  Mémoires  (ann.  4855  et  s.),  dont  la  publi- 
cation est  moins  régulière,  les  Annales  de  l'observatoire 
de  Paris.  L'observatoire  fait  paraître,  en  outre,  un  Bul- 
letin astronomique  mensuel  et  il  travaille  à  un  grand 
catalogue  d'étoiles. 

L'observatoire  de  Nice  s'élève  à  378  m.  au-dessus  de 
la  mer,  sur  le  mont'  Gros,  à  1  heure  et  demie  au  N.-E.  de 
la  ville.{route  de  la  Corniche) .  Dû  entièrement  à  la  générosité 
de  M.  Bischoffsheim,  le  banquier  parisien  bien  connu,  qui  y  a 
consacré  près  de  5  millions  de  fr.,  il  a  été  commencé  en 
1884,  sur  les  plans  de  l'architecte  Charles  Garnier,  et  ter- 
miné en  4887.  Il  comprend  huit  pavillons  isolés  et  de  di- 
mensions différentes,  mais  tous  magnifiquement  installés. 
Celui  du  grand  équatorial  possède  l'une  des  trois  plus 
puissantes  lunettes  du  monde  (les  deux  autres  sont  à  l'ob- 
servatoire du  mont  Hamilton  et  à  celui  de  Poulkova)  : 
elle  n'a  pas  moins  de  48  m.  de  distance  focale  et  sa  len- 
tille, de  77  centim.  de  diamètre,  a  coûté,  à  elle  seule, 
une  centaine  de  mille  francs.  Elle  est  placée  sous  une  cou- 
pole de  22"^, 50  de  diamètre  intérieur,  qui,  au  lieu  de  rou- 
ler sur  des  galets,  se  termine,  à  sa  base,  par  un  flotteur 
annulaire  de  4^^,50  de  profondeur  et  de  0"^,95  de  largeur, 
plongeant  dans  une  cuve  également  annulaire  et  rem- 
plie d'un  liquide  incongelable  (eau  et  glycérine,  chlorure 
de  magij^sium,  etc.).  Cette  disposition,  réalisée  par  l'in- 
génieur Eiffel  et  appliquée  là  pour  la  première  fois,  per- 
met de  déplacer  très  aisément,  avec  un  contrepoids  de 
3  kilogr.,  l'énorme  masse  de  95.000  kilogr.  que  repré- 
sente tout  le  système.  Les  autres  instruments  de  l'obser- 
vatoire sont  :  un  équatorial  de  38  centim.  d'ouverture  et 
de  7  m.  de  distance  focale,  un  équatorial  coudé,  un  grand 
cercle  méridien  de  20  centim.  d'ouverture  et  de  3 "^,20 
de  distance  fo(;ale,  des  instruments  de  passage  portatifs, 
dés  lunettes  photographiques,  des  appareils  de  spectros- 
copie  et  toute  une  série  d'instruments  de  moindre  impor- 
tance. L'observatoire  de  Nice  a,  en  outre,  une  station 
annexe  au  mont  Monnier,  près  de  la  frontière  italienne,  à 
2.7-40  m.  d'alt.  Son  personnel,  peu  nombreux,  est  payé 
au  moyen  des  subventions  fouroies  par  son  fondateur. 

Le  nouvel  observatoire  de  Strasbourg,  qui  a  été  inau- 
guré en  4881 ,  est  une  dépendance  de  l'université.  Il  se 
compose  de  trois  bâtiments  distincts,  mais  reliés  par  des 
allées  couvertes  :  l'un  affecté  à  l'administration,  les  deux 
autres  aux  instruments.  Le  principal  est  une  tour  à  cou- 
pole, qui  s'élève  à  25  m.  au-dessus  du  sol  et  qui  a  44  m. 
de  diamètre.  Il  abrite  le  grand  réfracteur  de  Repsold, 
qui  est  monté,  afin  de  le  soustraire  aux  vibrations,  sur  un 
pied  en  fonte  de  4  m.  de  hauteur  et  dont  l'objectif  a 
43 '^«, 7  de  diamètre  et  7  m,  de  distance  focale.  Un  méca- 
nisme d'horlogerie  le  fait  mouvoir  autour  de  l'axe  des 
heures  de  façon  à  permettre  l'observation  continue  d'une 
étoile,  et  contre  la  paroi  de  la  salle  règne  une  galerie  semi- 
circulaire,  pour  l'observateur.  Le  même  bâtiment  contient 
encore  la  bibliothèque,  une  salle  de  conférences,  et,  au 
centre,  des  chambres  voûtées  à  température  constante  pour 
le  logement  des  chronomètres.  L'autre  pavillon  d'obser- 
vations comprend  :  4^  la  salle  méridienne,  avec  un  cercle 
méridien  de  Repsold,  de  0'»,46  d'ouverture  et  4 ^",09  de 
distance  focale  ;  2°  la  salle  des  passages,  immédiatement 
contiguë,  avec  un  vieil  instrument  de  passage  de  Cauchoix 
et  deux  nouveaux  instruments  de  passage  portatifs  de  Rep- 
sold et  de  Bamberg  ;  2^  reliées  par  une  galerie,  deux  tours  à 
coupoles  tournantes  de  20  m.  de  hauteur,  renfermant, 
celle  du  N.  un  altazimut  avec  une  lunette  de  43^"\6  d'ou- 
verture, celle  du  S.  une  lunette  de  recherches  de  6  pouces. 

L'observatoire  du  mont  Hamilton^  en  Californie, 
appelé  encore  du  nom  du  riche  américain  qui  a  pourvu 
aux  frais  de  sa  construction,  observatoire  Lick,  est  le 
plus  élevé  et  le  dernier  construit  des  grands  observatoires 
astronamiques  :  il  est,  en  effet,  à  4.480  m.  d'alt.  et  il  a 
été  inauguré  en  4888.  Son  principal  instrument  est  un 
réfracteur  muni  d'un  objectif  de  Clark,  de  94"^^, 5  d'ou- 


verture et  de  17  m.  de  distance  focale.  C'est  la  lunette  la 
plus  grande  et  la  plus  puissante  qui  existe.  Elle  est  placée  sous 
une  coupole  du  poids  de  90.000  kilogr. ,  qui  est  mise  en  mou- 
vement au  moyen  d'un  appareil  hydrauhque.  Elle  a  donné 
d'excellents  résultats,  non  seulement  pour  les  observations 
directes,  mais  aussi  pour  la  photographie  céleste  et  pour  la 
spectroscopie.  Le  directeur,  M.  Holden,  a  notamment  obtenu, 
avec  elle,  d'admirables  clichés  de  la  Lune.  Les  autres  grands 
instruments  de  l'observatoire  Lick  sont  :  deux  équatoriaux 
de  12  et  de  6  pouces,  un  cercle  méridien  de  6  pouces  et 
demi,  un  réflecteur  de  3  pieds.  Ils  occupent,  comme 
dans  tous  les  nouveaux  observatoires,  des  pavillons  isolés. 

V observatoire  de  Potsdam,  bâti  sur  la  montagne  du 
Télégraphe,  près  de  la  ville,  est  spécialement  consacré, 
comme  notre  observatoire  de  Meudon,  à  l'astronomie  phy- 
sique. Doté  de  tous  les  derniers  perfectionnements  et 
pourvu  des  meilleurs  instruments,  il  possède  notamment 
un  appareil  photographique,  dont  la  lunette  optique  a 
50  centim.  d'ouverture  et  12"\5  de  distance  focale  et  qui 
a  lui-même  un  objectif  de  80  centim.  d'ouverture  et  de  12  m. 
de  distance  focale.  Dans  des  tours  à  coupole  sont  un  grand 
réfracteur  de  29^"% 8  d'ouverture,  pour  les  observations  as- 
tronomiques, un  autre,  de  20^^^, 3,  employé  surtout  pour  la 
photométrie  céleste,  un  photomètre  de  Wanschaff.  Un  ob- 
servatoire météorologique,  des  laboratoires  de  physique, 
de  chimie,  d'optique,  de  photographie,  complètent  l'ins- 
tallation. L.  S. 

IL  Météorologie.  —  D'une  installation  moins  com- 
pliquée et  moins  dispendieuse  que  celle  des  observatoires 
astronomiques,  les  observatoires  météorologiques  n'ont  en 
vue  que  l'étude  de  la  météorologie  et  de  la  physique  du 
globe.  Il  y  en  a  de  premier  et  de  second  ordre,  "^selon  que 
leur  outillage  est  plus  ou  moins  complet  ;  au-dessous 
viennent  les  simples  stations,  qui  font  moins  d'observa- 
tions par  jour,  et  cela  sur  un  nombre  restreint  d'instru- 
ments. En  général,  un  observatoire,  ou  une  station  mé- 
téorologique, est  pourvu  des  instruments  suivants  :  baro- 
mètres, thermomètres  et  psychromètres,  à  lecture  directe 
et  enregistreurs,  pluviomètres  (décuplateur,  totaKsa- 
teur,  etc.),  héUographe,  magnétographe,  anémomètres.  — 
L'énumération  de  tous  les  observatoires  météorologiques 
serait  trop  longue  :  il  en  existe  dans  toutes  les  capitales  et 
dans  beaucoup  de  villes  secondaires.  Les  renseignements 
à  leur  sujet  sont  d'ailleurs  assez  faciles  à  obtenir.  Nous 
nous  occuperons  seulement  des  principaux  observatoires 
français,  des  observatoires  de  montagne  et  des  observa- 
toires des  pays  peu  connus. 

Les  observatoires  météorologiques  appartenant  â  l'Etat 
sont,  en  France,  outre  le  Bureau  central  météorologique 
(V.  Bureau,  t.  VIII,  p.  457),  dont  dépend  l'observatoire 
du  Pai^c-Saint-Maur,  et  les  observatoires  de  Besançon,  de 
Bordeaux  et  de  Lyon,  en  même  temps  astronomiques 
(V.  ci-dessus),  ceux  du  Puy-de-Dôme,  du  pic  du  Midi  de 
Bigorre,  du  Petit-Port,  à  Nantes,  et  de  Perpignan.  La  ville 
de  Paris  possède,  de  son  côté,  l'observatoire  du  parc 
Montsouris,  qui  a  une  annexe  à  la  tour  Saint- Jacques.  — 
\S observatoire  du  Puy-de-Dôme,  qui  rentre,  de  même  que 
le  suivant  et  que  l'observatoire  Vallot,  dans  la  catégorie  des 
observatoires  de  montagne  (V.  ci-après),  a  été  crée  par  dé- 
cret du  29  déc.  1871,  sur  l'initiative  de  M.  Alluard,  pro- 
fessem^  à  la  faculté  des  sciences  de  Clermont-Ferrand.  Les 
travaux  ont  été  commencés  en  1873;  ils  ont  duré  quatre 
ans.  Admirablement  situé,  à  1.467  m.  d'alt.,  l'observa- 
toire se  compose  d'une  tour  ronde,  au  point  culminant,  d'un 
bâtiment  d'habitation,  à  15  m.  au-dessous,  et  d'une  galerie 
souterraine,  qui  les  relie.  Il  est  en  communication  constante 
avec  la  station  de  la  faculté  des  sciences  de  Clermont.  — 
V observatoire  du  pic  du  Midi,  qui  a  remplacé  en  1881 
la  station  établie  par  Nansouty  à  Sencours  et  qui  appar- 
tient depuis  1882  à  l'Etat  (V.'  Nansouty),  est  à  l'ait,  de 
2.859  m.,  sur  un  rocher  isolé,  à  quelques  kilomètres  au 
N.  de  la  crête  des  Pyrénées.  Pendant  six  mois  de  l'année, 
les  communications  se  trouvent  interceptées  par  la  neige. 


OBSERVATOIRE  ---  OBSESSION  ^  192 

et  ii  a  failli  prendre  des  dispositions  spéciales  pour  Tliiver- 
nage.  Le  bâtiment  d'habitation,  qui  a  ses  ouvertures  au  midi, 
renferme  donc,  outre. les  chambres,  des  magasins  d'appro- 
visionnement .11  communique  par  un  tunnel  avec  une  pièce 
circulaire  voûtée  oii  sont  installés  les  appareils  magné- 
tiques, le  baromètre,  etc.  Des  stations  annexes  sont  .établies 
au  lac  d'Oredon  (1.900  m.),  à  Barèges  (1.230  m.),  etc. 
—  \j  observatoire, du  Parc  Montsouris,  à  Paris,  est  ins- 
tallé dans  un  pavillon  en  bois  qui  est  une,  reproduction  du 
Bardo  (palais  du  bey  de  Tunis)  et  qui  a  figuré  à  l'Expositioji 
universelle  de  1867.  Dirigé  d'abord  •  par  Sainte-Claii'e- 
Deville,  et,  après  qu'un  décret  du  13  févr.  1873  en  eût 
fait  un  établissement  municipal,  par  Marié-Davy,  il  com- 
prend un  service  météorologique,  un  service  chimique  et 
un  service  micrographique.  —  V observatoire  Vallot,  qui 
a  été  construit  par  M.  Vallot  et  qui  est  demeuré  sa  pro- 
priété, est  sur  la  pente  française  du  mont  Blanc,  au  rocher 
des  Bosses  (4.365  m.).  M.  Vallot  avait,  en  1887,  établi 
au  sommet  même,  à  4.810  m.,  un  poste  d'instruments, 
remplacé  aujourd'hui  par  la  station  astronomique  de 
M.  Janssen.  L'observatoire  actuel  a  été  édifié  en  1890  et 
agrandi  en  1892.  Il  se  compose  de  8  pièces  :  4  chambres 
d'observation,  1  chambre  à  coucher,  1  cuisine,  1  salle  de 
provisions  et  1  chambre  pour  les  guides.  Un  refuge  de 
2  pièces  y  a  été  annexé,  pour  les  ascensionnistes,  avec 
lits,  couvertures  et  fourneau  à  pétrole.  Il  va,  du  reste, 
être  transporté  à  quelque  distance,  dans  une  situation 
plus  favorable. 

Les  observatoires  de  montagne,  qui  deviennent  de 
plus  en  plus  nombreux,  feront  connaître  les  mouvements 
des  couches  moyennes  de  l'atmosphère.  Voici  la  liste  des 
plus  importants  en  Europe  et  dans  l'Amérique  du  Nord  : 

En  Europe  : 

Altitude 

Hohenpeissenberg  (Bavière) 994  m. 

Brocken  (Mont,  du  Harz) 1.141  — 

CTlatzer-Schneeberg  (Prusse) '  1 .210  — 

Ballon  de  Servance  (Haute-Saône) 1 .216  — 

Briançon  (Hautes-Alpes) 1 .298  — 

Vésuve  (Italie) 1 .300  — 

Ben-iNevis  (Ecosse) 1 .  342  ■— 

Schneegruben-Baude  (Prusse) 1 ,425  — 

Puy-de-Dôme  (Auvergne) 1 .  467  — 

Aïgoual  (Cévennes) 1 .  567  — 

Schneekoppe  (Allemagne) 1 .  599  — 

Schaffberg  (Autriche) 1 .  776  — ■ 

Righi-Kulm  (Suisse) " 1 .790  — 

Wendelstein  (Bavière) 1 .  837  — 

Mont  Ventoux  (Vaucluse) 1 .  900  — 

Schmcttenhôhe  (Autriche) 1 .935  — 

Hospice  du  Saint-Gothard  (Suisse). 2.100  — 

Hoch-Obir  (Carinthie) 2 .  148  — 

Petit  Saint-Bernard  (Italie) 2.160  •— 

Monte  Cimone  (Italie) 2.167  — 

Grand  Saint-Bernard  (Suisse) 2.478  — 

Sântis  (Suisse) • 2.500  — 

Stelvio  (Italie) 2.543  — 

Valdobbia  (Italie) 2.548  — 

Pic  du  Midi  de  Bigorre  (Pyrénées) 2.859  — 

Etna  (Sicile) 2.950  — 

SonnbUck  (près  Salzbourg,  Autriche) 3.095  — 

Col  de  Saint-Tliéodule  (Suisse) 3 .  330  — 

Rocher  des  Bosses  (Mont-Blanc) 4 .  365  •— 

Elbrouz  (Caucase) 5 .  636  — 

Da7%s  VAméru[ue  du  No7'd  : 

Mont  Washington  (Massachusetts) 1 .915  m. 

Pike's  Peak  (Colorado) 4.308  — 

En  Afrique,  les  stations  sont  assez  nombreuses  sur  la 
Méditerranée  ;  en  Asie,  la  Sibérie  est  assez  bien  pour- 
vue, puis  l'Inde,  puis  la  Chine  (obs.  deZi-Ka-Wei).  L'Aus- 
tralie possède  déjà  un  réseau  assez  complet,  avec  service 


journalier  de  prévision  du  temps  ;  l'observatoire  Elagstatt 
y  a  été  organisé  par  Neumayer.  Dans  l'Amérique  du  Sud, 
les  pays  qui  ont  un  bureau  central  météorologique  sont  : 
le  Chili,  à  Santiago,  ait.  520  m.  ;  le  Pérou,  à  Arequipa, 
ait.  2.489  m.;  avec  plusieurs  stations  élevées  :  l'une,  au 
sommet  du  volcan  ElMisti,  ait.  5. 856, m.;  une  autre,  au 
lac  Titicaca,  ait.  3.824  m.  ;  la  République  Argentine,  à 
Cordoba,  et  d'autres  observatoires  à  La  Plata,-à  Buenos 
Aires,  etc.  ;  l'Uruguay,  à  Villa  Colon  ;  le  Brésil,  à  Rio  de 
Janeiro,  sur  le  Morro  do  Castello.  Ces  divers  bureaux  pu- 
blient leurs  observations.  E.  Durand-Gréville. 

OBSESSION,  POSSESSION  (Démonologie) .  Parmi  les 
procédés  que  le  Diable  emploie  pour  séduire  les  hommes, 
les  soustraire  au  règne  de  Dieu  et  les  soumettre  à  son 
empire,  les  théologiens  et  les  démonologues  distinguent 
la  tentation,  V illusion,  V obsession  et  la  possession.  — 
L'homme  attaqué  par  la  Tentation  proprement  dite  jouit 
encore  de  son  libre  arbitre  ou,  du  moins,  de  la  part  que 
lui  en  ont  laissée  la  déchéance  originelle  et  l'infirmité  résul- 
tant de  ses  chutes  précédentes  ;  mais  il  n'y  a  en  lui  ou  hors 
d3  lui  presque  rien  que  le  Diable  ne  sache  utiliser  pour  le 
vaincre  et  pour  se  l'assujettir.  Les  promptitudes  et  les 
témérités  de  l'esprit,  les  faiblesses  et  les  convoitises  de  la 
chair,  les  affections  et  les  désirs  du  cœur,  la  crainte  et 
l'espérance,  les  souyenirs  et  les  regrets,  l'ignorance  et  la 
connaissance,  la  maladie  et  la  santé,  la  beauté  e^  la  lai- 
deur, la  richesse  et  la  pauvreté,  les  revers  et  les  succès, 
tout  devient  arme  aux  mains  du  Tentateur.  En  outre,  les 
prédispositions  funestes  qui  constituent  les  sept  vices  capi- 
taux :  Orgueil,  Envie,  Colère,  Avarice,   Gourmandise, 
Luxure  et  Paresse,  forment,  pour  ainsi  dire,  tout  autant  de 
provinces  occupées,  sous  la  direction  de  Satan,  par  des  lé- 
gions de  démons  aussi  actifs  qu'habiles  en  leur  spécialité. 
Contre  la  tentation,  l'Evangile  recommande  la  vigilance  et 
la  prière  (S.  Math.,  xxvi,  41):  l'ascétisme  catholique  y 
ajoute  le  jeûûe,  la  solitude,  le  silence  et  les  exercices  pré- 
ventifs ou  répressifs  de  mortification  ou  de  pénitence,  dont 
les  principaux  instruments  sont  le  cilice  (V.  ce  mot)  et 
le  fouet  en  ses  diverses  formes  (V.  Discipline,  Flagella- 
tion).— Entre  la  tentation  et  l'obsession  se  place  FIllusion. 
C'est  ordinairement  à  propos  des  illusions  nocturnes  que 
les  théologiens  s'occupent  de  cet  artifice  du  Diable.  Les  con- 
fesseurs les  plus  sévères  innocentent  ces  illusions-là,  lors- 
qu'elles n'ont  point  été  provoquées  durant  la  veille,  par 
ces  imprudences  et  ces  complaisances  du  souvenir,  ou  de 
l'imagination  que  les  casuistes  appellent  delectatio  mo- 
rosa.  —  Ce  qui  différencie  I'Obsession  de  la  possession, 
c'est  que  dans  l'obsession  le  Diable  agit  en  dehors  de 
l'homme,  tandis  que  dans  la  possession  il  agit  en  dedans. 
La  série  des  tentations  de  saint  Antoine  présente  plu- 
sieurs cas  bien  caractérisés  d'obsession.  D'autres  légendes, 
pareillement  canonisées  par  l'Eglise,  permettent  de  com- 
pléter rénumération  de  ce  que  les  démons  peuvent  et 
savent  entreprendre  pour  terroriser  ou  corrompre  les 
fidèles.  Elles  les  montrent  commandant  aux  éléments,  pour 
faire  gronder  le  tonnerre  et  tomber  la  foudre,  pour  dé- 
chaîner les  vents  et  soulever  les  flots,  pour  produire  tan- 
tôt des  paysagesravissants,  tantôt  des  précipices  épouvan- 
tables, tantôt  des  édifices  prodigieux,  tantôt  les  aliments 
les  plus  appétissants,  tantôt  les  concerts  les  plus  amoUis- 
sants  ou  les  cris  les  plus  affreux.  Les  démons  peuvent 
aussi  prendre  les  formes  de  tous  les  êtres  de  la  création, 
et  même  créer  et  revêtir  des  formes  fantastiques,  merveil- 
leusement terribles  ou  merveilleusement  belles,  suivant  le 
but  proposé.  Parmi  ces  créations,  les  théologiens  et  les 
démonologues  classent,  d'après  d'éminents  pères  de  l'Eglise, 
l'iNcuBisME  et  le  succuBisME.  Le  démon  qui  se  fait  incube 
prend  la  forme  d'un  homme,  pour  séduire  une  femme  et 
l'induire  au  péché.   A  l'inverse,  le  succube  se  présente 
sous  la  forme  d'une  femme,  pour  consommer  la  perdition 
d'un  homme.  Comme  moyens  de  résister  aux  obsessions, 
les  documents  que  nous  analysons  indiquent  le  signe  de  la 
croix  et  l'eau  bénite.  L'effet  de  ces  deux  moyens  est  tout. 


—  193 


OBSESSION  —  OBSIDIENNE 


puissant,  mais  Feau  bénite  semble  préférable.  Non  seu- 
lement elle  met  en  fuite  le  tentateur  ;  mais  elle  le  punit 
de  son  entreprise,  en  lui  infligeant  l'horrible  souffrance  que 
le  contact  de  cette  eau  fait  toujours  endurer  aux  démons. 
Les  formes  et  les  effets  de  la  possession  sont  très  divers  ; 
mais  tous  les  cas  présentent  un  caractère  commun  :  Tin- 
troduction  dans  le  corps  d'un  homme  d'un  ou  de  plusieurs 
démons,  qui  s'y  établissent,  s'emparent  des  membres,  des 
sens  et  de  l'esprit  de  cet  homme,  et  les  asservissent  à  l'ac- 
complissement de  leurs  volontés.  Au  gré  ou  suivant  la 
nature  du  diable  qui  le  domine,  le  possédé  devient  para- 
lytique, épileptique  ou  hystérique,  sourd,  muet  ou  aveugle; 
il  se  tord  ou  s'endort,  sourit  ou  grimace,  chante  ou  hurle, 
mais  ordinairement  blasphème  et  se  livre  à  des  paroles  et 
à  des  actions  fort  impures  et  fort  impies  ;  parfois  aussi  à 
des  manifestations  religieuses,  dans  lesquelles  cependant 
un  observateur  orthodoxe  peut  toujours  reconnaître  les 
inspirations  du  (Zèj'mon  te  hérésies.  Le  remède  spécifique 
contre  la  possession,  ou  plutôt  le  moyen  officiel  de  déh- 
vrance  pour  le  démoniaque,  c'est  I'exorcisme.  «  Les  chré- 
tiens, écrit  saint  Cyprien  {Traité  de  la  vanité  des  idoles) , 
conjurent  les  démons  au  nom  du  Dieu  vivant,  les  contrai- 
gnant de  quitter  le  corps  du  possédé,  de  hurler,  pleurer 
et  souffrir,  de  confesser  d'où  ils  viennent  et  de  s'enfuir.  » 
Ce  n'est  pas  seulement  du  corps  des  hommes  que  l'exor- 
cisme chasse  les  démons  ;  c'est  aussi  du  corps  des  ani- 
maux et  même  des  éléments  qui  composent  les  choses 
inanimées;  car  on  sait  que  toutes  les  parties  de  notre 
monde  sont  infestées  par  une  multitude  invisible  d'esprits 
malfaisants,  et  que  le  Diable  professe  une  prédilection 
marquée  pour  certains  animaux,  qu'il  associe  à  ses  malé- 
fices. Pour  les  hommes,  l'exorcisme  s'opère  suivant  un 
rituel  assez  compliqué.  Pour  les  animaux  et  les  choses  la 
cérémonie  est  plus  simple;  elle  consiste  :  l*^  à  supplier 
Dieu  de  faire  cesser  le  mal  ;  2**  à  sommer  le  démon,  de 
la  part  de  Dieu  et  en  vertu  de  la  puissance  qu'il  a  donnée 
à  son  Eghse,  de  quitter  le  corps  des  animaux  ou  les  lieux 
ou  les  choses  dont  il  abuse  pour  nuire  aux  hommes.  Des 
rites  spéciaux  sont  destinés  à  exorciser  les  éléments  dont 
l'Eglise  se  sert  pour  son  culte  :  Feau,  le  sel,  l'huile,  etc. 
Ces  dernières  opérations  constituent  Vexorcisme  ordi- 
naire; celles  dont  on  use  pour  délivrer  les  possédés,  pu- 
rifier les  choses  et  les  lieux  infestés,  écarter  les  orages, 
faire  périr  les  animaux  nuisibles,  etc.,  sont  appelées 
exorcismes  extraordinaires.  —  Primitivement,  le  pou- 
voir d'exorciser  était  reconnu  à  tous  les  chrétiens,  ensuite 
on  en  attribua  l'exercice  à  un  ministère  spécial,  qui  devint 
alors  très  actif,  celui  des  exorcistes.  Il  ne  figure  plus  au- 
jourd'hui que  dans  les  ordres  mineurs  (V.  Ordre)  et 
pour  le  titre  seulement,  titre  sans  emploi.  Les  prêtres 
eux-mêmes  ne  peuvent  exorciser  les'  personnes,  sinon 
avec  une  permission  deleurévêque.  Des  instructions  delà 
sacrée  Congrégation  du  Saint-Ofiice  (déc.  1700)  et  de  la 
sacrée  Congrégation  des  Evêques  et  Réguliers  (janv.  1713, 
sept.  1738,  juil.  1787)  prescrivent  les  règles  à  suivre  en 
ces  matières.  Elles  ont  été  écrites  à  l'occasion  des  troubles 
qui  agitaient  les  rehgieuses  de  l'Annonciation  (diocèse 
dlesi)  ;  de  deux  novices  d'un  couvent  de  Frésingue  misé- 
rablement molestées  par  le  Malin  Esprit  ;  d'une  religieuse 
choriste  du  couvent  de  Saint-Bernardin  (évêchéde  S.  An- 
gelo  in  Vado)  et  d'une  religieuse  de  Gallerata  (diocèse  de 
Milan) .  Elles  recommandent  les  exorcismes  contenus  dans 
le  livre  intitulé  Flagellum  dœmonum;  mais  pour  les 
précautions  et  mesures  à  prendre,  elles  semblent  avoir  été 
influencées,  sur  certains  points,  par  le  doute  moderne, 
qui  prétend  classer  parmi  les  maladies  naturelles,  que  la 
pathologie  médicale  réclame,  ou  parmi  les  passions  hu- 
maines, des  cas  qui  autrefois  étaient  incontestablement 
attribués  à  Fœuvre  du  Démon  :  Avant  tout,  observer  sé- 
rieusement le  confesseur  ordinaire  du  couvent  et  l'écarter 
s'il  paraît  suspect  ;  puis  s'enquérir,  même  avec  des  ex- 
plorateurs secrets,  si  les  religieuses  obsédées  sont  encore 
ou  ont  jamais  été  prises  d'amour  profane  ;  si  elles  ont 

GRANDE  ENCYCLOPÉDIE.  —  XXV. 


Fhabitude  de  fréquenter  les  grilles  du  monastère  ;  si  elles 
ont  des  correspondances  d'amitié  avec  des  séculiers  ;  si 
ces  séculiers  ont  l'habitude  de  circuler  de  jour  ou  de  nuit 
autour  du  monastère  ;  si  leurs  agitations  peuvent  dériver 
de  causes  et  passions  mondaines  ou  bien  d'effets  hysté- 
riques et  naturels  :  pour  cela,  les  faire  examiner  par  un 
ou  plusieurs  médecins  d'un  âge  avancé  ;  enfin,  surveiller 
très  attentivement  les  domestiques  qu'on  a  coutume  de 
faire  entrer  dans  le  couvent,  pour  les  services  manuels. 
Il  est  notable  que  tous  les  documents  que  nous  venons  de 
mentionner  se  rapportent  à  des  cas  advenus  dans  des 
monastères  de  femmes.  En  effet,  il  semble  bien  que  les 
religieuses  sont  particulièrement  Fobjet  des  entreprises  et 
des  ruses  de  Satan.  Il  est  avéré  que  ses  suppôts  As- 
taroth,  Cédon,  Asmodée,  Uriel,Belzébuth  et  autres  diables 
de  haut  rang,  surent  s'emparer  du  corps  des  Ursuhnes 
de  Loudun  (1633),  en  y  entrant  par  le  nez  lorsqu'elles 
respiraient  une  branche  de  rosier  fleuri,  envoyée  par  Ur- 
bain Grandier,  ainsi  qu'ils  le  déclarèrent  à  l'évèque  de 
Poitiers  et  aux  autres  exorcistes  qui  opéraient  avec  lui. 

E.-H.   VOLLET. 

OBSIDIENNE.  Les  obsidiennes  sont  des  roches  d'ori- 
gine éruptive  ressemblant  d'une  façon  frappante  à  un 
verre,  de  couleur  habituellement  noire,  quelquefois  rouge  ; 
leur  cassure  est  semblable  à  celle  du  verre  et  donne 
souvent  naissance  à  des  arêtes  coupantes.  Ces  roches  sont  les 
correspondants  vitreux  de  roches  volcaniques  bien  définies 
et  cristallisées,  et  leurs  coulées  sont  souvent  associées  à 
d'autres  ayant  la  même  composition  chimique  en  bloc, 
mais  ayant  partiellement  cristaUisé  en  prenant  une  struc- 
ture microlithique  et  en  donnant,  suivant  les  cas,  des  tra- 
chytes  ou  des  andésites  ou  encore  des  types  plus  acides, 
des  liparites.  La  composition  chimique  de  ces  roches,  de 
même  que  celle  de  toutes  les  roches  éruptives,  est  d'ail- 
leurs celle  d'un  verre.  Ce  sont  des  silicates  complexes 
d'AF03,  de  Fe^O^  de  K^O,de  Na^O,  de  CaO,  de  MgO  et 
de  FeO,  dans  lesquels  la  proportion  relative  de  ces  divers 
éléments  est  assez  variable.  L'un  des  éléments  les  plus 
variables  est  la  silice,  dont  la  proportion  à  la  masse 
totale  de  la  roche  caractérise  le  degré  d'acidité  de  cette 
dernière  ;  cette  teneur  en  silice  varie  depuis  78  •'/o,  dans 
les  obsidiennes  les  plus  acides,  correspondant  aux  lipa- 
rites, jusqu'à  60  ^jo  environ  dans  les  plus  basiques  et 
descend  même  jusqu'à  50  «/o  dans  des  verres  analogues 
encore  plus  basiques,  correspondant  aux  basaltes  et  qui 
ont  reçu  des  noms  spéciaux  (hyalobasaltes,  tachylites 
et  hyalomélanes). 

En  l'absence  d'éléments  cristallisés  (du  moins  d'élé- 
ments de  quelque  importance)  dans  les  obsidiennes,  celles- 
ci  ne  peuvent  être  classées  comme  les  roches  éruptives 
cristallisées,  pour  lesquelles  la  composition  minéralogique 
joue  un  rôle  de  premier  ordre  et  permet  d'établir  de 
nombreuses  subdivisions.  Pour  les  obsidiennes,  on  se  borne 
généralement  à  considérer  la  teneur  en  silice,  c.-à-d.  à 
donner  une  idée  de  l'acidité  de  la  roche  ;  pour  une  déter- 
mination plus  exacte,  il  faut  tenir  compte  des  variations, 
parfois  très  grandes,  des  diverses  bases  combinées  à  la  silice. 

Caractères  microscopiques.  —  Bien  qu'à  Fœil  nu  les 
obsidiennes  paraissent  complètement  vitreuses,  c.-à-d. 
dépourvues  de  tout  produit  de  cristallisation,  on  constate 
fréquemment  dans  ces  roches,  étudiées  en  lames  minces 
au  microscope  polarisant,  qu'il  existe  des  indices  d'une 
séparation  d'éléments  cristallisés  au  milieu  du  magma 
resté  pour  la  plus  grande  partie  absolument  vitreux.  Dans 
les  obsidiennes  relativement  basiques,  correspondant  aux 
andésites,  on  observe  souvent  de  petits  microUthes  de 
pyroxène,  c.-à-d.  de  très  petits  cristaux  présentant  des 
formes  bien  définies  ;  mais,  en  outre,  Femploi  de  forts 
grossissements  révèle,  dans  presque  toutes  les  obsidiennes, 
l'existence  de  toute  une  catégorie  de  formes  élémentaires, 
très  intéressantes  parce  qu'elles  constituent  pour  ainsi 
dire  quelque  chose  d'intermédiaire  entre  l'état  amorphe 
et  l'état  cristallin. 

13 


OBSIDIENNE  —  OBSTRUCTION 


—  494 


Ces  formes,  désignées  sous  le  nom  de  cristallites ,  se- 
divisent,  suivant  la  figure  qu'elles  afFectenl,  en  longuliies 
et  glohulites  (%.  1),  ou  en  trichites  (fig.  2)  ;  ces  der- 
niers, qui  ressemblent  souvent  à  des  paquets  de  cheveux 
entremêlés,  peuvent  aussi  servir  de  support  à  des  globu- 
lites  ou  être  formés  parfois  de  rangées  de  ces  globulites 
(lig.  3).  Parfois  aussi  il  existe  des  spîiérolithes.  Ces  diverses 


Fig.   1.    -  Lon-    Fig.  2.- Tri-         Fig.  3.  -  Trichites 
gulites  et  glo-         chites.  avec  globulites. 

lûulites. 

formations  cristallitiques,  ainsi  que  les  microlithes  lors- 
qu'ils existent,  se  disposent  fréquemment  en  traînées  ali- 
gnées, parallèles  au  sens  de  Fécoulement  du  magma  liquide 
lors  de  son  épancliement  et  nommées  pour  cette  raison 
rangées  fluidaîes.  La  fig.  4  montre  très  nettement  ces 


^^- 


Fig.  4.  —  Traînées  fluidalos. 

traînées  Cuidales  de  petits  microlilhcs  pyroxéniques,  al- 
ternant avec  des  trichites,  les  uns  vitreux,  les  autres  gar- 
nis de  globules  cristallitiques  de  magnétite  etdepyroxene. 
En  outre,  comme  dans  beaucoup  de  roches  vitreuses,  le 
retrait  résultant  du  refroidissement  fait  souvent  naître  de 

petites  fentes,  les  unes 
presque  rectiligncs, 
les  autres  circulaires 
ou  spiraliformes 
(fig.5):c'estla.s'/?'iL(?- 
lure  perlitigtiê. 

Certaines  obsi- 
diennes sont  très  ri- 
ches en  vacuoles  ar- 
rondies (pores  gazeux) 
provenant  de  bulles 
des  vapeurs  qui  ac- 
compagnent le  magma 
fondu  lors  de  sa  venue 
et  qui  sont  restées 
emprisonnées  dans  la  masse  pendant  son  refroidissement. 
Lorsque  ces  pores  gazeux  deviennent  assez  abondants  et 
d'assez  grande  taille  pour  donner  une  structure  absolument 
spongieuse,  dans  laquelle  la  roche  solide  forme  seulement 
la  trame,  on  a  affaire  à  une  7)once  de  couleur  claire,  si 


Fig.  5.  —  Structure  ])crlitiquc 
(Aden). 


elle  correspond  à  un  trachyte  ou  à  une  andésite,  ou  à  une 
scorie  basaltique  brun  foncé  ou  noire,  dans  le  cas  oti  sa 
composition  est  celle  d'un  basalte.  Cette  structure  spon- 
gieuse ou  scoriacée  se  rencontre  souvent  à  la  surface  des 
coulées,  mais  surtout  dans  les  produits  projetés  par  les 
éruptions,  en  raison  même  du  rôle  important  des  vapeurs 
dans  la  projection  de  ces  blocs,  qui  constituent  une  sorte 
d'écume,  et  aussi  de  la  rapidité  de  leur  refroidissement. 
Les  ponces  peuvent  parfois  être  assez  légères  pour  flotter 
à  la  surface  de  leau  (ex.  Krakatoa). 

DisTRiBUTiOx\.  —  Parmi  les  obsidiennes,  certaines  renfer- 
ment autant  de  silice  que  les  roches  acides  et  correspondent 
auxliparites  (lipar obsidiennes  et  liparoponces).  On  peut 
citer  par  exemple  dans  ce  groupe  celles  d'Obsidian  Cliff\ 
coulée  de  40  m.  de  puissance  sur  4.600  m.  de  long 
(Yellowstone),  renfermant  75  à  78  «/o  de  silice,  dont 
certaines  variétés  ieviennent  pierreuses  {lithoklites)  et 
renferment  des  vacuoles  dont  les  parois  sont  tapissées  de 
quartz,  tridymite,  feldspath,  fayalite  et  magnétite,  pro- 
venant probablement  de  l'action  exercée  sur  le  verre  fondu 
par  les  vapeurs  qui  s'en  dégageaient  pendant  la  consoli- 
dation. 11  est  intéressant  de  signaler,  à  propos  de  cette 
localité,  une  application  ingénieuse  des  fentes  de  reirait 
produites  par  refroidissement  brusque  dans  ces  roches  ; 
pour  y  creuser  une  route,  les  ingénieurs  américains,  re- 
noni:ant  à  l'emploi  direct  des  outils  habituels  dont  Fac- 
tion était  presque  nulle  sur  ces  roches  extrêmement  dures 
et  compactes,  chaufïaient  fortement  la  surface  et  la  re- 
froidissaient ensuite  brusquement  avec  de  l'eau,  de  façon 
à  produire  ces  fissures,  qui  permettaient  ensuite  une  facile 
désagrégation.  D'autres  types  d'obsidiennes  acides  se 
rencontrent  en  Cahfornie,  au  Mexicjue,  en  Hongrie,  aux 
lies  Lipari  (74  %),  à  l'île  Saint-Paul  (74,5  «/o),  en 
Nouvelle-Zélande,  etc. 

Quant  aux  obsidiennes  plus  basiques,  correspondant  aux 
trachytes  et  aux  andésites,  elles  renferment  en  moyenne 
65  7o  de  sihce  ;  elles  sont  aussi  très  fréquentes  et  pren- 
nent en  particulier  un  grand  développement  en  Islande, 
aux  Açores,  à  l'île  de  Milo,  etc.  On  y  rencontre  tous  les 
intermédiaires  entre  des  variétés  ne  renfermant  pas  trace 
d'ébauches  cristallines,  d'autres  contenant  des  trichites 
et  des  granules  globulitiques,  et  d'autres  encore  plus  dé- 
vitrifiées (fig.  4)  avec  des  rangées  de  petits  microlithes, 
c.-à-d.  de  petits  cristaux  bien  définis,  de  pyroxène. 

Quant  aux  types  vitreux  des  basaltes,  et  en  général 
des  roches  basiques  à  olivine,  ils  ont  été  désignés  sous  les 
noms  de  tachylites  (verres  solubles  dans  les  acides)  et 
de  hjjalomelanes  (verres  insolubles)  ;  on  les  réunit  sou- 
vent sous  le  nom  àliyalobasalles  ;  ils  renferment  de  50  à 
53  7o  de  silice.  Ces  verres  sont  relativement  beaucoup 
plus  rares  que  ceux  des  roches  acides  ou  neutres,  ce  qui 
tient  probablement  sl  la  facihté  plus  grande  de  la  cristal- 
lisation des  magmas  basiques  par  refroidissement.  On 
peut  en  citer  comme  exemples  certains  accidents  des  laves 
à  olivine  de  Kilauea  (iles  Sandwich)  et  de  celles  de  la 
Réunion,  décrites  par  M.  Vélain.         Léon  Biîrtrand. 

OBSONVILLE.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Marne,  arr. 
de  Fontainebleau,  cant.  de  Châteall-Landon  ;  447  hab. 
OBSTÉTRIOUE  (Hist.)  (V.  Accoucheuîis) . 
OBSTRUCTION  (Polit.).  Dans  une  assemblée  parle- 
mentaire, l'obstruction  est  un  moyen,  pour  la  minorité, 
d'entraver  les  travaux  législatifs  et  de  jeter  le  discrédit  sur 
la  majorité.  Elle  ne  va  pas  sans  une  connaissance  appro- 
fondie du  règlement  et  sans  une  organisation  savante  des 
partis.  On  verra  dans  l'art.  Parlementarisme,  par  l'étude 
comparée  des  règlements  intérieurs  des  principales  Chambres 
du  monde,  quelles  ressources  les  minorités  peuvent  y 
trouver,  non  pas  seulement  pour  le  maintien  de  leurs  droits, 
mais  surtout  pour  l'empiétement  sur  lès  droits  des  majo- 
rités, -et  de  quelles  armes  les  majorités  disposent  pour  ré- 
sister à  de  pareilles  entreprises.  Nous  nous  bornerons  donc 
ici  au  bref  récit  des  mémorables  campagnes  obstruction- 
nistes, qui  ont  joué  un  rôle  si  marqué  dans  l'histoire  du 


195  — 


OBSTRUCTION  —  OBTURATEUR 


parlementarisme,  notamment  en  Angleterre  et  en  Autriche- 
Hongrie. 

L'obstruction  en  Angleterre.  Le  règlement  anglais, 
respectueux,  au  delà  de  toute  mesure,  des  droits  des  mino- 
rités, ne  prévoyait  jadis  aucune  mesure  restrictive  de  la 
liberté  de  la  parole  ;  il  ignorait  la  clôture,  c.-à-d.  le  droit 
pour  la  majorité  de  clore  un  débat  lorsqu'elle  se  sent  suf- 
fisamment éclairée.  En  1877,  les  députés  autonomistes 
irlandais  (home-rulers)  s'avisèrent  d'abuser  des  facilités 
que  leur  prêtait  le  règlement,  pour  entraver  le  vote  des 
lois  qui  tenaient  le  plus  au  cœur  de  la  majorité.  Les  obs- 
tructionnistes n'étaient  que  sept,  mais  ils  étaient  infati- 
gables, doués  d'une  intarissable  faconde  et  connaissaient, 
par  le  menu,  les  prescriptions  souvent  embrouillées  des 
standing  orders  (règlement).  Ils  s'attaquèrent,  le  2ijuil., 
en  fm  de  session,  au  South-Africa  Bill,  et,  prenant  la  pa- 
role à  tour  de  rôle,  Parnell,  O'Donnell,  Biggar,  Kirk,  Gray, 
Nolan  et  Power  firent  durer  la  séance  du  24  jusqu'à  deux 
heures  un  quart  du  matin,  celle  du  25  jusqu'à  six  heures 
du  matin,  celle  du  31  jusqu'à  six  heures  un  quart  du  len- 
demain soir!  O'Donnell  pour  sa  part  avait  rédigé  et  déve- 
loppé 73  amendements  !  La  majorité  était  harassée  et 
furieuse,  mais  elle  ne  se  décida  pourtant  pas  encore  à  ré- 
former son  règlement.  Les  obstructionnistes  continuèrent 
leur  tactique,  améliorée  par  l'expérience,  pendant  les  ses- 
sions de  1878,  1879  et  1880.  On  édicta  alors  quekjues 
dispositions  pénales,  qui  ne  purent  venir  à  bout  de  l'habi- 
leté et  de  la  ténacité  des  home-rulers.  Le  25  janv.  1881, 
ils  marchaient  avec  un  admirable  entrain  à  l'assaut  des 
bills  coercitifs  destinés  à  réprimer  les  attentats  criminels 
qui  se  multipliaient  en  Irlande.  La  séance  traîna  jusqu'à 
neuf  heures  du  soir  ;  de  neuf  à  dix  heures,  Biggar  s'obstina 
à  lire  un  volumineux  dossier  qui  avait  peu  de  rapport  avec 
la  question.  Rappelé  à  l'ordre,  nommé,  il  est  enfin  sus- 
pendu de  ses  fonctions  par  le  speaker.  Healy  et  O'Donneil 
réclament  l'ajournement  des  débats  jusqu'à  ce  que  leur 
collègue  exclu  ait  été  autorisé  à  rentrer  dans  la  salle.  Le 
combat  dura  jusqu'à  minuit.  On  proposa  alors,  comme 
transaction,  de  statuer  sur  l'urgence,  le  débat  sur  le  fond 
devant  être  remis  au  lendemain.  Un  nouvel  engagement  eut 
lieu  sur  ce  point  et  se  prolongea  jusqu'au  lendemain  deux 
heures  de  l'après-midi.  La  séance  avait  duré  vingt-deux 
heures.  La  discussion  fut  reprise  le  lendemain,  puis  le  surlen- 
demain ;  le  '31  janv. ,  elle  devait  se  prolonger  au  delà  de  toute 
limite  jusque-là  connue  ;  la  séance  commencée  le  lundi  à 
quatre  heures  après-midi  se  termina  seulement  au  bout  de 
41  heures,  le  mercredi  matin;  elle  avait  été  semée  des 
incidents  les  plus  vifs  et  les  plus  singuliers,  entre  autres 
l'expulsion  par  la  force  de  tous  les  représentants  irlandais, 
un  par  un,  et  n'avait  pu  se  clore  que  par  un  coup  d'Etat 
du  président  qui,  rompant  avec  tous  les  précédents,  se 
décida  à  interdire  la  parole  à  tous  les  orateurs.  Elle  eut 
pour  conséquence  l'adoption  d'un  bill  attribuant  au  speaker 
des  pouvoirs  extraordinaires,  consistant  en  somme  dans 
lafacuhé  de  repousser  sans  débat  la  motion  d'ajournement, 
de  limiter  et  d'interdire  les  discours  oiseux,  etc.  Les  home- 
rulers  ne  perdirent  pas  courage  et,  à  propos  du  vote  du 
bill  agraire  relatif  à  l'Irlande,  ils  reprirent  avec  succès 
leur  campagne,  si  bien  qu'au  dernier  jour  de  !a  session  le 
gouvernement  dut  confesser  avec  amertume  la  stérilité  des 
travaux  législatifs.  Il  réclama  alors  contre  l'obstruction- 
nisme l'arme  la  plus  eflicace  et  celle  à  laquelle  ont  recours 
presque  tous  les  parlements,  la  clôture.  Les  home-rulers 
se  sentant  atteints  luttèrent  désespérément  contre  une 
réforme  aussi  grave  du  règlement  qui  fut  enfin  adoptée  non 
sans  peine. 

L'obstruction  en  Autriche-Hongrie.  Au  Rciclisrath 
autrichien,  une  singulière  mesure  d'obstruction  a  été  sou- 
vent employée  par  les  partis,  c'est  la  désertion  en  masse 
des  bancs  de  l'assemblée.  Jusqu'en  i^M  cependant,  elle 
n'avait  point  eu  d'effets  graves,  lorsque  tout  d'un  coup  le 
pai'ti  des  libéraux  ou  parti  allemand  (140  membres)  dis- 
parut systématiquement  de  la  Chambre  (20  mai)  au  cours 


d'un  débat  sur  une  vérification  d'élection.  Cette  manifes- 
tation produisit  un  efî'et  énorme  ;  mais,  comme  l'absence 
des  gauches  n'empêchait  pas  en  somme  l'assemblée  dedéh- 
bérer,  elles  s'empressèrent  de  reparaître  le  lendemain  pour 
renouveler  cette  politique  d'abstention  à  diverses  autres 
reprises,  notamment  en  1882-83,  sans  négliger  néanmoins 
d'user  des  mesures  dilatoires  qu'on  retrouve  partout  :  longs 
discours,  demandes  de  scrutins,  motions  d'ajournement, 
présentation  d'amendements,  etc.,  les  querelles  des  natio- 
nalités étant  extrêmement  vives  et  déterminant  entre  les 
Allemands  et  les  nationahstes,  presque  égaux  en  nombre, 
des  luttes  incessantes  et  surtout  âpres,  oîi  tous  les  moyens 
sont  bons  pour  écraser  l'adversaire. 

Les  campagnes  obstructionnistes  ont  repris  avec  une 
violence  nouvelle  en  1897.  Les  Allemands,  en  minorité  au 
Reichsrath,  ont  usé  de  tous  les  moyens  pour  ruiner  lapo- 
'  litique  de  la  majorité  tchèque,  et  ils  ont  réussi,  à  force  de 
discours  dilatoires  et  en  empêchant  leurs  adversaires  de 
parler  grâce  à  la  violence  et  la  persistance  avec  lesquelles 
ils  irappaient  leurs  pupitres,  à  arrêter  net  tout  le  travail 
législatif.  Le  2  juin  sa  session  dut  être  close.  Elle  reprit 
en  septembre  et  fut  marquée  par  des  incidents  d'une  vio- 
lence inouïe  :  entre  autres,  des  luttes  corps  à  corps.  La 
police  ayant  expulsé  les  plus  enragés  obstructionnistes,  les 
étudiants  et  le  peuple  prirent. fait  et  cause  pour  eux  et, 
de  guerre  lasse,  l'empereur,  cédant  à  tuie  minorité 
tapageuse^  dut  accepter  la  démission  du  ministère  Badené, 
ce  qui  n'empêcha  pas  d'ailleurs  l'obstruction  de  reparaître 
dans  l'assemblée  et  même  de  passer  du  parlement  dans 
tous  les  conseils  municipaux  de  la  .monarchie. 

Au  Parlement  hongrois,  le  règlement  est  bénévole  ; 
cependant  le  ton  des  discussions  y  est  plus  élevé  que  par- 
tout ailleurs.  Rien  n'égale  la  fougue  des  débats  qui  dégé- 
nèrent en  personnalités  blessantes  et  aboutissent  à  des  duels 
fréquents.  L'obstruction  ne  consiste  guère  qu'en  scènes 
tumultueuses,  qui  ont  pourtant  un  correctif  inattendu, 
l'urbanité  dans  les  rapports  personnels  des  députés  et  une 
camaraderie  spéciale  qui  tempère  et  même  annihile  les 
excès  des  inimitiés  pohtiques. 

L'obstruction  en  France.  EUe  est  rendue  presque  im- 
possible par  les  prescriptions  du  règlement  concernant  la 
({uestion  préalable  et  la  clôture.  Néanmoins,  les  minorités 
ont  essayé  parfois  —  notamment  au  moment  du  boulan- 
gisme  —  de  la  tactique  irlandaise  de  l'expulsion  manu 
militari.  Mais  comme  cette  expulson  est  suivie  d'une 
exclusion  assez  longue  du  membre  expulsé  et  même  de 
pénalités  pécuniaires,  elle  n'est  pas  de  nature  à  faire  perdre 
beaucoup  de  temps  à  l'assemblée.  Les  interpellations  à  jet 
continu  constitueraient  une  meilleure  méthode  â'o]3struc- 
tion,  mais  la  Chambre  est  toujours  fibre  d'en  refuser  la 
discussion  ou  de  la  renvoyer  à  un  mois  (Y.  Parlementa- 
risme). :  R.  S. 

OBTERRE.  Com.  du  dép.  de  l'Indre,  arr.  du  Blanc, 
cant.  de  Mézières-en-Brenne  ;  590  hab. 

OBTRÉE.  Com.  du  dép.  de  la  Cote-d'Or,  arr.  et  cant. 
de  Chàtillon-sur-Seine  :  141  hab. 

OBTURATEUR.  I.  Mécanique.  —  Nom  donné  aux  or- 
ganes employés  pour  ouvrir  ou  fermer  une  conduite  d'eau 
ou  de  vapeur.  Pour  les  tuyaux  d'arrivée  de  vapeur,  on 
emploie  comme  obturateurs  des  robinets  qui  doivent  avoir, 
s'ils  sont  à  boisseau,  une  garde  suffisante  pour  éviter  les 
fuites.  On  emploie  dans  le  même  ])ut  des  robinets  à  soupape 
actionnée  par  une  vis.  Quand  les  conduites  sont  de  fort  dia- 
mètre, on  fait  usage  de  robinets  dits  «peet-vaives»,  dans 
lescpiels  l'obturation  se  fait  au  moyen  d'un  registre  com- 
posé de  deux  coquilles  qui  sont  plaquées  sur  leurs  sièges 
par  un  coin  intermédiaire.  Dans  les  conduites  d'eau,  on 
emploie  les  robinets-vannes,  sortes  de  registres  coniques 
analogues  aux  peet-valves,  mais  en  une  seule  pièce.  Dans 
les  pompes,  l'obturation  se  îmi  au  moyen  de  clapets  en 
cuir  ou  -en  caoutchouc.  Pour  les  presses  hydrauliques  qui 
subissent  des  pressions  considérables,  les  obturateurs  sont 
des  cuirs  emboutis.  E.  Maglïn. 


OBTURATEUR  —  OBUS 


~~  496  - 


II.  Photographie  (V.  Photographie). 
m.  Artillerie  (V.  Fermeture). 
IV.  Anatomie.  —  Muscles  obturateurs.  Il  y  a  deux 
muscles  obturateurs  :  obturateur  interne,  obturateur  ex- 
terne. Le  premier,  situé  dans  le  bassin,  s'insère  à  la  face 
interne  de  la  membrane  obturatrice,  au  pourtour  du  trou 
obturateur  et  à  la  surface  quadrilatère  qui  sépare  le  trou 
de  l'échancrure  sciatique,  sort  du  bassin  par  la  petite 
échancrure  sciatique  et  va  s'attacher  par  son  tendon  au 
grand  trochanter  du  fémur.  L'obturateur  externe  s'in- 
sère au  pourtour  du  trou  obturateur  et  à  la  face  externe 
de  la  membrane  obturatrice.  Il  se  porte  en  dehors,  son 
tendon  contourne  le  col  du  fémur  et  va  s'attacher  dans 
la  cavité  digitale  du  grand  trochanter  du  fémur. 

Nerf  obturateur.  Il  vient  du  plexus  lombaire  (des  2^, 
3^  et  ¥  nerfs  lombaires),  traverse  le  muscle  psoas,  des- 
cend dans  le  bassin  dont  il  côtoie  la  paroi  latérale,  tra- 
verse le  trou  obturateur  en  compagnie  de  l'artère  et  de 
la  veine  obturatrice,  apparaît  à  la  racine  de  la  cuisse 
(face  interne)  et  se  divise  en  branches  qui  vont  innerver 
les  muscles  obturateurs,  droit  interne  et  les  trois  adduc- 
teurs de  la  cuisse. 

Irou  obturateur.  Trou  sous-pubien  (V.  Iliaque  [Os]). 

Ch.  Debierre. 
OBTURATRICE  (Anat.).  Membrane  obturatrice.  C'est 
une  membrane  fibreuse  qui  garnit  et  ferme  le  trou  obtura- 
teur. Elle  est  seulement  interrompue  à  sa  partie  supérieure, 
au  niveau  de  la  gouttière  sous-pubienne  ou  obturatrice, 
pour  laisser  passer  les  vaisseaux  et  nerf  obturateurs. 

Artère  obturatrice.  Elle  vient  de  l'artère  hypogas- 
trique,  sort  du  bassin  par  le  canal  sous-pubien  et  se  di- 
vise en  deux  branches  :  une  interne  qui  fournit  du  sang 
aux  muscles  obturateurs  externes  et  adducteurs  de  la 
cuisse  et  aux  organes  génitaux  externes  (scrotum  chez 
l'homme,  grande  lèvre  chez  la  femme)  et  s'anastomose 
avec  la  circonflexe  interne,  branche  de  la  fémorale  ;  une 
externe  qui  fournit  des  rameaux  à  l'articulation  coxofé- 
morale,  aux  muscles  obturateurs  et  carré  crural  et  s'a- 
nastomose avec  l'ischiatique.  Avant  de  sortir  du  bassin, 
l'obturatrice  fournit  une  anastomose  importante  à  l'artère 
épigastrique.  Quand  cette  anastomose  est  d'un  fort  calibre, 
on  dit  que  l'obturatrice  naît  de  l'épigastrique.  Cette  ano- 
malie est  importante  à  connaître  au  chirurgien  qui  débride 
la  hernie  crurale. 

Veine  obturatrice.  Elle  accompagne  l'artère  et  va  se 
jeter  dans  la  veine  hypogastrique.  Ch.  Debierre. 

OBTUS  (Géom.).  Quand  un  angle  tracé  est  plus  grand 
qu'un  angle  droit  et  plus  petit  que  deux,  on  dit  qu'il  est 
obtus.  Cette  désignation  se  rapporte  à  la  figure  appa- 
rente de  l'angle,  plutôt  qu'à  sa  grandeur.  Deux  angles, 
en  effet,  qui  diffèrent  par  un  nombre  entier  de  tours 
complets,  sont  représentés  par  la  même  figure.  Ainsi,  on 
ne  dira  pas  généralement  qu'un  angle  de  390^  est  un 
angle  aigu,  ni  qu'un  angle  de  470^  est  obtus. 

OBTUSANGLE  (Géom.).  Un  triangle  a  des  angles  qui 
sont  chacun  plus  petits  que  deux  droits  ;  et  leur  somme 
étant  de  deux  droits,  il  en  résulte  qu'un  seul  d'entre  eux 
peut  être  obtus.  On  dit  alors  parfois  que  le  triangle  est 
obtusangle,  par  opposition  à  l'expression  d'acutangle,  qui 
s'applique  à  un  triangle  dont  les  trois  angles  sont  aigus. 
Si  le  triangle  a  un  angle  droit  (et  il  ne  peut  en  avoir 
qu'un  seul),  le  triangle  est  appelé  rectangle.  Ces  notions 
se  rapportent  exclusivement  aux  triangles  rectilignes  ; 
elles  n'auraient  plus  de  raison  d'être,  par  exemple  pour  les 
triangles  sphériques,  où  la  somme  des  angles  peut  appro- 
cher de  six  droits  d'autant  qu'on  voudra. 

OBUS.  Projectile  creux  contenant  une  charge  de  poudre 
d'éclatement  ;  le  feu  est  communiqué  à  la  poudre  par  une 
fusée  vissée  dans  l'œil  du  projectile.  Les  mortiers  lisses 
de  petit  et  moyen  calibre  tirent  des  obus  sphériques;  ces 
obus  diffèrent  des  bombes  en  ce  qu'ils  n'ont  pas  de  men- 
tonnet  et  n'ont  pas  le  culot  renforcé.  Les  canons  rayés  ti- 
rent des  obus  oblongs  de  forme  cylindro-ogivale.  Les  obus 


des  canons  rayes  se  chargeant  par  la  bouche  sont  munis 
sur  leur  pourtour  d'ailettes  en  zinc  (fîg.  i  )  qui  s'engagent 
dans  les  rayures  et  communiquent  au  ' 
projectile  un  mouvement  de  rotation 
autour  de  son  axe. 

Pour  les  obus  des  canons  se  char- 
geant par  la  culasse,  ces  ailettes  sont 
remplacées,  soit  par  des  cordons  de 
plomb  (canons  de  5  et  de  7  et  de  438, 
système  de  Reffye),  soit  par  des  cein- 
tures en  cuivre  (canons  du  système  de 
Range)  (fig.  2)  ;  en  outre,  ces  pro- 
jectiles sont  renflés  k  la  naissance 
de  l'ogive.  La  ceinture  du  projectile 
mord  dans  les  rayures  à  frottement 
dur,  le  renflement  empêche  le  bal- 
lottement du  projectile  pendant  son 
trajet  dans  l'âme  de  la  pièce.  Ce  bal- 
lottement serait  nuisible  à  la  justesse 
du  tir. 

Obus  ordinaire  (fig.  2).  Obus  dont  le  vide  intérieur 
contient  simplement  une  charge  d'éclatement.  Il  est  armé 
d'une    fusée   percutante 


^ÀileiU- 


Fig.    1.    ~    Obus 
ordinaire  de  12. 


Ces  obus  existent  dans 
les  approvisionnements  des 
canons  et  mortiers  de 
siège;  ils  sont  peints  en 
noir. 

Obus  à  balles.  Obus 
renfermant  dans  son  inté- 
rieur des  balles  et  une 
charge  de  poudre.  L'idée 
de  renfermer  des  balles 
dans  les  projectiles  paraît 
due  à  un  officier  anglais 
nommé  Shrapnell,  d'où 
le  nom  de  shrapnell  donné 
à  l'étranger  aux  obus  à 
balles.  Les  modèles  d'obus 
à  balles  sont  très  divers, 
ils  diffèrent  par  la  position 
respective  des  balles  et  de 
la  poudre  : 

i''  La  charge  d'éclate- 
ment peut  être  mélangée 


Odl 


Re7jfte?nent> 


.—Ceinture^ 


Fig.  2.  —  Obus  ordinaire  de  120, 
modèle  1878. 


aux  balles.  Ce  dispositif  se  rencontre  dans  l'obus  Robin 
(fig.  3),  actuellement  en  service  dans  les  batteries  de 


1-- ^ 


Charge,  d'èdaUinemt^ 


...Ba2h 


,  Composiium, 
fumiqèpe. 


'■^u;e 


.Balle 


.Ccintara 


Fig.  3.  —  Obus  Robin.     Fig.  4.  —  Shrapnell  allemand, 

modèle  1891. 

^0  millim.  de  campagne.  Dans  ces  obus,  les  balles  sont 
agglomérées  avec  de  la  poudre  comprimée  à  une  forte 
pression;  un  tube  central  contient  une  planchette  d'in- 
flammation qui  communique  le  feu  sur  toute  la  longueur 
de  l'obus.  L'ogive  est  vissée  sur  le  corps  d'obus  et  porte 


-^497  — 


OBUS 


une  fusée  à  double  effet.  Ces  projectiles  donnent  un  très  fort 
nuage  de  fumée.  Pour  les  reconnaître  on  les  peint  en  blanc. 
2°  La  charge  d'éclatement  est  contenue 
dans  un  tube  central.  Ce  dispositif  se  pré- 
sente dans  l'obus  à  balles  libres  de  95  mil- 
lim.,  ainsi  que  dans  l'obus  allemand,  mo- 
dèle 1891  (fig.  4).  Dans  ce  dernier,  les 
balles  sont  noyées  dans  une  substance  fu- 
migère. 

3"  La  charge  d'éclatement  est  séparée 
des  balles  et  .située  en  avant.  Ce  disposi- 
tif (fig.  5)  présente  l'inconvénient  de  dimi- 
nuer la  vitesse  restante  des  balles  si  la 
charge  d'éclatement  est  assez  forte  (obus 
à  balles  de  5  et  de  7,  système  de  Reffye), 
ou  de  faire  très  peu  de  fumée  si  cette 
charge  est  faible  (shrapnell  anglais  ;  obus 
à  mitraille);  ce  manque  de  fumée  rend 
très  difficile  le  réglage  du  tir. 
4°  La  charge  d'éclatement  est  placée 
à  l'arrière  de  l'obus.  Ce  dispositif  a  été  adopté  dans  la 
construction  de  l'obus  à  balles,  modèle  1891,  du  canon  de 

120  court  (fig.  6)  ; 
jy,^j  l'obus  comprend  un 
corps  d'obus  conte- 
nant 630  balles  de 
plomb  durci  mainte- 
nues entre  deux  dia- 
phragmes ;  entre  le 
diaphragme  inférieur 
et  le  culot,  une  charge 
de  poudre  de  320  gr.; 
un  tube  de  prise  de 
feu  traverse  l'obus 
dans  toute  sa  lon- 
gueur, l'ogive  est  vis- 
sée sur  le  corps 
d'obus.  Le  shrapnell 
Boxer  présente  un  dis- 
positif analogue,  son 
ogive  est  en  bois. 

Ohus  a  mitraille. 
Genre  particulier 
d'obus  à  balles  don- 
nant un  très  grand 
nombre  d'éclats. 
L'obus  à  mitraille  de 
90  (fig.  7)  se  compose 
de  rondelles  ou  ga- 
lettes en  fonte  dure, 
fragmentées  d'une  fa- 
çon systématique  et 
présentant  des  alvéoles  hémisphériques  ;  ces  galettes  sont 
superposées  et  renferment  entre  leurs  alvéoles  des  balles 
en  plomb  durci.  A  la  partie  infé- 
rieure un  culot,  à  la  partie  supé- 
rieure une  grenade  renfermant  la 
charge  d'éclatement  ;  de  la  pous- 
sière de  charbon  remplit  les  inters- 
tices du  chargement  ;  une  enveloppe 
en  tôle  d'acier  recouvre  ces  divers 
éléments;  elle  est  sertie  sur  le  cu- 
lot et  maintenue  par  la  ceinture. 
L'obus  à  mitraille  du  canon  de 
155  (fig.  8)  diffère  un  peu  du  mo- 
dèle précédent  ;  le  vide  intérieur  de 
la  grenade  se  prolonge  par  un  tube 
en  laiton  qui  règne  dans  toute  la 
longueur  du  projectile  et  contient 
une  partie  de  la  charge  d'éclate- 
ment ;  cet  obus  s'appelle  obus  à 
gerbe  ouverte  (V.  Projectile).  Les  obus  à  mitraille  sont 
peints  en  rouge;  ils  sont  armés  de  la  fusée  à  double  effet. 


Fio' 


-  .XejTiivre 


6.-  Obus  à  balles  de  120, 
modèle  1891. 


Fig.   8.   -   Obus   à 
mitraille  de  155, 


Fig.  7.  -  Obus  à 
mitraille  de  90. 


S,\ — Gcaji£.  du, 
déionatvixp 


Ces  projectiles  sont  très  efficaces  contre  le  personnel  ;  ils 
donnent  un  grand  nombre  d'éclats,  environ  240  pour  l'obus 
de  90  millim.  et  160  pour  celui  de  80  millim.  ;  on  leur 
reproche  de  faire  peu  de  fumée,  leur  charge  d'éclatement 
étant  très  faible  (80  gr.  de  pou- 
dre Fg  [à  fusil]  pour  l'obus  de 
80  millim.  de  campagne);  ce 
manque  de  fumée  rend  bien  dif- 
ficile le  réglage  du  tir. 

Obus  allongé,  obus  torpilles, 
obus  à  grande  capacité  {ûg.  9). 
Ces  trois  désignations  se  rappor- 
tent au  même  obus,  l'obus  chargé 
avec  une  matière  explosive.  Il  est 
plus  long  que  les  obus  précédents, 
il  a  4  cahbres  ou  4  calilires  1/2  de 
longueur,  les  précédents  n'ayant 
que  3  calibres.  Il  est  formé  d'une 
enveloppe  en  tôle  d'acier  qu'on 
obtient  par  emboutissage,  en  par- 
tant d'un  disque  qu'on  amène  par 
emboutissages  successifs  à  avoir 
la  forme  d'un  cylindre  terminé 
par  une  calotte  sphérique  ;  on 
forme  ensuite  le  culot  en  refou- 
lant le  métal  dans  une  matrice  à 
l'aide  d'un  poinçon  et  du  marteau- 
pilon,  puis  on  forme  l'ogive  par 
étampage.  Les  obus  allongés  em- 
ployés m  France  sont  chargés  en  mélinite  ou  crésylite 
fondue;  pour  faire  éclater  cette  charge,  il  est  nécessaire 
d'employer  un  détonateur  particulier,  ce  détonateur  est  lui- 
même  enflammé  par  une  fusée  percutante.  Ces  projectiles 
sont  emploj^és  dans  le  tir  contre 
des  obstacles.  Les  obus  allongés, 
par  un  dispositif  spécial,  n'écla- 
tent que  lorsqu'ils  ont  pénétré 
dans  l'obstacle.  Ces  obus  ont  une 
puissance  de  destruction  considé- 
rable contre  les  maçonneries  et 
contre  les  retranchements  en 
terre  ;  ils  agissent  surtout  par 
le  souffle  produit  par  l'énorme 
quantité  de  gaz  qui  se  forme  par 
la  combustion  de  la  mélinite. 
Les  obus  allongés  sont  en  gé- 
néral d'une  seule  pièce.  Cepen- 
dant le  mortier  de  220  millim. 
tire  un  obus  allongé  à  culot  vissé 
(fig.  10).  Les  obus  torpilles  ita- 
liens présentent  également  cette 
disposition. 

Obus  de  rupture.  Projectiles 
en  fonte  dure  ou  en  acier  des- 
tinés au  tir  contre  les  cuiras- 
sements (fig.  11).  Ces  obus  con- 
tiennent une  charge  d'éclatement 
et  ne  sont  pas  armés  de  fusées 

pour  la  plupart  ;  la  chaleur  dégagée  par  le  choc  suffit  à 
enflammer  la  charge  intérieure.  L'ogive  est  très  massive 
et  trempée.  Quelques  obus  de  rupture  de  petit  calibre  sont 
armés  d'une  fusée  de  culot  (obus  en  acier  de  37  millim.). 

Obus  incendiaires.  Ils  contiennent  des  matières  incen- 
diaires et  sont  destinés  à  mettre  le  feu  aux  localités  bom- 
bardées. Au  xviii^  siècle,  on  employait  les  boulets  rouges 
(rougis  au  feu)  pour  allumer  les  incendies.  Ces  obus  n'exis- 
tent pas  en  France,  on  en  trouvait  dans  les  approvision- 
nements en  Autriche;  ils  ont  été  supprimés  en  1878  après 
la  guerre  de  Bosnie  et  d'Herzégovine,  n'ayant  pas  donné  les 
résultats  qu'on  attendait. 

Obus  à  fragmentation  systématique.  Ces  obus  exis- 
taient dans  les  approvisionnements  des  canons  de  campagne 
français  jusqu'en  1883;  ils  ont  été  remplacés  par  l'obus 


Fig.  9.  —  Obus  allongé 
de  90  (4  calibres). 


OBUS  —  OCAGNE 


—  198  — 


à  mitraille.  Les  canons  de  80  miilim.  et  de  90  millim. 
tiraient  un  obus  à  balles  on  fonte  (fig.  i2),  forn  é  de 


Ofjfvue 


Corps  de  Vobvs 


Fig.  10.—  Culot  de  lobus 
allongé  du  mortier  de 
22  centim.  ^4  calib.  1/2; 


BaachQT^  dc^-  cidot 

Fig.  11.  —  Obus  de  rupture  oi: 
acier  de  24.  centim. 


balles  prismatiques  empilées  les  unes   sur  les  autres    et 
formant  des  couronnes  (fig.  13).  Le  canon  de  95  tirait, 


Fig.  12.  -  Obus 
à  balles  de  90. 


Fig.  13  .  -   Obus   a 
double  paroi  de  95. 


un  obus  à  double  paroi  dont  la  paroi  était  préparée  pour 
se  rompre  suivant  certaines  lignes, 

BiBL.  :  Règlemenls  sur  le  service  des  canons  de  cam- 
pagne, de  siège  et  de  côte.  —  E.  Jouffret,  les  Projectiles, 
1881.  — •  Mémorial  de  l'artillerie  de  la  marine;  Revue 
d'artillei'ie  ;  Cours  de  l'Ecole  d'application  de  l'artillerie 
et  du  génie. 

ÛBUSIER.  Bouche  à  feu  lisse  se  chargeant  par  la 
bouche,  dont  la  longueur  était  comprise  entre  celle  des  ca- 
nons et  celle  des  mortiers,  la  chambre  à  poudre  était  d'un 
diamètre  inférieur  à  celui  de  l'âme  ;  il  était  destiné  à  tirer 
des  projectiles  sphériques  creux  (obus).  Les  premiers  obu- 
siers  qui  furent  tirés  en  France  avaient  été  pris  aux  An- 
glais à  la  bataille  de  Nerwinden  en  1693.  Ils  apparais- 
sent régulièrement  en  1749  dans  le  système  d'artillerie  de 
Vallière  (obusiers  de  8  pouces  d'un  mod'Me  mal  défini  en- 
core i;  Gribeauval  en  réglementa  le  modèle  et  fit  cons- 
truire des  obusiers  de  campagne  de  6  pouces.  Ces  obu- 
siers étaient  très  courts;  lors  de  la  réorganisation  de 
l'artillerie,  en  1828,  on  augmenta  leur  longueur  d'âme  et 
on  leur  donna  le  nom  d'obusiers  de  15  et  de  16  centim.  ; 
on  construisit  également  un  obusier  de  montagne.  En  1853, 
un  canon  obusier  fut  créé.  La  marine  n'adopta  les  obu- 
siers qu'en  1827;  les  obusiers  de  la  marine  étaient  en 
fonte. 

La  marine  a  conservé  l'obusier  rayé  de  22  centim.  Le 
terme  d'o^wszer  a  disparu  de  la  nomenclature  des  bouches 
à  feu  actuelles,  pour  être  remplacé  par  le  terme  de  cano7i 
court.  Ainsi  le  canon  de  155  court  est  un  véritable  obu- 


sier, destiné  à  tirer  sous  de  grands  angles.  Le  canon  de  120 
court  (fig.)  est  un  obusier  de  campagne.  Le  canon  de  120 
conrt  prosente  la  particularité  de  ne. pas  reculer  pendant 


TreUs  dj  culisss 


cMdnchan      ù  uneite 


Indicateur'- 
1.  de  rëcùl- 


par\on    aêpçmt^gx:^    Tovrilhn, 


S^ 

-y-tx-rriV 

1- 

— _ 

* 

Ql 

1 

1 

'{:orpz  de  painpi  du  freni'  (o/"^  Vtécupèrdteur  du  frçm 

Canon  de  120  court  et  son  frein  hydro-pneumatique. 

le  tir.  Son  affût  est  muni  d'une  bêche  de  crosse  qui  s'en- 
fonce dans  le  sol;  quant  au  canon,  il  est  relié  à  la  tige 
du  piston  d'un  frein  hydropneumatique,  et  au  moment  du 
départ  du  coup,  la  pièce  recule,  entraînant  avec  elle  le  pis- 
ton du  frein  ;  le  recul  de  la  pièce  est  ainsi  limité  à  une 
course  variant  de  80  centim.  à  1^^^,10  ;  pendant  le  recul 
de  la  pièce,  l'air  est  compri.né  dans  un  récipient  (récupé- 
rateur) situé  à  l'avant  du  piston  ;  la  pièce  revient  .d'elle- 
même  à  sa  position  de  tir  par  la  détente  de  l'au^  contenu 
dans  le  récupérateur. 

OBVA.  Rivière  de  Russie,  gouv.  de  Perm,  affl.  dr.  de 
a  Kama  ;  215  kil.  dont  40  navigables. 

O'BYRNE  (Fiagb-Mac-Hugh),  patriote  irlandais,  né  vers 
1544,  mort  en  1597.  Descendant  du  roi  d'Irlande  Ca- 
thaeir  Mor,  chef  du  clan  redouté  des  O'Byrne,  il  favorise 
en  1569  l'évasion  d'Edmund  Butler,  du  château  de  I)u- 
!)[in,  et  trempe  dans  l'assassinat  de  Robert  Browne  de 
Mulcranan  (1572).  Poursuivi  à  outrance  par  le  lord  dé- 
])uté  William  Fitz  WiUiam,  il  pille  le  Wexford  et  le  Pale. 
L?  gouvernement  dut  lui  accorder  son  pardon  (1573). 
O'Byrne  demeura  tranquille  pendant  plusieurs  années.  En 
1580,  il  envahit  le  Wexford  pour  venger  le  meurtre  de 
plusieurs  de  ses  parents  ou  alliés,  mis  à  mort  par  le  sé- 
néchal; battit  lord  Grey  de  Wilton  à  Glcnmalure,  pilla 
et  brûla  Rathmore,  Tassagard,  Rathcoole,  et  menaça  les 
faubourgs  de  Dublin.  En  1581,  il  repoussa  une  expédition 
commandée  par  sir  William  Stanley  et  le  capitaine  Rus- 
sell.  On  dut  accepter,  à  la  fin  de  l'année,  et  faute  de 
mieux,  ses  offres  de  soumission.  Mais  sa  présence  aux 
portes  de  Dublin  inspirait  toujours  les  plus  vives  inquié- 
tudes et  le  gouvernement  chercha  les  moyens  de  le  sup- 
primer. En  1594,  son  gendre  et  ses  fils,  ayant  brûlé  la 
maison  du  shérif  de  Kildare,  O'Byrne  fut  rendu  respon- 
sable de  ce  crime,  auquel  il  n'avait  point  eu  de  part.  Il 
réussit  à  échapper  à  toutes  les  poursuites,  mais  le  8  mai 
1597  il  tomba,  par  surprise,  entre  les  mains  d'un  sergent 
qui  lui  coupa  la  tète.  R,  S, 

BiBL.  :  O'Byrne  ,  Historical  réminiscences  of  the 
O'Byrnes  ;  Londres,  1843.  -™  Book  of  the  O'Byrnes.  Ms.  de 
la  Bibliotaequc  du  Trinity  Collège  de  Dublin. 

OC  (Langue  d*)  (V.  Languedoc,  Provence  et  Romanes 
JLangues]). 

OCAGNE  (Philbert-Maurice  d'),  mathématicien  fran- 
çais, né  à  Paris  le  25  mars  1862,  issu  d'une  vieille  famille 
normande,  fixée  à  Paris  au  xviii«  siècle.  Son  père,  Mor- 
timer  d'Ocagne,  a  publié  un  ouvrage  remarqué,  les  Grandes 
Ecoles  de  France,  sur  l'organisation  de  l'enseignement 
supérieur.  Entré  à  l'Ecole  polytechnique  en  1880,  M.Mau- 
rice d' Ocagne  on  est  sorti  dans  le  corps  des  ponts  et  €haus- 
sées.  11  est  actuellement  (1898)  attaché  au  service  du  nivel- 
lement général  de  la  France,  répétiteur  à  l'Ecole  polytech- 
nique et  professeur  à  l'Ecole  des  ponts  et  chaussées.  Il  a 
été  deux  fois  lauréat  de  l'Académie  des  sciences  :  en  1892 
(prix  Leconte),  pour  sa  Nomographie  (V,  ce  mot);  en 
1894  (prix  Dalmont),  pour  l'ensemble  de  ses  travaux 
mathématiques.  Ceux-ci,  d'une  grande  diversité,  ont  paru 
dans  de  nombreux  recueils  spéciaux,  notamment  dans  les 


-~  199  ^ 


OCAGNE  —  OCCAM 


Comptes  rendus  de  V Académie  des  sciences,  le  Jour- 
nal de  l  Ecole  polytechnique,  les  Nouvelles  Annales 
de  matli'.'matiques,  V American  Journal  of  Mathema- 
ticSy  etc.  Il  y  a  lieu  de  citer  ses  études  sur  les  inva- 
riants algébriques,  sur  les  suites  récurrentes,  sur  la  pro- 
babilité des  erreurs,  sur  de  nouveaux  systèmes  de  coor- 
données et  sur  la  géométrie  infinitésimale.  Mais  son 
œuvre  capitale  est  la  création  du  corps  de  doctrine,  ap- 
pelé par  lui  Nomographie,  concernant  la  représentation 
graphique  des  lois  mathématiques  à  plusieurs  variables  ; 
il  a  en  préparation  (4898)  sur  cette  matière  un  traité 
définitif  dans  lequel  cette  théorie  est  portée  à  son  plus 
haut  degré  de  généralisation.  M.  d'Ocagne  fut  l'un  des 
premiers  instigateurs  du  Répertoire  bibliographique  des 
sciences  mathématiques  ;  désigné  par  le  congrès  inter- 
national de  4889,  parmi  les  cinq  Français  devant  faire  par- 
tie de  la  commission  permanente  de  cette  œuvre,  il  y  a 
rempli  les  fonctions  de  secrétaire  pendant  plusieurs  années. 
—  Sous  le  pseudonyme  de  Pieire  Delix,  il  a  produit 
quelques  essais  littéraires,  et  notamment  une  comédie  en 
un  acte,  la  Candidate,  qui  a  eu  plus  de  cent  représen- 
tations à  Paris,  au  théâtre  Gluny  (4888-89).  Les  princi- 
paux ouvrages  de  M.  d'Ocagne,  publiés  séparément,  sont  : 
Coordonnées  parallèles  e-  axiales  (1885)  ;  homogra- 
phie ;  les  Calculs  usuels  effectuas  au  raoyen  des  aba- 
ques (4894)  ;  le  Calcul  simplifié  par  lesproctd  's  m 'ca- 
niques  et  graphiques  t4894)  ;  Cours  de  géom  'trie  des- 
criptive et  de  g  'orné trie  ininitésimale  professé  à  V  Ecole 
des  pon  ts  et  chauss  '^5(4896).  C .  -  A .  L . 

O'CÂLLAGHAN  (EdmundBailey),  historien  anglais,  né 
en  Irlande  le  28  fév.  4797,  mort  à  New  York  le  29  mai 
4880.  Elève  en  médecine  à  Paris,  il  émigra  au  (Canada  en 
4823  et  s'établit  comme  médecin  à  Québec  en  4827,  à 
Montréal  en  4830,  Il  se  jeta  dans  la  politique,  devint  ré- 
dacteur en  chef  du  Vindicator  (4834),  organe  des  pa-- 
triotes,  et  fut  élu  député  de  Yamaska.  Un  des  chefs  du  parti 
révolutionnaire,  il  prit  les  armes  en  4837,  se  battit  à  Saint- 
Denis  et,  le  mouvement  ayant  avorté,  s'enfuit  avec  Papi- 
neau  aux  Etats-Unis.  Il  demeura  à  New  York,  où  il  exerça 
la  médecine  et  dirigea  le  Northern  Light.  Grand  travail- 
leur et  chercheur  s  agace,  il  s'occupa  avec  passion  des  vieilles 
archives  coloniales,  où  il  trouva  la  matière  de  l'ouvrage 
qui  a  fait  sa  réputation  :  History  of  new  Netherland, 
or  New  York  under  the  Dutch  (New  York,  4846-49, 
2  vol  ).  Il  a  encore  pubhé  :  State  Recoixls  or  documen- 
tary  history  of  the  State  of  New  York  (4849-54, 
44  vol.  in-4)  ;  Jésuite  Relations  (4847),  etc.      R.  S. 

O'CALLAGHAN  (John-Cornelius) ,  historien  irlandais, 
né  à  Dublin  en  4805,  mort  à  Dublin  le  24  avr.  4883. 
Inscrit  au  barreau  irlandais  en  4829,  il  préféra  la  htté- 
rature  à  la  chicane.  Il  fit  ses  débuts  dans  le  The  Cornet, 
petit  journal  ou  collaborait  O'Connell  (4830-33),  écrivit 
dans  Vlrish  Monthly  Magaùne,  puis  dans  U  Nation,  le 
fameux  organe  delà  «  Jeune  Irlande».  Il  rassembla  plus 
tard  ses  principaux  articles  dans  un  volume  intitulé  The 
Green  Book,  or  gleanings  from  the  writing  desk  of 
a  literary  agitator  (Dublin,  4840,  in-8).  Mais  c'est  comme 
historien  que  O'Callaghan  est  surtout  connu.  Ilpubhaune 
bonne  édition  du  Macariœ  Excidium,  du  colonel  O'Kelly 
(Dublin,  4846,  in-4),  puis  sa  grande  History  ofthe  Irish 
brigade,  in  the  service  of  France  from  the  Révolution 
in  Great  Britain  and  Jreland  under  James  II  to  the 
Révolution  in  France  under  Louis  XVI  (Glasgow,  4869, 
in-8),  précieuse  par  l'immensité  et  la  sûreté  de  ses^  re- 
cherches. R,  S. 

OGAiVlPO  (Florian  de),  chroniqueur  espagnol,  né  à 
Zamora  on  4499,  mort  en  4555.  Elève  du  collège  de  San 
Ildefonso  de  l'Université  d'Alcalâ,  il  se  fit  ensuite  prêtre 
et  reçut  de  Charles-Quint  le  titre  d'historiographe.  En 
cette  qualité,  il  entreprit  d'écrire  l'histoire  du  règne  de 
ce  souverain,  mais  il  eut  l'idée  singuKère  de  la  commen- 
cer par  les  annales  de  l'Espagne  depuis  Tubal,  petit-fils 
de  Noélll  n'eut  le  temps  de  poursuivre  son  œuvre  bizarre, 


d'une  crédulité  plus  que  naïve  et  d'un  style  prétentieux, 
que  jusqu'à  l'époque  des  Scipions.  Ces  quatre  premiers 
livres  de  son  ambitieuse  Cronica  gênerai  de  Espafia  pa- 
rurent d'abord  à  Zamora  (4544,  in-fol.)  et  eurent  plusieurs 
éditions;  la  meilleure  est  celle  de  Madrid,  4794,  2  vol. 
in-4.  Ocampo  avait  annoté  et  pubhé,  mais  avec  négh- 
gence,  la  première  Cronica  de  Espafia,  compilée  avec  la 
participation  personnelle  du  roi  Alphonse  X  (Zamora, 
]544,in-foL).  d,  P-i. 

BiBL.  :  J.  deRezabal  y  Ugarte,  Biblioteca  de  los  escri- 
tores  que  han  sido  individuos  de  los  seis  colegiosmmjores; 
Madrid,  1805,  in-4  (contient  la  meilleure  biographie 
d'Ocampo). 

OCANA.  Corn,  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  d'Ajaccio,  cant. 
de'Bastehca;  559  Iiab. 

OCANA.  Ville  de  Colombie,  dép.  de  Santander,  à  4.465m. 
d'alt. ,  dans  la  vallée  de  Hacari  ;  6.000  hab.  Mines  de  houille 
et  de  plomb;  commerce  de  peaux,  de  café,  d'anis. 

OCANA.  Ville  d'Espagne,  ch.-l.  de  district  de  la  prov. 
de  Tolède,  à  780  m.  d'alt.,  sur  le  chem.  de  fer  d'Aran- 
juez  à  Cuenca;  6.000  hab.  Aqueduc  antique;  palais  des 
ducs  de  Frias.  Savon,  poterie,  toile.  —  Le49nov.  4809, 
Mortier  y  détruisit  l'armée  espagnole  d'Arei/.oga. 

OCARINA.  Instrument  de  musique  dont  la  facilité  de 
jeu  fait  le  principal  mérite.  De  forme  ovoïde,  l'ocarina 
est  percé  de  dix  trous  et  pourvu  d'une  embouchure  fixe. 
Les  sons  qu'il  émet  présentent  quelque  rapport  avec  ceux 
du  flageolet,  leur  étendue  est  d'une  octave  et  une  quarte. 
L'ocarina,  construit,  soit  en  terre,  soit  en  métal,  est  par- 
fois muni  d'une  pompe  servant  à  l'accorder.  Il  comporte 
six  formats  différents,  dénommés  ocarinas  soprano,  con- 
tralto, t'nor,  baryton,  basse  et  contre-basse. 

OCARITZ  (José,  chevalier  d'),  diplomate  espagnol,  né 
dans  la  pi'ov.  de  Rioja  en  4750,  mort  à  Varna  en  4805. 
Il  fut  secrétaire  d'ambassade  à  Turin,  Copenhague,  devint 
consul  général  à  Paris  (déc.  4788)  et,  après  le  rappel  de 
l'ambassadeur  Thomas  Iriarte  qui  suivit  le  40  août  4792, 
chargé  d'affaires.  Il  déploya  les  plus  grands  efforts  pour 
sauver  Louis  XVI,  offrit  par  une  lettre  du  28  déc.  4792 
la  neutralité  de  l'Espagne  et  sa  médiation  vis-à-vis  de 
r.^utriche  et  de  la  Prusse,  si  on  voulait  laisser  le  roi  se 
retirer  hors  de  France  ;  la  lettre  fut  renvoyée  au  comité 
diplomatique.  Le  4 7  janv.  4793,  Ocaritz  demanda  un  simple 
sursis;  la  Convention  passa  à  l'ordre  du  jour.  Le  7  mars, 
la  guerre  fut  déclarée  par  la  France,  et  Ocaritz  dut  partir. 
Ce  fut  lui  qui  ouvrit  les  négociations  pour  la  paix  à  ligue- 
ras en  4795.  Quand  elle  fut  signée  à  Bâle(22  jul.  4795), 
il  rentra  à  Paris  comme  consul  général,  fut  ensuite  rési- 
dent à  Hambourg,  mnistre  à  Stockholm  (4803).  Nommé 
ambassadeur  à  Constantinople,  il  mourut  en  route.  —  Sa 
veuve,  Emilie-Lucrèce  d' Estât,  fut  pensionnée  par 
Louis  XVIIÏ. 

OCCAGNES.  Corn,  du  dép.  de  l'Orne,  arr.  et  cant. 
d'Argentan;  532  hab. 

OCCA^  (Guillaume  d'),  philosophe,  théologien,  polé- 
miste rehgieux  et  politique,  né  au  village  d'Occam,  comté 
de  Surrey,  dans  la  dernière  partie  du  xni®  siècle,  mort  à 
Munich  le  7  avr.  4347  (d'après  Fabricius).  Il  aurait,  si 
l'on  en  croit  une  tradition,  été,  dès  l'enfance,  remarqué 
par  les  franciscains,  appelé  dans  leur  ordre,  et  il  aurait  dû 
à  leurs  soins  de  faire  àMerton  Collège  (Oxford)  ses  études, 
de  les  couronner  enfin  à  l'Université  de  Paris.  Là  il  suivit 
les  leçons  de  Duns  Scot,  alors  à  l'apogée  de  sa  gloire,  et  il 
s'instruisit  directement  de  cette  métaphysique  réahste  que 
tout  son  enseignement  propre  et  la  longue  in  uence  qu'il 
devait  exercer  sur  le  cours  de  la  pensée  philosophique 
étaient  destinés  à  renverser.  Lui-même  devint  bien  vite  un 
maître  de  grande  célébrité  (  Venerabilis  inceptor  et  aussi 
Doctor  invincibilis,  fut  le  surnom  que  lui  attribuèrent 
ses  admirateurs).  Aussi  n'cst-il  pas  surprenant  qu'il  passe 
pour  avoir  pris  sa  part  de  la  grande  lutte  qui  venait  jus- 
tement d'éclater  entre  Philippe  le  Bel  et  Boniface  VIfl. 
M.  Hauréau,  dans  son  Histoire  de  la  scolastique,  ne 
met  pas  en  doute  l'intervention  résolue,  passionnée  du 


OCCAM 


200 


philosophe  anglais  en  faveur  du  roi  de  France,  contre  les 
prétentions  du  pape  en  matière  temporelle.  Il  lui  impute 
le  libelle  fameux,  publié  par  Melchior  Goldast  :  Disputa- 
tio  super  potestate  ecclesiastica  prœlatis  atque  prm- 
cipibus  terrarum  commissa,  libelle  qui  refusait  au  chef 
de  l'Eglise  le  droit  de  blâme  envers  le  souverain  temporel 
et  qui  dénonçait  comme  une  pure  hérésie  la  doctrine  de 
la  suprématie  pontificale  à  l'égard  des  princes.  Tout  autre 
est  l'avis  de  M.  Lindsay,  selon  qui  l'intervention  de 
Guillaume  d'Occam  dans  le  débat  engagé  entre  le  trône 
et  le  saint-siège  relèverait  de  la  légende.  Quant  au 
hbelle  Disp'utatio,  etc.,  il  faudrait,  au  dire  du  même 
écrivain,  l'attribuer,  non  pas  à  notre  philosophe,  mais 
au  juriste  parisien  Pierre  Dubois.  Quoi  qu'il  en  soif  de 
ce  point  d'histoire,  ce  qui  est  certain,  c'est  que  le  rôle 
de  champion  du  pouvoir  sécuHer  en  face  des  usurpations 
de  la  plus  haute  puissance  ecclésiastique,  Occam  le  jouera 
contre  le  pape  Jean  XXII.  Sa  rupture  avec  ce  dernier  date 
de  4322  :  il  avait,  cette  année-là,  en  qualité  de  provin- 
cial d'Angleterre,  assisté  à  la  gi^ande  assemblée  de  son 
ordre,  qui  se  tint  à  Pérouse  et  qui  préluda  au  soulève- 
ment des  franciscains  contre  l'autorité  pontificale.  Dans 
son  libelle  Defensorium,  il  s'était  adressé  directement  à 
Jean  XXII,  formulant  avec  une  hautaine  indépendance  les 
thèses  protestataires.  11  lui  fut  répondu  par  une  citation 
devant  les  évêques  de  Ferrare  et  de  Bologne  et  plus  tard 
par  un  procès  en  hérésie.  Les  détails  de  ce  procès  nous 
sont  inconnus.  Nous  savons  seulement  que  dans  la  même 
accusation  Michel  de  Césène,  général  des  franciscains,  et 
Bona  Gratia  de  Bergame  se  trouvèrent  impliqués  ;  qu'en 
4328  tous  trois  étaient  gardés  dans  le  donjon  du  palais 
d'Avignon  ;  qu'ils  prévinrent  par  la  fuite  une  condamnation 
certaine;  qu'ils  passèrent  à  Munich,  où  le  prince  Louis  de 
Bavière,  dont  le  pape  refusait  de  reconnaître  l'élection  au 
trône  impérial,  trouva  en  eux  d'infatigables  auxihaircs 
dans  sa  longue  querelle  avec  le  chef  de  la  chrétienté.  De- 
fendas  me  gladio,  defendam  te  catamo,  avait  proposé 
Guillaume  d'Oceam  à  Louis  de  Bavière.  De  part  et  d'autre 
le  contrat  fut  bien  tenu.  Nos  religieux  en  révolte  trouvè- 
rent à  Munich  le  refuge  le  plus  sûr  ;  en  retour,  ils  lan- 
cèrent les  écrits  d'attaque  où  les  prétentions  de  la  curie 
en  matière  temporelle  étaient  continuellement  réfutées  sans 
qu'il  en  coûtât  rien  à  leurs  convictions  profondes,  puisque 
l'indépendance  des  deux  sphères,  ecclésiastique  et  sécu- 
lière, avait  été  l'un  des  grands  principes  au  nom  desquels 
ils  avaient  conduit  la  révolte. 

Parmi  ces  pamphlets  qui,  se  répandant  en  Europe,  mi- 
naient la  souveraineté  papale,  les  écrits  de  Guillaume  d'Oc- 
cam  occupaient  une  place  d'honneur.  Citons  son  Opus 
nonagenta  dierum  (4330-33);  son  Tractatus  de  dog- 
matihus  Johannis  XXII,  papœ  (4333-34)  ;  son  Com- 
pendium  errorum  Johannis  XXII,  papœ  (4335-38)  ; 
son  Defensorium  contra  errores  Johannis  XXII,  papœ 
(4335-39)  ;  ses  Super  Potestate  summi  pontiftcis  octo 
quœstionmn  decisiones  (4339-42),  où,  du  point  de  vue 
théologique  principalement,  il  travaillait  à  ruiner  la  doc- 
trine de  l'omnipotence  du  pape.  Mentionnons  également 
son  Tractatus  de  jurisdictione  imperatoris  in  causis 
matrûnonialibus ,  composé  pour  revendiquer  en  faveur 
de  la  seule  autorité  civile  le  droit  de  trancher  les  cas  de 
consanguinité  en  matière  de  mariage,  contrairement  à  la 
prétention  ecclésiastique  de  réserver  exclusivement  aux 
chefs  de  l'Eghse  les  questions  relatives  à  l'obtention  de  ce 
sacremeîit.  Jusqu'au  bout,  l'ardent  controversiste  com- 
battra le  même  combat,  puisque  son  dernier  ouvrage.  De 
Electione  Caroli  VI,  sera  consacré  à  soutenir  les  thèses 
de  l'école  franciscaine  sur  la  séparation  absolue  des  deux 
pouvoirs. 

Les  dernières  années  de  Guillaume  d'Occam  ne  nous  sont 
guère  mieux  connues  que  le  début  de  sa  vie.  Disons  seu- 
lement qu'après  la  mort  de  Michel  de  Césène,  qui  eut  lieu 
en  4342,  d'Occam  fut  par  son  parti  désigné  comme  général 
de  l'ordre.  Le  point  demeure  obscur  de  savoir  s'il  se  ré- 


conciha,  avant  sa  fin,  avec  cette  curie  romaine  dont  il 
avait  été,  depuis  tant  d'années,  l'intraitable  ennemi.  Ce 
suprême  raccommodement  paraîtra  bien  peu  vraisemblable 
et  l'on  inclinera  à  croire  plutôt  les  récits  qui  nous  le  re- 
présentent comme  mourant  excommunié. 

Le  résumé  qui  précède  montrerait  suffisamment  l'inté- 
rêt historique  qui  s'attache  au  nom  de  Guillaume  d'Occam. 
Au  déclin  du  moyen  âge,  ce  religieux  apparaît  comme 
l'avocat  impétueux  des  revendications  de  l'esprit  civil  en 
opposition  avec  les  exigences  de  l'autocratie  sacerdotale. 
Quelque  chose  du  hobbisme  se  laisse  déjà  pressentir  dans 
les  traités  politico-ecclésiastiques  de  ce  polémiste  qui  allait 
jusqu'à  proclamer  que  «  Jésus-Christ  lui-même, m  quantum 
homo,  in  quantum  viator  7no7ialis,  n'avait  pas  le  droit 
de  censurer  Tibère  »  et  qui  aurait  entendu  bien  plutôt 
incliner  sous  la  souveraineté  séculière  l'autorité  sacerdo- 
tale. Mais  là  ne  se  borne  pas  l'originalité  de  son  rôle  mi- 
litant. M.  Lindsay  remarque  avec  beaucoup  de  raison  que 
l'adversaire  de  Jean  XXII  doit  figurer  au  nombre  des 
grands  réformateurs  qui  appelèrent  le  rétablissement,  au 
sein  d'un  christianisme  dégénéré,  de  la  primitive  vie  évan- 
gélique,  vie  d'humilité  et  de  pauvreté.  «  Son  Compen- 
diiun  choisit  quatre  constitutions  pontificales,  qui  enve- 
loppaient une  déclaration  contre  la  pauvreté  selon  l'Evan- 
gile et  il  les  dénonce  comme  pleines  d'hérésie.  »  On  sait 
quels  troubles  firent  naître  dans  l'Eglise  ces  protestations 
de  la  conscience  morale  contre  la  corruption  grandissante 
de  l'idéal  chrétien,  corruption  à  laquelle  l'heure  se  fait 
proche  où  la  Réforme  apportera  un  remède  radical.  Oc- 
cam ne  pousse  assurément  point  jusqu'où  ira  un  Luther. 
Mai  sa  prédication  sera  imitée  et  reprise  par  ces  nom- 
breuses sectes  monastiques  à  demi  orthodoxes,  à  demi 
révolutionnaires,  «  Fraticelli,  Beggards,  Lollards,  etc.  », 
que  l'Eglise  combattra  pai' toutes  armes  sans  réussir  jamais 
à  les  réduire  entièrement. 

Si  Guillaume  d'Occam  a  mérité  de  compter  parmi  les 
révolutionnaires  refigieux;   si  le   protestantisme  anglais 
est  autorisé  à  le  réclamer  comme  l'un  de  ses  précurseurs, 
c'est  cependant  en  qualité  de  philosophe  qu'il  a  obtenu  la 
plus  grande  et  la  plus  légitime  célébrité.  M.  Lindsay,  passe 
trop  légèrement  sur  son  œuvre  scolastique  et  il  se  méprend 
du  tout  au  tout  lorsqu'il  lui  dénie  toute  valeur  originale. 
Que  cette  œuvre  soit  grandement  redevable  à  l'enseigne- 
ment logique  de  Psellus  et  de  l'école  byzantine,  enseigne- 
ment transmis  au  monde  occidental  par  l'intermédiaire  de 
Pierre  d'Espagne,  nous  ne  le  contesterons  pas.  Mais  la  doc- 
trine d'Occam  dépasse  bien  la  sphère  de  la  pure  logique  ; 
elle  est  bien  plus  qu'une  reprise  savante  et  très  perfec- 
tionnée du  nominalisme  paradoxal  d'un  Roscehn,   bien 
mieux  qu'une  tentative  ingénieuse  et  artificielle  en  vue  de 
transformer  en  une  sorte  d'arithmétique  des    signes  le 
travail  du  langage  et  de  la  pensée.  Si  l'action  qu'elle  était 
appelée  à  exercer  va  se  prolonger  durant  tout  le  cours  de 
la  Renaissance,  pénétrant  les  systèmes  les  plus  divers, 
séduisant  les  maîtres  du  plus  grand  renom,  c'est  qu'elle 
inaugurait  vraiment,  dans  la  spéculation  philosophique, 
une  vie  nouvelle  et  qu'un  esprit  tout  moderne  l'animait. 
Cet  esprit  est  celui  d'une  philosophie  éminemment  critique, 
habile  à  l'analyse  des  concepts,  inclinée  à  dériver  des 
intuitions  de  nos  sens  ou  de  notre  conscience  les  notions 
les  plus  générales  de  notre  esprit.  Assurément,  ce  grand 
devancier  de  Locke  subit  encore  la  tyrannie  de  la  scolas- 
tique; la  syllogistique  traditionnelle  pèse  sur  sa  pensée; 
ses  expositions  et  discussions  se  conforment  aux  méthodes 
dialectiques  alors  en  honneur  dans  tous  les  enseignements. 
C'est  que  les  théories  les  plus  originales,  les  plus  oifensives 
même,  revêtent  fréquemment  les  formes  consacrées  qu'elles 
sont  destinées  à  briser.  Ainsi  en  arriva- t-il  pour  notre 
philosophe  ;  il  pense  en  moderne  ;  il  parle  et  expose  à  la 
vieille  mode. 

Les  principaux  ouvrages  philosophiques  d'Occam  sont 
les  suivants  :  Quœstiones  et  decisiones  in  quatuor  lihros 
Sententiarum  cum  centilogio  theologico  (Lyon,  4495)  ; 


201 


OCCAM 


Quodlibeta  septem  (Paris,  1487)  ;  Iractatus  de  Sacra- 
mento  Altaris  (Strasbourg,  1491),  «  dans  lequel,  tout  en 
acceptant  comme  point  de  foi  la  doctrine  de  la  présence 
réelle,  il  montre  que  l'on  pourrait  proposer  une  théorie 
plus  rationnelle  ;  celle  qu'il  y  formule  au  sujet  de  l'Eucha- 
ristie devait  être  plus  tard  adoptée  presque  au  pied  de  la 
lettre  par  Luther,  et  elle  est  aujourd'hui  connue  sous  le 
nom  de  consubstantiation  »  (Lindsay);  Expositio  aurea  et 
admodum  utihs  super  artem  veterem  (Bologne,  1496)  ; 
Summa  logices  (Paris,  1488)  ;  Quœstiones  in  hbros 
Physicorum  (Strasbourg,  1491).  L'inteUigence  de  la  phi- 
losophie occamiste  nous  est,  d'ailleurs,  bien  facilitée  par 
la  compilation  d'un  disciple  du  xv®  siècle,  Gabriel  Biel, 
premier  professeur  de  théologie  à  l'Université  de  Tubingue 
(en  1477).  Biel  a,  dans  son  Collectorium  super  Hbros 
sententiarum  W.  Ockami  (Tubingue,  1501),  synthétisé 
avec  une  pieuse  exactitude  les  théories  principales  que 
le  maître  nominaliste  avait  disséminées  dans  ses  divers 
écrits.  Donnons-en  une  vue  rapide. 

Guillaume  d'Occam  aurait  été,  ce  semble,  en  droit  de 
s'appliquer  le  mot  de  Carnéade  sur  Chrysippe  :  «  Si  Duns 
Scott  n'avait  pas  composé,  je  n'aurais  pas  eu  de  raison 
d'exister.  »  Et  de  fait,  on  peut  dire,  sans  nulle  exagéra- 
tion, que  toujours  il  écrivit  en  ayant  Duns  Scot  devant 
les  yeux.  Il  ne  pouvait,  d'ailleurs,  s'attaquer  à  un  réalisme 
plus  fortement  soutenu.  Dire  ce  que  Guillaume  d'Occam 
réfute,  ce  sera  dire  ce  que  lui-même  établit.  Or  la  doc- 
trine de  Scot,  en  laquelle  plus  d'un  moderne  a  cru  aper- 
cevoir une  anticipation  de  l'hégélianisme,  avait  proclamé 
l'identité  du  réel  avec  le  conçu  ;  ce  principe  même,  elle 
l'avait  appuyé  sur  une  double  thèse  savamment  et  labo- 
rieusement développée  :  1*^  la  dépendance  logique  se  con- 
fond avec  la  subordination  causale,  et  celle-ci  n'est  qu'une 
autre  expression  de  celle-là  ;  ^^  plus  une  notion  se  vide 
de  ce  qu'elle  contenait  de  particulier,  plus  elle  gagne  en 
réalité  véritable,  et  chacun  des  pas  que  la  généralisation 
franchit  rapproche  de  l'unité,  c.-à-d.  de  l'existence.  — 
A  cette  double  proposition,  l'occamisme  n'est  qu'un  long 
démenti.  Et  ce  démenti  se  déploie  dans  une  théorie  de  la 
connaissance,  aux  termes  de  laquelle  cette  perception  de 
l'universel  à  laquelle  Scot  avait  cru  se  résout,  à  l'analyse, 
en  éléments  conceptuels,  issus  d'intuitions  contingentes, 
élaborés,  contrôlés  et  composés  par  l'activité  de  l'esprit. 

La  connaissance  a  son  origine  dans  l'information  sen- 
sible, sauf  cette  réserve  qui  sauvegarde  les  croyances  et 
les  aspirations  du  théologien  :  Pro  statu  vice  hujus.  L'in- 
tuition est  elle-même  due  à  l'action  d'un  objet  extérieur. 
Tel  est  le  premier  degré  du  savoir.  Aux  degrés  suivants 
interviennent  le  sensus  communis,  puis  «  la  connaissance 
mémorative  ».  Dans  cette  ère  initiale,  l'intellect  propre- 
ment dit  n'est  pas  encore,  notons-le  bien,  entré  en  jeu. 
Mais,  sans  ce  premier  travail,  l'action  de  l'intellect  ne  se 
produirait  pas  :  elle  le  continue,  elle  en  dérive.  Intellec- 
tus,  dit  Biel,  qui  est  potentia  superior  operationem 
suam  incipit  a  sensious,  neque  enim  non  sentiens 
intelligit.  Et  de  se  réclamer  d'Aristote  (Biel.  L.  L  Dist. 
111,  Qu.  6).  Quel  sera  donc  maintenant  le  rôle  de  l'intel- 
lect? Il  consistera  à  abstraire,  et  cette  opération,  à  son 
tour,  comptera  divers  moments.  De  la  connaissance  de  la 
chose  sentie,  l'intellect  dégagera  une  notion  d'abord  vague, 
à  laquelle,  l'abstraction  aidant,  succédera  la  notion  de 
singuher  et  de  commun.  L'opération  abstr active  poursui- 
vra son  œuvre.  De  plus  en  plus  elle  distinguera  des  cir- 
constances multiples  et  changeantes  le  permanent  et  l'im- 
muable. Elle  ira  de  la  sorte,  snnplifiant  toujours  davantage, 
jusqu'à  ce  qu'indépendamment  des  êtres  singuliers  soit 
atteinte  une  quahté  une  absolument.  Grâce  à  l'observa- 
tion des  ressemblances  et  au  discernement  des  similitudes 
essentielles  seront  composés  des  concepts  de  genres  et 
d'espèces.  Ces  concepts  deviendi^ont  autant  de  matériaux 
pour  l'intellect  qui  les  fera  entrer  dans  ses  propositions  et, 
par  le  secours  du  langage,  les  disposera  dans  ses  syllo- 
gismes, les  agencera  dans  des  suites  de  raisonnements  qui 


lui  permettront  de  construire  la  science  et  de  procéder  à 
la  découverte.  ic?^m  ex  propositionibus  syllogismos  facit 
et  altos  discursus  consequentiales  quibus  inquirit  ex 
notis  ignota  (Ibid,).  On  croirait  par  instants  posséder 
comme  une  ébauche  de  VEssai  sur  V entendement  hu- 
main, et  l'empirisme  moderne  ne  fera  guère  mieux. 

C'est  ainsi  que  la  théorie  occamiste  tourne,  comme  sur 
son  véritable  pivot,  autour  de  la  notion  abstraite.  Les  con- 
cepts, objets  sur  lesquels  s'exercera  l'activité  ultérieure 
de  l'intellect,  le  réalisme  les  prenait  tels  qu'ils  s'offraient, 
comme  des  entités  subsistantes,  que  disons-nous?  comme 
les  réalités  primaires,  comme  les  seules  existences  dignes 
de  ce  nom,  au  prix  desquelles  particulier  et  concret  ne 
posséderaient  qu'une  apparente  et  insaisissable  valeur. 
Mais  voici  que  s'est  ouvert  le  règne  de  l'analyse.  Ces  con- 
cepts, Occam  les  soumet  à  une  investigation  critique,  et  il 
résulte  dé  cette  enquête  qu'ils  ne  sontnuUement  des  choses 
données,  des  essences  simples  et, absolues,  tombées  dans 
notre  pensée  comme  du  haut  de  l'éternité,  ce  qui  les  élè- 
verait à  la  dignité  d'archétypes  transcendants  et  d'idées 
divines  (Biel.  L.  I.  Dist,  35,  Qu.  5).  Ils  consistent,  comme 
eût  dit  de  nos  jours  un  Taine,  en  des  extraits,  donc  en 
des  produits  artificiels  de  notre  labeur  mental.  Indispen- 
sables à  l'esprit  qui,  sans  eux,  manquerait  d'une  matière 
sur  laquelle  agir,  est-ce  à  dire  qu'ils  ne  répondent  à  rien 
d'objectif?  Si  fait,  mais  à  la  condition  que  l'analyse  nous 
rappelle  sans  cesse  le  processus  de  leur  formation  et  les 
éléments  perceptifs  dont  l'assemblage  les  constitua.  Bref, 
l'abstrait  n'a  d'existence  et  même  de  signification  que  celles 
qu'il  emprunte  à  la  chose  ou  à  l'ensemble  des  choses  con- 
crètes, particulières,  dont  il  tient  la  place  {pro  quibus 
supponit,  selon  l'expression  favorite  d'Occam  et  de  Biel). 
On  comprend  sans  peine  qu'une  pareille  doctrine  rend  par- 
faitement oiseuse  l'hypothèse  classique  des  espèces.  Cette 
hypothèse  avait  déjà'  été  bien  malmenée  par  une  suite  de 
maîtres  réputés.  L'occamisme,  on  peut  le  dh-e,  lui  portait 
le  dernier  coup. 

Parmi  les  œuvres  de  l'abstraction,  il  en  est  une  qui  dé- 
passe immensément  les  autres,  qui  couronne  tout  ce  labeui' 
de  composition  :  elle  réunit  en  elle  \di  singularité  absolue  et 
la  plus  haute  universalité  :  la  notion  de  Dieu.  Cette  idée, 
Occam  l'examine  et  il  découvre  qu'elle  se  rapporte  à  un 
«  composé  »  dont  les  parties  ont  été  normalement  abs- 
traites des  choses.  Et  il  n'y  a  pas,  nous  est-il  énergique- 
ment  déclaré,  d'autre  manière  de  connaître  Dieu  (Biel, 
L.  I.  Dist.  3.  Qu.  2-4).  La  conséquence  est  évidente, 
notre  intellect,  qui  ne  s'élève  à  Dieu  que  grâce  à  l'artifice 
de  l'abstraction,  ne  connaît  pas  en  elle-même  cette  sou- 
veraine existence  et  ne  saurait  acquérir  d'elle  qu'une  no- 
tion purement  relative.  Il  est  vrai  d'ajouter  que  la  dis- 
tinction persistante  entre  la  condition  du  viator  et  celle 
du  beatus  permet  à  Occam  de  réserver  les  droits  de  la  théolo- 
gie, étant  bien  entendu  que  la  science  absolue  du  divin 
relève,  contrairement  à  ce  que  Duns  Scot  avait  enseigné, 
de  la  pure  foi.  —  On  voit  sans  peine  également  comment 
Lindsay  a  pu  dire  que  le  scepticisme  théologique,  aux  termes 
duquel  les  vérités  de  la  foi  chrétienne  devaient  être  admises 
de  confiance,  en  dépit  des  défauts  logiques  que  la  raison 
y  découvrait,  devint  «  presque  un  lieu  commun,  grâce 
à  Occam  qui  lui  donna  pour  base  sa  théorie  de  la  connais- 
sance ».  Et  l'on  comprend  que,  parmi  les  écoles  qui  vont 
naître,  les  plus  empressées  à  accepter  le  nominalisme  ré- 
formé par  ce  maître  seront  précisément  les  plus  mystiques. 
Il  avait  fait  de  l'intuition  la  source  première  de  toute 
science.  Ils  diront  comme  lui,  sauf  à  reconnaître  une  in- 
tuition spéciale,  privilégiée,  qui,  celle-là,  vient  non  pas  des 
sens,  mais  du  cœur  :  l'intuition  du  divin.     Georges  Lyon. 

BiBL.  :  Prantl,  Geschichte  der  Logik.  —  Stoçkl,  Ges- 
chichte  der  Philosophie  des  Mittelalters^  vol.  II.  —  Riez- 
LER,  Die  literarischen  Wiedersacher  der  Pâpste  zur  Zeit 
Ludwig  desBaiers.  —  Lindsay,  Occam  and  his  Connexion 
with  the  Reformation  {Brit.  Quart.  Review,  juil.  1872),  ainsi 
que  son  art.  Occam  {Èncyclop.  Brit.,  vol.  a VII).  —  Hau- 
RÉAu,  Histoire  de  la  philosophie  scolastique  (2«  partie, 
vol.  IT,  ch.  xxvii). 


OCCASIONNELLES  —  OCCLUSION 


—  202  ^ 


OCCASIONNELLES  (Causes)  (V.  Cause,  t.  IX,  p.  906, 
et  Mâleb^anche), 

OCCEY.  Corn,  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  arr.  de 
Laugres,  eant.  de  Prauthoy  ;  291  liab. 

OCCHIATANA.  Corn,  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de  Calvi, 
cant.  de  BeJgodere  ;  733  hab. 

OCCHIOBELLO.  Village  d'Italie,  prov.  de  Rovigo,  r.  g. 
du  Pô.  Le  i2  avr.  1815,  Murât  y  fut  défait  par  l'armée 
autrichienne  de  Mohr. 

OCCIDENT  (Astron.)  (V.  Couchant). 

Compagnie  l'Occident  (V.  Compagnie,  t.  XII,  p.  162). 

OCCIONI  (Onorato),  écrivain  italien,  né  à  Venise  en 
1830,  mort  à  Rome  le  10  nov.  4895.  D'abord  professeur 
aux  gymnases  de  Venise  et  de  Trieste,  puis  à  l'Université 
d'Innsbrtick,  directeur  du  gymnase  de  Trieste,  puis,  après 
la  libération  de  la  Vénétie,  directeur  du  lycée  Q.  Visconti 
à  Rome,  enfin  professe^ir  de  littérature  italienne  à  l'Uni- 
versité de  cette  dernière  ville.  Il  ne  s'était  pas  assimilé  les 
récentes  méthodes  philologiques,  mais  il  avait  une  vaste 
culture  littéraire  et  une  grande  sûreté  de  goût.  Ce  sont  ces 
qualités  qui  recommandent  sa  traduction  do  Silius  Italicus 
(publ.  en  1878,  et  rééditée  avec  de  nombreuses  additions 
en  1889,  en  2  vol.  in-8)  et  ses  autres  ouvrages  (nom- 
breux articles  dans  la  Nuova  Anlologia;  Scritti  di  let- 
teraturalatina,  1891  ;  Vita  ed  opère  di  Orazio,  1893). 
Il  est  en  outre  l'auteur  d'un  Manuel  de  littérature  latine 
très  apprécié  du  public  des  écoles. 

OCCIONI-BoNAFFONS  (Giuseppe),  érudit  italien,  né  à 
Venise  an  1838.  11  enseigne  l'histoire  à  l'Ecole  supé- 
rieure de  commerce  de  sa  ville  natale  ;  il  est  l'auteur  d'un 
très  grand  nombre  de  mémoires  historiques  sur  la  Véné- 
tie et  le  Frioul  ;  le  plus  utile  de  ces  ouvrages  est  une  Bi- 
bliografia  storioa  friulana  (Udine,  1883-87,  2  vol.), 

OCCIPITAL  (Anat.).  Os  om^f^ito/.  Os  plat,  incurvé  sur 
lui-même,  situéà  larégion  postérieure  et  inférieure  du  crâne. 
Il  est  d  une  seule  pièce  chez  l'homme  adulte,  mais  le  dé- 
veloppement du  squelette  et  l'étude  du  crâne  des  animaux 
montrent  qu'il  est  essentiellement  composé  :  l^d'un  basi- 
occipital,  d'un  sus-occipital  et  de  deux  occipitaux  latéraux 
(ex-occipitaux),  d'origine  chondro-cranienne;  2°  d'un  supra- 
occipital  (inter-pariétal),  de  provenance  dermo-cranienne. 
Chez  les  marsupiaux,  la  portion  supérieure  ou  écailleuse 
reste  toute  la  Yie  séparée  de  la  portion  inférieure  ou  ba- 
silaire.  Chez  les  autres  mammifères,  ces  pièces  sont  sou- 
dées. L'écaillé  présente  extérieurement  une  crête  médiane, 
la  crôte  occipitale  externe,  aboutissant,  en  haut,  à  une 
saillie,  la  protubérance  occipitale  externe  ou  inion,  et,  de 
chaque  côté,  deux  lignes  horizontales  arquées,  les  lignes 
courbes  supérieure  et  inférieure  ;  intérieurement,  elle  offre 
quatre  fosses,  deux  supérieures  (fosses  cérébrales)  et  deux 
inférieures  (fosses  cérébelleuses),  séparées  par  une  saillie 
cruciale,  au  centre  de  laquelle  se  trouve  un  mamelon 
(protubérance  occipitale  interne).  Sur  la  saillie,  qui  s'étend 
au-dessous  de  la  protubérance  occipitale  interne,  on  ren- 
contre chez  les  singes,  et  à  titre  exceptionnel  dans  l'es- 
pèce humaine,  une  fossette  (fossette  vermienne,  fossette 
aymarienne). 

Dans  sa  portion  b asilaire,  l'occipital  est  percé  d'un 
grand  trou,  le  trou  occipital,  par  lequel  passent  la  moelle, 
ses  enveloppes  et  les  artères  vertébrales.  De  chaque  côté, 
on  voit  les  condyles  de  l'occipital,  qui  s'articulent  avec 
les  cavités  gléiioides  do  l'atlas.  Chez  les  reptiles  et  les 
oiseaux,  il  n'y  a  qu'un  cpndyle  situé  en  avant  du  trou 
occipital.  En  avant  des  condyles,  il  y  a  le  trou  du  nerf 
hypoglosse  chez  les  mammifères  ;  en  dehors  s'observent 
deux  apophyses  (ap.  jugulaires  chez  l'homme,  paramas- 
toideschez  les  autres  mammifères).  Chez  un  grand  nombre 
de  mammifères  (marsupiaux,  rongeurs,  carnassiers,  etc.), 
la  portion  supra-occipitale  reste  distincte  (os  interparié- 
tal), ce  que  Von  observe  aussi  exceptionnellement  dans 
l'espèce  humaine  (os  épactal). 

Muscle  occipital.  Muscle  large  recouvrant  l'occiput.  Il 


s'insère  en  avant  à  l'aponévrose  épicranienne  et  en  ar- 
rière, à  la  hgne  courbe  supérieure  de  Toccipital. 

Artère  occipitale.  Elle  vient  de  la  carotide  externe,  se 
porte  sur  la  région  occipitale  et  donne  une  branche  ster- 
no-mastoidienne,  une  stylo-mastoïdienne,  une  mastoï- 
dienne ou  méningée  postérieure,  une  cervicale  postérieure. 

Veine  occipitale.  Elle  correspond  à  l'artère  occipitale 
et  va  se  jeter  dans  la  jugulaire  interne. 

Nerf  occipital  ou  sous-occipital.  Le  petit  nerf  sous- 
occipital  et  le  grand  nerf  sous-occipital  sont  les  deux 
branches  dorsales  des  '  deux  premières  paires  des  nerfs 
rachidiens.  Ch.  Debierre. 

OCCLEVE  (Thomas)  (V.  Hoccleve). 

OCCLUSION.  I.  Chimie.  —  Graham  a  donné  le  nom 
d'occlusion  à  la  pr*opriété  que  possèdent  les  métaux  de 
condenser  les  gaz  et  de  les  conserver  même  dans  le  vide. 
Graham  voyait  dans  l'occlusion  un  phénomène  spécial, 
complexe,  à  la  fois  physique  et  chimique.  Les  faits  pa- 
raissent, d'après  M.  Berthelot,  faire  rentrer  les  phénomènes 
d'occlusion  dans  la  classe  des  phénomènes  chimiques.  Le 
platine  réduit  par  l'acide  formique,  puis  séché  à  100^,  ab- 
sorbe 1 1 4  fois  son  volume  d'hydrogène  en  formant  successi- 
vement deux  hydrures,  dont  la  formation  respective  dégage 
pour  1  gr.  d'hydrogène  entré  en  combinaison  -h  17  cal.  et 
14^^^^ 2.  Les  deux  hydrures  peuvent  être  portés  à  200^ 
dans  le  vide,  mais  le  plus  hydrogéné  est  lentement  disso- 
ciable dans  ces  conditions.  Le  dernier  hydrure  absorbe 
l'oxygène  à  froid  en  formant  de  l'eau,  ce  qui  permet  d'en 
mesurer  la  chaleur  de  formation,  au  moins  pour  la  portion 
d'hydrogène  fixe  qui  surpasse  le  premier  hydrure,  si  l'on 
a  soin  d'empêcher  toute  élévation  notable  de  température 
capable  de  détruire  le  second  hydrure. 

Le  second  hydrure  a  une  composition  correspondant 
à  Pts^IP 

Pt30  +H'-  —  Pt30H3  H-33«^i,9. 

Le  plus  hydrogéné  correspond  à  Pt^^^H^ 
Pt30^  H3  -_pt30H3  ^  42^^i,6. 

L'addition  du  troisième  atome  d'hydrogène  se  fait  donc 
avec  un  dégagement  de  S^^^J. 

La  mousse  de  platine  et  le  platine  fondu  donnent  des 
résultats  analogues,  mais  une  absorption  totale  d  hydro- 
gène moindre.  La  mousse  absorbe  seulement  35,5  fois  son 
volume  d'hydrogène,  le  platine  fondu  notablement  moins. 
La  mousse  de  platine  absorbe  l'oxygène  libre  avec  déga- 
gement de  chaleur,  mais  la  dose  absolue  d'oxygène  ab- 
sorbé est  très  faible.  La  chaleur  dégagée  paraît  surpasser 
34  calories  pour  un  poids  d'oxygène  égal  à  16  gr. 

La  chaleur  dégagée  par  la  formation  des  combinaisons 
hydrogénées  et  oxygénées  du  platine  est  la  cause  qui 
détermine  la  réaction  bien  connue  du  platine  sur  le  mé- 
lange tonnant  d'hydrogène  et  d'oxygène.  Les  mômes  com- 
posés jouent  un  rôle  considérable  dans  les  phénomènes  de 
polarisation  éiectrolytique  observés  avec  des  électrodes  en 
platine.  Ces  mêmes  hydrures  de  platine  expliquent  la  trans- 
formation des  composés  oxygénés  de  l'azote  en  ammoniaque, 
quand  on  les  chauffe  avec  rhydrogène  en  présence  de 
mousse  de  platine  ;  les  composés  avec  l'oxygène  rendent 
compte  de  la  transformation  inverse  de  l'ammoniaque  en 
acide  azotique,  de  l'oxydation  de  l'anhydride  sulfureux  en 
acide  sulfurique,  etc. 

Le  palladium  condense  700  à  800  fois  son  volume  d'hy- 
drogène et  donne  un  hydrure  voisin  de  Pd^^H.  Chaque 
gramme  d'hydrogène  absorbé  dégage  -h  5^^\7  au  début  de 
la  réaction  et  seulement  3^^\9  à  la  fin.  Une  lame  de  pal- 
ladium, employée  comme  pôle  négatif  dans  un  voltamètre, 
absorbe  l'hydrogène  tout  entier  au  début  del'électrolyse, 
en  même  temps  que  la  lame  augmente  de  volume,  perd  sa 
ténacité,  sa  conductibilité  électrique  et  acquiert  des  pro- 
priétés magnétiques. 

La  plupart  des  métaux  présentent  avec  l'hydrogène  le 
phénomène  d'occlusion,  mais  à  un  degré  moindre  que  les 
deux  métaux  précédents.  C.  Matignon. 

II.  Médecine  (V.  Intestin,  t.  XX,  p.  914). 


—  203 


OCCOCHES  —  OCCULTATION 


OCCOCHES.  Coin,  du  dép.  de  la  Somme,  arr.  de  Doul- 
lens,  cant.  de  Bernaville  ;  210  liab. 

OCCULTATION  (Astr.).  La  lune,  dans  son  mouvement 
de  révolution  mensuel  antom'  de  la  terre,  recouvre  succes- 
sivement pour  un  observateur  terrestre  une  bande  de  la 
sphère  céleste  d'une  largeur  égale  à  celle  de  son  disque.  Les 
étoiles  ou  plantes  situées  sur  cette  bande  sont  cachées, 
occultées,  pendant  un  certain  temps,  de  là  le  nom  du 
phénomène.  Le  commencement  ou  disparition  de  l'astre 
s'appelle  immersion,  la  sortie  émersion;  enfin,  si  l'étoile, 
sans  être  cachée  par  notre  satellite,  s'en  rapproche  beau- 
coup, l'on  dit  qu'il  y  a  appulse. 

Entre  l'éclipsé  proprement  dite  et  l'occultation  existe 
une  légère  différence;  dans  le  premier  cas,  il  s'agit  en 
général  d'un  satellite  qui,  entrant  dans  le  cône  d  ombre 
projeté  par  sa  planète  à  l'opposite  du  soleil,  voit  sa 
lumière  s'éteindre  progressivement.  Pour  une  occultation, 
au  contraire,  l'astre  qui  disparaît  à  nos  yeux  garde  sa 
lumière  propre.  Toutefois,  les  éclipses  de  soleil,  quoique 
étant  en  fait  de  véritables  occultations,  ne  sont  pas  rangées 
dans  cette  catégorie.  Certaines  occultations  peuvent  être 
perçues  à  l'œil  nu,  et  dans  les  anciennes  chroniques  l'on 
trouve  mentionnés  des  phénomènes  de  ce  genre  ;  ces  don- 
nées sont  assez  intéressantes,  car  elles  permettent  de 
fixer  des  dates  et  de  contrôler  les  tables  de  la  lune. 

Observer  une  occultation  consiste  simplement  à  noter 
l'heure  de  la  disparition  ou  de  la  réapparition  de  l'astre. 
La  chose  n'est  généralement  possible,  même  en  s 'aidant 
d'une  forte  lunette,  que  pour  les  belles  étoiles,  la  lune  fort 
brillante  faisant  disparaître  par  contraste  les  astres  plus 
faibles,  surtout  lorsque  le  phénomène  se  produit  sur  le 
bord  éclairé.  Cette  difficulté  disparaît  pendant  les  éclipses 
totales,  le  disque  de  la  lune  n'étant  plus  alors  percep- 
tible qu'en  vertu  d'une  sorte  de  phosphorescence,  les 
observations  peuvent  être  multipliées.  Les  astronomes 
s'empressent  d'utiliser  une  circonstance  aussi  exception- 
nelle ;  ils  ont  en  vue  la  détermination  de  la  grandeur  réelle 
du  disque  lunaire,  élément  difficile  à  obtenir  d'une  manière 
très  précise,  un  seul  bord  étant  généralement  éclairé  et 
la  diffraction  venant  en  plus  troubler  les  observations. 

Les  occultations  ont  prouvé  que  la  densité  de  l'atmos- 
phère à  la  surface  de  notre  satellite  est  à  peu  près  nulle. 
Si  elle  était  sensible,  nous  devrions  voir  l'étoile  se  pro- 
jeter pendant  quelques  instants  sur  le  disque  de  la  lune 
avant  l'immersion  et  reparaître  dans  les  mêmes  condi- 
tions. Pour  l'observateur,  sur  le  bord  obscur,  la  chose 
n'est  pas  appréciable,  les  apparences  relevées  sur  le  bord 
éclairé  doivent  tenir  à  la  diffraction  ;  elle  nous  fait  paraître 
'le  disque  de  la  lune  plus  grand  qu'il  n'est  en  réahté. 
Toutefois,  il  résulte  de  la  discussion  d'un  grand  nombre 
d'observations  que  le  diamètre  de  la  lune  déduit  des  occul- 
tations est  d'environ  4./''  inférieur  à  celui  fourni  par  les 
mesures  directes.  L'atmosphère  lunaire  serait  à  peu  près 
900  fois  moins  dense  que  celle  qui  nous  entoure,  et  diverses 
autres  données  conduisent  à  peu  près  à  la  même  conclu- 
sion. 

Avant  l'invention  du  télégraphe,  les  occultations  ser- 
vaient aux  astronomes  à  déterminer  les  longitudes  ;  les 
résultats  étaient  excellents,  comme  l'ont  prouvé  les  mé- 
thodes plus  précises  employées  depuis  une  quarantaine 
d'années.  A  l'heure  actuelle,  c'est  encore  le  seul  procédé 
irréprochable  que  puissent  utiliser  les  explorateurs  en  pays 
non  civilisés  ;  malheureusement,  l'observation  est  assez 
délicate;  de  plus,  la  recherche  du  moment  où  se  produira 
le  phénomène  présente  des  difficultés  plus  apparentes 
toutefois  que  réelles,  qui  découragent  nombre  d'entre  eux. 
Prédiction  des  occultations.  Le  calcul  est  tout  fait 
pour  Vms  (Connaissance  des  temps),  GrQenmch  (Nau- 
tical  Almanach),  Berlin  (Berliner  Jahrbuch),  mais  dès 
que  l'on  quitte  ces  localités  les  résultats  indiqués  ne  sont 
plus  applicables.  Il  faut  utiliser  les  éléments  pour  le  calcul 
des  occultations  fournis  par  les  grandes  éphémérides  que 
nous  venons  de  citer,  et  nous  croyons  devoir  donner  à  cet 


égard  quelques  éclaircissements.  La  méthode  employée, 
due  à  Bessel,  dégagée  des  formules  de  trigonométrie  sphé- 
rique  qui  la  résument,  peut  en  effet  donner  une  idée,  sous 
forme  simplifiée,  de  celle  utihsée  pour  le  calcul  des  éclipses. 
La  lune  n'est  pas  très  éloignée  de  la  terre,  et  en  vertu  de 
la  parallaxe,  l'observateur  aperçoit  notre  satellite  se  pro- 
jetant sur  des  points  assez  différents  du  ciel,  suivant  la 
localité  qu'il  occupe.  Il  en  résulte  que  la  bande  découpée 
par  le  disque  lunaire  n'est  pas  la  même  pour  deux  Ueux 
distincts,  et  il  se  peut  fort  bien  qu'il  n'y  ait  occultation 
que  pour  l'un  des  points.  La  latitude  joue  le  rôle  principal; 
la  Connaissance  des  temps  donne  les  limites  en  latitude 
des  lieux  pour  lesquels  le  phénomène  peut  se  produire  ;  il 
faut  de  plus  que  la  lune  soit  levée  et  qu'il  fasse  nuit, 
autant  de  conditions  faciles  à  vérifier  une  fois  l'endroit 
donné. 

Pour  le  calcul  proprement  dit,  l'observateur,  supposé 
d'abord  au  centre  de  la  terre  et  ne  participant  pas  à  sa 
rotation,  verra  la  lune  se  déplacer  lentement  sur  le  ciel, 
et  les  éphémérides  calculés  dans  cette  hypothèse  lui  four- 
niront les  positions  successives  de  notre  satellite.  L'étoile 
restera  fixe  et  si,  au  point  oti  elle  est  vue,  nous  considérons 
le  plan  tangent  k  la  sphère  céleste,  la  lune  se  mouvra  sur 
ce  plan,  au  voisinage  du  moment  de  l'occultation,  d'un 
mouvement  sensiblement  rectiligne  et  uniforme.  Les  astro- 
nomes rapportent  son  déplacement  à  deux  axes  rectangu- 
laires dont  l'un  n'est  autre  que  l'intersection  du  plan  tan- 
gent par  le  cercle  horaire  de  l'étoile  ;  ils  calculent  l'heure 
Tq  ou  la  lune  passe  sur  cet  axe  (époque  de  la  conjonction 
vraie  en  ascension  droite).  Cette  donnée  est  fournie  par  la 
Connaissance  des  temps,  ainsi  que  les  coordoimées  recti- 
lignes  du  centre  de  la  lune.  L'on  a,  pour  leur  valeur, 
t  étant  le  temps  exprimé  en  portion  d'heure  et  compté  à 
partir  de  T^  : 

X  =  p'  t, 

y  ^-=  Qo  H-  q'  t^ 
p'  g,),  f/'  étant  des  nombres  tout  calculés  et  indépendants  de 
la  position  de  l'observateur  à  la  surface  de  la  terre.  Reste 
à  introduire  ce  dernier  élément.  Le  point  ou  Ton  se  trouve 
est  connu,  au  moins  approximativement  ;   l'on  recherche 
la  projection  de  ses  coordonnées  sur  des  axes  parallèles 
aux  précédents  et  passant  par  le  centre  de  la  terre  pour 
l'époque  T^,  Ce  point  se  déplacera  à  peu  près  proportion- 
nellement au  temps,  par  suite  de  la  rotation,  et  ses  coor- 
données pourront  s'écrire  à  un  instant  quelconque  : 
x'  —  u^  +  ^t^t, 
^  y'^v^-\-vt'. 

Ce  seront  les  points  successifs  où  l'on  verra  l'étoile  sur 
le  plan  tangent  supposé  fixe  si  nous  observons  les  conven- 
tions suivantes  : 

4»  Le  rayon  de  la  sphère  céleste  devra  être  pris  égal  à 
la  distance  vraie  de  la  lune  à  la  terre  ;  2°  le  rayon  é'qua- 
torial  de  la  terre  pris  comme  unité  sera  supposé  vu  du 
centre  de  la  lune  sous  un  angle  t.  égal  à  la  parallaxe 
horizontale  de  cet  astre  à  l'époque  T^.  Cela  fait,  la  solu- 
tion du  problème  est  immédiate  :  soit  k  le  rayon  de  la  lune 
exprimé  en  fraction  du  rayon  terrestre  pris  pour  unité, 
les  deux  astres  se  mouvant  simultanément  sur  le  plan 
tangent,  il  y  aura  occultation  dos  que  la  distance  entre 
le  centre  de  la  lune  et  l'étoile  sera  égale  au  rayon  de  la 
lune;  d'où  l'équation  de  condition, 

{x  --  xy  +  (y  —  ?y)2  =-  A;«, 
exprimaut  que  la  distance  enti'e  les  deux  points  est  égale 
à  k.  Substituant  à  x,  y,  x' ,  ij  les  valeurs  données  plus 
haut,  nous  aurons  une  équation  de  second  degré  en  t 
fournissant  deux  racines.  L'une  se  rapportera  à  l  immer- 
sion, l'autre  àl'émersion.  Si  ces  racines  deviennent  égales, 
il  y  aura  appulse  sur  le  bord  môme  do  la  lune  ;  si  elles 
sont  imaginaires,  notre  sateliite  passera  à  une  certaine 
distance  de  l'étoile  sans  la  recouvrir.  La  Connaissance  des 
temps  donne  sous  une  forme  très  élégante  la  résolution  de 
cette  équation  par  les  fonctions  trigonométriques. 


OCCULTATION  —  OCCULTISME 


-  20i  - 


L'on  peut  encore,  et  c'est  en  général  suffisant  dans  la 
pratique,  avoir  recours  à  une  construction  géométrique. 
Il  suffit  pour  cela  de  laisser  la  lune  fixe  sur  l'épure,  rayon 
égal  à  K,  position  à  l'époque  T^  et  d'animer  l'étoile  de 
deux  mouvements,  celui  de  l'observateur  et  celui  de  la 
lune  pris  en  sens  contraire.  Enfin,  les  mouvements  de  la 
lune  et  de  l'observateur,  n'étant  pas  en  réalité  rectilignes, 
il  conviendra,  si  on  le  juge  utile,  de  recommencer  le 
calcul  en  substituant  à  T^  les  heures  approchées  comme 
origine. 

La  longitude  s'obtient  par  une  occultation  observée, 
d'une  manière  très  analogue  ;  une  valeur  approchée  étant 
supposée  connue,  l'on  détermine  la  correction  à  lui  apporter 
pour  satisfaire  rigoureusement  à  l'équation  de  condition. 
Incidemment,  l'on  peut  faire  la  remarque  que  l'observa- 
tion de  l'occultation  revient  à  déterminer  l'instant  où  la 
distance  lunaire  devient  rigoureusement  égale  au  rayon 
apparent  de  la  lune. 

Pour  les  éclipses  de  soleil,  la  question  se  complique, 
car  cet  astre  se  déplace  pour  son  propre  compte  et  a  de 
plus  une  parallaxe  ;  les  équations  sont  toutefois  très  ana- 
logues. Le  commencement  ou  la  fin  du  phénomène  ont  lieu 
au  moment  où  la  distance  des  centres  est  égale  à  la  somme 
des  rayons  ;  les  contacts  intérieurs,  lorsque  cette  même 
donnée  est  égale  à  leur  différence. 

La  même  méthode  est  applicable  au  calcul  des  passages 
de  Vénus  ou  de  Mercure  sur  le  soleil.  Dans  les  éclipses  de 
lune  ou  de  satellites  de  Jupiter,  le  disque  rencontré  n'est 
autre  que  la  section  du  cône  d'ombre  ou  de  pénombre  de 
la  planète  faite  à  une  distance  égale  à  la  distance  vraie  du 
satellite.  Oltrâmare, 

BiBL.  :  Bessel,  Astronomische  Nachrilten,  1829,  mé- 
moire réimprimé  en  1875.  —  Berry,  Théoine  complète  des 
occultations  ;  Paris,  1880. 

OCCULTES  (Propriétés)  (Alchim.).  C'était  une  opinion 
très  répandue  au  moyen  âge,  et  provenant,  disait-on, 
d'Aristote,  que  «  toute  chose  douée  d'une  qualité  appa- 
rente possède  une  qualité  occulte  opposée,  et  réciproque- 
ment. Le  feu  rendait  apparent  ce  qui  est  caché,  et  inver- 
sement». «Transforme  leur  nature,  car  la  nature  est  ca- 
chée à  l'intérieur,  »  disait  le  faux  Démocrite.  Les  Arabes 
et  leurs  disciples  précisent  davantage.  Dans  ses  qualités 
apparentes,  le  fer  est  chaud,  sec  et  dur.  Dans  sa  cons- 
titution secrète,  il  possède  les  qualités  opposées,  la  mol- 
lesse, par  exemple.  Réciproquement,  ce  qui  est,  quant 
aux  apparences,  mercure  est  fer  dans  son  intimité.  Ce  qui 
est  extérieurement  du  cuivre  est  intérieurement  de  l'or  et 
comme  l'âme  du  métal.  Dans  n'importe  quelle  chose  toute 
chose  existe  en  puissance,  même  si  on  ne  l'y  voit  pas. 
Pour  accomplir  la  transmutation,  il  suffit  donc  de  faire 
disparaître  certaines  qualités.  Le  cuivre,  d'après  Rasés,  est 
de  l'argent  en  puissance:  celui  qui  en  extrait  radicalement 
la  couleur  rouge  le  ramène  à  l'état  d'argent,  etc.  Toute 
cette  théorie  des  qualités  occultes  a  joué  un  grand  rôle,  au 
moyen  âge,  en  philosophie  et  en  médecine,  aussi  bien  qu'en 
alchimie.  M.  Berthelot. 

OCCULTISME.  On  peut  grouper  sous  cette  désignation 
un  ensemble  d'idées,  de  tendances  constituant  un  domaine 
intermédiaire  entre  celui  du  surnaturel  et  celui  de  la  rai- 
son, entre  la  religion  et  la  science.  C'est  une  croyance 
extrêmement  répandue  dans  l'espèce  humaine,  et,  jusqu'à 
une  date  récente,  quasi-universelle,  que  celle  de  faits  échap- 
pant à  toute  explication  rationnelle  et  manifestant  l'inter- 
vention de  forces,  d'êtres,  de  volontés  généralement  ina- 
perçus, qui  interviennent  dans  les  afi'aires  humaines  ou 
dans  la  marche  de  l'univers  d'une  manière  pour  nous  ar- 
bitraire. Sous  sa  forme  la  plus  précise,  celle  du  miracle, 
cette  croyance  au  surnaturel  semble  à  peu  près  inséparable 
de  l'idée  même  de  reHgion,  le  miracle  étant  la  preuve 
sensible  de  l'existence  de  la  divinité  révélée  par  des  phé- 
nomènes que  les  lois  rationnelles  sont  impuissantes  à  ex- 
pliquer. Seulement  les  progrès  de  la  science  et  de  la  cri- 
tique ont  établi  que  jamais  un  miracle  ne  s'était  produit 


en  un  lieu  où  il  se  trouvât  des  hommes  capables  d'en 
vérifier  la  réaUté.  Les  faits  qui  semblaient  jadis  surnatu- 
rels ne  paraissaient  tels  qu'à  notre  ignorance  ;  la  plupart 
ont  reçu  une  expUcation  rationnelle,  et  la  conviction  s'est 
enracinée  qu'il  n'y  a  d'autres  bornes  au  domaine  de  la  loi 
scientifique  que  celles  de  la  perception  humaine.  Tout  ce 
qui  peut  être  perçu,  c.-à-d.  senti  ou  connu  par  nous  à 
quelque  titre  que  ce  soit,  est  ou  pourra  être  ramené  à  des 
lois  abstraites.  Un  nombre  chaque  jour  plus  grand  de 
personnes  imbues  de  la  culture  rationnelle  écartent  toute 
idée  de  surnaturel.  La  supériorité  de  la  pensée  moderne 
s'affirme  à  leurs  yeux  par  la  substitution  des  notions  scien- 
tifiques aux  croyances  religieuses  qui,  malgré  d'ingénieux 
efforts  et  des  concessions  variées,  sont  inconciliables.  Nous 
n'insistons  pas  sur  cette  question  qui  est  traitée  dans 
d'autres  articles  à  ses  divers  points  de  vue.  L'objet  de. 
celui-ci  est  d'examiner  ce  que  furent  et  ce  que  deviennent, 
au  moment  de  l'éviction  du  surnaturel  par  la  science,  les 
idées  occultistes. 

La  prétention  de  leurs  adeptes  fut  de  tout  temps  d'étendre 
leur  connaissance  et  leur  pouvoir  sur  des  forces  différentes 
des  forces  matérielles  et  susceptibles  pourtant  d'être  étu- 
diées et  méthodiquement  employées.  Ce  domaine  des 
sciences  occultes,  distinct  de  celui  du  surnaturel,  puisqu'il 
demeurait  accessible  à  l'action  humaine,  a  été  de  plus  en 
plus  restreint  par  les  progrès  de  la  science  rationnelle. 
Toutefois,  aujourd'hui  encore,  ces  idées  ont  de  nombreux 
partisans  et,  fidèles  à  notre  règle  d'impartialité,  nous  avons 
confié  à  l'un  d'eux  l'exposé  de  leur  système.  On  le  trou- 
vera plus  loin.  Ces  théories  nous  paraissent  une  survi- 
vance des  époques  antérieures  où  la  notion  de  loi  scienti- 
fique n'était  pas  clairement  dégagée.  L'œuvre  des  savants 
a  été  précisément  d'éhminer  cette  part  de  mystère  qu'on 
mêlait  autrefois  aux  pratiques  et  aux  théories  scientifiques. 
Ecartée  des  sciences  exactes,  elle  tend  à  se  confiner  dans 
le  champ  encore  obscur  des  rapports  du  physique  et  du 
moral.  Quant  aux  imaginations  développées  par  quelques 
écrivains  occultistes  sur  la  primitive  histoire-  de  l'huma- 
nité, elles  sont  purement  fantaisistes.  Avant  d'en  arriver 
à  l'exposé  de  l'occultisme  contemporain,  il  nous  faut  re- 
tracer brièvement  les  données  les  plus  générales  et  l'his- 
torique de  ces  sciences  du  surnaturel,  desquelles  se  sont 
peu  à  peu  dégagées  les  sciences  proprement  dites,  rejetant 
un  encombrant  résidu  de  superstitions  qui  n'ont  plus  d'in- 
térêt que  pour  l'étude  psychologique  des  diverses  sociétés 
humaines. 

A  l'origine,  les  conceptions  occultistes  remplissent  l'ho- 
rizon tout  entier  ;  elles  forment  un  amalgame  confus  d'où 
se  dégageront  ultérieurement  la  religion  et  la  science 
confondues  à  ce  stade  de  l'évolution.  Les  premières 
généralisations  de  V animisme  (V.  ce  mot)  expliquent  tout 
phénomène  par  l'action  d'esprits  semblables  au  nôtre. 
Ainsi  que  l'ont  clairement  montré  les  sociologues,  notam- 
ment Spencer,  pour  le  sauvage,  l'immatériel,  l'invisible 
paraît  aussi  réel  que  le  matériel.  Un  nuage  se  forme,  se 
dissout  sur  place  ;  que  dire  du  vent  dont  on  sait  l'irrésis- 
tible violence  ?  de  l'ombre,  du  reflet  ?  Les  mirages  mon- 
trent tour  à  tour  au  même  endroit  des  objets  fort  di- 
'  vers.  Les  métamorphoses  des  insectes  imposent  la  notion 
des  transformations  inattendues  d'un  même  être.  Les 
pétrifications,  les  fossiles  témoignent  qu'elles  s'éten- 
dent de  la  nature  vivante  à  l'inanimée.  Le  rêve  conduit  à 
distinguer  du  corps  l'âme  qui  se  promène  au  loin,  accom- 
plit les  actes  les  plus  variés,  tandis  que  le  corps  demeure 
à  la  même  place  à  peu  près  inerte.  Une  généralisation  bien 
facile  assimile  la  mort  à  un  sommeil  prolongé,  à  une  émi- 
gration définitive  de  l'âme,  d'autant  plus  que  les  survi- 
vants revoient  en  rêve  les  morts  qu'ils  ont  connus.  Les 
constatations  de  la  vie  courante  aboutissent  donc  sans 
grand  effort  à  cette  idée  que  le  monde  est  peuplé  d'âmes, 
esprits,  souffles,  auxquels  on  attribue  tout  événement  dont 
la  cause  échappe.  L'animisme,  le  spiritualisme  est  à  la  ra- 
cine de  toute  notre  évolution  mentale.  Il  n'en  est  pas  le 


205 


OCCULTISME 


résultat,  mais  le  point  de  départ.  Refoulé  dans  un  domaine 
de  plus  en  plus  étroit,  à  mesure  que  s'agrandit  à  ses  dé- 
pens celui  de  la  science  rationnelle,  il  survit  obstinément 
dans  les  religions  et  dans  l'occultisme. 

Dès  cette  phase  primitive  où  se  confondaient  en  une 
généralisation  inconsciente  des  rudiments  confus  et  gros- 
siers de  philosophie  religieuse  et  scientifique,  la  pratique 
intervient  à  côté  de  la  théorie.  On  s'efforce  d'entrer  en  re- 
lations avec  les  esprits  ;  des  habitudes  s'établissent  à  ce 
sujet,  des  règles  sont  posées,  et  voilà  le  culte  avec  ses 
rites.  On  s'efforce  d'utiliser  les  concomitances,  les  corres- 
pondances que  l'observation  révèle  dans  les  phénomènes 
naturels  et  d'en  tirer  parti  par  l'intermédiaire  des  esprits 
auxquels  on  les  attribue  ;  on  veut  faire  de  ceux-ci  des 
instruments  au  service  des  intérêts  et  des  passions  hu- 
maines; cet  art  est  la  magie,  la  sorcellerie,  dont  le  rôle 
fut  et  demeure  immense. 

Sous  ce  nom  de  magie,  d'art  des  anciens  mages  de  l'Iran 
(Perse,  Médie),  on  a  réuni  une  masse  de  croyances  et  de 
pratiques  dont  le  caractère  commun  est  de  dépasser  les 
effets  et  les  causes  que  leur  régulière  succession  a  conduit 
les  hommes  à  regarder  comme  naturels.  11  est  malaisé  de 
définir  les  limites  de  la  magie  et  de  la  religion,  car  la  re- 
ligion adopte  souvent  des  pratiques  magiques  (c'est  le  cas, 
par  exemple,  de  la  transsubstantiation  qui,  par  le  pouvoir 
des  formules  et  du  prêtre,  est  censée  changer  la  nature  de 
l'hostie  et  du  vin  en  chair  et  en  sang)  ;  et  d'autre  part,  l'effi- 
cacité des  pratiques  magiques  est  fréquemment  attribuée 
à  l'intervention  d'êtres  divins.  Toutefois,  la  magie  prétend 
être  un  art  se  suffisant  pour  ainsi  dire  à  lui-même  et  dont 
les  résultats  sont  obtenus  par  la  volonté  du  magicien  do- 
minant les  puissances  naturelles  ou  divines  au  moyen  des 
formules  dont  il  a  le  secret.  Il  peut  évoquer  le  fantôme  des 
morts  pour  les  questionner,  pour  les  envoyer  tourmenter 
les  vivants,  faire  pénétrer  les  esprits  dans  le  corps  d'un 
homme  ou  d'un  animal  ainsi  obsédé  ou  possédé  (V.  Obses- 
sion). C'est  par  l'intermédiaire  des  esprits  qu'il  peut  dé- 
chaîner le  vent,  faire  tomber  la  pluie,  donner  ou  guérir 
les  maladies,  ressusciter  les  morts.  Il  sait  lire  dans  les 
phénomènes  naturels  les  intentions  des  dieux  ;  le  cri  des 
oiseaux,  les  combinaisons  des  astres  lui  révèlent  les  évé- 
nements inconnus  passés  et  même  futurs  ;  c'est  là  une 
branche  spéciale  qui  s'est  développée  séparément,  la  divi- 
nation (V.  ce  mot).  Elle  est  arrivée  à  coordonner  ses  mé- 
thodes au  point  de  se  détacher  presque  de  l'occultisme. 

Si  nous  jugeons  la  magie  du  point  de  vue  expérimental 
et  rationnel,  ce  qui  la  caractérise,  c'est  qu'elle  n'est  pas 
réelle.  Aucune  de  ses  prétentions  n'est  justifiée.  Ses  mé- 
thodes se  présentent  parfois  avec  une  cohérence  théorique, 
mais  jamais  elles  ne  produisent  aucun  résultat  pratique  ; 
elles  n'ont  donc  pas  de  tendance  à  se  perfectionner  ;  cer- 
taines de  ces  formules  ou  de  ces  règles  se  sont  transmises 
depuis  des  milliers  d'années  toujours  les  mêmes,  à  l'op- 
posé des  recettes  qui  correspondent  à  un  effet  réel  et  que 
l'expérience  perfectionne  au  cours  des  âges.  Cependant, 
dans  les  pays  .et  les  époques  où  les  idées  occultistes  sont 
dans  toute  leur  force,  des  éléments  réels  sont  mélangés 
aux  pratiques  de  sorcellerie  et  de  magie  ;  mais  ils  tendent 
à  s'en  détacher  successivement  pour  constituer  les  sciences 
exactes.  La  valeur  intrinsèque  des  formules  étant  nulle  et 
tout  l'effet  tenant  aux  pratiques  positives,  celles-ci  seules 
étaient  susceptibles  de  progrès  et  se  sont  développées  par 
l'expérience  accumulée,  de  manière  à  devenir  des  spécia- 
lités distinctes. 

Parmi  les  peuplades  attardées  aux  degrés  inférieurs  de 
la  civilisation,  le  rôle  de  la  sorcellerie,  l'importance  du 
sorcier  sont  énormes.  Les  nègres  natifs  de  l'Australie  ont 
leur  existence  entière  dominée  par  cette  croyance  et  par 
la  terreur  du  sorcier.  Ne  concevant  la  mort  que  violente, 
ils  rapportent  tous  les  cas  de  ce  que  nous  appelons  mort 
naturelle  à  un  méfait  des  êtres  invisibles  ;  de  même  toute 
maladie.  Si  un  homme  est  malade,  c'est  qu'un  esprit  a 
pénétré  dans  son  corps  ;  l'Australien  sent  la  piqûre  que 


fait  le  sorcier  au  moment  où  il  s'enfonce  et  la  compare  à 
celle  d'une  pointe  de  cristal  de  roche  ;  avec  un  cristal,  le 
sorcier  ami  pourra  extraire  du  corps  malade  l'esprit  hos- 
tile, sans  quoi  celui-ci  le  dévore  peu  à  peu  et  le  malade 
meurt  de  consomption.  Le  sorcier  peut  aussi  venir  invi- 
sible tuer  sa  victime  endormie,  en  la  frappant  avec  un  os 
de  kangourou.  D'autres  fois,  il  se  contente  de  s'emparer 
d'une  mèche  de  cheveux,  et,  en  la  brûlant,  il  fait  périr  celui 
auquel  ils  appartenaient.  Quand  un  homme  meurt,  le  pre- 
mier soin  des  Australiens  est  donc  de  rechercher  le  sor- 
cier qui  l'a  tué  pour  en  tirer  vengeance  ;  c'est  aussi  leur 
préoccupation  quand  un  d'eux  tombe  malade  ;  la  guérison 
est  demandée  au  sorcier  ami,  qui  cherche  à  enfermer  le 
charme,  l'esprit  hostile  dans  une  pierre,-  dans  un  os  de 
poisson,  ou  à  la  faire  sortir  le  long  d'une  corde  dont  il 
tient  l'autre  extrémité  entre  ses  dents.  C'est  aux  sorciers 
qu'on  attribue  l'orage,  l'éclair,  le  tonnerre  ;  on  suppose 
qu'ils  peuvent  se  mouvoir  dans  le  ciel,  invisibles,  sauf  aux 
autres  sorciers.  On  regarde  les  étoiles  filantes  et  les  co- 
mètes comme  présages  de  catastrophes.  L'art.  Sorcellerie 
donnera  des  détails  plus  complets  sur  ce  sujet.  Nous  nous 
bornons  à  en  constater  ici  l'universelle  extension. 

Chez  toutes  les  races  humaines,  nous  rencontrons  le 
sorcier  (souvent  identique  au  prêtre),  qui  est  un  des  diri- 
geants des  tribus  peu  civilisées.  Dans  les  îles  d'Océanie, 
les  Européens  trouvèrent  une  classe  de  sorciers  dont  l'in- 
fluence s'exerçait  principalement  sur  les  malades  ;  il  est 
bon  d'observer  que,  dans  ce  cas,  l'art  magique  peut  pro- 
duire un  effet  réel,  non  pas  par  ses  pratiques,  mais  par 
suggestion  sur  le  patient  ;  on  sait  combien  est  considé- 
rable à  cet  égard  l'influence  morale  du  médecin  ;  il  y  a 
tout  un  groupe  de  maladies  où  la  conviction  qu'a  le  patient 
de  l'efficacité  des  exorcismes  peut  suffire  à  lui  en  pro- 
curer une.  Nous  retrouvons  aussi  dans  l'Océanie  cette  idée 
que  le  sorcier,  quand  il  possède  des  cheveux  ou  toute 
autre  parcelle  du  corps  d'un  homme  ou  même  simplement 
des  objets  lui  ayant  servi,  acquiert  pouvoir  sur  lui.  —  En 
Afrique,  le  sorcier  mganga  ou  nyanga  des  nègres  est 
tout  d'abord  un  devin,  conseiller  toujours  consulté  par  les 
chefs,  qu'il  s'agisse  d'entreprendre  une  expédition,  de 
retrouver  du  bétail  volé,  de  choisir  une  résidence,  défaire 
périr  un  ennemi.  Sa  fonction  sociale  la  plus  considérable 
est  de  procurer  la  pluie.  On  sait  Vextemion  du.  fétichisme 
(V.  Afrique,  1. 1,  p. 740)  chez  les  Africains.  Ils  sont  copieuse- 
ment munis  de  fétiches,  amulettes,  talismans,  grigris  aux- 
quels ils  attribuent  une  vertu  surnaturelle .  Lorsque  le  pouvoir 
occulte  attribué  au  morceau  de  bois  ou  de  pierre  ou  à  la 
loque  quelconque  qui  constitue  le  fétiche  trompe  leur 
attente,  la  seule  conclusion  qu'ils  en  tirent  est  de  le 
changer  pour  un  autre.  Le  fétichisme,  dont  la  floraison 
complète  se  manifeste  chez  les  nègres  africains,  persiste 
dans  nos  civilisations  européennes  où  se  trouve  encore  très 
répandu  l'usage  des  porte-bonheur  les  plus  bizarres,  des 
objets  rapportés  d'un  pèlerinage  ou  d'un  sanctuaire  cé- 
lèbre, et  auxquels  on  prête  des  qualités  mystérieuses.  — 
En  Amérique,  les  sorciers  que  trouvèrent  les  Espagnols 
se  préparaient  en  général  à  leur  rôle  par  des  initiations 
et  des  épreuves  fort  dures,  retraite  dans  le  désert,  jeûne, 
souffrances.  Ils  atteignaient  ainsi  un  pouvoir  surhumain, 
devenaient  capables  d'entrer  en  relations  avec  les  esprits, 
de  consacrer  des  amulettes,  d'agir  sur  le  temps,  d'inter- 
préter les  cris  et  actes  des  animaux.  Ils  absorbaient  des 
narcotiques  qui  les  plongeaient  dans  une  sorte  d'extase 
où  ils  croyaient  converser  avec  les  fantômes.  Les  danses 
produisaient  à  un  moindre  degré  des  effets  analogues.  Ces 
croyances  se  retrouvent  chez  les  Indiens  de  Guyane  et  du 
Brésil.  Ceux  de  l'Amérique  du  Nord  attachaient  plus  de 
prix  à  l'œuvre  médicale  de  leurs  sorciers,  que  les  Français 
désignaient  sous  le  nom  de  médecins  et  qui  avaient  amassé 
des  connaissances  étendues  sur  les  simples,  herbes  véné- 
neuses ou  salutaires.  Ils  employaient  aussi  les  instruments 
musicaux  et  la  danse.  Ils  prétendaient  agir  &ur  les  indi- 
vidus par  des  pratiques  accomplies  sur  une  image  peinte 


OCCULTISME 


—  206 


ou  sculptée  les  représentant.  —  Dans  toute  l'Asie  sep- 
tentrionale et  centrale  et  l'Europe  septentrionale,  le  cha- 
manisme  (\ .  CQ  mot)  est  demeuré  la  forme  des  croyances 
religieuses,  subordonnées  aux  théories  et  pratiques  des 
sorciers.  —  Nous  pourrions  multiplier  les  exemples,  mais 
ce  n'est  pas  le  lieu  d'analyser  et  de  classer  les  pratiques 
de  sorcellerie  (V.  ce  mot).  Sur  ce  fonds  commun  aux 
peuples  non  civilisés  se  sont  développées  la  magie  et  la 
divination  des  sociétés  plus  cultivées,  prenant  physionomie 
d'art  et  de  science. 

Les  anciens  Egyptiens  avaient  coordonné  les  idées  et 
pratiques  magiques  en  systèmes  et  rituels  sur  lesquels 
nous  sommes  amplement  renseignés  par  plusieurs  papy- 
rus. Tantôt  nous  y  trouvons  des  invocations  à  des  divi- 
nités dont  on  veut  obtenir  ou  contraindre  le  concours  ; 
tantôt  des  formules  combinant  des  recettes  médicales  avec 
des  appels  au  démon  qui  est  supposé  les  rendre  efficaces. 
A  l'action  physique  du  médicament  s'ajoutait  l'action  mo- 
rale sur  l'imagination  du  malade.  Les  Egyptiens  divi- 
saient le  corps  humain  en  parties  dont  chacune  était  pla- 
cée sous  la  protection  spéciale  d'une  divinité.  Ils  avaient 
dressé  une  nomenclature  des  jours  heureux  ou  néfastes, 
tenant  compte  de  la  nature  de  l'entreprise;  on  ne  de- 
vait pas  s'embarquer  sur  le  Nil  le  49  du  mois  Athor; 
l'enfant  né  le  5  du  mois  Paopi  était  condamné  à  mort. 
A  côté  de  la  magie  officielle,  pratiquée  par  les  prêtres  et 
scribes,  et  fort  estimée,  on  signale  des  magiciens  clandes- 
tins faisant  usage  de  philtres,  de  poisons  ;  à  Fépoque  de 
Uamsès  III  eut  lieu  une  condamnation  à  mort  pour  en- 
voûtement. Toute  la  science  d'alors  avait  d'ailleurs  ce  ca- 
ractère occulte.  Le  secret  des  recettes  industrielles  (tein- 
tureS)  verreries,  etc.)  était  préservé  par  un  langage 
conventionnel  à  tournure  mystique.  On  en  trouvera  des 
exemples  saisissants  dans  les  écrits  alchimiques  publiés  et 
traduits  par  M.  Berthelot. 

La  Chaldée  fut  la  terre  d'élection  des  sciences  et  arts 
occultes  de  la  magie,  de  la  divination,  de  l'astrologie.  Son 
monde  fourmillait  de  démons,  de  génies;  l'art  de  les  con- 
cilier ou  de  les  expulser  par  des  formules  était  un  des 
principaux  efforts  de  la  pensée  chaldéènne.  Les  inscrip- 
tions cunéiformes  nous  ont  transmis  quantité  de  ces  for- 
mules. Une  idée  curieuse  des  Babyloniens  était  celle  du 
double  nom  des  dieux;  à  côté  du  nom  officiel,  ils  avaient 
un  nom  secret  auquel  était  attaché  le  pouvoir  magique  que 
sa  connaissance  conférait  sur  eux.  Ces  idées  se  répandirent 
ou  se  formèrent  dans  d'autres  pays,  en  Italie. notamment 
oa  l'on  prétendait  tenir  caché  le  véritable  nom  du  dieu 
prjtccteur  des  cités,  afin  que  l'ennemi  ne  pût  l'invoquer 
et  l'influencer.  La  divination  fut  codifiée  à  Babylone  oii  il 
faut  chercher  l'origine  de  beaucoup  de  pratiques  gréco- 
romaines  (V.  Divination).  La  branche  la  plus  développée 
fut  V astrologie  (V.  ce  mot),  dont  toute  la  savante  cons- 
truction fut  édifiée  en  Chaldée,  C'est  de  là  que  viennent 
aussi  les  croyances  sur  les  douze  signes  du  zodiaque,  sur 
les  affinités  des  sept  métaux  et  des  sept  planètes  (Cf.  Ber- 
thelot, Chimie  des  anciens),  sur  les  qualités  occultes  (V.  ce 
mot)  des  corps,  envisagées  comme  complémentaires  des 
qualités  apparentes,  etc.  Bref,  c'est  en  Chaldée  que  l'occul- 
tisme s'élabore  en  système  complet  où  s'incorporent  la 
philosophie  et  les  sciences  positives. 

Les  légendes  de  la  littérature  primitive  des  Grecs  font 
une  large  place  à  la  niagie  ;  rappelons  seulement  la  Toi- 
son d'or  et  le  rôle  de  Médée  ;  celui  de  Circé  dans  V Odyssée; 
l'évocation  des  morts  dans  le  même  poème.  On  trouvera 
dans  l'art.  Divination  des  détails  sur  les  croyances  divi- 
natoires qui  sont  connexes  à  la  magie  et  se  confondirent 
avec  elle  aux  derniers  siècles  de  la  république,  lorsque 
les  devins  et  magiciens  orientaux- envahirent  l'Occident; 
le  sénat  et  les  empereurs  les  poursuivirent  et  les  expul- 
sèrent à  plusieurs  reprises.  Les  savants  recueillent  les 
faits  positifs  mêlés  aux  recettes  magiques  et  en  combattent 
les  théories  illusoires  et  les  pratiques  frauduleuses.  Il  faut 
liro  à  ce  sujet  Pline  l'Ancien  et  Sextus  Empiricus.  Dans 


la  philosophie  pythagoricienne  avait  passé  la  science  de 
l'Orient  avec  son  mysticisme.  Peu  à  peu  la  raison  hellé- 
nique la  dégagea  de  cet  alliage  et  en  tira  nos  mathé- 
matiques; mais  les  pythagoriciens  demeurèrent  fidèles  à 
la  tradition  mystique,  attribuant  aux  nombres  des  signi- 
fications symboliques.  Epurée  par  Platon,  cette  philosophie 
scientifique  revient  chez  ses  disciples  alexandrins  à  la 
théurgie  et  à  la  magie  (V.  Pythagore,  Platon,  Alexan- 
drie, Néoplatonisme,  Théurgie).  On  recommence  à  tenter 
de  se  mettre  en  rapport  avec  les  puissances  démoniaques 
de  l'univers,  par  les  invocations,  les  sacrifices,  les  talis- 
mans. Les  formules  se  multiplient  et  se  compliquent  ;  une 
des  plus  célèbres  ^^iVAbraxas.  On  trouve  dans  les  écrits 
apocalyptiques  la  trace  de  ces  spéculations.  Les  Juifs  y 
eurent  une  grande  part  ;  sans  parler  de  la  classification 
hiérarchique  des  anges  et  des  démons,  oti  l'iniluence  ira- 
nienne est  évidente,  ils  ont  développé  la  théurgie  et  l'ont 
propagée  à  travers  tout  le  moyen  âge.  Dans  leurs  écrits 
se  trouvent  amalgamés  des  détritus  d'origine  diverse  :  les 
grands  démons  Asmodée,  Astaroth,  Achérontnous  repor- 
tent à  la  Perse,  à  la  Syrie,  à  la  Grèce  ;  le  pentagramme 
est  emprunté  aux  pythagoriciens  et  adjoint  au  cercle  ma- 
gique pour  l'invocation  démoniaque.  Cette  figure  géomé- 
trique, dont  la  construction  parut  une  merveille,  devint  un 
signe  de  reconnaissance  entre  les  mathématiciens,  entre 
les  initiés  et,  d'un  bout  à  l'autre  du  continent,  de  l'At- 
lantique à  la  mer  de  Chine,  il  fut  adopté  par  les  magiciens. 
Les  musulmans  ont  emprunté  la  magie  et  la  demono- 
logie  aux  Juifs,  aux  Syriens,  aux  Iraniens,  Fastrologie 
aux  Chaldéens  et  aux  Grecs.  Les  arts  occultes  sont  alors 
à  peu  près  codifiés  ;  les  procédés  sont  à  peu  près  les 
mêmes  de  l'Espagne  à  l'Inde  :  fumigations,  incantations, 
talismans,  horoscopes,  almanachs.  On  s'en  fera  une  idée 
îùvi  exacte  par  la  lecture  des  Mille  et  une  Nuits.  Dans 
l'Inde,  l'occultisme  a  un  fond  antérieur  ;  la  religion  est 
inséparable  de  la  magie,  non  seulement  par  le  rôle  prêté 
aux  démons,  mais  par  l'opinion  que  l'on  peut,  au  moyen 
des  sacrifices,  de  pratiques  d'austérité  ou  même  de  for- 
mules et  de  charmes,  acquérir  un  pouvoir  sur  les  dieux. 
Le  bouddhisme  n'élimine  pas  l'élément  magique,  lequel  a  une 
grande  importance  au  Tibet  ;  en  Mongolie,  l'antique  cha- 
manisme  persiste,  combiné,  comme  dans  l'extrême  Orient, 
avec  les  calendriers  zodiacaux  et  toute  une  divination  as- 
trologique rudimentaire.  Les  idées  magiques  se  traduisent 
en  Ckine  (Y.  ce  mot)  par  les  règles  an  Foug-choui,  l'amé- 
nagement des  maisons,  des  tombes,  etc. 

Dans  l'Europe  chrétienne,  la  magie  fut  pourchassée  par 
l'Eglise,  qui,  assimilant  les  dieux  des  autres  religions  à 
des  démons,  enveloppe  les  cultes  étrangers  dans  cette  pros- 
cription. Elle  sévit  ainsi  contre  les  vieux  rites  gréco-ro- 
mains, puis  contre  ceux  des  Germains,  des  Celtes  et  des 
Slaves,  traitant  leurs  prêtres  de  sorciers.  Elle  ne  put  ce- 
pendant étouffer  ni  la  sorcellerie,  qui  persista  dans  les 
classes  inférieures,  ni  la  magie,  l'astrologie,  l'alchimie 
qui  conservèrent  leurs  adeptes  dans  les  classes  relative- 
ment instruites.  Il  était  conforme  à  l'esprit  général  de 
l'époque,  tout  imbu  de  religion,  de  revêtir  de  formes  mys- 
tiques ce  qui  avait  survécu  de  science  dans  le  naufrage  de 
la  civilisation  antique.  Le  coup  mortel  fut  porté  à  Toccul- 
tisme  par  la  Renaissance.  Lorsqu'on  fut  revenu  aux  mé- 
thodes critiques  et  expérimentales,  on  examina  si  les  effets 
annoncés  par  les  magiciens  se  produisaient  réelkment,  et 
l'on  constata  bien  vite  le  contraire';  l'astronomie  se  dé- 
gagea de  l'astrologie,  la  chimie  de  l'alchimie,  ne  rete- 
najît  comme  vérité  scientifique  que  les  faits,  dégagés  de 
l'alliage  de  spéculations  mysti<fues.  A  Lépoque  contempo- 
raine, des  multiples  théories  et  pratiques  de  l'occultisme 
il  ne  subsiste  guère  que  le  spiritisme  qui  a  remplacé  la 
nécromancie,  et,  d'une  manière  générale,  des  systèmes 
sur  les  relations  du  physique  et  du  moral,  des  %âvants 
et  des  morts.  Dans  les  classes  moins  instruites,  beau- 
coup des  vieilles  superstitions  survivent  :  la  divina- 
tion compte  encore  de  nombreux  adeptes  (V.  Divination  et 


207  — 


OCCULTISME 


Chiromancie);  011  croit  aux  revenants,  au  mauvais  œil,  etc. 
Dans  cette  revue  rapide  nous  ne  Sommes  pas  entré 
dans  le  détail  et  n'avons  pas  décrit  les  pratiques  de  la 
magie,  de  la  sorcellerie,  des  enchantements.  Mieux  que  par 
toute  analyse  on  se  mettra  au  courant  par  la  simple  lec- 
ture de  quelques-uns  des  ouvrages  oa  elles  figurent:  F  Ane 
d'or  d'Apulée,  les  Mlle  et  une  Nuits,  les  Contes  de  la 
nuit  de  Noël  de  Souvestre,  des  romans  du  moyen  âge, 
les  grands  traités  ethnographiques  et  les  récits  de  voyage 
où  ils  puisent  leurs  renseignements,  les  textes  alchimiques 
grecs,  syriaques,  arahes  publiés,  traduits  et  (ommentés 
par  M.  Berthelot,  etc.  On  trouvera  d'ailleurs  dans  la  bi- 
b'iographie  de  cet  article  et  de  ceux  auxquels  il  renvoie 
do  nombreux  renseignements. 

L'occultisme  est  une  survivance  des  conceptions  primi- 
tives de  l'humanité  à  une  période  où  l'ignorance  supposait 
partout  des  causes  et  des  agents  mystérieux.  Dérivé  d'une 
tendance  philosophique  où  se  confondaient  les  idées  scien- 
tifiques et  rehgieuses,  il  est  très  important  dans  l'évolu- 
tion mentale  de  l'homme.  L'analogie,  avec  ses  généralisations 
hâtives  et  superficielles,  est  le  précurseur  du  raisonnement 
scientifique.  L'homme,  se  sentant  partie  d'un  ensemble,  fit 
effort  pour  déterminer  et  mesurer  l'action  du  miheu  sur 
lui  et  réciproquement  pour  agir  sur  le  milieu.  Ce  second 
cas  fut  naturellement  de  beaucoup  le  plus  commun,  parce 
que  pratique*  Nous  sourions  aujourd'hui  des  vieux  astro- 
logues abordant  sans  sourciller  des  problèmes  «  dont  le 
moindre  écraserait  tout  l'appareil  des  mathématiques  mo- 
dernes »,  mais  c'est  en  vue  de  ces  tentatives  qu'a  été 
commencée  la  construction  de  ce  puissant  instrument  de 
nos  sciences.  Les  relations  affirmées  jadis  entre  les  pla- 
nètes et  les  métaux,  entre  des  animaux  et  les  signes  du 
zodiaque,  entre  le  calendrier  et  les  phase§;4e  la  vie  hu- 
maine, nous  semblent  puériles,  mais  elles  ont  été.  un  pré- 
texte à  des  recherches  où  furent  approfondies  les  pro- 
priétés réelles  de  la  matière  et  mieux  observée  la  manière 
d'être  des  vivants.  Combien  de  prétentions  chimériques  de 
la  magie  la  science  n'a-t-elle  pas  réahsées  ?  la  communi- 
cation à  distance  par  l'électricité,  la  vision  à  distance  par 
les  télescopes  et  longues-vues,  la  vision  à  travers  les  corps 
opaques  à  l'aide  de  la  radiographie,  une  prodigieuse  rapi- 
dité de  translation,  etc.  On  sait  que  les  très  habiles  phy- 
siciens donnent  le  nom  de  magie  blanche  à  l'art  des 
illusions  optiques  par  lequel  ils  stupéfient  le  public;  Robert 
Houdin  en  l^rance,  Maskelyne  en  Angleterre  simulent  des 
prodiges  comparables  à  ceux  dont  se  vantaient  les  magi- 
ciens ;  non  moins  que  les  apparitions  et  disparitions  de 
fantômes^  que  le  décapité  parlant  ou  l'homme  déambulant 
en  l'air,  les  automates  habilement  construits  et  truqués 
excitent  l'admiration  ;  l'automate  joueur  d'échecs,  étudié 
par  Poe,  a  été  dépasse  par  le  joueur  de  whist,  par  le  cal- 
culateur Psycho.  Des  fraudes  et  des  trucs  de  ce  genre  ont 
pu  intervenir  quelquefois  dans  les  opérations  magiques. 
Toutefois,  ce  n'est  là  qu'un  coté  accessoire  de  la  question. 
Dans  les  arts  et  sciences  occultes,  nous  discernons  deux 
éléments  longtemps  enchevêtrés  :  un  élément  positif,  un 
élément  mysticjue  et  illusoire.  Dans  les  pratiques  médicales, 
dans  les  combinaisons  alchimiques,  dans  les  calculs  astro- 
logiques,  quantité  de  faits  et  de  relations  parfaitement 
réels  ont  été  découverts  et  utilisés.  On  conçoit  aisément 
comment  toute  la  science  appliquée  put  être  enveloppée 
de  ce  voile  occultiste.  Le  secret  des  recettes  et  des  procé-- 
dés  de  fabrication  encore  observé  dans  certaines  industries, 
malgré  la  garantie  des  brevets  et  la  rapidité  des  progrès 
industriels,  fut  de  règle  autrefois.  Les  familles,  les  corpo- 
rations se  les  transmettaient;  fréquemment,  ces  corpora- 
tions avaient  un  lien  religieux  ou  môme  étaient  attachées 
à  un  temple.  Los  secrets  techniques  étaient  transmis  en 
un  langage  conventionnel  à  forme  mystique.  Avant  fim- 
primerie,  les  livres  étaient  rares,  les  connaissances  limi- 
tées à  quelques  privilégiés  qui  les  gardaient  secrètes,  écar- 
tant le  vulgaire  par  l'obscurité  du  langage  conventionnel. 
L'initié  lui-même  distinguait  maî  dans  la  science  la  part 


du  fait  positif,  de  la  loi  abstraite,  et  celle  du  langage,  du 
signe  par  lequel  on  l'exprimait.  Aujourd'hui  même,  cons- 
tamment des  savants  confondent  la  relation  abstraite,  qui 
est  seule  objet  de  science  avec  le  signe  par  lequel  on  la 
traduit  en  représentation  imagée.  La  notion  même  de  loi 
rationnelle  ne  fut  nettement  dégagée  que  par  les  Grecs  du 
iv*^  au  1®''  siècle  av.  J.-C.  Auparavant,  tout  était  de  nature 
à  entretenir  la  confusion. 

L'état  d^esprit  universel  était  la  croyance  à  une  sorte  de 
pouvoir  mystique  des  formules  ;  elle  a  des  racines  mul- 
tiples dans  la  rehgion,  dans  la  jurisprudence,  dans  les 
sciences  exactes,  et  partout  elle  a  sa  raison  d'être.  Une 
opération  physique  ne  réussit  qu'à  une  température  déter- 
minée, ni  au-dessus,  ni  au-dessous;  une  combinaison  chi- 
mique ne  se  réalise  que  dans  des  proportions  déterminées  ; 
il  en  est  de  même  pour  Faction  thérapeutique.  D'autre 
part,  les  civilisations  commençantes  ont,  à  un  plus  haut 
degré  que  quiconque,  le  sentiment  de  la  stricte  et  littérale 
observation  du  formalisme  juridique;  ce  qu'on  sait  des 
Celtes  irlandais  et  des  Lidous  comparés  par  Sumner-Maine, 
des  Scandinaves  (ci.,  par  exemple,  la  Saga  de  Niai)  est 
frappant.  L'application  de  ce  formalisme  à  la  religion, 
dont  le  rituel  n'est  pas  moins  minutieusement  précisé,  favo- 
rise cette  conviction  que  les  formules  ont  une  valeur  intrin- 
sèque, et  agissent  par  leur  simple  récitation  non  moins 
que  par  les  actes  accompHs  en  même  temps. 

Les  sentiments  religieux  et  mystiques  de  tout  ordre 
manquent  d'ailleurs  presque  toujours  de  précision,  com- 
portent des  rapprochements  et  des  généralisations  intuitifs. 
De  là  l'idée  de  la  force  d'action  extérieure  de  nos  sou- 
haits. La  religion  y  fait  intervenir  la  prière,  qui  suppose 
l'intermédiaire  du  dieu  ;  la  magie  supprime  volontiers  cet 
intermédiaire  spirituel  aussi  bien  que  1  intermédiaire  ma- 
tériel et  admet  ([ue,  en  remplissant  certaines  conditions, 
on  puisse  extérioriser  sa  volonté.  Les  superstitions  popu- 
laires du  mauvais  œil,  du  sort  jeté  se  réiérent  à  cet  ordre 
d'idées.  A  fortiori  admet-on  qu'on  puisse  agir  sur  un  être 
à  l'aide  d'un  symbolisme  ruclimentaire  tel  que  celui  de  V en- 
voûtement {S .  ce  mot)  usité  chez  les  nègres  australiens 
comme  dans  l'Europe  du  moyen  âge  et  même  dans  la  France 
contemporaine.  Mieux  encore  que  par  l'image  de  la  vic- 
time, on  agit  sur  elle  par  la  possession  d'objets  lui  ayant 
appartenu.  Ces  superstitions  sont  très  répandues  et  expli- 
quent la  terreur  de  tant  de  populations  pour  la  photogra- 
phie ;  elles  sont  convaincues  qu'on  acquiert  pouvoir  sur 
l'homme  dont  on  a  le  portrait. 

Une  autre  forme  très  générale  de  l'occultisme  est  l'effort 
pour  se  mettre  en  communication  avec  les  forces  mysté- 
rieuses de  la  nature,  en  particulier  avec  celles  qui  prési- 
dent à  la  vie  animale  et  végétale  lors  du  retour  périodique 
des  moments  de  reproduction.  Ce  sentiment  se  manifeste 
dans  les  cultes  enthousiastes  (V.  les  art.  Dionysos,  M!>re 
DES  DIEUX,  Adonis,  Mystère,  Orphisme),  où  par  la  danse, 
par  diverses  pratiques,  les  fidèles  arrivent  à  l'état  d'extase 
et  à  un  véritable  délire.  Les  hallucinations  et  autosugges- 
tions réalisent  pour  eux  toutes  les  chimères  de  leur  ima- 
gination. Il  serait  difficile  de  comprendre  la  puissance  et 
la  ténacité  des  croyances  occultistes,  si  l'on  ne  faisait 
entrer  en  ligne  les  illusions  des  sens  qui  leur  donnent  la 
même  apparence  de  réalité  qu'aux  autres  phénomènes. 
Dans  les  pays  du  Midi,  le  mirage,  clans  ceux  du  Nord,  le 
brouillard,  favorisent  extrêmement* la  croyance  aux  en- 
chantements. Mais  plus  encore  il  faut  tenir  compte  des 
boissons  et  vapeurs  qui  troublent  l'esprit  et  les  sens,  des 
narcotiques  comme  1  opium  et  le  haschich,  des  solanées. 
Aussi  les  récits  d'opérations  magiques  débutent-ils  cons- 
tamment par  des  fumigations. 

C'est  par  un  travail  séculaire  que  l'expérience  scienti-* 
fique  a  fait  le  partage  entre  les  influences  réelles  et  chi- 
mériques,, aidée  peut-être  par  les  religions  constituées  qui 
combattaient  la  magie,  et  par  les  gouvernements  qui  ré- 
primaient un  art  dont  les  manœuvres  secrètes  les  effrayaient 
et  qui  était  couramment  employé  par  des  empoisonneurs 


OCCULTISME 


--  208 


et  par  des  charlatans  pour  l'exploitation  des  dupes.  Le 
prêtre,  confondu  à  l'origine  avec  le  sorcier,  s'en  distingue 
avec  le  progrès  de  la  religion  et  de  VElat  (V.  ces  mots). 
Il  devient  alors  son  ennemi  et,  bien  qu'il  utilise  encore  à 
l'occasion  les  ressources  que  les  cultes  enthousiastes, 
l'hystérie,  fournissent  à  la  production  des  miracles,  d'une 
manière  générale  il  combat  les  appels  trop  fréquents  au 
surnaturel.  Les  Occidentaux  ont  emprunté  à  l'Iran  la  com- 
mode théorie  du  dualisme  et  attribuent  au  diable  et  aux 
démons  tous  les  faits  extranaturels  qu'ils  répudient.  La 
divination  (V.  ce  mot),  mise  au  service  de  la  religion 
dans  l'antiquité,  a  été  de  même  évincée  par  le  christia- 
nisme. —  Quant  aux  rapports  de  l'occultisme  avec  la 
science,  ils  lui  ont  été  encore  plus  dommageables.  A  l'ori- 
gine, il  l'absorbait  et  lui  fournissait  sa  philosophie  ;  mais 
les  pratiques  et  recettes  techniques  qui  constituaient  la 
partie  réelle  se  sont  développées  avec  l'expérience  et  spé- 
cialisées ;  comme  les  sciences  mathématiques  se  dégagèrent 
de  l'astrologie,  les  sciences  physiques  de  l'alchimie,  la 
médecine  et  les  sciences  naturelles  se  dégagèrent  de  la 
magie.  Lorsque  le  lucide  génie  des  Grecs  eut  arrêté  les 
principes  de  la  méthode  rationnelle,  les  éléments  mys- 
tiques furent  rejetés.  Aucune  des  affirmations  de  l'occul- 
tisme n'a  pu  être  prouvée  par  une  expérience  méthodique. 
Le  cas  est  le  même  que  pour  le  surnaturel  et  les  miracles, 
et  la  critique  rationnelle  les  écarte  au  même  titre.  De  fait, 
entre  l'Eglise  qui  a  arrêté  le  dogme  et  discipliné  le  sen- 
timent religieux,  et  la  science  qui  a  ruiné  toute  idée  d'in- 
fluence mystérieuse  et  qui  déclare  tout  phénomène  expli- 
cable, sinon  expliqué,  par  les  seules  ressources  de  la  raison, 
le  champ  de  l'occultisme  s'est  sans  cesse  rétréci.  Après 
s'être  étendu  sur  toute  la  pensée  humaine,  il  tend  à  se 
confiner  aux  rapports  de  Fâme  et  du  corps,  et  ses  des- 
tinées sont  liées  à  celles,  bien  compromises,  du  spiri- 
tuahsme  qui  affirme  ce  dualisme  hypothétique.    A. -M.  B. 

Conformément  à  notre  règle  d'impartialité,  nous 
donnons  ci-dessous  un  exposé  des  théories  actuelles 
de  l'occultisme  (V.  aussi  les  art.  Divination,  Sorcelle- 
rie, Alchimie,  Astrologie,  Spiritisme,  Théurgie,  Mys- 
tère, Franc-Maçonnerie). 

Occultisme.  —  Science  du  caché  (Scientia  occultati)  ; 
science  cachée  [dans  les  enceintes  réservées  aux  adeptes] 
{scientia  occultata)  ;  science  cachant  [ses  enseignements 
aux  profanes]  (scientia  occultans)  ;  ainsi  peut-on  par 
voie  de  triple  exposition,  plutôt  que  de  définition  propre- 
ment dite,  donner  l'idée  de  ce  qu'est  l'occultisme  ou  la 
science  occulte.  Les  deux  termes  sont  rigoureusement  sy- 
nonymes. Mais  le  second  a  le  défaut  de  se  confondre  aisé- 
ment avec  l'expression  à  peine  dissemblable  de  sciences 
occultes  et  de  la  sorte  de  préparer  l'esprit  dès  le  principe 
à  concevoir  les  notions  comprises  sous  cette  dénomination 
comme  autant  d'incursions  aventureuses  dans  le  domaine 
de  l'hypothèse,  non  comme  une  synthèse  de  laquelle  tout 
découle  :  ov  tq  tzolv,  selon  l'axiome  des  alchimistes.  Les 
sciences  occultes  sont  à  la  science  occulte  ce  que  la  pra- 
tique est  à  la  théorie,  ce  que  l'application  d'un  principe 
est  au  principe  lui-même.  Historiquement,  on  constate  l'exis- 
tence des  sciences  occultes  aussi  haut  que  remonte  l'his- 
toire (  inscriptions  et  papyrus  des  premières  dynasties 
égyptiennes,  documents  proto-chaldéens  conservés  jus- 
qu'à nous  soit  en  original,  soit  dans  les  copies  sur  argile 
prises  bien  plus  tard'  par  les  scribes  des  rois  d'Assyrie)  ; 
quant  à  l'occultisme  considéré  en  soi,  ses  principes  n'ont 
été  formulés  que  de  nos  jours,  et  il  n'en  pouvait  être  dif- 
féremment avec  les  idées  des  anciens  sur  le  caractère 
sacro-saint  de  la  haute  instruction.  Peureux  celui-là  seul 
devait  en  recevoir  le  dépôt  qui  s'était  montré  digne  d'un 
tel  bienfait.  Il  était  licite  à  chacun  d'y  aspirer  ;  mais, 
avant  toute  révélation,  il  était  astreint  à  fournir  la  preuve, 
en  accomplissant  un  certain  nombre  de  travaux  pénibles, 
voire  périlleux,  qu'il  avait  une  trempe  morale  l'élevant  au- 
dessus  du  vulgaire  ;  ces  travaux  renfermaient  en  même 


temps  des  symboles  entrebâillant  devant  lui  les  portes  du 
mystère;  les  voyages  imposés  par  la  franc-maçonnerie 
aux  néophytes  en  sont  un  souvenir  lointain  ;  on  les  trou- 
vera décrites  tout  au  long  dans  leur  primitive  pureté  dans 
le  de  my>4eriis  Mgyptorum,  attribué  à  Jamblique  par 
quelques  critiques,  en  tout  cas  rédigé  sous  l'influence  de 
ses  doctrines  (iv^  s.  de  J.-C.).  L'alimentation  intellec- 
tuelle qui  attendait  quiconque  avait  surmonté  ces  épreuves 
préliminaires  ne  consistait  d'ailleurs  nullement  en  un  cours 
méthodique  et  complet  de  ornni  re  scihili  ;  c'était  sim- 
plement une  initiation  {initium),  l'explication  de  certains 
signes,  de  certaines  formules,  des  indications  sommaires 
sur  leur  sens  sous  le  triple  aspect  inhérent  à  toute  chose, 
physique,  psychique  et  divin.  A  la  méditation  personnelle, 
travaillant  sur  ces  données,  il  appartenait  de  les  féconder. 
L'initiation  reprenait  dès  lors  sur  de  nouvelles  bases,  et 
c'est  ainsi  que  l'initié  montait  d'étape  en  étape  vers  l'om- 
niscience.  Pascal,  découvrant  une  partie  de  la  géométrie, 
fournit  un  exemple  de  cette  savante  et  laborieuse  autodi- 
dactie.  De  la  remarque  que  tout  le  monde  ne  ferait  pas 
ce  que  fit  Pascal  il  est  aisé  de  conclure  que,  pour  des 
raisons  identiques,  était  occultiste  qui  pouvait,  non  qui 
désirait  l'être.  En  suivant  les  conséquences  logiques  de 
cette  anecdote,  il  paraît  singulier  qu'on  ait  tant  tardé  à 
se  demander  s'il  n'y  aurait  pas  d'aventure  une  similitude 
entre  les  signes  ou  les  sigles  des  sciences  reconnues  —  si 
parlants,  eux  aussi,  aux  yeux  et  à  l'esprit  de  ceux  qui  en 
ont  la  clef,  si  abstrus  pour  ceux  qui  ne  l'ont  pas  —  et 
les  figures  bizarres,  les  phrases  en  apparence  dénuées  de 
signification,  dont  sont  remplis  les  écrits  touchant  à  l'oc- 
culte. Ce  sera  l'honneur  de  M.  Marcelin  Berthelot,  membre 
de  l'Institut,  d'avoir  scruté  l'imbroglio  des  grimoires  alchi- 
miques et  d'avoir  restitué  en  langage  clair  les  combinai- 
sons de  corps  ciui  s'y  trouvaient  très  exactement  décrites 
sous  le  voile  de  l'allégorie  (V.  Alchimie).  Du  reste,  exclu- 
sivement rationaUste  en  dépit  de  ses  étrangetés  d'expres- 
sion, l'occultisme  du  haut  en  bas  de  l'échelle  des  connais- 
sances nie  avec  une  égale  énergie  et  le  hasard  et  le 
surnaturel.  Il  proclame  l'ordre  universel  toujours  iden- 
tique à  lui-même  malgré  la  variété  de  ses  manifestations. 
Le  domaine  de  l'invisible  et  le  domaine  du  visible  sont 
régis  par  les  mêmes  lois.  De  ce  constant  parallélisme  il 
suit  que  connaître  celui-ci  dans  son  essence,  c'est  con- 
naître celui-là  dans  son  essence.  L'analogie  rigoureusement 
appliquée  à  tout,  telle  est  la  méthode  à  l'aide  de  laquelle 
se  démontrent  la  réalité  et  la  cause  de  phénomènes  échap- 
pant au  contrôle  des  sens  et  semblant  de  prime  abord  les 
suggestions  d'une  imagination  malade.  Un  exemple.  La 
succession  du  jour  à  la  nuit  et  de  la  nuit  au  jour,  d'une 
part,  la  transition  plus  ou  moins  longue  entre  la  clarté 
complète  et  l'obscurité  complète  ou  vice  versa,  d'autre 
part,  voilà  ce  que  nul  ne  songerait  à  contester.  Ce  rôle  de  la 
pénombre  vis-à-vis  de  la  lumière  et  de  Vombre,  l'état 
liquide  le  joue  vis-à-vis  de  l'état  gazeux  et  de  l'état 
solide,  les  sels  lejouentvis-à-visdesacztoetdestees,  etc. 
De  ces  faits  il  se  dégage  en  définitive  la  loi  suivante  :  Deux 
choses  opposées  ont  toujours  un  point  commun  intermé- 
diaire et  procédant  de  l'une  et  de  l'autre.  Transposant  du 
règne  de  la  matière  au  règne  de  la  pensée  cette  loi  du  ter- 
naire, nous  sommes  contraints  à  l'habituelle  compréhen- 
sion de  la  constitution  de  l'homme  —  le  corps  et  l'âme  — 
de  substituer  celle-ci  :  le  corps  ;  un  intermédiaire  entre  le 
corps  et  l'âme  :  l'âme  ;  (cet  intermédiaire  porte  différents 
noms  :  corps  astral,  corps  tluidique,  médiateur  plastique,  etc.; 
c'est  ce  que  les  philosophes,  en  particulier,  appellent  l'in- 
conscient, et  les  spirites  le  périsprit;  en  langage  clair,  c'est 
la  vitalité).  Par  analogie,  sortant  de  l'homme  {microcosme) 
et  portant  nos  regards  sur  ce  qui  l'entoure  {macrocosme),  à 
côté  des  deux  entités  communément  admises,  le  monde  ou 
plan  physique  (création),  le  monde  ou  plan  divin  (créateur), 
il  faut  bien  en  admettre  un  autre,  le  monde  ou  plan  astral. 
Nous  reviendrons  tout  à  l'heure  au  macrocosme.  Pour  l'ins- 
tant, bornons-nous  à  l'ana  lyse  du  microcosme,  de  l'homme 


%9 


OCCULTISME 


Ce  qui  vient  d'être  dit  de  sa  constitution  ternaire  n'est 
pas  absolument  exact,  parce  que,  en  vertu  de  la  même  loi, 
chacune  de  ses  parties  se  détriple  ;  toutefois,  l'assise  su- 
périeure de  chacune  des  sections  primitives  et  l'assise  su- 
périeure de  la  section  immédiatement  suivante  se  confon- 
dant en  une  seule,  les  principes  constitutifs  de  l'être 
humain  ne  sont  en  somme  ni  au  nombre  de  3,  ni  au  nombre 
de  9,  mais  au  nombre  de  7,  dont  voici  la  liste  avec  leur 
localisation  dans  les  différents  organes  : 


Matière 


Vie 


du  corps 
p  h  y  s  i  ([  u  e 

CORP; 


Par 
anim 


K  Corps   \ 
siège  des  ) 


Liquor  du  sang. 

Cellules 
organiques. 


Ganglions  du  grand 
sympathique. 


Plexus  du  grand 
sympathique. 


Cerveau. 


Cellules 

supérieures   du 

cerveau. 

Principe 
non  incarné  (le 

reflet  de  la 
divinité  en  nous). 


Ces  distinctions  subtiles  n'ont  rien  d'arbitraire.  C'est 
par  elles  que  s'expliquent  quelques-unes  des  plus  mysté- 
rieuses fonctions  de  l'existence,  de  la  conception  à  la  mort. 
—  Au  moment  de  la  conception,  deux  éléments  sont  en 
présence  :  le  premier  (spermatozoïde)  contient  en  germe 
le  principe  a  (représenté  pai'  le  liquide  albumino'ide 
ambiant)  en  faible  proportion,  le  principe  c  (représenté 
par  la  tête  du  spermatozoïde),  plus  un  centre  de  réserve 
vitale  spéciale  (représenté  par  le  corps  du  spermato- 
zoïde) pour  le  bien  ;  le  second  (œuf)  contient  en  germe  le 
principe  a  (représenté  par  le  vitellus)  en  forte  proportion, 
le  principe  b  (représenté  par  h  granulation  du  vitellus), 
plus  un  centre  de  réserve  vitale  spéciale  (représenté  par 
les  tache  et  vésicule  germinatiues).  En  d'autres  termes, 
l'un  possède  ce  qui  manque  à  l'autre  ;  leur  réunion  (fé- 
condation) n'est  autre  que  la  création  du  corps  physique, 
qui,  à  son  tour,  générera,  dans  la  période  comprise  entre 
la  conception  et  la  naissance,  le  corps  astral  ;  celui-ci  une 
fois  constitué,  la  vie  embryonnaire  s'achève,  la  vie  ter- 
restre commence  (naissance)  ;  avec  le  premier  souffle,  le  . 
premier  cri  de  l'enfant,  l'âme,  par  son  principe  inférieur 
(g),  s'incarne  en  lui.  Bien  entendu,  ces  mots  :  créa- 
tion du  corps  physique,  création  du  corps  astral,  création 
du  corps  psychique,  doivent  être  pris  dans  leur  acception 
la  plus  stricte  :  la  débilité  des  organes  physiques  et  des 
facultés  psychiques  au  moment  de  la  naissance,  leur  dé- 
veloppement au  cours  de  la  vie,  tous  deux  d'observation 
facile,  montrent  assez  que,  analogiquement,  les  principes 
a  à  /',  notés  ci- dessus  comme  déjà  formés  quand  nail  le 
principe  g,  ont,  en  réahté,  un  développement  réguUer  à 
acquérir  ;  chacun  d'eux  traverse  tour  à  tour  différentes 
étapes  qui  se  peuvent  comparer  à  l'enfance,  à  l'adoles- 
cence, à  la  maturité;  lorsque  celui  qui  s'est  incarné  le  pre- 
mier a  atteint  son  apogée,  le  dernier  incarné  est  en  voie 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.    —   XXV. 


de  croissance  et  encore  très  bas  sur  [cette  sorte  d'échelle 
OÙ  d'autres  occupent  des  places  intermédiaires  ;  sembla- 
blement,  les  principes  g  et  h  évoluent  jusqu'au  terme  de 
l'existence.  —  L'ascension  de  la  matière  brute  vers  l'es- 
prit pur  est  à  la  fois  graduelle  et  constante,  de  la  concep- 
tion à  la  mort.  Dans  la  mort,  il  se  produit  un  phénomène 
de  dissociation  inverse  au  phénomène  d'association  dont 
la  conception  a  été  le  résultat.  Le  départ  s'établit  au  ni- 
veau du  principe  e,  qui  se  partage  lui-même  :  les  parties 
inférieures  de  l'être  (moitié  de  e,  d,  c,  b,  a)  restent  dans 
le  plan  physique  et  passent  dans  de  nouvelles  combinaisons 
(décomposition  organique)  ;  les  parties  supérieures  .conti- 
nuent leur-  évolution.  La  vie  n'était  autre  chose  que  la 
force  reliant  des  éléments  de  pôle  opposé  ;  elle  constituait, 
en  ce  qui  concerne  le  microcosme,  l'équilibre  universel 
figuré  synthétiquement  par   deux  triangles   équilatéraux 
égaux,  concentriques,  mais  pointant  respectivement  par  un 
de  leurs  sommets,  l'un  vers  le  haut,  l'autre  vers  le  bas, 
et  par  conséquent  se  neutrahsant  réciproquement  (cette 
figure  est  le  Sceau  de  Salomon  des  Mille  et  une  nuits 
et  des  formulaires  magiques,  V Etoile  rayonnante  des 
francs-maçons)  ;  la  mort  est  la  rupture  de  l'équilibre  du 
physique  et  du  moral.  Qu'advient-il  alors  ?  L'éternelle  analo- 
gie nous  le  révèle.  De  même  que  la  conception  était  l'acces- 
sion à  la  vie  embryonnaire,  de  même  que  la  naissance  était 
l'accession  à  la  vie  terrestre,  ainsi  la  mort  est  l'accession  à 
une  autre  forme  de  vie,  la  vie  astrale  —  une  période  de  repos 
après  la  période  d'activité  reprise  entre  la  conception  et  la 
mort  et  qui  elle-même  aura  son  terme  :  l'âme  que  nous 
venons  de  voir  se  désincarner  se  réincarnera.  Aussi  bien 
sa  conception  n'avait-elle  été  que  le  terme  d'un  repos  anté- 
rieur, consécutif  à  une  autre  existence.  Ces  divers  stades 
de  la  vie  universelle  sont  en  progrès  les  uns  sur  les  autres, 
c.-à-d.  que  leur  évolution  est  symétrique  à  celle  que  nous 
avons  indiquée,  de  la  conception  à  la  mort  dans  l'être 
humain  ;   chacun  sert  de  chaînon  médian  entre  le  pré- 
cédent et  le  suivant  ;  les  épreuves  corporelles,  intellec- 
tuelles et  morales  sont  une  conséquence  des  fautes  com- 
mises durant  la  vie  d'auparavant,  en  même  temps  qu'une 
promesse  pour  la  vie  d'après  ;   ainsi  s'expfique  la  variété 
de  nos  destinées  ici-bas.  Il  est  à  peine  besoin  de  rappe- 
ler que,  par  ce  côté  de  ses  enseignements,  l'occultisme  se 
rapproche  singiihèrement  du  bouddhisme.  C'est  que  le 
bouddhisme  est,  en  effet,  la  déformation  grossière  (du  reste 
sous  de  multiples  aspects,  selon  qu'on  le  considère  à  Cey- 
lan  ou  au  Japon,  en  Chine  ou  dans  le  royaume  de  Siam) 
des  dogmes  occultes  ;  on  surprend  là,  sur  le  fait,  la  façon 
dont  les  cultes  révélés  se  trouvent  avoir  au  fond  conservé 
le  dépôt  des  traditions,  le  cachant  non  plus  sous  les  sym- 
boles que  nous  avons  mentionnés  au  début  de  cette  étude, 
mais  sous  des  fables,  grâce  auxquelles  le  vulgaire  pouvait 
s'assimiler  quelque  chose  de  sa  substance.  Voilà,  disons-le  en 
passant,  en  quoi  consiste  l'opposition  de  I'Esotérisme  (mé- 
thode du  dedans,  du  sanctuaire  —  transmission  par  les 
hommes  instruits)    —  et  de  FExotérisjie  (méthode  du 
dehors,  de  la  foule  —  transmission  par  les  ignorants), 
séparés  dans  leurs  moyens  d'expansion  et  pourtant  con- 
courant au  même  but.  Comme  le  bouddhisme,  le  trans- 
formisme est  (quoique  probablement  à  l'insu  de  ses  fon- 
dateurs) un  souvenir  et  la  diffusion  de  l'occultisme.  Avant 
Darwin,  mais  comme  Darwin  devait  le  proclamer  en  Occi- 
dent, les  initiés  de  l'Inde  ne  concevaient  pas  autrement  que 
par  une  série  de  modifications,  résultant  d'une  évolution 
nécessaire,   les  différences  de  conformation  qui  existent 
entre  les  divers  ordres  d'êtres  créés,  du  plus  bas  au  plus 
haut.  De  nos  jours,  les  investigations  des  savants  les  plus 
autorisés  et  les  moins  suspects  de  partialité  envers  eux 
leur  ont  donné  raison  sur  un  grand  nombre  de  points  en 
ces  matières  si  délicates  où  la  science  rationnelle  n'en  est, 
au  demeurant,  qu'à  son  premier  balbutiement.  De  même, 
les  astronomes  et  ethnographes  modernes  ont  repris  déjà 
beaucoup  de  leurs  idées  sur  l'évolution  des  mondes  et  l'évo- 
lution des  races  humaines. 

U 


OCCULTISME 


—  MO  — 


Le  plan  astral.  Spiritisme.  Magie.  —  Nous  avons  dit 
que  l'àme  humaine,  après  la  mort  terrestre,  naît  à  une 
nouvelle  existence,  que  nous  avons  appelée  vie  astrale 
par  analogie  avec  le  nom  {plan  astral)  du  domaine  où 
elle  est  entrée,  lui-même  connu  et  baptisé  par  analogie 
avec  le  plan  phijsique  (création,  Natura  Naturata),  seul 
étudié  jusqu'ici,  et  le  plan  divin  (Créateur,  Nalura  Na- 
turam),  indéniable,  mais  que  l'infirmité  des  facultés  de 
l'initié  le  plus  évolué  ne  peut  songer  à  déterminer  par  le 
raisonnement.  Les  hôtes,  si  l'on  peut  ainsi  parler,  du  plan 
astral  sont  de  deux  sortes  :  les  Elémentaires,  esprits 
conscients  et  volontaires  des  morts  ;  les  Elémentaicx  ou 
Elémentals  (les  deux  formes  grammaticales  coexistent), 
êtres  inconscients  qui  n'ont  jamais  été  incarnés  et  qui  ne 
le  seront  jamais,  recelant  des  forces  aussi  puissantes,  une 
fois  mises  en  action  par  une  volonté  extérieure,  qu'inca- 
pables d'agir  spontanément.  La  distinction  est  des  plus 
importantes  à  plusieurs  points  de  vue.  Et  d'abord,  quant 
au  parti  qu'on  peut  tirer  des  uns  et  des  autres,  la  volonté 
consciente  étant  la  caractéristique  de  Y  Elémentaire,  il 
n'obéira  à  l'appel  de  l'évocateur  que  s'il  lui  plaît  de  le 
faire  et  dans  les  limites  de  sa  convenance  personnelle  ; 
tandis  que  YEk'menial,  fluide  tout  passif,  crée  le  bien  ou 
le  mal  selon  le  caprice  de  ce  dernier,  seul  responsable  : 
ce  dernier  d'ailleurs  peut  fort  bien  être  victime  de  l'agent 
aveugle  et  irrésistible  qu'il  a  déchaîné  sans  être  suffisam- 
ment sur  de  le  savoir  diriger  et  maîtriser  (de  la  même 
façon  l'électricité  en  a  fort  mal  agi  maintes  fois  à  l'égard 
de  ses  manipulateurs,  sans  qu'ils  pussent  s'en  prendre  à 
d'autres  qu'à  leur  propre  maladresse).  La  manière  d'avoir 
prise  sur  les  forces  de  l'astral  varie  également  selon  qu'il 
s'agit  des  Elémentaires  ou  des  Elémentanx.  Le  cas  le 
plus  habituel  est  celui  qui  consiste  pour  le  non  initié  à 
recourir  pour  cela  à  un  intermédiaire  inconscient  {médium) 
endormi  du  sommeil  hypnotique  (V.  Hypnotisme)  :  c'est 
le  spiritisme  (V.  ce  mot)  ;  l'action  qu'il  donne  est  assez 
incomplète,  étant  indirecte,  et  de  plus  elle  n'atteint  que  les 
Elémentaires.  L'initié,  au  contraire,  procède  par  auto- 
hypnotisme conscient  sur  toutes  les  forces  astrales  indis- 
tinctement :  c'est  la  magie,  applicable  «/br/zon  aux  forces 
physiques  et  qui  peut  se  définir  :  V Application  de  la  vo- 
lonté humaine  dynamisée  a  F  évolution  rapide  des  forces 
vivantes  de  la  nature.  Elle  revêt  deux  modes  différents 
selon  l'objet  qu'elle  se  propose  ;  lorsqu'elle  poursuit  un 
but  soit  de  recherche  désintéressée,  soit  de  salut  privé  ou 
collectif,  c'est  la  magie  blanche  ou  magie  proprement 
dite  {Nécromancie  dans  le  cas  particuher  des  communi- 
cations avec  les  Elémentaires)  ;  lorsqu'elle  est  guidée  par 
la  haine,  fût-ce  pour  une  revanche,  quelque  légitime  qu'elle 
soit,  c'est  la  magie  noire,  la  goétie  ou  sorcellerie,  dont 
les  pratiques  sont  éminemment  dommageables  à  l'évolution 
psychique  de  leur  auteur  ;  les  pratiques  de  l'envoûtement, 
si  connues,  si  redoutées  au  moyen  âge,  depuis  si  souvent 
traitées  de  charlatan esques  et  dont  les  travaux  du  colonel 
de  Rochas  ont  démontré  scientifiquement  la  réalité  en  ces 
dernières  années,  se  rangent  dans  cette  seconde  catégorie. 
Delà  définition  du  mot  magie,  il  résulte  que  la  première 
préparation  aux  opérations  qui  en  ressortissent  est  l'édu- 
cation de  la  volonté.  Celle-ci,  dans  le  courant  de  la  vie 
ordinaire,  subit  sans  cesse,  souvent  à  son  insu,  des  obs- 
tacles suscités  par  l'être  impulsif,  sous  la  forme  d'instincts 
réflexes,  habitudes,  répugnances,   affinités.  Il  faut  tout 
d'abord  diriger  de  ce  côté  un   effort  permanent  sur  soi- 
même,  ne  tolérer  aucune  manifestation  des  sens  sans  être 
à  même  d'y  résister  immédiatement  et  avec  succès.  Non 
moins  nécessaire  dès  le  début  est  une  exacte  connaissance 
des  effets  sur  l'organisme  des  divers  aliments  et  excitants 
matériels  (viande,    etc.,  bière,  etc.,  comme    aliments  ; 
café,  etc.,  comme  excitants),  des  divers  excitants  intellec- 
tuels (musique,   poésie,  etc.),  selon  que  la  nature  nous  a 
donné  tel  ou  tel  tempérament  et  selon  qu'on  veut  se  rendre 
plus  spécialement  apte  à  tel  ou  tel  genre  de  réaUsation 
psychique.  La  pensée  et  ses  fonctions  doivent  subir  le 


même  contrôle  incessant  que  les  sens  et  leurs  fonctions  : 
se  rendre  compte  de  toutes  les  idées  qu'on  exprime,  donner 
toujours  le  pas  à  l'intelligence  active  sur  la  mémoire  ; 
s'accoutumer  à  démêler  dans  tous  les  faits  ambiants 
les  lois  qui  les  causent,  à  chercher  l'idée  invisible  sous 
la  sensation  visible,  puis  les  rapports  des  idées  entre 
elles,  étudier  soi-même  les  analogies  naturelles  ;  tels  sont 
les  divers  exercices  par  lesquels  on  parviendra  à  con- 
quérir un  nouveau  degré  de  la  maîtrise  de  soi.  Tout  cela 
n'est  pour  ainsi  dire  que  la  préface.  Pour  se  mettre  en 
rapport  avec  le  monde  invisible,  il  faut  encore  s'être  rendu 
compte  par  la  méditation  du  pouvoir  exercé  par  les  diverses 
parties  du  microcosme  entre  elles  et  par  les  diverses 
parties  du  macrocosme  sur  le  microcosme,  ainsi  que  les 
réactions  que  ces  courants  provoquent  en  se  croisant  dans 
l'astral.  La  clef  de  l'occultisme,  en  pratique  comme  en  théorie, 
est  l'autodidactie.  Celui-là  seul  est  occultiste  qui  veut  et 
f.eut  l'être.  Il  faut  savoir,  au  préalable,  et  tous  les  talis- 
mans du  monde  remis  à  un  non  initié  lui  seraient  inutiles 
pour  la  plus  banale  des  réalisations.  Le  reste  des  pratiques 
magiques  (manœuvres  combinées  de  la  baguette,  qui  con- 
dense les  forces,  et  de l'épée,  qui  les  dissout;  incantations, 
gestes  rythmés,  consécrations  de  parfums,  dessin  per- 
sonnel des  figures  talismaniques  appropriées),  sans  parler 
du  régime  initial  tendant  vers  le  jeûne  sans  y  atteindre, 
et  vers  l'abstinence  totale  des  substances  azotées  suscep- 
ti])les  d'alourdir  l'esprit  de  l'opérateur,  tout  cela  n'est  pas 
d'une  valeur  absolument  incontestée.  Dans  la  plupart  des 
centres  occultes,  elles  sont  réputées  indispensables,  mais 
les  rites  présentent  entre  eux  des  divergences  profondes. 
Certains  initiés  vont  môme  jusqu'à  leur  accorder  unique- 
ment le  mérite,  du  reste  sérieux  déjà,  de  servir  comme  de 
support  à  la  volonté.  En  tout  cas,  les  cérémonies  décrites 
par  les  rituels  sont  d'une  comphcation  telle  qu'à  une  des- 
cription forcément  ccourtée  nous  substituerons  le  récit, 
d'après  Eliphas  Lévi,  d'une  évocation  qu'il  fit  en  4854  ; 
il  donnera  une  physionomie  suffisamment  claire  de  l'opé- 
ration, en  même  temps  comment  les  manifestations  as- 
trales se  produisent  (on  pourra  en  rapprocher  les  nom- 
breuses opérations  décrites  dans  les  Mille  et  une  Nuits, 
particulièrement  5%  26^,  69®,  80®  nuits)  : 

«...  Tout  était  terminé  le  24  juil.  (1854)  :  il  s'agissait 
d'évoquer  le  fantôme  du  divin  Apollonius  (de  Tyane)  et 
de  l'interroger  sur  deux  secrets,  l'un  qui  me  concernait 
moi-même,  Fautrequi  concernait  cette  dame...  Le  cabinet 
préparé  pour  l'évocation  était  pratiqué  dans  une  tourelle. 
On  y  avait  disposé  quatre  miroirs  concaves,  une  sorte 
d'autel  dont  le  dessus  de  marbre  blanc  était  entouré  d'une 
cbalue  de  fer  aimanté.  Sur  le  marbre  blanc  était  gravé  et 
doré  le  signe  du  pentagramme  et  le  même  était  tracé  en 
diverses  couleurs  sur  une  peau  d'agneau  blanche  et  neuve 
qui  était  tendue  sur  l'autel.  Au  centre  de  la  table  de 
marbre  il  y  avait  un  petit  réchaud  de  cuivre  avec  du  char- 
bon de  bois  d'aune  et  de  laurier  ;  un  autre  réchaud  était 
dressé  devant  moi  sur  un  trépied.  —  J'étais  vêtu  d'une 
robe  blanche  assez  semblable  aux  robes  de  nos  prêtres 
catliohques,  mais  plus  ample  et  plus  longue,  et  je  portais 
sur  la  tête  une  couronne  de  feui!les  de  verveine  entre- 
lacées dans  une  chaîne  d'or.  D'une  main,  je  tenais  une 
épée  neuve  et  de  l'autre  le  rituel.  J'allumai  les  deux  feux 
avec  les  substances  requises  et  préparées  et  je  commençai, 
à  voix  basse  d'abord,  puis  en  élevant  la  voix  par  degrés, 
les  invocations  du  rituel. 

«  La  fumée  s'étendit,  la  flamme  fit  vaciller  tous  les 
objets  qu'elle  éclairait,  puis  elle  s'éteignit. 

«  La  fumée  s'élevait  blanche  et  droite  sur  l'autel  de 
marbre.  Il  me  sembla  sentir  une  secousse  de  tremblement 
de  terre.  Les  oreilles  me  tintaient  et  le  cœur  me  battait 
avec  force.  Je  remis  quelques  branches  et  des  parfums  sur 
les  réchauds  et,  lorsque  la  flamme  s'éleva,  je  vis  distinc- 
tement devant  l'autel  une  figure  d'homme  plus  grande  que 
nature  qui  se  décomposait  et  s'effaçait.  Je  recommençai  les 
évocations  et  vins  me  placer  dans  un  cercle  que  j'avais 


2il  — 


OCCULTISME  ~  OCCUPATION 


tracé  d'avance  entre  Faulel  et  le  trépied.  Je  vis  alorss'éclaircir 
peu  à  peu  le  fond  du  miroir  qui  était  en  face  de  moi,  der- 
rière l'autel,  et  semblant  s'approcher  peu  à  peu.  J'appelai 
trois  fois  Apollonius  cri  fermant  les  yeux,  et,  lorsque  je 
les  rouvris,  un  homme  était  devant  moi,  enveloppé  tout  en- 
tier d'une  sorte  de  linceul  qui  me  sembla  être  gris  plutôt 
que  blanc  ;  sa  figure  était  maigre,  triste  et  sans  barbe,  ce 
qui  ne  se  rapportait  pas  précisément  à  l'idée  que  je  me 
faisais  d'abord  d'Apollonius. 

«  J'éprouvai  une  sensation  de  froid  extraordinaire,  et 
lorsque  j'ouvris  la  bouche  pour  interpeller  le  fantôme,  il 
me  fut  impossible  d'articuler  un  son.  Je  mis  alors  la  main 
sur  le  signe  du  pentagramme  et  je  dirigeai  vers  lui  la  pointe 
de  l'épée,  en  lui  commandant  mentalement  par  un  signe  de 
ne  point  m' épouvanter  et  de  m'obéir.  Alors  la  forme  devint 
plus  confuse,  et  il  disparut  tout  à  coup. 

«  Je  lui  commandai  de  revenir.  Alors  je  sentis  passer 
près  de  moi  comme  un  souffle,  et,  quelque  chose  m'ayant 
touché  la  main  qui  tenait  Fépée,  j'eus  immédiatement  le 
bras  engourdi  jusqu'à  l'épaule.  Je  crus  comprendre  que 
cette  épée  offensait  l'esprit,  et  je  la  plantai  par  la  pointe 
dans  le  cercle  à  côté  de  moi.  La  figure  humaine  reparut 
aussitôt;  mais  je  sentis  un  si  grand  affaibhssement  dans 
mes  membres  et  une  si  prompte  défaillance  s'emparer  de 
moi  que  je  fis  deux  pas  pour  m'asseoir. 

«  Dès  que  je  fus  assis,  je  tombai  dans  un  assoupisse- 
ment profond  et  accompagné  de  rêves  dont  il  ne  me  resta, 
quand  je  revins  à  moi,  qu'un  souvenir  confus  et  vague. 

«  J'eus  pendant  plusieurs  jours  le  bras  engourdi  et  dou- 
loureux. La  figure  ne  m'avait  point  parlé,  mais  il  me  sem- 
bla que  les  questions  que  j'avais  à  lui  faire  s'étaient  résolues 
d'elles-mêmes,  dans  mon  esprit. 

«  A  celle  de  la  dame  une  voix  intérieure  répondait  ce 
mot  :  mort  (il  s'agissait  d'un  homme  dont  elle  voulait  sa- 
voir des  nouvelles).  Quant  à  moi,  je  voulais  savoir  si  le 
rapprochement  et  le  pardon  seraient  possibles  entre  deux 
personnes  auxquelles  je  pensais,  et  le  même  écho  intérieur 
répondait  impitoyablement  :  mortes. 

«  Je  raconte  ici  les  faits  tels  qu'ils  se  sont  passés  ;  je 
ne  les  impose  à  personne.  L'effet  de  cette  expérience  sur 
moi  fut  quelque  chose  d'inexplicable.  Je  n'étais  plus  le 
même  ;  quelque  chose  d'un  autre  monde  avait  passé  en  moi  ; 
je  n'étais  plus  ni  gai  ni  triste;  mais  j'éprouvais  un  singu- 
lier attrait  pour  la  mort,  sans  être  cependant  aucunement 
tenté  de  recourir  au  suicide,  » 

Sciences  divinatoires.  —  C'est  en  songeant  à  elles  que 
je  disais  au  début  de  cette  étude  :  les  sciences  occultes  sont 
à  la  science  occulte  ou  occultisme  ce  cpe  la  pratique  est  à 
la  théorie,  ce  que  l'application  d'un  principe  est  à  ce  prin- 
cipe lui-même.  L'occultisme  a,  par  une  analyse  attentive  du 
microcosme,  déterminé  les  lois  analogues  présidant  à  la 
vie  du  macrocosme  :  les  sciences  divinatoires  étudient  les 
influences  du  macrocosme  sur' le  microcosme.  C'est  sur  les 
correspondances  planétaires  que  sont  basées,  non  seulement 
V astrologie, mais  par  Yo'ieinàixQtteV onomancie ou astro- 
onomancie  (rapport  entre  la  valeur  numérique  des  lettres 
du  nom,  du  prénom,  etc.,  du  consultant,  d'une  part,  et  les 
influx  planétaires,  d'autre  part),  mais  la  chiromancie, 
mais  la  géomancie  (très  utihsée  dans  les  Mille  et  une 
Nuits;  la  clef  en  est  aujourd'hui  totalement  perdue),  mais 
la  cartomancie  ou  divination  par  le  Tarot,  etc.  (V.  Divi- 
nation). Léon  Marlet. 

BiBL.  :  Tylor,  Primitive  Culture,  3^  éd.,  1891,  2  vol.  — 
Waitz,  Anthropologie  der  Nalwvœlher,  1859-71,  6  vol.  — 
Gaspari,  Urgeschichte  der  Menschfieit,  2^  éd.,  1877,  2  \ol. 
~  WooD,  Natural  history  ofman.  —  Sayce,  Records  of 
ihe  Past  et  Origin  and  growth  of  religion,  1887.  —  Cha- 
bas,  le  Papyrus  7nagique  Harris.  —  Lenormaist,  la  Ma- 
gie chez  les  Chaldéens,  1874.  —  Maury,  la  Magie  et  VAs~ 
trologie;  4«  éd.,  Paris,  1877.  —  A.  de  Rochas,  l'Art  des 
thaumaturges  dans  l'antiquité,  1882.  —  Berthelot,  les 
Origines  de  l'alchimie,  1885.  —  Du  môme,  Introduction  à 
l'étude  de  la  chimie  des  anciens  et  dumoyen  âge,  1889,  m-8. 
~  Brand,  Popular  antiquities. 

On  trouvera  des  détails  étendus  dans  Gr/esse,  Biblio- 
heca  magica,  1843.  —  Migîïe,  Dict.  des  sçiencçs  occultes 


aux  t.  XLVIII  et  XLIX  de  son  Encyclopédie  théoloqique 
1846-48,  —  Salverte,  Des  sciences  occultes,  3-  éd.,  1856.  — 
Resie,  Histoire  et  traité  des  sciences  occultes,  1857, 2  vol 

—  Lacroix,  Curiosités  des  Sciences  occultes,  1884.  —  Fa- 
BART,  Histoire  philosophique  et  politique  de  l'occulte,  1885 

—  Behre,  Spiritisten,  Ohkultisten,  Mystiker  und  Theoso- 
phen,  1890.  —  Plytoff,  les  Sciences  occultes  ;  Paris,  1891 

—  KiESEWETTER,  GescMchtc  des  neuern  Okhultismus  '- 
Leipzig,  1891. 

Voici  enfin  la  liste  des  principaux  ouvrages  invoqués  par 
les  occultistes  :  ^ 

loFo^'^^o^^T^'  ^^^'^  dorés,  trad.  par  Fabre  d'Olivet;  Paris, 
ÎSo'  i.ii-°--J^^"îLiQUE  (?),  Demysteriis  JEgyptorum;  Lyon, 
155^,  m-l<e.  —  Collection  des  anciens  alchimistes  grecs'  édi- 
tee  et  traduite  par  Berthelot  et  Ruelle;  1887-88,  3  vol. 
m-4.--  M.  Berthelot,  la  Chimie  au  moyen  âqe  :  1»  Trans- 
7mssion  de  la  science  antique;  2«  Alchimie  syriaque: 
3"  Alchimie  arabe;  1893,  3  vol.  in-4.  —  Hermès  Tris- 
MEGiSTE,  Pymandre,  trad.  du  grec  par  de  Foix  de  Can- 
dole;  Bordeaux  1759.  -  Du  môme,  Œuvres,  trad.  par 
Louis  Menard;  Pans,  1866,  in-12.-  Roger  Bacox,  Opws 
?najus;  Londres,  1733,  in-t'ol.  -  Henri-Corneille  Agrippa, 
Philosophia  occulta;  La  Haye,  1727,  2  vol  in-8  —  Du 
môme,  Artis  Cabalistœ  scr'iptores  ex  bibUotheca  Pis- 
torn;  s.L,  1587,.  in-fol.  -  François  Bacon,  De  diqnitate 
et  augmentis  scientiarum.  —  lieinricus  Khunrath.  Am~ 
phitheatrum  sapientlse  œternae  solius  [verœ  christiano- 
habahsticum,  divino-magicum,  nec  non  physico-chemi- 
cum,  tertriunum..,;  Hanovre,  1609,  in-foi.  -  Le  P.  Esprit 
bABBATiiiER,  l  Ombreicléalc  de  la  sagesse  universelle,  1619. 
r  Le  P.  Kircher,  Œdipus  TEgypliacus;  Rome,  1623, 
ô  vol.  m-lol.  -  Du  môme,  Arithmologise,  sive  de  occultis 
nunierorummystems;  Rome,  1663.  -  Gaffarel,  Abdita 
divinœ  cabalœ  mysteria;  s.  1.,  1625,  in-4.  -  Du  môme,  les 
Curiosités  sur  la  sculpture  talismanique  des  Persans; 
f  r}uÉr  >^']r~^^]  môme,  Kabbala  denwdatci  ;  Franc- 
tort,  1684,  m-iol.  —  J.-B.  Robinet,  Considérations  phi- 
losophiques sur  la  gradation  naturelle  des  formes  de 
letre;  Amsterdam  1768,  in-4.  -  Claude  de  Saint-Martin, 
Tableau  naturel  des  rapports  tant  entre  Dieu,  l'homme 
et  l univers;  Lyon  et  Edimbourg,  1783,  in-8.  -  Du  môme, 
l  Homme  de  desir;  Lyon,  1790,  in-8.  -  Du  môme.  Essai 
relatif  à  la  question  :  Déterminer  l'influence  des  slnnes  sur 
la  formation  des  idées  ;  Paris,  1799,  in-8.—  Du  môme  l'Es- 
prit des  choses  ou  coup  d'œil  ^philosophique  sur  la  nature 
des  êtres  et  sur  l  objet  de  leur  existence;  Paris,  1800  2  vol 
i?"?,'  ""  ^  "îtii^ie.  Traité  des  nombres;  Paris,  1843,  in-4  — 
iQ^ip  o^  Olivet,  la  Langue  hébraïque  restituée;  Paris,  1815- 
i81b,  2  vol.  in-4  --  Du  même.  De  l'Etat  social  de  l'homme  ou 
vues  philosophiques  sur  l'histoire  du  genre  humain;  Pa- 
ris 1824,  2  vol..  m-8  -  L'abbé  Lacuria,  Harmonies  de 
letre  exprimées  par  les  nombres,  ou  les  lois  de  l'analoqie, 
de  la  psychologie,  de  l'éthiciue,  de  l'esthétique  et  de  la  phy- 
sique expliquées  les  unes  par  les  autres  et  ramenées  %  un 

^'^t^PY'^^^  ^^'^'^^  ^•^^^'''^  ^°1-  in-8.  -  Eliphas  Levi.  His- 
toire de  la  magie;  Pans,  1860,  in-8.  -  Du  même,  Dogmes  et 
rituel  de  la  Haute  magie;  Paris,  1861,  in-8.  -  Du  môme, 
Clef  des  grands  mystères;  Paris,  1861,  in-8.  ~  Du  même 
Fdbleset  Symboles;  yavis,  1862,  in-8.  -  Adolphe  Frank 
laKabbale;  Pans,  1863,  in-8.  -  Landur,  Recherche  des 
pnncipes  du  savoir  et  de  l'action;  Paris.  1865,  in-8  —  Du 
Potet,  la  Magie  dévoilée;  Saint- GermdAn,  1875.  -^  II -T 
Blavatsky,  Isis  unveled;  New  York,  1877.  -  Alexandre 
Saint-Yves,  les  Clefs  de  l'Orient;  Paris,  1877,  in-12.  - 
LadyOAiTHNEss,  duchesse  de  Pomar,  Fragments  qlanés 
dans  latheosophie  occulte  de  l'Orient;  Paris,  1884,  in-8  — 
Henri  Delage,  la  Science  du  vrai  ou  les  Mystères  de  la 
vie,  de  l  amour  dévoilés;  Paris,  1882,  in-12.  —  Louis  Dra- 
MARD,  {a  Scierice  occulte,  étude  sur  la  doctrine  ésotérique: 
Bruxelles,  1885,  in-8.  -  Eugène  Maldant,  Matière  et  force 
(extrait  des  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences 
ynorales  et  politiques)  ;  Paris,  1883,  in-8.  —  D'-  Adrien  Péla- 
dan,  Anatomie  homologique;  la  triple  dualité  du  corps  hu- 
main et  la  polarité  des  organes  splanchniques  ;  Paris,  1886, 
in-8.  —  Stanislas  de  Guaita,  Essais  de  sciences  maudites  : 
L  Au  seuil  du  mystère,  2«  éd.;  Paris,  1890.  in-8;  —  //.  le 
Serpent  de  la  Genèse;  Paris,  1895,  in-8.  — '  Papus  Traité 
élémentaire  de  Science  occulte  ;  Paris,  1888,  pet.  in-lS  —  Du 
?nêï"?'  l®  ^^^yt,  clef  absolue  de  la  Science  occulte;  Paris, 
1891  m-b.  --  Du  môme,  Traité  méthodique  de  Science  oc- 
culte; Pans,  1891,  in-8  de  xxxvi-1092  pp.  -  Du  môme,  la 
Science  des  mages;  Paris,  1892,  plaquette  in-8. -Du môme, 
Traite  élémentaire  de  magie  pratique;  Paris,  1893,  in-8.  - 
Edouard  ScHURE,  les  Grands  Initiés,  esquisse  de  l'histoire 
secrète  des  religions;  Paris,  1889,  in-8.  —  D*-  Gérard  En- 
causse, Essai  de  physiologie  synthétique ;Pâris,  1890,  in-8. 

—  Charles  Barlet,  la  Science  secrète;  Paris,  1890,  in-12. 
--  Jules  Lermina,  la  Science  occulte  ;  Paris,  1890,  in-12.  — 
Du  même,  la  Magie  pratique;  Paris,  s.  d.,  in-12.  -  Augustin 
Lhaboseau,  Essai  sur  la  philosophie  bouddhique.  ' 

OCCUPATION.  î,  Droit  romain.  —  Mode  d'acquérir 
du  droit  des  gens  résultant  de  la  prise  de  possession  d'une 
chose  n'appartenant  à  personne.  L'occupation  s'applique  en 
droit  romain  aux  choses  prises  à  l'ennemi  (res  hostiles) ,  aux 
choses  qui  n'ont  encore  appai^enu  à  personne,  telles  que  les 


OCCUPATION  —  OCÉAN 

îles  de  la  mer,  le  gibier  pris  à  la  chasse,  le  poisson  pris  à 
la  pèche  et,  en  dépit  de  certaines  hésitations,  aux  choses 
abandonnées  par  leur  propriétaire  (res  derelictœ)  et  au  Tré- 
sor. Elle  fait,  dans  le  droit  de  Justinien,  acquérir  la  propriété 
immédiate  des  choses  sur  lesquelles  elle  porte.  Mais  il  est 
probable  qu'àl'époque  antérieure  où  la  distinction  des  choses 
7nancipi  et  nec  mancipi  éi'àit  encore  en  vigueur,  elle  était 
aussi  nnpuissante  que  la  tradition  à  faire  acquérir  la  pro- 
priété quiritaire  des  choses  mancipi  et,  si  comme  on  peut 
le  supposer,  il  y  a  eu  un  temps  où  la  propriété  quiritaire 
ne  pouvait  s'acquérir  que  par  les  modes  de  droit  civil,  les 
choses  sur  lesquelles  portait  l'occupation  n'ont  pu  devenir 
alors  la  propriété  des  occupants  que  par  l'expiration  du 
délai  delusucapion.  L'objection  tirée  de  ce  que  les  Romains 
considéraient  comme  la  source  par  excellence  de  la  pro- 
priété, Voccupatio  bellica,  disparait,  si  l'on  remarque  que, 
dans  le  cas  normal  de  guerre  régulière,  le  butin  n'appar- 
tient pas  aux  soldats,  mais  à  l'Ltat.       P.-V.  Girard. 

IL  Droit  civil  actuel.  —  L'occupation  est  le  fait  d'exer- 
cer une  mainmise  sur  une  chose  qui  n'appartient  à  personne 
avec  la  volonté  de  se  l'approprier  instantanément.  Elle  a  été 
le  moyen  primordial  et  par  conséquent  naturel  de  constituer, 
à  son  origine,  le  droit  de  propriété.  Le  premier  qui  en- 
toura un  champ  d'une  clôture  et  a  dit  ;  «  Ce  champ  est 
à  moi,  »  n'a  pas  commis  un  vol,  ce  qui  supposerait  qu'un 
autre,  collectivité  ou  particulier,  en  était  déjà  proprié- 
taire, mais  il  a  fondé  son  droitde  propriété  sur  l'adhésion 
tacite  de  ses  semblables.  Avant  d'acquérir  la  propriété 
par  l'échange  d'abord  et  ensuite  par  l'effet  des  autres 
contrats,  l'homme  dut  préalablement  acquérir  par  l'occu- 
pation les  choses  mêmes  qu'il  pût  échanger,  donner  ou 
vendre.  Tout,  au  début,  fut  matière  à  occupation,  et  l'on  ne 
peut  concevoir  à  l'origine  des  rapports  des  hommes  d'autre 
manière  de  satisfaire  leurs  besoins  que  de  s'approprier 
une  partie  de  ce  qui  était  commun  à  tous  et  n'était  à 
personne.  Cependant  le  fait  matériel  de  l'occupation  et  le 
travail  de  l'occupant  sont  insuffisants  pour  légitimer  l'ac- 
quisition par  lui  de  la  propriété,  telle  que  l'entend  le  Code 
civil,  surtout  quant  aux  choses  immobihères,  parce  que, 
outre  que  c'est  la  nature  qui  les  a  créées,  une  part  plus 
ou  moins  considérable  appartient  à  la  société  dans  la  créa- 
tion de  leur  valeur.  Mais  nous  touchons  ici  au  problème 
fondamental  de  la  conception  du  droit  de  propriété  que 
l'on  trouvera  traité  à  ce  mot.  La  loi  a  consacré  le  fait  de 
l'occupation  en  lui  faisant  produire  des  effets  juridiques, 
en  en  faisant  un  droit.  Ces  effets  sont  déterminés  par  les 
art.  713  à  717  du  C.  civ. 

L'art.  713  déclare  d'abord  que  les  biens  qui  n'ont  pas 
de  maître  appartiennent  à  l'Etat.  En  déduisant  de  ce  prin- 
cipe ses  conséquences  rigoureuses,  on  a  été  jusqu'à  dire 
que  l'Etat  est  propriétaire  de  l'air,  de  l'eau,  puisque,  tant 
que  nous  ne  nous  en  sommes  pas  approprié  une  part 
quelconque,  ils  ne  sont  pas  à  nous.  Il  en  serait  de  même 
du  hèvre  qui  court  daQS  les  champs,  du  poisson  qui  nage 
dans  l'eau  courante,  de  l'oiseau  qui  vole  dans  les  airs, 
puisqu'ils  ne  peuvent  devenir  une  propriété  privée  que 
par  la  capture.  Il  faudrait  conclure  de  l'art.  713  que 
l'occupation  n'est  pas  un  mode  d'acquérir  la  propriété 
reconnue  dans  notre  droit  comme  il  l'était  dans  le  droit 
romain,  puisqu'il  n'admet  pas  qu'une  chose  n'ait  pas  de 
maître,  soit  res  nullius.  Mais  les  articles  suivants  don- 
nent une  idée  plus  exacte  de  ce  qu'a  entendu  le  législa- 
teur. L'art.  714  démontre  qu'il  y  a  des  choses  qui, 
par  leur  nature  même,  échappent  à  toute  espèce  d'ap- 
propriation, fût-ce  même  de  l'Etat.  «  Il  est  des  choses 
qui  n'appartiennent  à  personne  et  dont  Vusage  est  com- 
mun à  tous.  — Des  lois  de  police  règlent  la  manière  d'en 
jouir.  »  Les  choses  auxquelles  cette  disposition  s'applique 
sont  celles  que  l'on  a  toujours  appelées  choses  communes, 
c.-à-d.  l'air,  la  lumière,  l'eau  courante,  celle  de  la  mer. 
L'eau  qui  s'écoule,  par  exemple,  ne  peut  jamais  être, 
dans  son  volume  incessamment  renouvelé,  l'objet  d'une 
appropriation,  et  les  parties  que  l'homme  en  détache  ne 


212' 


sont  appréhendées  que  pour  être  presque  aussitôt  anéan- 
ties par  l'usage  quil  en  fait;  ce  qui  n'empêche  pas, 
comme  le  disait  Pothier,  que  celui  qui,  pour  s'éviter  la 
peine  d'aller  à  la  rivière,  verserait  dans  sa  cruche  l'eau 
qui  est  dans  la  mienne,  commettrait  à  mon  préjudice  un 
véritable  vol,  car  l'eau  de  ma  c^^uche  est  ma  propriété. 
On  considère  comme  n'appartenant  à  personne  le  pois- 
son, le  gibier.  Il  tombe  sous  le  sens,  en  effet,  que  le 
poisson  qui  est  momentanément  dans  l'eau  courante  au 
droit  de  mon  pré,  le  lièvre  qui  gîte  d'ordinaire  dans  mon 
champ  ne  peuvent  devenir  ma  propriété  que  quand  je  les 
aurai  capturés,  sauf  mon  droit  d'interdire  l'accès  de  mon 
champ. 

La  loi  reconnaît  quatre  modes  d'acquérir  la  propriété 
par  l'occupation;  ce  sont  :  1^  l'occupation  simple  dont 
nous  avons  parlé  plus  haut  ;  2^  la  chasse  ;  3^  la  pêche  ; 
4^^  l'invention  en  ce  qui  concerne  plus  spécialement  les 
trésors  et  les  épaves  ou  objets  abandonnés  par  leur  maître. 
Il  est  traité  de  ces  divers  modes  d'acquisition  aux  mots 
qui  les  concernent.  E.  Dramard. 

III.  Droit  international  (V.  Guerre,  t.  XIX,  p.  529). 
BiBL.  :  Droit  romain.   —  De   Czyhlarz,  dans  Gluck, 
Ausfùhrllches  EiHaûterung  der  Pandekten,  Série  der  Bû- 
cher, 41-42, 1,  1887.  —  Girard,  Manuel  de  droit  romain, 
1898,     pp.   308-310,   2«   éd. 

ÇCÉAN.  I.  MYTHOLOGIE.—  L'Océan,  dans  la  mytho- 
logie grecque,  est  à  envisager  sous  deux  aspects  différents  : 
il  est  le  premier,  le  plus  grand  de  tous  les  fleuves,  celui 
qui  donne  naissance  à  tous  les  cours  d'eau  sur  la  terre  et 
qui  enveloppe  de  toutes  parts  le  continent.  Il  est  ensuite 
une  personnification  anthropomorphique  qui  fait  partie  de 
la  classe  des  grands  dieux  et  donne  lui-même  naissance  à 
la  nombreuse  lignée  des  divinités  maritimes  ou  simplement 
aquatiques.  Comme  fleuve,  il  n'est  question  ni  de  sa  source, 
ni  de  son  embouchure  ;  sur  ses  bords  habitent  des  peuples 
mystérieux,  les  uns  dans  une  parfaite  félicité,  les  autres 
au  sein  des  brouillards  et  des  ténèbres,  dans  le  voisinage 
des  régions  de  la  mort.  Le  Soleil  sort  de  son  sein  à  l'Orient, 
il  s'y  plonge  le  soir  vers  l'Occident,  et,  au  delà,  il  n'y  a 
plus  que  le  royaume  de  Pluton  ;  les  deux  phénomènes  sont 
mis  en  relation  par  une  course  nocturne  d'Helios  (le  Soleil) 
qui,  contournant  les  bords  du  monde  semblables  à  ceux 
d'une  coupe  immense,  revient  chaque  jour  à  son  point  de 
départ.  Hécatée  de  Milet  fut  le  premier  qui  essaya,  dans 
ces  vagues  notions,  de  mettre  quelque  précision  géogra- 
phique. Il  soupçonne  l'océan  Indien  et  en  fait  dériver  le 
Nil  qui  vient  se  jeter  dans  la  mer  Intérieure  ;  il  connaît 
aussi  les  colonnes  d'Hercule  à  l'O.  et  au  delà  l'océan 
Atlantique.  Cependant  au  temps  d' Aristote  le  nom  d'Océan 
s'applique  à  la  grande  mer  extérieure  qui  se  répand  vers 
les  régions  gréco-italiques,  d'une  part  à  travers  les  co- 
lonnes d'Hercule,  d'autre  part  avec  la  mer  Rouge  et  le 
Nil.  Ce  fut  plus  tard  seulement,  quand  les  régions  du 
Nord  furent  explorées,  qu'on  distingua  divers  Océans  indé- 
pendants et  que  l'unité  de  la  conception  mythique  d'Ocea- 
nos,  père  de  tous  les  cours  d'eau,  fut  abandonnée. 

En  tant  que  personnification  divine,  Oceanos  est  un  fils 
d'Uranos  et  Gaea  (le  Ciel  et  la  Terre),  l'époux  de  Téthys, 
la  mère  nourricière,  le  père  d'Eurynomé,  personnification 
des  ténèbres  profondes,  et  de  Perse  qui  est  elle-même 
l'épouse  d'Hehos.  Il  est,  d'ailleurs,  à  l'origine  de  toutes 
choses  et  par  là  même  le  père  de  tous  les  dieux  ;  de  sorte 
que  le  philosophe  Thaïes,  qui  faisait  de  l'eau  le  principe 
universel  des  êtres,  interprétait  simplement  par  une  abs- 
traction scientifique  l'opinion  des  anciens  poètes  sur  l'ori- 
gine du  monde,  sorti  de  l'Océan.  On  se  représentait  Ocea- 
nos comme  un  vieillard  de  noble  prestance,  de  sentiments 
doux  et  bienveillants,  qui  vit  bien  loin  des  agitations,  au 
sein  des  eaux  profondes.  La  légende  lui  donnait  pour  fils 
les  principaux  tleuves  connus  et  pour  filles  toute  la  lignée  des 
Nymphes  nommées  Océanides  (V.  Nymphes).     J.-A.  H. 

II.  GÉOGRAPHIE . — Les  limites  officielles  des  cinq  grands 
océans  ont  été  établies,  en  1 847 ,  par  la  commission  de  la  So- 
ciété de  géographie  de  Londres  de  la  façon  suivante  :  les  deux 


--243 


OCEAN 


océans  polaires  sont  limités  par  les  cercles  polaires,  qui 
servent  également  de  limites,  au  N.,  à  l'océan  Atlan- 
tique et  au  Pacifique,  au  S.  aux  trois  océans  Atlantique, 
Indien  et  Pacifique.  La  limite  commune  de  l'Atlantique  et 
du  Pacifique  est  le  méridien  du  cap  Horn  ;  celle  de  l'Atlan- 
tique et  de  l'océan  Indien  est  le  méridien  du  cap  des  Ai- 
guilles, celle  du  Pacifique  et  de  l'océan  Indien,  le  méri- 
dien du  cap  S.  de  la  Tasmanie.  Les  limites  continentales 
de  l'Atlantique  sont  nettement  formées  par  les  côtes  de 
l'Amérique,  de  l'Europe  et  de  l'Afrique  ;  la  limite  E.  du 
Pacifique,  par  l'Amérique.  Entre  le  Pacifique  et  l'océan 
Indien,  la  limite  est  marquée  par  la  côte  E.  de  l'archipel 
australasien,  de  la  Nouvelle-Guinée  et  de  l'Australie.  — 
(Pour  les  questions  d'océanographie  générale,  de  faune, 
de  flore,  V.  Fart.  Mer.) 

Océan  Atlantique.  —  Géologie.  Contours.  —  L'At- 
lantique est,  géologiquement,  le  plus  jeune  des  grands 
océans.  Jusqu'à  l'époque  tertiaire,  les  régions  maritimes 
de  cette  partie  du  globe  ne  correspondaient  nullement, 
par  leur  direction,  à  la  dépression  N.-S.  que  nous  con- 
naissons aujourd'hui.  Aux  époques  précambrienne,  silu- 
rienne, carboniférienne,  les  trois  séries  de  plissements 
appelées  continents  huronien,  calédonien  et  hercynien  fai- 
saient émerger  toute  la  partie  N.  de  l'Atlantique  comprise 
actuellement  entre  l'Amérique  du  Nord  et  l'Europe  occi- 
dentale. Après  le  plissement  hercynien,  une  bande  de  terres 
plus  méridionale  s'étendait  des  Antilles  et  de  la  Guyane  à 
l'Espagne  et  à  l'Atlas.  Une  fosse  marine  étroite  s'étendait 
de  la  dépression  amazonienne   à  celle  du  Sahara;  tout 
au  S.,  le  continent  austral  était  ininterrompu  des  plateaux 
du  Brésil  à  ceux  de  l'Afrique  australe.  Pendant  la  pé- 
riode de  grande  extension  marine  de  l'âge  secondaire,  la 
fosse  méditerranéenne  s'élargit,  la  côte  S.  du  continent 
austral  est  largement  échancrée  ;  mais  l'Atlantique  reste 
encore  fermé  au  N.  et  au  S.  Ce  n'est  qu'à  l'époque  ter- 
tiaire, au  moment  des  plissements  alpins,  que  l'Atlan- 
tique prend  à  peu  près  sa  forme  actuelle,  par  l'effondre- 
ment des  barrières  N.  et  S.  Cet  effondrement  tardif  de 
masses  fortement  consolidées  a  eu  une  influence  considé- 
rable sur  l'aspect  général  des  lignes  de  jonction  entre  le 
relief  continental  et  la  dépression  maritime  :  les  ridements 
montagneux  sont  rarement  parallèles  aux  rivages  ;  ils  ont 
été  coupés  pour  ainsi  dire  à  angle  droit.  Comme  pour 
témoigner  de  leur  antériorité  par  rapport  à  la  dépres- 
sion, les  réseaux  hydrographiques  ne  sont  pas,  dans  leur 
direction  maîtresse,  perpendiculaires  à  la  ligne  centrale 
de  la  masse  océanique  :  le  Mississipi  et  le  Saint-Laurent 
contournent  le  massif  des  Apalaches,  l'Amazone  et  les 
rivières  de  la  Plata  contournent  le  plateau  brésilien,  le 
Niger  et  le  Congo  ont  des  cours  incertains,  les  fleuves 
allemands  sont  parallèles  à  l'Atlantique.  Enfin,  ce  qui 
distingue  nettement  l'x^tlantique  du  Pacifique  et  de  l'océan 
Indien,  c'est  la  grande  étendue  du  socle  continental  :  alors 
que  pour  l'ensemble  des  mers  du  globe  7  centièmes  de  la 
surface  des  océans  appartiennent  à  la  zone  des  profon- 
deurs de  0  à  200  m.,  la  proportion  atteint  11,5  ^/o  dans 
l'Atlantique,  et  la  zone  de  200  à  500  m.  y  occupe  3,9  Wq, 
chiffre  presque  double  de  celui  qui  convient  à  l'ensemble 
des  mers.  Or  les  endroits  où  le  socle  continental  a  sa  plus 
grande  étendue  sont,  au  N.,  au  large  du  canal  de  Bris- 
tol, de  Terre-Neuve  et  de  New  York;  au  S.,  le  long  de 
l'Amérique,  entre  la  Plata  et  la  Terre  de  Feu,  c.-à-d.  à 
peu  près  dans  les  régions  qui  se  sont  effondrées  le  plus 
tard  (de  Lapparent). 

Au  point  de  vue  des  côtes,  l'Atlantique  N.  est  beau- 
coup plus  indenté  que  l'Atlantique  S.,  non  seulement  par 
les  petites  échancrures  du  rivage,  mais  par  le  grand  nombre 
de  mers  adventives  :  Méditerranée,  américaine  et  latine, 
Baltique,  mer  du  Nord,  mer  d'Irlande,  golfe  de  Saint- 
Laurent.  L'Atlantique  S.  a  aussi  un  caractère  plus  fran- 
chement océanique  ;  il  communique  librement  avec  l'océan 
Indien  et  l'océan  Antarctique,  tandis  que  vers  le  N.  il  n'y 
a  que  quatre  portes  ouvertes  sur  la  mer  polaire  :  a,  le 


détroit  d'Hudson  (112  kil.)  ;  b,  le  détroit  de  Davis 
(370  kil.);  c,  le  canal  Danois  (240  kil.)  ;  d,  le  canal 
d'Islande  (740  kil.).  Les  deux  plus  petites  largeurs  de  l'At- 
lantique sont  :  1°  entre  la  pointe  S.  du  Grœnland  (cap 
Farewell)  et  la  Norvège  (2.780  kil.)  ;  2^  entre  Monrovia 
(Afrique)  et  le  cap  San  Roque  (2.965  kil.).  Les  deux  plus 
grandes  largeurs  sont  :  1«  entre  le  cap  Bojador  et  Mata- 
moras,  au  Mexique  (8.335  kil.)  ;  2°  entre  le  cap  des  Ai- 
guilles et  l'embouchure  de  la  Plata  (6.850  kil.).  Sur  le 
cercle  polaire,  entre  le  méridien  du  cap  Horn  et  celui  du 
cap  des  Aiguilles,  la  distance  est  de  4.000  kil.  —  Enfin 
ce  qui'  achève  de  déterminer  le  caractère  superficiel  de 
l'Atlantique,  c'est,  d'une  part,  le  petit  nombre  d'îles,  sur- 
tout d'îles  océaniques  qui  y  sont  situées  ;  d'autre  part,  le 
grand  nombre  de  fleuves  qu'il  reçoit  des  continents.  Tan- 
dis que  le  Pacifique  ne  sert  de  déversoir  qu'à  cinq  grands 
fleuves  :  le  Cambodge,  le  Yank-Tsé,  le  Hoang-Ho,  l'Amour 
et  la  Columbia,  dans  l'Atlantique  se  jettent,  soit  directe- 
ment, soit  par  le  moyen  des  mers  adventives  :  le  Saint- 
Laurent,  le  Mississipi,  l'Orénoque,  l'Amazone,  le  Parana, 
le  Paraguay,  la  Loire,  la  Garonne,  le  Douro,  le  Tage,  le 
Guadalquivir,  le  Sénégal,  la  Gambie,  le  Niger,  le  Congo, 
l'Elbe,  le  Weser,  le  Rhin,  la  Vistule,  l'Ebre,  le  Rhône, 
le  Danube,  le  Don,  le  Nil. 

(Nous  n'étudierons,  à  propos  de  l'Atlantique,  que  celles 
des  mers  adventives  qui  sont  en  large  communication  avec 
l'Océan  :  la  mer  du  Nord,  le  golfe  du  Mexique,  la  mer  des 
Antilles.  Pour  les  autres,  V.  les  articles  :  Baltique  [Mer], 
Méditerranée,  Noire  [Mer]). 

Relief  et  nature  du  fond.  —  L'Atlantique  est  nette- 
ment partagé  en  deux  parties,  E.  et  0.,  par  une  série  de 
crêtes  sous-marines  à  peu  près  ininterrompue  qui  court 
du  N.  au  S.  parallèlement  aux  deux  lignes  de  côte  et 
qui  a,  par  suite,  la  forme  d'un  S.  Cette  crête  est  rat- 
tachée au  N.  au  large  plateau  qui  relie  l'Europe  à  l'Is- 
lande, et,  par  là,  elle  est  en  communication  également 
avec  le  plateau  du  Télégraphe,  entre  l'Islande  et  Terre- 
Neuve.  Puis  la  crête  passe  à  l'E.  et  au  S.  du  groupe  des 
Açores,  où  elle  forme,  entre  45°  et  30^^  long.N.,  ce  qu'on 
appelait  autrefois  le  banc  du  Dolphin,  qui  est  connu  au- 
jourd'hui sous  le  nom  de  banc  des  Açores.  La  partie  de 
ce  banc  située  immédiatement  au  S.  du  groupe  d'îles,  et 
où  la  profondeur  est  très  faible,  porte  le  nom  de  banc  de 
la  Princesse- Alice,  depuis  l'exploration  qu'en  a  faite  le 
prince  de  Monaco.  —  L'arête  tourne  ensuite  au  S.-O. 
jusque  vers  le  58®  méridien  (de  Paris),  formant  auN.  du 
tropique  le  plateau  Atlantique.  Elle  descend  alors  droit 
au  S.  et  s'infléchit  au  S.-E.  avant  d'atteindre  l'équateur, 
où  elle  est  marquée  par  l'île  Saint-Paul  :  c'est  Varête 
équatoriale,  qui,  à  l'E.  de  Saint-Paul,  devient  de  plus 
en  plus  étroite  et  se  termine  même,  probablement  tout  à 
fait,   au   bord   de    fosses  profondes  signalées  par  les 
explorations   de  V Enterprise  et  de  la  Romanche.  — 
Au  N.  de  l'île  de  l'Ascension  commence  une  autre  arête 
qui  s'élargit  à  mesure  qu'elle  descend  vers  le  S.,  portant 
les  îlots  de  l'Ascension,  de  Sainte-Hélène,  de  Tristan  da 
Cunha,  de  Gough;  g' est  Varête  de  V Atlantique  *S.;  l'état 
actuel  des  explorations  ne  permet  pas  d'affirmer  que  cette 
arête  aille  rejoindre  le  continent  austral,  lui-même  encore 
hypothétique. —  Outre  cette  arête  longitudinale,  il  existe, 
à  partir  du  coude  qu'elle  forme  au  S.-O.,  une  élévation 
sous-marine  qui  va  rejoindre  la  côte  américaine  dans  les 
parages  du  cap  Orange;  la  série  occidentale  des  dépres- 
sions se  trouve  ainsi  partagée  en  deux  parties,  N.  et  S. 
Cependant,  si  l'ensemble  des  dépressions  atlantiques  est 
nettement  partagé  en  trois  groupes,  il  est  facile  de  dis- 
tinguer un  certain  nombre  de  cuvettes  assez  bien  définies, 
auxquelles  on  a  donné  des  noms  différents.  C'est  ainsi  que 
dans  la  mer  du  Nord,  en  général  peu  profonde  et  dont  la 
plus  grande  partie  est  occupée  par  le  Dogger-bank  et  ses 
dépendances,  on  trouve  un  sillon  profond  le  long  de  la 
côte  norvégienne  et  un  autre  entre  les  îles  Feroë  et 
Shetland.  Le  long  du  Labrador  s'étend  une  cuvette  bien 


OCÉAN  —  244 

caractérisée.  Entre  les  îles  Bermudes  et  le  banc  de  Terre- 
Neuve,  la  cuvette  de  l'Atlantique  iV.  a  des  profondeurs 
de  plus  de  5.000  m.  Le  groupe  des  Açores  est  isolé  par 
deux  sillons,  à  l'O.  où  la  profondeur  maxima  est  de 
5.260  m.  et  à  l'E.  où  elle  est  de  5.760  m.  entre  Téné- 
riffe  et  Saint-Thomas.  Le  golfe  de  Gascogne,  considéré 
dans  sa  plus  grande  étendue,  n'a,  en  général,  que  de 
faibles  profondeurs,  le  N.  étant  formé  par  le  socle  con- 
tinental de  la  Bretagne  et  le  S.  occupé  par  le  plateau 
du  Travailleur  ;  mais  entre  ces  deux  régions  de  faible 
profondeur  s'avance  une  dépression  bien  marquée,  qui 
se  rétrécit  de  plus  en  plus  et  forme,  en  face  de  l'Adour, 
le  gouf  du  cap  Breton,  profond  de  4.800  m.  Au  S.-O. 
du  Portugal,  par  contre,  le  profond  sillon  oriental  des 
Açores  n'est  pas  ininterrompu,  et  au  banc  de  Gorringe, 
entre  le  Portugal  et  Madère,  la  profondeur  n'est  que  de 
60  m.  —  Entre  le  plateau  de  l'Atlantique  N.  et  l'arête 
équatoriale  d'une  part,  le  socle  des  îles  du  cap  Vert  d'autre 
part,  la  cuvette  du  cap  F^r^  s'enfonce  à  plus  de  5.000  m. 
Elle  est  en  communication  à  l'E.  avec  la  cuvette  afri- 
caine où  VEssex  a  sondé  des  fonds  de  6.000  m. ,  et  à  l'O. 
avec  la  cuvette  brésilienne,  séparée  en  deux  parties  par 
l'île  de  Trinidad,  et  où  la  profondeur  la  plus  grande  mesurée 
jusqu'à  ce  jour  est  de  6.000  m.  (moyenne  4.000-5.000  m.). 
La  cuvette  africaine  et  la  cuvette  brésilienne  isolent  l'arête 
de  l'Atlantique  S.  qui  n'est  recouverte,  autour  des  îles 
Gough  et  Tristan  da  Cunba,  que  par  2.000  m.  d'eau;  ce- 
pendant, entre  30°  et  40°  lat.  S.,  le  Challenger  et  la 
Gazelle  ont  trouvé  des  fonds  de  4.000  à  5.300  m.  ;  à 
l'E.  de  ces  îles,  la  profondeur  descend  encore  jusqu'à 
4.000  m.,  ainsi  qu'entre  les  îlesFalkland  et  Montevideo, 
tandis  qu'entre  les  îles  Falkland  et  le  détroit  de  Magellan 
le  sol  se  trouve  seulement  entre  400  et  200  m.  —  C'est 
dans  la  partie  N.-O.  de  l'Atlantique  que  se  trouvent  les 
plus  grandes  profondeurs  de  cet  océan,  entre  les  Antilles 
et  les  îles  Bermudes  ;  le  Challenger  en  4879,  le  Gettys- 
burg  en  4876,  V Enterprise  en  4886  y  ont  trouvé  une 
profondeur  moyenne  de  5.200  à  7.400  m.,  avec  des 
maxima  de  7.086  m.,  8.282  m.,  8.344  m.  — -  La  mer 
des  Antilles  contient  deux  fosses  profondes,  l'une  peu 
étendue  au  S.,  l'autre,  la  fosse  de  Bartlett,  qui  s'étend 
sur  4.430  kil.  de  longueur  entre  Haïti  et  le  fond  du  golfe 
de  Honduras,  avec  une  profondeur  maxima  de  6.269  m., 
au  S.  de  l'île  du  Grand-Caïman.  Les  passages  principaux 
qui  font  communiquer  la  mer  des  Antilles  et  l'Atlantique 
sont  :  le  passage  du  Vent,  entre  Cuba  et  Haïti,  qui  a 
une  profondeur  maxima  de  3.547  m.,  mais  dont  le  fond 
est  très  irrégulier  ;  le  passage  de  Mona,  entre  Haïti  et 
Porto-Rico,  qui  n'a  que  475  m.  de  profondeur;  ce  pla- 
teau sous-marin  relie  également  entre  elles  toute  la  chaîne 
des  Petites-Antilles,  mais  il  est  coupé,  entre  Saint-Tho- 
mas et  Sainte-Croix,  par  un  sillon  de  4.500  m.  de  pro- 
fondeur. —  Le  golfe  du  Mexique  est  peu  profond  dans 
son  ensemble;  l'isobathe  de  200  m.  est  très  éloignée  de 
la  côte  américaine  et  limite  une  surface  égale  aux  deux 
tiers  de  celle  du  golfe.  La  partie  S.-E.  est  occupée  par 
la  fosse  de  Sigsbee,  séparée  du  Yucatan  par  le  banc  de 
Campêche  et  de  la  Floride  par  le  banc  de  Floride.  La 
profondeur  maxima  est  de  3.875  m.  Le  golfe  commu- 
nique avec  la  mer  des  Antilles  par  le  canal  de  Yucatan, 
large  de  286  kil.  avec  une  profondeur  maxima  de  2.430  m. , 
et  avec  l'Atlantique  par  le  canal  de  Floride,  large  seu- 
lement de  29  kil.  et  dont  la  profondeur  ne  dépasse  nulle 
part  630  m.  —  Si  l'on  s'en  rapporte  aux  calculs  de 
Krummel,  la  profondeur  moyenne  de  l'Atlantique  N.  est 
de  3.600  m.,  celle  de  l'Atlantique  S.  de  3.800  m.,  celle 
de  la  mer  du  Nord  de  89  m.,  celle  de  la  Méditerranée 
américaine  de  4.830  m.,  le  golfe  du  Mexique  n'ayant 
qu'une  profondeur  moyenne  de  875  m. 

La  nature  du  fond,  très  variable  au  voisinage  des  côtes 
où  les  sédiments  participent  de  la  diversité  des  roches  conti- 
nentales qui  ont  servi  à  les  former,  est  au  contraire  très  facile 
à  caractériser  pour  les  parties  vraiment  océaniques.  L'Atlan- 


tique est  par  excellence  le  domaine  des  boues  de  foramini- 
fères  {Globigerina,  Orbulina,  Pulvinulina,  Sphœroï- 
dina) .  Ces  boues  se  rencontrent  à  partir  d'environ  4 .000  m . 
de  profondeur  et  subsistent  jusqu'à  plus  de  4.000  m.  A 
partir  de  4.000  m. ,  la  boue  calcaire  est  remplacée  par  une 
argile  grise  formant  la  transition  entre  les  boues  de  forami- 
nifères  et  l'argile  rouge  des  grands  fonds  qui  se  rencontre 
exclusivement  à  partir  de  4.500  m.,  et  qui  occupe  par  con- 
séquent une  très  grande  étendue.  Il  est  à  remarquer,  ce- 
pendant, qu'au  voisinage  des  Canaries  et  dans  la  partie 
de  l'Océan  qui  s'étend  entre  ces  îles  et  l'île  Saint-Thomas 
toutes  les  boues,  aussi  bien  celles  de  foraminifères  que 
les  argiles,  ont  une  couleur  brun  chocolat  foncé  ;  cette 
coloration  est  due  à  la  présence  d'une  quantité  notable  de 
peroxyde  de  manganèse. 

Densité.  Salinité.  —  Le  poids  spécifique,  qui  est  en  rap- 
port direct  avec  le  degré  de  salinité,  est  soumis,  dans  l'Atlan- 
tique comme  dans  le  Pacifique,  à  la  loi  générale  suivante  :  il 
augmente  des  pôles  vers  Féquateur  :  mais,  dans  les  régions 
équatorialesmêmes,  à  cause  de  l'abondance  des  pluies,  une 
zone  de  faible  densité  et  de  faible  salinité  sépare  les  deux 
zones  de  grande  densité,  situées  dans  l'hémisphère  N.  au  N. 
du  tropique  du  Cancer,  dans  l'hémisphère  S.,  un  peu  auN. 
du  tropique  du  Capricorne.  Les  valeurs  moyennes  de  den- 
sité et  de  salinité  données  par  l'Atlas  de  la  Deutsche 
Seewarte,  calculées  d'après  de  nombreuses  observations 
et  réduites  à  des  températures  de  45°  à47°,5  C.  sont  les 
suivantes  : 


ATLANTIQUE  NORD 

ATLANTIQUE   SUD 

^_- "-^ 

0 

■"""^""^ 

^                ^^ 

<v 

^      0  ^ 

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ce 

m 

550-500 

1,02665 

3,48 

00-50 

1,02715 

3,55 

500-150 

688 

3,51 

50-100 

740 

3.59 

45o_40o 

691 

3.52 

100-150 

786 

3,65 

400-350 

735 

3,58 

150-200 

818 

3,69 

350-300 

768 

3,63 

200-250 

787 

3,65 

300-250 

759 

3,61 

250-300 

732 

3,57 

25°-20» 

764 

3,62 

3O0-350 

717 

3,55 

200-150 

727 

3,57 

350-400 

680 

3,50 

150-100 

694 

3,52 

400-450 

670 

3,49 

100-50 

651 

3,47 

45°-50o 

642 

3,45 

50-00 

657 

3,47 

500-550 

576 

3,37 

L'analyse  de  ce  tableau  montre  qu'entre  20°  et  40°  la 
densité  est  plus  grande  dans  l'Atlantique  S.  que  dans 
l'Atlantique  N.  ;  mais  à  partir  de  25°  l'eau  de  mer  est 
moins  dense  au  S.  qu'au  N.  ;  cependant,  d'une  façon  gé- 
nérale, l'Atlantique  S.  est  plus  salé  et  plus  dense  que 
l'Atlantique  N.  —  L'analyse  de  l'eau  aux  diverses  pro- 
fondeurs a  montré  que,  dans  les  régions  de  grande  con- 
centration (tropicales  et  subtropicales),  la  densité  diminue 
dans  les  couches  de  366  à  550  m.,  tandis  qu'aux  mêmes 
profondeurs  elle  augmente  dans  la  région  équatoriale. 
Pour  les  profondeurs  plus  grandes,  le  chimiste  du  Chal- 
lenger, Buchanan,  a  énoncé  la  loi  suivante  :  la  densité, 
sous  toutes  les  latitudes,  diminue  jusqu'à  la  couche  com- 
prise entre  1.460  et  4.830  m.,  et  elle  augmente  ensuite 
jusqu'au  fond.  —  Dans  l'Atlantique  N.,  la  région  où  l'eau 
est  le  plus  dense  (4,0285)  est  située  entre  les  Açores,  les 
Canaries  et  les  îles  du  cap  Vert;  c'est  entre  45°  et  Féqua- 
teur qu'elle  est  le  plus  faible.  Dans  l'Atlantique  S.  il  y  a 
deux  régions  de  forte  densité,  atteignant  4,0285  :  4°  à 
l'E.  autour  de  Sainte-Hélène  et  entre  cette  île  et  celle  de 
l'Ascension;  2°  à  l'O.  au  N.  de  San-Trinidad.  — •  Les  con- 
ditions de  densité  de  la  mer  du  Nord  sont  particuUèrement 
bien  connues  depuis  les  travaux  de  la  commission  scienti- 
fique de  Kiel  pour  l'exploration  des  mers  allemandes  ;  les 
mesures  de  l'aviso  à  vapeur  Pomerania  ont  donné  les  ré- 
sultats suivants  : 


215  — 


OCEAN 


REGIONS 


Fjords  norvégiens. . 
N .  de  la  mer  du  Nord. 
S.-O.  - 


Poids  spécifique 
réduit  à  17°, 5  c. 

Surface     Fond 


1,0198 
1,0263 
1.0257 


1.0267 
1,0268 
1,0258 


Salinité  % 


Surface     Fond 


3,59 
3,45 
3.37 


3.50 
3;51 

3,38 


La  salinité  et  la  densité  sont  donc  relativement  faibles  ; 
cela  tient  à  ce  que  l'influence  des  eaux  douces  appor- 
tées par  les  fleuves  se  fait  sentir  à  une  grande  distance. 
Enfin,  il  est  remarquable  que,  indépendamment  de  la  sa- 
linité générale,  la  proportion  des  chlorures  par  rapport 
aux  autres  sels  est  beaucoup  plus  faible  dans  la  mer  du 
Nord  que  dans  le  reste  de  l'Atlantique. 

Température.  —  Il  faut  noter  tout  d'abord  que,  d'une 
façon  générale,  l'eau  de  la  surface  des  océans  a  une 
tendance  à  être  un  peu  plus  chaude  que  la  couche  d'air 
qui  est  immédiatement  en  contact  avec  elle  ;  mais  cette 
règle  n'est  pas  absolument  vraie  pour  toutes  les  régions 
et  toutes  les  saisons.  En  ce  qui  concerne  la  partie  la  mieux 
connue  de  l'Atlantique  N.,  c.-à-d.  entre  40°  et  40^^  de 
long.  0.,  de  20°  à  10°  lat.  N.,  de  juillet  à  février  l'eau 
est  plus  chaude,  de  mars  à  mai  plus  froide  que  l'air  ;  en 
juin  les  températures  sont  sensiblement  égales.  Entre  i  0" 
N.  et  l'équateur,  l'eau  est  plus  chaude  queFair  toute  l'an- 
née; entre  l'équateur  et  10'^  S.,  de  mars  à  août  l'eau  est 
plus  chaude,  et  de  septembre  à  février  plus  froide  que 
l'air.  —  Dans  l'Atlantique  S.,  pour  la  région  orientale, 
l'eau  est  plus  chaude  que  l'air  dans  le  Nord  mais  plus  froide 
dans  le  Sud.  La  région  où  il  y  a  égalité  de  température 
entre  l'air  et  l'eau  est  située  entre  4i°  et  43°  de  lat.  S. 

La  carte  des  températures  annuelles  de  surface  de  l'at- 
las de  la  Deutsche  Seewarte  montre  dans  l'Atlantique 
deux  régions  de  hautes  températures,  atteignant  28°  C. 
La  première  est  située  sur  la  côte  orientale  de  l'Amérique 
du  Sud,  entre  Para  et  Cayenne,  la  seconde  sur  la  côte  0. 
de  l'Afrique,  entre  Freetown  et  Cap  Coast  Castle.  Les  iso- 
thermes de  27°  à  22°  sont  comprises  entre  l'équateur  et 
35°  N.  d'une  part,  25°  S.  d'autre  part;  leur  direction  est 
sensiblement  parallèle  à  l'équateur  ;  cependant,  en  allant 
de  l'O.  à  l'E.,  les  isothermes  se  rapprochent.  —  Les  iso- 
thermes de  20°  à  4°  sont  situées  dans  F  Atlantique  N.  entre 
35°  et  50°  N.,  depuis  la  côte  des  Etats-Unis  jusqu'à  l'E. 
de  Terre-Neuve  ;  à  partir  de  là,  elles  s'éloignent  les  unes 
des  autres  et  l'isotherme  de  4°  atteint  65°  lat.  N.  Dans 
l'Atlantique  S.,  ces  mêmes  isothermes  de  20°  à  4°  s'éten- 
dent du  tropique  du  Capricorne  à  55°  lat.  S.  Pour  les 
diverses  saisons  de  l'année  la  distribution  est  complexe. 
C'est  en  hiver  et  au  printemps  que  les  deux  régions  où  la 
température  atteint  28°  sont  le  plus  étendues  vers  la  haute 
mer;  en  été,  l'isotherme  de  28°  disparaît  sur  la  côte  afri- 
caine ;  mais  on  la  retrouve  en  automne.  En  été,  la  région 
limitée  par  l'isotherme  de  28°  sur  la  côte  américaine  com- 
prend la  mer  des  Antilles,  le  golfe  du  Mexique,  au  moins 
dans  sa  partie  E.,  les  îles  Bahama  et  Bermudes.  —  Les 
isothermes  de  4°  à  20°  ont  dans  les  différentes  saisons  des 
directions  sensiblementparallèles  aux  isothermes  annuelles  ; 
dans  l'Atlantique  N.,  c'est  en  hiver  et  au  printemps  que 
l'isotherme  de  4°  descend  le  plus  au  S.  jusqu'à  43°-40° 
lat.  N.  ;  en  été  elle  remonte  à  57°,  auN.  de  Terre-Neuve. 
Dans  l'Atlantique  S.,  dont  le  caractère  océanique  est  mieux 
marqué,  les  isothermes  se  déplacent  beaucoup  moins  en 
latitude,  aux  diverses  saisons.  —  On  se  fera  une  idée 
assez  exacte  de  la  répartition  annuelle  des  températures 
de  surface  au  moyen  du  tableau  ci-après  donné  par 
Boguslawski. 

Ainsi,  à  latitude  égale,  l'Atlantique  N.  est  sensiblement 
plus  chaud  à  la  surface  que  l'Atlantique  S.  Cette  diffé- 
rence se  maintient  très  forte  jusqu'à  350-400  m.  depro- 


ATLANTIQUE   KORD 

Zone     Moy.    Max.     Min. 

ATLANTIQUE   SUD 

Zone     Moy.    Max.     Min. 

SO^-IO" 
40<»-30<' 
30°-20o 
200-100 
lOo-O» 

14.2 
19;4 
23,9 

24,9 
26,9 

26,1 

27,2 
29,4 
28,3 
28,9 

0,0 
9,4 
14,4 

17,8 
23,3 

500-40° 
40O-30O 
30O-20O 
20O-10O 
lOo-Oo 

10,7 
16,8 
20,8 
22,8 
25,2 

18,9 
26,7 
27,0 

27,8 
28,9 

0,6 

7.2 

i2;3 

15,6 
20,6 

500-00 

21,9 

28,9 

0,0 

50O-0O 

19,5 

28,9 

0,6 

fondeur.  A  partir  de  là  elle  s'atténue,  et  elle  est  insigni- 
fiante vers  3.000m.  Aufonddel'océan  Atlantique, surplus 
des  trois  quarts  de  la  surface  et  par  une  profondeur  moyenne 
de  3.650  m.,  la  température  moyenne  est  de  -f-  4°, 8, 
variant  entre  4°, 7  et  2°, 4.  D'ailleurs  la  diminution  de  la 
température  ne  s'opère  pas  avec  la  même  rapidité  aux 
différents  points,  et  en  particulier  les  conditions  sont  dif- 
férentes dans  l'Atlantique  N.  et  dans  l'Atlantique  S.  Si 
l'on  met  à  parties  couches  superficielles,  jusqu'à  2.750  m. 
l'eau  est  toujours  plus  chaude  dans  l'hémisphère  N.  que 
dans  l'hémisphère  S.,  les  conditions  de  profondeur  et  de 
latitude  étant  égales  d'ailleurs.  Les  isothermes  de  pro- 
fondeur ne  se  comportent  pas  non  plus  de  la  même  façon 
dans  l'E.  et  dans  l'O.  de  l'Atlantique,  comme  en  témoigne 
le  tableau  suivant: 


PROFONDEUR  DES  ISOTHERMES  DE 

ZONE 

- — ^^^-^ 

««- ---. 

lOoC. 

50  C. 

20,5  C. 

Partie  orientale. 

20O-40O  lat.  N 

20o-40olat.  S 

m, 

550-820 
180-500 

m. 

1.050-1.650 
550-800 

m. 

2.200-2.925 
1.275-2.750 

Partie  occidentale. 

200-40'^  lat.  N 

20°-40o  lat.  S 

710-840 
230-550 

1.100-1.170 

370-730 

2.650-2,975 
1.550-2.200 

Réqion  équatoynale. 
lOoN.  -10»  S 

250->380 

550-900 

2.100-2.925 

La  mer  du  Nord,  en  raison  de  son  peu  de  profondeur 
et  de  sa  situation,  dans  une  certaine  mesure,  méditerra- 
néenne, a  des  conditions  de  température  assez  spéciales. 
L'eau  qui  recouvre  le  Dogger-Bank,  dont  les  hauts  fonds 
occupent  presque  toute  la  partie  S.  de  la  mer,  est  aussi 
différente  de  l'eau  du  N.  Dans  le  Nord,  la  couche  d'eau 
influencée  par  la  chaleur  solaire  en  été  est  très  mince  et 
ne  dépasse  pas  40  m.  A  partir  de  40  à  45  m.  l'abaisse- 
ment de  température  est  très  brusque.  Ainsi  la  Pome- 
rania,  pendant  l'été  de  4872,  sur  le  58®  parallèle,  a 
trouvé  de  40  m.  à  40  m.  des  abaissements  de  tempéra- 
ture allant  de  43°,7  à  8°,4  et  de  45°,5  à'  5°.  Ce  phéno- 
mène est  dû  à  un  courant  froid  coulant  du  N.  au  S',  et 
que  le  Porcupine  avait  également  constaté,  en  J869, 
près  des  Shetland.  Quant  à  l'eau  de  surface,  elle  présente 
aussi  de  notables  diiférences  de  température  entre  la  côte 
norvégienne  et  la  côte  écossaise.  En  été,  l'eau  superficielle 
n'a,  près  de  l'Ecosse,  qu'une  température  de  42®  à  45°, 
alors  que  sur  la  côte  norvégienne  elle  atteint  48°  à  20°. 
Il  faut  attribuer  cette  élévation  sur  la  côte  norvégienne  à 
l'arrivée  des  eaux  de  la  Baltique  et  aussi  à  réchauffement 
plus  grand  du  continent.  Pour  les  mêmes  raisons,  l'eau 
de  la  mer  du  Nord  est  plus  chaude,  à  latitude  égale,  que 
l'eau  de  l'Atlantique.  En  hiver,  par  contre,  l'eau  de  la 
mer  du  Nord,  plus  directement  soumise  aux  influences 
continentales,  est  plus  froide  que  celle  de  l'Atlantique. 
Dans  la  fosse  norvégienne,  la  température  décroît  rapide- 
ment jusqu'à  20  m.,  et  à  400  m.  règne  une  température 
constante  de  +  5°.  Mais  nulle -part,  dans  cette  fosse,  on 


OCÉAN 


—  216 


Surface 

Fond 

170,4 

12«,5 

46^9 

5^7 

l8^4 

5«,8 

l2^6 

8«,9 

l7^5 

17«,1 

ne  rencontre  les  basses  températures  de  —  1*^,3  trouvées 
à  1.170  m.  seulement,  près  des  îles  Feroë.  La  fosse 
norvégienne,  en  effet,  n'est  pas  en  communication  avec  la 
mer  arctique,  dont  elle  est  séparée  à  l'O.  et  au  N.  par 
des  seuils  qui  s'enfoncent  à  peine  à  400  m.  Dans  toute  la 
partie  septentrionale  de  la  mer  du  Nord,  la  différence  des 
saisons,  dont  nous  avons  vu  la  grande  influence  sur  les 
eaux  de  surface,  ne  se  fait  sentir  qu'à  une  faible  profon- 
deur ;  dans  le  Skager-Rak,  elle  a  totalement  disparu  à 
180  m.  —  L'eau  qui  recouvre  le  Dogger-Bank  est  plus 
chaude  en  été  que  celle  de  la  partie  septentrionale  ;  les 
différences  moyennes  sont  :  à  la  surface  de  1^6,  à  20  m. 
de  3,  à  40  m.  de  9^  à  50-70  m.  de  8^5.  La  commission 
de  Kiel  donne  les  chiffres  suivants  : 

RÉGIONS 

Baltique  0.,  Belt,  Cattegat 

Skager-Rak 

Côte  norvégienne  et  fjords 

Mer  du  Nord,  partie  N 

—  partie  S 

En  hiver,  les  eaux  du  Dogger-Bank  se  refroidissent 
beaucoup,  mais  il  faut  sans  doute  attribuer  ce  phénomène 
à  l'influence  des  vents  froids,  car  le  Drake  a  constaté 
entre  les  Orcades  et  les  Shetland  l'existence  d'un  afflux 
d'eaux  chaudes  venant  de  l'Atlantique,  atteignant  la  fosse 
norvégienne,  et  qui  empêcherait  ainsi  toute  communica- 
tion entre  le  Dogger-Bank  et  les  eaux  de  la  mer  de  Nor- 
vège. —  La  partie  S.  de  cette  mer  de  Norvège  est  bien 
comprise  dans  les  limites  officielles  de  l'Atlantique,  mais 
ses  conditions  de  température  dépendent  entièrement  de 
celles  de  l'Océan  polaire  et  elles  seront  étudiées  plus  loin. 

11  est  nécessaire,  par  contre,  de  résumer,  dès  mainte- 
nant, les  données  que  nous  possédons  sur  la  température 
des  régions  parcourues  par  le  Gulf-Stream.  On  a  longtemps 
cru  que  la  mer  d'où  le  courant  a  tiré  son  nom,  le  golfe 
du  Mexique,  contenait  dans  la  totahté  de  sa  cuvette  une 
masse  d'eau  fortement  échauffée.  Or  les  dernières  obser- 
vations de  Sigsbee,  de  Bartlett  et  de  Pillsbury  à  bord  du 
Blake  ont  détruit  cette  légende;  s'il  est  vrai  que  la  tem- 
pérature de  surface  atteigne  28^  et  soit  en  moyenne  de 
25"^,  s'il  est  vrai  qu'entre  la  Floride  et  le  Yucatan  on 
trouve  encore  une  température  de  15°  à  460  m.  de  pro- 
fondeur, dans  toute  la  partie  située  à  l'O.  du  91<^  de  lon- 
gitude 0.  de  Paris,  on  ne  trouve  à  la  même  profondeur 
que  6°,  7  à  9^,4,  c.-à-d.  des  eaux  plus  froides  que  celles 
de  la  Méditerranée  européenne,  entre  3.000  et  4.000  m. 
Dans  le  canal  de  Floride  même,  le  Dacia  a  trouvé  la  série 
suivante  : 

Profondeur....       0      180        315        550     730 
Température...     28«,9    25«,0     17^5     llo,9     9«,2 

et  pour  l'axe  principal  du  courant,  jusqu'à  Terre-Neuve, 
les  dernières  mesures  n'ont  pas  sensiblement  modifié  les 
moyennes  publiées  par  l'amirauté  britannique  : 


RÉGIONS 

0 
B 

> 

a 

1 
0 

< 

0 

< 

Golfe  du  Mexique  (avec 
les  réserves  faites  pi.  haut). 

Canal  de  Floride 

En    face    de    Ghar- 
leston 

28°  N. 
25° 

32° 

35" 

40o 

43° 

22«.8 
25'',0 

23%9 

220,2 
1S»,4 
16«,7 

25%0 
250,6 

25%0 

22«,8 

20'>,0 

160,4 

280,3 
28°,  3 

270,8 

26o,7 

26o,7 

250,6 

26o,7 

270,8 

270,2 
240,4 
22o,2 
200,0 

250,7 

26°,7 
26o,0 
240,0 
220,1 
200,4 

En  face  du  C.  Hatte- 
ras 

Au  S.-E.  de  Nantu- 
cket 

Au  S.-E.  de  la  Nou- 
velle-Ecosse   

Mais  le  Gulf-Stream  n'est  pas  composé  uniquement  de 
cet  axe  principal  et  les  plus  récentes  explorations  ont 
montré  qu'il  était  formé  d'un  véritable  faisceau  de  bandes 


alternativement  chaudes  et  froides.  Au  sortir  du  canal  de 
Floride,  ces  bandes  sont  peu  différenciées,  mais  elles 
s'élargissent  vers  le  N.-E.  A  la  hauteur  du  cap  Hatteras 
par  exemple,  on  compte  en  partant  de  la  côte  une  pre- 
mière bande  fi*oide  de  30  milles  de  large,  une  bande 
chaude  large  de  47  milles,  une  deuxième  bande  froide 
large  de  25  milles,  une  deuxième  bande  chaude  large  de 
45  milles  ;  l'ensemble  de  ces  trois  dernières  bandes,  d'une 
largeur  totale  de  117  milles,  est  d'ordinaire  marquée  sur 
les  cartes  comme  le  courant  proprement  dit  ;  mais  plus  à 
l'E.  on  trouve  encore  une  bande  froide  large  de  28  milles 
et  une  bande  chaude  large  de  75  milles.  Nous  verrons 
d'ailleurs,  au  §  Courants,  que  la  position  de  ces  bandes 
n'est  pas  fixe.  Les  bandes  froides  sont,  à  vrai  dire,  des 
contre-courants.  La  plus  rapprochée  de  la  côte,  la  plus 
anciennement  connue,  a  été  appelée  par  les  Américains 
le  «  Gold  Wall  »,  le  mur  froid.  Ce  qui  caractérise  sur- 
tout cette  bande  froide,  c'est  moins  la  différence  de  tem- 
pérature à  sa  surface  et  à  celle  du  courant  chaud,  quoi- 
qu'elle soit  notable,  que  la  rapide  diminution  de  la 
température  avec  la  profondeur:  à  40  m.  le  Cold  Wall 
a  une  température  de  15*^,5,  à  200  m.  de  8°,  à  400  m. 
de  6°,  à  600  m.  de  ¥  à  5^5,  à  800  m.  de  2«,5  à  4«,2. 
Quant  au  courant  chaud  lui-même,  d'après  les  mesures 
du  Challenger  etduBtoA-e,  il  n'aurait  qu'une  profondeur 
de  200  m.  Il  repose  sur  une  couche  d'eau  puissante  de 
400  m.  et  dont  la  température  varie  de  15'', 6  à  18^,3. 
A  partir  de  600  m.  la  température  décroît  rapidement  et 
l'isotherme  de  4^,4  n'est  qu'à  1.200  m.  La  température 
continue  d'ailleurs  à  baisser  et  sur  le  sol,  dans  les  fonds 
de  4.000  à  5.000  m.,  elle  varie  del«,2  à  1«,6.  L'opinion 
des  savants  du  Blake  est  qu'il  faut  attribuer  l'origine  de 
la  haute  température  du  Gulf-Stream,  au  moins  pour  la 
plus  grande  partie,  non  pas  à  réchauffement  des  eaux  du 
golfe  du  Mexique,  mais  à  celui  delà  région  comprise  entre 
les  îles  Bahama  et  le  cap  Hatteras. 

Météorologie.  —  Alors  que  sur  les  continents  la  pres- 
sion barométrique  est  notablement  plus  forte  en  hiver  qu'en 
été,  sur  les  océans  elle  est  beaucoup  plus  uniformément 
partagée.  Sur  l'Atlantique,  comme  sur  tous  les  océans, 
on  trouve  deux  régions  où  la  pression  dépasse  ordinaire- 
ment 760  millim.,  la  première  entre  30°  et  40°  lat.  N., 
la  seconde  entre  20°  et  30°  de  lat.  S.  Entre  les  deux  est 
une  région  de  basses  pressions,  et  dans  les  mers  subpo- 
laires, c.-à-d.  vers  50°  de  lat.,  sont  également  deux  zones 
de  faibles  pressions.  Mais  à  l'intérieur  de  ces  régions  il 
faut  noter,  dans  chaque  océan,  des  positions  bien  déter- 
minées oti  les  maxima  et  les  minima  s'accentuent,  qui  va- 
rient avec  les  saisons,  et  qui  sont  la  vraie  cause  des  dé- 
placements d'atmosphère  appelés  vents,  La  direction  et 
la  force  des  vents  océaniques  sont  d'ailleurs  aussi  influen- 
cés par  la  position  des  foyers  d'appel  continentaux.  En 
hiver,  dans  l'Atlantique  N.,  il  existe  un  centre  de  fortes 
pressions  (765-767  millim.)  au  S.  des  Açores  ;  la  région 
comprise  entre  le  Labrador,  le  Groenland,  le  Spitzberg  et 
le  N.-O.  de  l'Europe  est  au  contraire  une  région  de  basses 
pressions  (moins  de  750  millim.),  le  minimum  (745  mil- 
lim.) étant  au  S.-O.  de  l'Irlande.  Dans  l'Atlantique  S., 
les  maxima  (plus  de  764  millim.)  se  trouvent  placés, 
pendant  la  même  saison,  près  de, la  côte  africaine.  Les 
minima  (745-740  millim.)  sont  situés  en  pleine  mer  par 
environ  60°  lat.  S.  —  En  été,  dans  l'Atlantique  N.,  les 
maxima  (jusqu'à  769  millim.)  restent  dans  le  voisinage 
des  Açores  ;  les  minima  (756  millim.  et  760  millim.) 
sont  situés,  d'une  part  entre  l'Islande  etla  Norvège,  d'autre 
part  en  plein  océan,  par  17°  lat.  N.  —  Dans  l'Atlan- 
tique S.  la  zone  des  fortes  pressions  (765  millim.)  va  de 
l'Amérique  à  l'Afrique  entre  20°  et  30°  lat.  S.  Les  mi- 
nima se  répartissent  tout  le  long  du  60°  parallèle. 

Du  fait  que  certaines  régions  de  l'Atlantique,  comme  la 
ceinture  équatoriale,  sont  des  zones  de  faible  pression 
toute  l'année,  tandis  qu'en  d'autres  points  les  maxima  et 
les  minima  se  déplacent  suivant  les  saisons,  il  résulte  que 


—  i2i7  — 


OCEAN 


certains  vents  ont  un  caractère  de  constance  très  marqué, 
tandis  que  d'autres  sont  beaucoup  plus  variables,  A  quel- 
ques degrés  au  N.  de  l'équateur,  sur  une  bande  qui  pen- 
dant Tété  de  l'hémisphère  N.  remonte  jusqu'à  42<^  ou  'M'^ 
de  lat. ,  on  trouve  entre  l'Afrique  et  l'Amérique  la  zone 
des  calmes  équatoriaiix,  où  ne  régnent  que  des  vents 
faibles  et  variables  qui  souvent  cessent  complètement  de 
souffler.  —  AuN.  de  cette  région,  V alizé  du  N.-E.  souffle 
toute  l'année  ;  en  hiver  il  commence  entre  30*^  et  25^  lat.  N.  ; 
en  été  son  origine  remonte  environ  de  2°, 5  vers  le  N.  En 
hiver,  il  descend  jusqu'à  l'équateur  sur  la  côte  américaine, 
mais  sur  la  côte  d'Afrique  il  ne  franchit  jamais  le  5^  lat.  N. 
—  V alizé  du  S.-E.  est  plus  constant  et  plus  fort  que  celui 
du  N.-E.,  parce  que  le  foyer  d'appel,  la  zone  des  calmes 
équatoriaux,  est  située  au  N.  de  l'équateur.  En  hiver, 
quand  le  soleil  s'avance  le  plus  loin  vers  le  S.,  l'alizé  du 
S.-E.  commence  sur  la  côte  américaine  à  la  lat.  de  Rio- 
de-Janeiro  (25**)  et  sur  la  côte  d'Afrique  dès  le  cap  de 
Bonne-Espérance,  par  30°  de  lat.  S.  En  toute  saison,  il 
franchit  l'équateur,  ce  qui  fait  qu'en  été  surtout  il  arrive 
à  se  confondre  avec  l'alizé  du  N.-E.,  la  résultante  des  deux 
forces  donnant  une  direction  unique  vers  l'O.,  tandis  que 
sur  la  côte  africaine  il  se  transforme  en  vent  du  S.  et  du 
S.-O.  à  cause  du  puissant  appel  d'air  produit  par  réchauf- 
fement du  Sahara.  —  Au  N.  et  au  S.  des  régions  d'alizés 
se  trouvent  deux  bandes  de  largeur  très  variable  suivant 
les  saisons,  qu'on  appelait  autrefois  les  zones  de  calmes 
tropicaux,  et  qui  sont  caractérisées  par  des  vents  variables 
encore  plus  que  par  des  calmes.  —  Dans  le  N.  de  l'Atlan- 
tique le  régime  des  vents  est  déterminé  toute  l'année  par 
le  centre  de  hautes  pressions  constantes  des  Açores  :  en 
hiver,  par  suite  de  la  grande  étendue  de  la  zone  des  basses 
pressions,  du  Grœnland  à  l'Europe,  les  vents  soufflent  du 
S.,  de  l'O.  et  du  S.-O.,  avec  une  prédominance  marquée 
de  cette  dernière  direction.  En  été,  la  région  des  minima 
progresse  vers  le  N.-O.  en  se  rétrécissant,  et  sur  toute  la 
partie  septentrionale  de  l'Atlantique  les  vents  soufflent 
du  S.-O.  —  Dans  l'Atlantique  S.,  pendant  l'hiver,  les 
plateaux  sud-africains  sont  fortement  échauffés,  et  comme 
il  y  a  en  même  temps  une  zone  de  fortes  pressions  non  loin 
de  la  côte  d'Afrique,  les  vents  viennent  de  l'O.  dans  la  partie 
orientale  ;  en  été,  la  direction  du  vent  n'est  pas  sensible- 
ment modifiée.  Du  côté  de  l'Amérique,  la  direction  du  vent 
est  surtout  causée  en  hiver  par  réchauffement  du  plateau 
brésilien  et  les  vents  convergent  vers  la  côte.  En  été,  la 
zone  des  basses  pressions  qui  règne  vers  le  60®  parallèle 
appelle  des  vents  de  N:-0.  ;  ces  vents  s'infléchissent  de 
plus  en  plus  de  FO.  à  l'E.,  en  descendant  vers  le  S.,  jus- 
qu'à prendre  une  direction  parallèle  à  l'équateur.  Vers  50**, 
ces  vents  d'O.  sont  très  violents  et  soufflent  toute  l'année  : 
ce  sont  les  grands  frais  d'ouest. 

Courants.  —  L'eau  de  l'Atlantique,  comme  celle  de  tous 
les  Océans,  ne  reste  pas  immobile;  on  distingue  dans  sa 
masse  des  courants  chauds  et  des  courants  froids  dont  les 
limites  ne  sont  pas  fixes,  qui  s'entremêlent  parfois  d'une 
façon  compliquée,  mais  qu'on  peut  cependant  parvenir  à 
différencier,  en  schématisant  Fensemble  de  leurs  conditions 
respectives. 

a.  Le  courant  nord-équatorial  est  un  courant  de  posi- 
tion essentiellement  variable.  Son  bord  méridional,  dans 
l'espace  compris  entre  20°  et  2o°  de  long.  0.,  se  déplace 
dans  les  limites  suivantes  : 


Janvier .... 

. ..     8°1.  N. 

Juillet 

.     H°  1 

.  N. 

Mars 

...     6o  - 

Septembre. . . 

.     12° 

— 

Mai 

..     6°  - 

Novembre . . . 

.      9° 

— 

La  limite  N.  est  difficile  à  établir  parce  qu'à  partir  de 
20°  lat.  N.  la  puissance  du  courant  diminue  très  lente- 
ment. La  vitesse  mo}^enne,  au  S.  de  20°,  est  de  45  à 
il  milles  marins  par  jour;  elle  diminue  vers  le  N.  pour 
atteindre,  vers  28°  lat.  N.,  40  milles  par  jour.  La  direc- 
tion, à  l'E.  de  35°  long.  0.,  est  vers  l'O.-S.-O.  ;  de  35°   ' 


à  55°  long.  0.,  elle  est  franchement  0.  pour  tourner,  au 
voisinage  des  Antilles,  à  l'O. -N.-O. 

b.  Courant  sud-équatorial.  C'est  un  courant  puissant, 
d'une  grande  constance  de  direction,  de  force  et  de  super- 
ficie. Il  s'étend  au  S.  jusqu'à  45°  de  lat.  S.  et  au  N.  il 
franchit  l'équateur,  de  2°  environ  sous  le  méridien  de 
Greenwich,  de  3°  plus  à  l'E.  ;  d'ailleurs  cette  limite  sep- 
tentrionale varie  un  peu,  car  elle  atteint  4°  lat.  N.  de  juin 
à  septembre,  tandis  qu'elle  recule  en  deçà  de  3°  à  la  fin 
de  l'hiver.  La  force  de  ce  courant  est  très  grande  ;  entre 
8°  lat.  et  3°  lat.  N.,  elle  ne  demeure  jamais  au-dessous 
de  20  milles  par  jour  et  atteint  en  général  24  milles  ;  on 
a  même  observé  des  vitesses  de  72  milles.  C'est  dans  la 
zone  équatoriale  jusqu'à  2°  de  lat.  S.  que  la  force  est  la 
plus  grande  ;  elle  décroît  ensuite  jusqu'à  6°  pour  aug- 
menter de  nouveau  ;  il  y  a  donc  en  réalité  deux  courants. 
A  l'E.  de  20°  long.  E.,  la  vitesse  est  moins  grande  que 
les  chiffres  donnés  plus  haut,  mais  elle  devient  considé- 
rable à  l'O.  de  40°,  où  l'on  a  observé  des  rapidités  de 
plus  de  400  milles  par  jour.  Au  cap  San  Roque,  le  cou- 
rant se  partage  en  deux  tronçons,  l'un  qui  se  recourbe  au 
S.,  l'autre  au  N.-O. 

c.  Ce  dernier  rencontre  le  courant  de  l'Amazone,  puis 
la  fin  du  courant  nord-équatorial  et  l'ensemble  de  ces  trois 
courants  forme  le  courant  de  Guyane,  qui  a  une  vitesse 
de  30  à  60  milles  par  jour,  mais  dont  l'inconstance  a  sou- 
vent causé  la  perte  de  navires  mauvais  voiliers. 

d.  Courant  des  Caraïbes,  C'est  la  suite  du  courant  de 
Guyane  et  de  la  partie  principale  du  courant  nord-équa- 
torial. Selon  l'expression  de  Rennell,  ce  n'est  pas  un  cou- 
rant dans  la  mer,  mais  la  mer  tout  entière  qui  est  en 
mouvement  ;  cependant  c'est  surtout  vers  la  côte  améri- 
caine que  la  force  du  courant  est  considérable  ;  dans  la 
partie  orientale  de  l'axe,  elle  varie  de  24  à  72  milles  ma- 
rins par  jour;  plus  à  l'O.,  elle  n'est  que  de  4 2  à 36  milles. 
Le  courant  est  d'ailleurs  profond,  et  il  est  difficile  d'y  faire 
des  sondages,  le  plomb  de  sonde  se  trouvant  emporté  au 
fil  de  l'eau.  Le  courant  arrive  ^enfin  au  détroit  resserré 
qui,  entre  Yucatan  et  Cuba,  n'a  guère  plus  de  400  milles 
de  large  ;  le  courant  ainsi  rétréci  acquiert  une  vitesse  con- 
sidérable en  pénétrant  dans  le  golfe  du  Mexique. 

e.  Couinant  des  Antilles.  Le  courant  nord-équatorial 
ne  pénètre  pas  tout  entier  dans  la  mer  des  Antilles  ;  une 
partie  des  eaux  en  mouvement  remonte  à  l'E.  de  la  chaîne 
des  Petites  Antilles,  où  il  forme  un  courant  d'une  vitesse 
moyenne  de  42  milles  par  jour,  mais  qui,  selon  les  obser- 
vations du  Challenger,  atteint,  entre  Saint- Thomas  et  les 
Bermudes,  20  et  24  milles.  Au  cours  de  ce  trajet  dans  une 
mer  tropicale  fortement  échauffée  en  été,  le  courant  acquiert 
une  chaleur  considérable  qui  est  sans  doute  un  des  élé- 
ments de  la  chaleur  du  Gulf-Stream. 

f.  Courant  du  Bîrsil.  La  branche  du  courant  sud- 
équatorial,  qui  se  recourbe  au  S.,  suit  vers  le  S.-O.  la 
côte  américaine.  C'est  un  courant  de  force  moyenne  dont 
la  vitesse  dépasse  rarement  24  milles  par  jour  et  est  en 
général  de  20  milles.  La  position  du  courant  est  assez 
variable  et  elle  se  déplace,  suivant  les  saisons,  par  la 
prédominance  des  divers  vents  de  mousson  appelés  par 
l'échauffement  du  plateau  brésilien. 

g.  Courant  des  Canaries.  Il  s'étend  en  moyenne  de 
Madère  aux  îles  du  cap  Vert  et  est  déterminé  par  la  sec- 
tion orientale  de  l'alizé  du  N.-E.  La  vitesse  de  son  cours 
varie  de  8  à  30  milles  par  jour,  mais  elle  se  tient  le  plus 
souvent  dans  les  environs  de  45  milles.  Venant  de  lati- 
tudes plus  élevées  vers  des  latitudes  plus  basses,  c'est  un 
courant  relativement  froid.  L'extrémité  S.  du  courant  des 
Canaries  est  beaucoup  plus  méridionale  en  mars  qu'en 
septembre  ;  mais,  dans  toutes  les  saisons,  la  plus  grande 
partie  de  ses  eaux  rejoint  le  courant  nord-équatorial,  une 
faible  partie  seulement  se  détournant  au  S.-E.  pour  con- 
tourner la  côte  africaine. 

h.  Courant  de  Benguela.  C'est  l'analogue,  dans  l'hé- 
misphère S.,  du  courant  des  Canaries;  du  Cap  jusqu'au 


OCÉAN 


248  — 


JN'.  de  l'emboucliure  du  Congo,  un  courant  froid  remonte 
le  long  de  la  côte  d'Afrique  avec  une  vitesse  moyenne  de 
12  milles  par  jour  et  qui  atteint  rarement  30  milles.  Au 
voisinage  même  de  la  côte,  le  courant  est  faible  et  irré- 
gulier. 

i.  Courant  de  Guinée.  C'est  un  contre-courant  qui, 
au  rebours  des  deux  courants  équatoriaux,  va  de  l'O.  à 
VE,  Ses  limites  N.  et  S.  sont  variables,  surtout  en  plein 
Océan,  par  suite  du  déplacement  des  deux  courants  équa- 
toriaux. Sa  source,  à  l'O.,  varie  aussi  suivant  les  saisons, 
de  40°  de  long.  0.  en  septembre  à  28°  en  mai.  La  vitesse 
moyenne  est  de  18  milles  par  jour;  elle  peut  aller  jusqu'cà 
40  ou  50  milles.  La  direction,  qui  est  O.-E.  en  plein 
Océan,  est  détournée  au  S.-E.  par  la  côte  africaine  ;  à  ce 
moment  de  sa  marche,  la  largeur  du  courant  se  trouve 
ainsi  rétrécie  et  sa  vitesse  augmentée. 

k.  Gulf-Stream,  On  peut  dire  que  c'est  le  courant  le 
plus  célèbre,  parce  que  c'est  celui  qui  arrive  sur  les  côtes 
d'Europe,  dont  il  modifie  d'une  façon  incontestable  les 
conditions  climatériques.  Déjà  signalé  par  Franklin,  il  a 
été  surtout  connu  du  grand  public  après  la  fameuse  des- 
cription de  Maury  qui  commence  par  la  phrase  souvent 
reproduite  :  «  Il  est  un  fleuve  dans  la  mer  !  »  On  attri- 
buait à  ce  fleuve  un  cours  immuable,  une  vitesse  énorme,  dé- 
passant parfois  120  milles  par  jour,  une  source  incontes- 
table, le  golfe  du  Mexique,  et  pour  cause,  la  rupture 
d'équilibre  entre  des  eaux  de  salinité,  de  température, 
et  par  suite  de  densité  différentes.  Les  observations  vrai- 
ment scientifiques  ont  détruit  une  partie  de  cette  théo- 
rie. Nous  avons  déjà  vu  que  la  température  attribuée  aux 
eaux  du  golfe  du  Mexique  avait  été  fort  exagérée.  En  outre, 
le  courant  qui  sort  du  canal  de  Floride  est  inférieur  en 
force  et  en  vitesse  au  courant  du  Yucatan,  en  sorte  qu'on 
est  obligé  de  supposer  l'existence  d'un  courant  de  com- 
pensation qui  se  recourberait  dans  les  profondeurs  vers 
la  mer  des  Antilles.  Dans  le  golfe  du  Mexique  même,  les 
conditions  du  courant  varient  suivant  les  saisons.  Quand 
les  alizés  font  trêve,  le  courant  du  Yucatan  est  moins  vio- 
lent et  le  courant  de  Floride  est  presque  annihilé.  Il  semble 
donc  que  la  vraie  source  du  courant  soit  située  entre  les 
Bahama  et  le  cap  Hatteras,  région  fortement  chauffée  et 
soumise  à  une  puissante  évaporation,  sous  l'influence  de 
l'alizé  du  N.-E.  Cette  évaporation  produirait  une  circula^ 
tion  verticale,  transformée  en  circulation  horizontale  du 
S.-O.  au  N.-E.  sous  l'impulsion  première  du  vrai  courant  du 
golfe  ;  cette  direction  vers  le  N.-E.  et  la  vitesse  du  courant 
seraient  ensuite  accentuées  par  la  prédominance  des  vents 
d'O.  dans  l'Atlantique  N.  En  tout  cas,  le  Gulf-Stream  se  com- 
pose de  plusieurs  bandes  de  courants,  comme  nous  l'avons 
déjà  vu  à  propos  de  la  distribution  de  la  température.  La 
position  de  ces  bandes  n'est  pas  absolument  fixe:  elles  sont 
écartées  de  la  côte  américaine  par  les  vents  d'O.  ;  elles  en  sont 
rapprochées  par  les  vents  d'E.  A  partir  du  banc  de  Terre- 
Neuve  les  bandes  d'eau  chaude  en  mouvement,  qui  continuent 
à  porter  le  nom  de  Gulf-Stream,  divergent  de  plus  en  plus 
et  sont  aussi  de  plus  en  plus  sous  la  dépendance  des  vents. 
Une  partie  de  ces  eaux  chaudes  se  dirige  à  FE.,  et,  par  sa 
jonction  avec  le  courant  des  Canaries,  forme  un  circuit 
fermé  avec  le  courant  nord-équatorial  ;  c'est  à  l'intérieur 
de  ce  circuit  que  se  trouve  hmer  des  Sargasses.  La  plus 
grande  partie  du  Gulf-Stream  se  dirige  au  N.-E.  vers  les 
îles  britanniques  et  pénètre  dans  la  mer  de  Norvège  entre 
l'Ecosse  et  l'Islande  ;  les  eaux  chaudes  atteignent  la  ban- 
quise de  l'océan  Arctique.  —  Les  cartes  ont  longtemps 
marqué  une  branche  du  Gulf-Stream  qui  se  serait  recour- 
bée dans  le  golfe  de  Gascogne,  et  appelée  courant  de 
Rennell.  Les  expériences  récentes  et  décisives  de  M.  Hau- 
treux  ont  démontré  qu'il  n'y  avait  là  qu'un  afflux  des 
eaux  vers  la  côte,  quandles  vents  d'O.  soufflent  avec  force. 
—  Enfin  une  dernière  partie  des  eaux  du  Gulf-Stream 
"  s'engage  dans  le  détroit  de  Davis,  où  on  les  a  constatées  en 
été  jusqu'à  50°  lat.  N.,  en  hiver  jusqu'à  46°,  et  dans  le 
canal  des  Danois  sous  le  nom  de  courant  d'Irminger,  — 


Le  Gulf-Stream  est  un  courant  d'eau  très  salée  et  par  suite 
très  dense  ;  l'excès  de  salinité  se  traduit  aux  yeux  par  un 
accroissement  de  la  couleur  bleue  de  l'eau,  que  l'on  dis- 
tingue très  facilement  au  milieu  des  eaux  grises  ou  ver- 
dâtres  des  bandes  plus  froides. 

1.  Courants  du  Grœnland  et  du  Labrador.  Le  cou- 
rant qui  descend  du  N.  au  S.  le  long  de  la  côte  E.  du 
Grœnland,  avec  une  vitesse  moyenne  de  5  à  6  milles  par 
jour,  se  trouve  presque  entièrement  annihilé  à  la  ren- 
contre du  courant  d'Irminger.  Mais  le  courant  du  Labra- 
dor, dont  on  a  constaté  l'existence  jusque  dans  les  eaux 
du  Nord,  est  le  véritable  charrieur  des  icebergs  et  des 
glaces  détachées  du  pack.  Il  arrive  au  contact  des  eaux  du 
Gulf-Stream  au  banc  de  Terre-Neuve,  qu'il  a  contribué  à 
former.  En  effet,  la  fusion  des  icebergs  dépose  au  fond  de 
la  mer  non  seulement  les  débris  de  moraines  qui  sont  à  la 
surface,  mais  aussi  les  bou6s  congelées  à  la  base  de  ces 
icebergs;  en  effet,  dans  leur  course  vers  le  S.  de  10  milles 
par  jour  environ,  ils  ne  peuvent  atteindre  Terre-Neuve 
dans  le  cours  d'un  seul  été;  ils  sont  donc  repris  par  la 
glace  du  détroit  de  Labrador,  peu  profond,  dont  ils  arra- 
chent, à  l'été  suivant,  les  débris  du  fond.  Ce  sont  sans 
doute  ces  eaux  du  courant  du  Labrador  qui  forment  la 
bande  froide  appelée  Cold  Wall. 

m.  Courants  de  l'Atlantique  S.  Vers  la  latitude  de 
l'embouchure  de  la  Plata,  le  courant  du  Brésil  se  re- 
courbe assez  brusquement  vers  l'E.,  et,  quoique  sa  vitesse 
devienne  assez  faible,  il  va  rejoindre,  sur  la  côte  africaine, 
le  courant  de  Benguela.  Plus  au  S.,  l'Atlantique  est  par- 
couru d'O.  en  E.  par  un  courant  froid,  conséquence  des 
vents  généraux  d'O.  Une  branche  de  ce  courant,  appelée 
courant  des  Falklancl,  remonte  directement  au  N.  C'est 
la  cause  principale  des  conditions  climatériques  froides 
de  la  côte  orientale  de  Patagonie. 

n.  Cowants  de  la  mer  du  Nord.  La  mer  du  Nord 
étant  en  communication  avec  le  reste  des  océans  surtout 
par  le  N.,  c'est  surtout  dans  la  partie  au  N.  du  Dogger- 
Bank  que  les  courants  sont  caractérisés.  Le  long  de  la  côte 
de  la  Grande-Bretagne,  un  courant  descend  du  N.  au  S., 
tandis  que  dans  la  partie  E.  le  courant  va  du  S.  au  N. 
Mais,  en  face  des  détroits  de  Danemark,  les  courants  de 
sortie  de  la  Baltique  dévient  fortement  ce  courant  vers  l'O. , 
à  tel  point  que  les  navires  à  voile  s'en  servent  souvent 
dans  la  traversée  de  Norvège  en  Ecosse  pour  naviguer 
contre  le  vent  de  S.-O. 

En  résumé,  si  l'on  jette  les  yeux  sur  une  carte  des  cou- 
rants de  l'Atlantique,  on  constate  que  la  région  comprise 
entre  45°  lat.  N.  et  40°  lat.  S.  comporte  deux  systèmes 
de  courants  formant  deux  circuits  fermés,  séparés  l'un  de 
l'autre  par  le  contre-courant  de  Guinée.  Mais,  tandis  que 
dans  l'Atlantique  S.  le  courant  du  Brésil  est  arrêté  dans 
sa  course  vers  le  S.  par  une  circulation  intense  des  eaux 
froides  de  l'O.  vers  l'E.,  dans  l'iitlantique  N.,  au  con- 
traire, la  masse  principale  du  courant  chaud  du  Gulf- 
Stream  se  mêle  avec  les  courants  froids  venus  du  N.  sans 
être  arrêtée  par  eux  et  parvient  à  pénétrer  dans  la  mer 
polaire. 

Océan  Indien.  —  Géologie  et  contours.  —  Le  nombre 
relativement  faible  des  données  que  nous  possédons  sur 
l'océan  Indien  ne  permet  pas  d'affirmer  rien  de  définitif, 
surtout  en  ce  qui  concerne  son  histoire  géologique.  Il 
semble  pourtant  qu'à  l'époque  précambrienne  l'espace  ac- 
tuel couvert  par  cet  océan  était  une  mer  largement  ouverte. 
Mais,  à  la  fin  du  carboniférien,  tous  les  îlots  primaires 
s'étant  réunis,  une  immense  masse  de  terres  émergées,  le 
continent  austral,  s'étendit  depuis.  F  Amérique  du  Sud 
jusqu'à  FAustralie,  en  réunissant  l'Afrique,  Madagascar 
et  le  Décan.  Dans  la  période  de  grandes  transgressions 
marines  qui  dura  pendant  la  plus  grande  partie  des  temps 
secondaires,  le  continent  austral  lui-même,  au  moins  dans 
la  partie  qui  nous  occupe  ici,  se  trouva  fortement  entamé. 
A  la  fin  de  l'époque  jurassique  le  golfe  éthiopien,  en  com- 
munication avec  la  Méditerranée,  ne  laissa  subsister  au 


—  249  - 


OCEAN 


N.  qu'une  étroite  bande  entre  l'Afrique,  la  partie  E.  de 
Madagascar  et  le  Décan. 

L'Inde  et  l'Indo-Chine  se  trouvèrent  séparées  par  la 
coupure  du  golfe  du  Bengale  ;  de  même  Bornéo  se  trouva 
séparée  de  l'Australie.  Entin  les  grands  bouleversements 
de  l'époque  tertiaire  achevèrent  de  disloquer  les  mor- 
ceaux du  continent  austral,  pendant  que  le  Décan  se  trou- 
vait, par  eux,  soudé  au  continent  septentrional.  —  Ces 
circonstances  ont  eu  pour  résultat  d'individualiser  forle- 
ment  l'océan  Indien  en  faisant  de  lui  un  océan  purement 
méridional.  Fermé  auN.,  il  n'atteint  le  tropique  du  Can- 
cer que  par  les  golfes  terminés  en  pointes  du  Bengale  et 
d'Arabie,  et  le  30^^  parallèle  que  par  les  golfes  étroits  de 
la  mer  Rouge  et  du  golfe  Persique.  Au  S.,  au  contraire, 
l'océan  Indien  est  en  libre  communication  avec  la  mer 
Antarctique.  Dans  l'ensemble,  l'océan  Indien  a  la  forme 
d'un  ovale  dont  l'extrémité  S.  serait  coupée  par  le  cercle 
polaire.  Du  cap  des  Aiguilles  au  cap  S.  de  Tasmanie,  la 
largeur  est  de  il. 100  kil.  La  longueur  du  N.  au  S.  est 
d'environ  10.000  kil.  —  Par  suite  de  sa  formation  géo- 
logique, des  effondrements  produits  sans  ridements  au 
sein  d'une  masse  compacte,  l'océan  Indien  n'est  pas  bordé, 
en  général,  par  des  côtes  montagneuses,  mais  plutôt  par 
des  rebords  de  plateaux;  le  long  de  l'arc  malais  seulement 
le  caractère  montagneux  est  fortement  accusé.  L'océan  In- 
dien est  plus  riche  en  îles  dans  sa  partie  0.  que  dans  sa 
partie  E.,  et  nous  verrons  que  c'est  aussi  à  l'O.  que  se 
trouvent  les  moins  grandes  profondeurs.  L'océan  Indien 
ne  reçoit  pas  autant  de  fleuves  importants  que  l'Atlan- 
tique, quoique  ceux  qui  s'y  jettent  comptent  parmi  les  plus 
puissants  cours  d'eau  du  globe  :  le  Zambèze,  le  Ïigre-Eu- 
phrate,  l'Indus,  le  Gange-Brahmapoutra,  l'Iraouaddi,  le 
Salouen. 

Relief  et  nature  du  fond.  —  Le  relief  du  fond  de 
l'océan  Indien  est  encore  très  mal  connu.  Nous  ne  possé- 
dons guère  que  cinq  séries  importantes  d'observations  : 
celles  du  Challenger  et  de  la  Gazelle  en  1874,  dans  le 
Sud  ;  les  opérations  préliminaires  de  la  pose  du  câble  entre 
FEurope  et  FAsie,  dans  le  Nord;  l'exploration  de  VEn- 
terprise  qui  en  1883  est  allée  du  Cap  à  Zanzibar,  puis  de 
Zanzibar  au  golfe  du  Bengale  en  traversant  la  région  équa- 
toriale;  enfin  l'exploration  de  ÏEgeria,  qui,  en  1889,  a 
parcouru  l'espace  compris  entre  Java  et  Maurice  et  est 
revenue  vers  l'Australie  en  passant  par  les  îles  Saint-Paul 
et  Amsterdam.  — Au  S.  entre  3o<^  et  66°  lat.  S.,  et  20*^ 
et  120*'  long.  E.,  le  Challenger  et  la  Gazelle  ont  cons- 
taté l'existence  d'un  immense  plateau  sous-marin  recou- 
vert par  une  couche  d'eau  de  moins  de  3.500  m.  Ce  pla- 
teau porte  les  îles  du  Prince-Edouard,  Crozet,  Kerguelen, 
Mac-Donald,  Saint-Paul  et  Nouvelle-Amsterdam.  Il  pa- 
raît être  la  continuation  du  grand  plateau  antarctique 
exploré  par  James  Ross  en  1840-43.  Au  S.-O.  de  l'Aus- 
tralie la  profondeur  moyenne  atteint  4.000  à  4.500  m., 
etTEgeria  y  a  opéré  des  sondages  de  5.500  et  5.600  m. 
Cette  dépression  de  la  grande  baie  australienne  paraît 
s'étendre  fort  loin  à  l'O.,  la  Gazelle  ayant  trouvé  à  FE. 
des  îles  Saint-Paul  et  Nouvelle-Amsterdam  une  profondeur 
maximade5.276m.  — Entre  ces  îles  et  les  Mascareignes,  la 
profondeur  atteint  5.000  m.  (max.  àeïEgeria:  5.260  m.). 
Entre  les  Mascareignes  et  Madagascar,  la  moyenne  est  de 
4.000  à  4.600  m.  De  Zanzibar  aux  Maldives,  V Enter- 
prise a  trouvé  comme  plus  grande  profondeur  4.961  m. 
par  3«  2'  lat.  S.  et  48°  24' long.  E.,  tandis  qu'entre 
les  Maldives  et  les  Chagos  le  fond  se  relève  jusqu'à 
1.878  m.  Des  Chagos  à  Féquateur,  sous  le  méridien  des 
îh^s  Andaman,  on  trouve  une  profondeur  uniforme  de  4.000 
à  4.500  m.,  avec  un  maximum  qui  atteint  cependant 
5.664  m. 

La  mer  d'Oman  a  un  fond  extraordinairement  plat  dont 
la  profondeur  ne  va  jamais  jusqu'à  4.000  m.  ;  le  golfe  du 
Bengale  a  au  contraire  la  forme  d'une  vallée  dont  la  pro- 
fondeur est  de  2.-1 00  à  2.500  m.  sur  les  bords,  etde3.400 
à  4.300  m.  au  milieu.  —  C'est  dans  le  grand  golfe  trian- 


gulaire qui  s'enfonce  entre  l'arc  malais  et  l'Australie  qu'on 
a  trouvé  les  plus  grands  fonds  de  l'océan  Indien,  à  l'ex- 
ception toutefois  de  la  mer  d'Arafoura,  où  la  sonde  n'atteint 
nulle  part  200  m.  La  Gazelle  a  mesuré  au  S.-O.  de  Ti- 
mor 5.505  m.  et  5.523  m.  et  VEgeria,  entre  JavaetFîle 
Christmas,  5.850  et  6.205  m.  Le  fond  se  relève  à  4.500  m. 
autour  des  îles  Weihnacht  et  Keeling,  pour  s'enfoncer  de 
nouveau  au  S.-O.  à  plus  de  5.000  m.,  et  se  relever  en- 
suite lentement,  le  long  tk\  20^  parallèle  jusqu'à  File  Ro- 
driguez  oli  la  cuvette  n'a  plus  que  2.900  m.  de  profon- 
deur. —  De  ces  renseignements  on  peut  se  former,  au 
moins  provisoirement,  Fidée  générale  suivante  du  relief  de 
l'océan  Indien  :  les  grandes  profondeurs  sont  situées  à  FE.  ; 
la  fosse  australindienne,  de  5.000  à  6.000  m.,  s'avance  à 
l'O.  jusque  vers  85°  de  long.  E.  ;  elle  s'enfonce  en  coin 
entre  l'Australie  et  Farc  malais,  et  se  recourbe  au  S.-E. 
pour  former  la  grande  baie  australienne.  L'isobathe  de 
4.000  m.  part  de  la  pointe  N.  de  Sumatra,  passe  au  S. 
de  Ceylan,  et  de  là  se  dirige  au  S.-O.  jusque  vers  le  mé- 
ridien de  la  baie  de  Delagoa  ;  de  là  elle  retourne  vers  FE. 
jusqu'au  S.  delà  Tasmanie,  en  formant  vers  le  S.  un  golfe 
qui  atteint  presciueles  îles  Crozet  et  Kerguelen,  et  dont  le 
bord  remonte  à  l'O.  de  Saint-Paul  et  de  Nouvelle- Amster- 
dam. Au  S.,  les  profondeurs  sont  uniforméjnent  de  2.000 
à  3.000  m.  Au  N.-O.,  une  dépression  de  4.000  m.  com- 
prise entre  les  Amirautés,  les  Seychelles,  les  Maldives,  les 
Laquedives  et  la  côte  des  Somalis  est  entourée  d'une  au- 
réole dont  la  profondeur  n'atteint  pas  2.000  m. 

Les  sédiments  qu'on  trouve  au  fond  de  Focéan  Indien 
peuvent  se  diviser  en  quatre  groupes  :  —  a,  le  long  de  toutes 
les  côtes  et  dans  les  mers  plates  et  peu  profondes  du  N., 
le  fond  est  formé  de  boues  bleues  et  vertes,  comme  il 
arrive  presque  toujours  au  voisinage  des  masses  conti- 
nentales. Ces  boues  bleues  se  retrouvent  aussi  en  grande 
quantité  sur  toute  la  surface  du  plateau  méridional,  sem- 
blant indiquer  par  là  même  la  nature  continentale  des 
terres  antarctiques  ;  —  b,  le  centre  de  l'océan  est  formé  de 
boues  de  globigérines  qui  occupent  la  surface  la  plus  éten- 
due (30  millions  de  kil.  q.)  ;  —  c,  les  boues  de  diatomées, 
qui  sont  proprement  la  caractéristique  de  l'océan  Indien, 
occupent  sur  la  carte  des  Reports  du  Challenger  ima  sur- 
face de  13.600.000  kil.  q.  dans  le  S.  de  l'Océan,  où  on  les 
trouve  vivantes  à  la  surface  même;  —  (/,  dans  les  grandes 
profondeurs  de  la  dépression  australindienne,  le  sol  est 
couvert  d'argile  rouge  sur  une  étendue  de  12  millions  de 
kil.  q.  Mais  il  est  nécessaire  d'ajouter  que  les  profondeurs 
de  plus  de  5.000  m.,  qui  paraissent  nécessaires  à  la  sélec- 
tion complète  de  cette  argile,  sont  loin  d'être  complète- 
ment explorées. 

Salinité.  Densité.  — Les  mesures  opérées  jusqu'ici  sont 
encore  fort  peu  nombreuses.  Dans  le  Nord,  nous  n'avons 
guère  que  la  série  de  sondages  opérés  par  Liebscher  du 
détroit  de  la  Sonde  à  Aden.  Il  a  observé  en  général  une 
concentration  de  la  salinité  de  plus  en  plus  grande  de 
Féquateur  vers  les  hautes  latitudes  et  du  plein  océan  vers 
le  golfe  d'Aden,  comme  le  montre  le  tableau  suivant  : 


LATITUDE 

LONG.  E. 

DENSITÉ 

SALINITE 

5«  39' 

84°  38' 

1,0255 

3.31 

§0   7/ 

74°  50' 

1,0262 

3,44 

12«  8' 

72°  35' 

1,0262 

3,46 

18°  7' 

66^  55' 

1,0264 

3,40 

15°  V 

57°  33' 

1,0276 

3,52 

13°  39' 

i8°  i  V 

1,0276 

3,50 

Dans  le  Sud,  ce  sont  les  voyages  du  Challenger  et  de 
la  Gazelle  qui  ont  donné  le  plus  grand  nombre  de 
renseignements.  Le  centre  de  concentration  serait  situé 
dans  la  zone  des  alizés  S.-E.,  entre  le  S.  de  l'Afrique  et 
l'Australie,  c.-à-d.  entre  20°  et  36°  de  lat.  S.  et  60°  et 
80°  de  long.  E.,  et  où  la  densité  moyenne  serait  de 
1,0274.  Entre  45°  et  65°  lat.  S.  la  densité  moyenne, 
aussi  bien  dans  les  profondeurs  qu'à  la  surface,  serait  de 
1,0260.  En  combinant  ces  données  avec  les  rares  mesures 


OCÉAN  —  220 

postérieures,  la  Deutsche  Seewarte  a  dressé  dans  son 
atlas  de  l'océan  Indien  une  carte  des  densités  qui  n'a  sans 
doute  encore  qu'une  valeur  schématique.  On  y  distingue 
deux  régions  où  la  densité  est  comprise  entre  4,0275  et 
4,0280  :  — a,  l'entrée  du  golfe  d'Aden,  sur  une  surface 
limitée  par  une  ligne  qui  part  de  6°  lat.  N.  sur  la  côte 
africaine,  atteint  70^  de  long.  E.  et  se  recourbe  auN.-O. 
pour  toucher  la  côte  d'Arabie  par  49^  lat.  N.  ;  cette  ré- 
gion est  entourée  d'une  bande  concentrique  étroite  dont 
la  densité  est  de  4,0270  à  4,0275;  —  b,  la  surface  com- 
prise entre  le  tropique  S.  et  34^  lat.  S.  et  80"^  long.  E. 
et  440Mong.  E.,  où  la  densité  atteint  aussi  4,0280.  Elle 
est  entourée  d'une  large  auréole  allant  du  Cap  à  l'Aus- 
tralie, limitée  au  N.  par  le  48^  parallèle  S.  et  au  S.  par 
le  39^  parallèle,  et  où  la  densité  \arie  entre  4,0270  et 
4,0275.  —  Ea  ligne  marquant  la  limite  des  densités  in- 
férieures à  4,0260  part  de  la  cote  hindoue  au  N.  de  Bom- 
bay et  laisse  au  N.  toutes  les  côtes  de  l'Hindoustan,  de 
rindo-Chine  et  de  l'arc  malais  jusqu'à  Timor.  Dans  le 
golfe  du  Bengale  lui-même  la  densité  est  très  faible  et 
atteint  à  peine  4,0245.  Cette  densité  varie  d'ailleurs  selon 
les  saisons,  comme  le  montrent  les  cartes  du  Bureau  mé- 
téorologique de  Calcutta  :  de  mars  à  mai  la  densité  est 
irrégulièrement  distribuée  et  diminue  en  général  duS.-O. 
au  N.-E.,  c.-à-d.  en  allant  vers  les  embouchures  du 
Gange  et  de  l'Iraouaddi.  De  juin  à  août,  la  densité  dé- 
croit régulièrement  du  S.  vers  le  Gange.  De  septembre  à 
novembre,  après  la  chute  des  pluies  de  moussons,  la  den- 
sité est  excessivement  faible  jusqu'à  près  de  400  kil.  des 
côtes.  Elle  recommence  à  croître  de  décembre  à  février. 

Températures.  —  Les  séries  d'observations  aux  diverses 
profondeurs  sont  encore  fort  peu  nombreuses.  Dans  la  ré- 
gion comprise  entre  34^  et  52''  lat.  S.  et  48''  et  70*'  long. 
E.,  c.-à-d.  entre  le  Cap,  les  îles  Kerguelen  et  Mac-Donald, 
la  température  de  surface  est  de  23*'  à  49°  sur  le  banc 
des  Aiguilles,  alors  qu'elle  n'est  plus  que  de  3°  à  l'île  Mac- 
Donald.  Le  courant  chaud  des  Aiguilles,  analogue  en  cela 
au  Gulf-Stream  et  au  Kouro-Sivo,  est  formé  de  bandes 
alternatives,  chaudes  et  froides,  et  la  différence  se  marque 
moins  encore  entre  les  températures  de  surface  que  par 
l'abaissement  beaucoup  plus  rapide  avec  la  profondeur 
dans  les  bandes  froides.  Au  fond,  par  des  profondeurs  de 
2.900  à  3.500  m.  la  température  estde4«,7  à  0«,7.  — 
A  l'E.  de  30*'  long.  E.,  sous  les  hautes  latitudes,  la  tem- 
pérature décroît  rapidement  de  l'O.  à  l'E.  aussi  bien  dans 
les  profondeurs  qu'à  la  surface.  A  l'E.  de  70°  long.  E. 
la  Gazelle  a  constaté  une  augmentation  régulière  de  la 
température  du  S.  au  N.,  allant,  à  la  surface,  de  3°, 5 
par  54°  lat.  S.,  à  44°  par  40°  lat.  S.,  22°  par  35°  S., 
26°,5  par  22°,5  lat.  S.  A  200  m.  de  profondeur,  la  tem- 
pérature augmente  de  2°  sous  les  hautes  latitudes,  à  45° 
sous  le  tropique.  Sur  le  sol,  quand  la  profondeur  dépasse 
3.000  m.,  la  température  ne  varie  qu'entre  de  faibles 
limites  :  0°,8  à  4°, 2.  Dans  la  région  équatoriale,  à  l'E. 
des  îles  Chagos,  VEnterprise  a  trouvé  une  température 
de  -H  0°,8  par  5.664  m.  de  profondeur.  —  Plus  à  l'E., 
entre  le  cercle  polaire  et  l'Australie,  le  Challenger  a 
aussi  trouvé  une  augmentation  de  température  notable  du 
S.  au  N.  :  à  la  surface  de  7°,2  à  42°,8,  à  400  m.  de  7° 
à  44°,  à  500  m.  de  3°, 8  à  8°,7,  à  4.000  m.  de  2°,7  à 
6°, 9,  au  fond  de  0°,4  à 0°, 7.  —Entre  Maurice  et  l'Aus- 
tralie, la  distribution  en  profondeur  subit  de  grandes  os- 
cillations jusqu'au  fond,  où  la  température  varie  de  2°, 2 
à  0°, 7.  Entre  l'Australie  et  Timor,  la  température  s'abaisse 
de  27°  à  28°  à  la  surface,  à  0°,9  dans  les  fonds  de  près 
de  6.000  m.  —  Dans  les  deux  golfes  du  N.,  encore  très 
mal  connus  à  ce  point  de  vue,  on  observe,  entre  40°  et 
49°  lat.  N.,  une  rapide  diminution  de  la  surface  à  400  m., 
allant  de  23°  à  42°  ou  44°.  La  température  décroît  en- 
suite plus  lentement  jusque  dans  les  fonds  de  2.000  m., 
où  elle  est  de  4°, 3. 

La  distribution  de  la  température  à  la  surface  de  l'océan 
Indien  est  mieux  connue  que  la  distribution  en  profon- 


deur, grâce  à  ce  que  les  navires  de  guerre  des  différentes 
marines  font  souvent  des  observations  qui  ne  demandent 
pas  l'usage  d'instruments  spéciaux.  La  Deutsche  Seewarte 
a  pu  établir  quatre  cartes  des  distributions  de  tempéra- 
ture aux  différentes  saisons.  En  février,  la  bande  des 
maxima  (28°-29°)  est  limitée  au  N.  par  une  ligne  qui  va 
de  Witu  (Afrique)  à  Atschin  (Sumatra),  et  au  S.  par  une 
ligne  partant  du  cap  Delgado  (Afrique)  et  aboutissant  à 
Rœburne  (Australie)  ;  il  y  a  en  outre  deux  petites  régions 
de  28°,  l'une  au  N.,  entre  65°  et  70°  long.  E.,  l'autre 
au  S.  sous  les  mômes  méridiens,  et  entre  40°  et  42°  lat.  S. 
—  Il  y  a  deux  lignes  isothermiques  de  25°,  l'une  allant 
de  la  côte  arabique,  au  N.  d'Aden,  jusqu'à  la  côte  hindoue, 
au  N.  de  Bombay,  l'autre  au  S.  allant  de  Natal  au  cap 
Xord-Ouest  (Australie).  L'isotherme  de  20°  va  du  Cap  au 
S.  de  Fx^ustraHe,  et  plus  au  S.  les  isothermes  sont  régu- 
lièrement espacées  et  parallèles  à  l'équateur  jusqu'aux 
Kerguelen,  où  passe  l'isotherme  de  5°.  —  En  mai,  l'iso- 
therme de  28°  part  de  5°  lat.  N.  sur  la  côte  africaine, 
descend  aux  Seychelles,  aux  Chagos,  et  de  là  court  droit 
à  l'E.  jusqu'à  Java.  L'isotherme  de  30°  passe  au  fond  de 
la  mer  d'Oman.  Celle  de  25°  part  de  Sofala  (Afrique)  et 
aboutit  au  cap  Nord-Ouest  (Australie).  Celle  de  45°  passe 
à  Nouvelle-Amsterdam,  celle  de  6°  aux  îles  du  Prince- 
Edouard  et  Crozet.  —  En  août,  les  isothermes  de  24°  et 
25°  sont  situées  sur  la  côte  d'Arabie  ;  une  autre  ligne 
de  25°  passe  au  N.  de  Madagascar  et  rejoint  FiVustralie 
à  liœburne.  Le  maximum  (28°)  est  rejeté  à  l'E.  sur  la 
côte  de  Sumatra.  L'isotherme  de  5°  passe  aux  îles  du 
Prince-Edouard  et  Crozet,  celle  de  2°  aux  Kerguelen.  — 
En  novembre,  il  existe  un  maximum  de  28°  au  centre  de 
la  partie  N.  de  l'océan  Indien,  c.-à-d.  au  S.  de  la  mer 
d'Oman,  et  une  autre  région  de  28°  au  centre  du  golfe  de 
Bengale.  L'isotherme  de  26°  passe  à  l'entrée  de  la  mer 
Rouge  ;  celle  de  25°  part  de  la  baie  de  Delagoa  et  atteint 
l'Australie  à  Rœburne.  Les  températures  des  parties  les 
plus  méridionales  sont  sensiblement  les  mêmes  qu'au  mois 
d'août. 

Pressions  barométriques.  Vents.  —  Les  conditions  ba- 
rométriques de  l'océan  Indien,  en  raison  de  la  ceinture 
continentale  qui  le  ferme  au  N.,  sont,  beaucoup  plus  que 
dans  l'Atlantique  et  le  Pacifique,  dépendantes  de  réchauf- 
fement des  hauts  plateaux  asiatiques  et  africains.  En  jan- 
vier et  février,  il  y  a  deux  zones  de  maxima,  de  765  mil- 
lim.  en  moyenne  :  l'une  au  fond  du  golfe  Arabique,  l'autre 
entre  28°  et  38°  lat.  S.  et  52°  et  400°  long.  E.  Une  ré- 
gion de  minima  atteignant  755  millim.  occupe  le  golfe 
situé  au  N.-O.  de  l'Australie;  une  autre  de  754  millim. 
s'étend  au  S.  des  îles  du  Prince-Edouard.  —  En  mai,  les 
deux  régions  de  maxima  (765  millim.)  occupent  :  l'une 
l'espace  compris  entre  le  cap  Corrientes  et  Natal  à  l'O. 
et  75^  de  long.  E.,  l'autre  le  désert  australien  et  la  par- 
tie côtière  de  l'océan.  Au  fond  du  golfe  Arabique  et  du 
golfe  du  Bengale  règne  une  pression  minima  de  755  millim. 
Un  autre  minimum  de  7 52"^^'^, 5  se  trouve  dans  la  région 
des  Kerguelen.  —  En  juillet-août,  une  première  zone  de 
maxima  (765  millim.),  fort  étendue,  commence  sur  la 
côte  d'Afrique,  au  cap  Delgado,  descend  au  S.  du  Cap  et 
atteint  à  l'E.  le  méridien  de  Java.  Une  autre  zone  de 
765  millim.  couvre  les  trois  quarts  de  l'Australie.  Sur 
les  plateaux  himalayens,  au  contraire,  la  pression  n'est 
que  de  750  millim.,  ainsi  qu'aux  îles  Kerguelen.  —  En 
novembre,  on  ne  trouve  qu'un  seul  maximum  de  765  mil- 
lim. dans  la  région  comprise  entre  le  tropique  du  Capri- 
corne et  37°  lat.  S.  et  65°  et  408°  de  long.  E.  Au  fond 
du  golfe  de  Bengale  la  pression  est  de  760  millim.  Elle 
est  de  757^^"\5  sur  la  mer  d'Arafoura  et  de  752"^"^, 5  aux 
Kerguelen. 

Du  fait  que  l'océan  Indien  est  fermé  vers  le  N.  et  n'a 
qu'une  étendue  relativement  restreinte  au  N.  de  l'équa- 
teur, il  s'ensuit  que  l'alizé  du  N.-E.  n'existe  pas,  et  aussi 
que  l'alizé  du  S.-E.  n'occupe  une  grande  aire  que  dans 
la  partie  orientale  de  l'océan.  Le  vent  caractéristique  des 


m  ~- 


OCEAN 


régions  N.  et  0.  de  Tocéan  Indien,  c'est  la  mousson  (de 
Tarabe  mossim,  saison).  De  novembre  à  mars,  c.-à-d. 
pendant  l'été  de  l'hémisphère  S.,  les  plateaux  du  S.  de 
l'Afrique,  fortement  échauffés  par  les  rayons  perpendicu- 
laires du  soleil,  forment  un  puissant  foyer  d'appel,  et  les 
vents  se  précipitent  de  l'Inde  vers  l'Afrique  :  c'est  la  mous- 
son du  N.-E.  Cette  mousson  a  sensiblement  la  direction 
que  prendrait  l'alizé  du  N.-E.,  mais  elle  en  diffère  en  ce 
qu'elle  est  beaucoup  moins  régulière  et  que  ce  n'est  un 
vent  ni  froid,  ni  sec.  —  Au  printemps,  le  soleil  revient 
au-dessus  de  l'hémisphère  N.,  et  le  foyer  d'appel  remonte 
tout  le  long  des  plateaux  africains.  Au  commencement  de 
mai,  la  mousson  du  S.-O.  atteint  le  cap  Comorin,  et  de 
juin  à  septembre  elle  souffle  sur  toute  l'étendue  des  golfes 
Arabique  et  du  Bengale.  En  plein  océan,  elle  atteint  sa 
plus  grande  force  de  juin  à  août.  Le  résultat  de  ce  ré- 
gime de  moussons  est  de  contrarier  et  d'annihiler  en  par- 
tie la  force  de  l'alizé  du  S.-E.  Ainsi,  pendant  l'été  de 
l'hémisphère  S.,  c.-à-d.  pendant  le  règne  de  la  mousson 
du  N.-E.,  les  calmes  sont  très  fréquents  dans  la  région  de 
l'océan  Indien  située  en  dehors  du  souffle  de  la  mousson. 
Pendant  l'été  de  l'hémisphère  N.,  au  contraire,  comme  la 
mousson  du  S.-O.  occupe  une  aire  moins  grande  que  la 
mousson  du  N.-E.,  les  calmes  sont  très  rares  dans  la  ré- 
gion où  souffle  l'alizé  du  S.-E.  La  limite  N.  de  l'alizé  du 
S.-E.  est  variable  et  difficile  à  déterminer  ;  sa  limite  S. 
commence  sur  la  côte  australienne  par  33°  lat.  S.  et 
s'étend  jusqu'à  l'E.  des  lies  Rodriguez.  —  Au  S.  de  35** 
lat.  S.  régnent  toute  l'année  des  vents  d'O.  qui,  dans  les 
hautes  latitudes,  atteignent  leur  maximum  d'intensité  en 
automne  et  leur  minimum  en  été. —  Enfin,  l'océan  Indien 
est  caractérisé,  au  moins  dans  certaines  parties,  par  la 
fréquence  et  la  violence  de  ses  cyclones  tropicaux.  Ils  se 
produisent  surtout  dans  la  région  des  Mascareignes  et 
dans  le  golfe  du  Bengale,  où  ils  partent,  en  général,  des 
îles  Andaman,  pour  se  diriger  vers  l'embouchure  du 
Gange. 

Courants.  —  a.  Courants  de  moussons.  En  partant  de 
cette  considération  que  les  courants  de  moussons  ont  pour 
cause  des  vents  de  directions  absolument  contraires  l'une 
à  l'autre,  les  anciennes  cartes  traçaient  dans  la  partie  N. 
de  l'océan  Indien  deux  courants  en  sens  opposé.  Les  faits 
ne  répondent  pas  exactement  à  cette  figuration.  En  hiver, 
dans  le  golfe  du  Bengale,  le  courant  descend  au  S.-O.  le 
long  de  la  côte  de  Coromandel,  aspirant  les  eaux  de  la 
côte  de  Birmanie,  en  sorte  qu'au  miheu  du  golfe  la  direc- 
tion est  franchement  à  l'O.  A  Ceylan,  le  courant  se  rétré- 
cit, sa  vitesse  augmente  jusqu'à  80  milles  marins  par  jour, 
et  même  jusqu'à  100  milles.  Dans  la  mer  d'Oman,  le  cou- 
rant va  vers  TO.  sur  la  côte  du  Baloutchistan,  vers  le  S.-O. 
sur  la  côte  d'Arabie.  L'eau  entre  alors  dans  la  mer 
Rouge,  au  moins  en  partie,  tandis  que  le  reste  descend  au 
S.-O.  le  long  de  la  côte  des  Somalis.  Le  courant  franchit 
l'équateur  où  il  atteint  des  vitesses  de  24,  48  et  même 
60  milles  marins  par  jour.  A  l'époque  de  la  mousson  du 
S.-O. ,  en  été,  le  mouvement  dominant,  dans  la  mer  d'Oman, 
s'opère  vers  le  N.-E.  Sur  la  côte  des  Somalis  et  d'Ara])ie 
il  se  produit  un  contre-courant  venant  de  l'O.  qui  aspire 
l'eau  de  la  mer  Rouge,  aspiration  qui  se  fait  sentir  jusque 
vers  le  canal  de  Suez.  En  pleine  mer,  le  courant  s'infléchit 
vers  l'E.,  et,  sur  la  côte  de  Malabar,  vers  le  S.  atteignant 
son  maximum  de  rapidité  à  Ceylan,  où  il  parcourt  48  à 
78  milles  marins  par  jour.  Dans  le  golfe  du  Bengale,  les 
courants  sont  alors  très  variables  ;  il  semble  toutefois  que 
la  masse  principale  des  eaux  soit  aspirée  vers  le  S.  à  par- 
tir de  la  pointe  N.-O.  de  Sumatra. 

b.  Courant  équatorial.  C'est  un  courant  de  direction 
E.-O.  qui,  en  été,  coule  autour  de  l'archipel  des  Chagos 
et  en  hiver  un  peu  plus  au  S.  ;  sa  vitesse  varie  entre  ii  et 
36  milles  marins  par  jour  et  elle  atteint  parfois  60  milles. 
A  la  rencontre  de  Madagascar,  le  courant  est  partagé  en 
deux  par  l'île,  vers  20°  de  lat.  S.,  une  branche  allant  au 
S.,  l'autre  au  N.  Cette  dernière  forme  autour  du  cap  de 


l'Ambre  un  fort  courant,  allant  d'abord  au  N.-O.,  puis  à 
l'O.  Ce  courant  0.  pénètre  dans  la  large  baie  de  Zanzibar, 
se  courbe  de  plus  en  plus  au  N.  et  à  l'époque  de  la  mous- 
son du  S.-O.  se  confond  .avec  le  courant  qui  remonte  le 
long  de  la  côte  d'Afrique.  A  l'époque  de  la  mousson  du 
N.-E.,  il  est  rejeté  vers  le  S.  et  forme  la  source  du  contre- 
courant  équatorial.  Une  branche  du  courant  N.  est  déviée 
au  S.  par  le  cap  Delgado,  et  descend  dans  le  canal  de 
Mozambique,  où  les  vents  la  serrent  contre  la  côte  afri- 
caine et  la  rendent  dangereuse  ;  au  cap  Corrientes  il  a, 
toute  l'année,  une  vitesse  de  40  à  69  milles  par  jour;  le 
long  de  la  côte  0.  de  Madagascar  remonte  un  contre-cou- 
rant dont  la  vitesse  est  de  48  à  59  milles. 

c.  Contre-courant  équatorial.  C'est  un  courant  de 
compensation  du  courant  sud-équatorial,  toutàfait  compa- 
ra])le  au  contre-courant  de  Guinée.  11  s'étend  entre  les 
îles  Amirantes  à  l'O.  et  Sumatra  à  l'E.  et  l'équateur  et 
7°  lat.  S.  Suivant  quelques  observations,  il  franchirait 
l'Equateur  vers  le  groupe  des  îles  Maldives.  Sur  la  côte 
de  Sumatra,  une  partie  du  courant  se  recourbe  au  N.  ;  la 
plus  grande  masse  tourne  au  S.,  en  face  du  détroit  de  la 
Sonde.  Sa  force  moyenne  est  de  12  à  18  milles  par  jour; 
elle  atteint  quelquefois  54  milles;  mais  les  calmes  sont 
aussi  très  fréquents.  C'est  au  moment  de  la  mousson  du 
S.-O.,  alors  que  les  eaux  de  la  moitié  N.  de  l'océan  Indien 
sont  entraînées  vers  l'E.,  que  le  contre-courant  équato- 
rial atteint  sa  plus  grande  puissance. 

d.  Courant  des  Aiguilles.  Il  fut  connu  dès  le  xvi^  siècle 
par  les  Portugais  qui  eurent  à  lutter  contre  lui  dans  leur 
conquête  de  la  route  des  Indes.  C'est  la  suite  du  courant 
de  Mozambique  et  aussi,  mais  d'une  façon  moins  nette, 
de  la  branche  S.  du  courant  sud-équatorial.  Depuis  le 
cap  Corrientes,  il  se  meut  dans  la  direction  du  S.-O.  avec 
une  très  grande  rapidité,  atteignant  toute  l'année  des 
maxima  de  100  à  110  milles  par  jour.  Sa  vitesse  moyenne 
est  en  février  de  51  milles,  en  juillet  de  46  milles.  Au' 
S.  de  l'Afrique,  le  courant  atteint  le  large  banc  des  Ai- 
guilles qui  lui  a  donné  son  nom  ;  un  contre-courant  se 
forme  alors,  qui  augmente  encore  les  dangers  de  la  navi- 
gation, et  le  courant  des  Aiguilles  se  recourbe  à  l'E.  ;  il 
reste  encore  très  puissant  sur  une  distance  d'environ 
20  milles  seulement  ;  il  rencontre  alors  le  courant  froid 
venu  de  l'Atlantique  S.  et,  comme  nous  l'avons  déjà  ^u 
pour  le  Gulf-Stream,  il  se  forme  un  enchevêtrement  de 
bandes  froides  et  chaudes  ;  les  différences  de  température 
ne  sont  pas  aussi  considérables  qu'au  banc  de  Terre-Neuve  ; 
toutefois,  il  n'est  pas  rare  de  trouver,  à  20  milles  de  dis- 
tance, des  écarts  de  8°. 

e.  Courant  de  V Australie  occidentale.  W  est  de  for- 
mation analogue  à  celle  du  courant  de  Benguela  ;  il  a  une 
direction  générale  S.-N.  et  une  vitesse  de  18  à  36  milles 
par  jour,  mais  qui  peut  descendre  à  un  chiffre  insignifiant, 
comme  l'a  observé  la  Gazelle.  Il  y  a  au  peu  d'impor- 
tance relative  de  ce  courant  diverses  raisons  :  d'abord 
la  convexité  de  la  côte  australienne  qui  empêche  le  cou- 
rant d'être  resserré  contre  elle  sur  une  longue  étendue  et 
par  là  d'augmenter  sa  vitesse,  et  ensuite  l'arrivée  au  N. 
d'un  courant  chaud  venu  de  la  mer  d'Arafoura  dont  une 
partie,  il  est  vrai,  va  rejoindre  le  courant  sud-équatorial, 
mais  dont  une  branche  longe  la  côte  0.  de  l'Austrahe  du 
N.  au  S.,  puis  vers  le  S.-E.,  avec  une  vitesse  que  la 
Gazelle  a  trouvée  être  de  16  milles  par  jour. 

f.  Courant  du  S.  de  l'océan  Indien.  Causé  par  les 
grands  frais  d'O.,  il  est  la  suite  du  courant  de  l'Atlan- 
tique S.  Celui-ci,  un  peu  à  l'O.  du  méridien  du  Cap,  re- 
monte vers  le  N.-E.  pour  atteindre  la  côte  africaine.  Mais 
là  il  est  rejeté  au  S.  par  le  courant  des  Aiguilles,  prend 
une  direction  d'abord  S.-E.,  puis  franchement  orientale 
qu'il  conserve  dans  toute  la  traversée  de  l'océan  Indien. 
Il  occupe  donc  toute  la  région  de  l'océan  Indien  située  au 
S.  du  35^  parallèle.  Sa  vitesse  n'est  pas  considérable, 
puisqu'elle  n'est  que  de  10  milles  par  jour  en  plein  océan; 
mais  sa  constance  est  remarquable.  Peu  sensible  dans  la 


OCÉAN 


—  222  — 


grande  buio  australienne,  il  atteint  au  détroit  de  Bass, 
par  Fadjonclioa  des  courants  de  marée,  une  vitesse  moyenne 
de  24  milles  par  jour.  Nous  avons  déjà  va  que  la  ren- 
contre de  ce  courant  et  du  courant  des  Aiguilles  produi- 
sait une  alternance  de  bandes  chaudes  et  froides.  La  pré- 
sence des  eaux  chaudes  dure  très  longtemps  et  elle  se 
manifeste  encore  à  plus  de  2.300  milles  à  TE.  du  méri- 
dien du  cap  des  Aiguilles,  (x'tte  persistance  des  tempéra- 
tures relativement  élevées  est-elle  due  à  une  branche  du 
courant  sud-équatorial  qui  se  recourberait  au  S.  avant 
d'aller  rejoindre  le  courant  des  Aiguilles  ?  Le  manque  d'ob- 
servations ne  permet  guère  de  l'affirmer.  Mais  il  est  re- 
marquable que  dans  toute  la  région  des  îles  Kerguelen  et 
Mac-Donald  les  icebergs  sont  très  rares. 

Le  système  des  courants  de  l'océan  Indien  ne  ressemble 
donc  pas  à  celui  de  l'Atlantique  S.,  avec  lequel  il  est  pour- 
tant le  plus  directement  en  relation.  En  effet,  si  le  courant 
sud-équatorial  et  les  courants  de  l'extrême  S.  venus  de 
rO.  sont  dans  les  deux  océans  reliés  ensemble  pour  former 
un  circuit,  tandis  que  dans  l'Atlantique  S.  le  courant  des 
Falkland  est  un  courant  froid  allant  du  S.  au  N.,  dans 
l'oséan  Indien  le  courant  des  Aiguilles  est  un  courant  chaud 
allant  du  N.  au  S.  Le  courant  des  Aiguilles  serait  donc, 
dans  une  certaine  mesure,    comparable  au  Gulf-Stream. 

Océan  Pacifique.  —  Géologie.  Côies.  —  A  ren- 
contre de  l'Atlantique  et  de  l'océan  Indien,  le  Pacifique  pa- 
rait avoir  été,  dès  les  époques  géologiques  les  plus  reculées, 
une  dépression  fondamentale  de  l'écorcc  terrestre.  Depuis 
la  fm  de  l'époque  primaire,  il  ne  semble  pas  que  des  chan- 
gements considérables  soient  venus  modifier  les  conditions 
générales  de  la  dépression  pacifique.  Aussi  est-ce  sur  les 
bords  de  cet  océan  que  l'on  trouve  les  formes  de  relief  les 
mieux  en  rapport  avec  les  théories  récentes  des  ridements 
de  l'écorce  teirestre.  Le  Pacifique  est  entouré  d'un  bour- 
relet montagneux  parallèle  à  la  côte  ;  le  plissement  des 
couches  en  a  parfois  provoqué  la  rupture,  et  tout  autour  du 
Pacifique  se  dresse  une  ceinture  de  volcans  appelée  le  cercle 
de  feu.  Cependant,  si  la  limite  géologique  est  parfaite- 
ment nette  le  long  des  deux  Amériques  et  aussi  au  N.-E. 
de  l'Asie,  si  sur  cet  immense  demi-cercle  qui  va  du  cap 
Ilorn  à  l'extrémité  S.  du  Japon  les  grandes  profondeuis 
océaniques  sont  très  voisines  des  grandes  élévations  conti- 
nentales, en  revanche  les  géologues  hésitent  à  fixer  une 
limite  occidentale  au  Pacifique.  Faut-il,  en  effet,  prendre 
comme  suite  naturelle  de  la  chaîne  japonaise  les  montagnes 
des  Philippines  et  de  l'Australie,  ou  la  ligne  Mariannes,  Caro- 
lines,  Nouvelle-Guinée,  Nouvelle-Calédonie,  Nouvelle-Zé- 
lande? Les  phénomènes  volcaniques  de  FO.  sont-ils  le  ré- 
sultat de  l'effondrement  du  Pacifique,  ou  des  effondrements 
partiels  des  différentes  mers  secondaires  ?  Pour  répondre  à 
ces  questions,  il  faudrait  connaître  l'âge  relatif  des  effondre- 
ments, ce  que  les  explorations  n'ont  pas  encore  déterminé. 
Il  est  donc  convenable  de  s'en  tenir,  au  moins  provisoire- 
ment, aux  limites  qu'on  a  Thabitude  d'assigner  à  l'O.  du 
Pacifique.  —  La  côte  américaine  du  Pacifique  est  presque 
dépourvue  d'articulations  ;  le  golfe  de  Cafifornie  au  N.,  les 
iL.^s  et  presqu'îles  du  Chili  au  S.,  marquent  seuls  des  inden- 
lations  un  peu  prononcées  ;  au  centre,  les  golfes  de  Panama 
et  du  Pérou  ne  font  qu'accentuer  un  peu  la  courbure  générale 
(le  la  côte.  A  l'O.,  au  contraire,  la  côte  Pacifique  est  découpée 
par  une  quantité  deniers  secondaires  :  mer  d'Okhotsk,  mer 
(kl  Japon,  mer  Jaune,  mers  de  Chine,  de  Java,  de  Célèbes,  de 
Banda,  du  Corail,  deTasman.  La  même  différence  se  remarque 
dans  la  distribution  des  lies  :  alors  qu'elles  sont  très  nom- 
breuses à  l'O.  de  'i?)l^  de  long.  0.,  on  ne  trouve  que 
quelques  îlots  volcaniques  dans  la  partie  orientale.  Et  pour 
l'hydrographie  encore,  alors  que  le  Pacifique  ne  reçoit  sur 
la  côte  américaine  que  le  Colorado,  sur  la  côte  australasia- 
tique  se  jettent  :  PAmour,  le  Hoang-Ho,  le  Yang-Tse,  le 
lleiive  Rouge,  le  Mékong,  les  fleuves  de  Bornéo  et  de  la 
Nouvelle-Guinée.  Il  faut  remarquer  toutefois  que  ces  fleuves 
de  la  côte  occidentale  débouchent  tous  dans  des  mers  se- 
condaires. —  Enfin,  ce  qui  achève,  à  la  premi('»re  inspec- 


tion d'une  carte,  d'individuu'iser  le  Pacifujue,  c'est  que 
s'il  n'est  pas,  comme  l'océan  Indien,  presque  exclusive- 
ment limité  à  Phémisphère  S.,  il  n'a  pas  non  plus,  comme 
l'Atlantique,  une  large  communication  avec  l'océan  polaire 
du  N.  En  effet,  le  détroit  de  Bering,  entre  le  cap  Oriental 
et  la  pointe  de  Barrow,  n'a  pas  93  kil.  de  large  et  sa  pro- 
fondeur moyenne  n'est  que  de  50m.  Ajoutons  que  lapins 
grande  largeur  du  Pacifi(|ue  est  de  7.400  kil.,  sous  le 
5^  degré  de  lat.  N. 

Relief  et  nature  du  fond.  —  Aucun  océan  n'a  des 
écueils  et  des  bas-fonds  aussi  nombreux  que  le  Pacifique; 
leur  position  d'ailleurs,  pour  beaucoup  d'entre  eux,  n'est 
pas  encore  déterminée  d'une  mani(''re  certaine.  Quant  aux 
bancs  de  quelque  étendue,  ils  sont  situés  surtout  dans  la 
mer  de  Chine,  dans  le  détroit  de  Torrès,  sur  les  côtes  de 
Californie  et  du  Chili.  —  Nous  sommes  très  loin  de  pos- 
séder des  renseignements  complets  sur  le  refiefdufonddu 
Pacifique  et  les  cartes  sont  encore  à  ce  point  provisoires 
(fu'il  suffit  parfois  d'une  seule  exploration  nouvelle  pour 
modifier  l'idée  que  nous  nous  faisons  du  relief.  C'est  ainsi 
([ue  dans  le  Pacifique  N.  depuis  les  voyages  du  Tuscarora 
en  1874  pour  la  pose  d'un  câble  télégraphique  entre  la 
Californie  et  les  îles  Sandwich,  on  avait  cru  pouvoir  at- 
tribuer une  étendue  énorme  à  la  fosse  dite  du  Tuscarora. 
Les  récentes  explorations  de  VAlbatross  ont  montré  ({ue 
la  zone  des  profondeurs  dépassant  6.000  m.  (maximum 
6.985  m.  par  52*^  20'  lat.  N.  et  167'^  long.  0.)  ne  forme 
probablement  qu'un  sillon  étroit  le  long  des  iVléoutien- 
nes.  En  revanche,  ÏAlbalross  a  sondé  4.435  m.  par 
58°  51'  lat  N.  et  147°  45'  de  long.  0.  ;  il  faut  donc  res- 
treindre considérablement  l'étendue  du  banc  c(~)1ier  qui  est 
situé  entre  Vancouver  et  Kodiak.  Il  serait -d'ailleurs  pré- 
maturé d'affirmer  qu'il  n'y  a  pas  de  très  grandes  profon- 
deurs dans  la  région  située  plus  au  S.,  et  les  renseigne- 
ments précis  du  Tuscarora  n'en  subsistent  pas  moins  : 
Eîitre  la  Californie  et  les  îles  Sandwich  s'étend  une  grande 
dépression  à  bords  abrupts  et  à  fond  plat  ;  la  profondeur 
moyenne  est  de  4.400  m.  et  les  minima  de  3.600  à 
5.700  m.  ont  été  trouvés  entre  23«  et  24«  de  lat.  N.  et 
152°  et  154°  de  long.  0.  A  l'O.  des  Sandwich,  la  dépres- 
sion est  encore  très  marquée,  mais  le  fond  est  beaucoup 
n]{)ins  uniforme.  D'Honolulu  aux  îles  Bonin,  le  Tuscarora 
trouva  entre  20^,5  et  26«,5  lat.  N.  et  172«  long.  0.  et 
ni°  long.  E.,  en  sondant  tous  les  50  milles,  sept  mon- 
tagnes s'élevant  du  fond  de  l'océan  avec  des  pentes  très 
raides;  six  dépassaient  la  surface  de  2.000  à  3.000  m. 
ei  entre  elles  se  trouvaient  des  dépressions  de  i.750  à 
6.000  m.  ;  la  plus  grande  profondeur  mesurée  a  été  de 
6.010  m.  par  25°  11'  de  lat.  N.  et  142°  26'  de  long.  E. 
Entre  les  îles  Bonin  et  la  côte  S.-E.  de  Nippon,  des  hau- 
teurs de  800  m.  à  4.400  m.  au-dessus  du  niveau  de  la 
nnn^  alternent  avec  des  dépressions  allantjusqu'à 2.950  m. 
—  A  une  petite  distance  de  la  côte  E.  du  Japon  com- 
mence la  fosse  du  Tuscarora,  vers  le  golfe  de  Sandy.  Les 
bords  de  la  dépression  sont  très  escarpés  du  côté  du  Japon 
eî  des  Kouriles.  La  profondeui'  maxima  mesurée  jusqu'ici 
est  de  8.513  m.  La  profondeur  moyenne  dépasse  7.000  m. 
dans  la  partie  occidentale;  la  fosse  se  prolonge  très  loin 
à  FE.  jusqu'au  S.  des  Aléoutiennes,  mais  nous  avons  vu 
(iii'il  faut  considérablemeni  restreindre  son  étendue  vers 
le  S.  —  Entre  les  îles  Bonin  et  File  Marcus  commence  la 
Fosse  du  Challenger  qui  a  une  profondeur  maximale  de 
8. 367  m.  par  11°  24'  de  lat.  N.  et  140°  56'  de  long.  E.; 
sa  profondeur  moyenne  est  de  4.200  à  5.000  m.  —  Au 
S.  do  la  fosse  du  Challenger,  et  séparée  d'elle  par  le  pla- 
teau sous -marin  qui  s'étend  entre  les  îles  Carolines  et  les 
iles  Palaos,  la  Fosse  de  Nares  s'étend  jusqu'à  l'équateur 
a:i  N.  de  la  Nouvelle-Guinée.  Sa  profondeur  moyenne  est 
de  4.000  m.  et  le  point  le  plus  profond  où  la  sonde  soit 
descendue  est  à  4.800  m.,  par  0°40'  de  lat.  N.  et 
116°  21'  de  long.  E.  —  Droit  au  S.  des  îles  Bonin,  c.-à-d. 
dans  l'espace  compris  entre  les  Mariannes  et  les  Philip- 
pines et  les  îles  Palaos  et  le  S.  de  Nippon,  se  trouvent 


—  2^23  — 


OCEAN 


une  série  de  profondeurs  atteignant  5.500  m.,  mais  ne 
formant,  la  plupart  du  temps,  que  des  fosses  étroites.  — 
Au  S.  des  îles  Sandwicli,  entre  *20o  de  lat.  et  l'équateur, 
et  IS^i**  et  172*^  long.  0.,  des  profondeurs  de  5.000  m. 
existent  entre  1^27'^  et  132*^  de  long.  0.  Entre  le  fond  du 
golfe  de  Panama  et  les  lies  Galapagos,  VAlbatross  n'a  pas 
trouvé  de  profondeurs  supérieures  à  3.600  m.,  mais  elles 
s'étendent  jusqu'à  une  très  faible  distance  de  la  cote.  — 
La  partie  la  plus  occidentale  de  l'océan  Pacifique  est  for- 
mée par  un  certain  nombre  de  mers  adventives,  véritables 
compartiments  en  partie  fermés  et  ne  communiquant  pas 
librement  soit  entre  elles,  soit  avec  l'Océan  même.   Elles 
sont  d'ailleurs  imparfaitement  explorées  et  pour  quelques- 
unes  nous  n'avons  que  de  très  rares  renseignements.   La 
mer  de  Chine  est  séparée  du  grand  Océan  par  une  bar- 
rière rocheuse;  sa  profondeur  moyenne  est  de  1.480  à 
1.650  m.  et  le  maximum  connu  atteint  3.840  m.  La  m^r 
de  Soulou  ou  de  Mindoro,  entourée  de  rochers  et  de  bas- 
fonds;^  a  une  profondeur  maxima  de  4.660  m.  La  mer  de 
C'JIèbes  ne   communique  librement  ([u'avec  la  mer  de 
Banda;  la  première  atteint  4.755  m. ,  la  seconde  5. 120  m. 
de  profondeur;  la  récente  exploration  du  Penguin  a 
donné  dans  la  mer  de  Banda  un  sondage  de  6.505  m.  La 
nie  duCorailonàQMélmv'sie  a  une  profondeur  maxima 
de   4.850  m.   —  La  mer  de   Tasnian,    entre    l'Aus- 
tralie d'une  part,  la  Nouvelle-Calédonie  et  la  Nouvelle- 
Zélande  d'autre  part,  renferme  deux  fosses  profondes, 
l'une  au  N.-E.  de  Brisbane,  l'autre,  la  fosse  de  Thom- 
son, entre  l'Australie  et  la  Nouvelle-Zélande,    qui  ont 
toutes  les  deux  une   profondeur  moyenne  de  4.500  à 
5.000  m.  —  Au  S.-E.   des  îles  de  Tonga  et  Samoa,  les 
explorateurs  de  la  Gazelle  avaient  trouvé  une  dépression 
profonde  où  ils  avaient  opéré  des  sondages  de  4.750  à 
5.475  m.    L'exploration  de  cette  fosse  des  Tonga  ou 
iVAhlrich  a  été  complétée  par  le  Penguin.  C'est  la  partie 
la  plus  profonde,  non  seulement  du  Pacifique,  mais  de 
toutes  les  mers  du  globe.  Par  23^  39'  de  lat.  S.  et  177o  2 1' 
de  long.  0.,  un  coup  de  sonde  a  donné  une  profondeur 
de  9.035  m.  ,  un  second  coup  de  sonde  de  vérification  a 
donné  9.185  m.   Par  28^44'  de  lat.  S.   et  '178°24'  de 
long.  0.,   la  profondeur,  encore  plus  grande,  a  été  de 
9. 413  m.  Deux  autres  sondages  ont  aussi  dépassé  9.000  m. 
et  pour  le  reste  des  mesures  on  a  trouvé  des  variations 
de  4.000  à  7.000  m    La  fosse  d'Aldrich  paraît  toutefois 
n'être  qu'un  sillon  assez  étroit  ;  mais  sa  longueur  est  très 
grande  du  S.  au  N.  où  elle  se  termine  tout  près  de  l'ar- 
chipel des  Samoa.  —  Pour  la  partie  du  Pacifique  S.  située 
à  i'E.  de  \?)î'^  de  long.  0.   nous  n'avons  de  renseigne- 
ments que  par  les  explorations  parallèles  du  Challenger 
le  long  du  40^  parallèle  et  de  la  Gabelle,  entre  50^  et 
55*^  de  lat.  S.,  et  les  sondages  de  ÏAlert,  entre  Tahiti  et 
la  côte  chilienne.  Ces  trois  séries  d'observations  semblent 
montrer  une  augmentation  de  la  profondeur  du  N.  au  S., 
de  2.800  à4.200  m.  dans  le  Nord,  jusqu'à3. 700-4.700  m. 
dans  le  Sud.  Tout  le  long  de  la  côte  américaine  s'allonge  une 
fosse  profonde  de  5.8U0  à  6.160  m  ,  très  voisine  de  la  côte, 
et  dont  la  déclivité  est  presque  à  pic.  —  Sous  les  hautes 
latitudes,  James  Ross  a  trouvé  2.850  m.  de  profondeur 
par  65^  de  lat.  S.  et  170  de  long.  E.  —  En  résumé, 
l'état  actuel  de  nos  connaissances  ne  permet  guère  de  se 
faire  une  idée  d'ensemble  sur  le  relief  du  fond  du  Paci- 
fi({ue.  11  semble  que  cette  grande  zone  de  dépression  soit 
formée  d'une  juxtaposition  de  fosses  profondes,  mais  on 
ne  peut  encore  dire  si  ces  fosses  sont  distribuées  suivant 
certaines  lignes  directrices  ni  jusqu'à  quel  point  elles  sont 
en  communication  les  unes  avec  les  autres. 

Si  les  boues  de  globigérines  sont  caractéristiques  de 
l'Atlantique  et  les  boues  de  diatomées  caractéristiques  de 
l'océan  Indien  par  les  grandes  étendues  qu'elles  occupent 
dans  ces  deux  océans,  le  Pacifique  est  le  domaine  propre 
des  boues  de  radiolaires,  au  moins  dans  sa  partie  équa- 
toriale.  Entre  15«  de  lat.  N.  et  10°  de  lat.  S.,  142«  de 
long.  E.  et  152''  de  long.  0.,  elles  couvrent  tout  le  fond 


de  l'océan  même  dans  les  très  grandes  profondeurs  ;  sur 
des  fonds  de  8.184  m.  et  8.367  m.,  le  Challenger  a 
trouvé  le  sol  formé  d'un  tiers  de  boues  de  radiolaires  et 
deux  tiers  de  particules  de  peroxyde  de  manganèse.  Plus 
à  I'E.,  cette  bande  se  divise  en  deux;branches,  l'une  com- 
prise entre  11'^  et  7^  de  lat.  N.,  l'autre  entre  2°  et  10« 
de  lat.  S.,  jusque  vers  148°  de  long.  0.  Dans  cette  partie 
les  débris  de  radiolaires  sont  mélangés  de  boues  de  dia- 
tomées, mais  on  n'y  trouve  pas  de  globigérines.  Celles-ci 
forment  au  contraire  la  totalité  du  fond  entre  les  deux 
bandes  de  boues  de  radiolaires,  c.-à-d.  entre  7'^  de  lat. 
N.  et  2*^  de  lat.  S.  Cette  région  correspond  à  la  région 
équatoriale  de  globigérines  de  l'Atlantique,  mais  elle  pa- 
raît beaucoup  moins  étendue.  On  trouve  encore  des  boues 
de  globigérines  dans  les  régions  peu  profondes  du  Pacifique 
S.,  notamment  à  l'O.  de  la  Nouvelle-Zélande,  au  S.-E.  de 
l'archipel  Toubouaï  et  le  long  du  40^  parallèle,  entre  1 20°  et 
-107'^  et  100«  et  82*^  de  long.  0.  —A  l'exception  des  ré- 
gions équatoriales,  les  profondeurs  de  plus  de  5.000  m. 
sont,  comme  dans  l'Atlantique  et  l'océan  Indien,  caracté- 
risées par  des  argiles  grises  et  ronges.  On  les  a  rencon- 
trées surtout  entre  Yokohama  et  Hoiiolulu,  entre  les  îles 
de  la  Société  et  les  îles  Toubouaï  et  au  S.-E.  de  celles-ci 
entre  30°  et  40«  de  lat.  S.  et  140°  et  125°  de  long.  0. 
Elles  contiennent  des  fragments  de  ponces  et  de  laves  et 
surtout  des  nodules  de  peroxyde  de  manganèse  d'une 
grosseur  inconnue  dans  les  autres  océans.  —  Sur  la  route 
parcourue  par  le  Tuscarora,  entre  l'Amérique  et  les  îles 
Sandwich  et  entre  celles-ci  et  les  îles  Bonin,  le  sol  est 
formé  d'une  boue  jaune  brun  contenant  des  débris  de  co- 
raux et  des  morceaux  de  ponces  et  des  laves.  —  Dans  les 
mers  profondes  de  l'O.  qui  sont  des  mers  fermées,  entou- 
rées de  grandes  îles  ou  de  masses  continentales,  on  ne 
trouve  ni  les  boues  de  globigérines  dans  les  parties  peu 
profondes,  ni  les  argiles  rouges  d'abîmes  dans  les  grandes 
profondeurs,  mais  uniquement  des  boues  d'argiles  grises  et 
bleues  qui  décèlent  leur  origine  terrestre  et  organique. 

Salinitî:.  Densité.  —  Les  observations  de  salinité  et 
de  densité  sont  très  peu  nombreuses.  On  a  constaté  un 
centre  de  maxima,  où  la  salinité  dépasse  3,55  %  entre 
les  îles  Sandwich  et  les  îles  Bonin.  De  cette  région  vers 
le  N.  la  saUnité  diminue:  dans  la  mer  de  Bering,  elle  est 
de  3,30  %;  dans  la  mer  d'Okhotsk,  de  3,20  %;  dans  le 
N.-O.  du  Pacifique,  de  3,30  <^/o.  Le  contre-courant  équa- 
torial,  par  10°  de  lat.  N.,  paraît  aussi  correspondre  aune 
région  de  faible  sahnité  :  3,35  à  3,40  ^o-  —  H  ne  paraît 
y  avoir,  sur  toute  la  suiface  du  Pacifique,  qu'un  seul  centre 
de  concentration  de  densité  autour  des  îles  de  la  Société. 
La  densité  est  là  de  1,02719  (réduite  à  15^5  C).  Le 
maximum  est  donc  plus  petit  que  celui  de  l'Atlantique.  Le 
minimum  équatorial,  correspondant  au  minimum  de  sali- 
nité dans  le  contre- courant  équatorial,  est  de  1,02485, 
par  7°  26'  de  lat.  N.  Dans  le  Pacifique  N.  la  plus  grande 
densité  mesurée  a  été  de  1,02644  par  30°  1/2  de  lat.N. 
environ,  et  sur  toute  l'étendue  du  Pacifique  septentrional 
les  variations  sont  peu  considérables.  L'absence  d'un 
deuxième  centre  de  concentration  dans  les  régions  tropi- 
cales du  Nord  provient  de  cequel'ahzé  du  N.-E.  est  beau- 
coup plus  faible  que  dans  l'Atlantique;  l'évaporation  et  la 
concentration  sont  par  suite  beaucoup  moins  fortes.  Dans 
les  mers  fermées  de  l'Ouest,  grâce  aux  pluies  et  à  l'afflux  des 
cours  d'eau,  la  densité,  très  faible,  descend  à  1,0250.  — 
La  distribution  de  la  densité  en  profondeur  est  soumise  à 
la  même  loi  que  dans  l'Atlantique  :  elle  décroît  depuis  la 
surface  jusque  vers  1.830  m.,  et  de  là  jusqu'au  fond  elle 
recommence  à  augmenter  lentement. 

Température.  —  Dans  le  Pacifique  N.,  entre  55°  et  20" 
de  lat.  N.,  la  température  de  surface  augmente  en  géné- 
ral, mais  avec  des  oscillations  notables  de  I'E.  à  l'O.,  ahisi 
que  le  montrent  les  chiffres  du  tableau  ci-après,  extraits 
du  Manuel  de  Boguslawski. 

Il  est  nécessaire  d'ajouter  que  ces  chiffres,  (pii  sont  le 
résultat  des  observations  du  luscarora  et  du  Challenger 


OCÉAN 


•-  224 


III 


IV 


VI 


VII 


VIII 


IX 


XI 


XII 


Loii?.  O. 


152°  21' 
152"  51' 


158°  57' 
158»  45' 
158°  41' 


165°  43' 
165°  46' 
165°  45' 


174°  31' 
174°  8' 
173°  53' 


179°  8' 
179°  24' 
179°  30' 


Lonp:.  E. 


170°  44' 
172°  11' 
171°  23' 


161°  6' 
164°  15' 
163°  53' 


158°  48' 
159°  32' 
159°  30' 


155°  1' 
155°  22' 
15  i°  52' 


153°  5' 
151"  19' 
151°  4G' 


145°  28' 
144°  49' 
115°  27' 


138°  12' 
138°  2' 
138°  7' 


Lat.  N. 


53°  55' 
23°  10' 


53°  16' 
38°  9' 
21°  43' 


51°  31' 
37°  37' 
20°  25' 


Te  ni  p.    de 
surface 


10°.!  C. 

22°:7 


13°,4  C. 

19°.8 
23°.2 


52"  58' 
37°  59' 
20°  41' 


52°  11' 
37°  41' 
21°  21' 


Lat.  N. 


52°  H' 
36°  23' 
22°  1' 


51°  47' 
35°  24' 
22°  59' 


51° 

6' 

35" 

29' 

23° 

31' 

49° 

23' 

35° 

41' 

23° 

6' 

48° 

21' 

35° 

20' 

21° 

20' 

42° 

34' 

35° 

18' 

25° 

51' 

5°,9  C. 
18°,3 
23°,6 


8°.6C. 
18°:4 
23°.6 


6°.2  C. 
20°:7 
22°.9 


Temp.   de 
surface 


7°,7  C. 
20°.6 
22°,8 


7''.8C. 
2l°.7 
23°.  9 


6°, 6  G. 
20",3 
21°,4 


6».2  C. 
20°.  6 
2  4°,  2 


6°,6C. 

18°,2 
22°.  7 


10°.6C. 
21°.'2 

22°,9 


34°  37' 
37°  58' 
22°  1' 


22°,8  C. 
20°.0 

25",8 


ne  représentent  que  des  séries  uniques  de  mesures  et  que 
les  relevés  ont  été  faits  dans  une  saison  plus  avancée, 
sous  les  latitudes  de  oo°  et  de  3o^,  que  sous  les  latitudes 
tropicales.  On  voit  par  là  comljien  sont  précaires  les  con- 
clusions que  l'on  peut  en  tirer.  Dans  cette  partie  N.  du 
Pacifique,  comme  dans  le  N.  de  l'Atlantique,  les  condi- 
tions de  température  sont  encore  compliquées  par  l'exis- 
tence de  deux  courants  :  l'un  chaud,  le  Kouro-Sivo;  l'autre 
froid,  le  Oya-Sivo.  Comme  le  Gulf-Stream,  le  Kouro-Sivo 
est  formé  de  bandes  alternatives,  froides  et  chaudes,  et 
si  la  séparation  est  encore  assez  facile  à  établir  le  long 
du  Japon,  cela  est  beaucoup  plus  difficile  à  mesure  que 
le  courant  remonte  vers  le  N.-E.  Les  bandes  chaudes  du 
Kouro-Sivo  sont  d'ailleurs,  en  général,  moins  chaudes  de 
2«  ou  3^  que  celles  du  Gulf-Stream,  et  cette  différence  se 
maintient  jusque  dans  les  couches  les  plus  profondes  de 
l'eau  en  mouvement.  —  Dans  la  partie  intertropicale,  la 
température  de  l'eau  de  surface  est  en  général  un  peu 
plus  basse  (O'^,o  à  1°  de  différence)  au  centre  qu'à  TO. 
Cette  température  oscille  entre  26*^  et  27^^,  les  maxima 
se  trouvant  au  voisinage  de  la  côte  N.  de  la  Nouvelle- 
Guinée.  —  Dans  le  Pacifique  S.,  dont  les  conditions  de 
température  sont  plus  mal  connues  encore,  la  Gazelle  a 
constaté  qu'entre  l'Australie  et  la  Nouvelle-Zélande  et  28*^ 
et  33^  de  lat.  S.  les  eaux  étaient  protégées  contre  le  re- 
froidissement venant  des  eaux  du  S.  par  l'élévation  géné- 
rale du  fond.  Mais  plus  au  S.,  entre  34«  et  oS*',  le  Chal- 
lenger a  remarqué  une  influence  prépondérante  des  eaux 
antarctiques,  qui  se  fait  sentir  davantage  encore  sous  Le 
méridien  des  lies  Samoa.  —  Pour  la  distribution  verticale 


de  la  température,  on  peut  distinguer  dans  chaque  partie 
N.  et  S.  du  Pacifique  trois  zones  :  orientale,  centrale  et 
occidentale.  Partout,  jusqu'à  1.830  m.,  profondeur  au 
delà  de  laquelle  les  observations  sont  trop  peu  nombreuses, 
l'eau  du  Pacifique  N.  est  plus  froide  que  l'eau  du  Paci- 
fique S.  Cependant,  entre  20«  de  lat.  N.  et  20«  de  lat.  S., 
à  partir  de  725  m.,  l'eau  est  plus  chaude  au  N.  qu'auS., 
et  à  partir  de  4.450  m.  il  y  a  sensiblement  égalité  de 
température.  Dans  cette  même  bande  inter tropicale,  jus- 
qu'à 1.500  m.,  l'eau  est  plus  chaude  à  l'O.  qu'à  l'E. 
Entre  20«  et  40«  de  lat.  N.,  jusqu'à  2.745  m.,  l'eau  est 
également  plus  chaude  à  l'O.  qu'à  l'E.  Dans  le  Pacifiques., 
de  20«  à  40^  l'eau  de  l'O.  est  au  contraire  plus  froide 
que  celle  du  centre  et  de  l'E.,  au  moins  jusqu'à  365  m. 
Mais  les  conditions  ordinaires  des  eaux  pacifiques  se  re- 
trouvent entre  365  et  1,830  m.,  où  l'eau  de  la  partie 
occidentale  est  plus  chaude.  —  Sur  le  sol  même  du  Paci- 
fique, dans  les  fonds  déplus  de  4.000  m.,  la  température 
est  assez  uniforme.  Dans  la  région  tropicale,  au  N.  de 
l'équateur  et  vers  le  centre  du  Pacifique,  la  température 
moyenne  est  de  0«,95,  tandis  que  dans  l'O.  elle  est  de 
1^22.  La  même  différence  se  remarque  au  S.  de  l'équa- 
teur ;  dans  la  partie  centrale,  la  température  movenne 
est  de  0^,8,  dans  l'O.  elle  est  de  1«,8,  sauf  au  fond'^de  la 
mer  du  Corail  dont  nous  donnerons  plus  loin  les  condi- 
tions spéciales.  Dans  le  Pacifique  N.,  entre  20«  et  40^  de 
lat.  N.,  la  température  du  fond  est  de  1«,8  entre  la  Nou- 
velle-Guinée et  le  Japon  ;  au  centre,  elle  est  en  movenne 
de  1«  ;  à  FE.,  elle  n'est  que  de  0«,8.  Au  N.  de  40o,près 
des  Kouriles,  on  trouve  —  0«, 4  à  3.500  m.,  et  à  TE.  de 
Yéso  —  0«,1  à  2.960  m.  —  Dans  le  Pacifique  S.,  entre 
l'Australie   et  la  Nouvelle-Zélande,  la  température  est 
uniformément  de  0o,6  entre  4.000  et  4.750  m.  Au  centre, 
elle  est  de  0«,5  à  5.300  m.,  à  l'E.  de  0«,7  à  0^,9  dans 
les  fonds  qui  dépassent  4.000  m.  Au  S.  du  40«  parallèle, 
la  température  du  fond  ne  diminue  pas  sensiblement;  elle 
oscille  de  0«,7  à  1«,1  entre  4.275  et  4.750  m.  —Il  faut 
mentionner  à  part,  dans  une  étude  de  la  distribution  ver- 
ticale de  la  température,  les  conditions  qui  régnent  au 
sein  des  mers  fermées  de  l'O.  Comme  il  arrive  pour  la 
Méditerranée  latine,  la  température  décroît  normalement 
avec  la  profondeur  tant  que  la  mer  adventive  est  en  com- 
munication avec  le  plein  Océan.  A  partir  du  moment  où 
Ton  atteint  la  profondeur  des  seuils  de  limitation,  la  tem- 
pérature reste  constante  jusqu'au  fond.  Dans  la  mer  de 
Chine,  la  température  de  surface  est  en  moyenne  de  24«; 
elle  descend  à  2«,3-2«,8  entre  1.100  et  1.650  m.  et  reste 
alors  uniforme  jusqu'au  fond  qui  est  à  3.840  m.  —  Nous 
avons  déjà  vu  que  dans  les  fosses  situées  entre  les  Ma- 
riannes,  les  Philippines,  la  Nouvelle-Guinée  et  le  Japon, 
la  température  du  fond  est  de  1^,8,  mais  cette  tempéra- 
ture est  atteinte  dès  2.375-2.745  m.  —  A  la  surface  de 
la  îuer  de  Soiilou,  la  température  est  de  28«,6;  elle  reste 
uniformément  de  10^,2  à  partir  de  730  m.  jusqu'au  fond, 
à  4.663  m.  —  Dans  la  mer  de  Célèbes,  h  température 
descend  de  29*^,4  à  la  surface  à  3«,7  vers  1.300  m.;  elle 
se  maintient  là  jusqu'au  fond  à  4.755  m.  —  Dans  la 
mer  de  Banda,  on  trouve  28^5  à  la  surface  et  2<^,9  de 
1.640  m.  à  5.120  m.  —  Enfin,  dans  la  mer  du  Corail, 
la  température  minima  de  1^^,7-10,8  est   constante  de 
2.470  m.  à  plus  de  4.000  m.  —  Si  l'on  compare  les 
températures  de  l'Atlantique  et  du  Pacifique,  on  constate 
que  l'eau  du  Pacifique  N.   est  plus  froide  que  celle  de 
l'Atlantique  N.,  que  l'eau  du  Pacifique  S.  est  plus  chaude 
^ue  celle  de  l'Atlantique  S.  jusqu'à  1.300  m.,  mais  qu'à 
partir  de  là  elle  est  plus  froide  ;  que  les  températures  du 
fond  sont  en  général  plus  basses  dans  le  Pacifique  que 
dans  l'Atlantique. 

Pression  barométrique.  Vents.  —  Pendant  l'hiver  il  y 
a  sur  le  Pacifique  trois  régions  de  maxima  :  l'une,  de  765- 
767  millim.  au  N.-O.  des  îles  Hawaï;  une  seconde,  de 
765  millim.  près  de  la  côte  E.  de  l'Asie  ;  une  troisième, 
de  768  millim.  le  long  de  la  côte  de  l'Amérique  du  Sud 


225 


OCEAN 


Pendant  la  même  saison,  les  minima  sont  situés  :  à  TE. 
du  Kamtchatka  (752  millim.)  et  dans  la  zone  équatoriale 
(760-757  millim.).  En  été,  nous  ne  trouvons  plus  que 
deux  zones  de  maxima:  dans  le  Pacifique  N.,  entre  180^ 
et  d30^  de  long.  0.  (765-767  millim.);  sur  toute  la  lar- 
geur du  Pacifique  S.,  entre  20*^  et  30"  de  lat.  S.  (765  mil- 
lim.). Une  région  de  minima  atteignant  à  peine  760  mil- 
lim. s'étend  le  long  de  réquateur  ;  une  autre  de  740  millim. 
se  rencontre  vers  le  60^  parallèle.  —  Le  régime  des  vents 
du  Pacifique  est  encore  assez  mal  connu.  Dans  le  Pacifique 
N.,  les  vents  dominants  soufflent  du  N.  et  duN.-O.,  le  long 
de  la  côtp  asiatique  ;  ils  viennent  franchement  de  l'O. 
quand  on  s'approche  de  la  côte  américaine.  Dans  le  Paci- 
fique S.,  les  vents  d'O.  soufflent  toute  l'année.  Le  régime 
de  la  région  intertropicale  présente  quelques  différences 
avec  celui  de  l'Atlantique  sous  les  mêmes  latitudes.  Pen- 
dant l'été  de  l'hémisphère  N.,  l'air  est  fortement  attiré 
vers  l'Asie  dans  la  région  0.  ;  les  vents  sont  alors  de  vé- 
ritables moussons.  L'alizé  du  N.-E.  est  moins  puissantque 
dans  l'Atlantique  et  il  franchit  l'équateur  en  hiver  ;  par 
contre,  l'alizé  du  S.-E.  le  franchit  à  son  tour  en  été. 
Cette  alternance  est  due  à  l'influence  régulatrice  de  la 
grande  étendue  océanique  qui  rapproche  sensiblement 
l'équateur  thermique  de  l'équateur  géographique,  alors 
que  dans  l'Atlantique  l'équateur  thermique  occupe  tou- 
jours une  position  plus  septentrionale. 

Courants.  —  Courant  nord-équaiorial .  Résultat  de 
l'alizé  du  N.-E.,  il  s'étend  du  120«  de  long.  0.  jusqu'aux 
Philippines.  Sa  vitesse,  très  régulière,  est  en  moyenne  de 
12  à  '18  milles  par  jour,  avec  de  très  faibles  oscillations 
et  des  calmes  très  rares.  Il  augmente  de  vitesse  en  appro- 
chant des  îles  Marshall  et  Carolines,  et.  avant  d'atteindre 
les  Philippines,  il  est  fortement  dévié  vers  le  N.  en  aug- 
mentant sa  vitesse  jusqu'à  42  milles  par  jour. 

Courant  sud-équatorial.  Dans  sa  partie  orientale  il 
présente  de  grandes  analogies  avec  le  courant  correspon- 
dant de  l'Atlantique.  Comme  lui,  il  franchit  l'équateur  et 
atteint  o"  à  6"  de  lat.  N.  C'est  aussi  sur  son  bord  septen- 
trional qu'il  est  le  plus  rapide,  avec  une  vitesse  moyenne 
'  de  24  à  25  milles  par  jour,  mais  ([ui  est  souvent  doublée 
et  qui  va  parfois  à  80  ou  100  milles.  Vers  la  région  des 
îles  Marquises  et  de  la  Société,  le  courant  redescend  tout 
entier  au  S.  de  l'équateur,  et  il  est  alors  nécessaire  d'y 
distinguer  deux  parties  séparées  par  une  ligne  qui  join- 
drait les  îles  Samoa  à  la  Nouvelle-Calédonie.  Au  N.-O.  de 
cette  ligne,  quoique  le  courant  soit  brisé  et  ralenti  par  la 
rencontre  de  nombreuses  îles,  il  conserve  dans  l'ensemble 
une  direction  E.  -0. ,  et  une  vitesse  moyenne  de  i  2  à  14  milles 
par  jour.  Au  S.  de  la  ligne  Samoa-Nouvelle-Calédonie, 
le  courant  est  plus  mal  connu,  et  il  paraît  être  beaucoup 
plus  irrégulier.  Entre  les  Samoa  et  les  Tonga  une  branche 
tourne  au  S.-O.,  puis  au  S.  Entre  les  îles  Tonga  etKer- 
madec,  nouvelle  dérivation  vers  le  S.,  et  enfin  entre  les 
îles  Tonga  et  la  Nouvelle-Calédonie  la  dernière  partie  du 
courant  s'infléchit  au  S.-O.  Il  y  a  donc  pour  cette  partie 
du  courant  sud-équatorial  une  série  de  dérivations  succes- 
sives. 

Contre-courant  équatorial.  Ce  courant,  dont  on  a 
autrefois  contesté  l'existence,  est  au  contraire,  selon  les 
plus  récentes  observations,  très  régulier  et  très  puissant. 
En  été,  il  est  plus  fort  que  le  courant  nord-équatorial  et 
il  ne  cesse  pas,  même  en  hiver,  quand  la  réunion  des  deux 
ahzés  le  réduit  à  son  minimum.  Il  commence  non  loin  des 
Philippines  et  coule  entre  5«  et  i0«  N.  jusqu'au  golfe  de 
Panama.  Il  ne  se  recourbe  pas  vers  le  S.,  comme  le  contre- 
courant  de  Guinée,  mais  vers  le  N.-O.  En  hiver  cepen- 
dant, on  constate  un  courant  allant  vers  le  S.-E.  ;  mais 
c'est  un  empiétement  du  courant  froid  de  Californie,  et  il  n'y 
a  pas  là,  au  dire  des  explorateurs  les  plus  récents,  de 
courants  alternatifs  de  moussons,  comme  l'indique  la  carte 
de  Berghaus.  La  vitesse  du  contre- courant  équatorial  at- 
teint souvent  60  milles  par  jour. 

Courant  du  Japon  et  Kouro-Sivo.  Le  courant  du 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.    —   XXV. 


Japon  est  la  suite  du  courant  nord-équatorial.  Celui-ci,  dé- 
tourné vers  le  N.  par  la  rencontre  des  Philippines,  s'in- 
fléchit davantage  à  l'E.,  après  avoir  suivi  la  côte  E.  de 
Formose,  où  il  a  une  vitesse  moyenne  de  24  à  42  milles 
par  jour.  Il  est  là  strictement  limité  et  ne  s'étend  pas  plus 
loin  à  l'E.  que  l'île  Maïacochima  ;  il  laisse  les  Riou-Kiou 
à  gauche;  sa  masse  principale  s'infléchit  à  l'E.,  tandis 
qu'une  branche  remonte  vers  le  N.,  à  l'O.  de  Kiou-Siou. 
A  partir  du  160°  de  long.  E.,  le  courant,  alors  fortétendu 
en  superficie,  mais  diminué  en  puissance,  est  repris  par 
les  vents  généraux  d'O.  comme  il  arrive  pour  le  Gulf- 
Stream.  Les  analogies  sont  d'ailleurs  nombreuses  tout  le 
long  du  parcours  :  le  Kouro-Sivo  est,  lui  aussi,  d'une 
salinité  très  forte  et  d'une  couleur  bleue  intense  ;  il  n'est 
pas  formé  d'un  courant  unique,  mais  de  bandes  chaudes 
entre  lesquelles  s'intercalent  des  bandes  froides  ;  enfin  la 
position  de  ces  bandes  est  variable:  les  vents  d'E.  les  rap- 
prochent de  la  côte  asiatique,  tandis  que  les  vents  d'O. 
les  en  éloignent. 

Courant  de  Californie.  Ce  courant,  analogue  au 
courant  des  Canaries  par  sa  direction  et  son  rôle,  est 
extraordinairement  froid.  Pendant  l'hiver,  sa  direction  et 
sa  force  sont  très  irrégulières,  mais  il  existe  toute  l'an- 
née. Sa  vitesse  moyenne  est  évaluée  à  14  milles  par  jour; 
mais  elle  peut  atteindre,  dans  sa  partie  S.,  30  à  36 milles. 

Courants  froids  du  Pacifique  N.  Mal  connus  en  ce 
qui  concerne  leurs  conditions  de  vitesse  et  de  tempéra- 
ture, leur  existence  n'en  est  pas  moins  certaine.  Elle  est 
témoignée  dans  la  mer  de  Bering  et  la  mer  d'Okhotsk  par 
un  mouvement  de  dérive  des  glaces  vers  le  S.,  lent  à  la 
vérité.  La  rotation  de  la  terre  dévie  ces  courants  à  droite 
et  leur  fait  raser  la  côte  asiatique,  où  ils  entraînent  avec 
eux  les  eaux  douces  de  l'Amour. 

Couî-ant  de  l'Australie  orientale.  Malgré  l'alter- 
nance des  vents  qui  soufflent  du  N.-E.  et  du  S.-O.  en 
hiver,  il  règne  toute  l'année,  le  long  de  la  côte  austra- 
lienne, un  courant  de  direction  et  de  force  sensiblement 
constantes,  s'étendant  jusqu'à  une  distance  de  20 à  60  milles 
du  rivage.  La  vitesse  est  de  un  demi-nœud  à  3  nœuds  à 
l'heure.  Le  long  de  la  côte,  et  surtout  dans  les  anfractuo- 
sités,  des  contre-courants  se  produisent.  Il  semble  qu'il 
faille  expliquer  ce  courant  constant  et  relativement  chaud 
par  un  recourbement  du  courant  sud-équatorial  à  sa  ren- 
contre de  la  côte  australienne. 

Courants  du  Pacifique  S.,  du  cap  Ho  m  et  du 
Pérou.  Sous  les  hautes  latitudes  règne  naturellement  un 
courant  constant  d'O.  en  E.,  suite  de  ceux  qui  parcourent 
l'Atlantique  et  l'océan  Indien.  Mais,  entre  40°  et  45''  lat.  S., 
la  direction  O.-E.  n'est  pas  constante  et  il  semble  que  des 
branches  se  détachent  vers  le  N.  allant  à  la  rencontre  des 
branches  détachées  successivement  du  courant  sud-équato- 
rial. Ces  courants  de  direction  N.-E.  se  font  sentir  d'abord 
des  deux  côtés  de  l'archipel  néo-zélandais,  puis  entre  180^ 
et  160*^  de  long.  0.  ;  enfin,  près  de  la  côte  américaine. 
Ici  la  complication  est  plus  grande  encore  ;  car,  si  le  cou- 
rant froid  du  Pérou  ou  de  Humboldt  semble  bien  une  dé- 
viation vers  le  N.  du  grand  courant  d'O.  en  E.,  le  courant 
du  cap  Horn,  qui  a  la  même  direction  que  le  courant  gé- 
néral, est  un  courant  relativement  chaud.  C'est  sans  doute 
à  lui  qu'il  faut  attribuer  la  rareté  relative  des  icebergs 
dans  ces  parages,  et  il  est  peut-être  la  suite  de  la  pre- 
mière déviation  du  courant  sud-équatorial  à  la  rencontre 
des  îles  Marquises.  —  Ainsi,  ce  qui  caractérise  la  circu- 
lation dans  le  Pacifique  et  ce  ({ui  le  différencie  de  l'Atlan- 
tique et  de  l'océan  Indien,  c'est  l'existence,  dans  l'hémis- 
phère S.,  d'un  Système  complexe  de  circuits  enchevêtrés 
les  uns  dans  les  autres.  En  outre,  si  le  Pacifique  N.  a, 
comme  l'Atlantique  N.,  un  circuit  fermé  de  courants,  en 
raison  de  la  barrière  formée  par  le  détroit  de  Bering,  le  s 
eaux  chaudes  du  Kouro-Sivo  ne  pénètrent  pas  dans  la  mer 
Polaire. 

Océan  Arctique.  —  Explorations.  —  Notre  con- 
naissance de  la  mer  glacée  du  Nord  n'a  commencé  qu'au 

15 


OCEAN 


—  226 


xvi^  siècle,  le  souvenir  des  établissements  Scandinaves  au 
Grœnland  ayant  presque  disparu  dès  le  xiii®  siècle.  Mais, 
jusqu'au  commencement  du  siècle  présent,  les  recherches 
ne  furent  à  peu  près  jamais  faites  dans  un  intérêt  scien- 
tifique. Les  récits  de  Marco  Polo  sur  les  richesses  de 
l'Orient,  la  découverte  de  la  route  des  Indes  par  les  Por- 
tugais, de  l'Amérique  par  les  Espagnols,  excitèrent  des 
convoitises  commerciales.  Ce  qu'on  chercha,  ce  fut  un  pas- 
sage vers  les  Indes.  On  s'attaqua  d'abord  au  passage  du 
N.-O.  ;  le  peu  de  résultats  obtenus  par  Cabot,  CorteReal, 
Verazzano,  Cartier,  détermina,  vers  le  N.-E.,  les  entre- 
prises de  Willoughby,  Chancellor  et  Burrough.  Puis  Fro- 
bisher,  Davis,  Hudson,  Burton,  Baffin,  Fox  essayèrent  de 
nouveau  de  reprendre  la  route  du  N.-O.  Ils  n'y  parvinrent 
pas,  mais  on  obtint  par  eux  une  première  connaissance  des 
détroits  qui  donnent  entrée  sur  l'archipel  américain.  La  ten- 
tative de  Barendsz,  qui  eut  des  résultats  considérables,    i 
elle  ne  parvint  pas  à  découvrir  le  passage,  marque  la  fin 
des  efforts  du  côté  de  l'ancien  continent  avant  notre  siècle. 
Les  explorations  des  Cosaques  en  eflet,  la  grande  expé- 
dition du  Nord  organisée  par  Pierre  le  Grand  et  dont  le 
voyage  de  Bering  n'était  qu'une  partie,  furent  simplement 
des  voyages  de  délimitation.  La  seule  tentative  faite  en  vue 
d'atteindre  le  pôle  fut   celle  de  Hudson  qui,  en  4607, 
remonta  le  long  de  la  côte  E.  du  Grœnland.  —  A  partir 
du  troisième  voyage  de  Cook  (4776-79),  les  explorations 
ont  toutes,  au  contraire,  un  but  scientifique.  En  4848, 
l'amirauté  anglaise  envoya  John  Ross  etParry  pour  chercher 
le  passage  du  N.-O.  Ils  arrivèrent  au  77°  lat.  N.  et  re- 
vinrent, Ross  convaincu  que  le  passage  n'existait  pas, 
Parry  convaincu  du  contraire.  11  s'ensuivit  trois  autres 
voyages  de  Parry  et  un  de  Ross,  voyages  qui  eurent  des 
résultats  importants,  mais  qui  ne  changèrent  rien  aux 
convictions  des  deux  voyageurs.  La  découverte  du  passage 
est  due  aux  explorations  faites  pour  retrouver  Franklin. 
Le  passage  est  d'ailleurs  impraticable. Le  passage  du  N.-E. 
au  contraire,  qui  est  une  véritable  route  vers  l'extrême 
Orient,  ne  fut  presque  pas  recherché,  et  il  faut  arriver 
jusqu'à  Nordenskjôld  pour  sa  découverte. 

Mais  les  voyages  de  la  première  moitié  du  siècle,  aussi 
bien  ceux  du  N.-O.  que  ceux  de  Hedenstrom,  Anjou  et  Wran- 
gel  au  N.-E.,  semblèrent  confirmer  l'opinion  déjcà  ancienne 
que  les  espaces  polaires  étaient  occupés  par  une  mer  libre, 
la  Polynia.  Le  voyage  de  l'Américain  Kane  au  N.  de  la 
baie  de  Baffin,  en  4853-55,  qui  affirma  l'existence  de  h 
mer  libre  sur  le  rapport  de  son  stewart  Morton,  eut  une 
grande  influence  sur  les  théories  géographiques.  Celte  idée 
fut  adoptée  avec  enthousiasme  par  les  principaux  géo- 
graphes de  l'époque,  Behm,  Maury  et  surtout  Pelermann. 
La  recherche  de  la  inerlil^re  inspira  toutes  les  expéditions 
jusqu'à  l'échec  retentibsanidu  Tegellhoff  qui,  ayant  tenté 
de  parvenir  au  N.  en  suivant  le  courant  chaud  venu  de 
l'Atlantique,  fut  pris  par  les  glaces  le  jour  même  de  son 
entrée  dans  le  pack,  le  24   août  4872.  La  perte  de  la 
Jeannette  prouva,  une  fois  de  plus,  que  la  glace  n'est 
aussi  compacte  que  dans  le  voisinage  du  courant  chaud. 
Petermann  lui-même  abandonna  l'idée  d'une  mer  libre.  Il 
faut  arriver  jusqu'au  projet  de  Nansen,  en  4890,  pour 
retrouver  une  tentative   aventureuse   faite   d'après   des 
théories  :  la  dérive  de  la  Jeannette,  qui,  entrée  par  le 
détroit  de  Bering,  avait  été  retrouvée  au  Grœnland,  ins- 
pira à  Nansen  l'idée  de  s'avancer  le  plus  loin  possible  en 
partant  du  détroit  de  Bering,  de  se  faire  prendre  par  les 
glaces  avec  un  navire  solidement  construit  et  de  se  laisser 
porter  par  elles.  Le  projet,  combattu  par  Nares,  par  Mar- 
kham,  par  Nordenskjôld.  est  le  premier  éont  Laccomplis- 
sement  n'ait  pas  donné  Heu  à  une  désillusion  :  le  Fra)7i 
se  compoi'ta  exactement  comme  Nansen  l'avait  prévu  ;  le 
pôle  Nord  n'est  pas  découverl,  il  est  vi'ai,  mais  la  déter- 
mination de  ce  point  précis  n'a  plus  désormais  qu'un  in- 
térêt secondaire. 

CôrES,  Profondelrs,  —  il  est  tout  à  fait  impossible 
d'esquisser  l'histoire  géologique  de  l'océan  Arctique  avec 


le  peu  de  renseignements  que  nous  possédons.  C'est  à  peine 
si  nous  avons  quelques  notions  précises  sur  son  état  actuel. 
Sur  la  moitié  0.  de  la  côte  américaine  et  la  moitié  E.  de 
la  côte  asiatique,  on  ne  trouve  pas  d'articulations  et  les 
îles  sont  peu  nombreuses  :  archipel  de  la  Nouvelle-Sibé- 
rie, Terre  de  Wrangel.  Le  reste  du  pourtour  est  au  con- 
traire fortement  indenté  :  golfe  de  l'Obi,  mer  Blanche, 
baie  d'Hudson,  et  les  îles  sont  nombreuses  (V.  Polaires 
[Régions]). 

L'océan  Arctique  est  une  mer   fermée  sur   presque 
tout  son  pourtour  ;  il  ne  communique  avec  le  Pacifique 
que  par  le  détroit  pou  profond  et  resserré  de  Bering  ; 
il  n'est  ^  véritablement  ouvert  que   du  côté  de  l'Atlan- 
tique. L'océan  Arctique  est  une  mer  profonde.  Avant  le 
voyage  de  Nansen  on  savait  déjà  que  la  mer  de  Nor- 
vège atteignait  3.600  m.  entre  la  Norvège,  l'Islande  et 
Jan  Mayen  et  4.800  m.  entre  le  Spitzberg  et  le  Grœn- 
land; dans  la  mer  de  Baffin,  Ross  et  Parry  avaient  aussi 
trouvé  des  profondeurs  dépassant  4.800  m.;  mais  la  mer 
de  Barendsz  a  un  fond  plat  situé  en  moyenne  à  200  m,  de 
profondeur,  la  mer  de  Kara  atteint  rarement  700  m.;  dans 
la  mer  de  Sibérie,  Nordenskjôld  a  trouvé  une  profondeur 
moyenne  de  30  à  60  m.  et  des  maxima  de  400  à  478  m. 
à  l'E.  du  cap  Tcheliouskin  ;  au  N.  du  détroit  de  Bering, 
le  fond  n'est  pas  à  50  m,;  dans  les  détroits  de  l'archipel 
américain,  la  profondeur  moyenne  est  de  4  20  à  300  m.  On 
croyait  donc  que  ces  conditions  restaient  sensiblement  les 
mômes  sur  toute  la  surface  de  l'océan  Arctique,  et  Nansen 
n'avait  emporté  que  des  sondes  ordinaires,  destinées  aux 
faibles  profondeurs;  pendant  tout  le  voyage  du  Fram  on 
trouva  des  profondeurs  de  plus  de  3.0Ô0'm.  et  il  arriva 
souvent  que  les  fils  de  sonde,  déroulés  jusqu'à  plus  de 
4  kil.,  cassèrent  avant  qu'on  n'eût  atteint  le  fond.  — Nous 
n'avons  presque  pas  de  renseignements  sur  la  nature  même 
de  ce  fond  ;  dans  la  mer  de  Norvège,  à  partir  de  4 .800  m. , 
on  trouve  une  bouilhe  Hmoneuse  contenant  de  nombreuses 
coquilles  de  foraminifères  ;  autour  de  Jan  Mayen,  la  boue 
noirâtre  semble  indiquer  une  origine  volcanique. 

Saltmté.  Densité.  —  Dans  la  mer  de  Norvège  la  den- 
sité décroît  quand  on  avance  vers  le  N.  Aux  Feroë,  elle 
est  de  4,0270,  avec  une  salinité  de  3,35  %;  à  l'île  des 
Ours,  elle  est  de  4,0267;  plus  au  N.,  on  l'a  trouvée  de 
4,0264.  Le  phénomène  s'explique  probablement  par  la 
fonte  de  la  glace,  les  observations  ayant  toutes  été  faites 
en  été.  Dans  les  profondeurs  la  densité  est  assez  forte 
entre  l'Islande  et  la  xXorvège;  elle  décroît  également  vers 
le  N.  L'eau  de  la  mer  Blanche  et  de  la  mer  de  Sibérie, 
grâce  à  l'apport  des  fleuves,  est  très  peu  dense  (4,04)' 
La  densité  est  encore  moindre  à  la  surface  des  détroits  de 
rai'chipel  américain;  elle  descend  là  jusqu'à  4,00217  et 
même  4,00037;  elle  augmente  de  nouveau,  il  est  vrai, 
avec  la  profondeur,  mais  oi-i  n'a  pas  trouvé  de  densité  su- 
périeure à  4,0246.  Pour  l'intérieur  polaire  lui-même,  la 
publication  des  résultats  scientifiques  de  l'expédition' de 
Nansen  fournira  sans  doute  les  premières  densités  pré- 
cises. 

Température.  Glace.  —  C'est  encore  dans  les  parties 
de  l'océan  Arctique  qui  communiquent  avec  l'Atlantique 
que  les  conditions  de  température  sont  les  mieux  connues  ; 
elles  sont  d'aifleurs  en   relation  directe  avec  celles  de 
l'Atlantique.  Dans  le  canal  des  Danois,  on  trouve  un  enche- 
vêtrement de  couches  froides  et  relativement  chaudes  qui 
continue  l'état  observé  dans  le  Gulf-Strcam  dont  le  cou- 
rant dlrminger  n'est  qu'uue  branche.  Immédiatement  au 
N.  de  1  Islande,  Feau  a  encore  une  température  de  -j-  o^ 
sur  les  fonds  de  300  m,,  tandis  qu'à  20  kiL  plus  au  N. 
l'eau  est  au  point  de  glace  entre  300  et  400  m.  Dans  la 
mer  de  Norvège,  Farete  sous-marine  qui  va  des  Feroé  à 
l'Islande  forme  une  première  séparation  entre  les  eaux 
chaudes  de  l'Atlantique  et  les  eaux  froides  du  N.  Mais  la 
séparation  n'est  pas  complète,  puisque  entre  l'Islande  et 
Jan    Mayen  on  trouve  quatre    couches    alternativement 
chaudes  et  froides.  L'ensemble  des  deux  premières  couches 


--  m  — 


OCEAN 


a  une  épaisseur  de  100  m,  environ;  la  température  des- 
cend au-dessous  de  0°;  puis  une  nouvelle  élévation  de 
température  porte  l'eau  à  -{- 1°;  vers  400  m.  elle  est  à 
—  1°,  et  elle  continue  de  se  refroidir.  Les  plus  basses 
températures  observées  sur  des  fonds  de  i.900  à  3.630  m. 
ont  été  de  —  l'^,4  et  —  1^,7  entre  le  Cxrœnland  et  Jan 
Mayen  d'une  part,  entre  la  Norvège  et  le  Spitzberg  d'autre 
part.  Il  est  remarquable  que  toute  l'Islande,  les  Feroë, 
la  côte  norvégienne,  Jan  Mayen,  l'île  des  Ours,  la  côte  0. 
du  Spitzberg  sont  entourées  jusqu'au  fond  d'une  couche 
d'eau  chaude  (supérieure  à  0«);  c'est  ce  qui  explique  la 
douceur  relative  de  leur  cUmat  en  hiver.  Dans  la  mer  de 
Barendsz,  les  explorateurs  du  Jegetthoff,  Payer  et  Wey- 
precht,  ont  observé  que  l'eau  était  plus  froide  en  été  qu'en 
hiver,  ce  que  Weyprecht  explique  par  l'arrêt  des  courants 
chauds  en  été,  arrêt  causé  par  l'afflux  des  courants  de 
fonte  des  glaces  venant  de  la  mer  de  Sibérie,  et  qui,  éle- 
vant le  niveau,  déterminent  un  écoulement  général  des 
eaux  vers  le  S.  Dans  la  mer  de  Sibérie,  Nordenskjôld  et 
Palander  ont  observé  presque  partout  que  la  température 
de  0^  était  atteinte  très  rapidement  (entre  3  et  10  m.)  ;  entre 
30 et  52  m.,  la  température  oscille  entre— -1"  et  —  2*^,4. 
Dans  le  détroit  de  Bering,  la  température  sur  la  côte  amé- 
ricaine est  supérieure  de  6^  à  S'^  à  celle  qu'on  trouve  sur 
la  côte  asiatique  (11°  à  3"-5°).  11  faut  sans  doute  attri- 
buer ce  phénomène  à  une  branche  du  Kouro-Sivo  qui  re- 
monterait le  long  de  la  côte  de  l'Alaska.  Dans  les  détroits 
de  l'archipel  américain,  en  raison  du  peu  de  largeur,  le 
mélange  des  eaux  froides  et  chaudes  se  fait  plutôt  par 
couches  verticales  que  par  juxtaposition  de  bandes  super- 
ficielles. C'est  ainsi  que  le  Polaris  a  mesuré  dans  le  canal 
de  Robeson  les  températures  suivantes  : 


—  1°    —  0°,. 


~o^2  o^o 


90"^ 
l-OM 


1^25»^       370"^ 

_}_oo,6  ^-o^4. 


Pour  l'intérieur  polaire,  nous  attendons  encore  la  publi- 
cation des  observations  scientifiques  de  Nanscn  ;  on  seiit 
toutefois  que  pendant  toute  la  dérive  du  Fram  la  tempé- 
rature des  étés  fut  très  basse,  se  tenant  généralement  vers 
0°  et  s'élevant  rarement  à  +  4°  ;  le  maximum  observé  a 
été  de  4°, 44.  L'eau  de  surface  est  aune  température  infé- 
rieure à  —  2*^;  mais  à  partir  de  200  m.  la  température 
se  relève,  atteint  -h  0^,5  et  reste  jusqu'à  3. 000  et  4. 000  m., 
beaucoup  plus  forte  qu'on  ne  le  croyait. 

La  nature  de  la  glace  de  mer  et  les  conditions  dans  les- 
quelles elle  se  forme  ont  été  expliquées  à  l'art.  Mer.  La 
limite  méridionale  du  pack  est  mal  déterminée  pour  l'hi- 
ver. En  été,  elle  descend  à  50^  lat.  N.  sur  la  côte  du 
Labrador,  remonte  vers  le  N.  jusqu'au  détroit  de  Davis, 
s'infléchit  au  S.  jusqu'à  oO  milles  du  cap  Farewel,  remonte 
au  N.  le  long  de  la  côte  E.  du  Groenland,  passe  à  l'O.  de 
l'Islande  et  se  dirige  vers  le  Spitzberg;  le  cap  S.  du  Spitz- 
berg est  en  général  glacé  au  commencement  de  l'été,  tan- 
dis que  la  côte  0.  est  libre  ;  la  ligne  délimite  atteint  ensuite 
la  Nouvelle-Zemble  et  elle  laisse,  au  N.  de  la  Sibérie  et 
du  détroit  de  Bering,  un  chenal  li.bre  dont  la  largeur  est 
inconnue.  Sous  les  plus  hautes  latitudes,  on  ne  trouve  ni 
une  mer  libre,  ni  une  calotte  de  glace  compacte,  mais  des 
champs  de  glace  qui  dérivent,  se  soudent  les  uns  aux 
autres  et  se  fragmentent  de  nouveau. 

Yents.  Courants.  —  Il  est  encore  impossible  de  carac- 
tériser la  directioji  générale  des  vents  au-dessus  deTocéaji 
Arctique,  et  l'éeheiî  d'Andrée  n'est  pus  fait  poiii'  conflr- 
m.erles  théories  émises  jusqu'ici.  Le  Fra}}i  a  bien  étéporlé, 
dans  la  première  partie  de  son  vo.yagc,  par  des  vents  souf- 
llant  du  S.  à  partir  du  détroit  de  Bering.  Mais  vers  80'^'  de 
lat.  N.,  le  sens  de  la  dérive  n'indique  plus  rien  sur  la  direc- 
tion du  vent,  puisque  le  navire  était  alors  porté  par  un  cou- 
rant. —  Les  courants  de  l'océan  Arctique  sont  eux-mêmes 
très  mal  connus.  Vers  l'Atlantiifue  existe  certainement  \m 
courant  de  sortie,  le  courant  du  Groenland,  dont  la  puis- 
sance, contrariée  à  la  surface  par  les  courants  de  l'Atlan- 
tique, paraît  croître  avec  la  profondeur.  Le  courant  du 


Labrador,  qui  joue  un  rôle  analogue,  est  surtout  connu 
dans  sa  partie  atlantique,  et  l'on  ne  sait  rien  de  ses  ori- 
gines polaires.  Au  N.  du  détroit  de  Bering,  les  dérives 
parallèles  de  la  Jeannette  et  du  Fram  prouvent  l'exis- 
tence d'un  mouvement  général  des  eaux  vers  l'Atlantique; 
mais  la  source  de  ce  courant  est  mal  déterminée  et  il  n'est 
vraiment  caractéristique  qu'à  partir  de  80*^  de  long.  E. 
Nansen  croit  que  son  existence  prouve,  vers  le  N.,  l'exis- 
tence d'une  grande  étendue  maritime,  sans  interposition 
de  terres. 

Océan  Antarctique.  —  De  cet  océan  nous  savons 
fort  peu  de  choses.  Les  explorations  ont  d'ailleurs  été 
peu  nombreuses.  Pendant  la  grande  période  de  décou- 
vertes qui  va  de  la  fm  du  xviii®  siècle  au  miheu  duxix®,  la 
mer  poloaire  du  S.  ne  fut  guère  visitée  que  par  Cook(1773), 
Bellinsghausen  {'1819-21),  Dumont-d'Urville  (1838-40), 
James  Ross  (1839-43).  Il  faut  ensuite  aller  jusqu'à  1874 
pour  trouver  une  incursion  du  Challenger  dans  ces  pa- 
rages. Mais  les  résultats  de  cette  expédition  ont  engagé 
Murray  à  provoquer  de  nouvelles  recherches  faites  par  le 
Jason  en  1893,  VAntarctic  en  1893;  enfin, en  1897,  un 
navire  belge,  la  Behjica,  est  parti  avec  un  personnel 
choisi  et  des  instruments  perfectionnés  pour  séjourner 
dans  les  mers  australes. 

Les  sondages  de  James  Ross  qui  n'avaient  nulle  part 
révélé  des  profondeurs  de  plus  de  1.000  m.,  les  houes 
bleues  recueillies  parle  Challenger  au  voisinage  du  cercle 
polaire,  avaient  fait  conclure  à  l'existence  d'un  continent 
austral.  Ce  continent  semble  avoir  été  atteint  par  VAn- 
tarctic  au  cap  xVdare,  par  71^  33'  de  lat.  S.  On  a  re- 
cueilli à  cet  endroit  des  granitoïdes,  alors  ([ue  Ross  n'avait 
constaté  dans  les  mêmes  parages  que  des  débris  volca- 
niques. —  Les  températures  de  l'air  observées  par  Ross 
en  1841  et  par  VAntarctic  en  1895  ne  concordent  pas  : 


CIIIFFlUvS    DE 

Minimum  a])solu 
Maximum    — 
Moyenne  de  00'^ 

à  68»  lat. .  . 
Moyenne  de  73*^ 

à  78*^  lat.  . . 


10",3 

o^3 

0»,9 


CHIFFRES  DE  i/Antarctic 
Minimum  absolu. .  —  2^,8 
Maximum  —  ..  -|-G",I 
Moyenne  à  66*^ lat.        0'\0 

"—      de  70*^  à 

74Mat -~0«,2 


A  la  surface.. . 

..   -»-l«,7 

A  366  m 

. .  ~0«,8 

A  550  m 

. .  —0^1 

Il  semble  que  les  premières  observations  aient  été  faites 
dans  une  année  particulièrement  froide  et  les  secondes 
dans  une  année  particulièrement  chaude.  Dans  l'eau,  le 
Challenger  a  trouvé  des  couches  alternatives,  chaudes  et 
froides.  Vers  62^,5  de  lat.  S.,  il  a  mesuré  : 

A  730  m +0»,4 

A  900  m 0»,0 

A  2.063  m.  (fond)  —  2« 

VAntarctic  a  observé  que  la  température  de  l'eau  était 
plus  basse  entre  65''  et  68°  qu'au  delà  de  70°.  C'est 
d'ailleurs  au  S.  de  la  Nouvelle-Zélande  que  le  pack 
semble  le  plus  facilement  franchissable.  Ross  atteignit  là 
IS^^'W.  VAntarctic  s'arrêta  à  74^10',  mais  lès  rap- 
ports de  Borchgreviidi  et  Imstensen  constatent  qu'ils  au- 
raient pu  s'avancer  beaucoup  plus  loin.  Dans  la  direction 
opposée,  c.-à-d.  au  S.  de  l'Atlantique,  Ross  parvint  aussi 
à  pénétrer  jusqu'à  71'^31^  Mais  partout  ailleurs  le  pack 
semble  fci'nié  dès  l(\s  environs  (bi  cercle  polaire.  Les  glaces 
de  dérive  remonleiit  dans  les  trois  océans  au  N.  du  l'î)^])a~ 
rallèle  ;  on  obbcrve,  ('(U'taines  années,  une  telle  quantité 
d(»  ces  glaces  qu'on  a  cru  pouvoir  l'attribuer  à  une  rup- 
ture partielle  du  pack  par  des  secousses  de  tremblements 
de  terre.  Ludovic  Marchand. 

BiBE.  _:  Pour  les  ouvrages  généraux,  V.  JMbl.  de  l'arL 
Mer.  Ajouter  :  Ericii  voxV  Djiygalski,  Die  Eishcw'Cijiivij. 
ihrc  plLysiliiillsclien  UrsacJien  luid  ihro  geographischrn 
WLrJmngen,dânfi  Pet.  MUteilumjen,  1898.— Haas,  GriDid- 
zùge  der  Ozeanoqraphie  iind  miirlthnen  Météorologie  ; 
Vienne,  1891.  —  IIydrggraph.  Amt  D.  Admiralitât,  Die 
Forschungen  S.  M.  S.  Gazelle  in  d.  J .,  181^1-1876;  Berlin, 
188S    —  Sl-pan,  Die   Tiefsccforsclnwgen  in  d.  J.  1888  bis 


OCÉAN  —  OCEANIE 


228  — 


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OCEAN lA  (ZooL).  Type  d'un  groupe  de  petites  Mé- 
duses, les  Océanides,  appelées  encore  Phialidées;  ce  sont 
des  Leptoméduses,  c.-à-d.  des  Méduses  issues  d'Hydroides 
calyptoblastiques.  Le  manubrium,  chez  ces  animaux,  est 
sessile  ;  ils  présentent  4  canaux  radiaux  simples  ;  il  existe 
12  à  100  otocytes  et  plus.  Principaux  genres  :  Phialis, 
Phialium,  PhialicUum,  Milrocoma,  Halopsis.  On  ne 
connaît  encore  (ju'un  petit  nombre  d'Hyclraires  auxquels 
on  puisse  rattacher  les  nombreuses  espèces  de  ce  groupe 
et  il  en  est,  sans  doute,  pour  lesquelles  le  développement 
est  direct,  par  abréviation.  R.  Moniez. 

OCÉANIDES  (V.  Nymphe). 

OCÉAN lE.  Limites.  —  D'une  façon  générale,  on  entend 
par  Océanie  l'ensemble  des  terres  insulaires  comprises, 
dans  le  Pacifique,  entre  les  deux  tropiques.  Maison  éprouve 


une  certaine  difficulté  à  établir  les  limites  précises  dans 
lesquelles  on  veut  se  renfermer.  Il  est  hors  de  doute  que 
l'Australie  doit  être  mise  à  part.  Mais,  d'abord,  la  limite 
des  tropiques  n'a  rien  d'absolu  ;  un  certain  nombre  d'îles 
du  groupe  des  Sandwich  et  de  l'archipel  de  Magellan  sont 
au  N.  du  tropique  du  Cancer;  bien  au  S.  du  tropique  du 
Capricorne  s'étend  l'archipel  de  la  Nouvelle-Zélande  avec 
ses  dépendances.  A  LE.,  les  îles  Galapagos  dépendent  évi- 
demment de  l'Amérique.  Mais  c'est  surtout  à  l'O.  qu'il 
est  difficile  de  faire  la  séparation  entre  l'Asie  et  l'Océanie. 
On  comprenait  autrefois  dans  l'Océanie  toutes  les  grandes 
îles  :  les  Philippines,  Bornéo,  Java,  Célèbes,  les  Mo- 
luques,  'etc.  Aujourd'hui,  on  en  fait  le  plus  souvent  un 
monde  distinct  qu'on  appelle  Insulinde  et  qui  correspond 
à  l'ancienne  Malaisie.  Nous  allons  voir  qu'en  réalité  ni 
la  distinction  de  climat  ni  celles  de  la  végétation,  de  la 
faune  ou  de  l'ethnographie  n'autorisent  le  tracé  d'une 
frontière  tant  soit  peu  naturelle.  L'ancienne  division  de 
l'Océanie  en  Malaisie,  Mélanésie,  Micronésie,  Polynésie 
n'est  pas  non  plus  caractéristique.  La  Malaisie  est  une 
division  ethnique,  et  cependant,  au  milieu  des  populations 
malaises,  subsistent  de  nombreux  îlots  de  populations 
noires.  La  Mélanésie,  dont  le  nom  rappelle  une  couleur 
très  foncée  des  habitants,  contient  en  effet  la  terre  des 
Papous,  mais  aussi  les  Nouvelles-Hébrides,  la  Nouvelle- 
Calédonie,  les  Fidji  ou  Viti,  où  les  Papous  sont  fortement 
métissés  de  Polynésiens.  Avec  toutes  ces  réserves,  nous 
continuerons  d'appliquer  le  nom  d'Océanie  avec  son  an- 
cienne acception,  en  renvoyant,  pour  l'étude  détaillée  des 
grandes  îles  et  des  principaux  groupes,  aux  mots  :  Bornéo, 
Célèbes,  Philippines,  Moluques,  Sonde  (îles  de  la),  Java, 
Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Calédonie,  Nouvelle-Zélande, 
Sandwich  (Iles).  La  Malaisie  se  compose  des  îles  de 
Bornéo,  Célèbes,  Sumatra,  Java,  BaH,  Lombok,  Soum- 
bawa.  Florès,  Timor,  des  archipels  des  Moluques  et  des 
Philippines.  —  Nous  rangerons  dans  la  Micronésie  les 
groupes  de  Magellan,  des  Mariannes,  des  Carolines,  des 
Palaos,  de  Marshall  et  de  Gilbert.  —  Outre  la  Nouvelle- 
Guinée,  la  Mélanésie  comprend  l'archipel  Bismarck,  les  % 
îles  Salomon,  l'archipel  de  la  Louisiade,  les  îles  Santa- 
Cruz  et  Saint-Esprit,  les  îles  Viti,  les  Nouvelles-Hébrides, 
la  Nouvelle-Calédonie  et  les  îles  Loyalty.  —  Enfin,  la 
Polynésie  renferme  les  îles  Hawaï  ou  Sandwich,  les  Spo- 
rades  centrales  polynésiennes,  les  îles  Phœnix,  Ellice,  de 
l'Union,  Manihiki,  Marquises,  Touamotou  ou  Pomotou, 
Gambier,  de  la  Société,  l'archipel  Toubouai,  l'archipel  de 
Cook  ou  Hervey,  les  îles  Samoa,  Tonga,  Kermadec  et 
enfin  le  groupe  de  la  Nouvelle-Zélande  avec  ses  dépen- 
dances. 

Explorations.  —  L'antiquité  classique  n'a  pas  connu 
l'Océanie.  Ptolémée  place  à  l'extrémité  orientale  du  monde 
la  Chersonèse  cVOr,  qui  est  sans  doute  l'île  de  Sumatra, 
et  qu'il  fait  se  recourber  au  S.  pour  venir  rejoindre 
l'Afrique.  Quant  à  la  ville  de  Thinœ,  qu'il  place  plus  à 
l'E.,  on  ne  sait  avec  quoi  l'identifier.  Les  Arabes,  et  parmi 
eux  le  plus  célèbre  de  leurs  géographes,  Edrisi,  appellent 
Sumatra  Soborma,  et  leur  île  Malai  est  sans  doute  la 
presqu'île  de  Malacca.  Ils  connaissent  aussi  les  épices  et 
les  volcans  de  Java,  Al-Jauah.  —  A  la  fin  du  xiii*^  siècle, 
le  voyageur  vénitien  Marco  Polo  dit  qu'au  S.  du  Japon 
s'étend  la  mer  de  Chine,  où  l'on  ne  compte  pas  moins  de 
7.440  îles,  pour  la  plupart  habitées,  et  produisant  des 
épices  en  abondance.  En  1280,  Marco  Polo  visita  la  ^?^anc^<? 
Java  (Bornéo  ou  Java)  et  la  petite  Java  (Sumatra),  où  il 
mentionne  le  rhinocéros  et  la  fabrication  du  sagou.  — 
Mais  l'Océanie  proprement  dite  ne  commença  à  être  connue 
qu'au  xv^  siècle,  au  moment  des  grandes  découvertes  des 
Portugais  et  des  Espagnols.  En  sept.  1513,  Vasco  Nunez 
de  Balboa,  ayant  traversé  l'isthme  de  Darien,  découvrit  le 
Pacifique,  qu'il  appela  mer  du  Sud.  Le  i6  mars  1521, 
Magellan  arriva  aux  Philippines  après  avoir  contourné 
l'Amérique  par  le  détroit  qui  porte  son  nom  et  découvert 
les  îles  Mariannes,  qu'il  appela  Ladrones.  De  l'Amérique 


Gr  aadfi  JEitcyclop  é  die Tome 


t'r'a'ife  et  t/n/>r>un</  pow-E^^o'-tf  F'S* ,  35'^",  Jf^w  JDejtfei^,-  ftoeJiereaxo  Par- 


n9  — 


OCÉANIE 


aux  Mariannes,  Magellan  ne  rencontra  que  deux  îles  dé- 
sertes, qu'il  d,^çeh  Desventuradas  (Malheureuses).  Après 
sa  mort,  ses  compagnons  touchèrent  sur  plusieurs  points 
de  Bornéo,  passèrent  au  N.  de  Célèbes  et  abordèrent  à 
Tidor,  l'une  des  Moluques.  La  même  année,  les  Moluqucs 
furent  explorées  plus  complètement  par  Francesco  Ser- 
rano.  En  1525,  les  Portugais  découvrirent  Célèbes,  où  ils 
s'établirent  en  io40.  La  Nouvelle-Guinée,  découverte  en 
1726  par  un  envoyé  du  vice-roi  de  Goa,  Jorge  de  Meneses, 
fut  revue  en  1528  par  un  parent  de  Cortez,  Alvara  de 
Saavedra,  dans  un  voyage  du  Mexique  aux  Moluques.  En 
1542,  Lopez  de  Villalobos  donna  son  nom  au  groupe  des 
Philippines,  en  l'honneur  du  prince  Philippe  d'Espagne. 
Les  iles  Sandwich  furent  aperçues  une  première  fois  en 
1555  par  l'Espagnol  Juan  Gaetano.   Dans    un  premier 
voyage,  en  1568,  Mendana,  guidé  par  le  pilote  Hernando 
Gallego,  découvrit  les  îles  Salomon,  auxquelles  il  donna 
ce  nom  pour  faire  croire  qu'il  avait  retrouvé  le  pays 
d'Ophir  ;  la  route  fut  d'ailleurs  perdue  après  sa  mort. 
Dans  ce  voyage,  Mendana  avait  aussi  découvert  Santa- 
Cruz.  Pendant  un  second,  en  1595,  il  aborda  au  groupe 
S.-E.  des  îles  Marquises.  C'est  à  cette  époque,  de  1577 
à  1580,  que  se  place  l'extraordinaire  croisière  de  l'Anglais 
Drake  ;  il  avait  juré  une  haine  implacable  aux  Espagnols 
et  avec  quatre  petits  vaisseaux,  dont  deux  furent  perdus 
en  route,  il  fit  un  butin  considérable  dans  le  Pacifique 
oriental,  descendit  au  S.  jusqu'cà  des  îles  glacées  qu'on 
n'a  pas  identifiées,   et,  le  premier,  conçut  le  projet  de 
chercher  le  passage  du  Pacifique  à  l'Atlantique  par  le  N. 
de  l'Amérique.  En  1606,  Pedro  Fernandez  de  Quiros  et 
Torres  découvrirent  les  Nouvelles-Hébrides  et  l'île  Sagit- 
taria,  qui  est  peut-être  Tahiti.  Puis  Torrès,  séparé  de  son 
compagnon,  franchit  le  détroit  auquel  on  a  depuis  donné 
son  nom.  En  1642,  le  Hollandais  Abel  Tasman  aborda 
dans  l'île  N.  de  la  Nouvelle-Zélande.  Le  6  févr.  1643,  il 
vit  une  partie  du  groupe  oriental  des  Viti,  qu'il  appela 
iles  du  prince  Willems,  et  la  même  année  il  découvrit 
les  Tonga.  En  1656,  Le  Maire  et  Schouten  découvrirent 
les  îles  de  l'Amirauté,  auxquelles  les  Allemands  ont  donné 
le  nom  d'archipel  Bismarck  en  s'y  installant.  En  1684, 
Dampier  fit  pour  la  première  fois  une  étude  détaillée  des 
Galapagos,  que  les  Espagnols  avaient  déj«à  nommées  Iles 
enchantées  et  qui  figurent  sur  la  carte  d'Ortelius  de  1570. 
Le  groupe  des  Carolines  fut  découvert  à  la  suite  d'un 
événement  curieux:  déjà  en  1686  l'amiral  espagnol  Fran- 
cesco Lazeano  avait  trouvé  à  l'E.  [des  Philippines  une  île 
qu'il  appela  San  Barnabe,  puis  Carolina,  en  l'honneur  du 
roi  d'Espagne  Charles  IL  En  1696,  des  indigènes  firent 
naufrage  sur  la  côte  des  Phihppines  ;  on  les  recueillit  et 
quand  ils  surent  quelques  mots  d'espagnol,  ils  racontèrent 
qu'ils  étaient  originaires  d'un  groupe  d'îles  situé  k  l'E., 
et  dont  on  leur  fit  faire  une  carte  approximative  avec  des 
cailloux.  Les  jésuites  résolurent  d'évangéliser  les  sauvages 
de  cet  archipel,  et  des  navires  transportèrent  aux  Caro- 
lines le  P.  Cantova  avec  quelques  missionnaires.  La  pre- 
mière moitié  du  xviii®  siècle,  en  raison  de  l'épuisement 
général  des  nations  européennes,  fut  peu  favorable  aux 
découvertes  dans  l'Océanie.  C'est  à  peine  si  l'on  peut  citer 
une  première  découverte  des  Samoa  en  1722  par  Rogge- 
veen,  et  en  1742  la  croisière  de  l'amiral  anglais  Anson  ([ui 
donna  des  renseignements  sur  les  Mariannes.  Mais  à  partir 
du  dernier  tiers  du  xviii^  siècle,  jusqu'au  milieu  du  xix^, 
les  explorations  reprennent  ;  c'est  la  grande  époque  des 
découvertes  océaniennes.  En  1765,  Byron  explora  les  Ma- 
riannes et  découvrit  l'île  qui  porte  son  nom  dans  l'archi- 
pel Gilbert.  En  1761 ,   Wallis  avait  exploré  l'archipel 
Bismarck  ;  en  1766,  accompagné  de  Carteret,  il  découvrit 
la  Nouvelle-Zélande  et  retrouva  Tahiti  ;  dans  son  dernier 
voyage,  en  1777,  Wallis  continua  de  fixer  l'hydrographie 
des  Mariannes.  Dans  son  voyage  de  1867-68,  Bougain- 
ville  découvrit  une  seconde  fois  les  Samoa,  qu'il  appela 
ile  des  Navigateurs  ;  puis  il  toucha  aux  îles  Salomon,  de 
la  Société,  aux  Nouvelles-Hébrides  qu'il  appela  les  Grandes 


En  1769,   Surville  fit   quelques  relevés  des 
on.  En  1772,  Crozet  visita  les  Mariannes.  C'est 


Cyclades, 
îles  Salomon. 

à  ce  moment  que  se  placent  les  explorations  de  celui  dont 
le  nom  domine  toute  la  découverte  des  terres  du  Paci- 
fique :  James  Cook.  Dans  un  premier  voyage,  en  1769, 
il  séjourna  aux  îles  de  la  Société,  pour  l'observation  du 
passage  de  Vénus  sur  le  Soleil.  Dans  un  second  voyage, 
de  1772  à  1774,  il  découvrit  ou  explora  la  partie  S.-^E. 
des  îles  Marquises,  les  îles  Tonga,  les  petites  îles  de  l'ar- 
chipel de  Cook,  l'île  des  Tortues,  du  groupe  des  Viti,  la 
Nouvelle-Calédonie,  l'ensemble  des  Nouvelles-Hébrides, 
auxquelles  il  donna  ce  nom  quoiqu'une  partie  d'entre  elles 
eût  été  appelée  Grandes  Cyclades  par  Bougain ville.  Dans 
son  troisième  voyage  (1777-78),  Cook  retourna  aux  Tonga, 
découvrit  les  plus  grandes  îles  de  l'archipel  qui  porte  son 
nom,  et  alla  périr  misérablement  aux  îles  Sandwich.  — 
En  1781,  l'Espagnol  Maurelle  découvrit  les  îles  N.  du 
groupe  des  Tonga  et  parcourut  l'archipel  Bismarck,  lui 
1787-88,  La  Pérouse  toucha  aux  Samoa  et  à  la  Nouvelle- 
Calédonie,  avant  de  mourir  sur  l'îlot  deVanikoro.  En  1788, 
Marshall  et  Gilbert  découvrirent  la  plus  grande  partie  des 
îles  qui  forment  les  deux  archipels  qui  portent  leurs  noms. 
En  1789,  le  capitaine  de  la  Bounty,  Bligh,  abandonné 
par  son  équipage  révolté  sur  un  petit  canot,  découvrit  au 
N.  des  Nouvelles-Hébrides  les  îles  de  Banks,  que  n'avait 
pas  vues  Cook,  et  aborda  aux  îles  Viti.  En  1791-92, 
d'Entrecasteaux,  envoyé  à  la  recherche  de  La  Pérouse, 
alla  d'abord  en  Nouvelle-Calédonie,  puis  parcourut  les  ar- 
chipels Salomon  et  Bismarck.  C'est  en  1791  également  que 
le  capitaine  Etienne  Marchand  passa  aux  îles  de  la  Société, 
puis  aux  îles  Marquises  où  il  découvrit  Nouka-Hiva,  et 
qu'il  appela  iles  de  la  Révolution.  De  1792  à  1795, 
Vancouver  étudia  l'hydrographie  des  Sandwich  et  des  Ga- 
lapagos. Ces  dernières  furent  aussi  explorées  avec  soin 
en  1794,  par  un  élève  de  Cook,  Colnett.  En  1796,  Fan- 
ning  donna  son  nom  aux  îles  qu'il  découvrit  et,  en  1797, 
Wilson,  après  avoir  touché  aux  Viti,  découvrit  les  Gam- 
bier,  auxquelles  il  donna  ce  nom  en  l'honneur  de  l'ami- 
ral Gambier,  le  grand  protecteur  des  missions  protestantes 
anglaises  dans  le  Pacifique.  Au  xix^  siècle,  il  n'y  a  plus 
guère,  à  proprement  parler,  de  terres  nouvelles  à  découvrir. 
On  ne  peut  guère  citer,  en  1819,  que  la  découverte  des 
îles  Ellice  par  Peyster  et  celle  des  Pomotou  par  Bellings- 
hausen.  Mais  les  voyages  entrepris  au  point  de  vue  hydro- 
graphique ou  naturaliste  sont  nombreux.  Ce  sont  :  en  1804, 
le  voyage  de  Krusenstern  aux  îles  Marquises;  en  1817  et 
1824,  ceux  de  Kotzebue  aux  Carolines,  aux  Samoa,  aux 
Gilbert;  en  1818,  celui  de  Freycinet  aux  Mariannes;  en 
1819  et  1824,  ceux  de  Duperrey  aux  Sandwich,  aux  Gil- 
bert et  aux  Carolines.  A  partir  de  1820,  des  missionnaires 
venus  des  Etats-Unis  évangéHsèrent  les  Polynésiens  des 
îles  Sandwich  et  fournir*ent  des  renseignements  nombreux 
sur  l'archipel.  En  1823,  un  baleinier,  Coffin,  découvrit 
de  nouveau  les  îles  Bonin-Sima,  autrefois  connues  des  Ja- 
ponais. En  1825-26,  Beechey  explora  les  Pomotou  et 
dressa  la  carte  des  Gambier.  Dumont  d'Lrville  dans  son 
premier  voyage,  en  1827,  recueillit  une  foule  de  rensei- 
gnements sur  l'histoire  naturelle  des  Loyalty,  des  Tonga, 
des  Viti,  des  Carolines. 

Dans  un  second  voyage,  en  1838,  il  explora  de  nou- 
veau les  Viti,  puis  les*^  Salomon  et  les  Marquises.  Lùtke 
explora  les  Carolines  en  1828,  Stewart  les  Marquises  en 
1829,  Bennett  le  même  archipel  en  1835.  En  1836,  les 
deux  navires  le  Beagle  et  VAdventure,  sous  le  comman- 
dement de  King,  Stôkes  et  Fitz-Rov,  explorèrent  en  détail 
l'archipel  des  Galapagos.  De  1838  à  1841  se  placent  les 
voyages  de  l'homme  qui,  après  Cook,  a  le  plus  contribué 
à  faire  connaître  l'Océanie,  l'Américain  Wilkes;  il  explora 
avec  un  soin  remarquable  les  Samoa,  les  Pomotou,  les 
Sandwich,  les  Tonga,  les  EUice,  les  Viti,  les  Gilbert.  En 
1838  et  1842,  Du  Petit-Thouars  dressa  la  carte  des  Gala- 
pagos et  prit,  au  nom  de  la  France,  possession  des  île§ 
Marquises. 


OCÉANÎE 


—  no  — 


En  4860,  la  géographie  des  Viti  iiit  déimitivoment 
fixée  par  la  commission  nommée  à  l'occasion  de  la  propo- 
sition de  cession  à  l'Angleterre.  Enfin  il  faut  mentionner, 
dans  la  découverte  de  l'Océanie,  le  grand  rôle  géogra- 
phique joué  par  les  missionnaires  anglais  et  américains, 
Gulick  aux  Carolines,  Laury  et  West  aux  Tonga,  et  une 
foule  d'autres  qui  nous  ont  fourni  les  seuls  renseignements 
que  nous  possédions  sur  l'intérieur  des  Salomon  et  des 
Samoa.  —  Dans  la  seconde  moitié  du  xix^  siècle,  les  expé- 
ditions dans  le  Pacifique  ont  eu  surtout  un  but  purement 
océanographique.  (Pour  le  détail  des  explorations  des 
grandes  îles,  V.  les  articles  qui  les  concernent.) 

Nature  des  îles.  Géologie.  —  Si  l'on  met  à  part  les 
terres  de  l'Insulinde,  dont  la  formation  géologique  se  rat- 
tache à  celle  de  l'Asie  (V.  aussi  la  géologie  de  I'Océan 
Pacifique),  on  peut  distinguer  en  Océanie  les  îles  monta- 
gneuses et  élevées  de  l'O.  :  Nouvelle-Guinée,  Nouvelle- 
Calédonie,  Nouvelle-Zélande  (V.  ces  mots),  et  les  îles 
basses  de  la  Polynésie.  (Le  groupe  le  plus  important,  ce- 
lui des  îles  Sandwich,  sera  étudié  à  part.  V.  Sandwich 
[Iles].)  Les  îles  basses  sont  en  général  d'origine  coral- 
lienne. Elles  se  présentent  le  plus  souvent  sous  la  forme 
d'alignements  circulaires,  ou  même  de  cercles  plus  ou 
moins  ébréchés  dont  l'ensemble  a  reçu  le  nom  d'atoll, 
d'après  le  nom  des  îles  de  formation  analogue  qui  compo- 
sent l'archipel  des  Maldives  dans  l'océan  Indien.  Quand  la 
mer  pénètre  à  l'intérieur  de  l'atoll,  elle  y  forme  un  bassin 
plus  ou  moins  fermé  appelé  lagon.  Les  îles,  même  celles 
qui  ne  sont  pas  d'origine  madréporique,  sont  presque  tou- 
jours entourées  d'une  ceinture  d'écueils  coralliens.  C'est 
de  cette  observation  qu'était  parti  Darwin  pour  expliquer 
la  formation  des  atolls  ;  il  supposait  un  affaissement  con- 
tinu du  fond  du  Pacifique  qui  faisait  disparaître  peu  à  peu 
l'île  centrale  ;  les  coraux,  qui  ne  peuvent  vivre  au  delà 
d'une  certaine  profondeur,  exhausseraient  peu  à  peu  leurs 
constructions  qui,  à  la  fin,  subsisteraient  seules.  Cette 
théorie,  longtemps  acceptée,  a  été  vivement  combattue  par 
Agassiz  et  par  le  géologue  du  Challenger,  Murray.  Ils  ont 
constaté  que  des  régions  signalées  par  Darwin  comme  des 
zones  d'affaissements  étaient  au  contraire  des  zones  stables 
ou  même  en  voie  d'élévation.  Ils  en  ont  conclu  que  les 
atolls  étaient  simplement  dus  à  des  constructions  coral- 
liennes édifiées  sur  le  bord  de  cratères  sous-marins.  Il  est 
juste  d'ajouter  que  des  explorations  récentes  ont  constaté 
des  affaissements  du  sol  dans  la  région  de  certains  atolls. 
Peut-être  faut-il  attribuer  ces  formations  curieuses  à  des 
causes  diverses  et  attendre  pour  conclure  un  plus  grand 
nombre  d'observations  précises. 

Climat.  Flore.  Faune.  —  La  plupart  des  îles  de  l'Océa- 
nie jouissent  d'un  climat  tropical  maritime,  plutôt  que 
d'un  climat  équatorial.  Sous  l'équateur  même  en  effet  ne 
se  trouvent  que  Bornéo,  Célèbes,  les  Moluques,  l'extrême 
N.  de  la  Nouvelle-Guinée  et  les  îlots  de  l'archipel  Gilbert. 
Au  centre  môme  de  l'océan,  la  masse  de  l'eau  régularise 
les  effets  de  la  course  du  soleil  ;  la  zone  des  calmes  équa- 
toriaux  ne  se  déplace  guère,  les  alizés  soufflent  toute  l'an- 
née. Il  n'y  a  donc  pas,  à  proprement  parler,  de  saison 
sèche  et  de  saison  humide  dans  toute  la  Polynésie  ;  il  pleut 
toute  l'année  sur  le  côté  des  îles  qui  est  frappé  par  l'alizé; 
il  ne  pleut  presque  pas  sur  l'autre  côté.  Dans  la  région 
occidentale,  le  régime  change  ;  les  grandes  îles  ont  une 
étendue  assez  importante  pour  modifier  les  conditions  océa- 
niques ;  sur  les  petites  îles  mêmes  l'influence  continentale 
de  l'Australie  et  de  l'Asie  transforme  le  régime  des  alizés 
en  régime  de  moussons  ;  l'écran  des  hautes  montagnes 
contribue  aussi  à  arrêter  les  vapeurs  et  à  produire,  sur 
les  côtés  N.  et  S.,  des  alternances  de  saisons  pluvieuse  et 
sèche.  —  Cette  différence  entre  les  pluies  d'alizés  et  les 
pluies  de  moussons  établit  une  différence  sensible  dans 
la  végétation  :  sur  les  îles  frappées  par  les  alizés,  la  vé- 
gétation est  intense  du  côté  où  il  pleut  ;  elle  est  chétive 
sur  le  côté  où  il  ne  pleut  pas.  Dans  la  région  des  mous- 
sons, la  végétation  est  luxuriante  sur  toute  l'étendue  des 


îles.  Quant  à  la  flore,  elle  est  indienne  dans  l'Insulinde, 
dans  la  partie  N.  de  la  Nouvelle-Guinée,  dans  les  Nou- 
velles-Hébrides, et  en  général  sur  toutes  les  îles  basses. 
Elle  est  australienne  dans  le  S.  de  la  Nouvelle-Guinée  et 
en  Nouvelle-Calédonie.  En  Nouvelle-Zélande  elle  a,  selon 
Grisebach,  de  nombreux  rapports  avec  la  flore  de  l'Amé- 
rique du  Sud  occidentale. 

D'ailleurs  les  îles  volcaniques,  beaucoup  plus  élevées 
que  les  madréporiques,  sont  en  général  des  centres  de  flore 
endémique.  Ce  phénomène  est  particulièrement  remar- 
quable aux  îles  Sandwich  où  les  plantes  endémiques  cou- 
vrent la  région  forestière,  entre 290  et  1.810  m.  —Par- 
tout les  espèces  cultivées  ont  un  caractère  indien  ;  ce  sont: 
le  cocotier,  le  bananier,  l'arbre  à  pain,  l'igname.  —  Le 
manque  d'espace  n'a  pas  permis  le  développement  d'une 
faune  nombreuse.  On  ne  compte  qu'une  cinquantaine  d'es- 
pèces de  mammifères,  dont  plus  de  la  moitié  en  Nouvelle- 
Guinée.  A  l'exception  de  l'Insulinde,  où  la  faune  est  pu- 
rement indienne,  on  ne  trouve  en  Océanie  ni  singes,  ni 
ruminants,  mais  des  chéiroptères,  des  marsupiaux  et  des 
rongeurs,  surtout  des  rats.  Les  oiseaux,  nombreux  dans 
l'Ouest  et  surtout  en  Nouvelle-Guinée,  deviennent  rares  dans 
l'Est.  Le  casoar,  l'aptéryx,  le  kogou,  mal  protégés  contre 
la  destruction  par  l'insuffisance  de  leurs  ailes,  disparais- 
sent rapidement.  Les  reptiles  et  les  insectes  ne  sont  nom- 
breux que  dans  la  région  occidentale. 

Ethnographie  . — Au  point  de  vue  ethnographique,  on  peut 
distinguer  en  Océanie  quatre  races  principales  :  les  Malais, 
les  Polynésiens,  les  Papoiias  et  les  Négrilos.  (Pour  leurs 
caractères  ethnologiques,  V.  ces  mots  et  Races  humaines.) 
Mais  les  limites  entre  ces  races  sont  impossibles  à  tracer; 
l'Océanie  en  effet  a  été  sillonnée  par  des  migrations  nom- 
breuses qui  ont  produit  des  croisements  ;  les  Malais  et  les 
Polynésiens  surtout  sont  de  grands  navigateurs.  En  outre, 
même  chez  les  rameaux  restés  purs,  le  changement  d'ha- 
bitat a  nécessité  des  changements  dans  les  mœurs,  sinon 
dans  les  caractères  anthropologiques.  C'est  ainsi  que  les 
Maoris,  partis  des  îles  Tonga  ou  Samoa,  ont  dû,  en  Nou- 
velle-Zélande, adapter  leur  vie  à  un  cHmat  plus  rude  ; 
ils  ont,  par  contre,  pu  ajouter  à  une  nourriture  presque 
exclusivement  ichtyophagique  des  produits  agricoles.  — 
Enfin,  une  dernière  cause  de  mélange  ou  de  disparition 
des  races  a  été  l'arrivée  en  Océanie  des  étrangers.  Euro- 
péens, Asiatiques  ou  Américains.  Les  Chinois  se  sont  ré- 
pandus au  miUeu  des  Malais  ;  les  Japonais  ont  fortement 
métissé  les  indigènes  de  la  Micronésie  ;  ceux  de  la  Nou- 
velle-Zélande, de  la  Nouvelle-Calédonie,  des  Viti,  des 
Sandwich,  de  Tahiti,  sont  très  rapidement  absorbés  par 
la  civilisation  européenne  ou  détruits  par  elle.  L'Océanie 
est  en  effet  une  région  de  colonisation.  L'Insulinde,  le  pays 
des  épices,  a  naturellement  été  la  première  proie  des  puis- 
sances colonisatrices.  La  Hollande  y  exploite  les  îles  de 
la  Sonde,  Bornéo,  Célèbes,  les  Moluques,  la  moitié  occi- 
dentale delà  Nouvelle-Guinée.  Jusqu'en  4898,  les  Palaos, 
les  Mariannes,  lesCarohnes  et  surtout  les  Phihppines  for- 
maient avec  Cuba  les  derniers  restes  du  merveilleux  em- 
pire colonial  de  l'Espagne  ;  les  Etats-Unis  ont  anéanti  par 
la  force  le  rôle  colonial  de  leurs  rivaux  et  annexé  les  îles 
Sandwich.  L'Allemagne  s'est  installée  à  l'archipel  Bis- 
marck, dans  le  N.-E.  de  la  Nouvelle-Guinée,  et  aux  îles 
Marshall.  La  France  est  maîtresse  de  la  Polynésie  orien- 
tale: les  îles  de  la  Société,  les  Pomotou,  les  îles  Mar- 
quises, Gambier,  Toubouaï  et  de  la  Nouvelle-Calédonie. 
Le  Japon  s'avance  vers  l'archipel  Magellan,  où  il  possède 
les  îles  Bonin-Sima.  L'Angleterre  a  transformé  en  pays 
anglo-saxons  la  Nouvelle-Zélande  et  les  îlots  qui  l'entou- 
rent, les  Viti;  elle  est  établie  dans  le  S.-E.  de  la  Nou- 
velle-Guinée, dans  l'archipel  de  Cook  et  dans  une  foule 
d'îlots.  On  ne  compte  plus,  comme  archipels  indépendants, 
que  les  Nouvelles-Hébrides,  les  archipels  Salomon,  Gilbert, 
Samoa  et  Tonga.  Mais  il  est  évident  que  cette  indépen- 
dance est  désormais  précaire. 

Superficie  et  population.  —  D'après  Wagner  et  Su- 


—  231  — 


OCEANIE  —  OnEANOGRAPHIK 


pan  (Bevôlkeriing  der  Erde,  cah.VIII,  1891),  les  chiffres 
de  superficie  et  de  population  sont  les  suivants  : 


Malaisie 

SUPERFICIK 

Kil.  q. 

ilcs  do  la   Sonde,  Bornéo, 

Célèbes,  Mol uq nos 1 .  699 .  73 1 

Philippines .,.         296.182 

POT'ULATION 

Ilab. 

32. {30.000 
7.000.000 

Total 

Mélî 

Groupe    de    la   Nouvelle- 
Guinée 

1.993.933 
mésio 

807.936 
47.J00 
22.233 

21.643 
938 

13.227 

19.823 
20.837 

933.8^8 

onésie 

110 

J.140 

1.430 

410 

430 

3  340 
mésie 

271.067 
17.008 

997 

393 

2.787 

14 

42 

137 

668 

368 

286 

1.630 

978 

1.274 

122 

6 

ÙD 

7.643 
» 
» 
» 

39.430.000 
837.000 

Archipel  Bismarck 

Iles  Saloraon  (allemandes). 
Iles  Salomon  (indépend*®^) 
Sanla-Cruz .... 

188.000 

89.000 

87.000 

3.009 

Tucopia 

Nouvelles-Hébrides 

N^^^-Calédonie  et  Lovaltv. 
Viti \..'.  . 

Total 

Micr 

Archipel  Magellan 

—  des  Mariannes. . . 

—  des  Carolines  . .  . 

—  Marshall 

-'       Gilbert 

Total 

P0I3 

Groupe  de  la  Nouvelle-Zé- 
lande  

Iles  Sandwich 

630 

83.000 

62.714 

124.919 

1.479.300 

1.270 
10.172 
36.000 
11.300 
33.000 

94.100 

673.300 
80.378 

—  Tonsa 

22  000 

-—  entre  Tonga  et  Samoa 
—  Samoa 

14.900 

e33  363 

—  Union 

314 

—  Pliœnix 

39 

—  Manihiki 

—  Fanninsf 

1.830 
200 

0 

-™  (]ook 

8.900 

—  Toubouai 

-__  (le  l'-imitié .            .  . 

1.881 
16  030 

—  Pomolou 

3.662 

— -  Marquises 

---  Oster 

5.143 
130 

—  (^lipperton ,  . 

—  des  Cocoliers  ....... 

—  Galapagos 

—  Rcvillagigedo ....... 

™  Ambrosio 

0 

? 

204 

» 
» 

=™  Juan  lernandez 

» 

Total 

303.473 

867.138 

Total  généRxVl.  . . 

3.238.796 

41.870.338 

Si  l'on  met  à  part  les  grandes  îles  et  les  archipels  les 
plus  importants,  dont  les  conditions  économiques  sont  étu- 
diées aux  articles  qui  leur  sont  consacrés,  il  faut  convenir 
que  le  rôle  économique  de  la  plupart  des  îles  de  l'Océanie 
est  encore  à  peu  près  nul.  En  raison  du  peu  d'étendue  de 
ces  îles,  il  est  aussi  fort  peu  probable  qu'elles  deviennent 
jamais  des  centres  importants  de  production  et  de  con- 
sommation ;  elles  ne  peuvent  devenir  que  de  faibles  dé- 
bouchés pour  la  colonisation.  Mais  leur  importance  s'ac- 
croîtra parce  qu'elles  peuvent  devenir,  au  milieu  d'une 
immense  étendue  maritime,  des  escales  pour  le  charbon 
et  l'eau  douce.  Depuis  le  milieu  du  siècle,  en  effet,  le  Pa- 


cifique a  vu  s'étaldir  sur  tout  son  pourtour,  non  pas  do 
véritables  colonies,  mais  des  pays  neufs,  des  puissances 
économi({ues  qui  grandissent  avec  rapidité  :  les  Etats-Unis, 
le  Japon,  l'Australie,  la  Nouvelle-Zélande.  Un  monde  nou- 
veau s'est  formé  là,  avec  tous  les  besoins  modernes  de  l'an- 
cien monde,  avec  une  intensité  de  vie  d'autant  plus  dévo- 
rante qu'elle  est  plus  jeune.  Le  jour  est  proche  où  le 
Pacifique  sera  une  voie  commerciale  presque  aussi  fréquen- 
tée que  l'Atlantique  et  où  les  îlots  du  grand  Océan  devront 
entrer  dans  le  mouvement  général  de  la  ci^ilisation. 

Ludovic  Marchand. 
BiBL.  :  Bastian,  Inselgnippen  in  Océanien;  Berlin, 
1882.  —  CoopER,  The  Islands  of  the  Pacific;  Londres,  1888. 
—  CoTTEAu,  EnOcéanie;  Paris,  1888.  —  Dana,  On  Corals 
and  Coral  Islands;  Nev/  Yorl^.  1872.  —  Darwin,  Journal 
of  researches  into  the  natural  history  and  geology  of  tJ^e 
countries  visited  during  the  voyage  of  H.  ]\L  S.  Beayle 
round  the  world;  Londres,  1860.  — P.  Desciianel,  la  Poli- 
ticiue  française  en  Océanie;  Paris,  1884.  —  Cari  Meinicke, 
Die  Insein  des  Stillen  Ozeans;  Leipzii^-,  187G.  —  Ratzel, 
Die  Natnrvôlker  Ozeaniens  ;  Leipzig,  1887.  —  De  Varigny, 
l'Océanie  moderne,  dans  Rcrue  des  Deux  Mondes^  1887  et 
1688. 

OCÉANOGRAPHIE.  Michelet  dit  que  le  premier  senti- 
ment inspiré  à  l'homme  par  la  mer,  c'est  la  terreur.  Lon^-- 
temps  les  peuples  de  l'Europe  n'ont  connu  que  la  Médi- 
terranée, qui  est  terrible  dans  les  jours  de  tempête,  et  le 
fleuve  Océan,  où  flottait  la  terre.  Quelques  hommes,  les 
plus  hardis,  poussés  par  l'âpre  désir  du  gain,  se  risquaient 
sur  le  désert  liquide  ;  ils  y  trouvaient  le  plus  souvent  la 
mort,  sans  que  leurs  proches  pussent  accomplir  pour  eux 
les  rites  de  la  sépulture.  L'Océan  était  donc  l'ennemi  de 
la  lumière.  Cm  soleil,  qu'il  engloutit  chaque  soir  et  aussi 
de  l'homme  qu'il  frappait  dans  sa  croyance  la  plus  chère, 
La  mythologie  de  l'Océan  est  terrible,  et  les  pratiques 
superstitieuses  destinées  à  apaiser  le  monstre  durent  en- 
core ;  aucune  force  naturelle  n'a  été,  comme  lui,  divinisée 
et  les  meilleurs  esprits,  à  son  aspect,  ont  cru  à  la  fata- 
lité; une  part  de  la  poésie  de  l'Océan,  depuis  Homère 
jusqu'à  Hugo  et  Richepin,  est  faite  d'ignorance. 

La  science  de  la  mer,  V océanographie,  est  née  assez 
tard  pour  que  l'on  puisse  se  rendre  compte  des  circons- 
tances et  des  conditions  de  sa  naissance.  Au  xvi®  siècle, 
le  désir  d'atteindre  par  des  voies  rapides  le  pays  des 
épices,  l'Inde  et  l'extrême  Orient,  fit  opérer  la  traversée 
des  trois  grands  océans,  Atlantique,  Indien  et  Pacifique  : 
on  chercha  aussi  le  passage  vers  les  mômes  terres  par  le 
N.  de  l'Amérique  et  de  l'Asie  et  l'on  découvrit  l'océan 
Arctique.  Puis,  pendant  deux  siècles  et  demi,  on  compléta 
la  connaissance  que  l'on  avait  de  la  surface  des  mers. 
Mais  ce  n'était  encore  là  que  de  la  topograpliie.  H  fallait, 
pour  qu'on  soupçonnât  la  possibilité  d'une  science  do 
l'Océan,  un  certain  progrès  général  des  sciences  et  de  la 
techni(]ue  et  aussi  le  besoin,  de  plus  en  plus  impérieux, 
d'économiser  le  travail  dans  la  concurrence  vitale.  Les 
sondages  de  grande  profondeur  n'étaient  pas  possibles 
avant  l'invention  de  sondes  spéciales  dont  la  première, 
celle  de  Brooke,  date  do  4854  (V.  Soxdage  [Instruments 
de]).  On  s'exposa  à  des  erreurs  énormes  dans  l'apprécia- 
tion des  températures  tant  qu'on  laissa  les  thermomètres 
soumis  aux  pressions  de  colonnes  d'eau  considérables,  et 
c'est  d'hier  seulement  que  l'étude  do  la  chimie  biologique 
permet  d'aborder  le  problème  de  la  vie  sous-marine.  — 
L'océanographie  a  été  fondée  par  les  Américains.  Dès  1773, 
Franklin  signalait  l'existence  du  Gulf-Stream.  En  1848, 
Maury  publia  ses  cartes  de  vents  et  de  courants,  com- 
plétées plus  tard  par  deux  ouvrages  explicatifs.  Le  but 
de  Maury  était  d'abord  tout  pratique  :  c'était  de  réduire 
la  durée  de  la  navigation  à  voile  en  profitant  des  lois  gé- 
nérales qui  règlent  la  circulation  à  la  surface  de  la  mer. 
Maury  fut  par  là  amené  à  émettre  des  hypothèses  en 
partie  détruites  plus  tard,  mais  qui  n'en  restent  pas  moins 
la  première  tentative  de  systématiser  les  conditions  phy- 
siques de  l'Océan.  D'ailleurs,  la  navigation  à  voile  put 
être  en  partie  remplacée  par  la  navigation  à  vapeur  sans 
que  l'étude  de  la  météorologie  maritime  fût  désormais 


OCÉANOGRAPHIE  —  OCELLLS 


—  232  — 


interrompue.  La  connaissance  de  la  topographie  du  fond 
fut  la  conséquence  d'un  autre  système  de  communication 
entre  les  hommes  :  la  pose  des  câbles  télégraphiques  né- 
cessita une  étude  précise  du  relief,  la  réparation  de  ces 
câbles  jeta  un  trait  de  lumière  sur  les  conditions  de  la  vie 
et  de  la  sédimentation.  Désormais,  l'océanographie  a  pris 
rang  parmi  les  autres  sciences.  Toutes  les  nations  mari- 
times se  préoccupent  de  la  faire  progresser,  mais  trois 
d'entre  elles  se  sont  mises  à  la  tète  du  mouvement  :  l'Alle- 
magne, l'Angleterre  et  les  Etats-Unis.  L'Allemagne  a 
établi  deux  grands  observatoires,  celui  de  Kiel  et  celui  de 
Hambourg.  En  Angleterre,  celui  de  Granton,  près  d'Edim- 
bourg, est  dirigé  par  les  hommes  qui  ont  pris  part  à  la 
remarquable  campagne  du  Challenger.  Aux  Etats-Unis, 
le  Coast  and  geodetic  Survey  est  un  véritable  service 
public  dont  les  recherches  actives,  la  méthode  sûre  et  les 
résultats  d'ordre  général  ou  pratique  conservent  à  la  grande 
nation  américaine  le  premier  rang  dans  l'étude  de  la  mer. 
Enfin,  il  faut  noter  que  des  particuliers  consacrent  leur 
temps  et  leur  fortune  à  cette  étude  et  que  les  marines 
militaires  ont  partout  reçu  la  mission  de  faire  servir  leurs 
croisières  à  l'avancement  de  la  science. 

Tard  venue,  l'océanographie  a  profité  du  progrès  gé- 
néral des  sciences  physiques  et  naturelles.  Les  océano- 
graphes n'ont  pas  tâtonné  dans  la  recherche  d'une  méthode, 
et  leur  science  a  une  place  bien  définie  au  milieu  des  autres 
sciences.  La  méthode  est  celle  des  sciences  naturelles, 
c'est  surtout  l'observation;  l'expérimentation  intervient 
sans  doute,  et  l'on  peut  espérer  que  les  recherches  de 
laboratoire  prendront  une  place  de  plus  en  plus  impor- 
tante en  océanographie  ;  mais  il  est  incontestable  que  c'est 
la  nature  même  qui  fournira  toujours  les  renseignements 
les  plus  amples  et  les  plus  sûrs.  —  L'océanographie  se 
sert  des  résultats  de  la  géologie,  de  la  physique,  de  la 
chimie,  de  la  mécanique,  de  la  météorologie  ;  elle  profite 
des  progrès  faits  par  les  sciences  biologiques.  Elle  est 
l'application  de  toutes  ces  sciences  à  une  partie  de  la  na- 
ture, qui  est  l'Océan.  Elle  est  donc,  si  l'on  veut,  la  sec- 
tion de  la  géographie  qui  concerne  la  mer.  Elle  diffère 
pourtant  de  la  géographie  physique  des  continents  autre- 
ment encore  que  par  son  objet  ;  en  écartant,  en  effet,  de 
la  géographie  tout  finaHsme,  toute  préoccupation  anthro- 
pomorphique,  il  est  cependant  indéniable  que  l'homme  a, 
comme  les  autres  éléments  de  la  nature,  le  pouvoir  de 
modifier  son  habitat.  Ce  pouvoir  est  à  peu  près  nul  sur 
les  conditions  de  l'Océan  ;  la  destruction  par  lui  de  cer- 
tains éléments  de  la  faune  marine  est  fort  peu  de  chose 
par  rapport  à  l'ensemble  de  la  vie  océanique,  et  l'exploi- 
tation scientifique  des  pêcheries  prouve  seulement  que  là, 
plus  que  partout  ailleurs,  l'homme  ne  se  sert  de  la  nature 
qu'en  lui  obéissant  (V,  aussi  les  art.  Mer,  Océan). 

Ludovic  Marchand. 

OCELLES  (Entom.)  (V.  Insectes,  t.  XX,  p.  826). 

OCELLUS  DE  Lucanie,  pythagoricien  du  v^  siècle  avant 
notre  ère,  contemporain  et  disciple  direct  du  fondateur  de 
l'école.  Alors  que  la  personne  de  Pythagore  est  enveloppée 
dans  un  brouillard  de  légendes,  il  faut  s'attendre  à  ce  que 
ses  élèves  ne  nous  soient  guèrejnieux  connus  et  à  ce  que 
leurs  noms  patronnent  des  œuvres  bien  suspectes.  Ocellus 
le  Lucanien  est  un  de  ceux  qui  offrent  le  moins  de  jour  à 
la  vérité  historique.  Les  seuls  renseignements  sur  sa  vie 
nous  sont  fournis  par  Diogène  Laérce  dans  deux  lettres 
que  celui-ci  rapporte  et  qui  auraient  été  échangées  entre 
Platon  et  le  pythagoricien  Archytas.  Platon  y  répondait  à 
Archytas  en  lui  accusant  réception  de  quatre  traités  d'Ocel- 
lus  et  il  ajoutait  à  l'expression  de  sa  reconnaissance  quel- 
ques indications  biographiques  sur  l'auteur  de  ces  écrits. 
Ces  indications  n'offrent,  par  malheur,  qu'un  intérêt  bien 
problématique,  étant  donné  que  les  deux  lettres  qui  les 
renferment  ont  un  caractère  évidemment  apocryphe. 

Des  quatre  pseudo- traités  énumérés  par  Diogène,  il 
en  est  un,  sans  doute,  que  nous  possédons  :  De  la  Ge- 
nèse du  monde  (que  d'autres  écrivains  désignent  différem- 


ment; Philon  :  De  F  Immortalité  du  monde;  Stobée  : 
De  la  Nature  de  F  Univers,  etc.).  Cet  écrit,  composé  avec 
une  certaine  élégance,  n'est  nullement  méprisable.  Nous 
y  trouvons  proclamée  cette  thèse  familière  à  la  philoso- 
phie grecque,  que  l'univers  est  inengendré  et  qu'il  est  im- 
périssable. «  Nous  ne  le  voyons  ni  naître,  ni  s'améhorer 
ou  s'agrandir,  ni  se  corrompre  ou  s'amoindrir  ;  mais  bien 
il  garde  à  jamais  la  même  condition  et  il  demeure  à  jamais 
égal  et  semblable  à  lui-même  »  (ch.  i,  §  6).  Rien  n'étant 
en  dehors  de  lui,  il  sera  donc  la  seule  cause,  une  cause 
parfaite  et  qui  se  suffit.  —  A  cette  cosmologie  succède 
une  physique,  dans  laquelle  le  monde  sublunaire  est  dis- 
tingué du  ciel.  Le  ciel  a  l'immutabilité;  le  monde  sublu- 
naire est  au  contraire  le  théâtre  du  devenir.  Comment  ce 
devenir  s'accomplit,  de  quelle  manière  se  réalisent  pro- 
duction et  destruction,  c'est  ce  que  le  chap.  ii  du  Traité 
fait  connaître.  H  pose  d'abord  la  substance  matérielle 
comme  le  commun  réceptacle  de  la  génération  :  touto  8'av 
sl'r]  7Z(xv^e-^éq  noCi  ly.fJLaysîov  aùxfi;  ttj;  ysysastoç.  Viennent 
ensuite  les  quatre  propriétés  contraires  (svavTidxrjicç)  ou 
encore  les  quatre  puissances  que  la  réalité  matérielle  re- 
vêt et  qui  n'admettent  en  elle  ni  naissance  ni  destruction  : 
ce  sonti  e  chaud  et  le  froid,  le  sec  et  Thumide.  Puis  sont 
énumérés  les  quatre  éléments  (al  oùaLat)  dont  notre  phi- 
losophe fai^.,  semble-t-il,  l'actualisation  de  ces  puissances; 
ce  sont  le  h-u,  l'eau,  l'air  et  la  terre  :  ces  éléments  sont 
aptes  à  se  ti  ansformer  les  uns  dans  les  autres.  Et  l'his- 
toire de  ces  ti  ansformations,  que  complique  l'addition  aux 
quatre  propriétés  fondamentales  de  douze  propriétés  sub- 
sidiaires, se  con''ond  avec  l'histoire  de  notre  monde  parti- 
cuUer,  de  sa  naissance  et  de  sa  constitution.  Quant  à  la 
cause  d'où  procède  le  mouvement  de  la  génération,  celle 
qui,  dans  la  formation  des  corps,  joue  le  rôle  de  père  uni- 
versel, elle  n'est  autre  que  la  partie  supralunaire  du 
monde  (ch.  ii,  §  22).  L'auteur  du  Traité  en  arrive  bien- 
tôt au  règne  de  la  vie.  Le  monde  est  éternel  ;  éternelles 
sont  ses  parties  ;  éternelles  seront  donc  aussi  les  espèces. 
Une  espèce  dominante  habite  chacun  des  grands  quartiers 
du  monde  ;  dans  le  ciel  résident  les  dieux  ;  au-dessus  de 
nous(lv  TO)  {jLcTapa^w),  les  démons  ;  sur  la  terre,  les  hommes. 
Puis  donc  que  les  parties  ne  sauraient  ne  point  coexister 
avec  le  tout,  il  suit  que  l'espèce  humaine  doit  être  perpé- 
tuelle (ch.  III,  §  3).  Sur  ce  principe  de  la  perpétuité  de 
notre  race  s'édifie  tout  un  système  de  morale  et  de  poli- 
tique qui  compose  la  partie  la  plus  originale  et  la  plus  in- 
téressante de  l'écrit.  Si  la  divinité  a  doué  l'homme  d'at- 
tributs actifs,  de  facultés  et  de  tendances,  ce  n'est  pas 
pour  qu'il  fasse  du  plaisir  la  fin  de  son  existence  indivi- 
duelle. Cette  fin  doit  être  la  permanence  de  notre  race  :  cha- 
cun de  nous  est  périssable,  mais  notre  race  ne  saurait  périr. 
Le  même  principe  présidera  aux  grandes  institutions 
humaines:  le  mariage,  la  famille,  l'organisation  de  la  cité. 
Un  idéal  ascétique  est  présent  à  toute  cette  doctrine.  For- 
mer des  enfants  beaux,  forts  et  vertueux,  ne  rien  négliger 
pour  les  élever  dignement,  tel  est  le  devoir  social  par  ex- 
cellence, devoir  dont  l'accompUssement  seul  permet  à 
l'homme  de  s'élever  au-dessus  de  l'animalité  (ch.  iv). 

Tel  est  ce  curieux  traité,  qui  correspond  à  un  âge  de 
la  spéculation  bien  postérieur  au  temps  de  Pythagore. 
Qu'il  émane  réellement  du  vieil  Ocellus,  on  ne  saurait  son- 
ger à  le  prétendre.  Les  dogmes  essentiels  de  l'antique  py- 
thagorisme,  tels  que  la  théorie  des  nombres,  la  transmi- 
gration des  âmes,  la  constitution  arithmétique  des  vertus, 
n'y  figurent  point  même  par  voie  d'allusion.  Par  contre, 
des  points  de  doctrine  y  paraissent,  notamment  en  ce  qui 
concerne  la  physique  générale,  qui  furent  très  certaine- 
ment étrangers  à  la  pensée  du  fondateur.  — D'autre  part, 
cependant,  quelque  chose  de  l'inspiration  pythagoricienne 
s'y  retrouve.  Aussi  peut-on  tenir,  avec  Mullach,pour  hau- 
tement probable  l'hypothèse  selon  laquelle  l'écrit  du  Pseu- 
docellus  daterait  du  dernier  siècle  avant  notre  ère,  alors 
qu'entre  toutes  les  écoles  [anciennes  celle  de  Pythagore 
avait  été  particulièrement  remise  en  honneur  et  que  les 


—  ^233  — 


OCELLUS  —  OCllS 


livres  réputés  en  provenir  étaient  curieusement  recher- 
chés. Quant  au  fait  que  le  Traité  est  écrit  en  dialecte 
attique,  Mullach  conjecture  qu'il  faudrait  l'attribuer  à 
quelque  lettré  du  moyen  âge,  qui  aurait  transcrit  ce  pe- 
tit livre,  en  s' accordant  cette  petite  liberté.       G.  Lyon. 

BiBL.  :  Philon,  De  mundo  non  interitiiro.  —  Diogém: 
Laërce,  VIII,  80  et  suiv.  —  Stobée,  Ecl.phys.,\,  ch.  xxiv. 
—  Mullach,  À7'«st.  de  Malisso,  etc.,  et  Ocelli  Luc.  de  univ. 
nat.,  1815,  ainsi  que  Fragmenta  philosophorum  fjraecoruin, 
1. 1  :  De  Ocello  tacano]  etc.  —  Zeller,  Philosophie  des 
Grecs  (trad.  Boutroux),  t.  I,  p.  291. 

OCELOT  (Zool.)  {V.  Chat,  t.  X,  p.  876). 

OC  H.  Ville  du  Turkestan  russe,  prov.  de  Ferghana,  sur 
l'Ak-Boura,  à  9"2  kil.  E.  de  Marghilan,  sur  la  route 
d'accès  à  l'Alaî  (ait.,  4.085  m.).  A  l'O.,  le  roc  du  Trône 
de  Salomon  est  un  lieu  de  pèlerinage  musuhnan. 

OCH.  Ville  du  Ferghana,  iVsie  centrale  russe,  à  l'E.  de 
Marghelan,  au  fond  de  la  vallée  d'Akboura.  Grande  cité 
étagée  en  amphithéâtre  autour  de  la  montagne  de  Tachti- 
Solennan.  Sa  fondation  remonterait  à  l'époque  d'Alexandre 
le  Grand.  Vaste  bazar,  très  fréquenté  par  les  Sartes  des 
régions  voisines;  14.000  hab.  P.  Lemosof. 

OC  H  A.  Rivière  de  Sibérie,  gouy.  de  Tobolsk,  affl.  g. 
de  l'Irtych,  sortie  du  lac  Ténis  ;  180  kil.  de  long. 

OCHAGAVIA.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Navarre,  à 
48  kil.  E.  de  Pampelune,  ch.-l.  de  la  vallée  d'Ahescoa, 
au  S.  de  la  forêt  d'Irati.  Belle  éghse  du  xiii^^  siècle  ;  deux 
châteaux  ruinés.  Eaux  sulfureuses. 

OCH  AN  COURT.  Com.  du  dép.  de  la  Somme,  arr. 
d'Abbeville,  cant.  d'Ault;  340  hab. 

OCHE  (Géog.  anc.)  (V.  Eubée). 

OCH  ES.  Com.  du  dép.  des  Ardennes,  arr.  de  Vouziers, 
cant.  de  Buzancy;  178  hab. 

OCHETODON  (Zool.)  (V.  Hamster,  t.  XIX,  p.  810). 

OCHEY.  Com.  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle,  arr.  et 
cant.  (S.)  de  Toul  ;  274  hab. 

OCHIAZ.  Com.  du  dép.  de  l'Ain,  arr.  de  Nantua,  cant. 
de  Châtillon-de-Michaille  ;  403  hab. 

OCHILL.  Collines  volcaniques  d'Ecosse,  de  Stirling  à 
Perth  (V.  Grande-Bretagne,  t.  XÏX,  p.  150). 

OCHINO  (Bernardino) ,  prédicateur  et  théologien  itaHen, 
né  à  Sienne  en  1487,  mort  à  Schladow  (Moravie)  en  1563. 
Son  penchant  pour  l'ascétisme  le  fit  entrer  dans  l'ordre 
des  franciscains,  et  passer,  en  1534,  dans  celui  des  ca- 
pucins. Ses  prédications  le  firent  bientôt  remarquer.  Charles- 
Quint,  qui  l'entendit  à  Naples  en  1536,  s'écria  :  «  Cet 
homme  remuerait  les  pierres  !  »  Le  pape  Paul  III  en  fit 
son  confesseur.  En  1538,  il  fut  élu  général  des  capucins, 
et  réélu  en  1541,  La  Béforme  gagnait  alors  des  partisans 
en  Italie;  l'Inquisition,  instituée  en  1542,  étouffa  le  mou- 
vement. Ochino  protesta  à  Venise  contre  l'arrestation  de 
Giulio  di  Milano;  par  là  il  se  rendit  lui-même  suspect  d'hé- 
résie et  dut  fuir.  Il  arriva  à  Genève  en  oct.  1542.  Il  avait 
déjà  publié  des  sermons  à  Venise  en  1539  ;  il  en  publia 
divers  petits  volumes  à  Genève  de  1542  à  154i,  traduits 
en  allemand  (Bâle,  1545),  en  français  (Genève,  1546  et 
1561)  et  en  anglais  (Londres,  1548).  Ne  pouvant  s'en- 
tendre avec  Calvin,  il  quitta  Genève.  Alors  commença  pour 
lui  une  vie  errante;  il  est  à  Augsbourg  (1545-47),  à 
Londres  (1547-53),  à  Zurich  (1555-61).  Là  il  se  laissa 
aller  à  des  spéculations  qui  furent  jugées  dangereuses,  en 
particulier  ce  qu'il  disait  de  la  Trinité  et  de  la  polygamie 
{DialogiXXX  in  duos  libros  divisi,  ...de  Messia,  ...de 
rébus  variis,  tum  potissimum  de  Trinitate  (Bâle, 
1563,  in-8).  Les  magistrats  l'exilèrent.  Il  se  réfugia  à  Nu- 
remberg, puis  à  Cracovie,  d'où  il  fut  expulsé  en  1564. 
La  mort  le  surprit  en  voyage.  F.-H.  K. 

BiBL.  :  G.  BucHSENscHÛTz,  Vie  et  écrits  de  B.  Ochino  : 
Strasbour":,  1871.  —  Benrath,  B.  Ochino  von  Sienna;  Leip- 
ziii-,  1875;  2»  éd.  à  Brunswick,  1892  (liste. bibliogTaphi((ue  des 
œuvres  d'Ochino). 

OCHLOCRATIE  (V.  Démocratie,  t.  XIV,  p.  64). 
OCHNACÉES  (OchnaceœDC).  Famille  de  plantes  Di- 
cotylédones, composée  d'arbres  et  d'arbustes,   répandus 


luisantes,  remarquables  par  leur  mode  de  nervation,  sti- 
pulées. Les  fleurs  dialypétales  présentent  un  disque  ni  an- 
nulaire, ni  glanduleux  ;  le  gynécée  est  formé  de  carpelles 
ordinairement  indépendants,  dont  le  style  gynobasique 
s'unit,  en  dedans  de  la  base  des  ovaires,  avec  une  cer- 
taine étendue  de  la  portion  centrale  du  réceptacle.  Le 
fruit  est  soit  charnu,  soit  capsulaire  ;  les  graines  sont  tan- 
tôt albuminées,  tantôt  non  albuminées.  Les  Ochnacéessont 
très  voisines  des  Rustacées  et  renferment  les  genres 
Ochna  Schreb.,  OurateaAiM.,  Cuthemis  Jack.,  Luxem- 
burgia  A. -S.  IL,  etc.  Les  deux  premiers  seuls  nous  in- 
téressent :  les  Ouratea  ont  l'androcée  diplostémoné,  tan- 
dis que  les  étamines  sont  nombreuses  dans  les  Ochna.  Ce 
sont,  en  général,  des  plantes  amères  qui  par  là  se  rap- 
prochent des  Quassiées.  Les  Ochna  sont  propres  à  l'an- 
cien continent  ;  VO.  Jabotapita  L.  fait  maintenant  partie 
des  Ouratea,  qui  sont  surtout  américains.  Au  Brésil,  les 
Ouratea  Jabotapita  H.  Bn  et  0.  hexasperma  jouissent 
d'une  grande  réputation  comme  toniques  amers  et  diges- 
tifs, L'écorce  du  dernier  sert  à  traiter  les  plaies  des  bes- 
tiaux produites  par  la  piqûre  des  insectes.  Au  Malabar, 
les  racines  et  les  feuilles  de  l'O.  angustifolia  IL  Bn. 
(Goniphea  angustifolia  Vahl)  sont  préconisées  comme 
stomachiques  et  antivomitives,  en  décoction  dans  l'eau  ou 
le  lait.  Aux  Antilles,  on  attribue  les  mêmes  propriétés  à 
l'écorce  de  VO.  ilicifolia  DC.  Enfin,  les  graines  de  VO. 
parviflora  fournissent,  au  Brésil,  une  huile  employée 
comme  condiment.  D^"  L.  Hn. 

OCHOA  (Don  Eugeniode),  écrivain  espagnol,  né  àLezo 
(Guipuzcoa)  le  19  avr.  1815,  mort  à  Madrid  le  29  févr. 
1872.  Il  suivit  à  Paris  les  cours  de  l'école  d'arts  et  mé- 
tiers (1829),  s'adonna  à  la  peinture  dont  une  maladie  des 
yeux  l'écarta,  revint  à  Madrid  (1834),  collabora  à  la 
Gaceta  de  Madrid  d'Alberto  Lista,  repartit  pour  Paris 
après  la  défaite  de  ses  amis  politiques  et  y  travailla  à  la 
grande  Coleccion  de  los  mejores  autores  espaùoles,  en- 
treprise par  Baudry,  où  il  donna  un  EpistolarioqmîormQ 
les  t.  XIII  et  XLII.  Il  fit  paraître  un  volume  àewers,  Ecos 
delalma  (1841),  édita  les  oeuvres  du  marquis  de  Santil- 
lana  (1844),  et  un  Catalogo  razonado  des  manuscrits 
espagnols  des  bibliothèques  de  Paris.  Derechef  rentré  à 
Madrid  (1844),  il  entra  à  l'Académie  des  sciences,  fut 
pourvu  tour  à  tour  d'emplois  à  la  Bibliothèque,  à  l'Im- 
primerie nationale,  au  ministère  de  l'instruction  publique, 
traduisit  plusieurs  ouvrages  français,  publia  de  nombreux 
articles  politiques  ou  littéraires,  des  nouvelles,  des 
drames,  etc. 

OCHOSIAS(Achazia).  Nom  de  deux  rois  juifs  :  le  pre- 
mier, fils  d'Achab,  régna  sur  Israël  (Dix-Tribus),  de  895  à 
893  av.  J.-C.  selon  la  chronologie  vulgaire.  Il  est  mal  noté 
par  l'écrivain  des  Rois  qui  l'accuse  d'avoir  consulté,  à 
l'occasion  d'une  grave  maladie,  un  oracle  étranger  au 
Heu  de  s'adresser  à  la  divinité  nationale  (1  Rois,  ch.  xxii,  et 
2  Rois,  ch.  i;  cf.  2  Chroniques,  ch.  xx).  —  Ochosias, 
fils  et  successeur  de  Joram,  roi  de  Juda  (883  à  882), 
s'unit  à  Joram,  roi  dTsraèl,  pour  combattre  Hazael,  roi 
de  Syrie.  Joram  ayant  été  blessé  devant  Ramoth  de  Ga- 
laad,  les  deux  rois  revinrent  à  Jezrahel,  où  ils  furent 
assassinés  par  l'usurpateur  Jéhu  (2  Rois,  ch.  viii  ;  cf. 
2  Chroniques,  ch.  xxii). 

OCHRIDA.  Ville  de  Tu^iuie  d'Europe,  vilayet  de  Mo^ 
nastir,  au  N.  d'un  grand  lac  (269  kil.  q.,  693  m.  d'alt.), 
d'où  sort  le  Drin.  La  ville  a  10.000  hab.,  7  mosquées, 
7  églises,  1  citadelle.  Ce  fut  jusqu'en  1767  le  siège  d'un 
archevêché  grec.  C'est  une  ville  moderne,  bâtie  à  25  kil.  N. 
de  l'antique  Lgchnidos,  capitale  des  Dessaretiens,  conquise 
par  Philippe  ri  de  Macédoine,  puis  par  les  Romains.  Occupée 
par  le  prince  bulgare  Bogoris  (861),  elle  devint,  sous  le 
nom  à'Achrida  ou  Ochrida,  capitale  du  royaume  bulgare. 
A  2  kil.  est  le  riche  couvent  de  Saint-Xaum. 

OCHROCARPUS  (Bot.)  (V.  Tovomita). 

OCH  S  (Pierre),  homme  politique  suisse,  né  à  Xantes 


OCHS  —  O'CONiNELl 


—  234 


s'établir  à  Bàle,  lieu  d'origine  de  sa  famille.  Ti  y  devint 
bientôt  cbeancelier  d'Etat.  Après  la  Révolution  française, 
il  exerça  une  influence  considérable  sur  les  affaires  suisses. 
11  fut  dans  son  pays  l'homme  du  Directoire  qui  l'imposa 
même  en  4798  au  Directoire  helvétique  :  il  ne  put  s'y 
maintenir  et  démissionna  en  1799.  Il  prit  part  à  la 
('onsulte  convoquée  à  Paris  par  le  premier  consul  et  d'où 
sortit  l'Acte  de  médiation.  Dès  lors  il  vécut  à  Bâle,  où  il 
s'occupa  de  travaux  historiques  et  littéraires.  Il  a  laissé 
des  œuvres  dramatiques  en  français  sans  grande  valeur  et 
une  Histoire  de  la  ville  et  du  pays  de  Belle  en  5  vol. 
OCHSENBEIN  (Ulrich),  militaire  et  homme  politique 
suisse,  né  à  Nidau  (Berne)  en  4811,  mort  à  Nidau  le 
3  nov.  1890.  Lors  de  l'effervescence  politico-religieuse 
qui  précéda  le  Sonderbund,  Ochsenbein,  alors  capitaine 
d'état-major,  prit  le  commandement  des  corps  francs 
qui  marchèrent  sur  Lucerne.  Il  fut  battu  et  désavoué, 
mais,  devenu  chef  du  gouvernement  bernois,  il  con- 
tinua ardemment  la  lutte  contre  les  cantons  catholiques. 
Il  commandait  comme  colonel  un  corps  de  réserve  lors  de 
la  campagne  du  Sonderbund.  Lors  de  la  mise  en  vigueur 
de  la  constitution  fédérale  de  1848,  il  fut  nommé  au  gou- 
vernement central,  où  il  siégea  jusqu'en  1834.  Non  réélu, 
il  s'offrit  pour  commander  une  légion  étrangère  pour  la 
guerre  de  Crimée  ;  il  avait  o])tenu  ce  commandement 
comme  général  au  titre  étranger  lorsque  fut  signée  la  paix. 
Il  rentra  alors  en  Suisse  et  vécut  dans  la  retraite.  En 
1870,  il  offrit  son  épéo  au  gouvernement  de  la  Défense  na- 
tionale. E.  K. 

OCHSENHAUSEN.  Village  du  Wurttemberg,  cercle  du 
Danube,  sur  la  Rottum  ;  '2.090  hab.  (en  189o).  Ancienne 
abbaye  impériale  bénédictine,  issue  d'un  prieuré  de  l'an 
1100,  érigé  en  abbaye  en  1391,  dontl'abbé  devintprince 
d'empire  (1746).  Sécularisée  en  1803,  elle  fut  partagée 
entre  le  comte  de  Sch?esberg  (annexée  au  Wurttemberg 
dès  1806)  et  le  prince  de  Metternich,  qui  vendit  sa  part 
au  Wurttemberg  pour  1.200.000  florins  en  1825. 

OCHSENHEIIVIER  (Ferdinand),  naturaliste  allemand, 
né  à  Mayence  en  1763,  mort  en  1822  à  Vienne  où  il  était 
acteur;  auteur  du  traité  le  plus  complet  sur  les  papillons 
d'Europe  :  Die  Schmetterlinge  von  Europa  (Leipzig, 
1807-33,  10  vol.,  achevé  par  Treitschke). 

OCHTERVELT  (Jacob),  peintre  hollandais.  On  ignore 
la  date  exacte  de  sa  naissance  et  de  sa  mort,  mais  un  docu- 
ment dit  que  sa  femme,  veuve,  mourut  en  1710,  à  l'âge 
de  quatre-vingts  ans  ;  il  doit  donc  être  né  un  peu  avant 
1630,  ce  qui  s'accorde  avec  ce  fait  qu'il  fut  élève  de  Ber- 
chem  (né  en  1620),  en  même  temps  que  Pieter  de  Hooch 
(né  en  1630).  D'autre  part,  il  ne  vivait  plus  en  1710, 
puisque  sa  femme  est  morte  veuve.  Il  fut,  de  1663  à 
1672,  membre'  de  la  gilde  à  Rotterdam,  et  en  167411 
vint  à  Amsterdam  pour  peindre  son  grand  tableau  :  les 
Régents  de  l'hospice  des  lépreux.  Cette  importante  pein- 
ture le  chasse  à  un  rang  élevé,  tout  près  de  Terburg,  dont 
il  a  certainement  connu  les  œuvres.  On  y  trouve  une  so- 
briété, une  tenue  de  valeurs  et  une  justesse  de  dessin  très 
remarquables,  en  même  temps  qu'un  sens  très  fin  de  la 
physionomie  des  personnages.  Ses  tableaux  de  chevalet 
rappellent  Metzu  et  Ter  Borch,  mais  sans  aucune  imita- 
tion servile,  et  sont  plus  appréciés  des  connaisseurs  que 
célèbres  dans  le  grand  public.  On  en  trouve  à  Amsterdam 
(coll.  Six), 'à  La  Haye,  à  Rotterdam,  à  Bruxelles  (galerie 
d'Arenberg),  à  Carlsruhe,  à  Dresde,  à  Copenhague,  à  Saint- 
Pétersbourg.  E.  D.-G. 

BiBL.  :  A.  Bredius,  Chefs-d'œuvre  du  musée  d'Amster- 
dnm. 

OCHTEZEELE.  Com.  du  dép.  du  Nord,  arr.  de  Haze- 
brouck,  cant.  de  Cassel  ;  476  hab. 
OCHUS  (V.  Artaxerxès  III). 
OCKAM  (Guillaume  d')  (V.  Occam). 
OCKAM  (Peter  King,  baron  d')  (V.  King). 
OCKEGHEM,  compositeur  de  musique  (V.  Okkghem). 


OCKEL  (Eduard),  peintre  allemand,  né  à  Schwante 
(Brandebourg)  le  4^^'  févr.  1834.  Elève  de  Couture  à  Paris 
(1838),  disciple  de  l'école  de  Fontainebleau,  il  peignit  ses 
premiers  paysages  en  Normandie  et  dans  la  forêt  de  Fon- 
tainebleau, s'efforçant  d'alher  le  sentiment  poétique  à 
l'exacte  reproduction  de  la  nature.  Plus  tard,  il  prit  ses 
sujets  dans  lo  Brandebourg.  Ses  principales  œuvres  oii 
souvent  il  figure  des  cerfs  ou  des  daims  sont  :  Vaches 
près  de  Touques  (1861)  ;  Cerfs  à  la  mare  aux  hée^ 
(1863);  Lever  de  soleil  a  Sassemvall  ((i^Q^i)',  Cerfs 
sur  la  Schorfheide  (1868)  ;  Daims  au  printemps  (1877); 
Soir  d'automne  au  lac  Carmen  (1883)  ;  les  Quatre 
Saisons  (1892). 

OCKER.  Rivière  (V.  Oker). 

OCKLEY  (Simon),  orientaliste  anglais,  né  à-Exeter  en 
1678,  mort  eà  Swavesey  le  9  août  1720.  Elève  distingué 
de  l'université  d'Oxford,  il  prit  les  ordres,  occupa  diverses 
cures  et,  finalement,  celle  de  Sw^avesey  où  il  mourut.  Tra- 
vailleur acharné,  il  étudia  passionnément  l'arabe  et  publia 
son  întroductio  ad  linguas  orientales  (Cambridge,  1706), 
qui  fut  accueillie  avec  faveur.  Il  donna  ensuite  la  traduc- 
tion de  V Histoire  des  Juifs,  du  rabbin  italien  Léon  Modena 
(Londres,  1707)  ;  Jlie  Improvement  of  human  Pieason 
exhibited  in  the  Life  of  Mai  ebn  Yokdhan  (Londres, 
1708),  traduit  de  l'arabe  Ibn-at-Tufail  ;  The  Conquest 
of  Syria,  Persia  and  Egijpt  of  the  Saracens  (Londres, 
1708-18,  2  vol.),  ouvrage  qui  eut  un  succès  considérable 
et  fut  traduit  en  diverses  langues,  notamment  en  français 
(Paris,  1748).  Ce  succès  valut  à  Ockley  la  chaire  d'arabe 
à  Cambridge(1711). llpubUa encore  :  Accoiintof  the  Auto- 
rity  of  the  Arabie  Mss.  in  the  Bodleian  Library,  etc. 
(1712);  la  traduction  du  second  livre  d'Esdras  (Î716); 
Account  of  South-West  Barbary  (1713),  la  traduction 
des  Sentences  d'Ali  (1717),  etc.  R.  S. 

BiBL.  :  Vie  d'Ockley,  par  Ralph  Ilcathcotc,  clans  Chal- 
.mer's,  General  Biogr.  Dictionary,  1761. 

OCKLOCKONEE.  Fleuve  côtier  des  Etats-Unis,  tribu- 
taire de  l'Atlantique,  qui  naît  en  Géorgie  et  finit  en  Flo- 
ride ;  223  kil. 

OCMULGEE.  Rivière  des  Etats-Unis,  Géorgie,  s'unit  à 
rOconee  pour  former  FAltamalia  ;  il  a  380  IdL  dont  173 
navigables,  depuis  Maçon. 

OCONA  ou  LAMP  A.  Fleuve  cùtier  du  Pérou,  dép.  d'Are- 
quipa,  qui  suit  le  73°  30'  long.  E.  ;  300  kil.  de  long. 
VaUée  fertile. 

O'CONNELL  (Daniel),  célèbre  homme  politique  irlan- 
dais, né  dans  le  comté  de  Kerry  le  6  août  1773,  mort  à 
Gènes  le  13  mai  1847.  D'une  vieille  famille  catholique, 
il  termina  son  instruction  au  collège  des  jésuites  de  Saint- 
Omer  et  à  celui  de  Douai.  Il  y  puisa  une  horreur  des  prin- 
cipes de  la  Révolution  française  qui  lui  inspira,  par  la 
suite,  la  plus  fausse  appréciation  sur  ceux  qu'il  appelait 
les  «  rebelles  de  1789  ».  Inscrit  au  barreau  de  Londres 
en  1794,  il  revint  en  Irlande  en  1796  et  ne  tarda  pas  à 
s'illustrer  dans  la  carrière  d'avocat.  La  politique  l'attirait 
irrésistiblement.  Il  s'essaya  dans  des  meetings  cathoUques 
oti  sa  parole  puissante,  chaude,  colorée,  produisit  une  pro- 
fonde impression.  Il  réclamait  avec  passion  l'émancipation 
des  catholiques  et  dès  1800  il  ne  cessa  de  protester  contre 
l'union  de  l'Irlande  à  l'Angleterre.  Il  eut  bientôt  conquis 
une  popularité  sans  précédent.  En  1813,  les  violences  de 
sa  polémique  relativement  aux  affaires  municipales  de  Du- 
blin l'entraînèrent  à  un  duel  avec  le  Heutenant  de  vais- 
seau d'Esterre  qu'il  tua.  Il  eut  aussi  une  querelle  grave 
avec  Robert  Peel,  alors  secrétaire  pour  l'Irlande,  qui  affec- 
tait de  le  considérer  comme  un  agitateur  de  bas  étage,  et 
il  faiUit  se  battre  avec  lui.  En  1§22,  il  fonda  la  grande 
association  catholique  qui  eut  des  ramifications  dans  toute 
l'Irlande  et  qui  devint  un  tel  instrument  de  propagande 
que  le  gouvernement  dut  la  supprimer  en  1823.  O'Connell 
n'eut  que  la  peine  de  la  rétablir  sous  un  autre  nom  et  sous 
une  autre  forme.  En  1828,  il  fut  élu  membre  de  la  Cheambre 
des  communes  par  le  comté  de  Clare.  Cette  élection,  qui 


53r)  — 


O'CONNELL 


avait  donné  lieu  de  la  part  du  lord  lieutenant  à  un  impo- 
sant déploiement  de  forces,  se  passa  fort  tranquillement  : 
elle  excita  dans  toute  l'Irlande  un  grand  enthousiasme. 
Elle  eut  pour  conséquence  immédiate  la  création  de  clubs 
libéraux  dans  toutes  les  localités  importantes.  O'Connell 
ne  pouvait  siéger  au  Parlement,  puisqu'il  était  catholique. 
Il  plaida  lui-môme  sa  cause  à  la  barre  des  Communes 
(15  mai  4829)  :  elle  ne  fut  rejetée  que  par  190  voix  contre 
416.  Mais  bientôt  l'émancipation  des  catholiques  était  un 
fait  accompli,  le  gouvernement  ayant  redouté  une  guerre 
civile,  et  O'Conneil,  réélu  le  30  juil.  4829,  entrait  à  la 
Chambre  où  il  devenait  en  peu  de  temps  un  des  orateurs 
parlementaires  les  plus  appréciés  et  les  mieux  écoutés  de 
l'époque.  Il  s'attacha  dès  le  début  à  réclamer  l'abrogation 
de  la  loi  d'union  entre  l'Angleterre  et  l'Irlande;  et  pour 
appuyer  cette  réclamation,  il  organisa  savamment  l'agita- 
tion dans  le  pays  et  fonda  en  4830  la  «  Société  des  amis 
d'Irlande  ».  Réélu  par  Waterford  le  24  juil.,  il  créa  une 
autre  société,  r  «  Anti-Union  Association  »,  la  précédente 
ayant  été  supprimée,  puis  une  autre  encore,  pour  le  même 
motif,  «  les  Volontaires  Irlandaispour  lerappelderUnion  », 
puis  des  «déjeuners  publics  »  oii,  comme  en  nos  banquets 
Réformistes  de  4848,  on  ne  faisait  que  parler  poUtique. 
Ces  banquets  ayant  été  interdits  à  leur  tour,  O'Conneil  s'obs- 
tina et  fut  arrêté  (49  janv.  4834).  Dublin  se  souleva,  à 
cette  nouvelle.  O'Conneil,  tout-puissant  sur  son  peuple,  sut 
calmer  d'un  mot  cette  effervescence  et  empêcher  les  plus 
graves  désordres  :  le  gouvernement  renonça  à  sa  poursuite. 
Député  de  Dublin,  à  partir  de  4832,  O'Conneil  inaugura  avec 
succès  un  système  politique  qui  accrut  son  influence.  Il  fit 
entrer  à  la  Chambre  ses  fils,  ses  neveux,  ses  partisans  les 
plus  dévoués  ;  c'est  ce  qu'on  appelait  plaisamment  la  «  queue 
d'O'Connell  ».  Il  tenait  en  ses  mains  la  plupart  des  collèges 
électoraux  d'Irlande  et,  dès  qu'une  vacance  se  produisait, 
il  faisait  élire  un  candidat  partisan  de  sa  politique.  Aussi, 
lorsqu'en  4835  les  élections  eurent  amené  au  Parlement 
un  nombre  presque  égal  de  tories  et  de  vvhigs,  O'Conneil 
fut-il  maître  de  hi  situation.  lien  profita  pour  obtenir  di- 
verses améliorations  :  cinq  députés  déplus  pour  l'Irlande, 
un  bill  en  faveur  des  pauvres,  etc.  Puis  il  ropiit  sur  une 
plus  grande  échelle  l'agitation  pour  le  «  rappel  de  l'Union». 
Un  4836,  il  fondait  F  «  Association  générale  d'Irlande  »  ; 
en  4838,  la  «  Precursor  Society  »,  enfin  en  4840  la  «  Re- 
peal  Association  ».  De  plus,  comme  il  avait  constaté  qu'en 
soutenant  le  cabinet  Melbourne  il  avait  excité  l'horreur 
des  whigs  contre  le  parti  tory  qu'ils  accusaient  de  sr.bor- 
dination  au  grand  agitateur  et  qu'il  avait  finalement  causé 
sa  ruine,  O'Conneil  songea  à  faire  de  l'intimidation  en 
grand,  en  inaugurant  les  meetings  monstres.  Ces  meetings 
se  tenaient  d'ordinaire  le  dimanche,  en  plein  air,  dans 
quelque  lieu  pittoresque  et  le  plus  souvent  célèbre  dans  les 
annales  irlandaises.  Les  partisans  d'O'Connell  accouraient 
de  tous  les  environs,  les  prêtres  marchant  à  la  tête  de  leurs 
paroisses.  On  célébrait  une  messe,  puis  O'Conneil  prenait 
la  parole,  formulant  en  termes  enflammés  les  griefs  des  Ir- 
landais contrôles  Saxons.  Il  est  impossible  de  décrire  l'effet 
produit  par  ces  discours  sur  ces  foules  immenses.  Lord 
Lytton  en  fut  si  frappé  qu'il  essaya  de  le  dépeindre  dans 
son  poème  de  Saint-Stephens.  «  C'est  ainsi  qu'un  jour 
le  géant  m'apparut  entouré  de  l'horizon  immense,  ayant 
au-dessus  de  sa  tête  la  voûte  du  firmament  sans  bornes... 
Comme  je  rêvais,  s'éleva  la  voix  sonore  ;  ainsi  vibre  la  cloche 
argentine  de  la  tour  d'une  égUse  ;  elle  planait,  limpide, 
sur  la  vague  aérienne,  ghssant  semblable  à  l'oiseau.  Elle 
arrivait  jusqu'aux  dernières  limites  de  ce  vaste  auditoire  ; 
elle  se  jouait  avec  les  passions  sauvages,  augmentant  le 
tumulte  ou  apaisant  le  murmure,  déchaînant  les  rires  ou 
excitant  les  sanglots.  »  Tous  ces  hommes  eussent  obéi 
aveuglément  à  un  ordre  d'O'Connell.  Le  gouvernement 
s'effraya  de  ces  sortes  de  revues  militaires  qui  réunissaient 
tant  de  gens  qu'un  seul  mot  eût  lancés  contre  lui.  Le  jour- 
nal la  Nation  venait  d'être  fondé  et  prêtait  à  la  cause 
de  l'agitateur  tout  l'éclat  de  sa  renommée  littéraire.  Il  était 


temps  d'agir.  Le  7  oct.  -1843,  une  proclamation  du  lord 
lieutenant  interdisait  un  meeting  qui  devait  avoir  lieu  le 
lendemain  à  Clontarf ,  le  but  de  cette  réunion  étant  «  d'ex- 
citer les  craintes  légitimes  du  gouvernement  et  d'obtenir 
un  changement  dans  les  lois  constitutionnelles  du  royaume 
par  l'intimidation  et  le  déploiement  de  la  force  brulale». 
O'Conneil  avait  toujours  été  ennemi  de  la  violence,  il  s'op- 
posait même  aux  grèves.  Il  dédaigna  res])èce  de  provoca- 
tion du  gouvernement,  car  toute  une  population  était  déjà 
en  marche  lorsque  parut  la  proclamation,  et,  affirmant  sa 
toute-puissance,  «  le  souverain  sans  couronne  »,  comme 
on  diseiit,  ordonna  de  respecter  les  ordres  du  lord  lieute- 
nant et  le  meeting  n'eut  pas  lieu.  Poussant  jusqu'au  bout 
sa  facile  victoire,  le  gouvernement  poursuivit  aussitôt  O'Con- 
neil et  ses  principaux  lieutenants,  les  accusant  «  d'avoir 
ourdi  une  conspiration,  d'avoir  excité  les  sujets  de  S.  M. 
au  mépris  et  à  la  haine  du  gouvernement  et  de  la  loi 
constitutionnelle».  Le  24  mars  4844,  O'Conneil  était  con- 
damné à  douze  mois  de  prison  et  à  oO.OOO  fr.  d'amende. 
Il  en  appela  à  la  Chambre  des  lords,  iTcommxandant  aux 
masses  populaires  le  calme  absolu  :  «  Tout  homme  qui  trouble 
en  quoi  que  ce  soit  la  paix  publique  est  mon  ennemi  et 
celui  de  l'Irlande.  »  Son  peuple  lui  obéit  encore.  Il  resta 
dans  la  prison  de  Richmond,  à  DubHn,  jusqu'à  l'arrêt  de 
la  Chambre  haute  qui  ne  fut  rendu  que  le  4  sept.  4844. 
O'Conneil  et  ses  compagnons  étaient  acquittés,  le  premier 
procès  ayant  été  jugé  souverainement  impoUtique.  O'Con- 
neil, remis  aussitôt  en  liberté,  fut  reconduit  en  triomphe 
à  sa  maison  :  il  y  eut  en  son  honneur  des  banquets,  des 
illuminations,  des  processions.  Plus  que  jamais  il  affirma 
que  l'heure  de  l'indépendance  allait  sonner,  mais  on  ne 
tarda  pas  à  s'apercevoir  qu'il  avait  perdu  non  pas  sa  po- 
pularité, mais  son  autorité,  sa  toute-puissance.  Un  pro- 
fond politique,  Cavour,  en  a  très  nettement  indiqué  les 
raisons.  Il  écrivait  en  4843  :  «Pour  moi,  le  rôle  d'O'Con- 
nell est  fini.  A  la  première  manifestation  un  peu  énergique 
de  ses  adversaires,  il  a  reculé  ;  depuis  ce  moment,  il  a  cessé 
d'èti'e  dangereux.  »  De  ce  moment  date  en  effet  une  scis- 
sion dans  le  parti  irlandais.  Toute  la  jeune  Irlande  aban- 
donna l'agitaleur.  Les  meetings  monstres  ne  fui'ont  plus 
un  objet  de  terreur  pour  l'Angleterre,  et  dès  qu'il  fut 
prouvé  qu'O'Connell  se  bornait  à  l'agitation  pure,  il  ne  fut 
pas  plus  redouté  qu'un  apôlre  quelconque  du  tee-ioialism . 
Ses  dernières  années  furent  tristes.  Malade,  épuisé,  pro- 
fondément blessé  de  voir  les  jeunes  déserter  en  masse  son 
drapeau,  il  parla  encore,  en  diverses  occasions,  à  la  Chambre 
des  communes,  d'une  voix  presque  éteinte,  mais  qu'on 
écoutait  avec  le  plus  profond  respect.  En  4847,  très  souf- 
frant, il  s'embarqua  poui'  un  voyage  à  Rome.  II  traversa 
la  France  à  petites  journées,  recevant  partout  des  marques 
de  la  plus  vive  estime,  et,  arrivé  à  Gênes,  il  y  mourut  d'une 
congestion  cérébrale.  Son  cœur  embaumé  fut  déposé  à 
réghse  Sainte-Agathe  de  Rome.  Son  corps  fut  ramené  en 
Irlande  oîi  des  honneurs  presque  royaux  lui  furent  rendus  le 
5  août  4847.  On  a  élevé  en  4869  sur  son  tombeau,  dans 
le  cimetière  de  Glasnevin,  une  tour  de  465  pieds  de  haut. 
O'Conneil,  véritable  géant,  a  exercé  sur  tous  ceux  qui 
l'ont  connu  une  impression  profonde.  Peu  d'hommes  ont 
été  aussi  aimés  et  aussi  détestés  que  lui.  Il  avait  l'habi- 
tude de  prodiguer  à  ses  adversaires  des  injures  et  des  in- 
vectives si  grossières  et  si  mordantes  qu'il  s'en  faisait  des 
ennemis  peissionnés.  On  rappelle  encore  son  apostrophe  à 
Wellington,  «  ce  caporal  rabougri  »,  et  il  osa  appeler  le 
limes  «  un  vil  chiffon  de  papier  ».  Il  n'est  pas  étonnant, 
après  cela,  que  le  Times,  durant  des  années,  lui  ait  con- 
sacré un  venimeux  article  de  tête,  qu'on  l'ait  surnommé 
«  le  Gros  Mendiant»  et  qu'on  l'ait  accusé  de  vénalité,  lui 
qui  mourut  pauvre,  laissant  des  enfants  dans  le  besoin.  A 
la  Chambre,  il  ne  fut  pas  moins  écouté  et  admiré  que  dans 
les  réunions  publiques.  Son  éloquence  s'était  pliée  tout  de 
suite  au  milieu  parlementaire,  et  il  peut  être  considéré 
comme  l'un  des  plus  grands  orateurs  politiques  de  l'An- 
gleterre. Ses  discours  ont  été  publiés  par  son  fils  John 


O'CONNELL  —  O'CONNOR 


rsij 


(Dublin,  4846,^2  vol.)  et  par  M.  F.  Ciisack  (Dublin,  ;1875, 
i2  vol.),  et  il  a  laissé  un  ouvrage  d'une  valeur  littéraire  in- 
contestable :  Historical  memoir  of  Ireland  and  ihe 
Irishy  native  and  Saxon  (Dublin,  1843).  Fitzpatrick  a 
publié  :  The  political  and  private  Corre^pondence  of 
D.  OXonnell  (Londres,  1888,  2  vol.). 

Son  fils  aîné,  Maurice  (mort  à  Londres  le  18  juin  1853), 
fut  député  de  Clare  (1831),  puis  de  Tralee  (1833)  aux 
Communes.  Le  troisième,  John,  né  le  24  déc.  1810,  mort 
à  Kingstown  le  24  mai  1858,  député  depuis  1833,  suc- 
céda à  son  père  dans  la  direction  de  la  «  Repeal  Asso- 
ciation »,  qu'il  laissa  dissoudre  en  1848.  Il  accepta  en 
1857  une  sinécure  du  gouvernement.  Il  a  écrit  la  biogra- 
phie de  son  père  et  Recolle  étions  and  Expériences  du- 
ring  a  parlementary  carier  from  iSSS  to  1848 
(Londres.  1848,  2  vol.).  René  Samuel. 

BiBL.  :  RoB  HuisH,  Memoirs  private  and  political  of 
D.  O'Connell;  Londres,  1836,  in-8.  —J.  Graeske,  O'Connell, 
his  contemporaries  andcareer;  Dublin,  1842,  in-8.  —  Louis 
de  LoMÉNiE,  M.  O'Connell,  par  un  homme  de  rien;  Paris, 
1842,  in- 12.  —  E.-A.  Moriarty,  Le5en  imd  Wirken  O'Con- 
îie/rs;  Berlin,  1843,  in-8.  —  Perceval,  Tribute  to  O'Con- 
nell; Dublin,  1844,  m-8.  —  Ludwig  Schipper,  O'Connell's 
Leben  undWirken,  1844,  in-8.  — John  O'Comnell,  Li/'e  and 
speeches  of  D.  O'Connell;  Dublin,  1846-47,  3  vol.  in-8.  — 
G.  Ventura,  Orazione  funèbre  nelleesequie  di  D.  O'Con- 
nell; Rome,  1847,  in-8.  —  Réminiscences  of  D.  O'Connell, 
by  a  Munster  farmer  ;  Londres,  1847  in-8.  —  Pascal  Du- 
PRAT,  D.  O'Connell;  Paris,  1847,  in-8.  —  G.  Dairnwœll, 
la  Libération  d'O'Connell;  Paris,  1847,  in-8.  —  J.  Gondox, 
Biographie  de  D.  O'Connell;  Paris,  1847,  in-18.  —  William 
Fagan,  Life  and  times  of  D.  O'Connell;  Londres,  1850, 
2  vol.  in-12.— J.  deFRANCHEviLLE,D.  0'Con7ieU; Paris.  1848, 
in-8.  —  Lacordaire,  Eloge  funèbre  sur  la  tombe  de 
D.  O'Connell;  Paris,  1848,  in-8.  —  Dauxt,  Personal  recol- 
lections of  the  laie  O'Connell;  Londres,  1848,2  vol.  in-8. — 
W.  Maccabe,  The  last  days  of  O'Connell;  Londres,  1848, 
in-8.  —  J.  LuTz,  Uber  O'Connell  and  Pius  IX;  Tubingue, 
1848,  in-8.  —  Elias  Regnault,  Procès  de  D.  O'Connell; 
Paris,  1844,  in-8.  —  Sly,  O'Connell  undsein  Process  ;  Cre- 
feld,  1844,  in-12.  —  Rixtel,  O'Connell's  Process;  Munster, 
1845,  in-8.  —  John  O'Connell,  Recollections  and  Expé- 
riences during  a  Parliamentary  Career;  Londres,  1848, 
2  vol.  —  J.  O'Rourke  et  O'Keeffe,  Life  of  D.  O'Connell; 
Londres,  1875.  —  Hamilton,  Life  of  O'Connell;  Londres, 

1888.  —  Marc  Carthy,  Histoire  contemporaine  d'Angle- 
terre; Paris,  ^  1885,  t.  I,  in-8.  —  Lefèvre,  Peel  and  O'Con- 
nell; Londres,  1887.  —  Nemours-Godré,  O'Connell,  sa  vie, 
son  œuvre  ;Pâris^  1890,  in-12.  —  Pauli,  Wie  O'Connell, 
zur  Falle  kam^  dans Preussische  Jahrbucher,  1873,  t.  XXXI. 
—  Gladstone,  Daniel  O'Connell,  dans  Nineteenth  Century, 

1889.  —  Ch.  Wœste,  O'Connell  et  Parnell,  dans  Revue 
générale,  1893. 

O'CONNOR  (Turlough),  roi  de  Connaught,  i\é  dans  le 
Connaught  en  1088,  mort  en  11 56. 11  remplaça  sur  le  trône, 
en  1106,  son  frère  Domhnall,  qui  avait  été  déposé  par 
Murtougti  O'Brien  (V.  ce  nom).  Son  règne  se  passa  en 
guerres  perpétuelles  avec  ses  voisins.  En  1111,  ilenvaliit 
rUlster,  ravagea  le  Tliomond  en  1114,  s'avançant  jus- 
qu'à Limerick,  fit  des  incursions  dans  le  Munster  de  1116 
à  1119,  puis  de  nouveau  en  1121  et,  finalement,  enl  127, 
il  partagea  ce  pays  en  trois  parties,  confiées  chacune  à 
un  chef  difTérent,  politique  qu'il  avait  appliquée  dans 
le  Meath  en  1123.  Nous  ne  suivrons  pas  O'Connor  dans 
ses  innombrables  expéditions  qu'il  mena  presque  toujours 
à  bien.  Les  anciennes  chroniques  le  décrivent  comme  un 
homme  charitable,  bienveillant,  hospitalier  et  chevale- 
resque. R.  S. 

O'CONNOR  (Roderic),  roi  d'Irlande,  né  en  1116,  mort 
en  ld98.  Fils  du  précédent,  il  lui  succéda  comme  roi  de 
Connaught  en  1156.  Conquérant,  comme  son  père,  il  fit 
d'innombrables  expéditions,  soit  contre  ses  voisins,  soit 
contre  les  familles  de  son  pays  assez  puissantes  pour  lui 
disputer  la  suprématie.  Il  conquit  par  les  armes  la  cou- 
ronne d'Irlande  (1166)  et  réunit  l'année  suivante  une 
grande  assemblée  de  clercs  et  de  laies  qui  délibéra  di- 
verses lois.  En  1171,  il  assiégea  Dublin,  mais,  surpris 
par  les  Normands,  il  fut  complètement  battu.  Il  se  vengea 
de  cet  échec  en  battant  Strongbovv  à  Thurles  en  1174  et 
en  ravageant  le  Munster  en  1175.  Il  finit  par  conclure 
avec  Henry  II  le  traité  de  Windsor  (1175).  En  il 86,  un 
de  ses  fils  fit  alliance  avec  les  Anglais,  le  déposa  et  le 


chassa  du  Connaught.  Après  diverses  tentatives  pour  res- 
saisir sa  couronne,  il  se  retira  à  l'abbaye  de  Cong,  oti  il 
mourut.  R.  S. 

O'CONNOR  (Feargus-Edward),  homme  politique  irlan- 
dais, né  le  18  juil.  1794,  mort  à  Londres  le  30  août  1855. 
Inscrit  au  barreau  irlandais,  après  avoir  fait  de  fort  médio- 
cres études  àTrinity  Collège  de  Dublin,  il  écrivait  en  1822 
un  pamphlet  insignifiant  :  A  state  of  Ireland,  et  se  si- 
gnalait davantage  par  de  folles  dissipations.  Très  exalté, 
il  se  lançait  en  1831  dans  la  politique  à  propos  de  l'agi- 
tation réformiste.  En  1832,  il  était  élu  membre  de  la 
Chambre  des  communes  par  le  comté  de  Cork.  Il  vota 
avec  les  radicaux  et  prit  souvent  la  parole  sur  des  ques- 
tions irlandaises.  Il  témoignait  à  O'Connell  une  véritable 
hostiHté.  Lors  des  élections  de  1835,  il  stupéfia  le  peuple 
en  se  promenant  clans  un  char  avec  un  étendard  repré- 
sentant Roderic  O'Connor,  roi  d'Irlande  (V.  ci-dessus), 
dont  il  prétendait  descendre.  Le  18nov.  1837,  il  fondait 
V Etoile  dît  Nord,  qui  devint  rapidement  le  plus  populaire 
et  le  plus  influent  des  organes  chartistes.  En  même  temps, 
il  tenait  force  meetings,  remuant  les  masses  par  des  dis- 
cours enflammés,  gagnant  leur  cœur  par  son  aspect  im- 
posant, sa  haute  taille,  sa  force  herculéenne  ;  il  fut  re- 
connu pour  le  chef  incontestable  du  Chartisme  (V.  ce  mot). 
Le  11  mai  1840,  il  était  condamné  pour  «  libelles  sédi- 
tieux »,  publiés  dans  V Etoile  du  Nord,  à  18  mois  de  pri- 
son, peine  qu'il  subit  au  château  d'York.  A  peine  remis 
en  liberté,  il  fut  impliqué  dans  un  second  procès,  d'oii  il 
réussit  à  se  tirer  (1842).  Le  24  oct.  1846,  il  fondait, 
avec  Ernest  Jones,  la  «  Chartist  Coopérative  Land  Com- 
pany »,  qui  s'appela  par  la  suite  «  National  Land  Com- 
pany »,  sorte  de  familistère  rural,  dont  les  peintures  sé- 
duisantes émerveillèrent  les  âmes  simples.  Un  organe  spé- 
cial, The  Labourer  (1847),  fut  créé  pour  répandre  les 
idées  de  coopération  agricole.  Réélu  à  la  Chambre  des 
communes  par  Nottingham,  en  1847,  Feargus  O'Connor 
joua  bientôt  un  rôle  prépondérant.  La  Révolution  de  Paris 
donna  Heu  de  penser  au  grand  chef  du  chartisme  que  le 
gouvernement  pouvait  tomber  entre  ses  mains  comme  il 
était  tombé  entre  les  mains  des  républicains  français.  On 
résolut  de  tenir,  le  10  avr.  1848,  un  immense  meeting  à 
Kensington-Common,  sous  la  présidence  de  Feargus  O'Con- 
nor. On  espérait  une  collision  avec  la  police  et  la  force 
armée,  et,  le  mouvement  une  fois  engagé,  y  impliquer 
le  peuple  entier.  Environ  25.000  hommes  se  rassemblèrent 
et  jetèrent  la  terreur  dans  Londres.  Cependant,  la  proces- 
sion à  la  Chambre  des  communes,  but  du  meeting,  fut 
interdite,  et  le  duc  de  Wellington  avait  pris  toutes  les 
précautions  nécessaires  pour  le  maintien  de  l'ordre.  O'Con- 
nor comprit  bien  que  le  mouvement  avorterait,  et  il  com- 
battit de  toute  son  influence  le  projet  que  nombre  de  ses 
partisans  avaient  formé  de  recourir  au  besoin  à  la  force 
et  de  s'armer.  Il  s'ensuivit  une  scission  parmi  les  char- 
tistes, les  uns  tenant  pour  une  démonstration  pacifique, 
les  autres  voulant  recourir  à  la  force.  La  procession  ne 
se  forma  pas  et  la  démonstration  aboutit  à  un  pitoyable 
échec.  La  fameuse  pétition  chartiste  qui  suivit  éprouva 
une  pareille  aventure.  O'Connor  avait  présenté  à  la  Chambre 
des  communes  une  prodigieuse  liste  renfermant,  disait-il, 
5.706.000  signatures.  La  commission  des  pétitions  exa- 
mina de  près  ce  document  et  ne  trouva  que  1.975.496  si- 
gnatures et  encore  la  plupart  d'entre  elles  étaient  l'œuvre 
de  mauvais  plaisants  qui  avaient  inscrit  d'otfice  :  Robert 
Peel,  Wellington,  John  Russell,  le  prince  Albert,  voire  la 
reine,  sans  compter  «  Cheecks  le  marin  »,  un  héros  de  roman, 
et  quantité  de  personnages  imaginaires.  La  pétition  avait 
produit  une  véritable  impression  sur  la  Chambre  ;  aussi 
les  déclarations  de  la  commission  excitèrent-elles  un  fou  rire 
qui  s'étendit  à  toute  l'Angleterre.  Dès  lors,  on  ne  prit  plus 
O'Connor  au  sérieux.  Entre  temps,  la  «  National  Land  Com- 
pany »  avait  fait  faillite.  Toutes  ces  désillusions  avaient 
profondément  affecté  O'Connor.  Il  commença  à  se  livrer 
à  des  plaisanteries  déplacées  au  cours  des  séances  de  la 


"287 


O'CONNOR  —  OCTAVIA 


Chambre  ;  puis  il  insulta  gravement  un  de  ses  collègues. 
Arrêté  par  le  sergent  d'armes,  il  fut  soumis  à  un  examen 
médical,  qui  conclut  à  la  folie.  D'abord  enfermé  dans  une 
maison  de  santé,  il  fut  confié  à  sa  sœur,  chez  laquelle  il 
mourut.  R.  Samuel. 

BiiîL.  :  Gammage,  History  of  Chartism  ;  Londres,  1854. 
—  Frost,  Fortij  years  Recollections  ;  Londres,  1880.  — 
J.  Mac-Carthy,  Histoire  contemporaine  d'Angleterre; 
Paris,  1885,  in-8,  t.  I  et  II. , 

OCONTO.  Ville  des  Etats-Unis,  \yisconsin,  sur  la 
Green-bay  (lac  Michigan)  à  l'embouchure  de  la  rivière 
Oconto  ;  5.219  hab.  (en  1890).  Scieries,  moulins. 

OCOPA.  Couvent  du  Pérou,  dép.  de  Junin,  fondé  dans 
la  vallée  de  Jauja  par  les  carmes  déchaussés,  qui  explo- 
rèrent les  contrées  voisines  (bassins  de  l'Ucayali,  du 
Huallaga,  etc.)  aux  xvii®  et  xviii^  siècles  et  en  dressèrent 
de  bonnes  cartes. 

OCOS  (Barre  de).  Estuaire  de  la  côte  américaine  de 
l'océan  Pacifique,  à  la  Umite  du  Mexique  et  du  Guatemala. 
Ce  dernier  Etat  y  a  ouvert  un  port  franc  en  1885. 

OCOTAL.  Ville  du  Nicaragua  (V.  Segovia). 

OCOTEA  (Ocoteak\\\A.).  Genre  de  Lauracées-Ocotées, 
composé  d'arbres  et  d'arbustes  de  l'Amérique,  de  l'Afrique 
et  de  l'Asie,  au  nombre  d'une  centaine,  à  feuilles  alternes, 
à  cymes  disposées  en  grappes  terminales  et  axill aires.  Les 
fleurs  sont  dioiques,  rarement  hermaphrodites,  à  verti- 
cilles  trimères,  avec  9  étamines  fertiles,  les  3  intérieures 
pourvues  de  2  glandes  ;  l'ovaire  est  libre  ;  la  graine  a  un 
embryon  épais  et  charnu,  souvent  chargé  de  matière 
grasse.  Les  0.  bullata  E.  Mey(5fe^-?(;ooc?  des  Anglais) 
et  0.  fœtens  Ait.  fournissent  un  bois  d'une  fétidité  ex- 
trême. Les  feuilles  de  l'O.  giiianensis  Aubl.  s'emploient 
topiquement,  à  la  Guyane,  dans  le  traitement  des  abcès, 
des  bubons,  etc.  L'huile  essentielle  jaune,  qu'on  extrait 
par  distillation  des  fruits  de  l'O.  opifera  Nées  ou  Ca- 
nella  de  Cheiro  du  Rio  Negro,  sert  en  frictions  contre 
les  douleurs  rhumatismales.  —  Les  Ocotea  ont  fait  leur 
apparition  dans  le  miocène  supérieur  par  VOreodaphne 
(Ocotea)  Heeri  Gaud.  ;  il  a  été  trouvé  à  Sinigaglia  et 
d'autres  espèces  ont  été  rencontrées  dans  les  tufs  cal- 
caires pliocènes  de  Meximieux.  D'^"  L.  Hn. 

OCQUERRE.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Marne,  arr. 
de  Meaux,  cant.  de  Lizy-sur-Ourcq  ;  311  hab. 

OCQUEVILLE.  Com.  du  dép.  de  la  Seine-Inférieure, 
arr.  d'Yvetot,  cant.  de  Cany  ;  580  hab. 

OCRE  (Chim.  ind.)    (V.^Brun,  t.  VIII,  pp.  232-33). 

OCRE  (Th.  Bonanni,  baron  d')  (V.  Bonanni). 

OCRE  AT  US,  mathématicien  du  xii^  siècle,  auteur  d'un 
petit  opuscule  extrait  de  l'arabe,  sous  le  titre  :  Prologus 
N.  Ocreati  inllelceph  ad  Adelhardum  Batensem  ma- 
gistrum  siium.  Il  a  été  publié  dans  le  Zeitschrift  fur 
Math,  iind  Phys.,  en  1880,  par  M.  Ch.  Henry.  Le  nom 
de  l'auteur,  longtemps  pris  pour  irlandais  (O'Creat),  est 
plutôt  une  traduction  latine  d'un  nom  anglais  ou  français 
signifiant  botté  (par  exemple  de  la  forme  normande  i/^z/:5é/). 
Le  mot  Helceph  peut  représenter  VAl-Kdfi  fil  hisdb, 
c.-à-d.  l'arithmétique  d'Alkarchi  (qui  vécut  à  Bagdad  vers 
l'an  1000).  L'opuscule  d'Ocreatus,  qui  semble  incomplet 
et  dont  le  texte  est  défectueux,  traite  de  îa  multiplication 
et  de  la  division  ;  il  est  particulièrement  intéressant  à 
cause  de^sa  date.  T. 

OCTAÈDRE  (Géom.)  On  appelle  octaèdre  un  polyèdre 
à  huit  faces.  Les  faces  sont  des  triangles,  les  sommets 
sont  au  nombre  de  six,  et  à  chaque  sommet  aboutissent 
quatre  arêtes.  L'octaèdre  régulier  peut  se  construire  en  acco- 
lant par  leurs  bases  deux  pyramides  régulières  à  bases 
carrées,  la  hauteur  de  chacune  d'elles  étant  égale  à  la 
demi- diagonale  de  la  base.  Les  faces  sont  alors  des 
triangles  équilatéraux.  Parmi  les  récentes  études  les  plus 
remarquables  sur  les  polyèdres,  nous  devons  signaler  celle 
dont  il  est  question  dans  ce  qui  va  suivre,  et  qui  se  rap- 
porte à  des  octaèdres  non  convexes. 

Octaèdre  articulé.  —  On  sait,  d'après  Cauchy,  qu\m 
polyèdre,  dont  toutes  les  faces  sont  rigides,  n'est,  en 


aucun  cas,  susceptible  de  déformation.  Mais  la  démonstra- 
tion de  l'illustre  géomètre  suppose  essentiellement  que  les 
polyèdres  auxquels  elle  s'applique  sont  convexes.  Il  y 
avait  donc  lieu  de  se  demander  si,  dans  certains  cas,  un 
polyèdre  concave  ne  peut  être  déformable.  S'il  existe  de 
tels  polyèdres,  tous  leurs  angles  solides  présentent  au 
moins  quatre  faces,  car  un  angle  trièdre  est  nécessaire- 
ment rigide.  Les  plus  simples  possible  des  polyèdres  satis- 
faisant à  cette  condition  sont  les  octaèdres  à  faces  trian- 
gulaires. Pour  résoudre  la  question  indiquée  ci-dessus,  il 
était  donc  naturel  de  rechercher  les  conditions  de  défor- 
mabilité  d'un  octaèdre  à  faces  triangulaires  ;  c'est  ce  qu'a 
fait  M.  Bricard  dans  un  Mémoire  sur  l'octaèdre  arti- 
culé, paru  dans  le  Journal  des  mathématiques  pures 
et  appliquées  (année  1898).  L'auteur  de  ce  mémoire  à 
reconnu  qu'il  existe  bien  des  octaèdres  déformables  (tous 
concaves,  bien  entendu),  qui  se  ramènent  à  trois  types 
distincts  :  1^  des  octaèdres  ayant  leurs  arêtes  opposées 
égales  deux  à  deux,  et  possédant  un  axe  de  symétrie  ; 
2*  des  octaèdres  ayant  leurs  arêtes  égales  deux  à  deux, 
et  possédant  un  plan  de  symétrie  ;  3*^  des  octaèdres 
dont  tous  les  angles  solides  ont  leurs  faces  opposées  deux 
à  deux  égales  ou  supplémentaires,  et  qui  peuvent  être 
aplatis  de  deux  manières  différentes.  Pour  plus  de  détails, 
nous  renverrons  au  mémoire  signalé  plus  haut.  Nous 
ajouterons  seulement  que  les  octaèdres  du  premier  et  du 
second  type  sont  chacun  le  premier  terme  d'une  série 
comprenant  un  nombre  infini  de  polyèdres  déformables. 
On  rencontre  en  particulier,  dans  la  première  série,  un 
icosaèdre  déformable.  C.-A.  Laisant. 

OCTANT.  Instrument  à  réflexion  assez  analogue  au 
sextant  (V.  ce  mot).  Il  sert,  comme  lui,  à  la  mesure  des 
angles  et  n'en  diffère  essentiellement  qu'en  ce  que  son  arc 
divisé  n'embrasse  qu'un  huitième  de  circonférence,  d'où 
l'impossibilité  de  mesurer  des  angles  de  plus  de  90^.  En 
outre,  il  n'a  pas  de  lunette,  mais  un  simple  tube  portant 
à  l'un  de  ses  bouts,  en  guise  d'oculaire,  une  plaque  de 
cuivre  percée  de  deux  trous  ;  on  vise  par  le  plus  rappro- 
ché ou  par  le  plus  éloigné  du  plan  de  l'instrument,  suivant 
que  l'image  réfléchie  est  peu  éclairée  ou  très  brillante. 
L'octant  a  en  général  un  rayon  de  25  centim.;  son  approxi- 
mation est  alors  d'une  demi-minute.  Il  est  peu  employé. 

OCTASTYLE  ou  OCTOSTYLE  (Archit.).  Nom  donné 
dans  l'antiquité  à  l'ordonnance  des  façades  des  édifices 
quand  ces  façades  se  composaient  de  huit  colonnes  :  le  plus 
i)el  exemple  que  l'on  puisse  citer  d'une  ordonnance  octa- 
style  est  la  façade  du  Parthénon  (V.  ce  mot)  ou  temple  de 
Minerve,  à  Athènes.  Ch.  L. 

OCTAVE.  I.  Musique  (V.  Musique  et  Intervalle). 

IL  Liturgie.  —  Ce  mot  désigne  les  huit  jours  pen- 
dant lesquels  la  célébration  de  certaines  fêtes  est  pro- 
longée, par  la  répétition  d'une  partie  de  l'office  de  la  fête: 
hymnes,  antiennes,  versets,  avec  une  ou  plusieurs  leçons 
relatives  au  sujet  ;  mais  il  s'applique  plus  spécialement 
au  huitième  jour,  octava  dies.  Les  octaves  sont  classées 
en  plusieurs  ordres.  Le  premier  comprend  celles  de  Noèl, 
Pâques,  Pentecôte  et  Dédicace.  Les  doubles  majeures  n'ont 
que  des  octaves  du  second  ordre.  Celles  du  troisième  ordre 
se  rattachent  à  quelques  fêtes  de  la  sainte  Vierge  et  de 
saints.  —  On  appelle  Octavaire  le  livre  qui  contient  ou 
indique  ce  qu'on  récite  pendant  les  octaves. 

m.  Escrime  (V.  Escrime,  t.  XVI,  p.  290). 

OCTAVE  (Caius  Octavius)  (V.  Auguste). 

OCTAVIA  [Gens).  Famille  romaine  dont  le  plus  célèbre 
membre  fut  l'empereur  Auguste.  Elle  était  plébéienne, 
originaire  de  la  ville  volsque  de  Vélitres  et  n'est  histori- 
quement connue  qu'à  partir  de  Cneius  Octavius  Rufus, 
questeur  en  l'an  230  av.  J.-C.  Plus  tard,  on  lui  fabriqua 
une  légende  qui  la  faisait  naturaliser  romaine  par  Tarquin 
l'Ancien  et  classer  patricienne  par  Servius  Tullius. 

Le  questeur  Cneius  eut  deux  fils,  Cneius  et  Caius,  de  qui 
descendirent  deux  Mgnées.  Cneius,  préteur  en  205,  fit 
campagne  en  Sardaigne,  ravitailla  l'armée  d'Afrique  (203), 


OCTAVIA  —  OCTOBRE 


238 


combattit  à  Zama,  fut  chargé  de  missions  en  Afrique  (200), 
en  Grèce  (492).  —  Son  fils,  Cneius,  fut  préteur  en  468, 
commanda  la  flotte  qui  captura  Persée  à  Samothrace, 
obtint  un  triomphe  naval  et  rapporta  de  grandes  richesses 
à  Rome.  Il  y  fit  ériger,  près  du  cirque  Flaminien,  un  beau 
portique  (avec  double  rangée  de  colonnes  corinthiennes), 
se  construisit  une  maison  sur  le  Palatin,  fut  élu  consul 
pour  465.  Au  cours  d'une  ambassade  en  Syrie,  il  fut  as- 
sassiné à  Laodicée.  —  Son  fds,  Cneiiis,  fut  consul  en 
428.  On  ignore  le  degré  de  sa  parenté  avec  son  contem- 
porain le  tribun  de  la  plèbe,  Marcus  Octavius,  que  Tibe- 
rius  Gracchus  fit  déposer  en  433  pour  se  débarrasser  du 
veto  opposé  par  lui  à  la  loi  agraire.  —  Cneius,  fils  de 
Cneius,  fut  consul  en  87  ;  il  était  du  parti  oligarchique, 
se  brouilla  avec  son  collègue  Cinna,  du  parti  marianiste, 
le  chassa  de  Rome  et  le  ht  déposer  par  le  Sénat  ;  mais 
quand  Marins  et  Cinna  reprirent  Rome,  il  fut  tué  sur  sa 
chaise  curule,  et  sa  tète  accrochée  aux  rostres.  11  eut  pour 
ûhLiicius,  consul  en  75,  proconsul  en  Cilicie  où  il  mou- 
rut (74).  Le  consul  de  87  eut  pour  frère  Marcus,  tuteur 
de  la  plèbe,  père  de  Cneius,  consul  en  76  ;  le  fds  de  celui-ci, 
Marcus,  édile  curule  en  50,  ami  de  Cicéron,  prit  parti 
pour  Pompée,  commanda  une  forte  flotte  dans  l'Adria- 
tique, guerroya  en  Blyrie  après  Pharsale,  passa  en  Afrique 
où  il  disputa  après  Thapsus  le  commandement  à  Caton. 
On  le  retrouve  à  la  bataille  d'Actium  commandant  le 
centre  de  la  flotte  d'Antoine. 

La  seconde  lignée  de  la  gens  Octavia,  descondant  de 
Caius,  demeura  dans  l'ordre  équestre  ;  après  le  premier 
Caius,  viennent  son  hls,  le  second  Caius,  tribun  mihtairc 
échappé  du  carnage  de  Cannes  ;  le  troisième  Caius,  hls  du 
précédent,  vécut  dans  sa  ville  de  Yelitres  où  il  s'enrichit 
par  la  banque  et  l'usure.  Son  fils,  le  quatrième  Caius, 
père  d'Auguste,  fut  tribun  militaire,  questeur,  éddedela 
plèbe,  juge,  préteur  (64).  Sa  richesse  lui  facilita  l'accès 
des  honneurs,  non  moins  que  son  mariage  avec  Atia,  fille 
de  Julia,  sœur  de  Jules  César.  Il  avait  d'ailleurs  une 
excellente  réputation.  Il  reçut  le  gouvernement  de  Macé- 
doine, avec  titre  proconsulaire,  détruisit  en  route  une 
bande  d'anciens  esclaves,  près  de  Thurium,  défit  les 
Thraces,  fut  proclamé  imperator  par  ses  troupes  et  mou- 
rut à  Noie  en  58,  au  moment  où  il  allait  briguer  le  con- 
sulat. De  sa  première  femme,  Ancharia,  il  eut  une  fdle  ; 
de  la  seconde,  Atia,  une  M.Q  et  un  fils.  De  la  fille  aînée, 
on  ne  sait  rien.  Le  fds  passa  par  adoption  dans  la  gens 
Julia  (V.  ce  mot)  et,  héritant  de  son  oncle  Jules  César,> 
devint  empereur  (V.  Auguste). 

La  seconde  fille  Octavia,  morte  en  Fan  44  av.  J.-C, 
épousa  avant  54  Caius  Marcellus  (consul  en  50)  ;  son 
oncle  Jules  César  songea  à  la  faire  divorcer  pour  la  marier 
à  Pompée,  lequel  refusa.  Llle  perdit  son  mari  en  44  av. 
J.-C,  et  son  frère  Octave  (Octavien),  qui  venait  de  se  ré- 
concilier avec  Antoine,  le  lui  fit  épouser,  bien  qu'elle  fût 
enceinte  des  œuvres  de  Marcellus.  C'était  une  femme 
accomplie,  dont  on  louait  universellement  la  beauté  et  la 
vertu.  Antoine  lui  échappa  pour  retomber  sous  l'influence 
de  Cléopâtre,  et,  sous  prétexte  d'aller  combattre  les  Parthes, 
il  la  renvoya  à  son  frère  (36).  Llle  tenta  de  le  rejoindre, 
lui  amenant  des  renforts  pour  la  guerre  d'Arménie  ;  il  lui 
envova  à  Athènes  l'ordre  de  s'en  retourner.  Llle  resta 
dans  la  maison  de  son  mari,  élevant  le  fils  qu'il  avait  eu 
de  Fulvie  (sa  première  femme)  avec  ses  propres  enfants. 
Lorsque  la  guerre  éclata  entre  Octave  et  Antoine,  celui-ri 
divorça  (32).  Plus  tard,  elle  recueillit  les  enfants  d'An- 
toine et  de  Cléopàtj'c.  Ses  fiuiérailles  furent  célébrées  aux 
frais  de  l'Ltat  ;  Angiiste  prononça  son  oraison  funèbre. 
Llle  eut  cinq  enfants  :  4"  Marcus  Marcellus,  successeur 
désigné  d'Auguste,  mort  (ni  Fan  23  av.  J.-C.  ;  —  2°  Mar- 
cella  l'aînée,  mariée  à  xVgrippa,  pais  à  Juins  Antonius, 
fils  du  triumvir  condamné  à  mort  pour  adultère  avec  Julie, 
fille  d'Auguste  (2  av.  J.-C),  et  en  troisième  lieu  à  Sextus 
Appuleius,  consul  en  4  4  ap.  J.-C.  ;  —  3«  une  autre  Mar- 
cella  ;  —  4°  Antonia  l'aînée,  mariée  àL.  Domitius  Aheno- 


barbus  dont  elle  eut  trois  enfants,  Cneius  Domitius,  mari 
d'Agrippine  et  père  de  Néron;  Domitia,  épouse  de  Crispus 
Passienus,  et  Domitia  Lepida,  épouse  de  M.  ValeriusMes- 
salla  et  mère  de  Messaline  ;  —  5^  Antonia  la  jeune,  mariée 
à  Drusus,  frère  de  Tibère,  dont  elle  eut  trois  enfants  : 
Germanicus,  marié  à  Agrippine  (fille  de  Julie,  fille  d'Au- 
guste), père  de  CaHgula,  de  la  seconde  Agrippine,  etc.  ; 
Livie,  femme  de  Caius  César,  puis  de  Drusus,  fils  de  Ti- 
bère ;  l'empereur  Claude.  Celui-ci  eut  de  sa  troisième 
femme  Mcssahne,  outre  le  jeune  Britannicus,  une  fille,  la 
seconde  Octavie  (V.  ci-après).  On  trouvera  sur  toute  cette 
progéniture  de  la  première  Octavie  des  détadsdans  Farticle 
consacré  à  la  gens  JuKa,  puisque  c'est  par  ses  descendants 
que  se  continua  la  famille  impériale. 

La  seconde  Octavie,  née  en  42,  morte  en  62  ap.  J.-C, 
fut  en  48  fiancée  à  Silanus  ;  mais  .\grippine  força  celui- 
ci  à  se  suicider  et  maria  Octavie  à  son  fils,  le  futur  Néron 
(49).  Celui-ci  ne  l'aima  jamais,  divorça  en  62  sous  pré- 
texte qu'elle  était  stérile,  en  réalité  pour  épouser  Poppée. 
Exdée  en  Campanie,  les  murmures  du  peuple  la  firent 
rappeler  ;  on  lui  intenta  un  procès  d'adultère  et,  après  un 
simulacre  de  jugement,  elle  fut  exilée  dans  Fîle  de  Pan- 
dataria  et  bientôt  mise  à  mort  (Cf.  Tacite,  Ànn.,  Xf,  32; 
XII,  2  à  9  et  58  ;  XIII,  42  ;  XIV,  60-54).  Llle  est  Fhé- 
roine  d'une  tragédie  attribuée  à  Sénèque  et  probablement 
écrite  par  Curiatius  Maternus. 

Le  portique  d' Octavie  (différent  de  celai  d' Octavius 
parfois  appelé  Corinthien),  important  monument  de  Rome, 
fut  édifié  par  Auguste  entre  le  cirque  Flaminius  et  le 
théâtre  Marcellus,  à  la  place  d'un  ancien  portique  de  Me- 
tellus  Macédoniens,  embrassant  comme  lui  les  temples  de 
Jupiter  Stator  et  de  Junon.  Il  comprenait  une  salle  de 
bibliothèque  qui  servit  souvent  de  salle  de  réunion  au  Sénat, 
des  collections  d'œuvres  d'art.  Un  incendie  le  ravagea 
sous  le  règne  de  Titus.  A. -M.  B. 

OCTAVIE  (V.  Octavia). 

OCTAVIEN  (V.  Auguste). 

OCTAVIEN,  antipape  (4095-4464)  (V.  Victor  IV). 

OCTEVILLE.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  la  Manche, 
arr.  de  Cherbourg;  3.352  hab. 

OCTEVILLE.  Com.  du  dép.  de  la  Seine-Inférieure,  arr. 
du  Havre,  cant.  de  Montivilliers  ;  2.086  hab. 

OCTEVILLE-la-Venelle.  Com.  du  dép.  de  la  Manche, 
arr.  de  Valognes,  cant.  de  Quettehou  ;  369  hab. 

OCTIBBÉHITE  (V.  Fer  météorique). 

OCTOBOTHRIUM   (Zool.)  (V.  Octocotylides). 

OCTOBRE.  Le  huitième  mois  deFannée  chez  les  anciens 
Romains,  d'où  son  nom.  Depuis  que  Fannée  commence  le 
4^^'  janv.,  il  est  le  dixième.  Il  a  34  jours.  Le  soleil  entre, 
en  octobre,  dans  le  signe  du  Scorpion. 

Journées  des  5  et  6  octobre  1789.  —  Depuis  long- 
temps, l'Assemblée  nationale  délibérait  sur  la  constitution. 
A  Paris,  les  meneurs  populaires  trouvaient  qu'elle  n'avan- 
çait pas  assez  vite  dans  ses  travaux  et  ils  résolurent,  afin 
de  hâter  ses  décisions,  de  profiter  de  l'agitation  que  sou- 
levaient les  menées  contre-révolutionnaires  et  les  mani- 
festations intempestives  des  gardes  du  corps  (V.  Assemblée, 
t.  IV,  p.  202)  et  du  mécontentement  causé  par  la  disette. 
Le  5  oct.  au  matin,  le  tocsin  appela  le  peuple  aux  armes 
et  une  fonle  d'hommes  et  de  femmes,  portant  des  piques, 
se  j'ua  sur  l'hùlel  de  ville,  qu'elle  envahit.  Depuis  plus  d'un 
mois,  les  gardes  nationaux  parlaient  de  marcher  sur  Ver- 
sailles. Le  mol  d'ordre  était  donc  virtuellement  donné. 
.Vussi  dès  <jiie  les  assaiUants.  repoussés  de  Fhôtel  de  ville. 
se  furent  répandus  sur  la  place  de  Grève,  le  cri  :  A  Vei-- 
sailies  !  fut  poussé  par  des  milhers  de  voix.  La  Fayetîe 
harangua  le  peuple,  essayant  de  le  détourner  de  son  inten- 
tion. Mais  rien  n'y  fît  et  il  dut  se  résigner,  vers  les  quatre 
heures  du  soir,  après  avoir  laissé  passer  le  gros  de  la 
manifestation,  à  suivre  le  mouvement,  en  ayant  toutefois 
la  précaution  de  se  faire  accompagner  par  plusieurs  ba- 
taillons. Les  femmes  dominaient  dans  cette  foule  qui  s'était 
réunie  aux  Champs- i^^lysées,  avait  pris  ensuite  le  chemin 


—  239 


OCTOBRE  —  OCTODON 


de  Versailles  :  ouvrières,  boutiquier  es,  beaucoup  de  femmes 
de  mauvaise  vie,  et  des  excentriques  comme  Théroignede 
Méricourt  ;  elles  étaient  précédées  de  tambours,  suivies  par 
des  bandes  d'hommes  armés  de  la  façon  la  plus  bizarre. 
par  Hulin  et  les  volontaires  de  la  Bastille.  Sur  leur  pas- 
sage, elles  arrêtaient  toutes  les  femmes,  les  contraignant 
de  marcher  avec  elles,  et  tous  les  courriers,  de  sorte  qu'on 
ignorait  à  Versailles  ce  qui  se  passait  à  Paris.  A  quatre 
heures,  elles  arrivent  sur  la  place  d'Armes.  Les  troupes 
ne  savent  quelle  contenance  tenir.  L'armée  féminine  insiste 
pour  voir  le  roi.  Quatre  déléguées  sont  introduites  auprès 
de  Louis  XVI  qui  leur  dit  :  «  Vous  devez  connaître  mon 
cœur  ;  je  vais  ordonner  de  ramasser  tout  le  pain  qui  est  à 
Versailles  et  je  vous  le  ferai  remettre,  »  et  il  embrasse 
Louison  Chabry,  la  plus  jolie  des  déléguées  qui  se  retirent 
charmées.  Les  manifestants  les  accusent  de  s'être  laissées 
acheter  et  exigent  un  ordre  écrit  du  roi,  relatif  aux  sub- 
sistances. J^ouis  XVI  le  signe.  Il  est  bien  forcé  de  céder  : 
les  dragons,  les  soldats  de  Flandre  font  défection,  cajolés 
qu'ils  sont  par  les  Parisiennes  ;  la  milice  de  Versai iles  n'a 
pas  de  munitions  et  ne  reçoit  d'ailleurs  pas  d'ordre.  Seuls 
les  gardes  du  corps  tiennent  bon.  Ils  tirent  des  coups  de 
feu  qui  font  des  victimes.  La  cour  leur  ordonne  aussitôt 
de  se  retirer  dans  le  jardin,  puis  de  se  diiiger  sur  Trianon 
et  Rambouillet.  Ils  étaient  d'ailleurs  trop  peu  nombreux 
pour  résister  et  plusieurs,  surpris  par  la  foule  exaspérée, 
sont  décapités.  Pendant  que  ces  événements  se  précipi- 
taient, Maillard,  à  la  tête  d'une  fraction  importante  des 
manifestants,  se  présente  à  la  barre  de  l'Assemblée  natio- 
nale, réclame  du  pain  et  la  punition  des  gardes  du  corps 
qui  ont  insulté  la  cocarde  nationale.  Une  députation  est 
envoyée  au  roi  pour  le  presser  d'accepter  la  constitution  et 
d'assurer  à  la  capitale  les  grains  et  farines  dont  elle  a 
besoin.  A  huit  heures  du  soir  seulement,  cette  députation 
revient,  apportant  une  réponse  favorable  en  ce  qui  con- 
cerne les  subsistances  ;  à  neuf  heures  et  demie,  on  obtient 
l'acceptation  pure  et  sim.ple  de  la  constitution.  Cependant, 
un  grand  nombre  de  manifestants  étaient  demeurés  dans 
la  salle  et  y  faisaient  un  tumulte  scandaleux.  Grâce  à  La 
Fayette  enfin  arrivé,  on  réussit  à  les  expulser  non  sans 
peine.  Le  général  fit  faire  des  patrouilles,  plaça  des  postes 
et  put  enfin  rétablir  l'ordre.  Mais  le  6  oct.,  dès  six  heures 
du  matin,  la  populace  revenait  à  la  charge  et  forçait  les 
grilles  du  château  ;  les  gardes  du  corps  ayant  tiré,  elle 
devient  furieuse,  envahit  les  appartements.  La  garde  na- 
tionale la  repousse.  La  Fayette  se  rend  auprès  du  roi  ;  du 
haut  du  balcon,  il  harangue  la  foule  et  annonce  que  le  roi 
va  partir  pour  Paris.  La  reine  se  montre  aussi  et  La 
Fayette  lui  baise  la  main,  aux  vivats  de  la  multitude.  Enfin 
on  mande  un  garde  du  corps,  on  le  munit  d'une  énorme 
cocarde  tricolore  et  le  peuple  applaudit  de  plus  belle.  A 
une  heure  de  l'après-midi,  Louis  XVI  montait  en  voiture 
avec  sa  famille.  11  n'arriva  à  l'hôtel  de  ville  qu'à  neuf 
heures,  perdu  dans  un  cortège  burlesque.  Un  gros 
détachement  de  troupes  et  d'artillerie  formait  l'avant- 
garde,  puis  venaient  des  quantités  incroyables  de  femmes 
et  d'hommes,  montés  les  uns  dans  des  fiacres,  les 
autres  dans  des  chariots,  sur  des  caissons  et  des  affûts 
de  canons,  etc.  Les  femmes  portaient  des  branches  de 
peupKer,  des  rubans  tricolores.  Venaient  ensuite  des  voi- 
tures chargées  de  grains,  entourées  d'hommes  portant  les 
uns  des  branches  de  peupHer,  les  autres  des  piques.  Après 
les  cent  Suisses,  une  garde  d'jjonneur  à  cheval,  la  dépu- 
tation de  la  municipalité,  une  députation  de  cent  meinj)res 
de  l'Assemblée  nationale,  les  voitures  de  la  famille  royale, 
suivies  de  nou^  elles  voitures  de  grains  et  enfin  encore  une 
foule  d'hommes  armés  de  piques  ou  portant  des  brandies 
depeupher.  On  chantait,  on  criait  :  «Nous  no  manquerons 
plus  de  pain,  voici  le  boulanger,  la  boulangère  et  le  petit 
mitron  !  »  La  Fayette  avait  fait  route  auprès  de  la  portière 
de  la  voiture  du  roi.  Le  maire  de  Paris,  Bailly,  reçut  la 
famille  royale  dans  la  grande  salle,  la  gratifia  d'un  discours 
de  bienvenue.  Le  roi  et  la  reine  assurèrent  qu'ils  venaient 


avec  confiance  au  milieu  des  habitants  de  Paris  ;  ils  se 
rendirent  ensuite  aux  Tuileries,  toujours  accompagnés  par 
La  Fayette.  L'Assemblée  nationale  ne  vint  s'établir  dans 
la  capitale  que  le  19  oct.  La  Commune  de  Paris  obtint 
alors  tous  les  résultats  qu'elle  se  proposait  d'atteindre  par 
les  journées  d'octobre,  hlle  tenait  sous  sa  main  le  pouvoir 
exécutif  et  le  pouvoir  législatif.  R.  S. 

BiBL.  :  Camille  Desmoulins,  Révolutions  de  France  et 
de  Brabant,  t.  III.  —  La  Fayette,  Mémoires.  —■  Thié- 
BAULT,  Mémoires.  —  Bûchez  et  Roux,  Histoire  parleraient 
taire  de  la  Révolution  française,  t.  III.  —  Archives  parle- 
mentaires., t.  IX,  l^e  série.  —  Mathieu  Dumas,  Souvenirs. 
—  Walsh,  Journées  mémorables  de  la  Révohitlon  fran- 
çaise. —  MoNiN,  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  pendant 
la  Révolution  française;  Paris,  1881),  in-12.  —  H.  Gautier, 
VAn  1189;  Paris,  1888,  gr.  iii-4. 

OCTODON.  I.  Zoologie.  —  Genre  de  Mammifères 
rongeurs  devenu  le  type  d'une  importante  famille  {Octo- 
dontidœ),  dont  la  plupart  des  genres  sont  américains  et 
qui  présente  les  caractères  suivants:  Rongeurs  Hystricho- 
morphes,  munis  d'une  clavicule  bien  développée,  à  mo- 
laires présentant  un  repli  d'émail  sur  le  bord  interne 
et  sur  le  bord  externe,  au  nombre  de  quatre  paires, 
c.-à-d.  qu'il  existe  une  paire  de  prémolaires  aux  deux 
mâchoires,  sauf  dans  le  genre  Ctenodactyhis.  Les  ma- 
melles sont  placées  assez  luiut  sur  les  côtés  du  corps.  Ce 
sont  des  animaux  à  forme  de  Rat,  vivant  à  terre,  quelque- 
ibis  fouisseurs  ou  nageurs.  La  famille  a  été  divisée  en  quatre 
sous-familles  :  Ctenodactylinœ,  Octodontinœ,  Lonche- 
rinœ  et  Capromysinœ.  La  première  habite  l'Afrique 
(V.  Cténo dactyle)  ;  les  trois  autres  sont  propres  à  l'Amé- 
rique chaude,  sauf  le  genre  Ihryonomys  qui  est  africain. 

Les  OcTODONTES  (Octodon)  sont  des  Rongeurs  ayant  à 
peu  près  l'apparence  de  nos  Loirs,  mais  atteignant  la 
taille  de  VEmvmii.V Octodon  degiis{o\\  Ecureuil  degus) 
de  Molina  habite  le  Pérou  et  le  Chifioùilest  commiun.  Le 
pelage  est  fauve,  varié  de  noir  et  de  gris,  avec  le  bout  de 
la  queue  brun.  Ces  animaux  vivent  en  nombreuses  socié- 
tés, se  creusant  des  terriers  comme  les  Campagnols,  et  sont 
très  nuisibles  aux  céréales.  Ils  peuvent  grimper  aux  arbres. 
Le  pelage  est  soyeux  et  doux  au  toucher  comme  celui  du 
Chinchilla. 

Les  0.  Bridgesii  et  0.  gliroïdes  habitent  l'O.  de  l'Amé- 
rique méridionale,  de  Costa-Rica  à  la  BoHvie  et  au  Chili, 
s'élevant  dans  les  montagnes  jusqu'à  3.000  m.  Les  genres 
Abrocoma  (ou  Habrocoma)  et  Spalacopus  (ou  Pœpha- 
gomys)  'sont  voisins  et  habitent  également  les  régions 
montagneuses  du  Chili.  •—  Le  genre  Ctexomys  renferme 
des  espèces  plus  trapues  et  rappelant  sous  ce  rapport  les 
Campagnols  ;  le  Ctenomys  brésilien  (Ct.  hrasiliensis)  est 
un  animal  de  la  taille  du  cobaye,  à  oreilles  et  queue 
courte,  à  pelage  roussàtre.  Il  habite  les  régions  sèches  du 
Brésil,  du  Paraguay  et  de  l'Argentine,  s'élevant  dans  les 
montagnes  jusqu'à  4.000  m.  Il  creuse  de  nombreuses  gale- 
ries dans  les  prairies  sablonneuses,  ou  pampas,  et  sur  les 
plateaux  des  Andes,  et  y  accumule  des  provisions  végé- 
tales, particulièrement  des  oignons';  il  est  très  nuisible  aux 
plantations.  D'autres  espèces  habitent  l'Uruguay,  la  Boh- 
vie,  le  Chih  et  la  Patagonie  {Ct.  magellanicus) .  Le  genre 
Aconœmys  ou  Schizodon,  du  Chili,  forme  la  transition 
aux  Octodontes. 

La  sous-famille  des  toncherinœ  o\\  Eclnnofnyince,  qm 
renferme  les  genres  Dactylomys,  Tluinacodus,  Kanna- 
batomys,  Loncheres,  Thricomys,  Cercomys,  Echi- 
Diys,  etc..  0  été  traitée  au  mot  Echimys  (V.  ce  mot). 

La  sous-famille  des  Caproinysimc,  dont  le  genre  Ca- 
proiiiys  (V.  (e  mot)  e^t  le  type,  renferme  en  outre  les' 
genres  Myocw^inr  et  Tltryu)w})tys,  Lo  genre  Myopotami, 
(Myocastor).  qui  représente  le  type  aquatique  de  la  famille, 
ayant  été  décrit  ao  im^Echymis  (V.  co  mot),  il  nous  reste 
à  parler  du  genre  Thryononiys  ou  Aulacodus  qui  est 
africain.  —  L'Aulâcode  de  ^xsmT>Ei\(Tliryonomtjs  swin- 
deriamis),  connu  sur  la  côte  de  Guinée  et  au  Congo  sous 
le  nom  de  Cochon  de  tore,  Fiat  de  tore  et  Rat  des  bois, 
est  un  gros  Rongeur,  plus  grand  qu'un  lapin,  mais  avec 


OCTODON  —  OCTROI 


240  -- 


les  formes  d'un  Rat  ;  le  pelage  est  épineux,  les  oreilles 
courtes  ;  la  queue,  couverte  également  de  poils  épineux, 
ne  dépasse  pas  la  longueur  de  la  moitié  du  corps.  La  cou- 
leur est  d'un  gris  roussâtre,  tous  les  poils  étant  annelés 
de  noir  et  de  roux  :  la  queue  est  noire  en  dessus.  Ces  gros 
Rats  sont  très  redoutés  des  colons  en  raison  des  dégâts 
qu'ils  commettent,  particulièrement  dans  les  champs  de 
maïs.  D'autres  espèces  du  môme  genre  habitent  l'Afrique 
centrale  et  orientale  {Thr.  gregorianus,  Thr,  calamo- 
phagus,  Thr.  semi-palmatus) .  Cette  dernière,  d'après 
la  forme  de  ses  pieds  demi-palmés,  aurait  des  habitudes 
nageuses.  Toutes  sont  armées  de  puissantes  incisives,  for- 
tement sillonnées  sur  leur  face  antérieure,  et  qui  leur  per- 
mettent de  ronger  les  substances  les  plus  dures,  notam- 
ment l'ivoire  des  défenses  de  l'éléphant,  substance  pour 
laquelle  ces  animaux  ont  une  prédilection  marquée.  On 
rencontre  souvent  des  défenses  présentant  nettement  l'em- 
preinte de  ces  dents.  E.  Trouessart. 

II.  Paléontologie.  —  Un  grand  nombre  de  genres  fos- 
siles, récemment  décrits  par  Ameghino  et  Winge  et  pro- 
venant du  tertiaire  de  l'Argentine  ou  du  Brésil  méridional, 
appartiennent  à  la  famille  des  Octodontidœ  :  tels  sont  les 
gmresDicœlophorus,  Phthoramys,\Platœomys,  Dicolpo- 
mys,  Morenia,  Spaniomys,  Scler()7nys,0rthomys,et(i., 
qu'il  suffit  de  mentionner  ici  et  qui  sont  voisins  de  ceux 
qui  vivent  encore  dans  le  même  pavs.  E.  Trt. 

OCTOGONE  (Géom.).  Polygone  de  huit  côtés.  L'octo- 
gone régulier  convexe ,  inscrit  dans  un  cercle  dont  le 

rayon  est  l'unité,  a  pour  c(Ué  v2  —  \Ji  et  pour  apothème 

'1    /- 

^V2- 


•  v/2. 


OCTON.  Com.  du  dép.  de  l'Hérault,  arr.  de  Lodève, 
cant.  deLunas;  503  hab. 

OCTON  VILLE  (Raoul  d'),  gentilhomme  normand ,  meur- 
trier de  Louis,  duc  d'Orléans,  né  au  xiv^  siècle,  mort 
après  141i2.  Garde  de  l'épargne  du  roi  en  4396,  conseil- 
ler supérieur  des  finances,  gouverneur  général  des  finances 
en  Guyenne  et  Languedoc  en  4398,  il  se  vit  en  1401  as- 
signé par  la  reine  devant  le  Parlement  en  restitution  d'une 
somme  de  10.000  livres  et  fut  destitué  de  ses  fonctions 
par  le  duc  d'Orléans.  H  entra  alors  dans  le  parti  du  duc 
de  Bourgogne  et,  à  son  instigation,  accepta  de  devenir  le 
meurtrier  du  rival  de  Jean  sans  Peur;  il  accomplit  son 
crime  le  23  nov.  1407  dans  la  rue  Vieille-du-Temple, 
près  l'hôtel  Barbette,  et  reçut  en  récompense  800  fr.  d'or. 
Il  vivait  encore  en  1412  et  figura  à  cette  époque  au  nombre 
des  écuvers  ordinaires  du  duc  de  Bourgogne. 

OCTOPUS  (Malac.)  (V.  Poulpe). 

OCTOSTOMA  (Zool.)  (V.  Ogtocotylides). 

OCTOTOMUS  (Paléont.).V.  Dinocere,  dont  ce  genre, 
créé  par  Cope  en  1885,  est  synonyme. 

OCTROL 1.  Histoire. —  Autorisation  accordée  par  le  su- 
zerain au  vassal,  par  le  souverain  aux  villes  ou  commu- 
nautés d'habitants,  d'étabhr  des  taxes  indirectes  sur  les 
objets  et  denrées  de  consommation  ;  par  suite,  ces  taxes 
elles-mêmes.  Tel  est  le  sens  le  plus  commun  du  mot: 
toutefois,  inversement,  il  a  également  signifié  l'autorisa- 
tion votée  par  les  Etats  généraux  du  royaume  ou  par  les 
Etats  des  provinces  (ex.  :  celle  de  Languedoc)  de  perce- 
voir telle  somme  au  profit  du  trésor  royal  ;  en  pareil  cas, 
on  spécifiait  en  disant  :  Voctroi  des  Etats.  Mais  le  droit 
monarchique  l'ayant  emporté  sur  le  droit  populaire,  il 
fut  de  règle,  dès  la  fin  du  xiii^  siècle,  que  si  les  revenus 
patrimoniaux  d'une  collectivité  d'habitants  ne  suffisaient  pas 
à  l'acquittement  de  ses  dépenses  (y  compris  ses  impôts), 
le  souverain,  sur  sa  demande,  lui  octroyait  la  permission 
d'établir  des  droits  indirects  à  l'entrée  de  son  territoire, 
et  de  les  percevoir  comme  elle  l'entendrait.  La  forme  de 
cette  permission  fut  celle  de  lettres  patentes  enregistrées 
à  la  cour  des  comptes.  Des  octrois  de  ce  genre  subsistent 
en  actes  authentiques  pour  Lyon  (6  av.  1295),  Carcas- 
sonne  (juin  1351),   Paris  (déc.  1377),  Tournai  (3  nov. 


1463),  Caen  (14  fév.  1484),  etc.  La  royauté  ne  tarda 
pas  à  y  voir  des  moyens  commodes  d'exaction  ;  elle  les 
subordonna  soit  au  paiement  d'une  somme  une  fois  donnée, 
soit  à  celui  d'une  certaine  quotité  du  produit  net  annuel. 
Des  charges  de  contrôleurs  des  octrois  furent  aussi  créées 
(ex.  :  en  mars  1514,  en  mars  1694),  surtout  dans  les 
temps  de  pénurie  financière,  afin  d'amener  les  villes  à  les 
racheter  à  cause  des  gènes  et  des  frais  supplémentaires 
de  perception  que  ces  charges  impliquaient.  On  voit  aussi 
certaines  villes  donner  à  ferme  leurs  octrois,  à  l'adjudi- 
cation desquels  procèdent  les  agents  du  pouvoir  central, 
en  dernier  lieu  les  intendants  (ex.  :  arrêt  du  Conseil  du 
17  oct.  1780).  En  1784,  d'après  Necker,  sur  78  millions 
que  Paris  payait  en  contributions  annuelles,  36  étaient 
perçus  sous  forme  de  droits  indirects  à  l'entrée  de  la  ca- 
pitale :  sur  cette  somme,  2  revenaient  aux  hôpitaux,  4  à 
la  ville,  30  au  trésor  royal.  (Juant  à  l'ensemble  du 
royaume,  l'édit  de  déc.  1663  et  l'ordonnance  du  12  juil. 
1681  avaient  établi  que  la  première  moitié  de  tous  les 
octrois  serait  levée  au  profit  du  roi,  et  que  les  dettes  et 
charges  des  villes  seraient  acquittées  sur  la  seconde 
moitié  ;  or  il  est  à  noter  que  beaucoup  de  ces  dettes  et 
charges  provenaient  du  fait  de  l'Etat.  C'est  pour  sortir 
de  cette  confusion  et  de  cet  arbitraire,  c'est  aussi  par 
besoin  de  popularité  que  la  Constituante  supprima  tous 
les  octrois  par  la  loi  du  19  fév.  1791  :  «  Tous  les  impôts 
perçus  à  l'entrée  des  villes,  bourgs  et  villages  sont  sup- 
primés. L'Assemblée  charge  son  comité  des  impositions 
de  lui  présenter,  sous  huit  jours  au  plus  tard,  les  projets 
qui  compléteraient  le  remplacement  des  impôts  supprimés.  » 
Mais  cette  suppression  fut  de  pure  forme  en  quelque  sorte. 
Les  localités  qui  ne  pouvaient  plus  faire  face  à  leurs  dé- 
penses ne  tardèrent  pas  à  s'adresser  à  l'Etat  ;  et  l'Etat, 
n'ayant  pas  de  moyen  d'y  subvenir  à  leur  place  (puisque 
le  décret  du  2  mars  1791  avait  depuis  aboli  tous  les  im- 
pôts généraux  indirects),  finit  par  reprendre  l'ancien  sys- 
tème. La  loi  du  27  vendémiaire  an  VII  rétablit  l'octroi 
municipal  de  Paris  ;  celle  du  11  frimaire  an  VII  étendit 
l'autorisation  aux  villes  qui,  formant  à  elles  seules  un 
canton,  n'étaient  pas  à  même  de  présenter  un  budget  en 
équilibre  ;  celle  du  5  ventôse  an  VIII,  à  toute  vilîe  qui 
ne  pourrait  subvenir  à  l'entretien  de  son  hospice  civil.  Il 
était  stipulé  d'ailleurs  que  l'établissement  des  taxes  indi- 
rectes locales  demeurait  subordonné  à  l'autorisation  ex- 
presse du  gouvernement:  les  projets  de  taxes  municipales, 
soumis  d'abord  au  directoire  du  département  (plus  tard, 
au  préfet),  étaient  ensuite  transmis  au  pouvoir  exécutif, 
qui  les  soumettait  enfin  au  pouvoir  législatif.  En  l'an  XI, 
le  Consulat  ordonna  par  un  simple  arrêté  (24  frimaire) 
le  prélèvement  pour  le  compte  de  l'Etat  de  5  ^/o  du  pro- 
duit net,  dans  toutes  les  villes  ayant  plus  de  4.000  âmes. 
Ce  taux  fut  élevé  à  10  «/o  en  1806,  et  étendu  à  tous  les 
octrois  par  la  loi  du  28  avr.  1816  (art.  153).  La  loi  du 
8  déc.  1814  et  l'ordonnance  du  9  déc.  1814,  rendue  en 
apphcation  de  cette  loi,  ont  modifié  ou  complété  les  dispo- 
sitions antérieures  relatives  à  la  désignation  des  objets 
imposables  (décret  du  17  mai  1809),  à  la  perception,  etc. 
Elles  peuvent  être  considérées,  avec  quelques  dispositions  de 
la  loi  du  28  avr.  1816,  comme  formant  en  quelque  sorte 
le  code  des  octrois.  Il  convient  toutefois  d'y  ajouter  la 
loi  du  11  juin  1842,  qui  établit  des  tarifs  maxima  pour 
les  boissons  ;  le  décret  du  17  mars  1852,  qui  supprima 
le  prélèvement  de  10  «/o  opéré  par  l'Etat  (la  plupart  des 
communes  reprirent  d'ailleurs  à  leur  profit  cette  portion, 
en  obtenant  la  majoration  de  leurs  tarifs)  ;  la  loi  muni- 
cipale du  24  juil.  1867,  qui  laissa  un  peu  plus  de  jeu 
aux  communes  pour  réduire  ou  supprimer  les  taxes,  et 
même  pour  les  élever  de  plus  d'un  dixième  sous  la  ré- 
serve de  la  sanction  préfectorale  ;  le  décret  du  12  fév. 
1870,  qui,  au  contraire,  mit  un  frein  aux  augmentations 
de  taxes  que  les  municipalités  votaient  ou  obtenaient  trop 
aisément  ;  enfin  les  art.  137,  138  et  139  de  la  loi  mu- 
nicipale du  5  avr.  1884,  qui  ont  modifié  diverses  attri- 


~  241 


OCTROI 


butions  administratives.  Somme  toute,  si  l'initiative  ap- 
partient aux  conseils  municipaux,  comme  son  effet  est 
subordonné,  non  seulement  à  l'avis  du  conseil  général, 
mais  à  l'approbation  gouvernementale  après  avis  rendu  en 
conseil  d'Etat,  le  pouvoir  central,  en  France,  demeure  le 
maître  des  octrois  municipaux,  et  la  question  de  leur 
suppression  a  toujours  impliqué  celle  de  leur  rempla- 
cement. Une  loi  du  "29  déc.  1897  ordonna  une  réduction 
des  droits  d'octroi  sur  les  boissons  liygiéniques  et,  com- 
plétée par  une  loi  du  12  mai  1898,  prévit  l'abolition 
totale  des  octrois,  mais  elle  ne  put  être  appliquée  dans 
le  délai  d'un  an  et  fut  suspendue  jusqu'au  31  déc.  1899. 

H.  MoMN. 

II.  Administration.  —  Les  objets  qui  peuvent  être  sou- 
mis à  l'octroi  sont  désignés  au  tarif  général  annexé  au 
décret  du  12  févr.  1870  et  répartis,  depuis  1809,  en  cinq 
catégories  :  boissons  et  liquides,  comestibles,  combus- 
tibles, fourrages,  matériaux,  auxquelles  on  en  a  ajouté 
une  sixième,  objets  divers.  Les  taxes  ne  peuvent  frapper 
que  des  objets  de  consommation  locale  ;  ceux  qui  sont 
employés  à  la  fabrication  d'objets  de  commerce  général 
sont  exempts.  Les  denrées  alimentaires  de  première  né- 
cessité (farine,  pain,  légumes,  sel,  certains  poissons  salés) 
sont  exemptes,  de  même  les  objets  grevés  de  forts  droits 
d'Etat  (sucre,  café,  tbé,  poivre)  ou  monopolisés  (tabac, 
poudre,  allumettes)  et  ceux  de  commerce  général  (meubles, 
caisses,  machines,  outils,  etc.),  les  matériaux  d'empier- 
rement et  de  réfection  des  chemins  publics,  les  fourrages 
verts.  Les  huiles  minérales  ne  peuvent  être  hnposées  que 
si  les  huiles  végétales  le  sont  aussi. 

Les  taxes  sont  graduées  par  catégories,  proportionnel- 
lement à  la  population  agglomérée;  toutefois,  les  maxima 
peuvent  être  dépassés  avec  l'autorisation  du  gouverne- 
ment. Sur  les  boissons,  il  faut  une  loi  pour  dépasser  le 
taux  des  droits  d'entrée  du  Trésor.  Les  tarifs  sont  proro- 
gés par  période  de  cinq  années.  Les  frais  de  perception 
constituent  une  dépense  obligatoire. 

Le  périmètre  du  territoire  soumis  à  l'octroi  est,  autant 
que  possible,  limité  à  l'agglomération  principale  et  aux 
habitations  qui  jouissent  de  ses  avantages.  On  peut  éta- 
blir dans  la  banUeue  des  grandes  villes  des  taxes  spé- 
ciales dites  octroi  de  banlieue,  afin  de  diminuer  la 
fraude";  les  produits  de  ces  taxes,  étabUes  après  consulta- 
tion des  communes  dont  est  composée  cette  banlieue,  leur 
sont  attribuées.  L'octroi  de  banlieue  de  Paris  frappant 
les  eaux-de-vie,  esprits  et  liqueurs  s'étend  à  tout  le  dép. 
de  la  Seine. 

La  perception  peut  se  faire  soit  en  régie  simple  par 
l'administration  municipale,  lacjuelle  fait  souvent  appel  au 
concours  des  agents  des  contributions  indirectes  ;  soit  en 
régie  intéressée  (avec  maximum  de  frais  de  perception 
fixé  à  12  7o'  sauf  cas  spécial)  par  voie  d'adjudication  ;  soit 
enfin  à  ferme  par  adjudication  pure  et  simple.  L'adminis- 
tration des  contributions  indirectes  peut  traiter  de  gré  à 
gré  avec  les  municipalités  pour  la  perception  des  taxes 
d'octroi.  —  La  perception  est  universelle,  sauf  les  immu- 
nités diplomatiques  accordées  à  Paris,  et  la  franchise  d'en- 
trepôt concédée  aux  industriels  pour  les  combustibles  et 
matières  premières  employées  à  la  fabrication  d'objets  de 
commerce  général.  Elle  se  fait  généralement  à  l'entrée 
oti  tout  porteur  ou  conducteur  d'objets  soumis  à  l'octroi 
est  tenu  de  les  déclarer  et  d'acquitter  les  droits  ;  s'il  n'y 
a  qu'un  bureau  d'octroi  dans  la  ville,  il  doit  s'y  rendre 
directement.  Les  personnes  ne  peuvent  être  visitées  sur 
leur  personne  ou  à  raison  de  leurs  effets;  elles  doivent, 
si  on  les  soupçonne  de  fraude,  être  conduites  devant  un 
officier  de  police  qui  autorise  la  visite  personnelle  s'il  y  a 
lieu.  Les  instruments  de  vérification  sont  ceux  employés 
par  l'administration  des  contributions  indirectes.  L'abon- 
nement individuel  est  interdit,  mais  les  communes  peuvent 
traiter  avec  des  corporations  ou  classes  de  redevables  pour 
les  affranchir  de  la  perception  des  taxes  moyennant  une 
somme  fixe  annuelle  :  tous  les  membres  sont  solidairement 

GRANBE  ENXYCLOPÉDIE.    —   XXV. 


responsables,  et  leur  adhésion  doit  être  unanime.  —  Toute 
personne  qui  récolte,  prépare  ou  fabrique,  dans  l'intérieur 
du  périmètre  de  l'octroi,  des  objets  compris  au  tarif,  est 
obligée,  sous  peine  de  confiscation  et  d'amende,  de  les  dé- 
clarer et  d'acquitter  immédiatement  le  droit,  à  moins  qu'elle 
n'obtienne  la  faculté  d'entrepôt.  Cette  règle  s'applique  en 
particulier  aux  propriétaires  de  bestiaux  entretenus  dans 
le  rayon  d'octroi.  —  Le  porteur  ou  conducteur  d'objets 
soumis  à  octroi,  qui  veut  traverser  un  lieu  sujet  sans  y 
séjourner  plus  de  vingt-quatre  heures,  se  munit  d'un  per- 
mis de  passe-debout,  après  avoir  versé  un  cautionnement 
ou  consigné  les  droits  qui  lui  sont  restitués  à  la  sortie,  à 
moins  qu'il  ne  préfère  faire  les  frais  d'une  escorte.  Le  sé- 
jour en  transit  peut  être  prolongé  jusqu'à  trois  jours  ou 
davantage,  selon  les  usages  locaux,  moyennant  dépôt  des 
objets  en  un  lieu  déclaré  où  les  employés  peuvent  se  les 
faire  présenter  à  tout  moment.  Certaines  facilités  sont 
accordées,  dans  beaucoup  de  villes,  aux  objets  amenés  aux 
foires  et  marchés. 

L'entrepôt  est  la  faculté  donnée  à  un  propriétaire, 
commerçant  ou  industriel,  de  recevoir  dans  un  lieu  sujet 
à  octroi,  sans  acquittement  des  droits  d'octroi,  des  mar- 
chandises assujetties  aux  droits  et  susceptibles  d'être  ré- 
expédiées au  dehors.  L'entrepôt  est  réel  quand  les  mar- 
chandises sont  déposées  dans  un  magasin  pubHc  ;  fictif 
quand  elles  le  sont  au  domicile  de  Fentrepositaire.  Sa 
durée  est  illimitée.  Il  est  réglementé  par  les  municipali- 
tés. Les  droits  sont  dus  sur  les  quantités  dont  la  réexpé- 
dition au  dehors  n'est  pas  constatée.  Les  combustibles  et 
matières  employés  dans  les  établissements  industriels 
sont  affranchis  des  droits  d'octroi  au  moyen  de  l'entrepôt 
dit  industriel  (décret  du  12  févr.  1870).  Les  approvi- 
sionnements en  vivres  destinés  aux  armées  de  terre  et  de 
mer  ne  sont  soumis  à  l'octroi  que  pour  la  partie  qui  est 
consommée  sur  place  dans  le  lieu  sujet;  les  matières  em- 
ployées à  la  confection  du  matériel,  les  combustibles  et 
autres  matières  embarqués  sur  les  bâtiments  de  l'Etat  et 
du  commerce  pour  être  consommés  en  mer,  échappent  à 
l'octroi  et  sont  entreposés  dans  les  magasins  de  l'Etat  ou 
de  la  marine  marchande.  Les  combustibles  et  matières 
destinés  au  service  de  l'exploitation  des  chemins  de  fer, 
aux  travaux  des  ateliers  et  à  la  construction  de  la  voie 
sont  affranchis  de  tout  droit  d'octroi.  Ceux-ci  ne  peuvent 
être  perçus  que  sur  les  ol)jets  exclusivement  affectés  à  une 
gare  dans  ses  rapports  avec  la  consommation  locale  (Cass., 
21  juin  1880).  Il  en  est  de  môme  de  l'exploitation  des 
mines. 

Le  personnel  de  l'octroi  est  communal,  nommé  par  les 
préfets  sur  proposition  des  maires  ;  le  traitement  des  pré- 
posés en  chef  d'octroi  est  sujet  à  une  retenue  de  5  7o  au  pro- 
fit de  la  caisse  des  pensions  civiles,  et  leur  pension  de 
retraite  est  payée  par  l'Etat.  Avant  d'entrer  en  fonctions, 
les  préposés  prêtent  serment  devant  le  tribunal  civil  ou 
devant  le  juge  de  paix.  Ils  versent  au  Trésor  un  caution- 
nement. Ils  peuvent  être  révoqués  par  les  préfets,  mais 
les  préposés  en  chef  seulement  par  le  ministre  des 
finances  ;  quand  l'octroi  est  affermé,  l'adjudicataire  peut 
révoquer  ses  agents. 

Les  contraventions  aux  lois  et  règlements  des  octrois 
sont  punis  de  la  confiscation  des  objets  saisis  et  d'une 
amende  de  100  à  200  fr.  Les  chevaux,  voitures  et  moyens 
de  transport  ne  sont  saisissables  que  pour  la  garantie  de 
l'amende,  à  moins  qu'ils  ne  soient  truqués  pour  la  fraude. 
Celle-ci,  pour  les  spiritueux,  entraîne  de  six  jours  à  six 
mois  de  prison.  La  fraude  par  escalade,  par  souterrain 
ou  à  main  armée,  est  punie  de  six  mois  de  prison. 

Les  contraventions  sont  constatées  par  procès- verbaux, 
lesquels  font  foi  en  justice,  même  rédigés  par  un  seul 
})réposé.  Les  procès-verbaux  constatant  la  fraude  doivent 
être  affirmés  devant  le  juge  de  paix  de  l'arrondissement 
du  siège  de  l'administration  communale  dans  les  vingt- 
quatre  heures.  Les  objets  saisis  sont  déposés  au  bureau 
le  plus  voisin,  et,  au  bout  de  dix  jours,  il  est  procédé  à  la 


1801... 
181]... 
1821... 
1831... 
18M... 
1851... 


OCTROI  —  242  —• 

mise  en  vente  par  voie  d'affiche.  Les  maires  peuvent  tran- 
siger, sauf  approbation  des  préfets,  mais  ce  droit  appar- 
tient exclusivement  à  la  régie  des  contributions  indirectes 
toutes  les  fois  que  la  saisie  a  été  opérée  dans  l'intérêt 
commun  des  droits  d'octroi  et  des  droits  imposés  au  profit 
du  Trésor.  La  moitié  du  produit  des  amendes  ou  confis- 
cations est  attribuée  aux  employés  de  l'octroi,  l'autre 
moitié  à  la  commune. 

L'octroi  de  Paris  a  une  organisation  spéciale  ;  il  a  été 
institué  par  la  loi  du  27  vendémiaire  an  VIL  11  est  admi- 
nistré par  un  directeur  et  trois  régisseurs  (dont  la  fonc- 
tion passe  pour  une  sinécure)  sous  l'autorité  du  préfet  de 
la  Seine  et  la  surveillance  du  directeur  général  des  con- 
tributions indirectes.  Le  fonctionnement  de  l'octroi  est 
réglé  par  l'ordonnance  du  22  juil.  1831  et  la  loi  munici- 
pale du  24  juil.  1867.  Le  conseil  municipal  ne  statue 
définitivement  que  sur  les  suppressions  ou  diminutions  de 
taxes  ;  les  prorogations  ou  augmentations  de  taxes  exis- 
tantes et  les  taxes  nouvelles  sont  subordonnées  à  l'appro- 
bation du  gouvernement.  L'entrepôt  à  domicile  est  interdit, 
sauf  pour  les  matières  premières  employées  dans  l'indus- 
trie. On  a  constitué,  au  quai  Saint-Bernard  et  à  Bercy,  un 
double  entrepôt  général  pour  les  vins  et  eaux-de-vie  (depuis 
le  30  mars  1808).  Pour  les  combustibles  employés  dans  l'in- 
dustrie, les  industriels  peuvent  être  dispensés  des  droits, 
n'ayant  à  payer  qu'un  abonnement  annuel  représentant 
leur  consommation  personnelle  et  les  frais  de  surveillance. 

Pour  l'année  18^)6,  il  y  avait  en  France  1.513  com- 
munes à  octroi,  et  la  population  comprise  dans  le  péri- 
mètre de  ces  octrois  était  de  12.904.760  liab.  (d'après  le 
recensement  de  1891,  c.-à-d.,  en  1896,  de  près  de  13  mil- 
lions 1/2).  Les  départements  qui  ont  le  plus  d'octrois  sont 
le  Finistère  (185  com.,  587.800  hab.  sur  un  total  de 
291  com.  et  727.000  hab.),  la  Seine  (45  com.  sur  75  et 
3.006.300  hab.  sur  3.141.600).  Les  Bouches-du-Rhône 
(52  com.  sur  109  et  553.400  hab.  sur  630.600).  Le  pro- 
duit total  s'élève  pour  la  France  entière  à  326.143.756  fr. 
de  produit  brut,  d'où  il  faut  défalquer  29.285.866  fr.  de 
frais  de  perception,  ce  qui  fait  ressortir  un  produit  net 
de  296.857.890  fr.  La  part  contributive  de  chaque  con- 
sommateur est  de  25  fr.  27  ;  la  quotité  des  frais  de  per- 
ception, d'environ  9  ^jo-  Dans  ces  totaux  l'octroi  de  Paris 
représente  près  de  la  moitié  ;  il  percevait  en  1896  un  produit 
brut  de  155.681 .428  fr. ,  soit  65  fr.  24  par  consommateur, 
et,  après  déduction  des  frais  de  perception  (10.484.483  fr. 
soit  6,73  ^/o),  le  produit  net  s'élevait  à  145.196.945  fr. 
Viennent  ensuite  le  reste  du  dép.  de  la  Seine  (12.550.596  fr. 
de  produit  net),  ceux  du  Nord  (15.127.594  fr.),  des 
Bouches-du-Hhone  (11.095.355  fr.).  c.-à-d.  les  régions 
urbaines.  Voici  pour  la  France  et  pour  Paris  les  répartitions 
des  produits  suivant  les  catégories  du  tarif  : 

1"-^®  C-VTÉCORI'].  Boissons  Francl^  Paris 

et  Uquides  :  Fi-ancs  Francs 

Vins 81 .328 .888  51 .402.084 

Cidres 3.833.407  710.061 

Alcools 30.418. 469  15.041.407 

Huiles  comestibles ...  4 .  408 . 1 1 2  3 . 8  46 .  738 

Bières 17.432.519  3.723.230 

Autres  liquides 2 .  249 .  368  8  41 .  826 

2^  Catr(;.  Comestibles  : 

Viandes 55 .  577 .  380  18.1 60 .  336 

Autres  comestibles. . .  33 .  98,) .  056  16 .  805 . 1 49 

3«  Catég.  Combustibles.  42 .  280 .  60 1  22 .  823 .  315 

4«     —     Fourrages.,.  17.824.267  6.015.5^9 

5«    —    Matériaux'...  31.770.816  13. 711.056 
6^    —     Objets  divers 
(sel ,    cire ,    bougies , 

suifs,  asphalte,  etc.).  4.212.181  2.077.139 

Ke  -ettes  ivre.soiros. ...  818. 692  520 .  530 

Totaux 326.1117756     155.681.428 

Les  boisions  représentent  donc  139.670.763  fr.,  et  les 


comestibles  89.566.436  fr.  A  Paris, les  boissons  fournis- 
sent à  elles  seules  la  moitié  du  produit  global. 

Le  produit  annuel  des  droits  d'octroi  de  Paris  était  en 


Francs 
10.936.416 
21.016.982 
25.976.891 
19.943.750 
31.248.003 
37.279.055 


.1831...  do 

1872...  — 
1881...  — 
iSJi...  — 


Francs 

77,277.971 

(après  l'annexion 
des  com.  Fubuib.") 

100.436.  ()93 
148.630.830 
149.097.200 


Il  représente  la  moitié  des  recettes  du  budget  municipal. 

Pays  étrangeus.  —  Il  n'y  a  pas  d'octroi  en  Gramle- 
Bretagne,  quoique  que}([ucs  villes  perçoivent  des  taxes 
sur  certains  objets  de  consommation,  par  exemple  sur 
chaque  voiture  dç  légumes  à  Edimbourg.  Le  prijicipe  est 
d'ailleurs  que  les  droits  de  consommation  sont  réservés  au 
gouvernement.  Le  Danemark,  la  Suède  n'ont  pas  d'oc- 
trois, dans  ce  dernier  pays  les  communes  perçoivent  sou- 
vent un  droit  de  détail  sur  la  vente  des  spiritueux.  —  La 
Russie  n'a  pas  non  plus  d'octroi,  non  plus  que  les  Etats- 
Unis.  —  En  Suisse,  il  n'a  été  fait  appel  à  l'octroi  que 
dans  quelques  communes  de  la   région  romande  (Vaud, 
Genève,  Tessin).  —En  Espagne,  les  droits  sur  les  objets 
de  consommation  sont  partagés  entre  les  communes  et 
l'Etat.  —  En  Portugal,  ils  sont  perçus  surtout  sur  le  vin 
et  la  viande  et  s'ajoutent  à  des  droits  de  marché.  —  En 
Italie,  les  impôts  de  consommation  sont  impots  d'Etat,  mais- 
les  communes  peuvent  percevoir  des  taxes  additionnelles, 
notamment  suc  le  sel,  le  poivre,  le  thé,  le  café.  Les  taxes 
de  l'Etat  frappent  les  boissons,  les  viandes,  la  farine,  le 
riz,  les  huiles,  le  beurre,  les  graisses,  le  sucre.  La  môme 
loi  règle  les  contributions  indirectes  et  les  octrois  ;  dans 
les  villes  fermées,  les  droits  sont  perçus  à  l'entrée  dans 
le  périmètre  de  l'octroi.  —  En  Egypte,  l'octroi  a  été  or- 
ganisé sur  le  modèle  français  ;  universel  en  1867,  il  a  été 
restreint  aux  principales  villes  ;  le  taux  des  droits  est  en 
général  de  9  12  %  ad  valorem.  —  En  Autrictie,  les 
octrois  peuvent  être  établis  par  les  villes  fermées  comme 
ressources  complémentaires.  —  En  Hongrie,  ils  consti- 
tuent le  principal  aliment  du  budget  communal,  mais  seu- 
lement pour  les  villes  ouvertes  de  "plus  de  2.000  âmes 
et  pour  les  villes  fermées.  —  En  Allemagne,  les  taxes 
municipales  sur  les  objets  de  consommation  existent  dans 
un  certain  nombre  de  villes,  mais  il  est  en  général  peu 
important,  relativement  aux  taxes  directes  qui  constituent 
la  principale  ressource  communale.  Il  frappe  surtout  lo' 
malt  ou  la  bière,  la  viande,  le  blé  et  la  farine  ou  même 
le  pain.   En  Prusse,  les  taxes  d'octroi  représentent  une 
fraction  insignifiante  des  ressources  communales.  —  En 
Belgique,  les  octrois  régis  par  le  décret  impérial  du  17  mai 
1809  ont  été  abohs  en  1860.  Ils  étaient  au  nombre  de  78 
et  donnaient  en  1858  un  revenu  brut  de  12.376.000  fr.. 
net  de  10.876.000  fr.  Leur  abolition  proposée  dès  1847, 
par  une  commission  d'Etat,  fut  réalisée  en  1860  par 
Frère-Orban.  Il  fit  admettre  à  la  Chambre  que  la  suppres- 
sion de  ces  barrières  stimulerait  extrêmement  les  relations 
de  ville  à  ville  et  de  province  à  province  et  qu'elle  était 
d'intérêt  national.  Ce  fut  donc  l'Etat  qui  pourvut  aux  dé- 
penses des  communes  en  leur  abandonnant  40  ^'o  des 
recettes  postales,  75  °'o  des  droits  d'entrées  sur  le  café, 
34  °/o  des  droits  d'accise  sur  les  vins  et  eaux-de-vie 
étrangères,  sur  les  eaux-de-vie  indigènes,  les  vinaigres, 
la  bière  et  le  sucre.  Ces  droits  sont  répartis  entre  toutes 
les  communes  (y  compris  celles  qui  n'avaient  pas  d'octroi) 
au  prorata  du  principal  des  contributions  dn-ectes,  mais 
la  quote-part  des  communes  qui   avaient  un  octroi   doit 
être  au  moins  égale  au  produit  net  qu'elles  en  tiraient. 
—  Aux  Pays-Bas  (Hollande),  les  octrois,  qui  remontent  au 
xiv^  siècle,  furent   réglementés  par  le  décret  royal  du 
4  nov.  1803  et  la  loi  du  29  avr.  1819.  A  l'exemple  de 
la  Belgi(fue,  ils  furent  aboiis  par  la  loi  du  4  juiL  1865, 
l'Etal  fais'Mit  remise  aux  communes  à  octroi  de  80  %  de 


us  — 


OCTROI  —  OCULAIRE' 


la  contribution  personnelle  et  les  autorisant  à  créer  des 
centimes  additionnels  et  un  impôt  sur  le  revenu  réel  déclaré. 

Suppression  des  octrois.  — La  suppression  des  octrois, 
réalisée  en  Belgique  et  aux  Pays-Bas,  est  énergiquement 
réclamée  en  France.  Les  objections  qu'on  leur  fait  sont  en 
premier  lieu  les  mêmes  que  contre  les  autres  impôts  sur 
les  objets  de  consommation  (V.  Impôt).  Ils  sont  iniques 
parce  qu'ils  sont  proportionnels  aux  besoins  du  contri- 
l)uable  au  lieu  de  l'être  à  ses  facultés.  Perçus  sur  les  den- 
rées de  première  nécessité,  ils  pèsent  très  lourdement 
sur  les  travailleurs  pauvres  en  majorant  le  prix  de  la  vie 
dans  les  villes,  et  ils  ne  demandent  qu'une  contribution 
minime  aux  riches.  Ils  gênent  les  transactions  entre  les 
villes  et  les  campagnes,  et,  en  imposant  l'emploi  d'inter- 
médiaires, en  obligeant  le  vendeur  à  des  débours  antici- 
pés, ils  majorent  le  prix  de  vente  d'une  somme  souvent 
très  supérieure  à  celle  perçue  au  profit  de  l'octroi,  sans 
même  parler  des  frais  de  perception  qui  atteignent  un  taux 
élevé  (19  °/o  cà  Versailles).  — Les  partisans  de  l'octroi  plai- 
dent la  facilité  de  perception,  l'avantage  qu'il  y  aà  atteindre 
le  visiteur  de  passage  (à  Paris  on  peut  évaluer  à  2  ou 
3  millions  par  an  la  part  payée  par  les  étrangers  dans 
les  taxes  d'octroi),  l'imposition  de  certaines  consomma- 
tions de  luxe  comme  le  gibier  et  la  volaille.  Un  dernier 
argument,  constamment  mis  en  avant,  est  que  le  dégrève- 
ment des  droits  d'octroi  profiterait,  non  pas  aux  consom- 
mateurs, mais  aux  intermédiaires  qui  augmenteraient  leur 
prix.  Cette  allégation  est  contredite  par  les  faits  :  le  jeu 
de  la  concurrence  entraîne  en  général  une  baisse  au  moins 
égale  au  chiffre  de  la  détaxe.  La  loi  du  26  mai  1878, 
ayant  supprimé  le  droit  de  5  fr.  siu*  le  savon,  le  prix 
baissa  de  ^0  fr.  par  100  kilogr.  En  1880,  le  sucre  fut 
détaxé  de  0,40  par  kilogr.,  le  prix  de  vente  tomba  de 
1  fr.  80  à  1  fr.  20.  La  chicorée  se  vendait  0,65  à  0,60 
la  livre;  après  la  suppression  du  droit  d'Etat  en  1879, 
droit  qui  était  de  0,15,  le  prix  diminua,  de  ce  chiffre, 
s'abaissant  à  0,50  et  0,45.  De  même  après  les  dégrève- 
ments des  huiles  (1883),  du  pétrole,  du  vin,  etc.  Le  con- 
sommateur bénéficierait  donc  du  dégrèvement,  et  le  ven- 
deur en  profiterait  par  l'accroissement  de  la  consommation, 
conséquence  du  bon  marché,  et  par  la  disparition  des  frais 
accessoires  qu'impose  la  barrière  de  l'octroi. 

La  question  est  à  l'ordre  du  jour  depuis  la  proposition 
Menier  du  24  janv.  1880,  rapportée  par  Pascal  Duprat. 
l*]lle  a  fait  l'objet  de  remarquables  rapports  de  M.  Guil- 
lemet, député,  en  1893  et  1895.  La  réforme  a  été  para- 
lysée par  les  résistances  des  propriétaires  qui  auraient  à 
supporter  le  poids  des  taxes  directes  de  remplacement  des 
octrois.  Une  loi  du  29  déc.  1897  imposa  aux  communes 
une  réduction  des  taxes  d'octroi  sur  les  boissons  hygié- 
niques (vin,  bière,  cidre),  mais  elles  ne  purent  trouver 
de  taxes  de  remplacement,  celles  qu'elles  proposaient  ayant 
été  contestées  par  le  gouvernement  et,  à  la  fin  de  1898, 
le  statu  (jno  fut  prorogé  d'un  an  ;  toutefois  à  Paris  inter- 
vint un  dégrèvement  des  vins  compensé  par  une  surtaxe 
de  l'alcool.  On  trouvera  dans  les  impressions  parlemen- 
taires, rapports  et  discussions  à  la  Chambre  en  1897 
et  déc.  1898,  et  dans  celles  de  la  ville  de  Paris,  de 
nombreux  documents  sur  la  question  de  la  suppression  des 
octrois  et  des  taxes  de  remplacement.     A. -M.  Bertiielot. 

BiBL.  :  IsAMBERT,  RcciLeil  des  édits,  ordonnances,  etc.— 
Edui.  BoNNAL,  Trciitd  des  octrois  ;  Paris,  1873,  in-8.  — 
Aimé  Tri:scaz[^,  Dictionnaire  génénii  des  contributions 
indirectes  ;   Poitiers,    188t,    in-8.    —     V.    aussi    l'article 


Octroi:  1°   dans  le   Dictionnaire  des   finances    de  Léon 
(1890)  ;     2°    dans     le    Dictionnaire    de     t'Adminis- 


Say 


tration  française  de  Maurice  Block  (4«  édition,  1898), 
article  signé  Vuatrin,  remanié  et  mis  à  jour  par  Henri 
de  PoN'i'icii.  —  Cf.  les  propositions  et  rapports  de  Guille- 
met à  la  Chambre  des  députés  visant  la  suppression 
totale  ou  partielle  des  octrois  et  ceux  de  Veber  au  conseil 
municipal  de  Paris  sur  cette  question. 

Equiv.  . . .     Ci^IF6(^V7ip). 

Atom....     ^^IP7(AzH-<'). 
L'octylamine  ou  caprylamine  est  une  base  qui  se  rat- 
tache à  l'alcool  octylique  normal.  Elle  se  forme  par  Tac- 


OCTYLAMINE.  Form. 


tion  de  Fammoniaque  alcoolique  sur  Fiodure  d'octyle. 
Liquide  incolore,  excessivement  caustique,  d'une  saveur 
amêre,  bouillant  à  180°.  Les  sels  sont  très  solubles  et 
peuvent  être  obtenus  cristallisés.  Le  chloroplatinate  est  en 
écailles  brillantes  jaune  d'or,  insolubles  dans  l'alcool  et 
l'éther. 

On  connaît  des  isomères  de  la  caprylamine.         C.  M. 

OCTYLÈNE   Form    \  ^^^"^^ ^'"^^^ 

L'octylène  ou  caprylène  est  un  homologue  de  Féthy- 
lène  que  Cahours  a  okenu  en  distillant  un  mélange  in- 
time d'acide  pélargonique  et  de  chaux  potassée.  Il  semble 
prendre  naissance  dans  la  distillation  de  la  plupart  des 
huiles  fixes. 

On  le  prépare  réguhèrement  en  chauffant  de  F  alcool 
octylique  avec  du  chlorure  de  zinc  fondu.  Il  bouta  122- 123°, 
sa  densité  est  0,722  à  17°.  Ses  propriétés  rappellent  celles 
de  l'éthylène.  C.  M. 

OCTYLIQUE  (Alcool).  Form.  (  ifi  ;  l  ST." 
L'expression  octylique  s'applique  aux  composés  en  C^^. 
On  coui  ait  plusieurs  alcools  octyliques  primaires  et  secon- 
daires etun  alcool  tertiaire.  Nous  ne  parlerons  que  de  qrel- 
t^ues-uns  d'entre  eux.  L'alcool  octylique  normal  primaire 
ou  alcool  caprylique  existe  sous  la  forme  d'éther  dans 
l'huile  des  fruits  de  VHeracteum  sphondylium,  de  VHera- 
cleum  giganteum  et  du  Paslinica  sativa  ;  on  l'obtient 
par  saponification  de  l'huile.  Cet  alcool  oxydé  fournit 
l'acide  caprylique  normal.  Il  bout  à  190-192°,  sa  den- 
sité est  0,83  à  16°.  Un  alcool  octylique  secondaire,  le 
méthylhexylcarbinol,  qui  bout  à  179°, Î5,  peut  être  obtenu 
quand  on  distille  rapidement  un  mélange  d'huile  de  ricin 
avec  la  potasse  ou  la  soude  caustique.  Son  oxydation  en- 
gendre une  acétone  qui  est  la  méthylhexylacétone.  C.  M. 
OCULAIRE  (Phys.).  On  nomme  ainsi  la  lentille  ou  le 
système  de  lentilles  dont  on  approche  l'œil  lorsqu'on  re- 
garde dans  un  instrument  d'optique.  Un  premier  système 
tie  verres,  nommé  objectif,  donne  une  image  de  "^l'objet 
que  l'on  considère,  et  l'oculaire  sert  à  regarder  cette  image, 
il  fonctionne  comme  une  loupe  (V.  ce  mot)  dans  les  ocu-^ 
laires  positifs  ;  aussi  la  loupe  peut-elle  être  considérée 
comme  le  type  des  oculaires  ;  c'est  le  plus  simple.  Les 
oculaires  plus  complexes  que  l'on  emploie  de  préférence 
à  la  loupe,  soit  dans  le  microscope,  soit  dans  les  lunettes, 
donnent  des  images  plus  parfaites  (fue  les  loupes,  sous  le 
rapport  des  aberrations  de  sphéricité  et  de  réfrangibilité. 
Les  plus  simples  sont  composés  de  deux  verres.  On  dis- 
tingue les  oculaires  positifs  des  oculaires  négatifs  ;  les 
premiers  donnent  des  images  virtuelles  des  objets  réels, 
comme  les  loupes  ;  les  seconds  ne  donnent  que  des  images 
réelles  d'objets,  ils  ne  peuvent  fonctionner  comme  loupes; 
il  est  donc  facile  de  reconnaître  ces  deux  sortes  d'ocu- 
laires en  les  employant  comme  des  loupes  ;  si  l'on  ne  par- 
vient pas  à  voir  les  objets  nettement,  on  est  en  présence 
d'un  oculaire  négatif;  il  est  positif  dans  le  cas  contraire. 
On  dispose  les  premiers  de  façon  k  empêcher  l'image  don- 
née par  l'objectif  de  se  former  ;  les  rayons  qui  viendraient 
former  cette  image  se  couperaient  en  un  certain  point 
compris  entre  les  deux  lentilles  de  l'oculaire  si  la  pre- 
mière ne  les  déviait  dans  leur  route,  en  substituant  à 
l'image  réelle  qu'ils  auraient  donnée  une  image  virtuelle  ;  " 
c'est  cette  image  virtuelle  que  l'œil  aperçoit.  Un  des  sys- 
tèmes d'oculaires  négatifs  les  plus  employés  est  l'oculaire 
d'Huyghens  :  il  se  compose  de  deux  lentilles  plan-convexes 
dont  les  surfaces  convexes  sont  tournées  toutes  les  deux 
vers  l'objectif;  l'une  de  ces  lentilles  ayant  pour  distance 
focale  principale  f,  l'autre,  celle  qui  est  plus  voisine  de 
l'obj'ectif,  a  pour  distance  focale  3/",  et  la  distance  des  deux 
lentilles  est  2/".  Avec  ce  système  d'oculaire  le  grossisse- 
ment est  les  deux  tiers  de  celui  que  donnerait  la  lentille 
de  distance  focale  f  employée  seule,  mais  le  champ  est  le 
double  de  ce  que  donnerait  une  lentille  à  oculaire  simple 
de  même  grossissement  ;  aussi  l'un  des  verres  de  cet  ocu- 


OCULAIRE  —  ODALISQUE 


—  2i4  — 


laire,  celui  qui  a  pour  distance  focale  3/*,  est-il  appelé 
verre  de  champ.  Outre  l'avantage  présenté  par  Fagran- 
dissement  du  champ,  cet  oculaire  offre  surtout  celui  de 
donner  des  images  plus  nettes  et  mieux  achromatisées. 

Comme  oculaire  positif,  celui  de  Ramsden  est  très  em- 
ployé :  il  se  compose  de  deux  lentilles  plan-convexes  dont 
les  surfaces  courbes  sont  tournées  l'une  vers  l'autre.  On 
peut  adopter  diverses  combinaisons  pour  les  distances  fo- 
cales et  pour  la  distance  mutuelle  des  deux  verres  qui 
composent  cet  oculaire.  L'une  des  plus  fréquentes  est 
celle-ci  :  les  deux  lentilles  ont  même  distance  focale  f  et 

leur  distance  est  ^  f.  Dans  ce  cas,  le  grossissement  est 

4         .  ^ 

^  de  fois  plus  grand  que  le  grossissement  fourni  par  un 

oculaire  simple  de  distance  focale  f.  Le  champ  est  aussi 
augmenté  dans  la  même  proportion,  à  égalité  de  grossis- 
sement. 

.  Les  oculaires  négatifs  peuvent  être  plus  facilement 
achromatisés  que  les  oculaires  positifs,  mais  ils  ne  peuvent 
être  employés  quand  les  instruments  d'optique  doivent 
être  munis  de  réticule  ;  on  sait,  en  effet,  que  le  réticule 
doit  être  placé  dans  le  plan  même  où  se  forme  l'image 
donnée  par  l'objectif;  cette  image  ne  se  formant  pas  dans 
le  cas  dun  oculaire  négatif  et  ce  système  ne  pouvant  fonc- 
tionner comme  loupe,  ainsi  que  nous  l'avons  remarqué  au 
début,  il  n'existe  pas  d'endroit  ou  l'on  puisse  placer  le 
réticule  pour  qu'il  soit  aperçu  nettement  à  travers  l'ocu- 
laire. Aussi  ne  peut-on  employer  ce  système  dans  les  lu- 
nettes avec  lesquelles  on  fait  des  visées  comme  dans  les 
lunettes  astronomiques  ou  géodésiques.  Au  contraire,  on 
les  emploie  avec  avantage  dans  les  microscopes  et  les 
longues-vues. 

On  désigne  sous  le  nom  d'oculaire  divergent  une  simple 
lentille  biconcave  qui  sert  d'oculaire  dans  la  lunette  de 
Galilée  ;  cet  oculaire  peut  aussi  être  achromatisé  par  l'ad- 
dition de  lentilles  convergentes  collées  contre  la  première, 
mais  telles  que  l'ensemble  reste  divergent.  A.  Joannis. 
Anneau  oculaire  (V.  Anneau,  t.  III,  p.  38). 
OCULINESouOCULINIDES.I.  Zoologie.— Famille  de 
Cœlentérés  coralliaires,  du  groupe  des  Madréporaires.  Ces 
animaux  habitent  les  mers  des  pays  chauds  ;  ils  ont  un 
polypier  arborescent  qui  s'accroît  par  bourgeonnement 
latéral;  muraille  très  développée  se  continuant  extérieu- 
rement avec  un  c^nenchyme  compact  ;   traverses  lamel- 
laires incomplètes,  pas  de  synapticules  ;   cloisons  lamel- 
laires peu  nombreuses.  Fossile  dans  les  terrains  secondaire 
et  tertiaire.  Genres  principaux  :  Stylophordy  Lophohelia, 
Oculina,  Cyathohelia,  Sclerohelia,  Amphihelia.  Type  : 
0.  virginea  à  rameaux  nombreux,  tortueux,  blanc  de 
lait,  océan  Indien,  Méditerranée.  R.  Moniez. 

II.  Paléontologie.  —  Les  Polypiers  de  la  famille  des 
Oculinidœ  sont  relativement  récents,  les  plus  anciens 
{Psammokelia,  Pivhelia)  datant  du  jurassique  ;  mais 
c'est  seulement  dans  le  tertia're  et  de  nos  jours  qu'ils 
prennent  une  certaine  extension.  Le  genre  Oculina,  en- 
core vivant,  date  du  tertiaire.  Les  genres  Astrohelia, 
Enalloheliay  Euhelia,  etc.,  sont  tous  éteints.  E.  Trt. 
OCULUS  (Archit.)  (V.  Œil). 

OCUMARE.  Ville  maritime  du  Venezuela,  Etat  de  Ca- 
rabobo;  10.000  hab.  Bolivar  y  débarqua  en  1816. 

OCYDROME  (Ornith.).Le  genre  Ocydromus  (Wagler, 
1830)  a  été  créé  pour  de  petits  Echassier s,  voisins  de  notre 
Marouette  (Ortygometra),  mais  bien  distincts  par  leur 
bec  élevé,  comprimé  et  pointu,  la  longueur  de  la  tète, 
et  par  un  plumage  mou,  soyeux,  décomposé  au  point  que 
les  rémiges  semblent  impropres  au  voL  Les  ailes  sont 
courtes  et  arrondies,  mais  les  rémiges  secondaires  et  les 
couvertures  de  l'aile  sont  allongées,  à  barbes  décompo- 
sées, recouvrant  et  dépassant  les  pennes  primaires  ;  la 
queue  est  assez  longue,  les  tarses  robustes,  de  la  longueur 
du  doigt  médian,  les  jambes  emplumées  jusqu'au  talon,  le 
pouce  court.  Ces  oiseaux  habitent  la  Nouvelle-Zélande  et  les 


îles  voisines  où  on  les  nomme  Weka,  et  leurs  mœurs  ne 
sont  pas  aquatiques  comme  celles  de  la  plupart  des  Ralles. 
VO.  auslralis,  type  du  genre,  est  un  oiseau  de  la  taille 
de  notre  Foulque  macroule  :  son  plumage  est  varié  de 
gris,  de  roux  brun  et  de  noir,  le  bec  et  les  pieds  sont 
d'un  rouge  marron.  11  vole  mal  et  ne  va  jamais  à  l'eau, 
mais  court  rapidement  lorsqu'il  est  poursuivi  ;  il  gratte  le 
sol  pour  y  chercher  des  vers  et  se  cache  dans  des  trous 
creusés  dans  la  terre  ou  les  troncs  d'arbres  ;  c'est  un  bon 
gibier,  peu  farouche,  car  il  s'approche  volontiers  des  habi- 
tations pour  y  manger  les  œufs  que  les  poules  déposent 
à  terre  et  même  les  souris  qu'il  peut  attraper.  E.  Trt. 
OCYPODES  (Zool.).  Genre  de  Crustacés  décapodes 
brachyures,  type  d'une  famille  comprenant  en  outre  le 
genre  Gelasimus.  Les  Ocypodides  ont  la  carapace  rhom- 
boïdale  ou  quadrangulaire,  très  large  en  avant,  avec  deux 
angles  très  nets,  déprimée  en  arrière  ;  les  pédoncules  ocu- 
laires sont  fort  longs,  les  antennes  externes  rudimentaires. 
Des  deux  pinces,  l'une  est  toujours  beaucoup  plus  déve- 
loppée que  l'autre.  Ce  sont  des  animaux  exclusivement 
terrestres  et  qui  ne  peuvent  séjourner  dans  l'eau  ;  ils 
sont,  en  effet,  organisés  pour  respirer  l'oxygène  en  nature 
et  font  pénétrer  l'air  dans  la  cavité  branchiale  par  un 
orifice  obturable.  Ils  vivent  sur  la  plage  et  s'y  creusent 
des  terriers  qu'ils  habitent,  n'allant  à  la  mer  que  pour 
pondre  ;  ils  sont  généralement  remarquables  par  la  vitesse 
extrême  de  leur  course.  Les  Ocypoda  se  distinguent  par 


Ocypode  des  sables. 

leur  carapace  à  peu  près  aussi  large  en  arrive  qu'en 
avant  ;  les  Gelasimus  sont  beaucoup  plus  rétrécis  en 
arrière.  Types:  Ocypoda arenaria,  Amérique  septentrio- 
nale, Antilles  ;  Gelasimus  anmilipes,  mer  des  Indes. 

R.    MOMEZ. 

OCZAKOV  (V.  Otchakov). 

CD  (Phys.)  (V.  Reichenbach  [Karl  de]  et  Psychophy- 
sique). 

ODACANTHA  ou  ODONTACANTHA  (Entom.).  Genre 
d'Insectes  Coléoptères,  de  la  famille  des  Carabides,  éta- 
bli par  Fabricius  {Syst.  el.,  1801,  I,  p.  228 >,  et  qui  a 
donné  son  nom  à  la  tribu  des  Odacanthinœ.  Cette  tribu 
diffère  de  celle  des  Trigonodactylinœ  par  la  forme  du 
prothorax,  et  des  Cienodactylinœ  par  les  élytres  tronqués 
au  bout.  Les  principaux  genres  sont  :  Plagiorhytis  de 
Chaud.,  Apioderade  Chaud.,  Casnonia  Lat.,  Ophionea 
KL,  Odacantha  Fab.  Ce  dernier  genre  ne  comprend  que 
quelques  espèces,  de  petite  taille,  de  la  Birmanie,  du  Séné- 
gal et  de  l'Europe.  0,  melanura  L.  se  trouve  au  bord 
des  eaux. 
BiBL.  :  CiiAUDOiR,  Bull  Mosc,  1848,  p.  126  et  1850,  p.  28. 

ODALISQUE.  Femme  attachée  au  service  de  la  mère, 
des  sœurs,  des  femmes  et  des  filles  du  sultan.  Les  oda- 
lisques s'occupent  des  appartements  ou  de  la  table.  Ce  ne 
sont  donc  que  les  chambrières  du  harem.  Mais,  sous  la 
plume  de  divers  écrivains  et  même  de  lexicographes,  elles 
sont  devenues  des  Géorgiennes  ou  des  Circassiennes  d'une 
beauté  remarquable,  choisies  avec  un  soin  particulier  sur 
les  marchés  desclaves  et  destinées  aux  plaisirs  du  Grand 
Turc  dont  elles  seraient  les  favorites  et  les  conçu l)ines. 
Cette  opinion  traditionnelle,  consacrée  en  quelque  sorte  par 


la  peinture  (V.  les  Odalisques  d'Ingres  et  d'Eug.  Dela- 
croix), est  radicalement  fausse.  On  devrait  écrire  odalique, 
du  turc  odaliq  (étym.  oda,  chambre).      Barrau-Dihigo. 
O'DALY  (Daniel)  (V.  Daly). 

ODARS.  Corn,  du  dép.  de  la  Haute-Garonne,  arr.  de 
Viliefr anche,  cant.  de  Montgiscard  ;  242  hab. 

OOAVARA.  Yille  maritime  du  Japon,  prov.  de  Sagami, 
ken  de  Kanagava,  à  45  kil.  S.-O.  de  Yokohama  ; 
45.000  hab. 

ODAX  (Ichtyol.).  Genre  de  Poissons  téléostéens,  de 
Tordre  des  Acanthoptérygiens  PharyngognatheSj  de  la 
famille  des  Labridce,  dont  on  connaît  six  formes  des  mers 
d'Australie  et  de  la  Nouvelle-Zélande.  L'une  d'elles,  VOdax 
radiatus,  est  un  animal  de  petite  taille,  caractérisé  par 
ses  mâchoires  tranchantes  sans  dents,  par  les  dents  trian- 
gulaires, sur  le  pharyngien  inférieur,  par  les  opercules 
couverts  d'écaillés  et  le  museau  conique.  Rochbr. 

ODDFELLOWS  (littéralement  les  drôles-de-corps) . 
Puissante  société  secrète,  fondée  vers  la  fin  du  xviii®  siècle 
en  Angleterre  et  qui  s'est  surtout  développée  au:.  États- 
Unis  d'Amérique.  C'est,  à  ce  qu'il  semble,  une  branche 
détachée  de  la  franc-maçonnerie  (V.  ce  mot).  Les  Odd 
fellows  reçurent  leur  organisation  définitive  en  1817,  de 
Thomas  Wildey,  ouvrier  anglais  émigré  en  Amérique. 
Toutes  les  loges  reçoivent  leur  direction  des  grandes  loges 
de  district  et  celles-ci  dépendent  de  la  grande  loge  souve- 
raine des  Etats-Unis,  de  la  grande  loge  d'Australasie  et 
de  la  grande  loge  d'Allemagne.  La  société  a  été  intro- 
duite en  Allemagne  vers  1870  par  l'Américain  Morse; 
elle  y  a  prospéré  et  y  compte  plus  de  6.000  adhérents. 
En  Angleterre,  il  y  a  plus  de  4.000  loges  et  800.000  mem- 
bres. En  Amérique,  les  adhérents  sont  plus  de  810.000 
et  ont  un  budget  annuel  de  370  miUions.  L'ordre  des  Odd 
fellows,  dont  les  réunions  et  les  pratiques  s'entourent  de 
mystère  et  où  l'initiation  a  des  rapports  multiples  avec 
celle  des  francs-maçons,  s'occupe  surtout  de  bienfaisance  ; 
il  distribue  des  secours  aux  membres  nécessiteux  ou  ma- 
lades, aux  veuves,  aux  orphelins,  subventionne  des  établis- 
sements considérables  pour  l'éducation  des  orphelins  des 
sociétaires  décédés  ou  pour  l'entretien  des  sociétaires  âgés 
et  infirmes.  Il  ne  se  désintéresse  pas  pourtant  des  ques- 
tions politiques  et  pèse  d'un  certain  poids  dans  la  balance 
électorale. 

BiBL  .  :  Andraas,  Der  Order  der  Odd  Fello-ws  :  Leip- 
zig, 1882.  —  W.-S.  Harwood,  Article  sur  les  sociétés 
secrètes  en  Amérique,  dans  North  Aynerican  Review, 
mai  1897. 

ODE.  Ce  nom  désigne,  dans  les  littératures  modernes, 
une  espèce  de  composition  lyrique  qui  peut  n'être  pas 
aisée  à  définir,  mais  qui  enfin  se  distingue  d'autres  poèmes 
congénères,  tels  que  Vhymne,  le  cantique,  la  cantate, 
le  dithyrambe  (V.  ces  mots).  Le  mot  wSr[,  chant,  dont 
il  est  la  transcription,  s'applique  à  toute  pièce  destinée  à 
être  chantée,  et,  partant,  à  tout  le  genre  lyrique  :  les  Grecs 
appellent  ode  aussi  bien  les  grands  morceaux  choriques 
de  Pindare ,  divisés  en  longues  strophes  ou  en  triades  (strophe , 
antistrophe  et  épode)  que  les  petites  chansons  d'Alcée  ou 
d'Anacréon,  en  courtes  strophes,  ordinairement  de  quatre 
membres  (V.  Poésie).  En  latin,  ode  ou  oda  reste  long- 
temps un  mot  étranger  :  les  poésies  lyriques  de  Catulle 
et  d'Horace,  composées  à  l'imitation  des-  Grecs,  ne  sont 
pas  intitulées  par  leurs  auteurs  oda^;,  mais  carmina. 
Ôuand  Pétrone  {Satir.,  53)  emploie  le  mot  odarium, 
c'est  qu'il  le  met  dans  la  bouche  d'un  ridicule  qui  affecte 
l'hellénisme.  Ce  terme  d'ode  se  perd  donc  dans  la  litté- 
rature générale,  à  mesure  que  le  grec  s'oublie,  et  au  moyen 
âge  il  n'est  plus  en  usage  nulle  part.  Il  ne  reparaît,  pour 
caractériser  une  nouvelle  forme  poétique,  qu'au  xvi^  siècle, 
d'abord  en  France,  dans  VEpître  au  Lecteur  mïsQ  en  tète 
de  la  seconde  édition  de  ses  0(/é?.s  (1550),  Ronsard  se  vante 
d'avoir  employé  le  premier  ce  mot  :  «  et  osai  le  premier  des 
nostres  enrichir  ma  langue  de  ce  nom  à' ode  ».  La  pater- 
nité ne  lui  en  fut  point  contestée,  même  par  du  Bellay, 
qui  avait  pourtant  pubfié  quelques  odes  trois  ans  aupa- 


^S  —  ODALISQUE  —  ODENATH 

vaut,  à  la  suite  de  V Olive;  mais  il  ne  les  avait  compo- 
sées qu'à  l'exemple  de  son  maître  et  ami.  Des  quatre  livres 
d'Odes  de  Ronsard,  le  premier  seul  contient  des  poèmes 
dont  la  forme  reproduit  la  triade  des  lyriques  grecs  :  strophe, 
antistrophe  et  épode  ;  ce  sont  les  odes  pindariques;  les 
autres  se  rapprochent  plus  de  celles  d'Horace  et  se  divi- 
sent en  couplets  similaires,  ou  souvent  en  couplets  alter- 
nés de  longueur  différente,  ou  bien  sont  à  l'imitation  des 
poèmes  pseudo-anacréontiques  (V.  Anacréon)  et  ne  com- 
portent pas  de  division  strophique.    Presque   en   même 
temps,  en  Italie,  Bernardo  Tasso  renonçait  à  la  forme  de 
la  canzone  pétrarquesque,  pour  écrire  des  odes  en  courtes 
strophes  égales  ;  très  peu  après,  Trissin  et  Alamanni  im- 
portaient en  Toscane  la  forme  pindarique  en  triades  {bal- 
lata,contraballata  etstanza,  ouvolta,  rivolta  eistanza; 
giro,  rigiro  et  stanza).  Sous  l'influence  itahenne,  l'ode 
s'introduisit  en  Espagne  au  commencement  du  xvii®  siècle: 
le  premier  qui  se  soit  servi  du  nom  d'ode  paraît  être  don 
Francisco  de  Medrano  (1617),  car  les  célèbres  poèmes 
de  Fernando  de  Herrera  (f  1595)  sont  encore  intitulés 
canciones.   En  Angleterre,  il  ne  paraît  pas  y  avoir  eu 
diodes  avant  Samuel  Daniel  (1562-1619).  Les  odes  alle- 
mandes de  Weckherlin  parurent  en  1618   {Oden  und 
Gesânge)  ;  après  lui,  l'ode  fut  en  faveur  chez  les  poètes 
de  l'école  de  Silésie,  Opitz,  Tscherning,  Fleming.  —  Vode 
eut  ainsi  droit  de  cité  dans  toutes  les  littératures  modernes, 
mais  l'ode  pindarique  ne  s'acclimata  nulle  part,  et  l'on 
prit  l'habitude  de  ne  désigner  par  ce  nom  que  des  poésies 
lyriques  en  strophes  égales,  qui  pouvaient  être  rythmées 
ou  mesurées,  selon  l'époque,  le  pays  et  surtout  le  caprice 
du  poète.  A  la  fin  du  xviii®  siècle,  Klopstock  même  parut 
très  hardi  en  insérant  dans  ses  odes  des  pièces  en  vers 
tout  à  fait  libres.  Quant  au  caractère  poétique  de  Vode, 
il  ne  pouvait  se  définir  ni  par  la  nature  du  sujet,  ni  par 
la  destination  du  poème  ;  matière  et  objet  variaient  à  l'in- 
fini. Si  l'on  est  tenté  de  sourire,  quand  on  lit  dans  les 
Poétiques  et  les  Traités  de  littérature  des  siècles  der- 
niers que  le  caractère  de  Vode  est  «  l'enthousiasme  », 
on  s'aperçoit  à  la  réflexion  qu'il  est  difficile  de  distinguer 
par  une  marque  plus  nette  Vode  de  tout  autre  poème  en 
strophes  régulières.  Il  faut  seulement  donner  au  mot  le 
sens  de  vivacité  de  sentiment,  réelle  ou  feinte,  et  recon- 
naître qu'il  y  a  dans  la  désignation  des  poèmes,  en  dehors 
de  leur  forme  extérieure,  une  grande  part  d'arbitraire.  On 
classait  d'ordinaire  les  odes  en  quatre  espèces  :  l'ode  sa- 
crée, souvent  inspirée  de  la  Bible,  et  distinguée  de  l'hymne 
ou  du  cantique  en  ce  qu'elle  n'était  pas  faite  pour  être 
chantée  ;  l'ode  héroïque  ;  l'ode  philosophique  ou  didac- 
tique, très  en  faveur  dans  la  première  moitié  du  xvm^  siècle 
(La  Motte)  ;  l'ode  anacréontique  ou  badine.  La  plupart 
des  poésies  lyriques  ou  soi-disant  telles  portèrent  ce  nom, 
aussi  bien  chez  les  derniers  classiques  que  chez  les  pre- 
miers romantiques.  Lamartine,  Victor  "ugo  écrivirent  des 
odes,  et  l'on  connaît  ce  qui  est  dit  du  renouvellement  de 
cette  forme  dans  la  préface  des  Odes  et  Ballades.  Nous 
pourrions  évidemment  étiqueter  odes  nombre  de  pièces  des 
Châtiments  ou  des  Contemplations  ;  mais  la  vérité  est 
que  ce  nom  tomba  en  désuétude  vers  1840,  et  ne  fut  en- 
suite employé  que  par  caprice  [Odes  funambulesques  de 
Th.  de  Banville).  La  poésie  parnassienne  l'ignora  presque 
complètement.  Il  a  reparu  plusieurs  fois  dans  la  poésie  de 
ces  dix  dernières  années,  sous  l'influence  surtout  du  groupe 
de  jeunes  gens  qui  porta  quelque  temps  le  titre  d'école 
romane.  A. -M.  Desrousseaux. 

ODEILLO.  Com.  du  dép.  des  Pyrénées-Orientales,  arr, 
de  Prades,  cant.  de  Saillagouse  ;  430  hab. 

CD  EN  AS.  Com.  du  dép.  du  Rhône,  arr.  de  Villefranche, 
cant.  de  Belleville;  839  hab. 

ODENATH,  empereur  romain,  mort  en  ^^^  ap.  J.-C. 
C'était  un  chef  des  tribus  arabes  de  la  région  de  Palmyre, 
époux  de  la  célèbre  Zénobie  (V.  ce  nom),  qui  s'illustra  en 
battant  le  roi  de  Perse  Sapor,  vainqueur  de  Valérien  ;  il 
le  chassa  de  Syrie,  reprit  Nisibis,  s'empara  du  harem 


ODENATIl  —  CDÉON 


r^Q 


royal  et  s'avança  jusqu'à  Ctésiplion.  Il  défit  et  tua  àEmèse 
Quietus,  fils  de  Macrin,  qui  prétendait  à  l'empire.  Lui- 
même  reçut  de  Gallienus  le  titre  d'auguste  et  fut  reconnu 
par  lui  comme  son  collègue  pour  l'Orient.  Il  fut  bientôt 
assassiné  par  son  cousin  Maeonius,  avec  la  complicité  pro- 
bable de  sa  femme. 

ODENSE.  Ville  danoise  dans  l'île  de  Fionie,  reliée  par 
le  canal  d'Odense  avec  le  fjord  qui  porte  le  même  nom  ; 
30.2-27  hab.  (1890).  Eglises,  dont  l'une,  Saint-Knut, 
en  bricjues,  remontant  au  xii^  siècle,  possède  une  crypte, 
plusieurs  tombes  royales.  Bel  hôtel  de  ville.  Le  commerce 
de  cette  ville  est  assez  important  ;  on  y  fabrique  de  la  | 
bière,  de  l'alcool,  du  sucre,  du  verre,  du  papier,  de  la 
fonte,  des  machines,  etc.  On  exporte  surtout  des  œufs, 
puis  du  lard,  de  la  viande,  des  peaux,  des  fruits.  Le  mou- 
vement du  port  fut  en  1 894  de  71.638  tonnes.  Nombreuses 
écoles,  musée  d'antiquités  du  Nord  ;  galerie  de  tableaux. 
C'est  une  des  plus  anciennes  villes  du  Danemark,  et  son 
nom,  qui  signifie  h  sanctuaire  d'Odin,  remonte  à  l'époque 
païenne.  Son  évêché  fut  fondé  en  988  par  Harald  à  la 
dent  bleue.  La  diète  d'Odense  de  1527  accorda  aux  pro- 
testants le  libre  exercice  de  leur  culte. 

L'amt  (district)  d'Odense  comprend  1.770  kil.  q.  et 
136.117  hab.  (en  18J0)  au  N.-O.  de  Fionie  et  sur  les 
petites  îles  voisines  (Romsœ,  Abelœ,  Fœnœ,  Bogœ,  Thorœ, 
Brandsœ,  etc.). 

L'ia  d'Odense,  ri  aère  de  60  kil.,  naît  au  S.  de  file 
de  Fionie,  recueille  les  eaux  du  lac  Arreskov  et  aboutit 
au  canal  d'Odense  (7  kil.  1/2),  creusé  de  1796  à  1804 
pour  joindre  la  ville  d'Odense  au  jiord  d'Odense,  baie  du 
('attégat  qui  entaille  au  N.  File  de  Fionie  et  est  encom- 
brée d'des. 

ODENWALD  (haut-allemand  OdowakU,  bois).  Massif 
montagneux  d'Allemagne,  r,  dr.  du  Rhin,  entre  le  Neckar 
et  le  Main,  long  de  75  kil.,  large  de  30  à  50  kil.  La 
partie  occidentale,  le  long  de  la  plaine  rhénane,  est  formée 
-de  schistes  cristallins,  gneiss,  granité,  syénite,  granu- 
lite,  etc.  ;  la  partie  orientale,  de  grès  bigarrés.  Les  prin- 
cipaux sommets  sont  le  Melibokus  (515  m.),  le  Felsberg 
(501  m.),  le  Hardberg  (592  m.)  et  le  Katzenbuckel 
(628  m.),  point  culminant,  au  bord  du  Neckar.  La  région 
occidentale  est  très  pittoresque  avec  ses  forêts  de  chênes 
et  de  hêtres,  ses  jolies  gorges  et  ses  châteaux  ruinés  ;  celle 
du  S.-E.,  boisée  de  conifères,  est  plus  triste. 

JBiBL.  :  Guides  de  Montanus  et  Wimihaus. 

ODÉON.  Ce  nom,  qui  vient  de  w^stov,  chant,  indique 
l'usage  des  monuments  qui  le  portaient.  C'étaient  des 
théâtres  destinés  aux  concours  de  poésie  et  de  musique. 
Assez  semblables  par  la  disposition  générale  aux  autres 
théâtres,  ils  étaient  cependant  plus  petits  et  couverts,  comme 
leur  destination  le  réclamait,  du  moins  à  partir  du  temps 
de  Périclès.  Le  plus  ancien  odéon  d'Athènes  est  antérieur 
aux  théâtres  de  pierre  (76«  Olympiade).  Cet  odéon  était 
vaste  et  n'avait  pas  de  toit.  Entre  temps,  il  servait  aux 
distributions  de  blé,  aux  séances  d'un  tribunal,  etc.  Pé- 
riclès bâtit  le  premier  odéon  de  pierre.  Mais  l'on  sait  peu 
de  chose  sur  sa  construction.  Ses  colonnes  étaient  de  pierre 
et  la  toiture,  en  forme  de  porte,  était  faite  des  mâts  et  des 
vergues  des  vaisseaux  pris  à  Xerxès.  Cet  odéon  fut  brûlé 
lors  de  la  prise  d'Athènes  par  vSylla,  et  Pausanias  dit  que, 
lorsqu'on  le  rebâtit,  on  lui  donna  la  forme  de  la  tente  de 
Xerxès.  De  ce  renseignement  un  peu  vague,  on  peut  con- 
clure que  le  toit  n'était  pas  plat.  Les  architectes  Caiuset 
Marcus  Stullius  et  Ménalippos  furent  chargés  de  cette  ré- 
fection par  Ariobarzane,  roi  de  Cappadoce.  Pausanias  y 
vit  les  statues  des  rois  d'Egypte  de  la  famille  des  Lagides. 
Il  y  avait  probablement  un  espace  libre  pour  les  choeurs 
(orchestre)  et  une  estrade  ou  scène  pour  les  musiciens. 
•Comme  les  séances  de  l'odéan  ne  comportaient  pas  de  mise 
-en  scène,  la  décoration  était  fixe.  En  eifet,  selon  Vitruve, 
la  scène  de  Fodéon  de  Traites  avait  été  peinte  par  Apati- 
rriusd'Alabunda.  A  Fodéon  de  Smyrne,  Apelle  avait  peint 
wne  Grâce.  Un  autre  odéon,  richement  décoré  et  rempli   j 


d'œuvros  d'art,  fut  éJeve  à  Athènes  aux  frais  (filérode  Atli- 
cus.  Il  en  subsiste  des  ruines  considérables.  Beaucoup 
d'autres  villes  grecques,  Patras,  Corinthe,  etc.,  posséchiient 
des  odéons.  Rome  eut  deux  odéons,  Fun  bâti  par  Domi- 
tien,  Fautre  par  Trajan.  On  voit  les  ruines  d'un  odéun 
à  Pompéi,  et  les  restes  d'un  autre  dans  la  villa  d'Adrien, 
près  de  Tivoli.  André  Baudrillart. 

Théâtre  de  l'Odéon.  —  Le  théâtre  de  FOdéon  oc- 
cupe l'emplacement  de  la  salle  construite  pour  la  Comé- 
die-Française (V.  cet  art.)  sur  les  terrains  de  l'ancien 
hôtel  de  Condé  et  inaugurée  le  9  avr.  1782. 

Abandonnée  par  la  Comédie-Française  le  23  déc.  1794, 
elle  fut  rouverte  par  Poupart-Dorfeuille,  sous  le  nom 
d'Odéon.  Il  rouvrit  le  8  avr.  1797  par  un  concert,  qu'il 
renouvela  le  16  du  même  mois.  Puis  il  donna  des  thiases, 
c.-à-d.  des  bals,  et  commença  sa  vraie  campagne  théâ- 
trale le  20  mai  par  un  spectacle  qui  comprenait  un  Prologue 
d'ouverture,  de  Patrat  (artiste du  théâtre)  et  \yeiss,  le  Phi- 
losophe amoureux,  de  Destouches,  et  l'Apparence  trom- 
peuse, de  Cuyotde  Merville.  Cette  tentative  échoua.  Une 
autre  fut  risquée  le  1 7  août  sans  plus  de  succès.  On  fit 
alors  appel  à  la  troupe  tragique  que  M^^^  Raucourt  avait 
réunie  au  théâtre  Louvois  et  qui  comprenait  les  meilleurs 
artistes  de  la  Comédie-Française  toujours  désorganisée. 
Cette  tentative,  dirigée  par  Sagerct,  fut  arrêtée  par  l'in- 
cendie de  la  salle  de  l'Odéon  le  18-19  mars  1798  (V.  Co- 
médie-Française). 

Lors  de  sa  reconstitution,  la  Comédie-Française  s'ins- 
talla dans  la  salle  du  théâtre  de  la  République,  rue  Ri- 
chelieu, où  elle  se  trouve  encore  anjourdhui.  Pendant  ce 
temps,  les  artistes  de  FOdéon,  qui  &em])laient  précisément 
constituer  le  second  Théâtre-Français  que  les  auteurs 
dramatiques  réclamaient  depuis  si  longtemps,  se  réunis- 
saient à  la  salle  Louvois,  alors  vacante,  sous  la  conduite 
de  leur  camarade  Picard,  l'auteur  de  tant  d'agréables  co- 
médies. Ils  y  restent  jusqu'au  13  avr.  1799,  où  ils  vont 
s'installer  au  théâtre  du  Marais,  donnent  aussi  quelques 
représentations  à  FOpéra  et  au  théâtre  Favart,  puis,  le 
[\  juin,  s'en  vont  partager  le  théâtre  de  la  Cité  avec  la 
troupe  qui  s'y  trouvait,  l'une  et  Fautre  alternant  leurs 
représentations.  C'est  là  que  Picard  donne  avec  beaucoup 
de  succès  sa  grande  comédie  de  l'Entrée  dans  le  monde. 
Lel^^oct.  1800,  ils  retournent  au  théâtre  du  Marais,  et, 
un  mois  après,  ils  vont  alterner  leurs  représentations  avec 
la  troupe  d'opéra-comique  du  théâtre  Feydeau.  Enfin,  le 
tlièâtre  Louvois  se  trouvant  libre,  la  troupe  de  FOdéon, 
Picard  toujours  en  tète,  s'y  installe  délinitivement  et  eti 
prend  possession  le  5  mai  1801. 

Picard  alors  se  multiplie,  et  comme  administrateur,  et 
comme  comédien,  et  comme  auteur,  et  fait  preuve  d'une 
prodigieuse  activité,  si  bien  que,  l'Empire  à  peine  cons- 
titué, il  obtenait  pour  son  théâtre  le  titre  de  «  Théâtre  de 
ITmpératrice  »  et  pour  ses  artistes  celui  de  «  comédiens 
ordinaires  de  l'Empereur  ». 

On  lui  donne  alors  comme  auxiliaire  la  troupe  de  l'Opéra 
italien,  qui  donnera  désormais  ses  représentations  le  lundi 
et  le  jeudi,  tandis  que  les  autres  jours  lui  sont  réservés. 
Le  l^'"  nov.  1807,  Picard,  qui  venait  d'être  élu  membre 
de  l'Académie  française,  était  nommé  directeur  de  FOpéra, 
et  on  lui  donnait  comme  successeur  son  confrère  et  son 
ami  Alexandre  Duval.  Le  départ  de  Picard  amenait  la 
dissolution  de  la  société  des  artistes,  qui  ne  s'entendaient 
pas  entre  eux.  La  direction  du  Théâtre  de  l'Impératrice 
devenait  donc  une  entreprise,  entre  les  mains  d'un  nommé 
Gobert,  k  qui  Duval  vendait  son  privilège,  tout  en  restant 
directeur  en  titre.  C'est  le  1^^  janv.  1808  que  la  nouvelle 
administration  entra  en  possession.  Elle  ne  devait  pas 
rester  longtemps  à  Louvois,  les  travaux  de  la  nouvelle 
salle  de  FOdéon  touchant  à  leur  fin.  Celle-ci,  reconstruite 
par  l'architecte  Clialgnis,  fut  inaugurée  le  15  juin  1808, 
sous  le  titre  de  Th/àtre  de  Sa  Majesté  l'Impératrice  cl 
Heine.  Le  programme  de  ce  premier  spectacle  était  ainsi 
composé  :  Ouverture  deCherubini;  le  Vieil  Amateur, 


—  Ul 


ODKON 


prologue  irinaiifiuratioîi  d'Akwai.diT  Duval  ;  le  Vohi/c. 
comédie  de  (^aignio.:;  la  (ojiidic  au  joi,in\  (''piloi;ue 
frAlissiin  de  Cliazet.  Le  nouveau  lliéàlre  de  l'Odéoii  était 
considéré  comme  «  annexe  de  la  Comédie-Française  », 
mais  pour  la  comédie  seulement,  et  la  tragédie  lui  était 
interdite. 

Quelques  débuts  de  nouveaux  artistes  eurent  lieu  pen- 
dant les  premières  années  de  la  nouvelle  direction,  et  à  la 
tin  de  4810  la  troupe,  en  partie  renouvelée,  se  trou- 
vait ainsi  composée  :  Armand,  Firmin,  Perroud,  Dugrand, 
€liazel,  Leborne,  ïhénard  jeune,  Thérigny,  Fusil,  Saint- 
Aubin,  Pélissier,  Gobelain,  et  M"^^^  Mole,  Mille,  Régnier, 
Henry,  Fleury,  Charles,  Descuillés,  Perroud,  Delmanci, 
Maillard,  Descuillés  cadette.  Divers  artistes  vinrent  encore 
successivement  se  joindre  à  ceux-ci  :  Martelly  (auteur  d'nnc 
jolie  comédie,  les  Deux  Fig aras),  Victor,  Talon,  M^^®  Dé- 
lia et  la  toute  charmante  M^^®  Desbordes,  qui  devait  se  faire 
un  si  grand  nom  de  poète  sous  celui  de  M"^^  Desbordes- 
Valmore.  Le  Théâtre  de  l'Impératrice  continuait  d'ail- 
leurs de  travailler  avec  une  grande  activité,  sans  toutefois 
cire  aussi  heureux  qu'il  l'avait  été  avec  Picard.  De  1808 
à  1814  on  n'a  guère  à  enregistrer,  comme  pièces  à  succès, 
(pie  rAlcade  de  Molorido  et  la  Vieille  Janle,  de  Picard, 
le  Retour'  d'un  croisé,  d'Alexandre  Duval  (qui,  lui  aussi, 
se  voyait  élire  à  l'Académie  française),  Jeunesse  et  Folie, 
de  Pigault-Lebrun,  la  Servante  de  qualité,  de  Pelletier- 
Volméranges,  le  Valet  intrigué,  de  Justin  Gensoul,  et 
Evélina^  de  Rigault.  En  réalité,  la  direction  de  Gobert 
et  d'Alexandre  Duval  avait  .été  déplorable,  et  les  résultats 
en  étaient  funestes.  Au  commencement  de  1814,  Gobert, 
seul  responsable,  était  déclaré  en  faillite,  laissant  les 
artistes  impayés.  Les  événements  politiques  n'étaient  pas 
de  nature  à  rendre  au  théâtre  sa  prospérité  passée.  Après 
la  Restauration,  celui-ci  reprend  son  titre  de  théâtre  de 
rOdéon,  et  les  comédiens,  qui  s'étaient  constitués  en  so- 
.ciété  après  la  disparition  de  Gobert,  supplient  le  ministre 
<le  leur  rendre  leur  ancien  directeur,  Picard,  qui  venait 
d'abandonner  la  direction  de  l'Opéra.  Picard  est  nommé 
an  effet  et  reprend,  le  1'^"^  janv.  1816,  la  direction  de 
l'Odéon,  devenu  «  Théâtre  royal  »  avec  une  subvention  de 
"27.000  fr.  A  ce  moment,  il  n'a  plus  à  se  préoccuper  de 
l'Opéra  italien,  qui  est  allé  s'installer  à  la  salle  Favart,  et 
il  peut  jouer  tous  les  jours. 

L'activité,  l'expérience  et  l'honnêteté  de  Picard  eurent 
raison  de  la  mauvaise  fortune  et  ramenèrent  à  l'Odéon  un 
public  qu'une  administration  désastreuse  en  avait  éloigné. 
Picard  ne  s'était  pas  borné  à  reprendi'e  la  direction;  il 
avait  aussi  retrouvé  sa  plume  et  donna  de  nouveau  plu- 
sieurs comédies,  dont  deux  au  moins  obtinrent  d'éclatants 
succès  :  M.  de  Boulainville  ou  la  double  Béputation, 
les  Deux  Philibert,  le  Capitaine  Belronde,  \auglas 
ou  les  Anciens  Amis;  quelques  autres  ouvrages  furent 
aussi  bien  accueillis  :  le  Valet  de  son  Rival,  de  Scribe 
et  Germain  Delavigne,  le  Chevalier  de  Canolle,  de  Saint- 
Georges,  V Homme  gris,  de  Daubigny  et  Poujol,  Agar  et 
Jsmaël  au  désert,  de  Népomucène  Lemercier. . .  Deux 
années  s'étaient  écoulées  et  la  bienfaisante  influence  de 
Picard  s'était  fait  sentir  de  la  façon  la  plus  heureuse, 
lorsque  l'Odéon  disparut  tout  à  coup  dans  un  nouveau  dé- 
sastre. Le  "20  mars  1818,  dix-neuf  ans  presque  jour  pour 
jour  après  le  premier  incendie,  le  feu  se  déclarait  au  théâtre 
en  plein  jour,  à  trois  heures  de  l'après-midi,  et  pour  la 
seconde  fois  le  réduisait  en  cendres. 

Voilà  nos  pauvres  artistes  obligés  de  nouveau  de  cher- 
cher un  autre  asile,  en  attendant  que  l'on  reconstruise  leur 
salle  engloutie  dans  les  flammes.  Heureusement  pour  eux, 
la  récente  débâcle  du  Théâtre-Italien  avait  laissé  libre  celle 
du  théâtre  Favart.  Ils  allèrent  s'y  installer  provisoirement 
et  la  rouvrirent  le  2  avr.  1818,  toujours  avec  Picard  à 
leur  tète.  Ils  allaient  y  rester  dix-huit  mois.  Du  reste,  on 
s'occupa  aussitôt  de  la  réédification  de  l'Odéon,  et,  dès 
(jue  les  travaux  furent  achevés,  ils  reprirent  possession  de 
leur  domicile  naturel.  Hs  fièrent  donc  Finaiiguration  de 


leiu' nouvelle  ^alie  ic  oO  scjit.  1811K  Ce  fui  To  ^aMon  d'une 
l'ccigi'ji'satioH  coiiijiiclc  de  ruiliepn.H\  (tablie  j)ar  une 
ordonnance  ro\ale  en  date  du  "il  juil.  lbl(S.  Par  cette 
ordonnance,  le  théâtre  de  l'Odéon,  considéré  comme  annexe 
de  la  Comédie-Française,  conservait  son  rang  de  théâtre 
royal  et  était  placé  sous  l'autorité  du  ministre  de  la  mai- 
son du  roi  ;  il  devait  jouer  les  tragédies,  comédies  et  drames 
qui  composent  le  répertoire  du  Théâtre-Français  et  qui 
appartiennent  au  domaine  public,  et  les  pièces  du  même 
genre  qui  lui  étaient  présentées  par  les  auteurs;  enfin,  le 
pi'ivilège  était  accordé  à  une  société  de  comédiens  qui 
l'exploitaient  «  à  leurs  risque  et  fortune  et  aux  mêmes 
conditions  que  celles  imposées  aux  comédiens  du  Théâtre- 
Français».  La  troupe  de  rOdéon,  qui  avait  subi  de  nombreux 
changements,  était  ahisi  composée  en  181 9,  lors  de  l'ouver- 
ture de  la  nouvelle  salle  :  MM.  Joanny,  Victor,  David,  Pré- 
vost, Eric-Bernard,  Valmore,  Chazel,  Lafargue,  Perroud, 
Armand,  Samson,  Duparai,  Thénard  jeune,  Duvernoy, 
Ménétrier,  Sabathier,  Charles;  M'"^^  Kléber,  Laroche, 
Perroud,  Délia,  Fleury,  Guibert,  Millon,  Clairet,  Dufres- 
noy,  Falcoz,  Casaneuve  et  Sabathier. 

La  représentation  du  premier  ouvrage  nouveau  donné 
dans  la  nouvelle  salle  fut  un  événement  littéraire  :  c'était 
les  Vêpres  siciliennes,  le  début  dramatique  de  Casimir 
Delavigne,  qui,  peu  de  mois  après,  allait  donner  avec  non 
moins  de  succès  les  Comédiens.  Un  peu  plus  tard  avait 
lieu  lin  début  éclatant,  celui  de  W^^  George,  la  fameuse 
tragédienne,  qui  depuis  longtemps  déjà  avait  quitté  la 
Comédie-Française.  Cependant,  l'Odéon  n'allait  pas  tarder 
à  entrer  dans  une  des  périodes  les  plus  difficiles  et  les  plus 
tonrmentées  de  sa  longue  histoire.  En  18!21,  Picard  se 
retire,  la  société  des  artistes  est  dissoute  et  le  théâtre 
passe  aux  mains  d'un  directeur  responsable,  nommé  Gen- 
til. Mais  celui-ci  est  à  peine  installé  qu'il  donne  sa  démis- 
sion et  est  remplacé  par  M.  de  Gimel.  C'est  sous  l'admi- 
nistration de  ce  dernier  qu'on  voit  paraître  à  l'Odéon  Bo- 
cage, qui  devait  se  faire  un  si  grand  nom,  Anaïs  Aubert 
et  Elisa  Wenzel.  On  joue  Louis  IX  en  Egypte,  de  Népo- 
mucène Lemercier,  Jean  sans  Peur,  de  Liadières,  le 
Paria,  de  Casimir  Delavigne,  les  Deux  Ménages,  de  Pi- 
card, AVuaflard  et  Fulgence,  les  Machabées,  d'Alexandre 
Guiraud,  Saiil,  de  Soumet,  V Enfant  trouvé ,  do  Picard, 
liienzi,  de  Gustave  Drouineau,  et(^    ' 

Mais,  au  bout  de  trois  années,  Gimel  cède  la  place  à 
un  nouveau  directeur,  Bernard,  qui  prend  possession  le 
i27  avr.  1824.  Ce  nouveau  directeur  a  fait  inscrire  dans  son 
privilège  la  faculté  de  jouer  le  gejire  lyrique  et  de  joindre 
l'opéra  à  la  tragédie  et  à  la  comédie.  Seulement,  comme, 
en  France,  l'administration  s'est  toujours  montrée  absurde 
en  matière  de  théâtre,  retirant  d'une  main  ce  qu'elle  don- 
nait de  l'autre,  elle  n'accordait  à  l'Odéon  cette  faculté  qu'à 
la  condition  qu'il  ne  jouerait  aucun  opéra  français  nouveau, 
se  bornant  aux  traductions  et  aux  ouvrages  tombés  dans 
le  domaine  public.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  fallait  une  troupe 
chantante,  et  Bernard  en  forma  une  qui  comprenait  les 
noms  de  Lecomte,  Campenhout,  Valère,  Camoin,  et  de 
î^jmes  Montano,  Letellier,  Camoin,  Pouilley,  auxquels  se 
joignirent  ensuite  Duprez  (notre  grand  Duprez),  Cœuriot, 
Léon  Bizot,  Mondonville,  Thénard,  M'"^^  Schutz  et  Mon- 
donville.  On  inaugura  le  genre  avec  un  prologue  intitulé 
les  Trois  Genres,  dont,  par  autorisation  spéciale,  Boiel- 
dieu  et  Auber  avaient  écrit  la  musique  ;  puis  on  reprit  une 
foule  d'ouvrages  de  Grétry,  Dézèdes,  Dalayrac,  Méhul, 
Monsigny,  Devienne,  qui  avaient  appartenu  au  répertoire 
de  rOpéra-Comique,  et,  enfin,  on  joua  nombre  de  traduc- 
tions et  pastiches  :  la  Pie  voleuse,  Othello,  la  Dame  du 
Lac,  Tancrède,  le  Barbier  de  Séville,  de  Rossini,  Don 
Juan,  le  Mariage  de  figaro,  de  Mozart,  Marguerite 
d'Anjou,  de  Meyerbeer,  Bobin  des  Bois,  de  Weber,  le 
Sacrifice  interrompu,  de  Winter,  etc.  Pendant  ce  temps, 
rOdéon  donnait  aussi  des  tragédies  et  des  comédies  de 
Draparnaud,  Ancelot,  Soumet,  Mazères,  d'Epagny,  Hip- 
polyte  Bis,  Bayard,  Royou,  Merville.  Pourtant,  après  deux 


ODEON 


—  248  ~ 


ans  d'exploitation,  Bernard  se  retirait,  cédant  la  place  à 
Frédéric  du  Petit-Méré  (1826),  qui  lui-même  avait  pour 
successeur  Thomas  Sauvage  (1827),  lequel  passait  la  main 
à  son  tour  en  faveur  de  Lemétheycr.  Les  choses  allaient 
toujours  de  mal  en  pis,  si  bien  que  Lemétheyer  aboutis- 
sait à  une  catastrophe  et  laissait  le  théâtre  fermé  pendant 
six  mois.  Harel  le  rouvrait  en  1829,  en  congédiant  le  per- 
sonnel lyrique  et  en  amenant  avec  lui  de  nouveaux  artistes  : 
Vizentini,  Ferville,  Delafosse,  Stockleit,  puis  Frederick 
Lemaître,  et  M"^««  Moreau-Sainti,  Nollet,  Nadèje  Fusil  et 
Thénard.  C'est  alors  que  FOdéon  prit,  avec  la  Comédie- 
Française  et  la  Porte-Saint-Martin,  sa  part  du  grand  mou- 
vement romantique  qui  révolutionnait  nos  théâtres,  et  c'est 
alors  qu'il  joua  successivement  :  Amy  Robsart,  de  Victor 
Hugo  et  Paul  Foucher,  Roméo  et  Juliette  et  Christine 
à  Fontainebleau,  de  Frédéric  SouUé,  la  Nuit  vénitienne, 
d'Alfred  de  Musset,  Norma  et  Une  Fête  de  Néron,  de 
Soumet,  Charles  VII  chez  ses  grands' vassaux,  d'Alexandre 
Dumas,  la  Maréchale  d'Ancre,  d'Alfred  de  Vigny,  le 
Moine,  de  Fontan,  etc.  Cependant,  la  direction  d'Harel, 
très  aventureuse,  ne  fut  pas  plus  heureuse  que  les  précé- 
dentes et,  à  la  fin  de  1832,  l'Odéon  était  définitivement 
fermé,  cette  fois  pour  longtemps. 

Il  fallut  attendre  en  effet  jusqu'en  1837  pour  voir 
ses  portes  se  rouvrir  ;  encore  ne  fut-ce  que  d'une  façon 
fugitive  et  par  le  fait  d'une  combinaison  de  VedeU, alors 
directeur  de  la  Comédie-Française,  qui  eut  l'idée  de  faire 
de  l'Odéon  une  véritable  succursale  de  celle-ci  et  de  l'exploi- 
ter avec  ses  artistes.  Les  résultats  prouvèrent  rapidement 
que  l'idée  n'était  pas  heureuse,  et  au  bout  de  quelques 
mois  l'Odéon  redevint  silencieux.  C'est  seulement  le  28  sept. 
1841  qu'il  rouvrit  ses  portes,  sous  la  direction  de  d'Epa- 
gny,  qui,  presque  aussitôt,  disparut  devant  Auguste  Lireux. 
La  troupe,  entièrement  nouvelle,  comprenait  les  noms  de 
Louis  Monrose,  Bocage,  Baron,  Bignon,  Crécy,  Milon,  De- 
rosselle,  Bouchet,  Rosambeau,  Barré,  Saint-Léon,  Pier- 
ron,  Rousset,  Valmore,  Mauzin,  Bouvière,  Ballande,  et  de 
]y[mes  Dorval,  George,  Maxime,  Julie  Berthault,  Virginie 
Bourbier,  Peyre,  TiUy.  A  signaler  alors  les  débuts  écla- 
tants d'Emile  Augier  avec  la  Ciguë,  de  Ponsard  avec 
Lucrèce  (l'une  et  l'autre  refusées  à  la  Comédie-Française), 
et  de  deux  pièces  de  Léon  Gozlan  :  les  Cinq  minutes  du 
Commandeur  et  la  Main  droite  et  la  Main  gauche. 
Néanmoins  Lireux  fait  place  en  1845  à  Bocage  ;  Vizen- 
tini succède  à  celui-ci  en  1847,  et  en  1849  la  direction 
passe  aux  mains  d'Altaroche,  qui  en  1853  la  cède  à 
Alphonse  Royer.  Pendant  ce  temps  la  troupe  se  renou- 
velait avec  Pierron,  Tisserant,  Têtard,  Talbot,  Clarence, 
Harville,  M^^^s  Célestine  Thuillier,  Sarah  Félix,  Bilhaut, 
Siona  Lévy,  devenue,  plus  tard,  la  lectrice  de  poésies 
]y[me  Ernst,  Ramelli,  Roger-Solié,  Lorentine  Léon,  Zulma 
Restout,  et  l'on  voyait  jouer  successivement  Agnès  de 
Méranie,  de  Ponsard,  Echec  et  mat,  d'Octave  Feuillet  et 
Paul  Bocage,  le  Chariot  d'enfant,  de  Méry  et  Gérard  de 
Nerval,  François  le  Chanipi,  Claudie,  Maître  Favilla, 
de  George  Sand,  les  Contes  d'Hoffmann  et  les  Marion- 
nettes du  Docteur,  de  Michel  Carré  et  Jules  Barbier, 
l'Honneur  et  l'Argent,  de  Ponsard  (oti  Laferrière  par- 
tage le  succès  de  Fauteur),  la  Conscience,  d'Alexandre 
Dumas... 

Enfin,  on  allait  voir  ce  qu'on  n'avait  encore  jamais  vu 
à  l'Odéon  :  une  direction  qui  durerait  plus  de  dix  années. 
C'est  celle  de  La  Rounat,  car  La  Rounat  succéda  en  1856 
à  Alphonse  Royer,  qui  était  nommé  directeur  de  l'Opéra, 
let  il  n'abandonna  l'Odéon,  à  la  suite  d'un  différend  avec 
ee  ministère,  qu'en  1867.  Son  administration  probe,  active 
et  intelligente  ramena  enfin  la  prospérité  à  ce  théâtre  et 
dlle  fut  marquée  par  plusieurs  succès  retentissants  :  Ma- 
dame de  Montarcij,  Hélène  Peijron  et  la  Conjuration 
G'Amboise,  de  Louis  Bouilhet,  le  Testament  de  César 
dirodot,  d'Adolphe  Belot  et  Edmond  Villetard,  l'Usurier 
ce  village,  d'Amédée  Rolland  et  Ch.  Bataille,  les  Va- 
cances du  docteur,  d'Amédée  Rolland  seul,  le  Marqins 


de  Villemer,  de  George  Sand,  la  Jeunesse,  d'I'jnilc  Au- 
gier. Durant  cette  période  on  vit  paraître  à  l'Odéon  de 
nombreux  artistes  :  Berton,  Brindeau,  sortant  de  la  Comé- 
die-Française, Febvre,  Kime,  Thiron,  Gibeau,  Ariste,  La- 
ray,  Laute,  Grenier,  IVP"^^  Doche,  Devoyod,  Karoly,  Méa, 
Périga,  Jane  Essler,  Arène,  Lacressonnière,  Thaïs  Petit. 
A  La  Bounat  succéda  de  Chilly,  ancien  acteur  et  directeur 
de  l'Ambigu,  sous  l'administration  duquel  on  vit  débuter 
nombre  d'artistes,  soit  déjà  renommés,  soit  destinés  à  se 
faire  un  nom  :  Taillade,  Coquelin  cadet,  Berton  et  son 
fils  Pierre  Berton,  Paul  Deshayes,  Reynard,  et  M'"^^  Sa- 
rah Bernhardt,  Agar,  Blanche  Baretta,  Emilie  Broisat, 
Antonine  Lambquin,  Hortense  Damain,  Laurence  Gérard, 
Marie  Laurent.  C'est  alors  aussi  qu'on  vit  jouer  le  Roi 
Lear,  de  Shakespeare,  traduit  par  Jules  Lacroix,  le  Pas- 
sant, de  M.  François  Coppée,  interprété  par  Agar  et  Sarah 
Bernhardt,  et  qui  produisit  sur  le  public  un  véritable  enchan- 
tement, la  Contagion,  d'Emile  Augier,  dont,  par  autori- 
sation expresse  de  la  Comédie-Française,  M.  Got  vint 
jouer  à  l'Odéon  le  rôle  principal,  Didier,  àeVierre  Berton, 
le  Bâtard,  d'Alfred  Touroude,  le  Drame  de  la  rue  de 
la  Paix,  d'Adolphe  Belot. 

Après  quelques  années,  M.  Duquesnel  succède  à  de 
Chilly,  et  sa  direction,  plus  active  peut-être  qu'heureuse, 
n'en  est  pas  moins  intéressante.  L'Odéon,  pendant  si  long- 
temps malheureux,  a  d'ailleurs  retrouvé  un  public  sur 
lequel  il  peut  désormais  compter  et  qui  ne  lui  marchande 
pas  ses  sympathies.  M.  Duquesnel  offre  successivement  à 
ce  public  :  la  Maîtresse  légitime,  de  Louis  Davyl,  Un 
Drame  sous  Philippe  II,  de  Porto-Riche,  les  Da- 
nicheff,  de  Pierre  Newsky,  Déidamia,  de  Théodore 
de  Banville,  VHetman,  de  Paul  Déroulède,  Joseph 
Balsamo,  d'Alexandre  Dumas,  les  Noces  d'Attila,  de 
Henri  de  Bornier. . .  Pendant  ce  temps,  la  troupe  se 
renouvelle  avec  MM.  Porel,  Georges  Richard,  Tallien, 
iVmaurv,  Baillet,  Clerh,  Marais,  Keraval,  Masset,  Truf- 
fier,  GÎl  Naza,  et  M"^^^  Léonide  Leblanc,  Hélène  Petit, 
Crosnier,  Elise  Picard,  Alice  Lody,  Kolb,  Chartier,  Sisos, 
Rousseil.  Cependant,  en  1880,  Duquesnel  est  obligé  de 
quitter  la  place,  et  l'Odéon  retourne  aux  mains  d'un  de  ses 
anciens  directeurs,  Charles  de  La  Rounat,  celui  qui  lui 
avait  fait  retrouver  la  prospérité.  Sous  cette  direction  de 
La  Rounat,  qui  n'est  pas  moins  heureuse  que  la  première, 
on  voit  se  produire  plusieurs  succès  retentissants  :  Jack, 
d'Alphonse  Daudet,  Formosa,  d'Auguste  Vacquerie,  Ma- 
dame de  Maintenon  eV  Severo  Torelli,  de  François  Cop- 
pée, puis  deux  petits  actes  charmants,  le  lilephte,  de 
Abraham  Dreyfus,  et  le  Dîner  de  Pierrot,  de  Millanvoye. 
Le  personnel  fait  aussi  de  solides  recrues  avec  Chelles, 
Paul  Mounet,  Albert  Lambert  père  et  fils,  Cornaglia,  Ra- 
meau, Duflos,  Matrat,  W^^^  Tessandier,  Marie  Defresne, 
Grivot,  Samary,  Malvau,  Laurianne,  Hadamard,  Nancy 
Martel,  Rachel  Boyer,  Marie  Laure,  Elise  Petit,  Baréty. 
Mais  La  Rounat  meurt  à  la  fin  de  1884,  et  c'est  un  de  ses 
pensionnaires,  non  moins  actif  que  lui,  Porel,  qui  est  appelé 
à  lui  succéder.  Porel  reste  sept  ans  en  fonction,  puis,  en 
1892,  laisse  le  théâtre  aux  mains  de  ses  deux  régisseurs, 
Emile  Marck  et  Desbeaux,  qui  donnent  leur  démission  en 
1896.  Le  ministère  nomme  alors  comme  directeurs  asso- 
ciés Paul  Ginisty  et  Antoine  (ce  dernier,  fondateur  du 
fameux  Théâtre-Libre),  mais  au  bout  de  peu  de  temps  un 
désaccord  s'élève  entre  eux,  M.  Antoine  se  retire  et  de- 
puis lors  M.  Ginisty  reste  seul  à  la  tète  de  l'Odéon.  Sous 
ces  trois  dernières  directions  on  a  vu  jouer  Conte  d'avril, 
de  Dorchain,  les  Jacobites  et  Pour  la  Couronne,  de 
François  Coppée,  Renée  Mauper in,  de  Henri  Céard,  Numa 
Roumestan,  d'Alphonse  Daudet,  la  Marchande  de  sou- 
rires, de  M"^^  Judith  Gautier,  la  Belle  Saïnara,  d'Ernest 
d'Hervilly,  Germinie  Lacerteux,  d'Edmond  de  Concourt, 
Amoureuse  et  le  Passé,  de  Porto-Riche,  les  Deux  No- 
blesses, d'Henri  Lavedan,  le  Chemineau,  de  Jean  Riche- 
pin,  etc.  Quant  aux  artistes  qui  se  sont  produits  pendant 
cette  période,  ce  sont  MM.  Segond,  Calmettes,  Céalis,  Ma- 


259  — 


OIM>N  —  ODESSA 


gnier,  P^énoiix,  Colombey,  Candé,  Dumény,  de  Max,  Sihiot, 
Coste,  et  M'"®^  Segond-Weber,  Cerny,  Antonia  Laurent, 
Rosa  Briick,  Grumbacb,  Wanda  de  Boncza,  Arbel,  Dilx, 
Rose  Syma,  Page,  Wissocq,  Yabne,  Chapelas.     A.  P. 

BiiJL.  :  Rosa,  Uber  clic  Odeon  in  Athen,  Rom  iind  Kar- 
thiif/o  ;Sœst,  1^31. 

ODER  (lat.  Vidua,  slave  Vpdr).  Grand  fleuve  d'Alle- 
magne, tributaire  de  la  mer  Baltique.  H  naît  en  Autriche 
(Moravie),  à  627  m.  d'alt.,  dafls  les  hauteurs  qui  pro- 
longent au  S.-E.  les  monts  Sudètes,  coule  vers  le  S.-E., 
puis  vers  le  N.-E.,  à  travers  la  dépression  qui  sépare  les 
Sudètes  des  Karpates,  forme  un  instant  la  frontière  entre 
l'Autriche  et  la  Prusse,  où  il  entre  en  aval  d'Oderberg.  Il 
se  dirige  vers  le  N.-O.  à  travers  la  Silésie,  décrivant  des 
sinuosités  marquées,  arrose  Ratibor,  Kosel,  Oppeln,  Brieg, 
Ohlau,  Breslau,  Steinau,  Glogau,  Beuthen,  Neusalz,  entre 
en  Brandebourg  où  il  prend,  après  Krossen,  la  direction 
du  N.,  arrosant  Francfort,  Kiistrin,  Schwedt,  puis,  en 
Poméranie,  Garz,  Greifenhagen,  Stettin.  Après  Kùstrin, 
il  entre  dans  la  fertile  plaine  de  VOderbruch  (36  kil.  de 
long  sur  12  à  30  de  large)  ;  le  fleuve  y  décrivait  une 
vaste  courbe  vers  l'O.  (Freien\valde),mais  on  lui  a  creusé 
un  nouveau  lit  (1743-53).  A  partir  de  Schwedt,  la  pente 
est  nulle  (0°^,20  au-dessus  de  la  mer).  A  Garz,  l'Oder  se 
partage  en  deux  bras  :  l'oriental,  appelé  Grande  Reglitz 
ou  Zollstrom,  passe  par  Greifenhagen  et  débouche  dans 
la  lagune  de  Damm;  le  bras  occidental,  qui  garde  le  nom 
d'Oder,  passe  à  Stettin,  d'où  il  détache  vers  l'autre  la 
Petite  Reglitz.  Toutes  les  eaux  se  réunissent  au  N.  de  la 
lagune  de  Damm  et,  par  le  Pappen  ou  Pfaffenvvasser,  dé- 
bouchent dans  la  grande  lagune  de  l'Oder  ou  de  Stettin, 
séparée  de  la  mer  Baltique  par  les  îles  de  Wollin  et 
d'Usedom  ;  les  eaux  s'écoulent  vers  la  mer  par  le  Dievenow 
à  l'E.,  la  Swine  au  centre,  entre  les  îles,  la  Peene  à  l'O. 

Le  bassin  de  l'Oder  mesure  112.000  kil.  q.;  son  cours, 
905  kil.  dont  741  en  Prusse,  716  navigables  (à  partir  de 
Ratibor).  La  profondeur  est  très  faible,  s'abaissant  à  1  m. 
en  été,  aussi  bien  en  Brandebourg  qu'en  Silésie;  la  lar- 
geur est  de  30  m.  à  Ratibor,  176  à  Breslau,  250  dans 
l'Oderbruch.  Les  torrents  qui  lui  viennent  des  monts 
Sudètes  occasionnent  souvent  de  fortes  crues  et  des  inon- 
dations. Les  principaux  affluents  sont  :  l'Oppa  (g.,  Silésie 
autrichienne),  l'Olsa  (dr.,  Teschen),  la  Klodnitz  (dr.),  la 
Malapane  (dr.),  la  Neisse  de  Glatz  (g.),  l'Ohlau  (g.),  la 
Lohe  (g.),  la  Weistritz  (g.),  la  Weicla  (dr.),  la  KatzJ3ach 
(g.,  Liegnitz),  la  Bartsch  (dr.),  la  Bober  (g.,  grossie  de 
la  Gneis),  la  Neisse  de  Lusace  (g.),  la  Warthe  (dr.), 
grossie  de  la  Netze  et  presque  aussi  importante  que  l'Oder, 
l'Ihna  (dr.,  Stargard).  — L'Oder  était  médiocrement  na- 
vigable, mais  a  été  beaucoup  amélioré  par  les  travaux 
entrepris  récemment  à  partir  de  Kosel  ;  le  port  maritime 
est  à  Swinemunde,  dans  l'île  d'Usedpm,  puis  viennent 
Stettin  et  Breslau  dont  le  mouvement  atteignait,  en  1893, 
1.300.000  tonnes.  La  Klodnitz  et  son  canal  desservent  le 
grand  bassin  houiller  et  industriel  de  la  haute  Silésie.  Un 
canal  de  100  kil.  unit  l'Oder  à  la  Sprée  ;  celui  de  Finow 
(56  kil.),  l'Oder  à  la  Hanel;  par  la  Wartha  et  la  Netze, 
on  communique  avec  le  bassin  de  la  Vistule.     A. -M.  B. 

BiBL.  :  Becker,  Ziir  Kenntniss  dcr  Oder,  18G8.  —  Chris- 
tian!, Das  Oderhruch;  Freienwalde,  1«76.  —  Carte  de 
l'Oder  au  100. 000»  en  12  feuilles,  éditée  })ar  le  service  de  la 
navigation  à  Breslau,  1883-85.  —  Fàhrer  suif  den  deutschen 
Schiffahrtsstrassen,  publié  par  le  ministère  des  travaux 
publics  de  Prusse,  1893.  —  Mohr,  Der  Oder  iind  seine 
Bauten,  1890. 

ODERBERG.  Ville  de  Prusse,  district  de  Potsdam,  sur 
l'ancien  bras  de  l'Oder  ;  4.100  hab.  Ruines  d'un  château 
du  xiv«  siècle  {Bœrenkasten), 

ODERBERG  (Pol.  Dogumin).  Ville  de  Silésie  autri- 
chienne, à  la  frontière  de  Prusse,  sur  la  r.  dr.  de  l'Oder  ; 
1.400  hab.  Raffinerie  de  pétrole. 

ODERIC  DE  PORDENONE  (V.  PoRDENONe), 

ODERICO  (Gaspare-Luigi),  antiquaire  italien,  né  à  Gènes 
en  1723,  mort  en  1803.  Entré  dans  l'ordre  des  jésuites, 
il  s'adonna  quelque  temps  à  la  théologie  et  à  la  prédica- 


tion ;  puis,  ayant  été  comme  professeur  au  collège  des 
Ecossais  à  Rome,  il  y  trouva  l'occasion  d'étudier  la  nu- 
mismatique et  l'épigraphie  :  il  publia  alors  plusieurs  mé- 
moires et  dissertations  où  il  fit  preuve  de  goût  et  de  sa- 
voir, entre  autres  :  Dissertazione  sopra  un'  antica 
îscrizione  novellamente  scoperta  (Rome,  1756)  ;  Dis- 
sertationes  et  annotationes  in  aliquot  ineditas  vete- 
rum  inscriptiones  et  numismata  (Rome,  1765)  ;  2^u- 
mismata  cjrœca  non  anie  vulgata  (Rome,  1777),  etc, 
R  séjourna  ensuite  à  Turin  et  à  Gènes,  où  il  devint  con- 
servateur de  la  bibliothèque  publique.  G.  G. 

ODER  161  DA  GuBBio,  enlumineur  et  miniaturiste  ita- 
lien, né  à  Gubbio,  près  de  Pérouse,  vers  12*20,  mort  à 
Bologne  en  1299.  Il  fut  le  contemporain  et  F  ami  de  Giotto, 
et  passa  à  Bologne  la  plus  grande  partie  de  son  existence. 
C'est  tout  ce  qu'on  sait  de  lui.  Ses  enluminures,  fort  van- 
tées de  son  temps,  sont  probablement  perdues.  Un  passage 
de  Dante,  où  le  poète  parle  avec  enthousiasme  d'Oderigi 
et  l'appelle  l'honneur  de  Gubbio,  VOnor  da  Gubbio,  i^roiwe 
qu'il  jouissait  d'un  grand  renom.  Il  eut  pour  élève  Franco 
le  Bolonais.  G.  C. 

ODERZO.  Ville  d'Italie,  prov.  de  Trévise,  sur  le  Mon- 
ticano  ;  2.500  hab.  Evêché.  Eglise  du  xiv^  siècle.  C'est 
l'antique  Opitergium. 

ODESCALCHI.  Famille  italienne,  originaire  de  Côme, 
dont  les  principaux  membres  furent  :  Pietro- Giorgio^ 
mort  à  Viterbe  le  6  mai  1620,  évêque  d'Alexandrie,  et 
son  frère  Paolo,  gouverneur  de  Rome;  le  pape  Inno- 
cent XI  (V.  ce  nom)  et  son  frère  Marco- Antonio,  n\ort 
à  Rome  en  J670,  qui  fit  de  son  palais  un  hôpital  ;  leur 
neveu  Livio  (1652-1713) ,  qui  acheta  aux  Orsini  le  duché  de 
Bracciano,  fut  candidat  au  trône  de  Pologne  (1697)  et 
transmit  son  héritage  à  Baldassare  Erba,  fils  de  sa  sœur 
Lucrezia;  Benedelto  (1679-1740),  archevêque  de  Milan 
(1712-37)  et  cardinal;  Baldassare,  duc  de  Ceri  (1748- 
1810),  fondateur  de  l'Académie  des  Occulti;  Carlo 
(1785-1841),  cardinal  (1823)  et  archevêque  de  Ferrare. 

ODESPUNG  DE  LA  Meschi^ière  (Louis),  ecclésiastif] ue 
français,  né  à  Chinon  en  1597.  La  date  de  sa  mort  est 
inconnue.  11  servit  plusieurs  fois  de  1645  à  1652  de  se- 
crétaire rédacteur  aux  assemblées  du  clergé  de  France  et 
publia  les  Concilia  novissima  Galliœ  a  tempore  concilii 
Tridentini  celebrata  (Paris,  1646,  in-fol.). 

ODESSA.  Ville  maritime  du  Midi  de  la  Russie,  principal 
port  de  l'empire,  située  sur  la  rive  septentrionale  de  la 
mer  Noire,  à  1.725  kil.  S.  de  Saint-Pétersbourg,  1.415 
S.-O.  de  Moscou,  par  46«  28'36'Mat.  N.,  28^25'  17''  long. 
E.  de  Paris,  55  m.  d'alt.  ;  450.000  hab. 

Comme  la  capitale  russe,  à  l'antipode  de  l'empire,  Odessa 
présente  ce  type  de  cités  modernes  surgies  brusquement  au 
miheu  de  solitudes,  s'épanouissant  dans  le  court  espace 
d'un  siècle  à  l'instar  des  villes  les  plus  florissantes  des 
Etats-Unis  de  l'Amérique.  Il  y  a  un  peu  plus  de  cent  ans, 
en  1789,  l'emplacement  occupé  de  nos  jours  par  Odessa 
était  un  vaste  steppe  orné  d'un  fortin,  Khadji  Bey,  du 
nom  de  l'un  des  princes  (ou  beys)  tatares  du  xiv^  siècle. 
Le  fortin  fut  pris  par  les  troupes  russes,  dans  leur  guerre 
contre  les  Turcs,  en  sept.  1789.  Deux  années  plus  tard, 
par  le  traité  de  lassy,  la  région  fut  cédée  à  la  Russie. 
Un  nouveau  fort  fut  construit  en  1793,  et  l'année  suivante 
le  gouverneur  de  la  région,  deRibas,  reçut  l'ordre  défaire 
édifier  par  ses  soldats  une  ville  et  de  la  baptiser  Odessa,  du 
nom  d'une  bourgade  voisine  Odessos,  et  que  la  grande  Cathe- 
rine prévoyait  déjà  devoir  un  jour  rivaliser  avec  les  prin- 
cipales villes  de  l'Europe.  (On  fait  aussi  dériver  le  nom 
à'Odessa  des  mots  français  assez  d'eau,  souvent  pro- 
noncés par  Richeheu  à  qui  l'on  faisait  valoir  que  l'empla- 
cement était  privé  d'eau  potable  :  Assez  d'eau  —  Eau 
d'assez.)  40.000  hect.  de  terre  devaient  être  distribués 
aux  nouveaux  arrivants  et  une  somme  de  7  millions 
de  francs  fut  assignée  pour  les  frais  de  construction. 
Un  appel  fut  fait  aussi  aux  puissances  maritimes  étran- 
gères.  En  1796,  60  navires  autrichiens,  italiens,  turcs 


ODESSA 


250 


et  grecs  vinrent  mouiller  dans  le  nouveau  port.  La  popula- 
tion se  montait  déjà  à  3.i50  liab.  et  la  viMe  naissante 
comptait  35 '2  maisons.  Tels  furent  les  débuts  de  la  grande 
cité  maritime.  Les  franchises  accordées  aux  navires  étran- 
gers pour  la  circulation  dans  la  mer  Noire,  en  4802,  de- 
vaient accentuer  ce  mouvement,  et  Odessa  devint  bientôt  le 
centre  maritime  le  plus  considérable  de  la  mer  Noire.  Le 
duc  de  Richelieu,  neveu  du  cardinal,  émigré  français,  fut 
chargé  en  4803,  par  Alexandre  P'',  de  l'administration  de 


la  province.  C'est  à  lui  que  les  annalistes  russes  attribuent 
la  plus  grande  part  des  progrès  faits  par  la  cité.  Lors  de 
la  nomination  de  Richelieu  comme  gouverneur,  Odessa 
comptait  9.000 hab.  environ,  répartis  dans  4.200  maisons 
d'habitation.  Onze  années  plus  tard,  le  nombre  d'habitants 
était  de  2o.000  et  la  ville  comptait  plus  de  2.000  maisons. 
Richelieu  se  consacra  avec  une  rare  intelligence  à  l'embel- 
lissement de  la  ville  nouvelle,  fit  construire  des  temples 
pour  les  différents  cultes,  des  écoles,  des  hospices,  un 


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Grand  escalier  et  statue  de  Richelieu,  à  Odessa. 


théâU^e,  un  jardin,  un  afuedic  piur  amener  à  la  ville  de 
l'eau  potable.  Au  painî  de  vue  adiuiuisti'alif,  son  activité 
ne  fut  pas  moins  féconde.  Investi  des  pouvoirs  les  plus 
étendus,  le  neveu  du  cardinal  français  contribua  dans  une 
large  mesure  à  l'extension  commerciale  de  la  ville  par  la 
réduction  des  droits  de  douane  ;  il  institua  un  tribunal  de 
commerce,  des  banques  de  change  et  d'escompte,  obtint 
l'installation  de  consulats  étrangers,  et  fit  appel  aux  arti- 
sans allemands,  déjà  établis  en  Russie,  à  venir  exercer 
leurs  métiers  dans  la  province  nouvelle.  Son  successeur,  le 
comte  Langeron,  ne  fut  pas  moins  actif.  Ln  1847,  Odessa 
fut  déclaré  port  franc,  prérogative  dont  elle  jouit  jusqu'à 
l'année  4859.  La  ville  se  développe  dès  lors  d'une  manière 
normale.  En  4852,  elle  comptait  déjà  une  population  de 
près  de  400.000  âmes;  en  4866,  425.000;  en  4887, 
274.000;  en  4892,  338.000;  enfin  le  recensement  de 
4897  (février)  accusait  le  chiffre  de  404.654  hab.,  notable- 
ment augmenté  depuis.  Contrairement  à  la  disposition  ha- 
bituelle des  grandes  villes  maritimes,  le  choix  de  Cathe- 
rine se  porta,  pour  la  fondation  d'Odessa,  non  pas  sur 
l'embouchure  d'un  fleuve,  mais  sur  une  éminence  de  35  à 
60  m.  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  entre  les  embou- 
chures des  trois  grands  cours  d'eau,  le  Dniestr,  à  gauche, 
le  Roug  et  le  Dniepr,  à  droite.  Sur  cette  hauteur,  la  ville 
occupe  une  superficie  de  près  de  45.000  hect.,  dont  plus 
de  4.000  de  terrains  bâtis.  Construite  en  grande  par- 
,tie  dans  le  cours  de  la  seconde  moitié  du  xix^  siècle, 
Odessa  a  un  aspect  tout  moderne  :  rues  régulières,  droites, 


constructions  somptuenses,  et  se  présente  comme  l'une 
des  plus  bolles  villes  de  l'Europe.  Lue  promenade  fort 
jolie,  ornée  d  une  statue  de  Richelieu,  se  déploie  le  long  de 
la  mer  à  laquelle  elle  communique  par  un  escalier  monu- 
mental en  pierre  de  460  marches.  De  nombreux  jardins, 
des  villas  échelonnées  autour  de  la  ville  et  le  long  de  la 
mer  compensent  en  partie  l'inconvénient  résultant  de  sa 
position  découverte,  exposée  aux  tourbillons  du  steppe 
,ou  aux  intempéries.  La  population  de  la  ville  est  un  mé- 
lange de  toutes  les  races  et  renferme  une  quantité  consi- 
dérable de  représentants  de  divers  coins  du  globe.  Dans 
cette  Marseille  de  l'Orient,  le  Français  coudoie  le  Tatare 
et  le  Tcherkesse,  l'Anglais  trafique  avec  le  Persan  ;  Grecs, 
Turcs,  Juifs  de  tous  les  pays,  Allemands,  Slaves  des  Ral- 
kans,  sont  en  contact  constant  avec  les  Russes,  maîtres 
de  la  ville,  mais  qui  n'en  forment  pas  la  grande  majorité- 
Odessa  jouit  également,  chez  les  Russes,  d'une  grande  répu- 
tation comme  ville  d'eau  ;  sa  plage  est  très  fréquentée.  La 
faible  étendue  des  cotes  de  l'empire,  surtout  dans  la  zone 
tempérée,  rehausse  le  prestige  de  cette  ville  maritime  aux 
yeux  de  la  majorité  de  la  nation,  privée  de  toute  commu- 
nication avec  la  mer. 

Au  point  de  vue  commercial,  Odessa  occupe  dans  l'em- 
pire la  première  place  pour  l'exportation,  la  troisième 
pour  l'importation,  après  la  capitale,  Saint-Pétersbourg, 
et  Revel  ;  20  7o  de  toutes  les  exportations  russes  par  la 
voie  de  l'Europe  (500  à  700  millions  de  fr.)  passent  par 
cette  voie.  Plus  de  40  7o  des  revenus  des  douanes  (43 


-251  — 


ODESSA  —  ODILE 


millions  de  roubles)  reviennent  au  port  d'Odessa.  La  rade, 
vaste  et  profonde,  n'est  prise  de  glace  que  durant  quinze 
jours  ou  un  mois  de  Tannée.  Elle  présente  toutefois  cer- 
tains dangers  à  la  navigation  à  cause  des  vents  violents 
du  S.  et  du  S.-E.  qui  sévissent  dans  ces  parages,  parti- 
culièrement à  répoque  des  équinoxes.  Aussi  est-il  recom- 
mandé aux  navires  de  se  tenir  toujours  prêts  au  départ. 
Des  améliorations  notables  ont  été  apportées,  durant  ces 
dernières  années  (1880-95),  tant  au  port  même  qu'aux 
quais  de  débarquement,  pourvus  d'appareils  élévatoires 
et  de  transbordement  de  marchandises. 

Le  mouvement  des  navires  varie  sensiblement  d'une 
iinnée  à  l'autre  ;  le  trafic  étant  alimenté  principalement 
par  les  céréales  amenées  de  l'intérieur  de  l'empire,  partie 
par  voie  d'eau  (38  "-'/o),  partie  par  les  voies  ferrées  (54  ^/o) 
et  par  routes,  toute  mauvaise  récolte  se  traduit  par  un 
ralentissement  considérable  dans  la  navigation.  Ainsi,  en 
4892,  année  de  disette,  le  nombre  de  navires  étrangers 
ayant  touché  à  Odessa  était  seulement  de  500,  alors  que 
la  moyenne  de  ces  cinq  dernières  années  (1893-98)  atteint 
le  chiffre  de  1.150  environ  avec  un  tonnage  de  1.800.000 
tonnes,  tant  à  l'entrée  qu'à  la  sortie.  Céréales  exportées, 
en  moyenne,  800  millions  de  kilogr.,  dont  320  millions 
de  Ivilogr.  pour  l'Angleterre,  120  millions  pour  la  Hol- 
lande, 100  millions  pour  la  France,  70  millions  pour  la 
Belgique,  65  millions  pour  l'Italie,  45  pour  l'Allemagne. 
Après  les  céréales,  les  principaux  articles  d'exportation 
sont  le  beurre,  le  sucre,  le  caviar,  l'alcool,  le  tabac,  le 
bétail  (12  à -15.000  tètes),  dirigés  habituellement  :  sucre 
pour  l'Italie,  la  Turquie,  l'Egypte  ;  tabacs,  Italie;  alcools, 
Turquie,  pays  balkaniques,  France.  Les  importations, 
d'une  valeur  moindre  (150  millions  de  fr.  environ),  des- 
tinées à  l'intérieur  du  pays,  consistent  en  fruits,  café, 
houille  et  thé.  Ces  deux  derniers  articles  perdent  considé- 
rablement de  l'importance  comme  objets  d'importation,  à 
la  suite  du  développement  de  l'exploitation  minière  dans 
l'intérieur  de  l'empire  et  de  l'établissement  des  voies  ferrées 
qui  relient  les  villes  du  centre  avec  les  pays  producteurs,  no- 
lamment  la  Chine.  Près  de  la  moitié  des  marchandises 
amenées  par  les  navires  à  Odessa  sont  immédiatement  di- 
rigées sur  Moscou.  Le  cabotage  compte  un  total  d'environ 
3.100  à  3.200  embarcations  par  an  avec  un  chargement, 
tant  à  l'entrée  qu'à  la  sortie,  de  5.600  à  6.520  tonnes. 
Le  mouvement  général  d'affaires  est  évalué  à  un  milliard 
de  roubles  environ  (2  milliards  60  millions  de  fr.). 

L'industrie  est  née  à  Odessa,  il  y  a  quelques  années 
seulement,  sous  l'influence  des  mauvaises  récoltes  et  des 
crises  diverses  dont  souffrait  le  commerce  des  céréales.  La 
ville  compte  environ  400  usines  et  fabriques  diverses. 
Ouehiues-unes  des  plus  importantes  ont  été  créées  durant 
les  anjiées  1895-98  par  des  sociétés  étrangères,  belges 
surtout.  Les  principales  de  ces  usines  ont  pour  objet  la 
raffinerie  du  sucre.  Viennent  ensuite  les  fonderies,  fabriques 
de  produits  chimiques,  tanneries,  entreprises  vinicoles, 
savonneries.  Odessa  est  aussi  le  siège  de  divers  importants 
établissements  financiers  (banque  d'escompte,  banque  russe 
pour  le  commeice  étranger.  Crédit  lyonnais,  banque  fon- 
cière) et  de  compagnies  d'assurance  et  de  transport  (com- 
pagnies du  Nord,  Volga,  Russe,  de  Moscou,  Lloyd  russe, 
Nadejda).  Un  rapport  consulaire  français  du  moisdejuil. 
1898  évalue  à  plus  de  50  millions  de  roubles  (140  mil- 
lions de  fr.)  le  chiffre  d'affaires  de  ces  diverses  entre- 
prises. Au  point  de  vue  administratif,  Odessa  appartient 
au  gouvernement  de  Kherson  (distante  à  l'E.  de  190  kil. 
environ)  et  forme  un  gradonatchalstvo  (municipalité) 
sur  le  modèle  de  la  capitale,  Pétersbourg.  La  ville  compte 
en  outre  267  établissements  d'instruction  publique  dont 
14'  d'enseignement  secondaire,  1  université,  diverses  socié- 
tés savantes,  cercles  artistiques,  observatoire,  etc.  Princi- 
paux faubourgs  :  Peressype,  Mol-davanka,  Fontan,  Dalnik. 
Le  22  août  1894,  fut  célébré  à  Odessa  le  centenaire  de 
la  fondation  de  la  ville,  et  posée  la  première  pierre  du 
monument  élevé  à  Catherine  IL  P.  Lemosoï 


ODESSUS  ('Oor.ao;'!.  Ville  grecque  anli({uedela  côte 
de  la  mer  Noire,  près  de  remplacement  actuel  de  Varna 
(V.  ce  mot) ,  à  l'embouchure  du  petit  lleuve  Panysus.  C'était 
une  colonie  milésienne,  fondée  dans  la  première  moitié 
du  vi^  siècle.  Elle  avait  un  gouvernement  démocratique  et 
présidait  une  fédération  des  cinq  colonies  grecques  de  cette 
côte  0.  du  Pont-Euxin,  Odessus,  Tomi,  Collatis,  Mesam- 
bia,  Apollonia.  Les  Bulgares  s'établirent  à  côté  à  Varna 
qui  la  remplaça. 

ODET.  Rivière  du  Finistère{N,  ce  mot,  t.  XVII,p.490). 
ODETTE  DE  Champdivers  (V.  Champdivers). 
ODEUR  (Physiol.)  (V.  Olfaoion). 
ODEVAERE  (Joseph-Dionisius),   peintre  belge,  né   à 
Bruges  en  1778,  mort  à  Bruxelles  en  1830.  Il  peignit 
l'histoire  et  les  sujets  de  batailles.  Elève  de  l'Académie  de 
Bruges,  puis  de  L.  David,  à  Paris,  il  eut,  en  1804,  le  grand 
prix  de  Rome  et,  en  1812,  la  grande  médaille  d'or.  11 
fut  nommé  peintre  de  la  cour  en  1815.  Nombreux  ouvrages 
à  Bruges,  Bruxelles,  etc.   {Couronnement  de  Charle- 
magne,  Bataille  de  Waterloo,  Bataille  de  Nieuport, 
Triomphe  de  Qimabue,  etc.). 
ODHADA-Hraun  (V.  Islande,  t.  XX,  p.  1009). 
ODIERNA  (G.-B.)  (V.  IIodierna). 
ODIHAM.  Ville  d'Angleterre,  comté  de  Rants,  à  3i  kil. 
N.-E.  de  Winchester;  2.700  hab.  Ancienne  résidence  des 
rois  de  Wessex.  Ruines  d'un  château  des  rois  normands 
où  fut  enfermé  le  roi  David  P'^  d'Ecosse. 

ODILE  (Sainte),  fille  d'Adalric  (Etichon),  duc  d'Alsace. 
Au  viii^  siècle,  elle  fonda  près  d'0l3ernai,  sur  le  mont  qui 
prit  plus  tard  le  nom  de  Sainte-Odile  (V.  ce  mot),  le  cou- 
vent de  Hohenbourg,  dont  elle  devint  la  première  abbesse. 
Les  reliques,  exposées  à  la  vénération  des  fidèles  sur 
l'autel  de  la  chapelle  conventuelle,  et  auxquelles,  d's  le 
ix^  siècle,  on  attribuait  des  miracles,  sont  probablement 
les  restes  authentiques  de  la  sainte.  Elle  fut  vénérée,  dès 
le  moyen  âge,  comme  la  patronne  de  l'Alsace.  On  célèbre 
le  13  déc.  comme  le  jour  anniversaire  de  sa  mort. 

D'après  la  légende,  Odile  naquit  à  Obcrnai.  Comme  elle 
était  aveugle  de  naissance,  son  père  résolut  de  la  tuer. 
Bereswinde,  sa  mère,  chargea  la  nourrice  de  se  réfugier 
avec  elle  dans  le  monastère  de  Palma(Raume-les-Dames, 
en  Franche-Comté).  C'est  là  que  l'enfant  recouvra  la  vue, 
après  avoir  été  baptisée  par  Erhard,  évèque  de  la  Bavière. 
Plus  tard,  par  l'entremise  de  son  frère  Adalbert,  Odile  re- 
tourna auprès  de  son  père  qui,  touché  de  sa  douceur  et 
de  sa  piété,  lui  céda  le  château  de  Hohenbourg.  Dans  ce 
manoir,  converti  en  couvent  sous  le  vocable  de  Notre-Dame 
et  de  saint  Pierre,  elle  rassembla  autour  d'elle  une  nom- 
breuse congrégation  de  religieuses  d'origine  noble  et 
accomplit  beaucoup  de  miracles.  Par  ses  prières  elle  arra- 
cha aux  tourments  du  purgatoire  l'àme  de  son  père.  Après 
la  mort  de  ses  parents  qui  furent  enterrés  à  Hohenbourg, 
elle  fonda  au  pied  de  la  montagne  le  monastère  de  Nie- 
dermiinster. 

(quoique  le  nom  de  la  sainte  alsacienne  ne  se  trouve 
mentionné  dans  aucun  document  authentique,  relatif  à 
l'histoire  du  duché  mérovingien  d'Alsace,  son  existence 
historique  ne  saurait  être  révoquée  en  doute.  Dès  le  ix^  siècle 
les  traits  fondamentaux  de  la  légende  existent,  mais  il  est 
prouvé  qu'ils  sont  en  grande  partie  empruntés  à  la  biogra- 
phie de  sainte  Salaberge  [Bollandistes,  sept.,  t.  VI, 
p.  523).  Au  x^  siècle,  il  se  forma  une  biographie  de  la 
sainte  qui  devint  en  quelque  sorte  la  légende  explicative 
des  reliques  vénérées  par  les  nombreux  pèlerins.  Cette  vita 
Ottiliœ.,  qu'on  lit  dans  de  nombreux  manuscrits  datant  en 
partie  du  xi®  siècle,  se  répandit  rapidement,  fut  traduite 
en  allemand  et  en  français  et  contribua  beaucoup  à  faire 
de  la  fdle  d'Adalric  une  sainte  populaire.  Cette  légende 
eut  d'autant  plus  de  succès  que,  plus  tard,  on  greffa  sur 
elle  un  curieux  arbre  généalogique,  qui  depuis  a  induit 
en  erreur  tous  les  historiens  tant  alsaciens  que  lorrains. 
Les  descendants  les  plus  illustres  furent,  de  la  f^içon  la 
plus  arbitraire,  attribués  à  la  famille  de  la  sainte  de  Hohen- 


ODILE  ~  ODOACKE 


2512 


bourg.  Au  XVI®  siècle,  Jérôme  Gebwiller,  Immaniste  alsa- 
cien, à  la  satisfaction  de  l'empereur  Maximilien,  parvint 
à  relier  à  Adalric  la  maison  des  Habsbourg  ;  et  au  milieu 
du  XVII®  siècle,  l'oratorien  Jérôme  Vignier  fabriqua  une 
vie  d'Odile  qu'il  attribua  à  un  auteur  contemporain  de  la 
sainte,  pour  prouver  que  les  ducs  de  Lorraine  et  les  comtes 
d'Eguisheim  avaient  comme  ancêtre  commun  le  même  Adal- 
ric, père  de  la  patronne  d'Alsace.  Il  n'est  pas  sûr  qu'Odile 
elle-même  ait  créé  Niedermdnster.  On  peut  tout  au  plus 
affirmer  que  ce  couvent  existait  au  commencement  du 
X®  siècle  et  qu'à  cette  époque  déjà  on  en  attribuait  la  fon- 
dation à  la  première  abbesse  de  Hobenbourg.  Les  fameux 
testaments  de  sainte  Odile,  sur  lesquels  plus  tard  les  re- 
ligieuses de  Niedermiinster,  en  litige  avec  le  monastère  de 
Hobenbourg,  cherchaient  à  baser  leurs  prétentions,  sont 
évidemment  des  titres  falsifiés,  fabriqués  au  xii®  siècle 
pour  les  besoins  de  la  cause. 

BiiîL.  :  Ch.  Pfister,  le  Duché  mérovingien  d'Alsace  et 
la  Légende  de  sainte  Odile;  Paris-Nancy,  1892,  avec  une 
bibliographie  complète. 

ODILON-Barrot(V.  Barrot). 

ODILON  DE  Mercœur  (Saint),  5®  abbé  de  Cluny,  né 
en  Auvergne  (962),  mort  en  1049.  Fête,  le  1®'"  janv.  Par 
la  disciphne  sévère  qu'il  maintint  dans  la  congrégation 
de  Cluny  et  par  son  mérite  personnel,  il  éleva  au  plus  haut 
degré  le  renom  de  cette  congrégation,  et  lui-même  exerça 
une  puissante  action  sur  la  plupart  des  princes  et  des 
princesses  de  son  temps.  On  lui  attribue  la  première  ins- 
titution de  la  ti'êve  de  Dieu.  —  Ses  écrits,  reproduits 
dans  la  Bibliotheca  cluniacensis,  sont  :  des  Vies  de 
saints,  notamment  une  Vie  de  saint  Mayeul,  4®  abbé 
de  Cluny,  une  Vie  de  sainte  Adélaïde  ;  des  Sermons 
dogmatiques,  dont  l'un  a  été  attribué  à  saint  Augustin  ; 
des  poèmes  et  des  lettres, 

ODIN  ou  ODEN  (Wuatan,  vada  =  aller)  est,  dans 
la  mythologie  Scandinave,  le  plus  ancien  et  le  premier 
des  dieux  ou  Ases.  H  est  le  petit-fils  de  Bure,  le  géant 
issu  des  rocs  salés,  couverts  de  frimas,  que  léchait  la 
vache  Audhumbla,  la  nourrice  d'Ymer  (V.  ce  nom). 
Son  père  est  Bœrr,  qui  avait  épousé  Bestla,  fille  d'un 
géant,  et  il  a  deux  frères,  Vilje  et  Vê.  C'est  avec  l'aide  de 
ceux-ci  qu'il  tire  du  corps  à'Ymer  le  ciel  et  la  terre.  Le 
soleil  est  son  œil.  H  crée  la  race  des  hommes  avec  le 
concours  de  Hœner  et  de  Lodur.  Tout  provient  de  lui  : 
la  paix  et  la  guerre,  les  sciences  et  les  arts,  et  il  est  l'in- 
venteur des  runes.  H  gouverne  toutes  choses  ;  les  divinités, 
comme  les  hommes,  lui  sont  soumises.  Sa  vie  est  d'ail- 
leurs un  combat  continuel  contre  les  puissances  du  mal. 
Il  est  aidé  dans  cette  lutte  par  les  autres  dieux,  par  les 
héros  tombés  sur  les  champs  de  bataille  (Einherjes)  et 
même  par  les  nains.  Sa  demeure  est  le  Gladsheim  ou 
le  Valaskjalf,  et  il  réunit  dans  la  salle  d'or  du  Valhall 
ceux  qui  combattent  avec  lui.  Son  cheval,  nommé  Sleipner 
(le  glissant),  a  huit  pieds  et  est  le  plus  rapide  des  cour- 
siers. Les  deux  corbeaux  Hugin  (réflexion)  et  Munin 
(mémoire)  qui  viennent  se  reposer  sur  ses  épaules  par- 
courent le  monde  pour  le  renseigner  surtout  ce  qui  se  passe. 
Ses  épouses  sont  lord,  Frigg  et  liind  ;  Thor  et  Brage 
sont  deux  de  ses  fils;  les  Valkyries  sont  ses  filles.  Odin 
est  représenté,  en  général,  comme  un  grand  et  noble  vieil- 
lard, à  la  longue  barbe  blanche;  il  est  coiffé  d'un  grand 
chapeau  à  larges  bords  et  porte  un  manteau  bigarré.  Sa 
main  tient  la  lance  {Gungner)  et  il  a  au  bras  l'anneau  d'or 
[Braupner).  H  est  assis  sur  un  trône  élevé  {Lidskjalf)el 
deux  loups  sont  couchés  à  ses  pieds,  à  moins  qu'il  ne  che- 
vauche sur  les  vents  avec  Sleipner.  Au  Ragnarœk  il  sera 
dévoré  par  le  loup  Fenris.  Th.  Cart. 

BiBL.  :  AsDBRiéE^i^Mythologie Scandinave,  traduction  de 
Jules  Leclercq;  Paris,  188(5.  —  Th.  Wisex,  Odcn  och 
Loche,  1873. 

ODIOT.  Famille  d'orfèvres  français,  dont  le  membre  le 
plus  renommé  fut  Jean-Baptiste-Claude  Odiot,  né  à 
Paris  en  1763,  mort  à  Paris  en  1850.  Fils  d'orfèvre,  il 
voulut  d'abord  suivre  la  carrière  militaire  et,  s'ètant  en- 


gagé comme  dragon,  il  servit  pendant  trente  mois  en  cette 
qualité  dans  les  armées  du  roi  ;  puis  il  racheta  son  congé 
et  revint  travailler  avec  son  père.  x\près  la  Révolution  de 
1789,  il  reprit  quelque  temps  du  service,  se  battit  à  Jem- 
mapes,  et  plus  tard  (1814)  se  distingua,  comme  comman- 
dant de  la  garde  nationale,  à  la  défense  de  la  barrière 
de  Clichy.  Entre  temps,  il  s'adonna  avec  le  plus  grand 
succès  à  l'orfèvrerie,  et  les  remarquables  pièces  sorties 
de  ses  ateliers  lui  valurent  une  réputation  européenne  : 
elles  étaient  exécutées  le  plus  souvent  d'après  les  dessins 
de  Prudhon,  Moreau,  Garneray,  Cuvillier  ;  les  sculpteurs 
Dumont,  Chaudet,  Roguier  lui  prêtèrent  également  leur 
concours.  En  1827,  Odiot  se  retira  et  céda  son  étabHsse- 
ment  à  son  fils,  qui  continua  dignement  la  tradition  pa- 
ternelle. G.  C. 

ODiVAL.  Corn,  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  arr.  de 
Chaumont,  cant.  de  Nogent-en-Bassigny  ;  302  hab. 

ODO  DE  Cheriton  ou  de  Sherston,  fabuliste  anglais, 
mort  en  1247.  Prédicateur,  appartenant  probablement  à 
l'ordre  de  Citeaux,  il  a,  suivant  la  mode  du  temps,  intro- 
duit dans  ses  sermons  quantité  d'apologues,  empruntés  sur- 
tout au  roman  du  Renard,  aux  bestiaires  ou  à  d'anciens 
recueils  de  fables.  Ces  apologues  ont  été  de  bonne  heure 
détachés  des  sermons  pour  former  des  recueils  spéciaux. 
Il  en  existe  un  grand  nombre  en  manuscrits  du  xiii'',  du 
xiv®  et  du  xv*^  siècle;  ils  ont  été  traduits  en  français 
(xiii®  siècle),  en  espagnol,  en  anglais,  en  allemand.  Une  ex- 
cellente édition  des  fables  d'Odo  de  Cheriton  a  été  donnée 
par  Hervieux  :  Fabulistes  latins  (Paris,  1884).  Quant  aux 
sermons,  ils  ont  été  publiés  par  Mathieu  Macherel  (Pa- 
ris, 1520).  On  a,  à  tort,  identifié  Odo  de  Cheriton  avec 
Odo  de  Canterbury.  R.  S. 

BiBL.  :  BuLŒUs,  Historia  universitatis  Painsiensis;  Pa- 
ris, 1665,  t.  II.  — Fabricivs,  Bibliothecamedise œtatis,  1736, 
t.  V.  —  H.  QEsTERLEY,  Die  narrationes  des  Odo  de  Ciring- 
tonia^  dans  Jahvbûch  far  Roman.  English  Litteratiir, 
1868-71,  t.  IX  et XII.  —  Paul  Meyer,  Romania,  1885,  t.  XIV. 

ODOACRE  (Odovakar),  roi  d'Italie  (476-493),  tué  à 
Ravenne  le  5  mars  493.  Fils  d'Edecon,  ministre  d'Attila, 
et  frère  d'Onulf,  il  était  du  peuple  des  Scires  ou  Scyres  que 
détruisirent  les  Ostrogoths  (vers  463)  dans  une  bataille 
où  périt  son  père  et  devint  Je  chef  d'une  horde  ou  armée 
formée  des  débris  des  Scires,  de  Rugiens,  d'Hérules  et  de 
Turcilinges.  Il  entra  au  service  de  l'Empire  et  devint  le 
chef  de  la  garde  impériale  à  Rome.  Lorsque  Oreste,  qui 
venait  de  porter  au  trône  son  fils  Romulus  Augustule, 
refusa  de  distribuer  aux  mercenaires  barbares  le  tiers  des 
terres  d'Italie,  Odoacre  les  souleva  et  leur  promit  cette 
répartition.  Il  vainquit  Oreste,  le  captura  à  Pavie  et  le  fit 
périr  ;  Paul,  frère  d' Oreste,  fut  tué  à  Ravenne  ;  Romulus 
Augustule,  déposé  et  banni  en  Campanie.  Les  anciens  his- 
toriens regardent  cet  événement  comme  mettant  fin  à 
l'empire  romain  d'Occident  (476)  (V.  Empire).  Odoacre 
fut  proclamé  roi  par  son  armée  ;  il  obtint  de  l'empereur 
d'Orient  Zenon  le  titre  de  patrice,  mais  ne  put  se  faire 
reconnaître  par  lui  comme  le  régent  légitime  de  l'Italie  ; 
il  ne  l'en  gouverna  pas  moins  et  fit  preuve  de  grandes 
qualités.  Il  fixa  sa  résidence  à  Ravenne,  distribua  à  ses 
soldats  le  tiers  des  terres,  d'ailleurs  en  grande  partie  aban- 
données. Il  s'efforça  de  faire  fonctionner  le  régime  romain, 
témoignant  de  sa  déférence  au  Sénat,  restaurant  le  con- 
sulat, chargeant  de  l'administration,  de  la  justice  et  des 
finances  des  fonctionnaires  italiens  ;  quoique  arien,  il  mé- 
nagea le  clergé  orthodoxe.  Il  fit  la  guerre  au  meurtrier  de 
l'empereur  Nepos,  qui  occupait  la  Dalmatie,  et  annexa  cette 
province  (481).  Il  s'assura  l'amitié  des  Visigoths  en  leur 
cédant  la  portion  de  la  Gaule  demeurée  dépendante  de 
l'Italie.  Il  défit  les  Rugiens  qui  voulaient  se  rendre  indé- 
pendants dans  le  Norique  ;  leur  roi  Felethens  ou  Faba  fut 
pris  avec  beaucoup  de  ses  nobles.  Mais  le  reste,  refoulé, 
demanda  la  protection  du  roi  des  Ostrogoths  Tliéodoric. 
Celui-ci,  encouragé  par  l'empereur  Zenon,  envahit  l'Italie 
en  489.  Odoacre  fut  battu  sur  l'Isonzo,  près  d'Aquilée,  une 
seconde  fois  à  Vérone.  Il  courut  à  Rome,  mais  les  habi- 


^i53 


ODOACUE  —  ODON 


tants  lui  fermèi'ent  les  portes.  Il  revint  alors  à  Ravenne, 
défit  un  corps  de  Goths  et  força  Théodoric  à  s'abriter  dans 
Pavie.  Mais  son  adversaire  concentra  de  nouveau  ses  forces 
et  remporta  une  victoire  décisive  sur  F  Adda  (11  août  490). 
Odoacre  fut  alors  bloqué  dans  Ravenne  ;  la  troisième  année, 
il  capitula  ;  une  convention  stipula  que  Théodoric  et  lui 
régneraient  conjointement  sur  l'Italie  (27  févr.  493).  Sept 
jours  plus  tard,  il  fut  égorgé  dans  un  festin  avec  son  fils 
et  ses  amis.  A.-M.  B. 

BiDL.  :  Ennodius,  Vita  Epiphani. 

ODOARDS  (Fantindes)  (V.  Fantin). 

ODOFREDUS,  célèbre  jurisconsulte  italien  du  xiu®  siècle, 
né  à  Bologne,  mort  à  Bologne  le  3  déc.  1265.  Il  eut  pour 
maîtres  dans  la  jurisprudence  Balduini,  Hugolinus  et 
Accurse,  et  exerça  la  profession  d'avocat  en  Italie  et  en 
France  ;  en  1228,  il  professa  le  droit  à  Bologne  avec 
grand  succès  et  fut  chargé  par  cette  ville  de  négociations 
importantes.  Les  commentaires  sur  le  droit  romain  connus 
sous  son  nom  sont  les  cahiers  de  ses  cours  rédigés  par 
ses  auditeurs;  malgré  leur  incorrection,  ils  sont  fort  im- 
portants, car  ils  contiennent  des  renseignements  très  pré- 
cieux sur  la  renaissance  de  l'étude  du  droit  en  Italie  et 
sur  la  biographie  des  jurisconsultes  duxii«  et  du  xiii<^  siècle. 
On  a  de  lui  :  Lechirœ  in  codicem  (Lyon,  1480)  ;  Lec- 
turœ  in  digestum  vêtus  (Paris,  1504)  ;  Siimma  de  libel- 
lis  formandis  (Strasbourg,  1510)  ;  Lecturœ  in  très 
libros  (Venise,  1514)  ;  Lecturœ  in  digestum  novum 
(Lyon,  1552),  et  divers  manuscrits  dans  les  bibliothèques 
de  Paris,  de  Berlin,  et  les  archives  de  Bologne. 

ODOIEV.  Ville  de  Russie,  chef-lieu  de  district,  gouver- 
nement de  Toula,  sur  la  Soukhaia-Klevenka,  affl.  g.  de 
rOupa  ;  5.139  hab.  Commerce  de  céréales,  de  bétail,  de 
miel. 

ODOLL  Première  capitale  de  la  dynastie  mandchoue 
qui  règne  actuellement  en  Chine  ;  située  dans  les  environs 
de  Ningouta. 

BiBL.  :  HowoRTii,  The  norlhcrn  Frontages  of  China, 
dans  Journ.  Soc.  Asiat.  ;  Londres,  1877. 

0  DO  M  ETRE  (Méc).  Instrument  destiné  à  la  mesure 
du  chemin  parcouru  par  un  piéton  ou  par  une  voiture. 
Vitruve  en  parle  déjà  comme  d'une  machine  très  ancienne. 
C'était,  de  son  temps,  une  roue  portant  une  dent  et  déter- 
minant, par  tout  un  jeu  d'engrenages  successifs,  la  chute 
d'une  pierre,  d'un  vase,  après  chaque  mille  parcouru. 
Souvent  transformé  depuis,  mais  demeuré  d'un  mécanisme 
très  compliqué,  l'odomètre  a  fait  place,  de  nos  jours,  au 
compteur  kilométrique  de  voiture  et  au  podomètre  ou 
compte-pas  (V.  ce  dernier  mot). 

ODOMEZ.  Com.  du  dép.  du  Nord,  arr.  de  Valenciennes, 
cant.  de  Condé  ;  575  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  du  Nord. 
Fabr.  de  produits  réfractaires,  chicorée.  Mines  de  houille. 
ODON  ou  EUDES  de  Glanfeuil  ou  de  SALYr-MAUR, 
hagiographe  de  la  seconde  moitié  du  ix^  siècle.  Il  écrivit 
une  relation  des  miracles  de  saint  Maur  où  il  raconte  la 
ruine  du  monastère  de  Glanfeuil  (Saint-Maur-sur-Loire) 
sous  Pépin  le  Bref,  sa  restauration  sous  Louis  le  Pieux, 
les  miracles  faits  au  tombeau  de  saint  Maur,  la  fuite  des 
moines  par  crainte  des  Normands  en  Bourgogne,  leur  re- 
traite au  monastère  des  Fossés  (depuis  Saint-Maur-des- 
Fossés)  et  les  miracles  survenus  au  cours  des  pérégrina- 
tions et  de  la  translation  du  saint.  Cet  écrit  a  été  publié 
sous  le  titre  de  Historia  euersionis  seu  restaurationis 
monasterii  Glannafoliensis,  mais  les  manuscrits  ne  lui 
donnent  pas  d'autre  titre  que  Miracula  sancti  Mauri. 
Odon  a  fait  précéder  cet  ouvrage  d'une  vie  de  saint  Maur 
qu'il  attribue  à  un  auteur  du  nom  de  Faustus  et  qu'il  ra- 
conte avoir  trouvée  et  acquise  dans  des  circonstances  roma- 
nesques. L'œuvre  entière  a  pour  objet  de  prouver  l'iden- 
tité d'un  disciple  de  saint  Benoît  du  nom  de  Maur,  men- 
tionné dans  les  dialogues  de  Grégoire  le  Grand,  avec  le 
fondateur  de  l'abbaye  de  Glanfeuil,  et  de  montrer  que 
c'est  par  lui  que  s'est  produite  la  propagation  en  Gaule  de 
k  règle  Bénédictine.  Odon  se  donne  lui-même  pour  un 


moine  de  Glanfeuil,  devenu  abbé  en  862  ;  ce  serait  lui  qui 
aurait  emporté  le  corps  de  saint  Maur,  aurait  guidé  la 
communauté  dans  son  exode  et  l'aurait  conduite  à  cher- 
cher un  refuge  en  868  à  l'abbaye  de  Saint-Pierre-des- 
Fossés  dont  il  serait  peu  après  devenu  abbé.  Mais  il  y  a 
dans  son  œuvre  tant  d'erreurs  et  de  contradictions  qu'on 
ne  saurait  se  fier  même  aux  renseignements  que  l'auteur 
donne  sur  sa  personne  et  qu'il  n'est  pas  sûr  qu'il  n'ait  pas 
mis  au  nom  de  l'abbé  Odon  de  Glanfeuil  le  récit  des  mi- 
racles, comme  il  mettait  au  compte  d'un  prétendu  Faus- 
tus le  récit  de  la  vie  de  saint  Maur.  La  vie  de  saint  Maur 
a  été  publiée  plusieurs  fois,  notamment  par  les  Bollandistes, 
Acta  sanctorum^  t.  I  de  janvier  (15janv,),  p.  1039,  et 
par  Mabillon,  Acta  sanctonim  ord.  S.  Benedicti,  sœc.  I, 
p.  274.  La  relation  des  miracles  a  été  pubhée  par  les  Bol- 
landistes, Ibid.,  p.  1051;  par  Mabillon,  Ibid,,  saec.  IV, 
part.  II,  p.  165.  Une  meilleure  édition,  mais  incomplète, 
en  a  été  donnée  par  Holder-Egger,  Monumenta  Germa- 
niœ  Script.,  t.  XV,  1^^  part.,  p.  462.  A.  G. 

ODON  (Saint),  2«  abbé  de  Cluny,  né  dans  le  Maine  en 
879,  mort  en  943.  Fête,  le  18  nov.  Fils  d'un  seigneur 
attaché  à  la  cour  de  Guillaume  d'Aquitaine,  fondateur 
de   l'abbaye    de  Cluny,   il    fit   ses    études  à  Tours  et 
devint  écolâtre  de  Féglise  de  cette  ville.  Vers  l'âge  de 
trente  ans,  il  entra  dans  l'abbaye  de  Cluny,  récemment 
fondée.  Après  la  mort  de  Bernon  (927).,*^ il  en  devint 
abbé,  et  lui  donna  l'organisation  et  l'impulsion  qui  en 
firent  le  centre  et  le  chef  d'une  très  puissante  congréga- 
tion (V.  Abbaye,  t.  I,  p.  37  ;  Benoit,   t.   VI,  p.   207  ; 
Cluny,  t.  XI).  —  La  Bibliothèque  des  Pères  (Lyon)  et 
la  Bibliothèque  de  Cluny  de  Du  Chesne  renferment  les 
ouvrages  suivants  d'Odon  :   Tractatiis    de   reuersione 
b,  Martini  de  Burgundia,  des  Hymnes  et  des  An- 
tiennes ;  des  Sermons;  un  Abrégé  des  Morales  de  saint 
Grégoire Ae  Grand  sur  Job.  On  lui  attribue  un  traité 
de  Musica  et  une  Vie  du  comte  Saint-Gérault  d'Au- 
rillac,  dont  le  manuscrit  authentique  se   trouve  à  la 
Bibliothèque  nationale  de  Paris,  ancien  fonds  du  roi,  5301. 
ODON  ou  EUDES  de  Saint-Maur,  moine  de  l'abbaye 
de  Saint-Maur-des-Fossés,  né  vers  l'an  1000,  mort  après 
1058.  Elevé  à  l'abbaye  des  Fossés,  il  passa  une  partie 
de  sa  vie  à  l'abbaye  de  Saint-Maur-sur-Loire  ou  de  Glan- 
feuil, qui  dépendait  alors  de  la  première,  revint  plus  tard 
aux  Fossés  où  il  écrivit  en  1058  une  vie  de  Bouchard  le 
Vénérable,  comte  de  Vendôme,  de  Corbeil,  de  Melun  et 
de  Paris,  protecteur  et  bienfaiteur  de  l'abbaye.  C'est  le 
seul  ouvrage  de  lui  qu'on  connaisse,  bien  qu'il  y  "^ait  annoncé 
l'intention  d'écrire  une  vie  des  religieux  de  l'abbaye  qui 
s'étaient  distingués  par  leurs  vertus,  et  une  biographie  de 
Renaud,  évêque  de  Paris,  neveu  du  comte  Bouchard.  La 
vie  de  Bouchard,  intéressante  pour  l'histoire  de  la  fin  du 
x^  et  du  commencement  du  xi^  siècle,  a  été  plusieurs  fois 
publiée.  La  meilleure  et  la  plus  récente  édition  est  due  à 
M.  Ch.  B.  de  la  Roncière,  Vie  de  Bouchard...  par  Eudes 
de  Saint-Maur  {Coll.  de  textes  pour  servir  à  l'étude 
et  à  Venseign.  de  Vhistoire;  Paris,  1892,  in-8).    A.  G. 
ODON,  évêque  de  Bayeux  et  comte  de  Kent,  mort  en 
1097.  Il  était  fds  de  Herluin  de  Conteviîle  et  de  Heilcva 
de  Falaise.  Sa  mère,  avant  d'épouser  Herluin,  avait  été  la 
maîtresse  de  Robert  de  Normandie  et  en  avait  eu  un  fils 
qui  fut  Guillaume  le  Bâtard.  Odon  était  donc  le  frère  uté- 
rin du  futur  conquérant  de  l'Angleterre.  H  reçut  de  Guil- 
laume l'évêché  de  Bayeux  en  1049.  Il  fournit  quarante 
nefs  pour  l'expédition  de  1066  en  Angleterre,  prit  part  à 
la  bataille  de  Senlac,  et  dans  la  Tapisserie  de  Bayeux  il 
est  représenté  arrêtant  et  ralliant  les  fuyards.  Il  fut  nommé 
gardien  du  château  de  Douvres  et  comte  de  Kent,  et  reçut 
d'importants  domaines  dans  douze  comtés.  C'était  «  le  se- 
cond roi  »,  dit  Orderic  Vital.  Parvenu  au  comble  de  la  for- 
tune, il  ambitionna  la  tiare,  et  résolut  de  partir  pour  Rome 
avec  une  troupe  de  chevahers,  pour  briguer  la  succession 
de  Grégoire  VII;  mais  son  frère,  que  ces  visées  inquié- 
taient, le  fit  arrêter  et  l'envoya  captif  à  Rouen.  Libéré  à 


ODON  —  O'DOXNELL 


—  9,U 


la  mort  de  Guillaume  le  Conquérant  (-1087),  Odon  recouvra 
ses  titres  et  ses  biens,  mais  non  son  ancienne  influence.  Il 
se  fit  alors  le  principal  agent  des  intrigues  normandes 
contre  Guillaume  le  Roux.  Puni  du  bannissement  et  de  la 
perte  de  tous  ses  biens  en  x4ngleterre,  il  vécut  désormais 
en  Normandie,  et  prit  une  iniluence  prépondérante  dans 
le  conseil  du  duc  Robert.  Il  partit  avec  lui  pour  la  terre 
sainte  en  1096  et  mourut  en  chemin,  à  Palerme.  Il  fut 
enterré  dans  la  cathédrale.  Ce  prélat  menait  une  vie  toute 
séculière.  Il  avait  un  fds  appelé  Jean.  Il  était  dur  et  cruel, 
et,  pendant  ses  années  de  puissance,  il  fut  très  impopu- 
laire en  Angleterre.  Mais  il  avait  du  goût  pour  les  a^ts. 
On  lui  doit  la  reconstruction  d'  la  cathédrale  de  Rayeux, 
et  peut-être  la  fameuse  tapisserie  fut-elle  faite  pour  lui. 

Ch.  Petit-Dutâillis. 
BiRL.  :    Freemax,  History   of  the  Norman  conqiiest; 
Oxford,    1877-79,    6   vol.  in-8.  —  Du  mcme,  Tfie  Re'ujn  of 
William  Rufas;  Oxford,  1882,  2  vol.  in-S. 

ODON  DE  Deuil,  chroniqueur,  né  à  Deud,  village  de  la 
vallée  de  Montmorency,  mort  à  Saint-Denis  vers  1062. 
Moine  à  l'abbaye  de  Saint-Denis,  il  suivit  Louis  VII  en  terre 
sainte  en  qualité  de  conseiller  et  de  chapelain.  Au  retour, 
il  devint  abbé  de  Saint-Corneille  de  Compiègne,  puis  rem- 
plaça Suger  comme  abbé  de  Saint-Denis.  On  a  de  lui  un 
opuscule  intéressant  pour  l'histoire  de  la  seconde  croisade  : 
De  Ludovici  VIL  Franconun  régis,  profectione  in 
Orientem.  Il  a  été  publié  dans  le  Sancti  BernanU  gé- 
mis illustre  de  Chifflet  (Dijon,  1660,  in-4),  et  fragmen- 
tairement  dans  le  t.  XII  du  Recueil  des  historiens  de  la 
France. 

BiiiL.  :  Histoire  littéraire  de  la  France,  XII,  6U,  et  XIV, 
188.  —  KuGLKR,  Stndicn  znr  Geschichte  des  z\s::eiten  Kreuz- 
zuges  ;  Stuttgart.  186(5,  in-8. 

ODON  AT  ES  (Entom.).  Insectes  Névroptères  Pseudo- 
OrthoptTes,  désignés  aussi  sous  le  nom  de  Libelluliens  et 
comprenant  les  Libellulides,  les  Agrionides,  les  Eschnides. 
A  l'état  adulte,  ce  sont  des  insectes  carnassiers,  de  grande 
taille,  tros  élégants,  au  vol  rapide  pour  la  plupart,  et 
nommés  vulgairement  Demoiselles.  La  tète  est  libre  et 
mobile,  les  antennes  courtes,  les  yeux  saillants,  les  man- 
dibules et  les  mâchoires  fortes.  Les  ailes,  finement  réti- 
culées, ordinairement  avec  un  stigma  près  de  leur  extré- 
mité, sont  inégales  chez  les  Libellulides  et  les  Eschnides, 
semblables  chez  les  Agrionides.  L'abdomen,  le  plus  souvent 
cylindrique,  s'allonge  d'une  façon  démesurée.  Les  larves 
sont  carnassières  et  aquatiques  et  possèdent  une  respira- 
tion rectale.  Celles  des  Agrionides  ont  des  lames  respira- 
toires terminales.  Les  œufs  sont  ordinairement  pondus 
dans  l'eau,  soit  isolément,  soit  par  groupes.  Les  méta- 
morphoses sont  incomplètes.  On  rencontre  ces  insectes  sur 
tous  les  points  du  globe,  y  compris  les  régions  subarctiques. 

O'DONNELL.  Ancienne  famille  irlandaise  à  laquelle 
appartiennent:  Godfreg  O'Donnell,  puissant  chef  irlan- 
dais, célèbre  par  les  combats  qu'il  livra  à  Maurice  Fitz- 
gerald et  ses  victoires  sur  les  Anglais  en  1237.  Il  mou- 
rut en  1258. 

Manu  s,  lord  de  Tyrconnel,  renommé  pour  ses  ta- 
lents militaires,  défendit  son  pays  contre  les  entreprises 
des  O'Neills.  En  1539,  ayant  fait  alliance  avec  eux, 
il  envahit  le  Pale.  En  1541,  il  reconnut  la  supré- 
matie de  l'Angleterre  :  il  fut  nommé  comte  de  Tyrconnel 
et  demeura  fidèle  à  cette  alliance.  Il  mourut  le  9  févr. 
1564. 

Caluagh,  fils  aîné  du  précédent,  se  rebella  contre  son 
père  en  1547,  et  de  nouveau  en  1554,  le  fit  prison- 
nier et  obligea  le  gouverneur  anglais  à  reconnaître  son 
usurpation  en  1558,  et  même  à  le  créer  comte  de  Tyr- 
connel en  1561.  Mais  il  fut  surpris  et  fait  prisonnier 
par  Shane  O'Neill  qu'il  avait  attaqué  à  l'instigation  des 
Anglais.  Il  su])itd'eifroya])les  tortures  et  fut  mis  en  liberté 
en  1564.  Il  réclama  aussitôt  à  Dublin  l'appui  des  Anglais, 
mais  fut  froidement  accueilli  et  porta  en  personne  ses 
doléances  à  la  cour  d'Elisabeth  qui  ne  fit  que  lui  témoi- 
gner une  amicale  compassion.  Il  rentra  en  Irlande  en  1566, 


sir  Henry  Sidney  ayant  enfin  reçu  l'ordre  de  le  rétablir 
en  ses  biens.  Il  périt  peu  après  (26  oct.  1566)  d'une  chute 
de  cheval. 

Sir  JSiall  Garv,  petit-fils  du  précédent,  né  en  1569, 
mort  en  1626,  jura,  lui  aussi,  fidélité  à  l'Angleterre; 
il  combattit  son  cousin  Hugh  Roe  O'Donncll,  qui  avait 
hérité  du  titre  de  comte  de  Tyrconnel,  et  l'obligea  à 
passer  en  l^^spagne.  Puis,  mécontent  de  voir  ses  serviceiy 
mal  récoin])ensés,  il  se  rebella.  Arrêté,  il  dut  aller  faire 
sa  soumission  à  Londres.  Il  demeura  suspect  au  gou- 
vernement qui  l'accusa  en  1608  de  correspondre  secrète- 
ment avec  O'Dogherty.  Il  fut  emmené  en  Angleterre  et 
enfermé  ta  la  tour  de  Londres,  où  il  mourut. 

Hugh  Roe,  petit-fils  de  Manus  (V.  ci-dessus),  né 
en  1571,  mort  en  1602,  eut  force  démêlés  avec  son 
cousin  Niall,  relativement  à  la  succession  au  titre  de 
comte  de  Tyrconnel,  qui  finalement  lui  fut  garanti  par  le 
gouvernement  anglais.  En  1587,  il  fut  arrêté  par  ordre 
du  gouvernement  et  enfermé  à  Dublin.  En  1591,  il  réus- 
sit à  s'échapper,  fut  repris,  et,  bien  qu'on  eût  redoublé  de 
surveillance,  il  s'évada  encore.  Cette  fois,  il  parvint  à 
gagner  son  pays  non  sans  peine  et  sans  souffrance  :  il  eut 
les  deux  pieds  gelés  et  dut  se  faire  amputer.  Il  feignit  de 
se  soumettre  et  commença  à  nouer  des  intelligences  avec 
l'Espagne  en  1593.  En  1595,  il  envahit  le  tonnaught, 
s'empara  de  Sligo,  et  en  1597  il  avait  soumis  presque 
toute  cette  province.  En  1598,  il  aida  le  comte  de  Tyrone 
à  battre  sir  Henry  Ragnol  au  Yellow  Ford  (l4  août) ,'^ et  en 
1599  il  dépêcha  contre  Essex,  envoyé  pour  le  rêikiire, 
O'Rourke  qui  le  battit  complètement.  En  1600,  il  reçut 
de  l'Espagne  des  subsides  et  des  armes,  mais  sa  politique 
agressive  finit  par  lui  attirer  des  représailles.  Le  comte 
de  Clanricarde  leva  une  armée  contre  lui.  Mais  O'Donnell, 
toujours  allié  aux  Tyrone,  enferma  les  Anglais  à  Kinsale. 
Des  forces  espagnoles,  sons  le  commandement  de  don  Juan 
d'Aquila,  ravaientrejointT.ecapitaineespagnol,  trop  pressé, 
essaya  une  attaque  de  nuit  qui  échoua  piteusement.  Fu- 
rieux, O'Donnell  s'embarqua  pour  l'Espagne  et  porta  lui- 
même  ses  plaintes  à  Phih])pe  IIL  Après  s'être  longtemps 
morfondu,  il  finit  par  obtenir  la  disgrâce  d'Aquila.  Mais 
il  tomba  dangereusement  malade  à  Simancas  oii  il  mou- 
rut le  10  sept.  1602.  Le  bruit  courut  qu'on  l'avait  em- 
poisonné. 

Ronj,  comte  de  Tyrconnel,  né  en  1575,  mort  en 
1608,  frère  du  précédent,  prit  le  commandement  général 
lorsque  son  frère  fut  parti  en  Espagne,  et  en  déc.  1602 
il  se  soumit.  11  fut  gracieusement  reçu  par  le  roi  à 
llampton-Court,  en  1603,  et  fut  créé  comte  de  Tyr- 
connel. Ce  titre  ne  le  satisfaisait  pas;  il  envoyait  plainte 
sur  plainte,  au  grand  ennui  du  roi.  En  1606,  ilcom])lota 
avec  divers  chefs,  lord  Delvin,  le  comte  de  Tyrone  entre 
autres,  de  saisir  par  surprise  le  château  de  Dublin,  et  de 
mettre  la  main  sur  le  gouverneur  de  l'Irlande  et  sur  le 
conseil  du  gouvernement.  Puis,  effrayés  soudain  des  con- 
séquences que  ponri'ait  avoir  ce  complot,  les  comtes  s'em- 
pressèrent de  passer  le  détroit.  L'ambassadeur  anglais 
demanda  leur  extradition  à  Henri  IV  qui  la  refusa,  mais 
qui  ne  leur  permit  pas  de  séjourner  en  France.  Ils  pas- 
sèrent en  Relgique  et  de  là  en  Italie  par  le  Saint-Gothard. 
Le  pape  les  re^'ut  avec  de  grands  honneurs,  mais  Tyrcon- 
nel, ayant  pris  les  fièvres,  mourut  à  Rome  le  28  juil. 

Sa  fille  Mary  Stuart  eut  les  aventures  les  plus  roma- 
nesques. Déguisée  en  homme,  elle  s'échappa  de  Londi'es 
en  1626,  réussit  à  passer  en  France  et  de  là  en  Relgique. 
Toujours  en  cavalier,  elle  fit  force  conquêtes  féminines  ; 
elle  finit  par  se  marier  avec  John  O'Gallagher,  qui  l'avait 
accompagnée  dans  ses  escapades,  et  tombadansune  affreuse 
misère. 

Daniel,  né  en  1666,  mort  à  Saint-Germain-en-Laye  le 
7  juil.  1735,  entra  au  service  de  la  France  dans  la  bri- 
gade irlandaise,  et  se  distingua  à  Oiidenarde  et  à  Malpla- 
quet.  Il  fut  nomme  brigadier  général  en  1719.     R.  S. 
BiijL.  :  0  Clery,  Life  of  Hugh  Roe  O'Donnell  ;  Dublin» 


181)3.  —  Meehax,  Fate  and  Fortunes  of  Ti/rone  and  Tijr- 
connel.  —  Russkll  ei  pRj;M>j-;R(iAST.  (\iiciidcr  of  Irisli 
State  papers  (1603-1G08).  —  Annals  of  tlic  four  Mastcrs,  vO. 

O'DONOVAX. 

O'DONNELL  (Charles),  comto  de  Tyrconnel,  de  la  fa- 
mille précédente,  né  en  1715,  mort  à  Vienne  le  26  mars 
•1771.  Entré  dans  l'armée  autrichienne,  il  se  distingua  à 
la  hataille  de  Plaisance  (174G),  fut  promu  heutenant 
feld-maréchal  en  1757.  11  joua  un  rôle  prépondérant 
en  1758  et  1759  comme  général  de  la  cavalerie  dans  les 
combats  d'Hochkirch  et  de  Maxoi.  A  Torgau  il  com- 
manda en  chef  (juand  Daun  fut  blessé;  il  figura  encore 
honoraldement  à  Zitlan,  mais  se  fit  battre  en  1762  à 
Keiclieidjachpar  le  duc  de  Brunswick-Bevern.  En  déc.  1762, 
il  prit  le  commandement  des  Pays-Bas.  Le  reste  de  sa 
carrière  fut  plus  tranquille  :  il  entra  au  conseil  privé 
en  1764,  devint  inspecteur  général  de  la  cavalerie  en  1765 
et  gouverneur  de  Transylvanie  en  1768.  B.  S. 

O'DONNELL  (Joseph-Henri),  comte  d'Abispal,  né  en 
1769,  en  Espagne,  mort  à  Montpellier  le  17  mai  1834.  Il 
entra  jeune  dans  la  garde  royale  espagnole.  D'un  courage 
à  toute  épreuve,  il  se  distingua  dès  1795  et  surtout 
en  1810  dans  les  luttes  contre  Napoléon  ;  il  était  alors 
général  et  commandait  en  Catalogne  ;  il  remporta  un 
succès  à  Abispal,  d'où  son  titre.  Ayant  refusé  de  recon- 
naître les  Certes,  il  fut  emprisonné  (1814);  aussi,  au  retour 
de  Ferdinand  VU,  il  fut  nommé  capitaine  général  d'An- 
dalousie; en  1818,  gouverneur  de  Cadix.  En  1823,  pourvu 
du  commandement  de  l'armée  de  réserve  chargée  de  cou- 
vrir Madrid,  il  eut  une  attitude  si  suspecte  que  ses  troupes 
elles-mêmes  le  déposèrent.  Il  passa  en  France.  —  Son 
frère,  Henri-Charles  (1780-1830),  fut  capitaine-général 
delà  Vieille-Castille.  B.  S. 

O'DONNELL (Léopold),  comtede  Lucena.ducdeTétuan, 
né  à  Sainte-Croix-de-Ténériffe  le  12  janv.  1809,  mort  à 
Bayonne  le  5  nov.  1867,  fils  du  précédent.  Entré  lui 
aussi  dans  Tarmée,  il  fut  un  des  plus  fidèles  partisans  de 
(Christine  et  avança  rapidement  jusqu'au  grade  de  général 
de  division.  Il  demeura  fidèle  à  la  régente  à  Valence  lors 
de  son  a])dication  (oct.  1840)  et  s'iiisurgea  en  sa  faveur 
à  Pampelune  (1841).  Il  fit  un  assez  long  séjour  en  France 
et.  en  1843,  il  contribua  à  la  chute  d'Espartero.  Le  nouveau 
gouvei'nement  l'envoya  à  Cuba  (1844).  Rappelé  en  1848, 
il  entra  au  Sénat.  Adversaire  de  Bravo-Murillo,  il  obtint 
du  cabinet  Narvaezle  poste  d'inspecteur  général  de  l'infan- 
terie qu'il  garda  jusqu'en  1851.  Miriistre  de  la  guerre  en 
juil.  1854,  il  obtint  la  présidence  du  conseil  en  juil.  1856, 
mais  fut  renversé  par  Narvaez  en  octobre  suivant.  Ministre 
de  la  guerre  et  des  colonies,  et  de  nouveau  président  du 
conseil  en  1858,  il  fut  chargé  en  1859  de  la  direction 
générale  de  l'expédition  du  Maroc  qu'il  mena  à  bonne  fin, 
ce  (jui  lui  valut  le  titre  de  duc  de  Tétuan.  Il  fut  encore 
président  du  conseil  du  15  janv.  au  26  févr.  1863,  et  de 
juin  1865  à  juil.  1866.  B.  S. 

O'DONNELL  (Maximilian-Carl-Lamoral) ,  comte  de 
Tyrconnel,  né  le  29  oct.  18 i2,  mort  à  Salzbourg  le 
13  juil.  (895.  Fils  d'un  lieutenantfeld-maréchal  autri- 
chien, Moritz,  comte  O'Donnell  (1780-1843),  il  entra 
lui  aussi  dans  l'armée  autrichiemie  (1830),  servit'  en 
Italie  (1848),  en  Hongrie  (1849).  Lors  de  l'attentat  de 
Libenyi  (18  févr.  1853),  il  sauva  par  sa  présence  d'esprit 
la  vie  de  l'empereur  François-Joseph.  Il  jouit  dès  lors 
d'une  grande  faveur  à  la  cour  de  Vieiuie  et  prit  sa  retraite 
en  1859.  B.  S. 

0' DO  NO  VAN  RossA  (Jérémy),  agitateur  irlandais,  né 
près  de  Skibbereen  (comté  de  Cork)  le  4  sept.  1831.  Fils 
d'un  petit  tenancier,  il  fit  son  apprentissage  commercial  à 
Skibbereen,  où  il  ouvrit  ensuite  xino.  modeste  m.aison  de 
comestibles.  Doué  d'une  âme  rêveuse  et  fortement  épris 
de  sa  patrie,  il  fut  séduit  par  les  théories  répandues  par 
les  membres  de  la  Société  le  J^hosnix,  qui  devint  par  la 
suite  la  Société  des  Fénians.  et  il  y  entra,  comme  membre 
actif,  en  18j6.  Dix  ans  apiès,  il  foiKlait  à  Dublin  fhe 
IrisJi  PeojAe  (1865),  organe   i\Q6  fiiians,  qui  fut  pour- 


—  255  —  O'DONNELL  —  ODONTOBMTHES 

suivi  par  le  gouvernement  avec  la  dernière  rigueur. 
O'Donovan,  condamné  le  15  sept,  à  la  détention  perpé- 
tuelle, fut  choisi  en  1869  comme  député  de  Tipperary  par 
les  patriotes.  Cette  élection  fut  cassée  par  la  Chambre  des 
communes,  mais  elle  eut  pour  réhultat  de  faire  mettre  en 
liberté  O'Donovan,  qui  passa  en  Amérique  (1870).  11  y 
fonda  r/r/.s7i  World,  puis  V  United  Ireland,  où  il  prêcha 
cette  théorie  :  que  tous  les  moyens  étaient  bons,  voire  la 
dynamite,  pour  délivrer  ITrlande  de  l'oppression  et  de  la 
tyrannie  de  l'Angleterre,  (pii  n'étaient  fondées  elles-mêmes 
que  sur  la  violence.  Une  Anglaise  fanatique,  le  rendant 
responsable  des  attentats  de  la  Tour  de  Londres  et  de 
Westminster  (1885),  lui  tira  un  coup  de  revolver  qui  le 
blessa  assez  grièvement  (2  févr.).  Depuis,  O'Donovan  Bossa 
a  peu  fait  parler  de  lui.  Titulaire  d'une  fonction  dans 
l'administration  de  New  York,  il  continua  à  rédiger 
V  United  Ireland  et  à  faire  mm  active  propagande  en 
faveur  de  ses  malheureux  conq^atriotes.  B.  S. 

ODONT/EUS  (Entom.)  (V.  Bolhocerâs). 

ODONTALGIE  (Méd.)  (V.  Dexi). 

ODONTASPIS  (Paléont.).  Genre  de  Poissons  fossiles 
voisin  de  Lanina  (V.  ce  mot),  et  présentant  des  dents 
semblables,  mais  un  peu  plus  épaisses  et  recourbées.  Le 
corps  est  cylindrique  avec  la  deuxième  dorsale  et  Eanale 
un  peu  plus  petite  que  la  prcmièie  dorsale.  Ce  genre  est 
du  crétacé  et  de  l'éocène  {0.  raphiodon  du  cénomanien; 
0.  Hopei,  éocène).  E.  Trt. 

ODONTINE  (V.  Dentifrice). 

ODONTOGLOSSUM  (Bot.)  (V.  Vandées). 

■ODONTOLABIS  (Entom.)  (V.  Lucane). 

OÔONTOLITHE  (Miner.).  Pierre  bleu  verdâtre  et 
souvent  appelée  fausse  timiuoise  ou  turquoise  de  nou- 
velle roche;  elle  est  constituée  par  des  fragments  de 
dents  fossiles  colorées  par  du  phosphate  de  fer.  Elle 
dégage  au  feu  une  odeur  animale. 

ODONTOPTERIS  (Pal.  \hi.)  (V.  Névroptéhu)Ées). 

ODONTORNITHES  (PaléoKt.).  On  désigne  sous  ce  nom 


"":>"- 


Ilcsperornis   re.U'aiis. 

un  ordre  ou  sous-ordre  d'Oiseaux  fossiles  essentiellement 


ODONTORMTIIES  —  ODYXÈllE 


—  256 


caractérisé  par  un  bec  pourvu  de  véritables  dents,  lîuxley 
et  Zittel  les  considèrent  comme  un  sous-ordre  des  Ratilœ 
(V.  ce  mot),  parce  que  les  ailes  étaient  atropbiées  et  le 
sternum  plat  comme  chez  ces  derniers,  mais  il  serait  pré- 
férable d'en  faire  un  ordre  à  part  que  Marsh  désigne  sous 
le  nom  d'ODONTOLC/E.  Chez  ces  Oiseaux,  qui  sont  de  l'époque 
secondaire,  les  maxillaires  supérieur  et  inférieur  étaient 
garnis  de  dents  nombreuses,  insérées  dans  une  rainure 
commune  ;  les  ailes  étaient  rudimentaires  et  les  membres 
postérieurs  très  robustes  avaient  des  pattes  probablement 
palmées.  —  Le  genre  type  (Hesperornis)  devait  avoir  à 
peu  près  le  port  des  Plongeons  (Cohjmbus)  de  l'époque 
actuelle.  C'était  un  grand  Oiseau  nageur  et  plongeur  de 
d  m.  de  haut,  à  cou  long  et  grêle.  Les  os  n'étaient  pas 
creux.  Le  crâne  est  long,  étroit,  le  bec  pointu  avec  i  4  paires 
de  dents  en  haut,  l'intermaxillaire  (c.-à-d.  la  partie  anté- 
rieure du  bec)  en  étant  dépourvue,  et  33  paires  en  bas. 
Le  cerveau  était  très  petit.  Le  sternum  est  grêle,  allongé, 
sans  carène.  Aux  pieds,  le  doigt  externe  est  le  plus  déve- 
loppé et  les  doigts  comptent  de  l'interne  à  l'externe  suc- 
cessivement 2,  3,  4  et  5  phalanges.  V Hesperornis  rega- 
lis  du  crétacé  moyen  du  Kansas  (iVmérique  du  Nord) 
devait  se  nourrir  de  poissons.  On  connaît  deux  autres  espèces 
du  même  genre  et  une  du  genre  voisin  Baptornis.  E.  Trt. 
ODORAT  (Physiol.)  (V.  Olfaction). 
ODOS.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr.  et 
cant.  (S.)  deTarbes;  727  hab. 

ODOUIVIASL  Ville  de  la  Côte  d'Or  (Afrique  occidentale), 
à  environ  10  kil.  de  la  rive  droite  de  la  Volta.  Popula- 
tion: 5.000  hab. 

ODRY  (Jacques-Charles),  acteur  français,  né  à  Ver- 
sailles en  1781,  mort  à  Paris  le  28  avr.  1853.  Il  com- 
mença sa  carrière  en  1802  au  petit  théâtre  des  Délasse- 
ments-Comiques,^ d'où  il  passa  en  1803  à  la  Gaîté,  en 
1805  à  la  Porte-Saint-Martin,  et  enfin  en  1807  aux  Va- 
riétés, où  il  devait  rester  près  de  quarante  ans,  c.-à-d. 
jusqu'à  la  fm  de  sa  carrière.  Pendant  tout  le  cours  de 
cette  longue  carrière,  il  ne  cessa  de  faire  la  joie  du  public, 
et  sa  renommée  fut  telle  qu'elle  franchit  même  les  fron- 
tières. C'était,  si  l'on  peut  dire,  un  grotesque  de  génie, 
qui  n'avait  qu'à  se  laisser  aller  à  sa  nature,  et  par  sa 
seule  présence,  par  ses  gestes,  par  son  organe,  par  sa 
bêtise  béate  ou  solennelle,  soulevait  chez  le  spectateur  un 
rire  inextinguible.  On  a  cité  nombre  de  pièces  dans  les- 
quelles il  n'avait  qu'à  paraître  pour  exciter  l'hilarité  :  le 
Valet  ventriloque,  l'Homme  automate,  l'Intrigue  à  la 
Râpée,  les  Cuisinières,  M.  3Ioufle,  le  Soldat  laboureur, 
Chapolard,  l'Aveugle  de  Montmorency,  Quinze  ans 
d'absence,  les  Ouvriers,  M.  Cagnard  ;  mais  tout  pâlit 
devant  cette  farce  épique,  les  Saltimbanques,  où,  dans 
son  rôle  de  Bilboquet,  il  fit  courir  tout  Paris  et  dont, 
grâce  à  lui,  le  succès  est  resté  légendaire.  Et  les  triomphes 
d'Odry  ne  se  bornèrent  pas  à  Paris  ;  dans  des  tournées 
fructueuses  il  se  fit  acclamer  en  province,  à  Lyon,  à  Lille, 
à  Strasbourg,  à  Bordeaux,  à  Rouen,  au  Havre  et  jusqu'à 
Londres,  où  les  Anglais  lui  firent  un  accueil  enthousiaste. 
Odry,  qui  ne  manquait  pas  d'instruction,  a  publié  un  pe- 
tit poème  burlesque  intitulé  les  Gendarmes,  qiîi  est  d'une 
étonnante  insanité,  et  on  a  recueilli  dans  un  petit  volume 
intitulé  Odrijana,  qui  a  eu  plusieurs  éditions,  les  plaisan- 
teries, les  bons  mots,  les  calembours  et  jusqu'aux  niaise- 
ries dont  il  avait  coutume  d'émailler  ses  rôles.     A.  P. 

ODRYSES  ('05>uaat).  Peuple  antique  de  Thrace,  établi 
sur  l'Artiscus  (Arda)  et  le  bassin  supérieur  de  l'Hébrus 
(Maritza) .  Ils  ne  se  soumirent  pas  à  Darius,  et  leur  roi  Teres 
étendit  sa  domination  jusqu'à  la  mer  Noire,  quoique  mise  en 
échec  par  les  Thyns.  Sa  fdle  épousa  Ariapesthès,  roi  des 
Scythes.  Au  v^  siècle  av.  J.-C,  son  tils  Sitalcès  comman- 
dait à  presque  toute  la  Thrace,  depuis  le  N.  du  Danube  jus- 
qu'à Abdère,  et  de  Byzance  au  Strymon.  Au  moment  de  la 
guerre  du  Péloponèse,  Athènes  et  Sparte  sollicitèrent  son 
alliance,  que  la  première  obtint  grâce  à  son  beau-frère 
Nymphodore.  Il  intercepta  les  ambassadeurs  envoyés  par 


Corinthe  et  Sparte  pour  demander  Talliance  des  Perses. 
Son  fils  Sadocus  et  lui-même  reçurent  le  droit  de  cité 
athénienne.  Il  entreprit  une  grande  expédition  contre  Per- 
diccas  II,  roi  de  Macédoine,  rassembla  150.000  hommes 
dont  50.000  cavaliers,  envahit  la  Macédoine  et  la  Chalci- 
dique,  mais  se  retira  en  constatant  l'absence  de  la  flotte 
athénienne  (429).  En  424,  il  périt  en  combattant  les  Tri- 
balles.  Son  neveu  Seuthès  lui  succéda  ;  c'était  l'allié  de 
Perdiccas  dont  il  avait  épousé  la  sœur  Stratonice  ;  il  main- 
tint de  bonnes  relations  avec  Athènes  ;  il  avait  un  revenu 
annuel  de  400  talents.  x\près  lui,  le  royaume  fut  morcelé 
entre  trois  souverains  :  Medocus  régna  sur  les  Odryses, 
Mœsades,  son  frère,  sur  les  Tliyns,  et  Telles  sur  le  Delta 
(presqu'île  voisine  de  Byzance).  Xénophon  et  ses  merce- 
naires, les  Dix  Mille,  à  leur  retour  en  Europe  restaurèrent 
Seuthès  II,  hls  de  M^esades,  que  plus  tard  nous  voyons  les 
Athéniens  réconcilier  avec  son  oncle.  Cotys  P*\  qui  régna 
ensuite  de  382  à  358,  fut  aflaibli  par  les  incursions  des 
Triballes  qui  pénétrèrent  jusqu'à  Abdère.  On  le  trouve  en 
guerre  avec  les  Athéniens  à  propos  de  la  Chersonèse  de 
Thidce  à  partir  de  36  i.  Il  fut  assassiné  par  deux  Grecs 
d'iËnos.  Son  fds,  Cersobleptès,  qui  partagea  d'abord  le 
pouvoir  avec  Bérisades  et  Médocus,  fut  gouverné  par  un 
aventurier  eubéen  du  nom  de  Charidème.  Il  céda  la  Cher- 
sonèse aux  Athéniens  (357).  Leur  alliance  l'engagea  dans 
une  longue  guerre  contre  Philippe  de  Macédoine,  qui  finit 
par  le  rendre  tributaire  (343).  Le  roi  de  Macédoine  fonda 
pour  contenir  les  Odryses  la  cité  de  Philippopolis.  Ils  four- 
nirent un  contingent  à  Alexandre,  mais  leur  roi  Seuthès  III 
se  révolta  plusieurs  fois  :  après  la  défaite  infligée  par  les 
Gètes  au  Macédonien  Zopyrion  (325),   puis  contre  Lysi- 
maque,  qui  ne  le  soumit  jamais  complètement.  Ces  mon- 
tagnards insubordonnés  sont  encore  en  lutte  contre  les 
Macédoniens  en  211,  en  183.  Les  Romains  s'allient  à  eux 
et  les  emploient  à  combattre  les  Macédoniens,  puis  à  con- 
tenir les  peuplades  voisines,  en  particulier  lesBesses.  Ceux 
de  leurs  rois  dont  le  nom  s'est  conservé  sont  :  Cotys  II, 
contemporain  de  Persée  ;  Cotys  III,  alhé  de  Pompée  contre 
César;  le  fils  de  celm-ci,  Sadalès,  lègue  son  royaume  au 
peuple  romain  (42)  et  Brutus  en  prend  possession.  Au- 
guste les  traite  favorablement  ;  M.  Crassus  leur  cède  en 
29  un  territoire  consacré  à  Dionysos.  Le  régent  Rhœme- 
talcès,  qui  gouvernait  au  nom  des  trois  fils  mineurs  de 
Cotys  /F,  aide  Sollius  à  soumettre  les  Besses  (20)  ;  il  est 
à  son  tour  vaincu  par  eux  (13  av.  J.-C),   mais  rétabli 
parL.  Pison.  Les  rois  des  Odryses  semblent  avoir  alors 
étendu  sur  toute  la  Thrace  leur  royaume  vassal  de  Rome. 
A  la  mort  de  Rhœmetalcês,  Auguste  le  divise  entre  son 
fils  Cotys  V  et  son  frère  Rhascuporis  ;  celui-ci  tua  Cotys, 
mais  Tibère  le  déporta  à  x^lexandrie  où  il  mourut  bientôt, 
et  maintint  la  division,  donnant  Trebellienus  Rufus  pour 
tuteur  aux  fils  de  Cotys,  tandis  que  Rhœmetalcês  II,  fils 
de  Rhascuporis,  lui  succédait  dans  la  zone  montagneuse. 
Deux  ans  après,  les  Odryses  s'insurgent  contre  les  Romains 
et  contre  leur  roi  Rhœmetalcês  II.  P.  Velleius  les  subjugue. 
En  26  ap.  J.-C,  nouvelle  insurrection  comprimée  par  Pop- 
pœus  Sabinus.  En  38,  Caligula  donna  la  Thrace  entière  à 
Rhœmetalcês,  assignant  la  Petite  Arménie  aux  fils  de  Cotys, 
dont  le  seul  connu  s'appelait  aussi  Cotys.  Finalement,  Ves- 
pasien  incorpore  la  Thrace  à  l'empire.  On  représente  les 
Odryses  comme  un  peuple  aux  mœurs  rudes  et  féroces,  adonné 
à  l'ivrognerie.  Le  culte  dominant  était  celui  de  Dionysos; 
leurs  danses  guerrières  et  leur  musique  barbare  ont  été 
décrites  par  Xénophon  (Anab.,  VU,  3).         A. -M.  B. 

ODYNERE  {Odynerus  Latr.).  Genre  d'Hyménoptères, 
de  la  famille  des  Vespidés,  Ce  sont,  comme  les  Eumènes 
(V.  ce  mot),  des  Guêpes  solitaires,  caractérisées  par  un 
corps  ovalaire,  des  mandibules  très  allongées,  des  mâ- 
choires et  des  lèvres  courtes,  des  ailes  à  une  cellule  ra- 
diale et  trois  cubitales,  les  ailes  antérieures  offrant  d'ail- 
leurs cette  particularité  de  se  replier  en  deux,  au  repos, 
dans  le  sens  longitudinal.  Elles  présentent  au  surplus  l'as- 
pect général  et  la  coloration  des  autres  Guêpes.  L'espèce 


type,  0.  parietiun  L.,  assez  répandue  en  Europe,  pra- 
tique dans  les  talus  et  dans  les  murs  en  terre  des  trous, 
divisés  en  trois  ou  quatre  cellules  et  terminés,  à  leur  ou- 
verture, par  une  sorte  de  tuyau  ou  de  cheminée  saillant 
de  3  à  4  centim.  ;  un  œuf  y  est  déposé,  ainsi  qu'une 
dizaine  de  larves  d'insectes,  destinées  à  la  nourriture  de 
celle  qui  sortira  de  l'œuf  ;  puis  le  tuyau  est  détruit  et  le 
trou  est  bouché.  —  11  y  a  encore  beaucoup  d'autres  espèces 
d'Odynères,  ayant  à  peu  près  les  mêmes  mœurs  :  VO.  des 
murailles  (Vespa  niuraria  L.)  ;  VO.  Reaumurii  DuL  ; 
VO.  lœvipes  Schuck.,  qui  fait  son  nid  dans  les  tiges  des- 
séchées des  ronces,  etc. 

ODYNIEC  (Antoine-Edouard),  poète  polonais,  né  à  Giejs- 
tuny  (Lithuanie)  en  1804,  mort  à  Varsovie  le  45  janv. 
1885.  Il  se  lia  à  Vilna  avec  Mickiewicz  et  fut  un  fervent 
romantique,  traducteur  de  ULenore  deBurger;  il  fit  pa- 
raître 2  vol.  de  poésies  (1825),  s'établit  à  Varsovie  où  il 
publia  une  revue  très  appréciée,  Melitele,  qui  devint  l'or- 
gane des  romantiques,  séjourna  en  Allemagne  et  en  Italie 
avec  Mickiewicz  (1829-37),  traduisant  Bvron,  Moore, 
W.  Scott,  rentra  à  Vilna  où  il  rédigea  l'officiel  Courrier 
de  Vilna  (1840-60),  vécut  à  Varsovie  à  partir  de  1866. 
Il  a  donné  plusieurs  pièces  de  théâtre  :  hora,  drame  roman- 
tique (1829);  Felicyta  (1849);  Barbara  Radi-iwillowa 
(1858)  ;  Jer  Lubomirski  (1860).  Il  réunit  ses  poèmes, 
ballades,  légendes  (4«  éd.,  Varsovie,  1875,  2  vol.).  Ses 
récits  de  voyages  (I/.sfz/  z  podrozy;  Varsovie,  1875-78, 
4  vol.)  eurent  un  vif  succès. 

ODYSSEUS  (V.  Ulysse). 

ODYSSEUS,  héros  de  la  guerre  de  l'indépendance 
grecque,  né  à  Prevesa  en  1785,  mort  à  Athènes  le  16  juin 
1825.  Fils  du  chef  Idephte  Androutzos,  il  servit  Ali,  pacha 
de  Janina,  qui  le  nomma  armatole  de  Béotie,  Phocide  et 
Doride,  s'entendit  avec  les  Klephtes,  repoussa  Omer-Vrione 
de  Gravia  (1321)  et  fut  nommé  généralissime  de  l'Hel- 
lade  orientale  par  le  premier  congrès  national  (1822).  Il 
échoua  dans  sa  marche  sur  Lamia,  fut  blâmé  par  l'Aréo- 
page, démissionna  et  se  retira  dans  la  caverne  de  l'antre 
Corycien.  Au  moment  de  la  triple  attaque  des  armées 
turques  de  Dramali,  Resit  et  Orner  Vrione,  le  gouverne- 
ment provisoire  rappela  Odysseus  qui  défendit  victorieuse- 
ment les  Thermopyles  contre  Bairam  Pacha  et  l'Acropole 
d'Athènes  contre  Kesit  Pacha.  II  débloqua  ensuite  Misso- 
longhi,  mais  ne  put  prendre  Chalcis  (1823).  Destitué  par 
le  gouvernement,  il  passa  aux  Turcs,  revint  aux  Grecs  ; 
son  ancien  lieutenant  Goura  le  déclara  prisonnier  et  l'ex- 
pédia à  Athènes  où  on  le  trouva  mort  sur  l'Acropole 

ŒA6RE  (V.  Orphée). 

ŒANTHE.  Ville  de  la  Grèce  antique,  à  l'O.  du  golfe 
de  Grisa,  dans  le  pays  des  Locriens  Ozoles,  temples 
d'Aphrodite  et  d'Artemis.  Aujourd'hui  Galaxidi. 

ŒCHALIE  (Ol/aXi'a).  Nom  de  plusieurs  villes  de  la 
Grèce  antique.  L'une  en  Messénie,  dans  la  plaine  de  Ste- 
nyclaros  ;  Strabon  ridentilie  avec  Andania,  Pausanias  avec 
Carnasium.  A  2  kii.  de  là,  sanctuaire  d'Apollon  Carnéeu, 
d'Hermès  Criophore,  de  Perséphone  et  de  cultes  mystiques 
confondus  avec  ceux  de  la  grande  déesse.  D'autres  en 
Etohe,  enEubée,  près  d'Erétrie;  en  Thessalie,  près  d'Itho- 
nie.  Ghacune  de  ces  villes  revendiquait  pour  elle  la  gloire 
de  la  cité  légendaire  d'OEchalie,  la  capitale  d'Eurytus 
conquise  par  Héraklès,et  cette  expédition  fut  l'objet  d'un 
des  grands  poèmes  épiques  (Oix.aXta;  àAoja-.ç),  lequel  ne 
nous  a  pas  été  conservé. 

ŒCHELHAUSER  (Wilhelm  von),  économiste  allemand, 
ne  à  Siegen  le  26  aoiUl820.Il  se  destina  d'abord  à  l'in- 
dustrie et  au  commerce,  fit  de  longs  voyages  à  travers 
toute  l'Europe,  fut  quelque  temps  attaché  à  la  commission 
centrale  fédérale  de  Francfort-sur-le-Main  et,  en  1856, 
prit  la  direction  de  la  Compagnie  continentale  du  ffaz  à 
Dessau.  Anobli  en  1883,  il  est  depuis  1893  membre  du 
conseil  colonial  et  il  a  reçu  la  même  année  le  titre  de  doc- 
teur honoraire  de  l'Université  d'Erlangen.  De  1878à  1893 
I  a  fait  partie  du  Reichstag,  où  il  ^siégeait  avec  les  m;- 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.    —    XXV. 


■  ">^  ~  ODYiNÈRE  -  OECOLAMPADE 

tionaux  libéraux.  Il  s'est  acquis,  comme  économiste,  une 
grande  réputation,  et  a  pris  part,  d'une  façon  toute  spé- 
ciale, à  l'élaboration  de  la  loi  sur  les  nouvelles  sociétés 
commerciales  à  garantie  hmitée.  Il  a  publié  :  Die  wirt- 
schaftliche  Krisis  (Berhn,  1876);  Die  JSachteile  des 
Aktienwesensunddie  Reform  der  Aktiengesetzgebunq 
(Berlm,  1878);  Die  Tarifreform  von  1819  (Berhn,' 1880); 
Die  Arbeiterfrage  {BerVm,  1886);  Das  soùalen  Aufga- 
beji  der  Arbeitgeber  (Berlin,  1887);  Soùale  Tagesfra- 
yen  (Berlin,  1889),  etc.  On  lui  doit  aussi  des  Erinne- 
rungen  aus  den  Jahren  J848-50  (Berlin,  1892). 
Enfin,  il  est  le  fondateur  et  le  président  de  la  Société  alle- 
mande shakespearienne  et  il  a  donné,  outre  une  Einfûh- 
7ii7ig  in  Shakespeares  Bûhnendramen  (Minden,  1895, 
3®  éd.),  une  grande  édition  des  œuvres  dramatiques  de 
Shakespeare  (Weimar,  1878,  7  vol.).  L.  S. 

ŒCHSLI  (Guillaume),  historien  suisse,  né  àRiesbach, 
près  Zurich,  le  6  oct.  1851,  professeur  au  Polytechnikum 
(1887),  puis  à  l'Université  (1894)  de  Zurich;  auteur  de 
plusieurs  manuels  historiques  et  de  Die  Anfœnge  des 
Glaubenskonfliktes  zwischen  Ziirich  und  den  Eidge- 
nossen  J 521 -n  {^\ïnierûlur,  1883);  Quellenbuch  zur 
Schweizergeschichte  (Zurich,  1886-93);  Die  Anfœnge 
der  schweizerischen  Eidgenossenschaft (iSdi),  etc. 
^  CECODOMA  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Hyménoptères- 
Formicides,  de  la  famille  desMyrmicides.  Ce  genre,  distrait 
desAtta,  est  re- 
marquable p  a  r 
ses  mœurs.  Les 
OE.  (Atta)  ce- 
p ha  lot  es  ou 
Fourmis  de  vi- 
site forment  des 
colonies  dans  les- 
quelles on  dis- 
tingue des  m^les 
et  des  femelles 
ailés,  des  ou- 
vrières  à  grosso 

tête,  qui  vont  aux  champs,  des  ouvrières  plus  petites,  qui 
restent  dans  les  fourmilières,  et  des  soldats  de  taille 
énorme.  Ces  Fourmis  habitent  la  Guyane  et  le  N.  du  Brésil  ; 


Œcodoma  ceplialotes  soldat 
(1  1/2  gr.  nat.). 


Œcodoma  ceplialotes  femelle  (1  1/2  gr.  nat.). 

elles  organisent  de  véritables  expéditions  pour  la  récolte 
des  feuilles  de  caféiers  qu'elles  emmagasinent  dans  de 
longues  galeries  creusées  dans  le  sol.  Ces  feuilles  forment 
une  espèce  de  terreau  sur  lequel  poussent  des  champignons, 
servant  à  la  nourriture  des  Insectes. 

ŒCOLAIVIPAOE  (Jean  Husgen  et  non  HauscheI^,  dit), 
réformateur  suisse,  né  à  Weinsberg  (Wurttembei'g)  en 
1482,  mort  à  Bàle  le  21  nov.  1531.  11  commença  l'étude 
du  droit  à  Bologne  ;  mais  n'ayant  pu  y  prendre  goût,  il 
alla  à  Heidelberg  (1499),  où'^il  étudia  la  théologie  et  les 
humanités  ;  il  préféra  Gerson  aux  scolastiques.  Et^i^t  re- 

17 


(EGOLAMPADE  —  OEDÈME 


—  ûoH  — 


venu  dans  sa  viile  natale,  oii  il  eut  une  prébende,  il  prê- 
cha avec  succès.  En  [Mil,  il  reprit  ses  études,  se  lia  avec 
Mélanchthon  à  Tubingue,  connut  Reuchlin  à  Stuttgart, 
apprit  l'hébreu  avec  un  juif  espagnol,  et  revint  enseigner 
le  grec  et  l'hébreu  à  Heidelberg.  En  15 lo,  il  fut  prédica- 
teur à  Bàle,  cil  il  connut  Erasme,  et  prit  ses  grades  théo- 
logiques. En  1518,  il  alla  comme  prédicateur  à  xiugsbourg, 
où  il  se  sentit  de  plus  en  plus  attiré  par  Luther.  Mais 
l'amour  de  l'étude  le  poussa  à  entrer,  à  la  grande  surprise 
de  ses  amis,  dans  le  couvent  des  brigittes  à  Altenmùnster 
(près  Augsbourg).  Il  y  resta  deux  ans  ;  mais  y  ayant  prê- 
ché les  doctrines  de  la  Réforme,  il  dut  s'enfuir,  et  se  rendit 
à  la  Ebernburg,  auprès  de  Erançois  de  Sikingen,  dont  il 
fut  le  chapelain.  En  nov.  lo22,  il  revint  à  Bàle,  ou  l'ap- 
pelait son  imprimeur  Kratander,  et  il  ne  quitta  plus  cette 
ville,  dont  il  devint  le  réformateur,  tant  par  la  prédica- 
tion que  par  l'enseignement,  comme  pasteur  et  comme 
professeur  de  théologie.  Il  se  ha  avec  Zwingle  avec  lequel 
il  entretint  une  correspondance  active,  il  le  remplaça  au 
colloque  de  Bade  (V.  Baden),  en  13:26.  et  raccompagna  à 
C3lui  de  Marbourgeni529  (V.  Luther,  t.  XXlï,  p.  78o).  Il 
partageait  entièrement  les  doctrines  sacramentaires  du  ré- 
formateur de  Zurich.  La  Réforme  ayant  triomphé  détîni- 
tivament  à  Bàle  (1529),  il  réorganisa  l'Eglise,  Euniversité 
et  les  écoles.  En  1531,  il  alla,  avec  Bucer,  introduire  la 
Réforme  à  llm'.  (Ecolampade  avait  un  caractère  essen- 
tiellement iréniquc,  et  se  prononça  toujours  contre  l'in- 
tervention du  bras  sécuUer  dans  les  affaires  d'Eglise.  Sa 
tombe  se  trouve  dans  la  cathédrale  de  Baie,  à  laquelle  est 
aussi  adossée  sa  statue.  On  n'a  pas  encore  pubhé  une  édi- 
tion complète  de  ses  œuvres.  Ses  commentaires  bibliques 
ont  été  fort  appréciés.  Ch.  Pfendeh. 

BiBL.  :  Hess,  Lebensgeschlchte  D""  Joh.  ŒJiolninpads  ; 
Zurich,  1791  (on  y  trouve  la  liste  complète  dcscs  ouvrages). 
—  Uerzog,  bas' Lcben  Joh.  Œcolompods  u.  die  Refornui- 
tlon  der  Kirchezu  Basel,  1818.  2  vol.  (a  été  résumé  eu  Iran- 
çais  par  A.  de  Mestral  ;  Ncuchatel.  iu-8).  —  IIagknbacii, 
Œcolampads  Leben  ti.  ousgewaeJdte  ScJirîften,  1859.  — 
IIer^iinjard,  Correspondance  des   réformateurs,  passim. 

ŒCONOMOS  (Constantin),    théologien   et   littérateur 
grec,  né  à  Tsaritsana  (Thcssalie)  le  27  août  1780,  mort 
à  Athènes  le  9  mars  1857.  Il  succéda  à  son  père  Cyriaque 
dans  les  fonctions  de  prêtre  et  d'économe  de  l'évêché  d'Elas- 
sona.  Soupçonné  d'avoir  pris  part  aux  ti'oubles  de  1808 
en  Thessalie,  il  fut  emprisonné  pendant  (|uelque  temps  à 
Janina,  put  payer  une  rançon,  et  vers  latin  de  1808  fut 
appelé  à  Smyrne  pour  diriger,  avec  Koumas,  une  seconde 
école  fondée  sur  les  conseils  de  Korais  ;  il  y  enseigna  la 
théologie  et  la  littérature  grcc([ne  pendant  près  de  onze 
•ans  ;  mais,  à  la  suite  de  dissentnnents  avec  l'école  évan- 
géHque,  il  dut  se  retirer  à  Mitylène,  d'où  le  patriarche 
Grégoire  le  fit  venir  à  .Uliènes.  Le  soulèvement  de  la  Grèce 
ne  lui  permit  pas  d'y  rester  longtemps  ;  il  passa  d'abord 
à  Odessa,  puis   à  Saint-Pétersbourg,  où  il  composa  un 
ouvrage  (en  grec,  i8"28)  sur  la  parenté  des  langues  russe 
et  grecque,  en  trois  volumes,  et  son  livre  le  plus  connu, 
rispl  Tf,çyyrjgLaç  Tipo'fopaç  ttJç  âXXrjVtxfj;;  YXwaarjç  (1833). 
Il  fut  membre  de  l'Académie  impériale  de  Saint-P(^tersbourg 
et  membre  correspondant  de  l'Académie  de  Berlin.  Après 
un  voyage  en  Allemagne  et  en  Italie,  il  revint  enfin  en 
Grècje,  et  se  fixa  d'abord  à  Nauplie,  puis  à  Athènes,  qu'il 
ne  quitta  plus.  Outre  les  deux  ouvrages  cités  plus  haut, 
OEconomos  composa  des  ouvrages  religieux,  entre  aulres 
la  'Icpà  KoLxrlyr^Giq  (Vienne,  1814),  souvent  réimprimée  ; 
un  traité  en  4  volumes  sur  la  traduction  des  Septante  ; 
un  poème  en  l'honneur  du  tsar  Alexandre  P^'  (grec-russe, 
Saint-Pétersbourg,  1825)  ;  des  discours  et  des  oraisons  fu- 
Mèbres,  parmi  lesquelles  celle  du  patriarche  Grégoire  et  celle 
de  Kolokotronis  ;  une  Hhétorique  en  3  livres  (Vienne,  1 81 3) , 
et  une  traduction  de  F  Avare  de  MoHère,  qu'il  intitula 
'EÇrjvTaCsXwvrjÇ.  Ses  œuvres  ont  été  rassemblées  par  son 
fils  Sophoklis  sous  le  titre  de  Ta  cyw'Cd[j.£va  K.  Oixovoaou 
(Athènes,  1864  et  années  suiv.).    '        M.  Beaudoilx". 
ŒCUMÉNIQUE  (V.  Svxoui:). 


ŒCJJ3(A]iliq.  roin.).  («emot,  qui  en  grec  signi.le mai- 
son (oixo;),  désignait  aussi  un  appartement  spécial  de  la 
maison  grecque.  C'était  une  grande  pièce  dans  lacpielle  la 
mère  de  famille  filait  avec  ses  servantes.  On  y  installait 
aussi  des  tables  et  Ton  y  donnait  les  festins  d'honnnes, 
les  femmes,  dit  Vitruve,  ne  prenant  pas  place  avec  les 
hommes  dans  les  grands  repas. 

Uœcus  ne  faisait  pas  ])rimitivement  partie  de  la  mai- 
son romaine.  11  y  fut  adjoint  par  imitation  de  la  maison 
grecque,  et  par  la  nécessité  qu'imposait  une  vie  de  plus 
en  plus  large  de  disposer  de  pièces  de  luxe  larges  et  com- 
modes. Vitruve  signale  quatre  sortes  à'œcus,  désignées 
chacune  par  un  nom  particulier.  Ce  sont  :  1^  ïœcus  Ic- 
trastyle  ou  soutenu  par  quatre  colonnes,  pièce  entière- 
ment couverte,  composée  d'un  carré  formé  par  les  colonnes, 
et  d'une  galerie  entre  les  colonnes  et  les  murs  latéraux  ; 
^^Vœcus  corinthien  iwec.  un  toit  envoûte,  supporté  ])ar 
des  colonnes,  sans  ouverture  au  milieu;  3°  Vœctts  égyp- 
tien, à  double  rang  de  colonnes,  avec  un  toit  en  terrasse, 
formant  promenade;  4.'^  Vœciis  cyzicanus  avec  portes  et 
fenêtres  en  verre,  servant  surtout  aux  repas  donnés  pen- 
dant l'été. 

l^iuL.  :  l^LTXE  l'Ancien-.  H.  N.,  XXXVL  60.  ~  Yitrum:, 
VI,  2,  3,  4,  7. 

ŒDÈME  (Méd.).  L'œdème  ou  hydropisie  est  l'infdtration 
du  tissu  cellulaire  par  de  la  sérosité,  localisée  à  une  por- 
tion de  l'enveloppe  cutanée  ou  à  tout  autre  organe.  iJans 
ranasar([ue,   au  contraire,  l'infiltration  est  généraUsée  à 
toute  ou  à  presque  toute  la  surface  du  corps.  Les  tégu- 
ments sont  soulevés,  tendus,  pâles,  froids,  indolores  ;  ils 
cèdent  à  la  pression  du  doigt  dont  ils  conservent  long- 
temps la  trace.  Ces  carttctères  distinguent  l'œdème  vrai 
des  autres  tuméfactions  de  la  peau,  de  Temphysème  sous- 
cutané,  où  il  y  a  une  crépitation  caractéristique,  de  la 
phlegmatia  alba  dolens,  qui   est  douloureuse,  et  des 
œdèmes  dits  inflammatoires,  qui  accompagnent  réi'ysipi'le 
et  le  phlegmon,  et  où  les  téguments  sont  chauds,  rosés 
et  douloureux.  Le  liquide  de  l'œdème  est  séro-albumi- 
neux,  transparent,  et,  contrairement  à  la  sérosité  inflam- 
matoire, il  ne  se  coagule  pas  au  contact  de  l'air.  L'œdème 
est  un  symptôme  et  non  une  maladie  ;  il  résulte  le  plus 
souvent  d'un  trouble  de  la  circulation  sanguine.  Aussi  le 
voit-on  survenir  dès  qu'un  obstacle  mécanique  est  o})posé 
au  retour  du  sang  veineux  vers  le  cœur.  C'est  ainsi  (^ue 
les  parties  les  plus  décUves  du  corps,  c.-à-d.  les  mem- 
bres  inférieurs,   s'œdématient  dans   l'asystolie,   c.-à-d. 
lorsque  le  cœur  n'est  plus  à  même  de  subvenir  à  sa  tâche. 
Dans  l'ascite  ou  hydropisie  accompagnant  les  afiéclions  du 
foie  et  notamment  la  cirrhose  alcoolique,  les  rameaux  d(^ 
la  veine-porte  sont  comprimés  et,  la  pression  veineuse 
augmentant,  la  partie  liquide  du  sang  s'extravase  el  ^]cnl 
remplir  la  cavité  péritonéale  ;  il  y  a  généralement  en  même 
temps  de  l'œdème  des  membres  inférieurs  et  du  scrotum. 
Les  tt'dèmes  de  l'albuminurie  paraissent  tenir  non  seule- 
ment au  trouble  apporté  à  la  circulation  rénale,  mais  aussi 
à  un  vice  de  composition  du  sang.  L'œ^dème  du  larynx 
accompagne,  soit  les  inflamma'tions  aiguës  de  cet  organe 
(brûlures,  phlegmons,  pustules  de  variole),  soit  h'S  affec- 
tions chroniques  (tuberculose,    cancer)  ;  il   se    termine 
presque  toujours  par  la  mort.  L'œdème  du  poumon  s'ob- 
serve souvent  en  même  temps  que  la  congestion  de  cet 
organe,  d'autres  fois  au  cours  des  maladies  dyscrasi(pies 
générales  qui  engendrent  les  hydropisies.  L'œdème  malin 
est  une  affection  charbonneuse,  qui  se  rencontre  le  plus 
souvent  aux  paupières  ;  il  se  termine  par  la  formation  de 
phlyctènes  et  d'eschares.  D'autres  œJèmes  reconnaissent 
pour  cause  l'absorption  de  substances  toxiques,  notam- 
ment  l'arsenic.   D'autres    encore  surviennent  au  cours 
d'affections  chirurgicales  ou  pendant  la  convalescence  des 
fièvres  graves.  Entin,  il  est  des  a\lèmes  primitifs  ou  essen- 
tiels ne  pouvant  être  rapportés  à  aucun  état  morbide  an- 
térieur. Ils  se  développent  à  la  suite  d'un  arrêt  de  règles 
ou  sous  l'influence  d'un  refroidissement  brusque.  Il  est 


ry\)  — 


(»K:)i-:>(îc 


lEDlPE 


probable  qu'ils  l'Ocoiuiui^JMM  ]M)[w  caiis,*  une  aclioii  saso- 
motriee. 

La  gravilé  j.i'onohlifiuo  (]o  Tirti"  nie  e^l  trs  ',aiiable, 
suivant  la  cause  qui  Ta  produit.  Son  IraitiMnent  variera 
également  suivant  cette  cause.  D'une  façon  g'''nérale,  il 
consistera  à  favoriser  réliminalion  des  li  piides  par  les 
purgatifs,  les  diurétiques,  les  sudorifiques,  à  soutenir  le 
cœur  par  la  digitale  et  les  médicaments  analogues.  On  peut 
aussi  donner  issue  à  la  sérosité  par  la  ponction  des  cavités 
viscérales  et  par  des  mouchetures  prati(iuées  sur  la  peau. 
Lutin,  on  ne  négligei'a  pas  de  donner  aux  parties  œdéma- 
tiées  une  position  élevée  et  de  faire  des  frictions  dans  le 
sens  du  courant  veineux  pour  favoriser  la  circulation  de 
retour .^     ^  1)''  L.  Laloy. 

ŒDÉMÈRE  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Coléoptères-Hé- 
téromères,  établi  par  Olivier  {Entom.,  1795,  lll,  p.  50) 
et  qui  a  donné  son  nom  à  la  famille  des  OEdémérides. 
Cette  famille  est  très  homogène  —  abstraction  faite  du 
genre  Myctenis  ;  —  elle  comprend  des  Insectes  de  forme 
allongée,  ayant  le  faciès  des  Longicornes.  Ils  diifèrent  des 
Méloides  par  les  organes  buccaux  et  la  tète  l'étrécie  gra- 
duellement en  arrière,  ils  déposent  leurs  œufs  dans  le  bois 
décomposé.  Le  genre  OEdonera  comprend  des  espèces  de 
couleurs  métalliques  avec  lesélytres  munis  de  lignes  sail- 
lantes. Il  renferme  une  (piarantaine  d'espèces  appartenant 
à  FEurope,  à  l'Asie  et  au  littoral  de  la  Méditerranée. 
L'O.  Podagrariœ  L.,  long  de  8  à  10  millim.,  d'un  noir 
bronzé,  à  élvtres  fauves,  se  rencontre  en  Erance. 
ŒDENBÛRG  (V.  Sopron). 

ŒDER  (Georg),  peintre  allemand,  né  à  Aix-la-Cha- 
pelle led2  avr.  1846.  Il  s'adonna  sans  maître  au  paysage, 
traitant  de  préférence  des  scènes  de  printemps  et  d'au- 
tomne dans  un  sentiment  mélancolique.  Le  musée  de  Ber- 
lin a  son  Jour  de  novembre  (1880).  Citons  encore  :  Ma- 
tin d'automne  (1883);  Bois  à  Vautonine  (1891);  Lande 
de  Hollande  (iS9'2),  etc. 

ŒDERAN.  Ville  de  Saxe,  cercle  de  Zwickau,  sur  le  ch. 
de  fer  de  Dresde  à  Chemnitz;  5.515  hab.  (en  1895).  Po- 
teries, tapis,  fdature  de  coton,  etc. 

ŒDICNÈME  (ZooL).  Genre  d'Echassiers,  de  la  famille 
des  Charadriidœ.  ou  Pluviers,  dans  laquelle  il  forme  la 
transition  à  celle  des  Outardes  par  sa  taille  et  ses  carac- 
tères. Le  bec,  de  la  longueur  de  la  tète,  est  droit,  épais. 


(Ivîic  ÙAWO  (^riai\l. 


robuste,  triangulaire,   renflé  vers  son  niilioa  e1    f){)iiitii  à 
son  extrémité;  les  ailes  sont  longues,  la  qie.ie  m('di(.cr.% 


j  ctauM'.  ie^  îai'.M's  lon^i's  et  grêles,  de  nudes  jus<fu'iiux  deux 
tiers  du  tibia,  i-éticab's  ;  les  doigts  courts,  soudés  à  la 
base  ;  le  |)ouce  manque  complètement.  Ce  genre  est  cos- 
mopolite, si  l'on  y  comprend  les  genres  Burhinus  Esaciis, 
et  Carvanaca  ({ui  en  ont  été  démembrés.  —  L'OEdicxème 
CRIARD  (OEdicnemm  rrepitans)  est  un  oiseau  de  (a  gros- 
seur d'une  poule,  à  plumage  varié  de  brun  et  de  roux, 
cha({ue  plume  portant  <les  mèches  foncées  sur  im  fond 
clair;  la  tète,  grosse,  avec  les  yeux  grands  et  saillants, 
porte  des  taches  blanches.  Il  habite  les  déserts  et  les 
steppes  de  la  région  méditerranéenne,  du  S.  de  l'Europe 
à  rinde  et  à  l'Arabie,  et  se  trouve  aussi  en  Algérie.  En 
Erance,  il  se  montre  jus(fue  dans  le  centre  (Indre),  lecher- 
cliant  les  landes  et  les  plaines  arides,  ou  il  niche  à  terre, 
entre  deux  cailloux  :  les  œufs  sont  d'un  jaune  roux,  tacheté 
àe  brun,  au  nombre  de  deux.  A  la  chute  du  jour,  l'oiseau 
prend  son  vol  pour  chercher  pâture  et  tourne  dans  l'air 
en  poussant  un  cri  pi^olongé  et  retentissant  qu'on  entend 
encore  par  la  nuit  noire.  Il  se  nourrit  de  sauterelles,  de 
coléoptères  et  de  lombrics.  A  Tautomne,  la  plupart  émi- 
grent  vers  le  Midi  pour  revenir  en  mars,  mais  quelques  indi- 
vidus hivernent  dans  notre  pays.  II.  Trouessart. 

ŒDIPE,  héros  principal  de  la  légende  thébaine,  lils  de 
Lauis  et  de  Jocaste.  Son  nom  signifie,  diaprés  plusieurs 
auteurs  anciens  :  Vfiomme  aux  pieds  enfles.  Sauf  quel- 
ques détails  accessoires,  la  première  partie  du  mythe 
(l'(Edipe  est  à  peu  près  la  même  dans  toutes  les  traditions. 
Laïus  et  sa  femme  Jocaste  (l']picaste  dans  Homère),  déso- 
lés de  n'avoir  pas  d'enfant,  interrogèrent  l'oracle  d'Apol- 
lon. Il  leur  fut  répondu  que,  s'ils  donnaient  le  jour  à  un 
fds,  ce  fils  tuerait  son  père,  contracterait  avec  sa  nière  un 
mariage  incestueux,  et  ferait  le  malheur  de  sa  pati-ie.  Ce 
(ils  na(piit  pourtant  :  aussitôt  Lais  et  .locaste  l'exposèrent 
sur  le  Cithéron,  dans  l'intention  de  l'y  laisser  périr.  Sauvé 
par  un  berger,  il  fut  élevé  par  le  roi  de  Corinthe,  ([ui  lui 
donna  le  nom  d'OEdipe.  Pai'venu  à  l'âge  d'homme,  il  se 
rendit  à  Delphes  pour  y  consulter  Apollon  sur  sa  naissance; 
après  avoir  quitté  le  sanctuaire  du  dieu,  il  tua  son  père 
sans  le  connaître,  délivra  les  ïhébains  de  la  tyrannie  du 
Sphinx  dont  il  devina  les  énigmes,  et  obtint  en  reconnais- 
sance de  ce  service  la  royauté  de  Thèbes  avec  la  main  de 
sa  propre  mère,  Jocaste.  Pendant  (juebfues  années,  son 
règne  fut  heureux  et  tranquille;  mais  bientôt  les  dieux 
irrités  firent  éclater  une  peste:  l'oracle,  pour  la  conjurer, 
ordonna  d'expulser  le  meurtrier  de  Laïus.  Œdipe  prononça 
les  imprécations  les  plus  terribles  contre  ce  crituincl  in- 
connu; mais  le  mystère  de  sa  naissance  ne  larda  pas  à  se 
découvrir.  Jocaste  se  pendit  pour  ]ie  pas  survivre  à  cette 
horrible  révélation;  OEdipe  se  creva  les  yeux. 

Le  récit  des  derniers  jours  d'OEdipe  n'est  pas  le  même 
dans  toutes  les  légendes.  D'apj'ès  Homère,  OEdipe  aurait 
continué  de  régner  à  Thèbes,  api'ès  la  mort  de  Jocaste;  il 
serait  mort  à  Li  guerre,  et  des  funéi'ailles  solennelles  au- 
raient été  célébrées  en  son  honneur  [Odi/ssée,  XL  ^70  et 
suiv.;  Iliade,  XXHI,  ()T9).  Dans  une  autre  version  du 
'  mythe,  (Edipe  était  immédiatement  chassé  de  Thèjies  par 
ses  deux  fils,  Ltéocle  et  Polynice.  et  par  Créon,  le  frère  de 
Jocaste;  accompagné  de'  sa  fille  Antigone,  il  se  réfugiait 
en  Attique.  Suivant  une  autre  tradition,  il  avait  été  em- 
prisonné à  Thèbes  par  ses  pi'opres  fils,  qui  voulaient  ca- 
cher au  monde  le  déshonneiu'  de  letu'  père.  OEdipe  les  mau- 
dit alors.  Etéocle  et  Polynice,  (|ui  étaient  montés  sur  le 
trône  et  qui  exei'çaient  aller'nalivement  la  royauté  dans 
Thèbes,  se  pi'irent  de  querelle,  en  vinrent  aux  mains,  et  se 
donnèrent  mutuellement  la  mort  dans  un  combat  singulier. 
Créon  leur  succéda  et  chassa  Œdipe.  Après  de  longues  pé- 
régrinations, le  vieillaî'd  aveugle,  guidé  par  sa  fille  Anti- 
gone, se  rendit  en  Atticpie.  ou  il  demanda  l'hospitalité  au 
roi  d'Athènes,  Thésée.  Arrivé  près  du  bourg  de  Colone,  il 
se  réfugia  en  sup[)liant  dans  le  bois  sacré  des  lùiménides; 
les  ambassadeurs  de  Créon  essayèrent  de  l'en  arracher, 
pour  le  ramener  à  Thèbes,  parce  (prini  nouvel  oi'acle 
d'Apollon  avait  prédit  une  grande  pi'ospérité  à  la  terre  où 


(EblPE  —  OEHLENSCHLÂGER 


—  200 


serait  enfermée  la  dépouille  mortelle  cFCEdipe.  Thésée  prit 
la  défense  de  son  hôte.  Enfin  Œdipe  disparut  mystérieuse- 
ment dans  le  sanctuaire  des  Euméuides. 

La  légende  attrihuait  à  (Edipe  quatre  enfants,  deux  fils, 
Etéocle  et  Polynice,  et  deux  tilles,  Antigone  etlsmène; 
d'après  une  tradition,  OEdipe  avait  eu  ces  enfants  de  sa 
propre  mère,  Jocaste  ;  d'après  une  autre,  moins  épouvan- 
table, il  les  aurait  eus  d'une  autre  femme  nommée  Eury- 
ganeia. 

Au  temps  de  Pausanias,  on  montrait  encore  le  tombeau 
d' OEdipe  à  Athènes,  entre  l'Acropole  et  l'Aréopage.  D'autre 
part,  près  du  bourg  d'Etéonus,  situé  sur  la  limite  de  l'At- 
tique  et  de  la  Béotie,  existait  dans  un  sanctuaire  de  Dé- 
mêler un  CEdipodeon,  que  certaines  légendes  représentaient 
comme  le  tombeau  d'Œdipe. 

Les  principales  formes  de  la  légende  d'OEdipe  furent  con- 
sacrées par  la  tragédie  grecque.  Eschyle  en  avait  fait  le  sujet 
d'une  trilogie  entière,  dont  il  ne  reste  que  les  Sept  de- 
vant Tkèbes.U OEdipe  roi  et  V OEdipe  ci  Colone  de  So- 
phocle sont  parmi  les  chefs-d'œuvre  les  plus  purs  de  l'es- 
prit humain.  Euripide  s'inspira  du  mythe  d'Œdipe  dans 
ses  Phéniciennes.  Quoique  ces  œuvres  aient  été  souvent 
imitées  ou  adaptées  sur  notre  théâtre  classique,  aucune 
de  ces  imitations  ou  adaptations  ne  peut  donner,  même  de 
loin,  la  sensation  des  tragédies  athéniennes,  surtout  des 
drames  incomparables  de  Sophocle.  Citons  toutefois,  avec 
V OEdipe  de  Voltaire,  V OEdipe  roi  de  J.  Lacroix.  Le  rôle 
du  héros  dans  cette  dernière  pièce  a  valu  à  l'acteur  Mou- 
net-Sally  un  des  grands  triomphes  de  sa  carrière. 

La  mythologie  comparée  a  appliqué  sa  méthode  au 
mythe  du  roi  thébain.  Elle  s'est  etforcée  de  l'interpréter 
par  des  phénomènes  solaires.  D'après  MM.  Bréal  et  De- 
charme,  OEdipe  ne  serait  autre  chose  que  le  soleil  lui- 
môme  ;  les  deux  ennemis  qu'il  tue,  Lai  us  et  le  Sphinx, 
personnifient,  l'un  et  l'autre,  les  nuages  orageux,  que  les 
rayons  de  l'astre  percent  comme  des  traits.  Jocaste  est 
l'Aurore.  A  la  chute  du  jour,  le  dis<|ue  du  soleil  parait 
s'aveugler,  lorsqu'il  s'enfonce  mystérieusement  sous  terre. 
Preller  voit,  au  contraire,  dans  OEdipe  une  personnifica- 
tion de  l'hiver.  Le  professeur  itaUen  Comparetti  a  essayé 
de  réfuter  cette  interprétation  purement  natuiiste  en  in- 
sistant sur  le  caractère  moral  de  la  légende  d'didipe. 

BiBL.  :  M.  Bréal,  Mélanges  de  mythologie  et  de  lingiLis- 
tique,  2^  éd.,  ])p.  172  et  suiv.  —  Decharme,  Mythologie  de 
la  Grèce  antique;  Paris  —  Preller,  GriecJiische  }ïytho- 
i!of/ie;  Berlin,  1872-75,  o"  éd.—  Comparetti,  Edipoc  l'a  mi- 
tologia  comparata;  Pise,  1867. 

ŒDOGONlUiVI  (Bot.).  Genre  d'Algues  de  la  famille 
hétérogène  des  Gonfervacées  et  de  l'ordre  des  Chlorophycées, 
constituant,  avec  le  genre  Bulbochaete,  la  tribu  des  OEdo- 
goniées.  Thalle  constitué  par  des  filaments  cloisoiniés,  non 
ramifiés,  différencié  en  un  appareil  fixateur  formé  d'une 
sorte  de  crampon,  un  appareil  nutritif  et  un  appareil  re- 
producteur, le  filament  pouvant  se  terminej'  par  une  sorte 
de  poil  transparent.  La  croissance  est  intercalaire  et  loca- 
hsée  dans  la  cellule  que  l'on  considère  au  niveau  d'un 
anneau  de  cellulose  souvent  très  développé,  remarquable 
exemple  d'une  modification  passagère  de  la  membrane 
végétale.  —  Les  OEdogonium  ont  deux  modes  de  repro- 
duction, ils  produisent  :  soit  des  zoospores,  soit  des  œufs 
et,  dans  ce  dernier  cas,  offrent  une  hétérogamie  très 
nette.  La  zoospore  nait  par  rénovation  totale  du  contenu 
protoplasmique  d'une  cellule  quelconque  et  est  mise  en 
liberté  par  gélification  de  la  paroi  de  cette  cellule  le  long 
d'une  ligne  circulaire  :  elle  affecte  une  forme  ovoïde,  est 
animée  d'un  mouvement  rapide  de  rotation  de  gauche  à 
droite  dû  à  une  couronne  de  cils  vi])ratils  qu'elle  porte, 
localisée  autour  d'une  sorte  de  plateau  à  sa  partie  anté- 
rieure. L'anthérozoïde  a  un  aspect  analogue  à  celui  de 
la  zoospore  :  ses  dimensions  sont  seulement  beaucoup 
moindres,  il  nait  de  la  même  façon  dans  des  cellules 
aplaties  ou  anthéridies  ([ui  produisent,  tantôt  un  OEdogo- 
nium curvmn,  tantôt  deux  anthérozoïdes  ;  plusieurs 
anthéridies  peuvent  se  trouver  superposées  dans  le  même 


fdainent  ;  elles  mettent  en  liberté  leur  contenu  par  un  dé- 
boitement circulaire  de  leur  membrane.  Les  OEdogonium 
peuvent  être  dioiques,  mais  sont  généralement  monoKpies: 
la  parenté  des  gamètes  est  alors  fort  étroite,  oosphère  et 
anthérozoïde  provenant  de  deux  cellules,  quelquefois  con- 
tiguès,  du  même  filament.  L'oogone  provient  d'une  cellule  : 
par  une  bipartition,  cette  cellule  donne  naissance  à  deux 
cellules  filles  ;  la  supérieure  accroît  considérablement  ses 
dimensions  et  renferme  l'oosphère  ;  l'oogone  est  percé 
d'un  trou  que  ferme  une  masse  hyaline  de  substance  gé- 
latineuse et  par  lequel  s'opère  la  fécondation  ;  quelquefois 
l'oogone  subit  une  première  déhiscence  qui  isole  de  lui 
une  sorte  de  couvercle,  l'oosphère  restant  protégée  par 
une  mince  couche  de  substance  gélatineuse  percée  d'un 
orifice  circulaire.  La  fécondation  donne  naissance  à  un 
œuf  qui  ne  reproduit  pas  la  plante  directement  :  il  germe 
en  abandonnant  complètement  la  membrane  qui  l'entoure 
et  par  une  double  bipartition  engendre  quatre  zoospores, 
analogues  à  celles  que  nous  avons  décrites,  chacune  d'elles 
reproduisant  dans  la  suite  une  plante  semblable  à  celles 
dont  elles  proviennent. 

Chez  certaines  espèces,  dites  gynandrospori'pies,  il 
se  forme  avant  la  maturité  de  l'oogone,  par  rénova- 
tion totale  et  dans  des  articles  courts  du  fdainent  géné- 
rateur, des  corps  ciliés  particuliers  ou  androspores, 
analogues  aux  anthérozoïdes,  mais  de  plus  grande  taille; 
après  avoir  été  mis  en  liberté  d'une  façon  quelconque, 
mais  déterminée  pour  chaque  espèce,  ils  germent  dans  le 
voisinage  de  l'oogone  et  donnent  chacune  naissance  à  un 
filament  de  dimensions  réduites,  formé  de  cellules  aplaties, 
ajustées  bout  à  bout,  dont  chacune  produira  un  ou  deux 
anthérozoïdes  suivant  l'espèce  considérée  ;  le  rôle  de  ces 
anthérozoïdes  est  d'ailleurs  absolument  le  même  que 
celui  des  anthérozoïdes  nés  directement  des  cellules  d'un 
filament  ordinaire  :  ils  arrivent  à  maturité  en  même 
temps  que  les  oosphères  qu'ils  doivent  féconder.  —  Le 
genre  OEdogonium  constitue  avec  le  genre  Bulbochaete 
la  tribu  des  OEdogoniées.  Henri  Fournier. 

ŒHLSCHL/EGER  (Otto),  peintre  allemand,  né  en 
Prusse  le  16  mai  4831 .  Il  entra  en  1838  dans  la  magistra- 
ture, devint  président  de  chambre  à  Berlin  (1838),  secré- 
taire d'Etat  à  l'ofîice  impérial  de  justice  (1889)  et  succéda 
à  Simson  dans  la  présidence  de  la  cour  suprême  de  Leip- 
zig (1891). 

ŒHLENSCHLÂGER  (Adam-Gottlob),  poète  danois,  né 
à  Vesterbro,  près  de  Copenhague,  le  linov.  1779,  mort 
h  Copenhague  le  20  janv.  ifeo.  Son  père  était  orga- 
niste au  château  de  Fredericksberg,  dont  il  devint  ensuite 
régisseur.  Les  ressources  de  la  famille  étaient  très  mé- 
diocres et  la  première  instruction  de  l'enfant  fut  assez 
négligée,  les  bonnes  écoles  coûtant  trop  cher.  Le  poète 
nous  a  laissé  dans  ses  Souvenirs  (1830-51,  4  vol.)  un 
tableau  charmant  de  la  vie  libre  et  rêveuse  qu'il  menait 
dans  les  grandes  salles  du  château,  ornées  des  portraits 
des  princes  du  Danemark,  et  dans  le  parc  magnifique, 
qui  entourait  la  demeure  royale.  On  le  mit  cependant  vers 
l'âge  de  douze  ans  —  un  professeur  nommé  Storm 
s'étant  intéressé  à  lui  et  l'ayant  pris  sous  sa  protection  — 
dans  une  école  où  il  aurait  pu  faire  des  études  sérieuses,  si 
son  goût  pour  la  poésie  et  pour  le  théâtre  ne  l'avait  détourné 
non  seulement  du  commerce,  auquel  on  le  destinait  d'abord, 
mais  aussi  du  grec  et  du  latin,  quil  étudia  ensuite.  En 
1797,  il  débuta  au  théâtre  royal  dans  les  rôles  de  jeune 
premier  et  joua  pendant  près  de  deux  ans,  mais  sans  ja- 
mais attirer  sur  lui  l'attention  du  public.  Dégoûté,  il  re- 
nonce au  théâtre,  et  sous  l'intluencc  de  ses  amis,  les 
frères  OErsted,  se  met  avec  ardeur  à  l'étude  du  droit.  Ce- 
pendant, il  compose  divers  poèmes  que  l'on  écoute  avec 
plaisir  et  remporte  un  accessit  dans  un  concours  ouvert 
sur  cette  question  :  Y  aurait-il  profit  pour  la  littéra- 
ture du  yord  II  remplacer  la  mytliologie  grecque  par 
la  sca)ulinave?  C'est  alors,  en  1802,  qu'il  rencontre  un 
homme  qui  exerça  sur  lui  une  décisive  inOuence,  Henrik 


—  -261 


œHLENSCHLAGER  —  CEI 


StefFens,  jeune  professeur,  qui  rapportait  d'Allemagne  le 
romantisme  et  le  culte  de  Goethe.  Après  une  conversation 
avec  lui  qui  avait  duré  seize  heures,  Œlilenschlàger  écrivit 
le  premier  poème  qui  le  révéla  à  ses  compatriotes  :  les 
Cornes  cVor  (Gnldhornene) ,  du  plus  pur  romantisme 
Scandinave.  Il  avait  trouvé  sa  voie  :  ses  anciennes  poésies, 
prêtes  à  paraître,  il  les  supprime,  mais  publie  en  re- 
vanche, avant  la  fin  de  l'année,  un  recueil  de  Poésies 
(1802,  non  1803,  malgré  le  titre),  qui  obtint  le  phis  grand 
succès  et  lait  époque  dans  l'histoire  de  la  littérature  da- 
noise. 

Les  années  suivantes  sont  marquées  par  des  oeuvres 
nombreuses  en  vers  et  en  prose,  réunies  en  1805  sous  le 
titre  à' Ecrits  poétiques  (Poetiske  Ski'ifter,  2  vol.)  et 
qui  contiennent  entre  autres  :  la  Saga  de  Vaulundur, 
V Evangile  de  la  Nature,  le  Voyage  de  Langeland, 
Knud  le  Grand  et  surtout  le  poème  dramatique  à'Alad- 
din  ou  la  Lampe  merveilleuse,  charmant  développement 
d'un  des  plus  gracieux  épisodes  des  Mille  et  une  Nuits, 
dans  lequel  OEhlenschliiger  donne  un  libre  essor  à  sa  riche 
et  juvénile  imagination.  En  1805,  le  poète  se  rend  en 
Allemagne,  à  Halle,  où  il  se  rencontre  avec  Steffens,  puis 
à  \Yeimar  où  il  fréquente  Gœthe  et  écrit  Hakon  Jarl,  la 
première  de  ses  tragédies  septentrionales  et  Baldur  le 
Bon,  en  même  temps  qu'il  traduit  en  allemand  son  poème 
d'Aladdin  et  quelques-unes  de  ses  premières  poésies. 
D'Allemagne  il  se  rend  à  Paris,  où  il  passe  plus  d'un  an, 
visitant  assidûment  les  théâtres  et  entretenant  avec  son 
compatriote  Baggesen  de  très  cordiales  relations,  qui  furent 
rompues  plus  tard  à  la  suite  de  vives  polémiques,  auxquelles 
prirent  part  plutôt  ses  amis  qu'OEhlenschlàger  lui-même. 
Il  compose  à  Paris  la  tragédie  de  Palnatoke,  digne  pen- 
dant à' Hakon  Jarl,  ainsi  que  le  recueil  des  Poèmes  du 
Nord  (Nordiske  Digte)  où  il  rassemble  des  œuvres  an- 
térieures auxquelles  il  ajoute  le  Voyage  de  Tor  à  Jo- 
tunheim,  poème  en  cinq  chants.  C'est  alors  aussi  qu'il 
achève  sa  tragédie  d'Axel  et  Valhorg,  dont  le  succès  à 
Copenhague  fut  éclatant  et  qui  est  sans  doute,  encore 
aujourd'hui,  le  plus  intéressant  de  ses  drames.  Il  travaille 
en  même  temps  à  la  traduction  allemande  de  ses  œuvres. 
Peu  après,  en  1808,  il  part  pour  la  Suisse  et  l'Italie,  où 
il  séjourne  jusqu'en  automne  1809  et  écrit  en  allemand, 
pour  ne  la  traduire  que  plus  tard  en  danois,  sa  tragédie 
du  Corrège.  A  son  retour  à  Copenhague,  il  est  nommé 
professeur  d'esthétique  à  l'Université,  ce  qui  lui  permet 
d'épouser  Christine  Heger,  avec  laquelle  il  était  fiancé 
depuis  1801.  Son  activité  httéraire  ne  se  ralentit  point  : 
comme  professeur  sans  doute,  son  succès  est  médiocre, 
mais  il  continue  à  composer  des  drames,  des  vaudevilles 
mêmes,  des  poésies  et  des  poèmes,  reçus  avec  faveur  par 
le  public,  quoiqu'on  y  sente  parfois  quelque  fatigue,  une 
composition  trop  hâtive  et  qu'aucune  de  ces  œ^uvres  nou- 
velles ne  surpasse  les  premières  par  l'invention  ou  par  le 
charme  du  style. 

Nous  nous  contenterons  donc  de  citer  parmi  toutes 
ses  créations  diverses  qui  s'accumulent  jusqu'à  la  der- 
nière année  de  sa  vie  deux  volumes  de  Poésies  {Digt- 
ninger  1  et  Digtninger  II,  1811  et  1813),  des  cycles 
de  romances  et  ballades  :  Helge  (1814)  ;  la  Saga  de 
Hroar,  composée  pendant  un  séjour  à  Paris  en  1817  ; 
les  Dieux  du  Nord  (Nordens  Guder,  1819);  le  poème 
héroïque  Hrolf  Krake  (1828)  en  douze  chants,  et  les 
drames  :  Yrsa  (1814)  ;  Hagbarth  et  Signe  (1815)  ; 
Erik  et  Abel  (1820)  ;  les  Vœrings  àMiklagard{iS'21), 
pièce  vivement  critiquée  par  Heiberg  ;  la  Reine  Margue- 
rite (1833);  Dina  (1842)  ;  Amleth  (1846);  Kjaiian 
et  Gudrun  (1848),  etc.  En  1829,  lors  d'un  voyage  en 
Suède,  il  avait  été  couronné  à  Lund  par  Tegner  «  roi  des 
poètes  du  Nord  »,  et  le  14nov.  1849  les  écrivains  danois 
fêtèrent  avec  éclat  le  71*^  anniversaire  de  sa  naissance.  Il 
mourait  tranquillement  deux  mois  plus  tard  :  «  Les  spec- 
tacles de  Copenhague  furent  suspendus  et  toutes  les  ré- 
jouissances publiques  interdites  pendant  huit  jours.  La 


stalle  qu'il  occupait  au  grand  théâtre  resta  vide  et  enve- 
loppée de  crêpe  pendant  six  mois  ».  On  lui  fit  de  splendides 
funérailles  dans  la  cathédrale  de  Copenhague  et  le  prince 
royal,  accompagné  des  ministres  et  des  généraux,  suivit 
son  convoi.  OEhlenschlager  était  digne  de  tels  honneurs, 
car  il  est  vraiment  le  poète  national  du  Danemark. 

Aucun  n'a  exercé  sur  la  littérature  de  son  pays  une 
influence  aussi  considérable.  Doué  d'une  imagination  puis- 
sante et  sachant  user  de  toutes  les  ressources  d'une  langue, 
qu'il  enrichit  encore,  il  ouvrit  des  voies  nouvelles  en 
révélant  la  poésie  merveilleuse  de  l'antique  mythologie  et 
des  légendes  du  Nord.  Presque  toutes  ses  œuvres  ont  été 
traduites  en  allemand,  plusieurs  en  anglais  ;  quelques- 
unes  en  français.  Th.  C. 

BiBL.  :  Poetiske  Skrifter,  1857-62,  32  vol.,  édition  critique 
de  Liebenberii-.  —  Kr.  Arkntzen,  Ada7n  Œhlenshlsger, 
Litteratur  historisk  Uvsbillede,  1879.  —  Ampère,  Litth^a- 
turc,  Voyages  et  Poésies^  t.  J.  — Le  Fèvre  Deumier,  Œh- 
lenschlàgei\  le  poète  national  du  Danemark;  Paris,  1854.  — 
Gi^hlenschlïigers  Werke,  traduction  allemande  en  18  vol., 
(Breslau,  1829)  et  en  21  vol.  (1839)  ;  les  vol.  1  et  2  consacrés  à 
l'autobiographie.  — Lebens  Erinnerungen  ;  Leipzig-,  1858, 
4  vol. 

ŒHLER  (Gustav-Friedrich),  théologien  wurttember- 
geois,  né  à  Ebingen  le  10  juin  1812,  mort  à  Tubingue  le 
19  févr.  1872.  Maître  d'études  au  séminaire  protestant 
de  Tubingue  en  1837,  professeur  au  séminaire  de  Schôn- 
thalen  1840,  à  l'Université  de  Breslau  en  1845  et  à  par- 
tir de  1852  à  celle  de  Tubingue,  il  attira  partout  la  jeu- 
nesse. 11  enseignait  surtout  la  théologie  de  l'Ancien  Tes- 
tament. On  a  de  lui  deux  ouvrages  posthumes  :  les  Vor- 
lesungen  iiher  die  Théologie  des  Alten  Testaments 
(Tubingue,  1874,  2  vol.),  traduit  en  français  (Neuchâtel, 
1880)  et  le  Lehrbuch  der  Symbolik  (Tubingue,  1876). 

ŒHME  (Ernst-Erwin),  peintre  allemand,  né  à  Dresde 
le  18  déc.  1831;  fils  et  élève  du  paysagiste  Ernst-Frie- 
drich  OEhme  (1797-1854),  il  est  aquarelHste,  peintre  de 
décors  et  de  tapisseries. 

ŒHMICHEN  (Hugo),  peintre  allemand,  né  à  Bohrs- 
dorf  le  10  mars  1843,  fixé  à  Dusseldorf  (1870).  Il  peint 
surtout  des  scènes  de  genre  de  la  vie  populaire  ;  la  Bé- 
nédiction du  gj-and-père  (1864);  le  Paiement  des  con- 
tributions (1876,  mus.  de  Dresde);  Noël{\%*è\),  etc. 

ŒHRINGEN.  Ville  du  Wurttemberg,  cercle  de  Jagst, 
sur  l'Ohrn;  3.554  hab.  (en  1895).  Bâtie  à  la  place  du 
Viens  Aurelii  des  Romains,  elle  devint  le  ch.-l.  de  l'Olirn- 
gau,  puis  d'une  seigneurie  passée  dans  la  famille  de  Hohen- 
iohe.  Ils  y  ont  un  beau  château;  l'éghse  renferme  des 
boiseries  de  cèdre  du  xv®  siècle.  Le  cloître,  qui  remonte  à 
1034,  sert  de  bibliothèque. 
BiBL.  :  Keller,  Viens  Aurelii;  Bonn,  1872. 

OEl.  Rivière  de  Chine,  affluent  de  droite  du  fleuve  Jaune  ; 
elle  ferme  à  peu  près  vers  le  S.  la  grande  boucle  que  ce  fleuve 
forme  entre  les  provinces  de  Kan  son  et  de  Chan  si.  Sa 
vallée  est  limitée  d'assez  près  au  S.  par  la  chaîne  Tshin 
ling,  qui  la  sépare  du  bassin  du  Han,  affluent  du  Kiang 
(fl.  Bleu)  ;  ces  montagnes  renferment  des  marbres  ;  le  sol 
de  la  vallée  est  principalement  formé  de  loess;  il  produit 
du  coton,  du  tabac,  du  froment,  des  fruits  en  abondance. 
La  route  qui  va  de  Peking  au  Turkestan  d'une  part,  au 
Seu  tchhoan  de  l'autre,  passe  par  cette  vallée.  C'est  là  un 
des  centres  les  plus  anciens  de  la  civilisation  chinoise  : 
sur  les  bords  de  la  Oei  furent  situées  les  capitales  des 
Tcheou,  des  Tshin,  des  Han,  des  Thang  ;  Si  ngan  fou, 
capitale  de  la  province  du  Chan  si,  s'élève  entre  la  Oei  et 
la  chaîne  Tshin  ling;  la  ville  renferme  d'intéressants 
monuments,  et  tous  les  environs  en  sont  jonchés  de  ruines. 

M.  Courant. 
BiBL  :  Von  Richtofen,  China,  ;  Berlin,  1882,  t.  II,  in-4. 

OEl.  Etat  de  la  Chine  ancienne,  au  N.  du  fleuve  Jaune, 
sur  les  frontières  des  provinces  actuelles  de  Chan  si  et  de 
Ho  nan  ;  il  fut  constitué  en  faveur  d'un  frère  de  Oou  oang, 
fondateur  de  la  dynastie  des  Tcheou,  et  fut  supprimé  par 
Chi  hoang  ti,  fondateur  de  la  dynastie  des  Tshin. 


CEI  ^  (Mil 


—  ^26^2 


OEI.  Ville  de  lu  Chine  ancienne  ;  elle  donna  son  noin 
à  un  Etat  différent  du  précédent  et  situé  également  dans 
la  partie  méridionale  du  Clian  si  ;  il  fut  con(|uis  en  661 
av.  J.-C.  par  le  prince  de  Tsin,  qui  le  doinia  comme  tief 
à  Fun  de  ses  serviteurs.  Les  descendants  de  celui-ci  pri- 
rent une  impoi'tance  croissante  dans  le  royaume  de  Tsin 
et  le  démembrèrent,  d'accord  avec  les  seigneurs  de  Tcliao 
et  de  Han  ;  le  nouvel  Ltat  de  Oei  lui  reconnu  à  litre  »le 
royaume  en  0)2  ;  il  fut  soumis  par  (lii  lioangti  desTshiii 
en  225  av.  J.-C. 

Ce  vieux  nom.  étendu  à  une  grande  région  au  X.  du 
lîeuve  Yang  ts<'u,  (ionna  un  titre  au  général  Tsliao  Tsliao, 
qui  fut  prince  de  Oei  (245  ap.  J.-C.)  et  se  déclara  plus 
tard  empereur  de  Oei  (V.  TuojsHovAUin^s). 

Oei  a  enfui  servi  de  nom  à  une  dynastie,  de  race  Sien 
pei,  dite  des  Oei  septentrionaux.  Toba  \i  km,  fondateur 
de  cette  famille,  fut  en  315  investi  d'un  counnandemenl 
comme  prince  de  Tai,  dans  le  N.  du  Tclii  li  et  du  Chan 
si  ;  un  de  ses  descendants  se  proclama  empereur,  il  Cht 
connu  sous  le  nom  de  Tao  oou  li  (386-109)  ;  son  suc- 
cesseur, Ming  yiien  ti  (409-i24),  adopta  les  coutumes 
chinoises,  employa  des  Chinois,  organisa  l'adminislratioi! 
de  ses  Etats  et  construisit  une  nuu'aille  de  2.000  li  pour 
arrêter  les  incursions  des  nomades  septentrionaux.  Thdi 
oou  ti  (424-452)  étendit  sa  domination  jus([u'à  la  rivière 
Oei  et  au  fleuve  Jaune  et  commanda  à  la  moitié  de  l'em- 
pire ;  sous  Hien  ooi  ti  (466-471).  le  Chan  tong  fut  ajoulé 
aux  domaines  des  Oei.  Mais  au  siècle  suivant,  des  dissen- 
sions éclatèrent  dans  la  famille  impériale  ;  les  Liauf. 
dynastie  méridionale,  firent  des  progrès  ;  les  Oei  se  divi- 
sèrent en  deux  branches.  Oei  orientaux i^'è^ii-o^^),  (pii 
furent  renversés  parles  TM  septentrionaux,  et  Oei  or- 
eidenlaux{TySD-^Dl) ,  dontles  Etats  passèrent  aux  Tclieou 
septentrionaux.  A])rès  avoir  favorisé  le  taoïsme  et  per- 
sécuté le  bouddhisme  sous  le  régne  de  Thai  oou.  les  Oei 
se  montrèrent  fervents  adhérents  de  la  religion  hindoue. 

Maurice  Courant. 

ŒIL.  Anatomie  (V. Cornée, Rétine, Sclérotique, etc.). 

Considérations  générales.  —  L'ceil  est  l'organe  de 
la  vue  ;  il  nous  permet  de  juger  la  distance,  la  couleur, 
le  volume  des  corps  :  c'est  le  «  toucher  lointain  »  de 
Buffon.  Ce  petit  organe  si  délicat,  si  merveilleusement 
constitué,  a  de  tout  temps  fait  l'éionnement  et  l'admi- 
ration des  philosophes  et  des  savants.  Le  même  o'il 
braqué  à  un  télescope  verra  nettemejit  les  satellites  de 
Jupiter  situé  à  des  millions  de  lieues;  un  instant  après,  il 
pourra,  placé  sur  l'oculaire  tl'un  microscope,  étudier  le  ])u- 
cille  de  la  tuberculose  ou  de  la  lèpre  qui  n'a  que  5  à  6  mil- 
lièmes de  millim.  :  nous  pouvons  donc  voir  d'une  façon 
distincte  à  quelques  millimètres  et  àrinllni,  l'œil  s'adapte 
de  lui-même,  grâce  à  l'accommodation. 

CoNriruRATioN.  —  Le  globe  oculaire  a  la  forme  d'une 
sphère  qui  n'e^t  pas  géométriquciiMMst  régub.ère;  ii  e.4 
nplati  léL,Mn*oiiieJi{  (K>  harit  en  lias  et  c;i  avasit;  il  existe 
une  saillie  ii'ès  nia.'iih-ste.  v\'^\  la  cornée.  Par  ce  fait,  il 


Fig.  1.  —  Œ^il  myope  [c 


iilllC 


existe  une  inégalité  plus  ou  moins  prononcée,  mais  cons- 
tante, dans  les  tcois  principaux  diamètres  du  globe  ocu- 
laire. Le  diamètre  transversal  mesure  23  miUim.,  le  ver- 
tical 23  millnn.  et  rantéro-poslérieur25el  mèin,v26  millim. 
en  dehors  de  toute  anomalie  ;  le  globe  orulaire  étant  à  peu 


près  achevé  au  moment  de  la  naissance,  la  différence  entre 
l'œil  du  nouveau-né  et  de  l'adulte  est  minime,  surtout  si 
on  le  compare  aux  parties  voisines  :  orbite,  crâne  et  face. 
Lorsque  le  diamètre  antéro-postérieur  est  trop  long,  les 
images  viennent  se  peindre  en  avant  de  la  rétine  :  c'est  la 
myopie.  Si  au  contraire  ce  même  diamètre  est  trop  court, 
les  images  viennent  se  peindre  en  arrière  de  la  rétine  :  c'est 
l'hypermétropie.  Le  poids  du  globe  oculaire  varie  de  7  à 
8  gr.  Sa  consistance  est  très  ferme  et  élastique  sur  le  vi- 
vant, ce  <{ui  est  d'i  non  seulement  à  son  enveloppe  résis- 
tante (scléi'oti(pie).  mais  à  la  pression  intérieure  des  liquides 
(hum.'ur  aqueuse,  etc.)  (pii  atteint  jusqu'à  45  millim.  do 

Oeil  hun-ertn^lrn/i^ 
\       C':",t  CLfv  oe'J.   Im^i  co.ir.l 


SlLiiî!± 


Fig.  2.  —  Œil  liyperiiiélrope  Voupe  schéiiiali(juc). 

mercure  ;  c'est  ce  qu'on  appelle  la  tonicité  de  l'oeil,  qui 
augmente  dans  le  glaucome  par  exemple  ou  l'œil  a  la  du- 
reté d'une  bille,  ou  qui  diminue  jusqu'à  devenir  nulle 
lorsque  Lœil  s'atrophie  (phtisie  du  gh)be). 

De  même  qu'au  globe  terrestre,  on  distingue  au  globe' 
oculaire  deux  pôles  :  le  pôle  antérieur,  qui  correspond 
au  centre  de  la  cornée  transparente  ;  le  pôle  postéiieur, 
qui  est  situé  au  point  diamétralement  opposé,  un  peu  en 
dehors  de  l'orifice  d'entrée  du  nerf  optique".  Le  globe 
oculaire  n'est  pas  situé  exactement  dans  l'axe  antéro- 
postérieur  de  l'orbite,  il  est  plus  rapproché  de  la  paroi 
externe  et  inférieure  ;  quant  aux  axes  antéro-postérieurs 
des  deux  yeux,  ils  sont  sensiblement  parallèles. 

Structure.  — Le  globe  de  l'œil  ou  bulbe  peut  être  con- 
sidéré comme  composé  de  quatre  appareils  :  i'^  un  appa- 
reil de  protection  formé  par  la  sclérotique  en  arrière,  par 
la  cornée  en  avant  ;  2"  un  appareil  de  vision  :  la  rétine  ; 
3^  un  appareil  de  réfraction  constitué  par  une  série  de 
milieux  transparents  :  l'humour  aqueuse,  le  cristallin,  le 
corps  vitré;  4"  un  appareil  d'accommodation  ou  d'adap- 
tation à  la  vision  à  différentes  distances,  constitué  par  le 
cristallin  et  ses  annexes,  muscle  et  procès  ciliaires.  L'œil 
se  compose  de  plusieurs  enveloppes  qui  sont  de  dehors  en 
dedans  :  une  membrane  hbreuse  entourant  les  trois  quarts 
postérieurs  de  l'anl  :  la  sclérotique  qui,  en  avant,  devient 
transparente  :  c'est  la  cornée,  elle  protège  l'œil;  une  mem- 
brane moyenne:  h.  choroïde,  formée  d'un  feutrage  de 
vaisseaux  qui  assurent  la  nutrition  de  la  rétine  renfermant 
un  pigment  noir  destiné  à  empêcher  les  réflexions  intra- 
oculaires.  Un  diaphragme,  Viris,  qui  est  une  dépendance 
de  la  choroïde,  se  trouve  devant  le  cristallin  et  sépaie  la 
chambre  aqueuse  en  deux  parties  ;  ce  diaphragme  eiit  percé 
d'un  trou  central,  la  pupille,  qui  en  se  dilatant  dans  l'obs- 
curité et  en  se  rétrécissant  à  la  lumière,  sert  à  régler  la 
quantité  de  lumière  qui  doit  frapper  la  rétine.  Le  corps 
vitré  ou  corps  hyatoïde  est  constitué  par  une  masse 
sphérique  gélatineuse,  entièrement  transparente,  qui  rem- 
plit tout  l'espace  compris  entre  la  concavité  de  la  ré- 
tine en  arrière,  le  cristallin  et  la  zonule  en  avant  ;  il  a 
une  membrane  enveloppante,  l'hyaloide.  Enfln  la  rétine 
(V.  ce  mot),  qui  n'est  autre  que  l'expansion  du  nerf 
optique. 

Si  l'on  considère  sur  une  coupe  transversale  l'œ^il  d'avant 
en  arrière,  on  trouve  la  cornée  dont  le  diamètre  est  de 
42  millim.  et  l'épaisseur  de  presque  i  millim.  ;  ses  ksions 
ulcératives  pouvant  aller  jusqu'à  la  perforation  (ulcères 
de  la  cornée)  s'appellent  les  kératites.  Derrière  se  trouve 
la  chambre  antérieure  de  1  œil  contenant  quelques  gouttes 


^21)3 


OEIL 


ûliumeur  aqveiise;  celle-ci,  analogue  à  l'eau  distillée, 
s'écoule  lors  de  l'incision  de  la  cornée  dans  l'extraction 
du  cristallin  cataracte  ;  cette  humeur  se  reproduit  en  quel- 
ques minutes.  On  donne  le  nom  d'hypopion  au  pus  formé 
dans  la  chambre  antérieure.  Toujours  sur  la  même  coupe 
transversale,  on  voif  la  section  du  cristallin  avec  son  en- 
veloppe la  cristalloidc  ;  cette  lentille  est  suspendue  au  centre 
de  la  pupille  pai'  les  pi'orîvs  cilijures  qui  reiitourent   à  la 


Vii:    3.  —  CoiîjjG  traiis\  ors'ilf^  (bi  scu'nicat  aiitérlciir 


façon  des  griffes  du  chaton  d  une  bague  ;  répaisseur  dii 
cristallin  est  d'environ  2  à  ^2  millim.  et  demi,  son  poids  e>l 
de  20  à  25  centigr.  ;  à  la  partie  postérieure  on  trouve  le 
canal  hyaloidien,  cordon  par  où  passent  pendant  la  vie  em- 
bryonnaire les  vaisseaux  nutritifs  du  globe,  l-^nlin,  on  voit 
la  masse  du  vitro  qui  forme  une  sorte  de  matière  de  rem- 
plissage pour  maintenir  la  sphéricité  de  l'ceil  et  qui  sou- 
tient la  rétine,  la  choroïde,  la  sclérotique  qui  se  confond 
avec  la  gaine  fd)reiise  du  nerf  optique.  A  ce  niveau,  c.-à- 
d.  au  pèle  postérieur,  il  y  a  un  orifice  par  leijuel  entre  W 
nerf  en  travei'>aiïl  la  lame  criblée  pour  s'épanouir  en  fi'rio. 
rétiniennes;  il  forme  la  papille,  et.  tout  à  fait  dans  l'axe 
antérieur  de  l'iril,  la  rétine,  (jui  n'a  plus  que  des  cône^. 
forme  la  macula  ou  tache  jaune. 

Vaisseaux  de  l'œil.  —  Les  artères  viemient  de  Topli- 
talmique,  branche  delà  carotide  interne;  accolée  au  nci  f 
optique,  elle  donne  l'artère  centrale  de  ce  nerf,  puis  le^ 
artères  ciliaires;  les  ciliaires  antérieures  sont  iîcxueus*\s 
et  vont  former  le  grand  cercle  et  le^petit  cercle  artériel 
de  l'iris.  Les  ciliaires  postérieures  se  subdivisent  en  ci- 
liaires courtes  qui  fournissent  48  ou  20  petites  branches 
entourant  le  nerf  opti<[ue  et  pénétrant  dans  la  sclérotique 
et  allant  dans  la  choroïde  ;  les  ciliaires  longues  vont  con- 
courir à  la  formation  du  grand  cercle  artériel  irien;  toutes 
ces  artérioles  s'anastoiuosent  entre  elles.  Les  veines  de 
l'onl  se  rendent  dans  la  veine  ophtalmique  dont  le  tronc. 
après  avoir  traversé  la  fente  sphénoîdale.  se  jette  dans  le 
sinus  caverneux,  les  veines  de  l'iris  s'unissent  aux  paqtrets 
veineux  des  procès  cihaires  et  aux  veines  en  tourbillon  de 
la  choroïde. 

Lymphatiques.  ■ —  On  ne  connaît  aucun  vaisseau  lym- 
phatique émanant  An  globe  de  l'œil,  la  lymphe  de  l'iris 
et  des  procès  ciliaires  se  déverse  dans  la  chambre  anté- 
lieure  à  tra^ers  un  système  de  fentes;  de  la  chambre  an- 
térieure, elle  passe  dans  le  cercle  deSchlemmet  dans  b's 
veines  musculaires. 

Nerfs  oe  l'oeil.  —  Les  rameaux  nerveux  destinés  à  la 
choroïde  émanent  du  ganglion  ophtalmique;  ils  forment  à 
sa  surface  externe  le  riche  plexus  nerveux  choroidien  avec 
de  nombreuses  cellules  ganglionnaires,  puis  le  plexus  ci- 
liaire;  de  là  partent  les  nerfs  ciliaires  qui  forment  b^ 
plexus  irien  (pii  se  résolvent  en  fibres  sensitives  et  fibrrs 
motrices  du  sphincter  pupillaire.  Telle  est  dans  ses  lignes 
générales  la  structure  de  l'œil  proprement  dit. 

Orbite.  —  Le  globe  oculaire  est  logé  dans  la  cavité 
orbitaire  qui  le  protège  contre  les  violences  extérieures  : 


c'est  une  sorte  de  pyramide  osseuse  quadrangulaire  ;  sa 
base  est  le  rebord  orbitaire  :  c'est  l'ouverture  de  la  cavité 
ou  s'enchâsse  l'œil;  elle  est  constituée  par  l'arcade  orbi- 
taire plus  ou  moins  proéminente,  dépendance  du  frontal, 
la  paroi  supérieure  forme  une  voûte  excavée;  sur  son  côté 
externe  se  trouve  la  logette  de  la  glande  lacrymale;  la 
paroi  inférieure  est  plane,  la  paroi  interne  très  mince;  on 
y  voit  la  gouttière  lacrymale.  La  paroi  externe  la  plus 
résistante  est  celle  par  où  pénètre  le  chirurgien  pour 
rénucléation  du  globe.  Le  sommet  de  Foi-bite  est  occupé 


¥\ix.   L 


Vue  feupéi-ieure  des  iimscles  û^i  1  u'il. 


par  la  fente  sphénoidale.  Le  tendon  de  Zinn  s'y  insère  : 
enfin  on  y  voit  le  trou  optique  par  Oxi  passent  le  nerf  op- 
tique et  l'artère  ophtalmique. 

Contenu  de  n'oanirE.  —  Le  périoste  orbitaire,  qui  est 
la  continuation  delà  dure-mère,  tapisse  toutes  les  parois 
osseuses,  puis  vers  la  base  il  se  dédouble  et  une  portion 
va  former  l'aponévrose  orbito-oculaire  ou  de  Tenon  qui 
sépare  en  qnekpie  sorte  en  deux  loges  la  cavité  orbitaire  ; 
en  avant  elle  enveloppe  le  globe  oculaire  et  le  sépare 
de  la  partie  profonde  ou  loge  postérieure  où  se  trouve 
un  tissu  cellulo-graisseux  jaunàlre  formant  une  sorte 
de  coussin  élasticjue  pei-mettant  à  Lifil  de  se  laisser  re- 
fouler en  arrière  et  amortissant  les  chocs  auxquels  il  est 
exposé. 

Annexes  de  l'oeil.  —  Ce  sont  les  paupières,  la  con- 
jonctive {V.  ces  mots),  puis  les  muscles  et  l'appareil  la- 
crymal" que  nous  allons  décrire. 

xMuscles  de  l'œil.  —  Ils  sont  au  nombre  de  sept,  tous 
constitués  par  des  fibres  striées  et  volontaires.  Ce  sont  les 
muscles  extrinsèques  de  l'ail  par  opposition  avec  le  muscle 
ciliaire  qui  entoure  le  cristallin  et  sert  à  l'accommodation 
et  le  muscle  de  1  iris,  tous  deux  à  fibres  lisses  et  cà  con- 
tractions involontaires.  Six  muscles  sont  prépasés  aux 
mouvements  du  glolie  :  le  droit  supérieur  et  le  petit  oblique 
pour  l'élévation,  le  droit  inférieur  et  le  grand  obhque  pour 
l'abaissement,  le  droit  interne  pour  l'adduction  et  le  droit 


(EIL 


264  — 


externe  pour  Tabduction.  Les  grand  et  petit  obliques,  en 
même  temps  qu'ils  tirent  l'oeil  en  dehors,  impriment  au 
globe  oculaire  des  mouvements  opposés  de  rotation  autour 
de  son  axe  antéro-pos'érieur.  A  ces  six  muscles,  il  faut 
ajouter  le  releveur  de  la  paupière  et  chez  les  animaux  le 
rétracteur  du  globe  ou  m  iscle  choanoide.  Tous  ces  muscles, 
à  l'exception  du  petit  ob'ique,  prennent  leur  insertion  fixe 
sur  le  pourtour  du  trou  optique  au  fond  de  l'orbite  ;  de 
là  ils  se  dirigent  en  avant,  logés  dans  leurs  gaines,  et  for- 
ment une  sorte  d'entonnoir  musculaire  ouvert  en  avant  où 
ils  s'implantent  dans  la  sclérotique.  Seul  le  grand  oblique 
fait  exception.  Parvenu  à  la  partie  supéro-interne  du  re- 
bord orbitaire,  il  vient  se  réfléchir  dans  une  poulie  de 
renvoi,  puis  il  se  porte  obliquement  en  arrière  et  en  dehors 
pour  se  fixer  sur  le  segment  postérieur  externe  de  la  sclé- 
rotique. Le  petit  oblique  s'insère  au  plancher  de  l'orbite 


Inserlîon  sdèroiicat 


deô  U  mtcscles  droits, 
DroÛ  su/ieneur 


Fig.  5.  —  Insertion  des  muscles  droits  de  l'œiU 

en  dedans,  en  avant  et  en  dehors  du  sac  lacrymal;  de  là 
il  se  porte  oMiquement  en  arrière  et  en  dehors  et,  après 
avoir  croisé  le  droit  inférietu*  qu'il  recouvre,  il  contourne 
le  globe  pour  s'attacher  à  la  sclérotique  immédiatement 
au-dessous  du  grand  oblique.  Les  insertions  des  tendons 
des  muscles  droits  sur  la  sclérotique  suivent  une  hgne 
spirale  :  l'insertion  du  droit  interne  est  la  plus  rappro- 
chée ;  elle  est  à  5  millim.  de  la  cornée,  la  plus  éloignée 
est  celle  du  droit  supérieur  qui  est  à  8  millim.;  la  lar- 
geur de  l'insertion  des  tendons  varie  de  9  à  41  millim. 
Ces  détails  sont  importants  à  connaître  lorsque  l'on 
doit  sectionner  ces  insertions  dans  l'opération  du  ûva- 
bisme  (V.  ce  mot).  Trois  paires  nerveuses  crâniennes 
innervent  les  muscles  de  l'œil  ;  le  moteur  oculaire  com- 
mun ou  3®  paire  anime  tous  les  muscles  droits,  à  l'ex- 
ception du  droit  externe,  du  releveur  de  la  paupière  et 
du  petit  oblique  ;  le  nerf  pathétique  ou  ¥  paire  innerve  le 
grand  oblique,  le  moteur  oculaire  externe  innerve  le  droit 
externe. 

Appareil  lacrymal.  —  Il  se  compose  de  deux  parties  : 
l'une  sécrétante,  les  glandes, -et  une  excrétante,  les  deux 
canalicules  lacrymaux,  le  sac  et  le  canal  nasal.  La  glande 
lacrymale  se  compose  d'une  portion  orbitaire  du  volume 
d'une  petite  amande  logée  dans  la  fossette  de  l'angle  ex- 
terne du  ft'ontal  ;  la  portion  palpébrale  aplatie  est  incluse 
dans  l'épaisseur  de  la  paupière  supérieure.  Cette  glande 
est  formée  de  lobules  analogues  à  ceux  des  glandes  sali- 
vaires;  une  branche  de  l'ophtalmique  l'irrigue,  les  nerfs 
viennent  du  trijumeau  et  du  sympathique  qui  influence  la 
sécrétion  des  larmes.  Rien  de  plus  variable  que  l'activité 


de  cette  sécrétion.  On  sait  qu'il  y  a  des  individus,  des 
femmes  surtout,  qui  pleurent  à  tout  propos  ;  chez  l'enfant 
à  la  mamelle  la  sécrétion  n'existe  pas,  aussi  crient-ils  sans 
verser  de  pleurs.  Les  larmes  sont  transportées  sur  la  sur- 
face du  globe  par  le  clignement  des  paupières  ;  çMqs  lu- 
brifient l'œil  et  balayent  les  petits  corpuscules.  Les  excita- 
tions physiques  et  morales  influent  sur  leur  sécrétion. 
Voici  leur  composition  :  elles  sont  alcalines  ou  neutres, 


Glande  LaxruTTtftlt 


Fig.  6.  —  Appareil  lacrymal. 

contiennent  99  <^/o  d'eau,  puis  du  chlorure  de  sodium 
(goût  salé  des  larmes),  des  phosphates  de  soude  et  de  chaux, 
de  la  graisse  et  de  T albumine.  Les  larmes  sont  aspirées 
par  les  points  lacrymaux  situés  dans  l'angle  interne  de 
l'œil,  sur  le  bord  libre  des  paupières  ;  chacun  d'eux  se 
trouve  au  sommet  d'un  petit  tubercule,  le  supérieur  un 
peu  plus  en  dedans  ;  ils  sont  l'orifice  d'entrée  des  canali- 
cules lacrymaux  qui  ont  de  6  à  8  minim.  de  long  sur  1 
à  2  milhm.  de  large  et  vont  s'aboucher  dans  un  canal 
commun  pour  s'ouvrir  dans  le  sac  lacrymal  ;  celui-ci  a  la 
forme  d'une  ampoule  de  12  à  15  milhm.  de  long  sur  5  à 
6  de  large.  Le  canal  nasal  fait  suite  au  sac  lacrymal,  il 
s'ouvre  sous  forme  d'une  fente  dans  l'angle  formé  par 
Tunion  du  cornet  inférieur  avec  la  paroi  externe  des  fosses 
nasales  (V.  Nez).  La  muqueuse  des  conduits  lacrymaux  se 
continue  avec  la  muqueuse  nasale  :  ce  qui  explique  la 
pi'opagation  de  Finflammation  de  l'un  à  l'autre. 

Développement  de  l'œil.  —  Il  se  fait  aux  dépens  de 
deux  diverticules  du  cerveau,  les  vésicules  optiques  qui 
peu  à  peu  se  rapprochent  des  téguments.  Arrivée  au  con- 
tact de  l'épiderme,  la  vésicule  optique  prend  la  forme' 
d'une  coupe  par  l'invagination  de  sa  paroi  antérieure; 
cette  coupe  se  remplit  par  prolifération  de  l'épiderme 
d'une  lentille  transparente  :  c'est  le  cristallin  ;  derrière 
elle  se  forme  un  autre  tissu  transparent:  c'est  le  corps 
vRré.  Enfin,  les  deux  parois  de  la  coupe  optique  se  sou- 
dent ensuite  pour  devenir  :  l'antérieure,  l'épithélium  sen- 
soriel; la  rétine,  la  postérieure  devient  la  couche  pigmen- 
taire. 

De  l'œil  dans  la  série  animale.  —  Si  l'œil  humain  est 
le  plus  parfait,  celui  des  primates  (singes)  n'en  diffère 
guère.  Chez  les  carnivores  et  les  ruminants,  les  cellules 
pigmentaires  manquent  sur  une  partie  de  la  choroïde  : 
c'est  ce  qu'on  appelle  le  tapis  ou  miroir  (on  connaît  la 
phosphorescence  des  yeux  de  chat  dans  l'obscurité).  La 
pupille  est  circulaire  chez  les  primates,  mais  elle  est  ellip- 
tique à  grand  axe  vertical  chez  les  carnivores,  ovale  à 
grand  axe  horizontal  chez  les  ruminants. 

Oiseaux.  Ils  ont  tous  la  vue  perçante  ;  les  rapaces,  obli- 
gés de  planer  à  des  hauteurs  considérables,  voient  leur 
proie  de  fort  loin.  Ils  sont  souvent  obligés  de  changer  la 
portée  de  leur  vue  ;  leur  œil  est  naturellement  hypermé- 
trope à  cristallin  plus  aplati  que  les  mammifères,  et  ils 


—  2Go  — 


(EIL 


Fig.  7.  —  Coupe  antéro-postérieure 
d'un  œil  d'oiseau. 


possèdent  pour  raccommodation  le  peigne  allant  du  cris- 
tallin à  la  choroïde.  On  sait  que  les  volailles,  pigeons, 
poulets,  voient  les  plus  petits  fragments  de  nourriture 

mêlés  à  la  terre. 
Les  nocturnes, 
chouettes  et  hi- 
l)oux,  ont  de  gros 
yeux. 

Poissons.  Vi- 
vant dans  Teau 
qui  est  d'une  den- 
sité plus  grande 
que  l'air,  ils  ont 
besoin  d'une  len- 
tille plus  réfrin- 
gente, aussi  leur 
cristallin  est -il 
sphérique  et  ils 
ont  une  vue  de 
myope.  Comme  ils  plongent  et  que  leurs  yeux  sont  sou- 
mis à  une  forte  pression,  leur  sclérotique  est  en  partie 
osseuse  ;  ceux  qui  vivent  à  une  très  grande  profondeur 
sont  aveugles  ou  ont  de  grands  yeux  ronds  et  élargis  pour 
recueillir  les  moindres  rayons  lumineux  ;  quelques-uns 
sont  phosphorescents.  Certains  ont  des  organes  lumineux 
sur  la  tète,  qu'ils  allument  pour  chercher  leur  proie  ou 
éteignent  quand  ils  veulent  se  soustraire  à  un  ennemi. 

A  mesure  que  l'on  descend  l'échelle  animale,  l'œil  se 
simplifie  ;  chez  les  reptiles  comme  chez  les  poissons,  il  y  a 
disparition  complète  des  paupières,  tandis  qu'il  y  a  une 
troisième  membrane  clignotante  chez  les  oiseaux.  Le  ca- 
méléon a  la  curieuse  propriété  de  remuer  indépendamment 
un  œil  de  l'autre;  il  peut,  par  exemple,  regarder  en  haiit 
avec  l'œil  droit  et  en  bas  avec  l'œil  gauche.  L'œil  réduit  à 
sa  plus  simple  expression  est  formé  d'une  cellule  spéciale 
se  continuant  par  un  nerf  et  renfermant  du  pigment  rouge 
ou  noir,  impressionnable  à  la  lumière.  Les  insectes  voient 
presque  tous  très  bien  ;  ils  ont  souvent  deux  espèces  d'yeux  : 
les  ocelles  ;  l'œil  simple  se  compose  uniquement  d'une 
lentille  derrière  laquelle  est  un  liquide  gélatineux  trans- 
parent, puis  la  rétine  sur  laquelle  s'épanouissent  les  fais- 
ceaux ;  Fœil  composé  a  sa  surface  divisée  en  hexagones 
nommés  facettes  ;  au-dessous  de  chaque  facette  apparaît 
un  cône  où  vient  aboutir  un  faisceau  de  nerfs  communi- 
quant avec  le  nerf  optique.  La  reine  des  abeilles  a 
5.000  facettes,  la  mouche  8.000  et  certains  scarabées  jus- 
qu'à 35.000  facettes  ;  il  est  donc  probable  que  chez  les 
insectes  la  vue  est  une  série  de  mosaïques,  une  série  de 
minuscules  images  ;  les  mollusques  ont  des  yeux,  tantôt 
sur  les  cornes,  quelquefois  entre  les  tentacules  ;  les  crus- 
tacés, crabes  et  homards  possèdent  deux  yeux  composés, 
placés  sur  des  pédoncules  mobiles. 

Parmi  les  plus  petits,  beaucoup  ne  peuvent  distinguer 
la  lumière  de  l'obscurité  (ver  de  terre,  etc.),  mais  tout 
leur  corps  est  sensible  ;  car  les  téguments  peuvent  être 
sensibles  à  la  lumière,  c'est  ce  qu'on  observe  chez  les  ani- 
maux inférieurs  ;  il  y  a  alors  sensation  dermatoptique. 

Physiologie.  —  NcTRrrioN  pu  globe.  —  L'humeur 
aqueuse  est  sécrétée  en  arrière  de  l'iris  par  les  procès 
ciliaires,  la  nutrition  du  cristallin  et  du  corps  hyaloïde 
est  sous  la  dépendance  de  la  rétine  ;  l'excrétion  des  li- 
quides intra-oculaires  se  fait  en  avant  par  l'angle  iridien, 
en  arrière  par  les  gaines  du  nerf  optique. 

Sensibiuté  générale  de  l'oeil.  —  ^On  sait  que  le 
moindre  attouchement  de  la  surface  de  la  cornée  est  vive- 
ment ressenti,  car  celle-ci  a  un  plexus  nerveux  sous  et 
intra-épithélial  extrêmement  riche;  ses  nerfs  lui  viennent, 
pour  la  plupart,  du  ganglion  ophtalmique.  C'est  la  cornée 
qui  réagit  en  dernier  dans  la  mort  et  Tanesthésie  chloro- 
formique  ;  on  sait  que  la  cocaïne  a  la  précieuse  propriété 
d'abolir  la  sensibilité  de  l'œil,  ce  qui  a  singulièrement  fa- 
cilité les  opérations  oculaires  ;  la  sclérotique  a  une  sensi- 
bilité fort  obtuse,  l'iris  et  les  procès  ciliaires  jouissent 


d'une  sensibilité  exquise,  grâce  à  leur  richesse  nerveuse  : 
aussi  les  opérations  d'iridectomie,  l'iritis  et  la  cyclitesont 
fort  douloureux  ;  la  choroïde  est  bien  moins  sensible.  La 
rétine  et  le  nerf  optique  sont  à  peu  près  dépourvus  de  sen- 
sibilité. 

Motricité  intrinsèque  du  globe.  Seuls  l'iris  et  le 
muscle  ciliaire  possèdent  la  propriété  de  se  contracter  sous 
l'intluence  des  nerfs  moteurs,  grâce  à  la  présence  des  fibres 
lisses  ;  la  lumière  contracte  l'iris,  l'obscurité  la  relâche  ; 
la  paralysie  du  moteur  oculaire  commun  (qui  anime  l'iris) 
a  pour  effet  de  paralyser  son  sphincter  et  de  dilater  la 
pupille  ;  l'action  du  sympathique  cervical  est  diamétrale- 
ment opposé.  On  sait  que  l'atropine  dilate  la  pupille  ; 
c'est  un  mydriatique,  tandis  que  l'ésérine  la  contracte  : 
ces  propriétés  sont  très  utilisées  en  ophtalmologie.  L'œil, 
dans  son  ensemble,  est  comparable  à  un  appareil  photo- 
graphique, seulement  la  chambre  noire  de  l'œil  est  globu- 
laire, ce  qui  permet  aux  parties  périphériques  de  l'image 
formée  par  l'appareil  convergent  de  venir  tomber  exacte- 
ment sur  la  membrane  sensible,  la  rétine,  qui  fait  office 
de  plaque  sensible.  Il  faut,  pour  qu'une  image  vienne  se 
peindre  nettement  sur  la  rétine,  la  coïncidence  toujours 
exacte  du  sommet  du  cône  oculaire  avec  la  rétine  ;  cela  se 
fait  grâce  à  l'adaptation  :  c'est  la  mise  au  point  des  pho- 
tographes ;  elle  se  fait  instinctivement  par  l'accommoda- 
tion, c.-à-d.  par  un  changement  de  forme  du  cristallin 
dont  la  face  antérieure  augmente  de  convexité  quand  on 
adapte  l'œil  pour  la  vision  d'un  objet  très  rapproché  ;  le 
cristallin  est  donc  une  sorte  de  lentille  vivante  qui  change 
de  courbure  grâce  au  muscle  ciliaire,  qui  peut  agir  sur  la 
périphérie  du  cristallin,  par  l'intermédiaire  des  procès 
ciliaires.  La  puissance  accommodative,  très  puissante  chez 
l'enfant,  diminue  peu  à  peu  avec  l'âge  ;  à  dix  ans,  elle 
est  de  quatorze  dioptries  et  de  zéro  à  soixante-quinze  ans, 
d'après  Donders.  Le  diaphragme  irien  règle  la  quantité 
de  lumière  qui  doit  arriver  à  la  réti7îe  (V.  ce  mot),  mem- 
brane sensible  spécialement  à  la  lumière,  par  ses  cellules 
visuelles;  l'entrée  du  nerf  optique,  la  pupille,  est  insen- 
sible à  la  lumière  :  c'est  la  tache  aveugle  de  Mariotte 
ou  punctum  cœciim  ;  la  partie  la  plus  sensible  de  la  ré- 
tine, c'est  la  tache  j aime  placée  exactement  au  pôle  pos- 
térieur de  l'œ^il  ;  elle  est  remarquable  par  sa  richesse  en 
cônes.  La  vision  des  couleurs  s'explique  par  la  théorie  de 
Young  et  d'Helmholtz,  qui  consiste  à  supposer  que  chaque 
fibre  du  nerf  optique  est  composée  de  trois  fibres  élémen- 
taires différemment  excitables  pour  chacune  des  trois  cou- 
leurs fondamentales. 

Les  dyschromatopses  sont  les  individus  qui  sont  aveugles 
pour  une  ou  plusieurs  couleurs  ;  les  daltoniens  sont  ceux 
qui  ne  voient  pas  le  rouge.  Si  l'on  réfléchit  au  peu  d'éten- 
due de  la  partie  vraiment  sensible  de  l'œil,  on  comprendra 
de  quelle  utilité  sont  les  mouvements  du  globe  oculaire 
qui  peuvent  se  faire  instantanément  en  tous  sens. 

Champ  visuel.  —  On  donne  ce  nom  à  toute  l'étendue 
qui  peut  être  embrassée  d'un  seul  coup  d'œil.  Ainsi,  l'œil 
étant  fixé  sur  un  objet,  les  points  les  plus  excentriques 
dont  cet  œil  recevra  une  impression  représenteront  les 
limites  du  champ  visuel.  On  l'examine  au  moyen  d'un 
campimètre  ou  d'un  périmètre  ;  il  est  plus  étendu  du  côté 
externe  que  du  côté  interne  où  il  est  limité  par  la  saillie 
du  nez.  On  donne  le  nom  de  scotomes  aux  points  obscurs 
dans  l'étendue  du  champ  visuel  ;  à  l'état  normal  il  y  a 
un  scotome  physiologique  dans  le  méridien  horizontal  du 
côté  externe,  il  correspond  à  la  tache  aveugle  de  Mariotte. 
L'examen  du  champ  visuel  pour  les  couleurs  montre  que 
les  limites  de  perception  du  bleu  sont  les  plus  étendues, 
les  limites  du  vert  les  plus  restreintes,  le  rouge  et  le  jaune 
sont  intermédiaires. 

Cette  sensibilité  chromatique  de  la  rétine  est  très  im- 
portante à  connaître,  car  elle  est  très  souvent  modifiée 
dans  les  affections  des  centres  nerveux  encéphaliques  (in- 
toxications diverses  :  alcooliques,  saturniques,  nicotini- 
ques,  etc.).  On  donne  le  nom  de  champ  du  regard  à 


QEIL 


206  — 


toute  l'étendue  que  l'œil  peut  embrasser,  grâce  aux  mou- 
vements que  lui  impriment  ses  six  muscles,  la  tète  restant 
immobile  ;  on  comprend  que  ce  champ  du  regard  est  mo- 
difié dans  les  paralysies  des  muscles  oculaires.  Les  larmes 
(jui  n'ont  pas  été  évaporées  à  la  surface  de  l'œil  sont 
aspirées  par  les  points  lacrymaux  dans  les  fosses  nasales 
qu'elles  empêchent  de  se  dessécher  sous  rintkiencc  du 
courant  d'air  de  Tinspiration. 

ExAMKN  DE  i/œil.  —  Il  faut  l'examiner  à  l'éclairage 
naturel;  on  se  rend  compte  de  l'état  des  annexes:  pau- 
pières, voies  lacrymales,  conjonctive,  cornée,  etc.  ;  on  se 
sert  de  l'éclairage  latéral  pour  voir  les  éraillures,  les  ul- 
cères, les  taies,  les  corps  étrangers  de  la  cornée,  les  opa- 
cités du  cristallin,  les  adhérences  de  Firis  ou  synéchies  ; 
pour  examiner  le  cul-de-sac  supérieur  de  l'œil  ou  viennent 
si  souvent  se  loger  les  corps  étrangers  (escarbilles,  etc.), 
il  faut  retourner  la  paupière  supérieure  en  faisant  bas- 
culer le  cartilage  tarse.  Pour  l'examen  du  fond  de  l'œil, 
on  emploie  ïophtalmoscop<^  (V.  ce  mot) .  L'examen  àTimage 
droite  est  ditiiciie;  dans  ce  procédé,  on  se  sert  du  miroir 
seul,  l'image  que  Ton  voit  est  virtuelle,  droite  et  située  en 
réalité  derrière  l'œil  ;  dans  l'image  renversée,  on  se  sert 
du  miroir  et  d'une  lentille  biconvexe  :  l'image  que  l'on  voit 
est  réelle,  renversée  et  située  entre  notre  œil  et  la  lentille. 
Voici  ce  que  l'on  voit  :  le  fond  de  Vœ'û  apparaît  rouge 
clair,  ce  qui  est  di\  au  sang  de  la  choroïde,  ce  rellet  varie 
avec  la  quantité  de  pigment  ;  dans  les  yeux  bleus,  le  reflet 
est  rouge  clair  ;  dans  les  yeux  noirs  la  teinte  est  plus 
sombre  ;  chez  le  nègre,  il  apparaît  bleu  foncé.  Les  parties 
du  fond  de  l'œil  qui  exigent  une  attention  spéciale  sont 
la  papille  :  c'est  le  point  de  repère,  elle  apparaît  d'une 
couleur  pâle  qui  tranche  avec  le  rose  d'alentour  ;  de  son 
centre  on  voit  émerger  Jes  vaisseaux  sanguins  de  la  ré- 
tine :  ils  se  divisent  habituellement  en  huit  branches  qui 
se  dirigent  deux  par  deux  en  haut  et  en  bas,  quatre  sont 
des  artères,  les  veines  sont  plus  volumineuses  et  plus 
sombres  ;  la  région  de  la  tache  jaune  est  reconnaissable 
à  l'absence  des  vaisseaux  sanguins  et  à  une  coloration 
rouge  sombre,  la  rétine  est  entièrement  transparente  et 
incolore.  Rien  de  plus  variable  que  l'image  ophtalmosco- 
pique,  aussi  faut-il  une  grande  habitude  et  une  attention 
soutenue  pour  ne  pas  prendre  dans  certains  cas  un  état 
physiologique  pour  un  cas  pathologique. 

Pathologie.  —  M\ladies  de  l'orbîte.  —  L'ostéo- 
périostite,  surtout  chez  l'enfant,  est  la  plus  fréquente  de 
toutes  les  inflammations;  cîie/J' adulte,  on  observe  l'ostéo- 
périostite  syphiliti([ue  clu'onique. 

Phlegmon  de  Vorbite.  C'est  l'inflammation  du  tissu 
graisseux  du  fond  de  la  cavité  orbitaire,  il  survient  à  la 
suite  d'un  (raumatisme.  de  dacryocystite,  de  blessures  les 
plus  diverses  ;  mais  pour  qu'il  y  int  plilejmon  (V.  ce  mol) 
il  faut  qu'il  y  ait  infection  micro])ienne,  ({u'eile  vienne  du 
dedans  ou  du  dehors,  ce  (pii  est  le  plus  fré([uent.  11  y  a 
fièvre,  fi'isson,  protusion  de  Taùl  qui  est  très  douloureux 
et  injecté,  la  vue  n'est  pas  atteinte  ;  il  faut  faire  une  pro- 
fonde et  hâtive  incision  dans  le  sillon  palpébro-sourcilier, 
car  il  peut  survenir  une  tlirombose  du  sinus  souvent  mor- 
telle. On  donne  le  nom  de  ténonite,  affection  rare,  à  l'in- 
flammation de  la  bourse  séreuse  du  globe.  Les  traiima- 
tismes  de  l'orbite,  les  contusions  sont  tVéqucntes  (boxeurs), 
les  fractures  et  les  corps  étrangers  ne  sont  pas  rares  (fleu- 
rets, projectiles,  l)alles  de  revolver  dans  suicide,  grains 
de  plomb  dans  accidents  de  chasse,  etc.).  S'il  y  a  infec- 
tion, il  survient  un  phlegmon  et  souvent  il  y  a  amaurose 
]  îuitropbie  «lu  nerf  optiiuie  ;  les  fractures  indirectes  sont 
-((.'aux  fractuces  du  cràue.  La  luxation  du  globe  par  in- 
oduction  du  doigt  dans  l'oi'bite  s'observe  chez  les  aliénés, 
(^lutteurs,  les  enfants  dans  les  convulsions  ;  on  réduit 
l'on  applique  un  bandeau  compressif.  L'hématome  de 
i  orbite,  rare,  se  voit  dans  l'hémophilie.  On  observe  les 
exophtalmies  pulsatiles  ou  non,  celles  du  goitre  exophtal- 
mique, les  exostoses,  les  kystes  séreux  et  (lermoides,  ^n^vw 
les  néoplasmes  dont  le  plus  grave  est  le  sarcome  de  l'or- 


bite. Les  traumatismes  du  globe  oculaire  sont  des  plus 
variables  ;  ils  ont  lieu  par  instruments  piquants,  plume, 
aiguille,  fleuret,  etc.,  ou  instrument  tranchant  par  pro- 
jectile, plomb  de  chasse.  La  lésion  peut  intéresser  la  con- 
jonctive, la  cornée,  le  cristallin,  tout  le  globe  et,  s'il  y  a 
infection,  donner  lieu  à  une  panophtalmie  qui  nécessitera 
l'énucléation  de  l'anl. 

Maladies  des  muscles  de  l'oeil.  —  (Juels  que  soient 

les  muscles  paralysés,  il  existe  des  symptômes  communs  : 

1°  Symplômel  objeefifs.  Diminution  des  mouvenn^nts 

du  globe  du  coté  paralysé,  l'anl  devient  strabique  par  suite 

des  muscles  antagonistes  (V.  Strabisme). 

^^  Symptômes  subjectifs.  Ce  dont  les  malades  se  plai- 
gnent le  plus,  c'est  de  voir  double  :  il  y  a  diplopie  (V.  ce 
mot)  binoculaire  ;  il  y  a  deux  images:  l'une  nette,  cellii  de 
l'œil  sain,  l'autre  pâle  provenant  de  l'œil  atteint.  Les 
images  sont  homonipnes  quand  celle  située  à  droite  ap- 
partient à  l'anl  droit  et  celle  située  à  gauche,  à  l'œil  gauche  ; 
dans  le  cas  contraire,  elles  sont  croisées.  On  recher«'lie 
cette  diplopie  au  moyen  de  verres  colorés,  il  peut  y  avoir 
du  vertige;  V attitude  du  malade  est  caractéristique  :  comme 
il  est  très  gêné  de  voir  double,  il  tourne  la  tète  du  coté 
paralysé. 

Paralysie  du  moteur  oculaire  commun.  C'est  la  plus 
fréquente  de  toutes  ;  on  observe  la  chute  de  la  paupière 
supérieure  (ptosis),  une  diminution  ou  une  suppression  des 
mouvements  du  globe  en  haut,  en  bas  et  en  dedans  ;  il 
y  a  diplopie  croisée  ({ui  accompagne  tou/)urs  leslrahismo 
divergent,  dilatation  de  la  pupille,  paralysie  de  l'accommo- 
dation. On  comprend  qiie  la  paralysie  du  muscle  droit  in- 
terne donnera  lieu  à  une  diminution  de  la  motilité  du 
glo])e  en  dedans  et  à  un  strabisme  divergent.  Dans  la  pa- 
ralysie du  dcoit  supérieur,  le  malade  renverse  toujours  la 
tète  en  arrière,  ayant  la  vision  nette  dans  toute  la  partie 
inférieure  du  champ  visuel.  Au  contraire,  dans  laparahsie 
du  muscle  droit  inférieur,  le  malade  baisse  la  tète,  et 
tourne  les  yeux  en  haut  afin  de  voir  par  la  moitié  supé- 
rieure de  son  champ  visuel  qui  est  normale.  Lf\s  cause  les 
plus  fréquentes  des  paralysies  des  muscles  de  l'œil  sont  la 
syphilis,  puis  celles  résultant  du  tabès  ou  de  l'ataxie  lo- 
comotrice; enfin  celle  due  à  un  coup  de  froid,  à  l'hystérie, 
à  une  compression  nerveuse,  soit  sur  le  trajet  des  nerfs, 
soit  dans  le  cerveau.  On  soigne  les  paralysies  des  muscb's 
de  l'œnl  en  traitant  la  cause,  puis  en  éiectrisant  les 
muscles. 

Maladies  des  voies  lacrymales.  —  Le  larmoiement 
n'est  pas  une  maladie,  mais  un  symptôme  fréquent  dans  de 
nombreuses  aflections  oculaires.  Pour  le  guérir,  il  tant  en 
rechercher  la  cause  et  la  soigner  ;  s'il  y  a  obstruction  d'un 
point  lacrymal,  il  faut  le  dilater  ou  l'inciser.  La  daci'yo- 
adénite  ou  inflammation  de  ki  glande  lacrymale  e^t  très 
rare,  les  tuiueurs  de  la  glande  lacrymale  sont  variables. 
On  donne  le  nom  de  dacryops  à  la  tumeur  formée  par 
l'accumulation  des  larmes,  résultat  de  l'oblitération  du 
conduit  excréteur.  La  déviation,  le  réti'écissement  et  1  obli- 
tération des  points  lacrymaux  résultent  d'ulcérations,  suite 
de  maladies  de  la  conjonctive.  Si  les  produits  de  sécrétion 
du  sac  augmentent  et  (pie  le  canal  nasal  s'enflamme,  il  y 
a  obstruction,  d'oa  tumeur  lacrymale  ou  mucocèle.  Si  le 
sac  s'enflamme,  on  a  une  dacryocystite  aiguë  qui  donne 
lieu  à  de  la  suppuration. 

Toutes  ces  affections  de  sac  et  de  canal  nasal  sont 
souvent  très  tenaces;  étant  devenues  chroni([ues,  elles  né- 
cessitent l'incision  et  le  passage  de  sondes  pendant  un 
temps  fort  long;  elles  sont  parfois  incurables  et  un  véri- 
table tourment  pour  les  malades. 

De  l'i:xamen  de  l'oeil  dans  les  maladies  oénérale.--.  ~ 
II  apporte  souvent  un  sérieux  appoint  dans  le  diagnostic 
d'atrections  générales.  Ainsi  une  kératite  interstitielle  avec 
ses  caractères  si  spéciaux  pourra  faire  dépister  une  syphi- 
lis héréditaire.  Une  personne  s'aperçoit  ([ue  sa  vue  baisse: 
on  constate  à  l'examen  ophtalmoscopique  une  rétinite  dia- 
bétique ou  brightique  ;  l'intoxication  alcoolique  et  taba- 


—  ^267 


CEIL 


gique  donne  lieu  à  une  amblyopie  spéciale.  On  observe  chez 
la  femme  des  iritis  et  choroidites  liés  à  des  troubles  uté- 
rins. Les  signes  oculaires  de  tabès  sont  souvent  les  pre- 
miers symptômes  de  cette  terrible  maladie  et  servent  à  la 
dépister  ;  ce  sont  des  migraines  oplitalmicpies,  la  paraly- 
sie fugace  des  muscles  de  l'œil,  du  myosis,  enfin  l'atrophie 
du  nerf  optique.  La  syphilis  cérébrale,  la  paralysie  géné- 
rale s'accompagnent  de  mêmes  troubles,  inégalité  papillaire, 
opjitalmoplégies  ;  la  sclérose  en  plaques  donne  lieu  à  des 
troubles  de  coordination  dans  les  mouvements  associés  des 
yeux.  L'hystérie  donne  lieu  à  des  troubles  caractéristi({ues 
(anesthésie  de  la  cornée  et  de  la  conjonctive,  rétrécisse- 
ment concentrique  du  champ  visuel,  cécité  des  couleurs, 
sauf  le  rouge). 

Les  tumeurs  cérébrales  donnent  lieu  k  des  névrites  op- 
tiques typicjues,  la  papille  est  rouge,  boursoutlée  et  sail- 
lante. Le  rhumatisme,  la  goutte  peuvent  déterminer  des 
sclérites,  iritis  avec  épanchement  de  sang.  En  résumé, 
bien  des  maladies  générales  retentissent  sur  l'appareil  ocu- 
laire, son  examen  attentif  permettra  de  les  déceler. 

Hygiène  de  l'œil.  —  Elle  est  d'une  importance  capi- 
tale, quand  on  veut  bien  réfléchir  que,  en  tous  pays,  le 
nombre  des  aveugles  est  considérable,  ce  qui  est  une 
charge  pour  la  société,  et  que  75  ^jo,  c.-a-d.  les  trou 
quarts  des  cécités,  pourraient  être  évitées.  En  France, 
il  y  a  environ  39.000  aveugles. 

C'est  donc  près  de  30.000  individus  qui  seraient  rendus 
à  la  société,  utiles  au  lieu  de  lui  être  à  charge,  si  toutes 
les  maladies  contagieuses  oculaires  venaient  à  être  radi- 
calement supprimées.  Les  causes  dominantes  de  la  cécité 
sont  l'atrophie  des  nerfs  optiipies,  contre  laquelle  jusqu'à 
ce  jour  on  est  malheureusement  impuissant,  et  l'ophtal- 
mie purulente  des  nouveau-nés  (cause  principale  de  tant 
de  cécités  de  l'enfance)  contre  laquelle  on  peut  tout;  avec 
une  prophylaxie  sévère,  elle  devrait  disparaître,  puisque 
c'est  toujours  la  contagion  facile  à  éviter  qui  en  est  la 
cause  ;  avec  des  soins  appropriés,  on  pourrait  presque  tou- 
jours la  guérir. 

Les  pouvoirs  publics  devraient  tenir  la  main  à  ce  que 
les  théâtres,  les  casernes,  les  navires,  les  ateliers,  hôpi- 
taux, etc.,  soient  largement  éclairés  et  aérés;  la  lumière, 
milieu  naturel  de  l'œil,  doit  pénétrer  -à  profusion  dans 
toutes  les  habitations  oii  il  y  a  agglomération  d'individus. 

Hygiène  scolaire.  C'est  surtout  chez  l'enfant  qu'il  faut 
surveiller  l'état  des  yeux,  les  classes  doivent  être  parfai- 
tement éclairées,  les  livres  imprimés  avec  des  caractères 
très  nets  ;  on  doit  exiger  des  écoliers  une  tenue  droite  pour 
éviter  les  déformations  dues  aux  attitudes  vicieuses,  les 
yeux  fixés  à  30  centim.  du  livre  ou  du  cahier  pour  lire 
ou  écrire  ;  il  faut  examiner  la  réfraction  des  enfants  et 
corriger  leur  amétropie  ;  on  sait  (pie  la  myopie  augmente 
dans  toutes  les  classes.  L'éclairage  artiiiciel  devra  être 
aussi  parfait  que  possible  (lumière  électrique,  lampe  b 
pétrole  ou  lumière  à  incandescence). 

Hygiène  professionnelle.  Certaines  professions  exigent 
une  hygiène  rigoureuse:  graveurs,  imprimeurs,  etc.;  les 
ouvriers  des  tabacs,  des  fabriques  d'alcool,  de  plomb,  mer- 
cure, de  sulfure  de  carbone,  sont  sujets  à  des  troubles  ocu- 
laires variés,  dus  à  une  action  indirecte  sur  l'o^l  des  pro- 
duits qu'ils  fabriquent.  Les  électriciens,  les  mineurs,  les 
fcmdeurs,  tous  ceux  qui  manient  l'acier  sont  sujets  aux 
corps  étrangers  ;  les  professions  à  poussières  et  à  gaz  irri- 
tants donnent  heu  à  une  action  directe  sur  l'œil. 

De  L'AcuirÉ  visuelle  dans  l'armée.  —  Quelles  que  soient 
les  maladies  des  yeux,  lorsju'elles  réduisent  l'acuité  vi- 
suelle au-dessous  de  un  quart  des  deux  côtés  ou  de  Tœil 
droit,  ou  de  un  douzième  de  Lœil  gauche,  ou  qu'elles  occa- 
sionnent une  diminution  de  la  moitié  environ  de  l'angle 
temporal  du  champ  visuel,  elles  rendent  impropres  au 
service  militaire  à  moins  que  l'amblyopie,  dépendant  d'un 
vice  de  réfraction,  ne  puisse  être  corrigée  par  des  v<^rres. 
On  autorise  pour  les  myopes  le  port  de  lunettes  bicon- 
caves de  une  à  six  dioptries.  Pour  la  marine,  le  port  des 


lunettes  n'est  pas  autorisé  ;  l'acuité  visuelle  minimum  a 
été  fixée  à  un  demi.  Tous  les  employés  de  chemin  de  fer 
doivent  avoir  un  sens  chromatique  parfait  pour  pouvoir 
distinguer  les  disques  rouges  des  verts. 

Thérapeutique  oculaire. —  Elle  emploie  surtout  des 
collyres  antiseptiques  à  base  de  cocaïne  pour  calmer  la 
douleur,  d'atropine  ou  désérine,  de  pilocarpino  pour  di- 
later ou  rétrécir  la  pupille,  des  pommades  à  l'oxyde  jaune 
ou  rouge  de  mercure,  à  l'iodoforme,  à  l'oxyde  de  zinc,  des. 
lavages  avec  des  antisepti(|ues  variés,  les  solutions  de  ni- 
trate d'argent  qui  font  merveille  contre  l'ophtalmie  pu- 
rulente. Toute  inflammation  de  l'œil  doit  être  combattue  dès 
le  début  par  des  lavages  et  compresses  tièdes  à  l'eau  bori- 
(juée  ou  à  toute  autre  solution  antiseptiipie  n'irritant  pas. 
l'œil,  on  préviendra  ainsi  bien  des  affections  graves. 
Lorsque  l'on  est  obligé  de  prati({uer  l'énucléation  de  l'œil, 
ce  qui  devient  de  plus  en  plus  rare,  il  faut  avoir  grand 
soin  de  conserver  un  bon  moignon  qui  permettra  à  l'œil 
artificiel  de  se  mouvoir. 

La  prothèse  oculaire  se  faisait  déjà  dans  l'anticfuité, 
mais  c'est  au  commencement  du  siècle  que  les  yeux  eu 
émail  furent  découverts  ou  vulgarisés  par  Hazard  Mirault. 
Les  conditions  nécessaires  au  port  d'un  œil  artiliciei  sont 
une  cavité  saine,  lisse  ;  il  faut  que  le  port  en  soit  indolore  ; 
la  cavité  doit  être  lavée  matin  et  soir. 

En  résumé,  l'œil,  organe  si  compliqué,  est  sujet  à  de  nom- 
breuses affections,  souvent  suite  de  négligence  ;  avec  une 
prophylaxie  bien  entendue,  des  soins  immédiats,  on  éviterait 
de  nombreuses  cécités  qui  sont  d'ailleurs  proportionnées 
au  degré  de  civihsation  d'un  peuple. 

D*"  L.  Pinel-Maisonneuve. 

Anthropologie.  —  L'œil  fournit  pour  la  distinction 
des  races  des  caractères  de  premier  ordre,  et  aussi  des 
caractères  sériaires.  La  membrane  clignotante  dont  il  n'y  a 
que  des  vestiges  dans  les  races  blanches  est  plus  ap])arento 
chez  les  nègres  et  se  montre  surtout  chez  les  hyperboréens. 
La  conjonctive,  toujours  injectée  chez  les  noirs,  y  est  jau- 
nàtrp.  La  sclérotiipie  de  même,  alors  (jue  parmi  les  blancs 
elle  est  d'im  blanc  oparfue.  Le  globe  oculaire  est  peut-être 
plus  volumineux  chez  les  noirs.  Il  parait  très  sensiblement 
plus  petit  chez  les  peuples  de  race  mongolique,  et  aussi  à 
ileur  de  tète.  Ce  ne  sont([ue  des  appaiences,  dues,  la  der- 
nière à  l'effacement  des  os  du  nez  aplati,  la  seconde  à  la 
configuration  des  paupières  et  de  la  fente  palpèbrale.  Les 
peuples  jaunes  ont  la  paupirre  supérieure  lourde  et  bour- 
soullée  et  un  pli  transversal  en  masque  le  bord  ciiiaire. 
La  commissure  externe  est  comme  pincée  et  tirée  en  haut 
et  en  dehoi's,  et,  à  son  niveau,  les  bords  palpébraux 
s'accolent.  A  l'angle  interne,  un  repli  cutané,  continua- 
tion du  pH  transversal  de  la  paupière  supérieure  dont  il 
vient  d'être  question,  descend  verticalement  un  peu  au-des- 
sus du  pi)int  lacrymal,  et  j'ecouvre  à  moitié  la  caroncule 
kicrvmale.  Il  forme  comme  une  bride  retenant  la  paupière 
supérieure,  lorMfue  l'oeil  est  ouvert.  Sa  présence  est  un  des 
signes  les  plus  constants  et  les  plus  surs  de  la  pi'ésence  du 
sang  mongolique.  L'obliquité  de  l'feil  en  haut  et  en  dehors 
est  un  caract'h-e  moins  persistant.  Cbez  les  Lapons  (V.  La- 
ponie),  on  l'a  vu,  cette  obliquité  est  en  sens  inverse  de  ce 
qu'elle  est  chez  la  plupart  des  Mongoli(|ues.  Les  autres  va- 
riations qui  ont  une  valeur  ethnique  sont  celles  que  pré- 
sente la  couleur  de  l'iris.  Celui-ci  a,  suivant  les  races,  des 
nuances  fondaineu  la  les  i\m  [^amont  se  ramener  à  quatre  : 
le  brun,  le  vert,  le  bleu,  le  gris.  Chacune  de  ces  nuances 
ofl're  difTérents  degrés  d'intensité,  différents  tons.  Et  h^ 
nombre  de  ceux-ci  qui.  au  premier  abord,  parait  être  très 
considérable,  a  été  ramené  également  par  Broca  à  quatre 
essentiels.  Ces  quatre  tons  s'expriment  par  des  chiflres.  sui- 
vant une  échelle  chromatique  comprenant  vingt  numéros. 
On  peut  aussi  les  exprimer  verbalement  en  ajoutant  au 
nom  de  la  nuance  fondamentale,  par  exemple  le  bleu,  l  un 
des  cinq  qualificatifs  suivants  :  très  foncé,  foncé,  i)iler- 
mMiaire,  clair  et  très  clair.  Généralement  les  observa- 
teurs se  contentent  de  classer  tous  les  tons  en  clairs  et 


(EIL 


2G8  — 


en  foncés.  Trop  souvent  mèine,  ils  omcUeiit  des  indica- 
tions relatives  à  la  nuance  dont  la  détermination  exacte 
exige  de  l'attention,  et  classent  les  yeux  de  toutes  nuances 
en  foncés  et  en  clairs. 

«  L'iris,  dit  Broca,  est  tellement  mince,  qu'il  est  tou- 
jours plus  ou  moins  transparent  ;  il  ne  remplirait  donc  pas 
son  rôle  de  diaphragme  s'il  n'était  tapissé,  sur  sa  face 
postérieure,  d'une  couche  de  pigment  qu'on  appelle  Vuvce, 
sorte  de  vernis  noir  constamment  et  uniformément  opaque. 
Les  rayons  qui  traversent  entièrement  l'iris  sont  ainsi 
absorbés  par  l'uvée  ;  ceux  qui  se  réfléchissent  à  sa  surface 
sont  renvoyés  sans  être  décomposés  et  sans  donner  lieu  à 
aucune  couleur  ;  mais  ceux  qui,  sans  le  traverser  entière- 
ment, pénètrent  dans  ses  couches  superficielles  et  se  rétlé- 
€hissent  dans  l'épaisseur  de  son  tissu,  sont  décomposés  en 
même  temps  que  réfléchis,  et  donnent  à  l'œil  de  l'observa- 
teur la  sensation  d'une  certaine  nuance.  C'est  la  nuance 
fondamentale  de  l'iris,  et  comme  elle  dépend  de  la  struc- 
ture de  cette  membrane,  elle  constitue  un  caractère  an- 
thropologique aussi  important  que  si  elle  était  due  à  une 
matière  colorante  spéciale.  Le  second  caractère  est  fourni 
par  la  détermination  du  ton  de  la  nuance.  La  même  nuance, 
le  bleu,  par  exemple,  peut  exister  sur  des  yeux  extrême- 
ment clairs,  et  sur  des  yeux  tellement  foncés,  qu'au  pre- 
mier abord  ils  paraissent  noirs.  Les  causes  qui  produisent 
ces  variations  de  ton  sont  au  nombre  de  deux  :  i^  le  degré 
de  transparence  de  l'iris  ;  2°  la  présence  ou  l'absence  d'un 
dépôt  de  pigment  noir  dans  l'épaisseur  de  cette  membrane. 
Un  iris  très  mince  et  d'un  tissu  peu  serré  laisse  aperce- 
voir par  transparence  la  teinte  noire  de  l'uvée,  et  la 
nuance  fondamentale  se  trouve  ainsi  rabattue  comme  elle 
le  serait  si  on  la  déposait  avec  un  pinceau  sur  un  papier 
préalablement  teinté  à  l'encre  de  Chine.  D'un  autre  côté, 
le  pigment  qui  se  dépose  dans  l'épaisseur  de  l'iris  sous  la 
forme  d'un  pointillé  microscopique,  ou  de  taches  plus  ou 
moins  irrégulières,  rabat  la  nuance  comme  le  ferait  un 
coup  d'estompé  ou  un  barbouillage  au  crayon  noir  sur  un 
dessin  colorié.  Les  iris  très  clairs  sont  ceux  qui  sont  à  la 
fois  très  peu  transparents  et  privés  de  pigment- propre.  On 
voit  d'après  cela  que,  s'il  importe  de  déterminer  la  nuance 
fondamentale,  il  n'importe  pas  moins  de  déterminer  le  ton 
de  cette  nuance.  » 

Je  serais  bien  disposé  à  croire  pour  mon  compte  que, 
dans  les  variations  de  ton,  le  pigme-nt  propre  de  l'iris  joue 
un  rôle  plus  grand  que  l'épaisseur  ou  le  plus  ou  moins  de 
transparence  de  cette  membrane.  Les  faits  même  ne  me 
semblent  pas  réserver  à  ces  deux  dernières  conditions  une 
influence  bien  appréciable.  Chez  les  enfants  de  parents 
dont  l'un  est  brun  et  l'autre  blond,  par  exemple,  on  observe 
souvent,  s'ils  relèvent  du  type  blond,  une  seule  tache 
brune  dans  les  yeux  clairs  ou  même  dans  un  seul  oeil. 

La  nuance  fondamentale  des  yeux  est  un  caractère  plus 
stable  et  qui  se  transmet  plus  sûrement  que  la  couleur  des 
autres  téguments,  peau  et  cheveux.  Mais  il  y  a  une  rela- 
tion entre  l'une  et  l'autre,  et  toutes  deux  tendent  à  se 
modifier  dans  le  même  sens. 

Dans  les  mélanges,  les  nuances  fondamentales  et  leurs 
tons  divers  persistent  ou  s'altèrent  suivant  des  lois  qui 
nous  sont  inconnues.  Ainsi  les  yeux  bleus,  distinctifs  des 
blonds,  se  conservent  dans  les  mélanges  avec  les  bruns, 
tout  en  devenant  plus  foncés,  alors  que  tous  les  autres  ca- 
ractères des  blonds  ont  disparu.  D'autre  part  cependant, 
€omme  il  n'y  a  pas  d'yeux  bleus  chez  les  Mongoliques,  dans 
leurs  mélanges  avec  les  blonds,  ce  ne  sont  pas  les  yeux 
bleus  de  ceux-ci  qui  l'emportent  le  plus  souvent,  semble- 
t-il  ;  ce  sont  les  yeux  verts.  Mais  il  faudrait  connaître 
d'avance  les  origines  de  tous  les  individus  observés  pour 
faire  de  ces  observations  des  règles  invariables.  Or  nous 
•nous  aidons  de  la  couleur  des  yeux  pour  démêler  ces 
origines,  au  lieu  de  la  juger  d'après  elles.  Nous  ne  for- 
mulons donc  aucune  loi.  Nous  proposons  des  exemples 
pour  faire  apprécier  l'intérêt  de  la  détermination  de  la 
nuance  et  du  ton  des  yeux.  Zâborowski. 


Zootechnie.  —  L'œil  des  animaux  domestiques  offre 
la  plus  grande  analogie,  comme  description  anatomique, 
avec  celui  de  l'homme.  Une  lumière  trop  vive  surexcite 
l'organe  de  la  vision,  affaiblit  la  vue,  provoque  des  affec- 
tions spéciales  et  peut  déterminer  la  cécité.  L'œil  doit 
être  grand,  bien  fendu,  les  membranes  qui  le  composent: 
cornée  lucide,  sclérotique  ;  les  humeurs  qu'il  renferme  : 
humeur  aqueuse,  cristallin,  corps  vitré  ou  hyaloide,  doi- 
vent être  limpides,  et  l'iris  doué  de  mobilité.  La  vivacité 
du  reflet  de  l'œil,  la  hardiesse  du  regard  sont  un  indice 
d'énergie,  et  c'est  à  la  qualité  de  l'organe  que  la  tête  doit 
son  élégance  et  son  expression.  Les  yeux  peuvent  être  pe- 
tits ou  trop  gros,  inégaux  par  suite  de  l'inégalité  de  vo- 
*lume  du  globe  oculaire;  ils  sont  cerclés,  s'ils  laissent  voir 
un  cercle  blanc  autour  de  la  cornée,  lequel  n'est  autre 
qu'une  portion  de  la  sclérotique.  11  est  quelques  chevaux 
chez  lesquels  l'iris  au  lieu  d'être  brun  est  brun  ou  blanc  ; 
on  les  appelle  vairons.  Sur  la  vitre  de  l'œil  existent  par- 
fois un  nuage,  une  taie  ou  un  leucoma  (cicatrice  intéres- 
sant la  cornée  transparente  plus  profondément  que  la 
taie).  La  cataracte  constitue  l'opacité  du  cristallin;  on 
appelle  glaucome  une  maladie  de  l'humeur  vitiée  qui  de 
cristalline  est  devenue  verdâtre  ;  l'amaurose  ou  goutte  se- 
reine est  une  paralysie  de  l'œil  ;  la  fluxion  périodique  est 
une  ophtalmie  périodique  qui  apparaît,  disparaît,  revient 
à  des  époques  différentes  pendant  le  jeune  âge  surtout,  et 
qui  se  termine  par  la  perte  des  yeux.  La  fluxion  constitue 
un  vice  rédhibitoire  avec  un  délai  de  garantie  de  ti'ente 

jours.  L.   G  ARMER. 

Botanique.  —  C'est  la  cicatrice  qui,  dans  les 
fruits  infères,  marque  le  lieu  de  l'ouverture  réceptacu- 
laire.  On  donne  aussi  le  nom  d'œ'il  aux  bourgeons.  Enfin, 
il  sert  à  former  le  nom  vulgaire  d'un  grand  nombre  de 
plantes  :  (Eil  de  bœuf.  V Anthémis  tinctoria  L.  —  0.  de 
BOURRIQUE.  La  graine  du  Mucuna  prurita  Hook.  —  0.  de 
CHAT.  La  graine  du  Cœsalpinia  Bonduc.  —  (Eil  de 
Christ.  Nom  vulgaire  de  V Aster  amelliis  L.  —  0.  du 
diable.  V Adonis  a'stivalis  L.  —  0.  de  perdrix.  Le  Sca- 
biosa  colnmbaria  L.  et  V Adonis  œstivalis  L.  —  0.  de 
soleil.  Le  Matricaria  Parihenium  L.  D''  L.  Hn. 

Dermatologie.  —  (Eil  de  perdrix.  —  Variété  de 
cor  située  entre  les  orteils,  remarquable  par  une  plus 
grande  mollesse  et  des  bords  en  saillie.  La  partie  centrale,  au 
lieu  d'être  proéminente  comme  dans  les  cors  situés  à  la  face 
supérieure  des  orteils,  externe  du  petit,  est  au  contraire  dé- 
primée. Certaines  de  ces  productions  sont  très  douloureuses, 
mais  on  en  vient  assez  facilement  à  bout  par  l'application 
de  substances  décapantes  et  ramollissantes  (savon  mou, 
acide  salicylique,  etc.),  les  parties  saines  étant  au  préa- 
lable isolées  par  des  linges  ou  des  fragments  de  coton. 

Henri  Fournier. 

Minéralogie.  —  (Eil  de  chat.  —  Pierre  taillée  en 
cabochon  et  possédant  un  éclat  chatoyant.  L'œil  de  chat 
le  plus  estimé  est  une  variété  de  chrysobéryl  ou  cymo- 
phane.  L'œil  de  chat  ordinaire  est  du  f[uartz  dont  le  cha- 
toiement est  fréquemment  dû  à  des  fibres  très  fines  d'as- 
beste. 

(Eil  de  poisson.  —  Nom  donné  à  plusieurs  variétés  de 
quartz  laiteux  ou  transparent.  Les  lapidaires  l'appliquent 
plus  spécialement  à  une  variété  d'orthose  à  reflets  nacrés, 
qu'ils  appellent  aussi  pierre  de  lune,  aî^gentine,  et  qui 
vient  de  l'Orient,  principalement  de  l'Arabie  et  de  la 
Perse. 

(Eil  de  serpent.  —  Petite  pierre  de  peu  de  valeur, 
qui  offre  quelque  ressemblance  avec  l'œil  du  serpent  et 
qu'on  monte  en  bague. 

(Eil  de  tigre.  —  La  crocidolite  (variété  d'amphibole) 
du  Cap,  ressemblant  à  de  l'amiante,  est  souvent  altérée 
par  suite  de  l'oxydation  du  fer  et  l'infiltration  de  silice  ; 
il  en  résulte  une  substance  siliceuse  compacte,  d'éclat 
chatoyant,  montrant  des  couches  de  couleur  jaune  clair, 
jaune  foncé,  et  à  laquelle  l'on  donne  le  nom  à'œil 
de  tigre.  On  la  taille  en  cabochon  pour  des  bijoux  et 


269 


ŒAL  -  (ELSNITZ 


pour  divers  objets  d'ornement.  La  trop  grande  quan- 
tité de  crocidolite  jetée  sur  le  marché  a  fait  baisser  beau- 
coup la  valeur  commerciale  de  cette  pierre. 

Architecture.  —  On  donne  en  architecture  et  en  cons- 
truction le  nom  à'œil  à  toute  ouverture  circulaire  ou  ovale 
pratiquée  le  plus  souvent  à  la  partie  supérieure  des  édifices, 
attique,  comble,  dôme,  fronton,  voûte,  etc.,  afin  de  laisser 
pénétrer  l'air  et  la  lumière.  Les  anciens  avaient  ménagé 
des  ouvertures  de  ce  genre  au  sommet  des  temples  et  des 
salles  de  thermes  :  ainsi,  l'architecte  Xénoclès  avait  éclairé 
par  un  œil  dans  le  comble  la  grande  salle  des  Mystères  ou 
grand  temple  à  Lleusis,  et  c'est  bien  de  ce  même  mot 
œil  qu'il  convient  de  désigner  l'ouverture  circulaire  mé- 
nagée au  sommet  do  la  voûte  du  Panthéon  ou  grande  salle 
des  Thermes  d' Agrippa,  à  Rome,  et  qui  a  été  tant  de  fois 
imitée  depuis  dans  des  édifices  ronds  ou  ovales  de  moindres 
dimensions.  —  On  appelle  œil-de-bœuf  les  petites  ou- 
vertures, rondes  ou  ovales,  percées  dans  une  façade  ou 
dans  un  comble  et  souvent  décorées  extérieurement  avec 
grande  richesse  depuis  la  Renaissance.  —  Va>il  de  tail- 
loir désigne  la  fleur  ou  le  motif  ornemental  sculpté  au 
milieu  de  chacune  des  faces  de  l'abaque  du  chapiteau  co- 
rinthien. —  Vœil  de  volute  est  le  petit  cercle  placé  au 
centre  de  la  volute  (V.  ce  mot)  du  chapiteau  ionique  et 
autour  duquel  s'enroulent  les  courbes  formant  cette  vo- 
lute :  c'est  à  l'intérieur  de  cet  œil  que  se  trouvent  placés 
les  différents  centres  servant  à  décrire,  à  l'aide  du  com- 
pas, les  parties  de  courbes  qui,  par  leur  raccordement, 
donnent  la  volute.  —  En  architecture  hydraulique,  on 
appelle  œils  de  pont  les  ouvertures  rondes  placées  au- 
dessus  des  piles,  dans  les  reins  des  arches  du  pont  et  tra- 
versant la  construction  de  ce  pont  de  part  en  part  ;  ces 
ouvertures  ont  le  double  but  de  rendre  l'ouvrage  plus 
léger  et  de  faciHter  l'écoulement  des  eaux  lors  des  grandes 
crues.  —  En  général,  on  appelle  encore  œil,  toute  ouver- 
ture, ronde  ou  ovale,  ménagée  dans  le  fer  d'un  outil  pour 
y  adapter  un  manche,  et  tout  trou  percé  dans  le  bois  ou 
dans  le  métal  pour  laisser  passer  un  cordage  ou  pour 
recevoir  une  cheville  ou  une  vis  servant  à  maintenir  un 
assemblage. 

On  donne  plus  particulièrement  le  nom  à'oculush  l'œil 
ou  petite  baie  ronde,  ébrasée  à  l'intérieur  et  pratiquée 
dans  le  pignon  de  la  façade  des  anciennes  basilic jues  latines. 
Le  style  roman  et  le  style  gothique  conservèrent  cette 
tradition  de  l'oculus,  mais  en  donnant  souvent  à  l'oculus 
une  importance  considérable  et  en  le  décorant  de  meneaux 
enchâssant  des  verrières  ;  suivant  VioUet-Le-Duc,  les  belles 
roses  (V.  ce  mot)  des  grandes  cathédrales  gothiques  ne 
seraient  que  le  développement  des  oculus  des  basiliques 
primitives.  Charles  Lucas. 

Le  nom  à'œil  de  bœAïf  fut  appliqué  à  l'antichambre  de 
la  chambre  à  coucher  de  Louis  XIV  au  palais  de  Yersaifles 
où  les  courtisans  attendaient  le  lever  du  roi. 

Météorologie.  —  0E[l  dk  la  ti]:.ipeïe  (V.  Tempèto). 

BiBL.  .-Anatomie,  Physiologie,  Pathologie. —Wkcker, 
Traité  d'opJitamologie,  —  Panas,  Maladies  des  yeux.  — 
Fucus,  Prévention  de  ta  cécité. 

ŒILLADE.  Cépage  fiançais,  très  répandu  dans  le  Bas- 
Languedoc,  la  Provence  et  le  Roussilion  :  il  porte  dans 
ces  pays  les  noms  d'UUiade,  d'Ouillade;  maturité  de 
deuxième  époipie.  L'OEillade  noire  donne  d'excellent  raisin 
de  table,  un  vin  fin  déhcat  et  de  jolie  couleur;  mais  en 
raison  de  sa  très  grande  sensibilité  aux  gelées  et  aux 
diverses  maladies  cryptogamiques,  il  est  de  plus  en  plus 
abandonné. 

ŒILLET.  L  Botaxique.  —  Nom  vulgaire  des  espèces 
du  genre  Dianthus  (V.  ce  mot).  On  appelle  encore  OEil- 
let  d'amour  le  Gypsophila  saxifraga  L.,  0.  de  Caro- 
line le  Spigeliainaryhuulicah.,  0.  de  Dieu  l^Lgchnis 
githajo  L.  et  le  L.  dioica  L.,  0.  des  prés  le  Lgchnis 
flos-cuculi  L.,  0.  marin  ou  de  Paris  le  Staticearme- 
ria  L. 

IL  Horticulture.  —  LesOEillett,  se  cultivent  en  pleine 


terre  ou  en  pots.  Un  sol  moyennement  consistant,  perméable 
et  frais  leur  convient.  On  les  multiplie  par  le  bouturage 
ou  parle  marcottage.  Les  boutures  sont  faites  sous  bâche, 
dans  une  serre  à  multiplication  ou  sous  cloches.  Le  mar- 
cottage s'exécute  en  été  lorsque  les  rameaux  sont  en  partie 
aoûtés.  La  région  aoùtée  est  débarrassée  de  ses  feuilles, 
incisée  dans  sa  longueur,  inclinée  dans  le  sol  où  elle  est 
fixée  sous  quelques  centimètres  de  terre.  La  terre  est  main- 
tenue fraîche.  En  quelques  semaines  les  rameaux  sont  en- 
racinés. On  les  sèvre  et  on  les  repique  en  pleine  terre  ou 
en  pots.  G.  Boyer. 

ŒILLETON  (Phys.).  C'est  une  pièce  ronde  de  cuivre ^ 
qui  est  percée  d'un  trou  très  petit  et  que  l'on  place,  dans 
les  lunettes,  en  avant  de  l'oculaire,  pour  déterminer  la 
position  à  donner  à  l'œil.  Il  est  disposé,  à  cet  effet,  de 
telle  façon  que,  l'œil  en  étant  très  près,  la  pupille  coïn- 
cide avec  Vanneau  oculaire  (V.  Anxeau,  t.  lïï,  p.  39). 

ŒILLETON  NAGE  (Hortic.)  (V.  Artichaut  [Horticul- 
ture]) . 

ŒILLETTE.  I.  Botanique.  —  Nom  vulgaire  du 
Papaver  somniferum  L.,  var.  nigrum  (V.  Pavot), 

IL  Agriculture  (V.  Pavot). 

OEI  LIAO,  personnage  chinois  qui  vivait  à  la  fin  des 
Tcheou  et  dont  la  vie  est  peu  connue  ;  il  était  originaire 
du  pays  de  Oei  ou  du  pays  de  Tslii.  Il  a  laissé  un  ou- 
vrage, le  Oei  liao  tseu,  qui  est  l'un  des  sept  classiques  mi- 
litaires. 

ŒIRAS.  Ville  du  Portugal,  au  N.  de  l'estuaire  du  Tage  ; 
Fort  Sào  Juliào.  Château  des  Pombal. 

ŒLAND.  Ile  suédoise,  dans  la  Baltique,  laen  de  Calmar; 
elle  est  séparée  du  continent  par  le  détroit  de  Kalmar, 
large  de  4  à  25  kil.  Elle  a  une  longueur  de  139  kil.  et 
sa  largeur  varie  de  7  à  '20  kil.  Superficie  :  i.345  kil.  q. 
Population  :  34.936  hab.  (1893).  La  constitution  géolo- 
gique  de  cette  île  est  très  intéressante  :  le  noyau  est 
formé  d'une  masse  de  calcaire  rouge,  VAllvar  (sommet 
42  m.)  à  peu  près  inculte,  tout  autour  s'étend  la  plaine 
alluviale  du  Landberg  de  2  à  3  kil.  de  large;  elle  est 
cultivée  (céréales)  ou  en  prairies,  et  on  y  élève  une  race 
de  poneys  très  estimés.  Peu  de  bois.  La  seule  ville  est 
Borghoïm  oii  l'on  voit  des  ruines  importantes  sur  k> 
cote  0. —  L'île  d'OEland  a  été  habitée  de  très  bonne  heure  ; 
on  y  a  trouvé  un  grand  nombre  d'antiquités  Scandinaves, 
Au  moyen  âge  elle  était  indépendante.  En  4310,  elle  échoit 
en  partage  aux  ducs  Erik  et  Valdemar,  et  passe  alterna- 
tivement des  Suédois  aux  Danois,  et  des  Danois  aux  Sué- 
dois. De  nombreuses  et  célèbres  batailles  navales  ont  été 
livrées  sur  ses  côtes  entre  Suédois  et  Danois  (1563,  1564,. 
1676),  et  entre  Suédois  et  Russes  (1789).  Th.  C. 

BiBL.  :  Ahlqvist,  Œlands  historia,  1822-25.  —  Sylvan- 
KER,  Borgholms  slott  historia,  1877. 

Œ.LETS  (V.  Eleuthes). 

OËLLEVILLE.  Coin,  du  dép.  des  Vosges,  arr.  et  cant. 
de  Mirecourt;  459  hab. 

ŒLS.  Ville  de  Prusse,  district  de  Breslau  (Silésie),  sur 
l'OElsbach;  18.030  hab.  (en  1895).  Château  de  1558. 
Instruments  agricoles,  carrosserie,  cloches,  etc.  —  La 
principauté  d'OEls,  qui  comprenait  1.760  kil.  q.  (OEls^ 
Trebnitz,  etc.),  appartint  aux  ducs  de  Basse-Silésie,  eut 
de  1312  à  1492  ses  ducs  particuliers  de  la  famille  des 
Piasts,  passa  aux  ducs  de  Munsterberg  (1495)  et  par 
alliance  à  une  branche  cadette  de  Wurttemberg  (1647),  à 
l'extinction  de  laquelle  ('l7lJ2)  l'héritière  la  transmit  à  un 
cadet  de  Brunswick.  En  1884,  le  fief  fit  retour  à  la  Prusse, 
les  alleux  à  la  Saxe. 

BiiiL.  :  IL]:i:=iLER.  fk'scli.  des  Fïirstentums  Œls  bis  zum 
Aiisstcrben  der  ^yiastlsclien  Ilerzoyslinie  ;  Brcblau,  1883. 

ŒLSCHLAEGER  (Adam)  (V.  Olearius). 

ŒLSNITZ.  Ville  de  Saxe,  cercle  de  Zwickau,  sur  l'Els- 
ter  blanche;  11.557  hab.  (en  1895).  Vieille  église,  bel 
hôtel  de  ville.  Tissus,  peluche,  meubles,  corsets.  Pêche- 
ries de  perles.  Auprès  sont  les  ruines  du  château  de 
Vorgtsberg  (prison  de  femmes).  Fondée  par  les  Sorbes  au 


C£LSMTZ  —  GEXlBAÎ{Oi\]ÈTHK 


—  ^270  — 


vi<^  siècle,  la  ville  appartint  aux   avoués  (k'  Pianen,  à  la 

Misnie,  aux  bi^rgiT.vo.^  (L-  Xui'i'inÎHM-g,  à  la  ^axi'  (1418). 

BiiJL.  :  Ja}in,  Ci'onili  dcr  Stadt  (Eisndz^  1872-75,  Z"  éd. 

ŒLSNITZ-im-Krzgebirge.  Ville  de  Saxe,  cercle  de 
Zwickau,  sur  l'OEisnitz;  14.574  liab.  (en  4895).  Mines 
de  houille  C^.oOO  ouvriers). 

ŒN,  roi  de  Suède  (V.  Aln). 

(L\{kmHE[OEnantheh.).  Genre d'Ombellifères,  dont 
les  représentants  se  rencontrent  piùncipalement  dans  les 
mai-ais  et  les  prés  humides.  Les  tleurs  sont  disposées  en 
ombelles,  stériles  et  souvent  irrégulières  et  rayonnantes 
sur  la  circonférence  des  ombellules,  fertiles  et  régulières 
iiu  centre.  Linvolucre  est  à  foholes  linéaires  ou  mds  ;  les 
involucelles  sont  formées  de  bractées  étroites  ;  le  calice 
est  denté,  et  le  fruit  oblong,  silloinié,  marqué  de  côtes 
égales  séparées  par  des  vallécules  larges,  présentant  au 
fond  une  seule  bandelette.  Les  espèces  les  plus  impor- 
tantes sont  VOE.  fisfuIosaJj.  ou  Persil  des  Marais.  VOE. 
crorata  L.  on  OEiunilhe  safranée,  etc.,  toutes  toxiques  ; 
seul  VOE.  pimpineUifoIia  L.  fait  exception.  Lï>£.  Phel- 
laiidrium  ou  Phellandrie  (V.  ce  mot)  est  devenue  le 
PheUandrium  aquatirum  L.  —  Les  ffinanthes  étaient 
employées  jadis  dans  l'épilepsie,  les  scrofules,  l'asthme, 
la  leucorrhée,  la  dysenterie,  etc.  ;  elles  sont  encore  au- 
jourd'hui d'un  usage  populaire  contre  la  gale,  les  pana- 
ris, les  hémorroïdes,  etc.  ;  mais  leur  emploi  n'est  pas 
«ans  danger  dans  ce  dernier  cas.  La  médecine  pourrait 
peut-être  utiliser  leur  action  révulsive,  malgré  leur 
grande  toxicité.  Ln  effet,  d'après  Bloc,  la  solution  alcoo- 
lique de  résine  produit  sur  la  peau  une  action  rubéhante 
énergique  et  durable.  —  La  résine  extraite  de  la  racine 
d'OEnanthe  en  constitue  le  princi])e  actif.  C'est  un  poison 
narcotico-àcre,  qui  provoque  une  iniUunmation  gastro- 
intestinale très  vive,  des  troubles  circulatoires,  des  con- 
vulsions et  le  coma.  Dans  les  cas  d'empoisonnement,  la 
médecine  légale  trouve  un  signe  utile  dans  Todeur  de  cé- 
leri grillé  que  répandent  les  matières  rejetées  par  le  vo- 
missement ou  restées  dans  Lestomac.  D^  L.  Hn. 

ŒNANTHIQUE  (Acide).  Liebig  et  Pelouze  en  4836 
isolèrent  du  vin  un  éther  éthylique  nouveau  qu'ils  regar- 
dèrent comme  le  principe  donnant  au  vin  sa  saveur  carac- 
téristique ;  ils  donnèrent  à  cet  éther  le  nom  d'éther 
<Bnauthique,  de  olvo;,  vin,  et  nommèrent  l'acide  corres- 
pondant l'acide  œnanthique.  L'acide  œnanthique  aurait  eu 
pour  formule  C^'*H^'^0'\  Il  a  été  démontré  depuis  que  l'éther 
œnanthique  n'est  pas  autre  chose  (pi'un  mélange  d'éthers 
éthyliques  dérivant  des  acides  caprylique  et  caprique  ; 
néanmoins,  le  nom  précédent  est  resté  aux  composés  de 
la  série  en  C  ^  (Y.  OEnanïhyliql-r  [Série]). 

ŒNANTHYLIQUE  (Série),  ijuand  on  distille  l'huile  de 
ricin,  on  obtient,  à  coté  d'un  acide  undécyli(}ue,  C'^-W-O'', 
un  composé  aldéhydique,  l'œnanthol,  C^4L^0-,  qui  sert  de 
point  de  départ  pour  la  préparation  d'une  sîrie  de  déri- 
vés en  (>\  lesquels  constituent  la  série  œnanihylique. 

OEiianlhol,  C^'^H^'^O'.  On  le  prépare  en  soumettant 
l'huile  de  ricin  à  la  distillation  sxhe,  de  préférence  dans 
le  vide  ;  on  agite  le  produit  obteiui  avec  une  solution  de 
carbonate  de  potassium  et  l'on  chauffe,  l'œnanthol  vient 
nager  à  la  surface  sous  forme  d'une  couche  huileuse.  On 
purifie  l'œnanthol  en  passant  par  sa  combinaison  bisulfi- 
tique  cristallisable.  Lluiile  de  ricin  convenablement  traitée 
donne  4-2  ^;^  d'œnantliol. 

L'œnanthol  provient  de  la  décomposition  de  l'acide 
ricinoléique  contenu  dans  l'huile  : 

Acide  Œiiaiitliol  Acide 

ricinoléique  uu(lecyli({Tie 

C'est  un  liquide  fortement  réfringent,  d'odeur  aroma- 
tique très  forte,  très  peu  soluble  dans  l'eau.  11  bout  à  454" 
et  possède  à  47^  une  densité  égale  à  0,827. 

Par  oxydation,  r(ï'nanthol  donne  l'acide  normal  hexyl- 
carbonique  ou  a^nanthvlique  : 

c^nii'Ho-j  4-  0^  =  c^^^Hi^(o^). 


L'a'iiaîittjol  est  susceptible  de  se  ])oiymériser  dans  des 
co!idi!iuns  ca!ivciiai)les  eu  U!i  produit  solide  fondant  à 
52-5.)",  soluble  dans  l'alcool  et  agissant  comme  réducteur 
sur  la  solution  d'argent. 

Le  chlorure  de  zinc  produit  une  condensation  avec  éli- 
mination d'eau  et  production  d'un  aldéhyde  non  saturé. 
Cette  réaction  est  semblable  à  celle  qui  engendre  l'al- 
déhyde crotonique  à  partir  de  l'aldéhyde  ordinaire  : 
2C^-*ÏF^02  =  11-202  +  C2SH-2602. 

Son  oxime  fond  à  50"^. 

Acide  amanlhijlùjue,  C^'^IP''(0'^).  Cet  acide  a  été  pré- 
paré synthétiquement  à  partir  de  l'alcool  hexylique  et  du 
niti'ile  correspondant.  C'est  le  même  produit  que  cçlui 
obtenu  par  oxydation  de  l'œnanthol  ou  par  oxydation 
directe  de  l'huile  de  ricin. 

Huile  incolore,  d'odeur  faible  à  froid,  plus  intense  à 
chaud,  qui  se  décompose  à  l'ébullition  vers  4  48". 

Les  o^nanthylates  sont,  en  général,  bien  cristallisés  et 
facilement  solubles.  Les  éthers  méthyli(tue  et  éthylique 
sont  des  liquides  à  odeur  agréable. 

Alcool  œnanllijjliijue  on  heptjjlique,  C^HV^({ViV). 
Produit  de  réduction  de  l'aldéhyde;  il  bout  à  476*^  et 
possède  à  0^  la  densité  0,836. 

A  cette  même  série  appartiennent  encore  :  4^  l'heptane 
normal,  C^HP^*,  bouillant  à  98'^  et  pesant  0,683  à  21»",  qui 
est  contenu  dans  le  pétrole  de  Pennsylvanie  et  dans  les 
produits  de  distillation  du  cannel-coal  et  du  bodgcad  ; 
2"  l'heptylène,  C^4I^^,  qui  bout  à  99"  et  possède  une  den- 
sité de  0,703  :  on  l'appelle  aussi  œnanthylène;  3"  l'hep- 
tylidène  ou  octylidène,  C^''1P-,  produit  de  l'action  de  la 
potasse  alcoolique  sur  le  chlorure  dérivé  de   l'œnanthol  : 

Il  bout  vers  407"  (V.  Œ:nanthique  [Acide]).    C.  M. 

ŒNÉE  (O'.vcu;),  roi  légendaire  de  IHeuron  et  Calydon, 
en  Etolie,  tils  de  Portheus,  frère  d'Agrios  et  Mêlas,  époux 
d'Althea,  dont  il  eut  ïydée  et  Méléagre.  Cette  famille 
joue  un  grand  rôle  dans  l'épopée  homérique  :  les  poètes 
tragiques  l'augmentent  de  nombreux  frères  et  enfants 
d'OEnée,  notamment  de  Déjanire  qui  serait  sa  iille.  Dé- 
trôné par  les  tils  d'Agrios,  il  fut  restauré  par  son  petit- 
fds  Diomède  (fds  de  Tydée)  ou,  d'après  une  autre  version, 
emmené  par  lui  en  Argolide.  L'auteur  de  V Iliade  ignore 
ces  détails  ;  il  fait  d'OEnée  le  contemporain  et  l'hôte  de 
Bellérophon  et  dit  que  sa  négligence  à  sacritier  à  Artémise 
irrita  la  déesse,  (pii  envoya  à  Calydon  le  faineux  sanglier 
chassé  par  Méléagre. 

ŒNÎADES  (OîvtaBai).  Ville  de  la  Grèce  antique,  en 
Acarnanie,  à  l'O.  de  FAchélous,  près  de  l'embouchure,  sur 
une  colline  entourée  de  lagunes  et  de  marais.  Elle  fut  la 
place  forte  et  le  port  de  l' Acarnanie  ;  prise  en  455  par 
les  Messéniens  de  Xaupacte,  qui  ne  purent  s'y  maintenir, 
et  vainement  assiégée  par  Périclès  (454),  elle  demeura 
ralliée  de  Lacédémone  jusqu'en  424  où  Démoslhène  la 
réduisit.  Les  Etoliens  la  conquirent  au  temps  d'Alexandre; 
Philippe  de  Macédoine  la  prit  en  249  et  renforça  ses  dé- 
fenses ;  mais  dès  214  les  Romains  s'en  emparèi'ent,  la  res- 
tituant aux  Etoliens,  puis  en  489  aux  Acarnanes.  Ses  ruhies 
se  voient  à  Trikardo,  près  de  Kardochi  ;  l'enceinte,  en 
appareil  polygonal,  est  bien  conservée,  avec  ses  portes. 

ŒN  IN  61  EN  (CéoL).  Nom  donné  à  la  mollasse  d'eau 
douce  supérieure,  (pii  constitue  un  équivalent  lacustre  de 
l'étage  tortonien  (V.  Xkogène,  t.  XXIV,  p.  936). 

OEN  0AN6,  célèbre  monanjue  chinois;  père  de  Oou 
oang,  fondateur  de  la  dynastie  des  Tcheou  (V.  ce  nom). 

ŒNOBAROMÈTRE.  Le  dosage  d'un  vin  en  extrait  sec 
par  sa  dessiccation,  soit  à  400",  soit  dans  le  vide,  est  une 
opération  très  délicate  et  fort  longue.  En  4866,  Lalouet  a 
imaginé  un  instrument  spécial,  Vœnoharoinèlre,  (jui  a  été 
perfectionné  depuis  par  E.  Houdart,  et  qui  permet  d'effec- 


rii  — 


OEXOBAHOMÈTRE  —  OEXOÏHÈRE 


tuer  ce  dosage  assez  facileineiit.  C'est  un  aréomHre  dont 
la  graduation  en  cinquicmes  de  degré  marque  de  i  à  i6 
<3t  correspond  pour  [^  à  0,987  de  densité,  pour  16*^  à 
d,00^2,  nom!)res  qui  représentent  eux-mêmes  l'extrême 
limite  des  densités  du  vin.  On  remplît  de  vin  une  éprou- 
vette,  on  y  plonge  l'œnobaromètre,  on  lit  sur  la  gradua- 
tion la  densité,  on  prend  la  température  et  on  effectue  à 
l'aide  d'une  table  la  correction  nécessaire  pour  rame- 
ner l'observation  à  -+-  15°  C.  On  détermine  la  richesse 
alcoolique  du  vin,  soit  au  moyen  de  la  distillation 
dans  ralambic(V.  CEnomètue),  soit  au  moyen  de  Véhul- 
lioseope  (V.  ce  mot),  et,  dans  une  seconde  table  à  double 
entrée  (densité  du  vin  et  richesse  en  al(;ool),  on  trouve  la 
richesse  en  extrait  sec.  On  l'obtiendrait  aussi  par  le  cal- 
cul en  appliquant  la  formule 

7;— 2,062(D— D'), 

dans  laquelle  p  est  le  poids  d'extrait  sec  par  litre  de  vin, 
D  la  densité  du  vin  à  -h  1 5"  C. ,  fournie  par  l'œnobaromètre 
<^tla  correction  de  température,  D'  la  densité  du  mélange 
d'eau  pure  et  d'alcool  pur  ayant  à  +  io^  C.  la  même  ri- 
chesse alcoolique  que  le  vin,  2,05^2  une  constante  déter- 
minée par  le  calcul.  L.  S. 

ŒNOGHOÉ  (V.  Vase). 

ŒNOÉ.  Petite  ville  de  la  Grèce  antique,  à  FO.  d'Argos, 
sur  la  route  de  Mantinée.  Temple  d'Artemis.  Tombeau  sup- 
posé d'Œnée.  Défaite  des  Lacédémoniens  par  les  Ar- 
giens. 

ŒNOLINE.  On  donne  le  nom  d'œnoîine  à  la  matière 
colorante  du  vin  rouge.  Elle  est  constituée  par  une  poudre 
violette  très  peu  soluble  dans  l'eau  pure,  insoluble  dans 
l'éther,  mais  très  soluble  dans  l'alcool.  Le  sous-acétate  de 
plomb  la  précipite.  Sa  composition  conduirait  à  une  for- 
mule voisine  de  C-^^H^'^O^^.  C.  M. 

ŒNOLIS  (V.  Vin  médicinal). 

ŒNOMÂNGIE  (V.  DiviNATioN,  t.  XIV,  p.  72^2). 

ŒNOMAUS,  légendaire  roi  de  Pise  en  Elide,  fils  d'Ares 
et  d'Harpinna  (lille  d'Asopus),  mari  de  Sterope,  père 
d'Iiippodamie.  Un  oracle  lui  prédisant  qu'il  mourraitlorsque 
sa  tille  se  marierait,  il  déliait  les  prétendants  à  une  course 
de  chars  courue  depuis  Pise  jusqu'à  l'autel  de  Poséidon,  sur 
l'isthme  deCorinthe.  Il  laissait  le  prétendant  prendre  les 
devants  et,  après  avoir  sacrifié  à  Zeus,  se  mettait  à  sa  pour- 
suite avec  son  quadrige  guidé  pai  Myrtilus  et  le  perçait 
de  sa  lance  quand  il  Patteignait.  Il  en  avait  vaincu  trei/e, 
lors'iue  Pélops,  fils  de  Tantale,  le  vainquit  à  l'aide  de 
chevaux  dormes  par  Poséidon,  et  après  avoir  corrompu 
Myrtilus.  OEnomous  se  suicida,  et  Pélops,  épousant  llip- 
podamie,  lui  succéda.  On  raconte  aussi  que  Myrtilus,  n'ayant 
pas  reçu  de  Pélops  la  récompense  promise  et  ayant  été  tué 
par  lui,  lança  contre  sa  descendance  une  malédiction  qui 
lui  fut  fatale. 

ŒNOIVIÈTRE.  Si  le  vin  n'était  qu'un  mélange  d'eau  et 
d'alcool,  l'alcoomètre  centésimal  {V.  Alcoomètre)  suffirait 
pour  le  dosage  rigoureux  de  sa  richesse  en  alcool.  Mais  il 
renferme  un  grand  nombre  d'autres  substances,  qui  mo- 
difient sa  densité,  et  Ton  se  trouve  obligé,  soit  d'isoler 
tout  d'abord  l'alcool,  par  une  distillation  dans  un  alambic, 
et,  lui  ayant  rendu  par  une  addition  d'eau  le  volume  primitif 
du  vin,  de  mesurer  ensuite  le  degré  de  ce  mélange  d'eau  et 
d'alcool,  soit  d'avoir  recours  à  des  instruments  qui  n'exi- 
gent pas  qu'on  tienne  compte  des  divers  principes  consti- 
tuants du  vin.  Ces  derniers  sont  de  deux  sortes  :  les  ébul- 
Uoscopes  (V.  ce  mot),  qui  ont  déjà  été  décrits,  et  les 
œnouiètres  ou  pèse-vins.  Le  plus  ancien  œnomètre  est  celai 
duD'Tabarié  (1833).  C'est  un  aréomètre,  dont  les  degrés, 
très  étendus,  sont  divisés  chacun  en  dix  partie-;.  On  com- 
mence par  déterminer  la  densité  du  vin  à  essayer,  à  4-  i5°  C. 
par  exemple,  on  fait  bouillir  un  volume  connu  de  ce  vin, 
jus(]u'à  réduction  de  son  volume  à  moitié,  afin  d'en  chasser 
tout  l'alcool,  on  laisse  refroidir,  on  ajoute  de  l'eau  jusqu'à 
reproduction  du  volume  primitif,  on  prend  de  nouveau  la 
densité  à  -[-  ïd'',  et  on  a,  appelant  D'  la  richesse  alcoo- 


lique cherchée,  D  la  densité  du  vin,  A  la  densité  du  mé- 
lange privé  d'alcool,  d  h  densité  de  l'eau  à  -f-  15°  (0,9992)  : 

A  —  f^  —  D  —  D',  d'où  D'  :=  (^  —  (A  —  D). 

Valcoomètre-œnomêfre  de  Berquier  et  Limousin  (4868) 
et  le  comple-gouttes-œnoïnètre  de  Duclaux  (1874),  qui 
n'est  qu'un  perfectionnement  du  premier,  sont  basés  sur 
un  autre  principe  :  la  variation  de  volume  des  gouttes 
d'un  hquide  spiritueux,  à  l'extrémité  d'un  tube  capillaire, 
suivant  la  richesse  en  alcool  de  ce  liquide  et  indépendam- 
ment des  substances  qui  peuvent  s'y  trouver  en  dissolution. 
Le  compte-gouttes-anomètre  de  Duclaux  a  la  forme  d'une 
pipette,  du  volume  de  5  centim.  c.  ;  son  orifice  est  réglé 
de  telle  façon  que  5  centim.  c.  d'eau  distillée  à  -f-  15"  y 
donnent  exactement  100  gouttes.  Pour  doser  le  vin,  on  le 
filtre,  afin  de  le  débarrasser  de  toute  matière  en  suspen- 
sion, on  remplit  la  pipette  par  aspiration,  on  la  place  au- 
dessus  d'un  vase  et  l'on  compte  le  nombre  de  gouttes  qui 
en  tombent.  Une  table,  due  à  l'inventeur,  fait  connaître 
ensuite,  pour  les  diverses  températures,  la  relation  entre 
le  titre  alcoolique  du  vin  et  le  nombre  de  gouttes  qu'il 
fournit.  L.  S. 

ŒNONE  (O'.yojvrj).  Nymphe,  fille  du  fleuve  Cobren,  pre- 
mière épouse  de  Paris.  Elle  lisait  dans  l'avenir  et  l'avertit 
lors  de  son  voyage  en  Grèce.  Elle  refusa  de  le  soigner 
quand  il  eut  été  blessé  par  Philoctètc  et  se  suicida  après 
sa  mort. 

ŒNOPIDES  DE  Chios,  célèbre  mathématicien  grec  du 
V®  siècle  av.  J.-C.  qui  est  regardé  comme  pythagoricien. 
11  fut,  dit-on,  instruit  par  les  prêtres  égyptiens  de  l'obU- 
quité  de  l'écliptique,  fixa  à  365  jours  et  un  peu  moins  de 
neuf  heures  la  durée  de  l'année  solaire.  Proclus  lui  attri- 
bue la  12®  et  la  23®  proposition  du  premier  livre  d'Eu- 
clide. 

ŒNOTHÈRE  {OEnothera  L.,  Onagra  T.).  Genre 
d'Onagrariacées,  dont  on  connaît  environ  une  centaine 


i^ranche  llorif.ire  dVlùiotlièro. 

d,esp-'ces,  herbes  ou  plantes  suffrutescentes  de  l'Amérique 
et  de  la  Tasmanio,  à  feuilles  alternes,  à  fleurs  occupant 
Faisselle  des  feuilles  ou  des  bractées  d'un  épi  terminal. 
Les  fleurs  sont  tétramères,  avec  un  réceptacle  logeant 
l'ovaire  infère  et  prolongé  en  tube  au-dessus  pour  don- 
ner insertion  aux  sépales  valvaires,  aux  pétales  tordues 
et  aux  8  étamines  bisériées.  L'ovaire  est  à  4  loges,  su- 


()h:\OTllÈRE  —  ŒRSTED 


^7^ 


perposées  aux  pétales  et  miiltiovulées.  Le  fruit  est  une 
capsule  loculicide,  à  graines  exalbuminces.  VOE.  biennis 
L.,  de  son  nom  wû^aire  Onagre,  Jambon  des  jardiniers, 
Herbe  aux  ânes,  etc.,  offre  une  belle  corolle  jaune  ;  ori- 
ginaire de  r Amérique  du  Nord,  il  s'est  naturalisé  dans 
toute  l'Europe.  En  Allemagne,  on  en  mange  les  jeunes 
racines  et  les  pousses,  comme  celles  dos  mâches,  des  rai- 
ponces, etc.  On  le  préconise  comme  détersif,  vulnéraire 
et  astringent  ;  il  sert  à  nourrir  les  porcs,  à  fabriquer  de 
l'encre,  à  préparer  les  peaux.  —  VOE.  affinis  Camb.  est 
réputé  apéritif  et  vulnéraire  ;  c'est  VErva  minuana  des 
pharmacopées  brésiliennes  ;  les  OE.  acaulis  Cav.  et  OE. 
moUissùna  L.,  du  Chili,  jouissent  des  mêmes  propriétés 
et,  de  plus,  on  mange  leurs  feuilles.  —  Enfin,  les  OE.  gran- 
diflora  Ait.,  CE,  Muricata  L.,  OE.  parviftora  L.  et  OE. 
suaueoîens  Desf.,  espèces  de  l'Amérique  du  Nord,  pré- 
sentent les  propriétés  de  l'onagre,  et  sont  cultivés  dans 
nos  jardins  pour  la  beauté  de  leurs  fleurs.     D^'  L.  Hn. 

CÉNOTRIDES  (Iles).  Ilots  rocheux  de  la  côte  d'Italie, 
en  face  de  la  VeHa  et  de  Tembouchure  de  l'Haïes  (auj. 
Alento). 

ŒNOTRIE  (O'.vtorp'a).  Nom  donné  d'abord  par  les 
Grecs  à  la  presqu'île  d'Otrante.  Elle  était  habitée  par  les 
OEnotriens,  dont  les  principales  tribus  étaient  les  Ckones, 
les  Morgètes,  les  Italiens.  Ce  dernier  nom  fut  appliqué  à 
l'ensemble  des  OEnotriens,  puis  de  tous  les  habitants  de 
la  péninsule.  Les  (Enotriens  étaient  parents  des  Epirotes 
et  ont  été  regardés  comme  des  Pélasges.  Ils  furent  asservis 
par  les  colons  grecs  (V.  Iiâlie,  t.  XX,  p.  1061)  et  plus 
tard  par  les  Lucaniens.  Us  avaient  disparu  à  l'époque  ro- 
maine. 

OEN  TCHANG,  dieu  chinois  de  la  littérature,  d'ori- 
gine taoïste,  adoré  spécialement  à  Tseu  thong  (prov.  du 
vSeu  tchhoHu)  ;  son  culte  est  célébré  officiellement  à  Pe- 
king  et  dans  toutes  les  préfectures  et  sous-préfectures  de 
l'empire.  Ce  personnage  est  l'esprit  des  étoiles  ■/.,  X,  u.  de 
l'Hydre,  qui  forment  la  constellation  Tchang  ;  il  s'est  in- 
carné sous  le  nom  de  Tchang  à  diverses  reprises,  auxxii^, 
ix«,  vii^'  siècles  av.  J.-C,  et  aussi  aux  iii*^  et  iv*^  siècles  de 
notre  ère  ;  ses  (hfférentes  existences  furent  marquées  de 
prodiges  étonnants  ;  divers  empereurs  des  dynasties  Thang 
et  Song  lui  ont  décerné  des  titres  honorifiques  très  élevés. 
Le  culte  de  ce  dieu  est  associé  à  ceux  de  Koan  Yu,  dieu 
de  la  guerre,  et  de  Liu  Tong  pin.  M.  Courant. 

OEN  TCHEOU.  Préfecture  chinoise,  prov.  du  Tche 
kiang,  ouverte  au  commerce  par  la  convention  de  Tchi 
fou  (1876)  ;  les  bui'caux  de  la  douane  y  furent  installés 
en  i877.  La  ville  est  située  au  fond  de  l'estuaiie  du  Ta 
khi;  rebâtie  en  1385,  elle  a  jadis  servi  de  retraite  pen- 
dant quelque  temps  au  dernier  empereur  de  la  dynastie 
des  Song.  H  n'y  a  pas  de  concession  étrangère,  et  les 
étrangers  sont  fort  peu  noud)reux.  Les  environs  produisent 
de  l'opium;  exportation  de  bois,  bambou,  thé. 

BiiiL.  :  Jlctnrns  of  trade  und  trade  reports  for  China, 
publics  à  Cliaii,u'-Haï  })ai'lo-5  Douanes  cliinoises. 

ŒNUSES  (Iles).  Archipel  de  la  côte  S.  de  Messénie 
(V.  ce  mot).  Les  principales  des  cinq  îles  s'appellent  au- 
jourd'hui Sapienza  et  Schiza.  —  Le  môme  nom  est  appli- 
qué aux  petites  lies  situées  entre  Chios  et  la  côte  d'Asie. 

ŒOLINE  (V.  Harmonium). 

ŒRLIKON.  Localité  à  5  kil.  de  Zurich  (Suisse)  et  qui 
en  est  une  sorte  de  faubourg  industriel.  Nombreuses  fa- 
briques, spécialement  de  machines  utilisant  l'électricité 
comme  moteur. 

ŒRSTEO  (Hans-Christian),  physicien  danois,  né  à 
Rudkjobing  (île  de  Langeland)  le  14  août  1777,  mort  à 
Copenhague  le  9  mars  1851.  Eils  d'un  pharmacien,  il 
suivit,  à  partir  de  179 i,  les  cours  de  l'Lniversité  de 
Copenhague,  prit  en  1800  le  grade  de  docteur  en  philoso- 
phie et  commença,  la  même  année,  à  enseigner  la  chimie. 
De  1801  à  1803,  il  fit,  avec  l'aide  d'une  bourse,  de  longs 
voyages  en  Hollande  et  en  Allemagne,  puis  séjourna  un  an 
à  Paris,  et,  en  1806,  fut  nommé  professeur  de  physique  à 


FUniversité  de  Copenhague.  En  18l!2,  il  se  rendit  de  nou- 
veau en  Allemagne  et  y  écrivit  son  Ansicht  der  chemis- 
chen  Naturgesetxe  (Berlin,  1812  ;  trad.  franc,  par  Marcel 
de  Serres;  Paris,  1813),  livre  plein  d'idées  neuves,  qui  a 
beaucoup  contribué  aux  progrès  de  la  science.  Sept  ans 
plus  tard  paraissaient  ses  Expérimenta  circa  ejficaciani 
conflictus  electrici  in  acum  magneticani  (Copenhague, 
1820),  où  se  trouve  consignée  sa  mémorable  découverte 
de  V électro-magnétisme  (V.  ce  mot  et  ELECTRicriÉ,  t.  XV, 
p.  756).  En  1822,  il  entreprit  une  nouvelle  série  de 
voyages  à  Berlin,  à  Munich,  à  Paris,  à  Londres,  accueilli 
partout  avec  enthousiasme  parle  monde  savant.  En  1828, 
il  fut  fait  conseiller  d'Etat  et,  en  1829,  il  fut  appelé  à  la 
direction  de  l'Ecole  polytechnique  de  Copenhague,  après 
avoir  pris  la  part  la  plus  active  à  sa  création.  Il  était, 
depuis  1808,  membre  de  la  Société  royale  des  sciences 
de  Danemark,  dont  il  devint,  en  1815,  le  secrétaire  per- 
pétuel; en  1842,  il  fut  élu  associé  étranger  de  l'Académie 
des  sciences  de  Paris,  qui  lui  avait  décerné  antérieure- 
ment une  grande  médaille  d'or;  il  avait  lui-même  fondé 
en  1824  la  Société  danoise  pour  la  propagation  des 
sciences  naturelles.  On  doit  à  (Ersted,  outre  la  découverte 
qui  a  illustré  son  nom,  un  nombre  considérable  d'autres 
travaux,  également  très  importants,  sur  la  physique  et 
sur  la  chimie.  Citons  notamment  ses  belles  recherches  sur 
la  compressibilité  de  l'eau,  qui  datent  de  1822  (V.  Com- 
PRESsiBiuTÉ,  t.  XÏI,  p.  227).  La  liste  de  ses  ouvrages, 
dont  quelques-uns  traitent  de  sujets  philosophiques,  est 
aussi  fort  longue.  Nous  avons  déjà  donné  les  titres  de 
deux  d'entre  eux  ;  signalons  encore,  parmi  les  plus  im- 
portants :  Naturldrens  mechaniske  Deel  (Copenhague, 
1844;  3«éd.,  1859;  trad.  allem.,  Bruns^^ick,  1851)  ; 
Aanden  i  Naturen  (Copenhague,  1849-50,  2  vol.  ;  trad. 
allem.,  6^  éd.,  Leipzig,  1874);  Die  Naturwissenschaft 
inihrem  Verhallnis  zuDichtkunst  und  Religion  (Leip- 
zig,  1850);  Die  Naturwissenschaftund  die  Geistesbil- 
dung  (Leipzig,  1850);  Neue  Beilrdge  zur  dem  «  Geist 
in  der  Natiir  »  (Leipzig,  1851);  Charaktere  iindReden 
(Leipzig,  1851).  Ses  mémoires  et  articles  scientifiques, 
au  nombre  de  plusieurs  centaines,  ont  paru  surtout  dans 
le  Journal  de  Schvveigger,  dans  celui  de  Gehlen,  dans 
les  Annalen  de  Poggendorff,  dans  les  Annales  de  chi- 
mie et  de  physique,  et  aussi  dans  la  Tidskrift  for  Natiw- 
videnskaberne,  dont  il  était  l'un  des  principaux  rédac- 
teurs. On  lui  doit  enfin  plusieurs  petits  poèmes.  Une 
édition  complète  de  ses  œuvres  a  été  publiée  en  1850-51 
(Copenhague,  9  vol.).  Une  statue  en  bronze  lui  a  été  éle- 
vée à  Copenhague  en  1876. 

Son  tils,  Anders-Sandôe  (1816-73),  piofesseur  de 
botanique  à  l'Université  de  Copenhague,  a  exploré  de 
1845  à  1848  l'Amérique  centrale  et  a  publie  :  r  Amé- 
rique centrale,  sa  flore,  etc.,  en  franc.  (Copenhague, 
1863,  inachevé)  ;  Chênes  de  F  Amérique  tropicale,  en 
franc.  (Copenhague,  1868),  etc.  L.  S. 

BiDL.  :  Haucii  et  Forciiiiammer,  Vie  d'Œrsted  (eu  da- 
nois) ;  trad  all(3ii».  par  Schold;  Spaiidau,  1853. 

ŒRSTED  (Anders-Sandoe),  jurisconsulte  et  homme 
d'Etat  danois,  frère  du  précédent,  né  à  Rudkjobing  le  21  déc. 
1778,  mort  le  1^^  mai  1860.  Après  d'excellentes  études 
littéraires,  il  suivit,  à  Copenhague,  les  cours  de  droit  et 
de  philosophie,  fut  nommé  en  1801  assesseur  du  tribunal 
de  la  ville,  passa  en  1810  à  la  haute  cour  et  devint  en 
1825  procureur  général.  Commissaire  royal  aux  états  pro- 
vinciaux des  îles  du  Jutland  à  partir  de  1831,  ministre 
d'Etat  en  1842,  il  dut  démissionner  en  1848  à  raison  de 
ses  opinions  antilil)érales  ;  mais  il  revint  au  pouvoir 
comme  chef  du  cabinet  qui  remplaça,  le  21  avr.  1853, 
celui  de  Bliihme,  et  prit  d'abord  le  portefeuille  de  l'inté- 
rieur, puis  celui  de  la  justice.  Engagé  avec  les  Chambres, 
au  .sujet  des  affaires  du  Schleswig-Holstein,  dans  une  lutte 
à  outrance,  qui  aboutit  à  la  dissolution,  il  se  retira,  le 
12  déc.  1854,  après  des  élections  tout  à  fait  défavorables, 
et  fut  mis  en  accusation,  ainsi  que  tous  ses  collègues,  mais 


273 


OEKSTED  —  OESOPHAGE 


acquitté  (28  févr.  4856).  Il  vécut  ensuite  dans  la  retraite. 
Très  versé  dans  les  législations  des  pays  du  Nord,  il  con- 
tribua pour  une  grande  part  aux  progrès  de  la  science  du 
droit  dans  son  pays  et  rédigea  les  exposés  des  motifs  de 
presque  toutes  les  lois  nouvelles  promulguées  de  4825  à 
48i8.  Il  a  laissé  de  nombreux  ouvrages  en  danois  :  Eu- 
nomia  (Copenhague,  4815-22,  4  vol.;  trad.  allem.,  4848- 
26,  3  vol.);  Manuel  de  jurisprudence  danoise  et  nor- 
/'r^/é^mi^ (Copenhague,  4822-35,  5  vol.);  Histoire  de  ma 
vie  et  de  mon  ^^^^i^^s (Copenhague,  4854-57, 4  vol.),  etc. 
Il  a  aussi  publié  une  foule  d'articles,  sur  des  matières  de 
droit  et  d'économie  politique,  dans  les  Juridisk  Archiu 
(4804-44),  dans  les  Nye  juridisk  Archiv  (4842-20), 
dans  la  Collégial  Tidende  (4845-48),  dans  la  Juridisk 
Tidskrift  (4820-30),  etc.  L.  S. 

ŒRTEL  ou  ORTELL  (Abraham),  en  latin  Ortelius, 
géographe  flamand,  né  à  Anvers  le  28  juin  4598.  D'une 
famille  très  riche,  originaire  d'Augsbourg,  il  entreprit,  ses 
études  terminées,  une  longue  série  de  voyages  à  travers 
toute  l'Europe,  en  rapporta  une  riche  collection  d'antiques, 
de  bronzes  et  de  médailles,  puis  se  consacra  tout  entier  à 
la  géographie  etpubUaen  4570,  à  Anvers,  un  célèbre  Atlas 
(Theatrum  orbis  terrarum),  qui  fut  vraisemblablement  le 
premier  ouvrage  de  ce  genre  et  qui  eut  le  plus  grand  suc- 
cès. Il  a  eu  de  nombreuses  réimpressions  et  a  été  traduit 
en  italien,  en  espagnol,  en  français.  Philippe  II  nomma  l'au- 
teur son  géographe,  et  ses  contemporains  l'appelèrent  le 
Ptolémée  du  xvi^  siècle.  On  a  encore  d'0Ertel:5/ynf;n/y- 
mia  geographica  (Anvers,  4578),  rééditée  sous  le  titre  : 
Thésaurus  geographicus  (Anvers,  4596),  dictionnaire  des 
noms  géographiques  anciens  et  modernes;  Itinerarium 
per  nonnullas  GaUi,v  belgicœ  partes  (Anvers,  4584); 
Theatri  orbis  terrarum  Par  erg  on  (Amers,  4595),  atlas 
de  géographie  ancienne,  sacrée  et  profane;  Am-ei  sœciili 
imago  (Anvers,  1598),  etc.  L.  S. 

BiBL.  :  De  MAOKoo.iYo^ice  sur  les  travaux  géo<jVciphiqiics 
iVOrtelhiS^  dans  les  Annales  des  vo\ja<jcs  de  Malte-Brun. 
II,  184-192. 

OERTEL  (Eriedrich-AVilhclm-l^hilipp),  écrivain  alle- 
mand, plus  conim  sous  le  pseudonyme  de  W.-O.  von 
Uor)i,  né  à  Horu  le  45  août  4798,  mort  à  Wiesbaden  le 
44  oct.  4867.  Pasteur  à  Mannbach,  puis  à  Sobernheim, 
Oertel  exerça  une  influence  considérable  sur  son  temps 
comme  écrivain  i>opu!aire.  Il  rédigea,  à  partir  de  4846, 
un  almanach,  Die  Spinnstube,  qui  eut  un  immense 
succès  ;  il  publia,  soit  dans  ce  recueil,  soit  dans  une  revue 
memiwWe,  Die  Maje  (4858),  soit,  sous  forme  de  volumes 
détachés,  un  nombre  immense  de  contes  et  de  récits  ;  enfin  ' 
il  composa  une  collection  d'écrits  populaires,  intitulée 
Jugend  und  Volksschriftcn  (4853  et  suiv.),  qui  ne 
compte  pas  moins  de  75  vol.  Par  la  diffusion  prodigieuse 
de  son  œuvre,  ([ui  a  eu  des  millions  de  lecteurs,  Oertel 
mérile  une  place  dans  Thistoire  de  la  culture  allemande. 
BiisL  :  U^-0.  von  Horu.  eut  \'^alirer  Frciiiid  des  Vollies; 
Wiesb<'i(l<MK  1S08.  —  Bru.m.mer,  AU<j.  denhche  Blfxjr.. 
t.  XXIY.  pp.   135  et  suiv. 

0ERT2EN  (Gcorg  von),  poète  allemand,  né  en  4824, 
auteur  de  nombreux  recueils  de  poésies  ou  d'apborismes. 
Principales  œuvres  :  Gedictile  (485^)  ;  nei}ngebraclites 
(4866)  ;  Aus  dm  Kdm/ifen  des  Lebens  (4868)  ;  In  Son- 
nenschcin  uud  Wind  (1868);  Aile  lUlder  und  neue 
lUdller  (4869)  ;  Cnler  dem  lieicJispanier  (4874)  ; 
Selbstgesprdche  (1874)  ;  Liebeslieder  aus  jungen  Tagen 
(4875)  ;  Stimmeu  des  Lebens  (4876)  ;  Deutsche  Trdume, 
deutsche  Siège  (4877)  ;  Epigramme  und  Epiloge  in 
Prosa  (4880)  ;  Lieder  und  Leule  (4883)  ;  Eines  Lg- 
rikers  Chronik  (4888)  ;  Sommerfahrt  eines  Junggeblie- 
benen  (4890)  ;  Lieder  im  Wiederhall  (4894)  ;  Kapitel 
aus  einem  beweglen  Leben  [;l8or)-64\  (4895)  ;  Auf 
Schwar:Avahlwegen  (4896). 

ŒSCHINEN.  Petit  lac  des  Alpes  Bernoises,  situé  à 
4.592  m.  (l'ait.,  dans  une  situation  magnifique.  Il  est  en- 
cadré dans  des  montagnes  escarpées  dont  les  pentes  à  pic 
sillonnées  de  cascades  plongent  directement  dans  le  lac. 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.    —    XXV. 


ŒSEL.  Groupe  d'iles  de  la  mer  Baltique,  à  l'entrée 
du  golfe  de  lliga,  d'une  superficie  totale  d'environ  2.700 
kil.  q.  dont  2.500  kil.  environ  reviennent  à  File  princi- 
pale, OEsel,  qui  donne  son  nom  à  Farchipel.  Capricieuse- 
ment découpée  par  des  baies  profondes,  l'Ile  principale  est 
entourée  en  outre  d'une  ceinture  de  bancs  et  de  rochers 
qui  en  défendent  l'accès  de  toutes  parts.  Au  N.  seule- 
ment quelques  passages  sont  praticables  aux  navires.  Sol 
plat,  sauf  dans  le  centre  où  une  série  de  collines  forment 
le  partage  des  eaux  entre  le  N.  et  le  S.  Carrières  renom- 
mées. —  Au  point  de  vue  administratif,  les  iles  forment 
un  district  (ouiezd)  du  gouvernement  de  Livonie  (Lifland)  ; 
ch.-l.  Arensbourg,  au  N.-O.  de  l'île  principale;  52.000 
hab.  environ,  s'occupant  d'agriculture  et  de  l'extraction 
de  pierres.  P.  Lem. 

ŒSER  (Adam-Friedrich),  artiste  allemand,  né  àPoszony 
(Presbourg)  le  47  févr.  4747,  moit  à  Leipzig  le  48  mars 
4799.  D'origine  saxonne,  il  se  forma  à  Vienne,  puis  à 
Dresde  (4739-56),  où  il  fut  élève  de  Dietrich  et  de  Mengs 
et  se  lia  avec  Winckelmann.  Il  y  décora  le  théâtre  de  la 
cour  et  peignit  de  nombreux  plafonds.  En  4764,  il  devint 
directeur  de  FAcadémie  d'art  de  Leipzig  où  quelques-uns  de 
ses  tableaux  suî)sisteut  à  FégHse  Nikolaï  ;  il  y  sculpta  le 
monument  de  l'éle(;teur  lu'édéric-Auguste.  (^omme  gra- 
veur, il  a  laissé  45  planches  originales  ou  d'après  Rem- 
brandt. Son  enseignement,  favorable  au  retour  à  l'antique, 
eut  de  l'action,  notamment  sur  Gœthe.  —  Son  flls,  Johann- 
Iriedrich-Ludwig  (4754-92),  a  peint  de  jolies  aqua- 
relles et  gravé  d'après  Rembrandt,  Rubens,  Rosa,  etc. 
BiBL.  :  DÔRR,  A. -F.  Œser;  Leipzig,  1870. 

ŒSER  (Rudolf-Ludvvig),  écrivain  allemand  connu  sous 
le  pseudonyme  à'Otto  Glaubrechl,  né  à  Giessen  le  34  oct. 
4807,  mort  àLindlieim,  dansle  Wetterau,  le  43  oct.  4859. 
Curé  de  Lindheim  depuis  4835,  il  a  retracé  la  vie  popu- 
laire de  la  liesse  dans  une  série  de  nouvelles  d'inspiration 
piéliste. 

ŒSLER  (V.  EsELLEi;). 

ŒSOPHAGE.  I.  Anatomie.  —  L'œsophage  est  un  con- 
duit musculo-membraneux  qui  s'étend  du  pbarynx  à  l'esto- 
mac. Dans  la  partie  supérieure  de  son  trajet,  il  est  situé 
dans  le  cou  ;  il  descend  derrière  la  trachée-artère,  en 
avant  de  la  colonne  vertébrale,  pénètre  dans  la  poitrine 
par  son  orifice  supérieur,  passe  dans  le  médiastin  pos- 
térieur et  glisse  derrière  la  bifurcation  de  la  trachée, 
derrière  la  crosse  de  l'aorte,  derrière  le  cœur,  et  pénètre 
dans  l'abdomen  en  traversant  le  dia])bragme  (orifice  œso- 
phagien) ;  là  il  se  continue  avec  l'estomac.  Il  se  com- 
pose de  deux  tunicpies,  l'une  externe,  musculaire,  com- 
posée d'une  couche  superficielle  de  flbres  longitudinales 
et  d'une  couche  profonde  de  fibres  circulaires  lisses.  La 
tunique  interne  est  une  meml)rane  muqueuse,  composée 
d'un  chorion  vil  [eux  et  d'un  épitbéhum  pavimenteux 
stratifié  chez  l'adulte,  cilié  chez  l'embryon,  comme  il  reste 
toute  la  vie  chez  les  Batraciens,  renfermant  des  glandes 
acineuses  mucipares.  Les  artères  de  ce  conduit  viennent 
des  artères  environnantes  (thyroïdiennes  inférieures  au 
cou,  bronchi([ues  et  intercostales  dans  le  thorax).  Ses 
veines  se  jettent  dans  les  tliyroidiennes,  les  azygos,  et  ses 
lymphati(jues  dans  les  ganglions  du  médiastin.  Ses  nerfs 
viennent  des  ])neumo-gastri(jues  (|ui  rampent  à  sa  surface 
en  descendant  le  long  de  la  poitrine. 

L'œ^sophage  est  un  canal  de  transmission  (pii  porte  le 
bol  alimentaire  du  pbarynx  dans  l'estomac.  Il  est  à  peine 
différencié  du  reste  de  l'intestin  chez  les  poissons,  nette- 
ment distinct  de  l'estomac  chez  les  reptiles,  les  oiseaux 
et  les  mammifères.  Chez  les  oiseaux,  il  présente  une  di- 
latation à  sa  partie  inférieure  connue  sous  le  nom  de  ja- 
bot. Une  dilatation  analogue  existe  chez  les  cétacés.  Il 
constitue  avec  le  pharynx  et  la  bouche  la  portion  sus- 
diaphragmatique  du  canal  intestinal  et  dérive  de  l'endo- 
derme. Ch.  Dewekui:. 

II.  Pathologie.  —  ïkaumâtis.mes.  — L'œsophage  peut 
être  atteint  par  un  corps  vulnérant  de  dehors  en  dedans 

48 


OESOPHAGE  —  OESTERLEN 


—  274  — 


ou  de  dedans  en  dehors.  Dans  le  premier  cas  (piqûres, 
coupures,  plaies  par  armes  à  feu),  la  lésion  aggravée  par 
le  fait  des  lésions  concomitantes  des  organes  du  cou  est 
d'un  diagnostic  d'autant  plus  difficile  que  la  plaie  du  cou 
est  plus  petite.  Les  plaies  de  dedans  en  dehors  sont  les 
perforations,  les  déchirures  produites  par  les  corps  étran- 
gers irréguliers  ou  par  l'introduction  d'une  sonde.  La  dou- 
leur qui  n'indique  pas  toujours  le  siège  de  la  lésion,  l'an- 
goisse, les  accès  de  suffocation,  l'issue  par  la  plaie  des 
liquides  ou  môme  des  soHdes  ingérés,  les  spasmes,  l'ex- 
pulsion de  glaires  sanglantes  font  lediagnostic.il  est  indi- 
qué dans  tous  les  cas  de  rétahlir  la  continuité  du  canal  par 
la  suture  aidée  d'une  sonde  à  demeure  ;  le  siège intra-tiio- 
racique  de  la  plaie  paraît  mettre  cette  lésion  au-dessus  des 
ressources  de  l'art.  L'œsophage  peut  être  encore,  sous  l'in- 
lluence  d'efforts,  le  siège  de  ruptures  que  l'alcoolisme  favo- 
ribe,  de  hrûlures  par  des  liquides  houillants  ou  corrosifs.  Des 
corps  étrangers  de  toute  espèce  peuvent  s'arrêter  dans  l'œso- 
phage. Les  uns  y  sont  tolérés  plus  ou  moins  longtemps 
(pièces  de  monnaie)  et  peuvent  tardivement  produire  d'em- 
blée des  accidents  mortels  (ulcérations  de  l'aorte)  ;  d'autres, 
surtout  ceux  munis  d'aspérités,  provoquent  des  accidents 
initiaux  analogues  à  ceux  des  plaies  et,  après  une  période  de 
calme,  des  accidents  consécutifs  d'œsophagite,  de  périœso- 
phagite,  d'abcès,  de  phlegmons,  etc.,  d'ulcération  des  or- 
ganes et  des  vaisseaux  voisins.  L'indication  consiste  à  ne 
jamais  quitter  un  malade  eivant  de  l'avoir  débarrassé  de 
son  corps  étranger.  On  peut  faire  l'extraction  par  les 
voies  naturelles  à  l'aide  du  panier  de  Graefe,  de  la  pince 
œsophagienne,  du  balai  d'anses  de  fil  fixées  à  une  sonde  ; 
l'éponge  fixée  à  la  tige  de  Graefe,  lasonde  œsophagienne, 
le  vulgaire  poireau  serviront  à  précipiter  le  corps  étran- 
ger dans  l'estomac.  Enfin,  si,  par  suite  de  la  configuration 
du  corps  étranger,  ces  manœuvres  sont  imprudentes  ou 
infructueuses,  on  en  viendra  rapidement  à  l'œsophagoto- 
mie  externe  (V.  OEsophagotomie),  précédée  quelquefois 
de  la  trachéotomie  imposée  parles  accidents  de  suffocation. 

Lésions  org-aniques.  —  La  conséquence  des  inflamma- 
tions consécutives  aux  traumatismes,  surtout  à  l'ingestion 
des  substances  corrosives,  est  souvent  la  production  d'un 
rétrécissement  qui  peut  encore  naître  sous  l'influence  d'un 
ulcère,  d'un  néoplasme  ou  de  la  syphilis.  Ces  rétrécisse- 
ments fibreux  cicatriciels  ou  néoplasiques  s'accompagnent 
souvent  d'un  spasme  du  conduit  {œsophagisme)  (V.  ce 
mot),  qui,  par  les  sensations  décevantes  cpi'il  fait  naiire, 
peut  tromper  le  chirurgien  sur  l'existence,  le  siège,  la 
nature  du  rétrécissement.'  Caractérisé  par  la  douleur  fixe 
ou  irradiée  entre  les  deux  épaules,  par  la  dysphagie  pro- 
gressive, les  pliénomènes  de  régurgitation,  la  déchéance 
organique,  le  rétrécissement  se  démontre  par  le  cathété- 
risme.  Les  adénopathies  sus-claviculaires,  les  vomituri- 
tions  sanglantes,  la  déchéance  rapide  de  l'état  général, 
feront  admettre  le  cancer. 

Le  traitement  consiste  dans  la  dilatation  du  rétrécisse- 
ment par  le  Ceithéter  à  olives  de  plus  en  plus  grosses.  Ce 
moyen  est  lent,  mais  donne  de  bons  résultats.  L'œ^sopha- 
gotomie  interne  aveugle,  malgré  quehjues  succès,  n'est 
pas  passée  dans  la  pratique;  l'électrolyse  a  guéri  quelques 
malades;  l'œsophagotomie  externe,  qui  ne  peut  toujours 
se  faire  au-dessous  du  rétrécissement  et  qui,  en  (ous  cas, 
crée  une  bouche  cervicale  défectueuse,  doit  céder  ie  ])ns 
à  la  gastrostomie  qui  permet  de  nourrir  commodément  le 
malade  et  a  souvent  permis  par  le  cathétérisme  direct  ou 
rétrograde  de  recalibrer  l'œsophage.  En  axs  de  cancer,  la 
gastrostomie  met  au  repos  l'organe  malade  et,  mieux  que 
la  sonde  à  demeure  ou  le  tubage,  met  à  l'abri  des  com- 
plications pulmonaires  mortelles.  D''  S.  Morer. 

l^iBL.  :  Poulet  et  Bousquet,  Traite  de  path.  externe.  — 
TiLLAux,  Amitom.  topog. 

ŒSOPHAGISME.  C'est  le  spasme  de  l'œsophage  qui, 
s'il  prend  une  certaine  diim,  prend  le  nom  de  rétrécis- 
sement spasmodique.  On  ro])serve  choz  les  hystériques, 
les  hypocondriaques,  les  nerveux,  dans  certaines  affections 


utérines,  dans  les  traumatismes,  le  cancer  et  dans  les  cas 
de  corps  étranger.  Souvent  brus(jue  et  inlermittent,  il 
peut  durer  un  certain  temps,  empêcher  l'alimentation  et 
par  suite  altérer  gravement  l'état  général.  Une  fois  la 
cause  combattue,  le  traitement  consiste  dans  l'emploi  des 
antispasmodiques  et  surtout  dans  le  cathétérisme  quotidien 
et  progressif  qui  ne  tarde  pas  à  calmer  le  spasme,  surtout 
si  l'on  a  soin  d'enduire  l'oUve  de  pommade  belladonce  ou 
mieux  coca'inée. 

ŒSOPHAGITE.  C'est  l'inflammation  de  l'œsophage. 
Primitive,  elle  est  la  conséquence  de  tous  les  traumatismes  ; 
secondaire,  elle  succède  aux  maladies  infectieuses  (diphté- 
rie, variole,  fièvre  typhoïde).  La  muqueuse  est  rouge, 
ramollie,  érodée,  ulcérée  ;  les  parois  peuvent  être  perfo- 
rées en  totaUté.  L'œsophagite,  qui  peut  donner  Heu  à  un 
abcès,  s'accompagne  souvent  de  périœsophagite  eavec  phleg- 
mon du  cou  pouvant  fuser  dans  le  thorax"  Le  Iraitement 
antiphlogistique,  les  a])plicalions  aniiseptiques,  le  repos 
de  l'organe,  l'ouveilure  large  des  abcès,  sont  le  traite- 
ment de  cette  affection. 

ŒSOPHAGOTOIVIIE.  C'est  l'incision  longitudinale  de 
l'œsophage.  Elle  se  fait  de  dedans  en  dehors  :  œsophago- 
tomie  interne  peu  employée,  ou  de  dehors  en  dedans  : 
œ^sophagotomie  externe.  Elle  se  fait  dans  les  cas  de  corps 
étrangers  contre  lesquels  tout  a  échoué  et  dans  les  cas 
d"(3  rétrécissements  fibreux  ou  néoplasiques  infranchis- 
sables. Nous  avons  vu  que  dans  ces  cas  et  surtout  dans 
les  cas  de  cancer  la  gastrostomie  lui  est  préférée.  La  tech- 
nique de  l'a^sophagotomie  externe  consiste  à  faire  une  in- 
cision verticale  dont  le  milieu  correspond  ordinairement 
à  un  travers  de  doigt  au-dessous  du  cartilage  cricoide  et 
qui  suit  une  ligne  un  peuen  avant  du  sterno-masloidien. 
On  pénètre  entre  ce  muscle  et  les  muscles  thyroïdiens  et 
en  écartant  dans  la  profondeur  le  canal  laryngo-trachéal 
et  les  vaisseaux  carotidiens.  On  met  à  nu  l'œ^sophage  que 
l'on  incise  sur  le  corps  étranger  ou  sur  une  olive  intro- 
duite jusqu'à  l'obstacle  ;  on  débride  aux  ciseaux  sur  la 
sonde  cannelée.  Le  corps  étranger  est  extrait  ou  préci- 
pité dans  l'estomac.  On  ne  suture  pas  d'ordinaire.  On 
nourrit  le  malade  par  le  rectum  pendant  deux  ou  trois 
jours,  ou  on  met  une  sonde  à  demeure,  ordinairement  in- 
toléréc  et  (pi'il  est  préférable  de  remplacer  par  un  cathé- 
térisme journalier  avec  une  sonde  molle.       D'\S.  Morer. 

ŒSTËR6ŒTLAND.  Province  de  la  Suède  méridionale, 
formant  le lam  de Linkœ^ping  ;  iO.977  kil.  q.  ;  W6.6{ 9  hab. 
(en  1890),  soit  24  hab.  par  kiî.  q.  ;  bornée  à  l'O.  par  le 
lac  Wetter,  h.  V\i.  par  la  mer,  au  N.  par  le  la?n  d'OErebro, 
au  S.  par  celui  de  Jonkœ^ping.  La  Baltique  s'y  enfonce  par 
les  profondes  baies  de  Brâviken  et  Slaetbaken,  qui  enve- 
loppent la  fertile  presqu'île  deWikbokland.  Le  fleuve  local 
est  le  Motala,  déversoir  du  lac  Wetter;  le  principal  lac, 
celui  de  Sommen.  Les  bois  couvrent  64  7o  delà  superficie, 
les  prés  7  ^o,  les  champs  24  %.  On  a  récolté,  en  1894, 
153.000  hectol.  de  blé,  473.000  de  seigle,  276.500  d'orge, 
1.314.500  d'avoine,  621.000  de  pommes  déterre,  etfon 
possédait  environ  21.000  chevaux,  176.000  bœ^ufs, 
74.000  moutons,  36\000  porcs.  Mines  de  fer  de  Skœllvik  ; 
mines  de  cuivre  d'Atvidaberg.  Etablissements  métallur- 
giques de  la  Motala.  —  Le  ch.-I.  est  Linkœping. 

ŒSTERLEN  (Ei'iedrich),  médecin  allemand,  né  à  Murr- 
hardt(Wiirttemberg)  le  22  mars  1812,  mort  à  Stuttgart 
le  19  mars  1877.  Il  fut  priva t-docent  h  Tubingue,  puis 
en  1845  devint  professeur  de  clinique  médicale  ii  Dorpat. 
Il  se  retira  en  1848.  Il  s'est  occupé  avec  succès  de  phy- 
siologie, de  pharmacologie,  d'hygiène  et  de  statistique  mé- 
dicale. Ses  ouvrages  les  plus  importants  sont:  Handhucfi 
der  Heilmittellehre  (Tubingue,  1845;  7«  éd.,  1861); 
Medicinische  Lor/z/c  (Tubingue,  1852)  ;  Handb.  der  Hy- 
giène (Tubingue,'l851  ;  3*^ éd.,  1876);  Handb.  der  med. 
Slatistik(TiihinguG,  1864;  i81i);Die  Seuchen,ihre  Ur~ 
sachen,  Geselze  und  Bekdmpfung  (Tubingue,  1873).  Il  a 
créé  en  18 Î5  Jahrb.  fur  prakt.  Heilkunde  e\..  en  1860, 
Zeitsclirifi  fur  Hygiène,  mediciii .  Sfalisdk.    1)^^  L.  Hx. 


GESTE  RLE  Y  (Karl),  peintre  alleninrid,  iic  à  Gœltiiigue 
le  20  juin  1805,  mort  à  Hanovre  le  28  mars  189i.  Elève 
de  Mattha^is,  il  vécut  à  Rome  de  1824  à  -1829  et  publia  avec 
Otfried  Millier  les  Benkmœler  der  huiist.  Ses  principales 
œuvres  sont  :  Die  Tochier  Jephthas  ('1830)  ;  Chrislus  nncl 
Ahasvérus  (i844')  ;  Dornrœschen(i8Qi),  etc.. 

Son  fils  Karl,  né  à  Gœttingue  le  23  janv.  1839,  élève 
de  Deger  à  Dusseldorf,  débuta  par  la  peinture  religieuse, 
puis  s'adonna  au  paysage,  retraçant  avec  talent  l'aspect  et 
la  lumière  des  pays  Scandinaves  :  Mitternachlsslimmung^ 
bel  den  Lofoten  ;  Norwegische  Gelnrgschluchl  ;  llafi- 
sund;  Nordische  Soimnernacht  ;  Nordischer  Urwald; 
Fischer  m  einem  noriuegischen  Fjord,  etc. 

ŒSTERSUND.  Yiile  de  Suède,  cli,-l.  du  ben  de  Jcmt- 
land,  sur  le  Storsjœ,  en  face  de  Frœsœ  ;  o.333  liab.  (en 
1890).  Scieries,  fabriques  de  machines. 

ŒSTRE  (OEstrus  t.=z  CephalomyiaUii.).  I.  Ento- 
mologie, -~  Genre  d'Insectes  Diptères,  établi  par  Liiuic 
et  qui  a  donné  son  nom  à  la  famille  des  Ol^^strides.  Celle 
famille  est  très  naturelle,  à  raison  du  caractère  ])iologique 
de  ces  Diptères  de  vivre,  à  Fétat  larvaire,  en  parasites  do 
l'homme  et  des  grands  mammifères.  Les  larves  occupent 
trois  stations  principales  chez  leurs  hôtes  :  1"  les  Ciili- 
r(;/es  vivant  sous  la  peau  [Cuterebra,  Dernialobia,  llypo- 
derma);  2°  les  Ca vicol es  ImhitmU  les  narines  et  les  sinus 
frontaux  {Cephenemyia,  Cephaloinijia)  ;  3*^  les  Gaslri- 
cales  vivant  greffés  à  la  paroi  interne  do  rcslomac  des 
Equidés  (Gastrophihis) .  Les  OEstres  produisent  les  tu- 
meurs où  vivent  leurs  larves  et  ne  déposent  qu'un  seul 
œuf  en  un  point  donné.  Les  larves  sont  fusiformes,  sans 
tète  distincte,  privées  d'yeux.  Le  corps  est  courbé  et  ne 
possède  que  deux  paires  de  stigmates  dont  Einférieure  est 
logée  dans  une  dépression. 

II.  Art  vétérinaire.  —  Les  OEstres  comprennent  di- 
verses espèces  de  Diptères  appartenant  au  genre  Gastrophi- 
lus.  L'OEstre  du  cheval  est  une  grosse  mouche  jaunùîi'e  et 
longue  de  12  à  14  miiïim.  ;  aux  heures  les  plus  chaudes  du 
jour,  la  femelle  voltige  autour  des  chevaux,  se  précipite  sur 
eux,  dépose  son  œmf  et  s'envole  aussit'-t.  C'est  sur  les 
membres  antérieurs  et  au  poitrail  qu'elle  pond  de  préfé- 
rence. Les  œ-ufs  sont  légèrement  jaunâtres  ;  ils  adhèrent 
aux  poils  ;  au  bout  do  trois  semaines  les  œufs  éclosent, 
une  larve  en  sort  qui  rampe  sous  les  poils  et  chatouille 
l'animal;  celui-ci  se  lèche,  avale  les  larves  qui  se  rendent 
à  l'estomac.  A  son  complet  développement  la  larve  est 
brune,  formée  d'une  série  de  10  'à  11  aimeaux,  munie 
d'épines  à  ses  extrémités  et  longue  de  18  à^O  millim.  Son 
évolution  dure  un  an  environ.  Arrivée  à  maturité,  elle 
quitte  l'estomac,  traverse  l'intestin,  se  loge  dans  la  terre 
ou  le  crottin  et,  au  bout  de  vingt-quatre  heures,  se  trans- 
forme en  nymphe.  Elle  reste  à  l'état  de  nymphe  pendant 
trente-cinq  ou  quarante  jours,  puis  devient  un  insecte  par- 
fait. 

Le  Gastrophile  hémorroidal  est  nue  mouche  a\stre  dont 
la  larve  se  développe  aussi  dans  l'estomac,  et  qui,  dans 
la  dernière  semaine  de  sa  croissance,  se  fixe  dans  le  lectum 
et  au  pourtour  de  l'anus.  On  distingue  eiuore  :  le  Gaslro- 
philus  pecorum,  observé  à  Paris  sur  des  chevaux  ho]]- 
grois;  le  Gaslrophilus  nasalis,  qui  se  déveloj>pe  sur  le 
pylore  et  le  duodéiunn;  le  Gaslrophilus  jJavipes,  connnun 
ciiez  l'âne,  en  Espagne,  en  Asie  et  en  Afrique.  Les  bovidés 
etlesovidés  ont  aussi  leur  OEstre.  L'OEstre  du  mouton  pond 
sur  les  narines,  pénètre  dans  les  cavités  nasales  et  dans 
les  sinns  frontaux.  La  présence  des  larves  cause  au  mou- 
ton des  douleurs  excessives  et  le  met  dans  une  fureur  telle 
(ju'il  se  jette  la  tète  conlre  les  murs  et  se  l'y  briserait  si 
on  ne  le  surveillait  pas.  Les  larves  gastriques  du  cheval 
occasionnent  rarement  des  maladies  ;  trop  nombreuses  (on 
en  a  rencontré  jusqu'à  six  cents  dans  l'estomac  et  le  py- 
lore), elles  peuvent  déterminer  l'inflannnation  et  la  perfo- 
ration du  ventricule  et  amener  consécpiemment  la  mort. 
Les  larves  des  sinus  du  mouton  sont  plus  dajigereuses,  en 
raison  de  leur  siège.  On  dèbairasse  b^lioval  (lifùilemej)! 


—  275  —  (ESTERLEY  —  OETTINGEN 

de  ses  larves  accrocliées  à  l'estomac,  et  c'est  en  vain  que 
souvent  à  cet  effet  les  purgatifs  drastiques  ont  été  em- 
ployés, (iuant  aux  larves  des  cavités  nasales  et  des  sinus, 
on  parvieiit  à  en  dél)arrasser  les  moutons  au  jnoyen  de  fumi- 
gations de  goudron  et  d'huile  empyreumatique.  L.  Garnier. 

III.  Paiéontologie.  —  Des  Diptères  appartenant  à 
cette  famille  ont  été  trouvés  dans  l'ambre  tertiaire  et  à 
Elorissant,  et  la  larve  décrite  sous  le  nom  de  Dipleriles 
obovatus  (lîeer),  provenant  du  miocène  d'OEningen,  paraît 
se  rapporter  à  cette  famille.  E.  Trt. 

Bi]îL.  :  Entomologijî.  —  IhiAUJîR,  Moiiographie  der 
Œslnden;  Yicuno,  1803. 

ŒSTRYMNIDES  (Iles).  Nom  donné  par  les  anciens  à 
un  archipel  de  l'Atlantique  ;  le  récit  d'.Vvienus  paraît 
confondre  les  lies  Scilly  et  les  Açores. 

ŒTÂ  (Mont).  Montagne  de  Grèce  (V.  ce  mot),  aujour- 
d'hui nommée  Katavothra  (2.158  m.).  C'est  la  barrière 
qui  sépare  la  Grèce  centrale  de  la  Thessalie,  s'abaissant 
le  lopig  du  golfe  Maliaque,  au  défilé  des  Theimopyles.  La 
mythologie  plaçait  au  sommet  le  bûcher  à'ik'raklès  (V.  ce 
mot).  Les  pentes  septentrionales  de  EOEta  formaient  le 
petit  pays  d'Ociaia,  ayant  pour  centre  la  cité  d'OEta. 

ŒTINGER  (Eriedrich-(uhristoph),  théosopho  Avurttem- 
bergeois,  né  à  Goppingen  le  6mail702,  mort  càMurrhard 
le  10  févr.  1782.  Il  devait  étudier  le  droit,  mais  le  mys- 
tère éternel  l'attirait  puissamment.  Il  se  tourna  vers  la 
théologie,  mais  s'occupa  beaucoup  aussi  de  sciences  natu- 
relles, d'alchimie,  de  médecine.  11  voyagea  pour  entrer  en 
contact  personnel  avec  les  esprits  originaux  dont  il  enten- 
dait parler.  En  1738,  il  fut  nommé  pasteur  à  Hirsau,  passa 
successivement  par  quatre  autres  paroisses  et  vécut  comme 
surintendant  ecclésiastique  à  Murrhard  à  partir  de  1765. 
Vers  1778,  son  esprit  commença  à  s'affaiblir.  Son  activité 
pastorale  a  laissé  une  profonde  empreinte  dans  l'àme  de 
ses  paroissiens  et  de  beaucoup  de  ses  contemporains  ;  sa 
cojîcepiion  intime,  mystique  à  la  fois,  et  pratique  de  la 
piété  demeure  encore  l'un  des  caractères  marquants  de  la 
l'ehgiosité  souabe.  Ce  n'est  guère  (fue  vers  le  milieu  de  ce 
siècle  que  ses  écrits  ont  été  réédités,  surtout  par  K.-Er.- 
Chr.  Ehmann  (Stuttgart,  1858  et  suiv.,  10  vol.)  et  par 
J.  llamberger  (œ^uvres  spéciales).  Le  plus  populaire  est  son 
Dictionnaire  biblique  (Stuttgart,  1843,  et  très  souvent 
depuis  lors);  le  plus  caractcrihti(|ue,  la  T/i^o/o//m  ex  idea 
uilœ  deducla  (Stuttgart,  1765;  trad.  allemande  parHam- 
berger,  en  1852).  L'étude  de  son  Aulobiographie  (éd. 
par  ilamberger,  Stuttgart,  1815)  est  indispensable  pour 
(jui  veut  comprendre  ses  spéculations.  Celles-ci  procèdent  de 
J.  Bœhme,  mais  OEtinger  a  la  prétention  de  ne  dévelop- 
per que  le  contenu  de  la  Bible.  11  ramène  tout  à  la  péné- 
tration et  cà  la  transfiguration  de  la  matière  (ou  nature)  par 
l'esprit.  La  corporéité  (Le iblichkeit)  est  i^onr  lui  le  terme 
des  voies  deDieu.  F.-H.  K. 

ŒTITE  (V.  Fer  oxydé). 

ŒTOBATIS  (Paléont.)  (V.  MYLioBAimî:). 

ŒTTIN6EN.  Ville  de  Bavière,  prov.de  Souabe,  sur  la 
Wœrnitz  ;  3.100  hab.  (en  1895).  Château  princier.  — 
Capitale  de  la  principauté  d'OFJtingen,  médiatisée  en 
1806,  qui  embrassait  990  kil.  et  a  été  partagée  entre  la 
Bavière  et  le  Wurtlemberg. 

La  famille  d'OEttingen,  qui  prétend  descendre  des  ducs 
de  Souabe,  occupait  de  date  immémoriale  le  Ries  et  por- 
tait depuis  le  xii^  siècle  le  titre  comtal.  Elle  se  divisa  en 
lignes  de  Spielberg  (princes  d'empire  en  1734)  et  de 
Wallerstein  (princes  d'empire  en  1774).  Le  seul  person- 
nage marquant  fut  Liidwig,  prince  d'OEttingen-Waller- 
stein,  né  le  31  janv.  1791,  mortàLucerne  le  22  juin  1870, 
fils  du  princo  KraUf-Ernst  et  d'une  fille  du  duc  de  Wurt- 
lemberg. Sa  principauté  fut  médiatisée  sur  son  refus  d'en- 
trer au  service  français  ;  il  dirigea  le  soulèvement  national 
en  Souabe  en  1813,  contribua  à  la  rédaction  des  constitu- 
tions de  AVurttemberg  ei  de  Bavière,  perdit  ses  dignités 
(transmises  à  son  frère  Friedrich)  par  son  mariage  avec 
la  tille  d'un  de  ses  enqiîoyés  (1823),  fut  ministre  de  l'in- 


OETTINGEN  —  ŒUF 


rib  — 


tcrieur  (1831-37),  envoyé  extraordinaire  à  Paris  (1846), 
forma  en  nov.  '1847  le  cabinet  Lola  Montez,  renversé 
dès  le  l'2  mars  4848,  devint  le  leader  de  l'opposition  à  la 
(^.hambre  (4849)  et  finit,  totalement  ruiné,  par  se  retirer 
en  Suisse. 

0ETTIN6ER  (Eduard-Maria),  écrivain  allemand,  né  à 
Breslau  le  49  mars  4808,  mort  à  Blasewitz,  près  Dresde,  le 
26  juin  4872.  Journaliste  à  Vienne,  Municb,  Berlin,  Mann- 
heim,  Leipzig  où  il  fit  paraître  le  Charivari  (4842-52)  et 
Narrenalmanach  (4843-49),  à  Paris  et  Bruxelles,  de 
4852  à 4860.  Il  a  écrit:  des  nouvelles liumoristicpies  {Biich 
derLiebe ;Ber\m,  4832;  5^  éd.,  4850;  ^eues  Bnch  der 
Liebe  ;Dr(isÔQ,  4852);  des  œuvres  historiques  (G^sc/i.  des 
dœnischen  Hofs  von  Christian  11  bis  Friedrich  Vil; 
Hanovre,  4857-59,  8  vol.)  et  bibliographiques  (Bibl.  des 
Schachspiels;  Leipzig,  4844;  Iconographia  Mariana, 
4852  ;  Bibliographie  biographique,  4850,  2*^  éd.  4854; 
Moniteur  des  dates;  Dresde,  4806-68,  6  vol.,  continué 
jusqu'en  4878  par  Schramm). 

ŒTYLUS  (Géog.  anc).  Ville  de  Laconie,  auj.  Vitijto, 
sur  le  golfe  deMessénie.  Citée  dès  Homère  (//.,  Il,  585),  elle 
fut  l'une  des  cités  éleuthéro-laconiennes.  On  y  voit  des 
ruines  anti(|ues,  de  belles  colonnes  ioniques,  etc. 

ŒTZTHAL.  Vallée  alpestre  du  Tirol,  longue  de  86  kil., 
inclinée  du  S.  au  N.;  parcourue  par  l'Ache  d'OEtzthal,  altl. 
dr.  de  l'inn.  Elle  compte  5.200  hab.  La  vallée  inférieure 
est  fertile  ;  dans  la  vallée  supérieure  ahernent  les  circpies 
et  les  défilés  encaissés  de  hauts  ro(4iers,  d'oii  se  précipi- 
tent les  cascades.  A  Zwichelstein  (ait.  4.456  m.),  le  val 
se  bifuixpie,  une  branche  monte  vers  Vent  (4.892  in.), 
l'autre  vers  Gurgl  (4.940  m.),  les  deux  locahtés  habitées 
les  plus  hautes  du  Tirol.  La  route  de  la  vallée  s'arrête  à 
Solden,  en  aval  de  Zwieselstein. 

L'Œtzthal  donne  son  nom  au  massif  alpestre  (schistes, 
gneiss,  hornblende)  d'où  il  descend  et  vers  lequel  il  forme 
voie  d'accès.  Ce  massif,  situé  au  centre  des  Alpes  du  Tirol, 
est  compris  entre  la  vallée  del'lnn  au  X.  (depuis  le  col  de 
Einstermmiz  jusqu'à  Innsbruck),  le  col  du  Brenner  à  l'F]., 
le  val  de  l'Eisack  au  S.-E.,  le  val  supérieur  de  l'Adige  et 
le  col  de  Reschen.  Il  embrasse  ainsi  5.258  kil.  q.  dont 
750  kil.  q.  couverts  par  les  glaciers.  Les  vallées  de  l'OEtz 
et  du  Passeier  (atll.  de  l'Adige)  l'entaillent  et  le  divisent  en 
trois  parties  :  massif  de  l'OF^tzthal  proprement  dit  à  l'O., 
Alpes  de  Stubai  au  X.-E.,  Alpes  de  Sarntlial  au  S.-E.  Le 
massif  de  l'OEtztlial,  séparé  des  deux  autres  par  la  vallée 
de  rCEtzthal  et  la  vallée  du  Passeiei'  (fue  divise  seulement 
la  crête  du  Timbler  Joch  '(col  à  2.480  m.),  se  développe  en 
fer  à  cheval  autour  du  val  de  Vent  ;  45  pics  dépassent 
3.500  m.  ;lesprincipauxsont,  en  commençant  par  le  S. -0.: 
la  Wildsphze  (3.774  m.),  point  culminant;  la  Weisskngel 
(3.746  m.);  la  Hintere  Schwœrze  (3.633  m.);  le  Similaun 
(3.607  m.).  Le  point  de  vue  le  plus  accessible  e-t  laKi'euzs- 
pitze  (3.455  m.).  Les  principales  excursions  sont  le  pas- 
sage du  Timbler  Joch  et  celui  du  glacier  dellodijoch,  enirc 
le  val  de  Vent  et  le  val  de  Schnalser  qui  descend  vers  l'Adige. 
—  Les  Alpes  de  Stubai,  longées  au  N.  par  l'Inn,  à  LE. 
par  la  Sill  et  l'Eisack,  sont  dominées  par  le  Zuckerhutl 
(3.544  m.)  ;  le  Vo^l  de  Stubai  en  descend  vers  la  Sill 
(affl.  de  rinn  venu  du  Brenner).  —  Les  Alpes  de  Sarn- 
tlial, dominées  par  le  Hirzer  (2.785  m.),  enveloppent  le 
val  de  Sarnthal,  parcouru  par  la  Talfer,  affl.  de  l'Eisack 
à  Botzen. 

HiiiL.  :  Carto  spéciale  d'i  club  al[)in  aiislro-allciiiand  au 
50.000'=  <ni  six  i'euiiles.  —  Guides  de  Mkver,  Deutsche  Al- 
pca.  t.  I,  et  de  Hess. 

ŒUF.  I.  Anatomie.  —  L'œufou  ovule  est  une  cellule 
spécialisée,  sexuelle  (cellule  femelle),  ayant,  chez  les  mam- 
mifères, de  450  {JL  à  200  (x  de  diamètre.  Contenue  dans  la 
vésicule  de  Graaf  (ovisac),  elle  dérive  des  bourgeons  de  l'épi- 
thélium  gerininatif  de  Féminence  sexuelle.  Elle  est  cons- 
litiiée  par:  une  membrane  d'enveloppe,  la  membrane  vitel- 
line  ;  un  corps  de  protoplasme,  le  vitellns  :  un  noyau,  la 
vésicule    germinative   ou  vésicule   de  Pnrkinje  ;   un  nu- 


cléole, la  ta(4ie  de  Wagner.  La  membrane  vitelline  (zone 
pellucide,  chorion  de  l'oeuf)  est  une  membrane  hyaline, 
transparente,  élastique,  formée  d'une  substance  protéique 
molle  qui  laisse  passer  les  spermatozonles.  Chez  certains 
animaux  (poissons  osseux),  elle  est  épaisse  et  percée  d'un 
trou  (micropyle)  destiné  à  laisser  pénétrer  les  spermato- 
zoïdes. Elle  dérive  des  cellules  de  la  membrane  granu- 
leuse (disque  proligère)  de  l'ovisac.  Le  vitellus  se  com- 
pose de  deux  parties  :  le  protoplasme  (vitellus  formateur) 
destiné  à  constituer  l'embryon,  et  le  deutoplasme  ou  lé- 
cithe  (vitellus  nutritif),  constitué  par  des  granulations 
protéiques  et  graisseuses  employées  à  la  nutrition  de  l'em- 
bryon. Le  vitellus  renferme  d'ordinaire  un  corps  nucléi- 
forme  temporaire,  le  corps  vitellin  de  Balbiani  ou  vésicule 
embryogène,  sur  la  nature  duquel  on  n'est  pas  tout  à  fait 
fixé. 

La  disposition,  du  vitellus  a  permis  de  diviser  les  oeufs  en 
quatre  groupes  ;  4^  les  œufs  alécithes  (holoblastiques) 
ne  renfermant  qu'une  petite  quantité  de  vitellus  nutritif 
distribué  uniformément  dans  le  vitellus  formateur  (éponges, 
méduses,  échinodermes,  amphioxus),  œufs  à  segmentation 
totale  et  égale  ;  2*^  les  œufs  panlécithes,  dans  lescjnels 
le  vitellus  nutritif  est  distribué  dans  toutes  les  parties  de 
l'œuf,  tout  en  étant  moins  condensé  à  l'un  des  pôles  (ba- 
traciens), o^ufs  holobhisti(pies,  à  segmentation  totale,  mais 
inégale  ;  3*^  les  œufs  tclolécithes,  dans  lesquels  les  deux 
sortes  de  vitellus  nutritif  et  formatif  occupent  respecti- 
vement les  deux  pôles  de  l'œuf  (mollns(pies,  vers,  verté- 
brés), œufs  méroblastiques,  à  segmentation  partielle  : 
4°  les  œufs  cenlrolcciflies,  dans  lescpiels  le  vitellus  nu- 
tritif est  disposé  au  centre,  entouré  complètement  par  le 
vitellus  formateur  (arthropodes). 

Tel  est  l'œnif  ovarien.  Lorsqu'il  est  mûr,  l'ovisac  se 
crève  et  l'abandonne  (ponte  ovarique).  Cette  rupture  a 


MemlrânexiteMe,^ 
Châîâzes 


ùcâlriciik 
YifeUiisjaune     \  tfdçlliis  UaRC 


Àlbaniine 
..Cojiidlecêlcâirô 

Meiîiki'ôiie  ■ 
Chambre  iûw 


Coupe  schématique  d'un  œuf  de  i)Oulea\ant  1  incubation, 

pour  corollaire,  chez  la  femme,  la  menstruation.  1/œuf 
tombe  s'engage  dans  l'oviducte.  S'il  n'est  pas  fécondé,  il 
se  désorganise  et  disparait.  S'il  est  pénétré  par  un  sper- 
matozoïde, il  passe  à  l'état  d'œuf  féc(mdé  ([ui,  dans  son 
développement,  reproduira  un  être  semblable  à  celui  d'où 
il  dérive,  (.liez  les  oiseaux,  l'amf  ovarien  ne  correspond 
qu'au  jaune.  Be^u  dans  l'oviducte  de  la  jioule,  cet  œuf 
s'y  entoure  de  couches  successives  d'albumine  (albumen, 
blanc  de  l'œuf  avec  les  chalazes),  de  la  membi'ane  co(juil- 
lière  ((jui  circonscrit  au  gros  bout  de  Wvwï  la  chambre  à 
air)  et  de  la  co([uille  composée  d'une  substance  organi([ue 
sulfurée  (kératine),  imprégnée  de  sels  calcaires  et  parfois 
de  pigments  (co([uille  colorée  ou  ta(4ietée).  Dans  l'œuf 
d'oiseau,  le  vitellus  formateur,  vitellus  blanc,  embrasse 
le  vitellus  jaune  ou  nutritif.  En  un  point  de  sa  surface, 
le  vitellus  formateur  forme  un  épaississement  lenticulaire 
(cicatricule,  dis(}ue  proligère)  qui  s'enfonce  dans  le  vitel- 
lus nutritif  sous  la  forme  d'un  battant  de  cloche  (latebra). 
C'est  dans  la  cicatricule  qu'on  trouve  la  vésicule  germi- 
native. Une  fois  ainsi  constitué,  l'œuf  des  oiseaux  est  ex- 
pulsé au  dehors  (ponte  définitive  (ju'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec   la  p(mte  ovarique   ou  ovulation).    L'ovisac 


-277 


ŒUF 


rompu  au  moment  de  la  ponte  ovarique  se  cicatrise  en 
formant  à  la  surface  de  l'ovaire  une  tache  appelée  corps 
jaune. 

L'ovule,  mis  en  liberté  par  la  rupture  d'un  ovisac,  est 
mûr  (maturation  de  l'œuf).  U  a  perdu  sa  limpidité;  son 
noyau  (vésicule  germinative)  gagne  la  périphérie,  et  ses 
filaments  nucléaires  prennent  la  forme  d'un  fuseau  (am- 
phiaster),  selon  le  procédé  de  la  karyokynèse.  L'un  des 
pôles  de  l'amphiaster  soulève  le  protoplasme  de  l'ovule 
sous  forme  d'une  sorte  de  mamelon  qui  s'étrangle  à  sa 
hase  et  se  détache  tout  à  fait  du  vitellus  :  c'est  le  pre- 
mier globule  polaire,  renfermant  le  pôle  ou  aster  supé- 
rieur du  fuseau.  Le  fuseau  se  reforme  en  un  nouvel  am- 
pliiaster  qui  donne  lieu  à  l'émission  d'an  nouveau  globule 
polaire  comme  avait  fait  le  précédent  fuseau.  A  la  suite 
de  l'expulsion  des  deux  globules  polaires,  le  reste  de  la 
vési('ule  germinative  se  condense  en  un  petit  noyau  splié- 
rique  appelé  pronucléus  femelle  qui  gagne  le  centre  du 
vitellus.  A  ce  moment,  l'œuf  est  devenu  une  cellule 
sexuelle.  Mais  celle-ci  est  incomplète  désormais  ;  elle  ne 
peut  se  développer  davantage  si  elle  ne  reçoit  un  appoint 
équivalent  à  la  portion  de  noyau  qu'elle  a  perdue.  Cet 
appoint  peut  être  fourni  à  la  cellule  femelle  par  le  sper- 
matozoïde ou  cellule  mâle.  Ce  dernier  a  lui-même  subi 
l'élimination  d'une  partie  de  son  noyau  (corps  probléma- 
tique), de  telle  sorte  que  les  deux  éléments  sexuels  ont 
tendance  à  se  réunir  pour  se  compléter  mutuellement, 
phénomène  qui  constitue  la  fécondation  (V.  Fécondation, 
Segmentation  et  Embryologie).  Ch.  Debierre. 

II.  Physiologie.  —  (Elf  de  Naboth  (V.  Utérus). 

III.  Botanique  (V.  Ovule). 

IV.  Économie  rurale.  —  Le  producteur  doit  avant  tout 
faire  clioixd'uneexcelleiite  racede  poules,  et,  autant  que  pos- 
sible, préférer  des  types  appartenant  à  une  race  indigène  qu'il 
peut  améliorer  par  une  sélection  rigoureuse  et  continue,  et 
en  évitant  avec  le  plus  grand  soin  les  mélanges  de  races, 
cause  importante  de  dégénérescence.  Le  choix  de  la  nour- 
riture doit  aussi  attirer  son  attention  :  l'élevage  réelle- 
ment économique  exige  la  disposition  d'un  libre  parcours 
(cours,  herbages,  bois,  etc.),  la  nourriture  est  complétée 
avec  des  graines  et  des  criblures  que  l'on  distribue  à  un 
endroit  fixe  et  à  des  heures  bien  régulières.  Il  est  bon 
d'avoir,  dans  toute  exploitation,  des  poules  de  plusieurs 
couvées  afin  de  prolonger  la  durée  de  la  ponte  ;  celle-ci 
commence,  pour  les  races  précoces,  vers  l'âge  de  six  mois, 
elle  diminue  sensiblement  dès  la  quatrième  année,  et  il 
est  recommandable  de  réformer  les  sujets  âgés  de  cinq 
années  ;  la  ponte  varie  dans  de  grandes  limites  avec  la 
race,  Tâge,  le  régime,  les  conditions  extérieures  ;  une 
moyenne  de  400  œufs  est  rarement  dé])assée  ;  avril,  mai 
et  juin  sont  les  mois  de  plus  grande  fécondité.  La  levée 
des  œufs  doit  se  faire  chaque  jour,  à  la  même  heure,  et 
aussitôt  après  la  ponte.  De  nombreuses  méthodes  (bain 
de  chaux,  de  gélatine,  conservation  dans  la  sciure  de  bois, 
la  tannée,  la  chaux  éteinte,  le  sable,  etc.)  ont  été  pro- 
posées pour  la  conservation  des  œufs  pendant  l'hiver, 
époque  où  les  prix  se  relèvent  considérablement,  mais 
elles  ne  sauraient  être  recommandées  à  l'agriculteur  : 
celui-ci  aura  toujours  intérêt  à  se  débarrasser  de  sa  pro- 
duction sans  aucune  perte  de  temps  et  à  laisser  au  com- 
merçant le  soin  d'en  assurer  la  conservation  (V.  Conserve, 
t.  XII,  p.  544). 

V.  Commerce.  —  Le  commercedes  œufs  présente,  par- 
ticulièrement en  France,  en  Angleterre,  en  Belgique  et 
dans  la  région  méditerranéenne,  une  importance  considé- 
rable. Paris  consomme  annuellement  pour  40  à  50  mil- 
lions de  fr.  d'œufs  (15  à  20  millions  de  kilogr.)  expédiés 
par  des  intermédiaires  et  vendus  aux  Halles  centrales  pour 
une  proportion  de  près  de  95  V^,  et  provenant  surtout 
de  la  Normandie,  de  la  Picardie  et  de  la  Brie  (œufs  extra, 
iO  7o)»  ^^  la  Touraine,  de  la  Beauce  et  de  l'Orne  (gros 
ordinaires,  10  ^/J,  de  la  Vienne,  de  la  Bourgogne,  de  la 
Champagne,  du  Nivernais  et  du  Bourbonnais  (ordinaires, 


30  ";,,),  de  la  Bretagne,  de  la  Vendée  et  de  l'Auvergne 
(ordinaires  faibles,  15  '\ ,,),  du  Midi  (gros  et  petits,  25  °/„), 
et  enfin  de  Tétranger  (Autriche-Hongrie,  Italie,  Belgique, 
Russie  et  Allemagne)  (qualités  moyennes  et  inférieures, 
1070)-  ^'os  importations  restent  ^actuellement  station- 
naires  aux  environs  de  10  millions  de  kilogr.,  représentant 
une  valeur  moyenne  de  8  à  1 0  millions  de  fr.  Nos  expor- 
tations ont  diminué,  entre  i884  et  J894,  de  près  de 
7  millions  de  kilogr.;  elles  se  relèvent  depuis  quelques 
années  et  atteignent,  en  1896,  22.364.300  kilogr.,  cor- 
respondant à  une  valeur  totale  de  23.482.515  fr.  (Stat. 
des  douanes)  ;  l'Angleterre  est  notre  principal  débouché, 
elle  a  absorbé,  en  4896,  21.467.800  kilogr.  d'onifs 
provenant  surtout  de  la  Normandie.  Nos  exportations 
pourraient  être  facilement  et  avantageusement  accrues, 
étant  donnée  la  faveur  dont  jouissent,  à  l'étranger,  les  œufs 
de  provenance  française.  J.  ïroude. 

VI.  Pharmacie.  —Les  applications  de  l'œuf  de  poule 
en  pharmacie  peuvent  être  résumées  sous  les  trois  titres  sui- 
vants :  1^  préparation  de  médicaments  où  il  joue  un  rôle 
tlierapeiitique,  comme  adoucissant,  analepti(fùe.  ou  recons- 
tituant ;  2"  rôle  chimique  (antidote  du  bichlorure  de 
mercure);  3^  rôle  physique  {nàjmâni  dans  certaines  pré- 
parations. 

1°  OEuf  considéré  comme  subsUnwe  médicamen- 
teuse. Au  premier  plan  doit  être  placée  \liui le  de  jaunes 
d'œufs  (V.  Huiles  animales,  t.  XX,  p.  375). 

\jeau  albiimi)ieuse  est  employée  pour  combattre  cer- 
tains accidents  inflammatoires  de  l'intestin.  Le  Codex  la 
prépare  ainsi  :  blancs  d'œufs  n'^  4  ;  eau  distillée,  \  .000  gr.  ; 
eau  distillée  de  fleurs  d'oranger,  40  gr.  On  délaie' les 
blancs  d'œufs  dans  une  petite  quantité  d'eau,  en  les  bat- 
tant à  l'aide  d'un  fouet  d'osier,  on  ajoute  le  reste  du 
liquide  et  on  passe  à  travers  une  élamine.  On  aromatise 
avec  l'eau  de  fleurs  d'oranger.  L'eau  albumineuse  pos- 
sède la  propriété  de  bleuir  le  papier  de  tournesol  rouge, 
propriété  due  à  la  présence  d'une  petite  (juantité  de  soude 
libre.  Après  coagulation  de  l'albumine  par  la  chaleur,  et 
filtration,  on  peut  déceler  dans  le  liquide  la  ])résence  de 
traces  de  sucre,  de  chlorures  et  de  ])hospliates. 

Le  sirop  d'œufs  (Payen),  médicament  analeptitpie,  faci- 
lement digestible,  ordonné  aux  sujets  affaiblis  ])ar  une 
longue  maladie,  se  prépare  en  additionnant  de  sucre  et 
d'un  peu  de  sel  une  émulsion  d'œnifs,  blanc  et  jaune  ;  on 
aromatise  avec  l'eau  de  fleurs  d'oranger.  La  dissolution  se 
fait  à  froid,  en  agitant  de  temps  en  temps.  Cette  pré})a- 
ration  se  rapproche  du  lail  de  poule,  remède  populaire 
contre  les  rhumes  et  maux  de  gorge,  que  l'on  prépare  en 
délayant  dans  l'eau  chaude  un  faune  d'onif  et  additionnant 
de  sucre  et  d'eau  de  flems  d'oranger. 

2<^  Œuf  antidote  du  bichlorure  de  mercure  (su- 
blimé corrosif).  Bien  que  le  jaune  d'œuf  ait  été  préconisé 
à  la  dose  de  un  jaune  pour  45  centigr.  de  sublimé  ingéré, 
on  emploie  de  préférence  le  blanc  d'o  uf.  Le  but  cherché 
est  de  précipiter  le  sublimé  à  l'état  de  combinaison  inso- 
luble, par  suite  moins  facilement  absorbable  dans  Téco- 
nomie  et  facile  à  évacuer.  Si  on  verse  dans  une  solution 
de  sublimé  une  solution  d'albumine,  il  se  fait  un  précipité 
où  l'albumine  est  associée  au  bichlorure  de  mercure.  i](^X{Q 
combinaison  se  compose  de  93,55  d'albumine  pour  6,43 
de  sublimé  non  moditié,  d'après  Lassaigne.  Mie  est  inso- 
luble dans  l'eau,  soluble  dans  les  chlorures  alcalins  (NaCl, 
KCl,  AzH'^Cl)  et  dans  un  excès  d'all)umine.  De  là  deux 
précautions  à  observer  relativement  à  l'emploi  de  l'albu- 
mine comme  antidote  du  sublimé  :  4*^  éviter  un  excès 
d'albumine,  et  pour  cela  employer  un  blanc  daùif  par 
20  centigr.  environ  de  sublimé  absorbé  ;  2"  expulser  par 
des  vomissements  le  composé  insoluble  formé,  de  façon  à 
le  soustraire  à  l'action  du  chlorure  de  sodium  contenu 
dans  les  liquides  de  l'organisme. 

3*^  OEuf  considéré  comme  adjuvant  dans  les  prépa- 
rations pharmaceutiques.  L'œuf  joue  un  rôle  physique 
dans  la  clarification  des  sirops,  la  préparation  de  la  pâte 


OEUF  ~  OEUM 


'lis 


de  guiinaiive  et  la  confection  des  émulsions.    Pour  ce  qui 
a  trait  à  la  clarification,  nous  reiivoyons  à  ce  mot. 

Dans  la  pâle  de  gomme,  nommée  improprement  pâte 
de  guimanve,  c'est  cgalemenl  la  coagulation  de  Falbmïiino 
qu'on  utilise.  Celle-ci  comiTiuni([ue  à  la  pâte  la  propriété 
d'englober  l'air  par  une  agitation  vive,  ce  qui  la  rend  plus 
légère  ;  cette  légèreté  est  conservée  par  la  coagulation  de 
l'albumine.  Pour  cela,  on  ajoute  au  mélange  en  propor- 
tions convenables  de  sucre,  de  gomme  et  d'eau,  des  blancs 
d'œufs  battus  en  neige  dans  de  l'eau  de  tleurs  d'oranger. 
On  agite  vivement  et  on  continue  cette  agitation  pendant 
la  cuisson.  En  forçant  la  proportion  d'œufs,  on  obtient  la 
pâle  de  guimauve,  dite  soufflée,  plus  légère  que  la  précé- 
dente. Les  matières  albuminoides{all)umine,  vitelline^etc), 
contenues  dans  le  ])lanc  et  dans  le  jaune  de  l'œuf  en  font 
d'excellents  agents  émulsifs.  Quoique  les  émuhions  obte- 
nues avec  le  blanc  d'œuf  soient  peut-être  plus  stables  que 
celles  qu'on  prépare  avec  le  jaune,  c'est  à  celui-ci  qu'on 
a  généralement  recours,  surtout  pour  émulsionner  les 
substances  grasses  ou  résineuses.  Vcmidsion  de  résine 
de  jalap  (Codex,  1866)  peut  être  prise  comme  exemple. 
On  triture  fortement  la  résine  de  jalap  (4  gr.)  et  le  sucre 
(60  gr.),  on  ajoute  peu  à  peu  un  jaune  d'œuf,  puis,  len- 
tement, de  l'eau  (120  gr.).  On  aromatise  avec  20  gr. 
d'eau  de  fleurs  d'oranger.  C'est  encore  un  rôle  émuîsif 
que  joue  le  jaune  d'œuf  dans  la  préparation  des  digestifs 
(V.  Digestif).  V.  H. 

VII.  Alimentation  et  économie  domestique.  — 
Les  (eufs  constituent  un  des  aliments  les  plus  répandus,  les 
plus  agréables  et  les  plus  complets.  Leur  préparation  et  leur 
assaisonnement  sont  très  variés  :  on  les  mange  à  la  co(fue, 
au  beurre  noir,  brouillés,  farcis,  frits,  au  gratin,  pochés, 
à  la  neige,  cuits  au  lait,  etc.,  etc.  Tous  les  manuels  de 
cuisine  donnent  à  ce  sujet  les  renseignements  nécessaires. 
Les  œ'ufs  sont  encore  la  base  de  la  préparation  des  crèmes, 
des  pâtisseries,  des  entremets,  de  certaines  sauces,  etc. 
Pour  la  consommation,  ils  doivent  toujours  être  choisis  aussi 
frais  que  possible,  et  on  reconnaîtra  qu'un  œuf  est  Irais 
quand,  placé  entre  l'œd  et  la  lumière,  il  ne  montre  pas  de 
ponctuations  translucides  et  quand ,  agité  avec  la  main,  il  ne  fait 
entendre  aucun  battement.  L'œuf  vieux  offre  un  vide  plus 
ou  moins  considérable  à  la  pointe  et  sa  coque  présente  des 
petits  points  plus  ou  moins  transparents  et  plus  ou  moins 
nombreux. 

Pour  déterminer  l'âge  d'un  œuf,  on  fait  dissoudre 
423  gr.  de  sel  de  cuisine  dans  1  litre  d'eau  pure  et  lorscpie 
la  solution  est  complète,  on  y  plonge  l'œuf  dont  on  veut 
connaître  l'âge  :  si  l'œ'uf  est  du  jour,  il  se  précipite  au 
fond  du  vase  ;  s'U  est  de  la  veille,  il  n'en  atteint  pas  le 
fond  ;  s'il  a  trois  jours,  il  Hotte  dans  le  liciuide  ;  s'il  a 
plus  de  cinq  jours,  il  vient  à  la  surface  et  la  coque  res- 
sort d'autant  plus  ([ue  l'œuf  est  plus  âgé. 

VIII.  Industrie.  —  Le  blanc  d'œuf  est  employé  pour 
la  clarification  des  vins  et  des  sirops  ;  il  sert  à  faire  un 
vernis  pour  les  tableaux  ;  mélangé  à  de  la  chaux,  il  forme 
un  excellent  lut  pour  le  raccommodage  dos  porcelaines 
(en  Chine  on  raccommode  les  porcelaines  avec  un  ciment 
composé  de  poudre  de  verre  blanc  broyé  avec  du  blanc 
d'œul) .  Les  relieurs  l'eujploient  dans  l'application  des  feuilles 
d'or  .—  Le  jaune  est  employé  en  grande  (juaniité  par  la 
mégisserie  (V.  ce  mot)  pour  la  fabrication  des  gairts  de 
peau. 

IX.  Histoire.  —  OEcrs  le  Pâques.  —  Leur  origine  re- 
monte au  temps  où  les  œ-ufs  étaient  prohibés  en  carême.  Le 
samedi  saint,  on  en  faisait  bénir  "une  grande  quantité,  mise 
en  réserve  pendant  six  semaines;  et  le  jour  de  Pâques, 
on  les  distribuait  aux  amis,  aux  enfants  et  aux  domesîicfues. 
Ils  étaient  teints  de  diveises  couleurs,  ordinairement  en 
rouge  ;  ou  bien  on  les  dorait,  on  les  argent  ait  ;  parfois  même, 
on  y  dessinait  des  emblèmes  et  des  devises.  Sous  l'ancien 
régime,  des  corbeilles  d'o'ufs  p^ùnts  et  dorés  étaient  por- 
tées, après  la  grand'messe  de  Pâques,  dans  le  cabinet  du 
roi,  qui  les  donnait  aux  personnes  de  la  cour.  On  dit  que 


cette  coutmne  existe  toujours  en  Russie.  —  \in  quelque- 
provinces,  les  curés  font  encore  quêter  de  maison  en  mais 
son  leucs  œ^ufs  par  le  bedeau  de  la  paroisse,  afin  de  re- 
trouver ainsi  la  part  prélevée  autrefois  pour  la  bénédic- 
tioji  ;  le  plus  généralement,  les  enfants  de  chœur  les 
quêtent  pour  eux-mêmes,  pendant  l'octave  de  la  fête.  Mais, 
dans  la  plupart  de  nos  villes,  ce  sont  les  confiseurs  qui 
bénéficient  aujourd'hui  le  plus  largement  de  l'antique 
usage,  la  fabrication  des  œufs  de  Pâques  fournissant  un 
des  meilleurs  appoints  de  leur  casuel.  E.-H.  V. 

X.  Alchimie.  —  OEuf  philosophique.  —  C'est  un  nom 
symbolique,  représentant  à  la  fois  la  création  de  l'univers 
et  la  transmutation  des  métaux.  L'a'uf  du  monde,  origine 
de  toutes  choses,  se  retrouve  dans  un  grand  nombre  de 
mythologies  et  spécialement  dans  celles  de  l'Egypte,  oiile 
démiurge  Knomn  façonne  sur  une  roue  à  potier  l'œuf 
mystérieux,  et  dans  celles  des  Chaldéens.  L'alchimie  a  pris 
cet  o'uf  coaune  le  signe  de  l'œ^uvre  sacré;  il  représente  à 
la  fois  les  appareils  employés  dans  les  opérations  et  les 
produits  qui  y  figurent.  Toutes  ses  parties  ont  une  signi- 
fication emblématique,  dont  l'énumération  semble  être  la 
j^remière  forme  des  lexiques  alchimiques.  «  L'œ'uf,  disent- 
ils,  est  composé  des  quatre  éléments;  on  l'a  nommé  pierre 
de  cuivre,  pierre  d'Arménie,  pierre  égyptienne,  etc.  La 
coquille  de  l'œuf  est  un  élément  semblable  à  la  terre  :  on 
l'a  nommée  cuivre,  fei*,  étain,  plomb  (métaux  imparfaits 
qui  servent  à  composer  l'or  et  l'argent).  Le  J)lanc  d'ot'ur 
s'appelle  mercure,  eau  d'argent,  eau  de  soufre  natif  ou 
eau  divijie,  etc.  Le  jaune  d'(ruf  s'appelle  le  misy  (sulfate 
basique  de  fer),  la  couperose  de  cuivre,  l'ocre  attique,  le 
vermillon,  etc.  »'  M.  Behthelot. 

XI.  Physique.  —  OEuf  électrique.  —  C'est  un  ballon 
de  verre  de  forme  ellipsoïdale,  muni  à  ses  extrémités  de 
deux  tiges  métalliques,  dont  l'une  est  fixe,  tandis  que 
l'autre,  mobile,  glisse  à  frottement  dur  dans  une  gaine  de 
cuir,  ce  qui  permet  de  faire  varier  leur  écartement.  De 
plus,  le  pied  de  l'appareil,  creux  et  pourvu  d'un  robinet, 
peut  se  visser  sur  le  plateau  d'une  machine  pneumatique, 
de  façon  à  faire,  à  volonté,  le  vide  dans  le  ballon.  Si,  à 
la  pression  normale,  on  met  les  deux  tiges  en  communi- 
cation avec  les  pôles  d'une  machine  électrique,  il  jaillit 
entre  elles  une  série  d'étincelles,  dont  la  fréquence,  l'éclat 
et  l'aspect  varient  à  mesure  ([u'on  diminue  la  pression 
(V.  Etincelle  et  Radiante  [Matière]).  Si,  d'autre  part, 
on  substitue  à  l'air,  dans  l'appareil,  un  autre  gaz,  c'est  la 
couleur  de  l'étincelle  qui  change  :  de  blanc  bleuâtre,  elle 
devient  bleue  ou  pourpre  avec  l'azote,  cramoisie  avec  Thy- 
drogène,  verte  avec  le  chlore,  jaune  avec  la  vapeur  d'eau,  etc. 

XIÎ.  Ameublement.  —  OEuf  d'autruche.  —  Autre- 
fois objet  rare  et  de  haute  curiosité  en  Europe  où  il  était 
employé,  dès  le  moyen  âge,  cà  faire  des  coupes,  des  gobelets 
et  autres  vases  finement  sculptés  et  montés  sur  un  pied  de 
métal  décoré  avec  art.  Il  est  fait  mention  de  pièces  de 
service  de  table  comprenant  des  œufs  d'autruche  dans  des 
inventaires  de  rois  ou  de  princes  de  la  maison  de  Erance, 
dès  la  fin  du  xiv^  siècle  ;  mais,  de  nos  jours,  les  o'ufs 
d'autruche,  devenus  moins  rares,  ne  sont  plus  que  des 
objets  de  fantaisie  employés  avec  des  cordages  de  soie  dans 
l'ornementation  de  pièces  décorées  dans  le  genre  oriental. 

BiML.  :  I']coxoMri]  ruralj:.  — -  D''  Biiocciii.  y.oologie  n(jr'i- 
coUi  ;  Prais,  1806.  —  Gayot,  Poules  ci  Œufs  ;  i^ai'is.—  l)n 
luoino,  lu  (IttUiirc  'niLcnisiva  de  l'œuf  et  son  incuhidioa.  — 
ÀlAiiioT-l)ii)ii:ux,  E(lucidio}i  des  poules;  Paris. 

ŒU  F  (L").  Riv.  de  France  (V.  Loiret,  t.  XXII,  p.  475). 

ŒUF-en-Ternois.  Corn,  dudép.  du  Pas-de-Calais,  arr. 
et  cant.  de  Saint-Pol-sur-ïernoisc;  380  liab. 

ŒUILLY.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Laon,  cant. 
de  Craonne;  240  hab. 

ŒUiLLY.Com.  dudép.  delà  Marne,  arr.  d'Epernay, 
cant.  de  Dormans;  39 {•  hab. 

ŒUIVI  (Géogr.  anc).  Ville  de  Laconie,  ch.-l.  du  district 
de  Sciritis,  dans  le  détilé  septentrional  qui  de  Tégée  don- 
nait accès  dans  la  vallée. 


—  ^279 


OEUVRE  —  OFFENBACH 


ŒUVRE.  I.  Architecture.  —  Terme  générique  em- 
ployé en  arcbitectm^e,  en  construction  et  en  ameublement 
pour  désigner  un  édifice,  un  bâtiment  ou  un  meuble  quelles 
qu'en  soient  la  nature  et  l'importance.  C'est  ainsi  que  l'on 
dit  :  Mettre  en  œuvre,  pour  indiquer  le  travail,  la  forme 
et  la  place  à  donner  à  une  matière  quelconque  ;  En  ou  Dans 
œuvre  et  Hors  œuvre  "^om:  spécifier  que  des  mesures  sont 
prises  à  l'intérieur  ou  à  l'extérieur  des  bâtiments.  On  dit 
aussi,  en  architecture  et  en  ameublement,  qu'une  partie, 
colonne,  pilier,  corniche,  etc.,  se  détachant  en  saillie  sur 
le  corps  de  l'édifice  ou  du  meuble,  est  en  hors  œuvre; 
Gros  œuvre,  pour  délimiter  l'ensemble  des  parties  prin- 
cipales :  gros  murs,  poitrails  ou  poutres,  voûtes,  couver- 
ture, etc.,  d'une  construction,  celles  en  un  mot  qui  don- 
nent lieu  aux  grosses  réparations  mises  par  le  G.  civ. 
(art.  60o  et  606)  à  la  charge  du  nu-propriétaire 
en  cas  àhtsu fruit  ;  xi  pied  cV œuvre,  des  matériaux 
amenés  sur  un  chantier  de  leur  lieu  d'exploitation  ou 
de  fabrication,  etc.  On  dit  encore  Reprendre  en  sous- 
œuvre  quand  il  s'agit  de  réparations,  de  modifications  ou 
de  reconstructions  à  apporter  à  la  partie  inférieure  d'un 
bâtiment,  en  conservant,  au  moins  pendant  les  travaux, 
la  partie  supérieure  dans  son  état  actuel  (Y.  Bang-u'OEuvre, 
Main-d'OEuviu:,  Maîïre-i/OEuvre).         Charles  Lucas. 

ïï.  Droit  ecclésiastique.  —  07iiu'r(^  désigne  tantôt  la 
fabrique  elle-même,  tantôt  le  revenu  d'une  paroisse  destiné 
à  la  construction  ou  réparation  des  bâtiments  et  à  l'entre- 
tien des  services. 

III.  Alchimie.  —  Grand  oeuvre  (V.  Alchimie). 

Œl/ VY.  Corn,  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  d'Kpcrnay,  cant. 
de  Fère-Champenoise ;  iQQ  hab. 

OEVER  (Hendrick  ten),  peintre  hollandais.  Il  travaillait 
à  Zwolie  dans  la  seconde  moitié  duxvm^  siècle.  Il  peignit 
le  paysage  et  le  portrait.  On  trouve  deux  excellents  pay- 
sages de  lui,  l'un,  daté  de  467o,  à  Edimbourg,  l'autre, 
dans  la  colleclion  Cramer,  à  Cologne,  tous  deux  étofies  de 
fort  bouiics  figures.  11  peignait  aussi  des  paysages  avec 
animaux. 

ŒXIVlELiN  (Alexandre-Olivier),  voyageur  belge,  né  en 
Flandre  vers  tôio,  mort  vers  1740.  il  fit  de  longs 
voyages  sur  des  navires  de  la  compagnie  des  Indes,  et 
écrivit  une  très  curieuse  Histoire  des  flibustiers  qui  se 
sont  signales  dans  les  Indes  (Paris,  1686,  3  vol.  in-12; 
rééd.,   ibid.,  il  M,  et  Lyon,  1774). 

OÉY.  Com.  du  dép.  de  la  Meuse,  arr.  de  Bar-!o-Duc, 
cant.  de  Ligny-en-Barrois ;  203  hab. 

ŒYNHâÙSEN.  Ville  de  Prusse,  district  de  Minden(West- 
phalie),  sur  la  Werre  ;  2.900  hab.  (en  1895).  Jadis  appelée 
Hehmer,  elle  a  pris  le  nom  du  géologue  Karl  von  OKyn- 
hausen  (793-1865),  qui  fit  sa  fortune  par  la  création  d'une 
station  balnéaire  (jui  exploite  ses  eaux  salines  (-f-  33°, 7  ; 
1.033  centim.c.  d'acide  carbonique  par  litre);  6.000  bai- 
gneurs par  an. 

BiBL.  :  B.Eiiii  et  Œtker,  Bad  ŒynJiaiisen  luid  Urage- 
gciid. 

ŒYREGAVE.  Com.  du  dép.  des  Landes,  arr.  de  Dax, 
cant.  de  Peyrehorade;  428  hab. 

ŒYRELUY.  Com.  du  dép.  des  Landes,  arr.  et  cant.  de 
Dax;  383  hab. 

OFANTO  (lat.  Aufidus).  Fleuve  d'Italie,  160  kil.  de 
long.  Né  à  Nusco,  prov.  d'Avellino,  il  coule  vers  le  N.-E., 
forme  limite  entre  les  prov.  dePotenza  et  Avellino,  puis  de 
Foggia  et  Bari,  passant  au  pied  du  mont  Vultur,  près  de 
Meifi,  près  de  Canosa,  le  long  du  champ  de  bataille  do 
Cannes,  se  jette  au  N.-O.  deBarletta  dans  la  mer  Adria- 
tique. 

OFFA.  Ville  du  Noupé,  dans  le  Soudan  central,  près  de 
la  frontière  du  Yoyrrouba.  Fait  partie  aujourd'hui  de  la 
Nigeria  anglaise. 

OFFA,  célèbre  roi  de  Mercie  (V.  ce  mot).  Il  régna  de 
757  à  794,  succéda  à  Etheibald,  défit  les  gens  de  Sussex, 
les  Northumbriens  auxquels  il  enleva  Nottinghain  (773),  le 


roi  de  Kent  qui  reconnut  sa  suzeraineté  (774),  Cj^newulf, 
roide  Wessex,  auquel  il  enleva  Oxford,  Glocester,  etc.  (777). 
Il  enleva  ensuite  aux  Bretons  le  pays  entre  la  Severn  et  la 
Wye  et  étabht  le  long  de  la  frontière,  qui  demeura  la  môme 
aux  siècles  suivants,  une  fortification  (mur  et  fossé)  qui  a 
gardé  son  nom  et  dont  il  reste  des  vestiges  près  de  Mont- 
gomery.  —  Il  fit  ériger  par  les  légats  du  pape  sa  ville  de 
Lichfield  en  métropole  des  évêchés  sis  entre  la  Tamise  et 
l'Humber.  Il  eut  avec  Charlemagne  des  relations  diploma- 
tiques parfois  tendues,  qu'x41cuin  assouplit.  En  793,  il  fit 
tuer  son  gendre  Ethelbert,  roi  d'EstangUe,  dont  il  prit  le 
royaume.  —  Son  seul  fils  Egferth,  qui  lui  succéda,  mourut 
au  bout  de  quatre  mois.  A. -M,  B. 

OFFEKERQUE.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr. 
de  Saint-Omer,  cant.  d'Audruicq;  715  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  du  Nord. 

OFFEiVIONT.  Com.  du  territ.  de  Belfort,  arr.  et  cant. 
de  Belfort;  541  hab.  Carrières  de  grès  rouges.  Sources 
minérales  abondantes,  inexploitées,  mais  faisant  mouvoir 
des  usines. 

OFFEN  BACH.  Ville  d'Allemagne,  grand-duché  de  liesse, 
prov.  de  Starkenburg,  sur  le  Main  ;  4'0.310  hab.  (en  1895). 
C'est  une  grande  ville  industrielle  qui  dut  sa  prospérité  aux 
huguenots  français  ;  elle  compte  450  fabriques  d'objets  en 
cuir,  harnais,  de  produits  chimiques,  couleurs,  parfumerie, 
d'objets  en  acier,  de  machines,  de  passementerie,  etc.  Citée 
dès  970,  ce  fut  la  résidence  des  princes  d'Isenburg  depuis 
1685.  Elle  n'avait  que  6.210  hab.  en  1816. 

BiBL.  :  PiRAzzi,  Bïlder  iind  Gescli.  aus  Offenbaclis  Ver- 
gangenheit^  1879. 

OFFENBACH  (Jacques),  compositeur  français,  né  à  Co- 
logne (Allemagne)  le  21  juin  1819,  mort  à  Paris  le  5  oct. 
1880.  Après  avoir,  dès  son  arrivée  en  France  (1833), 
suivi  les  cours  du  Conservatoire  oîi  Vaslin  lui  enseignait 
le  violoncelle,  il  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra-Comique, 
puis  fut  directeur  de  la  musique  de  scène  au  Théâtre-Fran- 
çais. C'est  là  qu'il  écrivit,  pour  le  Chandelier  d'Alfred  de 
Musset,  sa  charmante  Chanson  de  Fortunio.  Désireux 
d'attirer  rattention  du  pubfic,  il  y  réussit  pour  la  pre- 
mièi^e  fois  avec  les  Deux  Aveugles  et  le  Violoneux.  En 
1835,  il  fonda  le  théâtre  des  BouîFes-Parisiens,  où  com- 
mença à  se  dérouler  la  longue  série  de  ses  opérettes. 
Après  de  fructueuses  tournées  en  province,  en  Angleterre 
et  en  Allemtigne,  il  abandonna  en  1866  son 'théâtre 
pour  se  consacrer  exclusivement  à  la  composition.  Les 
livrets  follement  spirituels  de  Meilhac  et  Halévy  conve- 
naient parfaitement  au  talent  caricatural  d'Offenbach,  et 
une  ère  de  succès  ininterrompus  s'ouvrit  devant  ces  chefs- 
d'œuvre  d'un  genre  qu'on  nous  pardonnera  de  ne  pas 
quaUfier  de  supérieur.  On  ne  saurait  méconnaître  chez 
Offenbach  un  sens  de  la  bouffonnerie  qui  n'a  guère  été 
égalé.  Le  rythme  joue  dans  sa  musique  un  rôle  prépon- 
dérant, et  l'entrain,  la  verve,  ïhumour  y  abondent.  Il 
est  toujours  et  partout  en  situation,  et  le  librettiste  peut 
compter  sur  lui  comme  sur  un  indéfectible  auxiKaire. 
M.  Camille  Bellaigue  a  pu  dire  avec  raison  qu'  «  intaris- 
sable mélodiste,  Offenbach  est  un  mélodiste  souvent  tri- 
vial, canaille  môme,  toujours  brillant,  jamais  banal  et 
quelquefois  exquis  ».  Il  sait  en  outre  dévelo])per  un  sujet, 
et  cela  avec  des  procédés  qu'un  maître  classi(]ue  ne  désa- 
vouerait pas.  Mais  cette  musique  brillante  et  bruyante 
n'est  pas  la  seule  qu'il  ait  connue,  et  parfois  la  sentimen- 
talité germanique  a  fleuri  çà  et  là  parmi  les  flonflons  de 
l'opérette.  —  Outre  un  certain  nombre  de  compositions  vo- 
cales et  instrumentales  sans  grand  intérêt,  il  faut  citer  parmi 
les  productions  théâtrales  d'Offenbach  :  les  Deux  Aveugles 
(Bouffes-Parisiens,  1855);  le  Violoneux  {id.,  1855); 
h'omb-al-Cazar  (id.,  1856);  le  Financier  et  le  Save- 
tier {id.,  1856);  Croijuefer  ou  le  Dernier  des  Paladins 
(id.,  1857);  le  Mariage  aux  lanternes  {id.,  1857);  la 
Chatte  métamorphosée  en  femme  (/cL,1858);  Orphée 
aux  Enfers  {id.,  1858);  Daphnis  et  Chloé {Uanus-Vhil- 
sirs,  1866);  i>c/r/i()z^/" (Opéra-Comique,  1860);  la  Chanson 


OFFENBACH  —  OFFICE 


—  ^im 


de  Fortunio  (Bouffes-Parisiens,  4861);  le  Pont  des  Sou- 
pirs (id.,  1861);  le  Jioman  comique  (Variétés,  1861), 
Monsieur  et  Madame  Denis  {id.,  1862);  les  Bavards 
(id.,  1863);  la  Belle  Hélène  {id.,  1864);  Barbe-Bleue 
(id.,  1866);  la  Grande-Duchesse  de  Gerolstein  (id., 
1867);  la  Permission  de  dix  /i^wr^.s  (Ueiiaissance,  1873); 
la  Vie  parisienne  (Palais-Royal,  1866);  BobinsonCru- 
soé/ (Opéra-Comique,  1867);  l  lie  de  Tulipatan  (Bouffes- 
Parisiens,  1868);  laPérichole  (Variélés,  1868);  la  Prin- 
cesse de  ï'/*É''/?rconc^^  (Bouffes-Parisiens,  1869);  Vert- 
Vert  (Opéra-Comique,  1869);  la  Diva  (Bouffes-Parisiens, 
1869);  les  Brigands  (Variétés,  iSG^);  Boule-de-Neige 
(Bouffes-Parisiens,  1871);  Fantasio  (Opéra-Comique, 
1872);  les  Braconniei-s  (Ysiriétés,  1873);  Pomme  d'Api 
(Bouttes-Parisiens,  1873);  la  Jolie  Parfumeuse  (}{enixis- 
sance,  1873);  Madame  VAixiiiduc  (Bouffes-Parisiens, 
1874)  ;  la  Boulangère  a  des  écus  (Variétés,  1875);  le 
Voyage  dans  la  Lune  (Gaîté,  1875);  la  Boîte  au  lait 
(Bouffes-Parisiens,  1876);  le  Docteur  Ox(ysiriétés,  1877); 
la  Foire  Saint-Laurent  (Folies-Dramatiques,  1877); 
Maître  Peronilla  (Bouffes-Parisiens,  1878);  la  Maro- 
caine (id.,  1879);  Madame  Favart  (Folies-Dramatiques, 
1879);  la  Fille  du  tambour-major  (id.,  1879);  Belle 
Lurette  (Renaissance,  1880);  les  Contes  d'Hoffmann 
(Opéra-Comique,  1881). 

BiBL.  :  Martinet.  Offenhiich,  su  Vie  et  son  Œm-re; 
Paris,  1892. 

OFFENBURG.  Ville  du  grand  duclié  de  Bade,  sur  la 
Kinzig;  9.741  hab.  (en  1895).  Marché  agricole  et  centre 
industriel.  —  Cli.-l.  d'un  cercle  de  1.593  kil.  q.  et 
162.579  liai),  (en  1895).  —  Citée  en  1011,  ville  impériale 
depuis  1289,  annexée  à  Bade  en  1802.  Le  24  sept.  1707 
les  Autrichiens  y  battirent  les  Français. 

OFFENSE.  L'offense  est  une  injure  de  fait  ou  de  parole. 
L'offense  diffère  de  l'injure  ou  de  l'outrage  en  ce  sens 
qu'elle  n'est  point  définie  par  la  loi  et  par  conséquent 
qu'elle  est  plus  vague  et  plus  générale.  Quels  faits  et  quels 
actes  constituent  l'offense?  Les  tribunaux  ont  en  cette 
matière  une  grande  hberté  d'appréciation.  La  jurispru- 
dence considère  comme  une  offense  tout  fait  ([ui  peut 
porter  atteinte  à  la  dignité  et  à  la  considération  de  la  per- 
sonne offensée.  L'offense  pourra  donc  èlrc  un  propos  in- 
jurieux, une  bravade  ou  même  un  simple  geste  de  dédain; 
ce  dernier  point  a  été  formellement  établi  par  plusieurs 
décisions  jurisprudentielles.  L'offense  est  réprimée  par 
notre  loi  pénale  suivant  sa  gravité  et  suivant  la  (|uahté 
de  la  personne  offensée.  La'  loi  punit  d'une  façon  quelque- 
fois rigoureuse  les  offenses  faites  à  des  fonctionnaires  pu- 
blics et  particulièrement  au  chef  de  l'Etat.  Sous  l'ancienne 
monarchie,  l'offense  à  la  personne  du  roi  était  assimilée 
au  crime  de  lèse-majesté  et  punie  par  conséquent  de  la 
peine  de  mort.  Aujourd'hui,  l'offense  soit  au  président  de 
la  Répubhque,  soit  même  au  souverain  des  Etats  étrangers 
est  punie,  suivant  la  gravité  des  faits,  de  l'amende  et  de 
l'emprisonnement.  L'offense  qui  est  faite  soit  à  un  magis- 
trat, soit  à  un  agent  quelconque  de  l'autorité,  est  d'ordi- 
naire qualifiée  outrage  et  punie  de  peines  variables 
(V.  Outrage).  Elie  Tournerie. 

OFFENSIVE  (Art  miht.)  (V.  Tactique  et  Stratégie). 

OFFERTE.  Cérémonie  par  laquelle  le  prêtre  offre  à  la 
Sainte-Trinité,  en  son  nom  et  au  nom  des  assistants,  le 
pain  et  le  vin,  avant  qu'ils  soient  consacrés  par  la  secrète 
(V.  ce  mot). 

OFFERTOIRE.  Ce  mot  désigne  parfois  I'offerte  men- 
tionnée précédemment,  mais  plus  généralement  V antienne 
récitée  par  le  prêtre,  chantée  par  le  chœur  ou  jouée  par 
l'orgue,  pendant  qu'on  prépare  le  pain  et  le  vin  pour  les 
offrir  à  Dieu  et  que  le  peuple  va  à  l'offrande.  Dans  les 
églises  où  l'orgue  joue  l'offertoire,  le  cho'ur  ne  fait  que 
l'entonner,  en  chantant  les  deux  ou  trois  j)remiers  mots. 
—  Saint  Augustin  est  le  premier  écrivain  qui  en  parle.  Il 
ne  fut  prescrit  par  Y  Or  do  romanus  que  vers  le  commen- 
cement du  ix^  siècle. 


OFFICE.  1.  Histoire  et  Législation  (V.  Officier, 
§  Histoire  et  législation). 

II.  Droit  canon.  —  Offices  claustraux.  —  A  l'art. 
BiENs"EccLÉsiASTiQUEs(t.  VI,  p.  740),  uous  avoiis  constaté 
qu'on  finit  par  partager  les  biens-fonds  et  les  revenus  des 
églises  en  autant  de  lots  ([u'on  put  trouver  d'offices  distincts. 
En  conférant  l'ofiice,  on  investit  le  titulaire  de  la  jouissance 
de  la  part  de  biens  <[ui  y  était  attachée.  Les  choses  en 
vinrent  à  ce  point,  écrit  Fleury,  que  chaque  officier  de 
l'Eglise  eut  son  revenu  séparé,  dont  il  jouissait  par  ses 
mains,  et  dont  il  faisait  emploi  selon  sa  conscience,  sans 
rendre  compte  à  personne.  Ce  revenu  joint  à  un  office 
ecclésiastique  s'appelait  bénéfice.  —  Une  évolution  ana- 
logue s'opéra  dans  le  régime  monastique.  On  attribua  à 
chaque  office  claustral  une  part  des  biens  du  monastère. 
Naturellement,  la  plus  grande  portion  restait  à  Vabbé. 
Après  lui  venaient  le  prieur,  le  prévôt,  le  cellerier,  dont 
les  fonctions  et  les  revenus  furent  enlamés  en  faveur  de 
Vinfirmier,  de  Vhospitalier,  de  Véconome  et  du  tréso- 
rier; enfin,  le  pilancier,  le  chantre  et  le  sacristain. 
Chacun  d'eux  était  chargé  des  dépenses  relatives  à  son 
office  ;  il  devait  en  rendre  compte  deux  ou  trois  fois  l'an; 
mais  il  ne  le  rendait  guère,  et  il  aspirait  à  administrer 
comme  sa  ,  nense  propre  la  portion  assignée  à  sa  fonc- 
tion. Ce  p.nrtage  était  contraire  à  la  maxime  que  tous  les 
biens  d'un  couvent  doivent  être  communs  ;  mais  en  fait 
il  constitua  au  profit  des  réguliers  toute  une  série  de  sous- 
bénéfices,  lette  évolution,  qui  transformait  en  titres  de 
bénéfices  le  simples  administrations  confiées  primitive- 
ment par  >rme  de  commission  révocable,  s'accomplit  par- 
fois au  moyen  de  fondations  ou  d'érections  expresses,  mais 
le  plus  souvent  au  moyen  de  résignations  faites  par  les 
religieux,  en  cour  de  Home  :  cette  cour  favorisant  par- 
tout ce  qui  pouvait  augmenter  le  nom])re  (K'  ses  protégés, 
à  rencontre  des  autorités  locales.  —  Vai  principe,  les 
offices  claustraux,  qui  étaient  aijisi  devenus  des  titres  de 
bénéfices,  ne  pouvaient  point  être  tenus  par  les  séculiers. 
Mais  quand  on  voulait  les  leur  donner  en  commende,  ti- 
tulo  commendœ,  on  prétextait  qu'il  n'y  avait  pas  de  ré- 
guliers pour  les  posséder,  defeclu  regularium.  On  fit 
d'ailleurs  des  parts  monacales,  auxquelles  on  admit  des 
séculiers.  «  Les  réguliers,  écrit  un  ancien  canoniste,  souf- 
fraient volontiers  ce  mélange,  parce  qu'il  rendait  leur 
état  moins  gênant.  »  —  Les  religieux  qui  prétendaient 
que  les  offices  claustraux  de  leurs  maisons  étaient  des 
titres  de  bénéfices  devaient  le  prouver,  parce  que  la  pré- 
somption leur  était  contraire.  Cette  preuve  se  faisait  soit 
par  la  production  des  actes  de  fondation  ou  d'érection, 
soit  par  la  présentation  de  trois  provisions,  soit  même, 
dans  le  dernier  état  de  la  jurisprudence,  par  une  posses- 
sion de  quarante  années.  —  Lors  du  partage  des  biens 
d'une  abbaye  e;  :  e  les  religieux  et  l'abbé  commendataire, 
les  dépendances  ues  offices  claustraux  amovibles  en- 
traient dans  la  masse  ;  mais  non  celles  des  offices  claus- 
traux possédés  en  titre  de  bénéfices.      E.-H.  Vollet. 

Office  divin.—  Ces  mots  désignent  :  1«  le  culte  public 
de  l'Eglise,  c.-à-d.  le  service  divin  en  général;  2^  un 
nombre  déterminé  de  prières  et  de  leçons,  appelé  bré- 
viaire, que  certaines  personnes  ecclésiastiques  doivent  ré- 
citer chaque  jour,  en  suivant  un  ordre  prescrit.  Ce  qui  se 
rapporte  cà  la  première  acception  est  traité  en  l'article 
Service  divin.  On  y  trouvera  un  exposé  sommaire  des  ori- 
gines et  des  développements  du  culte  chrétien,  et  l'énu- 
mération  des  principales  liturgies.  —  D'après  plusieurs 
liturgistes,  le  nom  de  Bréviaire  aurait  été  donné  au  re- 
cueif  qu'il  désigne,  parce  qu'il  est  l'abrégé  des  prières, 
des  lectures  et  des  hymnes  de  l'Eglise;  suivant  d'autres, 
Grégoire  VK,  désirant  réserver  un  temps  plus  long  à  l'ex- 
pédition des  affaires  dont  lui  et  sa  curie  étaient  chargés, 
aljrégoa  pour  l'usage  de  sa  maison  l'office  qui  y  avait  été 
chanté  ou  récité  jusqu'alors.  Cet  abrégé  fut  appelé  Bre- 
viarium  curim  romance,  et  le  nom  fut  étendu  à  tous  les 
ouvrages  du  même  genre,  composés  dans  les  divers  dio- 


281 


OFFICE  —  OFFICIÂL 


c/^ses.  Le  bréviaire  comprend  sept  parties  :  Matines,  Laudes, 
Prime,  Tierce,  Sexle,  None,  Vêpres  et  Complies,  lesquelles 
doivent  en  principe  être  récitées  aux  Heures  cânoiNIAles 
(V.  t.  XX,  p.  48).  Cependant,  suivant  une  interprétation 
indulgente,  généralement  admise,  on  satisfait  à  l'obliga- 
tion de  l'oflice  divin  en  le  récitant  dans  le  cours  de  la 
journée,  entre  les  deux  minuiU.  La  division  qui  vient 
d'être  indiquée  est  commune  à  presque  tous  les  bréviaires, 
mais  on  trouve  entre  eux  des  différences  importantes,  pour 
le  nombre  des  psaumes,  pour  les  jours  de  la  récitation, 
pour  le  choix  des  leçons,  pour  les  répons,  les  hymnes,  les 
fêtes,  etc.  Plusieurs  contiennent  des  textes  empruntés  aux 
écrits  apocryphes  et  des  légendes  fabuleuses.  Le  Bréviaire 
romain  lui-même  n'en  est  point  exempt,  malgré  les  di- 
verses réformes  dont  il  a  été  Lobjet.  Celui  qui  en  contient 
le  moins  est  le  Bréviaire  parisien,  qui  présente  en  outre 
une  partie  poétique,  très  estimable,  due  à  Santeuil  et  à 
Coffin.  Il  est  maintenant  abandonné,  par  suite  du  succès 
de  Funification  ultramontaine.  —  L'Eglise  impose  à  tous 
les  clercs  qni  sont  dans  les  ordres  sacrés  l'obligation  de 
réciter  le  bréviaire  tous  les  jours.  S'ils  n'en  sont  point  légi- 
timement empêchés,  ils  ne  peuvent  omettre  cette  récita- 
tion, en  totalité  ou  en  portion  importante,  sans  se  rendre 
coupables  de  péché  mortel  et  sans  encourir  des  peines  dis- 
ciplinaires. l^]n  outre,  cette  obligation  était  considérée  au- 
trefois comme  une  charge  des  bénéfices  ecclésiastiques. 
Les  clercs,  disait-on,  sont  obligés  par  état  de  prier,  non 
seulement  pour  eux,  mais  pour  le  peuple.  L'Eglise  ne  leur 
accorde  les  revenus  d'un  bénéfice  qu'à  la  condilion  qu'ils 
s'acquitteront  de  ce  devoir.  S'ils  ne  le  rempHssent  point, 
les  canons  ordonnent  qu'ils  soient  privés  de  ce  revenu.  De 
là  obligation  de  restituer.  La  restitution  peut  se  faire  en 
donnant  à  des  amis  pauvres  ou  à  d'autres  la  part  de  reve- 
nus afférente  à  la  durée  du  temps  pendant  lequel  l'office 
divin  a  été  négligé.  Il  semble  bien,  en  saine  morale,  que 
la  restitution  doit  comprendre  la  part  des  appointements 
reçus  de  l'Etat.  Saint  Alphonse  de  Liguori  estime  qu'elle  peut 
profiter  au  délinquant  lui-même,  s'il  est  pauvre,  et  être  em- 
ployée soit  aux  dépenses  nécessaires  de  sa  maison,  soit  à 
l'amélioration  de  son  bénéfice,  soit  à  l'entretien  de  son  église. 
A  ce  propos,  les  anciens  canonistes  discutaient  si  un  bénéficier 
non  investi  des  ordres  sacrés,  et  dont  le  bénéfice  ne  rappor- 
tait rien,  était  obligé  à  l'office  divin.       E.-H.  Vollet. 

Sacrée  Congrégation  du  Saint-Office  (V.  Congréga- 
tions CARDINALICES,  t.  XII,  p.  423). 

III.  Droit  international  (V.  Bons  offices). 

IV.  Architecture.  —  On  désigne  sous  ce  nom,  d'une 
façon  générale,  toute  la  partie  d'une  grande  habitation  qui 
constitue  ce  que  l'on  pourrait  appeler  le  département  de  la 
bouche,  et  qui  comprend  les  cuisines,  les  garde-manger, 
les  laveries  et  autres  salles  de  service  ou  de  resserre  des 
provisions,  tandis  que,  dans  un  sens  plus  restreint,  l'office 
est  une  petite  pièce  placée  à  côté  de  la  salle  à  manger, 
servant  à  renfermer  la  vaisselle  et  l'argenterie  et  dans 
laquelle  on  prépare  les  divers  services  du  repas  et  surtout 
le  dessert.  L'office  sert  encore  —  et  c'est  de  cet  usage  an- 
cien qu'il  tire  son  nom  —  de  salle  à  manger  pour  les 
domestiques  qui,  autrefois,  dans  les  maisons  royales  ou 
seigneuriales,  portaient  le  nom  &' officiers.  La  partie  affec- 
tée aux  offices  est  souvent  considérable  dans  les  grandes 
résidences  de  campagne,  et  les  diverses  pièces  constituant 
ce  service  sont  groupées  autour  d'une  cour  spéciale. 

BiBL.  :  Droit  canon.  —  P.  Guéranger,  Institutions  U- 
inrgiqiies  ;  Paris,  1885,  4  vol.  in-8. 

OFFICIAL,  OFFICIALITÉ.  L'official  est  un  prêtre  qui 
exerce  la  juridiction  contentieuse  d'un  diocèse.  Le  mot 
OFFICIALITÉ  désigne  la  juridiction  de  cet  officiai  et  aussi, 
par  extension,  l'auditoire  où  il  rend  la  justice.  —  La  cons- 
titution définitive  des  offici alités  fut  déterminée  par  la 
nécessité  de  restreindre  la  puissance  des  archidiacres  (V.  ce 
mot,  t.  III,  p.  670)  et  de  réprimer  les  abus  commis  par 
eux.  Vers  le  commencement  du  xiii^  siècle,  les  évêques 
leur  défendirent  de  connaître  des  causes  les  plus  impor- 


tantes, notamment  des  causes  de  mariage,  et  de  déléguer 
leurs  fonctions.  Ils  remirent  l'exercice  de  la  juridiction 
ainsi  reprise  à  des  prêtres  qu'ils  chargèrent  de  commis- 
sions révocables  à  volonté.  Primitivement,  ces  commis- 
saires étaient  appelés  indifféremment  vicaires  ou  officiaux  ; 
mais  ensuite  on  les  distingua.  Le  titre  à'official  fut  ré- 
servé à  ceux  qui  étaient  commis  à  la  juridiction  conten- 
tieuse ;  et  on  donna  le  nom  de  vicaires  généraux  ou  de 
grands  vicaires  à  ceux  qui  étaient  chargés  de  la  juridic- 
tion volontaire.  Les  officialités  se  multiplièrent  excessive- 
ment. Les  chapitres  exempts  voulurent  avoir  les  leurs  ; 
et  les  évêques  en  établirent  quelquefois  plusieurs  dans 
un  même  diocèse,  prétextant  la  multiplicité  des  affaires; 
mais  les  juges  sécuHers  leur  répondaient  que  c'était  pré- 
cisément le  nombre  des  officiaux  qui  produisait  le  nombre 
des  procès.  —  Dans  le  dernier  état  de  l'organisation  ecclé- 
siastique sous  l'ancien  régime,  on  distinguait  trois  sortes 
d'officialités  :  1°  les  officialités  ordinaires,  instituées  dans 
la  ville  de  la  cathédrale,  et  dont  les  appellations  étaient 
portées  au  supérieur  naturel  ;  2^  les  officialités  fin'aines, 
établies  hors  de  la  ville  cathédrale,  par  tolérance  d'un 
usage  ancien  ou  parce  qu'une  partie  du  diocèse  s'étendait, 
soit  sur  le  ressort  d'un  autre  parlement,  soit  sur  le  terri- 
toire d'un  autre  royaume.  Telles  étaient  les  officialités  de 
Saint-Denis,  dans  le  diocèse  de  Paris  ;  Dreux,  Dourdan, 
Mantes  (d.  de  Chartres)  ;  Caen  (d.  de  Bayeux)  ;  Saint- 
Lo,  Valogne  (d.  de  Coutances);  Pontoise  (d.  de  Rouen); 
Mortagne-en- Perche  (d.  de  Séez)  ;  tiennes  (d.  de  Tours)  ; 
Domfront  (d.  du  Mans);  Mauriac  en  Languedoc  (d.  de 
Clermont)  ;  Poitiers  pour  le  parlement  de  Paris  (d .  de 
Bordeaux)  ;  Mentanarez,  pour  le  parlement  de  Pau 
(d.  d'Auch);  Pont-de-Vaux  (d.  de  Lyon);  Dijon,  Cha- 
gny{d.  deLangres);  Moulins,  Beaune,  Avalon  (d.  d'Au- 
tun)  ;  Arpajon,  Marcoles,  Maurs  (d.  de  Saint-Flour)  ; 
}  ic  (d.  de  Metz)  ;  Brive,  Chenerailles,  Guéret  (d.  de 
Limoges);  Tarascon,  Villeneuve  (archevêché  d'Avignon)  ; 
3*^  les  (i^id'dX\i(i^  privilégiées,  appartenant  à  des  exempts, 
et  dont  les  appels  étaient  portés  au  pape,  omisso  medio. 
l']lles  étaient  regardées  et  traitées  défavorablement  en 
France.  A  ces  trois  sortes  d'officialités,  on  ajoutait  les 
métropolitaines  et  les  prima  Haies.  Les  premières  étaient 
celles  des  archevêchés  où  ressortissaient  les  appellations 
des  officiaux  des  suffragants  :  les  autres,  comme  celles  de 
Lyon  et  de  Bourges,  formaient  un  degré  de  juridiction  su- 
périeur à  celui  des  métropolitaines. 

Des  canonistes  éminents,  parmi  lesquels  le  célèbre  Pa- 
norme,  enseignaient  que  l'évêque  était  tenu  d'instituer  un 
officiai  devant  exercer  pour  lui  la  juridiction  contentieuse, 
à  l'exemple  des  seigneurs  qui  ne  pouvaient  exercer  par 
eux-mêmes  la  justice  de  leurs  fiefs.  Quoique  cette  opinion 
fût  contestée,  elle  fit  règle  dans  l'usage  du  royaume  ;  mais 
on  y  admettait  des  exceptions  en  faveur  des  évêques  de 
la  Provence  et  de  quelques  pays  acquis,  tels  que  l'arche- 
vêché de  Cambrai,  où  les  prélats  restèrent  en  possession 
de  tenir  eux-mêmes  le  siège  de  leurs  officialités.  Quand 
des  prélats  étrangers  refusaient  de  commettre  des  officiaux 
dans  les  parties  de  la  France  sur  lesquelles  leur  juridic- 
tion s'étendait,  les  cours  souveraines  y  pourvoyaient.  — 
Les  évêques  nommaient  à  leur  gré  et  destituaient,  en 
observant  certaines  distinctions,  les  membres  de  leurs  offi- 
cialités. Les  membres  ordinaires  étaient  Vofficial,  le  pro- 
moteur et  le  greffier.  L'official  était  considéré,  moins 
comme  l'officier  de  l'évêque  que  comme  celui  de  l'évêché. 
L'ordonnance  de  Blois  (art.  45)  prescrivait  qu'il  fût  prêtre 
et  gradué  en  théologie  ;  une  déclaration  du  26  janv.  i680 
exigea  en  outre  qu'il  fût  Hcenciéen  droit  canon.  A  propre- 
ment parler,  il  formait  seul  tout  le  tribunal.  Lorsque,  dansles 
matières  difficiles,  il  prenait  des  assesseurs  ou  que  l'évêque 
lui  en  adjoignait,  ceux-ci  n'avaient  que  voix  consultative  : 
l'official  pouvait  ne  pas  déférer  à  leur  avis.  En  cas  d'ab- 
sence, de  maladie,  de  récusation  ou  d'autre  empêchement 
légitime,  il  était  remplacé  par  un  vice-gérant,  qui  était 
son  suppléant.  Les  fonctions  du  promoteur   étaient  ana- 


OFFÏCÏAL  —  OFFICIER 


—  282 


logues  à  celles  du  ministère  public  près  des  tribunaux  ci 
vils,  mais  plus  étendues.  11  était  chargé  de  veiller  au  bon 
ordre  et  à  la  répression  des  abus,  d'instruire  les  affaires, 
de  poursuivre  les  délinquants,  d'assigner  et  de  faire  com- 
parai tre  les  accusés  et  les  témoins.  Le  greffe  pouvait  être 
tenu  par  des  laïques.  La  mise  en  jugement  d'un  accusé  ne 
devait  avoir  lieu  qu'après  trois  monitions  (V.  ce  mot, 
t.  XXIV,  p.  95).  Comme  l'official  n'exerçait  que  la  juri- 
diction de  l'évoque,  on  ne  pouvait  point  appeler  de  ses 
sentences  à  l' évoque  ;  mais  seulement  à  rofficialité  métro- 
politaine, si  l'appel  était  simple,  ou  au  parlement,  par 
voie  à' appel  comme  d'abus. 

Pour  la  COMPÉTENCE,  les  officialités  suivirent  le  sort  de 
la  juridiction  ecclésiastique  dont  elles  étaient  les  organes 
(V.  Appellations  ECCLÉsLisriQUES,  t.  III,  p.  il7,  2^  col.; 
JuRiLiGTioN  ECCLÉSIASTIQUE,  t.  XXi).  A  la  tiu  dc  cc  dcmier 
article,  p.  336,  on  trouvera  des  renseignements  sur  leur 
suppression.  —  En  4849  et  en  4850,  de  nombreux  con- 
ciles provinciaux  furent  tenus  en  France,  pour  restaurer 
la  puissance  de   l'Eglise  et  pour  lui  rendre,  par  des 
moyens  plus  ou  moins  adaptés  aux  temps  nouveaux,  ce 
que  la  Révolution  lui  avait  enlevé.  Protégés  par  le  pacte 
secret  conclu  entre  le  clergé  et  le  président  de  la  Répu- 
l)lique,  ils  opérèrent  avec  grande  habileté  et  grand  suc- 
cès. Parmi  les  mesures  proposées,  les  conciles  de  Paris, 
de  Reims,  d'Avignon,  de  Lyon,  de  Sens,  de  Bourges,  de 
Bordeaux,  de  Rennes  pour  la  province  do  Tours,  adoptè- 
rent la  RÉoiiGANisATioN  DES  oFi' iciALiTÉs.  Si  le  gouvi^me- 
ment  no  craignait  point  de  découvrir  des  institutions  sup- 
primées par  les  lois  civiles,  il  trouverait  des  officialités 
rétablies  dans  la  plupart  dos  diocèses,   sinon  dans  tous. 
Elles  connaissent  de  toutes  les  causes  concernant  la  foi,  la 
discipline  ecclésiastique  et  les  mœurs,  notamment  de  l'adul- 
tère, de  l'inceste  et  du  péché  contre  nature  ;  et  aussi  des 
causes  matrimoniales.  En  matière  temporelle,  elles  peuvent 
juger,  par  voie  d'arbitrage,  les  différends  entre  les  ecclé- 
siosti([ucs,  sur  la  demande  des  parties.    L'organisation 
diffère  quelque  peu,  suivant  les  diocèses;  mais  générale- 
ment les  nouvelles  officialités  se  composent  de  trois  ou 
quatre  membres,  outre  la  promoteur,  savoir  :  de  Vofficial 
et  de  deux  assesseurs,  quelquefois  d'un  vice-official  et 
d'un  assesseur  suppléant.  L'official  seul  est  juge  ;  mais 
l'évéque  peut  toujours  présider  son  officiaHté.  Dans  ce 
cas,   l'official  n'est  plus  qu'un  troisième  assesseur.  Des 
secrétaires  0^1  greffiers  dressent  les  procès-verbaux,  tien- 
nent les  registres  et  veillent  à  la  conservation  de  toutes 
les  pièces.  Tous  les  ecclésiastiques  d'un  diocèse  sont  tenus, 
sous  peine  de  censure,  d'obéir  aux  assignations  et  réqui- 
sitions du  promoteur  et  de  rofficial.   L'instruction  pré- 
sente des    analogies  avec  les  procédés  de  l'Inquisition. 
Les  témoins  sont  entendus  sous  la  foi  du  serment,  sépa- 
rément, mais  en  secret.  S'ils  ne  veulent  point  être  nom- 
més, leur  témoignage  est  reçu  à  titre  de  renseignement, 
et  livré  comme  tel  à  l'appréciation  du  juge.  Ceux  qui  re- 
fuseraient do  déposer  peuvent  y  être  contraints  par  les 
mo}ens  puissants  dont  l'Eglise  dispose:  censures,  excom- 
munications, si  redoutés  par  tous  les  fidèles.  L'accusé  a 
le  droit  de  présenter  sa  défense,  de  vive  voix  ou  par  écrit; 
il  peut  aussi  se  faire  assister  d'un  ou  de  deux  défenseurs; 
mais  ces  défenseurs  doivent  être  pris  parmi  les  prêtres 
approuvés  du  diocèse.  Les  peines  sont  :  la  réprimande, 
qualifiée  aumône,  la  réclusion  pour  un  temps  dans  une 
maison  de  retraite,  la  suspense  partielle  ou  totale,  l'ex- 
communication, la  perte  du  titre.  L'appel  doit  être  formé 
dans  les  dix  jours  ;  il  est  porté  devant  l'officialité  métro- 
politaine. —  Ces  choses  extralégales  sont  aujourd'hui  pro- 
tégées  par  la  constitution  Aposlolicœ  Sedis  de  Pie  IX 
(oct.  1869),  édictant  excommunication  contre  tous  ceux 
qui,  directement  ou  indirectement,  contraignent  les  juges 
1ai([ues  à  citer  devant  leurs  tribunaux  des  personnes  ecclé- 
siastiques, contrairement  aux  dispositions  canoniques  ;  et 
généralement  contre  tous  ceux  ([ui  émettent  des  lois  et 
dos  déci^ets  contre  la  puissance  et  les  droits  de  l'Eglise. 


Lorsque  sera  venu  le  temps,  attendu  par  les  espérances  des 
fidèles,  où  l'excommunication  prononcée  par  cette  consti- 
tution lui  aura  donné  force  de  loi  sur  toutes  les  cons- 
ciences, les  clercs  seront  soustraits  à  la  juridiction  civile 
pour  tous  les  délits  et  crimes  commis  par  eux,  car  les  dis- 
positions canoniques  prescrivent  qu'ils  ne  soient  jugés  pour 
ces  faits  que  par  des  juges  ecclésiastiques.  E.-H.  Vollet. 
OFFICIER.  I.  Armée  de  terre.  —  Notions  histo- 
riques. —  Le  mot  officier,  appliqué  à  l'homme  de  guerre 
qui  a  un  grade  ou  un  commandement,  se  rencontre  pour 
la  première  fois,  avec  cette  acception  spéciale  et  collective, 
dans  le  Dictionnaire  universel  de  Furetière  (1690).  Jus- 
qu'au xvii^  siècle,  en  effet,  il  servait  surtout  à  désigner,  d'une 
façon  générale ,  toute  personne  pourvue  d'une  charge  ou 
d'un  orfice  (V.  plus  loin,  p.  289),  et  il  n'avait,  dans  son  sens 
actuel,  aucun  équivalent  ;  de  même  dans  les  langues  grecque 
et  latine.  Les  armées  anciennes  ne  comptaient,  du  reste, 
qu'un  nombre  relativement  restreint  d'officiers.  A  Rome, 
notamment,  qui  posséda  de  bonne  heure  l'armée  la  mieux 
organisée,  il  n'y  eut  longtemps,   au-dessous  des  tri- 
biini  militum  et  des  prœfecti  socium,  pris   dans  les 
familles  sénatoriales  et  équestres,   que  les  centurions, 
sortis  du  rang.  Plus  tard,  sous  Fempire,  ces  derniers  fu- 
rent assistés  à'optiones  (lieutenants),  de  tesserarii  (olli- 
ciers  d'ordonnance),  de  vexillarii  (porte-drapeau),  et  ils 
purent  s'élever  à  un  grade  nouveau,  celui  de  prœfectus 
castroruni,  intermédiaire  entre  le  tribunal  et  le  centurio- 
nat  (V.  Armée,  t.  III,  pp.  994  etsuiv.;  Etat-ma.ior,  t.  XVl, 
p.  499).  En  France,  la  condition  et  le  mode  de  recrute- 
ment des  ofticiers  ont  été  bien  différents,  jusqu'à  la  Révo- 
lution, de  ce  qu'ils  sont  aujourd'hui.  Nous  passons  sur 
la  période  du  moyen  âge,  où  l'organisiition  militaire  était 
toute  féodale  et  où  il  ne  pouvait  exister  une  hiérarchie 
militaire  proprement  dite,  les  cadres  de  l'armée  se  con- 
fondant avec  les  cadres  permanents  et  héréditaires  de  la 
société  civile  (V.  Féodaldé).  Sous  Louis  Xtll  encore,  l'of- 
ficier était  plus  gentilhomme  que  soldat  ;  il  combattait 
pour  le  roi  avec  ses  hommes  plutôt  qu'avec  les  hommes 
du  roi,  et  il  tirait  son  autorité,  non  de  l'armée,  dont  il  ne 
faisait  que  momentanément  partie,  mais  de  son  influence 
et  de  sa  richesse  personnelles.  Dès  la  seconde  moitié  du 
règne  de  Louis  XIV,  la  situation  a  notablement  changé. 
Plus  discipliné  et  plus  assujetti,  l'officier,  qui  maintenant 
est  passé,  d'ordinaire,  soit  par  les  compagnies  de  cadels, 
soit  par  les  académies  militaires,  et  qui  porte,  même  pen- 
dant la  paix,  l'uniforme  du  roi,  a,  dans  une  hiérarchie 
professionnelle,  semblable,  en  beaucoup  de  points,  à  la 
hiérarchie  actuelle,  un  rang  bien  déterminé  ;  c'est  de  ce 
rang,  de  son  grade  dans  l'armée,  qu'il  tire  son  prestige 
et  son  pouvoir;  cette  armée  est  pour  lui  une  carrière,  et 
il  reçoit  du  gouvernement  une  solde  fixe,  qui,  en  1763, 
est,  dans  rinfanterie,  de  4.500  fr.  pour  les  colonels,  de 
3.500  fr.  pour  les  lieutenants-colonels,  de  3.000  fr.  pour 
les  majors,  do  1.500  cà  2.000  fr.  pour  les  capitaines,  de 
600  à  900  fr.  pour  les  lieutenants,  de  540  à  600  fr.pour 
les  sous-Heu tenants,  et  qui  est  presque  double  dans  la  ca- 
valerie. Au  point  de  vue  des  origines,  de  la  naissance,  des 
modifications  se  sont  également  introduites.  Il  faut  tou- 
jours, en  principe,  être  noble  pour  être  officier  ;  mais,  do 
même  que  les  grades,  cette  noblesse  s'achète,  et  d'an- 
ciens roturiers  pénètrent  ainsi,  en  assez  forte  proportion, 
dans  les  cadres  (V.  ce  mot).  En  outre,  les  bas  officiers 
ont  assez  facilement  accès,  surtout  dans  la  dernière  pé- 
riode de  l'ancien  régime,  aux  grades  inférieurs,  jusqu'à 
celui  de  capitaine  ;  ils  forment  la  classe  des  officiers  de 
fortuiie,   qu'on  aurait  pu  appeler  plus  exactement  les 
officiers  sans  fortune.  Le  nombre  des  grades  est  devenu, 
du  reste,  considérable.  Celui  de  capitaine  est  le  plus  an- 
cien. Il  avait  commencé  à  être  fort  en  usage  dès  la  fin  du 
moyen  âge.  alors  que  les  rois  ajoutaient  aux  troupes  four- 
nies par  leurs  vassaux  des  compagnies^  qu'ils  donnaient 
mission  de  lever  à  quelques  seigneurs  ;  ceux-ci  prenaient 
le  titre  de  capitaines  de  ces  compagnies.  Sous  François  P^', 


^283 


OFFICIER 


ciuiqiie  capitaine  commandait  1 .000  hommes.  Les  colo- 
nels, institués  en  1544,  eurent  tout  d'abord  une  situation 
assez  mal  définie  :  capitaines  de  la  4^'^  compagnie  du  ré- 
giment, ce  ne  fut  que  plus  tard  qu'ils  devinrent  de  yéri- 
ta])les  chefs  de  corps  et  qu'ils  réunirent  effectivement  sous 
leur  commandement  plusieurs  compagnies,  tout  en  de- 
meurant d'ailleurs  les  chefs  immédiats  do  la  première. 
Les  autres  grades  étaient,  en  commençant  par  le  plus 
élevé  :  lieutenant  général  des  armées,  maréchal  de 
ca)np,  brigadier  d'armée.  Puis  venaient  les  colonels  ou 
nieslres  c/(?(^«?/î/?,  qui  se  distinguaient  en  colonels  de  ca- 
valerie l'gère,  colonels  de  dragons,  colonels  d'infan- 
terie, ces  deux  derniers  presque  assimilés.  Au-dessous 
du  colonel  prenaient  rang  successivement  :  le  lieutenant- 
colonel,  qui  était  capitaine  de  la  2^  compagnie,  les  capi- 
taines (capitaines  en  premier,  en  second,  en  pied,  capi- 
taines des  guides,  capitaines  de  mineurs,  capitaines  de 
charrois,  etc.),  les,  lieutenants,  les  sous-lieutenanls, 
les  cornettes,  les  enseignes,  les  guidons.  Les  officiers 
d'infanterie  portaient  l'esponton,  sorte  de  dcn^i-pique  de 
cinq  pieds  de  long;  les  officiers  de  grenadiers  et  de  fusi- 
liers étaient  armés  d'un  fusil  mieux  fini  et  plus  léger  que 
celui  des  soldats;  les  officiers  de  cavalerie  n'avaient  que 
l'épéc  ou  le  sabre. 

L'un  des  premiers  actes  de  la  Uévoiution  fut  de  rendre 
accessibles  à  tous  les  grades  supérieurs.  En  môme  temps, 
ils  furent  rigoureusement  hiérarchisés,  de  façon  qu'on  ne 
pût  les  conquérir  que  successivement.  Quelques  modifica- 
tions furent  aussi  apportées  dans  leurs  dénominations,  qui, 
par  la  suite,  ne  devaient  plus  guère  changer.  Le  grade  de 
maréchal  de  camp,  qui  avait  absorbé  celui  do  brigadier, 
fut  remplacé  par  celui  de  général  de  brigade.  Le  nom  de 
chef  de  brigade  hd  substitué  à  celui  de  colonel,  qui  re- 
parut en  4804.  On  créa  aussi  des  adjudants-généraux, 
dont  la  situation  était  intermédiaire  entre  celle  de  géné- 
ral de  brigade  et  celle  de  colonel,  et  qui  no  furent,  du 
reste,  pas  conservés.  Sous  Napoléon,  l'organisation  du 
corps  des  officiers  fut  encore  atfermie.  Il  n'y  a  plus  (!é- 
sormais,  dans  l'armée,  d'autre  supériorité  que  celle  (pie 
conquièrent  la  valeur  militaire,  les  services  rendus,  les 
actions  d'éclat,  et,  les  circonstances  aidant,  les  oiïicicrs 
vont  peu  à  peu  constituer  une  sorte  d'aristocratie  nou- 
velle, qui  s'attachera  non  plus  à  la  race,  mais  à  la  per- 
sonne et  à  l'emploi.  Ils  formeront  dans  le  pays  comme  une 
classe  à  part,  ayant  des  lois  spéciales,  une  juridiction  spé- 
ciale, et,  quelque  peu  aussi,  une  vie  spéciale,  qui  a  sur- 
vécu, quoique  bien  atténuée  dans  ses  caractères,  aux  con- 
ditions nouvelles  de  recrutement  de  l'armée,  à  sa  nalio- 
nalisation,Gt  qui  continue  à  les  tenjr  légèrement  à  l'écart 
de  r  «  élément  civil  »  — .  Pour  plus  de  détails  sur  les 
origines  dos  corps  d'officiers  des  différentes  armes,  V.  les 
mots  [xFANTEiuE,  CaVxIlerie,  Artilleuïe,  Génie,  Etat- 
Major,  etc. 

Organisation  actuelle  du  coï^ps  des  ofi-jciers.  Etat  et 
POSITIONS  DIVERSES.  — ^  Ou  trouvora  à  l'art.  Guaue,  t.  XL\, 
p.  404,  le  tableau  de  la  hiérarchie  militaire,  avec  la  cor- 
respondance des  grades  dans  les  différentes  armes.  Les  gé- 
néraux de  division  et  de  brigade  sont  compris  sous  la  dé- 
nomination commune  (ïojficiers  généraux;  les  colonels, 
lieutenants-colonels,  chefs  de  bataillon  ou  d'escadrons,  sous 
celle  éCofflciers  supérieurs;  les  capitaines,  lieutenants  et 
sous-lieutenants,  sous  celle  à'offciers  subalternes.  Au 
point  de  vue  de  l'emploi,  il  y  a  tout  d'abord  les  olficiers 
(ïinfanterie,  de  cavalerie,  (Tartillerie,  du  génie,  du 
train  des  équipages,  d'état- major,  de  gendarmerie,  etc. 
(V.  ces  mots  et  Organisation  de  l'armée),  qui  forment  le 
groupe  des  officiers  combattants  et  qui,  seuls,  prennent 
place  dans  la  hiérarchie  générale  des  grades  ;  puis  vien- 
nent les  fonctionnaires  et  employés  militaires,  ciui  ont  été 
pour\us  de  l'état  d'officier,  mais  qui  n'ont  que  la  corres- 
pondance du  gnxdc:  intendants  (V.  Administration),  //ié/- 
decins,  pharmaciens,  vétérinaires  militaires,  gardes 
d'artillerie,  adjoinls  du  génie,  archivistes  d'état-ma- 


jor, interprètes,  chefs  de  nnisi'jue,  etc.  (V.  ces  mots); 
ce  sont  les  assimilés  (V.  Assimilation).  Tous  les  officiers 
et  assimilés  sont  nommés  et  promus  par  décret  du  prési- 
dent de  la  République.  Leur  titre  et  la  propriété  de  leurs 
grades  se  trouvent  garantis  par  la  loi  du  49  mai  4834 
sur  V état  des  officiers;  ils  n'en  peuvent  être  dépouillés  que 
pour  des  motifs  limitativement  déterminés.  L'emploi,  au 
contraire,  est  conféré  par  le  ministre  de  la  guerre,  qui 
prononce,  par  simple  arrêté,  les  affectations  et  les  muta- 
tions; l'officier  en  peut  être  privé,  soit  temporairement 
(mise  en  non-activité) ,  soit  définitivement  (mise  en  réforme) , 
pour  fautes  contre  la  discipline  ou  pour  indignité.  En  te- 
nant compte  de  ces  deux  situations,  il  y  a  pour  les  olfi- 
ciers de  l'armée  active  (il  n'est  question  que  d'eux  ici)  six 
positions  :  4°  activité,  position  de  l'ofiJcier  compris  dans 
les  cadres  constitutifs  de  l'armée  et  pourvu  d'un  emploi, 
ou  de  l'officier  hors  cadres  employé  temporairement  à  un 
service  spécial  ou  à  une  mission;  '2^  disponibililé,  posi- 
tion spéciale  aux  olficiers  généraux  compris  dans  les  cadres 
constitutifs,  mais  momentanément  sans  emploi;  oo  ré- 
serve, position  spéciale  aux  officiers  généraux  qui,  étant 
atteints  par  la  limite  d'âge  ou  no  pouvant  plus  faire  \\n 
service  actif,  ont  été  rayés  des  cadres  constitutils,  mais 
n'ont  pas  demandé  leur  retraite;  4^  non-activiU\  position 
de  l'officier  non  compris  dans  les  cadres  constitutifs  et 
momentanément  sans  emploi;  5^  réforme,  position  de 
l'officier  délinitivement  sans  emploi  et  ne  pouvant  ni  ren- 
trer dans  les  cadres  constitutifs,  ni  obtenir  une  retraite; 
6^  retraite,  ]iOÛim\  de  l'officier  rendu  à  la  vie  civile  avec 
une  pension  de  retraite  (V.  IvrAT  des  officieus,  t.  X\I, 
p.  498;  Conseil  d'enquête,  t.  Xlî,  p.  408;  AcrivjrÉ,  Dis- 
ponibilité, Réserve,  etc.). 

PiECrutement  et  avancement.  DÉ(:op.ATji;NS.  —  Naguère 
encore,  notre  corps  d'officiers  avait  une  douljle  origine  : 
les  uns  sortaient  des  écoles,  les  autres  du  rang.  Tous  au- 
jourd'hui passent  par  une  école.  Mais  V unité  d'origine,  au 
moins  dans  les  corps  combattants,  n'a  pas  été  complète- 
ment réalisée,  comme  en  Allemagne  et  en  Ai]gleterre  ;  il 
existe  encore,  comme  en  Autriche,  en  Russie  et  en  Kalie, 
un  dualisme  relatif,  une  partie  des  o.liciers  provenant 
d'écoles  de  niveau  supérieur  (Ecole  spéciale  militaii'o  de 
Saint-Cyr,  pour  l'infanterie  et  la  cavalerie.  Ecole  Polytech- 
nique, pour  l'artillerie  et  le  génie),  ou,  de  la  vie  civih\ 
ils  sont  entrés  directement,  après  concours,  oii  nualiîé 
d'élèves-olficiers,  les  autres  étant  au  contraire  d'anciens 
sous-officiers,  qui,  arrivés  au  corps  comme  simples  sohiats 
et  y  ayant  servi  au  titre  commun,  ont  été  admis  plus  tard 
à  suivre,  pendant  un  an,  les  cours  des  écoles  do  Saint- 
Maixent,  pour  l'infanterie,  do  Saumur  pour  la  cavalerie, 
do  Versailles,  pour  Fartillerie,  le  génie  et  le  train.  Le 
nombre  des  officiers  de  la  première  catégorie  tend,  pour 
les  diverses  armes,  à  devenir  proportionnellement  plus 
grand  ;  chaque  promotion  des  Ecoles  de  Saint-Cvr  et  Poly- 
technique est,  en  eff'et,  à  l'heure  actuelle  (4899),  supé- 
rieure d'au  moins  un  tiers  aux  promotionscorrcspondantes 
des  Ecoles  do  Saint-Maixont,  de  Saumur  et  de  Versailles. 
Des  unes  et  des  autres,  les  élèves  sortent,  du  reste,  indis- 
tinctement sous-lieutenants,  et  ils  ont  ensuite,  en  principe, 
dans  leurs  armes  respectives,  les  mêmes  droits  à  l'avan- 
ccmcnt.  Mais,  tandis  que  ceux  des  trois  dernières  écoles 
sont  versés  tout  de  suite,  avec  leur  grade,  ainsi  d'ailleurs 
que  tous  les  officiers  d'ini'anterie,  dans  un  corps  do  troupe, 
ceux  do  la  première  qui  ont  choisi  la  cavalerie  passent,  préa- 
lablement, une  année,  en  qualité  d'oificiers-élèves,  à  l'Ecole 
de  Saumur,  ceux  de  la  seconde  qui  se  destinent  à  l'artillerie 
ou  au  génie  doux  ans,  en  la  même  qualité,  à  l'Ecole  de 
Fontainebleau;  ce  temps  leur  compte  pour  l'avancement. 
Mentionnons,  en  outre,  l'existence  d'un  co'tain  noml)re 
d'écoles  spéciales  oii  des  olficiers  des  corps  de  troupe  sont 
envoyés  en  cours  de  ser\ico  pour  y  compléter  certaines 
parties  de  leur  instruction  :  écoles  do  tir,  écoles  de  gym- 
nastique et  d'escrime,  éc(de  do  pyrotechnie  militaire,  et(,'. 
lispeuvent  enfin,  après  cinq  années  de  services  et  sans  distille- 


OFFICIER 


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tion  d'origine,  ni  d'arme,  concourir  pour  l'Ecole  supérieure 
de  guerre,  qui  a  remplacé  l'ancienne  Ecole  d'application 
d'état-major  ;  ils  en  sortent,  après  deux  années  d'études,  avec 
le  titre  ^'officiers  brevetés  (85  à  90  chatjue  année)  ;  il  ne 
leur  confère  aucun  droit,  mais  il  leur  assure,  en  fait,  un 
avancement  plus  rapide  et  il  les  désigne  pour  les  fonctions 
d'officiers  à' état-major  (V.  ce  mot).  Quant  aux  officiers 
des  autres  corps:  intendance,  service  de  santé,  etc.,  ils 
proviennent  également  d'écoles  spéciales  :  Ecole  d'admi- 
nistration militaire  de  Versailles,  Ecole  de  médecine  et 'de 
pharmacie  militaires  du  Val-de-Grâce,  etc.  (V.  les  articles 
consacrés  aux  différentes  écoles  militaires,  t.  XV,  pp.  339 
et  suiv.). 

Jusqu'au  grade  de  colonel  inclusivement,  l'avancement 
se  fait  par  arme.  Après  deux  ans  de  services,  les  sous- 
lieutenants  de  toutes  armes  sont,  de  droit,  lieutenants. 
Il  faut  ensuite,  <2W  minimum,  deux  ans  pour  passer  ca- 
pitaine, quatre  ans  chef  de  bataillon,  trois  ans  lieutenant- 
colonel,  deux  ans  colonel,  trois  ans  général  de  brigade, 
trois  ans  général  de  division  (L.  du  44  avr.  1832  et  or- 
donn.  duÏ6  mars  4838).  Ces  minima,  qui,  en  temps  de 
paix,  n'ont  d'intérêt  que  pour  les  grades  supérieurs,  sont 
encore,  en  campagne,  réduits  de  moitié  ;  il  n'est  même 
exigé  aucune  condition  de  temps  en  cas  d'action  d'éclat 
avec  mise  à  l'ordre  de  l'armée,  ou  en  présence  de  l'ennemi 
lorsqu'il  est  impossible  de  pourvoir  autrement  aux  va- 
cances. Les  promotions  au  grade  de  capitaine  ont  lieu  :  deux 
tiers  à  l'ancienneté,  un  tiers  au  choix  ;  celles  au  grade  de 
chef  de  bataillon  ou  d'escadrons,  moitié  à  l'ancienneté, 
moitié  au  choix.  Pour  les  grades  supérieurs,  tout  est  donné 
au  choix.  Les  lieutenants  et  les  capitaines  doivent,  pour 
être  proposés  respectivement  aux  grades  de  capitaine  et 
de  chef  de  bataillon  ou  d'escadrons,  subir,  lors  de  Vins- 
pection  générale  (Y.  ce  moi),  deux  examens  portant,  l'un 
sur  les  connaissances  administratives,  l'autre  sur  les  con- 
naissances tactiques.  Pour  tous  les  officiers,  il  faut  un 
minimum  d'ancienneté  réel,  qui  est  délerminé  chaque  an- 
née, pour  chaque  arme  et  chaque  grade,  par  le  ministre 
de  la  guerre  et  qui  est  réduit  de  six  mois  pour  les  offi- 
ciers nrevetés.  Les  propositions  sont  faites  d'ailleurs  d'après 
les  prescriptions  du  décret  du  3  mars  1899,  qui  a  abrogé 
ceux  des  22  mars  et  4  août  1898,  et  qui  est  revenu  au 
système  du  décret  du  2  avril  1889.  Les  commissions 
d'armes  et  la  commission  supérieure  de  classement  sont 
rétablies  (V.  Classemknt).  Les  premières  prononcent  défi- 
nitivement l'inscription  au  tableau  d'avancement  pour  les 
grades  de  capitaine  et  de  chef  de  ])ataillon  ou  d'escadrons  ; 
elles  présentent  des  propositions  d'inscription  pour  les 
grades  de  lieutenant-colonel,  de  colonel  et  de  général  de 
brigade.  La  commission  supérieure  opère  l'inscription  dé- 
finitive pour  les  lieutenants-colonels  et  les  colonels  ;  elle 
dresse  une  hste  de  présentation,  par  ordre  de  préférence 
et  par  arme,  pour  les  grades  de  général  de  brigade  et  de 
division.  Enfin  les  membres  du  conseil  supérieui'  de  h 
guerre  dressent,  individuellemeiTi,  une  liste  semblable 
pour  ces  deux  grades,  et  c'est  le  résultat  du  dépouille- 
ment de  ces  Mstes  qui  constitue  le  tableau  d'avancement 
du  généralat.  Les  mêmes  membres  sont  consultés  par  le 
ministre  pour  les  nominations  de  commandants  de  corps 
d'armée.  Sauf  pour  les  grades  de  général  de  brigade  et 
de  division,  les  officiers  proposés  figurent  aux  tableaux 
d'avancement  par  ordre  d'ancienneté.  En  campagne,  la 
moitié  des  grades  de  capitaine  et  la  totalité  des  grades 
de  chef  de  bataillon  sont  donnés  au  choix.  Il  n'est  pas 
dressé  de  tableau  d'avancement.  Les  propositions  sont 
faites  :  pour  les  grades  subalternes  par  le  chef  de  corps, 
pour  le  grade  de  chef  de  bataillon  par  le  général  de  bri- 
gade, pour  celui  de  lieutenant-colonel  par  le  général  de 
division,  pour  ceux  de  colonel  et  de  général  de  brigade 
par  le  commandant  en  chef.  Ce  dernier  peut  être  auto- 
risé, par  décret  spécial  du  chef  de  l'Etat,  à  faire  pro- 
visoirement les  nominations.  Le  même  droit  appartient  au 
commandant  d'une  place  investie  pour  les  grades  subal- 


ternes, s'il  est  lieutenant-colonel  ou  colonel,  et  jusques 
et  y  compris  le  grade  de  chef  de  bataillon,  s'il  est  général. 
Le  minimum  d'ancienneté  exigé  par  la  loi  se  trouve 
toujours,  en  fait,  considérablement  dépassé.  Actuellement, 
il  faut,  en  moyenne  et  au  choix  :  dans  l'infanterie,  9  ans 
de  grade  d'officier  pour  passer  capitaine,  11  ans  de  ce 
dernier  grade  pour  être  promu  ensuite  chef  de  bataillon, 
puis  encore  9  ans  pour  être  promu  lieutenant-co'onel, 
4  ans  1/2  colonel  ;  dans  la  cavalerie,  respectivement, 
9  ans,  10  ans,  7  ans  et  4  ans  ;  dans  l'artillerie,  9  ans, 
12  ans,  8  ans  et  4  ans;  dans  le  génie,  7  ans,  14  ans, 

9  ans  et  3  ans.  Les  généraux  de  brigade  ont,  au  moment 
de  leur  promotion,  3  ans  1/2  à  6  ans  1/2  du  grade  infé- 
rieur; les  généraux  de  division,  3  ans  1/2  à  6  ans.  A 
l'ancienneté,  on  passe  capitaine  au  bout  de  11  ans  de  grade 
d'officier  dans  l'infanterie,  de  13  ans  dans  la  cavalerie,  de 

10  ans  dans  l'artillerie,  de  8  ans  dans  le  génie;  chef  de 
bataillon  ou  d'escadrons  au  bout  de  14  ans  de  grade  de 
capitaine  dans  l'infanterie,  de  '13  ans  dans  la  cavalerie, 
de  17  ans  dans  l'artillerie,  de  18  ans  dans  le  génie.  Au 
1^^'  janvier  1898,  le  plus  jeune  général  de  division  avait 
54  ans;  le  plus  jeune  général  de  brigade,  48  ans;  le  plus 
jeune  colonel,  46  ans;  le  plus  jeune  chef  de  bataillon, 
37  ans;  le  plus  jeune  capitaine,  26  ans  1/2.  Enfin,  dans 
chaque  grade,  il  existe  une  limite  d'âge  maximum,  laquelle 
atteinte,  l'officier  qui  n'a  pu  arriver  à  un  grade  supérieur 
est  mis  d'office  à  la  retraite  (V.  Age,  t.  I,  p.  573).  — 
Pour  les  règles  spéciales  aux  officiers  des  armes  non  com- 
battantes, V.  Administration,  Médecin,  etc.  Pour  le  haut 
commandement,  V.  Organisation  de  l'armée. 

Les  tableaux  de  concours  pour  la  Légion  d'honneur  et 
pour  la  médaille  militaire  sont  établis  dans  les  mêmes 
conditions  que  les  tableaux  d'avancement.  Pour  la  médaille 
militaire,  pour  les  croix  de  chevalier  et  pour  celles  d'offi- 
cier, ce  sont  les  commissions  d'arme  qui  prononcent,  en 
ayant  égard,  dans  chaque  arme,  à  l'ancienneté  dans  le 
grade;  pour  le  grade  de  commandeur,  c'est  la  commis- 
sion supérieure  ;  pour  celui  de  grand-officier,  les  membres 
du  conseil  supérieur  de  la  guerre  donnent  leur  apprécia- 
tion sur  les  candidats  dont  les  noms  lui  sont  soumis  par 
le  ministre.  Les  officiers  doivent  d'ailleurs,  pour  pouvoir 
être  proposés,  remplir  les  conditions  générales  d'aptitude 
exigées  de  tous  les  postulants  (V.  Légion  d'honneur)  .  Ils  n'en 
sont  dispensés  que  pour  actions  d'éclat  et  blessures  graves. 

Solde  et  indemnités.  —  La  solde  est  aujourd'hui  la 
même  pour  toutes  les  armes  {solde  unifiée).  Elle  est  dé- 
comptée par  jour  et  payée  par  mois,  à  terme  échu.  Elle 
est  nette  de  toute  retenue  pour  la  retraite.  Elle  doit  pour- 
voir à  tous  les  besoins  de  l'officier  :  logement,  nourriture, 
entretien,  et  lorsqu'il  est  logé  dans  des  bâtiments  de  l'Etat, 
il  lui  est  fait  une  retenue.  Il  ne  s'y  ajoute  qu'éventuellement 
des  indemnités  de  monture,  de  rassemblement,  d'entrée  en 
campagne,  etc.  (V.  Indemnité).  L'indemnité  de  rassem- 
blement est  allouée  dans  les  grandes  villes  ou  dans  les 
centres  de  garnison  importants,  où  la  vie  est  chère.  Elle 
est  remplacée,  à  Paris,  par  une  indemnité  de  résidence 
spéciale.  En  campagne,  la  solde  reste  la  même,  mais  l'of- 
ficier reçoit,  au  début,  une  indemnité  d'entrée  en  cam- 
pagne et  touche  des  rations  de  vivres  :  officiers  généraux, 
4  rations  ;  officiers  supérieurs,  3  ;  capitaines,  2  ;  Heute- 
nants  et  sous-fieutenants,  1 1/2  (V.  Vivres).  Aux  grandes 
manœuvres  et  dans  les  marches  à  l'intérieur,  il  est  alloué, 
en  plus  de  leur  solde,  10  fr.  par  jour  aux  offiriers  géné- 
raux, 5  fr.  aux  ofiiciers  supérieurs,  3  fr.  aux  officiers  su- 
balternes ;  ils  ne  touchent  aucune  ration,  mais  ils  ont  droit 
au  logement  gratuit.  Dans  les  déplacements  pour  le  ser- 
vice, ils  reçoivent  :  1*^  une  indemnité  de  chemin  de  fer,  à 
peu  près  égale  au  quart  d'un  billet  de  première  classe  ; 
2"  une  indemnité  de  frais  de  route  de  6  fr.  par  jour 
(300  kil.  en  chemin  de  fer  sont  comptés  pour  un  jour)  ; 
3^  une  indemnité  fixe  de  5  fr.  pour  le  transport  du  do- 
micile à  la  gare,  (départ  et  arrivée).  Dans  la  position 
à' absence,  la  solde  est  diminuée  de  moitié. 


—  -285  — 
SOLDE  D'ACTIVITÉ  ET  INDEMNITÉS  DES  OFFICIERS  ET  ASSIMILÉS  {par  jour) 


OFFICIER 


INDF.MMTK 

>OLlJK 

rXDi;.MMTE 

de 

rasse 

nblen 

ent 

INDEMNITE 

INDEMNITE 

INDEMNITE 

GRADES 

de 

de  résidence 

en 

d'entrée 

nette 

nionture 

N«   1 

N«  2 

N"   3 

No  4 

dans  Paris 

Aliiérie 

et  en  Tunisie 

en  campagne 

(V      e. 

i'v.     e. 

fr.  c. 

fr.  c. 

fr.  0. 

fr.  c. 

ïv.     c. 

fr.     c. 

fr. 

M)     » 
52  50 

»     )i 

2  50 

»    » 
2    » 

1  50 

1     )) 

5    » 

»     » 
3  55 

12.000 
6.000 

Général  de  division  . . 

Général  d(;  brigade 

»     ^) 

2  50 

2    )^ 

1  50 

1     » 

5    » 

2  '^5 

4.000 
1.800 
1.200 

CDloncl   

22  00 

1  50 

2    » 

1  50 

1     » 

»  50 

1  00 

1  35 

I.ieutenant-colonel 

18  30 

1  50 

2    » 

1  50 

1    » 

»  50 

l  00 

1  35 

Clief  de  bataillon  ou  d'escadrons. 

15  30 

l  50 

2    » 

1  50 

1    » 

))  50 

1   » 

1  35 

1.000 

Capitaine  après  13  ans  de  izrade.- 

11  50 

»  50 

1   10 

1  05 

»  70 

»  35 

2  00 

1  05 

700 

—          ai)res  10  ans  de  i>ra(le.. 

10  50 

^)  50 

1    10 

1  05 

»  70 

»  35 

2  00 

1  05 

700 

—         après    6  ans  de  .urade.. 

0  50 

»  50 

l  10 

1  05 

»  70 

»  35 

2  00 

1  05 

700 

—         avant    6  ans  de  gi-ade.. 

«  50 

0  50 

1  10 

1  05 

»  70 

»  35 

2  00 

1  05 

700 

fJcnitenant  en  1«''ou  de  1'"  cla.sse. 

7  50 

»  50 

1   » 

»  75 

»  50 

»  25 

2  00 

1  05 

500 

—         en  2«  ou  de  2«  classe  . . 

7     )> 

^)  50 

1   » 

)i  75 

»  50 

»  25 

2  00 

1  05 

500 

g^mj^-lieutenant 

0  50 

0  50 

1   ), 

>'>   it) 

»  50 

^>  25 

2  GO 

1  05 

500 

P:<:nsions  de  rethaite  (Y.  Pensio.n), 

IbaFOKME  (V.   U.MFOKMK). 

Effectifs  et  affectations.  —  On  tiouvera  à  Fait. 
Etat-Major,  t.  XVI,  pp.  o03  et  suiv.,  ot  au  nom  de  chaque 
arme  le  détail  des  effeclifs  d'olîiciers  dans  cha({ue  unité 
des  corps  de  troupe.  Le  tableau  ci-dessous,  qui  a  été  dressé 
d'après  les  prévisions  du  projet  de  budget  de  Fexei'cice  1899, 
ne  donne  que  la  répartition  générale  par  service  d'affec- 
tation et  par  grade.  D'après  l'arme,  on  comptait  en  1898 
(officiers  supérieurs  et  subalternes)  : 


colonels  Lie.t.-cC.    S,- 

Capitaines      Lieuten^^  S. 

-lient. 

Infanterie...      18() 

205        I.IU 

5  070        5.115 

1.102 

Cavalerie ...        87 

1)2           311 

1.120        1.082 

385 

Artillerie....        81 

105           4!0 

1.707        1.101 

310 

Génie 11 

10           101 

510            175 

10! 

Train » 

1             20 

101            101 

21 

Gendannerie 

et  g''o  rép»'^'.        Ij 

15           101 

2J0            200 

30 

EFFECTIFS  Dl 

:S  OFFICIERS  ET  ASSIMILÉS, 

AU 

1.480  de  ces  olFiciers  étaient  brevetés  d'état-major. 


Colonels     Lient,  -col. 


Chefs  de  ~    .,  ,     .    , 

bataillon  ^^P'*^'"^^  ^^^"^«"^^ 


81 

101 

229 

410 

20 

21 

19 

11 

70 

15 

30 

32 

m 

182 

1 

0 

7 

21 

1 

30 
2 

Infanterie 
Cavalerie 
Artillerie 
Géni(!  . .. 
Gendarni 


Les  ashimilés.  de  tous  grades  comprenaient  (Jp  leur 
cùlé  :  301  intend.uits,  sous-intendants  et  adjoints,  1.30i2 
médecins,  llSpIiarmaciens,  i65  vétérinaires,  oOO  gardes 
d'artillerie,  159  cotUrôIeurs  d'armes,  511'  adjoints  du 
génie,  4.370  officiers  d'administration  (intendance  iOG, 
subsistances  Adi,  bèpitaux  318.  bal)illement  et  recrute- 
ment i05),  37  interprètes,  180  archivistes  d'état- 
major. 

^^"  JANVIER  4899,  PAR  l^MPLOI  ET  PAR  GRADE 


AFFECTATION 


Adniinistratir)!!  centrale 

Ktat-niajor  général 

Service  d'état-niajor 

Contrôle  de  radmin""  de  larniée  (1) 

Intendance  militaire 

Etat-major  particulier  de  l'artillerie. 

l^^tat-major  })articulier  du  i/énie 

Ecoles  "militaires  (2) 

/  Infanterie 

1    Cavalerie 

Corpy  I  Remonte 

J  Artillerie 

de      <   Génie 

j  Train 

troupes/   B  /   Reerntenunit 

j     a<   Servie(ï  de  santé 

\   ^  (   Service  administratif 

TT  i   Recrutement 

..  wiw..      Alî'aires  indi-ènes 

cames  (  Kenseignements 

Non  classés     Personnel  de  santé 

dans  les  )  Personnel  admini.^tratif. . 

corps     I  Vétérinaires 

de  troupes  \  Interprètes 

Invalides  de  la  guerre 

Gendarmerie 

Garde  républicaine 

^^/^'■^  (  FAat-major  généful 

résercei  '^'^'''^'^ces  udmlnislratifs  . . 

TOTAI 


112 
1 
l 


121 
11 


13 
210 


100 


498 


32 
15 
00 
31 
20 
12 
170 
81 


42 
0 


H 
1 


518 


20 

41 
10 

85 
45 
27 
18 
215 
82 
î 
41 


13 
2 


00 

150 

5 

91 

110 

115 

58 

1.137 

203 

20 

329 

37 

20 

1 


129 
41 


2.703 


111 

011 

13 

710 

431 

309 

4.378 

1.157 

70 

1.071 

181 

113 

1 

21 

20 

333 

45 

207 
331 

''lO 

1 

270 


10.500 


17 
151 


105 

131 

498 

3.830 

1.053 

35 

1.030 

199 

201 

» 

10 

8 

V)i 

13 

108 
337 


12 


212 
31 


251 
181 
373 

2.899 
958 
» 

109 
21 
20 

'l5 

20 


113 
320 


5.502 


211 

32:; 

1.071 

49 

309 

1.312 

917 

1.271 

12.(j59 

3 .  597 

128 

3.28  i 

452 

391 

11 

49 

51 

388 

111 

23 

713 

1.038 

7 

01 

3 

058 

83 

DIJ 
3o 


29.004 


(1)  Les  contrôleurs  n"ont  pas,  en  principe,  d'assimilation.  On  les  a  classés  i)ar  analogie. 

(2)  Yconipris  les  officiers-élèves. 


OFFICIER 


—  286 


Dispositions  divei.ses  LON(j:r,NANT  les  OFFif:iEiis.  OinjoA- 
ïiONS.  Prérogatives.  —  L'oiïicier  en  activité  est,  au  même 
titre  et  dans  les  mômes  conditions  que  les  hommes  de 
troupe,  justiciable  des  tribunaux  militaires  pour  les  crimes 
et  délits  par  lui  commis  (V.  Justice,  t.  XX,  p.  ooO), 
Comme  eux  aussi,  il  encourl  pour  les  simples  fautes  des 
punitions  disciplinaires  (V.  Punition).  Comme  eux  encore,  il 
ne  peut  voter,  du  moins  s'il  est  en  activité,  et  il  est  inélî- 
£,àl)le .  Il  a  au  corps  un  dossier  qui  se  compose  de  trois  parties  : 
pièces  d'archives  (état  civil,  liyret-matricule,  etc.),  dos- 
sier du  personnel  (feuillets  de  notes  des  écoles,  copies  des 
lettres  d'éloges  ou  de  blâme,  etc.),  feuillets  de  note  d'ins- 
pection généiale  ;  anx  termes  de  décrets  en  date  du  'îl  déc. 
1897,  la  première  est  conservée  par  le  trésorier,  la  se- 
conde par  le  lieutenant-coionel,  la  troisième  par  le  colonel.  Il 
ne  peut  se  marier  sans  autorisation ,  et  sa  femme  doit,  de  toute 
façon,  réunir  certaines  conditions  defortnne  (V.  Mariage). 
li  loge  ou  il  lui  convient,  pourvu  (|ue  ce  soit  à  proximité  de 
la  caserne,  et  il  est,  en  dehors  des  heures  où  il  est  com- 
mandé pour  le  service,  entièrement  libre,  pourvu  qu'il 
ne  s'écai'te  pas,  sans  permission,  du  lieu  de  la  garnison  ; 
il  doit  pouvoir  en  effet  répondre  à  une  alei-te.  11  prend 
ses  repas,  lorsqu'il  est  célibataire,  avec  ses  camarades 
(V.  Mess);  lorsqu'il  est  marié,  en  famille.  11  paie  direc- 
tement sa  pension,  ainsi  que  ses  autres  dépenses.  Mais 
une  relemie  peut  être  ordonnée  d'office,  sur  son  traite- 
ment, par  son  chef  de  corps  pour  l'acquittement  des  dettes 
qu'it  aurait  contractées,  particulièrement  de  celles  ayant 
pour  objet  sa  subsistance,  son  logement,  son  liabillement  ; 
le  ministre  do  la  guerre  peut,  de  son  côté,  en  ordonner 
une  autre  pour  aliments  dus  à  sa  femme,  à  ses  enfants 
et  à  ses  ascendants  (Ordonn.,  25  déc.  1837,  art.  444 
et  447).  Il  peut  disposer,  pour  son  service  personnel,  et, 
s'il  est  monté,  pour  le  pansage  de  son  cheval,  d'un  sol- 
dat ordonnance  (V.  ce  mot).  Il  bénéficie,  sur  toutes  les 
lignes  de  chemin  de  fer,  de  billets  à  quart  de  place,  cpi 
lui  sont  délivrés  au  guichet  sur  le  vu  d'une  carte  d'identité 
spéciale.  Il  est  exempt  d'une  partie  de  l'impôt  mobilier. 
Enfin,  la  loi  lui  a  réservé,  dans  les  administrations 
publiques,  un  certain  nombre  d'emplois  civils  qui 
lui  sont  dévolus  par  préférence,  avec  ou  sans  concours,  lors- 
(ju'il  quitte  l'armée  après  un  certain  nomJ)re  d'années  de 
service.  Mais  il  ne  peut  cumuler  le  traitement  de  l'un  de 
ces  emplois  avec  sa  pension  militaire  que  dans  certaines 
limites  (L.  26  déc.  i890,  6  avr.  et  31  déc.  1897). L'of- 
ficier mis  à  la  retraite  doit  cinq  ans  de  services  dans  la 
réserve  ou  dans  l'armée  territoriale,  sans  être  assujetti 
toutefois,  pendant  ce  temps,  à  aucune  période  d'instruc- 
tion (L.  22  juin  1878,  art.  2). 

Officiers  de  la  réserve  et  de  l'armj':e  ierreioriale. 
—  Destinés  à  fournir  ou  à  compléter  les  cadres  des  for- 
mations du  temps  de  guerre,  les  officiers  de  la  réserve  et 
de  l'armée  territoriale  ont  leur  situation  réglée  par  le 
décret  du  iQ  juin  1897  et  par  l'arrêté  ministériel  du 
même  jour.  Ils  se  recrutent  parmi  les  officiers  démission- 
naires de  l'armée  active  cpii  en  font  la  demande,  les  offi- 
ciers retraités  depuis  moins  de  cinq  ans,  les  anciens  élèves 
des  Ecoles  polytechnique,  forestière,  centrale,  les  anciens 
sous- officiers  de  l'armée  ac'tive,  les  anciens  engagés  con- 
ditionnels, les  sous-officiers  de  réserve.  Les  candidats  des 
trois  dernières  catégories  sont  soumis  à  des  examens 
spéciaux.  Les  anciens  sous-ofiiciers  doivent  compter 
deux  ans  de  ce  grade  et  avoir  obtenu  au  corps  un  certifi- 
cat d'aptitude  à  l'emploi  de  chef  do  section  ou  de  peloton. 
A  l'exception  des  anciens  officiers  de  rarmée  active  et  des 
élèves  des  écoles  précitées,  tous  les  officiers  de  réserve  ou 
de  territoriale  débutent  par  le  grade  de  sous-lieutenant.  Ils 
ne  peuvent  avancer  qu'au  choix  et  seulement  jusqu'au  grade 
de  capitaine  dans  la  réserve,  au  grade  de  chef  de  bataillon 
ou  d'escadrons  dans  l'armée  terriloriale.  Ils  doivent  comp- 
ter au  minimum  quatre  années  d'ancienneté  du  grade  de 
sous-lieutenant,  le  temps  passé  dans  leurs  foyei's  c-ompris. 
pour  être  promus  lieutenants,  six  aimées  de  ce  dernier 


grade  pour  ê(re  promus  capitaines,  six  années  également 
de  celui-ci  pour  être  promus  chefs  de  bataillon  ou  d'es- 
cadrons. Leur  inscription  aux  tableaux  d'avancement  a  lieu 
dans  les  mêmes  formes  que  pour  les  officiers  de  F  armée 
active.  L'officier  de  réserve  passe  dans  l'armée  territoriale 
avec  sa  classe  de  tirage  au  sort  ou  d'assimilation  ;  il  y 
conserve  son  grade  et  son  ancienneté  ;  il  peut  aussi  être 
maintenu,  sur  sa  demande,  dans  la  réserve  de  l'armée 
active.  L'officier  de  réserve  ou  do  territoriale  qui  démis- 
sionne avant  d'avoir  été  libéré  de  toutes  les  obligations 
militaires  imposées  à  sa  classe  rentre  dans  le  rang  avec  le 
grade  qu'il  avait  antérieurement  (sous-officier ,  capo- 
ral, etc.)  et  sert,  avec  ce  grade,  pendant  les  périodes  de 
vingt-huit  ou  de  treize  jours  qui  lui  restent  à  faire,  ainsi 
qu'en  cas  de  mobilisation.  Les  officiers  de  réserve  et  de 
territoriale  sont  convoqués,  en  principe,  tous  les  deux  ans, 
pour  des  périodes  d'instruction  :  vingt-huit  jours  les  pre- 
miers, quinze  jours  les  seconds.  Ils  peuvent  faire,  en 
outre,  en  dehors  de  ces  périodes,  des  stages  volontaires 
de  durée  quelconque,  avec  ou  sans  solde,  suivant  la  situa- 
tion des  crédits.  Ils  peuvent  aussi,  en  cas  d'insuffisance 
d'instruction,  être  astreints,  l'année  qui  suit  leur  convoca- 
tion normale,  à  un  stage  supplémentaire  de  durée  égale. 
Durant  ces  convocations  et  en  cas  de  mobilisation,  les  offi- 
ciers de  réserve  et  de  territoriale  sont  assimilés  de  tous 
points  aux  officiers  de  même  grade  et  do  même  emploi  de 
l'armée  active. Ils  portentle  même  uniforme  qu'eux,  touchent 
la  môme  solde,  reçoivent  les  mêmes  indemnités,  jouissent 
des  mêmes  prérogatives  et  sont  assujettis  aux  mêmes  obli- 
gations. Toutefois,  s'ils  n'ont  pas  servi  avec  leur  grade 
dans  Farinée  active,  ils  cèdent  le  pas  aux  officiers  actifs 
de  même  grade,  qu'ils  soient  ou  non  plus  anciens 
qu'eux,  et  ils  ne  peuvent,  dans  aucun  cas.  à  moins 
qu'ils  ne  soient  d'anciens  officiers  de  cette  armée,  exercer 
les  fonctions  soit  de  chef  de  corps  ou  de  service,  soit  de 
commandant  de  dépôt.  Hors  le  temps  de  service,  il  leur 
est  interdit  de  se  revêtir  sans  autorisation  spéciale  de 
leur  uniforme. 

Afin  d'assurer,  en  dehors  des  périodes  de  convocation, 
l'instruction  des  officiers  des  réserves,  il  a  été  créé  dans 
les  diverses  garnisons  des  écoles  d'insî  rue  lion,  oii  sont 
organisés,  sous  la  direction  et  avec  le  concours  des  offi- 
ciers du  régiment  actif,  des  conférences  et  des  exercices 
pratiques.  Chaque  officier  est  inscrit  à  celle  de  ces  écoles 
quiest  la  plus  proche  de  sa  résidence,  et  il  lui  est  accordé, 
pour  s'y  rendre,  quart  de  tarif  sur  les  lignes  de  chemins 
de  fer.  Mais  l'assiduité  n'est  pas  exigée,  et  elles  sont  toutes 
fort  peu  fréquentées. 

Tous  les  services  de  l'armée  ont,  de  même  que  les  ar- 
mées combattantes,  des  officiers  des  réserves  :  service  de 
santé,  services  administratifs,  etc.  Certains  ont  même  leurs 
cadres  à  peu  près  exclusivement  constitués  par  eux  :  ser- 
vice des  chemins  de  fer  et  des  étapes,  service  de  la  tréso- 
rerie et  des  postes  aux  armées,  service  de  la  télégraphie 
militaire,  etc.  Les  titulaires  de  ces  emplois  sont,  en  gé- 
néral, des  agents  des  administrations  publiques  ou  des 
compagnies  de  chemins  de  fer,  qui,  en  cas  de  mobilisa- 
tion, reçoivent  une  commission  d'officier,  dont  la  nature 
et  l'importance  dépendent  de  leur  situation  j)rofessionnelle 
et  non  de  leurs  services  mililaires  proprement  dits. 

Ee  nombre  total  des  ofliciers  et  assimilés  de  la  réserve 
et  de  l'armée  territoriale  est  de  6o. 000  environ. 

ARMÉES  ÉrnANGÈHES.  —  Allema(jne.].(is (jîMqvs 
sont  recrutés  pour  un  tiers  parmi  les  cadels,  pour  les  deux 
autres  tiers  parmi  les  avanlageurs.  \.qs  écoles  de  cadels 
ont  quelque  analogie  avec  notre  Prytanée  de  La  Flèche. 
La  Prusse  en  a  sept  ;  il  y  en  a,  en  outre,  une  à  Mu- 
nich, une  à  Dresde  et  une  à  Carlsruhe.  La  durée  des 
études  est  de  six  années,  embrassant  tout  l'enseignement 
secondaire  ;  mais  on  y  peut  entrer  dans  les  deux  der- 
nières années.  A  la  fin  de  la  sixième  année,  les  élèves 
passent  un  examen  devant  une  commission  spéciale  sié- 
geant à  Berhn  et,  s'ils  le  subissent  avec  succès,  sont  en- 


—  287  — 


OFFICIER 


voyés  dans  un  corps  de  troupe  de  l'arme  par  eux  choi- 
sie, suivant  leur  classement  de  sortie.  Les  avantageins 
sont  des  jeunes  gens  ayant  fait  leurs  études  dans  des 
établissements  autres  que  les  écoles  de  cadets.  Ils  pas- 
sent le  même  examen  que  les  cadets  ou  fournissent  un 
diplôme  d'études  supérieures.  Ils  sont  incorporés,  comme 
les  cadets,  dans  un  régiment  de  l'arme  par  eux  choisie  et, 
après  cinq  mois  de  service,  les  uns  et  les  autres  sont  nom- 
més FdJinriche  (Porte-épée-fdhnriche  avant  le  l^'^janv. 
1899).  Ils  remplissent  alors  dans  une  compagnie,  un  es- 
cadron ou  une  batterie,  un  emploi  de  sous-officier,  tout 
en  ayant  accès  au  casino  des  officiers  et  en  vivant  avec 
eux,  et,  au  bout  de  cinq  à  six  autres  mois  de  service, 
sont  dirigés  par  leurs  chefs  de  corps  sur  l'une  des  onze 
écoles  de  guerre  {Kriegsschulen).  Les  cours,  qui  corres- 
pondent à  peu  près  à  ceux  de  notre  école  de  Saint-Cyr, 
durent  trente-cinq  semaines.  Ils  se  terminent  par  1'  «  exa- 
men d'officier  ».  Les  Fdhnriche  rentrent  à  leur  corps, 
toujours  avec  ce  même  titre,  et,  lorsqu'une  vacance  de 
Leutnant  (autref.  Sekonde-LeiUnant)  se  produit,  le  plus 
ancien  est  présenté  pour  la  combler  et  soumis  à  un  bal- 
lottage d'admission.  Tous  les  officiers  du  corps  votent, 
sous  la  présidence  du  colonel.   S'il  y  a  unanimité,  l'ad- 
mission est  immédiate.  S'il  y  a  seulement  une  majorité 
favorable,  les  commandants  aux  divers  degrés   appré- 
cient, et  le  souverain  prononce.  Si  la  majorité  est  défa- 
vorable, le  Fâhnrich   est  exclu  du  corps  sans  recours 
possible.  Il  peut  essayer  de  se  faire  accepter  dans  un  autre 
corps;  mais  il  rentre,  d'ordinaire,dansla  vie  civile.  Ajou- 
tons que  quelques  privilégiés,  de  plus  en  plus  nombreux 
(un  quart  à  un  tiers),  ne  passent  pas  par  toute  cette  filière  : 
ce  sont  les  meilleurs  élèves  des  écoles  de  cadets,  lesquels, 
à  la  lin  de  leurs  études,  se  font  admettre  dans  la  Division 
selecia.  Il  en  existe  une  aux  écoles  de  Lichterede,  de 
Dresde,  de  Munich.  Les  cours  y  sont  semblables  à  ceux 
des  Kriegsschulen  et,  lorsqu'ils  sont  terminés,  les  cadets 
qui  les  ont  suivis  subissent  l'examen  d'officier  et  sont  nom- 
més immédiatement  Leutnant.  Les  officiers  de  l'artillerie 
et  du  génie  doivent,  d'ailleurs,  qu'ils  aient  été  ou  non 
Fdhnriche,  aller,  après  un  stage  de  deux  ans  (artillerie) 
ou  d'un  an  (génie)  dans  un  corps  de  troupe,  une  ou  deux 
années  aux  écoles  d'application  de  Berlin  et  de  Munich. 
Quant  aux  officiers  d'état-major,  ils  sont  fournis  par  les 
académies  de  guerre  de  ces  deux  villes  (V.  Etaï-M4jor). 
En  somme,  et  sauf  certains  privilèges  en  faveur  des  cadets 
d'élite,  \\  y  a,  parmi  les  officiers  allemands,  unité  d'origine. 
La  hiérarchie  des  grades  est  la  même  qu'en  France 
jusques  et  y  compris  le  grade  de  général  de  division.  Il  y 
a  ensuite  un  grade  correspondant  à  notre  emploi  de  com- 
mandant en  chef;  les  officiers  généraux  qui  y  sont  nom- 
més portent  le  titre  de  General,  auxquels  ils  ajoutent  cler 
Infanterie,  cler  Kavallerie,  der  Artillerie,  Selon  leur 
arme  d'origine,  où,  jusque-là,  ils  ont  tous  été  conservés. 
L'avancement  à  tous  les  grades  a  lieu  exclusivement  à 
l'ancienneté  :  dans  le  corps  de  troupe  jusques  et  y  com- 
pris le  grade  de  major,  sur  toute  Larme  pour  les  éche- 
lons supérieurs.  Pour  ces  derniers  avancements,  c'est,  au 
surplus,  l'infanterie  qui  sert  de  règle  ;  par  suite,  aucun 
major  de  la  cavalerie  ou  de  l'artillerie  ne  peut  passer  Keu- 
tenant-colonel,  aucun  lieutenant-colonel  ne  peut  passer 
colonel,  tant  qu'il  existe  dans  l'infanterie  un  major  ou  un 
lieutenant-colonel  plus  ancien.  Comme  d'ailleurs  le  grade 
est  distinct  de  l'emploi,  on  trouve  dans  la  cavalerie,  arme 
où  les  vacances  sont  plus  fréquentes,  plus  des  deux  tiers 
des  régiments  commandés  par  des  lieutenants-colonels  qui 
n'ont  pu  passer  encore  colonels  et  qui  en  font  fonctions. 
Le  fait  inverse  peut  également  se  produire,  et  il  existe  dans 
l'infanterie  des  majors  continuant  à  remplir  un  emploi  de 
capitaine.  Le  droit  strict  d'avancer  à  l'ancienneté  se  trouve 
mitigé  en  ce  qu'il  pourrait  avoir  de  fâcheux  par  la  fa- 
culté que  se  réserve  l'empereur  de  ne  pas  appeler  un 
officier  au  grade  supérieur  lorsque  son  tour  arrive  :  celui- 
ci  demande  alors  sa  mise  à  la  retraite. 


La  statisti<}ue  suivante,  empruntée  aux  derniers  an- 
imaires  allemands  (tin  4898),  donne  une  idée  des  condi- 
tions de  rapidité  de  ravancemcnt  chez  nos  voisins.  Le 
plus  ancien  général  faisant  un  service  actif  a  43  ans  de 
grade  d'ofticier,  le  plus  jeune  commandant  de  corps  d'ar- 
mée 32  ans.  Parmi  les  généraux  de  division,  il  en  est  dont 
le  brevet  d'officier  date  de  4867,  d'autres  de  48(35  et 
môme  de  4864.  (Quelques  généraux  de  brigade  ont  été 
nommés  ofliciers  en  4864,  les  plus  jeunes  en 4 868;  seuls, 
les  personnages  princiers  font  exception.  La  promotion  à 
l'emploi  de  commandant  de  régiment  demande,  en  moyenne, 
de  30  à  M  ans  de  service  ;  il  faut,  pour  y  arriver  plus 
tôt,  être  passé  par  les  états-majors.  Le  grade  même  de 
colonel  s'obtient  moins  vite  encore  ;  ceux  (|ui  ont  été  ré- 
cemment promus  sont  sous-heutenants  de  4862  à  4864 
dans  l'infanterie,  de  4867  à  4869  dans  la  cavalerie,  de 
4865  à  4866  dans  l'artillerie  de  campagne,  de  4866  à 
4868  dans  l'artillerie  à  pied.  De  capitaine  à  major,  l'avan- 
cement est  aussi  fort  Iciit  :  dans  l'infanterie,  la  promo- 
tion de  4872  n'est  pas  encore  épuisée,  l^ur  résumer,  on 
passe  capitaine  vers  32  à  33  ans,  major  vers  i'2  à  44  ans, 
lieutenant-colonel  vers  46  à  i8  ans,  colonel  vers  48  à 
34  ans,  général  vers  33  ans.  Afin  d'opérer  un  rajeunisse- 
ment, de  nombreuses  mises  à  la  retraite  ont  été  pronon- 
cées, en  ces  derniers  temps,  dans  le  haut  commandement.  — 
Effectif  des  officiers  de  l'armée  allemande  en  4897  (armes 
combattantes)  :  23.000. 

Les  officiers  des  réserves  sont  recrutés  en  Allemagne 
parmi  les  officiers  démissionnaires  et  les  anciens  volon- 
taires d'un  an.  Comme  le  nombre  en  serait  insuffisant 
pour  les  besoins  de  la  mobilisation,  on  a  créé,  en  faveur 
des  meilleurs  sous-officiers  présents  sous  les  drapeaux,  un 
grade  intermédiaire  entre  les  positions  de  sous-officier  et 
d'officier  {Diensl-thuende-offizier).  De  cette  façon,  les 
emplois  sont  pourvus,  et  le  titre  d'officier  n'est  pas  con- 
féré à  des  candidats  que  les  idées  allemandes  font  consi- 
dérer comme  insuffisamment  qualifiés. 

Autriche- Hongrie.  Les  officiers  de  l'armée  austro- 
hongroise  se  recrutent  :  4°  parmi  les  élèves  des  académies 
militaires  de  Wiener-Ncustadt  (Theresianische  Militdr- 
Akademie)  et  de  Vienne  (TechniJi-AJcademie) ,  qui  corres- 
pondent assez,  la  première  cà  notre  Ecole  de  Saint-Cyr,  la 
seconde  à  une  fusion  de  nos  Ecoles  Polytechnique  et  de  Fon- 
tainebleau ;  2°  parmi  les  cadets-suppléants  officiers.  Ce  der- 
nier titre  se  donne,  tant  aux  élèves  sortis  des  quinze  écoles 
de  cadets,  lesquelles  sont  tout  à  la  fois  des  prytanées 
comme  celui  de  La  Flèche  et  des  écoles  militaires  prépara- 
toires, qu'aux  autres  jeunes  gens,  militaires  ou  civils,  qui 
se  présentent  aux  examens  de  sortie  de  ces  écoles.  Les 
élèves  des  académies,  qui  fournissent  environ  4/6  des  offi- 
ciers d'infanterie  et  de  cavalerie  et  2,6  des  officiers  d'ar- 
tillerie et  du  génie,  sont  nommés  tout  de  suite  au  grade 
de  Leutnant,  leurs  études  terminées  (3  à  4  ans).  Le 
cadet-suppléant  a  une  situation  assez  analogue  à  celle  du 
tdhnrich  allemand.  Comme  lui,  il  a  au  corps  une  situa- 
tion intermédiaire  entre  celles  de  sous-officier  et  d'officier 
et,  pour  être  promu  Leutnant,  il  lui  faut  l'agrément  des 
officiers  du  régiment.  Il  ne  passe,  toutefois,  par  aucune 
nouvelle  école,  ayant  dû  ac([iiérir  préalablement  l'instruc- 
tion tbéorique  militaire. 

D'après  une  loi  récente  du  29  déc.  4893,  l'avancement 
a  lieu  en  principe  à  l'ancienneté  et  exceptionnellement  au 
choix.  Jusqu'au  grade  de  colonel,  il  porte  sur  l'earme  ;  pour  / 
les  grades  supérieurs,  les  colonels  et  généraux  de  toutes 
armes  concourent  ensemble.  Le  grade  est  indépendant  de 
l'emploi:  dans  l'infanterie,  des  bataillons  sont  commandés 
par  des  colonels  ;  dans  F  artillerie,  la  plupart  des  régi- 
ments le  sont  par  des  lieutenants-colonels,  qui  jouissent, 
d'ailleurs,  de  tous  les  avantages  attribués  au  grade  de  co- 
lonel. Pour  beaucoup  d'officiers,  la  carrière  s'arrête  au 
grade  de  capitaine  ;  mais  lorsque  ceux-ci  se  trouvent  dé- 
passés, ils  ne  sont  pas  tenus,  comme  en  Allemagne,  de  dé- 
missionner. Un  examen  est  nécessaire  pour  être  promu 


OFFICIER 


288  — 


major.  Le  major  dépassé  peut  être  repris  ensuite  et  promu 
lieutenant-colonel.  Le  lieutenant-colonel  dépassé  n'est  ja- 
mais repris  et  ne  va  pas  plus  loin.  —  Effectif  des  officiers  de 
toutes  armes  de  l'armée  austro-hongroise  en  1897  :  24.500. 
L'armée  austro-hongroise  a  ses  cadres  de  réserve  cons- 
titués par  les  anciens  officiers  démissionnaires  et  par  les 


anciens  cadets  et  engagés  conditionnels  cpii  ont  satisfait  à 
des  examens  spéciaux. 

Italie.  L'armée  italienne  recrute  ses  officiers  :  1°  pour 
les  deux  tiers,  parmi  les  élèves  de  l'Ecole  militaire  de  Mo- 
dène  (durée  des  cours,  2  ans)  pour  l'infanterie  et  la  ca- 
valerie, de  l'Académie  militaire  de  Turin  (durée  des  cours, 


CORRESPONDANCE  DES  GRADES  DANS  LES  PRINCIPALES  ARMÉES  EUROPÉENNES 


FRANCE 

ALLEMAGNE 

AUTRICHE-HONGRIB 

RUSSIE 

ITALIE 

ANGLETERRE 

(General  feldinarschall. 

' 

Generalfeldmarsal. 

General  Field  maràhall. 

Maréchal  do  France,  j General  feldzeugmeister. 

>Foldmarschail. 

Maresciallo. 

\ 

(General  oberst. 

) 

Generalfeldze'gmeister. 

] 

/Field  marshall. 

Général  de  division. 

General. 

Feldzeugmeistcr. 
General  de  Kavalerie. 

General  polni. 
General. 

Générale. 

General. 

General  leutnant. 

Feldmarschall-leutnant . 

Generalleitnant. 

Tencnte  générale. 

Lieutenant  gênerai. 

Général  de  brigade. 

General  major. 

Generalmajor. 

Generalmajor. 

Maggiore  générale. 

Major  gênerai. 

Colonel. 

Oberst. 

Oberst. 

Polkovnic. 

Colonnello. 

Colonel. 

Lieutenant-colonel. 

Oberstleutnant. 

Oberstleutnant. 

Podpolkovnic. 

Tenonte  colonnello 

Lieufenant  colonel. 

Chef  de  bat.oud'csc. 

Major. 

Major. 

Felt  (2). 

Maggiore. 

Major. 

Canifainc                     JHauptmann. 
Lapuame.                   Rittmeistcr. 

Hauplmann. 
Rittmeistcr. 

Kapitan,  stabskapitan. 
Rotmistr,  stabstotmistr. 

Gapitano. 

Captain. 

Lieutenant.                 Obcrlcutnant  (1). 

Oberleutnant. 

Parrouchik. 

Tenonte. 

Lieutenant. 

Sous-lieutenant.          Leutnant  (1). 

Leutnant. 

Podparrouchik. 

Sottotenente. 

Second-lieutenant. 

(1)  On  disait,  avant  le  l''^'  janvier  1899, 

Promier-leutnant,  Sekonde-leutnant  ;  un  or 

dre  impérial  v  a  substitué  ces  deux  nou-  || 

voiles  dénominations.  —  (2)  Grade  snppr 

me. 

3  ans)  pour  Fartillerie  et  le  génie  ;  ^*^  pour  un  tiers,  parmi 
les  sous-officiers  qui  ont  été  proposés  pour  l'avancement 
et  qui  ont  suivi  pendant  deux  ans  les  cours  de  l'I^cole  des 
sous-officiers  de  Caserte.  Les  officiers  de  complément 
(élèves  des  écoles  militaires  démissionnaires,  sous-offîciers 
libérés  et  volontaires  d'un  an  élèves-officiers)  peuvent  aussi 
rentrer  dans  l'armée  active  comme  sous-lieutenants,  en 
passant  un  examen  équivalant  à  l'examen  de  sortie  de  cette 
dernière  école.  Les  sous-lieutenants  qui  proviennent  des 
écoles  de  Modènc  ou  de  Turin  et  qui  veulent  entrer  dans  les 
armes  spéciales  vont  compléter  leur  instruction  dans  des 
écoles  supérieures  (ICcole  de  cavalerie  de  Pignerol,  racole 
d'application  du  génie  et  d'artillerie  de  Turin),  au  sortir 
desquelles  ils  sont  promus  lieutenants.  Il  y  a  aussi,  pour 
l'infanterie,  une  Ecole  centrale  de  tir,  à  Turin. 

D'après  une  loi  nouvelle  du  2  juil.  1896,  l'avancement 
a  lieu,  en  principe,  à  l'ancienneté  par  arme  et  par  service, 
jusqu'au  grade  de  colonel  inclus.  l'lxceptionnellement,pour 
le  grade  de  capitaine,  un  quart  des  vacances  sont  données 
au  choix.  Les  lieutenants  proposés  doivent  se  trouver  dans 
le  premier  douzième  de  la  liste  d'ancienneté  et  avoir  subi 
avec  succès  les  examens  de  sorlie  de  FEcole  de  guerre,  ou 
bien  des  examens  spéciaux  dont  le  ministre  établit  le  pro- 
gramme. Il  leur  faut  d'ailleurs,  pour  s\v  présenter,  obte- 
nir l'agrément  de  leur  chef  de  corps  et  des  généraux  sous 
les  ordres  desquels  ils  sont  placés.  Pour  les  divers  éche- 
lons du  généi'alat,  l'avancement  a  lieu  exclusivement  au 
choix  et  sur  l'ensemble  des  armes.  Enfin,  il  y  a  pour  tous 
les  grades  un  avancement  exceptionnel  au  choix  en  fa- 
veur de  quelques  officiers  d'élite  ([iie  leurs  aptitudes  dési- 
gnent d'avance  pour  le  haut  commandemenf.  Les  auteurs 
de  la  loi  pensent  qu'elle  permettra  aux  officiers  d'arriver 
au  généralat,  par  le  choix  normal,  entre  oi-  et  58  ans, 
par  le  choix  exceptionnel,  vers  50  ans.  — Effectif  des  offi- 
ciers italiens  de  toutes  armes  en  1897  :  14.500. 

Les  cadres  des  réserves  comprennent  :  les  officiers  en 
position  de  service  auxiliaire  et  les  officiers  de  réserve, 
qui  sont  d'anciens  officiers  retraités  ou  démissionnaires,  les 
officiers  de  complément  (V.  ci-dessus),  qui  correspondent 
à  nos  officiers  de  réserve,  et  les  officiers  de  milice  territo- 
riale, dont  on  n'exige  que  la  possession  d'un  diplôme  équi- 
valant à  notre  certificat  de  grammaire  et  une  situation  so- 
ciale et  pécuniaire  en  rapport  avec  la  position  d'officier. 

Ilussie.  Les  officiers  se  recrutent  dans  le  corps  des  pages 


du  tsar,  dans  les  écoles  militaires,  dans  les  écoles  dGijoun- 
Jiers,  directement  dans  les  cadres.  Les  pages  sont  des  fils  de 
hauts  fonctionnaires.  Ils  passent  neuf  ans  à  l'Ecole  des 
pages  et,  après  un  examen  très  sévère,  sont  placés,  d'après 
leur  numéro  de  sortie,  soit,  comme  sous-lieutenants,  avec 
un  an  d'ancienneté,  dans  un  régiment  delà  garde  ou  dans 
un  autre  régiment  de  leur  choix,  soit  avec  le  même  grade, 
mais  sans  ancienneté,  dans  un  régiment  quelconque,  soit 
comme  sous-enseigne-younker  dans  un  régiment,  où,  avant 
de  passer  sous-lieutenants,  ils  font,  pendant  six  mois,  fonc- 
tions de  sous-officier.  Ces  écoles  militaires  sont  au  nombre 
de  3  pour  l'infanterie,  1  pour  l'artillerie,  1  pour  le  génie. 
Elles  sont  ouvertes  aux  jeunes  gens  de  toutes  les  classes 
de  la  société  ;  on  y  est  admis  à  16  ans,  soit  après  examen, 
soit  sur  la  production  d'un  diplôme  d'études  délivré  par 
l'un  des  22  gymnases  de  l'empire  russe  ;  la  durée  des 
cours  est  de  2  ans  pour  l'infanterie  et  la  cavalerie,  de 
3  ans  pour  l'artillerie  et  le  génie  ;  on  en  sort,  suivant  le 
numéro  de  sortie,  sous-lieutenant  ou  sous-enseigne-youn- 
ker. Les  écoles  des  younkers,  au  nombre  de  8  pour  l'in- 
fanterie, 2  pour  la  cavalerie,  3  pour  les  cosaques,  consti- 
tuent la  principale  source  de  recrutement  des  officiers. 
Elles  sont  ouvertes  aux  sous-officiers  volontaires  aspirants 
officiers  et  aux  miliciens  justifiant  d'une  certaine  instruc- 
tion. La  durée  des  cours  est  de  deux  ans.  A  la  sortie,  les 
élèves  sont  nommés  sous-enseignes-younkers  et  promus 
sous-lieutenants  d'après  leur  rang,  après  six  mois  ou  un 
an  de  service.  A  titre  exceptionnel,  des  sous-officiers  peu- 
vent être  nommés  directement  officiers  sans  passer  par  les 
écoles,  soit  en  récompense  d'actions  d'éclat,  soit  après  de 
longs  et  excellents  services. 

En  Russie,  comme  en  Allemagne  et  en  Autriche,  la 
fonction  est  indépendante  du  grade.  Les  sous-lieutenants 
sont  nommés  lieutenants  après  4  années  de  service.  Les 
lieutenants  sont,  sauf  de  rares  exceptions,  promus  capi- 
taines à  l'ancienneté.  Cet  avancement  a  lieu  par  régiment, 
dans  l'infanterie  et  la  cavalerie,  sur  l'ensemble  de  l'arme 
pour  le  génie  et  l'artillerie.  L'avancement  a  lieu  ensuite, 
pour  toutes  les  armes,  sur  l'ensemble  de  chacune  d'elles. 
Le  grade  de  major  a  été  supprimé  en  1884.  Les  lieute- 
nants-colonels sont  pris  au  choix  pour  moitié  dans  l'in- 
fanterie et  la  cavalerie,  pour  un  quart  dans  l'artillerie  et 
le  génie.  On  passe  lieutenant-colonel  de  38  à  M  ans  au 
choix,  de  48  à  50  ans  à  l'ancienneté.  Pour  le  grade  de 


"289 


OFFICIER 


colonel  et  pour  les  grades  supérieurs,  l'avancement  ne  se 
fait  qu'au  choix.  —  Effectif  des  officiers  russes  (1897)  : 
environ  36.000. 

Les  officiers  de  réserve  sont  ou  des  officiers  en  congé, 
ou  d'anciens  officiers  démissionnaires  ou  retraités,  ou 
d'anciens  volontaires,  ou  enfin  des  élèves  des  écoles  mili- 
taires ou  des  écoles  de  younkers,  dont  on  dispose  d'avance 
pour  une  mobilisation  éventuelle.  On  arrive  ainsi  à  un  total 
de  'iîO.OOO  environ;  il  en  faudrait  plus  de  40.000  pour 
compléter  les  cadres  des  diverses  unités  mobilisées. 

Angleterre.  Jusqu'en  1871,  les  grades,  dans  l'armée 
anglaise,  s'achetaient  à  des  prix  variables,  mais  d'ordinaire 
fort  élevés.  Le  régime  actuel  résulte  d'une  ordonnance  de 
1877.  Le  grade  de  second  lieutenant  est  conféré  :  4^  aux 
cadets  du  collège  militaire  de  Sandhurst  (infanterie  et  ca- 
valerie) ou  de  l'académie  militaire  de  Woohvich  (artillerie 
et  génie),  qui  ont  subi  avec  succès  les  examens  de  sortie  ; 
2^  aux  officiers  de  la  milice  qui  remplissent  certaines  con- 
ditions; 3^  aux  sous-officiers  méritants.  Les  officiers  de 
ces  deux  dernières  catégories  sont  fort  rares,  de  sorte  que 
l'unité  d'origine  existe  en  fait.  Après  trois  ans  de  stage 
et  un  nouvel  examen,  le  second-lieutenant  est  promu  lieu- 
tenant ou  congédié.  Dans  l'armée  anglaise,  plus  que  dans 
aucune  autre,  la  fonction  est  indépendante  du  grade,  pres- 
que toujours  supérieur  à  celui  qu'elle  comporte.  L'avan- 
cement est  donné  à  l'ancienneté  jusqu'au  grade  de  major. 
Les  lieutenants-colonels,  lesquels  sont  commandants  de  ré- 
giment, sont  nommés  au  choix  et,  au  bout  de  quatre  ans, 
reçoivent  le  titre  de  colonel.  Les  généraux  passent  à  l'an- 
cienneté. L'avancement  est  particulièrement  rapide.  A  cela 
trois  causes  :  la  proportion  des  officiers  supérieurs  est  très 
forte,  la  retraite  est  prononcée  d'office  à  un  âge  très  jeune 
et  un  grand  nombre  d'officiers  sont  en  disponibilité.  Ceux- 
ci  reçoivent  la  demi-solde.  La  solde  elle-même  est,  d'ail- 
leurs, 1res  élevée  ;  de  même  la  retraite,  qui,  pour  un  capi- 
taine, peut  atteindre  plus  de  7.000  fr.  Dans  l'armée  des 
Indes,  la  plupart  des  officiers  subalternes  sont  indigènes. 
Les  officiers  supérieurs  et  ceux  de  l'état-major  sont  Anglais. 
Ces  derniers  avancent  à  date  fixe,  qu'il  y  ait  ou  non  des 
vacances.  Un  lieutenant  touche  7.800  fr.,  un  colonel 
chef  de  corps  36.000  fr.  Les  officiers  de  la  milice  sont, 
sauf  un  adjudant-major  par  corps,  qui  appartient  à  l'armée, 
de  simples  citoyens  nommés  sur  la  proposition  des  auto- 
rités des  comtés  et  après  un  examen  superficiel. — Effectif 
des  officiers  de  l'armée  anglaise  en  1898  (armée  perma- 
nente) :  10.500. 

II.  Marine.  —  Officiers  de  marine,  Officiers  mari- 
niers. Officiers  de  vaisseau.  Officiers  des  troupes  de  la 
MARINE  (V.  Marine). 

III.  Histoire  et  législation.  —  Officiers  de  la  cou- 
ronne.—  On  désigna  en  France,  à  partir  du  xvi^  siècle,  sous 
le  nom  d'officiers  de  la  couronne  ou  grands  officiers  un 
certain  nom])re  de  dignitaires  qui  remplissaient  à  la 
cour  certaines  fonctions  en  même  temps  qu'ils  étaient  les 
chefs  de  grandes  administrations  publiques.  Ils  se  dis- 
tinguaient des  autres  officiers  royaux  en  ce  que  leur 
office  était  perpétuel,  c.-à-d.  viager,  mais  non  héré- 
ditaire, et  ne  pouvait  leur  être  enlevé  que  pour  crime  de 
lèse-majesté  et  après  procès,  qu'ils  prêtaient  le  serment 
au  roi  et  n'étaient  pas  tenus  de  prendre  des  lettres  de 
confirmation  aux  mutations  de  rois  et  que  chacun  d'eux 
avait  une  justice  particulière.  Pour  retrouver  l'origine  des 
grands  officiers  et  pour  se  rendre  compte  du  doul)le  carac- 
tère de  leur  charge,  qui  comportait  le  service  particulier 
du  roi  et  un  service  public,  il  faut  remonter  jusqu'à  l'époque 
mérovingienne.  Le  roi  s'élanl  approprié  h^s  droits  de  l'Etat 
et  le  palais  étant  devenu  le  centre  du  gouvernement,  les 
officiers,  qui,  originairement,  n'avaient  a  remplir  vis-à-vis 
du  roi  que  des  services  privée»  se  trouvèrent  portés  à  la 
tête  de  F  administration  du  royaume.  -C'est  ainsi,  par 
exemple,  que  les  camerarii,  de  simples  gardiens  du  tré- 
sor royal,  devinrent  les  plus  hauts  fonctionnaires  de  l'ad- 
ministration financière,  le  fisc  public  s'élant  confondu  avec 

GRANDE  encyclopédie.    —   XXV. 


le  fisc  royal  ;  ainsi  encore  que  le  connétable,  qui  n'avait 
d'abord  que  le  soin  des  écuries  royales,  devint  par  la  suite 
le  chef  de  la  cavalerie,  puis  de  l'armée.  La  plupart  des 
officiers  qui  deviendront  les  officiers  de  la  couronne  se  ren- 
contrent déjà  dans  le  palais  mérovingien  :  le  sénéchal,  le 
chambrier,  le  connétable  ;  seulement  ils  n'avaient  pas  en- 
core la  prépondérance  sur  les  autres  palatins.  Le  bouteil- 
1er  et  le  chanceUer  n'apparaissent  qu'à  Fépoque  carolin- 
gienne. Sous  les  premiers  Capétiens,  les  officiers  du  palais 
souscrivent  aux  diplômes,  confondus  avec  les  grands  laïques 
et  ecclésiastiques,  et  sans  qu'aucune  hiérarchie  soit  éta- 
blie entre  eux.  Peu  à  peu,  sous  le  règne  de  Philippe  1^^', 
cinq  officiers  tendent  à  se  dégager  des  autres  :  le  sénéchal 
(dapifer),  le  connétable,  le  bouteiller,  le  chambrier,  le 
chancelier.  A  partir  de  Louis  VI,  il  est  de  règle  que  les 
noms  de  ces  cinq  officiers  figurent  à  la  fin  des  di])lomes 
royaux. 

L'ordre  suivi  dans  leur  énumération  varie,  sauf  pour  le 
sénéchal  et  le  chancelier,  dont  l'un  tient  toujours  la  tête 
et  F  autre  le  dernier  rang.  Mais  sous  Philippe- Auguste  l'on 
s'arrête  au  système  suivant  :  sénéchal,  bouteiller,  cham- 
brier, connétable,  chancelier.  Il  importe  de  remarquer  que 
la  souscription  des  grands  officiers  esttictive,  c.-à-d.  qu'elle 
n'indique  pas  qu'ils  assistaient  à  l'expédition  de  l'acte, 
qu'ils  étaient  au  lieu  même  d'où  l'acte  est  daté,  mais  seu- 
lement qu'ils  étaient  en  charge.  On  indiquait  la  vacance 
de  l'office  :  dapifero  millOy  par  exemple,  ou  vacante 
cancellaria.  Ces  officiers  s'efforcèrent  de  rendre  leur  charge 
héréditaire.  L'accroissement  de  leur  pouvoir  effraya  la 
royauté  qui,  au  xii^  siècle,  eut  à  soutenir  des  luttes  contre 
ses  officiers.  Pour  écarter  le  danger,  les  rois  Louis  VI, 
Louis  VII  et  Philippe- Auguste  dépossédèrent  violemment 
certains  titulaires,  laissèrent  les  offices  vacants  et  firent 
passer  les  attributions  des  gj\ands  officiers  à  des  officiers 
inférieurs.  Philippe-Auguste  laissa,  après  W^^),  la  chan- 
cellerie vacante  pendant  trente-huit  ans.  Le  même  roi,  en 
1191,  à  la  mort  du  sénéchal  Thibault,  comte  de  Blois,  ne 
lui  donna  pas  de  successeur  ;  l'oifice  ne  fut  cependant  pas 
supprimé,  et,  jus([u'au  xiv^  siècle,  les  diplômes  royaux 
portèrent  l'indication  de  la  vacance  du  dapiférat.  Encore 
auxvii^  siècle,  figurait  au  sacre  un  personnage  qu'on  dé- 
corait pour  la  circonstance  du  titre  de  sénéchal  et  qui  en 
jouait  le  rôle  dans  la  cérémonie. 

Dans  le  premier  cpiart  du  xiii^  siècle,  Fusage  s'établit 
d'ajouter  au  titre  des  grands  officiers  le  qualificatif  «  de 
France  ».  Robert  de  Courtenay  apparaît  en  l!223  avec  la 
qualité  de  bouteiller  de  France  dans  l'ordonnance  sur  les 
juifs.  La  même  année,  Barthélémy  de  Roye  et  Mathieu  de 
Montmorency  figurent  parmi  les  membres  de  la  cour  du 
roi,  au  Parlement,  le  premier  comme  chambrier  de  France, 
le  second  comme  connétable  de  France.  En  1224,  à  pro- 
pos d'un  appel  porté  à  la  cour  par  Jean  de  Néelle  contre 
la  comtesse  de  Flandre,  la  cour  jugea  que  le  chancelier, 
le  bouteiller,  le  chambrier  et  le  connétable  avaient  droit 
de  siéger  avec  les  pairs  de  France  pour  juger  les  pairs  ; 
ces  officiers  sont  qualifiés  niinisteriales  hospitii  do- 
mini  régis,  c.-à-d.  officiers  de  l'hôtel  du  roi.  Le  nombre 
des  officiers  de  la  couronne  a  varié.  Et  les  jurisconsultes 
ne  sont  jamais  tombés  d'accord  sur  les  dignitaires  aux- 
quels il  convenait  d'accorder  cette  qualification.  D'ailleurs, 
même  aux  deux  derniers  siècles  de  la  monarchie  dans  les 
Etats  de  la  France,  qui  donnent  la  liste  des  fonctionnaires 
et  le  tableau  des  administrations,  les  grands  officiers  ne 
forment  pas  une  classe  à  part  ;  ils  prennent  rang„  soit  dans 
la  maison  du  roi,  soit  en  tête  des  administrations  de  la 
guerre.  La  dignité  de  chambrier  fut  supprimée  en  lo4o 
par  François  1^'',  qui  réunit  les  droite,  profits  et  justice 
de  cette  charge  au  domaine  de  la  couronne.  Les  fonctions 
du  chambrier  furent  en  partie  dévolues  au  grand  cham- 
bellan. 

Une  déclaration  de  Henri  Kl,  en  date  du  b  avr.  ibS'2, 
réglant  des  questions  de  préséance,  énumère  les  gi^ands 
officiers  dans  l'ordre  suivant  :  le  connétable,  le  chance- 

19 


OFFICIER 


290 


lier,  le  grand  maître,  le  grand  chambellan,  l'amiral  et  les 
maréchaux.  C'est  encore  le  roi  Henri  111  qui,  en  4584, 
érigea  en  office  de  la  couronne  la  charge  de  colonel  de 
l'infanterie,  en  faveur  du  duc  d'Epernon,  qui  prit  le  titre 
de  grand  colonel  de  France.  Henri  IV  reconnut  au  grand 
écuyer  la  qualité  d'officier  de  la  couronne.  Du  Tillet,  dans 
son  Recueil  des  roys  de  France,  publié  en  160:2,  met  au 
l'ang  des  officiers  de  la  couronne  le  grand  pane  lier,  le 
grand  échanson  ou  bouteiller,  le  grand  queux  de  France. 
En  1613,  Loyseau,  dans  son  livre  du  Broie t  des  offices, 
donne  la  liste  suivante  des  officiers  de  la  couronne  :  le 
connétable,  le  chancelier  et  le  grand  maître  de  France, 
qui  sont  les  trois  principaux  :  pour  la  guerre,  les  maré- 
chaux de  France,  le  colonel  de  l'infanterie,  le  grand  maître 
de  l'artillerie  ;  pour  la  maison  du  roi,  le  grand  aumônier, 
le  grand  chambellan,  le  grand  veneur,  le  grand  prévôt. 
En  1627,  Richelieu  fit  supprimer  l'office  de  connétable,  et 
ses  attributions  judiciaires  furent  confiées  à  un  tribunal 
composé  de  maréchaux  et  connu  sous  le  nom  de  tribunal 
de  la  connétablie.  La  charge  de  colonel  général  de  l'in- 
fanterie fut  supprimée  en  i66i.  Quant  à  la  dignité  de 
grand  aumônier,  la  question  de  savoir  si  elle  était  ou  non 
office  de  la  couronne  resta  toujours  en  suspens.  Saint-Si- 
mon, dans  ses  Mémoires  (édit.  deBoislisle,  VII,  p.  196), 
dit  que  M.  le  cardinal  de  Bouillon  «  prétendoit  très  faus- 
sement que  sa  charge  de  grand  aumônier  étoit  office  de  la 
couronne,  comme  force  autres  choses,  et  que,  conséquem- 
ment,  en  ne  donnant  point  de  démission,  elle  ne  pouvoit 
lui  être  ôtée  sans  lui  faire  son  procès,  dont  sa  pourpre  le 
meltoit  à  l'abri  ».  Et  le  Journal  de  Dangeau  (VII,  p.  370)  : 
«  On  dispute  ici  si  elle  est  charge  de  la  couronne  ou  si  elle 
ne  l'est  pas  ;  les  avis  des  courtisans  sont  fort  partagés  là- 
dessus,  aussi  bien  que  ceux  des  auteurs  qui  ont  écrit  sur 
cette  matière.  »  Plusieurs  des  officiers  de  la  maison  du  roi, 
qui  prêtaient  serment  entre  les  mains  du  roi,  prétendirent 
à  la  qualité  d'officiers  de  la  couronne,  par  exemple  le  pre- 
mier écuyer,  qui  voulait  se  soustraire  à  l'autorité  du  grand 
écuyer. 

Nous  avons  dit  plus  haut  quels  étaient  au  xvii^  siècle 
les  caractères  essentiels  qui  distinguaient  les  officiers  de 
la  couronne.  Leur  charge  était  viagère  ;  mais  si  le  roi  ne 
pouvait  pas  les  dépouiller  de  leur  titre,  il  pouvait  leur 
enlever  leurs  fonctions,  comme,  par  exemple,  la  garde  du 
sceau  de  France  au  chancelier.  Les  officiers  cherchèrent  à 
convertir  leur  charge  en  fief  et  à  la  rendre  héréditaire. 
Ils  n'y  parvinrent  pas,  en  droit,  mais,  en  fait,  les  rois  au- 
torisèrent la  transmission  de  ces  offices  :  par  exemple,  les 
ducs  de  Bourbon  tinrent  pendant  plusieurs  générations 
l'office  de  chambrier,  qui  ne  leur  fut  enlevé  que  lors  de 
la  confiscation  des  biens  de  Charles  de  Bourbon.  Les  grands 
officiers  étaient  reçus  sans  information  par  le  seul  ser- 
ment entre  les  mains  du  roi,  et  si  quelques-uns  ont  fait 
enregistrer  leurs  lettres  au  Parlement,  ils  n'y  étaient  pas 
obligés,  bien  que  le  Parlement  prétendit  que  les  officiers, 
comme  exerçant  une  juridiction,  dussent  être  reçus  par 
lui  au  môme  titre  que  les  autres  officiers  de  justice.  Les 
émoluments  des  grands  officiers  consistaient  en  certains 
revenus  du  domaine  ;  de  plus,  ils  disposaient  des  charges 
inférieures  dépendant  de  leur  département,  prérogative 
qui  devint  une  source  de  profits  quand  la  vénalité    des 
charges  fut  établie  :  «  J'eslime,  dit  Loyseau,  que  le  plus 
beau  droit  qu'ayent  à  présent  les  officiers  de  la  couronne, 
c'est  la  disposition  des  menus  oflices  de  leur  charge,  de- 
puis qu'ils  se  sont  Hcenciez  de  les  vendre.  »  Quand  le  roi 
tenait  séance  au  Parlement,  ces  ofliciers  l'accompagnaient  ; 
mais  ils  ne  pouvaient  entrer  qu'à  sa  suite,  bien  qu'ils  sié- 
geassent aux  hauts  sièges  avec  voix  défibérative  ;  cepen- 
dant le  chancelier,  chef  de  la  justice,  avait  son  siège  en 
bas  parce  qu'il  était  tenu  seulement  comme  magistrat. 

Les  grands  officiers  de  la  couronne  disparurent  avec 
l'ancienne  monarchie.  Napoléon  P''  les  rétabfit  ;  on  dis- 
tinguait sous  l'Empire  les  grands  dignitaires  et  les  grands 
officiers.  Les  premiers  étaient  le  grand  électeur,  le  grand 


connétable,  l'archi-chancelier,  Parchi-trésorier,  le  grand 
amiral,  le  vice-électeur,  le  vice-connétable.  Les  grands 
officiers  étaient  les  uns  militaires,  les  autres  civils.  Les 
mihtaires  étaient  :  les  maréchaux,  les  inspecteurs  et  co- 
lonels généraux  de  l'artillerie,  du  génie,  des  troupes  à 
cheval  et  de  la  marine,  l'inspecteur  général  des  côtes  de 
la  mer  de  Ligurie,  l'inspecteur  général  des  côtes  de  la  mer 
du  Nord.  Les  grands  officiers  civils  étaient  :  le  grand  chan- 
ceher  et  le  grand  trésorier  de  la  Légion  d'honneur,  le 
grand  aumônier,  le  grand  chambellan,  le  grand  maréchal 
du  palais,  le  grand  écuyer,  le  grand  veneur  et  le  grand 
maître  des  céiémonies.  La  Restauration  rétabHt  quelques- 
uns  des  officiers  de  la  couronne  de  l'ancien  régime,  qui 
disparurent  en  1830.  Le  second  Empire  créa  un  grand 
maréchal  de  palais,  un  grand  chambellan,  un  grand  maître 
des  cérémonies  et  un  grand  écuyer.  (Pour  les  détails,  voyez 
les  articles  consacrés  à  chacun  des  grands  officiers.) 

M.  Prou. 
Offices.  Officiers  ministériels.  —  Agents  institués  par 
la  loi  pour  aider  à  l'administration  de  la  justice  et  pour 
prêter  aux  parties  leur  ministère,  qu'ils  ne  peuvent  refu- 
ser. La  Kste  des  officiers  ministériels  peut  être  dressée 
Umitativement  ;  elle  comprend  :  les  avocats  à  la  cour  de  cas- 
sation, les  notaires,  greffiers,  avoués,  huissiers,  commis- 
saires-priseurs,  agents  de  change  et  courtiers.  Ces  divers 
officiers  ministériels,  qui  sont  nommés  par  le  gouvernement, 
comme  les  fonctionnaires,  présentent  ce  trait  caractéristique 
qu'ils  sont  propriétaires  de  leurs  charges  et  qu'ils  peuvent  les 
céder  à  un  successeur,  moyennant  un  prix  déterminé.  Au 
contraire,  un  conservateur  des  hypothèques  qui  reçoit  un 
Iraitemcnt  de  l'Etat  et  certains  honoraires  des  particufiers, 
tout  comme  un  greffier,  n'est  pas  propriétaire  de  son  office 
et  ne  pourrait  par  conséquent  pas  le  céder  :  il  n'est  pas 
officier  ministériel. 

On  appellait  autrefois  offices  toutes  les  charges  con- 
férant des  fonctions  publiques.  Longtemps  les  fonction- 
naires  furent  nommés  à  prix  d'argent,  et  le  principe 
de  la  vénalité  des  charges  paraît  remonter  aux  premières 
époques  de  l'empire  romain  sous  Tibère,  alors  que  l'usage 
s'introduisit  de  donner  les  fonctions  publiques  à  celui  qiii 
versait  une  sommed'argent  supi^aléesuffragium.  Lessuffra- 
gia  n'étaient  point  cependant  considérés  comme  un  prix  de 
vente,  et  les  fonctionnaires  n'avaient  point  la  propriété  de 
leurs  charges  qu'ils  ne  pouvaient  transmettre  par  voie  d'hé- 
rédité. En  France,  la  vénalité  des  charges  semble  n'avoir  été 
légalement  reconnue  que  vers  le  milieu  du  xv^  siècle  ;  aupa- 
ravant les  charges  étaient  temporaires,  révocables  et  essen- 
tiellement intransmissibles,  et  cependant  on  voit  déjà  des 
ordonnances  défendant  la  vénalité  des  charges,  ce  qui 
prouve  combien  peu  était  respectée  en  pratique  la  règle 
de  l'intransmissibiUté  des  charges.  Quand  Loyseau  écrit 
son  traité  des  offices  sous  Henri  IV,  après  i'édit  fameux 
de  la  Paulette,  les  jurisconsultes  reconnaissaient  en  France 
trois  sortes  d'oflîces  héréditaires.  Tous  les  offices  qui  re- 
levaient de  la  pure  volonté  du  roi,  c.-à-d.,  en  fait,  les 
plus  nombreux,  étaient  vénaux.  Déjà  au  temps  de  saint 
Louis,  la  prévôté  de  Paris  était  réputée  vénale.   Sous 
les  règnes  suivants,   les  abus  ne  firent  qu'augmenter. 
Sous  Henri  III,  l'ordonnance  de  Blois  abofit  la  vénaHté  des 
charges  de  judicature,  mais  bientôt  après  elle  est  rétablie. 
Enfin,  en  1601,  survient  Ledit  de  Henri  IV,  appelé  édit  de 
la  Paulette,  parce  que  Charles  Paulet,  secrétaire  du  roi,  en 
avait  fourni  l'idée.  Avant  I'édit  de  1601,  dans  toutes  les 
provisions  des  offices,  on  insérait  la  clause  suivante  em- 
pruntée  au  droit  canonique  :  «  pourvu  que  le  résignant 
vive  quarante  jours   après  la  date  des  présentes  ».  En 
pratique,  il  était  fait  exception  à  cette  règle  par  des  dis- 
penses qui  étaient  devenues  de  forme  puisqu'elles  étaient 
insérées  dans  toutes  les  provisions  moyennant  finances. 
L'édit  de  1604  supprima  la  règle  de  quarante  jours  pour 
les  ofliciers,  soit  de  finances,  soit  de  justice,  qui  payaient 
au  roi  au  commencement  de  chaque  année  la  soixantième 
pai'lio  du  prix  mi  taxe  de  leur  offi'cc.  et  établil  ainsi,  en 


—  ^m 


()l4lCtËK 


fait,  l'hérédité  et  la  vénalité  des  offices  ;  aussi  vit-on  le 
prix  des  offices  considérablement  augmenté,  puisque,  moyen- 
nant le  paiement  de  l'impôt  annuel  dit  paulette,  chaque 
officier  devenait  propriétaire  de  sa  charge.  Si  la  vénalité 
des  offices  avait  eu  quelques  bons  résultats,  notamment 
l'inamovibilité  de  la  magistrature,  il  n'en  est  pas  moins 
vrai  qu'elle  donnait  lieu  de  toutes  parts  à  des  plaintes 
nombreuses.  Nommés  à  prix  d'argent,  les  officiers  ne 
voyaient  dans  leurs  charges  qu'un  moyen  de  faire  rai)i- 
dement  fortune  par  toutes  sortes  d'exactions. 

Ce  système  de  la  vénalité  des  charges  dui'a,  nialgcé 
les  réclamations  et  les  protestations,  jusqu'à  la  tin  de 
la  monarchie.  L'Assemblée  constituante  en  décréta  l'abo- 
lition dans  la  nuit  du  4  août  1789.  Pour  ne  pas  dé- 
pouiller les  titulaires  d'offices  d'une  propriété  qu'ils 
avaient  réguUèrement  payée,  diverses  lois  de  1791  déci- 
dèrent que  ce  prix  leur  serait  remboursé  sous  forme 
d'une  inscription  de  rente  sur  le  grand  livre  de  la  Dette 
publique.  Cependant,  la  vénalité  des  charges,  abolie  en 
droit,  continua  d'exister  en  fait  pendant  tout  le  Consu- 
lat et  l'Empire.  Un  décret  de  1791  et  plus  tard  une  loi 
du  o  germinal  an  XI  avaient  permis  aux  notaires  rem- 
placés de  traiter  de  gré  à  gré  avec  leurs  successeurs 
])our  les  recouvrements  des  honoraires  qui  leur  étaient 
encore  dus  et  pour  le  bénéfice  des  expéditions.  Cette 
concession  servit  à  masquer  de  véritables  cessions  d'of- 
fices. Les  officiers  ministériels  qui  désiraient  céder  trai- 
taient avec  leur  futur  successeur,  et,  sous  couleur  de 
stipuler  une  indemnité  pour  la  transmission  de  leurs 
minutes,  de  leurs  dossiers  et  de  leurs  recouvrements,  ils 
fixaient  un  véritable  prix.  Puis,  avec  la  connivence  des 
chambres  de  discipline  et  la  tolérance  du  gouverne- 
ment, le  successeur  désigné  était  régulièrement  nommé, 
de  sorte  qu'en  réalité  il  y  avait  bien  eu  vente  ou  cession 
d'office. 

Après  l'Empire,  le  Trésor  étant  ruiné  et  la  l^ranco 
endettée,  on  imagina  de  tirer  un  revenu  des  cessions 
d'offices  qui  continuaient  toujoui's  à  être  pratiquées:  à 
cet  eflet,  la  loi  du  28  avr.  1816  (loi  de  finances)  obligea 
les  officiers  ministériels  à  augmenter  le  montant  de  leur 
cautionnement,  et,  par  compensation,  leur  reconnut  le 
droit  de  présenter  à  l'agrément  du  roi  leurs  successeurs, 
pourvu  que  ceux-ci  réunissent  les  conditions  exigées  par 
les  lois  :  c'est  la  consécration  de  la  vénalité  des  offices 
et  d'une  véritable  propriété  au  profit  des  officiers  minis- 
tériels. 

Actuellement  donc,  les  officiers  ministériels  sont  pro- 
priétaires de  leurs  charges,  ils  peuvent  les  vendre,  ou, 
comme  on  dit,  les  céder,  mais  il  faut  que  leurs  succes- 
seurs soient  agréés  par  le  gouvernement.  D'après  la  loi  du 
'25  juin  1841,  tout  traité  de  cession  d'office  doit  être  cons- 
taté par  écrit  et  enregistré.  Deux  exemplaires  sont  pro- 
duits :  l'un,  sur  papier  libre,  doit  rester  au  parquet  du 
procureur  général;  l'autre,  sur  papier  timbré,  est  soumis 
à  l'approbation  de  la  chancellerie  ;  ce  second  exemplaire 
est  accompagné  d'un  état  des  produits  de  l'office  pendant 
les  cinq  dernières  années,  avec  l'indication  du  prix  de  ces- 
sion. Mais  ce  prix  doit  être  agréé  par  la  chancellerie,  qui 
peut  le  réduire,  si  elle  estime  qu'il  est  exagéré.  Il  im- 
porte en  effet  à  l'ordre  public  que  les  offices  ministériels 
ne  soient  pas  cédés  k  des  prix  trop  élevés,  car  autrement 
les  titulaires  de  charges  s'efforceraient,  pour  retrouver 
l'intérêt  de  leur  argent,  de  percevoir  des  honoraires  abu- 
sifs ou  de  chercher  des  ressources  dans  des  occupations 
étrangères  à  leurs  fonctions.  C'est  ce  désir  d'augmenter 
leurs  bénéfices  qui  a  poussé  tant  de"  notaires  à  s'occuper 
d'opérations  de  banque  pour  le  compte  de  leurs  clients  et 
à  se  transformer  peu  à  peu  en  agents  d'affaires.  Jusque 
vers  1850,  la  chancellerie  avait  fixé  d'une  manière  inva- 
riable les  bases  qui  devaient  servir  à  déterminer  le  prix 
d'un  office  :  elle  multipliait  par  10  le  chiffre  du  produit 
moyen  des  cinq  dernières  années  et  le  total  représentant 
le  prix  de  la  charge.  Ce  procédé  n'attribuait  aux  offices 


qu'une  valeur  insufiisante,  aussi  y  a-t-on  renoncé.  Actuel- 
lement,  la  chancellerie  admet  assez  généralement  que, 
pour  déterminer  la  valeur  en  capital  d'une  charge,  le 
produit  moyen  doit  être  multiplié  par  15  ou  20  pour  les 
huissiers,  par  12  à  15pourlescommissaires-priseurs,  par 
12  pour  les  notaires   et  les  greffiers,  par  15  pour  les 
avoués.  D'ailleurs,  cette  base  de  calcul  n'a  plus  rien  d'in- 
variable, et,  si  l'on  s'en  rapproche  volontiers,  du  moins  on 
apprécie  dans  chaque  cas  particulier  les  conditions  spé- 
ciales oii  se  trouve  placé  l'ofiicc  dont  il  s'agit  :  sa  situa- 
lion,  son  avenir,  sa  réputation.  Si  le  prix  fixé  par  les 
parties  paraît  trop  élevé,  la  chancellerie  le  réduit.  Elle  vé- 
rifie également  si  le  candidat  réunit  toutes  les  conditions 
do  capacité,  et  ensuite  la  nomination  est  faite  par  le  Pré- 
sident de  la  République.  Très  souvent,  afin  de  tromper  la 
surveillance  du  gouvernement,  l'officier  ministériel  et  son 
futur  successeur  fixent  un  prix  apparent,  destiné  à  être 
soumis  à  la  chancellerie,  et  stipulent  un  supplément  dans 
une  contre-lettre  qui  restera  secrète  entre  eux.  Cette  fraude, 
d'un  usage  trop  fréquent,  n'est  pas  sans  danger. Indépen- 
damment des  peines  disciplinaires  très  graves  (amende  et 
même  destitution)  qu'elles  entraînent  contre  le  cession- 
naire,  pour  le  cas  oti  la  supercherie  est  découverte,  ces 
contre-lettres  sont  contraires  à  l'ordre  public  et  radicale- 
ment nulles  :  elles  ne  produisent  aucun  effet.  Par  consé-  * 
quent,  le  cessionnaire  n'est  pas  tenu  de  payer  le  supplé- 
ment de  prix  stipulé  ;  s'il  l'a  payé,  il  est  en  droit  d'en 
imputer  le  montant  sur  le  prix,  si  celui-ci  n'a  pas  été 
encore  intégralement  versé  ;  il  peut  même  répéter  ce  sup- 
plément (le  prix  versé,  pendant  trente  ans;  enfin  l'action 
en  nuUité  de  la  contre-lettre  n'est  couverte  ni  par  une  re- 
nonciation, ni  par  une  ratification,  ni  par  une  transaction. 
Le  nombre  des  offices  ministériels  d'un  ressort  déter- 
miné n'estpas  invariable  :  il  appartient  toujours  au  gou- 
vernement de  l'augmenter  ou  de  le  diminuer  s'il  estime 
qu'il  est  insuffisant  ou  trop  élevé.  Dans  le  cas  de  création 
d'une  nouvelle  charge,  le  titulaire  la  reçoit  gratuitement, 
mais  il  doit  piiyer  une  indemnité  à  ses  confrères  dont  les 
produits  se  trouveront  diminués  par  l'établissement  d'une 
nouvelle  charge.  Inversement,  quand  il  s'agit  de  la  sup- 
pression d'un  office,  le  gouvernement  attend  en  général 
qu'un  titulaire  décède  ou  manifeste  l'intention  de  se  reti- 
rer, et  il  oblige  ses  confrères  à  lui  verser  à  eux  tous  une 
indemnité  égale  au  prix  de  l'étude  supprimée.  Les  sup- 
pressions sont  d'ailleurs  incomparablement  plus  nom- 
breuses que  les  créations  de  nouvelles  charges,  car  le 
nombre  des  offices  avait  été,  à  l'origine,  fixé  à  un  chiffre 
trop  élevé,  sauf  pour  certaines  grandes  villes.  La  sup- 
pression d'un  office  ministériel  ne  dépend  pas  absolument 
de  l'arbitraire  du  gouvernement,  et  certaines  autorités 
doivent,  au  préalable,  être  consultées  :  ainsi  la  chancel- 
lerie demande  l'avis  de  la  chambre  de  discipline,  du  tri- 
bunal et  de  la  cour  d'appel,  sur  l'opportunité  de  la  sup- 
pression projetée.  F.  Girodon. 

IV.  Police.  —  Officiers  de  police  judiciaire.  —  On 
appelle  officiers  de  police  judiciaire  les  agents  officiels  qui 
sont  chargés  de  l'exercice  de  la  police  judiciaire,  c.-à-d. 
principalement  de  la  recherche  des  crimes  et  des  délits. 
Les  officiers  de  pohce  judiciaire  sont,  aux  termes  de  l'art.  9 
du  C.  d'inst.  crim.  qui  nous  en  donne  l'énuméralion  :  les 
gardes  champêtres  et  les  gardes  forestiers,  les  commissaires 
de  police,  les  maires  et  adjoints  au  maire,  les  procureurs 
de  la  République  et  leurs  substituts,  les  officiers  de  gen- 
darmerie et  les  juges  d'instruction.  L'art.  9  mentionne  aussi 
les  commissaires  généraux  de  police  qui  ont  été  supprimés  en 
1815.  Les  préfets  dans  leurs  départements  peuvent  aussi, 
dans  certains  cas,  remplir  des  actes  d'officier  de  police  ju- 
diciaire. La  police  judiciaire  est  exercée  sous  l'autorité  su- 
prême de  la  cour  d'appel,  et  chaque  officier  de  police 
judiciaire  a  des  attributions  spéciales  établies  par  le  code 
d'instruction  criminelle  et  est  soumis  à  la  double  surveil- 
lance du  procureur  général  et  do  la  c()ur  d'appel. 

Elle  TOURNERIE. 


OFFICIER 


^29^2  — 


Officiers  de  paix  (V.  Police). 

V.  Médecine.  —  Officiers  de  santé.  —  Les  ofiiciers 
de  santé  constituaient  une  classe  de  médecins  d'une  instruc- 
tion moins  étendue  que  les  docteurs  en  médecine.  Institués 
par  la  loi  du  19  ventOse  an  XI  (10  mars  1803),  ils  ne  pou- 
vaient exercer  en  dehors  du  département  où  ils  avaient  été 
examinés  par  le  jury  nommé  à  cet  etfet  ;  ils  ne  pouvaient 
pratiquer  les  grandes  opérations  chirurgicales  s»ns  l'assis- 
tance d'un  docteur  en  médecine,  et,  dans  le  cas  d'accidents 
graves  arrivés  dans  une  opération  pratiquée  en  dehors  de 
cette  surveillance,  il  y  a\  aitrecoui^s  à  indemnité  contre  l'offi- 
cier de  santé  coupable.  Tout  le  monde  sentait  depuis  long- 
temps tout  rillogisme  de  cette  organisation,  qui  avait  eu 
pour  but,  à  l'origine,  d'assurer  les  secours  médicaux  dans 
les  campagnes  et  dont  le  seul  résultat  avait  été  de  faire 
naître  une  concurrence  regrettable  entre  les  deux  caté- 
gories de  médecins,  sans  que  pour  cela  les  campagnes 
lussent  mieux  desservies.  En  eflfet,  on  trouvait  autant 
d'officiers  de  santé  dans  les  grandes  villes  que  dans  les 
petits  centres.  Enfin  la  loi  de  1892  est  venue  faire  cesser 
cet  état  de  choses  en  décrétant  la  suppression  de  l'offi- 
ciat.  L'es  officiers  de  santé  en  exercice  ont  été  invités  à 
régulariser  leur  situation  en  passant  les  examens. com- 
plémentaires nécessaires  pour  acquérir  le  diplôme  de  doc- 
teur. 

VI.  Distinctions  honorifiques.  —  Officiers  d'Aca- 
démie et  Officiers  d'Instruction  publique.  —  Ces  deux 
grades  de  la  décoration  décernée  par  le  ministère  de  l'ins- 
truction publique,  et  dont  la  vogue  depuis  tantôt  un  siècle 
est  toujours  allée  grandissant,  n'ont  pas  présenté,  à  l'ori- 
gine de  l'institution,  le  caractère  qui  leur  appartient  de  nos 
jours.  Maintenant,  en  effet,  les  palmes  académiques  — 
tel  est  le  nom  donné  aux  insignes  qui  les  attestent  — 
constituent  une  décoration  officielle,  au-dessous  de  la 
Légion  d'honneur.  Et,  de  même  que  la  Légion  d'honneur, 
primitivement  destinée  avant  tout  à  récompenser  la  valeur 
militaire,  a  bien  vite  signalé  également  les  services  civils, 
de  même  les  palmes  académiques  n'avaient  d'abord  d'autre 
tin  que  de  désigner  des  fonctionnaires  de  Tinstruction  pu- 
bbque  placés  aux  degrés  supérieurs  de  la  hiérarchie  ou 
mis  en  lumière  par  leur  activité  et  leurs  talents  ;  puis,  peu 
à  peu,  elles  se  sont  étendues  à  des  mérites  très  divers, 
mais  qui  ne  concernaient  l'enseignement  que  de  loin.  Bien 
plus,  à  parler  exactement,  les  palmes  ne  composaient  pas, 
dans  la  pensée  de  leurs  fondateurs,  un  ordre  proprement 
dit,  et  le  mot  de  décoration  les  aurait  alors  très  impro- 
prement dénommées.  Elles  correspondaient  à  des  titres, 
comprenant  trois  degrés,  dont  un  devait  plus  tard  dispa- 
raître. Nous  ne  saurions  mieux,  d'ailleurs,  retracer  leur 
histoire  qu'en  citant  ou  en  analysant  les  principaux  articles 
des  décrets  et  règlements  s'appliquant  à  cet  ordre. 

«  Cet  ordre  »,  disons-nous,  et  tel  est  bien  le  terme  em- 
ployé par  le  décret  fondateur.  Mais  nous  devons  prendre 
garde,  alors  que  nous  en  usons,  à  ne  point  commettre  une 
équivoque.  Quand  le  décret  parle  à'ordre,  c'est  au  sens 
étymologique,  pour  désigner  la  hiérarchie  selon  laquelle 
il  conviendra  de  répartir  les  différents  dignitaires  de  l'Uni- 
versité. Il  vise  à  étabhr  la  suite,  le  rang  des  membres 
attitrés  de  l'enseignement  public.  Il  se  propose  non  pas  de 
fournir  un  appât  aux  amours-propres,  mais  une  métho- 
dique distribution  des  agents  d'un  grand  service  national. 
Ce  n'est  que  plus  tard  que  cette  destination  ju'emière  sera 
perdue  de  vue  et  que  les  palmes  joueront  le  rôle  exclusif 
de  distinction  honorifique,  conférée  en  proportions  presque 
égales  aux  membres  de  l'enseignement  et  à  des  personnes 
dénuées  de  toute  investiture  universitaire.  La  fondation 
des  palmes,  définies  de  la  sorte,  est  pour  ain.si  dire  con- 
temporaine de  l'Université  elle-même.  Le  règlement  qui 
stipule  leur  mode  de  collation  fait  partie  intégrante  du 
décret  impérial  du  IT  mars  1808  «  portant  organisation 
de  l'Université  ».  Il  est  compris  dans  le  titre  IV  traitant 
de  l'ordre  qui  sera  établi  entre  les  membres  de  VUni- 
versilé,  des  ra)ujs  et  des  tilres  attachés  aux  fonctions. 


De  ce  titre  il  occupe  le §2,  que  nous  donnons  en  son  en- 
tier : 

«  §  2.  Des  titres  attachés  aux  fonctions.  —  32.  11 
est  créé,  parmi  les  gradués  fonctionnaires  de  l'Université, 
des  titres  honorifiques  destinés  à  distinguer  les  fonctions 
éminentes  et  à  récompenser  les  services  rendus  à  l'ensei- 
gnement. Ces  titres  seront  au  nombre  de  trois,  savoir  : 
1°  les  titulaires  ;  2«  les  officiers  de  l'Université;  3^  les 
officiers  des  Académies. 

«  33.  A  ces  titres  seront  attachées  :  1°  des  pensions 
qui  seront  données  par  le  grand  maître  ;  2«  une  décora- 
tion qui  consistera  dans  une  double  palme  brodée  sur  la 
l)artie  gauche  de  la  poitrine.  La  décoration  sera  brodée 
en  or  pour  les  titulaires,  en  argent  pour  les  officiers  de 
l'Université,  en  soie  bleue  et  blaiiche  pour  les  ofiiciers  des 
Académies. 

«  34.  Seront  titulaires  de  F  Université  impériale,  dans 
l'ordre  suivant:  1*^  le  grand  maître  de  l'Université  ;  2''  le 
chancelier  de  l'Université  ;  3«  le  trésorier  de  l'Université  ; 
^^  les  conseillers  à  vie  de  l'Université. 

«  35.  Seront,  de  droit,  officiers  de  l'Université,  les  con- 
seillers ordinaires  de  l'Université,  les  inspecteurs  de  l'Uni- 
versité, les  recteurs,  les  inspecteurs  des  Académies,  les 
doyens  et  professeurs  des  Facultés.  Le  titre  d'officier  de 
l'Université  pourra  aussi  être  accordé  par  le  grand  maître 
aux  proviseurs,  censeurs,  et  aux  professeurs  des  deux  pre- 
mières classes  des  lycées  les  plus  recommandables  par  leurs 
talents  et  par  leurs  services. 

«  36.  Seront,  de  droit,  officiers  des  Académies,  les  pro- 
viseurs, censeurs  et  professeurs  des  deux  premières  classes 
des  lycées  et  les  principaux  des  collèges.  Le  titre  d'officiers 
des  Académies  pourra  aussi  être  accordé  par  le  grand  maître 
aux  autres  professeurs  des  lycées,  ainsi  qu'aux  régents 
des  collèges  et  aux  chefs  d'histitution,  dans  le  cas  où  ces 
divers  fonctionnaires  auraient  mérité  cette  distinction  par 
des  services  éminents. 

«37.  Les  professeurs  et  agrégés  des  lycées,  les  régents 
des  collèges  et  les  chefs  d'institutions,  qui  n'auraient  pas  les 
titres  précédents,  porteront,  ainsi  que  les  maîtres  de  pen- 
sion et  les  maîtres  d'étude,  le  seul  titre  de  membres  de 
l'Université.  » 

Sous  le  règne  de  Louis-Philippe  paraissent  diverses  or- 
donnances modifiant  ou  complétant  le  décret  de  1808,  sans 
en  altérer  ni  l'esprit  ni  les  dispositions  essentielles.  L'or- 
donnance royale  du  14nov.  1844  autorise  la  collation  du 
troisième  grade,  celui  d'officier  d'Académie,  aux  maîtres 
d'études  des  collèges.  Celle  du  9  sept.  1845  porte  que 
les  titulaires  seront  désormais  appelés  hauts  titulaires 
de  l'Université  (-àH.  1^^)  ;  elle  étend  le  droit  d'admission 
aux  deux  autres  grades,  à  diverses  catégories  de  fonction- 
naires de  Fenseignement,  aumôniers,  principaux  des  col- 
lèges, inspecteurs  de  l'instruction  primaire,  directeurs  des 
écoles  normales,  instituteurs  du  degré  supérieur  ayant  au 
moins  dix  ans  d'exercice  (art.  2  et  3)  ;  elle  stipule  que 
«  les  nominations  aux  grades  d'officiers  d'Académie  et 
d'officiers  de  l'Université  auront  lieu  deux  fois  par  an,  à 
l'époque  des  vacances  et  à  celle  des  vacances  trimestrielles, 
sur  la  présentation  des  inspecteurs  généraux  et  des  rec- 
teurs »,  et  que  le  tableau  des  nominations  devra  être  pu- 
blié au  Moniteur  (iirt.  4).  Enfin,  Fart.  5  porte  que  «  le 
titre  d'officier  d'Académie  pourra  être  maintenu  à  ceux  qui 
en  étaient  revêtus  de  droit,  eji  vertu  de  fonctions  qu'ils 
cessent  de  remplii' :  les  officiers  de  l'Université,  en  pareil 
cas,  conserveront. leur  titre  de  plein  droit,  s'il  n'en  est 
ordonné  autrement  par  une  décision  spéciale  ;  le  titre  de 
haut  titulaire  restera  attaché  à  la  personne  de  ceux  qui 
en  auront  été  revêtus  de  droit  ».  Cette  dernière  clause  est 
particulièrement  à  retenir  :  car  elle  atteste  à  quel  point 
ces  divers  grades  étaient  par  destination  complémentaires 
et  inséparables  des  fonctions  qu'ils  étaient  appelés  à  re- 
hausser. L'ordonnance  de  1845  marque  une  première  et 
hésitante  démarche  en  vue  d'isoler  le  grade  de  la  fonction 
et  de  l'attacher  à  la  personne.  Mais  l'ordre  demeure  tou- 


^298 


OFFICIER 


jours  exclusivement  universitaire,  el  le  but  de  l'institution 
ne  s'est  en  rien  modifié.  Une  longue  ordonnance  royale  du 
i^^  nov.  4846  énumère  quels  sont  les  fonctionnaires  de 
l'instruction  publique  auxquels  appartiendra  le  titre  d"ofli- 
ciers  de  l'Université  et  celui  d'officiers  d'Académie.  L'art.  4, 
plus  particulièrement,  fiiit  ressortir  ce  caractère  éminem- 
ment professionnel.  «  Art.  4  :  Nul  ne  peut  être  revêtu  des 
titres  universitaires,  ni  proposé  pour  ces  titres  par  les  ins- 
pecteurs généraux  et  recteurs,  s'il  ne  remplit  toutes  les 
conditions  de  grades  prescrites  par  les  règlements  pour 
les  fonctions  dont  il  est  en  possession.  A  l'avenir,  nul  ne 
sera  revêtu  de  ce  titre,  s'il  ne  compte  cinq  ans  de  services 
dans  l'Université.  Nul  ne  sera  promu  à  un  titre  supérieur, 
s'il  ne  compte  cinq  ans  de  services  dans  le  titre  inférieur. 
Il  ne  peut  être  dérogé  à  ces  dispositions  que  par  un  arrêté 
individuel  et  motivé.  »  Sans  doute,  la  dernière  phrase  de 
l'article  ouvre  une  porte  aux  exceptions,  mais  une  porte 
singulièrement  étroite  et  par  où  il  n'est  point  dit  que  des 
titulaires  étrangers  à  l'enseignement  public  pourront  pé- 
nétrer. 

Le  9  déc.  1836,  un  décret  du  président  de  la  Répu- 
blique, rendu  sur  avis  du  Conseil  supérieur,  supprime  im- 
plicitement le  grade  des  «  hauts  titulaires  ».  Nous  lisons 
en  effet,  dans  l'art.  1^^*  :  «  Les  distinctions  honorifiques 
attribuées  aux  membres  de  l'enseignement  public  et  de  l'en- 
seignement libre  sont  au  nombre  de  deux  ;  celle  d'officier 
d'Académie  ;  celle  d'officier  de  l'Instruction  publique.  La 
palme  sera  brodée  en  soie  bleue  et  blanche  pour  les  offi- 
ciers d'Académie  ;  elle  sera  brodée  en  argent  pour  les  offi- 
ciers de  l'Instruction  publique.  »  L'art.  2  spécifiait  les 
catégories  de  fonctionnaires  aptes  à  recevoir  l'un  et  l'autre 
grades.  Remarquonsque,  pour  la  première  fois,  les  membres 
de  l'enseignement  libre  sont  placés  sur  le  même  rang  que 
ceux  de  l'Université.  L'art.  3  porte,  en  effet  :  «  Les  dis- 
tinctions honorifiques  attribuées  aux  membres  de  l'ensei- 
gnement public  et  de  l'enseignement  libre  sont  conférées 
par  le  ministre  de  l'instruction  publique,  sur  la  proposi- 
tion des  recteurs  et  l'avis  des  conseils  académiques.  » 
C'était  évidemment  là  un  corollaire  des  célèbres  lois  de 
1830  d'où  les  écoles  libres  sont  sorties. 

Toutefois,  même  aux  termes  du  décret  de  1830,  les 
palmes  conservaient  leur  destination  initiale  qui  était  d'at- 
tester, par  un  signe  honorifique,  les  services  profession- 
nels rendus  dans  l'un  ou  l'autre  enseignement.  Elles  ne 
correspondaient  plus  forcément  à  des  titres  officiels,  puisque 
des  maîtres  de  l'enseignement  privé  les  pouvaient  obtenir. 
Elles  constituaient,  selon  l'expression  qu'emploiera  Duruy, 
«  à  la  fois  un  titre  et  une  décoration  ». 

L'usage  allait  bientôt  élargir  les  catégories  de  personnes 
aptes  à  les  recevoir.  Des  dignitaires  de  l'armée,  des  corps 
politiques,  des  administrations,  en  furent  revêtus.  A  cette 
extension  sera  corrélative  une  modification  dans  la  forme 
extérieure  des  insignes  elle-même.  Ceux-ci  désormais  au- 
ront l'aspect  d'unQ  décoration  particulière  qui  se  pourra 
détacher,  qui  se  pourra  joindre  auxinsignes  d'autres  ordres. 
Le  7  avr.  -1866,  sur  le  rapport  du  ministre  Victor  Duruy, 
un  décret  impérial  consacre  cette  transformation. 

11  édicté  que  :  «  Le  signe  distinctif  des  officiers  de  l'Ins- 
truction publique  est  la  double  palme  d'or,  et  celui  des 
officiers  d'Académie  la  double  palme  d'argent,  conformes 
aux  modèles  annexés  au  présent  décret.  » 

En  application  du  décret  du  7  avril,  un  arrêté  ministé- 
riel du  i23  mai  de  la  même  année  portait  que  les  promo- 
tions auraient  lieu  à  trois  époques  :  4°  à  la  fin  de  décembre  ; 
i2^  lors  de  la  réunion  à  Paris  des  sociétés  savantes  des  dé- 
partements ;  3^  au  4  3  août.  A  la  première  époque,  seraient 
promus  des  membres  de  l'enseignement  supérieur  et  secon- 
daire ;  à  la  seconde,  des  membres  des  sociétés  savantes 
ainsi  que  «  les  littérateurs  et  les  savants  recommandés  par 
leurs  succès  dans  les  cours  libres  ou  par  des  ouvrages  in- 
téressant l'instruction  publique  »  ;  à  la  troisième,  des  délé- 
gués cantonaux,  des  membres  de  l'enseignement  primaire, 
ainsi  que  «  les  personnes  étrangères  à  l'Université  qui 


auraient  bien  mérité  d(^  rinstruction  publique,  soit  par  leur 
participation  aux  travaux  des  divers  conseils  et  commis- 
saires étabhs  près  des  lycées,  des  collèges  et  des  écoles 
normales  (conseils  de  perfectionnement  et  de  patronage, 
bureaux  d'administration,  commissions  administratives), 
soit  par  le  concours  efficace  qu'elles  auraient  prêté  au  dé- 
veloppement de  l'enseignement  à  tous  ses  degrés  et  sous 
toutes  ses  formes  ».  L'art.  !2  stipulait  qu'à  moins  de  cir- 
constances exceptionnelles,  aucune  nomination  ne  pourrait 
avoir  lieu  dans  l'intervalle  de  ces  trois  époques.  Enfin,  ce 
règlement  revêtait  une  forme  plus  solennelle  en  même 
temps  que  plus  précise  et  plus  détaillée,  grâce  au  décret 
rendu,  après  avis  du  Conseil  impérial  de  l'instruction  pu- 
hhque,  le  27  déc.  4866.  Ce  décret  énumérait  quelles  con- 
ditions seraient  requises  pour  l'obtention  des  grades,  sur 
quelles  propositions  nécessaires  les  nominations  seraient 
faites.  Nous  n'en  détacherons  que  l'art.  8,  encore  en 
vigueur  aujourd'hui,  qui  montrera,  mieux  que  tous  les 
commentaires,  comment  les  palmes  devenaient  de  moins 
en  moins  un  titre  et  de  plus  en  plus  une  décoration  immé- 
diatement au-dessous  de  l'ordre  national  :  «  Art.  8.  Nul 
ne  peut  être  nommé  officier  de  l'Instruction  publique  s'il 
n'a  été  pendant  cinq  ans  au  moins  officier  d'Académie.  Il 
ne  pourra  être  dérogé  à  cette  règle  qu'en  faveur  des  per- 
sonnes déjà  titulaires  du  grade  d'officier  de  la  Légion  d'hon- 
neur. » 

Nous  ne  citerons  que  pour  mémoire  le  décret  du  30  juin 
4880  qui  se  borne  à  désigner  les  trois  époques  où  auront 
lieu  les  collations  de  palmes  :  4  ^'janvier,  44  juillet  et 
époque  de  la  réunion  des  sociétés  savantes.  Jusqu'en  4883, 
aucun  décret  ni  arrêté  ne  vient  modifier  celui  de  4  866.  Mais, 
parmi  les  dispositions  de  ce  dernier,  quelques-unes  devin- 
rent, par  un  abus  insensible,  objet  de  négligence  :  ainsi 
surtout  celles  qui  exigeaient,  comme  condition  préalable, 
des  propositions  officielles  ;  quelques  autres  furent  tout  à 
fait  lettre  morte  :  ainsi  celle  qui  imposait  la  publication  du 
tableau  au  Journal  officiel;  d'autres  enfin  prêtèrent  à 
une  extension  toujours  croissante  :  ainsi  la  clause  com- 
prenant parmi  les  titulaires  possibles  de  la  promotion  du 
43  août  «  les  personnes  étrangères  à  l'Université  ^/tfz  au- 
raient bien  mérité  de  rinstruction  publique  ».  Cette 
dernière  addition  était  d'une  élasticité  indéfinie.  Elle  im- 
phquait  hien  que  les  services  à  récompenser  devraient  avoir 
eu  quelque  répercussion  heureuse  sur  l'enseignement.  Mais 
une  telle  condition  était  si  vague  ;  il  y  avait  tant  de  ma- 
nières de  paraître  la  remplir  que  nul  prétendant  aux  palmes 
ne  devait  plus  raisonnablement  désespérer  de  les  obtenir. 

Aussi  le  nombre  des  nominations  s'accrut-il  à  l'excès,  et 
le  risque  devenait-il  grand  que  des  distinctions  honorifiques 
trop  facilement  et  abondamment  conférées  ne  finissent  par 
être  dépréciées.  C'est  pour  arrêter  l'abus  et  écarter  le 
péril  que,  sur  l'initiative  du  ministre  Goblet,  fut  pris  le 
décret  du  24  déc.  4883,  appuyé  de  deux  circulaires,  l'une 
aux  recteurs  et  l'autre  aux  préfets.  L'art.  2  fixait  ainsi  le 
chiffre  maximum  des  décorations  à  accorder  annuellement  : 
4.200  officiers  d'Académie;  300  officiers  d'instruction  pu- 
blique, étant  entendu  que  «  la  moitié  de  ces  distinctions 
au  moins  serait  réservée  aux  fonctionnaires  de  l'instruc- 
tion publique  ».  (^est  ainsi  que  cet  ordre,  purement  pro- 
fessionnel à  l'origine,  devenait  accessible  par  moitié  à  ces 
«  personnes  étrangères  à  l'Université  »,  que  le  décret  de 
4866  avait  si  discrètement  admises  à  y  prétendre.  Les  art.  3, 
4  et  3  déterminent  quels  sont  les  hauts  fonctionnaires 
(recteurs,  directeurs  d'établissements  littéraires  ou  scien- 
tifiques, préfets),  dont  la  proposition  sera  requise  pour  les 
diverses  catégories  de  candidats  appartenant  à  l'enseigne- 
ment. Notons,  à  l'art.  3,  la  stipulation  concernant  les 
«  services  rendus  aux  beaux-arts  ».  Citons  également 
l'art.  6  :  «  Les  distinctions  honorifiques  attribuées  aux  lit- 
térateurs et  aux  savants  recommandés  par  leurs  ouvrages 
ou  par  des  services  rendus  à  l'enseignement  sont  accor- 
dées sur  la  proposition  des  recteurs.  »  C'était  un  élargis- 
sement nouveau,  consacré  officiellement,  de  l'addition  con- 


OFFICIKR  —  OFFRANDE 


291  — 


tenue  dans  le  Jécret  de  1866.  Désoi'mais  on  pent  dire  que 
l'objet  de  la  décoralion  fondée  en  4808  était  universalisé. 
Les  palmes  étaient  ainsi  désormais  destinées  à  récompenser 
indistinctement  les  maîtres  de  l'enseignement  public  ou 
privé,  les  personnes  en  situation  de  faire  valoir  leurs  bons 
offices,  quelle  qu'en  fût  la  forme,  envers  l'instruction  pu- 
])lique,  les  artistes,  les  auteurs  d'ouvrages  scientifiques  ou 
littéraires.  Enfin,  l'art.  42  apportait  à  l'examen  des  titres 
une  garantie  efficace,  en  faisant  revivre  la  clause  qui  exi- 
geait la  publication  du  tableau  des  nominations  au  Journal 
officiel,  clause  inscrite  dans  le  décret  du  47  mars  4808, 
mais  qu'une  fâcheuse  négligence  avait  à  la  longue  laissé 
tomber  en  désuétude. 

Pour  être  complet,  nous  ne  ferons  que  mentionner  le  dé- 
cret du  23  juil.  4896  accordant  annuellement  le  44  juillet, 
en  sus  du  contingent  précédemment  fixé,  «  aux  instituteurs 
et  institutrices  publics  qui  auront  dirigé  avec  le  plus  de 
zèle  et  de  succès,  des  cours  d'adultes  et  d'adolescents  : 
00  palmes  d'officier  d'Académie;  20  palmes  d'officier  de 
l'Instruction  publique  ». 

Si  l'auteur  du  décret  de  4885  s'était  flatté  d'endiguer 
la  marée  montante  des  nominations,  grande  fut  son  illu- 
sion. Deux  ans  à  peine  s'écoulèrent  que  l'abusive  prodi- 
galité à  laquelle  il  avait  tenté  de  porter  remède  reprenait 
de  plus  belle.  En  4888,  le  nombre  total  des  palmes  d'of- 
liciers  de  l'instruction  publique  s'élevait  à  354 .  au  lieu  du 
chiffre  de  820  qui  avait  été  fixé  pour  le  contingent  annuel. 
L'accroissement  se  continua  dans  les  années  qui  suivirent 
jusqu'à  atteindre,  pour  l'année  4897,  le  total  invraisem- 
blable de  1 .048.  Quant  aux  officiers  d'Académie,  cette  môme 
année  4897,  leur  nombre  total  qui,  réglementairement, 
n'eût  pas  dû  dépasser  4.260,  s'élevait  à  2.948!  Une  telle 
recrudescence  devait  enfin  appeler  des  mesures  protec- 
tri(;es,  sous  peine  d'en  arriver  à  cette  extrême  logique  que 
tout  citoyen  français  fût  déclaré,  par  définition,  revêtu  des 
palmes. 

C'est  ainsi  qu'un  nouveau  décret  a  paru  à  V Officiel  du 
6  août  4898.  Le  ministre,  après  avoir,  dans  un  rapport  au 
Président,  fait  ressortir  quel  discrédit  la  méconnaissance 
du  décret  de  4883  risquait  de  jeter  sur  l'institution,  con- 
clut, pour  tout  remède,  à  la  nécessité  d'augmenter  les 
chiffres  déterminés  par  ce  décret,  «  dans  une  mesure  assez 
large  pour  n'offrir  plus  aucun  prétexte  à  dépasser  le  con- 
tingent réglementaire,  assez  restreinte  pour  abaisser  nota- 
Idemontle  chiffre  auquel  on  était  arrivé  dans  la  pratique  ». 
Le  décret  fixait  comme  il  suit  le  nouveau  maximum  des 
décorations  à  accorder  annuellement  :  «  aux  fonctionnaires 
de  l'instruction  publique,  800  officiers  d'Académie  et  300 
officiers  de  l'Instruction  publique  ;  —  aux  fonctionnaires 
des  établissements  d'enseignement  public  ressortissant  à 
d'autres  ministères,  73  officiers  d'Académie  et  23  officiers 
de  l'Instruction  pu])lique  ;  —  aux  personnes  étrangères  à 
rUniversité,  4.200  olliciers  d'Académie  et  300  officiers 
de  rinstfuction  publique.  En  aucun  cas  ces  chiffres  ne  pour- 
ront être  dépassés.  »  C'est  là  faire  largement,  comme  l'on 
dit,  la  part  du  feu.  On  remarquera  de  plus  que,  d'après 
les  proportions  fixées  par  ce  décret,  la  majorité  des  titu- 
laires se  trouvera  composée  de  personnes  étrangères  à 
l'Université.  On  peut  ainsi  mesurer  l'espace  parcouru  de- 
puis 4808. 

Le  décret  de  4898  aura-t-il  meilleure  fortune  que  ses 
aînés?  Les  cabinets  qui  succéderont  à  celui  dont  il  émane 
se  montreront-ils  plus  respectueux  que  leurs  devanciers 
des  efforts  accomplis  pour  prévenir  l'avilissement  d'in- 
signes dont  la  création  répondait  à  une  pensée  délicate  et 
élevée  :  celle  d'honorer,  par  un  symbole  visible,  les  pa- 
cifiques services  rendus  à  l'éducation  nationale,  tout  comme 
un  signe  glorieux  atteste  les  bons  mérites  militaires  et  ci- 
vils envers  l'Etat  ?  Pour  avoir  droit  d'y  compter,  peut- 
être  une  réforme  plus  profonde  serait-elle  nécessaire.  Peut- 
être  y  faudrait-il  la  création  d'une  sorte  de  chancellerie, 
soustraite  aux  fluctuations  de  la  politique,  ayant  charge 
de  contrôler  les  propositions  faites,  de  veiller  à  l'accom- 


plissement des  déci'ets  et  airèlés.  Que  les  palmes  aient,  à 
la  longue,  cessé  de  constituer  un  ordre  étroitement  pro- 
fessionnel ;  qu'elles  soient  devenues  le  signe  des  bonnes 
œuvres  intellectuelles,  du  talent,  du  savoir,  du  zèle  éclairé 
pour  les  cboses  (le  l'esprit,  leur  valeur  n'a  pu  qu'y  gagner, 
l'^ncore  faut-il  que  les  mains  qui  les  dispensent  ne  s'ouvrent 
])oint  toutes  grandes,  faciles  et  complaisantes  aux  indis- 
crètes prétentions  des  vanités.  Georges  Lyon. 

BiBL.  :  Artsiée.  —  Corontin  Guyho,  l'ArmOe,  son  Jiistoirc. 
son  avenir  ;  Pâvis^  1870.  —  G.)L.  M.^V  Officier  et  les  Cndre.^ 
supérieurs;  Paris,  1887-91,  4  vol,  —A.  Babeau,  la  Vie  mi- 
litaire sous  l'ancien  régime;  t.  II,  les  Officiers  ;  Paris,  1890. 
~  S.  V.,  de  la  Situation  de  l'officier  dans  la  pratique  cou- 
rante; Paris,  1890.  —  J.  Saumur,  Mémento  militaire;  Paris, 
1893.  —H.  Genoux,  Mariage  des  o/'/iciers ;  Paris,  1893,2»  éd. 

—  Lois^  décrets  et  règlements  relatifs  à  l'organisation  de 
l'armée  ;  Paris,  1894.  —  P.  de  Pardiellan,  Graines  d'offi- 
ciers ;  Paris,  1895.  —  Commandant  Francfort,  les  Corps 
d'officiers  des  principales  années  européennes  ;  Paris,,  1895. 

—  DucARNE,  Recrutement  et  avancement  des  officiers; 
P.ruxelles,  1897. 

Histoire  et  législation.  —  Lughaire,  Hist.  des  ins- 
titutions monar^chiques  de  la  France  sous  les  premiers 
Capétiens,  1.  II,  ch.  ii.  —  Du  môme,  Manuel  des  institu- 
tions françaises,  pp.  518  et  suiv.  —  P.  Viollet,  Hist.  des 
Institutions  politiques  et  administ.  de  la  France,  t.  II, 
pp.  104  et  suiv.  —  A.  Esmein,  Cours  élémentaire  d'histoire 
du  droit  français,  3"  édit.,  pp.  440  et  suiv.  —  A.  Giry,  Ma- 
nuel de  diplomatic[ue,  p.  747.  —  Du  Tillet,  Recueil  des 
roys  de  France,  leurs  couronne  et  maison  ;  Paris,  1602, 
in-4.  —  Ch.  Loyseau,  Cinq  livres  c/n  droict  des  offices: 
Paris,  1613, 1.  IV,  in-4.  —  A.  Favyn,  Traités  des  premiers; 
officiers  de  la  couronne  ;  Paris,  1613,  in-8.  —  P.  Anselme, 
Histoire  généalogique  et  chronologique  de  la  maison 
royale  de  France',  t.  VI  et  suiv.  —  Vrayk,  Des  offices  mi- 
nistériels.  —  Perriquet,  Traité  des  offices  ministériels. 

—  Greffier,  Des  cessions  et  suppressions  d'offices.  — 
Durand,  Des  offices... 

Distin(jtions  honorifiques.  —  Recueil  des  lois  et  règle- 
ments concernant  l'instruction  publique  depuis  Védit  de 
HenrilV  en  1598j\isqu'â  ce  jour  {18Hi),  l'*^  série,  t.  IV. 

OFFICINE  (Archit.).  Nom  donné  autrefois  à  la  petite 
pièce,  à  la  fois  magasin  et  laboratoire,  dépendant  d'une 
pharmacie,  et  où  l'on  conserve  et  prépare  les  substances 
devant  entrer  dans  la  composition  des  médicaments. 

OFFIGNIES.  Com.  du  dép.  de  la  Somme,  arr.  d'Amiens, 
cant.  de  Poix;  115  hab. 

OFFIN.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr.  de  Mon- 
treuil,  cant.  de  Campagne-les-lïesdin  ;  278  hab. 

0FFLAN6ES.  Com.  du  dép.  du  Jura,  arr.  de  Dôle, 
cant.  de  Montmirey-le-Chàtcau  ;  356  hab. 

OFFOY.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  deBeauvais,cant. 
de  Grandvilliers  ;  129  hab. 

OFFOY.  Com.  du  dép.  do  la  Somme,  arr.  de  Péronne, 
cant.  de  Ham  ;  393  hab. 

OFFRANDE.  Au  mot  Câsuel  (t.  IX)  et  au  commence- 
ment des  articles  Biens  du  clergé  (t.  VT,  p.  736),  Dîmr 
(t.  XIV,  p.  752),  on  trouvera,  avec  tous  les  développe- 
ments nécessaires,  des  indications  sur  les  moyens  em- 
ployés à  diverses  époques  pour  inviter  ou  contraindre  le 
peuple  à  contribuer  aux  dépenses  du  culte,  à  l'entretien 
de  ses  ministres  et,  dans  une  certaine  mesure,  à  l'assis- 
tance des  pauvres.  —  Parmi  les  oblations,  il  ne  s'agit  ici 
que  de  celles  qui  étaient  apportées  dans  l'Eglise  pour  la 
célébration  du  culte  eucharistique,  le  souper  du  Sei- 
gneur, lequel  était  associé  primitivement  à  un  repas  com- 
mun (V.  Agapes,  t.  I).  C'était  un  devoir  pour  tous  ceux 
([ui  pouvaient  le  faire  d'apporter  le  pain  et  le  vin  néces- 
saires. De  très  anciens  documents  relatent  des  reproches 
sévères  -adressés  à  ceux  qui  communiaient  sans  avoir 
fourni  les  aliments  ou  les  éléments  de  la  communion.  Les 
formes  de  cette  offrande  ayant  considérablement  varié, 
suivant  les  temps  et  les  lieux,  nous  ri'i'n  pouvons  présen- 
ter ici  que  les  traits  les  plus  généraux,  esquisse  fort  in- 
complète. Lorsque  les  lieux  oii  se  célébrait  le  culte  chré- 
tien n'avaient  point  encore  reçu  la  division  ou  la  dispo- 
sition qui  leur  fut  assignée  plus  tard,  il  est  vraisemblable 
que  les  objets  apportés  par  les  fidèles  étaient  placés  direc- 
tement par  eux  sur  la  table  de  la  communion,  le  pain 
dans  des  linges,  le  vin  dans  des  vases.  Quand  le  rituel  et 


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OFFRANDR  —  O'FLAHERTY 


lu  hiérarchie  se  furent  développés,  ces  objets  furent  re- 
çus, à  l'entrée  ou,  dans  tous  les  cas,  en  dehors  du  lieu 
réservé  au  clergé,  par  un  diacre  ou  un  sous-diacre,  qui 
les  plaçait  sur  l'autel.  En  Orient,  il  semble  que  le  dépôt 
sur  l'autel  était  fait  par  le  célébrant.  La  faculté  d'entrer 
dans  le  chœur  pour  l'offrande  était  un  privilège  qui  n'était 
accordé  qu'à  l'empereur  et  à  quelques  hauts  dignitaires. 
—  Ces  oblations  étaient  considérées  comme  ayant  le  ca- 
ractère d'un  sacrifice,  et  elles  en  reçurentle  nom  (V.  Messe, 
t.  XXIII,  p.  749,  2*^  col.).  On  en  faisait  deux  parts,  l'une 
qui  était  consacrée  pour  la  communion  des  assistants  et 
l'envoi  des  eulogies  (V.  ce  mot)  ;  l'autre  qui  était  em- 
ployée à  l'entretien  des  ministres  du  culte,  à  l'assistance 
des  pauvres  et  à  la  distribution  des  antidores  (V.  Eulo- 
cie).  Les  Constitutions  apostoliijues  attribuent  quatre 
parts  à  l'évoque,  trois  à  un  prêtre,  deux  à  un  diacre,  le 
reste  aux  sous-diacres,  aux  lecteurs,  aux  chantres  et  aux 
diaconesses.  En  principe,  étaient  seuls  admis  à  l'offrande 
ceux  qui  devaient  participer  à  la  communion.  D'ailleurs, 
k^s  autres,  à  l'exception  de  certains  pénitents,  devaient 
être  absents  ou  sortis  de  l'église,  au  moment  où  se  fai- 
sait l'office  eucharistique.  Mais  le  temps  vint  ])ientôt  où 
Ton  s'occupa  moins  d'interdire  l'offrande  aux  indignes 
que  de  contraindre  le  peuple  à  y  prendre  part.  Le  second 
concile  de  Mâcon  (585)  enjoint  aux  hommes  et  aux  femmes 
d'y  aller  au  moins  tous  les  dimanches.  Les  évêques,  dans 
leurs  visites,  devaient  s'informer  si  tous  accomplissaient 
ce  devoir  ;  à  défaut  des  hommes,  leurs  femmes  devaient 
le  remplir.  Ces  ordonna;! ces  furent  sanctionnées  par  les 
capitulaires  de  nos  rois.  Lorsque  l'usage  du  pain  levé  fut 
aboli  dans  l'Eglise  latine,  le  pain  de  l'offrande  ne  servit 
plus  qu'à  être  distribué  au  peuple,  comme  symbole  de 
communion,  ou  à  être  vendu  au  profit  des  ministres  de 
l'église  ou  de  la  fabrique.  Plus  tard,  on  demanda  de  l'ar- 
gent au  lieu  de  pain,  afin  que  l'église  se  pourvût  elle- 
même  du  pain  azyme  et  du  vin  nécessaires  à  la  commu- 
nion. C'est  de  cette  manière  que  l'antique  offrande  du 
peuple  s'est  convertie  en  argent.  Dès  lors,  divers  conciles 
firent  des  règlements  pour  obliger  tous  les  habitants  de 
la  paroisse,  même  les  juifs,  à  la  payer.  Toutefois  la  cou- 
tume de  porter  du  pain  et  du  vin  à  l'offrande  subsistait 
encore  au  siècle  dernier,  pour  les  messes  de  la  consécra- 
tion des  évêques,  de  la  bénédiction  des  abbés  et  des  ab- 
besses,  du  sacre  des  rois,  de  la  canonisation  des  saints,  etc. 
Aujourd'hui  même,  en  quelques  diocèses,  la  famille  du 
défunt  offre,  pour  la  messe  des  morts,  un  pain  et  du  vin, 
avec  un  cierge.  —  La  cérémonie  de  l'offrande  tombe  de 
plus  en  plus  en  désuétude.  Ce  qui  en  reste  se  fait  de  ma- 
nières fort  diverses  suivant  les  provinces.  Mais  la  Petite 
Encyclopédie  ecclésiastique,  approuvée  par  l'évêque  de 
Versailles  (18 17,  in-8),  se  plaint  de  ce  que  les  fidèles  en 
profitent  pour  se  défaire  des  pièces  de  monnaie  qui  n'ont 
plus  cours.  La  règle  en  matière  d'oblations  est  qu'elles 
appartiennent  à  ceux  à  qui  elles  sont  attribuées  par  l'usage 
ou  par  la  volonté  expresse  ou  présumée  des  donateurs. 
Pour  l'espèce. d'oblation  qui  fait  l'objet  de  cette  notice, 
l'usage  l'attribue  généralement  au  curé,  qui  peut  en  dis- 
poser comme  il  le  juge  convenable.         E.-H.  Vollet. 

OFFRANDES  nationales  (Caisse  des).  Elle  a  son  ori- 
gine dans  la  souscription  publique  ouverte  pour  venir  en 
aide  aux  blessés  de  la  guerre  d'Italie.  Frappé  de  l'impor- 
tance des  fonds  recueillis,  le  comité  de  répartition  pensa 
devoir  transformer  en  une  institution  permanence  cette 
œuvre  charitable  et,  le  19  déc.  1859,  il  créa  la  Caisse 
des  offrandes  nationales  en  faveur  des  armées  de  terre 
et  de  mer,  qui  fut  déclarée  d'utilité  publique  par  le  décret 
du  d8juin  1860.  Réorganisée  par  la  loi  du  27  nov.  1872 
et  le  décret  du  9  janv.  1873,  elle  est  administrée  par  un 
comité  qui  siège  au  ministère  de  la  guerre  et  qui  est  pré- 
sidé par  le  ministre.  Sa  gestion  financière  est  confiée  à  la 
Caisse  des  dépôts  et  consignations.  Elle  centralise  les  dons 
et  legs  faits  par  des  particuliers  en  faveur  de  l'o'uvre 
qu'elle  poursuit,  et  les  fonds  qui  peuvent  être  inscrits  au 


budget  pour  le  même  objet,  Son  assistance  comporte  : 
1«  un  complément  de  pension  destiné  à  élever  à  600  fr. 
la  retraite  des  sous-officiers,  caporaux  et  soldats  des 
armées  de  terre  et  de  mer  et  assimilés,  admis  à  la  re- 
traite pour  blessures  reçues  devant  l'ennemi  ou  pour 
infirmités  contractées  en  campagne,  ayant  entraîné  l'am- 
putation d'un  membre  ou  la  perte  de  l'usage  d'un  ou  de 
deux  membres  ;  2°  la  continuation  du  service  des  supplé- 
ments de  pension  payés  sous  l'Empire  sur  les  fonds  de  la 
liste  civile  ;  S*'  des  secours  permanents  ou  éventuels  aux 
militaires  et  aux  familles  de  militaires  retirés  du  service 
dans  des  conditions  dignes  d'intérêt  et  ne  touchant  pas 
déjà  une  allocation  sur  les  fonds  de  la  Caisse.  Ces  secours 
varient,  comme  maximum,  de  80  fr.  pour  les  simples 
soldats  ou  assimilés,  à  500  fr.  pour  les  officiers  généraux 
ou  assimilés.  En  1861,  lorsque  la  Caisse  des  dépôts  en 
prit  la  gestion,  les  recettes  de  la  Caisse  des  offrandes  na- 
tionales n'atteignaient  pas  6.500.000  fr.  Elle  possèd<^ 
actuellement  plus  de  2  millions  de  rentes  sur  l'Etat. 

OFFRANVILLE.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  la  Seine- 
Inférieure,  arr.  de  Dieppe,  sur  le  plateau  de  Caux:  1.721 
hab.  Stat.  du  ch.  de  fer  de  l'Ouest.  Filature  de  coton. 
Moulins.  Commerce  de  bois.  Eglise  du  xvi^  siècle  en  style 
gothique  avec  restes  de  vitraux  intéressants.  Château  du 
XVIII®  siècle. 

OFFRE  ET  Demande  (Econ.  pol.)  (V.  Commerce,  Econo- 
mie POLITIQUE,  LiDRE-EchANGe). 

OFFRES  RÉELLES  (Dr.  fr.)  (V.  Paiement). 

OFFRETHUN.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr.  de 
Boulogne,  cant.  de  Marquise;  106  hab. 

OFFROICOURT.  Com.  du  dép.  des  Vosges,  arr.  de  Mi- 
recourt,  cant.  de  Vittel  ;  306  hab. 

OFFROY  DE  Lamettrie  (V.  Lamettrie). 

OFFROY  Durrieu  (V.  Durrieu  [J. -Jacques]). 

OFILIUS  (Aulus),  jurisconsulte  contemporain  de  César 
et  de  Cicéron,  qui  fut  l'élève  de  Ser.  Sulpicius  et  le  maître 
de  Q.  Aelius  Tubero,  l'accusateur  de  Ligarius.  Pomponius 
le  représente  à  la  fois  comme  ayant  vécu  dans  l'intimité 
de  César,  et  comme  ayant  fait  des  travaux  d'ensemble  sur 
tout  le  droit,  et  on  a  tiré  de  là  beaucoup  de  conjectures 
gratuites  sur  de  prétendus  rapports  de  son  activité  scien- 
tifique et  des  projets  de  réforme  législative  de  César. 
D'après  le  même  texte  en  partie  obscur  de  Pomponius,  et 
diverses  citations  du  Digeste,  l'œuvre  littéraire  d'Ofilius  com- 
prenait, outre  des /Ts/^onsa,  un  ouvrage  sur  l'éditdes/z/??'? 
jiiris  partiti  au  nombre  d'au  moins  cinq,  des  libri  actio- 
num  au  nombre  d'au  moins  seize,  et  un  ouvrage  de  le- 
gibus,  peut-être  dédié  à  Atticus,  qu'une  corruption  à  peu 
près  certaine  du  texte  de  Pomponius  présente  comme  re- 
latif à  l'impôt  de  5  ^jo  sur  les  successions,  établi  par  Au- 
guste {de  legihusvicensimœ)  et  que  l'on  a  particulièrement 
tenté  de  rattacher  aux  vues  de  codification  de  César. 

BiBL.  :  Sources  :  Pomponius,  Dir/.,  1,  2;  De  O.  J.,  2,  44. 
—  CicÉRONj  Ad  Ait.,  13,  37,  4,  et  lès  cinquante-huit  cita- 
tions d'Ofilius  rassemblées  dans  Lenel,  Palingcnesia  ju- 
ris  civilis,  1889,  I,  pp. 795-804.  —Commentaires:  Karlowa, 
RômisctieRechtsgeschichte, '[SS5,I,  pp. 486-487. —P.  Krue- 
GER,  Histoire  des  sources  du  droit  romain,  trad.  Bris.'?aud. 
1894,  pp.  84-85  et  les  renvois. 

O'FLAHERTY  (Roderic),  historien  irlandais,  né  au 
château  de  Moycullen  (comté  de  Galway)  en  4629,  mort  à 
Parke  (Galway)  le  8  avr.  1718,  d'une  vieille  famille  qui 
tire  sa  descendance  d'un  roi  d'Irlande.  Il  avait  de  grands 
biens  dont  il  fut  dépossédé  après  la  guerre  civile  et  qu'il 
se  fit  rendre  en  partie  en  4653  et  1677.  Il  a  laissé  une 
histoire  des  rois  d'Irlande  qui  est  un  guide  précieux  pour 
l'étude  de  ces  temps  troublés  :  Ogygia,  seu  rerum  Hi- 
hernicarum  chronologia  (Londres,  4685,  in-4),  trad. 
en  anglais  (4793,  2  vol.);  Ogygia  vindicated  against 
the  objections  of  sir  George  Mackenzie  (Dublin,  4775, 
in-8)  ;  Chronological  description  of  west  or  H-^Iar 
Connaught  (48i6),  publié  par  la  Société  archéologique 
d'Irlande.  R.  "S. 


O'fLANAGAN  —  OGGIONNO  —  1%  — 

O'FLANAGAN  (James-Roderick).  Jitléraloiii-  anglais, 
né  à  Fermoy  (comté  de  Cork)  le  1^'^"  sept.  1814.  Inscrit 
au  barreau  irlandais  en  1838,  il  occupa,  à  partir  de  1846 
les  fonctions  de  procureur  du  gouvernement  pour  la  ville 
de  Cork.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages,  citons  :  Impres- 
sions ai  home  and  abroad  (Londres,  1837,  2  vol.);  His- 
toricalandpicturesqiie  Guide  lo  Ihe  Bîackivater {[S^i9); 
Life  and  writings  of  the  irish  historian  J.  d'Alton, 
(jui  parut  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  royale  d'Irlande 
dont  il  fut  élu  membre  en  1853  ;  Histonj  of  Dundala 
(Dublin,  1861);  Bar  life  of  O'Connell  (1866);  Bryan 
(ÏRyan  (1866)  ;  The  Lives  of  the  lord  Chancelloî^s  of 
ïreland  (1870,  2  vol.)  ;  The  Irish  Bar  (1878);  The 
Munster  circuit  (iSHO),  etc.  Il  a  dirigé  V Irish  National 
Magazine  de  1845  à  1852.  R.  S. 

ÔFOUÉ  ou  OFOOUÉ.  Rivière  du  Congo  français,  la- 
quelle est  un  affluent  de  gauche  de  l'Ogooné. 

06.  Le  Deutéronome  rapporte  qu'on  montrait  à 
Rabbat-Ammon  (plus  tard  Philadelphie),  capitale  des 
Ammonites,  un  objet  en  fer  (peut-être  en  basalte)  qu'on 
désignait  comme  le  lit  du  géant  Og,  ancien  roi  des  Amor- 
rhéens,  que  Moïse  aurait  battu  et  des  territoires  duquel  il  se 
serait  emparé.  Ce  lit  (peut-être  un  sarcophage,  peut-être 
une  sépulture  mégalithique)  aurait  mesuré  plus  de  4  m. 
sur  2  (9  coudées  sur  4).  On  voit  comment  l'interpréta- 
tion populaire  d'un  monument  mal  compris  a  donné  nais- 
sance à  une  assertion  d'apparence  histori(|ue  {Nombres,  xxi; 
Deutéronome,  m  et  iv).  M.  VERNf:s. 

OGADINE  ou  OGAOEN.  Région  de  l'Afrique  orientale, 
qui  est  bornée  à  l'E.  par  le  pays  des  Merdjoutines  et  la 
cAte  Somal,  à  l'O.  par  le  pays  Galla,  au  S.  par  le  pays 
des  Haouias  et  au  N.  par  l'Ethiopie.  Ses  habitants,  de 
race  haouia,  sont  des  nomades.  Il  n'y  existe  point  de  villes 
ou  villages.  Les  points  marqués  sur  les  cartes  ne  sont 
que  des  puits  autour  desquels  les  nomades  se  reunissent 
avec  leurs  troupeaux.  Les  Ogadines  sont  musulmans  fana- 
tiques ;  leurs  pratiques  semblent  se  rapprocher  de  celles 
des  Wahabites  d'Arabie.  Aux  termes  de  la  dernière  con- 
vention anglo-italienne,  l'Ogadine  rentrerait,  partie  dans  la 
zone  d'influence  du  Somaliland  britannique,  partie  dans  la 
zone  d'influence  italienne  du  Somaliland  italien. 

06AMIQUE.  Ancienne  écriture  irlandaise  employée  jus- 
qu'au iii^  siècle  de  notre  ère,  époque  de  l'adoption  de 
l'écriture  latine.  On  la  connaît  par  des  monuments  lapi- 
daires du  pays  de  Galles  et  d'Irlande  et  siu^tout  par  des 
inscriptions  funéraires.  Son  nom  viendrait,  d'après  la  lé- 
gende, du  dieu  Ogma  ou  Ogmios,  de  la  mythologie  cel- 
tique, dieu  des  armées  et  de  l'éloquence  et,  à  ce  titre, 
inventeur  de  l'alphabet;  mais,  en  réalité,  Varron  et  Pris- 
cien  racontent  qu'elle  tire  son  nom  tout  simplement  de  la 
lettre  agma,  représentant  à  peu  près  le  groupe  ng,  lettre 
particulière  à  cette  écriture  et  très  employée  dans  l'irlan- 
dais ancien.  L'alphabet  ogamique  compte  vingt  caractères 
qui  correspondent  aux  lettres  suivantes  :  a,  b,  c,  d,  e, 
/,  g,  h,  iy  /,  m,  n,  o,  q,  r,  s,  t,  i\  x,  ng;  il  dérive,  pour 
la  valeur  des  lettres,  de  l'alphabet  latin  classique.  Quant 
à  la  forme  des  caractères,  on  a  prétendu  qu'ils  dérivaient 
de  branches  d'arbres  disposées  de  façons  variées,  et  de 
fait  chaque  lettre  y  porte  le  nom  d'un  arbre  ou  d'un 
arbuste.  Elles  sont  formées  de  traits  parallèles  dont  le 
nombre  varie  de  1  à  5,  placés  à  droite,  à  gauche  ou  au 
milieu  d'un  trait  vertical.  Ces  traits  sont  tantôt  disposés 
horizontalement  et  tantôt  obhquement  et  ont,  dans  ce  cas, 
une  certaine  ressemblance  avec  un  arbre  schématique- 
ment  figuré.  Les  voyelles  sont  formées  soit  de  traits  plus 
courts  que  ceux  des  consonnes,  soit  de  gros  points  placés 
sur  la  barre  verticale. 

Nous  donnons  ci-après  un  tableau  représentant  l'al- 
phabet ogamique  tel  qu'il  a  été  dressé  par  M.  d'Arbois 
de  Jubainville. 

On  conçoit,  d'après  ce  tableau  et  les  noms  que  portent 
les  lettres,  comment  a  pu  s'accréditer  la  légende  que  l'écri- 
ture   ogamique  était  l'écriture   secrète  et  magique    des 


druides  et  qu'elle  consistait  en  branches  d'arl)res  divers 
entrelacées.  Sa  régularité  semble  provenir  de  ce  (jue  cet 
alphabet  aurait  été  créé  d'une  manière  conventionnelle  et 
tout  d'une  pièce.  Il  paraît  vraisemblable,  dans  tous  les  cas, 
qu'il  dérive  de  bâtonnets  à  entailles  qui  onl  été  employés 
si  longtemj)s  comme  moyen  mnémonique. 

^  i idhadh  (if). 

g  e edhadh  (tremb!<')- 

=  u iir  (bruyère). 

~  0 onn  (genêt). 

a aihn  (sapiti). 

=  r .- .  .  .   mis  (sui'eau). 

^  x  0?/  ts straif  (prunier  sauvage). 

ng ngedal  (roseau). 

=:  g gort  (lierre) . 

—  m )nuin  (ronce). 


qu ({ueirt  (pommiei*). 

c coll  (coudrier). 

t tenue  (?) 

d duir  (chêne). 

h Iniath  (aubé])ine). 

=    n nion  (frêne  des  plaines). 

^    s sait  (saule) . 

=:    f fern  (aulne). 

=1    l luis  (frêne  des  montagnes). 

—    b beith  (bouleau). 

BiBL.  :  HÛI3NER.  Inscrlpt'iones  Britannise  diriGtianœ ; 
Berlin,  1876.  —  G.  Stephens,  The  olcl  northern  runic  Mo- 
numents; Londres,  1866-84,  3  vol.  in-f'ol.  —  II.  d'Arrois  de 
.Jubainville,  l'Alphabet  irlandais  pinmitlf  et  le  dieti, 
Ogmios,  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Acndéjnie  des  ins- 
criptions, 1881. 

OGASAVARA.  Nom  japonais  de  l'archipel  Ronin  ou 
Bonin-Sima  (V.  ce  mot). 

06DEN.  Ville  des  Etats-Unis,  Utah,  au  pied  des  monts 
Wahsatch,  au  confluent  du  Weber  et  de  l'Ogden;  1 5.000  hab . 
Les  lignes  ferrées  de  l'Union  and  Central  Pacific  et  de 
Denver  et  Rio  Grande  s'y  joignent.  Poudre,  lainages,  bon- 
neterie, minoterie ,  commerce  de  farine,  de  sel,  etc. 

06DENSBUR6.  Ville  des  Etats-Unis,  New  York,  sur 
le  Saint-Laurent,  au  confluent  de  l'Oswegatchie,  en  face 
de  Prescott  (Canada);  11.162  hab.  (en  1890).  Evêché 
catholique.  Commerce  de  céréales. 

06EECHEE.  Fleuve  des  Etats-Unis,  Géorgie,  long  de 
275  kil.  Il  se  jette  dans  l'Atlantique  au  S.  de  Savannah, 
dans  rOssabaw-sound,  près  du  fort  Mac-Allister. 

OGENNE-Câmptort.  Com.  du  dép.  des  Rasses-Pyré- 
nées,  arr.  d'Orthez,  cant.  de  Navarrenx;  430  hab. 

06ER.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  d'Epernay,  canl. 
d'Avize;  832  hab.  Vignobles  renommés.  Fabrication  de 
vin  de  Champagne.  Première  mention  en  1062  (Or/é'/'n/w). 

OGER  (Louis  d')  (V.  Cavoie  [Marq.  de]). 

06EU.  Com.  du  dép.  des  Rasses-Pyrénées,  arr.  et 
cant.  (E.)  d'Oloron;  1.208  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  du 
Midi.  Eaux  minérales  ferrugineuses  (2i'^C.)  qui  avaient  une 
certaine  célébrité  aux  xvi^  et  xvii^  siècles. 

OGÉVILLER.  Com.  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle,  arr. 
de  Lunéville,  cant.  de  Rlàmont;  515  hab. 

OGGERSHEIM.  Ville  d'Allemagne  (Ravière),  prov.  du 
Palatinat  rhénan  ;  5.053  hab.  Grande  fabrique  de  coton- 
nades et  de  velours.  C'est  l'ancienne  Agridesheim,  rési- 
dence des  comtes  palatins.  Schiller  y  écrivit  Kabale  und 
Liebe. 

OGGIONNO  (Marco  da),  peintre  italien,  né  à  Oggionno 
(Milanais)  vers  1470,  mort  vers  1540.  Ce  fut  un  des  bons 
élèves  et  imitateurs  de  Léonard  de  Vinci,  auteur  de  plu- 


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OGGIONNO  -  OGLÏASTRO 


sieurs  copies  de  la  (aiic  (Tiine  à  rAcmlémie  de  Londres, 
une  autre  au  couvent  de  Caslellazzo)  ;  le  musée  de  Brera 
possède  de  lui  cinq  fresques  remarquables  peintes  pour 
l'église  Santa-Maria  délia  Pace,  et  un  beau  tableau  d'autel, 
l\\rch(ni{je  triomphani  de  Lucifer;  à  Kamptoneourt, 
on  trouve  Enfant  Jésus  et  Jean. 

OGIER  (Charles),  littérateur  latin,  né  à  Paris  en  1595, 
mort  le  il  août  1654.  Avocat  à  Paris,  secrétaire  du 
comte  à'Avaux  (V.  ce  nom)  qu'il  suivit  dans  ses  ambas- 
sades, il  entra  par  la  suite  dans  l'ordre  des  génovéfains. 
On  a  de  lui  :  Ephenierides,  sive  iter  Danicum  Sueci- 
cum,  Poloniciim,  etc.  (Paris,  1656,  in-8).  relation 
fort  intéressante  de  ses  déplacements.  —  Son  frèi'e, 
François,  né  en  1597  ou  1598,  mort  le  3  juil.  1670, 
entra  aussi  dans  les  ordres,  lui  succéda  comme  secré- 
taire de  d'Avaux,  qu'il  accompagna  au  congrès  de  Muns- 
ter, et  se  fit  une  réputation  de  prédicateur  et  de  bel 
esprit.  Il  a  laissé  :  Jugement  et  censure  de  la  doctrine 
curieuse  du  P.  Garasse  (Paris,  i623,in-12);  Apologie 
pour  M.  de  Balzac  (1627,  in-12);  Actions  publiques 
(1652-55,  2  vol..  in-i),  recueil  de  ses  seimons,  etc., 
sans  compter  des  petits  vers,  assez  bien  tournés,  épars 
dans  les  recueils  du  temps.  M.  A.  Boppe  a  publié  son 
Journal  du  congrès  de  Munster  (Paris,  4893,  in-8). 

OGIER  d'Ivry  (Henri-Pierre-Georges-Marie,  comte), 
poète  français,  né  au  Mans  en  1843.  Entré  dans  l'armée, 
il  prit  sa  retraite  en  1897  avec  le  grade  de  chef  d'esca- 
drons du  14^  hussards.  On  a  de  lui  :  Rimes  de  cape  et 
d'cpée,  sonnets  poudrés  et  choses  de  guerre  (Paris, 
1876,  in-12)  ;  Nouvelles  rimes  de  cape  et  d'épée  {iSl{), 
in-12);  Dernières  rimes  décape  et d'épée {\^^1  M-'^^)- 

OGIER  LE  Danois,  nommé  aussi  Oger,  Ager  et  Aut- 
CAÏR,  personnage  de  la  cour  de  Charlemagne,  originaire 
d'Austràsie.  souvent  célébré  par  les  romans  de  chevale- 
rie. Après  avoir  brillé  sur  les  champs  de  bataille,  il  se 
serait  fait  moine  et  serait  mort  à  l'alibaye  de  Saint-Fa- 
ron  à  Meaux,  vers  la  fm  du  ix^  siècle.  Le  texte  le  plus 
ancien  esl  celui  de  Raimbert,  de  Paris,  édité  par  Barrois; 
on  cite  aussi  deux  poèmes  en  haut  allemand  du  xv^  siècle 
dont  la  source  serait  néerlandaise  :  le  premier  conte  la 
jeunesse;  le  second,  la  suite  de  la  vie  du  héros.  Ou  l'iden- 
tifie avec  Antcharius  qui  conduisit  à  la  cour  de  Didier, 
roi  des  Lombards,  les  enfants  de  Carloman  en  771,  et 
combattit  contre  (^harlemagne. 

BiHL.  :  J.-B.  Barrois,  Oglcr  de  DaanemarcJïC  ;  l^nvis, 
1812,  2  vol.  in-8.  — Voretz^ch.  Uehcr  die  i^aqe  von  Orjier 
de)nDa?7icn;Unl\e,18dl. 

OGILBY  (John),  écrivain  anglais,  né  à  Edimbourg  en 
nov.  4600,  mort  le  4  sept.  1676.  D'abord  maître  de 
danse,  il  dirigea  un  petit  théâtre  à  Dublin  et  fut  ruiné  par 
la  guerre  civile  de  1641.  Il  vint  alors  à  Cambridge  où  il 
apprit,  des  étudiants,  le  latin  et  le  grec.  En  1661,  il  sut 
se  glisser  à  la  cour  de  Charles  II,  obtint  une  patente  de 
commissaire  ordonnateur  des  spectacles  pour  Elrlande  et 
reconstruisit  son  théâtre  qui  ne  lui  causa  encore  que  des 
déboires.  Il  réintégra  Londres  où  il  gagna  sa  vie  en  tra- 
duisant et  en  publiant  force  livres.  Il  _y  établit  ensuite 
une  imprimerie  d'où  sortirent  beaucoup  d'in-folio  magni- 
fiquement illustrés,  notannnent  une  belle  édition  de  Vir- 
gile (1658,  in-fol.,  avec  101  illustrations  de  Lombart, 
Eait borne  et  Hollar) .  Citons  parmi  ses  nombreux  ouvrages  : 
une  traduction  en  vers  de  Virgile  (Londres,  1649,  in-8; 
1654,  in-fol.,  avec  gravures  de  Dollar);  une  paraphrase 
en  vers  des  Fables  d'Esope  (1651,  in-4)  ;  une  traduction 
de  riliade  (1660)  et  de  VOdi/ssèe  (1665)  ;  une  Bible 
illustrée  (Cambridge,  1660,  2^^ol.  in-fol.)  ;  The  Rela- 
tion of  fus  Majesties  Entertainment  passing  through 
the  city  of  London  to  his  Coronation  (1661,  in-fol.); 
The  Entertainment  of  Charles  II  (16()2,  in-fol.);  de 
nombreux  livres  de  géographie  et  de  topographie,  très  bien 
illustrés;  des  cartes,  des  atlas,  etc.  R.  S. 

OGILVIE  (John),  littérateur  anglais,  né  à  Aberdeenen 
1733,  mort  à  Aberdeen  le  17  nov.  1813.  Entré  dans  les 


ordres,  il  fut  curé  de  Midmar,  de  1759  à  sa  mort.  Tivs 
répandu  dans  les  cercles  littéraires  de  Londres  et  d'Edim- 
bourg, il  a  laissé  des  poésies  qui  sont  plus  recomman- 
dables  par  l'érudition  que  par  le  sentiment  poétique,  et 
des  feuvres  philosophi(jues  où  il  s'attacha  à  combattre  les 
théories  de  llume.  VÀUms  :  The  Day  of  Judgment  (Edim- 
bourg, 1753)  ;  Poems  on  several  subjects,  with  Essay 
on  tyric  Poetry  (Londres,  1769,  2  vol.)  ;  Solit%ule  or 
the  Elysivm  of  the  Poels  (\l(]o)  ;  Phitosophicat  and 
critical  observations  on  composition  (Londres.  1774, 
2  vol.);  Rona  (1777)  ;  Imjuiry  into  the  causes  of  In- 
fidelity  andScepticism  (Londres,  1783)  ;  The  Fane  of  the 
Druids  (1789);  The  Theology  of  Plato  compared  with 
the  Principtes  of  Grecian  and  Oriental  Phitoso- 
phers  (1793);  Britannia  (Aberdeen.  1801),  poème 
épique,  etc. 

OGILVIE  (John),  érudit  anglais,  né  dans  le  Banffshire 
le  17  avr.  1797,  mort  à  Aberdeen  le  21  nov.  1867.  Fils 
d'un  fermier,  il  fit  ses  premières  études  dans  les  écoles 
du  soir,  et  à  force  de  persévérance  réussit  à  entrer  à  l'Uni- 
versité d'Aberdeen,  où  il  occupa  par  la  suite  une  chaire  de 
mathématiques.  Collaborateur  de  VAbo'deen  Magazine, 
il  travailla  à  l'édition  annotée  de  YHistoire  de  la  Bible 
de  Stackhouse  (1836),  publia  une  oeuvre  immense,  T Im- 
périal Diclionary ,  english ,  technical  and  scientifw 
(1847-55),  puis  un  abrégé  du  précédent  Comprehensive 
english  Diclionary  (iSê{^)  et  un  Students'  english Dic- 
lionary (1865),  qui  obtinrent  beaucoup  de  succès.  R.  S. 

061 N  S  KL  Famille  de  Lithuanie,  dont  les  membres  les 
plus  connus  furent  :  le  comte  Michel-Casimir,  né  à  Var- 
sovie en  1731,  mort  à  Slonim  le  3  mai  1799.  Grand 
hetman  de  Lithuanie,  il  était  artiste,  bon  musicien  et  des- 
sinateur, protecteur  des  arts.  En  1771,  il  fut  à  la  tète  de 
la  résistance  contre  les  Russes,  ce  qui  l'obligea  à  fuir. 
Rentré  en  1776.  il  continua  à  ses  frais  le  canal  Oginski, 
qui  relie  les  bassins  du  Niémen  et  du  Dniepr  (joignant  le 
Chara,  aftl.  du  Niémen,  au  Jassolda,  affl.  du  Pripet);  long 
de  55  kil.,  ce  canal,  commencé  en  1770,  ne  fut  terminé 
qu'en  1804.  Michel-Casimir  prit  encore  part  à  l'insurrec- 
tion de  1791. 

Son  neveu  Michel-Cléophas,  né  le  25  sept.  1765,  mort 
à  Florence  en  1831,  fut  député  à  la  Diète,  envoyé  extra- 
ordinaire en  Hollande,  grand  trésorier  (1793),  leva  un 
régiment  de  chasseurs  pour  coopérer  avec  Ivosciuszko 
(1794),  rentra  sur  sa  terre  de  Zalezie,  près  Vilna,  en  1802, 
passa  en  France  après  la  paix  de  Tilsit,  fut  sénateur  de 
Pologne  en  1810,  se  retira  en  Italie  en  1815.  R  a  laissé 
d'intéressants  Mémoires  sur  la  Pologne  et  les  Polonais 
de  1188  à  18 15  (Paris,  1826,  2  vol.)  et  des  composi- 
tions musicales  sur  les  chants  nationaux  et  les  danses  de 
Pologne , 

OGIVAL,  OGIVE  (Archit.)  (V.  Architeciurk,  t.  III, 
p.  727). 

Croisée  d'ogives  (V.  Croisée). 

OGIVE,  reine  de  France  (V.  Edgive). 

OGLE  (George),  homme  d'Etat  irlandais,  né  lel4oct. 
1742,  mort  àBellevue  (comté  de  Wexford)  le  10  aoiit  18 1 4. 
Fils  de  George Ogle  (1704-46),  littérateur  renommé  pour 
l'élégance  et  la  fulélitéde  ses  traductions  latines  et  grecques, 
il  reçut  une  bonne  instruction,  et  dès  sa  jeunesse  il  com- 
posait des  chants  qui  sont  demeurés  populaires.  Elu  membre 
du  Parlement  irlandais  par  le  comté  de  Wexford,  de  1768 
à  1796,  il  eut  bientôt  acquis  une  grande  influence,  grâce 
à  ses  brillantes  qualités  oratoires.  Whig  décidé,  il  s'opposa 
néanmoins  à  l'émancipation  des  catholiques.  En  1783,  il 
entra  au  conseil  privé  d'Irlande  et  devint  gouverneur  de 
Wexford  en  1796.  En  1798,  il  fut  réélu  membre  du  Par- 
lement par  Dublin  et  vota  contre  l'union  législative  entre 
l'Angleterre  et  l'Irlande.  Il  rentra  dans  la  vie  privée  en 
1804.  On  lui  a  élevé  une  statue  dans  la  cathédrale  de 
Saint-Patrick,  à  Dublin.  R.  S. 

OGLÏASTRO.  Corn,  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de  Bas- 
tia,  cant.  deNonza;  307  hab. 


OCtLIO  —  O'HIGGÏNS 


-298  — 


06LI0.  Rivière  d'Italie  (V.  ce  mot,  r.  XX,  p.  1039), 
aftl.  g.  du  Pô,  long  de  280  kil.,  dont  60  navigables 
(depuis  Pontevica).  Il  naît  au  pied  de  l'Ortler,  dans  la 
prov.  de  Brescia,  traverse  le  val  Camonica,  remplit  le  lac 
d'Iseo,  où  il  entre  à  Pisogne,  pour  en  sortir  à  Sarnico, 
traverse  la  plaine  lombarde  en  séparantla  prov.  de  Brescia 
de  celles  de  Bergame  et  Crémone  et  finit  en  amont  de  Bor- 
goforte.  Il  reçoit  à  g.  la  Mella  (96  kil.),  qui  arrose  le 
val  Trompia,  et  passe  près  de  Brescia,  puis  le  Chiese  venu 
du  ïirol. 

OGMIUS.  Divinité  celtique  que  Lucien  nous  décrit 
comme  F  Hercule  gaulois  sous  la  figure  d'un  vieillard 
décrépit,  revêtu  d'une  peau  de  lion,  portant  arc  et 
carquois  et  entraînant  derrière  lui  une  foule  de  personnes 
enchaînées  à  sa  langue  parles  oreilles.  Suivant  le  rhéteur 
de  Samosate,  Ogmius  serait  le  dieu  de  l'éloquence,  capti- 
vant le  peuple.  Il  est  impossible  d'identifier  ce  dieu,  qui 
n'est  mentionné  que  par  Lucien,  avec  une  divinité  celtique 
quelconque. 

OGNES.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Laon,  cant, 
de  Chauny  ;  600  hab. 

OG'N  ES.  Com.  du  dép.  de  laMarne,  arr.  d'Epernay,  cant. 
de  Fère-Champenoise  ;  120  hab. 

OGNES.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de  Senlis,  cant. 
deNanteuil-le-Haudouin;  490  hab. 

OGNEVILLE.  Com.  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle, 
arr.  de  Nancy,  cant.  de  Yézehse  ;  20o  hab. 

OGNOLLES.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de  Com- 
piègne,  cant.  de  Guiscard  ;  339  hab. 

ÔGNON  (L').  Rivières  de  France  (V.  HÉRAm.T  [Dép.], 
L  XIX,  p.  1141,  Loire-Inférieure  [Dép.],  t.  XXII, 
p.  462,  et  Saône  [Dép.  de  la  Haute-]). 

OGNON.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  et  cant.  de  Sen- 
lis ;  141  hab. 

OGOESSE  (Blas.).  Tourteau  de  sable (V. Tourteau). 

OGOOUÉ  (Fleuve)  (V.  Congo  français). 

OGOUN.  Fleuve  de  la  côte  occidentale  d'Afrique  qui 
prend  naissance  au  N.  du  Dahomey,  sur  le  versant  méri- 
dional de  la  ligne  de  partage  des  eaux,  entre  le  moyen 
Niger  et  le  golfe  de  Bénin,  descend  au  S.,  arrose  le 
Yorouba,  et  après  un  parcours  de  250  à  300  kil.  débouche 
par  un  delta  dans  la  lagune  Kradou,  et  de  là  dans  le  golfe 
de  Bénin.   L'Ogoun  est  navigable  jusqu'à  Abbéokouta. 

OGOURTCHiNSKIL  Ile  de  la  mer  Caspienne,  à  55  kil. 
du  littoral  oriental,  rattachée  à  la  prov.  Transcaspienne, 
district  de  Krasnovodsk  ;  84  kil.  q.,  langue  de  sable  de 
38  kil.  de  long  sur  300  à  2.500  m.  de  large:  quelques 
nomades  turcomans  y  vivent. 

OGRE.  Géant  qui,  dans  les  contes  de  Perrault  et  depuis, 
est  représenté  dévorant  les  enfants.  On  ne  sait  si  ce  nom 
est  une  corruption  d'Oigour  ou  même  Hurmigour,  de  l'an- 
tique Or  eus,  où  s'il  faut  chercher  une  autre  étymologie. 

OGULNIA  (Gens).  Famille  romaine  plébéienne  dont  les 
seuls  membres  célèbres  furent  deux  frères,  Quintus  et 
Cnetus,  tribuns  en  300,  qui  firent  porter  de  quatre  à  huit  le 
nombre  des  pontifes,  et  de  quatre  à  neuf  celui  des  augures, 
réservant  aux  plébéiens  ces  nouveaux  sièges  ;  l'égalité  des 
ordres  fut  ainsi  consommée.  Ils  furent  ensuite  édiles  curules 
ensemble  (296)  et  réprimèrent  l'usure.  Quintus  fut  chargé 
de  deux  ambassades  et  consul  en  269. 

OGYGES  ('Qyo'Yr]?),  souverain  légendaire  de  Béotie, 
roi  des  Hectènes.  La  région  thébaine  aurait  porté  d'abord 
le  nom  d'Ogygia.  Le  souvenir  d'Ogygès  est  lié  à  celui  d'un 
déluge  qu'on  explique  par  une  crue  du  lac  Copaïs  inondant 
la  plaine  de  Béotie.  Ce  nom  fut  aussi  porté  parle  dernier 
roi  d'Achaïe. 

0GY6IE.  Nom  donné  dans  V Odyssée  à  l'île  de  Calypso, 
à  l'ombilic  de  la  mer.  Il  est  puériî  ie  chercher  à  l'identi- 
fier avec  une  île  réelle. 

O'HAGAN  (Thomas,  baron),  magistrat  anglais,  né  à 
Belfast  le  29  mai  1812.  mort  à  Londres  le  1  <^^  févr.  1885. 
Fils  d'un  commerçant,  il  se  distingua  dès  l'enfance  par 
son  goût  pour  l'étude,  et  produisit  une  Histoire  de  Vélo- 


qiience  ancùnine  et  moderne,  qui  témoigne  de  réelles 
qualités.  Inscrit  au  barreau  de  Dublin  en  1836,  il  se  lia 
avec  O'Connell  dont  il  appuya  la  politique  dans  un  journal, 
le  Newry  Examiner,  qu'il  dirigea  de  1836  à  1840.  Il 
plaida  brillamment  des  procès  de  presse,  notamment  celui 
de  Gavan  Duffy.  Bien  qu'il  ne  fût  pas  partisan  du  rappel 
de  la  loi  d'union  entre  l'Irlande  et  l'Angleterre,  il  élait 
fort  populaire.  Nommé  en  1861  solicitor  gênerai  pour 
l'Irlande,  il  fut  élu  membre  de  la  Chambre  des  communes 
par  Tralee  en  1863  et  prononça  dans  cette  assemblée  des 
discours  qui  firent  sensation.  Juge  des  plaids  communs 
d'Irlande  en  1865,  il  parvint  en  1868  à  la  haute  situa- 
tion de  lord  chancelier  d'Irlande  et,  créé  baron  en  1870, 
entra  à  la  Chambre  des  lords  où  il  fit  voter  d'excellentes 
mesures  relatives  à  l'Irlande.  Il  démissionna  en  1874  avec 
le  cabinet  Gladstone  et  reprit  ses  fonctions  de  chancelier 
lorsque  cet  homme  d'Etat  reprit  le  pouvoir  en  1880,  mais 
il  se  retira  pour  cause  de  santé  après  avoir  éloquemment 
défendu  l'Irish  Land  Bill  (1881).  On  a  publié  de  lui  : 
Occasional  Papers  and  addresses  (1884)  ;  Selected 
Speeches  and  arguments  (1885).  R.  S. 

OH  AIN.  Com.  du  dép.  du  Nord.  arr.  d'Avesnes,  cant. 
de  Trélon;  1.362  hab. 

O'HARA  (Kane),  littérateur  anglais,  né  vers  1714,  mort 
à  Dublin  le  17  juin  1782.  Après  avoir  fait  de  bonnes 
études  au  Trinity  Collège  de  Dublin,  il  donna  au  théâtre 
une  série  de  pièces  dans  le  genre  burlesque  qui,  introduit 
d'Italie,  faisait  fureur  en  Angleterre.  Midas  (1759)  fut 
joué  avec  un  succès  considérable  à  Dublin  et  à  Londres  et 
demeura  au  répertoire  jusqu'en  1825  ;  The  Golden  Pippin 
(1773)  ;  Two  Misers  (1775);  A  fine  day  (1777),  etc.  Il 
avait  perdu  la  vue  en  1780.  R.  S. 

O'HARA  TALES  (V.  Banin). 

OHERVILLE-AuFFAY.  Com.  du  dép.  de  la  Loire-Infé- 
rieure, arr.  d'Yvetot,  cant.  d'Ourville,  sur  le  Durdent  ; 
419  hab.  Filature  de  coton.  Moulins.  Source  ferrugineuse. 
Eglise  en  partie  romane  avec  nombreuses  réfections  et 
restaurations  modernes.  A  Auffray,  beau  château  Renais- 
sance (xvi^  siècle)  récemment  restauré,  à  côté  d'une  motte 
et  vestiges  d'un  château  du  moyen  âge. 

O'HIGGIN  (Teague),  poète  irlandais,  mort  en  1617. 
D'une  vieille  famille  irlandaise,  qui  a  produit  une  quinzaine 
de  poètes  nationaux,  il  écrivit,  sur  des  sujets  irlandais, 
des  poésies  qui  lui  valurent  une  renommée  considérable. 
Ses  œuvres  sont  très  nombreuses  ;  on  en  trouvera  l'énu- 
mération  dans  la  biographie  de  Leslie  Stephen.  Les  écrits 
d'O'Higgin  sont  pleins  de  fraîcheur  et  donnent  des  détails 
curieux  sur  les  mœurs  locales  de  l'Irlande  ;  ils  sont  peu 
prisés  en  Angleterre,  car  le  poète  ne  cesse  d'y  prêcher  la 
haine  et  l'extermination  des  Anglais.  R.  S. 

O'HIGGÏNS.  Province  du  Chili,  entre  l'Océan  et  les 
Andes,  les  fleuves  Maipo  et  Rapel  ou  Cachapoal;  6.537 
kil.  q.;  93.537  hab.  (en  1894),  soit  14  hab.  par  kil.  q. 
Les  plus  hauts  sommets  sont  le  San  José  (6.096  m.)  et 
le  Maipo  (5.384  m.).  Mines  d'or  au  Cerro  d'Alhué 
(2.238  m.).  Bien  irrigué,  le  sol  se  prête  à  l'élevage.  Le 
ch.-l.  est  Rancagua. 

O'HIGGÏNS  (Don  Ambrosio),  marquis  de  Osorno,  vice- 
roi  du  Pérou,  né  dans  le  comté  de  Meath  vers  1720,  mort 
à  Lima  le  18  mars  1801.  De  très  humble  origine,  il  fut 
remarqué  par  un  jésuite,  son  oncle,  qui  le  fit  élever  à 
Cadix.  Le  jeune  homme,  n'ayant  témoigné  aucune  vocation 
religieuse,  acheta  quelques  marchandises  et  alla  tenter 
fortune  à  Buenos  Aires,  puis  à  Lima.  11  se  défit  heureu- 
sement de  sa  pacotille,  s'employa  à  l'établissement  d'une 
route  entre  le  Chili  et  Mendoza,  plut  au  viee-roi  du  Chili, 
qui  l'employa  en  1770  avec  le  grade  de  capitaine  contre 
les  Araucans  révoltés.  Il  les  battit  et  fonda  le  fort  de 
San  Carlos.  Promu  colonel,  puis  brigadier  général  (1777), 
il  fut  nommé  en  1786  intendant  de  Concepion.  En  1789, 
il  devenait  major  général  et  vice-roi  du  Chili,  en  1794 
lieutenant  général  et  en  1795  vice-roi  du  Pérou.  Il  se 
distingua  par  l'habileté  de  son  administration.     R.  S. 


299  - 


OHIO 


OH  10.  Rivière  dos  J^^tats-Unis,  affluent  de  gauche  du 
Mississipi,  arrose  par  son  cours  principal  et  ses  diverses 
branches  un  bassin  d'une  superficie  égale  à  celle  de  la 
France,  avec  une  population  de  12  à  15  millions  d'hab., 
et  développe  un  réseau  navigable  de  8.000  kil,  La  vallée 
de  rOhio  recueille,  pour  les  porter  au  Mississipi,  les  eaux 
descendant  du  versant  occidental  des  monts  AUeghanys 
et  du  faîte  qui  sépare   ce  bassin  de  celui  du  lac  Erié. 
L'Ohio  proprement  dit  commence  à  Pittsburg,  où  il  est 
formé  par  la  réunion  des  rivières  Alleghany  et  Monon- 
gahela.  L' Alleghany  sort  des  montagnes  de  Pennsylvanie, 
et,  après  un  court  détour  dans  l'Etat  de  New  York,  coule 
du  N.  au  S.  et  rencontre  la  Monongahela  à  Pittsburg,  à 
212  m.  d'alt.  La  Monongahela,  issue  d'une  haute  vallée 
des  AUeghanys  de  Virginie,  coule  du  S.  au  N.,  grossie 
de  la  Youghiogheny,  à  travers  une  région  comprise  en 
entier  dans  les  roches  carbonifères.  La  jonction  des  deux 
rivières  forme  FOhio,  dont  le  cours  moyen  se  déroule  entre 
dos  campagnes  reposant  sur  des  formations  dévonienne  et 
silurienne.  De  Pittsburg  à  Cairo,  où  TOhio  se  jette  dans 
le  Mississipi,  la  distance  qui,  à  vol  i'oiseau,  est  de  900  kil., 
est  portée  par  les  méandres  à  1.570  kil.  L'Ohio,  durant 
ce  parcours,  descend  de  414  m.,  Cairo  étant  à  98  m. 
d'alt.  Le  courant  normal  est  paisible,  mais  la  vitesse  varie, 
avec  le  niveau  des  eaux,  de  160  m.  à  5.000  m.  à  Theure. 
La  largeur  de  la  rivière  est  de  300  m.  à  Pittsburg,  de 
900  m.  à  l'embouchure.  Les  grandes  crues  augmentant  la 
largeur  dans  des  proportions  considérables,  la  différence 
entre  l'étiage  et  le  niveau  des  hautes  eaux  atteignant  13, 
15,  parfois  19  m.  à  la  fonte  des  neiges  ou  après  de 
grandes  pluies.  En  certaines  années,  l'écart  a  dépassé 
20  m.;  les  eaux  couvraient  une  grande  partie  de  la  vallée. 
Au.  niveau  normal,  l'Ohio  est  souvent  guéable  en  plu- 
sieurs points  en  amont  de  Cincinnati.  Le  lit  est  parsemé 
d'iles,  de  bancs  de  sable,  qui  entravent  la  navigation  en 
été.   D'autre  part,  la  rivière   est  souvent  prise  par  les 
glaces  en  hiver,  et  la  débâcle  arrête  la  navigation  pendant 
plusieurs  semaines.  Dans  les  circonstances  ordinaires,  les 
steamboats  du  Mississipi  remontent  l'Ohio  jusqu'à  Pitts- 
burg, contournant  les  rapides  de  Louisville  par  un  canal 
long  de  4  kil.,  dont  la  construction  a  été  achevée  en  1872. 
L'Ohio,  après  avoir  arrosé  durant  60  à  70  kil.  la  partie 
occidentale  de  la  Pennsylvanie,  atteint  l'Etat  d'Ohio,  et 
coule  dès  lors,  en  détours  sinueux,  entre  des  falaises  de 
75  à  180  m.  de  hauteur,  séparant  les  Etats  d'Ohio,  d'ïn- 
dianact  d'illinois  sur  sa  rive  droite,  de  la  Virginie  occi- 
dentale et  du  Kentucky  sur  sa  rive  gauche.  Son  cours 
général  est  au  S.-O.  Dans  une  première  section,  il  reçoit  à 
droite  le  Muskingàm  et  le  Hocking,  à  gauche  la  petite  et  la 
grande  Kanawha  {k  Parkersburg  et  à  Point-Pleasant)  et  le 
Big  Sandy  (près  d'Ironton).  Dans  une  seconde  section 
(entre  les  Etats  d'Ohio  et  de  Kentucky)  il  reçoit  :  à  droite, 
le  Scioto  à  Portsmouth,  le  Miami  près  de  Cincinnati  ;  à 
gauche,  le  Licking,  entre  Newport  et  Covington,  en  face 
de  Cincinnati.  Dans  la  troisième  et  dernière  section,  la 
plus  longue  (entre  les  Etats  d'indianaet  d'illinois  à  droite, 
et  celui  de  Kentucky,  à  gauche),  il  reçoit:  h  droite,  le 
Wabash  ;  à  gauche,  le  Kentucky,  le  Green  River,  le  Cum- 
borland  et  le  Tennessee.  Il  arrose  sur  son  passage,  depuis 
Cincinnati,  les  villes  de  Madison,  Jeffersonsville,  Louis- 
ville,  New  Albany,  Evansville,  lïenderson,  Paducah  et 
Cairo.  Les  rivières  Kentucky  et  Tennessee  ont  donné  leurs 
noms  aux  Etats  qu'elles  traversent.  Le  contîuent  du  Ken- 
tucky, en  amont  des  rapides  de  Louisville,  marque  la  jK- 
mite  naturelle  entre  le  cours  moyen  et  le  cours  inférieur 
du  fleuve.  En  aval  des  rapides,  la  plaine  alluviale  s'étend 
à  l'infini,  les  collines  sont  rares  et  lointaines,  des  îles  ou  des 
péninsules  boisées  cachent  les  embouchures  des  affluents. 
Le  cours  supérieur  de  la  rivière  Tennessee,  formé  du  Clinch 
River,  du  Holston,  du  French  Broad  River,  coule  du  N.  au  S. 
à  travers  une  grande  vallée  longitudinale  des  Appalaches, 
qui  est  une  des  régions  les  plus  pittoresques  des  Etats- 
Unis  (V.  Tennessee  [Rivière  et  Etat]).         A.  Moireau. 


OHIO.  Un  des  Etats  de  TUnion de  l'Amérique  du  Nord, 
situé  entre  38«  25' et /i2«  lat.  N.;  32«  50'  et  87«  10' 
long.  0.  Il  a  pour  frontières  naturelles,  au  N.  le  lac  Erié, 
au  S.  la  rivière  Ohio.  Des  lignes  conventionnelles 
le  séparent  de  la  Pennsylvanie  à  l'E.,  de  l'Indiana 
à  l'O.  et  du  Michigan  au  N.-O.  Sa  superficie  est  de 
106.000  kil.  q.,  soit  environ  le  cinquième  de  la  France: 
sa  population  de  4.500.000  hab.  en  1898.  L'Etat  d'Ohio 
est  contigu  à  l'Indiana  sur  2^^0  kil.,  auMichigansur  115, 
au  lac  Erié  sur  336,  à  la  Pennsylvanie  sur  146,  à  l'Ohio 
sur  615,  soit  une  périphérie  totale  de  1.502  kil.  Tout  le 
pays  est  une  plaine  ondulée,  s'incHnant  légèrement  de  l'E. 
à  l'O.,  et  du  N.  au  S.  dans  le  sens  du  cours  de  la  rivière 
Ohio.  Celle-ci  est  à  192  m.  d'alt.  à  l'extrême  frontière 
orientale  de  l'Etat,  à  129  m.  au  point  extrême  occidental. 
La  surface  du  lac  Erié  est  à  139  m.,  les  terrasses  du  port 
de  Cleveland  à  177  m.  Dans  la  partie  septentrionale  de 
ri'^tat,  et  de  l'O.  à  l'E.,  un  faîte  à  peine  saillant  sépare 
le  bassin  de  l'Ohio  de  celui  du  lac  Erié.  Les  plus  hautes 
altitudes  de  ce  faîte  ne  dépassent  pas  de  300  à  400  m.  Un 
point,  cependant,  entre  le  Scioto  et  le  Bliami,  atteint  470  m. 

Tout  le  pays  est  aujourd'hui  une  succession  de  champs, 
de  prairies,  de  bosquets  et  de  vergers.  On  ne  trouve  la 
trace  d'aucun  soulèvement  géologique.  Depuis  que  le  sol 
a  émergé  de  la  mer  antécarbonifère,  les  pluies  et  les  autres 
facteurs  atmosphériques  ont  désagrégé  les  roches  et  érodé 
les  vallées.  Sur  les  bords  des  eaux  on  a  trouvé  par  milliers 
des  tertres  ou  monticules  artificiels  de  toute  forme,  de  18 
à  20  m.  d'élévation,  de  50  à  100  m.  de  tour,  appelés 
moiinds  et  dont  on  attribue  la  construction  à  des  popula- 
tions disparues  depuis  un  temps  plus  ou  moins  reculé  et  dé- 
signées sous  l'appellation  vague  de  moundbuilders. 

L'Ohio  faisait  partie,  à  la  fin  de  la  guerre  qui  fonda 
l'indépendance  des  l^tats-Unis,  du  Territoire  du  Nord-Ouest, 
compris  entre  la  rivière  Ohio,  le  Mississipi  et  les  Grands 
Lacs,  pour  lequel  le  Congrès  et  la  Confédération  édictèrent  la 
célèbre  Ordonnance  de  1787,  qui  y  interdisait  à  tout  ja- 
mais l'esclavage.  C'est  de  ce  Territoire  que  furent  formés 
successivement  les  Etats  d'Ohio,  d'Indiana,  d'Blinois,  de 
Michigan  et  de  AVisconsin.  Le  plus  oriental  de  ces  Etats, 
l'Ohio,  fut  le  premier  constitué  et  admis  dans  l'Union  en 
1802.  Longtemps  avant  cette  époque,  les  Français  avaient 
fondé  des  établissements  dans  les  vallées  principales.  Mais 
le  peuplement  avait  été  retardé  par  des  guerres  avec  les 
Indiens,  qui  ne  disparurent  définitivement  du  Territoire 
qu'au  commencement  du  xix®  siècle.  Marietta,  la  première 
ville  anglo-américaine,  sur  la  rive  droite  de  l'Ohio,  fut  fon- 
dée en  1788,  les  premières  maisons  de  Cincinnati  furent 
construites  la  même  année.  La  population  de  l'Etat  atteignait 
déjà  230.000  hab.  en  1810,  et  581.000  en  1820.  Elle  dé- 
passa 1  million  1/2  en  1840  et  3  millions  en  1880.  Le  recen- 
sement de  1 890  donna  3.672. 000  hab .  La  population  est  éva- 
luéeà  4.500.000  en  1898.  Le  chiffre  de  3.672.000,  afférent 
à  1890,  comprenait  87 .000  individus  de  couleur  et  458.000 
nés  à  l'étranger,  dont  236.000  Allemands,  70.000  Irlan- 
dais, 61.000  Anglais,  16.000  Canadiens,  10.000  Slaves, 
7.000  Français  et  4.000  Italiens.  La  capitale  est  Colum- 
bus,  ville  de  130.000  hab.,  sur  le  Scioto,  près  du  centre 
géométrique  de  l'Etat,  grand  entrepôt  de  denrées  agricoles, 
siège  d'importants  établissements  d'industrie  houillère  et 
métallurgique.  Les  villes  principales  sont  :  Cincinnati, 
400.000  hab.  ;  Cleveland,  385.000  ;  Toledo,  135.000  ; 
Dayton,  85.000  ;  Springfield,  36.000.  Cleveland,  San- 
dusky  et  Toledo  sont  sur  le  lac  Erié.  Toledo,  à  l'embou- 
chure du  Maumee,  est  le  terminus  des  canaux  de  navigation 
qui  font  communiquer  l'Erié  avec  les  rivières  Miami  et  W^a- 
bash  et  tout  le  réseau  fluvial  mississipien  ;  Findlay,  sur  le 
haut  Maumee,  est  un  des  foyers  les  plus  riches  en  réser- 
voirs naturels  de  gaz  d'éclairage.  Lima,  au  S.-O.  de  Find- 
lay, repose  sur  des  lacs  souterrains  d'un  pétrole  plus  épais 
que  celui  de  Pennsylvanie,  et  que  des  conduites  de  métal 
portent  à  Chicago  et  dans  d'autres  villes,  oii  on  l'emploie 
comme  combustible  à  la  place  de  la  houille. 


OHIO  —  OHM 


800  — 


Les  principaux  canaux  do  l'Ktat  sont  :  J'Ohio.  do  Qe- 
voland  à  Portsmoutli,  490  kil.,  144  écluses,  achevé  en 
1835,  coût  4.695.000  dollars;  le  Miami  and  Erié,  de 
Cincinnati  à  Toledo,  453  kil,.  97  écluses,  achevé  en  1835, 
cofit  8.063.000  dollars  ;  le  Hocking,  deCarroll  à  Nelson- 
ville,  68  kiL,  'lii  écluses,  achevé  en  1843,  coût  975.000 
dollars;  le  Walhonding,  de  Hochestcr  à  Roscoe,  40  kil.. 
Il  écluses,  achevé  en  1843,  coût  607.000  dollars. 

L'Ohio  possède  de  grandes  richesses  minérales.  Ses  gi- 
sements houillers  couvrent  25.000  kil.  q.  et  ont  produit 
10  millions  de  toimes  on  1890  et  13  millions  en  1896  ; 
sa  production  pétrolifère  no  le  cède  on  importance  qu'à 
celle  de  la  Pennsylvanie.  Le  sol  ne  contient  point  de  mé- 
taux précieux.  La  région  est  une  dos  plus  développées  au 
point  de  vue  agricole.  On  y  comptait  en  4890  un  total  de 
251.000  formes,  comprenant  9  milHons  d'hect.  en  culture, 
et  donnant  des  produits  d'une  valeur  totale  de  133  mil- 
lions do  dollars.  Les  principaux  produits  à  cette  date  étaient  : 


DOLLARS 


HECTARES 


Mars 123.692.000  25.975.000  1.200.000 

Blé 21.800.000  17.000.000  500.000 

Avoine 32 .  553 .000  5 .  534 .  000  400 .  000 

Tabac  (livres)    32 .  169 .  000  1 .  753 .  000  [6. 000 

Dans  les  grandes  villes  de  l'Ltat  prospèrent  les  indus- 
tries les  plus  diverses,  occupant  330.000  ouvriers,  aux- 
quels sont  répartis  dos  salaires  pour  159  millions  de  dollars 
et  livrant  des  produits  d'une  valeur  estimée  à  650  mil- 
lions de  dollars.  25.400  instituteurs  donnent  l'instruction 
primaire  à  820.000  enfants  inscrits  aux  écoles  publiques 
et  fournissant  une  assistance  moyenne  de  600.000.  Les 
collèges  pour  l'enseignement  secondaire  et  supérieur  sont 
au  nombre  de  37,  avec  877  professeurs  et  12.000  élèves 
dont  un  tiers  du  sexe  féminin.  Los  plus  importants  de  ces 
étabhssemonts  sont:  l'Ohio  State  University,  àColumbus; 
rOhio  Wesloyan  University,  à  Delaware  ;  le  Collège  Obor- 
lin,  à  Oberhn  ;  l'Université  de  Wooster,  à  Wooster  ;  la 
Western  Reserve  University,  à  Cleveland  ;  l' University  of 
Cincinnati,  à  Cincinnati.  L'I^^tat  est  divisé  administrative- 
ment  en  88  comtés.  Sa  législature  est  composée  d'un  Sénat 
de  36  membres  et  d'une  Chambre  de  109.  Le  parti  répu- 
blicain a  presijue  constamment  dominé  dans  les  élections 
tant  locales  que  fédérales.  En  1896,  le  candidat  présiden- 
tiel démocrate,  Bryan,  a  obtenu  477.000  voix  contre 
526.000  données  à'^M.  Mac  Kinley,  le  candidat  républi- 
cain. L'Ohio  envoie  au  congrès  de  Washington  2  sénateurs 
et  19  représentants.         '  A.  Moire  au. 

OHIS.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Vervins, 
cant.  do  Hirson  ;  579  bah.  Stat.  du  chom.  de  for  du 
Nord . 

OHLAU  {Olawa).  Ville  de  Prusse,  district  de  Breslau, 
sur  l'Ohle  (affl.  g.  de  l'Oder,  98  kil.)  ;  9.181  hab. 
(en  1895).  Grandes  foires  de  chevaux  et  Ijestiaux;  manu- 
facture de  tabac.  Ville  depuis  1291  ;  résidence  des  Sobieski 
de  1691  à  1734. 

0HLI6S.  Xom  porté  depuis  1891  par  l'ancienne  ville 
de  McncheitU  district  de  Diisseldorf  ;  17.069  hab.  (en 
1895).  Grands  établissements  métallurgiques  (aciers  dits 
do  Solingen),  fabriques  de  parapluies,  etc. 

OHLMÙLLER  (Daniel-Joseph),  architecte  allemand,  né 
à  Bamberg  en  1791.  mort  à  Munich  le  22  avr.  1839. 
Llèvo  de  Karl  Fischer,  et  ayant  voyagé  en  Italie  et  en  Si- 
cile, Ohlmiiller  fit  construire,  de  1816  à  1830,  la  Glyp- 
lothèquo.  à  Munich,  d'après  les  plans  de  Léon  deKlenzo, 
et,  de  1831  à  l'époque  de  sa  mort,  fit  commencer,  sur  ses 
propres  plans,  l'église,  de  style  ogival,  de  Notre-Dame-de- 
Bon-Secours,  dans  le  faubourg  d'An.  On  doit  encore  à  cet 
architecte  deux  autres  édifices  de  style  ogival  :  le  monu- 
ment commémoratif  élevé  sur  l'emplacement  de  l'ancien 
château  de  Othon  de  Wittelsbach,  ce  berceau  de  la  mai- 
son royale  de  Bavière,  et  la  chapelle  bâtie  à  Kiefersfel- 
den,  sur  la  frontière  du  Tirol,  à  l'endroit  où  le  roi  de 
Grèce,   Othon  P^\   quitta  la  Bavière  pour  se  rendre   à 


Albènes.  Enlin,  on  1837.  à  la  uiori  du  peinti'o  V.  Ouaglio, 
Ohlmullorfut  appelé  à  continuer  les  travaux  dii  château  de 
Hohenschwangau  et  nommé  inspecteur  des  bâtiments  civils 
à  Munich.  llpubUaun  vaç^M^làQ^  Monuments  funéraires 
de  sa  composition  (Munich,  1824-39,  17  pL). 

OHM  {Aam),  Ancienne  mesure  de  liquides  usitée  en 
Allemagne  et  Scandinavie;  elle  valait  150  lit.  en  Nor- 
vège et  on  Brunswick,  149^619  en  Suède,  157^839  on 
Prusse,  160  lit.  en  Hanovre,  154S579  en  Suisse. 

OHM.  Un  ité  électrique  pratique  de  résislance.  L' unité 
électrique  de  résistance  dans  le  système  C.  G.  S.  est  un 
nombre  beaucoup  trop  petit  pour  les  besoins  de  la  pra- 
ticpie,  de  sorte  que  le  congrès  des  électriciens  (1881)  a 
adopté  une  unité  10^  fois  plus  forte  pour  les  besoins 
de  la  pratique,  c'est  Vohm.  Une  fois  la  définition  théo- 
rique adoptée,  il  a  fallu  déterminer  les  dimensions  de 
cet  étalon  de  résistance  et  le  construire.  Une  condition 
nécessaire  que  doit  remplir  tout  étalon  de  mesure,  c'est 
de  rester  toujours  identique  :  les  métaux  ne  remplissent 
cette  condition  (jue  d'une  façon  en  général  imparfoite  ; 
le  mercure  cependant,  lorsqu'il  est  pur,  présente  un  état 
physique  toujours  le  mémo.  On  a  donc  choisi  ce  métal 
pour  former  la  matière  do  l'étalon  ;  mais  son  état  liquide 
exige  qu'on  le  ronformo  dans  un  tube  qu'il  faudra  choi- 
sir avec  soin  et  dont  il  faudra  déterminer  la  section 
et  la  longueur.  La  section  adoptée  est  de  O'^^i.OOl.  Di- 
verses séries  d'expériences  ont  été  faites  pour  détermi- 
ner avec  la  plus  grande  précision  possible  la  longueui' 
(pi'il  fallait  donner  à  une  [jaroille  colonne  pour  (pie  sa  ré- 
sistance fut  bien  égale  à  10^  unités  C.  G.  S.  L'Association 
britanni([ue  avait  tout  d'abord  adopté  l'^.0193  ;  actuelle- 
ment on  prend  l''\063.  Comme  il  n'existe  pas  de  tubes 
de  verre  d'un  diamètre  exactement  uniforme  et  de  sur- 
face égale  à  0™*^i,001,  on  prend  un  tube  de  verre  aussi 
régulier  et  aussi  voisin  que  possible  du  tube  théori(|ue  et 
on  étudie  la  valeur  de  sa  section  en  divers  points  en  y 
faisant  promener  nn  index  de  mercure  dont  on  mesure  la 
longueur  on  diverses  régions  à  l'aide  d'une  machine  à  di- 
viser. Le  tube  peut  être  alors  considéré,  non  comme  un 
cylindre,  mais  comme  une  succession  de  troncs  de  cône 
dont  on  connaît  les  dimensions  par  l'étude  préalable  faite 
avec  l'index  de  mercure  ;  un  calcul  simple,  indi(|ué  par 
M.  Crova,  permet  alors  de  calculer  la  longueur  ([u'il  faut 
donner  au  tube  que  l'on  possède  pour  que,  rempli  de  mer- 
cure à  0«,  il  offre  une  résistance  exactement  é^ale  à  un 
ohm.  Une  fois  un  pareil  étalon  construit,  comme  il  est  fra- 
gile et  encombrant,  on  lui  compare  des  bobines  do  résis- 
tance construites  avec  un  fil  de  maillechort  (ou  avec  un 
alliage  de  Qi),Q  d'argent  et  de  33,4  de  platine)  de  façon  à 
avoir  même  résistance  que  l'ohm  légal  ;  ces  copies  de  Téta- 
Ion  sont  d'un  usage  plus  commode  ;  mais  comme  le  maille- 
chort peut  éprouver  de  légers  changements  moléculaires 
altérant  sa  résistance  primitive,  on  doit  les  comparer  de 
temps  à  autre  à  l'étalon  mercure  et  mémo  n'employer 
que  ce  dernier  pour  les  expériences  les  plus  précises.  Il 
faut,  de  plus,  connaître  pour  chaque  copie  d'étalon  la  tem- 
pérature à  laquelle  on  l'a  étalonné  et,  pour  chaque  expé- 
rience, la  température  de  l'appareil  pour  faire  la  correc- 
tion nécessaire.  A.  Joannis. 

OHM  (Georg-Simon),  physicien  allemand,  né  à  Er- 
langen  le  16  mars  1787,  mort  à  Munich  le  7  juil.  1851. 
Fils  d'un  ouvrier  serrurier,  il  montra,  très  jeune,  des  ap- 
titudes toutes  particulières  pour  l'étude  des  sciences,  s'y 
appliqua  avec  ardeur,  et  fut  nommé  en  1817  professeur 
de  mathématiques  et  de  physique  au  gymnase  de  Cologne. 
Passé  en  1826  àFEcole  de  guerre  de  Berlin,  directeur  de 
l'Ecole  polytechnique  de  Nuremberg  en  1833,  professeur 
de  physique  à  FUniversité  de  Munich  en  1849,  il  occupa 
cette  dernière  chaire  jusqu'à  sa  mort.  Il  est  surtout  connu 
par  ses  admirables  travaux  sur  l'électricité,  qui  l'ont  con- 
duit à  la  découverte  de  quelques-unes  des  lois  qui  régis- 
sent les  courants  (V.  ce  mot,  t.  XHl,  p.  91).  Elles  se 
trouvent  énoncées  dans  un  ouvrage  intitulé  Die  galva- 


801  — 


OHM  —  OÏDIUM 


nische  Kette  mathematisch  hearbeiiet  (Berlin,  1827; 
nouv.  éd.,  Vienne,  4887;  trad.  franc.,  par  Gaiigain, 
Paris,  1860).  On  lui  doit  aussi  une  théorie  des  sons  se- 
condaires (1843).  Outre  Touvrage  déjà  cité,  il  a  pu})lié: 
Beitrage  lur  Molekularphysik  (Nuremberg,  1849)  ; 
Grundziige  der  Pliysik  (Nuremberg,  1854),  etc.  Son 
nom  a  été  donné  en  1881  par  le  congrès  de  Paris  à  l'unité 
électrique  pratique  de  résistance  (V.  ci-dessus). 

Loi  de  Ohm  (V.  Courant). 

BiBL.  :  BauI'Rnfeind,  Gcdiichinlsvede  ;iuf  Ohm  ;M\i~ 
iiicli,  1882. 

OHM  (Martin),  mathématicien  allemand,  frère  du  pré- 
cédent, né  à  Erlangen  le  6  mai  1792,  mort  à  Berlin  le 
1^^"  avr.  1872.  Reçu  en  1811  agrégé  de  TUniversité  de 
sa  ville  natale,  puis  professeur  de  mathématiques  et  de 
physique  au  gymnase  de  Thorn,  il  fut  nommé  en  1824 
professeur  adjoint,  et  en  1839  professeur  titulaire  à  l'Uni- 
versité de  Berlin.  Il  faisait  aussi  un  cours  à  l'Ecole  d'ap- 
plication de  l'artillerie  et  du  génie.  De  1849  à  1852,  il 
fut  député  de  Berlin  à  la  seconde  Chambre,  où  il  siégea 
avec  les  libéraux  conservateurs.  Il  a  fait  faire  de  grands 
progrès  à  l'enseignement  par  ses  leçons  et  par  ses  ou- 
vrages. Ces  derniers  sont  très  nombreux  :  Reine  Elementar- 
niathematik  (Berlin,  1826,  3 part.,  3''éd.,  1844);  Ver- 
siich  eines  Uouxquenten  Systems  der  Mathematik  (Nu- 
remberg, 1822-52,  9  vol.  ;  2^  éd.  [t.  let  II],  1853-54)  ; 
Lehrbuch  fur  den  gesamten  mathematischen  Elemen- 
kirunterncht{Le\i^'âg,iS36;  5^  éd.,  1856);  Lehrbuch 
der  g  esamten  ho  hem  Mathematik  (Leii^zig,  1839, 2  vol.); 
Geist  der  mathematischen  Analysis  (Berlin,  1842),  etc. 

OH  N  ET  (Georges),  romancier  et  auteur  dramatique  fran- 
çais, né  à  Paris  le  3  avril  1848.  Son  père,  architecte,  le 
poussa  vers  le  barreau,  mais  il  se  sentit  attiré  par  le  jour- 
nalisme et  la  littérature.  Après  1870,  il  écrivit  au  Pays 
et  au  Constitutionnel,  où  sa  polémique  alerte  et  ses  chro- 
niques le  firent  remarquer.  Endéc.  1875,  il  fit  représenter 
avec  un  vif  succès  sa  première  pièce,  au  Théâtre  Histo- 
rique, Jiegina  Sarpi,  drame  en  dm\  actes,  en  collabora- 
tion avec  M.  Denayrouze.  En  1877,  M.  Ohnet  Ht  jouer  au 
Gymnase  Marthe,  comédie  en  quatre  actes.  C'est  à  cette 
époque  qu'il  commença  une  série  de  romans  qui  parurent 
sous  le  titre  général  de  Batailles  de  la  vie  et  furent  in- 
sérés d'abord  dans  des  journaux  ou  des  revues  (/^  Figaro, 
rillustration,  la  Revue  des  Deux  Mondes)  ;  ce  furent  : 
Serge  Panine  (1881  ),  couronné  par  l'Académie  française  ; 
le  Maître  de  Forges  (1882),  qui  obtint  un  prodigieux 
succès  ;  la  Comtesse  Sarah  (1882)  ;  Lise  Fleuron  (1884)  ; 
la  Grande  Marnière  (1885),  roman  qui  se  rapproche  de 
la  manière  de  George  Sand  ;  les  Dames  de  Croix-Mort 
(1886)  ;  Volonté  (1888)  ;  le  Docteur  Rameau  (1889)  ; 
Dernier  Amour  (1889)  ;  le  Curé  de  Favières  (1891)  ; 
Dette  de  haine  (1891)  ;  Au  fond  du  gouffre  {iSd9)  ;  il 
a  publié  aussi  des  nouvelles  :  AWr^^iio*'^  (1887),  VAme 
de  Pierre  {iSdO).  Georges  Ohnet  a  transporté  quelques-uns 
de  ses  romans  à  la  scène,  où  plusieurs  ont  obtenu,  d'écla- 
tants succès  :  le  Maître  de  Forges  fut  joué  au  Gymnase 
(1883)  pendant  une  année  entière;  puis  vinrent  Se7-ge 
Panine,  pièce  en  cinq  actes  (1884)  ;  la  Comtesse  Sarah, 
drame  en  cinq  actes  (1887)  ;  la  Grande  Marnière,  drame 
en  cinq  actes  (1888),  jouée  encore  avec  une  fortune  pro- 
longée ;  Dernier  Amour,  pièce  en  quatre  actes  (1890)  ; 
le  Colonel  Hoquebrune  (1897). 

L'œuvre  littéraire  de  M.  Georges  Ohnet  a  été  l'objet  des 
plus  vives  critiques.  Elle  est  venue  au  moment  où  le  na- 
turalisme triomphait,  et  a  paru  se  proposer  une  rénova- 
tion idéaliste  à  la  manière  de  George  Sand.  La  simplicité 
et  la  netteté  avec  lesquelles  l'auteur  exposait  son  sujet, 
conduisait  l'action  et  amenait  le  dénouement,  une  réelle 
honnêteté  d'intentions,  ainsi  que  la  moraHté  des  sujets, 
ont  conquis  à  ses  œuvres  un  immense  public  dans  cette 
partie  moyenne  de  la  bourgeoisie  à  qui  ses  occupations  ne 
laissent  pas  le  temps  de  raffmer  beaucoup  sur  ses  goûts 
littéraires.  La  fortune  extraordinaire  qu'elles  rencontraient 


a  attiré  l'attention  de  ses  confrères  et  des  critiques  qui 
ont  poursuivi  M.  Ohnet  avec  acharnement.  M.  Jules  Le- 
maitre  a  commencé,  par  un  article  très  sévère,  véritable 
modèle  de  critique,  démontrant  tout  ce  qu'il  y  a  de  faux  et 
de  convenu  dans  Lidéalisme  de  M.  Ohnet  etrextrême  mé- 
diocrité de  son  style  et  de  ses  moyens.  C'a  été  pendant 
longtemps  le  premier  exercice  de  "^tout  débutant  dans  la 
critique  que  l'éreintement  de  l'œuvre  d'Ohnet  ;  il  faut 
ajouter  que  l'unanimité  de  ces  attaques  a  fini  par  émou- 
voir l'opinion  qui  s'est  peu  à  peu  dépris  de  cet  auteur. 
Peut-être  la  réaction  contre  le  succès  excessif  des  pre- 
mières a^uvres  de  M.  Georges  Ohnet  a-t-elle  été  plus  loin 
qu'il  ne  convenait  :  c'est  un  honnête  romancier  qui  bâtit 
habilement  des  feuilletons  mouvementés  ;  mais  le  style 
est  plat,  la  conception  assez  vulgaire  et  la  psychologie 
des  personnages  trop  élémentaire. 

OHO-y-Gawa  (Eleuve)  (V.  Japon,  t.  XXI,  p.  21). 

OHRA.  Ville  de  Prusse,  district  de  Dantzig,  dont  c'est 
un  faubourg  ;  6.876  hab.  (en  1895).  Scieries;  cultures 
maraîchères. 

OHRDRUF.  Ville  d'Allemagne,  duché  de  Saxe-Gotha, 
sur  rOhra;6.16Uiab.  (en  1896).  Elle  forme,  avec  les 
environs,  le  petit  comté  à'Obergleichen,  appartenant 
aux  Hohenlohe-Langenburg.  Il  y  existait  dès  725  un 
couvent. 

OIDEMIA  (Ornith.)  (V.  Maoieuse). 

oïdium  (Bot.).  Champignon  parasite  des  végétaux,  à 
spores  incolores  ou  non  colorées  en  noir,  sphériques  ou 
ovoides,  disposées  en  file  droite,  en  chapelets  fixés  à  l'ex- 
trémité de  filaments  cylindriques.  La  plupart  des  oïdiums 
peuvent  être  considérés  comme  des  formes  conidiales  de 
Champignons  dont  la  forme  parfaite  a  jusqu'à  présent 
échappé  aux  investigations  des  mycologistes  ;  cette  forme 
pai  faite  est  connue  dans  un  petit  nombre  d'espèces  seule- 
ment. Il  en  est  ainsi  pour  une  Périsporiacée  du  groupe 
des  Erysiphées  (Tulasne),  Oïdium  Monilioides,  forme  co- 
nidienne  de  VErysiphe  graminis  et  pour  l'oïdium  de  la 
vigne  dont  la  forme  à  penthées  a  été  observée  plusieurs 
fois  en  Erance. 

V Oïdium  Tuckeri,  qui  est,  en  etfet,  la  forme  coni- 
dienne  de  VUncinula  sjnralis,  peut,  en  maintes  cir- 
constances, attaquer  la  vigne  et  occasionner  des  dégâts 
souvent  considérables.  Il  n'est  pas  d'année  que  l'on  ne 
signale  ce  parasite  sur  quelques  points  du  vignoble 
français.  Apparu  depuis  1847,  il  s'est  conservé,  chez 
nous,  aussi  vivace,  aussi  redoutable  qu'à  ses  débuts,  lorsque 
les  conditions  favorables  à  son  développement  se  trouvent 
réunies. 

Caractères.  —  Les  jeunes  pousses,  en  raison  de  leur 
grande  richesse  en  matériaux  nutritifs,  sont  les  premières 
attaquées.  Elles  offrent  au  champignon  un  excellent  milieu 
de  culture  où  il  se  développe  rapidement,  décelant  son  exis- 
tence par  des  taches.  Ces  taches,  d'abord  légères,  peu  éten- 
dues, blanches,  à  peine  visibles  à  l'œil  nu,  s'agrandissent 
et  s'irradient  irrégulièrement  dans  tous  les  sens,  en  même 
temps  qu'elles  prennent  une  teinte  grisâtre  ou  gris  bleuâtre. 
Elles  constituent  un  enduit  poussiéreux,  gras  au  toucher, 
dégageantuneforte  odeur  de  moisi  ;  enduit  qui  peut  s'étendre 
à  tout  un  coté  du  sarment  et  en  particulier  à  celui  qui  est 
le  plus  exposé  au  soleil,  ou  l'enlacer  complètement.  Lorsque 
le  mal  est  intense,  le  jeune  rameau  devient  noii',  seml)le 
carbonisé  et  ne  se  développe  plus  ;  son  aoûtement  se  fait 
mal  et  son  bois  sèche  l'hiver.  Lorsque  l'attaque  est  plus 
tardive,  les  taches,  tout  en  étant  parfois  très  nombreuses, 
restent  isolées,  disséminées  çà  et  là  sur  les  mérithalles. 
L'aoùtement  peut  alors  se  faire,  mais,  comme  précédem- 
ment, le  bois  sèche  parfois  l'hiver.  Les  feuilles,  à  toute 
époque,  à  tout  âge  et  indistinctement  sur  les  deux  faces, 
peuvent  être  envahies  avec  une  grande  intensité.  Les  pé- 
tioles subissent  le  même  sort.  Sur  ces  organes,  on  retrouve 
les  inévitables  taches  caractéristiques  de  la  maladie  plus 
ou  moins  nombreuses,  plus  ou  inoins  grandes,  mais  tou- 
joui's  formées  de  la  poussière  à  odeur  de  moisi,  d'abord 


OÏDÎUM  -  OIE 


302  — 


SOUFRE  t?UUFIlE 

trituré  sublime 

lokilofijr.       13  kilosçr. 


blanche,  ensuite  gris  bleuâtre.  Ces  taches,  par  leur  feu- 
trage grisâtre,  donnent  aux  feuilles  une  coloration  noirâtre 
plus  ou  moins  intense.  Les  raisins  ne  sont  pas  épargnés 
par  le  parasite  ;  fréquemment,  au  contraire,  ils  en  subissent 
les  néfastes  eflfets,  depuis  la  fécondation  jusqu'à  la  vérai- 
son.  Les  jeunes  grains,  recouverts  d'une  poussière  très 
abondante,  blanche,  grasse  au  toucher,  à  odeur  de  moisi 
très  accentuée,  se  dessèchent,  se  rident  et  tombent,  ou 
continuent  à  grossir  sans  cependant  atteindre  leur  déve- 
loppement normal.  Si,  ce  qui  se  produit  fréquemment,  ils 
ne  sont  que  partiellement  atteints,  leur  épiderme  se  fent1 
en  un  ou  plusieurs  endroits,  les  divisant  en  deux,  Irois  ou 
quatre  parties  et  permettant  à  la  pourriture  de  détruire  la 
pulpe  du  grain. 

Traitements.  — De  tous  les  nombreux  procédés  essayés 
pour  entraver  les  dégâts  occasionnés  par  Foidium,  un  seul, 
l'emploi  du  soufre  répandu  en  fme  poussière  et  à  l'état 
sec,  sur  les  divers  organes  de  la  vigne,  a  donné  d'excel- 
lents résultats.  Cette  matière  en  contact  avec  le  champi- 
gnon le  désorganise.  Il  faut,  pour  obtenir  ce  résultat,  que 
la  température,  au  moment  du  soufrage,  soit  d'au  moins 
25°  C,  car  le  soufre  agit  surtout  sur  l'oïdium  par  sa  trans- 
formation en  acide  sulfureux  et  par  l'émission  de  vapeurs. 
Le  soufre  est  répandu  sur  la  vigne  à  l'aide  d'instruments 
soufreurs  de  types  très  divers.  Le  moment  de  la  journée 
auquel  on  doit  faire  cette  opération  n'a  que  peu  d'impor- 
tance. La  quantité  de  soufre  à  employer  à  chaque  soufrage 
varie  avec  bon  nombre  de  causes.  D'une  manière  générale, 
on  se  conforme  aux  données  suivantes  : 

ÉPOQUE 

des  soufrages 
1^^"  (avant  la  floraison). .  . . 
2^  (au  moment  de  la  florai- 
son    oO   —  30     — 

3^  (entre  la  floraison  et  la 

véraison) 60  à  70   —  40     — 

Soufrages  intercalaires...  Doses  intermédiaires  suivant 
les  époques. 

OIE.  I.  Ornithologie.  —  Genre  de  Palmipèdes  lamelli- 
rostres,  caractérisé  par  un  bec  de  la  longueur  de  la  tète, 
à  mandibule  supérieure  garnie  de  lamelles  espacées,  sail- 
lantes en  forme  de  dents  et  portant  un  onglet  terminal 
presque  aussi  large  que  le  bec  ;  les  foi*mes  sont  plus  élan- 
cées que  chez  les  Canards,  moins  que  chez  les  Cygnes  ;  les 
tarses  sont  épais  avec  les  doigts  médiocrement  allongés; 
le  plumage  est  dépourvu  de  couleurs  brillantes  et  tran- 
chées, généralement  gris,  ou  varié  de  brun  et  de  blanc. 
—  L'Oie  cendrée  {Anser  cinereus)  est  l'espèce  qui  se 
montre  en  Europe  et  probablement  la  souche  de  l'Oie  do- 
mestique. Son  plumage  est  d'un  gris  roussâtre  assez  uni- 
forme, plus  foncé  sur  le  dos,  les  plumes  de  cette  région 
étant  bordées  de  blanc;  les  rémiges  et  les  rectrices  sont 
noires,  à  tige  et  extrémité  blanches.  Le  bec  est  jaune,  les 
pattes  rouge  pâle.  La  taiUe  atteint  i  m.  et  plus  du  bout 
du  bec  à  l'extrémité  de  la  queue;  l'envergure  est  de 'L",78. 
Elle  visite  dans  ses  migrations  tout  le  N.  de  l'ancien 
continent,  jusqu'au  70°  de  lat.  septentrionale,  venant 
nicher  au  printemps  en  Ecosse,  en  Norvège,  en  Islande 
et  retournant  vers  le  S.  (Europe  méridionale,  N.-O.  de 
l'Afrique,  Chine)  à  l'automne.  En  Erance,  ehe  est  de 
passage  régulier  en  février  et  en  novembre,  par  bandes 
de  8  à  ï2o  individus,  qui  s'arrêtent  rarement  pendant  le 
jour,  mais  dont  on  entend,  pendant  la  nuit,  le  cri  reten- 
tissant dans  les  airs.  l']lle  niche  au  bord  des  grands 
marais  tourbeux,  couverts  d'iles  oii  poussent  des  roseaux, 
des  herbes  et  des  buissons  qui  lui  offrent  un  abri  tranquille 
pendant  la  nuit.  Le  matin  elle  vient  paitrc  dans  les  champs 
et  les  prairies. 

Le  port  de  l'Oie  cendrée  est  plus  dégagé  et  ses  mouve- 
ments plus  rapides  que  ceux  de  l'Oie  domestique.  En  vo- 
lant, la  bande  est  toujours  disposée  en  triangle,  et  c'est 
tantôt  le  plus  vieux  mâle,  tantôt  la  p(us  vieille  femelle  qui 


forme  le  sommet  de  l'angle  et  sert  de  guide  au  reste  de 
la  famifle.  Les  jeunes  mâles  ne  sont  adultes  et' en  état  de  se 
reproduire  qu'à  deux  ans.  Le  nid,  qui  est  placé  au  ras  du 


Oie  cendrée. 

sol,  est  assez  grossier,  formé  de  branchages,  de  chaumes 
et  de  roseaux  entrelacés,  d'abord  très  élevé,  mais  bientôt 
affaissé  par  le  poids  de  la  femelle  qui  le  foule  en  y  entrant  ; 
des  matériaux  plus  délicats  et  du  duvet  en  gai'nissent  le 
fond.  La  ponte  est  de  7  à  i  4  œufs  suivant  l'âge  de  l'oi- 
seau ;  la  coquille  est  absolument  semblable  à  celle  de  l'Oie 
domestique,  d'un  blanc  jaune  sale  tirant  parfois  sur  le 
vert.  La  ponte  commence  en  mars;  au  bout  de  28  jours, 
les  petits  éclosent,  et  c'est  seulement  le  lendemain  que  la 
mère  les  conduit  à  l'eau.  Dès  la  tin  de  juillet,  les  jeunes 
sont  en  état  de  suivre  les  parents  dans  la  migration  qui 
se  fait  d'abord  très  lentement  et  par  courtes  étapes,  puisque 
ce  n'est  qu'en  novembre  qu'ils  quittent  détinitivement  notre 
pays.  La  chair  des  adultes  est  dure,  mais  celle  des  jeunes 
est  excellente.  Le  duvet  est  plus  estimé  que  celui  de  l'Oie 
domestique. 

Domestication.  —  La  domestication  de  l'Oie  cendrée  pa- 
rait remonter  à  l'antiquité  grecque,  sinon  plus  loin  en- 
core. Il  en  est  question  dans  V Odyssée  comme  d'un  oiseau 
domestique,  et  Aristote  avait  déjà  remarqué  qu'elle  pon- 
dait quelquefois  des  œufs  blancs,  c.-à-d.  non  fécondés, 
comme  la  Poule.  A.  Pictet  attribue  sa  domestication  aux 
Aryas  primitifs  de  l'Asie  centrale,  mais  le  fait  n'est  pas 
prouvé.  Dans  tous  les  cas,  cette  domestication  a  dû  se  faire 
dans  un  pays  septentrional,  puisque  l'espèce  ne  niche  pas 
dans  le  bassin  de  la  Méditerranée. 

Deux  autres  espèces  d'Oies  sauvages  nous  visitent  à 
l'époque  des  migrations.  Ce  sont  :  I'Oie  des  moissons  {An- 
ser sylveslris  ou  seijelum),  à  tète  et  cou  brun  cendré,  le 
bec  orangé,  mais  avec  la  base  de  l'onglet  noir.  Les  bandes 
sont  plus  nombreuses  que  celles  de  l'espèce  précédente.  Elle 
mesure  0™,86  sur  4"^, 80.  Les  chasseurs  la  tirent  par  les 
grands  vents  qui  la  forcent  à  voler  plus  près  de  terre. 
I']lle  passe  en  janvier  et  en  novembre  et  se  rend  en  parti- 
culier à  la  Nouvelle-Zemble  ;  elle  gîîe  de  préférence 
dans  les  lies  déboisées  inhabitées  et  dans  les  marais. 
On  en  peut  rapprocher  deux  variétés  :  Y  Oie  des  champs 
{Anser  arvensis),  plus  grande,  qui  pond  en  Laponie  et  au 
N.  de  la  Ehdande  et  passe  en  Allemagne  en  mars  et  oc- 
tobre ;  voie  à  pied  rouge  {A.  hrachyriiijnchus)  qui  vit 
au  Spitzberg  et  hiverne  sur  les  rivages  de  la  mer  du 
Nord. 

L'Oie  à  front  islanc  {Anser  albifrons),  dite  aussi 
polonaise,  plus  petite  que  les  deux  précédent f^s.  o  le  front 
blanc,  le  devant  du  cou  hlanc  entouré  de  brun,  le  dos 


brun  avec  les  plumes  bordées  de  roux.  Elle  passe  en 
bandes  nombreuses  en  décembre,  puis  en  février,  les 
vols  affectant  toujours  la  forme  d'un  triangle.  Elle  est  très 
sauvage,  ne  se  pose  que  le  soir  et  le  matin,  de  sorte 
qu'on  la  tue  plus  rarement  que  les  autres  espèces.  On  en 
distingue  deux  autres  variétés,  VOie  islandaise  (Anser 
intermedius) ,  longue  de  0"^,76,  et  VOie  naine  (A.  fin- 
marchicus)  qui  vivent  l'été  dans  les  terres  arctiques  et 
hivernent  jusqu'en  Egypte  et  dans  l'Inde. 

L'Oie  CANADIENNE  {A.  canadensis  onCtjynopsis),longm 
de  0^^,94,  large  de  1"^,70,  plus  élancée  que  l'Oie  cendrée,  a 
la  tèle,  le  bec,  les  pieds,  la  queue,  l'arrière  du  cou  noirs, 
la  gorge  gris  blanc,  la  poitrine  grise,  le  dessus  brun  gris; 
elle  vit  dans  l'Amérique  du  Nord,  refoulée  vers  le  N.  par 
les  chasseurs.  Elle  descend  en  hiver  jusqu'aux  Etats-Unis 
par  petites  bandes;  en  avril  et  mai,  elle  retourne  à  la 
toundra,  entre  50*^  et  67°  lat.  N.,  pour  la  ponte.  Elle  niche  " 
près  de  Feau,  dans  les  taillis  ou  l'herbe,  pond  de  trois  à 
neuf  œufs.  On  la  mange  beaucoup  fumée.  Ses  plumes  sont 
fort  appréciées.  On  l'a  domestiquée  et  croisée  avec  l'oie 
cendrée  ;  les  métis  sont  faciles  à  engraisser. 

La  Bernache  et  la  Cereopse  (V.  ces  mots)  ont  fait 
l'objet  d'articles  distincts,  de  même  que  VOie  d'Egypte 
(V.  Chenalopex). 

Le  genre  Chen  a  été  créé  pour  une  espèce  (Ch.  niveus) 
propre  aux  régions  arctiques  de  l'ancien  continent. 
L'Amérique  du  Nord  possède  des  espèces  distinctes,  mais 
très  voisines.  E.  Tuouessart. 

II.  Economie  rurale.  —  L'oie  est,  sans  contredit,  le 
plus  précieux  des  animaux  de  basse-cour  après  la  poule  ;  elle 
est  l'objet  d'une  exploitation  très  importante  en  Europe, 
particulièrement  en  Irlande  (15.335.749  existences),  en 
France ^3.519.741  existences),  en  Suède (d. 571 .254  exis- 
tences),' en  Danemark  et  en  Hollande.  La  statistique  géné- 
rale de  1892  évalue  à  2.346.360  le  nombre  de  ces  ani- 
maux livrés  annuellement  à  la  consommation  en  France,  le 
prix  moyen  par  tèle  étant  de  4  fr.  52.  Nos  principaux 
départements  producteurs  sont  l'Allier,  la  Haute-Garonne, 
les  Landes,  la  Dordogne,  la  Sarthe,  les  Deux-Sèvres,  la 
Mayenne,  la  Saône-et-Loire,  le  Gers,  les  Basses-Pyrénées, 
le  Maine-et-Loire,  la  Nièvre,  le  Tarn-ct-Garonne,  l'Indre, 
le  Cher,  la  Vienne,  l'Yonne,  etc.;  les  oies  de  la  Haute- 
Garonne,  du  Tarn,  du  Lot-et-Garonne,  de  la  vallée  de 
la  Loire  et  de  l'Est  sont  les  plus  renommées  et  elles 
sont  l'objet  d'une  grande  recherche  pour  l'exportation, 
les  chiffres  font  défaut  sur  ce  dernier  point.  Nous  expor- 
tons de  100.000  à  105.000  kilogr.  de  pâtés  de  foie, 
plus  du  double  de  nos  importations  de  ces  mêmes  produits. 
On  exploite  en  France  deux  races  d'oies  comprenant  un 
assez  grand  nombre  de  variétés  :  1*^  Petite  race,  oie  grise 
ou  commune;  elle  est  encore  la  plus  répandue  et  ne  dif- 
fère guère  des  oies  sauvages  que  par  la  nuance  plus  cendrée 
de  son  plumage  et  par  son  aspect  général  plus  lourd  ;  elle 
est  très  rustique,  sa  ponte  n'est  pas  abondante,  et  le  poids 
n'atteint  que  3  à  5  kilogr.  ;  dans  les  bonnes  exploitations 
on  lui  préfère  les  types  de  grosse  race  avec  lesquels  elle  a 
souvent  été  croisée.  2°  Grosse  race.  La  variété  la  plus 
intéressante  et  donnant  le  meilleur  rapport  est  dite  de 
Toulouse  ;  l'aspect  est  massif  et  lourd,  la  poitrine  est  très 
développée  et  très  basse,  le  cou  très  gros  et  les  ailes  sail- 
lantes ;  le  plumage  est  gris  brun  dans  l'ensemble,  les 
plumes  de  la  tête  et  du  cou  sont  gris  fer  et  forment  liseré 
à  partir  de  la  gorge  jusque  sous  le  ventre  et  sur  les  cuisses  ; 
l'abdomen  et  le  croupion  sont  nettement  blancs  ;  la  queue 
est  grise  avec  l'extrémité  blanche  ;  enfin  les  membranes 
des  pattes  et  le  bec  sont  de  couleur  rouge  brique  assez 
foncée  ;  l'œil  est  petit  et  vif,  gris  foncé  presque  noir.  Le 
développement  est  rapide  ;  par  une  alimentation  bien  con- 
duite le  poids  de  10  à  11  kilogr.  peut  être  facilement 
atteint  ;  la  ponte  est  abondante,  elle  s'élève  à  50  et  même 
à  60  œufs  (janvier  à  juin)  annuellement.  Les  variétés  de 
Guinée  et  A' Egypte  fournissent  une  chair  plus  délicate 
que  l'oie  de  Toulouse,  mais  elles  sont  moins  rustiques  ;  lu 


303  -  OÎE 

variété  à'Embden,  dérivée  de  l'oie  de  Toulouse,  à  plumage 
entièrement  blanc,  à  bec  et  pattes  jaune  orangé,  est  très 
répandue  en  Angleterre  et  en  Irlande  ;  elle  est  également 
de  grande  taille  et  donne  un  fort  rendement.  Les  oies 
doivent  avoir  un  logement  spécial,  aéré  et  bien  sain  et 
entretenu  en  parfait  état  de  propreté  ;  la  litière  est  renou- 
velée tous  les  deux  ou  trois  jours  et  retournée  fréquem- 
ment ;  le  couchage  dans  des  parcs  couverts  et  transpor- 
tables donne  aussi  de  bons  résultats  lorsque  les  oies 
pâturent  sur  les  chaumes  ou  dans  les  prairies  et  ne  rentrent 
pas  le  soir  à  la  ferme.  Les  mâles  ou  /«r^  sont  toujours  peu 
nombreux  :  un  jars  sufïit  pour  6  ou  8  femelles;  il  ne  doit 
pas  être  trop  jeune,  l'âge  de  deux  ans  à  deux  ans  et  demi 
est  à  préférer  ;  tout  mâle  d'élite  doit  être  conservé  avec 
le  plus  grand  soin  tant  qu'il  est  bon.  Avec  une  bonne  ali- 
mentation la  ponte  peut  commencer  dès  le  mois  de  février  ; 
l'établissement  du  nid  est  surveillé  ;  les  œ^ufs,  de  goût 
moins  délicat  que  ceux  de  la  poule,  pèsent  de  150  à  160  gr. 
en  moyenne  dans  les  belles  espèces.  L'oie  est  très  bonne 
couveuse,  l'éclosion  a  Heu  ordinairement  au  bout  d'un 
mois  ;  15  œufs  suffisent  par  couvée  ;  les  oisons  sont  retirés 
au  fur  et  à  mesure  de  leur  éclosion,  puis  on  les  place  dans 
un  panier  ouaté  ou  garni  de  laine  que  l'on  pose  auprès 
du  feu  ou  dans  une  pièce  très  chaude,  le  moindre  refroi- 
dissement leur  est  fatal.  Dès  le  lendemain,  on  peut  les 
rendre  à  leur  mère,  mais,  à  moins  que  le  temps  ne  soit 
très  beau^  on  ne  les  laisse  prendre  le  grand  air  qu'au  bout 
de  quelques  jours  ;  leur  première  nourriture  consiste  en 
œufs  durs  hachés  avec  du  pain  émietté  et  des  orties  très 
tendres,  puis  en  pâtées  de  farines,  de  remoulages  et  de 
pommes  de  terre  cuites  écrasées,  mélangées  avec  de  la  ver- 
dure hachée  ;  les  orties  prennent  une  grande  place  dans  leur 
alimentation  ;  les  repas  ont  Heu  cinq  ou  six  fois  par  jour 
et  même  plus.  Les  bains  peuvent  commencer  au  bout  d'une 
dizaine  de  jours;  il  faut  bien  éviter  de  les  donner  pendant 
le  milieu  de  la  journée  par  crainte  des  coups  de  soleil  ; 
après  trois  ou  quatre  semaines,  on  peut  conduire  les  oisons 
au  pâturage  avec  leur  mère.  L'élevage  n'est  réellement 
économique  que  si  l'on  dispose  de  grandes  surfaces,  prai- 
ries ou  chaumes,  avoisinant  surtout  des  cours  d'eau  ;  la 
nourriture  est  complétée  avec  des  racines,  des  légumes  et 
tous  les  débris  végétaux  encore  frais  dont  on  peut  disposer  ; 
on  y  ajoute  plus  tard  avec  avantage  des  graines  ou  des 
pâtées  ;  l'animal  est  ainsi  bien  préparé  pour  l'engraisse- 
ment, cette  opération  commence  dès  le  mois  de  septembre 
et  dure  de  quatre  à  six  semaines  ;  chaque  jour  les  oies 
sont  gavées  à  plusieurs  reprises  et  à  des  heures  bien  ré- 
gulières avec  des  pâtons  de  farine  de  maïs  et  de  pommes 
de  terre  cuites.  Les  sujets  sont  séquestrés  dans  une  pièce 
obscure  et  bien  saine  ;  dans  le  Sud-Ouest  on  prolonge  l'en- 
graissement encore  plus  loin  pour  obtenir  les  oies  dites  à 
foie  gras,  très  recherchées  pour  la  fabrication  des  pâtés 
aux  truffes.  Bréchemin  estime  de  16  à  22  fr.  le  produit 
brut,  suivant  grosseur  et  quahté  (graisse  6  fr.,  quatre 
membres  à  1  fr.  50,  foie  3  fr.  50  à  5  fr.  50  le  kilogr., 
plume  et  duvet),  d'une  belle  oie  engraissée  de  Gascogne, 
mais  ce  taux  est  exceptionnel.  Les  vieilles  oies  sont  plumées 
en  mai,  en  juillet  et  à  la  fin  de  septembre,  et  les  oisons 
vers  la  fin  de  juin  et  en  juillet  lorsqu'ils  sont  croisés,  et 
à  la  fin  de  septembre,  sauf  dans  le  cas  où  ils  sont  des- 
tinés à  l'engraissement  ;  le  duvet  est  arraché  après  les 
plumes,  mais  sans  dépouiller  complètement  le  sujet  ;  on 
peut  obtenir  sur  une  vieille  oie  jusqu'à  300  gr.  de  plumes 
et  75  gr.  de  duvet  par  année  ;  l'oison  donne  au  plus  150  gr. 
de  plumes  et  30  gr.  de  duvet.  Dans  quelques  pays,  la  peau 
est  ouverte  et  enlevée  après  le  plumage  et  préparée  avec  des 
soins  spéciaux  pour  être  vendue  comme  peau  de  cygne  ;  la 
chair  est  alors  débitée  et  vendue  par  morceaux  à  un  prix 
inférieur  à  celui  de  la  chair  des  animaux  non  écorchés. 

J.  Troude. 
III.  alimentation.  —  L'oie  fournit  un  mets  subs- 
tantiel et  savoureux.  On  la  mange  en  daube,  avec  de  la 
choucroute,  avec  des  navels  et  des  pommes  de  terre,  rôtie 


OJE  —  OIGNON  —  304  — 

et  garnie  avec  une  farce  faite  avec  le  foie  et  de  la  chair 
à  saucisses,  hacliée  et  assaisonnée  de  sel,  de  poivre,  de 
ciboule,  de  persil  auxquels  on  peut  ajouter  quelques  mar- 
rons passés  dans  du  beurre  chaud.  La  cuisson  à  la  broche 
d'une  oie  grasse  demande  environ  une  heure  et  demie.  La 
graisse  est  très  bonne  à  conserver  et  s'unit  délicieusement 
à  différents  légumes,  tels  que  pommes  de  terre,  épinards, 
haricots,  etc.  Les  cuisses  et  les  ailes,  confites  dans  du 
saindoux  ou  de  l'huile  d'olive,  font  le  régal  de  certains 
gourmets,  particulièrement  sur  les  bords  de  la  Garonne. 
Le  foie  sert  à  la  préparation  députés  renommés  (V.  ce  mot). 
IV.  Jeu.  —  Ce  jeu,  très  ancien  (il  pojie  pour  titre  : 
«  le  noble  jeu  de  l'oie,  renouvelé  des  Grecs  »)  était  pra- 
tiqué dans  les  dernières  années  du  moyen  âge  et  a  été 
principalement  en  faveur  au  xviii^^  siècle,  oii  il  était  joué 
aussi  bien  par  les  parents  que  par  les  enfants  :  un  dessin 
de  Chardin  en  fait  foi.  La  vogue  du  jeu  de  l'oie  est  au- 
jourd'hui passée,  et  il  n'y  a  guère  que  les  enfants  qui  s'y 
livrent  encore  de  temps  à  autre.  Ce  jeu  se  joue  avec  une 
feuille  de  carton  {diiek  jardin  de  l'oie),  sur  laquelle  est 
représentée  une  ellipse  qui  tourne  deux  fois  sur  elle-même 
et  est  divisée  en  soixante-trois  cases.  Chaque  case  numé- 
rotée représente  une  image  dessinée  d'une  manière  élé- 
mentaire et  qui  prèle  à  l'hilarité  et  aux  bons  mots  ;  Voie 
figure  à  la  case  63,  but  final  du  jeu,  et  se  répète  six  fois 
(de  neuf  en  neuf  numéros)  dans  le  courant  des  cases  pré- 
cédentes. On  peut  jouer  à  plusieurs  personnes  et  même 
à  nombre  indéterminé  de  joueurs  ;  les  instruments  du  jeu 
sont  deux  dés,  un  cornet  et  le  tableau  ou  jardin  de  l'oie. 
On  tire  au  sort  pour  savoir  qui  commencera,  et  chaque 
joueur  adopte  une  marque  ])articulière. 

Voici  les  règles  du  jeu,  dans  leur  texte  original,  selon 
le  règlement  connu  de  nos  ancêtres  :  «  Pour  jouer  à  ce 
jeu  qui  est  composé  de  63  cases,  à  prendre  du  n^  1  jus- 
qu'au nombre  63,  où  il  faut  arriver  pour  gagner  la  partie, 
il  faut  que  chaque  joueur  ait  une  marque  distinctive  pour 
marquer  sur  la  case  le  nombre  de  points  qu'il  aura  amenés. 
Mais  il  n'est  pas  facile  d'arriver  au  Iwsquel  (c'estle  n°63, 
siège  de  l'oie  finale),  car  plusieurs  empêchements  se  pré- 
sentent avant  qu'on  puisse  y  aborder.  Il  faut  avoir  deux 
dés  que  chaque  joueur  jettera  à  son  tour,  et  autant  de 
points  que  les  dés  amèneront,  il  les  marquera  sur  le  jeu 
avec  sa  marciue.  Il  faut  faire  attention  que  Ton  ne  peut 
pas  s'arrêter  sur  les  oies,  qui  sont  disposées  de  neuf  en 
neuf;  ainsi  donc,  si  vous  arrivez  à  une  oie,  redoublez  le 
nombre  de  points  que  vous  avez  amenés  jusqu'à   ce  que 
vous  n'en  rencontriez  plus.  Si,  en  marquant  les  points  que 
vous  amenez  vers  la  fin  de  la  partie,  vous  excédez  le 
nombre  63,  vous  redoublez  vos  points  et  retournez  en 
arrière,  et  enfin  celui  qui  arrivera  juste  au  nombre  63 
gagnera  la  partie.  »  Le  règlement  est  suivi  d'observations  : 
«  Si,  du  premier  coup  que  l'on  tire  les  dés,  on  faisait  9, 
ce  ([ui  peut  se  faii'e  de  deux  manières,  savoir  5  et  4  ou  6 
et  3,  il  faut  que  celui  qui  fera  6  et  3  aille  au  nombre  26, 
où  sont  représentés  deux  dés,  et  celui  qui  fera  3  et  4  au 
nombre  53,  où  sont  deux  autres  dés.  Celui  qui  fei'a  6,  où 
il  y  a  un  pont,  payei'a  le  prix  convenu  et  ira  au  nombre  12 
pour  se  noyer  sous  le  pont.  Celui  qui  ira  au  nombre  19, 
où  il  y  a  une  hôtellerie,  s'y  reposera  jusqu'à  ce  que  les 
autres  joueurs  aient  tiré  chacun  deux  fois.  Celui  qui  ir^ 
au  nombre  31,  où  il  y  a  un  puiis,  payera  le  prix  convenu 
et  y  restera  jusqu'à  ce  qu'un  autre,   arrivant  au  même 
nombre,  vienne  l'en  délivrer.  Alors  celui  cpii  sortira  du 
puits  ira  occuper  la  place  qu'avait  celui  qui  est  venu  le 
remplacer.  Celui  qui  ira  au  nombre  12,  où  il  y  a  un  laby- 
rinthe, payera  le  prix  convenu  et  retournera  au  nombre  3(). 
Oui  arrivera  au  nombre  52,  ou  il  y  a  \\m prison,  payera 
le  prix  convenu  et  y  restera  jusqu'à  ce  qu'un  autrt>  l'en 
retire.  Quand  on  arrivera  au  nombre  oH,  ou  est  repré- 
sentée la  mort  (une  tète  de  mort),  on  payera  encore  le 
prix  convenu  et  on  recommencera  tout  le  jeu.  Et  celui 
qui  sera  rencontré  par  un  des  joueurs  ])ayera  le  prix 
convenu  étira  se  mettre  à  sa  place.  » 


Les  régies  du  jeu  de  l'oie  sont  très  simples  et  à  la 
portée  des  nitelligences  les  plus  enfantines.  La  vogue  très 
grande  qu'a  eue  ce  jeu  s'explique  encore  par  les  distrac- 
tions et  les  retours  philosophiques  qu'il  offre  ;  l'on  a  voulu 
y  voir  .une  image  de  la  vie  et  l'occasion  de  mille  ensei- 
gnements familiers.  Il  a  donné  naissance  à  de  nombreux 
jeux  analogues,  jeux  plaisants  ou  instructifs,  tels  que  le 
jeu  des  monuments  de  Paris,  le  jeu  de  Vhistoire,  le 
jeu  de  rhijmen,le  jeu  de  la  guerre,  le  jeu  du  steeple- 
chase,  le  jeu  de  géographie.  Une  des  plus  spirituelles 
imitations  a  été  le  jeu  d'oie  parlementaire,  où  l'on  voit 
représenté  le  Corps  législatif  de  1870  ;  il  est  divisé  en 
droite  et  gauche,  porte  des  portraits  de  députés  ou  des 
signes  symboliques  :  crédits  extraordinaires,  applau- 
dissements, murmures,  vote  de  confiance,  chanqement 
de  cabinet,  dissolution,  etc.  Ily  avait  deux  jeux  distincts, 
le  jeu  de  la  gauche  qui  comptait  à  partir  de  la  case  Roche- 
fort,  et  le  jeu  de  la  droite  qui  commençait  à  Granier  de 
Cassagnac.  Déjà  on  avait  adopté  le  jeu  de  l'oie  à  la  fin  du 
xviii^  siècle  en  le  débaptisant  pour  l'appeler  jeu  de  la 
Révolution  française.  Ph.  B. 

V.  Littérature  —  La  mèhe  l'Oie  (V.  Comte,  t.  XR 
p.  777). 

VI.  Histoire.  —  Oies  de  mer  (V.  Guelx). 

VII.  Législation  étrangère.  ~-  L'oie  ghîse  (Y. 
CiiÂuÂs). 

VIII.  Coiffure.  —  Peuti:  oie  (V.  Coiffure,  t.  XL 
p.  866. 

OIE  (L').  Com.  du  dep.  de  la  Vendée,  arr.  de  La 
Roche-sur-Yon,  caiit.  des  Lssarts  ;  854  hab. 

^\QWï.X{Ougneijum).  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Saône, 
arr.  deYesoul,  cant.  de  Combeaufontaine  ;  201-  hab.  Car- 
rières de  pierre.  Traces  de  voie  antique.  Découvertes  de 
ruines,  sépultures  et  monnaies  romaines,  lieu  d'il E)iSar- 
razin.  Iiglisedu  xviii^siècle  (boiseries  dignes  d'attention). 
La  seigneurie  a  appartenu  successivement  aux  de  Pesmes, 
de  Rupl  et  d'Orsay. 

,  OIGNIES.  (W.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr.  de  Bé- 
thune,  cant.  de  Carvin  ;  2.439  hab.  Mines  de  houille  des 
concessions  d'Ostricourt,  de  Courrières  et  de  Dourges. 
Bi'iqueferie  ;  brasserie.  Eglise  moderne  de  stvle  roman. 
Château  moderne. 

OIGNON  ou  OGNON,].  Botanique  et  Thérapeutioue.  — 
Nom  vulgaire  de  VAllium  Cepa  L.  (Y.  Ail).  Liliacée  dont  on 
ne  connaît  pas  la  patrie,  mais  qu'on  cultive  pour  ses  bulbes 
qui  sont  comestibles.  L'Oignon,  par  sa  composition  chi- 
mique, aussi  bien  qu'au  point  de  vue  bromatologique,  n'est 
qu'un  diminutif  de  l'ail.  Le  jus  exprimé  subit  la  fermentation 
alcoolique.  L'Oignon  frais  a  été  préconisé  comme  stimu- 
lant, diurétique  et  anthelmintique.  Pris  avec  modération, 
il  augmente  l'appétit  et  aciive  la  digestion.  R  sert  à  fa- 
briquer des  cataplasmes  maturatifs.  —  Le  vin  d'oignon 
se  prépare  par  macération  de  deux  oignons  dans  un  litre 
de  vin  blanc  ;  il  sert  comme  vermifuge,  de  même  que  le 
sirop  d'oignon. 

Le  mot  oignon  est  aussi  employé,  en  botanique,  comme 
synonyme  de  bull)e  (Y.  ce^mot,  t.  YIII,  p.  397).  D^'  L.  Hn. 
IL  Horticulture.  —  La  culture  ordinaire  de  l'Oignon 
consiste  à  seiner  ses  graines  vers  la  fin  de  l'hiver' à  la 
volée  ou  en  lignes,  en  sol  riche,  non  fumé  de  frais  au 
fumier  et  fortement  plombé  après  le  semis.  On  sarcle,  on 
bine  les  jeunes  plantes  suivant  le  besoin,  on  les  arrose 
pendant  leur  pleine  végétation.  A  la  récolte,  lorsque  les 
feuilles  jaunissent,  on  laisse  ressuyer  un  jour  ou  deux  au 
soleil,  puis  l'on  rentre  au  grenier  fia  conservation  se  fait 
bien  tout  Thiver,  en  lieu  sec.  On  a  de  bonne  heure  des 
oignons  frais  au  printemps,  par  des  semis  d'été  exécutés 
en  août  et  suivis  du  repiquage,  en  lignes,  du  jeune  plant 
avant  Lhiver.  '  G'.  Boyer. 

IIL  ALDiENfAiio::.  —  L'oigoon  est  très  fréquemment 
emplo^^edans  la  préparation  de  nos  aliments  :  il  entre  dans 
la  confection  d'une  soupe,  d'une  purée,  de  certaines 
sauces,  d'omelettes  ;  on  l'associe  également  aux  viandes 


a05 


OIGNON  —  OIRON 


en  le  faisant  cuire  avec  elles  ;  on  le  confit  dans  du  vinaigre 
soit  seul,  soit  mélangé  à  des  cornichons  ;  coupé  en  minces 
rondelles,  il  sert  aussi  quelquefois  à  assaisonner  des  sa- 
lades, etc.  Certaines  personnes  le  mangent  cru,  ce  qui 
rend  l'haleine  fétide  et  provoque  des  renvois  fort  incom- 
modes, car  il  est  très  indigeste.  —  Pour  donner  au  pot- 
au-feu  une  couleur  et  un  îumet  plus  appétissants,  on  se 
sert  d'une  préparation  d'oignons  appelés  oignons  brûlés 
ou  oignons  glacés.  Ce  sont  des  tranches  de  bulbe  d'oi- 
gnons ayant  subi  un  commencement  de  carbonisation  ou 
plutôt  de  caramélisation.  La  préparation  industrielle  de 
ce  condiment  forme  une  branche  commerciale  assez  im- 
portante. Dans  le  commerce,  on  rencontre  quelquefois  un 
produit  analogue,  mais  préparé  avec  des  carottes,  du 
navet  ou  de  la  betterave.  Un  examen  attentif,  après 
ébuUition,  suffît  pour  découvrir  la  fraude. 

OIGNON.  Rivière  du  dép.  du  Doiibs  (V.  ce  mot,  t.  XIV, 
p.  1005). 

OIGNY.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,   arr.  de  Soissons, 
cant.  de  Villers-Cotterets  ;  i296  hab. 

OIGNY.  Com.  du  dép.   de  la  Cùte-d'Or,  arr.  de  Châ- 
tillon-sur-Seine,  cant.  de  Baigneux-les-Juifs  ;  104  hab. 

OIGNY.  Com.  du  dép.  de  Loir-et-Cher,  arr.  de  Ven- 
dôme, cant.  de  Mondoubleau  ;  268  hab. 
'    OIGOURS  (V.  Turcs  Oligours). 

01 H  EN  ART  (Arnaud  d'),  historien  et  poète  basque,  né 
à  Mauléon  le  7  août  4592,  mort  avant  le  14  janv.  1668. 
Fils  d'un  procureur  du  roi  au  pays  de  Soûle,  il  fit  à  Bor- 
deaux ses  études  de  droit,  devint  en  1623  syndic  du  tiers 
état  de  Soûle  et  par  son  mariage  avec  Jeanne  d'Erdoy, 
d'une  vieille  famille  de  Saint-Palais,  obtint  l'entrée  aux 
Etats  de  Navarre  dans  le  corps  de  la  noblesse.  Reçu  avo- 
cat au  parlement  de  Navarre,  il  fut  chargé  de  la  gestion 
des  immenses  biens  de  la  maison  de  Gramont,  et  les  nom- 
breux documents  qu'il  rencontra  dans  le  cliar trier  de 
Bidache  lui  donnèrent  le  goût  des  recherches  historiques. 
Il  visita  un  grand  nombre  de  dépôts  d'archives,  à  Bayonne, 
Toulouse,  Pau,  Pampelune,  ou  il  fut  fort  mal  accueiUi, 
Lescar,  Périgueux,  Paris,  Dijon,  Précy- sur-Oise,  et  les 
vingt-trois  volumes  manuscrits  qui  lurent  le  fruit  de  ses 
recherches  sont  aujourd'hui  compris  dans  la  collection 
Duchesne  à  la  Bibliothèque  nationale  (vol.  96  à  99  et 
101  à  119)  ;  ils  furent  envoyés  à  Colbert  en  1675  par 
Gabriel  d'Oihénart,  son  fds,  au  moment  môme  où  François 
Duchesne  venait  de  donner  à  ce  ministre  quarante-cinq 
volumes  de  documents  ayant  appartenu  à  son  père.  Mais 
la  bibliothèque  d'Oihénart  et  une  partie  de  ses  pièces  ori- 
ginales restèrent  à  Saint-Palais  où  D.  Martène  et  D.  Du- 
rand les  virent  en  1711  ;  le  comte  d'Hérouville  en  acquit 
une  partie  en  1753,  et  ces  papiers  passèrent  ensuite  dans 
le  cabinet  de  l'abbé  de  Vergés,  historiographe  de  France, 
et  de  là  aux  archives  du  séminaire  d'Aucb.  Vn  résidu 
important  du  cabinet  d'Oihénart,  resté  à  Saint-Palais,  a 
appartenu  jusqu'à  ces  dernières  aimées  à  la  comtesse  de 
Bran(;ioii  qui  l'a  légué  à  son  qyarent,  M.  Labrouche, 
archiviste  des  Hautes-Pyrénées.  Oihénart  publia  à  Paris, 
en  1637,  sous  le  titre  tïe  Notitia  ubiusque  Vasconiœ, 
fum  Ibericœ,  htm  Aquitanicœ,  l'ouvrage  auquel  il  doit 
sa  célébrité,  et  dont  une  seconde  édition  parut  en  1656; 
c'est  un  livre  très  recherché  et  utilisé  encore  de  nos  jours. 
On  lui  attribue  snissiiim  Déclaration  historique  de  Tin- 
juste  usurpation  et  rétention  de  la  Navarre  par  les 
Espagnols,  pubUée  en  1625  (in-8),  et  un  extrait  d'un 
livre,  qui  ne  parut  point,  intitulé-  Navarra  injuste  rea, 
sive  de  Navarrœ  regno  contra  jus  fasque  occupato 
(pièce  in-'i  de  8  pp.  qui  se  trouve  dans  Galland,  Mé- 
moires pour  l'histoire  de  la  Navarre  (Paris,  1648, 
in-foL,  Preuves,  p.  110).  Oihénart  avait  voulu  écrire 
encore  une  histoire  de  la  maison  de  Gramont,  dont  on 
trouve  un  résumé  à  la  Bibliothèque  nationale  (fonds  fr. 
20222,  fol.  169  et  vol.  1163  de  Clairambault).  Comme 
poète,  Oihénart  avait  écrit  un  recueil  de  proverbes  basques 
et  de  poésies  dans  la  même  langue  qui  parut  en  1657  à 

GRANDE    ENCYCLOPÉDIE .    —   XXV. 


Paris  et  a  été  réédité  en  1847  à  Bordeaux  par  Francisque 
Michel.  11  avait  aussi  réuni  les  éléments  d'un  dictionnaire 
basque.  Henri  Courteault. 

BiBL.  :  J.-B.-E.  de  Jauiigain.  Arnnud  d'Oihénart  et  sa 
famille  ;  Paris,  1885,  in-8. 

OÏL  (Langue  d')  (V.  Romanes  [Langues]). 

OIL-Crrv.  Ville  des  Etats-Unis  (Pennsylvanie) ,  au  con- 
fluent de  l'Oil  Creek  et  de  l'Allegliany,  au  centre  de  la 
région  du  pétrole  (V.  Etats-Unis,  t.  XVI,  p.  577)  ; 
19.902  hab. 

OINGT.  Com.  du  dép.  du  Rhône,  arr.  de  Villefranche, 
cant.  du  Bois-d'Oingt  ;  414  hab.  Ancienne  station  ro- 
maine à'Iconium,  sur  la  voie  d'Aure  àFeurs.  Au  moyen 
âge,  c'était  une  place  très  forte  qui  fut  ruinée  en  1562 
par  le  baron  des  Adrets.  A  l'O.  de  cette  localité  est  l'an- 
cien manoir  de  Prony,  domaine  patrimonial  du  physicien 
de  ce  nom.  Ruines  du  rempart  et  du  château. 

01 N VI LIE.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr.  de 
Mantes,  cant.  de  Limay;  506  hab. 

OINVILLE-Sainx-Liphard.  Com.  du  dép.  d'Eure-et- 
Loir,  arr.  de  Chartres,  cant.  de  Janville  ;  566  hab. 

OINVILLE-sous-iVuNEAu.  Com  du  dép.  d'Eure-et-Loir, 
arr.  de  Chartres,  cant.  de  Janville  ;  298  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  de  l'Ouest. 

OIRON  {Orio).  Com.  du  dép.  des  Deux-Sèvres,  arr. 
de  Bressuire,  cant.  de  Thouars  ;  845  hab.  Oiron  était  au 
moyen  âge  le  siège  d'une  seigneurie  qui  passa  à  la  maison 
d'Amboise,  puis  à  celle  de  Sancoins.  Lors  du  procès  de 
Jacques  Cœur,  Charles  VII  la  contisqua  sur  Jean  de  San- 
coins et  la  donna  aussitôt  à  Guillaume  Gouffier.  Artns 
Gouffier,  fils  aîné  de  celui-ci,  commença,  en  1518,  la 
construction  d'une  éghse  coUégiale  (mon.  hist.)  qui  est 
aujourd'hui  la  paroisse  du  bourg.  C'est  un  édifice  à  une 
nef  terminée  par  une  abside  avec  deux  petites  chapelles 
latérales  et  une  tour  à  droite  de  la  façade  ;  la  construc- 
tion est  gothique,  mais  l'ornementation  Renaissance  ;  les 
deux  portes  latérales  sont  l'une  de  1540,  l'autre  du  temps 
de  Henri  II  ;  l'intérieur  contient  de  nombreuses  curiosités 
parmi  les(|uelles  tiennent  le  premier  rang  les  tombeaux, 
malheureusement  mutilés,  de  la  famille  Gonftier  ;  celui  de 
Phihppe  de  Montmorency,  veuve  de  Guillaume  Gouffier, 
celui  d'Artus  Gouffier,  fondateur  de  la  collégiale,  celui  de 
l'amiral  Bonnivet,  son  frère,  et  celui  de  Claude  Gouffier. 
Les  deux  premiers  sont  l'œuvre  de  Jean  Juste,  le  père,  et 
les  deux  autres  de  Jean  Juste,  le  fils.  L'église  à  peine 
commencée,  Artus  Gouffier  entreprit  la  consîruction  d'un 
château  destiné  à  remplacer  la  résidence  primitive  des 
seigneurs  d'Oiron,  dont  les  restes,  qui  datent  du  xv^  siècle, 
se  voient  encore  à  Leugny,  à  1  kil.  au  S.-E.  Il  mourut 
tlès  1539,  mais  son  œuvre  fut  continuée  d'abord  pai*  sa 
veuve,  Hélène  de  Hangest,  qui  lui  survécut  jusqu'en  1537, 
et  ensuite  par  leur  fils,  Claude  Gouffier.  De  cette  cons- 
truction subsistent  deux  ailes  du  château  actuel,  mais  celle 
de  droite  a  été  remaniée  à  la  fin  du  xvii®  siècle,  tandis 
que  celle  de  gauche  demeure  l'un  des  plus  précieux  bijoux 
de  la  Renaissance  française.  Le  bâtiment  d'un  seul  étage 
s'élève  au-dessus  d'une  galerie  dont  les  arcades  en  anse 
de  panier  sont  supportées  par  des  colonnes  torses  ;  les 
appuis  des  fenêtres  sont  ornés  de  médaillons  représen- 
tant des  Césars  et  Mahomet  sculptés  par  Mathurin  Bou- 
berault,  de  Tours.  L'intérieur  contient  un  vaste  escalier 
donnant  accès  à  la  salle  des  gardes  ou  des  peintures,  parce 
qu'elle  est  ornée  de  quatorze  peintures  représentant  des 
scènes  de  V Enéide,  peintes  au  xvi^  siècle  par  Pierre  F^oulon 
et  Noël  Jallier.  Protectrice  des  arts  et  artiste  elle-même, 
Hélène  de  Hangest  avait  établi  auprès  de  son  château  une 
fabrique  de  faïences  artistiques  qui  subsista  jusque  vers 
le  milieu  du  xvii^  siècle,  et  dont  les  pièces  très  rares  —  la 
plupart  avaient  été  destinées  au  château  et  à  l'église  —  sont 
aujourd'hui  d'un  prix  inestimable.  Saccagé  en  1568  par 
les  protestants  de  François  de  Cohgny,  le  château  fut 
acquis  en  1667  par  le  duc  de  La  Feuillade  (jui  en  entre- 
prit la  transformai  ion  ;   c'est  lui  qui  fit  élever  le  grand 

20 


OIKON  —  OISE 


306 


corps  de  logis  central,  et  les  deux  pavillons  dont  il  est 
flanqué;  il  n'eut  heureusement  pas  le  temps  d'achever 
son  œuvre.  M^'^^  de  Montespan  racquit  en  1700,  le  donna 
hientôt  à  son  fils,  le  duc  d'An^in,  en  s'en  réservant  la 
jouissance  ;  elle  y  passa  les  dernières  années  de  sa  vie  et 
fonda  l'hùpitai  qui  subsiste  encore  et  où  se  voit  un  beau 
portrait  d'elle  pai-  Mignard.  Le  duc  d'Antin  vendit  le  châ- 
teau en  1745  au  maréchal  de  Vdleroy  qui  le  conserva  juh- 
qu'en  1779.  Dans  le  grand  parc  du  château,  qui  comprend 
o90  hect.,  se  trouve  sur  uji  petit  plateau  un  groupe  de 
quatre  dolmens,  dont  le  principal  est  formé  de  sept  pierres 
supportant  une  table  longue  de  |)rès  de  7  m.  —  Eaux  mi- 
nérales sulfureuses  de  Bilazais. 

01 RY.  Corn,  dudép.  de  la  Marne,  arr.  d'Koernav,  cant. 
d'Avize  ;  315  hab. 

OISANCE.  Rivière  du  dép.  dllIe-el-Vilaiiie  (V.  ce 
mot,  t.  XX,  p.  o61). 

OISANS  (V.  Isère,  t.  XX,  p.  988). 
OISE  (L').  Rivière  du  dép.  de  la  Loire  (V.  ce  mot, 
t.  XXn,  p.  435). 

OISE  (lat.  Isara) .  Rivière  de  France,  affl.  dr.  de  la  Seine. 
Elle  a  sa  source  en  Belgique,  prov.  de  Namur,  à  300  m. 
d'alt.  environ,  descend  vers  TO.,  entre  en  France  au  bout 
de  15  kil. ,  sépare  un  instant  les  dép.  du  Nord  et  de  V Aisne 
(V.  ces  mots),  s'engage  dans  celui-ci,  où  elle  adopte  après 
Guise  la  direction  du  S.-O.,  qu'elle  conservera  jusqu'au 
bout  :  elle  est  plus  que  doublée  à  La  Fère  par  l'apport  de 
la  Serre,  pasbc  dans  le  dép.  de  VOise  (Y.  ce  mot)  ou  elle 
reçoit  son  grand  affluent.  TAisne,  et  huit  en  Seine-et- 
Oise  (V.  ce  mol),  ou  elle  s'unit  à  la  Seine  à  Confians.  Elle 
a  302  kil.  de  long  dans  un  bassin  de  1.6G7.000  hect.  La 
branche  principale  en  est  non  pas  l'Oise  supérieure,  mais 
l'Aisne.  A  partir  de  la  source  de  l'Aire  (affl.  de  l'Aisne), 
la  rivière  aurait  plus  de  400  kil.  de  long. 

Mais  l'Oise  forme  une  route  historique  et  économique 
de  premier  ordre  entre  le  bassin  de  la  Seine  et  ceux  de  la 
Meuse  (Sambre)  et  de  l'I^scaut,  entre  Paris  et  les  Pays- 
Bas.  Navigable  de  l'emliouchure  à  Janville,  l'Oise  est 
suppléée  jusqu'à  Chauny  ]^ar  un  canal  latéral.  Sur  ce  tronc 
commun  se  branchent  les  grands  canaux  du  Nord. 

La  vallée  de  l'Oise  constitue  également  la  voie  d'accès 
militaire  des  Pays-Bas  vers  Paris.  Elle  est  barrée  par  la 
forteresse  de  La  Fère.  A  l'origine  de  la  vallée  se  trouvaient 
les  places  de  Marienbourg  et  Philippeville  que  les  traités 
de  1815  ont  attribuées  à  la  Belgique  afin  de  laisser  ou- 
verte une  trouée  dans  notre  frontière  septentrionale. 

L'Oise  n'arrose  aucune  grande  ville,  ni  même  de  cité 
de  second  rang  ;  les  principales  sont  llirson.  Guise,  La 
¥hYQ,  Ghauny,  No3^on,  Compiègne,  Creil,  Pontoise. 

Pour  les  détails,  Y.  les  art.  consacrés  aux  dép.  de 
l'Aisxi:,  de  I'Oise  et  de  Sei^e-ei-Oise,  f§  Régime  Oes 
eaux,  Voies  de  communication. 

Canal  latéral  à  l'Oise.  —  Canal  creusé  sur  lar.  dr.  de 
l'Oise,  pour  assurer  entre  Chauny  et  Janville  un  tirant  d'eau 
de  2  m.  aux  bateaux.  11  a  34  kil.  de  long  en  y  comprenant  les 
5  premiers  qui  portent  le  Jiom  de  Canal  de  Manicamp. 
Canal  de  l'Oise  à  l'Aisne.  ~-  Canal  creusé  entre 
rOise  supérieure  et  l'Aisne  pour  éviter  au  trafic  entre  le 
X.  et  l'E.  de  la  France  le  détour  par  Compiègne  et  les 
difficultés  de  la  remonte  de  l'Aisne.  Il  va  de  Chauny  à 
Bourg.  Il  s'embranche  à  Abbécourt  sur  le  canal  latéral  à 
l'Oise,  franchit  cette  rivière  sur  un  pont-canal  de  67  m., 
coupe  la  Lette,  remonte  par  Ani/y-le-Chàteau  au  moyen  tte 
neuf  écluses  jusqu'au  bief  de  partage  long  de  7  kil.  [^fran- 
chit le  faîte  par  le  souterrain  de  Braye  (^.305  m.)  et 
descend  par  quatre  écluses  vers  l'Aisne  qu'il  franchit  sur 
un  pont  de  6^2  m.  de  long  à  Moussy,  il  se  raccorde  à  Bourg 
avec  le  canal  latéral  à  l'Aisne.  Sa  profondeur  est  de  2''S20  ; 
sa  longueur  de  56  kil.  Il  est  alimenté  par  des  prises  d'eau 
à  la  Lette  et  à  l'Aisne  (àBerry-au-Bac,  d'où  on  les  amène 
à  Bourg  et  les  refoule  vers  le  bief  départage).  Ouvert  en 
1890,  il  a  coûté  32  millions  de  IV.,  dont  13.100. 000 pour 
le  souterrain  de  Braye, 


Rigole  de  l'Oise.  —  Conduite  d'eau  qui  amène  au 
canal  de  Saint-Quentin  des  eaux  prises  dans  l'Oise  à  3  kil. 
aval  de  Guise.  Elle  a  '25  kil.  de  long,  dont  une  partie  sou- 
terraine ciitre  Berjioville  et  Fonsomme  (source  de  la 
Somme). 

OISE  (Dép.  de  F).  Situation,  limites,  superficie. 
—  Le  dép.  de  l'Oise  doit  son  nom  à  la  grande  rivière  qui 
le  traverse  du  N.-t^  au  S.  ïl  appartient  à  la  région  sep- 
tentrionale delà  France,  est  compris  entre  les  dép.  de  la 
Somme  au  N.,  de  l'Aisne  à  FE.,  de  Seine-et-Marne  et 
Seine-et-Oise  au  S.,  de  FEure  au  S.-O.  et  de  Seine-Infé- 
rieure à  FO.  Son  ch.-l.  Beauvais  est  distant  do  Paris  de 
69  kil.  à  vol  d'oiseau  et  de  79  kil.  par  le  chem,  de 
fer.  Le  dép.  de  l'Oise  est  situé  entre  49«  3^  et  49«  46' 
lat.  X.,  0«oO'  long.  E.  et  0°  39'  long.  0.  Sa  forme  est 
celle  d'un  rectangle  assez  réguher  et  orienté  parallèlement 
aux  degrés  et  méridiens;  d'E.  en  0.,  il  mesure  100  à 
110  kil.  du  N.  au  S.,  70  kil.  à  VE.,  52  au  centre,  65  à 
FO.  Il  n'a  de  limites  naturelles  que  sur  une  faible  partie 
de  son  pourtour,  à  FO.,  ou  FEpte  le  sépare  des  dép.  de 
la  Seine-Liférieure,  puis  de  FEure  durant  une  trentaine 
de  kilomètres  (sauf  les  banlieues  de  Gournay  etdeGisors 
qui  demeurent  à  ces  départements  voisins).  Au  S.,  la 
Thève,  longeant  la  forêt  du  Lys,  sépare  pendant  5  kil.  les 
dép.  d'Oise  et  Seine-et-Oise";  au  S.-E.,  FOurcq  et  son 
ailluent  la  Gergogne  séparent  chacun  les  dép.  d'Oise  et 
de  Seine -et-iVlarne  durant  3  ou  4  kil.;  de  même,  à  l'angle 
X.-O.,  la  Bresle  pour  le  dép.  de  Seine-inférieure.  Les 
autres  limites  sont  purement  conventionnelles.  Le  pour- 
tour du  département  est  de  ii^5  kil.  La  buperiicie  du 
dép.  de  rOise  est  de  585.500  hect.  d'après  le  cadastre, 
de  588.500  hect.  d'après  le  service  géographique  de 
l'armée. 

Relief  du  sol.  —  Au  pohit  de  vue  orographique,  le 
dép.  do  l'Oise  appartient  au  bassin  parisien.  C'est  un  pays 
de  plaine,  d'un  rehef  très  peu  accentué.  Le  poinc  le  plus 
bas  est  celui  oa  l'Oise  sort  du  département,  à  20  m.  en- 
viron ;  les  plus  élevés  atteignent  240  m.  (à  FO.  de  Savi- 
gnies,  au  N.-O.  et  à  FO.  d'Auneuil)  sur  la  lisière  orientale 
du  pays  de  Bray,  dont  l'escarpement  domine  la  vallée  du 
Beauvaisis.  Les  deux  traits  essentiels  de  l'orographie  du 
dép.  de  l'Oise  sont  cet  escarpement  du  pays  de  Brav  et 
de  Thelle,  orienté  du  X.-O.  au  S.-E.,  et  la  vallée  de 
l'Oise,  orientée  du  X.-E.  au  S.-O.  La  vallée  de  LOisc  forme 
un  sillon  profond  et  large  ;  la  rivière  n'est  qu'à  37  m. 
au-dessus  de  la  mer  au  point  ou  elle  aborde  le  départe- 
ment et  sa  pente  est  de  0,17  par  kilomètre  durant  ce 
parcours.  Cette  vallée,  élargie  en  aval  du  confluent  de 
FAisne,  est  creusée  dans  les'terrains  tertiaires.  Elle  laisse 
à  gauche  une  région  de  collines  boisées  coupées  par  des 
vallons  descendant  de  l'E.  à  FO.  :  forêt  de  Carlepont, 
adossée  à  des  coteaux  de  159  m.;  forêt  de  l'Aigle  ou  de 
Laigue  (ait.,  113  m.),  sépai^ée  par  FAisne  de  la  forêt  de 
Compiègne  (Beaux   Monts.  130  m.  ;  mont  Saint-Marc, 
131  m.  ;  Grands  Monts,  x'olline  de  Pierrefonds,  137  m.  ; 
plaine  boisée,  50  m.  environ);  puis,  au  S.  de  la  vallée  de 
FAulhonne,  la  forêt  d'ilallate(228  m.  au  X.-E.),  séparée 
par  la  Nonette  de  celles  d'Ermenonville  (113  à  66  m.), 
de  Chantilly  et  du  Lys,   moins  accidentées.  —  Sur  la 
rive  droite  de  l'Oise,  les  mêmes  terrains  forment  les  col- 
hnes  du  Xoyoïniais,  mioins  bien  boisées,  qui  atteignent 
181  jn.  au  S.-ï'].  de  Xoyon,  dans  les  bois  d'Autrecourt. 
et  152  m.   au  mont  Ganelon,  qui  domine  le  confluent  de 
l'Oise  et  de  l'Aisne.  AFO.  de  la  vallée  de  l'Oise  et  jusqu'à 
celle  du  Thérain  s'étend  une  plaine  crétacée  monotone, 
médiocrement  mouvementée,  dont  l'altitude  varie  de  100 
à  178   m.,  s' abaissant   à  50   ou    60  m.   au  fond  des 
sillons  creusés  par  les  cour^  d'eau.  Les  vallées  perpendi- 
culaires do_  l'Oise  et  du  Thérain  convergent  vers  Creil, 
dominées  d'une  centaine  de  mètres  par  les  hauteurs  du 
Clermontois  qui  atteignent  158  m.  dans  la  forêt  de  Hez, 
106  au-dessus  de  la  grande  vallée.  —  La  vallée  du  Thé- 
rain longe  au  pied  le  soulèvement  du  pays  de  Bray.  pro- 


Grande  ETicjclopédie__ Tome  XXY. 


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^  o  EoTtwxtù  M'^B^'^:  ûir'de^e^rvm"."^ 

Chefs-Lieux;  ûépa^àjrrt  Çantort.  CA  'fTicf^d'Int  ^:^a>m 

CaTixiL  da,  naotaatUin  \*J)rigine^  de  7a  nxivijafion 

C  P.)     Préfhe;tM^e. 
(  S  .  P.)  Sous  ^Prèfecticj-e. 


4,90 


A.BTjMmann  dely- 


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ip.  par  J':7/utrd  F''?^,  3ô  *K  ^t^e  7?er,fe7^t  -J?ac/ierea;u.,,  Ihjri,:' . 


Société  anoiiyme  de  la  GiandÊ  Encyclopédie 


—  307  — 


OISK 


longé  au  S.-E.  par  les  talus  crétacés  de  la  Thelle.  Le 
bourrelet  atteint  240  m.,  avons-nous  dit;  il  encaisse  une 
sorte  de  boutonnière  jurassique,  d'un  niveau  inférieur  de 
60  à  80  m.,  formant  une  région  accidentée  et  herbeuse 
qu'arrosent  de  nombreux  ruisseaux.  L'angle  N.-O.  du  dép. 
de  l'Oise,  dont  l'ait,  dépasse  200  m.,  est  un  faîte  entre  les 
bassins  de  l'Oise  (Thérain),  de  la  Somme  et  de  la  Bresle. 

A.-M.  B. 

Géologie.  —  Généralités.  —  Considéré  dans  son 
ensemble,  le  dép.  de  l'Oise  constitue  une  vaste  plaine, 
faiblement  inclinée  vers  le  dép.  de  la  Seine.  Si  l'on  fait 
abstraction  des  terrains  pléistocènes,  on  peut  dire  que  les 
autres  formations  s'y  succèdent  progressivement  dans  la 
même  direction.  Cependanl,  cette  disposition  générale  est 
dérangée,  à  l'O.  du  département,  par  la  présence  de  la 
petite  contrée  connue  sous  le  nom  de  pays  de  Bray.  C'est 
une  région  assez  peu  élevée,  alignée  N.-O. -S.-E.,  resserrée 
entre  deux  falaises  longitudinales  qui  l'isolent  de  la  grande 
plaine  dont  elle  interrompt  la  continuité.  Une  vallée  ver- 
doyante s'ouvre  au  milieu  de  ce  bourrelefqui  va  s'élargis- 
sant  dans  la  direction  de  la  Normandie.  La  bordure  du  pays 
de  Bray  forme,  par  sa  continuité,  le  trait  le  plus  remarquable 
du  relief  du  pays,  et  ce  caractère  ne  peut  être  expliqué  que 
par  la  géologie.  Elle  forme  une  série  de  coteaux  commen- 
çant vers  Précy-sur-Oise  et  s'étendant  daiis  le  dép,  de  la 
Seine-Inférieure  jusqu'aux  environs  de  Dieppe  et  constituant 
la  partie  la  plus  élevée  de  la  contrée.  —  On  ne  trouve 
pas  dans  le  dép.  de  l'Oise  de  terrains  plus  anciens  que  le 
kimméridgien  et  le  portlandien,  encore  ces  deux  étages  ne 
se  montrent-ils  que  dans  l'axe  du  pays  de  Bray.  Ils  sont 
entourés  d'auréoles  formées  par  le  crétacé  inférieur  (néo- 
comien,  aptien,  gault),  le  cénomanien  et  le  turonien.  Le 
sénonien  ou  étage  de  la  craie  blanche  offre,  au  contraire, 
une  extension  considérable,  puisqu'il  forme  une  partie  des 
plateaux  de  la  Picardie  et  du  pays  de  Thelle,  c.-à-d.  le  terri- 
toire situé  au  N.-O.  du  département,  au  N.  d'une  ligne 
passant  près  de  Beauvais,  de  Clermont  et  de  Compiè:;iie. 

Une  deuxième  bande  crétacée,  de  moindre  importance, 
s'étend  au  S.  du  Bray,  jusqu'à  ('iiaumont-en-Yexin,  ]\'éru 
et  Beaumont-sur-Oise.  Le  reste  de  la  région  est  constitué 
principalement  par  l'éocène  qui  forme  une  partie  des  col- 
lines du  Vexin  et  du  Valois,  aux  contours  dentelée  et 
se  poursuivant  dans  le  Soissonnais  et  vers  Paris.  Le 
pléistocène  couvre  d'assez  grandes  surfaces,  principalement 
sur  la  bande  crétacée  qui  s'étend  au  S.  du  pays  de  Bs'ay. 

Tectonique.  —  Le  dép.  de  l'Oise  est  traversé  dans  une 
direction  générale  N.-O. -S.-E.  par  trois  grands  pL'sse- 
ments  formant  des  bandes  parallèles.  Ce  sont  dii  N. 
au  S.  :  i^  l'anticlinal  de  Gompiègne-Granvilliers,  qui 
relève  assez  fortement  le  niveau  de  la  craie,  sépa»  '  le 
bassin  de  la  Seine  de  celui  de  l'Oise  et  sert  ainsi  de  ligne 
de  partage  des  eaux;  de  part  et  d'autre  de  cet  antic'  nal, 
les  couches  plongent  assez  rapidement  ;  2°  le  synclh.  Ide 
Béarnais,  très  rapproché  de  l'anticlinal  remarquabh  (3°) 
dont  fait  partie  le  pays  de  Bray.  Le  pays  de  Bray  n'est 
pas,  comme  on  le  croyait,  une  vallée  d'érosion;  c'es'  une 
sorte  d'échancrure  dont  les  falaises  intérieures  circons- 
crivent un  fossé  fermé  en  forme  de  fuseau  très  allongé  et 
très  aigu,  ne  communiquant  avec  le  dehors  que  par 
d'étroites  et  profondes  déchirures  par  où  s"écliappei;i  les 
cours  d'eau,  comme  l'Lpte,  qui  ont  pris  naissance  à  l'in- 
térieur. Cette  large  éc]iancrure,  au  sol  étrangement  acci- 
denté, qui  s'ouvre  brusquement  au  milieu  des  plateaux  qui 
joignent  la  Normandie  à  la  Picardie  et  fait  succéder  béloji- 
nante  verdure  de  ses  herbages  à  la  teinte  monotone  des 
terres  labourées,  se  détache  d'une  manière  remarquable 
des  plateaux  uniformes  qui  l'enserrent  de  toutes  parts. 
Ce  qui  lui  donne  un  cachet  particuUer,  c'est  la  netteté 
exceptionnelle  ave^  laquelle  son  contour  extérieur  se  révèle 
au  premier  coup  d'œil. 

A  travers  la  déchirure  en  forme  de  boutonnière  qui 
le  constitue  apparaît  le  système  jurassique  perdant  une 
couverture  de  dépôts  crétacés.   L'axe  anticlinal,   remar- 


quablement rectiligne  et  orienté  N.-O. -S.-E.,  est  situé 
tout  près  du  bord  septentrional  de  la  région,  qui  prend 
le  plus  souvent  les  allures  d'une  faille  ou  d'un  pli 
très  brusque.  Les  calcaires  lithographiques  du  kimmérid- 
gien s'y  trouvent  relevés  jusqu'à  plus  de  210  m.  d'alt., 
et  si  les  agents  d'érosion,  profitant  des  fissures  qui  n'ont 
pu  manquer  de  s'ouvrir  au-dessus  de  la  clef  de  voûte, 
n'avaient  pas  nivelé  la  contrée,  ne  laissant  subsister  aucune 
altitude  supérieure  à  240  m.,  la  craie  blanche  atteindrait, 
sur  le  dôme  de  Bray,  une  hauteur  de  600  m.  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer 

La  dislocation  de  Bray,  qui  est  la  mieux  définie  de  celles 
que  l'on  constate  dans  le  bassin  de  Paris  et  rappelle  celle 
des  régions  montagneuses,  quoique  aune  moindre  échelle,  est 
la  ligne  culminante  d'un  système  de  rides  parallèles  compre- 
nant la  vallée  de  la  Seine.  Le  fleuve  serpente,  sans  jamais 
s'en  écarter  beaucoup,  autour  d'une  direction  moyenne 
orientée  430^,  exactement  comme  le  Bray,  et  jalonnée  par 
une  série  d'accidents.  Le  soulè^ement  qui  a  fait  surgir  le 
dôme  de  Bray  semble  avoir  été  progressif.  Le  principal 
mouvement  aurait  eu  lieu  à  l'époque  du  gypse  ;  mais,  sur 
son  prolongement  vers  Senlis,  les  sables  de  Fontainebleau 
ont  été  également  influencés.  Il  est  à  croire  que  cette  ligne 
de  fractures  a  rejoué  à  plus  d'une  reprise.  La  moitié  S.-E. 
du  dôme  du  Bray  s'étend  dans  le  dép.  de  l'Oise.  La  falaise 
qui  le  limite  au  N.-E.  est  celle  où  les  terrains  sont  re- 
levés le  plus  fortement.  Elle  passe  à  2  kil.  de  Beauvais, 
coupe  l'Oise  à  Précy-sur-Oise  et  se  distingue  encore  jusqu'à 
la  forêt  de  Chantilly.  La  deuxième  falaise,  échancrée 
par  la  vallée  de  l'Epte,  est  plus  irré^ulière  ;  elle  s'étend, 
par  Ons-en-Bray,  vers  Auneuil  et  Silly.  La  partie  com- 
prise entre  les  deux  falaises  de  craie  englobe  le  Bray  pro- 
prement dit.  L'axe  du  bombement,  très  rapproché  de  la 
falaise  N.,  constitue  la  crête  du  haut  Bray  et  s'étend  seu- 
lement dans  la  partie  centrale  de  la  boutonnière  vers 
Hodène  et  Glatigny. 

Stratigraphie.  —  Le  jurassique  est  la  formation  la 
plus  ancienne  affleurant  daiis  le  dép.  de  l'Oise,  encore 
n'est-elle  représentée  que  par  ses  termes  les  plus  supé- 
rieurs :  le  kimméridgien  et  le  portlandien,  qui  se  montrent 
dans  Taxe  du  Bray. 

Le  kinimcridgien  (virgulien)  forme  une  assez  large 
tache  depuis  Bouzaiicourt  jusqu'à  Glatigny  etVillambray.  Il 
est  visible  sur  100  à  200  m.  et  comprend  des  argiles  bleues 
avec  des  intercalations  de  Hts-lumachelles  à  Ostrea  vir- 
(jula.  Certaines  assises  sont  assez  compactes  pour  avoir 
été  exploitées  comme  marbre  (marbre  d'Hécourt).  Au  mi- 
Heu  de  la  série  s'observe  une  couche  de  3  à  4  m.  de  cal- 
caire lithographique  sans  fossiles.  L'ensemble  renferme 
Am.  Lallieriamis,  Ostrea  virgula,  Gervilia  kimerid- 
giensis,  etc.  Le  portlandien  forme  une  auréole  autour 
du  kimméridgien.  Il  débute  par  une  marne  bleue  à  Ostrea 
catalaunica,  que  surmonte  un  grès  en  plaquettes  à  Ano- 
nia  lœuiyata.  Puis  viennent  des  calcaires  marneux  et  des 
marnes  bleues  calcariferes,  enfin  un  grès  calcaire  glauco- 
nieux  avec  poudingue  à  galets  arrondis  de  roches  anciennes 
renfermant  :  Hemicidaris  Hoffïnanni,  Echinobrissus 
Brodiei,  Ostrea  Bruntrutana.  Cet  ensemble,  qui  offre 
une  épaisseur  d'environ  30  m.,  représente  le  portlandien 
inférieur.  Le  portlandien  supérieur  est  constitué  par  une 
argile  bleue  (12  m.)  à  Oslrea  expansa  (chaux  hydraulique), 
avec  quelques  bancs  de  calcaire  marneux  bleu  à  grandes 
ammonites  (A.  rotundus).  Cette  argile  est  couronnée  par 
un  grès  ferrugineux,  épais  d'une  dizaine  de  mètres,  quel- 
quefois à  l'état  de  sal)les  et  renfermant  Trigonia  gib- 
bosa,  Mijtiliis,  etc.  Vers  son  extrémité  S.,  le  portlandien 
supérieur  se  transforme  en  un  sable  sans  fossiles,  à  gros 
galets  de  roches  anciennes  se  reliant  intimement  aux  couches 
infracrétacées  et  représentant  sans  doute  le  purbeckien. 

Les  divers  termes  du  crétacé  sont  très  inégalement  ré- 
partis dans  rO.  du  département.  Tandis  que  le  crétacé 
inférieur,  le  cénomanien  et  le  turonien  n'affleurent  que 
dans  le  pays  de  Bray,  par  suite  du  bombement  dont  nous 


OISE 


308  — 


avons  parlé,  le  séaoïiieii  occupe  une  grande  étendue  dans 
le  N.-O.  du  département  et  au  S.  du  Bray.  Tous  les  termes 
du  crétacé  jusqu'au  sénonien  constituent  donc  des  auréoles 
entourant  le  Bray,  tandis  que  la  craie  blanche  s'étale  lar- 
gement. 

Le  néocomien,  dont  la  puissance  est  d'environ  60  m., 
comprend  à  la  base  des  argiles  réfractaires  (5  à  6  m.) 
exploitées  pour  la  faïence  et  les  creusets  de  verrerie,  sur- 
montées par  des  sables  blancs,  (piart-^eux,  micacés  (20  m.) 
avec  intercalation  de  lignites  à  Lonchopteris  mantelli. 
Puis  viennent  de  nouvelles  argiles  réfractaires  (6  m.,  objets 
réfractaires)  surmontées  par  des  sables,  et  des  grès  ferru- 
gineux avec  minerai  de  fer  géodique  et  lits  marins  à  Pleu- 
romya  neocomiensis,  Carclmm  siibhillanum.  Les  argiles 
])anachées,  qui  recouvrent  le  néocomien  et  représentent  le 
barremien,  renferment  des  lits  de  grès  et  de  sables,  ainsi 
que  des  cristaux  de  gypse.  Vient  ensuite  une  couche  argilo- 
marneuse  (12  m.),  gris  verdâtre,  à  rognons  de  grès  fer- 
rugineux à  Ostrea  aquila,  qui  est  l'équivalent  de  l'aptien. 
Le  ^aw/^  débute  par  des  sables  verts  (i5  m.)  avec  petits 
silex,  recouverts  par  des  argiles  (6  m.)  gris  bleuâtre,  exploi- 
tées pour  la  fabrication  de  la  faïence,  où  l'on  recueille  : 
Am.  Deliicii,  A,  splendens,  etc.  Certaines  assises  com- 
prennent des  nodules  phosphatés.  Le  cénomanien  est  re- 
présenté à  la  base  par  une  roche  tendre,  poreuse,  grisâtre, 
surtout  siliceuse,  appelée  gaize,  renfermant  des  nodules  de 
silex  et  de  pyrite,  et  passant  à  la  partie  supérieure  à  une 
argile  sableuse,  gris  bleuâtre,  à  Am.  inflatusel  Ani.  auri- 
tus.  Au-dessus  vient  une  craie  glauconieuse  (Auneuil), 
meuble,  verdâtre,  avec  nodules  phosphatés  assez  riches  à 
A.  mantelli,  A.  gentoni,  etc.  L'étage  luronien  est  cons- 
titué par  une  craie  marneuse,  blanche  ou  grisâtre  à  Ter. 
grandis  et  Cidaris  vesicidosus.  —  Le  reste  du  crétacé 
forme  ce  qu'on  appelle  la  craie  à  micrasler  et  la  craie  à 
bélemnitelles. 

Le  sénonien  inférieur  (coniacien  et  santonien)  comprend 
la  craie  à  micaster  (35  à  40  m.)  qui  occupe  la  partie  éle- 
vée de  la  falaise  du  Bray.  A  la  base,  on  trouve  des  cal- 
caires durs,  compacts,  exploités  comme  pierre  de  taille  et 
renfermant  ;  Micraster  cor  iestudinarium  et  Ter. 
semiglobosa,  et  à  la  partie  supérieure  une  craie  marneuse 
tendre  avec  silex  (chaux  grasse)  à  Micraster  cor  angiii- 
num.  Au-dessus  vient  la  craie  à  Marsupites  ornatus.  La 
craie  à  bélemnitelles  s'étend  dans  le  N.  du  département  et 
au  S.  deBray.  Elle  est  formée  à  la  base  par  une  craie  blanche, 
tendre,  avec  un  niveau  inférieur  à  Bel.  quadrata,  Ofj'aster 
pilula,  Ananchytes  carinata  et  un  niveau  supérieur  à 
Bel.  miicronata,  Magas  pumilus,  Ananchytes  ovata, 
Micraster  Brongniarti.  Toute  cette  craie  blanche  renferme 
dos  Ihs  de  silex  noirs.  Elle  est  exploitée  pour  la  fabrica- 
tion du  blanc  d'Espagne  et  dans  les  raffineries  de  sucre 
pour  la  production  de  l'acide  carbonique. 

L"émersion  qui  se  produisit  après  le  dépiU  de  la  craie 
empêcha  le  dépôt  des  couches  maèstrichtiennes  supé- 
rieures. La  mer,  qui  vint  recouvrir  le  pays  après  cette 
émersion,  déposa  des  sédiments  dont  on  ne  trouve  que  des 
lambeaux  dans  les  environs  de  Paris.  Dans  l'Oise,  le 
danien  est  adossé  à  la  craie.  Il  se  montre  en  un  seul 
point,  à  Laversines,  un  peu  à  l'E.  de  Beauvais  où  il  est 
constitué  par  un  calcaire  friable,  grossier,  celluleux, 
formé  surtout  de  débris  de  fossiles  brisés,  principalement  de 
lÀjna  Carolina  et  de  radioles  de  Cidaris  Tombecki. 

Le  tertiaire  occupe  principalement  la  partie  E.  etS.-O. 
du  département.  Il  foz^me  la  grande  plaine  du  Valois,  les 
coteaux  du  Vexin  et  ceux  qui  s'étendent  sur  les  deuxrives  de 
l'Oise  entre  Senlis,  Nanteuil,  Clermont  et  Compiègne.  Vers 
l'E.,  le  tertiaire  est  limité,  une  première  fois,  parla  falaise 
N.  du  pays  de  Bray  qui  s'étend  depuis  Alonne,  près  Beau- 
vais, jusqu'à  Précy-sur-Oise  et  la  forêt  de  Gbantilly.  Ces 
divers  étages  du  tertiaire  sont  en  retrait  successif  du  N. 
vers  le  S.  C'est  principalement  l'éocène  qui  est  ici  repré- 
senté. Le  miocène  ne  se  montre  guère  que  sous  forme  de 
lambeaux  ;  il  forme  le  couronnement  des  collines  les  plus 


élevées  (mont  Pagnotte).  Il  existe,  dans  le  dép.  de  l'Oise, 
un  grand  nombre  de  locahtés  classiques  au  point  de  vue 
géologique  et  paléontologique. 

Uéocène  débute  par  une  formation  ravinant  les  dépôts 
crayeux  et  constituant  un  conglomérat  de  silex  verts,  sco- 
riacés, empâtés  dans  une  argile  plus  ou  moins  sableuse.  Ce 
conglomérat  est  surmonté  par  des  sables  glauconieux,  dits 
sabies  de  Bracheux,  caractérisés  par  Ostrea  Bellova- 
cina,  Ciicullea  crassatina,  Cardita  pectuncularis.  En 
quelques  points  qui  s'alignent  le  long  de  la  falaise  du  Bray, 
ces  sables  renferment  des  lits  de  gros  galets.  L'érosion  a  par- 
fois enlevé  les  sédiments  dans  les([uels  sont  renfermés  ces  der- 
niers, ne  laissant  subsister  que  des  nappes  de  galets,  comme 
cela  se  voit  au  pied  des  coteaux  du  Vexin.  Sur  les  sables 
de  Bracheux  s'étend  une  argile  plastique,  pyriteuse  et 
gypsifère  que  surmontent,  par  places,  des  lignites  pyriteuses 
à  Cyrènes  (4  m.),  exploitées  pour  la  fabrication  de  la  cou- 
perose et  de  l'alun.  Cet  ensemble  est  raviné  par  des  sables 
passant  à  un  calcaire  lacustre  marneux  et  bitumineux  cou- 
ronné par  les  argiles  plastiques  proprement  dites,  ren- 
fermant des  intercalations  de  grès  et  de  sables,  et  carac- 
térisées par  Ostrea  Bellovacina,  Cyrena  cuneiformis, 
Cerithium  variabile,  Melania,  Melanopsis,  etc.  Cette 
formation  de  l'argile  plastique  (i5  m.)  constitue  la  ma- 
jeure partie  du  sous-sol  des  forêts  de  Laigue  et  de  Com- 
piègne et  le  soubassement  des  coteaux  du  Vexin.  Viennent 
ensuite  les  sables  numniuli tiques  du  Soisso)inais  (35  à 
40  m.),  jaunes,  siUceux.  micacés  et  glauconieux  à  la  base, 
calcarifères,  gris  verdâtre  au  milieu,  avec  veinules  argi- 
leuses et  lignitifères.  Ils  contiennent  à  divers  niveaux  des 
rognons  tuberculeux  de  grès  calcaire  ou  dolomitique,  par- 
fois siliceux,  dits  tètes  de  chats.  Le  seul  fossile  caracté- 
ristique et  le  plus  constant  de  ce  niveau  est  une  petite 
nummulite  (.V.  planulata).  Ces  sables  sont  bien  développés 
à  Cuise-la-Motte,  Creil,  près  de  Pont-Sainte-Maxence  et  aux 
environs  deNoailles.  Ils  sont  surtout  fossilifères  à  leur  par- 
tie supérieure  :  Tur.  édita,  Nerita  Schmideliana,  Cyrena 
gravesi.  Le  grand  nombre  d'espèces  d'estuaires  ou  de 
rivages  qu'ils  renferment  prouve  le  caractère  littoral  du 
dépôt,  qui  est  encore  accentué  par  la  présence  du  G.  au- 
ricula.  Les  sables  nummulitiques,  par  suite  du  ravinement 
facile  qu'ils  ont  subi,  impriment  au  paysage  un  cachet 
bien  spécial  le  long  des  vallées  de  l'Aisne  et  de  l'Oise. 

Le  lutétien  (ancien  étage  du  calcaire  grossier) ,  ^avù- 
culièrement  développé  entre  Clermont  et  Senlis,  a  été  divisé 
en  trois  parties  :  la  division  inférieure  caractérisée  parV^m. 
lœvigata,  Cardita  planicosta  est  la  moins  développée; 
elle  est  débordée  par  la  division  moyenne  qui  comprend 
les  couches  à  Cer.  giganteiim,  et  à  Milioles,  reposant 
parfois  sur  les  sables  de  Cuise,  et  enfin  la  division  supé- 
rieure qui  s'étend  encore  davantage  et  débute  par  un  cal- 
caire lacustre  (émersion),  celui  du  banc  vert,  i\  Cerithium 
lapiduni,  et  se  termine  par  des  couches  saumàtres,  ou 
d'eau  douce,  ^û(t%  caillasses,  reposant,  par  places,  sur  une 
formation  lignitifère,  dans  laquelle  on  a  trouvé  des  restes 
de  végétaux,  de  poissons  et  de  Lophiodon. 

Les  caillasses  sont  principalement  constituées  par  des 
marnes  et  des  calcaires  en  plaquettes.  Elles  se  présentent 
aussi  sous  forme  de  roches  dures  exploitées  (Chantilly)  et 
renfermant  Ce/',  lapidum,  Cer.  cristatum.  Mais  les  autres 
assises  du  calcaire  grossier  sont  également  exploitées  non 
seulement  dans  l'Oise,  mais  dans  tous  les  environs  de 
Paris.  Elles  fournissent  d'excellents  matériaux  employés 
dans  la  construction  des  habitations  et  des  monuments  de  la 
capitale.  Dans  le  Vexin,  de  nombreuses  carrières  sont  ou- 
vertes dans  cette  forirxation  (30  m.)  extrêmement  fossilifère 
et  dont  certains  niveaux  sont  connus  sous  les  noms  de 
pierres  à  liards  {{nerra  i\  nmmmûites) ,  bancs  ù  vérins 
(cale,  à  Cer.  giganteum). 

{.\k)cène  supérieur  comprend  les  sables  et  grès  de 
Beauchamp  (K)  m.),  qui  constituent  le  sol  des  grandes 
forêts  d'Hallatte  et  d'Ermenonville.  Plusieurs  niveaux 
ont   été  distingués  au  milieu  de  cette  formation  formée 


—  :u)9 


OISE 


par  une  série  de  sables,  de  grès  (grès  à  pavos)  pi-ésenlant 
des  intercalations  d'argile  verte  plastique  (tuiles),  à  la  par- 
tie inférieure.  Les  sables  sont  activement  exploités  sur 
plus  de  80  m.  de  haut,  pour  la  fabrication  des  verres,  dans 
les  usines  de  Saint-Gobain,  Aniche,  et,  pour  le  moulage, 
dans  les  fonderies  de  Montataire.  Ils  renferment  :  Num. 
variolaria,  Cer.  Boiiei,  Cer.  mutahile,  Fusus  polygo- 
nits,  etc. 

En  maints  endroits,  les  sables  deBeauchamp  sont  recou- 
verts par  les  calcaires  et  marnes  dits  de  Saint-Ouen 
(dépôt  lacustre  et  saumâtre),  composés  de  calcaires  gri- 
sâtres, compacts,  siliceux,  avec  intercalation  de  lits  de 
marnes  blanches  à  Lymnœa  longiscata,  Cyclostoma  mu- 
mia,  Planorhis  rotundatus,  Hydrobia  pusilla.ha  base 
des  collines  deNeuilly,  en  Vexin,  du  montPagnotte  et  de 
Nanteuil  est  constituée  par  une  série  d'assises  faisant  partie 
de  la  fm  de  l'éocène  supérieur.  Elle  comprend  des  gypses 
peu  développés  dans  le  département  (Neuilly)  et  surtout 
des  marnes  à  Pholadomya  ludensis. 

Le  passage  de  l'éocène  à  V oligocène  est  insensible. 
L'oligocène  débute  par  des  marnes  plastiques,  vertes, 
dites  marnes  à  cyrènes  {Cyrena  semistriata,  Cer.  pli- 
catum,  Bithynia  Duchasteli,  planorbes,  etc.).  Les  glaises 
vertes  de  la  partie  supérieure  sont  exploitées.  Les  meu- 
lières et  les  calcaires  dits  calcaires  de  Brie  n'affleurent 
pas  dans  le  département  ;  ils  sont  surmontés  sur  quelques 
collines  (au  N.  de  Marines,  montPagnotte)  par  des  marnes 
à  huîtres,  assez  épaisses  (0.  Cyaihiila,  0.  longirostris), 
recouvertes  d'une  belle  végétation,  surmontées  par  des 
sables  jaune  clair,  micacés,  parfois  transformés  en  grès, 
irrégulièrement  stratifiés,  correspondant  à  l'horizon  des 
sables  dits  de  Fontainebleau.  Ces  sables  n'offrent  ici  que 
de  rares  fossiles.  Ces  collines  sont  couronnées  par  de  pe- 
tits lambeaux  de  calcaires  compacts,  passant  à  la  meulière 
et  présentant  la  texture  et  la  faune  des  meulières  de  Mont- 
morency (équivalent  au  calcaire  de  Beaiice). 

Il  n'existe  pas  de  dépôts  miocènes  et  pliocènes  dans  le 
dép.  de  l'Oise.  En  revanche,  les  dépôts  pléistocènes 
s'étendent  sur  une  vaste  étendue,  car  ils  recouvrent  la 
plupart  des  plateaux  du  N.  du  département,  ne  laissant 
affleurer  la  craie  que  dans  les  vallées.  Ils  sont  principa- 
lement développés  au  N.  et  au  S.  du  Bray. 

Le  limon  pléistocène  qui  couronne  ces  plateaux  pro- 
vient, en  partie,  de  la  craie  sur  laquelle  il  repose,  car  il 
est  constitué  à  la  base  par  une  argile  de  couleur  foncée 
renfermant  de  nombreux  silex  brisés  et  un  peu  roulés, 
provenant  de  la  décalcification  de  la  craie  sous-jacente, 
décalcification  qui  se  poursuit  encore  de  nos  jours.  Cette 
argile  est  recouverte  par  le  limon  proprement  dit,  qui  est 
argilo-sableux  et  très  fertile  sur  les  plateaux  tertiaires  du 
Valois  et  du  Vexin  et  sur  les  rives  du  Thérain.  Ils  sont 
plus  maigres  sur  les  pentes  du  Thelle  et  de  la  Picardie. 
On  a  trouvé  des  silex  moustiériens  sur  plusieurs  points  de 
ce  limon. 

Les  alluvions  anciennes  offrent  une  assez  grande 
extension  dans  les  vallées  de  l'Oise,  de  l'Aisne  et  du  Thé- 
rain. Elles  se  composent  à  la  base  de  cailloux  roulés  (gra- 
viers de  fond),  et,  à  la  partie  supérieure,  de  galets  de  gra- 
viers et  de  sables  plus  ou  moins  argileux  exploités  comme 
ballast.  En  certains  points,  ils  s'élèvent  jusqu'à  30  m.  au- 
dessus  des  vallées  actuelles.  En  plusieurs  points  (Méru.etc), 
on  a  trouvé  à  la  base  de  ce  dépôt  une  faune  de  grands 
vertébrés  :  lUephas  primigeniiis.  Rhinocéros  ticho- 
rhimis,  Ursns  spelœus,  Hyœna  spelœa,  Eqiius,  Canis, 
Bas,  Cer  vus,  etc. 

Les  alluvions  modernes  sont  formées  d'une  alternance 
d'argiles  sableuses,  de  sables  et  de  marnes.  Les  gra- 
viers sont  de  dimensions  plus  réduites  que  ceux  des  allu- 
vions anciennes.  Par  suite  du  peu  de  pente  de  certains 
cours  d'eau,  comme  le  Thérain,  la  Troesne,  la  Brèche,  la 
tourbe  continue  à  se  former  de  nos  jours.  On  l'exploite 
activement  dans  les  marais  de  Sucy-le-Grand  et  de  Bresle 
(5  m.  d'épaisseur).  On  y  a  rencontré  une  faune  très  riche. 


Oulre  les  ossements  d'ours,  de  loup,  de  chien,  de  renard, 
de  castor,  de  cerf,  on  y  trouve  de  nombreux  mollusques  : 
Hélix  hispida,  Succinea  oblonga,  Limnea  auricu- 
laris,  etc. 

Géologie  agricole.  Plusieurs  nappes  aquifères  sont  uti- 
lisées par  l'agriculture  et  l'industrie  dans  le  dép.  de  l'Oise. 
La  plus  importante  est  celle  de  l'argile  plastique  où  se 
développent  les  vallées  de  la  Brèche,  du  Thérain  et  de 
l'Oise  ;  l'Esche  et  la  Troesne  y  prennent  naissance.  Vn 
autre  niveau  existe  au-dessus  des  glaises  vertes. 

Dans  la  région  crayeuse,  il  en  existe  un  à  la  base  de 
la  craie.  Il  faut  citer  également  au  S.-O.  du  Bray  celui 
des  argiles  du  gault  et  un  autre,  le  plus  important,  qui 
reçoit  les  infdtrations  de  la  masse  crayeuse  et  détermine 
un  horizon  aquifère  à  la  base  de  la  craie  verte.  Enfin,  les 
sables  verts,  qui  s'enfoncent  sous  les  assises  précédentes 
pour  reparaître  à  l'I^].  du  bassin  parisien,  constituent  le 
grand  réservoir  où  s'alimentent  les  puits  artésiens  de  la 
capitale. 

Les  cultures  sont  assez  différentes  suivant  la  formation 
sur  lesquelles  elles  se  trouvent.  Les  plateaux  couverts 
d'un  limon  épais,  généralement  sec,  donnent  une  excel- 
lente terre  pour  la  culture  des  céréales  et  des  betteraves  ; 
comme  la  chaux  y  manque  généralement,  il  faut  y  sup- 
pléer par  un  marnage  régulier.  Sur  le  bord  des  plateaux 
affleure  l'argile  à  silex  qui  constitue  un  sol  froid,  pierreux, 
difficile  à  cultiver  et  que  l'on  boise  souvent  ;  il  convient  donc 
également  de  maintenir  des  bois  sur  la  surface  du  diluvium 
caillouteux,  car  toute  autre  culture  y  dépérit  rapidement. 
Les  belles  forêts  de  l'Aigle,  de  Compiègne,  de  Chantilly  sont 
installées  sur  des  sables  ou  des  argiles.  En  quelques  points, 
l'argile  plastique  peut  former  le  sol  de  prairies  artificielles. 
Sur  la  craie  végètent  do  maigres  taillis,  tandis  que  dans 
le  pays  de  Bray  le  sol,  ordinairement  boueux,  donne  des 
herbages  renommés.  Ph.  Glaîsceaud. 

Régime  des  eaux.  —  Le  bassin  de  la  Seine,  par 
l'Oise  et  accessoirement  par  la  Marne  et  l'^^pte,  recueille 
les  eaux  de  525.000  hect.  du  dép.  de  l'Oise  ;  60.000  hect. 
s'écoulent  parla  Somme  et  5.500  par  la  Bresle.  —  L'Ourcq 
est  un  affl.  dr.  de  la  Marne  qui  n'appartient  au  dép.  de 
l'Oise  que  pendant  16  kil.,  commençant  dans  le  dép. 
de  l'Aisne  et  finissant  en  Seine-et-Oise  ;  il  roule,  en 
moyenne,  1.100  litres  par  seconde,  au  maximum  6.000, 
mais  il  est  saigné  par  le  canal  de  l'Ourcq,  à  partir  de  Ma- 
reuil;  18.000  hect.  du  dép.  de  l'Oise  se  déversent  dans 
l'Ourcq  qui  en  reçoit  la  Grivette(dr.,  15  kil.),  qui  passe  à 
Betz,  et  la  Gergogne  (dr.,  1:2  kil.),  qui  passe  près  d'Acy 
et  de  Rosoy-en-Mii(tion. 

L'Oise,  l'un  des  grands  affluents  droits  de  la  Seine,  lui 
porte  100  m.  c.  d'eau  par  seconde  en  moyenne,  650  en 
crue,  30  en  eaux  basses.  Elle  draine  un  bassin  de 
1.667.700  hect.,  dont  environ  457.000  compris  dans  le 
dép.  qui  prend  son  nom.  Elle  y  parcourt  103  de  ses  300  kil. 
de  long  et  quintuple  son  volume.  Sa  largeur  y  varie  de 
30  à  50  m.  en  amont  du  confluent  de  l'Aisne,  de  60  à 
120  m.  en  aval.  La  pente  étant  faible,  à  peine  1.6000^, 
elle  inonde  souvent  les  prés  de  sa  vallée,  ronge  ses  bords, 
crée  et  détruit  des  îles  de  sable  et  de  limon.  Elle  pénètre 
dans  le  dép.  de  l'Oise  à  37  m.  d'alt.,  au  sortir  du  dép. 
de  l'Aisne,  escortée  à  droite  par  son  canal  latéral.  Elle 
coule  vers  le  S.-O.,  décrivant  des  courbes  autour  des  col- 
lines riveraines,  passe  à  Brétigny,  Varennes,  entre  Sem- 
pigny  et  Pont-FEvêque,  au  S.  deNoyon,  à  Ourscamps,Pim- 
prez,  près  de  Ribécourt,  à  Montmacq,  Janville  où  cesse 
son  canal  latéral,  s'unit,  aupieddumontGanelon,  à  l'Aisne 
plus  forte  qu'elle  de  moitié,  plus  longue  de  moitié  et  drai- 
nant un  bassin  moitié  plus  vaste  (9  m.  c.  par  seconde  à 
l'étiage  contre  6;  300  kil.  contre  200;  775.000  hect. 
contre  500.000),  mais  qui  est  loin  d'avoir  la  même  im- 
portance comme  voie  historique  et  commerciale.  L'Oise 
passe  ensuite  à  Compiègne,  longe  la  belle  forêt  de  ce  nom, 
passe  devant  les  villes  historiques  de  Verberie,  Pont-Sainte - 
Maxence,  Creil,  centre  industriel,  voisin  du  confluent  du 


OISE 


310  — 


Thérain,  puis  à  Saint-Leu-d'l']sserent,  Précy-sur-Oise,  Bo- 
ran  et  pénètre  en  Seine-et-Oise.  Les  affluents  qu'elle  re- 
çoit dans  le  département  sont  des  rivières  à  débit  très 
stable,  dont  l'étiage  s'abaisse  rarement  à  la  moitié  du  dé- 
bit moyen  et  dont  les  crues  ne  font  guère  que  doubler  ou 
tripler  ce  débit.  Voici  les  principales  : 

La  Verse  (dr.,  '20  kil.,  bassin  de  45.000  liect.,  débit 
303  litres  par  sec.)  vient  du  dép.  de  l'Aisne,  reçoit  la 
Mève  (dr.),  passe  à  Novon.  —  La  Divette  ou  Bouy  (dr., 
15  kil.,  270  l.  p.  sec\,  bassin  de  8.000  hect.y  vient 
de  Lassigny  et  du  château  de  Dipes.  —  Le  Matz  (dr., 
26  kil.,  550  1.  p.  sec,  bassin  de  18.000  bect.)  passe 
à  Ressons-sur-Matz.  —  L'Aronde  (dr.,  30  kil.,  800  1.  p. 
sec,  28.000  hect.)  est  alimentée  par  des  sources  abon- 
dantes et  serpente  dans  un  vallon  marécageux.  —  L'Aisne 
n'a  que  ses  20  derniers  kil.  dans  le  dép.  de  l'Oise;  elle  y 
arrose  Attichy  et  Ghoisy-au-Bac,  reçoit  le  Vandy  (g., 
15  kil.),  qui  passe  à  Cuisse-la-Motte,  et  le  ru  de  Berne 
(g.,  15  kil.),  venu  de  Pierrefonds  à  travers  la  forêt  de 
Compiègne.  —  L'Authonne  (g.,  30  kil.,  2  m.  c  p.  sec, 
30.000  hect.),  née  près  de  Villers-Cotterets  (Aisne),  coule 
entre  des  prairies  mouillées,  où  elle  baigne  Orrouy,  Bé- 
thisy-Saint-Martin,  Saintines,  finit  à  Verberie.  —  La 
Brèche  (dr.,  50  kil.,  3  m.  c.  p.  sec,  50.000  hect.) 
a,  comme  les  autres  cours  d'eau  de  ces  régions,  vu  ses 
sources  s'abaisser  ;  elle  commence  maintenant  à  la  Fon- 
taine-au-But,  près  de  la  Neuville-Saint-Pierrc,  passe  à 
Montreuil-sur-Brèche,  Bulles,  Etouy,  se  grossit  de  TAré 
(g.,  16  kil.),  venu  de  Saint- Just-en-Ohaussée,  passe  entre 
Clermont  et  Fitz- James,  à  Li'ancourt  où  elle  reçoit  la  Bé- 
ronnelle  (g.,  12  kil.),  se  partage  après  Laigneville  en  deux 
bras,  Petite-Brèche  au  N.,  Grande-Brèche  au  S.,  celle-ci 
voisine  de  Royaumont  et  de  Nogent-les- Vierges  ;  la  partie 
la  plus  riche  de  la  vallée  de  la  Brèche  porte  aux  environs 
de  Liancourt  le  nom  de  Vallée-Dorée.  —  Le  Thérain  (dr., 
86  kil.,  5  m.  c  p.  sec,  bassin  de  115.000  hect.),  rivière 
du  pays  de  Bray,  a  sa  source  aux  confins  du  dép.  de  la 
Seine-Inférieure,  arrose  Songeons,  Milly  où  il  reçoit  le 
Petit-Thérain  (g.,  21  kil,  700  1.  p.  sec),  grossi  à  Mar- 
seille-le-Petit  du  Vivier-du-Coq  et  à  Saint-Omer-en-Chaus- 
sée  de  l'Herpelle  ;  le  Thérain  baigne  ensuite  Beauvais,  ou 
il  reçoit  l'Avelon  (dr.,  27  kil,,  900  1.  p.  sec),  descendu 
du  pays  de  Bray  ;  il  se  divise  en  plusieurs  bras,  roulant 
de  fraîches  et  pures  eaux  sur  un  lit  tourbeux  où  son  cours 
est  obstrué  de  quantité  de  levées  et  de  digues  par  les  meu 
niers  et  usiniers;  il  actionne  une  cinquantaine  d'usines  et 
autant  de  moulins,  baigne  les  bourgades  de  Hermès,  Mouy, 
Bury,  Cires-les-Mello,  le  grand  centre  industriel  de  Mon- 
tataire.  —La  Nonette  (g.,  1.500  1.  p.  sec,  35.000  hect.), 
rivière  du  Valois,  réunit  plusieurs  rivières  du  nom  d'Au- 
nette  ou  Nonette  ;  la  principale  naît  en  Seine-et-Marne, 
alimente  les  étangs  et  cascades  du  parc  d'Lrmenonville,  les 
étangs  de  Chaalis,  et  se  joint  près  de  Fontaine-les-Corps- 
Nuds  à  une  autre  venue  de  Nanteuil-le-Haudouin,par  Ver- 
signy  et  Baron;  à  Senlis,  arrive  du  N.  une  troisième  qui 
baigne  les  prés  de  Chamant  et  dont  les  sources  sises  à  Bully 
se  dessèchent  progressivement  (de  quatorze,  il  n'en  reste 
que  deux)  ;  la  Nonette  passe  ensuite  à  Courteuil,  Saint-Léo- 
nard, Saint-Firmin,  enveloppe  le  magnifique  château  de 
Chantilly,  dont  la  forêt  longe  au  S.  la  rivière  qui,  après 
Gouvieux,  s'absorbe  dans  FOise.  C'est  comme  les  autres  une 
nonchalante  rivière  qui  se  promène  parmi  les  prairies  uti- 
lisées pour  les  haras  et  établissements  d'entraînement  des 
chevaux  de  pur  sang  (V.  Courses).  —  Il  en  est  de  même 
de  laThève  (g.,  25  kil.,  700  1.  p.  sec,  26.300  hect., 
dont  18.100  dans  le  dép.  de  l'Oise),  qui  forme  les  pitto- 
resques étangs  du  célèbre  parc  de  Mortefontaine  et  de  Com- 
melle  ou  de  la  Reine-Blanche,  entre  les  forêts  de  Coye  et 
de  Chantilly  ;  elle  arrose  Pontarmé,  La  Morlaye.  —  L'Esches 
(dr.,  22  kil.,  800  1.  p.  sec,  19.000  hect.),  dont  le  val 
remonte  à  la  Neuville- d'Aumont,  n'a  d'eau  qu'à  partir  de 
Lardières,  arrose  Méru,  Esches,  Fosseuse,  Chambly  et 
finit  en  Seine-et-Oise.  —  La  Viosne,  qui  finit  à  Pontoise, 


n'a  que  sa  source  dans  le  dép.  de  FOise  à  l'O.  de  La- 
villetertre. 

L'Epte  porte  à  la  Seine  les  eaux  de  50.000  hect.  du 
dép.  de  l'Oise  sur  les  125.000  hect.  de  son  bassin.  Elle 
ne  fait  que  le  longer,  appartenant  surtout  aux  dép.  limi- 
trophes do  Seine-Inférieure  et  d'Eure;  elle  a  environ 
100  kil.  de  long,  12  m.  de  large  quand  elle  quitte  le  dép. 
(le  l'Oise  et  roule  alors  en  moyenne  3.600  litres  par  se- 
conde. Elle  coule  dans  une  étroite  vallée  bordée  d'escar- 
pements assez  r aides,  sur  un  lit  argileux,  et  déborde  sou- 
vent en  hiver.  File  ne  baigne  nulle  bourgade  importante  du 
dép.  de  l'Oise  ;  son  volume  y  est  plus  que  doublé  par  de 
nombreuses  sources  et  par  l'afflux  de  la  Troesne  (g. ,  25  kil . , 
900  1.  p.  sec,  25.000  hect.);  celle-ci  surgit \  Henon- 
ville,  forme  des  marais  drainés  par  le  canal  de  Marque- 
mont,  arrose  Chaumont-en-Vexin,  Trie-Château,  reçoit 
l'Aunette  de  Labosse  (dr.,  10  kil.)  et  finit  à  Gisors  (Eure). 

La  Somme  qui  passe  à  4  kil.  de  l'angle  N.-E.  du  dép. 
de  l'Oise,  vers  Ham,  en  reçoit  deux  affluents  notables, 
l'Avre  picarde  et  la  Selle.  L'Avrc  y  a  sa  source  et  ses 
6  premiers  kil.  près  d'Avricourt,  d'où  elle  gagne  Roye 
(Somme);  son  affluent  la  Roye  vient  également  du  dép. 
de  l'Oise,  où  il  réunit  les  eaux  abondantes  des  rus  de 
Vendeuil,  de  Sainte-Radegonde  et  du  gué  du  Nil,  arrose 
Breteuil.  —  La  Selle  a  son  origine  près  de  Grandvilliers, 
dans  des  vallons  aujourd'hui  desséchés  ;  la  source  actuelle 
jaillit  à  une  douzaine  de  kilomètres  à  FF.,  à  Catheux,  au 
N.  de  Crèvecœur;  8  kil.  plus  bas,  la  Selle  passe  au  dép. 
de  la  Somme  avec  510  litres  par  seconde  de  portée 
moyenne. 

La  Bresle  naît  à  la  limite  des  dép.  d'Oise  et  de  Seine- 
Inférieure  et  traverse  ou  côtoie  le  premier  pendant  10  kil. 
pour  le  quitter  à  Aumale. 

Climat.  —  Le  dép.  de  l'Oise  jouit  du  climat  séqua- 
nien  ou  parisien,  tempéré  par  le  voisinage  de  la  mer;  la 
plaine  septentrionale  est  balayée  par  les  vents,  les  vallées 
sont  humides  et  fréquemment  brumeuses.  La  chute  d'eau 
moyenne  est  de  600  millim.  à  FE.  et  au  centre  (Beau- 
vais, Senlis),  650  à  700  à  l'O.  (le  Coudray-Saint-Germer, 
Noailles).  Il  pleut,  en  particulier  dans  la  région  forestière, 
une  centaine  de  jours  par  an. 

Faune  et  flore  naturelles  (V.  France,  §  Flore,  et 
France  et  Europe,  §  Faune). 

Histoire  depuis  1789.  État  actuel.  —  Le  dép.  de 
FOise  a  été  formé  en  1790  de  territoires  appartenant  aux 
anciennes  provinces  de  l'Ile-de-France  et  de  Picardie.  A  la 
première  on  a  pris  plus  de  450.000  hect.,  à  la  seconde 
130.009.  L'Ile-de-France  a  fourni  le  Beauvaisis  et  le  Cler- 
montois  (250.000  hect.),  le  Valois  (121.000  hect.),  le 
Noyonnais  (62.000),  un  lambeau  du  Soissonnais (20.000 
hect.);  la  Picardie  (cant.  N.  des  arr.  de  Beauvais  et  de 
Clermont);  un  morceau  de  FAmiénois  (30.000  hect.)  et 
un  plus  vaste  du  Santerre  (102.000  hect.).  Cette  région 
n'a  plus  sa  grande  importance  historique  d'autrefois,  au 
temps  des  Bellovaques,  des  Francs,  dont  ce  fut  un  centre 
avec  ses  villas  mérovingiennes  et  carolingiennes  de  Be- 
thisy,  Compiègne,  Cuise,  Noyon,  Senlis,  Trosly,  Verberie, 
des  évêchés  de  Beauvais,  Noyon,  Senlis,  etc.  On  trou- 
vera son  histoire  passée  dans  ces  divers  articles  et  à  celui 
consacré  à  V Ile-de-France.  Deipuis  la  Révolution,  le  dép. 
de  l'Oise  subit  les  invasions  de  1814,  marquée  par  la 
vaillante  résistance  de  Compiègne  et  Crépy,  de  1815  et 
1870-71  (V.  Franco-Allemande  [Guerre]).  Les  person- 
nages célèbres  du  xix®  siècle  qui  y  sont  nés  sont  :  les  ar- 
chitectes Labarre  (1764-1833),  né  à  Ourscamps;  Godde 
(1781-1869),  né  à  Breteuil  ;  l'archéologue  Barraud(1801- 
74)  ;  le  peintre  Couture  (1815-79),  né  à  Senlis. 

La  population  se  divise  en  deux  groupes,  d'ailleurs 
assez  voisins  :  paysans  sanguins  et  colorés  de  la  plaine 
picarde,  blonds,  à  visage  arrondi  et  stature  assez  haute; 
habitants  des  vallées  et  centres  industriels,  bruns,  à  vi- 
sage ovale.  Les  premiers  sont  routiniers,  entêtés,  colé- 
riques; les  autres  plus  turbulents,  intelligents,  mais  im- 


31!   — 


OÎSK 


prévoyants.  L'arr.  de  Scnlis  el  raiicien  Valois  avec  la 
région  forestière  de  la  gauche  de  i'Oise  demeurent  un  pays 
de  grandes  chasses  et  de  grandes  propriétés,  villégiature 
de  l'oligarchie  financière  parisienne,  banquiers  et  terriens 
plus  ou  moins  titrés.  Dans  le  reste  du  départemenl,  la 
vente  des  biens  du  clergé  a  fait  prédominer  la  petite  pro- 
priété. 

Divisions  administratives  actuelles.  -  Akron- 
mssEMENTs. —  Le  dép.  de  l'Oise  comprend  4  arr.  :  Beau- 
vais,  Clermont,  Compiègne,  Senlis,  subdivisés  en  ?)?)  cnnt. 
et  701  com.  On  en  trouvera  plus  loin  le  détail. 

Justice.  Police.  —  LedépartenientressortitàJa  cour  d'ap- 
pel d'Amiens.  Arras  est  le  siège  de  la  cour  d'assises.  Il  y  a 
A'  tribunaux  de  première  instance,  i  par  chef-lieu  d'arrondis- 
sement; i2  tribunaux  de  commerce,  à  Beauvais  et  Com- 
piègne, une  justice  de  paix  par  canton.  Le  nombre  d'agents 
chargés  de  constater  les  crimes  et  délits  était,  en  1891, 
de  "^GG  gendarmes  (53  brigades),  7  comjnissaires  de  po- 
lice, 'iG  agents  de  police,  765  gardes  champêtres.  4.08^ 
gardes  particuliers  assermentés,  105  gardes  forestiers.  Il 
y  eut  6.135  plaintes,  dénonciations  et  procès- verbaux. 

FINÂ^XES.  —  Le  département  possède  1  directeur  et 

1  inspecteur  des  contributions  directes  à  Beauvais,  1  tré- 
sorier-payeur général  à  Beauvais,  97  perceptions  dont 
3  de  ville,  Beauvais,  Compiègne,  Senlis,  3  receveurs  p;ir- 
ticuliers  dans  les  sous-préfectures  ;  1  directeur,  1  inspec- 
teur, 5  sous-inspecteurs  de  l'enregistrement  ;  4  conserva- 
teurs des  hypothèques  (1  par  arr.).  Le  recouvrement  des 
contributions  indirectes  est  assuré  par  1  directeur  et  3  ins- 
pecteurs, 2  à  Beauvais,  1  à  Compiègne  (sucres),  3  sous- 
directeurs  (dans  les  sous-préfectures),  4  receveurs  pinnci- 
paux  entreposeurs  (dans  les  ch.-l.  d'arr.). 

Instrcction  PUBLIQUE.  —  Le  département  relève  de  Taca- 
démie  de  Paris.  L'inspecteur  d'académie  réside  à  Beauvais. 
Il  y  a  5  inspecteurs  primaires,  2  à  Beauvais,  1  dans  chaque 
autre  arrondissement.  L'enseignement  secondaire  se  donne 
au  lycée  de  garçons  de  Beauvais,  aux  collèges  communaux 
de  garçons  de  Clermont  et  Compiègne  ;  collège  communal 
de  tilles  de  Beauvais.  Beauvais  a  des  écoles  normales  d'ins- 
tituteurs et  d'institutrices.  L'enseignement  professionnel 
est  représenté  par  un  institut  agricole  congréganisto  à 
Beauvais. 

Cultes.  —  Le  département  forme  pour  le  culte  catho- 
lique le  diocèse  de  Beauvais.  Il  compte  (au  l^'^  nov.  1894) 

2  vicaires  généraux,  8  chanoines,  39  curés,  501  desser- 
vants, 10  vicaires.  —  Le  culte  réforme  comptait  1  pas- 
teur pour  un  millier  de  fidèles. 

Armée.  —  L'Oise  appartient  à  la  2^  région  militaire 
(Amiens).  La  6^  brigade  d'infanterie  a  son  siège  à  Beau- 
vais, la  2®  brigade  de  cavalerie  à  Compiègne,  la  4^  bri- 
gade de  cuirassiers  à  Noyon.  Au  point  de  vue  du  recrute- 
ment, l'Oise  forme  les  3®  (Beauvais)  et  5*^^  (Compiègne) 
subdivisions  de  la  2®  région. 

Divers.  —  L'Oise  ressortit  h  la  2®  légion  de  gendar- 
merie, à  la  division  minéralogique  du  Nord-Ouest,  arr. 
d' Arras,  à  la  1^®  conservation  des  forêts,  aux  inspections  de 
Beauvais  et  Compiègne,  à  la  3®  région  agricole  (Nordj. 
Il  y  a  une  chambre  de  commerce  à  Beauvais. 

Démographie.  —  Mouvemet^t  de  la  popuiation.  —  Le 
recensement  de  1896  a  constaté  dans  l'Oise  une  popula- 
tion de  404.511  hab.  Voici,  depuis  le  commencement  du 
siècle,  les  chiffres  donnés  par  les  recensements  : 


1801 350.854 

1806 372.676 

1821 375.817 

1826 3S5.124 

1831 397.725 

1836 398.641 

1841 398.868 

1846 406.028 

1851 403.857 


1856 396.085 

1861 401.417 

1866 401.274 

1872 396.804 

1876   401.618 

1881 404.555 

1886 403.146 

1891    401.835 

1896 404.511 


La  population  est  à  peu  près  stationnaire  depuis  un 


demi-siècle.  Pour  1.000  hab.  recensés  en  1801,  on  en 
comptait  1. 153  en  18!)u.  Cet  accroissement  est  relativement 
faible.  Il  ne  s'est  pas  produit  d'une  manière  uniforme. 
On  s'en  rendra  compte  en  comparant  les  recensements  de 
1801, 1851  et  181)6;  aiTondissement  par  arrondissement  : 


ARI^OXÎ)ISSi':\lKXT.^ 


Beauvais 

Clermont 

CompiéiiiK' 

Sentis 

Totaux  . . 


Population 

en  1801 


122.111 

79.802 

79.859 
09.052 


:)50.cs5t 


Population 
en  l<s51 


131.983 
90.515 
98.190 
83.169 


Population 
en  LS9G 


125.149 
82.516 
95.009 

101.807 


tôt.  511 


DENSirÉ  DE  LÀ  ]>0iM]LÂTI0X  PAR  KILOMÈTRE  CARRÉ 


ARRONDISSEMENTS 

1801 

1851 

189G 

Augmen- 
tation de 

1801 
à  1896 

63,2 
61.4 
62.2 
52' 

67,3 
69,6 

76,7 
62 

63,8 
63,4 
74.1 

75;8 

0,6 
2 
11,9 

-    23,8 

!  Clermont 

Comuieû'iio 

Sentis.." 

Département 

59,7 

68,0 

68,7  . 

9 

Voici  les  cbiffres  absolus  pour  la  dernière  période 


ARRONDISSEMENTS 

1872 

1881 

1891 

1896 

Reauvais      

123.712 

88.270 
91.550 
90.272 

125.555 

87.69« 
98.22« 
98.071 

125.767 
83  769 
93  039 
99.260 

125.149 
82.516 
95.009 

101.807 

Clermont 

Comniè'^'ne 

Senlis 

Département 

396.80! 

401.555 

101.835 

!0!.511 

Au  début  du  siècle,  la  densité  était  sensiblement  la  même 
dans  les  trois  premiers  arrondissements,  et  nettement  in- 
férieure dans  celui  de  Senlis.  Aujourd'hui,  nous  la  retrou- 
vons la  même  dans  les  arrondissements  occidentaux  (Beau- 
vais et  Clermont),  qui  sont  tout  à  fait  dépassés  par  ceux 
de  la  vallée  de  l'Oise  (Compiègne,  Senlis).  Ce  changement 
est  dû  à  l'agglomération  des  hommes  dans  les  centres  in- 
dustriels, et  l'arr.  de  Senlis  qui  en  a  profité  passe  du  der- 
nier au  premier  rang,  augmentant  sa  population  de  près 
de  50  *^/o  au  cours  du  xix°  siècle. 

L'accroissement  a  été  général  et  régulier  jusqu'en  1831  ; 
depuis  cette  date,  le  chiffre  de  la  population  est  à  peu  près 
stationnaire,  fléchissant  lors  des  guerres  de  Crimée  et  de 
1870-71  pour  se  relever  ensuite.  L'arr.  de  Beauvais  a  di- 
minué depuis  1846  et  légèrement  regagné  de  1872  à  1881 . 
Celui  de  Clermont  diminue  constamment  depuis  1851  et  a 
perdu  dans  ce  demi-siècle  le  dixième  de  ses  habitants.  La 
progression  de  l'arr.  de  Senlis  fait  plus  que  compenser  ce 
déchet.  Il  augmente  constamment.  L'arr.  de  Compiègne 
demeure  à  peu  près  au  même  chiffre,  sauf  quelques  varia- 
tions d'un  recensement  à  l'autre. 

Au  point  de  vue  de  la  population  totale,  le  dép.  de 
l'Oise  était,  en  18  '6,  le  35®.  Au  point  de  vue  de  la  popu- 
lation spécifique,  il  était  le  31^  avec  une  densité  un  peu 
inférieure  à  la  moyenne  française  (71,8  hab.  par  kil.  q.). 
Cette  densité  varie  de  319  par  kil.  q.  dans  les  cant.  de 
Beauvais,  à  34  dans  le  cant.  de  Nanteuil-le-Haudouin. 

La  population  des  chefs-lieux  d'arrondissement  se  ré- 
partissait,  en  1896,  de  la  manière  suivante  : 


OISE 


ai  2 


VILLES 

s-fê 

m 

c 

Totale 

Beauvais 

IG.P.Tl 
a.  809 

12.380 
5.87:5 

2(it 

)) 
543 

15 

3.271 
1.922 
2.. 302 
1.319 

19.906 
5.731 
15.225 

7.207 

Clermont 

Compiè^no 

SpuUs..' 

La  population  éparse  est  (en  1891)  de  164  «  oo-  pi'o- 
portion  inférieure  à  la  moyenne  française  (366  ^^/oo)- 

Le  population  se  répartit  comme  suit,  entre  les  groupes 
urbains  et  ruraux  : 

POPULATION 

au  29  mars  189G 

Urbaine 106.030 

Rurale !298.484 

Total.. 


POPULATION 

au  30  mai  1880 

Urbaine 96.774 

Rurale 306.372 

Total 403.146 


404.311 

Le  nombre  des  communes  urbaines  (plus  de  2.000  hab. 
agglomérés)  était  de  18  en  1896. 

Voici  quelle  était  l'importance  respective  des  popula- 
tions urbaine  et  rurale  aux  recensements  de  1856, 1872, 
1886  et  1896,  pour  100  hab.  : 

1856        1872        1886       1896 

Population  urbaine.     17,49       19,38         24        26,21 
—        rurale..     82,31       80,12         76        73,78 

La  population  rurale  domine  complètement,  formant  les 
trois  quarts  du  total.  Dans  Tensemble  de  la  France,  elle 
forme  à  peine  60  °/o  du  total. 

Le  mouvement  de  la  population,  en  1896,  se  traduit 
par  les chiflfres  suivants  :  naissances  légitimes,  7.923,  dont 
4.114  du  sexe  masculin,  3.809  du  sexe  féminin  ;  nais- 
sances naturelles,  813,  dont  395  du  sexe  masculin,  418 
du  sexe  féminin.  Soit  un  total  de  8.736  naissances.  Il  y 
eut  8.700  décès;  dont  4.353  du  sexe  masculin  et  4.147  du 
sexe  féminin.  L'excédent  des  naissances  sur  les  décès 
ressortait  à  36.  Le  nombre  des  mariages  a  été  de  3.128, 
celui  des  divorces  de  103.  La  situation  démographique  est 
peu  satisfaisante. 

La  répartition  des  communes,  d'après  limportance  de 
la  population,  a  donné,  en  1891 ,  pour  les  701  communes  du 
département,  15  com.  de  moins  de  100  hab.  ;  132  com.  de 
101  à  200  hab.  ;  152  com.  de  201  à  300 hab.  ;  112  com. 
de  301  à 400  hab.  ;  31  com.  de  401  à  500  hab.  ;  145  com. 
de  501  à  1.000  hab.  ;  28  com.  de  1.001  à  1.500  hab.  : 
14  com.  de  1.501  à  2.000  hab.;  7  com.  de  2.001  à 
2.500  hab.  ;  2  com.  de  2.501  cà  3.000  hab.  ;  2  com.  de 
3.001  à  3.500  hab.  ;  4  com.  de  4.001  à  5.000  hab.  ; 
5  com.  de  5.001  à  10.000;  2  com.  de  10.001  et  plus 
(Compiègne,  Beauvais). 

Voici  par  arrondissement  et  canton  la  liste  des  com- 
munes dont  la  population  agglomérée  en  1896  dépassait 
1.000  hab.  Les  chiffres  de  superficie  ne  sont  pas  rigoureu- 
sement exacts,  parce  que  nous  attribuons  toute  la  super- 
ficie des  villes  divisées  entre  plusieurs  cantons  au  premier 
de  ces  cantons  dans  la  liste.  Les  surfaces  cantonales  sont 
indiquées  d'après  la  Situation  financière  des  communes 
(année  1897): 

Arrondissement  de  Beauvais  (12  cant.,  242  com., 
196.168  hect.,  125.149  hab.).  —  Ca7it.  (VAuneuil 
(20  com.,  18.071  hect.,  8.950  hab.).  —  Cant.  de  Beau- 
vais (N.-E.)  (8  com.,  5.571  hect.,  15.809  hab.)  :  Beau- 
vais, 19.906  hab.  (agol.  19.642),  —  Cant.  de  Beau- 
vais (S.-O.)  (3  com.,^ 3.828  hect.,  13.706  hab.).  — 
Cant.  de Cliaumonti^l com.,^8.im\iect.,U.9^9h?ih.), 
—  Cant.  du  Coudraij- Saint -Germer  (18  com., 
20.293  hect.,  9. 562hab.)'.—  6Vm^.f/f?i^orwmV(23  com., 
15,172  hect.,  7.921  hab.).  —  Cant.  de  Grandvilliers 
(23  com.,  16.371  hect.,  8.496  hab.).  —  Cant.  de  Mar- 


seille (19  com.,  15.682  hect.,  6.328  hab.).  -  -  Ccmt.  de 
Méru  (20  com.,  16.506  hect.,  13.379  hab.)  :  Méru, 
4.558 hab.  (4.414 aggl.).  —  Cant.  de ^ivillers (21  com., 
18.322  hect.,  8.978  hab.)  :  Bresles,  2.269  hab. 
(2.219 aggl.).—  Cant. deNoailles (22 com. ,  1 6.054hect. , 
11.985  iiab.).  —  Cani.  de  Songeons  (28  com., 
19.631  hect.,  8.096  hab.). 

Arrondissement  de  Clermont  (8  cant..  169  com., 
130.091  hect.,  82.546  hab.).  —  Cant.  de  Breteuil 
(23  com.,  17.333  hect.,  11.178  hab.)  :  Breteuil, 
2.991  hab.  (2.963  aggl.).  —  Cant.de Clermont  (24 com., 
21.184  becL,  15.631  hab.)  :  Clermont,  5.731  hab. 
(3.809  aggl.).  —  Cant.  de  Crèvecœur -le- Grand 
(20  com.," '15.346  hect.,  7.567  hab.):  Crèvecœur-le- 
Grand,  2.189  hab.  (2.050  aggl.).  —  Cant.  de  Froissij 
(17  com.,  13.702  hect.,  5.892  \\^h.).— Cant.de  Lian- 
coiirt  (23  com.,  13.957  hect.,  13.573  hab.):  Liancourt, 
4.169  hab.  (4.163  aggl.).  —  Cant.  de  Maignelay 
(21  com.,  15.480  hect.,  7.421  hab.).—  Cant.  deMouy 
[H  com.,  8.281  hect.,  8.850  hab.):  Mouy,  3.305  hab. 
(3.266  aggl.).  —  Cant.  de  Sainl-JusI-en-CJiaiissée 
(30  com. ,'24.710  hect.,  12.434  bal).)  :  Saint-Just-en- 
Chaussée,  2.376  bal).  (2.264  aggl.). 

Arrondissement  de  Compiègne  (8  cant.,  157  com., 
128.137  hect., 95.009 hab.).— 6>z^z/.^/M^f!V'%(20com., 
21.087  hect.,  11.252  hab.).  —  Cani.  de  Compièg)ie 
(12  com.,  18.230  hect.,  24.304  hab.)  :  Compiègne, 
13.225  hab.  (14.682  aggl.).  —  Cant.  d' Es Irées- Saint- 
Denis  (18  com.,  15.001  hect.,  10.185  hab.).  —  Can'. 
de  Guiscard  (20  com.,  12.471  hect.,  6.227  liab.).  — 
Cant.  deLassigny  (22  com.,  17.533  hect.,  8.541  bal).). 
—  Cant.  deNoyon  (23  com.,  13.220 hect.,  15.200  hab.)  : 
Noyon,  7.458  hab.  (6.884  aggl.).  —  Cant.  de  Bessons- 
sur-JÏatz  (24  com.,  16.588 hect.,  8.567 hab.).  —  Caiil. 
de  IMbxourt  (18  com.,  13.319  hect.,  10.733  hab). 

Arrondissement  de  Senlis  (7  cant.,  133  com., 
134.277  hect.,  101 .807  hab.).  —  Cant.  deBetz  (25  com. , 
21.456  hect.,  8.095  hab.).—  Cant.  de  Creil  (19  com., 
18.003  hect.,  34.180  hab.)  :  Chantilly,  4.211  hab. 
(3.905  aggl.);  Creil,  8.456  hab.  (8.416  aggl.)  :  Monta- 
taire,  5.936  hab.  (5.815  aggl.)  ;  Nogeni-les- Vierges, 
3.076  hab.  (2.968  aggl.).  —^Cant.  de  Crepy-en-Valois 
(25  com.,  23.816  hect.,  15.890  hab.):  Crépv-en-Valois, 
4.381  hab.  (3.642  aggl.).  —  Cant.  de  yanteuil-le- 
Haudouin  (19 com.,  24^814 hect.,  8.392  hab.).  —  Cant. 
de  Neuilly-en-TIielle  (15  com.,  13.931  hect.,  10.865 
hab.).  —  Cant.  de  P ont-Saint e-Maxenfe  (13  com., 
13.279  hect.,  9.086  hab.)  :  Pont- Sainte -Maxence, 
2.386  hab.  (2.467  aggl.).  —  Cant.  de  Senlis  (17  com., 
18.437  hect.,  13.299  hab.)  :  Senlis,  7.207  hab. 
(7.192  aggl.). 

Les  principales  agglomérations  urbaines  sont,  le  long 
de  l'Oise  :  Noyon  d'abord,  puis  Compiègne,  puis  le  groupe 
de  Creil-Montataire-Nogent  qui  dépasse  17.000  âmes.  Les 
vieilles  cités  historiques  de  Beauvais  et  Senlis  sont  sur 
des  vallées  latérales.  Les  autres  villes  sont  de  petits  centres 
locaux. 

Habitations.  —  Le  nombre  des  centres  de  population 
(hameaux,  villages  ou  sections  de  communes)  était  en 
1891  de  1814  dans  ledép.  de  l'Oise.  Le  nombre  des  mai- 
sons d'habitation,  de  107.573,  dont  101.888  occupées  en 
tout  ou  en  partie,  et  5.685  vacantes.  Sur  ce  nombre  on 
en  comptait  75.551  n'ayant  qu'un  rez-de-chaussée, 27. 539 
un  seul  étage,  3.981  deux  étages,  447  trois  étages,  33  quatre 
étages  ou  davantage.  Elles  comportaient  129.898  loge- 
ments ou  appartements  distincts,  dont  123.009  occupés 
et  7.281  vacants;  en  outre,  12.637 locaux  servent  d'ate- 
liers, de  magasins  ou  de  boutiques. 

Etat  des  personnes.  —  D'après  la  résidence.  — 
On  a  recensé,  enl891,  19.477  individus  isolés  et  103.401 
familles,  plus  131  étabUssements  comptés  à  part,  soit  un 
total  de  123.009  ménages.  Il  y  a  19.477  ménages  com- 
posés d'une  seule  personne;  33.160,  de  deux  personnes  ; 


—  313  — 


OISE 


26.956,  de  trois  personnes  ;  19.033,  de  quatre  personnes; 
il. 205,  de  cinq  personnes;  6.539,  de  six  personnes  ; 
6.508,  de  sept  personnes  et  davantage.  La  proportion  d'iso- 
lés est  à  peu  près  la  même  que  dans  l'ensemble  de  la 
France  (158  sur  1.000  ménages  au  lieu  de  152). 

La  population  résidante  comptait  401.835  personnes, 
dont  382.850  résidants  présents,  7.996  résidants  absents 
et  10.989  personnes  comptées  à  part.  La  population  pré- 
sente comportait  393.839  résidants  présents  et  7.768 
personnes  de  passage,  soit  un  total  de  401.607.  La  popu- 
lation présente  est  donc  presque  exactement  aussi  nom- 
breuse que  la  population  résidante;  en  général,  en  France 
elle  est  un  peu  moins  nombreuse.  La  proportion  de  rési- 
dants absents  atteint  à  peu  près  2  °/o  (moyenne  française, 
1,74). 

D'après  le  lieu  de  naissance.  —  Classée  d'après  le 
lieu  de  naissance,  la  population  de  l'Oise  se  divisait,  en 
1891,  en: 
Français  nés  dans  la  commune  où  ils  habitent.     183. 931 

—  dans  une  autre  com.  du  dép. . ,     113.468 

—  dans  un  autre  département 82.356 

—  en  Algérie  ou  dans   une  colonie 
française 174 

Français  nés  à  l'étranger 825 

Soit  un  total  de  383.754  Français  de  naissance. 
Il  y  faut  ajouter  :  en  premier  lieu,  1.271  naturalisés  dont 
255  nés  dans  la  commune,  212  dans  une  autre  du  dépar- 
tement, 201  sur  un  autre  point  du  territoire  français, 
603  à  l'étranger  ;  en  second  lieu,  16.582  étrangers,  dont  : 
Nés  dans  la  commune  où  ils  habitent 4.895 

—  dans  une  autre  commune  du  département.        1 .913 

—  dans  un  autre  dép.  ou  dans  une  colonie. .         1 .297 

—  à  l'étranger 8 .  ^7 

Classée  parnationaHté,  la  population  de  l'Oise  comprend 

385.025  Français,  11.286  Belges,  1.632  Anglais,  Ecos- 
sais ou  Irlandais,  16  Américains  du  Xord,  24  Américains 
du  Sud,  628  Allemands,  62  Autrichiens  et  Hongrois,  154 
Hollandais,  961  Luxembourgeois,  378  Italiens,  60  Espa- 
gnols, 8  Portugais,  1.118  Suisses,  193  Russes,  8  Scandi- 
naves, 46  d'autres  nationalités,  14  de  nationalité  incon- 
nue. —  Si  nous  nous  en  tenons  à  l'élément  français,  nous 
constatons  qu'en  1891  le  dép.  de  l'Oise  possédait  300.399 
nationaux  nés  sur  son  territoire  et  que  l'on  a  recensé  dans 
la  France  entière  381.664  originaires  de  TOise.  Celui-ci 
a  donc  conservé  784  ^'oo  de  ses  enfants  ;  des  autres, 
35.469  ont  passé  dans  le  dép.  de  la  Seine,  10.857  en 
Seine-et-Oise,  6.766  dans  F  Aisne,  7.305  dans  la  Somme,  etc. 
En  revanche,  l'Oise  renferme  82.356  Français  originaires 
d'un  autre  département,  dont  13.360  de  la  Somme,  10.648 
de  l'Aisne,  10.060  de  la  Seine,  5.530  de  Seine-et-Oise, 
5.631  de  SeiiKî-ïnférieure,  etc.  La  comparaison  de  ces 
chiifres  établit  que  l'émigration  intérieure  et  l'immi- 
gration se  balancent. 

D'après  l'état  civil.  —  Classée  par  sexe,  la  popula- 
tion se  répartit  en  199.123  hommes  et  202.484  femmes; 
c'est  une  proportion  de  1.020  femmes  pour  1.000  hommes, 
analogue  à  la  moyenne  française  (1.014).  Le  sexe  mas- 
culin compte  25.676,  soit  129 «/oo,  célibataires  majeurs; 
le  sexe  féminin,  15.408,  soit767oo,  proportions  meilleures 
des  mo3^ennes  françaises  (174  et  137  7oo).  La  proportion 
des  personnes  mariées  sur  le  total  des  habitants  est  de 
460  pour  1.000  (moyenne  générale  de  la  France,  400). 
On  a  recensé  37.380  veufs  et  veuves,  soit  93  ^/oo  (moyenne 
française,  81).  Le  nombre  des  mineurs  est  de  140.459, 
soit  350  7oo  (moyenne  française,  365).  L'âge  moyen  des 
hommes  est  de  33  ans  4  mois  15  jours;  l'âge  moyen  des 
femmes,  de  34  ans.  Le  nombre  moyen  des  enfants  vivants 
est  de  188  par  100  familles  (moyenne  française,  210).  H 
est  déplorablement  faible. 

D'après  la  profession.  —  La  population  de  l'Oise  se 
décompose  par  professions  de  la  manière  suivante  (en 
1891).  On  classe  sous  chaque  rubrique  non  seulement  ceux 


qui  exercent  la  profession,  mais  aussi  la  totalité  des  per- 
sonnes qui  en  tirent  leur  subsistance  : 

Agriculture 1 42.205,  soit 

Industries  manufacturières.,.,     140.233 
Transports 13.383 


Commerce . 

Force  pubhque 

Administration  publique 

Professions  libérales 

Personnes  vivant  exclusivement 
de  leurs  revenus 


38.310 

5.818 

9.227 

10.970 


350 

33 
95 
14 

23 

Q7 


33.139  —  82  — 


En  outre,  1.170  gens  sans  profession  et  7.152  indivi- 
dus non  classés  (enfants  en  nourrice,  étudiants  ou  élèves 
de  pensionnats  vivant  loin  de  leurs  parents,  personnel  in- 
terne des  asiles,  hospices,  etc.),  ou  de  profession  incon- 
nue. Au  point  de  vue  social,  la  population  comprend  : 
70.477  patrons,  9.370  employés,  163.500  ouvriers.  Les 
personnes  inactives  de  leurs  familles  sont  au  nombre  de 
198.103,  plus  11.755  domestiques.  Il  y  a  lieu  de  remar- 
quer la  forte  proportion  de  rentiers  ;  c'est  un  fait  commun 
aux  départements  voisins  de  Paris  qui  lui  servent  de  villé- 
giature. 

Etat  économique.  —  Propriété.  —  La  statistique 
décennale  de  1892  accusait  une  surface  cultivée  totale  de 
552.925  hect.,  dont  506.090  appartenant  à  des  particu- 
liers, 31.789  à  l'Etat,  6.566  aux  communes,  etc.  Des 
506.090  hect.  appartenant  aux  particuliers,  384.460 
étaient  des  terres  labourables,  42.226  des  prés  et  ver- 
gers, 229  des  vignes,  12.244  des  jardins,  66.931  des 
forêts. 

Le  nombre  des  cotes  foncières  était,  en  1895,  de 
312.138,  dont  230.952  non  bâties  et  81.186  bâties;  le 
nombre  des  cotes  non  bâties  a  augmenté  de  20.732,  soit 
10  o/o  depuis  1826.  L'enquête  faite  par  l'administration 
des  contributions  directes  en  188  i  a  relevé  dans  le  dép. 
de  l'Oise  244.356  propriétés  non  bâties  imposables,  sa- 
voir :  228.344  appartenant  à  la  petite  propriété,  14.739 
à  la  moyenne  propriété,  et  1.273  à  la  grande  propriété. 

Nous  donnons  ci-après  un  tableau  indiquant  le  nombre 
et  la  contenance  des  cotes  foncières  non  bâties  (en  1894)  : 


DÉSIGNATION 

NOMBRE 

superficie 

des  cotes 

(en  hectares) 

Petite  propriété  : 

Biens  de  moins  de  10  ares... 

52.520 

2.577 

—      c^  e  10  à  20  ares 

37.203 
50.233 

5.403 
16.303 

—      de  20  à  50    --    

—      de  50  ares  à  1  hect  — 

32.190 

22.931 

—      de    1  à    2  hect 

27.144 

38.644 

-      de    2  à    3    -    

12.829 

31.443 

-      de    :\  à    i    ~    

7.668 

26.635 

—      de    4  à    5    —    

5.083 

22.671 

—      de    5  à    6    —    

3.474 

18.991 

Moyenne  propriété  : 

Biens  de    6  à    7  hect 

2.632 

17.056 

-      de    7  à    8    --    

1.886 

14.103 

-      de    8  à    9    -    

1.509 

12.773 

-      de    9  à  10    —    

1.206 

11.493 

—      de  10  à  20    -    

5.050 

69.622 

-      de  20  à  30    -    

1.415 

31.266 

-      de  30  à  40    -    

673 

23.231 

-      de  40  à  50    -    

5G8 

16.316 

Grande  propriété  : 

Biens  de    50  à    75  hect 

481 

29.063 

-      de    75  à  100    -    

252 

21.968 

-      de  100  à  200    -    

392 

54.456 

Au-dessus    de    200    —    

Totaux 

148 

49.511 

214.356 

539.486 

On  voit  par  ce  tableau  que  la  petite  propriété  occupe 
185.598  hect.  ;  la  moyenne,  198.890  ;  lagrande,  154. 9J8. 
La  moyenne  propriété  domine,  avec  la  petite;  mais  la 
grande  est  également  étendue,  surtout  au  S.-E.,  et  de  va- 
leur considérable.  La  division  du  sol  est  beaucoup  plus 


OISE 


814 


grande  que  dans  la  moyenne  de  la  France,  puisque  la 
contenance  moyenne  d'une  cote  foncière  est  de  2^''«\28 
alors  que  la  moyenne  française  atteint  3^^'^\53. 

La  valeur  de  la  propriété  bâtie  était  évaluée  (d'après 
l'enquête  de  4887-89)  de  la  manière  suivante  : 


Maisons 
Francs 

27. 204.3  i>2 


Usines 

4.685 

Francs 
3.484.462 


Nombre  (en  4897) 

Valeur  locative  réelle . . . 

Il  faut  y  ajouter  4.636  bâtiments  publics  (asiles,  pres- 
bytères, préfectures,  etc.),  d'une  valeur  locative  réelle 
(en  4887)  de  333.7^*0  fr.  La  part  du  département  dans  la 
valeur  de  la  propriété  bâtie  sur  le  sol  français  représente 
4/89^  de  la  valeilr  totale. 

Agriculiurk.  — L'agriculture  ne  fait  vivre  que  355  hab. 
sur  4.000,  alors  que  dans  l'ensemble  do  la  France  cette 
proportion  atteint  460.  C'est  le  cas  des  départements  du 
N.  de  la  France,  particulièrement  frappant  ici,  parce  que 
l'Oise  ne  renferme  aucune  grande  ville  et  a  trois  quarts 
de  ruraux  dans  sa  population. 

On  trouvera  au  §  Géologie  agricole  des  indications  sur 
les  qualités  des  terrains  des  diverses  parties  du  départe- 
ment. 

On  peut  distinguer  trois  régions  :  celle  de  l'Ouest,  qui  se 
rapproche  de  la  Normandie,  à  laquelle  le  pays  de  Bray  se 
rattache  ;  celle  du  Nord,  qui  prolonge  la  plaine  de  Picardie  ; 
celle  du  Midi,  où  mûrit  encore  la  vigne.  Les  deux  tiers  de 
la  superficie  sont  occupés  par  les  champs,  un  cinipiième 
par  les  bois  ;  les  prés  sont  peu  étendus,  sauf  à  l'O.  Les 
champs  de  céréales  s'étendent  sur  les  deux  cinquièmes  du 
département,  dont  près  de  moitié  j^our  le  froment  ;  la  ja- 
chère ne  représente  pas  5  %  du  territoire.  Depuis  4852 
ces  chiffres  varient  peu,  sauf  la  diminution  des  jachères. 
Les  racines  fourragères  gagnent  du  terrain  ;  de  même,  la 
betterave  à  sucre  ;  tandis  que  les  légumes  secs  et  les  tex- 
tiles sont  délaissés.  Le  voisinage  de  Paris  développe  la 
culture  maraîchère.  Les  pommes  à  cidre  se  multipHent; 
la  vigne  tend  à  disparaître.  Nous  donnons  ci-dessous  un 
tableau  indiquant  la  superficie  et  le  rendement  des  prin- 
cipales cultures  en  4896  (année  bonne)  : 


CULTURES 

SUPERFICIE 

PRODUCTION 

Froment 

Seigle 

Orge 

Avoine 

Hectares 
108.700 

12.000 

7.000 

90.000 

9.900 
8.400 
8.000 
29.500 
18  000 
28.800 

151 

124 

27.660 

» 
200 

Hectolitres 
2.896.000 

Quintaux 

2.2d0.000 

Hectolitres 

2»2.000 

142.000 

2.820.000 

Quintaux 

1.050.000 

4.013.000 

429.000 

1.194.000 

416.000 

3.280.000 

Filasse     1.781 

Graine         874 

Filasse        878 

Graine         680 

11.504.000 

125.000 

963 

57 

Hectolitres 

2.100 

Pommes  de  terre. 

Betteraves  fourragères. . . 
TrèOe 

Luzerne 

Sainfoin 

Prés  naturels  et  herbages. 
Chanvre 

Lin 

Betteraves  àsucre 

Pommes  à  cidre 

Noix , 

Prunes  

Viû'nes 

Dans  la  période  décenn  aie  4  886-95 ,1a  production  moyenne 
annuelle  du  froment  (et  méteil)fut  de  2.378.000  hectoL, 
celle  du  seigle  de  294.000,  celle  de  l'orge  de  247.000, 
celle  de  l'avoine  de  3.027.000. Les  rendements  sont  bons, 
27  hectol.  à  l'hect.  en  4897  pour  le  fromejit  (moyenne  fran- 
çaise, 47^^42)  ;23^\3  pour  le  seigle  (moyenne,  46^\3)  ; 
34^^38  pour  l'avoine  (moyenne,  23^^50)  ;  53,6  quin- 


taux à  Fhect.  pour  le  trèfle  (moyenne,  35^\70)  ;  446 
quintaux  à  l'hect.  pour  la  betterave  (moyenne,  344).  Pour 
la  betterave  sucrière,  ces  rendements  sont  les  meilleurs  de 
France  ;  pour  la  quantité  récoltée,  l'Oise  arrive  au  3^  rang 
après  le  Nord  et  l'Aisne  ;  pour  le  blé,  il  est  au  6^  rang  ; 
pour  l'avoine,  au  7®  des  départements  français.  L'arr.  de 
Compiègne  est  réputé  pour  ses  fécules  de  pommes  de 
terre. 

Pour  compléter  ces  chiffres,  il  faut  tenir  compte  de 
3.300  hect.  cultivés  en  légumes  secs,  haricots,  pois,  fèves 
et  féveroles,  lentilles,  de 4.500  en  carottes  et  navets.  On 
prise  fort  les  haricots  de  Noyon  et  de  Liancourt,  les  pois 
de  Noyon.  Les  cultures  de  chanvre  et  de  lin  des  vallées 
de  l'Oise  et  de  l'Authonne  ont  été  stimulées  par  les  primes 
de  la  loi  de  4893.  — La  vigne,  qui  occupait  encore  2.285 
hect.  en  4852,  a  presque  disparu.  Les  cultures  maraî- 
chères sont  variées  :  cresson  dans  la  vallée  delaNonette, 
oignons  à  Yerberie,  artichauts  à  Noyon  et  Senlis,  as- 
perges à  Compiègne,  champignons  de  couche  dans  les  car- 
rières de  Saint-Nicolas  et  Saint-Maximin,  produits  de 
toute  sorte  dans  la  vallée  du  ïhérain.  La  fertihté  et  l'hu- 
midité des  fonds  de  vallée  les  favorisent  ;  leurs  produits 
se  vendent  à  Paris.  De  même  les  cerises  des  cant.  de 
Clermont,  Liancourt,  Noyon,  les  prunes,  les  noix,  etc. 

Les  cultures  fourragères  jouent  un  grand  rôle.  L'en- 
quête décennale  de  4882  accusait  3.454  hect.  de  prairies 
irriguées  naturellement,  4.696  hect.  de  prairies  irriguées 
à  l'aide  de  travaux  spéciaux,  4.494  non  irriguées.  Les 
herbages  pâturés  du  pays  de  Bray  sont  comparables  à  ceux 
de  Normandie.  Ln  outre,  les  fourrages  verts  annuels  étaient 
cultivés  sur  45.490  hect.,  dont  9.457  de  trèfle  incarnat, 
5.490  de  vesces,  42  de  choux,  426  de  seigle  en  vert, 
396  de  mais-fourrage.  Aux  chiffres  donnés  pour  les  prai- 
ries artificielles,  il  faut  ajouter  705  hect.  de  mélanges  de 
légumineuses.  De  plus,  la  pulpe  des  sucreries  et  distille- 
ries fournit  une  masse  alimentaire  équivalant  à  la  produc- 
tion de  20.000  hect.  de  prairies. 

La  surface  boisée  est  estimée  à  404.280  hect.,  dont 
34.700  appartenant  à  l'Etat,  3.408  aux  communes, 
66.472  à  des  particuliers;  49.000  hect.  sont  en  futaie,  le 
reste  en  taillis.  La  région  boisée  est  celle  de  la  rive  gauche 
de  l'Oise  ou  se  trouvent  la  magnifique  forêt  de  Compiègne 
(44.636  hect.),  celles  d'Hallate  (4.255  hect.),  de  Chan- 
tilly (2.450  hect.),  d'Ermenonville  (2.970 hect.),  vers  le 
midi;  de  l'Aigle  (3.866  hoct.),d'Ourscamps  (4.570hect.), 
vers  le  septentrion.  On  peut  encore  citer  la  forêt  de  Hez 
(4.670  hect.),  au  centre  du  département,  près  de  Cler- 
mont, et  celle  de  Thelle  (992  hect.  à  l'O.).  Les 
essences  les  plus  répandues  sont  le  chêne,  le  hêtre,  le 
charme,  le  tilleul,  le  bouleau,  La  production  du  bois  est 
évaluée  à  400.000  stères  par  an.  Les  industries  annexes 
sont  importantes  ;  la  boissellerie,  la  vannerie,  la  tonnel- 
lerie, également.  On  fabrique  un  peu  d'huile  avec  les  faînes 
de  hêtre  dans  l'arr.  de  Compiègne. 

L'élevage  est  prospère.  Le  nombre  des  animaux  de  ferme 
existant  au  34  déc.  4896  était  : 

Espèce  chevaline 49.778 

—  mulassière 237 

—  asine 2.348 

—  bovine 425.352 

~  ovine 344.779 

—  porcine 36.247 

—  caprine 5 .  390 

La  population  chevaline  est  stationnaire  :  les  chevaux 
de  ferme  sont  de  race  ardennaise  et  boulonaise.  Chantilly, 
avec  la  région  environnante,  est  le  centre  d'entraînement 
des  chevaux  de  course  en  France.  On  fait  des  demi-sang 
dans  les  arr.  de  Compiègne  et  de  Noyon.  Les  bêtes  bovines 
sont  en  majorité  de  races  normande  et  flamande  ;  les 
vaches  laitières  dominent.  La  production  du  lait  fut,  en 
4896,  de  4.294.000  hectol.  valant  47.425.000  fr.  ;  il 
s'expédie  à  Paris  ainsi  que  le  beurre  (2.300.000  kilogr.) 


—  oM5  — 


OISE 


et  le  fromage  :  on  fait  surtout  des  bondons.  Les  princi- 
pales variétés  de  fromages  sont  celles  de  Compit^gne  (oct. 
à  déc),  Rollot,  Macqueline,  Thury-en-Valois.  Autour  do 
Chaumont  on  fait  des  fromages  genre  Mont-d'Or  ;  à 
Eragny,  du  genre  Brie.  L'engraissement  des  bêtes  bovines 
n'a  qu'un  rôle  secondaire,  excepté  dans  les  herbages  de 
rO.  du  département  où  il  est  facilité  par  la  pulpe  des 
distilleries.  —  Les  moutons,  moins  nombreux  qu'autre- 
fois, sont  de  race  mérinos  ou  picarde,  lis  ont  fourni 
13.100  quintaux  de  laine  valant  1.439.000  fr.  Les  porcs 
sont  de  race  normande  croisée  avec  des  races  anglaises!  La 
volaille  est  abondante,  près  d'un  million  de  poules, 
50.000  canards,  plus  de  20.000  oies  et  presque  autant 
de  dindons.  On  élève  aussi  beaucoup  de  lapins.  Enfin,  en 
1896,  on  a  recensé  14.900  ruches  en  activité  produisant 
117.000  kilogr.  de  miel  et  21.700  kilogr.  de  cire,  d\me 
valeur  totale  de  203. OpO  fr. 

Les  exploitations  petites  et  moyennes  dominent  :  38.577 
ont  moins  de  5  hect.,  5.626  de  5  à  10  hect.,  6.471  de 
10  à  40  hect.,  1.894  plus  de  40  hect.  Il  y  a  pourtant  un 
assez  grand  nombre  de  grandes  fermes,  392  de  100  à 
200  hect.,  148  de  plus  de  200  hect.  Le  nombre  des  pro- 
priétaires cultivant  eux-mêmes  leurs  terres  est  de  40. 146, 
celui  des  fermiers  de  7.725  ;  il  n'y  a  que  340  métayers. 
Les  cultivateurs  émigrant  vers  les  villes,  leur  nombre 
diminue.  L'abondance  relative  des  capitaux  a  permis  de 
perfectionner  l'outillage  agricole  oti  les  machines  sont  de 
plus  en  plus  employées.  Les  associations  agricoles  sont 
nombreuses  ;  chaque  chef-lieu  d'arrondissement  en  possède 
une,  ainsi  qu'une  société  d'horticulture.  Une  grande  école 
d'agriculture  existe  à  Beauvais  avec  une  station  agrono- 
mique. Il  y  a  une  chaire  départementale  d'agriculture. 

Industrie.  —  L'industrie  fait  vivre  350  hab.  sur  1.000 
(moyenne  française,  250),  à  peu  près  autant  que  l'agri- 
culture. C'est  dire  qu  elle  est  bien  développée,  quoi(fue 
l'Oise  n'ait  aucune  mine.  Les  industries  aUmentaires  do- 
minent, la  sucrière  en  particuUer  ;  puis  viennent  les  indus- 
tries textiles  et  métallurgiques,  favorisées  par  l'activité 
des  transports  par  voies  fluviale  et  ferrée  et  par  le  voisi- 
nage du  marché  parisien  d'une  part  et  de  celui  du  Nord 
de  l'autre. 

Mines  et  carrières.  Le  dép.  de  l'Oise  n'a  pas  de  houille; 
il  en  a  consommé  (en  1896)  593.500  tonnes  importées  du 
bassin  de  Valenciennes  (487.800)  et  de  Belgique  (103.100), 
d'une  valeur  globale  de  11.981.000  fr.,  soit  20 fr.  19  la 
tonne  sur  le  lieu  de  consommation.  On  extrait  des  tour- 
bières de  Bresles,  Mello,  Sacy-le-Grand  et  des  rives  delà 
Brèche  et  de  l'Ourcq  environ  18.000  tonnes  de  tourbe 
valant  220.000  fr.  xAucun  minerai  n'est  exploité  dans  ces 
terrains  tertiaires  ou  secondaires.  En  revanche,  les  car- 
rières représentent  une  richesse  considérable. 

Elles  ont  fourni  les  résultats  suivants  en  1896  : 

POIDS  VALEUR 

en  tonnes  en  francs 

Pierre  de  taiUe  tendre 276.000  2.415.000 

Moellon 274.800  503.800 

Sable  et  gravier  pour  mortier  et 

béton 25.200  22.280 

Plâtre 3.250  27.000 

Silex  et  sable 28.500  22.500 

Argile  à  faïence  et  poteries  ....  13.600  71.900 

—  pour  briques  et  tuiles .  .  .  73.100  128.600 

—  réfractaire 16.200  486.000 

Phosphate  de  chaux 8.200  186.300 

Marne 179.200  224.000 

Pavés 350  43.750 

Matériaux  pour  ballast  et  empier- 
rement   

Total 4.437.630 

On  exploitait  93  carrières  souterraines  et  381  à  ciel 
ouvert,  où  travaillaient  1.686  ouvriers. 

Pour  l'ensemble  des  pierres  à  bâtir,  l'Oise  partage  le 


172.000      306.500 


premier  rang  des  départements  français  avec  la  Meuse. 
Les  carrières  de  Crcil  et  des  alentours,  Saint-Leu,  Saint- 
Maximin,  Saint-Vaast-les-Mello,  et  jusqu'à  Liancourt  et 
Chaumont,  fournissent  de  magnifiques  pierres  de  taille 
tendres  qui  aHmentent  depuis  ]o  moyen  âge  la  construc- 
tion parisienne.  A  Senlis,  on  extrait  un  liais  plus  dur  qui 
est  fort  apprécié.  L'arr.  de  Beauvais  donne  des  argiles  à 
briques,  poteries  et  céramique  dans  les  environs  de  son 
chef-lieu,  à  Savignies,  Goincourt,  Saint-Cxermain-la-Po- 
terie,  Saint- Aubin-en-Bray,  Saint-Samson,  etc.  ;  près  de 
Senlis,  le  sable  des  buttes  d'Aumont  sert  à  fabriquer  des 
glaces.  —  Des  sources  minérales  ferrugineuses  froides 
sont  exploitées  à  Chantilly,  Gouvieux,  Fontaine-Bonneleau, 
Pierrefonds  ;  ces  dernières  sont  sulfurées  et  sont  admi- 
nistrées dans  un  établissement  thermal. 

Industries  manufacturières.  Il  existait  en  1896  dans 
le  dép.  de  l'Oise  1.201  établissements  faisant  usage  de 
machines  à  vapeur.  Ces  appareils,  au  nombre  de  1.876, 
d'une  puissance  égale  à  25.044  chevaux-vapeur  (non 
compris  les  machines  des  chemins  de  fer  «tdes  bateaux), 
se  décomposaient  en  : 

889  machines  fixes  d'une  force  de  17 .406  chev. -vapeur 
4i4      — -      mi-fixes        ~        4.358  •— 

531       —      locomobiles    —        3.192 

12       —      locomotives    —  788  — 

Cette  force  se  répartissait  de  la  manière  suivante  entre 
les  principaux  groupes  industriels  : 

Mines  et  carrières 

Usines  métallurgiques 

Agriculture 

Industries  alimentaires 

—       chimiques    et  tanne- 
ries   

Tissus  et  vêtements 

Papeterie,    objets   mobiliers    et 

d'habitation 

Bâtiments  et  travaux 

Services  pubhcs  de  l' l'état 

Ce  tableau  place  au  premier  plan  les  industries  alimen- 
taires, c.-à-d.  la  sucrerie  concentrée  dans  une  trentaine 
d'usines  ;  elles  ont  pour  annexes  des  distilleries  qui  se 
trouvent  également  dans  toutes  les  parties  du  département. 
Les  féculeries  se  rencontrent  surtout  dans  l'arr.  de  Com- 
piègne.  Les  principales  villes  renferment  des  brasseries. 
On  fait  du  chocolat  à  Compiègne  et  Margny.  La  meunerie 
est  encore  éparpillée  sur  toute  la  surface  du  pays.  —  Les 
industries  textiles  sont  représentées  par  des  spéciahtés  re- 
nommées :  dentelles  de  Chantilly,  faites  par  des  femmes 
dans  les  environs  de  cette  ville  ;  tapis  de  Beauvais  (ma- 
nufacture nationale  et  manufactures  privées);  filatures  de 
coton  127.000  broches)  à  Ourscamps,  de  bourre  de  soie 
(18.000  broches),  de  laine  cardée  (22.000  broches)  et  pei- 
gnée (39.000  broches), notamment  à  Balagnyet  Cires-les- 
Mello;  tissages  de  laine  (1.100  métiers  mécanicfues);  pas- 
sementerie; tissage  de  rubans,  de  bretelles  et  jarretières. 
Beauvais  fait  des  draps  militaires,  des  flanelles,  des  étoffes 
teintes  sur  place  ;  on  tisse  des  couvertures,  molletons,  lai- 
nages divers  à  Esquennoy,  Herchies;  des  draps  à  Mouy, 
des  cachemires  à  Crèvecœur-le  -  Grand  ;  la  bonneterie 
occupe  2.000  personnes  autour  de  Saint-Just-en-Chaussée, 
spécialement  aux  bas  de  laine.  Le  chanvre  se  travaille  dans 
la  vallée  de  l'Authonne  et  à  Breteuil  ;  on  fait  des  lacets  à 
ïnval;  des  feutres,  àClermont.  —  L'industrie  du  cuir  est 
surtout  développée  à  Noyon,  Saint-Crépin,  Senlis,  Ver- 
berie  ;  la  cordonnerie,  à  Liancourt  et  Mouy. 

La  qualité  des  argiles  et  du  sable  a  fomenté  la  verrerie 
(600  ouvriers,  produits  2.500.000  fr.)  à  Creil,  Saint-Ger- 
mer-de-Fly,  Hoye-sur-Matz  ;  on  fait  des  vitraux  à  Beau- 
vais et  au  Mesnil-Saint-Firmin  ;  des  faïences  et  porcelaines 
opaques  très  renommées  à  Creil  et  Chantilly  ;  des  carreaux 
de  faïence  et  de  porcelaine  et  des  carreaux  ordinaires  à 
Auneuil,  Creil,  Briscourt,  Blacourt,  Liancourt,  Ponchon, 


1.132  chev. -vapeur 

5.972  — 

3.216  — 

6.204 

587  -~ 

3.472  — 

2.553  — 

1.816  — 

92  " 


OISE 


:h6 


Pont,  Rainvillers,  Saint-Aubin-en-Bray,  Saint-Jiist-des- 
Marais,  Saint-Paul,  Yillcrs-Saint-Bartliclemy  ;  des  pote- 
ries communes  et  des  briques  dans  tout  l'O.  du  départe- 
ment. —  L'industrie  du  bois  est  naturellement  représentée 
par  quantité  de  scieries,  charpenteries,  menuiseries;  on 
fait  de  la  boissellerie  à  la  Croix-Saint-Ouen,  Xeiiyille-on- 
Hez;  des  bois  de  brosses  à  Saint-Sauveur,  des  caisses 
d'emballage  à  Béthisy-Sainl-xMartin,  des  chaises  à  la  Croix- 
Saint-Ouen,  MontjavouK,  Pai'nes,  des  sabots  à  Beauvais, 
de  l'ébénisterie  à  Crespy,  Beauvais,  Clermont,Mcru,Mouy  ; 
de  la  carrosserie  ou  chai-ronnerie  à  Beauvius,  Compif'gne, 
Méru,  etc.  —  La  tabletterie  s'est  développée  au  point  de 
devenir  l'industrie  caractéristique  de  Tarr.  de  Beauvais  ; 
Méru  en  est  le  centre;  mais  il  y  a  beaucoup  d'autres  ma- 
nufactures à  Beauvais,  Sainte-Geneviève,  Noailles,  Ande- 
ville,  Lal)oissière,  Tracy-le->lont,  etc.,  pour  les  boutons 
en  bois,  os  ou  nacre,  les  éventails  découpés  en  nacre  ou 
bois,  les  dominos,  dés  à  jouer,  fiches  et  jetons,  manches 
en  os  et  ébène  pour  coutellerie,  couverts  en  buffle  et 
ivoire,  brosserie  fine,  manches  de  parapluie,  etc.  Les  ins- 
truments d'horlogerie,  d'optique  et  de  précision  sont  une 
autre  spécialité  du  département  :  horlogerie  à  Beauvais, 
Ferrières  et  Liancourt  ;  instruments  d'optique  à  Cuise-la- 
Motte,  Machemont,  Saint-Pierre-lès-Bitry  ;  verres  d'op- 
tique à  Saint-Samson,  Sully,  Songeons  ;  orfèvrerie  de  table 
(alfénide)  à  Bornel.  Ercuis  ;  instruments  de  pesage  et  me- 
sures à  Saint-Paul,  Berthecourt,  Courteuil,  Laboissière; 
appareils  électriques  à  Neuilly-en-Thelle. 

L'industrie  métallurgique  occupait,  en  189{i,  2  usines 
à  fer  considérables  à  Montataire.  MWes  produisaient  par 
puddlage  et  affinage  au  charbon  de  bois  20.140  tonnes 
de  fer  ouvré  valant  3.040.000  fr.  (rails  15.820  tonnes  va- 
lant 2. 21 5. 000  fr.,  tôles 4.320  tonnes  valant  825.000  fr.). 
La  production  de  l'acier  était  de  38.000  tonnes  valant 
6.880.000  fr.,  moitié  de  tôles  et  moitié  d'aciers  mar- 
chands. On  lamine  le  zinc  à  Droitecourt  et  Sérifontaine, 
le  cuivre  à  Saint-Victor.  On  fabrique  des  outils  divers  et 
instruments  aratoires  à  Creil,  Liancourt,  Nogent-les- 
Vierges.  —  Pour  compléter  cet  aperçu,  il  faut  mention- 
ner encore  les  constructions  de  bateaux  des  divers  ports 
de  l'Oise,  les  produits  chimiques  et  savons  de  Beauvais, 
l'amidon  de  Gouvieux,  les  chandelles  de  Notre-Dame-du- 
Thil,  Clermont,  Mouy,  les  cierges  de  Clermontet  Margny, 
la  soude  de  Remy,  les  grandes  fabriques  de  sels  d'alumine 
et  de  baryte  à  Noyon,de  produits  antiseptiques  à  Villers- 
Saint-Sépulcre,  des  usines  à  gaz  et  des  imprimeries  dans 
les  principales  villes. 

11  existait  en  1894  dans  l'Oise  7  syndicats  })atronaux 
(275  membres),  24  syndicats  ouvriers  (1.706  membres), 
un  mixte  (17  membres)  et  3  syndicats  agricoles  (1.858 
membres).  La  consommation  moyenne  d'alcool  était  en 
1896  de  9^''^35  poar  tète,  plus  que  double  de  la  moyenne 
française.  Il  a  été  fabriqué  en  moyenne  dans  l'Oise,  de 
1887  à  1896,  une  quantité  de  65'.480  hectol.  d'alcool 
par  an,  sans  compter  120  hectol.  distillés  annuellement 
par  les  bouilleurs  de  cru.  En  1894,  la  consommation  du 
vin  était  de  42  litres  par  tête,  celle  du  cidre  de  32,  celle 
de  la  bière  de  11.  —  11  a  été  vendu,  en  1896,  291.903 
kilogr.  de  tabac  à  fumer  ou  à  mâcher  et  90.695  de  tabac 
à  priser,  soit  une  consommation  moyenne  de  721  gr.  par 
tête. 

Co^niERCE  i:ï  circulation.  —  Le  commerce  fait  vivre 
95  personnes  sur  1.000  (moyenne  française,  103)  ;  ajou- 
tez 33  qui  vivent  de  l'industrie  des  transports  (moyenne 
française,  30).  Le  montant  des  opérations  de  la  succur- 
sale de  la  Banque  de  France  à  Beauvais  était  en  1897  de 
31.161.300  fr.  (sur  un  total  de  15.308.125.000  fr.).Le 
nombre  des  patentés  en  1895  était  do  19.353,  dont  97 
hauts  commerçants  et  banquiers,  15.974  commerçants, 
2.783  industriels,  499  personnes  exerçant  des  professions 
libérales.  Il  existe  une  chambre  de  commerce  à  Beauvais. 

L'Oise  exporte  des  pierres  et  matériaux  de  construction, 
des  terres  réfractaires,  des  bois,  des  céréales,  des  lé- 


gumes, des  bestiaux,  du  lait,  du  beurre,  du  fromage,  de 
la  volaille,  du  sucre,  de  la  mélasse,  de  l'alcool,  des  tapis, 
dentelles  et  passementeries,  poteries  et  faïenceries,  des 
verres,  objets  d'optique,  instruments  divers.  Paris  est  le 
principal  lieu  de  destination  et  aussi  le  marché  oîi  le  dép. 
de  l'Oise  achète  du  vin,  des  denrées  coloniales,  de  la  houille, 
des  fers  et  métaux  J)ruts,  du  coton,  de  la  laine,  pour 
alimenter  son  industrie  ;  des  machines,  des  livres  et  objets 
de  luxe  pour  l'ameublement  et  la  toilette,  etc.  Le  com- 
merce se  partage  entre  la  voie  fluviale  et  la  voie  ferrée. 

Voies  de  communication.  Le  dép.  de  l'Oise  avait  en 
189/  une  longueur  de  602  kil.  de  routes  nationales  dont 
198  kil.  pavés,  51 4  kil.  de  routes  départementales,  2.982 
kil.  de  chemins  vicinaux  de  grande  communication,  et 
4.372  kil.  de  chemins  vicinaux  ordinaires.  La  circulation 
sur  les  routes  nationales  avait  été.  en  1888,  de  32.511 .414 
tonnes  kilométriques  de  tonnage  utile  (le  double  en  ton- 
nage brut),  soit  un  tonnage  utile  quotidien  de  148  t.  par 
kilomètre. 

Le  dép.  de  l'Oise  est  traAcrsé  en  1899  par  32  lignes 
de  chemin  de  fer  d'une  longueur  totale  de  864  kil.  Les 
24  premières  représentant  708  kil.  sont  des  lignes  d'intérêt 
général  exploitées  par  la  compagnie  du  Nord.  Deux  autres 
lignes  d'intérêt  général  parcourant  36  kil.  dans  l'Oise  sont 
exploitées  par  la  compagnie  de  l'Ouest.  Les  autres  sont 
des  lignes  d'intérêt  local.  Kn  voici  la  liste  :  1^  La  ligno 
de  Paris  vers  l'Angleterre  (via  Calais)  et  la  Belgique  {via 
Lille,  Yalenciennes)  par  Amiens  parcourt  70  kil.  dans 
l'Oise  ;  elle  y  pénètre  après  Survilliers,  dessert  Orry-la- 
Ville,  Chanlilly,  Creil,  remonte  la  vallée  de  l'Are  par 
Laigneville,  Liancourt-Rajitigny,  Clermont,  Avrechy, 
Saint-Remy-en-l'Eau,  Saint-Just-en-Chaussée  et  continue 
vers  le  N.  par  Gannes,  Chepoix,  Breteuil-Gare  et  passe 
dans  le  dép.  de  la  Somme.  —  2"  La  hgne  de  Paris  vers 
l'Allemagne  et  vers  Bruxelles  [via  Maubeuge)  se  détache 
de  la  précédente  à  Creil  et  remonte  la  r.  dr.  de  LOisc  ; 
elle  parcourt  dans  le  département  66  kil.,  desservant  Vil- 
lers-Saint-Paul,  Pont-Sainte-Maxence,  Chevrières,  Lon- 
gueil-Sainte-Marie,  le  Meux,  Compiègne,  Choisy-au-Bac, 
Longueil-Annel,  Thourotte,  Ribécourt,  Ourscamps,  Pont- 
l'Evèque,  JSoyon,  Babeuf,  Appilly  et  passe  dans  le  dép. 
de  l'Aisne.  —  3^^  La  ligne  de  Paris  à  Creil  par  Pontoise  et 
la  r.  dr.  de  l'Oise  a  12  kil.  dans  le  département,  desser- 
vant Boran.  Précy,  Saint-Leu-d'Essereiit.  —  4°  La  ligne 
de  Paris  à  Beauvais  parcourt  37  kil.  dans  le  département 
et  y  dessert  Chambly,  Bornel-Fosseuse,  Esches,  Mérii, 
Laboissière,  Saint-Suïpice,  Warlins,  Villers-sur-Thère  où 
elle  se  confond  avec  la  suivante.  —  5*^  La  Hgne  de  Creil 
à  Beauvais  et  au  Tréport  (85  kil.  dans  le  dép.)  remonte 
le  Thérain,  desservant  Montataire,  Cramoisy,  Cires-les- 
Mello,  Balagny,  Mouy-Bury,  Heilles,  Mouchy,  Hermès, 
Rochy-Cond'é,"^  Beauvais,  Saint-Just-des-Marais,  Fouque- 
nies-Troissereux,  Herchies,  Milly,  Saint-Omer-en-Chaussée, 
Achy,  Marseille-le-Petit,  Grez-Gaudechart,  Grandvilliers. 
Brombos,  Feuquières,  Moliens,  Abancourt  et  Gourchelles. 
puis  entre  dans  la  Seine-Inférieure.  —  6°  La  ligne  de 
Beauvais  à  Gournay  (25  kil.  dans  l'Oise)  dessert  Pente- 
mont-Saint-Just,  Goincourt,  Saint-Paul,  la  Chapelle-aux- 
Pots  et  Saint-Germer.  —  7^  La  ligne  de  Beauvais  à  Cam- 
brai (15  kil.  dans  l'Oise),  se  détachant  à  Rochy-Condé 
de  la  ligne  de  Creil  au  Tréport,  dessert  Bresles,  la  Rue- 
Saint-Pieri'e,  Bulles,  Fournival,  Saint-Just,  Maignelay- 
Montigny,  Dompierre-Ferrières  et  Domfront,  avant  d'entrer 
dans  la  Somme.  —  8'^  La  ligne  de  Clermont  à  la  Rue- 
Saint-Pierre  (9  kil.)  dessert  Ronquerolles,  Etouy,  et  re- 
joint à  la  Rue  la  précédente.  —  9°  La  ligne  de  Beauvais 
'à  Gisors  (32  kil.),  passe  à  Pentemont,  Goincourt,  Rain- 
villers, Saint-Léger-en-Bray,  Auneuil,  Labosse,  au  Vau- 
main  à  Boutencourt  et  à  Trie-Château  ;  puis  elle  entre 
dans  l'Eure.  —  10^  La  ligne  de  Paris  à  Soissons  parcourt 
27  kil.  dans  rOise  où  elle  passe  àNanteuil,  Ormoy,  Crépy- 
en-Valois  et  Vaumoise.  —  11''  La  ligne  de  Chantilly  à 
Crépy-en-Valois  (36  kil.)  dessert  Vineuil,  Saint-Firmin, 


-^  317  — 


OISE 


Saiiit-Nicolas-Aumoiit,  Seiilis,  Barbery  et  x\uger-Sainl- 
Vincent.  —-42°  La  ligne  de  Clermont  à  Compiègne  ('20  kil.) 
dessert  Breuil-le-Sec,  Nointel-Saiiit- Aubin,  Catenoy,  Avri- 
gny,  Bois-de-Lihus,  Estrées- Saint-Denis,  ou  elle  se  rac- 
corde avec  la  ligne  d'Amiens.  —  13°  La  ligne  de  Rouen 
à  Amiens  (44  kil.)  dessert  Formerie,  Abancourt,  Romes- 
camps  et  Eouilloy.  —  4-4°  L'embranchement  de  Breteuil- 
Gare  à  Breteuil-Ville  a  7  kil.  — ■  45°  La  ligne  de  Saint- 
Omer-en-Chauss6e  à  Amiens  (25  kil.)  dessert  Oudeuil, 
Blicourt,  Crèvecœur,  I^ontaine-BonneleauetCroisy  et  entre 
ensuite  dans  la  Somme.  —  46°  La  ligne  de  Compiègne  à 
Roye  (25  kil.)  dessert  Coudun,  Viliers-sous-Coudun , 
Antheuil,  Ressons-sur-Matz  et  Roye. — 4 7°  L'embranche- 
ment du  Meux  à  (j'épy-en-Valois  (49  kil.)  se  détache 
de  la  grande  ligne  do  Paris  à  Bruxelles  et  dessert  Verberie, 
Béthisy-Saint-Picrre,  Orrouy-Glaignes,  Duvy  et  Crépy. 
—  48°  La  ligne  de  Compiègne  à  Soissons  (20  kil.  dans 
rOise)  dessert  Relhondes,  la  Motte-Rrenil  et  Atticliy.  — 
49"  La  ligne  de  Compiègne  à  Villers-Cotterets  (23  kil. 
dans  l'Oise),  se  détachant  à  Rethondes  de  la  ligne  de  Sois- 
sons,  dessert  Vieux-Moulin,  Pierj'efonds,  Morienval,  Emé- 
viile,  puis  entre  dans  le  départ,  de  l'Aisne.  —  20°  La 
ligne  de  Compiègne  à  Amiens  (33  kil.  dans  l'Oise)  passe 
à  Remy,  Estrées-Saint-Denis,  Moyenneville,  Tricot,  entre 
dans  le  dép.  de  la  Somme.  —  24 "  La  ligne  d'Estrées- 
Saint-Denis  à  Yerl>eric  (17  kil.)  dessert  Arsy-Moyvillers, 
Canly-Grandfresnoy  et  Longueil-Sainte-Marie.  —  22°  La 
ligne  de  Milly  à  Formerie  (32  kil.)  dessert  Bonnières, 
Haucourt,  Crillon,  Martincourt,  Yrocourt,  la  Chapelle- 
sous- G  erberoy,  Gerberoy,  Songeons,  Hemecourt,  Esc  âmes, 
Sully,  Fontenay,  Héricourt,  Saint-Samson-la-4^terie, 
Canny-sur-Thérain  et  Formerie.  —  23°  La  ligne  d'Ormoy- 
Yillers  à  Mareuil-sur-Ourcq  (22  kil.)  dessert  Boissy-Le- 
vignen,  Macquelines,  Betz,  Antilly,  Thury-Boullarre  et 
Mareuii.  —  2i°  La  ligne  de  Paris  à  Reims  traverse  du- 
rant 5  kil.  l'angle  S.-E.  du  dép.  de  lOise,  desservant 
Mareuil-sur-Ourcq.  —  25°  La  ligne  de  Paris  à  Dieppe 
par  I^ntoise  remonte  le  cours  de  i'Epte  et  passe  à  plu- 
sieurs reprises  de  l'Oise  dans  l'Eure  ou  la  Seine-Inférieure 
et  réciproquement.  Elle  parcourt  dans  l'Oise  32  kil.  et  y 
dessert  Liancourt-Saint-Pierre,  Chaumont-eji-Vexin,  Trie- 
Château,  Eragny,  Sérifontaine.  —  26°  La  ligne  de  Gisors 
à  Vernon  parcourt  4  kil.  dans  le  département.  — 
27°  La  ligne  d'intérêt  local  de  Chars  (S.-et-O.)  à  Ma- 
gny  se  branche  sur  celle  de  Paris-Dieppe  et  parcourt  ses 
5  premiers  kil.  dans  l'Oise  où  elle  dessert  Bouconvillers. 

—  28°  La  ligne  d'intérêt  local  d'Estrées-Saint-Denis  à 
Froissy  par  Saint-Just-en-Chaussée  mesure  43  kil.  — 
29°  La  ligne  d'intérêt  local  de  Hermès  à  Persan-Beau- 
mont  par  Noailles  et  Xeuilly-en-Thelle  mesure  32  kil.  — 
30'^  et  34"  Les  lignes  d'intérêt  local  de  Noyon  à  Guiscard 
et  de  Noyon  à  Lassigny  ont  respectivement  li  et  46  kil. 

—  32°  La  ligne  d'Ercheu  (Somme)  àBussy,  qui  se  branche 
sur  la  précédente,  parcourt  40  de  ses  43  kil.  dans  l'Oise. 

En  somme,  le  dép.  de  l'Oise  est  traversé  par  toutes 
les  grandes  voies  de  la  Compagnie  du  Nord  ([ui,  de  Paris, 
rayonnent  en  éventail  vers  les  plages  de  la  Manche,  la 
Picardie,  l'Artois,  la  Flandre,  l'Angleterre,  la  Belgi![ue, 
l'Allemagne.  Elles  sont  actuellement  très  fréquentées  ; 
mais  ce  trafic  est  de  transit  et  ne  revient  pas  au  dép.  de 
rOise  ;  de  Paris  à  Creil,  il  atteint  une  moyenne  amiuellc 
(ramenée  à  la  distance  entière)  de  2.945.000  voyageurs 
et  4.583.000  tonnes  de  marchandises  par  an;  de  Creil  à 
Amiens,  4.675.000  voyageurs  et  2.022.000  tonnes  ;  de 
Creil  à  Erquelines  (Maubeuge),  4.005.000  vovaseurs  ei 
4.886.000  tonnes. 

n  faut  remarquer  que  la  route  ferrée  des  marchandises 
d'Amiens  à  Paris  est  doublée  par  la  voie  Amiens-Lon- 
gueau-Estrées-Saint-Denis-Verberie-Ormoy-Villers,  qui 
va  joindre  la  ligne  de  Paris  à  Soissons  ;  ce  trajet  est  em- 
prunté par  plus  de  4.500.000 tonnes  de  marchandises. 

Pour  les  voies  fluviales,  il  en  est  de  même.  A  vrai  dire, 
le  dép.  de  l'Oise  n'en  possède  qu'une,  celle  de  l'Oise,  la 


plus  grande  route  de  navigation  intérieure  de  France, 
reliant  Paris  aux  charbonnages  et  carrières  du  Nord. 
L'Oise  jusqu'à  Janville,  puis  son  canal  latéral  forment  un 
tronc  commun  à  toutes  les  voies  navigables  qui  convergent 
de  Saint-Quentin  vers  la  mer,  vers  l'Escaut,  vers  la  Meuse 
(V.  Nord  [Dép.],  Pas-de-Calais  [Dép.J  et  Aisxe  [Dép.]). 
Elle  est  navigable  dans  toute  son  étendue  départementale 
(403  kil.),  mais  supplée,  k  partir  de  Janville  à  Chauny, 
par  le  canal  latéral  d'ailleurs  beaucoup  plus  court.  Sur 
l'Oise  jusqu'à  Janville  (63  kil.),  le  tonnage  annuel  moyen 
ramené  à  distance  entière  est  (en  4897)  de  3. 4 85. 000 
tonnes,  chiffre  qui  (si  l'on  excepte  le  canal  de  la  Sensée) 
n'est  dépassé  que  sur  la  Seine  (de  Paris  à  l'Oise),  sur  le 
canal  latéral  où  il  atteint  3.398.000  tonnes  et  sur  son 
prolongement  du  canal  de  Saint-Quentin  (de  Chauny  à 
Cambrai,  4. 452.000  tonnes),  c.-à-d.  sur  les  autres  tron- 
çons de  la  môme  voie  fluviale.  L'Aisne,  navigable  dans  le 
dép.  de  l'Oise,  a  un  tonnage  moyen  de  340.000  tonnes. 
Le  canal  de  l'Ourcq,  qui  eftleure  le  département,  en 
transporte  472.000. 

Les  5  bureaux  de  poste,  les  69  bureaux  télégraphiques 
et  les  403  bureaux  mixtes  ont  en  4  897  produit  une  recette 
postale  de  4.742.367  fr.  pour  les  correspondances  et 
442.990  sur  les  envois  d'argent  et  bons  de  poste  et  une 
recette  télégraphique  de  229.705  ïv. .  produit  des  dépèches 
intérieures  et  internationales. 

Finances.  —Le  dép.  de  l'Oise  a  fourni,  en  4896,  un 
total  de  37.053.464  fr.  20  au  budget  général  de  la  France. 

.Ce  chiffre  se  décompose  comme  suit  : 

Francs 

Impôts  directs 6.323.265  44 

Enregistrement 6 .  464 . 433  77 

Timbre 4  .262.031  88 

Impôt  de  4  °/o  sur  le  revenu  des  valeurs 

mobilières 446.643  46 

Contributions  indirectes 8.268.947  84 

Sucres 5.463.967  44 

Monopoles  et  exploitations  industrielles 

de  l'Etat 5.222.464  79 

Domaines  de  rEtat(non  compris  les  forêts)         466.005  29 

Forêts 4.485.549  25 

Postes 4.744.653  35 

Télégraphes 228.478  39 

Produils  divers  du  budget,  ressources 

exceptionnelles 208.790  58 

Recettes  d'ordre 354  .967  35 

Les  revenus  départementaux  ont  été,  en  4896,  de 
3.702.062  fr.  47,  se  décomposant  comme  suit  : 

Francs 
Produits  des  centimes  départementaux.     2.499.284  20 
Revejui  du  patrimoine  départemental..  3.004  20 

Subventions  de  l'Etat,  des  communes, 
des  particuliers 4  .  i99 .  780  07 

Les  dépenses  départementales  se  sont  élevées  à 
3.725.546  fr.  35,  se  décomposant  comme  suit  : 

Personnel  des  préfi}ctures  et  sous-pré-  Fi-ancs 

fectures 49. 795  36 

Propriétés  départementales,  locations  et 

mobilier 470.944  42 

Chemins  vicinaux 1 .  946 .  703  54 

Chemin  de  fer  d'intérêt  local 317.839  47 

Instruction  publique 44.442  23 

Cultes 4.500  » 

Assistance  publique 679 .  764  87 

Encouragements  intellectuels 42.687  80 

—            à  l'agriculture 22.576  47 

Service  des  emprunts 396.639  45 

Dépenses  diverses ^8.9'i5  97 

La  dette  départementale  était  en  capital  de 
5.854.544  fr.  42.    La  valeur  du  centime  départemental 


OISE 


—  318  — 


portant  sur  les  quatre  contributions  était  de  51 .644  fr.  16, 
sur  les  deuxpremières  (foncière,  mobilière)  de38.421  fr.64. 
Il  y  avait  outre  les  33  centimes  additionnels  départemen- 
taux ordinaires  (dont  25  sur  les  deux  premières  contri- 
butions seulement),  [6  centimes  exlraordinaiies  portant 
sur  les  quatre  contributions. 

Les  701  communes  du  département  avaieni  enl896un 
revenuglobalde6.857.700fr.  et  dépensaient (). 756. 981  fr. 
Le  nombre  des  centimes  était  de  59.903  dont  4.7()2 
extraordinaires,  soit  une  moyenne  de  85  centimes  par 
commune.  11  y  avait  5  communes  imposées  de  moins  de 
15  cent.  ;  14,  de  15  à  30  cent.  ;  53,  de  31  à  50  cent.  ; 
4"27,  de  51  à  100  cent.  ;  20"2,  au-dessus  de  100  cent. 
—  Le  nombre  des  communes  à  octroi  était  de  13;  le  pro- 
duit net  des  octrois,  de  1.104,307  fr.  —  La  dette  totale 
des  communes  s'élevait  en  capital,  au  31  mars  1896,  à 
11.113.231  fr. 

Etat  intellectueL  —  Au  point  de  vue  de  l'instruc- 
tion, le  dép.  de  l'Oise  est  dans  la  moyenne.  En  1894,  sur 
3.303  conscrits  examinés,  154  ne  savaient  pas  lire.  Cette 
proportion  de  47  illettrés  sur  1.000  (moyenne  française, 
58  7oo)  place  le  dép.  de  l'Oise  au  48®  rang  (sur  90  dép.) 
parmi  les  départements  français.  Pour  l'uistruction  des 
femmes,  il  est  au  25®  rang  (sur  87  dép.),  avec  96  femmes 
pour  1.000  ayant  signé  leur  acte  de  mariage.  La  pro- 
portion pour  les  hommes  est  de  968. 

Durant  l'année  scolaire  1896-27,  voici  quelle  était  la 
situation  scolaire  : 

1°  Ecoles  primaires  élémentaires  et  supérieures 

Ecoles  Uiques        Ecoles  congréganistes 
publiques     privées    publiques       privées 
Nombre  des  écoles  977  19  3t  10  i      1.134 

Instituteurs 830  '"TF  001 

Institutrices 437  310  717 

Elèves  garçons...     25.737         259        249"         1.586    27.831 
—      tilles 20.906  550    2.205         5.795    29.456 

2*^  Ecoles  maternelles 

Ecoles  laïques  Ecoles  congréganistes 

pubhques  privées  publiques      privées 

Nombre  d'écoles. .            2i        »  6               80          60 

Institutrices 46        )>  9               35         90 

Garçons 1.740        »  256          1.171  3.167 

Filles 1.623        »  275          1.270  3.171 

Ces  chiffres  montrent  que  la  laïcisation  de  l'enseigne- 
ment est  fort  avancée.  11  y  a  peu  d'écoles  maternelles,  la 
plupart  des  communes  étant  très  petites.  La  même  raison 
a  fait  généraliser  le  système  des  écoles  mixtes  ;  on  en 
compte  500,  dont  495  publiques. 

Le  total  de  la  population  d'âge  scolaire  (six  à  treize 
ans)  serait  de  46.288  enfants  inscrits  dans  les  écoles; 
cela  s'explique  par  les  doubles  inscriptions  et  ceux  qui 
changent  d'école  en  cours  d'année  et  aussi  par  l'accepta- 
tion de  très  jeunes  enfants. 

L'enseignement  primaire  supérieur  public  n'est  repré- 
senté pour  les  garçons  que  par  des  cours  complémentaires 
(155  élèves)  ;  pour  les  iilles,  par  une  école  et  un  cours 
(16  et  12  élèves)  ;  l'enseignement  privé  a  un  coiu*s  comp- 
tant 40  élèves  Iilles. 

Les  écoles  normales  primaires  sises  à  Beauvais  comp- 
taient, en  1895-96,  67  élèves-maîtres  et  43  élèves-mai- 
tresses. 

Le  certificat  d'études  primaires  élémentaires  fut  bri- 
gué, en  1895,  par  1.399  garçons,  dont  1.034  l'obtinrent, 
et  1.112  fdles,  dont  900  l'obtinrent.  Le  certificat  d'études 
primaires  supérieures  eut  7  candidats  dont  3  réussirent, 
3  candidates  toutes  admises.  —  A  l'examen  du  brevet  de 
capacité  se  présentèrent  71  aspirants  dont  38  furent  ad- 
mis, 97  aspirantes  dont  65  furent  admises.  Au  brevet  su- 
périeur, 18  aspirants  dont  12  admis,  22  aspirantes  dont 
12  admises. 


Ces  chiffres  attestent  un  développement  convenable  de 
l'enseignement  sans  rien  de  particulier. 

Le  total  des  ressources  de  l'enseignement  primaire  pu- 
blic était  en  1894  de  2.321.498  fr.  45.  —  11  existait 
234  caisses  des  écoles  avec  62.452  fr.  de  recettes  et 
46.381  fr.  de  dépenses. 

L'enseignement  secondaire  se  donnait  dans  trois  col- 
lèges communaux  (celui  de  Beauvais  a  été  transformé  en 
lycée)  à  608  élèves,  dont  360  internes.  Le  collège  de  filles 
de  Beauvais  comptait  118  élèves,  dont  65  internes  en  1896. 
Etat  lîioraL  —  La  criminalité  est  assez  élevée.  La 
statistique  judiciaire  de  1892  accuse  51  condamnations 
en  cour  d'assises,  dont  23  pour  crimes  contre  les  per- 
sonnes ou  l'ordre  public.  Les  4  tribunaux  correctionnels 
examinèrent  2.348  affaires  et  3.054  prévenus,  dontl38  fu- 
rent acquittés,  61  mineurs  remis  k  leurs  parents,  26  mi- 
neurs envoyés  en  correction,  1.031  condamnés  à  l'amende 
seulement,  1.758  à  un  emprisonnement  de  moins  d'un 
an,  40  à  un  emprisonnement  de  plus  d'un  an.  On  a 
compté  33  récidivistes  devant  la  cour  d'assises  et  1.573  en 
correctionnelle  ;  Î5  furent  condamnés  à  la  relégation.  — 
Il  y  eut  3.600  contraventions  de  simple  poKce.  —  Le 
nombre  des  suicides  s'éleva  à  200  ;  celui  des  morts  vio- 
lentes à  144.  Les  4  prisons  départementales  renfermaient, 
au  31  déc.  1892,  379  détenus,  dont  332  hommes  et 
47  femmes. 

L'assistance  publique  est  assez  bien  organisée.  Les  bu- 
reaux de  bienfaisance  étaient  en  1894  au  nombre  de  387  ; 
ils  assistèrent  14.984  personnes;  leurs  recettes  furent  de 
434.807  fr.,  leurs  dépenses  de  432.695  fr.  —  Le  nombre 
des  hôpitaux  et  hospices  est  de  18,  desservis  par  33  mé- 
decins et  disposant  de  1.605  lits.  Ils  ont  reçu  2.216  ma- 
lades dont  256  décédèrent,  1.547  vieillards  et  inciu'ables 
dont  129  décédèrent,  1.099  enfants  assistés;  en  outre, 
452  enfants  furent  assistés  à  domicile.  Le  budget  hospita- 
lier était  de  1.139.169  fr.  de  recettes  et  1.221.437  fr. 
de  dépenses  ;  celui  du  service  des  enfants  assistés,  de 
275.000  fr.  de  recettes  et  281.438  fr.  de  dépenses.  — 
Un  asile  départemental  d'aliénés  existe  à  Clermont-sur- 
Oise;  le  département  y  entretenait  222  hommes  et  169 
femmes;  la  dépense  totale  était  de  196.770  fr.,  dont 
150.026  fournis  par  le  département.  —  L'assistance  pri- 
vée était  représentée  par  37  établissements  et  100  sociétés 
diverses. 

Les  œuvres  de  prévoyance  sont  normalement  dévelop- 
pées. La  Caisse  nationale  d'épargne  a  reçu,  en  1896, 
27.043  dépots  (dont  3.244  premiers  versements)  se  mon- 
tant à  2.336.714  fr.  82.  Elle  a  remboursé  7.965  dépôts, 
pour  un  total  de  2.109.821  fr.  30.  —  Les  13  caisses 
d'épargne  ordinaires  et  leurs  18  succursales  avaient  déli- 
vré au  31  déc.  1896  un  total  de  136.040  livrets  ;  au  cours 
de  l'année,  il  en  avait  été  ouvert  7.378  et  soldé  6.962.  Le 
soldedû  aux  déposants  était  au  31  déc.  de  70.639.608  fr.47 . 
Il  avait  dépose  ou  transféré  11.459.433  fr.  65  et  rem- 
boursé 15.705.656  l'r.  29.  —  La  Caisse  nationale  de  re- 
traites pour  la  vieillesse  a  reçu  en  1897  par  576  verse- 
ments individuels  118.810  fr.  et  par  4.282  versements 
collectifs  53.831  fr.  Les  versements  individuels  ont  dimi- 
nué depuis  1893.  A  cette  date,  les  pensions  en  cours 
étaient  au  nombre  de  3.626,  pour  un  total  de  597.848  fr., 
ce  qui  indique  ([ue  l'Oise  est  un  des  départements  où  on 
a  le  plus  tôt  compris  les  avantages  de  la  Caisse  nationale 
de  retraites.  —  Les  sociétés  de  secours  mutuels  étaient, 
en  1893,  au  nombre  de  105  dont  78  approuvées  (12.321 
membres  participants)  et  27  autorisées  (3.882  membres 
participants).  Les  piemières  avaient  un  avoir  disponible 
au  l'^''  janv.  1894  de  415.305  fr.,  encaissé  dans  l'année 
174.885  fr.  de  recettes  et  dépensé  161.783  fr.  ;  les  se- 
condes avaient  un  avoir  disponible  de  60.159  fr.,  encaissé 
70.562  fr.  et  déboursé  59.265  fr.  —  Ln  d893,  les  dons 
et  legs  aux  établissements  publics  et  reconnus  d'utilité 
publique  ont  atteint  616.902  fr.  A. -M.  Bertiielot. 
BiBL.  :  V.  Ile-di<:- Frais  CE,    Picardie.   Beauvais.  Cu.m- 


319  — 


OISE  —  OISEAU 


piÈGNE,  Chantilly,  Noyon.  —  Annuaire  de  l'Oise,  in-12. 

—  Annuaires  statistiques  de  la  France,  en  particulier  ceux 
de  1«65,  1«86  et  lô9t  (mieux  établis  que  les  derniers).  — 
Dcnombremenls,  particulièrement  ceux  de  1866  et  1891 
avec  les  résultats  développés.  —  Statistique  agricole 
annuelle. —  Statistique  (annuelle  de  l'industrie  juinërale. 

—  Situation  financière  des  comynunes  (annuel);  des  dépar- 
tements (id.),  publiées  par  le  ministère  de  l'intérieur.  — 
Résumé  des  états  de  situation  de  renseignement  primaire 
(annuel).  —  Ad  Joaivne,  Géographie  de  l'Oise,  in-16.  — 
Caaibry,  Description  du  dép.  de  l'Oise,  1803,  2  vol.  in-8  et 
atlas.  —  Peuchet  et  Cîiaulaire,  Statisticiue  de  l'Oise, 
1811,  in-8.  —  Gavrel,  Géographie  de  toutes  les  communes 
du  dép.  de  l'Oise;  Beauvais,  18G5.  in-18. 

Géologie.  ~  L.  Graves,  Essai  sur  la  topographie  géo- 
gnostique  du  dép.  de  l'Oise,  1847,  in-8.  —  De  Lapparext, 
le  Pays  de  Bray  [Mémoire  carte  géol.  France,  1879).  — 
H.Thomas,  Contribution  à  la  géologiede  l'Oise  {BulLn''23 
serv.  carte  géol.  France,  1891).  Cf.  aussi  C.  R.  Coll.  Bull, 
serv.  car  te 'géol  France,  \S93-dl,  Bull.  Soc.  géol.  Nord  et 
Bull.  Soc.  géol.  France:  Travaux  de  MM.  Brongnlart, 
Hébert,  Munier-Chal>l\s,  Dollfus,  etc.  Feuilles  géo- 
logiques au  1/80.000''  de  Beauvais,  Soissons,  Meaux,  Mont- 
didier,  Rouen,  Laon  et  Paris  (Serv.  carte  géol.  France). 

OISEAU.  I.  Ornithologie.  —  Seconde  classe  des 
\ertébrc's  (V.  ce  mot),  comprenant  des  animaux  à  sang 
chaud,  couverts  de  plumes,  ovipares,  à  respiration  exclu- 
sivement pulmonaire  ;  les  deux  paires  de  membres  très  dif- 
féremment conformées  :  l'antérieure,  en  forme  d'aile,  de 
nageoire  ou  atrophiée;  la  postérieure,  en  forme  de  pied; 
les  mâchoires  dépourvues  de  dents  et  recouvertes  d'un  bec 
corné.  —  Cette  classe,  plus  nombreuse  que  celle  des  Mam- 
mifères (V.  ce  mot),  présente  une  beaucoup  plus  grande 
uniformité,  au  point  que  l'on  a  pu  dire  que  tous  les  Oiseaux 
actuellemejit  vivants  pourraient  être  classés  en  trois  ordres  : 
un  pour  les  Ratites  (Autruches),  un  pour  les  Impennes 
(Pingouins),  et  le  troisième  renfermant  tous  les  autres 
Oiseaux  à  aile  normalement  développée.  Cependant  l'usage 
a  prévalu  de  diviser  ce  dernier  groupe,  de  beaucoup  le 
plus  nombreux,  en  un  certain  nombre  d'ordres  qui  n'ont,  en 
réalité,  que  la  valeur  des  familles  naturelles  admises  par  les 
botanistes.  —  Bien  que  ces  Vertébrés  se  rapprochent  des 
Mammifères  par  leur  nature  d'animaux  à  sang  chaud  et 
certains  caractères  qu'ils  ont  en  commun  avec  les  plus  in- 
férieurs de  ceux-ci  (V.  Mo^joruÈMEs),  ils  sont,  en  réahté, 
beaucoup  plus  voisins  des  lleptiles  par  l'ensemble  de  leurs 
caractères  internes,  si  bien  que  Huxley  a  proposé  de  réu- 
nir les  deux  classes  en  un  groupe  à  paît  sous  le  nom  de 
Sauropsidœ,  par  opposition  aux  Amphibiens  et  aux  Pois- 
sons qui  constituent  les  Ichtijopsidœ.  —  Les  Oiseaux, 
répandus  sur  toute  la  surface  du  globe,  jouent,  à  l'époque 
actuelle,  un  rôle  considérable  dans  la  nature.  Nous  étudie- 
rons successivement  leur  organisation,  leurs  mœurs,  leur 
distribution  géographique,  leur  utilité  pour  l'homme  et  leur 
classification. 

Organisation.  —  Técjumenis.  La  plume  caractérise 
l'Oiseau  comme  le  poil,  le  Mammifère.  Cette  plume  est  in- 
sérée dans  un  derme  très  mince,  pauvre  en  vaisseaux, 
mais  riche  en  organes  sensoriels.  Dans  les  couches  pro- 
fondes de  la  peau,  un  réseau  de  fibres  musculaires  lisses, 
pourvues  de  petits  tendons  aboutissant  aux  foRicules  des 
plumes,  permet  à  l'Oiseau  de  secouer  et  hérisser  son  plu- 
mage. Il  n'y  a  pas  d'autres  i^landes  cutanées  que  celle  du 
croupion  (glande  uropygienne) . 

La  plume  se  développe  d'une  papille  formée  par  une 
saillie  du  derme  :  on  voit  d'abord  un  long  cône  à  sommet 
libre  (germe  de  la  plume)  qui  s'enfonce  par  sa  base  dans 
le  derme,  y  creusant  une  poche  qui  est  le  follicule  plu- 
vieux. Le  germe  s'allonge  et,  en  même  temps,  une  partie 
de  la  pulpe  qui  en  rempUt  l'intérieur  (couche  de  Malpighi) 
se  développe,  formant  des  replis,  puis  des  rayons  cornés 
qui  constituent  les  barbes  primitives  de  la  plume  :  à  cet 
état,  c'est  la  plumule  ou  duvet  embryonnaire,  tel  ([u'on 
l'observe  chez  les  poussins  nouveau-nés.  Les  Pingouins 
conservent  cette  forme  jusqu'à  l'âge  adulte.  La  plume  dé- 
finitive se  forme  d'abord  cle  la  même  manière,  mais  au 
moyen  d'un  second  follicule  qui  se  développe  au  fond  du 
follicule  de  la  plumule  et  repousse  au  dehors  le  tuyau  de 
celle-ci  qui  tombe.  La  nouvelle  plume  est  d'abord  sem- 


blable à  la  plumule,  mais  bientôt  un  des  rayons  s'épaissit 
pour  former  la  hampe  ou  axe  de  la  plume,  les  autres 
constituant  les  barbes.  Le  tuyau  s'allonge  plus  tardivement. 
Tuyau  et  tige  sont  d'abord  recouverts  d'une  gaine,  pro- 
longement de  l'épi  derme,  et  qui  croit  avec  la  plume;  mais 


A 


B 


Fii>-.  1.  —  Développement  des  plumes.  A,  dessous  de  l'aile 
d'un  jeune  Pigeon  montrant  les  pennes  encore  envelop- 
pées en  partie  de  leur  gaine;  B,  plume  de  Hocco  enfer- 
mée dans  sa  capsule  ;  C,  plume  de  Calao,  complètement 
développée  :  a,  ombilic   supérieur;  5,  ombilic  inférieur. 

comme  cette  gaine  est  mince  et  se  dessèche  à  l'air,  l'oi- 
seau la  déchire  et  la  fait  tomber  en  se  grattant,  de  sorte 
qu'on  n'en  voit  jamais  que  la  base,  adhérente  au  tuyau.  La 
tige  semble  ainsi  sortir  du  tuyau  comme  d'un  fourreau; 
d'ailleurs  le  tuyau  est  d'abord  largement  ouvert  à  sa  jonc- 
tion avec  la  tige,  c.-à-d.  au  point  où  s'insèrent  les  barbes; 
mais  sur  la  plume  complètement  développée  il  ne  reste 
plus  trace  de  cette  ouverture  qu'à  l'origine  du  sillon  infé- 
rieure ou  raphé  de  la  tige,  oii  se  voit  l'ombilic  supé- 
rieur. C'est  un  canal  obKque,  plus  ou  moins  capillaire  et 
qui  s'oblitère  souvent,  mais  qui  permet  toujours  assez  fa- 
cilement l'introduction  d'une  aiguille  fine  ou  d'un  fil  rigide. 
D'après  Sappey,  ce  canal  reste  toujours  perméable  à  l'air. 
V ombilic  infcrieur  est  situé  à  la  partie  opposée  du  tuyau 
insérée  dans  le  derme  :  c'est  par  là  que  pénètre  la  papille 
avec  les  vaisseaux  sanguins  nourriciers  qui  sont  très  dé- 
veloppés pendant  que  la  plume  pousse  :  mais  dès  que  son 
accroissement  est  terminé,  ces  vaisseaux  s'oblitèrent;  la 
papille  se  rétracte  peu  à  peu  en  laissant  de  distance  en 
distance  les  membranes  sécrétées  à  sa  surface  et  qui  se 
sont  successivement  desséchées  (âme  de  la  plume);  l'om- 
bilic inférieur  se  resserre  et  s'oblitère  complètement.  Un 
seul  tuyau  porte  quelquefois  deux  tiges  (Casoar,  Faisan). 
Les  barbes  de  la  tige  et  les  barbules  qui  s'y  insèrent  laté- 
ralement, examinées  à  la  loupe,  se  montrent  munies,  sur 
leurs  faces  en  contact,  de  fins  crochets  cornés  qui  s'entre- 
lacent et  donnent  ainsi  aux  pennes  de  l'aile  la  rigidité  né- 
cessaire au  vol.  Le  duvet  et  les  plumes  décomposées  man- 
quent de  ces  crochets.  Il  existe  des  plumes  dépourvues  de 
barbes  et  semblables  à  des  piquants  et  d'autres,  plus  fines, 
identiques  à  des  soies  ou  à  des  poils  ;  d'autres  sont  cor- 
nées ou  écailleuses,  etc.  Les  plumes  d'ornement  ont  une 
variété  de  formes  presque  infinie. 

Les  plumes  ne  sont  pas  insérées  également  sur  toutes 
les  parties  du  corps.  Elles  sont  disposées  à  intervalles 
réguhers,  suivant  des  lignes  longitudinales,  parallèles  à 
la  colonne  vertébrale  comme  des  arbres  le  long  d'une  allée, 
et  c'est  en  s'imbriqnant  de  haut  en  bas  et  d'avant  en 
arrière  qu'ehes  arrivent  à  recouvrir  le  corps  tout  entier. 
Le  milieu  du  ventre  est  toujours  dépourvu  de  plumes  : 
ce  sont  les  plumes  latérales  qui  le  recouvrent.  Cette  dis- 
position en  lignes  longitudinales  est  facile  à  étudier  sur  un 
oiseau  plumé,  les  folhcules  restant  béants  après  l'arrache- 
ment des  plumes. 

On  connaît  l'extrême  variété  de  couleurs  que  présente  le 
plumage  des  Oiseaux,  au  moins  chez  les  Passereaux,  les 


OISEAU  —  mo 

Grimpeurs  et  les  Pigeons  et  dans  les  régions  intertropi- 
cales. Sous  ce  rapport,  la  plume  est  supérieure  au  poil  des 
Mammifères.  Les  couleurs  vives  et  tianchées,  le  rouge  pur, 
le  jaune,  le  bleu,  le  vert,  le  vioJeî  el  toutes  les  nuances 


Fig.  2.  —  Ptérvluii'rapliie  :  cUsjjfJbitioii  des  pluiuos  sur  la 
peau  d'un  Oiseau  (Martinet,  CypseUis  apus).  Les  lignes 
})ointiHées  indiquent  l'insertion  des  plumes  ;  les  pennes 
de  l'aile  et  de  la  queue  ont  été  eoni)ées  près  de;  leur  in- 
sertion ;  II,  dess(jus  ;  b,  (Jessiis 

intermédiaires,  se  rencontrent  chez  les  Oiseaux  ;  les  Insectes 
et  peut-être  les  Poissons  sont  les  deux  seules  classes  qui 
puissent  leur  être  comparées  pour  la  variété  des  teintes. 
Kn  général,  ce  sont  surtout  les  mâles  (pii  présentent  ces 
coideurs  vives  :  les  femelles  sont  moins  parées,  aussi  bien 
sous  le  rapport  des  couleurs  (|ue  par  le  développement  des 
plumes  d'ornement  (Paon,  Faisan,  Paradisiers);  celles-ci 
caractéi-iseiU  exclusivement  le  sexe  mâle.  Les  llapaces,  les 
Echassiers,  les  Gallinacés  ont  d'ordinaire  d(>s  coideurs 
plus  atténuées  et  qui  rapi)ellent  celles  des  Mammifères. 
D'une  façon  générale,  on  peut  dire  que  les  Oiseaux  qui 
vivent  à  teri-e  ont  des  couleurs  ternes;  ceux  qui  vivent 
sui'  les  arbres  ont  des  couleurs  vives  et  tranchées. 

Les  plumes  à  reflets  métalliques  sont  aussi  très  répan- 
dues chez  les  Oiseaux,  mais  presque  exchisiveinent  chez  les 


h  i,u.  3.  —  Dénominations  prmcipales  du  plumage  d'un  Oiseau 
(Passereau).  I.  rémiges  primaires;  IL  rémiges  secon- 
daires; III.  tectrices  ;  IV,  grandes  couvertures  de  l'aile  ; 
\.  couvertures  moycnnn^s  ;  Vl.  petite^  couvertures  ; 
A  11.  pennes  bâtardes  ou  aileron;  se,  plumes  scapulaircs; 
/,  ]-ectrices  ou  pennes  caudales;  es,  couverturi^s  supé- 
rnnires  de  la  ({ueuc  ;  ci.  cou\ertures  inférieures  de  la 
(jueue, 

mâles.  On  a  longtemps  discuté  sur  la  nature  de  ces  cou- 
leurs changeantes  qui  donnent  tant  d'éclat  aux  Oiseaux- 
Mouches  et  aux  Parathsiers.  On  sait  aujourd'hui  que  cet 
effet  est  dû  à  un  phénomène  d'irisation,  c.-à-d.,  suivant  la 
déiinition  des  physiciens,  à  un  «  effet  d'optique  produit 
par  les  inégalités  de  réilexion  d'un  corps  à  surface  striée  ». 
Examinées  au  microscope,  les  plumes  à  éclat  métalli(|ue 
se  montrent  uniformément  noires  :  mais  Ileusinger  a  re- 
marquéle  premier  que  leurs  barbes  présentent  de  petites 
dépressions  régulières  dont  le  fond  est  poh  et  qui  agissent 
comme  autant  de  miroirs  pour  refléter  la  lumière  ;  l'effet 
est  donc  analogue  à  celui  qui  se  produit  dans  i'arc-en-ciel 
et  dans  les  lames  de  mica  suivant  leur  épaisseur  et  l'inci- 
denc{>  des  rayons  lumineux  (V.  Ixtkrfékivxck). 


Mue.  On  désigne  sous  ce  nom  la  chute  des  plumes  et 
leur  remplacement  par  des  plumes  nouvelles.  Ordinaire- 
ment ce  phénomène  a  lieu  seulement  une  fois  l'an,  après 
la  saisoji  tles  nids,  c.-à-d.  vers  la  fin  de  Tété,  au  moins 
sous  notre  climat  tempéré.  On  croyait  autrefois,  et  l'on  dit 
encore  dans  beaucoup  d'ouvrages  d'ornithologie,  qu'il  y  a 
deux  mues  par  an ,  l'une  au 'printemps,  l'autre  à  l'au- 
to nnie.  En  réalité  la  première  n'existe  pas,  et  les  anciens 
naturalistes  ont  été  trompés  par  une  apparence  :  en  effet, 
ch(^z  les  jeunes  Oiseaux  qui  prennent,  au  printemps,  le  plu- 
mage de  l'adulte,  ce  changement  ne  s'opère  pas  par  l'ap- 
parition de  nouvelles  plumes,  inais  par  le  développement 
et  le  changement  de  couleurs  des  plumes  que  l'Oiseau  pos- 
sède depuis  l'automne  précédent  :  c'est  ce  que  l'on  a  appelé 
métachromathme  (Yerreaux,  vSchlegel).  Chez  les  Oiseaux 
qui  devieniient  blancs  en  hiver  (Lagopède),  on  a  admis 
jusqu'à  trois  ou  quatre  nuu^s  chaque  année;  en  réahté,  il 
n'y  en  a  normalement  qu'une  véritable  qui  a  lieu  au  prin- 
temps lorsque  l'oiseau  perd  son  plumage  d'hiver  pour  re- 
vêtir celui  d'été;  à  l'automne,  les  plumes  de  ce  dernier 
plumage  blanchissfMît  par  lui  phénomène  analogue  à  celui 
qui  fait  blanchir  les  cheveux  chez  l'homme  (Brehm).  La 
mue  ne  se  fait  jamais  d'un  seul  coup,  mais  peu  à  peu,  de 
inanière  que  l'oiseau  ne  soit  jamais  dévêtu  :  les -pennes  de 
l'aile,  en  particuher,  ne  tombent  ordinairement  que  par 
paires  et  successivement,  de  telle  sorte  ([ue  l'Oiseau  con- 
serve toujours  la  faculté  de  voler.  Les  Palmipèdes  lamel- 
lirostces  (Canards),  et  (pielques  autres  Oiseaux,  font  excep- 
tion à  cette  règle  ;  ils  perdent  leurs  pennes  d'un  seul  coup, 
ce  qui  les  force  à  se  cacher  dans  les  roseaux  des  marais, 
car  ils  sont  incapables  de  s'envoler  pendant  tout  le  temps 
que  les  nouvelles  pennes  mettent  à  pousser.  Les  jeunes 
des  deux  sexes,  après  avoir  perdu  leur  premier  duvet,  pren- 
nent une  livrée  particulière  assez  terne  qui  ressemble  or- 
dinairement au  plumage  de  la  femelle  :  ce  n'est  qu'au  bout 
d'un  oii  deux  ans,  quelquefois  de  trois  à  six  ans  chez  les 
gros  Oiseaux,  qu'ils  prennent  le  plumage  de  l'aduhe,  et 
que  le  mâle  acquiert  son  plumage  de   noce,  dans  les 
espèces  où  les  deux  sexes  différent  sous  ce  rapport.  Ce 
])lumage  de  noce  lui-même  n'acquiert  tout  son  dévelop- 
pement et  tout  son  éclat  qu'au  moment  ou  les  deux  sexes 
se  recherchent  pouj' la  reproduction,  c.-à-d.  au  printemps, 
dans  notre  pays.  Mais,  comme  nous  l'avons  ait,  les p lianes 
d'ornement  ne  sont  pas  de  nouvelles  plumes,  mais  des 
phtmes  ordinaires  qui  ont  commencé  à  pousser  l'automne 
précédent,  et  qui  s'allongent  souvent  considérablement,  ou 
changent  de  couleur,  au  moment  où  l'oiseau  est  apte  à  la 
l'eproduction.  Les  vieilles  fenndies  qui  ne  pondent  plus 
])rennent  quelquefois  le  plumage  brillant  du  mâle  (Poule 
faisane).  Chez  le  mâle  en  plumagi^  de  noce,  les  parties  nues 
du  cou  et  du  bec  se  revêtent  aussi  quelquefois  de  couleurs 
vives  et  tranchées  (Toucan,  Calao,  Dindon,  Casoar). 

Squeletle.  Le  s([uelette  des  Oiseaux  ressemble  à  celui 
des  Reptiles  plus  qu'à  celui  des  Mammifères.  Leur  colonne 
vertébrale  se  développe  de  la  même  manièce.  Les  ver- 
tèbres cervicales  des  Oiseaux,  souvent  très  longues  et  très 
mobiles,  s'articulent  par  emboîtement  réciproque  ;  les  apo- 
physes transverses  sont  bifurquées  à  la  base  et  percées 
d'un  trou  ;  les  côtes  qui  s'articulent  avec  elles  sojit  éga- 
lement bifur([uées.  Les  vertèbres  du  tronc  sont  moins  mo- 
biles, souvent  tout  à  fait  soudées  par  les  disques  fibi'o- 
cartihigineux  intercalaires.  Les  vertèbres  sacrées  sont 
toujoui's  soudées  chez  l'adtdte,  et  les  vertèbres  lombaires, 
dorsales  et  caudales  se  soudent  avec  eUes.  Les  apophyses 
transverses  des  deux  premières  vertèbres  sacrées  (ver- 
tèbres primaires  ou  vraies)  doivent  être  considérées  comme 
des  côtes,  de  telle  sorte  que  le  bassin  (comme  chez  les 
Reptiles)  est  porté  par  des  côtes.  Les  vertèbres  caudales 
présentent  un  caractère  ludimentaire  ou  régressif,  les  der- 
nières se  soudant  entre  elles  pour  former  une  lame  ver- 
ticale, souvent  élargie  latéi'alement  (coccyx  ou  pygostyle). 
Chez  ksHatitessnûs,  les  vertcores  restent  distinctes jus- 
(|u'à  l'extrémité  de  la  queue,  qui  est  d'ailleurs  beaucoup 


^^l 


OISEAU 


plus  courte  quo  colle  de  V Archœoptenjx  fossile.  Les 
côtes  sont  foi'iiié.^s,  comme  chez  les  Lacertiliens,  de  deux 
parties,  l'une  vertébrale  osseuse,  l'autre  sternale  cartila- 
gineuse, articulées  de  manière  à  faciliter  la  respiration  ; 
la  portion  vertébrale  est  bifurquée  {apophyses  uncinées) 
de  manière  à  s'imbriquer  sur  la  côte  précédente,  ce  qui 
donne  à  la  cage  thoracique  plus  de  résistance.  Le  nombre 
des  côtes  (jui  se  soudent  au  sternum  varie  de  deux  à 
neuf. 

La  ceinture  scapiilaire  est  conformée  comme  chez  les 
Reptiles  et  les  Monotrèmes  (V.   ce  mot),   c.-à-d.   qu'il 


Vi'j;.  1,  —  C(MiitLu-o  scapulaii'o  ot  cage  ihoracique  d'un 
l'aïK'oii.  /',  colonne  vertébrale  ;  o.  omoplate;  ç,  cora- 
coïde;  /",  loiirclictte  claviculaire  ;  st,  sternum;  co,  cotes 
avec  apopJ)ys(^H  uncinées;  b,  bassin  (sacrum). 

existe  des  os  coracoïdes  distincis,  s'unissant  directement 
au  bord  supérieur  et  latéral  du  sternum.  Celui-ci  prend 
un  très  grand  développement  pour  donner  attache  aux 
imiscles  des  ailes.  C'est  une  large  plaque,  munie  sur  la 
ligne  médiane  d'une  crête  ou  carène  longitudinale  [bré- 
chet], souvent  fenètrée  ou  découpée  en  arrière.  Chez  les 
Hatites  qui  ne  volent  pas,  cette  crête  manque,  et  le  ster- 
]njm  est  en  forme  déboucher  faiblement  bombé  en  avant. 
X.'ejjisternuni  des  Reptiles  manque  ou  est  atrophié,  tan- 
dis qu'il  se  retrouve  chez  les  Monotrèmes. 

Le  crâne  est  construit  sur  le  type  de  celui  des  Rep- 
tiles ( Lacer tihens),   mais  la  boîte  crânienne  est  bombée, 


ctla     fp 


"^9  ap 


C 


fais 


\'\\i.  3.  —  Crâne  d'un  Oiseau  (Canard).  A,  vu  de  prolil  ; 
G,  vu  par  sa  face  sujjérieure  ;  jB,  mâchoire  inférieure  de 
profd  ;  )7A\  prémaxillaire  ;  n,  nasal  ;  le,  lacrymal  ;  aïs,  ali- 
sphénoïde;  fr.  frontal;  ^/,  os  carré;  f/y.  (iuadrato-jugal  ; 
j.  irg'il;  (/,  dentaire;  <(;/,  angnhiire  ;  ar,  articulaire." 

en  rapport  ^w^x  le  développement  du  cerveau,  les  os  sont 
plus  minces,  spongieux,  et  les  sutures  disparaissent  de 
bonne  heure.  Le  londyle  occipital  (unique)  n'est  pas 
situé  en  arrière,  miiis  en  dessous,  v^rs  la  base  du  cnino. 
GRÂNm:  Kxcvcr.opi'ntii:.  —  \\\'. 


Les  orbito-sphénoïdes  et  alisphénoïdes  sont  plus  déve- 
loppés que  chez  les  Reptiles  ;  mais  Vos  carré  reste  mo- 
bile ;  il  ne  se  forme  pas  de  voûte  palatine  ;  les  orifices 
postérieurs  des  fosses  nasales  sont  toujours  situés  entre  le 
vomer  et  le  palatin.  Les  mâchoires  sont  toujours  dépour- 
vues de  dents  chez  les  Oiseaux  actuels,  mais  les  Oiseaux 
secondaires  {Archœopteryx,  Hesperornis)  avaient  des 
dents  bien  développées  comme  celles  des  Reptiles.  Chez 
les  Oiseaux  actuels,  les  mâchoires  sont  revêtues  d'un  étui 
corné  qui  s'étend  sur  les  intermaxillaires  et  qui  remplace 
les  dents.  Chez  les  Palmipèdes  lamelhrostres,  cet  étui  corné 
forme  des  replis  saillants  qui  simulent  de  véi'itables  dents 
et  servent  à  l'Oiseau  pour  retenir  la  proie  qu'il  a  saisie. 
Chez  les  Rapaces  et  les  Passereaux  dentirostres,  la  man- 
dibule supérieure  est  ordinairement  entaillée  sur  le  bord 
en  forme  de  dent. 

Le  membre  antérieur  Qom])renà  :  une  omoplate  souvent 
très  allongée  en  arrière  ;  un  coracoide  volumineux  arti- 
culé à  angle  aigu  avec  l'omoplate  et  dont  l'extrémité  su- 
périeure contribue  à  la  formation  de  la  cavité  glénoide  (le 
procoracoïde  n'est  développé  que  chez  les  Ratites)  ;  une 
clavicule  bien  développée  et  soudée  avec  sa  congénère 
(fourchette),  de  forme  et  de  dimension  variables  suivant  la 
force  de  l'aile,  par  suite  atrophiée  chez  les  Hatites  ;  enfin 
le  membre  lui-même  transformé  en  organe  du  vol,  et  qui 
est  décrit  à  l'art.  Aile  (V.  ce  mot).  La  présence  d'un 
ongle  à  l'aile  est  exceptionnelle  à  l'époque  actuelle,  et  cet 
ongle  n'est  jamais  conformé  en  forme  de  griflè  préhen- 
sile, 

La  ceinture  petvienne  qui  soutient  le  membre  pos- 
térieur comprend  un  pubis  long  et  grêle,  dirigiî  obh- 
quement  en  arrière,  parallèlement  kXiscliion  et  à  lai)artie 
acétabulaire  de  l'os  iliaque  :  au  point  de  rencontre  de  ces 
trois  parties  du  bassin  se  trouve  la  cavité  cotytoïde^  ou- 
verte en  dehors  et  au  fond  de  laquelle  s'insère  la  tête  du 
fémur.  Le  membre  postérieur  est  ordinairement  moins 
développé  que  Tantérieur  (sauf  chez  les  Hatites).  La  tibia 
est  volumineux,  et  le  péroné  rudimentaire  lui  est  plus  ou 
moins  soudé.  La  réduction  du  ta7\se  est  considérable  : 
chez  l'embryon,  il  existe  cinq  métatarsiens  distincts  qui 
se  soudent  chez  l'aduUe  [tarso-métatarse),  tandis  que  les 
deux  pièces  du  tarse  se  soudent  au  tibia,  de  sorte  qu'il 
n'y  a  plus  de  tarsiens  distincts.  Il  n'y  a  jamais  phis  de 
quatre  doigts,  et,  chez  l'Autruche,  ce  nombre  est  réduit 
à  deux. 

Le  système  musculaire  est  surtout  remai-quable  par  le 
développement  excessif  des  muscles  du  bras,  surtout  du 
grand  pectoral  et  des  intercostaux,  c.-à-d.  des  muscles 
utilisés  pour  le  vol  et  la  respiration.  Par  contre,  les  muscles 
de  la  région  ventrale  sont  peu  développés. 

Système  nerveux.  Le  cerveau  des  Oiseaux  est  plus 
volumineux  et  moins  allongé  que  celui  des  Reptiles,  mais 
la  surface  est  dépourvue  de  circonvolutions.  Les  diverses 
parties  de  l'encéphale  ont  déjà  cette  tendance  à  se  recou- 
vrir qui  s'accentue  chez  les  Mammifères.  Le  cerveau  pos- 
térieur reste  seul  à  découvert.  Les  nerfs  optiques  sont 
très  développés,  tandis  que  les  lobes  olfactifs  le  sont  très 
peu. 

l^es  organes  des  sens  présentent  des  particularités  re- 
marquables. V odorat  est  peu  développé.  Il  n'existe  qu'un 
seul  cornet  vrai  dans  la  cavité  olfactive,  les  autres  sail- 
lies (une  dans  la  cavité  nasale,  l'autre  dans  le  vestibule) 
sont  de  faux  cornets  connue  ceux  des  Reptiles.  Le  cornet 
vrai,  cartilagineux,  est  droit  ou  enroulé  en  spirale  :  au- 
dessus  et  en  avant  débouche  le  canal  naso-lacrymal.  La 
glande  nasale  externe  est  située  dans  le  frontal  et  le 
nasal.  Le  vestibule,  profondément  situé,  est  tapissé  d'u?i 
épithéhum  pavimenteux. 

L'a'//  est  très  déveIoi»i)é  :  il  est  allongé,  surtout  chez 
les  Rapaces  nocturnes  et  divibé  en  portion  antérieure  plus 
grande,  portion  postérieuie  petite.  La  comte,  fortement 
bombée,  recouvre  la  chambre  antérieure  et  le  muscle  ci- 
liaire  (ou  de  (yampton),  strié  et  compliqué.   Dmb  hi 

^21 


OISEAU 

chambi^  postérieure,  il  existe  un  peigne  très  développé, 
entre  le  nerf  optique  et  la  capsule  du  cristallin,  mais  attei- 
gnant rarement  celle-ci.  Cet  organe  est  bien  l'homologue 
du  ligament  falciforme  des  Poissons,  mais,  chez  les  Oi- 
seaux, il  n'a  plus  d'utilité  pour  l'accommodation.  C'est  un 
repli  de  la  choroïde,  plissé  et  formé  d'anses  capillaires 
enchevêtrées,  servant  probablement  à  la  nutrition  du  noyau 
de  l'œil  et  de  la  rétine  (privée  de  vaisseaux)  La  scléro- 
tique présente  un  cercle  de  lamelles  osseuses,  comme  chez 
les  Reptiles,  et  ces  lamelles  osseuses  se  retrouvent  quel- 
quefois, formant  un  cercle  ou  un  fer  à  cheval,  autour  du 
nerf  optique. 

Outre  les  paupières,  qui  ont  des  mouvements  très  limi- 
tés, il  existe  chez  les  Ohamwm^i  membrane  nirtitante, 
située  dans  l'angle  interne  de  l'œil,  sous  les  paupières  pro- 
prement dites,  et  pouvant  recouvrir  toute  la  face  anté- 
rieure de  l'œil  (troisième  paupière)  ;  cette  membrane  est 
mue  par  des  muscles  spéciaux  {carré  et  pyramidal).  La 
glande  lacrymale  est  située  derrière  la  paupière  inférieure, 
et  les  points  lacrymaux  ont  la  forme  d'une  fente. 

V oreille  interne  présente  un  limaçon  bien  développé. 
Les  canaux  demi-circulaires  ont  une  courbure  excessi- 
vement prononcée  ;  l'antérieur  et  le  postérieur  viennent 
déboucher,  en  sens  inverse,  dans  le  sinus  supérieur  de 
l'utricule  (ou  renflement  central).  Ces  particularités  sont 
en  rapport  avec  le  développement  de  l'organe  vocal  et  du 
sens  de  la  direction  qui  paraît  avoir  son  siège  dans  les 
canaux  demi-circulaires. 

Le  goût  est  peu  développé,  car  la  langue  n'est  qu'un 
instrument  de  préhension  et  de  tact  présentant  les  formes 
les  plus  variées,  souvent  entièrement  sèche,  et  les  Oiseaux 
avalent,  presque  toujours,  sans  goûter  et  sans  mâcher.  11 
en  est  de  même  du  lact,  bien  que  cerlains  Oiseaux  (Kchas- 
siers ,  Palmipèdes)  aient  l'extrémité  du  bec  et  la  plante 
du  pied  garnis  de  papilles  tactiles  qui  leur  servent  dans  la 
recherche  des  vers  et  autres  animaux  dont  ils  se  nour- 
rissent. 

Organes  digestifs.  Par  suite  de  l'absence  de  dents,  le 
canal  digestif  est  plus  compliqué  que  chez  les  Reptiles.  A 
la  suite  de  l'œsophage,  dilaté  en  forme  de  jabot  pour  em- 
magasiner les  aliments,  et  qui,  dans  certains  cas,  exerce 
déjà  sur  eux  une  action  chimique  (jabot  vrai),  on  trouve 
l'estomac  divisé  en  deux  parties  :  l'antérieure  [ventricule 
siiecenturié  ou  estomac  glandulaire),  très  riche  en 
glandes  digestives,  et  la  postérieure  {gésier  ou  estomac 
musculeux),  tapissée  d'une  couche  corWe  sécrétée  par 
les  glands  de  sa  paroi,  munie  de  muscles  épais  et  de  deux 
disques  tendineux  propres  à  broyer  les  aliments  ;  ces  deux 
derniers  organes  sont  moins  développés  chez  les  Rapaces 
et  les  Insectivores  que  chez  les  Granivores.  V intestin 
grêle  ou  moyen,  qui  fait  suite  au  gésier,  est  un  conduit 
cylindrique  d'une  longueur  variable,  suivant  le  régime. 
Vers  le  milieu  de  sa  longueur,  on  remarque  un  petit  cul- 
de-sac,  reste  de  l'organe  embryonnaire  appelé  conduit 
vitello-intestinal.  Le  gros  intestin  présente  en  général 
deux  crecums,  très  allongés  chez  les  Lameliirostres,  les 
Gallinacés  et  les  Ratites,  très  variables  dans  les  autres 
groupes,  mais  jouant  un  rôle  important  dans  la  digestion. 
Chez  V Autruche,  un  repli  spiral  augmente  encore  la  sur- 
face de  l'organe.  Dans  toute  sa  longueur,  l'intestin  est 
richement  pourvu  de  glandes.  Il  débouche  entin  dans  le 
cloaque,  cavité  terminale  qui  lui  est  commune  avec  les 
conduits  génito-urinaires  chez  tous  les  Oiseaux.  Les  glandes 
annexes  du  tube  digestif  (foie,  pancréas)  ne  présentent 
rien  de  remarquable. 

Organes  respiratoires .  Chez  les  Oiseaux,  il  existe  un 
tarijux  supérieur  et  un  largnx  inférieur  :  le  premier 
est  l'homologue  de  celui  des  Mammifères,  mais  il  est  ru- 
dimentaire  et  incapable  de  produire  des  sons.  Le  largnx 
inférieur  (ou  sgrinx),  au  contraire,  est  l'organe  di}  la 
voix  chez  tous  les  Oiseaux  ;  il  est  situé  au  point  de  jonc- 
tion de  la  trachée  avccles  bronches.  L'extrémité  inférieure  | 
de  la  trachée  est  quelquefois  dilatée   en   forme  de  bulle    ' 


322  — 


osseuse  {tambour)  constituant  un  appareil  résonnateur 
(Canard  mâle).  La  longueur  de  la  trachée  elle-même  est 
très  variable  :  chez  le  Cggne  et  la  Grue,  elle  forme  une 
anse  contournée  derrière  le  bi'échet,  allant  se  loger  jusque 


is 


'H 


iv^ 


É 
fe 


ViiX.Q  ~-A-C,  Larynx  iiiicricTircIcsOiscRix;  A  ,  P<nT()(iUot; 
B,  Rossignol;  C,  Canard  (avec  tambour);  D-F.  lani^uo.s 
d'Oiseaux  ;  D,  Flamand  ;  E,  Toucan  ;  F,  Podarge. 

dans  la  crête  dn  sternum  ;  chez  le  Phonygama  Kerau- 
drenii,  de  l'ordre  des  Passereaux,  la  trachée  forme  plu- 
sieurs anses  spirales  logées  entre  la  peau  et  les  muscles 
thoraciques.  Chez  les  Oiseaux  à  cri  rauque  et  métallique, 
les  anneaux  de  la  trachée  sont  ossiliés  et  soudés  entre  eux  ; 
chez  les  Oiseaux  chanteurs,  ils  restent  minces  et  ilexibles. 
Organe  du  chant.  Le  sijrinx  ou  larynx  inférieur  est 
essentiellement  formé  par  une  membrane  tendue  à  la  partie 
inférieure  de  la  trachée  et  formant  au  niveau  de  la  bifur- 
cation des  bronches  une  valvule  circulaire  faisant  saillie 
dans  l'intérieur  de  la  trachée.  Cette  membrane,  tympani- 
forme,  unique  ou  double  (suivant  qu'elle  est  au-dessus  ou 
au-dessous  de  la  bifurcation),  est  l'organe  vibratoire  qui 
produit  les  sons,   sous  l'influence   de  la  colonne   d'air 
chassée  par  le  jeu  des  poumons  et  de  la  tension  produite 
par  de  petits  muscles,  en  nombre  très  variable  suivant  les 
espèces  et  très  compliqués  chez  les  Oiseaux  chanteurs 
(Rossignol),  qui  ont  jusqu'à  cinq  paires  de  ces  muscles. 
Les  Perroquets  n'en  ont  que  trois  et  les  Rapaces  une  seule 
paire.  Les  tambours,   quand  ils  existent,  et  la  trachée 
plus  ou  moins  longue,  plus  ou  moins  flexible,  contribuent 
aussi  à  varier  le  son  de  la  voix  ou  à  lui  donner  une  plus 
grande  portée.  On  sait  d'ailleurs  que  l'éducation  fait  beau- 
coup sous  ce   rapport,  puisque  l'on  peut  apprendre  à 
chanter  à  des  Oiseaux  dont  la  voix  ordinaire  est  peu  har- 
monieuse, et  qui  ont,  par  conséquent,  un  syrinx  moins 
parfait  que  les   autres.  Même   à  l'état  sauvage,  certains 
Oiseaux  imitent  le  chant  des  autres  Oiseaux  (Moqueur) . 
Poumons  et  sacs  aériens.  La  bronche  principale  de 
(;liaque  poumon  s'étend  jusqu'à  l'extrémité  postérieure  de 
l'organe  qui  n'a  qu'un  seul  lobe  ;  dès  son  origine,  elle 
donne  une  bronche  latérale  et,  un  peu  plus  loin,  six  autres 
bronches  divergentes,  puis  un  grand  nombre  de  bronches 
collatérales  qui  se  subdivisent  et  s'anastomosent  entre  elles 
(parabronches  d'Huxley),  puis,  par  un  système  de  canaux 
réticulés,  sont  en  contact  direct  avec  le  parenchyme  du 
])Oumon.  Les  capillaires  sanguins  y  sont  presque  à  nu  et 
baignés  de  tout  côté  par  l'air,  de  telle  sorte  que  la  masse 
du  poumon  est  peu  considérable  relativement  à  retendue 
de  la  surface  respiratoire. 

Les  poumons  sont  tixés  à  la  partie  supérieure  ou  pos- 
térieure du  thorax,  mais  par  leur  face  inférieure  ou  anté- 


:;^3 


OISEAU 


rieuro,  qui  est  concave  et  libre,  ils  sont  en  rapport  avec 
les  sacs  acriens  qui  communiquent  avec  eux  par  de  nom- 
breuses ouvertures  qui  en  font  de  véritables  divertlculums 
du  poumon.  Ces  sacs,  qui  tapissent  les  parois  et  toutes 
les  cavités  du  tronc,  enveloppent  tous  les  viscères  d'une 
couche  d'air,  de  telle  sorte  que  Carus  a  pu  dire  que  toutes 
les  parties  internes  du  corps  do  l'oiseau  sont  contenues 
dans  les  poumons  et  les  sacs  qui  en  dépendent.  Les  ou- 
vertures des  sacs  dans  le  poumon  sont  à  la  face  interne 
et  inférieure  de  cet  organe,  au  nombre  de  5  à  9,  de  chaque 
côté,  les  sacs  étant  disposés  symétriquement  par  paires 
(sauf  pour  le  supra-coracoïdien  ou  interclaviculaire, 
qui  est  impair)  ;  les  sacs  cervicaux,  diaphragmatiques  an- 
térieur et  postérieur,  abdominaux,  etc.,  sont  pairs.  Ils 

T 


Fig.  7.  —  Poumons  et  sacs  acriens  d'un  Canard  (la  paroi 
ventrale  du  corps  a  été  enlevée  ;  les  poumons  et  les  sacs 
aériens  sont  ombrés  ;  les  autres  viscères  sont  figurés  au 
trait).  Pe,  musclepcctoral;s.ce.,  sacs  cervicaux ;s.p,  sacs 
pectoraux;  es,  les  deux  moitiés  du  sac  sus-coracoïdien 
impair  ;  s.d.,  sacs  diaphragmatiques  antérieurs  ;  sd\  sacs 
diaphragmatiques  postérieurs  ;  s. a.,  sacs  abdominaux  ; 
po,  poumons  ;  T,  trachée  ;  S,  muscle  sous-clavier  ;  Z),  dia- 
phragme thoraco-abdominal  ;  C,  cœur  dans  le  péricarde  ; 
F,  lobes  du  foie  ;  E,  estomac  ;  /,  intestin. 

s'étendent  non  seulement  dans  le  tronc  et  le  cou,  mais 
aussi  entre  les  muscles,  dans  les  os  creux,  sous  la  peau 
et  jusqu'à  l'ombilic  inférieur  des  grosses  plumes  de  Faile  : 
sur  les  os,  les  orifices  aériens  sont  toujours  situés  à  leur 
face  concave  ;  un  système  particulier  de  cavités  aériennes 
s'étend  de  la  cavité  naso-pharyngienne  ou  de  la  caisse  du 
tympan  dans  les  os  du  crâne.  Toutes  ces  cavités  (sauf 
celles  de  la  tête)  communiquent  en^re  elles  et  avec  le  pou- 
mon, de  telle  sorte  que,  si  on  lie  la  trachée  artère  et  que 
Ton  pousse  de  l'air  par  un  trou  pratiqué  artificiellement 
au  fémur  ou  à  l'humérus,  on  peut  insuffler  le  corps  tout 
entier,  tandis  que  la  piqûre  accidentelle  d'un  des  sacs 
amène  le  dégonflement  rapide  de  tout  l'appareil  ;  sur 
l'Oiseau  vivant,  cet  accident,  qui  permet  à  l'air  chaud  de 
s'échapper,  suffit  pour  ôter  à  l'Oiseau  la  faculté  de  voler. 
Les  sacs  aériens  servent  surtout  à  assurer,  par  la  varia- 
tion de  leur  volume,  la  ventilation  des  bronches,  sans  que 
le  parenchyme  même  du  poumon  subisse  des  déplacemenis 


étendus  qui  nuiraient  à  l'hématose.  En  outre,  par  la  péné- 
tration de  l'air  dans  les  os  et  les  muscles  de  l'aile,  il  y  a 
diminution  du  poids  propre  de  ce  membre,  bien  que  la 
pneumaticité  des  os  ne  soit  pas  du  Jout  indispensable  au 
vol,  comme  le  montrent  les  Chauves-Souris  et  certains 
Oiseaux  bons  voiliers  dont  les  os  contiennent  cependant 
peu  d'air  (Mouettes).  Enfin,  la  vaste  surface  interne  de  ces 
sacs  sert  aussi  à  la  transpireation,  suppléant  ainsi  la  peau 
qui,  chez  les  Oiseaux  couverts  d'un  épais  plumage,  reste 
toujours  sèche.  Il  est  intéressant  de  noter  que  les  Ratites 
(Autruches),  inc^apables  de  voler,  ont  conservé  des  os  très 
pneumatiques  ;  par  contre,  les  Dinornis  avaient  des  os 
beaucoup  plus  compacts,  et  ceux  de  VArchœopteryx  secon- 
daire ne  renfermaient  pas  d'air. 

Système  circulatoire  sanguin.  Le  cœur  des  Oiseaux 
est  à  quatre  cavités  comme  celui  des  Mammifères  :  la  cir- 
culation est  double  et  complète,  et  nulle  part  il  n'y  a  mé- 
lange du  sang  artériel  et  du  sang  veineux.  Les  ventricules 
surtout  sont  très  musculeux.  C'est  l'arc  artériel  droit  qui 
devient  la  crosse  de  l'aorte  (et  non  le  gauche,  comme  chez 
les  Mammifères),  mais  il  n'y  a  qu'une  seule  crosse  aor- 
tique  dont  les  subdivisions  envoient  le  sang  artériel  à  tout 
le  corps.  Il  existe  dans  la  peau  de  la  région  ventrale  un 
plexus  incubateur  correspondant  extérieurement  à  des 
régions  privées  de  plume  et  que  l'Oiseau  élargit  encore  en 
s'arrachant  le  duvet  (Eider)  à  l'époque  de  l'incubation. 
Ordinairement  ce  plexus  est  surtout  développé  chez  les 
femelles,  mais  chez  les  Phalaropes  et  les  Rhynchées,  on 
les  mâles  se  chargent  presque  exclusivement  de  l'incuba- 
tion, on  le  trouve  très  développé  chez  ceux-ci.  On  sait 
que  la  température  du  milieu  intérieur  atteint,  chez  les 
Oiseaux,  40*^  à  42^  (tandis  que  chi^z  les  Mammifères  cette 
température  est  de  27^  à  87*^)  ;  cette  élévation  est  en  rap- 
port avec  l'activité  plus  grande  des  fonctions  respiratoires 
et  circulatoires. 

Organes  génitaux  et  urinaires.  Les  reins,  situés  dans 
la  région  pelvienne,  sont  volumineux,  moulés,  en  quelque 
sorte,  dans  la  cavité  du  bassin,  dont  leur  face  dorsale 
présente  en  creux  le  relief  ;  la  face  ventrale  aplatie  est  lobée, 
parcourue  par  des  veines  superficielles,  et  leur  extrémité 
postérieure  se  fusionne  souvent  sur  la  ligne  médiane.  I^es 
uretères  sont  plus  ou  moins  allongés,  et  comme  il  n'y  a 
pas  de  vessie,  ils  débouchent  directement  dans  le  cloacfue, 
d'où  l'urine  est  expulsée  mêlée  aux  matières  fécales.  Les 
testicules  sont  situés  sous  les  reins  et  le  canal  déférent 
s'accole  à  l'uretère  pour  déboucher  dans  le  cloaque  par  un 
orifice  distinct.  Le  testicule  gauche  est  souvent  plus  déve- 
loppé que  le  droit.  L'organe  d'accouplement  n'est  bien  dé- 
veloppé que  chez  les  Katites  et  les  grands  Palmipèdes  ;  il 
est  formé  d'un  tube  reployé  ordinairement  sur  le  côté  gauche 
du  cloaque  et  qui  peut  se  développer  au  dehors,  soutenu 
par  deux  corps  fibreux  ;  il  est  ramené  dans  le  cloaque  par 
un  ligament  élastique.  Chez  la  plupart  des  Oiseaux,  le  rap- 
prochement sexuel  ne  dure  que  quelques  instants.  \j  ovaire 
est  asymétrique,  le  gauche  fonctionnant  seul,  ce  qui  lui 
permet  de  produire  un  très  gros  œuf,  pendant  que  le  droit 
s'atrophie.  Uoviclucte  a  des  parois  musculeuses  et  qui 
renferment  des  glandes  destinées  à  sécréter  l'albumiiK»  et 
la  coque  de  l'œuf;  il  décrit,  à  l'époque  de  la  reproduction, 
de  nombreuses  circonvolutions  avant  d'aboutir  au  cloaque. 

Vœuf  des  Oiseaux  est  gros,  riche  en  uitellus  destiné  à 
nourrir  l'embryon  pendîint  la  période  incubatoire  (V.  Al- 
LANTOïDE  et  (Euf).  Il  u'cst  d'abord  formé  que  du  jaune 
(vitellus)  renfermé  dans  la  membrane  chalazifère,  et  c'est 
sous  cette  forme  qu'il  se  détache  de  l'ovaire  et  commence 
à  cheminer  lentement  dans  l'oviducte  congestionné.  La  sé- 
crétion de  cet  organe  forme  d'abord  l'albumine  qui  s'ac- 
cumule par  couches  successives  et,  par  suite  de  la  com- 
pression du  canal,  donne  à  l'œuf  sa  forme  allongée,  elliptique  ; 
bientôt  se  forme  la  membrane  opaque  ou  commune,  qui  se 
fait  en  deux  temps,  car  cette  membrane  a  deux  feuillets, 
l-jîfin,  continuant  à  cheminer,  fœuf  arrive  dans  la  partie 
inférieure  de  l'oviducte,  dilatée  et  moins  riche  en  fibres 


OISEAU 


3^4  — 


musciileuses.  Il  y  séjourne  dix  à  vingt  heures,  suivant  les 
espèces  :  là,  un  liquide  blanc,  laiteux,  sécrété  par  des 
glandes  spéciales  riches  en  carbonate  de  chaux,  se  dépose 
autour  de  la  membrane  sous  forme  de  petits  cristaux  ([ui 
se  soudent  et  constituent  la  coquille.  Bientôt  il  est  expulsé 
sans  s'arrêter  dans  le  cloaque. 

L'apparence  de  la  coquille  est  très  variable  et,  comme 
la  forme,  caractéristi(|ue  des  familles,  des  genres  et  des 
espèces  ;  cette  coquille  est  toujours  poreuse  et  perméable 
aux  gaz.  La  surface  extérieure  est  plus  ou  moins  lisse  ou 
rugueuse  ;  l'interne  présente  des  sillons  qui  assurent  l'adhé- 
rence avec  le  feuillet  externe  de  la  membrane  commune. 
La  foi  me  est  presque  sphérique  (Kapaces  nocturnes),  ova- 
laire,  cylindrique,  ovée,  ovoiconique  ou  elliptique  (0.  des 
Murs),  suivant  les  groupes.  La  coloration  est  (excessivement 
variable,  et  fait  d'une  collection  d'œufs  d'Oiseaux  un  des 
spectacles  les  plus  attrayants  que  l'on  puisse  rêver.  Toutes 
les  teintes  de  la  palette  des  peintres  s'y  trouvent  repré- 
sentées. Si  le  blanc  prédomine,  le  vert,  le  bleu,  le  rose,  le 
lilas,  l'orangé  ne  sont  pas  rares  ;  d'autres  œufs  (notamment 
ceux  des  Echassiers)  sont  tachetés  ou  marbrés  d'une  cou- 
leur plus  foncée  que  la  teinte  fondamentale,  et  la  disposi- 
tion des  taches  est  toujours  agréable  à  l'œil.  En  parlant  de 
chaque  genre  nous  avons  eu  soin  d'indiquer  ces  particula- 
rités qui,  pour  un  naturaliste  exercé,  permettent  de  nommer 
l'oiseau  sur  la  seule  inspection  de  ses  œufs. 

Mœurs  des  Oiseaux.  —  Les  mœurs  des  Oiseaux  indi- 
(juont  sinon  de  rinlelligence,  tout  au  moins  un  instinct  très 
iléveloppé.  ('et  instinct  se  montre  surtout  au  moment  de 
la  reproduction  :  les  deux  sexes  se  recherchent  et  les  maies, 
j'evétus  de  leur  plumage  de  noce,  déploient  devant  les  fo- 
mclles  toute  la  gi'àce  de  leurs  mouvements  en  étalant  ce 
{)lumage  de  manière  à  lui  donner  plus  d'éclat  ;  ils  se  pa- 
vanent ou  fo)it  la  roue;  et  ceux  qui  possèdejitun  chant 
harmonieux  ne  cessent  de  le  faire  entendre,  de  majiière  à 
séduire  les  femelles  à  la  fois  par  l'oreille  et  par  la  vue. 
L'union  accomplie,  tous  deux  concourent  à  la  construction 
du  nid  (V.  ce  mot).  Il  n'y  a  d'exception  que  chez  les  Gal- 
linacés polygÀUies.  Chez  les  Ratites,  également  polygames, 
c'est  le  mâle  seul  qui  s'occupe  de  l'incubation  ;  mais  chez 
la  plupart  des  Passereaux  monogames  le  mâle  et  la  femelle 
se  suppléent  dans  ce  soin  important.  (Quelquefois  le  rôle 
du  mâle  se  borne  à  apporter  la  nourriture  à  la  femelle  (pii 
ne  s'éloigne  pas  de  ses  œufs.  Les  petits  une  fois  éclos,  l'in- 
telligence et  la  tendresse  des  parents  se  montrent  encore 
dans  les  mille  ruses  qu'ils  e?nploient  pour  éloigner  du  nid, 
ou  des  petits  encore  sans  défense,  l'ennemi  qui  pourrait 
les  détruire. 

Migrations.  Mais  c'est  surtout  dans  les  migrations  an- 
nuelles que  les  Oiseaux  déploient  toute  la  finesse  de  leur 
instinct.  On  sait  que  ces  migrations  sont  nécessitées,  sur- 
tout chez  les  espèces  insectivores,  par  le  besoin  d'aller 
chercher  au  loin  la  nourriture  qui  leur  fait  défaut  dans  le 
pays  où  ils  sont  nés.  Ces  migrations  se  font  toujours  dans 
le  sens  parallèle  au  méridien.  Presque  toutes  les  espèces 
insectivores  qui  nichent  en  Europe  ou  dans  le  N.  de  l'Asie 
et  de  l'Amérique,  quittent  ces  régions  à  l'approche  de 
l'hiver  et  se  dirigent  vers  les  régions  chaudes  ou  inter- 
tropicales qui  ont  leur  saison  humide,  [favorable  aux  in- 
sectes, pendant  notre  hiver.  Les  Oiseaux  d'Europe  vont 
en  Afrique,  ceux  de  l'Asie  centrale  dans  l'Inde  et  la  Ma- 
laisie,  ceux  de  l'Amérique  du  Nerd  dans  les  Antilles  et 
l'Amérique  méridionale.  On  peut  citer  comme  exemple  nos 
Hirondelles  dont  les  migrations  s'étendent  jusque  dans  le 
centre  ou  le  S.  de  l'Afrique  (pays  d'Angola).  Des  migra- 
tions du  même  genre,  mais  dans  le  sens  invei'se,  ont  lieu 
dans  l'hémisphère  sud,  mais  ont  été  moins  observées;  on 
sait  cependant  que  certains  Oiseaux  d'Australie  émigrenl 
chaque  année  jusqu'à  la  Nouvelle-Zélande.  Ces  voyages  se 
font  toujours  la  nuit  et  par  étapes  successives  ou  graduées, 
les  Oiseaux  voyageant  par  grandes  bandes  qui  prennent 
soin  de  ménageries  jeunes  qui  se  fatiguent  plus  vite.  Mais 
loi'squp  la  zone  à  traverser  n'offre  pas  de  nourriture  suf- 


fisante ou  est  coupée  par  un  large  bras  de  mer,  la  tra- 
versée se  fait  avec  une  rapidité  extrême  et  d'une  seule 
étape  ;  c'est  ainsi  que  la  plupart  de  nos  espèces  migra- 
trices traversent  la  Méditerranée  en  une  seule  nuit.  La 
rapidité  du  vol  de  certaines  espèces  (Hirondelles,  Pigeons) 
n'est  du  reste  compai'able  qu'à  celle  des  chemhis  de  fer  et 
des  grands  paquebots,  et  la  surpasse  même  chez  les  espèces 
les  mieux  douées.  Au  printemps  et  presque  à  jour  fixe,  la 
plupart  des  espèces  reviennent  nicher  au  lieu  même  de 
leur  naissance,  ce  qui  indique  un  sens  de  la  direction 
très  développé  ;  d'après  les  expériences  des  physiologistes, 
ce  sens  particulier,  si  évident  chez  le  Pigeon  voyageur, 
aurait  son  siège  dans  les  canaux  demi-circulaires  de  l'oreille 
interne  (V.  plus  haut). 

DisTHUsuTiON  GÉoGUAPHiQui:.  —  La  répartition  géogra- 
phique des  Oiseaux  est  beaucoup  plus  étendue  que  celle 
des  Mammifères,  car  les  Oiseaux  sont  encore  nombreux 
et  variés  là  ou  les  Mammifères  sont  rares  ou  font  com- 
plètement défaut,  conmie  dans  les  archipels  de  la  Polynésie. 
Ils  le  doivent  évidemment  à  leur»  ades  qui  leur  permettent 
de  franchir  de  larges  bras  de  mer,  et  nous  avons  vu  que 
les  Chiroptères  sont  dans  le  même  cas  et  pour  la  même 
raison  (V.  Chauve-Souris).  Sous  ce  rapport,  d'ailleurs,  il 
existe  de  grandes  différences  d'un  ordre  et  d'une  famille  à 
l'autre  :  les  Rapaces,  les  Pigeons,  les  Echassiers  et  les 
Palmipèdes  renferment  des  types  d'une  vaste  extension 
géographi(pie,  (pielquefois  cosmopolites,  tandis  que  les 
Callinacés  et  la  grande  majorité  des  Passereaux  ont  un«^ 
(^xloiision  plus  limitée;  parmi  ces  dei'niers,  les  Hirundi- 
iiidœ  QX\Qs(Ajpselida' Umt  exception  par  leurs  migrations 
lointaines  et  leur  vaste  dispersion.  Tandis  que  chez  les 
xMammifères  on  trouve  un  contraste  marqué  entre  VArc- 
togée  et  la  Nologée  (hémisphères  Nord  et  Sud),  ici  le  con- 
traste est  plus  marqué  entre  la  Paléogée  (ancien  conti- 
nent et  la  Néogée  (nouveau  continent).  Les  Ratites, 
cependant,  sont  tous  propres  à  la  Notogée.  Mais  les  fa- 
milles suivantes  sont  toutes  propres  à  l'ancien  continent  : 
Platgcercidœ,  Bucerotida^,  Nectarinidœ,  Muscicapidœ, 
Oriolidœ,,  Parasidœidœ,  Ploceidœ,  Si/lviidœ,  TUnalii- 
dœ,  tandis  que  les  familles  suivantes  les  remplacent  en 
Amérique  :  Comiridœ,  Haniphastidœ,  Trochilidce,  Ty- 
rannidœ,  Icteridœ,  Tanagridœ,  Sylvicolidœ,  Formi- 
caridœ. 

On  doit  considérer  connue  la  patrie  d'une  espèce  la  ré- 
gion du  globe  où  elle  se  reproduit,  ([uelle  que  soit  l'éten- 
due de  ses  migrations.  On  dit  que  l'espèce  Qsi  sédentaire 
lorsqu'elle  passe  toute  l'année  dans  le  même  pays  et 
n'émigre  pas.  L'espèce  est  de  passage  régulier  lorsque 
dans  ses  migrations  annuelles  elle  visite  régulièrement  un 
pays  au  printemps  et  à  l'automne  ;  elle  est  de  passage 
accidentel  lorsque  ces  visites  n'ont  heu  qu'à  long  inter- 
valle, sous  l'influence  des  perturbations  atmosphériques, 
et  d'ordinaire  en  petit  nombre.  Très  peu  d'espèces  sont 
communes  aux  deux  continents,  et  la  phipart  de  celles-ci 
sont  sub-cosmopolites. 

On  peut,  d'après  Reichenow,  diviser  les  régions  orni- 
thologiques  du  globe  en  6  zones  qui  se  subdivisent  en  ré- 
gions de  la  manière  suivante  :  i*'  Zone  arctique  (une 
seule  région  circumpolaire)  ;  2*^  zotie  occidentale  ou 
américaine,  comprenant  une  région  tempérée  et  une  ré- 
gion sud-américaine  ;  3<»  xone  orientale,  comprenant 
l'Eurasie,  laMalaisie,  l'Afrique  Qtsnhdiyisée  en  tempérée, 
éthiopienne  et  malaise  (celle-ci  comprenant  l'inde)  ; 
4°  zone  australe,  comprenant  une  région  australienne 
(avec  la  Nouvelle-(iuinée  et  la  Polynésie)  et  une  région 
néo-zélandaise  ;  5*^  zo}ie  malgache,  comprenant  Mada- 
gascar, les  (^omores  et  les  Seychelles  ;  ^^  zone  antarc- 
lique,  avec  u/ie  région  circumpohùre.  (Chacune  de  ces  ré- 
gions est  caractérisée  [Ktr  un  petit  nombre  de  familles  qui 
lui  sont  propres.  On  peut,  en  outre,  distinguer  des  sous- 
regions  qui  sont  quelquefois  assez  restreintes  :  c'est  ainsi 
que  l'archipel  des  Galiapagos,  celui  des  îles  Hawai  et 
d'iiutros  encore  possèdeul  des  genres  (^t  des  espèces  qui 


ni-y  - 


OISEAU 


Jour  sont  propres  cl  iroat  d'analogues  nulle  pari  ailleuj's. 
T'iiUTÉ  DES  Ojsealx  iMUR  i/ho.w\ie.  —  Oiitrc  les  espèces 
domestiques  dont  on  a  fait  l'histoire  dans  des  articles  spé- 
ciaux (V,  Coq,  Dindon,  Canard,  Oie,  etc.),  et  qui  sont 
surtout  alimentaires,  un  grand  nombre  d'espèces  sauvages 
sont  également  recherchées  pour  leur  chaii*  comme  gibiers 
(V.  Faisan,  Perdrix,  etc.),  ou  pour  leurs  plumes (V.  E\- 
DEH,  Grèbe),  dont  on  fait  des  oreillers,  desédredons,  des 
fourrures,  ou  qui  servent  à  orner  la  coiffure  des  danies  et 
des  (costumes  militaires  (V.  Autriche,  Aigrette).  Mais  les 
Oiseaux  insectivores  sont  surtout  uliles  à Fagriculture  par 
la  destruction  énorme  d'insectes  qu'ils  font  pour  leur 
nourriture.  A  ce  point  de  vue,  on  peut  dire  que  la  grande 
majorité  des  Oiseaux  de  notre  pays  sont  utiles,  attendu 
que,  sur  500  espèces  environ  signalées  en  Europe,  il  y  en 
a  à  peine  25  qui  soient  réellement  nuisibles  (ce  sont  les 
grands  Rapaces  et  quelques  Passereaux  de  forte  taille). 
Tous  les  petits  Passereaux  sont  utiles,  même  les  espèces 
granivores,  attendu  que  chez  ces  derniers  les  jeunes  sont 
nourris  d'insectes  jusqu'au  moment  où  ils  quittent  le  nid. 
On  ne  saurait  donc  trop  se  préoccuper  de  protéger  les 
petits  Passereaux  et  leurs  nids  qui  deviennent  chaque  an- 
née plus  rares  en  France.  Pour  cela  il  faudrait,  avant 
tout,  interdire  la  chasse  des  Oiseaux  dits  de  passage  qui 
se  fait  sur  une  grande  échelle  dans  le  Midi  de  la  France. 
Ces  Oiseaux,  prétendus  de  passage,  sont  en  grande  partie 
des  Insectivores  migrateurs  qui  reviennent  nicher  dans 
notre  pays  et  que  l'on  détruit  ainsi,  dès  leur  arrivée,  au 
grand  détriment  de  l'agriculture. 

Classification.  —  G.  Cuvier  (1817)  avait  divisé  les 
Oiseaux  en  six  ordres  :  Accipitres  (ou  Oiseaux  de  proie), 
Passereaux,  Grimpeurs,  Gallinacés,  Echassiers  et  Pal- 
mipèdes. Cette  classification,  longtemps  restée  classique, 
est  encore  adoptée  par  beaucoup  d'ornithologistes,  mais  la 
plupart  admettent  en  outre,  d'après  Blainville  (1815),  les 
trois  ordres  des  Préhenseurs  (Perroquets),  Pigeons  et 
Coureurs  (Autruches),  ce  qui  porte  le  nombre  des  ordres 
à  neuf.  Beaucoup  d'autres  classifications  ont  été  proposées  ; 
celle  deTemminck  (18*20)  a  joui  d'un  certain  succès  jusque 
vers  18i0.  Elle  comprend  seize  ordres  qui  sont  plutôt  des 
familles  naturelles  :  Rapaces,  Omnivores,  Insectivores, 
Granivores,  Zygodactyles,  Anisodactyles,  Alcyons,  Chéli- 
dons,  Pigeons,  Gallinacés,  Alectorides,  Coureurs,  Gralles, 
Pinnatipèdes,  Palmipèdes,  Inertes.  Is.  Geoffroy  Saint-Hi- 
laire,  dans  son  Cours  du  Muséum  (et  dans  VUistoire 
naturelle  de  Le  Maout,  1855),  admettait  3  divisions  et 
8  ordres  :  1.  Division  des  Alipennes  (Rapaces,  Passe- 
reaux, Gallinacés,  Echassiers,  Palmipèdes)  ;  !2.  Division 
des  Uudipen/nes  (Coureurs  et  Inertes  [Dronte]);  3.  Divi- 
sion des  Impennes  (Manchots).  La  classification  de  Cli. 
Bonaparte  mérite  d'être  signalée,  carde  1855  à  1870  la 
collection  du  Muséum  de  Paris  fut  rangée  d'après  cette 
méthode  :  les  Oiseaux  sont  divisés  en  deux  sous-classes  : 
les  Altrices,  dont  les  petits  naissent  nus  et  sont  nourris 
par  les  parents,  et  les  Pr.ecoces,  qui  naissent  couverts  de 
duvet  et  peuvent  courir  et  chercher  leur  nourriture  au 
sortir  de  l'œuf.  Les  Altrices  comprennent  8  ordres  (Pré- 
henseurs, Rapaces,  Passereaux,  Ineptes,  Colombins,  Hé- 
rodions,  Gaviés,  Ptiloplères)  ;  les  Prœcoces,  4,  qui  for- 
ment une  série  parallèle  aux  quatre  derniers  des  Altrices 
(Gallinacés,  Gralles,  Nageurs  etRudipennes),soit  en  tout 
H  ordres. 

Les  classifications  plus  modernes  cherchent  surtout  à 
tenir  compte  des  caractères  anatomiques  et  particulière- 
ment de  l'ostéolo^ie.  Telle  est  la  classification  de  Fur- 
bringer  (1888),  qui  comprend  les  formes  fossiles  et  a  été 
adoptée  par  Zittel  (1892)  dans  son  Iraité  de  paléonto- 
logie. Furbringer  forme  une  sous-classe  à  part  (Saurur.*:) 
pour  VArchœopteryx.  La  sous-classe  des  Ornithurœ 
comprend  tous  les  autres  Oiseaux,  et  se  subdivise  en 
7  ordres,  savoir  :  Struthiornithes  (Autruches)  ;  Rlieor- 
nithes  (Nandou)  ;  hippalectryornithes  (Casoar,  Aepgor- 
nis,  Kamichi);   Pelargornithes  (Palmipèdes,  Hérodions, 


Inipennes)  ;  Cluiradriornilhes  (Echassiers  ])récoces  ou 
Gralles),  Alectorornithes  (Apterix,  Dinornis,  Tinamons, 
Gallinacés,  Colombins,  Perroquets)  ;  Coracornithes  (Pas- 
sereaux et  Grimpeurs),  Chacun  de  ces  ordres  se  subdivise 
en  plusieurs  sous-ordres  constituant  des  f^imilles  natu- 
relles. Cette  classification,  et  celle  de  Seebom  (1890)  qui 
en  dérive,  est  adoptée  particulièrement  par  les  ornitholo- 
gistes anglais,  notamment  dans  le  Catalogue  of  Birds  du 
Musée  britannique.  E.  Trouessap.t. 

Oiseau  de  nuit  (V.  Choiji:tte  et  RxeAcE). 
Oiseau  de  proie  (V.  Kapace). 
II.  Paléontologie.  —  Les  plus  anciens  fossiles  (jui 
se  rapportent  à  la  classe  des  Oiseaux  datent  du  juras- 
sique supérieur  de  Bavière  {Arehœopieryx  [V.  ce  mot|) 
et  montrent,  par  leur  longue  queue,  les  griffes  de  leurs 
ailes,  leur  bec  garni  de  dents,  leurs  os  pleins,  des  rap- 
ports étroits  avec  les  Reptiles,  bien  que  leur  peau  soit 
déjà  couverte  de  véritables  plumes.  Dans  le  Crétacé  de 
l'Amérique  du  Nord,  on  trouve  les  Odontornithes  (ou 
Odontoleœ)  avec  les  genres  îlesperorms  et  Baptornis 
(V.  ces  mots),  qui  forment  le  passage  aux  Oiseaux  actuels, 
malgré  leur  bec  encore  pourvu  de  dents.  Les  genres 
Ichthyornis  et  Apatornis,  qui  sont  dans  le  même  cas, 
mais  dont  les  ailes  él aient  bien  développées,  sont  encore 
plus  voisins  des  Palmipèdes  actuels.  Dès  le  crétacé  supé- 
rieur, en  Europe  et  en  Amérique,  on  trouve  des  Oiseaux 
à  bec  normal,  dépourvu  de  dents  (Graculavus,  Laornis, 
Palœotringa,  etc.).  Dans  le  tertiaire,  les  Oiseaux  sont 
plus  abondants  et  se  rattachent  aux  types  actuels.  De 
grands  Oiseaux  semblables  aux  Autruches  ont  laissé  leurs 
débris  dans  l'éocène  de  France  et  d'Angleterre  (Gastor- 
niSy  Megalornis,  Dasornis).  Ce  qui  caractérise  surtout  la 
faune  tertiaire,  c'est  la  vaste  extension  des  types  actuel- 
lement confinés  dans  les  régions  chaudes  du  globe.  C'est 
ainsi  que  le  miocène  de  France  a  possédé  des  Psittacidœ,, 
des  Trogonida%  des  Bucerotidœ,  etc.,  et  les  Flamands 
(Palœlodus)  étaient  très  nombreux,  mais  la  faune  de 
l'ancien  continent  est  déjà  distincte  de  celle  de  l'Amé- 
rique. La  faune  quaternaire  de  notre  pays  se  rapproche 
de  la  faune  actuelle  et  l'on  y  trouve  déjà  des  débris  de  la 
Poule  domestique,  puis,  pendant  la  période  glaciaire,  des 
types  arctiques  (Harfang,  Lagopède). 

C'est  surtout  dans  l'hémisphère  austral  que  vivaient  à 
cette  époque  les  Oiseaux  gigantesques  et  sans  ailes,  tels 
que  Y/Epyornis  de  Madagascar,  le  Dinornis  de  la  Nou- 
velle-Zélande; mais  le  Brontornis  de  Patagonie  parait 
plus  ancien.  Enfin  la  faune  des  Iles  Mascareignes  (Dronte, 
Pezophaps,  Leguatia,  etc.)  ne  s'est  éteinte  que  dans 
les  temps  historiques,  postérieurement  à  l'arrivée  des  Eu- 
ropéens dans  ces  îles.  E.  Trouessart. 

III.  Législation.  —  Les  rapaces  nocturnes  (hibou, 
cbouette,  chat-huant,  etc.) et  presque  tous  les  petits  oiseaux 
sont  insectivores.  A  ce  titre,  ils  rendent  à  l'agricultui'e 
d'importants  services,  compensant  et  au  delà  les  dégâts 
cfimmis  au  temps  de  la  récolte  par  ceux  d'enti^e  eux 
qui  sont  friands  de  grains  (V.  Insecte),  et  comme, 
d'autre  part,  le  plus  grand  nombre  n'ont  aucune  valeur 
alimentaire,  ils  sont  l'objet,  dans  tous  les  pays,  de  me- 
sures de  protection  sévères.  A  l'étranger,  ce  sont,  en  gé- 
rai, des  lois  spéciales  qui  en  prohibent  directement  la  des- 
truction. En  France,  l'art.  9  de  la  loi  sur  la  chasse  du 
3  mai  1844,  modifié  par  la  loi  du  22  janv.  1874,  est  de- 
meuré le  seul  document  législatif  sur  la  matière.  11  se 
borne  à  prescrire  aux  préfets  de  prendre  des  arrêtés  «  pour 
prévenir  la  destruction  des  oiseaux  ou  pour  favoriser  leur 
repeuplement  ».  Les  préfets  ont,  de  par  ce  texte,  entière 
latitude.  Toutefois,  des  circulaires  du  ministre  de  l'inté- 
rieur en  date  des  13  juil.  1877,  8  juil.  et  16  déc.  1885 
leur  ont  imposé,  en  même  temps  qu'une  vigilance  rigou- 
reuse, un  type  général  d'arrêté.  Ils  conservent  le  soin  de 
déterminer,  en  tenant  compte  des  intérêts  particuliers  de 
chaque  département  et  du  sentiment  des  populations,  les 
espèces  devant    faire    l'objet   de  l'interdiction,   laquelle 


OISEAU  —  OISEAU-MOUCHIl 


—  :>2() 


s'étend,  d'ordinaire,  à  tous  les  oiseaux  autres  que  les  ra- 
paces  diurnes  (V.  Râpâœ)  considérés  comme  animaux  mal- 
faisants, et  que  les  oiseaux-gibiers  (V.  Gibier);  mais  ces 
espèces  une  fois  désignées,  ils  sont  tenus  de  prohiber,  outre 
l'enlèvement  et  la  destruction  de  leurs  nids,  œufs  et  cou- 
vées, leur  chasse  en  tout  temps  et  par  tout  procédé  (armes 
à  feu,  lacs, pièges,  glu,  etc.).  Les  contraventions  aux  pres- 
criptions de  ces  arrêtés  tombent,  d'ailleurs,  sous  le  coup 
de  l'art.  11  de  la  loi  du  3  mai  1844,  qui  punit  les  délin- 
quants d'une  amende  de  46  à  100  fr.  Toutes  les  autres 
règles  spéciales  relatives  à  la  compétence,  à  la  preuve,  aux 
confiscations,  aux  circonstances  aggravantes  et  atténuantes, 
à  la  prescription,  sont  les  mêmes  que  pour  les  autres  dé- 
lits de  chasse  (V.  Chasse,  t.  X,  p.  842).  Les  parents, 
maîtres  et  commettants  sont  civilement  responsables 
(art.  28).  Ajoutons  qu'une  commission  internationale  s'est 
réunie  à  Paris,  au  mois  de  juin  1893,  en  vue  d'étudier  la 
question  de  la  protection  des  oiseaux  utiles  à  l'agriculture. 
Elle  en  a  dressé  la  liste  et  elle  a  préparé  un  projet  de 
convention. 

IV.  Industrie  et  commerce.  —  Oiseaux  exotiques. 
Oiseaux  de  luxe  (V.  Oiselier). 

Acclimatation   des   oiseaux   (V.  Acclimatation,  t.  I, 
p.  288). 
Empaillage  des  oiseaux  (V.  Empaillage). 
Plumes  d'oiseaux.  Oiseaux  de  parure  (V.  Plume). 

V.  Mécanique.  — Oiseaux  mécaniques  (V.  Aviation). 

VI.  Art  héraldique.  —  Les  oiseaux  sont  représentés 
généralement  de  profil  ou  de  ilanc.  Exception  est  faite  pour 
l'aigle,  la  merlette,  la  grue,  le  pélican,  le  phénix  et  le 
paon.  On  les  dit  animés,  becqués,  langues,  membres  ou 
armés,  selon  que  les  yeux,  le  bec,  la  langue,  les  pattes 
ou  les  griffes  sont  d'un  émail  différent  de  celui  du  corps 
de  l'oiseau. 

BiBL.  :  Zoologie.  —  Oisenux  vivants.  —  Sharpe,  Ga- 
Dow,  Seebom  et  ScLATER,  Ciitcilogue  of  Birds  in  the 
British  Miiseuni,  1874-98,  27  vol.  iii-8,  avec  pi.  —  Schlegj-il, 
Muséiun  d'histoire  naturelle  des  Pays-Bas,  Oiseaux  (in- 
complet), 1862-86.  —  Gray,  Tfie  Gênera  of  Birds,  1814-49, 
3  vol.  avec  336  pi.  —  Reichenbacii,  Vollstandigsten  Na~ 
turgeschichte  der  Vogel,  1850-61,  20  parties  et  généralités 
avec  plusieurs  milliers  de  fig.  col.  —  Chenu  et  O.  des 
Murs,  Histoire  naturelle  des  Oiseaux,  6  vol.  et  table  avec 
fig.  —  O.  DES  Murs  et  Verreaux,  Leçons  élémentaires  sur 
l'histoire  naturelle  des  Oiseaux,'  1862,  4  vol.  —  Dresser. 
History  of  the  Birds  of  Europe,  1871-82,  8  vol.  iii-4  avec 
633  pi.  col.  ;  et  les  grands  ouvrages  in-fol.  et  in-4  avec  pi. 
col.  de  GouLD,  WiLSON,  AuDUBON,  etc.  —  Giebel,  Thé- 
saurus Ornithologiœ,  ISl'^-ll^in-S,  avec  bibliographie  plus 
complète.  —  Nitzsch,  Pterylography  (Roy.  Soc),  in-l'ol., 
1867. 

Paléontologie.  —  A.  Milne  Edwards,  Reclierches 
anatomiques  et  paléoniologiques  sur  les  Oiseaux  fossiles 
en  France,  1867-72,  4  noI.  in-4,  dont  2  de  pi.  —  Zittel, 
trad.  Barrois,  Traité  de  paléontologie,  1893,  t.  IIl,  pp.797- 
857,  avec  bibliographie  plus  complète. 

OISEAU-NIOUCHE.  L'ancien  genre  Tro<:^/i//2;s  de  Linné, 
qui  comprenait  tous  les  Oiseaux  désignés  sous  les  noms 
de  Colibri  et  à' Oiseau-Mouche,  est  aujourd'hui  le  type 
d'une  nombreuse  famille  [Irochilidés)  qui  renferme  près  de 
oOO  espèces  réparties  en  127  genres,  tous  propres  à  l'x^mé- 
rique  chaude  (région  néotropicale).  Cette  famille,  classée 
par  Cuvier  dans  ses  Passereaux  ténuirostres,  a  été  rap- 
prochée, par  les  naturalistes  modernes,  des  ùjpselidés  et 
des  Caprimulgidés ,  en  raison  des  caractères  ostéologiques 
que  les  Oiseaux-Mouches  présentent  en  commun  avec  les 
Martinets  et  les  Engoulevents,  malgré  la  forme  du  bec  si 
différente  à  l'âge  adulte  ;  mais  les  Trochihdés  sortent  de 
l'œuf  avec  un  bec  plus  court,  et  qui  s'allonge  avec  l'âge. 
Les  caractères  de  la  famille  sont  les  suivants  :  bec  grêle, 
cylindrique,  allongé,  droit  ou  recourbé  vers  le  bas  (rare- 
ment vers  le  haut),  quelquefois  finement  dentelé  en  scie 
vers  la  pointe;  langue  extensible,  tubuleuse,  bifide  ;  ailes 
longues,  pointues,  suraigués,  ayant  40  pennes  primaires 
dont  la  première  est  la  plus  longue  ;  pennes  secondaires 
réduites  à  six  ;  queue  de  forme  très  variable  ;  pattes  très 
courtes  à  doigts  longs  et  minces,  à  ongles  crochus.  Sou- 
vent  des  plumes  squamiformes  brillantes   sur  diverses 


parties  du  corps.  La  taille  varie  de  celle  d'un  Martinet 
(Patagona  gigas)  à  celle  d'un  Bourdon,  et  la  famille  ren- 
ferme les  plus  petits  Oiseaux  connus.  La  force  et  la  lon- 
gueur du  bec  varient  beaucoup  d'un  genre  à  l'autre  :  il 
en  est  de  mémo  de  la  longueur  des  ailes  et  surtout  de  la 
forme  et  de  la  disposition  des  plumes  caudales.  Le  plumage 
est  ordinairement  d'un  vert  cuivreux  dessus  avec  les  ailes 
noires,  plus  clair  ou  blanc  dessous,  mais  relevé  chez  le 
mâle  de  plastrons  de  plumes  écailleuses  à  reflets  brillants 
et  irisés  où  toutes  les  couleurs  du  prisme  sont  représentées 
du  violet  au  bleu  saphir  en  passant  par  le  grenat,  l'amé- 
th3ste,  le  rubis,  la  topaze  et  l'émeraude.  Ces  plastrons 
affectent  quelquefois  la  forme  de  cravates,  de  huppes, 


Oiseau-MoucUo  {Lesbia  ptiaon). 

d'oreiUes  ou  d'aigrettes  plus  ou  moins  détachées  du 
corps.  Les  femelles  sont  plus  simplement  vêtues,  sauf 
dans  quelques  genres  {Petawphora,  etc.)  où  elles  ont  la 
même  parure  que  le  mâle  :  elles  ont  aussi  la  queue  plus 
courte  dans  les  espèces  dont  le  mâle  a  les  pennes  caudales 
très  allongées.  Les  jeunes,  jusqu'à  l'âge  de  deux  ou  trois 
ans,  et  les  mâles  en  dehors  du  temps  des  amours  ressem- 
blent aux  femelles,  ces  parures  constituant  leur;; /m>/?y7^(? 
de  noce. 

Le  squelette  est  construit  sur  le  môme  type  que  celui 
des  Martinets  et  indique  des  Oiseaux  très  bons  voihers,  ce 
que  confirme  la  forme  de  l'aile.  Il  est  aujourd'hui  bien 
prouvé  que  les  Oiseaux-Mouches  se  nourrissent  non  seu- 
lement du  nectar  des  fleurs,  mais  surtout  des  petits  Li- 
sectes  qu'ils  capturent  dans  la  corolle  de  ces  tleurs,  à 
l'aide  de  leur  langue  bifide,  car  on  trouve  des  débris  de  ces 
insectes  dans  leur  gésier.  Toutes  les  fois  que  l'on  a  essayé 
de  les  nourrir  en  captivité  exclusivement  à  l'aide  de  miel 
ou  d'eau  sucrée,  on  les  a  vus  mourir,  au  bout  de  quelques 
semaines,  dans  un  état  de  maigreur  extrême.  La  langue 
est  longue  et  fihforme,  fixée  derrière  le  crâne  par  un  os 
hyoïde  grêle,  semblable  à  celui  du  Pic,  de  telle  sorte  que 
l'Oiseau  peut  la  faire  saillir  de  toute  la  longueur  du  bec  : 
son  extrémité  bifide  forme  deux  petites  spatules  qui,  en- 
duites d'une  salive  gluante,  saisissent  facilement  les  petits 
insectes  et  se  rétractent  rapidement  comme  mues  par  un 
ressort.  On  les  voit  aussi  saisir  de  grosses  mouches  au  vol 
et  même  aller  chercher  ces  insectes  dans  les  toiles  d'arai- 
gnées. 

Les  Oiseaux-Mouches  sont  répandus  depuis  le  S.  du 
Canada  (Trochilus  coluhris)  jusqu'au  ChiH  patagonien 
(Eustephanus  galeritus),  mais  le  plus  grand  nombre  des 
espèces  est  propre  au  Mexique,  aux  Antilles,  à  la  Colom- 
bie, à  la  Guyane,  au  Brésil,  au  Pérou  et  à  la  Bolivie.  Dans 
la  chaîne  des  Andes,  ils  s'élèvent  jusqu'à  3  et  4.000  m., 
et  le  genre  Or eo trochilus  se  voit  au  sommet  du  Pichincha 
et  du  Chimborazo,  volant  à  la  hmite  des  neiges  perpé- 
tuelles. Une  espèce  (Eustephanus  fernandensis)  est 
propre  à  l'ile  de  Juan  Fernandez  ;  d'autres  se  trouvent  aux 


mi 


OISEAU-MOUCHE 


îles  Très  Murias,  mais  ou  n'en  trouve  pas  dans  rarchipel 
des  Gailapagos.  Beaucoup  d'espèces  sont  de  passage,  no- 
tamment aux  îles  Bahamas  et  dans  le  S.  des  Etats- ITnis  ; 
mais  ces  migrations  ont  été  peu  étudiées.  Un  général, 
chaque  espèce  est  cantonnée  dans  une  région  bien  détinic 
et  remplacée  ailleurs  par  des  espèces  du  même  genre  ou 
de  genres  différents. 

Les  Oiseaux-Mouches  sont  des  êtres  d'une  vivacité  ex- 
trême. On  les  voit  pendant  le  jour  visiter  les  plantes  cou- 
vertes de  fleurs  en  faisant  miroiter  au  soleil  les  plastrons 
de  leur  plumage  qui  jettent  des  feux  comme  des  pierres 
précieuses.  Leur  vol  bourdonnant  (en  anglais  on  les  nomme 
huniming-bml)  avertit  souvent  de  leur  présence  avant 
qu'on  ait  pu  les  apercevoir,  et  rappelle  le  bruit  de  l'aile 
de  notre  Sphynx  bourdon  (Macroglossa).  Leurs  mouve- 
ments ressemblent  beaucoup  à  ceux  de  cet  insecte,  alors 
qu'ils  se  maintiennent,  d'un  rapide  mouvement  d'aik-s, 
devant  les  fleurs  tubuîeuses,  enfonçant  leur  bec  au  fond  de 
la  corolle  pour  y  saisir  les  insectes.  On  prétend  qu'ils  peu- 
vent voler  le  dos  tourné  vers  le  bas,  en  s'aidant  de  la 
queue,  ce  qui  est  très  rare  chez  les  Oiseaux.  Leur  cri  est 
strident,  mais  faible,  et  leur  chant  est  monotone.  Leur  vol 
est  si  rapide  que  l'œil  ne  peut  les  suivre  au  delà  de 
quelques  mètres  :  on  ne  les  voit  ])ien  que  lorsqu'ils  buti- 
nent autour  desileurs  ou  se  perchent  sur  une  branche  pour 
se  reposer  et  hsscr  leur  plumage. 

Leur  nid  (V.  ce  mot)  est  très  artistement  tressé  des 
matériaux  les  plus  lins  et  tapissé  extérieurement  de  hchens 
qui  le  dérobent  à  la  vue  au  miheu  des  végétaux  qui  l'en- 
tourent. Ce  nid  est  fixé  à  l'écorce  d'une  branche,  à  la  face 
intérieure  d'une  grande  feuille  lancéolée  ;  souvent  des  toiles 
d'araignées  servent  à  lui  donner  plus  de  consistance,  ou 
bien  un  lourd  pendentif  lixé  à  sa  partie  inférieure  l'em- 
pêche de  se  renverser  sous  l'effort  du  vent  lorsqu'il  est 
simplement  suspendu.  Les  Oréotrochiles  montagnards  atta- 
chent leurs  nids  aux  rochers  comme  les  Salanganes.  Il  nj 
a  jamais  ({ue  deux  (rufs  blancs,  sans  taches,  mais  il  y  a 
souvent  deux  couvées  successives  chaque  année  :  c'est  le 
cas  pour  hTrochilus  cohibris  des  Etats-Unis.  Les  petits 
sont  nourris  par  les  parents  qui  leur  dégorgent  la  nourri- 
ture à  la  manière  des  Hirondelles,  jusqu'à  ce  qu'ils  soient 
en  état  de  quitter  le  jjid.  Les  petites  espèces  surtout  sont 
d'un  naturel  querelleur  et  batailleur,  attaquant  tous  les 
autres  Oiseaux,  même  de  leur  espèce,  qui  s'approchent  de 
leur  nid  ou  de  l'espace  qu'ils  considèrent  comme  leur  do- 
maine, et  mettant  audacieusement  en  fuite  des  Oiseaux  dix 
fois  plus  gros  qu'eux.  On  les  capture  assez  facilement,  sur 
les  fleurs,  à  l'aide  d'un  fllet  à  papillons. 

Les  Oiseaux-Mouches  vivent  difficilement  en  captivité. 
Cependant,  dans  leur  pays  natal,  on  peut  les  garder  en 
cage,  pendant  quelques  mois,  en  leur  donnant  chaque  jour 
les  fleurs  fraîches  qu'ils  recherchent  d'habitude  el  dans 
lesquelles  ils  trouvent  les  petits  insectes  dont  ils  se  nour- 
rissent. BeuUoch,  au  Mexique,  en  a  réuni  près  de  soixante- 
dix  à  la  fois,  d'espèces  variées,  dans  une  vaste  cage  où 
se  trouvaient  des  vases  remphs  d'eau  sucrée,  dans  laquelle 
trempait  le  pédoncule  des  fleurs,  telles  que  celles  du  Big- 
nonia  ou  du  grand  Aloès.  C'est  un  spectacle  curieux  de 
voir  les  plus  petits  prendre  des  libertés  surprenantes  avec 
les  grandes  espèces.  «  Par  exemple,  lorsque  la  perche  était 
occupée  par  l'Oiseau-Mouche  à  gorge  bleue,  le  Mexicain 
étoile,  véritable  nain  en  comparaison  du  premier,  s'éta- 
bhssait  sur  le  long  bec  de  celui-ci  et  y  demeurait  pendant 
plusieurs  minutes,  sans  que  son  compagnon  parut  s'offen- 
ser de  cette  famiharité.  »  Par  contre,  on  a  pu  très  rare- 
ment en  transporter  vivants  jusqu'en  Europe,  et  la  plu- 
part sont  morts  au  bout  de  quelques  jours,  malgré  tous 
les  soins  et  faute  d'une  nourriture  convenable.  On  sait  la 
consommation  que  la  mode  a  faite,  à  certaines  époques  et 
tout  récemment  encore,  de  la  dépouille  de  ces  charmants 
Oiseaux  que  l'on  détruit  par  mifliers  dans  leur  pays  d'ori- 
gine ;  cette  desti'uction  est  inflniment  regrettable  et  plu- 
sieurs espèces  sont  déjà  d'une  rareté  extrême  dans  des 


régions  où  ils  abondaient  autrefois:  on  peut  prévoir  leur 
extinction  complète. 

La  classiflcation  des  Trochilidés  présente  de  grandes  dif- 
ficultés en  raison  de  la  variété  de  formes  que  présente  ce 
groupe  d'une  oi'ganisation  d'ailleurs  très  uniforme.  L'an- 
cienne division  en  Oiseaux-Mouches  à  bec  droit  et  Coli- 
bris à  bec  recourbé  est  depuis  longtemps  abandonnée,  car 


Oiseau-Mouche  {Dociinastes  ensîfcr). 

on  trouve  tous  les  intermédiaires.  Salvin  divise  la  famille 
en  deux  sections  ;  les  Serriroslres  à  bec  dentelé  sur  le 
bord  et  les  Léuirostres  à  bec  hsse;  mais,  comme  le  fliit 
remarquer  i^].  Simon,  le  fait  que  Salvifi  a  été  obligé  de 
créer,  sous  le  nom  à'Inlennàliaires,  une  ti^oisième  sec- 
lion  plus  nombreuse  que  la  première  prouve  combien  cette 
classiflcation  est  artificielle.  Il  jsenfljle  préférable  de  ranger 
les  127  genres  de  lafamiUe  en  une  seule  série,  comme  Ta 
fait  Simon,  sans  tenir  compte  de  la  serrulation  du  bec,  qui 
n'est  qu'un  caractère  générique,  mais  en  groupant  les 
genres  qui  ont  des  aflinités  réefles  et  passant  insensible- 
ment des  types  à  bec  fort  et  robuste  aux  types  à  bec  grêle 
et  faible.  Dans  cette  revue  rapide,  nous  signalerons  seule- 
ment les  types  les  plus  saillants,  renvoyant  pour  les  autres 
aux  monographies  signalées  dans  la  Bibhographie,  notam- 
ment au  grand  ouvrage  de  Gould,  où  presque  toutes  les 
espèces  sont  admirablement  figurées.  A  l'article  Oiseau 
(V.  ce  mot),  on  a  indiqué  la  structure  des  plumes  écailleuses 
à  reflets  irisés,  si  communes  chez  les  Trochihdés. 

Les  genres  Rhaniphodon  et  Eutoxeres  renferment  des 
espèces  de  grande  taille,  à  bec  robuste,  droit  dans  le  pre- 
mier, fortement  recourbé  dans  le  secoiul,  à  plumage  peu 
brillant.  Le  bec  est  serrulé  dans  le  premier,  dépourvu  de 
dents  dans  le  second  où  la  courbure  du  bec  semble  sup- 
pléer cette  denticulation.  L'Eutoxkre  à  uec  d'akîle  {Eu- 
toxeres aiiuila)  est  des  Andes  de  Panama  et  de  l'Equa- 
teur. Le  genre  Pliœtornis,  très  nombreux  en  espèces  et 
à  queue  étagée,  s'en  rapproche,  mais  le  bec  est  plus  grêle 
et  moins  forteuîent  recourbé.  Le  Colibri  ermite  {Pli.  ere- 
mila)  du  Brésil  en  est  le  type.  Caïupylopterus  est  remar- 
quable par  la  force  de  ses  ailes  dont  la  penne  externe  a  la 
tige  dilatée  en  forme  de  faux.  Les  mâles  ont  la  tête  bleue. 
Ils  sont  de  Colombie  et  remplacés  au  Mexique  par  le  geni  e 
Pampa.  Le  Feorislige  à  gorge  bleue  {Florisuga  melli- 
vora)  des  Antilles,  une  des  espèces  les  plus  anciennement 
connues,  a  les  tectrices  caudales  médianes  aussi  longues 
(jue  les  i^ectrices.  AphantocJiroa  (V.  ce  mot)  en  est  voi- 
sin. Le  Patagona  gigas,  le  plus  grand  des  Trochilidés,  a 
des  couleurs  assez  ternes,  le  l)ec  droit  non  dentelé.  11  habite 
les  Andes  de  l'Equateur,  du  Pérou  et  du  Chih.  Des  Ayna- 
7Alia  (V.  ce  mot)  ou  Becs  de  corail,  eu  doit  rapprocher 


OISEAU-MOUCflE 


348  — 


les  geuros  Uranoatilni,  Eucepliala,  liasilhnid  et  Ili/lo- 
charis,  qui  sont  souvent  blancs  ou  fauves  dessous 
avec  un  plastron  bleu  brillant  chez  les  mâles,  et  habitent 
la  Colombie,  la  Guyane  et  le  Brésil.  Près  du  genre  CJilo- 
rostilhon  (V.  ce  mot)  se  placent  les  genres  liicordia  (des 
Antilles)  et  Piniterpe  de  Costa-Bica;  ce  dernier,  dont  la 
femelle  est  aussi  brillante  (|ue  le  mâle,  porte  un  plastron 
d'un  rouge  orangé  doré,  suivi  d'une  tache  bleue  ;  le  dessus 
est  d'un  vert  foncé  lustré  passant  au  bleu  et  au  noir.  Dans 
les  Thalnriana,  au  contraire,  les  sexes  sont  très  dissem- 
blables {Th.  glaucopis,  commun  au  Brésil),  les  femelles 
n'ayant  rien  de  la  parure  des  mâles. 

Par  contre,  Petasophora,  dont  le  bec  est  dentelé  et 
dont  r  An  AÏS  de  Lesson  est  le  type,  nous  montre  des  fe- 
melles ornées  comme  les  mâles  de  petites  ailes  de  plumes 
brillantes  formant  cravate  des  deux  côtés  de  la  télé  et 
d'un  bleu  ou  violet  magnifique  qui  tranche  sur  le  vert 
doré  du  reste  du  corps  {P.  iolata  des  Andes  de  la  Co- 
lombie et  du  Pérou).  Avocettula  (V.  ce  mot)  prend  place 
ici.  Le  CoLumi  de  la  Jamaïque  (Lampornis  mango)  est 
en  dessous  d'un  beau  noir  velouté  avec  les  côtés  du  cou 
cravatés  de  rouge  violet.  Le  Rubis-topaze  (V.  Chrysolam- 
pis)  a  chez  le  mâle  une  huppe  d'un  beau  rouge  carmin 
avec  la  gorge  d'un  jaune  doré  éclatant;  il  vit  à  la  Guyane 
et  dans  les  régions  voisines,  et  c'est  une  des  espèces  que 
l'on  trouve  le  plus  communément  chez  les  plumassiers.  Les 
Eulampis,  dont  le  bec  est  fortement  dentelé,  recourbé, 
plus  long  chez  les  femelles  que  chez  les  mâles,  sont  des 
oiseaux  relativement  grands  et  trapus  ;  le  Colibri  grenat 
{E.  jugularis),  noir  avec  la  gorge  d'un  rouge  violet,  est 
de  la  Martinique. 

Tous  les  genres  qui  suivent  ont  le  bec  dépourvu  de  dents. 
Smaragdites,  Chrijsobronchiis  (ou  P ol y tmii s)  sont  delà 
Guyane,  des  Antilles  et  de  l'Amazonie.  Leiicochloris  a, 
même  chez  le  mâle,  la  poitrine  blanche  sans  plastron  bril- 
lant. Aethurus  polytmus,  de  la  Jamaïque,  se  distingue, 
dans  la  famille,  par  ses  ailes  dont  la  première  rémige  est 
un  peu  plus  courte  que  les  suivantes  ;  le  mâle  a  deux  plumes 
de  la  queue  très  longues  (trois  fois  plus  longues  que  le 
corps)  :  c'est  le  Colibri  a  tête  noire  des  anciens  auteurs. 
I^e  genre  Topaza  renferme  deux  magnifiques  espèces  :  le 
Colibri  topaze  (7.  pella),  de  la  Guyane,  d'un  rouge  sombre 
dessus,  carminé  dessous,  avec  la  gorge  dorée  bordée  de 
noir,  et  le  T.  pyra  du  Rio  Negro,  non  moins  brillant.  Près 
de  ce  genre  se  place  Oreolrochilus,  si  remarquable  par  son 
habitat  au  sommet  des  plus  hautes  montagnes  et  des  vol- 
cans des  Andes,  de  l'Equateur  au  Chili  ;  les  mâles  ont  sou- 
vent la  tête  et  la  gorge  d'un  beau  bleu  irisé  comme  VO. 
chimboraw,  le  reste  du  ventre  blanc  ou  roux.  Urochroa 
et  Sternoclyta  sont  voisins;  St.  cyanipectus  du  Vene- 
zuela a  la  gorge  émeraude  avec  la  poitrine  d'un  bleu  sa- 
phir. Chez  les  Cœligena,h  gorge  est  bleue  pâle,  rose  ou 
violette,  suivant  les  espèces  (pii  habitent  le  Mexique  et  la 
Nouvelle-Grenade.  Le  Grand-Rubis  (C////o/«?mfl  rubined), 
commun  dans  le  S.  du  Brésil,  a  la  gorge  d'un  beau  rouge 
carminé.  Ileliodoxa  et  Hylomjmpha  sont  voisins.  VEu- 
geniaimperatrix,  de  l'Equateur,  a  la  queue  profondément 
fourchue,  une  tache  frontale  émeraude  et  la  gorge  violette. 

Les  Helianthea  ont  un  bec  long,  droit,  au  moins  de  la 
moitié  de  la  longueur  du  corps,  et  certaines  espèces  (sous- 
genre  Diphlogaena)  à  plumage  roux  ont  le  sommet  de  la 
tête  très  brillant,  rouge  feu,  jaune  d'or  ou  bleu  saphir. 
Toutes  sont  des  Andes,  du  Venezuela  au  Pérou  et  à  la  Bo- 
livie. Mais  le  caractère  du  bec  est  encore  exagéré  dans  le 
genre  Docimastes,  dont  l'unique  espèce  {D.  ensifer)  a  cet 
organe  plus  long  que  le  corps  entier,  pointu,  droit  ou  même 
légèrement  recourbé  vers  le  haut.  Cet  Oiseau,  d'un  vert 
brillant,  de  grande  taille,  habite  les  hautes  montagnes  du 
Venezuela  et  de  l'Equateur.  La  femelle  moins  brillante  a 
le  bec  encore  plus  long  que  le  mâle.  Pterophanes  Tem- 
tnincki,  le  plus  gros  des  Trochilidés  après  Patagona  gi- 
gas,  en  est  voisin,  ainsi  qiiAglœaetis  (V.  ce  mot)  et  Bois- 
soneauxia  (ou  PanopHtes). 


Le  genre  Spalhard  est  remarquable  ])ar  les  touti'es  de 
plumes  blanches  ou  rousses  qui  garnissent  les  pattes  au- 
dessus  des  doigts,  formant  de  petits  manchons  tloconneux. 
La  queue  est  fortement  fourchue  et  les  rcctrices  externes 
se  terminent  par  une  palette  arrondie,  précédée  d'un  ré- 
trécissement. Ces  Oiseaux,  plus  petits  que  les  précédents, 
habitent  la  (kdombie,  le  Pérou,  la  Bolivie.  E'i)gyele  et 
Eriornemys  ont  des  manchons  du  même  genre,  plus  ré- 
duits dans  Vrostirte.  AdeJoiiuja  (V.  ce  mot),  Heliau- 
geh(s  et  Metallura  ont  la  queue  plus  courte  et  souvent 
des  plaques  gulaires  à  reflets  de  couleur  variée  suivant  les 
espèces.  Le  genre  Eiistephanus  est  celui  qui  pénètre  le 
plus  au  S.,  comme  nous  l'avons  dit  [E.  galeritiis  du 
Chih;  E.  fernmidensis  de  Juan  Fernandez  et  E.  Leyboldi 
de  l'île  voisine  de  Masafuera)  ;  la  tète  est  parée  d'une  huppe 
d'un  rouge  brillant. 

Le  genre  Lesbia  (ou  Sapho)  est  le  type  d'un  beau 
groupe  très  remaniuahle  par  sa  queue  fourchue  deux  ou 
trois  fois  plus  longue  que  le  corps,  chez  les  mâles  :  dans 
L.  phaon  des  Andes  de  Bolivie,  la  queue  est  d'un  rouge 
carminé  brillant;  dans  L.spar  garnira  du  Chili  et  de  l'Ar- 
gentine, elle  est  d'un  rouge  cuivreux;  mais,  chez  les  deux 
espèces,  les  rectrices  sont  terminées  par  une  bande  d'un 
noir  velouté.  Dans  le  genre  Cyauolesbia  (ou  Cynanihiis). 
la  queue  a  la  même  forme,  mais  sa  couleur  est  d'un  beau 
bleu  ou  d'un  vert  changeant,  et  les  espèces  habitent  les 
Andes  de  l'Equateur  et  de  la  Bolivie.  Le  bec  est  assez  court, 
droit,  et  passe  au  genre  suivant. 

Hamphomicron  se  distingue  par  son  bec  plus  court  que 
la  tête,  ce  qui  est  exceptionnel  chez  les  Trochilidés.  Le  mâle 
du  P\h.  microrhyiichum,  de  Colombie,  porte  une  étroite 
barbiche  d'un  vert  doré.  Dans  le  genre  voisin,  Oxypogon 
des  Andes  de  Colombie,  le  plumage  est  mou,  peu  brdlant. 
Augastes  (V.  ce  mot)  et  Schistes  prennent  place  ici.  Helio- 
thrix,  qui  a  le  bec  exceptionnellement  denté,  mais  surtout 
en  lame  de  poignard^  porte  une  queue  à  rectrices  étroites, 
plus  courte  chez  le  mâle  que  chez  la  femelle.  //.  auritus, 
très  répandu,  des  Antilles  au  S.  du  Brésil,  porte  deux  pe- 
tites touffes  d'un  bleu  violet  en  forme  d'oreilles.  Heliactin 
cornutvs  du  Brésil,  plus  élégant  encore,  porte  deux 
aigrettes  d'un  rouge  doré  tranchant  sur  les  plumes  bleues 
du  sommet  de  la  tête. 

Dans  les  genres  suivants,  tous  de  petite  taille,  la  dispo- 
sition de  la  queue  est  très  variable,  souvent  formée  de 
plumes  effilées,  pointues  ou  inégales  :  Ihanmasfura,  dont 
le  type  est  rOiSEAu-MoucHE  Cora  (TJi.  cora)  du  Pérou  occi- 
dental, a  la  gorge  d'un  beau  rose  lilas  à  reflets  gorge-de- 
pigeon  ;  la  queue  est  longue,  à  rectrices  étroites,  blanches 
et  noires.  Les  genres  Calli thorax  et  CallipMox 
se  placent  ici.  Myrmia  micrura,  de  l'Equateur,  est 
très  petit,  à  plumage  mou  et  peu  brillant.  Le  genre  Tro- 
chilus  proprement  dit  a  pour  type  I'Oiseau-Mouche  rubis 
{Tr.  colubris),  qui  vient  nicher,  au  printemps,  dans  le 
S.  des  Etats-Unis,  qu'il  quitte  à  l'automne  pour  aller 
hiverner  plus  au  S.  Acestrura  et  Atthis  (V.  ces  mots) 
sont  voisins,  et  Polyxemus  Iwmlnis,  des  Andes  de  l'Equa- 
teur, à  gorge  d'un  beau  rouge,  est  peut-être  le  plus  petit 
de  tous  les  Oiseaux-Mouches,  n'i'tant  guère  plus  gros  qu(* 
notre  Sphinx  bourdon.  Melliniga  minima,  des  Antilles, 
considéré  longtemps  comme  tel,  est  un  peu  plus  gros. 

Les  genres  Bellona,  Stephanoxis  (ou  Cephalolepsis), 
Claïs,  Lophornis,  renferment  de  petites  espèces  très  re- 
marquables par  les  huppes  et  les  (cravates  étalées  en  éven- 
tail, dont  leur  front  et  les  côtés  de  leur  cou  sont  ornés,  et 
qu'ils  relèvent  en  faisant  la  roue  devant  leurs  femelles.  Ils 
sont  des  Antilles,  de  Colombie  et  du  Brésil,  et  sont  dési- 
gnés vulgairement  sous  les  noms  de  Huppe-col,  Hausse-col 
et  Coquette.  Les  genres  Almflia  (V.  ce  mot),  Micro- 
chera,  qui  renferment  aussi  de  très  petites  espèces  (il/,  al- 
bocoronata,  des  Andes  de  Panama),  et  Popelairea,  ter- 
minent cette  série.  Loddigesia  mirabilis,  enfin,  remar- 
quable par  ses  ailes  courtes  et  sa  queue,  dont  les  d(Hix 
rectrices  médianes,  très  longues,  se  terminent  par  une  large 


^)^9 


OLSKAl-MOLlCtlE  —  0J1^J)A 


palette,  esl  tout  à  fait  isolé  par  ses  caracli^i'es  et  lial)ile  le 
Pérou  central.  E.  Trollssart. 

Oiseau  de  PARAms  (V,  Paradisier). 

BiBL.  :  Got/LD  Pt  SiJARPE,  T'tiP  TrorhiUd'cC  or  Hum- 
ming-Birds  v.tlh  Supplément  ;  l^oudres,  1850-57,  420  pi. 
col.,'  en  30  hine.  ou  0  vol.  in-fol.  —  Mulsan  r  et  Ykk- 
rkaÎjx,  Histoire  naturelle  des  Oiseaux-MoiieheH  ou  Co- 
lifyris,  1874-7*»,  4  vol.  avec  120  pi.  col.  —  Lf.^^(^n,  ///.s- 
ioire  nat^irelle  des  Colibris  et  Oiseaux  de  paradis,  l.S22-!^5. 
4  vol.,  260  pi.  col.  — -  Elliot,  Classification  and  synopsis 
of  the  Trochilida^  \s'ith  127  i\^.,  187i).  —  l-fKicHKXBACJi. 
Vollstaud.  Natnry.  der  Colibris,  1855-02,  avec  176  pi.  col.. 
584  fig.  —  SiiARi'ic'et  Salvin,  Catalogue  of  Birds  in  British 
Muséum,  1892.  XVI.  —  E.  Simon.  ïievision  des  genres  de 
la  famille  des  Trochilidès,  clans  Feuille  des  jeunes  natura- 
listes, 1897-08. 

OISELAY-et-Graehalx.  Coiii.  du  dép.  de  la  Haiile- 
Saùne,  arr.  de  (jray,  cant.  de  G  y  ;  5o0  hab. 

OISELIER.  Les  oiseliers,  que  les  anciennes  ordonnances 
de  police  appellent  aussi  très  souvent  oiseleurs,  ont  été 
réunis  de  bonne  heure  en  corps  de  métiers.  Ils  devaient, 
lorsque  le  roi  faisait  son  entrée  solennelle  à  Paris,  effec- 
tuer un  lâcher  de  500  petits  oiseaux,  et,  au  moment  de 
la  Révolution,  ils  constituaient  une  corporation  assez  nom- 
breuse, dont  les  statuts  dataient  de  1647.  Leur  quartier 
général  était  déjà  au  quai  de  la  Mégisserie,  sur  la  rive 
droite  de  la  Seine,  en  plein  midi.  Il  s'est  étendu  depuis  à 
droite  et  à  gauche,  entre  l'hôtel  de  ville,  en  amont,  et  la 
colonnade  du  Louvre,  en  aval,  et  il  se  lient,  en  outre,  le 
dimanche,  un  marché  aux  oiseaux  sur  l'emplacement  du 
marché  aux  fleurs  de  la  Cité.  L'industrie  des  oiseliers  s'est, 
du  reste,  dans  le  courant  du  siècle,  beaucoup  développée. 
Ils  font  surtout  commerce  d'oiseaux  de  luxe  ou  d'agré- 
ment :  oiseaux  exotiques  (perruches,  inséparables,  cana- 
ris, papes,  évèques,  veuves,  colibris,  bengalis,  etc.)  rap- 
portés des  pays  lointains  par  les  matelots  ou  reproduits  en 
volière,  et  oiseaux  de  France  (rossignols,  pinsons,  char- 
donnerets, rouges-gorges,  fauvettes,  etc.).  Ils  vendent  aussi 
des  œufs  d'espèces  rares  de  volailles  et  de  gibiers,  pour  le 
peuplement  des  basses-cours  et  des  parcs,  ainsi  que  des 
couples  reproducteurs  desdites  espèces.  Quelques  pies,  des 
merles,  des  geais,  des  corbeaux  blancs,  des  furets  et  des 
souris  blanches  apprivoisées  complètent  en  général  leur 
petite  ménagerie. 

OISELLERIE.  C'est  l'art  de  prendre  et  d'élever  les 
oiseaux.  C'est  aussi  l'étabUssement,  le  lieu,  où  cet  élevage 
est  pratiqué  avec  des  soins  particuliers  et  où  sont  mises 
en  œuvre  les  différentes  méthodes  de  multiplication  et  de 
croisement.  Les  oiseaux  utiles  trouvent,  d'ailleurs,  asile, 
tout  aussi  bien  que  les  oiseaux  d'agrément,  dans  les  oisel- 
leries, et,  d'ordinaire,  celles-ci  comportent,  outre  une 
basse-cour,  une  faisanderie  et  une  volière.  Il  en  existe 
dans  la  plupart  des  jardins  zoologiques,  dans  certaines 
fermes  modèles  et  dans  les  communs  des  grands  châteaux 
(V.  au  nom  de  chaque  oiseau,  et  aux  mots  :  Bâtiment, 
t.  V,  p.  780,  Faisanderie,  Yoeïère,  etc.). 

OISE  MONT.  Ch.-I.  de  canl.  du  dép.  de  la  Somme,  arr. 
d'Amiens;  i.207  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  du  Nord. 
Patrie  du  conventionnel  André  Dimiont  (V.  ce  nom). 

OISILLY.  Com.  du  dép.  de  la  Céte-d'Or,  arr.  de  Dijon, 
cant.  de  Mirebeau-sur-Bè/e ;  17i  hab.  Stal.  du  chem.  de 
ïev  de  ri'st. 

OISLY.  Com.  du  dép.  du  Loir-et-Cher,  arr.  de  Blois, 
cant.  de  Contres  ;  427  hab. 

OISON  (L').  Ruisseau  du  dép.  de  YEure  (V.  ce  mot, 
t.  XVI,  p.  759). 

OISON.  Com.  du  dép.  du  Loiret,  arr.  de  Pithiviers, 
cant.  d'Outarville  ;  236  hab. 

OISONVlLLE.  Com.  du  dép.  d'Lure-et-Loir,  arr.  de 
Chartres,  cant.  d'Anneau  ;  432  hab. 

OISSEAU.  Com.  du  dép.  de  la  Mayenne, arr.  et  cant  (0.) 
de  Mayenne  ;  2.475  hab. 

OISSEAU-le-Petit.  Com.  du  dép.  de  la  Sartlie,  arr. 
de  Mamers,  cant.  de  Saint-Paterne  ;  723  hab. 

0  ISS  EL.  Com.  du  dép.  de  la  Seine-Inférieure,  arr.  de 
Rouen,  cant.  de  Grand-Couronne,  sur  la  rive  gauche  de 


la  Seine  ;  3.948  bal).  Slal.  du  chem.  de  kv  de  fOuesL  Port 
sur  la  Seine.  Industrie  très  active  :  chaudronnerie,  tila- 
tures,  blanchisseries,  outils  de  filatures.  Tuilerie.  Pont  du 
chem.  de  fer  sur  la  Seine..  Manoii'  de  la  Chapelle  du 
\vi*'  siècle. 

OISSERY.  Com.  du  dép,  de  Seine-et-Marne,  arr.  de 
Meaux,  cant.  de  Dammar(in-en-Goèle  ;  438  hab.  Froma- 
geries. Curieu.\  monument  funéraire  du  xiii«  siècle  (mon. 
hist.).  Patrie  de  Guillaume  des  Ban'es  (V.  ce  nom). 

OISSY.  Com.  du  dé]).  île  la  Sommi\  arr.  d'Amiens, 
cant.  de  Molliens-Vidame  ;  240  hab. 

OISY.  Com.  du  dép.  de  la  Nièvre,  arr.  e!  cant.  de  Cla- 
mecy  ;  637  hab. 

OISY.  Com.  du  dép.  du  Nord.  arr.  et  cant.  (S.)  de 
Valenciennes  ;  261  hab. 

OISY-LE- Verger.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-(^alais.  arr. 
d'Arras,  cant.  de  Marquion  ;  2.249  hab.  Distillerie  de 
betteraves,  fabi'ique  de  sacs,  lourneries,  brasseries,  bi-i- 
([ueteries,  fours  à  chaux.  Commerce  de  lin.  Lghse  mo- 
derne de  style  roman,  renfermant  le  beau  reliquaire  du 
xiii*^  siècle  de  la  Sainte-Epine.  Ruines  de  l'abbaye  des  re- 
hgieuses  cisterciennes  du  Verger,  fondée  en  4253,  dont  ie 
clocher  a  été  converti  en  pigeonnier. 

OISY  (Huon  d'),  baron  et  poète  fran(:aisdu  xii^'  siècle, 
mort  vers  1191.  Bien  qu'il  appartint  à  l'une  des  plus 
puissantes  familles  féodales  de  l'Ile-de-France,  ce  qu'on 
sait  de  sa  vie  est  fort  peu  de  chose  ;  il  est  surtout  connu 
comme  l'un  des  premiers  poètes  ayant  cultivé  au  Nord  la 
poésie  méridionale,  dont  il  transmit  les  secrets  à  son  jeune 
parent,  le  célèbre  Conon  de  Béthune.  S'étant  brouillé  avec 
celui-ci,  il  dirigea  contre  lui  un  violent  «  serventois  », 
où  il  lui  reprochait  d'avoir  abandonné  la  Terre  Saint«î 
(1191)  avant  l'entier  accomplissement  de  son  vœu;  l'au- 
thenticité de  cette  pièce  a  été  récemment  contestée  sans 
raisons  bien  probantes.  Il  est,  en  outre,  l'auteur  d'une 
composition  de  sens  assez  énigmatique,  le  Toiirnoienienl 
des  dames  (P.  Paris  voudrait  la  rapporter  à  Fan  1183), 
où  il  représente  un  grand  nombre  de  nobles  dames  de  son 
temps  se  livrant  à  une  joute.  Ces  deux  pièces  ont  été 
publiées  plusieurs  fois  (V.  Bibl.)  ;  une  nouvelle  édition  de 
la  seconde  va  uaraitre  dans  le  numéro  sous  presse  de  la 
Roman ia  (avr!  1899).  A.  .1. 

Bibl.  :  I^.  Paris,  Romancero  français,  1833,  p.  103.  — 
A,  iJiNAUx,  Trouvères  cam/)ré8Je?is.  183l),p  121).—  Liî^roux 
DE  LiNOv,  Citants  lùstoricpies  français,  I,  p.-  110.  —  His- 
toire littéraire  de  la  France^  XXllï,  p.  023.  ~  Walli^n^- 
KoLu,  les  Cliansons  de  Coaou  de  Béthune  ;  Ilelsin.urors, 
1891,  p.  101.  —  Brakelmanx,  ^cs  Pltis  Anciens  ('hanson- 
niers  français^  1891,  p.  Mi. 

OITOZ.  Col  des  Karpates  (846  m.),  menant  du  comitat 
transylvain  de  Haromszek  à  la  vallée  moldave  du  Trotus. 

OIZÉ.  Com.  du  dép.  de  la  vSarthe,  arr.  de  La  Flèche, 
cant.  de  Pontvallain  ;  796  hab. 

0 J  E DA  (Don  Alonzo  de),  voyageur  espagnol,  né  à  Cuenca 
vers  1463,  mort  au  commencement  du  xvi*"  siècle.  Il  fut 
un  des  premiers  qui  découvrirent  l'Amérique  :  lieutenant 
de  Christophe  Colomb,  il  fut  plus  tard  le  compagnon  d'Amé- 
ric  Vespuce  et  le  chef  de  Pizarre  et  de  Cortés.  Flevé  chez 
le  duc  de  Médina-Celi,  il  se  signala  par  un  courage  excep- 
tionnel dans  les  guerres  contre  les  Maures.  Il  lit  partie 
des  aventuriers  recrutés  par  Colomb  pour  son  deuxième 
voyage  (23  sept.  1493);  le  22  nov.,le  bateau  aborda  dans 
la  baie  de  Samara,  à  la  pointe  est  d'Hispaniola  :  Colomb 
apprit  là  le  massacre  des  soldats  qu'il  avait  laissés  à  La 
Navidad  à  son  premier  voyage  et  résolut  d'envoyer  un  dé 
lâchement  commandé  par  Ojeda  dans  l'intérieur  de  l'île. 
Ojeda  partit  avec  quinze  cavaliers  et  atteignit  Cibao  après 
six  jours  de  marche  au  S.  ;  en  avr.  1494,  il  tit  une  ex- 
pédition sur  les  bords  du  Rio  del  Oro  et  s'empara  par  la 
ruse  de  Caonabo,  un  des  caciques  des  Caraïbes. 

Ojeda  se  brouilla  peu  de  temps  après  avec  Colomb  et 
revint  en  luspagne  intriguer  contre  lui  auprès  de  l'évèque 
de  Badajoz,  Fonseca,  son  protecteur;  puis  il  arma  quatre 
vaisseaux  et  partit  avec  un  des  armateurs,  Americo  Ves- 


OJEDA     -  O'KELLY 


—  330 


puccio,  le  ^20  mai  1499;  après  vingt-sept  jours  de  tra- 
versée, il  découvrit  le  continent  américain  et  aborda  à  un 
endroit  qu'il  appela  Venezuela  (Petite-Venise,  parce  que 
les  habitations  étaient  bâties  sur  pilotis);  il  suivit  la  côte 
pendant  80  lieues,  jusqu'au  golfe  du  Paria,  puis,  guidé 
par  les  cartes  de  Colomb,  atteignit  le  cap  de  la  Vêla;  en 
sept.  4499,  il  aborda  à  Yaquimo.  Colomb,  inquiet  de  son 
débarquement,  envova  un  de  ses  capitaines  pour  voir  Ojeda  : 
celui-ci  ne  put  réaliser  son  intention  qui  était  de  déloger 
Colomb  de  Santo-Domingo  et  revint  à  Cadix  (fév.  -1500). 
où  il  vendit  de  nombreux  esclaves  pris  pendant  son  voyage. 
]]n  loOl,  Ojeda  et  Vespuce  repartirent  de  Cadix  et  abor- 
dèrent dans  le  golfe  d'Craba  :  Ojeda  fut  emprisonné  par 
ses  matelots  et  enfermé  à  Yaquimo.  En  4o08,  il  reparaît 
et  obtient  le  gouvernement  d'une  province  appelée  Nueva- 
x4ndalucia  :  Ojeda  reprit  la  mer  avec  300  hommes  parmi 
lesquels  se  trouvait  François  Pizarre  ;  Cortés,  malade,  s'était 
engagé  dans  l'expédition,  mais  ne  put  la  suivre.  Après  des 
aventures  diverses  et  des  revers  considérables,  il  fonda 
San  Sébastian,  puis  débarqua  à  Cuba  où  les  naturels  détrui- 
sirent sa  bande.  Revenu  à  Hispaniola,  il  ne  survécut  pas  à 
ses  fatigues  et  fut  inhumé  dans  l'église  des  Franciscains 
de  Santo-Domingo.  Ph.  B 

OKA.  Mesure  de  capacité  employée  dans  les  Balkans. 
Pour  les  liquides  elle  vaut  i^^S283,  pour  les  grains  'P'^537, 
en  Valachie.  Pour  l'huile,  en  Grèce,  elle  pèse  1.280  gr. 
L'oka  turque  pesait  4.281  gr.  et  était  comptée  dans  l'usage 
pour  4/9  de  la  livre  viennoise.  L'oka  monétaire  pesait 
environ  4.283  gr.  Celle  d'Egypte  pèse  4.235s'^,3G,  celle 
de  Tripoli  4.2205^,8,  soit  2  1/2  artal. 

OKA.  I.  Fdvière  de  Russie  (Europe),  principal  affluent 
de  droite  du  Volga  (bassin  de  la  mer  Caspienne).  Elle 
prend  naissance  dans  les  marais  du  gouvernement  d'Orel, 
à  350  m.  d'alt.,  et  traverse  les  gouvernements  d'Orel, 
Toula,  Kalouga,  Moscou,  Riazan,  Tambov,  Vladimir  et 
Nijni-Novgorod,  pour  se  jeter  dans  le  Volga,  près  de  la  ville 
de  Nijni,  après  un  parcours  total  de  4.500  kil.  Direction 
générale  N.-N.-O.  avec  plusieurs  détours,  dans  son  cours 
moyen,  vers  le  S.  et  le  S. -E.  Cours  d'eau  considérable  à 
la  ibis  par  son  débit  et  par  la  valeur  économique  des  ré- 
gions qu'il  traverse,  considérées  comme  les  plus  importantes 
de  l'empire.  Son  bassin  occupe  une  superficie  de  près  de 
6.000  kil.  q.  Navigable  sur  la  plus  grande  étendue  de  son 
parcours,  l'Oka  sert  au  trans])ort  de  marchandises  destinées 
à  la  province  de  Moscou  et  à  Nijni,  ou  plus  proprement 
au  Volga.  Sa  largeur,  à  partir  d'Orel,  augmente  sensi- 
blement, 60  à  400  m.  ;  la  profondeur  n'atteint  pas,  en 
certains  endroits,  4  m.  ;  en  d'autres,  elle  dépasse  5  m. 
Peu  d'îles  ;  par  contre,  divers  gués,  même  dans  son  cours 
moyen.  Fond  plutôt  sablonneux.  Rives  assez  élevées,  par- 
ticulièrement la  rive  droite,  et  atteignant  parfois,  sur  divers 
points  (gouv.  de  Kalouga),  jusqu'à  40  m,  d'élévation.  Trafic 
assez  considérable,  grâce  aux  villes  importantes  situées 
sur  le  parcours  :  Orel,  Kalouga,  Toula,  Riazan,  Nijni-Nov- 
gorod. Principaux  objets  transportés  :  céréales,  lin,  chanvre, 
foin,  objets  manufacturés  (toiles,  tissus,  quincaillerie). 
La  rivière  est  assez  poissonneuse,  mais  peu  exploitée  sous 
ce  rapport.  La  rivière  gèle  habituellement  des  premiers 
jours  de  novembre  à  la  fin  mars.  L'Oka  reçoit  un  très  petit 
nombre  d'afïïuents,  tous  peu  importants.  (Quelques  tra- 
vaux de  régularisation  ont  été  entrepris  en  vue  d'utiliser 
ce  cours  d'eau,  à  la  suite  de  l'expédition  organisée,  en  4894, 
sous  les  ordres  du  général  Tillo  pour  V étude  des  bassins 
supérieurs  des  principaux  cours  d'eau  de  la  Uiissie 
(Saint-Pétersbourg,  4894). 

IL  Rivière  de  Sibérie,  affluent  gauche  de  l'Angara,  dans 
le  gouvernement  d'Irkoutsk.  Descend  des  monts  Sayan. 
Direction  générale  N.  Long,  environ  800  kil.,  obstruée,  en 
grande  partie,  par  des  rapides.  Reçoit  un  grand  nombre 
de  petits  cours  d'eau.  —  Le  nom  d'Oka  est  donné  encore  à 
plusieurs  cours  d'eau  de  moindre  importance  :  4^^  bassin 
de  la  Kama,  affluent  de  l'Ay  (gouv.  de  Perm  et  d'Oufa); 
long.,  65  kil.  ;  2^^  affluent  de  droite  de  la  Kounia  (bassin 


,   du  lac  Jlmen).  gouvernement  de  Pskov  ;  long,  environ 

I  45  kil.  '  P.  Lem. 

I       OKAK.lledelacoteN.-E.duLabrador,  par  5703  l'Iat.N.; 

j   350  hab.  (lisquimaux).  Fondée  en  4776. 

I  OKANDA.  Peuple  de  l'Afrique  occidentale  dans  le  Congo 
h^mçais.  Son  habitat  est  la  contrée  à  cheval  sur  le  cours 
moyen  du  ileuve  Ogooué. 

ÔKAYARflA.  Ville  du  Japon,  ch.-l.  d'un  ken  de  la  prov. 
de  Bizen,  au  S.-O.  de  Nippon,  sur  l'Asahi-Gava;  54.665 
hab.  (en  4894).  Grand  palais  de  l'ancien  daïmio. 

OKEECHOBEE  (Lac) .  Lac  du  centre  de  la  Floride  (Etats- 
Unis),  au  N.  desEverglades.  Long,  de  70  kil.,  il  occupe 
2.600  kil.  q.,  mais  sa  profondeur  ne  dépasse  pas  3  m. 
On  travaille  à  le  dessécher.  Il  s'écoule  par  le  Caloosa- 
hatchee  dans  le  golfe  du  Mexique. 

OKEGHEiVl  (Jean),  illustre  musicien  belge  du  xv^ siècle, 
né  à  Bavay  ou  dans  une  autre  ville  voisine  du  Hainaut 
vers  4430,  mort  cà  Tours  vers  4513.  Les  détails  de  sa  vie 
sont  peu  nombreux  et  incertains  :  il  fut  probablement 
élève  de  Gilles  Binchois, premier  chantre  du  duc  de  Bour- 
gogne, n  résulte  d'un  compte  des  officiers  de  la  maison  de 
Charles  y  II,  qui  reçurent  des  habits  de  deuil  à  l'occasion 
de  ses  funérailles,  que  Okeghem  était  en  4464  premier 
chantre  du  roi  ;  il  se  rendit  sans  doute  ensuite  à  l'abbaye 
de  Saint-Martin  de  Tours,  dont  il  devint  plus  tard  chantre 
et  trésorier  et  où  il  acheva  sa  vie.  Okeghem  jouit  d'une 
grande  réputation  de  science  et  forma  un  grand  nombre 
d'élèves  qui  devinrent  les  musiciens  les  plus  célèbres  de 
la  fin  du  xv^  siècle  et  du  commencement  du  xvi*^  ;  il  pa- 
raît avoir  été  un  véritable  chef  d'école  :  Vimitation  et  le 
canon  prirent  une  forme  plus  régulière  et  plus  de  déve- 
loppement entre  ses  mains  ;  il  fut  aussi  l'un  des  premiers 
qui  proposèrent  ces  combinaisons  hérissées  de  toutes  les 
subtilités  du  contrepoint,  qui  contribuèrent  à  la  perfection 
des  formes  scientifiques  quand  leur  abus  eut  disparu.  On  a 
un  canon  à  trois  voix  d'Okeghem,  le  hjrie  à  quatre  voix 
et  le  Bened ictus  à  deux  voix  de  sa  messe  Ad  onineni  to- 
niun,  ainsi  que  le  kyrie  de  sa  messe  Gaudeanius  et  plu- 
sieurs messes  conservées  à  la  chapelle  pontificale,  à  liome. 
On  a  prétendu  qu'Okeghem  avait  écrit  une  messe  à  trente- 
six  voix,  mais  une  pareille  composition  ne  paraît  pas  pos- 
sible au  XV®  siècle,  ou  les  morceaux  écrits  à  six  voix  étaient 
très  rares  et  où  le  personnel  des  chapelles  royales  était  en 
petit  nombre, 
P.iBL.  :  Biii:x i/r,  Je</n  de  Ohcijhain;  Paris.  1893. 
OKEHAiyiPTON.  Bourgade  d'Angleterre,  comté  de  De- 
von,  sur  rOkement;  4.879  hab.  (en  4894).  Ruines  d'un 
château  du  xi*^  siècle.  Truites. 

OKEL  (Archit.).  Nom  donné  en  Egypte  aux  édifices  du 
genre  de  ceux  que  les  Turcs  et  les  Persans  appellent  ca- 
ravansérails (V.  ce  mot).  L'okel  est  à  la  fois  un  bazar, 
un  magasin,  un  atelier  et  une  auberge  où  se  rendent  les 
voyageurs  et  de  préférence  les  marchands.  Les  okels  sont 
nom])reux  au  Caire  et  dans  les  principales  villes  d'Egypte 
et,  lors  de  l'Exposition  universelle  de  4\iris  en  4867, 
M.  Drevct,  architecte,  avait  été  chargé  par  le  vice-roi 
d'édifier  au  Champ  de  Mars  un  de  ces  édifices  dont  le 
plan,  quoique  un  peu  modifié  pour  recevoir  certains  ser- 
vices, salle  de  commission,  musée  d'anthropologie  et  café, 
et  dont  la  décoration,  empruntée  à  plusieurs  okels  d'As- 
souan,  donnaient  cependant  bien  une  idée  des  principales 
dispositions  et  de  l'aspect  de  ces  édifices.  Au  milieu  de 
l'okel  est  une  cour  avec  fontaine  et  latrines,  entourée  de 
portiques  sous  lesquels  s'ouvrent  les  boutiques  et  les  ma- 
gasins, tandis  qu'au  premier  étage  des  chambres  sont  amé- 
nagées autour  des  portiques  ou  des  teri-asses  couvrant  ces 
portiques.  Charles  Lucas. 

BiBL.  :  A.  Normand,  VArcJiltecture  dos  nidions  étriin- 
(jùres  à  rExposUlon  de  1861  ;  Paris,  1870,  deiii.-iol.,  pi. 

OKELLOS   DF.   LUCANIE   (V.   OCELLUS). 

O'KELLY  (Charles),  historien  irlandais,  né  au  château 
de  Screen  (comté  de  Calsvay)  en  46'21,  mort  en  4695.  Fils 
d'un  lord  catholique,  il  fut  élevé  au  collège  irlandais  de 


—  334 


O'KRLl.Y 


Saiiit-Omer,  prit  du  service  en  164^2  dans  T armée  du 
marquis  d'Ormonde  et,  après  le  triomphe  du  Parlement,  se 
retira  en  Espagne.  De  retour  en  Angleterre  après  la  Res- 
tauration, il  siégea  en  iGS9  au  Parlement  irlandais  et  com- 
manda un  régiment.  Battu  en  1689  par  le  colonel  Lloyd, 
il  tint  encore  dans  l'île  de  Bafm  jusqu'au  20  août  4691  ; 
il  fut  alors  obligé  de  se  rendre  à  l'armée  orangiste.  Après 
le  traité  de  Limerick,  il  se  tint  dans  la  vie  privée.  On  a  de 
lui  :  Macariœ  Excidhim  or  the  Destruction  of  Cyriis 
(16M,  nouv.  éd.  de  la  Camden  Society  en  1841,  de 
VIrîsh  Archœloçfical  Society  en  1850,  et  du  comte  Plun- 
ket  en  189i).  C'est  une  fort  curieuse  relation  de  la  lutte 
de  Jacques  II  contre  Guillaume  III,  en  Irlande.       R.  S. 

0' KELLY  (James),  homme  politique  irlandais,  né  à 
Dubhn  en  1845.  Après  avoir  terminé  ses  études,  il  prit 
du  service  dans  l'armée  française  pendant  la  guerre  franco- 
allemande.  Il  passa  ensuite  aux  Etats-Unis,  écrivit  dans 
l^lSew  York  Herald  et  alla  à  Cuba,  comme  correspondant 
de  ce  journal  ;  mais,  emporté  par  la  vivacité  de  son  tem- 
pérament, il  donna  son  concours  aux  Cubains  révoltés,  fut 
fait  prisonnier  et  enfermé  dans  une  forteresse,  d'où  il  réussit 
à  s'échapper.  Il  a  raconté  ses  aventures  dans  un  livre  inti- 
tulé The  Mambi  Land.  Il  revint  en  Amérique,  prit  part 
à  l'expédition  contre  les  Sioux  (1876),  séjourna  en  Algérie 
et  gagna  le  Soudan  (1884)  dans  l'intention  de  servir  dans 
l'armée  du  mahdi.  Après  une  série  d'aventures  extraor- 
dinaires, il  parvint  dans  les  environs  de  Khartoumd'où  il 
envoya  au  Daily  hews  des  lettres  d'un  vif  intérêt.  N'ayant 
pu  réahserson  projet,  carie  gouvernement  égyptien  le  fit 
arrêter  à  Dongola,  il  revint  en  Angleterre  et  se  lança 
dans  la  politique.  Un  des  partisans  les  plus  actifs  de  Par- 
nell,  il  fut  élu  en  1885  parRoscommonà  la  Chambre  des 
communes,  réélu  en  1886,  il  fut  battu  en  1892  par  un 
antiparnelliste.  Il  prit  sa  revanche  en  1895.  Toujours 
violent,  M.  O'Kelly  fut  à  diverses  reprises  frappé  par  la 
Chambre  des  communes  de  la  peine  de  la  suspension.  En 
1 881-82,  il  fut  même  emprisonné  comme  suspect.  11  a  fondé 
et  dirige  à  Londres  VIrish  Daily  Independeiit.      R.  S. 

OKEN  (Lorenz),  de  son  vrai  nom  Ockenfuss,  naturahste 
et  philosophe  allemand,  né  à  Bohlsbachle  le  1^=^  août  1779, 
mort  à  Zurich  le  11  août  1851.  Oken  est  le  plus  célèbre 
des  philosophes  appartenant  à  l'école  dite  des  Philosophes 
de  la  nature,  qui  s'efforça  de  faire  pénétrer  dans  la  science 
et  d'appliquer  au  monde  réel  le  système  d'idées  générales 
qui,  depuis  Kant,  et  k  travers  Eichte  et  ScheUing,  avait 
donné  une  direction  nouvelle  et  originale  à  la  métaphysique 
allemande.  Déjà  ScheUing,  en  1797,  avait  publié  un  livre 
intitulé  De  VAme  du  monde,  hypothèse  de  haute  méta- 
j3hysique,  pour  exphquer  T organisme  universel,  dans  lequel 
il  indiquait  comment  on  peut  retrouver  dans  le  monde,  dans 
la  vie  môme,  les  lois  abstraites  de  la  philosophie  transcen- 
dantale.  Oken  se  lança  avec  passion  dans  la  voie  de  ces  auda- 
cieuses constructions  tout  en  essayant  de  leur  donner,  par 
une  étude  approfondie  de  l'histoire  naturelle,  une  rigueur 
plus  scientifique.  L'idée  générale,  qui  se  dégage  de  son  œuvre 
puissamment  et  aussi  témérairement  synthétique,  est  celle 
deFunité  absolue  du  plan  de  l'univers,  qui  réalise,  à  travers 
tous  ses  degrés  et  par  l'infinité  même  de  ses  formes,  l'unité 
divine.  Un  panthéisme  universel,  dans  lequel  il  est  possible 
de  suivre  et  de  retrouver,  jusque  dans  les  plus  infimes  dé- 
tails de  l'organisation  matérielle,  l'unité  logique  du  déve- 
loppement divin,  un  infini  qui  se  répète  en  se  diversifiant  : 
tel  est  le  monde.  Tous  les  êtres  représentent  Dieu,  chaque 
être  particulier  manifestant  une  ou  plusieurs  qualités  d'un 
être  supérieur  et  résumant  en  lui  les  qualités  des  êtres  in- 
férieurs. La  continuité  est  ainsi  étabhe  dans  le  monde, 
expression  directe  de  l'activité  divine  :  et  l'œuvre  d'Oken 
apparaît  comme  une  exacte  application,  au  domaine  des 
sciences  naturelles,  du  système  de  la  monadologie. 

La  vie  d'Oken  donne  l'exemple  d'une  prodigieuse  acti- 
vité intellectuelle.  Dès  1802,  il  donne  une  vaste  esquisse 
de  sa  théorie  dans  un  premier  ouvi'age  intitulé  Grun- 
driss   der   Natur philosophie,  der  Théorie  der  Sinne, 


und  der  daraufgegriindeten  Classification  der  Ihiere. 
Il  expose  dans  ce  livre  que  les  classes  d'animaux  ne  sont 
virtuellement  rien  de  phis  que  la  représentation  des  or- 
ganes des  seiîs  :  d'où  la  distinction  des  animaux  en  cinq 
chisses  :  1^  les  Dermatozoa  ou  Invertébrés;  2°  les  Glos- 
sozoa  ou  Poissons  ;  3*^  les  Rhinozoa  ou  Reptiles  ;  4°  les 
Otozoa  ou  Oiseaux  ;  5°  les  Ophtalanozoa  ou  Mammifères. 
Va\  1805,  il  publie  la  Génératioii  (die  Zeuguny)  oti  il 
soutient  que  tout  être  organique  consiste  primitivement  en 
vésicules,  masses  protoplasmiques  d'où  sortent  et  se  dé- 
veloppent, par  évolution,  tous  les  êtres,  hypothèse  de  gé- 
nie que  les  découvertes  récentes  de  l'analyse  anatomique 
ont  confirmée.  L'année  suivante,  en  1806,  publication 
d'un  ouvrage  intitulé  Beilrdge  zur  vergleichenden  Zoo- 
logie, Anaiomie,  Physiologie,  où  l'on  trouve  des  re- 
cherches neuves  sur  l'origine  des  intestins  dans  la  vésicule 
om])ilicale. 

La  récompense  de  ces  travaux  fut  la  nomination  d'Oken 
comme  professeur  à  l'Université  d'Iéna,  en  1807.  A  cette 
occasion,  Oken  prononça  un  discours  d'ouverture  en  pré- 
sence de  Gœthe,  conseiller  privé  et  recteur  de  l'Univer- 
sité, où  il  traitait  de  la  signification  des  os  du  crâne.  lien 
tira  ensuite  un  mémoire  qu'il  publia  sous  le  titre  de  : 
IJeber  die  Bedeutung  der  Schddelknochen,  où  se  trouve 
développée  une  idée  entrevue,  en  même  temps,  par  Gœthe 
en  Allemagne  et  par  Dumeril  en  France,  à  savoir  que  la 
tête  est  composée  de  vertèbres  modifiées  :  découverte  qui 
apportait  une  confirmation  éclatante  aux  idées  générales 
d'Oken,  puisqu'elle  montrait  l'unité  réaHsée  dans  le  détail 
(Hvers  de  l'organisation  anatomique.  En  1808,  publica- 
tion d'un  traité  Ueber  das  Universum  als  Iwrtsetzung 
der  Sinnensy stems,  ou  il  expose  que  le  monde  et  l'or- 
ganisme ne  se  tiennent  pas  seulement  en  harmonie  l'un 
avec  l'autre,  mais  qu'ils  sont  un  en  espèce.  En  1809, 
Lehrbilch  der  JSatur philosophie,  classification  nouvelle 
des  éléments,  minéraux,  végétaux,  animaux,  d'après  ses 
théories  philosophiques.  Chaque  groupe  d'animaux  et  de 
végétaux  est  caractérisé  par  le  développement  qu'y  acquiert 
un  des  systèmes  organiques,  en  sorte  que  les  séries  bota- 
niques et  zoologiques  sont  déterminées  par  les  divers  de- 
grés de  l'évolution  organique.  Oken  y  montre  également 
(]uo,  de  même  qu'en  chimie  les  combinaisons  dérivent 
d'une  loi  définie  numériquement,  de  même  en  anatomie 
les  organes,  en  physiologie  les  fonctions,  en  histoire  na- 
turelle les  classes,  familles  et  genres,  présentent  entre 
eux  des  rapports  arithmétiques  semblables.  Ce  livre  pro- 
cura à  Oken  le  titre  de  conseiller  à  la  cour. 

En  1816  commence,  sous  sa  direction,  la  publication 
de  Vlsis,  eine  encyclopàdische  Zeitschrift  vorzilghch 
fïir  NaturgescJiichie,  vergleichende  Anatomie  and  Phy- 
siologie —  revue  générale,  qui  comprend  non  seulement 
des  articles  sur  les  sciences  naturelles,  mais  aussi  des  ar- 
(icles  littéraires  et  des  bulletins  pohtiques.  Cette  revue 
attira  à  Oken  les  remontrances  des  Etats  allemands,  et  la 
cour  de  Weimar  le  mit  en  demeure  de  supprimer  VIsis  ou 
d'abandonner  sa  chaire.  Oken  choisit  ce  dernier  parti,  l^a 
])ublication  de  Vîsis  fut  interdite  à  Weimar  :  mais  elle  con- 
tinua à  paraître,  jusqu'en  1848,  àRudolstadt.  C'est  dans 
Vïsis  qu'en  1821  Oken  avait,  le  premier,  exposé  l'idée 
d'un  congrès  général  périodique  de  naturalistes  et  de  mé- 
decins allemands.  Le  premier  de  ces  congrès  eut  lieu  l'an- 
née suivante  à  Leipzig.  C'est  sur  le  modèle  de  ce  congrès 
qu'a  été  organisée  la  British  Association  pour  l'avance- 
ment de  la  science. 

En  1828,  Oken  reprit  son  humble  poste  de  privat-do- 
cent  à  l'Université  de  Munich,  récemment  créée.  Mais  il 
fut  obligé  de  la  quitter  en  1832,  à  la  suite  d'attaques  et 
de  calomnies.  Il  se  réfugia  àZurich  où  venait  de  se  fonder 
une  université. 

Oken  a  ouvert  à  l'étude  de  la  nature  des  voies  nouvelles 
et  pressenti  des  vérités  dont  plusieurs  ont  pris  une  place 
importante  dans  la  science.  Carus,  Geoffroy  Saint-Hilaire, 
Blainville,  Owenlui  doivent  beaucoup.  Peut-être  son  œuvre 


uki:lly 


0KI.A110MA 


est-elle  gâtée  par  une  l'orme  eiriphatique  et  une  trop 
grande  systématisalion  dïdées.  11  y  avait  là  \\n  danger 
pour  le  développement  de  la  science,  danger  que  les  élèves 
d'Oken  n'ont  pas  toujours  su  éviter  =  Oken  a  écrit  en  fran- 
çais un  seul  ouvrage  intitulé  Esquisse  d'un  systèmed'aiKh 
tiniiie,  de  phi/sioloffie  et  dliistoire  naturelle  (18 1^2). 

Da  Costa. 

JiiJiL.  :  KcKi.R,  L.  Oheit:  Siuit^uart,  1880.  —  (luTTr.i'U. 
/..  Oken  und  sein  VcrhœllnisH  zur  modonion  Ent\\icJ!(;l- 
nnfjf^lliporic,  1881 

OKER.  Rivière  d'Allemagne,  alll.  g.  de  l'Aller,  longue 
de  lOo  kil.  Célèbre  par  les  pittoresques  rochers  de  son 
val  supérieur  (V.  Harz). 

La  bourgade  d'Oker  (2.700  hab.),  au  débouché  de  ce  val- 
lon, renferme  de  grands  établissements  industriels  où  on 
traite  les  minerais  de  plomb,  et  où  on  fabrique  de  l'acide  sul- 
furique,  des  couleurs,  etc. 

BiBL.  :  SciiuoHT,  Gcoiiaosiedos  Olierthals;  Ilar/burg,  1889. 
—  Du  même,  Uevmatshunde  des  llidlenorls  Oher,  1888. 

OKHOTSK  (Mer  d'),  dite  aussi  mer  Toungonse  ou 
Lamoutique.  Mer  de  l'océan  Pacifique  au  N.-E.  de  l'Asie 
comprise  entre  4io-62«  16'  lat.  N.  et  i3;^-iGl«  long.  E. 
Superficie  environ  1.507.600  kil.  q.  Elle  est  bornée 
à  l'O.  et  au  N.  par  les  côtes  de  l'Asie,  au  N.-S.  par  la 
côte  du  Kamtchatka,  au  S.  par  la  traînée  des  îles  Kou- 
l'ilcs  et  au  S.-O.  par  l'de  de  Sakhaline.  Elle  communique 
avec  l'océan  par  les  nombreux  détroits  qui  séparent  les 
Kouriles,  et  avec  la  mer  du  Japon  par  le  détroit  de  la 
Pérouse  et  la  Manche  de  Tartarie.  Le  Ultoral  baigné  par 
la  mer  d'Okhotsk  a  un  caractère  assez  varié.  Trois 
grandes  baies  s'ouvrent  au  N.  :  la  baie  de  Penjina,  la  baie 
de  Ghùiga  et  la  baie  du  Taoui  oii  se  jettent  (|uatre  rivières  : 
rOla,  l'Arman,  la  ïana  et  le  Taoui  avec  la  Kova.  La  côte 
IL  de  la  baie  de  Penjina,  très  rocheuse,  offre  de  nom- 
breuses échancrures  pareilles  à  des  fjords.  Plus  à  FO.  on 
rencontre  la  rade  d'Okhotsk,  l'estuaire  de  l'Aldoma,  le  golfe 
et  le  port  d'Aïan  ;  au  S.  se  découpent  le  grand  golfe  de 
l'Oud  (pii  reçoit  les  eaux  de  la  rivière  du  même  nom  et  la 
baie  du  Tougour  en  face  desquels  émergent  les  lies  Chantar. 
Les  sondages  opérés  par  le  lieutenant  Moser,  sur  V Alba- 
tros, en  sept.  1896,  ont  prouvé  que  le  bassin  de  la  mer 
d'Okhotsk  présente  un  entonnoir  dont  la  dépression  s'al- 
longe parallèlement  à  la  chaîne  des  Kouriles  ;  ces  der- 
nières forment  connue  une  muraille  à  pic  du  côté  de  l'île 
Sakhaline  ;  par  contre,  le  fond  est  ta  pente  douce.  La  plus 
grande  profondeur  trouvée  par  le  lieuteiumt  Moser,  vers 
47^-8^  lat.  N.  et  iW  42'  long.  E.,  était  de  :).370  m 
Climat  très  rigoureux,  ce  qui  s'explique  par  le  voisi- 
nage du  continent  bordé  de  chaînes  montagneuses  où  les 
neiges  et  les  glaces  s'accumnlent  et  qui  l'enserrent  sur 
trois  de  ses  côtés.  La  mer  est  prise  depuis  le  commen- 
cement de  novembre  jusqu'aux  premiers  jours  de  juin;  les 
glaces  ne  disparaissent  jamais  complètement,  même  au  mois 
d'août  on  en  trouve  encore  dans  les  eaux  du  S.-O.  La 
température  de  l'eau  varie,  en  été,  de  9'^  à  L2^  à  la  sur- 
face ;  elle  est  de  O'^  à  —  2"^  à  la  profondeur  de  50  à  200  m . , 
elle  remonte  sensiblement  à  partir  de  cette  profondeur  et 
l'on  a  constaté  2*^,4  à  800  m.  Particularité  remarquable  : 
les  couches  froides  sont  plus  denses  que  les  couches  chaudes. 
Les  dernières  recherches  ont  démontré  qu'il  doit  exister 
dans  la  mer  d'Okhotsk  un  courant  assez  chaud  venant  de 
la  mer  du  Japon.  Les  marées,  très  considérables,  attei- 
gnent 3*^,60  et  quelquefois  6  m.  en  certains  endroits. 
Malgré  son  climat  i'igoureux,  la  flore  et  la  faune  de  la  mer 
d'Okhotsk  sont  très  riches.  On  y  a  trouvé  plus  de  50  es- 
pèces d'algues  ;  les  saumons  abondent  ainsi  que  plusieurs 
espèces  de  phoques,  de  dauphins  et  de  baleines.  Depuis 
1846,  épocpie  où  les  baleiniers  (principalement  américains) 
ont  commencé  à  fréquenter  ces  parages,  jusqu'en  4861, 
on  a  exporté  pour  130  millions  de  dollars  de  baleine  et  de 
graisse.  Une  compagnie  russo-américaine  (depuis  4864) 
et  depuis  4866  une  compagnie  russe  (Lindholm)  ont  l'entre- 
prise de  la  pêche  de  la  baleine  dans  cette  mer.    Les  pre- 


mières explorations  scientitiqiie^  de  la  mer  d'Okhotsk 
remontent  à  Pierre  le  Grand.  Mar.  C. 

OKHOTSK.  Ville  de  la  Province  maritime  (Sibérie),  à 
près  de  10.000  kilom.  E.  de  Saint-Pétersbourg.  Port 
et  chef-lieu  de  cercle,  sur  la  côte  septentrionale  de  la  mer 
d'Okhotsk,  à  l'embouchure  du  Koukhtoni  et  de  TOkhota. 
Au  début,  simple  centie  d'approvisionnement  de  la  pre- 
nn'ère  expédition  du  Kamtchatka  dii-igée  par  Bering  et  siège 
de  la  Compagnie  commerciale,  le  port  d'Okhotsk  ue  fut 
achevé  qu'en  1744.  En  1849,  Okhotsk  fut  incorporée  à  la 
prov.  de  Iakoutsk  ;  mais,  depuis  1858,  la  ville  avec  son 
cercle  fait  partie  de  la  province  mai'itime.  Le  cercle 
(200.000  kil.  q.).  v  compris  le  ch.-l.,  ne  compte  que 
4.800  hab.  environ."  Mvis.  C. 

OKHRIDA.  Turquie  (V.  Ochiuda). 

OKINAVA  (Ile)  (V.  Riou-Kiou  [Hes]). 

OKLAHOMA.  Territoire  des  Etats-Unis,  404 .000  kil.  q., 
limité  au  N.  par  le  Kansas  et  le  Colorado,  à  l'E.  pai'  le 
Territoire  Indien,  au  S.  et  à  l'O.  par  le  Texas  ;  31 0.000  hab. 
en  4896.  Capitale,  Guthrie,  28.000  hab.  en  4896.  Villes 
principales  :  Norman,  siège  de  l'Université  territoriale, 
et  Stillwater,  siège  d'un  collège  d'agriculture.  Le  Terri- 
toire est  arrosé  par  leCimarron  et  la  rivière  Canadienne, 
coulant  de  l'O.  à  l'E.,  affluents  de  FArkansas.  Il  est  des- 
servi par  645  kil.  de  chemins  de  fer  appartenant  aux 
compagnies  d'Atchison,  Topeka  and  Santa-Fe,  de  Chicago- 
Rock-lsland  and  Pacific,  et  de  Choctaw  Coal  Road.  Eu 
1893,  il  y  avait  284.000  acres  cultivées  en  mais,  222.000 
en  blé.  Ces  chiffres  ont  été  considérablement  dépassés 
depuis.  L(ï  Territoire  est  représenté  au  congrès  de  Washing- 
ton par  un  délégué  élu  au  suff'rage  universel.  La  législa- 
tion territoriale  se  compose  d'un  sénat,  ou  conseil,  de  treize 
membres,  et  d'une  chambre  de  vingt-six.  Le  gouverneur 
est  nommé  par  le  président  des  Etats-Unis.  Les  autres 
fonctionnaires  principaux  sont  :  un  secrétaire,  un  tréso- 
rier, un  attorney  général,  un  surintendant  de  l'éducation. 
11  y  a  une  cour  suprême,  composée  d'un  chief  justice  et 
de  quatre  juges. 

Le  1"^''  févr.  4889,  un  décret  livra  aux  colons  le  district 
d'Oklahoma,  enclave  de  8.000  kil.  q.  sur  les  rives  du 
Cimarron,  au  centre  du  Territoire  Indien.  «  Toutes  les  me- 
sures avaient  été  prises  par  les  compagnies  des  voies  ferrées, 
par  les  éleveurs  de  bétail  et  les  spéculateurs,  pour  s'em- 
parer du  sol.  Les  plans  des  villes  étaient  déjà  tracés  ;  on 
vendait,  on  achetait  les  lots  aux  enchères,  avant  même  de 
les  avoir  vus.  A  l'heure  indiquée,  la  foule  franchissait  les 
limites  et  se  ruait  sur  les  terres  nouvelles  ;  les  préemp- 
teurs  du  sol  posaient  leurs  bornes;  les  charrettes,  les 
voitures  creusaient  leurs  ornières  sur  les  routes  à  venir  ; 
les  industriels  plantaient  leurs  tentes  sur  l'emplacement 
de  leurs  magasins  futurs.  La  vie  économique  et  sociale 
des  cités  américaines  animait  soudain  la  solitude.  La  ville 
d'Oklahoma,  celle  de  Guthrie,  choisie  comme  capitale, 
apparurent  ainsi,  se  dressant  en  quelques  jours  au-dessus 
des  plaines.  »  (Elisée  Reclus.) 

L'Oklahoma  de  4889  était  un  terrain  que  le  gouverne- 
ment fédéral  s'était  réservé,  mais  que  les  Peaux-Rouges 
considéraient  comme  un  territoire  de  pâture  pour  leur  bé- 
tail. Le  Territoire  Indien  avait  encore  alors  474.000  kil.  q. 
et  486.000  hab.  dont  408.000  blancs  et  78.000  Indiens 
répartis  en  un  grand  nombre  de  tribus,  dont  celle  des 
Cherokees  était  la  plus  nombreuse  et  la  plus  civilisée.  Ta- 
lequah  est  le  siège  de  leur  législature.  Ils  sont  établis  dans 
l'angle  N.-E.  du  Territoire,  sur  les  confins  du  Kansas,  du 
Missouri  et  de  FArkansas.  Autour  d'eux  vivent  les  Otta- 
was,  les  Shawnees,  les  Wyandotts,  les  Senecas.  Dans 
l'angle  E.  sont  les  Choctaws,  qui  s'accroissent  en  nombre 
comme  les  Cherokees  et  s'enrichissent  par  l'agriculture  et 
l'élève  du  bétail  (V.  Territoire  Indien). 

En  4894,  une  partie  des  terres  voisines  de  l'enclave  de 
4889  fut  encore  ouverte  à  la  colonisation,  et  les  compa- 
gnies de  spéculateurs  et  de  colons  s'y  précipitèrent.  Eu 
4893,  enfin,  de  nouvelles  adjonctions  portèrent  les  hmites 


3o3 


OKLAHOMA  --  OLAl 


de  rOklahoma,  au  N.  jusqu'à  la  frontière  S.  du  Kausas. 
et  au  S.  jusqu'à  la  rivière  Rouge,  frontière  du  Texas.  Les 
réserves  militaires  du  N.-O.  et  tout  ce  qui  restait  de  lu 
partie  occidentale  du  Territoii'c  Indien,  avec  une  bande 
étroite  entre  le  N.-O.  du  Texas  et  le  S.-K.  du  Colorado 
{Cherokee  Strlp),  furent  annexés  à  l'Oklahoma,  dont  la 
superficie  fut  dès  lors  portée  aux  dimensions  actuelles,  qui 
dépassent  celles   de  ce  qui  subsiste  du  Territoire  Indien. 

Aug.  MoniEAu. 

OKOAS  (Etbiiol.).  En  1861,  le  D^'  Touchard  signalait, 
comme  avant  existé  au  Gabon,  des  nains  appelés  Akoas  ou 
Okoas  dont  le  nom  a  ensuite  frappé  pour  sa  similitude  avec 
celui  des  nains  de  FOuellé,  les  Akkas  (V.  NÉGanos).  Les 
M'Pongués,  disait-il,  les  avaient  détruits  dans  leur  mouve- 
ment d'expajîsion  vers  TO.  En  1868,  l'amiral  Eleuriot  de 
Langle  a  vu  et  photographié,  au  cap  Lopez,  un  Akoa,  qui 
avait  été  vendu  aux  Oroungous  et  amené  de  l'intérieur 
comme  esclave.  Il  avait  quarante  ans  et  mesurait  de  i"\ .il 
à  I"\iQ.  Il  était  bien  proportionné;  il  avait  le  thorax  bien 
développé  et  bien  musclé,  de  même  que  les  épaules,  mais 
les  meml)res  inférieurs  assez  maigres.  Sa  tèle  était  glo- 
buleuse et  sa  face  peu  prognathe.  Il  offrait,  en  un  mot,  les 
caractères  observés  chez  les  Obongos  (V.  ce  nom).  Un 
crâne  akoa  rapporté  par  de  Langle  a  donné  à  M.  llamy 
un  indice  céphalique  de  83,65. 

lui  1877,  A.  Marche  {Trois  Voyages  dans  V Afrique 
occidenlale)  a  visité  un  village  d'Okoas,à  quelque  distance 
de  Lopé.  lisse  signalent  par  une  peau  plus  claire.  La  taille 
moyenne  était  :  pour  les  hommes,  de  1"S50  à  l"\5i2;  pour 
les  femmes,  de  I"\iO  à  \^./ià.  Un  seul,  un  vieillard  qui 
passait  pour  un  géant,  avait  l'",6:2.  Ces  Okoas,  évidem- 
ment partie  détachée  de  la  race,  du  peuple  des  Okoas,  des 
Bongos,  Obongos,  Babonlvos,  etc.,  ne  se  mêlent  pas  volon- 
tiers aux  autres  noirs.  Cependant  ils  leur  ont  emprunté 
leurs  mœurs,  et  M.  Marche  signale  l'usage  pour  les  femmes, 
«  très  bien  faites  »,  dit-il,  de  s'arracher  les  cils,  à  l'exemple 
des  femmes  Okondas.  Dybowski  a  vu  de  ces  Okoas  esclaves 
à  Sette-Camma,  et  ce  qui  l'a  frappé  en  eux,  c'est  que  la 
j)eau,  les  yeux,  les  cheveux  mêmes  étaient  de  nuance  plus 
claire  que  chez  les  autres  nègres.  Zaijokonnski. 

OKOLOMA  (V.  Bonn  Y). 

OKQTA,  Peuple  de  l'Afrique  occidenlale.  dans  le  (^ongo 
français,  vivant  sur  les  rives  de  l'Ogooué. 

OKTAI  ou  OGODAI,  (ils  de  Djengis  Khan  (V.  Mongolie. 
t.  XXIV,  p.  U). 

OKUBO  TosHÉMUsu,  homme  d'Etat  japonais,  né  à  Sat- 
îsouma,  assassiné  à  Tokiole  14  mai  1878.  Fils  d'un  samou- 
raï, serviteur  du  dannio  deSatsouma,  il  eut  une  part  active 
à  la  révolution  de  1868  qui  renversa  le  shogoun  de  Yedo  et 
devint  Lun  des  conseillers  les  plus  écoutés  du  Mikado,  au- 
({uel  il  persuada  de  transférer  sa  résidence  à  Tokio  et 
d'abandonner  l'ancien  cérémonial  qui  l'isolait  du  monde 
extérieur.  La  conséquence  fut  la  chute  de  la  féodalité. 
Okubo  devint  ministre  des  finances  (1871),  puis  de  l'in- 
térieur, participa  à  la  grande  mission  en  Amérique  et  Eu- 
rope (187^-73),  comprima  l'insurrection  de  Saga  (1884), 
bigna  la  paix  avec  la  Chine.  L'énergie  déployée  contre  les 
rebelles  de  Satsouma  lui  coûta  la  vie  ;  il  tomba  sous  les 
coups  d'un  samouraï. 

OKU  MA  ShigKxNObu,  homme  d'Etat  japonais,  né  à  Hizen 
en  1837.  Il  apprit  l'anglais  et  le  néerlandais,  prit  part  à  la 
révolution  de  1868,  devint  en  1873  ministre  des  finances, 
se  retu'a  en  188^2  pour  fonder  le  parti  réformiste  (Kais- 
hin-tô)  favorable  aux  étrangers.  L'empereur  le  créa  comte 
(1883),  lui  confia  en  1888  le  portefeuille  de  l'intérieur. 
Okuma  se  voua  à  l'œuvre  de  la  revision  des  traités  inter- 
nationaux et  l'obthit  de  la  plupart  des  puissances,  mais 
en  introduisant  pour  douze  ans  des  juges  étrangers  dans  les 
tribunaux  japonais,  ce  qui  irrita  le  sentiment  national.  11 
fut  victime  d'un  attentat  à  la  dynamite  (18  oct,  1889)  et 
y  perdit  une  jambe.  11  se  retira  alors  des  alFaires,  ce  qui 
ajourna  la  révision  des  traites,  achevée  depuis.  Après  être 
resté  jusqu'en  nov.  1891  dans  le  conseil  d'Etat  (Soumit- 


I  sou-in),  il  se  mit  tout  à  fait  à  la  tête  de  l'opposition  cons- 
I    tituée  par  son  parti  réformiste. 

0LACACÉESou0LACINÉES(Ô/^;6W^^^  Endl.).  Groupe 
de  plantes  Dicotylédones  dont  M.  Bâillon  fait  une  simple 
tribu,  de  la  famille  des  Lorantliacées  (V.  ce  mot),  ca- 
ractérisée par  l'ovaire  supère  et  les  ovules  pendants.  Le 
genre  type  est  Olax  L.,  caractérisé  par  le^  feuilles  al- 
ternes, les  fleurs  hermaphrodites,  la  corolle  infère  o-6-mère, 
avec  autant  d'étamines  superposées  à  ses  divisions  et  un 
nombre  indéterminé  de  staminodes,  l'ovaire  uniloculaii'c 
à  3  cloisons  incomjdètes,  avec  un  i)lacenta  central  (pai 
porte  3  ovules  descendants.  Le  fruit  estdrupacé.  Le  genre 
Olax  est  représenté  par  *^5  arbres  ou  arbustes  des  ré- 
gions tropicales  de  l'ancien  monde,  parmi  lesquels  0.  Zc^//- 
taiiira  L.,  VArhre  a  salade  de  Ceylan  {Mrlahola  des 
naturels).  Ses  feuilles  et  ses  jeunes  ])ousses  constituent 
un  aliment  rafraichissant.  Son  bois  répand  une  odeur  ex- 
crémentitielle  très  désagréable  ;  oji  l'emphnaitjadis  contre 
les  fièvres.  —  Les  autres  genres  sojitO/; /7m  Hoxb.,  7/t^/-s- 
leria  L.  et  Ximeiiia  Plum.  D^  L.  Ih. 

OLAFi  Nom  de  plusieurs  rois  de  Norvège. 

1"  Olaf,  surnommé  Irijguason,  roide  Norvège,  né  en  9o6, 
mort  en  1000.  Arrière-petit-fils  de  llarald  llarfagar  (pii 
avait  le  premier  dominé  toute  la  Norvège,  filsdeTrygve, 
qui  sous  le  règne  d'Hakon  le  Bon  avait  gouverné  une  partie 
du  pays,  Olaf  fut  élevé  avec  soin  en  Bussie  où  sa  mère 
s'était  réfugiée  après  le  massacre  de  son  mari.  Olaf  prit 
la  mer  et  vécut  du  métier  de  corsaire,  ravageant  les  côtes 
d'Angleterre  et  de  France  jusqu'au  jour  où  il  se  fit  ])ap~ 
tiser  par  un  ermite  dans  les  des  Sorlingues.  En  995, 
appelé  par  Hakon  le  Mauvais,  roi  de  Norvège,  qui  voulait 
be  défaire  traîtreusement  de  lui,  il  se  rendit  avec  quelques 
vaisseaux  en  Norvège  ;  à  son  arrivée,  il  fut  reçu  comme 
un  libérateur  et  proclamé  roi,  pendant  que  l'on  assassinait 
Hakon.  Quand  il  eut  consolidé  son  pouvoir,  il  attacha 
tous  ses  efforts  à  convertir  ses  sujets  au  christianisme  et 
parvint  à  faire  adopter  la  nouvelle  religion  au  plus  grand 
nombre  par  la  persuasion  ou  la  violence.  Il  fonda 
une  nouvelle  capitale  en  fixant  sa  résidence  à  Nidavos, 
plus  tard  appelé  Trondhjem  (Drontheim).  En  998, 
il  épousa  Thyra,  princesse  danoise,  qui  avait  abandonné 
son  mari  Burislav,  prince  de  Pomcranie  ;  Olaf  fit  une  ex- 
pédition pour  s'emparer  des  domaines  de  sa  femme  dans 
l'île  de  Bugen  ;  mais  attaqué  au  retoui'  par  les  rois  Olaf 
Skœlkonung  de  Suède  et  Sven  de  Danemark  alliés  contre  lui, 
il  fut  accablé  par  le  nombre  et,  ne  voulant  pas  être  fait  pri- 
sonnier, se  jeta  dans  la  mer  après  une  héroïque  résistance. 

2'^  Olaf  II,  surnommé  le  Gros  ou  le  Saint,  roi  de  Nor- 
vège, né  en  995,  mort  le  31  août  1030.  Fils  de  Harahl 
Graenske,  arrière-])etit-fils  de  llarald  llarfagar,  il  fut 
élevé  chez  le  second  mari  de  sa  mère,  le  jarl  Sigurd  Syr. 
Dès  l'âge  de  quinze  ans,  il  s'embarqua  et  ra\agea  les  côtes 
de  Suède,  d'Allemagne,  de  France  et  d'Espagne.  En  1017 
il  donna  son  concours  à  Edouard  le  Confesseur  qui  se  pré- 
parait à  disputer  à  Canut,  roi  du  Danemark,  la  couronne 
d'Angleterre  ;  après  cette  expédition,  Olaf  II  se  rendit  en 
Norvège  où  régnait  Sven,  fils  d'Haquin  le  Mauvais,  sous 
la  suzeraineté  du  Danemark  et  de  la  Suède  ;  il  battit  Sven 
sur  mer  et  reçut  la  soumission  de  tout  le  pays.  Le  roi  de 
Suède,  Olaf  Skœlkonung,  fut  obligé  de  lui  donner  en  ma- 
j'iage  sa  fille  Astrid.  Olaf  II  rétablit  le  christianisme  qu'il 
introduisit  aux  Orcades  et  aux  îles  Feroe,  dont  il  s'em- 
paj'a  ainsi  que  de  l'Islande  et  de  l'Ecosse  (1025)  et  gou- 
verna quelque  tem])s  avec  justice  el  sévérité.  Mais  Canut 
le  Grand,  dont  Olaf  avait  ravagé  quelques  provinces  pen- 
dant le  séjour  du  roi  de  Danemark  à  Bome,  revint  en  1208 
en  Norvège  oii  il  fut  reçu  comme  un  libérateur  par  le 
peuple.  Olaf  II  s'enfuit  en  Bussie  auprès  de  son  beau-père 
Jaroslav.  En  1029,  il  tenta  de  reconquérir  son  royaume 
avec  une  petite  armée,  mais  il  fut  vaincu  et  tué  à  la  ba- 
taille de  Stikleslad.  près  du  fjo]'d  de  Drontheim,  par  une 
armée  norvégieiuie,  le  31  août.  \près  sa  mort,  il  fut  re- 
gretté par  ses  hujets  (jui  firent  transporter  son  corps  dans 


OLAF  —  OÎ.BEHS 


3'-)  4 


la  cathédrale  de  Drontheim.  Son  zèle  pour  le  christianisme, 
qu'il  fut  le  premier  à  implanter  solidement  en  Norvège, 
lui  valut  plus  tard  une  grande  vénération  :  en  1464,  il 
fut  canonisé  et  déclaré  patron  de  la  Norvège.  Les  Skaldes 
lui  ont  consacré  un  cycle  de  légendes  et  de  chants,  et  on 
a  conservé  jusqu'à  nos  jours  des  hymnes  à  sa  gloire. 

^^  Olaf  m,  surnommé  Kyrre  (le  Pacifique),  roi  de 
Norvège,  mort  en  4093.  Fils  de  Harald  III  Hardrada,  il 
lui  succéda  après  sa  mort  en  4066  et  partagea  avec  son 
frère  Magnus  II  le  gouvernement  de  ses  Etats;  en  4069, 
Magnus  mourut,  et  Olaf  III  régna  seul  sur  la  Norvège.  De 
caractère  doux  et  humain,  il  prit  des  mesures  pour  di- 
minuer l'esclavage  et  adoucir  les  mœurs.  Il  aimait  les 
fêtes  et  favorisa  le  commerce  avec  les  étrangers  ;  il  fonda 
dans  cette  intention  la  ville  de  Bergen  en  4076. 

4*^  Olaf  IV  (V),  roi  de  Norvège,  né  en  4370,  mort  en 
4387.  Fils  d'Hakon  VII  et  do  la  célèbre  reine  Marguerite 
de  Danemark,  il  fut  en  4374  choisi  par  la  diète  danoise 
comme  roi  et  en  4380  fut  aussi  appelé  au  trône  de  Nor- 
vège. Pendant  sa  minorité,  le  pouvoir  fut  exercé  par  sa 
mère  et  il  mourut  subitement  peu  de  temps  avant  sa 
majorité.  Ph.  B. 

BiBL.  :  V.  Scandinavie.  —  Maurer,  Norvegens  Schen- 
kung  an  den  heiligen  OUif  ;  Munich,  1877. 

OLAF  (Ordre  d')  ou  de  Saint-Olaf.  Ordre  de  cheva- 
lerie fondé  le  24  août  1847  par  le  roi  de  Suède  et  de 
Norvège,  Oscar  P^',  en  mémoire  de  saint  Olaf,  qui  en 
4045  introduisit  le  christianisme  en  Norvège.  Trois 
classes  :  grands-croix ,  commandeurs,  chevaliers.  Ruban 
rouge,  liséré  bleu  sur  choque  bord  entre  deux  lilets  blancs. 
OLÂH  (Miklos-Nicolas),  archevêque  hongrois,  né  en 
4493,  mort  après  4566.  Secrétaire  de  la  reine  Marie,  il 
accompagna  celle-ci  dans  les  Pays-Bas,  devint  chancelier 
sous  Ferdinand  I®''  et,  après  la  mort  de  Thomas  Nâdasdy, 
gouverneur  de  la  Hongrie.  Pour  combattre  les  progrès  de 
la  Réforme,  il  appela  les  jésuites  en  Hongrie  et  les  ins- 
talla à  Nagy-Szombat  (Tyrnau),  où  il  fonda,  en  4564, 
une  université.  On  a  de  lui  une  correspondance  et  quelques 
œuvres  historiques  qui  furent  éditées  par  Arnold  Ipolyi, 
dans  les  Monumenta  Hungariœ  historica  (4876). 
OLAI  (Ericus),  hist.  suéd.  (V.  Ericus  Olai). 
0LAR6UES.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  l'Hérault,  arr. 
de  Saint-Pons,  sur  la  rive  gauche  du  Jaur;  955  hab.  Stat. 
du  chem.  de  fer  du  Midi.  Sources  minérales.  Carrières  de 
marbre.  Tanneries,  modins,  taillanderies.  Châtaignes, 
truffes.  Huileries.  Vieux  pont  sur  le  Jaur.  Restes  d'un 
château  féodal  dominant  le  bourg. 

OLAVIDE  (Paul- Antoine-Joseph),  homme  d'Etat  espa- 
gnol, né  à  Lima  (Pérou)  en  4725,  mort  en  4803.  Il  acheva 
son  éducation  à  Madrid  et  suivit,  en  qualité  de  secrétaire, 
le  comte  d'Arunda  dans  son  ambassade  en  France.  A  son 
retour,  il  fut  créé  comte  de  Pilos  par  Charles  IV  et  nommé 
intendant  de  Séville.  11  conçut  le  projet  de  coloniser  les 
vastes  terrains  qui  s'étendent  au  revers  méridional  de  la 
Sierra  Morena.  Il  y  fit  venir  de  la  Suisse  et  de  l'Allemagne 
six  mille  colons.  En  4767,  il  fonda  la  bourgade  princi- 
pale, qui  fut  appelée  Carolina,  par  hommage  au  nom  du 
roi.  Associé  aux  entreprises  du  comte  d'Aranda  contre  les 
jésuites,  non  seulement  il  subit  le  contre-coup  de  la  chute 
de  ce  ministre  et  fut  destitué  de  ses  fonctions,  mais  il  fut 
choisi  comme  victime  des  représailles  que  l'on  n'osait 
point  exercer  contre  son  ancien  protecteur.  En  4776,  il 
fut  jeté  dans  les  cachots  de  l'Inquisition  à  Séville.  On  l'ac- 
cusait d'avoir  appelé  des  hérétiques  dans  la  colonie  de  la 
Sierra  Morena,  d'avoir  manqué  de  respect  aux  dogmes  et 
au  culte  de  l'EgHse,  d'avoir  partagé  les  idées  de  philo- 
sophes français  et  adhéré  au  système  de  Copernic.  Deux 
ans  après,  il  fut  condamné  à  la  réclusion  perpétuelle  pour 
cause  d'hérésie  formelle,  et  contraint  de  rétracter  cent 
soixante-dix  propositions.  11  réussit  à  s'évader,  et  se  re- 
tira cà  Paris,  où  il  vécut  dans  la  société  des  libres  pen- 
seurs les  plus  notoires.  En  4798,  le  cardinal  de  Loren- 
zana  lui  fit  accorder  la  permission  de  rentrer  en  Espagne. 


Les  dangers  auxquels  il  avait  été  exposé  pendant  la 
Révolution  et  vraisemblablement  aussi  l'effet  de  son  édu- 
cation première  avaient  ramené  Olavide  à  la  foi  catholique. 
H  consacra  à  l'apologie  de  sa  conversion  un  livre  qui  eut 
quelque  célébrité  en  son  temps:  ElEvangelio  en  trionfo 
0  Eistoriade  un  filosophodesenganado  (Maàvià,  4803). 
Ce  livre  a  été  traduit  en  italien,  en  allemand  et  en  fran- 
çais, sous  le  titre  :  Triomphe  de  r Evangile  ou  Mémoires 
d'un  homme  du  momie  revenu  des  erreurs  du  philo- 
sophisme moderne  (Lyon,  4805,  4  vol.  in-8  ;  2^  éd. 
abrégée,  4821,  3  vol.  in-8).  Olavide  a  laissé  en  outre  un 
recueil  de  poésies  chrétiennes  :  Poemas  cristianas. 

E.-H.  VOLLET. 

BiBL.  :  .T. -A.  Llorente,  Histoire  de  l'Inquisition  de  l'Es- 
pagne; Paris,  1817.  —  Rossoeuw  Saint-Hilaire,  Histoire 
d'Espngne;  Paris,  1878. 

OLAX  (Bot.)  (V.  Olacacées). 

OLBERS  (Heinrich-Wilhelm-Matthias),  astronome  alle- 
mand, né  à  Arbergen,  près  de  Brème,  le  44  oct.  4758, 
mort  à  Brème  le  2  mars  4840.  Il  était  petit-fils  et  fils  de 
pasteurs  protestants.  A  quatorze  ans,  il  montrait  déjà  un 
goût  très  vif  pour  l'astronomie.  En  4779,  il  se  trouvait  à 
Gœttingue,  où,  depuis  deux  ans,  il  étudiait  la  médecine, 
tout  en  suivant  assidûment  les  cours  d'analyse  infinitési- 
male de  Kâstner,  lorsque  fut  signalée  une  nouvelle  comète 
n  en  observa  la  marche,  calcula  son  orbite,  d'abord  à 
l'aide  d'une  construction  graphique,  puis  par  la  méthode 
d'Euler,  et  pubUa  ces  premiers  résultats,  reconnus  des 
plus  exacts,  dans  le  Jahrbuch  de  Bode.  En  4780,  il  fut 
reçu  docteur  en  médecine  avec  une  thèse  fort  remarquée. 
De  oculi  mutationibus  internis,  et,  l'année  suivante,  il 
s'établit  à  Brème.  Les  soucis  de  la  clientèle  ne  lui  firent 
pas  négliger  l'étude  du  ciel.  Elle  devint  même  bientôt  sa 
principale  préoccupation  et,  en  4797,  il  donna,  pour  le 
calcul  des  orbites  des  comètes,  une  méthode  nouvelle,  qui 
était  beaucoup  plus  simple  que  toutes  celles  employées 
jusque-là  et  qui  devait  faire  époque  dans  les  annales  de 
l'astronomie.  La  constitution  physique  de  ces  corps,  la 
probabilité  et  les  conséquences  de  la  rencontre  de  l'un 
d'eux  avec  la  Terre  furent  également  l'objet  de  ses  re- 
cherches. Mais  son  nom  est  surtout  demeuré  attaché  à 
l'histoire  des  petites  planètes  (V.  Astéroïde).  Le  4®^'janv. 
4802,  il  retrouva  la  première,  Cérès,  aperçue  un  an  aupa- 
ravant par  Piazzi,  puis  perdue  de  vue;  le  28  mars  sui- 
vant et  le  29  mars  4807,  il  découvrit  lui-même  Pallas  et 
Vesta,  la  deuxième  et  la  quatrième  ;  enfin,  en  4845,  il 
en  annonça  une  cinquième:  c'était  une  comète  périodique, 
à  longue  révolution  (72  ans  6  mois),  et  elle  a  gardé  son 
nom  (V.  Comète,  t.   XII,  p.  20).  Olbers,  qui  passait  une 
grande  partie  de  ses  nuits  dans  un  petit  observatoire 
établi  dans  sa  propre  maison,  à  Brème,  n'a  pas  limité, 
d'ailleurs,  son  activité  à  l'étude  des  comètes  et  des  asté- 
roïdes. Il  a  produit,  en  outre,  de  très  intéressants  travaux 
sur  les  aérolithes  et  les  étoiles  filantes,  sur  la  mesure  du 
temps,  sur  l'influence   atmosphérique  de  la  lune,  qu'il 
niait,  sur  diverses  questions  d'analyse.  Il  a  aussi  beaucoup 
contribué  à  répandre  l'emploi  du  micromètre  annulaire  et 
l'a  perfectionné.  Bessel  et  Gauss  ont  été,  en  même  temps 
que  ses  amis,  ses  disciples.  Il  faisait  partie  de  nombreuses 
sociétés  savantes,  notamment  de  l'Académie  des  sciences 
de  Paris,  qui  l'avait  élu  en  4829  associé  étranger.  En 
4830,  sa  ville  natale  fêta  solennellement  le  cinquante- 
naire de  son  doctorat  et  lit  frapper  une  médaille  en  son 
honneur.  Les  mémoires,  fort  nombreux,  où  sont  consignés 
les  résultats  de  ses  recherches,  se  trouvent  insérés  d.ans 
le  Jahrbuch  àe  Bode  (4782-4829),  la  Monatliche  Cor- 
respondenz  de  Zach  (4800-42),  les  Astronomische  Na- 
chrichten  (4823-35)  et  V Astronomisches  Jahrhbueh 
(4837-43)  de  Schumacher,  les  Archiv  de  Kàstner(4824 
et  suiv.).  Il  a  fait  paraître  à  part  :  Abhandlung  ilber 
die  leichteste  und  hequemste  Méthode  die  Bahn  eines 
Komelen  ut  berechnen  (Weimar,  4797  ;  3^  éd.,  par 
Galle,  Leipzig,  4864).  Sa  correspondance  avec  Bessel  a  été 


—  o35 

publiée  par  A.  Erman  (Leipzig,  1852,  'i  vol.)-  Une  édi- 
tion conipléle  de  ses  œuvres,  précédée  de  sa  biographie, 
a  été  donnée  par  C.  Schilling  :  l^'ilhelm  Olbers.  Sein 
Leben  und  seine  Werke  (Berlin,  1894  et  suiv.,  3  vol.). 
Une  statue  en  marbre,  due  à  Steinhauser,  lui  a  été  élevée 
à  Brème  en  4850.  L.  S, 

BiBL.  :  V.  Fouvraiïc  })rccité. 

OLBIA  ou  BORYSTHENES.  Ville  anti(fue  de  l'embou- 
chure du  Boug  (Hypanis),  colonie  milésienne,  fondée  en 
655  av.  J.-C,  enrichie  par  le  commerce  du  blé.  Elle  eut, 
à  partir  de  la  fin  du  iii^  siècle  av.  J.-C,  à  lutter  contre 
les  Galates  et  les  Scires,  fut  saccagée  par  les  Gètes  au 
1^1'  siècle  av.  J.-C,  efficacement  protégée  par  l'empire  ro- 
main jusqu'au  temps  de  Caracalla  et  finalement  ruinée  par 
les  Goths  en  l'an  '250  ap.  J.-C  Les  ruines  se  voient  à 
Kondak,  à  22  kil.  S.  de  Nikolaiev.  On  possède  beaucoup 
de  monnaies  et  d'inscriptions  d'Olbia. 

D'autres  villes  antiques  de  ce  nom,  toutes  maritimes, 
se  trouvaient  : 

1^  En  Sardaigne,au  N.  de  la  côte  orientale;  elle  devint 
le  principal  port  de  l'île  ;  elle  a  pris  depuis  le  nom  de  Ci- 
vita,  puis  de  Terranova; 

2^  Sur  la  côte  S.  de  la  Gaule,  colonie  marseillaise  àl'O. 
de  Fréjus  ; 
3^  En  Bithynie,  probablement  la  môme  qu'Astacus  ; 
¥  En  Pamphylie,  entre  Phasehs  et  Attalie. 
OLBIA  DÈS,  peintre  grec,  né  sans  doute  à  Athènes  (pre- 
mière moitié  du  iii«  siècle  av.  J.-C).  11  fut  chargé  d'exé- 
cuter à  Athènes,  pour  la  salle  des  séances  du  Conseil  des 
(^inq-Cents,  un  tableau  commémoratif  de  la  victoire  des 
Grecs  sur  les  Gaulois  en  279  ;  nous  savons  qu'il  y  avait 
représenté  Kallippos,  qui  avait  commandé  alors  le  contin- 
gent des  Athéniens  aux  Thermopyles  (Pausanias,  L  '^,  5  ; 
Cf.  I,  42;  X,  20,  5;  23,  44).  P.  M. 

BiBL.  :  Bru.nn,  Gcscliichte  der  grieclnsclien  Kdnstler: 
Stuttgart,  1889,  t.  II,  p.  197,  2«  éd. 

OLBREUSE  (Eléonore  Desmiek,  dame  d'),  née  au  châ- 
teau d'Olbreuse  le  3  janv.  4639,  morte  le  5  févr.  4722. 
D'une  famille  noble  protestante  du  Poitou,  elle  devint  dame 
d'honneur  d'Emilie  de  Hesse-Cassel,  mariée  au  prince  de 
Tarente,  fut  aimée  du  duc  Georg-Wilhelm  de  Brunswick- 
Cclle,  qui  la  fit  dame  de  Harburg  (4665),  comtesse  de 
Wilhelmsburg  (4674),  et  enfin,  l'ayant  épousée,  duchesse 
régnante.  Elle  est  la  mère  de  la  princesse  d'Ahlden,  So- 
phie-Dorothée de  Hanovre. 

BiBL.  :  Neigebaur,  E.  d'Olhreuse;  Brunswick,  1859.  — 
Beaucaire,  ^£1  Dernière  Duchesse  de  Celle.  —  Sa^nder. 
E.  d'Olbreuse;  Berlin,  1893. 

OLBY.  Corn,  du  dép.  du  Puy-de-Dôme,  arr.  de  Cler- 
mont,  cant.  de  Rochefort;  828  hab. 

OLCANL  Com.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de  Bastia, 
cant.  de  Nonza  ;  264  hab. 

OLD  Bailey.  Surnom  populaire  de  la  cour  criminelle 
de  Londres  {Central  criminal  court),  qui  siège  à  New- 
gate,  au  centre  de  la  Cité. 

OLDBURY.  Ville  d'Angleterre,  comté  de  Worcester, 
sur  la  Terne,  à  l'E.  de  Dudley;  20.370  hab.  (en  4894). 
Ville  de  fabriques  :  wagons,  instruments,  vases  en  fonte, 
poteries,  produits  chimiques. 

OLDCASTLE  (sir  John, lord  Cobham),  guerrier  anglais, 
mort  à  Londres  le  44  déc.  4447.  D'une  vieille  famille 
établie  dans  le  comté  d'Hereford,  il  était  garde  des  marches 
Welches,  shérif  du  llerefordshire,  et  rendit  d'importants 
services  à  la  Couronne.  A  la  suite  de  son  mariage  avec 
lady  Cobham  (4408),  il  siégea  au  Parlement.  Très  lié  avec 
le  prince  de  Galles,  attaché  quelque  temps  à  sa  maison, 
il  fut  chargé  en  4444  de  commander  une  armée  envoyée 
au  secours  du  duc  de  Bourgogne.  Mais  il  s'affilia  au  lol- 
lardisme  qui  faisait  les  plus  grands  progrès,  et  ouvrit  aux 
missionnaires  persécutés  les  portes  de  ses  châteaux.  x\près 
la  mort  du  comte  de  Salisbury,  il  devint  le  chef  du  parti, 
à  la  grande  exaspération  de  la  Couronne,  car  il  passait 
pour  l'un  des  plus  illustres  guerriers  du  temps.  Le  château 
de  Cowling  devint  le  quartier  général  des  prédicateurs 


—  OLBERS  ~  OLDENBERG 

lollards,  et  Oldcastle  refusa  nettement  d'obéir  aux  prohi- 
bitions et  aux  sentences  des  évoques.  Henri  V,  malgré  son 
ancienne  amitié  pour  Oldcastle,  le  poursuivit  rigoureu- 
sement et  le  fit  assiéger  dans  son  château,  (^ontraintde  se 
rendre,  le  chef  des  lollards  fut  emprisonné  à  la  Tour  de 
Londres.  Il  réussit  à  s'en  échapper  dans  des  conditions  si 
mystérieuses  que  le  bruit  se  répandit  que  le  diable  avait 
contribué  à  son  évasion.  Il  s'ensuivit  une  grande  révolte 
des  lollards  ;  ordre  fut  donné  de  se  réunir  dans  les  champs 
de  Saint-Gilles  pour  coopérer  avec  les  frères  de  Londres  à 
renverser  le  gouvernement.  Henri  V  réussit  à  empêcher 
la  jonction  des  lollards  de  Londres  avec  ceux  des  cam- 
pagnes. Ses  troupes  dispersèrent  assez  facilement  les  con- 
jurés réunis  à  Saint-Gilles.  Une  persécution  effroyable 
couronna  le  succès.  Oldcastle  avait  réussi  à  s'échapper. 
Il  fut  arrêté  quelques  années  plus  tard  et  fut  brûlé 
vit.  R.  S. 

BiBL.  :  John  Dale,  A  hrefe  chronycle  concernyngge  tlic 
cxamiimcion  and  deatli  of  syr  Johan  Oldecnslell;  Mar- 
bourg,  1544,  in-8,  souvent  réimprimé.  —  W.  Gilpin,  Lives 
of  Wycliffe,  Cobham,  etc.;  Londres,  1765.  —  Thomas  Gas- 
VEY,  Life  and  times  of  the  good  lord  Cobham;  Londres, 
1848,  2  vol.  in-12.  —  Tlie  Writings  and  examinations  of  W. 
Bute,  lord  Cobham,  etc.;  Londres,  1831,  in-8. 

OLDENBARNEVELD   (Jean  van),   homme  d'Etat  hol- 
landais,  né  à  Amersfoort  le  25  sept.  4547,  mort  sur 
l'échafaud  à  La  Haye  le  d3  mai  4649.  Successivement 
avocat  au  Conseil  de  Hollande,  négociateur  de  la  Pacifica- 
tion de  Gand,  et  pensionnaire  de  la  ville  de  Rotterdam 
(4577),  il  fut  le  confident  et  le  collaborateur  préféré  de 
Guillaume  d'Orange.  Après  l'assassinat  de  ce  prince  et  la 
prise  d'Anvers  par  Farnèse,  il  obtint  de  la  reine  d'Angle- 
terre un  corps  important  de  troupes  auxiliaires  commandé 
par  le  comte  de  Leicester  ;  mais,  craignant  l'ambition  de 
ce  favori  d'Elisabeth,  il  fit  confier  à  Maurice  de  Nassau 
les  fonctions  de  stathouder  et  d'amiral.  Oldenbarneveld, 
nommé  conseiller  pensionnaire  de  Hollande  (4586),  devint 
le  ministre  dirigeant  de  la  province  de  Hollande,  la  plus 
influente  des  Provinces-Unies.  H  déploya  les  plus  grandes 
cpiahtés  dans  la  gestion  des  finances,  des  colonies  et  des 
relations  extérieures.  11  était  le  chef  du  palriciat  des  grandes 
villes.  Durant  la  guerre  qui  se  prolongea  jusqu'en  4609, 
Oldenbarneveld  fut  chargé  d'importantes  négociations  di- 
plomatiques auprès  des  cours  de  Fi'ance  et  d'Angleterre, 
et  rendit  à  son  pays  des  services  signalés.  A  ce  moment 
les  forces  de  la  republique  étaient  épuisées,  la  paix  était 
indispensable,  et  Oldenbarneveld  employa  toute  son  activité 
à  la  faire  conclure.  Ses  efforts  furent  contrecarrés  par  son 
ancien  protégé,  Maurice  de  Nassau,  qui  voyait  dans  la 
continuation  de  la  guerre  le  moyen  d'étendre  et  d'affer- 
mir son  autorité.  Cependant  les  beUigérants  convinrent 
d'une  trêve  de  douze  années.  Maurice,  mécontent,  profita 
des  troubles  causés  par  les  dissensions  des  Arminiens  et 
des  Gomaristes  pour  exciter  la  populace  fanatique  conlre 
le  grand  pensionnaire  qui,  avec  l'élite  de  la  nation,  avait 
adopté  les  doctrines  modérées  d'Arminius.  Le  stathouder, 
m^ilgré  l'opposition  des  Etats  de  Hollande,  convoqua  le 
synode  de  Dordrccht  et  y  fit  condamner  les  Arminiens. 
Les  Etats  généraux  et  Maurice  firent  arrè  ter ,  le  29  août  4648, 
Oldenbarneveld,  accusé  de  trahison.  Il  fut  traduit  devant 
une  commission  de  vingt-quatre  juges  (mars  4649)  cpi  le 
condamnèrent  à  mort  malgré  sa  brillante  défense,  et  comme 
il  refusa  de  demander  sa  grâce,  la  peine  fut  exécutée.  H 
subit  cette  injustice  avec  une  dignité  rare  et  fut  décapité 
dans  le  Binnenhof  de  La  Haye.  —  Ses  fils,  Willem  et 
Reinier,  tentèrent  de  le  venger  ;  le  premier  fut  décapité 
en  1623  pour  complot  contre  le  stathouder. 

BiBL.  :  CornelisBoscii,  l'Histoire  véritable  de  Vemprl- 
sonncment  et  de  la  mort  de  Jeon  vnn  Oldenbarneveld  (on 
holL)  ;  Amsterdam,  1648.  —  De  Tiiou,  Guotius,  Bor,  cAc. 
—  Deveintkr,  Souvenirs  de  J.  v.  Oldeidjanieveld  (en  lioll.); 
La  Haye,  18(50-65.  o  vol.  —  Motli'^y,  Lije  and  death  ofJohn 
of  Barneveld,  1873,  2  vol.  —  Grohn  van  PriiNSTerer, 
Maurice  etBarneveld;  Utrecht,  1875. 

OLDENBERG  (Hermann),  indianiste  allemand,  né  à 
Hambourg  le  31  oct.  4854,  professeur  de  sanscrit  à  l'Uni- 


OJ.DENBERG  —  OLDENLANDIA 


336 


versité  do  Berlin,  pais  dcKiel  (1889).  Parmi  ses  ouvrages 
on  peut  citer  les  éditions  de  textes  pâli  :  Vinaya  pitakcmi 
(Londres,  J879  et  suiv..  5  vol.);  Dipavamsa  (1879. 
av.  irad.)  ;  T/iÉ^ra-Gd^/iâ('1883)  ;  Vinaya  texfs('à\Avaô. 
dans  Sacral  Boots  oflhe  Ëasf  ;  Oxford,  i88i-85,  3  vol.)  ; 
Grilif/a-Siilras  (ibicL,  1880-90,  2  vol.).  En  outre,  un 
livre 'sur  Biiddha  (Berlin,  1881:  '2^  éd.  1890);  Die 
llymnen  des  liiyveda  (1888,  t.  l)  ;  Die  Jieligion  des 
Vedaim)'.). 

OLDENBOURG.  Ville  d'Allemagne,  capitale  du  graïuî- 
(luché  d'Oldenbourg,  sur  la  Huntc  (navigable),  attl.  du 
Wcbcr;  23.472  hab.  (en  1895).  Autour  de  la  vieille  ville 
aux  rues  étroites,  enveloppée  de  beaux  boulevards,  se  sont 
bâtis  de  nouveaux  quartiers  avec  de  grands  jardins.  Fonte, 
tilatures,  verreries,  tabac,  cuirs,  gants  ;  grandes  foires  à 
chevaux.  Bibliothèque  de  1()0.000  volumes.  Au  S.,  fau- 
bourg hiikisXYkXù' Osier )iburg.  Fortiliée  en  1155,  Olden- 
bourg eut  sa  charte  urbaine  en  1345. 

OLDENBOURG  (Grand-duché  d').  Géographie.  — 
Etat  d'Allemagne  formé  de  trois  parties  :  le  duché  d'Olden- 
bourg à  rO.  du  Weser  maritime;  la  principauté  de  Lubeck 
et  la  principauté  de  Birkenfeld.  Le  duché  d'Oldenbourg  a 
5.383  kil.  q.  et  295.998  liai),  (lin  1895)  ;  la  principauté 
de  Lubeck,  511  kil.  q.  et  35.501  hab.  ;  la  pj'incipauté 
de  Birkenfeld  503  kil.  ((.  et  42.248  hab.,  soit  pour  l'en- 
semble 0.427  kil.  q.  et  373.739  hab.  ;  58  hab.  par  kil.  q. 
Le  duché  d'Oldenbourg  appartient  à  la  plaine  del'AUe- 
niagne  du  ?sord  :  riverain  de  la  mer  du  Nord,  il  occupe  la 
rive  occidentale  de  Vestuiiire  du  \Veï>«u'  à  partir  du  terri- 
toii'e  de  Brème  et  le  pourtour  du  golfe  de  Jade.  Il  possède 
l"ile  de  Wajigeroog,  la  plus  orientale  des  des  de  la  Frise. 
Le  sol  forme  une  plaine  de  landes,  de  sables  et  de  marais 
tourbeux.  Les  principaux  cours  d'eau  qui  l'arrosent  sont 
la  Ilunte,  aftl.  du  Weser,  et  par  leur  cours  supérieur  la 
\'echtaet  l'Aue,  afll.  de  l'Ems.  Des  canaux  de  dessèchement 
sillonnent  les  anciens  marais,  aujourd'hui  les  régions  les 
plus  riches  du  pays,  en  particulier  les  cantons  de  Jever 
à  rO.  du  Jade,  de*^Butjading  à  l'E.,  le  long  de  l'estuaire 
du  Weser,  de  Steding  au  S.  du  précédent.  Sur  la  fron- 
tière frisonne,  à  l'O.,  est  le  canton  marécageux  de  Sater- 
land;  au  S.,  le  district  du  Munsterland. 

—  La  principauté  de  Lidjeck  est  au  1\.  de  cana  ville, 
sur  la  Baltique.  La  principauté  de  Birkenfeld,  enclavée  au 
S.-E.  de  la  Prusse  Rhéiunie,  possède  les  sources  de  Ir, 
Xahe  ;  elle  est  très  boisée. 

La  popidation  d'Oldenbourg  augmente  leiitement  puisque 
dès  1837  elle  atteignait  202.171  hab.  Ln  cause  est  Fémi- 
gration  vers  les  grandes  villes  et  vers  l'Amérique.  Les  trois 
quarts  des  habitants  sont  protestants,  un  quart  catholiques. 
Dans  le  duché,  57  1/2  du  sol  sont  cultivés.  Les  chevaux 
de  la  zone  humide  (Uoor  qu'on  oppose  à  la  Geest,  plaine 
sablonneuse)  sont  estimés  pour  leur  foi'ce  ;  de  même  les 
bêtes  bovines.  Birkenfeld  est  industrielle.  —Le  duché  n'a 
eu  de  chemin  de  fer  que  depuis  1800;  auparavant  il  se 
contentait  de  la  navigation  lluviab»  et  maritime  —  Les 
principales  vdies  sont  :  dans  le  duché,  la  capitale  Olden- 
bourg, Delmenhorst  à  l'O.  de  Brème,  Elsileth  et  Brake  sur 
le  bas  Weser,  Jever  ;  dans  la  principauté  de  Lubeck,  Eu- 
tin  ;  dans  celle  de  Birkenfeld,  le  ch.-l.  est  Oberstein. 

La  constitution  date  du  22  nov.  1852.  La  dignité  grand- 
(hicale  est  héi'éditaire  en  bgne  masculine  exclusivement  et 
par  ordre  de  primogéniture  dans  la  maison  de  Holstein- 
(iottorp,  branche  cadette.  Le  grand-duc,  majeur  à  dix-huit 
ans,  est  assisté  de  trois  ministres  et  d'une  diète  (landtag) 
de  34  d(''putés  (dont  4  pour  chacune  des  principautés, 
20  pour  01denl)ourg) .  Chacune  des  trois  parties  a  son  ad- 
ministration financière  ;  le  total  formait  en  1894-90  un 
budget  de  7.930.000  nwrcs.  La  dette  était  de  40.800.000 
fuarcs  pour  le  duché,  insignifiante  dans  les  principautés. 
Les  troupes  form''nt  un  régiment  d'infanterie  de  l  arm.ec 
prussienne,  un  régiment  de  dragons  et  2  batteries  d"artd- 
lerie.  Les  couleurs  du  grand-duché  sont  bleu  et  rouge  ;  le 
drapeau,  bleu  avec  croix  rouge. 


Histoire.  —  f.e  territoire  d'Oldenbouig  fit  partie  de  la 
Saxe,  formant  les  gaus  d'Ammer  et  Leri.   Les  premiers 
comtes  d'Oldenbourg  coiuius  sont  Elimar  P^  (1088),  son 
fils  Ehmar  II  (1108),  le  fils  de  celui-ci,  Christian  I«''  (11 48- 
08),  qui  périt  en   combattant  Henri  le  Lion  ;  mais  à  la 
chute  du  puissant  duc  de  Saxe  le  comté  acquit  l'immédia- 
teté.  Ses  souverains  l'agrandirent  aux  dépens  des  libres 
Frisons  de  Steding  (1234).  Dietrich  (y  [MO),  qui  réunit 
les  possessions  divisées  des  lignes  d'Oldenburg  et  de  Del- 
menhorst, eut  de  sa  seconde  fennne,  Hedwig  de  Holstein. 
trois  fils  :  Moritz  V,  Christian  VIH  et  Gerhard,  dont  le 
deuxième  fut  élu  roi  de  Danemark  en  11 48  et  devint  aussi 
duc  de  Slesvig-Holstein  ;  IVloritz  enti'a  dans  les  ordres  ;  Ger- 
hard garda  Oldenbourg  :  il  dessécha  les  marais  et  guerroya 
contre  Brème.   Son  fils  Jean  XIV  soumit  les  Frisons  de 
Butjading  et  se  fit  céder  ce  district  et  celui  de  Steding  par 
le  comte  de  Frise  orientale  (1517).  Antoine  P^'  (1520- 
73)  embrassa  la  Béforme.  D'incessonts  partages  continuent 
de  diviser  le  comté  :  Jean  XVÏ,  qui  a  hérité  de  Jever,  éta- 
blit en  1003  le  droit  de  primogéniture  :  mais  soji  hls  An- 
toine-Gunther,  qui  avait  habilement    sauvegardé  sa  neu- 
tralité dans  la  guerre  de  Trente  Ans,  meurt  sans  enfants 
le  19  juin  1007.  Un  pacte  d'héritage  du  10  avr.   1049 
assurait  la  succession  à  la  branche  danoise  et  à  la  ligne 
d'Ilolstein-Gottorp.  Le  roi  Christian  V  de  Danemark  entre 
en  possession  du   comté  en    1070  ;   ses  successeurs  l(^ 
conserventjusqu'autraitédul*^^' juin  1773  par  lequel  Chris- 
tian VU  le  donne  au  grand-duc  de  Bussie,  Paul  de  Hols- 
tein-Gottorp.  pour  obtenir   su  renonciation  à  ses  préten- 
tions sur  le  Slesvig-Holstein  et  les  biens  des  Cottorp.  Paul 
le  transmet  à  son  cousin  révèijue  de  Lubeck,  Frédéric- 
Auguste,   (jui  le  fait  ériger  en  duché  par  l'empereur  le 
22  mars  1777.  Son  successeur  s'agrandit  en  1803  et  fait 
ériger  en  principauté  héréditaire  l'évèché  de  Lubeck.  En 
1800-07,  les  Français,  en  guerre  avec  la  Bussie,  occupent 
le  duché.  Le  10  déc.  1810,  Napoléon  l'annexe  à  la  France, 
et  cette  agression  contre  un  parent  du  tsar  contribua  à  la 
rupture.  Restauré,  le  duc  obtint  au  congrès  de  Vienne  le 
titre  de  giand-duc  et  la  principauté  de  Birkenfeld  ;  en 
1823.  le  tsar  Alexandre  P""  lui  céda  Jever.  La  constitu- 
tion absolutiste  fut  tempérée  en  1848  et  arrêtée  à  la 
foi'me  actuelle  en   1852.  Les  grands-ducs  sont  demeurés 
fidèles  à  l'alliance  prussienne  ;  ils  ont  vendu  à  la  Prusse 
le  coin  de  terre  où  elle  a  établi  sur  le  golfe  de  Jade  son 
port  militaire  de  Wilhelmshaven  (1854).  Ils  ont  acheté 
Kniphausen  à  la  famille  Bentinck  en  1854.  Us  combatti- 
i*enl  les  prétentions  de  leurs  parents  de  Danemark  sur  le 
Slesvig-Holstein  et  protestèrent  le  17   nov.   1803  contre 
la  prise  de  possession  des  duchés  par  Christian  IX.  Le  tsar 
ayant  abdiqué  toute  prétention,  le  grand-duc  réitéra  en 
1805  sa  revendication  des  duchés.  Mais  il  resta  d'accord 
avec  la  Prusse  et  y  gagna  un  airondissement  de  sa  prin- 
cipauté de  Lubeck  (cant.  d'Ahrensbock).         A. -M.  B. 

l^iBL.  :  K()LLMAN>.  Diis  llcrzofjtain  Oldenburcf  in  seiner 
\S'lrtchafUicîien  Entwh'Jielnng,  1893.  —  Halkm.  Gesch.  des 
llerz.  Oldcnburr/,  1791-9{),  '^  vol.  (iuaclicvé).  --  Nif.manx. 
Dus  oldcnbtir<ji's('Jie  Mûnsterluiui.  l(S80-90,  2  vol. 

OLDENBURG  (Aldenburg).  Ville  de  Slesvig,  sur  un 
canal  qui  joint  les  lacs  Grub  et  Wessek;  2.500  hab.  Là 
fut  de  948  à  1103  le  siège  de  l'évèché  transféré  ensuite  à 
Lubeck. 

OLDENLANDIA(  Oldenlandia  Plum .  ) .  Genre  de  Rubia- 
cèes-Oldenlandièes.  représenté  par  environ  250  herbes  ou 
ai'busles,  des  régions  chaudes  du  globe,  à  feuilles  oppo- 
sées stipulées.  1  va  fleur  présente  un  calice  tubuleuxet  une 
coi'olle  quadriiides.  \  ètamines.  Le  fruit  est  une  capsule 
subglobuleuse,  biloculaire,  à  déhiscence  loculicide,  à 
grain(*s  nombreuses.  l'O.  mnbellatah.  {Hedyolis indica 
l\<em.  et  Scli.).  des  Indes  orientales,  a  des  racines  minces, 
tortueuses,  connues  sous  le  nom  de  (^Jiaya-vair,  et  qui 
fournissent  une  matière  tmctoriyle  semblable  à  la  sa- 
l'duce  ;  elles  contiennent  de  ralizarine.  Les  feuilles  sèches 
sont  employées  comme  expectorantes  ;  pulvérisées  et  mé- 
bnigecs  a  d'e  in   farine,  ou  en  faii   des  gâteaux   pour  les 


337 


OLDENLANDIA  —  OLEINE 


asthmatiques  et  les  phtisiques.  Aux  Antilles,  les  racines 
de  VO.  lactea  DC.  [0.  corymbosa  Ait.),  leradix  Chayœ 
de  la  pharmacopée  des  Etats-Unis,  sont  prescrites  comme 
vermifuges.  D^  L.  Hn. 

OLDENZAAL.  Ville  des  Pays-Bas,  arr.  d'Almeloo,  prov. 
d'Overyssel  ;  4.500  hab.  Stat.  duchem.  deferd'Utrechtvers 
la  frontière  allemande.  Fabriques  de  tissus  de  coton  ;  fda- 
tures,  soieries,  corroieries,  teintureries  ;  fabriques  de  papier. 

Monuments.  —  Eglise  de  Sainte-Flechelmi,  dont  la 
construction  fut  entreprise  dès  le  x®  siècle  et  dont  la  ma- 
jeure partie  remonte  au  xvi®  siècle.  L'hôtel  de  ville  ren- 
ferme une  belle  collection  d'antiquités. 

Histoire.  —  Oldenzaal  est  une  localité  très  ancienne  ; 
on  attribue  sa  fondation  aux  Francs  et  on  a  des  raisons 
de  croire  qu'elle  était  déjà  fortifiée  au  ix^  siècle.  La  ville 
subit  plusieurs  sièges  importants,  notamment  en  1503, 
4509,  4517,  1560,  1597,  1605,  1665  et  1672. 

OLDESLOE  {Odisloé).  Ville  de  Prusse,  province  de 
Slesvig,  sur  la  Trave;  4.286  hab.  (en  1895).  Salines  et 
eaux  sulfureuses  exploitées  dès  le  moyen  âge. 

OLDFIELD  (Anne),  célèbre  actrice  anglaise,  née  à 
Londres  en  1683,  morte  à  Londres  le  23  oct.  1730.  Fille 
d'un  soldat  aux  gardes,  elle  fit  son  apprentissage  chez  une 
couturière,  puis  elle  aida  une  de  ses  tantes  à  tenir  la 
taverne  de  la  Mitre  où  fréquentaient  des  auteurs  drama- 
tiques. Farquhar  et  Vanbrugh,  frappés  de  sa  beauté  et 
de  son  intelligence,  la  poussèrent  au  théâtre.  Engagée  en 
1692  à  Drury  Lane,  elle  y  fit  une  carrière  brillante.  Très 
belle,  très  gracieuse,  aussi  bonne  dans  les  rôles  tragiques 
que  dans  les  comiques,  elle  peut  être  considérée  comme 
une  des  meilleures  actrices  de  l'Angleterre.  Elle  fit  beau- 
coup de  bien  et  elle  était  très  considérée  et  très  respectée. 
Elle  eut  deux  liaisons  bien  connues,  l'une  avec  Arthur 
Mainwaring,  dont  elle  eut  un  fds,  l'autre  avec  le  général 
Charles  Churchill,  dont  elle  eut  aussi  un  fils,  qui  épousa, 
du  vivant  de  sa  mère,  lady  Mary  Walpole,  en  sorte  que 
Mrs  Oldfield  se  trouva  alliée  avec  les  plus  grandes  familles 
anglaises,  y  compris  celle  de  Wellington.  Elle  fut  enter- 
rée à  AYestminster.  R.   S. 

BiBL.  :  Authentick  Me^noirs  on  the  Life  of  that  cele- 
braded  actress  Mrs  Oldfield;  Londres,  1730.  —  William 
Egerton,  Fait/ifiii  Memoirs  of  the  Life,  Amours  and  Per- 
formances of  Mrs  Anne  Oldfield;  Londres,  173L  —  The 
Lovers'miscelhiny  ;  a  Collection  of  ainorous  taies  and 
poems  -with  Memoirs  of  the  life  and  Amours  ofMistress 
Ann  Oldfield;  Londres,  1731,  in-8. 

OLDHAM.  Ville  d'Angleterre,  comté  de  Lancastre  (où 
est  enclavé  le  comté  urbain  qu'elle  forme),  à  8  kil.  N.-E. 
de  Manchester,  sur  le  Medlock;  131 .463  hab.  (en  1891). 
Grande  ville  manufacturière;  30.397  ouvriers  y  travail- 
laient en  1891  le  coton,  5.3691e  fer,  4.561  construisaient 
des  machines.  Chadderton  (22.087  hab.)  en  est  un  vé- 
ritable faubourg. 

OLDHAIVI  (John),  poète  anglais,  né  à  Shipton  Moyne 
(Gloucestershire)  le  9  août  1653,  mort  près  de  Nottin- 
gham  le  9  déc.  1683.  Après  avoir  terminé  de  bonnes 
études  à  l'Université  d'Oxford,  il  occupa  l'humble  situation 
de  maître  d'école  à  Croydon,  qu'il  quitta  pour  devenir  pré- 
cepteur dans  la  famille  d'un  vieux  juge,  sir  Edward  Thur- 
land,  d'où  il  passa  dans  celle  de  sir  William  Hickes.  Là 
il  se  lia  avec  plusieurs  membres  de  la  haute  aristocratie, 
notamment  le  comte  de  Kingston,  dans  le  château  duquel 
il  mourut  prématurément  de  la  petite  vérole.  Il  a  laissé 
des  poésies  fort  originales  qui  ont  influé  sur  les  principaux 
poètes  du  xviii^  siècle,  notamment  sur  Pope.  Ce  sont  des 
élégies  d'une  noble  inspiration,  des  satires  mordantes, 
entre  autres  Satires  upon  the  Jesuits  (1679-1681),  des 
traductions  des  poètes  latins  et  grecs,  etc.  On  a  publié 
ses  Poems  and  translations  {iQ^^) ,  Remains  in  Verse 
and  Prose  (1684),  qui  ont  eu  de  nombreuses  rééditions, 
dont  la  meilleure  est  celle  de  Edward  Thompson  :  The 
Compositions  in  Prose  and  Verse  ofJ.  Oldha?n  (Londres, 
1770,  3  vol,  in.l2).  R.  S. 

^BiBL.  :  Thompson,  Memoirs  of  the  life  of  J.  Oldham,  en 
tet«  de  l'éd.  de  ses  œuvres;  Londres,  1770,  in-12. 
GRANDE  ENCYCLOPÉDIE.    —  XXV. 


OLDTOVN.  Ville  des  Etats-Unis  (Maine),  sur  le  Pe- 
nobscot;  5.312  hab.  Commerce  de  bois. 

OLÉAC-Debat.  Com.  dudép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr. 
do  Tarbes,  cant.  de  Pouyastruc;  96  hab. 

OLÉAC-Dessus.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr. 
de  Tarbes,  cant.  de  Tournay;  208  hab. 

OLÉACÉES  ou  OLÉINÉES  (Oleaceœ  LindL,  Oleime 
Link).  Famille  de  plantes  Dicotylédones,  composée  d'arbres 
et  d'arbustes  à  feuilles  opposées,  dépourvues  de  stipules, 
et  à  fleurs  hermaphrodites,  parfois  dioiques,  disposées  en 
grappes  ou  en  panicules.  La  corolle  gamopétale  présente 
la  préfloraison  valvaire  ;  les  étamines,  au  nombre  de  2, 
sont  insérées  sur  la  corolle  et  alternes  avec  ses  lobes,  à 
anthères  biloculaires  dorsifixes.  L'ovaire,  libre,  renferme 
des  ovules  pendants,  anatropes.  Le  fruit  est  une  capsule, 
une  drupe  ou  une  baie  ;  les  graines  renferment  un  em- 
bryon droit  qui  occupe  l'axe  d'un  albumen  plus  ou  moins 
épais.  Cette  famille  comprend  deux  tribus:  l^les  Oléi- 
NÉES,  caractérisées  par  le  fruit  drupacé  ou  bacciforme. 
Genres:  Olea  T.,  Osmanthus  Lour.,  Phillyrea  T.,  Li- 
gustrum  T.,  etc.;  2^  les  Fraxinées,  dont  le  fruit  est 
capsulaire,  tantôt  samaroïde  et  indéhiscent,  tantôt  bivalve 
et  à  déhiscence  locuHcide.  Genres  :  Fraxinus  T.,  Fonta- 
nesia  LabilL,  Forsythia  Vahl,  etc.  Bâillon  fait  une  troi- 
sième tribu  des  Jasminées,  qui  se  distinguent  des  autres 
Oléacées  par  la  corolle  à  préfloraison  imbriquée,  les  éta- 
mines à  anthères  basifixes,  les  ovules  ascendants,  les 
graines  à  albumen  nul  ou  presque  nul.  Genres  :  Jasmi- 
num  T.,  Nyctanthes  L.,  etc.  D''  L.  Hn. 

OLEAN.  Ville  des  Etats-Unis  (New  York),  sur  l'AUe- 
ghany  River;  7.358  hab.  Vaste  entrepôt  de  pétrole  à  la 
hmite  de  la  Pennsylvanie,  dans  le  district  de  l'huile.  Pro- 
duits chimiques. 

OLÉAN  DRI N  E.  L'oléandrine  est  une  substance résinoide 
qui  se  trouve  dans  les  feuilles  et  les  branches  de  laurier- 
rose  {Nerium  oleander).  En  précipitant  l'extrait  aqueux 
des  feuilles  avec  le  tanin,  et  en  décomposant  le  précipité 
par  la  chaux,  on  obtient  l'oléandrine  sublimable  en  petits 
cristaux  microscopiques  qui  fondent  à  70-75^  en  donnant 
une  huile  verte.  Ces  cristaux  sont  peu  solubles  dans  l'eau, 
solubles  dans  Talcool  et  l'éther,  ils  ont  une  saveur  amère 
et  constituent  un  poison  assez  violent.  Les  sels  de  l'oléan- 
drine sont  amorphes.  C.  Matignon. 

BiBL.  :  LuKOwsKi,  Répertoire  de  chimie  appliquée,  18bl, 
p.  77. 

OLEARIUS  (Adam  OElschlager,  connu  sous  le  nom 
latinisé  d'),  écrivain  allemand,  né  à  Aschersleben  en  1603, 
mort  à  Gottorp  le  22  fév.  1671.  Il  prit  part  à  l'ambassade 
de  Fleming  en  Perse  et  en  publia  une  intéressante  rela- 
tion :  Beschreibung  der  Moskowitischenund  Persischen 
/ime  (Slesvig,  1647).  Il  traduisit  le  Gulistan,  de  Sadi 
{Persianisches  Rosenthal,  1654). 
BiBL.  :  Grosse,  A.  Olearlus;  Aschersleben,  1867(ProgT.). 

OLÉFINES.  Ce  sont  des  carbures  d'hydrogène  qu'on 
désigne  plus  généralement  aujourd'hui  sous^  le  nom  de  car- 
bures éthyléniques  (V.  ce  mot).  On  les  désignait  autrefois 
sous  ce  nom,  parce  que  le  premier  terme  de  la  série, 
Téthylène,  donnait,  sous  l'action  du  chlore,  naissance  à  une 
huile,  comme  l'avaient  reconnu  des  chimistes  hoUandais. 

OLEINE.  L'acide  oléique  forme  avec  la  glycérine,  trois 
combinaisons  qui  ont  été  préparées  synthétiquement  par 
M.  Berthelot.  Chevreul  avait  reconnu  antérieurement  la 
présence  de  la  trioléine  dans  certains  corps  gras,  notam- 
ment dans  la  partie  liquide  des  huiles. 

L  MoNOLÉiNE.  -  Form.   |  ^(^1  *  '  '  '  "  '  ;  '  •  '     c^^H^^^O-**. 

La  monooléine  s'obtient  en  chauffant  à  200^,  pendant 
dix-huit  heures,  dans  un  tube  scellé,  un  mélange  d'acide 
oléique  pur  et  de  glycérine  en  excès.  Le  tube  doit  être 
rempli  au  préalable  de  gaz  carbonique,  pour  prévenir  l'ac- 
tion de  l'oxygène  sur  l'acide  oléique  et  sur  l'oléine.  On 
enlève  l'excès  d'acide  oléique  par  la  chaux  éteinte,  après 

22 


OLÉINE"—  OLÉIQUE 

avoir  séparé  la  glycérine  n'ayant  pas  réagi,  en  évi- 
tant le  contact  de  l'air.  On  sépare  la  cliaiix  par  disso- 
lution dans  Téther.  C'est  un  liquide  neutre,  huileux,  jau- 
nâtre, inodore,  d'un  goût  presque  nul,  d'une  densité  égale 
à  0,947  à  2i<^.  La  monooléine  se  fige  lentement  entre  1-j 
et  20^  en  produisant  une  masse  molle,  mêlée  de  grains 
cristallins.  Une  fois  fondue,  si  on  la  refroidit  brusque- 
ment jusque  vers  zéro,  elle  se  solidifie  ;  mais  elle  fond  de 
nouveau,  avant  que  la  température  soit  remontée  jusqu'à 
•10*^.  A  la  suite  d'un  repos  prolongé  à  cette  dernière  tem- 
pérature, elle  cristallise  spontanément  et  reprend  dès 
lors  son  point  de  fusion  normal.  Soumise  à  l'action  de  la 
chaleur,  elle  peut  distiller  dans  le  vide  barométrique. 
Chauflee  à  l'air  libre,  elle  se  décompose  avec  production 
d'acroléine. 

DioLEiNE.  ~  Form.      ^"^ C^^H'^O^  * 

Elle  s'obtient  en  chauffant  la  monooléine  pendant  quel- 
ques heures  à  230^,  avec  cinq  à  six  fois  son  poids  d'acide 
oléique  ;  ou  bien  encore  en  faisant  réagir  à  200*^  la  gly- 
cérine sur  l'oléine  naturelle.  C'est  un  liquide  neutre.  Sa 
densité  à  21°  est  0,921.  Elle  cristaUise  entre  10  et  45°. 

1   Fa  C^^^H^^'^O^'^ 

Trioléine.  —  Form.  |  ^^  '  '  *  *  •  *  '  "  *  *      qôi^ioaqg  " 

Ce  corps  se  prépare  en  chauffant  à  240",  en  tube  scellé, 
pendant  quatre  heures,  la  monooléine,  avec  c[uinze  ou 
vingt  fois  son  poids  d'acide  oléique.  On  extrait  la  matière 
neutre  par  la  chaux  et  l'éther  ;  on  traite  la  dissolution 
éthérée  par  le  noir  animal,  on  la  concentre  et  on  la  mêle 
avec  huit  ou  dix  fois  son  volume  d'alcool  ordinaire;  la 
trioléine  se  précipite.  On  la  recueille  sur  un  fdtre,  et  on 
la  dessèche  dans  le  vide.  La  trioléine  est  neutre,  elle  de- 
meure liquide  à  40"  et  même  au-dessous.  Elle  est  ino- 
dore, insipide.  Sa  densité  est  0,92  à  0*^  et  0,8o  à  400'\ 
Elle  est  insoluble  dans  l'eau,  peu  soluble  dans  l'alcool, 
miscible  avec  l'éther  et  le  sulfure  de  carbone. 

Chauffée  à  feu  nu,  elle  se  détruit,  avec  production 
d'acroléine,  d'acides  gras  volatils,  d'acide  sébacique  et  de 
carbures  gazeux.  4  gr.  de  trioléine  dégage  en  brûlant 
9  calories,  soit,  pour  4  équivalent  :  8,747  calories. 

On  désigne  sous  1e  nom  d\)Iéine  nalurelle  la  partie 
liquide  de  l'huile  d'olive  séparée  par  la  compression  et 
les  dissolvants.  C'est  évidemment  un  produit  impur. 

L'oléine  exposée  à  l'air  s'oxyde  peu  à  peu  ;  elle  devient 
acide  et  prend  une  odeur  rance.  En  même  temps,  eHe 
acquiert  des  propriétés  oxydantes,  analogues  à  celles  de 
l'essence  de  térébenthine.  L'absorption  de  l'oxygène,  lente 
au  début,  s'accélère  peu  à  peu,  et  donne  lieu  au  gaz  car- 
bonique et  à  divers  produits.  Ces  phénomènes  sont  dus  à 
l'acide  oléique  :  car  l'acide  isolé  les  manifeste  d'ime  ma- 
nière plus  marquée  que  l'oléine  elle-même.  Les  huiles 
qui  renferment  de  l'oléine  les  présentent  à  un  haut  degré. 
L'oléine  mise  en  contact  avec  l'acide  hypoazotique,  ou 
avec  le  nitrate  acide  de  mercure,  se  change  en  un  com- 
posé isomérique,  Vélaidine,  substance  cristalline,  fusible 
à  32°  et  moins  soluble  dans  les  dissolvants  que  l'oléine. 
C'est  un  éther  glycérique  de  l'acide  élaïdique,  acide  cris- 
tallisé, isomérique  avec  l'acide  oléique. 

L'acide  nitrique  concentré  attaque  violemment  l'oléine. 
L'acide  étendu  et  bouillant  l'oxyde  en  formant  les  acides 
monobasiques  et  volatils,  C^'^IF^O'^  et  les  acides  fixes  et 
bibasiques  C^'^H^^-^O^.  Ces  phénomènes  sont  dus  à  l'oxy- 
dation de  l'acide  oléique. 

Oléo.  Mais  indépendamment  de  la  trioléine  chimique- 
ment pure  dont  il  vient  d'être  question,  et  de  la  quantité 
plus  ou  moins  grande  de  cette  matière  existant  dans  les 
différentes  huiles,  on  retire  aujourd'hui  du  suif  une  quan- 
tité assez  considérable  d'un  produit  appelé  oléo,  formé  en 
majeure  partie  par  de  la  trioléine,  et  qui  sert  à  fabriquer 
la  margarine,  produit  destiné  à  se  substituer  économique- 
ment au  beurre  dans  l'ahmentation  ;  et  cela  grâce  à  la 
découverte  de  iVège-Mouriàs,  permettant  ainsi  au  suif  de 
s'écouler  sous  forme  comestible  alors  que  de  nombreuses 


338  — 

causes  faisaient  déprécier  ce  produit.  Le  suif  de  boucherie 
provenant  des  abattoirs  (suif  en  branches),  blanc  rosé, 
d'aspect  opalin,  est  transformé  dans  le  premier  jus  (on 
élimine  toutefois  le  suif  de  mouton,  qui  sent  mauvais  et 
celui  du  veau,  qui  s'altérerait).  Pour  cela,  on  le  dessèche 
dans  un  atelier  spécial,  fortement  aéré,  puis  il  est  haché 
et  broyé  de  façon  à  le  réduire  en  pulpe,  au  moment  de  le 
fondre.  La  fusion,  qui  s'effectue  dans  une  cuve  en  bois  de 
sapin,  remplie  au  tiers  d'eau,  munie  d'un  barboteur  en 
fer  étamé  et  amenant  de  la  vapeur  d'eau  chaude,  est  des- 
tinée à  séparer  les  graisses  des  membranes.  La  graisse 
fondue,  décantée  dans  un  aulre  vase,  est  à  nouveau  dé- 
cantée, après  deux  heures  de  repos,  et  répartie  dans  des 
bacs  d'une  contenance  d'environ  50  kilogr.  que  l'on  porte 
immédiatement  dans  une  chambre  à  38°  et.  à  l'abri  de 
tout  courant  d'air  ;  on  abandonne  au  repos  pendant  qua- 
rante-huit heures.  La  matière  grasse  cristallise,  c.-à-d. 
que  la  stéarine  se  soUdifie,-  tandis  que  l'oléine,  fluide  à  la 
température  de  la  chambre  chaude,  reste  englobée  dans 
les  particules  concrètes  de  stéarine. 

Le  produit  ainsi  obtenu,  ou  premier  jus,  grenu,  de 
couleur  jaune,  est  donc  constitué  par  deux  glycérides, 
Tun  concret,  la  stéarine,  l'autre  liquide  à  38°,  l'oléine, 
déjà  séparés.  Ce  mélange  ayant  un  point  de  fusion  trop 
élevé  pour  convenir  à  la  fabrication  de  la  margarine,  il 
faut  en  retirer  la  partie  huileuse  qui  constitue  Voléo,  qui 
par  ses  propriétés  physiques  et  organoleptiques  est  une 
substance  analogue  avec  la  graisse  du  beurre. 

On  isole  l'oléine  de  la  stéarine  au  moyen  de  la  presse 
hydraulique.  On  forme  de  cette  substance  des  gâteaux  de 
4  centim.  d'épaisseur  et  de  48  centim.  sur  20,  renfermés 
dans  des  serviettes  de  toile  résistante;  4  ou  G  de  ces  gâ- 
teaux sont  compris  entre  deux  plaques  de  tôle  étamées, 
portées  à  50°,  et  lorsque  la  presse  est  montée,  elle  com- 
porte 460  à  200  gâteaux.  La  séparation  de  l'oléo  com- 
jnence  sous  l'action  de  la  chaleur  au  cours  du  chargement  ; 
l'oléo  fdtre  à  treavers  les  serviettes  et  s'écoule  dans  un 
récipient  placé  sous  la  gouttière  du  plateau  de  la  presse  ; 
la  presse  est  mise  en  action  lentement,  et  la  température 
s'abaissant,  la  pression  finale  ne  se  fait  plus  qu'à  40°, 
température  à  laquelle  l'oléo,  encore  liquide,  se  sépare 
de  la  stéarine,  qui  reste  emprisonnée  dans  les  serviettes 
sous  forme  de  gâteaux  durs.  D'aUleurs,  le  travail  de  la 
presse  étant  d'un  faible  rendement,  dans  les  margari- 
]]ières  sérieuses,  on  emploie  des  presses  à  double  chariot, 
de  manière  à  préparer  une  presse  sur  un  chariot  pendant 
que  l'autre  subit  la  pression. 

L'oléo,  de  couleur  jaujie,  a  une  saveur  rappelant  celle 
du  beurre  fondu.  Certains  fondeurs,  ne  transformant  pas 
eux-mêmes  l'oléo  en  margarine,  vendent  leurs  productions 
aux  margariniers  ;  alors  on  les  refroidit  pour  les  faire 
cristalliser.  L'unique  emploi  de  l'oléo  est  dans  la  fabrica- 
tion de  la  margarine;  son  principal  marché  est  Rotter- 
dam ou  les  Américains  en  expédient  régulièrement  des 
quantités  considérables;  le  marché  de  Paris  est  beaucoup 
moins  important. 

On  a  pendant  un  certain  temps  préparé  un  produit, 
appelé  l'oléo-margarine,  intermédiaire.  Actuellement,  la 
fabrication  de  la  margarine  consiste  à  partir  de  l'oléo 
précédent  et  à  le  baratter  avec  du  lait  et  une  petite 
quantité  d'huile  végétale  (de  coton  sésame  ou  arachide) 
destiné  à  modifier  la  pâte  de  la  margarine,  trop  courte  ou 
trop  cassante,  lorsqu'elle  n'est  formée  que  de  graisse  ani- 
male. Pour  donner  une  idée  de  l'importance  de  cette  indus- 
trie, il  suffit  de  remarquer  qu'en  4893,  en  France,  on  a  eu 
une  importation  totale  de  63.004.650 kilogr.  de  margarine 
à  i  fr.  40  le  kilogr.  (prix  moyen).  L'oléo,  produit  intermé- 
diaire, est  donc  lui-même  très  important.        Bourion. 

BriîL.  :  BerthI'Lot,   Chimio    organique  fondée  sur  la 

synthèse. 

nii^miic  /\  -1  N     r  ^  Equiv.  . .  .  C^WW. 

OLÉIQUE  (Acule),  lorm.  \  ^tom. . . .  {^^«H^^f)^ 

L'acide  oléique  a  été  découvert  par  Chevreul  lors  de  ses 


études  classiques  sur  les  corps  gras.  Il  accompagne  les 
acides  saturés  de  formule  C^'^H^^O^*  et  intervient,  pour 
la  plus  grande  part,  dans  la  composition  des  matières 
grasses  répandues  dans  le  monde  végétal  et  le  monde  ani- 
mal, sous  la  forme  de  son  éther,  de  la  glycérine,  l'oléine. 

La  fabrication  industrielle  de  F  acide  stéari([ue  fournit 
de  l'acide  oléique  en  très  grande  quantité.  Les  matières 
grasses  saponifères  donnent  de  la  gl}xérine  et  un  mélange 
des  acides  gras.  On  profite  de  l'état  liquide  de  l'acide 
oléique  pour  le  séparer  des  autres  acides  solides  à  la  tem- 
pérature ordinaire  par  une  simple  compression.  Abandonné 
à  la  température  de  O'',  la  plus  grande  partie  des  acides 
stéarique  et  palmitique  qui  l'accompagnent  se  solidifient  ; 
on  eifectue  une  nouvelle  séparation,  puis  on  transforme 
l'acide  en  sel  alcalin.  Pour  purifier  l'acide  oléique,  on 
transforme  le  sel  alcalin  en  sel  de  baryum  par  une  double 
décomposition  et  l'on  fait  cristalliser  plusieurs  fois  ce  sel 
dans  l'alcool;  finalement,  on  le  décompose  par  l'acide 
tartrique.  Il  faut  soustraire  l'acide  oléique  à  l'action  de 
l'oxygène  de  l'air. 

Pour  obtenir  l'acide  rigoureusement  pur,  le  mieux  est 
d'utiliser  la  solubilité  de  son  sel  de  plomb  dans  l'éther 
bien  exempt  d'alcool  ;  tous  les  sels  de  plomb  des  autres 
acides  gras  y  sont  insolubles.  On  effectue  ainsi  une  sépa- 
ration rigoureuse. 

L'acide  oléique,  à  la  température  ordinaire,  est  un  liquide 
incolore,  de  consistance  huileuse,  sans  odeur  ni  saveur, 
dont  la  solution  alcoolique  ne  rougit  pas  le  papier  de  tour- 
nesol. Il  s'oxyde  facilement  à  l'air  en  brunissant  et  don- 
nant des  produits  à  réaction  acide  et  à  odeur  rance.  Il  se 
sursature  facilement  et  il  est  nécessaire  de  le  refroidir 
au-dessous  de  zéro  pour  obtenir  sa  solidification  ;  il  fond 
alors  à  -+-  44*'.  On  ne  peut  le  distiller  sous  la  pression 
ordinaire  sans  décomposition  ;  mais  sous  la  pression  réduite 
à  10  millim.,  il  bout  à  ^^i".  La  vapeur  d'eau  surchauffée 
à  250°  entraîne  l'acide  oléique.  La  distillation  de  l'acide 
oléique  avec  une  fois  et  demi  son  poids  de  chaux  fournit  un 
liquide  oléagineux  neutre,  regardé  comme  l'acétone  corres- 
pondant à  l'acide  oléique  et  nommé  oléine.  Sous  l'influence 
de  l'acide  nitreux,  l'acide  oléique  se  transforme  en  un 
isomère,  l'acide  élaidique  solide,  qui  fond  à  44"  ;  l'acide 
élaïdique  paraît  être  un  isomère  stéréochimique  du  pre- 
mier, correspondant  à  l'isomérie  des  acides  fumarique  et 
maléique  également  non  saturés. 

Les  deux  acides  oléique  et  élaidique  fixent  une  molécule 
d'hydrogène  sous  l'influence  de  l'acide  iodhydrique  et  se 
transforment  tous  deux  en  acide  stéari(|ue  : 

G36H3404  +  H'^  =z  C-^6H3604 

La  fonction  éthylénique  de  cet  acide  se  trouve  accusée 
en  outre  par  la  fixation  du  brome,  de  l'acide  sulfurique, 
par  l'oxydation  par  le  permanganate  de  potasse  avec 
formation  d'acide  dioxystéarique. 

Les  oléates  alcalins  sont  solublos,  les  autres  insolubles. 
L'oléatede  potasse  est  mou,  celui  de  soude  est  solide;  ils 
entrent  l'un  et  l'autre  pour  une  forte  proportion  dans  la 
constitution  des  savons.  —  La  plus  grande  partie  de 
l'acide  oléique  produit  dans  la  fabrication  des  bougies  est 
transformée  immédiatement  en  savon  par  l'addition  d'une 
lessive  de  soude  à  l'acide  brut.  G.  Matignon. 

BiBL.  :  Chevreul,  Recherches  sur  les  corps  qnis,  1823, 
p.  75. 

OLEKIVIA.  Rivière  de  Sibérie, prov.  de  Iakoutsk,  affl.de 
droite  de  la  Lena.  Elle  prend  sa  source  dans  les  monts  lablo- 
noyi,  coule  d'abord  vers  le  N.-1l.  ,  puis  vers  le  \.  ;  elle  reçoit 
à  droite  un  affluent  important,  laNiougja,  puis  à  gauche, 
près  de  son  embouchure,  dans  la  Lena,  un  autre  aftliienl 
plus  considérable,  la  Tchara,  que  grossit  le  Toko.  Longueur 
du  cours,  environ  1.500  kil.  Largeur  en  aval  du  confluent 
de  la  Nougja,  215  m.,  en  aval  du  confluent  de  la  Tchara, 
750  m.  Nombreux  rapides.  Courant  impétueux.  La  vaflée 
de  rOlekma  est  couverte  de  forêts  où  pullulent  les  bêtes 
à  fourrure;  les  rives  sont  presque  inhabitées,  sauf  à  l'em- 


339  —  OLÉIQUE  —  OLÉOPALMITINE 

bouchure  de  la  Niougja,  emplacement  d'une  foire  toun- 
gouse.  Khabarov  (1649)  fut  le  premier  explorateur  de 
roiekma;  le  fleuve  fut  ensuite  visité  par  les  expéditions 
scientiiiques  de  Kovanko  et  de  Schwartz,  puis  par  Orlov 
et  enfin  en  1857  par  Oussoltzev.  L'Olekma  n'a  pas  beau- 
coup d'importance  comme  voie  navigable  à  cause  de  son 
courant  trop  rapide,  mais  sa  vallée  a  acquis  de  la  célébrité 
par  suite  de  la  découverte  de  mines  d'or  en  1843. 

OLEKIVIINSK.  Ville  de  Sibérie,  prov.  de  Iakoutsk.  Ch.-l. 
de  cercle,  sur  la  r.  g.  de  la  Lena,  à  12  kil.  en  amont 
de  roiekma,  au  pied  de  la  chaîne  de  la  Lena.  Elle  fut 
fondée  en  1635  par  les  cosaques  du  Ienisseï,  en  face  du 
confluent  de  l'Olekma,  et  ne  fut  qu'assez  longtemps  après 
transportée  à  son  emplacement  actuel.  Chef-lieu  de  cercle 
depuis  1822;  1.178  hab.  (Iakouts,  exilés,  marchands), 
46  établissements  commerciaux.  Foire  active  en  été.  Com- 
merce de  fourrures,  poisson,  bétail  (40  à  70.000  roubles  de 
transactions).  Olekmin^k possède  3  écoles,  2  églises,  6  cha- 
pelles, 1  hôpital. 

Le  cercle  (okroug),  dans  le  S.-O.  de  la  province,  a 
340.000  kil.  q.  ;  15.000  hab.  Mines  d'or. 

OLEWIPS.  Corn,  du  dép.  de  l'Aveyron,  arr.  et  cant.  de 
Rodez;  881  hab. 

OLEN  ('QXrjv)  est  le  nom  d'un  très  ancien  poète  grec, 
à  qui  l'on  attribuait  des  hymnes,  un  entre  autres  à  lli- 
thyie,  et  des  nomes  exécutés  aux  fêtes  de  Délos,  encore  au 
temps  de  Callimaque.  Certains  auteurs  le  regardaient 
comme  l'inventeur  de  l'hexamètre.  On  faisait  de  lui  tan- 
tôt un  Hyperboréen,  tantôt,  et  plus  souvent,  un  Lycien. 
Son  nom  est  ainsi  lié  à  l'introduction  dans  les  îles  grecques 
du  culte  d'Apollon,  originaire  de  Lycie.  SiOlen  a  existé, 
il  doit  donc  être  placé  vers  le  viii^  siècle. 

OLENDA.  Village  du  Congo  français,  dans  le  bassin  de 
rOgooué. 

OLENDON.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr.  de  Falaise, 
cant.  de  Morteaux-Coulibœuf  ;  240  hab. 

OLEN Dl EN  (GéoL).  Nom  donné  à  l'étage  supérieur  du 
groupe  cambrien  (V.  ce  mot). 

OLENEK.  Fleuve  de  Sibérie,  prov.de  Iakoutsk.  Il  naît 
à  la  frontière  orientale  du  gouv.  de  lénisseisk,  dans  une 
montagne  peu  élevée,  le  larghan;  sa  direction  générale 
est  S.-O.-N.-E.  Il  décrit  de  nombreux  méandres  et  reçoit 
plusieurs  atïïuents  :  à  gauche,  l'Arga-Sala,  le  plus  impor- 
tant, et  l'Oukykat;  à  droite,  le  Silgir.  Dans  la  première 
partie  de  son  cours,  sa  longueur  moyenne  est  de  40  m.  ;  il 
coule  rapidement,  resserré  entre  les  falaises  pittoresques, 
obstrué  par  des  rochers  et  des  bancs  de  sable  qui  empê- 
chent toute  navigation.  Après  avoir  reçu  l'Arga-Sala,  EOlc- 
nek  s'élargit  et  atteint  425  à  640  m.  Il  coule  alors  à  tra- 
vers une  région  montagneuse  et  couverte  de  forêts,  puis  il 
entre  dans  la  zone  des  toundras  et  sa  largeur  dépasse  alors 
1  kil.  Après  un  parcours  de  2.200  kil.,  il  se  jette  dans 
l'océan  Arctique  par  72°  54' de  lat.  N.L'Olenek  mesure  à 
son  embouchure  9  kil.de  largeur;  il  est  gelé  dans  la  par- 
tie supérieure  de  son  cours  depuis  le  commencement  d'oc- 
tobre jusqu'à  la  fin  de  mai. 

OLEN  US  (Paléont.).  Genre  de  Jnlobites(Y.  ce  mot). 

OLEN  US.  Cité  grecque  de  l'époque  légendaire,  détruite 
par  les  Etoliens.  Strabon  la  place  près  de  Pleuron. 

OLEN  US.  Cité  antique  de  l'Achaie,  entre  Patras  et 
Dyme;  elle  fut  détruite  et  annexée  à  Dyme  au  temps  de 
la  Ligue  achéenne. 

OLEN  US  Calenlis,  devin  légendaire  d'Etrurie  qui  fut 
aj^polé  par  Tarquin,  lors  de  la  fondation  du  Capitole,  quand 
on  trouva  on  creusant  les  fondations  une  tête  humaine 
(Cf.  Dh:n.  IIal.,IV,  59-61,  etPLiNE,i/.  X,  XXXVIII,  2). 

OLÉOMARGARINE  (V.  Margarine). 

OLÉONE  (Chim.  indust.)  (V,  Oléique  [Acide]). 

OLÉOPALMITINE.  Les  oléopalmitines  sont  des  étliers 
de  la  glycérine  qui  résultent,  soit  de  l'union  de  la  glycé- 
rine avec  une  molécule  d'acida  oléiqud  dt  une  molécule 


OLÉOPALMITINE  —  OLERON 


—  340 


d'acide  palmitique  en  même  temps  que  deux  molécules 
d'eau  s'éliminent, 

C^H^  (H^O^)  (H-'02)  (H202)  +  C^^H^^O^  4-  C^m^W 

Glycérine  Acide         Ac.  oléique 

palmitique 

Oléopalmitinc 

soit  de  l'union  de  la  glycérine  avec  deux  molécules  d'acide 
palmitique,  une  d'acide  oléique,  ou  bien  deux  molécules 
d'acide  oléique  et  une  d'acide  palmitique,  dans  tous  les 
cas  avec  mise  en  liberté  de  trois  molécules  d'eau  : 

C6H2  (H202)   (nW)   (nW)  +  2C-^2H3204  _^  C=^6JJ3404 

Glycérine  Ac.  palmitique    Ac.  oléique 

-_  Ç6II2  (C32H3204)2  (C36H340^) 

Oléodipalmitine 

C6H2  (H202)  (H^O'-)  (H^O-^)  4-  C^-H^W  +  ^C^^H^^O^ 

Glycérine  Ac.  palmit.      Ac.  oléique 

=  C«H2  (C32H3204)    p6H3404)2, 

palmitodioléine 

Ces  substances  possèdent  des  propriétés  intermédiaires 
entre  celles  de  la  tripalmitine  et  de  la  trioléine.   C.  M. 

OLÉOPHOSPHORIQUE  (Acide).  Cet  acide  a  été  dé- 
couvert par  Frémy  dans  le  cerveau.  Il  paraît  ne  pas  y 
exister  à  l'état  libre,  mais  être  un  produit  de  décompo- 
sition de  la  lécithine  ou  plutôt  de  corps  analogues,  décom- 
position qui  se  produit  pendant  la  préparation.  C'est  un 
liquide  peu  mobile,  jaune,  insoluble  dans  l'eau  et  l'alcool 
froid.  Il  contient  environ  2  ^j^  de  phosphore.  Les  alcalis 
convertissent  cet  acide  en  phosphates,  en  oléates  et  en 
glycérine,  ce  qui  rendrait  la  formule  suivante  comme  pro- 
bable, C^««Hi43p024, 

C156H143P024  _  2C^H80^  -}-  ^C^^^iQA  _|_  PQSHseH^O. 

Glycérine         Acide  Acide 

oléique  phosphor. 

L'ébullition  avec  Feau  donne  simplement  l'oléine  et 
l'acide  phosphorique. 

Cet  acide  ne  parait  pas  avoir  été  isolé  à  l'état  pur.  C.  M. 

OLÉOSACCHARUM  (Pharm.).  On  appelle  oléosaccha- 
rum,  oléosaccharolé,  et  plus  (iourixmmQnioleosaccha7'ure 
tout  médicament  solide,  pulvérulent,  composé  de  sucre 
uni  à  une  huile  essentielle.  La  proportion  ordinaire  d'es- 
sence est  de  4  goutte  pour  4  gr.  de  sucre  (2  gr.  dans  la 
pharmacopée  suisse).  Les  oléosaccharures  se  préparent 
en  triturant  ensemble,  au  mortier,  le  sucre  et  l'essence. 
Ils  permettent,  en  divisant  l'essence,  d'en  faciliter  l'ad- 
ministration Ja  solution,  ou  la  mise  en  suspension  dans 
l'eau.  Le  Codex  de  1884  indique  deux  types  d'oléosac- 
charures  :  1^  V oléosaccharure  cVanis,  qui  se  prépare, 
avec  l'essence  d'anis,  dans  les  proportions  et  de  la  façon 
indiquées  ci-dessus  (on  prépare  de  même  les  oléosaccha- 
rures de  carvi,  fenouil,  menthe,  etc.);  2^  V oléosaccha- 
rure de  citron  qui  se  prépare  en  frottant  sur  10  gr.  de 
sucre  la  partie  extérieure  du  zeste  d'un  citron.  On  triture 
ensuite  le  sucre  au  mortier.  En  préparant  ainsi  les  oléo- 
saccharures d'to/?^nW^5  (bergamote,  cédrat,  or  ange,  etc.), 
on  obtient  un  médicament  plus  aromatique  que  celui  ob- 
tenu avec  l'essence  distillée.  Les  oléosaccharures  sont 
facilement  altérables.  L'état  de  division  extrême  de  l'es- 
sence facihte  sa  volatilisation  et  son  oxydation.  Aussi  ces 
préparations  ne  doivent  être  faites  qu'au  moment  du 
besoin.  V.  H. 

OLERON  (Ile  d').  Ile  de  l'Océan  située  dans  le  golfe  de 
Gascogne,  auprès  des  rivages  de  la  Saintonge  et  rattachée 
administrativement  au  dép.  de  la  Charente-Inférieure.  Sa 
superficie  est  évaluée  à  17.520  hcct.  et  elle  compte 
17.190  hab. répartis  entre  six  communes  :  Saint-Georges, 
Le  Château,  Dolus,  Saint-Trojan,  Saint-Pierre,  Saint-De- 
nis et  une  infinité  de  villages.  Cela  fait  environ  100  hab. 
par  kilomètre  carré,  densité  considérable  si  l'on  observe 
que  de  la  superficie  totale  il  faudrait  défalquer  une  grande 
quantité  de  sables  et  de  dunes  qui  ne  sont  encore  ni  habi- 
tables ni  productrices.  L'ile  d'Oleron,  inclinée  du  S.-E. 


au  N.-O.,  a  une  longueur  totale  de  30  kil.,  du  phare  de 
Chassiron  au  N.,  àla  pointe  de  Maumusson  au  S.,  sur  une 
largeur  maximum  de  11  kil.  par  le  travers  de  la  pointe  des 
Saumonards,  mais  sa  largeur  moyenne  n'est  que  de  5  à 
6  kil.  Au  N.  elle  est  séparée  de  File  de  Ré  et  du  conti- 
nent par  le  pertuis  d'Antioche  ;  ce  bras  de  mer  devient  à 
FO.,  à  partir  de  la  pointe  des  Saumonards,  du  fort  Boyard 
et  de  File  d'Aix,  un  détroit  sinueux  entre  Oleron  et  la  côte 
de  Saintonge,  large  à  peine  de  500  m.  à  marée  basse, 
entre  des  bancs  de  sable  et  de  vase  ;  il  se  resserre  encore 
entre  la  pointe  d'Ors  et  le  fort  du  Chapus  où  aboutit  le 
chemin  de  fer  de  Marennes;  ce  détroit  du  Chapus,  large  de 
2.200  m.  à  haute  mer,  n'a  plus  que  1.200  m.  à  marée 
basse.  Au  delà  du  détroit  s'étend  la  baie  triangulaire  de 
Seudre,  qui  se  termine  au  S.  par  un  nouvel  étranglement, 
le  pertuis  de  Maumusson,  entre  la  pointe  méridionale  de 
l'île  et  la  presqu'île  d'Arvert.  Ce  pertuis  de  Maumusson, 
dont  les  courants  sont  redoutables,  n'a  pas  plus  de  500  m. 
de  large  aux  basses  mers  ;  il  est  large  de  2.200  m.  à  la 
marée  haute.  Toute  cette  côte  est  s'envase  et  s'ensable 
rapidement,  et  sa  séparation  du  continent  n'est  maintenue 
que  par  la  violence  des  courants  des  pertuis. 

En  suivant  cette  côte  est  du  N.  au  S.,  on  rencontre 
d'abord  au  N.  un  massif  rocheux  isolé,  le  rocher  d'An- 
tioche, énorme  écueil  qui  a  donné  son  nom  au  grand  per- 
tuis du  N.  :  puis  le  port  Saint-Denis,  la  belle  plage  de  la 
Brie,  la  pointe  des  Boulassiers  et  le  port  du  Douhet,  à 
partir  duquel  des  sables  et  des  dunes  font  suite  au  banc 
rocheux  qui  borde  File  depuis  son  extrémité  septentrio- 
nale. Boyardville  est   un  petit  port   en    communication 
maritime  avec  Rochefort,  l'île  d'x4ix  et  La  Rochelle.  Il  y 
a  quelques  années,  la  marine  avait  conçu  le  projet  d'en 
faire  un  grand  port  militaire,  commandant  la  rade  des 
Trousses  ;  elle  y  avait  installé  l'école    des  torpilleurs  et 
commencé  de  vastes  travaux  pour  l'élargissement  du  che- 
nal ;  ces  projets  sont  aujourd'hui  abandonnés.  Au  S.  de 
Boyardville  la  côte  devient  basse  et  vaseuse,  la  mer  dé- 
couvre de  plus  de  3  kil.  ;  des  marais  salants  pénètrent 
dans  l'intérieur  des  terres,  et  des  parcs  d'huîtres  occupent 
toute  la  partie  recouverte  par  les  marées.  Le  chenal  du  châ- 
teau d'Oleron,  ville,  citadelle  et  port,  coupe  cette  côte  basse  ; 
plus  au  S.,  Saint-Trojan  est  un  petit  port  de  pêche  sur  la 
baie  de  la  Seudre.  La  côte  0.,  qui  fait  face  à  l'Océan,  a 
reçu,  comme  da»s  les  autres  îles  de  l'Océan,  exposées  de 
même,  le  nom  caractéristique  de  «  côte  sauvage  »  ;  elle 
présente  l'aspect  uniforme  d'un  cordon  de  dunes  supporté 
par  un  socle  rocheux,  qui  atteint  parfois  2.500  m.  de  large 
et  s'élève  dans  le  N.,  aux  dunes  de  Domino,  jusqu'à  la 
hauteur  de  26  m.  et  dans  le  S.,  aux  dunes  de  Saint-Tro- 
jan, jusqu'à  32  m.  Les  villages  se  sont  tous  écartés  du  ri- 
vage à  l'exception  d'un  seul,  celui  de  la  Cotinière,  bourg 
de  pêche,  qui  possède  une  dizaine  de  grandes  chaloupes 
employées  en  été  à  la  pêche  de  la  sardine,  mais  qu'il  faut 
hisser  sur  la  côte  aussitôt  qu'arrivent  les  mauvais  temps 
de  l'équinoxe.   Sur  cette  côte  inhospitalière   se  trouve 
pourtant  ménagée  une  vaste  baie,  oti  s'interrompt  le  sou- 
bassement rocheux  de  l'île,  c'est  celle  de  La  Perroche 
A  diverses  reprises  on  a  tenté  d'y  établir  un  port  qui  se- 
rait un  abri  précieux.  En  1795,  on  avait  construit  une  je- 
tée au  S.;  en  1825,  on  en  établit  une  au  N.;  en  1868, on 
avait  commencé  la  construction  d'une  jetée  en  fer  à  che- 
val, protégeant  la  moitié  de  l'anse  et  donnant  accès  aux 
barques  de  pêche  ou  même  à  de  grands  navires  que  la  tem- 
pête forcerait  à  se  réfugier  à  La  Perroche  ;  tous  ces  tra- 
vaux ont  été  successivement  emportés  par  la  mer,  et  il  n'en 
subsiste  que  des  débris. 

L'île  est  traversée  par  une  seule  route  importante, 
dont  le  nom  ofliciel  est  :  route  départementale  n^  7,  de 
Saintes  à  Chassiron  ;  en  réalité,  elle  prend  naissance  à  la 
pointe  d'Ors,  en  face  de  la  pointe  du  Chapus,  oti  aboutit  la 
route  de  Saintes,  mais  de  chaque  côté  une  chaussée  pavée 
descend  jusqu'au  niveau  des  plus  basses  mers  d'où  une 
barque  fait  le  trajet  de  1   kil.  qui  sépare  alors  File  du 


~  341 


OLERON 


continent,  ce  qui  permet  de  considérer  la  route  comme 
ininterrompue.  De  la  pointe  d'Ors,  la  route  gagne  le  châ- 
teau, et  va  de  là  à  Dolus,  à  Saint-Pierre  et  à  Saint-Denis 
pour  se  terminer  à  la  pointe  de  Chassiron.  Les  autres  lo- 
calités sont  desservies  par  des  chemins  vicinaux.  Les 
communications  avec  le  continent  sont  assurées  par  des 
services  de  vapeurs  entre  Le  Château  et  la  pointe  du  Cha- 
pus,  entre  La  Rochelle  et  Royardville,  et  en  été  entre 
Saint-Trojan  et  la  pointe  du  Chapus.  Rasse  et  plate,  l'île 
d'Oleron,  autrefois  boisée,  est  aujourd'hui  cultivée  en  vignes, 
ravagées  naguère  par  le  phylloxéra,  en  céréales,  en  four- 
rages, en  betteraves  et  en  jardins  maraîchers.  Nulle  part 
la  propriété  n'a  été  plus  morcelée,  et  les  arbres  en  ont 
presque  totalement  disparu.  Une  partie  des  dunes  seule- 
ment a  été  plantée  de  pins  maritimes  destinés  à  les  fixer. 
Les  principales  industries  de  l'il^  sont  :  l'ostréiculture  qui 
occupe  près  de  600  hect.  de  claires,  de  parcs  et  de  vi- 
viers, où  l'on  élève  des  huîtres  plates  et  des  portugaises  ; 
un  grand  nombre  des  premières  sont  envoyées  à  Marennes 
pour  les  verdir,  les  autres  sont  livrées  directement  à  la 
consommation  ;  l'industrie  du  sel  qui  est  en  décroissance  à 
cause  de  la  concurrence  des  salines  du  Midi  et  de  l'Est  ; 
la  récolte  du  varech  qui  sert  d'engrais  dans  toute  l'île, 
et  qui  s'exporte  aussi  sur  le  continent,  et  enfin  la  pêche. 
Celle-ci  s'exerce  surtout  au  N.  de  l'île  dans  des  pêche- 
ries ou  écluses  à  poissons  disposées  dans  les  immenses 
roches  plates  qui  découvrent  à  marée  basse,  de  façon  à 
ce  que  le  poisson  y  arrive  avec  le  flot  et  y  soit  retenu 
lorsque  la  mer  se  retire.  Chaque  enclos  est  affermé  à  l'Etat 
par  une  association  de  cinq  ou  six  personnes  qui  sont 
généralement  des  cultivateurs  et  non  des  pêcheurs  de  pro- 
fession. 

L'île  est  peu  riche  en  monuments  anciens  ;  l'église  de 
Saint-Georges  est  de  l'époque  de  transition  et  a  une  fa- 
çade intéressante  ;  celles  du  Château  et  de  Saint-Pierre 
sont  modernes  ;  mais  îkfaut  signaler  à  Saint-Pierre  une 
magnifique  lanterne  des  morts  du  xiii^  siècle,  haute  de 
20  m.,  qui  s'élève  au  milieu  d'un  square  sur  l'emplace- 
ment de  l'ancien  cimetière.  Près  de  la  pointe  de  Meuson 
on  a  construit  en  4895  un  vaste  hôpital  maritime  pour 
les  enfants  de  l'Assistance  publique  de  Paris. 

Le  phare  de  Chassiron,  à  l'extrémité  N.-O.  de  l'île,  est 
haut  de  43  m.  et  porte  un  feu  blanc  à  éclats  d'une  por- 
tée de  32  milles.  Les  autres  phares  de  l'île,  à  La  Perro- 
tineet  au  Château,  ne  sont  que  des  feux  de  ports  ;  toute  la 
côte  0.,  si  dangereuse,  est  dépourvue  de  phares.  A  la 
pointe  S.  s'élève  seulement  sur  les  dunes  de  Saint-Tro- 
jan un  amer  en  bois. 

Au  point  de  vue  de  la  défense,  la  citadelle  du  Château 
est  un  édifice  pittoresque  du  xvu^  siècle,  qui  sert  de  dé- 
pôt à  une  compagnie  de  disciphne  de  la  marine  ;  il  y  a 
également  un  ancien  fort  à  Boyardville  et  un  autre  aux 
Saumonards.  A  ces  ouvrages,  sans  grande  valeur  aujour- 
d'hui, on  a  ajouté  aux  Saumonards  une  batterie  an- 
nexe et  un  ouvrage  avancé,  à  Boyardville  une  batterie, 
qui  concourent  avec  le  fort  Boyard  à  la  défense  des  rades 
de  l'île  d'Aix  et  des  Trousses. 

Histoire.  —  On  est  d'accord  pour  reconnaître Oleron  dans 
l'île  des  Venètes  nommée  Uliarus,  citée  par  Pline.  Pom- 
ponius  Mêla,  Strabon,  Ptolémée  la  mentionnent  à  leur  tour. 
Sidoine  Apollinaire,  qui  parle  des  incursions  des  pirates 
saxons  auxquelles  elle  était  en  butte,  fait  mention  des  fauves, 
sanghers,  cerfs  et  daims  qui  la  peuplaient.  Un  peu  plus  tard, 
elle  fut  exposée  aux  irruptions  des  Normands.  Comprise 
d'abord  dans  le  duché  d'Aquitaine,  elle  fut  conquise  au 
XI®  siècle  avec  le  duché  par  le  comte  d'Anjou,  Geoffroy 
Martel,  qui  concéda  à  l'abbaye  de  la  Trinité  de  Vendôme 
le  quart  de  l'île,  l'église  Saint-Georges,  qui  devint  un  prieuré 
dépendant  de  la  Trinité,  et  les  deux  églises  du  Château- 
Notre-Dame  et  Saint-Nicolas.  Un  peu  plus  tard,  l'abbaye 
de  Notre-Dame  de  Saintes,  lors  de  sa  fondation,  en  1047, 
reçut  en  don  la  dîme  des  peaux  de  cerfs  et  de  biches  tués 
dans  l'île,  pour  en  faire  des  couvertures  de  livres.  Eléo- 


nore  de  Guyenne  apporta  Tile  en  dot,  d'abord  au  roi  de 
France  Louis  VII,  puis  à  son  second  mari,  Henri  Planta- 
genêt,  devenu  roi  d'Angleterre  en  1514.  Pendant  son 
court  passage  sous  la  domination  française,  l'île  reçut 
quelques  privilèges  du  roi  de  France.  Eléonore  de  Guyenne 
y  promulgua  les  lois  maritimes  qui,  sous  le  nom  à^  Juge- 
ments de  la  7ner  ou  de  Rôles  d'Oleron,  devinrent  au 
moyen  âge  le  code  de  tous  les  navigateurs  de  l'Occident. 
En  1197,  Othon  de  Brunswick,  en  qualité  de  duc  d'Aqui- 
taine, concéda  quelques  franchises  aux  habitants  de  l'île. 
Quelques  années  plus  tard,  ils  étaient  organisés  en  com- 
mune jurée  et  recevaient,  avec  les  mêmes  privilèges  que 
ceux  de  La  Rochelle,  la  charte  municipale  connue  sous  le 
nom  d'Etablissements  de  Rouen.  Concédée  en  1214  par 
Jean  sans  Terre  aux  Lusignan,  l'île  resta  sous  leur  domi- 
nation après  la  conquête  de  Louis  VIII.  Elle  redevint  an- 
glaise en  1230  et  Henri  III  eut  même  assez  confiance  en 
ses  habitants  pour  octroyer  aux  hardis  marins  d'Oleron 
des  lettres  de  marque  pour  armer  en  course  contre  la 
Fran  e.  Reconquise  par  les  Français  en  1294,  elle  dut  être 
restituée  en  1303,  redevint  française  sous  Philippe  de  Va- 
lois et  fut  concédée  par  lui  à  Foulque  de  Matha,  seigneur 
de  Royan,  après  la  mort  duquel  (1359)  elle  fut  réunie  au 
domaine  royal.  Moins  d'un  an  après,  le  traité  de  Rrétigny 
la  cédait  une  fois  de  plus  à  l'Angleterre;  en  1370,  enfin, 
elle  était  reconquise,  et  Charles  V  la  réunissait  définitive- 
ment cette  fois  à  la  France.  Les  sires  de  Pons,  descen- 
dants des  Lusignan,  essayèrent  vainement  d'y  faire  valoir 
leurs  prétentions,  et  entamèrent  avec  la  couronne  un  long 
procès  qui  ne  fut  terminé  qu'au  xvii^  siècle. 

A  travers  toutes  ses  vicissitudes,  l'île  d'Oleron  avait 
réussi  à  conserver  ses  privilèges,  ses  franchises  et  sa 
commune  ;  chacun  de  ses  maîtres  successifs  s'était  em- 
pressé de  les  confirmer  ;  et  en  1344,  elle  avait  fait  rédi- 
ger sa  coutume  particulière.  Au  xvi®  siècle,  un  grand 
nombre  d'Oleronais  embrassèrent  la  Réforme.  Vers  le  mi- 
lieu du  XIV®  siècle,  ils  se  joignirent  à  la  révolte  des  réfor- 
més de  Marennes  et  d'Arvert.  Agrippa  d'Aubigné  et  les 
Rochelais  s'emparèrent  de  l'île  qui  resta  au  pouvoir  de  La 
Rochelle  jusqu'en  1625.  A.  G. 

Rôles  d'Oleron.  —  Les  jugements  ourdies  d' Oleron 
sont  un  recueil  de  décisions  rendues  par  certains  juges  de 
la  mer.  On  a  réuni  ces  décisions  pour  en  former  un  en- 
semble destiné  à  fixer  les  usages  maritimes  de  l'Océan. 
C'est  dans  le  même  but  que  fut  aussi  composé  le  Consu- 
lat de  la  mer  pour  les  usages  maritimes  de  la  Méditer- 
ranée. Les  opinions  les  plus  diverses  ont  été  autrefois 
émises  sur  l'origine  des  rôles  d'Oleron.  Les  jurisconsultes 
anglais  en  ont  souvent  et  volontiers  attribué  la  paternité 
à  leur  pays,  mais  sans  preuves  sérieuses.  On  relègue  au- 
jourd'hui parmi  les  fables  les  opinions  suivant  lesquelles 
les  rôles  d'Oleron  seraient  une  œuvre  législative  que  les 
uns  ont  attribuée  au  roi  Richard  et  les  autres  à  Eléonore 
de  Guyenne.  Il  n'est  plus  douteux  que  nous  sommes  en 
présence,  comme  le  prouve  leur  titre  même,  d'une  œuvre 
privée  de  la  fin  du  xi®  ou  du  commencement  du  xii®  siècle. 
Ce  recueil  comprend  un  certain  nombre  de  décisions  éma- 
nées des  juges  de  la  mer  d'Oleron.  Ce  qui  reste  douteux, 
c'est  la  question  de  savoir  si  ces  décisions  se  rattachent  à 
des  affaires  qui  auraient  été  plaidées  devant  ces  juges, 
ou  s'il  ne  s'agit  pas  plutôt  de  simples  déclarations  de 
principes  posés  d'une  manière  abstraite,  et  en  dehors  de 
tout  procès  par  ces  mêmes  juges  pour  fixer  certains  usages. 
Ce  coutumier  a  joui  d'une  grande  renommée.  En  France, 
il  a  été  reconnu  obligatoire  par  des  ordonnances  royales, 
et  il  a  été  également  accepté  par  tous  les  pays  étrangers 
riverains  de  l'Océan,  de  sorte  qu'on  peut  dire  sans  exagé- 
ration que,  tout  en  comprenant  un  nombre  très  limité  d'ar- 
ticles, il  a,  pendant  plusieurs  siècles,  formé  le  droit  com- 
mun privé  maritime  de  l'Europe  occidentale  pour  les  rives 
de  l'Océan,  comme  le  Consulat  de  la  mer  pour  les  rives  de 
la  Méditerranée.  E.  Glasson. 

BiBL.  :  Akdouin-Dumazet,   Voyage  en  France,  1895, 


OLERON  —  OLFACTION 


-  34^2 


t.  II.  —  Les  Iles  de  V Atlantique,—  A.  Giry,  les  Etablisse- 
ments de  Rouen^  1883,  1. 1,  ch.  vi.  — Iles  d'Oleron  et  de  Ré. 
RÔLES  d'OlerOin.  —  Pardessus,  Collections  des  lois 
maritimes.,  t.  I.  —  Sir  Travers  Twis,  Blackbook  ofthe  ad- 
miralty.—  François  Saim'-Maur,  les  Rôles  d'Oleron.,  dans 
la  Revue  de  législation  ancienne  et  moderne.,  année  1873, 
pp.  163  et  suiv.  —  Pols.  les  Rôles  d'Oleron  et  leurs  addi- 
tions, dans  la  Nouvelle  Revue  historique  de  droit  français 
et  étranger.,  année  1885,  t.  IX,  p.  454.  —  Dufour.  Droit  ma- 
ritime.,  t.  L  p.  32.  —  Arthur  Desjardins.  Introduction  his- 
torique à  Vêtude  du  droit  commercial  maritime,  p.  31. 
—  Glasson.  Histoire  du  droit  des  Institutions  de  In  France. 
t.  lY,  p.  267. 

G  LÉSA  DE  MoNSERiUT.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Bar- 
celone, sur  le  Llobregat  et  le  ch.  de  fer  de  Barcelone  à  Sa- 
ragosse;  3.235  hab.  Lainages. 

OLESKO.  Village  de  Galicie,  district  de  Zloczow;  3.412 
hab.  (en  4890).  Château  oti  naquit  Jean  Sobieski.  Eglise 
gothique. 

OLESZCZYNSKI(Antoine),graveurpolonais,néen4796. 
Après  avoir  fait  ses  premières  études  artistiques  à  Saint- 
Pétersbourg,  il  alla  les  continuer  à  Paris  sous  la  direction 
de  Regnault.  Son  œuvre  la  plus  connue,  et  devenue  popu- 
laire, est  un  recueil  de  100  estampes  intitulé  Variétés 
polonaises,  où  il  a  reproduit  les  épisodes  les  plus  glo- 
rieux de  l'histoire  de  son  pays.  F.  T. 

BiBL.  :  StJDHOFF,  K.  Olevianus  u.  Z.  Ursinus  Leben  und 
ausgeu-cvJdte  Schriften;  Elbcri'eld,  1857. 

OLETTA.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de 
Bastia,  dans  une  situation  très  pittoresque  sur  le  ver- 
sant 0.  du  mont  Zuccarello  (955  m.  d'alt.);  1.194  hab. 
Vers  à  soie.  Culture  du  mûrier  et  du  cédrat,  chènes-liège, 
châtaigniers. 

OLETTE.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  des  Pyrénées-Orien- 
tales, arr.  de  Prades;  935  hab.  Olette  appartint  long- 
temps aux  vicomtes  d'Evol,  ses  privilèges  municipaux  furent 
peu  importants.  Elle  est  située  au  confluent  de  la  Tet  et 
de  la  rivière  d'Evol  et  faisait  jadis  partie  de  la  viguerie  de 
Conilent  et  Capcir.  Le  général  Dagobert  y  battit  les  Espa- 
gnols (2  sept.  1793).  Olette  possède  un  étabhssement 
thermal.  Ruines  des  châteaux  d'Evol  et  de  La  Bastide. 
Tour  carrée  en  face  du  pont  de  Cerdagne.  Les  principaux 
produits  consistent  en  ardoises,  vins,  fruits,  céréales. 

BiBL.  :  J.-N.  Fervel,  Campagnes  de  la  Rév.  Franc,  dans 
les  Pyr.-Or.,  I,  123.  —  D^^  M.  Puig,  Obstrv.  sur  les  eaux 
thermales  des  Graûs  d'Olette  ;  Perpignan,  1863,  in-8. 

OLÉVIAN  (Kaspar),  réformateur  du  Palatinat,  né  à 
Trêves  le  10  août  1536,  mort  à  Herborn  le  15  mars  1587. 
Il  se  laissa  gagner  aux  nouvelles  idées  religieuses  à  Paris, 
où  il  faisait  ses  études.  En  1557,  il  retourna  avec  le  titre 
de  docteur  en  droit  dans  sa  ville  natale,  mais  pour  pas- 
ser bientôt  à  Genève  afin  d'étudier  la  théologie  auprès  de 
Calvin.  Dès  1559,  il  prêcha  la  Réforme  à  Trêves,  et  quand 
on  lui  ferma  sa  salle  d'école,  les  bourgeois  le  firent  monter 
dans  la  chaire  de  l'éghsc  Saint-Jacques.  Accusé  de  rébel- 
lion en  1560,  il  dut  se  réfugier  à  Heidelberg,  où  il  réor- 
ganisa l'Eghse  réformée  et  pubha,  avec  Ursinus,  le  caté- 
chisme de  Heidelberg  (1563),  le  document  le  plus  popu- 
laire des  Eghses  réformées  de  langue  allemande.  A  la 
mort  de  l'électeur  Frédéric  111  (26oct.  1576),  les  réformés 
furent  expulsés.  Olévian  se  relira  à  Berleburg,  puis  à  Her- 
born, où  il  ajouta  à  son  activité  réformatrice  (synode  de 
Herborn  en  Î586)  une  activité  littéraire  fort  étendue. 

F.-H.  K. 

OLFACTION.  L'olfaction  est  destinée  à  donner  les 
sensations  odorantes,  et  l'appareil  spécial  adapté  à  ce  but 
est  disposé,  dans  la  partie  supérieure  des*  cavités  nasales, 
sur  le  passage  de  l'air  qui  traverse  les  narines  pour  péné- 
trer dans  les  poumons  ;  la  muqueuse  pituitaire  qui  tapisse 
les  fosses  nasales  est  donc  le  siège  de  l'organe  olfactif, 
mais  en  fait  les  éléments  essentiels  de  l'olfaction,  les  cel- 
lules olfactives,  n'occupent  qu'une  région  assez  limitée  de 
la  paroi  des  fosses  nasales  ;  on  les  trouve  uniquement  dans 
la  muqueuse  que  recouvre  la  partie  moyenne  du  cornet 
supérieur  et  la  partie  correspondante  de  la  cloison  des 
fosses  nasales.  La  muqueuse  qui  tapisse  les  fosses  nasales, 
la  pituitaire,  est  molle,  vasculaire,  présentant  de  nombreux 


replis  qui  augmentent  la  surface  de  ces  cavités  ;  elle  ren- 
ferme de  nombreuses  glandes  dont  les  produits  de  sécré- 
tion ont  pour  but  de  maintenir  constamment  humide  la 
surface  des  cavités  nasales.  Nous  n'insisterons  pas  sur  les 
cellules  à  cils  vibratils  qui  tapissent  cette  muqueuse  aussi 
bien  dans  la  partie  respiratoire  que  dans  la  région  olfac- 
tive. Mais,  dans  cette  région,  il  faut  signaler  des  cellules 
véritablement  spécifiques,  les  cellules  olfactives. 

Entre  les  cellules  épithéliales,  on  rencontre,  en  effet,  un 
certain  nombre  de  cellules  bipolaires  présentant  par  suite 
deux  prolongements,  Fun  externe,  arrivant  jusqu'à  la  sur- 
face libre  de  la  muqueuse,  où  il  se  termine  par  un  ou  deux 
petits  filaments  ou  cils  qui  dépassent  le  niveau  de 
la  muqueuse  ;  l'autre,  interne,  beaucoup  plus  grêle, 
traverse  la  partie  inférieure  de  l'épithélium,  arrive  dans 
la  sous-muqueuse,  où  il  devient  le  cylindre-axe  d'un  des 
filets  du  nerf  olfactif,  qui,  après  avoir  traversé  la  lame 
criblée  de  Fetlimoide,  pénétreront  dans  le  bulbe  olfactif  et 
se  mettront  en  contact  avec  les  glomérules  olfactifs  céré- 
braux. On  ne  saurait  trop  insister  sur  cette  disposition 
spéciale  de  la  cellule  olfactive,  à  la  fois  cellule  sensorielle 
et  cellule  d'origine  du  nerf  sensitif .  Alors  que  pour  l'appa- 
reil de  la  vision  nous  voyons  la  cellule  sensorielle  de  la 
rétine,  cellule  à  cône  ou  à  bâtonnet,  entrer  en  relation 
avec  d'autres  cellules  nerveuses  rétiniennes,  ici  la  cellule 
chargée  de  percevoir  l'impression  gustative  est  en  connexion 
directe  par  son  cylindre-axe  avec  les  cellules  cérébrales  ; 
l'organe  de  l'olfaction  est  donc  le  plus  simple  et  le  plus 
primitif  des  organes  des  sens. 

Mais  l'étude  de  l'appareil  de  l'odorat  ne  saurait  s'arrêter 
là;  les  terminaisons  du  nerf  olfactif,  c.-à-d.  les  cylindres- 
axes  issus  des  cellules  olfactives  de  la  pituitaire,  entrent  en 
contiguïté  dans  le  bulbe  olfactif  avec  les  ramifications  de 
nouvelles  cellules  nerveuses,  les  cellules  mitrales,  qui,  à 
leur  tour,  enverront  des  cylindres-axes  dans  les  différentes 
régions  de  l'axe  cérébro-spinal  ;  les  unes  iront  directement 
vers  l'écorce  cérébrale,  dans  l'écorce  grise  temporale,  où 
nous  pouvons  aujourd'hui  localiser  le  centre  cortical  de 
l'olfaction;  d'autres,  soit  directement,  soit  par  des  relais 
successifs  à  travers  la  circonvolution  de  l'hippocampe  et  la 
corne  d'Ammon,  conduiront  les  incitations  olfactives  jus- 
qu'au voisinage  des  noyaux  des  nerfs  bulbaires.  Les  con- 
nexions du  nerf  olfactif  proprement  dit  sont,  on  le  voit, 
des  plus  multiples  et  des  plus  complexes,  et  il  règne  encore 
bien  des  incertitudes  sur  les  voies  suivies  par  ces  impres- 
sions à  travers  le  cerveau.  Comment  en  serait-il 
autrement  puis(|u'on  a  refusé  au  nerf  olfactif  le  rôle 
essentiel  dans  la  conduction  des  sensations  des  odeurs. 
Le  nerf  olfactif  n'est  pas  le  seul  nerf  de  la  pituitaire.  A 
côté  de  lui  se  trouve,  en  effet,  le  nerf  trijumeau  dont  les 
dernières  ramifications  assurent  à  toute  la  muqueuse  la 
sensibilité  générale.  On  a  discuté  pour  savoir  si  ce  dernier 
nerf  n'était  pas  susceptible  de  transmettre  également  les 
sensations  olfactives.  Cl.  Bernard  ayant  constaté  à  l'au- 
topsie, en  1858,  l'absence  de  nerf  olfactif  sur  un  sujet 
chez  le(juel  on  n'avait  pas  noté  pendant  la  vie  de  troubles 
marqués  de  l'olfaction,  Magendie  attribua  au  nerf  de  la 
cinquième  paire  la  fonction  olfactive.  Mais  cette  observa- 
tion est  loin  d'être  suffisante,  et  les  recherches  de  M.  Duval 
sur  des  cas  analogues  à  celui  de  Cl.  Bernard  ont  montré 
qu'il  n'y  avait  là  qu'une  prétendue  absence,  une  simple 
réduction  du  nerf,  et  qu'il  existait  réellement  des  filets 
olfactifs  dans  la  muqueuse  pituitaire  et  de  véritables  moi- 
gnons d'implantation  des  nerfs  olfactifs  sur  le  cerveau. 

Nous  avons  défini  l'olfaction  la  fonction  spéciale  qui  nous 
fait  percevoir  les  odeurs.  11  faut  donc,  au  préalable,  étudier, 
au  point  de  vue  physiologique,  ce  quel'on  entend  par  odeurs. 
En  fait,  les  notions  que  nous  possédons  sur  la  cause  maté- 
rielle des  sensations  dites  olfactives  sont  des  plus  som- 
maires. Un  fait  parait  tout  d'abord  ressortir  des  nombreuses 
expériences  faites  pour  étudier  la  nature  physique  des  odeurs , 
c'est  la  matérialité  de  l'agent  qui  leur  donne  naissance. 
Nous  ne  sommes  plus  ici  en  présence  de  ces  ondulations 


43  — 


Of.FACTION  ~  OLIER 


ubratoircs  comme  dans  la  vision  et  l'audition,  il  suîïit 
d'évoquer  la  persistance  des  odeurs  des  objets  exposés  à 
une  source  odorante  pour  réfuter  la  théorie  des  ondula- 
tions. 

On  allègue,  il  e.^t  vrai,  que  certains  corps  très  odorants 
comme  le  musc,  par  exemple,  ne  perdent  pas  de  poids 
pendant  une  longue  exposition  à  l'air.  En  fait,  ce  poids 
est  très  faible,  mais  il  n'est  pas  nul.  Berthollet  a  montré, 
par  exemple,  qu'un  morceau  de  camphre  placé  dans  un 
tube  barométrique  faisait  baisser  lentement  le  niveau  du 
mercure,  preuve  évidente  d'une  émission  de  vapeur,  et, 
d'autre  part,  les  études  olfactimétriques  ont  permis  de 
reconnaître  qu'il  suffisait  de  moins  d'un  billionième  de 
gramme  de  musc  dans  un  mètre  cube  d'air  pour  que  l'odeur 
en  fût  nettement  perçue.  On  voit  que  la  sensibilité  de  notre 
appareil  olfactif  dépasse  de  beaucoup  celle  des  réactions 
chimiques  et  même  l'analyse  spectrale.  C'est  ainsi  que, 
d'après  Kirchhoff  et  Bunsen,  l'analyse  spectrale  peut  déceler 
la  présence  de  4/1.400.000  de  milligrammes  de  sodium, 
tandis  que  l'odorat  perçoit  une  quantité  250  fois  moindre 
de  mercaptan  et  i 0.000  fois  moindre  de  musc  artitlciel 
(Jacques  Passy). 

Pi^opriéPJs  caractéristiques  des  odeurs.  Au  point  de  vue 
physiologique,  les  odeurs  se  distinguent  par  leur  qualité, 
leur  puissance  du  pouvoir  odorant,  leur  intensité.  La  qua- 
lité est  ce  qui  nous  permet  de  reconnaître  une  odeur,  ce  qui 
correspond  à  la  couleur  pour  l'œil,  au  timbre  pour  Foreille: 
l'odeur  de  rose,  de  jasmin.  C'est  à  propos  de  la  qualité 
que  nous  pourrions  discuter  ici  la  classification  des  odeurs, 
il  nous  suffira  de  citer  celles  de  Haller  et  de  Linné  pour 
montrer  l'inanité  de  telles  classifications  :  odeurs  agréables, 
désagréables  et  indifférentes  (Haller)  ;  aromatiques,  fra- 
grantes,  ambrosiaques,  alliacées,  fétides,  vireuses,  nau- 
séeuses (Linné) .  Passy  définit  l'intensité  en  disant  que, lorsque 
deux  odeurs  sont  en  présence,  la  plus  intense  est  celle 
([ui  masque  l'autre.  Remarquons  que  ce  sont  généralement 
les  odeurs  les  plus  fortes  qui  disparaissent  les  premières 
([uand  on  diminue  la  dose.  Enfin,  la  puissance  ou  le  pou- 
voir odorant  se  définit  par  l'inverse  du  minimum  percep- 
tible :  s'il  faut  i.OOO  fois  moins  de  vanille  que  de  camphre 
pour  provoquer  la  perception  caractéristique,  on  dira  que 
la  vanille  a  un  pouvoir  odorant  1 .000  fois  plus  grand. 

Conditions  physiologiques  de  l'olfaction.  Pour  que 
les  particules  odoi^antes  impressionnent  l'appareil  olfactif, 
il  faut  que  l'air  qui  les  porte  soit  doué  d'un  certain  mou- 
vement et  que  le  courant  d'air  produit  se  dirige  de  bas  en 
haut.  Or  nous  pouvons,  suivant  notre  volonté,  changer  le 
type  de  nos  mouvements  respiratoires  pour  accomphr  l'acte 
de  flaire}'.  On  ferme  la  bouche  afin  que  l'air  ne  s'intro- 
duise plus  que  par  les  fosses  nasales  et  on  exécute  une 
série  de  petites  inspirations  saccadées  et  rapides,  puis  on 
cliasse  brusquement  l'air  qui  s'est  ainsi  introduit  successi- 
vement dans  la  poitrine.  Les  narines  prennent  une  grande 
part  au  phénomène  sous  l'intluence  des  muscles  propres 
du  nez,  elles  se  dilatent  au  niveau  de  leur  orifice  infé- 
j'ieur  et  se  rétrécissent  en  même  temps  au  niveau  de 
l'orifice  supérieur  qui  se  resserre  par  la  traction  en  dedans 
que  subit  le  bord  inférieur  du  cartilage  latéral  du  nez,  le 
courant  d'air  pénètre  ainsi  facilement  à  travers  l'orifice 
inférieur  dilaté  et  subit  un  redoublement  de  vitesse  au 
niveau  de  l'orifice  supérieur  rétréci. 

L'olfaction  ne  peut-elle  se  faire  que  dans  les  conditions 
indiquées  ci-dessus,  c.-à-d.  quand  le  courant  d'air  est 
dirigé  de  bas  en  haut,  de  l'extérieur  vers  l'intérieur?  Pour 
affirmer  ce  fait,  les  auteurs  s'appuient  sur  cette  observa- 
tion courante  que  l'on  ne  perçoit  pas  normalement  l'odeur 
propre  de  son  haleine,  alors  qu'elle  peut  atteindre  des  qua- 
lités et  une  intensité  remarquables  :  haleine  fétide,  alliacée, 
alcoohque. 

Mais  il_  faut  objecter  qu'il  s'agit  ici  d'odeurs  persis- 
tantes, qui  finissent  par  ne  plus  être  perçues.  C'est  l'odorat, 
en  effet,  plus  que  le  goût  qui  nous  permet  de  distinguer 
le  bouquet  ou  le  fumet  des  vins  et  des  mets,    et  c'est  par 


l'arrière-gorge  que  ces  odeurs  ou  parfums  arrivent  en 
contact  avec  la  muqueuse  olfactive.  Il  n'y  a  donc  pas  Heu 
de  faire  cette  distinction  dans  le  courant  d'air  qui  doit 
frapper  la  surface  sensible. 

On  a  cru  pendant  longtemps  que  les  sensations  olfac- 
tives ne  pouvaient  être  déterminées  que  par  le  passage  de 
l'air  chargé  de  vapeur  et  qu'il  était  impossible  de  perce- 
voir les  odeurs  introduites  en  solution  dans  les  narines.  On 
s'appuyait  sur  une  expérience  de  Weber  qui,  ayant  aspiré 
un  mélange  d'eau  et  d'eau  de  Cologne,  déclarait  n'avoir 
senti  aucune  odeur.  Partant  de  là,  Jolyet,  reconnaissant 
(fue  les  animaux  aquatiques  perçoivent  certainement  les 
odeurs,  suppose  qu'ils  ne  les  perçoivent  pas  comme  telles, 
mais  plutôt  comme  des  saveurs.  Or  Aronsohn  a  montré 
que  les  odeurs  étaient  nettement  perçues  en  milieux 
liquides,  si  ce  mifieu  était  isotonique,  c.-à-d.  inoffensif 
poiu'  les  cellules  de  la  muqueuse  olfactive.  Dans  une  solu- 
tion de  sel  marin  à  8  °/oo,  non  seulement  on  peut  perce- 
voir toutes  les  odeurs  dissoutes,  mais  mesurer  leur  inten- 
sité avec  beaucoup  d'exactitude.  La  perte  de  l'olfaction, 
Tanosmie,  peut  se  rattacher,  soit  à  une  lésion  pituitaire, 
soit  à  des  lésions  cérébrales  des  centres  perceptifs  de 
l'odorat.  J.-P.  Langlois. 

OLFUSA.  Rivière  d'Islande  (V.  Islande,  t.  XX, p.  4010). 
OLGA  (Sainte),  simple  paysanne  russe  qu'épousa  le 
grand-duc  Igor  de  Kiev,  l'ayant  vue  à  la  chasse,  morte 
eu  969.  Après  sa  mort,  elle  tint  dix  ans  la  régence  (945- 
955)  au  nom  de  son  fils  mineur,  puis  se  rendit  à  Constan- 
tinople,  s'y  fit  baptiser  et  reçut  le  nom  d'Hélène.  Elle  fut 
canonisée.  Sa  fête  se  célèbre  le  44  juil.  (ancien  style). 

Ordre  d'Olga.  — Eondé  le  27  juin  4874  par  Charles  P^, 
l'oi  de  Wurttemberg.  Cet  ordre,  qui  ne  comporte  qu'une 
seule  classe,  peut  être  conféré  aux  femmes.  Ruban  noir, 
liséré  carmin  sur  chaque  bord. 

OLGOPOL.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Podolie,  sur  la 
Savranka;  9.743  hab.  (en  4894).  Marché  agricole.  Fondée 
en  4795. 

OLHAO.  Ville  maritime  du  Portugal,  prov.  d'Algarve, 
district  et  à  7  kil.  E.  de  Faro,  sur  l'Atlantique  ;  7.000  hab. 
Vins,  cordes,  poteries. 

OLIAROS  ou  OLÉAROS  (V.  Antiparos), 
OLIBAN  (V.  Encens). 

OLIER  (Jean-Jacques),  ecclésiastique  français,  fonda- 
teur du  séminaire  de  Saint-Sulpice,  né  à  Paris  le  ^0  sept. 
4608,  mort  à  Paris  le  2  avr.  4657.  H  fit  ses  études  au 
collège  d'Harcourt  et  à  la  Sorbonne.  Après  un  voyage  en 
Italie,  il  assista,  de  retour  à  Paris,  aux  conférences  que 
saint  Vincent  de  Paul  donnait  à  Saint-Lazare  sur  les  devoirs 
du  sacerdoce.  Cela  fut  décisif  pour  toute  sa  vie.  Il  avait 
été  ordonné  prêtre  le  24  mars  4683.  H  parcourut  d'abord 
l'Auvergne  et  le  Velay  comme  missionnaire,  puis  il  refusa 
la  situation  de  coadjuteur  do  l'évêque  de  Chàlons-sur- 
Marnc,  que  Louis  Xlll  lui  faisait  offrir,  pour  se  vouer  à 
l'éducation  de  jeunes  prêtres.  Il  loua  une  maison  à  Vau- 
girard  et  y  commença,  en  janv.  4642,  une  association  fra- 
ternelle ;  pour  débuter,  il  y  eut  trois  membres,  mais  on 
ne  taida  pas  à  en  compter  une  vingtaine.  Quand  le  nombre 
do  ces  prêtres  augmejjta  encore,  il  les  partagea  en  deux 
groupes  :  la  congrégation  de  Saint-Sulpice,  cbargée  de  la 
direction  du  séminaire  qui,  en  4645,  avait  été  transférée 
de  Vaugirard  à  Paris  et  pour  lequel  Cher  avait  obtenu,  en 
no\embre  delà  même  année,  des  lettres  patentes.  Le  second 
groupe  formait  la  communauté  des  prêtres  de  la  paroisse  ; 
le  gouvernement  de  l'éghse  lui  était  confié,  sous  la  direc- 
tion d'(;liei%  qui,  le  40  août  4642,  avait  cédé  aux  instances 
de  srs  amis  pour  accepter  la  cure  de  Saint-Sulpice.  Il  la 
réorganisa  admirablement,  se  fit  remanpier  dans  le  monde 
par  un  mouvement  contre  le  duel  (4654),  mais  se  démit 
de  sa  cure  dès  juin  4652,  afin  de  consacrer  toutes  ses 
forces  à  son  séminaire.  Ses  dons  personnels  pour  diriger 
les  âmes  étaient  considérables  ;  avec  une  étrange  perspi- 
cacité, une  sorte  d'intuition,  il  pénétrait  dans  les  pensées 
de  ceux  qui  vi^ aient  autour  de  lui  et  qui  venaient  le  con- 


OLIER  —  OLIGOCÈNE 


344  — 


sulter.  On  l'a  comparé  à  Ignace  de  Loyola  ;  il  est  une 
énergie  me^Ié  et  religieuse  en  face  des  procédés  extérieurs 
du  jésuite.  «  Ceux  qui  l'approchaient,  dit  un  contempo- 
rain, remarquaient  en  lui  une  telle  plénitude  de  l'Esprit 
divin  qu'ils  sortaient  tout  remplis  du  désir  de  servir  Xotre- 
Seigneur.  »  Bossuet  l'a  appelé  sanctitatis  odore  floven- 
tem.  Il  n'est  pas  douteux  que  son  intluence  sur  une  partie 
du  jeune  clergé  au  milieu  du  xvii®  siècle  ne  fût  bienfai- 
sante, tranquille  et  profonde.  L'histoire  du  séminaire  de 
Saint-Sulpice  ne  saurait  être  faite  ici.  Mais,  du  vivant 
d'Olier,  des  établissements  pareils  furent  créés,  avec  sa 
participation,  à  Rodez,  au  Puy,  à  Limoges,  à  Clermont- 
l'Hérault,  à  Nantes  et  jusqu'à  Montréal  au  Canada.  Parmi 
ses  nombreux  ouvrages  de  dévotion,  réédités  en  1830,  on 
peut  citer  les  Lettres  spirituelles  et  la  Journée  chré- 
tienne, l'un  des  plus  populaires.  Le  Catéchisme  chrétien 
pour  la  vie  intérieure  a  fait  accuser  Olier  d'un  mysti- 
cisme répréhensible.  Quand  on  entreprit,  il  y  a  une  tren- 
taine d'années,  d'introduire  auprès  du  Saint-Siège  la  cause 
de  la  béatification  du  fondateur  de  Saint-Sulpice,  il  se  pro- 
duisit dans  le  camp  jésuitique  des  velléités  d'opposition  et 
des  attaques  contre  la  doctrine  et  la  personne  d'Olier.  La 
polémique,  fort  instructive,  suscitée  ainsi,  dure  encore. 

F.-H.  K. 

BiBL.  (Le  P.  GiRY)  la  Vie  de  M.  J.-J.  Olier;  s.  l.,  1687, 
in-12.  —  Nagot,  Vie  de  M.  Olier  ;  Paris,  1818.  —  L'Esprit 
directeur  des  âmes  ou  Maximes  et  Pratiques  de  M.  Olier 
touchant  la  direction;  Paris ,  1831,  in-12. —  De  Breton- 
viLLiERS,  Mémoires  sur  M.  Olier  ;  Paris,  1841,  2  vol.  — 
M.  Olier ,•  Lille,  1861,  in-12.—  Vie  intérieure  de  la  Très 
Sainte  Vierge,  ouvrage  recueilli  des  écrits  de  M.  Olier  ; 
Rome,  1866,  2  vol.  (déféré  à  l'Index).  —  H.-J.  Icard,  Doc- 
trine de  M.  Olier;  Paris.  1889.  —  Du  même.  Explication  de 
cjuelques  passages  des  Mémoires  de  M.  Olier  ;  Paris,  1892. 

OLIFANT  (Archéol.).  Ce  mot  désignait  en  vieux  fran- 
çais l'ivoire,  et  plus  spécialement  les  cors  d'ivoire,  en  par- 
ticulier celui  du  héros  Roland  qui  le  fit  retentir  à  Ronce- 
veaux  (V.  Cor  et  Roland). 

OLIFANT  (Fleuve),  c.-à-d.  Fleuve  des  Eléphants. 
Nom  de  quatre  cours  d'eau  du  S.  de  l'Afrique  :  l'Olifant 
occidental,  long  de  :250  kil.,  naît  au  N.  du  grand  VVin- 
terhoek,  coule  vers  le  N.,  puis  vers  l'O.,  passe  à  Clan- 
wilham  et  se  jette  dans  l'Atlantique  ;  —  l'Olifant  orien- 
tal coule  de  l'E.  à  l'O.  longeant  au  S.  le  grand  Zwarteberg, 
arrose  Oudtshoorn  et  s'unit  au  Gouritz,  tributaire  de  l'océan 
Indien  ;  —  l'Olifant  Vley,  rivière  du  steppe  des  Roschi- 
mans  au  N.  des  monts  Karree,  qui  s'unit  au  Hartebeest, 
tributaire  de  l'Orange;  —  l'Olifant  Lepelule,  affl.  dr.  du 
Limpopo,  long  de  700  kil.,  qui  a  presque  tout  son  cours 
dans  le  Transvaal,  à  partir  de  sa  source  au  Klipstapel- 
berg,  coule  vers  le  N.,  puis  vers  l'Ë.-N.-E. 

OLIGARCHIE  (V.  Aristocratie,  t.  Ill,  p.  926). 

OLIGISTE  (Fer)  (Miner.)  (V.  Hématite). 

OLIGOCÈNE.  Nom  donné  en  géologie  à  la  partie  supé- 
rieure des  terrains  éogènes  ou  tertiaires  inférieurs,  pro- 
posé par  Reyrich  en  1854  (de  oXiyoç,  peu,  et  de  xaivôc, 
récent).  L'oligocène  est  compris  entre  l'éocène  et  le  mio- 
cène. Sa  limite  inférieure  est  placée  tantôt  au-dessous  du 
gypse  parisien,  tantôt  au-dessus  ;  sa  limite  supérieure  passe. 
suivant  les  auteurs,  tantôt  au-dessus,  tantôt  au-dessous  de 
l'aquitanien. 

Caractères  généraux.  —  Pour  la  faune  terrestre  et  la 
flore,  V.  Tertiaire. 

La  faune  marine  ne  se  distingue  par  aucun  caractère  de 
premier  ordre  de  la  faune  éocène  et  de  la  faune  miocène, 
c'est  donc  surtout  sur  des  caractères  stratigraphiques  que 
doit  être  établi  le  groupe  oligocène,  et  c'est  sur  la  grande 
transgression  du  début  de  la  période  que  Reyrich  se  basa 
pour  introduire  cette  nouvelle  subdivision  des  temps  ter- 
tiaires. Les  terrains  éocènes  manquent  dans  toute  la  plaine 
de  l'Allemagne  du  Nord,  et  ce  n'est  qu'avec  le  début  de 
l'oligocène  que  cette  région  est  de  nouveau  envahie  par  la 
mer.  Dans  les  régions  méditerranéennes  on  observe  non 
inoins  nettement  la  transgressivitédupriabonien,  étage  qui 
correspond  à  Toligocène  inférieur  du  N.  derKurope;  Dans 


l'un  et  dans  l'autre  cas,  la  mer  semble  pénétrer  dans  des 
géosynclinaux  situés  à  peu  près  sur  l'emplacement  de  ceux 
de  la  période  secondaire  et  qui  seront  le  théâtre  de  plisse- 
ments plus  ou  moins  intenses  vers  la  fin  de  la  période  ter- 
tiaire. Dans  les  régions  étrangères  à  ces  pHssements,  comme 
par  exemple  dans  le  massif  central  de  la  France  et  dans  la 
vallée  du  Rhin,  l'invasion  marine  n'a  lieu  qu'à  l'oligocène 
moyen.  Les  eaux  pénètrent  dans  de  grandes  dépressions 
limitées  par  des  fractures  dirigées  N.-S.  Dans  tout  le  N. 
de  l'Europe,  l'oHgocène  supérieur  ou  aquitanien  corres- 
pond à  une  phase  de  régression,  tandis  que  dans  les  ré- 
gions méridionales  la  transgressivité  de  cet  étage  inaugure 
les  mouvements  de  submersion  de  la  période  néogène. 

A  une  certaine  distance  des  rivages  et  au  fond  des  bassins, 
ce  sont  les  faciès  vaseux  qui  prédominent.  L'abondance 
des  Dentales,  des  Pleurotomes,  desAstartes,  des  Nucules, 
des  Cyprines  dans  les  couches  argileuses  du  N.  de  l'Eu- 
rope indique  des  eaux  froides,  et  la  présence  dans  ces  dé- 
pôts de  Foraminifères  appartenant  à  des  types  boréaux 
vient  encore  corroborer  ce  résultat  (A.  Andrese).  Dans  les 
eaux  moins  profondes  on  rencontre  surtout  des  dépôts  sa- 
bleux, dans  lesquels  abondent  les  Pectunculus,  les  Cy- 
therea,  les  Natica.  Certaines  couches  marneuses  et  schis- 
teuses de  l'oligocène  renferment  souvent  des  Poissons  des 
genres  Meletta  et  Amphisyle.  Le  long  des  rivages  il  se 
forme  des  lagunes  qui  fonctionnent  comme  bassins  d'éva- 
poration  ou  qui  sont  dessalées  par  des  cours  d'eau  et  ren- 
ferment alors  une  faune  saumâtre,  dans  laquelle  prédomi- 
nent les  Potamides,  les  Cyrènes,  etc. 

Reyrich  a  divisé  l'oligocène  en  trois  termes,  dont  l'infé- 
rieur correspond  au  tongrien  (de  Tongres,  Limbourg 
belge)  des  géologues  belges,  dont  le  moyen  constitue  le 
rupélien  (du  Rupel,  affluent  de  l'Escaut)  des  mêmes  au- 
teurs (stampien  des  géologues  parisiens)  et  dont  le  supé- 
rieur est  désigné  sous  le  nom  k  aquitanien.  Le  tongrien, 
tel  qu'il  a  été  défini  par  Dumont,  comprend  le  sannoisien 
de  MM.  Munier-Ghalmas  et  de  Lapparent  et  une  partie  du 
Indien  de  ces  auteurs  ;  sa  partie  inférieure  renferme  un 
mélange  d'espèces  éocènes  et  d'espèces  oligocènes  et  cor- 
respond au  priabonien  de  la  région  méditerranéenne. 

Répartition  géographique.  —  La  plaine  de  l'Allemagne 
septentrionale  est,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances, 
la  seule  région  où  l'on  rencontre  en  superposition  les  trois 
termes  de  l'oligocène,  représentés  par  des  dépôts  ma- 
rins fossilifères,  et  encore  n'est-ce  que  dans  des  sondages 
que  l'on  a  pu  constater  cette  superposition.  L'oligocène 
inférieur  est  surtout  bien  développé  aux  environs  de  Mag- 
debourg,  il  est  représenté  par  des  sables  glauconieux  ex- 
trêmement fosilifères,  riches  en  Gastropodes,  en  Lamelli- 
branches, en  ?.oanthaires.  Parmi  les  centaines  d'espèces  de 
Mollusques  décrites  par  M.  von  Kœnen,  on  peut  citer  comme 
particulièrement  fréquentes  :  Pleurotoma  Beyrichi,  Bos- 
queti,  Buccinum  bullatum,  Voluta  décora,  Arcaappen- 
diculata,  Astarte  Bosqueti,  Ostrea  ventilahrum,  etc. 
Ces  sables  marins  reposent  sur  une  série  de  lignites  qui 
représentent  quelquefois  tout  l'oligocène  inférieur,  comme 
par  exemple  dans  les  environs  de  Leipzig  et  de  Halle,  et 
qu'il  faut  se  garder  de  confondre  avec  les  lignites  de  la 
Poméranie,  du  Rrandebourg  et  de  la  Prusse  rhénane,  qui 
reposent  sur  l'ohgocène  supérieur  et  appartiennent  au  mio- 
cène. C'est  aussi  dans  l'oligocène  inférieur  que  l'on  doit 
placer  les  célèbres  dépôts  à  ambre  du  Samland,  près  Kœnigs- 
berg. 

L'oligocène  moyen,  toujours  marin,  est  formé  par  les 
sables  de  Stettin,  à  la  base,  et  par  les  argiles  à  septaria, 
au  sommet.  Ces  dernières  atteignent  quelquefois  plus  de 
100  m.  d'épaisseur,  dans  le  centre  du  géosynclinal,  comme 
par  exemple  à  Rerhn.  Elles  renferment  comme  fossiles  ca- 
ractéristiques :  Dentalium  Kickxi,  Leda  Deshayesiana, 
Nucula  Chasteli,  Cyprinarotundata,  Pleurotoma  Du- 
chasteli,  etc. 

L'oligocène  supérieur  présente  des  caractères  moins  cons- 
tants et  s'e§t  déposé  dans  des  eaux  moins  profondes  que 


OLIGOCÈNE 


l'oligocène  moyen  ;  il  est  surtout  représenté  par  des  sables 
et  par  des  grès.  A  la  localité  classique  du  Doberg,  près 
Bunde,  en  Westphalie,  on  trouve  surtout  :  lerebnûula 
grandis,  Spatangiis  Hoff'manniy  Echitiolampas  Kleini. 

Dans  le  centre  de  l'Allemagne,  et  en  particulier  dans  le 
bassin  de  Mayence,  l'oligocène  inférieur  fait  défaut  et  l'oli- 
gocène moyen,  représenté  par  des  sables  marins  et  par  les 
argiles  à  septaria,  repose  immédiatement  sur  les  terrains 
mésozoiques  et  paléozoïques.  Il  s'étendait  vraisemblable- 
ment par-dessus  le  massif  rhénan,  de  sorte  que  la  vallée 
moyenne  du  Rhin  communiquait  directement  avec  la  Bel- 
gique. L'oligocène  supérieur  est  saumâtre  et  supporte  des 
dépôts  miocènes,  formés  dans  une  mer  déplus  en  plus  des- 
salée. Suivons  maintenant  vers  l'O.  et  vers  le  S.-O.  les 
dépôts  de  la  mer  oligocène  du  N.  de  l'Europe. 

En  Belgique,  l'oligocène  est  surtout  bien  développé  dans 
le  Limbourg.  Le  tongrien  inférieur  y  est  toujours  marin 
et  se  trouve  constitué  par  des  argiles  et  des  sables  renfer- 
mant une  faune  identique  à  celle  de  l'oligocène  inférieur 
des  environs  de  Magdebourg.  Le  tongrien  supérieur,  en 
revanche,  est  à  l'état  saumâtre  et  lagunaire.  Il  comprend  : 
1*^  les  sables  et  marnes  de  Bautersem,  à  Cyrena  semi- 
striata;  "2*^  les  glaises  vertes  de  Hénis,  à  Cyiherea  in- 
crassata;  3*^  les  sables  et  marnes  de  Vieux- Joncs,  à  Ceri- 
ihium  plicatum. 

L'oligocène  moyen  ou  étage  rupéUen  comprend,  comme 
dans  l'Allemagne  du  Nord,  des  sables  et  des  argiles,  ces  der- 
nières prédominant  dans  la  partie  supérieure  et  connues 
sous  les  dénominations  d'argiles  à  septaria,  d'argiles  du 
Rupel,  d'argiles  de  Boom.  L'oligocène  supérieur  fait  dé- 
faut en  Belgique. 

La  mer  oligocène  s'étendait  du  Limbourg  par  le  Brabant 
et  le  Hainaut  jusque  dans  le  N.  de  la  France,  mais  dans 
cette  région  les  dépôts  ont  été  détruits  par  ablation,  et  ce 
n'est  que  dans  le  dép.  de  l'Oise  que  l'on  retrouve  de  nou- 
veau des  formations  oligocènes. 

Dans  les  environs  de  Paris  l'oligocène  inférieur  ne  com- 
prend qu'exceptionnellement  des  dépôts  franchement  ma- 
rins. Les  marnes  à  Pholadomya  ludensis  se  rattachent 
encore  par  leur  faune  au  bartonien,  bien  qu'elles  renfer- 
ment déjà  quelques  espèces  oligocènes  ;  mais  le  gypse  doit 
être  incontestablement  paralléhsé  avec  le  tongrien  inférieur 
du  Limbourg.  En  effet  les  marnes,  qui  séparent  la  masse 
moyenne  du  gypse  de  la  masse  inférieure,  contiennent  une 
faune  dans  laquelle  la  proportion  des  espèces  oligocènes  est 
déjà  considérable.  D'autre  part,  les  couches  de  Headon, 
dans  l'île  de  Wight,  qui  sont  en  général  lagunaires  et  ont 
fourni  des  ossements  de  Palœotherium  et  (ï Anoplothe- 
rium  identiques  à  ceux  du  gypse  de  Paris,  présentent  des 
intercalations  marines  caractérisées  par  des  espèces  de 
l'oligocène  inférieur  de  l'Allemagne  du  Nord  et  du  Lim- 
bourg. 

Le  «  sannoisien  »  des  environs  de  Paris  correspond  par- 
faitement au  tongrien  supérieur  des  géologues  belges.  Il 
est  constitué  à  Argenteuil  par  les  termes  suivants  : 

1^  Marnes  supragypseuses  à  Sphœroma  margariim, 
Nystiaplicata,N.  Duchasleli,  Limnea  strigosa; 

2^  Marnes  àCyrènes,  avec  Cyrena  convexa.  Psammobia 
plana,  Cerithium  plicatum,  C.  conjunctuni; 

l]^  Marnes  vertes,  avec  mêmes  fossiles  et  fissures  de  retrait  ; 

4^  Marnes  blanches  et  marno-calcaires  avec  Cytherea 
incrassata  et  Natira  crassatina. 

Cette  série  est  lagunaire,  à  l'exception  du  dernier  terme, 
qui  est  marin.  Cependant,  au  S.  et  à  l'E.  de  Paris,  le  sau- 
noisien  se  termine  par  une  formation  d'eau  douce,  connue 
sous  les  noms  de  calcaire  de  Brie,  de  meulière  de  La  Ferté- 
sous-Jouarre,  de  calcaire  de  Château-Landon.  Dans  l'île 
de  Wight  le  sannoisien  est  représenté  par  les  couches  la- 
custres d'Osborne  et  de  Bembridge. 

L'oligocène  moyen  est  depuis  longtemps  classique  dans 
le  bassin  de  Paris,  où  il  est  bien  connu  sous  le  nom  de 
sables  de  fonlainebleau  ou  encore  d'étîjge   stampien, 


d'après  la  localité  d'Etampes,  où  l'on  a  distingué  les  sub- 
divisions suivantes  : 

1^  Le  stampien  inférieur,  qui  comprend  deux  niveaux  : 
a,  le  niveau  de  Jeurresà  Pectunculus  angusticosla- 
tus,  Ostreacyathula,  Naticacrassatina,  Deshayesia 
parisienm,  Cerithium  conjunctum;  b,  le  niveau 
deMorigny  h  Pectunculus  obovatus,  Lucina  Heberti, 
Cytiierea  incrassata,  C.  splendida,  Buccinum 
Gossardi  ; 

^^  Le  stampien  moyen  ou  série  de  Pierrefitte,  caractérisé 
par  la  présence  d'espèces  méditerranéennes,  telles 
que  Cerithium  Charpentieri,  Venus  Aglaurœ; 

3°  Le  stampien  supérieur,  qui  présente  à  la  base  l'horizon 
d'Ormoy,  où  abondent  Cardita  Bazini ,  Lucina 
Heberfi,  Hydrobia  Dubuissoni  et  où  Potamides 
Lamarcki  ifait  son  apparition.  C'est  à  ce  niveau  que 
se  trouvent  les  grès  à  pavés  do  Fontainebleau. 

Les  couches  saumàtres  d'Ormoy  alternent  à  leur  partie 
supérieure  avec  des  calcaires  d'eau  douce,  qui  bientôt  de- 
viennent prédominants  et  sont  connus  sous  le  nom  de  cal- 
caire de  Beauce.  On  y  trouve  :  Hydrobia  Dubuissoni, 
Potamides  Lamarc/ii,  Limnea  cylindrica  et  de  nom- 
breux Hélix. 

C'est  au-dessus  des  calcaires  de  Beauce  que  l'on  fait 
maintenant  commencer  l'aquitanien,  représenté  dans  le  S. 
du  bassin  de  Paris  par  la  mollasse  du  Gdtinais  et  par  le 
calcaire  de  l'Orléanais,  qui  est  caractérisé  par  Melania 
aquitanica  et  par  des  Hélix  différents  de  ceux  du  calcaire 
de  Beauce. 

Au  S.  et  à  l'O.  de  Paris,  l'oligocène  moyen  se  signale 
par  sa  transgressivité.  Les  sables  de  Fontainebleau  repo- 
sent en  discordance  sur  des  couches  de  plus  en  plus  an- 
ciennes et  finalement  sur  la  craie,  comme  l'a  étabU  M.  Doll- 
fus  ;  mais  partout  la  mer  demeure  peu  profonde,  de  sorte 
qu'd  n'existe  nulle  part  d'argiles  analogues  à  celles  du  ru- 
péHen  de  Belgique.  La  présence  d'espèces  méditerranéennes 
dans  les  couches  de  Pierrefitte  démontre  que  le  bassin  de 
Paris  n'était  pas  une  simple  dépendance  des  mers  de  l'Europe 
septentrionale,  mais  qu'il  communiquait  également  avec  les 
mers  chaudes  de  l'Lurope  méridionale,  soit  indirectemenl 
par  la  Manche  ou  la  Bretagne  et  le  bassin  de  l'Aquitaine, 
dont  les  dépots  seront  étudiés  plus  loin,  soit  peut-être  aussi 
par  le  Plateau  central.  Dans  cette  dernière  région,  en  effet, 
la  mer  de  l'ohgocène  moyen  pénétrait  sous  la  forme  d<^ 
deux  golfes  étroits,  correspondant  aux  dépressions  de  la 
Limagne  et  de  la  vallée  de  la  Loire,  et  qui  sans  doute  éta- 
blissaient une  communication  avec  le  bassin  du  Rhône, 
tout  au  moins  par  une  série  de  lacs  (Munier-Chalmas).  De 
même  que  les  vaUées  de  l'Alher  et  de  la  Loire  dépendaient 
du  bassin  de  Paiis,  le  golfe  de  l'Alsace  constituait  un  pio- 
longement  méridional  du  ])assin  de  Mayence,  qui  s'éten- 
dait vers  le  S.  jusqu'à  Montbéliard  et  Delémont.  Ici  toute- 
fois il  ne  peut  être  question  d'une  communication  avec  les 
mers  méridionales  (W.  Kiiian),  car  il  n'existe  pas  d'ohgo- 
cène  inférieur  et  moyen  dans  la  plaine  suisse,  et  l'aquita- 
nien, qui  suit  tout  le  bord  externe  delà  chaîne  des  Alpes, 
depuis  la  Méditerranée  jusqu'à  Vienne,  est  lui-même  lacustre 
en  Suisse  et  ne  devient  samnàtre  que  plus  à  l'E.  et  dans 
le  S.  du  bassin  du  Rhône. 

Après  avoir  suivi  vers  l'O.  et  vers  le  S.  les  prolonge- 
ments de  la  mer  oligocène  de  l'Allemagne  septentrionale, 
U  nous  reste  à  voir  comment  cette  mer  s'étendait  vers  l'E. 
dans  toute  la  Russie  méridionale.  Par  la  Pologne  et  la 
Lithuanie  nous  atteignons  la  région  du  Dniepr  et  du  Donetz, 
où,  grâce  aux  beaux  travaux  de  M.  Sokolov,  la  succes- 
sion des  dép(Us  tertiaires  est  actuefiement  bien  connue. 
Au-dessous  des  marnes  à  Spondylus  de  Kiew,  qui  repré- 
sentent le  bartonien,  on  observe  une  série  d'argiles  sa- 
bleuses et  glauconieuses,  qui  renferment  un  grand  nombre 
de  fossiles  caractéristiques  de  l'oligocène  inférieur  des  envi- 
rons de  Magdebourg;  c'est  l'étage  de  Karkov.  Puis  vien- 
nent des  gables  et  des  grès  à  végétaux,  alternant  avec  des 


OLÏGOCËNE  —  OTiM 


~-  346 


argiles  sans  fossiles  ;  c'est  l'étage  de  Poltawa,  qui  corres- 
pond à  l'oligocène  moyen  et  supérieur. 

Des  formations  analogues  existent  également  sur  le  bord 
du  Volga  jusqu'à  Simbirsk;  puis,  au  delà  de  la  mer  Cas- 
pienne, on  connaît  dans  l'Oust-Ourt  des  couches  renfer- 
mant une  faune  de  l'oligocène  inférieur  (von  Kœnen),  et 
M.  Karpinsky  a  rencontré  sur  tout  le  versant  oriental  de 
r Oural  des  dépôts  tertiaires  paraissant  en  partie  repré- 
senter l'oligocène  ;  enfui,  les  dépots  oligocènes  s'étendent 
vers  l'E.  dans  le  Turkestan.  Il  y  a  lieu  de  constater  que 
toute  la  surface  occupée  par  la  mer  oligocène  a  été  pré- 
cisément le  théâtre  des  mouvements  orogéniques  de  la  fm  du 
tertiaire,  que  M.  Karpinsky  a  fait  connaître  dans  la  Russie 
méridionale  et  dans  les  régions  caspiennes,  et  nous  avons 
vu  qu'il  en  était  de  môme  dans  le  N.  de  l'Allemagne. 

Au  S.  de  cette  mer  de  la  Russie  méridionale  l'oligocène 
possède  un  caractère  méditerranéen  ;  les  Nummulites,  les 
Coraux  deviennent  plus  abondants,  et  la  répartition  des 
dépôts  suit  à  peu  près  celle  des  plissements  alpins  (V.  Num- 
mulitique).  Il  faut  ajouter  que,  dans  les  régions  alpines, 
l'oligocène  est  souvent  représenté  par  de  puissantes  accu- 
mulations de  schistes  et  de  grès  connues  sous  le  nom  de 
îlysch.  La  Méditerranée  ohgocène  communiquait  certaine- 
ment avec  la  mer  septentrionale  par  la  Crimée  et  par  les 
Balkans,  car  à  Bourgas,  dans  la  RouméHe  orientale, 
M.  Toula  a  découvert  une  faune,  étudiée  par  M.  von  Kœ- 
nen, qui  renferme  encore  un  assez  grand  nombre  d'espèces 
tongriennes  du  Nord.  A  l'époque  de  l'oligocène  inférieur,  il 
n'y  avait  pas  d'autre  communication  entre  les  deux  grandes 
mers  de  l'Europe,  mais  à  l'oligocène  moyen,  comme  nous 
l" avons  vu  plus  haut,  il  devait  exister  également  une  commu- 
nication occidentale  par  le  bassin  de  l'Aquitaine.  Il  nous 
reste  à  parler  de  cette  dernière  région. 

Les  couches  de  Biarritz  comprennent  une  partie  infé- 
rieure correspondant  au  priabonien  et  une  partie  supérieure 
correspondant  au  sannoisien.  La  partie  inférieure  est  géné- 
ralement considérée  comme  l'éocène  supérieur  par  les  géo- 
logues français,  mais  elle  est  incontestablement  synchro- 
nique  de  la  partie  inférieure  du  tongrien  du  Nord,  elle 
possède  même  quelques  Echinides  en  commun  avec  les 
couches  de  l'ambre  de  l'Allemagne  du  Nord.  La  partie  su- 
périeure comprend  les  grès  sœgilenx  k  Operculina,  Phola- 
domya  Puschi  et  Nummulites  intermediaàeh  Chambre 
d'Amour.  Dans  les  environs  de  Bordeaux,  le  sannoisien  est 
représenté  par  la  7noUasse  du  Fronsadais  et  par  le  cal- 
caire d'eau  douce  de  Castillon. 

Le  tongrien  est  constitué  dans  le  Bordelais  par  les  cal- 
caires à  Astéries,  formation  zoogène  particuHèrement  riche 
en  Echinides  et  contenant  beaucoup  de  Mollusques  des  sables 
de  Fontainebleau,  associés  à  des  espèces  méridionales. 
Vers  l'E.,  ces  calcaires  passent  latéralement  à  la  mollasse 
inférieure  de  l'Agenais;  vers  le  S.,  ils  sont  remplacés  dans 
les  Landes  par  la  formation  argileuse  de  Gaas. 

L'aquitanien  des  environs  de  Bordeaux  a  été  pris  par 
M.  Mayer-Eymar  comme  type  de  l'étage.  Il  débute  par  des 
couches  marneuses  k  înnxiesdinmkire  {Neritina  Ferussaci, 
Cerithium  pHcatum,  C.  margaritaceum,  etc.),  puis  il 
comprend  une  série  de  calcaires  lacustres  séparée  en  deux 
parties  par  une  intercalation  de  sables  ou  de  grès  coquil- 
liers  connus  sous  le  nom  de  faluns  de  Bazas  {Ostrea 
aginensis,  Arca  cardiiformis,  Pijrulci  Lainei,  Ceri- 
Ihium  bidentatum,  etc.).  Dans  l'E.  du  bassin,  tout  l'aqui- 
tanien est  représenté  par  des  formations  lacustres. 

Emile  Haug. 

BiBL.  :  A  VON  Kœnen,  Ueber  die  Parallelisirung  des 
norddeiitschen,  englischen  und  franzôsischen  OUgocàns  ; 
Berlin,  1867  {Zeitschr.  d.  deutsch.  geol.  Gesellsch.,  t.  XIX). 

—  CossMANN  et  J.  Lambert.  Etude  paléontologique  etstra- 
tigraphique  sur  le  terrain  oligocène  marin  aux  environs 
d  Etampes;  Paris,  1881  [Mém.  Soc.  géoL,  sér.  3,  t.  II,  n«  1). 

—  N.  SoKOLOv,  Die  untertertiâren  Ablagerungen  Sûdruss- 
lands:  Saint-Pétersbourg,  1893  [Mémoir  s  du  Com.  géol, 
t.  IX.  n»  2).  —  E.  Fallot,  Contribution  à  Vétude  de  l'étage 
tongrien  dans  le  dép.  de  la  Gironde  ;  Bordeaux,  1694  {Mêm. 
de  la  Soc.  des  Se.  phys.  et  nnt.  de  Bordeaux,  t.  V).  —  E. 
VAN  DEN  6rœckh,  Cou]:)  d'œil  sgnihâticiue  sur  l'oligocène 


belge;  Bruxelles,  1894  {Bull  Soc.  belgeGéol.  Pal.  Hydrol, 
t.  VII).— A.  VON  Kœnen,  Das  norddeutscheUnter-OUgocan 
und  seine  Mollusken-Fauna ;  Berlin,  1889-1891  [Abhandl. 
z.  qeol.  Specialkurte  von  Preussen,  t.  X), 
•     OLIGOCLASE  (Miner.)  (V.  Feldspath). 

OLIM.  Ce  terme  générique  désigne  les  premiers  recueils 
de  décisions  du  Parlement  de  Paris.  L'usage  de  rédiger 
par  écrit  toutes  les  sentences  ne  s'introduisit  qu'au 
XIII®  siècle  à  la  cour  des  rois  de  France.  Jusque-là  on  s'en 
rapportait  uniquement  à  la  mémoire  des  juges  :  leur  re- 
cord seul  faisait  la  preuve  des  jugements  rendus.  La  con- 
quête de  la  Normandie  peut  n'avoir  pas  été  étrangère  à  la 
modification  de  cet  état  de  choses  :  depuis  longtemps,  les 
cours  de  justice  anglo-normandes  tenaient  leurs  archives 
avec  soin.  D'autre  part,  le  développement  donné  à  la  pro- 
cédure écrite,  notamment  en  matière  d'enquête,  et  l'ac- 
croissement du  nombre  des  affaires,  notamment  par  l'in- 
troduction de  l'appel,  commandaient  le  progrès  dont  nous 
parlons.  Il  nous  apparaît  dans  la  seconde  moitié  du 
XIII®  siècle  comme  un  fait  accompli.  Des  notaires  du  roi, 
parfois  appelés  «  clercs  des  arrêts»,  sont  délégués  à  l'au- 
dience du  Parlement,  et  notent  les  décisions  sur  des  ro- 
tuli,  ou  rouleaux  formés  de  feuilles  de  parchemin  cousues 
bout  à  bout.  Mais  ces  rouleaux  étaient  incommodes  à  con- 
sulter. En  4263,  l'un  des  clercs  se  mit  à  faire  un  choix 
de  décisions,  qu'il  transcrivit,  en  totalité  ou  en  partie,  sur 
des  cahiers.  Les  cahiers,  reliés,  ont  formé  le  Livre  de 
maître  Jehan  de  Montliiçon.  Une  note  de  l'auteur  nous 
apprend  que  ce  registre  était  une  innovation.  Jehan  de 
Montluçon  poussa  son  travail  jusqu'à  l'année  4273,  époque 
de  sa  sortie  de  charge.  Mais,  d'autre  part,  il  voulut  faire 
remonter  sa  jurisprudence  à  l'année  4254,  époque  ou 
saint  Louis  revint  de  la  croisade.  Ce  retour  avait  été  si- 
gnalé par  de  nouveaux  progrès  apportés  au  fonctionne- 
ment de  la  justice.  Notre  clerc  accomplit  le  travail  pour 
les  années  Î254  à  4237.  Son  collaborateur  et  successeur, 
Nicolas  de  Chartres,  compléta  le  livre  de  4257  à  1263. 
Ce  premier  registre  va  donc  de  1 254  à  4  273 .  —  Nicolas  pour- 
suivit l'œuvre  entreprise.  Il  sépara,  dans  sa  rédaction,  les 
décisions  rendues  dans  les  procès  par  écrit  {incfueste  et 
processus)  des  sentences  rendues  sur  plaidoiries  ou  en 
conseil  (arresta,  arrestationes,  judicia,  consilia).  Le 
livre  des  arrêts  (de  4274  à  1298),  liber  magnus  cum 
pilo  rubro,  dit  un  inventaire,  nous  est  parvenu.  C'est  le 
liber  qui  incipit  :  Olim,  et  de  ce  mot  initial  lui  vint  le 
surnom  de  livre  ou  registre  Olim.  Ce  vocable  fit  fortune 
dans  la  suite.  i)ue  ce  soit  en  raison  de  l'importance  attri- 
buée au  recueil  ainsi  désigné,  ou  en  raison  du  sens  même 
du  mot  latin,  on  le  trouve  constamment  employé  depuis 
le  XVII®  siècle,  pour  désigner  un  quelconque  des  livres  de 
notre  collection.  L'autre  livre  de  Nicolas  de  Chartres, 
celui  des  enquêtes  (de  4269  à  4298),  liber  magnus  cum 
pilo  nigro,  a  été  perdu,  nous  ne  savons  comment,  au 
XVI®  siècle.  Avec  lui  ont  disparu  un  livre  Vayron  des  pé- 
titions (de  1280  à  1298),  et  un  parvulus  liber  contenant 
la  liste  des  enquêtes  et  procès  remis  à  Nicolas  de  Chartres.  — 
Son  collaborateur  et  successeur,  Pierre  de  Bourges,  dont 
le  Mémorial  nous  fournit  les  renseignements  précédents, 
avec  une  intéressante  description  du  greffe  parlementaire, 
a  laissé,  lui  aussi,  un  livre  des  arrêts  et  un  livre  des  en- 
(fuêtes,  relatifs  au  temps  où  il  fut  en  fonctions,  de  1299 
à  1318.  A  cette  date  cesse  la  collection  dite  des  Olim. 
Geoffroy  Chalop  succède  à  Pierre  de  Bourges,  après  l'avoir 
d'ailleurs  secondé  pour  l'auditoire  du  droit  écrit,  et  nous 
voyons  changer  la  façon  d'enregistrer  les  sentences  du 
Parlement.  Elles  cessent  d'être  écrites  sur  des  rouleaux, 
et  sont  toutes  portées  sur  deux  collections  de  registres  ; 
l'une  dite  «  des  jugés  »,  pour  les  arrêts,  et  l'autre  dite 
«  du  greffe  »,  pour  les  décisions  interlocutoires.  Ces  col- 
lections elles-mêmes  ne  tardèrent  pas  à  être  subdivisées. 
Les  Olim  qui  nous  restent  sont  donc  au  nombre  de 
quatre.  On  les  désigne  en  leur  particulier  de  I  à  IV,  dans 
cet  ordre  :  Livre  de  J.  de  Montluçon,  Livre  de  N.  de 
Chartres,  Livre  des  arrêts  et  Livre  des  enquêtes  de  P.  de 


—  347  — 


OLIM  —  OLIPHANT 


Bourges.  Cette  collection  ininterrompue,  qui  va  de  4234 
à  1349,  commence  la  série,  continuée  depuis,  des  registres 
du  Parlement.  Toutefois,  il  est  douteux  qu'ils  aient  le  ca- 
ractère officiel  et  authentique  reconnu  aux  autres  registres 
depuis  1319.  On  se  demande  s'il  ne  faut  pas  y  voir  sim- 
plement, une  compilation  privée  à  l'usage  des  grefiiers. 
A  la  vérité,  il  est  certain  que  des  arrêts  y  ont  été  insé- 
rés sur  l'ordre  du  Parlement.  Mais,  d'autre  part,  la  plus 
complète  indépendance  se  manifeste  dans  la  rédaction  des 
arrêts  et  dans  les  annotations  ajoutées  par  les  clercs.  En 
somme,  la  question  reste  discutée,  et  la  controverse  est 
peut-être  insoluble  dans  l'état  de  nos  connaissances.  Elle 
n'a,  d'ailleurs,  qu'une  importance  relative.  En  premier 
lieu,  d'où  que  soit  venue  l'inspiration,  le  but  poursuivi 
par  les  auteurs  a  été  atteint.  Les  Olim,  plus  faciles  à 
consulter  que  les  rouleaux  d'audience,  ont  institué,  à  côté 
de  la  preuve  par  record,  l'habitude  de  se  reporter  sim- 
plement au  texte  des  jugements  rendus.  Ils  ont  aussi  con- 
tribué, soit  en  fait,  soit  en  droit,  à  fixer  la  jurisprudence 
du  Parlement.  En  deuxième  lieu,  quand  le  seul  texte  offi- 
ciel eilt  été  celui  des  rouleaux  d'arrêts,  comme  ceux-ci 
ont  péri  dans  l'incendie  du  Palais  de  4648,  il  reste  vrai 
de  dire  que  les  Olim  constituent  pour  nous  le  recueil  des 
décisions  rendues  par  le  Parlement  à  l'époque  contempo- 
raine de  leur  rédaction. 

Le  texte  des  quatre  Olim  qui  nous  restent  a  été  pubhé 
par  le  comte  Beugnot,  dans  \d.  Collection  des  documents 
inédits.  Boutaric  a  donné  l'inventaire  chronologique  des 
arrêts  qui  y  sont  contenus,  dans  la  Collection  des  ar- 
chives nationales  {Actes  du  Parlement  de  Paris).  L'on 
s'est  aussi  préoccupé  de  compléter  ces  recueils,  et  même 
de  rétablir  ceux  qui  sont  perdus,  à  l'aide  des  ouvrages 
juridiques  de  l'époque  et  des  pièces  conservées  dans  les 
archives.  L.  DeHsle  a  tenté  la  restitution  du  Pelu  noir 
(Livre  des  enquêtes  de  Nicolas  de  Chartres)  V.  Actes  du 
Parlement  de  Paris,  t.  I,  et  les  fragments  inédits  pu- 
bliés ensuite  dans  les  Notices  et  extraits  des  manus- 
crits de  la  Bibliothèque  nationale,  t.  XXIÏI,  2®  partie. 
M.  Langlois  en  a  publié  de  nouveaux  fragments  dans  la 
Bibliothèque  de  V Ecole  des  chartes,  4885. 

La  bibliographie  des  Olim  commence  au  xviii^  siècle, 
avec  une  copie  que  l'on  en  fit  h  l'insu  du  Parlement,  et 
sur  laquelle  Voltaire  disserta  de  leur  caractère  authen- 
tique, tant  dans  son  Histoire  du  Parlement  que  dans 
l'art.  Parlement  de  V Encyclopédie.  On  trouvera  la  suite 
de  la  controverse  dans  la  notice  placée  par  Beugnot  en 
tête  de  son  édition  des  Olim  ;  dans  les  Travaux  sur  l'his- 
toire du  droit  (t.  I),  de  Klimrath  ;  dans  V Essai  sur  V au- 
thenticité et  le  caractère  officiel  des  Olim,  de  Lot,  et 
dans  V Histoire  du  droit  et  des  institutions  de  la  France 
(t.  IV),  de  M.  Glasson.  —  M.  Grim  a  publié,  en  tête 
de  l'inventaire  des  Actes  du  Parlement  de  Paris,  une 
notice  très  détaillée  sur  les  Olim. 

Pour  une  bibUographie  plus  étendue,  V.  Langlois 
(Textes  relatifs  à  l'histoire  du  Parlement  [introduc- 
tion]) et  Viollet  {Histoire  du  droit  civil  français). 

A.  Lefas. 
OLINDA.  Ville  du  Brésil,  État  de  Pernambuco.  dont 
elle  fut  la  capitale,  fondée  en  4534  pai'  Duarte  Coelho 
Pereira,  sur  la  côte  de  l'Atlantique;  45.000  liab.  Cette 
ville  est  le  siège  d'un  évèché  dont  la  création  remonte  à 
près  de  trois  siècles.  Située  à  quelques  kilomètres  au  N. 
de  Recife  (Pernambuco),  elle  est  reliée  à  cette  ville  par 
un  tramway  à  vapeur.  On  prétend  qu'elle  a  donné  son 
nom  (Olinde)  à  des  lames  d'épée  très  fines  que  l'on  fabri- 
quait là.  —  Son  ancien  commerce  a  émigré  à  Recife. 

OLIOUTORA.  Rivière  de  la  prov.  maritime  (Sibérie), 
au  N.  du  Kamtchatka.  Elle  prend  naissance  dans  les  monts 
Stanovoï,  coule  dans  une  direction  générale  N.-S.  et  se 
jette  dans  la  Baie  de  VOlioutora  (mer  de  Bering).  Lon- 
gueur: plus  de  320  kil.  Principaux  affluents:  Kalkina  et 
Glotova.  Navigable  seulement  en  aval  du  confluent  de  la  1 
Kalkina,  à  85  kil.  de  la  mer. 


OLIPHANT  (Margaret  Wilson,  Mrs),  femme  de  lettres 
anglaise,  née  à  Wallyford  (Midlothian)  en  4828,  morte 
dans  les  environs  de  Londres  le  25  juin  4897,  parente 
du  suivant.  Mariée  en  4852,  elle  se  trouva,  en  4859, 
veuve  avec  deux  enfants  et  presque  sans  ressources.  Elle 
essaya  d'abord  de  la  peinture,  mais  ne  réussit  pas  et  trouva 
dans  la  littérature  sa  véritable  voie.  Déjà,  avant  même  sa 
majorité,  elle  avait  publié  :  Passages  in  the  life  of  Mrs 
Margaret  Maitland  (4  849) ,  description  fort  intéressante 
de  la  vie  et  des  mœurs  écossaises  qui  avait  été  accueillie 
avec  faveur.  Elle  aborda  tous  les  genres,  le  roman,  l'his- 
toire, la  biographie,  la  critique,  la  poésie  et  réussit  dans 
tous.  Elle  a  produit  un  nombre  énorme  d'ouvrages  qui 
lui  ont  valu  en  Angleterre  et  en  Amérique  une  grande 
réputation.  Nous  citerons  seulement,  parmi  ses  romans  : 
Katie  Steivart  (4852)  ;  Chronicle  of  Carlirigford  {186^2- 
66)  ;  The  Minister's  wife{iS69)  ;  TheBeleaguered  City 
(4879);  Young  Musgrave  (4877);  Hester  (1884);  Oli- 
ver's  Bride  (4886);  The  Second  Son  (4888)  ;  A  Poor 
gentleman  (4889)  ;  Sons  and  daughters  (4890)  ;  The 
Marriage  of  Ellinor  (4892);  The  Sorceress  (1893); 
Prodigals  and  their  mheritance  (1894).  En  histoire, 
ou  critique,  en  littérature,  on  peut  mentionner  :  The  Ma- 
kers  of  llorence  (4876)  ;  Literary  histoii/  of  England 
(1882),  des  biographies  de  Dante,  de  Molière,  de  Cer- 
vantes, d'Edouard  Irving  et  de  Laurence  Oliphant  (V.  ci- 
après),  etc.  R.  S. 

OLIPHANT  (Laurence),  littérateur  anglais,  né  au  Cap 
en  'j829,  mort  à  Londres  le  23  déc.  4888.  Fils  d'un 
magistrat  colonial,  il  fut  élevé  par  un  précepteur  à 
Ceylan,  accompagna  ses  parents  dans  un  grand  voyage 
en  France,  en  Italie,  en  Grèce  (1846-48),  s'en  fut 
chasser  dans  le  Népal,  et  s'arrêta  enfin  à  Londres  en  4854, 
et  même  se  fit  inscrire  au  barreau  écossais  en  4852. 
Mais  il  ne  pouvait  tenir  en  place.  Après  avoir  publié  A 
journey  to  Rhatmandu  (Londres,  4852),  il  visite  la 
Russie  et  la  Crimée  et  écrit  The  Russian  Shores  of  the 
Black  Sea  (1853).  De  la  Crimée  il  saute  au  Canada  où 
il  devient  secrétaire  du  gouverneur  général  lord  Elgin 
qu'il  suivit  peu  après  dans  son  poste  de  superintendant 
des  affaires  de  l'Inde.  Il  publie  :  Minnesota  and  the  Far 
West  (1855),  voyage  dans  la  Circassie  avec  le  duc  de 
Newcastle,  s'engage  dans  l'armée  d'Omer  Pacha.  Après 
la  chute  de  Kars,  il  retourne  en  Angleterre  où  il  écrit  The 
Transcaucasiancampaignunder  Orner  Pascha{Loïidves, 
4856).  Delane  l'emmène  avec  lui  aux  Etats-Unis  (4856)  ; 
il  s'engage  dans  une  expédition  du  flibustier  Walker  et 
j)eu  s'en  faut  qu'il  ne  se  batte  contre  un  navire  anglais. 
H  a  relaté  cette  aventure  dans  ses  Patriots  andFilibus- 
ters  (4860).  En  4857,  Oliphant  accompagne  lord  Elgin 
en  Chine,  d'où  son  nouveau  livre  :  Narrative  of  the  earl 
of  Elgiiis  mission  to  China  and  Japan  {Lonàves,iS^9  ; 
trad.  en  fr.,  Paris,  4860).  En  4860,  n'ayant  rien  de 
mieux  à  faire,  il  revient  en  Italie  où  il  se  met  en  relation 
avec  CavoLir  et  où  il  complote  avec  Garibaldi  une  expé- 
dition dans  le  but  de  détruire  les  urnes  où  l'on  recevait 
les  suffrages  du  peuple  relatifs  à  l'annexion  de  Nice  à  la 
France.  Le  projet  n'eut  pas  d'autre  suite  qu'un  pamphlet  : 
Universal  suffrage  and  Napoléon  the  Third  (4860). 
Infatigable,  Oliphant  parcourt  en  4864  le  Monténégro  et 
de  là,  sans  transition,  il  passe  au  Japon  en  qualité  de 
premier  secrétaii"e  de  légation.  A  peine  arrivé  à  Yeddo,  il 
a  à  repousser  une  attaijue  des  Japonais  contre  l'ambassade 
et  il  est  dangereusement  blessé.  Là  se  borna  sa  carrière 
diplomatique.  Il  voyage  en  4862  à  Corfou,  en  Herzégo- 
vine, dans  les  Abruzzes,  essaie  de  soulever  les  Polonais  en 
4863,  visite  la  Moldavie,  vient  en  Slesvig-Holstein  pour 
assister  aux  opérations  militaires.  Enfin  il  paraît  disposé 
à  se  fixer,  et  de  retour  à  Londres  fonde  le  journal  The 
Ow  (4861),  et  écrit  Pircadilly  (4865),  son  chef-d'œuvre, 
brillante  satire  de  l'hypocrisie  et  de  la  corruption  de  la 
société.  En  4865,  il  se  fait  élire  membre  de  la  Chambre 
des  communes  par  les  Stirling  Burghs,  mais  il  se  dégoûte 


OLIPHANT  —  OLIVA  —  .- 

bientôt  de  la  vie  parlementaire  et  de  ses  intrigues  et  se 
retire  en  1867.  Entre  temps,  il  avait  versé  dans  un  ex- 
traordinaire mysticisme  et  il  s'était  épris  de  Thomas  Lake 
llarris.  l'auteur  du  Poème  du  Soleil.  Jl  s'aifilie  à  la  com- 
numauté  formée  en  Amérique  par  cet  excentrique  et  s'oc- 
cnpe  avec  lui  de  la  régénération  du  monde. 

l'ji  1870,  ses  instincts  de  jouriuilisle  se  réveillent  et 
il  accepte  la  correspondance  du  TiDies  relative  à  la  guerre 
franco-allemande,  puis  à  la  Commune,  lise  marie  en  1874, 
non  sans  le  consentement  de  llarris.  et  fait  entrer  sa  femme 
et  sa  mère  dans  la  fameuse  conununauîé  ponr  la(|ueHe  il 
entreprend  lui-nuMue  des  spéculations  commerciales  fort 
habilement  conduites,  llarris  le  sépare  de  sa  femme  ({u'il 
emmène  avec  lui  à  Santa  Kosa,  près  de  San  Francisco;  il 
fait  croire  à  Oliphant  que  sa  véritable  moitié  appartient 
au  monde  extra-terresti'e  et  peut  communiquer  avec  lui 
])ar  des  chocs  magnétiques.  Négligeant  alors  sa  femme 
terrestre.  Oliphant  s'embarfiue  dans  le  projet  d'une  colo- 
nisation de  la  Palestine  à  l'aide  des  juifs.  Le  gouverne- 
ment turc  ne  consentit  pas  à  lui  accorder  les  autorisa- 
tions nécessaires.  Ohphant,  qui  avait  écrit  le  compte  rendu 
de  ses  excursions,  The  Landoj  Gilead  with  excursions 
in  the  Lehanon  (1860),  revint  en  Angleterre  où  il  fut 
l'cjoint  par  sa  femme.  Les  deux  époux  entreprirent  un 
voyage  en  Egypte,  décrit  dans  The  Land  of  Khenii  vp 
and  down  the  Middle  yih'  (  188^2)  et,  revenus  en  Amé- 
ricpic.  finirent   par  se  l'Ciube   couipte   (\\\o  Hariis  iTélail 


qu'un  imposteur  et  avait  profité  de  leur  aveuglement  pour 
mettre  la  main  sur  leur  fortune.  Ce  fut  toute  une  affaire 
])our  lui  faire  rendre  gorge.  Oliphant  publia  encore  : 
Traits  and  Travesties  (188"2),  entreprit  une  nouvelle  ex- 
cursion en  Palestine,  avec  sa  femme,  composa  à  Haifa  son 
Atfiora  Peto  (1883)  dans  \e  genre  de  Piccadilly,  et  avec 
elle  se  convertit  au  bouddhisme  ésotérique.  Le  premicj' 
résultat  de  cette  étrange  conversion  fut  un  livre  insensé 
composé  en  commun  et  intitulé  Sympneumata.  Mrs  Oli- 
phant mourut  le  2  janv.  1887.  Son  mari  prétendit  qu'il 
était  resté  en  communication  avec  elle,  et  commit  nombre 
d'extravagances.  Il  se  remaria  pourtant  en  1888  avec  une 
Américaine,  Miss  Rosamond^Dale  Owen.  Jusqu'à  ses  der- 
niers jours,  il  voyagea  de  côté  et  d'autre  et  composa  des 
ouvrages  de  plus  en  plus  mystiques  et  de  plus  en  plus 
étranges:  Episodes  in  a  Life  of  adventure  (1887); 
Faslûonable  Philosophy  (1887)  ;  The  Star  in  the  East 
(1887)  ;  Scientific  religion,  or  evolutionary  forces  now 
active  in  Man{[HSS).  R.  S. 

BiBL.  :  Margaret  Oliphant,  Memoir  of  the  life  of  Lau- 
rence iind  of  Alice  Oliphant,  his  wife  ;  I-ondres,  1891, 
2  vol.  —  L.  Leesching,  Personal  réminiscences  of  L.  Oli- 
phant, s.  d.  —  Scott,  L.  Oliphant.  Supplementary  to 
his  bioijraphy,  1895. 

OLISiPPO.  Ancien  nom  de  Lisbonne  (V.  ce  mot). 

OLITE.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Navarre,  sur  le  Zi- 
daco  ;  3.0U0  hab.  Eglise  San  Pedro  avec  tour  gothique  ; 
vieux  château  des  rois  de  Navarre. 


Ancien  château  des  rois  de  Navarre,  à  Otite. 


OLIVA.  L  Malacologie.  — Genre  de  Mollusques  Proso- 
branches  établi  par  Bruguière  en  1789  pour  une  coquille 
solide,  épaisse,  parfaitement  polie  et  ornée  de  couleurs  vives 
et  brillantes,  de  forme  subcylindrique,  à  spire  courte,  à  suture 
canaliculée  ;  ouverture  allongée,  échancrée  à  la  base,  un 
peu  dilatée  inférieurement  ;  columelle  verticale,  calleuse  et 
munie  de  plis  o])lic{ues  ;  le  bord  externe  lisse  non  réfléchi. 
Ex.  :  0.  porphyria  L.,  animaux  vivant  dans  le  sable, 
à  tentacules  grêles,  épaissis  à  la  base  et  portant  les  yeux 
vers  le  milieu  de  leur  bord  externe  ;  le  pied  très  large 
peut  se  replier  sur  les  cotés  de  la  coquille.  Les  espèces  du 
genre  Olive  habitent  les  mers  tropicales. 

IL  Paléontologir.  — Les  représentants  fossiles  de  ce 
genre  datent  du  tertiaire  (0.  Dufresnei,  0.  claviila)  ;  une 
seule  est  du  crétacé  de  Californie  (0.  Mathewsiana).  Le 
genre  Ancillaria  ou  Ancilla  (V.  ce  mot),  qui  appartient 
à  la  même  famille,  se  trouve  dans  le  crétacé  supérieur 
d'Europe  (Ancilla  cretacea).  E.  Trt. 

OLIVA.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Valence,  près  de  la 
Méditerranée  ;  8.80U  hab.  (en  1887).  Château  des  ducs 
de  Gandia.  Soie,  vin,  huile,  oranges,  riz. 

OLIVA.  Ville  de  Prusse,  district  et  auN.-O.  deDantzig, 
au  pied  de  la  butte  du  Karlsberg;  4.215  hab.  (en  1893). 
Belle  église  renfermant  la  plus  grand  orgue  d'Allemagne 


et  qui  dépendait  de  l'ancienne  abbaye  cistercienne  trans- 
formée en  château  royal.  Cette  abbaye,  fondée  par  le  duc 
Sobieslaw  I®^"  de  Poméranie  en  1170,  fut  saccagée  par  les 
Prussiens  païens  en  1224,  par  les  Hussites  en  1432,  par 
les  gens  de  Dantzig  en  1576,  sécularisée  en  1829.  Elle  a 
attaché  son  nom  au  célèbre  tr^aité  du  S  mai  1660  qui 
mit  un  terme  à  la  guerre  entre  la  Suède,  la  Pologne, 
l'empereur  et  l'électeur  de  Brandebourg.  Le  roi  de  Po- 
logne, Casimir,  renonçait  à  ses  prétentions  à  la  couronne 
de  Suède  et  lui  cédait  l'île  d'OEsel,  l'Esthonie,  le  N.  de 
la  Livonie,  conservant  la  Courlande.  Les  deux  puissances 
reconnaissaient  l'indépendance  du  duché  de  Prusse  qui  de- 
venait Etat  souverain  (V.  Prusse). 

BiBL.  :  SciiuLTz.  Gesch.  des  Friedens  von  Oliva  ;  La- 
])iau.  1860.  —  Haumant,  la  Guerre  du  Nord  et  la  Paix 
dVlivn  ;  I^aris.  189t. 

OLIVA  DE  Jeri:z.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Badajoz, 
sur  la  frontière  portugaise;  6.400  hab.  (en  1887).  Lai- 
nages, toiles. 

OLIVA  (Hernan  Perez  de),  moraliste  espagnol,  né  à 
Cordoue  vers  1492,  mort  en  1533.  Il  étudia  successive- 
ment aux  universités  de  Salamanque,  d'Alcalâ  et  de  Paris, 
séjourna  ensuite  à  Rome,  vint  professer  à  Paris  et  re- 
tourna à  Salamanque,  oH   il  devint  un  des  premiers 


8i9  — 


OLIVA  — "^OLIVEIRA 


membres  du  «  Colegio  del  Arzobispo  »,  l'onde  en  15^28, 
puis  professeur  de  morale  et  recteur  de  l'université.  Sa 
mort  prématurée  fut  considérée  comme  une  pei'te  natio- 
nale. Il  avait,  en  effet,  joué  dans  la  littérature  espagnole 
un  rôle  bienfaisant  par  ses  efforts  tendant  à  combattre  le 
préjugé  en  vertu  duquel  on  ne  pouvait,  sans  commettre 
un  sacrilège,  employer  que  le  latin  pour  des  sujets  graves. 
Prêchant  d'exemple,  il  écrivit  en  castillan  un  dialogue 
didactique  :  De  la  Dignidad  del  hombre,  puis  des  dis- 
sertations morales  sur  les  facultés  de  Fàme,  etc.,  dans  un 
style  souvent  pompeux,  mais  solide  et  pur,  et  démontrn 
ainsi  la  flexibilité  et  la  richesse  de  sa  langue  maternelle. 
Le  dialogue  ci-dessus,  resté  inachevé,  fut  complété  par 
Francisco  Cervantes  de  Salazar  et  publié  d'abord  en  lo 41). 
Oliva  traduisit  librement  V Electre  de  Sophocle,  VHecube 
d'Euripide  et  V Amphitryon  de  Plante.  Ses  œuvres  furent 
publiées  par  son  neveu,  Ambrosio  de  Morales  (Cordoue. 
1385,  in-4;  rééditées  à  Madrid,  1787,  2  vol.  in-8). 

BiBL.  :  J.  DE  Rezabal  y  Ugarte,  Biblioteca  clelos  cscri- 
tores.  que  han  sido  indiuiduos  de  los  seis  Colegios  imiyo- 
res;  Madrid,  1805,  in-4. 

OLIVA  (Jean-Paul),  onzième  général  des  jésuites.  Il 
ne  reçut  cetitre  qu'en  1664,  après  la  mort  de  Goswin  Xic- 
kel;  mais,  dès  le  7  juin  1661,  il  avait  été  élu  vicaire  gé- 
néral perpétuel  avec  droit  de  succession,  sur  la  demande 
de  Nickel,  qui  se  trouvait  affaibli  par  Tàge  et  les  infirmi- 
tés. Depuis  lors  jusqu'à  la  fm  de  sa  vie  (26  nov.  1681), 
il  gouverna  en  réalité  la  Compagnie  de  Jésus.  Il  descen- 
dait d'une  famille  ducale  de  Gènes  ;  son  grand-père  et  son 
oncle  avaient  été  doges  de  la  république.  Avant  d'être  élevé 
à  la  dignité  suprême  de  son  ordre,  il  avait  été  maitredes 
novices,  puis  recteur  du  Collège  germanique. 

OLIVARES.  Faubourg  de  Lisbonne  (V.  ce  mot). 

OLIVAREZ  (Don  Gasparo  de  Guzmax,  comte  d'),  duc  de 
San  Lucar  de  Barrameda,  célèbre  homme  d'Etat  espagnol. 
né  à  Rome  le  6  janv.  lo87,  mort  à  Toro  le  22  juil.  1645. 
Fils  d'un  ambassadeur  espagnol  auprès  du  pape,  il  vint  à 
la  cour  sous  Philippe  IIl,  et  par  les  femmes  acquit  une 
réelle  faveur.  L'infant  Philippe  le  prit  en  affection  et,  étant 
monté  sur  le  trône  à  seize  ans  (1621),  s'en  remit  à  Oli- 
varez  de  la  gestion  des  affaires.  Il  disgracia  l'incapable 
duc  d'Uzeda,  favori  de  Philippe  III,  et  le  cardinal  de  Lerme, 
dont  le  vieil  agent,  le  comte  d'Oliva,  fut  décapité  à  Madrid. 
Olivarez  reçut  le  titre  de  duc  de  San  Lucar  et  la  prési- 
dence du  conseil  des  ministres,  et  garda  vingt-deux  ans 
la  confiance  royale.  Tandis  que  Philippe  IV  s'adonnait  aux 
fêtes  et  aux  plaisirs,  son  ministre,  qui  ne  partageait  pas 
ses  goûts,  s'efforçait  de  réformer  l'Espagne  ;  mais  il  lui 
manquait  le  génie  et  l'énergie  de  RicheHeu,  son  contem- 
porain et  son  rival.  C'était  un  homme  instruit,  de  mœurs 
simples,  désintéressé,  épris  du  bien  public,  mais  orgueil- 
leux à  l'excès,  dur  et  brouillon.  Il  combattit  les  déplorables 
abus  introduits  par  Lerme  et  ses  créatures,  révoquant  les 
fonctionnaires  corrompus,  essayant  de  stimuler  l'industrie 
et  le  commerce.  Mais  il  dut  continuer  d'alimenter  le  luxe 
de  la  cour  de  Madrid  oii  il  voyait  un  élément  essentiel  du 
prestige  de  la  monarchie  et  de  la  grandeur  de  l'Espagne. 
Sa  politique  extérieure  fut  dominée  par  l'idée  de  l'hégé- 
monie des  Habsbourg  et  l'entente  complète  des  souverains 
de  Vienne  et  de  Madrid  ;  elle  engagea  l'Espagne  dans  la 
ruineuse  guerre  de  Trente  ans  et  désorganisa  ses  finances  ; 
en  vain  on  créa  de  nouveaux  impôts,  des  monopoles  nou- 
veaux, il  fallut  vendre  les  biens  domaniaux,  emprunter  à 
des  taux  usuraires,  mettre  à  l'encan  les  hauts  emplois  et 
les  bénéfices  ecclésiastiques,  pressurer  les  colonies. 

Les  échecs  infligés  aux  armes  espagnoles  par  les  Hol- 
landais sur  mer  et  les  Français  sur  terre  se  compliquèrent 
d'insurrections  dans  la  péninsule.  Le  régime  castillan  irri- 
tait les  autres  royaumes  dont  les  vieilles  franchises  étaient 
menacées  ;  Olivarez  voulait  imiter  l'absolutisme  de  Riche- 
lieu. (Juand  les  Catalans  se  virent  imposer,  contrairement 
à  leurs  fueros,  des  impôts  non  consentis  par  eux  et  le  ser- 
vice militaire  àl'étranger,  ils  protestèrent  ;  Olivarez  répondit 


qu'invoquer  les  privilèges  locaux  pour  se  soustraire  aux 
charges  communes  était  un  acte  de  trahison  et  fit  empri- 
sonner leurs  députes.  Pour  repousser  l'invasion  française 
en  Roussillon,  une  armée  castillane  pénétra  en  Catalogne 
et  y  prit  ses  ([uartiers.  Les  excès  des  soldats  déterminè- 
rent une  insurrection  à  Barcelone  (12  mai  1610)  ;  le  vice- 
roi  fut  tué  (7  juin),  la  province  entière  soulevée.  En  Por- 
tugal, Olivarez  ne  fut  pas  plus  habile.  Il  indisposa  le 
peuple  en  violanl  les  règles  de  la  constitution  de  Thomar 
et  humiliant  la  noblesse  portugaise.  Un  impôt  arbitraire, 
non  voté  par  les  f^tats,  provoqua  des  révoltes  durement 
réprimées  (1638).  Se  défiant  du  duc  Jean  de  Bragance, 
Olivarez  voulut  l'endormir  en  lui  confiant  l'inspection  et 
la  mise  en  défense  dos  ports  contre  la  flotte  française  ;  les 
commandants  avaient  l'ordre  secret  de  s'emparer  de  sa 
personne.  Bragance  déjoua  ces  perfidies,  proiila  du  pres- 
tige de  sa  l'onction  pour  augtnenter  le  nombre  de  ses  par- 
tisans et,  le  1^'"  déc.  1 6  iO,  il  éfait  proclamé  roi,  et  le  Portu- 
gal séparé  de  l'Espagne.  La  renie  Isabelle,  fille  de  Henri  IV, 
qui  était  hostile  à  Olivarez,  réussit  enfin  aie  culbuter,  les 
plainles  des  provinciaux  opprimés,  des  nobles  froissés,  des 
employés  trop  surveillés  formant  un  concert  de  haines, 
l'n  janv.  16i3,  Olivarez  fut  remplacé  par  son  neveu  don 
Luis  de  liaro.  Le  ministre  disgracié  se  défendit  en 
pu!)liant  un  mémoire,  (jui  faisait  l'apologie  de  son  gou- 
vernement et  metfciit  en  cause  de  grands  personnages 
(^t  des  membres  de  la  famille  royale.  Il  fut  exilé  à 
Foro.  A, -M.  B. 

IkBL.  :  De  LA  RoccA,  Histoire  du  v^inistère  du  conite- 
<hie  d'Oliveu'ci  ;  Cologne,  1673. 

0LIVE.  I.  Botanique,  Thérapeutique  et  Récolte 

(V.  Olivikr). 

TI.  Art  culinaire.  —  Les  olives  ne  se  servent  sur 
la  table  qu'après  avoir  subi  certaines  préparations  des- 
tinées à  leur  enlever  leur  saveur  acre  et  désagréable.  On 
les  mange  le  plus  souvent  confites  ;  (pielques  variétés 
cependant  peuvent  être  consommées  fraîches,  mais  il  faut 
les  cueillir  en  pleine  maturité.  Celles  qu'on  se  propose  de 
confire  sont  mises,  au  moment  de  leur  récolte,  à  macérer 
pendant  plusieurs  jours  dans  une  lessive  faible  de  potasse 
ou  de  soude  additiomiée  d'une  petite  quaniité  de  chaux. 
On  les  fait  ensuite  tremper  pendant  cin({  à  six  jours  dans 
de  l'eau  que  Ton  renouvelle  deux  fois  par  jour,  puis  on 
les  recouvre  d'une  forte  saumure  et  d'une  infusion  de 
plantes  aromatiques,  telles  que  cumin,  coriandre,  men- 
the, etc.  Quand  les  olives  sont  ainsi  confites,  on  les  coupe 
en  spirale  avec  un  couteau  bien  affilé  et  l'on  remplace  le 
noyau  par  des  câpres,  des  anchois,  du  thon  mariné,  des 
trufles.  On  les  conserve  ensuite  dans  des  flacons  remplis 
d'huile  d'olive  fine  et  hermétiquement  bouchés.  Ainsi 
farcies,  elles  forment  un  hors-d'auvre  excellent  et  des 
plus  recherchés.  On  les  appelle  picJialines.  On  confit  éga- 
lement des  olives  dans  du  vinaigre  additionné  de  plantes 
aromatiques,  de  saumure  et  d'huile.  D'autres  procédés 
existent  encore  qui  varient  avec  les  localités.  —Les  olives 
accompagnejit  fréquemment  la  volaille  et  le  gibier  (V.  Ca- 
xAuu)  comme  garniture. 

Hlile  d'olive  (V.  HciLi-:). 

III.  Architecture.  —  Ornement  de  forme  oblongue, 
l'appelant  le  fruit  de  l'olivier  et  employé  alternativement 
avec  des  perles,  des  piccelles  ou  des  pirouettes  pour 
former  un  motif  sculpté  ou  moulé  le  long  d'une  ba- 
guette, d'ini  astragale,  etc.  En  menuiserie  et  en  serrure- 
rie, on  donne  ce  nom  à  des  piè<'es  ou  à  des  ajustements 
de  bois  ou  de  métal  ayant  la  forme  d'une  olive  ;  de  même, 
en  ([uincaillerie,  pour  des  boutons  ou  poignées.  Dans  les 
chapiteaux  corinthiens,  on  disfingue  ceux  dont  les  feuilles 
sont  taillées  à  l'imitation  de  feuilles  d'olive  ou  d'olivier  de 
ceux  (jui  rappellent  la  feuille  d'acanthe.  En  peinture,  la 
couleur  olive  est  un  vert  foncé  formé  de  parties  égales  de 
vert  clairet  de  pourpre  avec  addition  d'un  peu  d'orange. 

l'y.  Malacologie  (V.  Oliva). 

OLIVEIRA  (Antonio  de)  (1610-90)   (V.  Cadornega). 


OLIVEIRA  —  OLIVÉTAlNS 


—  3S0 


OLIVEIRA  Martins  (Joaquim  Pedro),  homme  d'Etat  et 
écrivain  portugais,  né  à  Lisbonne  le  30  avr.  1845,  mort 
à  Lisbonne  le  ^24  août  4894.  Elève  de  l'Ecole  polytech- 
nique, il  devint  directeur  de  chemin  de  fer  à  Porto  (1874), 
écrivit  de  nombreux  ouvrages  historiques  et  sociologiques 
remarquables  par  la  vie  et  l'éclat  des  exposés  plutôt  que 
par  l'originalité.  Il  défendit  d'abord  les  idées  radicales, 
puis  se  rallia  aux  gouvernementaux  et  fut  ministre  des  ti- 
nances  de  déc.  1891  à  mai  1892.  Il  débuta  dans  les  lettres 
par  un  roman  patriotique  Phebus  Moniz  (1870,  2  vol.) 
et  un  dithyrambe  sur  Camoens,  Os  Lusiadas  (1872,  rééd. 
1891).  Parmi  ses  ouvrages  historiques  les  plus  goûtés 
sont  :  Historia  de  Portugal  (1879,  ¥  éd.,  1887),  0  Bra- 
%il  e  as  colonias  portugùezas  (1880),  Portugal  contem- 
poraneo  (1883),  Os  filhos  de  D.  Joaol  (1891),  A  vida 
de  Nunalvares  (1892),  Portugal  nos  Mares  (1892)  ;  il 
en  a  aussi  rédigé  d'un  caractère  plus  général  0  :  Helle- 
nismo  e  a  civilisaçào  christaa  (1878)  ;  Historia  da  repu- 
blica  romana  (1885,  2  vol.)  ;  Historica  da  civilisaçào 
iberica  {iS19  ;  3®  éd.,  1886).  Ses  ouvrages  de  vulgari- 
sation scientifique  et  de  sociologie  sont  :  Elementos  de 
Anthropologia;  As  raças  humanas  e  a  civilisaçào  pri- 
mitiva;  Systemadosmythos  religiosos  ;  Quadro  de  ins- 
tituiçoes  primitivas;  0  régime  das  riquezas;  Theoria 
do  socialismo  ;  A  circulacào  fiduciaria. 

OLIVÉNITE  (Miner.)  (V.  Euchroïte). 

OLIVENZA.  Ville  forte  d'Espagne,  prov.  de  Badajoz, 
sur  la  frontière  portugaise;  8.200  hab.  (en  1887).  Elle 
a  gardé  son  vieux  château  et  ses  remparts.  Siège  de  1709 
par  les  Espagnols  et  les  Français  ;  Soult  la  prit  le  22  janv. 
1811. 

OLIVESE.  Com.  du  dép.  delà  Corse,  arr.  de  Sartène, 
cant.  de  Petreto-Bicchisano  ;  837  hab. 

OLIVET.  Com.  du  dép.  du  Loiret,  arr.  et  cant.  d'Or- 
léans, sur  la  rive  gauche  du  Loiret;  3.705  hab.  Villégia- 
ture préférée  des  Orléanais.  Importante  fabrication  de  fro- 
mages dits  fromages  d'Olivet.  Four  à  chaux.  Fabriques 
de  mèches  pour  lampes,  de  caramel,  de  balais.  Blanchis- 
series de  cire.  Moulins.  Eghse  desxii®,  xv®  et  xvi^  siècles. 
Châteaux  modernes  de  la  Fontaine  et  de  Rondon. 

OLIVET.  Com.  du  dép.  de  la  Mayenne,  arr.  de  Laval, 
cant.  de  Loiron  ;  447  hab. 

OLIVET  (Pierre- Joseph  Thoui.ier,  abbé  d'),  écrivain 
français,  né  à  Salins  le  1®^  avr.  1682,  mort  à  Paris  le 
8  oct.  1768.  Fils  d'un  conseiller  au  parlement  de  Besan- 
çon. Elève  brillant  du  collège  de  sa  ville  natale,  il  entra 
ensuite  chez  les  Jésuites  et  passa  dans  leurs  différents 
collèges  de  Reims,  Dijon,  Paris  enfin,  sous  le  nom  de 
P.  Thoulier,  qui  était  celui  d'un  oncle  maternel  ;  de 
1690  à  1713,  recherchant  la  société  des  écrivains  célèbres, 
tels  que  Maucroix,  le  P.  Oudin,  le  président  Bouhier,  Huet, 
La  Monnoye,  J.-B.  Rousseau,  auquel  il  resta  toujours 
fidèle,  Fraguier,  Boivin,  Boileau  qui  l'appréciait  beaucoup 
et  qu'il  défendit  contre  l'accusation  de  jansénisme  :  par- 
tout passionné  pour  l'étude  de  Cicéron.  Envoyé  en  1713, 
par  ses  supérieurs,  à  Rome  pour  y  aider  le  P.  Jouvency  à 
écrire  l'histoire  de  l'ordre,  il  s'efiVaya  si  bien  de  ce  tra- 
vail qu'il  quitta  la  Société  de  Jésus,  malgré  tout  ce  qu'on 
pût  lui  dire.  Quelques  traductions  publiées  en  1710  dans 
les  Œuvres  posthumes  de  Maucroix,  et  surtout  celle  des 
Entretiens  sur  la  nature  des  Dieux,  de  Cicéron,  parue 
en  1721  (3  vol.  in-12),  suffirent  à  lui  ouvrir  les  portes 
de  l'Académie  française,  où  il  succéda  à  La  Chapelle 
(20  juil.  1723).  Cela  ne  pouvait  que  l'encourager  dans  ses 
travaux  de  traduction  :  aussi  le  voit-on  publier  celles  des 
Pkilippiques,  des  lusculanes,  des  Catilinaires  (1727), 
un  choix  des  Pensées  de  Cicéron  (1744).  Cependant,  à  la 
sollicitation  de  l'Académie,  il  entreprit  un  travail  plus 
original,  en  continuant  V Histoire  de  l'Académie,  par  Pé- 
lisson,  qui  parut  en  1729  (2  vol.  in-4)  ;  puis,  toujours 
sur  les  conseils  de  ses  confrères,  des  Essais  de  gram- 
maire (1732,  in-12)  ;  un  Tîmté  de  prosodie  française 
(4736,  in-42)  ;  des  Remarques  de  grammaire  sur  Ra- 


cine (4738,  in-8)  ;  tous  trois  réunis  plus  tard  en  un  seul 
ouvrage  sous  le  titre  de  Remarques  sur  la  langue  fran- 
çaise (1767,  in-42). 

Il  avait  de  nombreux  amis,  Mabillon,  Fraguier,  Boivin, 
Batteux,  Gedoyn,  RoUin,  mais  aussi  des  adversaires,  Des- 
fontaines, Duclos,  Collé,  Piron  ;  lui-même  ne  ménagea 
pas  Crébillon,  Moncrif,  Marivaux,  Montesquieu.  Vol- 
taire l'appréciait  beaucoup.  En  4740,  il  publia  de  Cicéron, 
son  auteur  favori,  une  édition  (Paris,  9  vol.  in-4)  qui 
n'a  été  dépassée  que  par  les  nouveaux  philologues,  et  dont 
la  France  se  disputa  l'honneur  de  faire  les  frais.  Il  était 
très  assidu  aux  séances  de  l'Académie ,  et  il  eut  à  la  suite 
d'un  vif  débat,  à  propos  de  l'abbé  de  Langeac,  une  attaque 
d'apoplexie  qui  précéda  de  peu  sa  mort.        Eug.  Asse. 

BiBL.  ;  D'Alembert,  Hist.  des  membres  de  l'Académie 
t'riinçaise,  t.  VL  —  F.  Thurot,  Disc,  prélirainaire  de  sa 
traduction  de  l'Hermès  d'Harris  ;  Paris,  an  IV,  in-8.  — 
Mairet,  Eloge  hist.,  Ib39.  —  Sainte-Beuve,  Causeries  du 
Lundi,  t.  XIV,  p.  195. 

OLIVET  (A. -F.  d')  (V.  Fabre  d'Olivet). 

OLIVÉTAlNS.  Congrégation  bénédictine,  dont  le  chef 
d'ordre  était  le  monastère  du  Monte  Oliveto  (diocèse 
d'Arezzo).  Elle  fut  fondée  par  Jean  Tolomei  ou  Ptolomei, 
né  à  Sienne  en  4272,  mort  en  1348,  canonisé  sous  le  nom 
de  Bernard.  Jean  professait  à  Sienne,  avec  grand  succès, 
le  droit  canon  et  le  droit  civil.  Il  perdit  la  vue  par  excès 
de  travail,  mais  l'ayant  recouvrée,  par  Fintercession  de 
la  sainte  Vierge,  il  se  voua  à  son  culte.  Il  se  retira  sur 
une  montagne  sohtaire,  dans  un  Heu  appelé  Acona,  qui 
lui  appartenait.  Deux  sénateurs  qu'il  avait  convertis,  Pa- 
tricio  Patrici  et  Ambrosio  Piccolomini,  l'y  suivirent 
en  1313.  Ils  se  livrèrent  ensemble  à  de  sévères  mortifi- 
cations. La  renommée  de  leur  sainteté  amena  auprès  d'eux 
f)lusieurs  jeunes  gens  de  haute  condition,  désireux  de  les 
iiïiiter.  Jean  prit  alors  le  nom  de  Bernard,  par  admira- 
tion pour  le  célèbre  abbé  de  Clairvaux.  Il  fit  bâtir  un  cou- 
vent qu'il  appela  Monte  Oliveto.  Sa  compagnie  était  dé- 
signée sous  le  nom  de  hrères  Ermites  du  Monte  Oliveto. 
Le  pape  Jean  XXll  leur  ordonna  de  se  rattacher  à  une 
des  règles  approuvées.  En  1319,  Ptolomée  choisit  celle 
de  Saint-Benoît,  y  adapta  quelques  statuts  spéciaux,  et 
donna  à  son  institut  le  titre  de  Congrégation  de  la  très 
Sainte  Vierge  du  mont  des  Olives.  Cette  congrégation 
se  répandit  rapidement  en  Toscane  et  ensuite  dans  toute 
l'Itahe.  Au  siècle  dernier,  elle  possédait  quatre-vingts  mo- 
nastères, parmi  lesquels  ceux  de  Naples  et  de  Bologne 
étaient  renommés  pour  leur  magnificence.  Mais  elle  s'était 
fort  relâchée  de  son  austérité  primitive.  On  n'y  recevait 
plus  ([ue  des  nobles.  D'abord,  le  vin  avait  été  interdit  aux 
religieux,  ensuite  on  leur  permit  d'en  boire,  mais  du  plus 
faible  qu'on  pourrait  trouver  ;  finalement,  les  constitu- 
tions admirent  le  vin  tel  qu'on  le  recueille,  c.-à-d.  de 
tous  les  crus.  Depuis  Paul  III,  tous  les  religieux  prennent 
le  titre  de  Dom.  Les  supérieurs  de  chaque  couvent  sont 
appelés  abbés,  et  peuvent  se  servir  d'ornements  pontifi- 
caux, quoiqu'ils  ne  re-^oivent  point  la  bénédiction  abba- 
tiale. Le  costume  est  de  couleur  blanche,  comme  celui  des 
cisterciens.  En  lo82,  Grégoire  XIII  réunit  aux  olivétains 
là  congrégation  du  Saint-Sacrement  instituée  en  1328, 
par  André  de  Paul,  prêtre  d'Assise,  d'après  la  règle  de 
Saint-Benoît  et  l'observance  de  Cîteaux.  —  Aujourd'hui, 
la  maison-mère  est  à  Rome,  et  porte,  par  translation,  le 
nom  de  Monte  Oliveto.  —  Pour  ce  qui  concerne  la  France, 
le  recensement  de  1861  indique  une  maison  d' Olivétains 
comprenant  deux  religieux.  Mais  une  statistique  dressée 
en  1877,  à  l'occasion  des  décrets  contre  les  communautés 
d'hommes  non  autorisées,  rattache  (nous  ne  savons  pour- 
(juoi)  tous  les  bénédictins  à  une  maison-mère  située  au 
Mont-Ohvet,  près  Sienne  ;  elle  indique  14  maisons  et  239 
religieux.  —  La  Gerarchia  cattolica  pubHée  le  5  janv. 
1887,  relatant  la  division  actuelle  de  l'ordre  de  Saint-Be- 
noît, contient  la  mention  suivante  :  22°  Ordre  des  Béné- 
dictins Olivétains,  dirigé  par  un  abbé  vicaire-général, 
avec  un  abbé  procureur-général.  E.-H.  Vollet» 


OLIVÉTAN-  (Pierre-Robert),  traducteur  de  la  Bible,  né 
à  Noyon  vers  la  fm  du  xv^  siècle,  mort  àFerrareenl538. 
Son  véritable  nom  de  famille  pourrait  bien  avoir  été  Robert, 
et  son  surnom  savant  (Jlivetanus.  Il  était  apparenté  à  Cal- 
vin et  avait  étudié  comme  lui  à  Orléans.  On  le  trouve  ré- 
fugié à  Strasbourg  en  io'iS.  En  1533,  il  était  précepteur 
à  Genève  et  fut  exilé  pour  ses  idées  religieuses.  11  se  retira 
à  Neuchâtel,  où,  sur  la  demande  desVaudois  du  Piémont, 
il  entreprit  de  traduire  la  Bible  en  français.  Il  s'aida  des 
versions  de  Lefèvre  d'Etaples,  mais  travaillait  sur  l'origi- 
nal hébreu.  Les  livres  apocryphes  et  le  Nouveau  Testa- 
ment sont  traduits  avec  moins  de  soin.  Cette  version  fut 
imprimée  en  1535,  chez  Pierre  deWingle,  sous  le  titre  de 
la  Bible  qui  est  toute  la  saincte  escripture  en  laquelle 
sont  contenus  le  vieil  Testament  et  le  nouveau  trans- 
latez en  françoys.  Le  vieil  de  Lebrieu,  et  le  nouveau 
du  gy^ec.  C'est  un  volume  in-folio,  en  caractères  gothiques, 
fort  recherché  aujourd'hui.  Améliorée  dans  la  suite  par 
Calvin  et,  depuis  1588,  par  le  corps  des  pasteurs  et  pro- 
fesseurs de  Genève,  cette  traduction  devint  la  base  de 
toutes  les  versions  françaises  de  la  Bible.        F. -H.  K. 

OLIVETTE  (Viticult.).  Cépage  français  du  Midi  de  la 
France.  Maturité  de  quatrième  époque.  Il  donne  des  raisins 
de  table  excellents,  à  grains  moyens,  en  forme  d'olive,  et 
présente  dans  les  diverses  régions  où  il  est  cultivé  trois 
variétés  :  l'Olivette  noire,  l'Olivette  rouge,  l'Olivette  jaune. 

OLIVIER(OteT.).I.  Botanique  et  Thérapeutique. 
—  Genre  d'Oléacées-Oléinées,  composé  d'arbres  ou  d'ar- 
bustespropres  auxrégions  tempérées  et  chaudes  de  l'hémis- 
phère boréal.  Les  caractères  principaux  sont  :  calice  gamo- 


Fleur  et  branche  florifère  d'Olivier, 

sépale  à  4  divisions,  corolle  gamopétale  à  4  pièces,  1  éta- 
mines,  fruit  drupacé  renfermant  une  semence  pendante  à 


351  —  OLIVÉTAN  —  OLIVIER 

albumen  charnu.  L'espèce  type,  O.EuropœahA)iiOYm(^v 
proprement  dit,  est  connue  de  toute  antiquité  dans  l'Orient  ; 
il  en  est  question  dans  la  Genèse  et  dans  Homère.  Origi- 
naire de  FAsie  Mineure,  il  est  aujourd'hui  naturalisé  dans 
toute  la  région  méditerranéenne,  surtout  en  Provence.  Ses 
feuilles  et  son  écorce  passent  pour  astringentes  et  fébri- 
fuges; la  gomme-résine  odorante  {Gomme  de  Lecce, 
G.  d'Olivier),  qui  découle  du  tronc  des  vieux  oliviers,  était 
utilisée  autrefois  comme  vulnéraire.  Le  fruit  de  l'Olivier 
d'Europe,  Votive,  est  une  drupe  ovoide,  lisse,  d'un  violet 
foncé  à  la  maturité,  à  péricarpe  verdâtre,  et  à  noyau  très 
dur,  ovale-oblong,  aigu  à  ses  deux  extrémités,  et  ne  conte- 
nant qu'une  graine.  D'une  saveur  acre,  acide  et  désagréable 
à  l'état  frais,  les  olives  prennent  un  goût  agréable  dans  une 
saumure  appropriée.  Le  péricarpe  ainsi  que  l'amande  ren- 
ferment une  huile  jaune  verdâtre,  très  tluide,  onctueuse, 
transparente,  d'odeur  faible,  de  saveur  douce  et  agréable,  et 
qu'on  appelle  huile  de  Lecce  o\l  huile  d'olive  (\.  Huile). 
Elle  possède  des  propriétés  adoucissantes,  émoUientes, 
laxatives,  qu'on  peut  utiliser  dans  les  inflammations  gas- 
tro-intestinales eturo-génitales  ;  on  la  donne  en  lavements 
dans  les  coliques  consécutives  aux  accouchements  labo- 
rieux et  dans  les  douleurs  provoquées  par  les  calculs  vé- 
sicaux.  Enfin  elle  jouit  de  propriétés  vermifuges.  A  l'ex- 
térieur, on  l'emploie  en  onctions  sur  la  peau,  après  les 
fièvres  éruptives,  dans  les  brûlures  (  Uniment  oléo-cal- 
caire),  etc.  —  Les  drupes  de  l'O.  americanaL.,  du  N.de 
l'Amérique,  fournissent  une  huile  semblable.  En  Chine  et 
au  Japon,  on  se  sert  des  fleurs  de  VO.  fragrans  Thunb. 
pour  aromatiser  le  thé.  —  D'autres  plantes  portent  éga- 
lement le  nom  d'olivier  :  Olivier  de  Bohême.  UElœagnus 
angustifolia  L.  —  0.  nain.  Le  Cneorum  tricoccum  L. 
—  0.  DES  nègres.  La  Myrobalan  chébule.  —  0.  de  sadle. 
Le  Dodonœa  angustifolia  L.  D^'  L.  Hn. 

II.  Culture  et  Récolte.  ~  La  culture  de  l'olivier 
aurait  été  importée,  suivant  la  plupart  des  auteurs,  en 
Provence,  vers  l'an  600,  par  les  Phocéens,  puis  elle  se 
serait  étendue  successivement  aux  colonies  de  la  Gaule  et 
de  ritaUe  situées  sur  les  côtes  méditerranéennes.  Elle  fit 
de  grands  progrès  sous  le  moyen  âge,  et,  encore  au  siècle 
dernier,  les  oliviers  occupaient  toutes  les  provinces  fran- 
çaises situées  sur  la  Méditerranée;  depuis  cette  époque, 
principalement  sous  l'influence  de  conditions  climatériques 
désastreuses  (1709,  1789,  180^2, -1812,  d829,etc.)  etdc 
la  concurrence  faite  aux  huiles  d'olives  par  les  huiles  co- 
mestibles de  fruits  et  de  graines  indigènes  ou  exotiques 
(V.  Huile),  notre  production  a  diminué  considérablement  ; 
elle  est  limitée  aux  dép.  des  Alpes-Maritimes,  du  Var,  des 
Bouches-du-Rhône,  du  Gard,  de  l'Hérault,  delaDrôme,  des 
Basses-Alpes,  des  Pyrénées-Orientales,  du  Vaucluse,  de 
l'Ardèche  et  de  la  Corse.  Hors  de  France,  la  culture  de 
l'olivier  est  pratiquée  en  Italie  (Toscane,  Sicile,  Sardaigne), 
en  Espagne,  en  Grèce,  en  Turquie  et  en  Asie  Mineure  ;  elle 
a  pris  un  grand  développement  en  Tunisie,  dont  la  pro- 
duction est  devenue  le  triple  de  la  production  française, 
en  Algérie,  en  Australie,  et,  encore  plus,  en  Californie,  où 
se  trouvent  les  plus  grandes  oliveraies  du  monde.  L'olivier 
redoute  les  climats  extrêmes,  aussi  bien  froids  que  chauds; 
dans  son  habitat  naturel,  il  commence  à  bourgeonner  à 
iO  ou  11°  C.  de  température  moyenne  (avril),  fleurit  vers 
18-19°  C,  noue  ses  fruits  à  28-22°  C,  et  arrive  à  matu- 
rité, de  septembre  à  janvier,  après  avoir  reçu  une  somme 
totale  moyenne  de  température  diurne  de  5.330°  C.  Il  croit  à 
une  altitude  variable  suivant  les  régions,  jusqu'à  800  m. 
dans  les  Alpes-Maritimes,  1.370  m.  en  Espagne,  et  1.000 
à  1.200  m.  dans  le  Djurjura.  Il  craint  surtout  Fhumi- 
dité  et  se  montre  assez  indifférent  sous  le  rapport  de  la 
nature  du  sol;  les  sols  argilo-calcaires,  même  caillouteux, 
très  sains  et  bien  éclairés,  lui  conviennent  particulièrement  ; 
on  les  prépare  par  un  défoncement  très  énergique  et  soi- 
gné, exécuté  par  rigoles,  par  fosses  ou  mieux  en  plein.  La 
multiplication  se  fait  par  semis,  par  boutures,  par  dra- 
geons, rejets  ou  marcottes,  et  enfin  par  greffage  sur  sau- 


OliVIER 


—  3o4  — 


va<^'eons  :  mais  la  seconde  inetiiode  est  la  plus  suivie;  la 
mise  en  place  déiinitive  a  lieu  au  bout  de  quatre  ou  sept 
ans;  on  plante  en  plein  (carré  ou  quinconce)  ou  en  lignes, 
à  des  écarlements  variables  avec  le  climal,  la  toj)ograpliie 
et  la  luUure  du  sol,  et  surtout  avec  les  variétés,  lesquelles 
sont  très  nombreuses  :  40  à  oO  en  France  (Cayone,  Rou- 
get, Olivicre,  Pigale,  Pandoulier,  Blanquctier  [fruits  pour 
huile],  de  Lucques,  Picholine,  Redoudale,  Yerdale,  Moiral. 
xVmeblau,  Saurine  [fruits  pour  confire;,  etc.),  50  en  Es- 
pagne, 30  à  40  en  Italie,  etc.  11  serait  utile  de  donner, 
chaque  année,  deux  labours,  l'un  au  printemps  (supprimer 
en  même  temps  les  rejets  et  les  (b/ageons),  et  l'autre  au  mo- 
ment de  la  tleur  ;  ces  travaux  sont  très  rémunérateurs  :  on 
les  néglige  cependant  généralement.  Bien  que  très  rus- 
tique et  très  vigoureux,  l'olivier  se  montre  ti'ès  sensible 
à  l'apport  des  engrais  ;  il  prélève  chaque  année,  dans  le 
sol,  environ  ^20  à  '^o  kilogr.  d'azote  et  de  potasse,  et 
40  kilogr.  d'acide  phosphorique  ;  les  engrais  organiques, 
les  déchets  des  huileries  et  les  engrais  minéraux  peuvent 
être  utilisés  pour  sa  fumure;  les  premiers  sont  enfouis,  à 
l'automne,  dans  des  fosses  creusées  tautour  des  arbres  ; 
les  engrais  solubles  sojit  appliqués  au  premier  printemps. 
L'opération  de  la  taille,  souvent  mal  conduite,  est  de  la 
plus  grande  importance;  elle  doit  assurer  la  formation 
régulière  (en  gobelet'^ou  à  table;  préférer  le  gobelet)  de 
l'arbre,  le  développement  des  branches  mal  équilibrées  et 
l'éciaircment  de  tout  l'appareil  aérien;  elle  se  fait  après  la 
récolte  et  doit  porter,  avant  tout,  sur  les  bois  dressés,  en  se 
rappelant  cpui  l'olivier  ne  (b)juie  ses  fruits  que  sur  les  ra- 
meaux d'un  an  et  en  une  seule  fois.  Une  taille  complé- 
mentaire, un  pincement  et  un  ébourgeonnement  s'im- 
posent au  ])rintemps;  les  gourmands  trop  nombreux  sont 
encore  taillés  en  vert  en  été.  Des  binages  et  des  sarclages 
donnés  dans  le  cours  de  la  végétation  sont  d'un  excellent 
effet.  L'olivier  est  sujet  à  diverses  maladies  d'origine  cryp- 
(ogamique  (fumagine,  carie,  blanc  des  racines,  etc.),  et 
aux  attaques  de  quehpies  msQv{Qs{Daciis  oleœ  ou  mouche 
(le  l'olivier  ;  Phlœlribus  oJeie  ou  rongeur  de  l'olivier  ; 
Ihjlesina oleiperda, etc.),  contre lesquelsnous  connaissons 
peu  de  moyens  réellement  pratiques  de  lutte  ;  une  bonne 
culture  et  un  choix  convenable  des  variétés  et  des  plants 
peuvent  seuls  permettre  de  prévenir  leurs  ravages.  La  ré- 
colte des  fruits  à  contire  se  fait  à  l'état  vert,  sauf  ])our 
l(\s  fruits  à  contire  dans  l'huile,  qui  sont  cueillis  à  un  état 
très  avancé,  de  janvier  en  mars,  au  lieu  d'août  et  sep- 
tembre ;  on  opère  à  la  main  et  en  plusieurs  fois.  Lesiruits 
pour  huile  devraient  être  cueillis  tin  janvier  ou  févi'ier.  Dans 
le  Sud-Est,  dans  le  Languedoc  et  leRoussilloji,  on  récolte 
en  décembre  ou  janvier.  Suivant  la  hauteur  des  arbres,  on 
cueille  directement  ou  l'oji  opère  par  gaulage.  Les  rende- 
ments varient  dans  de  très  grandes  limites;  en  Provence, 
ils  atteignent  de  -10  à  ^20  litres  par  arbre.  Les  rendements 
moyens  en  huile  sont  compris  en  France  entre  450  et 
:250  litres  par  hectare.  J.  T. 

Biîîi..  :  iNlARviN.  77ic  O^ife  :  Cliica,u-o  ot  New  York.  — 
IIi;u/E,  les  Plojiles  industrielles  ;  l-'aris,  1893,  t.  III.  — 
Maiiuale  teoi-lco-pralico  per  la  coUlfazLOiie  delVal'wo  — 
xVloi,  Olh'o  ed  olio  ;  Milan,  187-"). 

OLIVIER,  compagnon  légendaire  de  Roland,  qui,  d'après 
la  Chanson  de  Roland,  périt  à  Roncevaux  avec  lui.  Le 
poème  de  Girart  de  Vienne  raconte  un  duel  de  Roland  et 
d'Olivier  à  Vienne,  suivi  de  leur  réconciliation  et  du  ma- 
riage de  Roland  avec  la  belle  Aude,  sœur  d'Oliver. 

OLIVIER  (François),  chanceliec  de  France,  né  à  Paris  en 
1487,  mort  àAmboisele  30  mars43(i0.  Il  descendait  d'une 
famille  originaire  de  l'Aunis.  Son  père,  Jacques,  seigneur  de 
Leuville  en  Normandie,  était  président  au  Parlement  de 
Paris.  Son  oncle,  Jean,  abbé  de  Saint-Médard  de  Soissons, 
puis  évèque  d'Angers,  penchait  vers  la  Réforme.  François 
fut  nommé  conseiller  au  Parlement  en  4523,  maître  des 
requêtes  en  4536.  Protégé  par  Marguerite  d'Angoulème, 
qui  l'avait  fait  chancelier  de  son  duché  d'Alençon,  il  de- 
vint président  à  mortier  en  4543.  Charge  de  la  garde  des 
sceaux  en  4544,  il  succéda  comme  chancelier  à  Poyet  en 


154-5.  il  acquit  une  réputation  d'intégrité  et  de  sévérité. 
Le  parti  de  Diane  de  Poitiers  le  combattit  vivement, 
])arce  qu'il  résistait  aux  prodigalités  de  Henri  II  ;  il  re- 
fusa de  se  laisser  dépouiller  de  son  titre  de  chancelier, 
juais  on  profita  de  ce  qu'il  avait  les  yeux  malades  pour 
lui  enlever  les  sceaux,  le  "2  janv.  4554.  Il  se  retira  à 
Leuville.  Fn  4559  il  reprit  les  sceaux,  et  publia  Ledit  de 
tolérance  du  2  mars  4560.  Il  passait  pour  favorable  aux 
huguejiots,  mais  il  se  laissa  complètement  dominer  par 
les  Guises  et  réprima  durement  la  conspiration  d'Amboise. 
On  dit  qu'il  mourut  de  remords.  Sa  femme,  Antoinette  de 
Cerisay,  lui  doima  cinq  enfants,  dont  deux  filles  qui  épou- 
sèrent des  huguenots.  Son  frère  Antoine,  évèque  de  Lom- 
bez,  s'était  déclaré  ouvertement  pour  la  Réforme  ;  il  sui- 
vit Renée  de  France  à  Ferrare,  et  ensuite  à  Montargis. 
Les  Olivier  de  Leuville  portaient  :  Ecartelé  aux  i  et  4 
d'ai-ur,  à  6  besanUd'or,  au  chef  d'argent  chargé  d'un 
lion  naissant  de  sable,  armé  et  lampassé  de  gueules, 
et  aux  ^  et  3  d'or,  à  S  bandes  de  gueules,  celle  du  mi- 
lieu chargée  de  S  étoiles  d'argent.  H.  Hauser. 

l>iBL.  :  LaPlanchk,  de  Thou,  France  protestante. 

OLIVIER  (Aubin),  graveur  sur  bois  et  graveur  des  mon- 
naies françaises,  né,  suivant  les  uns,  à  Roissy,  près  Paris, 
suivant  d'autres,  à  Roye  en  Picardie,  en  4520,  mort  à 
Paris  en  4600.  Il  a  exécuté  sur  bois  les  soixante  gravures 
([ui  ornent  le  Liv7'e  de  perspective  de  Jean  Cousin  ;  mais 
il  mérita  surtout  de  passer  à  la  postérité  par  la  part  qu'il 
prit  au  perfectionnement  des  instruments  du  monnayage 
en  France.  L'Allemagne  nous  avait  précédés  dans  l'appli- 
cation de  la  mécaniciue  à  la  fabrication  des  espèces  mo- 
nétaires. Charles  de  Marillac,  ambassadeur  du  roi  de 
France  à  Augsbourg  auprès  de  Charles-Quint,  en  4550- 
51,  ayant  signalé  à  Henri  II  les  nouveaux  procédés  qui 
remplaçaient  avantageusement  la  frappe  au  marteau,  le 
roi  de  France  envoya  à  Augsbourg,  pour  se  rendre  compte 
de  l'invention,  Guillaume  de  Marillac,  frère  de  l'ambas- 
sadeur, accompagné  du  maitre  de  la  monnaie  de  Lyon, 
puis,  au  retour  de  ce  dernier,  il  dépêcha,  près  de  l'ambas- 
sadeur, Aubin  Olivier,  «  un  excellent  ouvrier  en  fer,  pour 
la  pratique  de  l'engin  ».  Un  traité  fut  conclu  avec  l'in- 
venteur allemand,  et  grâce  à  l'habileté  d'Aubin  Olivier, 
dès  le  27  nov.  4550,  Marillac  pouvait  annoncer  à  son 
gouvernement  l'achèvement  des  machines  qu'on  trans- 
]>orta  ensuite  en  France.  Lu  vertu  de  lettres  patentes  du 
27  mars  4550,  elles  furent  installées  par  Olivier  à  Paris, 
SU)'  la  Seine,  au  «  logis  des  Etuves  »,  à  l'extrémité  occi- 
dentale du  jardin  et  de  l'Ile  du  Palais,  près  do  la  place 
Dauphine.  Les  rouages  hydrauliques  qui  mettaient  les  ma- 
chines en  mouvement  firent  donner  à  l'établissement  le 
nom  de  Monnaie  au  moulin,  qu'on  emploie  concurrem- 
ment avec  l'appellation  de  Monnaie  des  Etuves.  Des 
lettres  patentes  du  3  mars  4553  et  un  édit  de  4554  don- 
nèrent la  surintendance  de  la  nouvelle  Monnaie  à  Guillaume 
de  Marillac,  et  créèrent  au  profit  d'Aubin  Olivier  l'office 
de  «  maître-ouvrier,  garde  et  conducteur  des  engins  », 
chargé  de  la  conduite  de  tout  le  matériel,  des  réparations 
et  perfectionnements  de  l'outillage  ;  MarcBéchot  fut  nommé 
gi'aveur  général.  Avec  son  esprit  inventif,  Olivier  ne  tarda 
l)as  à  apporter  d'heureuses  modifications  à  l'invention  du 
mécanicien  d'Augsbourg,  et  le  principe  de  son  outillage  est 
resté  la  base  du  monnayage  jusqu'à  nos  jours.  Olivier  arriva 
à  frapper  mécaniquement  les  pièces  en  leur  donnant  une  ro- 
tondité parfaite  et  en  les  marquant  en  même  temps  sur  leur 
tranche,  par  l'invention  de  la  virole  brisée,  de  cannelures  ou 
de  lettres  en  creux.  Olivier  eutà  lutter  longtemps  contre  les 
préventions  de  la  cour  des  Monnaies,  essayant  de  défendre 
les  droits  des  anciens  monnayers  qui  se  trouvaient  ainsi 
dépossédés  de  leurs  privilèges.  Mais  grâce  à  la  protection 
royale,  la  réforme  et  le  progrès  triomphèrent  de  la  rou- 
tine, j^n  4585,  les  fonctions  de  graveur  de  la  monnaie 
des  Etuves  furent  confondues  avec  celles  de  maître-ouvrier 
garde  et  conducteur,  et  cet  office  important,  créé  pour 
Aubin  Olivier,  fut  transformé  dn  une  entreprise  privilégiée 


353  — 


OLIVIER 


au  profit  de  sa  famille.  Alexandre  Olivier,  fils  d'Aubin, 
succéda  à  son  père  dans  ses  fonctions,  en  1581. 

BiBL.:  Albert  Barre,  danarAnnuaire de  la  Société  fran- 
çaise de  numismatique^  1867,  t.  II,  pp.  157  et  suiv.  —  Pierre 
de  Vaissière,  ta  Découverte  à  Aiigsbourg  des  instruments 
mécaniques  du  monnayage  moderne  ;  Montpellier,  1892, 
in-8.  —  Du  môme,  Charles  de  Marillac,  umhassadeur  de 
France  auprès  d'Henri  VIII,  de  Charles-Quint  et  des  princes 
d'Allemagne,  iii-8. 

OLIVIER  (Guillaume-Antoine),  entomologiste  fran- 
çais, né  aux  Arcs,  prèsdeFréjus(Var),  le  iOjanv.  1756, 
mort  à  Lyon  le  1^^'  oct.  1814.  Pendant  la  Révolution,  il 
fut  chargé  d'un  travail  important  sur  la  statistique  de  la 
généralité  de  Paris,  puis  en  1792  il  fut  envoyé  en  mission 
auprès  du  chah  de  Perse  ;  il  visita  l'Egypte,  F  Arabie, 
l'Asie  Mineure  et  la  Perse  et  revint  en  déc.  1798,  après 
avoir  eu  la  douleur  de  voir  mourir  àAncOne  son  compagnon 
de  voyage,  le  naturaliste  Bruguière{\.  ce  nom).  Il  devint 
membre  de  l'Institut  en  1 800  et  quelque  temps  après  profes- 
seur de  zoologie  à  l'Ecole  vétérinaire  d'Alfort.  Ouvrages  prin- 
cipaux :  Diciîonnaire  d'histoire  naturelle  des  insectes, 
papillons,  crustacés,  etc.  (Paris,  1789-1825,  7  vol.  et 
demi  in- 4,  et  2  vol.  de  planches  ;  le  1^'"  vol.  est  de 
Mauduit  ;  les  t.  Il  à  YI  sont  d'Olivier)  ;  Entomologie 
ou  Histoire  naturelle  des  insectes  coléoptères  (Paris, 
1789-1809,  6  vol.  gr.  in-4  avec  363  pi.  col.)  dans 
V Encyclopédie  méthodique  ;  Voyage  dans  l'empire 
d'Orient,  l'Ei/ypte  et  la  Pené^  (Paris,  1801-7,  6  vol. 
in-8,  et  atlas).  D''  L.  Hn. 

BiBL.  :  Cuvier,  Éloges  historiques^  t.  II.  —  Sylvestre, 
Notice  sur  G.-A.  Olivier;  Paris,  1815. 

OLIVIER  (Louis-Henri-Ferdinand),  pédagogue  suisse, 
né  à  La  Sarra  (Suisse  française,  cant.  deVaud)  en  1759, 
mort  à  Vienne.  Il  fit  ses  études  à  Lausanne.  En  1778,  il 
fut  précepteur  à  Riga  dans  une  famille  noble,  et,  en  1780, 
professeur  de  français  au  Philantropinum  de  Dessau.  Il  y 
resta  pendant  quinze  ans,  jusqu'à  la  dissolution  de  cet  éta- 
blissement. Il  fonda  ensuite  à  Dessau  un  pensionnat,  dont 
il  abandonna  la  direction  en  1801  pour  se  consacrer  à  la 
vulgarisation  et  au  perfectionnement  d'une  méthode  de  lec- 
ture dont  il  était  l'inventeur.  Il  se  retira  à  Vienne,  au- 
près de  son  fils,  le  peintre  Ferdinand  Olivier.  D'un  caractère 
droit,  bienveillant  et  enthousiaste,  il  était  très  aimé  de 
ses  jeunes  élèves.  Ses  distractions  nombreuses  sont  res- 
tées célèbres  et  ont  donné  lieu  à  une  foule  d'anecdotes. 
Ce  fut  lui  qui  apprit  à  lire  au  roi  de  Prusse  Frédéric- 
tTuillaume  IV.  Sa  méthode  de  lecture  fut  d'abord  em- 
ployée par  lui  à  l'enseignement  du  français;  mais  il  résolut 
de  l'appliquer  ensuite  à  la  lecture  de  l'allemand.  Ce  qui 
caractérise  cette  méthode,  c'est  la  prétention  de  ramener 
à  une  analyse  rigoureuse  et  scientifique  les  éléments  de 
la  parole.  Avant  d'enseigner  à  ses  élèves  le  nom  des  lettres 
et  la  forme  des  caractères,  Olivier  leur  apprenait  à  dis- 
tinguer les  nuances  des  sons  et  à  les  classer  selon  les  or- 
ganes qui  servent  à  les  prononcer.  Il  enseignait  ensuite 
l'alphabet  usuel  au  moyen  d'images  représentant  des  ob- 
jets dont  le  nom  contenait  la  lettre  à  prononcer.  C'est  le 
système  de  lecture  par  écho  déjà  employé  par  Bertrand 
et  Daubanton,  ainsi  appelé  de  ce  (jue  souvent,  pour  ap- 
prendre à  prononcer  certains  groupes  de  caractères,  il 
suflit  de  retenir  le  son  final  d'un  mot,  ou  son  écho:  mou- 
lin... in;  éventail...  ail.  Olivier  t'ait  prononcer  les  con- 
sonnes en  y  joignant  la  lettre  e,  placée  alternativement 
avant  et  après,  el,  le  ;  eni,  me  ;  ce  procédé  est  celui  Jii 
chanoine  Cherrier.  Les  lettres,  une  fois  connues,  sont  col- 
lées sur  de  petits  morceaux  de  carton  que  l'élève  apprend 
ensuite  à  assembler  pour  former  les  syllabes  et  les  mots. 
M.  Rapet  a  noté  des  analogies  entre  cette  méthode  et 
celle  de  François  de  Neufchàteau.  Il  faut  aussi  la  rappro- 
cher de  la  stratilégie  de  M.  de  Laffore.  Après  avoir  at- 
tiré à  Olivier  un  grand  nombre  d'élèves,  même  étrangers, 
cette  méthode  fut  abandonnée  comme  compliquant  l'en- 
seignement de  la  lecture  au  lieu  de  le  simplifier.  Il  pu- 
blia :  Die  Kunst  lesen  und  rechlschreiben  \u  lehren... 

GRANDE  ENCVCLOPÉfilK.    —   X\V. 


(Leipzig,  1801,  in-8;  "2*^  éd.  ixmèliovèe,  ibid.,  in-8; 
Suppl.,  ibid.,  1802,  in-8);  Ueber  den  Charakter  und 
Werth  guter  natiirlicher  Unterrichtsmethode  (1802, 
in-8)  ;  Versuch  einer  Charakleristik  volkommen  na- 
turgemœssen  Leselehrart  (Dessau,  1804,  in-8);  Ortho- 
epographisches  Elementarwerk,  manuel  de  l'art  de 
parler,  de  lire  et  d'écrire  correctement  appliqué  à  chaque 
langue  ;  1»'®  partie  théorique,  ou  exposition  du  système 
orthoépographique,  l^'^-3<'  section  avec  4  pi.  (Dessau, 
1804).  Une  2*^  partie  contient  les  procédés  utiles  à  l'u- 
sage du  maître  (1804,  gr.  in-8)  ;  holgende  Lehrmittet 
(3  grandes  planches,  6  grands  tableaux  alphabétiques,  livre 
de  lecture  élémentaire  avec  grandes  et  petites  lettres). 

Georges  Aillet. 
BiBL.  :  Meusee,  Gelehrtes  Deutschland. 

OLIVIER  (Johann-Heinrich-Ferdinand  von),  peintre  et 
lithographe  allemand,  né  à  Dessau  le  1^''  avr.  1785, 
mort  à  Munich  le  11  févr.  1841,  fils  du  précédent.  Il 
suivit  d'abord  les  leçons  de  K.-W.  Kolbe  et  de  Handen- 
wang,  puis,  en  1804,  il  vint  à  Dresde  étudier  sous  Jakob 
Mechau.  En  1807,  il  se  rend  avec  son  frère  Ilelnrich  à 
Paris,  chargé  sans  doute  d'une  mission  politique,  et  il  y 
peint  un  portrait  équestre  de  Napoléon  1^^\  qui  est  à 
Dessau.  En  1811,  il  quitte  Paris  pour  Vienne,  oùilpubfie 
en  1823  une  suite  de  lithographies  sur  le  pays  de  Salz- 
bourg.  En  1833,  il  est  nommé  professeur  de  l'histoire  de 
l'art  à  Munich.  Il  a  peint  des  tableaux  d'histoire  et  des 
paysages  historiques  signés  F.  0.  On  en  voit  aux 
musées  de  Leipzig  et  de  Râle,  au  musée  de  Staedel  à 
Francfort  et  dans  l'église  de  Worlitz. 

Son  frère  aîné,  Heinrich,  né  à  Dessau  en  1783,  mort 
à  Rerlin  le  3  mars  1848,  a  beaucoup  travaillé  avec  lui. 
Il  y  a  des  peintures  de  Heinrich  dans  les  églises  de  sa 
ville  natale. 

Son  plus  jeune  frère,  Woldemar-Friedrich,  né  à 
Dessau  en  1791,  mort  à  Dessau  en  1859,  a  suivi  ses 
leçons  à  partir  de  1811  ;  en  1815,  il  voyagea  en  Angle- 
terre ;  en  1818,  il  était  à  Rome  auprès  d'Ôverbeck;  après 
avoir  séjourné  à  Vienne,  il  vint  à  Munich  en  1829  et  il  y 
exécuta  des  fresques  dans  le  palais  royal.  Il  a  peint  des 
paysages  avec  personnages  historiques.  E.  Br. 

OLIVIER  (Juste),  poète  suisse,  né  à  Eysius  le  18  oct. 
1807,  mort  à  Genève  le  7  janv.  1876.  Ilfit  ses  études  à 
l'Académie  de  Lausanne  où  il  eut  un  prix  pour  un  poème 
intitulé  Julia  Alplnula.  Un  séjour  à  Paris  en  fit  l'ami  de 
Sainte-Reuve.  Il  enseigna  la  littérature  à  Neuchàtel,  puis 
rhistoire  pendant  douze  ans  à  l'Académie  de  Lausanne. 
La  révolution  de  1845  le  déposséda  de  sa  chaire  ;  il  alla 
s'établir  à  Paris  oii  il  vécut  vingt-cinq  ans.  Au  moment 
de  la  guerre  de  1870,  il  revint  en  Suisse.  Eugène  Ram- 
bert  a  consacré  une  étude  importante  à  sa  vie  et  à  son 
œuvre  (jui  compte  un  livre  historique  :  le  Canton  de 
Vaud;  des  études  d'histoire  nationale;  des  romans,  le 
Pré  aux  noisettes,  le  Batelier  de  Clarens,  et  surtout 
des  remarquables  volumes  de  vers,  Chansons  lointaines, 
Chansons  du  soir,  etc.  F.  K. 

Bir.E.  :  Bertiioud.  J.  0/if;tcr;  Neucliàtel,  1880. 

OLIVIER  (Urbain),  écrivain  suisse,  frère  du  précédent, 
né  à  Eysins  (Vaud)  le 3  juin  1810.  mort  àGivrins  (Vaud) 
le  25  févr.  1888.  D'abord  destiné  à  l'agriculture.  Urbain 
Olivier  ne  commença  à  écrire  qu'à  trejile  ans.  Il  dioisit 
pour  cadre  de  ses  romans,  au  nombre  d'une  quarantaine, 
le  pied  du  Jura.  On  lui  a  reproché  d'être  un  peu  prêcheur, 
il  n'en  a  pas  moins  exercé  une  grande  influence  morale 
dans  la  Suisse  romande.  Au  nombre  de  ses  meilleurs 
livres,  il  faut  citer  :  Récits  dechasse,  l'Orphelin,  Adolphe 
Mory,  le  Manoir  du  Vieux-Clos,  la  Maison  du  Ravin, 
Rosette,  l'Interné,  la  Paroisse  des  Avaux.       E.  K. 

BiBL.  :  Duplan-Olivier,  U.  Olivier  et  son  œuvre  comme 
moraliste;  Lausanne,  1889. 

OLIVIER  DE  PuYMANEL,  général  annamite,  d'origine 
française,  né  à  Carpentras  en  1767,  mort  près  de  Malacca 
en  1800.  Il  était  officier  de  génie  lors  de  l'arrivée  en 

23 


OLIVIER  —  OLLAINVILLE 


354 


France    de  révèqne   d'tVdraii,    Pigiicau   de  Béliaiiie,  qui 
venait  demander  au  roi  Louis  XVI  aide   et  secours  en 
faveur  du  roi  de  Cochinchine,  Nguyen-Anh.  Olivier  de 
Puymanel  s'embarqua  avec  lui  sur  la  frégate  la  Méduse, 
pour  aller  tenter  la  fortune  en  Extrême-Orient.  En  com- 
pagnie de  plusieurs  officiers  :  Gliaigneau,  de  Forçant,  Van- 
nier, Dayot,  Guillon,  Giiilloux,  Girard  de  l'Isle-Sellé,  offi- 
ciers de  marine;   Lel)ran,   ingénieur;   Barisy,    colonel; 
Despiaux,  médecin,  il  débarcpa  à  Saigon  en  1790  et  fut, 
ainsi  que  ses  compagnons,  reçu  à  bras  ouverts  par  Nguyen- 
Anh.  Ce  furent  ces  hommes  qui  réorganisèrent  l'armée  de 
Nguyen-Anh  et  fortifièrent  le  pays  contre  les  incursions 
des  Tay-Son.  Olivier  de  Puymanel  s'occupait  plus  spécia- 
lement des  ouvrages  du  génie,   fonte  de  canons,   défense 
des  cotes  et  des  forteresses.  Actif  et  inteUigent,  il  fat  si 
utile  à  Nguyen-Anh  que  celui-ci  le  nomma,   en  ITOi, 
général  en  chef  de  ses  troupes.  Ce  fnt  grâce  à  lui  que 
Nguyen-x4nh  remporta  des  victoires  sur  ceux  qui  lui  dis- 
putaient le  pays.  En  butte  aux  sourdes  menées  des  Anglais, 
qui  voyaient  avec  peine  un  homme  de  cette  valeur  s'établir 
en  Indo-Chine,  ayant  à  subir  de  violentes  attaques  de  la 
part  de  l'entourage  de  Nguyen-Anh,  il  donna  sa  démission. 
En  reconnaissance  de  ses  services,  le  roi  de  Cochinchine  lui 
offrit  un  navire  tout  armé,  chargé  de  marchandises,  avec 
lequel  Olivier  de  Puymanel  trafiqua  dans  les  mers  d'Extrême- 
Orient.  Il  gagna  ainsi  de  grandes  richesses. 
OLIVIER  Le  Dain  (V.  Le  Dm). 
OLIVIERS  (Mont  des).  Nom  donné  dans  l'Ancien  et  le 
Nouveau  Testament  aux  hauteurs  qui  font  face,  de  l'autre 
côté  de  la  vallée  du  Cédron,  à  la  colline  du  temple  de  Jé- 
rusalem. Le  sommet  le  plus  septentrional  et  le  plus  élevé 
(818  m.),  le  Karm  es-Saiyad,  fut  appelé  «  YiriGalilsei  » 
(les  hommes  de  Galilée)  parce  qu'on  y  plaça  la  scène  des 
Actes  des  Apôtres  (i,  11).  On  a  voulu  y  voir  aussi  la«  Ga- 
lilée »  de  Matthieu  (xxvi,  32).  Une  petite  chapelle  mo- 
derne y  a  été  construite.  Le  sommet  voisin,  le  Djebel  et- 
Tour,  le  mont  des  Oliviers  proprement  dit,  passe  pour  le 
lieu  de  l'ascension  du  Christ  (d'après  Actes,  i,  12);  mais 
cette  tradition  est  en  contradiction   avec  le  témoignage 
de  Luc  (xxiv,  50),  qui  indique  Béthanie.  A  cette  époque 
d'ailleurs,  le  Djebel  et-Tour  était  complètement  couvert 
de  constructions.  Constantin  y  fit  élever  une  basilique  sans 
toit,  et  l'on  montrait  comme  aujourd'hui  les  traces  sur  le 
sol  du  pied  de  Jésus.  Au  vn^  siècle,  une  église  ronde  y  fut 
construite  par  Modestus.  Détruite  par  Hakem  auxi^  siècle, 
les  Croisés  la  remplacèrent  en  11 30 par  une  grande  église. 
Celle-ci  fut  encore  détruite  et,  après  Saladin,  s'éleva  à  la 
place  une  construction  octogone  avec  coupole  à  l'usage  des 
musulmans,  qui  subsiste  encore.  Les  chrétiens  ont  la  per- 
mission d'y  dire  la  messe  le  jour  de  l'Ascension.  A  côté 
est   un    couvent    de  derviches,    l'ancienne    abbaye  des 
augustins.    Près    du  village  musulman  de  Kefr  et-Tour 
sont  bâties  l'église  russe   et  une  tour  dont  la  vue  em- 
brasse jusqu'aux  monts  de  Moab.  Aux  Russes  appartient 
encore,  outre  un  jardin  de  Gethsémané  à  leur  usage,  le 
curieux  tombeau  dit  des  Prophètes,  où  sont  gravés  des 
graffiti  grecs  d'époque  chrétienne.  Les  Latins  possèdent  le 
couvent  des  carmélites  avec  les  emplacements  du  Credo 
e(  du  f^a/t'/'nas/É^7'.  Au-dessous,  vers  la  valJée  du  Cédron. 
on  rencontre  le  jardin  de  Gelhsémané,  Léglise  du  tomlieau 
de  la  Vierge  et  une  vieilh^  nécropole  juive.  Le  versant  \]. 
porte  Bethphagé  et  plus  loin  Béthanie  L(>  moni  des  Ofi- 
vif^rs  s*^  prolông»^  au  S  par  b>  Djebel  Bain  oMIa'^a  qu'on 
identitie  avec  1^  inoiii  du  Scandale  ou  Sa.lomon  adora  les 
dieux  étrangers  (L  Wois,  xi,  4  et  suiv.).  Au  pied  du  ver- 
sant 0.  de  cette  colline  est  construit  le  village  do  Siloé 
(Silouan).  René  Dcssaud. 

OLIVILE.  Form.   S  Equiv C^WW. 

L'olivile  a  été  découverte  par  Pelletier  dans  la  racine 
d'olivier,  sa  composition  a  été  fixée  par  Sobrero.  On  l'ob- 
tient simplement  en  traitant  la  gomme  d'olivier,  d'abord 
par  l'éther,  puis  par  l'alcool  absolu  bouillant.  Ce  dernier 


dissout  Folivile.  Ce  sont  des  aiguilles  incolores,  brillantes, 
aplaties  et  rayonnées  qui  fondent  à  119».  Les  solutions 
sont  amères  et  sucrées.  Il  fournit  de  l'eugénol  par  distil- 
lation. Les  agents  d'oxydation  le  détruisent  facilement  : 
l'acide  azotique,  par  exemple,  le  transforme  en  acide  oxa- 
lique. Le  permanganate  de  potasse  donne  de  la  vanilHne. 
L'acide  sulfurique  versé  dans  une  solution  concentrée 
d'olivile  précipite  des  flocons  rouges  insolubles  dans  l'eau 
d'une   nouvelle  substance,  l'olivirutine.  L'olivile  est  un 

1   corps  réducteur  vis-cà-vis  les  solutions  d'or  et  d'argent. 

j  BiBL.  :  I^i'LLr.Tiiai,  Ann.  de  Clilm.  et  de  PJiys.,  1816, 
(.III,  p.  105.  —  Soi3ii]:r(3.  Ami.  der  Cliem.  u.  Pharm.. 
i.  LIV,  p.  07. 

OLIVINE  (Miner.)  (V.  Péuidot). 
OLIZY.  Com.  du  dép.  des  Ardennes,  arr.  de  Vouziers, 
cant.  de  Grandpré;  537  bal). 

OLIZY.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  de  Reims, 
cant.  de  Chàtilion-sur-Marne  ;  2:29  hai). 

OLIZY.  Com.  du  dép.  de  la  Meuse,  aif.  de  Montmédv, 
cant.  de  Slenay;  514  hab. 

OLKÉNIKI.  BourgdeRussie,  gouv.età46kil.  S.-O.  de 
Vilna,  district  de  Novyié-Troki,  sur  la  Méretchanka  ; 
319  hab. 

OLKHON.  La  plus  importante  des  îles  du  lac  Baikal 
(Sibérie),  gouv.  d'Irkoutsk,  près  de  la  rive  N.-O.  du  lac 
dont  elle  est  séparée  par  un  détroit  appelé  Olkhonskiia 
Voroia  et  Peiile  mer.  Olkhon  n'est  que  le  prolongement 
jiaturel  de  la  chaîne  des  monts  Kaikal  rompue  par  la  val- 
lée du  détroit.  Longueur,  75  kil.  ;  largeur,  15  kil.  Le  pre- 
mier explorateur  russe  de  File  fut  Kourbat  Ivanov,  en 
1643.  AiixviiF^  siècle,  un  autre  voyageur,  Georghi,  visita 
la  côte  N.-O.  de  File.  Ruines  cFune  forteresse  mongole. 
Les  Bouriates  prétendent  que  les  troupeaux  de  Djenghis- 
Khan  paissaient  sur  l'Olkhon,  et  qu'on  voit  encore  une 
chaudière  abandonnée  par  ses  troupes  sur  une  des  mon- 
tagnes de  File.  Une  grande  partie  d'Olkhon  est  couverte 
de  forêts  (pins,  bouleaux,  etc.).  Nombreux  oiseaux  aqua- 
tiques, beaucoup  de  phoques  sur  la  rive  E.  de  l'île,  les 
eaux  environnantes  sont  très  poissonneuses.  Un  millier 
d'habitants  cà  peu  près,  tous  Bouriates,  s'occupent  de  l'éle- 
vage des  chevaux  et  de  pêche.  Le  plus  grand  village  de 
file  est  Dolonargoun,  plus  de  100  hab.  M.  C. 

OLKUSZ.  Ville  de  la  Pologne  russe,  gouv.  de  Kielce. 
CheFlieu  de  district,  sur  la  Baba;  4.000  hab.  en  majorité 
Israélites.  Jadis  riche  et  populeuse,  grâce  aux  mines  d'ar- 
gent et  d'étain  exportés  alors  dans  le  voisinage,  la  ville 
est  maintenant  en  pleine  décadence.  Carrières  de  marbre 
noir  dans  les  environs. 

0LLAPodrida(0////,  Olio).  Ragoût  de  viande  etlégumes, 
I  rès  épicé,  qui  se  mange  en  Espagne  et  dans  le  S.  de  la  France. 
]/()lla  podrida  ou  pot  pourri,  mets  national  espagnol, 
comprend  des  poissons,  de  la  volaille,  du  jambon,  du  lard, 
des  oignons,  des  légumes  variés,   du  poivre...  ;  le  tout 
additionné  d'un  peu  d'eau  est  cuit  dans  un  vase  bien  clos. 
La  formule  classique  est  la  suivante  :  0  livres  de  poi- 
trine de  bœuf  désossée  et  roulée,  une  queue  de  mouton 
parée,  une  perdrix  et  un  canard  troussés  comme  pour 
entrée,  300  gr.  de  jambon  fumé,  300  gr.  de  poitrine  de 
porc  fumé,  deux  petits  saucissons,  G  laitues  et  un  choux 
Idanchis,  I  livre  de  pois  chiclies  secs  li'empés  pendant  un 
jour  entier.  Ou  peut  avec  ces  ingrédients  opérer  comme 
jHjui'  uji  pol-au-feu  ordinaire  ei  })j'éparer  un  potage  au 
riz.  ou  i)ien  nire  revenir  les  viandes  avec  du  lard  fondu, 
ajoiit<:^r  b^s  légumes  et  fane  «uii'<'  en  ^ase  ferme  pendant 
':h:  d  se]»t  heures,  a  feu  doux,  sans  rien  ajouter.  Les 
pauvres  se  contentent  d"un  peu  de  viande,  avec  du  lard, 
des  choux,  une  poignée  de  poischiches,  du  piment  rouge. 
—  Les  cuisiniers  préparent  les  olla  podrida  les  plus  variées 
avec  gibier,  poissons,  volailles,  charcuterie,  œufs  durs. 

Les  différentes  pièces  cuites  ensemble  sont  ensuite  servies 
côte  à  côte  avec  sauces  appropriées. 

OLLAINVILLE.  Com.  du  dép.  de  vSeine-et-Oise,  arr.  de 
Corbeil,  cant.  d'Arpajon  ;  485  hab. 


-  355  - 


OLLAÏNVILLE  —  OLLIYIER 


OLLÂINVILLE.  Corn,  du  dép.  des  Vosges,  arr.  de 
Neuf  château,  cant.  de  Châlenois  ;  184  hab. 

OLLANS.  Corn,  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Besançon. 
cant.  de  Marchaux  ;  95  hab. 

OLLÉ.  Corn,  du  dép.  d'Eure-et-Loir,  arr.  de  Chartres, 
cant.  d'IUiers  ;  493  hab. 

OLLÉ-Laprune  (Léon),  philosophe  français  contem- 
porain, né  à  Paris  le  25  juiL  1839,  mort  à  Paris  le 
13  févr.  1898.  Élève  de  l'Ecole  normale  supérieure  de 
1858  à  1861,  agrégé  des  lettres  (1861)  et  de  philosophie 
(1864),  professeur  de  philosophie  aux  lycées  de  Nice  (1861- 
64),  de  Douai  (1864-68),  de  Versailles  (4868-71),  au  lycée 
Henri  IV  (18T1-75),  nommé  en  1875  à  la  chaire  de  philoso- 
phie dogmatique  de  l'Ecole  normale,  reçu  docteur  le 
4  juin  1880,  élu  membre  de  l'Académie  des  sciences 
morales  et  politiques  (section  de  philosophie),  en  rempla- 
cement de  M.  Vacherot,  le  18  décembre  1897,  Ollé-Laprune 
unissait  au  culte  de  la  pensée  la  foi  cathoHque  la  plus 
orthodoxe,  et  jamais  il  n'évita  l'occasion  de  professer  en 
public  ce  qu'il  croyait  la  vérité.  Présent  en  1880  à 
l'expulsion  des  carmes  de  Bagnères-de-Bigorre,  il  signa 
la  protestation  rédigée  contre  cette  mesure.  X  la  suite 
de  cet  acte,  il  fut  frappé  de  suspension  pour  une  année. 

Les  principaux  écrits  de  M.  Ollé-Laprune  sont  :  la 
Philosophie  de  Malebranche  (1870);  De  la  Certitude 
■morale  (thèse  française,  1880);  De  Aristoteleœ  Ethices 
fondamento  (thèse  latine,  1880);  Essai  sur  la  morale 
d'Aristote  (4881);  la  Philosophie  et  le  Temps  présent 
(1890);  les  Sources  de  la  paix  intellectuelle  (1892); 
le  Prix  de  la  vie  (1 894)  ;  De  la  Responsabilité  de  chacun 
devant  le  mal  social  (conférence  faite  le  15  mars  1895 
sous  les  auspices  du  comité  de  défense  et  de  progrès 
social);  Ce  quon  va  chercher  à  Piome  (1895);  De  la 
Virilité  intellectuelle  (1896)  ;  Eloge  du  P.  Gratry 
(1896)  J.  Second. 

OLLEHÂIN  (D')  (V.  Bergues  [Adrien  de]). 

OLLE  Y.  Corn,  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle,  arr.  de 
Briey,  cant.  de  Conflans;  351  hab. 

0LLE2Y.  €om.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Saint- 
Quentin,  cant.  de  Saint-Simon  ;  265  hab. 

0LL1ER  (V.  NoiNTEL  [Ch.-F.  Ollier,  marquis  de], 
t.  XXIV,  p.  1172). 

OLLIER  (Edmund),  littérateur  anglais,  né  en  1827, 
mort  à  Chelsea  le  19  avr.  1886.  Fils  de  Charles  Ollier 
(1788-1859),  littérateur  et  grand  ami  de  Shelley,  des- 
cendant d'une  famille  de  réfugiés  français,  il  se  consacra, 
lui  aussi,  tout  entier  à  la  littérature  et  fut  un  collabora- 
teur assidu  du  Daily  News  et  des  revues  littéraires.  Ci- 
tons parmi  ses  écrits  :  Poems  from  the  Greek  Mytholoyij 
andmiscellaneous  Poems  (1867)  ;  OurBritish  Portrait- 
painters  (1874)  ;  lllustratedhistory  of  the  war  between 
France  and  Germany  (1871-72,  2  vol.)  ;  Illustrated 
hislory  oftherusso-turkish  War(idll-19,  2  vol.),  etc. 

OLLIER  (Léopold-Louis-Xavier-Edouard) ,  chirurgien 
français  contemporain,  né  aux  Vans  (Ardèche)  le  2  déc. 
1830.  Interne  des  hôpitaux  de  Lyon,  en  1851,  il  ter- 
mina ses  études  médicales  à  Montpellier,  où  il  fut  reçu 
docteur  en  1856.  Nommé  au  concours  chirurgien  en  chef 
de  l'Hôtel-Di^u  de  Lyon,  en  1860,  déjà  lauréat  de  l'Aca- 
démie de  médecine  et  de  l'Académie  des  sciences,  M.  Ollier 
avait  publié,  de  1860  à  1863,  plusieurs  mémoires  origi- 
naux :  De  la  moelle  des  os  et  de  son  rôle  dans  l'ossi- 
fication; De  l'accroissement  en  longueur  des  os  des 
membres;  De  l' inég alité  d' accroissement  des  deux  extré- 
mités des  os  longs  ;  Nouvelles  Expériences  mr  la  régé- 
nération des  os  ;  lorsque  l'Institut  mit  au  concours  en  1 867 , 
pour  son  grand  prix  de  chirurgie  de  10.000  fr.  (porté  à 
20.000  par  le  chef  de  l'Etat),  la  question  suivante  :  De  la 
conservation  des  membres  par  la  conservation  du  périoste 
et  le  Traité  expérimental  et  clinique  de  la  régénéra- 
tion des  os  (1867,  2  vol.  in-8),  M.  Ollier  obtint  ce  prix 
partagé  ex  œquo  avec  Sédillot.  Cet  ouvrage  considé- 
rable acquit  à  l'auteur  une  juste  et  grande  notoriété. 


Elu  en  1874  correspondant  de  l'Académie  de  médecùie 
et  correspondant  de  l'Institut,  il  prenait  possession,  cji 
1877,  lors  de  la  création  de  la  Faculté  de  médecine  de 
Lyon,  de  la  chaire  de  cUnique  chirurgicale.  Excellent  pro- 
fesseur, habile  et  prudent  opérateur,  U  est  l'auteur  de  tra- 
vaux originaux  devenus  classiques,  parmi  lesquels  :  Des 
résections  des  grandes  articulations  (1870)  ;  Traité  des 
résections  et  des  opérations  conservatrices  (1885-90). 

D^  A.  Dureau. 
OLLIERES  (Les).  Com.  du  dép.  de  l' Ardèche,  arr.  et 
cant.  de  Privas;  1.872  hab.  Consistoire  protestant.  Fila- 
tures et  moulinagcs  de  soie. 

OLLIERES.  Com.  du  dép.  de  la  Meuse,  arr.  de  Mont- 
médy,  cant.  de  Spincourt;  53  hab. 

OLLIERES  (Les).  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Savoie, 
arr.  d'Annecy,  cant.  de  Thorens  ;  486  hab. 

OLLIERES.  Com.  du  dép.  du  Var,  arr.  de  Brignoles, 
cant.  de  Saint-Maximin  ;  219  hab. 
.  OLLIERGUES.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  du  Puy-de- 
Dome,  arr.  d'Ambert;  1.766  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer 
de  Lyon.  Filatures  de  chanvre  et  de  lin.  Tissage  méca- 
nique de  toiles.  Fabrique  de  chapelets.  Restes  d'un  ancien 
château;  vieux  pont. 

OLLIOULES.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  du  Var,  arr.  de 
Toulon  ;  3.966  hab.  La  ville  est  desservie  par  la  stat, 
de  Sanary-Ollioules,  sur  le  chem.  de  fer  de  Marseille 
à  Toulon.  Mines  de  lignite.  Vins  estimés  ;  huiles  renom- 
mées ;  importantes  cultures  fruitières  ;  vergers  d'orangers. 
OlHoules  possède  encore  des  restes  de  son  château  fort  et 
de  ses  anciens  remparts  (xiu^  siècle).  Dans  l'église,  chaire 
sculptée  et  ange  attribué  à  Puget.  Près  d'Ollioules  se 
trouvent  les  gorges  célèbres  que  traverse  la  route  de  Mar- 
seille à  Toulon  et  qui  s'étendent  sur  une  longueur  de  4  kil. , 
formant  un  défdé  étroit  et  tortueux  d'une  complète  aridité 
et  d'un  aspect  étrangement  sauvage.  Les  roches  brûlées  par 
le  soleil,  tourmentées  et  crevassées,  affectent  les  formes  les 
plus  bizarres  et  revêtent  les  tons  les  plus  éclatants  ou  les 
plus  sombres  suivant  qu'elles  sont  plus  ou  moins  éclairées 
ou  laissées  dans  l'ombre.  Le  fond  du  précipice  où  coule 
un  torrent  intermittent,  et  que  longe  la  route,  est  encombré 
de  pierres  et  d'éboulis  et  ajoute  encore  cà  la  sauvage  gran- 
deur du  paysage.  J.  Marchand. 

OLLIVIER  (Démosthène),  homme  politique  français, 
né  à  Toulon  le  25  févr.  1799,  mort  à  La  Motte  (Var)  le 
22  avr.  1884.  Grand  commerçant  à  Marseille,  conseiller 
municipal  de  cette  ville,  il  fut  élu  représentant  des  Bouches- 
du-Rhône  à  la  Constituante  le  23  avr.  1848.  Il  siégea  à 
rextrènie-gauche  et  combattit  assez  vivement  la  politique 
de  Louis-Napoléon.  Non  réélu,  il  continua  à  s'occuper 
activement  de  poHtique.  H  fut  arrêté  et  expulsé  de  France 
pour  avoir  protesté  contre  le  2  Décembre  (1854).  H  sé- 
journa en  Italie  et  rentra  en  France  en  1860. 

OLLIVIER  (Olivier-Emile),  homme  d'Etat  français,  né 
à  Marseille  le  2  juil.  1825,  fils  du  précédent.  Inscrit  au 
barreau  de  Paris  en  1848,  il  fut,  malgré  sa  jeunesse, 
nommé  commissaire  général  de  la  République  dans  les 
Bouches-du-Rhône,  où  il  réprima  un  mouvement  socia- 
liste lors  des  événements  de  juin.  Il  fut  ensuite  préfet 
d€S  Bouches-du-Rhône  et  préfet  de  la  Haute-Marne  jus- 
qu'en 1849.  H  reprit  la  toge  et  plaida  avec  éclat  plusieurs 
procès  politiques.  Le  5  juil.  1857,  il  était  élu  député  do 
la  Seine  au  Corps  législatif.  Membre  de  l'opposition,  il  ne 
tarda  pas  à  prendre  dans  l'assemblée  une  autorité  consi- 
dérable ;  orateur  éloquent  et  clair,  polémiste  redoutable, 
il  brillait  parmi  les  personnalités  si  remarquables  qui 
composaient  le  fameux  groupe  des  Cinq.  Réélu  en  1863, 
Emile  Ollivier  se  dégagea  de  l'opposition  et,  inclinant  de 
plus  en  plus  vers  le  pouvoir,  appuya  souvent  le  ministère 
avec  les  vues  d'un  véritable  homme  d'Etat.  Réélu  encore 
par  le  Var  en  1869,  il  fut  mis  aussitôt  à  la  tête  du  tiers- 
parti  et,  le  2  janv.  1870,  il  devenait  ministre  de  la  justice 
et  des  cultes  et  premier  ministre,  se  chargeant  de  réaliser 
le  rêve  d'empire  libéral  que  Napoléon  HI  avait  formé.  Le 


OLLIVIËR  —  OLLULANUS 


~  356 


ministère  Emile  Ollivier,  partie  centre  droit,  partie  centre 
gauche,  fut  accueilli  avec  froideur,  presque  avec  défiance 
par  le  Corps  législatif.  Ollivier,  avec  une  indomptable 
énergie,  défendait  ses  idées  et  poursuivait  l'application  de 
son  plan.  Le  projet  de  faire  ratifier  l'Empire  libéral  par 
un  plébiscite  détacha  du  cabinet  les  ministres  des  affaires 
étrangères  (Daru),  des  travaux  publics  (de  Talhouet)  et  de 
l'instruction  publique  (Buffet).  Cette  dislocation  eut  un 
effet  inévitable,  celui  de  ramener,  par  la  force  des  choses, 
le  système  du  gouvernement  personnel  et  d'interdire  par 
là  à  E.   Ollivier  la  réalisation  de  son  programme.  11  fut 
bientôt  débordé  d'ailleurs  par  les  événements  formidables 
de  la  guerre  franco-allemande.  Le  lo  juil.  1870,  il  avait 
déclaré  qu'il  en  acceptait  d'un  cœur  léger  les  lourdes 
responsabilités.  On  lui  a  souvent  reproché  ce  mot,  qui 
parut  criminel,  mais  qu'il  avait  pourtant  commenté  aussi- 
tôt :  «  Je  veux  dire  d'un  cœur  que  le  remords  n'alourdit 
pas,  d'un  cœur  confiant,  parce  que  la  guerre  que  nous 
faisons  nous  la  subissons...  »  Les  déclarations,  puis  les 
Mémoires  de  Bismarck  ont  depuis  éclairé  et  justifié  ce 
commentaire.  Les  échecs  successifs  de  nos  armées  acca- 
blèrent le  ministère.  Les  partisans  de  l'empire  autoritaire 
reprenaient  le  dessus  et  le  9  août  1870  Emile  Ollivier  se 
retirait  à  la  suite  du  vote  de  l'ordre  du  jour  déposé  par 
un  ennemi  personnel,  Clément  Duvernois  :  «  La  Chambre, 
décidée  à  soutenir  un  cabinet  capable  d'organiser  la  défense 
du  pays,  passe  à  l'ordre  du  jour.  »  Le  ministre,  dont 
l'avènement  avait  été  si  brillant  et  avait  donné  l'essor  à 
tant  d'espérances,  disparut  de  la  scène  polili([ue  pour  n'y 
plus  reparaître.  Emile  Ollivier  demeura  en  Italie  jusqu'en 
1873.  Rentré  en  France,  il  y  fut  victime  d'une  persistante 
impopularité.  Il  essaya  sans  succès  de  briguer  un  siège  de 
député  à  Brignoles  et  à  Draguignan  en  1876  et  en  1877. 
Elu  membre  de  l'Académie  française  en  1870,  en  rempla- 
cement de  Lamartine,  il  ne  put  jamais  lire  son  discours 
de  réception  ;  il  eut  des  conflits  répétés  avec  la  Compagnie 
et  finit  par  renoncer  à  participer  à  ses  travaux.  Collabo- 
rateur d'un  grand  nombre  de  revues  et  de  journaux  où, 
à  diverses  reprises,  il  est  intervenu  d'une  manière  reten- 
tissante dans    les  questions  qui  passionnaient  l'opinion 
publique  (notamment  les  décrets  sur  les  congrégations  reli- 
gieuses), Emile  Ollivier  a  publié  des  ouvrages  de  juris- 
prudence, de  politique  et  d'histoire  écrits  avec  la  netteté 
et  la  distinction  qui  caractérisent  son  éloquence.  Citons  : 
Commentaire  de  la  loi  sur  les  saisies  immobilières  et 
sur  les  ordres  (Paris,  1859,  in-8);  Commentaire  de  la 
loi  sur  les  coalitions  (1864,  in-32)  ;  Démocratie  et 
Liberté  {i861 ,  in-8)  ;  Le  i9  janvier  (1869,  in-12)  ;  Uîie 
Visite  à  la  chapelle  des  Médicis  (1872,  in-18);  Lamar- 
tine (1874,  in-12),  texte  de  son  discours  de  réception  à 
l'Académie  française  avec  le  récit  des  incidents  qui  en  ont 
empêché  la  lecture  en  séance  publique  ;  le  Ministère  du 
2  janvier  (1873,  in-12);  Principes  et  Conduite  (iSl^, 
in-12);  Thiers  ci  l'Académie  et  dans  l'histoire  (1879, 
in-12);  l'Eglise  et  l'Etat  au  concile  du  Vatican  (1879, 
2  vol.  in-12);  le  Pape  est-il  libre  à  Rome?  (1882, 
in-12);  le  Concordat  est-il  respecté?  (1883,  in-12);  le 
Concordat  et  U  Gallicanisme  (1885,  in-12)  '.Nouveau 
Manuel  de  droit  ecclésiastique  français  (1885,  in-121); 
1789  et  1889   (1889,  in-12)  ;  Michel-Ange  (1892, 
in-L2);  l'Empire  libéral,  Eludes,  liéciis  et  Souvenirs 
(1894-98,  3  vol.  in-12)  ;  Solutions  politiques  et  so- 
ciales (1894,  iji'12)  ;  Marie-Magdeleine,  Récits  de  jeu- 
nesse (1896,  in-12).  ^  R.  S. 

BiBL.  :  E.  FRENr-iv'Rft.  Emit  OlUûicr.  dans  Preusstsche 
Jdhrbucher,  1870,  t   \XY. 

.OLLIVIER  (Auguste) ,  médecin  français ,  ne  a  Saint- 
Calais  le  13  mai  1833,  mort  à  Paris  le  5  mars  1895. 
Reçu  docteur  à  Paris  en  1863,  il  devint  en  1865  le  chef 
de  clinique  de  Grisolle.  Médecin  du  bureau  central  en 
1867,  agrégé  en  1869,  il  remplit  pendant  plusieurs  an- 
nées les  fonctions  de  sous-bibliothécaire  à  la  Faculté  de 
médecine  jusqu'en  1 876 .  Après  avoir  été  attaché  à  Fhospice   i 


d'Iyry,   à  l'hôpital  Necker  et  à  l'hôpital  Saint-Louis,  il 
dirigea  un  service  important  à  l'hôpital  des  Enfants-Ma- 
lades, n  entra  en  1887  à  l'Académie  de  médecine  dans  la 
section  d'hygiène  publique  et  de  médecine  légale  ;  ce  fut 
la  consécration  des  remarquables  rapports  qu'il  eut  à  faire 
comme  membre  du  conseil  d'hygiène  de  la  Seine.  Il  a  pu- 
blié sur  l'hygiène  et  la  clinique  infantiles  des  travaux  de 
la  plus  haute  importance.  Il  ne  laissa  d'ailleurs  aucun 
domaine  de  la  médecine  inexploré  et  publia,  en  particu- 
lier sur  les  maladies  gravidiques  et  nerveuses,  une  série 
de  monographies  extrêmement  intéressantes.  La  plupart 
de  ces  travaux  ont  été  réunis  dans  :  Etudes  de  patholo- 
gie et  de  clinique  médicales  (Paris,  1887,  in-8)  et  Le- 
çons cliniques  sur  les  maladies  des   enfants  (Paris, 
1889,  in-8).  Ajoutons  qu'Ollivier  était  un   érudit  dans 
toute  la  force  du  terme  et  qu'il  s'intéressait  particulière- 
ment à  l'histoire  de  la  médecine   et  à  la  bibliographie. 
OLLIVIER  d'Angers  (Charles-Prosper),  médecin  fran- 
çais,  né   à  Angers  le  11   oct.    1796,  mort  à  Paris  le 
3  mars  1845.  Il  servit  dans  l'armée  et,  lors  de  la  Res- 
tauration, quitta  le  service  pour  étudier  la  médecine  ;  il 
fut  reçu  docteur  à  Paris  en  1823.  Il  ne  tarda  pas  à  ac- 
quérir une  grande  notoriété  par  ses  travaux  sur  la  phy- 
siologie et  la  pathologie  du  système  nerveux  et  sur  la 
médecine  légale   à  laquelle  il  se  livra  avec  le  plus  grand 
succès  sous  les  auspices  d'Orfila.  Il  siégeait  au  Conseil  de 
salubrité  et  à  l'Académie  de  médecine,  et  dans  maintes 
circonstances  délicates  fut  chargé  de  rapports  par  les  tri- 
bunaux. Ouvrages  principaux  :  De  la  moelle  épinière  et 
de  ses  maladies  (Paris,   1823,   in-8)  ;    Traité   de  la 
moelle  épinière  et  de  ses  maladies  (Paris,  1824,  in-8  ; 
3«  éd.,  1837,  2  vol.  in-8  ;  trad.  en  allemand  en  1824 
et  en  italien  en  1835-39)  ;  Histoire  anatomique  et  pa- 
thologique des  bourses  muqueuses  de  l'homme  (Paris, 
1830,  in-8)  ;  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  pa- 
thologie du  cœur  (Paris,   1834,  m-8)  ;  Considérations 
sur  les  morts  subites  (Paris,  1838,  in-8);  Essai  sur  le 
traitement  de  la  descente  de  l'utérus  (Paris,  1842, 
in-8)  ;  nombreux  articles  dans  les  Archives  de  méde- 
cine, le  Dictionnaire  en  21  volumes,  etc.     D^"  L.  Hn. 

OLLOIX.  Com.  du  dép.  du  Puy-de-Dôme,  arr.  de  Cler- 
mont,  cant.  de  Saint-Amand-Tallende  ;  445  hab. 

OLLON.  Com.  du  dép.  de  la  Drôme,  arr.  de  Xyons, 
cant.  de  Buis-les-Baronnies  ;  58  hab. 

OLLON.  Localité  du  district  d'Aigle  (Vaud,  Suisse)  ; 
3.250  hab.  La  commune  comprend  une  vingtaine  de 
villages  et  hameaux,  dont  plusieurs  situés  dans  la  mon- 
tagne ;  Chésières  et  Villars,  par  exemple,  sont  très  connus 
comme  séjours  d'étrangers. 

OLLULANUS  (Zool.).  Groupe  deNématodes,  de  la  fa- 
mille des  Strongylides,  dénommé  de  la  forme  de  sa  cap- 
sule buccale  {plia,  urne),  établi  par  Leuckart  en  1865 
pour  une  espèce  (0.  tricuspis)  parasite  du  chat.  La  bourse 
caudale  du  mâle  est  formée  de  deux  valves  dont  chacune 
est  soutenue  par  dix  côtes  ;  il  existe  deux  spicules  épais 
et  courts.  La  femelle  ne  dépasse  guère  1  millim.  de  lon- 
gueur, son  corps  est  épais  et  terminé  par  trois  pointes  ; 
elle  n'a  qu'un  seul  ovaire  et  la  vulve  est  en  avant  de 
l'anus  ;  elle  est  vivipare  et  ses  embryons  sont  de  taille 
<'onsidérable   (320   (j.   de  long  sur  lo  de  large),  aussi 
n\m  contieul-elle  guère  plus  de  trois.  Pour  ])oiivou'  évo- 
luer, «es  «Mubryons  doivent   quitter   Thôte  maternel   et 
gagner  un  autre  hôte,  mais  beaucoup  d'entre  eux  n'é- 
migrent  pas  et  se   rendent   dans   les   tissus  de  ranimai 
'hez  lequel  ils  sont  nés,  pièvi'Cb,   diaphragme  et  sur^ 
tout  poumons  ;  ils  s'enkystent  dans  ces  organes,  pour  y 
périr  bientôt,  mais^  quand  ils  sont  abondants,  ils  peuvent 
déterminer  les  symptômes  d'une  tuberculose  miliaire  qui 
peut  être  mortelle.  Les  embryons  qui  sont  rejetés  avec 
les  excréments  ou  avec  le  mucus  bronchique  peuvent  seuls 
évoluer  :  ils  arrivent  passivement  dans  un  nouvel  hôte 
qui  est  la  souris  ;  ils  se  développent  normalement  chez 
cet  animal  jusqu'à  ce  <(u'il  soit  dévoré  par  un  chat,  ce 


qui  met  les  larves  en  liberté  dans  restoniac.  et  elles  ile- 
viennent  sexuées  dans  la  muqueuse  de  cet  organe. 

OLMES  (Les).  Corn,  du  dép.  du  Rhône,  arr.  de  Ville- 
franche,  cant.  de  Tarare  ;  578  hab. 

OLMET.  Com.  du  dép.  du  Puy nie  Dôme,  arr,  de  Thiers. 
tant,  de  Courpière  ;  9il  hab. 

OLMET-ET-ViLLEciN.  Corn,  du  dép.  de  rHérault,  air. 
et  (-ant.  de  Lodève  ;  109  hab. 

OLMETA-T)T-Câpocorso.  (lom.  du  dép.  de  la  ('orse.  arr. 
deBastia,  cant.  de  Nonza  ;  TSH  hab. 

OLMETA-di-Tloa.  Com.  du  dép.  de  la  (lorse,  arr.  de 
Bastia,  canl.  d'Oletta  ;  5^21  hab. 

OLMETO.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  la  (^orse,  arr.  de 
Sartène,  sur  les  hauteurs  dominant  au  N.  le  golfe  de  Va- 
linco  ;  2.068  hab.  Pâtes  alimentaires,  huileries. 

OLMI.  Rivière  du  dép.  de  la  Co7\se  (V.  ce  mot,  t.  Xlt, 
p.  1085). 

OLMI -Cappella.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  la  Corse, 
arr.  de  Calvi  ;  936  hab. 

OLMI  CCI  A.  Com.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de  Sartène, 
cant.  de  Santa-Lucia-di-Tallano  ;  403  hab. 

OLMO.  Com.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de  Bastia,cant. 
de  Campile  ;  527  hab. 

OLMO  (Paléoethn .  ) .  Localité  célèbre  pour  le  crâne  humairi 
qu'on  y  a  trouvé  à  une  grande  profondeur  en  creusant  une 
tranchée  pour  le  chemin  de  fer,  avec  des  restes  d'éléphant, 
de  cheval  et  un  silex  taillé  (V.  Italie,  t.  XX,  p.  4043). 

OLMUTZ  (tchèque  Olomouc).  Ville  d'Autriche,  seconde 
capitale  de  la  Moravie,  sur  la  r.  dr.  de  la  March  (Mo- 
rava)  ;  d 9.761  hab.  (en  1890),  aux  deux  tiers  allemands. 
Les  murailles,  démantelées  en  1886,  sont  remplacées  par 
une  belle  promenade.  Huit  égHses,  dont  celles  de  Saint- 
Venceslas  du  xiv«  siècle,  Saint-Maurice  des  xi^  et  xii®  siècles  ; 
château  archiépiscopal,  palais  de  justice  (jadis  hôtelde  ville), 
tour  de  78  m.  Brasserie  ;  produits  chimiques  ;  objets  de 
métal.  De  l'Université,  créée  en  1581,  abolie  en  Ï855,  il 
reste  une  faculté  de  théologie  ;  bibliothèque  de  75.000  vol. 
(1.000  incunables)  et  2.500  manuscrits.  AuN.  de  la  ville 
sont  l'ancien  couvent  de  prémontrés  de  Hradisch,  le  Hei- 
ligeberg,   lieu  de  pèlerinage.  —    Olmùtz,  citée  dès  le 
ix«  siècle,  fut,  après  le  partage  de  1055,  la  capitale  d'une 
des  principautés  moraves  des  Przmyslides  ;  un  évêché  y 
fut  créé  en  1063  et  bien  doté.  La  colonie  allemande  reçut 
du  margrave  Vladislav  (1197-1222)  la  charte  de  Magde- 
bourg.  Olmutz  repoussa  les  Mongols  en  1241  et  demeura 
la  capitale  de  la  Moravie  jusqu'en  1640,  où  elle  dut  céder 
ce  rang  à  Brùnn.  C'était  le  centre  de  l'influence  allemande 
dans  le  pays,  contre  les  Hussites  (1421-38),  contre  le  roi, 
Georg Podiebrad  ;  Mathias  Corvin  y  fut  couronné.  Torsten- 
son  la  prit  en  1642,  les  Prussiens  en  1742.  Ils  l'assié- 
gèrent en  1758,  mais  elle  avait  été  fortifiée  dans  l'inter- 
valle, et  Daun  la  débloqua.  Le  2  déc.  1848,  l'empereur 
f'erdinand  y  abdiqua.  Les  28  et  29  nov.  1850  se  tint  la 
conférence  d'Olmûtz,  entre  ManteufiTel,  au  nom  de  la 
Prusse,  Schwarzenberg,  au  nom  de  l'Autriche,  Meyen- 
dorf,  au  nom  de  la  Russie.  Les  affaires  d'Allemagne  y 
furent  réglées  dans  des  conditions  humihantes  pour  la 
Prusse.  —  L'évêché,  institué  en  1063,  fut  érigé  en  arche- 
vêché en  1777.  Dès  1588,  l'évêque  eut  rang  de  prince 
d'empire.  L'archevêque  est  le  seul  d'Autriche  élu  par  le 
chapitre,  lequel  a  conservé  ce  privilège  en  raison  de  sa 
fidélité  à  l'empereur,  en  1619-20.  Les  biens  archiépisco- 
paux sont  évalués  à  plus  de  10  millions  de  fr.     A.-M.  B. 
BiiJL.  :  Fischer.  Gesch.  der  Stadt  Olmutz,  1808-11,  2  vol. 
—  \V.  MiJLLER,  Gesch.  der  Kaiserlichen  Hauptstadt  01- 
rniUz  ;  Vienne,  1882.  —  D'Elvert.  Zut  Gesch.  des  Erzbis- 
tnnts  Olmutz;  Brunn.  1805. 

OLMUTZ  (Wenceslas  d'),  graveur  du  xv^-xvi^  siècle 
(V.  Wenceslas). 

OLNE.  Ville  de  Belgique,  prov.  de  Liège,  arr.  de 
Verviers,  sur  la  Vesdre,  sous-affl.  de  la  Meuse,  à  16  kil. 
de  Liège  ;  3.500  hab.  Fabriques  de  tissus  de  laines  et  de 
canons  de  fusil;  carrières  de  pierre  à  chaux  et  à  pavés. 


'û  —  OLLLLANUS  —  OLONIEB 

OLNE  Y.  Ville  d'Angleterre,  comté  de  Buckingham  ; 
2.400  hab.  (en  1891).  Fondée  parles  Flamands  qui  y  im- 
portèrent l'industrie  de  la  deiitelle.  Cowper  y  vécut  de 
1767  à  1780. 

OLONA.  Riviéro  d'Itnlie.  aftl.  g.  du  Pa.  Elle  naît  au 
\.'E.  de  Varèse  (prov.  de  Corne),  descend  vers  le  S.-E. 
dans  la  plaine  lombarde,  passe  à  Legnano^  à  Milan,  et 
s'y  joint  au  canal  de  Pavie  ;  ses  eaux  arrivent  au  fleuve 
par  diverses  branches;  la  plus  occidentale,  se  détachant  à 
Binasco,  garde  le  nom  d'Olona  et  finit  à  San  Zenone  ;  deux 
autres,  Bettabia  et  Lamhro  méridionale,  vont  à  Melegnano 
(Marignan)  et  San-Angelo  se  jeter  dans  le  Lambio. 

OLONETZ.  VfLLK.  —  Ville  de  Bussie,  gouvernement 
d'Olonetz,  sur  l'Olonka  ;  1.610  hab.  (en  1892).  Citée  dès 
1137,  comme  centre  principal  des  gens  de  Novgorod, 
dans  ces  régions  elle  eut  quelque  importance  au  xvii*^  siècle 
et  fut  fortifiée  en  1649. 

Gouvernement.  —  Gouvernement  de  la  Russie  septen- 
trionale; 148.764  kil.  q.,  dont  21.000  occupés  par  les 
lacs  ;  357 .191  hab.  (en  1892),  soit  moins  de  2 1/2  hab.  par 
kil.  q.  Il  confine  àl'O.  à  la  Finlande,  au  N.  au  gouvernement 
d'Arkhangel,  au  S.-E.àcelui  deVologda,  au  S.  à  celui  de 
Novgorod,  au  S.-O.  à  celui  de  Saint-Pétersbourg,  dont  le 
sépare  le  lac  Ladoga.  LeN.  du  gouvernement  est  une  ré- 
gion accidentée,  lacustre,  continuation  de  la  Finlande  oti 
les  cultures  boisées  d'Olonetz  atteignent  300  m.  Elles 
s'abaissent  à  l'E.  vers  la  vaste  dépression  comprise  entre 
les  mers  Baltique  et  Blanche  où  se  sont  amassées  les  eaux 
des  lacs  Ladoga  et  Onega  ;  ce  dernier  occupe  le  centre  de 
la  province.  Au  delà,  vers  le  S.,  le  sol  se  relève,  les  terrains 
du  N.  sont  formés  de  schistes  cristallins,  granité,  diorite, 
porphyre,  schistes  argileux.  Entre  les  lacs  Onega  et  La- 
doga, s'étendent  des  dépôts  alluviaux  ;  au  S.  du  Svir,  des 
sédiments  siluriens,  à  l'E.  desquels  paraît  la  formation 
dévonienne  qui  borde  la  lisière  septentrionale  du  grand 
bassin  carbonifère  de  Moscovie.  Tout  le  gouvernement 
d'Olonetz  porte  les  traces  de  l'action  glaciaire  et  est  par- 
semé de  blocs  erratiques.  On  y  trouve  quantité  de  gîtes 
métalliques,  surtout  d'excellent  fer,  et  sur  le  fleuve  Onega 
des  perles.  —  Sur  ce  territoire  sont  répartis  2.000  lacs  ; 
le  principal  est  de  beaucoup  l'Onega  (9.572  kil.  q.),  puis 
au  N.  le  Ségoséro  et  le  AVyg,  reliés  d'une  part  au  gmnd 
lac  et  par  lui  à  la  BaUique.  de  l'autre  à  la  mer  Blanche, 
oh  le  \Vym  conduit  leurs  eaux  ;  au  N.-E.,  le  lac  Wodlo, 
tributaire  du  lac  Onega;  à  TE.,  le  lac  Latcha,  d'où  sortie 
fleuve  Onega,  tributaire  de  la  mer  Blanche.  Quant  au  hc. 
Onega,  qui  reçoit  encore  du  S.  la  Wytégra,  il  se  déverse 
par  le  Svir  dans  le  lac  Ladoga.  —  Le  climat  est  froid  et 
humide  :  moyenne  annuelle  -|-  1^,5  ;  estivale  +  13*^,25, 
hivernale  —  10^,1.  Les  variations  de  température  sont 
très  brusques. 

Des  357.191  hab.  la  grande  majorité  sont  Russes,  en- 
viron 50.000  Caréhens  et  9.000  Tchondes.  Les  bois  cou- 
vrent 63  7o  de  la  superficie,  les  sols  incultes  31  7o,  los 
prés  3  7o  et  les  champs  2  1/2  ^o  seulement.  Les  maré- 
cages, très  vastes,  sont  couverts  de  saules  et  d'aunes  ; 
dans  les  forêts  dominent  les  bouleaux  et  les  pins.  On  ré- 
colte en  moyenne  (de  1883  à  1892)  517.000  hectol.  de 
seigle,  760.000  d'avoine,  204.000  d'orge,  14.000  de  pois, 
du  lin  et  des  raves.  H  existait,  en  1891,  65.000  chevaux. 
133.000  bœufs,  96.500  moutons,  5.500  porcs.  Les  habi- 
tants vivent  surtout  de  la  pêche,  de  la  chasse,  de  l'exploi- 
tation des  bois.  Ils  expédient  à  Saint-Pétersbourg  le  gibier 
à  plumes,  des  fourrures  (ours,  écureuils,  hermines,  martres), 
des  champignons,  des  framboises. 

Le  gouvernement  (constitué  en  1802)  se  divise  en  sept 
cercles  :  Kargopol,  Lodeïnoié-Polé,  Oné^a,  Petrozavodsk, 
Poviénez,  Poudoch,  Wytégra.  Le  chef-lieu  est  Petroza- 
vodsk (12.200  hab.). 

BiBL.  :  Helmersen,  le  District  minier  d'Olonetz.  dans 
Mém.  Ac.  ;  Saint-Pétersbourg',  1860.  —  Du  môme,  Observ. 
qéol.  dans  le  district  minier  d'Olonetz.,  1882.  —  Carte  de 
Stkin.  au  1. 260.000*,  1879.  ^ 

OLONIER  (Bot.)  (V.  Arbousier). 


OLONNAIS  —  OLORON 


Bo8  — 


OLONNAIS  (Jean-David  Nâu,  surnommé  F),  chef  de 
flibustiers,  né  aux  Sables-d'Olonne  en  4630,  mort  aux  îles 
Barow,  dans  le  golfe  de  Darien,  en  4671.  Il  partit  en  4650 
de  La  Rochelle  avec  un  propriétaire  des  Antilles  au  ser- 
vice duquel  il  resta  trois  ans  ;  puis  il  passa  à  Saint-Do- 
mingue et  devint  l'un  des  plus  habiles  boucaniers  do  l'île; 
les  Espagnols  résolurent  soudain  de  chasser  les  chasseurs 
étrangers  de  l'île  entière,  et  l'Olonnais  n'échappa  que  diffi- 
cilement au  massacre  de  ses  camarades  ;  il  s'enfuit  dans 
l'île  de  la  Tortue  qui  appartenait  aux  Français  et  jura 
une  haine  mortelle  aux  Espagnols.  Ayant  armé  un  petit 
bâtiment,  il  fit  plusieurs  prises;  le  gouverneur  français  de 
l'île  de  la  Tortue  lui  fournit  un  autre  navire  pour  faire  la 
course  contre  les  Espagnols,  après  le  naufrage  du  pre- 
mier ;  le  flibustier,  après  des  exploits  extraordinaires, 
faillit  être  massacré  sur  la  côte  de  Campèche,  où  il  s'était 
perdu  ;  il  arma  de  nouveau  deux  canots  et  fit  de  nouvelles 
prises.  Il  se  décida  alors  à  s'organiser  plus  fortement  ; 
associé  avec  Michel  le  Basque,  il  réunit  440  hommes  et 
forma  une  flottille  de  huit  petits  bâtiments.  Avec  ces  forces 
nouvelles,  il  fit  des  prises  considérables  et  s'empara  suc- 
cessivement des  villes  de  Maracaibo  (4666)  et  San  Antonio 
de  Gibraltar  qu'il  pilla,  puis  Puerto-Caballo  et  San  Pedro, 
torturant  les  prisonniers  et  menaçant  les  Espagnols.  Il  se 
proposait  de  marcher  sur  Guatemala,  mais  les  flibustiers 
reculèrent  et  la  moitié  abandonna  leur  chef  dont  le  vais- 
seau fut  brisé  par  la  tempête,  près  de  l'île  de  Las  Perlas. 
L'Olonnais  gagna  la  presqu'île  de  Yucatan  et  s'y  maintint 
quelques  mois,  vivant  de  chasse  et  de  pêche;  mais, pressé 
par  la  faim  et  manquant  d'armes,  il  passa  aux  îles  Barou, 
011  il  fut  fait  prisonnier  par  les  Indiens  qui  le  hachèrent 
en  morceaux,  le  rôtirent  et  le  mangèrent.  Ph.  B. 

OLONNE.  Com.  du  dép.  de  la  Vendée,  arr.  et  cant. 
des  Sables-d'Olonne  ;  2.929  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer 
de  l'Etat.  Château  de  la  Pierre-Levée,  l'un  des  quartiers 
généraux  des  Vendéens  en  4793. 

OLONOS  (Mont)  (V.  Erymanthe). 

OLONZAC.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  l'Hérault,  arr. 
de  Saint-Pons  ;  2.440  hab. 

OLO-OT  (V.  Bornéo  [Anthrop.]). 

OLORON.  Ch.-l.  d'arr.  du  dép.  des  Basses-Pyrénées, 
au  confluent  des  gaves  d'Aspe  et  d'Ossau,  dont  la  réunion 
forme  le  gave  d'Oloron;  8.758  hab.  Stat.  du  chem.  de 
fer  du  Midi.  Trois  paroisses,  nombreux  couvents,  petit 
séminaire.  Bibliothèque  publique.  Vice-consulats  d'Es- 
pagne, de  la  République  Argentine  et  de  l'Uruguay. 
Hospice  civil  ;  hospice  Bourt.  Orphelinat.  Filature  de 
laines;  fabriques  de  couvertures  de  laine,  de  ceintures, 
de  bérets,  de  bonneterie  de  Béarn,  de  toile  à  espadrilles, 
d'espadrilles,  de  peignes  en  buis,  de  coutellerie,  de 
cierges  et  de  chandelles,  de  cribles,  de  chocolat.  Scierie 
mécanique,  corroiries,  tanneries,  imprimeries.  Com- 
merce important  avec  l'Espagne  par  les  cols  d'Anso  et 
de  Somport,  consistant  en  laines,  peaux  de  moutons,  jam- 
bons, chevaux,  mulets,  etc.  Entrepôt  des  bois  de  mâture 
des  forêts  des  Pyrénées. 

Histoire.  —  Les  deux  gaves  qui  se  rejoignent  dans  la 
ville  la  divisent  en  trois  quartiers  distincts:  Sainte-Croix, 
sur  le  promontoire  élevé  qui  domine  le  confluent  des  deux 
gaves  ;  Sainte-Marie,  dans  la  plaine  de  la  rive  gauche  du 
gave  d'Aspe  et  le  quartier  neuf,  sur  la  rive  droite  du  gave 
d'Ossau.  Sainte-Croix  a  remplacé  l'ancienne  ville  celtibère, 
puis  gallo-romaine  d'iluro,  l'une  des  douze  cités  de  la 
Novempopulanie.  Dès  l'époque  d'Auguste,  elle  s'étendit 
dans  la  vallée  et  devint  au  iv^  siècle  le  siège  d'un  évê- 
ché.  Désolée  et  ruinée  par  les  invasions  successives  des 
Vascons  au  vi^  siècle,  puis  des  Sarrasins  au  viii^  siècle, 
elle  fut  à  peu  près  abandonnée  pendant  plusieurs  siècles. 
Au  XI®  siècle,  l'évêque  Raimond  P^  reprit  possession  de 
l'éghse  de  Sainte-Marie.  Un  peu  plus  tard,  le  vicomte  de 
Béarn,  Çentule  IV,  prit  possession  de  l'ancienne  ville  cel- 
tibérienne  et  y  construisit  un  château  et  une  église.  La 
ville  féodale  et  la  cité  ecclésiastique  conservèrent  long- 


temps une  existence  distincte.  La  ville  épiscopale  eut  une 
j  histoire  assez  agitée  :  au  xiv®  siècle,  par  la  rivalité  de  pré- 
lats  qui  se  disputèrent  l'évêché  ;  au  xvi®  siècle,  par  les  ten- 
I   tatives  de  l'évêque  Gérard  Roussel  pour  gagner  les  habi- 
j   tants  à  la  Réforme.  Renversé  un  dimanche  de  sa  chaire 
1   ]>ar  ses  auditeurs,  il  mourut  des  suites  de  cette  chute  et 
I   Oloron  devint  le  centre  de  la  résistance   catholique  en 
Réarn.  Montgommery  y  rétablit  le  culte  protestant  eu 
4569,  et  la  Réforme  y  fit  de  nombreux  prosélytes.  En  4589, 
l'avènement  au  trône  de  Henri  IV  et  la  réunion  du  Béarn 
à  la  couronne  qui  en  fut  la  conséquence  firent  cesser  la 
séparation  des  deux  villes,  qui  furent  réunies  sous  la  ju- 
ridiction royale.  En  4685,  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes, 
mais  surtout  les  dragonnades  qui  suivirent  firent  à  peu 
près  disparaître  le  protestantisme.  Lors  de  la  division  de 
la  France  en  départements,  Oloron  fut  d'abord  le  ch,-l. 
du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  mais  Pau  ne  tarda  pas  à  lui 
être  substitué. 

EvÊQUES.  ■—  L'évêché  d'Oloron,  suffragant  d'Auch,  pa- 
raît avoir  été  fondé  à  la  fin  du  iv®  siècle  par  saint  Grat, 
qui  siégea  au  concile  d'Agde  en  506.  Voici  la  Hste  chro- 
nologique de  ses  successeurs  :  Agustius  (?),  554;  Lezer, 
573-585.  Sans  résidence  fixe,  les  évêques  suivants  sont 
douteux:  Abientius,  653;  Zozime,  659;  Tructemonde, 
664  ;  Arcontius,  668.  On  connaît  un  seul  évèque  du 
ix^  siècle,  Gérard,  en  850,  et  deux  du  x^,  Gombaud,  977, 
et  Arsius  Raca,  992.  Le  siège  ayant  été  rétabli  dans  la 
cathédrale  de  Sainte-Marie  au  xi®  siècle,  la  hste  redevient 
plus  certaine  :  Raimond  P^  le  Vieux,  4033-50  ;  Etienne 
de  Mauléon,  4060-78  ;  Amat,  4070-83  ;  Odon  de  Bénac, 
4083-4404  ;  Roger  P^^  de  Sentes,  4402-44  ;  Arnaud  P^ 
d'Araux,  4444-35  ;  Arnaud  H  d'Izeste,  4435-68;  Ber- 
nard P^  de  Sadirac,  4469-95  ;  Bernard  II  de  Morlane, 
4496-4246  ;  Bernard  IH,  4225  ;  Guillaume  P^  de  Cas- 
tanet,  4228-44  ;  Pierre  P^*  de  Gavarret,  4242-54  ;  Guil- 
laume H  de  Gaujac,  4255  ;  Roger  H,  4256-59  ;  Compaing, 
4260-83;  Bernard  IV  de  La  Mothe,  4284-88;  Guillard 
de  Leduix,  4289-4308  ;  Pierre-Raymond  de  Monein, 
4308  ;  Guillaume,  Arnaud  P^  4309-22  ;  Arnaud  IH  de 
Valensun,  4323-44;  Bernard  V  d'En  Julia,  1342-47; 
Pierre  H  d'Estiron,  4348-1370;  Guillaume  IV  d'Assat, 
4374-95.  A  l'époque  du  grand  schisme,  l'évêché  fut  dis- 
puté par  divers  prélats  ;  ceux  de  l'obédience  d'Avignon 
furent  :  Armand  Guilhem  de  Bury,  i  396  ;  Pierre  La- 
forgue (?)  ;  Sance  P^  Muller,  4404";  ceux  de  l'obédience 
de  Rome  furent  :  Ogier  Vilesongnes  (?),  4378;  Pierre 
de  Montbrun  (administrateur),  4404;  Pierre  Salet,  4442, 
avec  lequel  l'unité  fut  rétablie  en  4447  et  qui  siégea  jus- 
qu'en 4424  ;  Guicharnaud  (Guillaume-Arnaud),  4422-26; 
Guiraux  d'Araux  (Gérard  H),  4426-34  ;  Arnaud-Rai- 
mond  P^  d'Espagne,  4  435-50  ;  Garsias  I*^^  de  Faudoas, 
4450-65;  Garsias  H  de  La  Mothe,  4466-75  ;  Sance  H  de 
Casenave,  4475-94  ;  Jean  P^'  de  Pardailhan,  4494-99  (le 
siège  lui  fut  disputé  par  Antoine  de  Corneillan)  ;  Arnaud- 
Raimond  II  de  Béon,  4507-49  (Amanieu,  cardinal  d'Al- 
bret,  administrateur)  ;  Jean  II,  cardinal  Salviati,  4520  ; 
Jacques  de  Foix,  4524-34;  Pierre  IV  d'Albret,  4535; 
Gérard  III  Roussel,  4539-55,  converti  à  la  Réforme  ; 
Claude  Orégon,  4550-80;  Arnaud  IV  de  Maytie,  4599- 
4623  ;  Arnaud  V  de  Maytie,  4623-46  ;  Louis  de  Bassom- 
pierre,  nommé,  mais  non  consacré,  4647  ;  Pierre  V  de 
Gassion,  4648-52  ;  Jean  III  de  Miossens-Sansons,  4653- 
58;  Arnaud  VI,  François  de  Maytie,  4664-58  ;  François- 
Charles  de  Salettes,  4682-4704  ;  Antoine  de  Maigny, 
4704,  nommé,  mais  non  consacré  ;  Joseph  de  Bévol, 
4705-1735;  Jean-François  do  Montihet,  4835-42;  Fran- 
çois de  Révol,  avr.  4742-83  ;  J.-B. -Auguste  de  Villoutreix 
de  Fa3^e,  1783-90;  Barthélemy-J.-B.  Sanadon,  évêque 
constitutionnel,  26  avr.  4794-93.  Supprimé  en  4793, 
l'évêché  d'Oloron  n'a  pas  été  rétabH. 

Monuments.  —  L'ancienne  ville  féodale  de  Sainte-Croix 
conserve  des  ruines  du  château  du  vicomte  de  Béarn  (mon. 
hist.)  du  xiv^  siècle,  de  ses  anciens  remparts,  de  vieilles 


')9 


OLORON 


OLTRAMARE 


maisons  des  xv^,  xvi^  et  xvii^'  siècles,  et  Féglise  Sainte- 
Croix,  bâtie  au  moment  de  la  reconstruction  do  la  ville  ; 
c'est  un  édifice  à  coupole,  avec  bas  côtés  recouverts  de 
voûtes  demi-cylindriques  ;  elle  contient  d'anciens  chapi- 
teaux historiés  et  un  portail  latéral  intéressant  ;  la  façade 
principale,  de  style  roman,  est  moderne.  L'ancienne  ville 
ecclésiastique  renferme  la  cathédrale  Sainte-Marie  (mon. 
(lis t.),  qui  est  aussi  de  construction  romane,  mais  profon- 
dément remaniée  au  xiv^  siècle;  on  construisit  à  cette 
époque  cinq  chapelles  absidates,  on  surliaussa  la  graude 
nef,  on  doubla  les  bas  cotés.  Un  peu  plus  tôt  (xti<^  et 
xnr  s.),  on  avait  construit  devant  la  façade  0.  une  mas- 
sive tour  carrée  percée  à  la  base  d'arcades  gothiques  for- 
mant porche.  Sous  ce  porche  subsiste  l'ancien  et  très 
curieux  portail  joman  de  l'église  primitive,  historié  de 
nombreuses  sculptures.  Du  palais  épiscopal  subsiste  une 
belle  tour  du  xiii^  siècle.  Le  quartier  neuf  possède  une 
éghse  moderne,  Notre-Dame,  de  style  roman.  Y. 

Gave  d'Oloron  (V.  Landes,  t.  XXÏ,  p.  868). 
OLOT.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Gerona,  sur  le  Fluvia  ; 
8.158  hab.  (en  1887).  Filature  de  coton;  draps. 
OLOTS  (V.  Elelthes). 

OLOZAGA  (donSalustiano),  homme  politique  espagnol, 
né  à  Logroho  en  1803,  mort  àEnghien  le  26  sept.  1873. 
Avocat  à  Logrono,  il  dut  fuir  en  France  à  la  suite  d'un 
complot  contre  Ferdinand  VU  (1831)  ;  à  la  mort  du  roi, 
il  rentra,  fut  élu  député  aux  Cortès,  où  il  fut  remarqué 
pour  son  éloquence.  Après  de  nombreuses  variations  poli- 
tiques, il  devint  le  favori  de  la  reine  Christine,  fut  nommé 
ambassadeur  à  Paris  (1840)  ;  chargé  en  1843  de  former 
un  ministère  progressiste,  il  dissout  les  Cortès,  est  mis  en 
accusation,  s'enfuit  en  Portugal,  rentre  en  1846,  est  em- 
prisonné et  expulsé  ;  il  revient  de  nouveau  en  1847  et  re- 
devient un  des  chefs  des  progressistes  ;  il  collabore  à  la 
constitution  de  18o5,  reçoit  de  nouveau  l'ambassade  de 
Paris.  O'Donnell  la  lui  ôte  en  1863  ;  Olozaga  travaille 
alors  à  la  chute  de  la  reine  Isabelle  et,  quand  elle  est  ac- 
complie, le  gouvernement  provisoire  lui  rend  en  déc.  1868 
son  ambassade  de  Paris. 
OLPÉ  (V.  Vase). 

OLPERER  (Mont).  Montagne  des  Alpes  du  Zillerthal, 
3.480  m.  Très  belle  vue.  Ascension  difficile,  par  le  val 
de  Zams. 

OLS-ET-RiGNODES.  Com.  du  dép.  de  l'Aveyron,  arr.  de 
Villefranche,  cant.  de  Villeneuve  ;  260  hab. 

OLSHAUSEN.  Famille  allemande,  dont  les  principaux 
membres  furent  ;  Detleu-Johann-Wilhelm  (f  1823),  théo- 
logien protestant;  ses  trois  fils  :  Heî^mann  (1796-1839), 
théologien  ;  Justus,  orientaliste  réputé  (V.  ci-après)  ; 
Theodor  (1802-69),  un  des  chefs  du  mouvement  allemand 
au  Slesvig-Holstein,  auteur  d'une  Gesch.  clerMormonen 
(Gœttingue,  1856)  et  d'une  Geographiscli-stalistische 
Beschreibung  der  Verrinigten  Slaaten  (1853-55, 3  vol., 
inachevée)  ;  —  Pwbert  Michaelis  (né  à  Kiel  le  3  juil. 
1835),  médecin,  fils  de  Justus,  gynécologue  renommé, 
qui  professe  à  Berlin  et  a  pratiqué  un  des  premiers  l'ova- 
riotomie  et  l'ablation  totale  de  la  matrice,  collaborateur 
de  Billroth  dans  ses  ouvrages  sur  les  maladies  des  femmes  ; 
—  Justus  (né  à  Kiel  le  10  avr.  1844),  criminalistc,  frère 
du  précédent,  auteur  d'un  bon  Kommentar  zuin  Siraf- 
gesetzbuch  fur  das  Deutsche  lieich  (Berlin,  1879-83, 
2  vol.,  ¥  éd.,  1892).  A.-M.  B. 

OLSHAUSEN  (Justus),  orientaliste  allemand,  né  à  ÏIo- 
henfelde  (Holstein)  le  9  mai  1800,  mort  à  BerHn  le  28  déc. 
1882.  Elève  de  Silvestre  de  Sacy  à  Paris,  professeur  à 
l'Université  de  Kiel  (1823),  révoqué  pour  son  opposition 
au  Danemark  en  1852,  il  fut  appelé  à  l'Université  de  Kœ- 
nigsberg  (1853),  puis  à  celle  de  Berlin  (1858-74).  Il  ht 
en  1840  un  voyage  d'études  en  Asie.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  Fragments  relatifs  à  la  religion  de  Zo- 
roastre  (av.  Mohl,  Paris,  1829);  Vendidad  (éd.  critique 
inachevée,  Hambourg,  1829)  ;  Die  Pehlewilegenden  auf 
den  Milnzen  der  letzien  Sassaniden  (Leipzig,  1843)  ; 


des  catalogues  des  manuscrits  arabes  et  persans  de  la 
bibliothèque  de  Copenhague  (1851  et  1857)  ;  des  com- 
mentaires de  Job  (1852);  des  Psaumes  (1853)  ;  Lehrbuch 
der  hebrœischen  Sprache  (Brunswick,  1861,  2  vol., 
dont  le  premier  seul  a  paru);  Priifung  des  Charakters 
der  in  den  assijrischen  Kellinsthriflea  enlhaltenen 
wmitischen  Sprache  (Berlin,  1864);  d'excellents trav aux 
dans  les  Mémoires  de  rAc.iflémie  de  Berlin.     A.-M,  B. 

llii'.L.  :  ,ScifTiAni;iî.  Odiochlni^rode  inif  J.  Olshinisi^n  : 
HrvWn,  ISS:,!. 

OLTCHA  ou  MANGOUN.  Peuple  de  Sibérie,  sur  le  ])as 
Amour,  entre  les  Gliiliaks  au  N.  et  les  (roldes  au  S.  ;  de 
race  toungouse,  très  métissés  do  Gliiliaks.  Ils  vivent  de 
pèche. 

OLTEN.  Ville  de  Suisse,  cant.  de  Soleure,  située  dans 
un  joli  site,  sur  les  bords  de  FAar,  à  401  m.  d'alt.  ; 
4.936  hab.  (en  1889).  Importantes  fabriques  de  chaussures 
(en  particuHer  au  faubourg  de  Schœnenwerd)  ;  filatures 
de  laine,  tissus  mélangés,  teintureries.  La  gare  est  une 
des  plus  actives  de  la  Suisse  comme  point  de  raccordement 
des  lignes  qui,  de  Bâle,  se  dirigent  sur  Soleure  et  le  Jura, 
Berne  et  Thun,  Lucerne  et  le'Saint-Gothard,  Zurich  et 
l'Arlberg.  Premier  centre  du  mouvement  vieux-cathoHque 
en  Suisse. 

OLTEN ITZA.  Ville  de  Roumanie,  cercle  d'Ilfov  (Vala- 
chie),  port  fluvial  du  Danube  à  l'embouchure  de  l'Ardchich  ; 
5.344  hab.  (en  1889).  Nombreux  combats  des  Turcs  et 
des  chrétiens.  Le  4  nov.  1853,  Omer  Pacha  y  battit  les 
Russes;  le  29  juil.  1854,  Saïd  Pacha  leur  infligea  un 
nouvel  échec. 

OLTMANN  (Jean-Frédéric),  littérateur  néerlandais,  né 
à  La  Haye  le  1^^'  sept.  1806,  mort  à  Steenderen  (Gueldre) 
le  29  janv.  1854.  H  fut  l'auteur  de  romans  historiques  très 
goûtés  qui  parurent  d'abord  sous  le  pseudonyme  de  Jan  van 
den  Eaage  :  Het  slot  Lœvenstein  in  i570  (1834,  2  vol.); 
De  schaapherder  (1838,  4  vol.)  ;  une  dizaine  de  nou- 
velles réunies  sous  le  titre  Het  huis  van  het  zeeivijf  be- 
nevens  verspreide  verhalen  (Amsterdam,  1854,  2  Vol.). 
Ses  œuvres  complètes  furent  réunies  en  7  vol.  (8^  éd., 
Rotterdam,  1893). 
BiDL.  :  Biog-raphie  par  Jan  ten  BiirxK. 
OLTRAMARE  (Marc-Jean-Hugues),  théologien  suisse, 
né  cà  Genève  le  27  déc.  1813,   mort  dans  cette  ville  le 
23  févr.  1891.  Ses  études,  très  sohdes,  furent  terminées  à 
Genève  et  complétées  par  un  séjour  à  Tubingue  et  à  Ber- 
lin. Après  quelques  années  de  pastorat,  il  accepta  la  chaire 
d'exégèse  du  Nouveau  Testament  à  la  Faculté  de  théologie 
protestante  de  Genève  (1854),  qu'il  occupa  jusqu'à  sa 
mort.  Outre  de  nombreux  discours  et  brochures  de  polé- 
mique ou  de  théologie,  on  lui  doit,  une  traduction  très 
estimée  du  Nouveau  Testament,  un  Commentaire  sur 
Vépître   aux  Romains  (2^  éd.,    2    gros    vol.,  Paris, 
1881-82)  et  un  Commentaire  de  trois  volumes  sur  les 
épltres  aux  Colossiens,  aux  Ephésiens  et  à  Philémon.  E.  K. 
OLTRAMARE  (Gabriel),  mathématicien  genevois,  né  le 
19  juil.  \MQ,  d'une  famille  originaire  d'Italie,  réfugiée 
à  Genève,  et  dont  le  chef  avait  été  reçu  bourgeois  de 
cette  ville  en  1608  ;  cette  famille  s'était  distinguée  par 
un  attachement  passionné  k  la  Réforme,  pour  laquelle, 
non  sans  péril,  elle  avait  quitté  la  terre  natale.  M.  Oltra- 
mare,  après  avoir  fait  ses  études  de  mathématiques  supé- 
rieures à  Paris,  oti  il  fut  en  relations  scientifiques  avec 
(]auchy,  partit  en  1843  pour  l'Egypte,  appelé  à  diriger 
l'éducation  d'Achmet  Pacha,  fils  d'Ibrahim  Pacha.  Il  n'y 
séjourna  guère  qu'un  an,  des  intrigues  de  palais  l'ayant 
engagé  à  quitter  le  pays.  Il  retrouva  l'année  suivante  à 
Paris  son  élève  Achmet,  resté  sans  amis  et  qui  devait 
plus  tard  périr  d'un  accident,  en  1858,  avant  d'atteindre 
à  la  dignité  de  vice-roi  ;  il  est  probable  que,  sans  cette 
mort  prématurée,  la  carrière  de  M.  Oltramare  eût  été 
tout  autre,  étant  données  la  confiance  et  l'estime  que  le 
jeune  prince  témoignait  à  son  professeur.  Celui-ci,  appelé 
en  1848  à  l'Académie,  devenue    ensuite    Université  de 


OLTRAMARE  —  OLYMPIADE 


?M 


Genève,  n'a  cessé  d'y  enseigner  depuis  lors  les  mathéma- 
tiques supérieures  et  est  devenu  doyen  de  la  Faculté 
des  sciences.  Les  travaux  de  M.  Oltramare  se  rapportent 
:\  l'analyse  et  ù  la  théoiie  des  nombres.  Ils  ont  été 
publiés  dans  de  nombreux  recueils  scientifiques,  parmi 
lesquels  le  Journal  de  Crclle,  les  mémoires  de  ïlns- 
lilut  national  genevois,  et  les  comptes  rendus  de  l'A-s-w- 
ciation  française.  Nous  citerons  de  lui  :  liésohition  de 
Véquafion  indétermio/'e  ax  -\-  bky  =  z  {x^  -h  hf)  ; 
yoie  sur  les  relations  ([ui  existent  entre  les  formes 
linéaires  et  tes  formes  quadratiques  des  nombres  pre- 
miers ;  Considérations  générales  sur  les  racines  des 
nombres  premiers  ;  Sur  la  détermination  des  racines 
primitives  des  nombres  premiers  ;  Résolution  des 
congrnences  du  troisième  degré;  Noie  sur  tes  for- 
mules algébriques  qui  déterminent  une  suite  de 
nombres  premiers  ;  Mémoire  sur  tes  nombres  infé- 
rieurs et  premiers  Cl  un  nombre  donné  ;  Transforma- 
tion des  formes  linéaires  des  nombres  premiers  en 
formes  quadratiques.  Dans  ce  dernier  Mémoire,  la  plus 
f)elle  contribution  de  l'auteur  à  la  théorie  des  nombres, 
M.  Oltramare  généralise  des  résultats  obtenus  par  Jacobi 
et  Libri,  en  employant  une  méthode  tort  originale,  qui 
n'est  pas  absolument  rigoureuse,  mais  qui  mériterait  d'être 
étudiée  en  elle-même.  Comme  analyste,  M.  Oltramare  n'a 
pas  été  moins  fécond  ;  on  lui  doit  notamment  une  ^ote 
sur  les  séries  décroissantes  dont  les  termes  sont  alter- 
nativement positifs  et  négatifs;  et  divers  mémoires  sur 
le  calcul  des  résidus,  sur  les  quantités  infinies,  sur  les 
fonctions  discontinues,  sur  la  théorie  des  séries  pério- 
diques et  mixto-périodiques.  Enfin,  en  1885,  paraît  son 
mémoire  sur  la  généralisation  des  identités,  dans  le- 
quel il  pose  les  bases  d'un  nouveau  calcul,  te  Calcul  de 
généralisation  (V.  Généralisation,  §  Mathématiques), 
auxiliaire  précieux  dans  beaucoup  de  problèmes  difficiles. 
Depuis  cette  époque,  les  publications  de  M.  Oltramare,  qui 
se  trouvent  surtout  dans  les  comptes  rendus  des  Congrès 
de  l'Association  française,  se  rapportent  à  peu  près  exclu- 
sivement au  développement  et  au  perfectionnement  de  ce 
nouvel  instrument  analytique.  C.-A.  Laisânt. 

OLTU  (Rio)  (V.  Aluta). 

OLVERA.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Cadix,  sur  le  Sa- 
lado;  8.613  hab.  (en  1887).  Vieille  enceinte;  château 
ruiné. 

OLVIOPOL.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Kherson,  sur  le 
Roug,  au  confluent  de  la  Sinoukha  ;  5.686  hab.  (en  1892). 
Commerce  de  sel,  de  poissons  secs,  de  blé  La  ville  s'est 
formée  autour  de  la  forteresse  d'Orli,  bâtie  en  1743  sur 
la  frontière  turque,  et  reçut  sa  charte  municipale  en  1773. 

OLYBRIUS  (Aniciu s),  empereur  romain,  mort  en 472. 
Lorsque  Genséric,  roi  des  Vandales,  établi  à  Carthage,  vint 
piller  Rome  en  455,  il  emmena  prisonnière  Eudoxie,  femme 
de  Maxime  et  veuve  de  Valentinien  III,  et  ses  deux  filles, 
Eudoxie  et  Placidie.  Il  maria  aussitôt  l'aînée  à  son  filsHu- 
neric,  puis  réclama  la  dot  de  sa  bru  et  la  rançon  des  deux 
autres  femmes.  Mais  pendant  sept  ans  ses  réclamations 
furent  vaines.  Or  Placidie  avait  été  fiancée  à  Olybrius, 
descendant  de  l'illustre  gens  Anicia,  et  bien  que,  lors  de 
la  prise  de  Rome,  le  jeune  homme,  au  lieu  de  rester  aux 
côtés  de  sa  fiancée,  se  fût  enfui  à  Constantinople,  celle-ci 
^'aimait  encore.  Genséric  entra  en  rapport  avec  Olybrius 
et  se  servit  de  lui  comme  intermédiaire  vis-à-vis  de  l'em- 
pereur d'Orient,  Léon.  Il  lui  promettait  la  main  de  Pla- 
cidie s'il  parvenait  à  le  faire  entrer  en  possession  de  la 
dot  de  sa  sœur.  Olybrius  réussit  dans  ses  intrigues  et 
épousa  Placidie. 

Alors  Genséric  écrivit  au  sénat  de  Rome  et  à  Léon  pour 
leur  persuader  de  choisir  Olybrius  pour  empereur  d'Occi- 
dent. Mais  cette  ouverture  fut  accueillie  avec  dédain.  Le 
Rarbare  s'en  vengea  en  ravageant  les  côtes  d'Italie,  et  par- 
tout ses  soldats  criaient  à  ceux  qu'ils  pillaient  :  «  Faites 
Olybrius  empereur  d'Occident.  »  Mais  les  violences  et  les 
intrigues  d'Olybrius  furent  Vaines.  A  la  mort  de  Maxime, 


Anthémius  devint  empereur  d'Occident  (ii)6).  Une  expé- 
dition commune  fut  préparée  contre  Genséric.  Elle  échoua. 
Cependant  le  Goth  Ricimer  avait  épousé  la  fille  d' Anthé- 
mius. Mais  la  brouille  survenant  entre  le  beau-père  et  le 
gendre,  celui-ci  finit  par  se  rapprocher  de  son  mortel  en- 
nemi, Genséric,  et  songea  à  son  tour  à  opposer  Olybrius  à 
Anthémius.  Olybrius,  (fui,  depuis  plusieurs  années,  vivait 
dans  la  retraite,  occupé  de  bomies  œuvres,  se  laissa  tenter 
par  ce  retour  de  fortune,  et  accompagna  Ricimer  devant 
Rome.  Anthémius  s'enfuit,  et  Olybrius  fut  reconnu  par  le 
sénat  tremblant.  Il  ne  régna  que  quatre  mois  à  peine  et 
mourut  de  mort  naturelle.  André  Raudrillart. 

BiBL  :  Aiiiéclêe  I'hii.rrv.  UdcUs  do  l'hisloire  romaine, 
pp.  8i-i:w. 

OLYMPE  (auj.  Etymbos).  Montagne  du N.  de  la  Grèce, 
sur  la  frontière  de  la  Macédoine  et  de  la  Thessalie,  en 
territoire  ottoman  ;  elle  se  développe  du  N.  au  S. ,  dominant 
la  plaine  littorale  de  i^/Vr/^jusqu' ta  l'embouchure  du  Pénée 
qui  coule  dans  l'étroite  vallée  de  Tempe,  creusée  entre 
l'Olympe  et  l'Ossa.  Le  point  culminant  atteint  2.973  m. 

MvinOLOfiiK.  —  L'Olympe  de  Thessalie  a  été  la  mon- 
tagne sainte  du  polythéisme  grec.  Poussés  par  l'instinct 
nalurel  (|ui  porte  les  p(Hq)les  primitifs  à  placer  sur  les 
hautes  montagnes  le  séjour  de  leurs  divinilés,  les  vieux 
Pélasges  de  Thessalie  (consacrèrent  l'Olympe  à  leur  grand 
dieu  Zeus.  Cette  religion  se  conserva  et  se  développa 
chez  les  Hellènes,  dont  les  diverses  tribus  furent  long- 
temps groupées  autour  de  l'Olympe.  Sur  ces  hautes  cimes, 
qui  semblaient  inaccessibles,  et  que,  le  plus  souvent,  on 
voyait  de  loin  briller,  lumineuses,  au-dessus  des  nuages, 
on  se  représentait  la  ville  forte  et  le  palais  de  Zeus,  bâtis 
par  Hephaistos  {lliad.,  XI,  76;  Odijss.,  VI,  42).  Dans 
une  grande  salle  de  ce  palais  se  réunissaient  non  seule- 
ment les  dieux  de  l'Olympe,  qui  formaient  le  cortège  de 
Zeus,  mais  tous  les  autres  dieux  qui  habitaient  la  terre 
ou  la  mer  (lliad.,  XX,  5).  Les  portes  de  la  cité  divine 
étaient  aussi  celles  du  ciel  {lliad.,  V,  749)  ;  si  bien  que 
l'on  confondit  insensiblement  l'Olympe  et  le  ciel,  et 
qu'enfin  les  deux  mots  devinrent  presque  synonymes.  C'est 
(ians  les  légendes  relatives  à  l'Olympe  que  les  dieux  grecs 
se  dégagèrent  peu  à  peu  des  symboles  ;  ils  se  séparèrent 
des  forces  naturelles,  dont  ils  étaient  à  l'origine  la  per- 
sonnification, pour  revêtir  de  plus  en  plus  la  force  hu- 
maine. De  là,  cette  conception  se  répandit  dans  tout  le 
monde  grec.  On  donna  le  nom  d'Olympe  à  beaucoup  d'au- 
tres montagnes,  à  des  pics  de  Lesbos  (938  m.),  des  envi- 
rons de  Smyrne,  de  l'Ida,  du  Taurus,  de  Rithynie  (auj. 
Ke(;hich-dagh,  au  S.  de  Rrousse,  1.930  m.),  de  Chypre 
(auj.  Troodos,  2.010  m.).  On  appela  Olympe  un  des  som- 
mets du  Lycée  en  Arcadie  ;  c'est  par  là  sans  doute  que  le 
nom  arriva  dans  la  vallée  de  l'Alphée,  où  s'éleva  le  grand 
sanctuaire  de  Zeus  Olympien.  Mais  l'Olympe  de  Thessalie 
resta,  par  excellence,  le  séjour  des  dieux.  Depuis  la  chute 
du  paganisme,  les  prophètes,  les  apôtres  et  les  moines  ont 
remplacé  les  dieux  :  un  des  sommets  de  la  montagne 
sainte  est  consacré  au  prophète  Elie,  un  autre  à  saint 
Denys,  moine  des  Météores.  P.  Monceaux. 

OLYMPE  ou  OLYMPIADE  (Sainte)  (368-410)  (V.  Olym- 
piade [Sainte]). 

OLYMPIA.  Ville  des  Etats-Unis,  cap.  de  Washington, 
au  lond  du  fjord  de  Pugetsound,  sur  un  embranchement 
du  Northern-Pacific  ;  4.698  hab.  (en  1890).  Commerce  de 
bois,  fruits,  laine. 

OLYMPIADE  (Sainte),  née  à  Constantinople  vers  368, 
morte  entre  408  et  420.  Fête  le  17  déc.  Héritière  d'une 
immense  fortune  et  orphehne,  elle  fut  mariée,  en  384, 
par  son  tuteur  Procope  avec  Nébridius,  qui  la  laissa  veuve 
sans  enfants,  deux  ans  après.  Son  refus  de  se  remarier 
avec  un  parent  de  Théodose  l'exposa  à  des  mesures  de 
rigueur  de  la  part  de  Tempereur,  qui  mit  sous  séquestre 
les  biens  de  la  jeune  veuve,  mais  les  lui  rendit  quelque 
temps  plus  tard,  en  la  voyant  inflexible.  Elle  se  voua  alors 
avec  toutes  les  ressources  de  sa  fortune  aux  bonnes  œuvres. 


—  364 


OLYMPIADE  —  OI.YMPIE 


Sa  maison  fut  le  rendez-vous  de  tous  les  indigents  et  de 
tout  le  clergé  de  la  capitale.  Le  patriarche  Nectaire  la  fit 
diaconesse  avant  qu'elle  eût  trente  ans.  Quand  Chrysos- 
tome  succéda  à  Nectaire,  il  dut  ordonner  à  Olympiade  d'em- 
ployer avec  plus  de  discrétion  ses  biens.  Olympiade  fat 
parmi  les  femmes  qui  prirent  publiquement  congé  de  Chr) 
sostome  exilé  (^0  juin  40i),  Elle  fut,  après  rela,  accusée 
d'avoir  mis  le  feu  à  l'église  où  la  scène  des  adieux  avait 
eu  lieu.  Elle  se  défendit  avec  hauteur,  mais  dut  quitter 
r.onstantinople,  sans  j)lus  trouver  de  paix  nulle  part.  On 
perd  ainsi  sa  trace.  F. -H.  K. 

0  LY  M  P I A  D  E .  Chaque  cité  grecq  ue  avait  sa  chronolo- 
gie particulière,  fondée  ordinairement  sur  la  succession  de 
ses  magistrats.  La  seule  ère  commune  à  tous  les  Grecs  fut 
celle  des  olympiades.  On  appelait  olympiade  l'intervalle 
de  (fuatre  ans  qui  s'écoulait  entre  deux  célébrations  des 
jeux  Olympiques.  Mais  l'usage  de  supputer  les  années  par 
olympiades  ne  remonte  pas  beaucoup  plus  haut  qu'environ 
l'an  800  av.  J.-C.  Les  magistrats  Eléens  avaient  l'habi- 
tude, depuis  l'an  776  av.  J.-C,  où  l'Eléen  Corœbos  avait 
remporté  le  prix  de  la  course  à  pied,  de  consigner  par 
écrit  le  nom  de  tous  les  vainqueurs  à  cette  course,  et  la 
liste  en  était  gardée  dans  le  gymnase  d'Olympie.  Selon 
Polybe,  l'historien  Timée  de  Sicile  eut  le  premier  l'idée  de 
se  servir  de  ces  catalogues  connue  d'un  instrument  de 
contrôle  chronologique.  Il  compara  avec  les  olympiades,  et 
vérifia  par  ce  moyen  les  listes  des  archontes  d'Athènes, 
des  éphores  de  Sparte  et  des  prêtresses  d'Argos,  bases  de 
la  chronologie  à  Athènes,  Sparte  et  Argos.  Ln  assez  grand 
nombre  d'écrivains,  parmi  lesquels  Polybe,  Diodore  de 
Sicile,  Denys  d'Halicarnasse,  et  quelquefois  Pausanias, 
Diogène  Laërte,  Arrien,  etc.,  comptent  les  années  par 
olympiades.  Thucydide  et  Xénophon  font  cependant  déjà 
usage  des  olympiades,  le  premier  une  fois  (lïl,  8)  et 
le  second  deux  fois  (Hell.,  I,  2,  ^  1  ;  II,  3,  §  4).  En- 
core Thucydide  indique-t-il  l'olympiade  par  le  nom  du 
vainqueur  au  pancrace,  "sans  doute  à  cause  de  la  célébrité 
de  cette  victoire.  La  supputation  par  olympiades  dura  jus- 
qu'en 394  ap.  J.-C,  dixième  année  du  règne  de  Théo- 
dose (293®  olymp.).  Le  comput  par  olympiades  ne  fut 
jamais  adopté  officiellement.  Même  sur  les  inscriptions,  on 
n'en  trouve  que  deux  exemples  (Bockh,  Corp,  inscr,, 
w^^  2682,  2999).  Il  faut  noter  que  des  doutes  ont  été  émis 
sur  la  valeur  de  la  chronologie  d'Olympie.  Mahaify  (/<^>arH. 
of.  hell.  stucl.,ll,  4,  46i)  croit  qu'aucune  liste  n'a  existé 
à  Olympie  avant  le  temps  de  Thucydide.  Hippias  d'Elide 
aurait  vers  cette  date  tenté  une  reconstitution  qui  l'aurait 
mené  jusqu'à  776.  date  présumée  de  la  fondation  des  jeux. 
Il  en  résuherait  que  les  dates  fournies  par  Eusèbe  pour 
les  cinquante  premières  olympiades  n'auraient  aucune  va- 
leur. 

Les  auteurs  anciens  datent  tantôt  simplement  par  olym- 
piade, tantôt  par  -V'^,  2^\  3^  et  4®  année  de  chaque  olym- 
piade. Nous  empruntons  à  M.  S.  Reinach  (Manuel  de 
philologie  classÎ! [lie,  1''®  éd.,  p.  206,  note  3)  les  for- 
mules à  employer  pour  réduire  les  olympiades  en  années 
de  l'ère  vulgaire.  1*^  La  date  est  antérieure  à  Jésus-Christ. 
Soit  n  le  nombre  des  olympiades,  p  le  chiffre  additionnel 
(4'^,  2^,  3^,  4^  année  de  la  n^  olymp.),  on  se  servira  de 
la  formule  :  date  =  776  —  [(/?'—  4)  4  +  {p  -—  4) |. 
Ex.  :  Salamine  tombe  olymp.  75,  4  ;  c.-à-d.  en  appH- 
quant  la  formule  =  776  —  1(75  —  4)  4  +  (4  —  4)] 
=  776  —  296  =  480.  La  date  est  postérieure  à  Jésus- 
Christ.  On  résoudra  la  formule  (n  —  4)  4  -hj»  — 776. 

Nous  croyons  du  reste  utile  d'ajouter  ici  le  tableau  com- 
paré des  olympiades  et  des  années  supputées  d'après  l'ère 
chrétienne  depuis  l'origine  des  olympiades  jusqu'à  l'an  304 
ap.  J.-C  Remarquons  encore  que  les  jeux  Olympiques, 
étant  célébrés  vers  le  milieu  del'été,  correspondaient  chez  le^; 
Athéniens  au  commencement  de  l'année  (24  juin).  Si  donc 
une  date  appartient  à  la  seconde  moitié  de  l'année  athé- 
nienne, il  faut  diminuer  d'une  unité  le  chiffre  de  l'année 
av.  J.-C,  puisque  celle-ci  commence  au  4®^'  janv.  Ainsi  la 


bataille  de  Salamine  livrée  en  automne  est  de  480,  mais  les 
événements  postérieurs  au  4*^'"  janv.  suivant,  quoique  ap- 
partenant à  la  même  année  de  la  même  olympiade,  sont  de 
479.  Nous  n'indiquons  le  détail  des  années  que  pour  la 
première  olympiade. 


\   J.-C 

Oi  yrnp. 

Annéo 

Av  J-0 

Olymp 

Année 

776 

1 

1 

4  40 

i60 

775 

2 

100 

470 

774 

i} 

60 

480 

773 

4 

4 

20 

490 

772 

2 

4 

46 

194 

768 

<) 

4 

42 

492 

764 

4 

4 

8 

493 

740 

40 

4 

4 

494 

700 

20 

4 

A[).  J.-C. 

Olymp. 

Année 

660 

30 

4 

4 

495 

620 

40 

4 

5 

496 

580 

50 

4 

9 

497 

540 

60 

4 

43 

498 

500 

70 

4 

47 

499 

460 

80 

4 

24 

200 

420 

90 

4 

64 

200 

380 

400 

4 

404 

220 

340 

440 

4 

441 

230 

300 

420 

4 

484 

240 

260 

430 

4 

224 

250 

220 

440 

4 

264 

260 

480 

450 

1 

304 

270 

Il  y  eut  sous  l'empire  romain  une  nouvelle  ère  olym- 
pique, qui  commença  en  l'an  431  ap.  J.-C.  (olymp.  227,  3) 
après  la  dédicace  de  l'olympieion  d'Athènes  par  Hadrien. 
On  trouve  cette  ère  sur  des  inscriptions  ;  elle  servit  môme 
à  dater  des  documents  officiels.       André  Baudrillart. 

BiBL.  :  BôcKH,  Corp    Inscr.,  n»^  .312.  4J(3,  1345. 

OLYMPIAS,  reine  de  Macédoine  (390-315  av.  J.-C), 
femme  de  Philippe  II  et  mère  d'Alexandre  le  Grand,  as- 
sassinée en  345  av.  J.-C.  Eille  deNeoptolème,  roi  d'Epire, 
elle  épousa  Philippe  en  357  et  devint  l'année  suivante  mère 
d'Alexandre.  On  nous  la  dépeint  comme  fort  belle  et  très 
hautaine  et  ambitieuse.  Son  époux  l'ayant  répudiée  pour 
se  marier  à  Cléopâtre,  nièce  d'Attale,  elle  le  brouilla  avec 
son  fils  et  eut  probablement  une  part  dans  l'attentat  au- 
quel il  succomba.  Elle  rendit  hommage  à  la  mémoire  du 
meurtrier  et  fit  pendre  ou  bouillir  dans  une  chaudière  sa 
rivale.  Durant  les  campagnes  d'Alexandre,  Olympias  fut 
en  rivalité  avec  le  régent  Antipater.  Après  la  mort  de  son 
fils,  elle  s'enfuit  en  Epire,  mais  après  la  mort  d'Antipater, 
son  successeur,  le  régent  Polysperchon,  n'ayant  pas  été 
reconnu  par  Eurydice  (femme  de  Philippe  Arrhidée), 
Roxane,  veuve  du  con({uérant,  se  réfugia  on  Epire  avecson 
fils  Alexandre  /Egus.  Olympias  les  ramena  en  Macédoine, 
avec  l'appui  d'i^acide,  roi  d'Epire,  réclamant  la  régence  au 
nom  de  son  petit-fils.  Elle  fit  tuer  Arrhidée  et  Eurydice, 
Nicanor,  fils  d'Antipater,  et  une  centaine  de  nobles  macé- 
doniens (347).  Cassandre,  fils  d'Antipater,  les  vengea  bien- 
tôt et  acheva  l'extermination  de  la  famille  d'Alexandre. 
Olympias,  assiégée  dans  Pydna,  dut  se  rendre  (346)  et  fut 
mise  à  mort  l'année  suivante.  A. -M.  B. 

OLYMPIE.  Au  pied  du  montKronion  qui  la  domine  au 
N.,  au-dessous  de  la  colline  de  Pise,  à  1  E.,  entre  l'Al- 
phée  et  l'embouchure  de  son  afduent,  le  Kladéos,  s'étend 
une  petite  plaine  dont  la  tradition  voulait  qu'une  partie 
eût  été  consacrée  à  Zens  par  Héraclès.  C'est  là  que  se  dé- 
veloppa le  centre  religieux  le  plus  important  de  la  Grèce, 
le  sanctuaire  le  plus  riche  en  monuments  de  l'art,  celui 
que  nous  connaissons  le  mieux,  grâce  aux  fouilles  qui  y 
ont  été  pratiquées.  La  légende  amène  successivement  sur 
les  bords  de  l'Alphée  une  foule  de  héros,  personnification 
des  divers  peuples  de  race  grecque  qui,  par  apports  suc- 
cessifs, avaient  mêlé  leur  sang  dans  l'Elide.  Chacun  con- 
tribua pour  sa  part  à  Tétabhssement  des  divers  cultes  en 
honneur  à  Olympie.  Les  Pélasges  y  fondent  l'autel  d'Où- 


OLYMPÏE 


—  362 


ranos  et  de  Gaia,  le  Ciel  et  la  Terre,  puis  un  autel  com- 
mun s'élève  enfaveur  deKronos,  fils  d'Ouranos  et  de  Gaia, 
et  d'Hélios,  signe  de  luttes  apaisées.  Phéniciens,  Cretois, 
Ioniens  remontent  la  vallée  de  FAlphée  et  donnent  au 
sanctuaire  son  premier  développement.  Zeus  enfant  est 
amené  de  Crète  par  les  cincf  Curetés,  dont  le  chef,  Héra- 
clès de  Tlda,  ouvre  le  premier  concours,  et  Apollon,  vain- 
queur d'Ares  et  d'Hermès,  reçoit  In  première  couronne 
d'olivier  sauvage.  Va\  l'honneur  des  Curetés,  les  jeux  se 
renouvelleront  tous  les  cin(|  ans.  Ce  grand  autel  de  Zeus 
est  fondé.  D'autres  cultes  orientaux,  comme  ceux  de  Zeus, 
Ammon  et  de  Dionysos,  s'introduiront  plus  tard  à  Olympie, 
grâce  aux  relations  cpie,  dès  ces  temps  reculés,  les  prêtres 
étabhssent  avec  l'Afrique  et  l'Asie.  D'autres  peuples,  ve- 
nus  du  Nord,  apportèrent   des  légendes  thessahennes , 


comme  celle  des  Centaures  et  des  Lapithes.  L'histoire  de 
Pélops,  dont  on  vénérait  les  rehques  à  Olympie,  rappelle 
une  invasion  d'Achéens  qui  restaurèrent  les  jeux  et  fon- 
dèrent le  culte  d'Héra.  Les  Doriens,  conduits  par  Héraclès, 
fils  d'Amphitryon,  tracent  l'enceinte  du  bois  sacré,  l'Altis, 
et  célèbrent  les  jeux.  Enfin  une  invasion étolienne  donnée 
l'Elide  sa  forme  définitive.  Sous  Oxylos,  les  populations 
d'origines  diverses  se  fondent.  Iphitos  continue  l'œuvre 
d'Oxylos,  son  aieul,  restaure  les  jeux,  établit  le  culte  d'Hé- 
raclès, met  l'oracle  d'Olympie  en  relations  suivies  ave(^ 
celui  de  Delphes,  fait  proclamer  la  trêve  sacrée,  traite  avec 
Pise,  l'Jis  et  Sparte.  Oci  se  passe  au  viii^  siècle.  Olym- 
pie, la  ville  sacrée,  symbole  de  l'unité  grecque,  atteint  en 
même  temps  (|ue  la  Hellade  son  plein  épanouissement,  l^lis 
et  Pise  luttent  d'abord  pour  la  suprématie  à  Olympie.  En 


Plan  d'Olympie. 


Ancien 


572,  Pise  est  entièrement  [rasée,  et  un  siècle  et  demi  de 
paix  profonde  suit  la  destruction  de  cette  ville.  Les  jeux 
sont  célébrés  sans  interruption,  et  l'invasion  même  des 
Perses  n'empêche  pas  les  Grecs  de  s'y  rendre.  L'influence 
de  Sparte,  qui  préside  la  ligne  du  Péloponèse,  domine  à 
Olympie.  Mais  l'exemple  d'Athènes  au  temps  de  Périclès 
amène  partout  des  révolutions  démocratiques.  Le  trouble 
règne  en  Elide.  La  pohtique  et  la  rehgion  se  confondent. 
En  368,  Sparte  lassée  abandonne  définitivement  aux  Eléens 
la  suzeraineté  d'Olympie,  et  pendant  huit  siècles  la  paix 
n'est  plus  interrompue.  Cessant  d'être  un  centre  pohtique ^ 
l'Altis  devient  de  plus  en  plus  le  centre  rehgieux  de  tous 
les  Grecs.  Dès  le  v®  siècle,  la  gloire  de  Delphes  est  sur- 
passée. C'est  là  que  les  grandes  famihes  viennent  pendant 
les  jeux  étaler  leur  faste,  que  les  ambitieux  se  montrent 
aux  peuples,  que  poètes  et  artistes  donnent  à  leurs  œuvres 


une  pubhcité  inaccoutumée.  Zeus  reçoit  les  hommages  et 
les  dons  du  monde  hellénique  tout  entier,  toute  guerre 
lui  apporte  une  part  de  butin,  il  est  le  gardien  des  traités  ; 
les  Barbares  tiennent  à  honneur  de  joindre  leurs  présents 
à  ceux  des  Grecs.  Jusqu'au  triomphe  du  christianisme, 
Olympie  attire  la  même  affluence  de  fidèles,  ses  jeux  sont 
célébrés  avec  une  splendeur  égale,  et  le  sanctuaire  exerce 
sur  le  monde  grec  son  autorité,  toute  spirituelle  et  mo- 
rale. 

Un  bois  de  platanes,  aux  arbres  duquel  on  suspend  des 
ex-voto,  sur  la  colhne  l'autel  de  Kronos  et  d'HéHos,  au 
pied  un  amas  de  pierres  consacré  à  Zeus,  Ouranos  et  Gaia, 
tel  est  le  noyau  primitif,  dont  le  développement  du  viii®  au 
IV®  siècle  constituera  Olympie.  Bientôt  le  sanctuaire  offrira 
à  l'admiration  des  visiteurs  un  incroyable  ensemble  d'édi- 
fices, temples,  palais,  portiques,  divers  par  le  style  et  les 


—  363  ~ 


OLYMPIE 


dimensions,  et,  en  outre,  une  multitude  de  monuments 
plus  petits,  chapelles,  autels,  trépieds,  groupes,  statues, 
ex-voto  de  toutes  sortes,  qui  en  feront  le  musée  le  plus 
riche  de  toute  la  Grèce. 

De  bonne  heure  on  ferma  l'enceinte  sacrée  agrandie  à 
diverses  reprises,  surtout  à  l'époque  macédonienne.  Au 
centre  était  le  grand  aute!  de  Zeus.  Au  viii^-  siècle  s'élève 
le  temple  d'Héra,  où  s'abritèrent  le  coffre  de  Cypsélos  et 
plus  tard  l'Hermès  de  Praxitèle.  Au  vi^  siècle,  hors  do 
l'enceinte  et  au  S.,  on  bâtit  h  Bouleutén'op,  pour  le  sénat 
d'Olympie.  Le  v^  siècle  voit  se  produire  un  grand  évé- 
nement artistique,  l'érection  du  temple  de  Zeus,  sous  la 
direction  de  Libon,  architecte  du  pays,  qui  travaille  do 
470  à  457.  Un  artiste  inconnu  sculpta  sur  les  métopes 
les  Travaux  d'Hercule,  et  sur  les  frontons  Pœonios  et 
Alcamène,  dit-on,  représentent  à  l'E.  la  Lutte  de  Pélops 
etd'OEnomaos,  à  l'O.  le  Combat  des  Centaures  et  des 
Lapiihes.  Phidias,  malgré  des  traditions  postérieures, 
ne  paraît  avoir  connu  le  temple  que  vingt  ans  après  son 
achèvement.  Il  exécute  alors,  avec  l'aide  de  Colotès  et  de 
Panainos,  la  fameuse  statue  chryséléphantine  de  Zeus 
olympien,  et  700  ans  plus  tard  les  Eléens  montraient  en- 
core avec  orgueil  la  salle  qui  lui  avait  servi  d'atelier.  Au 
v^  siècle  encore  s'élèvent  plusieurs  palais  pour  les  prêtres 
d'Olympie  :  le  JWocoleon,  pour  les  chefs  du  culte  {théo- 
coles),  le  Prijtance  ix\ec.  la  chapelle  d'Hcstia  et  dos  salles 
de  banquet,  puis  le  temple  d'Ilithye  et  de  Sosipolis,  et  à 
l'E.  de  l'Agora  un  long  portique.  Tout  cela  est  construit 
sur  les  ressources  du  trésor  de  Zeus,  par  les  administra- 
teurs du  sanctuaire.  En  même  temps  les  ex-voto,  qua- 
driges, portraits  d'athlètes,  figures  de  Jupiter  ou  Zanes, 
signés  des  artistes  les  plus  célèbres,  partout  répandus, 
forment  comme  un  répertoire  complet  de  l'histoire  de  la 
sculpture  grecque.  Du  vi®  au  iv®  siècle,  les  archives  des 
fêtes,  gravées  sur  des  tables  de  bronze,  gardent  les  noms 
de  vainqueurs  aux  jeux.  Les  divers  Etats  de  la  Grèce 
élèvent  chacun  leur  cliapelle  particulière,  avec  leur  trésor, 
le  long  d'une  sorte  de  terrasse  au  N.  l']nfm,  le  stade  et 
l'hippodrome  ont  reçu,  à  peu  de  chose  près,  la  forme  qu'ils 
garderont  jusqu'à  la  tin. 

Dès  le  temps  des  guerres  médicpies,  les  Macédoniens 
avaient  revendiqué  le  titre  d'Hellènes  et  avaient  été  les 
fidèles  alhés  des  Eléens.  H  n'est  donc  pas  surprenant, 
quand  s'élève  la  puissance  macédonienne,  de  constater 
d'étroites  relations  entre  Philippe,  Alexandre,  les  succes- 
seurs de  celui-ci  et  le  sanctuaire.  Philippe  élève  le  Phi- 
lippeion,  consacré  aux  princes  de  sa  famille,  ce  qui  en- 
traîne l'agrandissement  de  l'enceinte,  puis  un  palais  pour 
les  magistrats,  la  palestre,  le  grand  gymnase  en  dehors 
de  l'enceinte,  près  du  Kladéos  ;  dans  l'Altis  même,  le  Mé- 
troon  ou  temple  de  la  mère  des  dieux  ;  les  Propylées  du 
Pélopeion,  et  beaucoup  de  statues.  Tous  les  rois,  Pyrrhus, 
les  tyrans  de  Sicile,  placent  leurs  images  à  Olympie.  De 
leur  côté,  les  Eléens  érigent  des  statues  à  Philippe,  à 
Alexandre,  à  Antigone,  à  Séleucos,  et  un  groupe  de  Dé- 
métrius  et  ses  fils,  couronnés  par  Elis  et  la  Grèce. 

En  210,  les  Romains  apparaissent  à  Olympie  où  ils 
déposent  une  copie  de  leur  traité  avec  les  EtoHens.  Paul- 
Emile  sacrifie  au  temple  de  Zeus.  Mummius,  le  vainqueur 
de  Corinthe,  plein  d'égards  pour  Olympie,  y  consacre  de 
très  riches  ex-voto,  et  les  Eléens  lui  érigent  une  statue. 
Au  siècle,  suivant  ils  consacrent  un  temple  à  la  déesse  Rome. 
Auguste  protège  Olympie,  et  bientôt  un  temple  des  empe- 
reurs romains  s'élève  à  Ehs.  Néron  se  fait  bâtir  une  mai- 
son grecque  à  Olympie  où  il  vient  en  67  pour  prendre  part 
aux  jeux.  Naturellement,  il  est  proclamé  vainqueur  dans 
tous  les  concours.  Hadrien  tente  de  faire  revivre  les  am- 
phictyonies,  achève  VOlympieion  d'Athènes  avec  une  or- 
ganisation imitée  de  celles  du  célèbre  sanctuaire  et  reçoit 
le  surnom  d'olympique.  Les  Thermes  au  N.,  un  petit 
théâtre  à  l'O.,  les  propylées  monumentaux  de  la  palestre 
et  du  gymnase,  de  grands  portiques,  une  porte  triomphale, 
l'aqueduc  et  l'exèdre  d'Hérode  Atticus  avec  ses  belles  sta- 


tues, beaucoup  de  portraits  impériaux,  attestent  l'intérêt 
que  Rome  ne  cessa  de  porter  au  grand  sanctuaire  hellé- 
nique. 

La  fin  d'Olympie  est  marquée  par  l'édit  de  Théodose  en 
393,  qui  interdisait  les  cérémonies  païennes.  Puis  il  est 
dévasté  par  les  Goths  d'Alaric  en  395,  par  les  émissaires 
de  Théodose  H  en  426  qui  détruisent  les  temples  païens, 
j)ar  un  tremblement  de  terre  au  vi^  siècle,  par  les  Byzan- 
tins qui  y  érigent  une  forteresse,  par  le  Kladéos  qui  en- 
sable la  partie  0,  de  l'enceinte  où  s'élève  l'égUse  byzan- 
line.  La  cité  byzantine  ne  dure  pas,  les  Erancs  achèvent 
l'œuvre  de  ruine,  et  l'ère  de  l'abandon  s'ouvre  pour 
Olympie. 

Au  xvni^  siècle,  Montfaucon,  le  premier,  rêve  une  explo- 
ration des  ruines  d'Olympie  ;  Winkelmann  reprend  ce  pro- 
jet. A  la  demande  de  l'Institut  de  Erance,  lord  Stanhope 
étudie  le  terrain  dont  il  fait  dresser  le  plan  par  un  archi- 
tecte. L'ouvrage  de  Quatremère  de  Quincy  en  1815  et  son 
essai  de  reconstitution  du  temple  de  Zeus  éveillèrent  l'at- 
tention du  pubUc,  et  lors  de  l'expédition  de  Morée,  le  ma- 
réchal Maison,  qui,  comme  jadis  Bonaparte,  s'entoure  de 
savants  et  d'artistes,  permet  aux  archéologues  Blouet  et 
Dubois  d'entreprendre  d'importants  travaux,  trop  vite  in- 
terrompus par  les  chaleurs,  le  départ  des  Français  et  la 
nécessité  de  publier  les  travaux  de  la  commission.  On  avait 
pu  cependant  mesurer  une  grande  partie  du  monument,  et 
découvrir  un  certain  nombre  de  sculptures,  parmi  lesquelles 
la  belle  métope  d'Héraclès  domptant  le  taureau,  que  le 
Louvre  possède. 

En  1874  seulement  les  fouilles  furent  reprises,  à  la  suite 
d'un  accord  survenu  entre  les  gouvernements  allemand  et 
grec.  Les  Allemands  devaient  en  faire  tous  les  frais,  sans 
([u'un  seul  morceau  de  sculpture  pût  enrichir  leurs  musées. 
Conduites  avec  autorité  et  persévérance  par  E.  Curtius, 
secondé  de  MM.  Hirtschfeld,  Bœtticher  et  Adler,  de  1875 
à  1881,  on  peut  dire  qu'elles  nous  ont  rendu  Olympie.  Des 
chefs-d'œuvre  tels  que  la  Victoire  de  Pœonios  et  VHer- 
mès  de  Praxitèle,  des  fragments  considérables  des  fron- 
tons et  des  métopes  du  temple  de  Zeus,  130  statues  en 
bronze  ou  en  marbre,  1.300  objets  de  bronze,  6.000  mon- 
naies, 400  inscriptions,  1.000  objets  de  terre  cuite,  40  mo- 
numents, ont  été  le  fruit  de  ces  heureuses  campagnes.  De- 
puis 1887,  grâce  à  la  générosité  d'un  riche  Hellène,  tous 
ces  objets  ont  été  classés  au  musée  Zingros,  qui  porte  le 
nom  de  son  fondateur. 

Les  fouilles  et  la  relation  de  Pausanias  permettent  de 
tenter  à  coup  sûr  une  restauration  idéale  d'Olympie.  L'en- 
ceinte était  un  carré  long,  qui  avait  subi  une  déforma- 
tion, surtout  vers  l'O.,  au  temps  des  Macédoniens.  Elle  était 
percée  de  sept  portes  dont  la  principale  paraît  avoir  été 
située  à  l'O.,  dans  la  direction  d'Elée.  Au  milieu,  à  l'O. 
également,  s'ouvrait  une  autre  petite  porte,  puis  une  troi- 
sième au  S.,  près  du  Bouleuterion,  transformée  à  l'époque 
romaine  en  arc  de  triomphe;  quatre  autres,  dont  Tune 
mettait  en  communication  l'hippodrome  et  l'agora,  facili- 
taient la  circulation  des  pèlerins.  L'intérieur  de  l'enceinte, 
rempli  de  monuments  de  toutes  sortes,  et  rafraîchi  par  des 
bassins  et  des  fontaines,  était  divisé  en  deux  grandes  ré- 
gions :  l'agora  à  l'E.,  et  à  l'O.  le  bois  ou  Altis.  Le  bois, 
où  s'abritaient  des  temples,  des  chapelles,  des  statues  et 
des  autels,  était  entretenu  dans  sa  fraîcheur  par  une  sa- 
vante canalisation  qui  emportait  les  eaux  descendues  de  la 
montagne  en  hiver  et  en  amenait  pendant  l'été.  La  voie 
sacrée,  bordée  de  statues,  traversait  l'enceinte  de  la  porte 
du  S.-O.  à  la  porte  du  N.-E.  Au  centre  du  bois  s'élevait 
la  terrasse  de  Zeus,  où  se  dressait,  monté  sur  un  sou- 
bassement, le  grand  temple.  Il  avait  6 4™, 10  de  longueur, 
2 7 "^,69  de  largeur,  était  d'ordre  dorique,  hexastyle,  pé- 
riptère  et  hypètre.  Les  colonnes,  au  nombre  de  six  sur 
les  façades  et  treize  sur  les  côtés,  étaient  hautes  d'environ 
10^,50.  L'entablement  avait  environ  4  m.  Sur  les  côtés 
principaux  l'architrave  était  décorée  de  boucliers  à  orne- 
ments peints;  les  triglyphes  de  la  frise  étaient  d'un  bleu 


OLYMPIE 


--  a«4 


sombre;  il  n'y  avait  pas  de  métopes  à  l'extérieur.  Les  eaux 
s'écoulaient  par  des  gueules  de  lions  ;  le  toit  était  couvert 
en  tuiles  de  marbre.  Le  fronton  oriental  était  surmonté 
d'une  Victoire  sans  ailes,  ex-voto  des  Spartiates  après 
la  bataille  de  Tanagra  ;  deux  trépieds  de  métal  doré  ser- 
vaient d'acrotères.  Il  est  probable  que  le  fronton  occiden- 
tal avait  une  décoration  analogue.  L'entablement  et  les 
h'ontons  offrent  de  nombreuses  traces  de  polycbromie,  ainsi 
que  Téchine  des  cbapiteaux.  Les  sculptures  portaient  des 
appliques  de  métal.  La  décoration  était  c(m)plétéepar  vingt 
et  un  boucliers  en  bronze  doré,  donnés  par  Mumuiius  et 
suspendus  au-dessus  des  colonnes.  Le  fronton  oriental,  attri- 
bué à  Pœonios,  représentait  les  préparatifs  de  la  course 


des  chars  où  vont  lutter  Pélop>  et  Œnomaos.  Au  milieu 
se  dressait  Z^U5,  à  droite  étaient  disposés  OEnomaos,  barbu 
et  casqué,  sa  femme  Stérope,  Myrtile,  cocher  d'CEno- 
maos,  accroupi  devant  quatre  chevaux  cabrés  qu'il  s'ef- 
force de  maintenir,  puis  derrière  les  chevaux  un  Jwmme 
âgé  accroupi,  le  genou  droit  i^elevé  sur  lequel  s'appuie  sa 
lance,  et  ime  jeuve  fille,  qui  regarde  le  fleuve  Alpliée, 
dont  les  jambes  s'allongent  à  l'angle  du  fronton.  A  gauche 
de  Zeus  se  siucédaient  :  Pélops  debout,  jeune  et  armé. 
Hippodamie.  Sphairos.  cocher  de  Pélops,  vu  de  profil, 
le  genou  droit  en  terre  et  maintenant  ses  quatre  chevaux: 
un  vieillard  chauve  assis  à  terre,  un  jeune  fionune 
accroupi  tourné  vers  le  Kladeos  étendu,  figiu^é  sous  les 


Fronton  (restauré;  du  temple  de  Zeus,  à  Olympie. 


traits  d'un  jeune  homme.  La  symétrie  est  poussée  jusqu'à 
la  naïveté,  avec  une  certaine  recherche  cependant  pour 
varier.  Le  côté  d'yEnomaos  est  réservé  à  la  vieillesse,  le 
côté  de  Pélops  à  la  jeunesse,  mais  du  premier  se  trouve 
une  figure  de  jeune  fille,  du  second  une  figure  de  vieillard. 
Le  fronton  0.  était  attribué  à  Alcamène.  On  voyait  au 
centre  Apollon,  père  des  deux  races  ennemies,  puis  de 
chaque  côté  un  groupe  de  trois  combattants;  à  la  suite, 
toujours  symétriques,  un  Centaure  et  un  Lapithe,  luttant 
agenouillés,  un  autre  groupe,  et  enfin  une  NTjmphe.  Il  y 
a  dans  ce  groupement  beaucoup  plus  de  science  et  d'ha- 
bileté que  sur  l'autre  fronton.  L'exécution  de  l'un  et  de 
l'autre  fronton  est  loin  d'être  parfaite,  et,  malgi^é  la  ru- 
desse, si  originale  du  fronton  E.,  la  composition  habile  du 
fronton  0. ,  la  beauté  de  plusieurs  têtes  et  des  parties  nues,  on 
voit  que  les  auteurs,  sur  l'identité  desquels  il  est  difficile  de 
se  prononcer  avec  certitude,  ne  sont  pas  encore  entière- 
ment affranchis  de  la  tradition  archaïque  et  aussi  qu'ils 
ont  traité  leurs  figures  à  un  point  de  vue  trop  exclusive- 
ment décoratif.  La  frise  des  portiques  E.  et  0.  était  ornée 
de  bas-reliefs,  répartis  en  six  métopes  sur  chaque  façade, 
qui  représentaient  les  Douze  Travaux  dllercule.  Ces 
métopes,  dont  plusieurs  sont  d'une  gi^ande  beauté,  pré- 
sentent de  grandes  inégalités  dans  la  composition  et  dans 
l'exécution.  Toutes  ont  quelque  chose  d'archaïque  et  doivent 
être  antérieures  au  miheu  du  v^  siècle.  Elles  portent  de 
nombreuses  traces  de  couleur. 

L'intérieur  du  temple  était  divisé  en  trois  parties  : 
1*^  le  Pronaos,  qui  s'ouvrait  dans  toute  sa  largeur  sous  le 
portique  oriental  et  que  fermaient  trois  grilles  de  bronze  ; 
une  mosaïque  couvrait  le  sol  ;  il  était  orné  de  nombreuses 
statues,  parmi  lesquelles  :  le  groupa  à' Iphitos  couronné  par 
Ekekheiria,  déesse  de  la  trêve  sacrée,  et  la  Victoire 
sans  ailes  de  ('alamis  ;  î^  VOpisthodome,  complètement 
isolé  de  la  cella,  et  où  l'on  donnait  des  séances  littéraires 
et  musicales;  3«  la  cella,  Isœge  de  13  m.  sur  28  de  long, 
divisée  en  trois  nefs  par  deux  rangs  de  sept  colonnes 
cannelées,  comprises  entre  deux  antes  ;  deux  ordres  dori- 
ques étaient  superposés  ;  au  fond  était  assise  la  statue  de 
Zeus,  si  grande  que,  si  elle  se  fût  levée,  elle  eût  dépassé 
le  plafond.  Cette  statue  était  isolée  par  une  balustrade  qui 
fermait  une  partie  de  la  cella,  et  que  Panainos  avait  dé- 
corée de  peintures.  Une  partie  de  la  cella  était  à  ciel  ouvert, 
mais  la  statue  était  sous  le  plafond;  un  voile  magnifique, 
qui  préservait  du  soleil  l'intérieur  de  la  cella  pendant  le 
jour,  retombait  la  nuit  devant  la  statue  pour  la  préserver 
de  l'humidité.  Une  multitude  d'ex-voto  faisaient  de  la  cella 
un  musée. 

Zeus  avait  été  très  anciennement  représenté  à  Olympie, 


où  l'on  trouve  beaucoup  de  petites  terres  cuites  archaïques 
à  son  image.  Mais  c'est  Phidias  qui  a  créé  le  type  du  Père 
des  dieux  et  des  hommes.  La  statue  d'or  et  d'ivoire 
représentait  Zeus  assis  sur  un  trône.  Il  portait  toute  sa 
barbe,  et  son  épaisse  chevelure  était  couronnée  d'olivier. 
L'expression  était  celle  d'un  calme  souverain.  L'épaule 
droite  et  le  buste  étaient  découverts  en  grande  partie.  La 
main  gauche  levée  s'appuyait  sur  un  sceptre;  sur  la  droite, 
se  tenait  debout  une  Victoire  chryséléphantine.  Le  trône 
était  d'or,  d'ivoire  et  d'ébène,  orné  de  pierres  précieuses, 
de  bronze  ciselé  et  de  peintures.  Derrière  Zeus  il  se  ter- 
minait en  fronton,  et  sur  l'escabeau  où  s'appuyait  le  pied 
du  dieu  étaient  ciselés  des  lions  d'or.  Aux  angles  étaient 
des  Victoires.  Cette  statue,  emportée  plus  tard  à  Constan- 
tinople,  périt  dans  un  incendie. 

Immédiatement  au  N.  du  temple  de  Zeus  venait  le  Pé- 
lopeion,  enceinte  consacrée  au  héros  national  et  peut-être 
le  plus  ancien  monument  de  l'Altis  après  le  grand  autel 
de  Zeus.  Consacré  par  Héraclès,  fils  d'Amphitryon,  il 
n'avait  consisté  d'abord  qu'en  un  tertre,  puis  on  avait 
ajouté  une  bordure  en  pierre;  enfin,  à  l'époque  macédo- 
nienne, on  avait  bâti  de  magnifiques  Propylées  et  de  larges 
escaliers  qui  conduisaient  à  un  vestibule  ouvert,  précédé 
d'un  portique  et  communiquant  avec  un  vestibule  intérieur, 
qui,  par  des  portes  latérales,  donnait  accès  au  chemin  de 
ronde  de  l'enceinte.  L'enceinte  elle-même  était  plantée 
d'arbres  et  pleine  de  statues.  Un  peu  au  N.-O.  s'élevait 
le  PJiilippeion  commencé  par  Philippe,  achevé  par 
Alexandre.  C'était  un  temple  ionique,  rond  et  périptère, 
bâti  sur  un  soubassement  en  pierre  ;  la  partie  la  plus  ori- 
ginale de  ce  monument  était  une  lanterne  percée  de  fenêtres 
qui  s'élevait  au-dessus  de  la  cella.  Les  ex-voto  qui  le  rem- 
phssaient  avaient  tous  une  origine  macédonienne.  A  l'angle 
N.-O.  de  l'enceinte  était  le  Prytaneion.  Il  se  composait 
d'une  vaste  cour  à  colonnes,  précédée  d'un  portique  et  entou- 
rée de  diverses  salles,  dont  celles  des  banquets  pubfics,  et  de 
chapelles,  parmi  lesquelles  celle  d'Hestia,  où  brûlait  le  foyer 
sacré  d'Olympie.  Au  N.  du  Pélopeion,  séparé  de  lui  par 
la  voie  des  processions  et  les  statues  qui  la  bordaient,  se 
dressait  un  très  ancien  temple  dorique,  bâti  à  l'origine  en 
bois  sur  un  soubassement  de  pierre,  long  de  50  m.,  large 
de  18,  avec  six  colonnes  aux  façades  et  seize  aux  côtés, 
VHéraion.  Peu  à  peu  des  colonnes  de  pierre,  très  variées 
de  style,  avaient  remplacé  les  colonnes  de  bois.  L'entable- 
ment n'a  point  laissé  de  trace,  il  était  donc  probablement 
de  bois.  Sous  le  portique  s'abritaient  de  nombreuses  sta- 
tues. A  l'intérieur,  avec  un  soubassement,  deux  piédes- 
taux semblables  supportaient  des  statues  de  Zeus  et  de 
Héra.  On  pouvait,  entre  une  foule  d'autres  œuvres,  y  con- 


—  365  — 


OLYMPIE 


templer  toute  une  collection  de  vieilles  idoles  en  or  et 
ivoire,  de  l'école  des  Argiens  Dipomos  et  Scyllis,  et  sur- 
tout l'Hermès  portant  Dionysos  enfant,  chcf-d'auvre  de 
Praxitèle.  Tout  voisin  de  THéraion  fut  construit  l'exèdre 
d'Hérode  Atticus.  au  delà  duquel,  à  quekfue  distance  vers 
TE.,  venait  le  }létroon.  Bâti  au  iv^  siècle,  il  fut  mal  réparé 
au  temps  d'Auguste  ou  d'Hadrien.  On  ne  sait  si  cette  Mê- 
ler qu'on  y  adorait  était  Athéna,  Gaia  ou  Rhéa  Cybèle. 
Le  IVlétroon  s'élevait  sur  un  soubassement  long  de  20"", 55 
sur  10^,50  de  large,  et  avait  jusqu'à  la  pointe  du  fronton 
17"^, 60  de  haut;  il  avait  six  colonnes  aux  façades  et  onze 
aux  côtés.  L'architrave  était  sans  doute  décorée  en  bronze. 
L'intérieur  présentait  les  trois  divisions  ordinaires .  A  l'époque 
romaine,  on  y  plaça  des  statues  d'empereurs.  Derrière  le 
Métroon,  tout  le  long 
de  l'enceinte  N.,  s'é- 
tendait la  terrasse 
des  trésors,  l'une  des 
grandes  ciu'iosités 
d'Olympie.  Bâtie  en 
pierre,  elle  dominait 
l'Altis  de  3  ou  4m.  ; 
des  murs  de  soubas- 
sement la  proté- 
geaient du  côté  de  la 
montagne.  Ces  tré- 
sors, au  nombre  de 
douze,  étaient  de  pe- 
tits édifices  consacrés 
à  Zeus  par  des  villes 
ou  des  nations  et  qui 
contenaient  les  of- 
randes  de  chacune 
d'elles.  Tous  offraient 
d'incroyables  ri- 
chesses artistiques  et 
chacun  présentait 
quelque  caractère, 
original,  tous  étaient 
pleins  d'armes  cu- 
rieuses et  antiques, 
offertes  en  ex-voto. 
Entre  les  trésors , 
trouvaient  place  sur 
la  terrasse  une  foule 
de  statues  et  d'au- 
tels. 

\.\{gora  compre- 
nait toute  la  partie 
N.  de  l'enceinte.  Elle 
était  limitée  par  la 
terrasse  des  Irésors 
au  N.,  le  Métroon, 
le  grand  autel  de 
Zeus,  le  bois  de  pla- 
tanes et  la  terrasse 
de  Zeus  àl'O.,  au  S. 
par  le  Bouleuterion 
et  le  mur  d'enceinte, 
à  l'E.  par  le  portique  d'Echo,  long  de  97  m.,  d'ordre 
ionique.  Le  nuu'  de  fond  du  portique  d'I^xho  était  percé  de 
quatre  portes  qui  le  faisaient  communiquer^  avec  un  se- 
cond portique  reliant  les  deux  chemins  qui  conduisaient  au 
Stade  et  à  rHippodrome.  A  l'angle  S.-E.  était  une  en- 
ceinte sacrée  avec  un  bosquet,  VHippodameion,  ou  les 
femmes  célébraient  une  fête  annuelle,  et  dans  le  pro- 
longement du  portique  d'Echo  un  autre  portique  moins 
long,  dit  à'Agnaptos.  Au  X.,  entre  le  Métroon  et  l'angle 
N.-E.  de  l'Agora  s'échelonnaient  les  Zanes  ou  statues 
votives  de  Jupiter,  en  bronze,  fondues  avec  le  produit  des 
amendes  encourues  dans  les  jeux.  Les  bases  nous  ont  livré 
de  curieuses  inscriptions  en  vers  dont  quelques-unes  indi- 
quent le  motif  de  l'amende.  Beaucoup  d'autres  n'étaient 


Plan  du  Temple  de  Zeus  (état  actuel). 


dus  qu'à  la  piété  des  villes  ou  des  particuhers.  Devant  le 
portique  d'Echo  était  un  grand  soubassement  long  de 
i20  m.,  où  l'on  montait  par  un  escalier  tournant  situé  au 
milieu.  Il  servait  de  tribune  aux  magistrats  et  était  tourné 
vers  le  grand  autel  de  Zeus. 

Autour  de  l'enceinte,  mais  en  dehors,  se  grou|)aient  un 
certain  nombre  d'édifices  destinés  au  service  du  sanctuaire. 
C'étaient  au  N.-O.,  vers  le  Kladeos,  le  grand  Gymnase, 
limité  à  TE.  et  au  S.  par  de  grands  portiques  de  plus  de 
200  m.  de  long.  A  l'extrémité  S.  du  côté  E.  s'ouvraient 
des  propylées  monumentaux  qui  donnaient  accès  dans  le 
bâtiment.  On  conservait  dans  le  Gymnase  la  hste  des  vain- 
queurs, des  portraits  d'athlètes,  etc.  Le  Gymnase  commu- 
niquait avec  la  palestre  située  au  S.  Dans  ces  deux  mo- 
numents, les  candi- 
dats   aux    concours 
s'exerçaient  pendant 
le  temps  légal.  Après 
la  palestre  venait  le 
palais  des  prêtres, 
la  grande  salle  âj)- 
i^elée  Atelier  de  Phi- 
dias,   VHéroon,    la 
salle  des    Proces- 
sions,   etc.    Sur  le 
côté  S.  de  l'enceinte 
et  communiquant 
avec   l'Altis,     s'ap- 
puyait le  Bouleute- 
rion, palais  du  sénat 
olympique,  et  dans  la 
cour  duquel  magis- 
trats et  athlètes  prê- 
taient serment  devant 
une  statue  de  Zeus. 
A  l'extrémité  S.-O. 
était  le  Lconidaion, 
immense  palais    des 
Hellanodices,  maison 
des  hôtes  pendant  les 
fêtes  et  résidence 
choisie  par  les  gou- 
verneurs romains, 
l'^ntin,  à  l'E.  s'éten- 
daient r7//;;;?(;f//Y>?>/ÉJ 
et  le  Stade.  V Hip- 
podrome ,    parallèle 
au  Stade,  était  quatre 
fois    plus    long    et 
beaucoup  plus  large. 
Une  construction 
triangulaire ,    ados- 
sée    au    portique 
d'Agnaptos,  le  pré- 
servait des  crues  de 
l'Alphée.    A    l'O. 
étaient  les  barrières 
et  de  nombreux  au- 
tels. On  y  affichait  le 
programme  des  courses.  Un  dauphin  de  bronze  tombant 
du  haut  d'une  colonne,  un  aigle,  de  même  métal,  qu'un 
mécanisme  soulevait,  donnaient  le  signal  du  dépari .  Le 
Slade.  creusé  sur  la  pente  du  Kronion,  avait  une  entrée 
réservée  aux  cortèges  officiels,  à  l'angle  E.   de  l'Agora. 
On  avait  fait  de  ce  passage  un  tunnel  long  de  32  m. 
quand,  a  l'époque  macédonienne,  on  avait   exhaussé  les 
talus  du  Stade,  pour  permettre  à  un  plus  grand  nombre 
de   spectateurs  d'y  prendre   place.  Ces   tâus   n'étaient 
que  des  pentes  ou  des  gradins  gazonnés.  La  piste  était 
limitée  par  une  bordure  en  calcaire  blanc,  où  de  dis- 
tance en  distance  des  trous  permettaient  de  ficher  des 
poteaux.  Entre  les  poteaux  se  plaçaient  les  coureurs.  A 
une  des  extrcmilés  était  ime  tribune  pour  les  Hellano- 


OLYMPIE  —  OLYMPIQUES 


—  366 


dices,  et  près  d'un  autel  s'asseyait  la  prêtresse  de  Déméter 
Chamyné,  seule  femme  qui  assistât  aux  jeux.  Une  tente 
était  réservée  aux  préparatifs  des  concurrents.  Enfin  là, 
comme  partout  à  Olympie,  les  statues  s'offraient  en  foule 
aux  regards. 

De  tout  cela,  les  fouilles  nous  ont  rendu  une  grande 
partie  :  «  Que  manque-t-il  à  l'enceinte?  écrit  M.  Mon- 
ceaux, qui  nous  a  servi  de  guide.  Beaucoup  de  sculptures, 
d*ex-voto  et  d'autels,  mais  à  peine  quelques  chapelles 
d'importance  secondaire.  L'ensemble  est  retrouvé  et  re- 
constitué... Pour  le  plan  général,  l'élat  actuel  nous  fait 
connaître  des  portions  considérables  du  mur  de  circon- 
vallation,  le  soutènement  du  temple  de  Zeus  avec  les  tam- 
bom's  inférieurs  des  colonnes  du  portique  et  le  dessin  exact 
de  la  Cella  ;  au  Pélopeion,  la  trace  des  Propylées  et  du 
mur  pentagonal  ;  au  Philippeion,  la  colonnade  circulaire  ; 
à  FHéraion  et  au  Métroon,  les  murs  de  la  Cella  et  de  la 
galerie  extérieure  ;  la  forme  de  la  plupart  des  trésors  et 
des  indications  suffisamment  précises  sur  les  portiques  de 
l'Agora  et  les  monuments  situés  à  la  limite  ou  en  dehors 
de  l'enceinte.  » 

Administration  et  culte.  —  Dépositaires  du  trésor  de 
Zeus,  le  peuple  et  le  sénat  d'Elis,  chargés  de  l'adminis- 
trer, ne  devaient  en  disposer  que  pour  l'entretien  ou 
l'embellissement  du  sanctuaire.  En  cas  d'urgence,  ils  pou- 
vaient cependant  y  faire  des  emprunts.  Les  magistrats 
élcens  étaient  intimement  liés  à  la  vie  d'Olympie.  Au  mo- 
ment de  la  foire  qui  accompagnait  les  jeux,  les  agora- 
nomes  s'y  rendaient  ;  pendant  les  dix  mois  qui  précédaient 
les  concours,  des  nomophylarqiies  instruisaient  les  Hel- 
ianodices  des  devoirs  de  leur  charge.  A  Olympie  même 
régnait  un  sénat  dont  la  principale  fonction  était  de  gérer 
les  finances  du  temple.  Outre  les  dons  immenses  qu'il  ne 
cessait  de  recevoir,  le  sanctuaire  avait  des  revenus  fixes, 
tributs  payés  par  certains  peuples,  produits  de  terres  cul- 
tivées ou  louées,  auxquels  s'ajoutaient  les  amendes  infligées 
pendant  les  jeux  et  que  les  peuples  les  plus  fiers  ne  pou- 
vaient refuser  de  payer  s'ils  en  avaient  encouru.  Enfin, 
on  recevait  des  dépôts  d'or  et  d'argent,  el  l'on  faisait  des 
avances  aux  Etats  et  aux  particuliers.  Le  sénat  d'Olympie 
exerçait  un  contrôle  général  sur  tous  les  fonctionnaires 
du  sanctuaire,  autorisait  ou  refusait  la  création  de  monu- 
ments ou  l'érection  de  statues,  réglait  les  différends  rela- 
tifs aux  jeux  et  au  culte,  et  pouvait  re viser  les  sentences 
des  Hellanodices.  Au  temps  de  la  ligue  du  Péloponèse,  il 
fut  comme  une  sorte  d'arbitre  entre  les  peuples  confé- 
dérés. Le  secrétaire  du  sénat  était  chargé  d'exécuter  les 
décrets  de  ce  corps.  A  l'époque  romaine,  un  épimélète  ou 
inspecteur,  sans  doute  élu  par  les  Eléens,  représentait 
l'autorité  romaine. 

Le  culte  exigeait  un  grand  nombre  de  prêtres.  Chaque 
temple  en  avait  un  ou  plusieurs  et  tout  un  personnel.  Au 
sommet  étaient  les  trois  grands  prêtres  ou  théocoles,  et 
leurs  assistants,  les  trois  spondophores,  gardiens  des 
traités  et  du  droit  olympique,  et  qui  allaient  de  ville  en 
ville  convoquer  les  cités  helléniques  à  assister  aux  jeux. 
Eux-mêmes  étaient  souvent  secondés  par  trois  sous-spon- 
dophores,  ordinairement  leurs  parents  ou  leurs  amis. 
Ensuite  venaient  les  devins.  Mais  au-dessous  de  ces  grands 
dignitaires  existaient  une  foule  d'autres  fonctionnaires, 
sacrificateurs,  musiciens,  danseurs,  artisans,  médecins, 
cuisiniers,  etc.,  dont  la  liste  nous  a  été  conservée,  au  moins 
eii  ce  qui  concerne  les  chefs  de  .service.  Les  devins,  qui 
dirigeaient  foracle,  jouirent  en  Grèce  d'une  immense 
autorité  pendant  mille  ans.  Cités,  rois,  chefs  d'armée  en 
appelaient  auprès  d'eux  et  les  retenaient  à  prix  d'or.  Un 
devin  assistait  à  chaque  sacrifice  offert  à  Olympie,  et  il 
s'en  offrait  une  multitude.  Un  de  ces  devins,  moins  con- 
sidéré que  les  autres,  paraît-il,  interprétait  les  songes. 
Tous  se  recrutaient  dans  trois  familles  d' Eli  de,  les  famides, 
les  Rlytiades,  les  Telliades.  Le  culte  lui-même  était  très 
compliqué  et  tous  les  détails  en  étaient  prévus  et  réglés 
avec  un  soin  minutieux.  Outre  les  sacrifices  des  pèlerins, 


d'autres,  en  nombre  considérable,  étaient  obligatoires  ;  il 
y  avait  des  cérémonies  quinquennales,  annuelles,  men- 
suelles, quotidiennes.  Les  deux  plus  grandes  fêtes  étaient 
celles  de  Zeus  et  déliera,  qui  revenaient  tous  les  cinq  ans 
et  dont  l'une  était  la  fête  des  hommes,  l'autre  la  fête  des 
femmes.  '  André  Baudrillârt. 

BiBL.  :  PAUSArsiAs,  1.  V  et  VI.  —  Quatremère  de  Quincy, 
le  Jupiter  Olyynpien  ;  Paris,  1815.  — Abel  Blouet,  l'Expé- 
dition scientifique  de  j¥orée;  Paris,  1831.  —  E.  Curtius, 
F.  Adler,  g.  Treu,  W.  Dorpfeld,  Ausgro.bungen  zu 
OUjmpia  /Berlin,  1876-81,  3  vol.  —  Inschriften  ans  Olym- 
pia, dans  Arch.  Zeituna,  1876-81.  —  0.  Rayet,  Etudes 
d'archéologie  et  d'art;  Paris,  1888.  —  Laloux  et  Mon- 
ceaux, Restauration  d'Olympie  ;  Paris,  1889. 

OLYMPIODORE,  alchimiste.  On  connaît  sous  ce  nom 
un  historien  grec,  natif  de  Thèbes  en  Egypte,  qui  prit  part 
à  une  ambassade  envoyée  en  412  par  Honorius  à  Attila. 
11  a  voyagé  chez  les  Blemmyes,  en  Nubie,  visité  les  prêtres 
d'Isis  à  Phila^,  et  il  a  écrit  l'histoire  de  son  temps,  une 
continuation  d'iùinape  en  22  livres,  embrassant  la  période 
de  407  à  425  et  dont  Photius  a  conservé  un  extrait 
(Cf.  Dindorf,  Historicl  grœci  ininores,  t.  I).  Photius  le 
désigne  sous  le  nom  caractéristique  de  poiétès,  c.-à-d. 
opérateur  en  alchimie.  Dans  la  collection  des  alchimistes 
grecs  (publiée  par  Berthelot  et  Ruelle,  texte  et  traduc- 
tion, 1887-88,  3  vol.  in-4),  figure  sous  son  nom  un 
ouvrage  alchimique  considérable  et  fort  intéressant  ;  il  y 
cite  les  opinions  des  philosophes  ioniens  sur  les  principes 
(les  choses  et  les  amalgame  avec  les  idées  des  alchimistes 
égyptiens,  Hermès  et  Agathodémon,  dans  un  langage 
imprégné  de  gnosticisme  :  mélange  singulier  qui  caracté- 
rise cette  époque  de  syncrétisme  et  de  décadence,  qui  marqua 
la  fin  de  la  civilisation  antique.  M.  Berthelot. 

OLYMPIQUES  (Jeux) .  Les  fêtes  Olympiques  constituaient 
la  plus  importante  manifestation  panhellénique  de  la  Grèce 
ancienne.  Tous  les  peuples  grecs  y  étaient  convoqués.  Une 
(rêve  sacrée  régnait  pendant  leur  célébration  et  elles  don- 
naient à  tous  ces  petits  peuples  ordinairement  si  divisés 
une  occasion  de  fraterniser.  L'origine  des  jeux  Olympiques 
est  fort  ancienne.  Les  traditions  l'attribuaient  tantôt  à  Au- 
gias,  tantôt  à  l'Hercule  Thébain,  fils  d'Amphitryon,  ou  à 
un  autre  Hercule  plus  ancien  qui  se  rattachait  à  la  légende 
des  Dactyles  du  mont  Ida,  tantôt  encore  à  Pélops,  à  Pisos, 
fondateurs  de  Pisa,  enfin  à  d'autres  héros.  Quoi  qu'il  en  soit, 
on  ne  saurait  douter  que  des  jeux  Olympiques  n  aient  existé 
antérieurement  au  retour  des  Héraclides.  Ils  n'avaient  point 
du  reste,  dans  ces  âges  reculés,  le  caractère  international  que 
sut  leur  donner  plus  tard  leur  second  fondateur,  Iphitos. 
Interrompus  pendant  une  période  plus  ou  moins  longue,  ils 
furent  rétablis  par  Iphitos,  qui  régnait  en  Llide  au  temps 
même  où  Lycurgue  donnait  des  lois  à  Sparte.  La  pénin- 
sule était  alors  aux  prises  à  toutes  sortes  de  fléaux,  guerres, 
divisions  intestines,  etc.  Iphitos  alla  consulter  l'oracle  de 
Delphes,  qui,  pour  remédier  à  ces  maux,  lui  conseilla  de 
restaurer  les  jeux  d'Olympie.  D'accord  avec  Lycurgue,  il 
fixa  les  termes  d'une  trêve  sacrée  obligeant  tous  ceux  qui 
prenaient  part  à  la  solennité.  Toutes  hostilités  devaient 
cesser  entre  eux  pendant  un  mois  entier,  à  l'occasion  des 
jeux.  En  même  temps  le  territoire  de  l'Elide  était  déclaré 
neutre  et  inviolable  sous  peine  d'anathème.  Si  des  troupes 
devaient  le  traverser,  elles  déposaient  leurs  armes  en  y 
pénétrant  et  ne  les  reprenaient  qu'en  en  sortant.  La  se- 
conde partie  de  la  convention  fut  d'ailleurs  beaucoup  plus 
sirujnileusement  observée  que  la  première,  et  les  environs 
mêmes  du  temple  servirent  plus  d'une  fois  de  champ  de 
bataille.  Du  temps  de  Pausanias,  on  montrait  encore  aux 
curieux  un  disque  très  ancien,  quoique  postérieur  au  ré- 
tablissement des  jeux,  appelé  disque  dlphitos,  et  sur 
lequel  étaient  gravés,  avec  le  nom  d'Iphitos  et  de  Lycurgue, 
les  articles  de  la  trêve. 

Les  fêtes  étaient  consacrées  à  Zeus.  Elles  revenaient 
après  chaque  période  de  quatre  ans  accomplie,  dans  le 
courant  de  la  cinquième  année,  au  moment  de  la  pleine 
lune  du  solstice  d'été,  et  duraient  un,  puis  cinq,  six  et 


36T  ■- 


OLYMPIQUES 


jusqu'à  sept  jours.  A  partir  de  777,  quelques  années  après 
leur  restauration  par  Iphitos,  elles  servirent  de  base  à  la 
chronologie  grecque  (V.  Olympiade).  Les  Eléens,  chargés 
de  veiller  à  la  trêve  sacrée  et  d'infliger  une  amende  à  ceux 
qui  la  violaient,  avaient  aussi  en  main  la  police  des  jeux  ; 
ils  pouvaient  également  frapper  d'une  amende  ceux  qui  en 
transgressaient  les  règlements.  Quand  revenait  l'époque 
de  leur  célébration,  ils  envoyaient  des  députés  à  toutes  les 
nations  grecques  pour  les  inviter  à  y  prendre  part.  Celles- 
ci  déléguaient  alors  une  ambassade,  chargée  de  représen- 
ter officiellement,  et  aux  frais  de  l'Etat,  la  nation  à 
Olympie.  C'était  la  Théorie.  Le  chef  était  VArchitheoros, 
et  comme  de  grandes  dépenses  lui  incombaient  s'il  voulait 
remplir  cette  charge  avec  éclat,  il  en  recevait  beaucoup 
d'honneur.  Arrivées  à  Olympie,  les  théories  devenaient  les 
hôtes  de  la  cité,  ou  si  l'affluence  ne  permettait  pas  de  les 
loger  et  de  les  nourrir,  on  leur  offrait  du  moins  des  ban- 
quets. De  leur  côté,  elles  célébraient  en  grande  pompe  des 
sacrifices,  en  particulier  à  Zeus  Olympien.  Outre  les  théo- 
ries, on  voyait  affluer  de  toutes  parts  la  foule  des  concur- 
rents et  des  curieux.  Alors  tout  ce  monde  s'établissait 
comme  il  pouvait  dans  la  plaine,  qui  se  couvrait  de  tentes 
et  de  baraques. 

Les  femmes  mariées  ne  pouvaient  assister  aux  fêtes, 
sous  peine  de  mort.  Une  seule  exception  était  faite  en  fa- 
veur de  la  prêtresse  Éléenne  de  Déméter  Chamyné,  qui  avait 
droit  à  une  place  d'honneur.  Quant  aux  jeunes  fdles, 
elles  pouvaient  aller  et  venir  librement.  îl  était  interdit 
aux  Barbares  de  prendre  part  aux  sacrifices  et  aux  jeux. 
ÏOLitefois,  exception  fut  faite  en  faveur  des  Romains.  Tout 
Grec  était  admis  à  concourir,  pourvu  qu'il  jouit  de  ses 
droits  civils.  Il  devait  seulement  faire  quelque  temps  à 
l'avance  une  déclaration  aux  magistrats  d'Elis  et  prêter 
un  serment  par  lequel  il  athrmait  s'être  sérieusement  pré- 
paré aux  exercices  pour  lesquels  il  prétendait  lutter  et 
s'engageait  à  en  observer  les  règles.  Ceux  qui  n'avaient 
jamais  concouru  devaient  s'exercer  pendant  au  moins 
trente  jours  dans  les  gymnases  d'Elis.  Des  particidiers  ou 
même  des  cités  pouvaient  aussi  être  exclus  pour  des  mo- 
tifs d'ordre  politique  ou  religieux.  Ainsi  Thémistocle  fit 
interdire  àlliéron  de  Syracuse  d'envoyer  ses  chevaux  pour 
concourir  aux  courses  de  chars,  parce  qu'il  n'avait  pas 
joint  ses  forces  à  celles  des  Grecs  contre  les  Perses.  Sparte 
subit  une  fois  la  même  interdiction,  parce  qu'ayant  violé 
le  territoire  de  l'Elide,  elle  n'avait  pas  payé  l'amende. 
Quand  l'extension  coloniale  de  la  Grèce  eut  porté  au  loin 
h  race  hellénique,  on  admit  aux  jeux  les  originaires  des 
colonies  au  même  titre  que  ceux  de  la  mère-patrie,  et  l'on 
vit  des  concurrents  accourir  d'Asie,  de  Sicile,  d'Italie  et 
d'Afrique. 

Les  juges  et  ordonnateurs  des  jeux,  dont  le  nombre 
varia  de  un  à  douze,  étaient  appelés  Hellanothces.  Ils 
étaient  Eléens  et  nommés  par  le  peuple,  dix  mois  avant 
les  fêtes.  Leur  mission  était  de  préparer  celles-ci  et  de  veil- 
ler à  l'entraînement  des  concurrents.  Ils  habitaient  dès 
lors  un  monument  appelé  HeUanodikaion  et  étaient  mis 
au  courant  de  leurs  fonctions  par  les  Nomophyl arques, 
magistrats  eléens.  Les  jeux  venus,  vêtus  d'une  longue  robe 
de  pourpre  et  couronnés  de  laurier,  ils  prenaient  place 
dans  une  tribune  voisine  du  point  d'arrivée  des  courses, 
ils  veillaient  à  l'observation  des  l'èglemenls.  jugeaient  \vb 
concurrents,  couronnaient  le  vainqueur.  Sous  leur  direc- 
tion, des  ai^ents  subalternes,  armés  de  bâtons,  maintenaient 
Tordre,  Les  jeux,  suivant  leur  nature,  avaient  lieu  au  stade 
ou  à  l'hippodrome-  Le  premier,  réserve  aux  courses 
d'hommes  et  aux  exercices  athlétiques,  était  un  rectangle 
de  211  m»  de  long  sur  32  de  large.  L'hippodrome  où 
se  donnaient  les  courses  de  chevaux  et  de  chars  était  long 
de  770  m. 

Nous  connaissons  en  grande  partie  par  Pausanias  la 
liste  des  différents  exercices  et  la  date  de  leur  introduction 
successive  dans  la  solennité.  A  l'origine,  les  jeux  Olym- 
piques consistaient  exclusivement  en  deux  courses  dont  la 


première  éliminait  un  certain  nombre  de  concurrents.  Le 
premier  arrivant  de  la  course  définitive  était  proclamé 
vainqueur  et  son  nom,  à  partir  de  776,  soigneusement 
gravé  sur  une  liste  dressée  à  cet  effet.  Le  premier  fut  Co- 
rœbos  dont  le  nom  est  en  c|uelque  sorte  le  point  de  départ 
de  la  chronologie  régulière  de  la  Grèce.  Mais  bientôt  un 


Course  irpied. 

spectacle  si  simple  parut  monotone  et  Ton  voulut  y  appoi'- 
tcr  de  la  variété  et  des  perfectionnements.  Ce  fut  sur  le 
même  exercice  qu'ils  portèrent.  La  xiv®  olympiade  adjoi- 
gnit à  la  course  simple  la  course  double  qui  comportait 
deux  fois  la  longueur  de  la  piste  (otauXo;)  ;  l'olympiade 
suivante  vit  ajouter  la  course  longue  où  l'on  fournissait  sept 
fois  la  longueur  du  stade  (86Xr/oç).  C'est  de  la  xviii®  olym- 
piade que  date  la  plus  importante  modification,  puisque  la 
course  cesse  alors  d'être  l'unique  exercice.  On  introduit 
le  pentathlon,  ou  quintuple  combat,  qui  comprend  le  saut, 


Lutteurs. 

kl  course  à  pied,  le  jet  du  disque  et  du  javelot,  la  lutte. 
Les  sauteurs,  s'élançantd'un  point  élevé,  devaient  franchir 
oO  pieds  ;  ils  ne  prenaient  aucun  élan  et  ne  recevaient 
d'autre  secours  ([ue  le  balancement  de  leurs  haltères.  La 
course  était  la  course  simple.  Dans  le  jet  du  disque,  il 
s'agissait  seulement  d'envoyer  le  morceau  de  métal  le  plus 
loin  possible,  mais  avec  le  javelot  il  fallait  atteindre  un 
but.  Dans  la  lutte,  on  devait  faire  loucher  trois  fois  la 
terre  aux  épaules  de  l'adversaire. 

Il  y  eut  du  reste  à  partir  de  la  même  olympiade  des 
concours  spéciaux  de  lutte.  Le  pugilat,  ou  boxe  avec  lanières 
de  cuir  munies  de  barrettes  en  métal,  s'introduit  avec  la 
xxin*^  olympiade  ;  le  Pancraiion,  mélange  de  lutte  et  de 
j)ugilat,  avec  la  xxxm°.  Vax  l'olympiade  xxv^  commencent 
!es  courses  de  chars.  Les  attelages  étaient  de  quatre  che- 
vaux et  devaient  faire  onze  fois  le  tour  de  l'hippodrome. 
l/olymj)iade  xxxiii*^  inaugure  les  courses  de  chevaux  mon- 
li'S.  Fuis  viennciil  d'autre^  inno\atioiis  :  des  concours  spé- 
(iaux  sont  institués  pour  les  adolescents  :  courses  à  pied 
et  lutte  (oL  xxxvii^),  le  pentathlon  (oL  xxxvm^),  mais 
le  dernier  concours  fut  aboli  aussitôt  après,  enfin  le  pu- 
gilat (ol.  xxxix®).  Dans  la  cxlv^  olympiade  seulement,  des 
luttes  de  paner ation  furent  autorisées  pour  les  adoles- 
cents. En  vue  de  donner  à  la  course  un  caractère  pratique 
d'entraînement  militaire,  on  institue  (ol.  lxv^)  une  course 
d'un  nouveau  genre,  la  course  armée,  où  les  hommes  por- 
tent le  casque,  le  bouclier  et  des  jambières.  Plus  tard,  en 


OLYMPIQUES 


—  368 


^4ï.<.~Mf '<>— 


Course  armée 


raison  de  la  difficulté  de  cette  course  et  de  ramollisseuieut 
de  la  race,  le  bouclier  seul  fut  conservé.  Les  courses  de 
chars  se  compliquent.  A  partir  de  la  lxx®  olympiade,  on 
voit  des  courses  de  chars  attelés  de  mulets  ;  à  partir  de  la 
Lxxi*^,  des  courses  de 
chevaux  où  le  cavalier 
en  approchant  du  but 
doit  sauter  à  terre  et 
accompagner  son  che- 
val en  courant,  sans 
cesser  de    tenir    les 
rênes,  puis  des  courses 
de  chars  attelés  seu- 
lement de  deux  che- 
vaux dans  la  force  de 
l'âge  (ol.  xcui*^),  de 

quatre  poulains  (oL  xcix*^),  oudedeux  poulains  (ol.  cxxviii*'), 
des  courses  de  poulains  fol.  cxxxi*^).  11  y  eut  aussi  des 
courses  de  chevaux  montes  par  des  enfants.  Enfin  il  y  eut 
des  concours  de  hérauts  et  de  joueurs  de  trompette. 

La  grande  multitude  qu'attiraient  de  toutes  parts  les 
jeux  Olympiques  fournissait   aux    artistes    et   aux  écri- 
vains une  occasion  unique  de  se  faire  connaître.  Aussi 
peintres  et  sculpteurs  exposaient-ils  volontiers  leurs  œuvres 
à  Olympie,  et  à  partir  de  450  les  écrivains  y  donnent  des 
lectures  publiques  de  leurs  ouvrages.  Il  n'est  pas  certain 
qu'Hérodote  y  ait  lu  une  partie  de  ses  Histoires,  mais  on 
sait  que  le  célèbre  Gor- 
gias  et  Hippias  d'Elée 
y  remportèrent  de 
grands  succès  ;  le  Pa- 
uégyrique  d'Isocrate , 
le  Discours  olympique 
de  Dion    Chrysostome 
furent  lus  à  Olympie, 
et  nous  les  possédons 
encore.  Le  soin  et  les 
longues  années  qu'Iso- 
crate  consacra  mPa- 
) légyriqiie  d 'Athènes 

montrent   assez  quelle  Course  de  chars 

importance  on  attri- 
buait à  ce  jugement  public  et  panhellénique.  Mais  il  im- 
porte de  noter  que  ce  n'étaient  point  là  des  concours  et  que 
ces  lectures  étaient  en  dehors  du  programme  des  jeux. 
Néron  seul  dérogea  à  Tusage  en  ouvrant  à  Olympie  un 
concours  de  musique. 

Cette  soi'te  de  tableau  montre  ce  que  fut  le  développe- 
ment progressif  des  jeux  Olympicpies  et  expli([ue  l'intérêt 
qu'il  provoquait  chez  ce  peuple  épris  de  tous  les  exercices 
physiques.  Ce  développement  lui-même  est  à  la  fois  une 
cause  et  une  conséquence  du  mouvement  qui  poussait  les 
peuples  de  race  grecque  à  affirmer  en  de  solennelles  occa- 
sions leur  communauté  d'orisfine  et  de  sentiments.  Les 


tères  alphabétiques  mêlés  dans  une  urne  d'argent  consacrée 
à  Zeus,  on  procédait  au  tirage  au  sort  des  adversaires.  Si 
les  concurrents  étaient  en  nombre  impair,  il  en  restait  un 
que  l'on  réservait  pour  coml)attre  avec  le  vainqueur  de 

tous    les    autres.   En 

effet,  les   vaincus  se 

retiraient,   mais    les 

vainqueurs  devaient 

poursuivre  entre  eux 

la  lutte  jusqu'à  ce  qu'il 

ne  restât  plus  qu'un 

seul  concurrent.  Si  le 

nombre    des   athlètes 

était  pair,  celui-ci  était 

proclamé    vainqueui'  ; 

dans  le  cas  contraire, 

il  devait  combattre  encore  contre  celui  à  qui  le  tirage  au 

sort  n'avait  pas  assigné  d'adversaire,  et  c'était  pour  ce 

dernier  un  grand  avantage  que  de  n'avoir  encore  éprouvé 

la  fatigue  d'aucun  combat.  Si  un  athlète  se  trouvait  sans 

concurrent,  soit  par  suite  de  l'absence  ou  du  retard  de 

son  adversaire,  soit  parce  que  sa  réputation  décourageait 

toute  rivalité,  il  était  proclamé  vainqueur  sans  combat. 

Primitivement  les  coureurs  avaient  les  reins  couverts,  mais 

i  partir  de  la  xv«  olympiade  Thabitude  prévalut  de  paraître 

'*■'■"        ^ *    ^'"    'étendit  également  aux  lutteurs. 


^ivers  concours  ne  duraient  primitivement  qu'une  seule 
journée.  Us  commençaient  dès  l'aurore  pour  ne  fmir  qu'à 
la  nuit.  Avec  les  premiers  jeux  célébrés  après  l'expulsion  de 
l'invasion  perse  (ol.  lxxvh*'),  la  fête  prend  un  caractère 
plus  grandiose,  comme  il  était  naturel  à  un  moment  où 
le  sentiment  panhellénique  venait  d'être  violemment  su- 
rexcité, et  leur  durée  est  portée  à  cinq  jours.  L'ordre  dans 
lequel  avaient  lieu  tous  ces  concours  a  soulevé  de  nom- 
breuses discussions,  et  l'on  n'est  arrivé  en  somme  qu'à  des 
hypotiièbes.  La  question  n'a  du  reste  qu'un  intérêt  fort 
becondaire. 

La  /été  s  ouvrait  au  bon  de  la  trompette  et  le  héraut 
procédait  a  l'appel  des  concurrents  >  Un  des  Hellanodices 
leur  rappelait  leurs  devoirs,  les  exhortait,  et  invitait  à  se 
retirer  ceux  qui  auraient  conscience  de  s'être  insuffisam- 
ment exercés  ou  de  ne  pas  remplir  les  conditions  requises 
pour  concourir.  Puis  le  héraut  proclamait  leurs  noms  et 
avertissait  ceux  qui  auraient  quelque  objection  contre  un 
des  concurrents,  à  la  formuler^  Ensuite,  à  Laide  de  carac- 


entiêrement  nu,  et  elle  : 
Aussitôt  le  vainqueur  déclaré  pal'  les  Hellanodices,  un 
Iiéraut  proclamait  son 
nom  ;  il   recevait    des 
Hellanodices  une  palme 
et  était  invité  à  se  ti*ou- 
ver  présent  à  la  distri- 
bution   des    récom- 
penses. Dans  les  courses 
de  chariots  et  de  chars, 
ce  n'était  pas  le  con- 
ducteur ou  le  cavalier 
qui  remportait  le  prix, 
mais   les  chevaux  ou 
plutôt    leur    proprié- 
taire.  C'est  ainsi   que 
des  femmes  purent  être 
couronnées  aux  jeux  Olyjupiques,  bien  qu'elles  n'eusbcnl 
même  pas  le  droit  d'y  paraître  comme  spectatrices.  Aussi 
certains  Grecs  avaient-ils  moins  d'estime  pour  les  courses 
de  chevaux  que  pour  les  autres  exercices.  Tel  n'était  pas, 
cependant,  le  sentiment  général;  c'était  un  grand  hon- 
neur pour  une  famille  que  d'avoir  remporté  des  succès 
aux  courses  de  chevaux  et  de  chai  s,  et  Ton  sait  qu'Alexandre 
le  Grand  fit  frapper  des  médailles  commémoratives  du 
triomphe  de  ses  chars. 

Dans  les  temps  les  plus  reculés  des  jeux  Olympiques, 
les  récompenses  étaient  des  objets  de  valeur,  tels  qu'en 
dépeint  Homère  :  trépieds,  vêtements  précieux,  armes,  et 
même  des  sommes  d'argent.  C'est  à  l'Hercule  Idéen  qu'on 
attribuait  la  désignation  de  ces  prix.  Plus  tard,  l'oracle  de 
Delphes  en  ordonna  la  suppression.  Une  simple  couronne 
d'olivier,  ornée  de  bandelettes,  fut,  à  partir  de  la  vii°  olym- 
piade, l'unique  récompense  des  vainqueurs.  Ces  couronnes 
provenaient  toutes  d'un  seul  olivier  sauvage  que  l'on  pré- 
tendait avoir  été  rapporté  par  l'Hercule  Idéen  du  pays  des 
Hyperboréens  et  planté  dans  le  bois  de  l'Allis,  près  des 
autels  d'Aphrodite  et  des  Heures.  Un  jeune  garçon,  dont 
le  père  et  la  mère  devaient  être  Eléens  et  encore  vivants, 
en  coupait  les  rameaux  avec  une  faucille  d'or.  En  même 
temps  que  chaque  vainqueur  recevait  sa  couronne,  le 
héraut  proclamait  solennellement  son  nom,  celui  de  son 
père  et  de  sa  patrie.  Puis  les  vainqueurs  allaient  ensemble 
offrir  divers  sacrifices,  accompagnés  de  chœurs  qui  chan- 
taient un  vieil  hymne  d'Archiloque  ou  quelquefois  des 
poésies  composées  pour  la  circonstance.  Enfin  un  magni- 
fique banquet  offert  par  les  l^^léens  les  réunissait  tous  au 
Pryl  allée. 


369  — 


OLYMPIQUES  ---  OLVNTHE 


Mais  là  ne  s'arrêtaient  pas  les  honneurs  qui  leur  étaient 
rendus.  Les  plus  grandes  cités  s'honoraient  des  succès  obte- 
nus par  leurs  citoyens  aux  jeux  Olympiques,  et  les  plus 
humbles  en  étaient  illustrées.  Les  concurrents  apparte- 
naient souvent  d'ailleurs  à  des  familles  déjà  riches,  nobles 
et  célèbres.  Certaines  villes  avaient  établi  des  récompenses 
spéciales  que  l'on  décernait  à  ceux  qui  avaient  soutenu  le 
renom  de  leur  cité  devant  les  Grecs  assemblés.  C'est  ainsi 
qu'à  Athènes  une  loi  de  Solon  assurait  aux  vainqueurs 
une  somme  as^ez  considérable,  le  droit  d'occu])er  au 
théâtre  une  place  réservée  {pivâlrie),  enfin  la  faculté  d'être 
nourri  au  Prytanée  leur  vie  durant.  A  leur  retour,  on  se 
portait  en  foule  au-devant  d'eux.  Processionnellement  on 
les  conduisait  d'abord  au  temple  de  Zeus  où  l'on  consa- 
crait la  couronne,  puis  au  temple  de  Hestia  où  l'on  offrait 
un  sacrifice  d'actions  de  grâce.  Souvent  le  vainqueur  en- 
trait par  une  brèche  pratiquée  dans  le  mur  de  la  ville, 
comme  si,  dit  un  auteur  ancien,  une  ville  qui  possédait 
de  pareils  citoyens  n'eût  pas  eu  besoin  de  murailles,  l^es 
poètes  célébraient  leur  gloire,  et  les  plus  illustres,  comme 
Bacchyiide,  Simonide  et  Pindare.  ne  dédaignaient  pas  de 
\q\\v  offrir  l'immortalité  de  leurs  vers.  Les  poètes  d'ail- 
leurs y  trouvaient  un  profit  matéi'iel  considérable,  car,  dans 
l'exaltation  du  triomphe,  les  vainqueurs  et  leurs  amis 
étaient  naturellement  portés  à  la  générosité.  Une  autre 
gloire  enfin  leur  était  réservée  :  tout  vainqueur  pouvait 
faire  placer  sa  statue  dans  le  bois  de  l'Altis,  et  s'il  triom- 
phait pour  la  troisième  fois,  cette  statue  était  un  portrait 
véritable,  et  les  traits  du  héros  restaient  ainsi  exposés  en 
exemple  et  en  admiration  aux  regards  de  la  postérité.  Les 
Romains  disaient  que  les  lionneurs  décei'nés  aux  vainqueurs 
des  jeux  Olympiques  valaient  le  trionqjhe  accordé  chez  eux 
aux  généraux  vainqueurs. 

Les  jeux  Olympiques  ne  furent  pas  seulement  chez  les 
Grecs  une  fête  magnifique  et  une  occasion  de  rapproche- 
ment entre  des  peuples  de  même  race  séparés  le  plus  sou- 
vent par  la  configuration  géographique  de  la  contrée  qu'ils 
habitaient  autant  que  par  les  conflits  d'amour-propre  et 
d'intérêt  :  ils  entretinrent  chez  eux  le  goût  des  exercices 
physiques  et,  avec  ce  goût,  la  vigueur  corporelle,  l'habitude 
et  l'endurance  de  la  fatigue,  si  nécessaires  au  métier  des 
armes  ;  ils  contribuèrent  à  maintenir  l'équilibre  entre  l'es- 
prit et  le  corps  dans  une  race,  la  plus  merveilleusement 
douée  qui  fût  jamais,  mais  dont  la  subtilité  naturelle  et 
l'imagination  avaient  besoin  d'être  contrebalancées  par  le 
sens  pratique,  la  mesure,  la  maitrise  de  soi,  qu'exige  la 
pratique  des  sports  athlétiques.  Enfin  la  sculpture,  grâce 
à  l'habitude  de  reproduire  les  traits  des  athlètes,  dut  pour 
une  bonne  part  aux  jeux  Olympiques  le  goût  de  l'obser- 
vation exacte,  dont  l'heureux  mélange  avec  l'idéalisme  est 
un  des  traits  les  plus  caractéristiques  de  l'art  grec.  Les 
jeux  Olympiques,  célébrés  en  grande  pompe  pendant  toute 
la  durée  du  haut  empire  romain,  qui  leur  accorda  protec- 
tion et  privilèges,  furent  abolis  en  la  ccxciii^  olympiade, 
l'an  394,  sous  le  règne  de  Théodose.  Les  jeux  Olympiques 
prêtèrent  leur  nom  à  des  solennités  analogues  célébrées 
dans  un  grand  nombre  de  villes.  Athènes  en  possédait  au 
temps  de  Pindare,  et  Hadrien  en  institua  de  nouveaux  ; 
Aegée    en  Macédoine.    Alexandrie.  Anazarbe  en  Sihcie, 
Antioche  en  Syrie,  Attalie  en  Pamphylie,  Cyzique,  Cyrène, 
Dium  e]i Macédoine,  r^phèse.  Elis.  Magnésie  enLydie.Naples, 
Nicée  enBythinie.  Mco))olis  en  Epire.  Olympe  en  Thessa- 
lie,  Pergame  en  Mysie,  Side  en  Pamph\lie,  Smyrne,  Tbarse 
(']!  Silicie,  Tégée  en  Ar.'adie,  Thessalonique  en  Macédoine. 
Thyatire  et  Tralles  en  Lydie.  Tyr  en  Phénicie,  eurent  leurs 
jeux  Olympiques,  ('eux  d'Antioclu'  surtout  acquirent  une 
grande  célH)rite.  —  A  l'époque  moderne,  uuo  teutativo 
fut  faite  en  1896,  a  Athènes,  pour  reconstituer  des  épreu>  es 
^ithlétiques  int^Tiationales,   sous  le  nom  à^Jeux  01  y >^^- 
piques.  On   parle  de  donner   une   seconde  réunion    a 
Paris  en  1900.  André  Baudriuart. 

BiBL.  :  ÏExri:s  ancikns.  —  Il  existait  dans  l'antiquité  un 
grand  nombro  d'ouvragen  sur  les  joux  Olympiquo-^.  «n   dc:^ 

GRAXDE    ENCVLLOi'CDU:.    —    XXV. 


documents  officiels  tels  que  les  listes  des  vainqueurs  con- 
servées à  Elis.  De  tout  cela,  il  ne  reste  qu'un  petit 
nombre  d'écrits  :  fragments  importants  de  l'ouvrage  de 
Phlégon  de  Tralles,  composé  sous  le  règne  d'Hadrien  et 
intitulé  Ihpl  Twv  'OXufXTUiwv  OU  'OXujjltt^cdv  xal  Xpovixwv 
>!]uvaYWY7Î ;  l'ouvrage  de  Julius  Africaxus  ^'EXXtJvodv 
'OXu[X7:ià8£ç  OLTZQ  x^ç  7:paST7]ç,  etc.,  conservé  par  Eusébe; 
Pausanlvs,  surtout  liv.  V.  ~  Corpus  Inscriptionum  grœ- 
co.rayn.  —  A  consulter  :  Meursius,  Grœcia  feriata,  dans 
Groxovius,  Thésaurus  grœc.  antiq.  ~  Krav se,  Olympia 
odcr  Darsteltung  der  gr^ossen  Olympischen  Spiele  ; 
Yiomie,  1838.  —  Curtius.  Ohjmpiu,  187)2  (Cf.  Alterthum 
uiid  Gegenx'^art.  1882,  t.  I.   —  Botticher,  Olympia.  188o. 

—  HoLWERDA,  les  Fêtes  d'Olympie,  dans  Arch.  Zeitung, 
1880.  —  Reginald  s.  Poole,  The  Coins  of  Cam.drina,  ISfo. 

—  Brit.  mus.  Inscrip.^  II,  13.  —  Schœmann,  Antiq.  gr.. 
trad.  Galuski,  t.  II.  —  Laloux  et  Monceaux,  Ôlympie.  ^ 

OLYM  PO  S.  Légendaire  musicien  de  Phrygie,  élève  de 
Marsyas,  ancêtre  mythique  d'une  famille  de  joueurs  de 
flûte.  Un  groupe  antique  le  représente  avec  Pan  qui  lui  en- 
seigne le  maniement  de  la  syrinx. 

OLYMPOS,  sculpteur  grec  de  l'école  de  Sicyone.  11 
avait  exécuté  la  statue  d'un  vainqueur  d'Olympie,  Xéno- 
phon,  fils  de  Menephylos,  un  athlète  d'yEgion  en  Achaïe, 
vainqueur  au  pancrace  (Pausanias,  VI,  3,  13).  On  ne  sait 
de  lui  rien  de  plus.  On  le  place  ordinairement  après  la 
Lxxx^  olympiade  (i60);  mais  le  temps  où  il  vécut  reste 
incertain.  P.  M. 

BiDL.  :  Bruxn.  (rescfiichle  der  grierhischeii  Kùnstler  : 
Stuttgart,  1889,  t.  I,  p.  298,  2«  éd. 

OLYNTHE  (*OXuvôoç).  Ville  de  la  Grèce  antique,  sise 
dans   la   péninsule    de    Chalcidique   (V.   ce   mot),   au 
fond  du  golfe  de  Torone  (auj.  de  Rassandra),  à  1^2  kil. 
de  Potidée  (Pinaka),  à  quelque  distance  de  la  mer  sur 
laquelle  Mecyberna  lui  servait  de  port.   Dans  la  fertile 
plaine  de  Bottiée,  elle  fut,  vers  le  temps  des  guerres  mé- 
diques,  occupée  pailles  colons  grecs  de  Chalcidique.  Elle  fut 
prise  par  les  Perses  d'Artabaze,  qui  noya  ses  habitants  dans 
un  étang  voisin.  Le  roi  de  Macédoine,  Perdiccas,  persuada 
aux  Chalcidiens  des  petites  villes,  et  en  particulier  de  To- 
rone,  de  s'y  établir,  et,  grâce   à    la  position    centrale 
d'Olynthe,  elle  devint  cité  dominante  de  la  Chalcidique. 
Les  Bottiéens  lui  furent  tout  à  fait  assujettis.  Elle  fut 
impliquée  dans  la  guerre  de  Péloponèse,  se  rendit  indé- 
pendante de  la  confédération  athénienne  et,  pour  assurer 
également  cette  autonomie  vis-à-vis  des  rois  de  Macédoine, 
se  mit  à  la  tète  d'une  confédération  des  cités  de  la  Chal- 
cidique, dans  laquelle  elle  fit  entrer,  à  partir  de  392,  les 
cités  côtières  de  Macédoine  et  même  Pella,  en  profitant 
de  la  faiblesse  du  roi  Amyntas.  La  confédération  était  fon- 
dée sur  des  principes  libéraux  d'égalité  des  droits  civils. 
Malheureusement,  sa  puissance  fut  brisée  par  Sparte,  puis 
par  Athènes,  l^n  383,  Sparte  ayant,   conformément  au 
traité  d'Antalcidas,  qui  stipulait  l'autonomie  de  chaque 
cité  hellénique,  réclamé  la  dissolution  de  la  confédéra- 
tion,  à  l'instigation  d'Acanthe  et  d'Apollonie,  jalouses 
d'Olynthe,   celle-ci  refusa.   Une   guerre  s'ensuivit;   les 
armées  Spartiates  d'Eudamidas  et  de  Téleutias,  frère  d'Agé- 
silas,  furent  tenues  en  échec  par  la  cavalerie  olynthienne 
et  la  seconde  essuya  une  défaite  complète.  Le  roi  Agési- 
polis,  envoyé  à  son  tour,  mourut  de  la  fièvre;  maisPoly- 
biades  obligea  Olynthe  à  céder  ;  la  confédération  chalci- 
dique fut  dissoute  et  Olynthe  obligée  d'entrer  dans  la 
confédération  lacédémonienne  en  jurant  fidélité  à  Sparte. 
Un  coup  aussi  grave  fut  porté  par  Athènes  en  suite  de  la 
Guerre  Sociale;  de  368  à  363,  ses  généraux,  en  particu- 
lier Timothée,  vijuvnt  s'emparer  des  rives  du  golfe  Ther- 
maïque  (aujourd'hui  de  Salonique),  de  Pydna,  de  Méthone, 
de  Potidée.  Affaiblie,  Olynthe,  qui  était  le  principal  bou- 
levard do  lu  Grèce,  contre  les  rois  de  Macédoine  et  qu'i'f- 
frayait  la  chute  d"  Vmphipohs,  demanda  a  Athènes  h  paiv 
et  une  allinnce,  ne  l'ayant  pus  obtenue,  elio  s'alîia  à  Phi- 
lippe «^t  y  gagna  le  territoire  d'Anthemus  et  de  Potide* 
(enlevée  aux  Athéniens),  qui  fuirent  détruites.  Mais  pou 
après,  elle  s'aperçut  du  danger  que  lui  créait  la  volonté 
du  roi  de  Macédoine  de  constituer  une  puissance  maritime 
en  annexant  toutes  k\^  villes  de  la  cote.  Elle  traita  alors 

24 


OLYNTHE  —  OMALIUS 


370  ~ 


avec  Athènes  (352).  En  350,  éclala  la  guerre  contre  la 
Macédoine.  Démosthone  fit  les  plus  grands  efforts  pour 
décider  ses  compatriotes  à  secourir  leur  vieille  ennemie  et 
prononça  à  cet  effet  ses  Olynihiennes  (V.  Démosthène). 
Les  secours  furent  tardifs  et  insuffisants.  Des  traîtres  ou- 
vrirent les  portes  à  Philippe  ;  la  ville  fut  mise  à  sac, 
tous  les  survivants  vendus  comme  esclaves.  Olynthe  fui 
complètement  détruite.  Quelques  vestiges  se  voient  au  lieu 
dit  Ai-Mamas.  11  reste  quelques  monnaies  d' Olynthe  avec 
Héraldès  vêtu  de  la  peau  du  lion,  ou  avec  une  tôle  d'Apol- 
lon et  la  lyre  au  revers.  A. -M.  B. 

BiBL.  :  VcEMi-L,  De  Olijntlil  sttii,  cIcUhIc.  potestiitc  vt 
everaione  ;  Fraiiclort,  IS'iO.  —  Ci*.  DhAio&TiiKxi':. 

OWl  OU  AU  M.  Monosyllabe  sacré  exprinuint  à  la  fois 
l'affirmation,  l'acquiescement  et  la  héiiédictioo.  Composé 
des  trois  lettres  a,  u,  m,  il  représente  les  trois  Védas, 
la  trinité  hindoue,  etc.,  et  résume  en  une  seule  émission 
de  voix  toute  chose  ineffable.  C'est  pourquoi  on  l'emploie 
au  début  des  prières  et  ([u'on  l'écrit  en  tè(c  des  livres  e! 
sur  les  murs. 

OM  MANi  PADME  HOUM.  luvocatiou  bouddhiquc,  restée 
extrêmement  populaire  au  Tibet.  Composée  de  deux  mois 
sanscrits  entre  deux  interjections  magiques,  elle  signifie  : 
«  Om  !  le  joyau  sur  le  lotus,  iioum  !  »,  et  s'applique 
sans  doute  au  Bouddha,  Fun  des  «  Trois  joyaux  »  du 
bouddhisme  et  qu'on  représente  toujours  assis  ou  debout 
sur  un  lotus  épanoui.  Son  énonciation  en  toutes  circons- 
tances et  son  inscription  en  tous  lieux  passent  pour  avoir 
une  grande  vertu. 

OM.  Riviîre  de  Sibérie,  affl.  dr.  do  l'Irtych.  Traverse 
le  gouv.  de  Tomsk  et  la  prov.  d'Akmolhisk.  Naît  dans  les 
marais  d'Omsk.  Longueur  environ  700  kil.  Coule  dans  une 
direction  générale  E.-O.  et  se  jette  dans  l'Irtych,  près  de 
la  ville  d'Omsk.  La  haute  vallée  de  l'Omest  généralement 
marécageuse,  couverte  do  forets  et  presque  inhabitée.  A 
mesure  qu'on  descend  la  rivière,  le  pays  prend  un  carac- 
tère de  steppe,  et  la  population  devient  plus  nombreuse. 
Au  printemps,  l'Omest  navigable  à  partir  de  Kaïnsk,  ville 
située  à  235  kil.  de  l'embouchure.  Le  cours  de  l'Om  est 
lent.  Mar.  G. 

OM~Bedr.  Oasis  du  Soudan  oriental,  entre  le  Kordofan 
et  le  Darfour,  à  300  kil.  environ  d'El-Obéid  et  d'El- 
Fâcher. 

OMA    ou    HAROUKOU.    L'une    dos   îles    Moluqucs  ; 
72  kil.  q.  ;  8.800  hab.  Elle  dépend  d'Amboine. 
OMACÉPHALE  (V.  Monstre,  t.  XXIV,  p.  173). 
OMAGH.  Ville  d'Irlande,   ch.-l.  du  comté  de  Tyroiie, 
sur  le  Strule  ;  4.039  hab.  (en  1891).  Toile. 

0 MAGNA  (Umaiia).  Ancien  nom  des  populations  in- 
diennes civilisées  qui  vivaient  à  LE.  des  Andes,  sur  le 
N.-E.  du  Pérou,  le  N.-O.  du  Brésil  et  le  S.  de  la  Colom- 
bie, au  temps  de  la  conquête  espagnole.  On  les  appelait 
aussi  Campenas,  Têtes-Plates,  parce  qu'ils  aplatissaient 
la  tête  des  enfants.  Ils  se  sont  fondus  avec  les  autres 
tribus. 

OMAHA-CiTY.  Ville  des  Î'^tats-Unis  (Xebraska),  rive 
droite  du  Missouri  ;  160.000  hab.  (en  ]  895),  dont  près  de 
10  7o  de  Scandinaves.  En  1870,  elle  ne  comptait  encore 
que  16.083  hab.  C'est  le  terminus  oriental  du  chemin  de 
fer  Union-Pacific  et  l'un  des  plus  grands  nœuds  de  voies 
ferrées  de  l'Amérique  par  la  soudure  des  réseaux  oriental 
et  occidental.  Belle  ville  aux  larges  rues  se  coupant  à 
angle  droit.  La  ville  basse,  formant  terrasse  au  bord  du 
Missouri,  est  consacrée  aux  affaires.  La  ville  haute,  sur  les 
escarpements  qui  dominent  la  vallée,  renferme  les  habita- 
lions  do  lux(^  les  parcs,  les  églises.  —  Usines  de  fonte  el 
d'aftinage  d'rn*,  argent,  plomb  et  sulfate  de  cuivre,  d'uii(> 
li'ès  grande  importance.  Vastes  ateliers  de  chemins  de  fer  ; 
abattoirs,  où  l'on  tuait  environ  1.300.000  porcs  en  1893  ; 
préparation  de  saindoux  ;  briqueteries  :  m.achines  ;  instru- 
ments agricoles.  Grand  commerce  de  céréales.  Fondée  en 
1854,  Omaha  grandit  rapidement. 


OMAHÂS  (EthnoL).  Les  Omahas  sont  une  des  tribus 
les  plus  réputées  et  les  mieux  connues  du  groupe  de  Peaux- 
Rouges  auquelles  Sioiix,  fuis  les  Dacotas,  donnèrent  leur 
nom,  le  groupe  du  Missouri.  Déjà  auxvii^^  siècle,  ils  s'élaient 
signalés  à  l'attention  des  Européens.  Et  encore,  à  ia  (in  du 
siècle  dernier,  ils  étaient  redoutables  par  leur  nombre  et 
leur  ardeur  guerrière,  occupant  le  territoire  qui,  delà  rive 
droite  du  Missouri,  s"étend  de  chacpie  côté  de  la  Nebraska. 
Mais  au  commencement  de  celui-ci  une  épidémie  de  variole 
les  a  décimés,  et  leur  nombre  cji  1804  était  tombé  à  60, 
d'après  Lewis  et  Clark.  Un  de  leurs  chefs  les  plus  fameux, 
Black-Bird.  a  succombé  lui-même,  après  une  visite  à  Was- 
hington (1804).  l'A  ia  façon  dont  il  se  lit  enterrer  est  un 
bon  exemple  de  Lhéroique  jactance  de  ces  sauvages.  Sur 
son  ordre,  une  grande  fosse  fut  creusée  au  sommet  d'un 
pic  dominant  le  Misi^ouri.  11  y  fut  placé  en  selle  sur  son 
cheval,  l'arc  en  main,  le  bouclier  et  le  carquois,  la  pipe 
et  le  sac  à  médecines  (être  habile  sorciei',  et  il  l'était,  est 
le  meilleur  moyen  de  devenir  chef  chez  les  Peaux-Rouges) 
sur  les  épaules.  11  avait  la  tète  ornée  de  la  coiffure  de 
guerre  faite  de  plumes  d'aigles,  et  à  sa  ceinture  son  sac 
à  tabac  garni  ainsi  que  son  sac  à  pemmican  et  sa  pierre  à 
feu.  Les  scalps  qu'il  avait  conquis  pendaient  à  la  bride 
du  cheval.  Après  que  ses  guerriers  eurent  imprimé  leur 
marque  sur  la  robe  de  celui-ci  avec  leurs  mains  enduites 
de  vermillon,  on  le  recouvrit  do  terre,  et  au-dessus  de  ce 
haut  tumulus  une  poutre  de  cèdre  fut  dressée. 

Les  épreuves  ont  toutefois,  à  ce  qu'il  semble,  apporté 
([uelque  tempérament  à  leur  intraitable  orgueil.  Toujours 
est-il  qu'ils  sont  de  ceux  qui  ne  se  montrèrent  pas  rebelles, 
à  l'invitation  plus  ou  moins  iujpérative  du  gouvernement 
des  Etats-Unis,  i\  cJiercJier  leur  subsislance,  au  moins  en 
partie,  dans  la  culture  do  la  toiTo.  Dès  le  milieu  du  siècle, 
en  outre  de  l'élevage  du  cheval,  qu'ils  s'entendent  admi- 
rablement àcaplureret  à  dresser,  ils  pratiquaient  diverses 
cultures  sur  une  surface  appréciable  de  leur  territoii-e 
d'ailleurs  très  réduit.  Cette  circonstance  parait  les  avoir 
sauvés  d'une  disparition  imminente.  Ils  ont  été  confinés 
dans  une  agence  de  l'Arizona  oii  l'on  en  compte  1158 
(en  1890).  En  1883,  une  troupe  de  dix-neuf  Omahas  a 
été  amenée  à  Paris.  La  présence  du  sang  mongolique  était 
très  apparente  chez  ces  individus,  grands  (h.  adultes,  de 
1"^,66  à  1^^,78),  conservant  cependant  le  nez  vigoureu- 
sement saillant  qui  est  distinctif  des  Peaux-Rouges.  Leur 
buste  était  long,  épais  el  ils  avaient  de  l'embonpoint.  Leur 
peau,  d'autant  plus  foncée,  brune  et  rouge,  que  les  parties 
étaient  habituellement  moins  couvertes,  'était  simplement 
jaune  chez  les  enfants.  Cesenlants  présentaient  aux  yeux 
la  bride  précaroncuîaire  (31anouvrier).  Enfin  presque  tous 
avaient  la  tête  franchement  arrondie.  Telle  n'est  pas  la 
règle,  d'ailleui'S,  on  le  sait,  chez  les  Peaux-Rouges  et  même 
dans  le  groupe  des  Sioux  ou  Dacotas.         Zabokowski. 

OMALIUS  d'Iïalloy  ( Jean-Baptiste- JuHen,  baron  d'), 
géologue  et  administrateur  belge,  né  cà  Liège  le  16  févr. 
1783,  mort  k  BruxeUes  le  15  ianv.  1875.  R  fut  tour  à 
tour  maire  de  Skeuvre(1807)et''de  Braibant  (1811),  sous- 
intendant  de  l'arr.  de  Dinant  (1814),  secrétaire  général 
de  la  province  de  Liège  (1815),  gouverneur  de  la  province 
de  Namur  (1815),  conseiller  d'Etat,  sénateur  (1848).  Con- 
sacrant aux  sciences  naturelles,  et  plus  particulièrement  à 
la  géologie,  tout  le  temps  que  lui  laissaient  ses  fonctions 
publiques,  il  s'acquit,  de  bonne  heure,  comme  savant,  une 
grande  célébrité  et  il  devint,  en  1816,  membre  de  l'Aca- 
démie de  Bruxelles,  qu'il  présida  à  partir  de  1850.  R  était 
aussi  correspondant  de  l'Académie  des  sciences  de  Paris 
(1842).  Outre  un  nombre  considérable  de  mémoires  insé- 
rés dans  le  j'ecueil  de  l'Académie  de  Bruxelles,  dans  les 
Aïiiiales  des  mines,  dans  le  Journal  des  mines,  dans  les 
Meiitoireb  de  la  Société  (jéo logique  de  France,  etc.,  il 
a  \mbliè  :  Descripiivn  géologique  des  Pays-Bas  (S amnr, 
1828);  Eléments  de  géologie  (Xainur,  'l83î;  3'-  éd  , 
1839);  introduction  à  la  géologie (Ssumir,  iS'd'S);  Géo- 
logie de  Belgique  (Bruxelles,  1842);  Des  liaces  humaines 


l\  — 


OxMALlUS  —  OMAR 


(Paris,  1840;  4^  éd.,  VSb'i)),  elc.  On  lui  doit  aussi,  dans 
un  autre  ordre  d'idées,  un  Code  adniinistiatif  {y.umnv, 
'1827,  2  vol.)  et  des  Nolions  de  statistique  (Xamur, 
-1840).  _  ^         L.  S. 

O'MALLEY  (riiadeus),  publicisle  anglais,  né  près  de 
Limerick  en  i79o,  mort  à  Dublin  le  2  janv.  1877.  Entré 
dans  la  prêtrise  calholi({uc,  il  fut  employé  en  Amérique 
ou  rindépcndan;'c  de  ses  idées  lui  valut  une  suspension 
ecclésiastique.  Il  revint  à  Dublin,  où  il  fut  attaché  à  la  ca- 
thédrale. Pamphlétaire  spirituel  et  mordant,  O'Malley  se 
jeUi  dans  la  poliliijue  et  réclama  avc^  insistance  une  loi 
bur  les  pauvres  ci  la  réforme  du  système  d'édui-atioii  en 
Irlande.  Lorsqu'il  eut  publié  A  Sketch  of  the  State  of 
popidar  educalioii  la  llottand,  Puissia,  Betgiiuii  and 
France  (18^0,  2^-  éd.  in-S),  le  gouvernement  le  nomma 
recteur  de  l'Université  catholique  de  Malte  ;  mais  sa  rage 
des  réformes  lui  fit  bientôt  retirer  cet  emploi.  11  fonda  alors 
(1845)  TJie  Social  Economiste  puis  Tlie  Federatist,  (pu 
détachèrent  d'O'Connell  nombre  de  partisans.  O'Malley  iiî 
de  vains  efforts  pour  fondre  les  deux  partis  de  la  jeune 
et  de  la  vieille  îrlamle.  Knl870.  il  appuya  passionnément 
le  mouvement  en  faveur  du  ilome-llulc.  Citous  encore  parmi 
bcs  ou\Tages  :  ikirniony  in  /({^//V/ion  (18T0),  qui  lui  valut 
des  réprbnandcs  du  cardinal  Cullen,  et //o??^<2  iha'É^  on  tlie 
basis  of  Federalism  {lAïiidi-Qs,  iSlS,  in-16).         R.  S. 

OIVIâN,  iiégion  S.-E.  de  l'Arabie,  riverahie  de  l'océan 
indien,  du  golfe  ou  mer  d'Oman  et  du  golfe  Persique.  Elle 
forme  un  Etat  dont  le  chef  est  le  sultan  de  Mascate  et  qui 
s'étend  le  long  du  rivage  sur  700  kil.,  depuis  le  Ras  el 
liacld,  angle  S.-E.  de  la  péninsule,  jus([u'au  Ras  Mesan- 
doum,sur  le  détroit  d'Ormuz.  Cette  bande  cotière,  dominée 
par  les  monts  du  djebel  Akhdar  cjui  dépassent  3.000  m., 
se  divise  en  pays  de  Ras  el  Djebel,  Kalhat,  Raouatin  ou 
Ratna,  Djebel  Akhdar,  Dahira,  8our,  D^adan.  La  suzerai- 
]ieté  théorique  du  sultan  s'étend,  en  outre,  à  l'O.  du  Ras 
Mesandoum,  sur  la  presqu'de  de  Katar,  jusqu'à  la  frontière 
turque,  en  face  des  îles  Rahrem,  au  S.-O.  du  Ras  el  Hadd, 
sur  le  Dhafar  (ch.-l.  Mirbat),  jusqu'au  Mahra,  un  peu  au 
delà  des  lies  Khourian  Mourian.  La  population  totale  cbt 
évaluée  à  un  miUion  d'habitants,  dont  un  quart  de  nègres. 
Elle  comprend  les  Rédouhis  nomades  et  les  gens  sédentaires 
des  villes  et  des  oasis  souvent  rançonnés  par  les  premiers. 
Les  deux  villes  importantes  sont  Mascate  et  Sour.  Les  deux 
tribus  dominantes  sont  les  Rafri  venus  du  Nedjed  et  les 
Hinaoui  venus  de  l'Yémen.  La  tolérance  rehgieuse  est  abso- 
lue, et  la  tendance  est  de  favoriser  le  commerce  extérieur 
<}ui  s'élève  à  une  quinzaine  de  millions,  dont  moitié  pour 
l'exportation  (surtout  des  dattes).  L'autorité  du  sultan  n'est 
que  nominale  dès  cju'on  s'écarte  de  la  côte  ;  son  revenu 
n'atteint  pas  un  million  de  francs.  Il  a  ujie  monnaie  de 
cuivre  représentant  le  i/20  (gasranz)  et  le  1/12  (peisa)  du 
mahmoudi  d'argent  (0t%4()6).  La  monnaie  d'argent  est  la 
piastre  espagnole,  estimée  11  1/2  mahmoudis,  etle  tlialer 
de  Marie-lhérèse.  On  prend  au  poids  et  selon  un  change 
variable  les  pièces  indiennes,  persanes,  tur(|ues. 

L'Oman  est  historiquement  connu  depuis  le  début  du 
x«  siècle,  lorsquun  chef  de  la  tribu  des  Reni-Saméh-ben- 
Lavi  le  conquit  au  nom  du  khahfe  Motadhed.  De  1749  à 
1780  régna  Ahmed-ben-Said,  fondateur  de  la  dynastie 
actuelle,  dont  le  principal  sultan  fut  son  petit-fds  Seyid- 
Said  (180(i-o6),  qui  forma  une  grande  Hotte,  conquit  Zan- 
zibar et  la  côte  de  Zanguebaj',  Fjle  de  Socotora,  enleva  à 
la  Perse  les  côtes  du  Mekran,  les  lies  d'Ormuz,  Kichm, 
Laredj,Bahreni.  En  1816,  il  conclut  un  traité  de  commerce 
avec  la  France.  1  sa  mort,  son  empire  fut  divisé  entre  ses 
lils  :  Thowenii  eut  l'Oman  et  les  lies  du  golfe  Persique, 
Màdjid  les  possessions  africaines,  Amdjed  les  dépendances 
f)ccidentales  de  l'Oman  entre  Rai'kah  et  le  Katar  avec  Sohar, 
berceau  de  la  dynastie,  il  s'ensuivit  des  guerres  civiles,  hi 
scission  de  Zanzibar,  une  invasion  des  Ouahabites  du  Nedjed 
imposant  de  nouveau  le  tribut  dojit  Se} id  s'était  allranchi. 
L'Oman,  bien  qu'affailib  et  pri'sé  des  îles  Rahrem  et  des 
possessions  persane^,,  demeure  la  région  la  plus  civiliser 


de  l'Arabie.  11  est  compris  dans rarrangement franco-anglais 
de  1862  (abandonné  pour  Zanzibar),  qui  stipule  le  respect 
réciproque  de  l'indépendance  des  territoires  de  l'Imâm  de 
Mascate.  En  fait,  depuis  la  guerre  de  Crimée,  l'Angleterre 
s'est  attribué  une  véritable  hégémonie  sur  toutes  les  côtes 
du  golfe  Persique  (V.  Perse,  §  Histoire).  En  1861,  l'arbi- 
trage de  lord  Ganning,  vice-roi  des  Indes,  fixa  définiti- 
vement les  clauses  du  partage  entre  les  souverains  de 
Mascate  et  de  Zanzibar.  Le  tribut  de  40.000  couronnes, 
stipulé  au  profit  du  premier  et  à  la  charge  du  second,  fut 
assumé  en  1873  par  l'Angleterre  qui  obtint  ainsi  une 
influence  prépondérante.  Elle  en  fit  usage  en  1899  pour 
gêner  la  concession  d'une  station  de  charbon  à  Bender- 
Issar  accordée  à  la  France.  Une  démonstration  navale 
anglaise  devant  Mascate  obligea  le  sultan  à  la  révoquer, 
sauf  à  en  donner  une  autre  de  moindre  valeur.    x\.-M.  R. 

BiDL.  :  Y.  ARA13IE,  ouvraii-es  de  Nii::bui£R,  Palgravk.  — 
Wellsted,  Tnwels  in  Avcibia;  Londres,  1810,  2  vol.  — 
Coi.E,  Journey  to  Mashai,  dans  Mê7ii.  Soc.  géogr.  Bomhoy  ; 
1819.  —  A.  Geraiaix,  dans  Bull.  Soc.  géogr.,  oct.  1888, 
pp.  339-3Gi.  —  Badger,  History  of  tlio  hnans  and  Seyyids 
of  Oman;  Londres,  1871,  in-8. 

OMAN  (Golfe  ou  Mer  d').  Partie  de  l'océan  Indien  com- 
prise entre  l'Oman  et  le  Mekran  persan  oubaloutche.Elle 
a  300  kil.  de  large  en  face  le  Ras  el  Hadd,  sur  600  kil. 
de  long  ;  le  détroit  d'Ormuz  la  relie  au  golfe  Persique. 

OMAR.  Le  deuxième  des  khalifes  successeurs  de  Moham- 
med, né  vers  S92,  mort  en  644.  On  trouvera,  à  l'art.  Mo- 
hammed, le  récit  de  sa  conversion  à  l'islamisme.  Par  son 
énergie,  la  sincérité  de  sa  foi,  la  pureté  de  ses  mœurs,  il 
joua  un  rôle  important  pendant  les  années  de  la  vie  du  pro- 
phète, postérieures  à  l'hégire.  Abou  Rakr,  pendant  sa  der- 
nière maladie,  s'était  fait  remplacer  par  Omar,  dans  la 
direction  de  la  prière.  Désigné  par  là  au  choix  des  mu- 
sulmans, Omar  reçut  le  serment  d'obéissance  à  Médine, 
le  jour  même  où  mourut  le  premier  khalife  (634).  Ce  rude 
croyant  pratiqua  sans  relâche  la  guerre  sainte  contre  les 
peuples  infidèles  voisins  de  l'Arabie.  Sous  son  règne  furent 
conquis  les  pays  qui  plus  tard  formèrent  les  plus  beUes 
provinces  de  l'empire  des  khalifes. 

Damas  venait  d'être  emportée  d'assaut  par  les  musul- 
mans. Le  premier  acte  d'Omar  fut  d'enlever  à  Khalid, 
(jui  s'était  rendu  coupable  de  cruautés  et  d'exactions,  le 
commandement  en  chef  des  troupes.  Ce  fut  Abou  Obaida 
qui  reçut  mission  de  continuer  la  conquête  de  la  Syrie. 
Hamah,  Laodicée,  Emese  furent  prises.  Une  armée 
grecque,  renforcée  par  des  contingents  d'Arabes  chrétiens 
de  Gliassan,  fut  mise  en  déroute  à  Yarmouk,  après  un  san- 
glant combat  qui  dura  plusieurs  jours.  Abou  Obaida  as- 
siégea Jérusalem;  au  bout  de  quatre  mois,  la  ville  dut 
capituler.  Le  khalife  lui-même  vint  de  Médine  en  Syrie 
pour  recevoir  des  mains  du  patriarche  Sophronius  les  clefs 
de  la  vilie  sainte.  Pendant  son  séjour  à  Jérusalem,  il  jeta 
les  fondements  de  la  mosquée,  qui  aujourd'hui  encore 
porte  son  nom.  Aalep,  Antioche,  Kinnasserin,  tout  le  N.. 
de  la  Syrie,  tombèrent  par  la  suite  au  pouvoir  des  musul- 
mans; et  Abou  Obaida,  opérant  sa  jonction  avecSaadibn 
Aby  Ouakkas,  général  des  troupes  de  l'Irak,  put  repousser 
victorieusement  une  nouvelle  armée  grecque,  commandée 
par  Constantin,  fils  d'Héraclius. 

La  pohtique  de  la  guerre  sainte,  activement  poussée  par 
Omar,  n'épargna  pas  plus  que  les  Ryzantins  leurs  vieux 
ennemis  les  Sassanides.  Déjà,  sous  lekhalifat  d' Abou  Rakr, 
les  musulmans  s'étaient  emparés  de  l'Irak  Araby,  et  avaient 
jeté  à  terre  la  dynastie  des  rois  de  Hira,  vassaux  des 
Khosrocs.  Peu  de  temps  après  son  avènement,  Omar  en- 
voya contre  les  Perses  une  nouvelle  armée,  forte  de 
30.000  hommes,  et  commandée  par  Saad  Ibn  Aby  Ouak- 
kas. Lapremièi'e  bataille  hvrée  près  de  Kadesia  dura  trois 
jours,  et  se  termina  par  la  complète  déroute  des  Perses 
(636).  Lf^  roi  hv.dedjerd,  abondonnani  sa  capitale  Madam 
(Ctesiphon)  aux  mains  des  envahisseurs,  se  retira  vers  le 
Nord,  à  Holwan.  Une  deuxième  victoire  des  Arabes,  à  Dja- 
loula,  l'obligea  à  gagner  l'intérieur  de  la  Perse.  Takrit, 


OMAK 


372 


Maousil,  Edesse  se  rendirent  ù  Suad.  L'ai'mée  musulmane 
occupa  la  Mésopotamie,  Firak  Arahy  oii  Omar  fit  fonder 
les  villes  de  Koufa  et  de  Bassora,  el  bientôt  après  la  Su~ 
siane.  lezdedjerd  tenta  en  vain  de  prolonger  la  résistance. 
Ses  troupes,  une  dernière  fois,  furent  vaincues  à  Nelia- 
wond.  Ispahan,  Rei,  Hamadan  recurent  des  garnisons 
arabes,  tandis  que  le  malheureux  monarque  s'enfuyait  au 
delà  de  TOxus  chez  les  tribus  (urcomanes,  et,  s'il  faut  en 
croire  les  historiens  musulmans,  jusqu'en  Chine. 

Enfui,  c'est  sous  le  règne  d'Omar  cpie  les  musulmans 
pénétrèrent  pour  la  première  fois  en  Afrique;  ils  y  com- 
mencèrent la  série  de  leurs  conquêtes  en  arrachant  l'Egypte 
à  la  domination  byzantine.  .Vprès  de  longues  hésitations, 
le  khalife  autorisa  Amr  ibn  el  As,  en  640,  à  envahir  ce 
beau  pays,  à  la  tète  d'une  petite  armée  de  4.000  hommes. 
L'année  suivante  la  conquête  était  achevée  (V.  EG^'PTE). 

Pendant  cpe  ses  généraux  reculaient  les  limites  de  l'em- 
pire arabe,  Omai\  resté  àMédine,  en  organisait  l'adminis- 
tration. Il  fut  le  premier  à  nommer  des  cadis,  qui  ju- 
gèrent par  délégation  des  pouvoirs  du  khalife.  C'est  lui  qui 
fixa  pour  point  de  départ  à  l'ère  muisumane  la  date  de 
l'hégire.  Il  institua  enfin  les  divcuis  ou  rôles  de  l'nrmée, 
où  furent  relevés  les  noms  de  tous  les  musulman^.  Chacun 
d'eux  toucha  désormais  une  somme  dans  la  fixation  de 
laquelle  on  tint  compte  des  services  personnels,  de  la  date 
de  la  conversion,  de  la  parenté  avec  le  prophète.  Les  re- 
devances imposées  aux  peuples  vaincus  fournissaient  à  ces 
pensions  et  à  ces  soldes.  Tandis  que  les  trésors  de  l'Egypte, 
de  la  Syrie  et  de  la  Perse  affluaient  à  Médine,  le  khalife  lui- 
même  conservait  dans  ses  habitudes  de  vie  la  plus  grajide 
simplicité.  Suivant  les  historiens  musulmans,  on  le  voyait 
parcourir  les  rues  et  les  marchés  de  sa  capitale,  vêtu  d'une 
robe  rapiécée,  et  armé  d'un  bâlon  dont  il  corrigeait  ceux 
({u'iî  trouvait  en  faute.  Omar,  si  détaché  pour  lui-même 
des  biens  terrestres,  mojitrait  néanmoins  une  avidité  insa- 
tiable lorsqu'il  s'agissait  de  grossir  le  baït-el-mal  (trésor 
pubhc  musulman).  Il  pi'essait  sans  cesse  ses  gouverneurs 
de  faire  rendre  davantage  aux  taxes  dont  étaient  frappés 
les  non-musulmans  des  provinces  soumises.  Cette  aviclité 
fut  la  cause  indirecte  de  sa  mort.  Le  gouverneur  de  Koufa, 
Moghaira,  avait  imposé  à  un  artisan,  d'origine  persane, 
une  redevance  excessive.  Cet  artisan,  nommé  Abou Loulou 
Firouz,  vint  se  plaindre  au  khalife,  mais  fut  repoussé  par  lui 
avec  dureté.  Il  résolut  de  se  venger  de  ce  déni  de  justice, 
vint  attendre  le  khaUfe  à  la  mosquée,  et  le  frappa  de  trois 
coups  de  poignard  pendant  qu'il  faisait  sa  prière.  Omar 
ne  voulut  pomt  avant  de  mourir,  quoiqu'on  l'en  pressât, 
désigner  lui-môme  son  successeur  ;  mais  il  confia  à  dix  des 
plus  anciens  compagnons  le  soin  d'élire  le  nouveau  khalife. 
Il  fut  enterré  à  Médine  auprès  du  prophète  et  d'Abou 
Bakr  (G44).  W.  Marçais. 

BiDL.  :  Wi:iL,  OcHchichlc  dcr  Chulifen;  Maiinhcim  ci 
Siiut^'art,  184G--69. 

OMAR  11,  huitième  khalife  de  la  d3iiastie  Omeyyade 
(7 17-720)  qui  succéda  à  son  cousin  Soleiman.  Il  était  fils 
d'Abd-el-AzizibuMerwan,  qui  avait  administré  l'fLgyptesous 
le  khaUfat  d'Abd-el-Malik.  Lui-même,  avant  son  élévation  au 
Irône,  avait  montré  dans  le  gouvernement  de  Médine  le^ 
plus  grandes  ([ualités.  Il  étai(  doux,  chaiitable,  el  d'une 
piété  comparable  à  celle  du  premier  Omar.  Pendant  son 
khalifat,  dit  un  historien  musulman,  les  sujets  habituels  de 
conversation  furent  les  pj'iéres  et  les  jeûnes,  comme  ils 
avaient  été  les  consiructions  du  temps  de  son  prédéces- 
seur, comme  ils  furent  les  banquets  et  les  femmes  sous 
son  successeur.  Omar  recommanda  aux  gouverneurs  de 
provinces  de  traiter  les  raipjas  avec  doucem*,  el  d'eiicou- 
i'ager  le  plus  possible  les  conversions  à  l'islamisme .  En- 
nemi des  expéditions  lointaines,  il  rappela  en  deçà  de 
rOxus  les  troupes  musulmanes  et  s'empressa  de  rapatrier 
les  débris  de  l'expédition  malheureuse  dirigée  peu*  Maslama 
contre  Byzancc.  Il  mom'ut  en  févr.  7-20;  on  soupçonna 
Yezid,  qui  avait  été  désigné  coimue  son  successeur,  de 
l'avoir  fait  empoisonner.  >\\  Marçais. 


OMAR  iBN  EL  Farid  (V'.  Ibn  el-FAridh). 
OMAR  Kheyyâm,  mathématicien,  astronome,  poète  et 
libre  penseur  persan,  néàNichapour  vers  408  de  l'hégire 
(1017  J.-C),  mort  à  Nichapour  en  ol7  (1123  J.-C). 
Son  vrai  nom  était  Ghiyat-ed-din  Abôu  l'Fath  Omar 
ibn  Ibrahim,  surnommé  rt/-/(/i(?0a?/7i parce  que  son  père 
exerçait  le  métier  de  di'esseur  de  tentes  (Kheyvàm).  Une 
grajide  obscurité  règne  sur  sa  vie.  D'après  certains  auteurs 
arabes  et  pei'sans,  Omar  aurait  étudié  d'abord  au  collège 
de  Nichapour,  sous  la  direction  de  l'imàm  al-MouNvaffak, 
en  compagnie  du  jeune  A])ouAli  Hasan  Thousî,  plus  tard 
vizir  sous  le  nom  de  Nizam-oul-moulk,  et  de  Hasan  Sab- 
bàh,  qui  devait  fonder  la  secte  des  Ismaéliens.  Les  trois 
camarades,  dit  la  légende,  prirent  un  engagement  mutuel 
par  lequel  le  premier  d'entre  eux  qui  arriverait  au  pouvoir 
devrait  accorder  aide  et  protection  à  ses  deux  amis.  Mzam- 
oul-moulk,  étant  devenu  vizir  du  sultanMelik-Chah,  nomma 
chambellan  Hasaii  Sabbàh  et  voulut  donner  une  charge 
identique  à  Omar  Kheyyàm,  qui  refusa  pour  s'adonner  à 
l'étude  des  mathématiques.  Une  étude  de  M.  Schukovski, 
introduite  oi  Angleterre  par  M.  Den.  Ross,  démontre  que 
cette  légende,  qui  ne  s'appuie  d'ailleurs  sur  aucun  docu- 
ment sérieux,  présente  des  anachronismes.  Quoi  qu'il  en 
soit,  nous  savons  que  les  travaux  mathématiques  d'Omar, 
et  en  particulier  son  traité  d'algèbre  en  arabe,  décidèrent 
Melik-Chah  à  lui  donner  la  direction  de  l'Observatoire  de 
Bagdad,  où  il  prépara  les  fameuses  tables  astronomiques 
qui  portent  le  nom  de  son  bienfaiteur.  Omar  Kheyyâm  était 
'  onsidéré  par  ses  contemporains  comme  un  philosophe  dis- 
tingué ;  ils  le  plaçaient  sur  le  même  rang  qu'Avicenne.  Il 
mourut  un  soir  en  lisant  le  Livre  de  la  guérison,  traité  de 
iiiétaphysique  d'Avicenne.  Son  tombeau,  situé  à  Nichapour, 
fut  retrouvé,  longtemps  après  sa  mort,  par  son  élève Nizami, 
à  qui  il  avait  laissé  cette  seule  indication  :  «  Ma  tombe 
sera  dans  un  lieu  ou  le  vent  du  N.  pourra  l'ensevelir  sous 
les  roses  elfeuillées.  » 

Travaux  algébriques  et  adrononiiques  d'Omar  Khoj- 
j/dm.  Les  travaux  algébriques  d'Omar  Kheyyàm  furent  in- 
connus jusqu'au  siècle  dernier.  En  1742,  Gérard  Meerman, 
l)ublianl  à  Leyde  son  Spécimen  calculi  fluxionalis,  crut 
que  le  manuscrit  d'Omar  Kheyyâm,  qui  se  trouvait  à  Levde 
(fonds  Warner),  contenait  la  resolution  algébrique  des  équa- 
tions cubiques.  Cette  erreur  se  retrouva  chez  Montucla  et 
Gartz  et  ne  fut  signalée  qu'au  commencement  de  notre  siècle 
par  L.-Am.  Sédillot  et  Chastes.  Woepcke  mit  fin  à  toute 
discussion  en  publiant,  en  1851,  une  traduction  du  traité 
d'algèbre  d'Omar.  Ce  traité  se  divise  en  cinq  paities  : 
1*^  préface,  définhion  des  notions  fondamentales  de  l'algèbre 
et  tableau  des  équaiions  que  l'auteur  se  propose  de  discu- 
ter ;  2*^  résolulion  des  équations  des  deux  premiers  degrés  ; 
3^*  coiislruclion  des  équations  cubiques  ;  4«  discussion  des 
équations  à  termes  fractionnaires,  ayant  pour  dénomina- 
teurs des  puissances  de  l'inconnue  \  5°  remarques  addi- 
lionnelles.  Dans  tout  le  cours  de  son  ouvrage,  l'auteur  joint 
la  résolution  numérique  ou  arithmétique  à  la  construction 
géojuétrjque  et  uce  versa,  la  j'ésolulion  numérique  étant 
d'après  lui  une  résolulion  qui  suppose  que  l'inconnue  Cct 
uj]  nombre;  le  coetticient de  l'inconnue  reste  indéterminé. 
La  construclion  géométriqu"  sert  de  complément  à  la  réso- 
lution numérique.  «Pour  trouver  la  source  de  celle  sépa- 
ration de  la  quantité  rationnelle  d'avec  la  quantité  irra- 
tionnelle, dit  Woepcke,  il  faut  remonter  jusqu'à  Aristote.  » 
Les  équations  du  deuxième  degré  sont  construites  au  moyen 
des  propositions  d'Euclide,  mais  Omar  Kheyyàm  n'est  pas 
le  premier,  pense  l'Italien  Cossali,  qui  ait  aperçu  les  rela- 
tions de  ces  propositions  avec  la  résolution  des  équations  ; 
Abou  rWéfa  avait  déjà  fait  ce  travail  en  commentant  un 
traité  d'Hipparque  sur  ce  sujet.  La  construction  des  équa- 
tions du  troisième  degré  est  entièi^ment  l'œuvre  d'Omar. 
Après  avoir  exposé  l'histoire  des  tâtonnements  des  Arabes 
pom'  y  arriver,  il  pose  une  théorie  systématique  et  donne 
!  un  grand  nmnbre  i\Q  solutions  pralîques.  C'est  le  premier 
:   mathémalicieii  (jui  ail  traité  systémaliquemeiit  des  équa- 


lions  nibiquos,  en  em[)l()yaiit  d'ailloiirs  dos  tra<'és  do 
coniques  pour  déterminei'  le  nonil)re  des  racines  réelles  et 
les  évaluer  approximativement.  11  est  probable  que  ce  pro- 
cédé avait  déjà  été  pratiqué  par  Archimède  et  Apollonius, 
mais  il  n'y  a  pas  de  preuves  qu'Omar  ait  pu  utiliser  des 
ouvrages  grecs  perdus  pour  nous.  Malgré  les  erreurs  que 
renferme  son  Algèbre  sur  certains  points,  elle  n'en  mérite 
pas  moins  la  grande  réputation  dont  elle  a  joui  en  Orient, 
tant  que  les  matliétnati([ues  y  furent  cultivées.  Outre  son 
traité  d'algèbre,  Omar  Klieyyàm  écrivit  plusieuj'S  0})uscules 
sur  l'extraction  des  racines  cubiques  el  sur  certaines  défini - 
(ions  d'Kuclide,  et  construisit  des  tables  astronomiques  inti- 
tulées Zidji-Malikshalii.  La  réforme  du  calendrier  fut  éga- 
lement son  œuvre,  l'entreprise  sous  la  direction  du  sultaii 
Mclik-SMti,  en  1079  de  J.-C,  elle  est  connue  sous  le  nom 
de  réforme  djelaléenne  (V.  Djklâl  ed  dix)  ;  elle  consiste 
à  introduire  une  année  bissextile  tous  les  quatre  ans  dans 
l'ancien  calendriei' perse.  L'année  djelaléenne  est  plus  exacte 
ijuc  Tannée  givgoi'ienne  créée  cinq  siècles  plus  lard. 

Omar  Khciiijdni  poète.  Si  grand  qu'ait  été  et  que  soit 
encore  à  Llieure  actuelb^  le  renom  scientitique  d'Omar,  chez 
ses  compatriotes,  il  est  éclipsé  par  soji  renom  poéti(pie,  du 
à  ses  liubal  ou  quatrains.  Ce  sont  des  épigrammes  com- 
prenant chacun  quatre  vers,  dont  le  premier,  le  deuxième 
et  le  quatrième  riment  ensemble  ;  le  troisième  est  blanc. 
«  Le  quatrain,  dit  J.  Darmesteter,  est  tout  un  poème  qui 
a  son  unité  de  forme  et  d'idée  ;  manié  par  un  vrai  poète, 
c'est  le  genre  le  plus  puissant  de  la  poésie  persane.  » 
Dans  ses  quatrains,  Klieyyàm  fait  l'éloge  du  vin  et  de  l'amour, 
raille  l'austérité  des  ministres  de  la  religion  et  fait  preuve 
même  d'une  singulière  audace  à  l'égard  de  la  divinité.  Il 
entre  en  srène  par  une  invitation  à  boire  : 

Un  matin  j'entendis  venir  de  notre  taverne  une  voix  qui  di- 
sait :  A  moi,  joyeux  buveurs,  jeunes  fous,  levez-vous  el 
venez  remplir  encore  une  coupe  de  vin  avant  que  le  des- 
tin vienne  rem[)lir  celle  de  votre  oxislence  ! 

Et  à  chaque  page  nous  retrouvons  la  nième  cbansoji 
d'ivrogne  : 

O  mes  compagnons  libres  penseurs  !  Quand  je  serai  moi-r, 
lavez  mon  corps  avec  un  vin  des  plus  rouges.  A  l'ombre 
d'un  vignoble,  creusez-moi  une  tombe  ! 

îl  n'oppose  aucune  résistance  à  ses  passions,  et,  dans 
l'état  d'abjection  où  il  est  tombé,  il  n'espère  plus  en  la  vie 
future  : 

,1e  suis  hérétique  conjme  un  derviche,  laid  comme  une  femme 
perdue  ;  je  n'ai  ni  religion,  iii  fortune,  ni  espérance  de  pa- 
radis. 

D'ailleurs  sa  tolérance  est  si  large  qu'il  est  impossible 
de  reconnaître  en  lui  un  vrai  musulman  : 

Le  temple  des  idoles  et  la  Kaaba  sont  des  lieux  d'adoration, 
le  carillon  des  cloches  n'est  autre  chose  qu'un  hymne 
chanté  à  la  louange  du  Tout-puissant.  Le  mihrab,  l'ôglise, 
le  chapelet,  la  croix,  sont  en  vérité  autant  de  façons  dif- 
férentes de  rendre  Hommage  à  l'j  Divinité. 

Répandue,  pubHée  de  bouche  en  bouche  à  travers  toute 
la  Perse,  cette  œuvre  de  libertinage,  oii  court  d'un  bout  à 
l'autre  un  souffle  de  gaieté  délirante,  devait  soulever  ime 
tempête  d'imprécations  et  d'anathèmes  contre  son  auteur. 
On  avait  voulu  refuser  les  honneurs  de  la  sépulture  à  liàhz 
de  Chirùz.  Omar  Kheyyâm  échappa  miraculeusement  à  la 
haine  des  prêtres  fanatiques.  Il  était  trop  connu,  trop  aimé 
de  ses  compatriotes  ;  par  son  esprit  satirique,  par  sa  con- 
ception de  la  vie  heureuse,  il  était  trop  en  communauté 
d'idées  avec  eux;  on  ne  pouvait  détruire  son  œuvre,  on  la 
faussa  en  lui  donnant  une  interprétation  nouvelle.  Omar 
Kheyyâm  devint  un  mystique,  un  soiifi,  célébrant  tour  à 
tour  l'amour  divin  et  l'ivresse  extatique.  Il  fut  vénéré  comme 
un  saint,  et  M.  Nicolas,  qui  traduisit  pour  la  première  fois 
en  français  les  quatrains  de  Kheyyâm,  adopta  cette  inter- 
prétation qu'il  avait  reçue  d'un  religieux  de  Téhéran.  Les 
traducteurs  anglais  ont  réagi  contre  ces  idées.  Omar  fut, 
en  effet,  pendant  sa  vie,  persécuté  par  les  soùfis  eux-mêmes. 
Nous  citerons  à  ce  propos  les  opinions  do  deux  grands  orien- 


:>7a  —  OAUU  —  OMBKI.LL 

talisles  j'rajtçais  :  «  Ijs  chansons  à  boire  de  rjùu'ope,  dit 
J.  Darmesteter.  ne  sont  que  des  chansons  d'ivrogne;  celles 
de  la  Perse  sont  un  chant  de  révolte  contre  le  Coran,  contre 
les  bigots,  contre  roppression  de  la  nature  et  de  la  raison 
par  la  loi  religieuse.  L'homnie  qui  boit  est  pour  le  poète 
le  symbole  de  l'homme  émancipé;  pour  le  mystique,  le  vin 
est  plus  encore,  c'est  le  symbole  de  l'ivresse  divine.  »  El 
M.  Barbier  de  Meynard  écrit  au  sujet  dc-s  quatrains  :  «  Que 
ce  livre  soit,  comme  on  l'a  prétendu,  une  protestation  contre 
le  dogmatisme  musulman,  ou  qu'il  soit  le  produit  d'une 
imagination  maladive,  singulier  mélange  de  scepticisme, 
d'ironie  et  de  jiégation  amère.  il  n'en  est  pas  moins  curieux 
de  trouver  en  Perse,  dès  le  xi^  siècle,  des  précurseurs  de 
(lœthe  et  de  Hem-i  Heine.  » 

Omar  Kheymm  en  Orcide)it.  Otte  évocation  des  deux 
grands  poètes  allemands  n'est  pas  la  seule  qu'ait  susi-itée 
l'œuvre  d'Omar.  Dès  son  apparition  en  T^ccident.  le  poète 
persan  fut  surnommé  le  Voltaire  de LOi-ient.  Il  a,  en  effet, 
la  même  ironie  mordante,  la  même  sympathie  pour  l'hu- 
manité souffrante,  mais  là  doit  .s'arrêter  la  comparaison. 
Voltaire  ne  parla  jamais  avec  tant  de  violence  le  langage 
de  la  passion  ;  jamais  il  n'attaqua  avec  une  telle  ardeiii' 
l'inexorable  destin  qui  s'acharne  à  détruire  tout  ce  qui  fut 
grand,  bon  et  beau.  Les  Anglais  retrouvèrent  chez  Omar 
des  traces  de  ce  pessimisme  amej^  et  désespérant  qu'ils 
aiment  dans  Byron  et  Swinburne  ;  mais  plus  intéressant 
encore,  et  peut-être  plus  exact,  est  le  parallèle  établi  pai' 
l'Américain  Phelps  entre  Omar  Kheyyâm  et  Schopenhauer. 
Les  quatrains  de  Kheyyâm  ont  été  traduits  souvent,  dans 
le  cours  de  ce  siècle,  et  surtout  en  anglais.  Mais  leur  plus 
grande  vogue  ne  date  que  de  la  traduction  de  Eitz-Gerald. 
Ce  nom  évoque  toute  une  époque  de  la  littérattu'e  anglaise. 
La  première  édition  de  la  traduction  versifiée  desquati'ains 
parut  en  1839  ;  elle  fut  suivie  de  quatre  autres  éditions 
et  de  quatre  réimpressions.  Fitz-Gerald,  poète  lui-même, 
dut  sa  célébrité  à  cette  œuvre  originale  qu'il  avait  ren- 
due avec  une  rare  cojiipréhension.  i-^t  cependant  «  la  diffé- 
rence entre  hii  et  Kheyyâm,  dit  M.  Keene,  est  la  même 
qu'entre  un  groupe  d'épigrammes  et  une  longue  satire  ». 
Fitz-Gerald  se  substitua  à  Kheyyâm  ;  son  anivre  éclipsa 
celle  du  poète  persan.  Parmi  les  autres  traductions  anglaises 
des  quatrains,  nous  citerons  celle  de  Whinfteld  ('I88'2)  et 
la  toute  récente  édition  avec  traduction  de  M.  Héron-Allen 
(1808).  En  -1896,  les  admirateurs  d'Omar  et,  bien  plus, 
de  Fitz-Gerald.  se  réunirent  en  un  clnl).  qui  fut  fondé  à 
Londres,  sous  le  nom  de  Club  des  Omariens.  Nous  ne  men- 
tionnons l'existence  tle  ce  club  que  pour  donner  une  idée 
de  la  grande  vogue  qu'a  encore  Omar  Kheyyâm  en  Angle- 
tejTC.  Georges  Sai.mox. 

BiiiL.  :  Il  sei-ait  diflicile  de  domiei'  une  bibliografthie 
complète  d'Omar  Kheyyâm.  La  bibliographie  de  l'édition 
de  M  tiÉROX- Allen  ne  comprend  i)as  moins  de  95  numé- 
ros, dont  une  soixantaine  d  éditions  ou  d'impressions  du 
texte  :  Woepcke,  l'Algèbre  dVmar  Kheyyâm  ,-  Paris,  1851. 
—  Reinaud,  G('',ograpïiie  d'Aboiilfeda,  j)réfaces,  p.  101.  — 
Garcin  de  TassV,  Notes  S7(.r  les  Rubiiiyat  d'Omar  Kfiey- 
ijâm  ;  Paris,  1857.  —  Schukovbki  (en  russe),  traduit  en  an- 
glais par  Ed.  Den.  Ross,  Fresli  light  on  Omar  Kheyyâm 
iJoiirnal  ofRoy.  asiatic  SocieUf,  1898).  —  Nicola«^,  ?(',s 
Quatrains  de  Kheyyâm:  Paris,  18G7. 

OMAROUROU.  Localité  de  l'Afrique  australe,  située 
dans  le  pays  desDamaras  (Sud-Ouest  allemand),  à  200  kil. 
environ  de  l'embouchure  de  la  rivièi^e  Oumarourou  et  sur 
la  rive  droite  de  cette  rivière.  Elle  était  à  l'origine  une 
station  de  missioniuiires  qui,  en  se  développant,  est  de- 
venue le  principal  marché  de  la  tribu  des  Hereros. 

OMBAY,  OMBLAY  ou  ALLOR.  L'ime  des  petites  îles 
de  la  Sonde  (Malaisie).  au  N.  de  Timor,  dont  la  sépare 
le  détroit  d'Omblav  ;  elle  a  2.570  kil.  q.,  140  kil.  de  long 
sur  aO  de  large;  200.000  hab.  (Malais)  ;  produit  du  riz, 
de  la  cire,  des  noix  d'arec,  etc. 

OMBELLE.  I.  Botanique  (V.  Inflorescexce). 

IL  Art  héraldique.  —  Espèce  de  parasol  que  l'on  ren- 
contre dans  quelques  armoiries  itahennes.  Les  doges  de 
Venise  portaient  l'ombelle  sur  leurs  armes.  Elle  est  h^é- 


OMBELLE  —  OMBILIC 


a7î 


M  ' 


Ombelle  simple  (Dicliscus  cœnileus). 


quemment  employée  au-dessas  des  clefs  de  suiiil  Pierre, 
dans  les  armoiries  de  concession  pontificale. 

OiViBELLlFÈRES  {Umbelliferœ  Juss.).  Famille  de 
plantes  Dicotylédones,  dont  les  représentants,  répandus 
siirlonl  dans  les  zones  tempérées  do  riiémisphère  boréal, 
sont  des  plantes  herbacées,  rarement  des  arbrisseaux,  à 
tiges  souvent  fistuleuses,  marquées  de  nœuds  de  distance 

en  distance    et 
de    nombreuses 
stries  ou  canne- 
lures dans  les 
entre -nœuds  ; 
les  feuilles  al- 
[f-^  ternes,  pétio- 
lées,  dépour- 
vues de  stipules, 
à  pétiole  plus  ou 
moins   dilaté  à 
la  base  (en- 
9;  ai  n  a  n  t  ) ,    à 
limbe  profondé- 
ment divisé  en 
général  (feuilles 
décomposées),   quelquefois  entier  {Biipîeuruni ,   Gingi- 
diiim,  etc.).  Les  fleurs,  hermaphrodites,  sont  le  plus  sou- 
vent disposées  en  ombelles,  raremQnt  en  capitules  (Erjju- 
giinn)  ou  en  verticilles   (Hydrocotyle).  Les   ombelles, 
rarement  simples,  d'ordinaire 
composées,   sont  pourvues  ou 
non  d'un  verticille  de  bractées 
(involucre)  ;  les  ombelles  com- 
posées sont  formées  d'un  cer- 
tain nombre  (\\)nibeUules,  qui 
sont  ordinairement  accompa- 
gnées chacune  d'un  verticille 
de  bractéoles  {involucelle).  Le 
calice  est  formé  de  o  sépales 
soudés  en  un  tube  adhérent  à 
l'ovaire  et  à  partie  libre  géné- 
ralement réduite  à  5  petites 
dents  ;  la  corolle,  insérée  au 
sommet  du  tube  calicinal,  est 
composée  de  d  pétales  libres,  caducs;  les  étamines,  au 
nombre  de  5,  alternent  avec  les  pétales.  L'ovaire,  infère, 
comprend  2  loges  uniovulées  et  est  couronné  par  un  dis- 
que épigyne,  du  centre  duquel  émergent  2  styles  simples, 
d'ordinaire    persistants,    plus    ou 
moins  élargis  en  stylopode  à  la  baso. 
I^e  fruit  sec  [diakène  ou  cnmo- 
carpe)  est  formé  de  2  carpelles  {mé- 
ricarpes)    monospermes,    indéhis- 
cents, se  séparant  en  général  h.  la 
maturité  et  suspendus  au  sommet 
d'un   prolongement   filiforme  {co~ 
lumelle  ou  carpophore) ,   simple, 
bifide  ou  biparti.  Chacun  de  ces  mé- 
ricarpes  présente  une  face  commis- 
surale  plane  ou  concave  par  laquelle  il  se  réunit  à  son  con- 
génère, et  une  face  dorsale  convexe,  marquée  de  5  côtes 
plus  ou  moins  saillantes  [côtes  primaires),  quelquefois 
jnème  prolongées  en  ailes  et  qui  représentent  les  lignes 
de  suture  des  bords  des  sépales  et  leurs  nervures  médianes, 
et  séparées  par  des  intervalles  [vallécules),  dans  lesquels 
se  développent  parfois  autant  de  côtes  secondaires  et  au 
fond  desquels  on  aperçoit  des  bandes  ou  des  lignes  longi- 
tudinales, ordinairement  colorées  en  brun  {bandelettes  ou 
vittœ) ,  qui  sont  des  canaux  résinifères  ou  à  oléo-résine  déve- 
loppés dans  l'épaisseur  du  péricarpe.  La  graine  unique  do 
chaque  carpelle  est  le  plus  souvent  adhérente  au  péricarpe  et 
renferme  un  albumen  très  épais,  corné  ou  huileux,  plane 
ou  concave  du  côté  de  la  commissure  et  enveloppant  un  em- 
bryon droit,  très  petit,  placé  à  son  sommet.  —La  présence 
ou  l'absence  des  involucres  ou  des  involucelles.  leur  dispo- 


Ombelle  composée 
(JEthusa,  cynapium). 


Coupe   d'un  fruit 
de  Carotte. 


bilion,  l'aspect  des  ciHcs.  le  nombre  et  la  sitoalitm  dcsi)an- 
delettes,  la  forme  des  surfaces  commissurales  sont  autant  de 
caractères  servant  à  distinguer  les  diirérents  genres  de  cette 
famille,  qui  fournit  de  nombreux  proihùts  à  la  matière  médi- 
cale et  à  ralimentation.  La  i'amille  des  Ihnbellitères  se  divi'^e 
en  6  tribus  :  '1^  Daccixkks  (genre  :  Daiinis  T..  ùimi- 
mnn\j.,  Laso'piUinn  T.,  Thapsia  T.,  MelanoseUjiirnh 
L^offm.,  etc.)  ;  2*'Lcni:v.>viionÉ!:s(genre  :  EchinophoraL.); 
0'^ Pi':i:cK^)AyÉï:3  (genres  :  Pcncedanmiil.Jleracleumlj., 
Jordyliinn  T..  AngeUca  T.,  Meiim  T.,  OEnanlhe  T., 
.Ethiisa  L.,  Crilhnvnv  T.,  Fœniculum  Adans.,  Se- 
seliL..  Aihainardha  L.,  eff^»)  ;  A'^  Catî:':ées  (genres  :  Ca- 
rum  L.,  Bulborastaiiinn  l^agasc,  Ammi  T.,  Cicuta  L., 
Apium  T.,  Sium  T.,  Coriandruin  T.,  Buplenrum  T., 
Smyrniîun  T.,  Conium  L..  Chœrophjllum  T.,  ]%?■- 
j'hisT.,  Scaud'ix  T..  e^c.)  :  5^  IlYDiiOCOTYLÉ'^s  (genres  : 
Hydrocotyle  T.,  AcoreUa  Lruuk,  Eryngimn  T.,  Astran- 
tia  T.,  Arctopus  L.,  Eagocria  L.,elc.).  La  sixième  tribu 
est  celle  des  Aualikes,  ancienne  famille  des  Araliacées 
(V.  ce  mot),  qui  ne  diffèrent  des  autres  Oml^ellifères  que 
par  le  fruit,  qui  est  druparé.  D'^  L.  îix. 

OMBILIC.  L  AxATOMiF.  —  L'ombilic  ou  cicatrice  ombi- 
licale n'est  autre  chose  que  la  cicatrice  déprimée  de  Torifice 
par  lequel,  à  la  naissance,  passait  le  cordon  vasculaire  réu- 
nissant le  fœtus  au  placenta.  Le  cordon  ombilical  est  cens- 
titué  par  trois  vaisseaux  sanguins  :  la  voine  ombihcale 
i\\n  se  dirige  vorb  le  foie,  les  deux  arî'^rc'S  ombilicales  qui 
vont  se  jeter  dans  les  deux  iiypoga^(i'i([uo^  ci  le  conduit 
deroura(|ue,  débris  allantoidieu  situé  entée  les  deux  artères 
et  réunissant  Foinfjilic  et  le  sommet  de  la  ve^\sie.  Après 
la  naissance,  le  cordon  lié  lombe,  les  vaisseaux  et  1  ou- 
raque  s'oblitèi'onî  et  La  peau  se  ferme  par  une  cicatrice 
médiane,  tantôt  surélevée,  plus  souvent  déprimée  en  in- 
fnndibulum.  Chez  l'adulte,  l'onibilic  situé  au-dessus  du 
plan  médian  du  corps  présente  l'aspect  d'un  infundibu^- 
lum  à  bords  plissés.  La  p-^au  relativement  immobile  en  ce 
point,  surtout  de  bas  en  haut,  s'enfonce  en  doigt  de  gant, 
tiraillée  qu'elle  est  par  les  cordons  oblitérés  que  forment 
les  éléments  du  cordon.  Elle  adhère  par  les  bords  de  l'in- 
fundibulum  avec  les  couches  profondes  qui  s'arrêtent  à 
elles,  formant  un  anneau  (aiuieau  ombilical)  à  bords  très 
nets  et  qui,  de  la  superficie  à  la  profondeur,  est  constitué 
par  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  souvent  consîdérable- 
iuent  infdtré  de  graisse  et  Taponévrose  entiecroiséc  de  la 
ligne  blanche.  Au-dessous  on  trouve  le  tissu  cellulaire 
:.ous-péntonéal  et  enfui  le  péritoine  viscéral  qui  vient  pas- 
ser en  arrière  de  l'ombilic  en  prenant  quelques  adhé- 
r^Mices  au  pouilour  de  Lanneau  ombilical. 

IL  V\n\ou)(\\F..—Traumatismes. Lesblessures  del'om- 
bilic  ne  présentent  à  noter  que  la  minceur  extrême  des  parois 
de  l'abdomen  au  point  où  le  péritoine  est  immédiatement 
adossé  à  la  faco  profonde  de  la  peau,  et  l'importance  des 
organes  intra-abdorainaux  sous-jacents. 

Inflammations.  Les  infammations  ne  présentent  pas 
non  plus  un  grand  intérêt.  En  dehors  du  furoncle  et  de 
l'eczéma  qui  est  fréquent  par  suiie  do  l'incurio  des  gens 
peu  soigneux,  nous  ne  trouvoj^s  à  mentionner  que  l'abcès 
de  l'ombdic.  Dû  souvent  à  rinfection  de  petites  plaies 
eczémateuses  produites  par  la  malpropreté  et  provoquant 
\\\\  certain  degré  d'angioleuciîe,  cet  abcès  tend  à  se  faire 
jour  vers  la  partie  inférieure  de  la  cicatiico  ombilicale  Oîi 
il  s'ouvre  et  reste  qu^dquefois  fistuleux.  E"'S  soins  de  pro- 
preté préviennent  le  mal  et  l 'ouvert un^  large  d-^  l'abcès 
prévient  la  fistule. 

Lésions  organif;ites  (Fistules).  Outre  celte  forme  de 
fistule,  on  jK'ut  trouver  encore  des  fistules  consécutives  à 
la  rupture  do  l'ombiUc  distendu  par  l'ascite  ou  par  l'ex- 
sudat  des  péri! onites  pui'ulentes  ou  tuberculeuses,  laipture 
de  l'ombilic  qui  a  inspiré  aux  chirurgiens  l'idée  d'une  in- 
tervention dans  les  cas  analogîies  (Bai-eau).  En  raison  du 
mode  de  formation  de  l'ombilic,  on  conçoit  qu'une  ansc^ 
intestinale  puisse  être  pincée  par  le  fil  de  la  ligature  du 
cordon,  de  là  une  fistule  stereoi-ale  (U'e  bi   compression 


OMBILIC  —  OMBRALE 


suffit  lo  plus  souvent  à  guérir.  L'ouraque  à  sou  tour  peut 
rester  perméable  dans  toute  son  étendue  et  donner  lieu  à 
une  fistule  urinaire  congénitale  dont,  avec  le  professeur 
Forgue,  nous  avons  observé  un  très  bol  exemple,  bu  bien 
ne  s'être  oblitéré  qu'èi  son  oriiice  ombilical,  lui  cas  d'ar^ 
î-èt  dans  le  cours  de  Fuiinc,  ceîte  faible  bari'ière  se  dis- 
tend d'abord,  puis  cède,  et  on  a  une  bstulo  (uinairo  (îont 
la  palhogéjii*^  indique  !e  traitement. 

Hernies.  Que  les  bmies  ventrales  subissent  un  arrèl 
dans  leur  évolution  concentrique,  et  udie  partie  des  organes 
do  l'abdomen  pourra  être  maintenue  an  dehors,  donnant 
lieu  plutôt  à  une  éventration  qu'à  une  Yéritai)]e  hernie 
congénitale.  Après  la  naissance,  les  cris,  les  efforts  de 
l'enfant  peuyent  l'aire  passer  à  travers  l'annean  ombili- 
cal, encore  peu  fermé,  un  viscère,  le  plus  souvent  l'in- 
testin ou  l'épiploon,  déjà  inclus  dans  l'abdomen.  C'est 
alors  la  hernie  de  l'enfarit  qu'une  pelote  compressive  per- 
met lo  plus  souvent,  grâce  à  l'évolution  normale  de  l'om- 
bilic, de  guérir  sans  complications.  La  hernie  de  l'adulte, 
préparée  par  tou.tes  les  causes  (|ui  peuvent  distendre  ou 
alTaiblir  l'anneau  ombilical  (amaigrissement,  ascite,  gros- 
sesse, etc.),  se  produit  pareifort.  Elle  est  d'habitude  épi- 
ploiquc  et  se  re-^'onnaît  à  sa  matité  et  à  sa  consistance 
mollasse  ;  intestinale,  on  la  reconnaît  à  sa  sonorité,  à 
son  élasticité  et,  comme  la  peau  seule  recouvre  la  hernie, 
on  peut  avoir  une  vue  nette  dos  anses  intestinales.  Cette 
hernie  est  réductible,  et  il  est  alors  facile  d'introduire  le 
doigt  à  la  suite  de  la  hernie  après  sa  réduction.  Irréduc- 
liblo,  elle  est  do  diagnostic  plus  délicat.  Non  étranglée  et 
réductible,  elle  sera  aisément  maintenue  par  un  bandage 
approprié  ;  non  étranglée  et  irréductible,  un  bandage  à 
pelote  concave  empêchera  son  expansion  ;  étranglée,  elle 
exige  une  intervention  aussi  précoce  que  possible  sans  se 
laisser  arrêter  par  la  possibilité  d'une  péiitonitc  herniaire 
plus  fréquente  dans  cette  espèce  de  hernie.  Le  taxis  sera 
peu  essayé  et  on  arrivera  vite  à  l'opération  rationnelle 
qui  est  le  débridement  en  haut  et  à  gauche.  Il  y  aura 
lieu  de  tenter  alors  une  cure  radicale  par  résection  du 
sac,  résection  de  l'ombilic  ou  omphalectomio  et  sutures 
spéciales  à  cette  région. 

Tumeurs.  Toutes  les  tumeurs  peuvent  se  trouver  à 
l'ombilic,  mais  on  y  observe  spécialement  le  granulome 
qui  est  un  bourgeonnement  exagéré  do  la  plaie  laissée  par 
la  chute  du  cordon  qu'une  cautérisation  argon  tique  ré- 
prime facilement  ;  la  tumeur  diverticulaire,  bourgeonne- 
juent  d'un  diverticule  intestinal  sectionné  par  la  ligature 
du  cordon  et  qui  doit  être  traité  par  l'ablation  ;  enfin  quelque- 
Ibis,  après  cicatrisation,  l'épithélium  glandulaire  peut  plus 
ou  moins  taj'divement  donner  naissance  par  sa  prolifération 
à  un  épiîhéliome.  Les  tumeurs  de  l'ombilic  sont  mobiles, 
et  leur  ablation  est  facile,  ou  ainiérentcs,  et  il  y  a  lieu  alors 
d'emporter  avec  elles  Uombiiic  (omphale(.tomie)  et  do  fer- 
mer soigneusement  ensuite  par  des  sutures  appj'cpriécs  le 
j>éritoino  et  les  parois  abdominales.  D^^  S.  ?Jorer. 

III.  ARCHriECTiRE.  ■ —  Par  ce  seul  fait  que  le  mot  latin 
îunbilieus,  comme  le  mot  grec  oniphalos,  dont  il  vient, 
désigne  lo  nombril  (V.  ce  mot),  lequel  est  situé  aumiheu 
du  corps  de  tout  homme  bien  constitué,  lo  mot  ombilic  a 
reçu  des  acceptions  diverses,  mais  toutes  découlant  de 
cette  situation  centrale  occupée  par  les  objets  auxquels 
on  l'applique.  C'est  ainsi  que  le  bouton  saillant  ou  la  pointe 
marquant  le  centre  d'un  bouclier  sont  appelés  ombilic  et 
que  l'on  donnait,  en  latin,  co  même  nom  aux  extrémités, 
en  forme  de  boules,  du  rouleau  de  bois  sur  lequel  s'enrou- 
laient les  feuilles  de  papyrus  constituant  les  anciens  livres. 
On  donnait  encore  ce  nom  au  point  central  ou  tout  au 
moins  à  la  partie  du  sanctuaire  d'un  temple  recevant  le 
piédestal  sur  lequel  s'élevait  la  statue  de  la  divinité,  et 
certains  auteurs  grecs  faisaient  du  piédestal  retrouvé  par 
M.  Lebègue,  dans  lo  temple  primitif  d'Apollon  Gynibien, 
à  Délos,  l'ombilic  ou  le  centre  de  la  terre. 

IV.  Mathématiûlt/s.  ■—  Le  mot  ombilic  a  plusieurs  signi- 
fications, il  a  servi  à  désigner  les  foyers  des  coniques. 


mais  il  n'est  plus  aujourd'hui  employé  dans  ce  sens.  On 
appelle  ombilics  du  plan  deux  points  imaginaires  qui  sont 
situés  à  l'intersection  de  la  droite  de  Linilni  et  d'un  cercle 
quelconque  du  plan.  —  Les  droites  qui  passent  pkir  les  om- 
bilics portent  le  nom  de  droites  isotropes. 

Dans  l'espace,  tous  les  plans  possèdent  deux  ombilii  s 
H  le  lieu  de  ces  ombilics  est  une  conique  appelée  ombili- 
cale; l'ombiliraleestrintersection  d'une  sphère  quelconque 
avec  le  plan  de  l'infini  ;  les  cônes,  qui  ont  pour  directrice 
l'ombilicale,  sont  des  cônes  isotropes  ou  des  sphères  de 
rayon  nul. 

On  appelle  ombilic  d'une  surface  un  point  où  les  deux 
rayons  de  courbure  principaux  sont  égaux  ;  en  ces  points 
il  existe  une  sphère  osculatrice.  Toutes  les  surfaces  en 
général  ont  des  ombilics,  une  surface  algébrique  de  degré 
m  en  a  :  - 

m  {\Omr  -—'20  m  -h  16). 

Toutefois,  certaines  surfaces  peuvent  présenter  des  lignes 
ombilicales,  c.-à-d.  dont  tous  les  points  sont  des  ombi- 
lics, il  y  a  môme  des  surfaces  dont  tous  les  points  sont 
des  ombilics;  ce  sont:  le  plan,  la  sphère  et  les  dévelop- 
pables  isotropes.  Si  l'on  désigne  par  x,  y,  z  les  coordon- 
nées d'un  point  d'une  surface,  les  ombilics  sont  donnés 
par  les  formules  suivantes  et  l'équation  de  la  surface  : 


(h 
(Ix 


clH 
dxdy 
ch 


(t^Z 


dy^ 


ày 


i  + 


[dxj 


1 


BiuL.  :  ANATO^rrEetPATProLOGiE.  —  Tillaux,  Anatomie 
lopog.  —  Forgue  et  Reclus,  Traité  de  thérapeutiqiie  chi- 
rurg.  —  Forgue  et  Morer,  Des  Fistules  urinaires  dépen- 
dant de  V.ouraqiie^  dans  Gaz.  de  Montpellier.  —  Poulet  et 
i^ou^QUET,  Traité  do  path.  chirurgicale.  —  Duplay  et 
Reclus,  Traité  de  chirurgie. 

OlvIBLA  (croate  Bieka).  Fleuve  côtier  de  Dalmatie, 
formé  par  une  source  puissante  où  reparaissent  les  eaux 
englouties  des  plateaux  calcaires  de  l'Herzégovine,  en  par- 
ticulier celles  de  la  Trebinjcica.  Il  a  20  kil.  de  long  seu- 
lement, mais  440  m.  de  largo  près  de  son  embouchure 
dans  la  baie  de  Gravosa.  Vallée  fertile. 

Of^BLAY  (Ile)  (V.  Ombav). 

Or^BLÈZE.  Com.  du  dép.  de  la  Drôme,  arr.  de  Die, 
cant.  de  Crest,  sur  la  Cervanne  ;  281  hab.  Gorges  pitto- 
resques ;  cascade  de  la  Druise. 

OÏ^BOS  ou  OiVlBL  Vdle  antique  d'Egypte,  capitale  d'un 
nome  de  la  Thébaide,  rive  droite  du  Nil,  à  50  kil.  N.  de 
Syène.  On  y  voit  de  vastes  ruines,  en  particulier  deux 
beaux  temples  de  l'époque  ptolémaique.  Le  premier  cou- 
ronne une  colhne  sablonneuse,  et  fut  dédié  à  Aroeres 
(Apollon)  par  les  soldats  de  la  garnison;  le  second,  plus 
petit,  est  consacré  à  Isis.  Ils  sont  encore  revêtus  de  leur 
décoration  picturale.  L'entrée,  de  grès,  appartient  à  un 
temple  plus  ancien,  élevé  par  Thoutmès  III  en  l'honneur 
du  dieu  Sevak  à  tète  de  crocodile,  patron  de  la  ville,  et 
qui  figure  sur  ses  monnaies.  Le  grand  temple  n'a  pas  de 
propylon  et  son  portique  est  porté  par  un  nombre  impair 
de  colonnes,  13,  dont  13  encore  debout.  Il  semble  que 
ce  fut  une  sorte  de  panthéon,  l'ne  inscription  grecque 
rappelle  qu'il  fut  éiigé  ou  restauré  parPtolémée  Philomé- 
tor  (180-143)  et  Ciéopàtre,  sa  sœur  et  femme.  On  a  trouvé 
dans  les  catacombes  du  voisinage  des  momies  de  croco- 
diles, l'animal  sacré  d'Ombos. 

OMBRALE  (Notât.).  On  appelle  ainsi  une  notation  em- 
ployée par  M.  Sylvcster  pour  représenter  les  déterminants. 
Les  éléments  étant  désignés  par  deux  lettres,  le  détermi- 
"  zfc  a^^  ci22'--  «nn  ^'^ura  son  élément  û^^j  représenté 
pj  et  le  déterminant  est  lui-même  représenté  ainsi  : 

^i  Pi 

«0  |3o 


nant  S 
j)ar  a-  i 


OMBRE  —  H76  — 

0  M  B  R  E.  I.  Physique. —On  désigne  sous  le  nom  (Vo. .ibre 
géométrique  d'un  corps  par  rapport  à  un  point  lumineux 
la  portion  de  l'espace  dont  tous  les  points  sont  tels  que, 
SI  on  les  joint  au  point  lumineux  par  une  ligne  droite, 
cette  droite  rencontre  le  corps  considéré.  Celte  portion  de 
l'espace  n'est  donc  pas  éclairée  par  le  poinl  lumineux.  La 
surface  qui  limite  la  région  de  Fomhre  esl  un  cône  à  sec- 
lion  irrégulière,  donl  le  point  lumineux  cnî  lé  sommet  el 
dont  les  génératiices  sont  tangentes  au  corps  opaque. 
Lors([ue,au  lieu  d'un  point  lumineux,  ou  a  lui  corps  lumi- 
neux, l'espace  au  lieu  d'être  divisé  eu  deux  régions,  Tune 
d'ombre  et  l'autre  de  pleine  lumière,  se  trouve  partagé 
en  trois  ;  aux  deux  premières  vient  s'ajouter  la /?^'/?^w?/^?'^, 
c.-tVd.  une  portion  de  Tespace  dont  les  points  ne  reçoivent 
qu'une  partie  de  la  lumière  que  le  corps  lumineux  leur 
enverrait  si  le  corps  opaque  n'existait  pas.  La  pénombre 
est  comprise  entre  deux  surfaces,  l'une  qui  limite  l'ombre 
et  Tautre  qui  limite  la  région  de  pleine  lumière.  La  pce- 
mière  surface  peut  être  engendrée  par  un  plan  tangent 
au  corps  lumineux  et  au  corps  opaque  prenant  toutes  les 
positions  possibles,  mais  telles  que  ces  deux  corps  soient 
du  même  côté  du  plan  ;  c'est  la  surface  séparant  l'ombre 
de  la  pénombre  ;  l'autre  surface,  celle  qui  sépare  la  pé- 
nombre de  la  pleine  lumière,  peut  être  engendrée  par  un 
plan,  tangent  encore  aux  deux  corps  qui  se  trouvent  celte 
fois  de  part  et  d'autre  du  plan.  La  quantité  de  lumière 
reçue  aux  divers  points  de  la  pénombre  varie  suivant  sa 
distance  à  ces  deux  surfaces  limites.  A.  Joannts. 

II.  Astronomie  (V.  Eclipse). 

III.  Géométrie  descriptive.  —  Les  ombres  sont 
employées  en  géométrie  descriptive  dans  le  but  de  com- 
pléter la  représentation  des  corps,  pour  laquelle  les  tra- 
cés des  épures  ordinaires  ne  donnent  pas  toujours  des 
figures  faisant  suffisamment  image.  Les  corps  sont,  en  gé- 
néral, supposés  éclairés  par  des  rayons  lumineux  émanant 
d'un  point  situé  à  distance  finie  ou  infinie  ;  dans  ce  der- 
nier cas,  on  suppose  souvent  les  rayons  lumineux  paral- 
lèles à  l'une  des  diagonales  d'un  cube  dont  deux  faces 
sont  situées  dans  le  plan  de  projection.  On  remplace  quel- 
quefois le  point  lumineux  par  un  corps  éclairant  de  dimen- 
sions finies;  nous  ne  nous  occuperons  pas  des  construc- 
tions applicables  dans  ce  cas  ;  elles  sont  notablement  plus 
compliquées  que  les  autres,  et  ne  conduisent  pas  à  des 
représentations  plus  avantageuses,  quant  à  l'effet  produit. 

Dans  tout  ce  que  nous  allons  dire,  le  point  lumineux 
sera  supposé  à  distance  finie  :  les  tracés  s'étendront  d'eux- 
mêmes  au  cas  où  les  rayons  lumineux  sont  parallèles. 

Nous  ferons  également  remarquer  qu'en  géométrie  des- 
criptive on  n'a  pas  égard  aux  dégradations  d'ombre  et  de 
lumière  que  présentent  toujours  les  corps  éclairés  dans  la 
réalité,  et  dont  la  reproduction  aussi  exacte  que  possible 
constitue  l'objet  du  lavis  (V.  ce  mot);  on  suppose  en 
conséquence  que  toutes  les  parties  d'un  corps  qui  reçoivent 
la  lumière,  sous  quelque  incidence  que  ce  soit,  présentent 
le  même  éclat,  et  de  même  que  toutes  les  parties  qui  en 
sont  privées  sont  uniformément  assombries.  D'après  ces 
conventions,  une  épure  ombrée  présente  aux  yeux  des 
régions  auxquelles  on  a  laissé  la  couleur  du  papier,  con- 
tiguës  à  des  régions  couvertes  d'une  teinte  ou  de  hachures 
d'une  intensité  constante.  La  recherche  des  ombres  en 
géométrie  descriptive  consiste  donc  uniquement  dans  celle 
des  Hgnes  qui  séparent  ces  diverses  régions  :  ce  sont  les 
lignes  de  séparation  d'ombre  et  de  lumière,  ou  plus 
simplement  les  lignes  d'ombre. 

Lignes  d'ombre  propre  et  lignes  d'ombre  portée.  — 
Considérons  un  corps  A  éclairé  par  un  point  lumineux  a; 
si  l'on  circonscrit  à  A  un  cône  de  sommet  a  (cône 
d'ombre),  la  ligne  de  contact  de  ce  cône  sépare  évidem- 
ment les  régions  éclairées  du  corps  de  celles  qui  se  trouvent 
dans  l'ombre;  on  donne  à  cette  ligne  le  nom  de  ligne 
d'ombre  propre.  Il  y  a  cependant  lieu  de  remarquer  que 
toutes  les  parties  de  cette  ligne  de  contact  peuvent  ne 
pas  séparer  des  régions  éclairées  de  régions  obscures  : 


supposons  eu  effet  qu'un  rayon  lumineux  tangent  au 
corps  A  ait  déjà  été  intercepté  pai'  ce  corps  (ou  par  un 
autre);  le  point  de  contact  appartiendra  visiblement  à  une 
région  tout  entière  obscure,  et  ne  servira  pas  à  la  déli- 
miter. On  voit  donc  (jue  la  courbe  de  contact  du  cône 
d'ombre  peut  se  composer  d'arcs  utiles  pour  la  séparation 
de  l'ombre  et  de  la  lumière,  et  d'arcs  qui  ne  présentent 
pas  d'inlérèt  sous  ce  rapport  :  ou  donne  aux  premiers  le 
nom  d'^/?T,s'  réels  et  aux  autres  le  nom  à'arcs  virtuels. 
Supposons  maintenant  qu'il  existe  un  second  corps  B, 
situé  de  telle  manière  que  le  premier  corps  intercepte  une 
partie  des  rayons  lumineux  qui  viendraient  frapper  B  ;  toute 
la  partie  de  B  située  à  l'intérieur  du  cône  d'ombre  de  A 
sera  dans  l'obscurité  ;  la  ligne  qui  sépare  sur  le  corps  B 
les  régions  éclairées  et  les  régions  obscures  de  ce  fait, 
c.-à-d.  la  ligne  d'intersection  de  la  surface  qui  limite  B 
et  du  cône  d'ombre  de  A  est  dite  ligne  d'ombre  portée 
du  corps  A  sur  le  corps  B.  On  voit  sans  peine  qu'il  y  a 
encore  à  distinguer,  sur  la  ligne  d'ombre  portée,  les  arcs 
réels  des  arcs  virtuels. 

Nous  allons  maintenant  exposer  les  principales  méthodes 
employées  en  géométrie  descriptive  pour  la  recherche  des 
lignes  d'ombre  propre  et  des  lignes  d'ombre  portée. 

1°  Méthode  des  plans  sécants.  On  mène  par  le  point 
lumineux  des  plans  qui  coupent,  suivant  certaines  lignes, 
la  surface  qui  limite  le  corps  éclairé;  dans  chacun  de  ces 
plans  on  mène  par  le  point  lumineux  des  tangentes  à  ces 
lignes.  Les  points  de  contact  qu'on  détermine  ainsi  appar- 
tiennent à  ces  lignes,  en  tenant  compte  de  la  distinction 
faite  plus  haut  entre  les  arcs  réels  et  les  arcs  virtuels. 
S'il  y  a  deux  corps  en  présence,  cette  méthode  donne  en 
même  temps  la  ligne  d'ombre  portée. 

2*^  Méthode  des  projections  coniques.  Soient  deux  lignes 
A  et  B  :  nous  voulons  déterminer  le  point  de  A  qui  porte 
ombre  sur  B,  et  l'ombre  elle-même  sur  la  ligne  B. 
A  cet  effet,  nous  ferons  usage  d'un  plan  auxiliaire  (P),  et 
nous  déterminerons  les  ombres  portées  sur  ce  plan  par 
les  lignes  A  et  B,  c.-à-d.  les  projections  coniques  de 
ces  lignes  sur  ce  plan  ;  il  est  clair  que  le  point  de  ren- 
contre de  ces  deux  projections  est  la  trace  sur  (P)  du 
rayon  lumineux  qui  rencontre  à  la  fois  A  et  B  ;  on  déter- 
mine ainsi  facilement  les  deux  points  demandés.  Cette 
méthode  s'applique  avec  avantage  dans  la  recherche  de 
l'ombre  portée  par  un  polyèdre  sur  un  autre  polyèdre  ; 
elle  donne  également  un  tracé  rapide  de  l'ombre  portée 
par  une  surface  de  révolution  dont  l'axe  est  perpendicu- 
laire à  un  plan  de  projection,  sur  ce  plan  de  projection. 
k  cet  effet,  on  détermine  l'ombre  portée  par  chaque  pa- 
rallèle de  la  surface  ;  on  obtient  ainsi  une  série  de  cercles 
dont  l'enveloppe  limite  l'ombre  cherchée. 

3^  Méthode  des  enveloppées  circonscrites.  Cette  mé- 
thode s'applique  à  la  recherche  de  la  ligne  d'ombre  propre 
sur  les  surfaces  considérées  comme  enveloppes  d'autres 
surfaces.  Soit  a  le  point  lumineux,  (S)  la  surface  sur  la- 
quelle on  recherche  la  ligne  d'ombre  propre,  (S')  une  sui'- 
face  variable  qui  enveloppe  (S).  Appelons  C  la  ligne  de 
contact  des  surfaces  (S)  et  (S')  (caractéristique),  et  cher- 
chons le  point  de  C  qui  appartient  à  la  ligne  d'ombre 
propre  :  il  suffit  pour  cela  de  construire  la  ligne  d'ombre 
propre  C  de  la  surface  (S').  Le  point  de  rencontre  des 
lignes  C  et  C/  est  le  point  demandé.  On  emploie  cette  mé- 
thode quand  les  surfaces  (S')  sont  d'une  nature  qui  permette 
de  déterminer  facilement  leur  ligne  d'ombre,  ce  qui  est 
le  cas  par  exemple  quand  ces  surfaces  sont  des  sphères.  On 
appHquera  donc  la  méthode  des  enveloppées  circonscrites 
aux  surfaces  enveloppes  de  sphères,  et  en  particulier  aux 
surfaces  de  révolution.  Ces  dernières  peuvent  encore  être 
considérées  comme  des  enveloppes  de  cônes  de  révolution. 
4"  Méthode  des  plans  tangents.  Cette  méthode  est 
spéciale  aux  surfaces  réglées.  Soit  (S)  une  pareille  surface, 
L  une  de  ses  génératrices.  Pour  construire  le  point  de  la 
ligne  d'ombre  propre  de  (S)  qui  appartient  à  L,  il  faut 
déterminer  sur  cette  génératrice  le  point  de  contact  du 


OMBRE 


plan  Luigeiii  ;i  (S)  qui  la  contiojil  et  qui  p-asse  pai'  le 
point  lumineux  a.  A  cet  effet ,  on  emploiera  un  parabo- 
loïde  (quelquefois  un  hyperboloide)  de  raccordement  avec 
(S)  le  long  de  la  génératrice  considérée;  le  problème  se 
ramène  alors  à  trouver,  sur  une  génératrice  L  d'iine  sui'- 
lace  du  si^cond  oi'dre,  le  point  de  contact  du  plan  tangent 
;i  Ja  surface  (jui  contient  L  et  qui  passe  par  le  point  a. 
On  sai(  qu'on  iM'sout  ce  problème  en  coupant  la  surface 
dont  il  s'agit  par  le  ])lan  (//.  L).  L'intersection  se  compose 
de  L  et  d'une  autre  droite  (jui  rencontre  L  au  point  cherché. 

o^  Méthodes  particulières.  Enfin  la  nature  spéciale 
d'une  surface  peut  conduire  à  employer  des  méthodes 
donnant  une  construction  plus  avantageuse  que  celles  qui 
résulteraient  de  l'application  des  procédés  généraux.  Tel  est 
le  cas  des  hélicoides  réglés,  et  en  particulier  des  sur- 
faces (le  vis  à  filet  triangulaire  ou  à  filet  ("<7?'r6%  pour 
lesquelles  on  arrive  à  des  tracés  d'une  grande  simplicité 
et  d'une  grande  élégance.  Les  dimensions  de  cet  article  ne 
nous  permettraient  pas  d'énoncer  et  encore  moins  de  justifier 
ces  constructions  pour  lesquelles  nous  renverrons  le  lec- 
teur désireux  de  les  connaître  au  beau  Cours  de  géomé- 
trie descriptive  de  VEcole  polytechnique  de  M.  Mannheim 
(leçons  '1{  à  26). 

Tangentes  aux  Lir,Ni-:s  d'ombre.  —  Le  tracé  des  lignes 
d'ombre  sur  les  surfaces  doit  être  accompagné  de  celui  de 
leurs  tangentes.  La  construction  de  ces  dernières  droites 
s'obtient  en  appliquant  les  théorèmes  suivants  : 

i'^  La  tangente  en  un  point  de  la  ligne  d'omhre 
propre  est  la  conjuguée  du  rayon  lumineux  par  rap- 
port à  l'indicatrice  de  la  surface  au  point  consi- 
déré; cela  résulte  immédiatement  du  théorème  de  Dupin 
sur  les  tangentes  conjuguées.  Pratiquement  on  emploie, 
soit  l'indicatrice  elle-même,  soit  les  asymptotes  de  cette 
courbe.  Il  faut  signaler  une  conséquence  de  ce  théorème, 
très  importante  pour  le  tracé  des  épures  :  les  lignes 
d'ombre  propre  de  deux  surftices  qui  se  raccordent  sim- 
plement ne  sont  pas  tangentes  en  général.  Cela  n'a  lieu 
certainement  que  si  les  deux  surfaces  sont  osculatrices. 

2"^  La  tangente  en  un  point  de  la  ligne  d'ombre 
portée  par  une  surface  siir  une  autre  est  la  droite 
d'intersection  des  plans  tangents  aux  deux  surfaces, 
et  dont  les  points  de  contact  sont  respectivemsnt  le 
point  considéré  et  le  point  qui  porte  ombre  sur  celui- 
1(1.  La  démonstration  de  ce  théorème  est  immédiate. 

Remarques  particulières  aux  surfaces  ci  courbures 
opposées.  Nous  avons  déjà  fait  remarquer  que  la  courbe 
de  contact  d'une  surface  et  du  cône  d'ombre  peut  se  com- 
poser \}iarcs  réels  et  à' arcs  virtuels;  c'est  le  cas  géné- 
ral quand  la  surface  est  à  courbures  opposées,  et  l'on 
donne  le  nom  de  points  de  passage  ou  points  limites 
aux  points  qui  séparent  les  arcs  virtuels  des  arcs  réels. 

On  démontre  qu'en  un  point  limite  la  courbe  d'ombre 
propre  est  tangente  au  rayon  lumineux,  et  que  ce  der- 
nier est  une  asymptote  de  Tinddcatrice  de  ta  surface 
au  point  considéré.  Il  arrive  généralement  aussi  que  les 
surfaces  à  courbures  opposées  portent  ombre  sur  elles- 
mêmes,  et  les  lignes  d'ombre  portée  ([ue  l'on  a  à  considérer 
de  refait  présentent  encore  des  arcs  réels  et  dos  arcs  vir- 
tuels, séparés  par  des  points  limites.  Ces  points  limites 
se  confondent  avec  ceux  des  lignes  d'ombre  propre, 
ci  ces  dernières  s'y  raccordent  avec  les  lignes  d'ombre 
portée. 

Nous  n'avons  pu  dans  cet  article  que  donner  une  idée 
très  sommaire  des  procédés  employés  pour  le  tracé  des 
ombres  en  géométrie  descriptive.  Le  lecteur  trouvera  les 
développements  les  plus  complets  et  les  plus  intéressants 
dans  le  Cours  àêyà  cité  de  M.  Mannheim,  et  dans  le  Traité 
de  géométrie  descriptive  de  M.  Javary.     R.  Bricard. 

ÎV.  Beaux-arts.  — C'est  un  grand  moyen  d'expression 
dans  les  beaux-arts,  et  particulièrement  en  peinture,  qu'une 
heureuse  détermination  des  ombres  :  les  effets  qu'on  en 
peut  attendre  dépendent  de  la  position  qu'occupe  le  corps 
lumineux  par  rapport  au  plan  du  tableau.  Il  est  peu  pro- 


bable (jue  hi  pcintuie  grecque  se  soit  seivie  de  la  lumière 
et  de  rond)re  pour  ajouier.  à  l'intérêt  de  l'action  repré- 
sentée, la  poésie  du  clair  et  de  l'obscur  ;  modelées  une  à 
une  en  plein  air.  les  figures  du  tableau  étaient  sans  doute 
juxtaposées  comme  celles  d'un  bas-relief  :  l'expression  de 
l'ombre^  ne  fut  vraiment  ressentie  que  par  l'art  moderne. 
e1  c'est  à  Léonacd  de  Vinci  (pie  revient  l'iumneur  d'en  aviTii- 
le  prender  compris  toute  réloquence.  C'csl  peu  de  mode- 
ler séparément  chacpie  ligure,  il  faut  encore,  si  Ton  peut 
ainsi  parler,  modeler  le  tableau,  c'est-à-dire  le  traiter  à 
son  tour  comme  une  seule  figure,  comme  un  seul  tout, 
ayant  ses  grands  partis  de  clair,  de  brun  et  de  demi-teintes. 
Il  suil  de  là  que  le  choix  du  lundnaire  et  la  recherche  des 
ombres  sont  pour  le  peintre  une  affaire  importante  et  dé- 
licate :  Léonard  aime  les  lueurs  tem])érées  du  demi-jour. 
Exem])le  :  la  Joconde.  C'est  lui  qui  a  écrit  ces  lignes  ; 
«  Le  visage  accpùert  une  grâce  et  une  beauté  singulières 
par  la  fusion  des  lumières  et  des  ombres.  On  en  voit  des 
exemples  sur  les  personnes  assises  aux  portes  des  maisons 
obscures  et  éclairées  à  la  chute  du  jour.  »  Tandis  (pie 
Rubens  ouvre  ses  fenêtres  toutes  grandes  au  soleil  et  ne 
craint  pas  d'en  imiter  les  splendeurs.  Rembrandt,  àme  de 
penseur,  fuit  la  banalilé  du  grand  jour  :  il  prodigue  les 
ombres  et  se  complait  dans  la  profondeur  infinie  des  demi- 
teintes,  à  la  fois  sourdes  et  transparentes.  Poète  tendre 
et  mélancohque,  Prudhon  trahit  sa  préférence  pour  les 
ombres  adoucies  et  les  lumières  pâles.  —  Le  luminaire  une 
fois  choisi,  l'artiste  le  supposera-t-il  étroit  ou  large,  ani- 
mé ou  froid,  diffus  ou  concentré?  Tant(U  il  produira  un 
rehef  énergique  en  augmentant  par  des  ombres  résolues 
la  saillie  de  certains  ciUés  de  la  forme  (le  Caravage,  Ri- 
bera,  Valentin).  tantôt,  comme  Véronèse  et  Rubens.  il 
obtiendra,  par  un  luminaire  élargi,  abondant,  des  masses 
légères  et  gaies  :  c'est  la  lumière  diffuse  et  splendidc  de^ 
Soces  de  Cana  et  du  Couronnement  de  Marie  de  Mé- 
dicis.  Les  tableaux  de  chevalet  se  prêtent  mieux  que  les 
grandes  toiles  à  la  magie  du  claii'  et  de  TobscTU'  :  les 
deux  chefs-d'œuvre  de  Rembrandt,  qu'on  nomme  les  Phi- 
losophes (au  Louvre),  sont  les  deux  diamants  de  la  pein- 
ture sombre.  —  Reste  à  savoir  enfin  quel  sera  l'angle  d'in- 
cidence de  la  lumière  choisie  ;  viendra-t-elle  d'en  haut,  ou 
d'en  bas,  (m  de  côté  ?  La  supposera-t-on  placée  en  face 
du  tableau  ou  derrière  les  figures?  Autant  de  questions 
qui  réclament  l'attention  des  artistes  et  que  les  maîtres 
ont  diversement  résolues,  chacun  suivant  son  génie  propre 
et  le  penchant  de  sa  nature. 

On  distingue  dans  les  arts  du  dessin  entre  les  otnbres 
réelles  et  les  ombres  portées.  Les  premières  sont  celles 
qui  recouvrent  toute  partie  privée  de  lumière,  \e^  autres 
sont  projetées  par  les  corps  qui.  arrêtant  les  rayons  lu- 
mineux, empêchent  ceux-ci  de  frapper  les  surfaces  placées 
derrière  eux.  Gaston  Cou(^.xv. 

V.  Chimie  (Y.  Brun,  t.  VIII.  p.  234). 

Vï,  Théâtre.  —  Ombres  chinol.es.  —  11  est  peu  de 
personnes  qui,  dans  leur  enfance,  ne  se  soient  essayées,  le 
soir,  à  figurer  en  silhouette,  sur  le  nuu%  ])ar  l'ombre  de 
leurs  dix  doigts  convenablement  disposés,  la  tète  de  Henri  IV, 
un  cygne  à  la  nage  ou  (pielque  quadrupède  prenant  gra- 
vem(3nt  sa  nourriture  ;  un  peu  de  pi'aticfue  suffit  pour  y 
réussir  mervedleusement,  et  tous  les  petits  traités  de  phy- 
sique amusante  viennent  en  aide  aux  jeunes  imaginations 
pour  leur  permettre  de  varier  à  l'infini  ce  divertissement 
innocent.  Les  ombres  chinoises  exigent  plus  de  prépara- 
tifs et  tout  un  matériel.  Elles  peuvent  constituer  soit  un 
simple  jeu  de  famille,  soit  un  véritable  spectacle.  Chez  soi, 
on  se  borne  à  tendre  soigneusement,  dans  l'ouverture  d'une 
porte  de  communication,  un  drap  mince  ou  mieux  une  gaze 
blanche;  dans  l'une  des  pièces  se  trouvent  les  spectateurs, 
plongés  dans  une  obscurité  complète  ;  dans  l'autre  pièce 
est  placée,  à  4"\oO  environ  en  arrière  de  la  toile,  une 
lampe  à  réflecteur,  assez  puissante  pour  Eéclairer  vive- 
ment; la  partie  supérieure  apparaît  seule  :  c'est  la  scène; 
ia  partie  inférieure  est  rendue  opaque,  à 'L",oO  ou  L'MO 


OMBRE 


378 


uii-desbiis  (lu  plancher,  par  une  épuissc  couverUire,  et  c'est 
derrière  cet  abri  que  se  dissimnienî.  assis  ou  à  genou,  les 
opérateurs,  en  nombre  au  inoins  égal  à  ceUii  des  pci'son- 
nages  en  scène;  ceux-ci  sont  des  paniiiis  articulés,  de  30  à 
AO  centim.  de  hauteur,  soigneuscni^iri  découpés  dans  du  car- 
ton ou  du  bristo]  ;  chacun  est  monté  sur  une  tige  ;  l'opérateur 
le  tient  d'une  main,  au-dessous   (hi  bord  inférieur  de  la 
scène  et  le  plus  prts  j'os^ible  de  la  tidie,  aTui  que  la  sil- 
houette sedéiachc  nctîemeiit;  do  Tautre  main,  il  fait  mou- 
voir les   fds  qui  commandent  à  la  tète,  aux  bras,   aux 
jambes;  un  dialogue,  en  vers  ou  en  prose,  des  chœurs, 
de  la  musique  accompagnent  le  d'''(iié  ou  les  gestes  des 
personnages,  et  de  petites  pièces  pcu^  eut  être  ainsi  repré- 
sentées. ]ji  outre,  des  décors  peuvent  être  ^gurés,  soit  en 
les  peignant  sur  la  gaze  qui   sert  d'écran,  soit  en  les  y 
projetant  à  l'aide  d'un  appareil  oxliydrlipie,  comme  dans 
la  lanterne  magique.  Pour  un  spectacle  pul-hc,  la  dispo- 
sition est  à  peu  près  la  même;  l'ouverture  de  la  porte  est 
seulement  remplacée  par  une  baie  rectangulaire,  de  4™, 30 
de  largeur  sur  0"^,80  de  liauteur  environ,  pratiquée  dans 
un  châssis,  et  l'agencement  descoulisj.'^s  .^st  naturellement 
plus  compliqué  —  L'invention  des  ombrer  chinoisesremon- 
terait,  d'après   quelques  auteurs,   à  une  haute  aniiifuité. 
(Vest  là  une  pure  hypothèse.  La  première  trace  qu'on  en 
trouve  est,  eii  eftet.  en  Chine,  où  elles  paraissent  avoir  été 
depuis  lontemps  en  grande  faveur,  ainsi,  dure^te.  que  dans 
la  plupart  des  pays  orientaux:  à  Java,  notamment,  et  aussi 
chez  les  Turcs  et  les  Arabes,  où  le  héros  de  toutes  les 
pièces,  Gargarousse,  se  répandait,  de  compagnie  avec  sa 
victime,  le   bel  Iladiy-Ayouûtb,  et  pour  la  "plus  grande 
joie  des  assistants,  en  propos  d'une  obscénité  qui  n'était 
dépassée  que  par  celle  de  leurs  gestes.  Vji  Europe,  les 
ombres  chinoises  n'ont  apparu  qu'a^^sez  tard,  et  d'abord 
dans  l'Allemagne  du  Sud.  où,  sous  le  nom  de  Schatien- 
^piele,   elles  ont  longlemps  constitué  l'un  des  amuse- 
ments les  plus  populaires.   Vi\  France,   elles  ont  été  im- 
])0]'tces  en  4767,  et  l'une  des  premières  pièces  jouées  a 
Hé  V Heureuse  Pèche  (4770).  Quelques  années  plus  tard, 
le  célèbre  Séraphin  (V.  ce  mot)  établissait  cà  Vi'rsailles, 
dans  le  jardin  Lannion,  sur  l'emplacement  aujourd'hui  oc- 
cupé par  le  n"  25  de  la  rue  de  Saiory,  son  premier  théâtre, 
très  fréquenté  par  les  seigneurs  et  les  grandes  dames,  et, 
en  4780,  ses  oniL'ves  à  srèrcs  changeantes,  comme  on 
les  appelait  alors,  furent  admises  à  la  cour,  où,  pendant 
le  carnaval,  il  donnait  aux  enfants  de  France  trois  repré- 
sentations par  semaine.  En  4784,   il  se  transporta  dans 
les  galeiies  du  Palais-iloyal,  l'écemment  adievées;  c'est 
là  que  furent  successivem.ent  donn^'^s,  d'abord  sous  sa  di- 
rection, puis,  après  samort  (4800),  souscelle  de  son  neveu, 
le  fameux  Ponl  casse,  la  Chasse  aux  canards,  le  Magi- 
cien Ixothimiago,  la  Clé  du  caveau.  E]i  4858,  le  gendre 
de   Séraphin  neum.  cpii  était  depuis  4811   à  la  tète  de 
l'entreisrise,  émigra  au  l'oulevard  Montmartre.  La  vogue 
se  maintint  quelques  ann(' es  encore,  et  le  théâtre  nefei'ma 
définitivement  ses  portes  que  le  45  août  4870.  Los  ombres 
(diinoises  avaient  pour  un  instant  vécu.  Elles  ont  opéré 
leur  résurrection,  il  y  a  une  douzaine  d'années,  au  caba- 
l'et  du  Chat-Noir,  à  Moiitmaitre  (Y.  Caf-atie,-,  t.  VÎÏL 
p.  584).  En  même  temps,  elles  ont  subi  une  îransforma- 
{ion  profonde.   Ce    n'est  plus  seulement  un  amusement 
d'enfants,  c'est  v.n  spectacle  pour  les  grands  et  les  déli- 
cats ;  les  vers  de  Mirliton,  les  images  plus  ou  moins  gros- 
sières, les  farces  de  Polichinelle  ont  fait  place  à  de  johs 
poèmes,  à  des  silhouettes  admirablement  dessinées,  à  de 
spirituels  dialogues,  que  soulignent  de  douces  mélopées 
écrites  par  de  jeunes  compositeurs  de  talent.  La  chanson 
y  vit  illustrée  par  des  ombres,  et  c'est  désormais  dans 
des  décors  ensoleillés,  purs  chefs-d'œuvre  de  couleur  et  de 
composition,  que  celles-ci  s'agitent  sur  la  toile.  Le  prin- 
cipal auteur  de  cette  révolution  ai  tistique  a  été  le  dessi- 
nateur Henri  Rivière.  C'est  lui  d'abord  qui  eut  L'idée  de 
remplacer  les  pantins  en  carton  par  des  pantins  en  zinc, 
plus  solides  et  plus  susceptibles  d'une  grande  perfection. 


11  substitua  ensuite  au  plan  unique  où  s'agitaient  les  ac- 
teurs, sans  horizon  nd  perspective,  toute  une  série  de  plans 
cîi  gradins  qui  lui  permirent  de  rendre,  de  façon  saisis- 
sante, le  grouillement,  le  frisson  des  foules.  Il  imagina, 
pour  les  décors,  un  ingénieux  procédé  de  gravure  en  cou-' 
leur.  Ejifin,  il  dota  Lintérieur  du  théâtre  d'une  machine- 
lie  plus  savante  et,  certainement,  beaucoup  plus  compli- 
quée que  celle  de  la  plupart  des  grandes  scènes.  Les 
coulisses  du  Chat-Noir  n'avaient  pas  moins,  en  effet,  de  40  m. 
do  hauteur.  Les  machhnstes  étaient  au  nombre  d'une 
douzaine  :  les  uns,  juchés  sur  des  échelles  ou  installés  sur 
des  pasGoreiles,  faisaient  tomber  du  premier  ou  du  second 
cintre  les  décors  qui  y  étaient  rangés  ;  les  autres,  en  bas, 
faisaient  glisser  les  sillmuettes  dans  les  rainures  et  leur 
imprimaient  les  m.ouvements  voulus.  Quant  à  l'éclairage, 
il  était  fouriii  par  un  appareil  oxhydrique  de  modèle  spé- 
cial, coniié  à  une  sorte  de  harpiste,  d'une  extrême  vigi- 
■ance,  qui  ne  maniait  pas  moins  de  70  fils  parallèles  lui 
servant  à  déplacer  ^'erticalement  et  horizontalement  les 
verres  doubles  sur  lesquels  étaient  peints,  à  l'aide  d'un 
émail  particulier,  cuit  au  feu,  des  fragments  de  décors. 
Deux  pianos,  unorgue,  un  célesta,  des  timbales  et  quelques 
choristes  assuraient  la  partie  musicale.  L'une  des  premières 
pièces  ainsi  montées  a  été  l'Epopée,  de  Caran  d'AxChe,  où 
défdaient,  avec  une  réalité  saisissante,  toutes  les  gloires 
de  la  sanglante  tragédie  napoléonienne,  depuis  la  vieille 
garde  victorieuse,  avec  ses  aigles  trouées  et  ses  légion- 
naires en  haillons,  jusipi'aux  débris  de  la  grande  armée, 
en  retraite  sur  les  routes  glacées  de  Russie.  Puis  ont  été 
représentées  la  1  entai  ion  de  saint  Antoine  et  la  Marche 
à  t\ toile,  poème  et  musique  de  George  Fragerolle,  des- 
sins de  IL  Rivière,  te  Sphyiix,  poème  et  musique  du 
même,  dessins  de  Yignola,  le  Secret  du  manifestant, 
paroles  de  Jacques  Ferny,  dessins  de  Fernand  Fau,  etc. 
En  4807,  le  Chat-Xoir  a,  à  son  tour,  fermé  ses  portes. 
Mais  les  ombres  chinoises,  qui  ont  maintenant  leur  réper- 
toire, ont  trouvé  l'hospitalité,  de  façon  moins  large  et 
moins  luxueuse,  il  est  vrai,  dans  plusieurs  des  cabarets 
artistiques  de  la  rive  droite.  Idles  commencent  en  outre  à 
être  très  à  la  mode  dans  les  salons,  où  elles  permettent  aux 
amateurs  des  deux  sexes  de  se  faire  entendre  sans  s'exhiber 
et  où  elles  remplacent  quelquefois  avantageusement  l'insi- 
!)ide  comédie  d'antan.  L.  S. 

¥îï.  Mythologie  (V.  ExFEa  et  Màxes). 

VIÏL  Art  héraldique.  —  Image  transparente  sans 
émaux  qui  laisse  voir  le  champ  ou  les  pièces  de  l'écu. 

O.MiîUE  DR  soniuL.  —  Ccriatus  hécaldistes  désignent  ainsi 
le  soled  lorsqu'il  est  de  couleur  au  lieu  d'être  d'or  ou  d'ar- 
gent. D'autres  veulent  qu'il  soit  sans  nez  et  sans  bouche. 

01\^BRE.  L  L.ïrrvoLOtUE.  —  Genre  de  Poissons  Télé- 
ostéens,  de  l'ordre  {]oà  Plujsostomes  et  de  la  famille  des  Sal- 
iiionidce,  c'àv^ctQvlsè  ])ar  une  bouche  très  peu  fendue .  pourvue 
de  petites  dents  courtes  et  pointues,  nombreuses  aux  maxil- 
hd]'es  et  à  la  voûte  palatine  ;  la  dorsale  est  longue,  et  com- 
mence en  avant  les  ventrales.  Parmiles  cinqformes  connues, 
imus  citerons  EOmbre  commune,  Tlv.jniallus  vexillifer, 
à  corjîs  allongé  légèrement  comprimé  ;  le  dos  est  blanc 
i.intéde  gris,  les  l'ancs  a^^^oniés,  avec  des  bandes  longi- 
lu(hnales  gris:=ires  ;  le  museau  est  griscàtre,  les  joues  et  les 
opercules  sont  oriiés  de  points  noirs,  la  dorsale  est  d'un 
!)hmc  rosé  avec  quelques  taches  brunes  en  bandes  irrégu- 
lières, l'anale  est  couleur  chair,  les  pectorales  et  les  ven~ 
ti'ales  d'un  rouge  jaune  lavé  de  gris  et  de  brun.  L'Ombre 
se  trouve  en  France,  en  itahe,  en  Suisse,  en  Angleterre, 
en  Hongrie,  en  Suède,  en  Laponie  et  en  Russie  ;  elle  habite 
les  rivières,  les  ruisseaux  et  les  fleuves,  la  Meuse,  la  Mo- 
selle, l'Ain,  le  Doubs,  l'iîérault,  etc.  C'est  un  Poisson  re- 
gardé comme  excellent  pour  la  table.  Rochbr. 

IL  Art  culinatre.  —  L'ombre  fournit  une  chair  blanche 

très  délicate,  analogue  à  celle  du  saumon  et  de  la  truite. 

On  la  mange  préparée  comme    ces    deux    derniers.  Ce 

poisson  est  très  recherché. 

IhMi,  :  Sauvagi:,  dans  Brkh:\i,  éd   ïi\.  Poissons. —  Gux- 


:m':) 


DMBR]] 


OMBRONES 


douce  de  France. 

OIVIBRÉ  (Blas.).    Se   o\'    dos   [.l^-ces  doiU  lo  ^'Ji-f  ost 
accubC  cl  relevé  par  Cwà  co.iljiiri  d'aji  éuui'i  d-airiiL. 

OMBRELLE.  Sorte  de  peSit  pai-nsol  co:r:e:t  f^w  so'e  ou 
taffetas  dont  Jes  danies  se  s-^i'Vî'nf  pcurre  ;.,;]re;Uir  du  so- 
leiL  L'usa;^'e  de  forn^n'e]!^  e'i  tîès  aneieii  et  répjr.da  na- 
iarcJleîiieiil  diMis  le;  pays  m'^idioiiaiix.  elie/:  ]o:i  Cre'^s,  i-"s 
Romains  et,  d'.iec  nianirro  i;énéraie,  e'ie.k-.  pewidcs  de 
l'Orient.  Les  ferir;!,'^-;  et  les  gi'and.-à  S'^igneiirs  lai -aleel  por- 
ter leur  oralirede  devant  eux  par  des  enclaves  ;  on  trouve 
cet  usa<.^e  jnentionné  par  Martial  et  divers  aiiteî'j's  :  les 
umbellœ  des  dames  romaines  ctaienî  îeonfé'^s  eu  iianibou 
des  ïndos  ou  S!u^  une  tir;e  d'ivoire  enrvhii^  de  ])iei'rerirs  ; 
elicG  avaient  Ja  forme  dos  dais  em|)leyés  dans  1  ^s  eéréiuo- 
nies  cailiolitpies.  Paciaudi,  dans  son  i-e  inubcll:;'  gesli- 
tione  cowmen'driinn,  donne  des  (.'cî.'ils  piiis  piccis  que 
les  reproductions  ffui  l^^urenl  sur  le;  vases  anli;p'.es.  \  iîo 
vierge  po;tait  im  i^-nrasol  au-des-^uis  de  la  tôle  do  ia  d  ''O^se 
Aléa  ou  de  la  statue  de  !*a^chus  dans  ies  pî'cccs'.i'  us  et  k'S 
f(Hes  de  ces  dieux.  Le  imrcu'j  l  (V.  ce  moH  es:  eilé  plus 
particulièreujont  en  Cinne  où  il  est  ui  s>uc  d'^  distiuvUioa: 
OU  trouvera  au  mot  Paîw^ou  tout  ev  {\v'\  s'^  i-al'nc'u*  às.-i 
usage  en  Chine,  dans  l'inde  et  d'ur;  r^-xter^'O  -ei.'Uit. 
Jyombrv^Uc  était  connue  en  France  depuis  lon.c-'emps. 
Moniaigne  en  parle  dans  ses  Essais.  La  rai)ricat  on  s'esl 
perfectiounéo  à  la  lui  du  siècle  dernier  et  l'osage  de  l'oin- 
brelb  est  dc/enu  phis  gôuoral  :  dans  IVuuécituie  du  Sud 
et  en  É.'spa.gne,  eUe  est  aussi  employée  uu^  ré?reuîaii  et  s  y 
substitue  parfois,  lui  Occident,  Foiu'rrcrLo  est  seuvoeU  à  pciise 
plus  légère  que  le  parapluie  et  peut  prcsipae  eu  tenir  liiu 
au  besoin.  On  trouvera  au  mot  l-'vp.vpi  vj^: -es  (îétnils  1(\0]- 
niques  coiîceniant  la  Aibiicaiiou  moderne  des  oeduYè'e^  e; 
des  parapluies,  j'ou-' roud)rclle.  eu  cmjdo^-^  eu  ycuérai  mK^ 
étoffe  do  S' ie  uuia  ou  u  re.aUs  cba  r);o;n]ts,  '''.  la  ami:-  '  eu 


eurec^c  de  d'U 


■  iMsueao  ouuou 
.  ';ui  SO]]'  v,:\  h 


iu\(^  so^e  très  icyu'e  ' 
vraies  ou  fa  nuises .  'a 
trument  de  luxe,  c-.: 
co'Hent  de  40  à  r:;?  \\\  ^       Vh.  IL 

Oueum  ui:  v-:  sriu  —  Oistiuciio!i  afi'Oiaiés  ou  l'ir.uauie 
par  le  souverain  aox  ]]U''ebr(^s  (F  sa  !"asu';_  '\  rari'ois 
aux  éiraiygers  qu'il  veut  ho.uoi^cr  de  facaji  suécia!e.  Le 
diplôme  (fui  couaie  l'iionfieur  de  ]'ru^^o'u//u  de  soie. 
rédigé  en  langue  sanscî'iio,  est  iuîprimé  eu  l'c  -eissé  soj' 
une  feuille  d'or. 

OMBRELLINO  (VL  Caruixal,  t.  IX,  p.  37'?), 

OiVlBRJE,  0?1RRirN3([u7/;n//,  ViuiriJ:  'i  p-ôix/;). 
L'Ombrie  est  la  rég"ou  do  Vil  Vie  eceti-aïe  ''ui  cmTespoutl 
à  la  pro\iuce  aciaell'  do  Pérouso  (P^?iUgia),  or^upant  le 
])a^;sin  supérieur  du  'li^uo,  ao  ^'.-'^  d'>s  Ajoaué!]:;  et  ius- 
(:u  aux  moais  de  la  :  <mieo.  A  i^■i)o^;i;e  aUiq;?  u  le  librs 
la  séparait  de  POliurie  o;  lo  A,>  •  {'-'ovi^)  d;^  il  "'Aduo. 

Les  Om!)]-iens  ïAai-u]l  reyar  bA  coauU'^  l:-,A  [[^''k\n)(:-- 
nienl  établis  en  Iia'ie,  IF  auiidce-  pcs-édé  isid  !:'  pa^-'U 
depuis  lePojU^juAu  mont  (Acyruo.  mais  iA-'oel  nroy^es- 
sivcmeut  reuudés  par  (es  Ltrur.{|ur\  (?ù  bue  au.udeui  en- 
levé 3()i)  vdFs;  p'us  la'd  par  Ir,  (  aA  ds  Seneus,  (yii 
sVmparèi^eut  (As  pa;,s  riverains  do  b  AbAU:"ue,  et  ils  so 
trouvcrenl  coubnés  ^;[U'  le  vei'^ranl  luéiAuoaal  Cr  Y 
nin  et  la  rive  gau^-be  du  Ai^-e.  bcui'^: 
étaient  :  Ocrieuhr:i.  près  du  liaul  lAer 


.pui- 
ariiid  et  iii- 


[eranviia,  sur  son  afiluent  lo  Aar,  AuAur.  sur  le  Pouve 
Aiucria  et  Aor^?îAu  au  N.  de  Xai'uivi,  S:^(eeiie}}i.  puis 
Treha,  Mexauia,  Fuiijiuiiuii,  J.',.i;iu:n,  le  buig  do  la 
ricbo  vallée  transversale  oe  coulo  le  Aîitueuue;  l^uviuiii 
et  CfuiienniiJii,  dans  la  moufagne.  rtc  ™.  Palauo;uodes 
Ombriens  nous  est  connue  per  les  fameuses  tailos  ihiee- 
biiies  (\A  ce  mot)  ;  elle  est  iudo-eu"opéeayoy  très  voisina 
du  latin  et  su?  tout  do  Fosquo  ;  b^s  dédiuuicos  et  la  pbo- 
néiique  sont  alléeées.  —  lc(U"  cAe  lusi  .:-h\\iQ  lut  médioCiT. 
Ils  en^j^ejit  en  couta^-t  avec  les  i\o-r.[\}ï\s  bées  des  guerre> 
du  Saujnium;  divisés  eu  plu^ueurs  tribus,  ifs  fout  cause 
couujinne  avec  les  Lii'a^uue^,  S'UU  défobîs  à  ?devauia  par 


lo  consul  Fabius  (308).  fis  prennent  part  à  la  coalition  de 
î"an  :^Au'()  qui  succom')a  à  !a  iiataibo  de  bentinum  ;  Ocricu- 
iuiu  e'  Camcriuiuu  (m*eut   traité':-;  avec  une  faveur  spé- 

'  i"le.  Depuis  lors,  les-'aoluA'^ns  dioieurcnt  (idèlcs  à  Rome, 
saeu"  un  sou ièvement  partiel  lors  de  la  guerre  sociale  de 
bb).  Rs  sont  absorb-és.  et  le  nom  seul  d'Oaibrie  subsiste 
oiu'ue  division  gé'U,]'apl]iou>^.  ,\uguste  y  comprend  Vager 
'  ellii  iis,  lo  pays  des  henous,  avec  Sena  ea'iica,  Pisau- 
i-mii,  A}'i-ni)un}i.  D'-^puis  lors,  ce  nom  géographique  s'est 
<  iV)servé,  rcsti'eint  au  moyen  âge  au  duché  de  Spolète, 
puis  étendu  à  la  partie  centrale  des  îAats  du  Saint-Siège, 
terAtoire  de  Pérou^:e,  Orvielo,  llieti. 

Beaucoup  de  pointi'es  illustres  sont  nés  dans  ces  mon- 
:o,gî;es  et  ^-es  vallées  do  Cita,  di  Castollo,  Pérouso,  Foli- 
gao.  etc.  Ou  en  groupe  souvent  une  partie,  peintres  reli- 
rb'^ux  'iiio  parait  ju^pi^erle  doux  piéiism.o  de  saint  François 
;ibA^  i-o.  sous  lou.om  d'/ArAu  uuA^rAuu??^.  Xicrolo  Alunno, 
Aieîro  VauLu-ci  dit  !e  Pérugiu  et  sos  di'^'cijiles,  le  Pintu- 
ricA  io,  (Aiîîvanui  la  Spagna  et  le  piîis  illustie,  Haphaèl. 
•'u.  y  ioiul  lA'aiK'ia,  fuù  travaillait  à  ludogne  (Y.  Ita- 
.r:,  t.'  XX,  pp.  ;AF!3'et  sui-.).  '  A. -M.  B.^ 

OiVl-^nlEb  O^ialecio).  Lo  di;decbodeF;mcieui:e  Ombrie, 
';''e  Fou  l'éonii  (uAiro-re  O'^u!  avec  les  dialectes  italiotes 
ojîies  (jue  le  loOr;  en  un  groujvo  aippelé  ouibro-samnite, 
o[q);u'tieut  à  la  branche  iîaliqm^  des  langues  indo-euro- 
péonnes.  Il  est  co]um  surtout  parles  sept  tables  de  bronze 
■'bA^oiivertes  eu  'Iii4  à  CAiblûo,  Tancien  Iguvium,  Eugu- 
•ium  au  moyeu  âge,  qui  coutiounont  les  actes  d'une  cor- 
yora;iou  de  prêtres  uouuués  les  frères  Altidiens.  Deux 
d'oiitro  elles  ^ouî  écrifes  en  caracîATS  latins  (Yt  et  YIÏ), 
uiiui  V  uo  le  vci.-o  de  la  (a]}le  Y;  los  au  ires  en  écriture 
aobouo!'^  ouujri"ii!!e  (V.  Fuorcuu'S  [Tables]).  Celte  écri- 
l  u'o  ubi  pas  (]■'  sigo'^s  spéciaux  pour  o,  g,  d,  qu'elle 
î'^od  j^or  u,  h\  !  ;  elle  a  i  ii  '^'guo  d  (daiis  l'écriture  la- 
li  le  7A,  qid  i,y;:"A-jî[o  n^i  e,-),,  sifuaui  issu  du  k  devant 
■■'•;  voy(db'^s  (dobos.  e{  vi\  siguro  q  (dans  récriture  latine 
'-•y  uid  éod'  ■;  ■  oiser)];];d)lo;uont  une  sorle  de  r  ana- 
'■\?:u(^  au  /■'  îAïAu'o.  b'O  >'g:n('  de  YJi  s/rt  à  indiquer  que 
F:  vnyîbjo  p^èièileur*  oU  lougoe.  L'omluFui  présente,  en 
''^^:ovdd;i  laîbi.  .m  r::\cu]  ]j(]i>A)ro  de  t^'aits  caractéris- 
,;  ^,,.,,.  j  ..^  .;,,,,^  ,.j.  p'.^.yjj--  io'b(îuor  ici  ;  eu  voici  seule- 
!oait  les  peii:cipouv  :  ;u  est  'oj  uTur  omis  en  linale  :  pif- 
fhi -::-^  vej,ului.i  ;  ]q  gî'oupo  ns  est  r(q)résenté  par  f  ; 
j.iejd  =^  K-icns'i:  noîauim-uii  aux  accusatifs  pluriels,  dont 
F' suffixe  piTuihf  était  ]}S  :  apriif—.:  apros,  fref  vit- 
I  f  r=r  Ires  viUih's  ;  à  la  preuAèrc  décliurison,  le  génitif 
siiîgalior  est  eu  eu,'  {ai-  sur  les  tables  eu  écriture  latine), 
a;]uù  (pie  le  no:uinaiif  pluïu.'d  :  luia  (la  cité),  génitif  tu- 
o(îe  décliiUiisou,  le  u.ominatif  pluriel 
ku'  iiius  :=:  Iguvini  ;  le  datiFablatif 
au;  es!  eu  us  :  frdfrh's  :=  fratribiis. 
i;  :  eni  ---  esse,  aferuin  =  circimi- 
A'uA  la  îeraunaisou  /u>;  s'est  resserrée 
•■'■,.  Lb/mlu'bui  fait  un  usage  étendu 
pli.  ;  f  meb;;yée  est  u;;  u,  qui  répond 
',7  .-zz  in  li/ru)!'.     3L  RoALuiouix. 

:Um?''A',v.:  i^'r■..lS75.-^5I:i> 
Oi\1  ?RO:iE,  l'K  uvec  uier  d.  laTos-aue  (Y.  lTAT,ia,t.  XX, 
.  'J03<i),    (pu  de;^'?'»d  c:\i  cni-^mw  de  Cbiauli  (prov.  de 
ieuue)  va':,  b^^  ^A ■■'■.,  -l'C^oi*  b;b'cia.  traxorse  la  Maremme 
so  ie'i'^  d  v^  la  nvr  ï^'o^'eé'iieuuc,  mv^  de  Grosseto, 
uAA-;:  v^vr;  do  IGO  biL 


/■9,  lolnr;  '\  m 
•X  eu  wv  [vj\  or)  :  // 
s  ibèmes  à  ^'ouu»ue; 
bniîoitif  0'4  eu  ?r'u  / 
-re:  r-  pardcip-jsi 


Déïïarl.cmeTît  àe  VGDihrone. 


Oépartemont  de 


bempii'^  fraudais  bu'OTé.  eu  180J,  uAuie  partie  de  la 
'fo^rano  avec  Si^iUio  poar  chef-lieu.  11  avoit  pour  limites  : 
au  Au,  les  dép.  il^^,  b  --ruo  el  de  la  Méditoi-ranée,  au  S.  le 
lieu,  (la  .'ibro,  à  V'l  h  priîicipai'té  de  Jbombino  et  la 
auuu  à  IbA  j;  s  dép.  d.  If  ii!o  et  du  Trasiuiène.  R  cessa 
d  eyiste"  ovo'-  bemiu.  e. 

0fa3RJNE3„  Pe;ipA  auliquc  oei  vivoi;  (Ai  temps  do 
r-tolémée  dans  les  Ivaipiruxu  vers  les  soorces  de  la  Yis- 
îubu  On  a  soutenu  qu'ils  étaient  dbuigiue  gauloise. 


OMDl  RMAN  -   OMKSSA  —  ^M 

OIVIDURMAN.  Localité  du  Soudai)  ('i^ypiion.  sui'  la 
rive  gaucho  du  Nil,  en  face  de  Kliarloiim  (V.  ce  moi). 
Elle  avait  été  fortifiée  par  les  l'^gyptiens.  Le  Mahdi  y  fixa 
sa  résidence  et  y  mourut  le  21  juin  1883.  Dans  la  plaine 
voisine  fut  livrée  la  bataille  du  2  sept.  1898,  gagnée 
par  le  sirdar  Kitcliener,  qui  anéantis  la  puissance  mah- 
. liste  et  fui  signaléi^  par  le  massacre  sysrémati([ue  de^  mu- 
sulmans \aincus, 

O'MEARA  (lîarry-LdNvard).  médecin  irlandais,  né  en 
1780,  mort  aux  environs  de  Lond-'es  le  3  juin  1886.  Le 
médecdn  est  célèbre  par  le  rôle  qu'il  a  joué  auprès  de 
Napoléon  L'".  en  captivité  à  Sainte-Hélène,  il  était  en  181") 
chirurgien-major  à  bord  du  Belléropho)}.  lorscpie  Napo- 
léon vint  s'y  rendre.  Avec  le  consentement  de  l'amiral 
Keith,  il  accompagna  à  Sainte-Hélène  le  grand  empereur 
déchu  qui  Lavait  pris  en  affection.  Sa  tâche  ne  fut  pas 
toujours  facile,  surtout  sous  le  gouvernement  de  sir  Hudson 
Lowe,  qui  le  diffama  si  bien  qu'il  fut  destitué  le  14  mai  181 8 
sur  un  ordre  de  lord  Bathurst.  O'Meara  ]'e\int  en  .vngle- 
terre  et  se  justifia  des  accusations  perfides  ([ue  Hudson 
Lowe  avait  lancées  contre  lui.  H  a  publié  les  ouvrages 
suivants,  tous  traduits  de  l'anglais  :  Documents  histo- 
riques... sur  la  maladie  et  la  mort  de  Xapol /on  Bona- 
parte (Paris.  1821.  in-8)  ;  Boeumenls  particuliers  sur 
yapoléon...  (Paris,  1819,  in-8)  ;  Lettre  adressée  à  Védi- 
teur  du  Morning  Chronicle...  (Paris.  1822,  2  vol.  in-8)  ; 
Napoléon  en  exil,  ov  u  ne  voix  de  Sainte-Hélène. . .  (Paris, 
1823.  2^oL  in-8),  à  la  suite  duquel  il  fui  destitué;  Rela- 
tion des  événements  arrivas  a  Sainte-lléléne 'postérieu- 
rement a  la  nomination  de  sir  Hudson  Lowe  au  gouver- 
nemenldecetleite  (Paris,  1819,  in-8).         D'"  L.  Hn. 

OrVlÉCOURT.  Corn,  du  dép.  de  LOise,  arr.  deBeauvais, 
cant.  de  Formelle;  148  hab. 

OMELETTE.  OEufs  battus  et  cuits  dans  la  poêle  avec 
du  beurre,  de  l'huile  ou  de  la  graisse.  Pour  faire  une 
omelette  au  naturel,  on  choisit  des  amfs  aussi  frais  que 
possible  que  Lon  casse  dans  un  bol  ou  un  petit  saladier  en 
y  ajoutant  sel,  poivre,  une  légère  quantité  d'eau  et  quelques 
petits  morceaux  de  beurre.  A  l'aide  d'une  fourchette  on 
bat  le  tout  jusqu'à  ce  que  le  mélange  soit  parfait  et  que 
la  masse  soit  bien  imprégnée  de  bulles  d'air,  ce  qui  rend 
Lomelette  plus  digestible.  D'autre  part,  on  fait  fondre, 
sans  le  roussir,  dans  une  poète  placée  sur  un  feu  vif.  un 
morceau  de  beurre  et  l'on  y  verse  les  œufs  battus.  Ou 
agite  l'omelette  pour  qu'elle  ne  brûle  pas  et  que  toutes 
ses  parties  viennent  à  leur  tour  en  contact  avec  le  beurre. 
Quand  elle  est  presque  cuite,  on  introduit  dessous  un 
petit  morceau  de  beurre,  on  la  roule  en  forme  de  chaus- 
son, et  on  la  fait  glisser  sur  le  plat  oii  elle  doit  être  ser- 
vie. On  obtient  une  omelette  plus  délicate  en  supprimant 
une  partie  des  l)lancs  d'œufs,  le  quart  environ.  —  Les 
variétés  d'omelelte  sont  considérables  :  on  en  fait  aux  fines 
herbes,  aux  épinards,  à  l'oseille,  aux  oignons,  aux  cham- 
pignons, aux  truffes,  au  fromage,  au  jambon,  au  lard, 
au  sucre,  aux  confitures,  au  rhum,  au  kirsch,  etc.  Brillât- 
Savarin,  dans  sa  Phgsiotogie  du  goùL  recommande  spé- 
cialement l'omelette  au  thon,  et  il  s'étend  assez  longue- 
ment sur  sa  préparation  assez  compliquée. 

Sous  le  noiu  fïonielelte  soiiffl  'e.  on  désigne  une  ome- 
lette préparée  de  la  façon  suivante  :  on  bat  six  jaunes 
d'oMifs,  par  exemple,  avec  12o  gr.  de  sucre  en  poudre, 
du  zeste  de  citron  râpé,  ou  de  la  vanille,  ou  encore  ^^w^ 
ou  trvois  cuillerées  à  café  d'eau  de  fleurs  d'oranger  ;  d'autre 
part,  on  fouette  les  blancs  en  neige  et  on  les  mêle  avec 
les  jaunes.  Le  mélange  est  ensuite  versé  dans  un  plat 
beurré,  puis  saupoudré  de  sucre,  et  le  tout  est  aussitôt 
mis  au  four  de  campagne.  Six  à  huit  minutes  suthsent  pour 
la  cuisson. 

OMELMONT.  Com.  du  dép.  de  Meurihe-et-Moselle.  arr. 
de  Nancy,  cant.  de  Vézelise;  201  hab.  Stat.  du  chem.  de 
fer  de  l'I^st. 

OiVIEN  (V.  Divination). 

OMER   (Saint),  en  latin   Audomarus.  mort  à  Saint- 


Omcr  en  ()(>7.  Originaire  de  Lonslance.il  se  relira  avec 
son  père,  sous  Linfhience  des  moines  de  Cotomban  (V.  ce 
nom,  t.  XI,  p.  IOlU).  à  Luxeuil.  Delà,  il  se  rendit  comme 
missionnaire  chez  les  Morini,  entre  Boulogne  et  l'Escaut, 
et  fut  nommé  evêque  de  Thérouane  par  Dagobert,  vers 
(>37.  Alors,  il  ht  venir  des  collaboraleurs  de  Luxeuil,  en 
pariiculier  Mommolin,  Lbertramn  et  Bertin.  Au  milieu 
d'un  marécage,  sur  un  îlot  du  nom  de  Sithin,  s'établit 
ainsi  un  centre  chrétien,  qui  devint  plus  tard  Labbaye  de 
Saint-Bertin.  autour  de  hupielle  se  construisit  la  ville  qui 
prit  le  nom  de  Saint-Omer.  Léte  le  9  sept.         F. -H.  K. 

OIVIER  Pacu^  (Michael  Latas,  dit),  général  turc,  né  à 
Plasky  (Confins  militaires  de  Croatie)  le  24  nov.  1806-, 
mort  le  18  avr.  1871.  Fils  d'un  sous-administrateur  du 
district  d'Ogulin,  il  entra  dans  ce  régiment  comme  cadet, 
déserta  en  1828  parce  qu'on  avait  cassé  son  père,  se 
rendit  à  Vidin  ou  il  embrassa  l'islam  et  entra  au  service 
du  vizir  Hussein  Pacha  comme  précepteur  de  ses  enfants. 
En  1834.  il  devint  rédacteur  au  ministère  de  la  guerre  à 
Constantinople  et,  sous  le  titre  d'Omer  Eftendi,  précepteur 
du  prince  Abd-ul-Medjid,  futur  sultan  ;  il  eut  rang  de 
capitaine  dans  l'armée  ottomane,  puis  fut  promu  colonel 
et  mis  à  la  tête  d'un  corps  opposé  aux  troupes  d'Ibrahim 
en  Syrie.  Il  battit  des  forces  supérieures  à  Beksaya.  En 
1842,  il  devint  gouverneur  militaire  du  Liban,  mais  fut  si 
violent  contre  les  chrétiens  qu'il  dut  bientôt  se  retirei'. 
En  1843,  il  opéra,  sous  les  ordres  de  Redschid  Pacha, 
en  Albanie  contre  le  chef  rebelle  Djouléka,  qu'il  fit  pri- 
sonnier; en  'I84(),  il  soumit  les  Kurdes  l'évoltés.  Lors  des 
troubles  dans  les  principautés  danubiennes  (1848),  il  fut 
chargé  de  les  occuper  conjointement  avec  les  Russes  et 
nommé  gouverneur  mih taire  de  Bucharest.  En  avr.  1850, 
on  l'envoya  réprimer  un  soulèvement  en  Bosnie.  Dans  la 
guerre  d'Orient,  \\  reçut  le  titre  de  pocha  et  fut  mis  à  la 
tète  d'une  armée  ;  il  défit  les  Russes  à  Oltenitza  (4  nov. 
1833),  débloqua  Silistrie,  occupa  Bucharest  (1854).  Puis 
il  fut  envoyé  en  Crimée  à  la  tète  de  30.000  Turcs  pour 
coopérer  aux  luttes  devant  Sébastopol.  L'année  suivante, 
on  l'envoya  à  Batoum  pour  secourir  Kars,  mais  il  arriva 
après  la  prise  de  la  place.  Omer  Pacha  fut  ensuite  gou- 
verneur de  Bagdad,  mais  commit  de  tels  abus  de  pouvoir 
qu'il  fut  destitué  et  exilé  à  Kourspont  (1859).  On  le  rap- 
pela en  1861  à  Constantinople  pour  lui  confier  le  gouver- 
nement de  l'Herzégovine,  où  il  comprima  l'insurrection  et 
vainquit  les  Monténégrins  (1862).  H  fut  promu  mouchir 
(maréchal)  et  préposé  au  3^  corps  d'armée  (Monatir). 
\\x\  1867.  on  l'envoya  en  Crète,  où  il  combattit  féroce- 
ment les  insurgés  sans  ari-iver  à  les  réduire.  Il  reçut  le 
titre  de  généralissime  (sirdar-ekrein)  et  fut  un  moment 
ministre  de  la  guei're  (1867-68).  A. -M.  B. 

OMER-Vrionf^,  général  lurc,  né  en  Albanie  en  1789, 
mort  en  1836.  En  1820,  il  était  entré  au  service  d'Ali, 
pacha  de  Janina  ;  chargé  de  défendre  les  défdés  de  Larissa 
contre  les  Turcs,  il  trahit  et  livra  passage  à  l'ennemi. 
Récompensé  de  sa  trahison  par  le  pachalik  de  Janina,  il 
prit  part  à  la  répression  de  l'insurrection  des  Grecs  contre 
la  Turquie  :  battu  à  Zeitoun,  puis  sur  les  bords  du  Sperchio 
en  1821,  il  marcha  cependani  sur  Athènes  et  occupa  LEto- 
lie  ;  au  siège  de  3liss(d.onghi  (1822).  il  fut  repoussé  par 
les  Grecs.  En  1825.  après  avoir  essuyé  une  nouvelle  dé- 
faite à  Mavrylle,  il  fut  nommé  pacha  de  Salonique,  puis 
de  Négrepont  qu'il  dut  quitter  en  1829,  après  la  cession 
de  cetie  ile  à  la  Grèce.  Malgré  ses  défaites,  Omer-Yrione 
lit  preuve  en  diverses  ciiTonstances  de  courage  et  d'ha- 
bilelé.  Il  finit  obscurément  sa  vie.  Ph.  B. 

OIVIERGUES  (Los).  C(mi.  du  dép.  des  Basses-Alpes, 
arr.  de  Sisteron.  cant.  de  Noyers-sur-Jabron  ;  396  hab. 

OMERVILLE.  Com.  du  déo.  de  Seine-et-Oise,  arr.  de 
Mantes,  cant.  de  Magny:  328  hab. 

OiVIESSÂ.  Ch.-l.  de  canl.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de 
Corie  ;  848  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  Ponte-Alla-Lec- 
cia  à  Corle.  Ruines  d'un  ancien  château.  Sur  un  mamelon, 
au  N.,  chapelle  de  Sant'Angelo. 


381  — 


OMET  —  OMEVVADES 


OMET.  Corn,  du  dép.  de  la  Gironde,  arr.  de  Bordeaux, 
caiit.  de  Cadillac  ;  Ml  liab. 

OMEX.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr.  d'Ar- 
gelès,  caiit.  de  Lourdes;  407  hab. 

OMEY.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  de  Chaîons, 
cant,  de  Marson  ;  100  hab. 

OMEYYADES  (en  arabe  Uanoa  Onieyifa,  du  nom  de 
leur  ancêtre  Omeyya,  père  de  ilarb,  père  d'Abou  Sofyan, 
père  de  Moawyia),  califes  arabes.  Les  premiers,  parmi  les 
princes  des  croyants,  ils  formèrent  une  véritable  dynastie 
où  le  principe  d"bérédiLé  assura  la  Iransmission  du  pou- 
voir dans  une  même  famille.  Avant  eux,  les  quatre  succes- 
seurs immédiats  de  Mohammed,  connus  dans  l'historiogra- 
phie arabe  sous  le  nom  de  califes  (>/'/to/a>Y'^>  (ràchidoun), 
avaient  tenu  leur  autorité  d'une  élection.  Au  début  du 
vii^  siècle,  les  Banou  Omeyya  occupaient  à  La  Mecque  le 
premier  rang.  Le  triomphe  de  l'islamisme  le  leur  fit 
perdre  ;  mais  ils  s'efforcèrent  de  le  reconquérir,  dans  les 
trente  années  qui  suivirent  la  mort  du  prophète.  Ils  y  tra- 
vaillèrent sourdement  sous  les  califats  d'Abou  Bakr,  d'Omar 
et  d'Othman.  Mais  l'avènement  d'Ali,  gendre  de  Moham- 
med, obligea  le  chef  de  cette  ambilieuse  famille,  Moav.yia, 
à  tenir  une  nouvelle  ligne  de  conduite.  11  était  à  (craindre 
en  effet  que  le  califat  no  demeurât  dans  l'avenir  Tapanage 
exclusif  des  descendants  du  prophète.  Moawyia  démasqua 
ses  projets  et  engagea  ouvertement  la  lutte.  Lue  longue 
guerre  s'ensuivit  (V.  AiJ,  Moawyia,  Hassax),  et,  après  la 
mort  d'Alî,  Moawyia  fut  reconnu  seul  calife.  On  peut  con- 
sidérer le  triomphe  des  Omeyyades  comme  la  triple  re- 
vanche du  vieux  paganisme  arabe  sur  l'islamisme,  des 
Coraichites  sur  le  prophète  et  sa  famille,  des  populations 
conquises  de  Syrie  sur  les  populations  conquérantes  de 
l'Arabie.  Les  califes  de  cette  dynastie  abandonnent  sans 
retour  les  villes  saintes  de  La  Mecque  et  de  Médine,  et 
font  de  Damas  leur  résidence  et  la  capitale  de  l'Empire. 

La  branche  aînée  des  Banou  Omeyya,  arrivée  au  pou- 
voir avec  Moawvia.  fournit  trois  califes  qui  se  succédèrent 
de  père  en  fds  :  Moawyia  1^^  (661-680),  Yezid  l^'  (680-83) , 
Moawyia  II  (683-84) .  A  Fintérieur,  les  règnes  de  ces  princes 
furent  troublés  par  des  révoltes  des  Alides.  La  plus  grave, 
survenue  sous  Yezid  L'^\  eut  pour  épilogue  le  meurtre  de 
Hosain,  fils  d'Ali  (V.  Hosâin).  A  l'extérieur,  cette  pre- 
mière période  de  la  dynastie  omeyyade  fut  marquée  par 
des  expéditions  contre  Byzance,  et  des  conquêtes  en 
Asie  Mineure,  dans  le  Maghreb,  en  Espagne.  Moawyia  II 
mourut  sans  postérité  ;  son  frère  Khahd,  seul  héritier  de 
la  branche  aînée,  était  encore  en  bas  âge.  A  ce  moment, 
Abd  allah  ibn  Zobaïr  venait  de  lever  dans  le  Hidjaz 
l'étendard  de  la  révolte  :  il  s'était  fait  reconnaître 
comme  calife  par  les  habitants  des  deux  villes  sahites. 
La  situation  des  Omeyyades  semblait  plus  critique  encore 
qu'au  jour  où  Moawyia  luttait  contre  Ali.  Leurs  partisans 
appelèrent  au  pouvoir  MerwaJi,  fils  d'Hakem,  fils  d'Aboul 
As,  fds  d'Omeyya,  qui,  il  est  vrai,  appartenait  à  la  branche 
cadette  de  la  famille,  mais  était  un  homme  d'âge  mûr,  et 
père  d'une  nombreuse  postérité.  Merwan  ne  régna  qu'une 
année  (684-85).  Après  lui,  le  pouvoir  se  transjnit  à  dix 
de  ses  descendants,  dans  l'ordre  suivant  :  Abd  el  Malik 
(685-705) .  Walid  I'^^' (705-1 5) ,  Solannan  (71  o- 1 7) .  Omar  II 
(717-20),  Yezid  II  (72D-24),  Hicham  P^'  (724-43),  Wa- 
lid  I[  (743-44),  Yezid  III  (744),  Ibrahim  (744),  Mer\Nan  II 
(744-50).  C'est  sous  Abd  el  Malik  que  la  dynastie  omey- 
yade atteint  son  apogée  :  le  long  règne  de  ce  prince  est 
illustré  par  de  nouvelles  conquêtes  en  Afrique  et  en  Traii- 
soxiane.  La  défaite  et  la  mort  d'Abd  allah  ibn  Zobair  ra- 
mènent définitivement  le  Hidjaz  sous  l'obéissance  de  la 
cour  de  Damas. 

L'empire  arabe  se  transforme  sous  les  Omeyyades.  La 
théocratie  guerrière,  rêvée  par  le  prophète  et  ses  deux 
premiers  successeurs,  tend  à  devenir  une  monarchie  tem- 
porelle. L'Etat  musulman  s'organise,  ses  fonctions  se  mul- 
tiplient. De  cette  époque  datent  plusieurs  ius>titutiojis, 
désormais  rouages  essentiels  du  gou\ernement  des  califes 


les  bureaux  de  la  chancellerie,  le  vizirat,  le  service  des 
postes.  Pour  la  première  fois,  des  monnaies  sont  frappées 
avec  des  légendes  en  caractères  ara'Ts;  uji  cérémonial 
de  cour  est  adopté. 

Cependant  la  dynastie  des  Omeyyades  avait  dans  l'ori- 
gine même  de  son  élévation  un  principe  de  ruine.  Un  parti 
nombreux  n'avait  pas  cessé  de  les  considérer  comme  des 
usurpateurs.  On  n'oubliait  pas  ({ue,  pour  conserver  un 
pouvoir  illégitimement  acquis,  ils  avaient  versé  le  sang 
du  petit-iils  du  prophète.  Aussi  longtemps  (jue  les  des- 
cendants d'Ali  s'appuyèrent  sur  les  populations  perfides 
de  l'Irak  et  de  la  Mésopotamie  et  ne  tentèrent  que  des 
soulèvements  isolés,  les  Omeyyades  n'eurent  pas  de  peine 
à  triompher  de  ces  rivaux  ;  mais  ils  succombèrent  lors- 
({u  une  vaste  révolte  s'organisa  contre  eux  à  l'instigation 
Vie  la  puissante  famille  d'Abbas.  Ces  Abbasides,  qui  de- 
vaient s'emparer  du  califat  après  la  chute  des  Omeyyades, 
ne  se  montrèrent  au  début  (pie  les  plus  chauds  partisans 
des  Alides,  leurs  cousins.  C'est  comme  champions  de  la 
légitimité  qu'ils  triomphèrent  avec  l'assistance  de  toute 
une  ])royince  de  l'empire,  la  Perse.  Ce  (pie  les  Syriens 
avaient  fait  pour  les  descendants  d'Omeyya,  les  Persans 
le  firent  pour  les  descendants  d'Abbas  fils  se  vengèrent 
de  la  conquête  en  iuiposant  aux  conquérants  une  nouvelle 
dynastie. 

Après  la  mort  de  Hicham,  la  décadence  des  Omeyyades 
se  précipite.  Des  discordes  intestines  ensanglantent  les 
règnes  éphémères  de  Walid  H,  de  Yezid  III,  cî'Ibrahim  et 
hâtent  encore  la  chute  du  califat  de  Damas.  Ibrahim  ne 
reste  au  pouvoir  que  cjuelques  jours  ;  il  en  est  chassé  par 
son  cousin  Merwan,  petit-fils  de  Merwan  P'\  Proclamé 
calife,  Merw^an  II,  malgré  son  énergie  et  ses  talents,  ne 
peut  réussir  à  relever  la  fortune  de  sa  maison  ;  pendant 
sept  années,  il  prolonge  inutilement  la  lutte.  Les  Abba- 
sides lui  arrachent  une  à  une  toutes  les  provinces  de 
l'empire;  à  la  fin,  les  Syriens  eux-mêmes  rabandonnent. 
Sa  défaite  et  sa  mort  (750)  consomment  la  ruine  de  la 
dynastie  omeyyade.  Le  premier  des  califes  abbasides,  Aboul 
abbas  as-Saffah,  après  son  élévation  au  trône,  ordonne  un 
massacre  général  des  Banou  Omeyya.  Mais  un  membre 
de  cette  infortunée  famille,  Abd-er-rahman,  échappe  à  la 
mort,  se  réfugie  en  Espagne,  et  fonde  dans  ce  pays  une 
deuxième  dynastie  omeyyade. 

OMEYYAiji^:s  d'Espagxe.  —  Cette  dynastie,  issue  d'Abd- 
er-rahman,  petit-fils  du  calife  Hicham  V'\  régna  à  Coi'doue 
et  compta  seize  princes  qui  furent  les  suivants:  Abd-er- 
rahman  P^'  (756-88),  Hicham  P^'  (788-96),  El  Hakam  l'' 
(796-822),  Abd-er-rahman  H  (822-52).  Mohammed  V' 
(852-86),  Eld-Moundhir  (886-88),  Abd  allah  (888-912), 
Abd-er-rahman  HI  (912-61),  El  Hakam  H  (961-76),  Hi- 
cham H  (976-1009  ;  1010-13),  Mohammed  Mahdy  (1009- 
1010),  Solaïman  (1013-16),  Ad-(3r-rahman  lY  Mourtada 
(1018),  Abd-er-rahman  V  (1023-24),  Mohammed  H  Mous- 
takfy  (1024-25), Hicham IHMoutadd  (1027).  Lesdébutsdes 
Omeyyades  en  Espagne  furent  extrêmement  pénibles.  Pour 
asseoii'  solidement  leur  pouvoir,  les  premiers  princes  de 
ceUe  dynastie  durent  déployer  la  plus  grande  énergie  et 
triompher  de  multiples  difficultés  :  agressions  des  souve- 
rains chrétiens  du  Aord  de  la  péninsule,  discordes  des 
tribus  arabes,  Yéménites  et  31odarites,  établies  en  Anda- 
lousie, soulèvement  des  populations  chrétiennes  indigènes  ; 
un  chef  de  rebelles,  Omar  ibn  Hafsoun,  retranché  dans  la 
forteresse  de  Bobastro,  réussit,  pendant  plus  de  vingt 
ans.  à  tenir  en  échec  les  troupes  d'El  Moundhir,  et  d'Abd 
allah.  Le  long  règne  d' Abd-er-rahman  lïl  marque  l'apogée 
de  cette  dynastie.  Jusque-là,  les  Omeyyades  d'Espagne 
s'étaient  contentés  du  titre  d'émir.  Abd-er-rahinan  ÎII 
prend  ceux  de  cahfe  et  de  prince  des  croyants.  Il  triomphe 
également  des  Eatimides  dans  le  Maghreb  et  des  princes 
chrétiens  du  X.  de  l'Espagne  ;  il  intervient  même  dans 
les  querelles  de  ces  derniers,  et  ramène  bur  le  trêne  de 
Céon  le  roi  SaiK  ho.  chaï,sé  jiar  ses  sujets.  Cordoue  de- 
vient la  rivale  de  Bagdad  ;   la  splendeur  de   bes  palais 


OMEYYADES  —  OMNIUM 


^,  Cil  jUiiv.  et1evi'.-ioU4,  sarle  chef  dehaulij 
■  tciéa)  subsi.ioel  icrivs.^iûc  ihic  cxirème  géuiche  dupaj'ij 


t., 


di(> 


1!n 


est  proverbiale  dans  rOrlciU  ci  da;;:.  i'u,c.d.'iii=  i.u  cou-  i  pouroLiiirs  i'iireiÛM^yei'ccob  ainli'c  i 'jmiadiija  cv-iA  le  j'ule 
des  Oineyyades  d'Lspajije,  coiiiaie  celle  des  AIsba^'Âks,  a    '    .rclfa',  \ 

ses  poètes  alliués.  Les  écoles  de  juci^pi-adeiicc  e(  de  theo-  ,  lii;  .;]n!adih.;  iche-uo  s'c^.i  ioiiuéc  en  Liebeiuc,  ??roii- 
iogie  de  Cordoue,  (ful  LLii\'ejit]c  rila  iLal^kaC,  ^a^.l  célè;;i\\,  i  nanl  iÎL„  ''Awj'  , ils  ci  des  oiivcicrs  bur  an  ^^ro'n'aDiuio  na- 
dans  tout  Fisiam.  Toutefois,  A{)(l-er-j.'H,:iui:  jcq'aro,  ydu,,  \  (ionaL:>;c  cl  i,.jica].  vai  j8i'tl  elle  îat  f'oor.ihyk  Mididai- 
y  songer,  la  ruine  do  ses  succes^^Cc^iS  eji  inlru.juiba,n  en  |  icme;il  à  la  caiie  de  troiicies  daiis  la  rue;  le'  Uailce 
Egpagne    m\   nonnu'o  considérable  n'c.  Ja;'cs  édangers.    j    [lodoi^.hc  ^Jna  f-u  [ué  par  deux  a!:;liés.  Le  procès  s'en- 

destinés  à  sa  garde.  I.eiiip'ù  de  diiîaxie  à  ]"é.;ard  de  la    '  "  "  '         ^    ...       -  ^-. -   - 

noblesse  aralje,  il  s'enloin'c  de  Oeci-èi^b  cl  de  Sldve;;  (par 
ce  nom,  les  Idsiojiens  acalics  d':...-3pa^i^he  (iéb'giicni  lc> 
esclaves  originaires  de  IVovencc,  dL".'len,cc,;!e  ci  de  Loia- 
bardie).  11  ne  confie  les  polies  iiiJi^oiiajiîs  quW  dos  alfru.:- 
cliis  clonl  la  basbo  exlraclion  lid  sein  .le  !},arajuij'  la  sou- 
mission cl  la  ildélilé.  Les  oîicls  de  ccUe  niijice  éirangèie 
deviendront  toul-pnihsanls  sons  les  derniers  Oaicyyi'dc.-, 
et  enlcndronl  disposer  à  leur  gré  du  raliiaî. 

Une  décadence  rapide  survient  après  la  juoil  de  li  La- 
kam  If.  iiicbam  II  esl  (eiui  à  Fécarl  des  all'aircs  cl  règiK 
sous  la  tulelledc  soi]  minis:ro  ihu  ih,y  axx'i  al  léLaiisaor. 
Ce  minisire,  vérilaîde  ïionHiie  d'iuaL  co]ii,ct -e  à  la  dynaslle 
omcyyadc  une  partie  du  preslige  dojil  l'onl  enlourée  ALd- 
er-rahman  111  et  liakainll.  Mais  avec  wôh  Ids  Abd-er-rab- 
man  Sanchol  une  ère  do  (roubles  et  de  gueices  civiles 
s'ouvre  pour  le  caillai  de  Cordoue.  La!;c!!ol,  {■lù  a  osé 
jeler  liicham  11  en  prison,  et  se  bdre  i.i'ocboner  calr'c, 
est  renversé  par  ua  soulèvemenl  jio^adao'e  ;  un  |;eUl-u's 
d'Abd-er-rahman  lll,  rnonaonned  jiinnW,  cJ  ].•..: lé  a.j 
Irène.  Mais  le  cher  des  ;^la-,  .,s,  Wadî.ih.  ia-iaioUiT-  è  moi  i 
ce  nouveau  calife,  el  r;'ta')lu,  kich'un  il  au  .c.uViac.  la;>u;s 


];oia'  i;ii  cri.  i.d  ù  ,  .r/^^i  ...l'u 


oe 


u 


na;: 


eue  ];c.o  -^i.; 
i'niie  )a_i!iX!' 
Avrjil    «Ml    ({■ 


OJi' 


-c).    \,{:i[iv   de  .UoiiUb.pies 

Jii  par  A.  d'OrbigiiV  en  i  835 

o'\i';é.  cybndriijue,   allénué  en 

;.'.  >  grandb.  laléraux  el  mo- 
.  icé';'aox,  inunis d-deux  l'ange 

'  cl;'  co;n('  cl  o  iA  de  dénis  à 

c  )  [[e  la  Icoioiènïc  paire  munis 
ici;;-\  Les  c:-;n\'c-,  de  ce  genre 

'."S  dao-,  |''ir,-/;!a~  (ouïes  les 
],.  iw  l.  pèi'lie  ôv   ia  niorac  el 


lire  pi'oa; 


uiapiiji.'.   Cl  (!C'5  ca- 
s  une  li's  ab:;;lco',  el 


(pae  les  ]>or!jeres  proclaiO.xol  ua  aaire  .  .mCVj  ac..-  Sv/icr- 
man.  Une  lutle  terrible  sÏMig.ige  Ciiae  :Aa\v'o  .j;  i]LA'icrc-x 
Cordoue  esl  prise  d'assarl  el  li>r('e  aax  borccius  du  pil- 
lage. Puis  ia  dynastie  ouieyyai!o  su  jl  loie  iiiici'rai/.ioii. 
lorsque  le  Slave  Khairan  a^ipelle  à  Loiduxe  Ic^  ;:a:a';:o;i 
dites  d'Afrique.  ïLlla  revienl  avec  A  d~er-rabi..c.n  l'é,  e.; 
de  nouveau  inlerroiapae  par  le  îAonijiiie  d-:'S  i.ain^jjo'.'- 
clites  Kasim  el  Yahya,  puis  feain^l  cncare  trois  juinccs. 
dont  chacun  ne  règne  que  erel pub  moj;  v.l  jiéril  asbab- 
sine.  lAnm,  en  1047,  le  ]]réh'dcnl  du  coii&ed  de  Coj'doue, 
Ii3n  Djaubar,  fait  déclarer  iiicbam  il!  daboi,  el  le  caL'i'al 
définitivement  aboli  en  iApagne.  De  Lo-a  yrcwbis  dfnabîic:; 
indépendaiitob,  tud,  depui-  bj  i^ègne  d'Aicba.u  II,  ojifacraclA 
au  cabl'at  de  (Ardoiie  les  plus  be'As  ^'ili::.  de  1  . Jida- 
lousie,  s'élèvent  sio'  les  ruines  de  la  dyncblie  ameyuAe. 

WriL,  Gcscidcliie  clcr  iJndllfcii  :  mivl'ai  i.a-'.i  !,  ,;  a  ..  r  '- 
(J9.  —  iJozY,  îlisLùire  dcfj  iiii;;;idin;in--  r  i-'bpj  '/le/i.CN,'; 


OÎVl! COURT.  Lom.  ci;*  àùp.  (As  Ardcnnes,  arr.  de  Aé- 
zières,  cant.  de  Alizé  ;  AJo  bab. 

Oi^lÉCOUni,  Lom.  du  dep.  delà  Somme,  air.  de  Té- 
ronne,  cant.  de  X\A^bie  ;  i-,lo  Ikuk 

OIVÎINO  {V)  (\A  Lr_a>;-  lu  \Q.-b.l  L  XXii,  p.  hOi.), 

OMISSY.  Corn,  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  et  cant.  (îe 
Saint-Quentin;  4^iO  bab. 

OlVlLADlï^A  (c.-à-d.  Jeuues^^).  LuKie  ,,v.-rHù  serbe 
poursuivant  runidcationde  tous  les  Ser:)cs  en  un  roummc 
indépendant.  Allé  fut  fondée  rar  des  eî.adianîs  à  ixjszony 
(Presbourg),  sous  la  forage  (ïuim  as-jciati'.n  iitléiaire '.ui 
lit  imprimer  des  poésies  sous  bj  litre  cone.biiAib'''/.;L^«*(/y?A', 
dès  lors  appîieué  à  l'ensembLO  des  éioui-i-nis  bciijes,  i.a 
4866  fut  constitué  à  ?NV;visad  (Aeusai:-).  au  S.  do  la  Aan- 
grie,  un  comité  central,  auquel  s'aihlièrenl  des  cojuiles 
locaux  organisés  dans  louies  les  localités  serbes  des  deax 
rives  du  Danube,  el  qui  piiMia  des  iivies  populaires,  dc;:, 
almanachs,  des jo.o'naiix  (tels  que  Zastaua,  réduA  eai' 
Milétitch),  tint  des  l'éuni'Uis,  lit  dej  tournées  de  tojùe  ■ 
renées.  Dès  l'année  suivanie,  i'Omladina  fui  iii^eidi'--  i-a 
Hongrie,  et  le  piânce  Aiici; A  OL'î'^'eovitAi  rfdb-,ù  de  la  lAb-- 
ser  s'assembler  à  Belgrade.  ■  di-  oi  ■  >.a  cb.-o  en  ad"-, 3r- 

saire  de  la  constiuition  mag>,.ne  el  de  (.die  do  Serbie,         ..,  ^^  ._ ^.„_^.  _._.., 

Après  l'assassinat  dii  prince  j}dHiel  \ï^:  juin  Idi) 'd^  i\c^,    '   p..\   bî>-'' Vî='  ^/o7i^îres  le^diilS'eih^^^^ 


cbabjis:  ;.;^'- 

i 'à  ;)éij'cA.  [••!;.  <;oOi..M!:  (-jiCiiu].;  !a  c'rc  ^=0. 
0  f.l  il»  k  [  0 1  '  fi  C  'G  A  (  \ .  !  i  u'  ■  i:) . 
Oid:^/\ïCPLEA  (\-cj-s)  {XrïmuiKuA^iLi}, 
GUùlEti,  ù.u\.  ('il  ili'.^y.  <ie  Lrnaq    air,   d'Aj'ueoi 


{il.irui:^' 


peu 


Oei 


-j,  d  l'Ce;  '<  '*'  I-  •'''-.'  C',;»:  ai),ioau.v.  bii  ITod,  il  col- 
'-•;^AA:A!.  )d.eu,n  t.^  Li  So.  iclé  ('-'s  Amis  des  arîs,  d'où 
'i  •>'  ':^  di'{:i[:  iu\c  ,;  d  en(  xiii'ai  v  m;  oi  des  acts,  à  An- 
;i-^-^  Au  i  />A.  [•  ;;,:  (;,;yen_do  bi  gir'e  de  Saiiit-Luc.  An 
JO.J,  os.o  (a!iA.!u  dAxi':bitien  fui  cAicAoour  le  Luxem- 


iObbo  Cl   ce   \m:].    ixcj^   o 

aidiiUMx  cbl  !u^:e. 

ûaihiE:L  Vdi-  des  ;V 


î  :i  iuoiie.:  à  force  de  délica- 
cice  'ùiviC''.  A  .b\:siii   de  se^ 


ub,  ]M'ov.  d  x;\'cL'~Ys.:u'L  ;-.ur 

■A). 

.    r.iysAi;..,    „cjv.    d'Uver- 

i'.U(r)  baA  (bdoide  agricole 

idle-  A-;  iccndiants.  lAmdee 


ml  repribo  .: 


V  ,  >  '     V'I 


Liai 


^■jaliies  (V.  UuL\\.\ei,DJ. 
^'i  béAne,   arr.  d'A'genlan, 


canL  de  Tu:';  :  4S!  iib 

0;';ii^IlGo  113;  (.î:]0idoP;,  mort  eii  ilH^.  Il  lut  pro- 
Ajîseur^  à  i]()iogne,  puis  (lioT)  évoque  do  Vérone.  En 
i'A).'.q  il  (<s-Astait  à  babsemblée  de  lioncaglia,  où  Fré- 
deAc  il  [:[  exa.iuoer  qi-eA  étaient  les  droits  régaliens 
qui  loi  ajîpjiàe^u. icîiî  en  Aondjardio  comme  empereur,  ci 
ou  il  éiabbl  une  loi  en  bivcur  de  l'école  de  Bologne,  la 
imemière  bji_,  ibl-on,  qui  aj'coi'da  des  privilèges  aox  étu- 
dicnls.  Omiiiiionub  iot  vr^iseouileblemenl  un  ùes  premiers 
élèves  de  GralUj].  Des  ci;roniques  lui  lilljiijucnt  une 
Abbrcvidi'o  Verrcli.  Ou  suppose  (pic  cette  Ibbreoiatio 
de  Fa^uvce  de  (A'atien,  rédigée  oji  1156,  esl  celle  cpii  est 
copiée  dans  un  manuscrit  de  la  bif)Iiothèque  do  Francfort. 

A. -11.  Y. 

JUise  :  d-'i  >jL'ji.,,  Lr^^àrliLchfc  der  Quclldii'UiidLittevidur 
(!ci^  cii,ir:,i. ^iU't!ils  C(j>    (L'alun'    bis    tuif  die  GcgcmKTiVt ; 

Suii  i;:;if't.   'd.-^-b'à,  3  vol. 

(i^ii^luUo   (V.   AîSAXSPO'iT  UX  (:03IMLX). 

OiVlîAyi/A  ■'.eriii"  di\  bnigage  buancier  cuAais.  Ouand 
eu  r-rocède  a  eue  nouvelle  éùiission,!!  se  trouve  souvenl 
des  i:lrc3  de  diiiVienie  valeur  nominale  et  de  divers  lau\ 
de  vente  se  lélvî-ujl  è  Ja  lucme  aii'aii'e.  Les  obligations 
ibei:*,5,  euvÎNag*  cv  cai'jriO  iractioub  de  l'enîendsle,  s'appei  ■ 
bon?  st'ri;;b  (;•■.;  évia  lion  de  subscript  ion),  bas  s^imm-?  le- 


383 


OMNIUM    -  O'MOliE 


chaque  participant  forme  Vomnium.  On  réunit  et  syn- 
dique par  ce  procédé  de  vastes  groupements  d'intérêts  pri- 
mitivement distincts. 

OIVIO  (Umo).  Fleuve  de  l'Afrique  orientale,  tribu iaire 
du  lac  Rodolphe,  qui  naît  dans  le  pays  a!)yssin  de  Kali'a 
sous  le  nom  de  Gibié,  près  de  l'Abai  (Nil  Bleu).  Il  reçoii 
le  Godjeb,  le  Bilinio,  Fémissairc  des  lacs  Dembel,  llogga 
et  Boutouriine. 

OIVIO  A.  Ville  maritime  du  Honduras,  sur  la  mer  des 
Caraïbes;  2.000  hab.  Port  petit,  mais  sûr,  que  tend  à 
supplanter  celui  de  Puerto  Cortez. 
OMODEO  (G. -A.)  (V.  Amaueo). 
OMOLON.  Rivière  de  Sibérie.  Ahî.  considérable  de  la 
Kolynna  (tributaire  de  l'océan  (Uacial),  dans  la  prov.  do 
Iakoutsk.  Prend  sa  source  sur  le  versant  septentrional  des 
montsStanovoi  et  couledans  anedirectiongénéralcS.-S.~0.- 
N.-N.-E.  entre  les  monts  Stanovoi  à  droite,  et  les  monts 
de  la  Kolyma  à  gauche.  Longueur,  750  kil.  La  vallée  d;,- 
rOmolon  est  couverte  de  forêts  de  mélèzes,  de  peupliers 
et  de  bouleaux.  La  rivière,  très  poissonneuse,  est  navigablr- 
sur  un  parcours  de  plus  de  300  kil,  en  amoni  de  i'ein- 
bouchure.  H;;]'.  C. 

O'MONROY  (R.).  rom.  fr.  {V.  SAiM-4;;:xii>;). 
OMOMT.  Ch.-l.  de  canl.  du  dép.  des  .\rdeiines,  air. 
deMézières;  BOi  hab. 

OiVlONT  (Henri- Auguste),  érudil  français  contempo- 
rain, né  à  Evreux  le  '15  nov.  1857.  Sorti  de  l'Ecole  des 
Chartes  en  1881,  M.  Omont  est  entré  à  la  Bibliothèque 
nationale  où  il  occupe  aujourd'hui  les  fonctions  de  conser- 
vateur adjoint  du  département  des  manuscrits.  Ses  tra- 
vaux ont  eu  principalement  pour  objet  la  paléographie  la- 
tine et  grecque, ,  Fhistoire  des  manuscrits,  l'histoire  de 
l'imprimerie  et  la  bibhographie.  Il  a  publié  un  grand 
nombre  de  reproductions  de  manuscrits,  mais  il  a  rendu 
surtoutd'inappréciablesservices  en  publiant  un  grandnombrc 
de  catalogues  de  manuscrits,  et  particulièrement  ceux  des 
différents  fonds  et  collections  de  la  BibhoLhèque  nationale. 
11  est  l'un  des  collaborateurs  de  la  Grande  Encijdofjêdie. 
OiVlON VILLE.  Corn,  du  dép.  de  la  Seine-ïnforieure, 
arr.  de  Dieppe,  cant.  deBacf|ucvillo;  233  hab. 

OWlONVlLLE-LA-PEirrE.  Corn,  du  dép.  de  la  Manche. 

arr.  de  Cherbourg,  cant.  de  Beaumont-Hague  ;  304  hab. 

OMONVILLE-LA-RoGUE.  Com.  du  dép.  de  la  Manche; 

arr.  de  Cherbourg,  cant.  de  Beaumont-ilague  ;  430  hab. 

OMOPHORION.   Ornement  impérial  byzantin,   formé 

d'une  écharpe  semée  de  pierres  précieuses  que  l'on  jetait 

sur  les  épaules  et  laissait  tomber  sur  la  poitrine  et  le  dos. 

Elle  fut  adoptée  par  le  clergé  grec 

au  lieu  du  pal'ium  (V.  ce  mot) 

des  Occidentaux. 

OWIOPHRON  (Enlom.).  Genre 
d'Insectes  Coléoptères,  établi  par 
Latreille  {lîist  nul.  Ins.,  Jll . 
p.  87),  qui  a  donné  son  nom  à  la 
tribu  des  Omophronina^  Le  corps 
est  plat,  presque  hémisp]iéri(|ue  = 
Ces  Insectes  habitent  i'Luropc, 
LEgypte,  le  Sénégal,  l'Inde,  l'Ame  • 
rique  du  Nord.'  L'O.  lùnbaliuii 
E.  se  trouve  aux  environs  de  Paris  dans  le  sa.ble,  au  bord 
des  eaux  courantes. 

OIVIOPLATE.  I.  AxATOMu:.  -^  L'omoplate  est  on  os  plaL 
triangulaire,  situé  do  chaque  côté  de  la  partie  postcro-su])é~ 
rieure  du  thorax,  et  constituant,  avec  la  clavicule,  la 
cemture  scapulaire.  11  s'articule  avec  Eextrémite  extcnie 
de  la  clavicule  ])v-r  une  apophyse  recourbée  :  Eacj'omio]}. 
et  avec  l'humérus  par  une  facette  ovalaire  concave  peu 
étendue  située  sur  son  bord  externe  :  la  cavité  glénoide, 
encroûtée  de  cartilage  et  entourée  d'un  !)ourrelet  fibreux, 
le  bourrelet  glénoidien.  Elle  est  encore  rattachée  a  la 
elavicule  par  de  forts  ligaments  allant  d-}  cet  os  a 
l'apophyse  coracoide  qui  s'élève  en  dedans  de  la  cavité 
glénoide   sur  le  j)ord   supérieur  de    l^omoplate.   Pai'  sa 


Oiiiophroii  lijiibatuh 


réunion  grà^e  à  uii  ibrt  ligament  (acron-no-cofacoidien) 
avec  l'acromion  terminant  en  dehors  la  saillie  (épine) 
(jui  divise  en  deux  la  face  postérieure  de  Eomoplaie. 
l'apophyse  coracode  forme  un  toit  qui  surpiondje  la  ca- 
vité giénoide.  L'omoplate  est  rattachée  par  des  muscles 
à  la  colonne  vertébrale,  aux  cotes,  à  1  buînérus.  La  face 
antérieure,  qui  répond  au  thoi'ax,  est  tout  entièi-e  rem- 
phc  par  le  muscle  sous-scapulah'e.  La  raccpostéi^ieure  Cbt 
divisée  par  l'épine  en  una  fosse  sus-épineuï,e  qui  donne 
insertioji  au  muscle  sus-cpineux,  et  une  fosse  sous- 
épineuse  dans  la(iuelle  s'insèrent  le  muscle  sous-épineux 
et  les  muscles  petit  et  grand  ronds.  Cet  os  se  développe 
de  bonne  heure.  Le  centre  commence  à  s'ossitier  dès  le 
Vô^  jour  de  la  vie  iiitra-uîériiie. 

IL  Pathoj.ogie.—  L'omoplate  e^t  })cu  impoiiante  au  point 
de  vue  palhologiqsie.  On  obscj've  ccpeudant  des  fractui'es 
de  cet  os  qui,  en  raison  des  insertions  iiiusculaires  sur  les 
deux  facos,  ne  préseîilent  pas  de  déplacement;  pour  le 
même  moiii',  la  vitalité  des  ehtj.jilles  est  assurée  et  ellcr, 
ne  doiveiit  èire  enlevées  qu'en  cas  de  su])[Hn'aiion  pro- 
longée. Les  fracîures  de  l'acromion  et  de,  l'apophyse  eo- 
raco.do,  les  luxations  bcapulo-hinnérahs  et  acromio-cdavi- 
culaires  sont  intére.-^sajUes.  L'omoplate  od  un  heu  de  pré- 
dilection pour  les  tumeurs  o>souses,  en  particulier  le  sar- 
come. La  résection  de  Los  est  a!ors  indifjuce. 

m.  AxTuaopoLCcnE.  —  La  forme  de  l'omoplate  est  en 
rapportavec  la  position  habituelle  et  la  fonction  du  membre 
supérieur.  Son  plus  grand  diamètre  chezfhomme  est  pré- 
cisément le  plus  petit  chez  les  quadrup  des  ;  autrement 
dit,  le  rapport  de  sa  la.rgcur  à  sa  longueur  (indice  scapu- 
laire), toujours  inférieur  à  100  chez  l'homme,  est  tou- 
jours supérieur  à  100  chez  les  quadrupèdes,  sauf  des  excep- 
tions néghgeables.  Maischez  les  anthropoules  don  tbattitude 
est  oblique,  et  même  chez  quebpies  cébiens,  il  est  aubbi 
i;:iférieur  à  100.  Et,  d'une  manière  générale,  il  est  en 
même  temps  un  peu  supérieur  à  ce  (!u'il  est  chezrhonnne. 
On  a  en  conséiiuence  recherché  (Elower,  Broca)  s'il  ne 
constituait  pas  un  caractère  hiérarchique  pour  les  races 
humaines.  En  mo^enjic,  il  est  en  elfet  plus  élevé  chez  les 
nègres  (68,16)  que  chez  les  Européens  (63,97).  Mais  ses 
variations  sojil  très  grande.,  au  sein  des  groupes.  Chezmi 
nom  de  l'Inde,  il  était  pleis  élevé  do  beaucoup  (76)  (iue 
chez  les  anthropo'ales,  sauf  les  gibboiis.  Si  donc  son  élé- 
vation est  en  elle-même  une  marque,  d'ailleurs  tout  à  fait 
relative,  d'infériorité,  il  est  dïaie  utilité  médiocre  pour  le 
classement  des  races  hunuiincs. 

OMOP_LATOSCOPiE  (V.  Divinatiox,  t.  XIV,  p.  722). 


O'IVÎORAN  (Joseph),  général  fran-'^ais,  néàDelphin.  ^en 
743,  mort  sur  l'échafaud  à  Paris  en  1794. 


Irlande,  en  174„, ..   .  ^......._...^  ..  ^^..^  y^,,  x.^-±'. 

Il  servit  en  France,  devint  colonel  sous  la  Révolution,  puis 
maréchal  de  camp,  lit  a\ec  Dumouriez  les  campagnes  de 
Qmmpa gne  et  de  Belgique,  devint  en  1792  général  de 
division,  prit  Tournay  et  occupa  Cassel.  N'ayant  pas  prêté 
son  appui  à  la  division  du  général  Eerrières^  il  lut  arrêté, 
conduit  à  Paris,  condanmé  à  mort  par  le  tribunal  révolu- 
tionnaire et  exécuté.  pii.  B. 

_  O'IVÎORE  (PiOry),  agitateur  irlaridaib,  mort  en  juin  137H. 
Eils  d'un  (hef  irlandais  réputé  par  sa  violence,  il  fut  en 
cojitiniielle  rébellion  contre  le  gouvememeiit  anglais,  ùi 
157  ] ,  il  combat  à  la  fois  le  roiMc  d'Ormonde  et  Icb  iroupes 
de  la^ reine;  en  1574, il  b'afiiHeaax  complots  de  Kildare; 
en  1577,  il  négocie  avec  l'iLspague  pour  obtenir  des  sub- 
bides, s'allie  aux  O'Connor  et  lève  luio  armée.  11  brûle, 
pille,  terrorise  le  pays,  mais  lomijc  entre  les  mains  des 
Fitzpatrick,  Sa  tète  fut  exposée  sur  les  mui's  du  château 
de  Dublin.  p^.  5, 

O'i^ORÊ  (Kocy),  a-iiaîiHir  ictanda.h  du  Wif  siècle. 
Appartenant  à  la  famille  du  préaédent  et,  comme  lui  et 
presque  tous  ses  parents,  violent  et  impatient  du  joug 
anglais,^  il  est  en  élat  de  cojistante  rebelKon.  En  iUil 
les  /inglais  ayant  ibrt  a  faire  en  E  Obse,  O'More  cherche 
à  grou])er  tous  les  chefs  mécontents  et  s'assure  l'assen- 
timent du  fameux  Sbane  O'.Xeiil  et  de  Ricbard  Plunkett, 


O'MORE  —  ONATAS 


—  384 


entre  autres.  O'More  préparc  un  soulèvement  dans  l'Ulster, 
Richelieu  promet  des  armes  et  de  l'argent  et  on  décide  un 
coup  de  main  sur  le  château  de  Dublin  pour  le  :23  o^t.  1 64 1 . 
Ce  coup  de  main  avorte,  mais  la  révolte  de  l'UIster  éclate 
et  O'More  se  met  en  campagne  à  la  tète  d'une  forte  ar- 
mée. 11  remporte  une  victoire  à  JulianstONvn  (29  nov.). 
Peu  après,  Ormonde  écrase  les  Irlandais  à  Kilrush  (loavr. 
'\6i^).  [.es  autres  chefs  se  découragent  et  O'More  fait  sa 
paix  avec  le  gouvernement.  Il  reprend  les  armes  en  1630  ; 
il  est  fait  prisonnier  et  relégué  dans  Tile  de  Bafin  en  1632. 
On  ne  sait  ce  qu'il  devint  par  la  suite.  R.  S. 

OMOSO.  Ville  de  Mandchourie,  prov.  de  Girin  (empire 
chinois),  sur  la  Khoulkha,  affl.  delà  Soungari.  Omoso  est 
située  à  environ  70  kil.  en  amont  du  lac  Birtin,  à  peu 
près  à  égale  dis  lance  de  Girin  et  de  Ningouta, 

OWiOUN.  Ville  de  l'Afrique  occidentale,  sur  le  cours  in- 
férieur du  Vieiix-Cakibar.  Marché  important  fréquenté  par 
les  traitants  des  environs. 

OMOURA.  Ville  maritime  du  Japon,  île  de  Kiousiou, 
Ken  et  à  20  kil.  N.  de  Nagasaki  ;  10.000  hab.  Pêcheries 
de  perles.  Camphrier  de  17  m.  de  circonférence.  —  La 
baie  d'Omoura,  qui  s'ouvre  par  un  étroit  goulet  de  40  kil. 
de  long,  est  très  belle. 

OIWPHALE.  Reine  légendaire  de  Lydie,  tiJle  de  Jarda- 
nos,  épouse,  puis  veuve  de  TmOios,  au  service  de  laquelle 
Uéniidès  (V.  ce  nom)  demeura  trois  ans,  s' abaissant  à 
des  travaux  féminins. 

OMPHALIA  (Bol.).  Genre  de  Champignons  Agaricinés, 
très  voisins  des  Myeeiia.  Slipc  central,  fistuleux,  mince, 
mais  s'élargissant  vers  le  haut,  de  consistance  cartilagi- 
neuse, portant  peu  ou  pas  de  traces  du  voile,  supportant 
un  chapeau  ombiliqué,  de  consistance  membraneuse  et  de 
faible  épaisseur  ;  les  lamelles  qu'il  porte  sont  toujours  dé- 
currentes;  elles  domient  naissance  à  des  spores  blanches, 
imparfaitement  ovales  et  terminées  en  pointe  à  l'une  de 
leurs  extrémités.  Ces  champignons  sont  répandus  dans  toutes 
les  parties  du  monde  ;  ils  croissent  sur  les  teirains  humides 
ou  sur  le  bois  mort;  quelques-uns  vivent  sur  les  racines. 
On  en  compte  jusqu'à  360  espèces.  H.  F. 

DM  P  H  AL  1ER  (Omphalea  L.).  Genre  d'Euphorbiacées- 
Kxca^cariées,  composé  de  sept  ou  huit  espèces  d'arbrisseaux 
sarmenteux  propres  aux  régions  tropicales  de  l'Amérique 
et  à  Madagascar.  Les  fleurs,  disposées  en  petites  cymes 
sur  un  axe  commun  simple  ou  ramifié,  à  grandes  bractées 
axillantes,  sont  monoïques,  régulières,  apétales  ;  le  calice 
est  formé  de  4-6  folioles  imbriquées  et  entoure  un  androcée 
qui  a  la  forme  d'un  champignon,  portant  sur  le  bord  du 
chapeau  2  à  4  anthères  biloculairch.  Les  iïeurs  femelles 
possèdent  un  ovaire  à  3  loges  uni-ovulées.  Le  fruit  est 
charnu,  à  endocarpe  indéhiscent  ou  partagé  en  2,  3  coques 
élastiques,  bivalves.  Les  graines,  épaisses'  ont  un  embryon 
à  larges  colylédoiis  renfei'mé  dans  un  all)umen  charnu  et 
huileux.  Aux  Antilles,  on  emploie  topiquement  les  feuilles 
des  0.  Iriandra  L.  et  0.  diandra  L.  dans  le  traitement  des 
ulcères.  Leurs  fruits,  comestil)les,  sont  connus  sous  les 
noms  de  yoiseite  de  Saint-Domingue  o\\  de  .V.  d'Ann'- 
rique.  On  fait  avec  la  masse  intérieure  des  graines  des 
dragées  et  Ton  tire  de  leur  albumen  une  huile  douce,  cos- 
jué tique,  alimentaire,  pectorale.  Les  Omphaliers  de  Madas- 
gascar  passent  pour  vénéneux.  D^'  L.  Hx. 

OMPHALOCÈLE  (V.  Herxie). 
OMPHALOCÉPHALES  (V.  Moxsire,  t.  XXIV,  p.  173). 
OIVIPHALOIVIANCIE.  Mode  de  divination  très  répandu 
sur  le  globe,  tirant  des  présages  de  la  disposition  du  cor- 
don ombilical  lors  de  la  naissance.  Dans  les  pays  celtiques, 
comme  la  France  ou  la  Bavière,  on  prophétise  d'après  les 
nœuds  du  cordon  combien  la  mère  aura  encore  d'enfants. 
Certains  peuples,  tels  que  les  Igarrotes,  tuent  les  enfanta 
qui  naissent  entourés  du  cordon,  pensant  qu'ils  dtnien- 
dront  funestes  à  leurs  parents.  D'autfes  enterrent  le  cor- 
don et  plantent  au-dessus  un  arbre,  symbole  de  la  dcsti--  l 
née  de  l'enfant.  "  j 

BiBL.  :  Ploss::,  Diin  Kuid ;  Leipzig,  1881,  2  \ol. 


OM  PHALOSITE  (Térat.)  (V.  Moxsiue,  t.  XXIV,  p.  173). 

OMPS.  Corn,  du  dép.  du  Cantal,  arr.  d'Amillac,  canl. 
de  Saint-Mamet-la-Salvetat;  309  hab. 

OMRI,  roid'Israèl  (V.  Amri). 

OMS.  Com,  du  dép.  des  Pyrénées-Orientales,  arr.  et 
cant.  de  Céret;  438  hab. 

OMSK.  Ville  de  Si!)érie,  centre  administratif  du  gouv. 
général  des  steppes  et  siège  du  gouverneur  d'Akmolinsk 
depuis  1895.  Evèché  des  provinces  d'Akmohnsk  et  deSé- 
mipaiatinsk  et  des  cercles  de  Tara  et  d'Ichim  (du  gouv. 
de  Tobolsk),  formant  le  diocèse  d'Omsk,  pasteur  protes- 
tant. La  ville  est  située  à  83  m.  d'alt.  sur  la  rive  droite 
de  l'Irtych  à  son  confluent  avec  FOm.  Le  terrain  est  uni, 


3aux  entourent  la  ville  presque 
excessif,  l'air  sec  et  pur.  On 


de  tous  côtés.  Le  cUmot  est 

observe  à  Omsk  de  brusques  sauts  de  température  et  des 
vents  violents.  La  température  maximum  est  de -f- 36°, 4, 
minimum  —  41^1  ;  43.226  hab.  (laboureurs,  éleveurs 
ou  marchands),  nombreuses  usines  et  fabriques.  Depuis  la 
construction  du  chemin  de  1er,  Omsk  est  devenu  l'entre- 
pôt des  marchandises  européennes  pour  la  province  de 
Sémipalatinsk  et  le  gouvernement  de  Tobolsk.  La  ville  pos- 
sède une  banque,  une  école  militaire,  plusieurs  établisse- 
ments primaires,  divers  cercles  et  réunions  savantes,  un 
muhée  d'ethnographie.  Omsk  est  le  siège  d'une  foire  an- 
nuelle, dont  le  chiffre  des  transactions  s'élève  à  i  million 
de  roubles.  Ruines  d'une  ancienne  forteresse.  Pont  de 
chemin  de  fer  grandiose  sur  l'Irtych.  Mar.  C. 

ON  A.  Tribu  de  la  Terre  de  feu  (V.  ce  mot). 
ONAGRARIAGÉES  {OiKrjrariaceœ  Lindl.,  Onagra- 
rieœ  DC).  Famille  de  plantes  Dicotylédones  dialvpétales, 
dont  les  représentants  sont  des  herbes  terrestres  bu  aqua- 
tiques et  des  arljrisseaux  à  feuilles  altei'ues  ou  opposées, 
parfois  pourvues  de  petites  stipules  solitaires  ou  géminées 
et  à  inflorescences  très  variables.  Les  fleurs  sont  herma- 
pju'odites,  en  général  régulières,  à  périanthe  et  à  androcée 
supères  ;  l'ovaire  est  infère,  à  loges  pluriovulées  et  à  ovule 
ordinairement  descendant.  Le  fruit  est  généralement  cap- 
sidaire,  rarement  charnu,  septicide  ou  loculicide.  Les 
graines  sont  nombreuses,  à  testa  crustacé  ou  membraneux, 
quelquefois  dilaté  en  aile  (.Vo/?fciû^)  ou  frangé  (Clarkia), 
ou  chevelu  à  la  chalaze  {Epilobium)  ;  l'embryon  est  droit, 
ordinairement  dépourvu  d'albumen.  Les  genres  principaux 
<ont  :  OEnothera  L.,  Ludwigia  h.,  Epilobium  h.,  Fuch- 
sia Plum..  Gaura  L.,  Circœa  L.,  etc.  On  rattaclie 
aujourd'hui  à  cette  famille,  comme  simjdes  tribus, les  Tra- 
cées, les  Halorogées,  les  Gunnéracées  et  les  Hippu- 
r idées  (Bâillon).  D''  L.  Hn. 

ONAGRE.  L  Zoologie  (V.  Chenal,  t.  X,  p.  1120).' 
IL  BoTAxiQUE.  —  Nom  vulgaire  des  OEnothères  (V.  ce 
mot). 

III.  Art  militaire.—-  Machine  de  jet,  dont  faisaient 
usage  les  Romains  et  qui  devait  peu  diff'érer  de  la  caia- 
pulte  (V.  ce  mot). 

ON  AN.  Second  fils  de  Juda,  appelé  par  la  loi  du  léviraL 
à  assurer  une  postérité  à  son  frère  anié  défunt  en  fécon- 
dant sa  veuve,  se  refusa  à  cette  obligation,  ce  qui  attira 
sur  lui  le  courroux  divin  {Genèse,  xxxviii,  6-li). 

ON  AN  S.  Com.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Baume-les- 
Dames,  cant.  d'Isle-sur-le-Doubs  ;  108  hab. 

ONARD.  Com.  du  dép.  des  Landes,  arr.  de  Dax,  cant. 
de  Montfort;  i23  hab. 

ONATAS  i."Églne,  sculpteur  grec,  l'un  des  plus  bril- 
htnts  représentants  de  Fécole  d'Fgine.  llflorissait  dans  la 
])remière  moitié  du  v«  siècle  av.  J.-C.  On  sait  en  effet  qu'il 
travailla  pour  Hiéron,  qui  mourut  en  467,  et  qu'il  a\ait 
'^xécutô  pour  Thdsos.  entre  i-'^O.  où  dominent  ]esPersc>, 
'^t  4b3  ou  les  Athéniens  s'emparent  de  cette  île,  imesl-i- 
tue  d'Hérakles  On  mentionne 'de  lui  des  OzU'Tes  assez 
nombreuses.  11  avait  copie  pour  les  Phigaliens  un  très 
mmn  xoanon  {sid.im  de  bois),  probablement  d'origine 
étrangère,  qui  représentait  une'  ?femmc  assise,  avec  mie 
tète  de  cas  aie  et  des  serpents  enlacés  dans  la  chevelure. 


385  — 


ONATAS  —  ONCOBA 


La  copie  était  en  bronze.  Elle  avait  déjà  disparu  du 
temps  de  Pausanias.  A  Pergame,  il  avait  fait  un  Apollon 
colossal.  Il  était  Fauteur  d'un  Hernies  criophore.  Les 
habitants  de  Tliasos  avaient  dédié  à  Olympie  un  Héraklès 
haut  de  10  coudées,  tenant  de  la  main  droite  une  mas- 
sue, de  la  gauche  un  arc.  Le  type  était  phénicien.  Les 
Thasiens,  en  eifet,  d'après  Pausanias,  étaient  d'origine 
phénicienne.  On  a  rapproché  de  cette  description'  un 
bronze  du  Cabinet  des  médailles  et  des  moniiaies  de 
Thasos  (Rayet,3ion.  de  l'Art  a}it.,\)\.  XXV  ;  CoUignon, 
Ilist  de  la  sculpt.  grecque,  p.  284  ;  Pausanias,  V,  23, 
1"2).  Un  ex-voto  des  Achéens  à  Olympie  figurait  les 
héros  grecs  tirant  au  sort  pour  savoir  qui  répondra  au 
défi  d'Hector.  Le  groupe  représentait  Nestor  et  les  neuf 
guerriers.  Les  fouilles  d'Olympie  ont  rendu  la  hase  de  la 
statue  de  Nestor.  Néron  avait  soustrait  à  ce  groupe  la 
statue  d'Ulysse  pour  l'emporter  à  Rome.  Il  y  avait  à 
Delphes  un  ex-voto  des  Tarentins,  placé  là  en  mémoire  de 
leurs  succès  contre  les  barbares  peukéliens,  leurs  voi- 
sins. C'était  un  groupe  de  fantassins  et  de  cavaliers  com- 
battant. On  y  voyait  le  roi  des  lapyges,  Opis,  mort, 
ainsi  que  les  héros  protecteurs  des  Tarentins,  Taras  et  Pha- 
lante,  ce  dernier  accompagné  du  dauphin  qui  l'avait  sauvé 
du  luiufrage. 

11  est  assez  difficile  de  rendre  un  compte  exact  du  style 
d'Onatas.  Il  appartient  à  la  dernière  génération  des  sculp- 
teurs archaïques,  et  il  est  fort  vraisemblable  que  sa  ma- 
nière se  rapprochait  de  celle  qu'on  remarque  dans  le 
fronton  d'Egine.  Il  fout  noter  la  haute  visée  de  j)lusieurs 
des  œuvres  d'Onatas  :  ce  sont  des  figures  colossales,  des 
groupes.  Mais  ces  groupes  sont  moins  composés  que  juxta- 
posés. La  trouvaille  de  la  base  séparée  de  la  statue  de 
Nestor  le  confirme,  et  l'on  s'explique  ainsi  que  Néron  ait 
pu  enlever  la  figure  d'Ulysse  sans  mutiler  l'ensemble. 

André  Baudrillart. 
BuîL.  :  Textes  dans  OvKRni'.ijK.  Aiii'iU.  Sclu'iftquellcn, 
11°*  421-428.  —  Bruxn,  Geschichte  dcr  griechisclien  Kanst- 
l(')\  t.  I,  pp.  8<S-Dô,  l'«  éd.  —  CoLLiGNON.  H'ist.  de  la  scnlj). 
(ircc([ae.  t.  I,  pp.  282  et  suiv  —  Laloux  et  Monceaux. 
Olipnpie,  p.  (jl. 

ON ATE.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Guipuzcoa;  6.132 
hab.  (en  i887).  Ancien  comté;  ancienne  université.  Cuivre, 
fer,  cuir.  Centre  d'opérations  de  don  Carlos  dans  la 
guerre  civile. 

ONAY.  Corn,  du  dép.  de  la  [Drôme,  arr.  de  Valence, 
cant.  de  Romans;  230  hab. 

ONAY.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Saône,  arr.  et  cant. 
deGray;  98  hab. 

ONCE.  I.  Métrologie.  — Poids  ancien,  qui  a  été, 
suivant  les  temps  et  les  pays,  le  dixième,  le  douzième  ou 
le  seizième  de  la  livre  (V.  ce  mot).  A  Paris,  l'once  valait, 
en  dernier  lieu,  avant  l'adoption  définitive  du  système  mé- 
trique, 30=^,39.  On  ne  se  sert  plus  aujourd'hui  de  cette 
dénomination  que  dans  quelques  industries  spéciales,  pour 
désigner  un  poids  de  30  gr.  —  L'once  a  aussi  été  chez 
les  Romains  une  mesure  de  longueur  égale  au  douzième 
du  pied  et  une  mesure  de  superficie  égale  au  douzième  de 
l'arpent. 

IL  Monnaie.  —  Nom  de  diverses  valeurs  monétaires. 
A  Rome,  l'once  a  été  longtemps  une  division  de  Vas  (Y.  ce 
mot),  mais  elle  s'est  confondue  avec  lui  le  jour  où  l'as  n'a 
plus  pesé  qu'une  once  (V.  Monnaie,  t.  XXIV,  p.  123). 
De  nos  jours  et  à  l'étranger,  plusieurs  monnaies  d'or  ont 
porté  ce  nom;  l'once  valait  83  fr.  en  Espagne,  13  fr.  à 
Naples,  86  fr.  au  Mexique,  92  fr.  à  la  Havane,  etc. 
III.  Zoologie  (V.  Chat,  t.  X,  p.  873). 
ONCEIUM.  Ville  antique  d'Arcadie,  sur  le  Ladon.près 
de  Thelpusa;  temples  de  Déméter  Erinys,  d'Apollon  On- 
ceates. 

ONCHESMUS.  Ville  antique  d'Epire  (Chaonie),  sur  la 
côte,  en  face  de  la  pointe  N.-O.  de  Corcyre.  A  l'époque  de 
Cicéron,  c'était  un  lieu  de  passage  de  Crèce  en  Italie.  On 
l'appelait  aussi  Port  crAnchise.XVé^oqm  byzantine,  le 
nom  à' Anchiasmus  prévalut. 

GRANOF.  KNCYCLOPÉDIF,    —    XXV. 


ONCH ESTE.  Ville  antique  de  Réotie,  au  S.  du  lac  Co- 
pais,  sur  le  territoire  d'Haliarte.  Célèbre  temple  de  Poséi- 
don où  se  célébraient  les  fêtes  des  Onchestia,  avec  courses 
de  chevaux.  Ce  fut  probablement  le  centre  d'une  fédéra- 
tion religieuse  et  politique  des  villes  du  golfe  de  Corinthe. 
ONCHOCOTYLE  (Zool.).  Genre  de  trématodes  poly- 
stomes  à  bouche  située  du  côté  ventral,  sans  ventouse 
latérale,  dont  le  corps,  d'une  mobihté  extrême  et  qui  change 
très  facilement  de  forme,  est  bifurqué  en  arrière.  Il  porte,'  à 
une  certaine  distance  de  l'extrémité,  six  fortes  ventouses 
charnues,  soutenues  par  une  lame  solide  et  numies  d'un 
crochet  chitineux.  L"envelop])e  des  œufs  est  prolongée  à 
chaque  bout  par  un  long  filament.  Ces  animaux  vivent 
sur  les  branchies  des  raies  et  squales.  Type  :  0.  appendi- 
rulafa,  long  de  1  centim.,  large  de  i  inillim.  ;  vit  sur  les 
branchies  de  la  roussette.         '  R.  Moniez. 

ONCHOLAIMUS  (ZooL).  Genre  de  Nématodes  libres, 
type  d'une  famille  qui  renferme  une  quinzaine  de  genres, 
dont  les  espèces,  longues  de  quelques  millimètres,'  vivent 
dans  le  sol,  les  eaux  douces  ou  la  mer.  Presque  tous  les 
Oncholaimus  sont  marins.  Ils  se  distinguent  par  la  cavité 
Iniccale  large,  ])rofonde,  présentant  trois  protubérances 
fixes,  dentiformes,  dirigées  en  avant  ;  les  spicuies  ji'ont 
qu'une  seule  pièce  accessoire  ;  il  n'existe  qu'un  testicule. 
ON  Cl  AL  E  (V.  Ecrituke). 

ONCIDIUM.  1.  Malacolocje.  —  Genre  de  Mollusques 
Pulmonés  établi  par  Ruchanan  en  1800  pour  un  animal  à 
corps  assez  épais,  allongé,  cylindrique,  obtus  à  ses  deux 
extrémités  ;  manteau  tuberculeux  recouvrant  tout  le  corps 
et  le  débordant  ;  tète  petite,  cachée  sous  le  bord  antérieur 
de  la  cuirasse  ;  palpes  labiaux  très  grands  ;  deux  tentacules 
courts,  renflés  et  oculés  au  sommet.  Les  Oncidium  vivent 
sur  les  plantes  aquaticfues  croissant  à  l'embouchure  des 
grands  fleuves  de  l'Inde. 

IL  RoTANiQUE.  •—  Genre  d'Orchidacées  Vandées,  com- 
posé de  plus  de  200  herbes  propres  à  rAméri([ue,  épi- 
phytes,  à  pseudo-tubes,  à  inflorescences  simples  ou  ra- 
meuses. Les  fleurs  sont  caractérisées  par  un  labelle 
resserré  à  la  base,  puis  étalé  en  s'écartant  de  la  colonne  ; 
le  limbe  est  large  et  étalé  ;  les  sépales  sont  généralement 
libres  ;  la  colonne  est  brève  et,  au  niveau  de  l'antre  stig- 
matique,  porte  deux  auricules.  La  couleur  des  fleurs  est 
blanche  ou  jaune,  avec  des  mouchetures.       D'"  L.  Un. 

III.  Horticulture.  —  Ces  plantes  épiphytes  se  cultivent 
en  terre  de  bruyère  en  morceaux  mélangée  de  sphaignes. 
{]q.  mélange  est  mis  en  pots  bien  drainés  ou  dans  des 
paniers  à  mailles  larges  que  l'on  suspend  en  serre  chaude. 
On  peut  aussi  installer  les  Oncidium  sur  des  morceaux 
de  bois  de  chêne  en  grume.         *  G.  R. 

ONCIEU.  Com.  du  dép.  de  l'Ain,  arr.  de  Relley,  cant. 
(h^  Soaint-Rambert;  189  hab. 

ONCKEN  (Wilhelm),  historien  allemand,  né  à  Heidel- 
berg  le  19  déc.  d838,  professeur  à  l'Université  de  Hei- 
delberg  (1866),  puis  à  celle  de  Giessen  (1870).  H  a  publié 
avec  trente  collaborateurs  une  histoire  universelle  :  Allge- 
meine  Gesch.  in  Einzeldarstellungen  (1878-94), 
où  lui-même  a  rédigé  les  parties  relatives  à  l'époque  de 
Frédéric  II,  de  la  Révolution  et  de  l'Empire,  de  l'empereur 
Guillaume  P^  Citons  encore  :  OEslerreich  iind  Preus- 
sen  ini  Befreiungskriege  (1876-79,  2  vol.). 

Son  frère  Auguste  ne  à  Heidelberg  le  10  avr.  18ii, 
professe  l'économie  politique  à  l'Université  deRerne  (1878). 
Il  a  édité  les  œuvres  de  Quesnay  (Francfort,  1888)  et 
publié  plusieurs  ouvrages  relatifs  à  Adam  Smith  und 
/.  Kant  (1877)  ;  Der  œltere  Mirabeau  (1886)  ;  Die 
Maxime  Laisse.x,  faire,  laissez,  passer  (1886),  etc. 
ONCLE  (V.  Famille  et  Parenté). 
ONCOBA  {Oncoba  Forsk.).  Genre  de  Rixacées-Onco- 
])ées,  composé  d'arbres  et  d'arbustes  de  l'Afrique  tropi- 
cale, souvent  épineux,  à  feuilles  alternes  et  à  inflores- 
cences variables.  Les  fleurs,  polygames,  ont  3  à  12  parties 
dans  chaque  verticille  du  périanthe,  de  nombreuses  éta- 
mines,  un  ovaire  à  3-12  phn-entas  pariétaux  multiovuiés. 


ONCOBA  —  ONCTION  —  386 

Le  fruit  est  charnu,  lisse  ou  rugueux,  déhiscent.  L'espèce 
principale,  0.  spinosa  F orsk.,  a  le  fruit  comestible  ra- 
fraîchissant, antigoutteux.  L'O.  monacantha  Steud.  jouit 
des  mêmes  propriétés.  D^'  L.  Hn. 

ONCOCHILUS  (V.  NÉRriA,  §  Paléontologie,  t.  XXIV, 
p.  958). 

ONCOLOGIE  (Térat.)  (V.  Monstre). 

ONCOURT.  Corn,  du  dép.  des  Vosges,  arr.  d'Epinal, 
cant.  de  Châtel;  124  hab. 

ONCTION.  I.  Thérapeutique.  —  L'onction  n'est 
autre  chose  c[u\me  friction  douce  (V.  Friction)  faite  à  la 
surface  de  la  peau  pour  l'enduire  d'un  corps  gras  ou  d'une 
huile.  Dans  l'antiquité,  c'était  le  complément  ordinaire  des 
bains,  et  elle  était  pratiquée  par  des  personnes  attachées  aux 
établissements,  iQsiinctores  et  unctrices,  encore  désignées 
sous  le  nom  commun  à'aliptes,  qui  pratiquaient  en  même 
temps  le  massage.  Les  athlètes  se  faisaient  faire  des 
onctions  d'huile,  soit  avant,  soit  pendant,  soit  après  leurs 
exercices  ou  les  luttes,  pour  assouplir  et  détendre  le  sys- 
tème musculaire  et  modérer  la  sueur.  Ce  dernier  effet, 
très  réel,  est  recherché  par  les  peuplades  de  l'Afrique 
centrale,  qui  font  des  onctions  avec  l'huile  de  palme,  en 
particulier  sur  la  tête  et  la  face.  L'onction  huileuse  est, 
en  outre,  un  préservatif  contre  le  froid  dont  usent  les 
habitants  des  régions  boréales  ;  ce  fut  une  ressource  pré- 
cieuse pour  les  soldats  de  Xénophon  lors  de  sa  fameuse 
retraite.  On  s'en  sert  dans  la  convalescence  de  la  scarla- 
tine pour  faciliter  la  chute  des  squames  et  dans  un  grand 
nombre  de  maladies  de  la  peau.  Enfui,  grâce  au  ramollis- 
sement de  l'épiderme  produit,  les  onctions  médicamen- 
teuses peuvent,  comme  les  frictions,  faciliter  l'absorption 
des  substances  actives.  Pour  protéger  la  main  c[ui  pra- 
tique l'onction  dans  ce  dernier  cas,  on  se  sert  d'un  gant 
de  peau,  ou  on  remplace  la  main  par  des  plumasseaux 
d'ouate  ou  de  charpie  fine.  i)^  L.  Hn. 

II.  Théologie.  — Extrême-onction.— Au  mot  CmiÊME, 
nous  avons  indiqué  les  principales  substances  avec  lesquelles 
l'onction  reHgieuse  est  faite,  ainsi  que  les  personnes  et  les 
objets  auxquels  elle  est  ou  elle  était  appliquée.  —  L'Eghse 
catholique  a  fait  un  Sacrement,  sacramentum  exeun- 
tium,  de  l'onction  administrée  par  un  prêtre  aux  malades, 
unctio  infirmorum.  La  matière  éloignée  de  ce  sacre- 
ment est  l'huile  d'olive  bénite  pour  cet  usage  par  un 
évèque  (V.  Chrême).  Les  effets  que  l'huile  produit  sur  le 
corps  représentent  parfaitement,  dit  le  Catéchisme  du 
concile  de  Trente,  ceux  que  le  sacrement  opère  dans 
Fàme  :  comme  l'huile  calme  les  douleurs,  repose  des  fa- 
tigues, augmente  les  forces,  rétablit  la  santé,  apporte  la 
joie  et  fournit  à  la  lumière  un  élément  fécond,  de  même 
l'extrême-onction  soutient  l'âme  du  malade  contre  ses  dé- 
faillances, la  soulage  de  sa  tristesse  et  de  ses  souffrances 
et  fait  descendre  sur  elle  les  illuminations  du  Saint-Esprit. 
La  matière  prochaine  est  l'onction  faite  avec  cette  huile  ; 
car  la  matière  prochaine  d'un  sacrement  est  l'application, 
au  sujet,  de  la  matière  éloignée.  — La  forme  consiste  dans 
les  paroles  que  le  prêtre  prononce  en  administrant  l'onc- 
tion :  Per  istam  sanctam  unctionem,  et  suam  piissi- 
mam  misericordiam,  indulgeat  tibiDeus  quidquidper 
visum  aut  odoratum,  gustum,  tacium,  auditum  deli- 
quisti.  «  Que  par  cette  sainte  onction  et  sa  très  pieuse 
miséricorde,  Dieu  te  fasse  grâce  de  tous  les  péchés  que  tu 
as  commis  par  la  vue  ou  l'odorat,  le  goût,  le  toucher. 
Fouie  ».  L'usage  de  l'Eglise  latine  est  de  faire  l'onction 
sur  les  organes  des  cinq  sens,  en  répétant  ces  paroles  pour 
chacun  d'eux.  Le  Catéctiisme  du  concile  de  Trente 
indiipie,  en  outre,  d'autres  organes,  notamment  les  pieds 
et  les  reins  (ueluti  uoluptatis  et  libidinis  sedes).  L'onc- 
tion des  reins  est  toujours  omise  chez  les  femmes.  Dans 
les  cas  de  nécessité,  une  seule  onction  suffit  pour  la  vali- 
dité du  sacrement.  Dans  ces  cas,  il  est  convenable  de  la 
faire  à  la  tête,  comme  siège  principal  de  tous  les  sens. 
En  l'Eglise  grecque,  on  ne  la  fait  qu'au  front,  à  la  poi- 
trine, aux  mains  et  aux  pieds,  mais  elle  est  accompagnée 


de  rites  compliqués.  Dans  tous  les  autres  sacrements,  la 
forme  est  positive,  exprimant  un  effet  immédiat;  par 
exemple,  dans  le  baptême  :  Je  te  baptise;  dans  l'ordre  : 
Reçois  la  puissance  de...  Dans  Fextrême-onction,  au 
contraire,  elle  est  déprécatoire,  parce  que,  outre  les  effets 
spirituels  que  ce  sacrement  opère  directement,  il  tend  à 
rétablir  la  santé  du  malade,  résultat  qui  se  produit  rare- 
ment et  qui  dépend  d'une  disposition  future  de  Dieu.  — 
Le  MINISTRE  de  l'extrême-onction  est  un  prêtre.  Tout 
prêtre  peut  l'administrer  validement  ;  mais  il  ne  le  peut 
licitement  que  s'il  est  approuvé  par  Févêque  et  député 
par  lui.  Un  seul  prêtre  suffit  pour  conférer  ce  sacrement, 
quoique  anciennement  il  fût  conféré  par  plusieurs.  — Les 
EFFETS  de  l'extrême-onction  sont  :  i^  de  rétablir  la  santé 
du  corps,  lorsque  cela  est  expédient  pour  le  salut  du  ma- 
lade ;  2°  de  produire  pour  l'âme  la  grâce  sanctifiante  ; 
3°  de  donner  au  malade  des  armes  pour  repousser  les 
attaques  du  démon,  qui  redouble  ses  efforts  contre  les 
hommes,  au  moment  décisif  de  leur  mort  ;  4°  d'effacer 
les  péchés  véniels  et  même  les  mortels,  lorsque  le  malade 
en  conçoit  un  véritable  repentir,  et  qu'il  n'a  point  le  pou- 
voir de  s'en  confesser  ;  5^  de  délivrer  l'âme  de  tous  les 
restes  de  ses  péchés,  ce  qui  assure  la  tranquillité  du  ma- 
lade agité  par  les  souvenirs  du  passé.  Par  restes  du 
pécfié,  on  entend  ordinairement  la  peine  temporelle  due 
au  péché,  et  aussi  l'infirmité  produite  par  le  péché,  soit 
originel,  soit  actuel,  et  qui  empêche  Fhomme  de  se  porter 
au  bien.  En  effet,  le  concile  de  Trente  enseigne  que 
l'extrême-onction  contient  la  consommation,  non  seulement 
de  la  pénitence,  mais  de  toute  la  vie  chrétienne.  —  Les 
PERSONNES  auxquelles  ce  sacrement  peut  et  doit  être  admi- 
nistré sont  les  malades  parvenus  à  l'âge  de  raison.  La 
maladie  est  une  condition  nécessaire,  parce  que  Fextrême- 
onction  contient  un  vœu  de  guérison.  Le  péril  de  mort  ne 
suffit  pas,  si  on  n'est  point  malade.  C'est  pourquoi  on  ne 
doit  donner  ce  sacrement  ni  au  soldat  avant  la  bataille,  ni 
aux  matelots,  ni  aux  passagers  menacés  de  naufrage,  ni 
aux  condamnés  à  mort  avant  leur  suppHce.  Mais  il  peut 
être  réitéré.  Les  personnes  guéries  de  la  maladie  pendant 
laquelle  elles  ont  reçu  Fextrême-onction  peuvent  la  rece- 
voir de  nouveau,  lorsqu'elles  sont  atteintes  par  une  ma- 
ladie nouvelle.  —  Quoique  ce  sacrement  ne  soit  point 
nécessaire  au  salut  d'une  nécessité  de  moyen,  il  l'est 
d'une  nécessité  de  précepte  divin.  Les  malades  dange- 
reusement atteints  ne  peuvent,  sans  péché,  négliger  de  le 
demander.  11  peut  être  administré  avant  ou  après  le  via- 
tique (V.  ce  mot).  Les  rituels  varient  sur  ce  point. 

Aucune  Eglise  protestante  n'admet  Fextrême-onction 
parmi  les  sacrements.  En  effet,  un  des  caractères  essen- 
tiels de  tout  sacrement  est  d'avoir  été  institué  par  Jésus- 
Christ.  Or,  on  ne  trouve  nulle  part  dans  le  Nouveau  Tes- 
tament l'indice  de  pareille  institution.  On  y  voit  bien  que 
les  apôtres,  envoyés  deux  à  deux  par  Jésus-Christ,  oignirent 
plusieurs  malades  et  qu'ils  les  guérirent  (Ev.  saint 
Marc,  VI,  13).  Mais  il  ne  peut  s'agir  ici  de  ce  quel'EgHse 
catholique  appelle  Fextrême-onction,  puisqu'elle  enseigne 
que  ce  sacrement  ne  peut  être  administré  que  par  un 
prêtre,  et  qu'elle-même  reconnaît  que  les  apôtres  ne 
reçurent  le  caractère  sacerdotal,  nécessaire  à  cette  admi- 
nistration, que  la  veille  de  la  mort  de  Jésus,  dans  le  der- 
nier souper  où  fut  instituée  la  sainte  Cène.  D'ailleurs, 
l'effet  constaté  par  Y  Evangile  selon  saint  Marc  est  tou- 
jours la  guérison.  D'autre  part,  l'apôtre  à  qui  le  concile 
de  Trente  rapporte  la  promulgation  de  ce  sacrement, 
insinué,  dit-il,  dans  l'évangile  de  saint  Marc,  Apud 
Marcum  quidem  insinuatum,  per  Jacobuni  autem, 
apostolum  ac  Dommifratrem,  fidelibus  commendatum 
at  promulgatum  {Sess.  XIV,  cap.  I,  De  Institutione 
sacramenti  extremœ  unctionis),  saint  Jacques  ne  dit 
nullement  que  la  pratique  qu'il  recommande  a  été  ins- 
tituée par  Jésus-Christ^  comme  le  fait  saint  Paul,  quand 
il  parle  de  l'institution  de  la  sainte  Cène.  Voici  littérale- 
ment le  texte  de  son  épitre  :  «  Si  quelqu'un  parmi  vous 


387  — 


ONCTION  —  ONDE 


est  atteint  d'infirmité,  àaOsvsï,  qu'il  appelle  les  anciens 
de  r Eglise,  touç  7cp£a6uirc'pouç  i%  IxxXrjaia;,  et  qu'ils 
prient  pour  lui,  l'oignant  d'huile,  au  nom  du  Seigneur  ; 
et  la  prière  de  la  foi,  bùit]  t^ç  Tiiaisojç,  sauvera  le  ma- 
lade, et  le  Seigneur  le  relèvera  ;  et  s'il  a  commis  des 
péchés,  il  lui  sera  pardonné  (v,  14-13).  Ici  encore,  l'effet 
principal,  c'est  la  guérison.  Lsl  rémission  des  péchés  n'est 
mentionnée  que  conditionnellement,  accessoirement.  Ces 
efï'ets  sont  produits  par  la  prière  de  la  foi.  L'onction 
n'apparait  que  comme  une  circonstance,  un  remède  conco- 
mitant, recommandé  pour  toutes  les  maladies,  en  consé- 
quence de  la  vertu  attribuée  généralement  à  l'huile  contre 
toutes  les  indispositions  corporelles.  Quant  aux  anciens 
de  l'Eglise,  qui  devaient  opérer  l'onction  et  faire  la  prière, 
non  seulement  rien  n'indique  qu'il  faille  les  distinguer  des 
anciens  qui  formaient  le  conseil  des  premières  Eglises 
chrétiennes,  à  l'instar  des  anciens  des  synagogues  juives  ; 
mais  le  pluriel  dont  se  sert  Vépitre  montre  bien  qu'il 
s'agit  d'eux  ;  car,  s'il  y  avait  eu  alors  des  prêtres,  investis 
d'une  fonction  sacerdotale,  distincte  de  celle  des  anciens, 
il  serait  invraisemblable  d'en  supposer  plusieurs  dans  les 
communautés  minuscules  que  les  chrétiens .  formaient  du 
temps  de  saint  Jacques.  —  Si  le  rite  recommandé  par 
saint  Jacques  avait  été  institué  par  Jésus-Christ,  on  le 
trouverait  indiqué  et  observé  partout  et  dès  le  commence- 
ment de  l'Eglise,  comme  le  baptême  et  la  sainte  Cène.  Or 
Tertullien  et  Cyprien,  qui  fournissent  tant  de  renseigne- 
ments sur  les  usages  de  l'Eglise  d'Occident,  n'en  disent 
absolument  rien.  Au  v®  siècle,  une  lettre  d'Innocent  P^, 
évèque  de  Rome,  mentionne  l'onction  des  malades,  et 
l'appelle  genus  sa^ramenti.  Cette  onction  était  alors 
faite  avec  de  l'huile  préparée  par  les  évêques  ;  mais  tous 
les  fidèles  pouvaient  s'en  servir,  aussi  bien  que  les  prêtres. 
On  s'en  servait  dans  toutes  les  maladies  pour  obtenir  la 
guérison.  Ce  n'est  guère  qu'à  partir  du  viii^  siècle  que 
l'extrême-onction  est  mentionnée  quelque  peu  distincte- 
ment par  les  conciles.  Le  deuxième  concile  d'Aix-la-Cha- 
pelle en  parle,  non  comme  d'un  sacrement,  mais  comme 
d'un  usage  pieux,  fondé  sur  une  simple  croyance  :  Unctio 
sancti  olei,  in  qua  salvatio  infirmorum  creditur.  La 
formation  de  la  doctrine  catholique  sur  le  sacrement  ré- 
sulta ensuite  d'une  élaboration  oscillante,  fort  pénible, 
confuse  et  parfois  contradictoire.  —  Les  conclusions  que 
la  théologie  protestante  tire  de  ces  constatations  historiques 
ont  été  formellement  anathématisées  par  quatre  canons 
du  concile  de  Trente  {Sess.  XIV).  E.-H.  Vollet. 

ONCY.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr.  d'Etampes, 
cant.  de  Milly;  204  hab. 

ON  DAINE  (L').  Riv.  du  dép.  de  la  Loire  (V.  ce  mot, 
t.  XXII,  p.  435). 

ONDATRA  (ZooL).  Genre  de  Mammifères  Rongeurs 
créé  par  G.  Cuvier  (1800)  sous  le  nom  de  Fiber  pour 
VOndatra  des  fourreurs  que  Linné  avait  placé,  à  tort, 
dans  le  genre  Castor,  avec  lequel  il  n'a  d'autres  rapports 
que  son  genre  de  vie  aquatique.  Il  se  rapproche,  au  con- 
traire, par  tous  ses  caractères,  des  Campagnols  (V.  ce 
mot)  et  doit  rentrer  avec  eux  dans  la  famille  des  Muridés 
(V.  Rat).  Le  genre  Fiber  présente  les  caractères  suivants  : 
crâne  et  dents  construits  sur  le  modèle  de  ceux  des  Cam- 
pagnols, mais  la  queue,  presque  aussi  longue  que  le  corps 
sans  la  tête,  comprimée,  presque  nue,  écailleuse  ou  réti- 
culée. Pieds  incomplètement  palmés,  adaptés  à  la  vie  aqua- 
tique. L'Ondatka  ou  Rat  musqué  des  trappeurs  du  Canada, 
le  Fiber  zibethicus  des  naturalistes,  est  le  plus  grand  de 
tous  les  Campagnols,  car  il  atteint  la  taille  d'un  jeune 
lapin  (plus  de  30  centim.  sans  la  queue).  Ses  formes  sont 
ramassées,  sa  tête  grosse,  ses  membres  courts;  les  yeux 
sont  petits  et  les  oreilles  dépassent  à  peine  le  pelage.  Il 
y  a  quatre  doigts  et  un  pouce  rudimentaire  aux  pieds  de 
devant,  cinq  doigts  bien  distincts  et  palmés  à  la  base  aux 
pattes  postérieures  qui  sont  plus  fortes  que  les  antérieures. 
Le  pelage  ressemble  à  celui  du  Castor,  mais  il  est  plus 
court  ;  il  est  formé  d'un  épais  feutrage  de  bourre,  recou- 


vert de  longs  poils  brillants  et  soyeux  (jarres)  qui  cachent 
la  bourre.  La  couleur  de  ces  longs  poils  est  d'un  brun 
marron  foncé  presque  noir  sur  Je  dos,  gris  dessous.  La 
queue  et  les  pieds  sont  noirs.  L'odeur  musquée  provient 
de  la  sécrétion  d'une  glande  inguinale  qui  se  trouve  dans 
les  deux  sexes.  L'espèce  habite  l'Amérique  du  Nord,  depuis 
la  baie  d'Hudson  et  l'Alaska  jusqu'à  la  Californie  et  le 
Texas.  Son  pelage  varie  suivant  les  localités  (du  roux 
brun  au  brun  foncé)  et  l'on  en  distingue  deux  variétés 
plus  distinctes  (F.  pallidus  de  Montana  et  F.  rivalicius 
del'Alabama  et  de  la  Louisiane).  En  outre,  l'Ondatra  de 
l'Ile  de  Terre-Neuve  est  considéré  comme  une  espèce  à 
part,  à  pelage  foncé  (F.  obscurus  Rangs). 

L'Ondatra  vit  au  bord  des  rivières  et  des  lacs,  nageant 
et  plongeant  avec  facilité,  se  nourrissant  de  racines,  de 
bourgeons  et  de  feuilles  de  plantes  aquatiques.  C'est  un 
animal  nocturne,  passant  tout  le  jour  caché  dans  son  ter- 
rier, creusé  dans  la  berge  des  cours  d'eau  et  formé  d'une 
chambre  munie  de  nombreux  couloirs  dont  la  plupart 
débouchent  sous  l'eau.  Pour  passer  l'hiver,  il  construit 
une  sorte  de  hutte  à  toit  arrondi,  à  l'aide  de  joncs  et  de 
tiges  d'herbes  maçonnées  avec  de  la  vase.  On  cïiasse  les 
Ondatras  pour  leur  fourrure  à  l'aide  de  trappes  ou  en  les 
perçant  d'une  lance  au  moment  où  ils  sortent  de  leur 
trou.  Cette  fourrure  est  très  belle  et  très  chaude  et  n'a 
contre  elle  que  son  odeur  musquée  qui  passe  difficilement. 
—  On  a  décrit  récemment,  sous  le  nom  de  Neo  fiber  Alleni 
ou  ^'Ondatra  à  queue  ronde,  une  espèce  beaucoup  plus 
voisine  des  véritables  Campagnols,  mais  également  de 
grande  taille,  et  qui  se  trouve  en  Floride.  C'est  un  Ron- 
geur à  pieds  non  palmés  et  à  habitudes  moins  franche- 
ment aquatiques  que  celles  du  véritable  Ondatra.  R  est 
brun  dessus,  d'un  blanc  argenté  mêlé  de  roux  dessous, 
les  deux  couleurs  se  fondant  insensiblement  sur  les  flancs. 
On  doit  le  considérer  comme  constituant  un  simple  sous- 
genre  de  Campagnol  (Microtus)  à  placer  entre  notre  Rat 
d'eau  (sous-genre  Arvicola)  et  le  véritable  Ondatra. 

E.  Trouessaut. 
ONDE.  I.  Physique. -— G ÉNÉiULiTÉs  (V.  Ondulation). 
Longueurs  d'ondes.  —  On  appelle  longueurs  d'onde 
d'un  mouvement  vibratoire  la  longueur  de  fluide  élas- 
tique mis  en  mouvement  pendant  la  durée  d'une  oscilla- 
tion complète  du  corps  vibrant.  On  considère  les  lon- 
gueurs d'onde  en  acoustique  et  en  optique.  En  particulier, 
en  optique,  la  longueur  d'onde  joue  un  rôle  important, 
parce  qu'elle  sert  à  définir  de  la  façon  la  plus  précise  les 
radiations  lumineuses  ;  aussi  définit-on  les  couleurs  par 
les  longueurs  d'onde  qui  leur  correspondent.  On  peut  dé- 
terminer les  longueurs  d'onde  par  divers  procédés,  par 
exemple  à  l'aide  des  interférences  (V.  ce  mot).  Mais  il 
faut  pour  cela  produire  les  interférences  à  l'aide  d'une 
lumière  monochromatique,  ce  qui  limite  ou  complique 
beaucoup  les  applications  de  cette  méthode  ;  il  est  plus 
simple  d'utiliser  les  réseaux  (V.  ce  mot).  Un  réseau  se 
compose  essentiellement  d'un  série  de  bandes  alternati- 
vement transparentes  et  opaques,  très  fines  et  très  ré- 
gulièrement espacées  ;  on  obtient  de  bons  réseaux  en 
traçant  sur  une  lame  de  verre,  avec  un  diamant  et  à 
l'aide  d'une  machine  à  diviser,  de  100  à  1.500  traits  pa- 
rallèles par  centimètre.  Si  l'on  reçoit  normalement  sur  un 
réseau  un  faisceau  de  lumière  parallèle  émis  par  une  fente  et 
qu'on  place  l'œil  derrière  le  réseau,  on  aperçoit  à  travers 
celui-ci,  dans  une  direction  normale,  une  image  blanche 
mais  pâle  de  la  fente  ;  de  part  et  d'autre,  pour  une  cer-  ' 
taine  direction  oblique  faisant  avec  la  normale  un  angle  a, 
on  aperçoit  un  spectre  d'une  grande  pureté  dont  le  violet 
correspond  à  la  moindre  déviation.  Dans  une  direction 
plus  oblique  faisant  avec  la  normale  un  angle  2a,  on  aper- 
çoit un  nouveau  spectre  deux  fois  plus  étalé  que  le  pré- 
cédent et  ainsi  de  suite  pour  les  directions  3a,  4a,  etc. 
Mais  il  arrive  bientôt  que  ces  spectres,  de  plus  en  plus 
étalés,  chevauchent  les  uns  sur  les  autres  et  ne  donnent 
plus  que  des  colorations  plus  ou  moins  grises.  L'angle  a 


ONDE 


—  388. 


dii  premier  spectre  dépend  de  la  longueur  d'onde  X  cou- 
sidérée  et  de  l'épaisseur  a-\-l)  d'une  bande  claire  et 
d'une  bande  sombre  du  réseau.  S'il  y  a  N  traits  sombres 
par  millimètres  dans  le  réseau,  il  y  a  aussi  X  parties  bril- 
lantes, et  l'ensemble  d'une  partie  sombre  et  d'une  partie 

brillante  a  pour  longueur  — rr- .  On  démontre  que  l'on  a 

^^     .      1   . 

pour  le  premier  spectre  la  relation  -  sin  8  =  X  et  pour  le 


-:  sin  $rr:X.  Cette  formule  permet 


jl.eme       spCCtrC      0 

facilement  de  déterminer  la  loivgueur  d'onde,  mais  elle 
suppose  (]ue  le  réseau  est  normal  à  la  direction  de  la  lu- 
mière incidente.  Pour  éviter  cette  cause  d'erreur,  M.  Mas- 
cart  place  le  réseau  obliquement  ;  si  l'on  appelle  i  l'angle 
d'incidence  de  la  lumière  sur  le  réseau,  la  formule  précé- 
dente devient  2  sin  ^  cos    (^  —  0  ^^  ^^'' 

Cette  formule  montre  que  la  déviation  présente  un  mi- 
nima  :  en  etfet,  le  produit  du  sinus  par  le  cosinus  étant 
constant,  le  sinus  sera  minimum,  et  par  suite  la  déviation  o 
sera  aussi  minimum  quand  le  cosinus  sera  maximum, 
c.-à-d.  quand  l'angle  correspondant  sera  nul  ;  la  dévia- 
tion minima  correspond  donc  à  8  :==:  *2/.  Vm  fois  cette 
position  déterminée,  on  inclinera  le  réseau  en  sens  inverse 
sur  les  rayons  incidents  et  l'on  cliei'cbera  de  nouveau  la 
position  correspondant  au  minima.  La  position  ainsi  dé- 
terminée fera  avec  celle  qui  avait  été  trouvée  tout  d'abord 
un  angle  '2o.  C'ebt  la  valeur  de  la  moitié  de  cet  angle 

que  l'on  introduira  dans  la  formule  *2sin  -^  =    NX .    En 

éclairant  le  réseau  avec  de  la  lumière  solaire,  on  voit  très 
distinctement  dans  les  spectres  les  diverses  raies  de  Fraun- 
hofer,  et  il  est  facile  de  déterminer  très  exactement  leur 
longueur  d'onde.  Ceci  permet  ensuite  de  graduer  les  spec- 
troscopes  en  longueurs  d'onde,  c.-à-d.  de  déterminer 
quelles  sont  les  longueurs  d'onde  qui  correspondent  aux 
divers  degrés  de  l'échelle  micrométrique.  Voici  les  lon- 
gueurs d'onde  moyenne  des  diverses  couleurs  du  spectre: 

Millim  ' 

Rouge 0,000620 

Orangé 0,000583 

Jaune 0,000551 

Vert 0,000512 

Bleu 0,000475 

Indigo 0,000449 

Violet 0,000423 

A.   JOÂNMS. 

Slrfâce  des  oxdes.  —  Si  l'on  considère,  au  sein  d'un 
milieu  élastique,  une  molécule  animée  d'un  petit  mouve- 
ment vibratoire,  ce  mouvement  se  propage  dans  toutes 
les  directions.  Le  lieu  des  points  qui,  au  même  instant, 
se  trouvent  dans  la  même  phase  de  vibration,  est  par  défi- 
nition la  surface  des  ondes.  Cette  surface  peut  être  regardée 
comme  l'enveloppe  des  ondes  planes,  afiéctant  toutes  les 
directions  possibles,  qui  auraient  passé  simultanément  au 
centre  d'ébranlement.  Dans  un  milieu  homogène  et  isotrope, 
la  surface  des  ondes  est  sphérique.  Dans  un  milieu  ani- 
sotrope,  comme  celui  que  les  cristaux  biréfringents  offrent 
aux  vibrations  lumineuses,  la  surface  des  ondes  est  du 
(piatrième  degré.  En  coordonnées  rectangulaires,  si  a,  b,c 
désignent  trois  constantes  et  si  l'on  pose  x^  -f- 1/  -\-  z^  =  p^, 
l'équation  de  la  surface  des  ondes  est  : 

1-2  ?/^  Z^ 


p^  —  a^   '    p-  —  b^   '   p^  —  c'^ 

On  vérifie  que  cette  surface  est  le  lieu  des  points  obte- 
nus en  portant  sur  chaque  rayon  de  l'ellipsoïde  dont  les 
axes  sont  a,  b,c,  à  partir  du  centre,  des  longueurs  égales 
aux  axes  de  la  section  diamétrale  faite  dans  l'ellipsoïde 
par  un  plan  perpendiculaire  au  rayon  considéré.  On  en 
déduit  immédiatement  que  la  surface  présente  deux  nappes 


distinctes,  qui  se  raccordent  en  quatre  points  situés  sur 
les  rayons  perpendiculaires  aux  sections  circulaires  de 
l'ellipsoïde.  Les  trois  plans  de  symétrie  coupent  chacun 
la  surface  des  ondes  suivant  un  cercle  et  une  ellipse.  Il 
y  a  quatre  plans  qui  touchent  chacun  cette  même  surface 
suivant  un  cercle.  Les  sphères  x''^ -|- ?/--|-:î2  3r:Const. 
et  les  ellipsoïdes  ci^x"^  -\-  b'^y'^  -\-  c^z-  z^  Const.  dessinent 
sur  la  surface  des  ondes  un  réseau  de  courbes  orthogo- 
nales, sphériques  et  ellipsoïdales.  Si  l'on  considère  le  cùne 
ayant  son  sommet  au  centre  et  coupant  l'une  des  nappes 
suivant  l'une  des  courbes  sphériques,  il  coupe  l'autre 
nappe  suivant  une  courbe  ellipsoïdale  et  réciproquement. 
Lorsque  deux  des  paramètres  a,  b,  c  sont  égaux,  la  sur- 
face des  ondes  se  décompose  en  deux  surfaces  du  second 
degré,  savoir  :  une  sphère  et  un  ellipsoïde  de  révolution; 
la  sphère  touche  l'ellipsoïde  en  ses  deux  pôles. 

L.  Lecornu. 

II.  Chimie.  —  Onde  explosive.  —L'étude  des  divers 
modes  de  décomposition  des  matières  explosives  a  conduit 
MM.  Berthelot  et  Vieille  à  admettre  l'existence  d'un  mou- 
vement ondulatoire  particulier  et  caractéristique  des  phé- 
nomènes explosifs  :  c'est  l'onde  explosive. 

Considérons  un  long  tube  dans  lequel  nous  aurons  placé 
un  mélange  détonant  gazeux,  par  exemple  de  l'oxygène 
et  de  l'hydrogène  en  proportions  convenables.  Provoquons 
à  Tune  des  extrémités  du  tube  la  combinaison  des  élé- 
ments par  une  étincelle  électrique,  la  combustion  une  fois 
commencée  se  propagera  dans  tout  le  tube  en  produisant 
l'onde  explosive.  A  un  instant  quelconque,  cette  combus- 
tion se  produit  dans  un  plan  perpendiculaire  à  l'axe  du 
tube,  et  il  existe  en  cet  endroit  une  surface  qui  réalise  en 
tous  ses  points  un  même  état  de  combinaisons,  de  tempé- 
rature, de  pression,  etc.  Cette  surface  se  propage  de  couche 
en  couche  dans  la  masse  entière  par  suite  de  la  transmis- 
sion des  chocs  successifs  des  molécules  gazeuses  amenées 
à  un  état  vibratoire  plus  intense  en  raison  de  la  chaleur 
dégagée  dans  leur  combinaison  et  transformées  sur  place 
ou  plutôt  avec  un  faible  déplacement  relatif.  Les  sub- 
stances explosives,  solides,  liquides  éprouvent  le  même 
mode  de  décomposition. 

«  De  tels  effets,  dit  M.  Berthelot,  sont  comparables  à 
ceux  d'une  onde  sonore,  mais  avec  cette  différence  capi- 
tale que  l'onde  sonore  est  transmise  de  proche  en  proche 
avec  une  force  vive  peu  considérable,  un  excès  de  pression 
très  petit  et  une  vitesse  déterminée  par  la  seule  constitu- 
tion physique  du  milieu  vibrant,  vitesse  qui  est  la  même 
pour  toute  espèce  de  vibrations.  Au  contraire,  c'est  le 
changement  de  constitution  chimique  qui  se  propage  dans 
Tonde  explosive  et  qui  communique  au  système  en  mou- 
vement une  force  vive  énorme  et  un  excès  de  pression 
considérable.  Aussi  la  vitesse  de  l'onde  explosive  est-elle 
tout  à  fait  différente  de  celle  des  ondes  sonores  trans- 
mises dans  le  même  milieu.  Le  mélange  oxhydrique,  par 
exemple,  donne  une  vitesse  de  2.844  m.,  tandis  que  la 
vitesse  du  son  dans  le  même  milieu  est  de  514  m.  Le 
phénomène  explosif  ne  se  reproduit  pas  périodiquement  ; 
il  donne  lieu  à  une  onde  unique  et  caractéristique,  tan- 
dis que  le  phénomène  sonore  est  engendré  par  une  suc- 
cession périodique  d'ondes,  pareilles  les  unes  aux  autres.  » 

L'onde  explosive  se  propage  uniformément,  quelle  que 
soit  d'ailleurs  la  nature  des  parois  du  tube  où  elle  se  pro- 
duit. La  vitesse  de  propagation  est  indépendante  de  la 
matière  du  tube  renfermant  l'explosif,  elle  n'est  fonction 
que  de  la  nature  du  mélange  détonant.  Le  diamètre  du 
tube  n'a  pas  d'influence  sur  la  vitesse,  à  moins  qu'il  ne  de- 
vienne trop  petit,  des  tubes  capillaires  contenant  le  mé- 
lange oxhydi'ique  donnent  2.390  m.  de  vitesse  au  lieu  de 
2.840  m.  L'étude  de  la  vitesse  des  ondes  sonores  conduit 
aux  mêmes  conclusions,  avec  cette  différence  que  la  vitesse 
est  influencée  par  des  dimensions  de  tuyau  beaucoup  plus 
grandes.  La  vitesse  de  l'onde  explosive  est  indépendante 
de  la  pression,  celle-ci,  variant  dans  des  limites  comprises 
entre  1  et  3,  n'a  pas  modifié  la  vitesse. 


;-;89 


OiNDE  —  ONDULATION 


l.a  vitesse  de  l'onde  explosive  eonstitiie  pour  chaque 
mélange  inflammable  une  véritable  constante  spécifique.  Si 
l'on  remarque  que  l'excès  de  force  vive  communiquée  aux 
molécules  par  l'acte  de  la  combinaison  chimique  n'esi 
autre  chose  que  la  chaleur  même  dégagée  dans  la  réac- 
tion, la  pression  exercée  par  les  molécules  sur  les  parois 
des  vases  en  est  la  traduction  immédiate.  Or,  d'après 
Clausius,  la  vitesse  de  translation  des  molécules  9  est  pro- 
portionnelle à  la  racine  carrée  du  rapport  entre  la  tem- 
pérature absolue  T  et  la  densité  du  gaz  rapportée  à  l'air  p. 


0  HZ  ^29  m.  354 


f; 


T  sera  donc  la  température  théorique  de  la  i^éaction, 
c.-à-d.  la  température  à  laquelle  seront  portés  les  pro- 
duits de  la  combinaison  sous  pression  constante  par  la 
chaleur  dégagée  dans  l'acte  même  de  cette  combinaison 
explosive.  Voici,  d'après  M.  Berthelot,  un  tableau  donnant 
pour  différents  mélanges  explosifs  les  vitesses  de  propa- 
gation de  l'onde  mesurées  et  calculées  : 

N  AT  u  R  i:  V  iT  1-:  S  =i  1-:        \  II'  j:  ^  ^  I  ■: 

du  mélange  mesurée      théoriiiue 

Hydrogène  H"^  +  0^ 2.810  m.  2.831  m. 

Oxyde  de  carbone  C^O'^  +  0^  . .  1 .089  —  1 .941  ™ 

Acétylène  C'^H^  +  O^^ 2.482  —  2.660  — 

Ethylène  C^H'*  +  0^2 0^509  —  2.517  — 

Ethane  C'W  -f-  0^^ 2.363  —  2.483  — 

Formène  C^H^  +  0^ 2.287  —  2.427  — 

Cyanogène  C^Az*  +  0^^ 2.195  —  2.490  — 

La  formule  théorique  se  trouve  vérifiée  d'une  façou 
approchée.  On  peut  regarder  la  vitesse  théorique  de  trans- 
lation des  molécules  gazeuses,  conservant  la  totalité  de  la 
force  vive  qui  répond  à  la  chaleur  dégagée  par  la  réac- 
tion, comme  la  limite  représentant  la  vitesse  maxiuuim  de 
propagation  de  l'onde  explosive.  Le  contact  des  gaz  et 
autres  corps  étrangers  diminue  cette  vitesse.  La  vitesse 
se  trouve  encore  diminuée  lorsque  la  masse  enflammée  au 
début  est  trop  petite  et  trop  rapidement  refroidie  par 
rayonnement;  il  en  résulte  alors,  au  début  de  T  inflamma- 
tion, un  régime  variable  qui  précède  le  régime  de  détona- 
tion correspondant  à  Tonde  normale.  Pour  que  le  régime 
régulier  se  produise  immédiatement,  il  faut  que  les  étin- 
celles enflammant  le  mélange  soient  puissantes,  sinon  le 
régime  variable  peut  se  prolonger  sur  des  parcours  attei- 
gnant jusqu'à  10  m.,  et  c'est  seulement  à  partir  de  cette 
distance  que  la  vitesse  devient  constante.  En  employant  le 
fulminate  de  mercure  comme  détonateur,  on  donne  de  suite 
à  l'onde  explosive  son  mouvement  uniforme,  la  période 
variable  est  réduite  à  sa  plus  simple  expression.  Cela  se 
comprend  d'ailleurs  très  bien,  le  fulminate  développant 
des  pressions  élevées  et  subites.  Quand  on  fait  varier  les 
proportions  relatives  d'hydrogène  et  d'oxygène  dans  le 
mélange  détonant,  il  arrive  un  moment  où  l'onde  ne  se 
propage  plus.  La  composition  limite  pour  l'onde  explosive 
est  fort  différente  de  la  limite  de  combustibilité.  l'Ile  est 
beaucoup  plus  élevée  et  varie  d'ailleurs  suivant  le  mode 
d'inflammation  et  la  nature  de  l'impulsion  initiale. 

La  propagation  de  l'onde  explosive  est  donc  un  phéno- 
mène tout  à  fait  distinct  de  la  combustion  ordinaire  ; 
entre  ces  deux  régimes  limites,  il  existe  d'ailleurs  des 
régimes  intermédiaires,  mais  ne  constituant  aucun  régime 
régulier.  L'onde  explosive,  avec  toutes  ses  propriétés,  prend 
naissance  également  dans  les  systèines  explosifs,  liquides 
et  solides.  L'existence  de  l'onde  explosive  a  permis  à 
M.  Berthelot  de  fournir  l'explication  des  explosions  par 
influence  (V.  Explosion).  C.  Matignon. 

III.  Spéliologie.  —  Ondes  sismiqles  (V.  Trem- 
blement DE  TERRE). 

l'y.  Physiologie.  —  Onde  musculaire  (V.  Contrac- 
tion). 

V.  Beaux-arts  —  On  donne  ce  nom  à  des  lignes 
parallèles,  formant  une  série  de  courbes  alternativement 


concaves  et  convexes.  O  mot  s'entend  aussi  des  ornements 
qui  offrent  quelque  analogie  avec  le  mouvement  régulier 
des  vagues  :  c'est  un  genre  de  décoration  fort  ancien  ;  on 
dit.  par  exemple  :  les  «  ondes  du  point  de  Hongrie  »,  les 
«  ondes  du  point  d'Angleterre  »,  pour  exprimer  le  dessin 
continu  que  décrivent  ces  points  de  tapisserie. 

BiBL.  :  Chimie.  —  BrrthI'.lo]'.  Sur  In  force,  des  matières 
explosives  ;  Paris.  188H. 

ON  DÉ  (Blas.).  Se  dit  des  pièces  en  forme  d'ondes. 

ON  DÉCAGONE  (Oéom.).  Ce  terme,  qui  a  servi  jadis  à 
désigner  un  polygone  de  onze  côtés,  n'est  plus  en  usage 
aujourd'hui. 

ONDEFONTAINE.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr.  de 
Vire,  cant.  d'Aiinay;  480  hab. 

ONDEREET  (Charles),  littérateur  belge,  né  à  Gand  en 
1804,  mort  à  Gand  en  1868.  Il  fut  d'abord  ouvrier  re- 
lieur, et  devint  plus  tard  professeur  de  déclamation  au 
conservatoire  de  sa  ville  natale.  11  est  l'auteur  d'un  grand 
nombre  de  comédies  et  de  drames,  tous  en  langue  fla- 
mande, qui  révèlent  une  connaissance  approfondie  de 
l'art  scénique  et  qui  obtinrent  un  vif  succès  en  Belgique 
et  en  Hollande.  Les  plus  importants  sont  Baudouin  à  la 
hache,  drame  lyrique  en  quatre  actes,  et  la  Lionne  des 
Flandres,  comédie  en  trois  actes.  La  liste  complète  de 
ses  oiuvres  se  trouve  dans  Frederiks. 

BiBL.  :  Frederiks  et  Van  den  Branden,  Biographie  des 
littérateurs  néerlandais  (en  néei-l.);  Aiiistei-dain,  1892, 
2  vol.  in-8. 

ONDES.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Garonne,  arr.  de 
Toulouse,  cant.  de  Fronton;  442  hab. 

ONDOIEMENT  (V.  Baptême,  t.  V,  p.  311). 

ONDOYANT  (Blas.).  Se  dit  d'un  serpent  ou  de  la  queue 
d'une  comète. 

ONDRES.  Com.  du  dép.  des  Landes,  arr.  de  Dax.cant. 
de  Sainl-Martin-de-Seignaux  ;  1.335  hab. 

ONDREVILLE.  Com.'du  dép.  du  Loiret,  arr.  de  Pithi- 
viers,  cant.  de  Puiseaux;  314  hab. 

ON  DU  LATiON.  I.  Physique.  —  La  théorie  des  ondulations 
permet  d'expliquer  et  de  prévoir  tous  les  phénomènes  de 
r«)pti(jiie.  Elle  a  été  proposée  dès  1690  par  Huygens  qui 
a  réuni  le  premier,  en  un  corps  de  doctrine,  les  idées  ti*ès 
vagues  que  Ton  avait  eues  avant  lui  sur  la  nature  de  Téther 
lumineux  et  sur  ses  propriétés  relatives  à  la  propagation 
des  ondes.  Newton,  d'abord  partisan  de  cette  théorie,  ne 
put  rappli([uer  à  l'explication  des  anneaux  colorés  qu'il 
venait  de  découvrir  ;  il  abandonna  ce  système  et  proposa 
en  1704  la  théorie  de  l'émission  ;  dans  ce  système,  les 
corps  lumineux  lancent  continuellement,  dans  toutes  les 
directions,  des  particules  spéciales  non  pesantes  qui  se 
réfléchissent,  comme  les  balles  élastiques  qui  frappent  des 
corps  solides,  en  faisant  des  angles  de  réflexion  égaux 
aux  angles  d'incidence,  qui  se  réfractent  parce  qu'ils  sont 
attirés  par  les  corps  réfringents  plus  que  par  l'air  ;  ce  sys- 
tème, beaucoup  plus  simple  que  le  précédent,  n'exigeant 
pas  comme  lui  des  calculs  nombreux,  fut  longtemps  adopté  ; 
cependant  il  ne  permettait  pas  d'expliquer  certains  phé- 
nomènes nouveaux,  à  moijis  d'introduire  de  nouvelles 
hypothèses  qui  venaient  alors  en  altérer  la  simplicité.  Le 
principe  des  interférences  découvert  par  Young  (180*2), 
qui  est  une  conséquence  de  la  théorie  des  ondulations  et 
qui  permet  d'expliquer  un  grand  nombre  de  phénomènes, 
entre  autres  la  formation  des  anneaux  de  Xewton,  ne  suflit 
pas  à  faire  rejeter  la  théorie  de  rémission.  C'est  seulement 
après  les  nombreux  mémoires  publiés  i)ar  Fresnel,  de  I8I0 
à  1827,  pour  montrer  comment  les  phénomènes  de  la  dif- 
fraction, de  la  double  réfraction,  de  la  polarisation  s'ex- 
pliquaient facilement  avec  la  théorie  nouvelle,  que  celle-ci 
fut  définivement  adoptée.  Un  point  tout  particulier  con- 
tribua d'ailleurs  ])eaucoup  à  persuader  les  derniers  advei'- 
saires  des  ondulations  :  d'après  ce  système,  la  vitesse  de 
propagation  de  la  lumière  dans  les  corps  plus  réfringents 
devait  être  moindre  que  dans  les  corps  moins  réfrin- 
gents, tandis  (pie  la  théorie  de  l'émission  conduisait  à  une 
conclusion  absolument  opposée.  C'était  donc  à  l'expérience 


ONDULATION 


—  390  — 


à  décider  entre  ces  deux  théories.  Elle  fut  faite  par  Fou- 
cault et  vérifia  les  prévisions  de  la  théorie  des  ondula- 
tions. 

Dans  la  théorie  des  ondulations,  on  admet  que  toute  la 
nature  est  remplie  d'une  matière  non  pesante  ou  d'une 
densité  extrêmement  fiiihle,  qu'aucune  expérience  n'est  ca- 
pable de  déceler  et  qu'on  appelle  l'éther  ;  l'éther  existe 
dans  tous  les  corps,  transparents  ou  opaques,  dans  le  vide 
le  plus  parfait  que  nous  sachions  produire,  dans  les  espaces 
interplanétaires.  C'est  par  son  intermédiaire  que  la  lu- 
mière du  soleil  nous  est  transmise,  ainsi  que  sa  chaleur; 
cet  éther  est  le  siège  de  mouvements  ondulatoires  d'une 
amplitude  extrêmement  faible,  mais  d'une  rapidité  consi- 
dérable, qui  se  propagent  dans  l'espace  avec  une  vitesse 
énorme.  Les  formules  de  ces  vibrations  et  de  ces  mouve- 
ments ont  été  données  au  mot  interférences.  Elles  per- 
mettent de  représenter  l'état  vibratoire  d'un  point  lumi- 
neux quelconque,  de  calculer  l'intensité  de  la  lumière  en 
ce  point  et  en  particulier  de  prévoir  les  accroissements  et 
les  diminutions  de  mouvement  que  produit  la  superposi- 
tion de  mouvements  ondulatoires  parallèles,  c.-à-d.  d'ex- 
pliquer dans  tous  leurs  détails  les  phénomènes  des  interfé- 
rences. Ces  formules  s'appliquent  aussi,  avec  des  constantes 
différentes,  aux  mouvements  de  l'air  qui  produisent  les 
sons,  en  particulier  à  la  théorie  des  tuyaux  sonores. 

Principe  cVHuygens.  La  propagation  de  la  lumière  en 
ligne  droite  est  le  point  de  départ  de  la  théorie  de  l'émis- 
sion, ;  aussi  s'explique-t-elle  facilement  dans  ce  système. 
Voyons  comment  la  théorie  des  ondulations  rend  compte 
de  ce  fait  d'expérience  :  imaginons  une  source  lumineuse 


Fig.  1. 

en  L.  Elle  fait  naître  des  vibrations  qui  se  propagent 
sphériquement .  Considérons  (fig.  1  )  un  point  quelconque  M  qui 
vibrera  aussi  ;  on  peut  considérer  alors  la  lumière  comme 
produite  par  les  divers  points  de  la  sphère  dont  fait  partie 
le  point  M,  c'est  le  principe  d'Huygens,  mais  on  doit  ad- 
mettre que  la  sphère  n'est  pas  lumineuse  pour  un  point 
situé  à  son  intérieur,  parce  que  la  lumière  ne  revient  pas 
sur  elle-même.  Le  point  M  envoie  donc  de  la  lumière  dans 
toutes  les  directions,  en  dehors  de  la  sphère  et  en  parti- 
culier en  A.  Joignons  LA  ;  le  point  P  où  cette  droite  ren- 
contre la  sphère  est  appelée  le  pôle.  Du  point  A  comme 
centre  avec  AP  comme  rayon,  décrivons  un  premier  cer- 


cle, puis  un  second,  un  troisième,  etc.,  avec  des  rayons 
AP-f-x,  AP-f-%,  ....AP-hn^,  en  appelant  X  la  lon- 
gueur d'onde  (V.  Interférences).  Soient  LP  =  a,  AP  =  b, 
MP^  ==::  S.  Ea  appelant  s  l'arc  PM,  le  triangle  LAM  donne  : 

(b-^^y=:a'^-^(a-i-b)^-^^a(a+b)  cos -. 

Si  l'on  suppose  que  les  arcs  tels  que  PMsont  très  petits, 

s  tS^ 

on  peut  remplacer  cos  -  par  1  —  ~  et  l'on  aura  après 


réduction  : 


2/>8- 


a 


5  étant  petit,  on  peut  négliger  8^  devant  'ibh  et  on  tire 
^e  l'équation  précédente  : 

2,      a-hb   ^ 


^ab 


d'où 


=^ 


'lab 
■^b 


B. 


ni 


Supposons  8  =:  _- ,  on  aura  s  - 


v/j=r.v'- 


■  Considérons  un  point  M'  voisin,  correspondant  à  la  dif- 
férence 0  1=  (71  +  4)  -,  nous  aurons,  s' désignant  l'arc  cor- 
respondant, ss'— i  /  J^î —  i  /  7^  4- 1 .  La  zone  %  comprise 

M  a-\-b  y 
entre  les  deux  cercles  de  rayon  AM  et  AM'  est 


Cette  quantité  décroît  quand  n  augmente.  Considérons  les 
deux  rayons  AM,  AM'  ;  ils  sont  à  peu  près  parallèles  ;  leur 

différence  de  marche  est  -,  donc  ils  se  détruisent.  La  lu- 
mière ne  peut  donc  arriver  en  A  que  du  voisinage  du  pôle; 
donc  elle  se  propage  sensiblement  en  ligne  droite,  le  rayon 
lumineux  est  la  normale  à  la  surface  de  l'onde.  Lorsque 
la  source  lumineuse  est  placée  très  loin,  l'onde  est  plane, 
et  les  rayons  lumineux  sont  perpendiculaires  au  plan  de 
l'onde. 

Voyons  maintenant  comment  on  explique  dans  cette 
théorie  les  phénomènes  de  la  réflexion  et  de  la  réfraction. 
I^ur  la  réflexion,  considérons  un  miroir  A4'  et  des  rayons 
lumineux  parallèles  PI,  PI'  (fig.  2).  L'onde  est  alors  un  plan 
et,  d'après  ce  qu'on  a  vu,  un  point  I  du  miroir  ne  reçoit  sen- 
siblement de  lumière  que  du  point  P.  A  son  tour,  le  point  I 
se  met  k  vibrer  et  envoie  des  ondes  dans  tous  les  sens. 
Un  autre  point  V  du  miroir  ne  reçoit  de  lumière  que  de  P' 


et  se  met  à  vibrer  ;  [P  et  P'  sont  dans  le  même  état  de 
vibration.  Cherchons  quels  sont  les  points  qui,  après  la 
réflexion,  sont  dans  le  même  état  de  vibration.  Pour  cela 
menons  IC  parallèle  à  AB.  I  et  C  sont  dans  le  même  état 
de  vibration  ;  du  point  I  comme  centre  avec  un  rayon  quel- 
conque IQ,  décrivons  une  sphère  ;  de  Y  comme  centre  avec 
un  rayon  IQ'  égal  à  IQ  —  CU,  décrivons  une  sphère.  Toux) 


les  points  de  ces  deux  sphères  sont  dans  le  même  état  de 
vibration  comme  I  et  C,  puisque  la  lumière  a,  eu  le  même 
chemin  à  parcourir  pour  aller  de  C  en  Q'  par  F  que  de  I 
en  Q.  De  même,  pour  un  point  intermédiaire,  imaginons 
la  sphère  de  rayon  JE  égal  à  JQ  —  DJ.  11  est  facile  de  voir 
(|ue  toutes  ces  sphères  sont  tangentes  à  un  plan  .VB'  symé- 
trique de  AB  ;  ce  plan  représente  donc  l'onde  réfléchie  ; 
l'angle  que  fait  cette  onde  avec  la  normale  au  miroir  est 
égal  à  celui  que  faisait  Tonde  incidente.  On  démontre  d'une 
façon  analogue  que  dans  le  cas  de  miroirs  de  forme  quel- 
conque donnant  des  images  de  points  lumineux,  les  rayons 
arrivent  aux  foyers  conjugués  de  ces  points  sans  différence 
de  marche. 

Etudions  maintenant  la  réfraction.  Considérons  le  cas 
d'une  onde  plane  et  d'une  surface  réfringente  également 
plane.  Soient  AC  cette  surface  (fig.  3),  SA  un  rayon quel- 
et  BC  un  rayon  parallèle  au  premier  qui  rencontre  la  sur- 
conque face  plane  une  seconde  après  le  premier.  BC  est  égal  à 
la  vitesse  de  propagation  de  la  lumière.  De  A  comme  centre, 
décrivons  une  splière  dont  le  rayon  soit  la  vitesse  de  la 


394  —  ONDULATWN  --  ONEGA 

tivement  V  et  \' ,  on  a  V  —  KX  et  V'~KX'.   d'où  Ton 


Fig.  3. 

lumière  dans  le  second  milieu.  Par  C  menons  un  plan  tan- 
gent à  cette  sphère.  Soit  T  le  point  de  contact.  Les  points 
C  et  T  sont  synchrones  ;  il  est  facile  de  voir  qu'il  en  est 
de  même  pour  tous  les  points  de  CT.  Soit  en  effet  un 
rayon  quelconque  PI  réfracté  suivant  IQ.  En  appelant  V 

et  ^^  les  vitesses  dans  les  deux  milieux,  on  a  ~zzz-~-  et 

V      AC 

IQ       IG    ,  ,  ,  ..    .   W      TQ      . 

^i=z-—    La  somme  de  ces  deux  quotients -^^  et  -~^  qui 

représente  le  temps  employé  par  la  lumière  pour  aller  de 

P  en  Û  est  égale  à  — -7^ —  r=r  i  seconde  ;   elle  est  donc 
AC 

constante  et  indépendante  de  la  position  du  point  L  Si 

l'on  mène  la  normale  en  A,  on  a  BC  =  V  =:  AC  sin  i,  et 

AIi=  V'  =  AC  sin  ?•.  Les  vitesses  étant  constantes,  leur 

1,  .       1,         sin  i  .        .    .  . 

rapport  n  1  est  aussi  et  1  on  a  -; —  zn  71,  ceain  est  la  loi 
sin  7'  ^ 

de  la  réfraction.  En  particulier,  si  on  considère  un  rayon 

3" 

4 
-^"zi:-^;  la  vitesse  de  la  lumière  dans  l'eau  est  donc  plus 

faible  que  dans  l'air.  Au  contraire,  dans  la  théorie  de 
l'émission,  on  explique  que  le  rayon  lumineux  réfracté  se 
rapproche  de  la  normale  parce  que  le  corps  plus  réfrin- 
gent attire  davantage  les  molécules  lumineuses,  attraction 
qui  a  en  même  temps  pour  conséquence  d'augmenter  leur 
vitesse. 

Si  on  désigne  par  X  et  ).'  les  longueurs  d'onde  d'une 
certaine  couleur  dans  deux  milieux  différents,  011  les  vitesses 
de  propagation  des  rayons  de  cette  couleur  sont  respec- 


lumineux  passant  de  l'air  dans  l'eau,   on  a  n  =z  -,  ou 
V.     4 


X 


Y 


tire  ^=:—j~  n.  L'indice  de  réfraction  d'une  couleur  est 

donc  aussi  le  rapport  des  longueurs  d'onde  de  cette  cou- 
leur dans  les  deux  milieux.  Les  mémos  uolions  permettent 
encore  la  considération  des  chemins  optiquement  équiva- 
lents ;  on  dit  que  deux  chemins  sont  optiquement  équiva- 
ments  quand  ils  comprennent  le  même  nombre  de  lon- 
gueurs d'onde  ;  ils  sont  parcourus  par  la  lumière  dans  le 
même  temps  ;  ainsi  le  parcours  BC  dans  l'air  et  le  par- 
cours AT  dans  le  verre  sont  optiquement  équivalents  ;  on 
a  entre  un  chemin  x  parcouru  dans  l'air  et  un  chemin  e 
optiquement  équivalent  parcouru  dans  le  verre  la  relation 
x=zne  dont  on  fait  un  usage  constant  en  physique.  La 
construction  d'Huygens  (V.  Construction)  est  une  appli- 
cation de  la  théorie  des  ondulations  à  la  réfraction  des 
rayons  lumineux. 

Comme  on  le  voit,  cette  théorie  se  prête  aussi  bien  à 
l'explication  des  phénomènes  de  la  réflexion  et  de  la  ré- 
fraction que  la  théorie  de  l'émission.  Mais,  de  plus,  elle 
permet  d'expliquer  beaucoup  plus  simplement  des  phéno- 
mènes plus  déhcats,  tels  que  ceux  de  la  diffraction  et  de 
la  polarisation  (V.  ces  mots).  Pour  les  phénomènes  de 
polarisation,  on  admet  que  les  vibrations  de  l'éther,  dont 
nous  avons  parlé  plus  haut,  sont  perpendiculaires  à  la 
direction  de  la  propagation  de  la  lumière,  mais  dans  des 
azimuths  quelconques  quand  cette  dernière  n'est  pas  pola- 
risée. Au  contraire,  dans  la  lumière  polarisée,  la  vibration 
se  fait  dans  un  plan  unique  (polarisation  rectiligne)  ou 
dans  deux  pians  rectangulaires  avec  des  différences  de 
phases  (polarisation  elliphque).  A.  Joannis. 

IL  Mathématiques.  ~  On  appelle  points  d'ondula- 
tion d'une  courbe  les  points  d'inflexion  non  apparents, 
c.-à-d.  ceux  où  la  tangente  a  un  contact  d'ordre  impair 
avec  la  courbe. 
m.  Céramique  (V.  Céramique,  t.  IX,  p.  1188). 
ONEGA.  L  Lac.  —  Lac  de  Russie  (gouv.  d'OIonets),  à 
L27  kil.  N.-E.  du  Ladoga,  entre  60^  m'-6'^''  5^2'  lat.  N.  et 
:U"  r)3'-34«  20^  long.  E.,  35  m.  d'alt.,  second  lac  d'Europe 
par  ses  dimensions  (après  le  Ladoga),  dix-huit  fois  plus  grand 
(jue  le  Léman.  Longueur  extrême,  235  kil.;  largeur  ex- 
trême, 84  kil.  Superficie  totale,  environ  10.000  kil.  q. 
Son  bassin  est  évalué  à  70.000  kil.  q.  Les  rives  de  l'Onega 
offrent  deux  caractères  bien  distincts  que  sépare  nettement 
une  ligne  tracée  de  l'embouchure  de  la  Vodla  à  Petroza- 
vodsk. Au  S.,  elles  sont  uniformes  et  à  peine  découpées 
par  de  légères  indentations  ;  au  N. ,  où  l'action  glaciaire 
s'exerça  jadis  plus  activement,  elles  sont  sinueuses  et  pré- 
sentent de  nombreuses,  profondes  et  étroites  échancrures 
ayant  une  direction  générale  N.-N.-O.-S.-S.-E.  La  rive 
occidentale  du  lac,  au  N.  de  Petrozavodsk,  est  plus  parti- 
culièrement tourmentée.  On  remarque  notamment  la  baie 
de  Petrozavodsk,  celle  de  Kondopajsk,  de  Lijemsk,  d'Ou- 
nitsa,  de  Vehkaia  et  de  Povenets.  Les  baies  d'Ounitsa  et 
de  Povenets  forment  la  presqu'île  de  Zaonéjié. 

Les  îles  sont  nombreuses  et  toutes  situées  dans  la  par- 
tie septentrionale  du  lac  ;  la  plus  importante  est  celle  de 
Klimenskii  dont  la  population  est  assez  forte.  Les  rives 
méridionales  de  l'Onega  sont  basses  et  marécageuses,  sur- 
tout dans  les  environs  de  la  Vytegra  ;  les  rives  orientales 
sont  sablonneuses,  tandis  qu'au  N.  et  à  l'O.  elles  sont  cou- 
vertes de  forêts. 

Le  lac  Onega  reçoit  plusieurs  affluents  importants  :  la 
Vodla,  l'Aiidoma,  la  Vytegra,  et  de  nombreux  tributaires 
qui  prennent  leur  source  dans  les  lacs  environnants.  Un 
seul  affluent,  la  Svir,  porte  toute  cette  masse  d'eau  dans 
le  lac  Ladoga.  L'Onega  est  très  profond;  au  N.  de  Petro- 
zavodsk, la  sonde  atteint  124  m.  Climat  froid  ;  le  lac  est 
gelé  de  la  mi-décembre  à  la  mi-mai. 

Les  premiers  bateaux  russes  qui  parurent  sur  le  lac 
sont  probablement  venus  de  Novgorod.  Sous  Pierre  le 
Grand,  l'Onega  acquit  une  grande  importance  au  point  de 


ONEGA  —  ONESANDER 


39^2 


vue  commercial  et  devint  la  grande  voie  de  communication 
entre  Arkhangelsk  et  la  Neva.  De  nombreux  projets  de 
route  passant  par  le  lac  Onega  et  reliant  sans  interrup- 
tion la  mer  Blanche  avec  la  mer  Balticjue  ont  été  étudiés, 
mais  aucun,  jusqu'à  présent,  n'a  éié  réalisé.  Le  lac  est 
riche  en  poissons  :  saumons,  lavarets,  lottes,  brochets. 
Le  commerce  de  l'Onega  consiste  principalement  en  bois 
et  en  fonte  qu'on  exporte  à  Saint-Pétersbourg  ;  l'impor- 
tation comprend  surtout  les  céréales.  La  navigation  de 
transit  se  fait  par  le  canal  de  l'Onega  qui  longe  la  rive 
méridionale  du  lac  et  qui  fait  partie  du  système  de  navi- 
gation vers  Mariinskaia. 

H.  Fli^uvi:.  —  Fleuve  de  Russie  traversant  les  gouv. 
d'Olonets  et  d'Akhangelsk.  Il  prend  naissance  dans  le  lac 
Latcha, suit  d'abord  une  directionN.-N.-E. puis  tourne  vers  le 
N.-N.-O.  et  sejettedansle  golfe  d'Onega.  Longueur,  398  kil. 
(d'api'ès  Tillo);  largeur,  i250  à  300  m.  dans  son  cours 
supérieiu'  ;  l  kil.  i/2  et  plus  vers  l'embouchure.  Des  ra- 
pides (au  nombre  de  cinq)  entravent  la  navigation  qui  n'existe 
(|ue  dans  le  cours  inférieur,  ou  des  navires  étrangers 
viennent  chercher  des  planches  provenant  des  scieries  éta- 
blies sur  le  fleuve.  L'Onega  se  divise  à  son  embouchure 
en  deux  bras  formant  un  delta  (ile  de  Kio).  Le  bras  occi- 
dental est  le  plus  profond.  Principaux  affluents  :  Voloksa, 
Kéna,  Mocha.  Pèche  du  saumon. 

Ul.  OoLFE.  —  Golfe  formé  par  la  partie  la  plus 
méridionale  de  la  mer  Blanche.  Longueur,  environ  160  kil.; 
largeur  extrême,  75  kil.  Borné  au  N.  par  les  lies  Solovetz- 
kii.  Le  golfe  de  l'Onega  reçoit  dans  sa  partie  méridionale 
le  fleuve  dont  il  porte  le  nom.  Autres  affluents  :  Souma, 
Vyg,  Chonia  et  Kem.  Les  îles  qui  parsèment  le  golfe  sont 
généralement  disposées  au  large  de  la  côte  occidentale  : 
îles  Onejskiiéà  l'embouchure  de  l'Onega,  île  Kio.  Le  golfe 
est  peu  profond  ;  au  S.  des  îles  Solovetzki,  où  la  sonde 
descend  le  plus  bas  :  elle  n'atteint  généralement  pas 
plus  de  80  m.  '  Mar.  C. 

ONEGLIA.  Ville  d'Italie,  prov.  de  Port -Maurice,  sur  le 
golfe  de  Gènes,  à  l'embouchure  de  l'Impero,  que  franchis- 
sent deux  ponts  de  fer  de  d06  m.  de  long;  9.000  hab. 
Bains  de  mer,  petit  port  (mouvement  42.300  tonnes  en 
1894).  Commerce  de  fruits  et  pâtés.  Patrie  d'Andréa 
Doria. 

ONEIDA.  Lac  des  Etats-Unis  (New  York),  199  kil.  q. 
Il  s'écoule  à  l'E.  par  VOneida,  lequel,  uni  au  Seneca,  prend 
le  nom  d'Oswego.  Il  est  très  poissonneux.  Au  point  où  le 
canal  Erié  sort  du  lac  est  la  ville  d'Oneida  (6.083  hab.  en 
1890)  renommée  pour  son  houblon.  A  o  kil.  les  Perfection- 
nistes ont  fondé  là  communauté  anarchiste  d'Oneida.  Ce 
nom  d'Oneida  était  celui  d'une  tribu  indienne  de  la  confé- 
dération des  Iroquois  (V.  ce  mot),  dont  les  débris  vivent 
<lans  l'agence  de  Green  Bay  (Etat  de  Wisconsin)  au  nombre 
de  '1.716  personnes  (en  1890). 

O'NEILL.  Famille  irlandaise  qui  a  fourni  des  rois  à 
l'Irlande  pendant  cinq  cents  ans  (V.  Irlande,  t.  XXI, 
p.  956). 

O'NEILL  (Sir  Turlough  Luineach),  lord  de  Tyrone,  né 
vers  1530,  mort  en  sept.  1595.  Très  lié  avec  son  cousin, 
le  fameux  Shane  O'Neill  (V.  Irlande,  t.  XXI,  p.  960), 
il  essaya  de  le  supplanter,  comme  chef  de  clan,  pendant 
sa  détention  en  Angleterre  (1562).  Il  ne  réussit  qu'à  s'at- 
tirer le  mécontentement  de  Shane,  et  le  gouvernement 
anglais  exploita  à  son  profit  la  froideur  des  deux  pa- 
rents. Cependant  Turlough  fit  sa  paix  avec  son  cousin, 
il  s'allia  avec  O'Donnell  et  fit  des  avances  aux  clans 
des  Mac  Donnell  et  des  Mac  (Juilliii.  Inquiets,  les  Anglais 
essayèrent  de  l'arrêter,  mais  il  déjoua  leurs  intrigues 
(1568).  En  1572,  il  s'oppose  au  plan  du  comte  d'Essex 
(pii  feignait  une  expédition  contre  l'Ecosse  ahn  d'envahir 
l'Antrim.  Elisabeth  ordonne  de  pénétrer  dans  le  Tyrone. 
Turlough  souffrit  beaucoup  dans  ses  intérêts,  mais  il  dé- 
ploya de  telles  qualités  diplomatiques  que  l'expédition 
anglaise  put  être  considérée  comme  un  échec.  Un  traité 
de  paix  fut  signé  le  27  juin  1575.  En  1579,  O'Neil  reprit  les 


armes,  car  il  était  toujours  mécontent  et  réclamait  sans 
cesse  de  nouvelles  concessions,  et  les  Anglais,  fort  occupés 
ailleurs,  furent  bien  aise  de  traiter  avec  lui  à  Benburb  en 
sept.  1580=  En  1583,  il  envahissait  le  Tyrronnel  parce 
(pi'on  ne  lui  avait  pas  donné  les  satisfactions  promises. 
Mais  il  fut  battu  par  O'Donnell  à  Drumleen.  Le  gouver- 
nement anglais  ne  pouvant  le  réduire  par  la  force  réussit 
à  le  brouiller,  pour  des  questions  de  titres  et  de  propriétés, 
avec  le  comte  de  Tyrone.  Il  s'ensuivit  une  série  de  ba- 
tailles où  les  deux  adversaires  s'affaiblirent  mutuellement. 
Tyrone  finit  par  l'emporter.  Turlough  fut  alors  protégé 
par  l'Angleterre  ;  mais  en  1594,  bien  qu'il  fût  fort  âg-è, 
ses  instincts  batailleurs  reprirent  encore  le  dessus; 
Tyrone  finit  par  raser  son  château  de  Strabane,  et  il  fut 
forcé  de  se  réfugier  dans  une  ruine  voisine,  où  il  mourut. 

R.  S. 
O'NEILL  (SirPhelim),  patriote  irlandais,  né  vers  1604, 
mort  en  1653.  Fils  du  précédent,  il  lit  partie  de  la  Chambre 
des  communes  irlandaise  en  1641.  La  même  année  il  en- 
tra, avec  passion,  dans  le  complot  du  comte  d'Antrim, 
consistant  à  créer  une  diversion  en  Irlande  en  faveur  de 
Charles  P'\  Phelim  s'empara  du  château  de  Charlemont 
(22  oct.),  lança  une  proclamation  au  peuple  et  fut  nommé 
commandant  en  chef  des  armées  du  Nord.  Il  lut  le  4  nov. 
à  Newry  une  (communication  qu'il  disait  tenir  du  roi,  mais 
([u'il  avait  fabriquée  avecRory  Maguire.  Le  roi  y  autori- 
sait formellement  les  Irlandais  à  se  soulever  contre  lePar- 
ment  pour  la  défense  de  leurs  libertés.  Cependant  ce  ma- 
nifeste produisit  une  immense  émotion  Le  15  nov.  O'Neill 
s'emparait  de  Lurgan,  mais  le  28,  il  subissait  une  grave 
défaite  à  Lisburn.  Il  marcha  alors  au  N  -0.  et  prit  Stra- 
bane où  il  s'établit  fortement.  En  janv.  ^1642,  il  vint 
participer  au  siège  de  Drogheda.  Il  fut  obligé  après  quelques 
mois  d'efforts  inutiles,  de  se  retirer  à  Armagh  à  cause  de 
l'approche  d'Ormonde,  et  de  battre  ensuite  en  retraite  sur 
Charlemont.  Le  16  juin  1641,  il  était  battu  à  Glenmaquin 
après  une  énergique  résistance  ;  il  défendit  désespérément 
le  passage  du  Blackwater.  Il  se  retira  à  Fort  Montjoy  et 
après  sa  prise  (26  juin)  revint  à  Charlemont»  Il  n'avait 
plus  de  ressources,  plus  de  munitions  et  ses  troupes  se 
rebellaient.  Owen  Roe  O'Neill  vint  à  son  secours,  mais  lui 
enleva  le  commandement  général.  Il  en  résulta  entre  les 
deux  parents  une  froideur  très  favorable  aux  intérêts  an- 
glais. Le  6  août  1650,  après  une  défense  courageuse,  Phelim 
fut  obligé  de  capitulera  Charlemont.  Il  put  s'échapper  et 
se  cacha  dans  une  petite  île  du  comté  de  Tyrone.  Trahi 
par  un  de  ses  parents,  Philip  Roe  Mac  Hugh  O'Neill,  il 
fut  capturé  en  févr.  1653,  jugé  par  la  haute  cour  de 
justice  de  Dublin,  condamné  comme  traître  et  exécuté  le 
10  mars. 

Son  tils,  Gordon,  mort  en  1704,  fut  lord  lieutenant  du 
Tyrone  en  1689,  leva  un  régiment  pour  la  cause  royale, 
fut  blessé  au  siège  de  Derry,  combattit  à  La  Boyne  et  à 
Anghrim  ;  passa  ensuite  en  France  où  il  devint  colonel  du 
régiment  d'infanterie  irlandaise  de  Charlemont.  avec  lequel 
il  combattit  jusqu'à  la  paix  de  Ryswick.  R.  S. 

O'NEILL,  comte  de  Tyrone  (V.  ce  nom). 
ONEIZAH.  Ville  d'Arabie,  prov.  du  Kacim,  au  N.  du 
Nedjd,  sur  l'Ouadi  el  Roumem.  Huberlui  donne  (en  1880) 
20.000  hab.  Ce  fut  longtem})s  la  cité  la  plus  commer- 
çante de  l'Arabie  intérieure.  Elle  possède  encore  sa  double 
enceinte  et  se  divise  en  sept  quartiers.  Elle  exporte  vers 
le  golfe  Persique  surtout  des  chevaux  et  des  dattes. 
ONtKOTAN  (île)  (V.  Kouriles). 
ON EONTA.  Ville  des  Etats-Unis  (New  York),  sur  le  Sus- 
quehanna;  6.272  hab.  (en  1890).  Houblon.  Ateliers  de  ch 
de  fer. 

ONEOS  (V.  Coiffure,  t.  XI,  p.  855). 
ONESANDER  ('Ovdaavôpoç,  ou  plutôt 'Ovriaavôpoç), 
philosophe  platonicien,  contemporain  de  l'empereur  Néron. 
Il  avait  écrit,  au  témoignage  de  Suidas,  des  Com- 
mentaires sur  la  république  de  Platon.  Nous  avons  de 
lui   un  STpaxTjyixô;  Xdyo;,   compilation   sur  l'art   de  la 


—  898 


ONESANDER  —  ONGLET 


guerre,  qui  témoigne  de  peu  de  connaissances  pratiques, 
mais  qui  est  précieuse  à  cause  des  sources  grecques  o'a 
l'auteur  a  puisé.  Ce  livre  a  été  traduit  en  français  :  par 
Jehan  Charrier,  à  la  suite  de  Y  Art  de  la  guerre  de  Ma- 
chiavel (Paris,  1546,  in-fol.)  ;  par  Biaise  de  Vigenère 
(Paris,  1605,  in- 4);  par  Charles  Guischardl,  avec  des  re- 
marques intéressantes  {Mémoires  militaires  sur  les  Grecs 
et  les  Romains  (La  Haye,  1758,  2  vol.  in-4)  ;  par  leha- 
ron  de  Zur-Lauben,  dans  l'édition  de  Schwebel  ;  par  Co- 
ray,  avec  le  texte  grec  (Paris,  1822,  in-8).    A. -M.  D. 

BuîL.  :  Ed.  princcps  ])ai'  Nicolas  Eigauli',  Paris,  ITiOS, 
in-H  ;  éd  N.  Schwkbkl.  Nureniborp-,  1712,  in-f'ol  ;  éd. 
KoRAÏ.=:,  Paris,  1822;  éd.  H.  Kn:ciiLY,  Leipzi.u',  1800. 

ONESSE-et-Laharie.  Com.  du  dép.  des  Landes,  arr. 
de  Mont-de -Marsan,  cant.  de  Morcenx  ;  1.887  hab. 

ONESTO  DA  BoLOGNA,  poète  lyrique  italien  des  xrn^  et 
XTV^  siècles.  Tout  ce  qu'on  sait  de  lui  est  qu'il  éîait  de 
Bologne  et  qu'd  vivait  encore  en  J801  ;  il  est  donc  un  peu 
plus  jeune  que  Guittone  d'Arezzo  et  Cino  da  Pistoia,  avec 
qui  il  entretint  une  correspondance  poétique.  Il  appartient 
à  l'école  métaphysique  dont  (luido  Guinicelli  est  le  chef; 
l'obscurité  de  ses  vers  tient  donc,  non  seulement 
à  l'état  défectueux  où  ils  nous  sont  parvenus,  mais 
aussi  au  dessein  arrêté  de  l'autt^ur  de  n'être  pas  entendu. 
Il  reste  de  lui  deux  chansons,  une  ballata  et  onze  son- 
nets. 

BiiJL.  :  Nannucci.  Mununle  dcllu  leit.  Uni.  del  primo 
.sccoio.  I.  153.  —  Gasi'Arv,  Stor'ia  dellu  lett.  ital.,  I,  92. 

ONET-le-ChAteau.  Com.  du  dép.  de  l'Aveyron,  arr.  et 
cant.  de  Rodez;  944  hab. 

ON  EUX.  Com.  du  dép.  de  la  Somme,  arr.  d'Al)bevilIe, 
cant.- de  Nouvion;  508  hab. 

ONGANIA  (Ferdinando),  éditeur  italien,  né  à  Venise  en 
1842.  L'un  des  membres  les  plus  entreprenants  et  les  plus 
renommés  de  sa  corporation,  il  s'est  fait  surtout  une  spé- 
cialité des  publications  de  luxe  concernant  l'histoire  de 
l'art  dans  la  Vénétie,  comme  la  Basitica  di  San  Marco, 
l  camini  di  VeneyJa,  Calli  e  Canali.  etc. 

0N6AR0  (Fr.  Dali')  (1808-78)  (V.  Datx'Onc.aro). 

ONGIO  Ola  (Mont)  (V.  In-Chan). 

ONGLE.  L  Anatomie  etPhysiolocii-..  — L'ongle  est  une 
lame  cornée  recouvrant  les  deux  tiers  inférieurs  du  dos  de  la 
phalangette  des  doigts  et  des  orteils.  C'est  une  production 
épidermique  analogue  aux  plumes,  aux  poils,  aux  cornes  des 
animaux.  lynchasse  dans  un  repli  du  derme  en  arrière  et 
sur  les  côtés,  libre  en  avant,  l'ongle  représente  un  seg- 
ment de  cylindre  allongé,  à  courbure  transversale  nette- 
ment accusée.  Sa  forme,  sa  longueur,  sa  coloration,  sa  con- 
sistance, etc.,  varient  avec  les  individus,  les  races,  les  pro- 
fessions et  aussi  les  états  pathologiques.  La  surface  de  l'ongle 
est  lisse,  polie,  rosée  par  transparence,  sauf  au  niveau  de 
la  partie  antérieure  libre,  qui  est  blanc  grisâtre,  et  de  la 
partie  postérieure  opaline  ou  lunule.  On  distingue  à  l'ongle 
une  racine  qui  comprend  la  lunule,  un  corps  qui  présente 
des  sillons  parallèles  sur  sa  convexité,  des  crêtes  diver- 
gentes sur  sa  concavité  et  une  partie  libre  qui  dépasse  la 
pulpe  du  doigt  si  on  n'arrête  sa  croissance.  L'organe  pro- 
ducteur de  l'ongle  est  le  derme  unguéal.  Arrivé  au  niveau 
de  l'ongle,  le  derme  se  plisse  et  se  retourne  en  haut,  c'est 
le  manteau  de  l'ongle  ou  derme  sus-unguéal  ;  dès  que  ce 
repli  profond  atteint  une  certaine  hauteur,  il  se  replie  de 
nouveau  en  bas,  formant  la  rainure  de  l'ongle  et  va  s'éta- 
ler sur  la  face  dorsale  de  la  phalangette  :  lit  de  l'ongle. 
L'épiderme  recouvre  ces  parties  :  au  niveau  du  premier 
angle,  il  est  très  abondant  et  donne  un  repli  considérable  : 
le  périonyx  ;  au  niveau  du  second,  il  donne,  par  sa  couche 
profonde,  la  partie  muqueuse  de  l'ongle,  et  par  sa  couche 
superficielle,  il  forme  la  couche  cornée,  qui  viennent  se  cou- 
cher sur  le  lit  de  l'ongle. 

L'ongle  apparaît  dès  le  troisième  mois  de  la  vie  fœtale 
et  se  forme  par  la  prolifération  des  cellules  muqueuses  du 
repli  de  la  matrice,  qui  bientôt  se  chargent  de  kératine 
repoussant  les  cellules  préformées  et  étant  repoussées  par 
celles  qui  viennent  ensuite.  La  vascularisation  du  derme 


unguéal  est  très  riche  ;  on  y  trouve  un  réseau  planiforme 
d'où  partent  des  houppes  vasculaires  pour  le  manteau,  la 
matrice  et  le  lit.  Les  lymphatiques  y  sont  ti'ès  abondants 
à  la  périphérie,  les  nerfs  y  sont  aussi  nombreux. 

L'ongle  constitue  la  griife  des  animaux,  et,  à  mesure  que 
le  nombre  des  doigts  diminue,  il  tend  à  les  envelopper  com- 
plètement (ongles  de  la  chèvre,  du  bœuf;  sabot  du  cheval). 
Les  ongles  ont  pour  fonction,  en  soutenant  la  pulpe  du 
doigt,  d'augmenter  la  délicatesse  du  tact  ;  chez  les  animaux, 
ils  sont  surtout  des  moyens  d'attaque  et  de  défense. 

IL  Pathologie.  —  La  pathologie  des  ongles  est  extrême- 
ment étendue  ;  elle  comprend  les  maladies  produites  par 
des  traumatismes  de  toute  nature  (décollement  de  l'ongle, 
panaris  unguéal  et  sous-unguéal,  onyxis  et  périonyxis  de 
cause  externe,  ongle  incarné)  ;  la  présence  de  parasites 
{faims,  tricophyte)  ;  les  maladies  professionnelles  (usure, 
changement  de  coloration)  ;  les  affections  unguéales  qui 
résultent  de  diverses  maladies  aiguës  (fièvre  typhoïde, 
fièvres  èruptives)  ou  chroniques  (diabète,  tuberculose, 
lèpre,  syphilis,  dermatoses,  telles  que  le  psoriasis, 
l'eczéma,  l'ichtyose.  etc.)  ;  en  dernier  lieu,  les  affec- 
tions propres  aux  ongles  (hypertrophie,  atrophie,  lano- 
malies  de  coloration,  inflammation  de  la  matrice  unguéale 
ou  onyxis  et  périonyxis)  qui  peuvent  être  parfois  purement 
locales  et  exister  en  dehors  de  toute  diathèse.       H.  F. 

III.  Malacologie.  —  Ongle  odorant  (V.  Blatte  [III]). 

ONGLE  (Blas.).  S'applique  aux  animaux  dont  les  ongles 
sont  d'un  émail  différent.  Synonyme  iVarmé.  On  dit,  par 
exemple,  qu'un  lion  est  ongle  et  langue  de  gueules  ou 
bien  qu'il  est  armé  et  lampassé  de  gueules. 

ONGLES.  Com.  du  dép.  des  Basses-Alpes,  arr.  de 
Forcalquier,  cant.  de  Saint-Etienne;  616  hab. 

ONGLET.  I.  Menuiserie.  —  On  donne  le  nom  d'onglet  à 
l'extrémité  d'une  pièce  de  bois,  moulurée  ou  non,  coupée 
sous  un  angle  de  45°  par  rapport  à  son  axe  longitudinal. 
La  coupe  d'onglet  s'emploie  notamment  dans  les  pièces 
moulurées,  telles  que  cadres  de  tableaux  ou  déglaces,  en- 
cadrement de  portes,  etc.  A  l'aide  de  deux  coupes  d'onglet 


on  enlève  une  partie  triangulaire  C,  et  en  faisant  pivoter 
la  partie  A  de  90°,  on  obtient  une  moulure  qui  se  retourne 
à  angle  droit  et  dont  les  lignes  se  raccordent  rigoureuse- 
ment. Pour  éviter  un  traçage  souvent  inexact,  on  emploie 
la  Imte  d'onglet,  sorte  de  gouttière  en  bois  dans  laquelle 
on  place  la  pièce  à  découper  et  dont  les  parois  verticales 
portent  des  entailles  à  45°,  qui  servent  de  guide  à  la  lame 
de  scie.  On  obtient  ainsi  un  travail  toujours  réguHer. 

IL  Géométrie.  —  L'onglet  sphérique  est  la  portion  du 
volume  de  la  sphère  comprise  entre  deux  plans  passant 
par  un  même  diamètre.  Le  volume  d'un  onglet  est  pro- 
portionnel à  l'angle  dièdre  formé  par  les  deux  plans,  si 
bien  que  si  a  représente  l'angle  rectiligne  qui  correspond 
à  ce  dièdre,  l'angle  droit  étant  pris  pour  unité,  le  volume 

(X 

de  l'onglet  a  pour  expression  tj  ::  B-^,  en  appellant  B  le 

a 

rayon  de  la  sphère;  on  peut  encore  l  écrire  --   tt:  D'\  en 

fonction  du  diamètre.  ^^ 


ONGLET  —  ONGUENT 


-  394 


m.  Reliure  (V.  Reliure). 

IV.  Botanique  (V.  Corolle,  t.  XIÏ,  p,  1018. 

V.  Art  vétérinaire.  —  L'onglet  est  l'engorgement  du 
corps  clignotant  de  l'œil  du  cheval.  L'œil  affecté  d'onglet 
est  enflammé,  larmoyant,  presque  constamment  fermé.  La 
conjonctive  est  rouge,  et  si  Tinflammation  n'est  pas  en- 
rayée dans  sa  marche,  elle  peut  gagner  la  cornée  trans- 
parente et  déterminer  des  trouhles  profonds  de  la  vision 
et  même  la  cécité.  L.  Garnier. 

ON 6 Ll ÈRES.  Com.  du  Jura,  arr.  de  Poligny,  cant.  de 
Nozeroy;  187  hah. 

ONGLOUS  (Isthme  des)  (V.  Hérault,  t.  XIX,  p.  1139). 

ONGUENT  (Pharm.).  Médicament  pour  l'usage  ex- 
terne, formé  de  corps  gras  et  de  résines.  Dans  les  pharma- 
copées étrangères,  on  désigne  sous  le  nom  de  unguentiim 
des  médicaments  externes  de  consistance  molle,  pouvant 
s'étaler  facilement,  quelle  que  soit  leur  base  (graisse,  lano- 
line, glycérolé  d'amidon,  huile  et  cire,  etc.).  Le  nom  d'on- 
guent s'applique  encore,  dans  un  sens  conforme  à  l'étymo- 
\og\Q{unguere,  oindre)  à  de  véritables  pommades  (onguents 
citrin,  napolitain,  populeum,  de  laurier,  etc.),  à  des  em- 
plâtres (ongueiît  de  la  Mère,  onguent  Canet,  etc.)  et  même 
à  un  acétomellite  (onguent  ^gyptiac).  Si  on  ajoute  que 
certains  portent  le  nom  de  baume  (baume  d'Arcaeus),  on 
verra  qu'il  existe  une  certaine  confusion  de  termes.  Néan- 
moins, en  s'en  tenant  à  la  définition  stricte  du  mot  onguent, 
la  classe  de  médicaments  ainsi  établie  peut  se  diviser  en 
deux  groupes  :  1*^  les  onguents  proprement  dits,  à  con- 
sistance de  pommade  ;  2°  les  onguents-emplâtres,  à 
consistance  d'emplâtre,  mais  se  distinguant  de  ceux-ci  par 
l'absence  de  sels  de  plomb. 

Le  mode  de  préparation  est  le  même  pour  les  deux 
groupes.  On  commence  par  faire  fondre  les  substances,  en 
commençant  par  les  moins  fusibles,  on  passe  la  masse 
fondue  à  travers  une  toile,  on  agite  jusqu'à  refroidisse- 
ment. S'il  entre  dans  la  composition  de  l'onguent  des 
substances  volatiles,  on  les  ajoute  à  la  fin  de  l'opération. 
Quand  on  doit  y  incorporer  des  poudres,  elles  doivent  être 
fines  et  ajoutées  à  l'aide  d'un  tamis  clair,  au  moment  du 
refroidissement.  Les  gommes-résines  seront  liquéfiées  dans 
la  térébenthine,  s'il  en  entre  dans  la  composition  de  l'on- 
guent, ou  bien  elles  seront  délayées  dans  l'eau  chaude  par 
digestion,  ou  de  préférence  dissoutes  dans  l'alcool  à  60*^  ; 
le  produit  sera  évaporé  en  consistance  d'extrait  mou  et 
incorporé  à  l'onguent  par  trituration. 

Onguents  proprement  dits.  —  Nous  citerons  comme 
exemples,  outre  les  digestifs  (V.  ce  mot),  les  onguents 
suivants  : 

Onguent  basiliciim  (onguent  royal  ou  tétrapharmacum) 
Poix  noire 100  gr. 


Colophane  .  . . 
Cire  jaune. . . 
Huile  d'olive. 


100 
100  — 
400  - 


Faire  hquéfier  à  une  douce  chaleur  les  substances  ci- 
dessus,  en  commençant  par  les  deux  premières,  passer  à 
travers  une  toile,  agiter  jusqu'à  refroidissement.  En  Alle- 
magne on  emploie,  au  lieu  de  poix  noire,  le  suif  et  la  téré- 
benthine. L'onguent  possède  dans  ce  cas  une  couleur 
jaune. 

Onguent  d'Althœa 

Huile  de  fenugrec 8.000  gr. 

Cire  jaune 2 .  000  ~ 

Résine  jaune 1 .  000  — 

Térébenthine  du  mélèze 1 .  000  — 

Fondre  ensemble  les  trois  premières  substances,  ajouter 
la  térébenthine,  passer  et  agiter  jusqu'à  refroidissement. 
Le  nom  à'Althœa  vient  de  ce  qu'autrefois  il  entrait  dans 
la  composition  de  ce  médicament  de  V huile  de  mucilage 
obtenue  en  évaporant  au  contact  de  l'huile  une  décoction 


mucilagineuse  de  guimauve  (Althœa  ojjicinalis) ,   graine 
de  lin  et  fenugrec. 

Onguent  d'Arcœus 

Suif  de  mouton 200  gr. 

Résine  élémi lf»0  — 

Axonge '. 100  — 

Térébenthine  du  mélèze d50  — 

Préparer  comme  le  précédent.  L'emploi  de  térébenthine 
du  mélèze,  non  siccative,  permet  d'obtenir  des  onguents 
ne  durcissant  pas. 

Onguents-emplâtres.  Citons  Vemplâtre-vésicatoire 
(V.  Cantharide)  et  les  deux  suivants  : 

Emplâtre  de  poix  de  Bourgogne 

Cire  jaune 1 .000  gr. 

Poix  de  Rourgogne 3 .  000  — 

Fondre  à  une  douce  chaleur,  passer,  agiter,  rouler  en 
gros  cylindres  {magdaléons),  en  malaxant  l'emplâtre  et 
le  roulant  sur  une  table  avec  les  mains  mouillées. 


Emplâtre  de  ciguë 

Galipot  (résine  de  pin) 

Poix  blanche  purifiée 

Cire  jaune 

Huile  de  ciguë 

Gomme- ammoniaque  purifiée . 


940  gr. 
440  - 
640  - 
130  - 
. .  500  — 
Feuilles  fraîches  de  ciguë 2.000  — 

On  fait  fondre  à  une  douce  chaleur  les  quatre  premières 
substances,  on  ajoute  les  feuilles  de  ciguë  contusées  ;  on 
chauffe  jusqu'à  dissipation  de  l'eau  de  végétation,  on  passe 
à  la  presse.  On  sépare  le  dépôt  après  refroidissement.  Dans 
la  matière  fondue  à  nouveau,  on  ajoute  la  gomme  ammo- 
niaque purifiée  (fondue  et  passée).  On  laisse  refroidir,  on 
roule  en  magdaléons.  Les  pharmacopées  étrangères  em- 
ploient, au  heu  de  feuilles  fraîches,  la  poudre  de  feuilles 
sèches  de  ciguë. 

Nous  devrions  nous  occuper  maintenant  de  médica- 
ments auxquels  on  a  conservé  à  tort  le  nom  d'onguents. 
Mais  la  liste  en  serait  trop  longue  ;  aussi  bien  quelques- 
uns  des  plus  importants  pourront-ils  figurer  à  l'article 
Pommade.  Nous  parlerons  cependant  ici  d'un  emplâtre 
bien  connu,  Vonguent  de  la  Mère  Thècle  (du  nom  de 
la  rehgieuse  de  l'flôtel-Dieu  qui  en  composa  la  formule) 

Onguent  de  la  i¥<^r<?  J(emplâtre  brûlé,  emplâtre  brun) 

Huile  d'olive 1 ,000  gr. 

Axonge,  beurre,  cire  jaune,  suif,  aa  . . . .  SOO  — 

Litharge 500  -- 

Poix  noire 100  — 

On  fond  ensemble  les  cinq  premières  substances  dans  une 
grande  bassine  de  cuivre  et  on  chauffe  jusqu'à  production 
de  fumées.  On  ajoute  par  parties  la  litharge  pulvérisée, 
en  agitant  avec  une  spatule  de  bois.  On  laisse  sur  le  feu 
jusqu'à  ce  que  la  matière  ait  pris  une  couleur  brun  foncé. 
On  ajoute  la  poix  noire  qu'on  fait  fondre  dans  la  masse. 
Après  refroidissement  presque  complet,  on  coule  la  masse 
dans  des  moules  de  papier. 

L'emploi  d'une  grande  bassine  est  nécessité  par  le  déga- 
gement de  gaz  :  acide  carbonique  provenant  de  la  litharge, 
qui  contient  toujours  du  carbonate  de  plomb,  et  gaz  inflam- 
mables résultant  de  la  décomposition  des  graisses  par  la 
chaleur  ;  il  s'est  formé  des  acides  gras,  de  la  vapeur 
d'eau,  des  carbures  d'hydrogène  et  de  l'acroléine,  produit 
de  déshydratation  de  la  glycérine.  L'action  de  la  chaleur 
sur  les  corps  gras  détermine  en  outre  la  formation  d'acide 
sébacique  et  d'acide  acétique.  Celui-ci,  combiné  avec  la 
litharge,  donne  de  l'acétate  de  plomb  qui  paraît  au  bout 
d'un  certain  temps  sous  forme  d'efïïorescence  blanche  à  la 
surface  de  l'onguent.  Cette  production  d'acide  acétique 


39?) 


ONGUENT  —  ONKELOS 


serait  plus  abondante  si  la  poix  noire  était  ajoutée  dés  le 
début  de  l'opération.  La  litharge  sature  les  acides  gras 
libres,  et  en  fait  des  savons  ou  sels  de  plomb.  La  chaleur 
agissant  sur  ceux-ci  donne  du  carbonate  de  plomb  et  des 
acétones  (stéarone,  oléone,  margarone,  etc.).  Telles 
sont  les  principales  réactions  de  cette  préparation  com- 
plexe. 

ONGULES  (Zool.).  On  désigne  sous  ce  nom  un  ordre 
ou  un  groupe  supérieur  de  Mammifères  qui  comprend  les 
Pachydermes  et  les  Ruminants  de  Cuvier,  et  qui  est  carac- 
térisé par  des  ongles  en  forme  à^  sabots,  c.-à-d.  épais  et 
enveloppant  complètement  les  phalanges  unguéales,  et 
des  membres  servant  exclusivement  à  la  marche,  par  suite 
dépourvus  de  clavicules.  Le  régime  est  ordinairement  ex- 
clusivement végétal;  quelques-uns  sont  omnivores  (Por- 
cins). Les  Ongulés  sont,  pour  la  plupart,  des  animaux  de 
grande  taille  et  renfermant  les  plus  grands  de  tous  les 
Mammifères  terrestres.  C'est  surtout  la  considération  des 
Ongulés  fossiles  qui  a  porté  les  naturalistes  à  abandonner 
l'ancienne  division  des  Ongulés  en  Pachydermes  et  Ru- 
minants (V.  ces  mots),  car  on  trouve,  dans  les  couches 
géologiques,  de  nombreux  passages  entre  ces  deux  groupes. 
Certains  mammalogistes  réunissent  tous  les  Ongulés  en  un 
seul  ordre;  d'autres  les  divisent  en  Périssodactyles  (à 
doigts  en  nombre  impair)  et  Artiodactyles  (à  doigts  m 
nombre  pair).  D'autres  encore,  et  particulièrement  les  pa- 
léontologistes, les  subdivisent,  à  l'exemple  de  Zittel,  en 
8  sous-ordres  :  Condylarthra,  Perissodactyla,  Artio- 
dactyla,  Amblypoda,  Proboscidea,  Joxodontia,  Typo- 
theria,  Hyracoidea  (V.  ces  mots).  Au  mot  Mammifères 
nous  avons  indiqué  la  classification  de  Milne  Edwards  qui 
admet  les  7  ordres  suivants  :  Proboscidiens,  Hyraciens 
(Damans),  Hippiens  (Chevaux),  Porcins,  Caméliens, 
Tî^aguliens  {Cheyroîdims)  et  Pécoriens  (Ruminants). 

ONIAS.  Nom  porté  par  différents  personnages  du  haut 
clergé  juif  à  l'époque  qui  sépare  Alexandre  des  Macchabées, 
—  Onias  P^,  fils  et  successeur  de  Jaddus  (Jaddoua), 
grand  pontife,  après  que  la  Palestine  fut  passée  sous  la 
domination  grecque.  —  Onias  II,  grand  pontife  vers 
250  av.  J.-C.,  fils  de  Siméon  le  Juste,  entra  en  conflit 
avec  Ptolémée  Evergète.  —  Onias  lll,  grand  prêtre  sous 
Séleucus  Philopator  et  Antiochus  Epiphane,  fils  de 
Siméon  II,  défendit,  dit-on,  les  trésors  du  Temple  contre 
l'avidité  du  roi  de  Syrie  ;  c'est  sous  son  pontificat  que  se 
produit  le  romantique  incident  d'Héliodore  fustigé  par 
les  anges.  Dépossédé  de  sa  haute  charge  après  des  luttes 
compliquées,  Onias  périt  assassiné  (171  av.  J.-C).  — 
Un  fils  de  ce  dernier,  Onias  IV,  dépossédé  du  pontificat 
par  ses  oncles  Jason  et  Ménélas,  se  réfugia  en  Egypte  et  y 
érigea,  à  LéontopoHs,  un  temple,  rival  de  celui  de  Jéru- 
salem, dont  il  fut  lui-même  le  grand  prêtre.  M.  Vernes. 
BiBL.  :  E.  ScHURER,  GescJdcfite  des  jùdischen  Volkes 
un  Zeitalter  Jesu  Christi  ;  Leipzig,  1886-90,  2"  éd.  — 
II.  Gr/Etz,  Histoire  des  Juifs  ;  Paris,  188 i,  t.  IL 

ONILAHY.  Fleuve  de  Madagascar  (V.  ce  mot,  t.  XXÏÏ, 
p.  904). 

ON  I IVI  US  (Ernest-Nicolas- Joseph),  médecin  français  con- 
temporain, né  à  Mulhouse  (Alsace)  le  6  déc.  1840.  Il  a 
commencé  ses  études  médicales  à  Strasbourg  et  les  a  ter- 
minées à  Paris,  où  il  a  été  reçu  docteur  en  médecine  en 
1866.  Elève  du  physiologiste  Charles  Robin,  il  est  l'auteur 
d'un  grand  nombre  de  mémoires  spéciaux,  parmi  lesquels 
nous  devons  citer  ceux  sur  V Emploi  de  la  photographie 
dans  les  mouvements  du  cœur  (1865-66);  de  la  Théo- 
rie dynamique  de  la  chaleur  dans  les  sciences  biolo- 
giques (4867);  de  V Emploi  de  V électricité  dans  diverses 
affections  nerveuses  {Gazette  des  Hôpitaux,  1868)  ; 
plusieurs  travaux  Sur  l'influence  des  courants  indirects 
(1873-74);  un  Guide  pratique  d' électrothérapie,  qui  a 
eu  plusieurs  éditions  ;  des  études  Sur  l'occlusion  des  ori- 
fices auriculi-ventriculaires  et  la  contractilité  arté- 
rielle (1865-68).  D^'  A.  Dureau. 

ONIROCRITIQUE  (V.  Divination,  t.  XIV,  p.  725). 


ONIROMANCIE  (V.DivfNATTON,  t.  XIV,  pp.  718  et 724). 
ONISCIA  (Malac).  Genre  de  Mollusques  Prosobranches 
édité  par  Sowerby  en  1824  :  coquille  oblongue  ou  ovale, 
épidermée,  aspire  peu  élevée  ;  ouverture  allongée,  étroite, 
échancrée  en  avant;  columelle  rectiligne.  bord  columel- 
laire  épaissi,  strié  ou  granuleux,  l'externe  réfléchi  et  plissé 
intérieurement.  Ex.  :  0.  oniscus  L.,  coquilles  ornées  de 
couleurs  brillantes  répandues  dans  la  mer  des  Antilles, 
sur  les  côtes  de  Chine  et  de  l'Amérique. 

ONISCUS  (Zool.).  Genre  type  d'une  famille  de  Crus- 
tacés Isopodes,  dont  les  espèces  vulgaires  portent  le  nom 
de  Cloporte  (V.  ce  mot).  Les  Oniscides  ont  la  première 
paire  d'antennes  rudimentaire  et  la  seconde  bien  déve- 
loppée ;  les  mandibules  sont  dépourvues  de  palpes  ;  l'ab- 
domen est  fait  de  six  segments  dont  le  dernier  peu  dé- 
veloppé ;  les  pattes  sont  conformées  pour  la  marche  ;  la 
lamelle  interne  des  fausses  pattes  est  membraneuse  et 
sert  à  la  respiration,  la  lamelle  externe,  plus  consistante, 
protège  la  première  contre  la  dessiccation  ;  elle  est  parfois 
(•reusée  de  lacunes  aérifères.  Ces  dispositions  de  l'appa- 
reil respiratoire  permettent  à  ces  Crustacés  de  ne  pas 
vivre  dans  l'eau  et  même,  à  certains  d'entre  eux,  de  vivre 
dans  des  lieux  très  secs.  Les  Oniscides  se  divisent  en  deux 
tribus:  l'^  les  Ligiines,  principaux  genres:  Ligia  (V.  ce 
mot),  litanethes,  genre  vivant  dans  les  cavernes;  Ligi- 
dium,  Tnchoniscus,  dont  quelques  espèces  vivent  dans 
les  grottes  ou  dans  les  fourmilières  ;  2*^  les  Oniscides, 
principaux  genres  :  Oniscus,  Porcellio,  Armadillo,  Pla- 
tyarthrus.  R.  Moniez. 

ON  lie  H  A.  Ville  de  l'Afrique  occidentale,  près  delà  rive 
gauche  du  bas  Niger  et  de  son  confluent  l'Amambara. 
Grâce  à  sa  position  à  moitié  chemin  du  confluent  de  la 
Rénoué  et  de  l'embouchure  principale  du  Niger,  Onitcha 
est  un  marché  important  pour  l'exportation  de  l'huile  de 
palme  et  des  noix  de  kola,  ainsi  que  par  ses  relations 
avec  l'extérieur. 

ONITIS  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Coléoptères  de  la 
famille  des  Scarabœides,  établi  par  Eabricius  {Entom. 
Syst.,  SuppL,  1798,  p.  25).  Ce  genre  diffère  surtout  des 
Bubas  par  la  présence  d'un  écusson.  Ce  sont  des  Insectes 
d'assez  grande  taille,  parés  de  couleurs  peu  brillantes,  et 
ayant  les  mêmes  habitudes  que  lesCoprides.  On  en  compte 
une  cinquantaine  d'espèces  appartenant  surtout  à  la  faune 
du  bassin  de  la  Méditerranée.  L'O.  0 livie ri IIW^.  mesure 
25  miilim.  de  long,  il  est  d'un  noir  brillant  et  se  trouve 
dans  toute  l'Europe  méridionale. 

ONJON.  Com.  du  dép.  de  l'Aube,  arr.  de  Troyes,  cant. 
de  Piney;  318  hab. 

ONKELOS.  Onkelos  est  le  nom  sous  lequel  le  Talmud 
deRabylone  désigne  Akylas  ou  Aquila  (V.  ce  mot),  l'au- 
teur d'une  traduction  grecque  de  la  Rible.  Mais  comme 
dans  un  passage  de  ce  Talmud  (Meguilla,  3  a),  on  a  rap- 
porté par  erreur  à  la  version  araméenne  du  Pentateuque 
une  notice  du  Talmud  de  Jérusalem  {Meguilla,  I,  9)  rela- 
tive à  la  traduction  grecque  d' Akylas,  on  a  cru  que  cette 
version  araméenne  était  l'œuvre  d'Onkelos.  C'est  ainsi  que 
les  élèves  du  grammairien  Menahem,  dans  leurs  Pie^onsfô-, 
parlent  déjà  du  Targoum  Onkelos.  Le  Talmud  de  Raby- 
lone  lui-même  ne  donne  jamais  ce  nom  au  Targoum  du 
Pentateuque,  qu'il  cite  fréquemment.  Dans  ces  derniers 
temps,  M.  Friedmann  a  essayé  de  démontrer  que  la  ver- 
sion araméenne  était  bien  d'Onkelos,  mais  son  opinion  n'a 
pas  prévalu.  Le  Targoum  attribué  à  Onkelos  était  la  ver- 
sion officielle  dont  on  se  servait  en  Rabylonie  à  l'époque 
lalmudique,  car  le  Talmud  l'appelle  notre  Targoum,  mais 
il  paraît  être  d'origine  palestinienne.  Le  dialecte  dans 
lequel  ce  Targoum  est  écrit  est  le  dialecte  de  la  Pales- 
tine, légèrement  modifié  par  la  prononciation  babylonienne, 
et  la  version  montre  des  traces  de  l'exégèse  des  docteurs 
de  la  Mischna.  Après  être  restée  longtemps  à  l'état  de 
tradition  orale,  la  traduction  araméenne  du  Pentateuque 
a  été  probablement  rédigée  au  m®  siècle  de  l'ère  vul- 
gaire. Elle  acquit  une  telle  importance  que  les  variantes  furent 


ONKELOS 


ONON 


396 


mises  en  marge  comme  pour  le  texte  original  et  qu'il  se 
forma  ainsi  une  massora  du  Targomn  qui  a  été  éditée  par 
MM.  Berliner  et  Landau er.  LeTargoum  0^A:^/o5  est  le  plus 
souvent  littéral,  il  ne  paraphrase  que  les  morceaux  poé- 
tiques. Comme  les  anciennes  versions,  il  évite  les  antro- 
pomorphismes.  Presque  toujours  il  s'accorde  avec  le  texte 
masorétique,  et  il  y  a  très  peu  de  variantes  à  en  tirer 
pour  le  texte  original. 

Le  Targoiun,  depuis  qu'il  fut  mis  par  écrit,  a  subi  peu 
de  modifications  en  ce  qui  concerne  le  texte  consonantique. 
Lorsque  les  points-voyelles  devinrent  usuels  (vers  le 
vii^  siècle),  le  Targoum  fut,  lui  aussi,  ponctué  et  naturelle- 
ment d'après  le  système  babylonien.  Les  Juifs  du  Yémen 
ont  conservé  ce  système  pour  le  Targoum.  Mais  dans  les 
pays  européens  cette  ponctuation  fut  remplacée  par  la 
ponctuation  palestinienne,  et  cette  transposition  ayant  été 
mal  faite,  la  vocalisation  des  manuscrits  européens  du 
Targoum  Onkelos  laisse  beaucoup  à  désirer.  On  a  pu  de  nos 
jours  rétablir  la  véritable  vocalisation  de  l'araméen  du 
Targoum,  grâce  aux  manuscrits  du  Yémen. 

La  première  édition  du  Targoum  Onkelos  a  paru  à 
Bologne  en  1482.  La  meilleure  est  celle  deSabionète  (1557), 
qui  a  été  reproduite  par  M.  Berliner  dans  son  édition  de 
1884.  Le  dialecte  à' Onkelos  a  été  étudié  spécialement  par 
Dalman  dans  sa  Grammaire  de  Varaméen  palestinien. 
Des  spécimens  du  Targoum,  d'après  les  manuscrits  yémé- 
nites,  ont  été  publiés  par  M.  Merx,  dans  sa  Chrestomathie 
targoumique.  L'histoire  du  Targoum  Onkelos  a  été  trai- 
tée surtout  par  M.  Berliner  dans  l'introduction  à  son  édi- 
tion. Parmi  les  recueils  d'explications  sur  le  Targoum 
Onkelos,  les  plus  importants  sont  ceux  de  Luzzatte  et  de 
Schefftel.  Mayer  Lambert. 

BiBL.  :  LuzzATTO.  Ohéb  Ger  ;  Vienne.  1830.  —  Bkrli- 
NER,  Massoî'a  zu^n  Targiun  Onkelos  ;  Berlin,  1877.  —  L.\n- 
DAUER,  Massora.  zum  fargum  Onkelos,  dsinsle  Letterbocle., 
années  VIII  et  IX  (1883-84);  Amsterdam.  —  Berliner,  TiW- 
fUnn  Onkelos  ;  Berlin,  1884,  2  vol.  —  Merx,  Chrestomathia 
Tarr/umica  ;  Berlin,  1888.  —Schefftel,  Scholien  zum,  Tar- 
gum  Onkelos,  publié  par  Joseph  Perlés  ;  Munich,  1888.  — 
Dalman,  Grammatik  des  jûdisch  palâstiniscfien  Ara- 
indisch  ;  Leipzig,  1894.  —  Friedmann,  Onkelos  und  Aky- 
las  ;  Vienne,  1895.  —  Barnstein,  The  Targum  of  Onkelos 
io  Genesis  ;  Londres,  1896. 

ONLAY.  Com.  du  dép.  de  la  Nièvre,  arr.  de  Château- 
Chinon,  cant.  de  Mouhns-Engilbert  ;  899  hab. 

ONNAING.  Com.  du  dép.  du  Nord,  arr.  et  cant.  (E«)de 
Valenciennes  ;  4.412  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  du  Nord. 
Mines  de  charbon  des  concessions  d'Anzin,  de  Crespin  et 
de  Marly.  Grands  établissements  métallurgiques,  compre- 
nant des  fonderies,  des  fabriques  d'appareils  de  mines, 
de  grosse  chaudronnerie,  de  tonneaux  en  tôle  galvanisée, 
d'ustensiles  de  ménage,  des  ateliers  de  constructions  mé- 
talliques eî  de  matériel  de  chemins  de  fer.  Brasseries  ; 
carrosserie;  bricpieterie;  sucrerie;  meunerie.  Fabriques 
de  chicorée,  de  faïence,  de  moutarde,  de  passementerie, 
de  pipes.  Eglise  avec  clocher  du  xvi®  siècle. 

ONNION  ou  ONION.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Savoie, 
arr.  de  Bonneville,  cant.  de  Saint-Jeoire  ;  865  hab. 

ONOBRISATES.  Peuplade  secondaire  de  l'Aquitaine, 
mentionnée  par  Pline,  impossible  à  localiser. 

ONOBRYCHIS  (Bot.)  (V.  Esparcette). 

ONOD.  Localité  de  Hongrie,  comitat  de  Borsod,  sur  le 
Sajo  ;  1.942  hab.  magyars.  Théâtre  de  la  défaite  des 
Hongrois  par  les  Mongols  en  d241.  En  4717,  Bakoczy  y 
tint  une  diète. 

ONOFRIO  DA  Messina  (V.  Gabriello). 

ONOLATRIE  (Belig.).  Adoration  de  l'âne  que  les  païens 
reprochèrent  aux  juifs,  puis  aux  chrétiens  ;  une  caricature 
du  Palatin  fait  allusion  à  cette  légende. 

ONOLSBACH  (V.  Ansbach). 

ONOMACRITE  ('Ovofj.àxptTo;)  d'Athènes,  poète  grec 
du  vi^  siècle.  Il  est  cité  parmi  les  auteurs  chargés,  suivant 
la  légende,  de  la  réunion  des  poèmes  d'Homère,  par  l'ordre 
de  Pisistrate.  Hérodote  le  cite  comme  auteur  d'oracles  ver- 


sifiés, et  raconte  même  qu'ayant  été  convaincu  par  Lasos 
d'Hermione,  le  maître  de  Pindare,  d'avoir  inséré  dans  les 
oracles  de  Musée  des  vers  de  son  cru,  il  fut  chassé  d'Athènes 
par  Hipparque.  Cela  n'empêcha  pas  Onomacrite  de  rester 
en  relations  d'amitié  avec  les  Pisistratides,  puisqu'il  les 
accompagna  à  Suse,  après  leur  expulsion,  et  contribua  à 
déterminer  Xerxès  à  la  guerre  contre  la  Grèce,  en  lui  com- 
muniquant des  oracles  favorables  aux  Perses.  H  semble 
bien  qu'Onomacrite  ait  reciieilH,  arrangé  et  complété  à 
sa  façon,  sans  doute,  les  vers  qui  couraient  sous  le  nom 
de  Musée.  Tous  les  savants  de  l'antiquité  lui  ont  également 
attribué  la  paternité  de  la  pUipart  des  vers  orphiques  qui 
avaient  tant  de  crédit,  et  qu'il  faut  bien  distinguer  des  hymnes 
orphiques  que  nous  possédons  (V.  Orphée).         A. -M.  D. 

ON  0  M  ARQUE,  général  grec  (V.  Phocide,  §  Histoire). 

ONOMASTICON  (Philol.).  Nom  donné  par  les  Grecs  à 
des  dictionnaires  groupant  les  mots  généralement  par 
ordre  de  matières  et  en  donnant  une  explication  avec 
détails  sur  la  synonymie.  Seul  VOnomasticon  de  Julius 
Pollux  nous  est  parvenu.  Ce  nom  a  été  également  donné 
aux  petits  poèmes  composés  pour  souhaiter  la  fête  anni- 
versaire de  la  naissance. 

ONOMATOMANCIE  (V.  Divination). 

ONOMATOPÉE  (du  grec  ovo|jLa,  nom,  etTiot^w,  faire), 
il  y  a  dans  toutes  les  langues  des  mots  dont  le  son  repro- 
duit un  bruit  propre  à  la  chose  dénommée,  ["comme  tic 
tac,  coucou  ;  on  dit  alors  que  ces  mots  sont  des  onoma- 
topées ou  doivent  leur  origine  à  l'onomatopée .  Dans  un 
sens  plus  large,  l'onomatopée  est  un  principe  constitutif 
du  langage  qui  a  pour  effet  d'affecter  à  la  désignation  des 
objets  certains  sons  doux  on  rudes  en  rapport  à  l'idée  de 
douceur  ou  de  rudesse  exprimée  par  ces  objets  Ainsi  en- 
tendue, l'onomatopée  joue  un  grand  rôle  dans  les  théories 
qui  attribuent  au  langage  une  origine  naturelle.  Un  grand 
nombre  de  philosophes  "et  de  linguistes,  dit  M.  Paul  Re- 
gnaud,  «  ont  pensé  que  les  efforts  spontanés  de  l'homme 
jDour  parler  se  sont  modelés  de  bonne  heure,  ou  même 
dès  le  début,  sur  les  cris  des  animaux  et  les  bruits  de  la 
nature.  L'imitation  de  ces  sons  aurait  même  été  le  point 
de  départ  de  la  dénomination  donnée  aux  êtres  animés 
ou  aux  objets  dont  ils  émanaient  ».  La  théorie  la  plus  an- 
cienne de  l'onomatopée  se  trouve  dans  le  Cratyle  de  Pla- 
ton ;  mais  c'est  surtout  chez  les  modernes  qu'elle  s'est 
développée  :  Leibniz,  le  président  de  Brosses,  Renan, 
Whitney  en  sont  les  plus  illustres  défenseurs.  M.  Rabier, 
dans  ses  Leçons  de  philosophie,  t.  I,  p.  609,  a  résumé 
en  quelques  formules  cette  doctrine,  qui  d'ailleurs  est  in- 
soutenable, tant  au  point  de  vue  de  la  physiologie  qu'à 
celui  de  la  psychologie  et  de  la  linguistique.  Ch.  Nodier 
a  donné  un  '^Dictionnaire  raisonné  des  onomatopées 
françaises  (1808).  M.  Beaudouin. 

Biiu..  :  Rf,gxaud,  Oriqine  et  philosophie  du  langage  « 
1888,  pp.  6->-121. 

ONOMITSI.  Ville  maritime  du  Japon,  ken  de  Hirosima, 
au  S.-O.  de  Nippon;  20.000  hab.  Beau  temple  de  Zen- 
kozi.  Commerce  actif  avec  Osaka. 

ONON.  Rivière  de  Transbaïkalie  (Sibérie).  Elle  consti- 
tue avec  ringoda,  la  Chilka,  une  des  branches  initiales 
de  l'Amour.  L'Onon  naît  en  Chine,  au  mont  Kenteï  et,  coule 
dans  la  direction  générale  du  N.-E.  Longueur,  plus  de 
750  kil.  Sa  largeur,  qui  est  d'environ  200  m.  dans  sa 
partie  moyenne,  diminue  légèrement  vers  l'embouchure  où 
elle  n'atteint  que  170  m.  L'Onon  reçoit  plusieurs  affluents: 
rilia  et  l'Aga  à  gauche  et  l'Onon-Borzia  à  droite.  Son 
cours,  assez  lent  au  début,  devient  très  rapide  à  partir  de 
la  ville  d'Akcha  où  la  vallée,  très  pittoresque,  est  enserrée 
par  des  rochers  abrupts  composés  de  granits,  de  schistes 
et  de  porphyres.  La  rive  droite  est  couverte  de  magni- 
fiques forêts.  La  pêche  est  très  abondante,  et  plusieurs 
espèces  de  poissons,  qui  manquent  totalement  dans  les 
autres  rivières  sibériennes,  vivent  dans  les  eaux  de  l'Onon. 
Les  riches  pâturages  de  la  vallée  de  l'Onon  ont  déter- 
miné la  plupart  des  riverains  à  se  faire  éleveurs.  Djengis 


397  — 


ONON  —  ONTARIO 


ONONETINE.  Form. 


ONONINE.  Form. 


Khan  est  iié  sur  la  rive  droite  de  la  rivière,  à  l'endroit 
nommé  Délioun  Boldok. 

ONON-BoRziA.  Rivière  de  Sibérie,  aftl.  dr.  de  l'Onon, 
dans  la  Transbaikalie.  Elle  prend  naissance  dans  les  monts 
de  Nertchinsk  et  coule  d'abord  vers  leS.-O.  à  travers  une 
contrée  montagneuse,  puis  tourne  vers  le  N.  ;  sa  vallée 
change  alors  d'aspect  et  prend  un  caractère  de  steppe  par- 
semé de  lacs  salés.  Longueur  225  kil.  La  rivière  déborde 
au  printemps  et  inonde  la  contrée.  Mar.  C. 

ONONDAGA.  Lac  des  Etats-Unis  (New  York),  se  déver- 
sant dans  le  Seneca;  au  S.-E.  est  située  la  ville  de  Syra- 
cuse. Sources  salines. 

ONONDAGAS  (V.  ïroquois). 

'  Equiv...  C^«H«20i2. 

AtOm...     ^23H22^^ 

L'ononétine  prend  naissance  dans  la  décomposition  de 
l'onospine  par  les  acides  étendus, 

C58H34024  _  C^6H220i2  _p  C'^^W^ 

Glucose 

ou  par  l'ébullition  de  la  foi*monétine  avec  l'eau  de  baryte. 
C'est  une  substance  cristallisée  en  prismes  incolores,  cas- 
sants, groupés  en  rayons  ou  eu  faisceaux  ;  elle  est  peu  so- 
luble  dans  Teau  et  soluble  dans  l'alcool  et  les  alcalis.  Le 
perchlorure  de  fer  donne  à  ses  solutions  une  teinte  rouge 
cerise.  C.  M. 

BiHL.  :  llLAbiNVETz,  Jalircsberlclite,  1855.  p.  715. 

Equiv...   C^oH^-^O^e. 
Atom...  ^^m^^Q^'K 

L'ononine  est  un  principe  cristallin  découvert  par  Reinsch 
dans  la  racine  de  bugrane,  Ononis  spinosa  L.  Son  étude 
et  celle  de  ses  dérivés  ont  été  faites  par  Hlasiwetz.  —  On 
la  prépare  en  faisant  bouillir  avec  l'alcool  la  racine  dessé- 
chée, l'extrait  desséché  est  repris  plusieurs  fois  par  l'eau, 
enfin  le  résidu  desséché  après  ébullition  avec  l'oxyde  de 
plomb  est  amené  à  cristallisation. 

L'ononine  forme  des  aiguilles  ou  des  paillettes  sans 
odeur  et  sans  saveur,  insolubles  dans  l'eau  froide,  peu 
solubles  dans  l'eau  bouillante  et  dans  l'éther,  solubles 
dans  l'alcool  bouillant.  Elle  fond  vers  23d«  en  se  décom- 
posant. L'ononine  en  solution  alcoolique  donne  avec  le 
sous-acétate  de  plomb  un  précipité  floconneux  blanc,  mais 
elle  ne  précipite  pas  les  autres  solutions  métalliques.  Les 
acides  étendus  la  décomposent  en  glucose  et  formonétine  : 

e60H3402G  ^  c^8H2ooi2  ^  c^m^'^o''  -f.  n^OK 

BiBL.  :  Hlasiwetz,  Journ.  fur  praht.  Chem  ,  t.  LXV. 
p.  419. 

ONONIS  {Ononis  L.).  Genre  de  Légumineuses-Papi- 
lionacées,  composé  d'herbes  ou  de  sous-arbrisseaux,  à 
feuilles  trifoliolées  ou  réduites  à  une  foliole  et  stipulées, 
à  fleurs  axillaires.  Celles-ci  possèdent  10  étamines  mona- 
delphes  et  un  pistil  surmonté  d'un  style  subulé,  genouillé 
au  milieu.  Le  fruit  est  une  gousse  contenant  un  petit 
nombre  de  graines.  Parmi  les  nombreuses  espèces  ré- 
pandues en  Europe  et  surtout  dans  la  région  méditerra- 
néenne (environ  70),  les  plus  intéressantes  sont  :  0.  spi- 
nosah. ,  encore  appelée  Arrête-bœuf  ovl  Bugrane  épineuse, 
haute  de  0'^",30  à  0'",90  avec  rameaux  épineux,  fleurs 
roses  ou  blanches,  répandue  dans  l'Europe  entière;  0.  ar- 
vensis  Lamk  ou  Bugrane  des  champs,  et  0.  antiquo- 
runi  L.  La  racine  de  ces  espèces,  dont  le  goût  est  amer, 
passe  pour  apéritive,  diurétique  et  astringente.  D'L.  Hn. 

ONOPORDON  (OnopordiwiL.).  Genre  de  Composées- 
ïubuliflores,  tribu  des  Carduacées,  voisin  des  Cardiius 
(V.  Chardon),  dont  il  se  distingue  surtout  par  le  plateau 
des  capitules  dépourvus  de  soies,  les  capitules  toujours 
solitaires,  les  feuilles  sinuées-épineuses.  L'espèce  type, 
0.  acanthium  L.,  connue  sous  le  nom  de  Chardon  aux 
ânes,  Chardomiette  sauvage,  Chardon  velu.  Fausse 
Acanthe,  PetdWne,  est  commune  en  Europe,  dans  le  voi- 
sinage des  habitations  et  au  bord  des  routes.  La  racine, 
les  capitules  jeunes  et  les  tiges  décortiquées  sont  alimen- 
taires. Les  graines  renferment  une  huile  grasse  bonne  à 


brûler.  Les  feuilles,  écrasées,  servaient  jadis  en  applica- 
tion sur  le  lupus  et  les  ulcèi'es  de  la  face.  C'est  le  Carduus 
fomentosus  des  formulaires.  L'O.  iltyricum  L.,  de  l'Eu- 
rope méridionale,  a  également  des  graines  oléagineuses  et 
des  réceptacles  comestibles.  D'"  L.  Hn. 

ONOSANDER  (V.  OxNESander). 

0N0SPINE.Form.jJ£;;;g:H::2:, 

L'onospine  est  un  produit  de  dédoublement  de  l'ono- 
nine sous  l'influence  de  la  baryte  : 

C60H3i026  _^  H^O-  zr=  C^8H34024  J^  C^H^O^. 

Acide 
formique 

On  l'obtient  sous  la  forme  d"unc  masse  ci'istaUine  fon- 
dant à  16'2«,  insoluble  dans  l'éther,  soluble  dans  l'eau 
chaude,  dans  l'alcool.  Les  solutions  donnent  avec  le  per- 
chlorure de  fer  une  coloration  rouge  cerise  foncé  et  avec 
le  bioxyde  de  manganèse  et  l'acide  sulfurique  une  colo- 
ration rouge  carmin.  C.  M. 

BiBL.  :  IlLAsrwHT/.  JaliresbericJitc,  1855.  p.  715. 

ONOZ.  Com.  dudép.  du  Jura,  arr.  de  Lons-le-Saunier, 
cant.  d'Orgelet;  281  hab.  Sur  le  territoire  d'Onoz,  au 
bord  de  l'Ain,  restes  de  la  chartreuse  de  Vaucluse  fondée 
vers  1139. 

ONSEMBRAY.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de  Beau- 
vais,  cant.  d'Auneuil;  9o0  hab. 

ON  SLOW  (Georges),  compositeur  français,  né  à  Cler- 
mont-Ferrand  le  27  juil.  1784,  mort  le  3  oct.  1853.  Fils 
de  parents  anglais,  il  eut  pour  maître  Reicha  (V.  ce  nom), 
et,  après  avoir  consciencieusement  étudié  la  grammaire  de 
la  musique,  il  écrivit  trois  opéras-comiques  qui  ne  reçurent 
qu'un  accueil  réservé.  Il  se  consacra  dès  lors  à  la  musique 
instrumentale  et  composa  des  symphonies,  et  surtout  des 
pièces  de  musique  de  chambre  qui  obtinrent  quelques  suc- 
cès. En  1842,  il  fut  élu  à  l'Académie  des  beaux-arts  à 
la  place  de  Cherubini.  L'œuvre  correcte,  mais  dénuée 
d'émotion,  de  cet  estimable  musicien,  est  de  nos  jours  com- 
plètement délaissée.  Elle  se  compose  de  trois  opéras- 
comiques  :  r Alcade  de  la  Vega,  le  Colporteur,  le  Duc 
de  Guise,  de  trois  symphonies  et  d'un  assez  grand  nombre 
de  quintettes  et  quatuors  pour  instruments  à  cordes,  outre 
des  trios,  des  sonates  et  un  sextuor.  R.  Br. 

ONTANON  (GiL  de)  (V.  Gil). 

ONTARIO.  Lac.  —  Le  dernier  des  cinq  grands  lacs  de 
l'Amérique  du  Nord  (V.  Amérique  du  Nord,  Canada,  Etats- 
Unis  et  Niagara),  situé  entre  les  Etats-Unis  (New  York) 
au  S.  et  à  l'E*  et  le  Canada  (prov.  d'Ontario)  au  N.  et  à 
rO.,  compris  entre  43«  20'  et  44^  lat.  N.,  78°  et  81° long. 
0.  ;  il  a  318  kil.  de  long  duS.-O.  au.  N-E.,  85  kil.  de  lar- 
geur maxima,  60  kil.  de  largeur  moyenne,  une  surface  de 
19.823  kil.  q. ,  un  périmètre  de  870  kil.  Il  est  à  76««,2  d'alt. 
au-dessus  de  l'Océan,  soit  à  98'", 5  en  contre-bas  du  lac 
Erié  dont  il  reçoit  le  trop-plein  par  le  Niagara.  Sa  pro- 
fondeur moyenne  est  de  185  m.,  maxima  de  225,minima 
de  5  m.  Le  lac  Ontario  a  dû  être  autrefois  plus  étendu, 
car  du  côté  méridional  s'étend,  de  5  à  12  kil.  du  rivage 
actuel  et  le  dominant  de  50  à  60  m.,  un  ancien  rivage  avec 
ses  sables  et  ses  graviers.  Ce  Lake  ridge  fut  abandonné  par 
le  retrait  des  eaux  après  la  période  glaciaire,  et  c'est  leur 
abaissement  qui  a  déterminé  la  cataracte  du  Niagara.  11  se 
déverse  par  le  Saint-Laurent  qui  en  sort  à  Kingston,  à  tra- 
vers l'achipel  des  Mifle  Iles  que  la  navigation  évide  par  six 
canaux  creusés  entre  le  lac  et  Montréal.  Les  rivages  du 
lac  Ontario,  formés  d'assises  silurieiuies,  sont  en  pente  douce, 
parfois  marécageux,  largement  boisés.  Ils  n'oiFrent  d'as- 
pérités, caps  ou  îles,  qu'à  l'extrémité  N.-E.  (baie  de  Quinte, 
baie  et  presqu'île  du  Prince  Edouard,  îles  Gallop,  Stony,  etc.). 
Les  bons  ports  sont  nombreux,  en  particulier  ceux  de 
l'anse  de  Burlington,  de  Hamilton,  de  Toronto  et  de  Kings- 
ton pour  le  Canada,  Sacketts,  Harbour  et  Oswego  pour 
FEtat  de  New  York,  qui  possède  aussi,  à  peu  de  distance 
du  lac,  la  grande  ville  de  Rochester.  Le  lac  ne  gèle  pour 
ainsi  dire  jamais  à  cause  de  sa  grande  profondeui',  et  la 


ONTARIO  —  ONTOLOGIE 


—  398 


navigation  y  est  aisée  ;  aussi  a-t-elle  pris  un  grand  dévelop- 
pement. Le  canal  Weyland  relie  le  lac  Ontario  au  lac  Erié  ; 
le  canal  d'Oswégo  ài'Hudson,  le  canal  Rideau  à  FOttawa. 
Province.  —  Province  du  Canada,  appelée  autrefois 
Haut-Canada,  comprise  entre  42°  9'  et  52°  lat.  N. ,  76°  U^ 
et  97°  20'  long.  0.,  s'étendant  au  N.  du  Saint-Laurent 
et  des  grands  lacs,  entre  la  province  de  (Juébec  au  N.-E., 
la  baie  James  (baie  d'Hudson),  le  territoire  du  Nord  et  la 
province  de  Keewatin  au  N.,  celle  de  Manitoba  à  l'O.  ; 
568.870  kil.  q.  ;  2.114.321  hab.  (en  1891),  soit  4  hab. 
par  kilomètre  carré.  Il  n'y  en  avait  que  101.123  signalés 
comme  parlant  français,  358.300  catholiques,  enfin 
401.619  nés  à  l'étranger.  —  La  partie  riche  et  peuplée 
de  la  province  est  la  presqu'île  comprise  entre  les  lacs 
Huron  (et  la  baie  Géorgienne),  Erié  et  Ontario,  région 
ondulée,  bien  arrosée.  La  partie  septentrionale  et  occiden- 
tale, encore  revêtue  de  forets  vierges,  est  peu  peuplée.  On 
appelle  Alg orna  la  région  située  au  N.  des  lacs  Huron  et  Su- 
périeur; auN.  de  celle-ci  s'étendent  les  bassins  de  l'xAbitibbi 
et  du  Moose-river,  tributaire  de  la  baie  d'Hudson.  Comme 
autres  grands  cours  d'eau  il  faut  citer  l'Albany (baie  d'Hudson) 
qui  sépare  l'Ontario  du  territoire  du  Nord,  et  l'Ottawa  qui 
forme  la  frontière  entre  les  provinces  de  Québec  et  d'Onta- 
rio. Les  lacs  abondent  ;  les  plus  vastes  sont  :  le  Simcoe, 
entre  la  baie  Géorgienne  et  l'Ontario  ;  le  Nipissing,  entre 
la  baie  Géorgienne  et  l'Ottawa;  l'Abitibbi,  plus  au  N.,  le 
Nipigon  au  N.  du  lac  Supérieur;  le  lac  des  Bois,  sur  la 
frontière  occidentale;  les  lacs  Saint-Joseph  et  Lonely,  sur 
la  frontière  N.-O.  Tout  le  pays  est  peu  accidenté  et  peu 
élevé,  les  gneiss  et  les  granités  des  Laurentides,  au  N.  des 
grands  lacs,  ayant  été  usés  et  nivelés  au  cours  des  âges; 
le  plus  haut,  le  cap  du  Tonnerre,  n'a  que  60  m.  d'alt.  — 
Le  climat  est  sec  en  été  où  la  température  moyenne  de 
juillet  est  +  19°  à  Toronto;  celle  de  février  s'abaisse 
à  —  3°, 5,  la  moyenne  annuelle  étant  de  +  6^,  8  (lat.  de 
Nice  et  de  Florence).  Au  N.  les  froids  sont  plus  vifs  et 
l'humidité  plus  grande. 

Le  chef-lieu  de  la  province  est  Toronto  ;  elle  est  admi- 
nistrée par  un  lieutenant-gouverneur,  nommé  par  le  gou- 
verneur du  Canada  et  assisté  d'un  conseil  de  8  ministres, 
d'une  assemblée  provinciale  de  91  membres.  Le  budget 
était,  en  1892,  d'environ  24  miUions  de  fr.  aux  recettes 
et  21  aux  dépenses,  la  dette  de  78  millions.  On  comptait, 
en  1890,5.718  écoles  publiques  fréquentées  par  251.307 
enfants  ;  en  outre  259  écoles  catholiques  et  7  protestantes. 
Il  y  avait  120  écoles  supérieures,  10  collèges  d'hommes, 
6  de  femmes,  4  universités  (Toronto,  Cobourg,  Ottawa, 
Kingston).  —  L'agriculture  est  l'occupation  principale; 
l'Ontario  produit  plus  de  la  moitié  des  céréales  du  Canada 
(blé,  avoine,  orge),  beaucoup  de  légumineuses  et  de  ra- 
cines, du  tabac,  du  chanvre,  beaucoup  de  pommes,  de 
pèches  et  autres  fruits,  un  peu  de  vin.  On  y  comptait,  en 
1891  :  761.700  chevaux,  1.895.800 bœufs,  994.700  mou- 
tons, 1.112.000  porcs.  On  exporte  beaucoup  de  beurre 
et  de  fromage  vers  l'Angleterre.  La  pêche  fluviale  est  assez 
active.  Les  forêts  fournissent  beaucoup  de  bois  de  cons- 
truction, du  sucre  d'érable,  etc.  La  presqu'île  a  du  fer, 
du  cuivre,  du  plomb,  de  l'argent,  du  nickel,  du  sel,  du 
pétrole.  La  valeur  totale  de  la  production  industrielle  dé- 
passait 1.280  millions  en  1891  :  après  les  scieries,  ce  sont 
les  manufactures  de  lainages,  de  meubles,  de  voitures,  de 
machines  et  d'instruments  agricoles,  d'horlogerie  qui  do- 
minent. Le  commerce  se  fait  surtout  avec  les  Etats-Unis, 
auxquels,  en  1893,  on  vendait  pour  260  millions  de  fr. 
de  denrées  et  on  en  achetait  pour  180  millions.  Le  mou- 
vement de  la  navigation  dans  les  45  ports  fut  de  9  millions 
832.000  tonnes.  A.-M.  B. 

ONTENIENTE.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Valence, sur 
TAlbaida  ;  12.000  hab.  Papeteries,  toiles. 

ONTEX.  Com.  du  dép.  de  la  Savoie,  arr,  de  Chambéry, 
cant.  d'Yenne  ;  156  hab. 

ONTHOPHAGUS  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Coléop- 
tères, de  la  famille  des  Scarabœides,  établi  par  Latreille  I 


Ontopliagus.  —  A.  Profil  de 
la  tête  et  du  thorax  de  la 
femelle.  —  B.  Profil  de  la 
tête  et  du  thorax  du  mâle. 


signifie   proprement    science 


{Gen.  Criist  et  Ins.,  1807,111,  p.  141).  Ce  genre  est  ca 
ractérisé  par  :  une  tète  cornue  chez  les  mâles,  simplement 
carénée  chez  les  femelles  ; 
des  antennes  de  neuf  ar- 
ticles dont  les  trois  der- 
niers en  massue  ;  l'absence 
d'écusson.  Ce  sont  des  In- 
sectes de  taille  moyenne  ou 
petite.  Ils  vivent  réunis 
dans  les  bouses  et  les  ma- 
tières animales.  Le  genre 
comprend  plus  de  300  es- 
pèces répandues  dans  les 
régions  chaudes  et  tem- 
pérées. L'espèce  la  plus 
commune  est  VO.  Taiirus 
Linn.,  complètement  noir, 
avec  de  nombreuses  va- 
riétés locales,  que  l'on 
trouve  dans  toute  l'Europe 
méridionale,  le  Caucase  et 
même  dans  les  environs 
de  Paris. 

ONTOLOGIE.  Ontologie 
de    l'être.   Aristote    ayant  défini  la  métaphysique  «  la 
science  de  l'être  en  tant  qu'être  »,  ce  terme  serait  ainsi 
synonyme  de  métaphysique  ;  et  il  est,  en  effet,  employé 
souvent  dans  ce  sens-là.  Mais  plus  souvent  encore,  il  pa- 
raît désigner,  soit  une  des  parties  dans  lesquelles  on  divise 
la  métaphysique,  soit  une  façon  particulière  dont  on  en 
comprend  l'objet  et  la  méthode.  Dans  le  premier  cas,  la 
méttiphysique  étant  divisée  en  métaphysique  générale  qui 
traite  de  l'être  en  général,  et  métaphysique  spéciale  qui 
traite  des  diverses  espèces  d'être,  telles  que  l'être  maté- 
riel, l'être  spirituel  et  l'être  absolu,  l'ontologie  est  le  nom 
de  la  métaphysique  générale,  tandis  que  la  métaphysique 
spéciale  comprend  la  cosmologie,  la  psychologie  et  la  théo- 
logie rationnelles.  Ainsi  l'entendaient  Wolf  et  toute  la  phi- 
losophie allemande  après  lui.  Dans  le  second  cas,  si  on 
entend  par  métaphysique  l'étude  des  premiers  principes, 
la  discussion  des  problèmes  ultimes,  il  parait  évident  que 
nul  système  philosophique  ne  peut  contester  la  légitimité 
et  la  nécessité  de  la  métaphysique  ainsi  comprise  ;  mais 
il  reste  à  savoir  si  et  comment  elle  résoudra  ces  problèmes, 
jusqu'à  quel  point  et  sous  quelle  forme   elle  saisira  ces 
principes.  Supposons  avec  tous  les  anciens  métaphysiciens, 
comme  aussi  avec  Descartes,  Spinoza,  Leibniz,  etc.,  parmi 
les  modernes,  qu'elle  puisse  atteindre  l'être  même  dans 
son  fond  absolu,  elle  pourra  s'appeler  alors  ontologie; 
si,  au  contraire,  on  suppose  avec  Kant,  Auguste  Comte,  etc., 
qu'elle  ne  puisse  connaître  que  des  lois  formelles  de  l'en- 
tendement humain  ou  les  vérités  les  plus  générales  dans 
lesquelles  viennent  se  résumer  toutes  les  sciences,  elle 
devra  renoncer  pour  jamais  à  toute  prétention  ontolo- 
gique et  se  contenter  de  n'être  plus  qu'une  critique  ou 
une  philosophie  générale.  On  peut,  croyons-nous,  rap- 
porter à  ce  dernier  sens  le  nom  d'argument  ontologique 
donné  par  Kant  à  la  célèbre  preuve  de  l'existence  de 
Dieu  proposée  d'abord  par  saint  Anselme,  puis  renouvelée 
plus  tard  par  Descartes.  Cette  preuve  consiste,  on  le  sait, 
à  démontrer  à  priori  que  Dieu  existe  en  déduisant  son 
existence  comme  une  conséquence  nécessaire  de  sa  per- 
fection. Sully  Prudhomme,  dans  son  poème  du  Bonheur, 
l'a  résumée,  assez  exactement  mais  peu  poétiquement,  en 
ces  quatre  vers  : 

Anselme,  ta  foi  tremble  et  ta  raison  l'assiste. 
Toute  perfection  en  ton  Dieu  se  conçoit  ; 
L'existence  en  est  une  :  il  faut  donc  qu'il  existe. 
Le  supposer  parfait,  c'est  exiger  qu'il  soit. 

Kiuit,  qui  appelle  cet  argument  l'Achille  de  la  méta- 
physique, lui  reproche  de  conclure  illégitimement  de  l'idée 
à  l'être.  C'est  encore  à  ce  sens  du  mot  ontologie  que  se 
rattache  le  nom  à'ontologisme  donné  par  quelques  théo- 


—  399 


ONTOLOGIE  —  OOGONE 


logiens  contemporains  au  système  philosophique  de  Ros- 
mini.  Ce  système,  qui  a  eu  pour  défenseur  en  France 
Tabbé  Hugonin  (plus  tard  évoque  de  Bayeux),  ramène 
toutes  les  idées  de  la  raison  à  une  seule  idée  fondamen- 
tale, l'idée  de  l'être  ;  ou  plutôt,  c'est  moins  là  une  idée 
qu'une  intuition,  le  résultat  de  la  présence  de  l'être  absolu 
au  plus  profond  de  notre  conscience.  L'ontologisme  est,  en 
somme,  une  sorte  de  rationalisme  mystique.      E.  Boirac. 

ONTONGIAVA.  Groupe  d'une  trentaine  d'îlots  alle- 
mands d'Océanie,  à  l'E.  des  îles  Salomon.  Ce  sont  des 
atolls  boisés,  dont  l'ensemble  occupe  35  kil.  q.  Ils  sont  peu- 
plés de  Polynésiens. 

ONUPHIS  (Zool.).  Genre  d'Annélides  polychètes  er- 
rantes, famille  des  Eunicides.  Ces  animaux  ont  les  cai'ac- 
tères  suivants  :  pas  de  pieds  aux  deux  premiers  segments, 
le  premier  portant  des  cirrhes  tentaculaires  ;  cniq  antennes, 
deux  palpes  ;  branchies  simples  ou  pectinées  ;  soies  simples 
et  soies  à  crochets.  Type  :  0.  erernita,  Atlantique. 

ONU  RI  S.  Dieu  égyptien  de  la  ville  de  This  figuré  avec 
une  corde  à  la  main,  un  bou([uet  de  quatre  hautes  plumes 
sur  la  tète. 

ON  VILLE.  Corn,  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle,  arr. 
de  Briey,  cant.  deChambley;  460  hah.  Stat.  du  chem.  de 
fer  de  l'Est. 

ONVILLERS.  Com.  dudép.  de  la  Somme,  arr.  et  cant. 
de  Montdidier;  436  hab. 

ONYCHASTER  (V.  Ophiure). 

ONYCHlUIVi  (Entom.)  (V.  Insectes,  t.  XX,  p.  8^21). 

ONYCHODACTYLUS.  Genre  àe  Batraciens  Vrodèles, 
établi  par  Tschudi,  pour  des  animaux  dont  les  doigts  sont 
pourvus  d'un  ongle,  ce  qui  est  une  exception  dans  ce  groupe 
de  Batraciens.  La  langue  est  grande,  arrondie,  entière, 
libre  seulement  sur  les  bords,  le  palais  est  garni  de  dents 
disposées  suivant  une  série  en  forme  d'M  majuscule.  La 
seule  forme  connue  est  VOnijchodactylus  Japonicus,  la 
couleur  est  d'un  brun  grisâtre  en  dessus,  avec  une  large 
raie  d'un  jaune  rougeàtre  s'étendant  sur  toute  la  longueur 
du  dos.  Cette  bande,  à  bords  irrégulièrement  festonnés  de 
taches  brunes,  se  bifurque  sur  la  tête,  ornée  de  marbrures 
noires,  le  ventre  est  brun  clair  tacheté  de  brun.  Cet  ani- 
mal est  spécial  au  Japon,  dans  les  provinces  du  Centre  et 
du  Nord;  il  passe  pour  être  un  excellent  vermifuge  pour 
les  enfants.  Sa  nourriture  consiste  en  petits  mollusipies  et 
en  vers,  il  dort  pendant  la  nuit  en  des  retraites  humides, 
au  bord  des  ruisseaux  où  il  se  tient  pendant  le  jour. 

BiBL.  :  Sauvage,  dans  Brehm.,  éd.  fr. 

ONYCHOIVIANCIE  (V.  Divination,  t.  XIV,  p.  722). 

ONYCHOTEUTHIS  (Malac).  Genre  de  Mollusques  Cé- 
phalopodes AcétabuUfères  établi  par  Lichtenstein  en  1818  : 
animal  allongé,  subcylindrique,  tronqué  en  avant,  atténué 
en  arrière  et  pourvu  en  cette  partie  de  deux  nageoires 
terminales,  très  larges,  triangulaires,  réunies  sur  le  dos; 
tête  bien  distincte  du  corps,  munie  d'yeux  grands,  laté- 
raux et  saillants;  bras  sessiles  ornés  d'une  crête  nata- 
toire et  armés  de  deux  rangées  de  cupules  à  cercle  corné  ; 
bras  tentaculaires  terminés  en  massues  et  munis  de  cu- 
pules et  de  crochets.  Ex.  :  0.  Bergii  Licht.  Ces  animaux 
vivent  solitaires  dans  l'océan  Pacifique  et  dans  la  Médi- 
terranée. 

ONYGENA  (Bot.).  Genre  de  Champignons  constituant 
la  tribu  des  Onygénées,  de  la  famille  des  Périsporiacées, 
caractérisés  par  un  péridium  membraneux  à  déhiscence 
irrégulière.  Ce  périthèce  est  porté  par  un  pédicelle  assez 
volumineux  et  donne  naissance  à  des  spores  ellipsoïdes  et 
transparentes.  Ces  Champignons  sont  très  peu  nombreiLx 
et  sont  tous  de  très  petite  taille.  On  les  rencontre  sur  les 
matières  cornées,  sur  les  poils  des  mammifères,  les  plumes 
des  oiseaux,  les  sabots  des  ongulés,  etc.  H.  F. 

ONYX.  I.  Joaillerie.  — L'onyx  est  une  variété  d'agate 
d'une  grande  dureté  et  susceptible  d'un  beau  poli.  On  le 
rencontre  principalement  en  Orient,  en  Allemagne  et  en 
Ecosse.  Il  en  existe  également  en  France.  Ce  qui  distingue 


l'onyx  de  l'agate  rubanée,  c'est  qu'au  lieu  d'être  constitué 
par  des  bandes  droites  et  parallèles,  il  présente  des  bandes 
curvilignes  et  concentriques  (V.  Agate). 

L'onyx  est  employé  principalement  dans  la  bijouterie  ; 
on  en  fait  des  camées,  des  vases,  etc.  Celui  dont  on  fait 
usage  pour  les  camées  présente  deux  couches  blanches  : 
l'une,  extérieure,  opaque;  l'autre,  intérieure,  translucide. 
Cette  différence  permet  d'obtenir  des  effets  très  remar- 
quables et  qui  font  ressortir  l'œuvre  du  graveur  en  lui 
donnant  une  grande  finesse  de  tons.  E.  Maglin. 

IL  Architecture.  —  L'onyx  est  employé  en  architecture 
comme  une  matière  assez  précieuse,  à  l'état  de  colonnettes, 
de  gaines,  de  tables,  d'incrustations,  dans  les  ouvrages 
d'une  certaine  richesse  où  on  l'associe  le  plus  souvent  à 
des  motifs  de  marbre  blanc.  A  Paris,  l'escaher  de  l'ancien 
hôtel  de  Paiva  (aujourd'hui  restaurant  Cubât),  aux  Champs- 
Elysées,  est  en  onyx,  et  le  grand  escalier  de  l'Opéra  a  sa 
main  courante  de  même  matière.  Les  carrières  d'onyx  du 
N.  de  l'Afrique  avaient  été  exploitées  par  les  Romains  qui 
en  avaient  extrait  des  fûts  de  colonnes  employés  depuis 
par  les  Arabes  dans  leurs  mosquées.       Charles  Lucas. 

ONYXIS  (Méd.).  Inflammation  de  l'ongle  dépendant  le 
plus  ordinairement  d'affections  constitutionnelles  ou  ac- 
quises (V.  Syphilis). 

ONZA  (Unza)  (V.  Chat,  t.  X,  p.  873). 

ONZAIN  (Ozanum).  Com.  du  dép.  de  Loir-et-Cher, 
arr.  de  Blois,  cant.  d'Herbault  ;  sur  la  rive  droite  de  la 
Loire;  2.385  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  Paris  à  Tours 
par  Orléans.  —  Depuis  le  règne  de  Louis-Philippe,  il  ne 
reste  plus  rien  d'un  château  fort  du  xiii^  siècle  remanié 
au  xv^,  qui,  au  moyen  âge,  avait  appartenu  au  sire  de 
Bury,  et  où,  pendant  dix  ans,  Louis  XI  tint  prisonnier  le 
cardinal  Balue.  Le  prince  de  Coudé,  fait  prisonnier  à  la 
bataille  de  Dreux  (1562),  y  fut  détenu.  C'est  aussi  dans  ce 
château  que  Voltaire  écrivit  la  Pucelle. 

ONZE,  C'est  le  nombre  qui,  dans  la  numération  déci- 
male, surpasse  d'une  unité  la  base  10.  De  là  ses  curieuses 
propriétés  arithmologi([ues.  Toute  puissance  de  10  telle 
(|ue  10**  est  un  multiple  de  il  plus  ou  moins  J,  suivant 
que  n  est  pair  ou  impair;  la  divisibilité  par  il  résulte 
directement  de  cette  proposition,  qui  donne  aussi  les  preuves 
par  11  de  la  multiplication  et  de  la  division,  qu'on  trouve 
dans  tous  les  traités  d'arithmétique.  Une  autre  propriété 
moins  remarquée,  bien  qu'elle  soit  très  simple,  c'est  que 
les  premières  puissances  de  onze,  11,  121,1331,14641, 
donnent  précisément  comme  chiffres  les  coefficients  qu'on 
rencontre  dans  le  développement  de  la  puissance  entière 
{a-\-  bY  d'un  binôme.  Cela  devient  vrai  pour  une  base  h 
quelconque  de  numération  et  pour  les  puissances  du 
nombre  b-\-i  immédiatement  supérieur  à  h,  tant  que  les 
coefficients  restent  inférieurs  à  b.  Cette  proposition  est 
pour  ainsi  dire  intuitive,  quand  on  remarque  qu'écrire  un 
nombre  dans  un  système  de  numération  de  base  b,  c'est 
le  développer  en  un  polynôme  suivant  les  puissances  de  b, 
avec  la  condition  que  les  coefficients  restent  inférieurs  à 
cette  base /^.  C.-A.  Laisant. 

00.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Garonne,  arr.  de  Saint- 
Gaudens,  cant.  de  Bagnères-de-Luchon,  à  934  m.  d'alt., 
sur  la  rive  g.  de  l'One  ou  Neste  d'Oô  ;  257  hab.  Mines 
de  cuivre,  plomb,  zinc,  etc.  Eglise  romane.  Oô  est  à  l'en- 
trée de  la  belle  vallée  du  même  nom,  qui  remonte  au  lac 
de  Séculéjo  ou  d'Oô,  un  des  plus  jolis  lacs  pyrénéens,  qui 
reçoit  et  renvoie  un  torrent,  la  Neste  d'Oô,  qui  lui  arrive 
par  une  chute  de  273  m.,  la  cascade  d'Oô;  ce  lac  est  à 
1.500  m.  d'alt.,  à  9  kil  S.-O.  de  Bagnères-de-Luchon 
et  à  moins  de  5  kil.  de  la  frontière  espagnole;  sa  pro- 
fondeur maximum  est  de  67  m.  La  vallée  d'Oo  est  une 
des  plus  curieuses  dos  environs  de  Luchon  et  le  port  d'Oô 
un  des  principaux  cols  des  Pyrénées  centrales.     H.  C. 

OOGONE  (Bot.).  Dans  la  reproduction  sexuée  de  cer- 
taines Algues  (V.  ce  mot),  l'oogone  est  la  cellule  où  se 
forme  la  masse  protoplasmique  femelle  ;  il  est  générale- 
ment placé  à  l'extrémité  d'un  rameau  et  subit  des  modi- 


OOGONE  —  OONOPS 


400  — 


ticatioiis  déterminées  par  le  mode  d'accroissement  de  la 
plante  (V.  Reproduction). 

00 Kl E P.  Localité  de  la  colonie  du  Cap,  district  du 
Namaqualand;  1.900  liab.  (en  i89l)  Hottentots,  Herre- 
ras,  Anglais  et  Allemands,  exploitant  des  mines  de  cuivre 
d'où  l'on  retire  annuellement  '20.000  tomies  d'un  minerai 
d'une  teneur  de  33  à  70  <^  o-  Le  débouché  est  Port 
Nollotli,  sur  l'Atlantique,  relié  à  Ookiep  par  un  chem.  de 
fer  de  145  kil. 

OOLITHE.  1.  Péiroghafhie.  —  On  désigne  sous  ce  nom 
de  petits  grains  arrondis  de  calcaire,  d'oxyde  de  fei',  de 
glauconie,  et(*. ,  de  très  petite  taille  (leur  diamètre  est  souvent 
voisin  de  1  millim.  ou  même  iîiférieui',  et  ne  dépasse  cfue 
rarement  3  millim.)  ;  suivant  la  nature  du  minéral,  on  a 
des  oolitlies  calcaires,  ferrugineuses,  glauconieuses,  etc. 
D'autre  part,  on  rencontre  souvent,  au  milieu  des  forma- 
tions géologiques,  des  bancs  formés  uniquement  ou  presque 
exclusivement  par  les  oolitlies,  habituellement  calcaires  ; 
on  a  pris  l'habitude  de  reporter  alors  à  la  roche  le  nom 
de  ses  éléments  et  de  désigner  un  calcaire  oolithique  formé 
à  peu  près  complètement  d'oolithes  sous  le  nom  iïoolUhe 
calcaire  ou  même  plus  simplement  d'oolithe;  dans  des 
conditions  analogues,  mais  plus  rarement,  on  aura  une 
oolithe  ferrugineuse. 

Les  oolithes  calcaires  les  plus  abondantes  de  toutes, 
se  montrent  généralement,  lorsqu'on  examine  leur  section 
au  microscope,  formées  de  couches  concentriques  emboî- 
tées et  souvent  disposées  autour  d'un  petit  grain  détri- 
ticpie  de  nature  difl'érentc  (tel  ([u'un  grain  de  sable,  par 
exemple),  ou  encîore  d'un  débris  d'organisme,  ou  même 
souvent  d'un  foraminifère  de  petite  taille.  La  disposition 
des  couches  concentriques  indi([ue  (|ue  ces  oolithes  se  for- 
ment par  concrétion  du  calcaire  teiiu  en  dissolution  dans 
l'eau  de  mer  où  elles  se  forment  ;  il  semble,  en  outre, 
qu'elles  se  forment  d'ordinaire  dans  un  milieu  agité,  à  très 
faible  profondeur,  dans  des  points  où  se  font  sentir  l'ac- 
tion des  vagues  et  le  jeu  des  marées.  On  peut  générale- 
ment constater  que  les  formations  oolithiques  les  plus  éten- 
dues se  sont  produites  dans  le  voisinage  de  récifs  calcaires, 
où  l'eau  de  mer  tient  en  dissolution  beaucoup  de  calcaire. 
D'autres  oolithes  calcaires  se  forment  aussi  dans  les  eaux 
douces,  auprès  de  sources  pétrifiantes  (celles  de  Carlsbad. 
par  exemple).  Certaines  de  ces  oolithes  ne  montrent  plus 
la  disposition  en  couches  concentriques  et  résultent  d'un 
remplissage  homogène,  par  de  la  calcite,  de  petites  cavi- 
tés arrondies  existant  dans  le  calcaire  et  ({ui  proviennent 
de  bulles  gazeuses  encroûtées  dans  la  formation  du  cal- 
caire et  remplies  postérieurement. 

Certains  calcaires  ooUthiques  sont  complètement  for- 
més d'oolithes  à  peine  agglutinées  par  leurs  bords  et  sé- 
parées par  des  vides  polyédri((ues  à  faces  courbes; 
comme  exemple  de  ces  calcaires,  on  peut  citer  Y  oolithe 
niiliaire,  formée  de  petits  grains  de  la  dimension  d'un 
grain  de  mil  (d'où  son  nom)  ;  d'autres  calcaires  ooli- 
thi([ues  sont  compacts  et  formés  d'oolithes  plus  ou 
moins  nombreuses,  englobées  dans  une  masse  générale  de 
calcaire  amorphe. 

Les  oolithes  ferrugineuses,  composées  d'hydroxyde  de 
fer,  se  forment  dans  des  conditions  analogues  aux  oolithes 
calcaires,  dans  le  voisinage  de  rivages  où  débouchaient 
des  rivières  amenant  en  dissolution  de  l'oxyde  de  fer  en- 
levé à  des  terrains  plus  ou  moins  riches  en  fer.  Ces  con- 
ditions ont  été  en  particulier  réalisées  durant  l'époque 
jurassique  en  Normandie,  dans  les  Ardennes  et  sur  la  bor- 
dure du  Massif  central  de  la  France,  et  par  suite  beaucoup 
de  niveaux  du  jurassique  y  renferment  des  oolithes  ferru- 
gineuses plus  ou  moins  abondantes,  englobées  dans  du 
calcaire  (ex.  le  calcaire  de  Bayeux)  ou  de  l'argile.  Ces 
ooUthes,  lorsqu'elles  sont  suffisamment  abondantes  et  sur- 
tout lorsque  le  calcaire  qui  les  englobe  a  été  dissous  sui- 
vant les  attleurements  par  l'eau  de  pluie  chargée  d'acide 
carbonique,  peuvent  s'accumuler  de  façon  à  constituer  un 
excellent  minerai  de  fer.  Dans  les  régions  calcaires,  ces 


oohthes  sont  parfois  concentrées  dans  des  poches  creusées 
dans  le  calcaire  et  englobées  au  milieu  d'une  argile  rouge, 
résidu  de  la  décalcification  du  calcaire  ;  elles  appartiennent 
alors  à  ce  qu'on  désigne  sous  le  nom  de  formations  sidéro- 
lithiques. 

D'autres  minéraux  encore  peuvent  se  trouver  en  petits 
grains  analogues  :  la  glauconie,  si  répandue  dans  beau- 
coup de  niveaux  du  crétacé;  certaines  chlorites  (bavalite, 
berthiérine)  associées  à  de  l'oxyde  de  fer  ;  le  phosphate 
de  chaux  de  la  craie  phosphatée,  etc. 

IL  (lÉOLOGiE.  —  On  désigne  souvent  en  géologie  sous  le 
nom  d'oolithe  le  jurassi((ue  moyen  (bajocien  et  batho- 
nien),  à  cause  du  grand  développement  des  calcaires  ooli- 
thiques dans  ces  deux  étages,  surtout  dans  le  bassin  anglo- 
parisien.  On  distingue  principalement  deux  niveaux  d'oo- 
lithe  :  1*^  Yoolithe  inférieure,  ayant  comme  type  le  calcaire 
bajocien  de  Bayeux  ;  :2*^  la  grande  oolithe,  correspondant 
à  une  partie  du  bathonien  (V.  Bajocien) .      L.  Bertrand. 

OOLITHIQUE  (Calcaire)  (V.  Ooolithe). 

00  M  S  (Cari),  peintre  belge,  né  à  Desschel  (prov. 
d'Anvers)  le  Tl  janv.  1845.  Elève  de  Keyser,  peintre 
d'histoire  et  de  portrait.  On  a  de  lui  :  au  musée  d'Anvers, 
Philippe  II  rendant  les  derniers  honneurs  à  don  Juan 
d'Autriche;  au  musée  de  Bruxelles,  Lecture  défendue. 
Citons  encore  :  le  Duc  d'Albe  mourant,  les  Derniers 
Jours  de  Rubens,  ])esce7ite  de  justice  dans  V imprimerie 
Plantin,  etc. 

OOMYCÈTES  (Bot.).  Ordre  de  Champignons,  caracté- 
risés uniquement  par  la  propriété  qu'ils  ont  déformer  des 
oeufs,  offrant  une  variété  de  formes  et  de  structure  con- 
sidérable. Leur  thalle,  généralement  peu  différencié,  affecte 
les  aspects  les  plus  divers  ;  il  peut  se  reproduire  par  simple 
division  ou  par  spores  (V.  Mucorinées),  mais  l'organe  de 
conservation  est  l'œuf  qui  doit  seul  nous  intéresser  ici.  il 
se  forme  par  fusion  intime  de  deux  corps  protoplasmiques  ; 
à  cet  effet,  deux  fdaments  mycéliens  envoient  l'un  vers 
l'auti-e  des  prolongements  à  l'extrémité  desquels,  par  une 
cloison,  s'isole  de  chaque  côté  une  masse  de  protoplasme 
constituant  une  gamète.  Une  fois  ces  deux  prolongements 
en  contact,  la  double  membrane  de  séparation  se  gélifie  ; 
les  deux  protoplasmes  se  fusionnent  en  se  contractant  légè- 
rement en  une  masse  qui  s'entoure  immédiatement  d'une 
membrane  cle  cellulose  :  l'œuf  est  formé.  Si  les  deux  ga- 
mètes sont  identiques  et  si  elles  font  le  même  chemin  pour 
se  réunir,  il  y  a  isogamie  parfaite,  l'œuf  se  trouve  alors 
à  égale  distance  des  deux  filaments  générateurs  {Mesocar- 
pus)  ;  le  plus  souvent,  les  deux  gamètes  ne  sont  pas  égales 
ou  l'une  d'elles  fait  la  plus  graiide  partie  du  chemin,  il  y 
a  alors  hétérogamie  ;  toutes  les  formes  de  passage  existent 
entre  l'isogamie  parfaite  et  l'hétérogamie  manifeste.  La 
formation  de  l'anif  que  nous  venons' de  résumer  ne  suit 
pas  d'ailleurs  toujours  des  règles  aussi  fixes,  et  le  champi- 
gnon emploie  pour  former  son  u'uf  les  moyens  les  plus 
divers.  De  même,  il  est  impossible  de  décrire  d'une  façon 
générale  le  passage  de  l'œuf  à  l'état  d'embryon  et  la  ger- 
mination de  ce  dernier.  Aussi,  Van  Tieghem,  se  basant 
plus  sur  la  formation  des  œufs  et  des  spores  que  sur  la 
conformation  du  thalle,  divise-t-il  cet  ordre  hétérogène 
des  Oomycètes  en  huit  familles,  qui  sont,  en  partant  des 
formes  inférieures  pour  arriver  aux  organismes  les  plus 
élevés,  les  Chytridinées,  les  Vampyrellées,  les  Mucorinées, 
kb  Entomophthorées,  les  Ancyhstées,  les  Péronosporées, 
les  Saprolégniées  et  les  Monoblépharidées.  H.  Eournier. 
OONOPS  (ZooL).  Genre  d'Arachnides,  de  l'ordre  des 
Araneœ,  (jui  a  donné  son  nom  à  une  famille  spéciale,  voi- 
sine de  celle  des  Dijsderides,  dont  elle  diffère  surtout  par 
les  pièces  buccales  coui'tes,  les  lames  inclinées,  les  hanches 
globuleuses  et  espacées,  les  griffes  tarsale^  garnies  d'une 
doui)le  rangée  de  dents,  l^es  Oonops  sont  de  très  petites 
Araignées  de  coloration  rougeàti*e  ;  quelques  es|>èces,  dont 
on  a  fait  des  genres  particuliers  {Gamasomorpha,  etc.), 
ont  l'abdomen  recouvert  de  plaques  indurées  ou  scuta.  Ils 
vivent  dans  les  détritus  végétaux  secs;  la  seule  espèce  (fui 


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OONOPS  —   OOU  OANG 


éloiido  son  habitat  à  l'Europe  tempérée,  Oonops  pulcher 
Teinpl.,  se  trouve  cependant  dans  rintérieur  des  maisons; 
sa  présence  a  été  signalée  dans  les  herbiers  et  même  dans 
les  boîtes  des  collections  entomologiques,  où  elle  vient  sans 
doute  chasser  les  Acarus.  E.  Simon. 

OOPHORITE  (V.  Ovaire). 

OORYPHAS  (Nicétas),  amiral  byzantin  du  w""  siècle.  Il 
reconstitua,  sous  Michel  II,  la  flotte  byzantine  et  chassa 
les  Arabes  d'une  partie  des  Cyclades.  Très  en  faveur  sous 
Théophile  et  Michel  III,  il  se  montra  d'abord  fort  hostile 
à  Basile,  mais  par  sa  loyauté  même  il  mérita  bientôt  la 
bienveillance  du  nouveau  souverain.  Drongaire  de  la  flotte, 
il  délivra,  vers  867,  Kaguse,  assiégée  par  les  Arabes;  plus 
tard,  il  battit  à  plusieurs  reprises,  en  Orient,  les  pirates 
sarrasins  de  Crète.  Il  avait  laissé  la  réputation  d'un  marin 
distingué  et  on  se  souvenait  au  xv^  siècle  encore  de  l'habile 
exploit  par  lequel  il  transporta  ses  navires  par-dessus  l'isthme 
de  Corinthe,  du  port  de  Cenchrées  dans  le  golfe  de  Fa- 
tras. ^  Ch.  DiKHL. 

OOSPHÈRE  (Bot.).  C'est  la  masse  protoplasmique 
femelle  qui  nait  dans  V oogone  (V.  ce  mot).  Après  la  fécon- 
dation, cette  masse  s'entoure  d'une  membrane  propre  et 
forme  Voospore.  Chez  les  Fucacées,  plusieurs  oosphères 
se  forment  dans  chaque  oogone,  et  les  oospores  peuvent 
germer  tout  de  suite,  contrairement  à  ce  qui  arrive  pour 
les  autres  Algues.  Le  sac  qui  renferme  l'oospore  s'appelle 
oosporange  et  quelquefois  archégone.  D'"!..  Hn. 

OOSPÔRE  (Crypt.)  (V.  Oosphère). 

OOST-CAPPEL/Com.  du  dép.  du  Nord,  arr.  de  Dun- 
kerque,  cant.  de  Hondschoote  ;  392  hab. 

OOST-RoosEBEKE.  Com.  de  Belgique,  prov.  de  Flandre 
occidentale,  arrondissement  administratif  de  Thielt  et  ar- 
rondissement judiciaire  de  Courtrai,  sur  la  Mandél,  attl. 
de  la  Lys,  et  sur  le  canal  de  la  Lys  à  Roulers,  à  39  kil.  de 
Bruges;  4.500  hab.  Brasseriesi^  distilleries,  fabricpies  de 
toiles. 

OOST  (Jacques  Van),  le  Vieux,  peintre  flamand,  né  à 
Bruges  en  1600,  mort  à  Bruges  en  1671.  Issu  de  la  haute 
bourgeoisie,  il  fut  élève  de  son  frère,  mort  jeune,  puis  alla 
en  ItaMe,  d'où  il  rapporta  l'influence  marquée  d'Annibal 
(^arrache,  qu'il  mêla,  dans  ses  tableaux  religieux,  à  celle 
de  Rubens  et  de  Van  Dyck.  Ses  portraits  sont  remarquables. 
On  trouve  ses  nombreux  ouvrages  au  musée  et  dans  les 
églises  de  Bruges  (Déposition  \le  Croix,  à  l'église  des 
Jésuites;  Baptême  du  Christ,  à  l'église  du  Sauveur; 
Naissance  du  Christ,  à  Notre-Dame  ;  Présentation  de 
Marie,  au  temple  Saint-Jac(jues),  dans  les  musées  du 
Louvre,  de  Vienne,  de  l'Ermitage,  etc.  Il  eut  de  deux 
mariages  six  enfants,  dont  deux  peintres.  Le  meilleur  fut 
Jacques  le  Jeune,  né  à  Bruges  en  1636  ou  1637,  mort 
à  Bruges  en  1713.  Elève  de  son  père,  il  alla  en  Italie, 
revint  par  Paris,  se  maria  à  Lille  et  y  vécut  quarante  et 
un  ans.  Ses  meilleurs  et  ses  plus  nombreux  ouvrages  de 
peinture  religieuse  se  trouvent  dans  les  églises  [Martyre 
de  sainte  Barbara,  à  Saint-Etienne  ;  Christ  enfant,  aux 
Capucins,  etc.),  les  couvents  et  le  musée  de  Lille.    E.  D.-(i . 

OOSTACKER.  Com.  de  Belgique,  prov.  de  Flamh'e 
orientale,  arr.  de  Gand,  sur  le  canal  de  Gand  à  Ter- 
neuzen  ;  5.200  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  Gand  à 
Saffelaere,  à  7  kil.  de  Gand.  Huileries,  distilleries,  fa- 
))riques  de  colle  forte,  de  chicorée,  de  savon.  On  a  érigé 
en  1874  à  Oostacker  une  copie  de  la  grotte  de  Lounh^s 
qui  amène  dans  cette  localité  un  grand  concours  de  pèle- 
rins des  deux  Flandres. 

OOSTCAMP.  Com.  de  Belgique,  prov.  de  Flandre  oc- 
cidentale, arr.  de  Bruges,  sur  le  canal  de  Bruges  à  Gand, 
à  5  kil.  de  Bruges  ;  6.200  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de 
Bruxelles  à  Ostende.  Huile.  Exploitations  agricoles  consi- 
dérables. L'église  de  Saint-Pierre,  assez  remarquable, 
date  du  xi®  siècle;  elle  aurait  été  construite  sur  les  ordres 
de  Robert  le  Frison,  comte  de  Flandre. 

OOSTERHOUT.  Ville  des  Pays-Ras,  prov.  du  Rrabant 
septentrional,  sur  un  canal  qui  aboutit  à  la  Donge  et   ù 

GRANDE    ENCYCLOPÉDIE.  —   XXV. 


Gertruidenberg  ;  10.425  hab.  (en  1889).  Belle  église 
catholique.  Sucreries,  tanneries,  cordonneries,  poteries, 
billards.  Commerce  de  toile  et  de  bois. 

OOSTERZEE  (Jean-Jacques  Van),  théologien  hollandais, 
né  à  Rotterdam  en  1817.  mort  à  Wiesbade  en  J882.  Il 
fut  successivement  pasteur  à  Alkmaar  et  à  Rotterdam, 
puis  professeur  de  théologie  à  l'Université  d'Utrecht.  Il 
est  l'auteur  d'un  grand  nombre  de  travaux  estimables  sui' 
l'histoire  religieuse  ;  ils  ont  été  réunis  sous  le  titre 
(VŒuvres  complètes  (en  néerlandais)  (Amsterdam,  1877- 
80,3  vol.  in-8).  Il  a  publié  aussi  des  poésies  néerlandaises 
(Utrecht,  1882,  in-8). 

OOU.  Région  de  la  cote  de  (Hne,  au  S.  de  Tesluaire 
du  Yang  tse  kiang,  où  s'élèvent  les  villes  de  Oou  si  et  de  Sou 
tclieou.  A  l'origine  de  l'histoire  chinoise,  elle  formait  un 
Etat,  dont  les  habitants  parlaient  une  langue  non  chinoise 
et  étaient  appelés  des  barbares;  cependant  les  rois  de  Oou 
voulurent  se  rattacher  à  la  flimille  des  Tcheou,  et  Ton 
raconta  que  Thai  po,  oncle  de  Oen  oang,  avait  fondé  la 
dynastie  de  Oou.  C'est  en  645  av.  J.-C.  que  ce  royaume  est 
mentionné  pour  la  première  fois  par  les  annales  chinoises  ; 
en  585,  ces  annales  constatent  encore  que  les  gens  de  Oou 
ne  sont  Chinois  ni  d'habit  ni  de  langage  ;  cependant  Con- 
fucius  et  son  école  célèbrent /i/7r/ir/,  fils  d'un  roi  de  Oou, 
([ui  refusa  le  trône  pour  s'adonner  à  l'étude  de  la  sagesse. 
Le  royaume  de  Oou  était  en  guerres  continuelles  avec  ce- 
lui de  Tchhou,  Etat  également  barbare  situé  à  l'O.  ;  on 
peut  remarquer  le  développement  pris  par  les  flottes  flu- 
viales de  ces  deux  royaumes.  En  513,  Ho  liu,  roi  de  Oou, 
fonda  et  prit  pour  capitale  une  ville  qui  est  devenue  Sou 
tcheou  ;  il  remporta  d'importants  succès  contre  le  royaume 
de  Tchhou  et  contre  celui  de  Yue  situé  au  S.  de  Oou,  sur 
la  côte;  il  fut  tué  dans  une  guerre  contre  Yue  (494).  Son 
successeur  Fou  fchliai  fut  vainiiueur  de  Yue  et  de  Tshi 
(0.  de  la  prov.  duChan  long)  ;  mais  à  la  fin,  Keou  tshien. 
roi  de  Yue,  envahit  Oou  et  prit  la  capitale  ;  le  roi  périt 
et  le  royaume  fut  réuni  à  Yue  (472  av.  J.-C.). 

Le  nom  de  Oou  a  été  conservé  par  la  région:  en  208 
ap.  J.-C,  Soen  Kliiuen.  gouverneur  du  pays  depuis  202, 
fut  nommé  prince  de  Oou  ;  il  prit  plus  tard  le  titre  d'em|)e- 
reur  (V.  Trois  Royaumes)  et  résida  à  Nanking.  On  trouve 
encore,  au  N.  du  Yang  tsé,  un  royaume  indépendant  de 
Oou  (901-937),  qui  fut  remplacé  par  l'Etat  de  Tliang 
méridional (9^1 -91  d),  et,auS.duYang  tse,  un  royaume 
de  Oou  yue  qui  dura  de  894  à  978.  Enfin,  lors  de  la  dé- 
cadence de  la  dynastie  mongole,  Tchang  Chi  tchheng, 
puis  Tchou  Yuen  tchang  (Thai  tsou  des Ming),  donnèrent 
à  leur  territoire  le  nom  de  royaume  de  Oou  (1353-68). 

M.  Courant. 

BiijL  :  I.c  P.  A.  'IVciii'Pn.  Histoire  du  royoAime  de  On 
[Vnr'iétés  sinologlqaes),  ii"  10  ;  Gliaiig-haï.  189!),  in-8. 

OOU  HEOU,  célèbre  impératrice  chinoise  de  la  dynas- 
tie des  Thang  (V.  Thano). 

OOU  HOU  (Ifw-/iM).  Ville  chinoise  (préf.  de  Thai  phing, 
prov.  deNgan-hoei),  située  sur  la  rive  droite  du  Yang  tse, 
ouverte  par  la  convention  de  Tclie-fou(1876);  la  douane  y 
fut  mstallée  en  1877.  Situé  à  80  kil.  de  la  ville  impor- 
tante de  Ning-koe,  à  portée  de  districts  producteurs  de 
thé  et  de  soie,  relié  à  tous  les  environs  par  des  canaux, 
ce  port  semble  destiné  à  prenih'c  de  l'accroissement.  Con- 
cession anglaise  peu  peuplée  ;  la  ville  contient  77.000 
âmes.  Dans  les  environs,  mines  de  charbon.  Exportation 
de  bois,  riz,  froment.  M.  C-ourant. 

BiijL.  :  Retïirns  of  Iriide  and  iroxle  reports  for  China, 
pu])liés  à  Chaiiir-haï  par  les  Douanes  chinoises. 

OOU  KHI,  général  chinois,  originaire  du  royaume  de 
Oei  II  (iv*^  siècle  av.  J.-C).  Entré  au  service  du  royaume  de 
Lou,  il  vainquit  le  royaume  de  Tchi  ;  puis,  il  passa  dans 
les  armées  de  Oei  III,  et  enfin  de  Tchhou  ;  détesté  par  les 
fonctionnaires  de  ce  pays,  il  fut  tué  après  la  mort  du  prince 
Tao  qui  l'avait  accueilli.  Un  ouvrage  qu'il  a  laissé,  le  O021 
tseu,  est  compté  au  nombre  des  sept  classiques  militaires. 

OOU  OANG,  célèbre  roi  chinois,  fondateur  de  la  dynas- 
tie des  Tcheou  (V.  Tcheou). 

26 


OOU  TAI  cm  -^  OPÉRA 


40!>  — 


OOU  TAI  CH!.  Hiïstoire  lies  ciiiq  dyjiaslieh  qui  ont  régné 
on  Chine  entre  celles  des  Tliang  et  des  Song  (Liang  pos- 
léi'ieurs,  Thang  postérieurs,  'Isiïi  postérieurs,  Han  pos- 
térieurs et  Tcheou  postérieurs,  de  907  à  960).  Il  existe 
deux  ouvrages  portant  ce  titre  et  compris  tous  deux  parmi 
les  '24  histoires  dynastiques  :  1"  Ancienne  histoire  des 
5  dynasties,  en  ioO  livres,  par  Sie  Kiu  tcheng  ;  "i^  histoire 
(ou  nouvelle  histoire)  des  5  dynasties,  en  7i  livres, 
par  Ngeou  yang  Sieou  (V.  ce  mot).        M.  Courant. 

OPACITÉ.  Un  corps  est  opa([ue  lorsqu'il  arrête  les 
rayons  lumineux  qui  frappent  sa  surface  ;  un  pareil  cor])s 
ari'ète  aussi  en  général  la  chaleur  rayonnante,  mais  il  Jie 
s'oppose  pas  à  la  transmission  de  la  chaleur  par  conduc- 
tibilité. L'opacité  des  corps  est  une  propriété  relative,  en 
ce  sens  que  les  corps  les  plus  opaques  peuvent  cependant 
laisser  passer  la  lumière  lorsqu'on  les  emploie  à  l'état  de 
lames  suffisamment  minces.  L'or  par  exemple  peut  être 
amené  à  l'état  de  feuilles  si  minces  (1; 25000  de  millim.) 
((u'elles  laissent  passer  une  lumière  verdàtre  complémen- 
taire de  la  lumière  qu'elles  réfléchissent.  L'opacité  dépend 
aussi  de  la  nature  des  rayons  que  reçoit  le  corps  :  ainsi 
une  solution  d'alun  qui  est  bien  transparente  parce  qu'elle 
laisse  passer  facilement  la  lumière  est  beaucoup  plus 
opaque  pour  la  partie  infra-rouge  du  spectre  (ju'elle  arrête 
complètement  sous  une  épaisseur  suffisante  ;  elle  est  opacpie 
pour  ces  rayons.  Au  contraire,  les  solutions  concentrées 
d'iode  dans  le  sulfure  de  carbone  semblent  noires  parce 
(ju'elles  arrêtent  complètement  tous  les  rayons  lumineux; 
mais  elles  ne  sont  pas  opaques  pour  les  rayons  calori- 
iiijues  qu'elles  laissent  passer  au  contraire  facilement.  De 
même,  certains  rayons  (rayons  polarisés),  pour  lesquels 
des  cristaux  convenablement  taillés  sont  absolument  trans- 
parents dans  une  direction  déterminée,  sout  absolument 
ai'i'êtés  si  Ton  tourne  ces  cristaux  d'ini  certain  angle, 
l'jitin  la  découverte  l'écente  des  rayons  X  a  beaucoup  mo- 
ditié  ridée  qu'on  se  faisait,  en  général,  de  l'opacité,  ('n 
sait  que  pour  ces  rayons,  ce  sont  les  substances  légères, 
oj)aques  ou  non  pour  la  lumière,  ([ui  sont  transparentes, 
landisque  les  substances  lourdes  sont  opaques  :  une  lame 
de  carton  laisse  passer  les  rayons  X,  une  lame  de  cristal 
les  arrête.  A.  Joannis. 

OPALE  (Minéral.).  Silice  hydratée  amorphe  se  pré- 
sentant en  masses  transparentes  quelquefois  teireuses. 
L'éclat  est  vitreux,  résineux  ou  perlé.  La  couleur  est  très 
variable.  Blanche,  rouge,  jaune,  verte,  grise,  bleue.  Den- 
sité, 1,9  à  2,3;  dureté,  5,5.  La  quantité  d'eau  n'étant 
pas  toujours  la  même,  les  propriétés  physiques  sont  très 
variables  aussi  ;  on  distingue  un  très  grand  Jiombre  de 
variétés.  Toutes  sont  solublcs  dans  l'acide  tluorhydrique 
et  dans  la  potasse  et  la  soude.  Infusibles  au  chalumeau. 
Vopnle  noble,  la  plus  précieuse  de  toutes,  possède  de 
belles  couleurs  dues  aux  fuies  fissures  qui  se  trouvent 
dans  la  substance,  aussi  par  suite  des  modifications  de 
ces  dernières  produites  par  la  chaleur,  l'humidité,  etc., 
les  couleurs  changent  et  même  disparaissent.  On  (hl 
alors  que  l'opale  meurt.  Ces  opales  employées  en  bijou- 
terie viennent  surtout  de  Hongrie  et,  depuis  quelques  an- 
Jiées,  d'Australie.  Vopale  de  feu  a  une  couleur  rouge 
hyacinthe  passant  au  jaune.  Elle  se  trouve  au  Mexicpie. 
L'opale  girosol  est  blanc  bleuâtre  avec  des  reflets  rou- 
geàtres.  Vhydrophane,  peu  colorée,  translucide,  adhèie 
à  la  langue  et  devient  transparente  lorsqu'elle  est  plon- 
gée dans  l'eau.  Le  cacholong  est  opaque  et  blanc  comme 
la  porcelaine.  Vhyalite  constitue  des  concrétions  globu- 
laires ressemblant  à  du  verre.  La  forcherite  est  une  opale 
jaune  colorée  par  de  l'orpiment  (Saint-Nectaire).  La  }n:'- 
linite  de  Ménilmontant  (Paris)  est  en  concrétions  opaques 
et  grises,  tubéreuses  ou  réniformes  dans  des  dépôts  argi- 
leux. P.  Gaubert. 
OPALIES  (Myth.  rom.)  (V.  Ops). 
OPALINE  (ZooL).  Genre  d'Infusoires  ciliés,  ordre  des 
Holotriches,  type  d'une  petite  famille  dont  tous  les  repré- 
sentants sont  des  parasites  internes.  Ils  sont  finement  etré- 


()|tatiuni  sabiil  )sn 

méditerranéenne.  Le 
ion£f  de  8  millim., 


gulièrement  ciliés,  dépourvus,  par  rétrogradation,  de  bouche 
et  de  pharynx.  UOpalina  ranaruni,  commune  dans  le  tube 
digestif  des  grenouilles,  longue  de  0'""\20  surO''^''^L2  de 
large,  n'a  pas  de  vésicule  contractile,  bien  que  cet  apj)a- 
reil  se  retrouve  dans  des  geiu'es  voisins.  Le  genre  Diseo- 
phrya,  qui  habite  le  tube  digestif  de  diverses  Planaires  et 
Amphibiens,  présente  en  avant  une  sorte  de  ventouse  ;  cet 
organe  est  moins  développé  chez  les  Hoplitophrya,  para- 
sites des  Planaires  et  Oligochètes,  mais  il  est  armé  de  deux 
crochets  fixateurs  ;  Opalinopsis,  thei  divers  Céphalopod(^s. 
OPATOW.  Ville  de  Pologne,  gouv.  de  Radom,  ch.-l.  l'e 
district  sur  l'Opatowka,  affl.  g.  de  la  Vistule.  Ville  ancienne  ; 
6.942  hab.  Fabrique  d'instruments  agricoles.  Gisements 
de  calcaires  et  de  grès  dans  les  environs. 

OPATRUM  ouHOPATRUM  (Entom.).  Genre  dTnsocles 
Coléoptères,  de  la  famille  des  Ténébrionides,  établi  par 
Fabricius  (Syst.  Ent..  1775,  p.  76). 
Ce  genre  est  caractérise  par  la  tête 
transversale,  fortement  éch ancrée, 
des  antennes  de  11  articles,  des 
élytres  parallèles,  arrondis  en  ar- 
rière et  des  tarses  simples.  Les 
ailes  sont,  selon  les  espèces,  rudi- 
mentaires  ou  développées.  La  forme 
et  la  sculpture  des  élytres  varient. 
On  rencontre  ces  Insectes  dans  les 
lieux  arides,  sous  les  pieires.  Le 
geiu'e  comprend  160  espèces  environ 
appartenant  surtout  à  l'ancien  con- 
tinent, particulièrement  à  la  faune 
type  du  genre,  0.  sabulosa  Linn. 
d'un  brun  noir,  est  très  connnun  aux  environs  de  Paris. 
Les  larves  de  ce  Pinnelide  causent  parfois  d'assez'grands  dé- 
gâts dans  les  pép-nières,  attirées  par  l'aUmentaïion  facile 
et  succulente  que  leur  ofï'rent  les  jeunes  pousses  étiolées  à 
leur  base.  C'est  surtout  dans  les  terrains  sablonneux  ou 
légers  que  cet  insecte  se  développe  de  préférence. 

OPAVA.  Nom  tchèque  de  la  ville  de  Troppau  (V.  ce 
mot). 

OPENSHAW.  Faubourg  de  Manchester,  réuni  à  celte 
ville  en  1888  (V.  Manchester). 

OPÉRA.  Action  dramatique  dans  laquelle  la  poésie  et  la 
musique  sont  étroitement  associées,  le  texte  chanté  étant  en 
outre  accompagné  par  un  orchestre.  En  s'en  tenant  à  cette 
définition,  on  peut  faire  remonter  jusqu'à  l'antiquité  les  ori- 
gines de  l'opéra.  Dans  les  tragédies  d'Eschyle  et  de  ses 
successeurs,  le  dialogue  était  déclamé  sur  un  rythme  dé- 
terminé et  avec  des  intonations  musicales,  et  les  chœurs 
se  faisaient  entendre,  soutenus  par  les  joueurs  de  flûtes  et 
de  lyres.  —  Plus  près  de  nous,  à  dater  du  v^  siècle  de  Fêre 
chrétienne,  apparaissent  de  véritables  drames  sacrés  dont 
la  représentation  précédait  ou  suivait,  selon  le  cas,  les  cé- 
rémonies du  culte.  Tels  sont  les  Prophètes  du  Christ,  ins- 
pirés par  un  sermon  de  saint  Augustin,  les  Vierges  sages 
et  les  Vierges  folles,  comportant  des  chœurs  et  des  ,s'(;//. 
A  ces  drames,  strictement  religieux  et  interprétés  par 
les  seuls  clercs,  succédèrent  des  cérémonies  d'un  caractère 
burlesque  dans  lesquelles  le  peuple  se  délassait  à  cœur-joie 
de  la  gravité  des  primitifs  mystères.  Telle  est; la  célèbre 
Fête  de  rdneqiû,  duxi*^  au  xiv°  siècle,  déroulait  annuelle- 
ment sa  grotesque  procession,  en  mêlant  des  braiments  aux 
chants  de  la  messe.  Du  mélange  de  Pélément  religieux  et 
de  l'élément  populaire  devait  naître  un  genre  mixte.  Déjà 
au  xii^  siècle,  l'église  n'est  plus  indispensable  à  la  repré- 
sentation de  ce  qu'on  ajustement  nommé  des  drames  semi- 
liturgiques.  Daniel  est  un  modèle  de  cette  catégorie,  et  il 
offre  cette  particularité  remarquable  que  des  instruments  à 
cordes  s'y  joignent  à  l'orgue  pour  accompagner  les  chan- 
teurs. Le  Fils  de  Gédron,  le  Massacre  des  Innocents, 
r  Adoration  des  Mages,  nous  offrent  d'intéressants  exemples 
de  transformation  qu'un  siècle  avait  sufti  à  produire.  Dans 
ces  mystères,  la  déclamation  lyrique,  le  mouvement  des 
chanirs,  enfin  la  mise  en  scène  s'unissaient  pour  donner 


403  - 


OPERA 


plus  d'intérêt  et  d'animation  à  l'action  dramatique.  Nous 
savons  que  le  Jeu  d'Adcun  était  représenté  devant  la  fa- 
çade de  réglise,  probablement  sur  un  échafaudage  portant, 
à  gauche  du  spectacle,  le  paradis  terrestre  orné  de  fleurs 
et  d'arbres  fruitiers  —  à  droite,  l'enfer  d'où  une  machi- 
nation ingénieuse  faisait  jaillir  des  flammes.  Les  costumes 
n'étaient  pas  moins  soignés  que  les  décors.  Quant  à  la 
pièce,  elle  suivait  assez  fidèlement  le  récit  biblique.  Mais, 
au  point  de  vue  spécial  qui  nous  occupe,  observons  que  deux 
éléments  de  l'opéra  y  sont  déjà  contenus,  outre  ceux  que 
nous  avons  précédemment  signalés  :  alternance  de  la  décla- 
mation dialoguée  et  du  chant  choral,  et  divertissements 
mimés  et  dansés. 

Le  théâtre,  déjà  à  demi  sécularisé,  devait  auxiii^et  dé- 
finitivement au  XTV®  siècle  se  détacher  de  la  liturgie.  Une 
(puvre  maîtresse  nous  servira  à  mesurer  le  chemin  par- 
couru :  le  Jeu  de  Robin  et  de  Marion,  composé  par  Adam 
de  La  Halle  et  représenté  en  1283  à  la  cour  de  Naples,  a 
mérité  à  son  auteur  le  titre  de  fondateur  de  l'opéra-co- 
mique.  C'est  une  aimable  pastorale  satirique  et  galante,  et 
(ju'aucun  lien  ne  rattache  à  l'Eglise.  Le  théâtre  laïque  était 
dès  lors  dûment  constitué,  mais  la  musique  devait  y  perdre 
une  grande  part  de  son  importance  :  instrumentistes  et 
chanteurs  coûtaient  cher  et  produisaient  d'ailleurs,  à  nombre 
égal,  moins  d'eff'et  dans  la  rue  ({ue  sous  les  voûtes  des 
temples,  en  sorte  que  leur  rôle  se  restreignit  notablement. 
Nous  nous  bornerons  donc  à  nommer  l'association  des  Con- 
frères de  la  Passion  et  de  la  Résurrection  de  Notre- 
Seigneiir,  celle  des  clercs  de  la  Basoche  et  celle  enfin  des 
Enfants-sans-Soucy  qui  offrirent  au  peuple,  pendant  les 
XI v^  et  XV®  siècles,  les  spectacles  les  plus  divers,  sans  nous 
attarder  à  décrire  ces  derniers  qui  ne  relèvent  point  de  notre 
étude. 

(rest  à  l'Italie  qu'il  faut  à  présent  en  demander  la  suite  : 
comme  la  Erance,  elle  avait  eu  ses  mystères,  mais  luxueu- 
sement représentés  aux  frais  et  par  les  soins  des  princes 
([ui  en  offraient  le  divertissement  à  leurs  courtisans  et  à 
leurs  peuples,  et  dont  la  Rappresentaiione  de'  SS.  Gio- 
vanni e  Paolo  de  Laurent  deMédicis  demeure  le  plus  mé- 
morable spécimen.  Cependant  c'est  à  l'antiquité, c'est  à  la 
mythologie,  c'est  à  la  tragédie  grecque  que  l'Italie  va  dé- 
sormais emprunter  les  sujets  de  ses  drames.  Déjà  en  4475 
Angelo  Politiano  fait  exécuter  à  Florence  sa  «  tragédie 
chantante  »  Orfeo.  Les  dieux  et  les  déesses  de  l'Olympe 
se  succèdent  rapidement  dans  la  Céphale  deVisconti  et  la 
pastorale  de  Tirsis  de  César  de  Gonzague.  Au  siècle  sui- 
vant appartiennent  les  interniezzi  de  Pietro  Strozzi,  la 
Tragedia  de  Claudio  Merulo  et  les  essais  d'Alfonso  della 
Viola  sur  différents  poèmes  pastoraux  ou  tragiques. 

En  même  temps  la  cour  cle  France  se  délecte  aux  mas- 
carades et  aux  ballets,  ces  derniers  comportant  non  seu- 
lement des  danses,  mais  aussi  des  chants  accompagnes  par 
les  instruments.  L'influence  itahenne,  prépondérante  sous 
la  domination  de  Catherine  de  Médicis,  se  retrouve  dans 
te  goût  des  fables  mythologiques  largement  mises  à  profit 
par  les  poètes  de  la  Pléiade.  C'est  à  eux  et  notaminent  à 
Baïf  que  l'on  doit  le  célèbre  divertissement  qui  fut  exécuté 
en  l'honneur  de  l'élection  du  duc  d'Anjou  au  trône  de  Po- 
logne, et  dont  la  musi(|ue  fut  écrite  en  partie  par  le  grand 
Orlando  de  Lassus,  et  surtout  parSalmon  et  Beaulieu,  mu- 
siciens de  la  cour.  Ce  «  ballet  (comique  de  la  reine  »  com- 
portait des  ^oli,  des  ensembles,  des  chœurs  et  une  variété 
d'instruments  à  cordes  et  à  vent  qui  en  font  un  important 
docuQient  dans  l'histoire  de  la  musique  dramatique. 

Ce  fut  à  peu  près  à  la  même  époque  qu'une  réunion  de 
lettrés  et  d'artistes,  dont  Giovanni  Bardi,  comte  de  Vernio, 
lui-même  poète  et  musicien,  était  en  quelque  sorte  l'àme, 
s'avisèrent  de  ressusciter  la  déclamation  musicale  de  la  tra- 
gédie grecque.  Stroggio,  Malvezzi,  Vincenzo  GaUlée,  père  du 
célèbre  astronome,  Giulio  Caccini,  s'essayent  à  la  réalisation 
de  ce  dessein.  EmiHo  del  Cavalière  fait  paraître  en  1390 
ses  Scènes  pastorales.  —  Sous  le  patronage  de  deux  autres 
mécènes,  Giacomo  Corsi  et  Pietro  Strozzi,'jacopo  Péri  écrit 


la  musique  d'une  Dafne  due  au  poète  Rinuccini  (1397). 
Le  succès  de  cet  ouvrage  fut  éclatant  et  prolongé,  il  enga- 
gea les  auteurs  à  composer  un  nouvel  ouvrage  :  ce  fut  Eu- 
ridice  qui,  écrite  en  collaboration  avec  Caccini,  fut  repré- 
sentée le  6oct.l600  en  l'honneur  du  mariage  de  Marie  de 
Médicis  avec  Henri  IV.  N'oublions  pas,  toutefois,  que  nous 
nous  trouvons  en  présence  d'œuvres  encore  bien  impar- 
faites. Des  idées  courtes,  une  mélodie  ou  plutôt  une  mé- 
lopée monotone  et,  par  instants,  cependant,  une  justesse 
remarquable  dans  la  déclamation,  tels  en  sont  les  caracté- 
ristiques, et  l'on  pourrait  affirmer  qu'à  sa  naissance  l'opéra 
est  beaucoup  plus  littéraire  que  musical.  Il  appartenait  à 
Monteverde  d'établir  à  cet  égard  un  système  mieux  équili- 
bré. Son  Orfeo,  joué  en  1607,  est  accompagné  par  un 
orchestre  extrêmement  varié,  bien  ({u'employé  avec  plus  de 
zèle  que  de  goût.  Les  chœurs  sont  importants  et  dévelop- 
pés ;  en  revanche,  le  sentiment  draniati(fue  est  souvent 
étouffé  sous  le  luxe  des  ornements  vocaux. 

Cependant,  le  peuple  commençait  à  prendre  sa  part  de 
représentations  ({ui  ne  devaient  plus  demeurer  le  privilège 
des  grands  seigneurs.  Pendant  la  seconde  moitié  du 
xvii®  siècle,  des  salles  de  spectacle  s'ouvrent  dans  les  villes 
d'Italie.  Cavalli,  Cesti,  compositeurs  féconds  et  intelligents 
novateurs,  réagissent  contre  le  préjugé  qui,  en  l'honneur 
de  la  déclamation  antique,  proscrivait  la  mélodie  rythmée. 
Nous  nous  contenterons  de  nommer  Pasquini,  Legrenzi, 
Pietro  della  Valle,  mais  en  arrivant  au  nom  de  Scarlatti, 
nous  n'oubhons  pas  de  saluer  en  lui  le  musicien  intelli- 
gent qui  sut  comprendre  l'importance  du  savoir  technique, 
si  imprudemment  dédaigné  par  ses  prédécesseurs,  et  qui, 
joignant  à  de  précieux  dons  naturels,  une  connaissance 
approfondie  du  contrepoint,  sut  traduire  sans  hésitation 
les  nobles  inspirations  de  son  génie.  C'est  à  Scarlatti  que 
l'on  doit  VAi)'  régulier  et  les  différentes  formes  du  réci- 
tatif, qui  donnèrent  à  l'opéra  une  diversité  de  moyens 
d'expression  inconnue  jusqu'à  lui.  Notons  parmi  ses  con- 
temporains Stradella,  Rossi,  Buononcini,  Lotti  et  Freschi. 
La  Bérénice  de  ce  dernier  nous  fournit  une  idée,  à  coup 
sûr  extraordinaire,  de  l'imjwrtance  de  la  mise  en  scène  à 
cette  époque,  puisqu'elle  n'exigeait  pas  moins  de  300  cho- 
ristes, 46  cavahers,  plus  un  certain  nombre  de  chars  et 
une  étonnante  collection  de  chevaux,  lions,  éléphants  et 
autres  animaux. 

Pendant  qu'en  Italie  l'opéra  voyait  s'agrandir  ses  des- 
tinées, la  cour  de  France  assistait  avec  un  plaisir  toujours 
infatigable  à  la  représentation  des  ballets,  qui  devaient 
atteindre,  pendant  la  minorité  de  Louis  XIV,  leur  plus 
haut  point  de  perfection.  Certains  d'entre  eux  ne  man- 
quaient point  d'originalité,  ainsi  qu'on  en  peut  juger  par 
la  Festa  teatrale  della  finta  pazze,  pièce  italienne,  qui 
fut  jouée  devant  Anne  d'Autriche  et  dans  laquelle  dan- 
saient des  ours  et  des  singes,  puis  des  autruches,  qui  «  se 
baissaient  pour  boire  à  une  fontaine  ».  En  outre,  ainsi 
que  nous  l'apprend  un  chroniqueur  de  l'époque,  le  «  spec- 
tacle finissait  par  un  pas  de  quatre  Indiens  offrant  des 
perroquets  à  Nicomêde  qui  a  reconnu  Pyrrhus  pour  son 
petit-fils  (sic)  ».  La  légitime  stupéfaction  de  Pyrrhus  ne 
devait  assurément  pas  dépasser  la  nôtre.  Le  succès  de  ce 
divertissement  ne  nuisit  pas  à  celui  (ju'obtint  à  peu  de 
distance  la  tragi-comédie  (VOrfeo,  mise  en  musique  par 
le  célèl)rc  Lticr  Rossi  (V.  ce  nom).  \.\{ndromède  de 
Corneille  lui  succéda,  mais  la  musique  de  d'Assoucy 
ne  paraît  pas  avoir  été  fort  écoutée.  Les  ])allets  se  mul- 
tiplient ainsi  que  les  Pastorales.  Le  compositeur  italien 
Cavalli  vient  faire  applaudir  à  Paris  son  opéra  de  Serse 
pour  lequel  Lulli  écrit  des  airs  en  vue  d'un  ballet  fort 
singulièrement  amalgamé  au  drame  :  Xerxès  s'y  rencontre 
avec  Bacchus  et  Polichinelle;  la  fille  du  roi  d'Abydos 
y  figure  en  compagnie  de  paysans  et  de  singes.  Mais  quoi  ! 
le  jeune  roi  Louis  XIV  aime  la  pompe  des  divertissements, 
et  les  poètes  vont  chercher  parfois  l'originaUté  au  delà 
des  limites  du  bon  sens  et  du  goût  ! 

Lulli,  à  qui  n'avaient  pas  été  inutiles  les  exemples  de 


OPÉRA 


404  — 


('.avalli,  voyait  croître  sa  faveur,  en  même  temps  d'ailleurs 
que  celle  de  Molière  dont  il  était  F  assidu  collaborateur. 
(Cependant  un  rival  redoutable  ne  laissait  pas  de  lui  donner 
de  l'ombrage.  L'organiste  Cambert  venait  de  faire  repré- 
senter sa  pastorale  de  Pomone (i61i)  qui,  en  dépit  d'un 
poème  plus  que  médiocre,  avait  reçu  un  accueil  enthou- 
siaste. 11  se  disposait  à  donner  au  public  une  nouvelle 
œuvre,  lorsque  son  librettiste,  l'abbé  Perrin,  se  vit  dépos- 
séder par  les  intrigues  de  Lulli  de  son  poste  de  directeur 
de  l'Académie  royale  de  musique.  Cambert  fut  dès  lors 
irrémissiblement  écarté  et  s'exila  en  Angleterre  oii  il 
mourut  de  langueur  en  4677. 

Par  l'originalité  de  son  talent  et  la  fécondité  de  ses 
idées  musicales,  Lulli  mérite  d'être  placé  très  haut  dans 
l'estime  des  musiciens.  Tour  à  tour  pathétique,  aimable 
ou  gai,  il  est  pour  le  poète  un  fidèle  auxiliaire  et  respecte 
toujours  le  texte  aussi  bien  que  le  sens  du  poème.  Par  la 
sobriété  et  la  clarté  de  son  style,  il  est  bien  le  chef  en 
même  temps  que  le  fondateur  de  l'école  française. 

En  Angleterre,  le  xvii®  siècle  vit  également  l'opéra 
naître  du  masque,  sorte  de  divertissement  dans  lequel  un 
sujet  allégorique  était  traité  par  les  talents  combinés  du 
poète,  du  peintre  et  du  musicien.  Purcell,  qui  présida  à 
cette  naissance  ou  plutôt  à  cette  transformation,  sut  rester 
vraiment  original  et  national  dans  ses  ouvrages  drama- 
tiques où  se  trouvent  des  beautés  de  premier  ordre.  — 
En  Allemagne,  le  premier  opéra  écrit  dans  l'idiome  ger- 
manique semble  être  VAdam  itnd  Eva  de  Theile  (4678). 
De  nombreux  compositeurs  se  succèdent  depuis  cette  date, 
mais  aucun,  sans  contredit,  n'est  plus  prohtique  que 
Reinhard  Keiser  avec  ses  420  opéras.  Le  peu  qui  nous 
en  est  parvenu  nous  a  permis  de  voir  en  lui  un  artiste  de 
grande  valeur,  très  soucieux  de  l'impression  dramatique. 
Ce  fut  sur  la  scène  du  théâtre  de  Hambourg,  illustrée  par 
lui,  que  devait  débuter  le  jeune  Hicndel.  Mais  l'Italie 
l'attirait  comme  devait  plus  tard  l'attirer  l'Angleterre.  Des 
diverses  influences  que  subit  son  majestueux  génie  résulte 
un  style  unique  dans  sa  grandeur  et  sa  sérénité.  Nous 
l'étudierons  de  plus  près  en  traitant  de  Voratorio  (V.  ce 
mot).  Il  convient  pourtant  d'ajouter  que  les  opéras  de 
Ha?ndel  firent  naître  plus  d'enthousiasme  en  Angleterre 
qu'en  Allemagne,  où  ceux  de  Graun  et  surtout  de  Hasse. 
infiniment  moins  remarquables,  étaient  très  favorablement 
reçus. 

En  France,  les  successeurs  de  Lulli,  Colasse,  (kimpra, 
Destouches,  Mouret  étaient  loin  de  l'avoir  remplacé,  et  la 
gloire  de  leur  maître  emplissait  seule  la  scène  française. 
Aussi  lorsque  Rameau  y  vint  présenter  ses  ouvrages,  les 
plus  cruels  et  les  plus  injustes  sarcasmes  l'accablèrent-ils 
tout  d'abord.  Pourtant  la  vigueur  de  son  style,  la  richesse 
de  son  harmonie  et  de  son  orchestration  rachetaient  am- 
plement certains  défauts  parmi  lesquels  il  faut  compter 
l'abus  de  la  musique  imitative.  Après  avoir  longtemps 
lutté  contre  les  lullystes,  et  au  moment  où  l'opinion  se 
déclarait  en  sa  faveur,  il  eut,  sur  la  fin  de  sa  vie,  à  subir 
les  conséquences  d'une  nouvelle  invasion  de  l'art  italien 
en  France.  La  Serva  padrona  de  Pergolèse,  type  char- 
mant de  ïmtermeZ'Zo  (sorte  de  composition  chantée  entre 
les  actes  des  grands  opéras  et  d'où  devait  sortir  Vopera 
buffa),  importée  à  Paris  par  des  troupes  italiennes,  y  fut 
chantée  d'abord  en  4746,  puis  en  4752.  Dès  lors^  les 
musiciens  et  le  public  se  partagèrent  en  deux  camps  :  les 
partisans  de  LuHi  et  de  Rameau,  réconciliés  contre  l'en- 
nemi commun,  se  groupaient  à  l'Opéra  sous  la  loge  du  roi, 
et  les  admirateurs  de  la  musique  italienne  sous  la  loge  de 
la  reine.  La  Querelle  des  bouffons,  comme  on  l'appela, 
fit  couler  d'intarissables  Ilots  d'encre.  Vingt-deux  ans  plus 
tard,  elle  recommençait,  plus  violente  encore,  entre  les 
piccinnistes  et  les  gluckistes,  à  l'occasion  de  la  première 
représentation  à  Paris  de  VIphigénie  en  Aiilide  de  Gluck 
dont  le  succès  fut  immense  (4774).  Orphée,  puis  Alceste 
et  enfin  Armide  lui  succèdent.  Le  Roland  de  Piccinni,  que 
ses  admirateurs  opposaient  au  grand  maître  autrichien, 


fut  joué  en  4878  et  fort  bien  reçu  du  public.  Enfin  les 
deux  adversaires  traitèrent,  sur  des  livrets  différents,  le 
sujet  àlphigénie  en  Tauride  et  la  victoire  demeura  dé- 
finitivement à  Gluck. 

Que  l'on  ne  s'y  trompe  pas  :  en  ces  deux  querelles 
successives,  c'est  moins  deux  hommes  que  deux  écoles  qui 
se  trouvent  en  présence.  L'Italie,  en  son  amour  idolâtre 
pour  le  belcanto,  en  était  arrivée  à  lui  sacrifier  l'élément 
dramatique.  Le  musicien  n'était  plus  que  le  collaborateur 
ou  même  que  l'humble  domestique  du  clianteur.  L'illustre 
Marcello,  dans  les  conseils  ironiques  qu'il  donnait  aux 
jeunes  compositeurs,  a  spirituellement  défini  cette  étrange 
situation  :  «  Le  compositeur  moderne,  écrit-il,  détruira 
tant  qu'il  le  pourra  le  sens  des  paroles...  ;  il  ne  faut  point 
qu'il  s'avise  de  lire  le  poème  entier  avant  de  le  mettre  en 
musique,  de  crainte  d'effaroucher  son  imagination  ;  il  le 
composera  vers  par  vers  et  ne  manquera  pas  d'appliquer 
aux  airs  les  motifs  qu'il  aura  préparés  dans  l'année...  ; 
si  un  époux  se  trouve  renfermé  dans  quelque  prison  avec 
son  épouse,  et  que  l'un  d'eux  sorte  pour  aller  à  la  mort, 
l'autre  devra  rester  pour  chanter  une  ariette  où  tout 
exprime  la  gaîté. . .  ;  enfin,  quand  l'entrepreneur  se  plaindra 
de  la  musique,  le  compositeur  protestera  que  c'est  à  tort, 
ayant  employé  près  de  trois  jours  à  composer  son  opéra, 
et  y  ayant  mis  un  tiers  de  plus  de  notes  qu'on  n'a  cou- 
tume de  le  faire.  »  Sans  doute,  il  faut  ici  faire  leur  part 
à  la  fantaisie  et   à  l'exagération  et  ne  pas  oublier  que 
Pergolèse  existait  au  moment  où  le  satirique  patricien 
écrivait  son  Thmtre  à  la  mode.  Il  faut  aussi  reconnaître 
que  les  librettistes  étaient  encore  plus  coupables  que  les 
(compositeurs  à  qui  ils  ne  fournissaient  que  des  poèmes 
invariablement  taillés  sur  le  même  patron  et  dépourvus 
de  tout  intérêt  dramatique.  Gluck,  qui,  d'ailleurs,  ne  com- 
mença son  œuvre  de  réformation  qu'après  avoir  pendant 
longtemps  composé  des  opéras  dans  le  genre  qu'il  devait 
si  puissamment  combattre,  ne  se  borna  pas  à  bannir  de 
ses  œuvres  le  faux  goût  et  les  vains  ornements,  il  s'attacha 
à  prêter  à  ses  personnages  un  langage  conforme  à  leurs 
sentiments  et  à  leurs  passions,   il  agrandit  le  rôle  de 
l'orchestre  et  mit  enfin  la  musique  au  service  du  drame. 
Pendant  que  la  grande  œuvre  rénovatrice  s'accomplis- 
sait, une  autre,  à  coup  sûr  plus  modeste  et  de  moijidre 
envergure,  s'élaborait  également  à  Paris.  V opéra-comique 
dont  les  débuts  avaient  eu  lieu  sur  le  Théâtre  de  la  Foire 
où,  dès  l'année  1742,  s'étaient  produites  des  pièces  «  en 
vaudevilles  »,  c.-à-d.  formées  d'une  succession  de  couplets, 
fut  définitivement  établi,  après  de  nombreuses  aventures, 
en  1752,  sous  la  direction  de  Monet.  Les  paroliers  \i\{}é, 
Piron,  Favart,  Marivaux,  Sedaine  ;  les  compositeurs  Dau- 
vergne,  Gilliers,  Philidor,  Duni,  Monsigny,  Grétry,  y  pro- 
duisirent leurs  ouvrages.  Le  charme  mélodique  de  la  mu- 
sique de  Monsigny,  la  fidélité  de  l'expression  qui  caracté- 
rise celle  de  Grétry,  méritent  d'être  rappelés  ici.  Dezède, 
Martini,  Dalayrac  continuèrent  à  soutenir  les  succès  d'un 
genre  dont  nous  continuerons  tout  à  l'heure  de  retracer 
l'histoire.  Revenons  à  l'opéra  qui,  avec  Salieri,  élève  et 
imitateur  de  Gluck,  avec  Sacchini  dont  les  nobles  qualités 
ne  furent  malheureusement  guère  appréciées  de  son  vivant, 
avec  Paisiello,  charmant  et  fécond  mélodiste,  poursuivait 
sa  marche  sans  trop  s'écarter  de  la  voie  tracée  par  l'au- 
teur A'Or^hée.  Il  appartenait  à  Mozart  d'unir  la  suavité 
et  la  grâce  italiennes  à  la  profondeur  germanique,  l'ins- 
piration à  la  science,  la  mélodie  à  l'harmonie,  dans  ces 
chefs-d'œuvre  qui  ont  pour  noms  le^  Noces  de  Figaro, 
Don  Juan,  la  Flûte  enchantée.  Sans  se  laisser  conduire 
par  une  théorie  déterminée,  il  réalisa  cependant  l'union 
souhaitée  du  poème  et  de  la  musique,  avec  cette  merveil- 
leuse souplesse  et  cette  variété  de  moyens  d'expression 
qui  lui  sont  propres.  Dans  un  domaine  plus  léger,  son  con- 
temporain Cimarosa  met  les  mêmes  principes  en  usage  et 
donne  à  V opéra  bouffe  ^on  chef-d'œuvre  dans  //  Matriino- 
nio  segreto.  Le  grand  nom  de  Beethoven  apparaît  ici 
pour  nous  montrer,  en  son  unique  opéra  de  Fidelio,  l'in- 


—  405  — 


OPERA 


comparable  puissance  du  symphoniste  s' attachant  à  la  vérité 
dramatique.  Le  début  du  xix®  siècle  nous  présente  en  Mé- 
hul  et  en  Cherubini  deux  des  plus  grands  musiciens  qui 
aient  abordé  la  scène.  La  noblesse  de  la  forme,  la  richesse 
de  l'orchestration,  caractérisent  le  premier,  et  sa'partition 
de  Joseph  suffirait  à  en  rendre  témoignage,  tandis  qu'une 
habileté  consommée  dans  le  mouvement  des  parties,  la  lo- 
gique dans  le  développement  des  thèses,  souvent  aux  dépens 
de  la  rapidité  de  l'action,  sont  les  traits  distinctifs  du 
génie  de  l'auteur  des  Abencérages  et  des  Deux  Journées. 
Les  opéras  de  Catel,  de  Lesueur,  de  Steibeltou  de  Kreutzer 
son  t  maintenant  oubliés,  de  même  que  les  opéras-comiques 
de  Gaveaux  ou  de  Devienne,  mais  il  ne  serait  pas  impos- 
sible que  Berton  dût  quelque  jour  à  sa  piquante  imagina- 
tion un  retour  à  la  faveur  du  puWic. 

Un  grand  musicien  italien  devait  à  son  tour  rendre  à 
l'opéra  français  un  service  analogue  à  celui  que  Gluck  lui 
avait  rendu  au  siècle  précédent.  La  recherche  de  la  couleur 
locale,  les  effets  ingénieux  ou  pittoresques,  ressortissant 
quelquefois  de  la  musique  imitative,  n'avaient  pas  laissé  de 
détourner  dans  une  certaine  mesure  les  compositeurs  fran- 
çais des  conditions  normales  de  la  tragédie  lyrique  :  Spon- 
tini,  en  joignant  à  la  fidélité  de  l'expression  la  beauté  de 
la  mélodie  soutenue  par  une  harmonie  puissante  sinon 
toujours  correcte,  offrit  dans  la  Vestale,  que  l'on  peut  re- 
garder comme  son  œuvre  maîtresse,  un  mémorable  exemple 
de  l'union  des  génies  itahen  et  français. 

Passons  rapidement  sur  Simon  Mayer,  Winter,  AVeigl 
et  même  Paër  dont  les  compositions  mériteraient  pourtant 
d'échapper  à  l'oubli,  et  rappelons  que  l'opéra-comique 
n'avait  aucunement  déchu  sous  le  premier  Empire,  et  que 
la  gracieuse  musique  de  Nicolo  Isouard,  mais  surtout 
l'œuvre  charmante,  d'inspiration  libre  et  de  facture  aisée 
d'Adrien  Boïeldieu  enchantèrent  justement  nos  grand'- 
mères.  La  dame  Manche  marque  une  date  dans  l'histoire 
de  la  musique  française,  parce  qu'elle  caractérise  précisé- 
ment les  goûts  et  les  besoins  de  l'esprit  national.  Obser- 
vons, à  propos  du  représentant  le  plus  populaire  du  genre 
que  l'on  a  dit  être  «  le  plus  éminemment  français  »,  que 
r  «  opéra-comique  »  a  pour  traits  distinctifs  de  contenir 
une  certaine  quantité  de  dialogue  parlé,  et  de  comporter 
un  dénouement  heureux,  encore  cette  dernière  condition 
n'est-elle  pas  absolument  indispensable.  Pour  ne  pas  fati- 
guer le  lecteur  en  passant  trop  fréquemment  d'un  sujet  à 
l'autre,  nous  achèverons  de  dire  ici  ce  qui  a  trait  à  l'opéra- 
comique.  Deux  noms  y  brillent  sans  conteste  d'un  vif  éclat, 
ceux  d'Hérold  et  d'Auber.  Si  les  premières  œuvres  d'Hé- 
rold,  écrites  sur  des  livrets  extrêmement  médiocres,  ne 
lui  valurent  que  peu  de  succès,  en  revanche  ses  partitions 
de  7Mmpa  et  du  Pré  aux  Clercs  le  placèrent  au  premier 
rang  parmi  les  compositeurs  français.  Par  l'intérêt  dra- 
matique, par  le  charme  des  mélodies  et  la  variété  de  l'ins- 
trumentation, ces  ouvrages  surpassent  à  coup  sûr  ceux 
d'Auber.  Cependant  on  ne  saurait  dénier  à  ce  dernier  la 
verve  discrète,  l'esprit  fin  et  délié  et  l'adresse  dont  il  a 
fait  preuve  en  illustrant  de  sa  légère  musique  les  livrets 
anHisants  de  Scribe,  son  inséparable  collaborateur.  Pendant 
de  longues  années  il  sut  éblouir  par  son  talent  aimable  et 
sa  prodigieuse  fécondité  la  bourgeoisie  française  dont  il 
représente  à  merveille  les  tendances  artistiques,  et  plusieurs 
générations  de  jeunes  filles  chantèrent  à  l'envi  les  airs  et 
les  cavatines  qu'elles  avaient  entendu  retentir  sur  le  théâtre 
matrimonial  de  l'Opéra-Comique.  La  gaieté  parfois  un  peu 
vulgaire  d'Adolphe  Adam,  la  délicatesse  de  Victor  Massé, 
se  montrent  à  découvert  dans  deux  de  leurs  plus  brèves 
et  meilleures  productions  :  le  Chalet  et  les  Noces  de  Jean- 
nette. Le  Félicien  David  du  Désert  se  retrouve  dans  sa 
jolie  Lalla-Roukh.  Bien  que  s'étant  surtout  adonnés  au 
grand  opéra,  Gounod  et  Ambroise  Thomas  n'ont  nullement 
dédaigné  le  «  genre  national  »,  et  ce  dernier  compositeur 
a  pu,  peu  de  temps  avant  de  mourir,  assister  à  la  miUième 
représentation  de  sa  Mignon,  Ernest  Boulanger,  Poise,  Du- 
prato,  Semet,  Maillart,  bien  d'autres  encore,  ont  contribué 


à  illustrer  ce  genre  dont  on  a  dit  parfois  trop  de  bien  et 
souvent  trop  de  mal.  Incontestablement  il  a  donné  nais- 
sance à  un  certain  nombre  d'œuvres  de  premier  ordre,  et 
la  Carmen  de  Bizet  suffirait  au  besoin  à  nous  le  rappeler. 
Si  nous  reprenons  l'opéra  là  oii  nous  l'avons  laissé,  un 
nom  étincelant  frappe  tout  d'abord  notre  regard.  Dire  de 
Rossini  qu'il  fut  le  plus  sensuel  des  musiciens,  c'est  le 
dépeindre  justement,  mais  incomplètement.  Car  si  le  soleil 
de  ritahe  a  semblé  faire  couler  plus  légèrement  dans  ses 
mélodies  un  sang  plus  ardent,  si  l'esprit,  la  grâce  et  une 
verve  incomparable  rythment  et  colorent  ses  compositions, 
il  peut  suffire  de  le  constater  pour  rendre  hommage  à 
l'auteur  du  Barbier  de  Séville  et  de  la  Cenerentola, 
mais  le  chantre  de  Guillaume  Tell  a  droit  à  une  plus 
haute  louange,  et  il  y  a  dans  ce  dernier  chef-d'œuvre  des 
beautés  immatérielles  qui  nous  découvrent  en  Rossini  un 
homme  inconnu  jusque-là.  Le  sentiment  de  la  nature  l'en- 
veloppe d'un  bout  à  l'autre,  et  la  noblesse  de  l'inspira- 
tion musicale  a  su  faire,  d'un  assez  pauvre  livret,  une  ode 
magnifique  à  la  liberté.  Guillaume  Tell  fut  représenté  à 
Paris  en  1829.  Quelques  années  plus  tôt,  en  1821,  l'Al- 
lemagne assistait  à  l'éclosion  d'un  autre  chef-d'œuvre 
d'un  ordre  bien  différent.  Le  Freischiltz  de  Weber  ouvrait 
une  ère  nouvelle  en  substituant  au  langage  conventionnel 
des  héros  d'opéras  un  langage  simple,  naturel,  expres- 
sion logique  de  passions  et  de  sentiments  humains.  Si,  dans 
Guillaume,  l'amour  de  la  liberté  et  la  grandeur  de  l'épi- 
sode historique  donnent  à  l'ensemble  de  l'œuvre  un  cachet 
héroïque  et  grandiose,  rien  de  tel  ne  s'offre  à  nous  dans 
le  poème  adopté  par  Weber.  Les  personnages  sont  d'humbles 
paysans  qui  se  meuvent  dans  une  action  aussi  peu  com- 
pliquée que  possible.  Mais  un  élément  nouveau  s'est  mêlé 
à  leur  vie,  le  surnaturel  des  vieilles  légendes  y  est  venu 
l'imprégner  d'une  indéfinissable  terreur,  et  la  nature  même 
en  a  subi  l'influence.  Ce  ne  sont  plus  les  altières  mon- 
tagnes de  la  Suisse  que  ses  enfants  veulent  arracher  aux 
envahisseurs  et  que  font  retentir  les  cantilènes  agrestes  ou 
les  chants  de  l'indépendance  ;  c'est  l'antique  forêt  germa- 
nique avec  des  taillis  ténébreux,  ses  arbres  aux  troncs 
noueux  et  grimaçants,  tels  que  les  montre  Albert  Diirer 
en  ses  eaux-fortes  ;  au  loin  résonnent  les  appels  étouffés 
des  cors  ;  le  vent  passe  en  gémissant,  des  murmures  in- 
quiétants bruissentde  toutes  parts,  et  l'homme  se  sent  ))ien 
faible  et"  bien  seul  au  milieu  de  ces  voix  et  de  cette  ombre. 
Ce  que  la  vieille  Allemagne  éprouvait,  ce  qu'elle  avait 
ressenti  depuis  des  siècles,  son  fils  Weber  le  lui  révéla. 
Nous  n'avons  pas  besoin  d'insister  sur  le  contraste  frap- 
pant que  présente  l'opéra  «  romantique  »,  ainsi  l'a-t-on 
appelé,  de  Weber,  avec  l'opéra  rossinien.  Le  premier  ap- 
partient à  ce  que  nous  nommerons  l'art  «intérieur  »,  qui 
parle  avant  tout  à  l'âme  ;  le  second,  à  l'art  «  extérieur  »,  qui 
s'adresse  avant  tout  aux  sens.  C'est  de  ce  dernier  que  re- 
lèvent les  œuvres  dramatiques  de  Mercadante,  de  Donizetti, 
de  Bellini,  dont  on  ne  peut  méconnaître  les  quaUtés  de 
vigueur  ou  de  charme,  mais  qui  visent  à  l'effet  immédiat 
et  ne  vont  généralement  pas  au  delà. 

Un  grand  dramaturge  musical,  Meyerbeer,  essaya  de 
synthétiser  les  traits  distinctifs  des  écoles  allemande,  ita- 
lienne et  française  auxquelles  il  avait  successivement  donné 
des  gages  de  son  talent  éclectique  et  puissant.  On  sait  quels 
succès  récompensèrent  ses  efforts  :  les  Huguenots,  le  Pro- 
phète, r  Africaine,  sans  parler  de  Robert  le  Diable,  se 
sont  maintenus  au  répertoire  de  notre  Académie  nationale 
de  musique.  Il  est  permis  toutefois  de  considérer  ces  pro- 
ductions remarquables  comme  des  œuvres  de  transition, 
d'un  caractère  hybride,  et  l'attrait  qu'elles  exercent  sur  le 
public  comme  n'étant  pas  dû  exclusivement  à  la  valeur  de 
la  partie  musicale.  Halévy  peut  être  rattaché  à  la  même 
école.  Quant  à  Berlioz,  son  influence  a  été  beaucoup  moins 
considérable  dans  le  domaine  de  la  musique  dramatique 
que  dans  celui  de  la  musique  instrumentale  ;  ses  principes 
se  rapprochaient  d'ailleurs  de  ceux  de  Gluck  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut. 


OPÉRA 


—  -40(j 


11  n'en  est  pas  de  même  de  ceux  de  Richard  Wagner, 
quoi  qu'on  en  ait  pu  prétendre.  Sans  doute,  ainsi  que  l'au- 
teur à'Alceste,  il  répugnait  profondément  à  cet  agrégat 
difforme  auquel  avaient  abouti  les  tendances  matérialistes 
de  l'école  italienne,  et  l'opéra  ainsi  conçu  lui  paraissait,  au 
triple  point  de  vue  philosophique,  poétique  et  musical,  une 
véritable  monstruosité.  Mais  les  deux  doctrines  n'en  dif- 
fèrent pas  moins  du  tout  en  tout.  Le  principe  de  la  tra- 
gédie gluckiste  est  la  subordination  al)solue  cle  la  musique 
au  poème  qu'elle  doit  rehausser,  embellir,  mais  en  leur 
demeurant  éternellement  soumise.  Les  deux  arts,  l'un  sou- 
tenant l'autre  et  s'en  constituant  l'inséparable  auxihaire, 
s'associent  pour  l'accomplissement  d'une  œuvre  commune, 
mais  chacun  d'eux  n'en  conserve  pas  moins  son  identité. 
La  doctrine  wagnérienne  est  tout  autre  :  la  poésie  et  la 
musique  disparaissent  pour  faire  place  à  un  nouvel  être  : 
le  drame.  Or,  si  le  drame,  en  tant  qu'action  définie,  ne 
saurait  se  passer  d'une  forme  précise  que  seul  le  langage 
humain  peut  lui  fournir;  d'aulre  part,  la  musique  seule 
peut  exprimer  jusqu'en  ses  plus  intimes  profondeurs  l'es- 
sence même  des  choses  et  des  pensées.  Parce  que  la  mu- 
sique est  le  dernier  des  arts  qui  soit  arrivé  à  maturité,  elle 
a  à  nous  dire  ce  que  l'homme  n'avait  pas  entendu  aupa- 
ravant. En  conséquence,  et  si  une  classification  hiérarchique 
était  possible  dans  une  si  parfaite  union,  la  musique  est 
l'àme  même  du  drame,  et  c'est  pour  cela  qu'elle  en  est 
aussi  la  plénitude,  puisqu'elle  l'accomplit  et  l'achève  en 
même  temps  qu'elle  trouve  en  lui  l'apogée  de  sa  puissance 
expressive. 

Il  est  aisé  dès  lors  de  juger  que  le  drame  ainsi  conçu 
sera  une  vaste  synthèse  de  tous  les  arts,  et  que  la  pein- 
ture, l'architecture,  la  mimique  y  prendront  une  part  im- 
portante. Lorsque  Gœtlie  songeait  à  la  possibilité  d'une 
«  action  commune  de  la  poésie,  de  la  peinture,  du  chant, 
de  la  musique  et  de  l'art  théâtral  »,  il  traçait  à  l'avance 
la  théorie  du  drame  de  Wagner.  On  sait  si  celui-ci  l'a  fidè- 
lement réalisée  en  ses  immortels  ouvrages.  Sans  nous 
attarder  ici  à  un  examen  qui  trouvera  sa  place  dans  la 
biographie  du  maître,  nous  rappellerons  seulement  qu'il 
n'est  pas  arrivé  d'emblée  à  la  formule,  ni  par  conséquent 
à  la  mise  en  pratique  de  sa  doctrine  et  que,  peu  percep- 
tible dans  ses  premiers  ouvrages,  elle  se  développe  et  se 
montre  de  plus  en  plus  précise  dans  Tannhmser,  Lohen- 
grin,  et  surtout  dans  Tristan  et  Yseiitt,  les  Maîtres 
ehanteiirs,  V Anneau  du  Nibelinig  et  Parsifal.  Cette 
conception  si  particulière  du  drame  lyrique  exigeait  que  le 
poète  et  le  musicien  fussent  réunis  dans  le  même  homme, 
et  Wagner  nous  a  en  effet  présenté  l'union  rare  et  com- 
plète d'un  grand  poète  et  d'un  grand  musicien.  Sous  ce 
dernier  rapport,  nous  ne  saurions  passer  sous  silence  l'em- 
ploi merveilleux  qu'il  a  su  faire  des  leit-motiven  ou  thèmes 
conducteurs  qui,  servant  à  caractériser  certains  person- 
nages, situations  ou  même  idées  abstraites,  offrent  par 
leurs  retours,  leurs  modifications  et  leurs  combinaisons  de 
précieux  secours  à  l'illustration  de  l'action  dramatique. 

Parvenus  à  ce  point  de  l'histoire  de  l'opéra,  peut-être 
0  ne  sera-t-il  pas  inutile  de  nous  arrêter  un  moment  pour 
résumer  en  quelques  lignes  l'esthétique  des  trois  grandes 
écoles.  On  a  vu  comment  l'école  italienne,  la  plus  ancienne 
en  date,  avait  tenté  un  retour  à  la  tragédie  grecque,  com- 
ment, peu  à  peu  déviée  de  ce  dessein,  elle  s'était  tournée 
vers  le  culte  de  la  virtuosité  vocale  et  avait  tout  subor- 
donné à  celle-ci,  notamment  la  déclamation  lyrique  qui  ne 
pouvait  guère  conserver  sa  valeur  au  milieu  des  rythmes 
fortement  marqués  d'une  mélodie  brillante  et  superficielle, 
surchargée  en  outre  ^'ornements  de  tous  genres.  Plus 
fidèle  à  un  point  de  départ  analogue,  l'école  française, 
d'accord  avec  le  goût  public  pour  la  littérature,  s'attache 
à  interpréter  la  tragédie  en  en  accentuant  les  beautés  à 
l'aide  de  la  musique.  Il  est  d'ailleurs  évident  que,  sous 
Louis  XIV,  la  passion  que  professaient  ce  roi  et  sa  cour 
après  lui  pour  les  spectacles  à  grand  apparat  devait  sin- 
gulièrement détourner  l'opéra  de  la  simplicité  de  son  mo- 


dèle. La  poésie  aimable,  ondoyante  et  molle  de  (Juinault 
non  plus  que  la  charpente  de  ses  pièces  ni  la  musique  même 
de  LuUy  n'auraient  pas  suffi  à  ravir  le  public  sans  le  se- 
cours des  artifices  du  machiniste  et  du  maître  de  ballot. 
Mais  lorsque  avec  Gluck  et  Rameau  l'opéra  fut  revenu  à 
des  principes  plus  vrais,  la  tendance  littéraire  reparut  tout 
entière.  Nous  ne  rappellerons  pas  lesthéories  wagnériennes 
qui  viennent  d'être  exposées  plus  haut,  et  nous  pensons  en 
avoir  assez  dit  pour  rendre  discernables  les  traits  carac- 
téristiques des  trois  genres  principaux  qu'on  pourrait,  ce 
nous  semble,  désigner  sous  les  vocables  généraux  (V opéra, 
tragédie  lyrique  et  drame  musieal. 

Si  maintenant  nous  examinons  la  situation  actuelle  de 
la  musique  dramati({ue,  nous  ne  manquerons  pas  d'être 
frappés  tout  d'abord  d'une  certaine  confusion  résultant  en 
grande  partie  du  choc  produit  par  la  doctrine  de  Wagner 
—  choc  considérable  et  dont  tous  les  compositeurs,  cons- 
ciemmentounon,  ont  subi  l'influence.  —  Ln  grand  musicien 
italien,  dont  la  féconde  et  glorieuse  carrière  n'est  heureuse- 
ment pas  encore  achevée,  Verdi ,  nous  en  offre  un  remarquable 
exemple.  Si  ses  premières  partitions,  quels  que  soient 
d'ailleurs  leurs  incontestables  mérites,  se  rattachent  plei- 
nement à  la  manière  colorée,  sensuelle  et,  pour  tout  dire, 
un  peu  brutale  de  l'Italie  moderne,  en  revanche,  et,  sans 
rien  perdre  de  ses  qualités,  il  les  a  affmées  dans  ses  œuvres 
suivantes,  et  Xida,  lalstaff,  Otello  nous  ont  montré  à  cuté 
du  musicien  un  penseur  et  un  dramaturge.  Chez  Gounod,  la 
justesse  de  l'expression  s'accommode  parfaitement  d'une 
mélodie  définie  et  de  morceaux  coupés  suivant  la  méthode 
traditionnelle.  Enfin,  pour  citer  une  (ruvre  que  l'on  peut 
envisager,  ajuste  titre,  comme  l'une  des  plus  belles  dont 
s'honore  l'école  française,  le  Samson  etDalita  de  M.  Saint- 
Saèns  nous  paraît  être  un  exemple  excellent  de  ce  que 
peut  produire  la  juste  interprétation  d'un  poème  dramati(|ue 
par  une  musique  à  la  fois  claire,  élevée  et  tracée  au  de- 
meurant par  une  main  savante,  plus  soucieuse  d'obéir  à 
l'inspiration  que  de  se  soumettre  docilement  à  une  doctrine 
préconçue. 

Et  ceci  nous  amène,  par  une  transition  logique,  à  dé- 
plorer la  naïveté  farouche  qui  signale  certains  composi- 
teurs, lesquels,  en  s'affublant  de  la  livrée  de  Wagner  et 
en  collant  sur  leurs  partitions  l'étiquette  wagnérienne, 
s'imaginent  que  le  secret  du  génie  réside  dans  l'adoption 
d'un  système.  A  ceux-là  le  maître  avait  répondu  d'avance 
lorsqu'il  conseillait  à  de  trop  zélés  disciples  «  d'éviter 
toutes  les  écoles,  et  surtout  l'école  wagnérienne  »,  ou  en- 
core, lorsque,  dans  son  livre.  Opéra  et  drame,  il  conchuiit 
par  ces  paroles  significatives  :  «  Olui  (pii  a  compris  mon 
livre  de  telle  sorte  qu'il  a  cru  que  je  voulais  y  exposer  un 
système  arbitrairement  inventé,  et  devant  désormais  ser- 
vir de  modèle,  celui-là,  sans  doute,  n'a  pas  voulu  me  com- 
prendre ».  Nous  pensons  que  tout  commentaire  ne  pour- 
rait ici  qu'affaiblir  ces  lignes  si  claires  et  si  justes. 

Gardons-nous  donc  de  rendre  Wagner  responsable  des 
anivres,  nombreuses,  hélas!  empreintes  de  talent,  quel- 
quefois —  ennuyeuses,  trop  souvent  —  que  ses  préten- 
dus successeurs  nous  ont  ingénument  apportées  comme 
étant  «  de  la  famille  ».  N'en  soyons  pas  surpris  ;  quand 
un  Alexandre  meurt,  ses  lieutenants  se  partagent  sa  suc- 
cession, et  peut-être  avons-nous  eu  dans  l'espèce  moins 
de  lieutenants  que  de  caporaux  ! 

Un  musicien  de  grand  talent  et  doué  de  vues  très  per- 
sonnelles mérite  d'être  nommé  ici,  car,  s'il  a  mis  en  pra- 
tique les  théories  de  Wagner,  si  même  il  les  a  poussées 
jusqu'en  leurs  dernières  conséquences,  c'est  à  bon  escient 
et  sans  d'ailleurs  rien  abdiquer  de  son  originaKté  :  M.  Vin- 
cent d'Indy  a,  dans  son  Fervaal,  employé  avec  une  grande 
puissance  les  ressources  de  la  polyphonie  vocale  et  ins- 
trumentale ;  il  a,  plus  qu'aucun  autre,  brisé,  assoupli  la 
phrase  en  la  modelant  sur  tous  les  contours  de  la  parole, 
et  sans  doute  on  n'ira  pas  plus  loin  que  lui  sous  ce  rap- 
port. Nous  voici  à  un  des  pôles  de  la  musique  dramatique 
moderne.  L'autre  pôle  ne  sera-t-il  pas  le  grand  opéra 


—  i07  — 


OPERA 


tel,  par  exemple,  que  l'a  conçu  Meyerbeer,  avec  ses  récita- 
tifs, où  tout  ce  qui  concerne  la  marche  de  Faction  est  rap- 
porté sur  une  déclamation  notée,  soutenue  ou  non  par 
un  accompagnement,  tandis  que  les  airs,  duos,  trios,  en- 
sembles, choeurs,  nettement  séparés  les  uns  des  autres, 
formant  chacun  un  tout  détachable  du  reste,  pourraient, 
la  plupart  du  temps,  être  supprimés  sans  que  la  clarté  du 
drame  en  souffrît,  et  ne  sont,  pour  ainsi  parler,  qu'un 
prétexte  à  musique  î 

Ce  système,  presque  universellement  répudié  aujour- 
d'hui, l'a  été  au  nom  de  la  «  vérité  »  qu'il  trahissait.  Ne 
pourrions-nous  demander  ici,  à  l'imitation  de  Ponce  Pi- 
late  :  «  Qu'est-ce  que  la  vérité  ?  »  Est-il  conforme  à  la 
«  vérité  »  de  parler  en  vers  ?  L'est-il  beaucoup  plus  de 
chanter  à  deux  que  de  chanter  seul?  Chantons-nous  «  na- 
turellement »  avec  accompagnement  d'orchestre?  Il  semble 
bien  que  l'on  se  soit  souvent  mépris  sur  la  juste  portée 
d'un  mot  si  redoutable,  et  qu'on  ait  plus  fréquemment 
considéré  la  vérité  matérielle  ou  simple,  que  la  vérité  in- 
térieure ou  esthétique,  beaucoup  plus  complexe  et  fuyant 
sans  cesse  devant  nos  investigations.  Celle-ci  ne  se  trouve- 
t-elle  pas  réalisée  lorsque  l'œuvre  d'art  nous  apporte  une 
satisfaction  évidente,  une  émotion  nouvelle  ?  Les  théori- 
ciens se  donneront  alors  le  plaisir  de  cataloguer  les  formes 
inédites  —  ou  ressuscitées  —  qu'elle  aura  su  employer, 
et  y  trouveront  les  éléments  d'ingénieuses  doctrines,  mais 
ils  n'auront  rien  inventé  ni  ne  pourront  rien  inspirer.  Et 
bien  des  malentendus  seraient  peut-être  évités  si  l'on  était 
plus  attentif  à  ces  truismes. 

Observons  que  chacun  des  «  moules  »,  dans  lesquels 
s'est  tour  à  tour  modelée  la  musique  dramatique,  a  été 
adéquate  aux  besoins  et  aux  désirs  d'une  génération  qui 
le  comprenait  et  l'appréciait.  Rossini,  Bellini,  Donizetti, 
Auber  et,  faut-il  le  dire,  Meyerbeer,  si  décrié  aujourd'hui 
par  une  école  intransigeante,  ont  été  passionnément  ad- 
mirés, et  sans  parler  des  lignes  éloquentes  que  leur  con- 
sacrèrent des  littérateurs  et  des  critiques  éminents,  il 
n'est  sans  doute  pas  superflu  de  rappeler  que  Wagner, 
dont  si  souvent  le  nom  a  servi  de  signe  de  ralliement  à  des 
ft^atiques  dont  il  avait  répudié  les  compromettantes 
maximes,  parla  avec  une  vive  admiration  de  Norma  et  de 
la  Muette  de  Portici. 

Il  convient  de  n'aborder  qu'avec  une  extrême  circons- 
pection la  période  actuelle  pour  éviter  de  porter  des  juge- 
ments téméraires.  Rappelons  seulement  quelques  faits  : 
Ambroise  Thomas  ne  fut  pas  seulement  l'auteur  de  Mi- 
gnon. Le  Caïd  dans  la  musique  bouffe,  Haintet  dans  le 
genre  élevé  du  grand  opéra,  ont  prouvé  la  souplesse  en 
même  temps  que  l'élévation  de  son  talent.  Faust,  Roméo 
et  Juliette,  Mireille,  Philémon  et  Baiicis  n'ont  pas 
laissé  oublier  le  nom  de  Gounod.  Nous  nous  bornerons  à 
enregistrer  les  succès  nombreux  de  M.  Massenet,  dont  la 
Manon,  œuvre  gracieuse  et  fine,  demeurera  vraisembla- 
blement le  petit  chef-d'œuvre.  M.  Reyer,  avec  Sigurd,nous 
a  rappelé,  au  moins  par  le  sujet  dont  il  s'est  inspiré,  le 
grand  nom  de  Wagner.  Le  Henri  VIII  de  M.  Saint- 
Saëns  est  digne  de  la  plume  qui  a  écrit  Samson  et  Dalila. 
Le  Roi  d'Ys  a,  bien  tardivement,  appris  au  public  la  haute 
valeur  de  Lalo.  Avec  des  fortunes  diverses,  MM.  Pala- 
dilhe,  Théodore  Dubois,  Pessard,  Benjamin  Godard,  Du- 
prato,  Salvayre,  Victorin  Joncières,  Guiraud,  Léo  Délibes. 
Chabrier,  ont  honorablement  soutenu  le  renom  de  l'opéra 
et  de  l'opéra-comique  français.  Parmi  les  plus  jeunes, 
citons  M.  Bruneau  dont  les  œuvres  n'ont  pas  laissé  de 
faire  un  certain  bruit,  MM.  Coquard,  X.  Leroux,  Erlan- 
ger, Chapuis  —  j'en  passe  et  des  meilleurs  —  mais  je  me 
garderai  d'oubUer  M^'^^  Augusta  Holmes,  qui,  à  l'instar  de 
Berhoz  et  de  Wagner,  a  écrit  elle-même  le  livret  de  son 
opéra,  la  Montagne  noire,  dont  le  poème  nous  paraît 
valoir  la  musique.  En  Allemagne,  M.  Humperdink  ;  en 
Kussie,  MM.  César  Cui,  Tchaikowsky,  Rubinstein;  en 
Italie,  MM.  Bo'ito,Ponchielli,  Marchetti,'Puccini,  Mascagni, 
se  sont  aussi  adonnés  à  la  scène  lyrique. 


Quant  à  l'opéra-comique,  du  moins  avec  le  dialogue 
parlé  qui  en  fait  partie  intégrante,  il  vit  sur  le  fonds  an- 
cien, et  laisse  momentanément  le  champ  libre  à  des  co- 
médies lyriques  dans  lesquelles  la  musique,  ou  peu  s'en 
faut,  soutient  le  poème  lorsqu'elle  ne  le  détruit  pas.  —  Des 
noces  morganatiques  des  genres  opéra-comiqne  et  opéra 
bouffe  est  née  en  France,  il  y  a  ({uelque  trente  ans,  une 
vilaine  petite  créature,  sautillante,  grimaçante  et  contre- 
faite que  l'on  a  nommée  opérette.  Elle  a  fait  rage  pendant 
trop  longtemps,  mais  bravement  et  au  grand  jour.  Depuis 
une  dizaine  d'années,  une  honte  bien  compréhensible  et 
un  procédé  peu  honnête  l'ont  amenée  à  se  dissimuler  sous 
le  ]^se\idonymed' opéra-comique.  On  ne  laisse  pas  de  ren- 
contrer dans  ces  sortes  de  production  des  morceaux  bien 
venus  et  d'inspiration  aisée  qui  ne  doivent  cependant  pas 
nous  rendre  indulgents  pour  la  trivialité,  le  manque  de 
noblesse  et  même  de  goût  qui  caractérisent  le  genre  en 
soi.  C'est  de  la  musique  faite  par  des  gens  qui  ont  bien 
diné  à  l'intention  de  gens  qui  ont  bien  dîné.  Un  composi- 
teur (le  talent,  qui  s'est  fourvoyé  dans  l'opérette  et  l'a 
maintenue  au  plus  haut  degré  de  dignité  qu'elle  pût  at- 
teindre, M.  Charles  Lecocq,  mérite  seul  d'être  cité  après 
Offenbach,  le  coupable  créateur  d'un  genre  où  il  a  triste- 
ment gaspillé  d'incontestables  dons.  On  nous  permettra  de 
ne  pas  faire  de  réclame  aux  autres  fabricants  ;  aussi  bien 
n'en  ont-ils  pas  besoin  pour  obtenir  la  gloire  pécuniaire 
(}ui  suffit  à  leur  ambition. 

S'il  nous  est  permis  en  terminant  de  formuler  un  vœu, 
c'est  que  les  compositeurs  français  qui  se  vouent  à  la 
musique  dramatique  puisent  plus  qu'ils  ne  l'ont  fait  jus- 
qu'ici dans  le  fonds  de  la  littérature  nationale  si  digne  de 
les  inspirer  :  il  est  permis  de  supposer  que  le  Roland  à 
Roncevaux  et  la  Jeanne  d'Arc  de  Mermet  n'ont  pas  dé- 
couragé les  musiciens  d'aborder  ces  magnifiques  sujets, 
l'^t  (|uant  à  la  tragédie  cornélienne,  on  a  le  droit  de  dou- 
ter que  le  PoUjeucte  de  Gounod  ou  le  Cid  de  M.  Masse- 
net  aient  découragé  nos  jeunes  maîtres  de  faire  mieux  ou 
autrement.  Mais  il  suffit  d'indiquer  cette  voie  pour  mon- 
trer combien  elle  est  vaste.  Espérons  qu'elle  sera  de  plus 
en  plus  fréquentée  et  que  nous  en  verrons  sortir  des  œu- 
vres (fui  fassent  honneur  tout  ensemble  à  la  poésie  et  à  la 
musi([ue.  René  Brancour. 

l^iiiL.  :  (1.  CiiorQirirr.  Histoire  de  hi  musique  drumn- 
liqiic  en  Ft'iince  ;  l^at-is.  lcS7-i  —  Ludovic  Cj';lli<:r,  les  Ori- 
gines de  l'opéra  et  le  Bidlet  de  i^i  reine:  Paris,  1881.  — 
É.-G.-J.  Grégoir,  les  Gloires  de  l'opéra  et  hi  Musi(iiie  à 
Paris  ;  Paris,  1880,  3  vol.  ~  Ed.  Neukomm,  Histoire  vrnie 
des  héros  d'opéras  et  d'opéras-comiqiies.  —  C.-H.  Bitter. 
die  Reform  der  Oper  durcli^  Gluck  und  R.  Wagner's 
Kunstwei'k  der  Zuhunft.  —  Hanslick,  aus  dem  Opern- 
leben  der  Geç/enwart.  Die  Modem  Oper.  —  Bureau, 
Notes  pour  sercir  à  l'histoire  du  théâtre  et  de  la  rniisique: 
Paris,  1860.  —  Artkaga,  les  Révolutions  du  théâtre  mu- 
sical en  Italie,  1783-86,  3  vol.  —  Captil-Blaze,  de  l'Opéra 
e)i  France  :  Paris,  1820,  2  vol.  ~  L'Académie  nationale  de 
musique;  Paris,  1855,  2  vol.  —  C.  d'Orville,  Histoire  de 
l'opéra  bouffon;  Amsterdam,  1768.  —  Des  Boulmier.«, 
Histoire  du  théâtre  de  /'Opera-Co77iir^?(e  ;  Paris,  1769,  2  vol. 

—  D'Origny,  Annales  du  Théâtre- Ualieii  ;  Paris,  1788, 
3  vol.  —  DuREY  DE  Noirville,  Histoirc  du  théâtre  de 
l'Académie  nationale  de  musique;  Paris,  1757.  —  Mar- 
tine, de  la  Musiciue  dramaticiue  en  France  ;  Paris,  1813. 

—  Le  P.  MÉNESTRiER,  dcs  Représentations  de  musique 
anciennes  et  nnodernes  ;  Paris.  1681.—  Les  frères  Par- 
FAiCT,  Hist.  de  l'ancien  Théntre-ItaUen;  Paris.  1753.  — 
Hist.  du  théâtre  de  l'Opéra-Coniuine  ;  Paris,  1759.  2  vol. 

—  Remond  de  Sai>t-Maud,  Réflexions  sur  l'opéra; 
Anisterdam.  1749.  —  Gilbert,  Histoire  de  l'Opéra;  Paris. 
1757.  _  Emile  Solié,  Histoire  du  théâtre  royal  de  l'Opéra- 
Comique  ;  Paris.  1817.  —  Thurner,  /e.s'  Transformations 
de  l'Opéra-Comique  ;  PiWiH.  1865.  —  Gustave  Bertrand, 
les  Nationalités  musicales  étudiées  dans  le  drame  lyrique; 
Paris.  1872.  —  Ch.  de  Coussemaker,  Drames  liturgiques  au 
moyen  â(/e  ;  Rennes.  1860.  —  G.  Desnoiresterres,  la  Mu- 
si(i'ue  française  au  xviip  siècle.  Gluck  et  Piccinni  ;  Pans, 
1872.  —  D'Ortigue,  du  Tliéâtre  italien  et  de  son  influence 
sur  le  qoût  musical  fran{'ais  ;  Paris,  1840.  —  Dom,  Trat- 
tato  délia  musica  scenica,  1768.  — Mattheson,  die  Neuesle 
Untersuchunqder  Sinqspiele,  1744.  —  Peanelli,  deW Opéra 
in  musica,  1722  —  B  'Marx,  Gluck  und  die  Oper,  1862.  — 
G.-W.  PiNK,  Wesen  und  Geschichte  der  Oper,  1838.  — 
G.  HoGARTH,  Memoirs  ofthe  musical  drama,  1838,  2  voL 

—  Memoirs  of  Ihe  opéra,  1851.  —  Edwards  Sutiierland, 


OPÉRA  —  OPÉRA-COMIQUE 


^i08  — 


Jllstory  ofthe  opéra,  1862.2  vol.  Lyrical  drama,  1861.  — 
E.  ScHURÉ,  Je  Drame  musical,  î«73,  2  vol.  —  Rkis?ï- 
>fANN,  die  Oper,  1885.  —  L.  Nohl,  das  Moderne  M^isUi- 
drama,  1884.  —  H.  Riemann,  Opern-Handbuch,  ISbl. — 
Constant  Pikrre,  l'Ecole  de  chant  del'Opéraau  xxui"  siè- 
cle ;  Paris,  1896.  —  Histoire  de  l'orchestre  de  l'Opéra.  — 
Albert  Soubihr,  Soixante-scjit  ans  à  l'Opéra.  Soixante- 
neuf  ans  à  VOpéra-CyOmicpie  ;  1893,  in-4°.  —  Nuitter,  les 
Origines  de  l'opéra  français;  1886,  in-8.  —  Romain  Rol- 
land, Histoire  de  l'opéra  en  Europe  avant  Ltdly  et 
Scarlatti. 

OPÉRA  (Théâtre  de  V)  (Y.  Académie  nationale  de 
MUSIQUE,  t.  l,  p.  2:24). 

OPERA  (Giov.  dair)  (V.  Bondlm  [Giovanni]). 

OPÉRA-COMIQUE.  Bien  que  le  mot  d'opéra-comique 
soit  entré  définitivement  dans  l'usage,  on  peut  regretter 
l'emploi  d'un  pareil  terme,  qui  ne  répond  point  à  son  objet. 
11  n'y  a  rien  de  comique,  en  eiîet,  dans  le  plus  grand  nombre 
des  pièces  de  ce  nom,  et  ces  œuvres  ne  diffèrent  guère  de 
l'opéra  proprement  dit  que  par  l'usage  du  dialogue  parlé, 
alternant  avec  des  morceaux  de  musique  d'une  assez  grande 
étendue.  Cette  définition  ne  suffirait  pas,  il  est  vrai,  à  en 
marquer  la  différence  avec  les  pièces  appelées,  au  siècle 
dernier,  vaudevilles,  si  l'on  n'avait  soin  d'ajouter  que  la  par- 
tie musicale  du  vaudeville  consistait  exclusivement,  ou  à  peu 
près,  en  airs  connus,  adaptés  à  des  paroles  nouvelles,  tan- 
dis que  l'opéra-comique  supposait  toujours  une  musique 
inédite,  spécialement  composée. 

Ce  genre  mixte,  caractérisé  par  l'alternance  du  parlé  et 
de  la  musique,  est  certainement  d'origine  française  et  an- 
cienne, du  moins  sous  sa  forme  primitive.  M.  Tiersot,  en 
son  Histoire  de  la  chcuison  populaire  en  France,  le  si- 
gnale déjà  dans  certains  fabliaux,  Aucassin  et  ISicolette, 
par  exemple.  Il  n'y  a  là  qu'une  indication,  mais,  dès  la 
tin  du  xvii^  siècle,  l'opéra-comique  apparaît  presque  com- 
plètement constitué  sous  la  forme  de  comédies  avec  chan- 
sons, exécutées  aux  deux  célèbres  foires  de  Saint-Germain 
et  de  Saint-Laui'ent.  A  partir  de  cette  époque,  avec  des 
fortunes  diverses,  l'opéra-comique  a  subsisté,  tendant  tou- 
jours à  se  charger  de  plus  en  plus  de  musique  et  à  se  rap- 
procher du  grand  opéra,  avec  lequel  il  n'a  plus,  dans  les 
temps  modernes,  que  des  différences  extérieures  et  super- 
ficielles. 

C'est  aux  foires  Saint-Germain  et  Saint-Laurent,  avons- 
nous  dit,  que  l'opéra-comique  prit  naissance.  A  côté  des 
comédiens  italiens,  célèbres  et  fort  à  la  mode,  qui  jouaient 
des  pièces  plaisantes,  entremêlées  de  couplets  et  de  chan- 
sons que  ne  dédaignaient  pas  d'écrire  les  musiciens  les 
plus  connus  du  temps,  il  existait  de  petits  théâtres  fran- 
çaisd'un  genre  analogue,' dont  la  vogue  n'était  pas  moindre. 
Dès  4698,  les  frères  Alard  en  exploitaient  un,  avec  grand 
succès.  L'expulsion  des  baladins  italiens,  chassés  de  France 
en  1697,  profita  singulièrement  à  ces  spectacles.  Bientôt 
même,  cette  prospérité  excita  l'envie  des  théâtres  réguliers 
privilégiés,  et  la  première  moitié  du  xviii<^  siècle  sera  rem- 
plie des  luttes  de  l'Opéra-Comique  naissant  avec  l'Opéra  et 
la  Comédie-Française.  Malgré  toutes  ces  difficultés,  sans 
cesse  renaissantes,  tantôt  obligé  de  représenter  ses  pièces 
sous  forme  de  simple  pantomimes  avec  écriteaux  explica- 
tifs tirés  au  bon  moment  par  l'acteur,  tantôt  privé  de 
musique,  de  chanteurs  ou  d'orchestre,  le  petit  théâtre  sou- 
tint courageusement  la  lutte.  Nous  avons  conservé  le  titre 
de  quelques-unes  des  œuvres  de  son  répertoire  :  une  pa- 
rodie à'xUceste  en  ITdO,  une  autre  de  Télémaque  en  1714, 
qui  porte  pour  la  première  fois  le  titre  d'opéra-comique. 
La  pièce  était  de  Lesage  et  la  musique  de  Gilliers,  violon 
de  la  Comédie-Française.  A  côté  d'autres  musiciens,  four- 
nisseurs de  l'Académie  de  musique,  qui  ne  dédaignaient 
pas  d'écrire  à  l'occasion  pour  la  foire,  Gilliers  vaut  d'être 
mentionné  pour  sa  grâce  facile  et  légère.  La  Foire  de 
(kiibray,  la  Ceinture  de  Vénus  deLesage,  et  bien  d'autres 
du  même  auteur,  assurèrent  pendant  longtemps  la  vogue 
de  l'entreprise.  Le  théâtre  de  la  Foire  avait,  d'ailleurs, 
depuis  174 3,  traité  régulièrement  avec  l'Opéra,  qui,  moyen- 
nant finances,  lui  reconnut  le  droit  de  chanter  à  sa  cfuise. 


La  Comédie-Française,  toutefois,  et  les  Italiens,  revenus 
en  1716,  continuaient  seuls  la  lutte.  L'Opéra-Comique  se 
défendait  courageusement  avec  des  fortunes  diverses  et 
plusieurs  fois  le  succès  vint  couronner  ses  efforts.  Un  homme 
hardi  et  entreprenant,  Jean  Monnet(1703-85),eut  le  talent 
d'assurer  son  succès  définitif.  Directeur  en  1743,  obligé 
par  ordre  d'interrompre  ses  spectacles  l'année  suivante, 
il  tenta  de  nouveau  la  chance  en  1752.  L'excellente  troupe 
vocale  et  instrumentale  qu'il  sut  rassembler,  sous  la  con- 
duite de  Davesnes,  l'heureux  choix  des  pièces,  la  richesse 
de  la  mise  en  scène  et  des  décors,  tout  concourut  à  atti- 
rer la  foule  dans  la  salle  luxueuse  qu'il  avait  fait  édifier 
à  la  foire  Saint-Laurent.  Dans  la  lutte  entre  les  musiciens 
français  et  italiens,  qui  passionnait  alors  Paris,  il  prit 
hardiment  parti  pour  la  musique  nationale,  et  les  Tro- 
queiirs  de  Vadé,  musique  de  Dauvergne  (1753),  peuvent 
être  considérés  comme  le  premier  type  de  l'opéra-comique 
français. 

Pendant  plusieurs  années,  l'entreprise  prospéra.  Après 
cinq  ans  d'une  direction  brillante,  Monnet  se  retira,  et  ses 
successeurs  se  virent  de  nouveau  en  butte  aux  tracasseries 
toujours  renouvelées  de  la  Comédie-Italienne.  Enfin,  en 
1762,  une  transaction  intervint  :  les  deux  théâtres  fusion- 
nèrent. L'Opéra-Comique  se  transporta  à  l'Hôtel  de  Bour- 
gogne où  jouaient  les  Italiens  depuis  1719.  Peu  à  peu,  les 
comédies  d'outre-monts  se  firent  plus  rares  et  le  théâtre 
des  Arlequins  et  des  Scaramouches  devint  exclusivement 
celui  de  la  comédie  à  ariettes. 

Biaise  le  Savetier  (1762)  de  Sedaine  et  Philidor  fut 
la  première  pièce  qui  y  fut  représentée.  Sedaine,  Marmon- 
tel,  Florian,  y  donnèrent  tour  à  tour  leurs  plus  jolis  ou- 
vrages ;  Philidor,  Gossec,  Monsigny,  Grétry,  y  firent  en- 
tendre leurs  mélodies  les  plus  fines  et  les  plus  gracieuses. 
C'est  l'époque  la  plus  brillante  de  l'Opéra-Comique  :  celle 
où,  définitivement  constitué,  il  a  eu  la  plus  grande  impor- 
tance artistique,  en  réalisant  en  quelque  sorte  une  fusion 
de  la  musique  française  et  de  la  musique  italienne.  Tous 
ces  musiciens  donnèrent  à  la  mélodie  nationale  quelque 
chose  de  la  grâce  et  de  l'élégance  des  Italiens,  sans  renon- 
cer pour  cela  à  l'expression  juste  et,  dans  les  limites  un 
peu  étroites  et  conventionnelles  du  genre,  à  la  force  dra- 
matique et  la  justesse  d'expression  dont  ils  trouvaient  alors 
dans  l'opéra  sérieux  français  d'admirables  exemples. 

Philidor  et  Gossec,  Monsigny  et  surtout  Grétry,  furent, 
nous  l'avons  dit,  les  plus  célèbres  de  ces  maîtres.  La 
postérité  injuste  n'a  guère  retenu  que  les  deux  derniers 
noms.  La  sensibilité  exquise  et  le  dramatique  touchant  du 
Déserteur  (1769),  de  i\ose  et  Colas  (1764),  Aa  Félix 
(1777)  ont  séduit  les  contemporains  jusqu'à  leur  faire  ou- 
blier, trop  facilement  peut-être,  l'extrême  négligence  de 
la  forme  et  les  maladresses  fréquentes  qui  déparent  mal- 
heureusement ces  partitions.  Nous  en  dirons  autant  de 
Grétry,  musicien  faible  et  incomplet,  mais  que  ses  ouvrages, 
malgré  leur  peu  de  valeur  musicale  proprement  dite, 
montrent  doué  cependant  de  rares  et  précieuses  qualités. 
Moins  sentimentales,  moins  émues,  mais  plus  variées  que 
celles  de  Monsigny,  ses  œuvres  sont  d'une  finesse  d'expres- 
sion qui  étonne.  C'était  l'esprit  qu'il  mettait  ou  croyait 
mettre  dans  sa  musique  qui  ravissait  ses  admirateurs.  Nous 
goûtons  plutôt  la  justesse  expressive  de  ses  accents  et  la 
grâce  précise  de  ses  mélodies.  Richard  Cœur  de  Lion 
(1784)  est  resté  son  chef-d'œuvre,  où  toutes  ses  qualités, 
comme  aussi  tous  ses  défauts,  se  retrouvent.  Mais  nous 
pourrions  citer  encore  le  Tableau  parlant,  les  Deux 
Avares,  Zémire  et  Azor,  la  hausse  Magie,  VAmanf 
jaloux,  VEpreuve  villageoise  et  tant  d'autres  œuvres 
touchantes,  gracieuses  ou  spirituelles  où  cet  aimable  talent 
s'est  affirmé. 

Pendant  toute  cette  période,  la  popularité  de  ces  maîtres 
fut  telle,  le  goût  du  public  se  porta  si  exclusivement  vers 
ces  œuvres  fines  et  légères  qu'il  semble  que  toute  la 
musique  fût  bornée  à  ces  limites  étroites.  Le  nom  de  Co- 
médie-Italienne dès  1780  avait  fait  place,  au  fronton  du 


—  409 


OPÉRA-COMIQUE 


théâtre,  à  celui  désormais  ofliciel  d'Opéra-Comique.  Bientôt 
même,  un  seul  théâtre  ne  suffit  plus.  En  1789,  le  théâtre 
de  Monsieur,  concédé  par  privilège  à  Léonard  Autier,  coif- 
feur de  la  reine,  ouvrait  ses  portes.  Sous  le  nom  de  théâtre 
Feydeau,  pendant  la  période  révolutionnaire  et  impériale, 
cette  nouvelle  scène  allait  donner  asile  à  toute  une  pléiade 
de  jeunes  musiciens,  dont  l'effort  généreux  devait  entraîner 
l'ancien  Opéra-Comique  dans  des  voies  toutes  différentes. 
Les  Cherubini,  l'^sMéhul,  lesLesueur,  lesBerton,  d'autres 
encore,  dont  l'énumération  nous  entraînerait  trop  loin,  se 
préparaient  déjà  à  singulièrement  élargir  le  cadre  étroit 
où  s'étaient  volontairement  confinés  leurs  illustres  devan- 
ciers. Mais  avant  d'aborder  cette  étude,  nous  devons  cher- 
cher à  caractériser  brièvement  l'évolution  du  genre,  depuis 
les  premiers  essais  jusqu'à  l'opéra-comique  des  Grétry  et 
des  Monsigny.  Dégageons,  s'il  est  possible,  ce  qu'il  peut 
y  avoir  de  commun  à  des  œuvres  si  foncièrement  dissem- 
blables. 

Quand  nous  avons  parlé  des  premiers  essais  des  théâtres 
de  la  Foire,  nous  n'avons  pas  insisté,  nous  réservant  d'y 
revenir,  sur  le  caractère  musical  de  ses  tentatives  et  sur 
leur  valeur  réelle.  Cette  valeur  est  réellement  très  faible, 
et  la  musicalité  de  ces  ouvrages,  il  le  faut  bien  avouer,  tout 
à  fait  inférieure.  Si  l'on  met  en  regard  de  ces  ébauches 
puériles  les  chefs-d'œuvre  de  l'opéra  sérieux  à  la  même 
époque,  on  se  convaincra  du  premier  coup  d'œil  que  nulle 
comparaison  n'est  possible.  Il  n'y  a  dans  ces  pièces  aucune 
tentative,  si  faible  soit-elle,  de  musique  dramatique,  aucun 
effort  pour  réaliser  musicalement  quelque  chose  de  vivant. 
Telles  ariettes,  tels  couplets  pris  isolément  peuvent  être 
gracieusement  tournés  et  se  parer  d'une  mélodie  élégante 
et  fine  :  cela  se  comprend  d'autant  mieux  qu'en  somme 
les  meilleurs  compositeurs  du  temps  n'ont  pas  dédaigné 
d'écrire,  nous  l'avons  dit,  pour  ces  théâtres  d'à-côté.  Mais 
cet  ensemble  de  petits  airs  détachés,  quelque  agréables  qu'ils 
puissent  être,  ne  constitue  pas  une  œuvre.  De  tels  ouvrages, 
en  somme,  ne  sont  que  de  simples  vaudevilles  (dans  le  sens 
propre  de  ce  mot),  et  la  plus  mince  opérette  contemporaine 
renferme  infiniment  plus  de  musique  et  procède  d'une  esthé- 
tique bien  plus  juste  que  les  plus  vantés  de  ces  prétendus 
opéras-comiques,  où  certains  veulent  voir  le  genre  vrai- 
ment national,  ia  véritable  musique  française. 

L'opéra-comique  fut,  à  cette  époque,  le  genre  préféré  de 
tous  ceux  à  qui  la  musique  était  indifférente  ou  à  peu  près, 
et  qui,  dans  ce  spectacle,  ne  goûtaient  vraiment  que  l'œuvre 
du  poète.  Tandis  qu'ailleurs,  la  musique  dramatique  depuis 
Lulli  cherchait  à  se  créer  une  langue  qui  lui  fût  propre, 
et  qui,  sans  disparate  choquante,  pût  rendre  également  bien 
le  dialogue  ordinaire,  les  hautes  effusio)is  du  lyrisme  ou 
les  mouvements  dramatiques  les  plus  violents,  ceux  que 
ces  nobles  efforts  n'intéressaient  point  se  contentèrent  fa- 
cilement de  cet  artificiel  assemblage  de  deux  éléments  diffé- 
rents, où  l'art  qu'ils  goûtaient  peu  se  résignait  à  jouer  le 
rôle  le  plus  effacé.  Sans  doute,  les  efforts  de  ceux  qui 
niaient  alors  l'existence  et  même  la  possibilité  d'une  mu- 
sique française  contribuèrent  à  faciliter  ce  compromis. 
Puisqu'il  était  impossible  que  l'opéra  français  existât  — 
ainsi  l'avaient  décrété  tant  de  beaux  esprits  depuis  long- 
temps —  puisque  la  musique  dramatique  italienne  seule  mé- 
ritait qu'on  l'admirât,  il  fallait  bien  chercher  autre  chose. 
Aussi  bien,  verrons-nous,  pendant  toute  la  première  moitié 
du  xvni®  siècle,  les  partisans  de  la  musique  italienne  exalter 
l'opéra-comique,  et  les  admirateurs  du  grand  Rameau,  en 
général,  n'en  parler  jamais  ou  n'en  faire  qu'une  estime 
médiocre. 

Cependant,  il  devait  suffire  que  de  véritables  musiciens, 
ayant  l'amour  et  le  respect  de  leur  art,  fussent  appelés  à 
écrire  pour  l'Opéra-Comique,  pour  que  la  musique  y  prît 
peu  à  peu  la  place  qui  lui  était  due.  Sans  doute  l'erreur  ini- 
tiale subsisterait  toujours.  L'œuvre,  alternativement  parlée 
et  chantée,  manquerait  toujours  d'unité  et  de  cohésion  ; 
mais  cependant,  de  temps  en  temps  du  moins,  le  compo- 
siteur serait  le  maître,  et  oserait  écrire  autre  chose  que 


des  couplets  plaqués  après  coup,  et  qui  auraient  pu  dispa- 
raître sans  grand  dommage  pour  l'ensemble. 

Philidor  et  Gossec,  Monsigny  et  Grétry  que  nous  venons 
de  signaler,  marquent  les  progrès  réalisés  dans  cet  ordre 
d'idées.  Voyez  le  Déserteur  de  Monsigny,  par  exemple  : 
quelle  transformation  capitale  et  combien  le  cadre  étroit 
et  mesquin  de  l'ancienne  comédie  à  ariettes  s'est  ici  élargi  ! 
C'est  un  drame  lyrique  poignant  et  humain,  qui,  avec  des 
moyens  très  simples  et  une  technique  combien  rudimen- 
taire,  se  déroule  aux  yeux  des  spectateurs  !  Mais  si  l'ar- 
tiste ne  possède  pas  la  maîtrise  de  son  art,  si,  pour  tout 
dire,  il  n'est  qu'un  très  médiocre  musicien,  de  quelle  ex- 
pression intense  et  vivante  il  sait  animer  la  trame  indi- 
gente de  son  écriture  î  Comme  il  a  su  du  premier  coup ,  malgré 
ses  maladresses,  remettre  la  musique  à  sa  véritable  place 
et  en  faire  le  plus  puissant  moyen  d'émotion,  et  celui  qui 
détermine  tout  l'intérêt  du  drame  !  Avec  les  mêmes  res- 
trictions, nous  en  dirions  tout  autant  de  Grétry. 

Aussi,  quand  les  succès  de  Gluck  à  l'Opéra  auront  rap- 
pelé au  public  les  nobles  sensations  du  drame  lyrique, 
quand  ses  accents  pathétiques  auront  réveillé  la  muse  tra- 
gique, qui  sommeillait  un  peu  depuis  la  mort  du  grand 
Rameau,  la  forte  impulsion  du  maître  orientera  vers  de 
plus  vastes  horizons  lesjeunes  compositeurs  qui  vont  illustrer 
la  scène  française.  Et  nous  voici  ramenés  à  l'époque  où 
nous  nous  étions  tout  à  l'heure  arrêté. 

Si  les  œuvres  des  Méhul  et  des  Lesueur,  deis  Cherubini 
et  des  Berton  diffèrent  si  profondément,  par  la  conception 
et  la  facture,  de  celles  qui  les  ont  précédées,  plusieurs 
causes  extérieures  peuvent  expliquer  cette  transformation. 
Le  public  français,  pendant  tout  le  xvm^  siècle,  n'avait 
guère  connu  d'autre  musique  que  la  musique  nationale  et, 
très  imparfaitement,  celle  de  l'opéra  italien.  Si  ce  dernier, 
en  décadence  sensible  depuis  longtemps,  ne  pouvait  mettre 
en  ligne  que  des  œuvres  de  second  ordre,  que  l'admira- 
tion complaisante  des  philosophes  et  des  hommes  de  lettres 
tenait  trop  aisément  pour  des  chefs-d'œuvre,  la  France, 
depuis  la  mort  de  Rameau,  n'était  pas  beaucoup  plus  riche. 
Il  était  arrivé  à  notre  art  ce  qui  se  produira  toujours 
quand  un  genre  particulier  prend  un  développement  tel, 
qu'il  étouffe  autour  de  lui  toutes  les  autres  manifestations. 
Pour  les  Français,  la  musique  dramatique  était  devenue 
toute  la  musique,  ou  peu  s'en  fallait.  La  belle  école  sym- 
phonique  des  clavecinistes  et  des  organistes  du  xvii®  siècle 
était  oubliée,  et  personne  n'était  venu  remplacer  ces  vieux 
maîtres,  dont  l'art  sévère  avait  fourni  aux  compositeurs 
de  théâtre  de  nobles  exemples  et  de  précieuses  leçons. 
Aussi  les  musiciens  français,  ignorants  des  ressources  et 
des  procédés  de  leur  art,  eussent-ils  été  voués  à  une  irré- 
médiable infériorité,  si  du  dehors  ne  leur  étaient  venus 
de  puissantes  impulsions  et  d'admirables  modèles.  De  grands 
génies  s'étaient  fait  connaître  à  la  France  qui  les  avait 
longtemps  volontairement  ignorés.  C'était  Gluck,  et  plus 
tard  Salieri  et  Sachini.  C'était  Mozart,  dont  on  commençait 
à  apprécier  les  œuvres.  C'était  Haydn,  dont  les  symphonies 
habituaient  les  auditeurs  au  grand  style  instrumental. 

Dans  un  autre  ordre  d'idées,  la  cojinaissance  des  poètes 
étrangers,  Shakespeare  par  exemple  ou  Ossian,  le  goût 
plus  répandu  des  antiquités  nationales,  si  mal  connues 
qu'elles  fussent,  préparaient  l'évolution  qui  devait  aboutir, 
trente  ans  plus  tard,  au  mouvement  romantique. 

Tout  contribuait  donc  à  inspirer  aux  musiciens  des  idées 
plus  hautes  et  plus  profondes  que  les  galanteries  gra- 
cieuses et  fades,  où  s'était  trop  complu  le  siècle  précé- 
dent. 

Aussi  bien,  dans  notre  domaine  particulier,  quelle  trans- 
formation radicale,  et  par  quelle  aberration  continue-t-on 
à  désigner  les  œuvres  des  maîtres  de  cette  époque  de  ce 
nom  d'opéra-comique  qui  en  donne  une  idée  aussi  fausse 
que  possible?  Sans  doute,  une  tradition  regrettable  laisse 
subsister  dans  ces  pièces  une  part,  assez  petite  du  reste,  de 
dialogue  parlé  .Mais  il  y  en  a  eu  aussi  dans  la  l  lûte  enchantée 
de  Mozart,  dans  Fidelio  de  Beethoven  ou  dans  le  Fi^eys- 


OPÉRA-COMIQUE 


—  110  — 


chûtz  de  Weber.  Se  croit-on  pour  cela  autorisé  à  ratta- 
cher ces  cliefs-d' œuvre  à  la  conception  d'art  qui  a  donné 
naissance  au  Tableau  parlant  ou  à  l'Epreuve  villa- 
geoise ? 

Cet  exemple  suffirait  à  montrer  les  multiples  inconvé- 
nients de  ces  classements  artificiels,  fondés  sur  des  carac- 
tères extérieurs  dont  la  signification,  à  proprement  parler, 
est  nulle. 

Aussi,  malgré  ce  préjugé  populaire,  ne  nous  croirions- 
nous  point  en  droit,  dans  un  article  consacré  à  l'opéra- 
comique,  de  parler  d'œuvres  qui,  comme  le  Joseph  de 
Méhul  ou  la  Caverne  de  Lesueur,  se  rattachent  au  style 
dramatique  le  plus  noble  et  le  plus  élevé.  Quand  Beetho- 
ven, après  avoir  entendu  la  Faniska  de  Cherubini,  alors 
éloigné  de  France  par  l'antipathie  de  Napoléon,  le  procla- 
mait le  premier  compositeur  dramatique  de  son  temps. 
quand  plus  tard  il  lui  faisait  hommage  de  sa  Messe  solen- 
nelle, pense-t-on  qu'il  ne  vit  en  lui  qu'un  musicien 
aimable,  auteur  d'œuvres  élégantes  et  faciles  ?  On  a  pu 
relever  dans  l'œuvre  du  grand  symphoniste,  assez  de  pro- 
cédés d'instrumentation  dont  Méhul  fut  l'ingénieux  inven- 
teur pour  en  conclure  que  les  œuvres  de  cet  artiste  lui 
étaient  familières,  et  d'ailleurs  toute  l'école  allemande  de 
ce  temps  (Weber  ne  s'en  cachait  point)  a  puisé  dans  les 
opéras  de  ces  maîtres  les  idées  fond^imentales  de  la  con- 
ception de  l'opéra  romantique,  dont  i^?*^î/.sc/ii(f.v  ou  Obéron 
sont  restés  les  types  les  plus  populaires.  Xe  nous  y 
trompons  point  :  si  des  œuvres  comme  FAiphrosine  et 
Coradin,  Stratonice,  Uthal  on  Joseph  àe  M.è\m\,  Médée, 
Lodoïska  et  Faniska  de  Cherubini,  la  Caverne  de  Le- 
sueur ou  Montano  et  Stéphanie  de  Berton,  Joconde  de 
Nicolo  sont  classées  en  France  parmi  les  opéras-comiques, 
cela  tient  à  d'insignifiantes  circonstances,  qui  les  portèrent 
vers  tel  théâtre  plutôt  que  vers  tel  autre.  La  richesse  des 
idées  et  du  style,  les  recherches  d'instrumentation,  le 
pathétique  violent  et  le  lyrisme  de  ces  drames  en  font 
des  œuvres  de  premier  ordre,  se  rattachant  directement 
à  la  grande  tradition  d'art  élevé  et  sincère  de  l'opéra 
français. 

Ce  n'est  pas,  à  vrai  dire,  que  dans  l'œuvre  entière  de 
ces  maîtres  on  ne  puisse  trouver  des  pièces  d'allure  plus 
légère.  Il  en  est  qui  ont  conservé,  avec  plus  de  maîtrise  et 
de  recherche,  les  grâces  aimables  et  élégantes  de  l'ancien 
opéra-comique.  Si  ces  œuvres  de  demi-caractère,  toujours 
expressives  et  dramatiques,  ne  donnent  pas  une  idée  vraie 
ni  surtout  complète  de  leur  talent,  on  ne  saurait  pourtant 
les  passer  sous  silence.  D'autant  plus  d'ailleurs  que  ce 
genre  léger,  élégant  et  facile,  suffit  à  plus  d'un  artiste 
pour  acquérir  une  réputation  égale  à  celle  des  maîtres  : 
tel  fut,  par  exemple,  Nicolo,  l'auteur  de  la  Joconde, 
longtemps  populaire.  La  fécondité  de  cet  artiste,  son  sens 
réel  du  théâtre,  sa  verve  souvent  heureuse  firent  oublier 
aux  contemporains  ce  que  son  style  a  souvent  de  lâché  et 
de  monotone,  sa  mélodie  et  son  harmonie  de  fade  et  de 
néghgé.  Toutefois,  pour  se  faire  une  idée  nette  des  ten- 
dances de  l'opéra-comique  à  cette  époque,  il  sera  préfé- 
rable de  chercher  ailleurs.  Il  est  un  musicien  de  premier 
ordre,  encore  populaire  de  nos  jours  et  connu  de  tous,  qui 
a  admirablement  réaHsé  cet  idéal:  c'est  Boieldieu. 

Il  est  de  mode  aujourd'hui  de  railler  cet  artiste,  et  son 
cjiefid'ceiivre,  la  Dame  Blanche,  qui  depuis  plus  de 
soixante-dix  ans  est  au  répertoire,  est  souvent  un  thème 
à  plaisanteries  faciles.  S'il  est  des  musiciens  qui  croient 
par  là  s'assurer  une  supériorité  sur  la  foule,  ceux  d'entre 
eux  (jui  ont  une  juste  idée  de  l'histoire  de  Fart  et  qui 
savent  comprendre  des  formes  différentes  de  celles  qu'ils 
pratiquent  ne  partageront  point  cette  erreur.  On  pourrait 
peut-être  reprocher  à  Boieldieu,  en  quelques  œuvres, 
d'avoir  subi  l'influence  rossinienne  en  ce  qu'elle  eut  de  fâ- 
cheux et  d'avoir  préféré,  en  de  très  rares  passages,  le  brio 
factice  et  la  virtuosité  inutile  à  l'expression  vraie.  Mais 
que  cela  est  peu  de  chose  à  côté  des  pages  de  premier 
ordre  qui  abondent!  Quelle  finesse  et  quelle  précision  dans 


le  dessin  des  caractères  !  Quelle  mesure  et  quelle  réserve 
dans  le  style  !  Il  n'y  a  dans  cette  musique  ni  passion,  ni 
grandes  émotions,  cela  est  vrai  ;  mais  d^ns  le  domaine 
tempéré  où  il  s'est  volontairement  enclos,  le  musicien  est 
un  maître,  et  son  art  dit  merveilleusement  ce  qu'il  veut 
dire,  sobrement  sans  doute,  mais  sans  rien  omettre  d'es- 
sentiel. Il  suffira  d'ailleurs  de  rappeler  quels  jugements 
Weber  et  plus  tard  Schumann  (à  propos  de  Jean  de  Paris) 
ont  portés  sur  Boieldieu,  pour  faire  comprendre  le  mérite 
de  premier  ordre  de  cet  artiste  que  beaucoup  n'estiment  pas 
à  sa  valeur. 

C'est  avec  la  Dame  Blanche  que  finit  l'ancienne  école 
française  d'opéra-comique.  Désormais  ce  genre  évoluera  de 
plus  en  plus  vite  et  se  transformera  tous  les  jours.  Mais 
l'influence  étrangère  de  l'école  italienne  de  Rossini  y  de- 
viendra prépondérante,  chez  ceux  de  ces  artistes  surtout 
qui  se  borneront  au  drame  de  demi-caractère.  Dans  une 
certaine  mesure,  cette  influence  aura  son  utifité.  La  pres- 
tesse et  la  précision  des  rythmes,  l'élégance  (quelquefois 
banale)  des  mélodies,  la  légèreté  spirituelle  du  style  sont 
des  qualités  nouvelles,  que  l'ancienne  école  n'avait  guère 
recherchées.  Auber,  dans  sa  longue  carrière,  les  portera 
au  plus  haut  point  de  perfection.  Il  est  inutile  de  citer  ici 
les  œuvres  de  ce  maître.  Si  leur  vogue  semble  avoir  dimi- 
nué de  nos  jours,  elles  sont  encore  présentes  à  la  mé- 
moire de  tous.  Par  son  élégance  et  sa  finesse,  par  son 
esprit  surtout,  Auber  a  su  charmer  le  public  :  mais  ne  lui 
demandons  ni  profond  sentiment  dramatique,  ni  poétiques 
élans,  ni  sensibilité,  ni  tendresse,  ni  passion.  C'est  de  tous 
les  musiciens,  a-t-on  dit  de  lui,  celui  qui  sut  le  mieux 
faire  supporter  la  musique  à  ceux  qui  ne  l'aimaient  pas. 
Prenons  pour  un  éloge  (car  c'en  est  un)  cette  boutade 
spirituelle:  mais  nous  pouvons,  tout  en  lui  rendant  jus- 
tice, regretter  l'influence  néfaste  de  cette  école  sur  ses 
nombreux  imitateurs,  qui  copièrent  aisément  ses  défauts 
sans  avoir  aucun  de  ses  mérites. 

Hérold,  à  la  même  époque,  a  mieux  su  conserver  la  tra- 
dition nationale  des  Méhul  et  des  Cherubini.  Le  Pré  aux 
Clercs  et  Zampa,  que  quelques  formules  rossiniennes  (et 
non  des  meilleures)  déparent  par  endroits,  n'en  sont  pas 
moins  des  œuvres  fortes  et  d'un  intérêt  dramatique  puis- 
sant. La  sensibilité,  l'expression  juste,  le  sentiment  des 
situations,  toutes  ces  qjalités  d'un  grand  artiste,  Hérold 
les  possède  au  plus  hait  point,  et  l'on  peut  déplorer  que 
ce  maître,  plutôt  fait  pour  le  drame  lyrique  que  pour 
l'opéra  de  demi-caractère,  n'ait  pu  s'affirmer  sur  une 
autre  scène  que  celle  de  l'Opéra-Comique.  D'autres  mu- 
siciens, sans  s'être  exclusivement  consacrés  à  l'opéra- 
comique,  ont  remporté  des  succès  plus  ou  moins  durables, 
que  l'opinion  de  la  postérité  n'a  pas  toujours  consacrés, 
mais  qui  valent  cependant  d'être  mentionnés.  Ad.  Adam, 
par  exemple,  dont  les  meilleurs  œuvres  :  Si  fêtais  ni 
(185^2),  le  Chalet  (1834),  le  Postillon ^  de  Longju- 
meau  (1836),  nous  paraissent  aujourd'hui  manquer  de 
distinction  et  d'élégance  et  que  nous  classerions  volon- 
ti  rs  dans  les  compositeurs  d'opérette  ;  Halévy,  avec  le  Yal 
d'Andorre  (1818),  V Eclair  (1835),  les  Mousquetaires 
de  la  Pleine  (1846),  où  les  défauts  ne  doivent  pas  faire 
oublier  cependant  de  réelles  quahtés  dramatiques  et  aussi 
les  recherches  souvent  heureuses  d'instrumentation  et  de 
rythme;  Meyerbeer,  dont  le  Pardon  de  Ploër  met  (\S^9) 
et  surtout  V Etoile  du  Nord  (18o4)  ne  sont  pas  indignes 
d'être  mis  à  côté  de  ses  plus  beaux  opéras.  Citons  encore 
les  Dragons  de  Villars  (1856)  de  Maillard;  Y  Ombre  et 
Martha  de  Flotow  ;  dans  un  genre  plus  original  et  plus 
intéressant,  les  opéras-comiques  de  Félicien  David,  laPerle 
du  Brésil  (1851),  J.alla-l\oukh  (1862);  ceux  aussi  de 
\ictor  Massé,  Galatée  (1852),  les  Saisons  (1855),  les 
Noces  de  Jeannette  {iSo<^),  Paul  et  Virginie  (1876),  etc. 
Remarquons  toutefois  que  beaucoup  de  ces  œuvres  ne  sont 
des  opéras-comiques  que  de  nom.  Destinés  au  théâtre 
lyrique,  elles  n'ont  rien  du  caractère  de  la  comédie  à 
ariettes  et  se  rattachent  directement  à  la  tradition  plus 


—  414  — 


OPÉRA-COMÎQUÊ 


sévère  des  Méliul  et  des  Cherubini,  quoique  subissant  assez 
fortement  en  général  l'influencé  rossmienne. 

Mais  nous  voici  maintenant  arrivés  à  l'époque  contem- 
poraine î  il  suffira  de  citer  les  noms  d'Ambroise  Thomas,  de 
Gounod,  de  Bizet,  de  Massenet,  pour  rappeler  immédia- 
tement au  souvenir  des  artistes  tant  de  pièces,  que  nos 
théâtres  représentent  encore  tous  les  jours.  Tous  ces  mu- 
siciens (ceci  est  à  remarquer)  ont  écrit  des  opéras-co- 
miques, mais  aussi  des  drames  lyriques  et  des  opéras,  et 
telle  de  leurs  œuvres,  écrite  d'abord  avec  dialogue  parlé, 
est  devenue  plus  tard  exclusivement  musicale.  Ceci  seul 
indique  assez  combien  tous  les  artistes  de  nos  jours  sen- 
tent vivement  le  vice  fondamental  de  l'opéra-comique, 
c.-à-d.  la  juxtaposition  d'éléments  différents  et  contra- 
dictoires, le  chant  et  la  parole.  Voici  déjà  longtemps  que 
Théophile  Gautier  qualifiait  ce  genre  de  «  bâtard  et  mes- 
quin, mélange  de  deux  moyens  d'expression  incompatibles, 
oti  les  acteurs  jouent  mal  sous  prétexte  qu'ils  sont  chan- 
teurs et  chantent  faux  sous  prétexte  qu'ils  sont  comé- 
diens ».  Cette  discordance  inévitable  est  d'autant  plus 
sensible  que  le  style  musical  est  plus  élevé  et,  suppor- 
table dans  l'opérette  légère  ou  la  comédie  à  ariettes,  cho- 
quera bien  davantage.  Si  le  musicien  s'est  donné  la  peine 
d'écrire  des  morceaux  développés  et  vraiment  expressifs. 
Aussi  tout  l'effort  des  compositeurs  tend-il  à  chercher  les 
moyens  de  pallier  ce  défaut.  On  réduit  autant  que  possible 
la  part  du  dialogue,  on  \^  soutient,  dans  quelques  cas, 
d'un  accompagnement  symphonique  qui  continue  discrè- 
tement le  fil  du  discours  musical.  Mais  tous  ces  moyens, 
quelque  ingénieusement  employés  qu'on  les  suppose,  ne  suf- 
fisent point.  Ils  laissent  pressentir  la  nécessité  d'une  ré- 
forme radicale  et  complète,  qui,  à  côté  du  draine  musical, 
instaurera  une  comédie  en  musique,  oh  nul  élément  étran- 
ger à  l'art  des  sons  ne  se  viendra  mêler.  Les  Maîtres 
chanteurs  de  Wagner,  Falstaff  de  Verdi,  peuvent  dès 
maintenant  en  donner  une  idée.  H.  Quittard. 

0  P ÉR A-CO  Wl  I QU  E  (Théâtre  de  V) .  Le  genre  de  l'opéra- 
comique,  nous  venons  de  le  voir,  eut  d'humbles  ori- 
gines. Né  sur  un  champ  de  foire,  il  eut  pour  première 
scène  les  tréteaux  d'une  baraque  en  plein  vent.  Jus- 
qu'au jour  où  Jean  Monet,  tentant  une  dernière  fois  la 
chance,  fit  élever  en  1752  une  salle  luxueuse,  dont  la 
riche  décoration  fit  l'étonnement  des  contemporains,  il 
est  à  croire  que  les  premiers  essais  de  comédies  à  ariettes 
eurent  lieu  dans  de  simples  baraques  en  bois,  ne  différant 
que  très  peu  de  celles  que  nous  voyons  s'élever  encore  de 
nos  jours  sur  lès  places.  D'ailleurs,  les  représentations  se 
donnaient  tour  à  tour  dans  les  deux  principales  foires  de 
Paris  et  dans  deux  quartiers  foi*t  éloignés  l'un  de  l'autre  i  la 
foire  Saint-Laurent,  entre  le  faubourg  Saint-Denis  et  le  fau- 
bourg Saint-Laurent  ;  la  foire  Saint-Germain,  sur  l'autre 
rive  de  la  Seine,  dans  le  quartier  du  même  nom.  L'Opéra- 
Comique  ne  cesse  de  se  transporter  de  l'un  à  l'autre  de  ces 
emplacements,  pendant  les  six  mois  de  son  existence  an- 
nuelle :  février,  mars,  avril,  sur  la  rive  droite  ;  juillet,  août, 
septembre,  sur  la  rive  gauche. 

Il  était  nécessaire  de  garder  au  théâtre  de  la  Foire 
son  caractère  mobile  et  nomade,  tant  qu'il  ne  serait  pas 
fixé  définitivement  quelque  part.  Aussi  les  plus  belles  de 
ces  salles,  celle  oii  Monet  lui-même  attira  tout  Paris  pen- 
dant les  quelques  années  de  sa  seconde  direction,  étaient- 
elles  de  légères  constructions,  entièrement  en  bois  ;  le 
luxe  de  leur  décoration  intérieure  ne  changeait  rien  à  leur 
caractère  provisoire.  Aussi  quand,  en  1762,  l'Opéra-Co- 
mique  eut  fusionné  avec  la  Comédie  Itahenne,  il  se  trans- 
porta naturellement  au  théâtre  que  les  ItaHens,  depuis 
1716,  tenaient  de  la  munificence  du  régent.  C'était  à  l'Hô- 
tel dé  Bourgogne,  rue  Française  et  rue  Mauconseil,  une 
salle,  d'ailleurs  assez  modeste,  mais  déjà  fameuse  dans  les 
fastes  de  l'art  dramatique  :  elle  avait  en  effet,  au  siècle 
précédent,  abrité  les  débuts  de  la  Comédie-FrançaiSe. 
L'Opéra-Comique  y  prospéra  de  1762  à  1783.  C'est  là  que 
le  genre  prît  sa  forme  définitive,  si  l'on  peut  dire.  Mon- 


signy,  Duni,  Grétry,  Philidor  furent  les  compositeurs  dont 
les  œuvres  firent  le  succès  du  spectacle. 

Le  théâtre  était  alors  régi  par  les  artistes,  réunis  en 
société  :  qiunze  acteurs  et  treize  actrices,  venant  les  uns 
de  la  Comédie  Italienne,  comme  M"^®  Favart,  Rochart  ou 
Carlin  ;  les  autres  du  théâtre  de  la  Foire  :  Clairval,  Laruette, 
M^^^  Deschamps.  Plus  tard,  cette  liste  s'enrichira  de  noms 
qui  sont  restés  longtemps  populaires  i  Trial,  Chenard, 
Narbonne  ;  M"^®^  Trial,  Laruette,  Dugazon,  etc. 

L'orchestre,  au  début,  ^.omptait  seulement  18  sympho- 
nistes, mais  leur  nombre  augmenta  peu  à  peu,  par  la  suite, 
à  mesure  que  les  œuvres  représentées  prirent  plus  d'im- 
portance. 

Le  succès  fut  rapide  et  durable  :  les  affaires  des  socié- 
taires prospérèrent  SI  bien  que,  l'ambition  leur  venant,  ils 
voulurent  se  faire  construire  un  théâtre  plus  grand,  et 
mieux  aménagé  au  goût  du  jour.  Le  4  avr.  1783,  l'Opéra- 
Comique  se  transportait  dans  la  première  salle  Favart, 
élevée  sur  les  terrains  de  l'hôtel  de  Choiseul,  entré  les 
rues  Favart  et  Marivaux,  par  l'architecte  Heurtier.  Malgré 
quelques  infidélités  forcées,  l'Opéra-Comique  devait  rester 
fidèle  à  cet  emplacement  où  il  s'élève  encore  aujourd'hui. 

La  première  salle  Favart  contenait  environ  1 .800  places  : 
ceci  seul  indique  quelle  place  ce  théâtre  occupait  alors  dans 
la  vie  parisienne.  Comme  celle  des  salles  que  nous  avons 
connues  sur  le  même  emplacement,  sa  façade  tournait  le  dos 
au  boulevard;  il  le  fallait  pour  sauvegarder  l'amour-propre 
des  sociétaires.  Théâtre  du  boulevard,  à  cette  époque,  était 
presque  Synonyme  de  théâtre  de  province  ;  les  acteurs  de 
rOpéra-Comique  voulurent  empêcher  une  confusion  dont 
leur  orgueil  eût  pu  souffrir. 

L'exploitation  fructueuse  d'abord,  grâce  surtout  à  deux 
chefs-d'œuvre  de  Grétry,  l'Epreuve  villageoise  (24  juin 
1784)  et  Richard  Cœur  de  .Lion  (21  oct.  1784)  devint 
ensuite  moins  facile,  quand  le  théâtre  de  Monsieur,  plus 
tard  le  théâtre  Feydeau,  fit  concurrence  au  théâtre  Favart. 
D'abord  installé  aux  Tuileries,  puis  au  théâtre  des  Variétés, 
à  la  foire  Samt-Germain,  et  enfin  à  partir  du  16  janv.  1791 
rue  Feydeau,  au  n^  19,  dans  une  salle  bâtie  parles  archi- 
tectes Legrand  et  Molinos,  ce  nouveau  théâtre  représentait 
aussi  l'opéra-comique,  jouant  souvent  les  mêmes  pièces 
que  son  rival  ou  faisant  traiter  un  sujet  analogue  par 
d'autres  compositeurs.  Enfin,  après  une  longue  rivalité,  en 
1801  les  deux  théâtres  fusionnent.  Une  troupe  admirable 
fut  ainsi  formée  :  Martin,  Elleviou,  Chenard,  Gavaudan, 
Philippe,  Saint-Aubin,  Gaveaux  ;  M'^®^  Dugazon,  Gavau- 
dan, Scio,  Gaveaux,  Auvray,  Desbrosses,  etc. 

C'est  â  Feydeau  que  l'on  débute,  le  16  sept*  1801  ;  en 
juil.  1804,  on  retourne  à  Favart;  puis,  quelque  temps,  au 
théâtre  Olympique  de  la  rue  de  la  Victoire  (pendant  les  répa- 
rations de  la  salle).  Enfin  l'année  suivante,  on  s'installe  dé- 
finitivement à  Feydeau.  L'administration  du  théâtre  change. 
L'Opéra-Comique  est  affranchi  de  toute  redevance  envers 
l'Opéra  ;  à  son  tour,  il  a  ses  privilèges,  mais,  par  un  décret 
du  6  frimaire  an  XI,  il  est  soumis  à  la  surveillance  d'un 
surintendant.  Plus  tard,  en  1824,  ce  sont  de  simples  di- 
recteurs qui  administrent  à  leurs  risques  et  périls  :  Guil- 
bert  de  Pixérécourt,  et,  après  lui,  le  colonel  Ducis. 

Malgré  le  succès  des  œuvres  représentées  (c'est  le  beau 
temps  de  Nicole  et  de  Boïeldieu,  l'époque  aussi  des  débuts 
d'Hérold  et  d'Auber),  l'imprudente  gestion  des  directeurs 
fit  péricliter  l'entreprise.  Le  12  avr.  1829,  le  théâtre 
Feydeau  fermait  ses  portes,  qui  ne  devaient  plus  se  rou- 
vrir, car  la  salle  menaçait  ruine. 

Ce  fut  salle  Ventadour  que  huit  jours  après,  l'Opéra- 
Comique  renaissait.  Mais  le  choix  de  ce  quartier  lui  fut 
défavorable.  Après  plusieurs  directions  malheureuses,  mal- 
gré le  succès  de  Fra  Diavolo  d'Auber  (20  janv.  1830)  et 
de  Zampa  d'Hérold  (3  mai  1831),  les  artistes,  constitues 
en  sociétét,  se  ransportèrent  place  de  la  Bourse,  au  théâtre 
des  Nouveautés,  plus  tard  le  Vaudeville.  Là  furent  don- 
nés le  Pré-auoû^Clercs  (déc  1832),  le  Chalet  (1834),  le 
Cheval  de  Bronze  (1835),  le   Domino  Koir  (1837, 


OPÉRA-COMIQUE  —  OPÉRATION 


—  412  -- 


enfin  les  meilleures  pièces  d'Auber,  d'Adam  et  d'Halévy. 

Mais  l'incendie  de  la  salle  Favart,  alors  occupée  par 
une  troupe  italienne,  le  44  janv.  4838,  devait  permetijre 
à  rOpéra-Comique  de  retourner  au  théâtre  de  ses  anciens 
succès.  La  salle  aussitôt  reconstruite  par  l'architecte  Car- 
pentier,  Crosnier,  alors  directeur  de  l'Opéra-Comique,  s'em- 
pressa de  saisir  l'occasion.  Le  46  mai  4840,  la  seconde 
salle  Favart  était  inaugurée  avec  le  Pré-aux-Clercs. 

L'Opéra-Comique,  avec  des  fortunes  diverses,  devait 
rester  là  quarante-sept  ans.  Pendant  ce  long  espace  de 
temps,  plusieurs  directeurs  se  succédèrent  parmi  lesquels 
sont  à  citer  M.  Emile  Perrin,  dont  la  première  direction 
(4848-57)  fut  particulièrement  brillante,  et  aussi  Car- 
valho  (4876-87),  ancien  directeur  du  Théâtre-Lyrique. 
C'est  à  ce  dernier  qu'on  doit  attribuer  une  grande  part 
dans  le  mouvement,  précédemment  signalé,  qui  porte  l'opéra- 
comique  à  se  rapprocher  de  l'opéra,  jusqu'à  se  confondre 
avec  lui.  Nous  ne  rappellerons  pas  les  œuvres  que  cette 
période  vit  éch)re  :  elles  sont  présentes  à  l'esprit  de  tous, 
puisqu'elles  sont  encore  jouées  tous  les  jours. 

C'est  pendant  une  représentation  de  Mignon,  le  25  mai 
4887,  qu'eut  lieu  le  terrible  incendie  qui  détruisit  la  salle 
de  l'Opéra-Comique.  Cette  catastrophe,  où  périrent  dans  les 
flammes  un  grand  nombre  de  spectateurs  et  d'employés 
du  théâtre,  exila  longtemps  l'Opéra-Comique  de  son  em- 
placement préféré. 

Le  45  oct.  de  la  même  année,  il  se  transportait  provi- 
soirement à  l'ancien  Théâtre-Lyrique  de  la  place  du  Châ- 
telet,  en  attendant  que  fût  reconstruite  la  salle  d'où  l'in- 
cendie l'avait  chassé.  Cette  reconstruction,  menée  avec  une 
gàrande  lenteur,  devait  durer,  dix  ans.  Le  7  déc.  4898 
le  nouveau  théâtre  de  l'Opéra-Comique  ouvrait  ses  portes, 
sur  le  même  emplacement  où  plus  d'un  siècle  avant  il  avait 
inauguré  ses  représentations.  H.  Quittard. 

BiBL.  •  M.  Brenet,  Grétry  et  ses  œuvres^  1884.  —  Henry 
Cohen,  Etude  sur  Berton  [Art  musical)^  1878.  —  Grétry, 
Mémoires  ou  essais  sur  la  musique.  —  Grimm  et  Diderot, 
Correspondance.  —  A.  Heulhard,  la  Foire  Saint-Laurent^ 
1878;  Jean  Monnet,  ,1884.  —  J.  Monet,  Supplément  au  Ro- 
man comique  ou  Mémoires.  —  Pougin,  Boïeldieu,  1875  ; 
Cherubini  {Ménestrel,  1880-83);  Méhul  [id.,  1883-84).  — 
SouBiES  et  Malherbe,  Précis  de  l'histoire  de  VOpéra-Go- 
mique,  1887  ;  Histoire  de  l'Opéra-Comique,  1892-93,  2  vol. 

—  Lesage  etD'ÛRNEVAL,  Théâtre  de  la  Foire  ou  de  VOpéra- 
Comique,  '1721^37.  —  Bellaigue,  G.  Bizet,  sa  vie  et  ses 
œuvres,  1890.  —  Jouvin,  Herold,  sa  vie  et  ses  œuvres,  1868. 

—  Saint-Saëns,  Harmonie  et  Mélodie^  1885.  —  J.  Weber, 
les  Ulusions  musicales.,  1883  (V.  également  ci-dessus  la 
bibliographie  de  l'art.  Opéra). 

OPER/E  (Dr.  rom.).  Expression  technique  désignant 
dans  son  sens  le  plus  précis  les  services  industriels,  agri- 
coles ou  domestiques  fournis  à  prix  d'argent  par  des  es- 
claves ou  des  artisans  {operœ  locari  solitœ),  quoique  le 
mot  se  rencontre,  par  extension,  appliqué,  soit  à  des  ser- 
vices d'ordre  extra  pécuniaire  (operœ  ojficiales),  soit  même 
aux  services  d'animaux  {operœ  animalium).  Le  droit 
s'occupe  principalement  des  operœ  :  l**en  matière  de  louage 
ou  le  louage  de  services,  la  locatio  operarum,  ne  peut 
porter  que  sur  des  services  de  ce  genre,  sur  des  operœ 
loçan  solitœ  (V.  Louage)  ;  2®  ei)  matière  de  servitudes 
personnelles,  ou  l'on  a,  par  interprétation  des  dispositions  de 
dernière  volonté,  fait  des  operœ  servorum  et  même,  dit  un 
seul  texte,  des  operœ  animalium,  une  servitude  person- 
nelle distincte  de  l'usufruit  et  de  l'usage  ;  3^  en  ma- 
tière d'aifranchissement,  ou  l'affranchi  est  tenu  sans  con- 
vention envers  son  patron  de  certains  services  de  dévouement 
et  de  complaisance,  qui  n'ont  pas  de  valeur  pécuniaire,  et 
dont  l'exécution  ne  peut  être  réclamée  en  justice  {operœ 
offlciales),  mais  où  il  s'oblige  en  outre,  souvent  par  con- 
trat exprès,  à  des  services  appréciables  en  argent  et  fondant 
une  action  en  exécution  (operœ  fabriles,  inaustriales)  :  la 
convention  est  alors  rendue  obligatoire  par  un  contrat  ver- 
bal fait  au  moment  de  l'affranchissement,  soit  dans  la  forme 
ordinaire  de  la  stipulation,  soit  dans  la  forme  exception- 
nelle d'un  serment  {jus  jurandum  liberti),  où  l'on  peut 
voir  une  preuve  de  l'antiquité  de  la  pratique,  et,  que  l'on 


ait  employé  une  forme  ou  l'autre,  le  contrat  fait  naître 
une  action  spéciale,  le  judicium  operarum,  dont  la  for- 
mule, contient  encore  certains  indices  de  l'antiquité  de  l'ins- 
titution et  dont  les  préteurs  se  sont  préoccupés  de  limiter 
l'étendue  dès  les  premiers  temps  de  la  procédure  formu- 
laire. P.-F.  Girard. 

BiBL.  :  Girard,  Manuel  de  droit  romain,  1898,  pp.  118, 
361-62,482-83,  557-58,  2«  éd. 

OPÉRATEUR  (Mécan.).  Les  machines-outils,  qui  ont 
pour  but  de  substituer  le  travail  mécanique  au  travail  ma- 
nuel, comporte.nt  trois  éléments  distincts  :  le  moteur,  sur 
lequel  agissent  les  forces  produisant  le  mouvement  ;  la 
transmission  qui  les  distribue  aux  endroits  voulus,  et 
Vopérateur,  sur  lequel  agissent  les  résistances  à  vaincre 
pour  accomplir  le  travail  utile.  L'opérateur  est  aussi  nommé 
outil  parce  qu'il  joue  le  même  rôle  que  l'outil  manuel  dans 
la  main  de  l'ouvrier.  Ses  formes  sont  innombrables  comme 
ses  emplois;  citons,  par  exemple,  les  mèches,  fraises,  poin- 
çons, etc.  E.  Maglin. 

OPÉRATION.  I.  Mathématiques.  —  Théorie  des 
OPÉRATIONS.  —  Toute  opération  considérée  en  arith- 
métique ou  en  algèbre  peut  être  étudiée  dans  ses  ap- 
plications aux  quantités  qu'on  lui  soumet,  ou  bien  en  elle- 
même,  au  point  de  vue  des  propriétés  qui  la  caractérisent. 
C'est  ce  dernier  point  de  vue  qui  a  donné  naissance  à  la 
théorie  générale  des  opérations.  L'addition,  par  exemple, 
présente  les  propriétés  suivantes  :  d^  pour  a  =:  a,  a  . 
^  b  =  a'  -h  b;  'it''a-{-  (b  -^  c)  ~  (a  -hb)  -{-c; 
^"^  a  -^  b  z=z  b  -\'  a;  Ai""  a  -{-  0  —  0  -\-  a  =z  a.  Ces 
propriétés  subsistent  dans  l'addition  des  nombres,  des 
longueurs,  des  angles,  des  forces  appliquées  en  un  même 
point  et  de  même  direction.  Rien  n'empêche  de  donner  le 
nom  d'addition  à  toute  opération  qui  présentera  ces  quatre 
propriétés  ;  en  le  faisant,  on  sera  conduit,  par  exemple,  à 
l'addition  des  quantités  négatives,  puis  à  celle  des  quan- 
tités imaginaires,  puis  à  celle  des  vecteurs.  Quand  on 
cherche  ainsi  à  généraliser  une  opération,  il  peut  arriver 
que  la  nature  même  des  objets  sur  lesquels  on  opère  ne 
se  prête  pas  à  une  conservation  totale  des  propriétés  ; 
mais  toute  propriété  de  l'opération  généralisée  doit  être 
applicable  aux  objets  plus  simples  qui  ont  servi  à  la  défi- 
nition primitive  ;  c'est  là  ce  que  Hankel  a  appelé  le  prin- 
cipe de  permanence  des  règles  de  calcul.  S'il  faut  sacri- 
fier quelques-unes  des  propriétés  de  l'opération,  on  doit 
chercher  à  conserver  les  plus  importantes  et  les  plus  gé- 
nérales. —  Si  a  et  b  sont  deux  objets,  en  les  combinant 
par  une  opération  déterminée  et  représentée  par  n,  on 
obtiendra  un  nouvel  objet  p,  et  ceci  s'exprimera  par  la 
relation  anb  :=z  p.  Si,  pour  a  =  a'  et  b  ■==  b\  on  a 
ar\b  ziz  a'  nb',  l'opération  est  uniforme;  si  (anb)nc 
=  ari(bnc),  elle  est  associative;  si  anbzubr^a,  elle 
est  commutative.  L'addition  présente  ces  trois  caractères. 
Si  '-^  et  À  représentent  deux  opérations,  et  si  l'on  a 
(ai  b)  n  czn  (a  n  c)  Â.  (b  n  c),  l'opération  n  est  dite  dis- 
'  tribùtive  relativement  à  V opération  À .  Elle  le  sera  en- 
core si  ar\(b  k  c)-=^  (a'^b)  i.(an  c)  ;  dans  le  premier 
cas,  r\  est  distributive  par  rapport  à  son  premier  terme, 
et  dans  ce  dernier,  par  rapport  à  son  second  terme.  Les 
deux  définitions  de  la  distributivité  coïncident  si  n  est 
commutative.  Ainsi  la  multiplication  ordinaire  est  distri- 
butive relativement  à  l'addition,  car  (a-hb)  XczziaX  o 
-{-  b  X  c,  et  a  X  (b  -\-  c)=  a  X  b  -{-  a  X  c. L'élé- 
vation aux  puissances  est  distributive  relativement  à  la 
multiplication,  par  rapport  à  son  premier  terme,  mais  non 
à  son  second,  car  (a  X  bf  =  a^  X  ^°,  et  a^^^  zzia^X  oP^ 
Dans  l'addition,  nous  avons  remarqué  que  ^^  +  0  =  a  ; 
dans  la  multiplication  a  X  1  =:  ^  ;  en  général,  ûanmzna, 
on  dit  que  m  est  le  module  de  l'opération  n.  —  Lorsque 
ar\b  -HZ  c,  et  que  l'on  considère  l'opération  qui  donne  a 
au  moyen  de  c  et  ô  ou  /?  au  moyen  de  c  et  a,  on  dit  que 
ce  sont  les  opérations  inverses  de  n.  Si  cette  dernière  est 
commutative,  les  deux  opérations  inverses  se  réduisent  à 
une  seule  ;  en  la  désignant  par  u  on  aura  b  =  cua, 


il  3 


OPERATION 


a  z=L c ^  b.  Lorsque  an  b  ^=z  a  ^  b'  ne  petit  subsister  que 
sous  la  condition  /?=/?',  il  s'ensuit  que  l'opération  u  dé- 
détinie  par  b  =  c  ^a  est  uniforme  ;  si  une  opération  est 
uniforme,  ainsi  que  ses  opérations  inverses,  elle  est  dite 
complètement  uniforme.  —  Soit  n  une  opération  uni- 
forme et  associative,  et  u  son  inverse  définie  par  {ar\b)u  a 
zn  b,  et  considérons  l'expression  x  :=:^  (a  u  /;)  n  c  ;  opé- 
rons par  b  n  sur  chacun  des  deux  membres  :  b  n  x 
=  /;  n  (a  u  /;)  n  c  =:  {hrs(a^  b)  ne  puisque  n  est  as- 
sociative ;  mais  par  définition  a  n  ((a  n  /;)  u  a)  =  c,  ou 
an  (c  ^  a)  :=^  c.  Donc  bnx  =^  anc.  De  là,  opérant 
par  Kj  b,  X  ziz  (anr)  ^  b,  ou  {a  u  b)  ncz=z  (a  ne)  u  b. 

.    ,.  a  a.e   , 

Ce  résultat  montre  en  particulier  que  -.  c  =z  —  ,  lors 

b  b 

même  que  la  multiplication  n'est  pas  commutative,  le  quo- 
tient étant  défini  par  la  relation  :  dividende  2=  divi- 
seur X  quotient.  On  démontrerait  aussi  que  (a^b)^c 

fiv 


•=  a^  {bnc},  et  en  particulier 


—z  ,— .  Quand  une 
c         b.c 

opération  n  est  complètement  uniforme,  son  module  m  s'ol)- 
tient  en  effectuant  l'opération  inverse  u  sur  un  objet  quel- 
conque :m=<Tu  «.et l'on ar?  n  m=^mnaz=za^  m=:a. 
L'objet  m<ja  =  a  est  dit  ro])jet  réciproque  de  a.  La 
réciprocité  est  mutuelle  ;  on  di  a  n  à  z=z  â  n  a  z=z  m, 
eu  a  ^=  a  n  c,  an  h  =  b^uà,  auc  =  cua,  b  u  c 
=z  c  nb  =z  b  ne.  Ces  diverses  propriétés  permettent,  par 
l'introduction  des  objets  réciproques,  de  ramener  les  opé- 
rations inverses  à  des  opérations  directes.  —  Les  opéra- 
tions inverses  peuvent  ne  pas  donner  des  résultats  faisant 
partie  de  l'ensemble  des  objets  sur  lesquels  on  a  opéré, 
et  devenir  en  ce  sens  impossibles;  mais,  si  l'on  considère 
un  nouvel  ensemble  d'objets,  définis  par  l'opération  inverse 
elle-même,  ou  se  prêtant  à  cette  opération,  la  possibilité 
existera;  il  faudra  s'assurer  si  la  propriété  associative  de 
l'opération  directe  se  conserve  pour  les  objets  de  ce  nou- 
vel ensemble  ;  et  s'il  en  est  ainsi,  toutes  les  consé(iuences 
obtenues  se  conserveront  aussi. 

La  commutabilité,  la  distributivité  apportent  encore  aux 
opérations  des  propriétés  nouvelles,  par  voie  de  consé- 
(|uence  ;  nous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  tous  ces  détails. 
Ce  que  nous  avons  dit  doit  suffire  à  faire  comprendre  la 
portée  considérable  d'une  théorie  qui  trouve  ses  applica- 
tions directes  dans  le  calcul  des  quantités  complexes  et 
dans  celui  des  quaternions,  mais  dont  la  généralité  est 
encore  beaucoup  plus  vaste.  Cette  théorie  générale  des 
opérations  est  appelée  encore,  croyons-nous,  à  bien  des 
développements  et  à  bien  des  progrès;  c'est  elle,  en  réa- 
lité, qui  seule  tend  à  donner  à  l'algèbre  son  véritable  ca- 
ractère, à  préciser  cette  langue  des  calculs,  à  en  perfec- 
tionner sans  cesse  la  grammaire  et  la  syntaxe.  Une  fois 
])ien  établies,  les  propriétés  essentielles  d'une  opération 
ou  de  groupes  d'opérations,  applicables  non  seulement  aux 
(piantités  ordinaires,  mais  à  des  objets  quelconques  aux- 
quels ces  opérations  sont  applicables,  ne  peut-on  arriver  à 
constituer  un  symbolisme  de  nature  à  simplifier  singuliè- 
rement les  raisonnements  et  les  recherches,  tout  en  aug- 
mentant la  rigueur  des  déductions  ?  Il  y  a  lieu  de  ratta- 
cher à  cet  ordre  d'idées  les  tentatives  faites  pour  exprimer 
systématiquement  les  opérations  logiques,  celles  qui  ont 
eu  pour  objet  l'application  d'un  symbolisme  spécial  aux 
faits  de  la  chimie,  etc.  Si  les  Lois  de  la  pensée,  de  Book, 
si  le  Calcul  des  opérations  chimiques,  de  Brodie,  sont 
encore  de  simples  tentatives  isolées,  il  n'est  pas  dérai- 
sonnable de  se  demander  si  un  jour  ne  viendra  pas  où 
chacune  des  sciences  qui  le  comporte  sera  pourvue  de  son 
algèbre  particulière,  puisant  ses . principes  dans  la  théorie 
générale  des  opérations.  Il  serait  désirable,  dans  ce  but, 
que  les  éléments  essentiels  de  cette  théorie  fussent  fran- 
chement introduits  dans  les  programmes  de  l'enseigne- 
ment supérieur.  C.-A.  Laisant. 


11.  Chirurgie.  —  L'opération  chirurgicale  est  un  acte 
destiné  à  remplir  une  indication  posée  par  l'examen  du 
malade.  Bien  qu'un  certain  nombre  d'opérations  se  fassent 
sans  effusion  de  sang  (catéthérisme,  lithotritie),  la  plupart 
comportent  des  diérèses  et  des  exérèses  plus  ou  moins  éten- 
dues. Nous  n'avons  pas  à  décrire  la  technique  de  chaque 
opération,  mais  toutes  comportent  un  certain  nombre  de 
précautions  générales,  indispensables  pour  atteindre  sans 
encombre  le  but,  qui  est  la  guérison  des  malades.  Ces  pré- 
cautions, qui  doivent  être  mises  en  œuvre  avant,  pendant 
et  après  l'opération,  visent  le  milieu,  le  matériel  (instru- 
ments et  objets  de  pansements),  le  malade,  le  chirurgien 
et  ses  aides. 

Milieu. — Lister  avait  donné  une  importance  considérable 
à  la  préparation  du  milieu,  de  là  les  belles  salles  d'opé- 
rations que  l'on  trouve  dans  quelques  hôpitaux,  mais  l'expé- 
rience a  montré  qu'on  peut  se  passer  de  ce  luxe  qui  n'est 
pourtant  pas  à  dédaigner.  Il  suffit,  en  effet,  que  la  salle 
d'opérations  soit  inondée  de  lumière,  dépourvue  de  toute 
tenture,  convenablement  chauffée,  d'une  propreté  méticu- 
leuse et  lavée  au  sublimé  ou  au  chlorure  de  zinc.  Pas  de 
balayage,  pas  d'époussetage  à  sec  ;  par  surcroit,  le  chi- 
rurgien fera  avant  Fintroduction  du  malade  un  spray  phé- 
ni(pié  d'une  heure,  qui  fera  tomber  et  fixera  les  poussières. 
Quelque  utiles  qu'elles  soient,  ces  précautions  ne  sont  même 
pas  absolument  indispensables  et  cèdent  le  pas,  en  cas  d'ur- 
gence, aux  mesures  à  prendre  pour  préparer  le  matériel, 
le  malade,  le  chirurgien. 

Matériel.  —  Tout  le  matériel  opératoire,  instruments  et 
objets  divers,  tous  les  objets  de  pansement  auront  subi  les 
diverses  préparations  (bouillissage,  étuvage  sec  ou  humide), 
qui  doivent  en  assurer  l'asepsie.  Les  objets  de  pansements 
seront  même  chargés  de  substances  antiseptiques  (iodoforme, 
salol,  etc.),  qui  ajoutent  à  l'asepsie  nécessaire  l'appui  si 
prudent  d'une  bonne  antisepsie.  Tous  les  instruments  né- 
cessaires à  chaque  opération  seront  prévus  en  tenant  compte 
de  toutes  les  éventualités  possibles  ;  ils  seront  rangés  mé- 
thodiquement dans  des  récipients  stérilisés  en  métal  ou 
en  porcelaine,  de  façon  à  pouvoir  être  facilement  trouvés 
et  pris  par  le  chirurgien. 

Malade.  — La  préparation  du  malade  est  générale  et  locale . 
Générale  :  On  lui  inspirera  confiance  dans  le  chirurgien  et 
dans  le  résultat  final  de  l'opération,  et  on  lui  donnera  la 
tranquillité  d'esprit  la  plus  complète.  On  se  préoccupera, 
en  outre,  de  tous  les  états  morbides  diathésiques  ou  acci- 
dentels qu'il  peut  présenter.  Championnière  a  montré  l'im- 
portance de  l'élimination  normale  de  l'urée,  de  la  quantité 
des  urines  et,  en  général,  de  la  dépuration  normale  de 
l'économie.  Les  anciens  et,  après  eux  Verneuil  et  ses  élèves, 
ont  insisté  sur  l'utilité  de  s'assurer  avant  toute  opération 
du  fonctionnement  régulier  des  reins,  du  foie.  Le  diabé- 
tique, le  goutteux,  le  pléthorique,  l'obèse,  tous  victimes 
d'une  nutrition  retardante  si  favorable  aux  infections  mi- 
crobiennes, deviennent  la  proie  facile  des  infections  sep- 
tiques.  On  en  revient  aux  pratiques  préopératoires  des  an- 
ciens :  purgatifs,  diète  lactée,  nourriture  légère,  bains, 
frictions,  etc.  C'est  là,  en  augmentant  les  résistances  du 
terrain,  faire  une  antisepsie  indirecte  des  plus  importantes. 
Il  ne  faut  cependant  pas  s'attarder  outre  mesure  à  ces  pré- 
cautions et  différer  une  opération  qui  peut  être  le  seul  moyen 
de  ramener  l'état  hygide;  d'ailleurs,  en  cas  d'urgence,  on 
opère,  quitte  à  étudier  bientôt  son  malade,  le  traitement 
des  tares  organiques  étant  le  meilleur  moyen  d'activer  la 
guérison. —  Locale  :  indispensable,  même  en  cas  d'urgence, 
la  mise  au  net  de  la  région  opératoire  sera  faite  d'après 
les  règles  de  l'asepsie  et  de  l'antisepsie  la  plus  sévère  ;  des 
compresses  assureront  le  maintien  de  l'état  aseptique  sur 
tout  le  champ  de  l'opération. 

Chirurgien  et  aides.  —  Les  aides  seront  en  aussi  petit 
nombre  que  possible  et  instruits  de  l'acte  opératoire  à  exé- 
cuter et  de  la  méthode  que  suivra  le  chirurgien.  Ils  revê- 
tiront des  vêtements  stérilisés  et  assureront  autant  que 
possible  l'asepsie  de  leurs  mains  et  de  leurs  avant-bras. 


OPÉRATION  —  OPÉRETTE 


il  4 


Nous  ne  peiisuiis  pas  (|ue  les  pratiques  nouvelles  d"oulj'e- 
Rhin  (gants  d'opération,  pièces  stérilisées  devant  la  bouche), 
peut-être  utiles  en  certains  cas,  soient  près  d'entrer  dans 
la  pratique.  Nous  ne  nous  étendrons  pas  sur  (es  qualités 
(|ue  doivent  avoir  le  chirurgien  et  ses  aides;  mais  si  les 
derniers  doivent  être  instruits,  dociles,  plenis  d'initiative 
et  de  confiance,  l'opérateur  devra  allier  à  une  instruction 
complète  une  éducation  d'amphithéâtre  bientôt  mûrie  par 
la  pratique.  C'est  ainsi  qu'il  pourra  avoir  le  sajig-froid  qui 
lui  permettra  d'entreprendre  les  plus  difliciles  opérations 
de  la  prati([ue  moderne  et  de  les  uiener  avec  célérité.  Car 
la  fameuse  formule  des  anciens,  le  hifo,  cita,  juciuide,  n'a 
pas  perdu  de  sa  valeur.  La  première  condition  est  remplie 
par  l'asepsie  fortifiée  par  Tantisepsie  et  aidée  par  la  con- 
naissance des  tares  organicpies  du  malade  ;  la  troisième  par 
Vanesthésie  (V.  ce  mot)  et  la  seconde  par  la  connaissance 
des  accidents  produits  par  les  trop  longues  anesthésies. 
par  les  expositions  à  l'air  et  les  manipulations  trop  pro- 
longées des  viscères  profonds  qui  ont  montré  que  la  vitesse 
opératoire  n'est  pas  à  dédaiguer. 

Après  l'opération,  le  malade  sera  porté  dans  une  chambre 
aérée,  éclairée  et  débarrassée  de  toutes  tentures,  de  tous 
meubles  qui  pourraient  l'ejicombrer.  Bientôt  le  malade  se 
réveille  de  son  sommeil  anesthésique,  peu  à  peu  il  reprend 
ses  sens  et,  après  quelques  vomissements  cliloroformicpies. 
tout  rentre  dans  l'ordre.  Mais  après  les  graves  opérations, 
d'autres  dangers  sont  imminents.  Le  collapsus,  d'abord, 
est  à  craindre,  tantôt  dû  à  des  cliocs  locaux  ou  à  distance 
du  système  nerveux,  tantôt  à  des  pertes  sanguines  exagé- 
rées. La  position  en  tète  basse,  la  caféine,  l'étber  en  in- 
jeL'lions  sous-cutanées,  les  lavements  de  Champagne,  de 
cognac,  la  respiration  artificielle,  les  tcactions  rythmées 
de  la  langue,  les  inhakitions  d'oxygène  et  surtout  les  in- 
jections sous-cutanées  ou  inlra-veineuses  de  sérum  arti- 
ficiel (eau  salée  à  7  ^/oo)  seront  les  moyens  à  employer. 
On  veillera  avec  soin  au  fonctionnement  régulier  des  autres 
appareils  :  poumon  (bronchites  post-anesthésiques,  dyspnée 
urémi(fue,  congestions  réflexes)  ;  cœur  (asystolie  nerveuse 
ou  par  hypotension  anémique)  ;  système  nerveux  (délire 
toxique,  alcoolique,  urémique,  infectieux,  médicamenteux, 
psychoses)  ;  appareil  digestif  et  ses  annexes,  foie,  reins, 
dont  il  faut  maintenir  la  voie  libre  pour  l'élimination  des 
toxines.  C'est  ici  (pie  la  diète  des  anciens  reprend  de  hi 
valeur.  Championnière  a  montré  combien  il  faut  être  sobre 
d'aliments  azotés  chez  ces  opérés  dont  le  rein  doit  déjà 
suffire  à  une  décharge  organique  si  intense  que  la  quantité 
d'urée  peut  être  cinq  fois  plus  forte  qu'avant  l'acte  opé- 
ratoire. D'ailleurs,  les  opérés  (|ui  n'ont  pour  ainsi  dire 
pas  perdu  de  sang,  qui  n'ont  pas  éprouvé,  grâce  à  l'anes- 
tliésie,  de  dépense  nerveuse,  supportent  avec  une  extrême 
facilité  le  régime  léger  qui  leur  comient.     D''  S.  Morer. 

III.  Finances.  —  Opérations  de  Banque  (V.  Banque, 
t.  V,  pp.  2o2  et  suiv.). 

Opérations  de  Bourse  (Y.  Bourse,  t.  VIÏ,  p.  8:2^,  et 
Agent  de  change,  Bordereau,  Coulisse,  Cote,  Cours. 
Déport,  Livraison,  Marché,  Report,  Termk). 

IV.  Législation  (V.  Bourse). 

BiBL.  :  Mathématique.^. —  Gras8.\[Anx,  Ausdcfumnas- 
lehrc.  —  Hankel,  Vorlcsiingcii  nbcr  dieConiplcxcn  Ziililot 
nnd  ilire  Functionen.  —  J  Houel.  Théorie  élémentaire 
des  qiW7itités  complexes  ;  P'dvis,  1874. 

Chirurgie.  —  Forhue  et  Hi:cuus.  Traité  de  thérnp. 
cJùriirc/.,  dans  Semaine  médicale,  [)a8siiii. 

OPERCULINA  (Paléont.)  (V.  Nummulite). 

OPÉRETTE.  Le  mot  d'opérette  est  tout  moderne,  et 
l'objet  qu'il  désigne  assez  difficile  à  définir  exacte- 
ment. L'opérette  n'est  pas  autre  chose  en  effet  que  l'opéra- 
comique,  et  si  dans  l'esprit  de  ceux  qui  emploient  ce  mot, 
une  différence  existe  entre  ces  deux  genres,  c'est  dans  le 
style  et  la  tenue  musicale  de  l'œuvre,  et  non  dans  la 
forme  et  les  moyens  employés  qu'il  faut  la  chercher. 
Comme  l'opéra-comique,  l'opérette  se  compose  de  parties 
musicales  entremêlées  de  dialogue  parlé,  et  la  proportion 
de  ces  deux  éléments^,  si  elle  n'est  pas  la  même  que  dans 


les  opéras-comitpies  les  plus  modernes  (en  ce  sens  que  le 
dialogue  y  tient  une  place  plus  considérable),  se  rapproche 
sensiblement  de  celle  usitée  dans  les  opéras-comiques  de 
l'ancien  répertoire.  Le  sujet  des  opérettes  est  généralement 
plus  gai  et  plus  libre  ;  dans  bien  des  pièces  contempo- 
raines cette  gaieté  et  cette  liberté  dépassent  souvent  les 
limites  permises  parle  bon  goût,  et  beaucoup  de  ces  petits 
ouvrages  présentent  des  situations  scabreuses  à  l'excès: 
le  dialogue  y  affecte  des  allures  comiques  souvent  assez 
grossières.  (Juant  à  la  partie  musicale,  il  faut  bien  avouer, 
qu'à  ])art  quelques  rares  exceptions,  sa  valeur  artistique 
est  des  plus  médiocres.  Les  artistes  qui  interprètent  ces 
pièces  étant  presque  toujours  très  faibles  musiciens,  il 
serait  impossible  de  leur  confier  des  rôles  d'une  réelle 
importance.  Aussi,  trop  souvent,  la  musique  de  l'opérette 
ne  s'élève-t-elle  guère  au-dessus  de  celle  des  cafés- 
concerts.  La  plupart  des  morceaux  y  prennent  des  allures 
d'airs  de  danses  et  se  déroulent  dans  des  proportions  fort 
restreintes,  sans  aucun  développement,  sur  des  rytlimes 
rebattus,  au  milieu  des  modulations  les  plus  plates  et  les 
plus  vulgaires.  Une  certaine  verve  bouffonne,  une  diction 
propre  à  mettre  en  relief  les  ])arties  comiques  du  dialogue, 
uu  jeu  animé  et  spirituel,  vodà  ce  qui  fait  le  mérite  des 
acteurs  d'opérettes.  Or  ces  qualités,  quelque  estimables 
(ju'elles  soient,  n'ont  rien  précisément  de  musical. 

Si  la  plupart  des  musiciens  qui  cultivent  ce  genre  s'ac- 
commodent parfaitement  de  l'infériorité  de  leurs  inter- 
prètes et  mettent  leurs  inspirations  exactement  en  rapport 
avec  les  conditions  qui  leur  sont  failes,  quehjues-uns  ont 
montré  plus  de  souci  de  l'art;  ils  ont  réussi,  malgré  tout, 
à  faire  preuve  d'un  talenl  nuisical  fort  réel.  Les  nom- 
breuses opérettes  deCb.  Lecocq,  par  exemple,  celles,  plus 
modernes,  de  A.  Messager,  pour  ne  citer  que  ces  deux 
noms,  ne  sont  pas  inférieures  aux  meilleurs  opéras-comiques 
du  répertoire.  Le  style,  l'instrumentation,  y  sont  égale- 
ment soignés  :  la  vulgarité  en  est  absente  et,  malgré  les 
ressources  restreintes  mises  en  (euvre,  le  résultat  est  vrai- 
ment artistique  et  original.  Dételles  pièces  ne  diffèrent  de 
bien  des  opéras-comiques  que  parce  qu'elles  ne  furent  pas 
destinées  à  ce  tbéàtre  :  bien  des  ouvrages  du  répertoire  de  la 
salle  Favartleur  seraient,  sur  plusieurs  points,  inférieures. 

La  plupart  des  opéras-comi(jues  d'Adam,  de  Clapisson, 
de  Grisar,  etc.,  ne  sont  que  des  opérettes;  et  de  telles 
œuvres,  aujourd'hui,  ne  figureraient  qu'à  la  scène  des 
théâtres  de  genre.  Ceci  se  comprend  fort  bien.  Nous  avons 
vu  (V.  Opéra-Comique)  que  le  style  des  pièces  destinées 
au  théâtre  Favart  ou  à  Leydeau  s'était  progressivement 
élevé  jusqu'à  se  confondre  avec  le  style  des  véritables 
opéras.  Cette  tendance  ancienne  s'est,  de  nos  jours,  affirmée 
à  ce  point  qu'il  n'y  a  guère  que  de  légères  différences  exté- 
rieures entre  le  répertoire  ordinaire  des  deux  grandes 
scènes,  et  que  plus  d'une  pièce  a  passé  de  l'une  à  l'autre. 
Aussi  l'ancienne  comédie  à  ariettes,  le  genre  comique  et 
famiher  où  la  musi([ue  tenait  peu  de  place  et  n'employait 
que  très  petits  moyens,  peu  à  peu  chassé  du  théâtre  de 
ses  débuts  où  il  faisait  disparate  avec  d'autres  œuvres  pbis 
musicales,  dut  chercher  ailleurs  un  refuge.  Sur  des  scènes 
plus  petites  et  sans  prétention,  telle  pièce,  (|ui  se  fut  appelée 
jadis  opéra-comique,  prit  un  autre  nom.  Le  nom  d'opérette 
employé  pour  la  première  fois  plût  sans  doute  :  il  fit  ra- 
pidement fortune. 

(>)mme  toute  chose,  ce  genre,  une  fois  constitué,  évo- 
lua à  son  tour.  Après  avoir  perpétué  quel(|ue  temps  les 
traditions  de  l'opéra-comique  ])rimitif,  il  se  jeta  délibé- 
rément dans  le  comicpie  excessif,  dans  la  fohe  bouffonnerie 
avec  Jacques  Offenbach  (V.  ce  nom).  Ce  musicien,  incor- 
rect et  vulgaire,  mais  à  qui  on  ne  peut  refuser  une  verve 
et  un  entrain  réels,  fit  fureur  pendant  une  dizaine  d'années 
(de  18(30  à  1870  environ);  mais  le  public  se  lassa  de  ces 
excentricités.  Le  mérite  de  ces  pièces  est  d'ailleurs  plus 
littéraire  (si  l'on  peut  user  de  terme)  que  musical,  et 
comme  les  plaisanteries  passent  vite  de  mode,  nous  com- 
prenons difficilement  aujourd'hui  ce  comique  que  nousjii- 


—  415  — 


OPERETTE  —  OPHIOGLOSSE 


geons  pénible  et  lourd.  Les  reprises  des  anciens  succès 
d'Offenbach  ont  toujours  excité  plus  de  surprise  que  d'en- 
thousiasme ;  nous  n'y  retrouvons  pas  le  plaisir  qu'y 
prirent  les  contemporains. 

Ch.  Lecocq  donna  un  des  premiers  le  signal  de  la  réac- 
tion ;  ses  opérettes  d'un  genre  plus  tempéré  et  plus  sen- 
timental aussi,  et  surtout  infiniment  mieux  écrites  et  plus 
musicales,  eurent  un  succès  qui  dure  encore.  Jonas,  Au- 
dran,  Varney,  Planquette,  Vasseur,  Lacôme,  Messager,  etc. , 
ont,  avec  des  talents  divers,  suivi  la  même  route  ou  à  peu 
près.  Cependant  il  y  a  quelques  années,  ce  fut  surtout 
dans  la  licence  des  sujets  et  le  ris.|ué  des  situations  que 
l'on  chercha  un  élément  de  succès.  On  semble  aujourd'hui 
fatigué  de  ces  plaisanteries  d'un  goût  douteux  et  toujours 
identiques.  Les  sujets  modernes  sont  à  la  mode,  et  h 
partie  musicale  se  restreint  de  jour  en  jour  dans  beaucoup 
de  ces  petites  œuvres,  qui,  à  quelques  exceptions  près, 
tendent  à  se  confondre  avec  de  simples  vaudevilles.  D'une 
façon  générale,  on  peut  dire  que  le  pubUc  semble  un  peu 
se  détourner  de  ces  spectacles  ;  les  opérettes  clas- 
siques, déjà  connues,  lui  suffisent.  Peut-être  est-ce  au 
goût  de  la  vraie  musique,  qui  fait  des  progrès  quotidiens, 
({u'il  faut  attribuer  la  décadence  de  ces  œuvres  d'ordre  in- 
férieur. H.  Ol'I'i'tahd. 

BiiJL.  :  Lack,  Der  Opcretloifàlirer  ;  Berlin,  189t. 

OPHAIN-Bois~Seign:<:l'r-Isâac.  Ville  de  Belgique,  prov. 
de  Brabant,  arr.  de  Nivelles,  à  22  kil.  de  Bruxelles  ; 
1.800  hab.  Exploitations  agricoles. 

OPHEL  (littéralement  la  colline).  Quartier  S. -E.  de 
Jérusalem  à J 'époque  ancienne. 

OPHELTÈS  (Mythe  gr.).  Fils  du  roi  de  Xémée  Lv- 
curgue.  Lors  de  l'expédition  des  Sept  contre  Thèbes,  sa 
garde,  Hypsipyle,  voulant  indiqu3r  une  source  à  Lycurgue, 
déposa  l'enfont  dans  l'herbe  où  il  fut  mordu  par  un  ser- 
pent. Il  en  mourut  et  ce  fut,  dit-on,  en  son  honneur  qu'on 
institua  les  Jeux  Néméens.  Il  y  était  vénéré  sous  le  no:u 
lYArchemoros. 

OPHlCHTHYS.GenredePoissonsTéléostéens.derordie 
des  Physostonies  et  de  la  famille  des  Murœnidœ,  que 
Gunther  différencie  des  autres  types  de  la  famille  par  les 
jiarines  labiales  et  l'extrémité  de  la  queue  libre,  sans  na- 
geoire. Ce  sont  des  animaux  propres  aux  mers  tropicales, 
n'atteignant  pas  une  grande  taille,  mais  très  voraces  et  ar- 
més d'une  formidable  dentition.  VOphichthys  crocodili- 
nus  est  le  type  du  genre.  Rochhr. 

Biv.L.  :  GuNïHKR,  Stiidy  of  Fishes. 

OPHICLÉIDE  ou  SERPENT  À  clefs.  Instrument  de 
musique  dérivé  du  serpent  (V.  ce  mot)  et  inventé  par  le 
facteur  français  L.-A.  Prichot  en  1800.  Nommé  d'abord 
basse-cor,  puis  basse-trompette,  après  un  perfectiojuie- 
ment  apporté  par  l'inventeur,  il  reçut  d'Halary  en  1817 
son  nom  défmitif.  Le  bois  puis  le  cuivre  ont  été  successi- 
vement employés  dans  la  construction  de  cet  instrument. 
On  a  fabriqué  des  ophicléides  attos  en  fa  et  en  mi  y^ 
l)asses  en  ut  et  si  b,  et  contretmsses  en  fa  et  yni  [? 
grave.  Mais  l'ophicléidc  basse  est  demeuré  à  peu  près 
le  seul  qu'on  ait  utilisé. 

Peu  dinstruments  ont  été  aussi  calomniés  que  celui-ci. 
Bien  que  possédant  un  son  très  personnel,  à  la  fois  pi'o- 
fond  et  anq:)le,  il  a  été  victime  d'un  préjugé  fort  répandu 
(pii  Taccusait  de  manquer  de  justesse.  Mendelssohn,  Berlioz 
ont  employé  rophicléide,  mais  il  a  été  détrôné  par  le  tuba 
(V.  ce  mot)  qui  n'a  pas  ses  qualités  de  timbre.  Peut-être 
un  jour  viendra  où  les  compositeurs,  mieux  éclairés  sur 
les  ressources  de  cet  instrument,  lui  rendront  à  l'orchestre 
la  place  qui  n'aurait  pas  dû  lui  être  enlevée.  On  doit  à 
Berr,  à  Caussinus  et  à  V.  Cornette  des  méthodes  d'ophi- 
cléide. 

OPHIDÈRE  (Entom.).  Genre  dlnsectes  Lépidoptères 
Hétérocères,  de  la  famille  des  Noctuelides,  établi  par  Bois- 
duval  {Failli,  Madag.,  1834).  Ce  genre  est  caractérisé 
par  une  particularité  de  la  trompe  qui,  au  lieu  d'être  souple, 
devient  rigide,  perforante,  capable  de  tarauder  les  enve- 


loppes les  plus  résistantes.  Les  individus  sont  de  grande 
taille  et  habitent  les  régions  intertropicales.  L'espèce  type 


0[)liidera  fuUonica  mâle. 

est  rO./i///oH/{,ïfL.,  d'une  envergure  de  120  millim.,  (jui 
perce  les  oranges  pour  se  nourrir  de  leur  suc. 

BiîîL.  :  huvoRT,  BhU.  Soc.  d'Acclim.,  18T(j.  —  Kuncll  -, 
Comptes  rendus  Acud.  des  se.,  août  1875. 

OPHIDERPETON  (Paléont.).  Huxley  a  établi  ce  geiu'e 
en  4867  pour  un  Amphibien  (fenviron  0"\50  de  long 
trouvé  dans  le  carbonifère  supérieur  LLIrlande.  Le  corps 
serpentiforme,  apode,  est  recouvert  sur  le  dos  de  petites 
écailles  semblables  à  des  grains  de  chagrin  ;  le  ventre  est 
protégé  par  des  écailles  étroites  et  allongées,  qui,  dans  la 
région  du  cloaque  prennent  la  forme  d'é;'ailles  pectinées  ; 
les  vertèbres  sont  nombreuses,  100  environ,  amphicoe- 
lienncs,  avec  les  apophyses  transverses  très  développées. 
Cinq  espèces  de  plus  petite  taille  que  0.  Brownaggi,  type 
du  genre,  ont  été  découvertes  dans  le  terrain  permien 
inférieur  de  Bohème  et  décrites  par  Eritsch.  Le  genre 
Ophiderpeton  fait  partie  de  l'ordre  des  Stégocèpliales, 
famille  des  Aistopoda.  E.  Sauva(,i:. 

BiiiL.  :  I.YDj:îvKr:R,  (\it.  foss.  ReptU'ui  Ih'itish  Mus., 
t.  IV.  —ZiTTEL,  Tniité  de  pcdéontolo(jie,  t.  III. 

OPHIDIENS  (V.  Serpent). 

OPHIDMDES  (V.  Serpzni). 

OPHIOGEPHALUS  (ïcbtyoL).  Genre  de  Poissons  Té- 
léostéens,  del'ordre  àcsAcanthoptéi'ygiens  Channiformes 
et  de  la  famille  des  Opfiiocephatidœ.  Ce  sont  des  ani- 
maux à  corps  allongé  couverts  d'écaillés  assez  grandes,  la 
tête  est  plus  ou  moins  déprimée,  aplatie  en  dessus,  le  mu- 
seau très  court,  large,  o])tus,  les  yeux  sont  situés  très  en 
avant.  Sur  presque  toute  la  longueur  du  dos  règne  une  na- 
geoire dont  tous  les  rayons  sont  articulés.  Les  Opbiocepha- 
lus  sont  propres  à  l'Inde,  à  la  Chine,  à  l'archipel  Malais  et 
à  l'Ouest  Africain.  Une  conformation  pai'ticulière  de  l'ap- 
pareil bi^anchial  fait  que  ces  animaux  peuvent  vivre  assez 
longtemps  hors  de  l'eau.  Leur  vie  est  si  dure,  dit  Valen- 
ciennes,  qu'on  les  coupe  en  morceaux  sans  les  tuer  d'abonl. 
On  ne  connaît  que  très  im])arfaitement  l'appareil  respira- 
toire des  Ophiocephalus.  Rochrk. 
BiBL.  :  Sauvagk,  clans  Bri^iim.,  éd.  l'r.,  Poissons.  —  Gun- 

TÎIER,  StudlJ  of  Fishes.—   VALKNCII-NMiS  et  CuviKR,  llist. 

des  Poissons. 

OPHIOGLOSSE.  I.  Botanique.  —Genre  de  végétaux  de 
la  famUle  des  Ophioglossées,  ordre  des  Marattioidées;  classe 
des  Fihcinés.  —  Tige  verticale,  invisible,  hypogée  etcoiu'te, 
jamais  ramifiée,  produisant  une  feuille  par  an,  soutenue 
par  des  faisceaux  libéro-ligneux  collatéraux,  anastomosés 
en  mailles  lareres  ;  écorce  et  moelle  sans  sclérenchvme. 


OPHIOGLOSSE  —  OPHISAURUS 


—  416  — 


La  feuille  complète,  abritée  par  une  production  de  la 
tige  jusqu'à  son  développement,  emprunte  à  la  tige  un 
seul  faisceau  libéro-ligneux,  qui  se  ramifie  dans  son  limbe, 
sans  fournir  de  nervures  extérieures,  en  trois,  cinq  ou 
sept  brandies;  sa  croissance  est  remarquablement  lenle ; 
elle  n'offre  aucun  sclérencbyme  et  présente  uji  grand 
nombre  de  stomates.  La  racine  est  parfois  protégée  par 
(pielques  assises  de  liège  ;  son  écorce  est  particulièrement 
riche  en  amidon  ;  son  cylindre  central  renferme  tantôt 
deux  faisceaux  ligneux  réunis  par  leurs  gros  vaisseaux 
{0.  palmafiwiy  macrorhiza)  ou  séparés  {0.  capeme). 
tantôt  trois  faisceaux  (0.  pendulum).  Il  contient  autant 
de  faisceaux  libériens,  sauf  dans  certaines  espèces  où  à 
deux  faisceaux  ligneux  ne  correspond  qu'un  seul  faisceau 
libérien  (0.  vulgatum,  pedunculosumy  etc.);  il  n'y  a 
jamais  dans  ce  cas  formation  de  radicelles  et,  au  contraire, 
production  exagérée  de  bourgeons  adventifs.  —  Les  spo- 
ranges sont  localisés  sur  un  lobe  séparé  de  la  feuille  qui 
affecte  alors  la  forme  d'un  épi  pédoncule,  généralement 
aigu  et  comprimé  d'avant  en  arrière,  né  soit  au  milieu 
du  limbe  (0.  pendulum),  soit  à  sa  base  (0.  vulgatum), 
soit  enfin  à  la  base  du  pétiole  de  la  feuille  mère  (0.  Ber- 
gianum)y  généralement  simple,  mais  pouvant  être  double 
ou  triple.  Les  sporanges  sont  situés  sur  deux  lignes  paral- 
lèles ;  la  déliiscencc  est  horizontale. 

Les  spores,  de  forme  tétraédrique,  donnent  naissance 
à  un  prothalle  mal  comui,  massif,  hypogé  chez  Ophio- 
glossum  pedinicuîosinu,  dépourvu  ùc  chlorophylle  et 
pouvant  atteindre  tles  dimensions  relativement  considé- 
rables, toujours  monoïque.  Ce  prothalle  donne  naissance, 
tantôt  à  des  anthéridies  très  profondément  enfoncées  dans 
sa  masse,  tantôt  à  des  archégones  à  col  extrêmement  court 
faisant  à  peine  saillie  à  l'extérieur.  —  Les  Ophioglosses 
se  rencontrent  également  dans  toutes  les  parties  du 
monde  ;  il  en  existe  une  espèce  fossile  :  Ophioglossum 
eocemim.  —  Outre  le  genre  Ophioglossum,  la  famille 
des  Ophioglossées  renferme  les  genres  Botrychium  et 
Uelmintostachgs,  ce  dernier  se  rencontrant  uniquement 
dans  l'Asie  Mineure  et  ne  différant  guère  des  deux  pre- 
miers que  par  l'horizontalité  de  sa  tige  et  quelques  autres 
caractères  secondaii'es.  Henri  Fournier, 

IL  Paléontologie.  — •  Les  Ophioglosses  (Ophioglossées), 
parleur  organisation,  répondent  à  un  type  végétal  qui  est 
certainement  antérieur  aux  différenciations  successives  qui 
ont  donné  naissance  d'abord  aux  Fihcinées  (V.  Fougères). 
puis  aux  Lycopodinées  et  aux  Rhizocarpées.  Mais  ces 
plantes  à  structure  délicate  et  à  rhizome  souterrain  ont 
dû  périr,  dans  la  majorité  des  cas,  sans  laisser  de  traces 
de  leur  existence  (Saporta  et  Marion).  C'est  ce  qui  fait 
qu'on  ne  les  retrouve  pas  dans  les  terrains  anciens  et 
qu'il  faut  arriver  au  keuper,  dans  le  trias,  pour  trouver 
une  véritable  Ophioglossée,  le  Chiropteris  Kurriana 
Schimp.  Un  autre  type  a  été  découvert  dans  le  wealdien 
d'Osterwald  (Allemagne  du  Nord),  le  Hausmannia  Dun- 
keri  Schimp.,  suivi  d'autres  espèces  jusqu'à  ce  jour. 

OPHION  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Hyménoptères,  de 
la  famille  des  Ichneumonides,  établi  par  Fabricius  (Enf. 
Syst.,  Supp.,  1798)  et  qui 
a  donné  son  nom  à  la  tribu 
des  Opioninœ.  Cette  tribu 
est  caractérisée  par  l'abdo- 
men comprimé  verticalement , 
pétiole,  recourbé  en  faucille, 
et  des  antennes  filiformes. 
Elle  comprend  les  genres 
Ban  chu  s,  Anomalon, 
Ophion,  Paniscîis,  etc.  Dans 
le  genre  Ophion,  les  deux 
nervures  récurrentes  abou- 
tissent dans  la  première  cel- 
lule sous-marginale.  Ce  sont 
des  Insectes  très  élégants,  de  couleur  jaune,  rouge  jau- 
nâtre ou  brun  grisâtre.  On  les  trouve  sur  les  buissons,  les 


Ophioii  lutcus  L. 


haies  en  fleurs.  Les  larves  vivent  aux  dépens  des  chenilles 
de  Bombycides  et  de  Noctuélides.  On  compte  une  trentaine 
d'espèces  européennes.  0.  luteus  L.,  d'un  jaune  testacé, 
à  tète  roussàtre,  est  commun  en  France. 

Bip>L.  :  GRAXESuoiifiT.  IcJmeumonolofj la  Europa^i.  t.  III, 
p.  431. 

OPHIORHIZA  {Ophiorhiza  L.).  Genre  de  Kubiacées- 
Oldenlandiées,  composé  de  plantes  herbacées  ou  sous-fru- 
tescentes, propres  aux  régions  chaudes  de  l'xVsie,  à  feuilles 
opposées,  épaisses,  stipulées,  à  fleurs  disposées  en  cymes 
dichotomes  ou  unipares,  axillaires  ou  terminales.  Les 
fleurs,  hermaphrodites  ou  polygames,  possèdent  un  ré- 
ceptacle subglobuleux  qui  porte  un  calice  court  à  5  divi- 
sions et  une  corolle  infundibuliforme  à  5  lobes  obtus. 
L'ovaire,  infère,  est  bih)culaire.  Le  fruit  est  une  capsule 
comprimée  à  2  lobes  et  à  déhiscence  septicide  ou  loculi- 
cide.  Les  graines  sont  nombreuses  et  renferment  un  al- 
bumen charnu  presque  corné  dont  l'axe  est  occupé  par 
un  embryon  orthotrope.  Ce  genre  renferme  45  espèces, 
parmi  lesquelles  :  0.  Mungos  L.,  le  Mungo  de  Ksempfer, 
commun  à  Ceylan,  à  Java  et  à  Sumatra,  et  dont  la  racine 
présente  une  amertume  telle  que  les  Malais  l'appellent 
Hampaddu,  c.-à-d.  fiel  de  terre.  C'est  le  Badix  Mungos 
s.  Serpentinum  des  officines.  Elle  passe  pour  être  un 
remède  infaillible  contre  la  morsure  des  serpents  venimeux 
et  contre  le  poison  de  VAntiaris  toxicaria  L.  Les  indi- 
gènes l'emploient  contre  l'hydrophobie  et  le  traitement  des 
fièvres  infectieuses  ;  elle  est  aussi  préconisée  comme  ver- 
mifuge. L'O.  Japonica  Bl.  jouit  des  mêmes  propriétés. 

OPHIOXYLON  (Ophioxylinn  L.).  Genre  d'Apocyna- 
cées-Ophioxylées,  dont  l'unique  espèce,  0.  serpentinum 
L.  ou  Serpentine  Qst  un  petit  arbrisseau  des  Indes  orien- 
tales, à  feuilles  verticillées,  à  fleurs  disposées  en  cymes 
axillaires.  Le  calice  à  5  lobes  est  persistant  ;  la  corolle 
infundibuliforme,  profondément  quinquélobée,  est  hypo- 
gyne  ;  3  étamines.  presque  réduites  aux  anthères,  sont 
insérées  sur  le  tube  de  la  corolle.  L'ovaire,  didyme,  est 
à  2  loges  uniovulées.  Le  fruit  est  formé  de  2  drupes 
noires  ou  rouges,  renfermant  chacune  un  noyau  rugueux 
monosperme  ;  l'embryon  est  placé  dans  l'axe  d'un  albu- 
men charnu.  —  Son  bois  constitue  un  des  Bois  de  cou- 
leuvre du  commerce.  Sa  racine  passe  à  Ceylan,  aux  Mo- 
luques  et  dans  les  îles  de  la  Sonde,  pour  un  spécifique 
infaillible  contre  la  morsure  des  serpents  venimeux  et 
pour  le  meilleur  antidote  contre  les  flèches  empoisonnées 
des  Indiens.  A  forte  dose,  elle  constitue  un  purgatif  vio- 
lent. Elle  sert  contre  les  fièvres  intermittentes  et  v^omme 
vermifuge.  Cette  racine  a  longtemps  passé  pour  être  le 
Chuen-lien,  Chynlen,  etc.,  des  Chinois;  celui-ci  vient 
d'une  Renonculacée-Helleborée,  le  Coptis  Teeta  Wallich. 
OPHIR.  Pays  oriental  qui  fut  en  relations  commer- 
ciales avec  les  Hébreux  par  l'intermédiaire  des  ports  édo- 
mites  de  la  mer  Rouge.  On  raconte  que  Salomon  y  fit 
chercher  (par  des  marins  tyriens)  de  l'or,  du  bois  de 
santal,  des  pierres  précieuses,  de  l'ivoire  pour  décorer  le 
temple  de  Jérusalem  (on  en  ramena  aussi  des  paons). 
D'innombrables  Mémoires  ont  été  écrits  pour  en 
fixer  l'emplacement.  On  a  proposé  l'Yémen,  diverses 
régions  des  côtes  de  l'Inde,  la  presqu'île  de  Malacca 
(Baer),  le  pays  africain  de  Sofala  (Mauch),  le  golfe  Per- 
sique  (Glaser),  et  jusqu'à  la  Chine  et  même  l'Amérique. 
L'hypothèse  la  plus  généralement  admise  est  celle  de 
Lassen,  qui  place  l'Ophir  sur  la  côte  N.-O.  de  l'Inde  oii 
se  retrouvent  des  peuples  pasteurs  du  nom  à'Abhira. 
La  richesse  d'Ophir,  en  or  très  pur,  rappelle  celle  de  la 
satrapie  perse  de  l'Inde  qui  payait  seule  son  tribut  en 
or.  —  D'autres  pensent  que  le  nom  d'Ophir  n'avait 
qu'un  sens  vague  et  désignait  toutes  les  régions  rive- 
raines de  l'océan  Indien,  au  delà  de    la    mer  Rouge. 

A.-M.  B. 
OPHISAURUS.  Genre  de  Sauriens  de  la  famille  des 
Chalcididœ,  comprenant  les  animaux  à  corps  cylindrique, 
serpentiforme,  à  tronc  presque  toujours  confondu  avec  la 


417  — 


OPHISAUHUS  -~  OPHITE 


tète  et  la  queue,  portant  circulairement  des  traces  d'anneaux. 
La  seule  forme  connue  est  YOphisaurusventrails.  Sa  colo- 
ration assez  variable  consiste  en  général  en  bandes  longi- 
tudinales brunes  alternant  avec  des  lignes  jaunâtres,  le 
ventre  est  blanc.  Chez  cet  animal,  la  queue  occupe  les  deux 
tiers  de  la  longueur  totale  du  corps.  Il  habite  les  parties 
S.  des  Etats-Unis  et  est  assez  commun  dans  les  Carolines, 
il  se  tient  dans  les  endroits  secs  et  se  nourrit  d'insectes  et 
de  petits  animaux.  Il  est  extrêmement  difficile  de  le  cap- 
turer à  cause  de  son  excessive  fragilité,  il  se  brise  au 
moindre  attouchement,  ce  qui  lui  a  valu  le  nom  àe  Serpent 
de  verre.  Rochbr. 

Biiji.,  :  Sauvagi:,  dins  Bri^iim.,  éd.  f'r, 

OPHITE  (Pétrog.).  Le  terme  d'ophite  a  été  créé  par 
Palassou  poiu'  désigner  certaines  roches  éruptives  très  fré- 
(juentes  dans  les  Pyrénées,  se  présentant  avec  un  faciès 
et  un  mode  de  gisement  spéciaux,  à  tel  point  qu'on  a  dis- 
cuté longtemps  avant  que  leur  origine  nettement  éruptive 
ait  été  admise  d'une  façon  unanime  ;  des  roches  ana- 
logues se  retrouvent  en  Lspagne,  en  Algérie,  etc.  Toutes 
ces  roches,  caractérisées  par  la  structure  à  laquelle  elles 
ont  donné  leur  nom  (V.  OpurriQUE),  n'ont  pas  une  compo- 
sition minéralogique  constante  et  ne  forment  pas  une 
famille  pétrographique  bien  homogène,  en  sorte  que  le  terme 
d'ophites,  si  fré([uemment  employé,  a  une  valeur  plutôt 
géologique. 

Les  ophites  sont  des  roches  de  composition  basique  et 
de  couleur  très  foncée,  en  général  verdàtre,  tantôt  sans 
cristaux  visibles  à  l'œil  nu,  tantôt  avec  des  cristaux  blancs 
de  feldspath  tranchant  sur  le  fond  de  la  roche.  Au  micros- 
cope, on  y  reconnaît  toujours  l'existence  de  ces  cristaux 
ophitiques  de  feldspath  plagioclase  (qui  est,  suivant  les 
cas,  de  l'oligoclase  ou  du  labrador),  moulés  par  des  plages 
irrégulières  d'éléments  ferromagnésiens,  qui  sont  généra- 
lement un  pyroxène  voisin  du  diallage  ou  de  l'augite,  mais 
d'ordinaire  transformé  plus  ou  moins  complètement  par 
ouralitisation  en  amphibele  secondaire,  et  même  très  fré- 
quemment devenu  presque  méconnaissable  par  le  dévelop- 
pement ultérieur  de  chlorite  et  d'épidote.  Ces  roches  sont 
donc  généralement  des  roches  très  altérées,  qui  se  rappor- 
tent le  plus  souvent  à  des  diabases  ophitiques  ;  mais  on  a 
aussi  compris  sous  le  même  nom  d'autres  roches  basiques 
très  diverses. 

La  question  de  l'âge  et  du  gisement  des  ophites  n'est 
pas  encore  généralement  résolue,  et  c'est  l'un  des  pro- 
blèmes les  plus  difticiles  de  la  géologie  des  pays  où  elles 
se  rencontrent.  Ces  roches  sont  souvent  accompagnées  de 
gypse  et  de  sel  gemme,  attribués  par  (certains  géologues  à 
l'action  des  vapeurs  accompagnant  leur  venue  sur  les  roches 
encaissantes,  tandis  que  d'autres  (et  c'est  l'opinion  (pii 
tend  à  se  généraliser)  considèrent  les  gypses  et  le  sel 
gemme  comme  des  roches  sédimentaires  triasiques,  tra- 
versées par  l'ophite.  Les  relations  des  ophites  avec  des 
(îouches  sédimentaires  d'âge  connu  sont,  en  général,  très 
difficiles  à  observer  ;  autrefois,  toutes  les  ophites  des  Py- 
rénées étaient  considérées  comme  des  roches  très  récentes, 
épanchées  àl'épocpie  tertiaire,  et  actuellement  encore  cer- 
tains géologues  algériens  considèrent  les  ophites  de  leur 
pays  comme  miocènes  ou  pliocènes.  Par  contre,  la  consta- 
tation récente,  en  un  certain  nombre  de  points  de  l'Algérie, 
de  l'origine  sédimentaire  et  de  l'âge  triasique  des  gypses 
et  sels  gemmes  qui  pointent  avec  les  ophites  au  milieu  des 
terrains  plus  récents,  ainsi  ([ue  l'association  très  fréquente 
de  ces  roches  avec  des  affleurements  triasiques  dans  les  ré- 
gions dislocpiées,  permettent  de  les  considérer  comme  devant 
être  très  souvent  d'âge  secondaire  et  même  peut-être  en 
certains  points  de  la  tin  du  Trias,  comme  les  roches  ba- 
siques du  Tyrol  ;  dans  certaines  localités  des  Pyrénées, 
M.  Lacroix,  en  étudiant  les  pliénomènes  de  contact  très 
intéressants  des  ophites  avec  les  roches  encaissantes,  a  pu, 
par  contre,  constater  que  les  calcaires  ju»'assiques  avaient 
été  métamorphisés.  D'un  autre  côté,  ce  qui  précède  n'ex- 
clut pas  la  possibilité  d'autres  venues   phis  récentes,  à 

GUAXDE    EiNCVCLOPÉDlt:.   —    XXV. 


l'époque  tertiaire,  et  il  est  très  vraisemblable  que  les 
ophites,  ainsi  d'ailleurs  que  les  divers  types  de  roches 
éruptives,  ont  pu  traverser  la  croûte  terrestre  à  diverses 
époques.  L'unité  admise  autrefois  pour  cette  série  déroches 
au  point  de  vue  géologique  n'existerait  donc  pas  plus  que 
son  homogénéité  au  point  de  vue  pétrographique.  L.  B. 
Structure  ophitique.  —  On  désigne  sous  ce  nom 
une  structure  spéciale  à  certaines  roches  éruptives, 
complètemeni  cristallisées  et  formées  fondamentalement 
d'un  feldspath  plagiocase  et  d'un  silicate  ferromagnésien 
(pyroxène,  plus  rarement  amphibole).  Dans  ces  roches,  la 


1.  Feldspath  }3laiiioclase  avec  lamelles  héniitropes  de 
la  iiiâcle  de  l'albite  ;  2.  Pyroxène-augite. 

cristallisation  a  connnencé  par  l'un  de  ces  deux  éléments,  en 
général  le  feldspath,  qui  se  montre  individualisé  en  cris- 
taux bien  définis  et  pourvus  de  la  forme  cristalline  (|ui 
leur  est  propre,  tandis  que  l'autre  élément  fondamental  a 
dû  mouler  ces  cristaux  déjà  formés  et  se  présente  en 
plages  irrégulières  dépourvues  de  formes  propres. 

Les  diabases  ophiti(pies  (V.  Diâuase),  ([ui  sont  les  roches 
les  plus  importantes  présentant  cette  structure,  sont  for- 
mées de  cristaux  de  feldspath  plagioclase,  aplatis  suivant 
la  face  ^^  (010),  ou  allongés  suivant  l'arête  p(/  (001) 
(010),  englobés  dans  des  plages  irrégulières  d'augite. 
Certains  basaltes  complètement  (Tistallisés  montrent  au 
secjnd  temps  de  leur  consolidation  une  structure  ana- 
logue, dite  microphitique  ;  mais  dans  certains  d'entre 
eux  il  se  produit  une  inversion  dans  le  rôle  respectif  du 
feldspath  et  de  l'augite  :  c'est  alors  l'augite  qui  se  montre 
en  cristaux  définis,  englobés  dans  des  plages  feldspathiques 
irrégulières  {ophiiisme  feldspathique).  L.  B. 

OPHITE.  Nom  général  donné  à  une  série  de  com- 
munautés gnostiques  (V.  Gnosticisme).  On  range  dans 
cette  catégorie  les  naasséniens  ou  ophites  proprement 
dits,  les  pérates,  les  caïnites,  les  séthiens  (V.  ces 
mots),  puis  des  groupes  moins  importants  ou  moins  con- 
nus, comme  les  stratiotiques,  les  phibionites,  les  borbo- 
riens,  les  barbéliotes  et  d'autres.  Leur  caractère  commun 
est  le  rôle  attribué  dans  leur  symbolisme  et  dans  leur 
culte  au  serpent  (091;  en  grec).  Comme  dans  pres(]ue 
toutes  les  sectes  ophiolàtres  de  l'antiquité,  le  serpent  sym- 
bolisait ime  puissance  salutaire,  guérissante  ;  dans  les 
écrits  sacrés  de  l'église  chrétienne,  ces  gnostiques  met- 
taient en  évidence  l'histoire  de  Moïse  et  du  serpent  d'ai- 
rain (Nombres,  xxi),  rappelée  par  Jésus-Christ  (Jean, 
III,  14).  Le  serpent  représentait  d'ordinaire  l'élément  hu- 
mide, fécond  par  excellence,  qui  pénètre  tout  et  d'où 
émanent  les  éons,  les  incarnations  les  plus  variées.  Le 
serpent,  pour  eux,  renferme  tout  en  lui  «  comme  la  corne 
de  la  licorne  ».  Des  serpents  apprivoisés  figuraient  dans 
les  cérémonies  des  cultes  ;  il  en  circulait  sur  les  tables 
dressées  pour  Feucliaristie.  Par  un  jeu  de  mots,  on  rap- 
prochait le  mot  grec  }iaos  (vad:,  «  temple  »)du  mot  sémi- 

27 


OPHITE  —  OPHTALMOSCOPE 


—  418  — 


tique  iiahas  (serpent),  et  on  déelarait  inséparables  l'idée 
de  culte  et  celle  de  serpent.  F. -H.  K. 

OPHIUCHUS  (Astr.).  Grande  constellation  des  hémis- 
phères boréale  et  australe,  appelée  aussi  Arisiée,  Escu- 
lape,  le  Serpentaire.  Elle  est  située  entre  Hercule,  la 
Balance,  le  Scorpion,  le  Sagittaire,  Antinous,  F  Aigle  et 
Cerbère.  Comme  déclinaison,  elle  touche  au  16^  N.,  et  au 
^O'^  S.  ;  comme  ascension  droite,  aux  240«  et  280».  Elle 
comprend  une  centaine  d'étoiles  visibles  à  l'œil  nu,  parmi 
lescpielles  a  Ophiuchus  ou  Ras-al-agh,  do  grandeur  2,2, 
j3  0.  ou  Celbabrai,  de  grandeur  2,1),  t]  0.  ou  Alsabyk, 
de  grandeur  2,5,  et  quatre  étoiles  doubles. 

OPHIURE.  1.  ZooLOGiK  (V.  Oi>muiui)i':s). 

IF  Paléomologh:.  —  On  trouve  déjà  des  Ophiures  dans 
le  cambrien  de  Bala  (pays  de  Galles)  ;  ils  appartiennent  au 
genre  Proiaster.  Ce  même  genre  et  les  genres  Palœaster. 
Urasiella,  Palaslerina  et  Tœiiiaster  sont  plus  abon- 
dants dans  le  silurien  supérieur  d'Angleterre  et  de  l'Amé- 
rique du  Nord,  où  se  trouve  pour  la  première  fois  une 
forme  d'Euryale  (Eucladia).  Dans  le  dévonien  et  le  car- 
bonifère, les  deux  sous-ordres  actuellement  vivants  conti- 
nuent à  se  développer,  mais  toutes  ces  formes  paléozoïques 
appartiennent  à  des  genres  éteints  et  se  distinguent  (à 
l'exception  de  Xenaster  du  grauwacke  rhénan),  par  la  dis- 
position alternante  des  plaques  ambulacraires  ;  d'ailleurs  à 
cette  époque  les  caractères  distinctifs  des  Stellérides  et  des 
Ophiurides  sont  encore  indécis,  et  certaines  formes  (Pro- 
lasler,  Tœ.nias  1er)  sont  difficiles  à  classer.  Dans  le  trias, 
Aspiditra  est  très  abondant,  et  dès  le  jurassique  on  trouve 
des  formes  peu  différentes  des  genres  actuels.  Le  Geocouui 
elegans  se  rencontre  à  la  Voulte  (Ardèche),  par  mihiers, 
dans  le  grès  ferrugineux  callovien.  L'étude  des  formes  fos- 
siles prouve  que,  chez  les  Euryalides,  les  bras  ramifiés  pro- 
viennent de  bras  primitivement  simples.     E.  ïrouessaut. 

OPHIURIDES  (ZooF).  Groupe  d'Echinodermes  carac- 
térisé par  de  longs  bras  flexibles,  très  nettement  dis- 
tincts du  disque  aplati  qui  enferme  en  entier  l'estomac 
et  les  glandes  sexuelles.  Fes  gouttières  am])ulacraires 
sont  recouvertes  de  plaques  ou  fermées  par  une  membrane 
qui  forcent  les  ambulacres  à  saillir  sur  les  côtés  des  bras. 
Les  ouvertures  génitales  et  la  plaque  madréporique  sont 
situées  au  côté  ventral;  il  n'existe  pas  d'anus.  Un  certain 
nombre  de  formes  ont  les  bras  ramifiés,  soit  à  l'extrémité, 
soit  dans  toute  leur  étendue.  Fa  larve  de  la  plupart  des 
espèces  prend  la  forme  dite  Pluteus  (V.  Eghinodermes), 
mais  il  existe  des  formes  vivipares.  On  divise  les  Ophiu- 
rides en  deux  sous-ordres  :  les  Ophiures,  dont  les  bras, 
simples,  ne  sont  pas  volubiles,  et  les  l'Auyales,  aux  bras 
simples  ou  ramifiés,  chez  lesquelles  les  bras  dépourvus  de 
plaques  calcaires  peuvent  s'enrouler  vers  la  bouche.  Ces 
deux  divisions  réunies  comprennent  plus  de  80  genres  ac- 
tuels. R.    MONIEZ. 

OPHRA.  Nom  de  deux  localités  de  la  Palestine  an- 
cienne, Fune  dans  la  tribu  de  Benjamin,  l'autre  dans  la 
tribu  de  Manassé,  à  l'O.  du  Jourdain;  celle-ci  était  le 
siège  d'un  sanctuaire  dont  on  faisait  remonter  l'origine 
au  juge  Gédéon,  qui  v  serait  né  et  v  aurait  été  enseveli. 

ÔPHRYON  (Anat.)'(V.  CkAke,  t.  Xlll,  p.  265). 

OPHTALMIE.  Jadis  on  désignait  ainsi  toutes  les  ma- 
ladies de  l'œil  et  des  paupières.  Grâce  aux  progrès  do 
l'oculistique,  on  désigne  maintenant  sous  ce  nom  les  in- 
flammations de 'la  conjonctive  (V.  CoNjoNcnvrrE).  On  ne 
s'en  sert  plus  guère  que  pour  désigner  Vophtalmie  sy)ii- 
pathique,  affection  grave  survenant  dans  un  œil  sain  par 
propagation  de  l'infection  de  l'œil  malade  ou  par  phéno- 
mènes sympathiques.  Forsqu'il  y  airitis,  irido-cyclite  dans 
un  œil  et  que  l'autre  œil  devient  douloureux  (douleurs 
ciliaires),  il  faut  craindre  Fophtalmie  sympathique,  (pie 
seule  Fénucléation  de  To'il  malade  pouri'a  enrayer  et  ainsi 
sauver  F(cil  resté  sain,  mais  menacé. 

OPHTALMIQUES  (Nerfs,  vaisseaux)  (V.  OEil). 

OPHTALMOLOGIE.  On  donne  ce  nom  ou  celui  à'ocii- 
listi'jne  à  la  science  qui  s'occupe  des  maladies  de  ]\n\. 


Elle  était  en  honneur  dès  la  plus  haute  antiquité,  mais 
alors  était  empiriiiue  ;  ce  n'est  guère  qu'au  xvni^-  siècle 
(ju'elle  est  devenue  une  science  positive  (opération  de  la 
cataracte  par  Daviel)  et  dans  ces  dernières  années,  elle  a 
fait  d'immenses  progrès  grâce  à  Fanatomie  et  à  la  méde- 
cine opératrice.  F'antisepsic  a  été  pour  la  chirurgie  ocu- 
laire un  immense  bienfait  ;  car,  dans  ces  opérations  sur 
Fœjl,  si  délicates,  la  moindre  infection  amène  la  suppu- 
ration et  l'insuccès  complet.  Enfin,  grâce  aux  progrès  de 
l'optique,  les  maladies  de  la  réfraction,  myopie,  astigma- 
tisme et  hypermétropie,  ont  pu  être  corrigées,  etFemploi 
de  l'ophtalmoscopc  a  permis  de  diagnostiquer  exactement 
les  maladies  du  fond  de  l'œil. 

OPHTALMOMÈTRE.  Nom  donné  à  plusieurs  instru- 
ments imaginés  pour  mesurci'  les  diverses  parties  de  l'œil. 
Celui  de  F.  Petit  servait  à  déterminer  la  capacité  de  ses 
chambres  ;  celui  de  Helmholtz,  le  plus  connu,  à  obtenir  les 
rayons  de  courbure  des  surfaces  réfringentes  de  Vœil .  Fes  op- 
tomètres  sont  également  des  ophtalmomètres(V.OpTOMÉnuE). 

OPHTALMOSCOPE.  On  donne  ce  nom  à  un  instrument 
destiné  à  éclairer  le  fond  de  Fo'il  ;  il  a  été  découvert  par 
Helmlioltzenl851.  II  en  existe  -      ^ 

de  modèles  les  plus  variés.  Fe 
plus  simple  consiste  en  un 
miroir  concave,  percé  d'un 
trou  central  et  monté  sur  une 
petite  tige  d'ivoire  qu'on  tient 
dans  la  main.  On  s'aide  éga- 
lement d'une  loupe  de  qua- 
torze dioptries  environ,  qui 
permet  d'examiner  Fœil  à 
l'image  renversée.  F'examen 
doit  se  faire  dans  une  chambre 
obscure,  on  éclaire  avec  une 
bonne  lampe  à  huile,  au  pé- 
trole ou  au  gaz.  Il  y  a  des 
ophtalmoscopes  plus  compli- 
qués ;  ils  consistent  en  un 
disque  adapté  derrière  le  mi- 
roir et  contenant  une  série  de 
verres  concaves,  convexes  et 
même  cylindricpies,  qui  per- 
mettent, non  seulement  d'exa- 
miner le  fond  de  Fœil  des 
amétropes,  mais  do  corriger 
leur  myopie,  hypermétropie  ou 

astigmatisme  ;  ce  sont  les  ophtalmoscopes  à  réfraction, 
instruments  indispensables  à  l'oculiste  et  qui  demandent 
une  grande  habitude  pour  être  bien  maniés.  C'est  grâce 


Oplitalmoscopc. 


Examen  de  l'œil  à  r()i)litalmoscopc. 

à  l'ophtalmoscope  et  aux  ombres  portées  qu'il  projette  sur 
la  cornée  que  Cuignet  a  fondé  une  méthode  simple  et  pra- 
tique de  déterminer  objectivement  l'état  de  réfraction  de 
l'œil.  C'est  la  kératoscopie  qui  rend  journellement  d'im- 


—  419  — 


OPHTALMOSCOPE  —  OPIMIA 


menses  services.  Sans  l'ophlalmoscope,  l'oculistique  ne 
connaîtrait  que  les  maladies  externes  des  yeux.  C'est  grâce 
à  ce  merveilleux  instrument  que  l'oplitalmoiogie  est 
devenue  une  véritable  science. 

OPHTALMOSTÂT.  On  donne  ce  nom  à  des  instruments, 
pinces,  etc.,  qui  servent  à  fixer  le  globe  oculaire  en  pin- 
çant la  conjonctive,  ce  qui  permet  de  pratiquer  plus  faci- 
lement les  opérations  sur  l'œil  :  cataracte,  iridectomie ,  pa- 
racentèse, etc. 

OPIANINE.l^orm.  |  ^1^^^ e-^^FFAzO^. 

llinterberger  a  o])tenu  un  alcaloïde,  auquel  il  donna  h 
nom  d'opianine,  en  précipitant  l'extrait  aqueux  de  l'opium 
d'Egyple  par  rammoiiia([ue.  L'étude  plus  approfondie  do 
ce  corps  a  montré  qu'il  élait  identique  à  la  narcotine 
(V.  ce  mot).  C.  M. 

OPIANIQUE  (Ac).  l<orm.  |  ^^^^^^ {:}iO}iio0-,, 

L'acide  opianique  a  été  découvert  par  Liebig  et  Wohler 
dans  les  produits  d'oxydation  de  la  narcotine  sous  l'iji- 
iluence  d'un  mélange  de  peroxyde  de  manganèse  et  d'acide 
sulfurique.  La  plupart  des  agents  oxydants  produisent  la 
même  transformation. 

C^^l^'^AzO^'*  4-  0^-  _r  C/OlF^oio  _|_  C2iiii3^vz0^ 

Narcotine.  Aciclo  Cotarniuc. 

n[)ianiquo. 

L'acide  cristallise  en  prismes  minces  souvent  groupés 
concentriquement  et  enchevêtrés.  Il  est  incolore,  d'une 
saveur  amèrc  et  d'une  faible  réaction  acide.  L'eau  bouil- 
lante, l'alcool,  l'éther,  le  dissolvent  facilement. 

Les  oxydants  transforment  l'acide  opianique  en  un  autre 
acide,  l'acide  liémipinique,  C'^^H^^O^^. 

C20fiiooio_j_o2— C^ofl^Ws. 
L'hydrogène  naissant  réduit  l'acide  en  méconine  : 
(^^20Hiooio  +  H^  z=:  (;20Hi008  4_  HK)2. 

Les  acides  chlorhydriquc  et  iodhydriquo  lui  enlèvent  un 
groupe  méthyle  et  le  transforment  en  acide  mctbylnoro- 
pianique  :  L^^H^O^^ 

L'acide  opianique  est  monobasique  ;  il  décompose  les  car- 
bonates et  donne  des  sels  cristallisés.  Sa  fonction  acide  est 
encore  bien  caractérisée  par  l'existence  de  ses  éthers  et 
de  son  amide.  Le  sel  d'ammonium  cristallise  en  grands  cris- 
taux tabulaires,  le  sel  d'argent  en  prismes  transparents  et 
raccourcis,  légèrement  jaunâtres,  contenant  de  l'eau  de 
cristallisation.  CM. 

BiBL.  :  Liebig  et  Wohler,  A)in.  Ocr  Ckcm.  u.  Pliarm.  ~ 
Matthiessen  et  FostJ':r,  Clwmic.  Soc,  t.  XVI,  |).  315_ 

OPIAT,  synonyme  d^éleciuaire  (V.  ce  mot).  Parmi  les 
électu aires  jtlus  connus  sous  le  nom  d'opiats,  deux  sont 
inscrits  au  Codex  de  iHS^i  : 

Opiat  de  copahu  composé 

Baume  de  copahu iOO  gr. 

Poudre  de  cubèbe 130  — 

Poudre  de  cachou 50  ~ 

Essence  de  menthe 3  — 

Il  se  préparc  par  simple  mélange  ;  on  l'emploie  comme 
antiblennorragiqiie  à  la  dose  de  10  à  30  gr.  dans  du 
pain  azyme.  Dans  la  pharmacopée  suisse,  cet  opiat  con- 
tient en  outre  du  sous-nitrate  de  bismuth  et  de  l'opium. 

Opiat  dentifrice 

Poudre  dentifrice  acide 100  gr. 

Miel  blanc 75  '— 

Glycérine  officinale 25  — 

On  le  prépare  par  simple  mélange  (Y.  aussi  Dentifrice). 

OPICO  (Ile)  (V.  AçoREs). 

OPICONSIVES  (V.  Ops). 

OPIE  (Amelia  Alderson,  Mrs),  femme  auteur  anglaise, 
née  à  Norwich  le  12  iiov.  1769,  morte  à  Norwich  le 
2  déc.  1853.  Fille  d'un  médecin  renommé,  gracieuse  et 
spirituelle,  elle  eut  à  Norwich  un  salon  très  couru.  Dès  son 
enfance  elle  avait  composé  des  poésies  et  à  dix-huit  ans 


elle  produisait  une  tragédie,  Adctalde,  ou  elle  joua  le 
])rincipal  rôî*^  pour  l'amusement  de  ses  amis.  Elle  avait  déjà 
une  cerlaine  réputation  et  de  nombreux  adorateurs  quand 
elle  épousa  en  1798  le  peintre  John  Opie,  mais  elle  n'était 
guère  connue  en  dehors  de  Norwich,  et  Opie  la  poussa  à 
écrire.  Bientôt  apparurent  :  hatlier  andDaucjhter([SOi), 
roman  suivi  d'un  poème  :  TJie  MaidofCorinth.cimohtmt 
un  grand  succès;  un  volume  de  poésies  (1802"),  dont  un 
certain  nombre  furent  populaires,  par  exemple  TtieOrplian 
Boy  et  The  Félons  Adress lo  his Child;  Adeline  Moiu- 
bvaij  (1804-,  3  voL),  roman  pathétique;  Simple  Taies 
(1806,  4  vol.).  Après  la  mort  de  son  mari  (1807), 
iilrs  Opie  revint  à  Norwich  où  elle  exerçait  dans  la  bonne 
société  une  véritable  royauté.  Elle  était  liée  maintenant 
à  Sheridan,  à  Sydney  Smith,  à  M"'*^  de  Staël,  à  Byron,  à 
llumbold,  à  Wordswortb,  etc.  Elle  continua  à  publier 
avec  succès  :  \  aient ine's  F.ve  (1816,  3  vol.)  ;  Madeline 
(1822,  2  vol.),  mais  l'amour  d'un  quaker,  J.-J.  Gurney, 
rentraîna  dans  la  Société  des  Amis  dont  les  enseignements 
exercèrent  sur  elle  une  grande  influence.  Elle  renonça  à 
la  littérature  frivole.  Klle  donne  aloi's  :  Poetical  epislles 
from  Mary  Queen  of  Scols  lo  lier  uncle  (1823)  ;  The 
Last  uoyaye  (1828);  !lhistratn)ns  of  Lying  in  ait  ils 
branches  (1825);  Detraction  displayed  (1828)  et  con- 
sacre presque  tous  ses  loisirs  aux  pauvres,  aux  prison- 
niers, aux  hôpitaux.  Son  dernier  volume  :  Lays  for  the 
Dead  (1833),  est  funèbre;  il  se  compose  de  poèmes  con- 
sacrés à  la  mémoire  de  ses  amis  défunts.  Cependant 
Mrs  Opie  ayant  vendu  sa  maison  se  mit  à  voyager.  En 
1829,  elle  est  à  Paris  où  elle  visite  David  d'Angers,  Cu- 
vier,  Mignet,  Ségur,  M'^'^  de  Genlis,  Benjamin  Constant, 
Lafayette;  en  1832,  elle  parcourt  les  Cornouailles,  visite 
les  montagnes  d'Ecosse  (1834),  parcourt  en  1835  la  Bel- 
gique, l'Allemagne,  la  Suisse;  en  1851,  malgré  ses  quatre- 
vingt-deux  ans,  elle  vient  à  l'Exposition  universelle.  Ses 
romans,  consacrés  presque  tous  à  des  épisodes  de  la  vie 
domesti(|ue,  sont  assez  bien  écrits,  toujours  moraux,  mais 
toujtmrs  larmoyants.  Ses  poésies  sont  assez  gracieuses. 
(Vitons  encore  d'elle  :  Ihe  Warriors  return  and  other 
Poems  (1808)  ;  Temper  or  do)neslic  Scènes  (1812, 
3  ^ol.);  Talcs  of  real  Life  (1813,  3  vol.);  New  taies 
(1818,  4  vol.)  ;  Taies  of  (lie  îïearlh  (1820,  4  vol.)  etc. 
(hi  a  donné  une  édition  collective  de  ses  romans  qui  com- 
prend 12  volumes  (1845-47).  R.  S. 

BiiîE.  :  CeciliaLuev  J^uioiirwiaj..  Mcmorlals  of  the  lifc 
of  A.  Opie;  Loiidrew,'  185  t,  iii-8. 

OPIMAN.  Nom  d'un  cépage,  issu  du  Vitis  vinifera, 
cultivé  dans  le  royaume  de  Cachemire  (Inde). 

OPINIES  (Anti(f.  rom.).  On  appelait  Spolia  Opima  les 
dépouilles  enlevées  au  chef  ennemi  par  le  chef  romain  en 
personne,  et  consacrées  par  celui-ci  dans  le  temple  de 
Jupiter  Férélrien.  Ce  fait  devait  nécessairement  être  très 
rare.  En  effet,  dans  toute  l'histoire  romaine  on  ne  cite 
que  trois  généraux  qui  aient  eu  l'honneur  de  remporter 
les  dépouilles  opimes.  Ce  sont  :  Uomulus,  vainqueur 
d'Acron,  roi  des  Coeniniens  ;  A.  Cornélius  Cossus,  qui  tua 
de  sa  main,  en  437,  Tolumnius,  roi  desYéiens  ;  C.  Clau- 
dius  Marcellus,  qui  vainquit  et  tua,  eji  222,  Viridomar, 
roi  des  Insubres. 

L'officier  et  le  soldat  qui  tuaient  le  chef  ennemi  avaient 
droit  à  des  honneurs  analogues  {secunda  spolia,  tertia 
spolia). 

HiîîE  :  G  -J^  IIertzberg,  lIq  Spolils  opimis  Quœslio 
iPhilolo(jiis,  18i(j,  pp.  I,  aai,  339).  —  BoucnÉ-I.ECLERCQ, 
MoMiiel  des  Institutions  ro-]naines,  \).  291. 

OPIMIA  (Gens).  Famille  plébéienne  connue  depuis 
l'époque  des  guerres  du  Samnium  oti  périt  Gains  Opimius 
Pansa,  questeur  (294).  On  cite  ensuite  Quintus  (,).  f.  0.  N., 
consul  en  154,  qui  soumit  les  Oxybiens  et  les  Decistes, 
tribus  ligures  qui  avaient  saccagé  Nicœa  (Alce)  et  Anti- 
polis  (Antibes).  Il  obtint  le  triomphe.  C'était,  comme  son 
(ils,  un  homme  de  jnauvaise  réputation.  Celui-ci,  Luciiis 
Q.  f.  Q.  N,  fut  préteur  en  125  et  s'empara  de  Eregelles 
insurgée.  L'un  des  plus  violents  chefs  du  parti  oligarchique 


OPJMIA  —  OPISTHOCOME 


m) 


et  très  intl lient  au  sénat,  il  combattit  avec  actianiement 
Caius  Gracchus,  qui  le  fit  ccliouer  aux  élections  consu- 
laires pour  122,  mais  ne  put  empêcher  son  élection  l'année 
suivante.  Il  s'ensuivit  une  lutte  acharnée  qui  aboutit  à  la 
guerre  civile  lorsque  Opimius  eut  obtenu  du  sénat  le  décret 
qui  lui  conférait  une  autorité  dictatoriale  ;  il  lit  tuer 
Gracchus  et  ses  partisans  au  nombre  de  plus  de  3.0U0. 
L'année  suivante,  le  tribun  Q.  Deciusle  mit  en  accusation 
pour  ces  meurtres;  les  juges,  intimidés,  racquittèrent. 
En  il 2,  envoyé  en  Niunidie  (V.  ce  mot)  pour  régler  la 
succession  de  Micipsa,  il  se  laissa  corrompre  par  Jugurtha, 
de  sorte  qu'en  409  le  tribun  C.  Mamilius  Limetanus  ayant 
fait  voter  une  loi  d'enquête  contre  les  fonctionnaires  cor- 
rompus par  Jugurtha,  Opimius  dut  s'exiler  à  Dyrrachium 
ou  il  mourut  misérable  et  méprisé.  Son  nom  demeura 
attaché  à  une  année  consulaire  fameuse  pour  la  chaleur 
de  l'automne  et  la  qualité  du  vin  ;  Cicéron,  Pline  FAncien 
vantent  ce  célèbre  vinum  Opimianum  réduit  à  l'époque 
du  second  à  l'état  de  pâte  rouge  ;  il  était  très  fort  et  se 
buvait  dilué  dans  beaucoup  d'eau.  —  Qiiinius,  fils  du  pré- 
cédent, tribun  en  75,  combattit  l'oligarchie,  ensuite  de 
quoi  il  fut,  l'année  suivante,  condamné  par  Verres,  alors 
préteur,  et  ruiné  complètement.  A. -M.  B. 

OPINION.  I.  Philosophie.—  Dans  la  philosophie  an- 
cienne, à  partir  de  Socrate,  l'opinion  s'opposait  à  la  science. 
Elles  représenl aient  les  deux  formes.  Tune  parfaite,  Faiitre 
imparfaite,  de  la  connaissance  humaine.  Coiniaître  par  les 
sens  des  faits  accidentels  et  incohérents  dont  on  ignore  la 
luiture  et  la  cause,  voilà  l'opinion  ;  connaître  par  la  i*aison 
un  système  de  lois  dont  on  comprend  les  rapports  et  la 
nécessité,  voilà  la  science.  Chez  les  modernes,  l'opinion  est 
considérée  comme  l'un  des  «  trois  degrés  de  l'assentiment  », 
ainsi  que  le  dit  Bossuet.  les  deux  autres  étant  la  certi- 
tude et  le  doute.   Elle  s'intercale  entre  l'un  et  Tautre, 
emplissant  tout  l'intervalle  de   ses  innombrables  degrés. 
Kn  ce  sens,  l'opinion  c'est  la  croyance,  ou  tout  au  moins 
la  croyance  probable  qui  peut  devenir  extrêmement  voi- 
sine, soit  du  doute,  soit  de  la  certitude.  Elle  oscille  en 
effet,  selon  que  les  raisons  de  croire  l'emportent  plus  ou 
moins  en  nombre  et  en  valeur  sur  les  raisons  de  ne  pas 
ci'oire,  étant  fondée  sur  la  probabilité  et  non,  comme  la 
certitude,  sur  l'évidence.  Kant  expose  ainsi  ses  idées  sur 
l'opinion    (Critique    de  la  raison  p7ire.   Méthodologie 
transcendantale,  §  978,  trad.  Tissot,  t.  II,  p.  406):  «  La 
croyance  présente  les  trois  degrés  suivants  :  l'opinion,  la 
foi  et  la  science.  Vopinion  est  une  croyance  estimée  avec 
conscience  insuffisante,  tant  subjectivement  qu'objective- 
ment. Si  la  croyance  n'est  suffisante  que  subjectivement, 
et  (pi'elle  soit  en  même  temps  l'egardée  comme  objective- 
ment insuffisante,    alors  elle  s'appelle  foi.  Enfin,  si  la 
croyance  vaut  subjectivement  et  objectivement,  elle  s'appelle 
science.  »  Kant  fait  remaiHfuer  que  l'opinion  elle-même 
suppose  un  certain  degré  de  science  ou  de  certitude  :  ce 
qui  réfute  indirectement  le  probabilisme,  d'après  lequel 
nous  ne  pouvons  avoir  que  des  probabilités  et  jamais  de 
certitude.  Il  déclare  qu'il  n'est  pas  permis  d'opiner  dans 
les  jugements  par  raison  pure  :  il  est   absurde,  dit-il, 
d'opiner  en  mathématiques  pures  ;  là  il  faut  ou  savoir  ou 
s'abstenir  de  tout  jugement.  Le  plus  sûr  moyen,  selon  lui, 
de  distinguer  l'opinion  de  la  certitude  ou  même  de  la  foi, 
la  «  pierre  de  touche  »,  c'est  le  pari.  «Souvent  il  arrive 
que  quelqu'un  affirme  ce  qu'il  dit,  d'un  ton  si  confiant  et 
si  imperturbable  qu'il  semble  avoir  déposé  toute  crainte 
d'erreur.  Un  pari  cependant  l'embarrasse.  Quelquefois,  à 
la  vérité,  il  montre  assez  de  persuasion  pour  qu'on  puisse 
l'estimer  un  ducat  mais  non  pas  dix.  Car  il  en  mettra 
bien  un  en  jeu.  mais   s'il  s'agit  d'en   mettre  dix,  il  re- 
marquera à  la  fin  ce  (pi'il  n'avait  pas  remarqué  d'abord, 
savoir  (ju'il  est  cependant  possible  ([u'il  ait  tort.»  (V.  en 
outre  les  articlcb  (/:nnrLij!',  (>îu\axh:.  Jm.kmkxt.  Photîa- 

lULL^MK,  PliOBAIilUIL.)  E.   Bol[iA(.. 

II.  Politique.  —  Opinion  puiiLiQUE(V.  Etat,  t.  XVI, 
p.  408). 


III.  Théologie.  —  A  propos  du  moi  opinion,  les  théolo- 
giens et  les  canonistes  distinguent  les  matières  de  foi  et 
les  matières  de  mœurs.  Ce  qui  regarde  les  mokuus  est 
indiqué  au  mot  Probabilisme.  —  Pour  ce  qui  concerne 
les  différences  entre  un  dogme,  une  libre  opinion,  pour 
la  transformation  des  opinions  théologiques  en  dogmes, 
pour  les  exemples  récents  de  cette  transformation  {Imma- 
culée conception,  Infaillibilité  des  papes)  et  ses  consé- 
quences, V.  Cathouciié;  Dogme  XIV;  Eglise,  t.  XVI, 
p.  OdO  ;  Eglise  catholique  romaine,  t.  XVI,  p.  024  ;Eoi, 
t.  XVII;  Marie,  t.  XXIIl,  pp.  95  et  suiv. 

OPINIOUE  (VcM^rm    S  ^'^"^^^-     ^^^'^^^^0^ 

L'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  l'acide  hémipi- 
nique  engendre  deux  acides  nouveaux,  l'acide  opinique, 
C'''H^*^0^^3H~0'^,  cristallisé  en  longs  prismes  brillants  et 
l'acide  isopinique  ou  hypogallique,  G^^H^^O^^BH^O,  iso- 
mérique  avec  le  premier,  mais  qui  s'en  différencie  par  son 
action  sur  le  perchlorure  de  fer  et  ses  propriétés  réduc- 
trices vis-à-vis  le  tartrate  cupropotassique.  CM. 

BiBL.  :  LiE(;[iTi,  Ballet,  de  la  Soc.  CItha  ,  IbTO.  t.  XIII, 
p.  5H6. 

OPIO.  Com.  du  dép.  des  Alpes-Maritimes,  arr.  de 
Grasse,  cant.  du  Bar;  340  hab. 

OPISTHION  (Anat.)  (V.  Crâne,  t.  XIII,  p.  ^204). 
OPISTHOBRANCHES'.  I.  Zoologie.  —  Ordre  de  Mol- 
lusques Gastropodes  branchifères,  hermaphrodites,  nus 
ou  testacés,  dont  les  branchies  sont  libres,  placées  sur  le 
dos  ou  sur  les  côtés,  derrière  le  cœur.  Tous  sont  marins. 
Ce  sont  des  animaux  d'une  organisation  délicate  qui  re- 
cherchent les  endroits  habités  au  voisinage  des  côtes,  de 
préférence  sur  les  fonds  sableux  ou  vaseux  ;  ils  rampent 
lentement,  ne  se  mettent  en  mouvement  qu'à  la  tombée 
de  la  nuit,  et  leur  nourriture  est  surtout  animale  ;  quelques 
espèces  habitent  les  eaux  saumàtres  stagnantes.  On  les 
divise  en  deux  sous-ordres  :  les  Tectibranches  qui  sont 
nus  ou  testacés,  à  branchies  placées  sous  le  bord  palléal 
ou  dans  une  cavité  branchiale,  et  les  Nudibr anches  (ou 
Gymnobr anches),  qui  sont  toujours  nus,  dépourvus  de 
coquille,  et  dont  les  branchies,  simples  ou  ramifiées,  sont 
situées  sur  le  dos  et  non  recouverts  par  le  manteau.  Leurs 
larves  seules  possèdent  une  coquille  embryonnaire  très 
délicate  (V.  Tectibranches  et  Nudibranches). 

IL  Paléontologie.  —  Les  Opisthobranches  datent  de 
l'époque  paléozoïque,  mais  ne  se  trouvent  qu'en  petit 
nombre  dans  le  carbonifère.  Les  genres  Aciieonina,  Ac- 
tœonella,  Cylindrites  sont  très  bien  représentés  dans 
le  jurassique  et  le  crétacé  ;  mais  c'est  seulement  dans 
le  «tertiaire  que  ce  groupe  prend  son  développement, 
le  nombre  des  formes  fossiles  étant  inférieur  à 
celui  des  espèces  vivantes.  Cela  tient  surtout  à  ce  que  le 
groupe  entier  des  Gymnohranches  (ou  Nudibranches), 
étant  dépourvu  de  co(piille,  ne  s'est  pas  conservé  à  l'état 
fossile.  E.  Trt. 

OPISTHOCOME  (Ornith.).  Le  genre  Opisthocomus 
(llliger,  18M)  a  été  créé  pour  un  oiseau  de  la  taille  du 
Faisan,  originaire  de  l'Amérique  du  Sud,  et  qui  présente 
dans  sou  organisation  des  particularités  qui  rendent  sa 
classification  très  difficile.  (]'est  ÏHoaiin  ou  Sasa  de 
Buffon,  le  Faisan  huppé  des  colons  de  Gayenne,  appelé 
aussi  Cigana  au  Para  et  Guacharaca  de  agua  en  Co- 
lombie. Cuvier  le  classait  parmi  les  Gallinacés,  près  des 
Pénélopes  ;  Lesson  et  Gray,  le  considérant  comme  un  Pas- 
sereau de  grande  taille,  l'ont  placé,  près  des  Musophages, 
dans  le  groupe  des  Anisodactyles  (V.  ce  mot).  Lherminier 
a  montré  cependant  que  par  ses  caractères  anatomiques 
il  se  rapprochait  des  Gallinacés,  tout  en  constituant  une 
famille  à  part  ou  même  un  groupe  supérieur,  isolé  dans 
la  nature  actuelle,  et  (jue  les  modernes,  se  basant  surtout 
sur  I  ostéologie.  rapprochent  des  Tinamous  (V.  re  mot). 
Le  bec  présente  une  fente  natale  très  longue,  et  le  palais 
est  hérissé  de  papilles  coniques.  Le  jabot  est  énorme,  re- 
couvrant les  pectoraux  et  presque  tout  le  sternum,  dont 


1^21  - 


OPISTHOCOME  —  OPITZ 


la  frète  ost,  par  siiito,  très  en  arrière;  la  longueur  totale 
de  rintestin  e-st  de  l'",'20  environ,  le  corps  n'ayant  qne 
30  centim.  On  a  compare  ce  jabot  à  la  panse  des  Rumi- 
nants; le  jabot  des  Gallinacés  est  très  diffèrent.  Les  carac- 
tères zooIogi({iies  sont  :  bec  un  peu  moins  long  que  la 
tète,  dentelé  intérieurement  près  du  bord;  narines  percées 
dans  une  membrane.  Ailes  médiocres,  concaves  ;  queue 
longue  et  étagée  ;  tarses  robustes  réticulés,  de  la  lon- 
gueur du  doigt  médian.  Joues  et  gorge  nues.  Une  huppe 
allongée,  couchée  en  arrière,  mais  pouvant  se  relever.  Le 
plumage  est  d'un  fauve  brun  avec  la  poitrine  blanc  jau- 
nâtre, les  ailes  et  la  queue  marquées  de  raies  blanches 
espacées  de  '2  à  3  centim.  ;  les  pieds  sont  jaunes,  la  peau 
nue  de  la  gorge  bleuâtre  ;  la  huppe  est  noire,  blanche  en 
dessous.  L'Hoazin  habite  la  Guyane,  la  Colombie,  le  Brésil 
septentrional.  Il  vit  par  petites  troupes  au  bord  des  rivières. 
se  noui'rit  des  feuilles  de  l'Arum  arhorescens  et  se  laisse 
facilement  approcher.  Mais  sa  chair,  musquée  comme  les 
fruits  de  l'arbre  dont  il  se  nourrit,  n'est  pas  mangeable  et 
ne  sert  que  d'appât  pour  la  pèche.  Il  perche  comme  le  Faisan. 
Son  cri  {cra-cra)  est  très  fort,  et  le  fait  passer,  au  Para, 
pour  un  Oiseau  de  mauvais  augure.       K.  Trouessart. 

OPISTHODOME  (Archit.). 'Partie  du  temple  antique 
située  à  l'opposé  de  la  façade,  derrière  l^naosoM  \d.ee\la, 
et  correspondant  au  pronaos  (V.  ce  mot).  L'opisthodome 
pouvait  être  plus  ou  moins  important  ;  il  constituait  par- 
fois une  véritable  chambre,  fermée  par  une  porte  de  bronze 
ou  par  une  grille  et  cette  chambre  renfermait  le  trésor  du 
temple  ou  mieux  de  la  divinité  ;  car  c'est  dans  l'opisthodome 
qu'étaient  conservés  les  dons,  les  offrandes  et  les  revenus 
provenant  des  biens  sacrés  et  c'est  à  ce  trésor,  ayant  sa 
comptabilité  spéciale  et  dont  il  était  fait  de  fréquents  in- 
ventaires, qu'étaient  contractés  des  emprunts  publics  en 
cas  de  guerres  prolongées. 

0PIST06NATHISME  (Y.  Bolche,  t.  Vil,  p.  530). 
OPITERGIUM  (V.  Oi)i:uzo). 

OPITZ  (Martin),  poète  alleuiand,  né  à  Bunzlau  le 
'23  i\i^i'.  lo97,  mort  à  Dantzig  le  17  août  1639.  Dans  su 
vie,  Opitz  nous  apparaît  plutôt  comme  un  homme  avisé 
el  prudent,  babile  à  se  tirer  d'affaire  dans  les  cii'cons- 
tances  les  plus  difficiles  que  conune  un  grand  caractère. 
Aussi  bien  n'était-il  guère  possible  à  un  savant  et  à  un 
bomme  de  lettres  allemand  de  traverser  autrement  la  pé- 
l'iode  troublée  de  la  guerre  de  Trente  ans.  Opitz  fit  ses 
premièi'os  études  à  Bunzlau,  puis  à  Breslau  (16'H-lo), 
enfin  à  Beuthen  (4616-18),  où  il  se  révèle  déjà  comme 
un  érudit  et  un  latiniste  de  talent.  De  1619  à  16!20,  il 
fréquente  l'Université  de  Heidelberg.  Chassé  par  l'arrivée 
de  l'armée  espagnole  de  Spinola,  il  mène  pendant  quelques 
années  une  existence  errante,  voyageant  en  Hollande,  où 
il  fait  la  connaissance  de  Heinsius  (16^20),  puis  en  Jut- 
land,  revenant  ensuite  en  Allemagne,  acceptant  une  place 
de  professeur  à  Weiszenburg  en  Transylvanie  (16"2'2-23) 
pour  rentrer  de  nouveau,  peu  après,  en  Silésie.  En  \Q%\ 
enfin,  il  trouve  une  position  stable  comme  secrétaire  du 
hurgrave  Charles-Hannibal  de  Dohna,  qu'il  avait  accom- 
pagné l'année  précédente  à  Vienne  dans  une  députation 
au])rès  de  l'empereur.  Pendant  sept  ans,  Opitz,  bien  (pie 
protestant,  fut  l'agent  actif  et  dévoué  de  Dohna,  qui  était 
fougueux  catholique  et  travaillait  avec  énergie  à  ramener 
la  Silésie  au  catholicisme.  Après  la  mort  de  son  protec- 
teur, en  1633,  il  passa  de  nouveau  du  côté  des  protes- 
tants, entra  même  un  instant  au  service  des  Suédois,  pour 
revêtir  finalement  la  charge  d'historiographe  du  roi  \Vla- 
dislas  de  Pologne  (1637).  Deux  ans  après,  il  mourait  au 
cours  d'une  épidémie  de  peste.  Sa  destinée,  on  le  voit, 
n'a  rien  d'héroïque.  C'est  un  esprit  délié  et  politique,  peu 
embarrassé  de  scrupules  de  conscience,  expert  dans  l'art 
de  s'insinuer  dans  les  bonnes  grâces  des  grands  et  de  tirer 
de  son  talent  poéticpie  le  parti  le  plus  avantageux  pos- 
sible. 

C'est  comme  réformateur  de  la  poésie  et  en  particulier 
de   la  versification  qu'Opitz  a  surtout  mérité  ce  titre  de 


«  Père  de  la  poésie  allemande  ».  (jui  lui  était  décerné,  un 
siècle  encore  ai^rès  sa  mort,  par  Gottsched.  —  Dans  ses 
deux  ouvrages  ci'itiques  les  ])lus  connus  :  Aristarchus 
sive  De  eonteniptu  Ungiue  ïeutonicie  (1617),  et  Mar- 
tini Opiiii  Bueli  von  (1er  Deutsrhen  Poeterei/  (i6''2{  ; 
l'éédition  moderne  dans  les  ?\eiuh'ucke  de  Halle,  n'^  1), 
Opitz  a  formulé  les  principes  essentiels  de  la  poésie  alle- 
mande moderne.  Tandis  qu'avant  lui  la  plupart  des  poètes 
composaient  des  vers  plus  ou  moins  informes,  construits 
d'après  le  principe  de  la  numération  des  sj/llaf)es,  abs- 
traction faite  de  Vaecentuation  et  de  la  quantité,  Opitz 
s'efforce  de  rendre  le  vers  allemand  régulier  et  de  le  cons- 
truire d'une  manière  conforme  au  génie  de  la  langue.  Au 
lieu  de  se  borner  à  compter  les  syllabes  comme  les  poètes 
du  temps,  il  proclame  en  outre  qu'elles  doivent  se  succéder 
selon  un  rythme  régulier,  iambique  ou  ti'ochaïquo  ;  ce 
rythme  est  déterminé  non  pas  comme  dans  la  métrique 
ancienne  par  la  quantité  ôi's  syllabes,  mais  bien  par  leur 
accentuation  ;  le  vers  se  compose  ainsi  non  pas  d'une 
succession  de  longues  ou  de  brèves,  mais  d'une  alternance 
régulière  de  syllabes  plus  accentuées  et  de  syllabes  moins 
accentuées,  de  temps  forts  et  de  temps  faibles.  Opitz 
conciliait  ainsi  le  principe  de  la  numération  des  syllabes 
avec  le  vieux  principe  de  la  métrique  germanique  ({ui  re- 
posait sur  l'accent.  —  La  réforme  d'Opitz  n'est  pas,  à 
vrai  dire,  absolument  originale.  Des  principes  identiques 
aux  siens  avaient  été  exposés  avant  lui  par  Claius  et  sui'- 
tout  par  les  savants  hollandais,  en  particulier  par  Vander- 
Milius  ;  en  Allemagne  même,  il  semble  qu'Opitz  ait  eu  un 
précurseur  immédiat  en  Ernst  Schwabe  von  der  Heyden, 
dont  l'œuvre  est  malheureusement  perdue  aujourd'hui. 
C'est  à  lui,  toutefois,  que  revient  incontestablement  l'hon- 
neur d'avoir  fait  triompher  ces  principes  de  métrique  non 
seulement  en  les  formulant  avec  justesse  et  précision, 
mais  encore  et  surtout  en  joignant  l'exemple  au  précepte 
et  en  composant  des  poésies  d'un  style  soutenu  et  d'une 
forme  irréprochable,  qui  se  sont  imposées  à  l'admiration 
et  à  l'imitation  de  ses  contemporains  et  de  la  postérité. 
Pendant  près  d'un  siècle,  il  a  passé  en  Allemagne  pour  le 
poète  par  excellence  ;  la  muse  de  la  poésie  allemande  a 
été  baptisée  Opit'^inne ;  on  a  dit  opitxieren  pour  «  faire 
des  vers  ».  Et  si,  au  xviii^  siècle,  on  a  reconnu  peu  à 
peu  les  inconvénients  des  ])rincipes  posés  par  lui,  si.  par 
l'imitation  des  mètres  populaires  ou  des  mètres  antiques, 
on  a  cherché  à  introduire  un  peu  de  variété  dans  le  vers 
d'Opitz  si  monotone  avec  son  alternance  régulière  de  temps 
fort  et  de  temps  faible,  il  n'en  faut  pas  moins  reconnaître 
qu'il  a  exercé  une  influence  décisive  sur  les  destinées  de 
la  poésie  allemande. 

La  poésie  d'Opilz  n'a  plus  aujourd'hui  qu'un  intérêt 
purement  historique.  On  n'y  trouve  ni  émotion  ni  imagi- 
nation ;  aussi  bien  Opitz  a-t-il  une  nature  de  courtisan 
et  d'érudit  plutôt  qu'un  tempérament  de  poète.  Au  point 
de  vue  de  la  forme  comme  au  point  de  vue  du  fond,  il 
s'inspire  de  modèles  étrangers.  Souvent  il  n'est  qu'un 
simple  traducteur.  Nombre  de  ses  Odes  sont  des  imitations 
directes  de  Ronsard  ;  d'autres  fois,  il  s'inspire  de  modèles 
latins  comme  Horace,  Lucilius  et  Caton  ou  traduit  des 
poètes  hollandais  comme  Grotius  ou  Heinsius.  ('omme 
auteur  dramatique,  il  copie  les  librettistes  italiens  et  tra- 
duit du  Sénè(jue  et  du  Sophocle.  Dans  le  genre  de  la  pas- 
torale, il  traduit  ou  imite  Barclay  et  Sidney.  C'est  un 
industrieux  arrangeur,  médiocrement  original  et  peu  ins- 
piré, qui  maïKjue  de  spontanéité  et  d'élan,  qui  laisse  trop 
souvent  l'érudition  étouffer  la  sensibilité,  mais  qui  a  le 
mérite  incontestable  d'avoir  donné  le  premier  aux  Alle- 
mands des  modèles  de  poésie  véritablement  littéraire,  assez 
artiticielle,  il  est  vrai,  mais  classique  par  la  forme.  A  c(^ 
point  de  vue,  les  Deutsche  Poëmata  (premier  recueil 
édité  en  1624  par  Zinkgref  et  désavoué  par  Opitz,  qui 
publia,  en  1625,  une  version  remaniée  de  ses  poèmes, 
sous  le  titre  de  :  Martini  Opitii  Acht  Hiicher  Deutsctier 
Poëmatum  durcli  Itin  sether  herausqegetien)  sont  un« 


OPITZ  —  OPIUM 


—  422 


date  importaiile   dans  Tliistoire  de  la  littérature  alle- 
mande. HeiU'i  LlCIITEMiliRGEli. 

BiBL.  :  Pour  rabondaiitc  bibliographie  des  œuvres 
d'Opitz,  V.  ŒsTERLEY,  CentralbUittfurBibliothekMcsen 
Leipzig,  1885,  pp.  383  et  suiv.  ;  Gœdi^ke,  Gnindriss  zur 
GesclC  d.  d.  DicJitiim/,  t.  III,  pp.  40  et  suiv.;  Palm,  Jiei- 
irdge  zur  Gcscliiclite  ci.  d.  LU.  im  16.  und  11.  Jalirhundcrt; 
Breslau,  1877.  —-  On  trouvera  un  choix  de  poèmes  d'Opitz, 
soit  dans  le  recueil  de  Tittmaxn  (Leipzig,  18G9),  soit  au 
t.  XXVII  de  la  collection  Kûrschner.  —  Pour  la  biographie 
d'Opitz,  on  cour^idtera,  outre  les  histoires  générales  de  la 
littérature  allemande,  Fr.  Streheke.  M.  Opitz  ;  Leipzig, 
1856,  et  surtout  l'introduction  d'Œsterley  aux  œuvres  choi- 
sies de  la  collection  Kùrschn<!r  ;  Berlin  et  Stuttgart,    s   d. 

OPITZ  (ileimich).  orientaliste  allemand,  né  àAltenbin^g 
le  14  févr.  4642,  mort  à  Kiel  le  24  févr.  1712.  Il  fut 
professeur  à  léna,  puis,  à  partir  de  1675,  à  Kiel.  Son 
Atrium  lingiiœ  sanctie  (Hambourg,  1671)  fut  édité  jus- 
qu'en 1769  (IP)^  éd.).  ]jQ Novum  Lexieoii  Hehrœo-Clial- 
dœo-biblicum  {Lci])'/Âg,  ili)9  ;  3^  éd.  en  1714)  et  sai>?- 
blia  Hebraica  (léna,  1692;  2'^ éd.,  1712)  étaient  extrê- 
mement remarquables  en  leur  temps. 

OPIUM.  I.  Production  et  commerce.  —  Uopium 
est  un  produit  demi-solide  qu'on  obtient  en  faisant  éva- 
porer le  suc  laiteux  extrait  par  incision  des  capsules  du 
Papaver  somniferum,  var.  album  ou  pavot  blanc  (V.  Pa- 
vot). Il  était  connu  des  anciens,  de  Théopbraste,  de  Dios- 
coride  et  de  Pline,  notamment,  qui  distinguaient  très  bien 
Yopium  véritable  du  uu'conium  ou  suc  extrait  par 
compression.  Plus  tard,  les  Arabes  en  ont  vulgarisé  l'em- 
ploi sous  le  nom  à^iuioun  et,  au  commencement  du 
xvi^  siècle,  il  était  un  des  principaux  articles  de  commerce 
des  ports  de  l'Orient.  Vers  la  même  époque,  sa  cultm^e 
faisait  l'objet,  dans  l'Inde,  d'un  monopole  d'Etat,  au  pro- 
fit de  la  Compagnie  anglaise  des  Indes  orientales.  De  nos 
jours,  il  est  récolté  surtout  dans  les  Indes  orientales,  en 
Perse,  dans  l'Asie  Mineure  et,  depuis  un  deuii-siècle,  dans 
les  provinces  méridionales  de  la  Chine.  On  en  tire  égale- 
ment delà  Haute-Egypte,  de  la  Turquie,  delà  Bulgarie, 
de  l'Algérie,  du  N.  de  l'Amérique,  de  l'Australie.  Chez 
nous,  on  a  fait,  de  même  que  dans  la  Silésie  prussienne 
et  en  Autriche,  plusieurs  tentatives  pour  l'exploitation  de 
l'opium  indigène;  mais  les  résultats,  théoriquement  très 
favorables,  ont  été  dans  la  pratique  fort  peu  avantageux, 
et  on  paraît  3^  avoir  à  peu  près  coînplètement  renoncé, 
surtout  en  France. 

JlécoUe.  Pour  extraire  Topium  du  pavot,  on  pratiipue,  à 
la  surface  des  capsules,  quelques  jours  après  que  la  ileiii' 
est  tombée  et  alors  que  ces  capsules  sont  proches  de  leur 
maturité,  une  ou  plusieurs  incisions  circulaires.  On  ouvre 
ainsi  les  vaisseaux  laticifères,  et  il  s'en  écoule  un  suc  d'un 
blanc  laiteux,  qui  se  concrète  par  évaporation  et  demeure 
adhérent  aux  capsules  sous  forme  de  goutelcttes  de  cou- 
leur brunâtre  (Os'^',02  environ  par  capsule)  :  c'est  l'opium. 
Le  lendemain,  on  le  recueille  à  l'aide  d'un  racloir,  dans 
un  vase  suspendu  à  la  ceinture  de  Fopérateur.  Puis  ou  le 
réunit  en  masses  de  différentes  grosseurs,  qu'on  achève  de 
laisser  sécher  jusqu'à  la  consistance  de  la  poix,  et  qui 
prennent  une  teinte  de  plus  en  plus  brune.  Enfin,  on  les 
entoure  de  feuilles  de  pavot  ou  on  les  place  sur  des  fruits 
de  rumex  qui  y  adhèrent. 

Variétés  commerciales.  On  distingue  dajîs  le  commerce, 
d'après  la  provenance,  plusieurs  variétés  d'opium  :  ï opium 
de  Smyrne  ou  crAnatolie  est  le  plus  estimé;  il  consti- 
tue Vopium  ojficinal.  Il  est  en  pains  de  200  à  500  gr., 
assez  mou  ;  à  l'air  libre,  il  durcit  et  devient  d'un  noir 
rougeàtre.  Il  a  une  odeur  vireuse  très  prononcée,  et  une 
saveur  anière,  acre,  nauséeuse.  Il  donne  50  °/o  d'extrait 
et  contient  de  10  à  12  "/o  de  morphine,  au  minimum. 
].\)pium  de  Constant ino pie  ou  de  Turquie,  plus  muci- 
lagineux  et  ordinairement  moins  riche  en  morphine,  se 
présente  tantôt  en  pains  assez  volumineux  et  plutôt  durs, 
tantôt  en  petits  pains  de  o  à  6  centim.,  de  forme  lenti- 
culaire ;  les  uns  et  les  autres  toujours  enveloppés  de  larges 
feuilles  de  pavot.  \.\)pinni  dlùjijpte  ou  d'Alexandrie, 
appelé  aussi  opium  thébaujue,  a  été  considéré  longtemps 


comme  étant  de  qualité  inférieure;  il  passait  même  pour 
être  obtenu  par  expression.  Mais  les  conditions  de  la  cul- 
ture et  de  la  récolte  ont  été  très  améliorées,  et  on  tire  au- 
jourd'hui de  la  Haute-Egypte  des  opiimis  titrant  10  et 
12  «/o  de  morphine.  En  général,  l'opium  d'Egypte  sent  un 
peu  le  moisi  et,  très  hygrométrique,  se  ramollit  à  l'air, 
en  même  temps  qu'il  perd  une  grande  quantité  de  sa  mor- 
phine. Vopium  de  Perse,  peu  importé  en  Europe,  est, 
comme  le  précédent,  très  hygrométrique.  Sa  consistance 
est  molle,  sa  couleur  foncée,  sa  saveur  plus  nauséabonde 
qu'amère.  Il  renferme  plus  ou  moins  de  morphine  et  beau- 
coup de  narcotine.  \l  est  en  bâtons  cylindriques  ou  en  pains 
sphériques.  \:opium  de  Vînde  (Bengale,  Bénarès)  est  le 
[)lus  abondant;  mais  il  n'en  arrive  pas  en  l^urope,  car  il 
est  exclusivement  consommé  en  Chine,  dans  l'Inde  et  dans 
la  Malaisie.  H  s'expédie  en  boules  de  1.200  à  1.500  gr. 
Composilion  el  caraclcres,  —  L'opium  est,  de  toutes 
las  substances  organiques  connues,  celle  qui  a  la  compo- 
sition la  plus  complexe.  De  nombreux  chimistes  l'ont  étu- 
dié, notamment  Merck,  Buchanan,  Hesse  et  les  frères 
Smith.  Ils  y  ont  trouvé,  plus  ou  moins  saturés  d'acide 
lactique,  d'acide  méconique  et  d'acide  sulfurique,  une  ving- 
taine d'alcaloïdes  :  morphine,  codéine,  narcotine,  nar- 
céine,  papavérine,  thébame,  pseudo-morphine,  rhédine, 
cryptopine,  méconidine,  laudanine,  codamine,  lantho- 
])nie,  protopine,  laudanosine,  liydrocotarnine,  gnosco- 
pine,  tritopine,  etc.  En  outre,  l'opium  renferme  des 
substances  neutres,  telles  que  :  de  la  gomme,  du  caout- 
ciiouc,  de  l'albumine,  de  la  liassorine,  de  la  cire,  de  la 
résine,  de  la  glucose,  et  une  matière  pai'ticulière  non  azo- 
tée, la  méconine.  Quant  à  l'eau  qui  ii<'compagne  tous  ces 
l)rodiùts,  sa  proportion  est  très  variable,  suivant  la  qualité 
et  rétat  de  dessiccation  de  l'opium.  11  en  est  de  même  pour 
les  alcaloïdes  ([ui  ont  été  énumérés  et  dont  queh{ues-uns 
ne  sont  peut-être,  d'ailleurs,  que  le  résultat  des  transfor- 
mations subies  par  la  &u!)stance  au  cours  des  opérations 
de  la  récolte.  La  morphine,  entre  autres,  peut  y  varier 
de  0  à  22  ^/o.  D'après  les  frères  Smith,  un  bon  opium 
doit  contenir,  au  minimum,  pour  100  parties  : 


Morphine 10    » 

Narcotine 6    » 

Papavérine 1     » 

Codéine 0,30 

Thébame 0,15 


Narcéine 

Méconine 

Acide  méconi(jue  . 
Acide  lactique  .  .  . 


0,02 
0,01 

.4    » 
1,25 


Mélangé  avec  de  l'eau  froide,  il  doit  se  diviser  lomplè- 
tement  :  le  principe  actif  se  dissout,  en  donnant  une 
liqueur,  d'abord  trouble,  qui  s'éclaicit  par  le  repos  et 
])rend  une  couleur  brune;  la  partie  résinoide  se  sépare.  Il 
l)rùle  facilement,  en  ne  laissant  qu'une  très  faible  propor- 
rioii  de  cendi'es.  En  versant  de  l'ammoniaque  faible  dans 
une  dissolution  d'opium,  on  obtient  un  précipité  d'autant 
plus  abondant  et  plus  coloré  (\VvQ  la  substance  est  de  meil- 
leure quabté. 

Falsifications.  A  raison  de  sa  valeur  intrinsèque,  qui 
est  assez  considérable,  l'opium  est  Eobjet  de  nombreuses 
Jalsifieations.  Déjà  du  temps  de  Pbne  et  de  Dioscoride,  on 
le  fraudait  à  l'aide  de  sucs  de  laitue  et  de  glaucium.  On  y 
introduit  également  depuis  longtemps  de  l'huile  de  lin  ou 
de  la  graine  de  sésame,  jusqu'au  tiers  et  même  jusqu'à 
la  moitié  de  son  poids.  On  y  fait  encoi'e  entrer  des  feidlles 
de  pavot  hachées,  du  cachou,  de  la  gomme  arabique,  de 
la  gomme  adragante,  du  sable,  desïécides,  etc.,  et  il  a 
même  été  vojidu  de  l'opium  fabriqué  de  toutes  pièces,  qui  ne 
contenait  pas  la  moindre  trace  de  cette  substance  et  qui, 
cependant,  grâce  à  certaines  manipulations,  présentait 
tous  les  caractères  extérieurs  du  bon  opium.  Ce  sont  sur- 
tout les  facteurs  qui  pratiquent  ces  fraudes  avec  une  mer- 
veilleuse adresse.  Parfois,  un  examen  un  peu  attentif  les 
fait  découvrir.  Mais  on  est  le  plus  souvent  obligé  de 
recourir  à  l'analyse  chimique.  La  morphine  constituant  le 
principe  par  excellence  de  roj)ium,  on  s'attache  surtout  à 


m\ 


OPIUM 


doser  cet  alcaloïde.  f)e  nombreux  procédés  sont  employés. 
L'un  des  plus  elilcaces  est  celui  de  Uegnauld.  On  prend 
oO  gr.  d'opium,  aussi  finement  divisé  que  possible,  on  les 
place  dans  un  flacon  en  verre  fermant  à  l'émeri,  asec 
ioO  gr.  d'alcool  à  7 0*\  et  on  laisse  ce  flacon,  pendant 
ojize  heures,  dans  une  étuve  cbauffée  à  ot)*'  ou  40".  On 
agile  fréquemment.  Lorsque  le  liquide  est  refroidi,  on 
décante,  on  ajoute  au  résidu  oO  gr.  d'alcool,  et,  après 
(|uelques  miiuites  de  contact,  on  jette  le  tout  sur  un  filtre. 
On  fait  bien  égoutter,  on  lave  le  marc  à  deux  reprises 
avec  100  gr.  d'alcool,  on  verso  lentement  dans  la  li([ueur, 
avec  une  burette  graduée,  do  l'ammoniaque,  on  laisse 
reposer  douze  à  quinze  heures  et  on  a,  au  fond  du  vase,  un 
dépôt  mixte,  cristallin  et  à  peine  coloré,  de  morphine  et 
de  narcotine,  qu'on  recueille  sur  un  filtre,  puisqu'on  broie 
dans  un  mortier  avec  25  gr.  de  chloroforme.  On  filtre  à 
nouveau  et  ù  plusieurs  reprises.  La  narcotine  passe  avec 
le  chloroforme,  et  la  morphine  reste  sui*  le  filtre.  On  fait 
sécher  ce  dernier  à  400'^  et  on  fait  évaporer  le  premiei'. 
On  a  ainsi  toute  la  morpliine  et  aussi  toute  la  narcotine 
contenues  dans  50  gr.  de  l'opium  essayé. 

Statistique  commerciale.  Dans  nos  pays,  on  n'em- 
])loie  guère  l'opium  que  dans  certaines  préparations  phar- 
maceuti([ues  (V.  ci-après,  |^  Pluamacie)  et  pour  en 
extraire  ses  principaux  alcaloïdes  :  la  morphine,  la  codéine, 
la  narcotine,  hmircéine  (V.  ces  mots);  aussi  n'y  donne-t-il 
lieu  qu'à  des  transactions  relativement  peu  importantes. 
En  Orient,  au  contraire,  et  surtout  en  Chine  (Y.  ci-après 
§  Sociologie),  on  le  fume,  et  il  fait  l'objet  d'un  trafic  con- 
sidérable, qui  constitue  l'une  des  plus  importantes  sources 
de  revenu  du  budget  de  l'Inde  anglaise.  La  production 
varie,  du  reste,  beaucoup  avec  les  années.  Dans  ce  der- 
nier pays  seulement,  elle  est  en  moyenne  de  5  millions  de 
kilogr.,  qui  représentent  une  valeur  d'environ  180  millions 
de  fr.  et  dont  plus  des  neul'  dixièmes  sont  exportés  en 
Chine  et  dans  rarchlpel  malais.  Llle  a,  du  reste,  beaucoup 
baissé  depuis  uii  (piart  do  siècle.  VÀh  a  eu  son  maximum 
en  187^,  ou  elle  était  comptée  dans  le  budget  de  l'Inde 
pour  '^ol  millions  de  fr.  Lu  Asie  Mineure,  elle  s'élève  à 
,'iOO.OOO  kilogr.  (48  millions  de  fr.),  eu  Perse  à  450.000 
kilogr.  (15  millions  de  fr.).  En  Chine,  elle  atteint  au- 
jourd'hui un  chiffre  considérable,  mais  elle  n'est  pas  con- 
ime,  même  approximativement.  Le  prix  du  kilogramme 
d'opium  se  ûent,  en  gros,  entre  ^5  et  35  fr.         L.  S. 

II.  Physiologie.  —  L'opium  est  un  anexosmotique 
(Ern.  Martin),  c.-à-d.  un  modérateur  puissant  des  sécré- 
tions. A  doses  modérées,  il  stimule  les  forces  physiques 
et  cérébrales  en  vertu  do  son  action  sur  les  centres  ner- 
veux, mais  comme  il  n'apporte  aucun  élément  répai'a- 
teur,  il  peut,  à  la  suite  d'une  excitation  trop  active  et  tnq) 
souvent  répétée,  entraîner  un  aft'aiblissement  de  Torga- 
nisme  d'autant  plus  marqué  ([ue  l'alimentation  sera  elle- 
même  plus  insu  [lisante  à  restaurer  les  forces  dégagées  pai- 
cette  stimulation  (D'"  Martin).  La  principale  action  de 
l'opium  est  celle  qu'il  exerce  sur  le  système  nerveux  dont 
il  augmente,  puis  diminue  l'excitabilité.  Brown  contestait 
ractionhypnotiquedeLopium.  prc'tendantque,  loin  d'émous- 
ser  l'activité  cérébrale,  cette  substance  la  stimulait:  mais 
Brovvn  absorbait  de  l'alcool,  en  mémo  lemj)s  que  de 
ro])ium,  et  l'alcool  est  un  antagoniste  des  opiacés.  11  faut, 
en  outre,  tenir  compte  des  idiosyncrasies  :  cjiacun  a  un 
système  nerveux  qui  réagit  à  sa  manière.  Aiiisi  M.  Pécho- 
lier,  essayant  l'opium  sur  lui-même  et  aux  doses  les  plus 
diverses,  assure  n'avoir  jamais  ressenti  sous  son  influence 
de  propension  au  sommeil,  mais  au  contraire  une  sui'ox- 
citation  intellectuelle.  Mais  ce  sont  là  des  exceptions  (jui 
ne  font  que  confirmer  la  règle  :  l'opium  est,  sans  contce- 
dit.  un  somnifère.  (^)uel  est  le  principe  ([ui  produit  le  som- 
meil ?  C'est  une  autre  affaire.  Il  est  vraisemblable  ([ue  ce- 
lui-ci doit  être  attribué  à  l'action  combinée  des  alcaloïdes 
qui  entrent  dans  sa  composition.  Pourquoi  l'opium  fait-il 
dormir  ?  Nous  renvoyons  au  mot  Sommeil  pour  connaître 
toutes  les  théories  qui  ont  été  émises  à  ce  sujet.  Happe- 


Ions  seulement  que,  jusqu'en  ces  derniers  temps,". deux 
théories  principales  divisaient  les  savants  :  les  uns,  pré- 
tendant que  l'opium  fait  dormir  parce  qu'il  dilate  les  vais- 
seaux du  cerveau  et  y  détermine  un  afllux  de  sang,  ce  serait 
donc  un  pbénomène  de  congestion;  les  autres,  attribuant 
au  contraire  le  sommeil  à  une  anémie  passagère  du  cer- 
veau. 

L'opium  détermine,  à  doses  modérées,  une  sorte  iïéré- 
thisme  mmculaire,  bien  connu  de  ceux  qui  l'ont  em- 
ployé ;  mais  cette  excitation  fait  bientôt  place  à  la  dé- 
pression, surtout  si  l'on  augmente  les  doses. 

L'opium  produit  de  la  stimulation  cardiaque  :  il  para- 
lyse les  vaso-moteurs  et  dilate  par  suite  les  capillaires.  A 
l'action  circulatoire  correspond  toujours  une  action  ther- 
mique :  l'opium  produit  une  sorte  de  fièvre  transitoire, 
une  élévation  de  température  réelle.  Le  rythme  respira- 
toire est  naturellement  modifié  par  l'opiun'i  :  si  o)i  admi- 
nistre le  médicament  à  doses  pIiysiologi(jues,  le  rythme  est 
accéléré  ;  à  doses  toxi([ues,  il  est  très  ralenti  ou  devient 
très  irrégulier. 

L'opium  a  des  propriétés  sudori{i(|ues  qu'on  ne  songe 
})lus  à  contester  :  cette  action  sudoriflque  s'accompagne 
presque  toujours  de  prucit  et  parfois  de  ces  efflorescences 
cutanées  désignées  sous  le  nom  iï éruptions  sudorales. 

L'opium  diminue  toutes  les  sécrétions  autres  (|ue  la  sé- 
crétion sudorale.  Peut-être  est-ce  parce  que  l'opium  res- 
treint la  sécrétion  urinaire,  qu'il  diminue  la  soif;  en  tout 
cas,  le  fait  est  certain,  de  même  qu'il  est  sur  que  l'opium 
diminue  singulièrement  l'appétit.  L'opium  est  en  outre  un 
aphrodisiaque  et  un  exhilarant. 

Parmi  les  conditions  qui  peuvent  faire  varier  l'action 
physiologique  de  l'opium,  nous  indiquerojis,  sans  y  insis- 
ter, l'âge,  le  sexe,  l'idiosyncrasie  médicamenteuse,  c.-ù-d., 
comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  le  mode  de  réaction 
varié  de  chacun  à  une  substance  médicamenteuse.  En 
plus  des  conditions  physiologicpies  et  morbides  qui  font 
varier  l'action  de  l'opium,  il  importe  encore  de  signaler 
les  conditions  pharmacologi(jues:  l'opium  a,  en  cfl'et,  ses 
antagonistes  et  ses  synergiques,  c.-à-d.  ([ue  son  action 
est  exaltée  ou  diminuée,  selon  qu'on  lui  associe  tel  ou  tel 
niédicament.  Ainsi  la  belladone  bci'ait  un  antidote  de 
l'opium  et  réciproquement;  l'alcool,  les  essences  aug- 
menteraient, par  contre,  son  action.  Si,  en  dernière  ana- 
l}se,  l'on  voulait  préciser  l'action  de  l'opium,  on  ])eut  dire 
que  ce  n'est  pas  plus  un  stimulant  universel  qu'un  sr- 
ilatif  universel:  c'est  un  stimulant  de  tel  u])])areii,  c'e^t 
un  sédatif  de  tel  autre.  1)'"  ,\.  Cabanes. 

III.  Thérapeutique.— Les  em{)lois  thérapeutiques  de 
l'opiuui  sont  iimombrables  ;  nous  nous  contenterons  de 
mentionner  les  })rincipaux.  Contre  la  douleur,  on  préFèi'e, 
pour  obtenir  une  action  plus  prompte,  recourir  aux  alca- 
loïdes de  l'opium.  Cependant  il  est  des  cas  oii  les  pilules 
opiacées,  à  l'intérieur,  ïonplàtre  d'opium,  la  Uniment 
savonneux  opiacé,  à  l'extérieur,  se  montrent  très  elii- 
caces. 

Dans  le  délire  ataxi({ue,  dans  le  délire  nerveux  des 
blessés  et  des  opérés,  l'opium  i-end  de  véritables  services, 
seul,  ou  associé  aux  sels  de  quinine.  Le  délire  des  bu- 
veurs, le  délire  vésanique.  ont  été  i'iéquennnent  combat- 
tus par  les  opiacés  ;  de  même  la  toux  spasmodique,  les 
dyspnées.  Dans  les  coli(}ues  hépatiques  et  néphrétiques, 
on  préfère  la  niorphine  à  roj)ium  ;  jnais  dans  les  gastral- 
gies, on  doit  plutôt  recourir,  au  moins  cojume  traitement 
de  début,  à  l'opium  qu'aux  alcaloïdes  qui  en  dérivent. 

On  a  retiré  de  bons  effets  de  la  médication  opiacée  darîs 
les  perforations  traumatiques  ou  spontanées  du  tube  di- 
gestif (estomac,  intestins),  dans  les  spasmes  du  col  utérin,' 
del'orifice  anal  (ténesme)  ou  vulvaire-vaginal  {vaiiinis)ne)f 
ainsi  que  dans  la  contraction  spasmodique  du  col  de  la 
vessie. 

On  est  parvenu  à  sauver  des  malades  atteints  de  téta 
nos  à  l'aide  de  fortes  doses  d'opium:  on  l'a  quelquefois 
associé,  en  ce  cas.  au  sulfate  de  (|uiiiine.  au  cliloral  hy- 


OPÏIM 


—  1-24  — 


draté,  au  musc,  aux  affusions  froides  nu  aux  bains  chauds 
prolongés.  Quelques  malades  atteints  de  pneumonie,  de 
péritonite  ou  de  méningite,  ont  dû  leur  salut  à  l'emploi 
méthodique  et  persévérant  de  l'opium.  Depuis  l'introduc- 
tion du  quinquina  dans  la  thérapeutique,  on  n'emploie 
plus  guère  les  opiacés  dans  le  traitement  des  fièvres.  Nous 
avons  vu  que  l'opium  avait  la  propriété  de  diminuer  toutes 
les  sécrétions,  à  part  la  sécrétion  sudorale.  De  cette  pro- 
priété dérivent  des  applications  intéressantes  de  ce  médi- 
cament contre  :  la  sialorrhée,  le  flux  de  ventre,  la  polyurie 
ou  diabète  insipide,  le  diabète  sucré,  certaines  hémoptysies 
et  métrorragies.  Xous  ne  faisons  que  signaler  l'emploi 
de  l'opium  dans  les  ulcérations  de  nature  diathésique  (pha- 
gédénisme  syphilitique),  et  contre  la  gangrène  spontanée. 
Les  préparations  médicamenteuses  à  base  d'opium  com- 
porteraient une  énumération  aussi  fastidieuse  que  longue. 
Qu'il  suffise  de  savoir  qu'on  emploie  la /;oi<(/r^  et  V extrait 
(Vopium  ;  le  sirop  et  la  teinture  d'extrait  cVopiiuti  ; 
les  laudanums  de  Sydenham  et  de  Rousseau  ;  le  sirop 
diacode  ;  la  teinture  d'opium  camphrée,  qui  se  rap- 
proche, par  sa  composition,  de  V élixir  parégorique  ;  les 
pilules  de  cynoglosse  et  deux  électuaires  jadis  fameux  : 
la  thériaque  et  le  diascordium.  D^'  A.  Cabanes. 

IV,  Pharmacie.  —  Les  principales  préparations 
d'opium  portées  au  Codex  de   1884  sont  les  suivantes  : 

Poudre  d'opium,.  L'opium  est  coupé  en  tranches  minces, 
et  séché  à  40^  à  l'étuve.  On  le  pulvérise  par  trituration. 
On  passe  au  tamis  de  soie  100.  La  poudre  d'opium  con- 
tient 10  °/o  de  morphine. 


Extrait  d'opium 

Opium  de  Smyrne 

Eau  distillée  froide 


l  gr. 
12  — 


On  incise  l'opium,  on  le  fait  macérer  douze  heures  dans 
les  deux  tiers  de  l'eau,  on  passe  avec  expression.  On  fait 
de  même  une  deuxième  macération  dans  le  reste  de  l'eau. 
Les  liquides  sont  réunis,  évaporés  au  bain-marie  en  con- 
sistance d'extrait  mou.  On  reprend  cet  extrait  par  10  par- 
ties d'eau,  on  sépare  le  dépôt,  on  évapore  en  consistance 
d'extrait  ferme,  i  partie  d'extrait  équivaut  à  2  parties 
d'opium. 

Sirop  d'opium  (sirop  thébaique) 

Extrait  d'opium 2  gr. 

Eau  distillée 8  — 

Faire  dissoudre  à  froid,  ajouter  990  gr.  sirop  de  sucre. 
Une  cuillerée  à  soupe  (20  gr.)  représente  4  centigr. 
d'extrait.  Si  on  l'additionne  de  50  "/o  de  teinture  de  suc- 
ci  n,  on  obtient  le  sirop  de  Karabé. 

Le  sirop  diacode  se  prépare  de  même  avec  i  centigr. 
d'extrait  pour  20  gr.  de  sirop. 

Teinture  d'extrait  d'opium 

Extrait  d'opium 10  gr. 

Alcool  à  60" 120  — 

On  fait  dissoudre  par  macération  ;  0^^.60  de  teinture 
contiennent  0"'',05  d'extrait. 

Laudanum  de  Rousseau 

Opium  de  Smyrne 200  gr. 

Miel  blanc 600  '— 

Eau  distillée 3.000  — 


Levure  de  bière  fraîche. 
Alcool  à  60° 


40  — 
200  — 


On  divise  l'opium,  on  le  délaie  dans  l'eau  chauffée  à 
30-40°.  On  ajoute  le  miel,  puis  la  levure.  On  expose  à 
25-30°  jusqu'à  fermentation  complète.  On  fdtre,  on  con- 
centie  au  bain-marie  jusqu'à  réduction  à  600  gr.  Après 
refroidissement,  on  ajoute  l'alcool.  On  fdtre  au  bout  de 
vingt-quatre  heures.  0^''',40  de  laudanum  de  Rousseau 
représentent  0^''\05  d'extrait  d'opium. 


Laudanum  de  SydenJuim 

Opium  officinal  divisé 200  gr. 

Safran  incisé 100  — 

Cannelle  de  Ceylan  concassée. .  . .  15  - 

Girofles  concassés 15  ^ — 

Vin  de  grenache 1 .  600  — 

Il  se  prépare  par  macération  pendant  quinze  jours.  On 
passe  avec  expression,  on  filtre.  0^'*,80  de  laudanum  de 
Sydenham  représentent  0^'',05  d'extrait  d'opium. 

Gouttes  noires  anglaises  (V.  Goutte,  §  Pharmacie). 
0"^',20  représentent  0-'',05  d'extrait. 

Poudre  de  Dower  (poudre  d'ipéca  opiacée) 

Azotate  de  potasse  desséché 40  gr. 

Sulfate  de  potasse  desséché 40  — 

Ipéca  desséché 10  — 

Opium  desséché 10  — 

1  gr.  de  cette  poudre  correspond  à  0^'',05  d'extrait 
thébaique. 

Elixir  parégorique  de  Dublin  (teint,  d'opium  camphrée) 

Extrait  d'opium 3  gr. 

Acide  benzoïque 3  — 

Huile  volatile  d'anis 3  — 

Camphre ,         2  — 

Alcool  à  60° 650  — ' 

Faire  macérer  huit  joui's.  10  gr.  de  cet  élixir  con- 
tiennent 0"'',05  d'extrait. 

Parmi  les  autres  préparations  opiacées,  nous  citerons 
les  pilules  de  cynoglosse  (2  centigr.  d'extrait  par  pilule 
de  20  centigr.),  le  Diascordium  oi  la  thériaque  (0-'\05 
d'extrait  pour  8),  le  sirop  de  lactucarium  (0,05  d'ex- 
trait pour  200),  les  pûtes  pectorale,  de  lichen,  de  ré- 
glisse brune  (0,05  pour  250).  V.  H. 

V.  Toxicologie.  —  Les  empoisonnements  accidentels 
par  l'opium  sont  très  fréquents  ;  l'empoisonnement  criminel 
est  plutôt  rare  (cas  du  médecin  Castaing).  L'intoxication 
se  produit  par  les  voies  dermique,  hypodermique  et  rectale, 
plus  fréquemment  que  par  les  voies  naturelles.  On  dis- 
tingue trois  formes  d'empoisonnement  par  l'opium:  la 
forme  foudroyante,  la  forme  aiguë,  la  forme  lente. 
Les  lésions  anatomiques  que  l'on  constate  et  qui  sont  cons- 
tantes sont  les  suivantes,  d'après  Tardiea  :  congestion  san- 
guine très  prononcée  du  cerveau,  accompagnée  parfois  de 
petits  foyers  d'apoplexie  capillaire  et  d'infiltration  séreuse 
sous  l'arachnoïde  et  dans  l'intérieur  des  ventricules  ;  con- 
gestion intense  des  poumons  (rarement  foyers  apoplec- 
tiques) ;  sanq  mrir,  généralement  fluide.  L'empoison- 
nement par  l'opium  ayant  quelques  caractères  communs 
avec  rempoisonnement  par  l'alcool,  d'une  part,  et  la  con- 
gestion céi'ébrale,  d'autre  part,  voici  la  manière  de  faire 
la  distinction  :  chez  les  sujets  morts  en  état  d'ivresse, 
l'odeur  d'alcool  trahit  cette  substance.  Dans  l'apoplexie 
cérébrale,  on  trouve,  à  l'autopsie,  un  foyer  hémorragique 
ou  un  foyer  de  ramollissement  dans  le  cerveau,  qui  ex- 
plique la  nature  du  mal.  Chez  les  asphyxiés,  la  peau  est 
cyanosée,  marbrée  de  larges  pla({ues  rouges  ;  chez  les 
empoisonnés  par  l'opium,  la  peau  est,  au  contraire,  pâle, 
décolorée  et  a  l'aspect  de  chair  de  poule. 

L'empoisonnement  par  1  opium  soulève  un  certain 
nombre  de  questions  d'ordre  médico-légal  :  ainsi  l'expert 
doit  rechercher  si  la  préparation  d'opium  et  la  dose  ad- 
ministrées étaient  oepables  de  produire  la  mort  ;  si  la  pu- 
tréfaction n'a  pas  pu  déterminer  la  formation  d'alcaloïdes 
cadavériques,  ou  ptomaïnes,  dont  les  réactions  sont  ana- 
logues à  celle  de  l'opium.  Ce  que  l'on  sait,  en  tout  état  de 
cause,  c'est  que  la  putréfaction  ne  détruit  pas  la  mor- 
phine, même  après  plusieurs  mois,  et  qu'il  est  toujours 
possible  de  la  déceler  dans  les  parties  du  corps  oii  elle  a 
coutume  de  se  localiser.  D^  A.  Cabanes. 

VI.  Sociologie. —  Mangeurs  et  fumeurs  d'opium. — 
L'ivresse,  accompagnée  d'insensibilité  et  d'hallucinations 
agréables  que  procurent,  à  certaines  doses,  les  vapeurs 


^25  — 


OPIUM  —  OPONK 


d'opium,  a  propagé  l'usage  de  cette  substance  chez  !a  plu- 
part des  ])euples  de  l'Asie  et,  plus  particulièrement,  en 
Chine,  où  elle  est  mâchée,  fumée,  préparée  en  boissons, 
et  où  elle  a  fini  par  devenir,  comme  le  café  et  le  tabac 
chez  nous,  un  objet  de  première  nécessité.  Malheureuse- 
ment, ses  effets  sont,  à  la  longue,  des  plus  funestes,  et 
l'abus  de  l'opium  exerce,  dans  le  Céleste-Empire,  parmi 
les  hautes  classes  surtout,   des  ravages  encore  plus  ter- 
ribles (pie  ceux  des  boissons  alcooliques  dans  les  pays 
d'Occident.  Pendant  des  siècles,  les  Chinois  n'employèrent 
l'opium  cjue  comme  agent  thérapeutique.  A  une  époque 
assez  difficile  à  préciser,  mais  relativement  récente,  l'usage 
s'introduisit  parmi  eux  de  le  mâcher,  puis  de  le  fumer  ; 
la  Compagnie  des  Indes,  qui  y  vit  tout  de  suite  une  source 
de  profits  considérables,  contribua  de  tout  son  pouvoir  à 
en  favoriser  le  développement  et  ce,  malgré  les  prohibi- 
tions et  les  protestations  du  gouvernement  chinois.  Elle 
avait,    à  proximité   des  côtes,    des    entrepôts    flottants 
d'opium,  où  de  petites  barques,  montées  par  des  hommes 
déterminés,  venaient  s'approvisionner  du  précieux  poison 
pour  en  faire  ensuite  la  contrebande,  et,  en  1800,  l'im- 
portation annuelle  était  déjà  évaluée  à  2o0.0'10  kilogr. 
En  1833,  un  édit  impérial  renouvela  la  prohibition  et,  en 
1839,  20.000  caisses,  représentant  une  valeur  de  près  de 
100  millions  de  fr.,  furent  jetées  à  la  mer,  en  vue  de 
Canton.  Ce  fut  l'origine  de  la  guerre  de  ropiiim  (V.  Chine, 
t.  XI,  p.  106),  qui  se  termina  par  la  victoire  des  Anglais  et 
qui  fut  suivie  d'une  progression  effrayante  du  chiffre  de  leurs 
importations.  Celles-ci  ont  aujourd'hui  beaucoup  diminué, 
])ar  suite  de  l'extension  de  la  culture  indigène  et  des  im- 
portations de  la  Perse  et  de  la  Turquie.  Mais  la  consomma- 
tion est  loin  d'avoir  décru.  Le  fléau  a  plutôt  des  tendances 
à  s'étendre.  La  loi  punit  bien  de  mort  les  fumeurs  d'opium. 
En  réalité,  tout  le  monde  la  viole,  à  commencer  par  les 
plus  hauts  personnages  de  la  cour,  et  les  marchands  tiennent 
boutique,  au  nombre  de  cinq  ou  six  dans  chaque  rue  à 
Péking,  au-dessous  même  des  édits  de  prohibition.  Dans 
les  grands  centres,  un  dixième  environ  de  la  population, 
dont  très'peu  de  femmes,  est  victime  de  cette  terrible  passion . 
Les  mandarins,  employés  et  lettrés,  s'y  livrent  le  plus. 
Les  gens  riches  ont  chez  eux,  à  cet  effet,  des  boudoirs  somp- 
tueusement décorés.  Le  peuple  va  dans  les  fumoirs  pubUcs  ou 
maisons  d'opium.  Nous  ne  dirons  cpie  peu  de  chose  de 
ces  établissements,  si  souvent  décrits,  de  même  que  des 
phases  de  l'ivresse  des  fumeurs  d'opium.  La  maison  d'opium 
est,  d'ordinaire,   un  réduit  d'un  aspect  repoussant,  très 
peu  éclairé  et  hermétiquement  clos.  Les  fumeurs  s'y  éten- 
dent, pour  dormir,  sur  des  lits  de  camp  recouverts  d'une 
natte.  On  leur  a  préalablement  servi  du  thé,  puis  apporté 
la  pipe.  Celle-ci  est  un  godet  percé  d'un  petit  trou  et 
emmanché  dans  un  tuyau  de  bois,  de  métal  ou  de  jade 
d'un  demi-mètre  de  longueur.  On  y  place  quehpies  grammes, 
non  d'opium  brut,  qui  brûlerait  mal,  mais  d'un   extrait 
d'opium  qu'on  obtient  en  faisant  dissoudre  l'opium  dans 
l'eau  et  en  en  composant  un  sirop  épais  qu'on  filtre  et 
qu'on  fait  évaporer.  La  durée  d'une  pipe  est  d'une  minute 
environ  et  le  nombre  des  aspirations  de  vingt  à  trente. 
Dans  les  débuts  (c'est,  d'ordinaire,  vers  dix-huit  ou  vingt 
ans  qu'on  commence),   l'organisme  se  révolte  et  il  n'y  a 
guère  pour  le  fumeur  que  souffrance  et  dégoût.  Mais  bien- 
tôt l'accoutumance  se  fait  et  le  malaise  disparait.  Pour 
un  fumeur  d'habitude,  l'excitation  nerveuse  ne  se  mani- 
feste qu'à  la  cinquième  ou  à  la  sixième  pipe  ;  le  pouls  de- 
vient vif  (90  à  JlOO  pulsations),  la  transpiration  abon- 
dante ;  le  fumeur  se  couche  pour  rêver,  et,  au  bout  de 
trois  ou  quatre  heures,  le  sommeil  vient,  suivi,  au  réveil, 
d'une  profonde  lassitude.  Si  quelques  fumeurs  ne  déps- 
sent  jamais  une  dose  quotidienne  de  3  à  5  gr.  d'opium, 
le  plus  grand  nombre  vont  jusqu'à  15  ou  20  gr.,  et  plu- 
sieurs au  delà  de  cette  moyenne.  L'intoxication  est  alors 
rapide.  La  face  devient  pâle,  les  yeux  caves,  l'air  abêti,  les 
forces  vont  diminuant  chaque  jour,  de  même  (pie  la  sensi- 
bilité, le  cerveau  s'atrophie  et  le  corps  est  secoué  par  un 


tremblement  sans  cesse  grandissant.  Une  paralysie  générale, 
la  folie  ou  le  suicide,  terminent,  à  échéance  plus  ou  moins 
brève^  cette  o'uvre  de  destruction  physique  et  morale. 

Il  n'est  guère  permis  d'espérer,  malgré  les  ardentes  cam- 
[)agnes  entreprises  en  ces  derniers  temps  par  quelques 
esprits  humanitaires,  qu'on  puisse  porter  de  sitôt  remède 
à  ce  déplorable  état  de  choses,  qu'on  arrive  même  à  l'atté- 
nuer dans  une  mesure  ([uelconque.  Il  y  a  en  cause  des 
intérêts  commerciaux  trop  considérables.  Les  ravages  de 
l'opium  ne  sont  pas,  du  reste,  localisés  à  la  seule  Chine,  ni 
même  aux  autres  pays  orientaux,  où  sa  consommation  est 
depuis  longtemps  implantée  :  Japon,  Inde,  Malaisie,  Tur- 
({uie,  etc.  Le  fléau  sévit  également  dans  l'Amérique  du 
Nord,  oii  quelques  grands  centres,  tels  (jue  San  Francisco, 
(ihicago,  La  Nouvelle-Orléans,  ont  vu  s'étabHr,  avec  l'ap- 
parition des  premiers  colons  chinois,  et  malgré  la  guerre 
(pie  leur  fait  la  police  locale,  des  maisons  d'opium,  à  l'instar 
(le  celles  de  Péking  et  de  Canton,  et  d'où  il  s'est  étendu  à 
(les  villes,  à  des  territoires  dépourvus  de  Chinois  et,  dans 
les  villes  où  il  en  réside,  parmi  la  partie  non  chinoise  de 
la  population.  Dans  nos  régions,  il  n'y  a  guère  que  l'An- 
gleterre (pii  fasse  tache.  Le  mal  est  signalé  dès  1816  à 
Londres,  à  Manchester  et  dans  plusieurs  auti'es  milieux 
industriels.  Il  y  a  pris  depuis  une  propension  assez  grande 
pour  qu'il  se  soit  formé  une  ligue  contre  l'opium  {Anti- 
Opium  Leagiie.  En  1896,  elle  a  demandé  au  Parlement 
d'établir  des  mesures  de  répression,  mais  la  commission 
nommée  a  conclu,  après  une  enquête  poursuivie  auprès  de 
161  médecins  indiens,  que  l'usage  de  l'opium  n'a  pas,  en 
général,  d'effets  nuisibles  et  (pi'à  des  doses  modérées,  il 
doit  même  être  recommandé.  L.  S. 

VIL  Histoire.  —  Guerre  d'opium  (V.  Chine,  t.  XI, 
p.  106). 

BiiîL.  :  WiNCKLER,  De  Opio  tructntns  :  Leipzig,  1635. 
—  Trallk.  Usiis  opll  snluhris  et  noxius  iii  morborwn  mc- 
deUi;  Bresl au,  1757-60.  —  Th.  de  Quincey,  Confessions  d'un 
innm/eur  d'opium  ;  I^ondres,  1823.—  Cook,  The  seven  sis- 
ters  of'sleep;  Londres,  l.s60.  —  Lip.ermann,  les  Fiuneur^^ 
d'opium  en  Chine;  Paris,  1863.  — Fayk-Bley,  Monogrn- 
p}de  des  Opium;  Berlin.  1867.  —  Bigxet,  Etude  sur 
['opium;  Paris.  1875.  —  Chriwtlieb,  Der  indobrilische 
Opiumhandel;  Gutcrsloli  ;  1878,  —  Ka^k.  Opiwn-smohind 
in  Ameriho  and  Chine;  New  York,  1881.  —  Wipeltus. 
De  Opium  in  Indie;  La  Haye,  1885. 

0P0CÉPHALE(TéraL)(V.CYCLOPiEetMoNSTRE,LXXIV, 
p.l73).^ 

OPOCNO.  Ville  de  Bohême,  district  de  Xeustadt-sur- 
Mettau  ;  2.26^  hab.  tchèques. Eglise  du  xiv^  siècle.  Châ- 
teau des  CoUoredo. 

OPOCZNO.  Ville  de  la  Pologne  russe,  gouv.  de  Radom, 
sur  la  Drzevica;  6.077  hab  (en  189*2),  en  majorité  juifs. 
Elle  fut  fondée  en  1365  et  conserve  les  ruines  du  château 
oii  le  roi  Casimir  le  Grand  abrita  sa  maîtresse,  la  belle 
juive  Esther.  En  16oo,  les  Suédois  y  battirent  les  Polonais. 

OPODYME  (Térat.)  (V.  Monstre,  t.   XXIV,  p.  174). 

OPOIX  (Christophe),  chimiste  et  écrivain  français,  né  à 
Provins  le  28  févr.  H^^,  mort  à  Provins  le  1*2  août  1840. 
Apothicaire  à  Provins,  il  fut  envoyé  par  son  département, 
en  1792,  à  la  Convention,  où  il  siégea  parmi  les  modérés. 
Il  occupa  plus  tard,  sous  la  Restauration,  divers  emplois 
dans  l'administration  des  eaux  et  forêts.  Il  s'était  acquis 
une  certaine  réputation  par  d'intéressants  travaux  sur  les 
eaux  minérales,  sur  les  couleurs,  sur  la  fabrication  de  la 
poudre,  et  il  était  membre  de  rAcadémie  de  médecine.  Il 
s'était  aussi  occupé  d'érudition  locale  et  il  avait  notam- 
ment publié,  en  1823,  une  Histoire  et  description  de 
Provins  (2^  éd.,  Paris,  1848). 
BiBi..  :  liAMON,  Notice  snr  C.  Opoix  ;  Paris,  1811. 

0  PO  LE.  Ville  de  Pologne,  gouvernement  de  Lublin,  dis- 
trict et  à  29  kil.  S.  de  Nowo-Alexandryja,  dans  une  ré- 
gion lacustre,  à  dr.  de  la  Vistule  ;  3.000  hab. 

OPONÉ.  Ville  antique  de  la  côte  E.  d'Afrique,  au  pied 
du  promontoire  que  nous  appelons  Ras  Hafoun.  C'était  le 
port  méridional  de  la  région  des  Aromates,  exportant  de 
la  cinname,  de  la  gomme,  de  l'écaillé,  des  esclaves. 


OPONTE  —  OPOTIJÉRAPIE 


—  4^26 


OPONTE  ou  OPUS.  Ville  de  la  Grèce  antique,  capitale 
de  la  tribu  des  Locriens  orientaux,  dans  un  ilôt  du  golfe 
Opuntien,  derrière  l'île  d'Imbèe.  On  disait  que  Deucalion 
et  Pyrrlia  avaient  habité  auprès,  que  Patrocle  y  était  né  ; 
dans  le  catalogue  du  2®  chant  de  ï Iliade,  elle  est  indiquée 
comme  relevant  d'Ajax,  fds  d'Odée.  Les  Locriens  Opun- 
tiens  combattirent  aux  Thermopyles  et  furent  les  ennemis 
d'Athènes. 

OPOPANAX.  L  MatIKUE  :\1KD1CALE  ET  THKRAPEUTIQL'E.  — 

On  désigne  sous  le  nom  d\>po])anax  une  gomme-résine  qu'on 
suppose  produite  par  le  Malabaila  opopanax  IL  Bn  (Opo- 
panax  ehironiu)ii\iovh,P(tslinae(t  opopanax  L.).  Elle 
vient  de  la  Syrie  et  de  llntle  en  Larmes  anguleuses  et 
irî'égulières,  orangé  rougeatrc,  à  noyau  opaque,  friables, 
de  saNCur  acre  et  amère  et  à  odeur  aromatique  rappelant 
celle  de  la  myrrhe.  Tl  existe  en  outre  dans  le  commerce  un 
opopanax  en  masse,  brun  noirâtre,  compact,  de  jnauvaise 
qualité.  J^'eau  pure  forme  par  trituration,  avec  la  moitié 
de  son  poids  d'opopanax,  une  émulsion  laiteuse  qui  laisse 
déposer  une  résine  jaune  à  la  longue. —  L'opopanax  pré- 
sente les  propriétés  des  autres  gommes-résines  fétides. 
Il  est  antispasmodique,  expectorant,  désobstruant,  et  a 
été  préconisé  contre  l'hypocondrie,  l'hystérie,  l'asthme,  le 
catarrhe  bronchique,  les  affections  viscérales  chroniques  ; 
il  est  peu  actif  en  somme.  En  revanche,  il  est  très  em- 
ployé en  parfumerie  comme  succédané  de  la  myrrhe. 

D'  L.  Mn. 
IL  (jiiMiE.  —  L'analyse  faite  par  Pelletier  lui  a  donné 
les  résultats  suivants  : 


Cire 0.80 

Ligneux 9,80 

Caoutchouc traces 

Huile  volatile  et  eau  r>,9 


Piésine 4:2, 

Gomme è-);-),^) 

Amidon 4, "20 

Acide  malique. . . .  4,40 

La  partie  soluble  dans  l'alcool,  c.-à-d.  la  résine,  cor- 
respondrait à  la  formule  C'^'^H^'^O''^^  ;  elle  fournit,  par  la 
fusion  avec  la  potasse,  de  l'acide  protocatéchique  et  un 
peu  de  pyrocatéchine.  L'huile  essentielle  n'agit  pas  sur  la 
lumière  polarisée,  elle  passe  à  la  distillation  en  grande 
partie  vers  250^.  C.  Maticxon. 

B[p>L.  :  HiRSCKSOiix,  JahrcsberlcJiU;,  1875,  p.8()0. 

OPORIN  (Jean),  imprimeur  et  philologue  suisse,  né  à 
Bàle  le  25  janv.  1507,  mort  à  Bàle  le  25  janv.  150(8. 
li  s'appelait  Herbst,  nom  qu'il  traduisit  par  Oporinus,  et 
fut  trois  ans  l'élève  de  Paracelse,  puis  devint  professeur 
de  grec  et  enhn  imprimeur,  l'^n  cette  qualité,  il  a  beau- 
coup contribué  à  répandre  les  auteurs  anciens  par  des 
éditions  demeurées  célèbres.  Tl  a  imprinié  le  traité  d'aïui- 
tomie  de  Vesale  et  plusieurs  des  écrits  d'Erasme.  Sa  no- 
toriété lui  valut  d'être  enterré  dans  la  grande  église  do 
Bàle  près  d'I^rasme  et  d'OEcolampade. 

OPORTO.  Cépage  américain,  hyi)ride  binaire  de  Vilis 
Labrusca  et  de  L.  Hiparia,  Plus  vigoureux  (pie  ses  con- 
génères, le  Vialla,  le  Clinton,  l'Elvira,  il  n'est  pourtant 
pas  employé  à  la  reconstitution  des  vignobles.  11  a  donné, 
avec  un  cépage  français,  le  (jjlombeau,  un  hybride,  l'Oporto- 
(lolombeau,  sur  leipiel  on  a  appelé  sans  succès  l'attention 
des  viticulteurs. 

OPORTO  (V.  Porto). 

OPOSSUM  (ZooL).  Nom  indigène  des  petits  Marsu- 
piaux, notamment  des  Phalangers,  en  Australie,  appli(pu3 
par  extension  par  les  Anglo-Américains  aux  Sarigues 
d'Amérique  (V.  Sauicur). 

OPOTCHKA.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Pskov,  sur  la 
Yelikaia;  4.942  hab.  (en  ^1893).  Grand  commerce  de  lin. 
Eondée  en  4412. 

OPOTCHNO  (V.  OeoczNo). 

OPOTHÉRAPIE  (Méd.).  On  donne  le  nom  d'opothé- 
rapie  à  une  nouvelle  méthode  thérapeutique  qui  a  pour 
but  de  suppléer  à  l'absence  ou  au  défaut  de  fonctionne- 
ment d'une  glande  ou  d'un  organe.  La  méthode  a  été 
créée  par  Brown-Sequard,  le  mot  par  M.  Landouzy.  Le 
terme  glande  doit  être  pris  ici  dans  son  sens  le  plus  gé- 


néral, et  l'on  doit  admettre  que  tout  groupe  cellulaire  for- 
mant un  organe  est  doué,  outre  sa  fonction  physiologique 
spéciale,  d'un  pouvoir  de  sécrétion  interne  s'exerçant  dans 
le  milieu  intérieur,  dans  le  sang,  et  qui  est  nécessaire  au 
bon  équilibre  vital.  Nous  prions  le  lecteur  de  se  reporter 
aux  art.  Pancréas,  Rate,  Thyroïde,  Sécrétion  pour 
l'étude  de  tout  ce  qui  concerne  ces  sécrétions  véritable- 
ment intérieures. 

Les  organes  dont  on  veut  utiHser  l'action,  et  que  l'on 
emploie  soit  en  nature,  soit  en  extraits,  sont  empruntés 
à  des  animaux  vivants  ou  fraîchement  tués,  reconnus 
sains,  de  développement  et  de  taille  suffisants.  Les  ani- 
nuiux  de  boucherie  sont  particulièrement  désignés  pour 
cet  objet.  Leur  choix  n'est  pas  indifférent,  certaines  glandes 
étant  plus  riches  en  produits  actifs  (mouton  pour  la  thy- 
roïde) chez  les  uns  que  chez  les  autres.  Le  moment  où 
l'animal  est  sacrifié  et  sa  préparation  antérieure  doivent 
être  également  examinés  de  près.  On  sait,  en  effet,  que 
la  sécrétion  d'une  glande  s'effectue  en  deux  temps  par 
l'élaboration  d'un  produit  zynwgène  qui  donne  secondai- 
rement naissance  au  produit  de  sécrétion  définitif . 

La  forme  sous  laquelle  est  employé  l'organe  ou  la 
glande  peut  varier  beaucoup.  Les  produits  organiques 
étant  facilement  altérables  à  la  suite  de  fermentations  et 
de  germinations  microbiennes,  il  convient  de  les  stériliser 
s'ils  ne  doivent  être  employés  de  suite.  La  stérilisation 
par  la  chaleur  ou  par  la  iiltration  sur  bougie  de  porce- 
laine est  em])loyée  lorsque  l'on  fait  usage  de  l'extrait 
aqueux.  Le  pouvoir  actif  de  la  préparation  en  est  d'ailleurs 
réduit  dans  une  certaine  mesure.  MM.  (^arnot  et  Gilbert 
ont  préconisé  une  stérilisation  par  addition  d'acide 
chl  or  hydrique,  que  l'on  neutralise  ensuite  par  la  soude. 
En  pratique,  les  organes  sont  employés,  soit  à  l'état  frais 
et  consommés  alors  tels  quels  en  hachis  tin  ou  en  extrait 
aqueux,  soit  à  l'état  d'extraits.  Le  corps  thyroïde,  connu 
en  boucherie  sous  le  nom  de  glande  du  cornet,  est  ainsi 
employé  utdement  à  l'état  fixais.  On  peut  aussi  faire  usage 
de  la  poudre  d'organe  ou  de  glande  réduit  en  cet  état  par 
la  dessiccation  dans  le  vide.  Quant  aux  extraits,  qui  sont 
toujours  des  extraits  partiels,  on  les  obtient  en  épuisant 
la  pulpe  ou  la  poudre  d'organe  par  l'alcool,  la  glycé- 
rine, etc.,  et  en  recueillant  le  précipité  qui  est  traité  sui- 
vant les  méthodes  usuelles  en  ])liysiologie.  La  méthode 
de  tUiinnan,  euiployée  pour  la  préparation  de  la  thyro'i- 
dine,  consiste  essentiellement  à  traiter  les  glandes  par 
l'acide  sulfuriqucau  1/10,  à  rébuUition,  puis  à  Imiter  le 
précipité  par  l'alcool.  MM.  Carnot  et  Choay  soumettent 
la  })oudre  d'organe  à  une  digestion  artificielle.  Ces  poudres 
ou  ces  extraits  sont  alors  employés  sous  la  forme  phar- 
maceuti([ue  de  tablettes  ou  de  pilules.  Tous  les  organes 
et  glandes  ou  à  peu  près  tous  ont  été  ainsi  soumis  à 
l'expérimentation.  Si  les  résultats  obtenus  n'ont  pas  été 
toujours  absolument  probants,  il  n'en  reste  pas  moins 
acipiis  que  la  métbode  opothératique  peut  rendre  dès 
maintenantd'importants  services,  et  il  semble  bien  ([u'elle 
est  appelée  à  un  grand  avenir. 

Les  exlraiis  testiculaires  ont  été  les  premiers  em- 
ployés. Les  résultats  o!)lenus,  si  l'on  met  à  part  ce  qui 
revient  à  la  suggestion,  ne  paraissent  pas  à  l'abri  de  toute 
contestation.  Les  extraits  ovariens  ont  donné  de  bons 
résultats  dans  les  acciilentsde  la  ménopause  physiologique 
ou  chirurgicale.  Le  corps  Uiyroïde,  employé  soit  en  na- 
ture, soit  en  extraits,  a  donné  d'excellents  résultats  dans 
le  myxa^dème.  Il  réussit  surtout  chez  les  adultes,  mais 
améliore  grandement  aussi  l'idiotie  myxirdémateuse  des 
enfants.  Son  action  n'est  d'ailleurs  que  transitoire,  et  l'usage 
doit  en  être  continué.  Il  joue  donc  un  rôle  de  véritable 
suppléance.  A  la  suite  de  son  emploi,  on  voit  disparaître 
la  plupart  des  accidents,  l'œdème  de  la  peau,  Pobésité, 
les  troubles  intellectuels.  11  semble  moins  actif  dans  le 
traitement  de  l'obésité,  bien  qu'il  ait  donné  quelque  succès. 
Son  emploi  contre  les  accidents  de  l'arthritisme  est  trop 
récent  pour  que  nous  puissions  en  parler.  Les  organes  et 


427 


OPOTHERAPIE  —  OPPENORDT 


glandes  qui  ont  été  employés  après  les  précédents  sont  les 
suivants  :  les  extraits  do  substance  cérébrale  et  médul- 
laire, la  moelle  osseuse,  la  substance  rénale,  la  capsule 
surrénale,  le  pancréas  et  le  foie.  Les  résultats  publiés  sur 
l'action  de  ces  divers  extraits  ne  sont  point  encore  suffi- 
samment probants  pour  (jue  nous  puissions  nous  en  occu- 
per ici. 

0  P  P I D  U  IVl .  Nom  latin  des  réduits  fortifiés  qui  servaient 
de  centres  défensifs,  plus  ou  moins  permanents,  aux  Celtes 
de  Gaule  et  de  Bretagne  {V.  Ci.]ltks,  t.  IX,  p.  4079). 

OPOT£RODONTES([':rpélol.).LesOpotérodontesrelicnt 
les  Sauriens  'M\:^  Ophidiens.  Ce  sonl  des  Serpents  toujours 
d  une  taille  faible,  à  bouche  étroite  non  dilatable,  ils  manquent 
de  sillon  gulaircel  n'ont  de  dents  qu'à  l'une  oii  l'autre  des 
mâchoires.  Le  palais  est  dépourvu  do  dénis,  les  os  palatins 
sont  étendus  en  travers  au  lieu  d'être  placés  longitudina- 
lement,  les  ptérygo'idiens  externes  font  défaut.  Ce  sont  des 
animaux  propres  aux  parties  les  plus  chaudes  du  glol)e, 
et  plus  particuliers  à  l'Australie  et  aux  [ndes  oiientales; 
ils  vivent  dansdes  galeries  qu'ils  se  creusent,  sous  les  pierres. 
se  nourrissent  d'insectes  et  ne  sortent  ([u'accidentollemenl 
le  jour.  RocHuu. 

BiHL  :  Sauvage,  dans  ]5ri-:iim  ,  Ad.  fr. 
OPOUL.  Com.  du  dép.  des  Pyrénées-Orientales,  cant. 
de  Rivesaltes,  arr.  de  Perpignan;  885  liab.  Localité  très 
ancienne,  comme  l'indique  son  nom  d'oppidioii.  Le  châ- 
teau fort  (xiii^  siècle)  dont  il  subsiste  des  ruines  impor- 
tantes figure  dans  l'histoire  des  guerres  entre  la  France 
et  l'Aragon.  Opoul  offre  un  exemple  très  intéressant  de 
charte  de  poblaeio  donnée  le  45  mai  42i6  par  Jacques 
d'Aragon  en  vue  de  la  défense  du  pa3's  et  accordant  auv 
habitants  les  coutumes  de  I^erpignan.  Opoul  faisait  partie 
de  la  viguerie  de  Roussillon  et  Vallespir.  Outre  le  châ- 
teau, il  faut  encore  citer  comme  curiosité  un  lac  souter- 
rain (barranch).  B.  Palustiih. 

l^iBL.  :  r-iiiUi'.L,  E/.  iirclii'ol  sur  le  chnlcnu  et  le  r/Ilih/c 
(.rOponl;  Porpip'iiau.  1n02.  iii-8 

OPPA.  Rivière  de  Silésie  autrichienne,  afil.  g.  del'Oder. 
4  48  kil.  de  long.  EIÏq  arrose  Ja'gerndorf  el  'froppau,  et 
ibrme  quelque  temps  la  h'ontière  (ie  la  Prusse  et  de  l'Au- 
triche. 

OPPÈDE.  Com.  du  dép.  deVaucluse,  arr.  d'Apt,  cant. 
de  Bonnieux,  sur  le  versant  N.  du  Luberon  ;  4.070  hab. 
Carrières  de  pierres  à  bâtir.  Filature  de  soie.  Nombreuses 
maisons  anciennes  des  xii^,  xiii^  et  xiv^  siècles,  dont 
quelques-unes  sont  abandonnées  et  en  ruines.  Château 
bâti  au  commencement  du  xm°  siècle  par  le  comte  ie 
Toulouse,  Raimond  VI,  remanié  et  agi'andi  à  l'époque  de 
Renaissance. 

OPPÈDE  (Jean  de  Mayniku,  baron  d'),  magistrat  fran- 
çais, né  à  Aix- en-Provence  en  4195,  mort  à  Aix-en-Pro- 
venceen  4558.  L'ils  d'un  ambassadeur  à  Venise,  il  devint 
conseiller  au  Parlement  d'Aix  en  4 5r2:2,  premier  président 
en  4543  et  lieutenant  général  de  Provence  en  45 4i.  Il 
dirigea  le  procès  contre  les  Vaudois  de  Cai)rièi'es  et  de  Mé- 
rindol  et,  do  concert  avec  le  baron  de  La  Garde,  se  cbargea 
de  les  exterminer,  l^n  récompense,  le  pape  Paul  lil  le  créa 
chevaher  de  ]'!']])eron  d'or  et  comte  palatin.  Fn  4554,  sur 
la  plainte  de  la  dame  de  Contai,  un  procès  fut  inleiilé  an 
Paidement  de  Paris  contre  d'Oppède.  les  commissaires  (|ui 
avaient  jugé  les  Vaudois  et  La  Garde.  D'Oppède  se  défen- 
dit lui-môme  avec  ])eaucoup  d'habileté,  en  disant  qu'il 
n'avait  fait  (jifoxéculer  les  ordres  dn  roi.  Il  fut  absous. 
et  réintégré  dans  ses  charges.  vSenl  de  tous  les  accusés. 
le  procureur  général  Gucrin  (V.  ce  nom)  fut  condamné. 
D'Oppède  a  traduit  en  vers  six  Triomphes  de  Pétrarque 
(Paris,  4538,  in-8).  ÎL  Hauser. 

BiBL.  :  V.  Cïin:RTx  et  Vaudoi?:. 

OPPEDETTE.  Com.  du  dép.  des  Basses-Alpes,  arr.de 
Forcalquier,  canî.  de  Reilianne  ;  lOUiab. 

OPPELIA  (V.  llAMeocEUAs  et  Ammonîtes). 

OPPELN.  Ville  de  Prusse,  ch.-l.d'un  district  de  Silé- 
sie, sur  l'Oder  ;>23. 01 8  hab.  (en  4895).  Vieille  église  de 
Saint-Adalbert,  ancien  cliàteauroyal  dans  une  lie  du  fleuve  ; 


bel  hôtel  de  ville.  Commerce  de  céréales  et  de  bétail. 
Connue  dès  l'an  4000,  elle  fut,  de  4288  à  4532,  la  capi- 
tale d'un  duché  de  la  famille  des  Piast,  et  ensuite  an- 
nexée à  la  Bohême,  puis  à  la  Prusse  (4742). 

4^e  district  d'Oppeln  comprend  la  Haute-Silésie  : 
4  3.249  kil.  q.  et  4.706.922  hab.  (en  4895),  dont  près 
d'un  million  de  Polonais  et  plus  de  00.000  tchèques.  Il 
se  divise  en  vingt  cercles  :  Beuthen-Ville,  Beuthen-Cam- 
])agne,  Falkenberg,  Gross-Strehlitz,  Grottkau,  Kattowitz, 
Kosel,Kreuzburg,  Leobscliiitz,Lublinitz,  Neisse,  Neustadt, 
Oppeln,  Pless,  Ratibor,  Rosenberg,  Rybnik,  Tarnowitz, 
Tost-Gleiwitz,  Zabrze.  A.-M.B. 

BiDL.  :  Idzikowski,  (îcsch.  der  S tudt  Oppeln  ;  Breslaii, 
!S0:>.  —  LuTSCH,  Dte  KanstcUmkimjelpr  des  Reyierungsbe- 
zlrks  Oppeln;  Broslau.  181)2-91 

OPPENANS.Com.  du  dép.  de  la  Haute-Saône,  arr.  de 
Lure,  cant.  de  Villersoxel  ;  407  hab. 

OPPENHEIM.  Ville  d'Allemagne ,  grand-duché  de  Hesse , 
prov.  de  Hesse-Rhénane,  r.  g.  du  Rhin  ;  3.350  hab.  Belle 
église  Sainte-Catherine,  gothique,  des  xiii^  et  xiv®  siècles. 
Au-dessus  sont  les  ruines  du  burg  de  Landskron  (xi®  s.). 
—  Oppenhejm  est  la  station  romaine  de  Bauconica.  En 
77-4,  Ghaiiemagne  lit  don  de  ce  domaine  au  couvent  de 
Lorsch,  qui  le  rendit  à  l'empereur  en  4447.  En  422(), 
nous  y  trouvons  une  ville  libre  impériale,  mais  qui  fut 
engagée  dès  4252  à  l'électeur  de  Mayence,  et  en  4375  à 
l'électeur  palatin  ;  détruite  par  des  Français  en  4689. 

BiHL.  :  Franck,  Gescli.  der  ehemaligen  Reichstadt  Op- 
penhe'uii;  Daniistadt,  1859. 

OPPENHEIIVl  (Heinrich-Bernhard),  économiste  alle- 
mand, né  à  Francfort-sur-le-Main  le  20  juil.  4819,  mort 
à  Berhn  le  40  mai  4880.  Issu  d'une  famille  de  banquiers 
jnifs,  il  fit  de  fortes  études  et  devint,  en  4  8iO,  privat- 
(locent  à  l'L'niversité  de  Heidelberg,  où  il  enseigna  le  droit 
inlernational  et  les  sciences  politiques.  Mais  il  quitta  bientôt 
l'enseignement  pour  la  politi(|ue  et  prit  part,  à  Berlin  et  en 
Pnule,  à  la  Révolution  de  4848.  La  réaction  l'obligea  à  fuir 
hors  dWllemagne,  et  il  voyagea  en  France,  en  Hollande  et  en 
.Vngleterre.  De  retour  en  4850,  il  se  lança  dans  la  polé- 
mi([ue  de  presse  et  attaqua  vivement  les  adversaires  du 
parti  démocrate.  En  4862,  il  fonda,  pour  défendre  ses 
idées,  les  Deutsche  Jahrbiicher  fur  Potitik  und  Littera- 
lur.  Les  événements  de  4866  produisirent  en  lui  un  chan- 
gement profond  ;  il  quitta  l'opposition  pour  entrer  dans 
le  parti  progressiste  prussien.  H  fut  député  au  Reichstag 
en  4873-77.  Outre  de  très  nombreux  articles  ou  pamphlets 
pohtiques,  Oppenheim  avait  écrit  :  System  des  V()lker- 
rechts  (Francfort,  4845)  ;  Philos,  des  Hechts  ii.  der  Ge- 
seUschaft  (Stuttgart,  4850),  qui  forme  le  t.  V.  de  la 
y  eue  EncycL  der  Wissenschaften  u.  Kilnste  ;  Ueheo' 
polit.  II.  staatsbiirgerl.  Pflichlerfiillumj  (4864),  où  il 
dénonce  l'idéalisme  comme  la  maladie  politique  de  son 
temps;  Der  Katheder-Soùalismiis  (Berlin,  4872). 

Th.   RUYSSEN. 

P>\nh.  :  DeutscJie  RundHelrui,  juillet  1880. 

OPPENORDT  OU  OPPEN  OOORDT  (Gilles-Marie),  ar- 
chitecte français,  né  à  Paris  le  27  juil.  4672,  mort  à  Paris 
le  43  mars  4742.  Inls  do  Cander  (Alexandre)-Johan  Op- 
pen  Ooordt,  Hollandais  d'origine  mais  devenu  Français, 
ébéniste  du  roi  et  à  ce  titre  logé  au  Louvre,  Gilles-Marie 
Oppenordt  fut  élève  de  Jules-Hordouin  Mansart  et  ensuite 
pensionnaire  de  l'Académie  de  France  à  Rome:  son  séjour 
en  Italie  fut  même  de  six  années  (1692  à  4698),  dont  il 
passa  trois  années  à  dessiner  les  monuments  de  la  Lom- 
bard le.  Depuis  son  retour  à  Paris  jusqu'à  sa  mort,  Oppe- 
nordt, qui  fut  architecte  et  surintendant  des  bâtiments  du 
duc  d'Orléans,  devint  sous  la  régence  de  ce  prince  direc- 
teur des  manufactures  et  intendant  des  jardins  des  mai- 
sons royales  ;  il  conquit  alors  une  grande  vogue  en  même 
temps  qu'il  exerça  une  réelle  influence  sur  l'art  de  son 
temps  ;  il  fut  même  surnommé  le  père  du  genre  rocaille 
ei  le  Borromini  français.  On  doit  à  Oppenordt  de  nom- 
breuses œuvres  parmi  lesquelles  :  une  partie  du  portail 
Nord,  le  portail  Sud,   le  maltre-autel  aujourd'hui  détruit 


OPPEiSOHDI 


OPHOO 


4^28  — 


et  rachèveiîiejit  des  nefs  de  l'église  Saiiit-Sulpice,  moins 
toutefois  le  grand  portail  occidental  qui  fut  commencé  par 
Sermndoni  (\.  ce  nom)  :1e  riche  maître-autel  de  l'église 
Saint-Germain-l'Aiixerrois,  lui  aussi  détruit,  mais  dont 
les  colonnes  de  marbre  cipolin  sont  conservées  au  musée 
du  Louvre  ;  le  salon  d'entrée  de  la  galerie  dite  d'Enée  au 
Palais-Royal,  salon  qui  fut  englobé  dans  la  reconstruction 
du  Théâtre-Français  par  Louis  ;  le  petit  château  et  l'oran- 
gerie dépendant  du  château  de  Pierre  Cro/at,  à  Montmo- 
rency ;  le  dessin  des  écuries  du  prince  de  Condé  au  châ- 
teau d'Enghien  ;  de  nombreux  tombeaux  dont  deux  dalles 
de  bi'onze  dans  la  chapelle  de  la  Vierge  du  couvent  des 
carmes  déchaussés,  rue  de  Vaugirard,  etc.  Les  œuvres 
d'Oppenordt  lurent  publiées  en  plusieurs  recueils  et  des- 
sins qui  contribuèrent  à  répandre  son  genre  et  son  goût 
(hkoratifs,  tels  que:  Dessins,  Couronnements  et  Amor- 
tissements convenat)tes  pour  dessins  de  portes,  vous- 
soirs,  croisées,  niches,  etc..  (Paris,  1740,  in-fol.)  ;  Son 
œuvre  contenant  différents  fragments  (C arcfiitectu re 
(J^aris,  1750,  fol.,  130  pi.)  ;  Premier  tivre  de  différents 
morceaux  il  r usage  de  tous  ceux  qui  s  appliquent  aux 
t)eaux-arts  (Paris,  in-4,  6  pi.)  ;  Livre  contenant  12  car-  . 
toucfies' propres  aux  édifices  (in-M.)  ;  enfin  i 09  des- 
sins originaux  de  cet  artiste  sont  conservés  au  musée 
royal  de  Stockholm.  Charles  Lucas. 

OPPER  DE  Bj^ownz  (V.  Blowitz). 

0  P  P  E  RT  (Jules) ,  orientaliste  franc^ais .  né  à  Hambourg  le 
l)juil.  l82o,  de  parents israélites,  neveu  du  juriste  Ed.Gans. 
Util  ses  études  classiques  au  Johanneum  de  Hambourg  et 
alla  en  1844  étudier  le  droit  à  Heidelberg,  puis  à  Bonn 
et  à  Berlin  oh  il  changea  de  vocation.  11  abandonna  les 
études  mathématicpies  auxquelles  il  s'était  livré  au  gymnase 
de  sa  ville  natale  et  aborda  celles  des  langues  orientales. 
Il  acquit  le  grade  de  docteur  en  philosophie  en  1846,  à 
Kiel,  avec  une  dissertation  intitulée  de  Jure  Indorum 
rriminali.  A  cette  époque,  la  religion  était  encore  en 
Allemagne  la  cause  de  difficultés  insurmontables:  il 
vint  donc  cherclier  une  carrière  en  France  en  1847. 
Il  avait  déjà  publié  en  Allemagne  un  travail  im- 
portant sur  les  textes  perses  cunéiformes  (Das  Lautsi/s- 
tem  des  Altpersisclien),  et  cette  étude  attira  l'attention  de 
Burnouf,  Letronne,  Mohl  et  d'autres  savants  qui  l'aidèrent 
à  entrer  dans  l'instruction  publique.  Nommé  en  avr.  1848 
comme  maître  d'allemand  et  d'anglais  au  lycée  national 
de  Laval,  il  échangea  cette  résidence  contre  celle  de  Reims 
en  1850  et  fut  désigné,  en  1851,  comme  membre  de  l'ex- 
pédition scientifKjue  de  Mésopotamie,  avec  MM.  Fulgence 
Fi'esnel  et  Félix  Thomas.  H  resta  sur  les  ruines  de  Baby- 
lone  et  de  Ninive  jusqu'en  1854,  époque  à  laquelle  il  dut 
revenir  seul  de  cette  mission.  Après  la  rédaction  de  la 
relation  de  son  voyage,  il  fut,  en  1857,  chargé  d'un  cours 
élémentaire  de  sansciit  et  de  la  philologie  des  langues 
indo-européennes,  près  la  Bibliothèque  impériale.  En  1868, 
ce  cours  lut  change  et  transporté  au  Collège  de  France  ; 
le  cours  de  sanscrit,  celui  de  philologie,  d'arch  éologie 
assyriennes,  obtinrent  une  chaire  régulière  enjanv.  1874. 

L'activité  de  M.  Oppert  s'est  étendue  sur  toutes  les 
branches  des  textes  cunéiformes,  sur  tous  les  genres, 
sur  toutes  les  nationahtés  et  sur  toutes  les  sciences. 
Le  premier,  il  publia  un  texte  assyrien  complet,  transcrit, 
traduit  et  commenté  dans  VInscription  de  Borsippa.  En 
1 858 ,  il  publia  dans  le  second  volume  de  V Expédition  scien- 
tifique en  Mésopotamie  le  système  complet  de  V Ecriture 
cunéiforme  ;  la  Grammaire  assgrienne  (1860;  2^  éd., 
1868)  suivit  de  près  cette  publication.  Les  texteshistoriques 
furent  traduits  en  entier  dans  h^  Annales  de pfiiloiiopti.ie 
chrétienne  àeM.  Bonnethy.  Depuis  ce  temps,  M  Oppert  s'est 
occupé  de  la  métrologie  dans  V Etalon  des  mesures  assy- 
riennes {Journal  asiatique),  suivi  d'une  grande  quan- 
tité de  mémoires.  Le  côté  le  plus  original  des  écrits 
de  M.  Oppert  est  l'interprétation  des  textes  juridiques  et 
la  fixation  du  droit  de  l'Assyrie  et  de  la  Chaldée.  Le  premier 
grand  travail  est  Documents  juridiques  {\  SU),  auquel  il 


associa  son  disciple,  M.  Menant.  M.  Oppert  confirma  et 
modifia  ses  traductions  par  beaucoup  d'écrits  postérieurs 
à  1877.  En  1869,  il  fit  paraître  ses  recherches  sur  la  se- 
conde espèce  des  inscriptions  cunéiformes  perses,  dans  son 
livre  le  Peuple  et  la  langue  des  Mèdes,  dans  lequel  il 
compléta,  entre  autres,  les  interprétations  données  en  1852 
dans  ses  Inscriptions  perses  des  AcJiéménides. 

L'enseignement  de  la  langue  sanscrite  produisit  la 
Grammaire  sanscrite  (1858  et  1864).  M.  Oppert  s'est 
encore  occupé  des  textes  astronomiques  des  Chaldéens,  et 
a  produit  des  travaux  de  pure  chronologie  ;  il  a  créé  des 
méthodes  générales  et  s'est  placé  au  premier  rang  parmi 
les  chronologistesde notre  époque. Citons:  la  CJironologie 
de  la  Genèse  (1878  et  1896)  ;  Alexandre  a  Babylone 
(1898),  Quelques  travaux  de  pures  mathématiques  sont  à 
signaler,  tels  les  articles  dans  le  Congrès  de  Cartilage. 

Les  travaux  de  M.  J.  Oppert  sont  répandus  dans  une 
foule  de  journaux  divers,  aussi  bien  dans  les  journaux 
français,  allemands,  anglais,  itahens  que  dans  les  revues 
littéraires  les  plus  différentes.  On  les  trouve  dans  des 
recueils  qui  ont  cessé  de  paraître  et  dans  ceux  qui  existent 
encore.  Ce  sont  surtout  :  le  Journal  asiatique,  la  lievue 
arctiéologique,  les  Annales  de  philosopliie  chrétienne, 
V Athenœum  français,  la  Pievue  orientale,  la  Revue 
d'etlmograpliie,  VAtliénée  oriental,  la  Revue  critique, 
la  Revue  historique,  la  Revue  philologique,  la  Revue 
des  études  juives,  les  Mémoires  et  les  Comntes  rendus 
de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres.  Une 
liste  bibUographique  de  366  numéros,  jusqu'en  1891,  se 
trouve  dans  les  Beitrdye  der  Assyriologie  (t.  H). 
Parmi  les  travaux  non  compris  dans  cette  liste,  nous  si- 
gnalons :  Die  Schaltmonate  hei  den  Babylonien  und 
die  dgyptiscli-ciuilddisclie  /Erades  yabo}iassar  {iS91) 
Das  Assyrische  Earnlveracht  {1899)  ;  Noli  me  tangere 
(en  anglais,  1897)  \  une  Laïcisation  au  xii^  siècle  avant 
l'ère  clirétienne,  1894)  ;  Adadnisar,  roi  d'Ellassar 
[ibid.,  1895);  un  Dieu  cadastre  chaldéen  (1896); 
un  Dieu  commerçant  (1897)  ;  Alexandre  à  Bat)ylone 
(1898)  ;  le  Retrait  lignager  à  Ninive  (  J  898).  M.  J.  Oppert 
est  un  des  collaborateurs  de  la  Grande  Encyclopédie. 

OPPERT  (Ernest- Jacob),  né  à  Hambourg  le  5 déc.  1832, 
frère  du  précédent.  Il  alla  comme  commerçant  à  Chang-hai 
en  1851  et  visita  —  l'un  des  premiers  Européens  — 
en  1866  et  1868,  trois  fois  la  Corée.  Il  publia  sur  ce  pays 
très  peu  connu  un  livre  :  A  Forbidden  land  (Londres, 
1867)  et  en  allemand  :  Ein  verschlossenes  Land 
(Leipzig,  1880). 

OPPERT  (Gustave-Salomon),  néle^O  juil.  1836,  frère 
des  précédents.  11  étudia  à  Leipzig,  Halle  et  Berlin  (1858  à 
1860)  l'histoire  et  les  langues  orientales  et  fut  employé  à 
Oxford  comme  assistant  à  la  bibliothèque  Bodléienne,  puis 
à  la  bibliothèque  de  la  reine  à  Windsor.  Nommé  ensuite  pro- 
fesseur de  sanscrit  au  collège  présidentiel  de  Madras  en 
1872,  il  resta  dans  ces  fonctions  jusqu'en  1894,  et  en- 
seigne depuis  cette  époque  les  langues  dravidiennes  du 
midi  de  l'Inde  à  l'Université  de  Berlin.  Il  se  fit  connaître 
d'abord  par  son  livre  :  Der  Presbyter  Joimnnes 
(Berlin,  1870,  2'*  éd.).  Il  publia,  d'après  des  principes 
absolument  originaux  :  The  Classification  of  tanguages' 
(Madras,  1879)  ;  Onthe  weapons,  army  of  the  ancient 
Hindu{ibid.,  1880)  ;  ContrUmtions  to  the  History  of 
Southern lndia{iSS^)  ;  Nitipra  Karika(iSH^2)  ;List  of 
sanscrit  manuscriptsin  Soulliern  India('iS80  etsuiv.); 
On  the  aborigènes  of  Jndia  (1894).  Ses  travaux  sur  les 
juifs  noirs  de  l'Inde,  ainsi  que  sur  l'origine  desBrahmans, 
partent  de  points  de  vue  tout  à  fait  nouveaux. 

OPPIA  ou  OBBIA  ou  HOPIA.  Ville  du  Somaliland  ita- 
lien, située  sur  l'océan  Indien.  Siège  d'un  sultanat  indi- 
gène (jui  a  reconnu  le  protectorat  italien  en  1887. 

OPPIANOS  (V.  OpeiEN). 

OPPIDO-Mamertino.  Ville  d'Italie,  prov.  de  Reggio  di 
Calabria  ;  4.000  hab.  Evèclié.  Elle  fut  détruite  parle 
tremblement  de  terre  de  1783. 


m  -- 


OPPIEN  -  OPPOSITION 


OPPIEN  ('OTCTciavdç),  poète  grec,  né  à  Corycos  en 
Cilicie  (aiij.  Korghos).  Son  père  s'appelait  Agésilas, 
sa  mère  Zénodote.  Agésilas,  homme  riche  et  lettré,  ayant 
négligé,  lors  d'une  visite  de  Lucius  Veriis  dans  la  contrée, 
d'aller  au-devant  de  lui  pour  lui  rendre  hommage,  fut 
exilé  dans  li'le  de  Malte.  Il  emmena  avec  lui  son  fils.  Mais, 
après  la  mort  de  Verus  (en  169  ap.  J.-C),  le  jeune  poète 
se  rendit  à  Rome,  pour  avoir  audience  de  Marc-Aurèle, 
et  obtint  de  hii,  non  seulement  la  grâce  de  son  père,  mais 
un  ri('he  présent  en  récompense  de  son  talent  poéti(pie.  11 
mourut  à  l'âge  de  trente  ans,  victime  de  la  peste  ;  ses 
concitoyens  lui  érigèrent  un  monument  funèbre  et  une 
statue.  Le  poème  didactique  d'Oppien  qui  nous  reste,  Sur 
la  Pêche  ('AXisu-ri/à),  en  cinq  livres,  est  dédié  à  Marc- 
Aui-èle  et  à  son  fils  Commode.  Il  témoigne  d'une  rare  habi- 
leté de  versification  ;  les  descriptions  en  sont  agréaliles  ; 
on  s'expli(|ue  mal  pourtant  l'enthousiasme  qu'il  excita. 
Oppien  avait  en  outre  composé  un  poème  (en  5  livres  sur 
la  Chasse  a  la  glu  ('IÇsuxixà),  qui  s'est  perdu  :  une  para- 
phrase d'Entecnios,  qu'on  a  souvent  regardée  comme  étant 
celle  des  Ijceutiques  d'Oppien,  est  eu  réalité  celle  d'un 
autre  poème  de  même  titre,  en  trois  livres,  dont  l'auteur 
est  un  certain  Denys.  On  attribue  à  Oppien  un  autre  poème 
Sur  la  Chasse  (KuvrjYsxixà),  en  quati'e  livres.  Mais  c'est 
l'œuvre  d'un  homonyme,  désigné  souvent  sous  le  nom  d'Op- 
pien le  Jeune,  qui  se  donne  lui-même  pour  un  Syrien 
d'Apamée,  et  qui  dédia  son  ouvrage  à  Caracalla.  Il  est  d'ail- 
leurs bien  inférieur  en  mérite.  Les  llalientiques  ont  été 
plusieurs  fois  traduites  en  français,  entre  autres  en  vers  par 
Florent  Chrétien  (Paris,  1575,  in-8)et  en  prose  parBelin 
de  Ballu  (Strasbourg,  1787,  in-8);  J.-M.  Limes  (Paris, 
1877,  in-8);  E.-J.  Bourquin  (Coulommiers,  1878  in-8). 

A. -M.  Desrousseaux. 

i^iiJL.  :  Ed.  princ,  Florence,  1505,  iii-8  (procurée  par  C. 
MusuRUs,  ne  contient  ({ue  les  Ilalieuti(iaes);  éd.  Aldini:. 
Venise.  1517,  in-8  (avec  les  Cynégétiques  publiées  pour  la 
première  l'ois);  éd.,  A.  Turnèbk,  Paris,  1555,  in4  ;  C.  Rit- 
TKRSUYS,  Leyde,  1597.  in-8  (avec  un  commentaire  abon- 
dant) ;  J.-G.  ScHNEiDiai,  Strasbourg,  177G,  gr.  in-8  ("avec 
des  corrections  de  Brunck);  F.-S.  Lkhrs,  dans  les  Poetœ 
bucolici  et  didactici,  de  la  collection  Diclot  (Paris,  1816). 
Ces  deux  dernières  contiennentla  paraphrase  des  Ixeittica, 
qui  fut  publiée  pour  la  première  l'ois  i)ar  E.  Vinding. 
d'après  une  copie  d'Holstenius  ;  Copenhague,  1702,  in-8.  — 
Miller,  Oppiens  des  Junqern  gedicht  von  der  Jaqd  ;  Am- 
berg,  1885. 

OPPOLZER  (Johann),  médecin  bohémien,  néàGratzen 
le  3  août  1808,  mort  à  Vienne  le  16  avr.  1871.  Il  fut 
nommé  en  1811  professeur  ordinaire  de  médecine  à  Prague, 
directeur  de  la  clinicpie  médicale  et  médecin  en  chef  de 
l'hôpital  de  cette  Yilk.  En  iS^8,  il  passa  au  Jacohs  Hos- 
pital  de  Leipzig,  et  en  1850  à  Vienne,  où  il  fut  nommé 
professeur  de  clinique,  et  en  1861  devint  recteur  de  l'Uni- 
versité. Il  obtint  en  1869  des  lettres  de  noblesse.  Ou- 
vrages principaux  :  Vorlesungen  iiher  specielle  Patho- 
logie imd  Thérapie  (Erlangen  et  Stuttgart,  l866-7î2, 
^2  vol.  in-8)  ;  Varies,  ûber  die  Krankheiten  des  lier  xens... 
(Lrlangen,  1867,  in-8)  ;  Varies,  iiber  die  Krankh.  der 
Mundhôhle,  der  Speicheldrùsen,  des  Uachens  (Stutt- 
gart, 187-2,  in-8),  etc.  D^  L.  Hn. 

OPPOLZER  (Theodor  von),  astronome  autrichien,  fils 
du  précédent,  né  à  Prague  le  26  oct.  1841,  mort  à  Vienne 
le  26  déc.  1886.  Il  étudia  d'abord  la  médecine,  puis 
l'astronomie,  se  fit  recevoir  privat-docent  à  Vienne,  en 
1866,  et  fut  nommé  en  1870  professeur-adjoint,  en  1875 
professeur  titulaire  d'astronomie  et  de  géodésie  à  l'uni- 
versité de  cette  ville.  Il  était  en  outre  depuis  1873  direc- 
teur du  Gradmessungsbiireau  de  Vienne.  D'une  activité 
extraordinaire,  il  a  publié,  sur  les  questions  d'astronomie 
et  de  géodésie  plus  de  300  mémoires  originaux  dans  les 
recueils  de  l'Académie  de  Vienne,  dont  il  était  membre 
depuis  1869,  et  dans  les  périodiques  spéciaux.  Il  a,  en 
outre,  donné  à  part  :  Lehrbuch  xiir  Bahnbestimmung 
der  Kometen  und  Planeten  (Leipzig,  1870-80,  2  vol.  ; 
2®  éd.  du  t.  I,  1882),  le  meilleui'  ouvrage  sur  la  matière; 
Sijzygientafeln  fur  den  Mond  (Leipzig,  1881);  Tafeln 


zur  Berecknuny  der  Mondfinsternisse  (Vienne,  1883); 
Ueber  die  Auflôsung  des  heplerschen  Prohlems (Vienne, 
1885);  Entwurf  einer  Moîidtheorie  (Vienne,  1886),' 
hanon  der  Unsternisse  (Vienne,  1887).  Ce  dernier  ou- 
vrage fournit  les  éléments  de  toutes  les  éclipses  de  lune 
et  de  soleil,  depuis  1207  av.  J.-C.  jusqu'à  2163  de 
notre  ère. 

OPPORTUNE  (Sainte),  abbesse  de  Montreuil  en  Nor- 
mandie, morte  vers  770.  On  vante  sa  douceur,  puisqu'elle 
reprenait  ses  nonnes  au  lieu  de  les  battre.  Elle  est  une 
des  patronnes  de  Paris.  Sa  fête  est  le  22  avr.  ;  mais  elle 
n'est  pas  inscrite  au  martyrologe  romain. 

OPPORTUNISME  (Polit.).  Désignation  donnée  par  ses 
adversaii'es  à  la  politique  du  parti  l'épublicain  qui  eut 
pour  chefs  Gambetta,  puis  Jules  Ferry  et  leurs  amis,  et 
gouverna  la  France  de  1879  à  1885.  Il  disputa  ensuite 
le  pouvoir  au  parti  radical,  avec  lequel  il  le  partagea, 
mais  sans  lui  laisser  appliquer  son  programme  de  1885 
(ministère  Brisson)  à  1889  (ministère  Floquet).  —  Après 
la  victoire  remportée  en  commun  aux  élections  de  1889, 
sur  les  boulangistes  qui  avaient  repris,  avec  l'appui  de  la 
droite  cléricale,  le  programme  de  revision  constitution- 
nelle soutenu  par  les  radicaux  depuis  1876,  les  opportu- 
nistes reprirent  le  pouvoir  en  s'entendant  avec  les  élé- 
ments plus  modérés  de  l'ancien  centre  gauche.  Une 
rupture  complète  eut  lieu  entre  eux  et  les  radicaux  en  1895 
(ministère  Bourgeois),  et  sous  h\  direction  de  M.  Méline, 
ils  se  rapprochèrent  de  la  droite  ;  mais  les  élections  gé- 
nérales de  1898  furent  défavorables  à  cette  politique  et 
on  en  revint  à  l'alliance  entre  les  républicains  radicaux 
et  opportunistes.  Ceux-ci  s'intitulent  eux-mêmes  républi- 
cains de  gouvernement  et,  plus  récemment  progressistes, 
épithète  qui  englobe  les  ralhés  d'origine  réactionnaire.  Au 
Sénat,  les  groupes  ont  conservé  les  anciens  noms  d'Uni(m 
républicaine  (gambettistes)  et  de  gauche  républicaine  (fer- 
rystes). 

OPPOSÉ.  I.  Géométrie. — Ce  mot  est  d'un  usage  conli- 
nuel  en  géométrie,  pour  représente!*  des  éléments  de  figures 
qui  ont  entre  eux  une  certaine  corréhition  symétrique.  Ainsi, 
dans  une  courbe  à  centre  0.  si  MOx>l'  est  un  diamètre,  on 
dit  que  les  deux  points  M,  M'  son!  opposés;  de  même  (kms 
une  surface  à  centre.  Dans  un  triangle  ABC,  les  sommets 
ou  les  angles  A,  B,  C,  sont  opposés  aux  côtés  BC,  CA.  \B, 
respectivement,  et  réciproquement  BC  est  opposé  à  A,  etc. 
Dans  un  tétraèdre  ABCI).  ou  dit  que  le  sonunet  A  et  la 
face  BCD  sont  opposés  ;  et  que  les  arêtes  AB,  CD  sont 
opposées.  Dans  un  polygone  dont  le  nombre  des  côtés  est 
impair,  on  dit  souvent  qu'à  un  sommet  A  est  opposé  le 
côté  qui  serait  travei'sé  en  ^on  mih"eu  par  le  rayon  AO 
prolongé,  si  le  polygone  était  régulier  et  convexe.  Dans  un 
polygone  dont  le  nombre  des  côtés  est  pair,  les  sommets 
sont  opposés  deux  à  deux,  ainsi  que  les  côtés.  Cette  appel- 
lation facilite  et  abrège  beaucoup  certains  énoncés.  Nous 
n'en  voulons  pour  exemple  que  celui  de  l'hexagone  de 
Pascal  :  «  Les  côtés  opposés  d'un  hexagone  inscrit  dans 
une  conique  se  rencontrent  en  trois  points  en  ligne  droite  ». 
qui  serait,  sans  cette  ressource,  beaucoup  plus  long  et 
beaucoup  moins  clair. 

IL  Art  héraldique.  Deux  pointes  sont  dites  opposées 
quand  l'une  est  dirigée  vers  le  haut,  l'autre  vers  le  bas  de 
l'écu,  placées  ainsi  en  sens  inverse. 

OPPOSITION.  ï.  Logique.—  On  appelle  ainsi,  en  lo- 
gique formelle,  Fensemble  des  relations  qui  peuvent  exister 
entre  deux  propositions  qui  tout  en  ayant  même  sujet 
et  même  attribut  diffèrent,  soit  en  quantité,  soit  en  qua- 
lité, soit  en  quantité  et  qualité  tout  à  la  fois.  Rappelons 
d'abord  qu'au  point  de  vue  de  la  quantité  on  distingue 
les  propositions  en  universelles  [lout  U  est  C  ;  nul  B  n'est 
C)  et  particulières  {«luelque  B  est  C  ;  quehiue  B  n'est  pas 
C)  et  qu'au  point  dé  vue  de  la  (jualité  on  les  disthigue  en 
affirmatives  [Unit  B  esl  C  ;  quelque  B  est  C)  et  négatives 
{nul  B  n'est  C;  quelque  B  n'est  pas  C)  :  d'où,  en  com- 
binant les  deux  points  de  vue  de  la  (luahté  e«t  de  la  quan- 


OPPOSITION 


130  — 


tité,  quatre  espèces  de  propositions:  iiiiiYersellc  atfirmative, 
universelle  négative,  particulière  affirmative,  particulière 
négative,  symbolisées  respectivement  par  les  quatre  voyelles 
A,  E,  I,  0.  Dès  lors,  deux  propositions  opposées  seule- 
ment en  quantité,  telle  que  A  et  I  d'une  part,  E  et  0 
d'autre  part,  sont  dîtes  siiballei'nes.  Par  exemple  :  la  su- 
balterne do  la  proposition  A  :'Tout  B  est  C,  est  cette  autre 
proposition  I  :  Quelque  B  est  C  ;  et  de  même  la  subalterne 
de  E  :  ^ul  B  nest  C  est  0  :  Quelque  B  n'est  pas  C.  La 
subalternation  est  donc  la  première  forme  de  l'opposi- 
tion (bien  que  certains  logiciens  contemporains  aient  fait 
remarquer  avec  raison  que  les  propositions  subalternes 
ne  s'opposent  pas  véritablement  entre  elles,  mais  rentrent 
bien  plutôt  l'une  dans  l'autre).  En  second  lieu,  deux  pro- 
positions opposées  seulement  en  qualité  sont  dites  con- 
traires si  elles  sojit  toutes  les  deux  universelles,  et  sut)- 
contraires  si  elles  sont  toutes  les  deux  particulièj'es. 
Par  exemple  :  le  contraire  de  la  proposition  A  :  Tout  B 
est  C,  est  la  proposition  E  :  aucun  B  n'est  C;  et  la  sub- 
contraire de  1:  Quelque  B  est  C,  estjO  :  Quelque  B  nest 
pas  C,  Enfin  deux  propositions  opposées  à  la  fois  en  quan- 
tité et  en  qualité  sont  dites  contradictoires.  Par  exemple 
la  contradictoire  de  la  proposilion  A  :  Tout  Cest  B,  est  la 
proposition  0  :  Quelque  6'  n'est  pas  B  ;  et  réciproque- 
ment la  contradictoire  de  1*^  :  iSul  C  nest  />,  est  I  :  Quel- 
([ue  C  est  B.  La  contrariété  et  la  contradiction  sont  donc 
les  deux  autres  formes  tle  ro}>posilion. 

Ees  scolastiques  avaient  imaginé  le  tableau  suivant  des 
propositions  opposées  : 


A 


(*  0  n  t  r  a  1  r  e  s 


'  V .  *^^ 


.s>^ 


I    subcontrii 


0 


Cette  théorie  de  l'opposition  se  rattache  elle-)nème  à 
celle  des  inférences  immédiates  (celles  oti  l'on  conclut 
d'une  proposition  à  une  autre  sans  faire  intervenir,  comme 
dans  le  syllogisme,  une  troisième  proposition).  Haisomier 
par  opposition,  c'est  en  effet  conclure  de  la  vérité  ou  de 
la  fousseté  d'une  proposition  quelconque  la  vérité  on  la 
fausseté  de  la  proposition  opposée. 

Voici  les  règles  qui  président  à  ce  raibonnement  :  1°  poui' 
les  sulmlteriies,  si  l'universelle  est  vraie,  la  particulière 
Test  aussi  ;  si  la  particulière  est  fausse,  Euniverselle 
Test  aussi  ;  ^2*^  pour  les  contraires,  si  l'une  est  vraie, 
l'autre  est  fausse,  mais  elles  peuvent  être  toutes  les  deux 
fausses  en  même  temps;  o«  pour  les  subcontraires,  si 
l'une  est  fausse,  l'autre  est  vraie  ;  mais  elles  ])euvent 
être  toutes  les  deux  fausses  en  même  temps;  4°  enfin, 
pour  les  contradictoires,  si  l'une  est  vraie,  l'autre  est 
fausse,  si  l'une  est  fausse,  l'autre  est  vraie.  Elles  ne  peu- 
vent pas  être  vraies  ou  fausses  loules  les  deux  en  même 
temps.  i^^.  BoinAc. 

IL   Politique    (V.   PABLKMHNTAiUSMI-:). 

III.  Procédure  civile.  —  Procédure  par  laquelle  la 
partie  qui  a  fait  défaut  demande  la  réformation  de  la  sen- 
tence rendue  contre  elle.  L'opposition  est  une  voie  de  rétrac- 
tation, c.-à-d.  que  celui  qui  en  use  s'adresse  au  juge  même 
qui  a  rendu  la  sentence  et  non  à  unjuge  d'un  degré  supé- 
rieur ;  elle  est  donc  portée,  tantôt  devant  un  tribunal,  tan- 
tôt devant  une  cour  d'appel,  tantôt  même  devant  un  seul 
juge,  s'il  s'agit  de  l'opposition  à  une  ordonnance  rendue 
par  défaut.  Et,  lorsque  le  tribunal  ou  la  cour  qui  a  rendu 
cette  décision  par  défaut  comprend  plusieurs  chambres, 
l'opposition  doit  être  formée  devant  la  chambre  même  de 
qui  émane  la  décision  par  défaut. 

On  distingue  deux  sortes  de  jugements  par  défaut  :  le 


jugement  par  défaut  contre  partie,  lorsque  le  défendeur 
assigné  n'a  pas  comparu,  c.cà-d.  n'a  pas  conslitué  avoué, 
et  le  jugement  par  défaut  contre  avoué,  lorsque  l'avoué 
constitué  par  lui  n'a  pas  conclu.  Les  règles  de  l'opposition 
varient  suivant  qu'on  se  trouve  dans  l'une  ou  l'autre  de 
ces  deux  hypothèses.  D'après  l'art.  i5<S  du  C.  de  procéd. 
civ.,  si  le  jugement  par  défaut  a  été  rendu  contre  une  partie 
(jiii  n'a  pas  comparu,  qui  n'a  pas  d'avoué,  l'opposition  est 
recevable  jusqu'à  l'exécution  du  jugement;  en  d'autres 
termes,  le  défaillant  peut  faire  opposition  à  ce  juge- 
ment, tant  qu'il  n'a  pas  été  exécuté.  L'art,  loi)  in- 
dique d'ailleurs  ce  qu'il  faut  entendre  par  un  jugement 
exécuté.  Le  jugement  est  réputé  exécuté,  dit-il,  lorsque 
les  meubles  saisis  ont  été  vendus,  ou  que  le  condamné  a 
été  emprisonné  ou  recommandé,  ou  que  la  saisie  d'un  ou 
de  plusieurs  de  ses  immeubles  lui  a  été  notifiée,  ou  que  les 
frais  ont  été  payés,  ou  enfin,  lorsf{u'il  y  a  quelque  acte 
duquel  il  résulte  nécessairement  que  l'exécution  du  juge- 
ment a  été  connue  de  la  partie  défaillante.  Tant  qu'aucune 
de  ces.  mesures  n'a  été  prise,  îe  défaillant  peut  former  op- 
position :  la  loi  suppose  en  effet  qu'il  n'a  pas  reçu  l'assi- 
gnation et  qu'il  ne  connaît  même  pas  le  jugement. 

Quand  ï\  s'agit  au  coniraire  d'un  jugement  par  défaut 
faute  de  conclure  (ou  conire  avoué),  la  partie  n'a  pas 
ignoré  l'assignation,  puisqu'elle  a  constitué  avoué,  aussi  le 
délai  d'opposition  est-il  beaucoup  plus  court  :  il  est  dehui- 
laiiu^.  à  compter  du  jour  de  la  signification  du  jugement  à 
avoué.  Si  cette  huitaine  s'écoule  sans  que  l'opposition  ait 
été  formée,  celle-ci  est  irrecevable.  D'ailleurs  le  jugement 
ne  peut  pas  être  exécuté  avant  l'expiration  de  ce  délai 
(art.  doo,  E.  pr.).  Les  formes  de  l'opposition  varient  égale- 
ment suiva^it  ([u'il  s'agit  d'un  jugement  par  défaut  faute 
de  comparaître,  ou  d'un  jugement  par  défaut  faute  de 
conclure.  Au  premier  cas,  l'opposition  peut  être  formée 
soit  par  acte  extrajudiciaire  (par  exemple,  par  un  exploit 
d'huissier  signifié  au  demandeur,  et  dans  lequel  le  défail- 
lant déclare  faire  opposition),  soit  ptir  une  déclaration  sur 
les  commandements,  procès-verbaux  de  saisie  ou  d'em- 
prisonnement, ou  sur  tout  autre  acte  d'exécution.  Mais, 
dans  ce  second  cas,  l'opposition  ainsi  faite  par  simple  dé- 
claration doit  être  renouvelée  dans  lahuitainepar  requête 
contenant  constitution  d'avoué. 

S'il  s'agit  d'une  opposition  à  un  jugement  par  défaut 
faute  de  conclure,  les  formes  changent;  elle  doit  alors  être 
faite  par  re(|uête  d'avoué  à  avoué,  c.-à-d.  par  un  acte  que 
l'avoué  du  défaillant  signifie  à  l'avoué  du  demandeur,  lui 
déclai'ant  qu'il  forme  opposilion.  Cetle  requèle  doit  con- 
Ifunr  les  moyens  d'opposition,  à  moins  que  cos  moyens 
n'ai(Mit  déjà  été  signifiés  dans  les  défenses  écrites.  Il  est  à 
remarquer,  en  effet,  que  la  signification  par  l'avoué  du  dé- 
fendeur de  ses  moyens  de  défense  n'empêche  pas  que  le 
jugement  soit  rendu  par  défaut  :  le  jugement  n'est  con- 
(l'adictoire  que  si  ces  moyens  de  défense  ont  été  déposés 
à  l'audience  dans  des  conclusions  régulières. 

L'opposition  formée  dans  les  délais  et  dans  les  formes 
(jue  nous  venons  d'exposer  a  pour  effet  de  suspendre 
l'exécution  du  jugement  :  celui  qui  a  obtenu  le  jugement 
par  défaut  ne  peut  plus  en  poursuivre  l'exécution  :  il  doit 
s'arrêter.  Les  parties  reviennent  alors  devant  le  tribunal, 
et  l'affan'e  est  examinée  à  nouveau,  comme  si  rien  n'avait 
été  fait. 

Opendant,  et  par  exception,  mais  dans  les  cas  seulc- 
]nent  oii  il  y  a  péril  en  la  demeure,  le  juge  peut  ordonner 
que  la  décision  qu'il  a  rendue  par  défaut  sera  exécutée 
nonobstant  opposition;  dans  cette  hypothèse,  l'opposition 
du  défaillant  n'empêche  pas  le  demandeur  de  poursuivre 
l'exécution,  mais,  pour  sauvegarder  les  droits  du  défail- 
lant, le  juge  peut  ordoinier  que  son  adversaire  devra,  pour 
continuer  l'exécution,  fournir  une  caution. 

On  désigne  encore  parfois  sous  le  nom  à' opposition 
l'acte  par  lequel  un  créancier  défend  au  débiteur  de  son 
propre  débiteur  de  verser  entre  les  mains  de  celui-ci  ce 
qu'il  lui  ddit,  avant  que  le, juge  l'ait  ordonné.  Cette  pro- 


OPPOSITION  —  OPTIMISME 


cédure  s'appelle  plus  exactement  saisie-arrc'/,  et  les  règles 
en  seront  exposées  sous  ce  mot.  V.  Girodon. 

IV.  Beaux-Arts.  —  Opposition  se  dit  en  peinture,  soil 
d'un  contraste  d'ombres  et  de  lumières  (V.  O.mbkk),  soil 
d'un  contraste  de  formes,  de  gestes,  de  mouvemenis.  ih\ 
l'emploie  aussi  en  architecture  pour  désigner  une  différence 
marquée  et  systématique  élal)lic  entre  différenles  parues 
ou  ornements  d'un  édifice. 

V.  Astronomie,  (V.  Conjonction  et  pL.Lxm:). 

BlJJL.    :   PllOCKD.  CIVIi.H.  —    BOITARD,    CoLMl-n'-D A.VCiK    vt 

Gl\sfion,  Leroiiti  de  procédure. 

OPPY.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr.  d'Arras, 
cant.  de  Vimv;  ^'2^2  hah. 
OPRAXINÈ  (V.  Apraxtne). 

GPS  (Mythol.  rom.).  Divinité  de  la  vieille  religion 
latine,  dont  le  nom  signifie  abondance,  fevUlilc.  On  la 
considérait  comme  la  mère  de  Saturne,  dieu  des  semailleï>. 
et  elle  était  comme  lui  un  des  esprits  protecteurs  de  l'agri- 
culture, une  personnification  de  la  terre  nourricière.  La 
principale  fête  célébrée  en  son  honneur  concordait  ave('  la 
fm  des  moissons  et  tombait  le  25  août  :  le  sacrifice  qu  (»n 
lui  offrait  àtitrede  co«,v/ra,  gardienne  des  semailles,  por- 
tait le  nom  ^\)pec()][mna.Oï\  lui  recommandait  aussi  les 
enfants  nouveau-nés  pour  qu'elU».  assurât  leur  nourri- 
ture. A  Rome,  elle  possédait  un  anticpie  sanctuaire,  non 
loin  du  temple  de  Saturne,  à  la  montée  du  Capitole  :  elle 
y  était  vénérée  avec  son  époux,  à  la  fin  des  semailles 
d'automne,  vers  le  miHeu  de  décembre  (V.  Fête)  ;  l'usage 
voulait  qu'on  lui  adressât  les  prières  en  s'asseyant  par 
terre  et  en  touchant  le  sol,  son  domaine.  Le  nom  d'une 
des  plus  anciennes  nationaUtés  de  l'Italie,  des  Opiqiies  ou 
Osques,  est  à  rattacher  à  celui  de  la  déesse  Ops. 

OPSIKION.  Un  des  thèmes  on  gouYarnemonts  militaires 
de  l'empire  byzantin.  Il  devait  son  nom  à  ce  qu'originai- 
rement une  partie  du  corps  de  la  garde,  xo  Ôso^iSXa/.Tov 
PaaiXr/.ov  o<l^{/iov,  était  cantonnée  dans  les  provinces  qui 
le  composèrent.  Il  comprenait  la  majeure  partie  de  l'an- 
cienne Bithynie  ;  sa  capitale  était  Nicée.  Constitué  dès  la 
tin  du  vn^  siècle,  c'était  l'un  des  grands  thèmes  asiatiques 
de  l'empire;  mais,  par  une  anomalie  qu'explique  son  ori- 
gine, son  gouverneur,  au  Ueu  du  titre  de  stratège,  portait 
celui  de  comte  de  FOpsikion.  Dans  ce  gouvernement  était 
cantonnée  une  importante  colonie  militaire  slave,  sous  un 
catépan.  Ch.  D. 

OPTAT,  évèquede  Milève  (Numidie),  vécut  dans  la  se- 
conde moitié  du  iv®  siècle.  On  ne  sait  rien  ni  de  sa  vie, 
ni  de  sa  mort.  Mais  il  est  l'auteur  du  principal  document 
pour  l'histoire  du  donatisîne  (V.  t.  XIV,  pp.  901  et  suiv.), 
le  de  Schismate  Donatistarum  adversus  Parmenianum 
(éd.  princepsà  Mayence,  1549  ;  l'éd.  d'E.  du  Pin,  àParis, 
1700,  et  corrigée  à  Anvers,  1702,  reste  précieuse  à  cause 
des  notes  et  des  dissertations  ;  nouvelle  éd.  critique  du 
texte  par  C.  Ziswa,  à  Vienne,  1893). 

BiBL.  :  D.  VcKLTKR,  Der  Ursprung  des  Douât ismus  : 
l<'ribourii--cn-Bi'iyirau,  1883.  —  0.  Sekck,  dans  le  Zeitschrift 
filr  KlrcliengescJnchte  ;  Gotha,  1889.  t.  X,  pp.  565  et  suiv. 
—  L.  DucHESNE,  le  Dossier  du  doncitisme ;  Rome,  1890. 

OPTATIF.  L'optatif  est  un  mode  du  verbe  que  l'on  a 
ainsi  nommé  d'après  l'une  de  ses  fonctions  qui  est  de  pré- 
senter la  chose  énoncée  comme  ro])jet  d'un  souliail.  Op~ 
lare  veut  dire  souhaiter.  L'optatif  existe  en  grec,  en 
sanscrit  et  en  zeiid.  Il  se  distingue  généralement  des  formes 
correspondantes  de  l'indicatif  ou  du  subjonctif  par  la  pré- 
sence d'une  diphtongue  en  regard  d'une  voyelle  longue 
ou  d'une  brève.  Ainsi  les  optatifs  grecs  Xuoip-sv  etT:i6£î[j.cv 
correspondent  aux  subjonctifs  Xuw(jl£v  et  Tt6c5{jL£y  et  aux 
indicatifs  Xuo(jL£vetTiÔs(ji,£v.  La  diphtongue  de  l'optatif  est 
y  a  en  sanscrit  ;  en  grec,  elle  se  termine  par  la  semi- 
voyelle  i.  L'optatif  a  dû  exister  dans  toutes  les  langues 
de  la  famille  indo-européenne  et  l'on  en  retrouve  des 
formes  conservées  av^c  une  autre  significalionen  latin,  en 
gothique,  en  lithuanien,  en  ancien  slave.  C'est  ainsi  qu'en 
latin  les  subjonctifs  en  im,  velim,  edim,  perdnim,  sim 
sont  d'anciennes  formes  d'optatifs.  Sim,  arch.  siem  i=zscr. 


syd)n  ~z  gr.  £(a)irjv.  U  en  est  do  même  des  subjonctifs 
de  la  l^"^' conjugaison  en  em,  comme  <:///Z6^/^^.=  amaim 
(cf.  l'ombrien  porlaial  =zportet),  et  des  formes  de  futur 
en  es,  et,  émus,  etis,  eut. 

L'optatif  s'emploie  en  grec  dans  les  propositions  prin- 
cipales, soit  pour  exprimer  que  la  chose  énoncée  est  l'objet 
d'un  souhait,  d'un  désir,  soit  pour  la  présenter  comme 
simplement  possible.  Il  s'emploie  dans  les  propositions 
dépendantes,  soit  encore  pour  exprimer  la  chose  énoncée 
comme  possible,  soit  pour  remplacer  le  subjonctif  après  un 
verbe  principal  à  un  temps  secondaire.  Aussi  un  grammairien 
comme  Kuhner  a-t-il  pu  dire  que  l'optatif  n'est  que  le  sub- 
jonctif des  temps  historiques.  Kock  (grammaire  grecque) 
définit  l'optatif  le  mode  de  l'action  possible  et  Madvig 
(syntaxe  grecque)  l'associe  au  subjonctif  en  disant  que  le 
rôle  commun  de  ces  deux  modes  est  d'exprimer  une  chose 
comme  n'existant  que  dans  la  pensée  de  celui  qui  parle,  sans 
([u'il  veuille  l'énoncer  comme  une  réalité,  mais  avec  cette 
différence  que  le  subjonctif  a  rapport  au  présent  et  au  futur, 
et  l'optatif  au  passé.  La  signification  primitive  de  l'optatif 
serait,  suivant  les  uns,  le  désir,  Qi  elle  remonterait  à  une 
période  où  l'on  n'aurait  parlé  que  par  propositions  coor- 
dojHiées  ;  suivant  d'autres,  elle  doit,  au  contraire,  être  cher- 
chée dans  les  propositions  dépendantes,  et  Thurot,  consi- 
dérant que  notre  conditionnel  est  un  ancien  temps  du  passé, 
fait  dériver  la  signitication  de  souhait  (pi'a  l'optatif  de 
celle  de  temps  passé.  Paul  Giqueaux. 

BiBL.  :  Delbrûck,  ConjnncllD  itnd  Optativ,  1871.  — 
Bergaigne,  deConjunciivo  et  Optatwo,  1877.  —  Thurot, 
n,  C.,XII,  27. 

OPTEVOZ.  Com.  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  de  la  Totir- 
du-Pin,  cant.  de  Crémieu;  475  hab. 

OPTI M  ATE.  Un  des  thèmes  ou  gouvernements  mUitaires 
de  l'empire  byzantin.  Il  devait  son  nom  cà  ce  qu'originai- 
rement un  corps  de  soldats  goths  d'élite,  les  Optimales, 
y  avait  été  cantonné  par  les  empereurs.  Il  comprenait  une 
partie  de  la  Bithynie  et  de  la  Mysie.  Sa  capitale  était  Ni- 
comédie.  Créé  à  lahn  duviii®  siècle  par  un  démembrement 
de  rOpsikion,  il  avait  à  sa  tète,  non  point  un  stratège, 
mais  un  gouverneur  ayant  le  titre  de  domestique.  On  ren- 
contre pourtant  sur  les  sceaux  tantôt  des  stratèges,  tantôt 
des  catépans  de  l'Optimate.  Ch.  D. 

OPTIMISME.  Conception  de  la  vie  et  de  l'univers 
d'après  laquelle  tout  est  bien,  ou  au  moins  tout  est  le 
mieux  possible;  s'oppose  à  pessimisme.  —  On  peut  distin- 
guer deux  variétés  d'optimisme,  Tun  tout  instinctif  et 
sentimental,  l'autre  systématique  et  philosophique.  L'état 
d'esprit  de  l'homme  satisfait  de  son  sort,  content  de  tout, 
prenant  tout  par  le  bon  côté,  de  même  que  l'état  d'esprit 
inverse,  tiennent  évidemment,  ou  bien  à  des  causes  parti- 
culières et  accidentelles,  ou  bien  au  tempérament  même  ; 
en  ce  sens,  on  nait  optimiste  ou  pessimiste,  et  il  n'est 
pas  douteux  que  ce  genre  d'optimisme  «  béat  »  ne  va 
pas  sans  beaucoup  d'égoisme  et  une  grande  indifférence 
aux  douleurs  d'autrui.  Il  ne  peut  d'ailleurs  se  justifier 
ni  se  fonder  théoriquement  :  le  fait  seul  que  quelques  in- 
dividus souffrent,  ou  seulement  croient  souffrir,  suffit  à 
poser  le  problème  de  la  nature  et  de  l'origine  du  mal  sous 
sa  forme  philosophique.  On  tend  quelquefois,  il  est  vrai, 
à  réduire  l'optimisme  ou  le  pessimisme  systématique  à 
l'optimisme  ou  au  pessimisme  senlimental,  en  cherchant 
l'origine  des  doctrines  dans  la  vie  de  leurs  auteurs,  leur 
bonheur  ou  leur  infortune,  leur  bonne  santé  ou  leurs 
maladies  ;  mais,  quel  que  soit  l'intérêt  psychologique  de 
ces  explications,  et  en  admettant  même  qu'elles  suffisent 
à  rendre  compte  de  l'adoption  par  tel  ou  tel  penseur  de 
telle  ou  telle  théorie,  elles  ne  suppriment  pas  la  théorie 
même,  ni  la  valeur  rationnelle  qu'elle  peut  avoir. 

Sous  sa  forme  philosophique,  le  problème  de  l'opti- 
misme ne  paraît  que  tardivement  dans  l'histoire  des  idées  ; 
il  suppose,  en  effet,  que  l'homme  se  détache  assez,  par  l'ob- 
servation, de  tout  l'univers,  et,  par  la  réflexion,  de  sa  propre 
souffrance,  pour  essayer  de  le^  juger  ;  à  l'origine,  l'homme 


OPTIMISME 


—  432  — 


jouit  ou  souffre  sans  se  demander  pourquoi,  aime  ou  liait 
les  causes  prochaines  de  ses  joies  et  de  ses  douleurs  sans 
prétendi'e  systématiser  ses  sentiments  et  chercher  la  raison 
de  la  souffrance  en  général.  D'autre  part,  il  est  vrai,  la 
question  est  intimement  liée  à  celle  de  l'existence  et  de 
la  nature  de  Dieu  ;  et  par  suite,  toutes  les  métaphysi([ues 
ou  les  religions,  sous  forme  expresse  ou  implicite,  sym- 
holique  ou  directe,  en  enveloppent  plus  ou   moins  une 
solution.  Les  grandes  métaphysiques   antiiiiies   sont  en 
général  optimistes  en  ce  sens.   Mais  le  prohlème  ne   se 
pose  guèce  avec  précision  que  chez  Platon,  les  stoïciens 
et  les  néo-platoniciens.  Platon,  dans  le  X^  livre  de  la 
liepublique,  essaie  nettement  de  justifier  l'existence  du 
mal  et  de  montrer  que  «  Dieu  en  est  innocent  »  ;  le  plus 
souvent,  il  semble  présenter  la  douleur  comme  une  puni- 
tion, et  l'idée  delà  Providence,  s(nis  forme  plus  ou  moins 
mythique,  joue  un  grand  rôle  dans  sa  doctrine,  ainsi  que 
plus  tard  chez  les  néo-platoniciens.  Les  stoïciens,  eux, 
insistent  sur  l'idée  qu'on  ne  pourrait  juger  du  caractère 
bon  ou  mauvais  de  l'univers  qu'en  le  connaissant  dans  sa 
totalité,  et  que  le  mal  particulier  peut  servir  à  la  perfec- 
tion de  l'ensemble.  —  Au  moyen  âge,  la  question  prend  une 
forme  toute  théologique  ;  c'est  l'existence  du  mal  moral, 
c.-à-d.  du  péché,  qu'on  veut  concilier  avec  la  prescience 
divine  d'une  part,  d'autre  part  avec  le  dogme  du  concours 
divin,  de  la  grâce  et  de  la  prédestination  ;  elle  se  trouve 
ainsi  intimement  liée  au  problème  de  la  liberté,  humaine  et 
divine,  et  chez  tous  les  grands  penseurs  de  la  scolasti(|ue, 
de  saint  Augustin  à  Duns  Scott  et  à  saint  Thomas,  elle  tient 
une  place  émincnte,  ainsi  que  dans  la  plupart  des  grandes 
(juerelles  religieuses  :  pélagianisme  et  manichéisme,  so- 
cinianisme  et  protestantisme,  molinisme  etjansénisme.  —  La 
philosophie  cartésienne  rend  au  problème  toute  sa  largeur  ; 
c'est  à  la  fois  du  mal  physique  ou  de  la  douleur,  du  mal 
moral  ou  du  péché,  du  mal  métaphysi(iue  ou  de  l'imper- 
fection, qu'il  faut  rendre  compte.  Si  Descartes  ne  l'aborde 
guère  de  front,  Malebranche  le  pose  nettement,  en  mon- 
trant que  le  mal  n'a  jamais  une  cause  propre,  qu'il  résulte 
de  lois  générales,  et  que  la  question  revient  dès  lors  à  se 
demander  si  Dieu  devait  agir  par  lois  générales  ou  par 
miracles  continuels  ;  le  dogme  de  l'incarnation  lui  semble 
d'ailleurs  confirmer  définitivement  l'optimisme,  puisqu'il 
donne  à  la  nature  humaine  une  dignité  et  une  valeur 
infinies.  Enfin,  chez  Leibniz,  l'optimisme,  approfondi  sous 
tous  ses  aspects,  dans  ses  relations  avec  l'idée  de  Dieu  et 
avec  la  prédestination,  avec  la  liberté  et  avec  le  mécanisme, 
devient  une  des  pièces  essentielles  de  sa  philosophie,  et 
l'on  peut  dire  que  depuis  la  formule  n'en  a  guère  changé. 
Des  trois  formes  du  mal,  la  plus  essentielle  pour  Leibniz, 
c'est  le  mal  métaphysique,  c'est  l'imperfection  ;  or,  si 
chaque  substance  prise  à  part  était  parfaite,  elles  seraient 
toutes  semblables  (Théod.,  *200)  ;  «  Dieu  ne  pouvait  pas 
donner  tout  ta  une  créature  sans  en  faire  un  Dieu  »  (34); 
il  fallait  donc  qu'il  y  eût  des  limitations  de  toutes  sortes  ; 
un  univers  à  la  fois  créé  et  parfait  est  une  contradiction 
dans  les  termes,  et  comme  la  cause  du  mal  est  toujours 
négative,  déficiente  plutôt  qu'efficiente,  qu'elle  tient  à  la 
limitation  des  lois  de  la  nature  les  unes  par  les  autres,  le 
mal  métaphysique  entraîne  déjà  en  un  sens  et  explique  le 
mal  physique  ou  moral.  Reste  à  savoir  si  l'univers  n'aurait 
pas  pu  être  moins  imparfait  et  moins  mauvais  qu'il  ne 
l'est.  «  Absolument  parlant,  en  effet,  ni  la  douleur  ni  le 
péché  ne  sont  nécessaires,  puisque  cela  seul  est  nécessaire 
dont  l'absence  implique  contradiction  ;  ils  ne  résultent  pas 
fatalement  de  la  nature  des  choses,  mais  du  décret  créa- 
teur de  Dieu  »  (Théod.,  120  etpassim\.  Est-ce  donc  à  dire 
que  Dieu  veut  proprement  le  mal?  En  aucune  façon.  Si 
rien  n'est  nécessaire  dans  les  actions  humaines  ou  divines, 
tout  est  déterminé,  tout  a  une  cause  ou  une  raison  suHi- 
sante  ;  par  suite,  tout  se  tient  dans  l'univers  ;  le  mal, 
physique  ou  moral,  ne  se  produit  que  conformément  à  des 
lois  générales  ;  il  serait  possible  de  supprimer  telle  infor- 
tune particulière,  mais  à  condition  que  les  causes  ne  s'en 


fussent  pas  produites  et  que  les  conséquences  ne  s'en  pro- 
duisent pas,  c.-à-d.  qu'il  faudrait  pour  cela  changer  toute 
la  séi'ie  des  choses,  créer  un  autre  univers.  Pour  que 
Sextus  ne  retourne  pas  à  Rome  et  ne  viole  pas  Lucrèce, 
il  faut  ({ue  toute  l'histoire  romaine  et  pai'  là  toute  l'his- 
toire du  monde  soit  autre.  Avant  le  décret  créateur  de 
Dieu,  les  possibles  existaient  déjà  de  toute  éternité  dans 
son  entendement,  et  le  mal  entrait  en  plusieurs  d'entre 
eux  et  même  dans  le  meilleur  de  tous  (21),  et  ces  pos- 
sibles sont  les  seules  choses  que  Dieu  n'ait  point  faites, 
«  puisqu'il  n'est  pas  auteur  de  son  propre  entendement  » 
(380).  D'autre  part,  parmi  tous  ces  univers  possibles,  il 
doit  y  en  avoir  un  meilleur  que  tous  les  autres  :  il  est 
vrai  qu'une  substance  particulière  peut  toujours  être  sur- 
passée par  une  autre,  «  cela  ne  doit  pas  être  appli(|ué  à 
l'univers,  lequel  se  devant  étendre  par  toute  l'étendue 
future,  est  un  infini  »  (195).  Dès  lors,  en  créant  cet 
univers.  Dieu  ne  veut  pas  le  mal,  il  le  permet  seulement, 
parce  que  le  mal  se  rencontre  comme  une  condition  sine 
qua  non  dans  le  meilleur  de  tous  les  univers  possibles, 
({ue  seul  il  pouvait  choisir  en  vertu  de  sa  sagesse  et  de 
sa  bonté  :  «  ce  serait  un  vice  dans  l'auteur  des  choses  s'il 
voulait  exclure  le  vice  qui  s'y  trouve  »  (125).  Par  là,  le  mal 
des  parties  peut  servir  à  l'excellence  du  tout  ;  «  toute  la 
suite  des  choses  à  l'infini  peut  être  la  meilleure  qui  soit  pos- 
sible, quoique  ce  qui  existe  par  tout  l'univers  dans  chaque 
partie  du  temps  ne  soit  pas  le  meilleur  »  ;  pour  juger 
de  l'univei's,  il  faudrait  tenir  compte  de  sa  totalité  non 
seulement  spatiale,  mais  encore  temporelle,  et  il  se  pour- 
rait qu'il  «  aille  toujours  de  mieux  en  mieux  »  (202). 
Ainsi  se  concilient  l'existence  du  mal  et  l'excellence  du 
inonde,  la  bonté  divine  et  la  souffrance  humaine,  la  liberté 
et  la  sagesse  de  Dieu. 

On  peut  considérer,  en  un  sens,  l'effort  de  Leibniz 
comme  définitif;  non  pas  sans  doute  qu'il  ait  éclairci  toutes 
les  difficultés,  et  celles  en  particulier  qui  se  rattachent  à 
la  nature  du  libre  arbitre.  Mais  il  a  montré  que  le  pro- 
blème se  résout  nécessairement  en  un  autre  plus  général, 
qu'il  se  confond  avec  le  problème  même  de  la  création,  et 
par  là  sa  doctrine  reste  tout  à  fait  au-dessus  de  critiques 
telles  que  celles  du  Candide.  Aussi,  peu  importe  «ju'après 
lui  l'optimisme  se  présente,  au  xviii*^  et  au  xix^  siècle, 
chez  Condorcet  par  exemple,  surtout  comme  un  optimisme 
dans  le  temps,  un  optimisme  d'espérance,  l'optimisme  du 
«  progrès  indéfini  »  ;  peu  importe  que  les  évolutionnistes 
expliquent  la  douleur  comme  une  condition  du  salut  indiM- 
duel,  un  avertissement  des  causes  de  destruction  j)ossible  : 
on  n'ajoute  rien  à  sa  doctrine  qu'il  n'eût  prévu,  rien  (}ui 
en  change  l'économie  ;  le  problème  se  ramène  toujours 
à  celui  de  l'existence  de  Dieu  ;  il  s'agit  désormais  de  savoir 
si  oui  ou  non  l'univers  a  un  but,  s'il  y  a  une  fin  à  la  création  ; 
mettre  à  la  source  des  choses  le  vouloir-vivre  aveugle  de 
Schopenhauer  ou  la  fatalité  du  matérialisme,  c'est  expli- 
citement ou  virtuellement  tendre  au  pessimisme  ;  admettre 
une  finalité  dans  les  choses,  c'est  être  optimiste. 

Par  suite,  la  question  peut  être  considérée  comme  aban- 
donnée en  elle-même,  voire  comme  supprimée  ;  Leibniz  a 
définitivement  démontré  que  le  mal  est  une  conséquence 
nécessaire  de  l'existence  des  choses,  qu'il  n'y  a  rien  en 
lui  d'arbitraire  et  de  fortuit.  Au  point  de  vue  psycholo- 
gique, en  effet,  plaisir  et  douleur,  joie  et  souffrance,  appa- 
raissent de  plus  en  plus  comme  inséparables,  comme 
conditions  nécessaires  l'un  de  l'autre,  comme  la  forme 
même  de  la  sensibilité  et  de  la  vie  ;  si  la  joie  n'est  qu'une 
tendance  satisfaite,  et  la  douleur  cette  tendance  contrariée, 
nos  aptitudes  à  jouir  et  à  souffrir  croissent  ensemble  et 
solidairement.  Et  comme  d'ailleurs  les  causes  externes  par 
les([uelles  notre  développement  peut  être  favorisé  ou  en- 
travé résultent  elles-mêmes  de  lois  générales  ;  que  ces 
lois  sont  tour  à  tour  ou  tout  ensemble  occasions  de  jouis- 
sance et  de  peine,  le  mal  et  le  bien  sont  essentiellement 
unis  et  éléments  nécessaires  de  l'existence  des  choses.  — 
Au  point  de  vue  moral  encore,  le  mal  parait  logique- 


-^  4aa  — 


Ol^TIMlSME  -^  OPTIQUE 


ment  lié  à  l'idée  même  d'une  vie  morale  :  si  le  devoir  ou 
l'obligation  ne  s'entend  que  par  op/osition  à  rentraîne- 
ment  et  à  la  propension  instinctifs,  le  «lérite,  la  vertu,  le 
bien  sont  inséparables  du  sentiment  de  i  effort,  de  la  lutte 
contre  la  nature,  de  la  passion  dominée  et  vaincue,  insé- 
parables par  là  même  de  la  souffrance.  —  Au  point  de  vue 
métaphysicpie  eniin,  ])lus  absolument  encore  que  ne  le 
faisait  Leibniz,  on  reconnaît  que  tout  mal  est  négation  et 
privation,  que  la  cause  originelle  en  réside  donc  dans  notre 
imperfection  d'êtres  créés  :  c'est  reconnaître  que  le  monde 
ne  pouvait  pas  être  sans  être  imparfait,  ni  être  imparfait 
sans  être  mêlé  de  mal;  et  puiscpie  c'est  une  hypothèse 
\isiblement  arbitraire  et  oiseuse  que  d'admettre  que  ce 
nml  nécessaire  aurait  pu  être  moindre  en  quantité,  une 
seule  question  semble  pouvoir  encore  logiquement  se  poser  : 
pourquoi  l'univers  a-t-il  été  créé,  pour([uoi  l'être  est-il  ? 
Mais  cette  question  à  son  tour,  évidemment  insoluble,  est 
peut-être  encore  contradictoire,  s'il  est  impossible  de 
penser  le  néant.  Tout  revient  donc  à  se  demander,  non 
pas  si  l'univers  aurait  pu  ne  pas  être,  mais  si  cette  exis- 
tence, nécessaire  sans  doute,  est  orientée  vers  une  fin,  ou 
n'est  que  la  manifestation  stérile  et  vaine  d'une  substance 
aveugle  ;  si  au  fond  des  choses  est  la  pensée  ou  le  hasard, 
si  nous  devons  être  par  suite,  en  présence  de  la  douleur 
et  de  la  vie,  résignés  et  confiants,  ou  sceptiques  et  déses- 
pérés. Le  problème  de  l'optimisme  se  perd  ainsi  inévita- 
blement dans  le  problème  métaphysique  et  religieux. 

D.  Parodi. 

BiijL.  :  Pj.ATON,  pas«im.  —  Maleuranchj:,  Entretiens 
}uétnphysiqaes.  —  Leibniz,  TJ}éo<licée  cAj^nssini. —  Scho- 

i'KMIAUKR.  pUSSim. 

OPTION  (Dr.  internat.).  Dans  l'ancien  droit,  le  chan- 
gement de  souveraineté  territoriale  entraînait  de  plein 
droit  le  changement  de  nationalité  des  habitants.  De  nos 
jours,  les  actes  de  cession  d'un  territoire  reconnaissent,  en 
général,  aux  régnicoles,  le  droit  de  conserver  leur  natio- 
nalité ancienne,  moyennant  une  déclaration  d'option  faite 
dans  un  certain  délai  devant  l'autorité  compétente.  L'op- 
tion doit,  en  principe,  être  accompagnée  ou  suivie  d'émi- 
gration, surtout  lorsque  la  cession  est  le  résultat  d'une 
guerre  et  que  l'acquéreur  du  territoire  a  un  intérêt  majeur 
à  ne  pas  laisser  le  pays  peuplé  de  sujets,  plus  ou  moins 
hostiles,  de  l'Ltat  cédant.  Les  traités  consacrent  aussi  un 
droit  d'émigration,  en  vertu  duquel  les  régnicoles  sont 
autorisés  à  quitter  le  pays  en  emportant  leurs  biens  il'émi- 
gi'ation  constitue  souvent,  par  elle-même,  l'option  pour  la 
nationalité  ancienne.  Les  conditions  de  l'option,  le  mode 
d'y  procéder,  les  délais  sont  réglés  par  l'acte  de  cession, 
ainsi  que  par  des  décrets  de  l'Ltat  acquéreur.  ïl  est  su- 
perflu d'ajouter  que  la  bonne  foi  qui  doit  régner  entre 
nations  exige  que  l'exercice  du  droit  d'option  stipulé  et 
consenti  ne  soit  pas  entouré,  après  coup,  de  difïicultés.  On 
peut  consulter,  sur  le  droit  d'option,  les  traités  suivants  : 
traité  d'Hubertsbourg  du  15  févr.  1763,  art.  10  ;  traité 
austro-russe  du  3  mai  1815,  art.  6-^23  ;  traité  de  Paris 
du  20  nov.  1815,  art.  7  ;  traité  de  Loiulres  du  19  avr. 
1839,  art.  17  ;  traité  de  Paris  du  30  mars  1856,  art.  21  ; 
traité  de  Zurich  du  10  nov.  1859,  art.  12  ;  traité  de  Tu- 
rin du  24  mars  1860,  art.  6  ;  pour  la  guerre  franco-alle- 
mande, préliminaires  de  paix  du  26  févr.  1871,  art.  5  ; 
traité  de  Francfort  du  12  mai  1871,  art.  2  ;  convention 
additionnelle  du  11  déc.  suivant,  art.  1  ;  traité  de  San- 
Stefano  du  3  mars  1878,  art.  21,  etc.      Ernest  Leur. 

OPTIQUE.  I  Physique.  —  L'optique  est  l'étude  de  la 
lumière  et  des  phénomènes  qu'elle  produit.  La  nature  de  la 
lumière  a  été  longtemps  méconruie.  Bien  que  la  connaissance 
que  nous  en  avons  maintenant  l'ésulte  de  l'étude  approfon- 
die de  tous  les  phénomènes  de  l'optique,  nous  suivrons  la 
mardi e  inverse  et  nous  exposei'ons  tout  d'abord  la  consti- 
tution de  la  lumière  pour  classer  les  diverses  branches  de 
cette  science.  Aux  idées  vagues  des  anciens  sur  la  nature 
de  la  lumière,  idées  qui  leur  permirent  seulement  d'étudier 
la  marche  des  rayons  lumineux  dans  quelques  cas  simples, 

GRAiXDE    ENCYCLOPÉDII-:.    XX Y.    . 


succédèrent  au  xvu"  siècle  les  spéculations  de  Malebranche, 
de  Grimaldi  et  d'Huygens  qui  posèrent,  le  dernier  surtout, 
les  fondements  de  la  théorie  actuelle  des  ondulations; 
puis  en  1704  la  théorie  de  l'émission  fut  développée  par 
Newton  qui  réussit  à  la  faire  admettre  par  presque  tous 
les  physiciens  jusqu'à  ce  que  les  beaux  travaux  de  Fresnel 
(1815-27)  l'aient  définitivement  ruinée  (V.  Lumière  et 

ONDULATIOr^). 

Ijn  certain  nombre  de  phénomènes  lumineux  peuvent 
être  très  bien  étudiés  sans  que  l'on  ait  recours  aux  théo- 
ries de  la  lumière  ;  ils  forment  les  chapitres  de  ce  que  l'on 
a  appelé  ïoptùiiie  (jéo})i'Jt)'lqiœ.  En  se  basant  sur  quel- 
ques lois  expérimentales  très  simples,  toute  cette  optique 
peut  être  établie  facilement.  Ainsi  quand  un  rayon  se  ré- 
tléchit  sur  un  miroir,  le  rayon  réfléchi  reste  dans  le  plan 
d'incidence,  formé  par  le  rayon  incident  et  la  normale  à  la 
surface  au  point  considéré,  et  l'angle  de  réflexion  est  égal 
à  l'angle  d'incidence.  De  ce  fait  expérimental  on  peut  dé- 
duire une  série  de  conséquences  en  s' appuyant  uniquement 
sur  des  considérations  géométriques  simples  :  la  théorie 
des  miroirs  plans,  celle  des  miroirs  sphéi'iques  et  parabo- 
liques, les  phénomènes  de  l'aberration  des  miroirs,  etc. 
De  même  quand  un  rayon  lumineux  se  réfracte,  c.-à-d. 
quand  il  passe  d'un  milieu  dans  un  autre,  l'expérience 
montre  qu'il  le  fait  suivant  deux  lois  simples  :  le  rayon  ré- 
fracté reste  dans  le  plan  d'incidence,  et  le  rapport  du  sinus 
de  l'angle  d'incidence  au  sinus  de  l'angle  de  réfraction  est 
un  nombre  constant  qui  ne  dépend  que  de  la  nature  des 
deux  milieux,  c'est  l'indice  de  réfraction  du  deuxième  mi- 
lieu par  rapport  au  premier.  De  ces  lois  de  la  réfraction 
se  déduisent  la  théorie  des  prismes,  celles  des  lentilles, 
des  lunettes  et,  d'une  façon  générale,  celles  de  tous  les  ins- 
truments d'optique.  Là  encore  des  notions  de  géométrie 
et  quelques  formules  d'algèbre  permettent  de  traiter  tous 
les  problèmes  sans  que  la  natui'o  de  la  lumière  ait  à  inter- 
venir. Cependant  cette  partie  de  l'optique  a  permis  de  cons- 
tater que  ce  que  nous  englobons  d'une  façon  générale  sous 
le  nom  de  lumière  ou  de  rayons  lumineux  était  de  nature 
beaucoup  plus  complexe  ([ue  les  anciens  ne  le  pensaient. 
La  dispersion  qu'éprouve  un  rayon  de  lumière  (pii  arrive 
du  soleil  et  traverse  un  prisme  nous  montre  ([ue,  (pielle  cpie 
soit  la  lumière,  elle  n'est  pas  }inc\  mais  bien  formée  d'une 
infinité  de  lumières,  si  l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  ou  d'une 
infinité  de  radiations  ayant  chacune  une  individuahté 
propre  et  caractérisée  par  leur  indice  de  réfraction,  c.-à-d. 
par  la  réfraction  qu'elles  éprouvent  dans  des  conditions 
déterminées,  ou  mieux  par  leurs  longueurs  d'onde  (V.  Onde)  . 

D'autres  phénomènes  d'optique  au  contraire  ne  peuvent 
recevoir  d'explications  satisfaisantes  si  l'on  ne  fait  pas 
intervenir  la  constitution  de  la  lumière  ;  ils  forment  les 
chapitres  de  Voplique  phijsv[uc\  Ainsi,  par  exemple,  en 
optique  géométrique,  des  règles  simples,  fondées  sur  la  pro- 
pagation de  la  lumière  en  ligne  droite,  permettent  facile- 
ment, étant  donnés  un  corps  lumineux  et  un  corps  opaque, 
de  tracer  l'ombre  et  la  pénombre.  Mais  l'expérience  apprend 
qu'au  bord  de  l'ombre  géométri({ue,  là  où  il  ne  devrait  pas 
y  avoir  de  lumière,  on  aperçoit  des  franges  brillantes 
alternant  avec  des  franges  sombres  ;  ce  sont  des  phéno- 
mènes de  diffraction  (V.  ce  mot)  (jue  l'on  est  arrivé  à 
bien  expliquer;  de  plus,  on  a  pu  calculer  la  position  et  les 
dimensions  exactes  de  ces  franges  en  supposant  la  lumière 
produite  par  un  mouvement  vibratoire  se  propageant  avec 
une  vitesse  V  (vitesse  de  la  lumière)  jusqu'à  une  distance  \ 
(longueur  d'onde)  pendant  la  durée  d'une  vibration  com- 
plète ;  mais  il  n'a  pas  été  nécessaire  de  faire  d'hypothèse 
sur  la  direction  de  ces  vibrations.  Les  phénomènes  des 
interférences  (V.  ce  mot)  sont  de  même  expliipiés  par  la 
même  théorie  sans  hy])othèses  ou  sans  données  nouvelles. 
Mais  tous  les  phénomènes  de  l'opticpie  ne  peuvent  être 
exphqués  ainsi,  et  pour  certains  d'entre  eux  il  nous  faut 
tout  d'abord  préciser  la  nature  des  vibrations  qui  consti- 
tuent un  rayon  lumineux.  Un  rayon  de  lumière  tel  que 
le  soleil   nous  les  envoie  se  compose    d'une  infinité    de 

28 


OPTIOUE 


434 


radiations  de  couleurs  dilierentes  ;  nous  simplifierons  donc 
la  question  en  ne  considérant  qu'un  de  ces  rayons  de  cou- 
leur unique,  monochromatique.  Dans  la  théorie  des  on- 
dulations un  rayon  lumineux  monochromatique  se  com- 
pose de  molécules  d'éther  vibrant  dans  un  plan  toujours 
perpendiculaire  au  rayon  lumineux,  mais  dans  une  direction 
([uelconque  do  ce  plan.  Ce  rayon  monochromatique  est  ca- 
ractérisé par  sa  longueur  d'onde  et,  ce  qui  en  est  une 
conséquence,  par  la  rapidité  avec  laipielle  il  se  propage 
dans  Tespace.  En  faisant  éprouver  à  ce  rayon  certains  phé- 
nomènes lumineux,  en  le  faisant  par  exemple  réfléchir  un 
certain  nombre  de  fois,  et  sous  des  incidences  conve- 
nal)les  sur  des  surfaces  vitreuses,  on  a  pu  les  modi- 
lier  singulièrement  et  rendre  parallèles  toutes  ces  vibra- 
tions, qui  s'effectuaient  dans  tous  les  sens  pei'pendiculai- 
remcnt  au  rayon  lumineux  ;  m\  pareil  rayon  ainsi  modifié 
s'appelle /^o/ar/s^';  on  appelle  plan  de  polarisation  un  plan 
perpendiculaire  à  la  direction  des  vibrations.  T-es  divers  pro- 
cédés employés  pour  oi)tenir  de  pareils  rayons  et  les  pro- 
priétés qu'ils  possèdent  constituent  le  chapitre  do  la  polari- 
sation. On  démontre  que  les  phénomènes  que  présente  la 
lumière  naturelle,  non  polarisée,  sont  les  mômes  ([uc  ceux 
(pie  donneraient  deux  l'ayons  suj)erposés  d'égale  intensilé 
polarisés  dans  deux  plans  reciangulaircs.  Oji  peut  même  sé- 
parer ces  deux  rayons  en  faisant  tomber  de  la  lumière  natu- 
relle sur  un  cristal  de  spath  d'Islande,  iùi  pénétrant  dans 
cette  su])stance  le  rayon  lumineux  se  réfracte  en  deux  au- 
tres ;  c'est  le  pliénomène  de  la  double  vcfvaclion  ;  l'un  de  ses 
rayons  en  sei'éfractantsuit  la  loi  ordinaire  de  la  réfraction 
(sin  i  zzz  n  siu  r),  c'est  le  rayon  ordinaire;  il  est  polarisé 
dans  la  section  principale  du  cristal,  et  le  rayon  qui  ne  suit 
pas  la  loi  du  sinus,  et  que  l'on  nomme  pour  cela  le  rayon 
extraordinaire,  est  polarisé  dans  un  plan  perpendiculaire 
au  premier.  L'étude  de  la  double  réfraction  a  été  très  fé- 
conde ;  on  l'a  utilisée  pour  construire  des  analyseurs  (V.  ce 
mot)  et  des  polariseurs.  Elle  a  pennisde  se  rendre  compte 
de  la  marche  de  la  lumière  dans  les  cristaux  et  de  la  forme 
des  ondes  lurahieuses  qui  s'y  propagent.  On  sait  que  dans 
un  corps  amorphe  ou  cristallisé  dans  le  système  cubique  la 
lumière  se  réfracte  en  suivant  la  loi  du  sIjîus,  et  que  Fou 
peut  ti'acer  géométriquement  la  dir(îction  du  ra}on  réfracté 
à  l'aide  de  la  construction  d'Huygens  (V.  r,oNSTRncrio.\), 
(|ui  utilise  la  surface  de  l'oiide  à  l'intérieur  du  corps  trans- 
parent, surface  qui  est  une  sphère  dans  le  cas  des  corps 
isotropes  (corps  amorphes  ou  cubiques).  Pour  les  cristaux 
appartenant  aux  systèmes  autres  que  le  système  cubicjue. 
la  surface  de  l'onde  est  plus  compliquée.  On  peut  cepen- 
dant faire  rentrer  ces  différents  cas  dans  une  seule  formule 
trouvée  par  Fresnel,  qui  est  l'équation  de  la  surface  de 
l'onde  dans  un  corps  quelconque.  Si  l'on  désigne  par  x,  y 
et  z  les  ordonnées  d'un  point  de  cette  surface  par  rapport 
à  trois  axes  rectangulaires  (les  trois  axes  d'élasticité  de  la 
substance),  par  a,  b,  c,  les  vitesses  avec  lesquelles  se  pro- 
pagent j£s\2j)£ation^^  les  trois  axes  et  par  r  la  va- 
leur /«-  -f-  //^  4-  c^,  la  foi'mule  de  la  surface  de  l'onde 
est  : 

„ j,.  l I.  . () 

r'  —  d^        r-  — -  h'^    '    7'^'  —  r' 

Dans  le  cas  oii  l'on  a  a  ■=^  b  :=:^  c,  ce  qui  est  le  cas 
d'une  substance  amorphe  ou  cristallisée  dans  le  système  cu- 
bique, la  formule  se  réduit  a  r^  =:  a':  la  surface  de  l'onde 
est  une  sphère  et  il  est  facile  d'appli(|uer  la  construction 
d'Huygens. 

Lorsque  les  corps  sont  cristallisés  dans  le  système  rhom- 
boédrique  ou  dans  le  système  quadratique  (cristaux  à  un 
axe  optique),  on  a  a  z=z  b.  Dans  ce  cas,  la  surface  de  l'onde 
se  compose  d'une  sphère  de  rayon  a  et  d'un  ellipsoïde  de 
révolution  dont  les  axes  sont:  «,  /;  et  e.  L'axe  optique 
du  cristal  est  dirigé  suivant  la  droite  ou  l'élasticité  est  diffé- 
rente de  celles  qui  se  rapportent  aux  deux  autres  axes  (ici 
l'axe  des  z,  parce  qu'on  a  supposé  a:=zb  et  e  différent  de 
a  et  de  b).  Quand  cet  axe  optique  est  l'axe  de  plus  petite 


élasticilé,  le  cristal  est  dit  positif;  il  esl  ncg ai if  qmnd 
c'est  au  contraire  l'axe  de  plus  grande  élasticité.  On  peut 
encore  dans  ce  cas  tracer  les  rayons  réfractés  à  l'aide  de 
la  construction  d'Huygens,  en  remarquant  que  dans  ce  cas 
le  plan  de  la  figure  coupe  la  surface  de  l'onde  suivant  deux 
lignes  :  une  circonférence  qui  donne  la  marche  du  rayon 
ordinaire  et  une  ellipse  qui  donne  la  position  du  rayon 
extraordinaire. 

Dans  le  cas  le  plus  général  (autres  systèmes  cristallisés 
que  les  précédents)  où  a,  b  et  c  sont  tous  les  trois  diffé- 
rents, on  dit  que  les  cristaux  sont  à  deux  axes  optiques; 
les  rayons  lumineux  qui  les  traversent  ne  suivent  plus  ni 
l'un  ni  l'autre  la  loi  du  sinus.  La  surface  de  l'onde  est  une 
surface  du  (piatrième  degré,  dont  nous  avons  donné  la  for- 
mule plus  haut  ;  elle  est  coupée  par  chacun  des  trois  plans 
de  coordonnées  suivant  une  circonférence  et  une  ellipse;  ces 
sections,  faciles  à  construire,  permettent  encore  d'appli- 
quer la  construction  d'Huygens. 

On  voit  comt)ien  sont  précieux  les  renseignements  que 
l'étude  de  la  double  réfraction  nous  a  fournis  sur  la  marche 
de  la  lumière  dans  les  substances  cristallisées.  Les  recher- 
ches sur  les  propriétés  des  rayons  polarisés  n'ont  pas  été 
moins  fru(;tueuses;  on  a  constaté (fue  ces  rayons  pouvaient 
interférer  comme  les  rayons  ordinaires,  mais  seulement 
lorsqu'ils  étaient  ])olarisés  dans  des  plans  parallèles;  ces 
recherches  ont  montré  en  outre  (pie  les  rayons  ordinaires 
et  extraordinaires  (pie  fournit  une  lame  biréfringente 
j 'régentaient  une  différence  de  marche  proportionnelle  à 
l'épaisseur  de  la  lame;  les  deux  ondes  correspondantes  se 
déplacent  doncf  avec/les  vitesses  différentes.  Mais,  si  les 
rayons  polarisés  dans  des  plans  perpendiculaires  n'inter- 
fèrent pas,  ils  produisent  un  autre  phénomène  dont  l'étude 
fait  l'objet  d'un  nouveau  chapitre  de  l'optique,  celui  de  la 
polarisation  elliptbjue.  Deux  pareils  rayons,  d'ampli- 
tudes respectives  a  et  b,  dont  l'un  a  un  retard  de  phase 
8  sur  l'autre,  impriment  aux  molécules  d'éther  un  mouve- 
ment eUiptique  ;  l'équation  de  cette  trajectoire  est,  en  pre- 
nant pour  axes  des  x  et  des  y  les  plans  de  polarisation 
des  deux  rayons  primitifs  : 


■zxii  cos  -T-  ^^  sin  '-  ^  ^~. 


20-)^,^ 


X  étant  la  longueur  d'onde  de  la  lumière  considérée.  L'el- 
li])se  (jue  représenle  en  général  cette  équation  peut  se  ré- 
(kiire  dans  certains  cas  à  des  droites 

OU  à  un  cercle 

Az=:(^2/£-|-l)'^et(^z=:  A. 

Si  l'on  reçoit  sur  un  analybeur  de  la  lumière  polarisée  el- 
liptiquement, on  ne  peut  pas  l'éteindre  complètement, 
mais  seulement  faire  varier  son  intensité  entre  un  maxi- 
mum et  un  minimum  correspondant  aux  deux  axes  de  l'el- 
li])se. 

La  lumi(^rc  polarisée  qui  traverse  des  lames  cristallines 
présente  aussi  les  phénomènes  très  intéressants  qui  consti- 
tuent l'd  polarisation  chromatique  :  il  suffit  pour  obser- 
ver ces  phénomènes  de  placer  une  lame  cristallisée  entre 
un  polariseur  et  un  analyseur  ;  les  aspects  sont  bien  dif- 
férents selon  que  l'on  op(Te  en  lumière  parallèle  ou  con- 
vergente. Dans  la  lumière  parallèle,  avec  un  analyseur 
biréfringent,  on  voit  deux  images  de  la  lame  cristalline,  ces 
deux  images  son(  de  couleurs  exactement  complémentaires  ; 
elles  sont  plus  ou  moins  lavées  de  blanc,  selon  les  positions 
relatives  du  polariseur,  de  la  lame  et  de  l'analyseur  ;  leur 
coloration  est  maxima  quand  le  polariseur  et  l'analyseur 
sont  à  l'extinction,  et  l'axe  de  la  lame  à  iS'^  de  la  section 
principale  de  l'analyseur.  Quand  on  fait  tourner  la  lame 


435  — 


OPTIQUE 


cristallisée,  elle  conserve  toujours  la  même  couleur  jus- 
qu'au moment  où  elle  passe  sans  transition  à  la  couleur 
complémentaire.  Dans  la  lumière  convergente,  au  lieu 
d'apercevoir  des  teintes  unies,  on  voit  des  franges  colorées, 
très  brillantes,  de  formes  diverses  (anneaux  traversés  par 
une  croix  noire  ou  blanche,  courbes  analogues  à  des 
ellipses,  lemniscates,  etc.). 

La  lumière  polarisée  qui  traverse  certaines  lames  cris- 
tallines, taillées  convenablement,  produit  un  phénomène 
tout  différent,  découvert  par  Arago,  sur  une  lame  de  quartz 
taillée  perpendiculairement  à  l'axe.  Quand  une  pareille 
lame  est  placée  entre  un  polariseur  et  un  analyseur,  et 
qu'on  l'observe  à  la  lumière  blanche,  on  aperçoit  deu\ 
images  de  couleurs  exactement  complémentaires,  comme 
dans  le  cas  de  la  polarisation  chromatique,  mais  qui  passent 
par  toutes  les  couleurs  quand  on  fait  tourner  l'analyseur, 
v^i  l'on  fait  tomber  sur  le  polariseur  une  lumière  monochro- 
matique, qu'on  mette  l'analyseur  à  l'extinction  et  qu'entre 
les  deux  on  place  alors  la  lame  de  quartz,  on  constate  que 
la  lumière  est  rétablie,  mais  qu'on  peut  la  faire  disparaître 
de  nouveau,  ce  (|ui  prouve  qu'on  n'est  pas  dans  le  cas  de  la 
polarisation  elliptique,  en  déplaçant  l'analyseur  d'un  certain 
angle  ;  le  plan  de  polarisation  a  donc  tourné  en  traversant  le 
quartz;  c'est  un  ])hk\omh\iiÙQpolarisationrotcUoire.  Ces 
phénomènes  ont  reçu  de  nombreuses  applications,  un  grand 
nombre  de  corps  étant  doués  du  pouvoir  rotatoire.  On  a 
trouvé  Centre  cette  propriété  physique  et  la  constitution 
chimique  de  ces  corps  des  relations  intéressantes  :  tous  les 
corps  qui  possèdent  un  atome  de  carbone  relié  à  quatre  ra- 
dicaux différents  sont  doués  du  pouvoir  rotatoire. 

Faraday  a  montré  de  plus,  en  1845,  que  les  corps  qui 
ne  jouissaient  pas  du  pouvoir  rotatoire  pouvaient  acquérir 
cette  propriété  quand  on  les  plaçait  dans  un  champ  ma- 
gnétique puissant  :  les  phénomènes  de  la  polarisation  ro- 
tatoire magnétique  sont  particulièrement  intéressants  par 
la  relation  assez  inattendue  qu'ils  ont  établie  entre  les  phé- 
nomènes lumineux  et  magnétiques. 

Comme  on  le  voit  par  le  rapide  exposé  (pii  précède,  les 
phénomènes  lumineux  dont  l'ensemble  constitue  ropiifjue 
sont  en  apparence  très  divers,  mais  la  théorie  des  ondu- 
lations permet  de  les  expliquer  dans  leurs  moindres  détails, 
de  vérifier  par  le  calcul  tous  les  résultats  des  expériences. 
Le  mouvement  vibratoire  de  l'éther  qui  les  produit  corres- 
pond à  des  mouvements  extrêmement  rapides  dont  les 
données  seront  fournies  par  la  mesure  de  deux  quantités 
accessibles  k  l'expérience,  les  longueurs  d'onde  et  la  vitesse 
de  la  luoiière.  Les  interférences  et  les  réseaux  (V.  ces 
mots)  ont  permis  de  déterminer  les  premières  ;  des  mé- 
thodes spéciales, qui  seront  exposées  au  mot  VrrEssE,  per- 
mettent de  déterminer  la  seconde.  La  valeur  de  cette  vitesse 
(300.000  kil.  environ  par  seconde)  est  très  sensiblement 
égale  à  la  vitesse  de  propagation  des  ondes  électromagné- 
tiques étudiées  par  Maxwell,  qui,  comme  les  ondes  lumi- 
neuses, sont  produites  par  des  vibrations  perpendiculaires, 
elles  aussi,  à  la  direction  de  leur  propagation.  Il  y  a  donc 
au  moins  une  analogie  très  grande  entre  ces  deux  espèces 
d'onde,  et  Maxwell  a  été  amené  à  admettre  leur  identifica- 
tion complète  :  c'est  la  théorie  électromagnétique  de  la 
lumière. 

Ln  résumé,  l'optique  peut  être  divisée  en  un  certain 
nombre  de  livres  et  de  chapitres  :  livre  I®^\  Optique  géo- 
mé'riiiue  :  ch.  i,  Sources  de  lumière,  réflexion  de  la 
himière,  miroirs;  ch.  ir,  Réfraction  de  la  lumière,  prismes, 
lentilles,  instruments  d'optique;  dispersion,  spectroscopie, 
absorption  de  la  lumière.  — Livre  II,  Optique  physique  : 
ch.  m,  Théories  de  l'émission  et  des  ondulations;; 
cil.  IV,  Diffraction,  interférences,  polarisation  rectiligne 
ch.  v,  Double  j'éfraclion;  ch.  m,  Polarisation  elliptique; 
ch.  \ii,  Polarisation  chromatifpie;  ch.  mh,  Polarisation 
rotatoire,^  ch.  jx,Tliéoi'ic  électromagnétique  de  la  lumière. 

\.  JoANNlS. 

II.  Aiiatomie^  physiologie.  —  Xli\fs  ofîwvlz.  — 
Les  nerfs  optiques  forment  la  deuxièmo  paire  crânienne 


et  sont  situés  sur  les  cotés  de  la  protubérance  annu- 
laire; ils  s'anastomosent  ensemble  pour  former  lachiasma 
optique;  la  partie  située  en  arrière  s'appelle  la  bandelette 
optique  ;  si  on  la  suit  plus  profondément,  on  la  voit  croi- 
ser le  pédoncule  cérébral  correspondant,  puis  se  diviser 
en  trois  faisceaux  dont  l'antérieur  se  perd  dans  le  pul- 
vinar  ;  le  moyen  va  au  corps  genouillé  externe  et,  par 
son  intermédiaire,  au  tubercule  (piadrijumeau  antérieur, 
le  faisceau  postérieur  va  au  corps  genouillé  interne  et, 
par  lui,  au  tubercule  quadrijumeau  postérieur.  Au  chiasma, 
les  deux  nerfs  optiques  font  échange  de  fibres,  de  telle 
manière  que  les  fibres  les  plus  internes  de  chaque  nerf 
passent  dans  la  bandelette  du  cùté  opposé,  les  fibres 
externes  restent  du  même  coté  ;  il  n'y  a  donc  qu'un  en- 
tre-croisement partiel,  nécessité  par  la  vision  binoculaire, 
lui  avant  du  chiasma,  chaque  nerf  optique  va  pénétrer 
dans  le  trou  opti([ue,  accompagné  de  l'artère  ophtalmique; 
il  pénètre  dans  l'orbite  pour  aller  directement  au  globe 
oculaire  ;  une  gaine  fibreuse  résistante,  dépendant  de  la 
dure-mère,  l'entoure.  En  dedans,  cette  gaine  détache  une 
gaine  conjonctive  qui  pénètre  entre  les  faisceaux  nerveux. 
Un  peu  avant  sa  pénétration  dans  l'œil,  le  nerf  optique 
reçoit  l'artère  centrale  qui  se  place  en  son  milieu  et  pé- 
nètre avec  lui  dans  la  rétine  (V,  ce  mot),  qui  n'est  autre 
que  l'épanouissement  du  nerf  optique.  Ce  nerf  est  doué 
d'une  sensibilité  spéciale  ;  si  on  le  coupe,  pince,  on  ne 
provoque  aucune  douleur,  mais  seulement  des  sensations 
lumineuses,  et  cependant  la  lumière  n'est  pas  apte  à  exci- 
ter directement  le  nerf  optique  (la pupille,  tache  aveugle). 

m.  Pathologie.  —  Dans  la  plupart  des  rétinites  et 
choroidites, etdans un  certainnombre  d'affections  cérébrales, 
la  papille  est  intéressée,  et  à  l'ophtalmoscope,  au  lieu  de 
son  disque  blanc  rosé  qui  tranche  sur  le  fond  rouge  de 
l'œil,  elle  est  gonflée,  œdémateuse  et  rouge  plus  ou  moins 
hypcrémiéc  :  c'est  la  papillite. 

La  névrite  optique  est,  le  plus  souvent,  symptomatique 
de  certaines  lésions  encéphaliques  (Piévrite  par  étrangle- 
ment) ou  d'une  inflammation  qui  se  propage  de  la  base 
du  crâne  (névrite  descendante);  elle  est  due  à  la  syphilis 
surtout,  à  des  intoxications  graves,  aux  méningites.  Aux 
signes  objectifs  de  gonflement  et  rougeur  de  la  papille 
s'ajoute  l'ambliopie,  le  champ  visuel  rétréci,  attaque 
bruscpie  de  cécité.  Ordinairement,  la  névrite  optique  est 
binoculaire  et  se  termine  presque  toujours  par  l'atrophie  du 
nerf  optique.  Le  pronostic  en  est  donc  très  sombre,  un 
peu  moins  grave  pour  la  névrite  syphilitique  qui  peut 
guérir  par  un  traitement  énergique. 

Atrophu^j  !)u  nerf  optique.  —  Il  y  a  trois  formes  : 
l'atrophie  grise,  de  cause  spinale,  et  l'atrophie  blanche, 
de  cause  cérébrale,  enfin  l'atrophie  essentielle,  dont  la 
cause  échappe.  Cette  affectio]i  si  grave  a  des  causes  nom- 
breuses :  elle  succède  à  une  névrile  optique,  cà  une  atro- 
phie glaucomateuse.  On  l'observe  dans  l'ataxie,  dans  les 
tumeurs  cérébrales,  dans  les  intoxications  alcooliques, 
tabagiques. 

Signes  optitalmoscopiques.  Quelle  que  soit  la  cause, 
l'aspect  de  la  pupille  est  caractéristique  ;  elle  est  blanc 
nacré  et  il  se  forme  une  excavation  péi'iphérique. 

Signes  fonctionnels.  Les  malades  se  plaignent  d'un 
léger  brouillard  qui  voile  les  objets  ;  tout  ce  qui  est  éloi- 
gné devient  confus,  puis  la  lecture  disparait.  Il  y  a  tou- 
jours un  rétrécissement  du  champ  visuel,  au  moiivs  pour 
les  couleurs  :  la  vision  du  vert  disparaît  la  première,  le 
bleu  persiste  le  dernier.  Le  pronostic  est  des  plus  graves, 
car  les  guérisons  sont  très  rares,  malgré  les  innombrables 
traitements. 

TijMeuus  du  :\vâw  optiqui:.  ■—  Elles  sont  assez  rai'es, 
('e  sont  des  myxomes,  des  gliomes,  des  gommes  syphili- 
tiques ;  elles  donnent  lieu  à  des  névrites  optiques,  il  en 
est  de  même  de  l'apoplexie  du  nerf  optique  et  des  ses  cou.- 
tusions.  D^'  PiNEL  MAISo?î:îEu^E. 


BiHL. 


Ph  1  iiQur.  —  Nevv  I  û->.  Lectiones  ovIlCcU  ■  Londres 
---  Newton.  Opti(s:   i  .ondi^es^  ITO^^,  —    Hiiygens 


OPTIQUE  -  OPIJS 


*-  43»j  — 


Traxtéde  la  lumière  ;  Leyde.  1690,  jn'4,—  Gregorv,  Optica 
pi'omota;  Londres,  1053,  iii-8.  —  Desgartks,  Dioptricvs  : 
Amsterdam,  1687.  ~  Bartholin,  ExperbnenVd  crysialli 
Ibhmdici clisdiaclcistlci;  Amstevdam^l610.~  BovGVER^Traité 
d'optique  ;  Paris,  17(i0,  in-4.  —  Brewster,  Treatiseon  nci^ 
Yjliilosophicalinsh'uments;  Edimbourg-,  lbl3.  —  Herschell, 
Tniité  de  la  lumière,  traduction  française  par  Verhulst  et 
Quetelet  ;  Paris,l829,2  xolAn-'S.— Gav s^,Dioptrisc]ie  Un ter- 
sachungen;  Gottingue,  1838.—  Fri:snel,  Œuvit^s  complètes  ; 
Paris,  1866-70,  3  vol.  in-1.  —  Becquerel,  la  Lumière;  Pa- 
ris, 1867-68,  2  vol.  in-8.  —  Hel:\1]ioltz,  Optique  physlolo- 
(ji([ue,  traduction  française  de  Klein  et  Javal;  Paris,  1867, 
m-8.  —  Mapcart,  Traité  d'optique  ;  Paris,  1889,  3  vol.  in-8 
et  atlas.  —  Poincaré,  Théorie  imithéinatique  de  la  lumière; 
Paris,  18 «9-93,  2  vol.  in-8.  —  Lam:)Oet,  Bas  opstlrhe  Dre- 
liangsoermogeu,  1898,  in-8. 

OPTONIÉTRIE.  Partie  de  l'optique  médicale  qui  s'oc- 
cupe de  la  détermination  de  l'accommodation  de  l'œil,  au- 
trement dit  de  la  recherche  des  limites  de  la  vision  distincte 
tant  éloignées  que  rapprochées  :  punctum  remotum  et 
punciiun  proximum  {y  Accommodation,  Besicle,  Myo- 
pie, Presbyth-]).  La  méthode  la  plus  simple  et  la  plus  cou- 
rante consiste  à  faire  lire  de  loin  des  caractères  d'impri- 
mei'ie  de  dimensions  choisies,  et  à  noter  les  distances 
auxquelles  l'œil  commence  à  les  voir  et  cesse  de  les  voir 
distinctement.  On  peut  aussi  faire  usage  d'une  série  de 
verres  positifs  ou  négatifs  qu'on  applique  successivement 
sur  \\v\\  jusqu'à  ce  que  celui-ci  voie  distinctement,  avec 
l'un  d'eux,  des  caractères  éloignés  et  d'une  grandeur  pro- 
portionnée à  la  distance  ;  la  longueur  focale  de  ce  verre 
donne,  en  pouces  de  Paris,  la  distance  positive  ou  néga- 
tive du  punctum  remotum;  on  trouve  ensuite  le  piinc- 
liim  proximum  en  présentant  à  Pœil  un  réseau  de  fds 
métalliques  très  fins,  qu'on  rapproche  jusqu'à  ce  que  la  vi- 
sion devienne  confuse.  Les  résultats  obtenus  par  ces  deux 
moyens  ne  sont  nécessairement  qu'approximatiis.  Pour  en 
avoir  de  plus  précis,  on  doit  recourir  aux  optomètres. 
L'un  des  plus  anciennement  employés  est  celui  de  Porte- 
tield  et  Th.  Young,  qui  est  basé  sur  les  expériences  de 
Schciner  et  qui  a  été  décrit  à  l'art.  Besicle.  Postérieu- 
rement, on  a  imaginé  des  optomètres  de  mécanisme  un 
peu  plus  compliqué,  mais  aussi  plus  parfaits,  et  qui,  par 
surcroit,  olfrent  l'avantage  de  donner  en  même  temps  le 
degré  d'astigmatisme  de  l'organe  examiné.  Le  plus  connu 
est  ïastigmomètre  ou  optomètre  binoculaire  de  Javal 
(V.  Astigmatisjie),  qui  a  servi  de  type  aux  différents  pro- 
cédés usités  de  nos  jours  pour  coinposer  les  séries  opto- 
métriques  et  dont  le  D''  Javal  a  présenté,  en  1880,  un 
nouveau  modèle  au  congrès  ophtalmologique  de  Milan. 
V optomètre  de  Perrin  et  Mascart  est  d'un  maniement 
à  la  fois  plus  commode  et  plus  rapide.  Use  compose  d'un 
tube  cylindrique  et  horizontal  en  cuivre,  monté  sur  pied 
à  coulisse  et  pourvu,  à  l'une  de  ses  extrémités,  d'une  len- 
tille convergente  servant  d'oculaire,  à  l'autre  extrémité 
d'un  porte-objet.  Celui-ci  est  un  tube  plus  petit  (long., 
()  centim.  environ),  qui  entre  à  frottement  doux  dans"le 
})remier,  et  qui  se  termine  extérieurement  par  un  cercle 
gradué  en  degrés,  intérieurement  par  un  objet  éclairé  par 
ti'ansparence.  A  l'aide  du  cercle,  on  oriente,  dans  le  sens 
voiihi,  ritbjct,  qui  est  composé,  pour  les  corrections  sphé- 
riques,  de  caractères  typoi;raphiqiies,  ou  de  signes  ilo 
grandeurs  diverses,  ou  de  petits  trous  arrivajit  à  former 
des  images,  pour  les  corrections  cviindriques,  d'un  sys- 
tème de  lignes  parallèles.  Lue  lentille  mobile  concave,  pla- 
cée dans  rintérieur  du  grand  ialut  et  ayant  un  foyer 
plus  courl  quelalcjitilleconvei^ente  de  roaikiire,semeuT 
le  long  d\nie  gli;>sière,  et  a  ses  déplacements  marquéspur 
un  index  atlleurant  une  ]'èg{e  graduée.  Suivant  la  position 
qu'elle  occupe  par  rapport  à  fobjet,  cette  lentille  imprim(> 
aux  rayons  lumineux  (jui  en  émanent  des  directions  telles 
qu'ils  présentent,  à  leur  sortie  de  Tnculaire  et  par  gradua- 
tions à  peine  sensibles,  tous  les  dei^rés  de  divergence  el 
de  convergence  de  la  iii;,opie,  de  remmétropie  et  île  l'hy- 
permétropie. Il  ne  reste  plus,  la  ])()sition  convenable  tniu- 
vée,  qu'à  lire  ce  degré  sur  la  règle,  au  regard  de  l'index. 
Pour  la  détermination  de  l'astigmatisme,  on  introduit  dans 
le  porte-objet  un  cadran  de  Javal.  Citons  encore,  dans  la 


Tige  llorifère  d'Opuntia. 


même  catégorie  d'instruments,  Voptomètre  de  Hadal,  qui 
permet  de  mesurer  simultanément  la  réfraction  et  l'acuité 
de  la  vision,  et  Voptomètre  de  Loiseau,  qui  a  principa- 
lement en  vue  la  constatation  de  l'aptitude  au  service  mi- 
htaire.  Quant  aux  ophtalmoscopes  optoïnétrùjues,  ils 
constituent  une  autre  catégorie  d'instruments,  qui  se  rap- 
prochent beaucoup  des  premiers,  mais  qui,  à  l'encontre 
d'eux,  permettent  d'opérer  sans  les  réponses  du  sujet.  Le 
premier  qui  ait  été  construit  est  celui  d'Edw.  Loring  et 
et  H.  Noyés,  de  New  York  (1869).  Depuis  Knapp,  Pa- 
rent, d'autres  encore,  ont  proposé  des  modèles  plus  simples 
et  plus  pratiques.  L.  S. 

OPUNTIA  {Opuntia  T.).  I.  Botamoue.  —  Genre  de 
Cactacées,  formé  de  plusieurs  espèces  de  l'ancien  genre 
Cactus  de  Linné,  et  toutes  pro{)res  aux  régions  chaudes 
du  globe,  et  dont 
les  caractères  essen- 
tiels ont  été  donnés 
à  l'art.  Cactacées. 
L'espèce  type ,  0. 
vulyaris  Mill.  (Cac- 
tus opuntia  L.),  est 
coniuie  sous  les  noms 
>ulgaires  de  Ho- 
quette et  de  Car- 
dasse. La  plante , 
originaire  d'Amé- 
rique, est  cultivée 
dans  les  jardins;  elle 
est  naturalisée  en 
Afri(]ue,  en  Espa- 
gne, en  Corse,  en 
Italie  et  jusque  dajis 
le  Valais  près  de 
Sion.  Comme  la  plu- 
part de  ses  congé- 
nères, elle  fournit  une  sorte  de  gomme,  appelée  gomme 
de  Nopal,  et  qui  est  analogue  à  la  gomme  de  Bassora. 
Les  fruits,  nommés  figues  de  Barbarie  et  impropre- 
ment figues  dinde,  sont  comestibles,  mais  leur  usage 
prolongé  amène  une  constipation  opiniâtre  ;  on  s'en  sert 
d'ailleurs  pour  combattre  la  diarrhée  et  la  dysenterie.  — 
Lue  espèce  voisine,  pour  plusieurs  simple  variété  de  la 
précédente,  0.  Ficus  indica  Ikiw.,  est  également  d'ori- 
gine américaine  et  cultivée  dans  les  régioiis  chaudes.  Les 
fruits  atteignent  de  grandes  dimensions  et  sont  comes- 
tibles, rafraîchissants;  ce  sont  les  vraies  figue•'^  d'fïide, 
mais  le  terme  est  tout  aussi  faux  que  pour  l'espèce  pré- 
cédente. C'est  sur  ÏO.  cochenittifera  Mill.  cpi'on  élève, 
au  Mexique,  le  Coccus  cacti  L.  ou  Cochenille  du  Sopal 
(Y.  Cochenille).  L'O.  Tuna  Mill.,  à  longues  épines,  sert 
aussi  à  la  culture  de  la  cochenille,  et  on  mange  ses  fruits 
dans  l'ximérique  tropicale.  D^'  L.  IL\. 

IL  Horticulture.  —  L'Opuntia  figue  d'Inde  croît  sur 
les  talus  en  pleine  terre  ou  sur  les  rocailles  dans  les  lo- 
calités clnuides  du  midi  de  la  France.  On  l'y  considère 
comme  une  plante  d'ornement.  I']n  Algérie,  en  Tunisie, 
il  l'end  <les  services  variés,  et  on  les  appré(ie  d'autant  plub 
qu'il  vient  dans  le^,  milieiLx;  les  plus  arides.  Ofi  en  fait  des 
haies  défensives;  ses  fruits  sont  consommés  par  l'homme 
et  ses  articles  sei'veJit  à  l'alimentation  du  bétail.  Les 
autn^s  e.-pèces  d'Opuntia,  saufrOpuidia  con/ujun  qui  vient 
sur  les  l'oclie.'s  des  ré-ions  leinpf'-rées  (h  14'ance.  appiT  ■ 
tiennent  à  la  serre,  au  moins  p(M)tlaid  la  saison  froide. 
On  lem'  donne,  le  plus  (pi'on  peut,  l'air,  la  knnière.  la 
chaleur,  pendaid  la  pleine  \égétation.  et  des  arrosages. 
des  bassifiages  assez  fré(juejits.  Pendant  le  repos  de  la 
végétation,  en  hiver,  on  suspend  presque  les  arrosages. 
Les  Opuidia  deniandent  un  sol  bien  drainé.     G.   Boveb. 

OPUNTIENS  (Y.  LocHim.). 

OPUvS  (Archit.).  Mot  latin  signifiant  ouvragx?  en  géné- 
ral, mais  appliqué  encore  , de  nos  jours,  à  différents  genres 
d'appareils   de   construction  en  pierre   ou    à   un  dessin 


—  437 


OPLIS 


OR 


spécial  lie  iiiosaKj'j'  (V.  .\ppâreil  :  Opus  i}u-crhnn.  re- 
ticulahun,  revinchun,  etr.,  t,  III,  et  Mosaï\)le  :  Opus 
Ale.xandrimnn,  X,  XXIV), 

OPUS.  Ville  (le  la  Grèce  antique  (V.  Opoxr.:). 
OPWYCK.  Coin,   de  Belgique,   prov.  de  Biabaiit,  an-, 
de  Bruxelles  ;  5.000  liab.   Stat.    du  chem.   de   fer  de 
Bruxelles  à  Teriiionde.  Exploitations  agricoles. 

OPZOOM  ER  (Cornelis-Willem),  philosophe  néerlandais, 
né  à  Rotterdam  le  20  sept.  1821,  mort  à  Osterbeck  le 
1?)  août  1892.  Il  devint  professeur  de  philosophie  à 
rirecht  (1846),  président  de  l'Académie  des  sciences  à 
partir  de  1861.  En  philosophie, ce  fut  un  empiriste spiri- 
tualiste  admettant  comme  source  de  la  connaissance  le 
sentiment  moral  et  religieux,  de  manière  à  distinguer  le 
domaine  de  la  foi  de  celui  de  la  science.  Son  principal 
ouvrage  est  le  Chemin  de  la  science  (néerl.,  Utrecht, 
1851;  remanié  en  1861  sous  le  titre  de  la  Nature  de 
la  connaissance,  Amsterdam,  1861);  c'est  un  manuel 
de  logique  où  il  tâche  de  définir  la  méthode  des  sciences 
naturelles  et  de  l'appliquer  aux  sciences  morales.  Citons 
encore:  la  licligion  {De  godsdienst)  en  1864.  Ce  fut  un 
juriste  distingué,  auteur  d'un  grand  commentaire  du  code 
civil  néerlandais  (La  Haye,  1864-87,  11  vol.).  On  a 
réuni  ses  articles  en  3  vol.  de  Feuilles  détachées  (La 
Haye,  1886-87). 

Sa  iWleAdèle-Sophie-Cornélie,  née  à  Ltrecht  le  21  juil. 
1857,  a  épousé  un  Hongrois,  M.  d'Antal,  qu'elle  a  suivi  à 
Papa  (Hongrie),  et  publié  sous  le  nom  d'A.-S.-C.  Wallis 
des  romans  historiques.  A. -M.  B. 

OR.  I.  Minéralogie.  —  L'or  se  rencontre  le  plus 
souvent  dans  la  nature  à  l'état  natif.  11  est  cu.bi({ue  et  se 
])résente,  (rcrdiiuure,  en  octaèdres  simples  ou  plus  ou 
moins  modifiés  sur  les  arêtes  et  sur  les  angles.  Les 
formes  observées  sont  p,  lA,  a^,  />^,  //',  h'\  b^  '^,  a^,  a^, 
a\  a\  [¥  b\'^  h':')  (b^  lA '^  b\^)  {b'  b^,'\b\'^).  Les 
cristaux  sont  fréquemment  déformés  ;  ])ar  suite  de  leur 
allongement  suivant  l'axe  de  l'octaèdre  et  des  groupements 
de  plusieurs  individus  cristallins,  les  échantillons  d'or 
cristallisé  sont  ramuleux,  filiformes,  réticulés,  en  lames 
minces  et  même  spongiformes.  Lorsqu'ils  ont  été  roulés, 
ils  sont  en  masses  plus  ou  moins  volumineuses,  qu'on 
appelle  pépites  quand  elles  ont  une  certaine  grosseur. 
Dans  le  sable  des  rivières  l'or  se  trouve  en  petites  écailles. 
L'or  n'a  pas  de  clivages.  Il  est  très  malléable  et  ductile. 
La  dureté  est  2,5  à' 3  et  la  densité  de  15,6  à  19.33. 
Cette  variation  dans  la  densité  est  due  à  ce  cjue  l'or  natif 
renferme,  comme  on  le  verra  plus  loin,  pres({ue  toujours 
des  métaux  étrangers.  Sa  couleur  jaune  varie  également 
avec  la  composition  du  mélange. 

L'or  se  trouve  généralement,  lorsqu'il  est  en  place, 
sous  forme  d'o?"  de  montagne,  dans  des  filons  de  quartz, 
coupant  des  roches  métamorphic[ues  qui  sont  le  plus 
souvent  des  schistes  argileux,  talqueux,  chloriteux,  de 
couleur  verdàtre,  grisâtre,  quelquefois  des  diorites,  des 
roches  porphyriques,  des  gneiss,  des  schistes  à  hornblende, 
rarement  des  granités.  La  roche  appelée  itacolumite.  et 
qui  est  une  quartzite,  contient  de  for  dans  quelques 
régions  (Brésil,  Caroline  du  Nord).  Au  Transvaal,  c'est 
un  conglomérat  cpiartzeux  ([ui  sert  de  gangue.  Rarement 
l'or  est  dans  un  filon  de  calcite  (Nouvelle-Galles  du 
Sud).  L'or  en  écaille  a  été  aussi  observé  dans  la  ser- 
])entine.  Dans  ces  gisements,  l'or  est  visible  à  l'œil  ini, 
formant  parfois  des  masses  considérables;  d'autres  fois 
il  est  invisible.  D'une  manière  générale  les  plus  gros 
échantillons  sont  à  la  surface,  et  le  filon  va  en  s'ap])au- 
vrissant  à  mesure  que  l'on  s'enfonce  dans  le  sol.  Dans 
ce  genre  de  gisements,  l'or  est  cristallisé  et  il  est  associé 
à  la  i)yrite,  à  la  chalcopyrite,  à  la  galène,  généralement 
aurifères,  à  l'arsenic,  au  bismuth,  à  la  stibine,  au  cinabre, 
à  la  magnétite,  etc. 

L'or  se  trouve  également  dans  des  alluvions  anciennes 
provenant  de  la  destruction  de  filons  ou  de  roches  quart- 
zeuses  aurifères  ;  il  s'y  rencontre  sous  la  forme  de  grains 


tri'S  petits  ou  de  })aillettes.  Les  cours  d'eau  qui  prennent 
leurs  sources  dans  les  terrains  aurifères  charrient  des 
sables  contenant  de  petites  quantités  du  métal  précieux  ; 
ces  sables,  qui  s'arrumulent  dans  les  atterrissements  pro- 
duits par  ces  rivières,  se  composent  en  grande  partie  d'ar- 
gile et  de  sable  cfuartzeux,  entre  lesquels  on  rencontre 
des  lamelles  de  mica,  des  débris  de  syénite,  de  la  chlo- 
rite  argileuse,  des  grains  de  fer  chromé  et  de  fer  magné- 
ti{[ue,  du  spinelle,  du  grenat,  etc.  L'or  y  est  associé  au 
diamant,  à  la  topaze,  au  corindon,  au  platine,  au  zircon, 
au  grenat,  etc.  (placers  de  Californie,  du  Brésil,  etc.). 

L'or  est  distribué  à  la  sui'face  tie  la  terre  dans  des 
roches  ap}>artenant  à  tontes  les  épo(fues  géologiques, 
depuis  l'archéen  jusqu'au  tertiaire.  Il  existe  dans  la 
plupart  des  régions  constituées  par  des  ro;'hes  cristallines 
et  plus  particulièrement  dans  les  schistes  cristallins.  Lu 
l'rance,  on  le  ti'ouve  en  place,  en  |)etile  quantité,  il  est 
vrai,  dans  des  filons  <juartzeux,  à  la  Gardette,  près  de 
Bourg-d'Oisans  (Isère),  dans  les  filons  stannifères  de  la 
chaîne  de  Bloud  (Haute-Vienne),  à  Saint-Martin-la- 
Plaine  (Vienne),  dans  le  ciment  argilo-chisleux du  conglo- 
mèi'at  houiller  de  Bordezac  (N.  du  Gard),  dans  la  gra- 
nulite  de  la  mine  de  Rodières,  près  de  Nantes  (routo  de 
Rennes),  etc.  Dans  les  alluvions  de  l'Ariège,  de  la  Ga- 
roime,  de  la  Tel.  du  Tech,  de  la  Gagnière,  du  Gardon, 
du  Tarn,  de  la  Moselle,  du  Rhône,  de  l'Isère,  etc.,  il  est 
entraîné  par  les  eaux.  Les  mines  de  Hongrie  (Kœnigs])erg, 
Schemnitz,  Kapnik.  Felsfpbanya,  Verespatak)  reiiferment 
de  l'or  bien  cristallisé. 

A  l'état  natif,  l'or  contient  toujours  plus  ou  moins  d'ar- 
gent ;  quand  l'alliage  d'argent  reniei'me  plus  de  10  ou  12  % 
de  ce  dernier  métal,  on  lui  domie  le  nom  ù'électrum.  L'or 
contient  en  outre  presque  toujours  de  petites  quantités  de 
fer,  de  cuivre  et  d'autres  métaux.  On  rencontre  aussi  l'amal- 
game d'or,  des  combinaisons  de  bismuth  et  d'or,  Au^Bi.Le 
tellure  est  associé  à  l'or  dans  les  espèces  minérales  suivantes, 
que  l'on  ne  trouve  que  dans  (|uel(jues  mines  des  environs 
de  Nagy-Ag,  en  Transylvanie  :  tellure  auro-argentifère 
{si/lvane,  or  graphique),  tellure  auro-plombifère  (tel- 
lure gris),  tellure  plombo-aurifère  (nagyagite).  La 
porpézHe  ou  oro-pudre  est  un  alhage  contenant  4  «/o 
d'argent  et  10  "/ode  palladium;  la  rhodite  renferme 43 
à  53  7o  de  rhodium  allié  à  l'or.  De  petites  quantités 
d'or  sont  contenues  dans  l'argent  rouge,  dans  les  pyrites 
de  fer  et  de  cuivre,  l'antimoine  sulfuré,  la  blende,  la 
pyrite  arsenicale  et  la  galène. 

Les  grains  d'or  disséminés  dans  les  sables  atteignr'nt 
quelquefois  un  volume  assez  considérable.  Les  pépites 
les  plus  remarquables  ont  été  trouvées  en  Australie;  la 
plus  considérable  pesait  84  kilogr.;  on  en  avait  précé- 
demment rencontré  une  de  36  kilogr.  dans  l'Oural,  et  une 
autre  de  42  kilogr.  en  Califorin'e.  Voici  la  composition  de 
(fuelques  ors  natifs  : 


S 

p? 

î^'    5 

co    '^ 

o 

g 

g 

S 

1 

i  E 

^^ 

R 

P3 

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e-       'A 

-<  :J 

of 

CA 

C/3 

CJ 

§      '''^ 

S    ^- 

-H 

Or 

< 

^O 

S 

C4,77 

8G,50 

1)0.60 

65.31 

91,76 

88,04 

Argent 

85,23 

13.20 

10.U(> 

3t.01 

7.47 

11,96 

Cuivre 

» 

» 

« 

0,14 

0.25 

» 

Tellure  ... 

» 

)) 

» 

» 

1,22 

» 

Fer 

» 

0,30 

0,34 

0.20 

)) 

» 

P.  G.  et  G.  M. 

TT    r«i,;«,;«  S  1^4"^^' Au  =  98,5. 

IL  Chimie.  -  I  p^.^^  ^^^^^^  Au=  197. 

L'or  est  un  métal  connu  de  toute  anticfuité  ;  il  est  signalé 
dans  Homère  et  dans  l'Ancien  Testament.  Sa  couleur  jaune 
tout  à  fait  caractéristique  et  son  inoxydation  ont  lixé  l'at- 


OR 


—  438 


tention  de  l'homme  et  lui  ont  permis  de  le  reconnaître  par. 
tant  ou  il  existe  à  l'état  libre  sous  forme  de  paillettes  ou 
de  pépites.  Tous  les  termes  qui  ont  servi  à  le  désigner,  soil 
dans  les  langues  anciennes,  soit  dans  les  langues  modernes, 
dérivent,  pour  la  plupart,  de  sa  couleur  ou  de  son  éclat, 
c.-à-d.  de  ses  propriétés  physiques,  qui  furent  tout  de  suite 
remarquées  et  le  firent  considérer  comme  le  plus  parfait, 
comme  le  roi  des  métaux.  Les  alchimistes  le  comparaient 
au  soleil  et  le  désignaient  par  le  même  signe  0;  ils  lui 
attribuaient  les  plus  grandes  vertus,  etilsiirent  tous  leurs 
efforts  pour  transformer  en  or  les  métaux  communs 
(V.  ci-après,  §  Alchimie).  Les  propriétés  physiques  de 
l'or  ont  été  décrites  par  PHne  et  par  Vitruve.  Pline  a 
indiqué  également  les  méthodes  de  dorure  du  bois  ou  du 
marbre  à  Laide  des  feuilles  d'or  et  de  la  dorure  du  cuivre 
par  amalgamation. 

L'or  est  jaune  brillant,  sa  teinte  s'accentue  et  devient 
rouge  quand  on  l'examine  après  plusieurs  réflexions.  Il  est 
le  plus  malléable  et  le  plus  ductile  de  tous  les  métaux;  il 
peut  être  réduit  en  feuilles  de  i/100.000®  de  millim. 
d'épaisseur  ;  il  laisse  alors  passer  une  lumière  verte  com- 
plémentaire de  sa  couleur  jaune.  Précipité  dans  un  grand 
état  de  division,  il  est  violacé  ou  rouge  pourj)re  par  ré- 
flexion et  bleu  par  transmission. 

C'est  un  métal  mou,  sans  ténacité,  trop  mou  pour 
qu'on  puisse  l'utiliser  tel  quel  dans  la  pratique  courante. 
11  est  dense,  19,5,  fusible  à  une  température  voisine  de 
d.OOO",  qui  sérail  de  1.045^  d'après  les  recherches  de 
M.  Yiolle,  effectuées  au  thermomètre  à  air  ou  par  des 
méthodes  calorimétriques.  Chaufîé  au  chalumeau,  il  entre 
en  ébuUition  et  se  condense  sur  les  parties  froides  sous 
forme  de  poussières  violettes.  L'or  natif  est  presque  tou- 
jours cristallisé  en  cristaux  cubiques  qu'on  peut  reproduire 
facilement,  soit  par  des  procédés  éiectroly tiques,  soit  par 
les  méthodes  ordinaires  de  cristallisation. 

L'or  est  inaltérable  à  l'air  et  par  l'eau  dans  toutes  les 
circonstances.  Le  chlore  est  sans  action  au  rouge,  parce  que 
le  composé  chloré  qu'on  sait  obtenir  indirectement  est  dé- 
composable  par  la  chaleur  seule.  De  là  une  application 
intéressante  :  étant  donné  de  l'or  impur,  il  suftit  de  le 
chauffer  dans  un  tube  de  porcelaine  au  rouge  vif,  au  milieu 
d'un  courant  de  chlore,  pour  transformer  en  chlorures  vo- 
latils les  métaux  qui  le  souillent.  Le  platine  se  comporte- 
rait comme  l'or  dans  les  mêmes  conditions.  Le  chlore  l'at- 
taque par  voie  humide;  une  lame  d'or  se  dissout  dans  une 
dissolution  de  chlore. 

Il  peut  s'unir  au  phosphore,  à  l'arsenic.  Si  dans  un  tube 
de  verre  contenant  de  l'or,  par  exemple,  oji  fait  passer 
des  vapeurs  de  phosphore,  on  obtient  un  phosphure  fusible 
qui,  par  refroidissement,  abandonne  les  vapeurs  de  phos- 
phore ;  il  se  produit  un  véritable  rochage  avec  formation 
d'or  en  chou-fleur. 

Le  mercure  s'unit  à  l'or  par  simple  contact.  C'est  avec 
un  amalgame  d'or  qu'on  dorait  autrefois  ;  en  portant  au 
rouge,  le  mercure  se  volatilisait  et  l'or  restait  adhérent  à 
l'objet  ;  la  dorure  ainsi  obtenue  était  plus  solide  que  la 
dorure  par  voie  électrochimique.  C'est  encore  ce  procédé 
qu'on  doit  appliquer  aujourd'hui  quand  on  veut  obtenir 
une  bonne  dorure.  C'est  la  même  réaction  qui  est  utilisée 
pour  extraire  les  paillettes  d'or  des  roches  qui  les 
contiennent,  le  mercure  les  retient  en  formant  un  amal- 
game qu'il  suftit  ensuite  de  distiller. 

Les  acides  simples  sont  sans  action  sur  for.  Seul  l'acide 
sélénique  fait  exception.  On  isolera  l'or  d'un  alhage 
or,  cuivre  et  argent,  en  traitant,  par  exemple,  par 
l'acide  sulfurique  qui  dissoudra  le  cuivre,  l'argent,  et 
laissera  l'or  intact.  Inattaqué  par  les  acides  azotique  ou 
chlorhydrique,  l'or  se  dissout  rapidement  dans  le  mélange 
des  deux,  l'eau  régale. 

Les  alcalis  en  solution  ou  en  fusion  sont  sans  action 
sur  l'or,  pas  plus  que  leur  mélange  avec  les  nitrates.  Mais 
les  composés  sulfurés  analogues,  les  sulfures  et  les  sulfhy- 
drates  attaquent  l'or  en  formant  des  sulfures  doubles  oii 


le  sulfure  d'or  joue  le  rôle  de  sulfure  acide.  Il  suffit  de 
chauffer  l'or  avec  des  produits  sulfurés  et  des  alcahs  pour 
obtenir  des  produits  très  fusibles,  solubles,  en  reprenant 
par  l'eau.  C'est,  dit-on,  en  s'appuyant  sur  cette  réaction 
((ue  Moïse  a  fait  fondre  le  veau  d'or. 

L'or  est  soluble  dans  le  cyanure  de  potassium  avec 
absorption  de  l'oxygène  de  l'air.  La  marche  de  la  réaction 
parait  devoir  se  traduire  par  l'équation  : 
Au2  .-H  SC^^AzK  H-  20^  +  ^H^O^  -  /lAu^CUz  K  C'^Az 

il  se  forme  un  cyanure  double  aureux.  C'est  là  le  principe 
de  la  méthode  Mac  Arthur  et  Forrest  utilisée  pour  extraire 
au  Transvaal  l'or  des  tailings,  c.-à-d.  des  résidus  de  trai- 
tement parle  mercure.  Cette  méthode  est  appliquée  con- 
curremment avec  la  méthode  de  chloruration  qui  repose 
sur  la  dissolution  de  l'or  dans  l'eau  de  chlore.  La  solu- 
tion alcaline  de  brome,  les  solutions  chaudes  de  bromure 
de  fer  dissolvent  également  l'or. 

Le  pourpre  de  Cassius,  qui  est  utilisé  pour  la  fabrica- 
tion des  verres  rubis,  est  une  laque  stannique  colorée  par 
l'or  qui  se  forme  quand  on  réduit  la  solution  de  chlorure 
d'or  par  le  chlorure  stanneux  en  présence  du  chlorure 
stannique.  C'est  un  précipité  rouge  pourpre  et  rouge  brun 
formant,  après  dessiccation,  une  poudre  brune  qui  devient 
rouge  brique  après  calcination,  sans  perdre  d'oxygène.  Le 
mercure  ne  lui  enlève  pas  son  oi'  à  froid. 

Chlorures  d'or. —  Il  en  exisle  deux,  le  sous-chlorure 
Au^Cl  et  le  trichlorure  Au~Cl'^  Le  sous-chlorure  n'est  pas 
volatil,  il  est  peu  stable,  il  résulte  de  la  décomposition 
])artielle  sous  l'action  de  la  chaleur  du  trichlorure.  L'eau 
liouillante  le  décompose  en  or  métallique  et  trichlorure. 
Le  trichlorure  AirCl^  est  le  principal  composé  de  For. 
Quand  on  dissout  le  métal  très  divisé  dans  le  chlore  humide 
ou  bien  à  l'aide  de  l'eau  régaie,  on  obtient  dans  ce  der- 
nier cas  une  liqueur  jaune  assez  foncée,  qui,  évaJ3orée  et 
reprise  par  l'eau,  laisse  dégager  des  vapeurs  rutilantes. 
C'est  une  combinaison  qui  renferme  le  groupe  AzO^Cl  : 
Au^Cl'^  AzO^Cl. 

En  reprenant  plusieurs  fois  le  produit  par  l'acide  chlor- 
hydrique, on  finit  par  obtenir  une  matière  solide  cristal- 
lisée : 

Au^Cr^  HCl, 

qui  perd  l'acide  chlorhydrique  quand  on  la  chaufîé  con- 
venablement. Il  convient  toutefois  de  conduire  cette  opé- 
ration avec  précaution  ;  si  l'on  ne  chauffe  pas  o.ssez,  il 
reste  encore  de  l'acide;  si  l'on  chauflPe  trop,  on  décompose 
partiellement  le  trichlorure. 

C'est  une  masse  cristalline  brune,  hygroscopique,  qui  se 
combine   aux  chlorures  de  sodium,  de  potassium,  pour 
donner  dos  chlorures  doubles  cristallisés  : 
Au^Cl^KCl,  5H0, 
Au2CPNaCl,4ÎI0, 
qui  sont  utilisés  en  photographie  pour  le  fixage  des  épreuves. 
Le  chlorure  d'or  est  à  la  fois  un  oxydant  et  unchlorurant, 
car  c'est  avec  la  plus  grande  facilité  qu'on  peut  en  sépa- 
rer le  chlore  du  métal.  La  solution  est  romenée  à  l'état 
métallique  par  un  grand  nombre  de  réducteurs  :  le  phos- 
phore solide,  par  exemple,  déplace  For  du  chlorure,  il  se 
recouvre  d'or  métallique  cristallisé.   Cette  réaction  avait 
été  utilisée  autrefois  parBerzélius  pour  déterminer  l'équi 
valent  de  l'or  ;  les  autres  produits  étant  solubles,  on  obtient 
de  For  pur. 

L'acide  phosphoreux  réduit  le  chlorure  d'or  ;  il  en  est 
de  même  des  acides  arsénieux,  antimonieux,  de  l'acide 
sulfureux  et  des  sulfites.  La  réaction  exercée  par  le  sul- 
fate ferreux  à  froid  donne  un  or  très  divisé  qu'on  utilise 
après  lavage  pour  la  décoloration  de  la  porcelaine.  Si  le 
chlorure  d'or  est  mélangé  avec  celui  de  platine,  ce  dernier 
n'est  pas  réduit  par  le  sulfate  ferreux. 

Comme  autre  réducteur,  on  peut  citer  encore  l'acide 
oxalique,  qui  précipite  aussi  For  sous  une  forme  extrême- 


/i8{) 


OR 


ment  divisée  et  qui  n'agit  pas  sur  le  platine,  l.a  réaction 
ici  doit  être  faite  à  chaud,  dans  un  ballon  ;  si  les  parois 
du  vase  sont  bien  nettoyées,  elles  peuvent  se  ti^ouver  dorées 
dans  ces  conditions  : 

(■/0«H^  4-  ±VaHV=:  '2Au^  +  6i\W  -+-  BHCL 

On  connaît  également  les  deux  bromures  et  les  deux 
iodures  correspondants. 

Cyanuiies  i)'or.  —  Il  sudî  t  d'ajouter  une  dissolution  de  cya- 
nure de  potassium  à  une  solution  de  chlorure  d'or  pour 
obtenir  une  solution  de  cyanure  double  : 

Au^Cy^KCy,  m^0\ 

auquel  correspond  la  combinaison  Au^Cy'^HCy,  qui  est  un 
véritable  acide.  On  connaît  aussi  le  cyanure  aureu'x  : 
Au^Cy  KCy. 

C'est  toujours  à  l'état  de  cyanure  double  que  l'or  est 
employé  dans  les  bains  de  dorure  par  voie  électrochi- 
mique ;  l'objet  est  fixé  au  pôle  négatif  d'une  pile  et  plongé 
dans  un  bain  renfermant,  pour  dOO  gr.  d'eau,  1  gr.  de 
chlorure  d'or  et  10  gr.  de  cyanure  de  potassium.  On  sus- 
pend au  pèle  positif  de  la  pile  une  électrode  soluble  for- 
mée d'une  lame  d'or.  La  solution  est  neutre  ou  alcaline. 
On  n'a  pas  là  de  réaction  secondaire  comme  avec  le  chlore, 
qui  pourrait  redissoudre  partiellement  le  métal  déposé.  Le 
bain  est  légèrement  chauffé. 

Oxydes  d'or.  —  Ces  composés  sont  d'une  grande  impor- 
tance ;  on  en  connaît  deux,  le  sous-oxyde,  Au'O,  et  le  sesqui- 
oxydo,  AuW.  Celui-ci  est  facilement  décomposable  par  la 
chaleur.  Quand  à  une  dissolution  de  chlorure  d'or  on  ajoute 
de  la  potasse,  on  obtient  un  précipité  brun;  c'est  l'oxyde 
aurique,  Au^O-'^  -f-  H^O^,  qui  dérive  de  Au^O^^  BîI'^O^  par 
perte  de  ^H'^O^.  Ce  précipité  est  soluble  dans  la  potasse 
en  excès,  et  en  n'employant  pas  un  trop  grand  excès  de 
celle-ci,  on  peut  obtenir  une  combinaison  cristallisée, 
Au^O^KOSH^O^,  très  soluble  dans  l'eau.  —  Le  protoxydo 
Au^O  n'a  point  d'intérêt. 

Sulfures  d'or.  —  On  obtient  un  sulfure  en  ajoutant 
quelques  gouttes  d'acide  suif  hydrique  dans  le  chlorure  d'or  ; 
c'est  un  précipité  brun  très  foncé.  La  précipitation  de  l'or 
peut  être  complète  ;  elle  a  lieu  à  froid  ;  le  précipité  est  en 
suspension  dans  l'eau  à  l'état  colloïdal  très  divisé.  11  se 
dissout  dans  les  sulfures  alcalins.  C'est,  en  effet,  un  sul- 
fure acide  qui  donne  des  sulfosels.  Avec  le  sodium,  par 
exemple,  on  a  obtenu  : 

NaS  AuS^  8H0, 

en  attaquant  l'or  métallique  par  un  mélange  de  monosul- 
fure de  sodium  et  de  soude.  Quand  on  lui  ajoute  de  l'acide 
chlorhydrique  en  quantité  ménagée,  on  détruit  la  combi- 
naison double  ;  il  reste  le  sulfure  d'or,  qu'il  suffit  de  gril- 
ler pour  avoir  l'or  métallique. 

Parmi  les  autres  combinaisons  de  l'or,  je  citerai  Thy- 
posulfite  double  d'or  et  de  sodium  employé  en  photogra- 
phie. Il  se  forme  quand  on  verse  dans  le  chlorure  d'or  une 
solution  d'hyposulfite  de  soude  ;  le  précipité  qui  se  dépose 
peut  être  cristallisé.  On  a  : 

3NaCl  4-  ^2(S-W)^%+  (S20-^)Au 
4-  3S-^0 'Na. 


8S203Na4-AuTi3; 


Cet  hyposulfite  aureux  double  se  forme  en  môme  temps 
que  du  tétrathionate  ;  il  ne  présente  ni  les  réactions  des 
sels  d'or,  ni  celles  des  hyposulfites  et  possède  une  grande 
stabilité. 

Quand  on  fait  digérer  le  chlorure  d'or  avec  un  excès 
d'ammoniaque,  on  obtient  un  corps  jaune  fulminant  qui 
retient  toujours  du  chlore  ;  traité  par  un  mélange  de  po- 
tasse caustique  et  d'ammoniaque,  il  laisse  un  résidu  de 
couleur  grise  qui  détone  par  le  choc,  le  frottement  ou 
une  faible  chaleur  ;  ce  corps  qui  ne  contient  plus  de  chlore 
peut  être  regardé  comme  une  combinaison  d'ammoniaque 
et  d'oxyde  aurique.  On  l'appelle  Vor  [ulminant. 


Les  sels  d'or  sont  caractérisés  par  les  propriétés  sui- 
vantes :  la  potasse  donne  un  précipité  brun,  soluble  dans 
un  excès  de  réactif;  l'ammoniaque,  un  précipité  jaune  d'or 
((dminant.  L'acide  sult'hydriquc  donne  un  précipité  noir 
qui  n'apparaît  que  dan^  des  liqueurs  très  acides  ;  ce  pré- 
cipité est  soluble  dans  les  sulfures  alcalins.  On  peut  déce- 
k'i'  la  présence  de  petites  traces  d'or  par  la  réaction  du 
pourpre  de  Cassius.  La  liqueur  à  étudier  est  additionnée 
d'un  petit  morceau  d'étain,  puis  de  quelques  gouttes  d'acide 
chlorhydrique  et  azotique.  Il  se  développe  aubout  de  quelque 
temps  une  coloration  pourpre,  d'autant  plus  intense  que 
la  liqueur  est  plus  riche  en  or. 

Or  mussK'  (V.  ["]tain,  t.  XYÎ,  p,  444). 

Essai  des  ^iatières  d'où  (V.  ]"]ssai  et  Coupellatiox). 

C.  Matignon. 

lîl.  Alchimie.  —  Les  alchimistes  avaient  la  prétention 
de  fabriquer  l'or  au  moyen  des  autres  métaux.  Ils  re- 
gardaient tous  les  corps  comme  formés  par  l'association  des 
quatre  éléments.  «  En  observant  les  qualilés  de  l'ur,  dit 
Bacon,  on  trouve  qu'il  est  jaune,  fortpesajil,  et  d'une  telle 
pesanteur  spécifique,  muliéable  et  ductile  à  uji  certain  de- 
gré. Celui  qui  connaîtra  les  procédés  nécess,aires  pour 
produire  à  volonté  la  couleur  jaune,  la  grande  pesanteur 
spécifique,  la  ductilité,  etc.  ;  celui  qui  connaîtra  ensuite 
les  moyens  de  produire  ces  qualités  à  différents  degrés, 
verra  le  moyen  et  pourra  prendre  les  mesures  nécessaires 
pour  réunir  ces  qualités  dans  tel  ou  tel  corps  :  d'où  ré- 
sultera sa  transmutation  en  or.  »  Telle  était  la  théorie  gé- 
nérale. Elle  avait  pris  un  sens  ferme  et  plus  précis  dans 
la  notion  aristotélique  des  exhalaisons  dont  l'intérieur  de 
la  terre  est  le  siège  et  qui  produisent,  sous  l'influence  des 
îemps  et  des  effluves  des  astres,  les  liions  métalliques. 
Ainsi,  disait  Proclus,  le  Soleil  engendre  l'or,  la  hiine  Lar- 
geiit,  Saturne  le  plomb,  Mars  le  ter,  Vénus  le  cuivre. 
(^ette  doctrine  passa  aux  Arabes  par  rintermédiaire  des 
Syriens.  Les  corps  transformés  graduellement  dansla  terre, 
d'après  Rhazès,  arrivent  à  la  longue  ù  Létat  d'or  et  d'ar- 
gent; mais  l'art  peut  produire  ces  effets  en  un  seul  jour. 

Toutefois,  la  possibilité  de  la  transmutution,  admise  ainsi 
à  priori,  finit  par  être  mise  en  doule,  par  suite  des  échecs 
l'éitérés  des  opérateurs,  et  l'on  s'aperçut  que  les  qualités 
de  couleur,  de  résistance  communiquées  à  certains  alliages 
métalliques,  n'étaient  que  des  apparences,  ne  résistant  pas 
à  un  examen  approfondi.  C'est  ainsi  que,  d'après  Albert  le 
Grand,  «  ceux  qui  blanchissent  par  des  teintures  blanches 
et  jaunissent  par  des  teintures  jaunes,  sans  que  l'espèce 
matérielle  du  métal  soit  changée,  sont  des  trompeurs,  et  ne 
font  ni  vrai  or  ni  vrai  argent.  »  J'ai  fait,  ajoute-t-il,  es- 
sayer l'oretFargent  alchimiques  en  les  soumettant  à  six  ou 
sept  feux  consécutifs  :1e  métal  se  consume  et  se  perd,  no 
laissant  qu'un  résidu  sans  valeur. 

■  Ces  doutes  se  sont  fortifiés  de  plus  en  plus,  et  les  chi- 
mistes d'aujourd'hui,  sans  repousser  à  priori  la  possibilité 
de  la  transmutation,  n'en  admettent  plus  la  réalisation 
effective.  Cependant,  il  subsiste  toujours  en  Orient  et  môme 
ru  Europe  quelques  alchimistes,  obstinés  dans  leurs  chi- 
mères, bien  (ju'ils  n'aient  jamais  réussi  à  en  donner  la  dé- 
niifustration  expérimentale.  M.  Berthelot. 

IV.  Mines  et  métallurgie.  —  Phincipaux  gisements. 
—  L'or  se  trouve  dans  un  grand  nombre  de  régions, 
généralement  très  disséminé  dans  les  matières  étrangères. 
.V  cause  de  sa  grande  valeur,  on  peut  cependant  exploiter 
des  gisements  dont  la  teneur  en  or  descend  à  20  et  même 
à  id  gr.  par  tonne  de  matières.  A  l'origine,  l'or  était  à 
peu  près  exclusivement  retiré  des  alluvions;  puis  les 
progrès  de  l'industrie  minière  ont  permis  de  s'attaquer  à 
ror'filonien  et,  à  mesure  que  les  traitements  métallurgiques 
se  perfectionnaient,  la  production  des  gîtes  aurifères 
augmentait  ainsi  que  le  nombre  des  gisements  suscep- 
tibles d'un  rendement  rémunérateur. 

En  Europe,  les  gisements  les  plus  importants  sont  ceux 
de  Transylvanie  :  les  centres  miniers  sont  à  Nagybanyii, 
Schemnitz,  Kremnitz,  Kœnigsberg,  Felsœlbanya,  Kapnik, 


OH 


—  440  — 


Zalathna  et  Nagyag  ;  on  y  exploite  surtout  des  minerais 
de  cuivre  auro-argentifères.  On  extrait  également  un 
peu  d'or  sur  quelques  autres  points  de  l'Autriclie  (mines 
de  Rauris,  Gastien,  Zoll,  dans  la  Cisleitlianie),  en  Alle- 
magne, en  Italie,  en  Suède,  en  Angleterre  (mines  de 
Glogau,  dans  le  pays  de  Galles),  en  Turquie.  En  France 
l'orpaillage,  qui  était  autrefois  pratiqué  sur  le  Rhône,  la 
Garonne,  l'Arve,  le  Gier,  l'Adour  et  surtout  l'Ariège,  est 
depuis  48oi2  complètement  abandonné. 

En  Asie,  c'est  la  Russie  qui  possède  les  mines  les  plus 
importantes  :  dans  l'Oural  (Bérésovsk,  près  d'Ekaterinen- 
hourg),  où  l'or  a  été  découvert  en  1737  par  un  paysan 
l'usse,  Taras  Antonov,  et  en  Sibérie  (mines  de  lAltai, 
alluvions  du  haut  Yénisséi  et  de  l'Angora)  Le  rendement 
des  mines  de  Sibérie  a,  de  nos  jours,  notablement  diminué, 
tandis  que  l'introduction  de  méthodes  perfectionnées 
dans  les  mines  de  l'Oural  augmente  constamment 
leur  production.  Aux  Indes,  les  provinces  de  Madras  et 
de  Mysore  donnent  chaque  année  de  8.000  à  9.000  kilogr. 
d'or.  Les  richesses  aurifères  de  la  Chine  ne  sont  pas 
très  connues,  quoique  fort  importantes.  Celles  du  Tonkin 
commencent  à  être  exploitées  (province  de  Son  Tay). 

La  production  aurifère  de  l'Océanie  est  très  consi- 
dérable ;  c'est  l'Australasie,  formée  par  l'ensemble  de 
l'Australie,  de  la  Nouvelle-Zélande  et  de  la  Tasmanie  qui  est 
le  siège  des  principales  exploitations.  Les  premiers  gise- 
ments ont  été  trouvés  en  4854,  mais  on  en  découvre 
constamment  de  nouveaux  :  on  y  exploite  de  l'or  allu- 
vionnaire et  des  filons  de  quartz  et  de  pyrites.  La  province 
la  plus  riche  est  celle  de  Victoria  (Ballarat,  Beechworth, 
Maryborough,  Aramt)  ;  elle  a  fourni  74.659.875  fr.  en 
4895;  puis  viennent  les  provinces  de  Queensland  (Gym- 
pie,  Palmer),  qui  a  fourni  54.237.249  fr.,  de  l'Australie 
occidentale  et  de  l'Australie  méridionale,  qui  ont  produit 
respectivement  22.487.245  fr.  et  3.248.434  fr.  d'or  en 
4895.  La  Tasmanie  (Mont-x\rthur,  rivières  Timor,  Pic- 
man)  a  donné  la  même  année  5.354.937  fr.  et  la  Nou- 
velle-Zélande (mines  de  Yvercargill,  Waiotahi,  Mouna- 
taiari,  Waihi),  29.309.776  fr.  En  Nouvelle-Calédonie, 
on  a  d'abord  exploité  la  concession  de  Fem  Hill,  actuelle- 
ment abandonnée;  à  la  mine  Eurêka,  il  y  a  un  filon  de 
cuivre  auro-argentifère  contenant  50  gr.  d'or  à  la  tonne 
environ. 

Pendant  longtemps,  c'est  de  l'Amérique  que  l'on  a  extrait 
la  plus  grande  partie  de  l'or;  la  production  y  est  en- 
core très  élevée  :  les  Etats-Unis  à  eux  seuls  ont  fourni 
en  4897  pour  29  milhons  d'or,  dépassés  seulement  par 
le  Transvaal  (V.  ci-après,  §  Statistique).  Les  gisements 
les  plus  riches  sont  ceux  du  Colorado  (régions  du  Boulder, 
Creek,  avec  les  mines  de  Mountain  Lion  etKeystone,  et  du 
Cripple  Creek  avec  les  mines  Indépendance,  Isabelle,  Re- 
becca,  Victor,  etc.)  ;  le  Montana  et  le  Dakota  donnent,  de 
leur  côté,  chacun  environ  5.000  kilogr.  d'or  par  an.  La 
(^.alifornie  est  aussi  très  productive  :  les  vallées  du  Sacra- 
mento  et  de  la  plupart  de  ses  affluents  contiennent  d'im- 
menses placers  aurifères;  outre  ces  alkmons,  on  exploite 
de  nombreuses  mines  de  quartz  aurifères,  telles  que  la 
Sheep  Ranch,  la  Utica,  dans  le  district  d'Angels,  qui  produi- 
sent par  an  respectivement  7.770. OOOfr.  et  46. 783. 200  fr.; 
la  production  totale  de  la  Californie  est  d'environ  400  mil- 
lions de  fr.  Le  Canada,  la  Colombie  anglaise,  le  Mexique, 
le  Brésil,  le  Pérou,  la  République  Argentine,  le  Chili,  la 
Guyane  renferment  également  des  gisements  aurifères  en 
pleine  exploitation. 

Depuis  quelques  années,  la  production  aurifère  des 
Etats-Unis  est  légèrement  dépassée  par  celle  de  la  Répu- 
blique sud-africaine  du  Transvaal  ;  le  Witvatersrand  est 
le  district  minier  par  excellence  ;  il  contient  de  nombreux 
liions  quartzeux  qui  se  présentent  sous  la  forme  de  bancs 
disloqués  et  discontinus  appelés  reefs  et  dans  lesquels  l'or 
se  trouve  en  présence  de  fer  oxydé  dans  les  parties  voi- 
sines de  la  surface  et  sulfuré  dans  les  parties  profondes  ; 
le  plus  important  est  le  main-reef,  qui  a  été  reconnu  sur 


une  longueur  de  plus  de  50  milles  ;  sa  puissance  varie  de 
2"^, 40  à  3  m.  et  son  rendement  de  30  gr.  à  360  gr.  à 
la  tonne.  Outre  l'or  filonien,  on  exploite  encore  au  Transvaal 
de  l'or  alluvionnaire. 

A  l'extrémité  occidentale  du  Canada,  près  de  la  fron- 
tière de  l'Alaska,  on  avait  reconnu,  il  y  a  une  quinzaine 
d'années,  la  présence  de  l'or  dans  les  alluvions  de  diverses 
rivières  tributaires  du  Yukon  :  mais  la  rigueur  du  climat, 
la  cherté  des  vivres  rendaient  l'exploitation  peu  fruc- 
tueuse. De  récentes  recherches  ont  fait  découvrir  en  4896 
des  gisements  extrêmement  riches,  dans  la  vallée  de  la 
Klondike,  affluent  de  droite  du  Yukon  :  des  fortunes  de 
plusieurs  centaines  de  mille  francs  y  ont  été  amassées  en 
quelques  mois,  et  de  nombreux  mineurs,  en  proie  à  la  fièvi'c 
de  l'or,  ont  accouru  dans  cette  région,  où  la  température 
s'abaisse  parfois  jusqu'à  —  50*^  et  —  55°  C.  et  où  il  faut 
souvent  employer  le  feu  pour  rendre  les  alluvions  plus 
faciles  à  attaquer.  On  y  a  trouvé  aussi  des  pépites  encore 
adhérentes  à  des  morceaux  de  quartz,  ce  qui  fait  supposer 
la  présence  de  filons  à  faible  distance.  La  ville  deDawson 
Citv,  bâtie  au  confluent  de  la  Klondike  et  du  Yukon,  compte 
actuellement  (4897)  4.000  hab.,  et  on  estime  ci  5.000  le 
nombre  des  mineurs  occupés  aux  exploitations  aurifères. 

S.  MOUTOU. 

ExPLorrATioN  des  gisements.  —  Le  mode  d'exploitation 
du  minerai  d'or  diffère  suivant  que  ce  minerai  est  à  l'état 
d'alluvions,  de  filons  ou  de  couches.  Les  amas  d'alluvions, 
communément  désignés  sous  le  nom  de  placers,  ou  encore 
de  carions  quand  le  dépôt  s'est  formé  dans  une  gorge 
étroite  et  profonde,  ont  une  épaisseur  qui  varie  de  42  à 
60  m.  ;  le  minerai  y  est  à  fleur  du  sol  et  son  enlèvement 
s'opère  par  les  mêmes  procédés  que  ceux  employés  dans 
toutes  les  carrières  à  ciel  ouvert  ;  ce  n'est,  en  définitive, 
qu'un  simple  travail  de  terrassement.  Pourtant,  en  Cali- 
fornie, où  les  placers  affectent,  en  général,  l'aspect  de 
petites  coUines,  on  les  attaquait  encore,  il  y  a  quelques 
années,  à  l'aide  de  jets  d'eau  d'une  puissance  énorme  (4  à 
5  atmosphères  de  pression),  qui  les  sapaient  à  la  base, 
désagrégeaient  la  masse  et  l'entraînaient  directement  dans 
les  sluices  (V .  ci-dessous);  mais  les *hydraulic  mines, 
comme  on  les  appelait,  inondaient  tout  le  pays,  où  ils  ré- 
pandaient la  désolation,  et,  à  la  suite  des  réclamations 
des  habitants,  cette  méthode  a  été  interdite  par  une  loi. 
Les  filons  et  les  couches  s'exploitent  par  puits  et  par  ga- 
leries, d'après  les  méthodes  générales  qui  ont  été  décrites 
à  l'art.  Mine.  Si  la  région  est  montagneuse,  on  peut  le 
plus  souvent  se  borner  à  percer  des  galeries  horizontales, 
sans  foncer  des  puits.  Au  contraire,  lorsque  le  terrain  n'est 
que  légèrement  accidenté  et  que  le  gîte  a  plus  d'une  ving- 
taine de  mètres  de  profondeur,  les  puits  deviennent  néces- 
saires. Au  Witwatersrand,  dans  le  Transvaal,  où  l'on  doit 
descendre  jusqu'à  460  et  475  m.,  on  en  creuse  quelque- 
fois deux  par  mine,  mais  d'ordinaire  un  seul.  Ils  sont  re- 
coupés par  des  galeries  distantes,  en  général,  d'une  tren- 
taine de  mètres  et  ayant  une  hauteur  de  4 '",50  à  4 "^,75. 
Quant  aux  machines  d'extraction,  elles  n'offrent  rien  de  par- 
ticuher.  Les  frais  d'exploitation  varient  entre  40  et  45  fr. 
la  tonne  de  minerai,  suivant  la  puissance  du  gîte  et  la 
disposition  des  travaux  d'aménagement.       L.  Sagnêt. 

Traiiement  du  minerai.  —  Le  mode  d'extraction  de 
l'or  du  minerai  varie  avec  la  nature  de  ce  minerai  ;  mais, 
quel  que  soit  le  mode  de  traitement  final,  il  est  toujours 
précédé  d'une  séparation  mécanique  qui  repose  sur  la  forte 
densité  de  l'or  natif,  densité  qui  descend  rarement  au- 
dessous  de  44,8.  Pour  séparer  la  poussière  d'or  du  sable 
et  des  matières  terreuses  qui  raccompagnent,  les  anciens 
se  servaient  de  courants  d'air  qui,  entraînant  le  sable  et 
les  autres  substances  plus  légères,  laissaient  l'or  en  arrière. 
Cette  méthode  se  pratique  encore  dans  l'Arabie  et  dans 
rOrient.  On  reconnut  plus  tard  que  l'eau  effectuait  la  sé- 
paration plus  rapidement  et  plus  économiquement,  et  la 
méthode  est  appliquée  aujourd'hui  dans  le  monde  entier. 
Le  chercheur  d'or  (orpailleur)  isolé,  qui  procède  encore 


u\ 


OH 


ilo  la  façon  la  plus  primitive  ot  la  plus  simple,  met  de  la 
boue  aurifère  dans  une  sébile  ou  battée,  où  le  sable  est 
remué  et  trié  à  la  main  sous  un  iilet  d'eau  ou  dans  un 
cours  d'eau  ;  Teau  entraîne  les  parties  les  plus  légères, 
tandis  que  l'or,  grâce  ù  sa  forte  densité,  se  dépose  au 
fond  de  la  sébile.  Le  berceau  {rocker),  appareil  de  plus 
grandes  dimensions,  est  constitué  par  une  caisse  rectan- 
gulaire, inclinée  vers  un  de  ses  petits  côtés  qui  est  ouvert  ; 
iJ  est  suspendu  de  manière  à  i)ouvoir  osciller  comme  un 
ber-^eau  d'enfant  ;  la  caisse  est  recouverte  d'une  grille 
métallique  et  le  fond  est  garni  d'une  toile  grossière.  Le 
sable  aurifère  déposé  sur  la  grille,  sous  la  double  influence 
du  mouvement  de  la  grille  et  du  courant  d'eau,  cède  ses 
parties  les  moins  grossières  qui  traversent  la  grille  et  se 
subdivisent  en  portions  légères  entraînées  par  le  courant 
d'eau  et  en  portions  lourdes  contenant  l'or,  qui  viennent 
se  déposer  sur  la  toile  du  fond. 

La  séparation  par  l'eau  ne  permet  pas  commodément 
d'effectuer  une  séparation  complète  de  l'or  et  du  minerai, 
car  il  est  difficile  d'enlever  tout  le  sable  sans  perdre  une 
partie  de  l'or  finement  divisé  ;  on  y  arrive  plus  facilement 
en  utilisant  la  propriété  que  possède  l'or  de  s'unir  au 
mercure  pour  former  un  amalgame  liquide  très  lourd,  par 
conséquent  très  facile  à 
débarrasser  du  sable 
granulaire.  On  triture 
les  sables  lavés  et  en- 
l'ichis  avec  du  mercure 
dans  divers  appareils 
d'amalgamation ,  bas- 
sins ou  tonneaux  ani- 
més d'un  mouvement 
de  rotation.  L'amal- 
game recueilli  et  sou- 
mis à  la  distillation 
abandonne  de  l'or.  Le 
p  r  0  c  é  d  é  d' amalgama- 
tion  est  appliqué  aussi 
bien  par  l'orpailleur  qui 
travaille  seul  dans  un 
canon  que  par  les  gran- 
des compagnies  qui  trai- 
tent des  milliers  de 
tonnes  de  minerais  par 
jour. 

La  disposition  dite 
au  sluice  permet  de 
travailler  beaucoup  plus 
rapidement.  Le  sluice 
est  un  canal  incliné  en 

planches,  de  0^",3  de  largeur  et  d'une  longueur  de  4 00  à 
1.000  m.  ;  le  fond  est  garni  de  saillies  en  bois  et  de  ca- 
vités dans  lesquelles  on  place  du  mercure.  On  jette  à  la 
pelle  le  sable  aurifère  dans  le  haut  du  sluice  oii  il  se 
trouve  entraîné  par  un  fort  courant  d'eau,  l'or  plus  lourd 
est  retenu  par  les  saillies  et  parle  mercure,  un  mineur  peut 
avec  cet  appareil  opérer  le  lavage  journalier  de  18  tonties 
de  sable.  L'appareil  est  surtout  employé  pour  l'exploita- 
tion des  placers  de  montagnes. 

Le  lavage  donne  toujours  lieu  à  des  pertes  considérables. 
Une  partie  de  l'or  est  enclavée  dans  des  fragments  de 
quartz  relativement  trop  gros  pour  que  leur  densité  en 
soit  changée  et  il  faudrait  broyer  ces  fragments  pour  en 
isoler  le  métal,  mais  les  frais  de  broyage  ne  seraient  en 
général  pas  compensés  par  l'augmentation  correspondante 
du  rendement. 

Le  traitement  des  roches  et  des  fdons  aurifères  doit 
être  précédé  du  broyage  qui  transforme  le  minerai  en  un 
sable  fin  auquel  il  sera  possible  d'appliquer  le  traitement 
précédent.  Nous  allons  exposer  le  traitement  des  minerais 
d'or  au  Transvaal,  là  où  ce  traitement  a  subi  les  plus  re- 
marquables perfectionnements. 

L'or  ne  se  rencontre  pas  ici  dans  la  roche  quartzeuse, 


J^royeur  à  excentrique  Cornet. 


mais  dans  un  conglomérat  de  teinte  marbrée  que  l'on  dé- 
signe dans  le  pays  sous  le  nom  hollandais  de  banket  (wou- 
gat).  Le  banket  est  formé  de  cailloux  reliés  les  uns  aux 
autres  par  une  sorte  de  ciment  siliceux  qui  contient  des 
cristaux  de  pyrite  ferrugineux.  Au-dessus  du  niveau  per- 
manent des  eaux,  ces  pyrites  ont  été  partiellement  oxydées 
au  contact  de  l'air  et  de  l'humidité.  Ainsi  la  roche  est  de 
moins  en  moins  oxydée  ;  à  mesure  que  l'on  descend  au- 
dessous  de  la  surface  libre  et,  dans  les  grandes  profon- 
deurs, la  roche  est  presque  uniquement  pyriteuse.  La  partie 
oxydée,  désignée  sous  le  nom  de  minerai  free-milling .  est 
extrêmement  friable. 

A  la  sortie  de  la  mine,  le  triage  du  minerai  se  fait  gé- 
néralement sur  une  plate-forme  faisant  suite  aux  grilles 
sur  lesquelles  on  décharge  le  minerai.  Une  prise  d'eau 
permet  l'arrosage  du  minerai,  dont  les  gros  morceaux  sont 
simplement  triés  à  la  main  sans  être  fragmentés.  Le  mi- 
nerai est  ensuite  complètement  désagrégé  et  réduit  en  fine 
poussière,  afin  que  les  éléments  d'or,  si  petits  qu'ils  soient, 
puissent  arriver  au  contact  des  réactifs  qui  seront  chargés 
de  les  dissoudre.  Le  concassage  se  fait  par  desconcasseurs 
à  mâchoires  ou  mieux  par  un  concass(Hn'  à  mouvement  de 
rotation  excentrique  ;  l'un  des  plus  employés,  le  broyeur 

Gatescounste,  est  un 
cône  plein,  à  axe  verti- 
cal, revêtu  d'une  enve- 
loppe d' acier ,  qui  tourne 
dans  un  vide  conique, 
également  revêtu  de 
plaques  à  rainures  en 
acier  dur.  Le  minerai 
introduit  entre  les  deux 
surfaces  coniques  se 
trouve  rapidement 
broyé.  Un  tel  broyeur 
concasse  24  tonnes  par 
heure.  Le  minerai  con- 
cassé est  amené  par  un 
distributeur  dans  un 
mortier  où  se  meuvent 
des  pilons  ou  bocards. 
Dans  chaque  mortier  se 
trouvent  cincj  bocards 
qui  sont  alternative- 
ment soulevés  par  une 
came  en  fonte,  dont 
l'arbre  est  supporté  pai' 
un  bâti  en  bois.  Sous 
l'influence  de  leur  pro- 
pre poids,  ces  pilons 
retombent  sur  un  dé  en  même  temps  qu'ils  tournent  sur 
eux-mêmes,  le  minerai  se  trouve  ainsi  broyé.  A  la  hauteur 
du  dé,  les  parois  intérieures  du  mortier  sont  revêtues  de 
plaques  de  cuivre  amalgamées,  chargées  de  retenir  les 
paillettes  d'or.  Le  minerai  sort,  après  broyage,  entraîné 
par  un  courant  d'eau,  à  l'état  de  boue  ou  de  pulpe  à  tra- 
vers une  boîte  métallique  dont  les  dimensions  règlent  la 
finesse  du  broyage,  et  s'écoule  en  passant  au-dessus  d'une 
nouvelle  plaque  de  cuivre  amalgamé  où  l'or  entraîné  est 
retenu  par  le  mercure.  Chaque  pilon  pèse  de  iOO  à  S'iO  ki- 
logr.  ;  il  fait  92  chutes  par  minute  et  peut  broyer  4  à 
5  tonnes  de  minerai  en  vingt-quatre  heures. 

Les  plaques  d'amalgamation  jouent  un  rôle  important 
dans  les  bocards  du  type  californien;  elles  sont  en  cuivre 
très  poreux  et  sont  préparées  avec  un  grand  soin.  Elles 
retiennent  d'autant  plus  d'or  que  celui-ci  est  plus  pur  et 
se  présente  en  paillettes  plus  volumineuses  ;  quand  le  mé- 
tal est  très  divisé,  l'or  est  entraîné  en  grande  partie  par 
l'eau.  Aux  Etats-Unis,  au  Venezuela,  en  Australie,  où  l'or 
est  très  pur  et  en  grains  assez  volumineux,  les  plaques 
d'amalgamation  absorbent  75  à  80  °/od'or;  au  Transvaal, 
on  ne  dépasse  guère  oo  °/o. 

On  recueille  de  temps  en  temps  l'amalgame  formé.  On 


OK 


—  Ui  -» 


gratte,  au  moyen  de  frottoirs  en  caoutchouc,  la  surface 
des  lames  et  l'on  retire  ainsi  l'amalgame  qui  est  remplacé 
par  du  mercure.  Le  métier  d' amalgameu?^  réclame  beau- 
coup d'atten- 
tion et  depra- 
tiijue. La  perte 
en  mercure 
dépend  de  la 
nature  du  mi- 
nerai :  ainsi, 
elle  est  beau- 
('  0  u  p  plus 
grande  avec 
les  minerais 
pyriteux  qu'a- 
vec le  minerai 
oxydé  de  la 
surface.  Au 
Transvaal,  la 
perte  en  mer- 
cure est  d'en- 
viron 28  gr. 
par  tonne  de 
minerai  ;  il  en 
résulte  que 
la  consomma- 
tion annuelle 
dans  le  district 

du  Rand  n'est  pas  inférieure  à  i.OOO  ])outeilles  (de  32  à 
34 kilogr.)  représentant  une  valeur  d'environ  300.000  îx\ 
L'amalgame  purifié  par  une  addition  de  mercure,  ce  qui 
permet  de  le  séparer  de  produits  non  dissous,  est  placé 
dans  une  presse  dont  la  base  est  formée  d'une  plaque  per- 
forée recouverte  d'une  toile  filtrante,  comme  dans  les 
filtres-presses  ordinaires.  Cette  opération  permet  d'élimi- 
ner l'excès  de  mercure,  l'amalgame  retiré  de  la  presse 


-^^. 


on  en  extrait  la  plus  grande  partie  de  l'or  restant  par 
deux  procédés,  la  chloruration  et  la  ctjanuration,  qui 
sont  apppliqués  :  l'une,  aux  parties  les  plus  lourdes  de  la 

pulpe  ;  l'au- 
tre, aux  par- 
ties les  plus 
légères.  La 
séparation  de 
la  pulpe  se  fait 
à  l'aide  de  dif- 
férents appa- 
reils fondés 
tous  sur  le 
même  prin- 
cipe et  dont 
le  plus  ré- 
pandu est  le 
frue  vanner. 
Ce  frue  con- 
siste en  une 
courroie  sans 
tin  en  caout- 
chouc, légè- 
rement incli- 
née et  sup- 
portée par  des 
rouleaux ,  sa 
largeur  est  de 
'l^'\20  et  sa  longueur  de  3»^\60  Le  minerai  broyé  et 
mélangé  d'eau  est  amené  à  environ  i  m.  de  la  tète  de 
coujToie  et  coule,  lentement  entraîné  par  des  filets  d'eau. 


Eusuuible  d'une  batterie. 


Batterie  de  10  bocards. 

est  sec  et  consistant  ;  son  aspect  est  celui  de  l'argent  mé- 
tallique. On  le  distille  dans  une  cornue  en  fonte  munie 
d'un  tube  de  dégagement  à  circulation  d'eau  froide.  L'or 
resté  dans  la  cornue  est  fondu  dans  un  creuset  de  plom- 
bagine avec  une  petite  quantité  de  borax  et  de  nitre,  puis 
coulé  dans  des  lingotières  en  fonte  ;  les  hngots  obtenus  sont 
d'environ  28  kilogr.,  ils  ont  un  titre  de  800  à  835  mil- 
lièmes, et  contiennent  de  l'argent  et  d'autres  métaux 
communs. 

Le  broyage  et  l'amalgamation  simultanés  laissent  40  à 
50  7o  du  métal  précieux  dans  le  minerai  broyé,  la  pulpe; 


Mortier  d'une  batterie  de  bocards. 

sur  ce  plan  incliné  qui,  en  plus  de  son  mouvement  de  dé- 
placement longitudinal  (en  sens  inverse  de  la  pente),  re- 
çoit régulièrement  des  secousses  transversales.  Il  se  fait 
ainsi  une  séparation  entreles  parties  métalliques  plus  denses 
et  par  conséquent  plus  adhérentes  à  la  courroie,  qui  re- 
montent contrairement  au  courant  d'eau  et  les  parties 
quartzeuses  légères  entraînées  par  celui-ci,  de  sorte  qu'on 
finit  par  obtenir,  à  un  bout,  les  concentrés  (pyrite  et  or), 


—  443 


OR 


tandis  que  de  l'autre  côté  s'écoulent  des  résidus  sableux 
{tailings)  et  des  boues  fmes  (slwies). 

Les  tailings  et  les  slimes  représentent  la  presque  tota- 
lité du  minerai  broyé;  les  concentrés  ne  correspondent 
qu'à  une  faible  fraction,  environ  H'^/o.  Ces  concentrés  sont 
très  riches  en  or,  ils  contiennent  i>'énéralemenl  de  \T){}  à 


Frue  vanner. 

230  gr.  par  tonne.  Ce  sont  eux  qui  sont  soumis  à  la  chlo- 
ruration,  chloruration  qui  ne  se  fait  pas,  généralement, 
sur  place,  mais  dans  un  petit  noml)re  d'usines  qui  cen- 
tralisent tous  les  concentres. 

La  chloruration  repose  sur  la  propriété  que  possède 
l'eau  de  chlore  de  dissoudre  l'or  en  formant  une  solution 
aurifère  oii  l'or  peut 
être  facilement  pré- 
cipité à  la  tempéra- 
ture ordinaire  par  ad- 
dition de  sulfate  fer- 
reux. La  chloruration 
doit  être  précédée 
d'un  grillage  pour 
oxyder  toutes  les  par- 
ties pyriteuses  qui  ab- 
sorberaient inutile  - 
ment  du  chlore  au 
moment  de  la  chlo- 
ruration. Le  soufre, 
l'arsenic,  l'anti- 
moine, sont  éliminés, 
et  les  métaux,  à  l'ex- 
ception de  l'or,  sont 
transformés  en  oxy- 
des. 

Le  gnlhge  s'effec- 
tue dans  de  longs 
fours  à  réverbère , 
puis  le  minerai  oxydé 
est  chargé  dans  des 
cuves  en  bois  munies 
d'un  double  fond 
percé  de    trous.  Le 

chlore,  engendré  en  dehors,  est  conduit  entre  les  deux  fonds 
et  pénètre  graduellement  dans  la  masse  du  minerai  po- 
reux et  humecté  d'eau.  Cette  eau  se  sature  peu  à  peu  de 
chlore  qui  agit  sur  l'or  et  le  dissout;  en  ajoutant  une  nou- 
velle quantité  d'eau,  on  entraîne  le  chlorure  dans  une  cuve 
où  on  l'additionne  de  sulfate  ferreux  ;  l'or  précipité  se 
dépose  lentement  et,  après  vingi-qualre  heures,  on  dé- 
cante la  solution  qui  surnage.  Le  précipité  d'or  lavé  est 
fondu  dans  un  creuset  de  graphite  en  présence  d'un  fon- 
dant oxydant. 

Le  procédé  de  chloruration  imaginé  par  Plattner  a  reçu 
quelques  modifications  ;  quelquefois  on  opère  avec  le  chlore 
sous  pression  ;  d'autres  fois,  on  laisse  digérer  le  .minerai 
dans  l'eau  de  chlore  comprimée.  La  chloruration  transforme 
l'argent  en  chlorure  d'argent  insoluble  qui  reste  dans  le 
résidu  et  se  trouve  par  conséquent  perdu. 

Les  portions  du  minerai  broyé,  entraînées  par  le  courant 
d'eau  du  fjme  vanner  se  rendent  dans  des  cuves  de  repos, 
la  première  de  ces  cuves  retient  les  parties  les  plus 
lourdes  ou  tailings,  la  cuve  suivante  les  parties  les  plus 


Coupe  d'une  usine  de  chloruration. 


légères  ou  slimes.  Les  tailings  représentent  60  "/«  du  poids 
du  minerai  primitif  et  contiennent  de  78^5  à  10ê''\5  d'or 
cà  la  tonne  ;  les  slimes  correspondent  à  40  ^o  de  minerai 
])royé,  elles  sont  moins  riches  et  renferment  seulement  de 
\  à  7  gi\  d'oi'  par  tunne. 

Les  slimes  entraînent  avec  elles  un  dixième  de  Por  total, 
or  qui  jusqu'ici  est  complètement  perdu,  car  on  n'a  pas 
encore  réussi  à  extraire  cet  or  ;  des  essais  se  font  en  ce 
moment  au  Transvaal  qui  pourraient  bien  aboutir  à  un 
résultat,  mais  on  n'est  pas  encore  fixé  sur  la  valeur  des 
procédés  proposés. 

Les  tailings  sont  traités  par  la  cyanuration,  méthode 
imaginée  en  1891  par  Mac  Arthur  et  Forrest.  Elle  repose 
sur  la  propriété  que  possède  le  cyanure  de  potassium  de 
dissoudre  l'or  en  formant  un  cyanure  double  d'or  et  de 
potassium  dont  la  solution  est  précipitable  par  le  zinc.  En 
réaUté,  le  zinc  métallique  précipite  l'or  très  lentement  si  la 
solution  est  dduée,  mais  que  dès  que  l'or  a  commencé  à 
se  déposer  il  se  forme  un  couple  or-zinc  qui  active  la  pré- 
cipitation. 

On  mélange  les  tailings  avec  une  solution  de  cyanure 
contenant  en  moyenne  08^4  «/o  de  cyanogène  dans  de 
grandes  cuves  pouvant  contenir  70  à  100  tonnes  de  mi- 
nerai. Ces  cuves  sont  munies  à  la  partie  inférieure  d'un 
(iUre  constitué  par  un  châssis  en  bois  recouvert  d'une  sorte 

de  canevas  formé  de 
couches  superposées 
de  fibres  de  noix  de 
coco  ;  la  solution  tra- 
verse ce  filtre  quand 
la  dissolution  est  ter- 
minée et  se  rend  en- 
suite aux  caisses  à 
zinc.  La  plupart  du 
temps  on  fait  circuler 
méthodiquement  une 
même  solution  de  cya- 
nure dans  plusieurs 
cuves. 

La  quantité  de  cya- 
nure consommée  at- 
teint jusqu'à  900  gr. 
de  cyanure  par  tonne 
de  minerai,  et  dé- 
passe plus  de  60  fois 
la  quantité  théorique- 
ment nécessaire  à  la 
d^issolution;  c'est 
qu'en  fait  un  grand 
nombre  de  substances 
du  minerai  agissent 
sur  le  cyanure  pour  le 
décomposer  inutile- 
ment, par  exemple  les  pyrites  à  demi  oxydées  et  transformées 
en  sulfates  acides  mettent  de  l'acide  cyanhydrique  en 
liberté.  La  plupart  des  métaux  tels  que  le  cuivre  présen- 
tent aussi  des  inconvénients  dans  la  cyanuration.  Le  zinc 
qui  doit  précipiter  l'or  de  la  solution  cyanurique  est  pré- 
paré en  rognures  de  manière  à  multiplier  les  surfaces  de 
contact  ;  1  kilogr.  de  ce  zinc  représente  une  surface  d'en- 
viron 10  m.  q.  et  occupe  dans  la  caisse  un  volume  de 
"20  litres.  Ces  rognures  peuvent  être  comprimées  assez 
fortement  de  manière  à  former  une  masse  élastique  spon- 
gieuse que  l'on  place  au  fond  des  caisses  à  zinc.  Le  fond 
de  ces  caisses  est  formé  par  un  treillis  mobile,  de  manière 
à  f^aciliter  la  circulation  du  liquide  et  la  séparation  de  l'or 
qui  se  dépose.  L'opération  nécessite  l'emploi  de  plusieurs 
de  ces  caisses  à  zinc.  Des  caisses  à  zinc,  la  solution  de  cya- 
nure est  envoyée  dans  une  citerne,  oii  l'on  corrige  son  titre 
de  façon  à  la  faire  servir  de  nouveau.  Les  caisses  à  zinc 
sont  vidées  deux  fois  par  mois  :  le  résidu  solide  est  lavé 
à  l'eau  de  façon  à  détacher  le  précipité  d'or  et  à  le  faire 
passer  à  travers  les  mailles  du  treillis  sur  lequel  repose  le 


OH 


zinc.  Les  rognures  de  zinc  dissoutes  restent  sur  ce  treil- 
lis. Le  précipité  est  calciné,  de  manière  à  oxyder  les 
métaux  et  à  décomposer  les  cyanures,  puis  le  résidu  so- 
lide est  fondu  avec  un  mélange  de  carl)onate  de  soude, 
de  borax  et  de  spath  fluor.  On  coule  l'or  dans  des  lingo- 
trères. 

Siemens  et  Haske  ont  donné  un  autre  procédé  pour 
isoler  l'or  de  sa  solution  de  cyanure.  La  méthode  consiste 
à  précipiter  l'or  au  moyen  d'un  courant  électrique  en  se 
servant  d'une  plaque  de  fer  comme  électrode  positive  et 
d'une  feuille  de  plomb  comme  électrode  négative.  L'or  et 
l'argent  se  déposent  sur  la  feuille  de  plomb,  tandis  que  le 
cyanure  se  porte  sur  le  fer  pour  donner  du  bleu  de  Prusse. 
Ce  précipité  est  recueilli,  puis  converti  en  cyanure  par  le 
carbonate  de  potasse.  On  sépare  l'or  et  l'argent  du  plomb 
par  coupellation.  On  a  aussi  proposé  de  précipiter  l'or 
par  l'aluminium. 

Le  procédé  du  cyanure  de  potassium  appliqué  aux  tailings 
donne  un  rendement  qui  varie  de  50  à  75  ^/o  suivant  la 
marche  plus  ou  moins  soignée  des  réactions. 

Les  mines  du  Transvaal  livrent  leur  or  à  l'état  brut  qui 
passe  alors  par  l'intermédiaire  du  raffineur  avant  d'arriver 
à  l'Hôtel  des  monnaies.  Tout  l'or  du  Transvaal  arrive  à 
Londres,  et  est  traité  dans  des  maisons  de  raffinage, 
comme  les  maisons  Rothsclnld,  Johnson  et  Masé,  et  celles- 
ci,  après  avoir  prélevé  un  gros  bénéfice,  écoulent  leur  or 
tin  aux  divers  consommateurs.  L'or  utilisé  en  France  passe 
ainsi  en  grande  partie  par  l'intermédiaire  de  l'Angleterre 
et  supporte  alors  un  droit  d'entrée  quatre  fois  plus  fort 
que  s'il  venait  directement  du  pays  d'origine. 

Les  pays  aurifères,  riches  en  combustible,  remplacent 
souvent  l'amalgamation  par  la  fusion  des  sables  aurifères. 
Ce  procédé  fournit  une  grande  quantité  du  métal  précieux. 
On  traite  le  sable  d'or  dans  un  haut  fourneau  avec  des 


Cuves  de  cyanuration. 

fondants  pour  fonte  aurifère,  et  de  celle-ci  on  sépare  l'or 
avec  l'acide  sulfurique. 

Au  Mexique,  on  fond  le  minerai  avec  de  la  litharge;  il 
en  résulte  par  réaction  un  plomb  d'oeuvre,  riche  en  or, 
(fue  l'on  soumet  ensuite  à  la  coupellation. 

Affinage.  —  Pour  purifier  l'or  brut,  on  le  soumet  à  l'opé- 
ration appelée  affinage  ;  l'or  est  traité  à  chaud  par  l'acide 
sulfurique,  de  densité  1 ,848,  pendant  environ  douze  heures  ; 
l'argent,  le  cuivre  se  transforment  en  sulfates,  et  l'or 
reste  inattaqué.  Le  sulfate  d'argent  insoluble  se  solidifie 
sous  la  forme  d'une  bouillie  cristalline,  on  l'enlève  et  on 
le  met  dans  une  chaudière  pleine  d'eau  bouillante,  en  con- 
tact avec  des  lames  de  cuivre  qui  précipitent  l'argent.  L'ar- 
gent se  dépose  sous  la  forme  d'une  masse  blanchâtre, 
grenue,  appelée  chaux  d'argent  par  les  ouvriers.  La  solu- 
tion de  sulfate  de  cuivre  évaporée  fournit  le  vitriol.  Quant 
à  l'or,  il  est  traité  à  l'ébullition  par  du  carbonate  de  soude, 
puis  fondu  et  coulé  en  lingots.  On  a  appliqué  cette  mé- 
thode à  la  récupération  de  la  petite  quantité  d'or  1/1000 
environ  contenu  dans  les  vieilles  monnaies  d'argent. 

Les  ateliers  d'affinage  à  Paris  remettent  au  propriétaire 
de  l'argent  aurifère  à  affiner,  aussi  bien  l'argent  que  l'or 
séparés  et  ils  reçoivent  pour  prix  de  leur  travail  5  fr.  à 
5  fr.  50  par  kilogramme  de  métal  affiné,  plus  le  cuivre 


contenu  dans  l'alliage.  Quand  l'alliage  ne  dépasse  pas  1/10® 
d'or,  ils  retiennent  d/"20000^  de  l'or  et  tout  le  cuivre,  et 
comptent  en  outre  une  prime  de  75  cent,  par  kilogramme 
de  métal  affiné.  Pour  Faffinage  de  l'or  argentifère  on  prend, 
à  Paris,  5  fr.  par  kilogramme.  Paris  et  les  environs 
affinent  annuellement  pour  plus  de  ^200  millions  de  fr.  de 
métaux  précieux  pour  la  Banque  de  France,  la  Monnaie 
et  la  spéculation  particulière. 

Battage  (V.  Batteur  d'or). 

Alliages.  —  A  cause  de  sa  grande  mollesse,  l'or  ne 
peut  être  utilisé  qu'allié  au  cuivre  ou  à  l'argent.  La  pro- 
portion de  cet  alliage  constitue  le  titre.  Le  titre  de  la 
monnaie  d'or  est  rigoureusement  déterminé  pour  chaque 
pays  (V.  Monnaie,  t.  XXIV,  p.  185  et  suiv.). 

Pour  la  confection  des  objets  d'orfèvrerie,  de  bijouterie, 
pour  les  médailles,  etc.,  les  alliages  d'or  sont  également 
soumis  à  un  titre  légal  et  garantis  par  un  poinçonnage 
(V.  Garantie).  Ils  présentent  les  titres  suivants  : 

(     1^^'  titre.  9^20/1000^ 

Orfèvrei'ie  ^2^     —  840     —      /        3/1000^ 

f     :>«     —  750     —  de  tolérance 

Joaillerie 750     —     \      au-dessous 

Médailles    .....  91G     —      / 

Proportions  relatives 
Or.         Arirent.     Cuivre. 

Or  dit  de  Nuremberg 55  55         100 

i  pour  objets    de 

Soudures]       750/1000^ .  400  100        100 

(  Or  rouge 500  100 

C.  Matignon. 

V.  Technologie.  —  Dorure  (V.  ce  mot). 

VI.  Beaux-arts.  —  A  cause  de  ses  multiples  qua- 
lités (ductilité,  malléabilité,  rareté),  l'or,  de  tout  temps 
considéré  comme  le  plus  précieux  des  métaux,  fut  tra- 
vaillé, dès  la  plus  haute  antiquité,  par  les  joailliers  et  les 
orfèvres  :  les  peuples  anciens  l'apphquaient  sur  le  bois, 
le  cuivre,  l'argent  et  le  laiton  ;  plus  tai'd.  on  imagina  de 
l'associer  au  carton,  au  plâtre,  au  verre,  à  la  céramique. 
L'importance  attachée  à  la  possession  de  l'or  explique 
comment  les  rois,  les  princes,  les  seigneui's  se  montrèrenl 
si  jaloux  de  <létenir  en  abondance  des  joyaux  d'or  :  la 
vaisselle  de  table  des  rois  français  était  en  or,  et  les  in- 
ventaires des  ducs  d'Anjou,  de  Bourgogne,  de  Berry,  at- 
testent que,  chez  ces  princes,  les  grandes  pièces  de  vais- 
selle d'or  :  hanaps,  salières,  chandeliers,  burettes,  flacons, 
gobelets,  aiguières,  plats,  etc..  étaient  innombrables.  Même 
abondance  de  pièces  d'orfèvrerie  dans  le  trésor  des  églises 
durant  tout  le  moyen  âge.  Il  est  remarquable  que  vers  le 
début  du  xvi^  siècle,  l'or  cessant  de  constituera  peu  pj'ès 
exclusivement  la  fortune  mobilière  de  nos  ancêtres,  ce 
(|ue  l'on  commença  de  rechercher  dans  les  ouvrages  d'or- 
fèvrerie, ce  fut  moins  la  valeur  intrinsèque  que  l'élégance 
de  la  forme  et  la  beauté  de  l'exécution.  Enfin,  au  miheu 
du  xviii^  siècle,  l'or  fut  banni  du  mobilier  ;  le  vermeil  et 
le  bronze  doré  prirent  sa  place,  et,  à  dater  de  cette 
époque,  le  «  roi  des  métaux  »  fut  réservé  pour  la  parure 
et  pour  ces  menus  objets  qui  sont  comme  les  accessoires 
du  costume,  tels  que  nécessaires,  boîtes  et  drageoirs  de 
poche,  tabatières,  etc.  G.  Cougny. 

VII.  Statistique  et  commerce.  —  D'après  une 
statistique  qui  a  été  dressée  par  M.  de  Foville  et  dont  les 
données,  naturellement  très  approximatives,  ont  été  em- 
pruntées aux  travaux  de  Soetbeer  et  aux  publications  de 
la  direction  de  la  Monnaie  des  Etats-Unis,  la  production 
de  l'or,  dans  le  monde  entier,  se  serait  élevée,  depuis 
quatre  siècles,  à  13.86 i. 900  kilogr.,  représentant,  au 
cours  actuel  de  8.444  fr.  44  (or  tin  monnayé),  une  va- 
leur de  47.755,300.000  fr.,  et  se  répartissant  comme 
suit  : 


44S  -^ 


on 


1493-1850... 
1851-1870... 

1876-1897... 


KILOGRAMMES 

d'oi'  fin 

4.752.000 
4.775.600 
4.337.300 


YALEUn 

eu  fraucis 


16.367.600.000 
16.448.500.000 
14.939.200.000 

47.755.300.000 


1493-1897....     13.864.900 

Pour  les  dix  dernières  années,  la  production  annuelle 
a  été  la  suivante  : 


1888 

1889 

1890 

1891 

1892 

1893 

1894 

1895 

1896 

1897 

1888-1897 


KILOGRAM.MKP 

d'or  fin 

165.700 
185.800 
178.500 
196.500 
220.600 
236.600 
272.600 
300.000 
305.400 
357.300 

2.419.000 


VALEUR 

en  iVaiu's 


571 

640 
615 
677 
760 
816 
939 
.033 
.052 
,230 


Diillionh 


8.333  millions 


Ainsi,  depuis  la  découverte  du  nouveau  monde  jusqu'au 
milieu  de  ce  siècle,  pendant  une  période  de  357  ans,  il 
n'avait  été  extrait  que  4.752.000  kilogr.  d'or.  Les  vingt- 
cinq  années  qui  ont  suivi,  de  1851  à  1875,  ont  donné  une 
production  un  peu  supérieure,  4.775.600  kilogr.,  et,  de- 
puis, la  moyenne  annuelle  est  restée,  en  apparence,  sen- 
siblement la  même  :  4.337.300  kilogr.  en  vingt-deux  ans. 
En  réalité,  il  y  a  eu  de  1876  à  1885  une  diminution  cons- 
tante dans  la  production,  qui  a  fait  baisser  la  moyenne; 
dans  ces  dix  dernières  années,  au  contraire,  la  quantité  d'or 
extraite  n'a  cessé  de  croître,  comme  le  montre  le  deuxième 
lableau,  dans  des  proportions  considérables:  357.300  ki- 
logr. en  1897  contre  165.700  kilogr.  en  1888. 

Les  Etats-Unis  et  l'Australie  ont  tenu  longtemps  la 
tète  dans  la  production,  suivis,  à  un  moment,  de  près  par 
la  Russie,  et  très  loin  par  le  Mexique  et  l'Amérique  du 
Sud  : 

IMOYENNl:    AN.NUELLE 

(eu  milliers  de  kilogrammes) 

1851    1861    1866  ~187Î"    1876    1881 
PAYS  à  à  à  à         à        à 

1860    1865    1870    1875    1880    1885 


Etats-Unis 

Australie 

Russie 

Mexique    et    Améri(|ue 

(lu  Sud 

Autres  pays 

Moyenne  annuelle   totale 


88 
76 
26 

7 
8 


67 
78 
24 

7 
9 


76 
7t 
80 

7 
8 


60 
63 
33 


61 
45 
40 

7 
16 


48 
43 
35 

7 
16 


200   185   195   171   172   119 


Depuis,  les  mines  du  Transvaal  ont  pris  un  rapide  déve- 
loppement, en  même  temps  ([ue  les  Etats-Unis  et  l'Aus- 
tralasie  sont  revenus,  grâce  à  l'amélioration  des  procédés 
d'extraction,  à  leur  ancien  chiffre  de  production  et  l'ont 
même  finalement  dépassé.  La  Russie  est,  au  contraire, 
demeurée  stationnaire.  Voici,  du  reste,  ])oiu^  l'ensemble 
des  années  1886  à  1897,  quelle  a  été.  pour  ces  quatre 
pays,  la  moyeimo  annuolJe  do  la  production  : 


KTLOORAMMK^ 

cl  (ir  lui 

Etats-Unis 56.000 

Australasie 52.000 

Russie 34.000 

Afrique  du  Sud 29.000 

Autres  pays 46.000 

Total 


VALEUR 

(Ml  francs 

192.900,000 
179.000.000 
117.100.000 
99.800.000 
i:)8.400.000 

217.000     747.200.000 

Depuis  trois  ou  (pialre  ans,  le  Transvaal  marclic  de  pair 
avec  les  Ltats-Unis.  Il  les  a  même  dépassés  en  1897, 
comme  le  monire  le  tableau  ci-après,  qui  a  été  établi  par 
la  direction  de  la  Monnaie  des  VTats-Unis  et  reproduit 
par  M.  Edmond  Tliéry  dans  hoii  omrago  Europe  et  Etats- 


Unis.  Le  kilogramme  d'or  tin  y  est  évalué,  couune  dans 
tout  ce  qui  précède,  au  cours  légal  de  3.444  fr.  44. 

Production  de  l'or  dans  le  monde  entier  en  1891. 


Afrique  du  Sud 

Etats-Unis 

Australasie 

Russie 

Mexique 

Indes  britanniques . . 

Canada, 

Colombie 

Guyane  britannique. 
Autriche-Hongrie  .  . 

Chine 

Guyane  française.  . . 

Allemagne 

Rrésil 

Venezuela 

Chili. 

Bolivie 

(^orée 


Japon 

Pérou 

Guyane  hollandaise . . 
Amérique  centrale. . . 

Italie 

République  Argentine. 

Equateur 

Suède 

Bornéo 

Uruguay 

Angleterre 

Turquie 


aILOGRAMMLS 

d'or  lin 

87.728,1 

86.308,4 

83.782,4 

34.975,5 

14.197,8 

10.904,6 

9.068,4 

4.513,8 

3.452,4 

3.363,7 

3.323,8 

2.313,3 

2.066,0 

1.811,8 

1.424,1 

1.397,2 

1.128,4 

1.103,0 

1.079,2 

944,9 

740,6 

707,9 

292,5 

207,0 

200,0 

127,0 

69,1 

55,0 

52,8 

11,0 


VALEUR 

en  francs 

302.028.200 

297.140.300 

288.444.100 

120.412.700 

48.880.000 

37.542.000 

31.220.400 

15.540.000 

11.886.000 

11.580.400 

11.443.100 

7.964.200 

7.112.600 

6.238.000 

4.902.900 

4.810.100 

3.885.000 

3.797.400 

3.715.600 

3.253.000 

2.549.600 

2.437.200 

1.007.000 

712.800 

688.400 

437.200 

238.000 

189.000 

181.800 

37.800 


Total 357.349,7     1.230.274.800 

La  distribution  de  Tor  par  pays  et  son  emploi  sont 
moins  faciles  à  déterminer,  car  la  statistique  manque,  à 
cet  égard,  de  données  précises,  et  les  éléments  qu'elle  peut 
se  procurer  sont  souvent  contradictoires.  L'or  sert  à  de 
nombreux  usages  :  pour  fabriquer  les  monnaies,  les  bi- 
joux, les  pièces  d'orfèvrerie,  pour  dorer  l'argent,  le  cuivre, 
le  zinc,  le  verre,  la  porcelaine.  On  en  fait  aussi  divers 
composés  qui  ont  des  usages  industriels  :  le  chlorure  d'or, 
employé  principalement  en  pbotographie,  la  pourpre  (h 
Cassius,  en  peinture,  etc.  (V.  ci-dessus,  §  Chimie).  La 
fabrication  de  la  monnaie  parait  avoir  absorbé  à  elle  seule, 
depuis  un  quart  de  siècle,  près  de  la  moitié  de  l'or  extrait. 
Si  Ton  prend,  en  effet,  la  période  de  1873  à  1897,  on 
constate  que  sur  16  milhards  et  demi  de  fr.  d'or  qui  ont 
été  produits,  7  milliards  au  moins  ont  été  convertis  en 
monnaie,  le  stock  monétaire  universel  do  l'or  étant  passé 
de  14  à  15  milliards  environ  en  1873  à  21.798  miUions 
en  1897,  se  répartissant  comme  suit  (évaluations  de  la 
direction  de  la  Monnaie  aux  Etats-Unis)  : 

Monnaies  d'or  en  circulation  à  la  fin  de  1801.'\ 

VXY^  Valeur  eu  francs 

3.860.000.000 

3.272.500.000 

2.920.000.000 

. 2.934.000.000 

892.500.000 

484.500.000 

250.000.000 

225.000.000 

193.000.000 

175.000.000 


Erance  

Allemagne 

Russie 

Angleterre 

Autriche-Hongrie . 

Itahe 

Turquie 

Espagne  

Roumanie ....... 

Belgique 


A  reporter 15 .  206 .  500 .  000 


OR  — 

PAYS  Valeur  en  francs 

Report , 15.206. 500.000 

Suisse 120.000.000 

Hollande 109.500.000 

Danemark 77.000.000 

Suède 53.000.000 

Norvège 37.500.000 

Portugal 27.500.000 

Serbie .  .  14.500.000 

Rulgarie 5.000.000 

Grèce 2.500.000 

Total  pour  l'Europe . . .     ïsToÏÏJToOO .  000 

Etats-Unis 3 .  48  L  500 .  000 

Autres  pays 2.604.000.000 

Monde  entier 21  798.500,000 

Pour  la  seule  année  1896,  la  frappe  de  la  monnaie  d'or 
représente  une  valeur  totale  de  1.015  millions  de  fr., 
alors  que  la  production  de  l'or  n'est  guère  plus  élevée  : 
1.052  millions. 

De  son  côté,  la  consommation  industrielle  paraît  se  tenir 
annuellement  aux  environs  de  300  millions  de  fr.  C'esi 
du  moins  ce  qui  ressort  des  statistiques  de  MM.  Soetbeer. 
Haupt,  Leroy-Beaulieu.  D'après  M.  lîaupt,  les  principaux 
pays  ont  employé  pour  cette  consommation  en  1886  : 

Angleterre. , , 58  millions  de  fr. 

France , 43       —  — 

Allemagne 41       -— 

Suisse 34      •—  -^ 

Amérique 66      —■ 

Autres  pays 48       — 

Total 29Ô~i^lÏÏons  de  fr. 

Tout  compte  fait,  on  arrive,  pour  la  période  précé- 
dente de  1873  à  1897,  à  une  consommation  industrielle 
totale  de  6  milliards  200  millions  de  fr.  Si  on  y  ajoute 
les  7  milliards 'convertis  en  monnaie  et  2  milliards  et  demi 
environ  restés  en  Asie  et  en  Afrique  et  perdus  pour  la 
circulation  des  autres  pays  du  monde,  on  approche  bien 
près  du  montant  delà  production  totale,  soit  16 milliards 
et  demi.  Il  faudrait  du  reste,  faire  entrer  aussi  en  ligne 
le  frai  et  les  pertes  d'autre  nature.  Une  commission  mo- 
nétaire suédoise  a  estimé,  en  1869,  l'usure  annuelle  su- 
bie par  la  circulation  universelle  de  l'or  à  60  millions  de  fr. 
Les  statisticiens  anglais  Newmarcli  et  Mac  Culloch  l'éva- 
luent seulement,  le  premier  à  0,25  ^/o  de  la  circulation 
totale,  le  second  à  0,05  %. 

Pour  la  France  seule,  la  statistique  douanière  des  mé- 
taux précieux  indique,  de  1884  à  1897,  une  importation 
de  1 .384  millions  de  fr.  d'or  et  une  exportation  de  400  mil- 
lions de  fr.,  soit  un  excédent  net  d'importation  de  984  mil- 
lions de  fr.  Pendant  le  même  temps,  l'encaisse  or  de  la 
Banque  de  France  s'est  accru  de  1.032  millions  de  fr., 
passant  de  921  millions  à  1.953  millions.  L'augmentation 
a  été  d'ailleurs  plus  considérable  encore  pour  d'autres 
banques  d'Etat,  notamment  pour  celle  de  Russie,  dont  l'en- 
caisse or  a  passé  de  700  millions  de  fr.,  à  3.095  millions. 

Nous  avons  dit  que  le  cours  légal  du  kilogramme  d'or 
fm  était  de  3.444  fr.  44.  En  réalité,  la  Banque  de  France 
l'achète  3.437  fr.  ;  la  différence,  7  fr.  44,  correspond  aux 
frais  de  monnayage.  Pour  les  pièces  d'or  au  titre  de  9/ 10, 
la  valeur  réelle  du  kilogramme  est,  à  ce  cours,  de  3. 100  fr. 
Elle  est  de  2.755  fr.  56  pour  les  alliages  aux  8/10,  de 
2.411  fr.  11  pour  les  alhages  aux  7/10,  etc.  La  Banque 
d'Angleterre  achète  l'or  à  l'once  et  dans  l'hypothèse  d'un 
alliage  aux  11/12  (slandardyold);h  prix  est  de  77  shil- 
lings 9  pence  (77  shillings  10  1/2  pence  avec  les  frais  de 
monnayage)  ;  en  convertissant  en  kilogramme  d'oi*  iin  et 
en  liv.  st.  on  obtient,  comme  cours  du  kilogramme  d'or 
hn  monnayé,  136  liv.  st.  56,  ce  qui  fait" ressortir  la 
livre  sterling  a  25  fr  i^JI,  et,  réciproquement,  le  franc  à 
0,0396  hv.  st,;  c'est  la  parité  théorique  de  chang<^.  La 


U6  — 

Banque  impériale  d'Allemagne  achète  l'or  à  raisoii  de 
1.392  marks  la  livre  de  500  gr.  (1.395  marks  avec  les 
frais  de  monnayage)  :  doncl  mark=:  1  fr.  23  ^  (V.  Chaxgk). 
Londres  est  le  grand  marché  de  l'or. 

Depuis  la  suppression  du  bimétallisme,  en  1873,  la  mon- 
naie d'or  est  l'unique  base  du  crédit  international.  Dans 
la  plupart  des  pays,  on  a  néanmoins  conservé  à  la  monnaie 
d'argent  son  ancienne  valeur   de  la  parité  bimétallique  : 

1  kilogr.  d'or  lin  =i:  -    '        kilogr.  d'argent  fm  r::^  15,5 

environ.  Mais  le  prix  réel  de  l'argent  a  en  réahté  consi- 
dérablement baissé,  et  le  rapport,  après  s'être  maintenu 
sur  le  marché  de  Londres,  entre  15,  19  et  15,78  jusqu'en 
1872,  s'est  élevé  à  15,92  en  1873,  pour  passer  à  18,64  en 
1883,  à  26,49  en  1893,  à  34,23  en  1897  (V.  Argent  et 
Monnâul).  L.  Sagnet. 

VIÎI.  Thérapeutique.— Les  préparations  auriques  ont 
une  action  réelle  contre  la  syphilis,  surtout  contre  les  ac- 
cidents secondaires  et  tertiaires.  On  emploie  à  l'intérieur 
la  poudre  d'or  à  la  dose  de  1  à  20  centigr.,  le  chlorure 
d'or  (5  à  15  milligr.)  et  l'oxyde  d'or.  Les  mêmes  prépa- 
rations peuvent  être  utihsées  à  l'extérieur  sous  forme  de 
pommades.  On  a  préconisé  le  chlorure  double  d'or  et 
d'ammonium  contre  l'aménorrhée  et  la  dysménorrhée, 
l'^nfm  l'or  est  fréquemment  utilisé  en  viéfalloihérapie 
(V.  ce  mot).  Au  point  de  vue  physiologique,  les  prépara- 
tions auriques  prises  à  doses  faibles  et  prolongées  exagè- 
l'ent  les  sécrétions  cutanée,  salivaire  et  rénale,  agissent 
comme  stimulantes  et  modifient  avantageusement  le  mou- 
vement nutritif  amoindri,  affaibli  par  la  syphilis.  L'or  a 
une  action  excitante  sur  l'économie  en  général  ;  il  exalte 
les  fonctions  intellectuelles  et  génésiques  et  jouit  de  pro- 
priétés emménagogues  énergiques.  En  résume,  son  emploi 
pharmaceutique  est  parfaitement  justifié,  surtout  pour  les 
malades  chez  lesquels  le  mercure  détermine  des  accidents. 

IX.  Art  héraldique,  •—  Le  premier  des  métaux  em- 
ployés en  armoiries.  Il  symbolise  la  gloire  et  la  richesse. 
Vor  s'indique  en  blason  par  un  pointiUé: 

X.  Monnaie  (V,  Monnaie  et  ci-dessus,  §  Slatislîque 
et  Commerce). 

BiBL.  :  E.  Levasseur,  la  Question  de  l'Or;  Paris,  Iboo. 

—  A.  Philipps,  The  Mining  and  Metallurgy  of  gold  and 
sllver  ;  Londres,  1867.  —  Raymond,  Sllver  and  Gold; 
Londres,  1873.  —  Suess.  Die  Zukunst  des  Goldes  ;  Vienne, 
1877.  —  Vom  Ratii,  Ûeber  dus  Gold;  Berlin,  1879,  — 
L.  Simonin,  l'Or  et  l'Argent;  Paris,  18S0,  —  J.  Percy, 
Silver  and  Gold  :  Londres,  1880.  —  Balling,  Manuel  pra- 
tique de  VarJ;  de  l'essayeur  (trad.  fr.  par  L.  Gautier)  ;  Paris, 
1881.  —  Soetbeer,  Materialien  zur  Èrlâuterung  undBeur- 
ieilung  der  Edelmetallverhàltnisse  ;  Berlin,  188(5  (2«  édit .). 

—  Th.  Egleston,  The  Metallurgy  of  gold,  silver  and 
mercury  in  the  United  States  ;  New  York,  1887,  —  A.  Ri- 
che, l'Art  de  l'essayeur  ;  Paris,  1888.  —  Eissler,  The  Me- 
tallurgy of  gold;  I>oudi"(^s,  1888.  —  Cumenge  et  Fucus, 
L'Or,  ses  propriétés,  ses  gisements  et  son  extraction,  dans 
VEncyclopédie  chimique  de  Frémy  (t.  III  et  V)  ;  Paris,  1888- 
\)2,.  —  A.-G.  LoCK.  Practical  gold'mining ;  Londres,  1889. 

—  C.  RoswAY,  l'Argent  et  l'Or:  production,  consoinma- 
tion  et  circulation  ;  P'àris,,  1890,  2  vol,  —  Soetbeer,  Litte- 
raturnachvC'Cis  ilber  Geld-und  Manzwesen;  Berlin,  1892.  — 
IIaupt,  Gold,  Silber  und  die  Valutaherstellung;  Vienne, 
1892.  —  FucHS  et  de  Launay,  Traité  des  gîtes  minéraux  et 
i;ieiani/eres;  Paris,  1893,  2  vol.  —  H.  de  Mosentiial,  le 
Traitement  des  minerais  d'or  aux  mines  de  Witwate7\s- 
rand;  Paris,  1891.  —  Rose,  The  Metullurgy  of  gold; 
Londres,  1894.  —  Sciimeisser,  Ueber  Vorkœnmeii  und 
Gewinnung  der  nutzbaren  Mincndien  in  der  Sûdafrika- 
nischen  llepublik  Transvaal  ;  Berlin,  1891.  —  Schabel, 
Trinté  de  métallurgie  {ivad.  franf;.  par  L.  Gautier);  Paris, 

1895.  —  FuTTERi'.R,  Afrika  in  seiner  Bcdeutung  fur  die 
Goldproduktion ;  Berlin,  1895.  ~F  -ILHatcii  otJ.-A.  Ciial- 
.mers,  The  gokl  mines  of  the  Rond  ;  Lonrlros,  1895.  — 
Ch.-S.  GoLDMAKN,  SoutJi  AfriCcHi  mines,  their  position, 
results  and  deveïopmcnts  ;  Londres,  ]89-5-9(3,  3  vol.  -- 
L.  Weil,  l'Or;  Paris,  1896.  —  IL  de  la  Coux,  VOr,  gîtes 
aurifères,  exiraction  de  Vor  ;  Paris.  1896.  —  Edni.  Tiiéry, 
Europe  et  Etats-Unis  d.' Amérique.  Statistiques  d'ensemble; 
l^aris,  1899.  •--  Aruiuaire  français  des  mines  d'or;  Paris, 

1896.  -- Reports  of  ihe  director  of  the  ndnt  upon  produc- 
tion oftheprecious  mêlais  in  the  United  States  ;  Washing^ 
ton,  ann.  1880  et  suiv  —  Annales  des  mines.  —  Bulletin  de 
la  Société  de  l'jndustne  mine)  oie  —  Revue  universelle 
(le.:  mines  ci  de  la  métallurgie.  —  LEconomiste  européen. 


■  447  — 


OR  —  ORAGE 


on  (lies  cF)  (Y.  Hyères  [Iles  d']). 

OR.  Rivière  de  Russie,  affl.  g.  de  l'Oural.  Xait  dans  la 
chaîne  des  Môugodjar,  au  mont  Karataou.  Coule  dans  une 
direction  générale  S.-N.  Longueur  260  kil.  Courant  im- 
pétueux, coupé  de  bancs  de  sable;  eaux  légèrement  salées 
et  peu  poissonneuses.  Après  avoir  traversé  une  région 
montagneuse,  l'Or  coule  à  travers  des  prairies  fertiles  et 
atteint  une  largeur  de  30  m.  Ses  principaux  affluents  sont 
rOuissoul  Kara  et  la  Kamychakly. 

ORAÂS.  Com.  du  dép.des  Basses-Pyrénées,  arr.  d'Or- 
thez,  cant.  de  Sauvclerre  ;  460  hab. 

ORACLE  (Y.  DivixATioN,  t.  XIY,  p.  783). 

ORADOUR.  Com.  du  dép.  du  Cantal,  arr.  d'Aurillac, 
cant.  de  Pierrefort;  890  hab.  Filature  de  laines.  Nom- 
breuses ruines  féodales  :  à  Ribeyre,  château  de  Malbec  ; 
à  Rocheburne,  château  du  xv^  siècle  ;  à  Bennes,  château 
du  xv^  siècle;  à  Serres,  château  du  xiv^  siècle;  à  Pierre- 
liche,  ruines  du  xiii^  siècle  du  vihage  de  Combret.  Gorges 
de  TEspic  et  de  la  Truyère;  pittoresques  roches  volca- 
niques à  Bonnes tradc. 

ORADOUR.  Com.  du  dép.  do  lu  Ciiarenle,  arr.de  Ruf- 
fec,  cant.  d'Aigre;  (j^2'i'  hal). 

ORADOUR-Vanais.  Com.  du  dép.  debi  Charente,  arr. 
et  cant.  (S.)  de  Confolens  ;  871  bah. 

ORADOUR-Saint-Genest.  Com.  du  dép.  de  la  Haate- 
Yienne,  arr.  de  Bellac,  cant.  du  Dorât;  1.353  hab. 

ORADOUR-sur-Glâke.  Com.  du  dép.  de  la  Haute- 
Yienne,  arr.  de  Rochechouart,  cant.  do  Saint-Junien  ; 
2.030  hab. 

ORADOUR-slr-Vayhes.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  delà 
Haute-Yienne,  arr.  de  Rochechouart  ;  3.293  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  d'Orléans.  Filature  de  laine.  Fabr.  de  droguets. 

ORAGE.  Agitation  violente  de  l'air,  accompagnée  de 
pluie  ou  de  grêle,  d'éclairs  et  de  tonnerre.  Le  Yerrier, 
dans  son  célèbre  plan  d'observation  des  orages,  simplifia 
cette  définition,  la  réduisant  au  strict  nécessaire.  D'après 
ce  plan,  qui  a  été  suivi  par  les  auteurs  des  Instructions 
métcorologiques  de  tous  les  pays,  l'orage  commence  avec 
le  premier  coup  de  tonnerre  entendu  et  finit  avec  le  der- 
nier; les  points  à  noter  dans  les  bulletins  d'orage  sont  : 
les  heures  du  début  et  de  la  fin;  la  direction  des  points 
de  l'horizon  où  l'orage  apparaît  et  disparaît;  la  vitesse 
et  la  direction  des  nuages  ;  la  force  et  la  direction  du 
vent  ;  l'intensité  des  éclairs,  du  tonnerre,  de  la  pluie, 
de  la  grêle;  la  durée  de  la  pluie  ou  de  la  grêle. 

Les  premières  recherches  vraiment  scientifiques  sur  ce 
sujet  remontent  au  siècle  dernier.  Le  rapport  de  Leroi, 
Buache  et  Tessier  sur  le  fameux  orage  du  13  juil.  1788, 
publié  deux  ans  plus  tard  dans  les  Mémoires  de  V Acadé- 
mie des  sciences,  montra  la  voie  à  suivre.  Mais,  à  cause 
de  la  difficulté  des  communications  postales  (et  télégra- 
phiques, môme  après  Chappe),  l'étude  d'un  seul  orage 
demandait  un  effort  énorme.  Ce  n'est  qu'à  partir  de  1863, 
que  Marié-Davy,  Fron,  Plumandon,  etc.,  en  France; 
Mohn  et  Hildebrandsson,  en  Scandinavie  ;  Lancaster,  en 
Belgique  ;  Ciro  Ferrari,  en  ItaHe  ;  Koppen,  von  Bezold, 
Franz  Horn,  Cari  Tillmann,  etc.,  en  Allemagne  ;  Prohaska, 
en  Autriche,  etc.,  dans  des  travaux  approfondis,  ont  dé- 
couvert un  nombre  considérable  de  faits  définitivement 
acquis  dont  voici  le  court  résumé. 

En  règle  générale,  les  orages  importants  éclatojit  au 
même  moment  sur  diftëj^ents  points  d\nie  longue  ligne 
'isochrone  cpii  se  transporto  parallèlement  ù  elle-même 
vers  l'E.-N.-E.  avec  la  vitesse  ordinaire  aux  bourrasques 
ou  dépressions.  En  avant  de  l'isochrone,  la  pression  ba- 
rométrique et  l'humidité  relative  baissent,  la  température 
augmente;  sur  cette  ligne,  In'usquenienl,  c'est  le  con- 
traire qui  se  produit;  en  même  temps,  le  vent  tourne  de 
i3^  environ  «  avec  le  soleil  »  et  souffle  avec  violence;  le 
tiel  se  couvre  de  lourds  nuages,  la  pluie  ou  la  grêle 
tombe,  accompagnée  d'éclairs  et  de  tonnerre,  puis  au  bout 
de  10  à  120  minutes,  le  vent  de  tempête  se  calme  gra- 
duellement et  reprend  sa  dirortion  première;   la  pression 


barométrique,  qui  avait  eu  un  ressaut  très  brusque  au 
début  de  l'orage,  reprend  son  allure  ordinaire  ;  les  phé- 
nomènes électriques  s'éloignent  vers  l'E.-N.-E.  ;  le  ciel 
se  découvre  ;  la  pluie  cesse  ;  l'humidité  relative  diminue  ; 
la  température  se  relève  un  peu,  mais  reste  parfois  basse. 
Telle  est  la  règle  générale,  sujette  à  des  exceptions,  sur- 
tout en  ce  qui  concerne  la  direction  du  déplacement  des 
orages  et  celle  du  vent. 

On  était  moins  d'accord  quand  on  cherchait  la  cause 
des  orages  ou  leurs  relations  avec  la  dépression  princi- 
pale qui  les  entraîne.  L'isochrone  d'orage  est-elle  le  siège 
d'un  très  grand  nombre  de  petites  dépressions  secondaires 
ou  d'une  seule?  L'isochrone  se  trouve-t-elle  entre  deux 
minima  secondaires,  ou  entre  un  maximum  et  un  minimum 
secondaires  très  allongés,  ou  au  fond  des  «  anses  »  de 
basse  pression  appelées  aussi  «  sacs  d'orage  »?  Le  vent 
de  l'orage  est-il  produit  par  la  chute  de  l'air  froid  qui  est 
en  arrière  du  l)ord  de  l'isochrone,  ou  ])ar  un  tourbillon  à 
axe  horizontal  ?  Y  a-t-il  des  orages  de  chaleur  et  des 
orages  de  dépression,  ou  bien  ces  deux  variétés  sont-elles 
impossibles  à  distinguer  l'une  de  l'autre?  Le  vent  des 
orages  est-il  en  conformité  ou  en  contradiction  ^avec  la  loi 
de  Buys-Ballot  ? 

Telles  étaient  les  divergences  qu'il  s'agissait  de  conci- 
lier; tels  étaient  les  points  obscurs  quif  fallait  éclairer. 
Un  progrès  importanî  avait  été  fait,  pourtant,  en  ce  qui 
concerne  la  vraie  nature  de  l'orage  :  on  n'y  considérait 
plus  l'électricité  comme  une  cause,  et  le  fait  est  qu'elle 
n'y  a  guère  plus  d'importance  que  la  fumée  dans  un  coup 
de  fusil.  Kaemtz  avait  noté  cela  dès  1840;  Mohn  et  Hil- 
debrandsson, quarante  ans  plus  tard,  ont  formulé  une 
conclusion  encore  plus  nette  :  «  Nous  arrivons,  disent- 
ils,  à  ce  résultat  surprenant  que,  pendant  un  orage,  le 
tonnerre  même,  ou  les  phénomènes  électriques,  sont  des 
phénomènes  secondaires.  »  Et  la  preuve  évidente  qu'ils  en 
donnaieîit  était  que  toute  pluie  qui  arrive  sous  forme 
d'averse,  même  le  grésil  à  une  température  au-dessous 
de  0*^,  est  accompagnée  de  variations  identiques  dans 
la  marclie  des  instruments,  qu'elle  soit  sui^ie  do  tonnerre 
ou  non. 

Presque  sinudlanémont,  en  France,  en  Belgique  et  en 
Italie  (Manuel  Johnson  l'avait  même  déjà  remarqué  en 
Ecosse,  en  1837,  à  propos  du  ressaut  barométrique),  on 
constatait  que  tel  ou  tel  phénomène  dépression,  de  vent,  etc. , 
prétendument  caractéristique  de  l'orage,  peut  se  produire 
soit  entre  deux  stations  très  éloignées,  frappées  par  l'orage, 
soit  à  une  certaine  distance  d'une  zone  orageuse,  soit, 
simplement,  à  propos  d'une  averse  ou  d'une  giboulée. 

En  1891,  M.  Durand-Gréville,  s'étant  aperçu  que  le 
ressaut  barométrique  brusque  ou  «  crochet  d'orage  »  se 
produit  souvent  non  seulement  sans  orage,  mais  même 
sans  averse  ni  giboulée,  pourvu  ([u'il  y  ait  en  ce  moment- 
là  une  hausse  brusque  de  vitesse  et  un  changement  brusque 
de  la  direction  du  vent  (ce  que  les  moarins  appellent  grain 
blanc),  fut  amené  à  rechercher  en  quoi  les  grains  diffè- 
rent des  orages.  H  ne  trouva  aucune  différence  autre  que 
la  présence  ou  Eabseiice  de  phénomènes  électriques  ;  et  c'est 
ce  qu'il  essaya  do  rendre  manifcste'par  le  taldcau  suivant 
dans  lequel  est  résuuiée  l'étude  des  grains,  plus  large, 
mais  un  peu  empirique,  chez  les  marins,  plus  con- 
finée mais  plusscientifi(jue  dans  les  ti'avaux  d'Abercromby. 


1. 

Ilt'iUhsc  brusijut?  ào  la  vii 
(lu  \  ont 

e.'-sn 

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•) 

Cliaii.i^ciuoU    bi'iisftuc    ( 

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direction  du  veut  .... 

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Aiigmcîitalion   upidr   d 

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iicbu- 

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1 

. 

losité , . . 

\ 

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5  ^ 

7. 

AvGi-sc,  rrrele^ . ,.    . 

r.idnu's  oi  touiioi-rc.. .    . 

ORAGE 

Il  n'y  a  donc  pas  plus  de  différence  essentielle  entre  le 
grain  et  l'orage  qu'entre  deux  coups  tirés  avec  le  même 
fusil,  l'un  avec 
de  la  poudre 
ordinaire,  l'au- 
tre avec  de  la 
poudre  sans fu- 
mée. 

^  Cepoint  éta- 
bli, que  l'o/'ar/^ 
est  un  grain 
om^e»x',  il  de- 
venait très  pro- 
bable qu'entre 
deux  points 
frappés  par  l'o- 
rage les  sta- 
tions inter- 
médiaires de- 
vaient toutes 
enregistrer  le 
m  è  m  e  res- 
saut baromé- 
trique ,  les 
mêmes  cban- 
ge'ments  du 
vent,  etc.  ;  en 
d'autres  ter- 
mes (pie, sur  les 
di\ers  points 
de  l'isochrone,  ily  a  tantôt  orage,  tantôt  simple  grain,  avec 
ou  sans  pluie,  selon  les  conditions  locales  ([ue  rencontrait 
risoclirone de ,7/-6^m  (parfois  orageux). 

Pour  vérifier  cela,  il  fallait  étudier  l'isochrone  de  grain 
non  plus  dans  les  limites  d'un  seul  pays,  mais  tout  entière 
et  la  suivre  sur  toute 
l'étendue  de  son  dé- 
placement à  travers 
l'Europe,  en  accor- 
dant une  importance 
égale  aux  points  frap- 
pés ou  non  par  l'o- 
rage, pourvu  qu'ils 
fussent  le  siège  de 
tout  ou  partie  des 
(roubles  communs  à 
l'orage  et  au  grain. 
De  plus,  pour  voir 
la  vraie  situation  des 
orages  dans  l'ensem- 
ble \le  la  dépression 
dont  ils  font  partie, 
il  fallait  dresser  des 
cartes  d'isobares  sur 
toute  V Europe, 
par  millimètres  et 
d'heure  en  heure. 

La  fig.  i  montre 
les  avantages  d'une 
étude  d'ensemble. 
Cette  carte,  qui 

donne  d'heure  en  heure  la  marche  d'une  ligne  isochrone 
de  (jrain  (orageux  par  endroits),  prouve  d'abord  que  les 
isochrones  peuvent  s'étendre  du  centre  d'une  dépression 
jusqu'à  sa  circonférence.  Cette  lig)ie  ou  raijon  de  grain 
—  bord  antérieur  du  très  étroit  ruban  de  grain  dans 
l'intérieur  duquel  se  passent  les  phénomènes  du  grain 
orageux  ou  non  —  avait,  le  27  août  1890,  à  sept  heures 
du  matin,  abordé  l'Angleterre  et  l'I'^pagne  et  devait  pas- 
ser par  Saint-Pétersbourg  le  lendemain  à  cinq  heures  du 
soir.  Elle  n'était  devenue  isochrone  tVorage  que  sur  les 
points  de  son  parcours,  dans  les  régioub  ondu'ées  sur  la 
carte,  où  une  température  élevée  et  une  grande  humidité 


448 


Fig.  2.  —   Carte  dos  isobares  du  27  août  1890  à  9  h.  du  soir, 
sur  l'Europe  centrale. 


absolue  avaient  été  les  conditions  locales  de  cette  «  prépa- 
ration atmosphérique  convenable»,  dont  Marié-Davy,  dès 

1865,  signalait 
déjà  la  néces- 
sité. 

Sur  d'autres 
points  de  la  li- 
gne de  grain, 
il  n'y  avait  eu 
({ue  des  averses 
sans  orage, 
mais  toujours 
ayant  pour 
cause  l'intro  - 
duction  brus- 
que d'un  vent 
violent  et  froid. 
Sur  d'autres, 
enfin,  le  vent 
seul  et  la  pres- 
sion  avaient 
haussé  brus- 
quement, sans 
averse. 

On  se  trom- 
perait donc  si 
on  disait  (jue 
l'orage  et  l'a- 
verse sont  un 
phénomène  pu- 
rement local;  de  même,  si  on  disait  qu'ils  ont  une  cause 
purement  extérieure.  La  vérité  est  qu'il  y  faut  à  la  fois 
une  préparation  locale  et  un  trouble  venu  du  dehors.  Et 
cette  remarque  fait  comprendre  pourquoi,  même  dans  l'in- 
térieur des  taches  grises,  tous  les  endroits  n'ont  pas  eu  de 

tonnerre  à  leur  zé- 
nith, le  passage  de 
la  ligne  de  grain  ue 
pouvant  éveiller  d'o- 
rage que  là  ou  l'hu- 
midité est  assez  abon- 
dante. Mais  on  se 
rend  compte  que  c 'est 
la  ligne  de  grain 
(jui  est  continue, 
tandis  que  les  points 
frappés  par  l'orage 
se  distribuent  irré- 
gulièrement sur  elle, 
naissent  et  dispa- 
raissent selon  les  ha- 
sards de  la  prépara- 
tion locale. 

La  fig.  !2  repré- 
sente, tracée  par  mil- 
limètres, la  carte  des 
isobares  ou  courbes 
d'égale  pression  ba- 
rométrique le  "27  août 
1890,  à  neuf  heures 
du  soir,  pour  l'Eu- 
rope centrale.  Au  premier  coup  d'oeil,  on  voit  combien  le 
zig-zag  des  isobares  d'une  dépression  à  ligne  de  grain  dif- 
fère de  la  forme  presque  circulaire  des  dépressions  normales. 
La  Hgne  de  grain,  en  pointillé,  part  du  centre  de  la  dépres- 
sion (non  visible  sur  la  carte)  qui  était  au  N.-X.-O.  du 
Danemark,  et  passe  par  tous  les  points  où  l'isobare  revient 
brusquement  vers  le  centre.  A  sa  droite,  pression  faible, 
vent  relativement  modéré;  à  sa  gauche,  hausse  brusque 
de  la  pression  et  vent  de  tempête.  Il  n'y  a  pas  d'orage  en 
ce  moment  sur  cette  ligne,  mais  une  demi-heure  plus 
tard  à  Berlin,  elle  en  éveillera  un,  parce  qu'elle  trouvera 
le^  conditions  favorables. 


4U 


ORAGE  —  ORAISON 


Cette  carte,  qui  donne  pour  la  première  fois  la  rela- 
tion véritable,  comme  situation,  des  grains  et  des  orages 
avec  la  distribution  générale  des  pressions,  fait  voir  la 
part  de  vrai  qu'il  y  avait  dans  les  idées  courantes  sur  les 
anses,  les  couloirs,  les  langues  de  basse  pression,  les  sacs 
d'orage,  les  «  dépressions  orageuses  »  (qui  existent 
d'ailleurs  dans  des  cas  extrêmes,  mais  sans  lourbillon- 
nejnent),  la  position  de  l'isobare  entre  deux  dépressions 
ou  entre  une  dépression  et  une  forte  pression,  etc. 

Abercromby,  dans  son  étude  si  remarquable  sur  les 
grains  (non  oreageux),  avait  vu  une  partie  de  la  vérité. 
11  attribuait  aux  isobares  de  grain  la  forme  d'un  V  dont 
la  bissectrice  (notre  ligne  de  grain)  sépare  les  vents  de 
N.-O.,  à  gauche,  des  vents  de  S.-O.,  à  droite.  Une 
cart^,  d'isobares  plus  étendue  et  plus  détaillée,  très  difïî- 
cile  à  faire,  il  y  a  qiijnze  ans,  à  cause  du  petit  nombre 
des  observateurs  et  des  instruments  enregistreurs,  lui 
aurait  montré  un  zig-zag  au  lieu  d'un  simple  V  et  lui 
aurait  permis  de  raccorder  son  Y  avec  l'ensemble  de  la 
dépression.  Mais  hâtons-nous  d'ajouter  que  tout  ce  qu'il 
avait  découvert  subsiste  et  est  conhrmé  par  les  recherches 
récentes.  Signalons,  en  passant,  (jue  certaines  dépressions 
ont  deux  ou  plusieurs  rayons  de  grain. 

D'où  vient  le  vent  de  grain  ?  Des  couches  supérieures, 
puisque  le  vent  est  relativement  fail)le  à  droite  et  à 
gauche  du  ruban  de  grain  (qui  a  de  20  à  80  kil.  seu- 
lement de  largeur)  ;  mais  non  des  couches  extrêmement 
élevées,  puisque  M.  Hildebrandsson  a  vu  que  de  violents 
orages  ne  troublaient  pas  la  marche  des  cirrus,  qui 
flottent  à  10  kil.  d'alt.  E.  Durand-Gréville. 

ORAIN.  Rivière  du  dép.  du  Jii7-a  (V.  ce  mot,  t.  XXI, 
p.  314). 

QRAIN.Com.  du  dép.  de  la  Cote-d'Or,  arr.  de  Dijon, 
cant.  de  Fontaine-Française;  284  hab. 

ORAINVILLE.  Gom.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Laon, 
cant.  de  Neufchàtel  ;  273  hab. 

ORAISON.  I.  Rhétorique.  —  Oraison  funèrri:.  —  J.es 
oraisons  funèbres  sont  essenliellemeut,  comme  rindi(|ue 
l'étymologie latine,  oratiofiniebris,  des  disconrs  prononcés 
'Awx  funérailles  d'un  ou  de  plusieurs  persoimages.  Mais  il 
faut  distinguer;  les  paroles  d'adieu  que  l'on  fait  entendre 
aujourd'hui  sur  le  bord  d'une  tombe  ou  devant  un  cercueil 
ne  sont  point  des  oraisons  fiinêln-es  ;  ce  nom  convient  seu- 
lement à  des  œuvres  oratoires  d'un  genre  déterminé,  ({ui 
n'étaient  pas  dans  l'antiquité  juive  ou  païenne  ce  qu'elles  sont 
devenues  avec  le  christianisme,  et  qui  ne  sauraieut  être  au- 
jourd'hui ce  qu'elles  furent  au  siècle  de  Louis  XIV.  Il  est 
donc  indispensable,  si  l'on  veut  se  bieji  rendre  compte  des 
choses,  de  voir  successiveuieut  ce  (ju'a  été  l'oraison  fu- 
]iè])re  :  d*'  dans  l'anliquité;  2«  chez  les  Pères  de  l'Eglise 
grec(|ue  et  latine  ;  3''  au  xvii^'  siècle  ;  {^  enfin  dans  les 
temps  tout  à  fait  modernes.  Telle  est  la  division  naturelle 
de  la  présente  étude. 

L'oraison  fuxèrre  dans  l'antiquité.  —  On  sait  que  les 
auciens  ont  toujours  eu  pour  les  morts  un  véritable  cube; 
(ju'ils  cherchaient  à  les  honorer  par  tous  les  moyens  pos- 
sibles, qu'ils  visitaient  leurs  tombeaux  et  y  offraient  fré- 
([uemment  des  sacrifices  à  leurs  mânes.  De  très  bonne 
heure,  ils  s'attachèrent  à  faire  revivre  dans  la  mémoire 
des  hommes,  grâce  aux  séductions  de  l'éloquence,  ceux 
(|ui  n'étaient  plus,  et  ainsi  Voraison  funèbre  ht  partie 
intégrante  de  presque  toutes  les  solennités  funéraires. 
David  pleura,  dans  un  beau  cantique,  Saul  et  Jonathas 
(//''  JÂvre  des  rois,  l)  ;  les  Athéniens  demandaient  à  leurs 
plus  illustres  orateurs  l'éloge  des  gueniers  morts  pour  la 
patrie,  et  la  plus  laconi(jue  de  toutes  les  oraisons  funèbres 
est  celle  (pi'oii  pouvait  lire  sur  la  tombe  des  Spartiates 
tués  aux  Thermopyles  :  <.<  Passant,  va  dire  à  Lacédéinone 
que  nous  sommes  morts  ici  pour  obéir  à  ses  lois  ».  Il 
re^'e  un  inonun.ient  impérissal)le  de  cette  élo(]uence,  c'est 
le  discours  de  Périclès  ou.  pour  mieux  dire,  celui  que  lui 
a  prête  l'historien  Thucydide  (11,  35-46).  L'orateur  com- 
mence ])ar  s'excuser  d'avoir  à  parlei'  uialgré  son  insuffi- 

GRANUE  ENCYCLOPÉDIE.   —  XXV. 


sance,  mais  il  ne  })arle  que  pour  obéir  à  la  loi.  Ensuite  il 
fait  brièvement  l'éloge  des  anciens  Athéniens  et,  très  lon- 
guement, celui  de  ses  compatriotes  qui  ont  su  faire  de  la 
république  athénienne  «  l'école  de  la  Grèce».  Il  consacie 
à  cet  éloge,  lui-même  le  dit  naïvement,  la  plus  grande 
{)artie  de  son  discours.  Vient  alors  la  glorification  des 
soldats  morts  sur  les  champs  de  bataille  :  ils  ont  été  les 
dignes  hls  d'une  telle  patrie,  et  leurs  noms  ne  périront 
pas,  car  «  les  grands  hommes  ont  le  monde  entier  pour 
tombeau...  Même  à  l'étranger,  la  mémoire  de  leurs  sen- 
timents, plus  encore  ([ue  celle  de  leurs  exploits,  demeure 
inimortelle  ».  Le  discours  se  termine  par  quelques  mots 
de  consolation  aux  famiUes  des  guerriers  morts,  à  leurs 
pères,  qui  auront  peut-être  d'autres  enfants,  à  leurs  frères, 
à  leurs  veuves  enfin,  et  Périclès.  cité  plus  ou  moins  fidè- 
lement par  Thucydide,  adresse  à  ces  dernières  les  étranges 
paroles  que  voici  :  «  Le  mérite  des  veuves,  je  le  résume 
dans  ce  bref  conseil  :  il  consiste  à  demeui'er  fidèles  au 
caractère  de  leur  sexe,  à  faire  (|ue  parmi  les  hommes  il 
soit  le  moins  possible  parlé  d'elles,  soit  en  bien,  soit  en 
mal  ».  Après  quoi  l'orateur  déclare  qu'il  a  satisfait  à  la 
loi,  et  dit  tout  ce  (ju'il  y  avait  à  dire  iViitile.  «  Mainte- 
nant, ajoute-t-il,  après  avoir  payé  un  tribut  de  larmes 
aux  morts  qui  vous  appartiennent,  retirez- vous.  » 

Par  ce  discours  on  peut  juger  de  tous  les  autres,  et 
les  caractères  de  Voraison  funèbre,  telle  que  la  compre- 
naient les  Grecs,  apparaissent  nettement.  Il  s'agit  de  louer, 
de  glorifier  ceux  (|ui  ont  versé  leur  sang  pour  la  patrie, 
et  le  véritable  objet  de  ces  harangues  officielles,  c'est  en 
fni  de  compte  d'exciter  les  vivants  à  imiter  le  courage  de 
ceux  qui  ont  péri  :  voilà  ce  que  l'orateur  trouve  de  plus 
«  utile  à  dire  »,  suivant  le  mot  de  Périclès.  Aussi  ue 
voyons-nous  chez  les  Athéniens,  peuple  positif  entre  tous, 
(|ue  des  oraisons  funèbres  coUectives  et  faites  en  vertu 
de  la  loi  ;  on  ne  connaît  pas  de  discours  de  ce  genre  con- 
sacré à  la  gloire  d'un  personnage  illusti'e.  d'un  Solon.  d'un 
Miltiade,  d'un  Périclès  ou  d'un  Démosthène. 

Tout  autre  fut  la  façon  d'agir  du  peu[)le  romain.  11  ne 
lui  parut  jamais  nécessaire  de  débiter  de  belles  harangues 
pour  exciter  les  citoyens  à  se  faire  tuer  sur  les  champs 
de  bataille,  et  il  n'y  eut  pour  honorer  les  guerriers  morts 
ni  funérailles  solennelles  ni  oraisojis  funèbres.  Mais  il 
était  permis  aux  particuliers  de  louer  publiquement  ceux 
qu'ils  venaient  de  perdre,  et,  dès  les  premiers  temps  de  la 
République,  les  familles  patriciennes  avaient  adopté  cet 
usage.  Toutes  les  fois  (ju'il  mourait  un  noble  romain, 
homme,  femme  ou  même  enfant  au  berceau,  on  lui  faisait, 
cela  va  sans  dire,  des  obsè([ues  pompeuses,  et  l'on  char- 
geait un  de  ses  proches  de  lui  consacrer  en  plein  forum 
\m  éloge  emphati(|ue.  ("est  ainsi  ((ue  (îésar  prononça 
Voraison  funèln-e  de  sa  gi-aud'lante  Julia.  veuve  de  Marins, 
et  qu'il  poussa  l'hyperbole  audacieuse  jus(pi'à  la  faire  <les- 
cendre  en  droite  ligne  de  Iule,  fils  d'Enée,  et  par  consé- 
(juent  petit-fils  de  Vénus.  L'orgueil  de  l'aristocratie  ro- 
maine ne  connaissait  pas  de  bornes,  et  si  l'on  montrait 
dans  l'atrium  les  bustes  en  cire  de  ses  ancêtres  illustres, 
on  y  conservait  également,  roulé  dans  des  coffrets  })ré- 
cieux,  le  témoignage  écrit  de  leur  antique  noblesse  et  de 
leurs  hauts  faits.  Si  même  nous  en  croyons  Gicéron,  (pii 
ne  voulait  pas  considérer  les  oraisons  funèbres  coimiiQ  des 
pièces  d'éloquence,  ces  discours  n'auraient  guère  pu  être 
considtés  par  les  historiens,  car  on  y  mentionnait  «  de 
faux  triomphes,  des  consulats  trop  nombreux,  des  généa- 
logies falsifiées  —  faisi  lriu)n))hi,  plures  co)(sulalus, 
(jenera  eliani  falsa  »  (Rrutus).  Il  en  fut  ainsi  juscpfau 
dernier  jour  de  la  liberté  romaine;  ensuite  Auguste  «  i>a- 
cifia  l'éloquence  comme  tout  le  reste  ».  et  le  droit  de 
prononcer  des  oraisons  funèbres  fut  exclusivement  réservé 
aux  membres  de  la  famille  impériale.  Nous  possédons  foj't 
peu  de  ces  discours  ;  il  n'y  a  pas  lieu  de  le  l'cgrettei', 
(ar  (''('tait  nécessairement  de  la  bien  j'auvre  éh»quence. 
D'ailleurs,  chez  les  Romains  comme  chez  h  s  Gi'ccs  et 
même  cIkv.  les  Hébreux,  il  manquait  à  Voraison  funèbre 

21) 


ORAISON 


—  450  — 


un  élément  que  le  christianisme  seul  a  pu  lui  donner  ;  on 
n'y  parlait  jamais  de  l'immortalité  de  l'àme,  de  la  croyance 
à  une  autre  vie,  de  l'espérance  enfin,  qui  est  pour  ceux 
qui  restent  la  grande  et  même  l'unique  consolation. 

L'oraison  funèbre  depuis  l'étârlissement  nu  uHRihiu- 
NisME  jusqu'au  xyii*^  SIÈCLE.  —  Nous  116  savoiis  pas  au 
juste  comment  les  premiers  chrétiens  célébraient  dans  les 
catacombes  les  funérailles  de  leurs  frères;  il  est  infiniment 
probable,  puisqu'ils  avaient  pour  autels  les  tombeaux  des 
martyrs,  ([u'ils  s'animaient  mutuellement  à  imiter  leurs 
exemples,  et  au  temps  des  persécutions  ils  durent  impro- 
viser par  milliers  i]e^  oraisons  funèbres  bien  touchantes. 
Au  iv^  siècle,  lorsque  l'édit  de  Constantin  eut  accordé  au 
christianisme  le  libre  exercice  de  son  cidte,  ïoraison 
funèbre  se  trouva  être  une  des  formes  de  l'éloquence  re- 
ligieuse, un  geni'e  que  le  paganisme  n'avait  pas  connu,  et 
les  Pères  de  Tl^^glise,  qui  étaient  des  lettrés  délicats  con- 
naissant bien  l'antiquité  profane,  lui  donnèrent  à  la  fois 
les  caractères  qu'elle  avait  eus  séparément  à  Athènes  et  à 
Uome.  Comme  chez  les  Athéniens,  elle  eut  pour  objet  de 
porter  les  vivants  à  imiter  les  vertus  des  morts  ;  comme 
chez  les  Romains,  elle  entra  dans  le  détail  des  titres  de 
gloire  des  particuliers.  Mais  surtout  elle  crut  devoir  insister 
sur  le  néant  des  grandeurs  humaines,  sur  la  brièveté  de 
la  vie  présente  et  sur  la  vie  futui'e.  Uoraison  funèbre. 
({ui  n'était  souvent  qu'une  homélie,  eut  essentiellement 
tous  les  caractères  du  seruion  :  elle  fut  instructive  et  par- 
dessus tout  éditlante.  Comme  les  Pères  de  l'Eglise  grec([ue 
s'étaient  formés  dans  les  écoles  des  rhéteurs,  et  que 
d'ailleurs  ils  avaient  le  don  naturel  de  l'éloquence,  les 
oraisons  funèbres  qu'ils  nous  ont  laissées  ont  une  grande 
valeur  littéraire.  On  ne  saurait  trop  admirer  certains  pas- 
sages de  celles  qu'a  prononcées  saint  Grégoire  de  Nazianze, 
qui  célébra  successivement,  en  termes  d'une  véritable 
magnificence,  son  frère  Césarius,  médecin  des  empereurs, 
sa  sœur  Gorgonia,  son  père  Grégoire,  né  païen,  et  mort 
évèque,  puis  saint  Rasile,  son  ami  d'enfance,  et  enfin  saint 
Athanase.  (^es  différents  discours  ont  été,  même  au  plus 
beau  siècle  de  l'éloquence  religieuse,  étudiés  avec  fruit  ; 
ils  ont  été  souvent  imités  de  très  près  par  Bossuet,  Mas- 
caron  et  Fléchier.  La  péroraison  de  l'oraison  funèbre  du 
prince  de  Condé,  pour  ne  citei'  que  cet  exemple,  doit 
beaucoup  aux  oraisons  funèbres  de  saint  Basile  et  de 
Césarius.  «  Alors,  disait  saint  Grégoire  de  Xazianze,  je  te 
reverrai,  Césarius,  non  plus  exilé  sur  cette  terre,  non  plus 
sous  ce  linceul  de  mort,  au  milieu  des  pleurs  et  des  regrets 
dont  nous  entourons  ton  cercueil  ;  tu  m'apparaitras  cou- 
ronné et  glorieux,  tel  que  souvent  tu  te  présentais  à  moi 
dans  mes  songes,  6  le  plus  chéri  des  frères  !  »  Et  Bossuet, 
s'inspirant  de  ce  passage,  dit  à  son  tour,  en  s'adressant 
au  vainqueur  de  Rocroy  :  «  0  prince,  le  digne  objet  de 
nos  louanges  et  de  nos  regrets,  vous  vivrez  éternellement 
dans  ma  mémoh'c...  Vous  aurez  dans  cette  image  des 
traits  immortels  ;  je  vous  y  verrai  tel  que  vous  étiez  à  ce 
dernier  jour  sous  la  main  de  Dieu,  lorsque  sa  gloire  sem- 
bla commencer  à  vous  apparaître...  »  Si  les  défauts  du 
temps,  c.-à-d.  la  subtilité,  l'abus  de  l'érudition  profane, 
l'afféterie,  la  prolixité,  et  finalemeut  les  écarts  de  goût  les 
plus  choquants  ne  déparaient  pas  les  oraisons  funèbres 
de  saint  Grégoire  deNazianze,  elles  pourraient  soutenir  la 
comparaison  avec  les  plus  belles  œuvres  d'isocrate  et  de 
i^ysias,  puisque  Démosthene  est  toujours  hors  de  pair.  \\ 
en  est  de  même,  à  des  degrés  divers,  des  oraisons  fu- 
nèbres composées  par  les  autres  Pères  de  ri']glise  grecque, 
et  notamment  de  celles  de  saint  Grégoire  de  Nysse,  frèi-o 
de  saint  Basile. 

Chtaul  aux  Luliu'^,  lu  décadence  des  lelti'es  ayant  été 
chez  eux  plus  rapide  et  plus  com()lète,  ils  sont  bien  infé- 
rieurs à  leurs  iiri'es  d'Orient.  1/ oraison  funèbre  de 
Satyrus  par  saint  Ambroise,  son  frère  ;  les  éloges  funèbres 
de  Valentinien  et  de  Théo  dose  par  le  même  orateur  ;  les 
discours  écrits  de  saint  Jérôme,  etc.,  offrent  assurément 
des  beautés   de  premiei'  oi'dre  ;   on  y  voit  avec  plaisir   i 


l'emploi  souvent  heureux  des  plus  admirables  passages  de 
l'Ecriture,  et  les  réflexions  consolantes  y  abondent,  celle-ci 
par  exemple  :  «  Séchons  nos  larmes...  nos  amis  ne  nous 
quittent  pas,  ils  nous  devancent  ;  ils  ne  sont  pas  la  proie 
de  la  mort,  ils  entrent  dans  l'éternité  !  »  Mais  les  discours 
de  saint  Ambroise,  de  même  que  ses  autres  œ^uvres,  sont 
d'une  lecture  bien  difficile  pour  les  lettrés  délicats  ;  les 
jeux  d'esprit  puérils,  les  subtilités,  l'abus  des  antithèses, 
l'obscurité  de  l'expression  et  la  barbarie  du  style  nous 
empêcheront  toujoui's  d'admirer  ces  compositions  qui 
semblent  vouloir  lutter  avec  les  harangues  de  Cicéron  ou 
de  Pline  le  Jeune. 

Et  s'il  en  était  ainsi  au  iv^  siècle,  on  peut  juger  des 
effets  désastreux  de  l'invasion  des  barbares  ;  pendant  toute 
la  durée  du  moyen  âge,  l'éloquence  religieuse  cessa  d'exister. 
L'Eglise  continuait  à  pleurer  ses  morts  illustres  et  à  pro- 
poser leurs  exemples  aux  vivants  :  saint  Bernard  consa- 
crait une  oraison  funèbre  latine  à  son  frère  Humbert  ;  on 
en  fit  en  l'honneur  de  saint  Louis,  de  Duguesclin  et  de 
beaucoup  d'autres,  mais  il  est  difficile  d'imaginer  quelque 
chose  de  moins  littéraire,  l^e  xvi^  siècle,  tout  imprégné 
de  paganisme,  ne  fit  pas  mieux,  et  la  plupart  des  oraisons 
funèbres  qu'il  nous  a  laissées  peuvent  être  considérées 
comme  des  chefs-d'œuvre  de  pédantisme  et  de  mauvais 
goût.  Même  dans  l'oraison  funèbre  de  Ronsard  par  le  car- 
dinal du  Perron,  où  se  trouve  un  très  beau  passage  imité 
de  Tacite,  on  lit  cette  ridicule  apostrophe  au  poète  ven- 
dômois,  affligé,  comme  l'on  sait,  d'(me  surdité  complète  : 
«  Bienheureux  sourd,  (|ui  as  donné  des  aureilles  aux 
Eran(;ais  pour  entendre  les  oracles  et  les  mystères  de  la 
poésie  !...  »  Une  réforme  radicale  était  iiécessaire  là 
comme  ailleurs,  et  c'est  au  xvu^  siècle  qu'en  était  réservée 
la  gloire. 

1^'ORAISON  FUNÈRRE    AU  XVll'^  ET    AU  XVJII^'  sIÈCLE  ,*   THÉO- 
RIES ET  APPEicATioxs.  —  L'éloqueucc  religieuse  de  la  fin 
du  xYi^  siècle  était  plus  digne  du  théâtre  de  la  Foire  que 
de  la  chaire  chrétienne  ;  les  réformateurs  catholiques  du 
commencement  du  xvii^  siècle,  saint  François  de  Sales, 
Bérulle,  saint  Cyran,  les  Lingendes,  saint  Vincent  de  Paul 
et  le  P.    Senault  lui  rendirent  la  gravité  religieuse,  la 
majestueuse  simplicité  qui  lui  convenaient,  et  Voi'aison 
funèbre  fut  transformée,  en  même  temps  que  le  sermon, 
dès  les  premières  années  du  règne  de  Henri  IV,  mais  sur- 
tout sous  Louis  XllL  On  commença  par  se  demander  ce 
que  c'est  au  juste  qu'une  oraison  funèbre,  et  la  défini- 
tion à  laquelle  on  s'arrêta  suffirait  pour  montrer  quelles 
furent  dès  lors  les  règles  du  genre.  V oraison  funèbre, 
teffe  que  l'a  comprise  le  xvii^  siècle  tout  entier,  c'est  à 
proprement  parler   l'éloge  d'un   mort  de  distinction, 
piviwnré  à  la  demande  de  sa  famille  ou  de  ses  amis 
par  un  prêtre,  dans  une  église  et  pendant  un  service 
funèbre.  Pesons  bien  tous  les  termes  :  il  s'agit  avant  tout 
d'un  éloge,  laudatio  funebris,  et  s'il  était  impossible  de 
louer  quoi  que  ce  soit  dans  la  vie  d'un  homme,  on  ne  le 
louerait  pas  en  chaire.  Le  cardinal  de  Retz,  malgré   sa 
conversion  et  sa  fin  chrétienne,  le  cardinal  Dubois,  le  car- 
dinal de  Tencin  et  quelques  autres  n'ont  pas  eu  d'oraison 
funèbre  ;  celle  de  Ilarlay  de  Chanvallon,  archevêque  de 
Paris,  prononcée  par  le  jésuite  Caillai'd,  souleva  l'indi- 
gnation générale.  Et  cet  éloge,  demandé  par  la  famille 
du  mo7't  ou  par  ses  amis,  il  est  imprimé,  relié  avec 
luxe  aux  armes  du  défunt,  distribué  à  ceux  qui  Font 
connu,  conservé  pieusement  dans  les  archives  de  sa  mai- 
son. Jl  résulte  de  là  que  l'orateur  ne  peut  jamais  prendre 
pour  règle   de  conduite  cet  aphorisme  célèbre  :  «  On  ne 
doit  aux  morts  ([ue   la  vérité  ».  11  n'est  pas  chargé  de 
faire  ce  que  nous  appcfierions  un  article  nécrologique  ou 
une  notice  biographique  ;  il  est  instamment  prié  de  louer 
en  ternu's  magnifiques,  d'élever  lui  aussi,  après  les  archi- 
tectes et  les  sculpteurs,  un  monument  à  la  gloire  du  per- 
sonnage que  l'on  pleure.  Et  enfin  cet  éloge,  on  ne  l'a  pas 
demandé  à  un  poète  émule  de  Pindare  ou  de  Simonide, 
ni  à  des  historiographes  ou  à  des  faiseurs  de  généalogies 


—  AU 


ORAISON 


comme  d'Hozier  ;  c'est  un  prclre  qu'on  en  chui'i>e,  et  il 
doit  être  prononcé  dmu  luie  église ,  au  }nilieu  ilune 
messe  de  Heiiuiem.  Or  le  prédicateur  est  eï^seiitiellement 
le  porte-parole  du  Dieu  de  vérité  ;  il  a  pour  mission  de 
combattre  partout  et  toujours  le  vice,  Teri'eur  et  le  men- 
songe; comment  fera-t-il  donc  pour  louer  des  hommes, 
c.-à-d.  des  pécheurs  et  quelquefois  des  criminels  ?  Il  se 
souviendra  que  l'éloquence  religieuse  comporte  bien  des 
genres  divers,  entre  autres  le  sermon  et  le  panégyrique 
des  saints.  Il  se  dira  que  les  oraisons  funèbres  doivent 
être  des  panégyriijues  d'une  espèce  particuHère,  et  ([n'en 
outre  elles  tiennent  beaucoup  du  sermon.  Dans  un  sermon 
conforme  au  type  réputé  classique,  il  y  a  toujours  un  texte 
tiré  de  ri^criture  ou  des  Pères,  un  exorde  qui  suit  immé- 
diatement la  division,  puis  deux  ou  trois  développements 
qu'on  nomme  les  points  du  sermon,  et  finalement  nne 
péroraison.  Le  sermon  a  toujours  pour  objet  d'instruire 
et  d'édifier  les  fidèles,  il  tend  à  leur  inspirer  la  piété,  à 
les  porter  au  bien,  à  leur  proposer  comme  fin  le  bonheur 
du  ciel.  L'oraison  funèbre  aura,  en  style  ])]us  sublime, 
toutes  les  allures  du  sermon,  et  de  plus  elle  procédera 
comme  le  panégyrique  des  saints.  Le  prêtre  qui  la  compose 
ne  se  croira  nullement  obligé  de  tout  dire.  Bossuet,  pané- 
gyriste de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul,  ne  parle  ni  du 
reniement  du  premier  ni  de  racharnement  avec  lequel  le 
second  persécutait  les  chrétiens  ;  de  même,  l'auteur  d'une 
oraison  funèbre  dira  seulement  ce  qui  est  à  l'honneur  de 
son  héi'os  ;  il  louera  des  actions  qu'on  puisse  louer  sans 
crainte  dans  la  chaire  de  vérité,  et  résolument,  en  vertu 
d'un  accord  tacite  entre  lui  et  ceux  qui  Fécoutent,  il  pas- 
sera les  autres  sous  silence.  En  révélant  des  fautes  ou  des 
crimes,  il  manquerait  aux  plus  vulgaires  convenances.  Il 
n'a  pas  à  faire  la  biographie  du  personnage  dont  il  parle  ; 
on  la  connaît  mieux  que  lui  ;  il  a  seulement  à  mettre  en 
rehef  ses  vertus,  qu'il  propose  à  l'imitation  d'un  auditoire 
chrétien.  Aussi  voyons-nous  Godeau,  évoque  de  Yence. 
réglementer  dans  son  diocèse  ce  genre  de  discours  :  «  Xous 
prohibons,  dit-il  dans  sex  Ordoiinances  synodales,  d.'> 
faire  des  orai^oiis  funèbres  iïii^s'  noire  licence.  Et  quand 
nous  la  donnerons,  le  principal  objet  du  discours  sei'a  de 
la  faiblesse  humaine  et  de  la  vanité  de  toutes  choses,  pour 
porter  les  auditeurs  au  mé|)ris  de  la  terre  plutôt  que  pour 
exciter  en  eux  une  vaine  admiration  de  celui  ([u'on  loue.  » 
VA,  vers  la  même  époque,  Tévèque  Eromentières,  auteur  de 
plusieui's  oraisons  funèJjres,  disait  nettement  :  «  Une 
oraison  funèbre  n'est  pas  un  discours  curieux  ;  ce  doit 
être  une  leçon  utile  ». 

Telle  fut,  à  dater  de  1()40,  la  théorie  de  V oraison 
funèbre  acce[)téc  sans  contestation  par  tous  les  orateurs 
qui  se  sont  adonnés  à  ce  genre  d'éloquence.  Mais  il  est 
aisé  de  voir  au  milieu  de  quelles  difficultés  se  mouvait, 
pour  ainsi  dire,  l'auteur  d'une  oraison  funèbre.  Il  était 
contraint  de  louer,  en  ne  disant  néanmoins  que  la  vérité, 
et  comment  louer  des  personnages  médiocres  ou  môme 
absolument  insignifiants,  tels  que  le  roi  Jacques  II,  mort 
à  Saint-Germain  quatorze  ans  après  avoir  été  détrôné,  ou 
Marie-Thérèse,  femme  de  Louis  XIV,  ou  le  dauphin  son 
fils  ?  L'écueil  du  genre,  c'était  la  banalité,  l'enflure,  la 
louange  hyperbolique  et  fade,  l'abus  des  lieux  communs 
et  la  phraséologie.  «  L'oraison  funèbre,  comme  le  disait 
en  1757  un  critique  judicieux  (l'abbé  Albert,  Nouvelles 
observalions  sur  les  différenles  nuHhodes  de  prêcher), 
est  un  discours  d'un  caractère  singulier  et  la  pièce  la 
plus  difficile  do  l'éloquence  chrétienne.  Il  faut  que  le  pré- 
dicateur soit  lui-même  un  héros  dans  son  art  et  que  l'au- 
diteur ait  quelque  peine  à  décider  lequel  est  le  plus  grand, 
ou  de  celui  qu'd  entend  louer,  ou  de  celui  qui  le  loue.  »0n 
n'a  donc  pas  lieu  de  s'étonner  si,  del.500  ou  1.800  orai- 
sons funèbres  qui  ont  été  imprimées  de  J6'20  à  1789,  il 
s'en  trouve  dix  ou  douze  tout  au  plus  qui  supportent  la 
lecture.  De  cent  cinquante  orateurs  qui  prononcèrent  au 
xvii^  siècle  des  discours  de  ce  genre,  on  ne  cite  guère  que  Se- 
nault,  Eromentières,  Bossuet,  Mascaron,  Eléchier,  Bourda- 


loue  et  Massillon  ;  et  parmi  ces  dei'nierb,  il  en  e^^t  trois  qui 
m3  soutiennent  pas  la  comparaison  avec  les  autres,  ce 
sont  les  oratoriens  Ej'omentières  et  Senault  et  le  jésuite 
Bourdaloue.  Allons  plus  loin  :  ceux  même  qui  se  piquent 
aujourd'hui  d'érudition  pourraient  citer  de  Massillon  une 
ligne  :  «  Dieu  seul  e^^t  grand,  mes  frères  »,  et  de  Mas- 
caron ou  de  Eléchier  bien  peu  de  fragments;  Bossuet  seul, 
grâce  à  l'écrasante  supériorité  de  son  génie,  est  considéj'c 
comme  le  représentant  de  Voraison  funèbre  dans  les 
temps  modernes.  Lui  seul,  en  effet,  a  bien  compris  ce  (fue 
peut  donner  ce  geni'e  d'éloquence  ;  lui  seul  a  eu  la  notion 
claire  et  précise  des  di'oits  et  des  devoirs  de  l'orateiu'  qui 
prononce  un  «  panégyri({ue  funèbre  des  princes  et  tles 
grands  du  monde  ».  Respectueux  des  convenances  so- 
ciales, il  n'a  pas  mampié  de  louei'  ses  héros,  mais  il  Ta 
fait  avec  beaucoup  de  circonspection.  N'est-ce  pas  lui  qui, 
en  166"i,  jugeait  l'oraibon  funèbj'o  en  termes  si  sévères  : 
«  Pour  orner  une  telle  vie  (celle  du  P.  Bourgoing),  je  n'ai 
pas  besoin  d'emprunter  les  fausses  couleurs  de  la  rhéto- 
rique, et  encore  moins  les  détours  de  la  flatterie.  Le  n'oht 
])as  ici  de  ces  discours  oii  l'on  ne  parle  qu'en  tremblant, 
ou  il  faut  pi  ut  (H  passer  avec  adi'csse  que  s'ai'rêler  avec 
assui'ance,  où  la  i»rudence  et  la  discrétion  tiennent  tou- 
jours en  contrainte  l'amour  de  la  vérité.  Je  n'ai  rien  à 
taire  ni  à  déguiser  ».  Pai'fois  nuMue,  il  a  cru  pouvoir 
parler  des  fautes  ou  des  crimes  d'une  princesse  pala- 
tine tombée  dans  l'athéisme  ou  d'iui  (^ondé  passant  aux 
Espagnols.  C'est  qu'il  avait  conscience  de  ses  droits  de 
prêtre  et  qu'il  voulait  à  tout  prix  instruire  son  auditoire  : 
Et  mine  reyes,  intelliyite,  erudimini  yui  judicalis 
lerrani.  A  la  base  de  chacun  de  ses  discours,  il  y  a  tou- 
jours une  «  leçon  »,  tantôt  grande  et  terrible,  tantôt 
douce  et  consolante.  L'oraison  funèbre  de  la  reine  d'An- 
gleterre a  pour  objet  d'instruire  les  rois  ;  celle  de  la  du- 
chesse d'Orléans  montre  à  tous  les  hommes,  mieux  encore 
([ue  la  fable  de  La  Eontaine,  que  «  la  mort  ravit  tout  sans 
pudeur  »  ;  cehe  du  vainqueur  de  Uocroy  tend  à  prouvei' 
que  «  la  piété  est  le  tout  de  l'homme  »,  et  qu'un  vej're 
d'eau  donné  aux  pauvres  vaut  mieux  ([ue  les  plus  brillants 
faits  d'armes  ;  l'oraison  funèbre  de  la  princesse  palatine, 
enfin,  est  un  sernu)n  contre  les  libres  penseurs.  \'oilà  ce 
(pii  mettrait  Bossuet  hors  de  pair,  alors  même  qu'il  n'au- 
rait pas  eu  plus  ([ue  tous  les  autres  les  grands  dons  qui 
font  l'oi'ateur  de  génie,  la  puissance  et,  au  besoin,  l'ex- 
([uise  déhcatesse,  l'imagination  forte  et  hardie,  l'art  de 
trouver  toujours  le  mot  juste.  Eaut-il  donc  s'étonner  si 
Bossuet  nous  apparaît  comme  iidiniment  supérieur  à  ses 
émules,  même  les  plus  brillants,  à  Mascaron  et  à  Elé- 
chier? L'oratorien  Mascaron,  dont  l'éloquence  ravissait 
Louis  XIV,  a  prononcé  cinq  oi'aisons  funèbres  de  iijiji) 
à  1675,  entre  autres  celles  d'Anne  d'Autriche,  d'Hen- 
l'iette  d'Angleterre  et  de  Turenne  ;  la  dernière  seule  peut 
être,  je  ne  dis  pas  égalée,  mais  comparée  à  celles  de  Bos- 
suet. Mascaron  eut  ce  jour-là,  suivant  le  mot  de  M"^^  de 
Sévigné,  «  les  bouffées  d'éloquence  que  donne  l'émotion 
de  la  douleur  ».  Mais,  d'une  façon  générale,  l'évèque  d  Agen 
n'est  pas  autre  chose  qu'un  rhéteur  habile  ;  son  moie^i 
singulièrement  envahissant,  et  il  a  des  écarts  de  goût 
incroyables.  Il  parle  du  «  cœur  sacré  »  d'Henriette  et  le 
montre  successivement,  ce  sont  les  trois  parties  de  soîi 
discours,  comme  un  ccrur  docile,  cor  docile,  comme  un 
cœur  noble  et  élevé,  cor  splendiduni,  comme  un  cœur 
intrépide,  cor  eon/lrnialum.  C'est  lui,  enfin,  qui  parle 
du  dôme  du  Val-de-Grace  dont  le  sommet  est  «  si  loin 
des  hommes  et  si  près  des  anges  !  » 

Malgré  ces  défauts,  Mascaron  est  supérieur  à  Eléchier, 
que  ses  contemporains  appelaient  «  le  roi  de  l'oraison 
funèbre  ».  Eléchier,  en  effet,  a  sans  doute  les  quahtés  les 
plus  brillantes,  et  l'on  trouve  beaucoup  à  admirer  dans 
les  huit  oraisons  funèbres  qu'il  a  composées  de  167-:^ 
à  1690  ;  mais  c'est  de  semblables  discours  ([ue  l'on  peut 
dire  :  «  L'art  est  merveilleux,  mais  il  s'entrevoit  »,  et 
même  il  se  voit  à  plein.  Aussi  devi-ait-on  faire  étudier  ses 


ORAISON  —  45^2 

(inivros  à  la  jeunesse  avant  de  lui  proposer  comme  sujet 
d'étude  les  oraisons  funèbres  de  Bossuet;  elle  appren- 
drait ainsi,  romme  dans  Jsoerate  ou  dans  Cicéron,  tous 
les  secrets  de  la  rhétorique,  et  elle  pourrait  ensuite  voir 
la  prodigieuse  différence  (pii  sépare  un  déclamateur  fleuri 
d'un  orateur  véritablement  élo(]uent. 

Tous  les  orateurs  qui  suivirent,  sans  en  excepter  I  il- 
lustre Boui'daloue.  (pii  eut  le  tort  de  s'aventurer  deux  lois 
sur  le  terrain  de  ïoraisoii  funèbre,  n'ont  fait  (pi'imiter 
avec  plus  ou  moins  de  bonheur  Bossuet,  Mascaron.  et 
surtout  Fléchier.  Il  s'est  produit  pour  ce  genre  d'éloquence 
ce  qui  se  produisait  poui'  la  poésie  dramaticfue  après  ('.or- 
'  neille,  Racine,  Molière  et  Regnaid  ;  on  eut,  pour  ainsi  dire, 
les  Canipislrons,  les  (Irébillons.  les  VoUaires,  les  Lesages 
et  les  Marivaux  de  rora/,s'Ou  funèbre.  Le  xviii^  siècle,  qui 
nous  en  a  laissé  en  nond)re  presque  infini,  ne  nous  offre 
([ue  de  pâles  imitations,  ((uehjuefois  même  des  pastiches 
grossiers  des  chefs-d'ieuvre  réputés  classiques.  C'est  comme 
par  acquit  de  conscience  (fue  l'histoire  littéraire  a  recueilli 
le  nom  du  P.  La  Rue,  (pii  osa  faire  à  Meaux  l'oraison 
funèbre  de  Bossuet,  et  ceux  de  l'abbé  Anselme,  du  P.  de 
Xeu ville,  du  P.  Séguy,  du  P.  Elisée,  de  Poncet  de  la  Ri- 
vière, de  l'abbé  de  Boismont,  etc.  Ecoliers  sans  génie,  ils 
ont  suivi  servilement  la  Irace  des  maîtres,  et  leur  élo- 
(juence  est  insipide.  11  en  est  même  parmi  eux  qui  ont 
imité  sottement  les  passages  les  plus  célèbres,  et  (pii  sont 
{)aj'  buite  d'un  ridicule  achevé.  11  suffit  de  citer,  pour  le 
prouver,  ce  fraguient  d'une  oraison  funèbre  de  Stanislas 
prononcée  par  le  carnu^  Elisée,  auteur  de  sermons  pas- 
sables :  «  y)  jour,  0  moment  affreux,  où  nous  entendîmes 
autour  de  nous  de  longs  sanglots  entrecoupés  de  cette 
parole  :  Le  roi  est  brûlé  !  Le  roi  est  dangereusement  ma- 
lade !  Au  premier  bruit  d'un  mal  si  étrange,  <]ui  de  nous 
ne  se  sentit  pas  frappé  comme  si  la  moi't  eût  menacé  le 
plus  tendre  des  pères?...   » 

Un  seul  oj-ateur,  le  dernier  en  date,  l'abbé  de  Beau- 
vais,  évéquede  Senez,  a  su  trouver  ((uel([ues  accents  dignes 
de  la  chaire  chrétienne,  dignes  de  Bossuet  parfois.  II  faut 
étudier  son  oraison  funèbre  de  Louis  XV,  dans  lacpielle  il 
parle  des  fautes  du  prince,  et  dans  laquelle  se  ht  cette 
])hrase  repi'ise  par  Mirabeau  :  «  Le  peuple  n'a  pas  le 
droit  de  murmurer,  mais  il  a  le  di'oit  de  se  taire,  et  son 
silence  est  la  leçon  des  rois  ».  Il  faut  voir  aussi,  dans 
une  édition  classique  faite  par  Villemain  en  18:24,  les 
oraisons  funèbres  de  l'évècjue  de  Xoyon,  de  Broglie  et  du 
curé  de  Saint-André  des  Arts,  Claude  Légei'.  Elles  sont 
belles  à  tous  égards  ;  mais  ce  sont  des  excej)tions.  Les 
oraisons  funèbres  de  l'abbé  de  Beauvais  sont  les  dernières 
lueurs  d'un  flambeau  qui  s'éteint. 

L'oKAisox  FLXÈiîiu:  AU  xix^  SIÈCLE  ;  j/aveniii  de  l'ohaison 
FLNÈ15UE.  —  La  Révolution  française  a,  comme  on  le  sait 
de  reste,  donné  naissance  à  l'éloquence  politique,  mais  elle 
a  frappé  à  mort  l'éloquence  religieuse,  et,  en  particulier, 
V oraison  /H/î^/^r(?  qui  était,  pour  ainsi  dire,  l'apanage  des 
privilégiés  et  des  ci-devant  nobles.  Plus  de  funérailles 
pompeuses,  plus  d'inhumations  dans  les  églises,  plus  de 
discours  ayaut  un  caractère  religieux  ;  c'est  à  peine  si,  à 
dater  de  1795,  il  y  eut  quelques  éloges  funèbres  prononcés 
])resque  à  huis  clos  et  imprimés  pour  un  petit  nombre 
d'amis.  D'autre  part,  on  ne  saurait  donner  le  nom  <à'orai-  \ 
sons  funèbres,  même  au  sens  paieiidece  mot,  ou\(euvres 
déclamatoires  qui  ont  été  consacrées  dans  les  clubs,  suj' 
la  place  publicfue  ou  au  Panthéon,  à  la  mémoire  de  Vol- 
taire, de  Mirabeau,  de  Le  Pelletier,  de  Marat.  des  jeunes 
Barra  et  Yiala.  et  finalement  de  J.-J.  Rousseau.  Quand 
le  Concordat  eut  rétabli  l'ancien  état  de  choses  et  renilu 
au  cube  toute  sa  pompe,  (piaud  l'al^bé  Maury.  devenu  car- 
dinal, eut  publié  son  K>>sai  sur  r<'(oquei}ce<Je  la  rkaire, 
\'orav>o}i  jU}>L'bre  essavade  renaître,  mais  ce  fut  en  \^\\\, 
On  peut  citer,  il  est  vrai,  un  orateur:  Lacordaire.  et  une 
O'uvre  :  l'oraison  funèbre  de  Drouot.  pi'oaonci'c  en  îSiT  ; 
mais  c'est  tout,  et  il  y  a  loin  de  cette  éloquence  à  celle  de 
Bossuet.  Cehe  de  l'abbé  de  Boulogne,  (fui  fit  en  18 lo,  après 


vingt-deux  ans  I  le  panégyrique  de  Louis  XVI,  est  [)ure- 
ment  académi(jue,  à  la  façon  de  Fléchier.  Suivant  toute 
apparence,  il  en  est  de  Voraison  funèbre  comme  de  la 
tragédie  racinienne,  de  l'épître,  de  la  satire,  de  l'épopée, 
et  d'une  infuiité  de  genres  littéraires  qui  ont  brillé  jadis 
du  plus  vif  éclat  ;  on  ne  peut  plus  songer  à  faii'e  des 
œuvres  de  cette  nature,  le  moule  en  est  à  jamais  brisé. 
En  ce  qui  concerne  l'oraison  funèbre  classique,  les  condi- 
tions de  la  vie  actuelle  la  rendent  impossible.  Les  morts 
vont  vite,  dit  un  proverbe,  et  pour  les  faire  ailer  plus  vite 
encore,  notre  civilisation  raffinée  a  organisé  ce  (pi'on 
appelle  l'administration  des  i)ompes  funèbres.  En  quatre 
ou  cinq  jours,  on  fait  ce  que  le  xvii^  siècle  faisait  en  qua- 
rante jours  au  minimum  :  on  tend  Notre-Dame  du  haut 
en  bas  ;  les  catafalques,  les  baldaquins  suspendus  à  la 
voûte,  les  lampadaires,  tout  est  prêt.  Les  oraisons  funè- 
bres des  xvii'^  et  xv!!!*^  siècles  étaient  prononcées,  non  pas 
le  jour  des  funérailles  proprement  dites,  mais  au  cours 
d'un  service  de  quarantaine.  Bossuet  eut  cent  ((uarante 
jours  pour  écrire  l'oraison  funèbre  du  piince  de  (>)ndé,  et 
une  année  entière  pour  élaborer  celle  de  la  princesse  pa- 
latine. Si  l'on  procédait  aujourd'hui  de  la  sorte,  on  serait 
exposé,  tout  comme  au  tem})s  de  Balzac,  à  pleurer  urie 
vetne  dont  le  mari  serait  remai'ié.  Aussi  Y  oraison  funèbre 
a-t-elle  fait  ])lace  à  YaUocution  funèbre,  qui  est  néces- 
sairement improvisée,  qui  ne  cherche  pas  à  donner  de 
grandes  leçons,  et  qui  ne  peut  avoir  de  ])rétentions  litté- 
raires. S'il  y  faut  ajouter  ((uel(]ue  cbose,  on  a  recom*s 
aux  articles  nécrologi([ues  dans  les  journaux  et  dans  les 
revues,  ou  aux  discours  académi([ues.  Lst-ce  à  dii'e  pour- 
tant que  le  genre  ait  évolué,  connue  on  dit  aujourd'hui, 
d'une  manière  définitive,  et  qu'il  ne  soit  pas  possible  aux 
siècles  à  venir  d'imaginer  des  oeuvres  oratoires  qui  mé- 
ritent le  nom  d'oraisons  funèbres  ?  Il  n'est  pas  permis 
de  [)rophétiser  d'une  manière  aussi  absolue,  surtout  si  l'on 
songe  à  ce  qui  s'est  produit  à  des  époques  très  divei'ses 
et  singuhèrement  éloignées  les  unes  des  autres.  Tout  don- 
nait à  ])enser  (pie  Voraison  funèbre  grecque  ou  romaine 
tlispai'aitrait  avec  le  monde  païen,  et  l'on  sait  poui'tant 
va  qu'elle  est  devenue  avec  saint  Grégoire  de  Nazianze  et 
avec  saint  Ambroise.  On  pouvait  croire  de  même,  étant 
donné  ce  qui  s'est  passé  du  v^'  siècle  au  xvii^,  que  l'ho- 
uiélie  funèbre  des  Pères  gi'ccs  et  latins  n'était  i)lus  qu'un 
souvenir  ;  et  chacun  sait  ce  qu'elle  est  redevenue  au  temps 
de  Louis  XIV.  Vienne  donc  un  nouveau  Bossuet,  et  l'élo- 
(pience  religieuse  refleurira,  et  sans  doute  on  prononcera 
encore  dans  les  églises  des  oraisons  funèbres,  d'un  type 
])lus  ou  moins  conforme  à  celles  que  nous  connaissons,  la 
question  n'est  pas  là,  mais  capables  du  moins  de  faire 
pleurer  les  auditeurs  et  d'arracher  aux  lecteurs  des  cris 
d'admiration.  A.  Oazieh. 

II.  Théologie.  —  Oraison  dominicale  ou  Prière  dl 
Seigneur.  —  Cette  prière  a  été  ainsi  nommée,  parce  qu'elle  a 
été  composée  par  Jésus-Christ  lui-même.  Les  Evangiles 
selon  saint  Matthieu  et  selon  saint  Luc  en  donnent  le  texte 
avec  quelques  différences.  Celui  de  saint  Luc  est  plus  court. 
La  diversité  des  deux  relations  est  plus  importante  en  ce 
qui  concerne  les  circonstances  dans  lesqueiles  Jésus  a  en- 
seigné cette  prière  à  ses  disciples.  SuIysliU  saint  Matthieu 
(vi,  7-13),  il  a  joint  à  cet  enseignement  des  recomman- 
dations que  les  théologiens  protestants  considèrent  comme 
condamnant  formellement  les  récitations  verbeuses  du 
rosaire,  du  chapelet,  des  litanies  et  autres  du  même 
genre,  usitées  dans  l'Eglise  catholique.  Il  dit  à  ses  dis- 
ciples :  «  Quand  vous  priez,  n'usez  point  de  vaines  redites 
comme  les  païens  ;  car  ils  croient  (pi'ils  seront  exaucés 
en  parlant  beaucoup.  Xe  leur  ressemblez  point,  car  votre 
Père  céleste  sait  de  (juoi  vous  avez  besoin,  avant  cpie  vous 
b'  lui  demandiez.  Vous  dmic  |)riez  ainsi  :  iY(/^/"t^  père,  qui 
es  auj  cieu?\..  »  Le  récit  de  saint  Luc  {yj,  i-i)  semble 
bien  indiquer  que,  ordinairement,  Jésus  et  ses  disciples  ne 
priaient  point  ensemble  :  «  Lu  jour  que  Jésus  était  en 
prière,  après  (pi'il  eut  prié,  un  de  ses  disciples  hu  dit  : 


Grande  Kncyclopédie  „   Tome  XXT. 


ORAN  (DEPARTEMENT  D') 


ffraxid et  iznp.pcu^ Erhai^d  F'^f^,  35^)  JhieDeiLtèrt  -flooJierpaa  ,  Pa/ 


i5o  Kilonn . 


o 


Société  aaonp;ie  delà  ^^^  EncyclopédK 


ORAISOX  —  (JHAN 


Maître,  enseigne-nous  ù  prier  eomme  Jean  l'a  enseigné  à 
ses  disciples.  Il  répondit  :  Quand  vous  priez,  dites  : 
^otre  père. . .  »  Pour  concilier  ces  deux  relations,  on  a  sup- 
posé qile  Jésus  a  enseigné  deiix  fois  la  même  prière  à  ses 
disciples,  —  Dans  son  traité  De  Orntione,  écrit  avant 
:200,  TertuUien  présente  TOraison  dominicale  comme 
rOrahO  legiiima  et  ordinaria.  (.yprien  {De  Oratione 
(lominica)  Va^i^elle  piiblicanobis  et  communis  oratio. 
l.es  Constitutions  apostoliques  (VII,  24)  recommandent 
de  la  réciter  au  moins  trois  fois  par  jour.  La  même  pres- 
cription fut  publiée  vers  le  même  temps,  par  plusieurs 
conciles  provinciaux.  L'Oraison  dominicale  lit  partie  très 
anciennement  de  la  liturgie  du  baptême  et  de  la  Sainte- 
Cène.  Mais  à  une  certaine  époque  elle  n'était  permise 
([u'aux  chrétiens  baptisés.  On  pensait  que  les  catéchu- 
mènes, n'ayant  point  encore  reçu  dans  le  baptême  la 
grâce  d'adoption,  ne  devaient  point  invoquer  Dieu  comme 
leur  père.  —  TertuUien  trouve  dans  cette  prière  le  ré- 
sumé de  tout  l'Evangile,  Breviariinn  tolius  Evamjelii. 
En  effet,  on  peut  en  déduire  les  points  essentiels  de  l'en- 
seignement de  Jésus-Christ.  Outre  une  invocation  desti- 
née à  rassurer  celui  qui  prie  sur  la  bienveillance  et  la 
jmissance  de  Celui  qu'il  implore,  elle  contient  six  de- 
)n,andes,  dont  l'accomplissement  donnerait  une  complète 
satisfaction  à  tous  les  besoins  de  l'humanité  en  général 
et  de  l'homme  individuellement.  Les  trois  premières 
sont  exprimées  sous  une  forme  impersonnelle.  Ce  sont 
des  voeux  relatifs  à  la  sanctifieation  du  nom  de  Dieu, 
à  Vavènement  de  son  règne  et  à  Vaccomplisseinent  de 
sa  volante.  La  réalisation  universelle  de  ces  vœux  déli- 
vrerait l'humanité  de  tous  les  maux  résultant  du  fait 
de  l'homme.  Les  trois  dernières  concernent  tous  les 
besoins  légitimes  de  l'existence  individuelle  pour  le  corps 
et  pour  l'àme  :  pour  le  présent,  le  pain;  pour  le  passé, 
le  pardon  des  péchés  et  Vindulyence  mutuelle;  pour 
l'avenir,  le  secours  contre  la  tentation  et  U  délivrance 
du  mal.  —  De  toutes  les  paroles  prononcées  sur  la  terre 
aucunes  n'ont  été  traduites  en  autant  de  langues  que 
l'Oraison  dominicale.  E.-H.  Vollet. 

ORAISON.  Com.  du  dép.  des  Basses-Alpes,  arr.  de 
Digne,  cant.  des  Mées;  4.899  hab.  Stat.  du  chem.  de 
fer  de  Lyon.  Patrie  de  Gaspard  Itard  (V.  ce  nom). 

CRAN.  Ville  maritime  d'Algérie,  ch.-l.  du  dép.  d'Oran, 
sur  le  golfe  d'Oran;  80. 081  hab.  Elle  est  située  par  35^^ 
43'  lat'.  N.  et  2^  59'  long.  0.,  à  l'extrémité  S.  du  golfe, 
ouvert  de  21  kil.  entre  la  pointe  Canastel  à  l'E.  et  le  cap 
Falcon  à  l'O.,  au  point  où  l'abaissement  des  montagnes 
ouvre  une  coupure  (arabe  Ouahrân)  vers  l'intérieur.  Ce 
massif  montagneux  dont  les  crêtes  atteignent  589  m.  dans 
le  djebel  Murdjadjo  à  E.  de  la  ville,  et  que  la  plaine  et 
un  grand  lac  salé  isolent  des  hauteurs  de  l'intérieur, 
constitue  une  sorte  de  rempart  naturel  dont  il  a  été  fa- 
cile de  fortifier  l'extrémité  pour  protéger  Oran.  Les  an- 
ciens châteaux  des  Espagnols  transformés  en  forts  le  domi- 
nent à  l'E.  La  ville  proprement  dite  occupe  le  ravin  de 
rOued-er-Rahhi  (aujourd'hui  souterrain)  et  s'étage  en 
amphithéâtre  sur  les  premiers  versants  de  la  montagne 
(huis  un  espace  de  72  hect.  enclos  de  murs.  La  vieille 
Nille  espagnole,  avec  ses  maisons  blanchies  à  la  chaux,  est 
pittoresque  et  malsaine  ;  elle  n'occupait  qu'une  quinzaine 
d'hectares.  Les  agrandissements  réalisés  depuis  la  con- 
quête française  à  l'O.  du  ravin  ne  suffisent  pas  à  la  po- 
pulation qui  déborde  dans  les  faubourgs,  le  long  des 
routes:  Eckmuhl  au  N.-E.,  Saint-Michel  à  l'O.,  Gani- 
hetta  au  N.-O.  le  long  de  la  mer.  Les  anciens  châteaux, 
forts  actuels,  sont,  à  partir  du  rivage  :  Lamoune  bâti  en 
1509;  Santa-Cruz  ou  Sainte-Croix,  à  372  m.  d'alt.,  plon- 
geant sur  la  mer;  la  Kasbah  ou  Château-Vieux  de  1509, 
auquel  correspond  un  Château-Neuf  (1563)  plus  à  l'O., 
entre  la  ville  et  la  mer  ;  le  fort  Saint-Philippe  (1563). 
Plus  loin,  au  N.,  le  fort  Saint- André  (1693)  domine  la 
rade  de  Mers-el-Kébir,  bien  abritée  par  les  falaises  du 
djebel  Santou   (318  m.),  contre  les  vents  du  \.  et  du 


N.-()..  et  (|ui  forme  le  porl  de  refuge  des  naxii'es  en  cas 
de  mauvais  temps.  Le  port  d'Oran.  couvert  par  une  jeié(^ 
de  1  kil.,  qui  part  du  fort  Lamoune,  occupe  24  h^v-t.  avec 
des  fonds  allant  juscpi'à  20  m.  En  temps  ordinaiie.  il  est 
bon.  Le  climat  est  doux  et  sec  ;  la  température  moyenne 
annuelle  est  de  -f-  lO*"  variant  de  -h  12"  en  janvier,  à 
-I-  24"  en  août.  La  chute  d'eau  annuelle  est  de  525  mil- 
lini.  en  moyenne. 

Oran  n'a  pas  de  monuments  d'une  réelle  valeur  esthé- 
tique ;  à  peine  peut-on  citer  l'ancien  palais  des  deys.  Mais 
c'est  une  jolie  ville,  très  pittoresque  non  seulement  par  sa 
situation,  par  l'éclat  de  ses  blanches  maisons  accrochées 
aux  pentes,  par  le  contraste  de  la  vieille  cite  espagnole 
avec  la  ville  neuve  aux  larges  rues  et  aux  belles  places, 
mais  aussi  par  l'animation  générale  de  cette  ])opulation 
bariolée.  Les  Espagnols  habitent  surtout  la  vieille  ville  ; 
les  indigènes,  le  faubourg  méridional  des  Djahli,  c.-à-d. 
des  étrangers,  appelé  aussi  village  noir,  et  o;i  les  noirs 
soudanais,  descendants  d'esclaves,  se  mélangent  avec  les 
Arabes  et  les  Berbers  algériens  on  marocains.  D'après  le 
recensement  de  1896,  la  population  était  de  85.081  hab. 
dont  4.140  personnes  comptées  à  part  qui  représentent 
surtout  les  troupes,  et  80.941  <le  population  municipale 
dont  80.350  agglomérés.  Elle  se  divisait  en  24.088  Fran- 
çais d'origine  ou  naturalisés  ;  8.308  nés  de  parents  israé- 
listes  naturalisés  par  le  décret  du  24  oct.  1870  ;  2.3^3 
naturalisés  par  ce  décret  ;  11 .163  sujets  français  (Arabes, 
Kabyles,  Mzabites,  etc.);  1.176  Marocains  et  Tunisiens  ; 
33.863  de  nationalités  diverses.  Les  musulmans  ne  for- 
ment que  le  huitième,  les  juifs  indigènes  étant  en  nombre 
égal,  le  total  de  la  population  indigène  est  seulement  le 
quart  des  Oranais.  Les  Européens  en  forment  donc  les 
trois  quarts  ;  parmi  ceux-ci,  l'élément  espagnol  domine. 
Si  l'on  tient  compte  des  naturalisés  d'origine  espagnole, 
souvent  encore  assez  peu  assimilés,  on  constatera  que  les 
Espagnols  forment  bien  la  moitié  de  la  population  de  la 
ville.  —  Celle-ci  a  rapidement  augmenté  sous  la  domhia- 
tion  française.  Le  31  déc.  1836,  Oran  n'avait  que  3.047 
hab.,  dont  959  Français;  en  1856,  on  en  recense  15.50(1 
dont  6.500  israélites  indigènes  ;  en  1866,  environ  32.000 
dont  8.789  Français,  14.342  étrangers,  5.637  israélites. 
3.102  musulmans.  En  1876,  sur  les  45.640  hab.  on 
comptait  11.047  Français,  4.968  israéHtes  naturalisés, 
24.863  étrangers,  et  4.782  musulmans.  Ln  1886,13.853 
Français,  61.201  israélites  naturalisés,  27.269  étrangers, 
11.200  musulmans.  L'activité  commerciale  est  considé- 
rable :  exportation  d'alfa,  de  faîne,  de  céréales,  de  fa- 
rines, de  légumes  secs,  de  chevaux,  de  bœufs,  démontons, 
de  peaux,   de  vin,  d'eau-de-vie. 

Oran  fut  peut-être  le  siège  d'une  colonie  romaine  du 
nom  de  Quiza,  mais,  dans  l'antiquité,  la  ville  importante 
était  Porfz(S  t^H'mi/,s,  notre  Mers-el-Kébir.  Oran  fut  fondé 
en  902  par  des  musulmans  andalous,  sur  un  territoire  des 
tribus  des  Beni-Morghen  et  des  Nefzaoua  ;  plusieurs  fois 
pillée,  la  ville  prospéra,  à  cause  du  voisinage  des  ports  es- 
pagnols vers  lesquels  elle  est  le  débouché  naturel  de  LAI- 
gérie  orientale.  Les  Catalans  et  les  Génois  y  venaient  éga- 
lement. Après  la  prise  de  Grenade  et  l'expulsifui  {\c<^ 
Maures  d'Andalousie,  la  piraterie  se  développa  sur  les 
côtes  barbaresques.  Les  Espagnols  passèrent  la  mer,  et  en 
1505  prenaient  Mers-el-Kébir,  en  1509  Oran.  Ils  le  gar- 
dèrent jusqu'en  1708  où  le  dey  d'Alger  s'en  empara;  en 
1732,  ils  le  reprirent;  le  tremblement  déterre  du  8-9 oct. 
1790  ruina  la  ville  qui  fut  assiégée  par  le  bey  de  Mas- 
cara et  (Inalement  évacuée  en  mars  1792.  La  domination 
espagnole  avait  été  une  époque  de  misère;  isolé  de  l'in- 
térieur, Oran  n'avait  plus  aucun  commerce  ;  la  population 
était  tombée  à  3.000  âmes  ;  c'était  un  lieu  d'exil  pour  les 
nobles  disgraciés.  Le  4  janv.  1831 ,  les  Français  en  prirent 
possession.  La  commune  fut  constituée  le  31  janv.  1848. 

A. -M.  B. 

ORAN  (Dép.  d).  Situation,  limites,  superficie.— 
Département  français  d'Algérie,  qui  a  reçu,  comme  l'an- 


ORAN 


cieiine  province  qu'il  remplace  le  nom  de  son  chef-lieu.  Il 
occupe  le  tiers  occidental  deF^Vlgêrie.  de  la  mer  Méditer- 
ranée au  désert  du  Sahara.  Son  ch.-l.  Oran  est  à  355  kil. 
0.  d'Alger  à  vol  d'oiseau,  à  421  kil.  par  chem.  de  fer,  à 
1.0 10  kil.  S.-O.  de  Marseille  et  à  4.450  kil.  de  Paris.  Le 
dép.  d'Oran  est  compris  entre  la  mer  au  N.,  le  Maroc  à 
ro.,  le  dép.  d'Alger  à  l'î^].  Au  S.,  sa  frontière  est  indé- 
terminée du  cùlé  du  désert.  Le  restreignant  aux  régions 
qui  sont  organisées  administrativement  en  communes,  le 
muiistère  de  l'intérieur  lui  attrihue  11.556.646  hect., 
dont  3.558.817  ])our  le  territoire  civil  (100  com.)  et 
8.002.829)  pour  le  territoire  de  commandement  (5  com.). 
Du  côté  du  Maroc  comme  du  côté  du  dép.  d'Alger  la 
frontière  est  conventionnelle.  Elle  a  été  décrite  aux  art. 
Algérie,  Maroc  et  Alger  [Dép.  d'|). 

Côtes.  —  Lelittoral  du  dép.d'Oransur  lamerMéditer- 
l'anée  a  un  développement  de  430  kil.  environ.  Sa  direc- 
tion générale  est  vers  l'E.-X.-K.  ;  il  est  assez  accidenté, 
d'autant  que  beaucoup  des  escarpements  sont  d'origine 
volcanique.  Jusqu'à  la  baie  d'(h^an,  la  mer  est  presque 
constamment  bordée  de  falaises.  I^es  principaux  points  à 
noter  sont  h  partir  du  Maroc  :  le  cap  Milonia,  l'embou- 
chure de  l'oued  Kouardaou  Couerda  (anticpie  Popleto),  la 
mauvaise  rade  de  Nemours,  à  LO.  de  laquelle  sont  les  ro- 
chers des  Deux-Frères  et  des  Deux-Sœurs,  le  cap  Torsaou 
Lalla  Setti,  le  cap  Noé  ou  Honein,  l'îlot  d'el-Mokreum. 
l'embouchure  de  la  Tafna  eu  face  de  laquelle  l'îlot  deRach- 
goun  peut  servir  à  créer  un  gi'and  port;  l'îlot  du  Pain-de- 
Sucre,  le  petit  port  de  Beni-Saf,  le  cap  Oulassa  et  les  fa- 
laises de  Camerata,  l'anse  de  Djelloul,  l'embouchure  de 
l'oued  Melah,  le  cap  Figalo.  l'anse  de  Bou-Zedjar,  les  îlots 
lïabibas  (ait.  105  m.)  en  pleine  mer,  le  cap  Sigale,  le  cap 
Lindless.  l'îlot  Plane,  la  baie  des  Andalouses,  la  pointe 
Coi'ales.  le  cap  Falcon  suivi  du  promontoire  du  Santou, 
({ui  ahrite  le  port  de  Mers-el-Kébir  ;  entre  celui-ci  et  la 
])oiute  Canastel  s'évase  le  golfe  d'Oran;  puis  vient  lapres- 
(lu'île  d'Arzew  avec  le  signal  de  l'Aiguille  (ait.  246  m.), 
les  caps  Ferrât  et  Carbon,  le  port  d'Arzew,  le  golfe  d'iVr- 
zew  au  fond  duquel  débouche  laMacta,  à  FF.  du  port  aux 
J^oules,  la  ville  de  Mostaganem,  l'embouchure  du  Chélif, 
puis  les  rivages  inhospitaliers  du  Dahra  avec  le  cap  Jvi,  la 
baie  Teddert,  la  pointe  d'el-Aoua,  le  cap  Kramis. 

Relief  du  soL  —  Le  dép.  d'Oran  se  divise,  comme  le 
reste  de  V Algérie  (V.  ce  mot),  en  trois  zones  parallèles  à 
la  mer,  le  Tell,  les  Hauts  Plateaux,  le  Sahara.  Tci  cette 
division  est  très  nette.  Le  Tell,  qui  s'étend  de  la  mer 
à  la  chaîne  septentrionale  de  l'Atlas ,  comprend  les 
plaines,  les  vallées  et  les  massifs  secondaires  qui  les  en- 
cadrent. Au  S.  du  premier  groupe  de  montagnes  s'étend 
la  région  des  Hauts  Plateaux,  sorte  de  cuvette  dont  les 
chotts  occupent  le  fond.  Llle  e>t  bornée  au  S.  par  l'Atlas 
méi^idional  ou  Grand-Atlas,  dont  le  versant  méridional 
s'abaisse  sur  le  Sahara  ;  les  eaux  qui  descendent  de  ce 
côté  forment,  à  la  lisière  de  la  montagne  et  du  désert,  la 
région  desKsour,  oasis  échelonnées  au  débouché  des  val- 
lées. Comparé  aux  autres  départements  algériens,  celui 
d'(h^an  est  caractérisé  par  la  moindre  étendue  du  Tell,  une 
plus  grande  extension  des  steppes  du  Plateau,  et  le  grou- 
pement des  oasis  au  pied  de  l'Atlas.  Le  désert  se  rap- 
proche plus  de  la  mer. 

La  division  orographi(|ue  coi'rrespond  à  la  structure 
géologique.  La  région  du  Tell  est  formée  de  sédiments 
tertiaires  et  cjuaternaires  au  milieu  desquels  émergent  de 
petits  massifs  triasiques.  jurassiques,  crétacés  et  volca- 
niques. L'Atlas  tellien  forme  une  zone  jurassique  de  70  kil. 
de  large  ;  l'Atlas  saharien,  une  zone  crétacée  d'égale  lar- 
geur; entre  les  deux  s'étendent  les  dépôts  quaternaires 
clés  Hauts  Plateaux  sur  une  largeur  de  70  à  150  kil., 
anciens  sur  les  bords,  récents  au  fond  de  la  cuvette  au- 
tour des  chotts.  Au  S.  de  l'Atlas  saharien,  les  dépôts 
cjuaternaires  du  Sahara  et,  au  bout  de  150  kil.,  les  sables 
et  la  dune.  Comme  le  rivage  lui-même,  ces  zones  succes- 
sives sont  orientées  de  l'E.-S.-F.  à  l'O.-N.-O. 


La  région  la  plus  iiitéressante  à  tous  égards  et  la  plus 
variée  est  la  première,  celh^  du  Tell.  Llle  est  très  monta- 
gneuse et  accidentée.  Les  eaux  ont  raviné  et  découpé  les 
terrains  soulevés  en  quantité  de  massifs  isolés,  d'origine 
et  de  date  diverses.  Leur  direction  générale  demeure  celle 
([ue  nous  avons  indiquée,  et  c'est  aussi  celle  d'une  sorte  de 
fossé  longitudinal  constitué  par  les  principales  vallées, 
cours  moyen  de  la  Tafna  et  cours  de  ses  affluents,  la  Mouila 
à  gauche,  Tisser  à 'droite,  vallées  de  la  Mekerra  (Sig), 
de  l'Hillil,  du  Chélif.  Ce  fossé  divise  les  hauteurs  telliennes 
en  deux  groupes  :  celui  de  la  région  maritime  et  ceux  plus 
élevés  de  l'Atlas  proprement  dit,  rebord  septentrional  du 
Plateau.  Nous  les  décrirons  successivement.  Nous  dirigeant 
de  ro.  à  FF.,  nous  rencontrons,  en  premier  lieu,  le  mas- 
sif des  monts  de  Nenioiu's  oii  émergent  les  diverses  as- 
sises jurassiques,  flanquées  de  soulèvements  volcaniques; 
près  de  la  frontière  marocaine  le  djebel  Sidi-bou-Krirat 
atteint  624  m.,  le  Zendal,  613  m.  ;  puis  au  S.  de  Ne- 
droma  s'élève  le  Filhaoucen  ou  Fillaoussene  (1.136  m.), 
dont  le  rattachement  géodésique  au  pic  de  Mulhacen  en 
Espagne  a  jouit  les  réseaux  trigonométri({ues  d'Europe  et 
d'Afrique.  Au  N.-O.  se  prolongent  vers  la  Tafna  les  col- 
lines schisteuses  desTraras,  avec  les  sommets  de  Taouerta 
(778  m.),deTadjera  (86 J  m.),  du  cap  Noé  (465  m.).  — 
A  FF.  de  cette  dépression,  les  hauteurs  sont  médiocres  : 
Fait,  du  djehel  Skouna,  au  S.  de  Beni-Saf,  est  de 
\()\)  m.,  le  soulèvement  volcanique  de  FO.  d'Ain-Témou- 
chent  ne  dépasse  pas  4'<8  m.  ;  à  partir  de  là.  les  collines 
bifurquent,  enveloppant  la  vaste  plaine  saline  que  traverse 
le  rio  Salado  et  au  fond  de  laquelle  dort  le  lac  salé  ou 
sebkha  d'Oran  (ait.  97  m.),  fjitre  cette  plaine  et  la  mer 
sont  deux  îlots  triasiques  constituant  les  petits  massifs 
côtiers  d'Oran  et  d'Arzew  ;  le  premier,  qui  porte  le  nom 
de  djebel  Murdjadjo  culmine  à  589  m.  ;  le  second  arrive 
à  631  m.  au  djebel  Orous.  Au  S.  de  ces  massifs,  la  plaine 
de  la  Mleta.  qui  borde  la  sebkha,  se  continue  vers  FF.  jus- 
qu'à la  saline  d'Arzew  (el-Mellaha,  ait.  69  m.),  qu'un  pli 
de  terrain  (ail.  169  m.  et  330  m.),  couvert  par  la  forêt 
de  Moulev  Ismail,  sépare  de  la  plahie  marécageuse  de  la 
Macta.  —  Au  S.  de  la  sebkha  d'Oran.  la  séparant  de  la 
vallée  de  FIsser,  s'élève  le  massif  éocène  (suessonien)  et 
crétaco  (craie  intérieure)  des  monts  de  Tessata.  Sur  le  faîte 
où  se  partagent  les  eaux  enti'e  les  bassins  de  la  Tafna 
(Isser),  de  la  Macta  (Mekerra)  et  du  Metah  ou  rio  Salado, 
on  atteint  824  m.  au  djebel  Touil,  791  m.  au  signal 
d'Anchez,  700  m.  dans  la  dépression  médiane  où  passe 
la  voie  ferrée  ;  mais  plus  à  FF.,  au  N.  de Sidi-bel-Abbès, 
le  mont  boisé  de  Tessala,  VAslacilis  romain,  s'élève  à 
1.061  m.  Au  N.-F.,  le  chaînon  crétacé  a  923  m.  au  djebel 
Bou-Hanech,  949  m.  au  Kerma,  726  m.  au  Tafaraoui  qui 
domine  le  val  de  Foued  Tlélat  remonté  par  le  chemin  de 
fer  qui  joint  la  plaine  d'Oran  à  celle  de  Sidi-bel-Abbès. 

La  zone  montagneuse  du  littoral  est  interrompue  par  la 
kxYge  plaine  du  Siq  et  de  la  Macfaque  des  colHnes  plio- 
cènes  de  200  à  400  m.  (pays  de  Mostaganem)  séparent 
de  la  vallée  inférieure  et  de  l'embouchure  du  Chélif;  leurs 
plus  hauts  sommets  atteignent  382  m.  au  bord  de  la  mer, 
516  m.  au  Keboubtsour  sur  la  rive  g.  de  la  Mina.  Quant 
à  la  plaine,  elle  s'abaisse  doucement  vers  les  marais  de 
la  Macta  (ait.  8  à  9  m.).  A  FF.  du  Chélif  et  au  N.  de  sa 
vallée  (ait.  50  m.  envii'on),  le  massif  côtier  reparaît  dans 
la  région  montueuse  du  Dr/Zrra  (miocène  autour  d'un  noyau 
du  crétacé  supérieur)  qui  se  prolonge  sur  le  dép.  d'Alger; 
dans  celui  d'Oran,  Fait,  moyenne  est  de  500  m.  ;  un  som- 
met monte  à  760  m.  au  S.  de  Foued  Kramis.  La  carte  au 
800.000^  indi(pm  même  777  m.  au  marabout  de  Sidi-Said. 

La  région  intérieure  de  l'Atlas  tellien,  formant  bordure 
septentrionale  des  Hauts  Plateaux,  a  une  altitude  plus 
grande.  Essentiellement  composée  de  terrains  jurassiques 
des  divers  étages,  depuis  le  bathonien  jusqu'à  Fastarto- 
ptérocérien,  elle  est  bordée  sm^  bien  des  points  de  crétacé. 
Cette  formation  plus  récente  domine  au  N.  de  la  vallée  de 
la  Mina,  dans  FOuaransenis.  A  FO.  se  trouve  le  massif  des 


monts  calcaires  et  dolomitiques  de  Tlemcoi  ;  le  lias  Asfour, 
à  la  limite  du  Maroc,  a  1.558  m.  ;  le  Nador,  au  S.  de  Tiem- 
cen  (812  m.),  s'élève  à  4.579  m.  ;  le  Kouabet  à  1.621  m.; 
les  plus  hauts  sommets  sont  au  bord  du  Plateau  :  djebel 
Tnouchii  (1.843  m.),  djebel  Ouergla  (1.717  m.).  Un  peu 
à  FE.,  l'Atlas,  formé  là  de  roches  crétacées,  prend  Ib  nom 
de  monts  de  Daya  (1.397  m.  à  la  vigie  de  Daya);  au  S., 
la  crête  de  partage  des  eaux  entre  les  rivières  du  Tell  et 
celles  des  Chotts  atteint  1.409  au  djebel  Beguira.  Suivant 
cette  ligne  de  faîte  vers  le  N.-E.  nous  trouvons  les  inonts 
de  Saïda  qui  ont  à  peine  1 .200  m. ,  la  ville  étant  à  862  m.  ; 
puis  les  monts  de  Frenda,  où  le  djebel  Lakdar,  à  FE.  de 
la  ville,  atteint  1.212  m.  Le  massif  jurassique  se  prolonge 
vers  FE.  jusqu'au  dép.  d'Alger,  comme  un  sorte  de  pro- 
montoire avançant  dans  le  bassin  du  Chélif;  le  djebel 
Chemakr  s'y  élève  encore  à  1.419  m.  —  Au  N.  du  massif 
jurassique,  nous  trouvons  en  avant  de  Mascara,  le  long  de 
l'Habra,  les  înonts  èvoàès  et  nus  àes  Beni-CJumgran ,  bap- 
tisés jadis  pays  de  Crèvecœur;  ces  hauteurs  crétacées  et 
miocènes  (helvétien)  ne  dépassent  pas  808  m.  (djebel  Na- 
dor). Entre  ce  massif  et  le  principal  s'étend  lu.  plaine 
d'Eghris,  au  S.  de  Mascara.  Au  delà  de  la  Mina,  entre  la 
vallée  au  S.  qui  la  sépare  du  massif  jurassique  et  celle  du 
Chélif  au  N.  se  développe  le  puissant  massif  crétacé  de 
FOuaransenis  ;  son  point  culminant  est  dans  le  dép.  d'Al- 
ger; celui  d'Oran  n'a  que  de  moindres  sommets,  SelFalou 
(1.187  m.)  et  Saadia  (1.192  m.)  sur  la  limite.  —  La  vallée 
du  ChéUf  s'élargit  en  véritable  plaine  au  confluent  de  la 
Mina. 

La  région  des  plateaux,  des  chotts  ou  des  steppes  re- 
présente entre  les  deux  Atlas  une  sorte  d'immense  cuvette 
s'abaissant  doucement  vers  son  milieu;  l'ait,  varie  de 
1.250  à  850  m.  ;   le  premier  chiffre  se  retrouve  à  peu 
près  le  même  à  l'origine  des  vallées  ;   elles  descendent 
vers  les  fonds  oîi  s'accumulent  les  eaux  et  les  dépôts  sa- 
lins qu'elles  ont  entraînés  ;  le  choit  el-Gharbi,  demi-ma- 
rocain, est  à  940  m.  ;   le  grand  chott  ech-Chergui,  au 
centre  du  département,  est  à  980  m.  au  S.  du  Kreider, 
à  875  m.  à  l'extrémité  orientale;  enfin  l'oued  Touil,  ori- 
gine  du  Chélif,  quitte  le  dép.  d'Oran   à  850  m.   d'alt. 
Nous  n'avons  pas  à  refaire  la  description  du  steppe  ora- 
nais,   dont   l'aspect  monotone  est  varié  par    des  sortes 
d'îlots  jurassiques  et  crétacés  qui  ont  survécu  à  l'érosion. 
Exception  faite  de  ces  massifs  insulaires,  la  physionomie 
est  partout  semblable  :  plateau  uniforme  couvert  d'alfa, 
de  genêts,   d'armoises  et  autres  plantes  du  steppe,  ra- 
rement agrémenté  d'arbustes,  tamaris  ou  pistachiers.  Les 
ravins  sont  nombreux,  creusés  par  des  ruisseaux  tempo- 
raires qui  descendent  des  deux  bords  vers  le  centre  ; 
beaucoup  s'arrêtent  à  des  creux  (oglats,  redirs,  daïas  ou 
daïets)  où  se  conserve  un  peu  d'humidité  entretenant 
quelque  verdure.  Les  principaux  vont  jusqu'aux  grandes 
dépressions  des  chotts,  vestiges  peut-être  d'un  ancien  et 
vaste  lac  ;  aujourd'hui,  ils  n'ont  d'eau  qu'en  hiver  ;   en 
été,  on  n'aperçoit  que  les  efflorescences  de  sel  et  de  sul- 
fate de  soude  que  l'eau  a  déposées  en  s'évaporant.  Dans 
cette  région  nous  signalerons  :  au  N.-O.  le  petit  bassin 
fermé  du  Daïet-el-Ferd,  entouré  de  hauteurs  de  plus  de 
L300  m.,  au  S.  comme  au  N.  ;  an  S.,  elles  semblent 
continuer  le  promontoire  crétacé  de  Sidi-el-Aabed  (1.360 
dans  le  Maroc)  ;  le  chott  el-Gharbi  est  aussi  divisé  entre 
la  France  et  le  Maroc  ;  les  bassins  du  chott  ech-Chergui 
s'étendent  de  l'O.-S.-O.  à  FE.-N.-E.  sur  150  kil.  de 
long;  à  l'angle  S.-O.  s'allonge,  du  N.  au  S.,  un  éperon 
jurassique  d'une  cinquantaine  de  kilomètres  (djebel  Amzig 
et  djebel  Antar,  1.450  m.  à  FO.  de  Méchéria)  ;  à  l'E.du 
grand  chott,  plusieurs  îlots  crétacés  s'élèvent  au-dessus 
du  plateau  ;    le   plus  marquant  est   le    djebel  el-Aleg 
(1.406  m.)  qui  s'élève  à  500  m.   au-dessus  de  l'oued 
Touil. 

L'Atlas  saharien,  épais  massif  crétacé,  forme  comme 
l'Atlas  tellien  un  talus,  parfois  une  falaise,  au  bord 
intérieur  du  plateau.   Il  est  traversé  par  les  vallées  qui 


'5  ~  ORAN 

descendent  vers  les  cbotts  ou  vers  l'extérieur,  c.-à-d. 
ici  vers  le  S.  dans  le  désert.  Dans  ce  massif  pi'ofondé- 
ment  entaillé,  elles  ont  percé  des  défilés  (foumj,  portes, 
passages  (kheneg),  cols  (teniet)  par  où  les  eaux  s'écou- 
lent. Les  sommets  les  plus  hauts  sont,  près  du  Maroc, 
le  djebel  Mezi  (2.200  m.)  sur  la  lisière;  le  Mir-el- 
Djebel  (2.100  m.),  le  djebel  Mekta  (1.980  m.),  entre 
Am-Sefra  (1.075  m.)  et  Moghar-Foukani  (860  m.)  ;  le 
djebel  Tassout  (2.030  m.),  à  FO.  de  Bou-Semghoun 
(990  m.),  puis  à  FE.  de  Géryville  (1.307  m,),  le  Touila 
(1.937  m.).  Cette  partie  de  l'Atlas  est  désignée  sous  le 
nom  de  Ctiaîne  des  Ksoiir,  appellation  qui  s'applique  en 
particulier  aux  bourgs  fortifiés  qui  gardent  les  débouchés 
des  vallées  de  la  montagne  sur  le  Sahara  et  les  oasis 
échelonnées  à  l'entrée  du  désert  ;  c'est  la  zone  d'influence 
des  Ouled-Sidi-Cheikh.  —  A  FE.  du  dép.  d'Oran,  séparé 
des  monts  des  Ksour  par  les  ravins  de  l'oued  Melah,  ri- 
vière saharienne,  s'élève  le  massif  du  djebel  Amour,  ca- 
ractérisé par  ses  plateaux  tabulaires  appelés  gada  ;  le 
centre  de  dispersion  des  eaux  est  Aflou  (sources  du  Chélif 
et  du  Mzi)  ;  le  mont  de  Sidi-Okba  a  1.G42  m.;  le  Gourou, 
au  N.  d'Aflou,  1.706  m.;  le  Meckeb,  au  bord  du  Sahara, 
1.580  m. 

Au  pied  des  falaises  crétacées  de  l'Atlas,  l'ait,  du 
Sahara  est  de  moins  do  1.000  m.  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer  :  980  m.  à  Figuig,  800  m.  à  El-Abiod-Sidi-Cheikh, 
830  m.  à  Brezina  ;  915  m.  à  El-Maïa.  Elle  s'abaisse  à 
mesure  qu'on  avance  dans  le  désert  et  ne  dépasse  guère 
550  m.  quand  on  arrive  à  la  région  des  dunes. 

Régime  des  eaux.  —  Les  eaux  du  dép.  d'Oran  se 
répartissent  entre  trois  bassins  correspondant  aux  trois 
régions  ;  la  Méditerranée  reçoit  les  eaux  du  Tell  ;  celles 
du  Plateau  aboutissent  à  des  bassins  fermés  ;  celles  du  S. 
de  l'Atlas  se  perdent  dans  le  Sahara.  Toutefois,  il  n'y  a 
pas  coïncidence  parfaite  entre  les  zones  orographiques  et 
les  bassins  hydrographiques  ;  le  versant  méditerranéen  et 
le  versant  saharien  empiètent  sur  celui  des  chotts  du  Pla- 
teau. 

Bassin  méditerranéen.  Il  n'y  a  de  cours  d'eau  perma- 
nents que  dans  la  région  tellienne.  Ce  sont  de  FO.  à  FE  : 
le  petit  oued  Kiss  qui  n'a  d'autre  importance  que  de  mar- 
(juer  la  frontière  du  Maroc;  le  Kouarda,  l'oued  el-Mersa 
qui  finit  à  Nemours.  —  La  Tafna  est  le  premier  fleuve  vé- 
ritable; elle  mesure  150  kil.  environ  et  débite  600  m.  c. 
par  seconde  en  crue,    600  litres  seulement  à  Fétiage, 
1.200  en  moyenne.  Son  bassin  mesure  8.200  kil.  q.,  dont 
5.500  au  Maroc.  Elle  se  forme,  près  de  Sebdou,de  l'union 
de  ruiseaux  nés  au  pied  de  la  crête  méridionale  de  l'Atlas 
tellien  (monts  de  Tlemcen),  dont  elle  traverse  tout  le  mas- 
sif, arrosant  la  belle  vallée  boisée  de  FAzail,  décrit  une 
courbe  vers  FO. ,  reçoit  à  gauche  la  Mouila,  rivière  de  Lalla- 
Maghrnia ,    dont  le  cours  supérieur  au  Maroc  porte   le 
nom  d'Isly,  à  dr.  l'Isser  occidental  grossi  lui-même  à  g. 
du  Sikkah  ou  Sat-Saf,  d'abord  appelé  Mekroug,  qui  forme 
prés  de  Tlemcen  les  belles  cascades  d'El-Ourit.  —  Vient 
ensuite  le  Hallouf  (30  kil.),  puis  le  Salado  ou  oued  oLMé- 
lah,  long  de  70  kil.  environ,  dont  un  affl.  g.,  Foued  Senan 
ou  el-Taieb,  passe  à  Aïn-Témouchent.  —  A  FE.  de  la 
sebkha  d'Oran  qui  constitue  un  bassin  clos,  de  même  que 
les  petits  lacs  sahns  situés  un  peu  au  N.-l].,  nous  trou- 
vons deux  fleuves  plus  considérables,  la  Macta  et  le  Chélif. 
La  Macta  est  formée  par  la  jonction,  au  pied  de  dunes 
dont   le   barrage  crée   un  vaste  marais,    graduellement 
assaini  et  drainé,  de  deux  rivières,  le  Sig  et  l'Habra.  En- 
semble leur  bassin  comprend  10.700  kil.  q.,  la  grandeur 
de  deux  départements  français  moyens;  c'est  la  région  la 
plus  fertile  du  territoire  oranais.  Le  Sig  ouMekerra(220kil.) 
naît  dans  les  monts  de  Daya,o:ile  chemin  de  fer  remonte 
jusqu'à  sa  source,  à  Ras-el-Ma;  à  990  m.  d'alt.  jaillit  une 
fontaine  qui  donne  à  Fétiage  250  htres  par  seconde;  il 
descend  vers  le  N..  à  travers  des  terrains  calcaires  où  ses 
eaux  se  perdent,  disparaissant  souvent  tout  à  fait  pour 
reparaître  plus  loin;  le  long  de  cette  vallée  sont  Bedeau, 


OKAN 


—  {:)() 


Magenta  oii  Je  débit  d'étiago  iiVst  plus  (|ne  de  100  litres; 
la  rivière  cfiii  a  pris  le  nom  de  Sekaouzi,  puis  d'oued  El- 
Hacad)a.  reijoit  après  le  confluent  de  l'oued  Slissène  (g,) 
celui  de  T'^t'oUis  cju  Tifliièh.  nom  donné  aussi  à  im  village  ;  elle 
disparait  encore  une  fois  en  amont  de  Chanzy,  arrose  en- 
suite la  Tabia.  Jîou-Kanéfis,  débouchant  dans  la  belle  plaine 
de  Sidi-l)el-Al)bès.  où  il  s'inflécbit  vers  le  N.-E.  ;  il  y 
baigne  sous  le  nom  de  Mekerra  les  centres  de  Sidi-Lhas- 
sène.  Sidi-bel-Abbès,  Sidi-Brahim  (Prudlum),  Les  Trembles, 
sVngage  dans  nue  région  plus  accidentée  où  il  franchit  les 
gorges  des  (^heurta,  et  en  sort  à  Saiid.-l)enis-du-Sig;  dans 
cette  partie  plus  ressei'rée,  les  barrages  des  (irand  Eheurfa 
(17.000.000  m.  c.)  et  de  Saint-Denis  (3.275.000  m.  c.) 
emmagasinent  ses  eaux;  mal  construits,  ils  furent  empor- 
tés, mais  ont  été  reconstruits.  Entre  (^dianzy  et  Zelifa  la 
pente  est  considérable  et  développe  une  force  motrice  dès 
à  présent  mise  à  profit. 

Le  Sig,  après  avoir  irrigué  la  plaine,  s'engage  dans  la 
l'égion  marécageuse  où  ses  eaux  se  confondent  avec  celles 
de  l'Habra.  Celui-ci,  long  de  240  kil..  recueille  les  eaux 
des  monts  de  Daya  et  de  Saida;  celles  de  Daya  par  un 
oued  tour  à  tour  dénommé  Messoulane.  Taourira,  Mouça- 
bou-Sahran,  IJouenet;  celles  de  Saida  par  l'oued  de  ce 
nom  ([ui,  après  le  confluent  de  l'oued  Traria  (dr.)qui  forme 
bi  belle  cascade  de  Tifrit.  prend  le  nom  d'oued  Sidi- 
Brahim;  ce  dernier  recueille  ])ar  Toued  Eek;n  les  eaux 
d'une  source  puissante  débitant  000  litres  par  seconde,  et 
alimentée  par  la  i)laiue  d'Egris.  La  rivière,  (pii  s'appelle 
uiaintenant  oued  el-Hammam  (au  voisinage  des  sources  ther- 
males (rilammam-bou-Hanefia),  traverse  le  massif  crétacé 
de  Mascara  et  emmagasine  14.000.000  de  m.  c.  d'eau  der- 
j'ière  le  grand  barrage  de  Perrégaux,  long  de  478  m.,  haut 
de  40  m., large  de  39  à  la  base  ;  il  forme  un  triple  lac  dans 
trois  vallons  et  débite  régulièrement  2.500  litres  par  se- 
conde. La  rivière  débouche  dans  la  plaine  sous  le  nom 
(Tllabra  avec  un  volume  d'eau  étpiivalent  à  celui  du  Sig. 
La  Macta  qui  les  réunit  débite  en  moyenne  10  m.  c.  par 
seconde,  en  forte  crue  800,  à  l'étiage  2  ;  elle  longe  quelque 
temps  le  bourrelet  de  dunes  avant  de  le  rompre  pour  se 
jeter  dans  la  Méditerranée. 

Le  Chélif,  qui  est  le  grand  fleuve  algérien,  a  dans  le  dép. 
d'Oran  son  cours  supérieur  et  son  cours  inférieur.  Il  naît 
dans  le  djebel  Amour,  près  d'Aflou,  sous  le  nom  d'ouedTouil. 
descend  au  N.  à  travers  le  steppe  du  Plateau,  passe  dans 
le  dép.  d'Alger,  près  de  Taguin,  reçoit  du  dép.  d'Oran  à 
g.  l'oued  Sousselemvenudu  djebelNador  (à  TE.  deFrenda) 
et  le  Nahr-Ouassel  venu  de  Tiaret  et  ({uel((uefois  désigné 
comme  la  branche  mère;  il  adopte  la  direction  de  l'O.  qui 
h^  ramène  au  dép.  d'Oran  dans  la  vallée  médiane  de  la 
l'égion  du  Tell.  Il  y  passe  près  d'Inkermann,  de  Saint- 
\imé,de  Bellevue,  d'Aui-Tedelès  et  finit  au  X.  de  la  plaine 
ondulée  de  Mostaganem.  Son  cours  est  de  050  kil.  dont 
200  dans  le  dép.  d'Oran, sa  largeur  flnale  de  160  m.,  son 
débit  uioyeîi  de  10  m.  c.  par  seconde.  3  à  l'étiage.  i.500  en 
bu'te  crue.  Les  principaux  h-ibutaires  oi-anais  sont  :  le 
liiou.  l(^  Djidiouia,  la  Mina,  (|ui  vieiuienl  du  S.  (rive  g.). 
Le  Kiou  (100  kil.)  naît  dans  l'OuarsiMiis,  passe  à  Annni- 
Moussa.  [ukeianaini,  débite  en  moyeune  1.100  litres  par  se- 
conde. 500  m.  c.  en  crue,  140  litres  seulement  à  l'étiage; 
il  irrigue  7.000  hect.  du  val  du  Ehélif.  Le  Djidiouia  (58  kil.  ) 
\arie  de  30 litres  à  'î.SOO  et  remplit  un  l'éservoir  près  de 
Sainl-Aimé.  La  Mina,  qui  draine  un  bassin  Vie  10.000  kil.  q., 
a  220  kil.  de  long;  son  débit  varie  de  600  litres  à  1  mil- 
lion de  litres  ])ar  seconde  ;  elle  naît  aux  conflns  du 
ste|)pe,  recueille  les  eaux  des  monts  de  Frenda,  se  préci- 
pite de  42  m.  à  la  belle  cascade  d'el-Hourara,  passe  au 
pied  des  monts  qui  portent  Tiaret  et  le  fort  ruiné  de  Tag- 
dempt,  parcourt  la  dépression  miocène  creusée  entre  les 
massifs  jurassiques  de  l'Atlas  et  crétacés  de  i'Ouarsenis, 
reçoit  à  gauche  l'oued  el-Tba(  venu  de  Frenda,  l'oued 
Abl  (MO  kil.)  cpii  passe  à  Tagremaret,  et  flnit  dans  la 
plaijie  saline  de  Belizane.  De  vastes  barrages  doivent  ré- 
gulai'iser  son  débit  et  celui  de  l'Abt. 


liassi}!  (les  (Jiofis.  Le  versant  des  (Tiotts,  compris  entre 
les  deux  Atlas,  comprend  la  cuvette  quaternaire  des  Hauts 
Plateaux  avec  la  partie  relativement  faible  des  montagnes 
qui  inclinent  de  ce  côté.  Nous  avons  remarqué  que  dans 
sa  partie  orientale  le  steppe  oranais  appartenait  au  bassin 
du  Chélif;  à  l'O.,  quelques  oueds  vont  à  la  Moulouia 
(Maroc).  Les  autres,  cpii  sont  tous  temporaires  et  privés 
d'eau  courante  en  été,  se  terminent  par  des  mares  salines; 
les  principaux  vont  en  hiver  jusqu'au  chott  ech-Chergui 
ou  au  chott  el-(iharbi;  on  peut  mentionner  l'oued  el- 
Aoued,  issu  des  hauteurs  de  Géryvilie  et  finissant  près  de 
l'extrémité  E.  du  <  hott  ech-Chergui  ;  l'oued  Adjedai*  ou 
Khotti-el-Djidat  qui  aboutit  à  l'extrémité  0.,  au  terme 
d'une  vallée  de  plus  de  120  kil.,  qui  commence  au  djebel 
Galloul  sur  la  frontière  marocaine. 

Bassin  salunien.  Le  versant  saharien  n'a,  lui  aussi,  que 
des  «  fleuves  sans  eau  »,  du  moins  la  moitié  de  l'année. 
Us  en  roulent  un  peu  deans  les  gorges  (kheneg)  de  l'Atlas, 
mais  tarissent  peu  après  leur  entrée  dans  le  désert,  il  y 
faut  discerner  deux  groupes.  Les  uns,  descendant  aii 
S.-S.-E.,  finissent  isolément  dans  des  dépressions  salines 
qu'ils  n'emplissent  qu'après  les  orages;  les  autres,  à  LE.. 
se  rattachent  au  grand  bassin  des  chotts  sahariens  (chott 
Melrir).  Les  premiers  sont  :  l'oued  en-Namous,  qui  com- 
mence près  d'Am-Sefra,  arrose  Moghar  Toukani  (c.-à-d. 
du  bas)  et  se  perd  le  long  de  la  fj'ontière  marocaine  ; 
l'oued  el-Oharbi,  ([ui  recueille  les  torrents  du  djebel 
Tassout,  d'Asla  etBou-Semghoun,  d'Ll-Abiod-Sidi-Chèikk, 
arrose  l'oasis  de  Benoud  (726  m.)  ;  l'oued  Segueur,  (jui 
commence  près  de  Géryvilie,  quitte  la  montagne  vers 
Brezina  et  se  perd  dans  la  direction  d'El-Goléa;  l'oued 
Zergoun,  qui  passe  à  Tadjerouna  et  crée  dans  le  Sahara 
de  beaux  pâturages.  Dans  une  direction  toute  différente 
coule  l'oued  Mzi  qui,  des  cimes  du  djebel  Amour,  descend 
par  Tadjemout  vers  Laghouat  (dép.  d'Alger)  et  de  là  se 
dirige  vers  l'E.  sous  le  nom  d'oued  Djeddi,  recueillant  les 
torrents  du  versant  saharien  de  l'Atlas,  vers  le  chott 
Melrir  (dép.  de  Constantine),  où  convergent  les  oued  Mia 
et  Igharghar,  venus  du  S. 

Climat.  —  Le  climat  est  analogue  à  celui  du  reste  de 
l'Algérie.  Le  vent  du  Nord  souffle  davantage  dans  l'inté- 
rieur à  cause  de  la  moindre  hauteur  des  montagnes  cô- 
tières.  Il  pleut  moins;  à  Oran,  la  moyenne  annuelle  n'est 
que  de  446  millim.  ;  le  massif  de  Tlemcenest  plus  favorisé. 

Faune  et  Flore  naturelles  (V.  Algérie  et  Afrique), 

Histoire  depuis  1830.  — A  peine  le  bey  d'Orai^  eut-il 
appris  la  prise  d'Alger  par  les  Français  qu'il  demanda  leur 
protection,  offrant  de  résigner  ses  fonctions  et  de  leur 
remettre  ses  pouvoirs.  Le  10  déc.  1830,  Oran  fut  occupé, 
mais  les  indigènes  demeurèrent  insoumis,  mécontents 
d'ailleurs  de  la  dureté  du  général  Boyer.  Le  général  Des- 
michels  (1833)  occupa  Arzew,  Mostaganem,  combattit  les 
Gharabas.  mais  traita  avec  Abd-el-Kader  dont  il  affermit 
rinfluence.  Le  général  Trézel  fut  battu  par  lui  sur  la 
Macta  (1835);  le  gou\erneur  Glauzel  prit  bien  Mascara, 
capitale  de  l'émir,  mais  l'évacua  ;  il  débloqua  Tlemcen 
défendu  par  nos  alliés  Kouhuiglis  et  y  laissa  garnison, 
ainsi  qu'à  Bachgoun.  Le  traité  de  la  Tafna  (30  mai  1837) 
céda  Tlemcen  à  Abd-el-Kader.  Nous  étions  confinés  sur  le 
rivage  dans  la  banlieue  d'Oran,  Arzew  et  Mostaganem, 
quand  Abd-el-Kader  reprit  la  lutte  (1839).  l'allé  aboutit 
à  la  conquête  complète  de  la  prov.  d'Oran;  malheureuse- 
ment, après  la  défaite  des  Marocains,  le  traité  de  délimi- 
tation de  1845  fut  rédigé  avec  une  telle  négligence  qu'on 
abandonna  la  frontière  historique  de  la  Moulouia;  on  définit 
la  limite  par  des  noms  de  tribus  nomades  et  au  S.  du 
32^  parallèle  rien  ne  fut  stipulé.  Depuis  cette  époque,  il 
n'y  a  eu  de  difficultés  et  de  combats  que  dans  la  région 
saharienne  et  sur  le  Plateau  :  avec  les  Ouled-sidi-Cheikh 
de  1864  à  1870,  puis  en  188 1-82  avec  une  branche  de  cette 
puissante  famille  et  avec  les  tribus  soulevées  par  le  marabout 
Bou-Amama.  La  construction  d'une  voie  ferrée  poussée  jus- 
qu'à Aui-Sefra  assura  la  tranquillité  dans  le  Sud  oranais. 


—  457  — 


OKAN 


Los  principaux  personnages  du  xix^  siècle  nés  dans  le 
dép.  d'Oran  sont  :  l'émir  iVbd-el-Kader  (4807-83),  né  à 
La  Guetna,  près  Mascara;  Etienne,  homme  politique,  né  à 
Oran  le  45  déc.  4844  ;  Thomson,  homme  politique,  né  à 
Oran  le  29  janv.  4848;  Viviani,  orateur  et  homme  poli- 
tique, né  à  Sidi-hel-Abhès  le  8  nov.  4863. 

Divisions  AD.MiMSTRÂTivES  ACTUELLES.  —Le  dép.  d'Oran 
se  divise  comme  les  autres  d'Algérie  en  deux  parties  : 
territoire  civil  et  territoire  de  commandement.  Le  terri- 
toire civil  se  répartit  entre  cinq  arrondissements  compre- 
nant 400  comn  unes,  dont  82  de  plein  exercice  et  48  mixtes. 
L'arr.  d'Oran  comprend  39  com.  de  plein  exercice  et 
2  mixtes.  L'ai  r.  de  Mascara,  5  com.  de  plein  exercice  et 
4  mixtes;  l'arr.  de  Mostaganem,  20  com.  de  plein  exer- 
cice et  6  mixtes;  l'arr.  de  Sidi-bel-Abbès,  12  com.  de 
plein  exercice  et  2  mixtes  ;  l'arr.  de  Tlemcen,  6  com.  de 
plein  exercice  et  1  mixtes.  —  Le  territoire  de  comman- 
dement beau(  oup  plus  vaste,  mais  moins  peuplé,  embrasse 
le  S.  du  dépi  rtement,  c.-à-d.  une  grande  partie  des  Hauts 
Plateaux,  le  pays  des  Ksours  et  le  Sahara.  Il  comprend 
trois  subdivisions  militaires  :  Mascara  dont  dépendent  le 
cercle  de  Tiaret  et  l'annexe  d'Aflou  ;  Tlemcen  dont  dé- 
pendent le  cercle  de  Maghrnia  et  l'annexe  d'El-Aricha  ;  Ain- 
Sefra,  dont  dépendent  les  cercles  de  Géry ville.  Aïn-Sefra 
(com.  indigène  de  Yacoubia),  Méchéria  et  l'annexe  de  Saida. 

Les  29  cantons  sont  :  Oran,  Am-el-Arba,  Ain-Témou- 
<hent,  Arzew,  Lourmel,  Perrégaux,  Sainte-Barbe-du- 
Tlélat,  Saint-Cloud.  Saint-Denis-du-Sig;  —  Mascara, 
Frenda,  Palikao,  Saida;  —  Mostaganem,  Ammi-Moussa, 
Cassaigne.  Inkermann,  Relizane,  Tiaret,  Zemmora;  — 
Sidi-bel-Abbès,  Boukanétis,  Mercier-Lacombe,  Le  Telagh  ; 
—  Tlemcen,  Remchi,  Lamoricière,  Nemours,  Sebdou. 

Justice.  —  Le  dép.  d'Oran  ressortit  à  la  cour  d'appel 
d'Alger.  La  cour  d'assises  siège  à  Oran,  Il  a  4  tribunaux  de 
première  instance  à  Oran,  Mascara,  Mostaganem,  Sidi-bel- 
Abbès  ;  30  justices  de  paix  ;  4  tribunal  de  commerce  à  Oran. 


Finances.  —  Il  y  a  à  Oran  un  trésorier-payeur  géné- 
ral, 4  directeur  et  2  inspecteurs  des  contributions  di- 
rectes, 4  directeur  et  4  inspecteur  de  l'enregistrement, 
4  inspecteur  divisionnaire,  1  sous-inspecteur  et  4  rece- 
veur principal  des  douanes  ;  pour  les  contributions  diverses, 
on  trouve  4  directeur  et  4  inspecteur  à  Oran,  3  sous-di- 
rections (Oran,  Mostaganem,  Tlemcen). 

Instruction  publique.  —  Le  département  relève  de 
l'Académie  d'Alger.  L'inspecteur  d'académie  réside  à  Oran. 
Il  y  a  3  inspecteurs  primaires,  à  Oran,  Mascara,  Mosta- 
ganem, et  4  inspectrice  d'écoles  maternelles.  L'enseigne- 
ment secondaire  se  donne  aux  garçons  dans  le  lycée  d'Oran 
et  les  collèges  communaux  de  Mostaganem  et  de  Tlemcen; 
aux  filles,  dans  le  collège  communal  d'Oran.  Ily  a  une  école 
primaire  supérieure  de  garçons  à  Sidi-bel-Abbès  ;  une  mé- 
dersa  à  Tlemcen,  une  école  normale  d'institutrices  à  Oran. 

Cultes.  —  Le  département  forme  pour  le  culte  catho- 
lique le  diocèse  d'Oran;  il  compte,  en  4898,  2  vicaires 
généraux,  3  chanoines,  6  curés  de  villes,  78  paroisses. 
Le  culte  protestant  compte  5  pasteurs .  L'organisation  des 
cultes  Israélite  et  musulman,  qui  est  particulière  à  l'Al- 
gérie, est  décrite  à  cet  article. 

Armée.  —  Oran  appartient  à  la  49^  région  militaire 
et  en  forme  une  subdivision.  C'est  le  siège  d'une  division 
d'infanterie.  Le  2"  zouaves  est  stationné  à  Oran,  le  2^  ti- 
railleurs algériens  à  Mostaganem,  le  1^^'  bataillon  d'in- 
fanterie légère  au  Kreider,  le  2^  régiment  de  chasseurs 
d'Afrique  à  Tlemcen,  le  6®  à  Mascara.  En  outre,  le  dé- 
partement possède  les  deux  régiments  de  la  légion  étran- 
gère, le  4^^^  régiment  à  Sidi-bel-Abbès,  le  2^  à  Saida. 

Divers.  —  Oran  forme  une  conservation  des  forêts, 
avec  4  inspections  :  Mascara,  Mostaganem.  Sidi-bel-Abbès, 
Tlemcen.  Il  y  a  une  chambre  de  commerce  à  Oran,  des 
conseils  de  prud'hommes  à  Oran  et  Sidi-bel-Abbès, 

Démographie.  — Le  dénombrement  de  4896  a  cons- 
taté les  chiffres  suivants  pour  la  population  résidante  : 


ARRONDISSEMENTS 

POPULATION 
totale 

POPULATION 

comi)tée 

à  part 

Français 

et 
naturalisés 

POPULATION 

MUNICIPALE 

Marocains 

et 
Tunisiens 

Nés  de 
naturalisés 

Natural  ses 
par  le  décret 

du 
24  oct.  1870 

Nationalités 
diverses 

Sujets 

Cranc'ais 

(Arabes, 

Kabyles  . 

Mzabites) 

Oran 

218.760 
154.910 
270.674 

bO.997 
132.88(3 

6.226 
4.460 
2.488 
4.462 
2.764 

48  832 
11.680 
15.667 
12.437 

6.938 

10.309 

636 

612 

390 

3.477 

2.907 
236 
525 
156 

2.107 

70.626 
9.027 
7.619 

17.207 
7.303 

106.144 
127.125 
213.138 
43.832 
107.136 

627.375 
129.430 

3.716 
1.746 
625 
2.513 
3.111 

Mascara . . . .  , 

Mostag'auern 

Sidi-Bel-Abbès 

Tlemcen 

Total  du  territoire  civil 

Territoire  de  commandement.. 

Total  gkxéral  du  département. 

888.177 
140.071 

20.400 
5.938 

95.554 
1.706 

15.424 
491 

5.981 

176 

111.782 
1.517 

11.612 

818 

1.028.248 

26.388 

97.260 

15.915 

6.107 

113.299 

756.805 

12.430 

La  population  a  beaucoup  augmenté  depuis  la  conquête 
française  qui  a  rétabli  l'ordre.  Le  recensement  de  487G 
accuse  un  total  de  653.481  hab.,  celui  de  4884  en  donne 
767.3'2i2  ;  à  celid  de  4886,  on  trouve  870.346  ;  à  celui 
de  4894,  on  recense  942.066  hab.  En  4896,  le  total 
monte  à  4.028.248.  Pour  la  population  européenne,  la 
progression  est  naturellement  plus  rapide.  En  4833,  on 
ne  comptait  que  3  40  Français,  266  Espagnols  et  436  étran- 
gers divers,  en  partie  juiis  marocains. 


En  4836 

980    ] 

'rançais  et 

4.448   l 

^]spagnols. 

4844 

4.592 

— 

2.346 



4816 

9.747 



40.848 



4854 

24.535 



20.442 



4856 

26.824 



,  49.844 



4864 

33.^55 



25.835 



4866 

35.697 



28.065 



4872 

54.729 



37.658 



4876 

45.320 

— 

53.047 

— 

65.662  Espagnols, 
86.500  Esp.  (env.) 
99.000        — 
4  or;.  000         — 


J884  59.000  Français  (env.) 

4886  65.447        — 

4894  78.930        — 

4896  97.260        — 

Plusieurs  des  chiffres  donnés  ci-dessus  ne  sont  ([u'ap- 
proximatifs.  En  effet,  les  derniers  i^ecensements  officiels, 
([ui  distinguent  pour  les  Français  la  population  munici- 
pale (seule  indiquée  ici),  la  confondent  pour  les  étrangers 
avec  la  population  en  bloc  ;  c'est  donc  approximativement 
que  nous  avons  défalqué  la  part  de  celle-ci  dans  le  chiffre 
des  Espagnols,  afin  de  ne  donner,  pour  eux  aussi,  que  la 
population  municipale. 

D'autre  part,  depuis  1872.  le  chiffre  global  des  Fran- 
çais comprendrait  les  Israélites  algériens  naturalisés  en 
bloc  par  le  décret  du  24  oct.  4870.  Comme  ils  ne  sont 
pas  de  race  française  et  constituent  un  élément  indigène, 
nullement  assimilé,  nous  les  avons  retranchés  (approxi- 
mativement pour  1872)  du  cbiffre  des  Fi'ançais. 


ORAN 

Ces  réserves  faites,  les  conclusions  à  tirer  des  chiffres 
se  dégagent  nettement.  On  voit  les  progrès  rapides  de  la 
colonisation  après  la  soumission  des  pays,  le  ralentissement 
sous  l'Empire  qui  y  était  peu  fa^oral)le,  enfin  le  progrès 
régulier  durant  la  période  actuelle.  Quant  aux  Espagnols, 
la  révolution  et  les  guerres  civiles  de  1873-74  ont  déter- 
miné une  forte  émigration  vers  l'Algérie;  elle  s'est 
ralentie  depuis. 

En  1876,  la  population  municipale  comptait  4o, 31 6  Fran- 
çais d'origine,  12.412  Israélites  et  71.341  étrangers  (Euro- 
péens presque  tous).  Enl896,  nous  trouvons  97.260  Fran 
çais,  22.022  Israélites,  et  1 13.299  étrangers.  C'est  donc  la 
fraction  française  qui  augmente  le  plus  vite,  par  l'excédent  de 
naissances,  par  l'immigration  et  aussi  parles  naturalisations. 

La  population  agglomérée,  représentant  l'élément  urbain, 
est,  en  1896,  dans  les  vingt  villes  citées  ci-dessous,  de 
203.663  âmes.  Sur  ce  total,  la  population  comptée  à  part 
est  de  24.205.  Sur  la  population  municipale  de  179.458, 
on  trouve  49.678  Français,  56.250  Européens  étrangers, 
18.488  israélites,  55.042  musulmans  algériens  ou  étran- 
gers. L'élément  européen  domine  donc.  A  Oran,  les  Espa- 
gnols ont  la  majorité  relative.  A  Tlemcen  et  à  Mascara, 
il  y  a  encore  plus  de  moitié  d'indigènes.  Les  Français  ne 
sont  en  majorité  absolue  qu'à  Saida  et  à  Mers-el-Kébir. 

Voici  par  arrondissement  la  liste  des  communes  dont  la  po- 
pulation agglomérée,  en  1896,  dépassait  2.000  hab.  Nous  y 
joignons  les  nom.  surface  et  population  des  communes 
mixtes. 

Arrondissement  d'Oran  (41  com..  dont  2  mixtes, 
608.337  hect.,  248.760  hab.)  :  Aïn-Témouchent,  5.879 
hab.  (4.65faggl.);«Arze^v,5,669hab.(4.097aggl.);Mers- 
el-Kébir,•3.393hab.  (2.487  aggl.);  Misserghin,  4.387  hab. 
(2.186  aggl.)  ;  Oran,  85.08f  hab.  (84.490  aggl.)  ;  Perré- 
gaux,  8.634  hab.  (2.925  aggl.)  ;  Saint-Cloud,  4.768  hab. 
(3.288  aggl.);  Saint-Denis-du-Sig,  10.353 hab.  (6.820  ag- 
gl.) ;  Tiaret,  5.728  hab.  (4.586  aggl.).  La  com.  mixte 
d'Aïn-Témouchent  a  107.322 hect.  et  21.645  hab.;  celle 
de  Saint-Lucien,  93.548  hect.  et  24.829  hab. 

Arrondissement  de  Mascara  (9  com.,  dont  4  mixtes, 
978.704  hect.,  154.910  hab.)  :  Mascara,  22.303  hab. 
(19.706  aggl.);  Saida,  7.803  hab.  (6.219  aggl.).  La 
com.  mixte  de  Cacherou  a  178.130 hect.  et31.954hab.; 
celle  de  Frenda,  307.300  hect.  et  21.632  hab.  (2.061 
aggl.);  celle  de  Mascara,  206.554  hect.  et  44.868  hab.  ; 
celle  de  Saida,  264.543  hect.  et  23.196  hab. 

Arrondissement  de  Mostaganem  (26  com. ,  dont  6  mixtes, 
959.640 hect.,  270.674 hab.)  :  Mostaganem,  17.353 hab. 
(16.906  aggl.);Relizane,  7.930 hab.  (3. 933 aggl.);Ain-el- 
Moussa (mixte),  180.517 hect.  et  52.185  hab.;  Cassaignc 
(mixte),  86.731  hect.,  24.648  hab.  ;  l'Hillil  (mixte), 
157.133hect.,46.414hab.;Renault(mixte),72.814hect., 
25. 898-hab.;ïiaret (mixte),  159.840  hect.,  22.624 hab.  ; 
Zemmora  (mixte),  173.240  hect.,  36.163  hab. 

Arrondissement  de  Sidi-bel-Abbès  (14  com.  dont 
2  mixtes,  585.909  hect.,  80.997  hab.):  Sidi-bel-Abbès, 
26.887  hab.  (8.948  aggl.);  La  Mekerra  (mixte),  126.822 
hect.,  17.126  hab.  ;  J^e  Telagh  (mixte),  352.317  hect., 
16.870  hab. 

Arrondissement  de  Tlemcen  (10  com.  dont  4  mixtes, 
421.167  hect.,  132.836  hab.)  :  Beni-Saf,  5.263  hab. 
(2.181  aggl.)  ;  Nemours,  3.308  hab.  (2.092  aggl.)  ; 
Tlemcen,  34.886  hab.  (23.510  aggl.)  ;  Ain-Fezza(inixte) 
91.236  hect.,  12.823  hab.  ;  Nedroma  (mixte),  63.588 
hect.,  29.159  hab.;  Remchi  (mixte),  128.295' hect., 
25.340  hab.  ;  Sebdou  (mixte),  83.247  hect.,  14.673hab. 

Territoire  de  commandement  (5  com.,  8.002.829  hect., 
140. 071  hab. ):Géryville (mixte), 2. 888.900 hect.,  3().420 
hab.  (aggl.  2.746);  Maghrnia  ou  Lalla-Maghrnia  (mixte), 
259.834  hect.,  33.062  hab.  (3.009  aggl.)  ;  Méchéria 
(mixte),  2,619.700  hect.,  19.808  hab.  (aggl.  3.926)  ; 
Tiaret-Aflou  (indigène),  1.580.350  hect.,  37.078  hab.  ; 
Vacoubia  (indigène),  654.045  hect.,  19.703  hab. 

Les  principales  agglomérations  urbaines  sont  :  en  pre- 


458  — 

mier  lieu,  Oran,  principal  débouché  commercial  du  pays 
sur  la  mer  ;  puis  l'ancienne  capitale  Tlemcen  ;  Mascara,  autre 
capitale  indigène  ;  la  ville  moderne  de  Sidi-bel-Abbès,  au 
centre  de  la  belle  vallée  de  la  Mekerra,  Saint-Denis-du- 
Sig,  un  peu  plus  bas  à  l'entrée  de  la  plaine  maritime  ;  Re- 
lizane,  dans  la  vallée  du  Chélif;  puis  le  long  de  la  côte, 
les  ports  secondaires  de  Mostaganem  et  Arzew.  Il  faut 
encore  citer,  à  l'entrée  des  Hauts  Plateaux  et  des  chantiers 
d'alfa,  la  ville  de  Saida. 

Habitations.  —  Le  nombre  des  centres  de  population, 
hameaux,  sections  de  communes  ou  de  douars  ou  tribus 
est  (en  1896)  de  906  en  territoire  civil  et  180  en  terri- 
toire de  commandement.  Ils  comportent  92. 584. maisons 
dont  1.932  vacantes  et  90.652  occupées  en  tout  ou  en 
partie;  47.854  n'avaient  qu'un  rez-de-chaussée,  16.377 
un  étage,  12.719  deux  étages,  10.713  trois  étages,4.921 
quatre  ou  davantage.  Le  nombre  des  locaux,  logements 
ou  appartements  distincts  était  de  255.740  dont  7.66() 
vacants  ;  en  outre,  on  comptait  16.301  locaux  servant 
d'ateliers,  de  magasins  ou  boutiques. 

Etat  des  personnes.  —  D'après  la  résidence.  — 
On  a  recensé,  en  1896, 18.254  individus  isolés  et  190.439 
familles,  plus  533  établissements  comptés  à  part,  soit  un 
total  de  209.226 ménages.  Les  ménages  de  sept  personnes 
et  au-dessus  sont  au  nombre  de  23.743,  proportion  con- 
sidérable qui  s'explique  par  la  vie  collective  des  popula- 
tions indigènes. 

La  population  résidante  comprenait  1.028.248  per- 
sonnes dont  994.269  résidants  présents,  7.646  résidants 
absents,  26.333  personnes  comptées  à  part.  La  popula- 
tion présente  comprenait  1.029.093  personnes  dont 
1.020.602  résidants  et  8.491  personnes  de  passage. 

D'après  le  lieu  de  naissance  et  la  nationalité.  — 
Classée  d'après  le  lieu  de  naissance,  la  population  com- 
prend 60.688  Français  nés  dans  le  département,  6.126 
do^ns  le  reste  de  l'Algérie,  39.342  nés  en  France,  1.030 
dans  une  colonie  française,  3.658  à  l'étranger,  soit  un 
total  général  de  110.844  Franço^is  (y  compris  13.584  comp- 
tés à  part,  représentant  surtout  l'élément  militaire  qui 
est,  d'ailleurs  en  partie,  formé  de  colons).  Les  israélites  na- 
turalisés sont  au  nombre  de  22.035  dont  5.139  nés  à 
l'étranger,  proportion  considérable  due  à  l'immigration 
des  juifs  marocains.  Les  sujets  français  se  divisent  en  : 
763.365  Arabes,  3  Kabyles,  970  Mzabites  et  148  juifs 
du  Mzab.  On  englobe  sous  la  dénomination  d'Arabes  l'en- 
semble des  indigènes  qui  n'appartiennent  ni  au  groupe 
mzabite  ni  à  cefui  de  la  Kabylie  proprement  dite.  Les 
étrangers  musulmans  sont  au  nombre  de  229  Tunisiens 
et  12.921  Marocains.  Enfin  on  compte  11-8.578  personnes 
de  nationaUté  diverse  ;  à  l'exception  de  924  Africains,  ce 
sont  presque  uniquement  des  Européens,  et  en  immense 
majorité  des  Espagnols  ;  on  en  compte  108.438,  c.-à-d. 
autant  que  de  Français;  viennent  ensuite  les  Italiens 
(3.894),  les  Allemands  qui  sont  en  partie  les  soldats  de 
la  légion  étrangère,  les  Belges,  les  Suisses,  etc. 

Si  l'on  fait  abstraction  des  troupes,  l'élément  espagnol 
est  un  peu  plus  nombreux  que  l'élément  français,  lequel 
d'aiiïeurs  englobe  un  certain  nombre  de  naturaUsés  d'ori- 
gine espagnole.  A  s'en  tenir  au  nombre  des  femmes,  on 
constate  56.885  Espagnoles  et  seulement  49.752  Fran- 
çaises. Le  dép.  d'Oranest  le  seul  où  il  y  ait  plus  d'étran- 
gers que  de  nationaux,  avec  cette  circonstance  en  outre 
([lie  ces  étrangers  forment  un  groupe  homogène.  Toute- 
fois, il  convient  de  remarquer  qu'ils  sont  plutôt  con- 
centrés dans  les  villes,  et  que  dans  la  population  ru- 
rale et  surtout  dans  la  propriété  rurale  les  Français  do- 
minent. 

Les  colons  nés  sur  la  terre  algérienne  représentent  dès 
à  présent  la  grande  majorité.  Parmi  ceux  qui  sont  nés  en 
France,  tous  les  départements  ont  fourni  leur  contingent; 
les  plus  nombreux  viennent  de  la  Seine  (2.118),  du  Tarn 
(1. 878), desPvrénées-Orientales  (1.800),  du  Gard  (1.559), 
de  la  Corse  (1.168),  de  l'Hérault  (1.126). 


—  4o9 


OKAN 


La  répartition  do  la  population  entre  le  terri toii'o  civil 
et  le  territoire  de  commandement  est  la  suivante  : 


Tl-JlRirOIRE 

TniîRITOIllI^ 

civil 

de  commandem 

Français 

105.842 

5.002 

Israélites  algériens. . 

21.391 

644 

Sujets  indigènes  .  .  . 

632.193 

132.293 

Etranger  s  africains.. 

12.652 

1.422 

Espagnols 

107.061 

1.377 

Autres  étrangers. .  . 

7.448 

1.768 

Totaux 886.587  4  42.506 

L'élément  européen  représente  dans  le  territoire  civil 
212.907  personnes,  soit  environ  le  quart  du  total;  snr 
l'ensemble  du  territoire,  il  ne  forme  guère  que  le  cinquième 
(après  déduction  des  militaires,  non  algériens),  car  en 
territoire  de  commandement  la  population  municipale 
européenne  est  à  peine  de  3.000  tètes. 

D'après  l'état  ctvil.  —  Le  classement  des  habitants 
d'après  l'état  civil  accuse  les  résultats  suivants  : 


Français 

Israélites  algériens. .  . 
Sujets  indigènes. . . . 
Etrangers  africains . . 

Espagnols 

Autres  étrangers 


Totaux . 


SEXE 

masculin 

61.092 

12.0^i7 

426.506 

9.643 

51.553 

6.151 

566.995 


SEXE 

(cminiii 

49.752 

9.988 

337.980 

4.431 

56.885 

3.062 

462  7098 


Ces  chiffres  indi(|uent  une  prépondérance  très  forte  de 
l'élément  masculin  (815  femmes  pour  1.000  hommes), 
seuls  les  Espagnols  faisant  exception;  elle  s'explique  pour 
les  Français,  les  étrangers  divers  par  la  présence  des 
troupes  françaises  et  indigènes  et  de  la  légion  étrangère. 
Pour  les  indigènes  (792  femmes  pour  1.000  hommes), 
l'écart  est  de  nature  à  faire  douter  de  la  complète  exac- 
titude des  déclarations  en  ce  qui  regarde  les  femmes,  d'au- 
tant plus  c|ue  cet  écai'l  est  bien  moindre  dans  le  reste  de 
l'Algérie. 

La  natalité  des  enfants  nés  vivants  a  été  en  1894. 
4  895  et  1896  : 

1894 

Français 2.716 

Espagnols 3 .  980 

Autres  Européens. .  469 

Israélites 1 .195 

Musulmans 18.473 


1895 

1896 

2.734 

3.042 

4.229 

^076 

451 

457 

1.166 

1.253 

21.006 

23.648 

(abstraction  faite 

1895 

1896 

2.163 

2.576 

3.014 

2.166 

292 

203 

603 

544 

15.699 

15.652 

mort-nés)  : 

1894 

Français 2 .  241 

Espagnols 3.116 

Autres  Européens. .  268 

Israéhtes 661 

Musulmans 15.108 

Sauf  une  réserve  pour  les  chiffres  des  décès  de  1896 
([iii  sont  certainement  inexacts  par  attribution  de  la  na- 
tionalité française  à  des  décédés  étrangers,  on  constate 
que  l'ensemble  de  la  situation  est  satisfaisant.  L'excédent 
des  naissances  est  considérable  dans  tous  les  groupes  de 
la  population  ;  pour  les  Français  il  est  d'un  cinquième  en- 
viron, pour  les  Espagnols  d'un  quart,  pour  les  israélites 
de  près  de  moitié,  pour  les  musulmans  d'un  quart  des 
naissances.  Si  l'on  voulait  pousser  plus  loin  cette  étude, 
il  faudrait  tenir  compte  de  la  proportion  des  militaires  et 
de  celle  des  naturalisés  cjui  forment  des  groupes  de  Fran- 
çais adultes  sans  contre-partie  dans  les  mineurs.  —  Les 
naturalisations  dans  les  années  1894-96  furent  au  total 
de  2.347,  dont  883  d'Alsaciens-Lorrains,  417  d'Espa- 
gnols, 237  d'Itahens.  Elles  sont  donc  relativement  rares. 
La  convention  de  Madrid  do  1862  autorise  les  Espagnols 


à  faire  pour  le  compte  de  leur  pays  un  service  militaire 
d'un  an  dans  les  corps  français  d'Algérie.  Les  mariages 
mixtes  sont  nombreux  entre  Français  et  Espagnoles  et,  Fac- 
tion de  l'école  aidant,  on  peut  espérer  une  assimilation 
progressive  de  l'élément  ibérien. 

La  population  indigène  comprend  les  israélites  auxquels 
le  décret  Crémieux  a  accordé  la  nationalité  française,  mais 
qui  ne  s'assimilent  pas,  et  les  musulmans.  Ceux-ci  domi- 
nent surtout  dans  les  campagnes,  oti  beaucoup  conservent 
les  mœurs  nomades  ou  semi-nomades  de  la  vie  pastorale. 
Les  grandes  tribus  n'ont  à  peu  près  conservé  leur  homo- 
généité c{ue  dans  la  zone  du  Plateau  et  des  Ksours,  où 
plusieurs  vaguent  entre  le  territoire  français  et  le  ter- 
ritoire marocain  ;  là,  les  principales  sont  les  Beni-Matar, 
les  Ilamian,  les  Harar,  les  Rezaïna,  les  Trafi,  les  Yacoub, 
les  Ouled-Sidi-Cheikh.  Dans  le  Tell,  les  tribus  ont  été  mor- 
celées en  douars,  et  nos  cadres  administratifs  ont  remplacé 
les  vieux  groupements  historiques  des  lïachem,  Flittas, 
Smelas,  Ouled-Riah,  Ouled-Sidi-Brahim,  Beni-Smiel,  etc. 
Ceux-ci  ne  subsistent  guère  que  dans  le  Dahra  et  sur  la 
frontière  du  Maroc  (Beni-Snous,  Oulhaça,  etc.). 

IvrAT  ÉCONOMIQUE.  AGRICULTURE.  —  Lc  régime  de  la 
propriété  a  été  étudié  dans  l'art.  Algérie.  On  trouvera 
donc  dans  les  chiffres  suivants  des  indications  sur  l'im- 
portance relative  des  propriétés  agricoles  européennes  et 
indigènes  en  1896  : 


Superficie  (en  h  ect.).  . 

Population  agilcole. . 

Chevaux  

Mulets 

Anes 

Chameaux. ........ 

l>ieufs 

Moutons 

Chèvres 

Porcs 

Instruments  agricoles 
(valeur) 

Maisons ,  . 

Moulins 

Tentes  et  gourbis.  .  . 

Puits  et  norias 

Valeur  des  construc- 
tions   

Nombre  d'hectares  dé- 
frichés dans  l'amiée 

Arbres  fruitiers  à 
feuilles  caduques. . 

Bananiers,  orangers, 
citronniers,  etc. .  . 

Oliviers  greffés 

Mûriers 

Arbres  résineux,  fo- 
restiers, etc 

Ruches  d'abeilles  ex- 
ploitées  

Nombre  d'hect.  cul- 
tivés en  plantes 
potagères  

Pommes  de  terre. .  . . 

Prairies  artificielles. . 

Racines  et  plantes 
pour  l'alimentation 
du  bétail 

Plantes  tinctoriales . . 
Blé     l  Superficie. 

tendre  (  Récolte. . . 
Superficie. 
Récolte. . . 


Blé  dur 


Seiole. 


Superficie 
Récolte.. . 


l^ROPRTETE 

enropéenncî 

504.524 
80.472 
18.681 
14.042 
4.680 
36 
41.254 

145.771 
36.924 
40.889 

1 0.255. 085  f^- 

17.886 

210 

2.520 

6.011 

l48.6J6.255f'' 

8.273^'^ 

678.894 

172.855 

364.642 

50.001 

1.243.608 

2.751 


6.0i5^'t 

4.919^'^ 
2 .  305''^' 


2.450^'* 
453ht 

83. 596  h^' 
604. 069^^^^ 

34. 506 1^* 
214.423^°^ 

■4  28  M 


PROPRIETE 

indigène 

2.128.535 

663.629 

49.423 

8.459 

88.401 

79.177 

222.429 

2.082.010 

681.702 

50 

889. 643  f'" 

■19.808 

6ij 

115.252 

4.703 

1 3. 760. 631  i'^' 

1.1 62^^^ 

754.761 

34.872 

64.529 

8.229 

15.615.684 

48.958 


5.501 

3.244 

517 


142 

98 

32.867i^t 
128.099<i>^ 
158. 439  ^'^ 
680. 441 'ï«^ 


ORAN 


Am  ~ 


i^ROPRiiVn': 

J'ROPRIKTE 

européenne 

indigène 

Orfc. . 

(  Superficie. 

46. 259  ht 

3-10.237  ht 

j  Récolte... 

412.-185<i"^ 

1.829.988^^^ 

Avoine. 

Superficie, 
\  Récolte... 

47.019^^t 

2.788  ht 

/i99.324'i"i 

20.291^1^^ 

Mais... 

i  Superficie. 
(  Récolte..  . 

3.385^'t 
52 .  456^"^ 

1.711ht 

8.698'i»^ 

Fèves  . 

i  Superficie. 
Récolte.. . 

2.393i^t 

4.082  ht 

22.381^1"^ 

21.719vT^ 

Reclina 

(  Superficie. 

259  i^t 

568  ht 

î  Récolte... 

-i .  406^"^ 

2.637*'»"^ 

l   Nombre  de 

Vignes. 

)    planteurs 

6.146 

1.209 

j  Superficie. 

49. 892  ^'t 

1.030  ht 

f  Vin  récolté 

1.590. 77  r>i 

238  hi 

(   Olives   ré- 

Oliviers 

)     coltées . . 
j  Huile   fa- 

-1. 603. 0831^^- 

1.729.498'^ê- 

f     briquée . 

3.236^^^ 

3,444hi 

(  Paille. . . . 

5.000'<s 

Lin... 

J  Filasse. .  . 

3.000^^^ 

f  Graines . . 

80.800'^^- 

Tabac  récolté  (feuilles) 

2.792'^- 

32.532i^ê' 

La  propriété  européenne  agricole  s'est  accrue  de 
20.000  hect.  entre  1894  et  1896,  la  propriété  indigène 
de  65.000.  Le  caractère  pastoral  prédominant  des  indi- 
gènes se  marque  par  la  quantité  des  moutons  et  des 
chèvres;  ils  ont  presque  seuls  des  chameaux,  tandis  que 
le  porc,  honni  des  musulmans,  est  à  peu  près  exclusive- 
ment élevé  parles  Européens.  La  majorité  des  musulmans 
'^-ent  sous  la  tente  ;  les  colons  possèdent  dès  à  présent 
la  majorité  des  points  d'eau  permettant  une  culture  véri- 
table- la  différence  de  valeur  des  constructions  et  de  l'ou- 
tillage est  saisissante  ;  les  indigènes  n'en  possèdent  qu'un 
douziém  Les  rendements  culturaux  sont  médiocres  pour 
les  Européens,  mauvais  pour  les  Arabes  ;  il  est  vrai  que 
l'année  1896  fut  mauvaise  (sauf  pour  le  vin)  et  que  les 
récoltes  de  1894  ou  de  1898  furent  plus  fortes  d'un  bon 
quart  pour  le  blé  et  l'orge.  Les  rôles  du  zekkat  (impôt 
sur  le  bétail  constatent,  on  1898,  chez  les  indigènes  : 
82.387  chameaux,  239.545  bœufs,  2.306.813  moutons, 
860.780  chèvres,  chiffres  bien  supérieurs  à  ceux  de 
^1896.  La  propriété  indigène  et  ses  rendements  sont 
slationnaires  ;  la  propriété  européenne  a  doublé  de 
valeur  entre  1884  et  1896.  La  vigne  est  la  richesse 
la  plus  considérable,  malheureusement  menacée  par 
le  phylloxéra.  La  superficie  a  passé  de  4.016  hect.  en 
1872  à  15.307  en  1882,  50.922  en  1896.  La  sécheresse 
plus  grande  du  Tell  oranais  y  est  défavorable  aux  cultures 
qui  ont  besoin  d'eau  ;  cependant,  c'est  le  département  al- 
gérien qui  produit  le  plus  de  blé  tendre  (près  des  3/4  de 
la  récolte  totale).  En  revanche,  pour  les  oliviers  et  en 
général  les  cultures  fruitières,  il  est  fort  en  arrière.  Les 
dattes  sont  rares  et  médiocres  dans  le  Sahara  oranais,  à 
cause  de  la  trop  grande  altitude  des  oasis  ;  on  y  compte 
à  peine  100.000  palmiers  dans  les  ksour  et  les  fruits 
mûrissent  mal.  En  revanche,  le  Plateau  fournit  les  trois 
quarts  de  l'alfa  algérien.  On  exploitait,  en  1897.  sur 
162  chantiers,  545.900  hect.  dont  408.190  de  propriétés 
communales,  99.060  de  propriétés  domaniales  et  38.650 
de  propriétés  privées.  Le  nombre  des  quintaux  d'alfa 
récoltés  fut  de  305.552,  d'un  prix  moyen  de  4  fr.  50  au 
port  d'embarquement. 

Les  forêts,  qui  sont  presque  toutes  propriété  doma- 
niale, ne  représentent  que  7  "/o  du  Tell  oranais,  mais  sont 
assez  étendues  sur  l'Atlas  tellien.  Celles  qui  sont  soumises 
au  régime  forestier  représentent  plus  de  500.000  hect. 
Néanmoins,  le  dép.  d'Oran  est  le  moins  boisé  d'Algérie. 
Il  ne  possède  presque  pas  de  chône-liège.  On  reboise  aux 
environs  d'Oran  les  monts  de  Santa  Cruz.  Le  service  fores- 
tier occupait,  en  1897,  16  agents,  14  préposés  séden- 


taires. 172  brigadiers  et  gardes  français,  ^19  gardes  indi- 
gènes. Les  produits  constatés  furent  do  112.751  fr.  dont 
50.544  pour  le  liège,  35.550  pour  le  bois. 

Industrie-  —  L'industrie  est  assez  développée  pour  un 
pays  de  colonisation  aussi  récente.  Ce  sont  naturellement 
les  industries  alimentaires  et  extractives  (jui  dominent, 
puis  les  textiles. 

Mines  et  carrières.  Le  dép.  d'Oran  ne  produit  pas  de 
houille  ;  ilenconsomme  lO.OOOtonnesvalantl .  162.400 fr., 
soit  29  fr.  06  la  tonne  sur  le  lieu  de  consommation,  et 
qui  sont  importées  d'Angleterre  (38.200)  et  du  bassin  de 
Valenciennes  (1.800).  —  On  exploite  à  Beni-Saf  une  mi- 
nière de  fer  qui  occupe  600  ouvriers  et  a  produit,  en 
1896,  260.800  tonnes  d'hématite  rouge  manganésifère 
valant  7  fr.  la  tonne,  soit  un  total  de  1.825.600  fr.  Il  y 
a  aussi  du  fer  à  Camerata,  du  zinc  et  du  plomb  auFilhaou- 
cen,  à  Mazis,  à  Zemmora,  du  plomb  argentifère  à  (iar- 
Rouban.  Des  lacs  salés  d'Oran,  d'Arzew,  Ben-Zian.  etc., 
142  ouvriers  ont  extrait,  en  1896,  16.613  tonnes  de  sel 
valant  297.244  fr.,  soit  17  fr.  89  la  tonne  (brut).  On  a 
étudié  les  gisements  bitumineux  et  pétrolifères  de  Cas- 
saigne,  de  Renault,  de  EHillil  (marnes  saheliennes).  —  Des 
carrières  on  retirait  13.125 tonnes  d'argile  tégufine  valant 
157.500  fr.  ;  738  tonnes  de  phosphate  de  chaux  valant 
29.500  fr.;  900  tonnes  de  marbre  valant  130.500  fr.  ; 
ce  sont  les  marbres  bréchiformes  du  djebel  Orous,  entre 
Oran  et  Arzew,  370  tonnes  de  beaux  onyx  translucides 
de  Tekbalet,  valant  127.650  fr.  La  \aleiir  totale  des  pro- 
duits des  mines,  schistes  et  carrières  est  donc  à  peine  de 
3  millions  de  fr.  —  On  a  reconnu  une  vingtaine  de  sources 
minérales  :  Bains  de  la  Reine,  près  d'Oran;  Hammam- 
bou-Hadjar,  près  d'Am-Témouchent  ;  llammam-bou-Ha- 
nefia,  près  de  Mascara;  Hammam-bou-Rhara,  près  de 
Maghrnia,  etc. 

Industries  }}ui  nu  facturier  es.  Il  existait,  en  1896,  dans 
le  dép.  d'Oran,  469  établissements  faisant  usage  de  ma- 
chines à  vapeur.  Ces  appareils,  au  nombre  de  471 ,  d'une 
puissance  égale  à  4.150  chevaux,  non  compris  les  ma- 
chines des  chemins  de  fer  et  des  bateaux,  se  décompo- 
saient en  : 


29  machines  fixes  d'une  force  de 
84       —      mi-fixes  — 

350       —      locomobiles     — 
8       —      locomotives     — 


420  chev. -vapeur. 
590        — 
2.900         — 
240         — 


Cette  force  se  répartissait  de  la  manière  suivante  entre 
les  principaux  groupes  industriels  : 

Mines  et  carrières 362  chev. -vapeur. 

Usines  métallurgiques 77  — 

Agriculture 1 .  875  — 

Industries  alimentaires 698  — 

—        chimiques 4  — 

Tissus  et  vêtements 425  — 

Papeterie,  objets  mobiliei's  et  d'ha- 
bitation    30  — 

Bâtiments  et  travaux (il 9  — 

Services  publics  de  l'Etat 60  — 

L'usage  des  machines  se  répand  dans  ragriculture.  Des 
industries,  les  seules  qui  aient  quelque  extension  sont  celles 
des  produits  alimentaires  et  des  tissus  :  minoteries,  fa- 
briques de  pâtes  ahmentaires,  brasseries,  distilleries,  hui- 
leries. On  peut  citer  encore  les  fabriques  de  crin  végétal, 
de  poteries.  Les  femmes  indigènes  font  des  tentes,  des 
burnous,  des  couvertures,  de  beaux  tapis  ;  ces  produits 
aliîP.entent  surtout  la  consommation  locale. 

Commerce.  —  Le  commerce  est  assez  actif.  A  l'intérieur 
les  marchés  sont  très  fréquentés  ;  les  nomades  y  viennent 
s'approvisionner  et  échanger  leurs  produits  ;  les  princi- 
paux sont  ceux  d'Oran,  Mascara,  Tiaret,  Saida,  Saint- 
Denis-du-Sig,  Sebdou, Maghrnia,  Nedroma, etc.  Le  commerce 
extérieur  se  fait  par  les  ports  maritimes  de  Nemours. 
Beni-Saf,  Mers-el-Kébir,  Oran,  Ai'zew,  Mostaganem. 


—  461  — 


OKAN 


En  1897,  le  mouvement  du  port  d'Oran  fut  pour  le 
commerce  a^ec  l'extérieur  (France  ou  étranger)  :  entrées, 
l.OS^  navires  d'un  tonnage  de  589.763  tonnes;  sorties, 
1.040  navires  d'un  tonnage  de  581.610  tonnes;  il  y  faut 
ajouter  environ  250.000  tonnes  aux  entrées  et  140.000 
aux  sorties  pour  le  cabotage.  Le  j)avillon  français  fait  à 
peu  près  tout  le  commerce  avec  la  France  (380.000  toinies 
environ  aux  entrées  et  autant  aux  sorties),  Mostaganem 
a  un  mouvement  de  20.000  tonnes  environ  (sorties)  au 
commerce  général  et  70.000  (sorties)  au  cabotage;  Arzew 
de  25.000  tonnes  (sorties)  au  commerce  général  (avec 
l'étranger)  et  70.000  (sorties)  au  cabotage  ;  Beni-Saf,  qui 
expédie  ses  minerais  de  fer  à  l'étranger,  a  de  ce  chef  un 
mouvement  de  134.600  tonnes  aux  sorties  et  73.600  aux 
entrées,  ce  qui  en  fait  le  second  port  du  département.  Le 
commerce  par  terre  avec  le  Maroc  se  fait  aux  postes  fron- 
tières de  Maglirnia  et  d'El-Aricba.  Pour  le  mouvement 
des  voyageurs,  le  port  d'Oran  est  le  premier  d'Algérie, 
en  1896,  avec  38.134  arrivées  et  37.154  départs  de 
passagers. 

Le  dép.  d'Oran  vend  ses  vins,  ses  céréales,  ses  mou- 
tons, ses  laines,  des  bœufs,  des  chevaux,  des  peaux,  son 
alfa,  ses  fruits,  son  huile,  son  fer,  son  marbre,  etc.  Il 
achète  en  France  des  tissus  de  coton,  tissus  de  laine,  vête- 
ments et  lingerie,  des  meubles,  des  outils,  métaux  ou 
cuirs  ouvragés,  de  la  bimbeloterie,  de  la  parfumerie  et 
autres  denrées  de  luxe,  des  eaux-de-vie  et  liqueurs,  des 
légumes  secs,  etc.  ;  à  l'étranger,  des  bestiaux,  de  la  houille, 
du  café,  des  bois,  des  cotonnades,  des  grains,  etc.  —  Les 
recettes  douanières  (octroi  de  mer)  furent,  en  1897,  de 
1.199.290  fr.  pour  le  dép.  d'Oran. 

Voies  de  communication.  Des  routes  de  terre,  les 
principales  sont  les  routes  nationales  d'Alger  à  Oran  par 
Mostaganem,  d'Oran  à  Géry ville  (entièrement  construite 
jusqu'à  Am-el-Hadjar)  ;  de  Rehzane  au  Maroc,  qui  ne  com- 
mence en  fait  qu'àEl-Bordj  (à  37  kil.de  Relizane).  Parmi 
Icb  chemins,  on  peut  citer,  connue  ayant  une  importance 
stratégique,  ceux  qui  rayonnent  autour  de  Tiaret  vers 
Mascara,  Relizane,  Atlou  ;  la  route  côtière  inachevée  de 
Mostaganem  à  Tenès,  celles  de  Géry  ville  à  Méchéria,  à 
Bou-Guetoub;  de  Nemours  à  Rachgoun,  à  Maghrnia  ;  de 
Tlemcen  à  Maghrnia,  à  Sebdou,  etc. 

Les  chemins  de  fer  sont  assez  développés.  Le  dép. 
d'Oran  est  desservi  par  six  lignes  d'un  développement 
total  de  1.118  kil.  1*^  Ligne  d'Alger  à  Oran  par  la  vallée 
du  Chélif,  qui  parcourt  165  kil.  dans  le  département, 
y  entrant  près  de  Merdja  et  desservant  ensuite  Inkermann, 
iSaint-Aimé,  Les  Salines,  Relizane,  l'Hillil,  Perrégaux, 
Saint-Denis-du-Sig,  Saint e-Barbe-du-Tlélat,  Arbal,  La 
Senia  ;  elle  appartient  à  la  compagnie  du  Paris-Lyon- 
Méditerranée.  Les  deux  suivantes  forment  le  réseau  de  la 
compagnie  Franco-algérienne  (668  kil.).  —  2<^  La  hgne  de 
Mostaganem  et  de  Relizane  à  Tiaret  par  Relizane  et  la 
vallée  de  la  Mina  (202  kil.)  —  3°  La  grande  ligne  de 
pénétration  vers  le  Sahara,  qui  part  d' Arzew,  coupe  à 
Perrégaux  celle  d'Alger-Or  an,  dessert  Tizi)  d'où  un  em- 
branchement de  12  kil.  mène  à  Mascara),  puis  Traria, 
Saida,  Kralfalla  à  l'entrée  du  Plateau,  franchit  le  chottech- 
Chergui  entre  le  Kreideret  Bou-Guetoub,  passe  à  Méchéria 
et  atteint  Aïn-Sefra  ;  elle  a  454  kil.  L'fJtat  la  prolonge 
d'environ  80  kil.  jusqu'à  Djenien-bou-Rezg,  au  voisinage 
de  la  grande  oasis  marocaine  de  Figuig. 

Le  réseau  de  TOuest  algérien  (285  kil.)  comprend  les 
lignes  :  4«  de  Sainte-Barbe-du-ïlélat  àRas-el-Ma  (151  kil.) 
par  la  vallée  du  Sig,  desservant  Saint-Lucien,  Sidi-bel- 
..Abbès,  La  Tabia,  Magenta  ;  —  5*^  d'Oran  ou  plutôt  de  la 
Sénia  à  Am-Témouc lient  (70  kil.)  ;  —  6°  de  La  Tabia  à  Tlem- 
cen par  Lamoricière  (64  kil.).  La  ligne  d'Alger  à  Oran, 
a  par  an  101.000  voyageurs  à  distance  entière,  le  réseau 
(loEOuest  algérien  50.000,  la  Franco-algérienne  16.000. 
La  première  transporte  eu  moyenne  74.000  tonnes  de 
marchandises,  la  seconde  66.000,  la  dernière  22.000  (à 
distance  entière  en  1896).  Les  trains  sont  très  lents.  La 


recette  totale  d'exploitation  était,  en  1896,  de  J  4.582  fr. 
par  kilomètre  pour  la  ligne  d'Alger  à  Oran,  le  produit  net 
de  5.120  fr.  par  kilomètre.  Pour  l'Ouest  algérien,  le  pro- 
duit brut  est  de  9.804  fr.,  le  produit  net  de  3.070.  La 
Franco-algérienne  a  un  produit  brut  de  3.843  fr.  par  ki- 
lomètre, lequel  laisse  un  déficit  d'exploitation  de  527  fr. 
par  kilomètre. 

Outre  les  lignes  télégraphiques  qui  suivent  les  \oies 
ferrées,  nous  trouvons  dans  la  zone  méridionale  celle  qui 
relie  Laghouat  à  Aflou  (et  de  là  par  El-Ousseukhr  à  Tiaret), 
Géry  ville  (et  de  là  à  Bou-Guetoub),  El-Abiod-Sidi-Cheikh, 
Am-Sefra.  Le  service  postal  et  télégraphique  est  assuré 
par  8  bureaux  composés,  65  bureaux  simples,  3  bureaux 
mixtes,  67  établissements  de  facteurs-receveurs  des  postes, 
25  distributions  auxiliaires  et  20  bureaux  télégraphiques 
municipaux.  Oran  communique  par  téléphone  avec  Sidi- 
bel-Abbès.  Des  services  maritimes  postaux  hebdoma- 
daires joignent  Oran  à  Marseille  (trois  fois,  dont  une  par 
Carthagène),  Cette  et  Port-Vendres,  Tanger. 

Finances.  —  Le  dép.  d'Oran  a  fourni  en  1897  un  to- 
tal de  10.551.353  fr.  26  au  budget  de  l'Etat. 

Ce  chiffre  se  décompose  comme  suit  : 

Francs 

Contributions  directes  (propriétés  bâties)  496 .  475  77 

Patentes. .  .^ 566.128  60 

Taxes  assimilées 75.214  23 

Impôts  arabes  Achour 480.709  24 

—  Zekkat 723.240  14 

—  Lezma 12  30 

Dixième  attribué  aux  chefs  collecteurs .  248.718  98 

Centimes  additionnels  généraux 161 .836  68 

Enregistrement 1 .  163 .  912  24 

Timbre 1 .204.113  35 

Impôt  sur  les  valeurs  mobilières 16.944  37 

Droit  sur  les  alcools 1 .  472 .  64'-* 

Licence  des  boissons  (fabrication  et  vente)  554 .  025 

—  tabacs            —            —  68  '^'•'5 

Autres  contributions  diverses 45.356  15 

Vente  des  tabacs  de  l'Etat 7ul  575  65 

Vente  des  poudres 176.288  99 

Postes 900.806  30 

Télégraphes 412.  439  43 

Téléphones 34.221  34 

Forêts  domaniales 113.363  62 

Domaine  de  l'Etat  (non  compris  les  forêts)  443 .  380  08 

Produits  divers  du  budget J 28. 355  84 

Recettes  d'ordre 987.856  52 

Les  revenus  départementaux  ont  été  en  1897  de  3  mil- 
lions 164.751  fr.  69  se  décomposant  comme  suit  : 

Franc  !^ 

Impôts  arabes 1 .473.713  03 

Centimes  additionnels 247.222  73 

Produits  éventuels 1 .  140 .  561  84 

Recettes  extraordinaires 303.254  09 

Les  dépenses  départementales  se  sont  élevées  à  2  mil- 
lions 894.653  fr.  18.  Le  nombre  des  centimes  départe- 
mentaux tant  ordinaires  qu'extraordinaires  est  de  29.  La 
dette  départementale  était  au  31  mars  1897  de  3  millions 
700.531  fr.  95. 

Les  105  communes  du  déparlement  avaient  en  1898 
un  revenu  global  ordinaire  de  7.386.761  fr.  dont  1  million 
712.415  pour  la  ville  d'Oran.  Elles  dépensaient  à  ce  titre 
6.210.365  fr.  La  moyenne  des  centimes  était  de  28  par 
commune  :  26  étant  imposées  de  moins  de  15  cent..  10  de 
15  à  30  cent.,  62  de  31  à  50  cent,  et  Oran  de  78  cent. 
La  dette  totale  des  communes  s'élevait  au  31  mars  1897 
en  capital  à  21.580.109  fr.  dont  11.907.718  fr.  pour 
la  ville  d'Oran. 

Etat  intellectueL  —  iu  point  de  vue  de  l'instruc- 
tion.  le  dép.  d'Oran  a  encore  beaucoup  à  gagner.  Sur 
1.829  conscrits  de  la  classe  1895,  et  sur  1.695  dont  a  pu 
vérifier  Einstruction,  172  ne  savaient  pas  lire.  C'est  une 


ORAN  —  ORANG 


462 


proportion  de  iO  illettrés  pour  100,  considérable  pour 
une  population  française.  Elle  est  bien  pire  pour  les  étran- 
gers et  pour  les  indigènes. 

Durant  Tannée  scolaire  1897-98,  voici  quelle  était  la 
situation  scolaire.  Il  existait  :  333  écoles  primaires,  dont 
298  publiques  (293  laïques)  et  33  privées  (5  laïques)  ; 
48  écoles  maternelles,  dont  30  publiques  (26  laïques)  et 
18  privées  (toutes  congréganistes.  (Le  nombre  des  élèves  étaii 
dans  l'ensemble  de  ces  écoles  : 

Garrons  Fill(is 

Français 8.308        8.230 

;  >W: Etrangers 9.835        9.339 

Israélites 3.404         3.212 

Musulmans 3 .  697  722 

La  proportion  d'absences  est  en  moyenne  d'un  peu 
moins  de  30  %,  les  indigènes  inscrits  étant  plus  assidus 
que  les  Européens.  Mais  ceux-ci  sont  à  peu  près  tous  ins- 
crits, tandis  que  l'immense  majorité  des  enfants  indigènes 
échappent  à  notre  enseignement,  en  particulier  les  filles, 
desquelles  il  n'atteint  guère  plus  de  4  °/o.  On  a  créé  pour 
eux  14  classes  spéciales  annexées  aux  écoles  européennes  et 
23  écoles  publiques  spéciales  ;  ces  dernières,  moins  dévelop- 
pées dans  le  dép.  d'Oran  que  dans  les  deux  autres  d'Algérie, 
reçoifvent  à  peine  1 .900  élèves.  L'enseignement  primaire  supé- 
rieur public  était  donné  en  1893  à  176  garçons  et  99  filles. 
privé  à  77  garçons  et  [6  filles.  Le  certificat  d'études  pri- 
maires fut  décerné  à  414  garçons  et  342  filles,  le  certi- 
ficat d'études  primaires  supérieures  à  3  garçons.  Une  bonne 
école  d'apprentissage  fonctionne  à  Oran.  Les  cours  d'adultes 
recevaient,  en  1893-96,  1.328  auditeurs,  dont  303  fran- 
çais, 210  Israélites,  413  musulmans  et  400  étrangers.  Il 
y  avait  6  bibliothèques  pédagogiques,  nanties  seulement 
de  2.383  volumes.  Les  39  caisses  d'épargne  scolaires 
avaient  délivré,  en  1893-96,  369  livrets,  d'un  montant  de 
12.307  fr.  Les  6  caisses  des  écoles  avaient  encaissé  1 .268  fr. 
et  dépensé  1.013  fr.  dans  l'exercice.  Ces  institutions, 
annexes  des  écoles,  sont  donc  peu  développées  ;  beaucoup 
moins  que  dans  le  reste  de  l'Algérie.  —  L'Ecole  normale 
d'institntricee  d'Oran  a  une  quarantaine  d'élèves,  il  n'y  a 
pas  d'école  normale  d'instituteurs.  Le  brevet  de  capacité 
fut  obtenu  en  1893  par  12  aspirants  et  62  aspirantes  ;  le 
brevet  supérieur  par  12  aspirantes.  Le  total  des  dépenses 
de  l'enseignement  primaire  public  est  de  1.600.000  fr. 
environ. 

L'enseignement  secondaire  se  donne  au  hcée  de  gar- 
çons d'Oran,  aux  collèges  communaux  de  garçons  de  Mos- 
taganem  et  de  Tlemcen,  comptant  ensemble,  en  1898,  un 
total  de  878  élèves,  dont  691  français,  138  Israélites, 
18  musulmans  et  31  étrangers.  Le  collège  des  jeunes  filles 
d'Oran  a  200  élèves. 

Etat  moral.  —  La  criminalité  est  assez  élevée  et  la 
sécurité  souvent  menacée.  Du  1^^  juil.  1897  au  30  juin 
1898,  on  a  constaté  2.942  attentats  contre  les  personnes, 
3.241  contre  les  propriétés,  2.861  crimes  et  délits  contre 
la  chose  pubhque.  Il  a  été  arrêté  de  ce  chef  3.947  per- 
sonnes. Les  attentats  commis  par  les  indigènes  contre  les 
Européens  représentent  environ  le  tiers  de  ces  chiffres  : 
1.089  contre  les  personnes,  1.740  contre  les  propriétés  ; 
le  premier  surtout  est  très  considérable,  cinq  fois  plus 
que  dans  le  reste  de  l'Algérie.  La  gendarmerie  dispose  de 
39  brigades  à  cheval  et  11  à  pied.  On  a  expulsé  233  étran- 
gers dont  133  Marocains  et  89  i^^spagnols.  Les  adminis- 
trateurs des  communes  mixtes  ont  prononcé  en  vertu  de 
leurs  pouvoirs  disciplinaires  3.624  condamnations  dans 
l'année  1897,  soit  12  pour  1.000  indigènes,  généralement 
pour  motifs  fiscaux. 

L'assistance  publique  s'organise  progressivement.  Il 
existe  (en  1896)  11  bureaux  de  bienfaisance  comprenant 
dans  leur  ressort  232.738  liab.  ;  ils  ont  secouru  838 
Français,  3.099  Espagnols,  101  autres  étrangers  euro- 
péens, 377  indigènes  Israélites  et  1.239  musulmans.  Leurs 
recettes  de  l'année  étaient  de  73.778  fr.  ;  leurs  dépenses 
de  34.129,  consistant  surtout  en  distributions  d'aliments. 


'  Le  département  n'a  pas  de  dé})(')t  de  mendicité.  Il  a  un  mont- 
de-piété  à()ran([ui,  en  1896,  a  prêté  1.109.830  fr.  sur 
77.030  objets;  les  cinq  sixièmes  ont  été  dégagés.  —  Le 
département  renferme  (en  1896)  2  hôpitaux,  2  hôpitaux- 
hospices  et  1  hospice,  desservis  par  18  médecins,  34  re- 
ligieux, 69  employés  el  servants.  Ils  renferment  719  lits 
de  malades,  228  de  vieillards  et  infirmes,  plus  94  pour 
le  personnel.  On  y  a  traité  12.027  malades,  dont  8.833 
militaires  ;  473  y  sont  décédés,  dont  187  militaires.  Le 
budget  hospitalier  était  de  369.307  fr.  aux  recettes  et 
323.821  aux  dépenses.  Un  hôpital  indigène  a  été  cons- 
truit à  El-Abiod-Sidi-Chciidi  et  fonctionnera  en  1899.  — 
Le  département  entretenait,  au  31  déc.  1896, 163  aliénés. 

—  Il  avait  à  sa  chai'ge  122  enfants  assistés  pour  lesquels 
il  dépensait  34.280  fr. 

Les  œuvres  de  prévoyance  soiU  assez  développées, 
parmi  la  population  française  seulement.  11  existait,  en 
1896,  14  sociétés  de  secours  mutuels,  compi'enaut  2.021 
membres  participants,  dont  1.860  majeurs  parmi  les- 
quels 1.361  Français;  leur  avoir  disponible  était  au 
1^^  janv.  de  77.711  fr.,  leurs  recettes  annuelles  de 
44.347  fr.,  leurs  dépenses  de  42.426  fr.  —  L'adminis- 
tration a  constitué  dans  18  communes  mixtes  des  sociétés 
indigènes  de  prévoyance,  de  secours  et  de  crédit  mutuels 
qui  possèdent  1.069.840  fr.  dont  328.838  prêtés;  elles 
ont  en  silos  des  grains  pour  une  valeur  de  366.112  fr. 
et  en  ont  prêté  pour  201.442  fr.  Avec  les  cotisations 
dues,  leur  actiftotalau30 sept.  1897  est  de  1.630.802  fr. 

—  Les  caisses  d'épargne  d'Oran.  Mostaganem  et  Tlemcen 
avaient,  au  31  déc.  1H97,  3.083  livrets  d'un  montant 
total  de  1.193.168  iV.  Les  déposants  sont  presque  uni- 
quement des  Fran^'ais.  Pour  Fannée  précédente,  la  caisse 
nationale  d'épargne  avait  reçu  de  26.083  déposants 
2.603.383  fr.  et  avait  remboursé  2.438.419  fr.  à  13.248 
déposants.  A. -M.  Berthelot. 

t^iBL.  :  V.  Algérie,  —  Les  principaux  documents  offi-' 
('iels  sont  la  Staiisluiuc  (jénêrdle  do  l'Algérie  (triennale), 
VExjiosê  annu(;l  de  la  situation  annexé  aux  procès-ver- 
baux du  Conseil  supérieur  de  l'Algérie,  la  Situation  fiimn- 
cièro  des  connnunes  et  les  documents  budgétaires,  en  par- 
ticulier les  Comptes  définitifs  des  receltes,  les  Statistiques 
annuelles  des  chemins  d(^  i'er  (t.  II),  de  l'industrie  miné- 
rale, etc.  —  Le  Congrès  de  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  s(nences  tenu  à  Oran  en  1888  donna  lieu 
à  un  bon  résumé  :  Oriui  et  V Algérie  en  1881.  —  Le  Bulle- 
tin trimestriel  de  lu  Soc.  de  géogr.  et  arcliéol.  de  laprov. 
d'Oran  est  fort  intéressant.  —  On  peut  encore  citer  :  Gé- 
néral DESMiCHELS.Ora/i;  Paris,  1835. —  L¥.CLERC,les  Od sis  de 
la  proo.  d'Oran;  Alger,  liS52.  —Léon  Fey,  Ihst.  d'Oran; 
Oran,  1858.  —  L.  de  Colomb,  Exploration  des  Ksours  et 
du  Saliarade  la  p}'Oc.  d'Oran  ;  Alger,  1858.  —  Capitaine 
V.  Uerrécagaix,  le  Sud.  de  la  prov.  d'Oran.  dans  Bull, 
Soc.  géogr..  janv.  et  mars  1873. 

La  carte  àù  1/50.000°  ne  s'étend  encore  qu'à  une  partie 
du  Tell  ;  celle  au  1/200.000  fort  ])ratique  ne  dépasse  guère 
non  plus  le  Tell  et  est  complétée  par  une  carte  du  Sud 
oranais  au  400.000  en  quatre  feuilles  dressée  en  1855  et 
révisée  depuis.  —  Pomel  et  Pouyan^-e  ont  dressé  une 
carte  géologique  d'Algérie  au  1/800.000''  dont  les  deux 
feuilles  occidentales  embrassent  le  dép.  d'Oran. 

ORANG  (Zool.).  Un  des  quatre  genres  de  Singes  An- 
thropoïdes (Y.  ce  mot),  désigné  dans  les  catalogues  sys- 
tématiques sous  le  nom  latin  de  Simia.  Le  nom  à'Ovang 
ou  Orang-Ouian  est  emprunté  à  la  langue  malaise  et  si- 
gnifie «  homme  des  bois  '\  Comparé  aux  autres  grands 
Anthropoïdes  (Gorille  et  Chimpanzé),  l'Orang  se  distingue 
par  son  crâne  plus  arrondi,  à  région  frontale  élevée,  le  mu- 
seau formant  une  saillie  très  prononcée  au-dessous  des 
orbites;  les  membres  antérieurs  sont  beaucoup  plus  déve- 
loppés que  les  postérieurs,  les  doigts  touchant  les  che- 
villes dans  la  position  verticale;  le  pouce  est  très  court, 
n'atteignant  pas  la  base  de  l'index.  Comme  chez  les  autres 
anthropoïdes,  la  formule  dentaire  est  celle  de  l'homme, 
mais  les  canines  sont  beaucoup  plus  développées  et  forment 
une  saiUie  considérable  aux  deux  mâchoires.  La  couronne 
des  molaires  porte  des  tubercules  compliqués.  L'Orang  se 
trouve  dans  leN.-O.etle  S. -E.de  Bornéo  et  dans  l'E.de 
Sumatra.  Son  pelage  est  d'un  roux  tirant  plus  ou  moins 
vers  le  brun,  avec  la  face  et  les  autres  parties  nues  d'un 


463 


ORANG 


gris  ardoisé.  On  n'est  pas  encore  fixé  sur  la  question  de 
savoir  s'il  en  existe  une  ou  plusieurs  espèces. 

A  Bornéo,  ces  grands  Singes  habitent  les  contrées  basses, 
marécageuses  et  couvertes  de  forêts  vierges  de  l'intérieur 
de  l'île,  où  l'homme  ne  peut  séjourner  sans  contracter  les 
lièvres  paludéennes  si  dangereuses  sous  les  tropiques.  Le>> 
Dayaks,  qui  habitent  les  côtes  de  Bornéo  et  pénètrent  peu 
dans  l'intérieur,  construisent  leurs  habitations  sur  pilotis, 
mais  quelques  familles  se  sont  étabHes  sur  les  montagnes 
isolées  qui  dominent  les  vallées,  et  y  ont  planté  des  arbres 
fruitiers  qui  attirent  lesOrangs.  Ceux-ci  dévorent  les  fruits 
avant  qu'ils  soient  mûrs,  mais  se  retirent  toujours  le  soir 
dans  leurs  forêts.  Ils  sont  assez  communs  dans  les  parties 
basses  de  la  vallée  du  Sadong  ;  mais  dès  qu'on  s'élève  au- 
dessus  des  limites  oti  l'influence  des  marées  se  fait  encore 
sentir,  empêchant  le  sol  de  sécher  d'une  façon  durable,  on 
ne  trouve  plus  d'Orangs.  Ceux  que  l'on  capture  ont  sou- 
vent de  la  boue  jusqu'aux  genoux,  ce  qui  prouve  qu'ils  ont 
marché  dans  des  endraits  dégarnis  d'arbres,  ce  qu'ils  ne 
font  que  lorsqu'ils  y  sont  absolument  forcés.  Ces  animaux 
ne  vivent  bien  que  dans  ce  milieu  à  la  fois  chaud  et 
humide,  où  le  sol  reste  constamment  mou  et  spongieux 
comme  dans  nos  serres  chaudes  à  terre  de  bruyère  ;  même 
à  Bornéo,  ils  dépérissent  rapidement  lorsqu'on  les  amène 
sur  la  côte  où  sont  installées  les  factoreries  européennes. 

Les  mœurs  des  Orangs  à  l'état  de  liberté  sont  très  mal 
connues.  On  trouve  rarement  plus  de  deux  ou  trois  individus 
ensemble  ;  ce  sont  généralement  des  jeunes  qui  suivent 
leur  mère,  mais,  dès  l'âge  de  trois  ans,  ils  sont  en  état  de 
se  suffire  à  eux-mêmes  et  font  bande  à  part.  Les  vieux 
mâles  vivent  solitaires  en  dehors  du  temps  de  la  reproduc- 
tion. D'ailleurs  le  régime  de  ces  animaux  ne  leur  permet 
pah  de  vivre  en  bande.  Il  faut  chaque  jour  à  un  Orang 
adulte  une  grande  quantité  de  fruits  à  sa  convenance,  ({u'il 
ne  se  procure  pas  sans  faire  beaucoup  de  chemin  dans  les 
branches  des  arbres.  Le  fruit  du  Durion  (Dwio  rJbethl- 
nus),  qui  atteint  la  taille  d'un  melon,  est  celui  dont  il  fait 
la  plus  grande  consommation  :  la  pulpe  de  ce  fruit  est  sa- 
voureuse bien  qu'elle  ait  une  odeur  musquée  ou  alliacée, 
à  laquelle  l'homme  lui-même  s'habitue  assez  facilement. 
J^es  Orangs  détruisent  beaucoup  plus  de  fruits  qu'ils  n'en 
mangent,  et  la  place  où  ils  ont  fait  un  repas  se  recon- 
naît facilement  aux  nombreux  débris  qui  jonchent  le  sol 
au  pied  des  arbres.  Ils  ne  descendent  à  terre  que  pour 
boire,  et  seulement  lorsque  l'eau  provenant  des  pluies  et 
qui  s'amasse  à  l'aisselle  des  grandes  feuilles  engainantes 
vient  à  ûiire  défaut. 

Pour  passer  la  nuit,  les  Orangs  se  construisent  une 
espèce  de  nid,  ou  plutôt  d'abri,  formé  de  branches  d'ai'bres 
entrelacées  ;  lorsque  le  vent  est  froid  ou  qu'il  pleut,  ils  se 
couvrent  à  l'aide  des  grandes  feuilles  du  Pandaniis.  Atta- 
qués par  l'homme,  à  coups  de  fusil,  ils  cherchent  à  se  dé- 
rober dans  le  feuillage,  et  lorsque  celui-ci  n'est  pas  assez 
touffu,  on  les  voit  briser  les  branches  à  leur  portée  avec 
une  aisance  et  une  rapidité  surprenantes  et  s'en  former  un 
rempart  qui  les  dissimule  aux  yeux  dos  assaillants,  bleuie 
blessés,  ils  arrivent  ainsi  à  se  soustraire  à  la  vue  des  chas- 
seurs, et  il  faut  isoler  et  jeter  bas  l'arbre  qui  les  porte 
pour  s'en  emparer.  Les  Dayaks  les  prennent  vivants  en 
les  cernant  de  proche  en  proche,  a])attant  les  arbres  qui 
pourraient  leur  servir  à  s'échapper,  et  lorsqu'ils  sont  accu- 
lés sur  un  seul  arbre  les  forçant  par  la  famine  de  tomber 
dans  un  piège  construit  à  l'avance.  C'est  une  fosse  pj'o- 
fonde  que  l'on  recomre  de  branchages  cédant  facilemeui 
sous  le  poids  de  l'animal  :  au  milieu,  on  place,  en  évi- 
dence, des  fruits  ({ui  servent  d'appâts.  Les  Orangs  tombent 
dans  la  fosse,  et  dès  lors  leur  capture  est  assurée.  C'est 
ainsi  ([n'ont  été  pris,  dit-on,  les  deux  individus  adultes  (jue 
l'on  a  \u,  à  Paris,  au  commencement  de  189^.  Cette  cap- 
ture n'est  pas  toujours  sans  danger,  car  pendant  que  l'on 
jetait  suj*  eux  le  solide  filet  destiné  à  paralyser  leurs  mou- 
vements, Jun  d'eux  réussit  à  dégager  un  de  ses  énormes 
bras  et  étranola  deux  des  chasseurs. 


Les  deux  Orangs  de  grande  taille  (désignés  sous  les  noms 
de  Maurice  et  Max)  exhibés  au  Jardin  d'Acclimatation  en 
janv.  4894,  ont  permis  de  se  faire  une  idée  de  la  force  de 
cet  animal  lorsqu'il  a  atteint  tout  son  développement.  Le 
tronc  est  massif  et  la  capacité  de  la  poitrine  égale  celle 
d'un  homme  de  la  plus  grande  taille  ;  cependant  Maurice, 
le  plus  grand  des  deux,  n'avait  que  i"^,40  du  talon  au 
sommet  de  la  tête,  ce  qui  tient  à  la  brièveté  des  jambes, 
qui  dépassent  rarement  0^",90,et  du  cou  qui  n'existe  poin* 
ainsi  dire  pas,  comme  chez  tous  les  Singes  Anthropoides. 
Par  contre,  les  bras  ont  i^\0o,  et  l'envergure  (les  bras 
étendus)  est  de  2^^\6:^,  d'a})rès  les  mesures  prises  sur 
Maurice  immédiatement  après  la  mort.  Cet  Orang  pesait 
78  kilogr.  et  demi,  tandis  que  le  poids  moyen  d'un  Fran- 
çais n'est  que  de  63  kilogr.  La  brièveté  des  jambes  donne, 
à  première  vue,  l'impression  d'un  cul-de-jatte  :  elle  est 
beaucoup  plus  marquée  ici  que  chez  le  Gorille  (V.  ce 
mot),  (}ui,  dans  la  station  debout,  atteint  i'^,67.  Il  est 
évident  (pie  l'Orang  se  sert  beaucoup  plus  rarement  de  ses 
membres  postérieurs,  et  que  l'habitude  de  vivre  accroupi 
sur  les  branches  a  amené  l'atrophie  l'elative  de  cette  paire 
de  membres,  qui,  malgré  sa  brièveté,  est  cependant  robuste 
et  bien  musclée  et  se  termine  par  un  pied  énorme,  en 
forme  de  main.  Mais  c'est  le  membre  antérieur  qui  sert 


Tète  d'Oraiii^,  vue  de  l'ace. 

surtout  à  la  locomotion  et  la  main  qui  le  termine  est  re- 
marquablement allongée,  ce  qui  fait  paraître  le  pouce  très 
court.  Cette  atrophie  relative  du  pouce  est  en  rapport  a^ec 
la  forme  générale  de  la  main,  dont  les  doigts  restent  ton- 
jours  plus  ou  moins  recourbes  en  forme  de  crochet,  et  per- 
mettent à  l'animal  de  se  cramponner  soHdement  aux  arbres, 
même  sans  le  secours  d'un  pouce  opposable.  La  paume  a 
10  centim.  de  long  et  le  doigt  médian  13  centim.  Le  bras 
est  très  puissamment  musclé  :  chez  Maurice,  ?,^dvto]\ïii- 
rence  au  niveau  du  biceps  dépassait  40  centim. 

Ce  qui  donne  à  l'Orang  adulte  une  physionomie  bien 
différente  de  celle  des  autres  Anthropoïdes,  c'est  la  pj'é- 
sence  de  ces  protubérances,  que  nous  avons  nommées /7?v;- 
tubérances  ourliennes.  et  qui  se  voyaient  chez  Maurice 
de  chaque  côté  de  la  face,  entre  les  jouco  et  l'oreille.  Max. 
bien  que  parfaitement  adulte,  en  était  dépourvu,  ou  du 
moins  ne  les  présentait  (|u'à  l'état  rudimenlaire.  Il  e.-^l 
probable  que  (*e  singuUer  ornemejit  ne  se  développe  que 
chez  le  inàle  âgé,  et  la  plupart  des  Orangs  que  l'on  avait 
amimés  jus(pi'ici  vivants  en  fÀu'ope  n'en  présentaient  pas 
trace.  La  face  de  Maurice  ainsi  élargie  par  ces  appen- 
dices, dont  notre  ligure  monli'e  exactement  la  forme, 
avait  35  centim.  de  large;  on  a  wi  des  Orangs  qui  avaient 
38  centim.  d'un  lobe  à  l'autre.  Sur  Maurice,  le  bord  de 
ces  lobes  était  aplati  comme  le  bord  d'uiic  assiette  ;  mais 
il  est  probable  qu'à  l'époque  de  la  reproduction,  ces  pro- 
tubérances se  gonflent  en  forme  de  bourrelets.  L'examen 
histologique  montre  que  ces  appendices  sont  constitués 
d'un  tissu  cellulo-graisseux,  soutenu  par  une  trame  fibreuse 


OKANG  —  464 

recouverte  par  la  peau  ;  les  cellules  adipeuses  sont  très 
abondantes  ;  on  y  trouve  en  outre  (pielques  minces  fibres 
musculaires  striées  et  des  laines  élastiques.  En  somme, 
ces  excroissances  adipeuses  paraissent  correspondre  à  la 
boule  graisseuse  de  Bichat,  qui  existe,  à  l'état  rudimen- 
taire,  chez  l'homme,  plus  développée  chez  les  individus  qui 
engraissent  avec  Tàge.  Des  excroissances  adipeuses  moins 
développées  se  voient  chez  TOrang,  au  fronl  et  à  l'occi- 
put . 

L'élévation  du  front,  la  petitesse  des  yeux  très  rappro- 
chés l'un  de  l'autre  et  presque  ronds,  la  dépression  que 
présente  la  racine  du  nez  et  (jui  accentue  encore  le  pro- 
gnathisme des  màchoh'cs.  lepeudc  saiUie  et  d'écartement 
des  narines,  la  longueur  de  la  lèvre  supérieure  très  mince  et 
très  mobile,  sont  autant  de  caractères  propres  à  l'Orang 
et  qui  le  distinguent  du  Gorille  et  du  Chimpanzé  ;  les  oreilles 
sont  petites  cojnme  dans  le  premier  de  ces  deux  genres. 
C'est  surtout  l'élévation  de  la  région  frontale  qui  donne  à 
la  tète  de  l'Orang  un  aspect  plus  humain  que  celui  des 
grands  Singes  africains.  Le  crâne  est  brachycéphale,  ce 
qui  augmente  cette  ressemblance. 

Un  autre  caractère  qui  sépare  l'Orang  à  la  fois  de 
riiomme  et  des  grands  Singes  africains  est  la  présence  de 
sacs  laryngiens  très  développés  et  qui  forment  une  sail- 
lie \isible  extérieurement  sous  les  téguments  du  haut  delà 
poitrine.  Il  existe  deux  sacs,  mais  ordinairement  le  gauche 
se  développe  plus  (pie  le  droit,  ce  qui  a  fait  croire  (pi'il 
était  unique;  il  forme  une  large  poche  médiane  séparée 


Tctc  d'Orang  (Maurice),  vue  de  profil 
(d'après  une  photographie). 

du  sac  droit  par  une  mince  cloison  ;  tous  deux  ont  une 
enveloppe  commune  de  lissu  conjonctif.  Ces  sacs  revêtent 
le  cou,  le  haut  de  la  poitrine,  et  s'étendent  jusque  sur  l'ar- 
ticulation scapulo-humérale.  Sur  Maurice  la  capacité  du 
sac  gauche  était  telle  que  l'on  pût  y  injecter  8  kilogr.  de 
suif.  Ce  sac  communique  par  un  pédicule  avec  la  portion 
supérieure  du  ventricule  de  Morgagni  ou  ventricule  laryn- 
gien. Il  diffère  sous  ce  rapport  des  sacs  desAtèlcs  qui  sont 
situés  au-dessous  des  cordes  vocales  :  ici  l'ouverture  est 
au-dessus  des  cordes  vocales.  Cependant,  il  est  certain 
<pie  ce  vaste  réservoir  aérien,  qui  se  gonfle  quand  l'ani- 
mal crie,  modifie  le  son  de  la  voix.  Les  Orangs,  lorsqu'ils 
sont  irrilés.  font  entendre  une  sorte  d'aboiement  court  et 
guttui'dl  qui  résonne  profondément  dans  leur  poiti'iiie. 
L'avortement  du  sac  (h'oit.  néanmoins?,  semble  indiquer 
qu'il  s'agit  d'organes  en  voie  de  disparition.  Ces  sacs  ont 
probablement  encore  un  autre  usage:  nous  avons  dit  com- 


bien le  cou  était  court  chez  l'Orang;  il  en  résulte  ((ue  la 
tète  est  jjrojetée  en  avant  de  manière  que  la  mâchoire  in- 
férieure touche  la  poitrine  :  les  sacs  laryngiens  consti- 
tuent un  coussinet  aérien  protecteur  qui  supporte  le  poids 
de  cette  tète,  très  lourde  chez  l'adulte,  et  la  séparent  des 
organes  pulmonaires.  Parmi  les  autres  particularités  ana- 
tomi(pies,  il  convient  de  signaler  la  présence  d'un  os  pénial 
(qui  existe  aussi  chez  le  Gorille  et  le  Chimpanzé),  et  qui 
a  iT  inillim.  de  long.  Cet  os  est  enchâssé  comme  un  ongle 
dans  le  corps  caverneux. 

Le  cerveau  est  loin  d'être  aussi  développé  que  pourrait 
le  faire  croire  le  volume  extérieur  de  la  boite  crânienne. 
Le  cerNcau  de  Maurice  ne  pesait  que  400  gr.,  tandis  (pie 
le  cerveau  de  l'homme  pèse  de  1.350  à  i.400gr.  En  effet, 
le  volume  de  la  tète  chez  l'Orang  adulte  dépend  surtout 


Oraiig  adulte 

des  ci'ètes  cj'aniennes  très  élevées,  et  des  muscles  puis- 
sants (pii  s'y  attachent,  de  la  sailhe  de  la  j'égion  faciale 
deux  fois  plus  développée  que  la  région  cérébrale  ;  cette 
tète  est  encore  alourdie  par  le  poids  des  protubérances 
ourliennes  et  des  dents  énormes  qui  garnissent  les  mâ- 
choires. On  sait  que  chez  le  jeune  Orang,  le  crâne  est 
moins  épais  et  plus  arrondi,  les  mâchoires  moins  saillantes 
et  moins  lourdes  que  chez  l'adulte,  de  telle  sorte  que  le 
cerveau  est,  relativement  au  volume  de  la  tète,  beaucoup 
plus  développé.  L'intelligence  semble  en  rapport  avec  ces 
proportions  du  cerveau  :  le  jeune  Orang  est  beaucoup  plus 
doux  et  plus  éducable  que  l'adulte  ;  chez  ce  dernier,  les 
facultés  bestiales  paraissent  avoir  pris  le  dessus,  autant 
du  moins  qu'on  en  peut  juger  d'après  les  individus  captu- 
rés à  l'âge  adulte.  Reste  à  savoir  s'il  en  serait  de  même 
chez  les  individus  pris  jeunes,  et  que  l'on  pourrait  élever 
en  captivité  jusqu'à  l'âge  de  quinze  ou  vingt  ans. 

On  remarque,  néanmoins,  que  chez  ces  grands  Singes, 
les  mouvements  sont  plus  lents,  plus  mesurés  et  plus 
réfléchis  que  chez  les  autres  Singes.  A  l'état  de  repos, 
leur  attitude  est  calme,  indifférente  et  débonnaire.  Mais 
qu'on  les  irrite,  immédiatement  l'aspect  change  :  les  yeux 
deviennent  vifs  et  menaçants,  la  tête  se  porte  en  avant, 
les  sacs  laryngiens  se  gonflent  brusquement,  les  lèvres  se 


465  — 


ORANG  —  ORANGÉ 


projettent  dans  une  moue  de  menace  ou  se  relèvent,  dé- 
couvrant les  dents  qui  grincent  ;  le  corps,  penché  en 
avant,  est  soutenu  par  les  bras  tendus,  raidis,  les  mains 
fermées  appuyant  sur  le  sol  par  leur  face  dorsale  ;  l'ani- 
mal présente  alors  un  air  de  férocité  à  faire  reculer 
riiomme  le  plus  brave.  Des  deux  Orangs  dont  nous  avons 
parlé,  }Iajc\  le  plus  jeune,  était  le  moins  sociable. 

Malgré  tout  cela,  TOrang  n'est  pas  dépourvu  de  sen- 
sibilité, et  si  l'on  s'en  rapporte  à  quelques  faits  observés 
en  captivité,  le  sentiment  de  la  famille  serait  très  déve- 
loppé chez  lui.  Le  Jardin  zoologique  de  Calcutta  possédait, 
il  y  a  quelques  années,  une  intéressante  famille  composée 
d'un  mâle  et  d'une  femelle  qui  allaitait  son  petit.  De  peur 
que  le  mâle  ne  nuisît  à  ce  dernier,  on  l'avait  séparé  de  la 
femelle,  mais  tous  deux  pouvaient  se  voir  à  travers  les 
barreaux  de  leur  cage.  Malgré  la  température  élevée  du 
climat  du  Bengale,  au  bout  de  dix-huit  mois  de  captivité, 
la  femelle  mourut  la  première.  Le  mâle  en  fut  très  affecté, 
et  dès  lors  il  ne  cessa  de  dépérir.  Chaque  jour,  il  montait 
sur  le  toit  de  la  grande  cabane  où  on  les  avait  logés  et 
s'y  tenait  assis,  les  yeux  fixés  dans  la  direction  oti  il  avait 
vu  emporter  le  corps  de  sa  compagne.  Il  restait  ainsi 
exposé  aux  rayons  d'un  soleil  brûlant,  sans  qu'on  pût  le 
décider  à  se  mettre  à  l'abri  tant  qu'il  faisait  jour.  Il  finit 
par  être  frappé  d'insolation,  et,  devenu  aveugle  et  para- 
lysé, il  fut  incapable  de  se  mouvoir.  Il  mourut  sept  mois 
après.  Quant  à  la  jeune  femelle  que  la  mère  avait  nourrie 
de  son  lait  avec  la  plus  grande  tendresse,  lorsqu'elle  vit 
emporter  le  cadavre,  elle  montra  tous  les  signes  de  la 
plus  profonde  affliction,  s'efforçant  de  suivre  le  corps,  et 
lorsqu'on  s'y  fut  opposé  se  mit  à  pousser  des  cris  plain- 
tifs et  se  roula  par  terre  dans  un  paroxysme  de  douleur. 
Les  larmes  seules  manquaient  à  l'animal  pour  que  sa 
douleur  eût  tout  à  fait  une  apparence  humaine. 

On  sait  que  les  anciens  naturalistes  avaient  classé  le 
jeune  et  l'adulte  en  deux  genres  différents  {Pithecus  ou 
Simia  et  Pongo),  ne  pouvant  admettre  que  les  diffé- 
rences qui  les  caractérisent  puissent  tenir  simplement  à 
l'âge.  On  peut  dire  que  chaque  individu  décrit  par  les 
naturalistes  européens  a  été  considéré  comme  une  espèce 
distincte,  de  sorte  que  la  synonymie  est  très  compliquée. 
Aujourd'hui  encore,  on  n'est  pas  complètement  fixé  sur 
l'unité  ou  la  pluralité  des  formes  spécifiques  que  renferme 
le  genre  Orang.  Les  naturahstes  du  musée  de  Calcutta, 
qui  ont  examiné  un  grand  nombre  de  spécimens  de  ce 
genre,  sont  portés  à  admettre  que  F  Orang  de  Sumatra 
constitue  une  espèce  ou  tout  au  moins  une  sous-espèce 
distincte  de  celui  de  Bornéo  ;  celui-ci  gardant  le  nom  de 
Simia  satynis,  l'autre  serait  le  Simia  Abelii  de  Fis- 
cher, d'après  la  description  de  Clarke  Abel  (i8"i5),  Singe 
dont  on  ne  possède  plus  que  le  crâne  et  dont  le  jeune  serait 
le  Simia  bicolor  d'Is.  Geoffroy  (1841)  ;  cette  variété  est 
en  effet  plus  rare  que  celle  de  Bornéo.  Mais  aucun  des 
caractères  extérieurs  indiqués  comme  propres  à  cette 
forme  (pelage  d'un  roux  plus  clair,  présence  d'une  longue 
barbe  au  menton,  moindre  développement  des  protubé- 
rances ourhennes,  etc.)  ne  semble  constant,  et  Milne- 
Edwards  est  d'avis  qu'il  n'existe  qu'une  espèce.  Plus  ré- 
cemment, Selenka  (d'Erlangen)  a  publié  un  travail  dans 
lequel  il  admet  jusqu'à  neuf  sous-espèces  distinctes,  pro- 
venant soit  de  Bornéo,  soit  de  Sumatra,  aux  dépens  du 
Simia  satynis  des  auteurs.  —  La  paléontologie  de  ce 
genre  est  peu  connue  ;  cependant  on  a  des  raisons  de 
croire  que  l'Orang  a  existé  sur  le  continent  asiatique  à 
l'époque  tertiaire  ;  'ine  canine  du  pliocène  des  Siwaliks  a 
été  décrite  par  Lydekker  sous  le  nom  de  Simia  satynis 
fossiiis  (V.  Anthropoïdes  et  Primates).  E.  Trouessart. 
BiBL.  :  A.  MlL^•E-En^vARl)?î,  Deniker,  Boulart,  De 
PoussARGUES  Gt  Delisle,  Obsercatioiis  sur  deux  Oninqs- 
Outangs  adultesmorts  à  Paris  (Arch.  Mus.  Paris,  1895,  Vil, 
p.  31,  avec  5  pi.).  —  E.  Selenka,  Die  Ro.sscn  und  der 
Zahnwecfisel  der  Orong-Utan  {Mt  Ah.,  Berlin,  1896,  III, 
p.  131). 

ORANG-KouBoc  (V.  Koubou). 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIi:.    —   XXV. 


ORANG-Ot  (V.  Bornéo  |  Ajitbrop.  ]). 

ORANG-Sakaï  (Antbrop.).  Le  nom  d' orang,  qui  a  le 
sens  dliomme,  est  commun,  en  pays  malais,  à  des  peuples 
différents,  généralement  pas  malais  ou  menant  la  vie  sau- 
vage. Et  c'est  le  terme  dont  on  l'accompagne,  son  attri- 
but, qui  sert  à  distinguer  ces  divers  peuples  (V.  Sakajs). 

ORANGÉ.  I.  Industrie.  —  Il  existe  un  grand  nombre 
de  couleurs  et  de  matières  colorantes  orangées;  nous  ne 
citerons  ici  que  les  plus  caractéristiques. 

On  rencontre  dans  le  commerce  sous  le  nom  d\)ramjé 
de  chrome  ou  de  pâte  orange  des  mélanges  en  proportions 
variables  de  cbromate  neutre  et  de  chromate  basique  de 
plomb  ;  leur  nuance  varie  avec  la  proportion  de  ces  deux 
substances  et  les  conditions  de  la  préparation.  On  obtient 
ces  couleurs  en  précipitant  l'acétate  basique  de  plomb 
(extrait  de  Saturne)  avec  du  chromate  de  potassium.  On 
fait  bouillir  le  jaune  de  chrome  avec  un  lait  de  chaux,  ou 
bien  on  traite  le  jaune  de  chrome,  chromate  neutre  deplomb, 
par  une  quantité  de  soude  insutiisante  pour  le  transformer 
en  rouge  de  chrome,  c.-à-d.  en  chromate  basique. 

L'industrie  des  matières  colorantes  organiques  produit 
des  orangés  de  nuance  et  de  solidité  variables;  il  convient 
de  citer  en  premier  lieu  l'orangé  d'alizarine  qui  possède, 
comme  toutes  les  couleurs  dérivées  de  l'anthracène,  la  so- 
lidité de  la  garance,  les  orangés  Poirier  qui  ont  joué  un 
rôle  considérable  dans  l'histoire  des  matières  colorantes, 
mais  dont  l'emploi  a  beaucoup  diminué,  les  orangés  Mi- 
kado, Victoria,  d'aniline,  de  crocéine,  etc. 

Orangé  d'alizarine.  Strobel  remarqua  en  1875  qu'un 
tissu  teint  en  alizarine  prenait  une  belle  teinte  orange  très 
vive  quand  on  le  soumettait  à  l'action  des  vapeurs  nitreuses, 
il  communiqua  son  observation  à  Rosensthiel  qui  parvint  à 
démontrer  que  le  corps  orangé  était  une  alizarine  mononi- 
trée.Il  en  fit  en  outre  la  synthèse  par  l'action  de  l'acide 
nitreux  sur  l'alizarine.  L'année  suivante,  Caro  réussit  à 
fabriquer  industriellement  la  nouvelle  matière  colorante 
pour  les  usines  de  la  Badische  Aniline. 

L'orangé  d'alizarine  est  la  iB-mononitro-alizarine.  Elle 
cristallise  facilement  en  belles  aiguilles  orangées  ou  en 
lamelles  qui  fondent  vers  240^  en  se  décomposant  par- 
tiellement. L'alcool,  le  chloroforme,  la  benzine  dissolvent 
facilement  ce  produit  qui  possède  une  fonction  acide,  la 
présence  du  groupement  nitré  renforçant  la  fonction  fai- 
blement acide  des  groupes  phénols  ;  aussi  l'ammoniaque, 
les  carbonates  alcalins  donnent  avec  elle  des  sels  alca- 
lins solubles  dans  l'eau  en  pourpre.  L'acide  sulfurique 
donne  une  solution  d'un  beau  jaune  d'or. 

La  baryte,  la  chaux  donnent  avec  l'orangé  d'alizarine 
des  sels  insolubles;  aussi  faut-il  éviter  la'présence  des 
sels  de  chaux  dans  la  teinture  en  orangé  d'alizarine,  ces 
sels  précipiteraient  une  quantité  notable  de  matière  co- 
lorante qui  serait  perdue. 

L'orangé  teint  les  étoffes  mordancées  aux  sels  d'alu- 
mine en  rouge  orangé,  en  violet  noir  les  étoffes  moi'dan- 
cées  au  fer,  et  en  brun  les  fibres  passées  au  chrome.  La 
laine  et  la  soie  fixent  solidement  cette  matière  sans  inter- 
médiaire de  mordants;  la  teinte  obtenue  est  rouge  noire. 
Divers  procédés  sont  employés  pour  sa  préparation.  Au 
début,  on  se  contentait  de  faire  passer  des  vapeurs  ni- 
treuses sur  de  l'alizarine  étendue  en  couches  minces  dans 
une  chambre  close  ;  le  procédé  a  été  très  amélioré  de- 
puis, et  l'on  obtient  aujourd'hui  des  rendements  pres([ue 
théori(pies.  On  fait  passer  le  courant  de  vapeurs  nitreuses 
jusqu'à  saturation  dans  une  solution  d'alizarine,  dansl'éther 
ou  dans  l'acide  acétique.  On  peut  même  simplifier  en  évi- 
tant la  préparation  de  vapeurs  nitreuses;  en  solution 
acétique  et  en  présence  d'acide  borique,  l'acide  azoti(jue 
nitre  directement  l'alizarine  sans  l'oxyder. 

Orangé  d'aniline.  L'orangé  Victoria  ou  orangé  d'ani- 
line est  un  mélange  des  sels  potassiques  ou  ammoniques 
du  dinitroorthocrésylol  et  du  dinitroparacrésylol.  On  le 
prépare  en  traitant  par  l'acide  azotique  les  acides  ortho- 
crésolsiilfonique  et  paracrésolsulfonique  ou  bien  le  diazo- 

30 


OlUNGÉ  —  OKANGE 


—  /M  - 


toluène.  On  l'a  employé  pendant  quelque  temps  à  la  place 
du  safran  pour  colorer  les  aliments  jusqu'au  jour  où  l'on 
a  reconnu  qu'il  était  vénéneux. 

Orangés  Poirier,  Z.  Koussin  découvrit  en  i87G  un 
grand  nombre  de  ponceaux  et  d'orangés  résultant  de  la 
diazotation  avec  des  naphtols  ou  des  naphtols  sulfonés. 
La  même  année,  la  maison  Poirier  en  France  les  prépa- 
rait industriellement.  Cette  découverte  marque  une  époque 
importante  dans  l'industrie  des  matières  colorantes,  car 
c'est  la  première  fois  que  les  dérivés  de  la  naphtaline 
prennent  place  dans  cette  industrie  et  en  même  temps  les 
dérivés  sulfonés  qui  élevaient  prendre  par  la  suite  une  si 
grande  importance.  L'honneur  de  celte  découverte  revient 
incontestablement  à  Z.  Koussin,  quoiqu'on  ait  voulu  en 
attribuer  le  mérite  à  Griess  qui  ne  fit  paraître  sur  la  question 
qu'un  simple  mémoire  théorique,  mémoire  qui  d'ailleurs  est 
postérieur  à  celui  de  Z.  Roussin.  Les  premiers  orangés  résul- 
taient de  l'action  de  diazoïques  de  l'acide  sulfanilique  sur 
les  a  et  les  p-naphtols  ;  Caro  remplaça  plus  tard  1  anihne 
par  la  naphtylamine,  et  Baum  introduisit  les  dérivés  sul- 
fonés des  naphtols. 

Parmi  les  orangés  obtenus,  citons  :  Vorangé  I  ou  tro- 
péoUne  000  résultant  de  la  diazotation  de  l'acide  sulfani- 
lique et  de  l'a-naphtol,  Vorangé  II  on  chrgsauriné  ou 
orangé  d'or  obtenu  dans  des  conditions  semblables,  mais 
en  remplaçant  Ta-naphtol  parle  p-naphtol.  L'orangé  11  I 
m\  hi'liantliine  est  préparé  avec  l'acide  sulfanilique  et  la 
diméthylaniline.  L'hélianthine  est  peu  employée  comme 
matière  colorante,  elle  est  surtout  usitée  par  les  chimistes 
comme  indicateur  en  remplacement  du  tournesol  ;  elle  e^t 
rouge  avec  les  acides,  jaune  avec  les  alcalis  et  n'accuse 
(jue  des  acides  forts.  L'acide  phosphorique,  par  exemple,  en 
présence  d'héUanthine,  vire  du  rouge  au  jaune  quand  on 
ajoute  une  molécule  d'alcali  pour  une  molécule  d'acide 
phosphorique;  l'hélianthine  accuse  l'acide  phosphorique 
comme  acide  monobasique.  L'acide  borique,  qui  est  un 
acide  faible,  n'agit  pas  sur  l'hélianthine,  de  sorte  que  des 
solutions  de  borax  se  comportent  comme  des  solutions 
alcalines.  On  peut  en  alcalimétrie  remplacer  les  alcalis  par 
le  borax  si  l'on  prend  comme  indicateur  l'hélianthine. 

Orangé  Mikado.  C'est  une  substance  azotique  qu'on 
obtient  en  traitant  le  paranitrotoluéne  sulfoné  par  les  alca- 
lis en  présence  des  oxydants.  Cet  orangé  est  assez  solide 
à  la  lumière,  mais  ses  applications  sont  néanmoins  assez 
limitées. 

Orangé  de  salicijle.  L'orangé  de  salicyle  est  le  sel  so- 
dique  de  l'acide  monobromodinitrosalicylique  ;  il  se  forme 
quand  on  fait  agir  l'acide  nitrique  sur  l'acide  bromosali- 
cylique.  Le  premier  terme  de  la  réaction  est  le  dérivé  mo- 
nonitro  ou  jaune  de  salicyle.  On  n'emploie  plus  aujoui*- 
d'hui  ce  composé  en  teinture.  C.  Matignon. 

IL  Art  héraldique.  —  Cette  Jiuance  s'emploie  quel- 
(piefois;  il  n'existe  pas  de  hachures  uniformément  adoptées 
pour  la  désigner. 

i^ii'.L.  :  Ko8j:xstiiiei..  Comptes  rendus,  Iblik  t.  LXXXJI. 
]).  (SG.  —  Du  môme,  t.  LXXXIII.  }).  73.  —  ^lonlteiw  scioitA- 
(i<iae,  1879,  p.  501.  —  LiiFF-uviir:'.  Truiié  des  matières  colo- 
riintes,  Paris;   Revue  des  miHièrcs  colovHrdes^  Paris. 
ORANGE  (V.  Oranger). 

ORANGE.  Fleuve  de  l'Afrique  australe.  Garih  des  indi- 
gènes, nom  qui,  dans  leur  langue,  signifie  «  rivière  »  et 
que  les  cartes  hollandaises  ont  traduit  par  Gariep  ;  les 
Boers  dirent  aussi  «  Grande  Rivière  »,  Groote  liivier.  Le 
nom  (ï Orange  lui  fut  donné  pour  la  première  fois 
en  iTTti  par  le  capitaine  Gordon,  au  service  de  la  Hol- 
lande, puis  ])ar  lui  et  le  lieutenant  anglais  Patterson, 
en  1779,  en  l'honneur  du  prince  d'Orange.  C'est  un  des 
l!eiives  de  l'Afrique  les  plus  considérables  par  sa  longueur, 
sinon  par  sa  masse  liquide.  Il  traverse  presque  toute  cette 
portion  australe  du  continent.  Si  l'on  tire  une  ligne  droite 
de  son  embouchure,  à  l'O.,  par  SS'^  40'  lat.  S.,  44'^  10' 
long.  E,,  à  ses  sources  au  Cathkin-Peak,  et  qu'on  la  pro- 
longe, elle  aboutit,  sur  la  cote  orientale,  à  l'embouchure 
de  la  Tugela,  dans  l'océan  Indien,  parlai.  S.  29^  10',  long. 


E.  ''2^'^  10'.  La  distance  à  la  souice  depuis  l'embouchure 
est  'de  plus  des  huit  dixièmes  de  la  traversée  totale.  Le 
cours  développé  est  de  :2. 140  kil.  (2.470  kil.  pour  le  bas 
Orange  et  le  Vaal,  son  grand  affluent,  dont  les  sources 
sont  plus  éloignées).  Son  bassin  comprend  un  espace  de 
1.275.000  kil.  q. 

Le  fleuve  Orange  nait  au  S.  du  Cathkin  (3.160  m.)  par 
une  branche  que  l'on  considère  comme  la  rivière  maîtresse, 
sous  le  nom  de  Senkou,  et  qui  descend  la  haute  vallée  du 
Basutoland,  comprise  entre  les  Malouti  au  N.-O.  et  les 
Drakensberg  au  S.-E.,  en  parcourant  le  district  dans  la 
direction  duS.-O.  Il  reçoit,  dans  cette  partie  de  son  cours, 
à  droite,  le  Senkounyané  ou  Petit  Senkoii,  affluent  im- 
portant, pids  le  Matitsoumjané ,  remarquable  par  sa  cas- 
cade de  181  m.  Plus  bas,  à  gauche,  c'est  le  Tees,  qui 
nait  du  Witteberge  ;  puis,  au  sortir  de  la  région  monta- 
gneuse, à  la  frontière  de  l'Etat  Ubre  d'Orange  et  de  la 
colonie  du  Cap,  un  affluent  droit  venant  du  mont  Macha- 
cha,  le  Kornetspruit  ou  Makhaleng,  vient  s'y  jeter.  Le 
fleuve  Orange  suit  toute  cette  frontière  méridionale  en  for- 
mant une  courbe  à  concavité  N.  jusqu'au  GiîqualandWest. 
Il  reçoit  dans  ce  parcours,  sur  sa  rive  gauche  :  le  Kraaï, 
qui  descend  des  Storm  et,  grossi  du  Ho  lie,  conflue  près 
d'AIiwal-North  ;  le  Stonnberg,  grossi  du  Wanderbooni 
et  qui  passe  par  Burghersdorp  ;  à  droite  se  présente  en- 
suite un  grand  affluent,  le  Catédon  ou  Mogokar,  né  pai* 
deux  branches,  dites  le  Grand  et  le  Petit  Calédon.  sur 
le  versant  oriental  du  mont  aux  Sources,  séparant  d'abord 
le  Basutoland  de  l'Etat  libre,  puis  arrosant,  en  le  traver- 
sant par  ses  deux  rives,  le  coin  S.-E.  de  celui-ci  avant  de 
déboucher  dans  le  grand  fleuve,  à  10  kil.  au  S.  de  Bé- 
thulie.  Des  affluents  méridionaux  viennent  ensuite,  la 
plupeVt  sans  importance.  On  peut  citer  le  Zuurberg,  ve- 
nant de  la  chaîne  de  même  nom,  et  surtout,  parmi  ces 
torrents  souvent  à  sec,  le  Zeekoe,  de  200  kil.,  qui  nait 
dans  les  Sneewberg  et  traverse  le  comté  de  Colesberg 
du  S.  au  N. 

On  entre  sur  la  frontière  du  Griqualand  à  Rama 
Spring,  ou  plutôt  dans  le  territoire  de  la  colonie  du  Cap, 
sur  la  hmite  de  ce  nouveau  district,  qu'il  sépai^e  des  diNi- 
sions  Hopetown  et  Victoria  West.  C'est  là  que  se  trouve 
le  confluent,  en  ce  moyen  Orange,  du  plus  grand  tribu- 
taire, le  Vaal  (rive  dr.)  ou  Kai  Garib,  «  Rivière  jaune  » 
des  indigènes.  Une  branche  maîtresse  naît  comme  le  Ca- 
lédon dans  le  massif  du  mont  aux  Sources,  tandis  que  la 
source  la  plus  éloignée  est  au  S.-O.  de  Lourenço-Marquès, 
dans  les  Drakensberg,  à  l'O.  du  Swaziland.  Le  Vaal  marque 
la  frontière  méridionale  du  Transvaal,  qu'il  sépare  de 
l'Etat  libre.  Il  a  reçu  divers  affluents  peu  considérables, 
savoir:  à  gauche,  le  Klip,Và  Wilge,  le  Valsche,lQ  Vet ; 
à  droite,  le  Ziiikersbosrh,  etc.  Il  pénètre  dans  le  Griqua- 
land-West  en  circonscrivant  à  l'O.  le  district  de  Kim- 
berley  et  reçoit  deux  sous-affluents  importants  :  le  Hart 
(rive  dr.)ou  Kolong,  qui  vient  duMarico  (Transvaal),  au 
N..  et  la  Modder  ou  Kaib  (rive  g.),  qui  vient  de  Bloem- 
fontein  et  coule  de  l'E.  à  l'O.  en  limitant  au  S.  la  divi- 
sion deKimberley.  Peu  après,  le  Vaal  tombe  dans  l'Orange, 
à  20°  10'  lat.  S.  et  22-^  long.  E.  —  A  100  kil.  environ 
plus  bas,  le  fleuve  reçoit  du  S.  VOngar  ou  Grand  Brak 
qui  arrose,  supérieurement,  Victoria  West,  chef-lieu,  et  se 
réunit  au  Brak  venu  de  Tafelberg  près  Richmond. 

Le  fleuve  coule  au  N.-O.  ;  àKheiss,  il  quitte  le  Griqualand 
pour  servir  de  limite  avec  la  colonie  du  Cap  au  Béchuana- 
îand  britannique,  dans  le  Kalahari.  Il  reçoit  à  gauche  ou  au 
S.  hlîarlebcHlio'oOKxX.),  formé  àeV  Obère  rZak,  nédansles 
Nieuweveld,  et  de  VUnterer  Zak,  venant  des  Roggeveld. 
Le  premier  reçoit  à  droite  le  Grand  et  le  Petit  Brak;  h 
second,  à  l'O.,  est  formé  des  deux  ii/é?/^  et  reçoit  à  gauche 
le  Great  Fisch.  Le  Hartebest  reçoit  ensuite,  à  droite,  le 
Hartog,  à  gauche,  le  Klaver  Vleij,  qui  recueille  un  ouàdi 
du  Great  Zoiit  Pan  ou  «  grand  marais  salé  »  ;  h  droite 
VOlifant  Vleij,  qui  traverse  deux  petits  lacs. 

A  ce  point,  l'Orange  a  parcouru  les  trois  quarts  de  son 


—  467 


ORANGE 


trajet  et  se  trouve  encore  néanmoins  serpenter  sar  de 
hauts  plateaux  granitiques,  à  l'altitude  de  800  m.  Mais 
des  chutes  rapides  vont  abaisser  son  niveau  de  plus  de 
iW  m.,  en  formant  un  ojichevètrement  de  roches  et 
d'ilôts  parmi  lesquels  se  précipitent  mille  cascades.  Cet 
endroit  est  appelé  les  Anghrabies  ou  Chutes  de  Georges  1 V. 
et  s'étend  sur  :26  kil.  A  la  saison  des  pluies,  les  torrents, 
les  filets,  les  cascatelles  se  réunissent  en  une  puissante 
nappe  qui  tombe  dans  une  gorge  profonde.  M.  Farini  a 
décrit  ces  lieux  avec  détails,  et  en  a  fait  la  topographie, 
distinguant  en  amont  les  Cent-lles,  puis  notant  les  hau- 
teurs de  chute  diverses  des  cascades  principales:  Grandes 
chu  les  d'Hercule,  65  m.  ;  chute  d  Heiki,  90  m.  ;  chute 
du  Tunnel,  100  m.,  etc.  l'ne  dernière  a  été  appelée  par 
lui  DianiomVs  f'all,  à  cause  de  quelques  diamants  qu'il 
trouva  au  pied  de  la  chute  dans  les  sables.  —  Le  fleuve 
n'offre  plus,  jusqu'à  sa  terminaison,  d'affluents  sur  sa  rive 
gauche  et  ses  deux  tributaires  de  la  rive  droite  ;  le  Hygap 
et  VAoub,  malgré  leur  étendne,  ne  lui  apportent  guère 
d'eau  des  contrées  sèches  oii  il  n'y  a  pas  à  drainer  sen- 
siblement. A  une  faible  distance  en  aval  des  «  Cent-Chutes  », 
le  premier  a  son  coniluent  ;  il  est  formé  de  la  réunion  de 
VOub  et  du  Nosob,  ({u'on  nomme  les  «Jumeaux  »,  parce 
([ue  leurs  lits  parallèles  se  rejoignent  souvent  ;  et  son 
bassin,  de  plus  de  458.000  kil.  q.,  l'emporte  sur  celui  du 
Vaal  môme,  mais  c'est  plutôt  une  ramure  de  ouàdis  que 
de  cours  d'eau  véritables.  Les  sources  des  plus  hauts  af- 
fluents du  Nosob  se  trouvent  jusqu'au  delà  du  !22"  lat.  S. 
Un  peu  avant  sa  jonction  avec  l'Oub  (ou  YOup),  il  reçoit 
à  gauche  le  Malopo,  venu  du  Transvaal  et  coulant  de 
i'E.  à  rO.,  soit  affluent,  soit  rivière  maîtresse;  après  la 
réunion  des  Jumeaux  en  un  seul  tronc,  l' Hygap,  celui-ci 
reçoit  à  gauche  le  Knruman,  venu  aussi  de  I'E.,  et 
remar((ua[)le  par  sa  source  près  de  îa  localité  de  même 
nom  ou  Nouveau  Litiakou. 

C'est  à  partir  du  20*^,6  que  le  fleuve  entre  par  sa  rive 
droite  sur  le  territoire  allemand,  le  Cross  Namaqualand, 
tandis  que  sa  rive  gauche  appartient  au  Little  Xamaqua- 
land  anglais.  Le  dernier  affluent,  distant,  à  vol  d'oiseau, 
de  100  kil.  de  rembouchuro,  est  à  droite,  on  le  nomme 
Aoub  et  BorradaiUe  et  Rivière  du  Grand  Poisson.  Il 
vient  duN.,  au  delà  du  tropique  du  Capricorne.  Son  prin- 
cipal tributaire,  le  Koan-Quip  ou  Goagib,  a  son  con- 
fluent, à  droite,  non  loin  de  celui  de  l'Aoub,  à  27^  25' 
lat.  S.  et  15^  25'  long.  E.  Plusieurs  affluents  et  sous- 
affluents  arrosent  les  principales  localités  du  Cross  Nama- 
qualand,  telles  que  Rehoboth,Béthany,  Bessébat,  Nirbeth 
Bath,  etc.  Plus  qu'ailleurs  encore,  ces  rivi -res  ne  sont, 
dans  ces  régions  arides,  le  plus  souvent  que  des  chemins 
de  sable  ravinés.  —  L'Orange  fait  ensuite  un  coude  au 
S.-O.  en  redescendant  à  la  merauN.  delabaie  Alexander. 
Ce  grand  fleuve,  torrentiel  à  son  début,  coule  paisiblement 
dans  les  plaines  du  S.  de  l'Etat  libre,  pour  antrer,  après 
sa  jonction  avec  le  Vaal,  dans  les  steppes  de  Kalahari. 
Il  s'épuise,  et  davantage  encore,  après  sa  brusque  des- 
cente du  plateau  central  et  se  trouve  amoindri  au  terme 
de  son  cours.  Lorsque  les  ravins  en  regard  de  ses  deux 
rives  forment  une  sorte  de  chemin,  il  peut  le  plus  sou- 
vent être  passé  à  gué.  Mais,  en  plusieurs  points,  il  est  bordé 
de  falaises  granitiques  élevées  à  pic  et  infranchissables. 
Son  embouchure  est  unique,  sans  delta,  étroite  et  défen- 
due ptir  un  banc  de  sable  et  des  plateaux  sous-marins. 
Les  marins  s'ils  veulent  prendre  terre  sont  obligés  de  dé- 
barquer en  dehors,  dans  la  petite  baie  de  Voltas,  au  S. 
Non  seulement  il  n'est  pas  navigable,  mais  encore  il  ne  per- 
met pas  sur  ses  bords,  dans  le  moyen  et  bas  Orange,  l'éta- 
blissement de  colons,  dont  les  maisons  seraient  emportées  et 
les  champs  ravagés  par  ses  eaux  devenues  impétueuses  et 
gonflées  brusquement  au  temps  des  pluies.     Ch .  Delavaud. 

l^iBL,  :  AVatchenaer,  Ihst.  des  voij.,  1829.  t.  XAII.  — 
Farini,  Huit  mois  aa  KaloJmri,  dans  Tour  du  monde.  Is8(3, 
t.  LU,  '^^sem.,  p.  353.  —  Ed.  Jacottkt,  Bull.  SoCs  (lêoq.  — 
Reclus,  Géogr.  univ.,  1888,  t.  XIII. 

ORANGE  (République  ou  Etat  ijhre  u')  (en hollandais 


()ra)ige  rrijslaal).  Afrique  australe.  CetEtat,  qui  tire  son 
nom  du  fleuve,  au  delà  duquel  il  se  trouve  auN.  et  qui  lui 
forme  comme  une  barrière  du  c^ité  de  la  colonie  anglaise  du 
Cap,  offre  la  forme  d'une  ellipse  inchnéepar  son  grand  axe, 
du  N.-E.  au  S.-O., et  de  522  kil.  environ,  le  petit  axe  avant 
approximativement  257  kd.  Il  est  compris  entre  les  lat.  S. 
26*^  48"  et  30«  40'  (le  Vaal  au  N.  de  Niekerk  et  d'Heil- 
bron,  et  le  confluent  avec  FOrange,  à  g.  du  Zuurherg)  ; 
entre  les  long.  E.  22°  15'  et  27^^20'  (Kama  Spring  sur 
la  rive  droite  de  l'Orange,  et  sources  du  Klip  river," petit 
aflluent  gauche  du  Vaal).  Il  est  confiné  dans  les  terres,  de 
même  que  le  Transvaal,  et  éloigné  de  la  côte  de  701  kil. 
en  moyenne,  presque  enclavé  dans  des  possessions  britan- 
niques ;  ce  n'est  qu'au  N.  et  au  N.-O.  qu'il  touche  à  la 
république  sœur  dans  son  sommet  arrondi  quedé  hmitent  le 
Vaal  et  son  affluent  le  KHp;  à  l'orient,  la  chaîne  des  Dra- 
kensberg  le  sépare  du  Natal,  le  Calédon,  puis  des  contre- 
forts, du  Basutoland  ;  sa  courbe  inférieure  est  dessinée 
par  l'Orange,  le  séparant  des  comtés  de  Ilerschel,  Aliwal- 
North,  Albei't,  Colesberg,  llopetown  ;  quant  à  la  fron- 
tière 0.,  primitivement  naturelle  et  constituée,  comme 
dans  le  reste  de  son  cours,  par  le  Vaal  jusqu'à  son  con- 
fluent, elle  a  été  reculée  artificiellement  à  I'E.,  de  manière 
à  comprendre  un  espace  triangulaire  dont  cette  nouvelle 
limite  forme  un  des  côtés,  le  bas  Vaal  l'autre  côté  et  le 
fleuve  Orange  la  base.  C'est  qu'en  cet  espace,  oli  estKim- 
berley,  on  avait  trouvé  des  diamants,  et,  malgré  le  fait 
accompli  d'une  république  indépendante  appelée  «  Ada- 
manta  »,  fondée  par  les  mineurs  sur  ce  territoire,  malgré 
les  droits  de  possession  des  Boers,  les  Anglais  s'en  étaient 
emparés.  De  plus,  ceux-ci  y  ajoutèrent  le  pays  des  Griquas, 
«  bastaards  »  nés  de  Boers  et  de  femmes  hottenlotes. 
—  La  superficie  de  l'Etat  libre  d'Orange  est  évaluée  à 
128.i00  kil.  q.  Sa  population  est  faible  encore,  malgré 
la  fécondité  des  mariages  (dix  enfants  environ)  ;  elle  était, 
en  189-1 ,  de  206.600  hab.  (on  donne  aujourd'hui  le  chiftre 
approximatif  de  207.500),  blancs  et  noirs,  clairsemés  sur 
un  vaste  territoire,  soit  moins  de  2  hab.  par  kil.  q. 
(V.  Afrique,  Boeks,  Colonisation). 

Géographie  physique.  —  Oji  a  dit  aux  mots  Afru^ue 
et  Colonie  nu  Cap  ce  qui  concerne  le  relief  et  la  géologie 
de  ces  régions  du  Sud  africain  :  les  chaînes  de  montagnes 
au  pourtour,  les  plateaux  en  gradins  augmentant  d'alti- 
tude vers  le  centre,  des  Karrou  au  désert  du  Kalahari  ; 
le  plateau  distinct  du  N.-E.,  participant  des  hautes  alti- 
tudes de  la  chaîne  orientale,  et  ({ui,  par  suite,  a  une  élé- 
vation plus  grande,  de  1.200  à  1.400  m.,  comprenant 
avec  les  comtés  de  la  colonie  du  Cap,  Richmond,  llope- 
town, Aliwal-North,  etc.,  celui  du  Griqualand  0.  au  delà 
de  l'Orange,  l'Etat  libre  et  jusqu'à  la  région  de  Middel- 
burg  du  Transvaal.  L'Etat  d'Orange,  dans  son  ensemble, 
est  un  plateau  de  pâturages  peu  accidenté,  avec  quelques 
collines  coniques  ;  il  a  de  i.500  à  i.400m.  d'alt.,  s'in- 
cHnant  en  pentes  insensibles  du  N.-E.  vers  le  S.-O.  et 
n'offrant  de  terres  fertiles  ((ue  dans  les  régions  orientales 
voisines  de  la  montagne. 

Quant  à  la  géologie,  on  a  dit,  aux  articles  précités, 
l'ossature  de  granit,  à  nu  ou  cachée,  mais  perçant  çà  et 
là  sous  la  peau,  suivant  l'expression  de  Livingstone.  Une 
couche  triasique,  de  formation  lacustre,  le  recouvre  dans 
l'Etat  d'Orange,  de  même  que  dans  les  pays  voisins.  On 
y  distingue  trois  étages,  de  bas  en  haut  Thrèche  méla- 
phyrique  ;  schistes,  argiles  et  grès  fossilifères  ;  grès 
quartzeux,  dans  les  Dralvensberg,"à  TE.,  où  se  trouve  de 
la  houille.  Des  éruptions  de  dio'rite  se  sont  fait  jour  dans 
le  trias,  surtout  à  l'O.  dans  le  désert.  Le  mica,  élément 
du  granit,  se  montre  dans  le  sable  reluisant  des  hauts 
aftluents  du  fleuve,  à  l'orient  de  l'Etat  libre.  Dans  son 
ensemble,  l'Etat  d'Orange  à  rO.,  y  compris  Kimberlev, 
appartient  au  trias  moyen  et  inférieur;  à  I'E.  il  appar- 
tient au  trias  supérieur  à  charbon.  La  coupe  des  mines 
de  diamant  des  environs  de  Kimberley  (Griqualand 
West)  montre,  autour  de  la  cheminée  diamantifère,  la 


ORANGE 


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superpositioodes  terrinins.  Iriférieiiremcnt,  granit  et  gneiss 
primitifs,  recouverts  d'une  formation  triasique  :  schistes 
métamorphiques,  argiles,  schistes  noirs,  grès  argilo-cal- 
caires;  vient  une  nappe  de  mélaphyre,  surmontée  de  nou- 
veaux schistes  triasiques  noirs  ;  enfin  une  coulée  de  dio- 
rite.  Quant  au  puits  ou  cratère  souterrain,  il  montre  à  sa 
partie  supérieure,  sous  un  tuf  calcaire,  une  terre  jaune, 
décomposée,  et  restée  bleue  et  compacte  dans  les  profon- 
deurs. La  république  d'Orange  en  possède  de  semblables, 
au  S.-O.,  dans  le  district  de  Fauresmith. 

Les  cours  d'eau  appartiennent  exclusivement  au  bassin 
de  l'Orange,  mais  les  principaux,  Orange,  Vaal,  Calédon, 
ne  font  que  circonscrire  le  territoire  et  le  baigner  par  une 
de  leurs  rives  sans  y  pénétrer,  sauf  ce  dernier  au  coin  S.-l']. 
La  portion  septentrionale  est  arrosée  par  des  affluents 
gauches  du  Vaal  :  Klip,  Wilge,  Rhenoster,  Valsclie,  Vet. 
A  rO.,  un  affluent  notable,  le  Modder  ou  Kaiba,  venant 
de  Bloemfontein,  le  traverse  depuis  cette  région  jusqu'à 
sa  frontière,  où  il  reçoit  le  sous-affluent  Riet,  qui  coule 
dans  la  direction  S.-E.  à  N.-O.  Aucune  de  ces  rivières 
n'est  navigable  ;  on  les  utilise  parfois  pour  des  irrigations. 
Comme  dans  toute  l'Afrique  australe,  elles  sont  presque  à 
sec  dans  la  saison  sèche,  et  on  les  passe  aisément  à  gué, 
tandis  qu'à  l'époque  des  pluies  elles  roulent  des  eaux 
impétueuses. 

Climat. — Il  est  tempéré  et  sec,  fort  salubre.  Les  vents 
humides  de  l'E.  sont  arrêtés  par  les  monts  orientaux,  les 
vents  d'O.  et  de  N.-O.  arrivent  sans  obstacle  et  se  sont 
desséchés  en  traversant  le  Kalahari.  A  Bloemfontein, 
lat.  S.  28^  o6^  ait.  1.370  m.,  la  température  moyenne 
de  l'année  est  46^,2,  un  peu  inférieure  à  celle  de  Cape- 
town;  les  extrêmes  moyens  sont  34^,5  et  —  0^,2,  écart 
39^,7,  tandis  qu'au  Cap  il  n'est  que  de  28», 6  ;  ce  chmat 
est  toutefois  moins  excessif  que  ceux  de  Kimberley  (Du 
Toit's  Pan)  U\9  et  de  Graaf-Reinet,  écart  40^4.  La 
quantité  de  pluie,  à  Bloemfontein,  est  annuellement  de 
0^'^,58,  plus  grande  que  dans  ces  deux  derniers  points, 
mais  moindre  que  dans  les  autres  de  l'Afrique  australe, 
et  faible  d'une  manière  absolue. 

Flore  et  faune.  —  La  lîore  n'a  pas  l'originalité  de 
formes  qui  caractérise  l'aire  du  Cap  et  elle  est  moins  riche 
que  celle  du  Natal  sans  avoir  les  caractères  de  stérilité 
des  déserts  nord-occidentaux.  La  végétation  arborescente 
est  assez  rare,  sinon  le  long  des  fleuves  et  sur  les  pentes 
des  montagnes.  Elle  consiste  principalement  en  pâturages 
recouvrant  de  vastes  plaines  ondulées.  On  rencontre  des 
troupeaux  sauvages  d'antilopes,  de  chevaux  du  Cap  ou 
couaggas,  de  buffles,  mais  plus  rarement  qu'autrefois  le 
rhinocéros,  l'éléphant  et  le  lion. 

Ethnographie,  démographie.   —  L'élément   indigène, 
plus  nombreux  que  l'élément  blanc  (77.000  Européens 
contre  129.600  indigènes,  en  1891 ,  se  compose  de  diverses 
tribus  refoulées  au  Nord,  comme  les  Boers  eux-mêmes,  par 
l'irruption  des  Anglais.  Tels  sont  les  Koranas,  que  des 
auteurs  disent  ici  aborigènes;  mais,  de  race  hottentote, 
ils  vivaient  primitivement  sur  les  bords  de  Table-bay  ;  on 
les  retrouve  mélangés  avec  des  Béchouanas,  près  la  source 
du  Kuruman,  non  loin  de  l'Etat  d'Orange,  et  dans  ce  der- 
nier pays,  au  S.  du  Witteberge.  Cependant,  les  indigènes 
ne  se  groupent  plus  dans  cet  Etat  en  tribus,  on  ne  les  y 
tolère  qu'en  quaHté  de  manœuvres  et  de  domestiques.  Une 
tribu  de  Béchouana,  les  Barolong,  y  occupaient  un  terri- 
toire enclavé,  au  nombre  de  15.000,  et  plus  de  6.000  se 
groupaient  dans  l'enceinte  d'une  seule  ville,  Thaba-Ncho, 
lorsque,  en  1884,  le  Volksraad  mit  fin  à  cette  autonomie 
par  une  décision  à  la  suite  de  laquelle  ils  se  dispersèrent 
ou  s'enfuirent.  Car  les  Boers,  qui  ont  fui  les  Anglais,  font 
à  leur  tour,  à  l'égard  des  naturels,  le  vide  devant  eux.  Ce 
sont  les  Boers,  qui,  parmi  les  blancs,  ont  ici  la  majorité, 
de  même  qu'ils  jouissent  de  la  domination  politique.  Par 
leur  multiplication,  ils  conservent  cet  avantage  du  nombre 
sur  les  Anglais  qui  s'introduisent  pacifiquement  chez  eux. 
Mais  ces  derniers,  plus  instruits,  peu  à   peu  substituent 


leur  langue  au  hollandais,  par  les  écoles,  dans  leur  propre 
domaine.  Les  Boers  sont  calvinistes.  Les  différents  cultes 
étaient  ainsi  répartis  dans  la  population  blanche,  en  1880  : 
réformés  hollandais,  51.716;  anglicans,  1.321;  wes- 
leyens,  514  ;  catholiques  romains, [340  ;  divers,  de  religion 
non  déterminée,  7.131.  La  population  s'accroît  sans  cesse 
par  l'excédent  des  naissances  sur  les  décès. 

Géographie  politique.  —  Histoire  politique.  — 
Cette  histoire  est  dominée  par  le  sentiment  d'indépendance 
des  Boers  vis-à-vis  des  Anglais  envahisseurs,  et  par  l'avi- 
dité de  tous,  chassant  les  indigènes  de  leurs  territoires. 
iLt  elle  s'est  traduite  par  des  guerres  contre  ceux-ci,  en 
même  temps  qu'entre  les  Européens  rivaux.  On  voit  au- 
jourd'hui, en  ce  qui  concerne  ces  derniers,  Anglais  et  Hol- 
landais, succéder  aux  luttes  armées  celles  des  rivalités 
commerciales  et  de  la  prépondérance  politique  :  questions 
de  chemins  de  fer,  d'union  douanière,  d'autonomie  sud- 
africaine.  Les  Africanders  luttent  avec  avantage,  les  Boers 
ont  le  nombre,  leurs  deux  républiques  s'unissent  par 
des  traités.  Ce  fut  en  1837  que  les  Boers  allèrent  fon- 
der leur  colonie  hollandaise  de  l'Orange,  au  delà  de  ce 
fleuve  et  en  deçà  du  Vaal.  Ils  n'étaient  point  en  sûreté, 
les  x4nglais  les  y  poursuivirent  et,  malgré  leur  résistance, 
finirent  par  l'emporter,  grâce  au  nombre  et  à  l'alliance 
des  Griquas.  En  1848,  l'Etat  d'Orange  était  placé  sous 
la  souveraineté  britannique.  Cependant,  l'héritage  d'une 
guerre  avec  les  Baassoutos,  fort  dispendieuse,  fit  renoncer 
plus  tard  le  gouvernement  de  la  Grande-Bretagne  à 
cette  annexion.  L'Etat  boer  fut  rétrocédé,  en  1854.  U  a 
prospéré  depuis  lors,  et  sa  population  a  progressé  d'une 
façon  rapide  et  continue.  Seulement,  les  Anglais  avaient 
exigé  l'abolition  de  l'esclavage,  philanthropiquement,  et 
en  1871,  préparèrent  l'achat  dérisoire  qu'ils  firent  aux 
Boers  du  Vrij-Staat,  en  1877,  des  mines  de  diamant  au 
Griqualand.  Tout  autour,  des  annexions  anglaises  se  fai- 
saient, jusqu'à  celle  du  Transvaal  même  par  le  fameux 
Shepstone.  Les  deux  répubfiques  boers  sont  entrées  dans 
le  mouvement  des  voies  ferrées  et  des  lignes  télégraphiques 
depuis  une  dizaine  d'années  (1899),  mais  elles  ont  senti 
que  leur  rapprochement  était  nécessaire,  parfois  contre 
des  attaques  faites  au  mépris  du  droit  des  gens  (Jameson, 
1896).  Le  traité  d'alliance  de  l'Orange  et  du  Transvaal 
de  1897  resserre  les  liens  de  l'acte  de  1889,  au  point  de 
vue  commercial  et  défensif.  Les  deux  pays  se  doivent, 
d'après  ce  traité,  assistance  ;  les  difficultés  survenues  entre 
eux  seront  soumises  à  un  comité  d'arbitrage  ;  un  conseil 
de  députés  des  deux  Etats  (cinq  pour  chacun),  nommés 
par  le  président  pour  deux  ans  et  siégeant  alternative- 
ment à  Pretoria  et  à  Bloemfontein,  a  pour  mission  d'étu- 
dier leurs  intérêts  communs.  La  question  de  l'union  fédé- 
rale n'a  pas  été  encore  tranchée. 

Gouvernement.  —  La  république  d'Orange  a  reçu  sa 
constitution  le  10  avr.  1854,  revisée  le  9  févr.  1866. 
Elle  est  gouvernée  par  une  chambre  unique,  le  Volks- 
raad ou  «  conseil  du  peuple»,  composée  de  membres  (actuel- 
lement 56)  représentant  chacun  un  chef-lieu  de  district 
ou  un  cercle,  et  nommée  pour  quatre  ans,  renouvelable 
par  moitié  tous  les  deux  ans.  Les  représentants,  qui,  pour 
être  éligibles,  doivent  être  âgés  de  vingt-cinq  ans  au 
moins  et  posséder  des  propriétés  de  500  liv.  st.  ou  plus, 
sont  élus  directement  par  le  suffrage  du  peuple.  Sont 
électeurs  les  blancs  seuls,  non  les  indigènes,  à  qui  il  est 
aussi  défendu  de  porter  des  armes.  Les  électeurs  doivent 
être  nés  dans  les  limites  de  l'Etat  ou  y  avoir  résidé  trois 
années  et  remplir  certaines  autres  conditions,  enfin  être 
âgés  de  vingt  et  un  ans.  L'assemblée  élit  son  président. 
Le  président  de  la  république  est  élu  pour  quatre  ans  par 
le  vote  populaire  et  n'a  dans  l'assemblée  que  voix  consul- 
tative, non  délibérative.  Il  est  assisté  dans  l'exercice  du 
pouvoir  exécutif  par  cinq  membres,  dont  deux  fonction- 
naires. —  Un  magistrat  ou  land-drosl  siège  dans  chacun 
des  districts.  Tous  les  blancs  sont  soldats.  —  Une  grande 
partie  du  budget  est  appliquée  à  l'instruction  publique  ; 


469 


ORANGE 


les  églises  calvinistes  sont  subventionnées.  Les  revenus  de 
l'année  fiscale  4885-86  ont  été  de  5.044.450  fr.  ;  les 
dépenses,  de  4.922.475  fr.;  la  dette  (qui  était  nulle  pré- 
cédemment), de  4  millions.  Le  pavillon  porte  sept  bandes 
horizontales  alternativement  blanc  et  orange,  avec,  près 
de  la  hampe,  les  couleurs  nationales  des  Pays-Bas  :  rouge, 
blanc,  bleu.  Il  n'y  a  pas  de  monnaie  nationale.  Les  mon- 
naies, poids  et  mesures  sont  les  mêmes  qu'en  Angleterre 
Le  président  actuel  est  S.  E.  M.  Martinus  Tennis  Steijn. 

Divisions  administratives  et  localités.  —  Les  agglo- 
mérations sont  fort  peu  peuplées,  car  les  Boers  sont  vrai- 
ment des  «  paysans  »  vivant  aux  champs,  dans  des  fermes 
immenses  et  disséminées,  qui  les  obligent  presque  à  une 
vie  nomade.  Les  districts  sont  nombreux,  près  de  vingt. 
Le  plus  important  est  celui  dont  le  ch.-l.  est  Bloemfon' 
lein,  la  capitale,  presque  la  seule  ville  de  la  république. 
Elle  est  située  à  peu  près  à  égale  distance  des  frontières 
E.  et  0.  et  au  tiers  méridional,  dans  une  plaine  nue,  sur 
le  bord  d'un  ruisseau  souvent  à  sec,  qui  coule  vers  le 
iVIodder;  3.400  hab.  Communications  télégraphiques  avec 
l'Europe;  chemins  de  fer  vers  le  Cap  et  Pretoria;  service 
de  poste  aux  lettres  hebdomadaire  pour  l'Angleterre  via 
le  Cap  (22  jours).  Les  rues  sont  régulières;  il  y  a  une 
])ibliothèque  publique,  des  clubs,  un  hôpital,  une  chambre 
(le  commerce,  un  musée,  une  société  d'agriculture,  quatre 
journaux,  consulats.  Lieu  salubre,  sanatoire.  Au  N.  de  la 
capitale,  on  voit  les  divers  ch.-l.  de  district  suivants  : 
Heilbron,  Kîvnstadt,  stat.  du  chemin  de  fer  du  Cap  au 
Transvaal,  mine  de  houille  ;  Frank  fort  (district  de  Vrede); 
Hoopstad,  sur  le  Vet;  Bethléem,  4.800  hab.,  biblio- 
thèque, club  ;  Harrismith,  sur  le  Wilge,  à  la  frontière 
orientale,  chemin  de  fer  Durban  via  Ladysmith,  biblio- 
thèque, chambre  de  commerce,  élevage;  Winburg,  2.500 
hab.,  dans  une  région  accidentée  et  fertile;  Brandfort, 
4.800  hab.  ;  Vrede  fort;  Boshof  2.000  hab.  ;  Ficksburg; 
LadybraïuL  sur  la  frontière  de  Basutoland,  dans  une 
région  fertile.  Près  de  là,  à  l'E.  de  Bloemfontein  est  la 
ville  des  Barolongs  dont  nous  avons  parlé,  Thaba-Ncho. 
Dans  la  partie  méridionale,  les  chefs-lieux  de  district  et 
lieuxjmportants  sont  :  Jacobsdal;  Wepener;  Fauresmith, 
2.000  hab.,  bibliothèque,  clubs,  société  d'agriculture; 
plateaux  peu  fertiles,  mais  district  de  mines  de  diamant 
(production  annuelle  4.250.000  fr.)  ixKlipfontein,  Koffy- 
fontein,  Jagersfontein,  où  l'on  a  trouvé  le  plus  gros 
diamant  de  l'Afrique,  du  poids  de  500  carats.  Dans  cette 
localité,  il  y  a  une  chambre  des  mines,  une  compagnie 
d'exploitation  des  mines  de  diamant;  hôpital,  biblio- 
thèque. Smithfield,  sur  le  bas  Calédon,  2.000  hab.,  té- 
légraphe, entrepôt  agricole;  Rouxville,  sur  l'Orange,  vis- 
à-vis  Aliwal-North ,  chemin  de  fer  pour  East-London  ; 
Béthidie,  rive  droite  de  l'Orange,  oti  est  jeté  un  pont, 
et  sur  le  chemin  de  fer  d'East-London  à  Bloemfontein, 
mission  française,  2.000  hab.  ;  Pliilippolis,  vis-à-vis 
Colesberg,  de  l'autre  côté  du  fleuve,  où  aboutit  le  che- 
min de  fer  de  Port-Elisabeth. 

Géographie  économique.  —  L agriculture,  primi- 
tivement secondaire,  en  raison  de  la  grande  prééminence 
de  l'élevage  facile,  s'est  considérablement  développée. 
Dans  les  districts  orientaux,  les  terres  sont  fertiles  et 
arrosées,  grâce  aux  eaux  apportées  par  le  Calédon  et  par 
ses  affluents;  dans  l'intérieur  et  à  rO.,des  barrages  per- 
mettant des  irrigations  pourvoient  à  la  sécheresse  des  ri- 
vières. On  cultive  dans  la  colonie  le  blé,  le  maïs,  diverses 
céréales  ;  les  fruits  et  les  légumes  d'Europe.  La  produc- 
tion, lors  de  l'irruption  des  chercheurs  de  diamant  par 
milliers,  suffit  à  les  alimenter.  Ce  sont  surtout  les  pâtu- 
rages qui  sont  abondants  (la  superficie  du  sol  cultivé  n'est 
que  de  50.000  hect.)  et  qui  nourrissent  des  troupeaux 
de  gros  bétail,  de  chevaux  et  de  bêtes  à  laine.  Il  existe  aussi 
quelques  autrucheries.  Le  cheptel  a  été,  recensement  de 
4880  :  chevaux,  434.946;  bœufs,  464.575;  brebis, 
5.056.500;  chèvres,  675.924;  autruches,  2.253. 

\j  industrie  est  extractive  et  s'adresse  presque  exclu- 


sivement aux  diamants  ;  For  a  été  constaté,  mais  non  en 
quantités  rémunératrices  ;  il  y  a  quelques  mines  de  houille. 
Le  commerce  exporte  de  la  laine,  des  peaux  de  bœufs, 
de  brebis,  des  cornes,  des  diamants  (pour  3  millions  et 
demi  defr.  dans  moins  d'une  année  en  4886-87).  Le  com- 
merce se  fait  principalement  par  Durban  et  Port-Elisa- 
beth. Les  importations,  en  4884,  furent  de  49  millions  de 
fr.,  les  exportations  de  54  miUions. 

Voies  de  communication.  Les  lignes  ferrées  de  la 
colonie  du  Cap  ont  été  prolongées  d'abord  de  Colesberg  à 
Bloemfontein  (4894),  puis  au  Vaal,  à  Johannesbourg,  en- 
fin à  Pretoria  (4®^  janv.  4893).  La  ligne  du  Natal  s'ar- 
rête à  Harrismith.  En  4895,  le  Volks-raad  d'Orange  a 
décidé  la  construction  de  chemins  de  fer  de  Bloemfontein 
à  Harrismith,  et  d'autre  part  à  Kimberley.  Un  autre  pro- 
jet met  en  communication  directe  Harrismith  et  Cron- 
stadt.  Ch.  Delavaud. 

BiBL.  :  Delegorgue,  Voyage  dans  l'Afrique  australe, 
1847.  —  J.  Sanderson,  Memoranda  of  a  trading  trip  into 
the  Orangeriver  Soverelgnty,  1851-52.  —  Trollope,  Soi/i/t 
Africa;  Londres,  1869. —  J.  Mackenzie,  Ten  ijears  north 
for  Orange  river,  1859-69;  Edimbourg,  1871.  —  Weber 
(traduct.  franc.),  Quatre  ans  au  pays  des  Boers ;PariH, 
1882.  —  WoLDERS,  Aus  dem  Orange-Freistaat,i  1885.  — 
Reclus,  Gêog.  univ.,  1888,  t.  XIII.  —  L.  Delavaud,  Che- 
mins de  fer  de  l'Afrique  australe,  dans  Revue  universelle 
du  20  mars  1893.  —  Du  môme,  le  Télégraphe  transconti- 
nental africain^  môme  recueil,  20  juin  1894.  —  Transvaal; 
Afjnque  australe^  dans  l'Afrique 'française,  oct.  1898.  — 
Revue  française  de  Marbaud,  passim. 

ORANGE  (Cap).  Cap  delà  Terre  de  Eeu.  Il  forme  l'extré- 
mité septentrionale  de  la  Terre  de  Feu,  par  52^  27'  W^ 
lat.  S.  et  74^  46'  long.  0.,  à  l'entrée  du  premier  goulet 
du  détroit  de  Magellan.  Il  est  séparé  par  la  baie  Lomas 
de  la  pointe  Sainte-Catherine  à  l'E. 

ORANGE  (Baie).  Baie  delà  Terre  de  Feu.  Située  à  l'E. 
de  la  presqu'île  Hardy,  dans  l'île  Hoste  (V.  ce  mot),  par 
55°  34'  lat.  S.  et  70«  25'  long.  0.,  cette  baie  est  le 
meilleur  mouillage  de  cette  côte.  Aussi  avait-elle  été  choisie 
pour  l'établissement  de  la  mission  du  cap  Horn  par  les 
officiers  de  la  Romanche  en  4882-83.  Elle  fut  visitée 
auparavant  par  Rob.  Fitz-Roy  en  4830  et  par  l'Américain 
Wilkesen  4839.  C.  D. 

ORANGE  (Arausio),  Ch.-l.  d'arr.  du  dép.  deVaucluse, 
sur  la  Meyne  ;  9.859  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  P.-L.-M. 
Nombreuses  maisons  religieuses.  Deux  paroisses.  Collège 
communal.  Bibliothèque  publique.  Société  d'agriculture, 
sciences  et  arts.  Filatures  de  soies,  fabriques  d'étoffes  de 
laine  et  de  limousines,  teintureries,  importantes  fabriques 
de  carrelages  céramiques  et  de  mosaïques,  sucreries,  distil- 
lerie de  betteraves,  fabriques  nombreuses  de  chaussures, 
fabriques  de  bijouterie,  d'ébénisterie,  de  chaises,  de  balais. 
Fonderie  de  fer,  ateliers  de  constructions  mécaniques,  fa- 
briques d'instruments  aratoires,  scieries,  tanneries,  minote- 
ries, carrosseries,  chapelleries,  confiseries,  corderies,  im- 
primeries, fabriques  de  pâtes  alimentaires,  fabriques  de 
liqueurs.  Commerce  important  de  fruits,  de  truffes,  de  miel, 
d'eaux-de-vie,  de  grains  et  farines,  de  balais  de  millet. 

Histoire.  — La  ville  doit  son  nom  d'Arausio  àl'Araïs, 
fontaine  située  au  N.-O.,  dont  les  eaux  se  perdent  dans 
la  Meyne.  Elle  existait  avant  l'arrivée  des  Romains  en 
Gaule  et  était  alors  une  des  quatre  villes  des  Cavares  ; 
devenue  comptoir  des  Massaliotes,  elle  entra  de  bonne 
heure  en  relation  avec  Rome  et,  sous  son  influence,  tenta 
vainement  de  s'opposer  au  passage  d'Annibal.  Lorsque  les 
Romains  envahirent  la  Narbonnaise,  les  Cavares  tentèrent 
de  résister,  mais  furent  vaincus  avec  les  Allobroges  et 
les  Arvernes.  En  405  av.  J.-C,  l'armée  romaine,  com- 
mandée par  les  consuls  Manilius  et  Cépion,  s'avança  jusque 
sous  les  murs  d'Orange  contre  les  Cimbres  et  les  Teutons 
qui  la  taillèrent  en  pièces.  Sous  Auguste,  la  ville  d'Orange 
devint  l'une  des  plus  importantes  colonies  de  la  province 
romaine,  et  acquit  une  prospérité  dont  témoignent  les 
nombreuses  ruines  antiques  qui  subsistent  encore.  Les 
invasions  des  barbares  y  mirent  fin  du  iii«  au  v^  siècle. 
En  263  les  Alamans,  en  440  les  Yisigoths,  plus  tard  les 


ORANGE 


—  470 


Biirgondcs,  puis  les  Francs,  et  plus  tard  encore  les  Sar- 
rasins la  saccao^èrent  et  roccupèrent  successivement.  Après 
avoir  fait  partie  du  royaume  de  Burgondie,  elle  fut  com- 
prise dans  celui  d'Austrasie,  fut  con.piise  sur  les  Francs 
par  les  Sarrasins  auxquels  Charlemagne  l'enleva.  Après 
ta  mort  de  l'empereur  Lothaire  P'",  elle  fut  comprise  dans 
le  lot  de  son  fds  Charles,  qui  forma  le  royaume  de  Pro- 
vence, fit  partie  plus  tard  des  Ftats  de  "Boson,  de  ceux 
des  Rodolpliiens  et  passa  avec  eux  dans  l'empire  au 
xi^  siècle.  Mais,  dès  le  jx«  siècle,  Orange  avait  ses  comtes 
particuliers  (V.  l'art,  sui^ant).  En  ùlil,  les  habitants 
d'Orange  se  soulevèrent  contre  le  comte  Raimond  V'\ 
mais  ne  tardèrent  pas  à  être  soumis;  cependant,  en  1^282. 


Bertrand  de  Baux  et  son  neveu  Bertrand  11  leur  concé- 
daient des  franchises  municipales.  Au  xv^  siècle,  une  uni- 
versité fut  établie  dans  la  ville.  Les  calvinistes  s'empa- 
rèrent d'Orange  en  1561  ;  les  catholiques  la  reprirent  le 
16  mai  1562,  y  commirent  de  terribles  -  massacres  et 
Tmcendièront.  Quelques  années  plus  tard,  en  4573,  un 
avenluricr  nommé  Olandage  s'empara  de  la  place  et 
en  fut  chassé  l'aimée  suivante.  Au  commencement  du 
xvn^siècle,  Maurice  de  Nassau  fit  de  la  ville  d'Orange  une 
des  places  les  plus  fortes  de  FlLurope.  Pour  transformer 
eu  citadelle  Fancie]!  châleau  féodal  qui  dominait  la  ville, 
il  démolit  une  partie  des  anciens  monuments  romains  ;  le 
Ihéàtre  ne  dut  sa  conservation  (ju'à  ce  fait  qu'il  devifit 


Intérieur  du  théâtre  romain,  à  Oranc'c 


une  sorte  de  bastion  avancé  de  sa  forteresse.  Louis  XÏV 
s'en  empara  au  mois  de  mars  1660  et  ordonna  de  démolir 
les  fortifications,  et  en  4678  de  raser  complètement  le 
château  ;  la  ville  ne  fut  cependant  déclarée  réunie  à  la 
France  que  par  les  traités  d'Ctrecht  en  '1713. 

FvÊQLEs.  —  L'évéché  d'Orange  remonte  au  commence- 
ment du  iv^  siècle.  Voici  la  liste  chronologique  do  ses  titu- 
laires :  Saint  Luce,  v.  300  ;  Eradius,  v.  356  ;  Constance, 
381  ;  Marin,  433  ;  Just,  v.  4i0-v.  455  ;  saint  Eutrope, 
V.  455-475;  Verus  ;  saint  Florent,   517-524  ;  Vinde- 
mialis,  527-549  ;  Matthieu,  555;  Trapecius,  584;  Salicus 
788-798;    Boniface,  v.  820-839;  Laudon,    v.   840: 
Ponsi^^  V.  852;  Gémard  I«^  855-y.  862;  Gémard  II 
879  ;  Fbroin,  910  ;  Pons  II,  914  ;  Pons  IH,  982  ;  Odalric' 
v.  1000  ou  1020;  Martin,  1058;   Géraud,  v.   1070; 
Guillaume  ï^^  v.  1080-déc.  1098;  Bérenger.  1107-27  • 
Gérard,  1128-29  ;  Guillaume  II,  1130-38  ;  Guillaume  III' 
1139-40;  Bernard,  1141-y.  1170;  Pierre  I"',  1173; 
Hugues  Florent,  v.  1180  ;  Arnoul,  1182-y.  1198;  Guil- 
laume IV  Elle,  1200-21  ;  Amiens,  1222-y.  1240  ;  Pierre  II 
V.  1240-71  ;  Josselin,  1^^  mai  1272-v.  1278  ;  Guillaume  V,' 
V.  1280-84;  Guillaume  VI  d'Espinouse,    1285-1321; 
Rostaing  F',  1322-24  ;  Hugues,  1324-28;   Pierre  n[ 
1329-42;  Guillaume  VH,  1343-48  ;  Jean  P^'  de  Revol' 


22  mars  1349-50  ;  (uiillaume  VIH,  1550-51  ;  François 
de  Caritat,  1373-87;  Pierre  IV  Didaci,  1389-29  juin 
1413  ;  Georges  de  Grano,  1  413-14  ;  Bertrand II  de  Taras- 
con,  1414;  Raimond  de  Gras,  11  juil.  1416-17;  Pierre  V 
d'Ailly,  1417-22  ;  Guillaume  IX,  1422-27;  Guillaume  X, 
1429-v.  1447;  Bertrand  111,  1438-v.  1442;  Antoine 
Ferrier,  v.  1444-50;  Jean  lll  Payer,  13  sept.  1154- 
9  janv.  1466  ;  Guyot  Adhémar,  13  janv.  1466-68  ;  Jean  IV 
Gobert,  1468-76;  Pierre  YI  de  Surville,  8  mars  1476- 
80;  Laurent  Alleman,  1481-83  ;  Pierre  Vit  Carré,  1483- 
5  janv.  1510;  Guilhnime  XI  Pélissier,  1510-27  ;  Louis 
Pélissier,  31  mars  1527-13  nov.  1542  ;  Rostaing  II  delà 
Baume  de  Suze,  18  juin  1543-60  ;  Philippe  de  la  Chambre 
de  Maurienne,  1560-72  ;  Jean  V  de  Tulles,  i(j  juin  1572- 
1608  ;  Jean  VI  de  Tulles,  1608-3  oct.  1640  ;  Jean- 
Vincent  de  Tulles,  1640-46;  Hyacinthe  Serroni,  1646- 
mars  1661  ;  Alexandre  Fabri,  mars  1661 -août  1674; 
Jean-Jacques  d'Obheil,  nov.  1677-août  1720  ;  Louis 
Chomel,  1720-aoiit  1731  ;  François-André  de  Tilly.  août 
1731-74;  Guillaume-Louis  du  Tillet,  17  juil.  1774-90. 
Supprimé  en  1790,  l'évéché  d'Orange  n'a  pas  été  rétabli. 
Description  et  monuments.  —  La  ville  d'Orange  est 
située  dans  une  plaine  de  la  rive  gauche  du  Rhùne,  au 
pied  d'une  colline  sur  laquelle  s'élevait  l'ancien  château 


—  471  -> 


ORANGE 


féodal  des  princes  d'Orange,  rasé  par  Louis  XIV  en  1673, 
au  milieu  des  vestiges  duquel  a  été  érigée  une  statue  co- 
lossale de  la  Vierge.  Les  monuments  les  plus  importants 
et  les  plus  intéressants  sont  ceux  qui  datent  de  l'époque 
romaine.  Le  théâtre  (mon.  hist.),  dont  l'amphithéâtre  est 
adossé  à  la  colline,  présente  du  côté  de  la  ville  une  im- 
mense façade,  formée  par  un  mur  énorme,  haut  de  86"\82, 
long  de  103'",  15  et  épais  de  4  m.  Il  est  percé  de  trois 
grandes  portes  quadrangulaires  qui  donnaient  accès  sur  la 
scène;  au-dessus  règne  une  arcature  aveugle,  surmontée 
d'une  corniche,  dominée  par  deux  rangées  de  corbeaux 
percés  de  trous,  destinés  à  recevoir  les  poutres  qui  sou- 
tenaient le  velarium.  La  scène  et  le  proscenium  sont 
aujourd'hui  dégagés  ;  rhémicycle  de  gradins  en  amphi- 
théâtre a  55'^, 60  de  rayon  et  77"\60"de  profondeur  ;  on 
estime  qu'il  pouvait  contenir  42.000  spectateurs.  Depuis 
la  destruction  du  château  jusqu'au  début  du  xix^  siècle, 
ce  superbe  édifice  servit  de  prison  ;  dégagé  depuis,  il  est 
en  restauration  sous  la  direction  de  M.  Formigé.  On  sait 
que  le  Félibrige  y  a  organisé  de  superbes  représentations 
théâtrales  v|ui,  depuis  4896,  sont  devenues  périodiques. 
Dans  le  posisceniiim  a  été  installé  un  petit  musée  des 
fragments  de  sculptures  et  d'inscriptions  trouvés  dans  les 
débris.  Dans  une  rue  voisine  du  théâtre  se  trouve  une  série 
d'arcades  (mon.  hist.),  d'ordre  dorique,  qu'on  présume 
avoir  appartenu  à  l'hippodrome  romain. 

Va7r  de  triomphe  (mon.  hist.),  situé  au  N.de  la  ville, 
est  un  des  monuments  les  plus  ornés  de  ce  genre.  C'est 


Arc  de  triomphe  dit  de  Marius  (cuté  S.),  à  Orange. 

un  arc  à  trois  portes,  soutenu  par  quatre  colonnes  corin- 
thiennes, de  22  m.  de  haut  sur  21  m.  de  large  et  pro- 
fond de  8  m.  La  façade  ouest  n'a  conservé  aucune  de  ses 
sculptures,  mais  les  trois  autres  faces  sont  ornées  de 
fleurs,  de  fruits,  de  cornes  d'abondance,  de  sirènes,  de 
vaisseaux,  de  trophées  d'armes,  de  gladiateurs  et  de  captifs. 
Le  mot  Mario,  gravé  sur  l'un  des  bouchers,  avait  donné 
à  croire  que  c'était  le  nom  au  datif  du  vainqueur  des 
Cimbres  et  des  Teutons;  on  est  d'accord  aujourd'hui  pour 
le  considérer  comme  celui  d'un  chef  barbare.  Par  contre, 
le  nom  de  Sacrouir,  qui  figure  sur  un  autre  bouclier,  doit 
être  celui  du  chef  gaulois  de  ce  nom  et  on  en  tire  cette 
conclusion  que  l'arc  de  triomphe  a  dû  être  érigé  à  Tibère 
après  sa  victoire  sur  Sacrovir  en  l'an  2L  Le  style  de 
l'édifice  convient  parfaitement  à  cette  date.  L'architrave 
portait  une  inscription  en  lettres  de  bronze,  malheureu- 
sement arrachées,  mais  oti  M.  de  Saulcy  a  pu,  d'après  les 
vestiges  qu'elle  a  laissés,  restituer  avec  vraisemblance  la 
dédicace  suivante  :  TICAFSARIDIVI'AVGVSTIFIL-DIVL 
I  VLINEPCOSIiniMP-Vm- TRPOT- XXIII- PONT-MAX- 
IIIIIIIIIII.  Comme  le  théâtre,  l'arc  d'Orange  a  dû  à  la  fois 
sa  conservation  et  ses  mutilations  à  ce  fait  que  les  sei- 


gneurs d'Orange  l'avaient  utilisé  comme  forteresse.  C'était 
au  moyen  âge  le  château  de  l'arc.  Les  constructions 
parasites  qu'avait  nécessitées  cette  adaptation  ont  été  dé- 
molies peu  à  peu  et  l'éditice  a  été  discrètement  restauré. 
—  Sur  la  route  de  Caderousse,  ai  kil.  environ  de  la  ville, 
sont  quelques  ruines  de  rrt?7z/7/uY/i6Y/7r(?  romain  (mon.  hist.  ) . 
Il  n'y  a  pas  à  Orange  d'autre  édifice  moderne  à  signaler 
([ue  l'ancienne  cathédrale.  C'est  une  construction  de  la  fin 
du  xi^  siècle  et  du  commencement  du  xn^%  sans  caractère 
à  l'extérieur,  dont  le  portail  principal,  complètement  mu- 
tilé, n'a  conservé  que  des  débris  informes  d'une  riche 
ornementation  sculptée  du  xii^  siècle,  mais  dont  l'inté- 
rieur, composé  de  quatre  travées  voûtées  en  berceau  brisé, 
ne  manque  pas  de  caractère. 

Orange  a  élevé  des  statues  à  Raimbaud  II,  comte 
d'Orange,  l'un  des  héros  de  la  première  croisade  (18i6); 
à  l'agronome  Pierre  de  Gasparin  (1864);  un  buste  à  l'ar- 
chitecte Caristie  qui,  le  premier,  a  étudié  les  monumentvS 
antiques  et  commencé  leur  restauration,  et  enfin  un  mo- 
nument aux  Orangeois  victimes  de  la  guerre  de  1870. 

ORANGE   (Maison  d').   1«  Maison  d'Adhémar.  —  Les 
origines  de  la  première  maison  d'Orange  sont  des  plus 
obscures.  A  en  croire  la  légende,  elle  remonterait  à  Guil- 
laume au  Court-Nez,  ou  au  Cornet,  héros  tlu  cycle  carolin- 
gien, que  plusieurs  chansons  de  geste  placent  sous  Louis 
le  Pieux  et  d'autres  sous  Charlemagne.  Parent  de  Charle- 
magne  et  duc  d'Aquitaine,  il  aurait  repris  Orange  sur  les 
Sarrasins,  qui  avaient  tué  le  comte  Theofred;  Charle- 
magne, d'après  une  version  acceptée  par  l'historiographe 
des  princes  d'Orange-Nassau,  lui  aurait  donné  en  793  la 
seigneurie  d'Orange.  Il  aurait  eu  deux  femmes,  dont  une 
Sarrasine,  trois  fils,  et  une  fille  Ilerimbrue  à  laquelle  il 
aurait  laissé  le  comté  d'Orange.  Il  passe  pour  s'être  retiré 
vers  la  fin  do  sa  vie  au  monastère  de  Gellone  (Saint-Guil- 
hem-le-Désert,  au  diocèse  de  Lodève),  qu'il  avait  fondé  et 
où  il  mourut  en  812.  Il  fut  canonisé  sous  le  nom  de  saint 
Guillaume  de  Gellone,  ce  qui  n'a  pas  empêché  certains 
hagiographes  de  le  confondre  avec  saint  Guillaume  Magno, 
mort  en  1157.  Comment  rattache-t-on  à  sa  descendance 
la  maison  d'Adhémar?  G.  de  La  Pise,  l'historiographe 
officiel  des  Orange,  dit  que  Herimbrue,  mariée  en  806  à 
un  seigneur  de  Provence,  eut  deux  fils,  Ugon  et  Rorgon, 
qui  en  839  gouvernèrent  le  comté  en  pariage.  Il  ignore 
s'ils  eurent  des  enfants,   et  signale  la  présence  à  la  tête 
du  comté,  vers  880,  d'Alatais,  auquel  succède  en  910 
son  fils  Raimbaud  P^\  Puis  on  rencontre  vers  914  un 
Roson  (?),  dont  les  successeurs  sont  inconnus  justju'à 
Gérald-Adhémar,  qui  règne  en  1086.  La  Pise,  qui  a  eu 
à  sa  disposition  les  archives  de  la  principauté,  est  une 
source  assez  sérieuse.  Cependant  d'autres  historiens  pla- 
cent Gérald  ou  Giraud-Adhémar  sous  Charlemagne,  et 
signalent  parmi  ses  successeurs  Raimbaud  P^  et  Rer- 
trand  P^",  qui  aurait  vécu  vers  1062.  On  sort  un  peu  de 
ces  obscurités  avec  Raimbaud  II,  qui  se  croisa  et  mourut 
en  Terre  sainte  vers  1121.  Sa  fille  unique,  Tiburge,  épousa 
Guillaume  d'Omelas,  qui  passe  pour  descendre  d'Ugon.  De 
ses  deux  fils,  Guillaume  II  ou  III  (car  Guillaume  d'Ome- 
las est  parfois  appelé  Guillaume  II)  mourut  en  1160,  et 
Raimbaud  III  en  1173  ou   1174;  ce  dernier  est  connu 
comme  poète  provençal  :  on   lui  attribue  la  Maestria 
d'Amor,  Guillaume  II  (pour  adopter,  de  préférence  à  celle 
de  La  Pise,   la   numération  courante)  eut  un  fds,   Guil- 
laume III,  et  une  fille,  Tiburge  ou  Tibour  II,  qui  succédèrent 
chacun  à  un  quart  du  comté.  Raimbaud  IIl,  de  son  côté, 
laissa  la  moitié  du  comté  qui  lui  appartenait  à  Tiburge  ill, 
qui  était  probablement  sa  sonir  (comme  il  est  dit  à  l'art. 
Rertrand),  et  non  pas  sa  fille  (art.  Raux).  Cette  Tiburge 
épousa  Rertrand  de  Raux,  fondateur  de  la  deuxième  mai- 
son d'Orange.  Raimbaud  IV,  fils  de  Guillaume  III,  suc- 
céda en  1177  à  un  quart  de  l'ancien  comté,  mais  sa  tante 
Tiburge  II  et  lui  (tous  deux  moururent  sans  enfants)  ct^ 
dèrent  l'un  et  l'autre  leur  part  aux  hospitaliers  de  Saint- 
Jean  de  Jérusalem;  elles  ne  feront  retour  à  la  principauté 


ORANGE 


—  472 


qu'en  1308.  Autant  du  moins  qu'il  est  possible  de  s'y 
reconnaître  au  milieu  de  ces  obscurités,  on  peut  tenter  de 
dresser  comme  suit  la  généalogie  de  la  maison  d'Adhé- 
iiiar,  du  moins  à  partir  de  Raimbaud  TI  : 

Raimbaud  II,  mort  vers   1121. 

I 
l'iburti'o  I,  épouse  Guillaume  I  d'Omelas,  mort  en  1130. 


Guillaume  II, 
mort  vers  IKiO. 


i't) 
Tiburo-e  III, 

épouse  Bertrand 
de  Baux. 


Raimbaud  III, 
mort  vers  1173. 


Guillaume  III, 
mort  en  IITT. 


lialjiibaud  lY. 


Tiburi^-e  II. 


Leurs  armes  étaient  :  lïor  an  cor  de  sable  ou  D'or  au 
cornet  d'azur  engidché  de  gueules.  —  Guillaume  au 
(^ourt-Nez  n'est  pas  seulement  le  héros  de  nombreuses 
chansons  de  geste  françaises,  provençales,  allemandes,  néer- 
landaises, Scandinaves  ;  il  reparaît  dans  le  Calendau  de 
Mistral.  Raimbaud  II,  le  croisé,  figure  dans  la  Jérusalem 
délivrée. 

2^  Maison  des  Baux.  —  Bertrand  V^\  héritier  de  la 
maison  d'Adhémar  par  son  mariage  avec  Tiburge  III,  reçut 
au  couronnement  de  l'empereur  Frédéric  P^'  le  titre  de 
prince  d'Orange.  Vassal  des  comtes  de  Toulouse,  son  suze- 
rain Raymond  Y  le  fit  assassiner  en  1181  (ou  1183).  11 
eut,  de  son  mariage  avec  Tibour  d'Orange,  trois  lils, 
dont  l'un  (l'aîné  suivant  LaPise,  mais  plus  vraisemblable- 
ment le  troisième,  Y.  Baux)  lui  succéda  dans  la  principauté 
sous  le  nom  de  Guillaume  lY  (ou  Y),  surnommé  del  Cor- 
nas :  est-ce  en  souvenir  du  premier  Guillaume  du  Cornet  ? 
est-ce  à  cause  du  cornet,  signe  de  souveraineté,  qu'il 
portait  dans  ses  armes  ?  Il  reçut  de  Frédéric  II,  en  1214,  le 
titre  de  roi  d'Arles  ;  prit  part  à  la  croisade  contre  les 
Albigeois,  et  fut  écorché  vif  et  écartelé  par  les  Avignon- 
nais,'  en  1218.  Ses  deux  fils,  Guillaume  V,  mort  en  1239, 
et  Raimond  P^'  d'Orange,  mort  en  1282,  lui  succédèrent. 
Guillaume  YI,  fdsile  Guillaume  Y,  régna  jusqu'en  1248 
avec  son  oncle  Raimond  P^'  et  eut  pour  successeur  son  frère 
Raimond  II,  mort  en  1272.  Le  fils  de  ce  dernier,  Ber- 
trand II,  régna  d'abord  avec  son  grand-oncle  Raimond  P'', 
puis  avec  le  fils  de  ce  dernier,  Bertrand  III.  Bertrand  III 
acquit  en  1289  la  part  de  son  neveu  Bertrand  II  :  Charles  II 
de  Naples  lui  substitua  en  1308  les  terres  que  ses  prédé- 
cesseurs avaient  aliénées  à  l'ordre  de  Saint-Jean.  Il  put 
donc  reconstituer  la  principauté,  qu'il  légua  en  1333  à 
son  lils  Raimond  III  (dont  La  Pise  fait  à  tort  un  frère  ca- 
det de  Bertrand  II).  Raimond  lY  (1340),  comte  d'Avel- 
lino,  fortifia  la  ville  d'Orange  et  y  établit  une  université 
(1363).  Mort  en  1393,  il  ne  laissa  qu'une  fille,  héritière 
de  toute  la  principauté,  qui  avait  épousé  en  1389  JeanlY 
(le  Chalon-Arlay,  seigneur  bourguignon. 

3"  Maison  de  Ciialon.  —  Jean  1^^*  d'Orange,  époux  de 
Marie  des  Baux,  resta  fidèle  au  parti  de  son  suzertiin  le 
duc  de  Bourgogne,  dont  il  fut  le  lieutenant  général.  Il  fut 
nommé  en  1415  grand  chambrier  de  France,  en  1417 
lieutenant  général  du  roi  en  Languedoc.  Son  fils  Louis  P^' 
le  Bon  (1418-63)  fut  aussi  un  bourguignon,  mais  refusa 
de  prêter  serment  au  l'oi  d'Angleterre  comme  roi  de  France 
à  la  mort  de  Charles  YI.  Allié  au  duc  de  Savoie,  il  fut 
l)attu  par  les  troupes  françaises  en  1429  et  ses  terres 
furent  saisies.  Elles  lui  furent  ensuite  restituées  par 
(Charles  YII,  et  il  contribua  à  réconcilier  ce  roi  avec  Phi- 
lippe de  Bourgogne.  Guillaume  VII  (1463-75)  fit  le  voyage 
de  Terre  sainte.  Après  avoir  suivi  Charles  le  Téméraire 
contre  les  Liégeois,  il  l'abandonna,  et  vit  saisir  ses  terres 
de  Bourgogne.  D'autre  part,  Louis  XI  le  fit  emprisonner 
en  1473,  le  tint  deux  ans  captif  à  Lyon,  et  ne  le  relâcha 
qu'aux  conditions  suivantes  :  il  prêterait  hommage  au 
roi  comme  dauphin  de  Yiennois,  reconnaîtrait  les  appels 
du  parlement  d'Orange  à  celui  de  Grenohle,  et  paierait 


une  rançon  de  40.000  écus  ;  cependant  on  lui  laissait  le 
vain  titre  de  prince  souverain  d'Orange  et  le  droit  de 
battre  monnaie.  Jean  II  (1473-1502),  ayant  pris  le  parti 
de  Marie  de  Bourgogne,  fut  déclaré  en  1477  criminel  de 
lèse-majesté  et  condamné  au  bannissement  perpétuel.  Il 
lutta,  non  sans  succès,  jusqu'à  la  conclusion  de  la  paix 
d'Arras.  Il  s'associa  au  soulèvement  des  seigneurs  et  fut 
pris  à  Saint-Aubin-du-Cormier.  Il  accompagna  en  Italie 
Charles  Ylllet  Louis  XII,  et  ce  dernier  lui  rendit  ses  terres 
en  toute  souveraineté.  PhiUbert  de  Chalon  (1502-30), 
placé  d'abord  sous  la  tutelle  de  sa  mère  Phihberte  de 
ÏAixembourg,  eut  une  vie  très  agitée.  Sa  principauté  ayant 
été  de  nouveau  réunie  à  la  France  en  1515,  il  passa  au 
service  de  Charles-Quint,  qui  lui  donna  le  comté  de  Saint- 
Pol.  Pris  par  les  Français,  il  ne  fut  mis  en  liberté  qu'après 
le  traité  de  Madrid.  Lieutenant  de  Bourbon  devant  Rome 
en  1527,  il  lui  succéda  comme  chef  de  l'armée  et  fut  tué 
devant  Florence.  Il  désigna  pour  son  héritier  son  neveu 
René  de  Nassau-Dillenburg,  à  charge  pour  celui-ci  de 
porter  son  nom  et  ses  armes  :  De  gueules  il  la  bande 
d'or. 

4"^  Maison  d'Orange-Nassau.  — René  d'Orange  (1530-44) 
eut  pour  successeur  son  cousin  Guillaume  de  Nassau-Dil- 
lenburg (1544-84),  le  célèbre  Guillaume  le  Taciturne 
(Y.  ce  nom).  A  dater  de  ce  prince,  les  destinées  de  la 
maison  d'Orange  sont  indissolublement  liées  à  celles  de  la 
république  des  Provinces-Unies  et  du  protestantisme  euro- 
péen. C'est  le  chant  de  Guillaume  d'fJrange  qui  devient  le 
chant  national  des  Néerlandais  ;  c'est  la  maison  d'Orange 
qui  est  le  symbole  et  l'instrument  de  la  lutte  contre  l'Es- 
pagnol; stathouders  de  Hollande,  et  le  plus  souvent  sta- 
thouders  d'une  ou  de  plusieurs  autres  provinces,  parfois 
même  revêtus  du  titre  de  stathouder  général,  les  princes 
d'Orange  centralisent  entre  leurs  mains  toutes  les  forces 
militaires  de  la  république.  Chefs  du  parti  militaire  et  de 
la  noblesse,  ils  sont  les  adversaires  nés  des  marchands,  des 
l'iches  armateurs  de  Hollande  et  de  Zélande  ;  ils  tendent  à 
transformer  à  leur  profit  l'organisation  fédéraliste  des 
Provinces-Unies  en  un  Etat  unitaire;  ils  s'appuient  sur  le 
bas  peuple,  opprimé  par  l'oligarchie  bourgeoise,  sur  les 
petites  provinces,  jalouses  des  grandes;  ils  cherchent  à 
entraîner  la  nouvelle  nation  dans  une  politique  de  guerres 
perpétuelles,  parce  que  la  guerre  (du  moins  la  guerre  con- 
tinentale) rend  nécessaire  leur  présence  à  la  tête  de  l'armée 
et  de  l'Etat.  Les  très  réelles  qualités  de  la  plupart  d'entre 
eux  comme  généraux  et  comme  politiques  ont  achevé  de 
faire  des  Provinces-Unies,  sous  le  nom  de  république,  une 
véritable  principauté  aux  mains  de  la  maison  d'Orange 
(Y.  Nassau,  Pays-Bas  et  les  articles  biographiques  con- 
sacrés aux  principaux  personnages  :  Guillaume,  Frédério 
Henri,  Maurice). 

Guillaume  le  Taciturne  laissait  trois  fils.  L'aîné,  PJii- 
lippe-Guitlaume,  héritier  de  la  principauté  d'Orange, 
était  prisonnier  de  Philippe  II  ;  le  second,  Maurice,  et  le 
troisième,  Frédéric-Henri,  ont  leurs  biographies  à  ces 
noms.  Pour  mettre  en  échec  Maurice,  le  roi  d'Espagne 
relâcha  en  1596  Phihppe  d'Orange  ;  mais  les  Etats  des 
Provinces-Unies,  le  supposant  gagné  à  l'Espagne,  lui  inter- 
dirent l'entrée  de  leur  territoire.  La  querelle  entre  les 
frères  fut  apaisée  par  l'envoyé  français  Jeannin,  et,  à  la 
mort  de  Philippe-Guillaume,  Maurice  hérita  de  la  princi- 
pauté d'Orange  (1618).  Il  la  transmit  à  leur  frère  cadet 
Frédéric-Henri,  à  la  mort  duquel  elle  passa  au  fils  de  ce 
dernier,  Guillaume  II,  né  en  1626,  mort  le  6  nov.  1650, 
marié  à  Marie,  fille  de  Charles  P^  d'Angleterre.  Il  succéda 
le  14  mars  1647  au  stathoudérat  général.  Mais  ses  rela- 
tions étroites  avec  les  Stuarts  inquiétèrent  les  Etats,  qui 
licencièrent  une  partie  des  troupes  hollandaises.  Cependant, 
le  5  juin  1650,  il  obtint  des  Etats  un  décret  lui  donnant 
le  droit,  en  cas  d'urgence,  d'exercer  une  véritable  dicta- 
ture. Il  en  profita  pour  faire  emprisonner  les  députés  qui 
lui  étaient  hostiles  ;  si  la  tentative  qu'il  fit  faire  contre 
Amsterdam  par  son  cousin  Guillaume-Frison,  stathouder 


473 


ORANGE  —  ORANGER 


de  Frise,  ne  réussit  pas,  elle  n'en  eut  pas  moins  pour 
effet  d'intimider  les  Etats  de  Hollande.  Il  négocia  avec  la 
France,  sans  consulter  les  Etats  généraux,  un  projet  d'in- 
vasion des  Pays-Bas  espagnols.  Lorsqu'il  mourut  préma- 
turément de  la  petite  vérole,  en  1650,  il  avait  déjà  beau- 
coup fait  pour  préparer,  dans  les  Provinces-Unies,  le 
rétablissement  d'une  véritable  monarchie.  Son  fils  pos- 
thume, le  célèbre  Guillaume  111,  roi  d'Angleterre  (Y.  ce 
nom),  qui  fut  le  dernier  des  Orange-Nassau  de  la  première 
lignée,  légua  le  titre  de  prince  d'Orange  à  Jean-Guillaume 
le  Frison,  fils  de  Henri-Casimir  de  Nassau-Dietz,  tige  de 
la  maison  qui  règne  actuellement  sur  les  Pays-Bas  (1702). 
Celui-ci,  qui  était  stathouder  héréditaire  de  Frise,  était 
petit-fils  d'Albertine-Agnès,  seconde  fille  du  prince  Fré- 
déric-Henri. Aussi  vit-il,  malgi^é  le  testament,  ses  titres 
contestés  par  le  roi  de  Prusse,  Frédéric  I^^,  qui  était  fils 
de  Louise-Henriette,  fille  aînée  de  Frédéric-Henri,  au  nom 
du  testament  de  celui-ci.  Mais  Louis  XIV,  qui  avait  con- 
fisqué en  d673  la  principauté  d'Orange,  la  fit  réclamer  par 
le  prince  de  Conti,  qui,  par  les  Longiieville  (V.  ce  mot), 
était  héritier  légitime  des  Arlay-Châlon,  spolié  auxvi^  siècle 
par  les  Nassau.  Le  procès  de  succession  d'Orange  fut 
tranché  par  le  Parlement  de  Paris  qui  attribua  au  prince 
de  Conti  le  domaine  utile,  au  roi  de  France  le  domaine 
éminent.  A  la  paix  d'Utrecht  (1713),  ces  décisions  furent 
confirmées,  mais,  en  compensation,  les  droits  de  Longue- 
ville  sur  Neuchâtel  (V.  ce  mot)  furent  cédés  au  roi  de 
Prusse;  de  plus,  celui-ci  eut  le  droit  de  prendre  le  titre 
et  les  armes  d'Orange.  De  son  côté,  Jean-Guillaume  le 
Frison  les  conserva  et  les  transmit  à  ses  descendants  sta- 
thouders  des  Provinces-Unies  de  1747  à  1795.  Lorsque 
cette  branche  des  Nassau  vit  constituer  à  son  profit  le 
royaume  des  Pays-Bas  (1815),  elle  garda  ce  litre  de  prince 
d'Orange,  qui  est  depuis  lors  attribué  au  prince  héritier. 

Les  Orange-Nassau  portaient,  écart elé  :  au  '/,  armes 
(le  Nassau;  au  2,  de  Katzenelbogen;  au  S,  de  Vianden; 
au  4,  de  Dietz.  Sur  le  tout,  écartelé  :  au  i  et  4,  de 
Chalon;  au  2  et  3,  d'Orange.  Sur  le  tout  du  tout, 
5  points  d'or  équipollés  à  4  d'auir.  Supports  :  2  lions 
d'or,  armés  et  lampassés  de  gueules.  Devise  :  Je  main- 
tiendrai. H.  Hauser. 

BiDL.  :  Gaston  Paris,  Hist.  poétique  de  Chavlemagne. 
—  Léon  Gautier,  les  Epopées  françaises.  —  Vie  de  saint 
Guilhem,  duc  d'Aquitaine,  premier  prince  d'Orange  par 
un  solitaire  montagnard;  Lodève,  18G2,  in-^.  —  Jean  de  La 
PiSE,  Tableau  historique  des  princes  et  principauté 
d'Orange;  La  Haye,  1639,  in-foL  —  P.  Bonaventure,  Hisi. 
d'Orange,  1741,  iiî-d.  —  Perret  de  la  Menue,  Mém.  de 
l'Acad.  de  Lyon,  1879-80.  —  A.  de  Pontbriant,  Hist.  de  la 
2:>rincipauté  d'Orange;  Avignon,  1891,  in-8.  —  Catalogue 
(on  holL)  de  l'exposition  des  objets  relatifs  à  la  maison 
d'Orange-Nassau  ;  La  Haye,  1880.  in-8.  —  Vorsterman  van 
OvEN,  la  Maison  princière  d'Orange-Nassau  (eniiolL); 
Loyde  et  Utrecht,  1882,  in-fol.  ~  Groen  van  Prinsterer, 
Archives  de  la  maison  d'Orange;  Leyde,  1835,  et  Utrecht, 
1N57-62,  in-8.  —  V.  la  bibliogr.  des  art.^GuiLLAUME  le  Taci- 
ttjrne,  Guillaume  IU.  —  V.  aussi  Waddington,  la 
République  des  Provinces-Unies  ;  Paris,  1895-97,  2  vol. 
in-8. 

ORANGER.  I.  Botanique  {CilrusL.).—  Genre  de  Ru- 
tacées,  de  la  tribu  des  Aurantiées  ou  Titrées,  dont  on 
connaît  sept  ou  huit  espèces,  originaires  des  régions 
tropicales  de  l'Inde,  de  la  Chine  et  des  archipels  océaniens, 
et  qui  sont  aujourd'hui  cultivées  dans  toutes  les  régions 
chaudes  du  globe  pour  leurs  feuilles,  leurs  fleurs  et  leurs 
fruits.  Ce  sont  des  arbres  ou  des  arbrisseaux,  souvent 
épineux,  à  feuilles  composées,  parfois  trifoHolées,  plus 
souvent  unifoKolées,  entières  ou  crénelées,  coriaces  et 
portées  par  un  pétiole  ailé,  à  fleurs  blanches,  douées 
d'une  odeur  suave,  axillaires,  solitaires  ou  réunies  en 
cymes.  Le  calice  est  cupuliforme  ou  urcéolé,  à  3-5  divi- 
sions ;  la  corolle  est  composée  de  4-8  pétales  linéaires, 
ohlongs,  imbriqués,  généralement  sessiles,  charnus,  et 
l'androcée  d'étamines  en  nombre  indéfini,  à  filets 
unis  entre  eux  dans  une  étendue  variable,  en  faisceaux 
inégaux  (polyadelphie  inégale),  et  portant  des  anthères 
oblongues,  biloculaires,  déhiscentes  par  des  fentes  longi- 


tudinales. Le  gynécée  est  formé  d'un  ovaire  libre,  en- 
touré ta  sa  base  d'un  disque  annulaire  ou  cupuliforme  et 
surmonté  d'un  style  cylindrique,   terminé  par  une  tète 


Tige  florifère  d'oranger  {Citrus  aurantlum  Risso). 

stigmatitère  lobée.  L'ovaire  est  niultiloculaire,  et  dans 
l'angle  interne  de  chaque  loge  s'insèrent  4-8  ovules  des- 
cendants, anatropes,  disposés  sur  deux  séries.  Le  fruit  est 
une  baie  mulliloculaire  (hespéridie),  globuleuse,  parfois 
déprimée ,   dont 

le.péricarpe,  peu  ^  , 

épais,  est  corn-  ^ 

posé  de  trois 
couches.  L'exté- 
rieure (épicar- 
pe),  de  couleur 
jaune  plus  ou 
moins  foncée, 
est  odorante:  ce 
qu'elle  doit  aux 
nombreux  ré- 
servoirs d'es- 
sence dont  elle 
est  criblée.  La 
moyenne  (méso- 
carpe) est  blan- 
che, molle  et 
spongieuse ,  e  n 
général  inodore 
et  sans  saveur. 
L'intérieure  (en- 
docarpe), habi- 
tuellement ré- 
duite   à  une 

mince  membrane  translucide,  tapisse  la  paroi  convexe  du 
fruit  et  s'enfonce  jusqu'au  centre  en  formant  des  lames 
verticales  rayonnantes,  qui  séparent  les  unes  des  autres 
les  loges  ou  quartiers.  La  pulpe  succulente,  sapide,  qui 
rempht  ces  quartiers,  ne  fait  pas  partie  du  péricarpe  pri- 
mitif; c'est  une  formation  cellulaire,  qui  prend  naissance 
à  la  surface  interne  de  l'endocarpe  ;  les  cellules,  d'après 
Bâillon,  s'allongent  en  dirigeant  leur  sommet  vers  le  centre 
jusqu'à  la  rencontre  des  placentas  chargés  d'ovules  ou  de 
ieunes  graines,  en  formant  autant  de  tubes,  qui  se  défor- 
ment par  compression  réciproque  et  dans  rintérieur  des- 


,  fleur  d'oranger,  coupe  longitudinale  ; 
6,  graine  ;  c,  d,  embryons. 


ORANGER 


~-  474  -^ 


Vv\ù\  d'orangor,  coupe  transversale^ 


quels  se  produit  le  liquide  acidulé  ou  sucré.  Les  graines 
testent  toujours  en  dehors  des  cellules  en  question  et  ne 
leur  adhèrent  pas.  Ordinairement  peu  nombreuses,  elles 
sont  pourvues  de  téguments  glabres,  dont  Tintérieur  est 
parcheminé  et  résistant,  et  renferment  un  ou  plusieurs 
e]id)rvons  charnus,  sans  albumen,  l.'écorce  odorante  des 
oranges  s'appelle  encore  peau  ou  zeste.  Les  espèces  inté- 
ressantes sont  :  C.  lîmoniumWis^o  o\iCilro)}nier ;  C.  me- 
dicd  Risso  ou  Cédratier  (V.ce  mot);  C.  limetta  Risso. 
ou  LimettieriW  ce  mot),  arbre  dont  les  diverses  variétés 
foui'nissent  les  lunettes  et  les  bergamotes;  C  trifoUat<i 
L.,  le  Ssi  de  Knmpfer,  espèce  rustique,  même  dans  nos 
climats,  dont  on  fait  quelquefois  un  genre  distinct  sous  le 
nom  de  Pseudœgle  Miq.  ;  C.  decumanaL.  {C.  Pampel- 
m')s  Risso),  ou  Pamplemousse  (V.ce  mot),  le  Schaddok 
des  Anglais  ;  C.  nobilis  Lour.  ou  Mandarinier  ; 
C.  higaradia  Duhamou  C.  vulgaris  Risso,  le  Bigaradier 
ou  arbre  aux  oranges  amères  ;  enfui  C.  aurantiuni 
Risso,  V Oranger  proprement  dit,  Fespèce  la  plus  impor- 
tante, qui  fournit  les  oranges  douces.  Le  Bigaradier  [i\'^t 
C'Ttainement  (pi^une  variété  du  C.  aurantium,  et  pro- 
bablement aussi 
le  Mandarinier. 
Entre  l'oranger  pro- 
prement dit  et  le  bi- 
garadier, ni  Risso, 
ni  les  auteurs  mo- 
dernes n'ont  pu 
même  découvrir 
d'autre  caractère 
distinctif  ([ue  la  sa- 
veur douce  ou  amère 
du  fruit.  La  manda- 
rine a,  elle,  une  sa- 
veur propre,  qui  se 
rapproche  de  celle  de  l'orange  douce,  mais  elle  est  plus 
])etite,  bosselée  à  la  surface  et  déprimée  en  dessus  ;  de 
plus  sa  peau,  peu  épaisse,  est  d'odeur  forte,  plutôt  désa- 
gréable, sa  chair  a  presque  toujours  un  aspect  sanguinolent, 
l'jitre  ces  trois  variétés  d'orangers  et  les  autres  espèces 
d'Aurantiées,  les  difFérences  sont  plus  profondes.  Les 
orangers  se  distinguent  notamment  des  citronniers,  cédra- 
tiers, limettiers,  etc.,  par  leurs  fleurs  entièrement 
blanches,  leur  fruit  jamais  allongé,  sans  mamelon  au 
sommet,  à  peau  peu  ou  point  l)osselée,  médiocrement 
adhérente  avec  la  partie  juteuse,  et  des  pamplemousses 
par  l'absence  complète  de  poils  sur  les  jeunes  ])ousses  et 
sur  les  feuilles,  par  un  fruit  moins  gros,  de  forme 
sphérique  et  de  peau  moins  épaisse. 

n.  Arboriculture.  —  L'oranger  n'a  été  acclimaté  dans 
le  bassin  delà  Méditerranée  et  même  dans  l'Asie  occiden- 
tale qu'à  une  époque  relativement  récente.  R  était  complè- 
tement inconnu  aux  Grecs  et  aux  Romains.  La  fable  du 
jardin  des  Hespérides  peut  concerner,  en  effet,  le  fruit  d'une 
Aurantiée  quelconque,  le  citron  par  exemple,  qui  (St  men- 
tionné pour  la  première  fois  par  Théophraste,  au  iii^  siècle 
av.  J.-C,  sous  le  nom  de  pomme  de  Médée;  il  est  loisil)Ie, 
en  outre,  étant  donnée  l'imagination  fertile  des  anciens, 
de  la  placer  où  l'on  veut,  en  Mésopotamie  aussi  bien  que 
sur  la  côte  d'Afrique.  Gallesio,  qui  est  l'auteur,  ainsi  que 
Risso,  de  remarquables  travaux  sur  les  Aurantiées,  pré- 
sume même  ({ue  l'orajiger  n'était  pas  cultivé  dans  la  par- 
tie occidentale  de  l'Inde  au  temps  de  Diodore  do  Sicile,  de 
Xéaiupie  et  d'Arrien,  car  il  a  étudié  à  ce  point  de  vue 
leurs  ouvrages  et  leurs  relations,  et  il  n'y  est  lait  nulle  part 
mention  de  cet  arl)re.  Cependant  le  sanscrit  avait  un  nom 
pour  l'orange,  nagrunga,  dont  les  Hindous  ont  fait  na- 
roudji,les  Arabes  narounj,  et  ({ui  serait  devenu,  au  moyen 
jige,  le  latin  arancium,  puis  aurantium.  Mais  ce  nom 
s"appli([ue  à  pou  près  sûrement  au  Bigaradier,  à  l'oranger 
à  fruits  amers,  et  c'est  lui  (ju'ont  connu  le  premiej'  les 
Arabes,  importateurs  des  orangers  vers  l'Occident.  Origi- 
Jiaire  de  la  l'égion  orientale  de  l'Inde,  peut-êtj'e  aussi  de 


Cochinchine  et  de  la  Chine  méridionale,  il  se  serait  ré- 
pandu, depuis  les  Romains,  du  côté  du  golfe  Persique  et, 
à  la  tin  du  n^  siècle,  en  Arabie,  par  l'Oman,  Rassura,  Rak 
et  la  Syrie.  Les  croisés  le  virent  en  Palestine  et,  dès  4002 
on  le  cultivait  en  Sicile,  probablement  à  la  suite  des  incur- 
sions des  Arabes.  Ceux-ci  l'introduisirent  en  Espagne  et 
vraisemblablement  aussi  dans  l'Afiique  orientale,  oii  les 
Portugais  le  trouvèrent  établi  lorsqu'on  1  i98  ils  doublèrent 
le  Cap.  V Oranger  proprement  dit,  l'orang^er  à  fruit  doux, 
est  d'importation  encore  plus  récente.  Originaire  de  la  Co- 
chinchine et  de  la  Chine  méridionale,  où,  à  une  époque 
lointaine,  serait  survenue,  d'après  une  hypothèse  assez  plau- 
sible, une  dérivation,  soigneusement  propagée,  du  bigara- 
dier en  oranger  doux,  il  s'est  répanclu  d'abord,  par  l'effet 
des  semis,  dans  la  région  de  l'Inde,  peut-être  vers  le  com- 
mencement de  l'ère  chrétienne;  il  a  gagné  ensuite  l'Occi- 
dent, par  des  migrations  vraisemblablement  analogues  à 
celles  du  bigaradier,  mais  postérieures  de  400  ou  "UiO  ans, 
car  jusqu'au  commencement  du  xv^  siècle  les  ouvrages 
arabes  et  les  chroniques  ne  parlent  que  d'oranges  amères 
ou  aigres.  La  date  aj)proximative  de  son  introduction  en 
Europe  se  place  donc  aux  environs  de  1400  et,  dès  les 
])remières  années  du  xvi^  siècle,  une  foule  d'écrivains  parlent 
de  Torange  douce  comme  d'un  fruit  couramment  cultivé  en 
Espagne  et  en  Italie.  Rientôt  toutes  les  contrées  que  baigne 
la  Méditerranée  en  produisirent.  En  ioOB,  les  plantations 
d'orangers  d'Hyères  présentaient  l'aspect  d'une  véritable 
forêt  ;  Eréjus,  Aix,  Marseille,  puis  la  Corso  et  la  Sardaigne 
en  eurent  à  leur  tour,  et  vers  16,30  on  voyait  à  Perpi- 
gnan deux  longues  lignes  d'orangers  séculaires,  qui  ombra- 
geaient une  large  rue.  Dans  le  nord  de  la  Erance,  il  n'a 
existé,  pendant  longtemps,  qu'un  seul  oranger,  et  encore 
était-ce  un  bigaradier  non  greffé  :  semé  à  Pampelune,  en 
1421,  U  avait  été  transporté,  déjà  grand,  à  Chantdly,  puis 
à  Eontainebleau,  et,  de  là,  en  1684,  à  Versailles,  baptisé 
successivement  des  noms  de  Grand  Connétable,  Grand 
Bourbon  et  François  l^''.  Louis  XIV  en  fit  venir  et  plan- 
ter d'autres,  et,  comme  il  s'en  montrait  admirateur  pas- 
sionné, l'oranger  devint  en  vogue  pour  l'ornementation  des 
grands  jardins  à  la  Le  xXotre  ;  on  les  y  alignait,  ainsi  qu'on 
le  fait  encore  aujourd'hui,  de  chaque  coté  des  allées  prin- 
cipales, dans  des  caisses,  et,  pour  les  préserver  des  rigueurs 
de  l'hiver,  on  leur  construisit  des  serres  monumentales, 
i\\)\)âèesora))geries  (V.  ce  mot).  En  Amérique,  on  signale 
l'oranger  un  siècle  à  peine  après  la  conquête  et,  maintenant, 
il  en  existe  des  bois  jusque  dans  le  midi  des  Etats-Unis,  (juant 
au  Mandarinier,  qui  parait  avoir  pour  patrie  la  Cochiji- 
chine  et  cpielques  provinces  do  la  Chine,  Rumph  Fa  ren- 
contré, au  milieu  du  xvii^  siècle,  dans  toutes  les  îles  de  la 
Sonde;  mais  sa  culture  ne  s'était  pas  encore  répandue 
dans  l'Inde,  où  elle  a  pris,  depuis,  une  grande  extension  dans 
le  district  de  Kbassia.et,  au  commencement  du  xix'^  siècle, 
elle  était  toute  nouvelle  dans  les  jardins  d'Europe. 

On  cultive  l'oranger  en  pleine  terre  ou  en  caisse,  lin 
pleine  terre,  il  n'est  pas  exigeant  sur  la  nature  du  sol, 
pourvu  que  celui-ci  soit  frais,  bien  drainé,  ou,  s'il  est 
perméable,  sutiisamment  irrigué.  Il  lui  faut,  par  contre, 
un  climat  chaud  et  de  préférence  maritime,  sans  longues 
sécheresses  et  sans  hivers  rigoureux  :  le  Httoral  de  la  Mé- 
diterranée, en  Europe  et  en  Algérie,  lui  convient,  à  cet 
égard,  tout  particulièrement.  Pourtant,  on  a  vu,  en  Pro- 
vefice,  les  orangers  geler,  mais  jamais  assez  complètement 
pour  qu'ils  ne  puissent  êti*e  rabattus  sur  les  branches 
principales  et  rétablis  en  peu  d'années  parla  vigueur  na- 
turelle de  leur  végétation.  Abandonné  àlui-mème,  l'oranger 
peut  atteindre  dans  nos  contrées  une  dizaine  de  mètres  de 
hauteur  et  il  ne  domie  son  maximum  de  production  que  vei's 
Tàge  de  quinze  ans  ;  il  porte  alors  un  nombre  considé- 
rable détruits.  Par  la  greffe,  on  le  fait  produire  beaucoup 
plus  tôt  et,  si  on  le  taille  de  telle  sorte  qu'il  ne  dépasse 
pas  3  m.,  on  a  moins  de  fruits,  mais  ils  sont  plus  beaux 
et  bien  plus  savoureux.  La  multiplication  des  orangers  se 
lait  quehpiefois  encore  par  marcottes  ou  par  boutures  ;  mais 


47o 


ORANGER 


le  procédé  qui  est  aujourd'hui  te  pi  us  généralement  employé 
est  la  greffe  en  écusson  ou  en  fente  sur  des  sujets  obtenus 
de  semis:  graines  d'or  anges  douces,  d'oranges  amères  ou  de 
citrons.  Longtempsla  préférence  a  été  donnée  à  ces  dernières; 
mais  il  semble  qu'il  faille  l'accorder  aux  secondes.  On 
s'est  souvent  demandé,  à  ce  propos,  si  les  oranges  douces 
donnent,  quand  on  les  sème,  des  oranges  douces,  les  biga- 
rades des  oranges  améres:  Gallesio,  qui  a  fait,  dans  nos 
contrées,  de  nombreuses  expériences,  est  absolument  af- 
fîrmatif;  Mac-Fadyen  a,  au  contraire,  vu  fréquemment, 
à  la  Jamaïque,  des  graines  d'oranges  douces  produire  des 
arbres  à  fruits  amers,  mais  jamais  l'inverse  ;  cette  diffé- 
rence  de  résultats  tiendrait  à  la  nature  du  sol.  Quoi  qu'il 
en  soit,  les  semis'de  bigaradier  et  de  citronnier  sont  ceux 
qui  réussissent  le  mieux  ;  il  n'y  a,  du  reste,  que  trois  ou 
(juatre  variétés  d'oranges  douces  qui  se  reproduisent 
iranches  de  pied  par  le  semis  de  leurs  pépins.  On  donne 
aux  jeunes  plants  les  soins  et  on  fait  les  repiquages 
ordinaires.  On  greffe  à  deux  ou  trois  ans.  Il  n'est  besoin 
ensuite  d'autres  soins  que  ceux  donnés  aux  arbres  frui- 
tiers en  plein  vent  :  on  supprime  le  bois  mort  et  on 
élague  les  branches  chiffonnes  de  l'intérieur.  D'après 
la  destination  des  fruits,  on  en  fait  en  général  trois 
récoltes.  La  première  a  lieu  en  fin  d'octobre,  alors 
qu'ils  ne  sont  pas  encore  bien  mûrs  :  on  peut  à  ce 
moment  leur  faire  supporter,  sans  inconvénients,  de 
longs  voyages  ;  la  seconde  se  fait  en  décembre,  quand, 
presque  mûrs,  ils  sont  encore  en  état  de  voyager;  la 
troisième  au  printemps,  quand  ils  sont  tout  à  fait  mûrs  : 
mais  ils  ne  peuvent  plus  alors  se  conserver  au  delà  de 
quelques  jours  et  doivent  être  consommés  sur  place.  Les 
fleurs  sont  récoltées  surtout  sur  le  bigaradier.  La  florai- 
son commence  vers  la  cinquième  année  ;  elle  est  à  son 
maximum  d'intensité  vers  la  quarantième  année.  La 
récolte  a  lieu  tous  les  jours,  même  deux  fois  par  jour  ; 
on  ne  laisse  d'ailleurs  pas  porter  fruit  aux  arbres  cultivés 
pour  leurs  fleurs.  Un  bigaradier  donne  en  moyenne 
40  kilogr.  de  fleurs  par  an,  un  oranger  véritable  à  peine 
la  moitié.  De  même  un  bigaradier  produit  en  moyenne 
1.000  fruits,  un  oranger  3.000. 

En  caisse  ou  en  pot,  on  installe  l'oranger  dans  un  sol 
meuble  et  enrichi  de  terreau  sur  un  bon  drainage  ;  chaque 
année   on  renouvelle   la   couche   superficielle  dans  les 
récipients.  La  recette  de  ce  terreau  a  été  longtemps  très 
compliquée  et  le  chef  de  chaque  orangerie  en  faisait  un 
secret.  On  a  reconnu  l'inutilité  de  ces  préparations  et, 
depuis  plus  d'un  demi-siècle,  on  n'emploie  plus  qu'un 
mélange  à  parties  égales  de  bonne  terre  légère  de  jardin 
et  de  terreau  découches  rompues.  Xi\  printemps  et  en  été, 
on  arrose  fréquemment  et  on  bassine  le  feuillage  avec  une 
pompe,  de  bas  en  haut.  Dès  le  mois  de  septembre  on  di- 
minue l'arrosage.  Du  milieu  d'octobre  au  milieu  de  mai 
(à  Paris),  on  rentre  l'arlu'e  dans  une  serre  qu'on  chauffe 
tout  juste  pour  qu'il  ne  gèle  pas  et  on  ne  lui  donne  plus 
que  ia  quantité  d'eau  strictement  nécessaire  pour  l'empê- 
cher de  mourir  de  soif.  Quand  le  jeune  oranger  a  son 
feuillage  qui  jaunit  et  tombe,  il  faut  le  dépoter  à  nu,  le 
débarrasser  de  toute  l'ancienne  terre  adhérente  aux  ra- 
cines, le  planter  dans  du  terreau  pur,  sur  une  couche 
tiède  ou  sourde,  et  lorsqu'il  est  rétabli,  le  replacer  dans 
une  caisse  pleine  de  nouvelle  terre.   On  doit  renouveler 
aussi  de  temps  en  temps  la  terre  des  grands  orangers, 
(|u'on  cultive,  à  cet  effet,  dans  des  caisses  dont  les  côtés 
s'ouvrent  à  charnière,  comme  les  portes  d'une  armoire. 
On  fait  venir  en  général  les  jeunes  orangers  du  Midi, 
sous  forme  de  plant  prêt  à  recevoir  la  greffe  ou  greffé 
depuis  un  an.  Lorsqu'on  sème,  on  le  ftiit  dans  un  mélange 
à  parties  égales  de  terreau  de  feuilles  et  de  terre  de  bruyère, 
on  conserve  les  pots  enterrés  dans  le  terreau  d'une  comdie 
tiède,  le  premier  et  le  second  hiver,  et  on  ne  commence  à 
les  exposer  tout  à  fait  à  l'air,  l'été,  qu'à  3  ou  4  ans.  On 
ne  doit  pas  tailler  les  petits  orangers  ;  on  taille  les  grands 
en  mi-septembre,  avant  de  les  rentrer  ;  on  leur  ^donne   i 


d'ordinaire  une  forme  ari'ondie  et  régulière,  soit  en  demi- 
sphère  ou  champignon,  soit  en  cylindre  à  face  supérieure 
bombée.  Sous  le  climat  de  Paris,  l'oranger  n'est  guère 
qu'un  arbre  d'ornement  ;  il  produit  pourtant  des  fleurs, 
vendues  cha(pie  année.  Les  orangers  de  nos  jardins 
publics  et  des  grands  parcs  sont,  du  reste,  en  réalité, 
des  bigaradiers.  Quant  aux  orangers  nains,  à  feuilles  de 
myrte,  ou  orangers  de  la  Chine,  ce  sont  surtout  des 
plantes  d'appartement,  qu'on  tient  en  jardinière  ou  en 
pot,  dans  une  chambre  pas  trop  chauffée,  et  qui  produisent 
de  jolies  petites  oranges  minuscules  ;  celles-ci  sont  toutes 
disposées  à  pulluler,  mais  elles  épuisent  la  plante  et  il 
faut  n'en  conserver  que  quelques-unes,  si  l'on  veut  qu'elle 
fleurisse  convenablement  cha(|ue  année. 

Les  sous-variétés  d'oranger  sont  nombreuses.  Le  jar- 
dinier du  roi  de  Naples  en  avait  dressé  une  monographie 
qui  n'en  comprenait  pas  moins  de  250,   toutes  parfai- 
tement distinctes.  Parmi  celles  qu'on  cultive  pour  leurs 
fruits  {orangers  proprement  dits),  citons  :  l'Oranger  de 
Nice  (6\  a,  nicensis),  très  productif,  dont  les  fruits  "sont  fort 
gros  et  à  pulpe  d'un  jaune  foncé  ;  l'O.  de  Gênes  {€.  a.  ge- 
nuensis),  à  fruits  de  moyenne  grosseur  et  ronds,  à  la  chair 
rougeûtre  ;  l'O.  de  Malte  (C.  a.  inelitensis)  ,k  fruits  gros,  de 
peau  et  de  chair  rougeâtres  ;  l'O.  de  Majorque  ou  de  Portugal 
{C.  a,  baleariea),  à  fruits  moyens,  de  peau  mince,  jaune 
et  lisse;  l'O.  de  Jéricho  {C.  a,  hierochuntica),  à  fruits 
ronds,  de  peau  jaune  et  de  chair  très  rouge  ;  le  C.  a.  asper- 
ma,  aux  fruits  petits,  ronds,  sans  pépins,  de  chair  rouge, 
comestibles  longtemps  avant  que  la  peau  ait  jauni  ;  le 
C.  a.  limonoformis  ;  le  C.  a.  duplex,  etc.  Les  bigara- 
diers se  cultivent  plutôt  pour  leurs  feuilles  et  pour  leurs 
fleurs,  dont  on  fait  l'essence  de  néroli,  l'eau  de  fleurs 
d'oranger,  etc.;  mais  leurs  fruits  servent  aussi  à  préparer, 
dans  les  espèces  naines  ou  lorsqu'ils  sont  très  jeunes  {petits 
grains  ou  orangettes),\es  chinois  confits,  et,  un  peu  avant 
leur  maturité,  l'écorce  d'oranges  amères  ;  on  en  distingue  un 
nombre  également  fort  grand  de  sous-variétés  :  C.  b.  asper- 
ma,  C.  b.  bizarria,  C.  b.  cornieulata,  C.  b.  crispifolia, 
C.  b.  hispanica,  C.  b.  myrtifolia,  C.  b.  sinensis,  etc. 
III.  Thérapeutique.  —  Les  propriétés  de  l'oranger  et 
de  sa  variété,  le  bigaradier,   sont  identiques,   mais  plus 
actives  dans  ce  dernier.  Les  feuilles,  surtout  en  infusion 
chaude,  sont  sédatives  et  portent  au  sommeil,  mais,  en 
raison  de  leur  âcreté,    on  leur  préfère    les   fleurs,  qui 
renferment  d'ailleurs  une  plus  grande  quantité  du  prin- 
cipe aromatique  et  calmant.  La  décoction  concentrée  des 
feuilles  ou  les  feuilles  sèches  pulvérisées  ont  été  préconi- 
sées jadis  contre  l'épilepsie  ;  il  ne  s'agit  là  probablement 
([ue  d'accès  d'hystéro-épilepsie  ;  ce  remède  peut  d'ailleurs 
être  utile  contre  les  accidents  nerveux,  tels  que  hoquet, 
toux  convulsive,  palpitations,  etc.   —  Les  préparations 
d'écorces  d'orange  sont  toniques, stimulantes,  carminatives  ; 
la  principale  est  le  Sirop  d'écorces  d'oranges  amères  (V. 
ci-dessous).  Le  vin  d'écorces  est  un  excellent  stomachique  au 
même  titre  que  le  sirop.  La  décoction  concentrée  d'écorce, 
ainsi  que  l'essence  de  bigarade  à  forte  dose,  est  anthel- 
minthique.  Les  meilleures  écorces  viennent  des  possessions 
hollandaises,  de  Curaçao.  —  L'orangeade,   moins   acide 
({ue  la  citronnade,  a  les  mêmes  emplois  que  celle-ci  (V.  Ci- 
tron). —  Les  oranges  douces,  consommées  dans  les  pays 
chauds,  calment  la  soif,  éveillent  l'appétit  et  facihtent  la 
digestion. 

IV.  Pharmacie.  —  Ecorces  d'oranges  amères.  On 
emploie  sous  ce  nom  le  zeste  du  fruit  du  bigaradier  {Citrus 
vulgaris  Risso),  récolté  avant  maturité  et  desséché.  Il  se 
présente  sous  forme  de  ([uartiers,  obtenus  en  fendant 
Técorce  du  fruit  d'un  pôle  à  l'autre,  suivant  plusieurs 
méritliens,  ou  sous  forme  de  rubajis  obtenus  en  pelant 
directement  le  fruit.  Le  péricarpe  {flavedo)  est  brun  jau- 
nâtre ou  verdâtre  avec  nombreuses  glandes  à  essence.  Le 
péricarpe  {albedo)  est  spongieux,  blanc  sale.  Les  écorces 
doivent  être  aussi  peu  riches  que  possible  en  albedo  et 
<'ontenir  tout  le  flavetlo.   Aussi  donue-t-on  la  préférence 


ORANGER 


476 


aux  écorces  on  ruban,  pelées  au  couteau.  On  considère 
comme  principes  actifs  de  l'écorce  d'oranges  amères  : 
l'essence  qu'elle  contient  et  des  principes  immédiats  dé- 
couverts par  M.  Tanret.  Ce  sont  :  l'acide  aurantiama- 
rique,  corps  résineux,  amorphe,  peu  soluble  dans  l'eau 
froide,  plus  soluble  à  chaud,  soluble  dans  l'alcool,  l'éther, 
le  chloroforme,  très  amer  ;  Vhespéridine,  glucoside  cris- 
tallisé dédoublable  en  glucose  et  hespérétine,  insoluble 
dans  l'eau  froide,  soluble  dans  l'eau  bouillante  ;  Visohes- 
péridine,  glucoside  cristallisé,  très  soluble  dans  l'eau 
chaude  ;  Vanrantiamarine,  glucoside  soluble  en  toutes 
proportions  dans  l'eau  et  l'alcool.  Ces  principes  amers 
font  employer  l'écorce  d'oranges  amères  comme  tonique 
et  stomachique. 

Le  Codex  (1884)  en  fait  une  teinture  (i  partie  d'écorces 
pour  5  p.  d'alcool  à  80^)  et  un  sirop  [100  p.  de  zestes 
sont  mis  à  macérer  dans  400  p.  d'alcool  à  60^  pendant 
douze  heures;  on  ajoute  alors  de  l'eau  distillée  (d.OOO  p.) 
à  80*^,  on  laisse  en  contact  six  heures,  on  passe,  on  filtre, 
et  on  fait  par  addition  de  sucre  (180  p.  pour  100  de 
colature)  un  sirop  au  bain-marie  en  vase  clos].  Ce  sirop 
est  employé  comme  tonique,  mélangé  au  vin  de  quinquina, 
ou  pour  dissimuler  la  saveur  désagréable  de  certains  médi- 
caments. 

Essence  de  néroU  (V.  Néroli). 

V.  Commerce.  —  Les  orangers  sont  l'objet  d'un  com- 
merce très  important.  On  les  cultive  en  grand  dans  toute 
l'Europe  méridionale,  dans  les  îles  de  la  Méditerranée,  sur 
la  côte  septentrionale  de  l'Afrique,  aux  Açores,  en  Orient, 
en  Australie,  au  Cap,  dans  l'Amérique  du  Sud.  Malte, 
Majorque  et  l'Espagne  produisent  les  oranges  les  plus  re- 
cherchées [valences)  ;  celles  qui  viennent  de  la  Provence 
et  du  comté  niçois  sont  moins  juteuses  et  moins  douces. 
La  Sicile,  le  sud  de  l'Italie  et  le  sud  de  l'Amérique  sont 
réputés  pour  leurs  mandarines.  La  Barbade  et  Curaçao 
fournissent  les  écorces  d'oranges  les  plus  estimées,  puis 
l'Italie,  Malte  et  la  Provence.  Les  principaux  marchés 
sont  :  dans  le  golfe  de  Gènes,  Nice,  Menton  et  Gênes  ; 
en  Sicile,  Messine;  en  Espagne,  Cadix  et  Malaga;  au 
Portugal,  Lisbonne  et  Santarès.  Il  faut  citer  en  outre  les 
ports  de  Trieste,  de  Bordeaux  et  de  Hambourg.  Les 
Açores,  Malte  et  le  Venezuela  expédient  surtout  vers 
l'Angleterre;  Alger  et  Majorque,  vers  la  France.  II  est 
difficile  de  connaître,  même  approximativement,  la  quantité 
d'oranges  récoltée  en  France  ;  les  statistiques  du  ministère 
de  l'agriculture  indiquent  en  1897,  pour  les  dép.  des  Alpes- 
Maritimes,  de  la  Corse  et  du  Var,  oranges  et  citrons  réunis  : 
4.000.000  kilogr.,  240.000  kilogr.  et  144.200  kilogr., 
représentant  une  valeur  totale  de  875.000  fr.  ;  mais  ces 
chiffres  sont  fort  au-dessous  de  la  réahté.  Les  statistiques 
de  la  direction  des  douanes  nous  donnent  au  contraire  une 
idée  suffisamment  précise  du  trafic  dont  ces  fruits  sont  l'ob- 
jet. Pour  l'année  1897  les  importations  se  sont  élevées, 
en  France,  pour  les  oranges  et  les  citrons  (commerce  spé- 
cial), à  61.782.072  kilogr.,  représentant  une  valeur  de 
9.267.311  fr.  (provenances:  Espagne, 55. 970. 129 kilogr.  ; 
Angleterre  [par  transbordement],  1.467.377  kilogr.  ; 
Italie,  1.242.570  kilogr.;  Roumanie,  69.855  kilogr.; 
Algérie,  2.956.855  kilogr.  ;  Tunisie,  26.034  kilogr.  ; 
divers,  49.252  kilogr.)  ;  les  exportations  ont  atteint  (comm. 
spécial)  2.218.539  kilogr.  représentant  une  valeur  de 
443.708  fr.  (destinations  :  Angleterre,  286.850  kilogr.  ; 
Allemagne,  102.659  kilogr.  ;  Belgique,  14.535  kilogr.  ; 
Suisse,  32.503  kilogr.  ;  Italie,  1.442.774  kilogr.  ;  Etats- 
Unis,  285.600 kilogr.  ;  divers,  53.618 kilogr.)  ;  4.820.294 
kilogr.  sont  passés  en  outre  en  transit.  Les  mandarines 
et  les  chinois  ont  donné  lieu  de  leur  côté  à  1.075.290  fr. 
d'importations  (4.301.159  kilogr.,  dont  2.252.885  kilogr. 
d'Espagne  et  1.903.898  kilogr.  d'Algérie)  et  à  32. 108 fr. 
d'exportations  (128.433  kilogr.),  les  écorces '^de  citrons  et 
d'oranges  à  197.147  fr.  d'importations  et  à  51.565  fr. 
d'exportations.  La  même  année  l'Espagne  a  exporté,  au 
total,  pour  52  millions  de  francs  d'oranges  et  de  citrons. 


l'Italie  pour  25  millions,  la  Turquie  pour  3  millions  ; 
l'Angleterre  en  a  importé,  à  elle  seule,  des  différents  pays, 
pour  67  millions  et  demi  de  francs.  Le  prix  des  oranges 
est  très  variable  selon  la  saison  et  l'année.  En  1896,  il  a 
oscillé,  aux  halles  de  Paris,  entre  21  fr.  95  et  25  fr.  30 
la  caisse  de  250  kilogr.  ;  celui  des  mandarines,  entre  0  fr.  95 
et  3  fr.  80  la  caisse  de  25  kilogr. 

VI.  Usages  et  économie  domestique.  —  Toutes  les  par- 
ties de  l'oranger  sont  utilisées.  Le  bois,  assez  dur,  com- 
pact, souple,  blanc  jaunâtre  à  l'intérieur,  légèrement  odo- 
rant et  susceptible  d'un  beau  poli,  est  employé  pour  les 
ouvrages  de  tour  et  de  tabletterie.  Avec  les  feuilles,  qu'on 
cueille  sur  l'arbre  quand  elles  végètent  encore  (d'ordinaire 
en  septembre)  et  qu'on  fait  sécher  ensuite  avec  précau- 
tion, on  prépare  des  infusions  et  des  décoctions  (V.  ci-dessus, 
S  Thérapeutique).  Avec  les  pétales  des  fleurs,  on  fait 
Veau  de  fleurs  d'oranger  (V.  Hydrolat,  t.  XX,  p.  452)  ; 
on  les  emploie  aussi  séchées,  comme  les  feuilles,  en  infu- 
sions; on  en  extrait  une  huile  essentielle,  Y  essence  de 
néroli  (V.  Essence,  t.  XVI,  pp.  387  et  391,  et  NÉRm.i); 
enfin,  elles  sont  considérées,  à  cause  de  leur  éclatante 
blancheur,  comme  l'emblème  de  la  virginité  et  il  en  est 
fait  une  grande  consommation  dans  les  mariages,  tant  pour 
la  décoration  de  l'autel,  des  voitures,  de  la  table,  que 
pour  la  parure  de  la  jeune  mariée.  Les  fruits,  les  oranges, 
sont  mangés  soit  à  l'état  naturel  —  et  il  faut  alors  les  choi- 
sir très  lourds  (mais  non  très  gros),  avec  une  peau  mince 
et  fine,  —  soit  sous  forme  de  diverses  préparations  (V.  ci- 
dessous).  L'écorce  sert  à  confectionner  le  sirop  d'écorces 
d'oranges  amères  (V.  ci-dessus,  §  Pharmacie),  V essence 
ou  eau  de  Portugal,  huile  volatile,  qui  en  est  extraite 
par  distillation  ou  par  expression  (V.  Essence),  le  cura- 
çao, le  hitter  (V.  ces  mots  et  Alcoolé)  ;  elle  entre  aussi 
dans  la  fabrication  de  l'eau  de  mélisse,  de  l'eau  de  Co- 
logne, etc. 

VIL  Art  culinaire.  —  Salade  d'oranges.  On  prend 
des  oranges  bien  mûres  et  de  bonne  qualité,  on  enlève 
l'écorce  ainsi  que  la  peau  blanche  qui  recouvre  la  pulpe, 
on  coupe  en  rondelles  minces,  on  fait  sauter  les  pépins,  on 
dispose  dans  un  compotier,  on  saupoudre  de  sucre  fin  et 
on  arrose  de  bonne  eau-de-vie,  de  rhum  ou  de  kirsch, 
ainsi  que  de  quelques  gouttes  de  fleurs  d'oranger.  Il  faut 
préparer  deux  ou  trois  heures  au  moins  avant  de  servir. 

Beignets  d'orange.  On  épluche  l'orange,  on  la  couf  e 
en  sept  ou  huit  tranches,  on  les  fait  mijoter  quelques 
minutes  dans  du  sucre  clarifié  et  on  les  jette  dans  la  pâte 
à  beignets.  Lorsqu'ils  sont  frits,  on  les  glace  au  sucre  et 
on  râpe  dessus  du  zeste  d'orange. 

Orangeade.  On  la  prépare  de  la  même  façon  que  la 
limonade  (V.  ce  mot),  à  froid  ou  à  chaud.  On  conserve 
aussi,  en  bouteilles  bien  remplies  et  bien  bouchées,  àxijus 
d'orange,  avec  lequel  on  peut  préparer,  en  toute  saison, 
de  l'orangeade. 

Confitures  d'orange.  On  confectionne  avec  les  oranges 
des  compotes  et  des  gelées.  Le  mode  de  préparation  est 
à  peu  près  le  même  que  pour  les  autres  fruits  (V.  Confi- 
ture, Compote). 

Quartiers  d'orange  glacés.  Oranges  confites  (V.  Con- 
fiserie). 

Ratafia  de  fleurs  d'oranger.  —  On  laisse  en  contact 
pendant  vingt-quatre  heures  30  gr.  de  pétales  de  fleurs 
d'oranger  et  1  litre  de  bon  alcool  à  36«.  On  passe,  on 
mélange  avec  1  litre  d'eau  de  fleurs  d'oranger  et  1  Utre 
de  sirop  simple,  on  agite  soigneusement  le  mélange  et  on 
filtre.  On  a  ainsi  une  liqueur  un  peu  amère,  mais  très 
agréable  et  très  tonique,  qu'on  conserve  dans  des  bou- 
teilles rincées  à  l'avance  et  bien  séchées. 

BiBL.  :  Ferrari,  Hesperides  sive  de  malorum  aiireorum 
ciiltura  et  usu  ;  Rome,  IU6 .  --  Gallesio,  Traité  du  Ci- 
trus;  Paris,  1811.  —  Rrsso,  Essai  sur  l'histoire  naturelle 
des  orangers  ;  Paris,  1813.  —  Risso  et  Poiteau,  Histoire 
naturelle  et  culture  des  orangers  ;  Paris,  1818-19  (nouv.  éd. 
par  Du  Breuil,  1872).  —  Goeze,  Beitrag  zur  Kenntniss  der 
Orangengewachse  ;  Hambourg,  1874.  —  Alph.  de  Can- 
dolle,  Orifjlne  des  plantes  cultivées  ;  Paris,  1896,  4*  éd. 


477  — 


ORANGERIE  —  ORATOIRE 


ORANGERIE  (Ardiit.).  Grande  salle,  consiriiile  en 
pierre  ou  en  brique,  avec  de  larges  baies  garnies  d'un 
double  vitrage  et  ouvertes  du  côté  du  midi.  On  y  renferme, 
pendant  Thiver,  les  orangers  et  autres  arbustes  des  pays 
chauds  qui  ne  peuvent  supporter  les  froids  du  climat  sep- 
tentrional. Parmi  les  constructions  les  plus  remarquables 
de  ce  genre,  il  faut  citer  Forangerie  du  château  de  Ver- 
sailles, adossée  à  la  grande  terrasse  et  que  les  escaliers 
conduisant  à  cette  terrasse  garantissent  de  droite  et  de 
gauche  en  laissant  la  façade  principale  seule  exposée  au 
soleil.  Les  trois  galeries,  une  au  fond  et  deux  en  retour, 
dont  se  compose  l'Orangerie  de  Versailles,  et  l'ordre  toscan 
qui  la  décore  donnent  à  l'ensemble  de  cet  édifice  un  ca- 
ractère vraiment  monumental.  —  On  appelle  aussi  oran- 
gerie la  partie  d'un  jardin  à  la  française,  située  devant  un 
l)àtiment  et  dans  les  allées  de  laquelle  sont  disposés  les 
orangers  et  autres  arbustes  de  même  essence,  soit  en  pleine 
terre,  soit  dans  des  caisses.  Charles  Ll'cas. 

ORANGETTE  (Rot.)  (V.  Oranger). 
ORANGISTES  (V.  Irlande  [Histoire],  t.  XX,  p.  962, 
et  Pays-Ras  [Histoire]). 

CRAN  GO.  Ile  faisant  partie  de  l'archipel  de  Rissagos, 
en  face  la  côte  occidentale  d'Afrique.  L'ile  d'Orango,  qui 
mesure  45  kil.  de  long  sur  '20  kil.  de  large,  est  la  plus 
grande  du  groupe. 

ORANIENBAUM.  Ville  de  Russie,  gouv.  et  à  26  kil.  de 
Saint-Pétersbourg,  distr.  de  Peterhov,  situation  pitto- 
resque à  l'embouchure  de  la  Karosta,  golfe  de  Finlande, 
en  face  de  Cronstadt  ;  5.383  hab.  Lieu  de  villégiature 
fréquenté  l'été  par  les  habitants  de  Saint-Pétersbourg. 
Ruines  de  la  forteresse  de  Peterstadt.  Oranienbaum  était 
primitivement  un  village  finlandais  que  Pierre  le  Grand 
donna  à  son  favori  Mentchikov.  Celui-ci  fit  construire 
en  1714  un  palais  entouré  d'un  grand  jardin  avec  des 
orangeries  et  donna  à  l'endroit  son  nom  actuel.  En  1728, 
après  la  disgrâce  du  favori,  Oranienbaum  devint  propriété 
de  la  couronne.  Pierre  III  y  fit  construire  la  forteresse  de 
Peterstadt.  "  Mar.  C. 

ORANIENBURG.  Ville  de  Prusse,  district  de  Potsdam, 
au  N.-O.  de  Rerlin,  sur  la  Haxel  et  le  canal  cVOranien- 
baum  (10  kil.  de  long.,  l'^,75  de  tirant  d'eau)  qui  la 
supplée;  6.912  hab.  (en  1895).  Château  royal,  orpheli- 
nat, école  normale,  écoles  d'agriculture  et  de  musique. 
Produits  chimiques,  machines,  etc.  —  Son  nom  d'Oranien- 
burg  lui  fut  donné  en  l'honneur  de  l'électrice  Louise-Hen- 
riette, fille  de  Frédéric-Henri,  prince  d'Oran^^e,  stathouder 
de  Hollande,  qui  y  fonda  en  \Q^o  l'orphefinat.  Aupara- 
vant elle  s'appelait  Bœtzov.  Pourvue  d'une  charte  urbaine 
dès  le  xiii^  siècle,  elle  eut  un  château  fort  que  l'électeur 
Joachim  II  rasa  et  remplaça  par  un  pavillon  de  chasse  au 
lieu  duquel  furent  édifiés  par  Memhard  un  château  (1651), 
reconstruit,  après  incendie  en  1842,  pour  loger  l'école  nor- 
male, puis,  par  E.  de  Gœthe,  le  château  roval  actuel 
(1698-1704). 

ORASIUS  ExiMius  (Paléont.)  (V.  GmAFE). 
ORATOIRE.  I.  Architecture.  —  Petite  chapelle  isolée 
de  toutes  parts,  accotée  aune  éghse,  ou  comprise  dans  l'en- 
ceinte d'un  château  ou  d'une  abbaye,  et  devant  sa  construc- 
tion à  des  motifs  bien  divers,  tels  que  le  désir  de  rappeler 
un  événement  religieux  ou  celui  d'abriter  et  d'honorer  les 
reliques  d'un  saint.  Les  plus  anciens  monastères  durent 
leur  origine  à  de  petits  oratoires  élevés  par  la  piété  d'un 
rehgieux  qui  s'isolait  dans  un  endroit  éloigné  de  la  vie 
active  et  autour  duquel  venaient  se  grouper  d'autres  re- 
hgieux attirés  par  la  sainteté  de  son  existence.  H  existait 
aussi  des  oratoires,  véritables  petites  chapelles  et  parfois 
au  nombre  de  trois,  dans  toutes  les  forteresses  du  moyen 
âge,  et  Viollet-Le-Duc  reproduit  dans  son  Dictionnaire 
d'architecture  (VI,  p.  448)  un  oratoire  du  xii^  siècle, 
qui  se  voit  encore  dans  la  cité  de  Villeneuve-lez-Avignon. 
De  même,  au  sommet  du  donjon  du  château  de  Gisors, 
existent  encore  les  substructions  d'une  petite  chapelle, 
véritable  oratoire,  où  officia  Thomas  Rccket  pendant  son 


séjour  dans  ce  château.  Mais  on  appelait  aussi  oratoires 
de  petites  pièces  retirées,  quoique  appartenant  à  des  cha- 
pelles ou  à  des  églises,  comme  Louis  XI  en  fit  aménager 
une  entre  deux  contreforts  de  la  Sainte-Chapelle  du  Pa- 
lais, à  Paris,  afin  de  s'y  tenir  pendant  les  offices,  et 
comme  il  en  existe  une  autre  dans  la  chapelle  du  château 
de  Vincennes.  On  peut  encore  voir  dans  l'église  Saint- 
Gervais,  à  Paris,  parmi  les  chapelles  du  côté  droit  des 
basses-nefs,  une  petite  pièce  dissimulée  aux  regards  et  où 
M'^^  de  Maintenon,  alors  qu'elle  était  gouvernante  des 
enfants  de  M"^^  de  Montespan,  venait  entendre  la  messe  et 
apercevait  le  prêtre  à  l'autel  par  une  sorte  de  meurtrière 
pratiquée  dans  un  massif  de  la  construction.      Ch.  L. 

II.  Droit  canonique.  —  Oratoire  particulier 
(V.  Chapelle,  t.  VI,  p.  557). 

III.  Rhétorique.  — Art  oratoire.  --Vart  oratoire 
est  à  certains  égards  l'ensemble  des  procédés  qui 
font  les  orateurs,  c.-à-d.  les  hommes  parlant  en 
public,  et  en  ce  sens  art  oratoire  est  absolument 
synonyme  de  rhétorique.  C'est  donc  au  mot  Rhé- 
torique que  l'on  devra  chercher  les  préceptes  de  l'art 
de  persuader  et  de  convaincre.  Mais,  d'autre  part,  on 
appelle  indifféremment  art  oratoire  ou  éloquence  l'en- 
semble des  ouvrages  qui  ont  été  ou  qui  pourront  être  un 
jour  composés  par  des  orateurs  ;  c'est  ainsi  que  les  mots 
peinture,  sculpture,  architecture  et  musique  sont  employés 
couramment.  Dès  lors  nous  devons  nous  placer  à  un  tout 
autre  point  de  vue  ;  il  nous  faut  étudier  en  eux-mêmes 
les  différents  genres  de  discours  ;  il  nous  faut  ensuite 
exposer  brièvement  l'histoire  de  Vart  oratoire,  c.-à-d. 
de  V éloquence  à  travers  les  âges. 

I.  Divisions  de  l'art  oratoire,  son  caractère  nis- 
tinctif.  —  L'éloquence  est  aussi  naturelle  à  l'homme  que 
le  chant  et  que  la  parole  même  ;  la  preuve  en  est  que  le 
mot  grec  prJTwp  et  son  correspondant  latin  orator  signi- 
fient étymologiquement  parleur.  Aussi  trouve-t-on  des 
discours,  et  en  grand  nombre,  dans  les  plus  anciens  textes 
connus.  Il  y  en  a  dans  la  Rible,  dans  les  livres  sacrés  de 
l'Inde,  de  la  Perse,  de  l'Egypte  et  de  la  Chine,  et  ces 
discours  ne  sont  pas  un  ensemble  de  réflexions,  d'argu- 
ments ou  d'objurgations  qui  se  suivent  au  hasard  ;  ils  sont 
composés  avec  art,  et  l'on  pourrait  proposer  comme  des 
modèles  certains  discours  des  livres  de  Tobie,  d'Esther  ou 
de  Job.  Mais  c'est  l'homme  en  société  qui  a  surtout  fait 
usage  de  la  parole  savante  pour  agir  sur  ses  semblables 
dans  les  assemblées  pohti({ues,  dans  les  tribunaux,  sur  les 
champs  de  bataille,  dans  les  sanctuaires  et  enfin  dans  les 
heux  de  réunion  où  l'on  échange  des  vues  sur  les  choses 
de  l'art,  de  la  littérature,  de  la  philosophie  et  de  la  mo- 
rale. C'est  pour  cette  raison  que  les  anciens  auteurs  de 
rhétoriques,  suivant  Aristote  à  la  trace,  ont  réparti  en 
trois  groupes  toutes  les  variétés  de  discours.  H  y  a,  disent- 
ils  d'un  commun  accord,  trois  genres  distincts  suivant  que 
les  orateurs  s'occupent  du  présent,  de  l'avenir  ou  du  passé  ; 
ce  sont  les  genres  démonstratif,  délibératif  et  judi- 
ciaire. Aux  choses  du  présent  se  rattachent  les  discours 
dont  l'ensemble  constitue  le  genre  démonstratif,  et  dans 
ce  cas  les  orateurs  se  proposent  toujours  de  louer  ou  de 
blâmer  ce  qui  se  passe  sous  leurs  yeux  :  ils  font  des  pa- 
négyri(|ues  ou  des  satires,  ils  remercient,  ils  féUcitent,  ils 
se  réjouissent  d'un  événement  heureux  ou  enfin  ils  dé- 
plorent une  calamité  publique  ou  privée.  —  C'est  toujours 
en  vue  d'un  avenir  plus  ou  moins  éloigné  que  parlent  ceux 
qui  cultivent  le  genre  délibératif,  puisqu'ils  se  proposent 
de  conseiller  ou  de  dissuader,  d'exhorter  à  la  paix  ou  de 
pousser  à  la  guerre,  de  préconiser  telle  mesure  adminis- 
trative ou  politique,  de  faire  adopter  tel  projet  de  loi, 
d'entraîner  à  leur  suite  une  foule  indécise  ou  de  vaincre 
l'opposition  d'une  assemblée  hostile.  —  Enfin  les  accusa- 
teurs et  les  avocats  exercent  nécessairement  leur  éloquence 
sur  des  faits  passés  qu'ils  cherchent  à  incriminer  ou  à 
justifier,  et  ainsi  le  genre  judiciaire  a  sa  raison  d'être 
aussi  bien  que  les  deux  autres. 


ORATOIRE 


m 


Telle  est  la  ilivisioii  qu'ont  adoptée  durant  de  longs 
siècles  les  théoriciens  de  l'art  oratoire  ;  elle  est  fort  ingé- 
nieuse, et  jadis  elle  donnait  satisfaction  à  toutes  les  exi- 
gences ;  mais  les  conditions  de  la  vie  civile,  politique  et 
religieuse  ont  complètement  changé  depuis  l'établissement 
du  christianisme,  et  la  division  adoptée  par  les  anciens 
rhéteurs  aurait  dû  être  profondément  moditiée  si  l'on 
n'avait  eu  pour  Aristote  le  respect  aveugle  que  tout  le 
monde  connaît.  D'ailleurs,  la  distinction  en  trois  genres 
n'est  pas  d'une  rigueur  absolue,  parce  que  les  subdivisions 
de  la  littérature  ne  peuvent  pas  èire  assimilées  à  celles  de 
la  science  ;  un  orateur  ne  saurait  se  cantonner  dans  l'un 
de  ces  trois  genres  de  manière  à  ne  jamais  empiéter  sur 
le  domaine  des  deux  autres.  L'auteur  d'un  éloge,  d'un 
panégyri(|ue,  d'une  oraison  fun'bre  n'éprouvera-t-il  pas 
le  besoin  de  proposer  son  héros  à  l'imitation  de  ses  audi- 
teurs ?  Ne  chercher a-t-il  pas  à  les  porter  à  la  vertu,  à  leîU' 
faire  prendre  de  bonnes  résolutions  ?  Le  voilà  donc  (pu', 
dans  un  discours  du  genre  démonstratif,  introduit  des 
développements  appartenant  au  genre  délibératif.  vSi  le 
personnage  dont  il  fait  l'élige  s'est  trouvé,  comme  Socrate 
ou  comme  Phocion,  en  butte  aux  traits  de  l'envie,  l'ora- 
teur invectivera  les  calonnn'ateurs  ;  il  prendra  la  défense 
du  héros  persécuté,  et  dès  lors  le  panégyrique  tournei  a 
au  plaidoyer  ;  ce  sera,  en  partie  du  moins,  un  discours 
du  genre  judiciaire.  La  possibilité  d'une  telle  confusion 
apparaît  mieux  encore  si  l'on  songe  à  l'extrême  variété 
des  harangues  prononcées  devant  les  tribunaux.  Accusa- 
teurs et  défenseurs  s'adressent  en  effet  à  des  juges  ou  à 
des  citoyens  qui  vont  délibérer,  et  souvent  ils  se  croient 
dans  roI)hgation  de  blâmer  ou  de  louer  des  personnes 
vivantes.  Démosthène,  auteur  du  Discours  pour  la  cou- 
ronne, fait  son  propre  éloge  en  termes  magnifiques,  et 
l'on  sait  de  (juelle  façon  il  drape  le  malheureux  Lschiue. 
Il  est  donc  de  toute  évidence  (pie  la  classification  aristo- 
télicienne n'a  plus  aujourd'hui  sa  raison  d'être  ;  dès  le 
milieu  du  xviii^  siècle,  le  judicieux  auteur  des  Principes 
de  la  littérature,  l'abbé  Batteux,  pouvait  terminer  son 
chaphre  sur  les  différents  geni-es  d'oraison  par  cette  re- 
marque :  «  Ce  n'est  pas  sans  raison  que  quelques  rhé- 
teurs modernes  ont  pris  la  liberté  de  l'egarder  connue  peu 
fondée  cette  division  si  célèbre  dans  la  rhétorique  des 
anciens.  » 

Mais  si  l'on  rejette  ainsi  une  division  de  Vart  oratoire 
qui  a  pour  elle  une  durée  de  vingt  siècles,  il  faut  lui  en 
substituer  une  autre,  et  c'est  à  quoi  les  théoriciens  mo- 
dernes ont  songé.  Plusieurs  classifications  ont  été  pro- 
posées ;  la  meilleure  paraît  être  celle  (pii  tient  compte  des 
circonstances  dans  les([uelles  peuvent  être  prononcés  les 
discours  et  aussi  de  la  ((ualitc  des  orateurs  qui  les  (com- 
posent. Tantôt  ce  sont  des  hommes  politiques  ou  des 
militaires  s'adressant  à  un  auditoire  très  spécial  de  légis- 
lateurs ou  de  soldats  ;  tantijt  ce  sont  des  ministres  du 
culte  instruisant  les  tidèles  du  haut  de  la  chaire  chré- 
tienne ;  tant(jt  ce  sont  des  gens  de  robe  parlant  dans  le 
prétoire  ;  tant(jt  enfin  ce  sont  des  littérateurs,  des  savants, 
des  philosophes  ou  des  artistes  faisant  dans  les  académies 
ou  ailleurs  des  discours  d'apparat  ou  des  conférences.  On 
peut  alors  classer  de  la  manière  suivante  les  différentes 
parties  de  l'éloquence  ou  de  Xart  oratoire  :  éloquence 
politique,  éloquence  militaire,  éloquence  de  la  chaire, 
éloquence  du  barreau,  éloquence  académiipie.  De  cette 
façon,  les  inconvénients  signalés  plus  haut  disparaissent 
complètement;  les  confusions  ne  sont  plus  à  craindre,  et 
s'il  y  a  parfois  des  analogies  frappantes  entre  tel  discours 
et  tel  autre,  c'est  parce  ([u'en  définitive  Y  art  oratoire  est 
un  sous  des  formes  variées  ;  partout  et  toujours  il  s'agit 
de  persuader  ou  de  convaincre,  de  plaire  et  au  besoin 
d'émouvoir,  en  suivant  les  préceptes  qu'enseigne  la  rhéto- 
rique (V.  Rhétorique). 

Chacun  de  ces  genres  d'éloquence  a  néanmoins  ses 
règles  particulières,  parce  qu'il  a,  si  l'on  peut  s'exprimer 
ainsi,  sa  physionomie  propre,  et  cela  en  raison  des  sujets 


qu'il  traite.  L\idemmcnt,  on  ne  pai'le  }»as  de  la  patrie  en 
danger  sur  le  ton  d'un  académicien  (pii  loue  son  prédé- 
cesseur; à  des  sujets  différents  correspomlra  une  éh)quence 
différente.  Pour  bien  se  rendre  compte  de  cet  état  de 
choses,  il  est  bon  de  passer  en  revue  les  genres  (jui 
viennent  d'être  énuim'^'és  ;  on  verra  ainsi  quels  sont  leurs 
caractères  distinctifs,  et  il  sera  p(3ssible  de  les  compaiei' 
les  uns  avec  les  autres. 

L'éloquence  politi(jue,  appelée  aussi  éh^quence  de  la 
tribune,  était  dans  l'antiquité  la  plus  grave  de  toutes  et 
la  plus  importante,  car  chez  les  anciens,  comme  l'a  si  l»ieii 
dit  lumeion,  «  tout  dépendait  du  peuple,  et  le  peuple 
dépendait  de  la  parole;...  la  parole  était  le  grand  ressort 
en  paix  et  en  guerre  ».  C'est  vrai  des  Crées  et  des  Ro- 
mains, c.-à-d.  des  peuples  libres;  les  autres  n'ont  jamais 
comiu  l'éloquence  politi({ue.  On  conçoit  dès  lors  ({uelles 
qualités  devait  l'éunir  un  orateur  digne  d'agir  siu'  ses  conci- 
toyens, de  les  exciter  tour  à  tour  à  faire  la  paix  ou  à 
déclarer  la  guerre.  Il  était  obligé  de  connaître  à  fond  les 
choses  de  la  diplomatie,  de  la  politique  extérieure  ou  inté- 
rieure, des  finances,  de  l'armée,  de  la  marine,  de  l'admi- 
nistration dans  tous  ses  détails.  Pour  entraîner  à  sa  suite 
des  foules  souvent  houleuses,  l'orateur  politi^pie  devait 
avoir  la  logique  serrée,  l'argumentation  pressante,  la  parole 
enflammée  ;  il  nous  est  même  impossible  d'imaginer  ce 
que  pouvaient  être  sur  la  place  publicfue  d'Athènes  ou  à 
la  tribune  du  sénat  romain  des  honnnes  tels  que  Démos- 
thène ou  Cicéron.  Quand  nous  lisons  aujourd'hui  les  Phi- 
Uppiques  ou  les  Catilinaires,  nous  sommes  frappés 
d'étonnemeni  et  transpoités  d'adnn'ration,  et  toujours  il 
nous  faut  dire  avec  Kschine,  connnentant  Démosthène 
devant  de  jeunes  rhétoriciens  :  «  Que  serait-ce  donc  si 
vous  aviez  entendu  le  monstre  lui-même  ?  » 

Dans  les  temps  modernes,  l'éloquence  de  la  tribune  Jie 
saurait  avoir  la  même  ampleur.  Sauf  de  bien  raies  excep- 
tions, on  ne  parle  plus  sur  la  place  pubii(pie  devant  im 
auditoire  composé  (l'inconnus.  L'orateur  politi(fue  j)reml 
la  parole  dans  une  salle  fermée,  en  présence  d'auditeuis 
qui  sont  ses  collègues  ou  ses  confrères,  et  qui  (mt  la  pré- 
tention de  connaître  aussi  bien  que  lui  les  choses  dont  il 
va  pai'ler.  Enfin  les  sténographes  sont  là  qui.  le  lende- 
main, livreront  les  discours  à  des  milHons  de  lecteurs 
alors  que  la  parole  improvisée  ne  supporte  pas  la  lecture. 
Les  conditions  de  rélo([uence  politicfue  sont  donc  bien 
changées,  et  il  est  à  peu  près  impossible  que  les  orateuj-s 
modernes  s'('4êvent  à  la  hauteur  des  anciens.  Ce  qu'on  est 
en  droit  de  Iciu^  demander,  c'est  une  véritable  connais- 
sance des  questions  qu'ils  traitent,  beaucoup  de  clarté, 
une  grande  pi'ésence  d'esprit  et  une  certaine  chaleiu'. 
C'est  grâce  à  ces  ([ualités  ([ue  Mirabeau,  le  général  Loy, 
Thiers  et  Cand^etta  se  sont  fait  un  nom  et  qu'ils  ont  agi 
sur  des  assendjlées  politiques  autant  qu'il  est  possible  de 
le  faire  au  moyen  de  la  seule  parole. 

Jj'éloiiuence  niili taire  ne  ressemble  guère  à  l'éloquence 
de  la  tribune,  car  sui'  un  champ  de  bataille  on  n'a  pas  le 
loisir  d'arrondir  des  ])ériodes,  et  le  général  a  beau  avoij' 
une  voix  de  stentor,  il  ne  peut  pas  se  faire  entendi'c  de 
40.000  ou  50.000  honunes.  C'est  le  plus  ordinairement  par 
ime  pi'oclamation  écrite,  par  un  ordre  du  jour  ou  par  un 
bulletin  que  le  chef  d'une  armée  s'adresse  à  ses  soldats; 
et  son  discours  doit  être  avant  tout  concis,  nerveux  et 
d'une  véhémenc^e  qui  n'exclut  pas  l'emphase.  Il  s'agit  en 
définitive  d'électriser  les  soldats  et  de  les  exciter  à  se  faire 
tuer  ;  pour  obtenir  un  semblable  résultat,  le  g(}néral  doit 
entretenir  ou  éveiller  dans  le  cœui'  de  ses  hommes  les 
gi'ands  sentiments  d'honneur,  de  patriotisme,  de  dévoue- 
ment et  d'abnégation;  il  doit  leur  communiquer  ses  espé- 
rances, sa  confiance,  parfois  même  sa  rage.  «  Soldats,  di- 
sait Bonaparte  dans  sa  fameuse  proclamation  de  1796, 
vous  êtes  mal  nourris  et  presque  nus,  le  gouvei'uement 
vous  doit  beaucoup,  mais  ne  peut  rien  pour  vous.  Votre 
patience,  votre  courage  vous  honorent,  mais  ne  vous  pro- 
curent ni  avantage  ni  gloire.  Je  vais  vous  conduire  dans 


--  m 


ORATOIUE 


les  plus  fertiles  plaines  du  monde;  vous  y  trouverez  de 
grandes  villes,  de  riches  provinces;  vous  y  trouvere/> 
honneur,  gloire  et  richesse.  Soldats  de  l'armée  d'Italie, 
manqueriez-vous  de  courage?  »  A  Austerlitz,  Xapoléou 
s'écriait  :  «  Soldats,  il  faut  finir  cette  campagne  par  \m 
coup  de  tonnerre!  »  Voilà  l'éloquence  militaire  dans  toute 
sa  beauté,  et  l'on  ne  saurait  rien  citer  qui  fasse  mieux 
ressortir  les  règles  du  genre,  à  moins  pourtant  qu'on  ne 
cite  cet  admirable  discours  de  La  Rochejacciuelein  :  «  Si 
j'avance,  suivez-moi;  si  je  recule,  tuez-moi;  si  je  meurs, 
vengez-moi.  »  A  la  différence  de  lélocpience  politique, 
l'éloquence  militaire  ne  doit  rien,  ou  pr*es([ue  rien  à  l'étude 
des  modèles  anciens,  et  rien  n'empêche  de  croire  que  son 
avenir  pourra  être  aussi  brillant  que  son  passé. 

]j'éloque}ice  de  la  chaire,  inconnue  de  l'antiquité 
païenne,  aurait  pu,  à  ce  qu'il  semble,  ne  lui  emprunter 
aucun  de  ses  procédés.  Et  de  fait,  pendant  les  trois  ou 
quatre  premiers  siècles  du  christianisme,  on  ne  voit  pas 
de  compositions  oratoires  qui  aient  des  allures  savantes. 
Les  Epttres  des  apôtres,  les  Apologétiques  de  saint  Jus- 
tin et  de  TertuUien  ne  sont  en  aucune  façon  tri])utaires 
de  la  rhétorique  aristotélicienne,  et  il  en  est  de  même 
des  homélies  de  saint  Jean  Chrysostome,  des  sermons  de 
saint  Aml)roise  et  de  saint  Augustin.  Mais  les  oraisons 
funèbres  des  Pères  grecs  et  celles  de  saint  Ambroise 
même  sont  des  œuvres  très  littéraires  (V.  Ouaison  funèbre) 
et  plus  tard,  quand  la  scolastique  aura  cessé  de  tyranniser 
les  intelligences,  le  sermon  lui-même  deviendra  une  œuvre 
d'art  souvent  admirable  (V.  Sermon).  Les  orateurs  sacrés, 
compatissant  à  la  faiblesse  humaine,  auront  recours  à  tous 
les  artifices  de  la  rhétorique  pour  amener  les  auditeurs  à 
se  convertir;  suivant  une  expression  de  Bossuet,  ils  lan- 
ceront la  foudre  pour  percer  les  ci'urs  de  pierre.  Tantôt 
ils  insisteront  sur  le  dogme,  et  n'accorderont  à  la  morale 
qu'une  place  restreinte,  tantôt  au  contraire  ils  cherche- 
ront à  moraliser  leur  auditoire  pour  que  les  mœurs  le  con- 
duisent à  la  foi.  Les  deux  systèmes  auront  d'illustres  re- 
présentants, puisque  Bossuet  tiendra  de  préférence  pour 
le  premier  et  Bourdaloue  pour  l'autre.  En  tout  état  de 
cause,  V éloquence  de  la  chaire  se  distinguera  des  autres 
par  sa  gravité,  par  son  habitude  de  citer  ou  de  paraphra- 
ser les  textes  sacrés,  par  ses  analyses  psychologiipies  et 
morales,  et  elle  brillera  du  plus  vif  éclat  alors  ([uc  les 
autres  genres,  et  en  particulier  l'éloquence  de  la  tribune, 
subiront  des  éclipses  plus  ou  moins  complètes  et  plus  ou 
moins  longues. 

L'éloquence  du  barreau  est  la  plus  variée  de  toutes, 
sans  comparaison,  puisque  les  avocats  peuvent  être  ame- 
nés à  traiter  les  questions  les  plus  diverses,  depuis  les 
discussions  relatives  à  un  mur  mitoyen  jusqu'aux  débats 
qui  ont  pour  enjeu  des  têtes  couronnées.  Ce  (pii  devrait 
donc  distinguer  l'avocat  de  tous  les  autres  orateurs,  c'est 
avant  tout  son  extrême  souplesse.  Cicéron  l'avait  bien 
compris,  lui  qui  fut  sans  doute  le  plus  parfait  des  avocats; 
il  exigeait  de  l'orateur  du  barreau  la  probité  sans  doute 
et  le  talent  de  parole,  vir  bonus  dicendi  peritus,  mais 
aussi  l'habileté  merveilleuse  que  peut  donner  une  longm.^ 
et  sérieuse  préparation.  A  la  science  du  droit,  l'avocat 
vraiment  digne  de  ce  nom  doitjoindre  une  singulière  apti- 
tude à  comprendre  tout  ce  qui  peut  faire  l'objet  d'un  litige 
soumis  aux  tribunaux  ;  et  il  doit  être  successivement  tout 
ce  que  sont  les  clients  dont  il  soutient  la  cause.  Les  con- 
ditions de  la  vie  moderne  ont  même  changé  d'une  manière 
absolue  le  rôle  des  avocats  lorsqu'ils  plaident  au  criminel. 
On  sait  (|u' alors  ils  n'ont  plus  affaire  à  des  juges  blasés, 
mais  à  des  jtu'és,  c.-à-d.  à  de  simples  citoyens  qui  sont 
censés  ignorer  les  dispositions  du  code,  qui  ont  pour  mis- 
sion de  se  prononcer  en  leur  âme  et  conscience  sur  l'in- 
nocence et  sur  la  culpabilité  d'un  accusé.  Il  ne  suffit  donc 
plus  à  l'avocat  moderne  d'avoir  raison  et  d'établir  à  grand 
renfort  de  textes  la  justice  de  sa  cause  ;  il  faut  qu'il  émeuve 
son  auditoire,  qu'il  détruise  les  impressions  fâcheuses  qu'a 
pu  laisser  1«  réquisitoire  du  ministère  public  ;  il  faut  enfin 


(ju'il  arrache  à  foi'ce  d'éloquence  un  verdict  favorable. 
Aussi  l'on  peut  dire  ({ue  l'éloquence  du  barreau,  admirable 
dans  l'antiquité,  moins  brillante  ({ue  les  autres  sous  l'an- 
cien régime,  a  pour  ainsi  dire  pris  sa  revanche  depuis  la 
Révolution  française,  au  temps  des  Berryer,  des  Jules  Favi'c 
et  de  tant  d'autres. 

Que  dire  enfin  de  Véloquence  académique,  la  moins 
éloquente  de  toutes?  Elle  ne  s'adresse  jamais  aux  foules, 
mais  il  lui  faut  des  auditoires  délite;  elle  n'arrache  pas 
de  larmes,  elle  n'excite  ni  la  pitié  ni  la  colère,  et  les  grands 
mouvements  lui  sont  interdits,  l^lle  se  plait  en  général  à 
développer  des  lieux  communs  et  à  ciseler  de  belles  phrases  ; 
enfin  elle  met  en  œuvre  tous  les  artifices  de  la  rhétorique. 
Le  Panégyrique  d'Athènes  par  Isocrate,  le  Panégyrique 
de  Trajan  par  Pline  le  Jeune  et  les  fameux  Eloges 
de  Fontenelle  ou  de  Thomas  semblent  être  les  modèles  du 
genre,  et  les  auteurs  de  ces  compositions  trop  savantes 
ont  mérité  le  titre  de  déclamateurs  fleuris  que  Fénelon  in- 
fligeait à  Isocrate.  C'est  à  cette  catégorie  d'orateurs  que 
songeait  La  Fontaine  quand  il  a  écrit  ces  deux  vers  : 

Je  liais  los  pièces  (rélo(|uence 
Hors  de  saison  et  (|ui  noiit  point  de  fin. 

Toutefois  il  ne  faudrait  pas  se  montrer  injuste;  puisque 
les  hommes  aiment  à  s'assembler  pour  écouter  à  loisir  des 
discours  de  cette  espèce,  on  est  bien  obligé  d'en  composer 
de  tels;  et  beaucoup  de  harangues  académiques,  ih 
leçons  d'ouverture,  de  conférences  ou  d'allocutions  sout 
des  morceaux  littéraires  de  haute  valeur.  Ce  sont  les  éiu- 
dits,  les  auteiii^s  de  classifications  à  outrance  qui  ont  eu 
le  tort  de  donner  un  nom  trop  ambitieux  à  des  œuvres 
estimables  qui  sont  à  l'éloquence  proprement  dite  ce  ((ue 
sont  à  la  poésie  les  bouquets  à  Chloris  ou  lesépithalames. 

Telles  sont  les  principales  divisions  de  Vart  oratoire.; 
mais  l'éloquence  vraiment  digne  de  ce  nom  échappe  aux 
réglementations  trop  étroites  :  elle  ne  connaît  pas  de  fron- 
tières, elle  n'obéit  pas  à  des  lois  immuables.  On  a  même 
observé  avec  raison  que  la  rhétorique  n'est  point  la  mère 
de  l'éloquence,  et  que  l'éloquence  des  premiers  orateurs 
a  au  contraire  donné  naissance  à  la  rhétorique.  Bien  plus, 
la  grande  ékxpience  a  ce  privilège  qu'elle  sort  du  cœur  à 
la  façon  d'un  torrent,  peclus  est  quod  diserfos  facit.  et 
l'on  sait,  depuis  Pascal,  ([ue  le  cœ'ur  a  ses  raisons  ({ue  lu 
raison  ne  comprend  pas  toujours.  D'ailleurs,  il  est  inad- 
missible que  l'orateur  véritable  soit  comme  un  écolier  (jui 
récite  sa  leçon  ou  comme  un  acteur  qui  débite  son  rôle  ; 
plein  de  son  sujet,  préparé  par  de  longues  études  à  com- 
prendre vite  les  choses,  il  doit  s'abandonner  souvent  à 
l'inspiration  du  moment  et  improviser  des  passages  entiers. 
Le  cri  célèbre  de  Mirabeau  «  Silence  aux  trente  voix  !  » 
et  beaucoup  d'autres  du  même  genre  sont  des  improvisa- 
tions ;  l'orateur  est  comme  un  athlète  qui  doit  savoir  pa- 
rer les  coups  de  ses  adversaires  et  leur  en  porter  lui- 
même  de  terribles  dès  qu'ils  prêtent  le  fianc.  Il  y  a  plus  :  les 
œuvres  oratoires  sont  destinées  à  être  entendues,  et  non 
pas  à  être  lues  ;  le  discours  parlé  ne  doit  donc  en  aucune 
façon  ressembler  au  discours  écrit  ;  il  comporte  notam- 
ment des  redites  voulues  (fui  seraient  insu[)portables  ù  la 
lecture.  Après  avoir  exprimé  sa  pensée  d  une  manière^ 
abstraite,  l'orateur  la  reprend  volontiers  sous  une  forme 
concrète,  et  il  la  reprend  encore  une  troisième  fois  pour 
mieux  la  faire  comprendre  à  l'aide  d'une  image.  L'écri- 
vain au  contraire  croirait  mancjuer  de  respect  à  son  lec- 
teur s'il  insistait  de  la  sorte  ;  il  sait  fort  bien  que  cehd 
qui  lit  peut  toujours  s'arrêter  et  au  besoin  revenir  en 
arrière.  C'est  pour  cette  raison  que  rien  n'est  ennuyeux, 
sauf  quand  il  s'agit  de  l'éloquence  académique,  comme  m\ 
discours  écrit  en  entier  et  lu  ou  récité;  c'est  pour  lu 
même  raison  que  la  lecture  des  plus  beaux  discours  de 
Lacordaire,  de  Berryer  ou  de  Thiers  est  généralement  pé- 
nible et  cause  à  ceux  qui  la  font  une  véritable  déception. 
C'est  encore  pour  cette  raison  que  nous  admirons  si  fort 
les  sermons  de  Bossuet,  publiés  sur  de  simples  brouillons, 
et  conservant  ainsi  bien  des  traces  de  l'inspiration  du 


ORATOIRE 


480  — 


moment  et  de  la  fougue  du  grand  orateur.  Aussi  Télo- 
((uence  oceupe-t-elle  dans  la  littérature  une  place  à  part, 
tout  à  côté  de  la  poésie,  et  son  histoire  va  nous  montrer 
que  les  grands  orateurs  sont  mis  avec  raison  au  rang  des 
plus  grands  génies  :  «  L'éloquence,  dit  un  écrivain  du 
xviii*^  siècle,  est  le  despotisme  du  génie  ;  elle  commande, 
et  l'on  obéit  sans  examen.  » 

II.  Histoire  sommaire  de  l'art  oratoire.  —  Qu'il 
s'agisse  de  rhétorique  ou  d'éloquence  proprement  dite, 
Vart  oratoire  a  fourni,  depuis  les  temps  les  plus  reculés 
jusqu'à  nos  jours,  une  carrière  brillante,  et  son  histoire  parti- 
culière est  un  des  plus  beaux  chapitres  de  l'histoire  littéraire 
des  nations  civilisées.  On  trouvera  au  mot  Rhétoriuue  l'his- 
toire abrégée  de  l'art  de  bien  dire;  c'est  ici  même  qu'il 
faut  conter  brièvement  l'histoire  du  bel  art  de  persuader. 

On  a  vu  plus  haut  que  l'éloquence  est  naturelle  à  l'homme  ; 
aussi  a-t-elle  été  en  grand  honneur  chez  les  peuples  an- 
ciens. Les  poètes  épiques,  et  à  plus  forte  raison  les  poètes 
dramatiques,  ont  placé  une  infinité  de  discours  dans  la 
bouclie  de  leurs  personnages,  et  les  historiens  ont  inventé 
de  toutes  pièces  les  discours  qu'auraient  pu  ou  dû  pro- 
noncer en  telle  ou  telle  circonstance  les  hommes  d'Etat  ou 
les  généraux  dont  ils  racontaient  les  faits  et  gestes.  VIliade 
et  Y  Odyssée  d'une  part,  les  Histoires  d'Hérodote  de  l'autre, 
ont  donné  l'exemple,  et  cet  exemple  a  été  suivi  durant  de 
longs  siècles.  Mais  c'est  surtout  en  Grèce,  et  à  dater  du 
v^  siècle,  que  rélo{|uence  joue  un  rôle  prépondérant  dans 
les  affaires  publiques  et  qu'elle  brille  d'un  é(*lat  incompa- 
rable. Thémistocle  et  Aristide  étaient  de  grands  orateurs 
avant  même  d'être  de  grands  politiques;  et  Périclès,  ([ui 
(loima  son  nom  au  plus  beau  siècle  de  l'histoire  grecque, 
dut  surtout  à  son  éloquence  entraînante,  les  anciens  di- 
raient foudroyante,  l'autorité  qu'il  a  conservée  durant 
trente  ans.  A  leur  école  se  formèrent  les  orateurs  de  l'âge 
(pii  suivit,  et  tant  que  la  Grèce  ne  fut  pas  asservie,  l'agoia 
fut  occupée  successivement  par  une  multitude  d'orateurs 
de  talent  ou  même  de  génie.  Au  premier  rang  se  sont 
placés  les  maîtres  de  l'éloquence,  Antiphon,  Lysias,  Iso- 
cratc,  Eschinc  et  enfin  l'incomparable  Démosthène,  leplus 
grand  de  tous  et  le  dernier  en  date.  A  force  de  travail  et 
d'intelhgence,  Antiphon  avait  fait  disparaître  de  ses  com- 
positions oratoires  toute  trace  de  pesanteur,  de  subtilité 
et  de  mauvais  goût  ;  Lysias  sut  être  à  la  fois  élégant, 
simple  et  d'un  naturel  exquis  ;  Isocrate,  qui  n'osa  jamais 
aborder  les  luttes  de  la  tribune,  soigna  plus  particulière- 
ment la  forme,  et  nul  n'a  contribué  plus  que  lui  à  façon- 
ner, pour  ainsi  dire,  cet  admirable  instrument  dont  Dé- 
mosthène allait  se  servir  avec  toute  la  supériorité  de  son 
bon  sens,  de  son  patriotisme  et  de  son  génie. 

Avec  Démosthène,  qui  dut  s'empoisonner  afin  de  mourir 
libre,  neuf  ans  après  la  mort  d'Alexandre,  périt  la  liberté 
d'Athènes,  et  avec  la  liberté  disparut  l'éloquence  politique. 
Les  orateurs  qui  vinrent  ensuite  ne  furent  plus  que  des 
rhéteurs,  c.-à-d.  des  déclamateurs  et  des  bavards  dont 
l'art  consistait  à  bien  arrondir  des  périodes  et  à  soutenir 
indifféremment  le  pour  ou  le  contre.  Mais  du  moins  ces 
rhéteurs  comprenaient  et  admiraient  les  chefs-d'œuvre  de 
leurs  illustres  devanciers  ;  ils  surent  les  transmetti'c  à  la 
postérité,  et  ils  ouvrirent  dans  toutes  les  viUes  de  l'Orient 
groc  des  écoles  d'éloquence,  comme  l'avait  déjà  fait  Eschine. 
vaincu  par  Démosthène  et  contraint  de  s'exiler.  Dans  ces 
écoles  vinrent  se  former  de  jeunes  étrangers,  et  c'est  ainsi 
([ue  la  Grèce  se  trouva  appelée  à  transmettre  aux  Romains 
les  secrets  de  son  incomparable  éloquence. 

Les  Romains  n'étaient  pas  aussi  bien  doués  que  les  Grecs 
pour  les  choses  de  l'art  et  de  la  littérature,  mais  les  conditions 
de  leur  existence  politique  les  obligèrent,  tout  comme  les 
Grecs,  à  cultiver  l'art  oratoire.  Dès  les  premiers  temps  de 
la  Républi({ue,  si  nous  en  croyons  les  historiens,  Ménénius 
Agrippa,  introduisant  dans  un  discours  aux  plébéiens  ré- 
voltés la  fable  des  Membres  et  de  l'Estomac,  dut  à  son 
éloquence  un  beau  triomphe.  Tout  jeune  Romain  quiaspi- 
lait  aux  honneurs  devait  être  également  habile  à  parler, 


à  administrer  et  à  combattre;  sur  le  forum,  au  sénat,  dans 
les  provinces  et  même  sur  les  champs  de  bataille,  il  fallait 
pouvoir  discourir.  Assurément,  l'éloquence  romaine  fut 
d'abord  grossière,  sauvage,  brutale  même,  et  il  en  fut 
ainsi  tant  que  les  Romains  ne  connurent  pas  la  Grèce  ; 
mais  en  revanche  cette  éloquence  eut  les  qualités  de  ses 
défauts  ;  elle  fut  naïve,  forte  et  passionnée.  Ce  n'est  pas 
à  l'école  des  orateurs  ou  des  rhéteurs  grecs  que  s'étaient 
formés  les  Gracques  ;  il  est  pourtant  bien  éloquent,  et 
même  bien  littéraire,  le  fameux  discours  de  Tibérius  Grac- 
chus  où  l'on  peut  lire  ce  beau  passage  :  «  Les  bêtes  sau- 
vages de  l'Italie  ont  un  gîte,  une  tanière,  une  caverne. 
Les  hommes  (pii  combattent  pour  l'Italie  ont  en  partage 
l'air  et  la  lumière,  rien  de  plus.  Ils  n'ont  ni  toit,  ni  de- 
meure ;  ils  errent  de  tous  côtés  avec  leurs  femmes  et  leurs 
enfants...  On  les  appelle  les  maîtres  du  monde,  et  ils  ne 
possèdent  pas  une  motte  de  terre  !  »  L'éloquence  du  vieux 
Caton  apportant  au  sénat  des  figues  de  Carthage  encore 
toutes  fraîches  et  concluant  de  là  qu'il  fallait  détruire  cette 
ennemie  de  Rome,  delenda  est  Carthago,  n'est  pas  moins 
digne  d'admiration.  La  forme  pouvait  être  rude,  le  fond 
était  excellent,  et  le  jour  où  les  rhéteurs  grecs  vinrent 
ouvrir  à  Rome  des  écoles  d'éloquence,  les  orateurs  romains 
acquirent  les  qualités  qui  leur  avaient  manqué  jusqu'alors. 
Les  Scipions  n'hésitèrent  pas  à  étudier  dans  leur  âge  iniïr 
les  chefs-d'œuvre  de  l'éloquence  grecque;  des  hommes  po- 
litiques plus  jeunes  les  imitèrent,  et,  trente  ans  avant  la 
naissance  de  (^icéron,  Antoine  et  Crassus  étaient  célèbres 
comme  orateurs.  Ils  avaient  su  emprunter  aux  Grecs  leur 
disposition  savante,  l'abondance  et  la  richesse  de  leurs  dé- 
veloppements, et  enfin,  dans  une  certaine  mesure,  la  ])er- 
fection  de  leur  style  et  la  divine  harmonie  de  leur  diction. 
Cicéron,  formé  par  les  meilleurs  maîtres  de  son  temps  et 
déjà  connu  par  quelques  plaidoyers,  n'hésita  pas  à  voya- 
ger durant  trois  années  consécutives  en  Grèce  et  en  Asie 
Mineure,  et  l'on  sait  à  quelle  hauteur  s'éleva  son  éloquence 
dans  les  Catiliiiaires,  dans  les  Verrines,  dans  les  Phi- 
HppiqiieSy  dans  les  plaidoyers  pour  le  poète  Archias,  pour 
Muréna,  pour  Ligarius,  pour  Marcellus,  pour  Milon  et  pour 
bien  d'autres.  On  admire  en  lui  le  grand  orateur  politique; 
l'avocat  est  plus  admirable  encore  parce  que,  dans  ses 
plaidoyers,  Gicéron  pouvait  donner  libre  carrière  à  sa 
verve  railleuse,  à  son  esprit,  à  sa  franche  gaîté.  Si  Dé- 
mosthène est  le  prince  des  orateurs  politiques,  Gicéron  est 
le  prince  des  avocats,  et  même  comme  orateur  politique 
il  est  souvent  bien  près  de  Démosthène.  Tous  les  autres 
orateurs  grecs  ou  romains  lui  sont  inférieurs,  et  c'est  à 
peine  si  l'on  ose  citer  à  côté  de  lui  César,  Hortensius, 
Brutus,  Cœlius  et  ceux  dont  il  est  parlé  dans  le  Brut  us 
de  Cicéron  ou  dans  le  Diatogue  des  orateurs  attribué  à 
Tacite,  ou  enfin  dans  Quintilien. 

L'asservissement  de  Rome  par  Auguste  produisit  sur 
l'éloquence  des  effets  analogues  à  l'asservissement  d'Athènes 
par  Philippe  et  Alexandre  ;  elle  fut  «  pacifiée  »,  suivant 
le  mot  célèbre  de  Tacite,  c.-à-d.  qu'il  ne  fut  plus  possible 
à  des  orateurs  dignes  de  ce  nom,  à  des  hommes  indé- 
pendants, de  discuter  les  affaires  publiques  au  forum  ou 
dans  la  curie.  On  continua  sans  doute  à  plaider  devant  les 
tribunaux,  mais  on  le  fit  d'après  les  préceptes  des  so- 
phistes et  des  rhéteurs  ;  l'éloquence  telle  que  pouvait  la 
comprendre  le  monde  païen  était  véritablement  morte. 

Le  christianisme  ne  tarda  pas  à  la  ressusciter  en  la 
transformant  d'une  manière  complète.  Eiintes  docete 
omnes  génies,  avait  dit  le  maître  ;  Allex,,  enseignez 
toutes  tes  nations  ;  les  apôtres  obéirent,  et  ils  lurent 
tous  des  orateurs.  L'amour  du  prochain  engendra  l'esprit 
de  prosélytisme,  inconnu  aux  religions  polythéistes,  et 
ainsi  l'éloquence  fut  mise  au  service  de  la  foi  et  de  la  cha- 
rité. Eort  peu  soucieuse  de  la  perfection  littéraire  tant  que 
les  chrétiens  durent  se  réunir  dans  les  catacombes  ou  dans 
les  déserts,  cette  éloquence  crut  pouvoir  ensuite  se  modeler 
sur  les  chefs-d'œuvre  de  la  Grèce  et  de  Rome  et  montrer 
aux  grands  de  la  terre  qu'elle  était  capable  de  s'adresser 


481 


OHATOIRE 


à  eux.  Les  Pères  de  l'i^^glise  grecque  ou  lutine,  saint  Ba- 
sile, saint  (irégoire  de  Xazianze,  saint  Jean  Chrysoslonie, 
saint  Ambroise,  saint  Jérôme  et  saint  Augustin  étaient 
des  humanistes  fort  distingués.  Ils  avaient  étudié  les  ora- 
teurs, les  poètes,  les  historiens  et  même  les  philosophes 
de  la  Grèce  et  de  Rome,  et  il  ne  leur  déplaisait  pas  de 
prouver  aux  princes  et  aux  grands  du  monde  que  le  chris- 
tianisme savait  à  l'occasion  parler  la  langue  des  Démos- 
thène  et  des  Cicéron.  Les  Pères  grecs  du  iv*^  siècle  peuvent 
être  mis  en  parallèle  avec  les  meilleurs  écrivains  de  leur 
époque  et  même  de  celle  (jui  a  précédé;  et  si  les  Pères 
latins  leur  sont  inférieurs,  c'est  parce  que  l'invasion  des 
Barbares  exerça  ses  ravages  en  Italie,  en  Gaule  et  dans 
toutes  les  provinces  de  l'Occident,  alors  que  Constantinople 
protégeait  eliicacement  la  Grèce  et  l'empire  d'Orient. 

Bientôt  même,  à  la  tin  du  v*^  siècle,  le  monde  latin  fut 
entièrement  submergé  par  le  flot  qui  montait  toujours  ; 
l'éloquence  disparut  avec  tous  les  autres  genres  de  litté- 
rature et  avec  tous  les  arts.  A  Constantinople  et  chez  les 
Néo-Grecs,  ce  furent  les  sophistes  chrétiens  qui  la  rui- 
nèrent eux-mêmes  à  force  de  subtihser,  et  parce  qu'ils  se 
livrèrent  dès  lors  à  ce  qu'on  a  pu  appeler  des  querelles 
byzantines.  On  ne  pourrait  citer  un  seul  orateur  grec  ou 
latin  durant  les  siècles  qui  suivirent,  et  lorsqu'entin  le  goût 
des  études  reparut,  les  clercs  ((ui  savaient  la  langue  de 
rLglise  n'étaient  guère  à  même  de  se  faire  comprendre 
des  foules.  Il  faut  ajouter  à  cela  que  le  triomphe  de  la 
méthode  scolastique  n'était  pas  de  nature  à  redonner  la 
vie  à  l'éloquence  proprement  dite  :  quand  on  passe  tout 
son  temps  à  échafauder  des  raisonnements  en  barbara  ou 
en  baroco,  on  se  condamne  par  avance  à  ignorer  toujours 
les  secrets  de  l'art  de  persuader.  Et  pourtant  le  clergé  du 
xi^  siècle  agissait  sur  les  masses  ;  il  faut  bien  admettre 
(jue  Pierre  l'Ermite  et  les  autres  prédicateurs  de  la  croi- 
sade étaient  éloquents  à  leur  manière  puisque  leur  parole 
enflammée  excitait  des  centaines  de  mille  hommes  à  tout 
(|uitter  pour  entreprendre  la  con(|uête  du  Saint-Sépulcre. 
Mais  une  telle  éloquence  n'avait  rien  de  littéraire,  rien  qui 
pût  faire  songer  aux  behes  et  savantes  harangues  de  l'an- 
tiquité. A  rélo([uence  proprement  dite,  plus  encore  qu'à  la 
poésie,  il  faut  une  langue  forte;  et  la  prose  du  moyen  âge, 
même  celle  de  Joinville  avec  ses  ([uahtés  charmantes,  n'avait 
pas  assez  de  vigueur  pour  convenir  à  l'art  oratoire. 

Chose  curieuse,  le  xvi^  siècle  ne  fit  guère  mieux  sous 
ce  rapport  que  les  dix  siècles  de  barbarie  pour  lesquels  il 
s'est  montré  si  sévère.  Le  sermon  continua  à  être  la  seule 
forme  de  l'éloquence,  et  un  sermon  c'était  un  entassement 
de  'preuves  disposées  dans  un  certain  ordre,  toujoiu's  le 
même.  Il  y  fallait  un  thème,  le  texte  tiré  de  l'I^criture, 
un  prothème,  séparé  du  thème  par  un  Pater  qui  devint 
un  Ave  Maria  lors  de  l'apparition  du  protestantisme  ;  une 
teneur,  un  exemple,  une  péroraison  et  une  prière  finale. 
La  grande  raison  qui  arrêta  ainsi  l'essor  de  l'éloquence 
religieuse,  alors  que  la  poésie  prenait  son  vol  avec  Marot 
et  Ronsard,  c'est  que,  la  Renaissance  et  la  Réforme  étant 
])our  ainsi  dire  sœurs,  le  clergé  commença  par  les  enve- 
lopper toutes  deux  dans  une  même  réprobation.  Il  pré- 
tendit rester  fidèle  aux  traditions  du  passé,  il  ne  voulut 
pas  renoncer  à  la  scolastique  pour  revenir  à  l'étude  des 
Pères  grecs  ou  latins;  la  seule  concession  qu'il  fit  enfin, 
ce  fut  d'ouvrir  la  porte  à  l'érudition,  et  les  résultats  furent 
désastreux.  C'est  à  pehie  si,  tout  à  la  fin  du  siècle,  alors 
que  la  véritable  éloquence  avait  pourtant  fait  son  appari- 
tion dans  les  écrits  de  Calvin,  de  Rabelais  même  et  sur- 
tout de  Montaigne,  on  put  entendre  quelques  discours, 
notamment  l'oraison  funèbre  de  Ronsard  par  Davy  du 
Perron,  dans  lesquels  apparaissait  le  désir  de  faire  œuvre 
d'artiste.  Quant  aux  prédicateurs  en  vogue,  les  Raulin.  les 
Menot,  les  Maillard  et  autres  dont  on  nous  a  conservé  les 
élucubrations,  ils  étaient  parfaitement  ridicules,  et  l'on 
voudi'âit  croire  qu'ils  n'ont  pas  débité  dans  la  chaire  chré- 
tienne des  discours  macaronicjues  d'une  bouffonnerie  si 
grossière. 

GRA.NUE  EiNCVCLOPÉlUr,.    —    XXV. 


L'éloquence  du  barreau  et  l'éloquence  politique  n'étaient 
d'ailleurs  pas  en  meilleure  situation  au  xvi*^  siècle  ;  les 
plaidoyers,  alors  fameux,  d'un  Pasquier,  d'un  Arnauld, 
d'un  Montholon,  d'un  Servin  et  de  beaucoup  d'autres  en- 
core, sont  absolument  iUisiblesen  raison  de  l'insupportable 
pédantisme  de  leurs  auteurs.  Le  chef-d'œuvre  de  l'élo- 
([uence  laïque  en  ce  temps-là,  c'est  la  célèbre  harangue 
prêtée  à  M.  d'Aubray  par  les  auteurs  de  la  Satire  Mè- 
nippée;  mais  c'est  un  discours  de  cabhiet,  et  les  ora- 
teurs proprement  dits  se  seraient  bien  gardés  de  parler 
ainsi. 

Tout  change  quand  on  arrive  au  xvii^ siècle,  parce  que, 
sous  Henri  IV  et  Sully,  continués  par  Richelieu,  le  bon 
sens  et  l'amour  de  la  règle  sont  enfin  à  l'ordre  du  jour. 
La  réforme  qui  fut  introduite  dans  la  poésie  par  Malherbe, 
dans  la  prose  par  Balzac  et  l'Hôtel  de  Rambouillet,  dans 
la  philosophie  par  Descartes,  on  rappli({ua  sans  tarder  à 
l'éloquence  de  la  chaire  et  à  l'élocpience  du  barreau,  les 
seules  connues  alors,  et  l'Académie  française  ne  tarda  pas 
à  constituer  un  troisième  genre  d'éloquence,  l'éloipience 
académique. 

L'éloquence  religieuse  est  de  beaucoup  la  plus  favorisée 
à  cette  époque  de  notre  histoire  littéraire,  et  l'on  sait  de 
({uel  incomparable  éclat  ont  brillé  les  grands  orateurs  de 
la  chaire,  les  deux  Lhigendes,  le  P.  Lejeune,  le  P.  Se- 
nault,  Fromentières,  le  P.  Desmares,  Bossuet,  Bourda- 
loue,  Fléchier,  Mascaron,  Massillon,  le  P.  Cheminais, 
Soanen,  le  P.  Séraphin,  le  P.  Larue  et  tant  d'autres.  Ce 
n'est  pas  le  hasard  qui  a  groupé  tous  ces  prédicateurs  au- 
tour de  Louis  XIV  ;  la  chaire  chrétienne  a  pu  être  illus- 
trée de  la  sorte  parce  que  tous  ces  hommes,  fort  bien 
doués  sans  doute,  se  sont  attachés  à  mettre  en  pratique 
des  règles  précises  qu'avaient  établies,  au  début  du  siècle, 
queb[ues  réformateurs  véritablement  apostoliques,  saint 
François  de  Sales,  le  P.  de  BériiUe  et  les  premiers  orato- 
riens  ses  disciples,  le  P.  de  Lingendes  et  ((uelques  autres 
jésuites,  l'abbé  de  Saint-Cyran,  Singlin  et  les  hommes  de 
Port-Royal.  Sur  ce  point  particulier,  il  n'y  avait  point  de 
désacccord  entre  eux  ;  le  prédicateur  devait  être  à  leurs 
yeux  tel  que  se  le  représentait  saint  François  de  Sales. 
Prêcher,  c'était  avant  tout  se  proposer  d'instruire  et 
d'émouvoir  un  audhoire  chrétien,  de  lui  plaire  pai' la  sain- 
teté de  la  doctrine  et  par  les  pieuses  affections.  L'orateur 
devait  avoir  toujours  présente  à  l'esprit  cette  maxime  du 
saint  évèque  de  Genève  :  «  Le  cœur  parle  au  cœur,  et  la 
langue  ne  parle  qu'aux  oreilles.  »  Compris  de  cette  façon, 
le  discours  chrétien  ne  pouvait  manquer  de  rejeter  et  les 
subtilités  de  la  scolasti({ue,  et  les  faux  brillants  du  bel 
esprit,  et  les  interminables  citations  d'une  érudition  pé- 
dantes({ue.  Ce  qu'il  supprimait  ainsi,  il  le  remplaçait  aisé- 
ment par  un  exposé  lumineux  des  vérités  dogmatiques, 
par  une  heureuse  application  des  plus  beaux  passages  de 
l'Ecriture  et  des  Pères,  cités  ou  paraphrasés  avec  goût, 
par  une  peinture  exacte  du  cœur  humain  et  finalement 
par  un  appel  aux  nobles  sentiments.  La  rhétorique  n'était 
pas  bannie  de  ce  genre  de  discours,  loin  de  là  ;  mais  ce 
devait  être  une  rhétorique  toute  chrétienne.  L'éloquence 
ne  devait  apparaître,  le  mot  est  de  Bossuet  lui-même,  que 
comme  la  suivante  de  la  théologie  et  de  la  morale  évan- 
géliques.  Aussi  les  orateurs  les  plus  puissants  de  cette 
belle  époque,  et  Bossuet  en  particulier,  n'ont-ils  pas  eu  à 
innover  en  quoi  que  ce  soit  ;  ils  n'ont  fait  que  suivre,  en 
hommes  de  génie,  il  est  vrai,  le  chemin  qui  leur  avait  été 
tracé  par  des  réformateurs  catholiques.  Ils  se  sont  même 
astreints  à  conserver  le  cadre  de  l'ancienne  prédication 
scolastique  ;  ils  ont  respecté  l'usage  des  divisions  et  des 
subdivisions.  Ym  définitive,  ils  ont  fait  simple,  ce  qui  ne 
les  a  pas  empêchés  de  faire  grand. 

L'éloquence  judiciaire,  objet  de  j'éformes  timides  dans 
la  première  moitié  du  xvii^  siècle,  s'est  élevée  moins  haut 
([ue  l'éloquence  religieuse  ;  mais  aussi  faut-il  convenir  que 
la  situation  des  avocats  était  moins  favorable  aux  progrès 
de  Fart  oratoire  que  celle  des  prédicateurs.  Ils  parlaient 

31 


ORATOIRE  —  ORATORIENS 


—  482 


devant  des  magistrats  qui  appartenaient  tous  à  une  caste 
fermée,  qui  conservaient  avec  un  soin  jaloux  les  traditions 
du  passé,  qui  ne  voulaient  rien  changer  à  la  langue  ar- 
chaïque des  tribunaux,  et  qui  auraient  vu  de  très  mauvais 
œil  un  avocat  novateur.  C'est  pour  cette  raison  que  des 
hommes  naturellement  très  éloquents,  tels  que  Patru  et 
Antoine  Le  Maître,  n'ont  pas  donné  toute  leur  mesure  et 
ne  sauraient  être  mis  en  parallèle  avec  leurs  devanciers 
d'Athènes  ou  de  Rome.  Toujours  embarrassés  et  comme 
empêtrés  au  milieu  des  difficultés  de  la  procédure,  obligés 
de  discuter  et  souvent  d'épiloguer  sur  des  textes  de  lois 
romaines,  contraints,  pour  soutenir  l'attention  d'un  audi- 
toire quelque  peu  pédant,  de  prodiguer  les  citations  d'au- 
teurs sacrés  et  profanes,  ils  ne  pouvaient  pas  arriver  à  la 
grande  éloquence.  Ils  ont  fait  néanmoins  tout  ce  qu'il  leur 
était  permis  de  faire,  et  les  plaidoyers  de  Patru,  ceux  de 
Le  Maître  plus  encore,  se  distinguent  de  ceux  de  leurs 
confrères  par  une  sobriété  plus  grande,  par  des  écarts  de 
goût  moins  fréquents,  enfin  par  la  pureté  de  la  langue  et 
quelquefois  par  la  vigueur  et  par  la  concision  du  style  ; 
ils  ont  surtout  des  qualités  d'écrivains.  Les  magistrats  qui 
portaient  la  parole  au  nom  du  roi  dans  sa  cour  de  Parle- 
ment ou  ailleurs,  les  avocats  généraux,  les  procureurs 
généraux,  les  Omer  Talon,  les  Denis  Talon,  les  Lamoi- 
gnon,  les  Daguesseau  et  autres,  n'étaient  pas  beaucoup 
plus  à  leur  aise,  puisque  les  grandes  considérations  poli- 
tiques leur  étaient  interdites  ;  heureux  encore  quand  il 
leur  était  permis  de  s'exprimer  en  français  au  lieu  de  dé- 
biter et  d'écouter  des  harangues  latines!  Pour  amener 
une  heureuse  transformation  de  F  éloquence  judiciaire,  il 
fallait  commencer  par  réformer  le  code  lui-même,  et  c'est 
seulement  sous  le  règne  personnel  de  Louis  XIV,  au  temps 
de  Colbert  H  de  Pussort ,  (jue  cette  importante  réforme 
fut  entreprise  ;  le  xvii^  siècle  était  donc  irrémédiablement 
condamné  à  ne  pas  compter  de  grands  orateurs  parmi  ses 
avocats  et  parmi  ses  innombrables  magistrats. 

Que  dire  enfin  de  l'éloquence  académique  au  siècle  de 
Louis  XIV?  L'institution  des  llejnercieinenls  à  MM.  de 
r Académie  française  semblait  promettre  à  la  France  une 
infinité  de  harangues  éloquentes  ;  mais  l'inéluctable  néces- 
sité de  louer  successivement  Louis  XIV,  Richeheu,  Sé- 
guier,  l'Académie  tout  entière  et  en  particuher  le  littéra- 
teur plus  ou  moins  obscur  dont  on  prenait  la  place, 
paralysa  les  efforts  des  plus  grands  génies  eux-mêmes.  Les 
discours  de  réception  de  Corneille,  de  Rossuet,  de  La 
Fontaine,  de  Roileau  et  des  auti'es,  sont  à  coup  sûr  leurs 
œuvres  les  plus  médiocres.  De  toutes  les  harangues  du 
xvii<^  siècle,  une  seule  mérite  d'êti'e  mise  à  part  ;  ce  n'est 
pas  le  discours  de  réception  de  Racine,  car  celui-là  n'a 
pas  même  été  imprimé,  c'est  l'admirable  réponse  que  le 
grand  poète  fit  au  discours  de  Thomas  Corneille  en  1685  ; 
un  discours  sur  plus  de  mille,  on  conviendra  que  c'est 
bien  peu  de  chose  ! 

L'histoire  de  l'art  oratoire  au  xviii®  siècle  n'est  mal- 
heureusement pas  longue  à  raconter.  Les  innombrables 
prédicateurs  de  cette  époque  sont  en  général  d'une  déso- 
lante médiocrité  parce  qu'ils  se  sont  attachés  à  copier  ser- 
vilement les  modèles  du  siècle  précèdent,  Rossuet  et  Flé- 
chier  pour  l'oraison  funèbre,  RourdaloucetMassillon  pour 
le  sermon.  Ils  auraient  sans  doute  été  plus  dignes  d'es- 
time si,  en  s'inspirant  des  mêmes  principes,  ils  avaient  su 
être  indépendants.  C'est  donc  par  acquit  de  conscience  que 
les  historiens  de  la  littérature  enregistrent  les  noms  de 
Surian,  de  Terrasson,  de  Poulie,  de  Rridaine,  de  Le  Cha- 
pelain, de  l'abbé  de  Reauvais,  le  dernier  en  date  et  le 
meilleur  de  tous,  et  enfin  de  Saurin,  ce  Rourdaloùe  du  pro- 
testantisme. Sans  être  aussi  peu  chrétiens  qu'on  s'est  plu 
à  le  répéter,  ces  orateurs  out  eu  le  (oi't  de  vouloii'  être 
avant  tout  des  hommes  de  lettres  ;  c'est  pour  cette  raison 
que,  sauf  l'abbé  de  Reauvais  et  Saurin,  ils  sont  à  nos 
yeux  des  rhéteurs  qui  ne  méritaient  pas  d'atteindre  la  vé- 
ritable éloquence. 
Le  même  défaut  de  méthode  produisit  les  mêmes  résul- 


tats au  xviii*^  siècle  en  ce  qui  touche  l'éloquence  du  bar- 
reau. Les  contemporains  ont  eu  beau  vanter  les  mérites 
extraordinaires  des  avocats  de  Sacy,  Normant,  Cochin  et 
Gerbier,  le  Cicéron  français;  la  postérité  se  refuse  à  ra- 
tifier de  si  pompeux  éloges.  C'est  tout  au  plus  si  nous  met- 
tons à  part  le  chancefier  Daguesseau,  et  encore  est-il  con- 
sidéré comme  un  écrivain  distingué  phitôt  que  comme  un 
grand  orateur.  Le  siècle  de  la  philosophie  ne  pouvait  évi- 
demment pas  être  celui  de  la  poésie,  et  à  plus  forte  rai- 
son celui  de  l'éloquence. 

Au  xviii^  siècle  a  succédé  la  Révolution,  sa  fille,  et  l'on 
sait  combien  la  Révolution  française,  funeste  à  la  littéra- 
ture proprement  dite,  à  l'éloquence  de  la  chaire  et  à  celle 
du  barreau,  a  favorisé  au  contraire  l'éclosion  d'une  élo- 
quence nouvelle,  impossible  sous  l'ancien  régime,  de  l'élo- 
quence pohtique.  Il  suffit  de  nommer  les  principaux  ora- 
teurs de  la  Constituante  et  de  la  Législative,  Maury.  les 
Lameth,  Vergniaud,  Rarnave,  Gensonné,Rarbaroux,  Mira- 
beau surtout,  pour  compi'endre  que  les  petits-fils  des  an- 
ciens Gaulois  avaient  hérité  de  l'éloquence  si  vantée  de 
leurs  ancêtres.  Grâce  à  la  Révolution,  l'art  oraloire  a  pu 
refleurir  en  France,  et  si  les  orateurs  de  la  chaire,  les 
Frayssinous,  les  Lacordaire,  les  Ravignan  et  leurs  su('- 
cesseurs  sont  inférieurs  aux  grands  maîtres  du  xvii^  siècle, 
il  faut  convenir  que  les  militaires  comme  Napoléon,  les 
hommes  pohtiques  comme  Royer-CoUard,  Renjamin  Cons- 
tant, le  général  Foy,  Casimir  Périer,  Thiers,  Guizot,  de 
Rroglie,  Lamartine,  de  Tocqueville,  de  Montalembert  et 
Gambetta,  et  enfin  les  avocats  proprement  dits  comme 
Rerryer,  Dufaure  et  Jules  Favre,  tiennent  une  belle  place 
dans  l'histoire  de  Fart  oratoire  en  France. 

Ft  si,  pour  compléter  ce  rapide  aperçu,  on  jetait  un 
coup  d'œil  sur  les  littératures  étrangères,  on  pourrait 
ajouter  quelques  noms  à  ceux  qui  précèdent;  il  serait  in- 
juste de  ne  pas  mentionner  des  orateurs  religieux  comme 
Luther  et  Mélanchton  en  Allemagne,  comme  Tillotson  et 
Rlair  en  Angleterre.  L'éloquence  politiquerevendiqueraitSa- 
vonarole  pour  l'Italie,  lord  Chalham,  WiUiamPitt,  O'Con- 
nell  et  bien  d'autres  pour  l'Angleterre  ;  chaque  pays  enfin 
apporterait  des  noms  plus  ou  moins  célèbres,  parce  que 
l'éloquence  peut  être  de  tous  les  temps  et  de  tous  les  pays. 
Ce  que  l'avenir  lui  réserve,  nul  ne  le  sait,  mais,  bien  que 
les  conditions  de  la  vie  politique,  civile  et  rehgieuse  soient 
très  changées  depuis  la  prodigieuse  difi'usion  des  journaux, 
il  est  permis  de  croire  qu'un  orateur  politique  semblable  à 
Mirabeau  obtiendra  toujours  des  triomphes  dans  les  as- 
semblées délibérantes  ;  qu'un  prédicateur  ayant  le  génie 
de  Rossuet  transportera  toujours  d'admiration  un  audi- 
toire chrétien,  et  enfin  qu'un  avocat  aussi  merveilleusement 
doué  que  l'était  Cicéron  ravira  toujours  des  juges  ou  des 
jurés.  Ce  ne  sont  pas  les  occasions  qui  manquent  aux  ora- 
teurs ;  ce  sont  actuellement  les  orateurs  qui  manquent  aux 
occasions,  et  rien  ne  prouve  qu"il  en  sera  toujours  ainsi. 

A.  Gazier. 
BiiJL.  :  RiiÉTORiQUi:.  —  A  coii-sulter,  outre  les  traités  do 
rhétorique,  les  histoires  des  littératures  et  les  dictionnaires 
de  littérature. —  Platon,  Goryais. —  Aristote.  Rhétorique. 
~  Cicéron ,  Orator,  de  Orato're,  Briiius.—  Quim'ilien.  Ius- 
liiutlon  oratoire.—  TacitJ':,  D  i  h  loijue  des  orateurs.-—  Vkîsh- 
LON,  Dialogues  sur  l'éloquence.  —  Lettre  sur  les  occupa- 
tioiis  de  VAcadéu'defra^içaise.—  Kojj.iis.  Traité  des  études. 

—  t^ATTKUx,  Pruieipes  de  Idtévature.  1777.  —  Marmontj'j., 
Eléments  de  littérature.  —  La  I1arim<:',  le  Lijcée  ou  cours  de 
littérature.  —  Maury,  Essai  sur  l'éloquence  de  la  chaire. 

—  VijLLKiMAiN,  Tableau  de  l'éloquence  clivétienne  au 
iv'' 6'ièc^e,  1819.  —  GÉRUZEZ,  Histoire  de  Vélocjuence  poli- 
tique et  religieuse  aux  xin*^,  xv«  et  xvi'^  siècles,  lb37-38.  — 
Bautain,  Etude  sur  l'art  de  pa.rler  en  public,  2°  éd.,  18G3. 

—  Lecoy  de  La  Marche,  la  Chaire  française  au  moyen 
age.^  18G8.  —  Jacquixet,  les  Prédicateurs  au  xyii*^  siècle 
avant  Bossuet,  2°  éd.,  1885.  —  Hurel,  les  Orateurs  sacrés 
à  la  cour  de  Toiiis  XLV,  2"  éd  ,  1871. 

ORATORIENS.  Ce  (|ui  concerne  la  congrégation  des 
prêtres  de  l'ORAToiiiE  de  }{ome  est  relaté  à  l'art.  Néki 
(saint  Philippe  de),  t.  XXIV.  —  Oratoire  de  France.  La 
congrégation  des  prêtres  de  Voratoire  de  Jésus  a  été 
fondée  à  Paris  j)ar  Pierre  de  BériiKe  (V.  ce  nom)  sur  les 


483  — 


ORATORIENS  —  ORATORIO 


instances  et  avec  les  conseils  de  César  de  Bus  et  de  saint 
François  de  Sales.  On  dit  que  François  de  Sales  avait  pro- 
mis d'en  faire  partie,  mais  que  sa  nomination  à  révèché 
de  Genève  l'en  empêcha.  Cette  perte  fut  compensée  par 
la  puissante  protection  du  cardinal  de  Gondi,  évoque 
de  Paris.  Le  M  nov.  1611,  Bérulle,  qui  s'était  associé 
cinq  prêtres  :  Jean  Bence,  François  Bourgoin,  Paul  Ma- 
tezeau,  Antoine  Bérard  et  Guillaume  Gibieu,  presque  tous 
docteurs  en  théologie  de  la  Faculté  de  Paris,  inaugura 
son  institut.  Deux  ans  après  (1613),  cette  congrégation 
fut  approuvée  par  Paul  V,  malgré  l'opposition  des  jé- 
suites. Elle  se  répandit  rapidement  en  France  et  dans  les 
Pays-Bas.  Louis  XIII  et  sa  mère  lui  avaient  accordé  leur 
faveur  dès  son  origine  ;  ils  la  soutinrent  toujours  de  leurs 
libéralités.  En  outre,  quelques  riches  personnages  y  en- 
trèrent et  lui  apportèrent  leurs  biens,  notamment  Phili- 
])ert- Emmanuel  de  Gondi,  après  la  mort  de  sa  femme.  — 
Pendant  la  vie  de  Bérulle,  on  ne  songea  guère  à  faire  des 
règlements  ;  considéré  comme  un  père  plutôt  que  comme 
un  supérieur,  il  était  le  seul  maître  et  l'oracle  de  la  com- 
munauté, et  il  s'inspirait  de  l'exemple  de  l'Oratoire  de 
Rome.  Le  1°^  août  1631,  le  P.  de  Gondren,  son  succes- 
seur, assembla  à  Paris  les  députés  de  toutes  les  maisons. 
Ils  déclarèrent  unanimement  que,  leur  état  étant  pure- 
ment ecclésiastique,  ils  ne  pouvaient  être  astreints  à  au- 
cuns vœux,  ni  simples,  ni  solennels.  Pour  sanctionner 
cette  déclaration,  ils  statuèrent  «  que  ceux  ({ui  voudraient 
obliger  à  des  vœux  les  membres  de  la  congrégation,  encore 
qu'ils  fussent  en  plus  grand  nombre,  seraient  censés  se 
séparer  du  corps,  et  obligés  de  laisser  les  maisons  et  tous 
les  biens  temporels  d'icelles,  à  ceux  qui  voudraient  de- 
meurer dans  l'institut  purement  ecclésiastique  et  sacerdo- 
tal, bien  qu'ils  fussent  la  moindre  partie  ».  Ce  statut  est 
tiré  presque  littéralement  du  décret  de  l'Oratoire  de  Rome 
que  nous  avons  rapporté  à  l'art.  Néri.  Quelques  commu- 
nautés de  moines  et  de  religieux  en  prirent  ombrage,  ju- 
geant que  ces  congrégations  de  prêtres  séculiers  tendaient 
à  détruire  leurs  ordres.  Dans  la  même  assemblée,  il  fut 
arrêté  que  la  plénitude  de  l'autorité  appartenait  à  la  con- 
grégation dûment  réunie  ;  que  le  général  demeurait  sou- 
mis à  cette  autorité,  et  qu'en  toutes  choses  il  devait  suivre 
la  pluralité  des  suffrages.  Avec  ces  restrictions,  la  con- 
grégation était  gouvernée  par  un  supériem^  général 
à  vie  et  aidé  de  trois  assistants.  Les  chapitres  généraux 
se  tenaient  tous  les  trois  ans.  \}n.  bref  d'Alexandre  Vil 
(l^^juin  1656)  permit  d'y  faire  des  règlements  obliga- 
toires pour  toute  la  congrégation.  11  fut  aussi  permis  aux 
oratoriens  de  France  d'enseigner  dans  des  séminaires  et 
des  collèges  ;  ce  que  ne  faisaient  point  ceux  de  Rome. 

L'institution  des  Pères  de  l'Oratoire  avait  pour  but  prin- 
cipal àlionorer  les  myslères  de  l'enfance,  de  la  vie,  de 
la  mort  de  Jésus  et  de  sa  sainte  mère.  Il  semble  que 
primitivement  Bérulle  n'avait  en  vue  qu'une  œuvre  ana- 
logue à  celle  des  oratoriens  de  Rome  ;  mais,  ayant  reçu 
plusieurs  jeunes  gens  qui  demeuraient  sans  emploi,  il 
fonda  des  collèges  pour  les  utiliser.  En  1767,  la  congré- 
gation possédait  environ  80  maisons,  soit  séminaires,  soit 
collèges,  dont  les  plus  renommés  étaient  ceux  de  Juilly  et 
du  Mans,  soit  communautés  ;  elle  avait  aussi  des  cures, 
dont  quelques-unes  étaient  unies  à  ses  maisons.  Le  pre- 
mier établissement  était  situé  dans  la  rue  Saint -Jacques  ; 
ensuite  la  maison  centrale  fut  transférée  dans  la  rue  de 
l'Oratoire-du-Louvre.  Verslafin  du  xvn^  siècle,  les  orato- 
riens inclinèrent  vers  le  jansénisme.  Quand  les  jésuites 
furent  supprimés,  on  leur  donna  plusieurs  des  collèges 
enlevés  à  cet  ordre.  A.-L.  de  Sainte-Marthe,  Malebranche, 
Mascaron,  Massillon,  Richard  Simon,  Lelong,  La  Blette- 
rie,  Foncemagne,  Dotteville,  Daunou  appartenaient  à  cette 
congrégation.  —  En  1832,  l'abbé  Petitot,  curé  de  Saint- 
Roch,  secondé  par  l'abbé  Gratry  (V.  ce  nom),  rétablit 
l'oratoire  de  France  sous  le  titre  d'OiiAToiRE  de  Notre- 
Seigneur  Jésus-Christ  et  de  l'Immaculée  Vierge  Marie. 
Cette  restaui^ation  a  été  approuvée  par  décret  de  la  Sacrée 


Congrégation  des  Evêques  et  Réguliers  (24  mars  1864). 
Les  recensements  officiels  lui  attribuent,  en  1861,  2  mai- 
sons et  29  pères;  en  1877,  3  maisons  et  21  pères. 

E.-H.  VOLLET. 

BiBL.  :  A.  Perraud,  VOnitoiro  de  France  nu  xvip  et  au 
xix«  siècle  ;  Paris,  186(i. 

ORATORIO.  Drame  musical  dont  le  sujet  est  emprunté 
à  l'Ecriture  ou  aux  légendes  des  saints.  Nous  avons,  en 
retraçant  l'histoire  &QV opéra  (V.  ce  mot),  parlé  des  re- 
présentations semi-liturgiques  ainsi  que  des  mystères,  qui 
peuvent  être  considérés  comme  les  ancêtres  de  Voratorio. 
La  Fête  de  Vdne  en  est  un  des  plus  anciens  et  des 
plus  mémorables  exemples.  Pendant  le  cours  des  xii^  et 
xiii*^  siècles,  l'Angleterre,  l'Allemagne  et  l'Italie  connurent 
aussi  des  fêtes  analogues.  Les  deux  siècles  qui  suivirent 
sont  fertiles,  du  moins  pour  cette  dernière  contrée,  en 
ouvrages  dramatiques  dont  les  héros  étaient  saint  Paul, 
les  patriarches,  Samson,  etc.,  sans  parler  des  paraboles 
évangéliques  et  des  allégories  religieuses,  qui  fournissaient 
aussi  leur  contingent.  Quant  à  la  musique,  elle  partici- 
pait à  la  fois  du  plain-chant  et  du  chant  populaire.  On 
croira  aisément  ([ue  les  prêtres  ne  \  oyaient  pas  toujours 
d'un  œil  favorable  ces  mélanges  hétérogènes  ;  néanmoins, 
on  ne  pouvait  méconnaître  la  bonne  intluence  qu'ils  pou- 
vaient exercer  sur  le  peuple,  à  la  condition  d'être  sur- 
veillés de  près.  Saint  Philippe  dcNéri,  fondateur  de  l'ordre 
des  oratoriens,  se  plut  à  favoriser  la  réforme  et  le  déve- 
loppement de  la  musique  appliquée  aux  scènes  de  la  Bible 
et  des  Laudi  spirituali  ou  chants  religieux  et  populaires 
appropriés  aux  diverses  solennités  de  l'Eglise,  h' oratorio 
dériva  son  nom  de  Voraloire,  qui  avait  présidé  à  sa 
naissance. 

Cinq  ans  après  la  mort  de  saint  Philippe,  en  1600, 
apparaît  la  liappresentazione  deW  Anima  edel  Corpo, 
d'Emilio  del  CavaHere,  dont  l'effet  fut  considérable;  des 
chœurs,  des  soli,  écrits  dans  un  style  qui  tient  plus  du 
récitatif  que  de  la  mélodie  rythmée,  le  tout  soutenu  par 
un  accompagnement  instrumental,  unissaient  leurs  res- 
sources à  celles  d'un  ballet  (fui  pouvait  d'ailleurs  être 
supprimé  à  volonté,  sans  que  cette  suppression  pût  nuire 
à  la  clarté  de  l'allégorie.  Parmi  les  successeurs  d'Emilio 
del  CavaHere,  Domenico  Mazzocchi  mérite  d'être  nommé 
pour  le  caractère  pathétique  de  ses  compositions.  Mais 
c'est  à  Giovanni  Caiissimi  que  revient  la  gloire  d'avoir 
élevé  Voratorio  à  une  hauteur  inconnue  jusqu'à  lui.  Par 
la  ])eauté  et  la  justesse  de  l'expression  comme  par  l'excel- 
lence de  la  facture,  son  Jeptité,  son  Exéchias,  son  Jiige- 
nient  de  Salomon,  d'autres  encore,  braveront  à  coup  sûr 
les  injures  du  temps  et  continueront  d'exciter  une  admi- 
ration justifiée. 

Scarialti,  digne  élève  d'un  tel  maître,  se  lit  remarquer 
par  la  forme  bien  rythmée  de  ses  mélodies  et  l'emploi 
judicieux  (|u'il  sut  faire  des  différents  genres  du  récitatif 
(V.  ce  mot).  Parmi  ses  meilleurs  oratorios,  nous  citerons 
ilsagrifizio  d'Abramo  et  /  Dolori  de  Maria  senipre  Vir- 
gine.  Parmi  les  contemporains  de  ce  maître,  Colomia, 
Léo,  Stradella,  ce  dernier  surtout,  méritent  d'être  nommés. 

Si  maintenant  nous  remontons  du  xviii^  siècle  au  xvii'^ 
et  passons  d'Italie  en  Allemagne,  nous  saluerons  Heinrich 
Schiitz,  le  père  de  l'oratorio  germani(|ue.  La  Passion  du 
Christ  est  pour  lui,  comme  elle  le  sera  pour  ses  succes- 
seurs, le  sujet  par  excellence  du  drame  religieux.  Ce  sont 
d'abord  les  récits  des  Evangiles  qui  sont  mis  simplement 
en  musique,  sans  la  moindre  trace  d'action  scénique.Peu 
à  peu  la  narration  se  divise  en  airs,  en  récitatifs,  en 
cha^urs.  Et  l'Allemagne  pose  son  sceau  personnel  sur 
l'oratorio  en  y  introduisant  le  ctioral,  le  chant  populaire 
qui  parle  à  l'âme  du  peuple  parce  qu'il  en  est  sorti,  et 
qui  mêle  au  parfum  mystique  du  récit  évangéliquela  fraîche 
senteur  de  la  terre  natale.  La  fugue  austère  se  développe 
en  paix  à  coté  du  choral,  telle  une  vaste  et  altière  église 
avec  la  multiplicité  de  ses  lignes  architecturales,  autour 
de  laquelle  fleurissent  de  riants  jardins.  L'ombre  recueillie 


ORATOHIO 


484 


de  la  cathédrale  n'empèclie  pas  le  soleil  de  luire  parmi 
les  branches  ni  les  oiseaux  d'y  chanter.  Dès  le  début  du 
XVIII®  siècle,  Reinhard  Keiser,  Huendel,Mattheson,  Graun, 
ont  traité  le  thème  auguste  de  la  mort  du  Sauveur.  Jean- 
Sébastien  Bach  apparaît  et  donne  en  17*29  sa  Passion 
selon  saint  Matthieu,  œuvre  colossale  et  sévèrement 
puissante,  plus  dogmatique  pourtant  que  dramati([ue  et 
que  traverse  le  souffle  «  raisonnable  »  de  la  Réforme.  Elle 
effraye  par  sa  masse,  par  sa  complexité,  par  les  éton- 
nantes combinaisons  du  contrepoint  qui  s'y  jouent  sans 
cesse.  On  se  sent  devant  cette  musique  comme  en  face  de 
ces  palais  souterrains  de  l'ancienne  Egypte  oii,  à  travers 
des  chambres  qui  se  succèdent  indétiniment,  à  travers 
d'obscurs  et  inextricables  labyrinthes,  on  ne  pénètre  qu'à 
grand'peine  jusqu'à  la  salle  où  repose  le  souverain  ense- 
veli. Mais  chez  Bach,  ce  n'est  pas  un  mort  que  nous  dé- 
couvrons au  centre  de  son  œuvre,  apr-ès  l'avoir  pieusement 
scrutée,  c'est  un  homme,  un  chrétien  vivant,  dont  le  cœur 
bat  toujours  et  chez  qui  le  temps  n'a  pas  glacé  un  sang 
toujours  chaud  et  généreux. 

Avec  Ilsendel,  le  contemporain  de  Bach,  il  n'est  plus 
besoin  de  longs  efforts  pour  pénétrer  jusqu'à  l'âme  du 
chef-d'œuvre.  Le  palais  qu'il  a  construit  s'élève  en  plein 
air,  dans  la  lumière  du  grand  jour,  qui  entre  largement 
dans  les  hautes  salles  par  les  baies  largement  ouvertes. 
Eomme  Bach,  il  croit,  mais  plus  joyeusement  ;  il  expose 
moins  sa  foi  qu'il  ne  la  proclame.  Il  a  la  vigueur  d'accents, 
la  voix  énergique  et  rude  des  prophètes  de  l'Ancien  Tes- 
tament. Il  n'interroge  pas,  il  atïirme,  et  quel  doute  pourrait 
résister  à  la  carrure  de  son  rythme  d'acier?  Entendez 
Saiil,  Esther,  Sanison,  Judas  Macchabée,  écoutez  sur- 
tout le  Messie,  avec  son  incomparable  Alléluia,  et  vous 
comprendrez  que  la  musique  peut  être  l'auxiliaire  de 
l'apostolat. 

Si  nous  cfuittons  l'Angleterre  qui  fut,  comme  on  sait, 
le  champ  de  la  lutte  et  du  triomphe  pour  Ha^ndel,  nous 
trouverons  en  Allemagne  Masse,  dont  les  oratorios  con- 
tiennent de  réelles  beautés;  en  Italie,  Sacchini  et  JomelH, 
qui  écrivirent,  à  proprement  parler,  des  opéras  sur  des 
paroles  religieuses,  et  en  Autriche  enfin,  le  «  père  de 
la  symphonie  »,  Haydn,  qui,  ramenant  le  drame  reli- 
gieux à  des  proportions  moins  vastes  et,  si  nous  pou- 
vons ainsi  parler,  plus  humaines,  l'écrit  aussi  en  un 
style  plus  libre.  En  outre,  il  lui  donne  la  nature  pour 
vivant  décor  :  dans  la  Création,  les  plantes,  les  animaux, 
l'eau  des  fleuves  et  des  ruisseaux  ont  trouvé  place.  Le 
bon  maître,  arrivé  au  terme  de  sa  carrière  —  il  avait 
soixante-trois  ans  lorsqu'il  composa  cet  oratorio  —  jouit 
et  rend  grâce  en  enfant  des  biens  dont  le  ciel  lui  a  fait 
présent.  N'est-ce  pas  aussi  ce  qu'il  fait  dans  les  Saisons, 
oii  un  chant  de  reconnaissance  sépare  les  divers  «  tableaux 
de  la  nature  »  et  où  la  mort  même  est  envisagée  avec  la 
plus  sereine  confiance? 

Ce  n'est  pas  dédaigner  les  oratorios  de  Piccinni,  de 
Salieri,  de  Cimarosa  —  ces  derniers  si  expressément  pa- 
thétiques —  ni  ceux  de  Winter,  deWeigl  et  de  Naumann, 
((ue  de  voir  en  eux  des  œuvres  plus  théâtrales  que  véri- 
tablement religieuses.  Moins  religieux  encore,  en  dépit 
d'évidentes  beautés,  est  le  Christ  au  mont  des  Oliviers, 
le  seul  oratorio  qu'ait  composé  Beethoven  sur  un  poème 
assurément  bizarre.  Avec  Spohr,  et  notamment  dans  son 
Jugement  dernier,  la  musique  religieuse,  sans  jamais 
perdre  le  caractère  solennel  qui  lui  est  propre,  revêt  les 
aspects  les  plus  divers  réclamés  par  le  texte  et  ne  cesse 
pas  d'y  être  continuellement  appropriée. 

Mendelssohn,  par  ses  deux  oratorios  Paulus  et  Elie, 
se  place  à  côté  des  plus  grands  musiciens.  Nourri  de  la 
forte  doctrine  de  Sébastien  Bach,  rompu  à  toutes  les  diffi- 
cultés de  la  technique,  il  choisit  et  aborda  résolument  les 
grands  sujets  qui  le  tentaient.  A  la  fois  lyrique  et  drama- 
tique, sa  musique  dessine  tidèlement  les  caractères  et 
s'unit  étroitement  au  développement  de  l'action.  Lumi- 
neuse,  mélodique,  aérée,    elle  vil.   pour  ainsi  dire,   le 


drame  auijuel  elle  s'est  incorporée,  et  ta  profondeur  de 
l'exécution  s'allie  sans  défaillance  à  la  pureté  de  la  forme. 
Après  Mendelssohn,  le  genre  qu'il  a  si  noblement  illus- 
tré va  subir  une  importante  métamorphose.  A  ses  débuts, 
nous  l'avons  vu  presque  exclusivement  liturgique,  puis 
peu  à  peu  se  dramatiser,  mais  sans  cesser  pour  cela  d'être 
actuel,  ou,  plus  exactement,  d'être  l'expression  d'un  besoin 
à  la  fois  artistique  et  religieux  chez  les  contemporains  des 
maîtres  qui  s'y  adonnaient.  Dans  la  nouvelle  période  ([ui 
va  s'ouvrir,  l'oratorio  sera  bien  plutôt  une  «  illustration  » 
de  scènes  religieuses,  où  le  détail  pittoresque,  la  recherche 
archéologique  seront  particulièrement  goûtés.  Nous  ne 
voulons  pas  dire  que  la  foi  en  soit  toujours  absente,  mais 
qu'elle  n'est  plus  l'âme  même  et  la  raison  d'être  de  l'œuvre. 
VEufance  du  Christ  de  Berlioz  est,  dans  l'espèce,  un 
délicieux  modèle.  Tout  y  est  combiné  pour  donner  l'illu- 
sion d'une  œuvre  ancienne  soudain  ramenée  à  la  lumière. 
Un  récitant,  VBisloricvs  des  oratorios  du  xvii^  siècle,  qui 
se  chargeait  de  la  partie  narrative,  remplit  ici  les  mêmes 
fonctions.  Une  naïveté  parfois  trop  voulue,  mais  souvent 
réussie,  préside  à  la  facture  des  mélodies  et  à  leur  har- 
monisation. Mais  quel  charme,  quelle  reposante  simplicité 
dans  la  plupart  des  scènes  î  Le  liepos  de  la  Sainte  Famille 
suffirait  seul  à  immortaliser  cette  charmante  composition. 
Il  est  doublement  intéressant  d'étudier  chez  Gounod,  à 
la  fois  catholique  convaincu  et  musicien  de  race,  le  résultat 
artistique  de  cette  double  qualité.  Il  lui  appartenait, 
semble-t-il,  de  nous  donner  de  l'oratorio  une  formule 
neuve  et  originale.  Peut-être  serons-nous  ici  un  peu  déçus, 
au  moins  dans  Rédemption.  Point  d'unité,  un  mélange 
curieux  de  styles  et  d'époques  différents,  sorte  d'hommage 
éclectique  rendu  à  Palestrina,  à  Bach,  à  Mendelssohn,  à 
Berlioz  même,  en  un  mot  des  beautés  de  détails,  mais  une 
impression  d'ensemble  par  trop  mêlée.  Mors  et  vita  est, 
en  revanche,  d'une  tenue  plus  sobre,  et,  disons-le,  plus 
vraiment  religieuse;  un  souffle  pur  et  grave  ne  cesse  de 
l'animer  d'un  bout  à  l'autre. 

Le  Déluge  eût  suffi,  croyons -no  us,  à  placer  M.  Saint- 
Saëns  au  premier  rang  parmi  les  maîtres  de  la  musique 
religieuse.  (Euvre  particulièrement  heureuse  où  des  dons 
si  précieux  ont  pu  être  mis  en  usage  !  La  fugue  y  apporte 
son  austérité  et  la  solidité  de  son  armature.  La  mélodie 
libre  s'y  déploie,  dès  la  seconde  partie  du  prélude,  en  un 
des  plus  beaux  chants  que  l'oreille  de  l'homme  ait  en- 
tendus. Dans  la  scène  effroyable  de  l'envahissement  de  la 
terre  par  les  eaux  vengeresses,  la  musique  pittoresque 
atteint  les  sommets  que  —  si  nous  exceptons  certaines 
pages  de  Berlioz  —  elle  avait  désertés  depuis  Beethoven. 
Faut-il  classer  £;'^  ai  Marie- Madeleine  de  M,  Massenet 
parmi  les  oratorios  ?  Oui,  si  l'on  enlève  au  mot  l'accep- 
tion sous  laquelle  il  av^ait  toujours  été  compris,  et  s'il 
suffit  de  revêtir  de  musique  des  sujets  religieux,  sans  que 
la  pensée  religieuse  préside  à  cet  habillement  ou  plutôt 
à  ce  travestissement.  Que  la  musique  soit  souvent  exquise 
et  tendre,  toujours  intéressante,  c'est  ce  que  nous  n'avons 
garde  de  contester.  Il  serait  même  injuste  de  lui  dénier 
l'émotion,  la  grâce,  encore  que  maniérée  par  instants,  et 
je  ne  sais  quelle  câlinerie  suspecte  dont  est  faite  en  grande 
partie  l'originalité  de  l'éminent  musicien. 

Est-ce  à  dire  que  le  drame  érotico-religieux  de  M.  Mas- 
senet doive  avoir  beaucoup  d'imitateurs?  Nous  ne  le  pen- 
sons pas,  et  parmi  ses  contemporains  il  nous  suffira  de 
nommer  MM.  Théodore  Dubois,  Maréchal,  etc.,  pour  être 
rassuré  à  cet  égard.  Mais  il  est  un  nom  par  lequel  nous 
voudrions  terminer  cette  étude,  parce  qu'il  est  tout  en- 
semble synonyme  de  foi  religieuse,  d'inspiration  et  de 
science  :  César  Franck  se  survivra  plus  peut-être  par  ses 
oratorios  que  par  ses  autres  compositions.  Dans  sa  jeu- 
nesse, il  écrivit  Ihith,  dont  le  sujet  touchant  le  servit  si 
bien.  Plus  tard,  avec  Rédemption  et  surtout  avec  les 
Béatitudes,  ce  que  l'âme  du  compositeur  renfermait  de 
piété,  de  tendresse,  se  montre  et  s'épanouit  complètement 
aveo  l'aide  d'un  talent  consommé  et  d'une  science  pro- 


~  mt\ 


ORATORIO  —  ORBICl  LAIRES 


fonde,  ('/est  bien  Jà,  en  effet,  Voratorio  dont  le  musico- 
graphe allemand  Bitter  donnait  une  juste  définition  lors- 
qu'il lui  donnait  pour  but  «  d'élever  nos  âmes,  de  purifier 
nos  vies,  et,  autant  qu'il  est  donné  à  l'art  d'y  contribuer, 
de  fortifier  notre  foi  ».  Le  genre  de  l'oratorio  ne  périra 
donc  point,  parce  que,  envisagé  au  double  point»  de  vue 
de  l'art  et  de  la  religion,  il  répond  à  un  des  plus  nobles 
besoins  de  l'âme  humaine.  René  Brancour. 

BiHL.  :  C.-H.  BiTTKR,  Beitrii(je  zur  (reschichtr  des  Oni- 
Lorinms.  1(S72.  —  Otto  ^VA^(;E'MA^^•.  (ieschicJUo  fies  Ora- 
loritims.  \i<SZ,  ?/  éd.  —  C.  I^kllakjue,  Psycholofjie  musi- 
c<\lo  :  In   RcUfiion  dans  ht  musique:  Paris.' 1893 

ORAVICZÂ.  District  minier  de  Hongrie,  comitat  de 
Krasso-Szœreny,  dans  le  Banat,  au  S.-E.  du  Karas,  afïl. 
gauche  du  Danube.  Mines  de  houille,  de  fer  et  de  cuivre, 
au  voisinage  desquelles  se  sont  créées  de  grandes  usines 
occupant  lo.OOO  ouvriers. 

ORB  (L').  Rivière  du  dép.  de  VHérmilt  (V.  ce  mot, 
t.  XIX,  p.  1141). 

ORB.  Vallée  du  dép.  de  ÏHéranlt  (V.  ce  mot,  t.  XIX. 
p.  1138). 

ORB.  Ville  de  Prusse,  district  de  Cassel,  sur  l'Orb, 
afïl.  de  la  Kinzig  ;  3.450  hab.  (en  1895).  Sources  s^ilines, 
avec  brome  et  iode.  Etablissement  thermal.  On  exporte 
aussi  le  sel  (VOrb. 

ORBAGNA.  Com.  du  dép.  du  Jura.  arr.  de  Lons-le- 
Saunier,  caut.  de  Beaufort;  812  hab. 

OR  BAI  S.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  d'E])ernay, 
cant.  de  Montmorl,sur  le  Surmelin,  affl.  de  la  Marne  (r. 
g.);  940  hab.  En  pays  de  Brie.  Aricienne  abbaye  d'hom- 
nv^s  de  l'ordre  de  Saint-Benoit  fondée  vers  680  par  saint 
Réol  ou  Rieul,  évèquede  Reims.  Monasterium  orbacense 
en  849  {Annales  Bertiniani).  Eglise  du  xiu''  siècle.  Dé- 
bris d'un  château  fort  (tour  dite  de  Saint-Réol).  Le  nom 
d'Orbais.  Orbacensis  en  latin,  fut  d'abord  celui  du  Ruis- 
seau (allem.  Bach),  sur  les  bords  duquel  furent  élevées  les 
habitations  qui  donnèrent  ludssance  au  bourg  actuel. 

HiiîL.  :  Doni  Du  Boitt,  Histoire  de  Vnbljciye  d'Orbais, 
])ubliô('  par  H.  de  Yilhd'ossc.  188().  iu-8. 

ORBAN.  Com.  du  dép.  du  Tarn,  arr.  d'Albi,  cant.  de 
Réalmont;  348  hab. 

ORBÂN  (Balazs- Biaise),  historien  hongrois,  né  à  Len- 
gyelfalva  en  1830,  mort  en  1890. 11  fit  ses  études  au  col- 
lège réformé  d'Udvarhely.  Pendant  qu'il  voyageait  en 
Turquie,  en  Arabie,  en  Syrie,  en  Egypte,  éclata  la  révo- 
lution hongroise  à  laquelle  il  ne  put  prendre  part.  11  émi- 
gra  néanmoins  et  se  fixa  d'abord  à  Constantinople,  puis  à 
Londres  et  à  Jersey.  Il  rentra  en  Hongrie  en  1861  et  de- 
vint notaire  en  chef  de  Kolozsvâr,  puis  fui  éhi  (lé])uté  en 
1871.  Ses  (euvres  principales  sont  :  Voyage  en  Orient, 
en  six  vol.,  et  DesrripU'on  (lu  pays  des  Sicales,  égale- 
ment en  6  vol.  J.  Kont.' 

Htiu..  ;  Elouo  dans  Alindrinini  KrtesHô  (Ikdhîtiii  de 
l'Acadéinio),  1891. 

ORBE  (Astr.).  Teime  d'ancienne  astronomie,  dit  le 
Dictionnaire  de  Saverien  ;  c'est  une  sphère  creuse  au  moyen 
de  laquelle  on  démontrait  autrefois  le  mouvement  des 
planètes. 

ORBE.  Rivièie  du  Jura,  qui  naît  en  Erance,  au  lac  des 
Rousses  (V.  Jura  fJ^^^^P-J'  L  ^^I^  P-  ^^i^),  ^oi^l^  vers  le 
N.-N.-E.  à  travers  la  vallée  de  Joux,  entre  en  Suisse 
(cant.  de  Vaud),  forme  les  lacs  de  Joux  (ait.  1.009  m.) 
et  Brenet,  où  elle  disparaît.  Ses  eaux  s'enfoncent  dans 
des  entonnoirs  qu'elles  ont  creusés  dans  les  roches  cal- 
caires. Elles  continuent  leur  cours  sous  terre  et  rejaillis- 
sent à  787  m.  d'alt.,  près  de  Vallorbe,  au  pied  d'une  falaise 
en  hémicycle  de  60  m.  de  haut,  dans  laquelle  est  creusée 
la  grolte  des  Fées,  ancien  lit  abandonné  par  l'Orbe.  La 
rivière  tourne  bientôt  à  l'E.,  passe  à  Orbe  et  s'unit  à  la 
Thièle,  un  peu  au  S.  du  lac  de  Neuchâtel. 

ORBE  (lat.  Vrba,  Urbigenimi).  Petite  ville  de  Suisse, 
cant.  de  Vaud,  située  sur  une  colline  entourée  par  l'Orbe 
de  trois  côtés  ;  2.000  hab.  Foires  fréquentées.  Un  tramway 
électi'i(jue  relie  Orbe  à  Chavornay.  stat.  de  la  ligne  Lau- 
sanne-Xeuchàtel.  Orbe  est  le  centre  d'un  vignoble  estimé. 


UVrl}a  des  Romains,  dont  on  a  trouvé  des  vestiges  nom- 
breux (mosaïques,  marbres,  médailles,  etc.),  était  un  peu 
plus  au  noj'd,  à  Bostéaz.  La  ville  actuelle  fat  fondée  vers 
la  fin  du  vi'^  siècle  par  le  loi  mér(»vingien  (iontran.  Bni- 
nehaut  s'y  réfugia  et  y  fut  arrêtée  en  613  poiu'  être  livi'ée 
à  Clotaire.  En  855,  les  trois  fils  de  l'empereur  Lothaire  : 
Louis,  Lothaire  et  Charles,  s'y  réunirent  pour  partager  la 
succession.  En  888,  Rodolphe  de  Strœttlingen  s'y  fit  pro- 
clamer roi  de  Haute-Bourgogne.  Orbe  demeura  la  capitale 
de  la  Bourgogne  transjurane  sous  la  dynastie  rodolphienne, 
mais  il  ne  lui  reste  de  ce  temps-là  qu'un  pont  du  xii^  siècle 
et  les  deux  tours  du  château  où  fut  réglée  la  succession 
de  Lothaire  et  où  séjournèrent  Charles  le  Chauve  et  Charles 
le  (Jros.  Au  x^'  siV'le,  la  ville  se  reforma  au  pied  du  châ- 
teau l'oyal;  en  l'275,  elle  se  munit  d'une  enceinte.  Elle 
passa  aux  mains  de  la  maison  de  Savoie  avec  le  reste  du 
pays  de  Vaud.  En  1475.  elle  fut  pi'ise  par  les  Suisses,  qui 
égorgèrent  la  garnison,  t^lle  demeura  jus([u'en  1798  pro- 
priété des  caïît.  de  Berne  et  de  l^'ibonrg.  puis  fut  incor- 
porée au  cant.  de  Vaud.  Patrie  du  réformateur  Viret  et 
du  cardinal  Du  Perron.  l].  K. 

OR  BEC.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  du  Calvados,  arr.  de 
Lisieux,  sur  rOrbec;  3.151  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer 
do  l'Ouest.  Musée  cantonal.  Hôpital.  Manufactures  de  ru- 
bans de  fil  et  de  coton;  blanchisseries,  teintureries,  scie- 
ries mécaniques  ;  moulins.  Commerce  de  laines,  de  mou- 
tons, de  bestiaux  et  de  chevaux.  Eglise  des  xv*^  et 
xvi^  siècles  ;  portail  sculpté,  vitraux  anciens.  L'hôpital,  à 
façade  gothique  en  brique,  est  surmonté  d'un  beffroi 
(xvii^  s.)  ;  la  chapelle  du  xv^  siècle  a  conservé  d'anciens 
vitraux.  Maisons  du  xvi^  et  du  xvii^  siècle.  Ancienne  vi- 
comte de  Normandie,  la  seigneurie  d'Orbec  fut  donnée  par 
Louis  XI  en  août  1470  à  Antoine,  bjtard  de  Bourbon  ; 
elle  passa  un  peu  plus  tard  (sept.  1475)  à  l'abbaye  de 
la  Victoire-Iez-Senlis  ;  puis  fit,  en  nov.  1569,  partie  de 
l'apanage  de  Erançois,  duc  d'Alençon.  Sur  le  coteau  qui 
domine  la  ville  s(^  voient  ([uehpies  ruines  de  l'ancien  châ- 
teau féodal. 

ORB  El  L.  Com.  du  dép.  du  Puy-de-Dôme,  arr.  et  cant. 
d'ïssoire;  567  hab. 

ORBESSAN.  Com.  du  dép.  du  Gers,  arr.  et  cant.  (S.) 
d'Auch:  197  bal). 

ORBETELLO.  Ville  d'Italie  (V.  Orritello). 

ORBEY  {Orbeii^,  1050;  en  allem.  Vrbeis).  Com.  de  la 
Haute-Alsace,  composée  d'une  trentaine  de  hameaux  vos- 
giens,  cant.  de  La  Poutroie.arr.  deRibeauvillé,  surla  Weiss  ; 
4.454  hab.;  filatures  et  tissage  do  coton;  fromages.  Pa- 
trie de  Pierre  de  Blarru,  poète  latin  (1437-1505)  et  de 
Matthias  Ringmnnn,  humaniste  (1{8"2-1511).  Autrefois 
chef-lieu  de  bailliage  du  comté  de  Ribeaupierre.  Orbey 
])or\o  d'argent  il  un  monde  d'azur  cintré  et  croisé  d'or. 

A  3  kil.  au  S.,  ruines  de  la  célèbre  abbaye  de  cister- 
ciens de  Paris  (conventusParisiensis  monasterii,  iiSl) , 
fondée  en  1138  par  le  comte  Llric  d'Eguisheim,  dévastée 
en  1525  pendant  la  guerre  des  paysans,  reconstruite  au 
xviii*^  siècle,  depuis  convertie  en  hospice  (V.  Guntmer). 

ORBIjORB^  (Dr.  rom.).  Personnes  fraj)pées  depuis  Au- 
guste par  les  lois  caducaires  d'une  incapacité  ])artielle  de 
recueillir  \os  dispositiojis  à  cause  de  mort  :  elles  ne  sont 
pas  frappées  d'inie  incapacité  totale,  parce  qu'elles  soni 
mariées  et  qu'elles  ont  donc  satisfait  en  partie  aux  exi- 
gences légales  ;  mais  elles  sont  incapables  pour  moitié, 
parce  qu'elles  n'y  ont  satisfait  qu'en  partie,  lès  hommes 
en  n'ayant  ])as  un  enfani  au  moins,  les  femmes  aussi  en 
n'ayant  pas  un  seul  enfant,  suivant  unedoctrine,  en  n'ayant 
pas  le  nombre  d'enfants  requis,  à  savoir  trois  enfants,  si 
•elles  sont  ingénues,  (pmtre  si  elles  sont  affranchies,  sui- 
vant une  doctrine  plus  répandue  et  meilleure. 

BiHL  :  Hartmann.  Zeitsrlirift  fur  Reehlsiiesriiiclde. 
18(j0,  V,  pj).  221-235.  —  Arcx\KiAs,  Précis  du  dr'oil  romuiit. 
188B.  L  p.  1000.  t»^  éd  .  —  GiiiARr).  Manuel  de  droit  routai u, 
1898.  p.  853,  2*"  éd 

OHB\C[}lMRESimm'\(^s).()rbictilairedes  paupières. 
H  est  disposé  en  sphinrter   autour   de   l'orifice  des  pan- 


ORBICULAIRES  —  ORBITE 


—  486 


pières,  composé  de  doux  portions,  iinepalpphralo.  une  orhi- 
taire.  La  première,  située  sous  la  forme  d'une  lame  mus- 
culaire mince  qI  pâle,  dnns  l'épaisseur  des  paupières, 
s"insère  en  dedans  à  rapo])hyse  montante  du  maxillaire 
(tendon  direct),  à  la  crête  de  Funguis  (tendon rétiéchi)  et 
sur  la  paroi  externe  du  sac  lacrymal,  et  en  dehors  va  se 
fixer  sur  le  ligament  palpébral  externe  et  à  la  face  pro- 
i'onde  de  la  peau,  au  delà  de  la  commissure  externe.  La 
portion  orbitaire.  composée  de  fibres  plus  rouges,  s'at- 
tache en  dedans  à  l'apophyse  orbitaire  interne  et  à  la  par- 
tie voisine  du  rebord  de  ror])ite  et  en  dehors  à  la  face 
profonde  de  la  peau  de  la  région  orbitaire,  en  dehors  delà 
commissure  externe  des  paupières.  C'est  un  muscle  de  Tex- 
})ression,  (pii  ferme  les  paupières  et  dilate  le  sac  lacrymal. 

Orbiculaire  des  lèvres.  CqsI  le  sphincter  de  la  bouche. 
Il  est  composé  de  deux  demi-anneaux,  l'un  contenu  dans 
la  lèvre  supérieure  (labial  supérieur),  l'autre  dans  la  lèvre 
inférieure  (labial  iiderieur).  Les  fibres  du  bord  li!)re  des 
lèvres  forment  une  couche  épaisse  et  se  fixent  à  la  face 
profonde  de  la  muqueuse  labiale  ;  au  niveau  des  commis- 
sures elles  s'entre-croisent  avec  les  fibres  du  buccinateur. 
Les  fibres  excentriques  paraissent  se  continuer  avec  celles 
des  buccinateurs,  des  releveurs  et  autres  muscles  ([ui  se 
rendent  aux  commissures.  Quelques-unes  se  fixent  aux  os. 

Lh.  Dhiuerhe. 

ORBICULINA  (Paléont.)  (Y.  Fora^iiniières). 

ORBIEU.Ri\ière  du  dép.  (h\\\ude(\.  ce  mot.  t.  IV, 
p.  r>9T). 

ORBIGNY.  Corn,  du  dép.  d'Indre-et-Loire,  arr.  de 
Loches,  cant.  de  iVJontrésor  ;  (397  bab. 

ORBlGNY-Au-MoNT.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne, 
arr.  de  Langres,  cant.  de  Neuillv-r!-]vèque;  276  hab. 

ORBiGNY-Au-YAL.  Com.  du  *dép.  de  la  Haute-Marne, 
arr.de  Langres,  cant.  de  Xeudly-rEvèque  ;  190  hab. 

ORBIGNY  (Charles-Marie  Dessaunks  u'),  chirurgien  et 
naturaliste  français,  né  en  mer  sur  un  navire  faisant  la 
traversée  d'Amérique  en  France  le  2  janv.  1770.  mort  à 
La  Rochelle  le  21  oct.  1856.  11  prit  part  en  1798  à  l'ex- 
pédition d'Irlande  et  l'année  suivante  inspecta,  avec  le 
titre  de  médecin  pi^'ncipal,  les  hôpitaux  des  prisonniers  de 
guerre  français  en  Angleterre,  lui  1799,  il  se  retira  à 
Nantes.  Parmi  ses  publications,  citons  :  Mémoire  sur  la 
géologie  de  la  Charente-Inférieure  (La  Rochelle.  1836, 
in-8)  ;  Histoire  des  pares  ou  bouchots  à  moules  des 
cales  de  Varromlissemenl  de  La  /«or/^^^/tV  (La  Rochelle. 
1846.  in-8).  D^'  L.  Hn. 

ORBIGNY  (Alcide  Dessalixes  u'),  naturaliste  fraiH'ais, 
né  à  Coueron  (Loire-Inférieure)  le  6  sept.  1802,  mort  à 
Pierrefitte  le  ?>{)  juin  1857,  fils  aîné  du  précédent.  Tout 
jeune,  il  s'occupa  d'bistoire  naturelle  et  dès  1825  présenta 
à  F  Académie  des  sciences  une  monographie  très  impor- 
tante sur  les  Foraminifères.  Fnl826,  l'administration  du 
Muséum  le  chargea  d'une  mission  scientifique  dans  l'Amé- 
rique du  Sud  qu'il  parcourut  en  tous  sens.  Riche  de  docu- 
ments et  de  collections,  il  revint  en  Fi'ance  en  1834  et 
obtint  le  grand  prix  aniuiel  de  la  Société  de  géographie  ; 
il  publia  la  relation  de  ses  découvertes  dans  :  Voyage 
da)is  l^imériqiie  mcridiomile  (Paris,  1834-47,  9  vol. 
in-4,  500  pi.  col.).  Dès  1840,  d'Orbigny  commença 
la  publication  de  la  Paléontologie  française  (Paris. 
1840-54.  14  vol.  in-8  avec  1. 430 pL,  inachevé),  ouvrage 
de  premier  ordre,  pour  lequel  la  Société  géologique  de 
Londres  lui  décerna  deux  fois  le  fonds  de  AVoUaston.  fji 
1 853,  il  fut  nommé  à  la  chaire  de  paléontologie,  créée  pour 
lui  au  Muséum.  Citons  encore  de  lui  :  Galerie  ornilholo- 
gique  des  Oiseaux  d'Europe  (Paris,  1836-38,  in-4,  pi. 
col.);  Monographie  des  Céphalopodes  crjjplodibranches 
(Paris,  1839-48,  in-4,  pi.  col.)  ;  Hisloire.\.  des  Crinoides 
vivants  et  fossiles  (Paris,  18i0,  gr.  in-8,  pi.)  ;  Mollusipies 
vivants  et  fossiles  (Paris,  1845,  t.  L  in-8,  pi.  col.)  ; 
Cours  élémentaire  de  paléontologie  (Paris,  1849-52, 
3  vol.  in-18,  tig.)  ;  Prodro)ne  de  paléontologie  stratigra- 
phiqueiuiiverselle  desaiiiniau  r,  nwllusques  el  rayonnes 


(Paris,  1850,  3  vol.  in-18.  pi.);  Voyage  dans  les  deux 
Aînériques,  pu])l.  sous  la  direction  d'Alcide  d'Orbigny 
(Paris.  1867.gr.  in^8.  fig.,  cartes),  etc.         DM..  Hx'. 

ORBIGNY  (Cbarlos Dessalines  u'),  naturaliste  français, 
né  à  Couèron  le  2  déc.  1806,  mort  le  15  févr.  1876,  frère 
du  précédent.  11  élmha  la  médecine  à  Paris  et  obtint,  en 
1832.  une  médaille  décernée  par  la  ville  de  Paris  pour 
dévouement  pendant  Fépidémie  cholérique,  puis  en  1835 
devint  aide-naturaliste  de  géologie  au  Muséum.  On  lui 
doit  :  Description  géologique  des  environs  de  Paris  (Pa- 
ris, 1838,  in-8);  Dictionnaire  universel  d'histoire  na- 
turelle {Vavk,  1839-^9,  24  vol.  in-8,  pL,  avec  une  col- 
laboration de  trente  membres  de  l'Institut)  ;  Tableau 
général  des  terrains  et  des  principales  couches  qui 
constituent  le  sol  parisien  (Paris,  1849);  avec  Gente  : 
Géologie  appliiiu'Je  aux  arts  et  h  l'agriculture  (Paris, 
1851  ,^  in-8,  pi.)  ;  Manuel  de  géologie  (Paris,  1852,  in-18)  ; 
Description  des  roches  composant  réctnre  terreslre  (Pa- 
ris, 1868,  in-8),  etc.  ir  L.  Hn. 

ORBILIUS  (Pupillus).  grammairien  latin  du  i^^"  siècle 
av.  J.-C,  né  à  Rénévent.  Il  tenait  une  école  à  Rome, 
après  avoir  jus([u'à  cinquante  ans  professé  dans  sa  ville 
natale.  Horace,  (jui  fut  son  élève,  avait  conservé  de  lui 
un  assez  mauvais  souvenir.  Il  lui  domie  Fépithète  de 
plagosus  (le  frappeur)  et  criti(|ue  son  goût  pour  les 
vieux  auteurs,  goût  (pi'il  partageait  d'ailleucs  avec  la  plu- 
part des  grammairiens  de  son  tcm])s  (Horac(%  Epilres.  H). 
Orbilius  était  Fauteur  d'un  ouvrage  dont  on  ne  sait  même 
plus  le  titre. 

ORBISE  (L').  Rivière  du  dép.  (]a  Lol-el-Gaivnne  (Y. 
ce  mot,  t.  XXTI,  p.  588). 

ORBITE.  L  Anatomie(Y.  Châne). 

H.  Antiiropoeogie.  —  La  forme  de  l'orbite,  la  mesure 
de  ses  dimensions  proportionnelles  en  hauteur  et  en  lar- 
geur, fournit  un  caractère  de  })remier  ordre  pour  la  dis- 
tinction des  races  humaines.  De  quadrilatérale  à  diamètre 
vertical  très  court  absolument  et  par  rapport  au  diamètre 
transverse,  cette  forme  se  modihe,  en  efiet,  suivant  les  races, 
jusqu'à  devenir  ronde  et  même  ovale,  à  diamètre  vertical 
absolument  grand  et  jdus  grand  que  le  diamètre  transverse. 
Les  orbites  basses  et  très  basses  sont  un  apanage  essentiel 
de  races  prébistoriques  de  l'Europe,  celle  dite  de  Oo-Ma- 
gnon  en  tète.  Les  orbites  arrondies  et  hautes  sont  une  des 
caractéristiques  les  plus  nettes  et  les  plus  constantes  des 
mongoliques.  Vindice  orbilaire,  rapport  centésimal  de 
la  hauteur  à  la  largeur  de  l'orbite,  est  donc  l'un  des  frois 
[)lus  importants  indices  à  mesurer  sur  le  crâne.  Il  peut 
descendre  à  61  et  dépasser  100.  Ses  moyennes  extrêmes 
(77-95)  présentent  un  écart  d'au  moins  chx-huit  unités. 
Les  crânes  à  indice  orbitaire  élevé  (au-dessus  de  89)  sont 
dits  mégasèmes  ;  ceux  à  indice  en  dessous  de  82,99  sont 
appelés  niicrosèmes.  Les  crânes  à  indice  intermédiaire 
sont  jnésosêmes.  ZAïtoRowsKi. 

HL  AsTRONOMii:.  —  C'est  la  courbe  décrite  par  le  centre 
d'une  planète  ou  d'une  cmiièle  (Y.  ces  mots  et  les  noms 
des  diverses  planètes).  Avant  Kepler  (V.  ce  nom),  on  croyait 
encore  que  les  orbites  des  ])lanètes  étaient  circulaires.  Elles 
sont  en  réalité  ehipliques,  de  môme  que  celles  de  leurs 
satellites,  qui  obéissent,  comme  elles,  aux  lois  de  Kepler. 
(Juant  aux  orbites  des  comètes,  certaines  sont  aussi  ellip- 
tiques :  ce  sont  celles  des  comètes  périodiques  ;  capturés  par 
notre  soleil  ou  par  quelque  grosse  planète,  ces  astres  se 
comportent  en  effet  comme  des  planètes  ou  des  satellites. 
Mais  le  plus  grand  nombre  sont  paraboli(jues.  On  a  même 
émis  l'hypothèse  que  ([uelques-unes  pouri'aient  être  hyper- 
boliques. La  position  et  la  forme  de  l'orbite  d'une  planète 
ou  d'une  comète  sont  déterminées  par  ses  éléments  (Y.  ce 
mot).  CiiK]  sont  nécessaires,  si  la  courbe  décrite  est  ellip- 
ti(jue  :  longitude  du  nœud  ascendant,  inchnaison  du  plan 
de  Forbite.  distance  moyenne  au  soleil,  excentricité,  lon- 
gitude du  périhélie;  quaire  si  elle  est  parabohque  :  longi- 
tude du  no'ud  ascendant,  inchiuûson  du  plan  de  Forbite, 
distance  périhéhe,  longitude  du  périhélie. 


/.87  — 


ORBITE  —  ORCADES 


On  appelle  orbite  apparente  du  soteit  la  coui^be  que 
le  soleil  paraît  décrire  en  vertu  de  son  mouvement  propre. 
La  projection  de  cette  courbe  sur  la  sphère  terrestre  est 
un  grand  cercle  de  cette  sphère,  ïécliptitfue  (V.  ce  mot)  ; 
elle  se  détermine  par  l'observation  du  diamètre  apparent 
du  soleil  et  d'elle  se  déduit  à  son  tour  l'orbite  terrestre 
(Y.  Soleil  et  Terre). 

ORBITELLO.  Ville  d'Italie,  prov.  do  Grosseto  (Tos- 
cane), sur  un  promontoire  qui  s'avance  au  milieu  de  la 
lagune  d'Orbitello,  derrière  le  mont  Argentario,  auquel 
une  digue  la  joint;  4.000  hab.  Evêché  ;  église  collégiale 
de  io76.  Bagne.  Pêcheries  d'anguilles.  Pâtes  aHmentaires. 
Au  S.-E.  sont  les  ruines  de  la  cité  étrusque  de  Cosa.  Or- 
bitello,  quosa  situation  rendait  presque  imprenable,  fut  l'une 
des  forteresses  désignées  sous  le  nom  de  Présides  de  Tos- 
cane et  que  leur  insalubrité  fit  choisir  pour  lieu  de  dépor- 
tation. 

ORBITOLITESetORBITULITES  (Paléont.)  (V.  Eora- 

MINIFÈRES) . 

OR  BOIS.  Corn,  du  dép.  du  Calvados,  arr.  de  Bayeux, 
cant.  de  Caumont  ;  175  hab. 

OR  BON  A  (Myth.).  Divinité  romaine,  qui  avait  près  du 
temple  des  Lares,  sur  la  Voie  Sacrée,  un  autel  oii  les  parents 
privés  de  leurs  enfants  ou  qui  avaient  des  enfants  malades 
venaient  l'invoquer  pour  en  obtenir  d'autres  ou  sauver 
ceux  qu'ils  possédaient. 

ORBRIE  (L')  ou  LoRBRiE  (V.  Lorbrie). 
ORCADES  (Iles)  (angl.  Orkney).  Géographie.  —Ar- 
chipel situé  au  N.  de  la  Grande-Bretagne,  dont  le  sépare 
le  détroit  de  Pentland,  entre  l'océan  Atlantique  et  la  mer 
du  Nord.  On  compte  67  îles  dont:29  habitées  (30.453  hab. 
en  1891),  d'une  superficie  totale  de  i.004  kil.  q.  (dont 
31  kil.  q.  de  lacs).  —  Les  îlots  inhabités,  appelés  holm, 
sont  exploités  pour  le  pâturage,  lâchasse  et  la  pêche.  Les 
principales  îles  sont:  du  S.  au  N.,   South  Ronaldshay 
(2.31o  hab.)  ;  Hoy  (1.320  hab.),  dont  le  plus  haut  som- 
met atteint  ^2.474  m.  ;  Pomona  ou  Mainland  (16.498 
hab.),  la  plus  vaste,  avec  la  capitale  Kirkwall  ;  Shapinshaij 
(903  hab.)  ;  Stronsay  (1.275  hab.)  ;  Rowsaij  {11  A'  hab.)'; 
IMa;  Westraij  (2.108  hab.);  Sandaij  (1.929  hab.)  et 
North  Uonaldshay  avec  les  rocs  des  autels  de  Linnay  et 
le  promontoire  septentrional  de  Dennis-Head.  Les  détroits 
qui   séparent   ces   îles    très  découpées   sont  encombrés 
d'écueils  (skerries),  qui  découvrent  à  marée  basse  et  sur 
lesquels  on  récolte  les  plantes  marines  pour  en  extraire 
la  soude.  Des  courants  d'une  extrême  violence  rendent  la 
navigation  périlleuse  ;  on  redoute  en  particulier  les  deux 
tourbillons  qui  se  forment  près  de  l'îlot  de  Swona,  dans 
le  détroit  de  Pentland.  Au  point  de  vue  géologique,  les 
Orcades  sont  constituées  par  le  vieux  grès  rouge,  avec 
quelques  injections  volcaniques  dans  l'île  de  Hoy  et  des 
gneiss  et  micaschistes,  en  face  de  Hoy,  à  Stromness,  côte 
S.-O.  de  Pomona.  Les  îles  portent  la  trace  de  puissantes 
actions  glaciaires  exercées  d'E.  en  0.  — Le  climat  est  très 
doux,  grâce  au  Gulf-Stream  (V.  Grande-Bretagne),  qui 
rejette  parfois  sur  les  côtes  des  bois  tropicaux.  La  tem- 
pérature moyenne  est  de  -{-  12*^,9  en  juillet  et  de  -4-  3°, 4 
en  février.  Il  tombe  930minim.  d'eau  par  an.  Les  tourbières 
couvrent  une  grande  partie  du  sol,  dont  37  1/2  °/o  sont 
occupés  par  les  champs  et  8  1/2  ^o  par  les  prés.  Le  ter- 
rain est  fertile,  formé  de  limon  sablonneux  ou  d'argile 
friable  qu'on  bonifie  par  les  amendements  marins.   On 
comptait  en  1890  environ  5.900  chevaux,  24.000  bœufs, 
32 .  400  moutons ,  4 .  600  porcs ,  beaucoup  de  volaille  (poules) . 
Depuis  que  des  routes  ont  été  construites,  l'agriculture 
s'étend,  beaucoup  de  fermiers  écossais  ont  immigré.  Les 
oiseaux  abondent  le  long  des  rochers,  on  mange  leurs  œufs 
et  on  exporte  leurs  plumes  et  leur  duvet.   En  1894,  la 
pêche  (hareng  surtout)  occupait  391  barques  et  1.259  pê- 
cheurs. —  La  population  est  de  race  Scandinave  sur  fonds 
celtique,  mais  depuis  le  xviii*^  siècle,  tout  le  monde  parle 
anglais.  Les  îles  Orcades  forment  avec  l'archipel  plus  sep- 
tentrional des  Shetland  un  comté  dont  le  ch.-l.  est  Kirk- 


wall. Elles  comprennent  18  paroisses.  La  population,  qui 
était  de  24.445  hab.  en  1801,  de  28.847  en  1831,  de 
32.395  en  1861,  a  un  peu  diminué  depuis. 

Histoire.  —  Les  îles  Orcades,  ainsi  nommées  dès  l'an- 
tiquité (Ptolémée,  IL  3,  31),  étaient  peuplées  de  Pietés, 
lorsqu'au  vi°  siècle  des  missionnaires  irlandais,  disciples 
de  saint  Colomba,  les  convertirent  au  christianisme  (vers 
565).  Il  reste  de  l'époque  antéhistorique  deux  cromlechs 
à  Brogar  et  Stenness,  beaucoup  d'habitations  souterraines 
et  70  tours  (borgs  ou  brochs).  Vers  la  fin  du  viii®  siècle 
commencèrent  les  agressions  des  Normands,  et  au  ix% 
poursuivant  les  jarls  qui  avaient  fui  de  Norvège  pour  s'ins- 
taller aux  îles  Orcades  (1872),  le  roi  Harald  Harfager  les 
conquit  comme  les  Hébrides  (îles  du  Sud  des  Scandinaves), 
et  les  donna  au  jarl  Rognvald  deMœri.  Elles  jouèrent  un 
rôle  important  dans  les  expéditians  et  luttes  des  héros 
normands,  dont  les  diverses  sagas  ont  conservé  le  souve- 
nir. Les  comtes  d'Orkney  furent,  après  Rognwald,  son  frère 
Sigurd,  puis  deux  fils  de  Rognvald,  dont  le  second,  Torf 
Eindr,  défit  lesvikings.  Le  fils  de  celui-ci,  Thorfinn  Hau- 
sakliuf   (950),    épousa  la  fille  du  comte  de  Duncansby 
et  y  gagna  le  comté  de  Caithness.  Puis  régna  Sigurd  (980- 
1014),  qui  figure  dans  la  saga  de  Niai;  il  combattit  les 
Ecossais,  traita  avec  leur  roi  Malcolm,  dont  il  épousa  la 
fille,  et  périt  dans  la  grande  bataille  de  Clontarf,  vaincu 
par  Brian,  roi  de  Munster  (Irlande).  Ses  quatre  fils  se 
partagèrent  son  héritage  ;  mais  le  dernier,  Thorfinn,  né 
de  la  fille  de  Malcolm,  finit  par  le  réunir  tout  entier,  se 
fit  reconnaître  par  le  roi  de  Norvège,  alla  en  pèlerinage  à 
Rome  et  érigea  un  évêché  à  Birsay.  Il  mourut  en  1064, 
et  ses  deux  fils,  Paul  et  Erlend,  furent  bientôt  supplantés 
par  Sigurd,  fils  du  roi  de  Norvège  Magnus.  Mais  Sigurd 
étant  devenu  roi  de  Norvège,  Hakon,  fils  de  Paul,  recou- 
vra les  Orcades.  Son  fils  Paul  succomba  contre  les  vikings, 
et  ilarold,  fils  du  comte  d'Athole  Maddad,  finit  par  rester 
maître  des  îles,  au  milieu  du  xn®  siècle.  Elles  étaient  alors 
très  peuplées,  pouvant  fournir  un  contingent  de  7.000  com- 
battants pour  les  guerres  extérieures.  La  lignée  des  jarls 
normands  s'éteignit  en  1231.  Le  comté  de  Caithness,  com- 
prenant l'archipel,  fut  attribué  ta  Magnus,  second  fils  de 
Gilbride,  comte  d'Angus.  lui  1321,  il  passa  à  la  ligne  de 
Strathearn  ;  en  1379,'  à  Henry  Saint-Clair  ou  Sinclair,  qui 
bâtit  le  château  de  KirkwalL  En  1468,  le  roi  de  Dane- 
mark, Christian  I^'',  donna  en  gage  les  îles  Orcades  et  Shet- 
land pour  garantir  le  paiement  du  douaire  de  sa  fille 
Marguerite,  mariée  à  Jac([ues  III  d'Ecosse.  Le  paiement  ne 
vint  jamais  et  les  îles  restèrent  ta  l'Ecosse.  En  1471, 
Jacques  HI  donna  au  comte  -William  Saint-Clair  le  do- 
maine de  Ravenscraig  (comté  de  Fife)  en  échtange  de  sa 
renonciation  à  son  comté  des  Orcades,  lequel  fut,  par  un 
acte  du  Ptirlement  en  dtate  du  20  févr.  1471,  annexé  à 
la  couronne  d'Ecosse. 

En  1564,  Robert  Stuart  (Stewart),  fils  naturel  de 
Jacques  V,  fut  fait  shérif,  et  en  1581  comte  des  Orcades  ; 
mais  dès  1615  elles  furent  réunies  de  nouveau  à  la  cou- 
ronne. En  1626,  Chtarles  P^  donna  ce  titre  aune  branche 
latérale  des  Htimilton,  desquels  il  ptissa  aux  O'Brien,  puis 
aux  Fitzmaurice  (1820).  C'est  aux  îles  Orcades  que  Mont- 
rose  forma  son  expédition  de  1650.  La  langue  norse  con- 
sacrée par  plusieurs  inscriptions,  notamment  au  grand 
cairn  sépulcral  de  Mœshow,  était  encore  parlée  généra- 
lement au  xvi®  siècle,  et  les  noms  topographiques  en  gar- 
dent le  souvenir.  Au  xvii«  siècle,  elle  disparut  peu  à  peu. 
La  juridiction  ecclésiastique  fut  disputée  entre  les  arche- 
vêchés de  Hambourg,  York  et  Bergen.  A  partir  de  1102, 
les  évoques  norvégiens  prévalurent.  De  1508  à  1606,  puis 
de  1638  à  1660,  le  siège  épiscopal  demeura  vacant  ;  il  fut 
supprimé  en  1697.  Les  principaux  vestiges  archéologiques 
sont  l'ancien  palais  des  jarls  à  Birsay  (auN.-E.  de  Pomona) , 
ceux  de  l'église  bâtie  auprès  par  Thorfinn  au  xi^ siècle,  d'une 
église  circulaire  à  Ophir,  de  la  Ctathédrtale  deKirkwaU,  de 
l'église  fortifiée  d'Egilshay  (xii®  s.).  A. -M.  B. 

BiBL.  :  Orhneyiiign  Siigii,  publiée  et  annotée  par  Ander- 


ORCADES  —  ORCHESTRE 


—  488  — 


SON,  1873  —.T.  Ben, /)esc7'ipfio  insulnrum  Orclmdiarum^ 
1529.  —  Wallace,  Account  of  theislands  of  Orkney^  1693, 
rééd.  en  1884.  —  Low,  Tour  through  theislands  of  Orhncy 
iind  Shetland  in  111 'i,  1879.  —  Du  meme,Fai<.?7a  Orcadiensis, 
1813.  —  Baikik  etllRiJDLE,  Historiu  naturalis  Orcadiensis, 
1848.  —  Dennison,  Orcadian  shetchbook  ;  Kirkwall,  1880. 

—  TuDOR,  Orhneys  and  Shetland,  geology  flora ,  1883*  — 

Fea,  Présent  state  of  the  Orhneyislands^  1885. 

ORCADES  DU  Sud  {South  Or A'n^//).  Archipel  de  l'océan 
Pacifique,  formé  des  îles  montagneuses  Coronation  (ait. 
1.321  m.),  par  60*^  46'  lat.  S.%t  48<>  13'  long.  0.,  et 
Laurie  (ait.  941  m.),  par  60*^54'  lat.  S.  et  46«  45' 
long.  0.,  et  des  ilôts  Powell  et  Saddle  situés  entre 
elles,  Inaccessible  et  Despair-rock  à  l'O.  de  Coronation. 
Découvertes  par  Smitli  (1819),  explorées  par  Dumont 
d'Urville  (1838). 

ORCAGNA(A.),  architecte,  sculpteur  et  peintre  italien 
(V.  CiONE  [Andréa  di]). 

ORCANETTE  (Bot.).  Nom  vulgaire  à^VAlkanna  tinc- 
toria  Tausch  {Anchusa  tinctoria  Desf.,  Lithospermum 
tinciorium  L.)  (V.  Alkanna).  L'Orcanette  croît  dans  les 
lieux  sablonneux  de  la  région  méditerranéenne  ;  elle  a  une 
grosse  racine  à  écorce  feuilletée  d'un  rouge  violet,  qui  re- 
couvre des  faisceaux  ligneux  rouges  extérieurement,  blan- 
châtres intérieurement.  Cette  racine,  Radix  alcannœ  ?>., 
Alcannœ  spiiiiœ  off.,  renferme  une  matière  colorante 
employée  dans  la  teinture,  Vanchusine  ou  orcanettina, 
substance  rouge  amorphe,  à  cassure  résinoide,  dont  la  so- 
lution alcoolique  se  transforme  à  la  longue  en  une  subs- 
tance verte,  le  vert  d'alkanna.  Les  couleurs  formées  par 
Torcanettine  résistent  peu  à  la  lumière,  au  savon  et  aux 
acides.  En  pharmacie,  l'orcanettine  sert  pour  colorer  les 
pommades  ;  elle  est  d'ailleurs  douée  de  propriétés  astrin- 
gentes, antidiarrhéiques  et  détergentes.  D'^L.  Hn. 

ORÇAY.  Com.  du  dép.  du  Loir-et-Cher,  arr.  de  Romo- 
rantin,  cant.  de  Salbris;  337  hab. 

ORCÉI N  E.  Sous  l'influence  simultanée  de  l'ammoniaque 
et  de  l'oxygène  de  l'air,  Vorcine  (V.  ce  mot)  se  colore 
peu  à  peu  en  rouge  en  donnant  des  principes  nouveaux 
parmi  lesquels  se  trouve  un  corps  azoté,  l'orcéine,  dont  la 
formule  serait  C^^*H^AzO^.  C'est  une  matière  colorante 
rouge  incristallisable,  peu  soluble  dans  l'eau,  précipitable 
de  sa  solution  par  l'addition  d'un  sel  neutre,  fort  soluble 
dans  l'alcool,  peu  soluble  dans  l'éther.  L'hydrogène  nais- 
sant agit  sur  l'orcéine  comme  sur  toutes  les  matières  co- 
lorantes ;  elle  se  décolore,  puis  reprend  la  teinte  rouge  sous 
l'influence  de  l'air.  D'après  des  recherches  plus  récentes, 
l'action  de  l'ammoniaque  sur  l'orcéine  donnerait  une  orcéine 
cristallisée  de  formule  C^^H'^^Az^O^'*,  un  autre  corps, 
C^^'^H^^AzO^"  et  d'autres  principes  de  la  nature  du  tour- 
nesol. L'orcéine  est  l'un  des  principes  constituants  de  la  ma- 
tière colorante  naturelle  Vorseille  (Y.  ce  mot).  Le  tour- 
nesol  (V.  ce  mot)  renferme  des  substances  qui  doivent  se 
rapprocher  de  l'orcéine.  CM. 

BiiJL.  :  R(3inQUET,  Annal,  de  chim.  et  de  pliys..  2«  série, 
t.  XLIl.  1).  235.  —  ZuLKowsKi  et  Petkrs,  Monatsliefte, 
t.  XI,  p.  231. 

ORCEL  (H.-F.-E.)  (V.  Dumolard). 

ORCELLA  (Zool.)  (V.  Dauphin). 

ORCEMONT.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr.  et 
cant.  de  Rambouillet;  3!2o  hab. 

ORCENAIS.  Com.  du  dép.  du  Cher,  arr.  et  cant.  de 
Saint-Amand-Montrond  ;  523  hab. 

ORCET.  Com.  du  dép.  du  Puy-de-Dôme,  arr.  de  Cler- 
mont,  cant.  de  Veyre-Monton  ;  908  hab.  Patrie  de  Cou- 
thon  (V.  ce  nom). 

ORCEVAUX.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  arr. 
de  Langres,  cant.  de  Longeau;  160  hab. 

ORCEUL  (Blas.).  Poteau  rond  dont  le  socle  et  le  cou- 
rojinement  sont  carrés. 

ORCHA.  Ville  de  Russie,  gouv.  et  à  80  kil.  de  Mohilev, 
ch.-l.  de  district,  sur  les  deux  rives  du  Dniepr  (à 
l'endroit  où  il  devient  navigable)  et  au  confluent  de  la 
rivière  Orchitsa.  Centre  commercial  assez  important  ; 
13.161  hab.  (barrières  de  pierres  calcaires  dans  les  envi- 


rons. Fondée  au  xi^  siècle,  elle- fut  occupée  par  les  Lithua- 
niens au  xni^  siècle  et  plusieurs  fois  assiégée  par  les 
Russes.  En  1772,  elle  passa  à  la  Russie;  la'  ville  a  été 
bnilée  par  les  Fiançais  en  1812. 

Le  district  a  5.000  kil.  q.  et  189.000  hab.  (avec  la 
ville). 

ORCHAISE.  Com.  du  dép.  de  Loir-et-Cher,  arr.  de 
Blois,  cant.  d'Herbault  ;  629  hab.  ;  sur  les  rives  de  la 
Cisse.  L'église  renferme  quelques  anciennes  sculptures.  Au 
bas  de  la  colline  sur  laquelle  est  construit  le  village, 
s'ouvre  une  grotte  dont  on  n'a  pu  explorer  encore  toute 
l'étendue,  et  sur  laquelle  des  légendes  fabuleuses  se  sont 
créées  pour  expliquer  l'origine  du  nom  d'Orchaise.  On  a 
prétendu  qu'au  fond  de  cette  grotte  se  trouvait  une  chaise 
d'or,  ou,  d'autre  part,  que  les  troupes  de  César  y  avaient 
établi  leurs  greniers  (horrea  Cœsaris).  Une  grange  de 
l'époque  de  saint  Louis  se  voit  encore  dans  le  village. 

ORCHAMPS.  Com.  du  dép.  du  Jura,  arr.  de  Dôle, 
cant.  de  Dampierre,  sur  le  Doubs  ;  701  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  de  Dole  à  Besançon.  Ancienne  station  ro- 
maine de  Crusinia.  Eglise  gothique  du  xv^  et  du  xvi^  siècle. 

ORGHAMPS-Vennes.  Com.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de 
Baume-les-Dames,  cant.  de  Pierrefontaine  ;  890  hab. 

ORCHARDSON  (William-Guiller),  peintre  anglais,  né  à 
Edimbourg  en  1835,  vint  à  Londres  où  il  obtint  de  grands 
succès  dans  la  peinture  de  genre.  Citons  parmi  ses  tableaux  : 
Vieille  C  hansonang  taise  {iS63)  ;  Fleurs  de  foret  (1864)  ; 
Hamlet  et  Ophélièet  le  Défi  (1865)  ;  Christophe  Sly  ; 
Talbot  et  la  comtesse  d'Auvergne  (1867)  ;  Henri  IV  et 
lalstaff  (iSQH)',  les  Rêves  du  jour  (1870)  ;  le  Grand 
Canal  de  Venise  (1871)  ;  Casus  helli  (1872)  ;  la 
Heine  des  épées  (1877)  ;  le  Décavé  (1879)  ;  Portrait 
de  M"'''  Winchester  Clowes  (1879)  ;  Napoléon  l^'  ii 
bord  du  Bellérophon  (1880,  au  musée  de  South-Ken- 
sington)  ;  Voltaire  chez  le  duc  de  Sully  (1883)  ;  Ma- 
riage de  convenance  (1884)  ;  le  Salon  de  M"^^^  Réca- 
mier  {i88^)  ;  le  Jeune  Duc  (1889),  etc. 

ORCHES.  Com.  du  dép.  de  la  Vienne,  arr.  de  Chàtel- 
lerault,  cant.  de  Lencloître;  726  hab. 

ORCHESTES  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Coléoptères, 
de  la  famille  des  Curculionides,  établi  par  lUiger  (Mag.,  III, 
1804,  p.  105).  Ce  sont  des  insectes  de  petite  taille,  pos- 
sédant la  faculté  de  sauter  ;  les  cuisses  postérieures  sont 
renflées.  Les  larves  vivent  entre  les  épidermes  des  feuilles 
des  aulnes,  des  ormes,  des  hêtres.  Le  genre  comprend 
une  cinquantaine  d'espèces,  appartenant  surtout  à  l'Eu- 
rope, à  l'Algérie,  au  Cap.  L'O.  AV/r/?  L.,  long  de  3  millim., 
noir,  couvert  d'une  villosité  fine.  atta(iue  le  hêtre  ;  il  est 
répandu  dans  toute  l'Europe, 

BiiJL.  :  Brisout  de  11\iini:vii.li:,  Ann.  So( .  ad.  de 
France,  1805.  |).  253. 

ORCHESTRATION  (V.  Orchestre  et  Instrumentation). 

ORCHESTRE  (6p)(^rjaTpa).  I.  Architecture.  —  Aire 
centrale  circulaire  des  théâtres  grecs,  destinée  aux  évolu- 
tions du  chœur  autour  de  la  ^/i?/wé^7<^' ou  autel  de  Dionysos. 
Elle  était  comprise  entre  la  scène  et  les  gradins  inférieurs, 
qui  entouraient  les  trois  quarts  du  cercle .  Plusieui'S  orchestres 
de  théâtres  grecs  sont  assez  bien  conservés,  surtout  ceux 
du  théâtre  de  Dionysos  à  Athènes  et  du  Hiéron  d'Epi- 
daure.  Mais  le  premier  a  été  remanié  à  l'époque  romaine. 
Aussi  doit-on  prendre  plutôt  comme  tyj)e  celui  d'Epidaure, 
qui  se  présente  à  nous  presque  intact,  tel  qu'il  fut  amé- 
nagé par  Polyclète  le  Jeune  au  début  du  iv*^  siècle.  Autour 
de  la  base  de  la  thymélé  sont  disposés  deux  cercles  con- 
centriques. Le  cercle  intérieur  (10  m.  de  rayon),  entoui'é 
d'une  large  bordure  de  pierre,  est  l'aire  de  sol  battu  où 
se  déroulaient  les  évolutions  du  chœur  (/.ovi'arpa).  Entre 
la  xov/arpa  et  le  premier  rang  de  gradins  s'étend  une 
bande  circulaire,  en  contre-bas  ;  sur  la  moitié  de  la  cir- 
conférence, du  côté  des  gradins,  elle  est  pavée  de  grandes 
dalles  et  formait  une  sorte  de  bassin.  C'est  par  là  que 
s'écoulaient  les  eaux  de  pluie,  entraînées  hors  du  théâtre 
par  deux  aqueducs  souterrains.  On  entrait  dans  l'orchestre 


489  — 


ORCHESTRE  —  ORCHIDEES 


pai'  deux  voies  latérales  (îïàpodoi),  disposées  entre  la 
scène  et  les  murs  qui  soutenaient  le  côté  des  gradins.  Au 
bout  de  l'orchestre,  en  face  des  spectateurs,  se  dressait 
un  mur  percé  de  trois  portes  et  orné  de  colonnettes 
ioniques  (6;uoay.riviov),  qui  soutenait  le  plancher  de  la  scène 
(r(3oa/.7[viov  ou  XoyêTov).  Ces  dispositions  se  retrouvent 
dans  tous  les  théâtres  grecs  qui  ont  été  récemment  fouillés. 
Suivant  une  hypothèse  récente,  que  défend  avec  obstina- 
tion M.  Dorpfeld,  mais  que  repoussent  la  plupart  des  sa- 
vants, les  acteurs  grecs  se  seraient  tenus  dans  Forchestre, 
presque  mêlés  aux  choreuteset  ne  seraient  montés  sur  le 
/r)^<^/on  qu'accidentellement.  Vhyposcenion  axQc  sa  colon- 
nade représentant  la  façade  du  palais,  et  le  logeion  l'étage 
supérieur  ou  la  terrasse.  —  Dans  les  théâtres  romains, 
Forchestre  était  plus  petit  et  avait  la  forme  d'un  demi- 
cercle,  il  ne  servait  jamais  aux  évolutions  d'un  chœur  ;  il 
contenait  simplement  les  places  d'honneur  pour  les  mem- 
bres du  Sénat.  P.  Monceaux. 

II.  Musique. —  Le  mot  orchestre  comporte  diverses  accep- 
tions, selon  qu'on  Femploie  pour  désigner  :  1"  Fendroit  qu'oc- 
cupent les  musiciens  instrumentistes  dans  nos  salles  de 
théâtres  ou  de  concerts;  2°  ces  musiciens  eux-mêmes 
réunis  en  corps  ;  3^  la  réunion  des  instruments  dont  ils 
jouent.  Sur  le  premier  point  nous  dirons  seulement  qu'ac- 
tuellement Forchestre  est  placé  devant  la  scène,  et  de 
niveau  (ou  à  peu  de  chose  près)  avec  le  parterre.  Cepen- 
dant Richard  Wagner,  dans  le  théâtre  qu'il  a  fait  cons- 
truire à  Rayreuth,  pour  la  représentation  de  ses  propres 
drames  lyriques,  a  placé  l'orchestre  en  contre-bas  de  la 
scène  et  l'a  en  outre  rendu  invisible  aux  spectateurs,  au 
moyen  d'un  double  écran  qui  le  recouvre  partiellement. 
Le  résultat  est  extrêmement  satisfaisant,  mais  il  convient 
d'observer  que  les  partitions  du  maître  ont  été  instru- 
mentées en  vue  de  cette  disposition  qui  ne  saurait  être, 
sans  inconvénient,  adoptée  pour  l'exécution  des  œuvres 
d'autres  compositeurs.  Dans  les  salles  de  concerts,  For- 
chestre est  généralement  placé  sur  une  estrade  disposée 
en  gradins.  Les  instruments  à  cordes  y  sont  habituelle- 
ment groupés,  sur  le  front  de  l'estrade  (4^^*^  violons  à  gauche 
du  chef,  2^*^  violons  à  droite,  altos  et  violoncelles  derrière, 
les  contrebasses  occupent  souvent  un  des  côtés  de  l'es- 
trade). Ensuite  viennent  les  instruments  à  vent  en  bois, 
puis  ceux  en  cuivre,  et  enfin  au  dernier  rang  les  instru- 
ments à  percussion.  Quant  aux  orchestres  de  théâtres, 
rien  de  plus  variable  que  leurs  divers  groupements  qui 
diffèrent  suivant  les  opinions  personnelles  des  chefs  d'or- 
chestre. Relativement  aux  instruments  eux-mêmes,  consi- 
dérés sous  le  rapport  de  leur  emploi  dans  la  composition 
musicale,  nous  prions  le  lecteur  de  se  reporter  à  l'article 
Instrumentation. 

Envisagé  dans  sa  masse  et  comme  unité,  Forchestre 
peut  être  assimilé  à  un  vaste  instrument  aux  ressources 
complexes  et  variée  qui  se  meut  par  l'impulsion  et  par 
les  soins  d'un  instrumentiste  qui  est  le  chef  et,  suivant  une 
heureuse  expression,  joue  de  l'orchestre.  Les  fonctions, 
ramenées  à  leurs  éléments  principaux,  consistent  à  battre 
la  mesure,  à  indiquer  les  changements  de  mouvements, 
les  nuances,  et,  généralement  parlant,  tous  les  moyens 
d'expression  susceptibles  de  contribuer  à  une  bonne  exé- 
cution. Il  doit  se  conformer  rigoureusement  pour  cela  aux 
intentions  exprimées  par  le  compositeur  et  s'effacer  devant 
lui,  sans  pour  cela  abdiquer  sa  personnalité,  mais  en  la 
maintenant  au  second  plan. 

Pour  effectuer  les  indications  dont  nous  venons  déparier, 
le  chef  d'orchestre  se  sert  de  signes  dont  les  principaux 
se  rattachent  aux  divers  battements  de  la  mesure  (V.  ce 
mot).  Mais  une  extension  plus  ou  moins  grande  du  bras, 
armé  de  la  baguette  dont  il  se  sert  à  cet  effet,  ainsi  que 
certains  gestes  conventionnels  de  la  main  gauche,  lui 
servent  à  indiquer  aux  exécutants  les  modifications  mul- 
tiples qu'entraînent  les  variations  dans  l'intensité  du  son 
et  même  dans  l'expression  du  jeu. 

Primitivement,  lorsque  le  nombre  des  instrumentistes 


eut  démontré  la  nécessité  d'un  mouvement  régulièrement 
indéfini  pour  que  l'ensemble  fût  satisfaisant,  le  batteur  de 
mesure  était  armé  d'un  lourd  bâton  dont  il  frappait  le  sol 
pour  marquer  les  temps  en  cadence.  Peu  à  peu  ce  moyen 
barbare  fit  place  à  un  procédé  moins  brutal.  Mais  long- 
temps encore  le  coup  de  baguette,  frappé  de  temps  à  autre 
sur  le  pupitre,  servait  à  ramener  l'orchestre  à  une  mesure 
plus  rigoureuse.  Le  développement  et  l'accroissement  de 
la  polyphonie  instrumentale  ont  naturellement  rendu  plus 
délicates  et  plus  difiîciles  les  fonctions  du  chef  d'orchestre. 
La  complexité  des  partitions  de  Wagner,  par  exemj3le,  né- 
cessite pour  une  bonne  direction  un  coup  d'œil  singuliè- 
rement précis  et  une  habileté  consommée  dans  la  lecture. 
Instruction  musicale  aussi  complète  que  possible,  connais- 
san^'e  des  ressources  de  chaque  instrument,  goût  et  déci- 
sion :  telles  sont  les  principales  qualités  requises  pour  que 
le  directeur  de  la  phalange  symphonique  soit  digne  de 
son  rôle  important.  Pendant  longtemps,  un  des  violonistes 
appartenant  au  premier  pupitre  en  a  été  chargé,  et  on 
admettait  comme  une  indiscutable  vérité  la  supériorité  du 
violoniste  comme  chef  d'orchestre.  Cependant  d'autres 
instrumentistes  ou  des  compositeurs  ne  possédant  la  pra- 
tique d'aucun  instrument  ont  victorieusement  prouvé  que 
cette  supériorité  n'était  nullement  incontestable. 

.Vu  nombre  des  principaux  chefs  d'orchestre  dont  les 
noni:  méritent  d'être  cités,  nous  nommerons,  parmi  les 
violonistes  :  Habeneck,  Girard,  Pasdeloup,  Altès,  Lamou- 
reux,  Colonne,  Garcin,  Danbé;  parmi  les  non-violonistes  : 
Rietz,  Hillei,  Lachner,  Hainl,  Pasdeloup,  Hans  de  Rûlow, 
Taffanel,  Mottl,  Hermann  Lévy,  Hans  Richter,  Sucher, 
Chevillard,  Weingarner,  Leidl,  Vianesi,  Viotta,  Joseph  Du- 
pont, Paul  Vidal,  etc.  Un  certain  nombre  de  compositeurs 
célèbres  ont  été  aussi  renommés  comme  chefs  d'orchestre  ; 
de  ce  nombre  sont  :  Mendelssohn,  Weber,  Rerlioz,  Liszt, 
Wagner,  Rymsky-Korsakov,  Messager,  Richard  Strauss. 

René  Rrancour. 

BiBL.  :  Ar(;hitkcturk  —  Defra^^k  et  Lhchat,  Ej^i- 
dmive;  Paris,  1895.  ])\)  193-228.  —  DorpfJ'LD  et  Hia^cii, 
Das  (jriechiscJie  TJieater.  Bcitraci/e  zur  Gcschicfite  des 
Dionysos-Tlieaters  in  "Athen  und  anderer  (jriccJiischcr 
Theatcr:  Athènes,  1896. 

Musique.  —  I^krlioz,  VArt  da  chef  d'orcliestre.  — 
Deudevfz,  VArt  du  chef  d'orchestre:  Paris,  1878.  -- 
Maurice  Kuffekath,  VArt  de  diriger  VorcJiestre^  Paris; 
1891.  —  Richard  Wagner,  Ueber  (las  Dirhjiren;  Lo\p/.iLi. 
inséré  ensuite  dans  les  (iesaiiunelte  Scliriften  idid 
Dichtungen,  t.  VIII. 

ORCHESTRION.  Nom  donné  successivement  à  divers 
instruments  de  musique  :  1*^  une  sorte  de  piano-orgue, 
inventé  par  Antoine  Kunz,  de  Prague,  vers  la  fin  du 
XVIII®  siècle  ;  2*^  un  harmonica,  construit  également  à 
Prague,  par  un  facteur  nommé  Sauer.  en  1804:  8^  un 
instrument  à  clavier,  pourvu  de  cordes  de  boyau,  perfec- 
tionnement du  plectroeuphon  dû  à  Gama,  avec  addition 
par  les  luthiers  viennois  Heinrich  et  Rauer  de  trois  re- 
gistres distincts  propres  à  imiter  certains  effets  d'orchestre; 
4^  un  genre  d'orgue  expressif,  établi  par  Fourneau  en  1844. 

ORCHEVAL/  Rivière  du  dép.  de  la  Haute-Loire 
(V.  Loire  [Haute-],  t.  XXIÏ,  p.  441j). 

ORCHIDEES  (Rot.).  Famille  de  plantes  monocotylé- 
dones,  comprenant  des  herbes  vivaces,  terrestres  ou  épi- 
phytes,  à  feuilles  indivises,  sessiles,  à  nervures  paral- 
lèles, disposées  soit  en  rosette  (formes  terrestres),  soit 
par  d,  2  ou  3  à  l'extrémité  d'un  pseudobulbe  (formes 
épiphytes),  soit  alternes-distiques,  uniformément  espa- 
cées (formes  caulescentes).  La  famille  des  Orchidées,  dans 
les  classifications  les  plus  modernes,  est  une  division  de 
l'ordre  des  Iridinées  (Van  ïieghem)  ;  elle  se  caractérise 
essentiellement  par  la  régularité  des  fleurs  et  l'absence 
d'albumen.  Les  fleurs  ont  leur  périanthe  supère,  irrégu- 
lier, bisérié;  leurs  étamines,  gynandres,  sont  au  nombre 
de  4  à  2.  L'ovaire  est  infère,  à  une  loge,  à  3  placentas 
pariétaux.  L'embryon  minime.  L'inflorescence  est  ordinai- 
rement en  épi  ou  en  grappe. 

Cette  importante  famille,  la  plus  nombreuse  de  toutes 


ORCHIDÉES  —  'i90  — 

les  Monocotylédones,com}3ren(1834  genres  i\vec  5.000  es- 
pèces réparties  sur  tout  le  globe,  mais  abondant  surtout 
dans  les  régions  chaudes  des  deux  mondes  et  faisant  dé- 
faut dans  les  régions  arctiques.  Les  espèces  terrestres 
sont  celles  des  pays  froids  et  tempérés  ;  celle  qui  remonte 
le  plus  au  nord  est  la  Calypso  boreaUs  qu'on  rencontre 
jusqu^ui  68«  de  lat.  N.  Les  espèces  épiphytes  vivent 
dans  les  grandes  forêts  tropicales,  attachées  aux  arbres 
par  leurs  racines  adventives  aériennes.  Certaines  n'ont 


Vanilla  claviculata. 

pas  de  racines  {Epipogium  Gmelini  et  Coralloraphis 
innata).  D'autres  n'ont  pas  de  feuilles,  mais  à  leur  place 
des  écailles  décolorées  {Corail or hiza,  Limodorum,Neot- 
tianidus  avis).  Le  nombre  d'étamines  peut  être  différent 
dans  les  variétés  d'une  môme  espèce.  Du  reste,  la  fleur 
des  Orchidées  présente  fréquemment  des  cas  de  mons- 
truosités, par  dissociation  de  certains  éléments  ordinai- 
rement soudés  (fleurs  péloriées),  etc.  Et  tout  semble  con- 
courir pour  augmenter  la  confusion  dans  la  systématique 
de  cette  famille,  car  l'hybridation  y  est  très  fréquente, 
les  espèces  les  plus  différentes  pouvant  se  croiser  ensemble 
et  donner  des  produits  féconds.  En  outre,  la  reproduc- 
tion de  ces  plantes  présente  des  phénomènes  singuliers, 
surtout  dans  la  fécondation  qui  ne  peut  guère  avoir  lieu, 
soit  de  pied  à  pied,  soit  sur  un  même  pied,  que  par  le 
concours  des  insectes.  Les  travaux  de  Darwin  ont  appelé 
l'attention  sur  les  rapports  des  insectes  et  des  plantes,  à 
ce  point  de  vue.  Ce  sont  surtout  les  hyménoptères  qui 
servent  d'agents  dans  cette  reproduction  ;  en  butinant  sur 
les  fleurs,  ils  chargent  leur  tête  de  masses  polliniques  qu'ils 
transportent  sur  les  organes  femelles.  Des  phénomènes 
d'irritabilité  viennent  concourir  à  cet  état  de  choses.  Ainsi, 
chez  la  Masdevallia  muscosa,  l'insecte  qui  butine  se 
trouve  emprisonné  par  une  contraction  de  la  crête  du  la- 
belle,  et  il  est  obMgé,  pour  s'enfuir,  de  passer  par  une 
ouverture  située  près  de  l'anthère,  et  de  se  charger  d'une 
masse  pollinique,  etc. 

D'une  façon  générale,  les  fleurs  des  Orchidées  sont  re- 
marquables par  leurs  couleurs  brillantes  et  tranchées, 
leurs  formes  élégantes  ou  bizaiTCS,  qui  varient  souvent 
absolument  de  structure  daiis  une  même  espèce.  On  peut 
citer  bien  des  exemples  de  dimorphisme,  sans  pour  cela 


en  connaître  les  causes.  Dansune  Vandée,  le  Wenanthera 
Loivii,  l'inflorescence  présente,  à  sa  base,  deux  ou  trois 
fleurs  qui  diffèrent  en  tout  des  autres.  Chez  les  Catasetum, 
on  avait  été  ainsi  amené  à  faire  des  .genres,  tels  que 
Mijanthm  et  Monachanthns  pour  les  individus  dimor- 
plîiques,  etc.  En  outre,  dans  la  plupart  des  Orchidées,  la 
fleur,  se  tordant  sur  son  ovaire  infère  et  son  pédicule,  oc- 
cupe, une  fois  épanouie,  une  situation  renversée. 

La  structure  de  la  fleur  peut  se  ramener,  en  plan,  à  un 
périanthe  double,  dont  chaque  rang  comporte  trois  pièces 
qui  peuvent  se  souder  entre  elles.  On  entend  par  labelle 
ou  tablier  la  pièce  de  la  corolle  qui  diffère  toujours  des 
autres  par  sa  forme  et  ses  couleurs  ;  c'est  un  pétale  mo- 
difié dont  la  base  porte  fréquemment  une  saillie  plus  ou 
moins  protubérante  qui  est  Vcperon.  On  entend  par  gy- 
nosfème  ou  colonne  la  masse  que  forment  les  organes 
reproducteurs  confondus,  étamines  et  style  ;  des  premières 
le  nombre  normal  est  de  trois  ;  mais  souvent  une  seule 
est  bien  développée  et  munie  d'une  anthère,  les  autres  étant 
réduites  à  desimpies  mamelons.  Cette  étamine  fertile  est 
diamétralement  opposée  au  labelle.  Il  y  a  cependant  des 
exceptions,  c'est  ainsi  que,  dans  les  Neuwiedia,  les  trois 
étamines  antérieures  sont  toutes  fertiles,  etc.  La  déhis- 
cence  de  l'anthère  introrse  est  toujours  longitudinale.  Les 
grains  de  pollen  sont  sohtaires  ou  groupés  en  masses  pol- 
liniques ou  pollinies,  dont  le  nombre  varie  suivant  les 
formes.  Trois  carpelles 
composent  le  pistil,  et 
l'ovaire  infère,  ordinaire- 
ment à  une  seule  loge, 
peut  en  avoir  parfois  trois. 
Son  style  a  un  stigmate 
trilobé  dont  le  lobe  anté- 
rieur, correspondant  à 
r étamine  fertile,  est  le 
plus  développé  et  se 
nomme  rostellum.  On  en- 
tend par  caudicules  les 
deux  filets  gommeux  qui, 
dans  certains  types ,  relient 
ce  rostellum  aux  poUi- 
nies  en  prenant  attache, 

dans  celui-ci,  aux  masses  de  tissu  gélifié  constituant  le 
]'étinacleS'«  C'est  alors  l'ensemble  formé  par  les  pollinies, 
les  caudicules  et  le  rétinacle  qui  est  emporté  par  les  in- 
sectes »  (Van  Tieghem).  Les  placentas,  pariétaux  dans  la 
règle,  axiles  parfois,  portent  de  nombreux  ovules  ana- 
tropes.  Le  fruit  des  Orchidées  est  une  capsule  ovoïde  ou 
cylindrique,  quelquefois  très  longue,  comme  dans  la  va- 
nille, la  déhiscence  s'en  fait  de  diverses  façons.  Mais  tou- 
jours les  graines  sont  très  petites,  nombreuses,  membra- 
neuses, avec  un  minuscule  embryon  sans  albumen. 

Les  Orchidées  terrestres  possèdent  un  rhizome  rameux 
qui  peut  être  dépourvu  de  racines,  comme  on  l'a  dit  plus 
haut,  mais  qui,  le  plus  souvent,  en  possède  d'adventives 
dont  la  structure  peut  être  charnue.  Outre  ces  racines 
ordinaires,  la  plante  a  deux  tubercules  ovoïdes  ou  palmés 
par  lesquels  elle  se  reproduit.  Les  Orchidées  épiphytes 
ont  un  rhizome  avec  des  racines  aériennes  et  souvent  des 
renflements  situés  au  bas  des  tiges,  aériens,  appelés /jsei^c^o- 
biilbes,  etc.  Il  est  de  ces  plantes  qui,  comme  Ja  vanille, 
arrivent  à  s'allonger  jusqu'à  ressembler  à  des  Hanes.  Les 
racines  adventives  des  Orchidées  épiphytes  sont  glabres, 
grises  ou  blanchâtres,  souvent  luisantes,  avec  l'extrémité 
verte.  Le  tissu  spongieux  superficiel,  formé  de  cellules  spi- 
ralées,  constitue  \e\^oile.  Les  cellules  sont  pleines  d'air, 
et  c'est  pourquoi  les  racines  ont  cet  aspect  lustré  et  bril- 
lant, tandis  qu'à  l'extrémité  de  la  racine  ces  cellules, 
contenant  encore  de  la  chlorophylle,  suflisent  à  donner  une 
coloration  verdàtre.  Le  voile  parait  destiné  à  absorber  la 
vapeur  d'eau  qui  représente  la  seule  nourriture  des  Orchi- 
dées épiphytes,  car  ces  plantes,  nullement  parasites,  ne 
vivent  pas\iux  dépens  du  végétal  qui  leur  sert  de  sup- 


Fleur  do  Dendrobium. 


494 


ORCHIDEES 


port.  Les  racines  adventives  profitent  surtout  de  l'eau  des 
pluies  et  des  rosées  toujours  abondantes  dans  les  forêts 
des  tropiques.  Au  reste,  les  Orchidées  se  plaisent  dans  les 
endroits  très  fouirés  et  ombragés,  où  rimmidité  ne  fai( 
jamais  défaut,  comme  aussi  les  débris  végétaux  qui  finis- 
sent, en  s'accumulant  dans  le  lacis  de  ces  racines  aériennes, 


Cattl(3ya  ritrina. 

par  constituer  une  sorte  de  sol  suspendu  oîi  les  radicelles 
peuvent  puiser  la  nourriture,  et  qui  détient  toujours  de 
l'eau  en  quantité  su(ïisante. 

Les  feuilles  des  Orchidées  terrestres  sont  de  consistance 
molle  et  herbacée,  tandis  qu  elles  sont  dures  et  coriaces 
dans  la  majorité  des  épiphytes  ;  leur  coloration  est  très 
variable,  verte  uniforme  ou  marl)rée  de  brun,  de  rouge, 
avec  des  lignes  argentées,  dorées,  etc.  Elles  sont  distiques 
ou  spiralées,  engainantes,  avec  le  limbe  entier,  ovale  ou 
linéaire,  nervé  en  long,  parfois  réticulé. 

On  a  divisé  les  Orchidées  en  cinq  sous-famdles,  ainsi 
distribuées  d'après  le  nombre  des  anthères,  la  disposition 
du  pollen,  par  Van  Tieghem  : 

1°  Epidenurkes,  caractérisées  par  une  anthère,  lespol- 
linies  libres  et  cireuses.  Avec  les  principaux  genres  :  Pleu- 
rothallis,  Stelis,  Masdevallia,  Malaxis,  Liparis,  Coral- 
lorhiza,  Dendrobhun,  Bulbophjjllum,  Eria,  Phajtis, 
Bletia,  Cadogyne,  Pholidota,  Calanthe,  Epidendrum, 
Cattleya,  etc. 

"1^  Vanuées.  —  Une  anthère.  Pollinies  cireuses  atta- 
chées au  rostellum.  Genres  :  Eulophia,  Cymbidiiwi, 
ùp-topodhim,  Zygopetalum,  Stanhopea,  Catasefiuii. 
MaxiUaria,  Odontoglossiun,  Oncidium,  Phalœnopsis, 
Vanda,  xingiwcum,  Notylia. 

?)''  Néottiées.  —  Une  anthère.  Pollinies  granuleuses, 
pulvérulentes  ou  sectiles,  libres.  Genres  :  Vanilla,  So- 
bralia,  '^eoUia,  Listera,  Spiranthes,  Goodijera,  Pogo- 
nia,  Epipogmm,  Limnodorum,  Cephalanlhea,  Epipac- 
lis,  etc.' 

4*^  Ophrydées.  —  Une  anthère.  Pollinies  granuleuses, 
attachées  au  rostellum.  Genres  :  Orchis,  Ophnjs,  Ace- 
ras,  Serapias,  Henni niuni,  Habenaria,  Satyriuin, 
Dis  a,  etc. 

5°  Cypru^édiées.  —  Deux  ou  trois  anthères.  Genres  : 
Cypripedium,  Selenipedium,  Apostasia,  Neuwiedia. 

La  plupart  de  ces  genres  sont  propres  aux  forets  tro- 
picales, surtout  les  Epidendrées  si  répandues  en  Malaisie 
et  dans  l'Amérique  du  Sud,  comme  les  Yandées  très  abon- 
dantes à  Madagascar,  mais  rares  en  Afrique.  Les  Néot- 


tiées sont  surtout  représentées  dans  l'Asie  et  l'Australie 
extratropicales;  enfin,  les  Cypripédiées  et  les  Ophrydées 
hnbitent  principalement  les  l'égions  fraîches  et  tempérées 
de  rhémisphère  nord.  (Test  à  ces  familles  qu'appartien- 
nent les  Orchidées  de  nos  pays,  notamment  les  Orchis 
et  les  Ophrys.  Dans  le  premier  de  ces  deux  genres 
rentrent  les  espèces  indigènes  dont  on  tire  le  salep.  Et 
c'est  là  un  des  quelques  produits  utiles  que  nous  fournis- 
sent les  Orchidées.  J^e  salep  provient  surtout  d'Asie  Mi- 
neure et  de  Perse,  on  le  tire  des  tubercules  des  Orchis 
mmcula,  morio,  militaris,  macukUa,  etc.,  riches  en 
fécule  nutritive  avec  un  principe  gommeux,  il  sert  à  faire 
des  gelées  reconstituantes  ;  ses  qualités  analeptiques  lui 
sont  aujourd'hui  contestées.  Parmi  les  Orchidées  utiles  à 
l'homme,  il  faut  compter  la  Vanille,  fournie  par  les  Va- 
nilla claviciilaia .  planifolia,  et  autres  espèces  de 
l'Amérique  centrale  et  méridionale;  le  Ealiani  oui  lié 
Bourbon,  feuilles  de  V Angr(ecu)n  fragrans  des  Masca- 
reignes,  est  employé  en  pharmacie  comme  amer  et  pecto- 
ral ;  YElldborine  (Epipactis  latifoUa) ,  racine  spécifique 
contre  les  douleurs  ailhritiques  ;  le  rhizome  du  Lypripe- 
diiim  pubescens  est.  dans  la  pharmacopée  anglaise,  un 
succédané  de  la  Valériane  ;  les  racines  des  Spiranthes 
aiitumnalis,  Platanthera  bifolia,  Himanloglossiun 
hircinum  ont  passé  pour  aphrodisiaques  ;  les  fleurs  du 
Gyninadenia  conopsea  sont  encore  considérées  comme 


Cypripcdiuni  caudatuiii. 

antidysentériques  dans  l'Amérique  du  Sud.  comme  les  tu- 
bercules du  Gyninadenia  but  basa  émollients.  La  racine 
du  Spiranthes  diureticaasi  employée  comme  diurétique 
au  Chili,  etc. 

Mais  le  principal  intérêt  des  Orchidées  est  dans  l'im- 
portance extraordinaire  qu'elles  ont  prise  comme  plantes 
d'ornement,  à  cause  de  la  beauté  et  de  la  singularité  de 
leurs  fleurs  qui  émettent  souvent  des  parfums  très  déhcats 
et  d'une  nature  rare.  Les  amateurs  ou  adonistes  ont  créé 
un  grand  mouvement  d'importation  ;  toute  une  industrie 
de  culture  s'est  développée,  encouragée  par  les  prix  exor- 
bitants atteints  par  certaines  espèces  et  qu'entretiennent 
et  la  mode  et  les  goûts  artistiques,  voire  la  littérature. 
Tont  en  étant  difficile,  ia  culture  des  Orchidées  demeure 
dans  les  limites  d'un  élégant  jardinage,  sans  nécessiter  j^ 


ORCHIDÉES 


-  492 


très  grandes  installations  ni  d'opérations  rudes  ou  péni- 
bles. Ces  plantes  délicates  ne  demandent  pas  qu'on  remue 
la  terre  pour  elles,  elles  se  contentent  d'un  léger  com- 
post fait  de  débris  végétaux.  Elles  n'exigent  pas  davan- 
tage de  soins  pendant  les  longs  voyages  qu'on  leur  fait 
subir,  car  elles  peuvent  rester  jusqu'à  cinq  mois  sans  eau, 
sans  lumière  ni  air.  Au  point  de  vue  commercial,  les  col- 
lections d'Orchidées  ne  sont  pas  extrêmement  coûteuses, 
et  la  vente  des  fleurs  rémunère  largement  les  horticulteurs 
de  leur  travail  et  de  leurs  achats,  outre  que  ces  fleurs 
peuvent,  une  fois  épanouies,  se  conserver  pendant  plusieurs 
mois  et  qu'un  même  pied  peut  en  produire  beaucoup,  et 
cela  pendant  plusieurs  années  de  suite. 

Si  répandue  aujourd'hui  dans  tous  les  grands  centres 
des  deux  mondes,  la  culture  des  Orchidées  date  à  peine 
d'un  siècle.  On  connaissait  bien  quelques  fleurs  conser- 
vées dans  les  herbiers  ou  peintes  par  des  voyageurs,  comme 
celles  des  quelques  espèces  décrites  par  Linné,  mais  per- 
sonne ne  s'y  intéressait  en  dehors  des  botanistes.  Et 
cependant,  dès  le  xvi^  siècle,  l'Académie  des  Lincei  de 
Rome  prenait  pour  emblème  la  fleur  d'un  Angiiloa,  Or- 
chidée mexicaine  ;  et  cela,  tout  à  la  fois  parce  qu'elle 
était  tachetée  comme  un  lynx  et  parce  qu'elle  était  figurée 
dans  l'ouvrage  du  chanoine  Hernandez  (1532)  qui  avait 
dédié  son  histoire  naturelle  à  l'Académie.  C'est  à  la  fin 
du  xviii^'  siècle  que  l'on  commença  à  élever  les  belles 
espèces  épiphytes.  En  1787,  VEpidendnim  cochleatum 
fleurissait  à  Kiew,  puis  en  1788  ce  fut  l'E.  fragraus. 
Mais,  seulement  en  1820,  on  se  mit  à  cultiver  en  grand 
les  Orchidées  dans  les  serres  chaudes  d'Angleterre.  Il  y 
eut  bien  des  tâtonnements  et  des  déboires  ;  l'ignorance  où 
l'on  était  des  conditions  d'hygiène,  aujourd'hui  bien  con- 
nues, faisait  trop  élever  la  température,  négliger  l'aération. 
Mais  en  1838  on  arriva  à  la  chaleur  convenable  et  à  la 
bonne  atmosphère  «  aussi  douce  et  aussi  agréable  (jue  le 
climat  de  Madère  ».  Et  en  1841  on  s'apercevait  qu'il  faut 
donner  aux  plantes  une  saison  de  repos,  si  on  veut  les 
voir  fleurir.  C'est  de  cette  époque  que  les  amateurs  d'Or- 
chidées datent  l'ère  moderne  de  leur  science  à  laquelle 
venaient  de  tant  profiter  les  grands  voyages  de  J.  Linden 
dans  l'Amérique  du  Sud,  d'où  ce  botaniste  rapporta  non 
seulement  de  grandes  quantités  de  plantes,  mais  encore  des 
observations  importantes  sur  leur  mode  de  vie  et  de  re- 
production. 

Cette  dernière  fonction  ne  s'exerce  pas  de  la  même  ma- 
nière chez  les  Orchidées  libres  ou  domestiques,  si  l'on 
peut  dire.  Car  elles  ne  se  reproduisent  pas  par  graines 
dans  nos  serres.  Il  faut  qu'une  fécondation  artificielle 
vienne  là  suppléer  au  rôle  que  remplissent  les  insectes 
dans  la  nature,  et  encore  plus  d'une  année  est  néces- 
saire aux  graines  pour  arriver  à  parfaite  maturité.  Si, 
par  un  hasard,  elles  lèvent,  c'est  au  bout  de  plusieurs 
années  seulement  que  parait  le  rejeton.  Les  horticulteurs 
font  cependant  des  semis,  car  c'est  là  pour  eux  la  seule 
manière  d'obtenir  ces  hybrides  dont  la  valeur  marchande 
atteint  parfois  des  proportions  fantastiques  :  on  a  payé  cer- 
tains plants  jusqu'à  25.000  fr.  Mais  l'importation  reste 
toujours  la  grande  source  d'alimentation  du  marché.  Au- 
jourd'hui, nombre  d'établissements  ou  de  riches  particu- 
liers soudoient  des  voyageurs  qui  parcourent  les  régions 
tropicales,  intéressent  les  indigènes  à  leurs  travaux  et 
rapportent  les  plantes  par  quantités  énormes.  Mais  toutes 
époques  ne  sont  pas  bonnes  pour  ces  récoltes  et  pour  leur 
expédition,  il  faut  connaître  et  la  nature  des  espèces  et  le 
climat  du  pays  qui  varie  suivant  les  saisons.  On  recom- 
mande de  récolter  toujours  les  Orchidées  avant  leur  plein 
développement,  sans  quoi  elles  pourrissent  ou  s'étiolent.  Mais 
de  non  moindres  accidents  se  produisent  si  on  les  enlève 
au  début  de  leur  saison  d'activité,  car  elles  émettent  leurs 
pousses  dans  les  caisses  d'envoi,  s'épuisent  et  ne  produisent 
jamais  de  fleurs  en  Europe.  Le  moment  le  plus  propice 
pour  coUiger  est  celui  oii  les  pousses  mûries  entrent  dans 
la  saison  du  repos,  et  ce  repos  se  passe  alors  pendant  le 


temps  du  transport.  Ce  repos  a  lieu,  en  règle,  de  janvier 
à  avril.  C'est  sur  ces  données  qu'il  faut  baser  les  expédi- 
tions, car  on  ne  doit  pas  oublier  qu'un  plant  qui  a  formé 
ses  pousses  pendant  le  voyage  ne  donnera,  en  générai, 
plus  jamais  de  fleurs.  Il  y  a  cependant  des  exceptions  pour 
les  Orchidées  qui  poussent  toute  l'année,  comme  les  Mas- 
devallia  et  les  genres  des  régions  froides.  Il  est  aussi  des 
hasards,  des  cas  spéciaux,  où,  contre  toutes  prévisions, 
des  plants  réussissent,  tant  ces  végétaux,  encore  mal  con- 
nus dans  leur  mode  de  nutrition,  sont  capricieux  et  bizarres. 
D'une  manière  générale,  l'achat  des  Orchidées  d'importa- 
tion est  une  afl'aire  de  confiance.  Il  convient  donc  de  ne 
s'adresser  qu'aux  maisons  sérieuses  et  de  n'acheter  dans 
les  ventes  publiques  que  quand  on  possède  la  science  et 
Texpérience  nécessaires.  I.es  Orchidées  doivent  voyager 
dans  des  caisses  solides,  bien  closes,  et  les  trous  sont  inu- 
tiles. Car  l'ail*  circule  bien  par  les  joints  des  planches,  et 
les  souris  et  autres  petits  animaux  nuisibles  ne  peuvent 
s'introduire.  Les  plantes  doivent  être  fixées  pour  ne  pas 
ballotter,  ce  qui  les  froisserait,  briserait  leurs  parties 
tendres,  feuilles  ou  bulbes,  et  les  metti-ait  en  danger  de 
pourrir.  Aussi  convient-il  de  les  serrer  entre  des  lattes 
clouées  transversalement,  ou  mieux,  de  les  emballer  avec 
des  copeaux,  de  la  paille,  des  d^^bris  d'écorce,  matières 
qui  doivent  toujours  être  bien  sèches,  et  qui  laissent  pas- 
ser l'air  entre  elles.  On  évitera  d'employer  la  sciure  de 
bois,  toujours  hygi'oniétri(|ue.  et  ipii  amène  trop  souvent 
la  moisissure. 

Trois  modes  de  culture  ou,  pour  mieux  dire,  trois  es- 
pèces de  serres  s'imposent  dans  nos  pays  poiu^  les  es- 
pèces exotiques,  il  y  a  même  cinq  soi'tes  de  serres  qui 
sont  :  la  haute  serre  cliaude,  la  serre  chaude,  la  serre 
tempérée,  la  scîtc  mexicaine  ou  tempérée  froide  et  la  serre 
froide.  Leur  température  doit  demeurer  constante  pen- 
dant le  joui'  et  s'abaisser  un  peu  pendant  la  nuit  ;  on 
l'élève  légèrement  pendant  la  saison  de  croissance.  La 
serre  froide  est  chauffée  entre  d'^et  10"  C,  destinée  aux 
espèces  des  montagnes  ou  des  pays  froids  ;  elle  convient 
aux  :  Aida  mirantiaca,  Acrides  japonicum,  Barkeria 
elegans,  lindleijmm  et  Skinneri,  Bonatea  speciosa, 
Caïanthe  diseolor  et  pleurochroma,  Cochhodea  de 
toutes  espèces,  CœJogyne  harbata  et  cornigatn,  Cymbi- 
dium  ensifolmm.  Dendrobhim  japonimm  et  kimjia- 
mim,  à  toutes  les  7)/^^,  Uertwigia  purpurea,  Lœlia 
pava  et  majahs,  toutes  les  Masdevallia,  presque  tous 
les  Odontoglossum  et  neaucoup  iVOncidium,  tels  qvîaci- 
naceum,  concolor,  incurvum,  papes,  lameUigenmi, 
xebrimim,  etc.  ;  à  la  plupart  des  Pleurothalis  et  des 
liestrepia,  Sophronith  cernua  et  grandiflora,  Vanda 
amesiana  et  kimbaJUana.  La  serre  mexicaine,  ainsi 
appelée  parce  qu'elle  convient  à  la  plupart  des  Orchidées 
de  l'Amérique  centrale,  est  chauflëe  entre  8"  à  12^  ;  on  y 
doit  mettre  :  beaucoup  à'Oncidium,  Lœlia  albida, 
cinnabarina,  aulumnalis  et  anceps,  Miltoma  vexil- 
laria,  maxillaria,  acineta  Barkeri,  chrysanthadensa, 
Acropera  armeniaca,  aurantiaca,  Angrœcum  falca- 
liim,  Anguloa  Clowisi,  ebiirnea  et  iiniflora,  Barkeria 
cyclotella,  Brassavola  aiciillata,  toutes  les  Bifrenarta 
et  Houllelia,  Oncidium  batemannianum,  Odontoglos- 
sum citrosmum,  Sobralia  leucoxantha,  Stenia  fiin- 
briata,  Zygopetalum  Clayi,  crinitum,  etc.  La  serre 
tempérée  se  chauffe  de  10*^  à  14°,  il  faut  y  mettre  les 
Catfleya,  la  plupart  des  Acineta  et  Batemannia^  Ble- 
tia,  BoUea,  Cirrhœa,  Compare ttia,  Nanodes,  Epiden- 
drum,  Eriopsis,  Isochilvs,  lonopsis,  Gongora,  Iricho- 
cenfriim,  Stenorhynchiis,  Zygopetalum,  Irichopilia, 
Barkeria  barkeriola  et  melanocaulon,  Brassavola  cu- 
cullata.  Lépiotes  bicolor,  Disa  grandiflora,  etc.  La 
température  de  la  serre  chaude  varie  de  15"  à  18";  elle 
convient  aux  Aganisia  ou  Acacallis  cyanea,  Epiden- 
dnimcinnabarinum,  Oncidium  anthocrene,  et  en  gé- 
néral aux  Acampe,Acanthephippùim,  Acropsis,  /Erides, 
Aga)iisea,  Angra'cum,  Ansellia,  iiulbophylhim,  Ce- 


m  ^ 


ORCHIDÉES 


vhalanthera,  Corijanthes,  Cypnpedium,  Lissochus, 
Geodorum,  Galeandra,  Pachijstema,  Megaclinhim, 
Pholidota,  liodrigueùa,  Selenipediiim.  Vanda,  etc. 
C'est  dans  la  haute  serre  chaude,  dont  la  température  va- 
rie de  49«  a  22*^,  qu'il  faut  mettre  les  Vanilla,  Phalœ- 
nopsis,  Anoectochilus,  Govenia  et  Hœmarin. 

La  terre  végétale,   si  légère  qu'elle  soit,  ne  convient 
guère  aux  Orchidées,  même  terrestres.  Il  faut  remplir  les 
pots,  pour  ces  dernières,  avec  un  compost  fait  de  terre 
de  bruyère,  de  terre  franche  et  même  de  terre  argileuse 
à  laquelle  on  peut  mêler  un  peu  de  sable  fin,  car  ces 
plantes  ne  demandent  pas  ce  drainage  continuel,  indis- 
pensable aux  épiphytes.  Celles-ci  peuvent  prospérer  dans 
un  compost  oii  entrent,  en  proportions  variables,  les  ra- 
cines d'une  fougère  {Polypodium.  imlgare  et  des  tiges 
de  sphaignes  (Spliagnum)  ;  les  premières  constituent  la 
terre  fibreuse  des  horticulteurs,  les  secondes  knr  mousse 
blanche.  Le  sphagnum  devra,  tout  comme  la  terre  fibreuse, 
être  nettoyé,  lavé  ;  il  faut  qu'il  reste  vivant,  ne  pourrisse 
ni  ne  s'écïiauffe,  et  il  doit  être  haché  en  bouts  longs  de 
3  à  6  centim.  Les  Orchidées  se  rempotent  dans  ce  com- 
post dont  la  nature  varie  suivant  les  espèces  à  cultiver. 
Ainsi  le  sphagnum  doit  prévaloir  pour  les  Vaiida.JErides, 
Saccolabrum,  Phalœuopsis,  el  même  alors  être  employé 
seul  et  très  pur.  Au  contraire,  la  terre  fibreuse  doit  pré- 
valoir pour  les  Cypripediuni,  Lijcasfe,  etc.  Toujours  on 
devra  attacher  à  la  nature  du  compost,  à  son  entretien, 
une  importanc/^  première.  Aéré,  séché,  avant  tout  débar- 
rassé de  toutes  les  impuretés,  il  doit  être  sévèrement 
gardé  de  la  moisissure,  réduit  à  la  consistance  et  à  la 
finesse  du  tabac  à  fumer,  coupé  soigneusement  et  non 
grossièrement  haché  et  meurtri,    autrement  on  verrait 
bientôt  s'y  développer  des  productions  cryptogamiques. 
Les  Anglais  emploient,  sous  le  nom  de  Peut,  une  terre 
fibreuse  formée  des  l'acines  et  rhizomes  de  diverses  fou- 
gères, (pii  n'a  pas  les  qualités  du  comj)OSt  précité.  Les 
récipients,  pots  ou  paniers,  sont  drainés  au  moyen  de  tes- 
sons poreux  amassés  en  leur  fond,  et  dans  les  grands  pots 
on  met,  pour  cet  usage,  un  petit  pot  en  terre,  retourné. 
Le  drainage  parfait  est  une  condition  ebsentielle  de  réus- 
site. Jadis,  on  croyait  l'assurer  au  mo\en  de  charbon  de 
bois  en  morceaux,  mais  cette  hubslance  est  nuisible  au 
compost.  Toutefois,  on   en  emploie  encore  la  poussière 
comme  antiseptique  pour  saupoudrer  les  plaies,  les  cas- 
sures des  Orchidées,  et  amener  une  cicatrisation  rapide. 
Les  pots  et  paniers  doivent  être  choisis  avec  soin.   Les 
premiers  seront  aussi  poreux  que  possible,  minces,  pour 
permettre  l'aération  des  racines.  Les  paniei'sde  bois  sont 
surtout  bons  pour  les  oi'ch idées  dont  les  grappes  pen- 
dantes s'enfoncent  entre  les  racines  {Stanhopea,  Coryan- 
Ihes,  Gongora,  Acineta,  etc.).  On  les  suspend  aux  pla- 
fonds des  serres  autant  pour  le  plaisir  de  l'œil  que  pour 
faire  profiter  les  plants  de  la  lumière,  li  ne  faut  ni  les 
accrocher  trop  haut,  ni  trop  les  serrer,  pour  pouvoir  sur- 
veiller aisément,   arroser  isolément,  etc.  La  culture  en 
paniers  est  très  minutieuse,  elle  réclame  des  arrosages 
plus  fréquents,  mais  présente  sur  celle  en  pots  l'avantage 
de  redouter  moins  l'excès  d'humidité  et  la  pourriture.  Les 
Orchidées  à  rhizome  traçant  réussissent  bien  sur  un  bloc 
de  bois,  de  même  celles  à  racines  ti'ès  dèUcates.  On  les 
attache  sur  leur  support  au  moyen  de  fils  de  cuivre  en 
attendant  qu'elles  se  fixent  elles-mêmes,  ce  qui  ne  tarde 
guère.  Ces  supports  sont  des  planchettes  ou  des  bûches 
qui  souvent  sont  expédiées  avec  les  plantes  y  fixées.  Ainsi 
on  reçoit  fréquemment  les  Zygopetalum   Gauiieri  et 
grammifolium  sur  des  stipes  de  fougères,  et  le  mieux  est 
de  les  conserver  tels  quels. 

Les  étiquettes  sur  lesquelles  on  écrit  au  crayon  le  nom 
des  plantes  sont  ordinairement  de  petites  attelles  de  bois 
injecté,  pointues  d'un  bout,  peintes  en  jaune  ou  en  blanc. 
On  les  fiche  dans  le  compost  des  pots  ou  des  paniers. 
Ceux-ci  sont  faits  de  légères  charpentes  de  bois  dur  dis- 
posées par  étages,  croisées  ou  rayonnantes,  formant  seilles 


ajourées,  etc.  Ils  conviennent  surtout  aux  Catasetum, 
Cynochis.  Acineta,  Gongora,  Stenorhynchus^eti^,,  tan- 
dis qu'on  mettra  en  pots  les  Acampe,  AnguJoa,  Bifre- 
nia,  Hoiilletia,  Lycaste,  Mycrostylis,  etc.,  et  sur  des 
blocs  de  bois  les  Bulbophyllum,  Cirrhopetalum,  etc. 

Il  n'est  pas  utile  de  procéder  au  rempotage  tous  les  ans, 
mais  seulement  quand  le  compost  noirci  n'est  plus  frais, 
et  un  bon  compost  peut  durer  jusqu'à  trois  ans.  On  rem- 
potera lorsque  la  plante,  trop  gr-ande  pour  son  récipient, 
laisse  ses  pseudobulbes  dépasser  les  bords  du  pot  et  que 
ses  rai'ines  n'ont  plus  de  place.  Le  rempotage  doit  se  faire 
à  la  fin  du  repos,  alors  ({ue  la  plante  entre  en  végétation. 
On  plonge  le  pot  pendant  une  heure  ou  deux  dans  Feau 
de  pluie,  pour  détacher  les  racines  des  parois,  puis  on  le 
renverse  prudemment  en  soutenant  la  plante.  Il  faut  en- 
suite procéder  au  lavage  des  parties  qui  en  ont  besoin,  et 
c'est  toujours  une  opération  délicate.  Après  quoi,  on  ins- 
talle l'Orchidée  dans  son  nouveau  pot,  en  ayant  soin  de 
ne  pas  trop  l'y  enfoncer.  La  question  de  l'arrosage  est  une 
des  plus  importantes  et  qui  demande  des  précautions  mé- 
ticuleuses. S'il  ne  faut  pas  ménager  l'eau,  il  ne  faut  pas 
non  plus  la  prodiguer  à  l'excès  pour  amener  la  pourriture 
des  racines.  Les  Orchidées  aiment  l'humidité,  surtout  pen- 
dant leur  époque  de  végétation.  C'est  alors  qu'il  faut  ar- 
roser abondamment  le  compost,  puis  le  laisser  sécher  pen- 
dant trois  ou  quatre  jours.  Les  arrosoirs  à  long  bec  fin 
sont  les  plus  pratiques,  parce  que  ce  bec  peut  passer  entre 
les  rangées  de  pots,  distribue  l'eau  à  la  place  utile,  sur  le 
compost  et  non  sur  les  feuilles.  On  peut  aussi  plonger  le 
pot  dans  un  baquet  plein  d'eau  sans  mouiller  la  plante 
elle-même,  mais  en  humectant  le  compost.  Pour  arroser 
les  paniers  suspendus,  on  se  sert  d'un  arrosoir  cylindrique 
à  tuyau  fin,  semblable  à  l'appareil  des  allumeurs  de  ré- 
verbères. On  recommande  avec  raison  d'arroser  toujours  les 
tablettes,  les  rayons,  les  sentiers  des  serres  pour  main- 
tenir la  température  humide.  On  y  arrive  en  garnissant  le 
sol  de  scories  spongieuses  qui  retiennent  feau.  Il  est 
utile  de  projeter  de  l'eau  sur  les  tuyaux  de  chauffage,  et 
d'en  faire  une  pluie  très  fine  sur  les  plantes,  au  moyen  de 
seringues  à  pomme  percée  de  mille  trous,  l-jicore  cette 
pluie  doit-elle  être  réglée  prudemment,  car  il  ne  faut  pas 
que  l'eau  séjourne  au  cœur  des  jeunes  pousses,  ce  qui  les 
ferait  périr  ;  mais  on  peut  la  diriger  franchement  sur 
les  plants  fixés  sur  blocs.  Au  reste,  rien  n'est  plus 
minutieux,  plus  absorbant  que  la  culture  des  Orchidées, 
elles  demandent  des  soins  continuels  ;  leurs  feuilles  doi- 
vent être  lavées  de  temps  en  temps  pour  les  débarrasser 
de  la  poussière,  des  petits  insectes,  des  cryptogames.  Ces 
lotiojis  se  font  avec  une  solution  très  diluée  de  jus  de  tabac, 
au  moyen  d'une  éponge,  et  les  rephs  sont  visités  avec  un 
pinceau  fin  ou  une  petite  éponge  attachée  au  bout  d'un 
petit  morceau  de  bois,  d'une  plume,  etc.  Enfin  il  faut  de 
temps  en  temps  déplanter  les  éti({uettes,  pour  chasser  les 
insectes  qui  pourraient  se  loger  à  leur  pied,  soulever  les 
pots  pour  dénicher  les  cloportes  et  les  fourmis,  et  surveiller 
toujours  la  température  et  sa  teneur  d'eau  en  consultant 
les  thermomètres  et  les  hygromètres. 

On  est  récompensé  de  ces  soins  par  les  fleurs  des  Or- 
chidées, les  plus  belles  et  les  plus  singulières  qui  soient 
au  monde,  et  dans  les  cultures  bien  menées  on  peut  les 
voir  apparaître  aussi  splendides  que  dans  les  forêts  vierges 
de  leurs  patries.  Ainsi  on  a  obtenu,  dans  les  seiTes  de 
M.  A.  de  Rothschild,  en  1887,  un  Henanthera  Lôwi 
(Vandées)  qui  avait  vingt-six  tiges  florales  ayant  chacune 
2  m.  de  long  et  portait  en  tout  650  fleurs.  Mais  un  pareil 
résuhat  est  dii  à  une  culture  parfaite.  Rien  n'est  plus  beau 
qu'une  serre  d'Orchidées  en  fleurs,  d'autant  que  certaines 
de  ces  fleurs  durent  jusqu'à  quatre  mois,  comme  celles  du 
Catasetum  garnettianum.  Les  prix  qu'atteignent  les 
Orchidées  sont  bien  pour  encourager  leur  culture.  Citons 
au  hasard  quelques-uns  des  plus  élevés  :  Saccolabrum  gi- 
ganteum  4.070  fr.,  vente  Lee,  1887;  Cypripedium 
Sfonei,  variété  platytmuiuin,   o.675  fr.,   vente  Day, 


ORCHIDÉES  -  ORCHITE 


—  494 


4881;  Cattleya  'h'ianœ^Ydinélé,  i8J-»7o  fr.,  vente  Lee, 
4887  ;  Vanda  Sanderiana,  9.500  fr.,  Vente  Morgan, 
488o  ;  Rybrideà' OdontoglossiimPescatoreietd'O.  triuni- 
phans,  4.575  fr.,  etc.,  etc.  Linden  a  établi  qu'une  cul- 
ture d'Orchidées  ordinaires,  demandant  pour  s'établir  un 
capital  de  45.000  fr . ,  fournirait  un  rendement  de  13.000  fr. 
Fan.  Voici  sur  quelles  données  cet  auteur,  dont  l'autorité 
en  la  matière  est  certaine,  a  appuyé  son  assertion  : 

Construction  des  serres 8 .  000  fr. 

Achat  de  2.500  plants  à'Oclontoglossum 

crispum,  d'importation,  à  5  fr.  l'un. . .     12.500  » 
Achat  de  2.500  Cattleya  Warocqueana  et 

Trianœ  d'importation,  à  10  fr.  l'un.. . .     25.000  » 


Total..., 45.000  fr. 

Ces  plants  produisent  annuellement  :  Odontofjlossitin, 
35.000  fleurs  à  0  fr.  20  pièce,  soit  7.000  fr.  ;  Cattleya, 
10.000  fleurs  à  0  fr.  60  pièce.  Ensemble  :  13.000  fr.  Et 
iJ  s'agit  là  delà  vente  en  gros,  aux  fleuristes,  qui,  au  dé- 
tail, tiennent  ces  fleurs  à  des  prix  beaucoup  plus  élevés. 

Maurice  Maixdron. 

BtJjL.  :  Van  ïiegiiem,  Traité  de  botanique  ;  Paris,  18^4' 
in-8.  —  DucHARTRE,  Eléments  de  botanique  :  Paris,  1883' 
in-8.  —  Darwin,  De  la  fécondation  des  Orcliidées  (trad: 
ReroUe)  ;  Paris,  1870,  iii-i2.  —  Bluaie,  Orchidées,  ains^ 
que  Lindenia^  Reichenbacliia  et  autres  grandes  publica- 
tions à  planches  en  couleurs.  La  bibliographie  complète 
de  la  question  se  trouve  dans  Pinden,  les  Orchidées  exo- 
tiques et  leur  culture  en  Europe  ;  Bruxelles,  1891,  in-8. 

ORCHIES.  Ch.-l.  de  cant.  du  dèp.  du  Nord,  arr.  de 
Douai  ;  3.918  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  du  Nord.  wSu- 
creries,  tuilerie  et  briqueterie,  fours  à  chaux,  distille- 
rie de  grains,  fonderie  de  fer,  fabrique  de  grosse  chau- 
dronnerie, fal3rique  de  ouate  et  de  filasse,  de  chicorée  et 
de  café  de  gland,  brasseries,  corroirie,  imprimeries.  Fa- 
brique de  faïences  artistifjues.  Mouhns  à  blé  et  k  tan. 
Savonneries,  scieries,  taillanderie,  tannerie.  Pépinières. 
Commerce  de  graines  de  betteraves  et  de  plantes  oléagi- 
neuses. Orchies  était  au  moyen  âge  le  siège  d'une  chàtel- 
lenie  importante  du  comté  de  Flandre;  elle  reçut  en  1188 
une  charte  de  commune.  Avant  la  Révolution  française 
elle  était  la  ville  principale  du  pays  de  Pevéle. 

ORCHILLA.  Cap  occidental  de  l'île  de  Fer,  dans  l'ar- 
chipel des  Canaries,  qui  doit  sa  célébrité,  dans  le  monde 
géographique,  à  ce  que  par  là  passait  le  méridien  dit  de 
l'île  de  Fer,  qui  était  autrefois  celui  de  toutes  les  cartes 
avant  que  les  nations  eussent  adopté  un  méridien  national  : 
la  France,  celui  de  Paris  ;  l'Angleterre,  celui  de  Greenwich  ; 
l'Espagne,  celui  de  Madrid,  etc. 

ORCHIS  {Orchù  L.).  Genre  d'Orchidacées,  compre- 
nant des  plantes  herbacées,  à  2  tubercules  ovoïdes  ou  pâl- 


it, Souche  à  bulbotubercules  (Ophrydobulbes),  forme  pal- 
mée (divisés  chacun  en  plusieurs  racines),  de  VOrchis- 
maculata;  b,  Souche  à  bulbotubercules  (Ophrydo) 
bulbes)  de  forme  ovoïde,  de  VAnacamptes  COrchis 
pyramldalis, 

mes,  à  fleurs  en  épi  ;  le  périgone  a  ses  divisions  extérieures 
presque  égales,  le  labelle  prolongé  en  éperon  et  trilobé. 
Le  gynostème  porte  une  seule  anthère  dressée  ;  le  fruit 


est  une  capsule  à  3  placentas  pariétaux.  Les  espèces  prin- 
cipales sont  :  0.  maculata  L.,  0,  nulitaris  L.,  0. pur- 
pur  ea  Huds  {0.  fusca 
Jacq.)  et  0.  mascula  L., 
toutes  répandues  dans  nos 
régions.  Les  tubercules  ser- 
vent à  préparer  le  salep 
(V.  ce  mot).     DM..  IL\. 

ORCHITE.  Terme  gé- 
nérique signifiant  :  inflaui- 
inalion  du  testicule  et, 
le  plus  souvent,  des  par- 
ties avoisinantes  (épidi- 
dyme,  tunique  vaginale). 
L'orchite  peut  être  aiguë 
ou  chroniiiue.  Les  causes 
de  Vorchite  aiguë  sont 
multiples.  Ou  bien  c'est 
un  traumatisme  (efforts  vio- 
lents, plaies,  contusions) 
qui  détermine  l'état  inflam- 
matoire, on,  plus  généra- 
lement, une  affection  de 
l'urètre,  une  iirétrite,  que 
celle-ci  soit  due  à  la  bleji- 
norragie,  à  un  passage 
d'instruments,  ou  à  une 
inflammation  chronique  de 
l'urètre,  de  la  prostate,  du 
col  de  la  vessie.  Mais  il  y  a, 
en  outre,  des  orchites  de 
cause  générale  :  telles  sont 
les  orchites  des  oreillons 
(orchite  our tienne),  de  la 
fièvre  typhoïde,  de  la  va- 
riole, etc.  On  a  signalé  en- 
core une  orchite  de  la 
puberté,  une  orchite  des 
coloniaux ,  relativement 
fréquente  chez  des  sujets  ayant  séjourné  quelque  temps 
aux  colonies  ;  une  orchite  due  à  l'onanisme,  etc.  L'or- 
chite ou  orcho-épididymite  —  puisque  l'épididyme  et, 
presque  toujours  d'origine  urétrale  —  est  parfois  précédée 
d'une  sensation  de  tiraillement  et  de  douleur  dans  l'aine  ; 
puis  elle  débute  par  une  douleur  plus  ou  moins  vive  dans 
l'épididyme,  douleur  qui  s'irradie  aux  lombes,  cà  Faine, 
à  la  cuisse  et  que  le  moindre  contact,  le  moindre  mouve- 
ment exagère.  Les  bourses  sont  rouges,  œdématiées  ;  l'épi- 
didyme et  le  canal  déférent  sont  augmentés  de  volume  ; 
la  tunique  vaginale  renferme  ou  non  du  liquide.  Tous  ces 
phénomènes  locaux  s'accompagnent  presque  toujours  d'un 
état  général  fébrile.  Les  deux  testicules  peuvent  être  suc- 
cessivement pris,  ce  qui  est  particulièrement  grave,  car 
l'infécondité  en  est  le  résultat.  Non  moins  sérieuse  est  l'or- 
chite ourlienne,  qui  se  termine  le  plus  généralement  par 
l'atrophie  du  ou  des  testicules.  Si,  après  la  chute  des  phé- 
nomènes inflammatoires,  l'épididyme  reste  volumineuse, 
indurée,  c'est  que  Vorchi-épididymite  est  devenue  chi'o- 
nique.  Si  la  tuméfaction  de  l'épididyme  n'est  pa-s  franche, 
qu'on  sente  des  bosselures  ayant  de  la  tendance  au  ra- 
mollissement, et  qu'avec  cela  il  y  ait  des  symptômes  de 
tuberculose  bien  avérés,  on  doit  porter  le  diagnostic  à'or- 
chite  tuberculeuse.  On  a  décrit  encore  une  orchite  sy- 
philitique :  celle-ci  est  caractérisée  par  une  lésion  de  la 
tunique  albuginée  (une  des  tuniques  qui  recouvre  le  tes- 
ticule). La  syphilis  peut  atteindre  le  testicule  (1  fois  sur 
32  cas  d'infection  environ). 

Le  traitement  de  l'orchite  diffère  selon  la  cause  qui 
lui  a  donné  naissance.  Pour  Vorchite  urétrale,  rien  ne 
vaut  le  repos  au  lit,  des  grands  bains,  les  applications  de 
cataplasmes  et  un  peu  plus  tard  de  substances  antiphlo- 
gistiques  (pommade  mercurielle  belladonée  notamment) 
sur  les  bourses  préalablement  relevées.  Des  purgatifs  sa- 


Orchis  mascula 


495 


ORCHITE  —  ORCHOMÈNE 


lins  produiront  une  dérivation  utile  sur  l'intestin .  On  a 
conseillé  avec  succès  les  applications  de  vessies  de  glace 
et  de  chlorure  de  méthyle  gazeux,  La  période  aiguë  ter- 
minée, on  peut  marcher  avec  un  bon  suspensoir  fortement 
ouaté  à  sous-cuisses.  Si  Finflammation  passe  à  l'état  chro- 
nique, on  doit  continuer  le  port  du  suspensoir. 

Le  traitement  de  ïorchite  syphilitique  se  confond  avec 
celui  de  la  syphilis  elle-même  (mercuriaux  et  iodiques). 
Quant  à  la  tuberculose  testiculaire,  si  le  traitement 
général  de  la  tuberculose  n'a  pas  empêché  l'ulcération  et 
la  suppuration,  on  devra  recourir  au  traitement  chirur- 
gical, seul  efficace  en  ce  cas,  c.-à-d.  à  la  castration. 
Celle-ci  serait  contre-indiquée,  si  la  tuberculose  avait  déjà 
envahi  les  poumons.  D^  Cabanes. 

ORCHOE.  Ville  antique  de  la  Babylonie  méridionale, 
parmi  les  marais  voisins  du  désert  d'Arabie.  On  l'identitie 
à  Our  et  à  la  localité  actuelle  de  Ouarka,  sur  la  r.  g.  de 
FEuphrate.  C'était  probablement  la  cité  des  Orcheni,  peuple 
qui  s'étendait  sur  le  bas  Euphrate  qu'il  avait  endigué  pour 
le  faire  unir  au  Tigre. 

ORCHOMÈNE  ('Opxo[X£voç,  'Epxo(jL£voç).Nom  de  deux 
cités  de  la  Grèce  antique  :  Orchomène  d'Arcadie  et  Orcho- 
mène  des  Minyens  en  Béotie. 

Ouchomèned'Aucâdie.  — Elle  était  située  au  i\.  de  la  plaine 
fermée  de  l'Arcadie  orientale (V.  Grèce),  les  petites  collines 
d'Anchisia  isolant  au  S.  son  bassin  de  celui  de  Mantinée, 
tandis  que  le  mont  Oligyrtus  au  N.  le  séparait  des  terri- 
toires de  Phénée  et  de  Stymphale,  les  montagnes  attei- 
gnaient près  de  4.800  m.  à  FE.,  1.300  à  FO.  Au  milieu 
de  la  plaine  ainsi  encadrée  s'avancent  deux  contreforts 
issus  des  montagnes  de  FE.  et  de  FO.,  qui  ne  laissent  entre 
eux  qu'un  étroit  ravin  par  lequel  les  eaux  s'écoulent  du 
S.  au  N.  ;  sur  le  promontoire  occidental  très  escarpé, 
nommé  Tpo^io,  était  l'acropole  d'Orchomène,  aune  ait.  de 
plus  de  900  m.,  commandant  les  deux  moitiés  septentrio- 
nale et  méridionale  du  bassin.  Au  S.  de  la  ville  était  un 
temple  d'Artémis  Hymnia  très  anciennement  vénéré.  Or- 
chomène parait  avoir  eu  une  grande  importance  aux  pre- 
miers temps  de  l'histoire  grecque.  l^]lle  attribuait  sa  fon- 
dation à  un  éponyme,  iils  de  Lycaon,  soit  à  Elatos,  fils 
d'x^rcas.  Ses  rois  avaient  commandé  à  presque  toute  l'Ar- 
cadie, et  c'est  à  ce  titre  que  Pausanias  en  donne  la  liste. 
Les  derniers  furent  iEchmis,  son  fils  Aristocrate  lapidé 
pour  avoir  violé  une  prêtresse  d'Artémis  Hymnia  ;  son  fils 
Hicétas  et  Je  Iils  de  celui-ci.  Aristocrate  il,  (jui  décida  la 
ruine  des  Messéniens  en  les  abandonnant  à  la  bataille  du 
Grand  Fossé  et  fut  lapidé  pour  cette  trahison  (V.  Messékie). 
Ce  fut  la  fin  de  la  prépondérance  d'Orchomène;  mais,  sans 
régner  sur  l'Arcadie,  ses  rois  s'y  perpétuèrent  plus  long- 
temps que  dans  les  autres  cités  helléniques,  jusqu'à  lu 
guerre  du  Péloponèse  où  Pisistrate  fut  mis  à  mort  par 
l'aristocratie.  La  vieille  cité  avait  envoyé  120  soldats  aux 
Thermopyles,  600  à  Platées.  Elle  fut  prise  en  418  par 
les  Athéniens.  La  fondation  de  Mégalopolis  dépeupla  les 
bourgades  de  Theisoa,  Methydrium  et  Teuthis  qui  lui  obéis- 
saient. Elle  continua  pourtant  de  guerroyer  a\ec  sa  voi- 
sine Mantinée.  Sa  citadelle  fut  plusieurs  fois  occupée  par 
les  Macédoniens  dans  les  guerres  des  iii*^  et  u^  siècles,  par 
Cassandre  (313),  par  Antigène  Doson.  Pausanias  trouva 
la  vieille  ville  du  haut  abandonnée,  ses  murailles  et  l'agora 
en  ruines  ;  une  petite  ville  végétait  au  pied.  L'abandon 
de  la  ville  haute  doit  remonter  auvi^  ou  v°  siècle  av.  J.-C. 
La  ville  basse  possédait  des  temples  d'Aphrodite  et  de 
Poséidon,  une  statue  en  bois  d'Artémis  dans  un  cèdre.  On 
en  voit  les  ruines  au  village  moderne  de  Kalpaki. 

Orchomène  des  Minyens.  —  Une  des  plus  célèbres  villes 
de  la  Grèce,  centre  du  peuple  légendaire  des  Minyens.  Elle 
se  trouvait  au  bord  N.-O.  du  lac  ('opais,  sur  une  colKne 
triangulaire, contournée  au  S.  et  à  VE.  par  le  Cé])hi.se.  cUi- 
dessus  du  village  actuel  de  Skriou  ;  sur  le  versant  N. 
jaillissait  la  source  AkiduUa  formant  le  Mêlas,  qui  arro- 
sait une  plaine  très  fertile,  entre  la  colline  et  le  lac.  A 
Fextrémité  0.  de  la  colline,  celle-ci  se  termine  à  angle 


aigu  par  un  roc  escarpé,  séparé  du  mont  Acontion  par  un 
ravin;  sur  ce  rocher  de  36  m.  de  diamètre,  on  voit  encore 
les  ruines  du  château  qui  formait  la  citadelle  d'Orchomène, 
à  laquelle  on  accédait  par  un  escaher  de  92  marches  taillé 
dans  le  roc.  A  partir  de  ce  point,  la  colline  s'élargit  gra- 
duellement vers  FE.,  et  les  murailles  de  la  ville  qui  en 
longent  les  crêtes,  après  n'être  d'abord  distantes  que  de 
20  à  30  m.,  s'écartent.  La  muraille  S.,  dominant  le 
Céphise,  est  encore  visible  sur  1.200  m.  de  développe- 
ment; du  côté  N.,  la  muraille  est  incomplète,  l'escarpe- 
ment naturel  suffisant  à  empêcher  l'accès.  Ces  remparts 
sont  pour  la  plupart  de  date  relativement  récente,  de 
l'époque  où  Alexandre  le  Grand  fit  relever  la  ville  détruite 
par  les  Thébains.  La  ville  ancienne  s'étendait  sur  le  ver- 
sant oriental  de  la  colline  jusqu'au  Céphise,  aux  heux  où 
sont  le  monastère  et  le  village  actuels  de  Skripon  ;  c'est 
entre  eux  et  la  colline  qu'est  le  fameux  trésor  de  Minyas, 
tombe  à  coupole  du  môme  genre  que  celles  de  Mycènes 
(V.  ce  mot)  ;  la  partie  supéneure  est  détruite,  mais  dans 
la  chambre  carrée  latérale  on  admire  l'élégant  dessin  du 
plafond  dont  les  dalles  de  schiste  vert  ont  été  ciselées  en 
relief.  Schliemanna  fouillé  en  1880-81  et  1886  les  ruines 
d'Orchomène  et  y  a  découvert  de  t)-ès  anciennes  poteries 
monochromes.  Pausanias  mentionne  des  temples  de  Dio- 
nysos, des  Charités  (Grâces),  une  statue  de  bronze  en- 
chaînée au  roc  qu'on  disait  figurer  Actéon,  et  près  de  la 
source  du  Mêlas  un  temple  d'Hérakiès.  On  a  trouvé  sous 
le  monastère  le  piédestal  d'un  trépied  consacré  aux  Cha- 
rités et  dans  son  église  de  vieilles  inscriptions  en  dialecte 
éolique  avec  emploi  du  digamma. 

Orchomène  des  Minyens  est  l'une  des  plus  antiques 
cités  de  la  Grèce,  fameuse  par  ses  richesses  à  l'époque 
homérique  (//.,  IX,  380).  Ce  fut  un  des  centres  du  peuple 
légendaire  des  Minyens  (V.  Giièce),  qui  y  seraient  venus 
de  Thessalie  ;  le  premier  roi  d'Orchomène  aurait  été 
Andreus,  qui  aurait  partagé  le  territoire  avec  FEtolien 
Athamas  ;  ce  dernier  adopta  les  deux  petits-fils  de  son 
frère  Sisyphe,  appelés  llaliarte  et  Coronée  (c.-à-d.  héros 
éponymes  de  ces  deux  cités  béotiennes).  Andreus  eut  pour 
successeur  son  fils  Etéocle,  le  premier  propagateur  du 
culte  des  Charités.  A  sa  mort,  le  royaume  passa  aux  des- 
cendants d'Halmus,  fils  de  Sisyphe,  lequel  avait  eu  deux 
filles,  Chrysé  et  Cliiysogeneia.  Chrysé  avait  engendré,  des 
œuvres  du  dieu  Ares,  le  héros  Phlegyas,  qui  régna  sur 
Orchomène,  donna  son  nom  à  la  contrée  ;  la  bande  sacri- 
lège des  Phlégyens,  qui  se  réclamait  de  lui,  entra  en  conflit 
,  avec  Delphes  et  fut  exterminée  par  le  dieu  Apollon.  Phle- 
gyas, mort  sans  enfants,  eut  pour  successeur  son  cousin 
Chryses,  fils  de  Chrysogeneia  et  du  dieu  Poséidon.  Le  fils 
de  celui-ci  fut  l'opulent  Minyas,  père  lui-même  d'Orcho- 
menos.  C'est  à  cette  époque  antémycénienne  qu'on  peut 
faire  remonter  les  grands  travaux  de  canalisation  et  de 
drainage  qui  avaient  asséché  la  plaine  marécageuse  empHe 
par  le  lac  Copaïs.  On  cite  encore  un  roi  Erginus,  lequel 
imposa  aux  Thébains  un  tribut  dont  ils  furent  affranchis 
par  Héraklès,  vainqueur  des  Orchoméniens.  A  la  guerre 
de  Troie,  ceux-ci  envoyèrent  trente  navires.  On  disait  que 
soixante  ans  plus  tard  les  Minyens  furent  renversés  et 
supplantés  par  les  immigrants  Béotiens  venus  de  Thessalie. 
Orchomène  fit  partie  de  la  confédération  béotienne  et  ne 
joua  plus  qu'un  rôle  secondaire.  Il  est  surtout  question 
de  ses  grandes  fêtes  des  Charités  (Grâces)  avec  concours 
de  musiciens  et  de  poètes.  Gouvernée  par  le  parti  aristo- 
cratique, elle  se  soumit  aux  Perses  dans  la  guerre  médique. 
Lorsque,  après  la  guerre  du  Péloponèse,  la  démocratie 
prévalut  àThèbes,  Orchomène  devint  son  ennemie.  En  39.^, 
elle  aida  Lysandre  au  siège  d'Haliarte  ;  en  394,  les  Orcho- 
méniens combattaient  dans  l'armée  lacédémonienne  contre 
les  Thébains  et  les  Athéniens  à  la  bataille  de  Coronée.  La 
paix  d'Antalcidas  assura  son  autonomie  (387).  Mais  après 
la  bataille  de  Leuctres,  et  malgré  l'opposition  d'Epami- 
nondas  qui  retarda  cette  violence,  les  Thébains  détrui- 
sirent Orchomène  ;  la  ville  fut  brûlée,  les  hommes  égorgés, 


ORCHOMÈNË  «  UHDELAFFf  ^ 

les  femmes  et  les  enfants  vendus  comme  esclaves  (368)*. 
Keconstruite  durant  la  guerre  sacrée  par  les  Phocéens, 
qui  avaient  conquis  la  Béotie  septentrionale,  elle  fut  occupée 
par  Onomarchos,  de  même  que  Coronée  et  Corsiae.  Mais, 
lorsque  Philippe  de  Macédoine  eut  terminé  la  guerre  sacrée, 
Orchomène  fut  de  nouveau  détruite  sous  ses  yeux  (346). 
Toutefois,  après  la  bataille  de  Chéronée,  ou  plutôt  après 
la  prise  de  Thèbes  par  Alexandre,  elle  fut  restaurée.  Elle 
disparut  à  l'époque  romaine,  désertée  comme  presque 
toutes  les  villes  de  Grèce.  A. -M.  B. 

BiBL.  :  K.-O.  MiJLLER.  Oiclioïiienos  und  die  Minyer ; 
HrGslau,18U,"2°^''cl  —  Li':AivE,aut.II  de  Norihera  Greccc  — 
KambajSIS  (eu  grec),  le  Dessèchement  du  lo.c  Copuïs  par 
les  fDiciens  (avec  carte),  1892.  CC.  Bail,  corresp.  hell.  — 
Perrot  et  Chipiez,  lilst.  de  Vart.  —  ScIILIEMA^^,  Orcho- 
ynenos;  Leipzig,  1881. 

ORCIER.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Savoie,  arr.  et 
cant.  de  Thonon  ;  790  hab. 

ORCIÈRES.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  des  Hautes-Alpes, 
arr.  d'Embrun;  d.lOi  hab. 

ORCINAS.  Com.  du  dép.  de  la  Drôme,  arr.  de  Monté- 
limar,  cant.  de  Dieulefit;  83  hab. 

(  Atom €'H^(OH)^. 

L'orcine  est  un  homologue  de  la  résorcine,  une  méthyl- 
résorcine,  qui  possède  par  conséquent  une  double  fonc- 
tion phénoli(]ue.  Elle  a  été  découverte  par  Bobiquet  et 
étudiée  surtout  par  Stenhouse  et  de  Leignes.  Sa  synthèse 
a  été  réalisée  par  Vogt  et  Henninger  en  faisant  agir  la  po- 
tasse fondante  sur  les  chlorotoluénosulfates.  L'aloès  traité 
par  le  même  réactif  donne  également  de  Forcine.  Sous 
rintluence  de  l'eau  et  des  alcalis,  Facide  orsellique  (\ .  ce 
mot)  se  décompose  en  orcine  et  anhydride  carbonique. 
Certains  lichens  tinctoriaux,  notamment  le  Roceella  mon- 
laynei,  le  Lichen  orcina  renferment  quehpies  principes, 
tels  que  Facide  orselliqiie,  l'acide  lécanorique  (V.  ces 
mots),  etc.,  qui  possèdent  la  propriété  de  se  décomposer 
sous  certaines  influences  en  donnant,  entre  autres  produits, 
de  l'orcine.  C'est  à  ces  Hchens  qu'on  s'adresse  pour  sa 
préparation,  on  les  traite  par  un  lait  de  chaux  dans  des 
marmites  closes  chauffées  à  150^;  la  décomposition  des 
principes  immédiats  se  produit  et  donne  de  l'orcine  et  de 
Férythrite.  Après  précipitation  de  la  chaux  par  un  courant 
d'anhydride  carbonique,  on  évapore  et  l'on  obtient  suc- 
cessivement une  cristalHsation  d'orcine  et  une  cristallisa- 
tion d'érythrite.  On  purifie  l'orcine  par  une  cristallisation 
dans  la  benzine  oti  Férythrite  est  insoluble.  La  synthèse 
de  Vogt  et  Henninger  pourrait  être  appliquée  à  la'  prépa- 
ration de  l'orcine. 

L'orcine  cristallise  avec  une  molécule  d'eau  en  gros 
prismes  rhomboidaux  solubles  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther. 
Elle  fond  à  ^Q^,  perd  son  eau  de  cristallisation,  se  soli- 
difie et  ne  fond  plus  qu'à  107°;  elle  bout  à  290^.  En  sa 
qualité  de  diphénol,  l'orcine  se  comlnne  aux  bases  alca- 
lines et  dégage  en  solutions  étendues  8  calories  avec  la 
première  molécule  et  7  calories  avec  la  seconde.  Sa  solu- 
tion est  précipitée  par  l'acétate  de  plomb,  le  perchlorure 
de  fer  colore  sa  solution  en  bleu  violet.  L'orcine  rougit  à 
l'air  en  présence  de  la  lumière  ;  elle  s'oxyde  rapidement 
en  liqueur  alcaline  et  absorbe  l'oxygène  de  l'air.  Le  brome 
donne  avec  elle  un  produit  cristailisal)le,  l'orcine  tribro- 
mée,  C^^H^BrW,  sur  la  formation  duquel  on  s'appuie  pour 
doser  l'orcine  contenue  dans  une  solution.  L'anhydride 
phtalique  ne  donne  pas  de  fluorescéine  avec  cet  homologue 
de  la  résorcine.  L'action  de  l'ammoniaque  sur  l'orcine  en 
présence  de  l'air  est  remarquable;  il  se  forme  un  composé 
azoté  désigné  sous  le  nom  d'orcéine  (V.  ce  mot).  Si  l'on 
opère  à  l'abri  de  l'air  et  en  solution  éthérée,  on  obtient  un 
produit  d'addition,  C^  WO^SAzH^,  très  instable,  que  l'air 
oxvde  aussitôt  en  formant  de  l'orcéine  : 


496 


Cm^O\  AzH^  +  302  _,  ci^H'AzO^ 

Orcéine 


^iH^O^ 


On  reconnaît  qu'un  lichen  est  susceptible  de  fournir 
l'orcine,  en  le  faisant  bouillir  pendant  quelques  minutes 


avec  une  solution  de  potasse  à  5  ^^  o  ;  on  décante  la  solu- 
tion claire,  on  y  ajoute  du  chloroforme,  puis  on  chauffe 
pendant  dix  minutes.  La  production  d'une  lluorescence 
jaune  verte  quand  on  ajoute  de  l'eau  au  produit  obtenu 
est  caractéristique  de  la  présence  de  l'orcine.       C.  M. 

BiBE.  :  RoDiQUET,  Ajin.  de  ehiin.  et  de  phys.,  2^  série, 
t.  XLIl,  p.  345;  t.  LVIII,  p.  320.  -  Vogt  et  Henninger. 
ihid..  le  série,  t  XXVIL  p.  129.  —  Stenhouse.  Bulletui  de 
lu  Soc.  cfnin..  1869,  t.  XII,  p.  322. 

ORCINES.  Com.  du  dép.  du  Puy-de-Dôme,  arr.  et 
cant.  (N.)  de  Clermont;  i.615  hab. 

ORCIVAL.  Com.  du  dép.  du  Puy-de-Dôme,  arr.  de 
Clermont,  cant.  de  Rochefort  ;  638  hab.  Eglise  romane 
(mon.  hist.)  du  commencement  du  xii^  siècle,  avec  tour 
octogonale  sur  le  carré  du  transept;  chapiteaux  historiés, 
anciennes  portes  recouvertes  de  peaux  avec  peintures  ; 
grilles  romanes;  ancienne  statue  de  la  vierge.  Dolmen  dit 
tombeau  de  la  Vierge.  Château  de  Cordés  des  xv«,  xvi^^et 
XVII®  siècles,  avec  jardins  dessinés  par  Le  Nôtre.  Vestiges 
d'une  villa  romaine  dans  le  bois  de  Chaumont. 

ORCO.  Rivière  d'Italie,  affl.  g.  du  Pô,  prov.  de  Turin, 
qui  descend  des  Alpes  Grées,  'au  S.  du  Grand-Paradis, 
par  le  val  de  Locana,  reçoit  la  Soana,  se  divise  en  plu- 
sieurs bras  et  finit  près  de  Chivasso. 

OR  CONTE.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  de  Vilry- 
le-François,  cant.  de  Thiéblemont;  304  hab. 

ORCONTÉ.  Rivière  du  dép.  de  la  Marne  (V.  ce  mot, 

t.  xxni,  p.  218). 

ORCUS  (Mylh.).  Nom  donné  par  les  Romains  à  l'Ha- 
dès  grec  ;  il  désigne  tantôt  le  monde  souterrain  des  morts, 
tantôt  le  dieu  qui  y  règne  (V.  Enfers,  t.  XV,  p.  i051). 

BiBL.  :  Speiier,  La /ixsatHra;  Amsterdam,  188(J. 

ORCZY  (Lôrincz-Laurent,  baron  de),  général  et  poète 
hongrois,  né  en  1718,  mort  en  1789.  H  se  distingua  pen- 
dant la  guerre  de  Sept  x\ns  et  recruta  à  ses  frais  un  ré- 
giment de  hussards  dont  il  devint  le  chef.  En  1764,  il 
quitta  le  service  militaire  avec  le  rang  de  général,  devint 
préfet  du  comitat  d'Abauj  et  se  retira  en  1784.  Orczy, 
poète,  est  une  des  figures  les  plus  marquantes  de  l'école 
dite  française,  qui,  sous  la  conduite  de  Bessenyei,  a  pré- 
paré le  renouveau  de  la  littérature  nationale.  Orczy,  plus 
âgé  que  les  autres  membres  de  ce  groupe  littéraire,  leur 
prodigua  des  conseils,  mais  lui-même  ne  permit  de  publier 
ses  vers  que  deux  ans  avant  sa  moit.  Le  recueil,  où  le 
philologue  Rêvai  a  réuni  les  poésies  d'Orczy  avec  celles  de 
son  ami  Barcsay  {Kct  nagysdgos  ebncnck  Kolteményes 
sx^uleniémjei),  nous  montre  en  Orczy  un  poète  aimable,  siins 
beaucoup  d'envergure,  mais  qui  a  appris  de  ses  modèles 
français  le  bon  sens,  la  raillerie  légère  et  la  haine  du  fa- 
natisme et  de  l'intolérance.  Le  patriotisme  inspire  à  Orczy 
de  nombreux  traits  satiriques  contre  les  mœurs  et  l'imi- 
tation de  la  société  viennoise.  Rousseau  lui  a  appris  le 
culte  de  la  nature  dont  il  est  le  poète  le  plus  éloquent  de 
tout  son  groupe.  Orczy  a  beaucoup  de  sympathie  pour  le 
paysan,  le  seul  qui,  à  cette  époque,  représentait  l'élément 
national,  pur  de  tout  mélange.  La  poésie  :  Aux  pauvres 
paysans,  imitée  de  Delille,  est  un  de  ses  meilleurs  mor- 
ceaux lyriques.  J.  Kont. 

BiBL.  :  Aranv.  dans  Prôzal  dolçjozatoJi  (Q^^uvres  en 
l)rose,  pp.  280-290)  —  Baleagi,  A  nnigij.  Kir.  testôrség 
tôrtë)icte;  Buda])est,  1872. 

ORDA.  Chef  de  la  horde  blanche  (V.  Horde  d'or). 

ORDALIE  (V.  Epreuve,  t.  XVI,  p.  127). 

ORDAN-Larroque.  Com.  du  dép.  duGers,  arr.  d'Auch, 
cant.  de  Jegun;  845  hab. 

ORDELAFFI.  Nom  d'une  fïimille  italienne  qui  donna  des 
souverains  à  la  Romagne  et  de  grands  capitaines  à  l'Italie. 
Les  plus  illustres  membres  de  cette  famille  sont  les  trois 
frères  Scarpetta,  Pino  et  Bartolomeo,  partisans  desGi- 
])elins,  et  qui  combattirent  contre  Gênes,  Florence,  Lucques 
et  le  pape,  de  1272  à  1296.  Après  avoir  secoué  le  joug 
romain,  ils  gouvernèrent  Forli  jusqu'en  1310,  époque  de 
la  cession  de  la  Romagne  à  Robert  de  Naples  par  Clé- 
ment V. 

Vrancesco  Ordelafii  eut  de  violents  démêlés  avec  Clé- 


—  m 


ORDEÎ.AFFI  —  ORDINAIPxE 


meiil  VI,  qui  l'excommunia  et  publia  une  croisade  contre 
lui.  Après  avoir  longtemps  lutté  avec  le  concours  de  sa 
femme  Marzia  de'Ubaldini,  à  qui  il  avait  coniié  la  défense 
de  son  château,  il  dut  se  rendre  sans  conditions  le  4  juil. 
1359. 

Enfin  Pino  et  Ceceo,  neveux  du  précédent,  furent  d'abord 
chefs  de  condottieri.  Cecco  se  mit  plus  tard  au  service  de 
la  république  de  Venise.  Pino,  reconnu  seigneur  de  Forli 
par  Paul  II  (1466),  embellit  cette  ville,  y  attira  les  poètes 
et  les  artistes  et  s'associa  son  fds  illégitime,  Sinibaldo. 
Après  la  mort  de  Pino,  Sinibaldo  fut  attaqué  par  deux  de 
ses  cousins.  Geronimo  Riario,  neveu  de  Sixte  IV,  profita 
de  cette  guerre  pour  chasser  tous  les  Ordelaffi  et  s'em- 
parer du  pouvoir.  Ils  se  retirèrent  à  Venise  dont  ils  de- 
vinrent citoyens.  A.  Jeanroy. 

BiBL.  :  PoGGio  Bracoiolino,  Hist..^  lib.  V.  —  Sismondi, 
Histoire  des  républiques  italiennes. 

ORDENER  (Michel),  général  français,  né  à  Saint-Avold 
(Alsace-Lorraine)  le  2  sept.  4755,  mort  à  Compiègne  le 
30  aotitlSll.  D'une  famille  peu  fortunée,  il  reçut  une 
éducation  très  incomplète,  s'enrôla  à  dix-huit  ans  dans  la 
légion  de  Condé,  passa  peu  après  aux  dragons  de  Boufflers 
et  conquit  lentement  ses  ^  premiers  galons  :  brigadier  en 
1776,  maréchal  des  logis  en  1783,  adjudant  en  1787. 
Rallié  à  la  Révolution,  il  en  fit  toutes  les  campagnes  et 
eut  dès  lors  un  avancement  des  plus  rapides  :  sous-lieute- 
nant en  1792,  il  était  l'année  suivante  capitaine  et,  en 
1796,  Bonaparte  lui  conférait,  sur  le  champ  do  bataille, 
le  grade  de  chef  de  brigade  (colonel).  Devenu,  après  le 
18  brumaire,  commandant  de  la  cavalerie  de  la  garde 
consulaire,  puis  général  de  brigade  (1803),  il  reçut  mis- 
sion, le  11  mars  1804,  d'aller  arrêter  à  Ettenheim  le  duc 
à'Enghien  (V.  ce  nom)  et  l'amena  à  Strasbourg  ;  mais  il 
n'eut  aucune  part  à  son  exécution.  En  1805,  il  passa  à  la 
Grande  Armée,  se  signala  à  Austerlitz  et,  trois  semaines 
après,  le  25  déc,  fut  promu  général  de  division.  Mais  il 
était  couvert  de  blessures  et  tr^s  affaibli.  Appelé  le  19  mai 
1806  au  Sénat,  il  prit  sa  retraite  quelques  mois  après  et 
reçut  en  1808,  avec  le  titre  de  comte,  les  charges  de  pre- 
mier écuyer  de  Timpératrice  et  de  gouverneur  du  palais 
de  Compiègne.  Il  mourut  dans  cette  résidence  et  fut  inhumé 
au  Panthéon. 

ORDENER  (Michel) ,  général  français,  fils  du  précédent, 
né  à  Huningue  (Alsace-Lorraine)  le  3  avr.  1787,  mort  à 
Paris  le  22  nov.  1862.  Il  s'engagea  à  quinze  ans  au 
11®  chasseurs  à  cheval,  fut  admis  presque  aussitôt  à  l'Ecole 
d'application  de  Metz  et,  à  la  fin  de  l'année  suivante  (1803), 
entra  comme  sous-lieutenant  au  24®  dragons.  Aide  de 
camp  de  son  père,  puis  du  général  Duroc,  il  fit  avec  eux 
les  campagnes  de  Pologne,  d'Espagne,  du  Portugal,  et, 
comme  chef  d'escadron  (1809),  celles  de  Russie  et  de  Saxe. 
En  1812,  il  fut  promu  colonel,  reçut  le  commandement  du 
30®  dragons,  et  eut,  à  sa  tète,  une  part  active  à  la  bataille 
de  Waterloo.  Mis  en  demi-solde  par  la  Restauration,  il 
ne  reprit  du  service  qu'après  la  révolution  de  Juillet,  fut 
nommé  en  1831  maréchal  de  camp,  en  1846  lieutenant- 
général,  et  commanda  successivement  la  19®  division  à 
Bourges,  la  16'' à  Caen.  Appelé  le  26  janv.  1862  au  Sé- 
nat, il  passa  peu  après  dans  le  cadre  de  réserve. 

OR  DE  RI  C  Vital,  historien  anglo-normand,  né  le  16  fév. 
1075,  mort  vers  1141.  Son  père,  Odelerius  d'Orléans,  avait 
pris  part  à  la  conquête  de  l'Angleterre  par  les  Normands, 
et  obtenu  un  domaine  près  de  Shrewsbury  ;  Orderic  com- 
mença ses  études  à  l'école  de  Shrewsbury  ;  puis  son  père, 
qui  le  destinait  à  la  vie  ecclésiastique,  l'envoya  dès  1085 
en  Normandie,  au  fameux  monastère  de  Saint-Evroul,  où 
il  fut  reçu  moine  la  même  année,  le  21  oct.,  jour  de  la  fête 
de  saint  Vital.  Il  porta  dès  lors  le  nom  de  Vital;  mais 
lorsque  dans  ses  écrits  il  parle  de  lui-même,  il  ajoute  fré- 
quemment à  ce  nom  le  titre  à'Angligena,  comme  pour  ma- 
nifester d'un  mot  la  douleur  qu'il  avait  éprouvée  en  quit- 
tant l'Angleterre,  où  il  ne  fit  plus  désormais  que  de  courts 
voyages.  Son  Histoire  ecclésiastique,  qu'il  commença  à 

GRANDE    ENCYLOPÉDIE.    ■—    XXV. 


rédiger  vers  1123  et  qu'il  termina  en  1141,  se  ressent  de 
l'affection  qu'il  garda  toujours  pour  son  pays  natal.  Cette 
compilation,  qui  prétend  contenir  les  annales  du  monde  de- 
puis la  prédication  de  l'Evangile,  est  intéressante  surtout 
pour  l'histoire  anglo-normande.  D'ailleurs,  Orderic  Vital 
eut  sur  les  guerres  de  Guillaume  le  Conquérant  et  de  ses  fils 
de  bonnes  sources  d'informations  :  l'abbaye  de  Saint-Evroul 
comptait  parmi  ses  moines  d'anciens  chevahers  qui  avaient 
pris  part  à  ces  campagnes,  et  elle  était,  pour  ses  intérêts 
matériels,  en  rapports  constants  avec  l'Angleterre.  L'œuvre- 
d'Orderic  est  remarquable  aussi  par  les  renseignements 
qu'elle  nous  donne  sur  les  mœurs  du  temps.  C'est  malheureu- 
sement un  fatras  de  faits  présentés  sans  aucun  art  et  qui 
ne  sont  pas  toujours  authentiques.  Ch.  Petit-Dutaillis. 
BiBL.  :  Léopold  Df.li^i.e,  Notice  sur  Orderic  Vital,  au 
t.  V  de  :  OrdericiVitalis  Historiée  ecclesiasticse  libri  trede- 
cim;  Paris,  1838-55,  5  vol.  in-8,  éd.  Aug.  Le  Prévost  [Soc. 
Hist.  France). 

ORDIARP.  Com.  du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  arr.  et 
cant.  de  Mauléon,  sur  le  gave  du  même  nom,  affi.  du 
Saison;  831  hab.  Source  minérale  au  quartier  de  Gar- 
raïbie.  Ordiarp,  qui  faisait  partie  du  vie  de  Peyriède,  était 
au  moyen  âge  le  siège  d'une  commanderie  et  d'un  hôpital 
dépendant  du  monastère  espagnol  de  Roncevaux  jusqu'en 
1592,  époque  où  ils  passèrent  aux  mains  d'Arnaud  de 
Maytie,  évèque  d'Oloron;  de  Henri  IV  à  Louis  XV,  la 
commanderie  devint  un  perpétuel  sujet  de  représailles 
durant  les  guerres  de  France  et  d'Espagne,  et  depuis 
1712  les  évêques  de  Rayonne  en  revendiquèrent  la  pro- 
priété pendant  plus  de  cinquante  ans.  H.  C. 

BiBL.  :  Abbé  Dtjbarat,  la  Commanderie  et  l'Hôjiital 
d'Ordiarp  ;  Pau,  1887.  iii-8 

ORDINAIRE.  ï.  Droit  canon.  —  Ce  mot,  fréquemment 
employé  par  les  canonistes,  désigne  les  supérieurs  en  pos- 
session d'une  juridiction  conforme  à  l'organisation  normale 
de  l'Eglise.  En  règle  générale,  il  s'applique,  dans  cha(jue 
diocèse,  à  l'évêque  et  à  ceux  qui  exercent  la  juridiction 
en  son  nom  ou  par  délégation  de  ses  droits.  Cependant  on 
admet  que  d'autres  peuvent  avoir,  par  privilège  ou  par 
coutume,  une  juridiction  ordinaire,  le  mot  comportant 
dans  ces  cas  la  signification  spéciale  que  présente  la  ma- 
tière à  laquelle  m  l'applique.  Les  ultramontains  appellent 
le  pape  Y  Ordinaire  des  Ordinaires.  Cette  qualification 
recevait  en  France  beaucoup  de  limitations.  —  Pour  no- 
tions complémentaires,  V.  Exemption,  t.  XVI.     E.-H.  V. 

II.  Administration  militaire.  —  Ordinaire  de  la 
TROUPE.  —  On  appelle  orcïmazV^  la  réunion  des  caporaux 
et  soldats  d'une  même  compagnie,  vivant  en  commun  au 
moyen  de  prestations  qui  leur  sont  allouées  individuelle- 
ment. L'institution  remonte  au  milieu  du  xviii®  siècle  (ord. 
des20marsl764,l«'^janv.etle^nov.l766,25marsl776); 
mais  elle  a  subi, jusqu'à  la  Révolution,  plusieurs  modifi- 
cations. Depuis  elle  a  très  peu  varié.  C'est  le  capitaine  qui 
dirige  l'ordinaire  et  le  plus  ancien  lieutenant  qui  en  sur- 
veille les  détails.  Ses  principales  ressources  sont:  un  pré- 
lèvement sur  la  solde  (0  fr.  23  par  jour  dans  l'infanterie), 
qui  réduit  celle-ci,  pour  le  simple  soldat,  au  sou  de  poche 
(V.  Solde);  l'indemnité  représentative  de  la  ration  quoti- 
dienne de  300  gr.  de  viande  fraîche  (26  à  35centim.  par 
jour  suivant  la  garnison  et  le  cours  moyen)  ;  un  versement 
de  0  fr.  02  par  jour  imposé  aux  sous-officiers  et  aux 
hommes  ne  vivant  pas  à  l'ordinaire  pour  le  café  du  matin 
et  la  participation  à  certaines  dépenses  générales  ;  l'indem- 
nité représentative  de  la  ration  hygiénique  d'eau-de-yie  ; 
les  indemnités  accordées  dans  des  circonstances  particu- 
lières. Elles  s'augmentent  par  l'exploitation  de  jardins  po- 
tagers dans  les  fossés  des  forts,  par  le  produit  de  la  vente 
des  eaux  grasses,  par  les  économies  réalisées  sur  la  nour- 
riture des  permissionnaires  de  la  journée,  par  les  centimes 
de  poche  des  caporaux  et  soldats  punis  de  prison,  etc.  Elles 
doivent  pourvoir  :  1^  à  l'achat  de  toutes  les  denrées  autres 
que  le  pain  de  munition  et  la  moitié  du  café  et  du  sucre, 
lesquels  sont  fournis  en  nature  et  à  titre  gratuit  (pain 
de  soupe,  viande,  légumes,  graisse,  sel,  épices,  complé- 

32 


ORDÏNAIHE  —  OHDONNANCi: 


^i98 


inent  de  café  et  de  sucre,  etc.)  ;  'i'^  à  rachat  des  divers  in- 
grédients de  propreté  et  d'éclairage  (cirage,  encaustique, 
balais,  lampes,  huile,  etc.)  ;  3*^  aux  dépenses  du  blanchis- 
sage. Dans  les  compagnies  isolées,  les  achats  de  vivres  sont 
faits  par  le  capitaine.  Quand  plusieurs  compagnies  sont 
réunies,  c'est  la  commission  des  oi'dinaires  qui  y  pro- 
cède; instituée  en  1861,  elle  se  compose,  dans  un  régi- 
ment, d'un  chef  de  bataillon,  de  quatre  capitaines  et  d'un 
lieutenant  secrétaire,  secondé  par  un  sous-officier;  elle 
délivre  les  différentes  denrées  aux  capitaines  au  prix  coû- 
tant et  contre  des  bons  signés  par  eux.  La  préparation 
des  aliments  est  faite,  dans  chaque  compagnie,  par  les 
cuisiniers  (Y.  Cuisine),  sous  la  surveillance  du  caporal 
d'ordinaire,  qui  assiste  en  outre  aux  distributions  (V.  Ca- 
poral). Les  dépenses  et  recettes  journalières  sont  inscrites 
sur  le  livret  d'ordinaire,  chaque  jour  de  prêt,  par  le 
sergent-major,  puis  vérifié  tant  par  le  lieutenant  que  par 
la  commission  des  ordinaires  ;  l'excédent  des  recettes  sur 
les  dépenses  constitue  le  fonds  d'économie  ou  boni  de  la 
compagnie.  En  principe,  tous  les  caporaux  ou  soldats  doi- 
vent vivre  à  l'ordinaire  ;  en  peuvent  être  dispensés  les  con- 
valescents, les  ordonnances  d'otficiers,  les  hommes  ma- 
riés, les  garçons  de  cantine,  etc.  ;  ils  reçoivent  alors 
leur  solde  sans  retenue  {prêt  franc)  et  l'indemnité  repré- 
sentative de  viande.  En  campagne,  les  ordinaires  fonc- 
tionnent d'après  les  mêmes  règles,  et  les  écritures  sont  à 
peu  près  les  mêmes  (carnet  d'ordinaire),  mais  les  hommes 
touchent  en  nature  et  à  titre  gratuit,  non  seulement  la 
viande,  mais  des  rations  de  légumes,  vin,  etc.,  plus  ou 
moins  fortes  (V.  Vivres)  ;  les  ordinaires  achètent  le  reste 
(condiments,  complément  de  légumes,  pain  de  soupe,  etc.) 
par  l'entremise  de  l'officier  d'approvisionnement  ou  di- 
rectement; la  cuisson  des  aliments  se  fait  en  général,  par 
escouade. 

ORDINAIRE  (Dionys),  homme  politique  français,  né  à 
Jougne (Doubs) le  10 juin  1826,  mort àParis le  15 oct.  1896. 
Elève  de  l'Ecole  normale  supérieure  (1848),  agrégé  des 
lettres  (1856),  il  professa  aux  lycées  d'Amiens  et  de  Ver- 
sailles, fut  secrétaire  particulier  de  ChallemelLacour,  pré- 
fet du  RhOne  (1870),  collaborateur  de  la  République  fran- 
çaise et  rédacteur  en  chef  de  la  Petite  République;  il  fut 
éludéputé  de  Pontarlier  à  l'élection  partielle  du  28  déc.  1880 
et  constamment  réélu.  C'était  un  des  hommes  les  plus'aimés 
du  parti  gambettiste. 

Son  fils,  Maurice,  né  à  Saint-(^)uentin  le  7  févr,  1862, 
docteur  en  droit,  a  été  élu  député  de  Pontarlier  le  22  mai 
1898  et  appartient  au  parti  progressiste.  Il  est  secrétaire 
de  la  Chambre. 

ORDINAIRE  (Marcel),  paysagiste  français  contempo- 
rain, né  dans  le  Doubs,  à  Maizières,  près  d'Ornans.  Il  a 
été  l'élève  de  Courbet  et  de  Français  et  a  débuté  au  Salon 
de  1868  avec  le  Ruisseau  de  Selegthal  (Doubs).  Il  a 
peint  de  nombreux  paysages  en  Franche-Comté  où  il  vit. 

ORDINATION.  Acte  par  lequel  on  confère  les  ordres 
ecclésiastiques.  Les  formes  et  les  effets  de  l'ordination 
sont  indiqués  pour  les  ordres  mineurs  aux  noms  de  ces 
ordres,  poui^  les  ordres  majeurs  ou  sacrés  au  mot 
Sacerdoce. 

ORDINAUX  (V.  Nombre). 

ORDIZAN.  Corn,  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr.  et 
cant.  de  Bagnères-de-Bigorre  ;  427  hab.  Stat.  du  chem. 
de  fer  du  Midi. 

ORDONEZ  i>E  Cevallos  (V.  Cevallos). 

ORDONEZ  de  Montalvo  (Garcia)  (V.  Montalvo). 

ORDONNAC.  Com.  dudép.dela  Gironde,  arr.  et  cant. 
de  Lesparre  ;  508  hab. 

ORDONNANCE.  I.  Ancien  droit.  —  Ordonnances 
royales.  —  Observons  d'abord,  au  sujet  de  cette 
locution,  que  l'on  disait  «  ordonnances  royaux  »  dans 
l'ancienne  langue,  où  les  adjectifs  dérivés  des  adjec- 
tifs latins  en  7S,  tel  regalis,  avaient  les  deux  genres  sem- 
blables tout  comme  en  latin.  Au  xviii®  siècle,  toutefois, 
cette  façon  de  parler  était  jugée  archaïque,  et  l'on  disait 


plus  v<)lontiers  «  ordounaïuesdu  roi  ».  Ou  entend  aujour- 
d'hui par  ordonnances  royales  les  actes  législatifs  des 
Capétiens.  Ce  sont  les  actes  publics  émanés  des  rois  de 
France  de  la  troisième  race  avec  un  caractère  de  portée 
générale  :  à  la  différence  de  ceux  qui  ont  simplement  un 
caractère  individuel,  comme  les  concessions  de  privilèges. 
Le  terme  d'ordonnance  {ordhiatio,  ordinacion,  orde- 
nance,  ordrenance,  oraonance)  a  succédé,  du  xiii®  au 
XIV®  siècle,  aux  vocables  de  staiutum,  constitutio,  sla- 
bilimentum,  establissement,  et  a  toujours  conservé, 
depuis,  le  sens  général  que  nous  venons  d'indiquer.  Mai  s, 
à  côté  de  cette  signification,  on  lui  en  attribue  une  plus 
spéciale,  à  la  fin  de  notre  ancien  droit.  On  distingue  alors 
des  ordonnances  proprement  dites  les  édits  et  les  décla- 
rations. La  déclaration  est  une  ordonnance  par  laquelle 
le  roi  explique,  réforme  ou  révoque  une  ordonnance  pré- 
cédente. L'édit  est  une  ordonnance  que  le  roi  publie  de 
de  son  propre  mouvement.  L'ordonnance  proprement  dite 
est  rendue  sur  vœux  des  particuliers  ou  remontrances  des 
magistrats  ;  aussi  sa  teneur  est-elle  généralement  plus 
complexe  que  celle  d'unédit.  Cette  terminologie,  au  reste, 
n'a  rien  d'absolu  :  de  Ferrière  note,  par  exemple,  que 
«  le  règlement  pour  les  baillis  et  sénéchaux,  donné  à 
Crémieu  le  19  juin  1539,  est  rédigé  en  forme  de  déclara- 
tion et  porte  le  nom  d'édit  de  Crémieu.  »  Ajoutons  que, 
parmi  les  ordonnances  à  proprement  parler,  certaines, 
plus  importantes,  plus  immuables  que  les  autres,  ont  reçu 
le  nom  de  loi  ou  celui  de  pragmatique  sanction.  En 
revanche,  le  mot  Code,  appliqué  à  d'autres  grandes  ordon- 
nances duxvii*^  siècle,  n'entra  jamais  dans  la  terminolo- 
gie officielle  des  actes  royaux. 

A  partir  d'une  certaine  époque,  les  ordonnances  royales 
se  présentent  sous  la  forme  de  let+res  patentes  de  la  grande 
chancellerie.  Elles  sont  expédiées  en  parchemin,  ouvertes 
au  nom  de  l'autorité  du  roi,  signées  de  celui-ci,  contre- 
signées du  chancelier  ou  d'un  secrétaire  d'Etat,  et  par- 
fois d'autres;  personnages.  Elles  sont  enfin  scellées  du 
grand  sceau,  de  cire  jaune  et  sur  double  queue  de  parche- 
min pour  les  déclarations,  de  cire  verte  et  sur  lacs  de  soie 
rouge  et  verte  pour  les  ordonnances  proprement  dites  et 
les  édits.  La  cire  verte  indiquait  un  acte  perpétuel  et  irré- 
vocable de  sa  nature.  Dans  le  corps  de  l'acte  on  distingue 
d'abord  le  préambule,  qui  comprend  une  formule  de  dé- 
but, des  considérants,  les  titres  royaux,  l'attribution  ou 
le  salut  et  les  formules  de  notification.  Les  édits  et  ordon- 
nances étaient  notifiés  «  à  tous  présents  et  à  venir  »,  et 
les  déclarations,  «  à  tous  ceux  qui  ces  présentes  lettres 
verront  ».  Vient  ensuite  l'objet  de  l'acte.  A  la  fin  se  pla- 
cent les  formules  de  ratification  ou  de  validation,  la  men- 
tion des  souscriptions,  celle  du  lieu,  celle  de  la  date.  Les 
déclarations  sont  datées  des  jour,  mois  et  année  ;  les  édits 
et  ordonnances,  des  mois  et  année  seulement.  Les  ordon- 
nances royales  portent  souvent,  dans  la  langue,  le  nom  du 
lieu  où  elles  ont  été  rendues  :  mais  cette  habitude  est 
loin  d'être  constante  (V.  infrà).  —  Mentionnons  enfin,  à 
propos  des  formalités,  l'enregistrement  et  la  publication 
des  ordonnances  parles  Cours  souveraines,  et,  concurrem- 
ment, dans  certains  pays,  par  les  Etats  provinciaux.  Cette 
formalité,  constante  à  la  fin  du  xiv^  siècle,  est  devenue 
la  base  du  droit  de  vérification  au  fond  et  de  remon- 
trances que  les  parlements  se  sont  ensuite  arrogés. 

L'étude  de  l'objet  et  de  la  confection  des  ordonnances 
et  la  mention  des  plus  importants  d'entre  ces  actes  se  rat- 
tachent à  l'historique  de  notre  sujet;  et  cet  historique  est 
lié  lui-même  à  l'histoire  du  développement  de  l'autorité 
royale.  Jusqu'à  la  fin  du  xii®  siècle,  les  actes  émanés  des 
Capétiens  avec  un  certain  caractère  de  généralité  sont 
exceptionnels.  Les  derniers  Carolingiens  n'ont  légué  à  leurs 
successeurs  qu'un  pouvoir  nominatif,  dont  l'exercice  se 
heurte  à  la  conception  féodale  de  la  société.  Dans  cette 
conception,  le  pouvoir  législatif  est  démembré  comme  les 
autres  attributs  de  la  souveraineté.  Chaque  seigneur  ne 
peut  «mettre  ban»  qu'en  sa  terre.  Il  n'y  a  point  de  rela- 


—  499 


ORDOiNNANCE 


()iou directe  entre  suzerain  et  arrière- vassal,  entre  leroiet 
l'ensemble  de  ses  sujets.  Au  surplus,  Tautorité  royale 
cesse  de  se  manifester,  même  dans  le  territoire  d'obédience 
qui  lui  est  directement  soumis,  par  des  lois  véritables, 
statuant  à  l'égard  de  tous  et  à  toujours.  Il  faut  arriver  à 
Louis  VII  pour  voir  reparaître  la  tradition  des  capitu- 
laires.  Le  grand  recueil  des  ordonnances  royales  contient 
à  la  vérité  un  document  d'intérêt  général  daté  de  1080, 
et  intitulé  «  fragment  d'une  ordonnance  de  Philippe  I 
touchant  les  ecclésiastiques  »  ;  mais  ce  n'est  qu'un  extrait 
du  concile  de  Lillebonne.  L'Eglise  seule,  à  cette  époque, 
continue  à  légiférer  pour  son  compte  ;  par  ailleurs,  droit  pu- 
blic et  droit  privé  ne  sont  régis  que  parla  coutume  ou  le  pri- 
vilège. Entin  l'on  mentionne,  en  4 144,  une  ordonnance  royale 
relative  aux  juifs.  Nous  ne  pouvons  vérifier  cette  indica- 
tion faute  de  texte,  les  archives  royales  ayant  été  perdues 
au  combat  de  Bellefoge.  La  première  ordonnance  dont  la 
teneur  nous  reste  est  la  constitution  de  Soissons  de 
4155,  relative  à  la  paix  publique.  Elle  a  été  rendue  dans 
un  concilium  célèbre,  à  la  demande  du  clergé,  et,  pour 
lui  donner  une  portée  générale,  il  a  fallu,  conformément 
aux  principes  féodaux,  le  consentement  des  hauts  barons 
présents,  lesquels  ont  juré  de  l'observer.  V établissement 
des  fiefs,  ou  règlement  sur  les  successions  féodales,  de 
1209,  offre  le  même  caractère.  Cependant  avec  Philippe- 
Auguste  l'autorité  royale  se  réveille,  en  matière  législa- 
tive comme  ailleurs.  Son  développement  au  xiii^  siècle 
est  constant  et  rapide.  Deux  ordonnances,  de  nov.  4223 
et  déc.  4230,  s'imposent  même  aux  vassaux  qui  n'y  ont 
point  adhéré.  Le  roi  se  voit  attribuer,  comme  suzerain 
général  par  les  feudistes,  comme  prince  par  les  légistes, 
comme  représentant  de  l'intérêt  commun  par  les  cano- 
éistes, la  suprême  capacité  en  matière  de  règlements.  Il 
en  profite  largement  dès  Louis  IX.  Parmi  les  ordonnances 
de  celui-ci,  notons  celles  qui  figurent  en  tête  du  recueil 
dit  Etablissemeîits  de  saint  Louis,  et  qui  ont  trait  à  la 
procédure  de  la  prévôté  de  Paris  et  à  la  preuve  par  té- 
moins. Quant  à  la  pragmatique  sanction  attribuée  au 
même  roi,  elle  est  probablement  apocryphe.  Sous  Phi- 
lippe III,  nous  relevons,  en  date  de  4279,  la  première 
des  ordonnances  somptuaires.  —  Dans  la  seconde  moitié 
du  xiii®  siècle,  l'intervention  des  vassaux,  jadis  capitale, 
passe  au  rang  de  simple  consultation.  Cette  consultation 
même  se  restreint  de  plus  en  plus,  en  thèse  générale,  au 
conseil  du  roi.  On  ne  put  toutefois  dépouiller  les  titulaires 
de  grands  fiefs  de  leurs  attributions  législatives.  Ils  les 
conservèrent  jusqu'au  bout  dans  l'étendue  de  leur  do- 
maine. 

Avec  Philippe  IV,  la  législation  royale  prend  une  véri- 
table importance.  On  rappelle,  à  côté  de  ses  fameuses 
ordonnances  monétaires,  celles  de  4302  sur  l'administra- 
tion de  la  justice  et  de  4344  contre  l'usure.  Plus  tard, 
viennent  l'ordonnance  de  4315  sur  l'abolition  de  la  ser- 
vitude, celle  de  nov.  4348  sur  l'organisation  du  Parle- 
ment. Puis  une  ordonnance  de  févr.  4348  ouvre  l'impor- 
tante série  des  ordonnances  générales,  inspirées  par  les 
Etats,  et  touchant  chacune,  dans  un  esprit  réformateur, 
aux  matières  les  plus  variées.  La  série  se  continue  par 
les  ordonnances  de  4355,  4356,  1358  sur  l'administra- 
tion du  royaume  ;  par  ^ordonnance  cabochienne  de 
mai  4443,  par  celle  de  févr.  4435  sur  les  finances,  par 
celle  de  mars  4498  sur  les  réformes  judiciaires  et  par  les 
grandes  ordonnances  du  xvi^  siècle,  que  nous  étudierons 
tout  à  l'heure.  —  Entre  temps,  la  royauté  prenait  aussi 
d'elle-même  d'importantes  mesures  :  tels  Védit  ou  loi  de 
nov.  4439  sur  l'établissement  d'une  force  militaire  per- 
manente et  la  levée  des  aides,  V ordonnance  de  Montil- 
lez-Tours  (avr.  4  i53)  sur  la  rédaction  officielle  des  cou- 
tumes et  la  réforme  de  la  justice,  l'ordonnance  de  juil. 
4493  sur  la  justice.  Dès  la  fin  du  xiv'^  siècle,  Bouteillier 
reconnaissait  au  roi  la  capacité  législative  sans  conditions 
ni  limites. 

Il  n'en  était  toutefois  ainsi  qu'en  théorie.  Le  pouvoir 


législatif  du  roi,  que  nous  verrons  se  développer  jusqu'à 
la  fin  du  xviii^  siècle,  ne  fut  jamais  complètement  exempt 
de  restrictions  quant  à  son  exercice.  Outre  l'indépendance 
de  fait  des  hauts  barons,  que  nous  avons  signalée,  nous 
aurons  lieu  d'examiner  successivement  l'obstacle  qui 
pouvait  résulter  de  l'intervention  des  Etats  ou  de  celle  du 
Parlement^  voire  de  l'opinion  publique  ou  de  la  simple 
routine.  Pour  le  moment,  signalons  l'importante  réserve 
qu'en  matière  de  droit  privé,  la  coutume  imposait  au 
souverain,  institué  pour  assurer  son  maintien  plutôt  que 
pour  la  modifier.  Nous  voyons  bien,  à  la  vérité,  aux  xv*^' 
et  xvi^  siècles,  la  royauté  intervenir  dans  la  rédaction  des 
coutumes  et  dans  leur  re vision.  Mais  la  nécessité  d'un 
assentiment  collectif  s'y  manifeste  auprès  d'elle,  et  l'on 
peut  dire  qu'avant  le  xviii^  siècle  elle  ne  tenta  pas  de 
faire  œuvre  générale,  à  elle  seule,  en  ces  matières.  Les 
quelques  exceptions  que  l'on  rencontre  au  principe  {édit 
des  secondes  noces  de  juil.  4560,  édit  des  mères  de 
mai  -1567...)  doivent  être  citées  comme  le  confirmant. 

L'administration,  la  police,  la  justice,  voilà  la  véritable 
sphère  de  l'activité  du  roi,  gardien  suprême  de  la  paix 
dans  son  royaume.  Ici,  l'œuvre  législative  du  xvi^  siècle 
fut  considérable.  C'est  d'abord  la  célèbre  ordonnance 
de  Villers-Cotterets  (août  1539),  œuvre  du  chan- 
celier Poyet,  sur  le  fait  de  la  justice  et  l'abréviation  des 
procès  ;  entre  autres  choses,  elle  réglementait  l'enregis- 
trement des  actes  judiciaires,  des  baptêmes  et  sépultures, 
des  donations.  Ce  sont  :  Védit  des  petites  dates  (juin  4 550), 
à  l'adresse  des  résignations  de  bénéfices  in  favorem  ; 
Védit  des  présidiaux  (janv.  4554)  ;  l'édit  de  févr.  4556 
contre  les  mariages  clandestins  ;  la  série  des  édits  de  pa- 
cification, dont  le  premier  date  de  janv.  4564,  et  dont 
le  plus  célèbre  est  Védit  de  Nantes,  d'avr.  4598  ;  l'or- 
donnance de  févr.  4566,  relative  à  l'inaliénabilité  du  do- 
maine de  la  couronne.  Ce  sont  aussi  les  trois  grandes 
ordonnances  rédigées  par  le  chancelier  de  l'Hospital,  sur 
les  cahiers  de  doléances  des  Etats  :  V ordonnance  d'Or- 
léans (janv.  4560);  l'ordonnance  de  janv.  4564,  dite  édit 
du  Roussillon  du  fait  d'une  déclaration  qui  y  fut  annexée  : 
cette  ordonnance  fixa  le  début  de  l'année  au  4®^  janvier  ; 
Vordonnance  de  Moulins  (févr.  4566),  qui  supprima  les 
justices  municipales,  reconnut  l'hypothèque  judiciaire  et 
exigea  la  preuve  littérale  en  tout  contrat  excédant  la  va- 
leur de  400  livres.  Vient  enfin  Vordonnance  de  Blois 
(mai  4579),  rendue  à  Paris,  mais  sur  les  vœux  des  Etats 
de  Blois  :  elle  est  surtout  relative  à  la  justice,  comme 
toutes  les  grandes  ordonnances  précédentes  ;  on  y  retrouve 
l'organisation  de  notre  ministère  public. 

Ces  Etats  de  Blois  allèrent  jusqu'à  réclamer  le  partage 
du  pouvoir  législatif.  Avant  Charles  VII,  le  vote  des 
Etats  avait  été  nécessaire  à  la  levée  des  aides  pour  le  roi, 
Les  Etats  du  xvi®  siècle  soutinrent  que  leur  adhésion  était 
du  moins  nécessaire  pour  augmenter  l'impôt.  Puissants 
sous  Henri  III,  ils  demandèrent  même  que  toute  disposi- 
tion unanimement  adoptée  par  les  trois  ordres  eût  force 
de  loi.  Ils  n'obtinrent  seulement  pas  que  les  ordonnances 
tirées  de  leurs  cahiers  fussent  soustraites  à  l'enregistrement 
des  parlements,  et  avec  eux  prend  fin  le  rôle  effectif  joué 
par  les  Etats  dans  la  confection  des  ordonnances  royales. 
Un  nouveau  but  s'offrait  d'ailleurs  à  l'activité  du  pou- 
voir central.  Les  matériaux  juridiques  abondaient,  mais 
l'édifice  restait  à  construire.  Les  Etats  de  4579  et  ceux 
de  4644  s'étaient  plaints  delà  confusion  qui  existait  dans 
le  droit  des  ordonnances  et  avaient  réclamé  une  codifica- 
tion officielle.  Une  tentative  incomplète  eut  lieu  sur  l'ini- 
tiative du  chancelier  Michel  de  Marillac  :  ce  fut  la  grande 
ordonnance  de  janv.  4629,  dite  Code  Marillac  ou  Code 
Michau,  Les  parlements  lui  firent  échec.  A  Louis  XIV  et 
à  Colbert  était  réservé  de  poursuivre  cette  œuvre.  La  pre- 
mière de  leurs  grandes  ordonnances  est  celle  d'avr.  4667, 
dite  Code  Louis,  sur  la  procédure  civile  et  l'administra- 
tion de  la  preuve.  Le  travail  avait  été  commencé  à  la  fin 
de  4665,  sous  la  direction  du  chancelier  Séguier.  par  des 


ORDONNANCE 


—  :m 


conseillers  d'Etat,  assistés  de  praticiens  et  inuiiis d'obser- 
vations fournies  par  les  parlements  de  province.  Celui  de 
Paris  avait  été  tenu  à  l'écart,  et  pour  cause,  l'ordonnance 
en  question  devant  porter  atteinte  au  droit  de  remon- 
trances. Ce  droit,  que  les  parlements  s'attribuaient  depuis 
le  XY®  siècle  environ,  consistait  à  discuter  au  fond  l'or- 
donnance royale  avant  de  l'enregistrer,  et  à  remplacer  an 
besoin  tout  ou  partie  de  l'enregistrement  par  des  remon- 
trances au  roi  ou  un  projet  d'amendement.  L'autorité 
royale  hésitant  à  employer  la  contrainte  des  lettres  de 
jussion  ou  des  lits  de  justice,  il  n'était  pas  rare  que  des 
parlements  fissent  échec  aux  réformes  proposées  :  l'édit 
de  1606,  sur  l'abrogation  du  sénatus-consulte  Velléien 
dans  les  pays  de  droit  écrit,  et  l'ordonnance  de  1629  en 
étaient  des  exemples.  Colbert  voulut  faire  cesser  cet  état 
de  choses.  Mais  le  premier  président  Lamoignon,  qui,  de 
son  côté,  travaillait  à  l'unification  du  droit,  put  entrer 
avec  d'autres  magistrats  dans  la  commission  qui  rédigeait 
l'ordonnance,  et  atténuer  la  rigueur  du  projet.  L'ordon- 
nance de  1667  fut  complétée  par  celles  d'aotlt  1669  sur 
les  évocations  et  de  mars  1673  sur  les  frais  de  justice. 
Enfin,  en  févr.  1673,  un  édit  supprima  le  droit  de  remon- 
trances par  l'exigence  de  l'enregistrement  préalable.  Ce 
fut  l'origine  d'une  lutte  qui  se  prolongea,  avec  des  alter- 
natives diverses,  durant  tout  le  xviii®  siècle,  entre  la 
royauté  et  les  parlements.  —  Les  autres  grandes  ordon- 
nances de  Louis  XIV  sont  :  celle  d'août  1669  sur  les 
eaux  et  forêts  ;  celle  d'août  1670,  dite  Code  cmninel, 
ilans  la  discussion  et  l'amendement  de  laquelle  Lamoignon 
et  Talon  jouèrent  un  grand  rôle  ;  V ordonnance  du  com- 
merce (terrestre)  de  mars  1673,  dite  Code  Marchand, 
œuvre  favorite  de  Colbert,  et  qui  porta  aussi  le  surnom 
de  Code  Savary,  du  nom  du  commerçant  qui  la  rédigea; 
V ordonnance  de  la  marine  (marchande)  d'août  1681  ; 
l'édit  de  mars  1 685  sur  la  poUce  de  nos  colonies  améri- 
caines {Code  noir)  ;  l'ordonnance  d'avr.  1689  sur  la 
marine  de  guerre. 

Parmi  les  ordonnances  de  moindre  importance  rendues 
au  xvn®  siècle,  citons  un  édit  de  déc.  1607  sur  la  voirie 
et  le  dessèchement  des  marais  ;  un  autre  de  décembre  1604, 
établissant  la  Paulette  ;  celui  de  déc.  1656  sur  les  ton- 
tines; celui  d'avr.  1667  sur  l'administration  des  biens 
communaux;  la  déclaration  de  févr.  1673  quant  au  droit 
de  régale;  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes  (oct.  1685); 
l'édit  de  mars  1697  sur  le  consentement  des  parents  au 
mariage.  Ce  dernier  renouvelait  des  dispositions  édictées 
par  l'ordonnance  de  Blois  :  telle  était  la  force  de  la  cou- 
tume, qu'elle  arrivait  en  fait  à  abroger  les  lois  positives. 
La  routine  ou  le  mauvais  vouloir  étaient  donc  de  sérieux 
obstacles  à  l'exercice  du  pouvoir  législatif.  A  chaque  ins- 
tant, des  ordonnances  rappellent  les  tribunaux  au  respect 
des  règlements.  Un  édit  de  mars  1673,  établissant  la  pu- 
blicité des  hypothèques,  dut  être  révoqué  dès  1674,  sur 
l'opposition  de  la  noblesse  ;  et,  cent  ans  plus  tard,  l'édit 
de  juin  1771  dut  se  borner  à  organiser  la  purge,  par 
l'établissement  de  conservateurs  des  hypothèques. 

Malgré  tout,  à  cette  époque,  la  législation  royale  est 
passée  au  premier  plan.  Aussi  voyons-nous  le  chancelier 
Daguesseau,  s'inspirant  de  l'exemple  de  Colbert,  s'atta- 
cher à  la  codification  des  matières  comprises  aujourd'hui 
dans  notre  code  civil  et  restées  jusqu'alors,  en  général, 
du  domaine  de  la  coutume.  Son  œuvre,  volontaire- 
ment fragmentaire,  et  à  laquelle  tous  les  parlements  de 
France  furent  appelés  à  concourir,  comprend  les  trois 
grandes  ordonnances  de  févr.  1731  sur  les  donations, 
d'août  1735  sur  les  testaments,  d'août  1747  sur  les  subs- 
titutions. Nommons  encore  l'édit  d'août  1729,  relatif  à  la 
succession  des  mères;  la  déclaration  du  17  févr.  1731  sur 
l'insinuation,  et  celle  du  9  avr.  1736  sur  le  tenue  des 
registres  d'état  civil  ;  la  remarquable  ordonnance  de  juil. 
1737,  concernant  le  faux  principal  et  le  faux  incident  et  [ 
la  reconnaissance  des  écritures  et  signatures  en  matière  ! 
criminelle  ;  le  règlement  du  conseil  de  juin  1738,  qui 


organisait  le   recoui's  en  ca-vsalioji  ;  l'édit  d'août  1749, 
relatif  aux  biens  de  mainmorte. 

Le  XVIII®  siècle  se  clôt  par  la  série  des  ordonnances  po- 
litiques :  édits  de  févr.  1776,  supprimant,  l'un  les  cor- 
vées, l'autre  les  jurandes  et  maîtrises;  édit  d'août  1779 
sur  le  servage;  déclaration  du  i24  août  1780  et  édit  de 
mai  1788  abolissant  la  question  préparatoire  et  la  ques- 
tion préalable  ;  édit  de  nov.  1787  sur  les  protestants  ; 
édit  de  juin  1787  sur  les  assemblées  municipales  et  pro- 
vinciales ;  édit  de  mai  1788  abolissant  les  tribunaux 
d'exception  ;  règlement  de  janv.  1789  sur  les  élections 
aux  Etats  généraux,  etc. 

Les  recueils  d'ordonnances  des  rois  Capétiens, —  tables, 
abrégés,  compilations,  collections  complètes,  —  sont  nom- 
breux aux  xvii^  et  xviii^  siècles.  Citons,  après  le  Code 
Henri  111  de  Brisson  (1587),  le  Code  Henri  IV  de  Cormier, 
le  Code  Louis  XIII  de  Corbin,  les  compilations  de  Fonta- 
non  (1611),  de  Guesnois  (1660),  de  Blanchard  (éd.  de 
1715),  de  Néron  et  Girard  (1720)  ;  enfin,  le  grand  recueil 
des  Ordonnances  des  roijs  de  France  de  ta  troisième 
race,  recueillies  par  ordre  chronologique.  Cette  vaste 
publication  fut  commencée  en  1722,  sous  le  patronage 
des  chanceliers  de  France,  par  de  Laurière,  qui  avait 
pubHé  en  1706  une  table  chronologique  des  ordonnances 
jusqu'à  l'an  1400.  Elle  a  été  continuée  dans  notre  siècle 
sous  le  patronage  de  l'Académie  des  inscriptions,  et  com- 
prend actuellement  21  vol.  in-fol.,  plus  2  vol.  de  tables 
et  \  vol.  de  supplément  (très  rare).  Elle  s'arrête  au  règne 
de  François  P"^  (1514).  La  plupart  des  volumes  portent 
en  tète  des  essais  d'histoire  du  droit,  sur  les  matières  qui 
font  principalement  l'objet  des  ordonnances  publiées.  Ces 
notices  sont  encore  à  consulter  sur  nombre  de  points. 
Aucune  ne  traite  des  actes  dits  ordonnances  en  eux-mêmes. 
Cette  lacune  a  nui  à  ro3u\re:  faute  de  définition  rigou- 
reuse, les  rédacteurs  ont  inséré  dans  leur  travail  de  simples 
chartes  d'intérêt  particulier.  Par  aifieurs,  le  recueil  est 
insuffisant  et  ne  fait  pas  oublier  les  collections  qui  l'ont 
précédé,  notamment  celles  de  Fontanon  et  de  Néron.  La 
collection  Isambert,  Recueil  général  des  anciennes  lois 
françaises  de  l'an  420  à  1789,  éditée  de  1827  à  1833, 
est  commode,  mais  ne  dispense  pas  de  recourir  aux  anciens 
recueils.  En  dernier  lieu,  l'Académie  des  sciences  morales 
et  pohtiques  s'est  chargée  de  continuer  le  grand  recueil 
des  ordonnances.  Elle  a  publié,  comme  préface,  le  cata- 
logue des  actes  de  François  l*^''.  A.  Lefas. 

II.  Procédure.  —  Décision  d'un  seul  juge  sur  une 
demande  qu'une  partie  lui  soumet  par  requête,  soit  pour 
être  autorisée  à  faire  certains  actes,  soit  pour  être  dis- 
pensée de  certaines  formalités.  En  principe,  ces  sortes  de 
requêtes  sont  présentées  au  président  du  tribunal  civil  ou 
au  magistrat  qui  le  remplace,  et,  dans  certains  cas,  au 
juge  commis  par  le  tribunal  pour  suivre  une  procédure 
déterminée.  Il  n'est  pas  possible  de  donner  une  énuméra- 
tion  complète  de  tous  les  cas  où  la  loi  permet  ainsi  au 
juge  de  rendre  des  ordonnances  :  nous  citerons  seulement 
à  titre  d'exemples  :  le  remplacement  du  juge  rapporteur, 
en  matière  de  délibéré  ;  l'injonction  à  un  avoué  de  réta- 
blir des  pièces  communiquées;  l'autorisation  de  procéder  à 
une  saisie-revendication  ;  la  permission  de  délivrer  copie 
d'un  acte  non  enregistré  ;  ou  une  seconde  grosse  ;  l'au- 
torisation d'assigner  en  séparation  de  corps  ;  la  commu- 
nication au  ministère  public  de  certaines  procédures  ;  l'in- 
dication des  jour  et  heure  où  une  levée  de  scellés  sera 
faite;  l'exécution  d'un  jugement  arbitral;  l'autorisation 
d'assigner  à  bref  délai,  etc.,  etc.  D'ailleurs,  on  admet,  d'une 
manière  générale,  que  le  président  du  tribunal  peut  rendre 
des  ordonnances  sur  requête  non  seulement  dans  les  cas 
formellement  indiqués  par  la  loi,  mais  encore  chaque  fois 
qu'il  y  a  urgence,  sauf,  s'd  s'agit  d'une  mesure  conten- 
tieuse,  à  réserver  à  la  partie  absente  le  droit  de  lui  en 
référer,  en  cas  de  difficulté  :  ainsi,  et  quoique  la  loi  ne 
prévoie  pas  cette  hypothèse,  il  est  certain  que  le  président 
peut  rendre  une  ordonnance  autorisant  un  mari  à  faire 


—  501 


ORDONNANCE 


réintégrer  par  sa  femme  le  domicile  conjugal  ou  prescri- 
vant au  mari  d'y  recevoir  sa  femme  ;  de  même  encore  il 
peut  nommer  par  ordonnance  un  séquestre,  un  adminis- 
nistratour  provisoire,  un  expert  ou  un  traducteur,  etc. 

La  procédure  à  suivre  pour  obtenir  une  ordonnance  est 
des  plus  simples  :  elle  se  réduit  à  faire  présenter  par  un 
avoué  une  requête  sur  papier  timbré,  exposant  la  demande 
et  la  justifiant.  Le  président  examine  la  requête,  entend 
s'il  est  besoin  la  partie  ou  son  avoué,  et  rend,  à  la  suite 
de  la  requête,  une  ordonnance  qui  peut,  ou  bien  repousser 
purement  et  simplement  la  demande,  ou  bien  y  faire  droit, 
en  tout  ou  en  partie.  En  principe,  les  ordonnances  sont 
motivées,  elles  sont  rendues  à  l'audience  ou  dans  le  cabi- 
net du  juge,  ou  même,  en  cas  d'extrême  urgence,  en  son 
hôtel  particulier  :  dans  cette  dernière  hypothèse,  on  admet 
généralement  que,  ni  la  présence  ni  la  signature  du  gref- 
fier ne  sont  indispensables.  Dans  tout  autre  cas,  notam- 
ment quand  la  mesure  prescrite  ou  autorisée  par  le  juge 
n'est  pas  exécutoire  de  suite,  mais  seulement  sur  l'ordon- 
nance du  juge  préalablement  déposée  au  greffe,  la  signa- 
ture du  greffier  devient  indispensable. 

Les  ordonnances  du  président  sont  exécutoires  par  les 
mêmes  moyens  que  les  jugements  proprement  dits,  notam- 
ment par  tous  les  modes  de  saisie,  saisie-immobilière, 
mobilière,  saisie-arrêt,  saisie  des  fruits,  etc. 

Certains  textes  accordent  à  la  partie  contre  laquelle  une 
ordonnance  a  été  rendue  le  droit  de  former  une  opposi- 
tion ou  d'interjeter  appel  devant  la  cour  ;  en  dehors  de  ces 
cas  exceptionnels  où  la  loi  tranche  elle-même  la  difficulté, 
la  question  de  savoir  si  les  ordonnances  rendues  sur  re- 
quêtes sont  ou  non  susceptibles  de  recours  est  très  con- 
troversée; quoiqu'il  en  soit,  il  demeure  certain  que,  no- 
nobstant ces  ordonnances,  les  parties  conservent  toujours 
le  droit  de  saisir  les  juridictions  ordinaires,  tribunal  civil, 
et  plus  tard  cour  d'appel,  pour  faire  rapporter  par  elles 
les  décisions  du  président. 

On  appelle  plus  spécialement  ordonnances  d'exeqiia- 
tur  celles  qui  ont  pour  but  de  donner  la  force  exécutoire 
à  une  sentence  :  ainsi,  la  décision  des  arbitres  ne  peut 
être  mise  à  exécution  qu'autant  qu'elle  a  été  homologuée 
par  une  ordonnance d'exequatur  (V.  aussi  Référé). 

P.   GiRODON. 

III.  Droit  criminel.  —  Ordonnance  de  police.  — 
Les  règlements  émanés  du  préfet  de  police  ont  conservé 
la  dénomination  à' ordonnances  de  police;  mais  ce  sont 
en  réalité  de  simples  arrêtés,  qui  ne  diffèrent  en  rien, 
comme  autorité  et  comme  sanction,  de  ceux  pris  par  les 
autres  préfets  et  par  les  maires  en  vertu  de  leurs  pou- 
voirs de  police  (V.  Arrêté  ,  Contravention  ,  Pouce  , 
Préfet)  . 

IV.  Histoire. —  ('ompagnies  d'ordonnance  (V.  Compa- 
^.NiE,  t.  XIÎ,  p.  455). 

V.  Architecture.  —  Ce  mot,  quoique  quelque  peu 
synonyme  des  mots  disposition  et  distribution,  ne  doit 
pas,  suivant  la  distinction  que  Vitruve  (I,  ch.  ii)  s'est 
efforcé  d'établir  entre  eux,  être  confondu  avec  eux  :  il 
exprime  d'une  façon  plus  générale  la  composition  d'en- 
semble d'un  édifice,  ses  grandes  masses,  les  rapports  qui 
y  existent  entre  les  pleins  et  les  vides  et  le  parti  général 
de  la  décoration  architectonique.  Le  mot  ordonnance  sert 
aussi  à  désigner  la  nature  de  V ordre  (V.  ce  mot)  choisi 
pour  décorer  les  façades  ou  les  grands  motifs  d'architec- 
ture d'un  édifice  :  c'est  ainsi  que  l'on  dit  une  ordonnance 
dorique,  une  ordonnance  corinthienne,  quand  un  édifice 
est  décoré  de  colonnes  doriques  ou  corinthiennes  ;  on  dit 
même  qu'un  édifice  est  de  telle  ou  telle  ordonnance,  sui- 
vant que  ses  proportions  ou  sa  décoration  rappellent  les 
proportions  ou  Tornementation  qui  caractérisent  tel  ou 
tel  ordre  d'architecture.  Enfin,  on  emploie  encore  ce  mot 
ordonnance  en  l'appliquant,  surtout  quand  il  s'agit  de 
temples  antiques,  au  nombre  et  à  la  disposition  des  co- 
lonnes, suivant  la  façade  de  ces  édifices  :  ainsi,  on  dit 
une  ordonnance  féfrastyle,  he,rast}/J/>.  ocfastijle.  deçà- 


style,  suivant  qu'une  façade  présente  quatre,  six,  huit 
ou  dix  colonnes.  En  peinture,  une  composition  est  dite 
d'une  belle  ordonnance,  lorsque  la  pondération  des 
masses  et  le  mouvement  des  lignes  produisent  un  heu- 
reux effet.  ''  Charles  Lucas. 

VI.  Peinture.  —  L'ordonnance,  en  peinture,  c'est  l'art 
de  mettre  en  ordre  les  diverses  parties  d'un  tableau,  c'est 
quelque  chose  d'analogue  à  la  mise  en  scène  d'un  drame.  Ce 
terme  a  une  acception  moins  étendue  que  celui  décomposi- 
tion, qui  ne  s'entend  pas  seulement  de  l'arrangement  d'une 
OHivre,  mais  de  l'invention  même  de  son  auteur.  L'ordonnance 
n'en  est  pas  moins  une  opération  des  plus  délicates  pour  le 
peintre,  qui  doit  y  observer,  d'une  part,  la  convenance  pit- 
toresque, laquelle  domine  dans  une  composition  purement 
décorative,  et,  de  l'autre,  la  beauté  morale,  celle  qui  touche 
au  sentiment.  Au  moyen  âge,  la  peinture  gothique  ne  con- 
nut guère  qu'une  seule  disposition  :  l'ordonnance  symé- 
trique, avec  son  caractère  en  quelque  sorte  sacramentel, 
avec  son  aspect  tranquille,  grave  et  recueilli  ;  les  person- 
nages étaient  rangés  en  égal  nombre,  à  droite  et  à  gauche 
d'un  milieu.  Mais  l'art  traditionnel  et  compassé  n'eut  qu'un 
temps,  et  la  peinture  moderne,  émancipée  par  le  grand 
mouvement  de  la  Renaissance,  substitua  à  la  symétrie  la 
pondération,  le  balancement  des  masses  correspondantes, 
l'opposition  des  groupes  équivalents  ;  c'est  ainsi  que  Ra- 
phaël, dans  ï Ecole  cV Athènes,  a  su  déguiser,  sous  une 
variété  charmante,  l'admirable  unité  de  sa  composition 
géniale.  L'unité,  voilà,  en  somme,  le  véritable  secret  d'une 
ordonnance  bien  comprise.  En  effet,  il  doit  y  avoir  dans 
la  disposition  des  éléments  d'un  tableau  une  dominante. 
Les  lignes  horizontales  expriment  en  peintm^e  des  idées  de 
repos  et  de  majesté,  d'apaisement  et  de  durée  :  voyez  le 
Testament  cVEudamidas,  par  Poussin.  S'agit-il  de  rendre 
les  aspirations  d'une  âme  naïve  vers  le  ciel,  Lesueur  (la 
Vie^  de  saint  Bruno)  exprimera  ce  sentiment  par  la  ré- 
pétition dominante  et  le  parallélisme  des  verticales.  La 
disposition  pyramidale  conviendra  aux  assomptions  de  la 
Vierge,  aux  ascensions  de  Jésus-Christ,  aux  ravissements 
des  saints,  aux  apothéoses,  mais  pour  que  l'unité  n'en 
souffre  pas,  il  faudra  que  l'ensemble  de  la  composition,  se 
destinant  comme  un  ovale  allongé,  s'achève  dans  la  par- 
lie  inierieure  en  pyramide  renversée.  Multiples  sont,  d'ail- 
leurs, les  manières  d'arranger  un  tableau  :  l'ordonnance 
convexe  met  en  relief  les  principales  figures  ;  l'ordonnance 
concave  est  une  autre  manière  de  concentrer  les  regards  ; 
enfin  la  composition  en  diagonale,  témoin  la  descente  de 
Croix,  de  Rubens,  force  l'attention  par  une  obliquité  inat- 
tendue. ^  Gaston  Cougny. 

VII.  Armée.  —  Le  mot  ordonnance  a,  dans  le  lan- 
gage militaire,  plusieurs  acceptions.  II  sert  d'abord  à  dé- 
signer des  î?knfons  (V.  ce  mot)  placés,  pendant  la  durée 
d'une  garde  (24  heures),  auprès  des  officiers  généraux 
pour  porter  leurs  dépêches.  —  On  appelle,  d'autre  part, 
ordonnances  des  officiers  les  soldats  attachés  à  leur 
personne  comme  domestiques. Chaque  officier,  monté  ou 
non,  a  droit  à  un  soldat  ordonnance  (à  deux,  s'il  a  plus 
de  deux  chevaux)  choisi  parmi  les  soldats  de  2®  classe 
ayant  terminé  l'école  de  bataillon.  Le  soldat  ordonnance 
est  dispensé  de  service  et  de  corvées,  mais  il  se  trouve 
aux  inspections,  marches  et  manœuvres;  de  même,  en 
campagne,  il  rentre  dans  le  rang  pendant  les  marches  et 
le  combat.  Il  est  payé  par  l'officier  5  fr.  par  mois  pour 
son  service  personnel  et,  en  plus,  si  celui-ci  est  monté,  4  fr. 
pour  son  cheval.  En  garnison,  les  ordonnances  des  offi- 
ciers supérieurs  mariés  portent  d'ordinaire  le  costume  civif 
et  n'ont  plus  d'autre  signe  distinctif  qu'une  casquette  en 
toile  cirée,  à  liséré  rouge.  —  Enfin,  on  donne  le  nom 
à' officiers  d'ordonnance  à  des  officiers  brevetés  hors 
cadre  et  .à  des  officiers  non  brevetés  détachés  des  corps  de 
troupe,  qui  remplissent  auprès  des  officiers  généraux  les 
fonctions  des  anciens  aides  de  camp  (V.  ce  mot).  Tous 
les  officiers  généraux  pourvus  d'un  commandement  ont 
des  officiers  d'ordonnance  :   les  commandants   de  corps 


OKDONNANCK  —  OR DOS 


—  502 


d'armée  en  ont  chacun  deux,  du  grade  de  capitaine  ou 
de  lieutenant  ;  les  généraux  de  division  et  de  brigade  n'en 
ont  qu'un.  Le  président  de  la  République  a  aussi  des  offi- 
ciers d'ordonnance  {maison  militaire)  ;  de  même,  les 
ministres  de  la  guerre  et  de  la  marine,  même  s'ils  sont 
civils  {état-major  particulier).  Les  officiers  d'ordon- 
nance portent  en  grande  tenue  les  aiguillettes,  le  bras- 
sard, et,  si  leur  coiffure  est  le  képi,  un  plumet  en  plumes 
de  coq;  en  campagne  le  brassard  seulement  (V.  Aiguil- 
lette et  Brassard).  Ceux  du  président  de  la  République 
et  des  ministres  ont  en  outre  à  leur  pantalon  une  double 
bande  d'or  ou  d'argent,  suivant  l'arme. 

BiBL.  :  Ancien  droit.—  TiAi.i.oz.Réperloira  (t.  I  :  Essai 
sur  l'histoire  générale  du  droit  français).—  Esmkin,  Cours 
élémentaire  cV histoire  du  droit  français.  — De  Ferriere, 
Dictionnaire  de  droit  et  de  pratique.  —  Geasson,  His- 
toire du  droit  et  des  institutions  de  la  France,  t.  IV  et  VL  — 
GuYOT,  Répertoire  de  jurisprudence.  —  Luchaire,  Ma- 
nuel des  institutions  françaises.  —  Vioelet,  Histoire  du 
droit  civil  français.  —  Du  môme.  Histoire  des  institutions 
politiques  et  administratives  de  la  France,  t.  IL 

Peinture.  —  Ch.  Blanc,  Gram^naire  des  arls  du  des- 
sin :  la  Peinture. 

ORDONNANCEMENT  (V.  Comptabilité,  t.  XII,  pp.  244 
et  suiv.). 

ORDONNAZ.  Corn,  du  dép.  de  l'Ain,  arr.  de  Belley, 
can.  de  Lhuis;  514  hab. 

OR  DON  N  EAU  (Maurice),  auteur  dramatique  français, 
né  à  Saintes  (Cbarenle-Inférieure)  en  1854.  Fils  d'un  né- 
gociant en  eaux-de-vie  de  Cognac,  et  d'abord  employé  à 
la  préfecture  de  la  Seine,  il  a  donné  au  théâtre  quantité 
de  vaudevilles  ;  nous  citerons  :  les  Bonnes  Filles  de  Bé- 
ranger  (1872);  les  Rosières  de  carton  (avec  Baquet, 
1874);  Minuit  moins  cinq  (av.  V.  Bernard,  1879);  i¥a- 
dame  Grégoij'eiay.Burmï,  1881);  Mimi Pinson  (3  actes, 
1882);  les  Parisiens  en  province  (av.  Raymond,  3  actes, 
1883);  les  Petites  Godin{i^  actes,  1884);  Cherchons  papa 
(av.  Bernard,  3  actes,  1885);  Mo7i  Oncle  (av.  Burani, 
3  actes  1885);  Serment  d'amour  qX  la  Hancée  des  Verts- 
poteaux,  opéras-comiques  en  3  actes,  av.  musique  d'Au- 
di'an  {'i^SQ  et  1887);  etc.  La  complication  et  l'invraisem- 
blance des  imbroglios  sont  les  caractéristiques  de  ces 
laborieuses  bouffonneries. 

ORDONNtE  (Matb.).  En  géométrie  analytique,  on  rap- 
porte un  point  à  deux  axes  rectiligncs  Ox,  0?/,  dont  le 
premier  est  généralement  tracé  horizontalement.  Les  coor- 
données OP,  OQ  du  point  M  considéré  sont  donc  portées 

en  grandeur  et  en  si- 
gne, la  première  sur 
O.i!.  la  seconde  sur  0//  ; 
c'est  cette  dernière 
qu'on  appelle  l'ordon- 
née de  M,  tandis  que 
l'autre  est  appelée 
l'abscisse.  Comme  con- 
séquence, les  axes  Oj?, 
Oy  sont  appelés  res- 
pectivement axe  des  x 
ou  des  al)scisses,  et 
axe  des  ij  ou  des  or- 
données. Ces  expres- 
sions, sur  l'origine 
exacte  desquelles  on  n'est  pas  absolument  fixé,  peuvent 
être  parfois  commodes  et  pourtant  ne  semblent  guère  re- 
commandables  dans  l'état  présent  de  la  science.  lin  y  a  en 
effet  nul  motif  pour  distinguer  un  axe  de  l'autre  par  un 
nom  particulier.  On  peut  encore  dire  que  l'abscisse  et  l'or- 
donnée d'un  point  M  sont  les  projections  du  rayon  vec- 
teur OM  sur  les  deux  axes  Ox  et  Ôî/,  ces  projections  étant 
faites  parallèlement  aux  axes  (fig.  1). 

De  même,  en  géométrie  à  trois  dimensions,  on  appelle 
roordonnés  d'un  point  M  par  rapport  à  trois  axes  Ox',  0//. 
i)%,  les  projections  du  rayon  vecteur  OM  du  point  M  sur 
les  axes,  ces  projections  étant  effectuées  parallèlement  aux 
plans  tO;/,  j;Or-,  }fix  respectivement,   f^a  projection  OA 


Fi^'.  1. 


de  OM  sur  i)x  est  l'abscisse  du  point  M,  ] 
sur  Oy  est  son  ordonnée,  la  projection 
sa  cote  (fig.  2). 
Polynômes 

ORDONNÉS.-— Un 

polynôme  con- 
tenant une  let- 
tre ^  est  ordon- 
né par  rapport 
aux  puissances 
décroissantes  de 
cette  lettre 
quand  on  l'é- 
crit   Ao^ 

A„,  ;    sous 
forme   h 


a  projection  OB 
OC  sur  Qz  est 


+ 


la 

4- 


3e 


-f-Ai^"^-i-4- 
Ao^'^,    il  est 

ordonné  par  rapport  aux  puissances  croissantes.  Toutes 
les  opérations  sur  les  polynômes,  mais  surtout  la  multi- 
plication, la  division,  les  extractions  de  racines  et  les  opé- 
rations qui  s'ensuivent  ne  peuvent  être  effectuées  que  sur 
des  polynômes  ordonnés.  Dans  le  cas  où  des  polynômes  con- 
tiennent deux  ou  plusieurs  lettres,  les  coefficients  Ao,A|.... 
qui  contiennent  par  conséquent  ces  lettres,  doivent  être  or- 
donnés eux  aussi .  La  lettre  par  rapport  à  laquelle  on  ordonne 
est  dite  lettre  ordonnatrice.  C.-A.  Laisant. 

OR  DOS  (IIon-Tao).  Région  de  l'empire  chinois,  for- 
mant une  partie  méridionale  de  la  Mongolie  (V.  ce  mot), 
comprise  entre  la  Crande  Muraille  au  S.  et  le  Hoang-ho 
(fleuve  Jaune)  au  N.  Elle  est  située  dans  le  grand  coude 
que  ce  fleuve  décrit  vers  le  N.  et  entourée  par  lui  de  trois 
côtés  ;  il  la  sépare  du  pays  d'Alachan  àl'O.,  de  celui  des 
Ourots  au  N.  (l'Ordos  s  étendant  toutefois,  à  75  kil.  au 
N.-O,  du  fleuve,  jusqu'à  Tancien  ht  de  celui-ci),  de  la  prov. 
de  Chan-si  à  TE.,  tandis  qne  la  Grande  Muraille  la  sépare 
du  Chen-si  et  du  Kan-sou  au  S.  L'Ordos,  dont  l'étendue 
dépasse  100.000  kil.  q.,  est  un  plateau  d'un  millier  de  m. 
d'alt.,  formé  de  puissants  dépôts  de  lœss;  ceux-ci  sont, 
sur  une  largeur  de  30  kil.  au  S.  du  fleuve,  couverts  paj' 
les  sables  et  dunes  du  Kouzouptchi.  Au  delà,  le  sol  s'élève 
dans  les  collines  arides  d'Arbouz-Oula,  prolongement  de 
l'Ala-chan  ;  plus  loin,  s'étend  la  plaine  saline  du  Boro- 
Tohaï  (terre  grise),  parsemée  de  lacs  salés  :  Dabassoun- 
nor,  Alam-nor,  Tsagan-nor,  Khara-mangaï-nor,  plus  près 
du  fleuve,  etc.  Enfin,  au  S.-E.,lesol  argileux  retient  les 
eaux  pluviales  en  des  étangs  qu'entourent  de  belles  prai- 
ries. —  Le  seul  affluent  notable  du  Hoang-ho  est  l'Oulan- 
mouren,  grossi  du  Tjamkhak,  au  bord  duquel  la  légende 
place  la  tombe  de  Djengis  khan,  qui  y  repose  sous  la  tente, 
près  de  sa  lance  (icliée  en  terre  qui  ne  porte  point  d'ombre. 

La  population  est  formée  de  Mongols  divisés  en  sept 
bannières  (V.  Mongolik)  et  vivant  de  leur  bétaiL  Chacun 
de  ces  sept  clans  a  son  chef,  celui  de  la  bannière  de  Djoun- 
gar  au  N.-E.  ayant  la  prééminence.  Les  habitants  ont  été 
en  grande  partie  exterminés  par  les  musulmans  insurgés. 

L'Ordos  appartenait  à  l'ancien  pays  de  Hia,  l'empire 
Tangout  (V.  ce  mot)  détruit  par  Djengis  khan.  Il  s'appe- 
lait Ké-tao  ou  ïié~nan.  C'est  sur  son  territoire  que  le 
conquérant  mourut,  et  les  Mongols  Darkates  y  gardent,  dans 
le  district  de  Van,  la  tente  de  ieutre  sous  laquelle  repose, 
disent-ils,  le  conquérant;  le  vingt-cinquième  jour  du  sixième 
mois  de  l'année,  des  milliers  de  pèlerins  y  viennent  célébrer 
sa  fête.  Effroyablement  dévasté  par  l'empereur  mongol, 
le  pays  de  Hia  jie  s'en  est  jamais  relevé.  La  contrée  des 
Ordos  renferme  encore  des  ruines  nombreuses,  en  parti- 
culier celles  de  Tokhto-khoto  (Tou-tchen)  au  N.-E.,Boro- 
Balgassoun  et  Tsagan-Balgassoun  au  S.-E.  Après  la  vic- 
toire des  Ming  sur  les  Mongols,  ce  pays  fut  dominé  par 
le  khnn  des  Tchakars.  Il  se  soumit  en  1635  aux  conque- 


—  503 


ORDOS  -^  ORDRE 


rants  mandchous  de  la  Chine.  L'Ordos  a  été  traversé  et 
décrit  par  Gerbillon  (V.  t.  IV  de  Duhalde,  Description 
de  la  Chine,  4733),  le  père  Hue  (V.  t.  Ides  Souvenirs), 
Prjevalsky  (Mongolie  et  pays  des  Tangoutes,  1880),  Pota- 
nin  (V.  Bull.  Soc.  russe  géogr.,  1885,  pp.  S6  et  303, 
et  1887,  n*^  3).  '  A.-M.  B. 

ORDOU.  Nom  turc  du  corps  d'armée;  habituellement 
il  a  à  sa  tête  un  mouchir. 

ORDOU  BAT.  Ville  de  Russie,  gouvernement  d'Erivan 
(Transcaucasie),  sur  l'Ordoubat-tchaï,  affluent  deTAras, 
près  du  confluent;  4.200  hab.  (en  1891).  Mines  de  cuivre 
et  fabrication  d'objets  en  cuivre;  soie  et  soieries;  fruits. 
ORDOVICIEN  (Géol.)  (V.  Silurien). 
ORDRE.  I.  Philosophie.  -—  D'une  manière  générale, 
ce  terme  désigne,  en  philosophie,  la  disposition  régulière  et 
uniforme  des  parties  d'un  tout,  des  éléments  d'un  ensemble. 
Mais  il  apparaît,  si  on  l'examine  de  près,  susceptible  de 
nuances  très  diverses.  Dans  la  nature  physique,  ou  il  est  le 
plus  apparent,  l'ordre  n'est  que  la  succession  constante  des 
phénomènes  liés  par  la  loi  de  causalité  qui  s'énonce  :  les  mêmes 
causes  produisent  les  mêmes  effets.  Cet  ordre  est  d'autant 
plus  frappant  que  les  phénomènes  étudiés  sont  plus  simples 
et  plus  généraux  ;  tels  les  grands  mouvements  astrono- 
miques et  les  lois  fondamentales  de  l'optique,  de  l'acous- 
lique,  de  la  thermodynamique,  etc.,  que  le  physicien  par- 
vient à  réduire  à  la  rigueur  de  formules  mathématicpies. 
Aussi,  sous  la  variété  des  apparences,  y  a-t-il,  en  réalité, 
passage  du  même  au  même,  persistance  de  l'énergie  actuelle, 
potentielle  ou  moléculaire.  De  là  la  théorie  mécaniste  de 
la  nature,  énoncée  par  Descartes,  transformée  par  Leibniz 
et  complétée  par  la  physique  moderne.  Cet  ordre,  que  la 
matière  observe  imperturbablement,  à  tel  point  que  le  hasard 
et  le  miracle  sont  à  priori  éliminés  par  toute  enquête  scien- 
tifique, est-elle  capable  de  se  le  donner  à  elle-même  ?  Su- 
bit-elle passivement  une  loi  imposée  du  dehors  ou  évolue- 
t-elle  en  vertu  d'une  nécessité  interne  ?  C'est  là  un  problème 
(jue  la  métaphysique  pose  sans  le  résoudre  d'une  façon 
décisive. 

Au-dessus  de  l'ordre  physique,  la  vie,  soumise  d'ail- 
leurs dans  la  plupart  de  ses  manifestations,  aux  lois  de  la 
matière,  ne  peut  cependant  se  réduire  au  pur  mécanisme. 
Elle  ne  semble  pas  une  pure  résultante  géométrique,  mais 
le  développement  d'une  énergie  interne,  spontanée,  à  la 
fois  régulière  et  capricieuse,  harmonieuse  et  variée.  Ce- 
pendant la  persistance  des  types  et  des  espèces,  admise 
jusqu'à  preuve  du  contraire,  tout  au  moins  pour  les  vivants 
supérieurs,  est,  malgré  l'individualité  irréductible  de  chaque 
vivant,  l'expression  la  plus  saisissante  de  ce  nouveau  de- 
gré de  l'ordre  naturel. 

Enfin,  dans  l'homme  même,  la  loi  de  nature  domine  la 
plus  grande  part  de  l'activité  intérieure.  Par  sa  sensibilité, 
par  ses  habitudes,  par  ses  attaches  physiologiques,  enfin 
par  sa  raison  même,  l'être  humain  est  soumis  au  double 
déterminisme  physique  et  logique.  Aussi  comprend-on  que 
Ja  plupart  des  théologiens  chrétiens  et  beaucoup  de  philo- 
sophes, frappés  de  la  résistance  ou  de  l'indifférence  de  la 
nature  ou  même  de  la  raison  pure  au  bien  et  à  la  beauté, 
aient  conçu,  au-dessus  de  l'ordre  de  la  nature,  l'ordre  ou 
le  règne  de  la  grâce,  l'ordre  de  la  liberté,  l'ordre 
moral.  Dès  lors,  Tordre  naturel,  corrompu  par  le 
péché,  sera,  pour  les  premiers,  un  véritable  désordre  que 
la  grâce  seule  peut  réparer.  Pour  les  philosophes,  les  pas- 
sions, les  habitudes,  tout  ce  qui,  en  l'homme,  limite  la 
liberté,  seront  la  matière  confuse  que  la  moralité  devra 
ordonner.  Les  anciens,  Platon  notamment,  ont  tous  vu  dans 
la  loi  morale,  un  principe  d'harmonie  intérieure  faisant  de 
l'àme  un  véritable  xoajxo;.  C'est  à  la  raison,  dégagée  de  la 
sensibilité,  qu'ils  remettent  le  soin  de  réaliser  cette  har- 
monie, et  la  plupart  des  modernes  donneront  à  la  raison 
le  même  rôle  organisateur.  Le  christianisme,  au  contraire, 
attend  du  seul  amour  inspiré  par  le  modèle  divin  la  récon- 
ciliation de  l'homme  avec  le  bien,  c.-à-d.  avec  Dieu.  Enfin 
Kant  ne  reconnaît  de  valeur  morale  qu'à  la  bonne  volonté. 


Cette  idée  de  Tordre  moral  intérieur  rejoint  tout  natu- 
rellement celle  de  Tordre  moral  de  l'univers.  La  beauté  et 
l'harmonie  de  ce  monde,  où  le  mal  ne  serait  que  l'excep- 
tion, prouveraient,  selon  les  uns,  que  l'univers,  loin  d'être 
le  produit  du  hasard,  serait  organisé  en  vue  d'une  fin  supé- 
rieure, par  une  intelligence  souveraine.  Suivant  d'autres, 
au  contraire,  l'imperfection  même  du  monde  réel,  Tim- 
puissance  où  se  trouve  l'homme  de  réaliser  dès  cette  vie 
la  loi  morale,  seraient  un  gage  d'une  vie  à  venir  meilleure, 
de  l'avènement  d'une  cité  où  se  rejoindraient,  heureuses 
et  parfaites,  les  volontés  bornées  (V.  Cause,  §  Causes 
finales.  Immortalité,  Loi,  Optimisme,  Providence). 

L'art  et  la  science  enfin,  comme  la  morale,  sont  la  réa- 
lisation d'un  ordre  supérieur  à  la  nature.  La  science  est 
un  système  de  vérités  générales  coordonnées,  d'où  l'ex- 
ception, le  désordre  est  exclu.  Toute  œuvre  d'art  suppose 
également  une  subordination  des  parties  aune  idée  direc- 
trice. Choix  libre  et  intelligent,  il  exclut  le  banal,  le  laid, 
et  l'énorme.  Th.  Ruyssen. 

II.  Jurisprudence.  —  Procédure  qui  a  pour  but  de 
distribuer  le  prix  d'un  immeuble  aux  créanciers  inscrits, 
suivant  le  rang  de  leurs  privilèges  et  hypothèques  :  on 
a  vu  que  la  Contribution  (V.  ce  mot)  est  la  procédure 
qui  a  pour  but  de  distribuer  une  somme  à  des  créanciers 
simplement  chirographaires,  au  marc  le  franc.  Le  règlement 
des  ordres  étant  souvent  très  difficile  et  demandant  une  grande 
expérience,  puisqu'il  faut  combiner  et  classer  les  diverses 
catégories  de  privilèges  et  d'hypothèques,  la  loi  en  a  confié 
le  soin  à  un  juge  du  tribunal  civil.  Dans  les  tribunaux  où 
les  besoins  du  service  l'exigent,  dit  l'art.  749  du  C.  de 
procéd.  civ.,  il  est  désigné  par  décret  un  ou  plusieurs 
juges  spécialement  chargés  du  règlement  des  ordres;  ils 
peuvent  être  choisis  parmi  les  juges  suppléants,  et  sont 
désignés  pour  une  année  au  moins  et  trois  années  au  plus. 
En  cas  d'absence  ou  d'empêchement,  le  président  par  or- 
donnance désigne  d'autres  juges  pour  les  remplacer.  Les 
juges  chargés  des  règlements  d'ordres  doivent,  toutes  les 
fois  qu'ils  en  sont  requis,  rendre  compte  à  leurs  tribunaux 
respectifs,  au  premier  président  et  au  procureur  général, 
de  l'état  des  procédures  dont  ils  ont  le  soin.  Dans  la  pra- 
ti(jiie.  ces  magistrats  sont  appelés  les  juges  aux  ordres. 
La  procédure  d'ordre  peut  s'ouvrir,  soit  à  la  suite  d'une 
adjudication  sur  saisie-immobilière,  soit  à  la  suite  d'une 
vente  amiable  consentie  par  le  débiteur,  ou  d'une  adjudi- 
cation en  justice  sans  saisie.  Mais  il  n'y  a  lieu  à  procédure 
d'ordre  que  s'il  existe  au  moins  quatre  créanciers  inscrits  ; 
s'il  n'en  existe  que  trois  ou  un  nombre  inférieur,  le  règle- 
ment est  fait  directement  par  le  tribunal.  Nous  indique- 
rons sommairement  la  marche  générale  de  la  procédure 
d'ordre.  L'acquéreur  doit  tout  d'abord  faire  transcrire  son 
titre  dans  les  45  jours  de  sa  date  ;  puis,  le  saisissant 
a  un  délai  de  huit  jours  pour  déposer  au  greffe  l'état 
des  inscriptions  qu'il  se  fait  délivrer  par  le  conser- 
vateur des  hypothèques,  et  pour  requérir  l'ouverture  de 
Tordre.  Ces  huit  jours  écoulés,  toute  partie  intéressée  peut 
demander  l'ouverture  de  Tordre  devant  le  tribunal  de  la 
situation  de  l'immeuble  dont  le  prix  est  en  distribution. 
Le  juge-commissaire,  dans  les  huit  jours  de  sa  nomina- 
tion,^ou  le  juge  désigné  par  décret,  dans  les  trois  jours  de 
la  réquisition,  convoque  les  créanciers  inscrits  afin  de  s'en- 
tendre à  l'amiable  sur  la  distribution  du  prix  :  la  partie 
saisie  et  l'adjudicataire  sont  également  convoqués.  Le  délai 
pour  comparaître  est  de  dix  jours  au  moins  entre  la  date 
de  la  convocation  et  le  jour  de  la  réunion.  Si  la  tentative 
d'ordre  amiable  réussit,  tout  est  fini,  le  juge  dresse  pro- 
cès-verbal, il  ordonne  La  délivrance  des  bordereaux  aux 
créanciers  utilement  colloques  et  la  radiation  des  inscrip- 
tions des  créanciers  non  admis  en  ordre  utile.  Mais  les 
créanciers  ne  sont  pas  obligés  de  consentir  au  règlement 
amiable,  et,  dans  ce  cas,  la  procédure  continue.  Le  juge- 
commissaire  somme  les  créanciers  de  produire  leurs  titres 
dans  les  quarante  jours,  à  peine  d'être  déchus,  puis  il 
dresse  d'office  un  rèoiem«^nt  provisoire  qui  est  dénoncé  aux 


OKDRE 


oOi  -^ 


créanciers  saisissants  et  à  Ja  partie  saisie.  Si  aucune  con- 
testation ne  s'élève,  le  règlement  provisoire  devient  défi- 
nitif; si,  au  contraire,  le  règlement  provisoire  est  critiqué, 
les  parties  sont  renvoyées  à  l'audience,  et  c'est  le  tribunal 
qui  statue,  sur  le  rapport  du  juge-commissaire  et  les  con- 
clusions du  ministère  public,  La  décision  peut  d'ailleurs 
être  frappée  d'appel  dans  les  dix  jours,  et,  contre  l'arrêt, 
le  pourvoi  en  cassation  reste  ouvert.  Quand  le  tribunal  ou 
la  cour  ont  statué,  le  juge  arrête  définitivement  l'ordre 
des  créances  contestées  et  rend  une  ordonnance  de  clôture. 
Si  celle-ci  est  à  son  tour  contestée,  les  parties  reviennent  à 
l'audience  et  le  tribunal  statue.  Si,  au  contraire,  personne 
ne  fait  opposition  à  l'ordonnance  de  clôture,  le  greffier  en 
délivre  un  extrait,  sur  le  vu  duquel  le  conservateur  des 
hypothèques  opère  la  radiation  des  inscriptions  des  créan- 
ciers non  colloques  ;  chaque  créancier  reçoit  un  bordereau 
de  collocation  pour  se  faire  payer,  selon  les  cas,  par  Tad- 
judicataire  ou  par  la  Caisse  des  dépôts  et  consignations, 
à  laquelle  le  prix  de  l'immeuble  a  pu  être  versé.  En  rece- 
vant le  montant  de  sa  collocation  et  en  en  donnant  quit- 
tance, chaque  créancier  consent  la  radiation  de  son  inscrip- 
tion. Telle  est  la  marche  générale  de  la  procédure  d'ordre 
dégagée  de  tous  incidents  ;  on  comprend  facilement  com- 
bien elle  peut  se  compliquer  par  suite  du  nombre  plus  ou 
moins  grand  de  créanciers  et  de  la  difficulté  de  classer  leurs 
privilèges  et  hypothèques.  Nous  ne  dirons  qu'un  mot  d'un 
incident  qui  se  présente  assez  souvent,  et  qu'on  appelle  la 
collocation  en  sous-ordre.  Les  créanciers  d'un  des  créan- 
ciers hypothécaires  du  saisi  peuvent  prendre  inscription 
pour  ce  créancier  hypothécaire  qui  néglige  de  la  prendre 
lui-même,  et  demander  que  la  somme  qui  lui  sei'a  attri- 
buée dans  l'ordre  soit  distribuée  entre  eux  au  marc  le 
franc  :  c'est  cette  distribution  qu'on  appelle  sous-ordre. 
Les  créanciers,  qui  réclament  ainsi  leur  collocation  sur  les 
sommes  altribuées  à  leur  débiteur,  pourront  suivre  toutes 
les  phases  du  règlement  de  l'ordre  ouvert,  comparaître  à 
l'ordre  amiable,  contredire  le  règlement  provisoire  et  l'or- 
donnance de  clôture.  Mais  la  distribution  de  la  collocation 
de  leur  débiteur  se  fait  entre  eux  par  contribution,  c.-à-d. 
sans  tenir  compte  de  leurs  privilèges  ou  hypothèques. 

P.  GmoLox. 
III.  Grammaire.  —  Ordre  des  mots.  —  L'ordre  des 
mots  dans  la  phrase  sert  essentiellement  à  exprimer  l'ordre 
des  idées.  Il  peut  servir  en  outre  à  exprimer  les  rapports 
grammaticaux.  Dans  les  langues  anciennes,  comme  le  grec  et 
le  latin,  où  la  forme  des  mots  exprimait  leur  fonction  gramma- 
ticale, l'ordre  dans  lequel  ils  se  suivaient  ne  pouvait  exprimer 
que  l'ordre  des  idées.  En  français,  au  contraire,  où  la  fonc- 
tion des  mots  n'est  pas  marquée  par  leur  forme,  l'ordre 
qu'ils  suivent  dans  la  phrase  exprime  bien  toujours  celui 
des  idées,  mais  il  sert  en  même  temps  à  exprimer  leurs 
rapports  grammaticaux.  De  là  cette  différence  que  dans 
les  langues  anciennes  l'ordre  des  différentes  parties  de  la 
proposition  était  hbre,  tandis  qu'en  français  il  est  soumis 
à  des  lois.  On  pouvait  également  dire  en  latin  Romiilus 
condidit  Romam,  ou  Romam  condidii  Pxomtdus,  ou 
Condidit  Romam  Romuhis.  Le  sens  était  le  même,  seul 
l'ordre  des  idées  différait,  le  point  de  départ  de  la  phrase 
étant  successivement  Romulus,  Rome  ou  l'idée  de  fonder. 
On  ne  pourrait  en  français  modifier  l'ordre  des  mots  dans 
la  phrase  Romulus  a  fondé  Rome,  car  c'est  la  place  des 
mots  Romulus  et  Rome  qui  détermine  leur  fonction.  Mais 
comme  toute  langue  doit  pouvoir  reproduire  l'ordre  des 
idées,  il  suffit  de  changer  la  construction  grammaticale 
pour  donner  successivement  à  la  phrase  française  les  mêmes 
points  de  départ  qu'en  latin.  On  traduira  donc  Romulus 
condidit  Romam -par  Romulus  a  fondé  Rome  ;  Romam 
condidii  Romulus  par  Rome  a  été  fondée  par  Romu- 
lus et  Condidit  Romam  Romulus  par  La  fondation  de 
Rome  est  due  à  Romulus.  Il  n'est  donc  pas  vrai  de  dire, 
comme  le  croyaient  les  grammairiens  du  xviir^  siècle,  que 
les  langues  anciennes  suivaient  un  autre  ordre  que  les 
langues  modernes.  Il  y  alongtemps  que  M.  Weil  l'a  mon- 


tré, c'est  simplement  le  rapport  de  la  syntaxe  à  Tordre 
des  mots  qui  a  changé.  On  voit  d'après  cela  ce  qu'il  faut 
entendre  par  langues  à  construction  libre  et  langues  à 
construction  fixe.  Les  langues  anciennes,  le  sanscrit,  le 
grec  et  le  latin  sont  des  langues  à  construction  libre  ;  le 
français,  le  turc,  l'allemand,  l'anglais,  le  chinois  sont  des 
langues  à  construction  fixe.  On  distingue  la  construction 
ascendante,  qui  est  celle  où  le  complément  précède  le  terme 
complété  :  c'est  celle  du  turc  et  de  l'allemand  dans  les 
propositions  dépendantes  ;  et  la  construction  descendante 
qui  place  le  complément  après  le  terme  complété  :  c'est 
celle  qui  domine  en  français  et  en  allemand  dans  les 
propositions  principales.  Paul  Giqueaux. 

ÎV.  Mathématiques.  —  Ordre  est  synonyme  de  degré 
(V.  ce  mot). 

V.  Politique.  —  Ordre  du  jour  (V.  Parlementarisme). 

VI.  Art  militaire. —  Ordres  de  service. — On  appelle 
ordres,  d'une  façon  générale,  toutes  les  décisions  éma- 
nant du  commandement.  Ils  sont  en  principe  enregistrés. 
Leur  transmission  a  lieu  en  suivant  la  voie  rigoureuse- 
ment hiérarchique,  sans  omettre  aucun  intermédiaire  ; 
exception  n'est  faite  qu'en  cas  d'urgence  :  l'officier  qui 
ordonne  est  alors  tenu  d'informer  sans  retard  l'autorité 
intermédiaire,  et  celui  qui  reçoit  l'ordre  en  rend  compte 
le  plus  tôt  qu'il  le  peut  à  son  chef  immédiat.  11  est  délivré 
un  accusé  de  réception  de  tout  ordre  écrit.  Dans  nne  place, 
le  commandant  d'armes  donne  chaque  matin  au  major  de 
la  garnison  les  ordres  concernant  le  service  de  cette  place; 
celui-ci  les  communique  aux  fourriers  des  différents  corps 
venus  au  rapport.  Dans  un  régiment  ou  dans  un  bataillon 
formant  corps  ou  détachement,  le  colonel  ou  le  chef  de 
bataillon  dicte  chaque  jour,  au  rapport,  les  ordres  rela- 
tifs au  service  pour  les  vingt-quatre  heures;  en  route  à 
l'intérieur,  l'ordre  est  donné  à  la  dernière  halte,  avant 
l'arrivée  au  gîte  d'étape. 

En  campagne,  la  transmission  des  ordres  se  fait  d'après 
les  mêmes  principes.  Toutes  les  fois  que  les  circonstances 
le  permettent,  il  est  tenu  chaque  jour,  aux  différents  quar- 
tiers généraux,  une  réunion  appelée  rapport  journalier, 
où  un  officier  de  chaque  commandement  ou  service  rele- 
vant de  ce  quartier  général  vient  recevoir  les  ordres  du 
chef  d'état-major.  Ceux  qui  ne  peuvent  être  communiqués 
ainsi  en  temps  utile  sont  portés  aux  destinataires  soit  par 
des  officiers  désignés  ta  cet  effet,  soit  par  un  personnel 
spécial  de  sous-officiers,  estafettes,  plantons  et  vélocipé- 
distes.  Les  ordres  écrits  importants  sont  confiés  à  des  offi- 
ciers initiés  à  leur  contenu;  les  ordres  verbaux  sont  tou- 
jours, quelle  que  soit  leur  importance,  transmis  par  des 
officiers.  Il  y  a  trois  séries  d'ordres,  dont  il  est  tenu  au- 
tant de  registres  et  qui  ont  leur  numérotage  distinct  :  les 
ordres  généraux,  qui  s'adressent  à  la  totalité  des  troupes 
placés  sous  le  commandement  de  l'autorité  dont  ils  éma- 
nent ;  les  ordres  particuliers,  ne  concernant  qu'une  partie 
de  ces  troupes  ;  les  ordres  déopérations,  généraux  ou 
particuhers  (ordres  de  mouvement,  de  stationnement,  de 
combat,  d'avant-poste,  etc.).  Lorsque  l'autorité  qui 
ordonne  se  borne  à  indiquer  le  but  à  atteindre  sans 
préciser  les  moyens  d'exécution,  l'ordre  prend  le  nom 
à' instructions. 

Ordres  du  jour.  —C'est  par  la  voie  de  V ordre,  c.-à-d. 
au  moyen  d'ordre  transmis  hiérarchiquement  (V.  ci-des- 
sus), et,  en  général,  dans  l'ordre  dicté  au  rapport  jour- 
nalier, que  le  commandement  (généraux,  colonels,  etc.) 
communique  avec  les  troupes  et  leur  notifie  tout  ce  qui 
peut  les  intéresser  :  de  là,  les  citations  à  l'ordre  du 
jour  (du  corps  d'armée,  de  la  division,  de  la  brigade,  etc.) 
pour  f^iits  de  guerre,  actes  de  courage,  etc.,  et  le  nom 
d'ordre  du  jour  donné  aux  proclamations  faites  dans 
des  circonstances  solennelles,  à  la  suite  d'une  victoire, 
par  exemple,  par  les  commandants  en  chef  (V.  Oratoire 
[Art]),  La  circulaire  ministérielle  du  12  févr.  4819  in- 
terdit expressément  à  tous  gouverneurs,  otficiers  géné- 
raux, chefs  de  corps,  etc.,  de  faire  aucune  publication 


oOo  — 


ORDRE 


sous  le  titre  de  proclamation,  ordre  du  jour,  ou  tout  autre 
forme,  autrement  que  sur  des  objets  du  service  courant 
et  pour  l'exécution  pure  et  simple  des  règlements  ou  des 
ordres  de  leurs  supérieurs. 

Mot  d'ordre  (V.  Mot). 

Ordre  démobilisation  (V.  Mobilisation). 

Ordre  d'appel.  Ordre  de  convocation  (V.  Mobilisation, 
Réserviste). 

Ordre  ou  feuille  de  route  (Y.  Feuille,  t.  XVIÏ, 
p.  379). 

Ordre  de  marche.  Ordre  de  mouvement  (V.  Marche  et 
Colonne)  . 

Ordre  de  bataille  (V.  Organisation  de  l'armée  et  Tac- 
tique). 

Ordre  dispersé  (V.  Dispersé). 

VII.  Histoire  romaine.  —  Ordre  éouestre.  Ordre 
sénatorial  (V.  Classe,  t.  XI,  pp.  5o7  et  suiv.). 

VIÏI.  Théologie  (V.  Sacerdoce). 

IX.  Histoire  religieuse. —  Ordres  monastiques  et 
religieux  —  On  trouvera  dans  la  série  alphabétique  de 
la  Grande  Encyclopédie  des  notices  sur  tous  ces  ordres 
et  sur  Id  plupart  des  congrégations  qui  ont  quelque 
importance.  Ce  qui  concerne  Ihistoire  des  origines,  des 
développements  et  des  effets  du  système  dont  ces  diverses 
institutions  font  partie,  est  indiqué  aux  mots  Régime 
monastique,  Règle,  Religieux,  Religieuse. 

X.  Art  héraldique.  —  Ordres  de  chevalerie.  —  Les 
premiers  croisés  arrivant  en  Palestine  y  trouvèrent  les  hos- 
pices fondés  pour  les  chrétiens  par  saint  Grégoire  le  Grand  et 
restaurés  par  Charlemagne.  A  la  constitution  toute  monas- 
tique de  ces  étabhssements,  le  besoin  de  défendre  les  terres 
conquises  et  d'assurer  aux  chrétiens  d'Orient  une  protection 
efficace  substitua  rapidement  une  organisation  militaire .  Ainsi 
naquirent  les  ordres  du  Saint-Séjmlcre,  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem,  de  Saint-Lazare,  du  Temple  (V.  ces  mots). 
Affranchis  par  les  papes  de  toute  dépendance,  ne  recon- 
naissant d'autre  autorité  que  celle  de  TEglise,  ces  ordres, 
oii  ne  sont  admis  que  les  premiers  de  la  noblesse,  s'élèvent 
rapidement  aux  suprêmes  degrés  de  la  richesse  et  de  la 
puissance  :  leurs  grands  maîtres  sont  presque  les  égaux 
des  souverains.  De  nationalités  différentes,  les  chevaliers 
qui,  par  leurs  vœux  de  pauvreté,  de  chasteté  et  d'obéis- 
sance, renoncent  à  tout  bien  terrestre,  à  toute  attache  de 
famille,  abdiquent  toute  individuahté,  ne  visent  pour  buts 
que  l'élévation  de  leur  ordre  et  la  plus  grande  gloire  de 
l'Eglise.  En  osant  faire  juger  et  condamner  Jacques  de 
Molay,  grand  maître  des  templiers,  Philippe  le  Rel  porta 
un  coup  terrible  à  ces  institutions.  La  plupart  de  ces 
ordres  subsistent  encore  aujourd'hui,  mais  dépouillés  à  la 
fois  de  leurs  caractères  et  de  leurs  formes,  qui  ne  seraient 
plus  en  harmonie  avec  les  mœurs  contemporaines  ;  ils  ne 
peuvent  être  considérés  que  comme  des  sociétés  à  base 
aristocratique  d'un  accès  plus  ou  moins  difficile. 

Dans  le  but  de  grouper  autour  d'eux,  en  une  mihce 
d'élite,  les  plus  puissants  et  les  plus  braves  d'entre  leurs 
sujets,  ainsi  que  pour  récompenser  les  services  rendus  à 
la  persoujie  royale  ou  à  la  patrie,  les  chefs  des  différents 
Etats  créèrent  des  ordres  de  chevalerie.  Les  ordres  d'Al- 
cantara,  d'Avis,  de  Notre-Dame  de  Montesa,  etc.,  conti- 
nuaient en  lispagne  la  croisade  contre  les  musulmans,  et 
ce  genre  d'institutions,  dérivé  de  son  premier  motif, 
s'étendait  aux  autres  pays.  A  une  époque  ou  le  roi  n'était 
guère  que  le  premier  gentilhomme  du  royaume,  il  était 
habile  de  s'attacher  ses  vassaux  et  arrière-vassaux  par 
un  serment  de  fidéhté  qui  les  liait  plus  directement  au 
souverain.  En  Erance,  Jean  TI  fonda  en  i3oi  Tordre  de 
ri^]toile  qui,  tombé  en  désuétude  sous  Louis  XI,  fut  rem- 
placé par  l'ordie  de  Saint-Michel.  Plus  tard,  Henri  111 
réunit  Tordre  de  Saint-Michel  à  celui  du  Saint-Esprit 
qu'il  venait  de  fonder,  d'oii  la  qualification  de  chevalier 
des  ordres  du  roi.  L'ordre  de  Saint-Louis  ûit  le  premier 
ordre  conféré  à  des  roturiers;  bien  qu'il  fut  destiné  à  ré- 
compenser les  services  militaires,  il  était  nécessaire,  pour 


y  être  admis,  d'appartenir  à  la  religion  catholique.  En 
1759,  Louis  XV  institua  Tordre  du  Mérite  militaire  spé- 
cialement pour  les  officiers  de  la  religion  protestante. 
Depuis  la  Révolution,  les  distinctions  honorifiques  sont 
accessibles  à  tous. 

Voici  une  nomenclature  générale  des  ordres  tant  éteints 
qu'existants.  Nous  marquons  les  premiers  des  lettres  éf. 
Ceux  qui  sont  autorisés  en  Erance  seront  accompagné^  de 
la  mention  aiit. 

Agneau  de  Dieu  (Suède),  et.;  Aigle  blanc  (Russie), 
aut.  ;  Aigle  blanc  (Serbie),  aut.;  Aigle  rouge  (Prusse), 
aut,  ;  Aigle  noir  (Prusse),  aut.  ;  Aigle  d'Esté,  et.  ;  Aigle 
d'Or  ou  Saint-Hubert,  et.  ;  Aigle  mexicain,  et.  ;  Aigle  de 
Saint-Michel  (Portugal),  et.  ;  Albert  le  Valeureux  (Saxe), 
aut.  ;  Albert  TOurs  (Anhalt),  aut.;  Albrac  (Erance),  6'^.; 
Alcantara  (Espagne)  ;  Alexandre  ou  Dévouement  ou  Cor- 
don jaune  (Erance),  et.;  Alexandre  (Bulgarie),  et.;  Ali 
(Perse),  et.  ;  Alliance  (Suède),  et.  ;  Amarante  (Suède),  et.; 
Ancienne  Noblesse  ou  Quatre  Empereurs  (Limbourg- 
Luxembourg),  et.;  Angéliques  chevaliers  dorés,  et.;  An- 
nonciade  (Italie),  aut.  ;  Argata  ou  Dévidoir  (Naples),  et.; 
Argonautes  de  Saint-Nicolas  ou  de  la  Nef  (Naples),  et.; 
Asiatique  de  morale  universelle,  et.  ;  Aviz  ou  Saint-Benoît 
d'Aviz  (Portugal),  é^^.;  Bain  (Grande-Bretagne),  aut.; 
Bande  ou  Echarpe  (Castille  et  Léon),  et.;  Bethléem,  et.; 
Bienfaisance  (Espagne),  et.  ;  Bourdon  ou  Notre-Dame  du 
Chardon  (France),  et.  ;  Buste  du  Libérateur  (Pérou),  et.; 
Calatrava  (Espagne);  Calza  délia  (Venise),  g'^.;  Camail  ou 
Porc-Epic  d'Orléans  (France),  et.  ;  Cambodge  (Cambodge), 
aut.;  Chapelet  de  Notre-Dame  (Valenciennes),  et.;  Char- 
don ou  Saint-André  (Ecosse),  et.;  Charité  chrétienne 
(France),  et.  ;  Charles-Frédéric  ou  Mérite  militaire  (Bade), 
aut.  ;  Charles  Xïï  (Suède),  et.  ;  Charles  III  (Espagne), 
aut.;  Schefakat  (Turquie),  aut.;  Chêne  (Navarre),  et.; 
Chien  et  Coq  (France),  et.;  Christ  (Portugal  et  Saint- 
Siège),  aut.  ;  Chrysanthème  (Japon),  aut.  ;  Chypre 
(Chypre),  et.;  Cincinnatus  (Etats-Enis  d'Amérique),  et.; 
Civil  de  Savoie  (Italie),  aut.;  Clef  d'Or  (Hongrie),  et.; 
Collier  (Savoie),  ^Y.  ;  Colombe  (Ségovie),  et.;  (Colombo 
(Brésil),  et.  ;  Conception  de  la  Bienheureuse  Vierge  Marie 
(Mantoue),  et.;  Concorde  (Brandebourg),  et.;  Concorde 
(Castille  et  Léon),  et.  ;  Constance  (France),  et.  ;  Cons- 
tantinien  de  Saint-Georges  (Naples),  et.;  Coq  (France), 
et.;  Cordelière  (Bretagne),  et.  ;  Cosse  de  Genêt  (France), 
él.\  Couronne  (France),^?.;  Couronne  (Prusse),  aut.; 
Couronne  d'Amour  (Ecosse),  et.  ;  Couronne  de  Bavière 
(Bavière),  aut.;  C/)uronne  de  Chêne  (Pays-Bas),  aut.; 
Couronne  de  Fer  (Autriche),  aut.  ;  Couronne  de  Hawaï 
(Hawaj)  ;  Couronne  de  Roumanie  (Roumanie),  aut.  ;  Cou- 
ronne de  Rue  ou  Couronne  de  Saxe  (Saxe)  ;  Couronne  de 
Siam  (Siam),  aut.  ;  Couronne  des  Indes  (Grande-Bre- 
tagne), aut.  ;  Couronne  des  Wendes  (Mecklembourg), 
aut.  ;  Couronne  de  Wurttemberg  (Wurttemberg),  aut.  ; 
Couronne  d'Italie  (Italie),  aut.;  Couronne  royale  (France), 
apocryphe  ;  Couronne  royale  (Mantoue),  apocryphe  ; 
Croissant  (Turquie),  et.  ;  Croissant  (Naples),  et.;  Crois- 
sant (Anjou),  ^^  ;  Croix  blanche  (Toscane),  et.;  Croix 
de  Bourgogne  (Saint-Empire),  ëi.;  Croix  de  Caracas  (Ve- 
nezuela) ;  Croix  deDuppel  (Prusse)  ;  Croix  de  Fer  (Prusse), 
aut.  ;  Croix  de  Jésus-Christ  (ordre  religieux)  ;  Croix  de 
Juillet  (Erance)  ;  Croix  de  Montana  (Etats  de  l'Eglise), 
aut.;  Croix  de  Mérite  (Bavière),  aut.;  Croix  d'honneur 
(Keuss)  ;  Croix  d'honneur  civil  (Reuss)  ;  Croix  d'honneur 
(Guatemala),  et.  ;  Croix  d'honneur  (Lippe)  ;  Croix  d'hon- 
neur (Schwarzbourg)  ;  Croix  du  Mérite  civil  (Autriche), 
aut.;  Ooix  du  Sud  ou  Cruzeiro  (Rrésil),  aut.  ;  Croix  mili- 
taire de  la  Sanité  (Hesse)  ;  Croix  rouge  (Grande-Bre- 
tague);  (Agne  (Prusse)  ;  Dames  de  TEcharpe  (Castille). 
et.;  Dames  de  la  Hache  (Aragon),  et.  ;  Dames  esclaves 
de  la  Vertu  (Clèves),  ^^f.  ;  Danebrog  (Danemark),  aut.  ; 
Danilo  (Monténégro),  aut.;  Décoration  civique  (Belgique), 
aut.  ;  Décoration  commémorative  (Belgique)  ;  Décoration 
du  Brassard  (France"),  et.  ;   Deux-Siciles  (Deux-Siciles). 


ORDRE 


-^  o06 


et.;  Dévidoir  (Naples),  cit.  ;  Dévouement  ou  Alexandre  ou 
Cordon  jaune  (Mantoue),  et.;  Dobrin  ou  de  Jésus-Christ 
(Pologne),  et.;  Doge,  apocryphe;  Dragon  de  l'Annam 
(Annam),  aut.  ;  Dragon  renversé  (Allemagne-Aragon), 
et.;  Ecaille  (Castille),  et.;  Echarpe  (Castille),  ^'^.  ;  Ecu 
d'Or  (Erance),  et.  ;  Electeur  Guillaume  (Hesse),  et.  ;  Elé- 
phant (Danemark),  aut.  ;  Eléphant  blanc  (Siam),  aut.  ; 
Elisabeth-Thérèse  (^Autriche)  ;  Epée  de  Suède  (Suède), 
aut.  ;  Eperon  de  Naples  (Naples),  et.  ;  Eperon  d'Or  (Etats 
de  rÉglise),  et.  ;  Epi  (Bretagne),^/.  ;  Espagne  (Espagne), 
et.  ;  Etoile  ou  de  Notre-Dame  de  la  Noble-Maison  (France), 
et,  ;  Etoile  (Aragon),  et.  ;  Etoile  (Sicile),  et.  ;  Etoile 
africaine  (Belgique)  ;  Etoile  brillante  (Zanzibar)  ;  Etoile 
d'Anjouan  (Comores)  ;  Etoile  de  l'înde  (Grande-Bretagne); 
Etoile  de  Roumanie  (Roumanie),  aut.;  Etoile  de  Service 
(Belgique)  ;  Etoile  d'Océanie  (Hawai)  ;  Etoile  du  Mérite 
(Calcutta)  ;  Etoile  noire  (Guinée);  Etoile  polaire  (Suède), 
aut.  ;  Etoile  précieuse  de  la  Chine  (Chine)  ;  Etoile  rouge 
(Bohême),  et.;  Etoile  d'Or  (Venise),  et.;  Faucon  blanc 
ou  Vigilance  (Saxe)  ;  Fer  d'Or  ou  Fer  d'Argent  (France)  ; 
Fidélité  (Bade),  aut.  ;  Fidélité  ou  Union  parfaite  (Dane- 
mark), et.  ;  Fidélité  ou  de  Saint-Hubert  de  Lorraine  (Lor- 
raine), et.  ;  Florida  ou  du  Griffon  (Naples),  et.  ;  Foi  de 
Jésus-Christ  (Avignon),  et.;  Fortune  (Palestine),  et.; 
Fous  (France),  et.  ;  François  P^  (Naples),  et.  ;  François- 
Joseph  (Autriche),  ai(^.;  Frédéric  (Wurttemberg),  aut.  ; 
Frédéric  le  Grand  (Prusse)  ;  Frères  Hospitaliers  de  Burgos 
(Castille)  ;  Générosité  (Allemagne),  et.;  Genette  (France), 
et.;  Griffon  (Mecklembourg-Schwerin);  Gueffes  (Hanovre), 
et.;  GuiUaume  ¥^  (Pays-Bas),  aut.  ;  Henri  le  Lion  (Alle- 
magne) ;  Hermine  (Bretagne),  et.  ;  Hermine  (Naples),  et.; 
ïmtiaz  (Turquie)  ;  Intégrité  Allemande  (Saxe)  ;  Isabelle  II 
(Espagne),  aut.  ;  Isabelle  la  Catholique  (Espagne),  aut.  ; 
La  Jara  ou  du  Vase  de  la  Vierge  ou  de  Notre-Dame  du 
Lys  (Espagne),  et.;  Jardin  des  Oliviers  (Jérusalem),  et.; 
Jarretière  (Angleterre),  aut.  ;  Militaire  de  Jésus-Christ 
(Avignon),  et.;  Jésus-Marie  ou  de  Jésus  et  Marie  (reli- 
gieux) ;  Kalakaua  (Hawai),  aut.  ;  Kamehameha  (Hawai), 
aut.  ;  Kapiolani  le  Grand  (Hawai),  aut.  ;  Légion  d'hon- 
neur (France)  ;  Légion  d'honneur  {Rmù)  ;  Léopold  (Bel- 
gique) ;  Léopold  (Autriche),  aut.  ;  Licorne  d'Or  (Brabant); 
Lion  (France),  et.;  Lion  de  Limbourg-Luxembourg  de 
Holstein,é?'^.  ;  Lion  de  Zœhringen  (grand-duché  de  Bade), 
aut.;  Lion  d'Or  (Hesse),  aut.  ;  Lion  du  Palatinat,  et.; 
Lion  et  du  Soleil  de  Perse  (Perse),  aut.;  Lion  Néerlan- 
dais (Pays-Bas),  aut.  ;  Lionne  (Naples),  6^^.  ;  Lis  (Navarre), 
et.;  Lis  (Etats  de  FEglise),  et.;  Lis  (France);  Livonie 
ou  Porte-Glaives  (Allemagne),  et.;  Louis  (Hesse),  a,ut.; 
Louis  de  Bavière  ;  Louise  (Prusse),  aut.  ;  Lutte  (Grèce), 
et.  ;  Machine  dite  de  Harfleur  (Normandie)  ;  Maison  de 
Hohenzollern  ;  Maison  de  Saint-Pierre  (Monténégro)  ;  Mai- 
son ducale  d'Ernestine  de  Saxe,  aut.  ;  Maison  Husseinite 
(Tunis)  ;  Hospitalier  de  Malte  ou  de  Saint-Jean  de  Jérusa- 
lem (Jérusalem)  ;  Mîirie-Eléonore  (Suède),  et.;  Marie- 
Louise  (Espagne),  aut.  ;  Marie-Thérèse  (Autriche),  aut.; 
Marie-Victoire  (Espagne)  ;  Maximilien-Joseph  (Bavière)  ; 
Maximilien  pour  la  science  et  l'art  (AHemagne)  ;  Medjidié 
(Turquie),  aut.;  Mère  de  Dieu  (Italie),  et.  ;  Mérite  (Ve- 
nezuela), aw^.  ;  Mérite  (Waldeck),  aut.;  Mérite  (Wur- 
temberg), aut.  ;  Mérite  agricole  (France)  ;  Mérite  civil 
(Chine)  ;  Mérite  Civil  (Prusse),  aut.  ;  Mérite  Civil  (Saxe), 
aut.  ;  Mérite  civil  (Vi^urttemberg),  aut.;  Mérite  civil  de 
la  Couronne  de  Bavière,  aut.  ;  Mérite  des  domestiques 
(Saxe);  Mérite  de  Pierre-Frédéric-Louis  (Oldenbourg)  ; 
Mérite  de  Saint-Michel  ou  Ordre  équestre  de  Saint-Michel 
(Munich),  aut.;  Mérite  militaire  (Bavière),  aut.  ;  Mérite  mi- 
litaire (Bade),  aut.  ;Mérite'militaire  et  Mérite  civil  (Prusse), 
aut.  ;  Méi'ito  militaire  ou  pour  la  Vertu  militaire  (Hesse)  ; 
Méj'ite  militaire  (Pologne)  ;  Mérite  militaire  (Waldeck)  ; 
Mérite  militaire  (l'Espagne),  aut.  ;  Mérite  militaire  (France), 
et.  ;  Mérite  militaire  (Toscane)  ;  Mérite  militaire  (Autriche)  ; 
Mérite  militaire  de  Charles-Frédéric  (Bade)  ;  Militaire 
(Italie),   aut.  ;  Militaire   (Bulgarie)  ;   Miroir   (Castille)  ; 


Montjoie  ou  Montfrac  ou  Truxillo  (France),  et.;  Navire 
ou  Nef  (Naples),  et.  ;  Navire  ou  Coquille  de  Mer  (France), 
et.  ;  Nichan  el-Aaman  (Tunis)  ;  Nichân  el-Ahed  (Tunis), 
aut.  ;  Nichân  el-Anouar  (Tadjourah),  aut.  ;  Nichân  el- 
Madjouah  (Russie),  aut.  ;  Nichan  Iftikharde  Tunis,  aut.; 
Nichân  Iftikhar  de  Turquie  ;  Noble-Passion  ou  Querfurt 
(Saxe)  ;  Nœud  ou  Saint-Esprit  au  Droit-Désir  (Naples), 
et.  ;  Nom  de  Jésus  (Suède)  ;  Notre-Dame  de  Bethléem, 
et.;  Notre-Dame  Guadalupe  (Mexique),  et.  ;  Notre-Dame 
de  la  Conception  de  Villa- Viciosa  (Brésil),  et,  ;  Notre- 
Dame  de  la  Merci  (Espagne),  et.  ;  Notre-Dame  de  Lorette 
(religieux,  Romagne),  et.;  Notre-Dame  des  Grâces  (Es- 
pagne), et.  ;  Notre-Dame  du  Lis  (Navarre),  et.;  Notre- 
Dame  du  Mont-Carmel  (France),  éi.  ;  Notre-Dame  du 
Rosaire  (Espagne),  ^f.  ;  Obilii  (décoration),  Monténégro), 
Olga  (Wurttemberg),  aut.;  Ombrelle  de  Soie  (Birmanie); 
Osmanié  (Turquie),  aut.  ;  Ours  (Anhalt),  aut.;  Ourson 
de  Saint-Gall  (Allemagne),  et.;  Paix  (France),  et.;  Palme 
et  de  FAlligator  (Soudan)  ;  Palmes  universitaires  et  aca- 
démiques (France)  ;  Passion  de  Jésus-Christ  (religieux)  ; 
Pavillon  (France),  et.;  Pedro  (Brésil),  aut.;  Phénix  (Alle- 
magne) ;  Philippe  le  Magnanime  (Hesse),  aut.  ;  Equestre 
de  Pie  IX  (religieux);  Pigeon  (Castille),  et.;  Porte-Croix 
(religieux)  ;  Portrait  impérial  (Perse)  ;  Pour  les  Dames 
(Perse)  ;  Pour  les  Familles  (Siam)  ;  Prijicipautés  de  Hohen- 
zollern ;  Probité  allemande  ou  de  la  Maison  Ernestine,  aut.; 
Quatre  Empereurs  ou  de  l'Ancienne  Noblesse  (Allemagne), 
et.  ;  Rédemption  (Mantoue),  et.  ;  Rédemption  africaine 
(Libéria),  aut.  ;  Réunion  (France),  et.  ;  Rose  (Brésil),  éf.; 
Saint-Alexandre  de  Newski  (Russie),  aut.  ;  Saint-André 
(Russie),  aut.;  Saint-Antoine;  Saint-Charles  (Mexique), 
et.  ;  Saint-Esprit  (France),  et.  ;  Saint-Esprit  de  Mont- 
pellier (France),  et.;  Saint-Esprit  de  Saxia  (religieux); 
Saint  et  apostolique  roi  Etienne  (Hongrie),  aut.  ;  Saint- 
Etienne  (Toscane),  et.;  Saint- Faustin  (Haïti),  et.;  Saint- 
Ferdinand  (Espagne),  aut.;  Saint-Ferdinand  et  du  Mérite 
(Naples),  éf^  ;  Saint-Georges  (Hanovre),<?'^.  ;  Saint-Georges 
(Russie),  «i/L;  Saint-Georges  (religieux  français),  é/^.; 
Saint-Georges  (Allemagne),  par  Maximilien  ;  Saint- 
Georges  (Allemagne),  par  Frédéric  III,  et.  ;  Saint-Georges 
(R avenues,  religieux),  et.  ;  Saint-Georges  d'AIfama  (Ara<* 
gon),  uni  à  l'ordre  de  Montessa;  Saint-Georges,  défenseur 
de  r immaculée-Conception  de  la  Vierge  (Ravière)  ;  Saint- 
Georges  de  la  Réunion  (Sicile),  et.  ;  Saint-Géréon  (Alle- 
magne), (it.  ;  Saint-Grégoire  le  Grand  (religieux)  ;  Saint- 
Henri  (Saxe)  ;  Saint-Herménégilde  (Espagne),  aut.  ; 
Saint-Hubert  (Allemagne),  aut.;  Saint-Jacques  de  l'Epée 
(Espagne),  ^^  ;  Saint-Jacques  du  Mérite  scientifique,  litté- 
raire et  artistique  (branche  de  FO.  de  Saint-Jacques  de 
l'Kpée)  ;  Saint-Janvier  (Deux-Siciles),  et.  ;  Saint-Jean 
(Prusse)  ;  Saint-Jean-Baptiste  et  Saint-Thomas  ou  de  Saint- 
Thomas  (religieux),  et.  ;  Saint-Jean  de  Latran  (Etats  de 
l'Eglise),  et.  ;  Saint-Joachim  (Allemagne),  ^^.  ;  Saint- Joseph 
(Autriche),  et.;  Saint-Lazare  de  Jérusalem  et  Hospitaliers 
de  Notre-Dame  du  Mont-Carmel  (Jérusalem),  él.;  Saint- 
Louis  (France),  et.;  Saint-Louis  (Italie),  et.;  Saint-Louis 
du  Mérite  civil  (duché  de  Lucques),  et.  ;  Saint-Marc 
(Saint-Marc),  et.;  Saint-Marin  (Saint-Marin),  aut.; 
Saint-Michel  (France),  et.  ;  Saint-Michel  et  de  Saint- 
Georges  (Angleterre),  (71^ ^  ;  Saint-Olaus  ou  Saint-Olaff 
(Suède),  aut.;  Saint-Ordre  (Siam);  Saint-Patrice  (An- 
gleterre), aat.  ;  Saint-Paul  (Etats  de  l'Eglise);  Saint-Pierre 
(Etats  de  l'Eglise)  ;  Saint-Pierre  et  Saint-Paul  (fusion  des 
deux  ordres  précédents),  et.  ;  Saint-Remy  ou  Sainte- 
Ampoule  (France),  et.  ;  Saint-Rupert  (Autriche),  et.  : 
Saint-Samson  de  Constantinople  et  de  Corinthe  (réuni  à 
l'ordre  de  Saint- Jean  de  Jérusalem)  ;  Saint-Sauveur 
(Suède),  él.  ;  Saint-Sauveur  de  Montréal  (Montréal, 
Fspagne),  et,;  Saint-Sara  (Serbie),  aut.;  Saint-Sépulcre 
(religieux);  Saint-Sépulcre  (Angleterre),  et.;  vSaint-Sta- 
nislas  (Pologne)  ;  Saint-Sylvestre  ou  de  l'Eperon  d'Or 
réformé  (rehgieux)  ;  Saint-Thomas-Becket  (Angleterre), 
et.  :  Saint- Wladimir  (Russie),  aut.  ;  Sainte- Anne  (Aile- 


o07 


ORDRE 


magne),  aut.;  Sainte-Aniie  (Haïti),  et.  ;  Sainte-Anne  du 
couvent  des  Dames  de  Munich  ;  Sainte-Anne  du  couvent 
des  Dames  de  Wurtzbourg;  Sainte-Brigitte  (Suède),  et,; 
Sainte-Caroline  de  Jérusalem  (Angleterre),*:'^.;  Sainte- 
(^atherine  (Russie),  aut.  ;  Sainte-Catherine  du  Mont- 
Sinaï  (religieux),  et.;  Sainte-Elisabeth  (Bavière),  aut.; 
Sainte-Elisabeth  ou  de  Santa-Isabel  (Portugal),  aut.  ; 
Sainte-Madeleine  (Erance),  et.  ;  Sainte-Marie  de  Mérude 
(Aragon),  et.  ;  Sainte-Marie-Madeleine  (Haïti),  et.;  Saints- 
Maurice  et  Lazare  (Savoie),  aut.;  Santa-Rosa  ou  de  la 
Civilisation  (Honduras)  ;  Sauveur  (Grèce),  aut.  ;  Séra- 
phins (Suède),  aut.  ;  Service  distingué  (Angleterre)  ; 
Sidonie  (Saxe),  aut.  ;  Soleil  d'Or  (Birmanie)  ;  Soleil  le- 
vant (Japon),  aut.  ;  Table  ronde  (\ngleterre),  et.  ; 
Takoro  (Serbie),  aut.;  Temple  (France),  et.  en  France 
et  reconnu  dans  divers  Etats  d'Europe  ;  Tète  de  Mort 
(Wurttemberg),  et.  ;  Teutonique  (Autriche)  ;  Thérèse  (Ba- 
vière), aut.  ;  Toison  d'Or  (Fondé  en  Flandre,  passé  à  la 
maison  d'Autriche)  ;  Tour  et  de  l'Epée  (Portugal),  aut.  ; 
Trésor  sacré  (Japon);  Tusin  (Allemagne),  et.;  Union  de 
Hollande  (Hollande)  ;  Valeur  (Angleterre)  ;  Victoria  P'^ 
(Angleterre)  ;  Victoria  et  Albert  (Angleterre)  ;  Vierge 
(Italie),  et.  ;  Wasa  (Suède),  aut.  ;  Westphalie  (Wesl- 
phalie),  et. 

I^s  Français  ne  peuvent  recevoir  et  porter  les  insignes 
ou  le  ruban  d'un  ordre  étranger  qu'après  en  avoir  o'otenu 
l'autorisation  du  gouvernement.  La  première  ordonnance 
royale  relative  à  cette  disposition  est  du  il  févr.  4845. 
Elle  fut  rendue  en  ces  termes  par  Louis  XVHI  :  «  H  ne 
pourra  être  porté,  cumulativement  avec  l'ordre  de  la  Lé- 
gion d'honneur,  aucun  des  autres  ordres  royaux,  à  moins 
d'une  autorisation  spéciale  de  notre  part  ».  Le  2  mars 
1846,  avis  donné  aux  Français  décorés  d'ordres  étran- 
gers, par  le  grand  chancelier  de  la  Légion  d'honneur,  de 
solliciter  Eautorisaiion  du  roi.  46  avr.  4824.  Ordonnance 
du  roi  déclarant  illégal  et  abusivement  obtenu  tout  ordre 
non  conféré  par  lui  ou  par  un  souverain  étranger.  L'art.  2 
de  cette  ordonnance  enjoint  à  tout  Français  décoré  d'un 
ordre  émanant  d'un  souverain  étranger  de  solliciter  l'au- 
torisation de  le  porter  ou  de  le  déposer  à  l'instant.  —  Dé- 
cret du  10  mars  4852:  «  Tous  les  ordres  étrangers  sont 
dans  les  attributions  du  grand  chancelier  de  la  Légion 
d'honneur  ».  —  Décret  impérial  du  40  juin  4853,  con- 
tenant les  mêmes  dispositions  que  l'ordonnance  royale  de 
4824  et  donnant  les  instructions  nécessaires  pour  solliciter 
Eautorisation  exigée.  —  Décret  du  25  mars  4875  fixant 
le  chiffre  des  droits  de  chancellerie  à  acquitter  selon  le 
grade  du  décoré  d'un  ordre  étranger.  —  Ordonnance  de 
4882,  du  grand  chanceher,  rappelant  que  depuis  long- 
temps le  conseil  de  l'ordre,  dans  le  butd'éviter  toute  con- 
fusion, a  décidé  que  les  ordres  du  Christ  du  Portugal,  de 
François- Jo  sep  fi  et  du  Mérite  d'Autriche,  dont  leruban 
est  rouge,  ne  seraient  jamais  portés  sans  la  décoration,  et 
taisant  connaître  que  pour  compléter  cette  mesure,  une 
décision  approuvée  par  le  président  delà  République  étend 
cette  prescription  «  aux  décorations  ci-après  qui,  toutes, 
comportent  du  rouge  en  quantité  plus  ou  moins  notable  », 
savoir:  Autriche  :  ordre  de  L(^()/jo/(^;  Belgique  :  Lcopotd, 
Croix  civique  ;  Brésil  :  Chi  ist  ;  Cambodge  :  Croir  du 
Cambodge;  Hawai  :  KamteJmmetia  ;  Italie  :  Couronne; 
Russie  :  Sainte- Anne,  Saint-Stanislas,  Alexandre 
Newski  ;  Saint-Siège  :  Saint -Grégoire  le  Grand  ;  Ser- 
bie :  Takowo;  Siam  :  Eléphant  blanc;  Suède  :  SainJ- 
Olaff;  Tunisie  :  Nichan;  Turquie  :  Medjidié  ;  Zan/.ibar  : 
Etoile  brillante.  En  conséquence ,  les  titulaires  de  ces 
ordres  doivent  suspendre  à  leur  ruban  ou  rosette  une  croix 
de  la  largeur  du  ruban  ou  de  la  rosette  et  ne  pouvant  être 
moins  de  4  centim.,  sous  peine  du  retrait  de  l'autorisation 
et,  en  cas  de  récidive,  de  l'application  de  l'art.  259  du 
('.  pén.  40  mars  4894,  décret  du  président  de  la  Répu- 
blique, réglant  le  port  des  décorations  dans  cet  ordre,  de 
droite  à  gauche  sur  la  poitrine  :  Légion  d'honneur,  mé- 
daiHe  militaire,  médailles commémoratives,  décorations  uni- 


versitaires, décoration  du  Mérite  agricole,  médailles  d'hon- 
neur, décorations  étrangères. 

Couleurs  des  rubans  des  différents  ordres  conférés. 

—  Ruban  blanc  :  Marie- Victoire  pour  la  théologie,  Es- 
pagne; Victoria  et  Albert,  Grande-Bi^etagne.  —  Bleu: 
Aigle  blanc,  Russie;  Couronne,  Prwss^;  Croix  de  Victoria 
(marine) ,  Grande-Bretagne;  Eléphant,  Danemark;  Etoile 
de  service,  Belgique-Congo  ;  Isabelle  II,  Espagne;  Jar- 
retière, Angleterre  ;  Marie- Victoire  (industrie  et  com- 
merce), Espagne;  Mérite  militaire,  Wurttemberg  ;  S^ânt- 
André,  i?w55/e;  Saint-Patrice,  Angleterre;  Tour  et  l'Epée, 
Portugal  ;  Valeur  (marine)  Angleterre.  —  Bleu  de  ciel  : 
Croix  de  mérite,  Bavière  ;¥vèàèvk,  Wurttemberg  ;  Marie- 
Victoire  (philosophie,  httérature),  Espagne;  Militaire,  Bul- 
garie; Séraphins,  Suède.  —  Jaune  :  Dragon,  Chine; 
Marie- Victoire  (médecine),  Espagne. — Noib  :  Elisabeth- 
Thérèse,  Autriche;  Etoile  polaire,  Suède  ;  Malte,  Etats 
divers;  Noble-Croix,  Autriche;  Saint-Jean,  Prusse;  Saint- 
Sépulcre,  Saint-Siège  ;  Teutonique,  Autriche.  — Orange  : 
Aigle  noir,  Prusse.  —  Rose:  Marie- Victoire  (beaux-arts), 
Espagne.  —  Rose  incarnat  :  Pour  les  familles,  Siam. 

—  Rouge  :  Bain,  Angleterre  ;  Calatrava,  Espagne  ; 
Charles  XIII,  Suède  ;  Christ,  Portugal,  Saint-Siège  ; 
Croix  d'honneur,  Reuss  ;  Croix  de  Victoria,  Angleterre; 
Croix  du  Mérite  civil,  Autriche  ;  Faucon  blanc,  Saxe- 
Weimar  ;  François-Joseph ,  Autriche  ;  Légion  d'honneur, 
France  ;  Lion  d'Or,  Hesse;  Marie- Victoire  (jurisprudence), 
Espagne  ;  Mérite  militaire,  Autriche  ;  Montesa,  Espagne  ; 
Samt-Alexandre-Newski,  Russie  ;  Saint  et  apostohque  roi 
Etienne,  Autriche;  Saint-Jacques  de  l'Epée,  Espagne; 
Toison  d'Or,  Autriche^  Espagne;  Valeur  (mihtaire),  An- 
gleterre.  —  Rouge  amarante  :  Alexandre,  Bulgarie.  — 
Rouge  lie  de  vin  :  Léopold,  Belgique.  — Rouge  pourpre  : 
î'jnpire  inàiei] y' Angleterre  —  Vert  :  Alcantara,  Es- 
pagne; yVviz,  Portugal;  Chardon,  Anglefen^e;  Couronne 
de  rue,  Saxe  ;  Lion  et  Soleil,  Perse;  Saints  Maurice  et 
La/.are,  Italie;  Wara,  Suède. —  Violet:  Marie- Victoire 
(pharmacie),  Espagne;  Palmes  académiques  et  de  l'Ins- 
truction publique,  France;  Saint-Jacques  de  l'Epée,  Por- 
tugal ;  Saint-Jacques  du  Monte,  Portugal.  —  Bouton 
d'Or  :  Etoile  précieuse,  Chine. 

Rubans  DE  PLUSIEURS  couleurs. — Blanc  liséré  de  bleu  : 
Saint-Sava,  Serbie;  Couronne,  Hawaï;  Mérite  militaire, 
Thérèse,  Bavière.  —  Blanc  liséré  de  jaune  orange  : 
Aigle  rouge,  Prusse;  Dragon  (militaire),  Annam. — Blanc 
liséré  de  rouge  :  Danebrog,  Danemark  ;  Danilo,  Mon- 
ténégro; Marie-Thérèse,  Autriche;  Soleil  levant,  Japon. 
—  Blanc,  au  centre,  deux  bandes  bleues  et  les  bords 
rouges  :  Santa-Rosa,  Honduras,  —  Blanc  liséré  de 
ROUGE,  une  raieponceau  AU  CENTRE  :  Médaille  pour  le  tra- 
vail, Portugal.  —  Blanc,  deux  j>arges  bandes  rouges  : 
Saint-Charles,  Monaco.  —  Blanc  liséré  de  vert  :  Croix 
de  Caracas,  Venexuela;  Mérite,  Saxe.  —  Blanc  liséré 
DE  noir  :  Bienfaisance,  Espagije  ;  Croix  de  Fer,  Croix  de 
Mérite,  Louise,  Prusse.  —  Blanc  et  vert  :  Marie-Vic- 
toire (instruction),  Espagne.  —  Blanc  liséré  de  vert  et 
DE  rouge  :  vSchefakat,  Turquie.  —  Blanc,  dkux  bandes 
JAUNES  :  Isabelle  la  Catholique.  —  Blanc,  trois  bandes 
NOIRES  :  Hohemollern.  —  Blanc  liséré  du  ruban  nichân 
Iftikhar  :  Nichàn  el-Aaman,  Tunis.  —  Bleu  bordé  ou 
liséré  de  blanc  :  Couronne,  Roumanie  ;  Maximilien  pour 
les  arts.  Mérite  civil  de  la  Couronne,  Bavière;  Sauveur, 
Grèce.  —  Bleu  liséré  de  jaune  :  Saint-Henri,  Saxe.  — 
Bleu  liséré  orange  :  Lion  néerlandais,  Pays-Bas.  — 
Bleu,  LARGE  RAIE  ROUGE  AU  centre  :  Militaire,  Italie  ;  Saint- 
Michel  et  Saint-Georges,  Angleterre.  —  Bleu  bordé  de 
ROUGE  :  Croix  civile,  Reuss;  Croix  du  Mérite  mihtaire, 
Hesse  ;  Croix  rouge,  Angleterre;  Etoile  noire,  Guinée  ; 
Mérite  de  Pierre-Frédéric-Louis,  Oldenbourg;  Mérite  de 
Saint-Michel,  Sainte-Ehsabeth,  Bavière.  —  Bleu,  deux 
lisérés  rouges  :  Pie  IX,  Saint-Siège.  — Bleu,  un  liséré 

ROUGE,  UN  LISÉRÉ  JAUNE  DE  CHAQUE  CÔTÉ  :  CoUrODUe  dcS 

Wendes,  Mecklembourg.  —  Bleu  de  ciel  liséré  de  blanc  : 


ORDRE 


^  o08  -^ 


Couronne  des  Indes,  Etoile  de  l'Inde,  Angleterre  ;l^otve- 
Dame  de  la  Conception,  Portugal.  —  Bleu  de  ciel  li- 
séré ORANGE  :  Trésor  sacré,  Japon.  — Bleu  de  ciel,  raie 
BLANCHE  et  raie  NOIRE  SUR  CHAQUE  BORD,  Saint-Gcorges, 
Bavière.  —  Bleu  de  ciel,  raie  blanche  et  raie  jaune  sur 
CHAQUE  BORD  :  Saint-Anne,  Bavière.  —  Bleu  bordé  de 
\ERT,  UNE  raie  JAUNE  AU  CENTRE  :  Couronne,  Siam.  —  Bleu 
TURQL'iN  ET  NOIR  :  Marle-Victoire  (industrie,  commerce), 
Espagne.  —  Bleu  turquin  et  orange  :  Marie-Victoire 
(mines),  Espagne.  —  Bleu  turquin  et  rose  :  Marie- Vic- 
toire (travaux  publics),  Espagne.  —  Bleu  turquin  et 
\i0LET  :  Marie-Victoire  (minéralogie),  Espagne.  —  Jaune 
liséré  de  blanc  :  Fidélité,  Bade.  —  Jaune  liséré  de  bleu  : 
Epée,  Suède.  —  Jaune  clair  liséré  de  rouge  :  Griffon, 
Mecklembourg.  —  Jaune  liséré  de  vert  :  Médaille  mili- 
taire, France.  —  Jaune  liséré  de  blanc,  au  centre  raie 
rouge  :  Mérite  militaire  de  Charles-Frédéric,  Bade.  — 
Jaune  bordé  de  blanc,  rouge  et  bleu  :  Kapiolani,  ïïawaï. 

—  Jaune  liséré  de  rouge  et  de  noir  sur  chaque  bord  : 
Mérite  Waldeck.  —  Jaune,  quatre  bandes  vertes  :  Mé- 
daille du  Tonkin,  France.  —  Orange,  trois  larges  bandes 
noires  :  Saint-Georges,  Russie.  —  Orange  liséré  de  bleu  : 
Couronne  de  Fer,  /ïw^n^/i^;  Guillaume,  Lion  d'Or,  Pays- 
Bas.  —  Rose,  deux  raies  vertes  sur  chaque  bord  :  Pour 
les  dames.  Perse.  —  Rouge  et  vert  :  Imtiaz,  Turquie. 

—  Rouge,  raie  blanche  au  centre  :  Couronne,  Italie.  — 
Rouge  liséré  de  blanc  :  Etoile  d'Anjouan,  îles  Comores  ; 
Etoile  brillante,  Zanzibar  ;  Kamcliamcha,  Hawaï;  Léo- 
pold,  Autriche.  — Rouge  liséré  d'argent  :  Sainte-Cathe- 
rine, Russie.  —  Rouge  liséhé  d'or  :  Croix  d'honneur, 
Lip'^e.  —  Rouge  liséré  de  bleu  :  Chrysanthème,  Japon; 
Louis,  Bavière  ;  Monte,  Venemiela  ;  Philippe  le  Magna- 
nime. —  Rouge,  deux  lisérés  bleus  sur  chaque  bord  : 
Etoile,  Roumanie.  —  Rouge  liséré  de  blang  et  de  bleu 
sur  chaque  bord  :  Takovo,  Serbie.  —  Rouge,  deux  larges 
lisérés  bleu  de  ciel  :  Serbie.  —  Rouge,  trois  petiies 
raies  blanches  sur  les  bords  :  Rédemption,  Libéria.  — 
Rouge  liséré  de  bleu  entre  deux  filets  blancs  :  Saint- 
Olaiis,  Suède.  —  Rouge  ponceau  liséré  orange  :  Saint- 
Ferdinand,  Espagne;  Saint- Grégoire  le  Grand,  Saint- 
Siège.  —  Rouge  bordé  de  jaune  :  Sainte-Anne,  Russie. 
Rouge  FONCÉ  BORDÉ  de  jaune  d'or  :  Henri  le  Lion,  Brunswick. 

—  Rouge  liséré  de  vert:  Cambodge,  Cambodge;  Mai- 
son ducale  d'Ernestine,  Saxe  ;  Medjidié  Nichân,  Turquie; 
Saint-Etienne,  Autriche.  —  Rouge  bordé  de  vert  :  Saint- 
Hubert,  Bavière.  —  Rouge  liséré  noir  au  centre,  bleu 
ET  BLANC  SUR  CHAQUE  BORD  :  Nichâu  cl-Anouar,  Tadjou- 
rah.  —  Rouge  a  trois  bandes  vertes  :  Décoration  com- 
mémorative,  Belgique.  —  Rouge,  deux  lisérés  blancs 
sur  CHAQUE  BORD  :  Saint-Stauislas,  Russie.  —  Rouge  bordé 
de  vert,  au  centre  une  raie  rleue  et  une  jaune  :  Elé- 
phant, Siam.  —  Rouge,  deux  minces  lisérés  jaunes  : 
Croix  militaire,  Hesse.  —  Rouge  liséré  noir  :  Couronne, 
Wurttemberg  ;  Moreto,  Saint-Siège.  —  Rouge  lie  de 
vin,  deux  bandesnoires  :  Décoration  chique,  Belgique.  — 
Vert  LISÉRÉ  de  blanc  :  Décoration  générale,  Albert  le  Va- 
leureux, Saxe  ;  Etoile  d'Océanie,  Hawaï.  —  Vert  liséré 
jaune  orange  :  Dragon  (civil),  Anïiaw/Berthold,  Lion  de 
Zahringen,  Bade.  —  Vert  liséré  de  rouge:  Albert  l'Ours, 
Anhalt  ;  Osmanié,  Turquie.  — Vert  liséré  d'amarante  : 
Mérite  agricole,  Frayice.  —  Vert,  deux  lisérés  rouges 
sur  chaque  bord  :  Nichân  el-Ahed,  Maison  husseinite,  Ni- 
chân Iftikhar,  Tunis.  —  Violet,  deux  raies  blanches  sur 
chaque  bord  :  Sainte-Anne  du  Couvent,  ^«i'iV^r^.  — Violet 
deux  larges  lisérés  blancs  sur  lesquels  un  liséré  vert  : 
Sidonie,  Saxe.  —  Violet,  large  raie  blanche  au  centre  : 
Marie-Louise,  Espagne.  —  Noir  liséré  de  blanc:  Croix 
de  Fer  (guerre).  Mérite  civil.  Mérite  miHtaire,  Prusse.  — 
Noir  liséré  de  blanc  et  de  bleu:  Maximilien- Joseph,  Ba- 
vière. —  Noir  liséré  de  rouge  :  Louis,  Hesse  ;  Olga, 
Wurilemberg , —  Noir  liséré  de  rouge  et  de  jaune  :  Mé- 
rite militaire,  Waldeck.  —  Noir,  [,arge  bande  rouge  au 
centre:  Saint- Wladimir,   Russie ,  —  Nom,  deux  lvbges 


lisérés  orange  :  Frédéric  le  Grand,  Prusse.  —  Noir, 
TROIS  RAIES  rouges  :  Saiut-Sjlvestre,  Saint-Siège.  — 
Noir  et  vert  :  Marie-Victoire  (art  nautique),  Espagne. 

—  Rubans  divisés  en  parties  égales  :  Blanc,  bleu, blanc  : 
Civil  de  Savoie,  Italie.  —  Blanc,  rouge,  blanc  :  Mérite 
militaire  (services  civils),  Saint-Hermenegilde,  Espagne. 

—  Bleu,  blanc,  rouge,  vertical  et  horizontal  :  Médailles 
sauvetage,  honneur,  France;  Maison  de  Saint-Pierre, 
Monténégro.  —  Bleu,  blanc,  bleu  :  ChdiVkslll, Espagne. 

—  Rouge,  jaune,  rougk  :  Mérite  militaire,  Espagne.  — 
Rouge,  blanc,  vkrt  :  Mérite  des  domestiques,  Saxe.  — 
Jaune, ROUGE,  jaune  :  Croix  de  distinction,E.9j9a^n^. — Jaune. 
BLEU,  rouge:  Buste  du  libérateur,  Venemela.  —  Bleu, 
JAUNE,  bleu  :  Etoile  africaine,  Belgique-Congo.  —  Ru- 
bans couleurs  alternées  :  Trois  raies  bleues  alternées 
DE  DEUX  oranges  :  Croix  d'honneur,  Schwarzbourg.  — 

—  Quatre  bandes  bleues  alternées  de  quatre  blanches  : 
Kalakaua,  Hawaï.  —  Quatre  bandes  rouges  alternées 
de  quatre  jaunes  :  Kapiolani,  Hawaï.—  Rose  blanc,  rose 
BLANC,  Sainte-Elisabeth,  Portugal.  —  Vert,  orange, 
vert,  orange,  vert  :  Couronne  de  Chêne,  Luxembourg. 

—  Blanc,  bleu,  blanc,  bleu,  blanc  :  Croix  de  Mentana: 
Saint-Siège.  —  Quatre  raies  rouges  alternées  de  trois 
BLANCHES  (Com .  ct  Chcv.)  :  Kamchamcha,  Hawaï.  — 
Raies  blanches  et  bleues:  Médaille  coloniale.  — Bleu, 
quatre  bandes  vertes  horizontales  :  Médaille  de  Mada- 
gascar, France. —  Jaune,  quatre  bandes  vertes  :  Médaille 
du  Tonkin,  France.  Gourdon  de  Gî:nouïllac. 

Ordre  de  la  Foi  (V.  Nichân  el-Aaman  [Ordre]). 

Ordre  de  la  Gloire  (V.  NichAn  Iftikhar  [Ordre]). 

Ordre  de  j.a  Grandeur  d"âme  ou  de  la  Pijté  (V.  Ni- 
chAn I  Schefakat  [Ordre]). 

Ordrr  de  la  noblesse  (V.  îmtiaz). 

Ordre  de  l'Unique  (V.  Nichân  el-Ahed  [Ordre]). 

Ordre  des  Lumières  (V.  Nichân  el-Anouar  [Ordre]). 

Ordre  du  Courage  (V.  Nichân  el-Madjouah  [Ordre]). 

Ordres  du  Roi  (V.  Saint-Michel  [Ordre  de]  et  Saint- 
Esprit  [Ordre  du]). 

XI.  Architecture.  —  De  toutes  les  études  spéciales 
à  l'architecture,  considérée  à  la  fois  comme  la  science  et 
comme  l'art  de  bâtir  et  envisagée  au  point  de  vue  de  la 
construction  en  même  temps  qu'au  point  de  vue  de  la  dé- 
coration, il  n'en  est  pas  qui,  plus  que  celle  des  Ordres, 
soit  intimement  liée  à  la  création  et  au  progrès  de  cette 
science  et  de  cet  art  dont  la  réunion  constitue  V Archi- 
tecture (V.  ce  mot.  §  -1,  GcnéralitéSy  t.HI,  p.  689).  C'est 
ainsi  que,  à  certaines  époques  de  la  civilisation,  dans 
l'antiquité  gréco-romaine  et  pendant  la  Renaissance,  on 
ne  saurait  séparer  l'étude  des  ordres  de  celle  de  l'archi- 
tecture, tant  ces  deux  études  arrivent  à  se  fondre  en  une 
seule,  et,  à  ces  époques,  les  différentes  proportions  des 
ordres,  ainsi  que  l'ornementation  particulière  à  chacun, 
sont  régies  par  des  traditions  devenues  de  véritables 
règles,  parfois  assez  étroites,  mais  néanmoins  toujours 
respectées.  C'est  pourquoi,  à  cause  même  de  cette  si 
grande  place  que  tiennent  souvent  les  ordres  dans  les 
œuvres  d'architecture,  il  est  difiicile  de  donner  une  déli- 
nition  simple  et  brève  de  ces  ordres  dont  les  innom- 
brables exemples,  malgré  des  différences  plus  ou  moins 
accentuées  dans  les  proportions  ainsi  que  dans  les  détails, 
forment  une  sorte  de  chaîne  ininterrompue  depuis  les  plus 
anciens  types  connus  jusqu'aux  applications  les  plus  mo- 
dernes de  ces  types.  De  fait,  si  le  mot  ordre  signifie  en 
général  la  mise  en  place  des  éléments  constitutifs  d'un 
tout,  suivant  la  place  qui  convient  le  mieux  à  ces  éléments, 
en  architecture,  on  désigne  par  ce  mot  ordre  et  aussi  par 
le  mot  Ordonnance  (V.  ce  mot)  la  combinaison  des 
divers  éléments  entrant  dans  la  construction  d'un  édifice, 
de  façon  à  ce  que  ces  éléments  forment,  par  leurs  propor- 
tions et  par  leur  ornementation,  un  tout  symétrique  et 
harmonieux  qui  assure  la  stabilité  de  l'édifice  en  même 
temps  qu'il  lui  donne  un  caractère  de  sévérité,  de  no- 
blesse, de  grâce  ou  de  simplicité  répondant  à  sa  destina- 


—  509  — 


ORDRE 


lion.  Et  ou  appelle  plus  parliculièreineiit  ordres  d'archi- 
tecture des  types  primitifs  dans  lesquels  rentrent  les 
différentes  applications,  si  variées  dans  leur  composition  et 
dans  leurs  détails,  de  ces  mêmes  types,  applications  dont 
la  variété  même  donne  aux  œuvres  d'architecture  le  ca- 
ractère spécial  qui  les  différencie  entre  elles.  Mais,  en 
l'envoyant  au  mot  Architecture  (V.  ce  mot,  §  5,  Archi- 
tecture grecque;  %\,  Généralités,  t.  III,  pp.  698  et  699) 
et  à  de  nombreux  ouvrages  spéciaux  :  encyclopédies,  dic- 
tionnaires ou  traités  d'architecture,  pour  ce  qui  est  des 
détails  des  hypothèses  et  des  phases  successives  se  rap- 
portant à  la  formation  et  au  développement  des  ordres 
d'architecture,  lesquels  sont  au  nombre  de  trois  princi- 
paux, Vordre  dorique,  l'ordre  ionique  et  Vordre  co- 
rinthien, il  doit  suffire  de  représenter  ici  par  des  figures 
(V.  %.  1  à  43)  quelques  exemples  de  ces  ordres,  exemples 
choisis  parmi  ceux  que  nous  ont  légués  la  Grèce,  Rome 
et  la  Renaissance  itaUenne  ;  les  alinéas  accompagnant  ces 
figures  devant,  mieux  que  toutes  les  considérations  gé- 
nérales, montrer,  en  même  temps  que  la  diversité  des 
ordres  d'architecture,  les  données  communes  qui  font  de 
ces  ordres,  au  travers  de  leurs  diverses  modifications  au 
cours  des  âges,  les  reproductions  variées  d'un  même  type 
originel.  Ce  type,  est-il  besoin  de  le  dire,  est  la  colonne 
(V.  ce  mot,  §  1,  Architecture,  t.  XI,  pp.  Ii23etsuiv.), 
ce  point  d'appui  dont  le  fût,  isolé  dans  sa  hauteur,  porte 
à  son  sommet  des  pièces  de  construction  plus  ou  moins 
importantes  reliant  cette  colonne  à  d'autres  points  d'ap- 
pui. Il  faut  encore  ajouter  que,  au  point  de  vue  de  la 
distinction  à  faire  parmi  les  ordres  d'architecture,  le  cha- 
piteau (V.  ce  mot,  §  1,  Architecture,  X,  pp.  566  et 
suiv.),  cette  tête  de  la  colonne,  sert,  par  sa  forme  et  par 
ses  ornements,  plus  que  tout  autre  élément  d'architec- 
ture, à  distinguer  les  ordres  entre  eux  ;  c'est  donc  au  mot 
chapiteau  et  aux  alinéas  de  ce  mot  traitant  de  la  Grèce, 
de  Rome  et  de  la  Renaissance,  ainsi  qu'aux  autres  mots 
qui  y  sont  cités  et  qui  traitent  des  différentes  parties  du 
chapiteau,  qu'il  y  a  Heu  de  demander  certains  complé- 
ments aux  indications  qui  suivent. 

I.  Ordres  grecs.  —  Les  véritables  ordres  grecs  sont 
au  nombre  de  deux  :  Vordre  dorique  et  l'ordre  ionique. 

A  l'art.  Architecture 
GRECQUE  (  Généralités  ) 
est  reproduit  (t.  III, 
p.  699,  fig.  1)  le  plus 
bel  exemple  d'ordre  do- 
rique grec,  Vordre  ex- 
térieur du  Parthénon, 
à  Athènes,  d'après  une 
restitution  de  M .  Paulin. 
Les  cannelures  et  la  di- 
minution modérée  du  dia- 
mètre du  fût  ;  le  tailloir, 
l'échiné  et  les  annelets 
du  chapiteau;  les  tri- 
glyphes  et  les  métopes 
de  la  frise  ;  les  mutules 
ornées  de  gouttes  sous  le 
larmier  de  l'entable- 
ment, gouttes  qui  se  ré- 
pètent sous  une  bande 
au-dessous  des  trigly- 
phes  sur  l'architrave, 
enfin  l'aspect,  à  la  fois 
sévère  et  élégant,  em- 
preint de  calme  dans  sa 
simplicité,  qui  se  dégage 
de  l'ensemble  du  Parthé- 
non, font  do  cet  ordre  le  type  achevé  de  l'architecture  à  la 
plus  belle  époque  de  l'art  grec,  vers  l'an  444  avant  notre 
ère.  Vordre  dorique  du  temple  de  Ségeste,  en  Sicile 
(fig.  1)  réduit,  ainsi  que  les  autres  figures  de  cet  ar- 
ticle, d'après  l'étude  de  M.  P.  Planât  sur  les  Ordres, 


_  1.  —  Ordre  dorique  grec  du 
temple  de  Ségeste  (Sicile). 
T,  triglyphe  ;  M,  métope. 


dans  ['Encyclopédie  de  l'architecture  et  de  la  cons- 
truction, date  d'une  époque  quelque  peu  antérieure  à 
celle  du  Parthénon  ;  de  plus,  le  temple  de  Ségeste,  élevé 
dans  une  colonie  grecque,  ne  pouvait  offrir,  dans  ses  pro-" 
portions  et  dans  ses  détails,  le  même  degré  de  perfection 
que  le  plus  beau  temple  d'Athènes,  cette  capitale  du  génie 
hellénique;  mais  il  est  intéressant,  en  rapprochant  ces 
deux  exemples  l'un  de  l'autre  —  comme  le  fait  notre 
figure  qui  donne  à  gauche  le  demi-chapiteau  du  Parthénon 
et  à  droite  le  demi-chapiteau  du  temple  de  Ségeste,  lequel 
est  resté  inachevé  et  a  conservé  ses  colonnes  dépourvues 
de  cannelures  —  de  prouver  la  fixité  des  règles  que  s'im- 
posaient les  architectes  de  l'antiquité  grecque  dans  l'appli- 
cation des  ordres  d'architec- 
ture et  surtout  de  l'ordre  do- 
rique. La  fig.  2  donne  Vordre 
ionique  du  temple  de  la 
Victoire  Aptère,  à  Athènes, 
élégant  petit  édifice  situé  à 
l'entrée   de   l'Acropole,   en 
avant  et  à  droite  des  Propy- 
lées, et  dont  la  construction 
primitive  devait  être  anté- 
rieure à  celle  du  Parthénon  ; 
ruiné  par  les  Turcs  en  4687, 
ce  temple  fut  restauré  sur 
l'ordi^e  du  gouvernement  ac- 
tuel,   sous   la   direction  de 
M.  Daumet.  Cet  exemple  mon- 
tre ce  qu'était  l'ordre  ionique 
encore  à  ses   débuts,  mais 
ayant   déjà  presque  atteint 
la   perfection,    ordre   dont 
M.  Aug.  Choisy  (Histoire  de 
V architecture,  1. 1,  p.  335) 
dépeint  ainsi  les  caractères 
généraux  :  «  Sur  une  base 
annulaire  s'élève  un  fut  grêle 
à  peine  rétréci  vers  le  som- 
met qui  supporte,  par  l'in- 
termédiaire  d'un  chapiteau 
à   volutes,  un  entablement 
mince  dont  les  éléments  sont  : 
une    architrave    à   bandes, 
une   frise  sans  triglyphes, 
une  corniche  peu  saillante, 
sans  mutules,  généralement  ornée  d'une  rangée  de  den- 
ticules  ».  L'entablement  du  temple  de  la  Victoire  Aptère, 
moins  orné  que  ceux  des  temples  construits  à  une  époque 
postérieure,  n'a  pas  de  denticules  ;  mais  le  plan  et  l'élé- 
vation de  son  chapiteau  présentent  un  exemple  d'une  parti- 
cularité qu'offrent  souvent  les  colonnes  d'angle  des  temples 
ioniques  :   deux  volutes  contiguës  sont  réunies  sous  un 
angle  de  45°,  et  deux  faces   voisines  du  chapiteau  sont 
semblables  sans  alternance  entre  elles  de  coussinet.  Tel 
est,  déjà  arrêté  dans  ses  grandes  lignes,  l'ordre  ionique 
grec  qui  deviendra  plus  richement  orné  par  la  suite  et 
se  distinguera  par  une  profusion  d'oves,  de  rais  de  cœur, 
de  perles,  d'olives  et  de  palmettes,  comme  au  temple  de 
Minerve   Poliade  et    à   l'Erechtheion ,    dans    l'Acropole 
d'Athènes. 

II.  Ordres  romains.  —  Les  véritables  ordres  romains 
sont  au  nombre  de  trois  :  r^rc^?'^  ^^6>n^t/^,  Vordre  ionique 
et  Vordre  corinthien;  l'ordre  dit  toscan,  décrit  par  Vi- 
truye  sous  le  nom  d'ordre  étrusque,  n'est  de  fait  qu'une 
variété  archaïque  de  l'ordre  dorique,  une  sorte  de  proto- 
dorique romain,  et  Vordre  composite  n'est  autre  qu'un 
ordre  corinthien  excessivement  orné,  et  dont  le  chapiteau 
rappelle  le  chapiteau  ionique  par  ses  volutes,  en  même 
temps  qu'il  trahit  son  origine  corinthienne  par  la  double 
rangée  de  feuillage  qui  décore  son  gorgerin.  Mais  une  in- 
novation des  Romains  dans  l'emploi  des  ordres  d'archi- 
tecture, ou  tout  au  moins  un  mode  d'emploi  différent  et 


Fi 


2.  —  Ordre  ionique 
grec  du  temple  de  la  Vic- 
toire Aptère,  à  Athènes. 


OïlDRI 


—  540  — 


plus  accentué,  fait  par  eux  de  ces  mêmes  ordres,  consiste  dans 
la  superposition  de  deux  ou  plusieurs  ordres,  soit  que, 
^'omme  au  théâtre  de  Marcellus  à  Rome,  l'ordi^e  supérieur 
repose  sur  la  coniiclie  même  de  l'ordre  inférieur  —  le- 
quel est  généralement  un  ordre  dorique  — soit  que,  comme 
aux  arènes  d'Arles  ou  au  Colisée  ou  amphithéâtre  Fla- 
.     •"         vien,  à  Rome,  l'ordre 


^ 


.j 


Fig.  3.  —    Ordre   dorique  romain 
du  théâtre  de  Marcellus,  à  Rome. 


ou  les  ordres  supé- 
rieurs reposent  sur  un 
stylobate  ou  piédes- 
tal, ressautant  ainsi 
que  l'entablement  de 
l'ordre  inférieur  ^t 
formant  dans  le  sens 
de  la  hauteur  un  en- 
semble de  saiUies  qui 
peut  avoir  le  même 
principe,  au  point  de 
vue  constructif,  que 
le  contrefort  si  usité 
dans  l'architecture  du 
moyen  âge.  Au  Coli- 
sée, à  Rome,  trois 
ordres  de  colonnes  en- 
gagées, l'un  dorique, 
l'autre  ionique  et  le 
troisième  corinthien, 
sont  superposés,  mais 
sans  ressaut  dans  les 
lignes  d'entablement, 
et  un  quatrième  ordre, 
celui-là  de  pilastres 
corinthiens,  décore,  au-dessus  des  trois  premiers,  un  at- 
tique  de  grande  hauteur.  —  La  fig.  3  présente  Vordre 
dorique  clic  théâtre  de  Maixelliis,  à  Rome,  édifice  com- 
mencé par  César  et  terminé  par  Auguste.  Les  proportions, 
mâles  et  élégantes  de  cet  ordre,  relevé  dans  les  premières 
années  de  ce  siècle  par  A.-L.  Vaudoyer  père,  l'ont  fait 
servir  de  modèle  dans  nombre 
d'appHcations  faites  de  l'ordre 
dorique  au  temps  de  la  Re- 
naissance et  encore  de  nos 
jours.  On  remarquera,  en  com- 
parant cet  ordre  dorique  ro- 
main de  la  belle  époque  aux 
ordres  doriques  grecs,  la  forme 
différente  et  plus  compliquée 
du  chapiteau,  et  aussi  la  subs- 
titution de  modillons  aux 
gouttes  sous  le  larmier  de 
l'entablement,  —  L'ordre 
ionique  semble  avoir  été  rela- 
tivement assez  peu  employé 
par  les  Romains  qui  parais- 
sent lui  avoir  préféré  de  beau- 
coup l'ordre  corinthien,  le- 
quel répondait  mieux  à  leurs 
idées  de  grandeur  et  de  ma- 
gnificence :  aussi  Vordre  io- 
nique du  Temple  de  la  For- 
tune  virile,  à  Rome,  que  re- 
présente la  fig.  4,  est-il  un 
de  ces  rares  exemples  d'ordre 
ionique  romain  et  il  est,  de 
plus,  décoré  avec  toute  la  ri- 
chesse que  les  architectes  ro- 
mains appliquaient  à  l'ordre  corinthien.  Remontant  pour 
sa  construction  primitive  au  règne  de  Servius  Tullius,  le 
temple  de  la  Fortune  virile  fut  rebâti  vers  la  fin  de  la 
République  et  est  aujourd'hui  transformé  en  église  sous  le 
vocable  de  Sainte-Marie-l'Egyptienne.  Le  fût  de  la  co- 
lonne est  cannelé  et  s'élève  sur  une  base  attique  com- 
posée, au-dessus  d'une  plinthe,  d'une  scotie,  S.  entre  deux 


Fi^.  4.  —  Ordre  ionique 
romain  du  temple  de  la 
Fortune  virile,  à  Rome. 
TT,  tores;  S,  scotie. 


Fig.  5.  —  Ordre  corinthien  romain  du 
temple  dit  do  Jupiter  Stator,  h  Rome. 


toreii^J,  T.  ;  le  chapiteau  de  la  colonne  d'angle,  a,  comme 
dans  nombre  de  temples  grecs,  une  vohite  angulaire. 
Mais  siVitruvenousa  rapporté,  d'après  les  traditions  hel- 
léniques, que  la 
colonne  ionique 
avec  son  chapiteau 
rappelait  les  élé- 
gantes propor- 
tions du  corps 
d'une  jeune  fille, 
il  est  difiicile  de 
croire  que  les 
Grecs  eurent  ja- 
mais pu  penser  à 
faire  porter  sur  la 
tête,  même  d'ime 
de  leurs  puis- 
santes caryatides, 
un  entablement 
aussi  massif  et 
aussi  lourdement 
orné  dans  sa  ri- 
chesse que  Tenta- 
blement  du  temple 
de  la  Fortune  vi- 
rile.— hd.  Grande 
Encyclopédie  a 
(t.IIÏ,  pp.  703  et 
suiv.et  îig.  Ià3). 
dans  l'art.  Auchi- 

TECTURK    ROMAINE, 

reproduit  le ^/a7i, 
la  façade  et  un 
détail  du  Temple 
de  Vesta,  à  Ti- 
voli,   temple  qui 
oflre  une  des  pre- 
mières et  des  plus  remarquables  applications  de  l'ordre 
corinthien  romain  ;  car,  si  on  ne  saurait  nier  que  l'origine 
du   chapiteau    corin- 
thien ne  puisse  se  trou-        ^^=:^;^:;;;;;^:;:^=^;;::^^ 
ver   en    Grèce,,   et  à 
Athènes    notamment , 
dans    le    Monument 
choragique  de  Lysi- 
crate,  dit  Lanterne 
de    Démosthènes   et 
dont  tant  de  repro- 
ductions existent  dans 
les  musées  d'antiqui- 
tés et  de  beaux-arts, 
c'est  à  la  Rome  des 
derniers  temps  de  la 
République  et  des  deux 
premiers  siècles  de 
l'Empire  qu'il  faut  de- 
mander  les  beaux 
exemples  de  l'ordi^e  co- 
rinthien, en  tant  qu'or- 
dre d'architecture 
ayant  atteint  son  en- 
tier développement.  La 
fig.  5  donne  un  exem- 
ple  moins    archaïque 
et  moins  austère,  mais 
beaucoup  plus  riche, 
que  l'ordre  du  temple 
de  Vesta,  c'est  Vordre 
du    Temple   dit   de 
Jupiter  Stator,    à 
Rome,  ordre  que  nous 

ont  conservé  les  trois  colonnes  restées  debout  sur  le  Fo- 
rum romain  ;  mais  les  études  récentes  des  îirchéolo<;^ues. 


Fig.  0.  —  Ordre  composite  romain 
du  baptistère  de  Constantin,  à 
Rome. 


laitca;  d'après  les  iraginents  du  plan  antique  de  Konie, 
l'inscription  d'Ancyre  et  nombres  d'autres  documents,  font 
attribuer  ce  temple  aux  Dioscures,  Castor  et  Pollux,  Comme 


—  OHDKE 

i'ordi'e'dorique  du  théâtre  de  Marceilus,  cet  ordre  corin- 
thien des  colonnes  du  Forum  est  considéré  comme  l'un 
des  plus  beaux  types  qu'ait  produits  l'architecture  romaine. 


Fig.    7.    —    Ordre    dorique,     d'après 
Palladio.  T,  triglyphe;  B,  bucrâne. 


Fig,  8,  -—  Ordre  ionique, 
d'après  Palladio. 


l'ig.  U.  —  Ordre  corinthien, 
d'après  Palladio. 


iMikyiiy 


La  base  attique,  dans  laquelle  la  scotie  unique  est  rem- 
placée par  deux  scoties  plus  petites  séparées  par  un  petit 
tore  entre  deux  fdets  ;  le  chapiteau,  d'une  belle  propor- 
tion et  riche  dans  toutes 
ses  parties  ;  l'heureuse 
division,  d'une  régularité 
parfaite,  des  modillons, 
des  denticules  et  des  au- 
tres ornements  de  l'enta- 
blement ;  enfin  l'harmonie 
malgré  la  richesse  de  tout 
l'ensemble,  ont  fait  de  cet 
ordre  un  des  sujets  d'é- 
tudes toujours  choisis  par 
les  pensionnaires  archi- 
tectes à  Rome,  et  tou- 
jours copiés  dans  les  écoles 
et  les  ateliers  d'  archi- 
tecture du  monde  entier. 
—  Empreint  d'une  ri- 
chesse plus  grande  encore 
que  celle  dont  est  paré 
l'ordre  corinthien,  Vordi'e 
composite  offre  toutes  les 
proportions  de  ce  dernier 
ordre  ;  mais  il  en  diffère 
surtout  par  la  composi- 
tion du  chapiteau,  comme 
le  fait  voir  Fexemple  re- 
produit (fig.  6),  d'après 
les  colonnes  antiques  du 
Baptistère  de  Constantin,  aujourd'hui  San  Giovanni 
in  Fonte  del  Laterano,  sur  la  place  de  l'Obélisque  et  en 
face  du  palais  de  Latran.  Dans  cet  ordre,  le  chapiteau, 
qui  semble  être  une  combinaison  de  chapitea  iounique  pour 
la  partie  supérieure  et  de  chapiteau  corinthien  pour  la 
partie  inférieure,  comprend,  au-dessus  de  deux  rangées 
de  feuillage,  une  échine  décorée  d'oves,  des  volutes  an- 
gulaires beaucoup  plus  accentuées  que  dans  le  chapiteau 
corinthien  et  reliées  par  des  rinceaux  au  fleuron,  souvent 
très  varié,  qui  se  détache  sur  le  milieu  du  tailloir.  La 
base  de  la  colonne  est,  elle  aussi,  plus  richement  ornée, 


Fig.  10.  —  Ordre  composite, 
d'après  Palladio  (piédestal). 
P,  plinthe;  B,  base;  D,  dé; 
C,  corniche;  A,  amortisse- 
ment. 


et,  au-dessus  du  tore  supérieur,  une  sorte  d'atterrissement 
ou  de  pente,  sur  laquelle  courent  des  feuillages,  rachète 
la  saillie  de  ce  tore  avec  le  filet  marquant  le  départ  de  la 
colonne.  Quant  à  l'entablement,  toutes  ou  presque  toutes 
ses  parties  sont  richement  décorées,  et  la  frise,  qui  est 
restée  nue,  est  bombée  et  semble  attendre  le  ciseau  du 
sculpteur  pour  faire  sortir  de  son  relief  accentué  des  scènes 
ou  des  ornements  complétant  lensemble.  Il  y  a,  de  plus, 
lieu  de  remarquer,  avant  de  terminer  cet  aperçu  des  ordres 
romains,  que  les  chapiteaux  corinthiens  et  surtout  les  cha- 
piteaux composites,  trouvés  dans  les  ruines  des  édifices 
élevés  par  les  Romains  dans  les  différentes  provinces  et 
jusqu'aux  confins  de  l'empire,  ne  manquèrent  pas  d'exer- 
cer une  influence  réelle  et  prolongée  sur  les  édifices  cons- 
truits pendant  la  première  partie  du  moyen  âge  et  dans 
lesquels  furent  utiUsées  ces  épaves  de  l'art  antique. 

IlL  Les  Ordrks  d'architecture  à  l'époque  le  la  Re- 
naissance. —  Les  architectes  de  l'époque  de  la  Renais- 
sance, d'abord  italienne,  puis  française  et  ensuite  euro- 
péenne, se  préoccupèrent  vivement  des  ordres  d'architecture 
qu'ils  reconnurent  dans  les  ruines  des  édifices  de  l'anti- 
quité romaine,  et  ils  s'efforcèrent  d'en  comprendre  les  règles 
en  s'aidant  des  écrits  de  Vitruve.  Mais,  autant  dans  les 
premières  périodes  de  lalienaissance,  des  effets  charmants 
découlèrent  d'une  appréciation  libre  des  ordres  antiques, 
surtout  des  ordres  romains  —  les  ordres  grecs  ne  furent 
étudiés  et  compris  que  plus  tard  —  autant,  sous  les  pé- 
riodes suivantes,  furent  créées,  pour  l'emploi  des  ordres, 
des  règles  imposées  avec  trop  d'autorité  par  les  maîtres 
et  suivis  avec  trop  de  zèle  par  de  nombreux  disciples. 
Enfin  au  xvi®  siècle,  Palladio,  Scamozzi,  Serlio  et  Vignole, 
en  Italie  ;  Philibert  de  l'Orme,  en  France,  pour  ne  citei' 
que  des  maîtres,  et  presque  tous  les  traducteurs  de  Vi- 
truve, enfermèrent  peu  à  peu  l'essor  d'imagination  des 
architectes  dans  une  sorte  de  canon  régentant  les  propor- 
tions des  ordres,  le  choix  des  moulures  de  leurs  diverses 
parties  et  même  les  ornements  devant  décorer  ces  moulures. 
On  ne  saurait,  au  reste,  mieux  donner  une  idée  de  cette 
tendance  académique  appliquée  aux  ordres  d'architecture, 
à  l'époque  où  elle  fleurit  avec  le  plus  de  force,  qu'en  re- 
produisant les  ordres  dorique,  ionique,  corinthien  et 
composite,   d'après   le  Traité  d'architecture  d'André 


OHDIVE 


—  512 


Fi 


Palladio  (V.  tig.  7,  8,  9,  10  ell  1),  et,  cette  époque  étant 
aussi  celle  oti  on  superposa  les  différents  ordres  les  uns 
sur  les  autres  pour  composer  'des  ordonnances  dans  les- 
quelles chaque  or- 
dre comprenait 
piédestal,  colonne 
et  entablement;  il 
est  bon  de  faire 
remarquer  (fig. 10) 
le  piédestal  de 
r ordre  composite 
d'après  Palladio , 
piédestal  qui,  for- 
mant un  tout  com- 
plet, comprend  à 
son  tour  :  plin- 
the, P  ;  hase,  B  ; 
dé,  D  ;  corniche, 
C  ;  et  amortis- 
sement, k;eti^e\it 
servir  de  type, 
d'une  grande  ri- 
chesse, il  est  vrai, 
de  cet  élément  des 
ordres  d'architec- 
ture. Cette  étude  de 
vulgarisation  des 
principales  don- 
nées des  ordres 
doit  être  trop  résu- 
mée  pour  com- 
prendre tout  ce  qui 
a  rapport  aux  pro- 
portions des  divers 
ordres  et  au  rap- 
port de  ces  pro- 
portions entre  el- 
les, à  la  diminution 
du  fût  des  colonnes, 
au  mode  un  peu  empirique  employé  par  les  différents 
maîtres  pour  calculer  à  l'aide  du  module  (V.  ce  mot)  les 
dimensions  en  hauteur  et  en  saillie  des  diverses  parties 

des  ordres  ;  ce- 
pendant il    est 
facile  d'indiquer 
les    diflérentes 
hauteurs  que 
peuvent  attein- 
dre   les    or- 
dres d'architec- 
g^^  «  .r"^  :  '  i|jj    i     jiiiji   ;     j  ji        ture  ayant  leur 
Y^^  \  '^^  ••     l'il    1     !      :       I        entier  dévelop- 
T="=°"  ■     ''''    ■     Hl    :     lil  ;     111        pement    et    un 

même  diamètre 
de  base  pour 
leur  colonne,  en 
se  reportant  au 
Parallèle  des 
cinq  Ordres, 
d'après  Vignole 
(fig.  12);  on 
voit  ainsi  les 
proportions  tra- 
pues du  toscan, 
ce  dorique  élé- 
mentaire fort  en 
honneur  sous  la 
Renaissance  ita- 
lienne, les  proportions  plus  élancées  du  dorique  et  de 
V ionique,  et  enfin  celles  d'une  sveltesse,  que  l'on  ne  saurait 
dépasser,  des  ordres  corinthien  et  composite.  Il  est  cepen- 
dant encore  une  sorte  d'ordre  d'architecture  employé  àtoutes 
les  époques  de  l'art,  depuis  l'antiquité  égyptienne  jusqu'à  nos 


g.  11.  —  Ordre  composite,  d'après 
Palladio.  C,  cimaise;  L,  larmier; 
M,  modillons. 


^ 


Fig.  12.  —  Parallèle  des  cinq  ordres, 
d'après  Yignole. 


jours,  et  que  Ton  ne  saurait  passer  sous  silence  dans  un 
aperçu  des' ordres  d'architecture  :  c'est  V ordre  caryatide 
dans  lequel  une  statue,  le  plus  souvent  de  femme,  se  subs- 
tue  au  fût  de  la  colonne  pour  porter  l'entablement.  La 
Grande  Encyclopédie  a  donné  (t.  IX,  pp.  402-403,  fig. 
1  et  2)  deux  exemples  de  ces  statues  architecturales  em- 
pruntées, l'une  au  portique  méridional  ou  tribune  de 
l'Erechthéion,  à  Athènes  ;  l'autre,  à  la  chapelle  funéraire 
de  Henri  II,  de  Condé,  dans  l'église  de  Vallery  (Yonne)  ; 
la  fig.  13  donne,  d'après  Ch.  Normand  {Parallèle  des 


Fi.U'.  13.  —  Ordre  caryatide,  de  Jean  Goujon 
(Salle  des  Antiques,  au  musée  du  Louvre). 

Ordres  d'architecture,  pi.  LVI)  une  des  quatre  caryatides 
dues  à  Jean  Goujon  et  décorant  la  salle  des  antiques  du 
musée  des  antiques,  au  Louvre.  Un  entablement  compo- 
site très  orné  est  supporté  par  un  chapiteau  dorique  d'une 
rare  élégance,  lequel  repose  lui-même  sur  la  tète  de  la 
statue  et  les  pieds  de  cette  dernière  portent  sur  une  plinthe 
au-dessus  d'un  piédouche,  de  sorte  que  tout  Tensemble 
forme  un  ordre  complet  dans  lequel  la  fermeté  s'allie  à 
l'élégance . 

Il  est  facile  de  rapprocher  et  d'assimiler  tous  les  ordres 
d'architecture  avec  les  types  cités  et  reproduits  au  cours 
de  cette  étude  ;  mais  il  ne  saurait  être  possible  d'appro- 
fondir la  connaissance  des  ordres  d'architecture  sans  étudier 
et  comparer  entre  eux  les  innombrables  traités  qui  ont  été 


513  — 


OKDKE  —  OHÉGON 


écrits  sur  ces  ordres  dans  toutes  les  langues  civilisées  pour  eu 
régler  les  proportions  et  l'ornementation.     Charles  Lucas. 

BnîL.  :  Philosophie.  —  Jouffroy,  Cours  de  droit  lui- 
tiirel,  lerons  28-30  —  Laciielier,  du  Fondement  de  Vin- 
diiction;  Paris,  1871.  —  Boutroux,  de  la  Contingence  des 
lois  de  la  Nature  ;  Paris,  1874.—  Renouvier,  les  Principes 
de  la  Nature  ;  Paris,  1892,  2  vol. 

Jurispruuencj:.  —  BoiTARi),  Colmet-Daag]d  et  Gla^- 
soN,  Leçons  de  procêdnrc,  t.  II. 

Grammaire.  —  Wj:il,  de  VOrdre  des  mots  dans  les 
langues  anciennes  comparées  aux  langues  modernes,  1871), 
'À"  éd.  —  TnuROT,  Bévue  criticiue,  août  1869,  n°  21.  — 
Bergaigne.  Mé)n.  Soc.  Ling.,  t.  III  ;  la  Construction 
grammulicale  considérée  d;j)is  son  déceloppenient  las- 
torique. 

OR  DU  N  A.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Biscaye,  mais  en- 
clavée dans  TAlana,  sur  le  cours  supérieur  du  Nervion  ; 
4.000  hab.  Slat.  du  chem.  de  fer  de  Bilbao  à  Castejon. 
Vieille  enceinte.  Lainages,  vins. 

ORE.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Garonne,  arr.  de 
Saint-Gaudens,  cant.  de  Barbazan;  355  hab. 

ÔRE.  Monnaie  Scandinave  de  cuivre  valant  le  cen- 
tième de  la  krone  (couronne),  c.-à-d.  0  fr.  014.  Sa 
valeur  lut  de  4856  à  1871'  d'un  centième  de  riksdale. 
Au  mo\en  âge,  c'était  une  monnaie  ou  un  poids  de  t/8 
de  mark  (—  l  once  d'ai'genl),  que  l'on  divisait  en  trois 
œrtugar. 

ORÉADE  (Mylhol.)  (V.  Nymi>hi:). 
OREAS  (Zool.)  {V.  Antilope). 
ÔREBRO.  Ville  de  Suède,  ch.-l.  de  la  province 
(ken)  de  ce  nom,  sur  les  deux  rives  de  la  Svartâ,  à  son 
embouchure  tlans  le  Hjelmar;  15.886  hab.  (1894).  On 
y  compte  39  fobriques.  Belle  église  du  xiii^  siècle,  hôtel 
de  ville  gothique  construit  en  1859-63  ;  nombreuses 
écoles.  Il  a  été  tenu  à  Orebro  de  nombreuses  diètes, 
notamment  celle  de  1540,  qui  pj-oclama  l'hérédité  de  la 
monarchie  suédoise,  et  celle  de  1810,  qui  désigna  Berna- 
dotle  comme  prince  héritier.  Le  12  juil.  1812  y  fut 
conclu  le  traité  de  paix  entre  l'Angleterre  et  la  Suède.  — 
Le  laen  d'Ôrebro  comprend  les  provinces  de  Nerike,  la  par- 
lie  0.  du  Vestmanhuul  et  la  partie  E.  du  Vicrmland.  Sa 
superficie  est  de  9.063  kil.  q.  (dont  803  de  lacs);  sa  popu- 
lation était  en  1893  de  184.708  hab.  Au  centre  est  la  plaine 
fertile  de  Nerike  enveloppée  de  bois;  ceux-ci  occupent 
iy\  0  'o  de  la  superficie,  les  prés  4 1  /2  ^/o,  les  champs  1 8  "/o- 
Les  villes  sont  Orebro,  Askersund,  Nora  et  Lindesberg. 
Les  ressources  de  la  contrée  consistent  en  céréales  (récofte 
de  1894  :  1.263.000  hectol.  d'avoine,  248.000  de  seigle, 
65.000  de  froment,  48.000  d'orge),  en  bestiaux  (105.000 
bètes  à  cornes,  13.000  chevaux,  32.000  moutons, 
23,000  porcs)  et  plus  de  cent  mines  de  fer  (185.000 
tonnes  par  an),  de  plomb,  d'argent,  de  cuivre,  de  zinc 
et  de  soufre. 

ORÉDEJ.  Rivière  de  la  Russie  nord-occidentale,  affl. 
de  la  Louga,  tributaire  du  golfe  de  Finlande.  Elle  a 
140  kil.  de  long,  dont  100  kil.  flottables  au  printemps. 
OREFICE,  peintre  florentin  (V.  Piero  m  Cosimo). 
ORÉGON.  Fleuve  des  Etats-Unis  (V.  Columbiâ). 
ORÉGON.  L'un  des  Etats-Unis  de  l'Amérique  du  Nord, 
à  l'angle  N.-O.  de  la  République,  sur  l'océan  Pacifique  ; 
248.710  kil.  q.,  313.767  hab.  (en  1890),  soit  1,3  par 
kil.  q.  Compris  entre  42^  et  46^20'  lat.  N..  119«  et 
126^55'  long.  0.,  il  est  borné  à  l'O.  par  l'Océan,  au  N. 
par  l'Etat  de  Washington,  à  l'E.  par  celui  d'Idaho,  au  S. 
par  ceux  de  Nevada  et  de  Californie.  C'est  par  la  super- 
ticie  le  5^  des  43  Etats  de  l'Union,  par  la  population 
le  38*^,  par  la  date  de  son  admission  le  33^.  Il  comprend 
deux  régions  bien  tranchées  :  la  région  côtière  sur  un  tiers 
de  sa  largeur,  la  région  du  grand  bassin  sur  le  reste  ; 
elles  sont  séparées  par  la  puissante  chaîne  des  Cascades, 
formée  de  terrains  volcaniques  récents  ;  les  cratères  éteints 
y  abondent;  le  plus  haut  est  le  mont  Hood  (3.421  m.)  ; 
le  principal  col,  celui  de  Summit  (1.705  m.),  au  S.  du 
Diamond-peak.  La  région  cotière  est  abritée  de  la  mer  par 
la  barrière  montagneuse  des  Coast-range  (ait.,  750  à 

GRANDE  ENCYCLOPÉDIE.   —    KXV. 


1.500  m.),  qui  s'élève  le  long  du  rivage;  entre  celle-ci 
et  les  monts  des  Cascades  se  creuse  une  belle  vallée  pa- 
rallèle an  rivage  et  large  de  30  à  75  kil.  Toute  cette 
région  côtière  est  revêtue  de  magnifiques  forêts.  La  région 
intérieure,  à  l'E.  des  monts  volcaniques  des  Cascades,  forme 
un  plateau  de  1.200  à  1.300  m.  d'alt.,  steppe  à  peu  près 
sans  arbres,  du  moins  au  S.  Au  N.  le  sol  est  plus  acci- 
d  enté  le  long  des  vallées  Tolcaniques  du  Snake  et  de  la 
CoIumbia  ;  là  s'élèvent,  k  100  kil.  0.  du  Snake,  les  mon- 
tagnes Bleues  {Bliie  moiintains),  prolongées  au  S.  par 
les  Steen  mounts  qui  les  relient  aux  monts  des  Pueblos  de 
la  Nevada. 

Le  Snake  river  forme  sur  plus  de  300  kd.  la  frontière 
de  rOrégon  et  de  l'Idaho,  décrit  un  coude  dans  le  terri- 
toire de  Washington  et  s'y  joint  à  la  CoIumbia  ou  Orégon, 
qui  sépare  sur  plus  de  500  kil.  les  Etats  de  Washington 
et  d'Orégon.  Tout  le  N.  et  l'E.  de  ce  dernier  Etat  appar- 
tiennent donc  au  bassin  de  la  CoIumbia.  Au  Snake,  il 
envoie  l'Owyhee,  né  dans  la  Nevada,  le  Powder,  la  Grande 
Ronde;  à  la  CoIumbia,  les  rivières  de  John  Day  (320  kd.) 
et  des  Chutes  (350  kil.),  à  l'E.  des  monts  des  Cascades,  et 
la  Willamette  (350  kil.),  qui  arrose  la  belle  vallée  inté- 
rieure de  la  zone  côtière.  Les  autres  fleuves  côtiers  sont 
rUmpqua  (275  kil.),  dont  la  vallée  prolonge  au  S.  celle  de 
la  Willamette,  et  la  Rogue-river  (200  kil.),  descendue  du 
mont  Pitt.  Aucun  de  ces  cours  d'eau  n'est  navigable  sur 
un  parcours  étendu  ;  ils  se  précipitent  à  travers  des  dé- 
dales de  rochers  où  se  multiplient  les  cascades,  les  rapides, 
les  gorges  presque  infranchissables.  Entre  les  monts  des 
Cascades  et  le  bassin  du  Snake,  la  région  des  steppes 
privés  d'eau  n'a  pas  de  rivières  :  plaines  arides,  par- 
semées de  chaînons  isolés,  de  lacs  ou  marais  salins,  lacs 
Malheur,  Harney,  Warner  ou  Christmas,  Goose  (partagé 
avec  la  Californie),  Klamath,  au  pied  des  monts  des  Cas- 
cades. 

Le  climat  est  pluvieux  dans  la  zojie  côtière,  de  novembre 
à  avril  (1 .300  millim.  en  moyenne,  1 .800  près  du  littoral); 
il  tombe  peu  de  neige,  les  orages  sont  très  rares.  Dans 
les  vallées  boisées  de  cette  région,  la  température  est 
douce  (moyenne  annuelle  -h  11°, 7,  estivale  4-  20«,  hiber- 
nale -f-  4^).  La  fraîcheur  de  l'été,  la  tiédeur  de  l'hiver 
conviennent  à  merveiUe  aux  fruits  d'Europe  ;  la  végétation 
forestière  est  admirable  par  ses  cèdres  blancs  et  Ihiuja 
gigantea,  ses  sapins  noirs,  jaunes,  Douglas,  du  Canada, 
ses  pins  jaunes,  ses  séquoias,  ses  ifs  arborescents.  Beau- 
coup de  ces  conifères  atteignent  100  m.  de  haut,  4  à 
5  m.  de  diamètre;  les  taillis d'araliacées  épineuses,  d'Arc- 
tostaphylus  et  de  Vaecinium  sont  aussi  très  luxuriants, 
ce  qui  contraste  avec  la  Californie.  Le  gibier  abonde,  ours, 
loups,  renards,  martres,  cerfs,  antilopes.  Le  steppe  inté- 
rieur, au  ciel  toujours  serein,  est  très  favorable  à  l'éle- 
vage, exception  faite  des  déserts  salins. 

La  population  était  (en  1890)  de  313.767  âmes  dont 
181.840  hommes  et  131.927  femmes,  c'est  donc  une  ré- 
gion en  voie  de  peuplement.  On  compte  1.186  nègres  ou 
mulâtres,  9.450  Chinois,  1.256  Indiens  civilisés  et  3.930 
Indiens  répartis  entre  cinq  agences.  Des  90.5 iO  enfants 
d'âge  scolaire,  72.322  allaient  aux  écoles  desservies  par 
2.641  instituteurs.  Les  écoles  secondaires  et  supérieures 
avaient  472  professeurs  et  1.127  élèves.  Une  université 
existe  à  Wooster,  La  population  est  protestante,  sauf 
20.231  cathohques  et  les  Chinois.  Le  gouverneur,  les  hauts 
fonctionnaires  et  les  30  sénateurs  sont  élus  par  le  peuple 
pour  quatre  ans,  les  60  députés  pour  deux  ans.  La  capi- 
tale est  Salem. 

L'agriculture  fait  vivre  40  %  delà  population.  On  cul- 
tivait en  1890  environ  1.406.000  hect.,  dont  100.000 
irrigués  artiliciellement,  en  blé  et  avoine  principalement, 
puis  en  orge,  mais,  seigle,  houblon,  pommes  de  terre, 
légumes  ;  on  exporte  quantité  de  pommes,  poires,  prunes, 
cerises,  pêches,  framboises.  {\  existait  5^25.000  chevaux 
5.000  mulets  et  ânes,  520.000  bœufs,  1.780.000  mou-^ 
tons  (originaires  de  la  bergerie  française  de  Rambouillet), 

33 


OREGON  -  OREILLE 


—  511 


210.000  porcs.  La  poche  représente  un  produit  annuel  de 
do  millions  de  fr.,  dont  deux  tiers  pour  le  saumon.  Les 
mines  ont  fourni  jusqu'en  4892  pour  410  millions  de  fr. 
d'or,  extrait  surtout  des  placers  et  mines  du  Rogue-river  ; 
on  trouve  aussi  dans  cette  vallée  des  mines  de  fer.  La 
production  industrielle  atteignait  245  millions  de  fr.  en 
4890  ;  après  les  scieries  et  minoteries,  elle  est  représentée 
par  des  manufactures  de  lainages  et  de  machines.  Ses 
centres  principaux  sont  Portland,  au  débouché  de  la  vallée 
de  la  AYillamette,  Oregon-city  et  Salem,  sur  la  même  ri- 
vière, Astoria,  à  l'embouchure  de  la  Columbia.  Ce  sont  aussi 
les  principaux  centres  de  commerce,  avec  les  petits  ports 
cotiers  de  Yaquina  et  Coos-bay  (mines  de  houille).  Le  dé- 
veloppement des  voies  ferrées  était  en  4892  de  2.300  kil.  ; 
la  principale  est  celle  qui  joint  Portland  et  la  Columbia 
inférieure  à  la  Californie  par  la  grande  vallée  de  la  Willa- 
mette, de  rUmpqua  et  les  mines  du  Rogue-river.  Le  com- 
merce maritime  se  fait  surtout  par  l'intermédiaire  de  San 
Francisco. 

Le  nom  d'Orégon  fut  d'abord  appHqué  d'une  manière 
vague  à  toute  la  région  littorale  de  l'océan  Pacifique  jus- 
qu'aux montagnes  Rocheuses.  Visitée  par  Cook  en  4778, 
elle  fut  occupée  théoriquement  par  les  Anglais  en  4792. 
Mais  quand  les  Français  leur  eurent  cédé  la  Louisiane,  les 
Américains  réclamèrent  l'Orégon,  exploré  par  Lewis  et 
Clark  (4806).  En  4844,  la  compagnie  américaine  des 
fourrures,  dirigée  par  xVstor,  fonda  la  ville  d' Astoria,  au  S, 
de  la  Columljia  ;  mais  bientôt  elle  la  vendit  à  la  compagnie 
anglaise  du  Nord-Ouest.  Le  pays  reçut  à  la  fois  des  immi- 
grants canadiens  français  et  yankees  qui  eurent  à  com- 
battre les  Peaux-Rouges  Waîla-Walla  (à  l'O.  des  mon- 
tagnes Bleues),  lUamalh,  Umpquas,  Modocs,  sur  la  côte,  etc. 
Quand  le  traité  de  4846  eut  partagé  la  région  du  Paci- 
fique entre  l'Angleterre  et  les  Etats-Unis  (V.  l'art.  Etats- 
Unis,  t.  XVI,  p.  644  etsuiv.),  l'Orégon  fut  organisé  en  Ter- 
ritoire (44  août  4848)  et,  pour  y  retenir  les  colons  attirés 
en  Californie  par  la  recherche  de  l'or,  le  gouvernement 
leur  accorda  de  larges  concessions.  En  4853  fut  détachée 
de  l'Orégon  la  moitié  septentrionale  qui  forma  le  Terri- 
toire de  AVashington.  En  4857,  le  peuple  se  donna  une 
constitution,  et,  le  44  févr.  4859,  le  congrès  admit  l'Oré- 
gon au  nombre  des  Etats  de  l'Union  nord-américaine.  La 
population,  qui  n'était  encore  que  de  43.294  âmes  en  4850, 
atteignait  474.748  en  4880,  343.767  en  4890  et  con- 
tinue d'augmenter  rapidement.  A. -M.  B. 

BiBL.  :  V.  surtout  les  ouvrages  d'eiiseaiblc  cité  à  la  bi- 
bliographie de  l'art.  Etats-Unis.  —  Moseley,  Oregoii^  Us 
resources  ;  Londres,  1878.  —  Nash,  Two  ycars  in  Oregon; 
New  York,  1882.  —  I)unn,  History  of  the  Oregon  Terri- 
tory  ;  Londres,  1844.  —  Gray,  History  of  the  Oregon,  1192- 
i8k9  ;  Portland,  1870.  —  Barrow,  Oregon,  the  struggle  for 
possession;  Boston,  1883.  —  Parkman,  Oregon  tniii,  sou- 
vent réédité;  Londres 

OREGON-CiTY.  Ville  des  Etats-Unis,  Oregon,  sur  la 
Willamette  qui  y  tomlje  de  43  m.  de  haut,  fournissant 
une  puissante  force  motrice;  5.000  hab.  Minoteries, 
scieries,  fabriques. 

ORÈGUE.  Com.  du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  arr.  de 
Mauléon,  cant.  de  Saint-Palais  ;  884  hab. 

OREILLA.  Com.  du  dép.  des  Pyrénées-Orientales,  arr. 
de  Prades,  cant.  d'Olette;  490  hab. 

OREILLARD  (Zool.).  Cenrede  Chiroptères  de  la  famille 
des  Vespertilionidœ,  dans  laquelle  il  est  le  type  d'un 
groupe  à  part  caractérisé  par  le  grand  développement  des 
oreilles  qui,  dans  cerl aines  espèces,  sont  presque  aussi 
longues  que  le  corps  ;  les  narines  présentent  des  replis 
qui  doivent  être  considérés  cojnmc  un  rudiment  de  feuille; 
les  incisives  supérieures  sonl  accolées  aux  canines,  et  la 
dentition  est,  en  général,  semblable  à  celle  des  \'esperli- 
lions  typiques.  Les  genres  Anbvx^ous,  NycioplLiliis, 
Synotus,  Plecoius,  Euderina  et  Oionycterù  font  partie 
de  ce  groupe.  L'Oreillard  d'Europe  (Plecotus  auriius), 
que  l'on  a  figuré  au  mot  CuAuvE-SouRib,  est  une  espèce 
de  taille  moyenne,  à  oreilles  très  grandes,  soudées  en- 


semble à  leur  base  au-dessus  du  front  ;  l'oreillon,  très 
grand,  est  en  forme  de  couteau;  les  narines  sont  percées 
au  fond  d'une  rainure  profonde  ;  il  y  a  deux  prémolaires 
supérieures  et  trois  inférieures  de  chaque  côté.  L'Oreillard 
vit  par  couples  ou  isolé,  habitant  pendant  l'été  les  arbres 
creux,  les  trous  des  toits,  des  hangars,  des  écuries  et  des 
étables  où  il  passe  tout  le  jour  suspendu  par  les  pieds,  la 
tète  en  bas,  ses  longues  oreilles  rabattues  le  long  du  corps 
entre  les  flancs  et  F  avant-bras.  Le  soir  il  chasse  les  in- 
sectes dans  les  allées  des  jardins  et  des  promenades  et 
même  dans  les  rues  des  villes.  Son  vol  est  irréguHer  et 
peu  élevé.  Il  ne  sort  pas  quand  le  temps  est  au  vent  ou 
à  la  pluie.  En  hiver,  il  se  retire  dans  les  caves  et  les 
cavernes  et  s'y  endort  en  attendant  le  retour  du  prin- 
lemps.  Assez  commun  en  France,  l'Oreillard  habite  toute 
l'Europe  et  l'Asie  tempérée,  au  N.  des  monts  Himalaya  et 
se  retrouve  dans  le  N.  de  l'Afrique.  Dans  l'Amérique  du 
Nord,  il  est  représenté  par  le  Plecoius  macrotts,  type  du 
sous-genre  Corinorhinus,  qui  ne  diffère  de  FOreHlard  de 
l'ancien  continent  que  par  le  plus  grand  développement 
des  protubérances  glandulaires  qui  forment  la  rainure  du 
museau  et  qui  se  touchent  au-dessus  des  narines.  Le  genre 
Barbastelle  (V.  ce  mot)  ou  Synotus  est  propre  à  l'Eu- 
rope et  càl'Asie.  Le  genre  Nyctophihis  représente  l'Oreil- 
lard dans  la  région  auslraUenne,  de  Timor  à  la  Tasmanie 
et  aux  îles  Eidii,  cà  travers  toute  la  Nouvelle-Hollande 
{N.  Umoriensis)  ;  il  présente  une  petite  feuille  nasale 
bordant  l'ouverture  des  narines  et  n'a  qu'une  seule  paire 
d'incisives  à  la  mâchoire  supérieure,  au  lieu  de  deux  que 
Ton  trouve  chez  l'Oreillard.  H  en  est  de  même  dans  le 
genre  An trozoïi s, qui  habile  le  versant  occidenlal  de  l'Amé- 
rique du  Nord  (Oregon,  Californie  juseju'au  Texas,  N.  du 
Mexique),  et  qui  porte  aussi  une  véritable  feuille  nasale 
rudimentaire  à  l'extrémité  du  museau  ;  bien  que  les  oreilles 
soient  séparées  et  moyennes,  l'A.  pallidus  rappelle  les 
Mégadermes  (V.  ce  mot).  C'est  la  seule  espèce  de  Ves- 
pertilionidés  qui  n'ait  que  quatre  incisives  inférieures  (au 
lieu  de  six).  Le  genre  Euderma  (ou  Histiotus),  récem- 
ment décrit  par  J.-A.  Allen,  a  deux  prémolaires  à  chaque 
mâchoire  (au  heu  de  trois)  et  se  rapproche  par  ses  autres 
caractères  de  Plecotus,  VE.  maculata,  dont  le  pelage 
est  varié  de  noir  et  de  blanc,  habite  la  Californie.  Un  der- 
nier genre,  Otonycteris,  où  les  oreilles  sont  encore  plus 
grandes  que  chez  l'Oreillard,  mais  séparées,  n'a  qu'une 
seule  paire  d'incisives  et  une  paire  de  prémolaires  supé- 
rieures. La  rainure  du  museau  est  moins  marquée  que 
dans  le  genre  Plecotus.  La  taille  est  plus  grande  qu^  celle 
de  l'Oreillard.  VO.  Ilempricliii,  découvert  par  Hcmprich 
et  Ehrenberg  dans  le  N.-E.  de  l'Afrique,  a  été  retrouvé, 
à  une  grande  distance,  d'une  part  à  Gilgit,  dans  la  chaîne 
de  l'Himalaya  (à  4.700m.  d'alt.),  de  l'autre  à  Ouargla, 
en  Algérie.  —  On  voit  que  le  groupe  des  Oreillards  est 
sub-cosmopolite,  à  part  l'Aménque  méridionale  (V.  Vj:s- 

PERTILIOX).  E.   TrOUESSART. 

OREILLE.  I.  Anatomie.  —  L'oreille  est  l'organe 
destiné  à  recueillir  et  à  sentir  les  impressions  spéciales 
produites  parles  vibrations  sonores  des  objets  extérieurs. 
Elle  se  compose  :  4*^  de  l'oreille  externe,  pavillon  et 
conduit  auditif  externe  ;  2°  de  l'oreille  moyenne,  caisse 
du  tympan,  à  laquelle  sont  annexés  la  trompe  d'Eustache 
et  l'antre  mastoïdien  ;  3*^  l'oreille  interne,  en  relation 
avec  le  nerf  acoustique,  et  par  lui  avec  le  cerveau,  par 
le  conduit  auditif  interne.  L'oreille  externe  et  l'oreille 
moyenne  sont  des  appareils  de  transmission  des  ondes 
sonores;  l'oreille  inlerne  est  l'appareil  de  irceplion,  le 
véritable  organe  de  i'ouîo. 

Oreilliv  exierm:.  —  EUe  comprend  le  pa\ilion  el  le  (  ou- 
duit  auditif  extenie.  Le  pavillon  est  une  sorte  de  coriic! 
qui  fait  saillie  au  dehors  du  méat  auditif.  Constitué  j)ar 
une  (homme)  ou  plusieurs  pièces  (quadrupèdes)  cartila- 
gineuses recouvertes  par  la  peau,  le  pavillon  est  pourvu 
de  ligaments  qui  le  rattachent  au  crâne  (ligaments  extrin- 
sèquch)  ou  qui  maintienneni  ses  diverses  courbures  (liga 


ments  intrinsèques),  de  muscles  rudinientaires  (homme) 
ou  bien  développés  (cheval,  chien,  chat,  singes,  etc.). 
Chez  l'homme,  il  présente  des  saillies  et  des  creux.  Au 
pourtour  (bourrelet  de  Foreille)  il  y  a  une  saillie  appelée 
hélix;  en  dedans  de  celle-ci,  il  y  a  une  deuxième  saillie, 
anthélix,  qui  entoure  une  excavation  (conque)  au  fond  de 
laquelle  on  aperçoit  le  méat  auditif.  En  avant  de  la  conque 
s'élève  une  nouvelle  saillie  (tragus),  et  en  arrière  une 
autre  analogue  (antitragus).  Au-dessous  de  la  conque  pend 
un  appendice  adipo-cutané  (lobule^de  l'oreille)  spéciale  à 


Coupe  de  l'oreille,  a,  hélix  ;  6,  tragus  ;  c,  antiiélix  ; 
d,  conduit  auditif  interne  ;  e,  antitragus  ;  f,  lobules  ; 
g,  tympan  ;  h,  oreille  moyenne  ;  i,  apophyse  styloïde  ; 
j,  trompe  d'Eustache  ;  k,  k\  carotide  interné  ;  ^,  limaçon; 
w,  vestibule  ;  72,  o,  p,  canaux  semi-circulaires. 

l'homme  et  oii  il  pend  les  «  l)oucles  d'oreille  ».  l.e  pa- 
villon se  montre  en  vestige  pour  la  première  fois  chez  les 
crocodiles.  11  fait  défaut  chez  certains  mammifères  (taupes, 
cétacés).  Le  conduit  auditif  externe  est  un  canal  ostéo- 
cartilagineux  (osseux  dans  sa  moitié  profonde,  fibro-carti- 
lagineux  dans  sa  moitié  superficielle),  étendu  du  méat 
auditif  à  une  membrane  (membrane  du  tympan)  qui  sé- 
pare l'oreille  externe  de  l'oreille  moyenne.  Sa  longueur 
varie  de  22  à  25  miKim.  chez  l'homme,  et  son  diamètre, 
selon  les  points,  de  7  à  9  millim.  Il  est  tapissé  par  la 
peau  qui  devient  de  plus  en  plus  fuie  à  mesure  qu'elle 
s'enfonce  dans  le  conduit,  enduite  d'une  matière  grasse 
et  jaunâtre  (cérumen)  sécrétée  par  des  glandes  en  grappe 
analogues  aux  glandes  sél)acées  (glandes  cérumineuses). 
Bien  développé  seulement  chez  les  mammifères,  on  en 
voit  les  premières  traces  chez  les  sauropsidés. 

Oreille  moyexne. —  Y1\q  est  constituée  par  une  espèce 
de  caisse  (caisse  du  tympan)  creusée  dans  le  rocher,  au- 
dessus  de  la  cavité  glénoide.  Sa  paroi  externe  est  consti- 
tuée par  une  mend)ranc vibrante  (membrane  du  tympan), 
mince  et  translucide,  tendue  dans  le  cadre  du  tympan  (os 
tympanal)  et  plus  ou  moins  inclinée  sur  l'horizon  (45*^  chez 
l'homme).  Sa  paroi  interne  est  osseuse  et  répond  à  l'oreille 
interne.  Au  centre,  on  \oïi  une  saillie  (promontoire)  ;  au- 
dessus  une  ouverture  ovale  (fenêtre  ovale)  fermée  par  la 
sole  do  l'étrier  et  communiquant  avec  le  vestibule  de  l'oreille 
interne  ;  'au-dessous  un  nouvel  oriiice  arrondi  (fenêtre 
ronde),  ferme  par  une  membrane  fibreuse  (tympan  secon- 
daire) et  communiquant  avec  le  limaçon.  Chez  l'homme, 
la  caisse  du  tympan  communique  en  avant  avec  la  trompe 
d'Eustache,  en  arrière  avec  les  cellules  mastoïdiennes.  Jin 
arrière  et  en  bas,  elle  présente  une  saillie  creuse  (pyra- 
mide) qui  renferme  le  muscle  de  l'étrier;  en  avant  du  pro- 
montoire s'ouvre  le  canal  du  muscle  interne  du  marteau 
par  un  orifice  elliptique  (bec  de  cuiller).  Elle  est  traver- 
sée par  la  corde  du  tympan,  le  nerf  de  Jacobson  et 
la  chaîne  des  osselets  de  l'ouïe.  Celle-ci  s'étend  de 
la  membrane  du  tympan  à  la  membrane  de  la  fenêtre 


'^i^  —  OREILLE 

ovale.  Elle  comprend:  le  marteau,  dont  le  manche  est 
enchâssé  dans  l'épaisseui'  de  la  mem])rane  du  tympan  ; 
l'enclume  avec  l'os  lenticulaire,  et  l'étrier  dont  la  sole 
vient  s'appliquer  sur  la  fenêtre  ovale.  Ces  osselets  s'arti- 
culent ensemble  pour  constituer  une  chaîne  mobile  mue 
par  deux  muscles,  le  muscle  du  marteau  et  le  muscle  de 
l'étrier.  Ils  sont  enveloppés  par  la  muqueuse  de  la  caisse, 
amincie  et  quasi  réduite  à  sa  portion  épithéhale.  La  caisse 
du  tympan  apparaît  à  partir  des  amphibiens  (anoures). 
Chez  les  sauropsidés  et  chez  les  monotrèmes,  elle  est  tra- 
versée par  une  tige  (columelle  de  l'oreille)  qui  se  frag- 
mente et  devient  la  chaîne  des  osselets  de  l'ouïe  chez  les 
mammifères.  L'oreille  externe  et  l'oreille  moyenne  dé- 
rivent de  la  formation  de  la  première  fente  branchiale. 

Oreille  interne. —  L'oreille  interne  ou  labyrinthe,  logée 
dans  le  rocher,  se  compose  de  deux  capsules  emboîtées 
l'une  dans  l'autre  :  une  externe  osseuse  (labyrinthe  os- 
seux), une  interne,  membraneuse  (labyrinthe  membra- 
neux). Un  liquide  lymphatique  (endolymphe)  remplit  le 
labyrinthe  membraneux  qui,  à  son  tour,  est  séparé  du  la- 
byrinthe osseux  par  un  liquide  de  même  nature  (péry- 
lymphe).  Ces  deux  liquides  ne  communiquent  pas  l'un  avec 
l'autre. 

^  Le  labyi'inthe  osseux  se  compose  d'une  chambre  cons- 
tituée par  trois  parties  communiquant  ensemble  :  une  cen- 
trale (vestibule),  une  postérieure  (canaux demi-circulaires), 
une  antérieure  (limaçon).  Le  vestibule  présente  deux  fos- 
settes, la  fossette  ovoïde  et  la  fossette  circulaire,  et  des 
trous  à  son  pourtour  qui  sont  les  orifices  des  canaux 
demi-circulaires.  Les  fossettes  sont  creusées  de  petits  per- 
tuis  par  où  passentlesnerfsvestibulaires  (taches criblées). 
Les  canaux  semi-circulaires  sont  au  nombre  de  trois,  l'un 
horizontal  (canal  horizontal  ou  externe),  les  deux  autres 
verticaux  (canal  supérieur  et  canal  postérieur).  Chacun 
d'eux  présente  une  dilatation  (ampoule)  et  débouche  dans 
le  vestibule  par  ses  deux  extrémités.  Le  limaçon  peut 
être  considéré  comme  un  tube  conique  enroulé  sur  lui- 
même  en  coquille  de  limaçon,  contenant  lui-même  un  tube 
spiroïde  membraneux  (canal  cochléaire) .  Son  axe  (columelle) 
est  percé  de  petits  trous  suivant  un  trajet  spiroïde  par 
lesquels  passent  les  filets  du  nerf  limacéen  ;  son  écorce  est 
appelée  lame  des  contours,  et  dans  son  intérieur  circule 
en  spirale  une  lame  osseuse  ([ui  se  (ixeen  dedans,  à  la  co- 
lumelle, et  n'atteint  pas  en  dehors  la  lame  des  contours 
(lame  spirale)  sur  laquelle  se  fixe  le  canal  cochléaire  qui, 
attaché  d'autre  part  à  la  lame  des  contours,  divise  la  cavité 
du  limaçon  en  deux  rampes,  une  qui  aboutit  à  la  fenêtre 
ovale  (rampe  vestibulaire),  l'autre  k  la  fenêtre  ronde 
(rampe  tympanique).  Ces  deux  rampes,  comme  le  canal 
cochléaire  ne  s'étend  pas  jusqu'à  la  coupole  du  limaçon, 
communiquent  ensemble  à  ce  niveau  (hélicotrème);  elles 
sont  remplies  de  périlymphe  et  comprennent  entre  elles 
le  canal  cochléaire  rempli  d'endolymphe.  Sur  le  plancher 
du  limaçon,  on  voit  l'orifice  de  l'aqueduc  du  limaçon  (con^ 
duit  périlymphatique)  qui  commence  à  paraître  chez  les 
reptiles  et  fait  communiquer  l'espace  périlymphatique  avec 
le  système  lymphatique  de  la  tète. 

Le  labyrinthe  membraneux  est  logé  dans  le  labyrinthe 
osseux.  Il  comprend:  Pie  vestibule  composé  de  deux  vé- 
sicules, le  saccule  et  l'utricule,  communiquant  ensemble 
par  un  canal  en  y,  l'aqueduc  du  vestibule,  conduit  endo- 
lymphatique  qui  existe  déjà  chez  les  myxinoides.  Ces  deux 
vésicules  présentent  des  épaississements  en  forme  de  taches 
(taches  auditives)  au  niveau  desquels  l'épithélium  se  mo- 
difie, devient  neuro-sensoriel  et  porte  des  cellules  ciliées 
(cellules  à  poils).  Les  fibres  des  nerfs  utriculaire  etsaccu- 
laire  viennent  se  terminer  dans  ces  taches.  Dans  l'inté- 
rieur des  vésicules  flottent  de  petits  cristaux  calcaires  (oto- 
lithes)  ;2"  les  canaux  demi-circulaires  logés  dans  les  canaux 
osseux  de  même  nom,  de  même  forme  qu'eux  et  s'ouvrant 
dans  l'utricule.  Les  ampoules  (extrémité  ampullaire)  de 
ces  canaux  présentent  des  épaississements  en  forme  de 
crêtes  (crêtes  auditives),  analogues  comme  structure   aux 


OREILLE 


516 


taches  auditives  décrites  ci-dessus  et  auxquelles  aboutissent 
les  filets  ampullaires  du  nerf  auditif;  3'^  le  limaçon  est 
constitué  par  un  canal  en  doigt  de  gant  contourné  en  spi- 
rale et  circulant  dans  l'intérieur  du  limaçon  osseux  (canal 
cocliléaire).  Il  décrit  un  trajet  spiroide  comme  la  lame  spi- 
rale osseuse  et  la  lame  des  contours  auxcpielles  il  est  rat- 
taché. Terminé  en  cul-de-sac,  au  niveau  de  l'extrémité  re- 
courbée de  la  lame  spirale  osseuse  (ha)nidus),  il  commence 
])ar  un  autre  cul-de-sac  logé  dans  la  fossette  cochléaire 
du  vestibule,  et,  là,  communicpie  avec  le  saccule  par  un 
étroit  canal  (canaUs  reuniens,  canal  de  Keichert).  Une 
coupe  du  canal  cochléaire  démontre  qu'il  constitue  un  ca- 
nal prismati([ue  et  triangulaire,  fixé  en  dedans  au  bord 
libi'e  de  la  lame  spirale  (protubérance  de  Huschke),  fixé 
en  dehors,  par  sa  base,  à  la  lame  des  contours  dont  le 
périoste  épaissi  constitue  à  ce  niveau  le  ligament  spiral. 
Sa  paroi  supérieure  est  constituée  par  une  membrane  très 
mince  (membrane  de  Reissner),qui  sépare  le  canal  coch- 
léaire (rampe  auditive)  de  la  rampe  veslibulaire.  Sa  paroi 
inférieure  est  formée  par  une  autre  membrane  (membrane 
basilaire)  qui  supporte  l'organe  de  Corti  et  sépare  le  ca- 
nal d(>  la  rampe  tympanique.  La  membrane  basilaire  est 
constituée  par  des  libres  parallèles,  analogues  aux  cordes 
tendues  d'une  harpe,  dont  la  longueur  croit  de  la  base  au 
sommet  du  limaçon.  Sur  cette  membrane  est  disposé  un 
organe  (organe  de  ('.orti)  formé  par  une  longue  série 
d'arcs  (arcs  de  Corti)  composés  chacun  de  deux  piliers 
(piliei's  de  Corti),  fini  interne,  l'autre  externe,  qui  ne  sont 
(jue  d(^s  cellules  épithéliales  transformées.  Au-dessous  des 
arcs  de  Corti  règne  un  véritable  tunnel  (tuiuiel  de  Corti). 
Adossées  aux  piliei'S  externes  régnent  trois  rangées  de 
cellules  ciliées,  adossée  aux  piliers  internes  une  rangée  de 
cellules  ciliées  (cellules  auditives,  cellules  de  Corti).  Ces 
cellules,  véritables  cellules  neuro-épithéliales  (cellules  sen- 
sorielles) reçoivent  une  fibre  du  nerf  acoustique.  Ce  der- 
nier, au  niveau  de  la  base  delà  lame  spirale,  constitue  un 
ganglion  (ganglion  spiral,  ganglion  deKosenthal)  qui  émet 
une  fibre  cellulipète  qui  se  porte  à  l'organe  de  Corti  et  une 
fibre  cellulifuge  qui  se  rend  à  l'encéphale. 

L'oreille  interne  est  d'origine  ectodermique.  Elle  com- 
mence par  n'être  qu'une  fossette  garnie  de  cellules  ciliées 
(poils  acoustiques)  dans  la  paroi  cle  laquelle  vient  se  ter- 
miner un  nei'f  (crustacés,  insectes,  début  de  l'organe  chez 
les  vertébrés).  A  un  stade  plus  élevé,  c'est  une  vésicule 
renfermant  un  liquide  (endolyinphe)  et  des  otolithes  (cœ- 
lentérés, vers,  tuniciers).  Chez  les  céphalopodes,  la  vé- 
sicule auditive  commence  à  se  dédoubler  en  utricule  et 
saccule  ;  chez  les  myxinoides,  on  voit  survenir  Fébauche 
des  canaux  demi-circulaires,  et  chez  les  poissons  osseux 
apparaît  pour  la  première  fois  un  rudiment  de  limaçon. 
La  papille  acoustique  basilaire  (origine  de  l'organe  de 
Corti)  ne  commence  qu'avec  les  batraciens.  Le  limaçon 
commence  à  se  recourber  chez  les  crocodiliens  et  les  oi- 
seaux et  n'atteint  ses  trois  à  quatre  tours  de  spires  que 
chez  les  mammifères.  L'oreille  humaine,  étudiée  chez  l'em- 
bryon, répète  ces  différents  stades  dans  son  développe- 
ment. Ch.  Debierre. 

II.  Physiologie.  —  L'oreihe  constitue  l'organe  de 
réception  des  ondes  sonores  ;  elle  présente  chez  l'homme 
et  les  mammifères  une  complexité  qui  a  po'-ir  objet  d'assu- 
rer le  perfectionnement  de  ce  sens.  Mais  l'oreille  ne  donne 
pas  seulement  la  notion  du  son,  elle  contribue  encore, 
comme  tous  les  sens  d'ailleurs,  à  la  notion  de  l'espace,  de 
la  direction,  de  la  distance.  Enfin  il  existe  dans  l'oreille  un 
appareil  annexe  qui  joue  un  rôle  important  dans  notre  équi- 
libration :  les  canaux  semi-circulaires.  L'oreille  n'est  donc 
pas  un  organe  essentiellement  spécifique,  et  le  nerf  auditif 
ne  saurait  lui  non  plus  être  considéré  comme  constitué 
par  un  nerf  spécial,  destiné  uniquement  à  la  transmission 
des  sons  ;  il  présente  une  dualité  remarquable,  telle  qu'on 
doit  considérer  en  lui  physiologiquement  deux  nerfs  dis- 
tincts, l'un  essentiellement  auditif,  l'autre  sensitivo-moteur. 

L'étude  an  atomique  a  montré  qu'il  existait  dans  l'oreille 


de  l'homme  trois  parties  :  l'oreille  externe,  l'oreille  moyenne 
et  l'oreille  interne,  cette  dernière  seule  essentielle  à  l'audi- 
tion, les  deux  premières  parties  n'étant  que  des  organes 
de  perfectionnement.  Nous  étudierons  successivement  le 
rôle  physiologique  de  ces  différentes  régions. 

Oreille  externe.  —  Les  saillies  et  les  dépressions  que 
l'on  remarque  sur  le  pavillon  sont  disposées  de  telle  sorte 
qu'elles  font  converger  vers  le  fond  de  la  conque,  vers  le 
conduit  auditif,  les  ondes  sonores.  Le  pavillon  est  donc  un 
collecteur  des  sons.  On  diminue  l'audition  en  effaçant  les 
anfractuosités  avec  de  la  cire  molle  (Steiner).  On  désigne 
sous  le  nom  de  champ  auditif  la  zone  de  l'espace  oii  les 
ondes  sonores  peuvent  être  recueillies  par  le  pavillon. 
Cette  portion  de  l'espace  est  limitée  par  une  surface  tron- 
conique.  Le  pavillon  sert  en  outre  à  nous  donner  la  notion 
de  la  direction  du  son.  Si  l'on  place  les  deux  extrémités 
d'un  tube  de  caoutchouc  dans  les  conduits  auditifs  externes 
et  que  l'on  dispose  une  montre  sur  ce  tube,  le  sujet  ayant 
les  yeux  fermés,  on  peut  déplacer  le  tube  et  la  montre 
d'arrière  en  avant,  et  inversement  sans  que  le  sujet  puisse 
indiquer  l'emplacement  de  l'objet  sonore  par  rapport  à  lui 
(Gellé).  La  membrane  du  tympan  reçoit  les  ondes  sonores 
qui  pénètrent  par  le  conduit  auditif,  et,  sous  leur  influence, 
entre  en  vibration.  On  démontre  en  optique  qu'une  membrane 
vibrante  n'entre  en  vibration  que  pour  un  son  déterminé,  qui 
est  le  son  fondamental,  ou  pour  un  multiple  de  ce  son,  c'est- 
à-dire  l'octave.  vSi  la  membrane  du  tympan  était  immuable, 
il  en  serait  ainsi  et  elle  ne  répondrait  qu'à  un  son  déter- 
miné, mais  on  sait  que  cette  membrane  est  susceptible  de 
vibrer  pour  une  grande  variété  de  sons.  Cette  propriété 
de  la  membrane  du  tympan,  cette  faculté  d'accommodation 
est  due  à  ce  que  sa  tension  peut  être  modifiée,  grâce  à  un 
dispositif  spécial.  Si  la  membrane  du  tympan  est  fixée  au 
cercle  tympanique  de  telle  sorte  que  sa  circonférence  ne 
puisse  être  changée,  elle  peut,  par  une  modification  dans 
-sa  courbure,  diminuer  sa  tension.  Cette  modification  est 
obtenue  par  l'action  d'un  muscle,  le  muscle  du  marteau 
qui  agit  par  l'intermédiaire  de  ce  petit  os.  Par  sa  contrac- 
tion, il  tire  en  dedans  le  manche  du  marteau.  Quand  la 
contraction  cesse  ou  diminue,  la  membrane  par  son  élas- 
ticité propre  et  par  suite  de  l'entrée  en  jeu  du  muscle  de 
l'étrier,  antagoniste  du  précédent,  reprend  sa  position 
d'équilibre.  Elle  se  tend  dans  les  sons  aigus,  se  détend 
dans  les  sons  graves. 

Cette  accommodation  est  si  prompte  que  nous  percevons 
distinctement  deux  sons  qui  se  succèdent  rapidement  et 
qui  ont  une  hauteur  très  différente,  mais,  dans  quel((ues 
cas  pathologiques,  on  observe  un  retard  très  marqué  dans 
la  perception  nette  du  second  son,  il  y  a  un  retard  dans 
l'accommodation.  La  fenêtre  ovale  transmet  au  liquide  de 
l'oreille  interne  les  vibrations  de  la  chaîne  des  osselets. 
Quant  à  la  fenêtre  ronde,  son  rôle  principal  est  d'assurer 
la  régulation  de  la  pression  labyrinthique.  Chaque  fois 
c[ue  l'étrier  vient  comprimer  la  fenêtre  ovale,  la  fenêtre 
ronde  bombe  dans  le  sens  contraire,  c.-à-d.  vers  la  caisse  ; 
il  en  résulte  dans  le  liquide  du  labyrinthe  une  série  d'os- 
cillations, qui  ne  pourraient  avoir  lieu  s'il  n'existait  pas 
dans  l'oreille  interne,  en  un  point,  une  paroi  extensible. 

Oreille  interne.  —  Perception  des  vibrations.  Les 
vibrations  transmises  par  la  chaîne  des  osselets  à  la  fenêtre 
ovale  se  propagent  dans  la  périlyinphe,  en  suivant  la  rampe 
tympanique,  la  rampe  vestibulaire,  pour  aboutir  à  la  fenêtre 
ronde  et  par  contiguïté  à  l'endolymphe.  Quel  est  le  rôle, 
dans  la  sensation  auditive,  des  différentes  parties  de  la 
vésicule  auditive  ?  Les  animaux  qui  ne  possèdent  que  cette 
forme  primitive  de  la  vésicule  percevant  les  bruits  qui  se 
passent  autour  d'eux,  il  est  hors  de  doute  qu'ils  consti- 
tuent des  organes  de  perception.  C'est  ce  que  la  descrip- 
tion anatomique  fait  prévoir,  en  outre,  cellules  sensorielles 
et  otoscolithes.  Gellé  a  montré  que  la  destruction  du  lima- 
çon n'entraîne  pas  la  perte  immédiate  de  l'audition.  Mais 
il  est  probable  que  l'audition  réduite  à  la  saccule  et  à 
l'utricule  est  confuse,  que  l'on  peut  avoir  la  perception 


17  — 


OREILLE 


des  bruits,  de  leur  intensité,  mais  non  de  leur  hauteur,  de 
leur  timbre.  Cette  fonction  perfectionnée  est  dévolue  au 
limaçon,  à  l'organe  de  Corti.  Helmholtz  avait  admis  que 
les  arcades  de  Corti  vibraient  synchroniquement  avec  les 
oscillations  de  l'endolymphe  et  venaient  frapper  des  fdets 
nerveux,  comme  les  touches  d'un  piano  frappent  les  cordes 
vibrantes.  Mais  le  rôle  si  important  des  piliers  dut  être 
abandonné  quand  Masse  démontra  que  les  oiseaux,  dont 
Touie  est  si  fine,  le  sens  musical  si  développé,  ne  pos- 
sèdent pas  de  piliers.  C'est  alors  que  l'on  a  fait  intervenir 
les  fibres  radiées  de  la  membrane  basilaire;  ces  fibres,  que 
Hensen  compare  à  des  cordes,  ont,  comme  nous  l'avons 
vu,  des  longueurs  variables;  elles  seraient  accordées  cha- 
cune peur  un  son  déterminé  (il  y  en  aurait  60.000  d'après 
Nuel).  Par  suite,  un  son  de  hauteur  donnée  ne  ferait  vibrer 
qu'une  seule  de  ces  cordes,  celle  accordée  pour  ce  nombre 
de  vibrations.  Leurs  oscillations  se  transmettraient  aux 
cellules  sensorielles  et  de  là  au  centre  nerveux.  Chaque 
fibre  nerveuse,  ébranlée  par  les  vibrations  des  fibres  ra- 
diales, possède  une  sensibilité  spéciale,  et  les  différences 
dans  les  qualités  des  sons,  la  hauteur  et  le  timbre,  se 
trouvent  rapportées  à  la  diversité  des  fibres  touchées  ;  pour 
chacune  d'elles  isolément,  il  n'existe  de  différences  que 
dans  l'intensité  de  l'excitation.  Mais  ce  rôle  principal 
accordé  aux  fibres  radiales,  dans  la  transmission  de  la 
vibration  reçue  aux  cellules  sensorielles,  est  fort  hypothé- 
tique. On  ne  peut  admettre  qu'un  rôle  de  transmission, 
car  les  fibres  radiales  ne  reçoivent  pas  de  filets  nerveux  ; 
or,  elles  ne  sont  en  rapport  direct  qu'avec  le  pied  des 
piliers  externes  de  l'arcade  de  Corti  et  elles  n'ont  que  des 
rapports  assez  indirects  avec  les  cellules  fusifoi'ines,  les 
cellules  sensorielles. 

Aussi  Waldeyer  et  Gellé  ont-ils  émis  l'opinion  que  les 
ondes  développées  dans  le  liquide  du  labyrinthe  viennent 
agir  directement  sur  les  prolongements  ciliés  des  cellules 
auditives.  Ces  cils  ayant  des  longueurs  variées,  on  peut 
supposer  qu'ils  sont  adaptés  pour  recueillir  des  sons  diffé- 
rents. Mais  tous  ces  auteurs  admettent,  avec  lïelmholtz,  que 
l'oreille  est  avant  tout  un  appareil  de  résonance  purement 
physique,  constitué  par  une  série  de  segments  ayant  la 
propriété  d'entrer  en  vibration  sous  l'influence  d'ébrtinle- 
mentsde  périodicité  donnée.  Depuis  1894,  deux  physiolo- 
gistes, l'un  Anglais,  Hurst,  l'autre  Français,  P.  Bonnier. 
ont  vivement  critiqué  cette  hypothèse.  Pour  P.  Bonnier,  le 
limaçon  est  un  appareil  enregistreur,  tout  le  dispositif 
compliqué  que  nous  connaissons  ayant  pour  effet  «  d'étaler 
l'ébranlement  dans  tous  les  détails  de  sa  forme  sur  une 
longue  surface  de  perception  (appareil  de  Corti)  dont  les 
éléments  contigus  procurent  une  analyse  continue  ».  Le 
nerf  auditif  n'analyserait  pas  le  son,  mais  le  transmettrait 
tel  quel  aux  centres  cérébraux.  Chaque  élément  sensoriel 
ne  serait  donc  plus  adapté  à  tel  son,  à  telle  harmonique, 
mais  transmettrait,  après  l'avoir  enregistré,  le  bloc,  pour 
ainsi  dire,  des  vibrations  arrivées  au  limaçon,  comme  un 
appareil  enregistreur  donne  une  courbe  unique  résultant 
de  la  fusion  d'un  ensemble  de  vibrations  communiquées. 
Les  recherches  expérimentales  de  Corradi  plaident  pour 
cette  conception  :  les  destructions  partielles  du  limaçon 
n'ont  jamais  altéré  plutôt  la  perception  des  sons  aigus  que 
celle  des  sons  graves,  quel  que  fut  le  siège  de  la  lésion. 

Acuité  auditive.  L'intensité  dépend  de  l'amplitude 
des  vibrations  ;  elle  est  proportionnelle  au  carré  de  l'am- 
plitude des  vibrations  et  inversement  proportionnelle  au 
carré  de  la  distance  du  point  sonore  à  l'oreille  ;  il  est  dif- 
ficile d'établir  le  minimum  d'intensité  du  son  perceptible 
pour  l'oreille  ;  il  existe  d'ailleurs  de  nombreuses  diffé- 
rences individuelles.  On  a  donné  cependant  comme  mini- 
mum le  son  produit  par  une  balle  de  hège  de  i  milligr.  tom- 
bant de  l  millim.  sur  une  plaque  de  verre  à  5  centim. 
de  l'oreille.  En  clinique,  pour  mesurer  l'acuité,  on  utilise 
le  plus  communément  le  tic  tac  de  la  montre.  Une  bonne 
oreille  entend  ce  bruit  à  P",80  environ. 

Limite  des  perceptions  auditives .  Un  son  n'est  perçu 


par  l'oreille  que  s'il  est  compris  dans  les  limites  détermi- 
nées. Dans  les  sons  graves  l'oreille  distingue  encore 
33  vibrations  (do  de  la  contre-octave)  par  seconde,  et 
dans  les  sons  aigus  41.000,  soit  11  octaves  et  demi.  En 
deçà  et  en  delà,  les  vibrations  des  corps  ne  seraient  plus 
perçues  par  l'oreille.  Ce  chiffre  de  41.000  vibrations  est 
un  maximum  rarement  atteint,  et  la  limite  normale  est 
environ  de  35.000.  La  disposition  de  l'oreille  moyenne  a 
pour  effet  d'offrir  une  réelle  résistance  à  la  propagation 
des  notes  très  aiguës  ;  aussi  est-ce  dans  le  cas  de  destruc- 
tion de  cette  partie,  que  l'on  a  noté  la  perception  de  son 
correspondant  au  chiffre  extraordinaire  de  80.000  vibra- 
tions (Blake).  Certains  animaux  ont  une  acuité  auditive 
remarquable,  le  chat  entre  autres.  L'acuité  auditive  s'af- 
faiblit avec  l'âge  ;  les  femmes  auraient  une  acuité  supé- 
rieure, mais  qui  présenterait  un  certain  affaiblissement 
pendant  la  menstruation.  Quel([ues  cas  pathologiques,  no- 
tamment la  néphrite  interstitielle,  s'accompagneraient  dès 
le  début  d'une  diminution  dans  l'acuité  auditive  (Dieu- 
lafoy). 

Sensibilité  auditive.  Il  y  a  lieu  de  distinguer  l'acuité 
et  la  sensibilité  auditive  ;  pour  la  première,  l'intensité  du 
son  intervient  seule  ;  pour  la  sensibilité,  il  faut  ajouter  la 
la  hauteur  et  le  timbre.  La  sensibilité  de  l'ouie  nous  per- 
met de  distinguer  deux  sons  l'un  de  l'autre.  Une  oreille 
musicale  distingue  nettement  des  différences  de  4/500  ; 
on  arriverait  même  à  1/1000  dans  quelques  cas,  mais 
cette  sensibilité  n'est  pas  la  même  dans  la  hmite  des  sons 
perceptibles.  Elle  diminue  aux  deux  extrémités,  sons  graves 
et  sons  aigus,  pour  atteindre  son  maximum  vers  la  région 
du  fa^  au  si^,  c.-à-d.  pour  un  nombre  de  vibrations  oscil- 
lant entre  2.800  et  3.000.  Ce  maximum  est  peut-être  dû 
à  ce  que  le  son  propre  du  conduit  auditif  externe  corres- 
pond à  cette  hauteur  de  3.000  vibrations.  Plus  encore  que 
pour  l'acuité,  on  constate  pour  la  sensibilité  des  différences 
individuelles  considérables.  Certaines  personnes  «  n'ont  pas 
d'oreille  »,  c.-à-d.  qu'elles  ne  peuvent  distinguer  des  sons 
différents  entre  eux  d'un  nombre  considérable  de  varia- 
tions. —  Certains  sujets  ne  perçoivent  pas  des  sons  d'une 
hauteur  déterminée  ;  ce  sont  des  daltoniens  auditifs. 

A  côté  de  son  rôle  d'organe  de  l'audition,  l'oreille 
exerce  d'autres  fonctions.  Telle  la  fonction  tmresthésiijue, 
qui  nous  permet  de  connaître  plus  ou  moins  distinctement 
les  variations  de  pression  extérieures  auxquelles  nous 
pouvons  être  soumis  :  jeu  de  la  caisse  du  tympan  ;  com- 
pression de  l'oreille  interne  par  transmission  des  pressions 
de  dehors  en  dedans.  Inversement,  les  pressions  internes 
vasculaires  sont  également  perçues  par  l'oreille  :  fonction 
manoesthésique.  Mais  la  fonction  la  plus  intéressante  de 
l'oreille  non  auditive  est  certainement  de  nous  assurer  de 
l'orientation  subjective  directe,  de  nous  donner  la  notion 
de  l'équihbre.  Une  région  déterminée  de  l'oreille  est  char- 
gée de  ce  rôle,  ('e  sont  les  canaux  semi-circulaires.  — 
Flourens,  en  d824,  a  montré  que  la  lésion  des  canaux 
semi-circulaires  provoquait  des  désordres  moteurs,  des 
phénomènes  de  déséquihbration.  Il  vit  que  ces  troubles 
étaient  en  rapport  avec  la  direction  des  canaux  touchés. 
Quand  on  pique  ou  sectionne  le  canal  horizontal,  il  y  a 
tournoiement  de  la  tête  sur  le  plan  horizontal.  S'il  s'agit 
du  canal  postérieur,  on  observe  des  phénomènes  de  cul- 
bute en  arrière  ;  en  avant,  si  c'est  le  canal  antérieur  qui 
est  lésé.  Après  la  section  des  trois  canaux,  la  perte  de 
l'équilibre  est  totale  :  il  y  a  incoordination  complète.  Tous 
les  expérimentateurs  n'ont  fait  que  confirmer  les  recherches 
de  Flourens.  Lussana  a  précisé  davantage,  en  démontrant 
que  c'était  bien  à  l'irritation  des  crêtes  ampullaires,  et 
non  du  canal  même  que  les  accidents  doivent  être  rap- 
portés. 

Flourens  avait  admis  que  les  canaux  semi-circulaires 
constituaient  l'organe  périphérique  dans  lequel  résideraient 
les  forces  modératrices  des  mouvements.  Goltz  fait  de  ces 
canaux  l'organe  de  Féquilibrc,  mais  surtout  de  l'équilibre  de 
la  tête.  Pour  de  Cyon,  ce  sont  les  organes  périphériques  du 


OREILLE 


—  r)-i8 


sens  de  l'espace,  c.-à-d.  que  les  sensations  provoquées  par 
Fexcitalion  des  terminaisons  nerveuses  dans  les  ampoules 
de  ces  canaux  servent  à  former  nos  notions  sur  les  trois 
dimensions  de  l'espace.  Aussi  de  Cyon  appelle~t-il  la 
branche  ampullaire  du  nerf  acoustique  le  nerf  de  l'espace. 
Pour  P.  Bonnier,  les  canaux  sont  le  siège  de  l'orienta- 
tion subjective  directe,  ou,  si  on  veut,  la  source  sensorielle 
de  l'exercice  de  l'équilibration  réflexe  ou  voulue.  Au  mi- 
lieu de  toutes  ces  théories,  il  est  difficile  de  faire  un  choix, 
mais  on  peut  néanmoins  reconnaître  que  tous  les  auteurs 
sont  d'accord,  avec  Flourens  pour  admettre  qu'après  la 
lésion  expérimentale  ou  pathologique  des  canaux  semi- 
circulaires,  il  existe  des  troubles  graves  d'équilibration. 

J.-P.  La^glois. 

III.  Anthropologie.  —  Le  pavillon  de  l'oreille,  chez 
l'homme,  est  normalement  ourlé,  bordé  en  avant,  supé- 
rieurem.ent  et  en  arrière  par  le  repli  de  l'hélix,  repli  cur- 
viligne, et  terminé  inférieurement  par  une  surface  plane 
et  souple,  sans  cartilage,  qu'on  appelle  le  lobule.  Chez  le 
chimpanzé  et  le  gorille,  le  pavillon  de  l'oreille  est  à  peu 
près  aussi  bien  ourlé  et  aussi  arrondi  que  chez  l'homme  ; 
mais  le  lobule  manque  généralement.  L'oreille  simienne  se 
distingue  surtout  par  l'absence  du  repli  de  l'hélix,  à 
l'extrémité  postéro-supérieure  du  pavillon,  qui  a  une  ten- 
tance  à  s'ériger  en  forme  de  pointe.  Darwin  a  signalé  des 
traces  de  cette  pointe  simienne  dans  l'humanité.  Et  il  est 
évident  que,  suivant  les  races  et  les  individus,  l'oreille 
extérieure  présente  plus  d'une  différence  dans  sa  morpho- 
logie. Ainsi  chez  le  nègre,  elle  est  communément  ronde, 
tendant  au  carré,  tandis  ([u' elle  est  plus  souvent  ovale  chez 
l'Européen.  Il  est  admis  que  ces  différences  et  certaines 
autres  touchant  le  lobule  se  transmettent  avec  constance. 
Elles  ne  sont  donc  pas  absolument  uidifférentes,  bien  qu'elles 
échappent  aux  descriptions  rigoureuses.  Et  les  défectuo- 
sités physiques  des  natures  frustes  ou  ingrates  ont  une 
curieuse  répercussion  sur  les  dimensions,  la  forme,  le  mode 
d'attache,  l'appareil  circulatoire  des  oreilles.  Zaborowski. 

IV.  Pathologie.  —  Considérations  générales.  — 
L'oreille  moyenne  (caisse  du  tympan,  trompe  d'Eustache, 
cellules  mastoïdiennes)  étant  en  communication  directe  avec 
la  partie  postérieure  des  fosses  nasales  et  Farrière-gorge 
par  l'orifice  de  la  trompe,  on  comprend  combien  facile- 
ment se  propagent  à  l'oreille  les  inflammations  si  fréquentes 
du  rhino-pharynx.  On  sait  que  souvent  on  est  atteint  de 
surdité  passagère  catarrhale,  par  obstruction  de  la  trompe, 
lorsqu'on  a  un  violent  rhume  de  cerveau. 

Les  complications  auriculaires  ne  sont  malheLireu.semeiit 
pas  rares  au  cours  ou  à  la  fin  de  la  fièvre  typhoïde,  des 
maladies  éruptives,  des  oreillons,  de  la  grippe,  des  angines, 
de  la  syphiUs  acquise  ou  héréditaire,  de  la  tuberculose, 
des  dermatoses  telles  que  l'eczéma.  Signalons  également 
les  tumeurs  adénoïdes  du  pharynx  qui,  par  propagation 
de  voisinage,  donnent  lieu  à  des  obstructions  de  la  trompe 
et  à  des  otites  graves.  Onn'yfait  pas  assez  attention,  on  les 
néglige  par  ignorance.  Aussi,  bien  des  enfants  deviennent- 
ils  plus  ou  moins  sourds  à  la  suite  d'une  rougeole,  d'une 
scarlatine,  etc.,  par  suite  d'otorrhée,  de  perforation  du 
tympan.  Certains  deviendront  sourds-muets  si  la  suppura- 
tion a  détruit  l'appareil  transmetteur  du  son.  Sur  400  cas 
de  surdi-mutité  il  y  en  a  2o  qui  surviennent  à  la  suite 
d'écoulement  d'oreille  négligé  et  qu'on  aurait  pu  guérir  ; 
25  ^/o  des  enfants  de  sept  à  quinze  ans  n'entendent  pas 
normalement,  et  sur  100  conscrits  réformés  27  le  sont 
pour  des  affections  de  l'oreille.  Enfin  on  n'ignore  pas  que 
toute  otite  purulente  négligée  peut  amener  la  mort  par 
compUcations  cérébrales  ou  méningi tiques. 

Les  connexions  intimes  des  fosses  nasales  et  de  l'oreille 
moyenne  ont  fait  que  les  progrès  de  Fotologie  ont  marché 
de  pair  avec  ceux  de  la  rhinologie.  C'est  grâce  à  des  mé- 
thodes d'exploration  perfectionnées  que  l'on  connaît  mieux 
maintenant,  et  partant  que  l'on  soigne  d'une  façon  plus 
rationnelle  les  affections  auriculaires. 

Moyens  d'exploration.  —  Pour  le  pavillon  et  le  méat 


CaUiétérisme  de  la  trompe   d'Eustache, 


auditif,  il  suffit  de  regarder  avec  soin  sans  aucun  instru- 
ment ;  pour  le  conduit  auditif  externe,  on  se  sert  d'un 
spéculum  argenté  dont  on  éclaire  l'intérieur  au  moyen 
d'un  miroir  frontal'  qui  réfléchit  la  lumière  d'une  lampe. 
L'introduction  du  spéculum  se  fait  en  tirant  légèrement 
en  haut  et  en  arrière  le  pavillon  ;  il  faut  agir  doucement, 
ne  pas  enfoncer  l'instrument  à  plus  d'un  centimètre  et 
demi,  et  on  ne  doit  jamais  provoquer  de  douleur.  Si  l'on 
s'est  bien  éclairé,  si  l'oreille  est  propre,  on  aperçoit  la 
membrane  du  tympan  et  l'apophyse  du  marteau  qui  doit 
servir  de  point  de  repère.  A  l'état  normal,  le  tympan  a  un 
aspect  gris  perle  nacré,  on  y  voit  le  triangle  lumineux; 
mais  rien  de  plus  variable  que  l'image  donnée  par  cette 
membrane  selon  l'âge  et  les  affections  de  l'oreille.  On  se 
sert  également  d'un  stylet  mousse  qui  doit  être  manié 
avec  la  plus  grande  prudence. 

Examen  de  l'oreille  moyenne.  Il  se  fait  au  moyen 
du  cathétérisme  de  la  trompe  d'Eustache  qui  renseigne 
si  ce  conduit  est  perméable  ou  non  ;il  a  été  découvert  par 
hasard  au  xvm«  siècle  par  Giiyot,  maître  de  poste  à  Ver- 
sailles. Voi- 
ci un  des 
procédés  les 
plus  usités  : 
on  intro- 
duit une 
sonde  d'ar- 
gent spé- 
ciale bie]i 
aseptique,  le 
])ec  en  bas, 
le  long  du 
plancher 
des  fosses 
nasales  ; 

lorsqu'elle  est  arrivée  dans  le  rhino-pha.ynx,  on  lui /ait 
décrire  un  mouvement  do  rotation  de  180«  en  butant  sur 
le  bord  de  la  cloison  comme  repère,  et  le  bec  de  la  sonde 
s'engage  dans  l'orifice  de  la  trompe  situé  sur  ce  même 
plan.  Si   la 
muqueuse  des 
fosses  nasales 
est  trop  sen- 
sible, on  a 
avantage  à 
Finsensibi- 
liser  avec  de 
la  cocaïne. 
Seule  l'habi- 
tude   rend  • 
le  cathété- 
risme facile, 
mais  cette  ex- 
ploration de- 
mande beaucoup  de  douceur  et  d'expérience;  certains  ma- 
lades sont  tellement  hal)itués  à  ce  qu'on  leur  passe  la  sonde 
qu'ils  arrivent  à  le  faire  eux-mêmes.  Le  cathéter  intro- 
duit, on  adopte  un  insufflateur  à  son  pavillon  et  en  insuf- 
flant de  l'air  on  se  rend  compte  si  la  caisse  est  aérable. 
Le  bruit  de  l'air  chassé  de  la  trompe  dans  la  caisse  fait 
vibrer  la  membrane  du  tympan  ;  ce  bruit  particulier  est 
perçu  par  le  patient  et  par  le  médecin  au  moyen  d'un  tube 
(otoscope  de  Toynbee)  dont  un  des  embouts  est  placé 
dans  l'oreille  du  malade,  l'autre  dans  celle  du  médecin. 
Cette  sensation  toute  particulière  que  donne  l'air  refoulé 
dans  les  trompes,  rien  de  plus  facile  de  l'expérimenter 
sur  soi-même  en  se  mouchant  fortement,  la  bouche  close. 
C'est  le  procédé  de  Valsalva. 

Examen  de  V oreille  interne.  Celle-ci,  constituée  par 
le  labyrinthe,  les  expansions  du  nerf  auditif,  est  située 
trop  profondément  pour  se  prêter  à  un  examen  direct. 
C'est  en  examinant  le  degré  de  Vacuité  auditive  qu'on 
pourra  se  rendre  compte  de  l'état  de  fonction  de  l'oreille 


Auscultation    de    l'oreille. 


—  519 


OREILLE 


interne.  L'examen  de  l'ouïe  par  la  voix,  la  parole  est  à  la 
portée  do  tout  le  monde,  la  voix  est  entendue  par  une 
oreille  saine  jusqu'à  20  m.  De  même  pour  la  montre  dont 
le  tic  tac  normalement  est  [)ei'cu  jusiju'à  '1^^\80  environ. 
Mais  avec  le  diapason  spécial  des  auristes,  on  obtient  des 
renseignements  plus  précis.  Dans  toutes  les  altérations  de 
l'appareil  de  transmission,  les  vibrations  du  diapason  sont 
mieux  et  plus  longtemps  perçues  du  côté  malade.  On  place 
le  diapason  sur  le  sommet  du  crâne  pour  avoir  la  percep- 
tion osseuse  ;  dans  une  oreille  normale,  le  son  du  diapason 
placé  sur  l'apophyse  mastoïde  ne  s'entendra  plus,  mais 
sera  encore  perçu  si  l'on  place  le  diapason  immédiatement 
devant  l'oreille  où  on  a  alors  la  perception  aérienne.  Enfin, 
lorsque  les  perceptions  osseuse  et  aérienne  sont  nulles,  la 
surdité  est  incurable. 

BRuns  ET  BOURDONNEMENTS.  —  Co  sout  des  symptômcs 
habituels  aux  maladies  des  oreilles  ;  ils  sont  parfois 
si  gênants,  si  incurables  qu'ils  poussent  les  malades 
au  suicide.  Les  bruits  de  cloches,  de  sifflet,  etc.,  se 
rencontrent  dans  les  cas  de  lésions  profondes,  surtout  s'il 
s'y  ajoute  des  vertiges  ;  l'obstruction  do  la  trompe  donne 
naissance  à  un  bourdonnement  toujours  le  même  :  les  ma- 
lades le  comparent  au  bruit  de  la  mer;  les  bruits  d'échap- 
pement de  vapeur  accompagnent  en  général  les  altérations 
de  la  chaîne  des  osselets  ;  enfin  les  bruits  vasculaires  iso- 
chrones au  pouls  ne  prouvent  pas  que  l'oreille  soit  ma- 
lade :  on  les  observe  dans  l'anémie.  Certains  malades 
n'entendent  pas  un  son  auquel  ils  sont  soumis,  ils  enten- 
dront un  la  pour  un  do  :  c'est  la  paracoiisie ;  d'autres 
entendent  mieux  une  conversation  au  milieu  du  bruit  que 
dans  le  calme:  c'est  la  surdité  paradoxale  de  Wilis  ; 
enfin  certains  entendent  une  note  différente  pour  chaque 
oreille:  c'est  la  diplacousie. 

Maladies  du  pavillon.  —  On  a  vu  des  enfants  naître  sans 
pavillon  ;  chez  les  aliénés,  les  idiots,  les  déformations  con- 
génitales sont  fréquentes  ;  on  sait  combien  la  forme  de 
l'oreille  se  transmet  par  hérédité. 

Traumatisme.  —  Le  pavillon  peut  être  complètement  dé- 
taché par  un  coup  de  sabre  ;  personne  n'ignore  que  couper 
les  oreilles  était  une  peine  fréquente  dans  l'antiquité  et  se 
voit  encore  en  Orient  ;  une  suture  immédiate  peut  donner 
une  réunion  parfaite.  Les  contusions  chez  les  boxeurs, 
les  déments  paralytiques,  amènent  une  bosse  sanguine, 
c'est  V othémathome  qu'on  peut  voir  sur  certaines  statues 
antiques  de  lutteurs.  L'eczéma  du  pavillon  peut  avoir  pour 
point  de  départ  chez  les  femmes  lymphatiques  la  petite 
plaie  du  lobule  où  l'on  passe  la  boucle  d'oreille  ;  il  en- 
vahit le  conduit  auditif,  la  joue  et  le  cuir  chevelu.  L'éry- 
sipèle  n'y  est  pas  rare  :  on  y  observe  aussi  les  engelures, 
qui  peuvent  déformer  l'oreille,  et  les  tophus  chez  les  gout- 
teux. La  syphilis  s'y  voit  rarement  sous  forme  de  chancre 
(morsure  clu  lobule),  plus  souvent  sous  l'aspect  de  syplii- 
lides  pouvant  donner  au  pavillon  un  aspect  éléphantia- 
sique  et  simuler  ['épithélioma. 

Maladies  du  conduit  auditif  externe.  —  Corps  étran- 
gers. Il  faut  toujours  y  penser  surtout  chez  les  enfants  ; 
ce  sont  en  général  des  perles,  des  pois,  des  graines,  etc., 
parfois  des  insectes  qui  déposent  leurs  larves  ;  les  symp- 
tômes sont  des  plus  variables  pendant  longtemps,  il  peut 
ne  rien  se  produire  ou  bien  il  y  a  une  légère  surdité  et 
un  pou  de  bourdonnement;  le  malade  souvent,  surtout 
si  c'est  un  enfant,  perd  le  souvenir  de  l'introduction 
du  corps  étranger  qui  à  un  moment  quelconque,  [parfois 
après  des  années,  occasionnera  des  accidents  les  plus  variés 
exposant  à  des  erreurs  graves  de  diagnostic  ;  il  peut  sur- 
venir de  l'otite  aiguë,  ulcération  de  la  membrane  du  tym- 
pan, suppuration  avec  méningite;  parfois  on  observe  des 
vertiges,  des  vomissements,  des  convulsions  chez  les  en- 
fants, une  toux  violente  :  tous  phénomènes  nerveux  ré- 
flexes faisant  croire  à  une  affection  cérébrale.  Enfin  cer- 
tains malades  se  figurent  avoir  un  corps  étranger  qui 
n'existe  plus.  Il  faut  être  très  prudent,  ne  jamais  employer 
de  pinces  pour  l'extraction,  car  elles  pourraient  produire 


,   des  délabrements  de  l'oreille  ;  on  se  servira  d'injections 
d'eau  bouillie. 

Bouchon  de  cérumen.  L'accumulation  de  cette  sécré- 
tion physiologi(pic  se  voit  surtout  chez  les  gens  malpropres 
et  peut  donner  lieu  à  des  symptômes  variés  comme  un 
corps  étranger  ;  pendant  longtemps  il  n'y  aura  aucun 
signe  ;  puis  à  la  suite  d'un  mouvement  brusque  ayant 
déplacé  le  bouchon,  une  chute,  un  plongeon  en  se  bai- 
gnant, il  survient  une  surdité  plus  ou  moins  complète  ;  ou 
i)ien  ce  sont  des  signes  de  compression  sur  l'oreille  interne 
par  l'intermédiaire  du  tympan,  il  survient  des  vertiges  et 
vomissements  pouvant  donner  lieu  à  de  graves  méprises. 
Pour  les  éviter,  il  faut  toujours  examiner  l'oreille,  et  l'on 
apercevra  sous  forme  d'une  masse  brun  jaunâtre  le  bou- 
chon cérumineux.  Il  faut  pour  l'extraire  le  ramollir  pen- 
dant vingt-quatre  heures  au  moyen  d'instillations  de  gly- 
cérine tiède,  puis  l'expulser  par  des  injections  d'eau  bouillie 
chaude  et  les  phénomènes  cessent  comme  par  enchantement. 
Eczéma  de  l'oreille.  ~  Il  est  des  plus  fréquents,  les  dé- 
mangeaisons étant  des  plus  vives  et  intolérables,  les  ma- 
lades se  grattent  et  s'inoculent  l'affection  qui  se  propage 
à  tout  le  conduit  auditif  qui  peut  être  rouge  et  très  di- 
minué do  calibre  par  le  gonflement  inflammatoire.  Le  trai- 
tement de  choix,  c'est  d'introduire  dans  l'oreille  une  mèche 
de  ouate  imbibée  d'une  solution  de  nitrate  d'argent  à  i  pour 
10  d'eau  distillée.  On  laisse  vingt-quatre  heures  et  la  dou- 
leur, la  démangeaison  disparaissent.  Une  des  'complica- 
tions les  plus  fréquentes  de  l'eczéma  du  conduit,  c'est  la 
furonculose  ;  les  petits  furoncles  siègent  dans  la  portion 
cartilagineuse  ;  la  douleur  très  vive  dans  le  fond  de  l'oreille 
devient  atroce  quand  les  malades  mastiquent;  il  se  fait 
des  auto -infections,  d'où  séries  de  furoncles.  Le  meilleur 
moyen  de  les  faire  avorter  est  encore  la  solution  de  ni- 
trate d'argent  et  l'on  calmera  la  douleur  avec  une  solu- 
tion chaude  de  cocaïne  (1  gr.  pour  40  gr.). 

Syphilis  de  l'oreille.  —  Les  syphilides  du  conduit  lors- 
qu'elles sont  papulo-hypertrophiques  ressemblent  à  s'y 
méprendre  aune  excroissance  polypiforme  non  pédiculée. 
A  toutes  ses  périodes,  acquise  ou  héréditaire,  la  syphilis 
peut  amener  des  désordres  nombreux  et  complexes.  La 
syphilis  secondaire,  lorsqu'elle  siège  dans  le  pharynx,  peut 
déterminer  non  seulement  de  la  surdité  par  obstruction 
de  la  trompe,  mais  aussi  une  otite  moyenne  purulente 
(V.  Otite)  par  propagation  jusqu'à  la  caisse.  La  syphilis 
peut  être  inoculée  dans  la  trompe  par  une  sonde  conta- 
minée. A  toutes  ses  périodes  elle  peut  provoquer  des  sur- 
dités incurables  ;  la  surdité  syphiHtique  peut  être  un  symp- 
tôme de  la  période  préataxique  du  tabès  ;  elle  a  ceci  de 
particulier,  c'est  qu'on  ne  trouve  aucune  lésion  de  l'appa- 
reil transmetteur  et  que  les  malades  deviennent  sourds 
avec  une  rapidité  foudroyante. 

Maladies  du  tympan.  —  L'inflammation  du  tympan 
s'appelle  la  myringite.  A  l'examen  on  voit  la  meiiibrane 
rouge,  ses  vaisseaux  injectés;  elle  survient  à  la  suite  de 
froid,  de  plongeons  dans  l'eau  froide,  après  l'ablation  d'un 
bouchon  de  cérumen,  d'un  corps  étranger,  d'injections  trop 
violentes  ou  trop  chaudes  ou  froides  ;  elle  guérit  assez  faci- 
lement par  des  bains  d'oreille  à  la  cocaïne.  Les  déchirures 
du  tympan  ne  sont  pas  rares  ;  elles  sont  dues  à  une  injec- 
tion violente,  à  une  intervention  maladroite  (pinces),  à 
une  aiguille  à  tricoter  (femmes,  enfants)  ;  on  en  a  observé 
à  la  suite  de  la  coqueluche,  chez  les  scaphandriers  ;  il  n'y 
a  rien  à  faire  :  la  déchirure  se  refermant  seule.  Les  pertes 
de  substances  sont  toujours  dues  aux  otites  mo3^ennes  sup- 
purées  ;  leurs  formes  et  dimensions  sont  des  plus  variables, 
depuis  un  simple  petit  orifice  difficile  à  voir  jusqu'à  une 
perte  presque  totale  delà  membrane  laissant  voir  la  caisse. 
Si  la  perforation  siège  dans  le  segment  inférieur  de  la 
membrane,  il  peut  y  avoir  encore  une  assez  bonne  acuité 
auditive  ;  mais,  dans  le  segment  supérieur,  le  moindre  per- 
tuis  peut  déterminer  une  notable  surdité,  car  c'est  là  que 
se  trouvent  les  organes  nécessaires  au  bon  fonctionnement 
de  Fouie.  On  y  remédie  par  un  tympan  artificiel  ou  mieux 


OREILLh]  —  OREILLONS 


320 


par  la  mijringoplastie  qui  consiste  à  plaffuer  sur  La  per- 
foration la  pellicule  cpii  se  trouve  dans  l'anif  :  petite  opé- 
ration qui  ne  réussit  pas  toujours,  étant  très  délicate. 

Pi>ly/)cs  (les  (veilles.  Ils  sont  une  des  complications  à 
Ionique  échéance  des  otites  purulentes  anciennes,  car  tou- 
jours le  polype  est  précédé  d'un  écoulemeid,  purulent  de 
l'oreille  ;  leur  implantation  se  t'ail  presque  toujours  dans 
la  caisse  ;  leur  volume  varie  d'un  grain  de  blé  —  et  alors  ils 
Si)]]t  souvent  plusieurs  —  à  une  noisette,  et  exceptionnelle- 
ment ils  peuveiil  remplir  tout  le  conduit  ;  muqueux,  ils 
saignent  très  facilement  ;  leur  nuirche  est  lente  ou  rapide, 
les  récidives  raines,  car  ki  guérison  est  la  règle.  Leurs  symp- 
tiuues  sont  ceux  de  l'otite  huppurée  avec  petites  hémor- 
ragies, les  signes  de  compression  sont  rares;  on  les  voit 
au  spéculum;  après  avoir  bien  nettoyé  l'oreille,  on  les  ex- 
tirpe avec  le  polyj)otome  spécial  ou  avec  les  causticpies. 

En  résumé,  la  pathologie  de  Foreille  dépend  de  sa  situa- 
tion topographiquo  :  communiquant  largement  avec  le 
rhino-pharynx  par  la  trompe  d'Eustache,  toutes  les  in- 
dammations  de  ces  parties  pourront  se  propager  càelle; 
c'est  donc  toujours  grâce  à  une  antisepsie  sérieuse  du  nez 
et  du  pharynx  qu'on  évitera  bien  des  affections  auricu- 
laii'es.  D^"  L.  P[nel  Maisonneuve. 

V.  Botanique.  —  Ce  nom  enlre  dans  la  désignation 
vulgaire  de  plusieurs  plantes  :  0.  d'aiîp.é.  ].'lJ)}i{)il]cus 
pendaliiius  DC.  (V.  Cotvlet).  —0.  l)'À^'E.  Le  Sf/ïiipht/- 
lu})i  olficinnle  L.  ou  grande  Consolide  (V.  ce  mot).  — 
0.  d'homme.  \jAsann}i  europœiDnij.  ou  Cabaret  (\.  Asa- 
]{Eï).  —  0.  DE  EiÈvKE.  Lc  Bupleiinim  falcatum  L.(V.  Bu- 
erEUHLM).  —  0.  DEUAT.  \.' lUeraciii ni pHoselUi]..  (Y.  Uie- 
1!Acujm).  —  0.  de  souris.  Le  Mijosotis  scorpioides  L. 
(V.  Myosotis)  et  aussi  VlUerachini  pilosella  L. 

VI.  Technologie.  — Oreille  ou  Yersoir  de  la  char- 
lUE  (V.  Charrue,  t.  X,  p.  799). 

HiuL.  :  PjiYf^ioLOGii':.  —  Gellé,  art  Aiidilion^  dans  le 
I>'ict.  de  phijsiologle  de  Kichet,  1897.  —  P.  Bonnikr, 
rOreille,  dans  VEjicyclopéclie  des  aide-mémoires  ;  Paris. 
1807.  —  De  Cyon.  Recherclies  sur  les  fonctions  des  canaux 
semi-circulaires  (Thèse,  doct.  médecine)  ;  Paris,  1878.  — 
KaîxiG,  Etude  sjw  les  caniaix  semi-circulaires  (Thèse, 
doct.  médecine)  ;  Paris,  1897. 

Pathologie.  —  IIi':rmet.  Leçons  sur  les  maladies  des 
oreilles,  1892.  —  CastJ':x.  Maladies  du  larijnx,  du  ne:  et 
d.es  oreilles,  1898. 

OREILLE  (Blas.).  S'applique  aux  animaux  dont  lQ<i 
oreilles  sont  d'un  émail  autre  (jue  celui  de  leur  corps.  — 
Se  dit  aussi  des  deux  petits  angles  d'une  coquille. 

OREILLER  (Archit.)  (V.  Coussinet  et  Chapiteau). 

OREILLETTE  (Y.  Coeur). 

OREILLONS.  I.  Pathologie.  —  On  donne  ce  nom  à 
une  maladie  infectieuse,  spécifique,  ayant  assez  d'analogie 
avec  les  hèvres  éruptives  ;  on  l'appelle  encore  les  ourles. 
Très  contagieux,  les  oreillons  sont  connus  depuis  long- 
temps |juis(|ue  Hippocrate  avait  déjà,  il  y  a  plus  de  deux 
mille  ans,  fort  bien  décrit  une  épidémie  survenue  dans 
Lde  de  Thasos.  Le  microbe  qui  l'engendre,  et  qui  doit 
pénétrer  dans  l'économie  par  la  bouche  ou  le  nez,  occa- 
sionne un  engorgement  lluxionnaire  des  glandes  parotides 
et  des  autres  glandes  salivaires  :  sous-maxillaires  et  sub- 
linguales: l'incubation  dure  de  quinze  à  vingt-cinq  jours. 

Description.  C'est  surtout  un  enfant  qui,  ayant  été  en 
contact  une  ou  deux  semaines  auparavant  avec  quelqu'un 
atteint  d'oreillons,  se  plaint  d'un  léger  malaise,  d'inap- 
])étence  ;  il  peut  y  avoir  un  mouvement  fébrile  avec  fris- 
sons, courbatures  et  vomissements  :  c'est  ce  qu'on  a  appelé 
la  /ièvre  (m r tienne.  On  ignore  encore  (juelle  maladie  va 
se  dé(darer  lorsque  survient  un  gonflement  au-devant  des 
oreilles  qui  éclaire  le  diagnostic.  Cette  tuméfaction  d'abord 
unilatérale  s'étend  bientôt  à  l'autre  côté  :  c'est  la  fluxion 
parotidienne  à  laquelle  se  joint  souvent  un  gonflement  du 
cou  et  de  la  face  si  caractéristi(iue  qu'on  peut  alors  recon- 
naître la  maladie  rien  qu'à  la  vue  du  patient.  Sa  face 
élargie,  ses  joues  boursouflées  lui  donnent  un  aspect  quehpie 
peu  comique.  L'inflammation  peut  s'étendre  aux  amyg- 
dales et  jusqu'au  pharynx  (angine  ourlienne)  et  même  elle 


peut  précéder  le  gonflement  parotidien  ;  mais  la  peau  reste 
normale.  La  douleur  à  la  mastication  est  parfois  très  vive, 
mais  vers  le  quatrième  jour  elle  s'apaise,  en  même  temps 
que  rinflammation  décroit,  tous  les  symptômes  s'atténuent 
et  la  guérison  survi(Mil  du  sixième  au  huitième  jour. 

Telle  est  habituellement  la  marche  de  cette  aflection  en 
général  très  bénigne.  Néanmoins,  dans  presque  la  moitié 
des  cas,  il  survient,  de  préférence  chez  les  adolescents  et 
les  adultes,  un  gonflement  testiculaire  :  t'e^iVorctiite  our- 
lienne, dont  on  peut  observerions  les  degrés  depuis  une 
légère  fluxion  qu'on  méconnaît  et  qui  ne  laisse  aucune  trace 
jusqu'à  ces  orchites  où  les  testicules  sont  très  volumineux 
et  très  douloureux  au  moindre  contact;  cette  fluxion  peut 
s'accompagner  d'une  violente  flèvre  avec  des  symptômes 
graves  et  inquiétants,  surtout  si  les  oreillons  ont  été  frustes 
et  ont  passé  inaperçus;  mais  en  quatre  ou  citui  jours  tout 
rentre  dans  l'ordre.  Parfois  l'orchite  cU'oreillon  S(Mnblent 
éclater  ensemble,  plus  rarement  le  gonflement  testiculaire 
précède  l'apparition  de  rinflammation  ])arotidienne.  Chez 
les  jeunes  fllles,  on  observe  assez  souvent  un  gonflement 
douloureux  des  mamelles.  Si  l'orchite  a  été  très  intense, 
il  peut  survenir  lentement  une  atrophie  testiculaire  (|ui. 
api'ès  guérison  apparente,  aboutira  au  féminisme. 

Comme  dans  toute  maladie,  on  peut  observer  les  formes 
les  plus  variables;  mais,  dans  une  forme  atténuée  et  abor- 
tive,  les  oreillons  n'en  sont  pas  moins  très  contagieux  ;  il 
n'est  pas  rare  (pie  les  glandes  parotides  soient  respectées 
et  (pie  la  fluxion  ourlienne  se  localise  aux  glandes  sous- 
maxillaires  et  sublinguales. 

Complications.  Sauf  l'orchite,  elles  sont  rares;  h)rs- 
(pi'il  y  a  de  l'albuminurie,  c'est  l'indice  d'une  néphrite 
légère^  qu'on  a  vue  très  rarement  aboutir  au  mal  de  Bright 
et  à  rurémie.  On  a  observé  des  troubles  de  l'ouie  amenant 
une  surdité  irrémédiable. 

Etiologie.  Les  oreillons  sont  rares  avant  troib  ans  et 
après  quarante  ans  ;  ce  sont  les  garçons  dans  les  pensions 
et  collèges,  les  jeunes  filles  dans  les  couvents,  les  jeunes 
soldats  à  la  caserne  qui,  grâce  à  une  promiscuité  constante, 
se  contagionnent  les  uns  les  autres,  et  c'est  là  (|u'on  ob- 
serve de  petites  épidémies,  Les  récidives  sont  bien  rares, 
une  première  atteinte  conférant  Fimmuni lé. 

Bactériologie.  Affection  éminemment  contagieuse  et  ne 
se  développant  jamais  spontanément,  les  oreillons  sont  dus 
à  un  germe  ou  microbe  qui  doit  être  extrêmement  diifusible. 
Charrin  et  Capitan  en  1881,  Laveran  et  Catrin  en  '189^-> 
ont  isolé  du  sang  et  des  li(piidt\s  de  ponction  un  strepto- 
diploco(iue  qui  parait  bien  être  l'agent  spécifupie  de  la 
maladie,  mais  la  preuve  irréfutable  n'en  a  pas  encore  été 
faite  comme  pour  toutes  les  maladies  microbiennes  :  l'ino- 
culation du  microbe  isolé  et  la  reproduction  de  l'afi'ection 
dont  il  est  la  cause. 

Pronostic.  Il  est  très  bénin  puisque  sur  33.445  cas 
dans  l'armée  française,  Catrin  n'a  signalé  (pie  3  cas  de 
mort  ;  même  dans  les  cas  qui  débutent  à  grand  fracas  avec 
des  formes  malignes,  un  état  typhoïde,  la  guérison  est  la 
règle,  cependant  l'orchite  ourlicmne  peut  al30utir  au  fémi- 
nisme et  à  la  ïîtérilité. 

Diagnostic.  On  ne  confondra  pas  les  oreillons  avec  les 
parotidites  qui  parfois  sur\iennent  dans  le  cours  ou  le 
déclin  des  fièvres  et  aboutissent  souvent  à  la  suppuration. 
Dans  l'orchite  blennorragique,  il  y  a  toujours  un  écoule- 
ment urétral;  dans  certains  cas,  si  la  fluxion  parotidienne 
a  passé  inaperçue,  le  diagnostic  sera  plus  délicat;  mais  en 
interrogeant  avec  soin  les  malades  on  trouvera  la  contagion. 

Traitement.  11  faut  isoler  les  malades  depuis  le  début 
de  la  maladie  jus({u'à  vingt  jours  après  sa  disparition 
totale.  L'antisepsie  naso-buccale  sera  très  précieuse  pour 
éviter  la  contagion.  Le  traitement  consiste  dans  la  diète 
lactée  et  les  purgatifs  légers  ;  il  faut  surveiller  l'atrophie 
testiculaire  qu'on  combat  efficacement  par  des  courants 
continus.  D'"  L.  Pinel  Maisonneuve. 

II.  Arghjtectuhe  (V.  Crossette). 
Pthl   :  Pathologie.  —  Trousseau,  Cliaique  nu'dicale. 


521 


OREILLONS  —  ORELIE 


—  Laveran,  Société  méd.  des  Hôpitauv,  IblH.  —  Catrix, 
Gazette  des  Hôpitaux,  1895  —  Comby,  les  Oreillons. 

O'REILLY  (John  Boyle),  patriote  et  littérateur  irlan- 
dais, né  à  Do\\tIi-Castle,  près  Droghedaje  28  juin  1844, 
mort  à  Boston  le  10  août  1890.  Apprenti  typogi^aplie 
(18o4-58),  compositeur  au  Guardian  de  Preston(Î859), 
il  devint  bientôt  reporter  de  ee  journal.  En  1863,  il  s'cn- 
gat>ea  dans  les  hussards.  Très  populaire  dans  son  régi- 
menl  parce  (pi'il  composait  et  chantait  de  jolies  chansons 
et  ballades  irlandaises,  il  profita  de  cette  popularité  pour 
faire  une  propagande  active  en  faveur  du  mouvement 
fenian.  Le  gouvernement  ayant  découvert  ses  agissements, 
O'Reilly  fut  arrêté  (1866),  jugé  par  une  cour  martiale  et 
condamné  à  mort.  Cette  peine  fut  commuée  en  celle  de 
vingt  ans  de  travaux  publics.  Envoyé  en  Australie,  il  réus- 
sit à  s'échapper  en  1869  et  passa  aux  Etats-Unis.  A  Bos- 
ton, il  devint  rédacteur  en  chef  du  Pz7o^,  prit  part  à  l'ex- 
pédition du  général  O'Neill  au  Canada  (1870)  et  à  la 
délivrance  des  prisonniers  politiques  irlandais  internés  en 
Australie  (1876).  Très  répandu  dans  la  Société  littéraire 
de  Boston,  il  a  laissé,  entre  autres  ouvrages  :  Songs  from 
Ihe  Southern  Seas  (Boston,  1873);  Songs,  le j ends  and 
hallads  (1878)  ;  The  Statues  in  the  Block  (1881)  ;  In 
Bohemia  (1886)  ;  Tlie  Poetry  and  songs  of  Ireland 
(1889);  des  romans  intéressants,  surtout  j¥ooH%n^  (Bos- 
ton, 1880),  qui  obtint  un  très  grand  succès;  un  volume 
relatil'  au  sport  :  Ethies  of  Boxing  and  manly  Sports 
(1888),  etc.  ^  R.  S. 

Biiu..  :  .Tanies-Jelïi'CY  liocriE,  Life^poems  and  speechs  of 
John  Boijle  O'Reilly  ;  Boston.  1891. 

O'REILLY  (Miles),  pseudonyme  de  Ch.-Graham  Hal- 
pin  (V.  ce  nom). 

OREL.  Ville  de  Russie,  ch.-l.  de  gouvernement,  à 
970  kil.  S.  de  Saint-Pétersbourg,  370  kil.  de  Moscou, 
dans  un  vallon  assez  étendu,  au  confluent  de  l'Oka  et  de 
la  petite  rivière  Orlik;  ait.,  250  m.  ;  70.000  hab.  Edifié 
primitivement  (1564  ou  1566)  sur  TOrlik  même,  en  vue 
d'opposer  une  digue  à  l'invasion  tatare,  le  bourg  d'Orel 
(signification  :  aigle)  fut  complètement  détruit  par  un 
incendie  en  1673;  reconstruit,  quelques  années  après,  sur 
son  emplacement  actuel  et  entouré  de  plusieurs  tourelles 
dont  il  ne  reste  plus  trace.  Dans  l'histoire  politique  de  la 
Russie,  Orel  s'est  distingué  par  l'appui  donné  aux  parti- 
sans du  faux  Dimitri  (dernières  années  du  xvi'^ siècle).  La 
ville  fut  encore  saccagée  par  les  Polonais  en  1611  pour 
avoir  publiquement  adhéré  au  nouveau  gouvernement  de 
Michel  Romanov.  Orel  essuya  aussi  plusieurs  sinistres, 
dont  les  plus  désastreux  furent,  durant  le  xix^  siècle,  les 
incendies  de  1848  et  de  1858. 

La  ville  compte  actuellement  près  de  6.500  construc- 
tions, dont  1.700  environ  en  pierre,  parmi  lesquelles  une 
quarantaine  d'églises  et  de  chapelles,  42  écoles,  palais  du 
gouverneur,  cercle  de  la  noblesse,  un  vaste  jardin,  etc. 
Le  commerce  de  la  ville  est  assez  actif,  grâce  à  sa  situa- 
tion sur  rOka,  à  l'endroit  même  où  cette  rivière  devient 
navigable.  La  ville  est  rehée  en  outre  par  le  chemin  de  fer 
à  Moscou,  à  Koursk  et  à  Vitebsk.  Principaux  articles  de 
trafic  :  lin,  chanvre,  céréales.  La  ville  possède  environ 
150  usines  où  sont  employés  près  de  2.200  ouvriers.  Bud- 
getmunicipal,  1.200.000 ir.  environ;  dette,  1.800.000 fr. 
Erigé  en  ch.-l.  du  gouvernement  en  1796. 

Le  gouvernement  d'Orel  (Orlovskaya  goubernia)  oc- 
cupe une  surface  de  42  kil.  q.  et  appartient  à  la  zone  agri- 
cole de  la  Russie  d'Europe.  Le  territoire,  légèrement  on- 
dulé, n'est  ])as  d'égale  valeur  :  YE.  de  la  province,  le  plus 
fertile,  est  aussi  très  densement  peuplé  ;  le  centre,  région 
industrieuse;  l'O.,  enfin,  pauvre  et  peu  peuplé,  ne  pro- 
duit même  pas  suffisamment  pour  sa  consommation.  Les 
terres  sans  cultures  forment  46  "^  o  de  la  surface  totale.  Plus 
de  8.000  hect.  sont  occupés  par  des  forêts.  La  moyenne  an- 
nuelle des  productions  agricoles  est  de  57  millions  de  pouds 
(912  millions  de  kilogr.),  dont  14  millions  de  semences, 
soit  net,  43  millions.  Consommation  intérieure,  27  d/2  mil- 
Hons  ;  exportation,  1 5 1/2  miUions.  Pommes  de  terre,  1 7  mil- 


lions de  kilogr.  —  te  principaux  cours  d'eau  qui  tra- 
versent la  région  appactiennent  aux  bassins  du  Don,  de 
rOka  et  du  Dniepr.  On  y  compte  aussi  une  centaine  di* 
lacs  et  de  lagunes  de  peu  d'importance  et  de  nombreux 
marais.  CHmat  en  général  modéré.  A  Orel,  moyenne 
annuelle  5^,8;  barom.,  745,8;  pluie,  535,5.  On  y  cons- 
tate toutefois  de  brusques  variations  de  température. 

Le  gouvernement  compte  7.378  lieux  habités  dont 
12  villes  ou  ch.-l.  de  district;  2.055.000  hab.,  soit  en- 
viron 48  par  kil.  q.  Impôts  directs,  3  millions  de  roubles; 
indir.,  7  milhons  environ,  les  6/7  représentés  par  les  droits 
sur  les  spiritueux.  Ecoles  primaires,  1.225  ;  73.600  élèves 
(11.600  filles).  Sur  6.000  recrues,  près  de  2.600  illet- 
trés, soit  près  de  42  ^'/o  (en  1890,  cette  proportion  dé- 
passait encore  70  ^/o). 

Le  district  (ouiezd)  a  2.800  kil.  q.  et  140.000  hab. 
(sans  la  ville).  P.  Lemosof. 

ORÉLIE-Anïoine  P^'  (Antoine  de  Tounens,  dit),  aven- 
turier français,  né  à  Chourgnac  (Dordogne)  en  1820,  mort 
à  Tourtoirac  (Dordogne)  le  19  sept.  1878.  Après  avoir 
exercé  à  Périgueux  la  profession  d'avoué,  il  se  rendit  au 
Chili  et  de  là  en  Araucanie,  où  il  trouva  des  peuplades 
pauvres,  barbares,  divisées ,  auxquelles  il  persuada  de 
s'unir  sous  son  autorité,  pour  acquérir  quelque  force  et 
faire  respecter  leur  indépendance.  Bientôt,  il  se  proclama 
roi  d'Araucanie  et  de  Patagonie,  sous  le  nom  d'Orélie- 
Antoine  I*^^  (1861),  et  annonça  l'intention  d'introduire  de 
toutes  pièces  dans  ses  Etats  les  institutions  et  la  civiU- 
sation  européennes.  Il  lui  fallait  pour  cela  tout  d'abord 
des  capitaux.  Mais  la  souscription  nationale  à  laquelle 
il  fit  appel  échoua  misérablement  en  France.  Sa  préten- 
due souveraineté  ne  fut  prise  au  sérieux  que  par  le  gou- 
vernement chilien,  qui,  revendiquant  les  territoires  dont  il 
se  disait  le  roi,  annonça  bientôt  l'intention  de  le  combattre. 
Encouragé  par  un  chef  de  tribu  nommé  Guenterol,  qui 
promettait  de  lui  fournir  40.000  hommes,  Orélie-Antoine 
s'apprêta  à  se  défendre.  Mais  fait  prisonnier  dans  la  plaine 
de  los  Perales,  par  la  trahison  de  quelques-uns  de  ses  gens 
(4  janv.  1862),  il  dut  se  réclamer  du  gouvernement  fran- 
çais, qui  voulut  bien  intercéder  en  sa  faveur.  Peu  après, 
il  s'évada,  fut  repris,  mais,  déclaré  fou  par  la  cour  d'ap- 
pel de  Santiago  (2 sept.  1862),  put  retourner  en  France, 
où  il  ne  devait  effectivement  pas  faire  preuve  de  beaucoup 
de  bon  sens. 

Il  n'eut  plus  dès  lors  qu'une  idée  fixe  :  reconquérir  son 
royaume.  Aussi  fit-il  bientôt  au  public  de  bruyants  appels 
par  des  pubfications  qui  n'eurent  pour  résultat  que  d'aug- 
menter le  ridicule  attaché  à  son  nom  (Orélie-Antoine  F"^, 
roi  d'Araucanie  et  de  Patagonie,  son  avènement  au 
trône  et  sa  captivité  au  Chili,  relation  écrite  par  lui- 
même;  1863,  in-8.  —  Historique,  Appel  à  la  nation 
française;  1863,  in-8.  —  Mani  (este  (V  Orélie-Antoine  P'\ 
roi  d'Araucanie  et  de  Patagonie;  1864,  in-8).  Les  ca- 
pitaux qu'il  s'efforça  de  se  procurer,  soit  par  négociation 
privée,  soit  par  souscription  publique,  lui  furent  partout 
refusés.  Il  se  vit  même  poursuivi  comme  escroc  pour  une 
dette  d'hôtel  (oct.  1864).  Il  fut,  il  est  vrai,  acquitté.  Mais 
sa  royauté  ne  s'en  porta  pas  mieux.  Rien  ne  put  pour- 
tant le  décourager.  Il  parvint  enfin,  en  1869,  à  retourner 
dans  ce  qu'il  appelait  ses  Etats.  Mais  il  y  fut  si  froidement 
accueilli  qu'il  lui  fallut  se  rembarquer.  Cette  nouvelle  leçon 
ne  le  guérit  pas.  En  1871,  il  se  fit  journaliste,  fonda  une 
gazette  non  politique,  intitulée  les  Pendus.  Il  créa  peu 
après  (1872)  la  Couronne  d'acier,  journal  officiel  d'Arau- 
canie, institua  gravement  un  ordre  de  chevalerie  et  pré- 
para péniblement  une  nouvelle  expédition,  qu'il  tenta  en 
avr.  1874,  avec  quatre  compagnons  et  fort  peu  d'argent. 
Cette  fois  encore  la  fortune  se  déclara  contre  lui.  Après 
avoir  touché  à  Buenos  Aires,  il  venait  de  reprendre  la 
mer,  quand,  à  la  demande  du  Chili,  le  gouvernement  ar- 
gentin le  fit  capturer  par  un  navire  de  guerre  (juillet).  Re- 
lâché de  nouveau,  il  put  rentrer  une  fois  de  plus  en  France, 
où  son  incurable  mégalomanie  rendit  la  fin  de  sa  vie  aussi 


ORÉLÏE  -.  ORENOQUE  —  l 

misérable  que  ridicule.  Poursuivi  par  ses  créanciers,  ré- 
duit à  un  dénûmcnt  absolu,  il  fut  recueilli  dans  un  hos- 
pice de  Bordeaux,  et  mourut  enfin,  pauvre  et  délaissé,  dans 
un  village  de  la  Dordogne,  sans  avoir  renoncé  à  ses  idées 
de  grandeur.  A.  D. 

ORELLANA  (Francisco  de),  explorateur  espagnol,  né 
à  Trugillo,  mort  en  1349.  Compagnon  de  Francisco  Pi- 
zarro,  il  coopéra  à  la  conquête  du  Pérou  et  partit  en  1540 
avec  Gonzalo  Pizaro  vers  l'intérieur.  Ils  franchirent  les 
Andes  et  atteignirent  le  rio  Napo  ;  mais,  tandis  que  le 
frère  de  Pizorro  retournait  à  Quito,  Orellana  continua  ;  il 
descendit  en  barque  le  rio  Napo,  puis  le  fleuve  des  Ama- 
zones jusqu'à  la  mer  qu'il  atteignit  au  bout  de  sept  mois 
(janv.-aoùt  lo4i),  découvrant  ainsi  le  plus  grand  fleuve 
de  la  terre.  Revenu  en  Espagne,  il  se  ht  charger  de  con- 
quérir et  de  coloniser  les  pays  qu'il  venait  de  révéler, 
mais  il  mourut  en  route  (V.  Amazoxe). 

BiBL.  :  Markhaini,  Expéditions  into  the  vallcy  of  the 
Amazons,  au  t.  XXIV  des  publications  de  Ilakluit  Society. 

OR  ELLE.  Com.  du  dép.  de  la  Savoie,  arr.  de  Saint- 
Jean-de-Maurienne,  cant.  de  Saint-Michel;  1.064  hab. 
ORELLI  (Jean-Gaspard  d'),  philologue  suisse,  né  à 
Zurich  le  13  févr.  1787,  mort  à  Zurich  le  6  janv.  1849. 
Il  fut  élève  de  Pestalozzi,  puis  pasteur  à  Bergame  (1807) 
et  à  Coire,  et  professeur  à  l'école  secondaire  de  Coire 
(1814),  puis  professeur  d'éloquence  au  gymnase  de  Zurich 
(1819).  11  prit  une  grande  part  à  la  fondation  de  l'Univer- 
sité de  Zurich  où  il  professa  la  philologie  classique  (1833).  Il 
fut  aussi  bibhothécaire  de  la  ville.  On  lui  doit  plusieurs 
volumes  relatifs  à  la  littérature  itahenne  et  surtout  de  re- 
marquables travaux  de  philologie  latine.  Nons  citerons  son 
Inscriptionum  latinarum  amplissima  coUectio  (Zurich, 
1828,  2  vol.  suppl.  par  Henzen,  1830);  sa  grande  édi- 
tion critique  de  Cicéron  (1826-31,  4  vol.  ;  2^  éd.,  1845- 
61),  remaniée  avec  le  concours  de  Baiter  et  Halm,  qui 
revisèrent  seuls  les  t.  II  et  IV  ;  les  Ciceronis  scholiastœ 
(1833)  et  VOnomasticon  liillianum  (1836-38),  rédigés 
avec  Baiter,  forment  les  t.  V  et  YI  à  YIII  de  l'édition 
d'ensemble.  Orelli  donna  ensuite  une  grande  édition  cri- 
tique d'Horace  (1837-38,  2  vol.  ;  4^  éd.  par  Hirschfelder 
et  Mewes,  Berlin,  1886-92),  dont  il  tira  une  petite  édition 
en  2  vol.  (1838;  6^  éd.  par  Hirschfelder;  Berlin,  1882- 
84)  ;  une  édition  critique  de  Tacite  (1846-48  ;  2^  éd.,  t.  I 
par  Baiter,  1859;  t.  II  par  Schweizer-Sidler,  Andresenet 
Meiser;  Berlin,  1877-95)  ;  il  a  aussi  publié  le  texte  seul 
de  Tacite  (1846-48,  2  vol.),  et,  avec  Baiter,  les  Fabellœ 
iamhicœ  de  Babrius  (1845).  Entin  il  donna,  avec  Baiter 
et  >Yinckelmann,  une  édition  de  Platon  (1839-42,  2  vol.). 
BiBL.  :  Adert,  Essdi  sur  la,  vie  et  les  travaux  de  J  -G. 
Orelli,  dans  Biblioth.  unlv.  de  Genève,  1819, 

ORENBOURG.  Yille  do  Russie,  ch.-l.  du  gouv.  du 
même  nom,  à  1.216  kiL  E.-S.-E.  de  Moscou  (1.520  kil. 
par  le  chem.  de  fer),  sur  la  r.  dr.  de  l'Oural  ;  72.740  hab. 
(en  1897).  Fondée  en  1735  an  confluent  de  l'Or  et  de  l'Ou- 
ral (emplacement  de  la  ville  actuelle  d'Orsk)  pour  servir 
de  rempart  contre  les  tribus  nomades,  elle  fut  rebâtie  deux 
fois  en  1740,  là  où  se  trouve  Krasnogorsk,  et  en  1743  à  son 
emplacement  actuel.  Au  fur  et  à  mesure  de  la  pacification 
des  Kirghis  habitant  les  steppes  de  la  rive  gauche  de 
rOural,  Orenbourg  a  perdu  toute  importance  comme  place 
forte.  Les  fortifications  mômes  ont  été  rasées  en  1862. 
Orenbourg  se  compose  de  la  ville  proprement  dite  et  d'un 
espèce  de  marché  fortifié  nommé  Gostiny  Dvor.  Siège  épis- 
copal.  Nombreuses  églises  orthodoxes,  deux  mosquées,  une 
église  catholique  et  un  temple  protestant;  arsenal,  ca- 
sernes, nombreux  établissements  d'instruction,  théâtre. 
Centre  commercial  très  important.  Orenbourg  est  l'entre- 
pôt du  trafic  entre  l'Europe  et  l'Asie.  Industrie  peu  consi- 
dérable :  tanneries,  fabrique  de  savon,  distillerie. 

Gouvernement.  —  Un  des  plus  grands  de  la  Paissie 
d'Europe.  Il  a  une  superficie  de  191.176  kil.  q.  (plus  du 
tiers  de  la  France)  et  le  nombre  de  ses  habitants  était  en 
1897  de  1.609.388.  Le  gouvernement  d'Orenbourg  es^f 


traversé  par  l'extrémité  méridionale  des  monts  Oural  qui 
se  divisent  en  trois  chames;  celle  de  l'O.  porte  le  nom 
d'Ourenga,  les  monts  Ilmen  sont  à  FE.,  et  la  chaîne  mé- 
diane garde  le  nom  de  la  grande  arête  :  l'Oural.  Le  gou- 
vernement d'Orenbourg  est  arrosé  par  le  Tobol,  qui  appar- 
tient au  bassin  do  l'océan  Arctique,  par  l'Oural,  la  Samara, 
la  Biélaïa  et  leurs  affluents  tributaires  de  la  Caspienne.  Les 
eaux  sont  surtout  abondantes  dans  la  partie  occidentale  du 
pays  qui  est  très  montagneuse,  très  boisée  et  dont  l'aspect 
forme  un  contraste  frappant  avec  la  région  orientale  cou- 
verte de  steppes  et  parsemée  de  lacs  et  de  salines.  Le 
chmat  du  gouvernement  d'Orenbourg  est  continental  et 
présente  assez  de  variations  ;  la  température  maximum  est 
de  +  40,8  et  minimum  de  —  40,5.  Les  steppes  de  FEst 
où  le  chmat  est  particuHèrement  rigoureux  l'hiver,  se  cou- 
vrent en  été  d'une  végétation  splendide  et  des  melons  d'eau 
renommés  y  mûrissent.  Le  sol,  d'une  grande  fertilité,  sur- 
tout dans  les  districts  d'Orenbourg  et  de  Tchéliabinsk,  pro- 
duit partout,  sauf  dans  la  région  montagneuse,  du  blé  en 
abondance,  du  froment,  du  seigle,  de  l'avoine,  du  sarra- 
sin. Le  bétail  est  nombreux:  on  remarque  surtout  les  che- 
vaux hachkirs  et  des  moutons  à  grosse  queue.  Dans  les 
montagnes  de  l'Oural,  on  trouve  de  l'or  (mines  du  Mias), 
du  cuivre,  du  plomb  argentifère,  des  gisements  de  fer 
oxydé  magnétique  ;  des  pierres  précieuses  (aiguës  marines 
et  topazes)  dans  les  monts  Ilmen,  et,  dans  les  environs 
d'Orenbourg,  une  riche  mine  de  sel  gemme  à'Iletskaïa 
Zachtchita.  L'industrie  du  gouvernement  est  peu  déve- 
loppée (exploitation  des  mines,  quelques  fonderies  de  graisse , 
tanneries).  Par  contre,  le  commerce  est  très  actif,  et  il  se 
fait  de  grands  échanges  entre  les  produits  manufacturés 
d'Europe  et  les  cuirs,  laines,  suifs  bruts  d'Asie. 

La  région  entre  l'Oural  et  le  Yolga  était  peuplée  autre- 
fois par  les  tribus  nomades  des  Bachkirs,  des  Nogaïs  et  des 
Kirghis;  elle  fut  tout  d'abord  conquise  par  les  Mongols, 
puis  tomba  au  pouvoir  des  princes  moscovites.  Les  pre- 
miers Russes  étaient  des  émigrés,  des  mécontents,  fuyant 
Ivan  le  Terrible.  Pierre  le  Grand  avait  prévu  l'importance 
de  ce  pays  qu'il  regardait  comme  la  porte  ouverte  entre 
l'Europe  et  l'Asie. 

Le  gouvernement  d'Orenbourg  compte  cinq  districts  : 
Orenbourg,  Orsk,  Yerkhné-Ouralsk,  Tchélialùnsk  et  Troitsk. 
Le  district  d'Orenbourg  a  37.203  kil.  q.  et  409.844  hab. 

OR  EN  DEL.  Poème  allemand  connu  par  un  manuscrit 
du  xv*^  siècle  et  une  édition  de  1512,  dont  on  fait  remon- 
ter la  composition  au  début  du  xiii''  siècle  et  qui  dérive- 
rait d'un  original  de  1190.  Il  amalgame  une  légende 
nordique  contée  par  VEdda  et  Saxo  Grammaticus  avec 
des  imaginations  chrétiennes  et  une  médiocre  imita- 
tion des  légendes  celtiques  du  saint  Graal.  Orendel,  fils 
du  roi  Eigel  de  Trêves,  part  avec  22  navires  pour  con- 
quérir la  main  de  la  Ijelle  Bride,  princesse  du  Saint-Sé- 
pulcre. Après  un  naufrage,  il  est  recueiUi  par  le  pêcheur 
Eise  et  pêche  une  baleine  qui  avait  avalé  la  sainte  tuni- 
que. Il  revêt  celle-ci  et,  devenu  invulnérable,  gagne  la 
main  de  Bride  et  revient  à  Trêves,  après  mainte  aven- 
ture; il  y  dépose  la  sainte  tunique  et  renonce  au  monde 
ainsi  que  Bride.  Ce  poème  a  été  édité  par  Ilagen  (Berlin, 
18M')  et  plus  récemment  par  Berger  (Bonn,  1888),  tra- 
duit par  Simroek  (Stuttgart,  18i5). 

BiBL.  :  Harkenske,  Untersuchungen  ûber  das  Spiel- 
manns  Gedicht  von  Orendel;  Berlin,  1879. —  Mûjllenhoff, 
au  t.  I  de  JDeuisc/ie  Altertumskunde  ;  Berlin,  1890,  2^  éd. 
—  Heinzel,  Ueber  das  Gedicht  vom  Kœnig  Orendel; 
Vienne,  1892.  —  Meyer,  Zum  Orendel,  au  t.  XXXVII  de 
Zeitscftrlft  fur  deutsckcs  Altertum,  1893. 

ORENOQUE  (espagnol  Orinocco,  Paraguaow  Orinucu 
des  Indiens).  Grand  fleuve  de  l'Amérique  du  Sud,  qui  ap- 
partient en  entier  à  la  république  du  Venezuela  ;  mais 
son  bassin,  d'environ  un  milhon  de  kil.  q.,  est  partagé 
entre  le  Yenezuela  et  la  Colombie  qui  possède  le  cours  su- 
périeur de  plusieurs  affluents  de  gauche.  On  en  trouvera 
la  description  dans  les  art.  Yenezuela  et  Colombie,  l'étude 
de  l'Orénoque  et  de  son  bassin  se  confondant  avec  la 


—  5^i3  — 


OKÉNOQUE  —  OKENSE 


géographie  physique  du  Venezuela  et  dos  territoires  orien- 
Uuix  de  hi  Colombie. 

OREODAPHNE  (Pal.  vég.)  (V.  Ocotea). 

OREODON  (Paléoul.).  \;enre  de  Mammifères  fos- 
siles, du  groupe  des  Ongulés  Artiodactyles,  décrit  par 
Leidy  (1851),  et  devenu  le  type  d'une  importante  famille, 
qui,  dans  le  tertiaire  de  l'Amérique  du  Nord,  paraît  avoir 
tenu  la  place  des  Porcins  et  notamment  des  Anaplolhe- 
ridœ  et  des  Hippopotamidœ  qui  manquent  au  nouveau 
continent,  et  des  Anthracotheridœ  qui  y  sont  rares.  La 
famille  des  Oreodontklœ  présente  les  caractères  suivants  : 
denture  complète  comprenants  paires  d'incisives,  1  paire 
de  canines,  4  paires  des  prémolaires  et  o  de  molaires  aux 
deux  mâchoires,  en  série  continue  ou  avec  diastèmc  ;  mo- 
laires sélénodontes,  les  supérieures  à  quatre  ou  rarement 
cinq  croissants  ;  les  prémolaires  à  un  seul  tubercule,  com- 
primées latéralement,  la  première  de  la  mâchoire  inférieure 


Crâne  du  Merycochœrus  macrostegus. 

fonctionnant  comme  une  canine.  Os  du  carpe,  du  tarse 
et  dos  métapodcs  séparés.  Pattes  à  quatre  doigts  :  les 
formes  primitives  seules  ont  cinq  doigts  au  membre  an- 
térieur. Ces  Ongulés  ont  vécu  dans  Téocène,  le  miocène  et 
le  pliocène  inférieur  de  l'Amérique  du  Nord,  et  se  sont 
éteints  sans  laisser  de  descendants.  Chez  les  formes  ty- 
piques le  crâne  rappelle  celui  des  Anoplolhères  (V.  ce 
mot) ,  mais  les  molaires  sélénodontes  indiquent  un  régime 
plus  franchement  végétal.  Les  canines  inférieures  se  dis- 
tinguent peu  des  incisives,  mais  la  première  prémolaire  in- 
férieure prend  la  forme  d'une  canine.  Les  membres  pré- 
sentent la  structure  la  plus  primitive  que  l'on  connaisse 
chez  les  Artiodactyles,  toutes  les  pattes  ayant  au  moins 
quatre  doigts  en  fonction,  les  latéraux  seulement  un  peu 
plus  courts,  le  pouce  seul  atrophié  (sauf  à  la  patte  anté- 
rieure de  Protoreodon).  Il  n'y  a  pas  de  soudures  au  cai^pe, 
et  les  os  de  l'avant-bras  restent  séparés.  Les  phalanges 
ressemblent  à  celle  des  carnivores.  En  résumé,  les  Oréo- 
dontes  représentent  un  type  très  primitif  d'Artiodactyles, 
et  les  rapports  que  l'on  a  cru  trouver  entre  eux  et  les 
Chameaux  ou  les  Ghevrotains  ne  sont  probablement  pas  phy- 
logénétiques  :  cette  famille  reste  actuellement  complètemeiit 
isolée  et  s'est  éteinte  au  début  du  pHocène,  dans  son  pays 
d'origine.  C'étaient  des  animaux  de  taille  grande  ou  moyenne, 
habitant  les  marais,  et  les  formes  les  plus  récentes  et  les 
plus  spécialisées  (Merycochœrus,  Cyclopidius)  avaient  des 
mœurs  plus  franchement  aquatiques,  comme  l'Hippopotame 
et  la  Loutre.  Le  régime  était  exclusivement  herbivore, 
consistant  en  racines,  bulbes  et  feuilles  de  plantes  aqua- 
tiques. 

Le  genre  le  plus  ancien  {Protoreodon)  est  do  l'éocène 
(couches  d'Uinta)  aux  Etats-Unis.  Les  pattes  antérieures 
possédaient  encore  cinq  doigts  ;  les  orbites  sont  ouverts 
en  arrière.  La  taille  ne  dépassait  pas  celle  d'un  lapin 
(P.  parviis,  du  Wyoming).  Dans  le  miocène  de  Whito 
Hiver  se  montre  Agriochœnis,  dont  les  orbites  sont  encore 
ouverts  en  arrière  et  qui  présente  un  diastème  entre  la 
forte  canine  et  la  prémolaire  supérieure  ainsi  qu'entre 
la  première  prémolaire  inférieure,  fonctionnant  comme  ca- 
nine et  la  seconde  prémolaire  plus  petite.  Les  espèces  de 
la  taille  du  mouton  ou  un  peu  plus  grandes  sont  nom- 
breuses dans  le  miocène  inférieur  du  Dakota  et  de  l'Orégon 
et  dans  le  miocène  moyen  du  même  pays  {A.  antlquus, 


A.  latifrons,  A.  major,  A.  ferox,  A.  Gandryi,  etc.). 
Les  genres  Arlionyx,  Coloreodon  et  Agriomeryx  n'en 
dilièrent  pas.  Le  genre  Oreodon  a  les  orbites  fermés  en 
arrière  et  présentant  une  fossette  lacrymale  ;  la  série  den- 
tiiire  est  ininterrompue  (comme  chez  V xinoplotherium)  ; 
la  taille  est  celle  des  Pécaris  ou  des  ^^angiiers,  mais  la 
tète  était  plus  courte  et  plus  ronde,  le  cou  et  les  membres 
plus  longs.  Ce  genre  est  très  commun  dans  le  miocène  in- 
férieur (0.  Culberstoni,  0.  gracilis,  etc.)  ;  il  est  repré- 
senté dans  le  miocène  moyen  (étage  de  John  Day)  par 
Eucrotaphiis  (E.  Jacksoni)  qui  en  diffère  surtout  par 
des  bulles  tympaniques  très  développées  :  Eporeodon  n'en 
diffère  pas.  Mesoreodon  (M.cJielonyx)  et  Merychyiis  (ou 
Jichoîepius)  sont  du  miocène  supérieur  et  du  pliocène  in- 
férieur du  Nebraska  et  du  Nouveau-Mexique  :  Merychyiis 
major,  par  sa  grande  taille,  forme  la  transition  au  genre 
suivant. 

Le  genre  Merycochœrus  représente  la  forme  la  plus 
grande  et  la  plus  spécialisée  de  la  famille.  Son  crâne  très 
grand,  à  orbites  placés  très  haut,  avec  la  région  faciale 
allongée,  les  mâchoires  pourvues  d'un  large  diastème,  les 
canines  très  développées  et  s'usant  obliquement,  les  inci- 
sives inférieures  proclives,  les  formes  massives  et  lourdes 
rappellent  l'Hippopotame,  et  il  est  évident  que  les  Mery- 
cochœrus super  bus  et  M.  macrostegus  ont  remplacé  ce 
genre  (de  l'ancien  continent)  dans  les  lacs  et  les  fleuves  du 
miocène  moyen  de  l'Amérique  du  Nord.  On  sait,  en  effet, 
que  l'Hippopotame  est  le  seul  des  grands  types  d'Ongulés 
(Eléphant,  Rhinocéros,  Tapir,  Cheval)  qui  n'ait  pas  de 
représentants  en  A.mérique.  Le  Merycocliœrus  cœnoms, 
qui  a  vécu  dans  le  pliocène  inférieur  (Loup  Fork)  du  Wyo- 
ming, a  été  le  dernier  représentant  du  genre  et  de  la  fa- 
mille tout  entière  qui  s'est  éteinte  avec  lui.  Trois  autres 
genres  aberrants  sont  :  Leptauchenia,  remarquable  par 
son  crâne  raccourci,  sa  mâchoire  inférieure  massive  (L.  ma- 
jor, L.  décora,  du  miocène  super.)  ;  Cyclopidius  à  crâne 
large  et  déprimé,  à  incisives  supérieures  petites  et  caduques 
chez  l'adulte  (C.  eniydinus),  et  enfin  Pitliecistes  (P.  bre- 
vifacies)  qui  n'avait  qu'une  seule  paire  d'incisives.  Les 
orbites  placées  au  sommet  du  crâne,  dans  ces  trois  genres 
du  miocène  supérieur  de  Montana,  indiquent  des  habitudes 
aquatiques.  E.  Trouessart. 

OREOPiTHECUS  (V.  ANniROPOïREs,  t.  HI,  p.  1G7). 
0RE0TRA6US  (V.  Antilope,  t.  Uï,  p.  210). 
ORENSE.  Ville.  —  Ville  d'Espagne,  ch.-l.  de  la  prov. 
de  ce  nom,  en  Galice,  sur  la  r.  g.  et  au-dessus  du  Mino, 
à  iU  m.  d'alt.;  44.168  hab.'(en  4887).  Evêché.  Un 
beau  pont  de  sept  arches,  long  de  370  m.,  franchit  le 
lîeuve.  Eaux  thermales  (-\-  68^),  carbonatées  et  chlorurées 
sodiques,  de  las  Burgas.  Cathédrale  gothique  de  1220. 
Chocolaterie,  lainages,  fonderie  de  zinc,  tanneries.  Gare 
du  chem.  de  fer  de  Monforte  à  Vigo. 

Province.  —  La  seule  des  quatre  provinces  de  Galice 
qui  ne  touche  pas  à  la  mer,  comprise  entre  la  frontière 
portugaise  au  S.,  la  prov.  de  Pontevedra  à  FO.,  celles  de 
Lugo  au  N.,  Léon  au  N.-E.,  Zamora  à  l'E.  Elle  mesure 
6.979  kil.  q.  et  avait,  en  4887,  405.427  hab.,  soit 
58  hab.  par  kil.  q.  Elle  doit  en  compter  en  4899  environ 
420.000.  C'est  une  région  montagneuse  ;  à  l'angle  N.-O., 
le  Montonto,  ramification  méridionale  des  I^yrénées  can- 
tabriques,  atteint  1.524  m.;  au  centre  de  la  province,  la 
Cabeza  de  Manzaneda  s'élève  à  4.776  m.,  et  la  sierra  de 
San  Mamede  à  4.646  m.  ;  à  FO.  de  ces  sommets,  le  Pe- 
nama  n'a  plus  que  936  m.  ;  mais  à  FE.,  la  Pena  Trevinca, 
borne  irontière  des  prov.  d'Orense,  Léon  et  Zamora, 
atteint  2.024  m.  Ces  montagnes  sont  creusées  de  pro- 
fondes vallées;  le  Minho,  à  son  entrée  dans  la  province, 
n'est  qu'à  77  m.  d'alt.  ;  c'est  le  point  où  il  reçoit  le  Sil, 
qui  sépare  les  prov.  d'Orense  et  de  Lugo  après  les  avoir 
traversées  alternativement;  le  Miilho  traverse  le  N.-O.  de 
la  prov.  d'Orense,  puis  va  former  la  frontière  portugaise. 
Le  N.  et  l'E.  de  notre  province  alimentent  son  bassin  par 
le  Ribey,  affl.  g.  du  Sil,  et  FArnoya,  atïî.  g.  du  fleuve; 


ORENSE  —  ORFELLA 


—  5^24  - 


les  eaux  du  S.-E.  vont  au  Duero  par  le  Tamega,  colles 
duS.-O.  alimentent  le  Liniia,  petit  fleuve  côtier  portugais. 

Le  sol  est  très  fertile  dans  les  vallées,  parmi  lesquelles 
celle  du  Limia  est  la  plus  riche.  Les  pâturages  des  mon- 
tagnes sont  excellents.  La  population  est  robuste,  labo- 
l'ieuse  et  lionnête,  mais  avare,  superstitieuse,  vindicative, 
adonnée  à  l'ivrognerie.  La  contrebande  s'y  fait  active- 
ment. Les  principaux  produits  du  sol  sont  les  céréales,  les 
légumineuses,  les  châtaignes,  les  amandes  et  autres  fruits, 
les  plantes  textiles.  On  exploite  les  ardoises  et  les  gra- 
nités, plusieurs  sources  thermales  (Burgas  à  Oj'onse,  Banos 
de  Molgas,  etc.).  L'industrie  est  peu  développée  ;  les 
paysans  tissent  eux-mêmes  leurs  vêtements.  On  tire  un 
peu  d'or  des  sables  du  Sil  ;  il  y  a  de  l'étain  dans  le  vjd 
du  Tamega  et  à  Viana  del  Dollo,  un  peu  de  cuivre  et  de 
zinc,  etc.  —  La  province  se  divise  en  11  pariidos,  dis- 
tricts judiciaires,  et  96  communes.  A. -M.  B. 

ORESMAUX.  Com.  dudép.  de  la  Somme,  arr.  d'Amiens, 
cant.  de  Conty  ;  1.069  hab. 

OR  ESTE.  Fils  d'Agamemnon  et  de  Clytemnestre,  frère 
d'Electre  et  d'Iphigénie,  sans  compter  une  troisième  sœur, 
Chrysothémis,  qui  ne  joue  dans  la  légende  qu'un  rôle  très 
effacé,  un  des  héros  les  plus  célèbres  de  la  tragédie 
grecque,  à  kujuelle  il  est  surtout  redevable  de  son  illus- 
tration. Il  était  enfant  encore  lorsipie  son  père  revint  du 
siège  de  Troie  ;  selon  Sophocle,  il  fut,  après  le  meurtre 
d'Agamemnon,  expédié  par  Eleclre  à  Phanoté  auprès  du 
roi  Stropliios  ;  là  il  se  lia  d'une  amitié  mémorable  entre 
toutes  avec  Pylade,  fils  de  ce  roi.  C'est  avec  lui  qu'il  re- 
vint à  Mycènes  quand  ils  eurent  tous  deux  atteint  l'âge  vi- 
ril ;  avec  lui,  sur  l'ordre  d'Apollon,  il  égorgea  Clytemnestre 
et  son  complice  Egisthe,  après  s'être  fait  reconnaître 
d'Electre  :  la  scène  de  reconnaissance  est  particulièrement 
touchante  dans  la  tragédie  de  Sophocle  qui  porte  le  nom 
de  cette  héroïne.  Mais  les  Erinyes  vengeresses  troublent 
son  esprit  et  s'attachent  à  ses  pas,  le  poursuivant  à 
Delphes  d'al)ord,  puis  devant  l'aréopage  d'Athènes  (V.  Ores- 
tik).  Chez  le  poète  Eschyle,  l'expiation  cesse  devant  ce 
tribunal  ;  les  tragiques  subséquents  imposent  à  Oreste 
une  autre  épreuve,  ils  l'envoient  en  Tauride  ravir  Limage 
d'Artémis,  honorée  dans  un  temple  (hmtlphigenie  (V.  cq 
nom)  est  devenue  la  prêtresse.  Suivant  la  loi  du  pays, 
Oreste,  toujours  accompagné  de  Pylade,  va  être  immolé 
sur  l'autel  de  la  déesse  par  sa  propre  sœur,  lorsque  la 
reconnaissance  s'opère.  Iphigénie  retourne  avec  les  deux 
jeunes  gens  dans  la  patrie,  et  y  transporte  le  culte  d'Ar- 
témis Tauropolos;  divers  monuments  placés  sur  leur  route 
sont  l'objet  de  légendes  dont  le  but  est  d'expliquer  la  ré- 
conciliation du  héros  parricide  avec  Tordre  divin. 

Euripide  cependant,  dans  sa  tragédie  romanesque 
iVEIectre,  réserve  à  Oreste  de  nouvelles  aventures,  aux- 
quelles sont  mêlés,  avec  Electre  et  Pylade,  Ménélas,  Hé- 
lène son  épouse  et  Hermione  sa  fille.  Pardonné  enfin  et 
rentré  en  possession  de  la  royauté  de  Mycènes,  Oreste  va 
ravir  Hermione,  qui  lui  a  été  promise  depuis  longtemps, 
à  Pyrrhus,  roi  d'Epire,  cpi'iltue  à  Delphes.  Après  son  ma- 
riage avec  la  fille  d'Hélène,  dont  il  eut  un  fils,  Oreste 
régna  aussi  sur  Sparte  et  réunit  sous  le  même  sceptre 
Argos  et  Mycènes.  Les  premiers  logographes  le  considèrent 
comme  l'auteur  de  la  colonisation  de  l'Asie  Mineure  par 
les  Eoliens  ;  d'autres  le  mêlèrent  à  l'histoire  de  l'immi- 
gration des  Doriens  dans  le  Péloponnèse.  Il  mourut  en 
Arcadie,  et  l'on  montrait  son  mausolée  près  de  la  route 
de  Tégéa  à  Thyréa  :  la  possession  de  ses  ossements,  trans- 
portés à  Sparte,  assure  la  victoire  des  Lacédémoniens  sur 
les  Tégéates  avec  lesquels  ils  étaient  en  guerre.  Par  là,  la 
conclusion  des  aventures  d'Oreste  ressemble  à  la  fin 
d'OEdipe  qui,  purifié  sur  le  sol  d'Athènes  par  les  Eumé- 
nides,  devint  après  sa  mort  le  gage  de  la  prospérité  de 
l'Attique.  Les  hellénisants  de  Rome  transférèrent  ses 
cendres,  les  uns  à  Aricia,  avec  le  culte  de  Diane  rattaché 
à  celui  d'Artémis;  d'autres  jusqu'à  Rome  même,  ou  on  les 
disait  ensevelies  auprès  du  temple  de  Saturne.   Les  tra- 


gédies, tant  grecques  que  romaines,  dans  lesquelles  Oreste 
jouait  un  rôle  important  sont  innombrables  ;  celles  qui 
sont  en  entier  parvenues  jusqu'à  nous  sont  les  Choéphores 
et  les  Euménides  d'Eschyle,  {'Electre  de  Sophocle, 
VOre^te,  ['Electre,  i'Iphigéhie  en  Tauride  et  ÏAndro- 
inaque  d'Euripide.  Tous  les  tragiques  latins  l'ont  mis 
à  tour  de  rôle  sur  la  scène  (scœnis  agitatus  Orestes,  dit 
Virgile,  En.,  IV,  471)  et  les  modernes  lui  ont  fait  une 
place,  peu  s'en  faut  aussi  importante,  dans  notre  théâtre 
classique  ;  l'Oreste  de  Racine  dans  Andromaqiie  est  le 
plus  célèbre  en  France,  et  celui  de  Gœthedans  r/7;/izV/6^H/(? 
en  Allemagne.  J.-A.  H. 

ORESTIE.  On  donne  ce  nom  dans  la  littérature  grecque 
à  la  célèbre  trilogie  (V.  ce  mot),  la  seule  qui  soit  arri- 
vée complète  jusqu'à  nous,  où  le  poète  Eschyle  met  en 
scène  les  principales  aventures  d'Oreste,  depuis  l'assassi- 
nat de  son  père  Agamemnon  jusqu'à  l'acquittement  du 
héros  devant  l'Aréopage  d'Athènes.  Les  tragédies  cfui  la 
composent  sont:  1«  V Agamemnon,  qui  nous  montre  le 
roi  des  rois  revenu  de  Troie  à  Mycènes  pour  y  tomber, 
frappé  de  la  hache  par  sa  femme  Clytemnestre  et  par 
Egisthe  ;  2«  les  Choéphores  ou  Porteuses  de  libations, 
où  Oreste  revenu  d'exil  frappe  lui-même  sa  mère  et  le 
complice  de  celle-ci,  sur  l'ordre  d'Apollon  ;  3^  les  Eumé- 
nides, ou  nous  assistons  à  la  poursuite  d'Oreste  par  les 
Erinyes  vengeresses,  au  sanctuaire  de  Delphes  d'abord, 
puis  à  Athènes  devant  le  tribunal  suprême  des  HéHastes  ; 
l'intervention  d'Athéna  décidant  de  l'acciuittement  du  hé- 
ros et  amenant  la  réconciliation  des  Erinyes  avec  la  jus- 
tice clémente  personnifiée  dans  les  dieux  nouveaux,  ce 
qui  leur  vaut  le  titre  i}i  Euménides,  c.-à-d.  les  Bienveil- 
lantes. L'œuvre  dans  son  ensemble  est  une  des  plus  har- 
dies et  des  plus  subUmes  ({ui  soient  sorties  d'un  cerveau 
humain  ;  elle  fait  époque  non  seulement  dans  l'histoire 
de  la  poésie  dramatique,  mais  dans  celle  de  la  moraUté 
humaine  ;  elle  est  au  point  précis  du  temps  où  tombe 
l'antique  loi  du  tafion,  où  se  lève  sur  l'Occident,  du  sein 
d'Athènes,  foyer  de  lumière  et  de  civilisation,  la  plus  pure 
morale  qu'ait  connue  l'antiquité.  La  purification  qui,  suivant 
Aristote,  est  le  but  de  la  tragédie,  s'y  opère  par  la  réconci- 
liation du  coupable  avec  l'ordre  universel.  Le  sujet  a  souvent 
inspiré  les  poètes  modernes  ;  l'œuvre  la  plus  récente  et  la 
plus  remarquable  est  à  chercher  dans  les  Erinyes  de  Le- 
conte  de  Lisle  avec  musique  de  Massenet.  J.-A .  H. 

ORESTIDE.  Province  de  ranti(iue  Macédoine  (V.  Mâck- 
doinp:). 

ORETANL  Peuple  de  l'Fspagne  aiitique,  qui  occupait, 
dans  VHispania  tarraconensis,  le  plateau  où  naît  l'Anas 
(Guadiana  alto)  et  la  vallée  supérieure  du  Battis  (Guadal- 
quivir),  ayant  pour  principales  villes  Oretum  (ruines  à 
Nuestra  Senora  de  Oreto),  Castulo  (Cazlona)  sur  le  B^is, 
Tugia  (Toya)  et  Vivatia  (Baeza).  Leur  pays,  intermédiaire 
entre  Carthagène  et  l'intérieur,  fut  le  théâtre  d'opérations 
militaires  décisives  de  la  seconde  guerre  punique. 

OREZZA.  Stat.  thermale  du  dép.  de  la  Corse,  com.  de 
Rapaggio,  arr.  de  Corte,  cant.  de  Piedicroce,  dans  la 
pittoresque  région  de  la  Castaniccia.  Les  eaux  d'Orezza 
sont  bicarbonatées  ferrugineuses,  avec  un  peu  de  manga- 
nèse, de  lithine  et  de  cobalt,  et  avec  de  l'acide  carbo- 
nique fibre  ;  elles  sont  froides  et  ne  s'administrent  qu'en 
boisson,  vu  l'absence  d'établissement  balnéaire.  Elles  sont 
utiles  dans  la  chlorose,  la  dyspepsie  et  les  engorgements 
viscéraux  consécutifs  à  la  fièvre  intermittente  ;  mais  elles 
sont  formellement  contre-indiquées  dans  la  phtisie  et  dans 
les  maladies  du  cœur.  D'"  L.  Hx. 

OR  FA  (V.  Edesse). 

OR  FAN  L  Ville  de  Turquie,  vilayet  de  Salonique  ; 
o.OOO  hab.  C'est  le  port  de  Sérès,  sur  le  golfe  de  Ren- 
dina,  près  de  l'embouchure  du  Strymon  (Strouma)  et  des 
ruines  d'AmphipoHs. 

ORFELLA.  Tribu  de  l'Afrique  septentrionale,  vivant  au 
S.  du  cap  Misrata  (Tripolitaine).  Elle  se  dit  arabe  et  parle 
arabe  et  serait  venue  de  l'Egypte  il  y  a  dix  siècles. 


D'i^ 


OKFÈVHE  —  ORFÈVRERIE 


ORFÈVRE  (Tecliii.).  L'étymologie  même  tic  ce  mot 
{aiiri  fabei')  montre  que  les  premiers  artistes  qui  ont  mis 
en  œuvre  les  métaux  précieux  les  travaillaient  générale- 
ment au  marteau,  pour  amincir  les  placjues  de  métal  et 
leur  donner  des  ornements  en  creux  ou  en  relief.  Ce  mode 
de  travail  remonte  à  la  plus  haute  antiquité,  comme  le 
prouvent  les  objets  trouvés  dans  les  fouilles;  il  est  en- 
core mis  en  pratique  par  les  peuples  nomades  :  Arabes, 
Tchèques,  Tziganes. 

L'outillage,  tout  primitif,  s'est  perfectionné  peu  à  peu, 
de  façon  à  permettre  d'obtenir  un  travail  plus  délicat.  — 
En  France,  l'orfèvrerie  fut  érigée  en  corps  d'état,  en  l'an 
1330,  par  Philippe  VI  de  Valois,  qui  donna  ensuite  aux 
orfèvres  leurs  premiers  statuts  en  1345.  Les  armoiries  de 
la  corporation  consistaient  en  une  croix  d'or  dentelée 
sur  champ  de  gueules  accompagnée  de  deux  couronnes 
et  de  deux  coupes  d'or,  à  la  bannière  de  France  en 
chef. 

Pour  être  reçu  matlre,  il  fallait  avoir  accompli  huit 
ans  d'apprentissage,  servi  les  maîtres  comme  compagnon 
pendant  deux  ans,  fait  chef-d'œuvre  et  donner  une  caution 
de  mille  livres.  A  la  tète  de  la  corporation  étaient  placés 
deux  gardes  et  un  gj^and  garde,  nommés  tous  les  ans  à 
Félection,  en  présence  du  procureur  du  roi  au  Chàteletet 
du  lieutenant  général  de  police.  Il  fallait  au  minimum  dix 
ans  de  maîtrise  pour  être  élu  garde  et  dix  ans  de  garde 
pour  pouvoir  être  grand  garde.  Sous  le  règne  de  JeanP^', 
les  orfèvres  firent  construire  pour  leur  corporation  une 
chapelle  sous  le  vocable  de  saint  Eloi,  leur  patron.  Les 
huit  ans  d'apprentissage  et  les  deux  ans  de  compagnon- 
nage ne  suffisaient  pas  pour  donner  droit  à  la  maîtrise , 
il  fallait,  en  outre,  subir  un  examen  devant  la  cour  des 
monnaies  sur  l'emploi  des  matières  d'or  et  d'argent  et  les 
différents  calculs  d'alliages.  Ce  n'est  qu'après  avoir  subi 
victorieusement  cette  épreuve  que  le  candidat  était  admis 
à  prêter  serment  et  reçu  maître  sur  avis  favorable  du 
procureur  général. 

En  1776  eut  lieu  la  réunion  au  corps  des  orfèvres- 
bijoutiers  de  celui  des  batteurs  d'or,  puis  en  1781  celle 
de  la  communauté  des  lapidaires,  ce  qui  porta  à  500  le 
nombre  des  marchands  orfèvres  de  Paris,  qui  n'était  au- 
paravant que  de  300.  Dans  ce  chifïre  ne  sont  pas  compris 
les  orfèvres  ayant  acquis  la  maîtrise,  soit  en  vertu  du  pri- 
vilège spécial  accordé  à  Fhôtel  des  Gobelins,  soit  en  vertu 
de  celui  accordé  à  l'hôtel  de  la  Trinité.  Le  nombre  des 
premiers  n'était  pas  limité  ;  celui  des  seconds  était  de 
deux.  Enfin,  il  existait  encore  six  autres  maîtres;  quatre 
qui  recevaient  leur  privilège  de  la  prévôté  et  deux  qui  le 
recevaient  du  duc  d'Orléans,  premier  prince  du  sang. 

Chaque  maître  avait  son  poinçon  particulier,  reproduit 
sur  deux  planches  de  cuivre,  déposées,  l'une  au  greffe  de 
la  cour  des  Monnaies,  l'autre  au  bureau  des  orfèvres. 

Chaque  pièce  d'orfèvrerie  devait,  une  fois  ébauchée, 
être  portée  au  bureau  des  orfèvres  pour  en  faire  la  décla- 
ration sur  le  registre  des  droits  royaux  et  être  marquée 
du  poinçon  de  charge.  Elle  devait  être  ensuite  déposée 
au  bureau  des  gardes-orfèvres,  qui  en  vérifiaient  le  litre 
et  y  apposaient  leur  poinçon.  En  dernier  lieu,  une  fois  les 
ouvrages  terminés  et  les  droits  acquittés,  le  régisseur  y. 
appli([uait  le  poinçon  de  décharge  sanslet^uel  on  ne  pou- 
vait les  mettre  en  vente. 

Maintenant,  ces  formalités  sont  bien  simplifiées  ;  l'or- 
fèvre qui  veut  commencer  un  travail  forge  une  plaque  de 
dimension  convenable,  y  appose  son  poinçon  et  la  porte 
au  contrôle,  qui  en  vérifie  le  titre  et  la  poinçonne  à  son 
tour.  Cela  fait,  l'artiste  exécute  son  travail  qui,  une  fois 
terminé,  est  reporté  au  contrôle  pour  recevoir  un  nouveau 
poinçon  qui  en  permet  la  vente. 

L'orfèvrerie  est  plus  un  art  qu'un  métier  et  exige  de 
ceux  qui  l'exercent  non  seulement  une  remarquable  habi- 
leté professionnelle,  mais  encore  un  goût  et  une  éducation 
artistique  très  développés.  xVussi  bien  des  noms  d'orfèvres 
célèbres  sont  venus  jusqu'à  nous  ;  le  nom  de  Benvenuto 


Cellini  est  dans  toutes  les  mémoires,  et  on  sait  que  la 
colossale  Minerve  d'Athènes,  dans  laquelle  les  seules  ma- 
tières employées  étaient  l'or,  l'ivoire  et  les  pierreries,  était 
l'tvuvre^de  Phidias.  E.  Maglin. 

ORFÈVRERIE.  I.  Archéologie.  —  L'orfèvrerie  est 
Fai't  de  mettre  en  valeur  artistique  les  métaux  précieux  ; 
mais  ce  dernier  mot  est  absolument  relatif,  car,  suivant  le 
cours  des  siècles,  certains  métaux  très  rares  sont  devenus 
abondants,  et,  de  précieux,  communs,  tandis  que  la  science 
découvrait  de  nos  jours  de  nouveaux  métaux  inconnus  des 
anciens.  II  faudra  donc  classer  dans  l'orfèvrerie  des  pièces  de 
bronze,  de  fer,  d'étain,  de  plomb  même,  comme  à  Mycènes, 
tout  aussi  bien  que  celles  d'argent,  d'or  ou  de  platine.  Ce  qui 
caractérise  particulièrement  le  travail  de  l'orfèvre,  c'est 
que,  dans  la  plupart  des  cas,  la  valeur  artistique  l'emporte 
sur  la  valeur  vénale  du  métal.  Plus  peut-être  qu'aucune 
autre  branche  de  Fart  industriel,  l'orfèvrerie  représente 
le  développement  artistique  d'une  race;  elle  doit,  en  efïet, 
se  plier  non  seulement  aux  goûts,  mais  aux  besoins  journa- 
liers de  la  civilisation  ;  elle  en  reproduit  les  scènes  reli- 
gieuses, les  cérémonies  puWiques,  les  fêtes  populaires 
comme  aussi  les  actes  les  plus  simples  de  la  vie,  livrant 
ainsi  à  la  postérité  ses  traditions,  ses  habitudes,  ses  cos- 
tumes dans  leurs  phases  les  plus  diverses.  Elle  nous  montre 
le  goût  des  barbares  aussi  bien  que  celui  des  races  les  plus 
délicates,  et  conserve  les  souvenirs  les  plus  précis  des 
peuples  pour  qui  elle  a  été  exécutée. 

De  tous  les  arts,  l'orfèvrerie  est  celui  qui  a  subi  les 
moindres  éclipses.  Guerres,  pillages,  fontes  générales  ou 
particulières,  loin  d'arrêter  l'essor  des  artistes,  donnent, 
au  contraire,  un  nouvel  aliment  à  leur  génie.  Ce  n'est 
pas  une  disparition  complète,  en  effet,  comme  celle  des 
statues  de  marbre  utilisées  comme  pierres  à  chaux,  mais 
une  transformation  imposée  tantôt  par  la  force,  tantôt 
parle  caprice  ;  la  forme  n'existe  plus,  la  matière  demeure  : 
l'objet  d'art  devient  lingot,  monnaie,  rentre  dans  les  tré- 
sors :  et  pendant  de  longs  siècles,  comme  le  métal  repré- 
sente la  seule  valeur  mobilière,  des  artistes,  attachés 
beaucoup  plus  aux  trésors  qu'aux  princes  mêmes,  mettent 
en  œuvre  la  matière  précieuse,  l'approprient  aux  exigences 
du  moment  jusqu'au  jour  où,  dans  un  instant  de  besoin,  on 
la  jettera  de  nouveau  au  creuset.  Les  inventaires  qui  nous 
décrivent  tant  de  richesses  disparues  ne  sont  point  seuls  à 
nous  apprendre  que  cette  valeur  artistique  à  laquelle  nous 
attachons  tant  de  prix  ne  comptait  pour  ainsi  dire  pas  ni 
dans  l'antiquité  ni  au  moyen  âge  ;  les  merveilleuses  pièces 
du  trésor  d'Hildesheim  portent  au  revers,  poinçonnée, 
la  mention  de  leur  poids,  permettant  ainsi  à  leur  pro- 
priétaire de  contrôler,  quand  il  le  voulait,  la  valeur 
de  son  épargne.  Nous  pouvons  donc  même  nous  étonner 
du  nombre  des  pièces  importantes  qui  sont  parvenues 
jusqu'à  nous  ;  elles  n'ont  été  sauvées  de  la  destruction 
que  par  de  savantes  dissimulations.  Mais  ce  que  la  terre 
nous  a  rendu  des  argenteries  de  l'antiquité,  ce  qui  a 
été  épargné  du  moyen  âge,  nous  permet  de  connaître  et 
d'admirer  les  grandes  écoles  d'orfèvrerie  qui  se  divisent 
en  deux  branches  bien  distinctes  :  l'une  comprend  les 
ornements  personnels  :  c'est  la  bijouterie  ;  l'autre,  les 
objets  mobiliers  de  toute  nature  comme  aussi  les  décora- 
tions architecturales  métalliques  :  c'est  l'orfèvrerie  propre- 
ment dite. 

La  bijouterie  se  subdivise  elle-même  en  joaillerie  et  en 
émaillerie  (V.  Joaillerie  et  Email).  La  première  emploie, 
sertit,  monte  les  pierres  précieuses  :  tantôt  la  gemme  est 
l'objet  principal,  la  monture  n'est  alors  que  l'accessoire 
destiné  à  la  faire  valoir  :  le  talent  de  l'orfèvre  consiste  à 
réduire  son  travail  à  la  discrétion  la  plus  artistique; 
tantôt,  au  contraire,  des  pierres  précieuses  moins  impor- 
tantes viennent  rehausser  de  leur  éclat  les  ciselures  du 
métal.  C'est  à  cette  économie  qu'il  faut  rattacher  l'orfè- 
vrerie émaillée,  qui  emprunte  aux  couleurs  brillantes 
d'une  matière  qui  épouse  les  plus  délicats  contours,  une 
richesse  que  les  gemmes,   dans  la  raideur  de  leurs  fa- 


ORFÈVRERIE 


—  o26 


cettes,  ne  sauraient  lui  prêter.  Il  faut  toujours  utiliser 
la  pierre  telle  qu'elle  se  présente  ;  l'émail,  au  contraire, 
obéit  à  la  pensée  de  l'artiste,  qui  l'assouplit  à  sa  volonté. 
L'émail,  aux  pre- 
miers siècles,  dans 
la  bijouterie  gau- 
loise, remplace,  au 
moment  où  l'Inde 
et  la  Chine  attirent 
à  elles  les  produits 
des  pêcheries  de  la 
Méditerranée,  le  co- 
rail, puis  le  jaspe 
et,chezlesCarlovin- 
giens,  les  grenats 
sertisses,  qui  or- 
naient naguère  les 
beaux  spécimens  de 
l'orfèvrerie  méro- 
vingienne ;  puis,  au 
xiv«  siècle,  l'appli- 
cation des  émaux 
translucides  sur 
paillon  donne  un 
éclat  nouveau  à  la 
bijouterie.  La  ?îzg//(? 
(V.  ce  mot)  est  en- 
core œuvre  d'or- 
fèvres, qui  combi- 
nent en  plus  les  alliages  les  plus  complexes  pour  varier 
la  couleur  des  métaux  qu'ils  emploient  et  augmenter  ainsi 
la  gamme  des  tons  à  leur  disposition. 

La  bijouterie  et  l'orfèvrerie  se  tiennent  si  étroitement 
qu'il  est  impossible  de  les  séparer  lorsqu'on  s'arrête  aux 
écoles  particulières,  exécutées  qu'elles  sont  par  les  mêmes 
maîtres  ;  on  ne  saurait  nier  également  l'emploi  des  bijoux 
pour  augmenter  la  valeur  artistique  de  nombreuses  pièces 
d'orfèvrerie,  depuis  la  statue  de  Minerve  du  Parthénon 
jusqu'aux  reliquaires  les  plus  modernes;  elles  resteront 
donc  unies  dans  la  rapide  excursion  que  nous  allons  faire 
dans  l'histoire  de  l'orfèvrerie. 

Egypte.  A  voir  les  monuments  merveilleux  de  délica- 
tesse que  nous  ont  livrés  les  tombeaux  égyptiens,  on  ne 
saurait  vraiment  croire  que  plus  de  cinquante  siècles  nous 
séparent  des  richesses  qu'ils  renfermaient.  La  coupe  de 
bronze  de  Khiti  P^',  fondateur  de  la  IX^  dynastie  des  Pha- 
raons, le  pectoral  d'Ousatersen  Kl,  de  la  XllP  dynastie, 
montrent  la  sûreté  de  main  des  anciens  orfèvres  égyptiens 
et  l'habileté  qu'ils  déployaient  dans  Fincrustation  de  la- 
melles vitreuses,  de  pierres  fines  serties  dans  un  mince 
cloisonnage  d'or  :  les  lourds  gorgcrins,  les  gras  scarabées 
d'onyx  et  d'améthyste,  les  fragiles  bracelets  découverts  à 
Minieh  Dashour,  en  1894,  par  M.  de  Morgan,  sont  une 
révélation  véritable.  La  barijuo  d'or  votive  du  pharaon 
Kamosou,  de  la  XYII^  dynastie,  dn  musée  de  Gizeh,  le 
collier,  les  bijoux  et  les  armes  de  la  reine  Ahhoptou  P°, 
de  la  XVIII®  dynastie,  marqueraient  plutôt  une  époque  de 
décadence,  si  l'incrustation  précieuse  et  les  damasquinages 
finement  gravés,  qui  se  retrouvent  dans  les  œuvres  mycé- 
niennes n'apportaient  une  note  nouvelle  dans  l'art  de  tra- 
vailler les  métaux.  Une  peinture,  du  tombeau  de  lioui,  de 
la  XVIÏI®  dynastie  thébaine,  qui  nous  a  conservé  le  modèle 
d'un  bien  curieux  surtout  de  table,  où  des  hommes  et  des 
singes  cueillent  des  fruits  dans  les  palmiers  à  travers  les- 
quels deux  conducteurs  mènent  des  girafes  apprivoisées, 
rappelle  le  luxe  d'une  civilisation  que  nous  sommes  loin 
encore  d'avoir  pénétré. 

Asie  Mineure.  Les  monuments  de  l'orfèvrerie  chal- 
déennesont  rares  ;  quelques  brojizes,  (juelques  bijoux  en 
or,  mais  surtout  un  vase  en  argent  oifert  à  Ninghersou 
par  le  patesi  Entemena,  montrent  que  les  plus  vieux 
orfèvres  de  la  Chaldée  ne  le  cédaient  en  rien  aux  meilleurs 
ouvriers  de  l'Egypte  :  les  aigles  qui  décorent  ce  vase  monté 


Pectoral  crOusatersen  III. 


sur  un  petit  socle  de  bronze,  les  sept  génisses  couchées 
(jui  allongent  leurs  tètes  s'agencent  ingénicusemeut,  et  leur 
structure  générale  nous  répète  que  les  descriptions  d'orfè- 
vrerie de  l'Ancien 
Testament  n'exagè- 
rent en  rien  la  ri- 
chesse mobilière  de 
la  puissance  sacer- 
dotale des  religions 
de  l'Asie  Mineure. 
Les  Hébreux,  eux, 
employaient  l'or  le 
plus  pur  pour  dé- 
corer l'arche  sainte 
soutenue  par  des 
chérubins,  pour 
fondre  le  chandelier 
à  sept  branches, 
pour  revêtir  de  la- 
mes métaUiques  les 
parois  du  temple, 
et  les  chap.  xxxvi 
et  XXXVII  du  Livre 
de  rEdvde,  qui  dé- 
crivent les  orfèvre- 
ries du  peuple  de 
Dieu,  livrent  à  la 
postérité  les  noms 
deBcseleelet  d'Oo- 
arlistiquo  avait  fait  choisir  par 


liai),  que   leur  célébrité 


Vase  d'Eiitemena  (Monuments  Piot). 

Moi^e  pour   les  exécuter.   Les  Phéniciens,  en  rapports 
constants  avec   les  l:]gyptiens,  les  Grecs,  les  Chaldéens 


527  — 


ORFÈVRERIE 


et  les  Hébreux,  s'inspirèrent  des  principes  qui  prési- 
daient à  l'ornementation  des  objets  d'or  et  d'argent  que 
leurs  navigateurs  rapportaient  du  Delta  ;  ils  y  intro- 
duisirent, par  exemple,  les  éléments  étrangers  des  voisins 
que  nous  venons  de  citer.  Deux  coupes,  qui  ont  échappé  à 
la  destruction,  nous  précisent  les  transformations  que  les 
orfèvres  phéniciens  firent  subir  à  des  motifs  égyptiens  en 
leur  alliant  des  réminiscences  chaldéennes.  A  l'autre  extré- 
mité de  l'Asie  Mineure  enfin,  les  fouilles  de  Schliemann  à 
Troie  ont  mis  à  découvert  des  monuments  d'orfèvrerie,  qui 
sont  fortement  imprégnés  du  sentiment  artistique  que  nous 
allons  retrouver  dans  les  découvertes  de  My cènes. 

Grèce.  Mycènes,  «  la  ville  oii  l'or  abonde  »,  dit  Homère, 
a  fourni  des  monuments  précieux  en  plus  grand  nombre 
que  nulle  autre.  La  capitale  d'Agamemnon  l'emporte  sur 
Orchomène,  et  les  tombes  ouvertes  par  Schliemann  ne 
sont  pas  pour  infirmer  les  dires  d'Homère.  Mais  à  quelle 
époque  fleurit  cette  civiHsation,  très  personnelle,  s'éten- 
dant  d'ailleurs  sur  une  très  longue  période  d'années,  qui 
va  du  petit  temple  d'or  «  du  ¥  tombeau  »,  de  F  anneau 
carré,  des  plaquettes  d'or  à  simples  enroulements,  du  pec- 
toral d'or  rudimentaire,  jusqu'au  vase  d'or  de  Yaphio,  en 
passant  par  ces  masques  d'or  si  étranges,  par  ces  poignards 


Vases  d'or  de  Vapliio, 

aux  fines  damasquinures,  si  rapprochés  des  armes  égyp- 
tiennes de  la  XV  HI^  dynastie,  par  ces  amulettes  de  pierres 
gravées,  aux  montures  si  artistiques  ;  combien  de  siècles 
ont  pu  passer  sur  ces  échantillons  de  l'habileté  d'une  race 
très  particuhère  et  qu'aucune  influence  étrangère  ne  semble 
avoir  modifiée  ?  On  se  doute  simplement  que  vers  la  XVIIP 
ou  la  XIX^  dynastie  pharaonique,  vers  4430,  date  de 
l'avènement  d'Aménophis  III,  l'Egypte  aurait  pu  être  en 
contact  avec  la  civilisation  mycénienne  et  que  c'est  là 
qu'elle  aurait  connu  ces  alliages  si  importants  de  métaux, 
dans  lesquels  Vélectriim,  si  discuté,  n'est  pas  sans  avoir 
pris  une  place  prépondérante. 

Ce  n'est  que  plus  tard  que  Samos  occupe  dans  l'orfè- 
vrerie grecque  un  des  premiers  rangs  ;  elle  voit  naître 
Rhœcus,  Thèlecles,  Tliéodore,  dynastie  d'artistes  dont  parle 
Hérodote  {CUo,  t,  §  Ll),  à  l'occasion  des  présents  extraor- 
dinaires d'argenterie  faits  par  Crésus  à  l'oracle  de  Delphes. 
La  sculpture  chryséléphantine,  qui  associe  l'or,  l'argent, 
l'ivoire,  orfèvrerie  pure  par  conséquent,  n'a  point  d'œuvre 
plus  célèbre  que  la  Minerve  du  Parthénon  de  Phidias  ; 
seul  le  Jupiter  otympien  pouvait  rivaliser  avec  elle.  La 
tiare  d'Olbia  enfin  nous  apprend  que  la  réputation  des 


orfèvres  grecs,  au  moment  où  ils  se  rapprochent  de  l'ère 
chrétienne,  n'était  pas  surfaite.  A  partir  de  cette  époque, 
nous  connaissons  beaucoup  d'orfèvres  :  Canachus,Théocles, 
Smihs  d'Egine,  Doryclas  ;  leurs  noms  nous  ont  été  con- 
servés par  Athénée  et  par  Pline.  Il  ne  faut  plus  en  men- 
tionner qu'un,  Acragas,  parce  qu'il  doit  être  supprimé  ; 
M.  Th.  Reinach  a  montré,  en  effet,  que  les  pièces  signées 
de  ce  nom  sortaient  simplement  des  manufactures  d'Agri- 
gente. 

Italie.  Il  faut  certainement  chercher  chez  les  Etrusques 
les  orfèvres  qui,  s'inspirant  de  l'art  grec,  répandirent  les 
premiers  en  Italie  le  goût  de  l'argenterie.  Cassiodore, 
Tite-Live,  Pline  l'afTirment  du  moins.  Au  milieu  de  la  des- 


Miroir  avec  la  tôle  d'Ariane  (trésor  de  Bosco-Realc). 

cription  des  richesses  qui  figuraient  au  triomphe  de  Lucius 
Scipion  en  l'an  de  Rome  563,  des  trésors  de  Paul-Emile, 
des  orfèvreries  de  LucuUus,  des  services  de  Pompée,  il 
n'est  jamais  question  d'orfèvres  romains.  Toujours  ce  sont 
des  Grecs  établis  à  Rome  qu'on  voit  cités,  et  leur  manière 
est  bien  évidente  dans  les  œuvres  qui  ont  échappé  aux 
fontes  successives,  comme  la  patère  d'ÏIildesheim.  Mais 
plus  tard,  l'art  romain  personnel  prendra  corps  ;  il  aura 
son  apogée  dans  la  patère  de  Rennes,  un  des  rares  monu- 
ments romains  d'or  qu'on  connaisse,  dans  le  trésor  de 
Rernay  et  dans  le  trésor  plus  récemment  découvert  do 
Rosco-Reale  :  là,  par  exemple,  se  fait  sentir  une  inlluencc 
alexandrine  qui  donne  à  l'orfèvrerie  romaine  une  saveur  très 
particulière.  Mais  alors  que  la  décadence  de  tous  les  arts  va 
survenir,  l'orfèvrerie  se  survit  à  elle-même.  Les  papes  ont 
déjà  pris  possession  de  Rome,  abandonnée  par  les  empe- 
reurs ;  la  cassette  envoyée  par  le  pape  Damase  I^^'  à  saint 
Ambroise,  archevêque  de  Milan,  de  délicates  burettes 
chrétiennes  reproduites  par  Rianchini,  sont  encore  impré- 
gnées, au  IV®  siècle,  du  souvenir  de  grandes  traditions  qui 
vont  bientôt  disparaître. 

Gaule.  Pendant  que  l'or  et  l'argent  sont  à  peu  près 
exclusivement  employés  par  les  artistes  voisins  de  la  Médi- 
terranée, les  Gaulois  des  bords  de  l'Atlantique  connaissent 
seulement  le  bronze.  Ils  en  font  des  bijoux  qu'ils  ornent 
d'émail,  lorsque  le  corail  leur  fait  défaut.  Quand  les  Ro- 
mains arrivent  en  Gaule,  ils  trouvent  les  ateliers  d'orfèvres 
barbares,  il  est  vrai,  mais  ayant  un  cachet  très  person- 
nel :  ils  se  rattachent  à  une^  série  artistique,  faite  d'un 
mélange  des  goûts  de  tous  ces  peuples  du  Nord,  qui,  se 


ORFÈVREFJE 


o28  — 


refoulant  les  uns  les  autres  clans  leurs  immigrations  suc- 
cessives, nous  ont  laissé,  dans  une  suite  d'objets 
d'or  massif,  les  spécimens  les  plus  curieux  d'une  industrie 
qu'on  commence  à  peine  à  connaître.  De  l'extrême  nord 
au  midi,  on  la  suit  :  de  la  Baltique  au  Bosphore  cimmé- 
rien,  du  Caucase  à  la  Gaule,  à  l'Espagne,  à  l'Italie  même, 
partout,  elle  a  laissé  des  trésors  cachés  que  la  terre  rend 
au  jour  peu  à  peu.  Le  diadème  de  ?\ovo  Tcherkask,  des 
bords  du  Don,  les  fibules  du  lac  Ladoga,  le  trésor  de  Pé- 
trossa,  en  Valacliie,  avec  ses  bijoux  à  inscriptions  runiques, 
la  coupe  de  Gunderstrup  en  Jutland,  la  couronne  de  Guar- 
razar,  l'armure  de  Ravenne  forment  une  chaîne  dont  les 
branches  différentes  ne  sauraient  encore  être  bien  défini- 
tivement cataloguées,  mais  qui  jouit  d'une  existence  propre 
et  qui  se  développe  par  elle-même.  La  Gaule,  conquise 
par  Rome,  en  subit  l'influence  artistique  jusqu'au  départ 
des  empereurs  pour  Byzance.  l']lle  se  reprend  alors. 
Viemient  des  artistes  comme  saint  Eloi,  élève  d'Albon, 
orfèvre  de  Limoges,  qui  renouvelle  les  traditions  d'une 
race,  disparues  pendant  quelques  siècles,  elle  verra  renaître 
une  véritable  école,  l'orfèvrerie  mérovingienne,  dont  Thillo, 
de  l'abbaye  de  Solignac,  est  un  des  principaux  représen- 
tants, et  dont  l'épée  de  Pouhan,  les  armes  de  Childéric, 
la  cbàsse  de  Saint-Maurice  d'Agaune  sont  les  expressions 
les  plus  célèbres,  nettes  de  toute  influence  grecque  ou 
romaine,  jusqu'à  la  Renaissance  carolingienne. 

Byzaiice.  Lorsque  Constantin  transféra  à  Byzance  le 
siège  de  l'iùnpirc,  l'art  de  l'orfèvrerie  romaine  n'eut  guère 
à  se  transformer  dans  son  émigration.  En  revenant  dans 
son  pays  d'origine,  l'ambiance  grecque  le  ressaisit,  seule 
la  mode  a  changé.  11  prend  immédiatement  un  essor  pro- 
digieux sous  Constantin,  sous  Théodose.  De  ces  époques, 
où  l'orfèvrerie  s'introduit  jus<|ue  dans  les  moindres  détails 
du  costume,  il  demeure  non  seulement  des  monuments 
précieux,  comme  le  disque  de  Théodose,  rares  il  est  vrai, 
parce  (pie  la  plupart,  destinés  au  culte,  furent  détruits 
par  les  iconoclastes,  mais  les  manuscrits  prestigieux  de 
l'art  byzantin  nous  ont  conservé  le  souvenir  et  la  descrip- 
tion de  magnificences  que  saint  Jean  Chrysostome,  pa- 
triarche de  Constantinople,  se  plaignait  de  voir  exclusive- 
ment attirer  les  regards.  Si  My cènes,  si  l'Egypte  eurent 
des  décorations  architecturales  d'orfèvrerie,  si  les  Hébreux 
ornèrent  leur  temple  de  revêtements  richement  ciselés, 
Byzance  n'épargna  rien  pour  augmenter  la  somptuosité  de 
ses  sanctuaires.  Sainte-Sophie,  Léglise  des  Saints-Apôtres, 
la  Chapelle  impériale  furent  meublées  d'iconostases  éblouis- 
sants, de  parements  d'or,  d'argent,  de  bronze,  damas- 
quinés, oii  la  niellure  jouait  un  rôle  important  ;  l'émail 
enhn,  dont  les  artistes  sont  tout  à  fait  maîtres,  ne  rem- 
place plus  seulement  les  pierres  précieuses  en  les  imitant, 
mais  s'unit  à  elles,  au  contraire,  et  dans  son  cloisonnage 
d'or  laisse  bien  loin  en  arrière  l'orfèvrerie  mérovingienne. 
Il  semble  que  le  x^  siècle  voie  l'apogée  de  l'orfèvrerie 
byzantine,  dont  le  trésor  de  Saint-Marc  de  Venise  conserve 
de  si  précieux  monuments,  provenant  en  grande  partie  du 
pillage  de  Constantinople  en  1^204.  La  réputation  de 
Byzance,  l'éclat  dont  elle  brille,  ses  cérémonies  religieuses 
incomparables,  sa  puissance  militaire,  son  goût  pour  les 
arts,  sa  richesse,  tout  contribue  à  répandre  dans  le  monde 
son  influence.  On  la  trouve  tout  d'abord  en  Italie  avec 
laquelle  elle  a  conservé  tous  ses  rapports  politiques  ; 
l'évangéhaire  de  Monza  avec  ses  inscriptions  latines  a  été 
fabriqué  loin  de  Byzance  ;  mais  bien  d'autres  encore,  à 
inscrij)tions  grecques  pourtant,  virent  certainement  le  jour 
dans  des  ateliers  éloignés  des  rives  du  Bosphore.  Ne  sait-on 
pas  qu'avec  les  ambassades,  avec  les  princesses  qui  vont 
s'asseoir  sur  des  trônes  éloignés,  partent  des  artistes  qui, 
tout  imprégnés  de  l'art  grec,  obéissant  au  canon  que  nous 
a  conservé  le  Guide  de  la  'peinture,  livrent  aux  princîcs, 
aux  'abl)ayes  les  chefs-d'o'uvre  de  leur  industrie.  Théo- 
phanie,  fille  de  Romain  11,  allant  retrouver  son  époux 
Otton  II,  empereur  d'Allemagne  (973),  emmène  avec  elle 
des  artistes  grecs,  accueillis  avec  faveur  par  Egbert.  arche- 


vêque de  Trêves,  par  Willegis,  archevêque  de  Mayence, 
par  saint  Bernward,  évêque  d'Hildesheim,  qui  nous  a  légué 
des  œuvres  d'orfèvrerie  sorties  de  ses  mains  mêmes.  Celait 


Calice  d'onyx  byzantin. 

à  cette  épo([ue  dans  les  monastères  d'ailleurs  que  se  con- 
servaient les  traditions  artisti([ues  ;  la  règle  même  de  Saint- 
Benoît  prévoyait  les  écoles  d'art  sous  ses  cloîtres,  et  les 
Chroniques,  comme  h  Liber  pontifical is,  nous  signalent 
les  merveilles  qui  sortirent  des  mains  des  ouvriers  ainsi 
formés  par  un  éclectisme,  dontCharlemagne,  avec  son  écrin 
donné  à  Saint-Denis  par  Charles  le  Chauve,  dont  le  pa- 
triarche de  Grado  (ix^  siècle)  avec  son  calice,  dont  Angil- 
bert  II,  archevêque  de  Milan  (8*24),  avec  le  paliotto  de 
saint  Ambroise,  exécuté  par  Volviniusen  835,  dont  Didier, 
abbé  du  Mont-Cassin  (1057),  avec  les  portes  de  bronze  de 
l'abbaye,  dont  Suger, 
abbé  de  Saint-Denis, 
avec  son  retable  dû  au 
talent  des  ouvriers 
barbares  auxquels  il 
l'avait  commandé, 
donnèrent  les  preuves 
(jui  nous  ont  été  con- 
servées. 

Occident.  Aux  ter- 
reurs de  l'an  mille  et 
à  la  période  d'obscu- 
rité qui  le  suit,  suc- 
cède une  ère  d'énergie 
débordante.  Voici  que 
l'Occident  se  lève  con- 
tre l'Orient  ;  au  retour 
de  leurs  expéditions, 
les  croisés  déposent 
dans  les  trésors  de 
leurs  églises  les  dé- 
pouilles des  vaincus. 
C'est  dans  les  plus  cu- 
rieux monuments  de 
l'art  oriental  qu'ils 
rapportent  les  reliques 
({u'ils  sont  allés  con- 
quérir. Le  Livre  du 
moine  Théophile,  du  xu^  siècle,  nous  montre,  dans  sa 
technique,  l'état  avancé  de  l'orfèvrerie  au  moment  où  il 
l'écrivait.  Si  l'influence  des  petits  monuments  est  évidente 
dans  une  branche  de  l'art,  c'est  certainement  dans  l'orfèvre- 
rie liturgique  ;  il  faut  habiller  les  reliques,  monter  les  vases 


Reliquaire  (xiie  s.)  donné  par  Suger 
au  trésor  de  l'abbaye  de  Saint- 
Denis  (Musée  du  Louvre). 


—  5^9  — 


ORFEVRERIE 


précieux  rapportés  de  Palestine,  et  les  souvenirs  d'Orient 
hantent  les  orfèvres.  Mais  encore  chaque  race  développe- 
t-elle  ce  thème  d'après  son  sentiment  personnel,  sur  lequel 
l'arrivée  subite  de  tant  de  pièces  mer  veilleuses  provenant 
de  la  prise  de  Constantinople  en  1204  vient  encore  réagir. 
Puis,  pendant  que  le  développement  de  l'art  gothique  suit 
son  évolution,  alors  que  saint  Louis  fait  élever,  pour  rece- 
voir la  couronne  d'épines,  la  dentelle  de  pierre  de  la  Sainte- 
Chapelle,  l'orfèvre  prend  modèle  sur  ce  précieux  reliquaire 
vers  lequel  tous  les  yeux  se  tournent  avec  envie,  et,  jusqu'à 
la  Renaissance,  ne  variera  guère  ses  modèles  que  pour 
les  alourdir  ;  plus  lourdes  encore  seront  les  œuvres  alle- 
mandes, plus  chargées  les  argenteries  espagnoles,  pendant 
que  l'Italie,  avec  ses  primitifs,  sentant  déjà  ce  souffle 
nouveau  qui  va  devenir  la  Renaissance,  dirige  surtout  ses 
orfèvres  vers  les  représentations  humaines.  Ce  sont  de 
grandes  pages  que  le  retable  d'argent  de  l'église  du  Sau- 
veur à  Venise,  donné  par  l'abbé  Benedetto  vers  l'^OO, 
ainsi  que  la  porte  de  bronze  de  Saint-Marc,  ciselée  en  1300 
par  l'orfèvre  Bertuccius.  Pistoia,  Orvieto,  Sienne,  Plai- 
sance sont  célèbres  par  les  monuments  que  leurs  orfèvres  du 
xn^'  siècle  ont  exécutés  pour  leurs  basiliques.  An  xv^'  siècle, 
ce  sont  alors  des  noms  illustres  dans  la  peinture,  dans  la 
sculpture,  qui  brilleront  également  dans  l'orfèvrerie, 
comme  Ghiberti,  qui  exécute  les  fonts  baptismaux  de 
Sienne  et  les  portes  du  baptistère  de  Florence  en  4424, 
comme  les  frères  Turini  de  Sienne,  comme  Andréa  del 
Verrocchio,  comme  Antonio  del  Pollaiuolo,  comme  Fini- 
guerra,  ({ui  excellait  dans  les  nielles,  comme  Luca  délia  Rob- 
bia,  enfm  comme  celui  en  qui  se  résume  l'art  du  xv^  siècle, 
Donatello,  de  son  vrai  nom  Donato  di  Niccolô  di  Betto 
Bardi. 

Mais  voici  qu'avec  le  xvi^  siècle  un  souffle  tout  nou- 
veau passe  sur  le  monde  occidental;  jusqu'alors  la  femme, 
pour  les  rudes  guerriers  qui  ne  vivent  que  de  combats, 
n'a  point  compté  ;  le  sentiment  chevaleresque  naît  en 
même  temps  que  disparait  cette  grossièreté  qui  jusqu'alors 
s'imagine  être  la  force.  La  beauté,  la  grâce  deviennent 
l'idéal  que  poursuivent  les  artistes  ;  sculpteurs  et  peintres 
rivalisent  pour  la  célébrer  ;  les  orfèvres  ne  demeurent  pas 
en  arrière.  Tout  est  destiné  à  la  femme  et  tout  la  repré- 
sente ;  tout  est  motif  pour  la  chanter,  et  les  massives 
argenteries  gothiques  font  place  aux  chefs-d'œuvre  que 
François  I^»'  commande  à  son  orfèvre  attitré,  Benvenuto 
CeUini.  Bien  peu  sont  parvenus  jusqu'à  nous  ;  les  pillages 
de  ISoâ,  les  fontes  ordonnées  par  Louis  XIV,  celles  enfm 
de  1793  ont  à  peu  près  tout  détruit  :  la  plus  importante 
des  œuvres  qui  en  restent,  la  fameuse  salière  d'or  exécu- 
tée pour  le  roi,  est  aujourd'hui  au  musée  de  Vienne.  (On 
en  trouvera  la  représentation  à  l'art.  Celijm.  t.  IX, 
p.  1048.) 

Désormais,  les  écoles  vont  se  mêler,  se  confondre  ;  les 
artistes  voyagent,  portent  à  l'étranger  leur  manière,  et 
reviennent  tout  imprégnés  du  milieu  dans  lequel  ils  ont 
séjourné  ;  leur  personnalité  de  race  disparait  ;  il  ne  demeure 
plus  que  des  ouvriers  très  habiles.  Cependant,  Etienne 
Delaulne,  né  à  Orléans  en  1520,  a  laissé  des  modèles 
gravés  d'orfèvrerie,  qui  révèlent  dans  leur  pureté  un 
talent  incontesté. 

Mais  n'est-il  vraiment  pas  curieux  de  voir,  à  un  moment 
où  le  luxe  atteint  son  apogée,  des  artistes  célèbres  exé- 
cuter en  étain  les  orfèvreries  les  plus  précieuses.  Et  ce 
n'est  pas  de  simples  surmoulages  qu'il  s'agit,  Les  œuvres 
de  François  Briot  (V.  ce  nom)  doivent  être  placées  parmi 
les  plus  excellentes  orfèvreries  du  xvi^  siècle  ;  le  peu  de 
valeur  de  la  matière  qui  les  composait  nous  en  a  conservé 
plusieurs  qui  font  aujourd'hui  notre  admiration. 

Louis  XIV  fit  exécuter  de  nombreuses  pièces  d'argen- 
terie, mais  ce  ne  sont  plus  que  des  artisans  habiles,  qui 
travaillent  sous  la  direction  de  Lebrun  ;  il  n'y  a  plus  là 
une  école,  mais  simplement  un  style  ;  aux  conceptions 
curieuses  du  moyen  âge,  à  l'idéal  de  la  Renaissance,  suc- 
cèdent de  simples  contournements  de  feuillages,  plus  ou 

GRANDE    ENCYCLOPÉDIE.    —    XXV. 


moins  tinement  traités,  «uivant  l'habileté  de  l'ouvrier, 
qu'il  s'appelle  Roettiers  ou  Germain,  entremêlés  de  co- 
quillages, suivant  qu'on  est  sous  Louis  XIV  ou  sous  Louis  XV, 
se  redressant  peu  à  peu  lorsqu'on  arrive  à  l'Empire,  pour 
n'avoir  plus  aucun  caractère  sous  la  Restauration.  Aujour- 
d'hui, nous  avons  les  artistes  les  plus  délicats,  mais  ils  ne 
semblent  peut-être  pas  assez  se  souvenir  (|ue  c'est  encore 
dans  l'étude  des  chefs-d'œuvre  dupasse  (|ue  se  trouvent  les 
plus  utiles  enseignements  pour  l'avenir.       F.  de  Mklv. 

IL  Technologie.  —  Mise  en  œ^uvre  des  métaux 
précieux  exécutée  par  l'orfèvre.  Le  travail  au  marteau  est 
le  plus  anciennement  employé  dans  l'orfèvrerie,  et  son  usage 
est  encore  très  répandu  actuellement  et  nécessite  un  cer- 
tain nombre  d'outils  spéciaux,  qui  peuvent  être  classés  en 
cinq  groupes  principaux  :  Outils  à  marteler,  à  tracer,  à 
couper,  à  percer,  à  dresser  et  polir. 

1°  Outils  à  marteler.  Dans  cette  catégoi'ie  figurent 
de  nombreux  marteaux  différents  de  forme  et  de  dimen- 
sions. Les  principaux  sont  le  marteau  à  emboutir  (Hg.  1), 
en  forme  de  ([uart  de  cercle,  à 
gouges  rondes  et  faces  en  tête 
de  diamant  ;  le  marteau  à  ré- 
parer moins  cintré  que  le  pre- 
mier ;   le  martelet  de  dimen- 
sions plus  réduites  ;  le  marteau 
à  emboutir  en  boudin ,  qui    a 
une  surface  très  unie,  un  pan 
carré    et  l'autre    terminé    en 
pointe  ;  le  marteau  à  acfiever, 
à  tranche  arrondie  ;  le  marteau 
à  bouge  pour  former  la  partie 

concave  d'un  plat  ou  d'une  assiette  ;  il  en  existe  de  nom- 
breux modèles  dont  la  tranche,  toujours  arrondie,  est 
plus  ou  moins  épaisse  suivant  les 
besoins.  Le  marteau  à  devant, 
à  tranche  et  à  panne,  est  employé 
pour  le  travail  sur  l'enclume,  le 
marteau  à  marlie  sert  à  former 
la  moulure  de  ce  nom,  le  marteau 
à  planer,  à  panne  plate,  sert  à 
faire  disparaître  les  traces  de  coups 
trop  visibles.  Le  marteau  à  re- 
treindre  est  muni  à  chaque  bout 
d'un  tranchant  arrondi  et  sert  à 
étendre  le  métal  sans  le  couper. 

Les  maillets  en  bois,  de  formes 
variées,  servent  également  au  mar- 
telage. La  fig.  2  représente  un  maillet  destiné  principa- 
lement à  dresser  les  plaques  avant  l'emboutissage. 

La  diversité  n'est  pas  moindre  en  ce  (jui  concerne  les 
outils  destinés  à  re-  ^ 

cevoir  le  contre-coup 
du  choc  donné  par  le 
marteau.  En  premier 
lieu  viennent  les  bi- 
gornes, sorte  de  tra- 
verse en  fer  montée 
sur  un  pivot  et  dont 
les  deux  bras  sont, 
l'un  rond,  l'autre  plat  (tig.  3).  La  oigorne  à  clianle- 
pleure  (fig.  i)  se  disthiguc  par  l'inégalité  de  ses  ])ras. 
Dans  la  tig.  3,  on  re- 
marque dans  l'axe  de 
la  bigorne  un  trou 
carré  a  servant  à  ri- 
ver. Dans  la  fig.  5,  les 
deux  cannelures  trans- 
versales b  permettent 
de  rabattre  les  bords  du 
métal.  La  bigorne  li  goulot  et  la  grosse  bigorne  sont 
également  très  employées.  Il  en  existe  encore  beaucoup 
d'autres  types  tels  que  la  bigorne  ronde  de  gobeletterie, 
la  bigorne  demi-ronde ,  la  bigorne  en  boule,  la  bigorne 


Fii>.  2 


ORFÈVRERIE 


—  530  — 


Via 


à  œuf,  etc.  Vencltune,  posée  sur  un  billot  en  bois  et 
aciérée  à  la 'surface,  est  généralement  munie  d'une  bigorne 
pointue  et  d'une  corne  carrée.  Les  tas  sont  aussi  de  formes 

très  variées  ;    le   tas  à 
L  planera  une  surface  su- 

périeure plate  et  unie  ; 
le  tas  à  soyer,  employé 
pour  faire  les  rebords  ou 
ourlets,  ressemble  beau- 
coup à  une  bigorne  ;  le 
las  à  canneler  (fig.  6) 
porte  à  sa  partie  supé- 
rieure des  empreintes  de 
cannelures  de  profds  et 
de  dimensions  divers.  La  boule  est  également  employée 
dans  le  travail  au  marteau  ;  c'est  une  tige  de  fer,  de 
20  à  25  centim.,  plantée  dans  un 
billot  par  son  extrémité  pointue 
et  dont  l'autre  extrémité  affecte 
la  forme  d'une  boule  ronde,  demi- 
ronde  ou  aplatie.  Elle  sert  pour 
commencer  à  rétreindre,  avec  un 
maillet  de  bois,  les  pièces  qui  doi- 
vent ensuite  être  continuées  sur 
la  bigorne. 
Dans  l'emboutissage,  on  lait  usage  de  mandrins  ap- 
propriés aux  formes  à  obtenir  ;  ils  sont  donc  très  nom- 
breux dans  un  atelier 
d'orfèvre  ;  nous  cite- 
rons les  mandrins  mé- 
plats (fig.  7),  ronds 
(rig.8)etcarrés(fig.9). 
Suivant  l'usage  aux- 
quels ils  sont  destinés, 
ces  mandrins  se  fabri- 
quent en  bois,  fer  ou 
cuivre  jaune.  Nous  terminerons  ce  qui  a  trait  aux  outils 
à  marteler  en  parlant  de  la  resingue  (fig.  40),  qui  rem- 
place avantageusement  la  bigorne  dans  certains  cas  pour 

rétreindre  le  métal. 
<^/^^  _— --t::::?^^^^  Elle  se  compose  d'une 

tige  horizontale  por- 
tant à  une  extrémité 
un  tasseau  a  et  à 
l'autre  une  pointe  /?, 
Vjc.   ]().  permettant  de  la 

ficher  dans  le  billot. 
2*^  Outils  à  tracer.  Le  traçage  joue  un  grand  rôle  dans 
l'orfèvrerie,  car  lorsqu'il  est  soigneusement  fait  il  diminue 
la  proportion  des  déchets,  ce  qu'on  doit 
toujours  chercher  à  faire,  étant  donné  la 
valeur  élevée  de  la  matière  première.  Les 
outils  sont  très  simples  ;  ce  sont  le  ntè- 
Ire,  Véqiieire,  le  compas  et  la  pointe 
à  tracer.  Cette  dernière  s'emploie  fré- 
quemment pour  tracer  sur  le  métal  le 
contour  d'un  gabarit  en  fer-blanc  ou  en 
carton  découpé  à  la  forme  voulue. 

3°  Outils  a  couper.  La  plupart  de  ces 
outils  n'offrent  pas  de  particularité  spé- 
ciale :  tels  sont  :  la  cisaille  à  main, 
la  cisaille  à  banc  et  la  cisaille  a  lames 
circulaires  ;  la  fig.  \\  représente  un 
outil  nommé  cisaille  h  levier  brisé,  qui 
permet  avec  un  faible  effort  de  couper  des 
épaisseurs  relativement  fortes. 

¥  Outils  a  percer.  Le  perçage  se  fait 
habituellement  à  l'aide  à' emporte-pièces, 
dont  la  partie  supérieure,  aplatie,  reçoit 
le  choc  du  marteau  et  dont  la  partie  in- 
férieure, tranchante,  est  découpée  suivant  la  forme  de  la 
partie  de  métal  à  enlever.  La  gouge,  destinée  à  feston- 
ner l'argent,  a  un  tranchant  demi-circulaire.  Pour  rece- 


voir le  contre-coup  du  poinçon,  on  applique  le  métal  à 
découper  sur  un  plateau  en  plomb  durci  par  l'adjonction 
d'une  faible  quantité  de  régule  d'antimoine  pour  qu'il  ne 
s'écrase  pas  trop  sous  le  choc. 

5^  Outils  à  dresser  et  a  polir.  Le  tas  cl  dresser  est 
un  tronc  de  pyramide,  fiché  dans  un  billot  par  sa  pointe 
et  présentant  horizontalement  sa  base  sur  laquelle  on 
place  la  plaque  adresser.  Cet  outil  est  en  acier  trempé  et 
poli  avec  soin.  On  frappe  le  métal  à  l'aide  d'un  marteau 
de  fer  (fig.  12)  ou  d'un 
maillet  en  bois  (fig.  2)  ;  non 
seulement  le  choc  du  mar- 
teau sur  le  métal  placé  sur 
le  tas  le  redresse,  mais  en 
outre  il  en  resserre  le  grain, 
il  l'écrouit,  en  lui  donnant 
une  surface  parfaitement 
lisse  et  susceptible  de  rece- 
voir un  beau  poli.  Enfin 
l'outillage  général  de  l'or- 
fèvre comprend  également 
un  assortiment  de  tenailles, 
pinces  plates  ou  rondes,  limes  de  diverses  formes  :  rec- 
tangulaires. Irais-quarts,  queues  de  rat,  de  grattoirs, 
de  burins  ou  éclioppes  (ronde,  plate,  à  chainplever,  à 
épailler),  etc. 

Le  montage  des  pièces  martelées,  qui  a  pour  but  de 
réunir  les  bords  de  la  pièce,  se  fait  soit  par  agrafage,  ce 
qui  est  rare,  soit  par  rivetage  à  rivets  h'aisés,  soit,  le 
plus  communément,  au  moyen  d'une  soudure. 

Moulage  des  pièces  u'orfèvreiue.  —  Le  repoussage 
au  marteau  ne  peut  se  faire  que  sur  des  pièces  d'une  épais- 
seur relativement  faible  et  peu  susceptibles,  par  consé- 
([uent,  de  supporter  un  important  travail  de  ciselure  comme 
les  pièces  fondues.  Les  pieds  et  anses  de  vases  et  les 
figures  en  ronde  bosse  par  exemple  se  font  en  métal  mas- 
sif, fondu  et  ciselé  ensuite.  Il  est  à  regretter  que  le  mou- 
lage de  ces  pièces  ne  se  fasse  pas  toujours  dans  l'atelier 
même  de  l'orfèvre.  A  Paris,  notamment,  les  orfèvres  font 
souvent  mouler  leurs  pièces  au  dehors  et  n'ont  plus  qu'à 
couler  le  métal  en  fusion  dans  les  châssis  ;  quelquefois 
même  font-ils  faire  également  ce  travail  par  un  fondeur. 
Deux  procédés  sont  employés  pour  le  moulage  :  le  moulage 
au  sable  et  le  moulage  dans  les  os  de  seiche. 

Le  moulage  au  sable  (V.  Moulage)  ne  diffère  pas  sen- 
siblement de  celui  des  pièces  de  bronze;  toutefois  les  châs- 
sis employés  sont  généralement  en  bois,  quelquefois  en 
cuivre.  Les  modèles  à  mouler  sont  disposés  dans  le  châs- 
sis suivant  des  rayons  ayant  pour  centre  commun  le 
maître  jet.  Pour  chasser  l'humidité,  on  ne  procède  pas, 
comme  pour  le  bronze,  à  un  étuvage  prolongé  auquel  les 
châssis  de  bois  ne  pourraient  résister,  on  se  contente 
de  chauffer  modérément.  Comme  pour  le  bronze,  le  sable 
de  moulage  doit  être  un  peu  gras  et  légèrement  argileux. 
Les  plus  estimés  sont  en  France,  ceux  de  Fontenay-aux- 
lloses,  et  ceux  de  Pignan  (près  Montpellier),  et  en  Suisse 
celui  de  Saint-Maurice-en-Valais. 

Le  moulage  dans  les  os  de  seiche  est  beaucoup  plus 
simple,  mais  ne  s'applique  qr'aux  objets  peu  volumineux, 
particulièrement  aux  bas-reliefs.  On  sait  que  la  seiche  ast 
un  mollusque  céphalopode  dont  la  tête  est  garnie  de  ten- 
tacules et  qui  porte  dans  une  sorte  de  poche  située  sur  le 
dos  un  corps  calcaire,  de  forme  ovale,  de  45  à  20  centim. 
de  longueur  sur  8  à  40  de  large,  et  qui  est  connu  com- 
munément sous  le  nom  de  biscuit  de  mer.  Il  est  recou- 
vert d'une  coquille  lisse  très  résistoante,  dans  l'intérieur 
de  laquelle  est  une  substance  poreuse  et  très  légère,  sus- 
ceptible dd  bien  prendre  une  empreinte  par  simple  pres- 
sion. L'osde  seiche,  tel  qu'on  le  trouve  en  abondance  sur  les 
plages  do  sable,  n'est  pas  bon  pour  le  moulage,  car  son 
exposition  au  soleil  l'a  rendu  cassant  ;  il  est  bien  préfé- 
rable de  faire  usage  d'os  pris  sur  le  mollusque  même 
qu'on  pêche  dans  la  Méditerranée  o\x  il  est  très  abondant. 


~  o31  — 


ORFÈVRERIE 


x4vaiit  de  procéder  au  moulage,  on  commence  par  dres- 
ser soigneusement  la  partie  tendre  de  l'os  en  la  frottant 
contre  une  pierre  bien  plane  ;  cela  fait,  on  y  enfonce  par 
pression  l'objet  à  mouler  en  s'aidant  d'un  poussoir,  corps 
dur  appliqué  contre  le  revers  du  modèle.  Quand  celui-ci 
a  été  enfoncé  au  niveau  voulu,  on  le  retire,  simplement 
en  retournant  l'os  sens  dessus  dessous,  de  façon  qu'il  se 
détache  par  son  propre  poids.  Puis,  à  l'aide  d'une  lame, 
on  évideun/e^  à  ouverture  très  évasée;  on  expose  l'os  à 
la  fumée  tant  pour  le  sécher  que  pour  boucher  les  pores, 
et  on  l'appUque  contre  une  brique  réfractaire  bien  plane 
nommée  contre-os.  On  saisit  le  tout  dans  des  pinces  et  on 
coule  le  métal  en  prenant  soin  de  se  placer  au-dessus  d'une 
terrine  contenant  de  l'eau  dans  laquelle  vient  se  solidifier 
la  matière  fusible  qui  aurait  pu  tomber  à  côté  du  moule. 
Les  petits  sujets  en  ronde  bosse  peuvent  aussi  se  mouler 
par  ce  procédé  en  remplaçant  le  contre-os  par  un  deuxième 
os  qui  s'applique  contre  le  premier.  Par  l'effet  de  la  pres- 
sion, le  modèle  s'incruste  également  dans  les  deux  os. 
Pour  bien  pouvoir  remettre  les  deux  os  dans  leur  position 
respective  lors  de  la  coulée,  on  prejid  soin,  avant  de  re- 
tirer le  modèle,  de  percer  avec  une  tige  d'acier  un  cer- 
tain nombre  de  trous  qui  traversent  les  os  de  part  en 
part,  de  façon  à  constituer  des  repères  et  d'y  enfoncer 
des  chevilles  lors  de  la  coulée. 

Soudure  des  pièces  d'orfèvrerie.  —  Elle  a  pour  but 
de  réunir  entre  eux  les  différents  fragments  d'une  même 
pièce,  après  les  avoir  travaillés  séparément.  C'est  donc 
une  des  parties  les  plus  délicates  et  les  plus  importantes 
de  la  fabrication,  puisque  la  moindre  erreur  peut  mettre 
à  néant  tout  le  travail  antérieurement  fait. 

Il  y  a  deux  manières  de  souder  les  grosses  pièces  d'or- 
fèvrerie, soit  qu'on  fasse  cette  opération  au  feu  de  forge, 
à  vent  forcé,  soit  qu'on  la  fasse  à  feu  couvert,  sur  une 
bassine  en  fer  disposée  de  telle  sorte  que  l'ouvrier  puisse 
ûicilement  tourner  autour  pour  régulariser  l'action  du  feu 
et  surveiller  le  travail.  La  forme  de  la  pièce  et  sa  compli- 
cation plus  ou  moins  grande  déterminent  le  mode  ([u'il  con- 
vient le  mieux  d'adopter.  Les  parties  à  souder  doivent 
être  tout  d'abort  parfaitement  grattées,  puis  mises  en 
place  et  liées  ensemble  par  des  iils  de  fer.  Aux  points  de 
jonction,  on  dispose  les  paillons  de  soudure  en  ayant  soin 
d'y  ajouter  du  borax,  comme  fondant.  Ce  borax  est  ré- 
pandu au  moyen  d'un  instrument  nommé  rochoir. 

S'il  existe  déjà  des  soudures  antérieurement  faites  sur 
la  pièce  à  travailler,  il  faut  prendre  soin  (|ue  la  nouvelle 
soudure  soit  faite  d'un  alliage  plus  fusible  que  la  première, 
c'est  ce  qui  explique  pourquoi  les  orfèvres  ont  des  sou- 
dures différentes,  comme  nous  le  verrons  plus  loin.  — 
Lorsque,  la  pièce  étant  arrivée  au  rouge  blanc,  on  voit  la 
soudure  briller  et  couler  en  même  temps  dans  les  parties 
opposées,  l'opération  a  réussi.  On  laisse  la  pièce  refroidir, 
on  enlève  les  liens  en  fil  de  fer,  on  décape  pour  enlever 
le  borax,  puis,  à  l'aide  de  la  lime  ou  de  l'échoppe,  on  fait 
disparaître  la  soudure  en  excès.  Enfin,  on  adoucit  les 
traits  encore  visibles  à  l'aide  de  la  pierre  ponce,  puis  de 
la  pierre  à  polir,  puis  enfin  du  tripoh. 

Soudures  ordinaires  des  orfèvres.  —  Elles  sont  au 
nombre  de  quatre  et  se  nomment  à  huit,  à  six,  au 
quart,  au  tiers,  ce  qui  revient  à  dire  qu'elles  contiennent 
un  huitième,  un  sixième,  un  quart,  un  tiers  de  cuivre 
jaune,  le  reste  étant  de  l'argent  1^^'  titre.  Plus  la  teneur 
en  cuivre  jaune  est  élevée,  plus  la  température  de  fusion 
diminue  ;  c'est  ce  qui  permet  d'effectuer  sur  une  même 
pièce  des  soudures  successives,  en  faisant  par  exemple 
les  premières  à  huit,  les  secondes  à  six  et  ainsi  de  suite, 
étant  bien  entendu  que  la  soudure  la  plus  élevée  doit  être 
néanmoins  plus  fusible  \[m  le  métal  à  souder.  Les  sou- 
dures ci-dessus  sont  des  soudures  d'argent.  Il  existe  éga- 
lement des  soudures  d'or  au  quart,  au  tiers,  au  deux, 
dans  lesquelles  l'or  rentre  pour  les  trois  quarts,  les  deux 
tiers,  la  moitié  ;  le  reste  est  un  alliage  d'argent  et  cuivre 
rouge  à  raison  de   2/3  d'argent  l*^^"  titre  contre  1/3  de 


cuivre  rouge.  Outre  ces  soudures  types,  il  en  existe  un 
grand  nombre  d'autres  qu'il  serait  trop  long  d'énumérer 
ici.  L'outillage  employé  pour  la  soudure  est  simple  et  ne 
présente  pas  de  particularités  spéciales  :  la  forge  est  en 
briques  ou  en  fonte,  à  foyer  creux  et  portant  une  tuyère 
pour  l'arrivée  du  vent.  —  Le  chalumeau,  qui  rend  d'aussi 
grands  services  que  la  forge,  rentre  aussi  dans  les  types 
connus,  depuis  le  chalumeau  de  laboratoire  jusqu'au  cha- 
lumeau à  gaz  très  en  usage  à  Paris. 

Finissage  des  pièces  d'orfèvrerie.  —  Les  différentes 
manipulations  qu'a  subies  la  pièce  depuis  le  moment  où 
on  Fa  mise  en  œuvre  jusqu'à  celui  où  on  l'a  parachevée 
ont  terni  l'éclat  qui  en  fait  une  des  principales  quafités  ; 
il  faut  donc  raviver  cet  éclat  et  faire  disparaître  toutes 
les  rayures  qui  ternissent  la  surface  du  métal.  Il  suffit 
pour  cela,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  d'un  net- 
toyage à  la  pierre  ponce  pulvérisée  et  broyée  dans  l'huile 
d'olive,  suivi  d'un  second  nettoyage  au  tripoH  délayé  dans 
du  vinaigre  ou  de  l'eau-de-Nie.  Enfin  on  donne  le  vif  k 
l'ouvrage  en  frottant  avec  du  rouge  d'Angleterre  réduit 
en  pâte  fine  dans  de  l'alcool. 

Bien  des  procédés  ont  été  préconisés  pour  le  nettoyage  de 
Fargent;  parmi  les  plus  simples  et  les  moins  dispendieux 
nous  citerons  celui  qui  consiste  à  frotter  l'argenterie  avec 
une  pâte  composée  de  suie  tamisée  et  délayée  dans  de  l'eau. 
On  a  également  obtenu  un  très  bon  résultat  en  recueillant 
la  mousse  épaisse  et  légère  qui  remonte,  au  printemps,  à  la 
surface  des  eaux  tranquilles;  on  la  sèche  et  on  la  conserve 
dans  des  sacs.  Il  suffit  alors  d'en  frotter  les  pièces  d'ar- 
genterie pour  les  rendre  brillantes  sans  aucune  rayure. 

Brunissage.  — Cette  opération,  qui  est  la  dernière,  donne 
au  métal  le  maximum  d'éclat  auquel  on  puisse  atteindre. 
L'outil  employése  nomme  brunissoir  (V.  Brunissage)  ;  ses 
formes  et  ses  dimensions  varient  à  l'infini,  mais  il  doit  tou- 
jours être  fait  d'acier  trempé  de  tout  son  dur  et  amené  auplus 
haut  degré  de  poli  auquel  il  soit  susceptible  de  parvenir. 
Lorsque  son  emploi  ne  suffit  pas,  on  fait  usage,  pour  la 
finition  d'un  brunisssoir,  à'fiématite  ou  pierre  san- 
guine; le  frottement  du  brunissoir,  qu'il  soit  d'acier  ou 
d'hématite,  est  facilité  en  le  trempant  de  temps  en  temps 
dans  de  Feau  de  savon.  A  Paris  le  brunissage  est  fait  le 
plus  souvent  par  des  ouvrières  (brunisseuses)  qui  s'en 
acquittent  avec  succès;  il  offre  de  réelles  difficultés,  sur- 
tout lorsque  sur  une  même  pièce  on  doit  avoir  à  la  fois 
des  parties  mates  et  des  parties  brunies. 

Enfin  lorsqu'au  contraste  du  métal  mat  et  bruni  on  veut 
substituer  ou  ajouter  celui  de  V argent  oxydé  ou  argent 
noir,  deux  procédés  peuvent  être  employés  ;  on  sait  en  efiet 
que  le  soufre  donne  à  Fargent  un  ton  noir  bleu  et  que 
le  chlore  fournit  un  ton  brun.  On  peut  donc  faire  usage 
de  foie  de  soufre  ou  de  sel  ammoniac  suivant  la  tonalité 
qu'on  se  propose  d'obtenir. 

Une  des  branches  les  plus  importantes  actuellement  de 
l'orfèvrerie  est  celle  qui  a  rapport  à  la  table,  et  principa- 
lement la  fabrication  des  couverts.  Mais  cette  dernière 
branche,  précisément  en  raison  de  son  extension  considé- 
rable, a  vu  les  procédés  mécaniques  se  substituer  aux  an- 
ciens procédés.  Les  avantages  sont  évidemment  considé- 
rables, tant  au  point  de  vue  de  la  rapidité  d'exécution  que 
de  Fabsolue  identité  des  pièces  obtenues,  mais  en  revanche 
le  caractère  artistique  s'efface  devant  le  caractère  indus- 
triel. Nous  ne  parlerons  donc  pas  de  la  fabrication  des  cou- 
verts, qui  se  fait  mécani([uement,  à  l'aide  de  machines 
puissantes  et  compliquées,  (^ela  rentre  dans  le  domaine 
de  l'estampage,  du  découpage  et  de  la  galvanoplastie,  beau- 
coup plus  que  dans  celui  de  l'orfèvrerie  proprement  dite. 
Dans  la  vaisselle  plate  et  la  vaisselle  montée,  les  procédés 
mécaniques  ont  pris  également  une  extension  considérable  ; 
les  moulures  se  font  à  la  filière  et  sont  soudées  ensuite  ;  le 
repoussage  se  fait  autour,  etc.  Beaucoup  d'ornements,  ja- 
dis ciselés,  se  font  maintenant  en  comprimant  très  forte- 
ment le  métal  dans  des  matrices  d'acier  portant  Fempreinte 
des  dessins  à  reproduire  sur  la  pièce. 


OUFÈVREKIE 


Fabrication  du  plaqué.  —  Cette  fabrication  a  pour  but 
de  recouvrir  une  feuille  d'un  métal  tel  que  le  fer  ou  le 
laiton  d'une  feuille  d'or  ou  d'argent,  qui  fait  corps  avec 
elle,  de  façon  à  donner  à  l'objet  fabriqué  l'aspect  d'une 
pièce  entièrement  faite  en  métal  fin.  Le  placage  diffère  de 
la  dorure  et  de  l'argenture  en  ce  que  la  feuille  de  métal 
fin  y  est  beaucoup  plus  épaisse  et  que  les  procédés  de  fa- 
brication sont  absolument  difTérents.  Des  statuettes  assy- 
riennes, des  médailles  romaines  et  diverses  pièces  attri- 
buées aux  Grecs  montrent  que  l'antiquité  employait  déjà 
ce  procédé.  Les  A'ormands  l'importèrent  en  Angleterre  ;  il 
y  resta  stationnairc  juscpi'en  174;2,  époque  à  laquelle  le 
coutelier  Thomas  Boîsover  créa  la  véritable  industrie  du 
plaqué. 

Ce  n'est  que  vers  1769  ([ue  Deranton  et  Vincent  Huguet 
firent  en  France  la  première  application  de  cette  industrie  ; 
les  travaux  de  M.  Jalaberten  1809,  de  MM.  Levrat  et  Pa- 
pinaud  en  1811,  de  M.  Thourot  en  1828  et  enfin  de 
M.  Gandois  en  1832  portèrent  chez  nous  cette  industrie  à 
son  apogée.  De  nos  jours,  le  placage  est  à  peu  près  aban- 
donné, et  la  galvanoplastie  s'est  substituée  à  lui  dans  la  plu- 
part des  cas.  Elle  présente  le  grand  avantage  de  déposer 
une  couche  de  métal  fin,  or  ou  argent,  sur  le  métal  vul- 
gaire préalablement  travaillé,  assemblé  et  soudé,  tandis  que 
dans  le  placage  on  travaillait  des  feuilles  composées  de 
deux  métaux  accolés  l'un  à  l'autre,  des  bi-métaux,  sui- 
vant l'expression  qui  a  cours  présentement. 

OuFÈvHERit:  d'imitation.  —  Dans  les  divers  procédés 
(jui  la  constituent,  le  métal  hn,  quand  il  existe,  ne  joue 
([ue  le  rôle  de  couverture  d'un  autre  métal  moins  cher. 
Le  cuivre  ayant  des  propriétés  toxiques  dangereuses  lors- 
qu'il s'agit  d'orfèvrerie  de  table,  on  a  songea  y  substituer 
des  alliages  imitant  l'argent  et  presque  inaltérables  à  l'air. 
Ces  alliages  sont  généralement  à  base  de  nickel  ;  le  cuivre, 
le  zinc,  l'étain,  le  plomb,  le  fer,  l'aluminium  y  figurent 
également.  Les  Chinois  en  ont  fabriqué  depuis  l'antiquité 
la  plus  reculée  (cuivre  blanc,  packfung,  toutenague)  ; 
les  métaux  blancs  que  nous  employons  maintenant  en 
Europe  peuvent  être  désignés  sous  le  terme  générique  de 
maillechort  ou  argentan. 

Voici  quelques-uns  des  principaux  alliages  actuellement 
employés  : 

Maillechort  (d'après  M.  Darcet) 

Cuivre 50,00 

Zinc 31,25 

Nickel 18,75 


100,00 


Alliages  blancs  (d'après  M.  Girardin) 


Nickel 

Cui\re 

Zinc 

Alliage  pour  couverts. .  .     25 

50 

25 

—     pour    garnitures 

de  couteaux 22 

55 

23 

Alliage  pour  laminer  ...     20 

60 

20 

—     pour    objets  à 

souder 20 

57 

20 

Plomb 


Nous  citerons  encore  les  deux  métaux  blancs  suivants  : 


Cuivre . 
Nickel . 
Zinc. . . 
Fer  . . . 
Etain. . 


et: 


Cuivre .... 
Nickel .... 
Aluminium  . 


;30 

23 
17 


100 

70 

23 

7 

TÔÔ" 


Le  packfung  des  Chinois  a  donné  d'après  les  analyses 
la  composition  suivante  : 

Cuivre 

Nickel ;;;;;; 

Zinc 


•43,8 
15,6 
40,6 


et  le  toutenague 

Cuivre' 

Nickel 

Zinc 


100,0 

40,4 

31,6 

2,6 

TtKÏÏÏÏ 


NiKLLE.  —  La  nielle,  niellure  ou  niellage,  a  pour  objet 
de  décorer  un  métal  fin,  généralement  l'argent,  au  moven 
d'une  gravure  en  creux  dans  laquelle  on  introduit  des  sul- 
fures métalliques  constituant  une  sorte  d'émail  très  foncé. 
C'est  donc  la  transition  tout  indiquée  qui  nous  mènera  à 
remaillage  des  métaux. 

La  nielle  (V.  ce  mot)  semble  avoir  été  inventée  au  com- 
mencement de  l'ère  chrétienne  par  les  Egyptiens;  elle  passa 
de  là  en  Perse,  à  Byzance  et  en  Russie,  elle  pénétra  même 
jusqu'en  France,  car  au  vii«  siècle  les  nielleurs  marseillais 
jouissaient  d'une  grande  réputation.  Au  xv^  siècle,  les  ar- 
tistes florentins  la  mirent  en  faveur  au  plus  haut  point. 
Jusqu'à  la  mort  de  Benvenuto  Cellini  cette  faveur  se  maintint 
pour  disparaître  ensuite.  La  méthode  en  usage  à  l'épociue 
de  la  Renaissance  est  décrite  tout  au  long  dans  le  Iraitéde 
Vorfèvrerie,  de  Benvenuto  Cellini  (traduit  parM.  Eug.  Piot). 
La  composition  actuellement  employée  par  nos  nielleurs 
est  la  suivante  : 


ym^^ 38  pai-lies 

Cuivre 72       

Plomb 50       

Borax 35       

Soufre .'..'*'  384      — 

On  met  le  soufre  en  fusion  dans  une  cornue  pendant 
que  l'argent  et  le  cuivre  fondent  dans  un  creuset  ;  le  plomb 
est  mis  dans  le  même  creuset  vers  la  fin  de  l'opération. 
Quand  les  métaux  sont  complètement  fondus,  on  les  verse 
dans  la  cornue  contenant  le  soufre  et,  dès  que  le  mélange 
est  opéré,  on  ajoute  le  borax. 

Il  se  dégage  à  ce  moment  des  vapeurs  abondantes  qui 
finissent  par  disparaître.  On  verse  alors  la  composition 
dans  un  mortier  en  fer  oii  on  la  réduit  en  poudre.  Cela 
fait,  on  lave  à  l'eau  acidulée  de  chlorhydrate  d'ammoniaque, 
puis  à  l'eau  contenant  de  la  gomme  en  dissolution. 

Pour  appliquer  la  nielle  sur  la  pièce  gravée,  on  la  prend 
à  l'aide  d'une  spatule  et  on  la  fait  pénétrer  dans  les  traits 
du  dessin.  On  enlève  l'excédent  et  on  transporte  la  pièce 
dans  un  moufle  porté  à  la  température  nécessaire  pour 
faire  fondre  la  composition.  Quand  la  fusion  est  complète 
il  ne  reste  plus  qu'à  laisser  refroidir  et  à  gratter  et  polir 
la  pièce  comme  on  le  fait  pour  les  objets  d'argent.  En 
1830,  MM.  Wagner  et  Mention  ont  trouvé  un  procédé  de 
niellage  très  économique,  qui  est  le  suivant  :  au  lieu  que 
ce  soit  l'artiste  qui  trace  en  creux  son  dessin  sur  les  pièces 
à  nieller,  on  se  sert  d'empreintes  en  acier  qui  servent  à 
reproduire  le  dessin  sur  les  pièces  d'argent.  Ce  procédé, 
quoique  donnant  de  bons  résultats,  n'atteint  pas  la  finesse 
de  la  gravure  à  la  main. 

En  Perse  et  en  Russie,  la  composition  employée  pour  la 
nielle  est  la  suivante  : 

Argent 13^^,30 

Cuivre 75 

Plomb .'     406 

Fleur  de  soufre 367 

(ihlorhydrate  d'ammoniaque' 76 

Emaillage  des  métaux  précieux.  —  D'après  les  plus 
anciens  documents,  Fémaillage  des  métaux  précieux  semble 
avoir  pris  naissance  dans  la  Gaule  occidentale  400  ans 
environ  avant  J.-C.  Mais  c'est  surtout  au  moyen  âge  que 


583  — 


OHFKVKEHIE  —  ORFRAIE 


cHie  branche  de  Torfèvrerie  acquit  son  plus  grand  déve- 
loppement, en  France  et  dans  l'empire  grec. 

Jusqu'au  xtii^  siècle,  le  seul  procédé  en  usage  consis- 
tait à  couler  la  surface  vitreuse  dans  des  creux  pratiqués 
sur  une  lame  de  métal,  en  produisant  l'adhérence,  soit  par 
de  légères  saillies  réservées  dans  le  métal,  soit  par  de  pe- 
tites cloisons  soudées.  L'estam|>age  et  le  champlevé  (tra- 
vail au  burin)  étaient  employés  l'un  et  l'autre,  quelquefois 
simultanément.  L'invention  des  émaux  translucides  sur 
relief,  qui  semble  due  à  Nicolas  de  Pise,  date  de  la  fin  du 
xiii^  siècle.  Un  siècle  plus  tard,  on  voyait  apparaître  la 
peinture  sur  émail,  dont  l'école  de  Limoges  nous  a  trans- 
mis de  si  remarquables  spécimens. 

L'application  de  V émail  (V.  ce  mot)  sur  les  métaux  pré- 
sente de  grandes  difficultés,  parce  que  la  haute  température 
nécessaire  pour  le  porter  en  fusion  peut  déterminer  soit  une 
oxydation  du  métal  (lorsqu'il  s'agit  d'argent  ou  de  cuivre), 
soit  une  réduction  de  l'oxyde  de  plomb  contenu  dans  l'émail, 
avec  formation  de  plomb  métallique.  Il  en  résulte,  dans 
l'un  et  l'autre  cas,  une  altération  de  la  couleur  primitive. 
L'émaillage  se  fait  de  plusieurs  façons,  soit  par  l'appli- 
cation de  simples  couches  d'émaux  colorés,  soit  par  l'exé- 
cution de  la  peinture  sur  émail.  Dans  ce  dernier  procédé, 
l'émail  formant  fond  est  opaque  ;   ceux  employés  pour 
peindre  sont  le  plus  souvent  transparents.  Les  émaux 
transpaients  sont  constitués  par  un  mélange  en  diverses 
proportions  de  silice,  minium,  nitre  et  borax;  on  les  rend 
opaques  en  substituant  au  minium  une  calcine  composée 
de  plomb  et  d'étain.  Enlin,  la  coloration  des  émaux  s'obtient 
par  l'adjonction  d'oxydes  colorants,  en  quantité  convenable. 
Pour  appliquer  l'émail  sur  une  pièce,  on  le  réduit  en 
poudre  très  fine,   on  l'humecte  d'eau  et  on  l'étend  avec 
une  spatule  en  fer.  On  éponge  ensuite  au  linge  sec  pour 
enlever  la  plus  grande  partie  de  l'eau,  et  on  finit  en  séchant 
à  une  douce  chaleur.  La  fusion  s'opère  ensuite.  Pour  cela 
l'émailleur  fait  usage  d'un  fourneau  à  réverbère,  à  moufle; 
la  pièce  à  émailler  est  placée  sur  une  plaque  de  tôle  qu'on 
introduit  lentement  dans  le  moufle  préalablement  porté  au 
rouge  vif.  On  reconnaît  que  l'opération  est  terminée  lors- 
qu'on voit  l'émail  devenir  brillant.  On  retire  alors  lente- 
ment et  on  laisse  refroidir  en  évitant  les  courants  d'air 
froid  qui  feraient  craqueler  l'émail.  Le  poli  final  se  donne 
à  l'aide  de  potée  d'étain  passée  d'abord  au  moyen  d'une 
lame  d'étain,  puis,  pour  achever,  au  moyen  d'un  mor- 
ceau de  bois  tendre. 

Le  contrémaillage  a  pour  but  d'émailler  l'envers  d'une 
pièce  pour  éviter  qu'elle  ne  se  gondole,  ce  qui  arriverait 
par  suite  de  la  différence  de  dilatation  de  l'émail  et  du 
métal.  Cette  opération  n'est  nécessaire  que  lorsque  l'émail 
est  appliqué  sur  une  grande  surface.  E.  Maglin. 

BiBL.  :  Archkologie. —  Ef/i/jJtc  :  Ma?;i'Ero,  Histoiro  an- 
riemipdespenpJcsde  VOriciit'c'lnssiqiio,:  Paris.  1895-97,  2  vol. 
in-l  —  ChnJcU'o:  L.  IIkuzkv.  /<?  Vnsc  (Varqent  (VEnloAiwnu, 
dans  IcsMoiuuncnls  Piol  ;  Paris.  1.S95.  t.  Wl—irrère  :  SniLu:- 
MANX,  Mijcôncs  cl  Ttp'iiilhc  ;  Paris.  187(S.  iii-t.  —  Ilios,  riUe 
clpayH  d'c^  Troyons:  Paris.  1885.  in-î.  — Maî^pf.ro,  Op.  cit. 

—  O.  IMaiRfvr  et  (Jli.  Ciiipiez.  Ilisloirr  do  Viirl  diius  r^ndi- 
(iniic  :  Paris.  1891.  t.  VI.  —  Home  :  Hkron  de  Villkfosse.  le 
Trésor  de  Bosco-Ueiûe,  dans  la  Gazelte  des  beaux-arts,  1895. 
t.  II.  —  E.  Babei.on  et  .1.  Blaxchkt.  Catalogue  des  bronzes 
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—  Bifzance:  G.  S('HLU\jj!i:KciER,  Un  Empereur  byzantin  au 
x"  siècle,  Nicéphore  Pliocas  ;  Paris.  1890,  in-t. —  L'Épopée 
bijzantine  ;  Paris.  1896,  iii-1.  —  Kondakow,  Histoire  et 
monuments  des  émauxbyzantins (Collection  Zwenigorods- 
/?oi)  ;  Franef'ort-snr-le-M"aiii,  1892,  ,irr.  in-4.  —  Goihiciue  : 
Oi)onEs<jo.  le  Trésor  de  Petrossa;  Paris,  1889,  in-fol.  —  Le 
))aron  de  Bayi;.  l'Industrie  lonyobarde  ;  Paris,  1888,  in-l. 

—  Italie  :  Eu,i>',  Muntz.  Histoire  de  Vart  pendant  la  Renais- 
sance ;  Paris,  1889-95,  3  vol.  in-l.  —  Erance  et  Belgique: 
Villard  DE  lIoNNECOURT.  arcliitccte  du  xiii^  siècle,  Son 
Album,  publié  par  J.-B.-A.  Lassus,  Paris,  1858,  in-4.  — 
KiNG,  Orfèvrerie  et  ouvrages  en  métal  du  moyen  âge  ; 
Bru.ûes,  1«51.  in-8.  —  Darcel,  Notice  des  émaux  et  de 
Vorfèvrerie  dit  Louvre;  Paris.  1867.  in-8.  —  Viollkt- 
LE-Duc,  Dictionnaire  du  mobilier  français:  Paris.  1871. 
in-8.  —  H.  Havard.  Histoire  de  Vorfèvrerie  française: 
Paris,  1896,  in-t.  —  Allemagne:  D>-  Franz  Bock.  Die  Gold- 


sclnniedehunsl  des  MittelaUers:  Colonne,  1855,  in-8  — 7);).s 
fwilige  Kôln  ;  Lei])zi-.  Ps58,  in-8  —^Die  Kleinodien  des 
Heil.  rômischen  Reiches  deutsrher  Nation;  Vienne. 
1861.  in-fol.  —  Espagne  :  Lo  baron  Dwuaaers.  Rechey^ches 
sur  l'orfèvrerie  en  Espagne  au  ))ioyen  âge  et  A  la  Re- 
naissa^ice;  Paris,  1879.  in-l.  —  (Te)icraH'tés  :  Le  nicnne 
Théophile.  Essai  sur  divers  arts,  publié  ])ar  le  comte 
Cliarles  de  I'Epcalopier;  Paris,  181:S,  in-l.  —  Benvenuto 
Cellinï,  jDue  traita ti.  Uno  intorno  aile  otto  principali  arti 
delV  oreficera.  L'altro  in  materiadelV  arte  délia  Scultura  ; 
lUorence,  1568.  in-4.  traduit  en  français  par  Eug.  Piot.  dans 
le  Cabinet  de  l'amateur  et  de  l'antiquaire,  1843.  —  L'abbé 
'J'exier,  Dictionnaire  d'orfèvrerie  (collection  Miiine)  ; 
Paris,  1857,  in-4.  —  Vo.vd.  de  Lasteyrie,  Histoire  de  l'orfè- 
vrerie ;  Paris,  1877.  in-8.  —  .T.  Labarte,  Histoire  des  arts 
industriels  au  moyen  âge  et  à  l'époque'de  la  Renaissance  : 
Paris,  1881,  3  vol.  in-l.  ~  La  Collection  Spitzer  (émaux  et 
bijoux);  Paris.  1889.  in-fol.  —  E.  Vinet,  Bibliographie 
méthodiciue  et  raisonnée  des  beaux-arts;  Paris.  18^7.  in-8.: 
n"^  1972  et  suiv. 

OR  FI  LA  (Mattbieu-Josepb-Bonaventnre),  chimiste  et 
mMecin  français,  né  à  Mabon  (île  Minonjue)  le  24  avr. 
1787,  mort  à  Paris  le  13  mars  1853.  Il  servit  comme 
mousse  d'abord,    ensuite  comme  second  pilote  sur  un 
navire  de  commerce.  Mais  ses  dispositions  naturelles  le 
portaient  vers  l'étude  et,   en  1805,  son  père  l'envoya  à 
Valence,  pour  y  faire  sa  médecine.  11  passa  de  là  à  Bar- 
celone (1806),'^puis  à  Madrid.  Partout  ses  succès  furent 
grands,  surtout  dans  le  domaine  de  la  chimie,  qui  le  pas- 
sionnait, et,  en  1807,  il  partit  pour  Paris  avec  une  pension 
de  1.500  fr.  que  lui  allouait  la  junte  de  Barcelone.  La 
guerre  franco-espagnole  la  lui  fit  supprimer  ;  il  donna  des 
leçons  pour  vivre,  se  fit  recevoir  en  1811  docteur  en  mé- 
decine et  ouvrit  peu  après  un  cours  de  chimie,  qui  le  mit 
rapidement  en  relief.  Ses  succès  mondains  y  contribuèrent 
aussi  pour  une  certaine  part  et,  s'étant  fait  naturaliser 
Français  (1818),  il  fut  nommé  en  1819  professeur  de 
médecine  légale  et  de  toxicologie  à  la  faculté  de  médecine 
de  Paris,  chaire  qu'il  échangea  en  1823,  lors  de  la  réor- 
ganisation de  l'école,  contre  celle  de  chimie,  conservée 
jusqu'à  sa  mort.  Il  fut  en  outre,  de  1830  à  1848,  doyen 
de  la  faculté,  et  disposa,  dans  cette  situation,  d'une  in- 
fluence considérable.  Il  est  l'auteur  d'admirables  travaux 
de  toxicologie,  qui  ont  rempH  à  peu  près  toute  son  exis- 
tence et  qui  ont  fourni  à  la  thérapeutique  de  précieuses 
indications,  en  même  temps  qu'ils  ont  complètement  ré- 
volutionné la  médecine  légale.  Il  fut  même  quelque  temps, 
en  cette  dernière  matière,  considéré  comme  une  sorte 
d'oracle  et  ce  fut  lui,  on  le  sait,  qui,  dans  le  célèbre  procès 
Lafarge  (V.  ce  nom),  décida  de  la  condamnation  par  une 
expertise  de  la  dernière  heure.  Comme  doyen  de  la  faculté 
de  médecine,  il  provo(pia,  dans  cet  enseignement,  de  nom- 
breuses réformes  :   création  d'écoles  secondaires  de  mé- 
decine en  province,  nécessité  du  baccalauréat  es  sciences 
pour  les  études  de  doctorat,  etc.  Jl  fut  le  fondateur  de 
l'Association  de  prévoyance  des  médecins  de  Paris.  Outre 
de  nombreux  mémoires  et  articles  parus  dans  le  recueil 
de  l'Académie  de  médecine,  dans  le  Journal  de  chimie 
médicale,  dans  les  Annales  dliijgiène  publique,  dans 
le  IHclionnaire  de  médecine  usuelle,  etc.,  il  a  publié  : 
Traité  des  poisons  (Paris,  1813,  2  vol.  ;  5»^  éd.,  1852)  ; 
Eléments  de  chimie  médicale  (Paris,   1817,  2  vol.  ; 
8^  éd.,   1851,  3  vol.)  ;  Leçons  de  médecine  légale 
(Paris,  1823,  3  vol.),  refondues  dans  une  4*^  éd.  sous  le 
titre:  Traité  de  médecine  légale  (Paris,  1847,  4  vol.); 
Traité  des  exhumations  juridiques  avecLesueur  (Paris, 
1830,  2  vol.)  son  meilleur  ouvrage  ;  Dictionnaire  des 
termes  de  médecine,  chirurgie,  etc.,  avec  Béclard,  Cho- 
mel,  IL  et  J.  Cloquet  (Paris,  1833,  2  vol.)  ;  Recherches 
sur  l'empoisonnement  par  Facide  arsénieux  (Paris, 
1841),  etc.  L.  S. 

OR  FORD.  Village  d'Angleterre,  comté  de  Suffolk,  sur 
rOre.  Vieux  château.  Banc  d'huitres. 

Comtes  d'Orford  (V.  Bussel  [Edward],  Walpole  [Bo- 
bert  et  Horace]). 

ORFRAIE  (Ornith.).  Nom  vulgaire  des  Aigles  de  mer 
(V.  AiCLE  et  Balbuzard).  Il  est  parfois  attribué  par  erreur 
à  l'effraie  ou  chouette  des  cimetières. 


ORFROI  —  ORGANIQUE  _ 

ORFROI.  Ce  mot  sonihlc  dérivé  (Wniriphnjgialinii 
(brodé  d'or).  C'est  une  large  bande  d'étoffe  servant  à 
border  les  vêtements.  Les  orfrois  furent,  suivant  les 
é{30(|ues,  de  j3liisieurs  sortes  :  brodés  de  soie,  de  perles 
et  de  pierres  précieuses,  enfin  décorés  d'ornements  d'orfè- 
vrerie appli([ués.  L'orfroi,  qui  remplaçait  le  galon  de  la 
passementerie  des  vêtements  antiques,  le  chivus,  garnis- 
sait déjà  les  robes  à  la  cour  de  Charlemagne.  Mais  c'est 
surtout  à  la  fui  du  xi^  siècle,  (pi'à  l'imitation  des  somp- 
tuosités de  la  cour  de  lîyzance,  alors  d'une  ricbesse  inouïe, 
les  seigneuj's  occidentaux  firent  border  leurs  vêtements 
des  orfrois  les  plus  précieux.  (^ba(pie  siècle  imprime  aux 
orfrois  un  caractère  particulier,  et  les  tombeaux,  les  gisants, 
les  statues  des  cathédrales  fournissent  les  spéciniens  des 
nombreux  dessins  exécutés  par  les  brodeurs.  J^e  plus  fré- 
quepimenl,  ce  sont  des  broderies  courantes,  quadrillées, 
échiquetées,  entremêlées  de  figures  géométriques  rehaus- 
sées de  gemmes.  Viollet-le-Duc  a  retrouvé  un  orfroi  très 
ancien  de  l'époque  carlovingienne,  composé  d'enroulements 
très  délicats  sur  un  fond  de  soie  pourpre  tout  brodé  de 
perles  fines.  Avec  les  croisades,  les  ornementations  orien- 
tales, les  arabesques  font  leur  apparition;  il  y  aura  même 
des  oï'frois  sur  lesquels  le  brodeur  occidental^  empruntant 
aux  caractères  coufiques  un  motif  décoratif  qui  le  frappe 
par  son  élégance,  mais  qu'il  ne  comprend  pas,  a  présenté 
aux  archéologues  des  problèmes  incompréhensibles.  Au 
xiii^^  siècle,  les  feuillages,  qui  prennent  dans  l'architec- 
ture gothique  une  place  si  importante  (Y.  Floue,  lArchi- 
iectuve),  se  substituent  aux  compartiments  géométri([ues. 
Si,  au  xiv^  siècle,  les  formes  reclilignes  reprennent  faveur, 
la  broderie  est  souvent  remplacée  par  de  petiles  pièces 
d'orfèvrerie  estampées,  cousues  sur  l'orfroi,  composé  dès 
lors  d'une  simple  bande  de  drap  d'or  uni.  Avec  les  xv^ 
et  xvi^  siècles,  les  orfrois  qui,  suivant  le  Cérémonial  de 
Lyon,  devaient  avoir  dans  les  chapes,  de  chaque  côté  de  la 
retombée,  W  pouces  de  large,  deviennent  de  véritables 
tableaux  où  le  brodeur  déploie  son  habileté  avec  les  nom- 
breux points  à  sa  disposition.  Ils  ne  sont  plus  guère  dès  lors 
utilisés  que  pour  les  ornements  liturgiques,  et,  ce  qui  na- 
guère étaitl'accessoire.  devient,  aveclecapuce.  la  décoration 
principale  des  vêtements  ecclésiastiques.       F.  de  Mély. 

0R6AN.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr.  de 
Bagnères-de-Bigorre,  cant.  de  Castelnau-Magnoac;  93  hab. 
ORGANDI  (tissage). Tissu  léger  de  coton,  employé  pour 
lingerie,  soit  en  blanc,  soit  avec  dessins  imprimés  oii  tissés. 
[l  fut  d'abord  fabriqué  dans  l'Inde,  puis  imité  en  Europe 
comme  les  autres  mousselines.  Il  sert  de  doublure  pour 
les  robes  de  femme. 

ORGANE.  I.  Anatomie.  —  L'organe  est  mie  partie 
du  corps  constituée  par  la  réunion  intime  de  parties  (par- 
ties similaires,  organes  premiers)  provenant  de  systèmes 
différents  et  constituant  un  tout  de  conformation  spéciale 
et  d'usage  particulier.  Les  organes  de  diverses  espèces. 
en  se  réunissant  pour  une  même  fonction,  forment  les 
appareils. 

Organe  de  Corii  {\.  Oreille). 
Organes  homologues  (V.  Moxstre,  t.  XXfV,  p.  173). 
Organe  de  Jaeobson.  Tube  cartilagineux  dans  lequel 
s'enfonce  la  muqueuse  des  fosses  nasales.  Il  est  placé  sur 
le  plancher  des  fosses  nasales  et  communique  avec  le  con- 
duit de  Sténon.  Très  développé  chez  les  carnassiers,  les 
ongulés,  etc.,  il  est  avorté  dans  les  primates.  Chez 
l'homme  il  n'existe  que  durant  la  vie  embryonnaire.  La 
simihtude  de  texture  entre  la  muqueuse  de  cet  organe 
et  celle  de  la  région  olfactive,  la  terminaison  identique  des 
nerfs  dans  les  deux  cas,  font  de  l'organe  de  Jaeobson  un 
annexe  de  l'appareil  olfactif. 

Organes  plastifjues.  Ce  sont  ceux  qui  préparent  les 
matériaux  assimilables  et  servent  à  la  nutrition  (tube 
digestif). 

Organe  de  Fiôse)imuller  (V.  Utérus,  Wolff  [Corps 
de],  RôsENMiJLLER  [Organe  de]). 

Organes  rudimentaires.  Ce  sont  des  organes  atrophiés 


sans  fonction  actuelle,  mais  ayant  joué  un  rôle  dans  les 
QS])k'Qs  S(Mu±(is.  Vadaplation,  k\  sélection,  le  balan- 
cement des  organes  en  donnent  l'explication.  Les  organes 
rudimentaires  dérivant  du  coi'ps  de  Wolff  en  sont  un  des 
plus  beaux  exemples.  Ch.  Derierre. 

IL  Mécanique.  •—  Organes  des  machines.  —  On 
appelle  ainsi  des  appareils  qui  servent  à  communiquer  le 
mouvement  fourni  par  le  moteur  aux  outils.  Lantz  et 
Bethancourt  ont  donné  une  classification  des  organes  des 
machines,  ([iii  se  trouve  reproduite  dans  presque  tous  les 
traités  de  mécaiii(iue  prati(pie.  (^etle  classification  peut  se 
résumer  ainsi  :  organes  transformant  un  mouvement,  qui 
peut  être  rectiligne  ou  circulaire,  continu  ou  alternatif, 
en  un  autre  qui  peut  être  également  rectiligne  ou  circu- 
laire, continu  ou  alternatif. 

Mais  cette  classification  est  mauvaise  en  ce  sens  qu'elle 
place  dans  des  catégories  différentes  des  organes,  tels  que, 
par  exemple,  les  crémaillères  et  les  engrenages,  dont  les 
théories  sont  fondées  sur  un  même  principe.  Aussi,  dans 
une  bonne  étude  dos  organes  des  machines,  doit-on  n'avoir 
aucun  égard  à  la  classification  de  Lantz,  d'autant  plus 
qu'il  existe  des  appareils  (tels  que  les  appareils  à  tiges) 
qui  transforment  des  mou\ements  en  d'autres  qui  ne  sont 
ni  circulaires  ni  rectilignes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  à  défaut  d'une  bonne  classification 
encore  à  trouver,  nous  suivrons  celle  do  Lantz  pour  l'énu- 
mérationdes  organes,  en  renvoyant  pour  leur  description 
aux  divers  articles  (|ui  leur  sont  consacrés  dans  le  corps 
de  cet  ouvrage  ; 

{''  Traiisformation  d'un  mouvement  circulaire  continu 
en  circulaire  continu.  Rouleaux  ou  cylindres  de 
friction  ;  courroies  ;  chaînes  à  la  Vaucanson  ;  engre- 
nages ;  bielles  ;  vis  sans  fin  ;  engrenages  coniques  ; 
joint  de  Cardan. 

^2«  Transformation  d'un  mouvement  circulaire  con- 
tinu en  circulaire  alternatif.  Bielle  et  manivelle  : 
excentriques  ;  cames  ;  encliquetages. 

ao  Transformation  dun  mouvement  circulaire  con- 
tinu en  rectiligne  continu.  Treuil;  crémaillère: 

VIS. 

A^'  Transformation  d'un  mouvement  circulaire  con- 
tinu en  rectiligne  alternai  if.  Bielle;  excentriques 
(en  cœur);  engrenage  de  Lahire;  rainures  et  galets: 
cames;  encliquetages. 

:>"  Iransfoi  motion  d'un  mouvement  circulaire  ait er- 
milifen  circulaire  allernatif.  Ikdanciers  ;  pédales  ; 
leviers. 

i}""  Transformation  d'un  mouvement  circulaire  alter- 
natif en  rectiligne  continu.  Encliquetages. 

T«  Transformation  d'un  mouvement  circulaire  alter- 
natif en  rectiligne  alternatif.  Archet.  Zigzag. 

<S«  Transformation  d'un  mouvement  rectiligne  con- 
tinu en  rectiligne  continu.  Poulies;  moufles;  plan 
incliné. 

9«  Transformation  d'un  mouvement  rectiligne  alter- 
natif en  rectiligne  alternatif.  Rainures. 

A  ces  organes  il  faut  joindre  les  parallélogrammes  de 
Watt  et  de  Pcaucellier  et  une  foule  d'autres  appareils  à 
tiges,  aujourd'hui  de  plus  en  plus  nombreux. 

Organes  de  mise  en  mouvement.  —  Ce  sont  la  poulie 
folio,  les  embrayages,  les  cônes  do  friction,  les  appareils 
à  détente. 

Organes  de  régularisation,  —  Ce  sont  les  volants, 
les  freins,  les  régulateurs.  H.  Laurent. 

ORGANICISME  (V.  Animisme  et  Vie). 

ORGANIQUE.  I.  Géométrie.  — Description  organique 
des  coniques.  —  On  appelle  ainsi  un  mode  de  description 
des  coniques  donné  par  Newton  et  qui  consiste  à  faire 
pivoter  deux  angles  de  grandeur  constante  autour  de  leurs 
sommets  supposés  fixes.  Si  l'on  assujettit  deux  côtés  à  se 
rencontrer  sur  une  droite,  les  points  de  concours  des 
deux  autres  côtés  décriront  une  conique. 


—  nan  — 


OHCtANKVUE 


II.  Chimie  (V.  Chimie). 

III.  Géologie.  —  Roches  ohcaniques.  —Sous  ce  nom 
on  comprend  souvent  les  roches  sédiraentaires  qui  doivent 
leur  formation  à  l'activité  d'organismes,  animaux  ou  végé- 
taux, ou  du  moins  dans  la  formation  desquelles  cette  activité 
joue  le  rôle  prépondérant.  Pour  citer  quelques  exemples,  on 
peut  indiquer  :  1°  dans  la  série  animale,  les  calcaires  coral- 
liens formés  par  l'accumulation  de  polypiers  et  des  autres 
êtres  à  test  calcaire  qui  habitent  les  récifs  coralliens  ;  certains 
calcaires  formés  presque  exclusivement  de  foraminifères 
(cale,  il  Miliolites,  cale,  ii  ISummulites) ,  etc.  ;  2^  dans 
la  série  végétale,  certains  calcaires  formés  d'algues  cal- 
caires (LiÙiothaniniiun,  Gyroporelles,  etc.),  hlripoli. 
formé  de  diatomées,  algues  sihceuses  microscopiques,  el 
surtout  les  combustibles  minéraux,  résultant  do  l'accu- 
mulation et  de  la  carbonisation  lente  de  végétaux  ligneux 
[tourbe,  lignite,  Jioiiille,  antJiracite)  (V.  Roche  sédi- 
mentaire). 

IV.  Histoire  religieuse. —  Articles  organiques. — 
CULTE  CATHOLIQUE,  —  Au  mot  France  ecclésias- 
TiQm^  (t.  XVÏI,  pp.  1053-63),  nous  avons  indiqué,  avec 
toute  la  précision  qui  nous  a  été  possible,  quelle  était  la 
condition  de  l'Eglise  catholique  sous  l'ancien  régime;  et 
d'après  des  documents  relevés  en  1788,  c.-à-d.  à  la  veille 
de  la  Révolution,  nous  avons  montré  quelles  étaient  la 
part  du  clergé  dans  le  gouvernement  de  l'Etat,  et  la  part 
de  la  cour  et  de  la  noblesse  dans  l'administration  de 
l'Eglise  et  la  jouissance  de  ses  biens.  Nous  avons,  en  outre, 
annoncé  que  nous  résumerions  ici  l'histoire  de  ce  qui  a 
succédé  à  ce  régime.  —  Avant  la  convocation  des  Etats 
Généraux,  Louis  XVI,  obéissant  au  vœu  de  la  conscience 
publique,  avait  permis  aux  non-catholiques  de  vivre  et  de 
mourir  en  France,  et  d'y  travailler  sans  être  inquiétés  pour 
cause  de  reUgion  ;  de  se  marier,  de  faire  constater  léga- 
lement la  naissance  de  leurs  enfants,  d'enterrer  décemment 
leurs  morts  et  de  certifier  leur  décès  (nov.  1787,  enre- 
gistré le  29janv.  1788).  Mais  tout  exercice  quelque  peu 
public  de  leur  culte  restait  interdit.  Le  27  août  il 89, 
l'Assemblée  nationale  vota  l'art.  VI  delà  Déclaration  des 
droits  de  l'homme  :  «  Tous  les  citoyens,  étant  égaux  aux 
yeux  de  la  loi,  sont  également  admissibles  à  toutes  les 
dignités,  places  et  emplois  publics,  selon  leur  capacité  et 
sans  autre  distinction  que  celle  de  leurs  vertus  et  de  leur 
talent  ».  Puis  (29  nov.  1789)  elle  précisa  les  consé- 
quences de  cette  déclaration,  en  décrétant  l'admission  des 
non-catholiques  à  tous  les  emplois  civils  et  militaires.  La 
liberté  de  leur  culte  ne  fut  formellement  instituée  que  par 
la  Constitution  du  14  sept.  1191 ,  garantissant  «  à  tout 
homme  la  faculté  d'exercer  le  culte  l'eligieux  auquel  il 
est  attaché,  et  à  tout  citoyen  le  droit  de  choisir  ou  d'élire 
les  ministres  de  son  culte  \tit.  I).  —  Vers  le  môme  temps, 
l'organisation  de  l'Eglise  catholique  subissait  de  profondes 
atteintes  :  10  août  1789,  suppression  du  déport,  du 
vacat  et  desannates;  11  du  même  mois,  suppression  des 
dîmes  et  du  casuel  des  curés;  3-34  nov.  tous  les  biens 
ecclésiastiques  sont  mis  à  la  disposition  de  la  nation,  à 
charge  de  pourvoir,  d'une  manière  convenable,  aux  frais 
du  culte,  à  l'entretien  de  ses  ministres  et  au  soulagement 
des  pauvres,  sous  la  surveillance  et  d'après  les  instruc- 
tions des  provinces;  9-27  nov.,  sursis  à  la  nomination 
de  tous  les  bénéfices  autres  que  les  cures  et  ceux  à  charge 
d'âmes;  13-19  févr.  1790,  l'Assemblée  déclare  que  la 
loi  constitutionnelle  du  royaume  ne  reconnaît  plus  de  vœux 
monastiques  solennels,  et  supprime,  sans  qu'on  puisse  en 
rétablir  de  semblables  à  l'avenir,  les  ordres  et  congréga- 
tions réguhères,  dans  lesquelles  on  fait  de  pareils  vœux  ; 
19-26  févr.,  décret  assurant  une  pension  aux  religieux 
qui  sortiront  de  leurs  maisons. 

De  ces  mesures  résultaient  trois  conséquences  d'une  im- 
portance capitale  :  1°  suppression  du  domaine  terrien,  de 
la  fiscalité  religieuse  et  des  privilèges  qui  contribuaient 
pour  une  si  grande  part  à  la  puissance  de  l'Eghse  ;  2^  su- 
bordination aux  finances  de  l'Etat  des  ressources  néces- 


saires à  l'entretien  du  culte  et  à  la  subsistance  du  clergé 
maintenu  en  fonction  ;  3^  abolition  radicale  du  clergé  ré- 
gulier, que  ses  intérêts  et  ses  traditions  attachaient  à  la 
cour  de  Rome.  Pour  achever  son  œuvre,  l'Assemblée  cons- 
tituante continua  à  traiter  comme  chose  négligeable  le 
concordat  conclu  entre  la  royauté  et  la  papauté,  et  elle 
entreprit,  en  vertu  de  son  droit  souverain,  de  doter  l'Eglise 
de  France  d'une  organisation  adaptée  à  la  nouvelle  divi- 
sion du  territoire  français,  destinée  aussi  à  assurer  l'indé- 
pendance de  cette  Eglise  à  l'égard  de  l'autorité  des  étran- 
gers, à  protéger  le  clergé  inférieur  contre  l'oppression  des 
prélats,  et  à  remettre  au  peuple  l'élection  de  ses  pasteurs, 
i.e  12  juil.  1790,  elle  décréta  la  Constitution  civile  du 

CLERGÉ. 

Chaque  département  devait  former  un  seul  diocèse  (t.  I, 
1).  Les  sièges  des  évêchés  des  83  départements  étaient 
ainsi  fixés  (2-3)  :  Seine-Inférieure,  Rouen;  Calvados, 
Bayeux;  Manche,  Coutances;  Orne,  Séez;  Eure,  Evreux; 
Oise,  Beauvais  ;  Somme,  Amiens;  Pas-de-Calais,  Saint- 
Omer;  —  Marne,  Reims  ;  Meuse,  Verdun  ;  Meurthe, 
Nancy;  Moselle,  3Iefz;  Ardennes,  Sedan;  Aisne,  Sois- 
sons;  Nord,  Cambrai;  —  Doubs,  Resançon;  Haut-Rhin, 
Colmar;  Ras-Rhin,  Strasbourg;  Vosges,  Saint-Dié; 
Haute-Saône,  Vesoul  ;  Haute-Marne,  Langres;  Côte- 
d'Or,  Dijon;  Jura,  Saint-Claude  ;  —  Ille-et- Vilaine, 
Rennes;  Côtes-du-Nord,  Saint-Brieuc ;  Finistère,  Quim- 
per;  Morbihan,  fannes;  Loire-Inférieure,  Nantes;  Maine- 
et-Loire,  Angers;  Sarthe,  Le  Mans;  Mayenne,  Laval; 
—  Paris,  Paris;  Seine-et-Oise,  Versailles;  Eure-et- 
Loir,  Chartres;  Loiret,  Orléans;  Yonne,  Sens;  Aube, 
Troyes;  Seine-et-Marne,  Meaux;  —  Cher,  Rourc.es; 
Loir-et-Cher,  Blois;  Indre-et-Loire,  Tours;  Vienne,  Poi- 
tiers; Indre,  Châteauroux  ;  Creuse,  Guéret;  Xl\m\  Mou- 
lins; Nièvre,  Nevers;  —  Gironde,  Rorueaux;  Vendée, 
Luçon;  Charente-Inférieure,  5<2inif^s;  Landes,  Dax;  Lot- 
et-Garonne,  Agen;  Dordogne,  Périgueux;  Corrèze,  lulle; 
Haute-Vienne,  Limoges;  Charente,  Angoulême;  Deux- 
Sèvres,  Saint-Maixent ;  —  Haute-Garonne,  Toulouse; 
Cfers,Auch;  Rasses-Pyrénées,  Oléron;  Hautes-Pyrénées, 
Tarbes  ;  Ariège,  Pamiers;  Pyrénées-Orientales,  Perpi- 
gnan; Aude,  Narbonne;  Aveyron,  litiodez;  Lot,  Ca- 
hors;  Tarn,  Alby ;  —  Rouches-du-RhOne,  Aix;  Corse, 
Bastia;  Var,  Fréjus  ;  Rasses-Alpes,  Digne;  Hautes- 
Alpes,  Embrun;  Drôme,  Valence;  Lozère,  Mende;  Gard, 
Nîmes;  }\êvKw\i,Bézders;  —  Rhône-et-Loire,LYON;  Puy- 
de-Dôme,  Clermont;  Cantal,  Saint-Flour;  lïaute-Loire, 
Le  Puy;  Ardèche,  Viviers;  Isère,  Grenoble;  Ain,  Bel- 
ley;  Saône-et-Loire,  Autun.  Cette  réorganisation  sup- 
primait 52  évêchés.  Les  diocèses  ainsi  reconstitués  furent 
répartis  en  dix  arrondissements  métropolitains,  dont 
les  sièges  étaient  [Tit.  I,  1-2)  :  Rouen  (Métropole  des 
côtes  de  la  Manche);  Reims  (Métr.  du  Nord-Est);  Re- 
sançon [Métr.  de  l'Est);  Rennes  (Métr.  du  Nord-Ouest); 
Paris  (Métr.  de  Paris);  Rourges  (Métr.  du  Centre);  Ror- 
deaux  (Métr.  du  Sud-Ouest);  Toulouse  (Métr.  du  Sud); 
Aix  (Métr.  de  la  Méditerranée);  Lyon  (Métr.  du  Sud- 
Est).  Dans  la  liste  des  évêchés,  nous  avons  séparé  par 
des  tirets  les  groupes  qui  formaient  les  arrondissements 
métropolitains;  ils  remplaçaient  les  dix-huit  provinces 
ecclésiastiques  de  l'ancien  régime,  et  comprenaient,  en 
outre,  les  suffragances  de  Trêves,  Mayence  et  Pise,  ainsi 
que  les  enclaves  des  évêchés  d'Avignon,  de  Carpentras,  de 
Cavaillon  et  de  Vaison.  Il  était  défendu  à  toute  église  ou 
paroisse  de  France  et  à  tout  citoyen  français  de  reconnaître, 
en  aucun  cas  et  sous  quelque  prétexte  que  ce  fût,  l'auto- 
rité d'un  évoque  ordinaire  ou  métropofitain,  dont  le  siège 
serait  établi  sous  la  domination  d'une  puissance  étrangère, 
ni  celle  de  ses  délégués  résidant  en  France  ou  ailleurs, 
sans  préjudice  de  l'unité  de  foi  et  de  la  communion 
qui  serait  entretenue  avec  le  chef  visible  de  V Eglise 
universelle  (4).  Un  seul  séminaire  serait  conservé  ou 
étabU  dans  chaque  diocèse,  pour  la  préparation  aux  ordres. 
Il  serait  administré  par  un  vicaire  supérieur  ot  trois  vi- 


ORGANIQUIl  —  536  — 

caires  directeurs,  subordonnés  à  Févèqno  (11,  13).  — 
Immédiatement  après  la  promulgation  de  la  Constitution 
civile,  il  devait  être  procédé,  sur  l'avis  de  l'évoque  dio- 
césain et  de  l'administration  des  districts,  à  une  nouvelle 
formation  et  conscription  de  toutes  les  paroisses  du 
royaume.  Le  nombre  et  l'étendue  en  seraient  déterminés 
selon  des  règles  établies  par  cette  constitution  (6),  et  dont 
la  principale  était,  c[ue  dans  toutes  les  villes  ou  bourgs 
([ui  ne  comprenaient  pas  plus  de  6.000  âmes,  il  n'}^  au- 
rait cp'une  seule  paroisse.  Les  autres  seraient  supprimées 
et  réunies  à  la  paroisse  principale  (15).  Les  assemblées 
administratives,  de  concert  avec  Tévêque  diocésain,  de- 
vaient désigner  à  la  prochaine  législature  les  paroisses, 
annexes  ou  succursales  des  villes  ou  des  campagnes  qu'il 
conviendrait  de  réserver  ou  d'étendre,  d'établir  ou  de 
supprimer  (17).  Tous  titres  et  offices,  autres  que  ceux 
mentionnés  en  la  Constitution  civile,  les  dignités,  cano- 
nicats,  prébendes,  chapelles,  chapellenies,  tant  des  églises 
cathédrales  que  des  églises  collégiales,  et  tous  chapitres 
réguliers  et  séculiers  de  l'un  et  l'autre  sexe,  les  abbayes 
et  prieurés  en  règle  ou  en  commende  de  l'un  ou  l'autre 
sexe,  et  tous  les  autres  bénéfices  et  prestimonies,  de  quelque 
nature  et  sous  quelque  dénomination  que  ce  fut,  seraient 
éteints  et  supprimés  du  jour  de  la  publication  de  la  cons- 
titution, sans  qu'il  pût  en  être  établi  de  semblables  (20). 
Lu  somme,  la  Constitution  civile  ne  conservait  de 
l'ancienne  organisation  ecclésiastique  que  les  métropoles, 
les  évêchés,  les  cures  et  les  vicariats.  Elle  ne  reconnais- 
sait qu'une  seule  manière  de  pourvoir  aux  évêchés  et  aux 
cures,  savoir  la  forme  des  électioxs  (t.  H,  1).  On  en 
trouvera  la  procédure,  ainsi  que  celle  de  l'institution  ca- 
nonique, résumée  au  mot  Election,  t.  XV,  p.  753).  Il 
suffit  de  rappeler  ici  c{ue  toutes  les  élections  religieuses 
devaient  se  faire  par  la  voie  du  scrutin,  dans  la  forme  et 
par  les  corps  électoraux  indiqués  pour  les  élections  civiles. 
1.0  refus  d'institution  canonique,  de  la  part  du  métropoli- 
tain, pouvait  être  attaqué  en  appel  comme  d'abus,  par 
Fèvêque  élu  ;  celui  de  l'évêque  pouvait  l'être  par  recours 
du  curé  élu  à  la  puissance  civile  (II,  -17,  38).  Les 
évêques  et  les  curés  avaient  le  droit  de  choisir  leurs 
vicaires,  mais  ils  ne  pouvaient  les  destituer  qu'avec  appro- 
bation du  conseil  diocésain  (IL  22,  44).  —  Les  attribu- 
tions spéciales  du  métropolitain  étaient  l'examen  et  la 
consécration  des  évêques  élus  pour  son  arrondissement, 
et  la  juridiction  en  appel  sur  les  décisions  de  l'évêque 
(1,  5).  —  Pour  la  ramener  à  son  état  primitif,  l'église 
cathédrale  de  chaque  diocèse  devait  être  en  même  temps 
éghse  épiscopale  et  église  paroissiale,  et  n'avoir  d'autre 
pasteur  immédiat  que  Févèque.  Tous  les  prêtres  qui  y 
seraient  établis  (seize  pour  les  villes  de  plus  de  lO.OOÏ) 
âmes,  douze  pour  les  autres)  seraient  les  vicaires  de 
l'évêque  et  en  feraient  les  fonctions  (I,  7-8).  Les  vicaires 
des  églises  cathédrales,  les  vicaires  supérieurs  et  directeurs 
du  séminaire  formeraient  ensemble  le  conseil  harituel  et 
PERMANENT  de  l'évêque,  qui  ne  pourrait  faire  aucun  acte 
de  juridiction  concernant  le  gouvernement  du  diocèse  ou 
du  séminaire,  qu'après  en  avoir  délibéré  avec  eux(1, 14). 
—  En  toute  matière,  la  part  du  pape  était  réduite  à  la 
très  simple  expression  de  l'unité  de  foi  et  de  communion 
qui  devait  être  entretenue  avec  le  chef  visible  de  l'Eglise 
universelle  (I,  4).  C'était  par  hommage  à  ce  titre  que  le 
nouvel  évêque  devait  lui  annoncer  son  élection,  mais  il 
ne  pouvait  demander  aucune  confirmation  (II,  19).  — Les 
évêques,  curés  et  vicaires  pouvaient,  comme  citoyens 
actifs,  assister  aux  assemblées  primaires  et  électorales  ;  y 
être  nommés  électeurs,  députés  aux  législatures,  élus 
membres  du  conseil  général  de  la  commune  et  du  conseil 
des  administrations  des  districts  et  des  départements  ; 
mais  leurs  fonctions  étaient  déclarées  incompatibles  avec 
celles  de  maire  et  autres  officiersmunicipaux  et  de  membres 
des  directoires  de  district  et  de  département  (IV,  6).  — 
Le  titre  III  avait  pour  objet  de  supprimer  les  inégalités 
énormes  que  l'ancien  régime  avait  introduites  et  qu'il  per- 


pétuait dans  le  traitement  des  ministres  de  la  religion 
(V.  DiME,  t.  XIV,  p.  576).  Tout  en  maintenant  dans 
l'abondance  les  hauts  dignitaires  de  l'Eglise,  la  Constitu- 
tion civile  promettait  de  délivrer  de  la  misère  les  curés 
et  les  vicaires,  et  elle  leur  attribuait  des  émoluments  fort 
supérieurs  à  ceux  que  l'Etat  leur  alloue  aujourd'hui.  Ces 
dispositions  furent  complétées  par  un  décret  du  24  juil. 
1790,  qui  accordait  en  outre  des  pensions  à  tous  ceux 
dont  les  offices  ou  les  bénéfices  avaient  été  supprimés.  — 
{^es  lois  furent  approuvées  par  le  roi,  malgré  un  bref  du 
pape,  mais  après  de  longues  hésitations  ;  elles  furent  pro- 
mulguées le  24  août  1790. 

Cette  législation  tendait  à  constituer  en  France  une 
Eglise  catholique,  vraiment  nationale,  entretenant  l'unité 
de  foi  et  de  communion  avec  le  pape,  comme  chef  visible 
de  l'Eglise  universelle,  mais  absolument  indépendante  de 
la  cour  de  Rome;  répudiant  complètement  lemonachisme 
avec  tous  ses  dérivés  et  toutes  ses  conséquences  ;  investie 
de  la  confiance  du  peuple  qui  élisait  ses  ministres  ;  vouée 
à  la  prédication  et  au  service  des  idées  de  justice,  de 
hberté,  de  rédemption  sociale,  qui  étaient  alors  dans  les 
vœux  de  la  majorité  des  PVançais.  Pour  quiconque  connaît 
l'action  que  la  religion  d'un  peuple  exerce  sur  sa  menta- 
lité, sur  ses  mœurs  et  sur  ses  aptitudes  au  régime  de  la 
liberté,  il  n'est  pas  douteux  que  si  cette  entreprise  avait 
pu  être  accomplie,  elle  aurait  fourni  à  l'œuvre  des  temps 
nouveaux  des  éléments  précieux  d'activité,  en  même  temps 
que  de  modération,  de  continuité  et  de  solidité.  Mais  la 
résistance  qu'elle  rencontra,  les  répressions  et  les  tumultes 
que  cette  résistance  provoqua,  en  firent,  au  contraire,  une 
cause  de  faiblesse,  de  trouble,  d'excès  antireligieux  et 
finalement  de  réaction  cléricale.  Les  motifs  de  cette  résis- 
tance étaient  divers  :  d'abord  l'hostihlé  systématique  des 
partisans  intransigeants  de  l'ancien  régime  ;  puis  le  mé- 
contentement des  villes  auxquelles  la  nouvelle  répartition 
enlevait  des  sièges  épiscopaux,des  collégiales,  des  paroisses 
ou  d'autres  établissements  ecclésiastiques,  qu'elles  consi- 
déraient comme  appartenant  à  leur  patrimoine  ;  celui  des 
prêtres  privés  de  leur  poste  ou  menacés  de  l'être  ;  celui 
des  dignitaires,  des  chanoines,  des  moines,  des  chapelains, 
des  religieux  et  des  religieuses,  dont  les  titres,  offices, 
bénéfices,  communautés  et  prestimonies  étaient  abolis  : 
abolition  qui  les  avait  rejetés  dans  le  siècle  avec  une  ché- 
tive  pension,  livrés  aux  turbulences  de  l'oisiveté,  sans 
autre  occupation  cfue  de  cultiver  soit  un  libertinage  que 
le  froc  ne  gênait  plus,  soit  les  rancunes  d'une  vocation 
déçue  ;  chez  plusieurs  théologiens,  des  scrupules  sincères 
qui  leur  montraient  la  Constitution  civile  comme  un  ins- 
trument de  schisme;  chez  beaucoup  d'autres  aussi,  la 
crainte  de  l'avenir,  la  pensée  que  ces  nouveautés  ne  du- 
reraient pas,  et  qu'il  serait  dangereux  de  paraître  les 
approuver;  enfin,  les  alarmes  des  fidèles  troublés  dans  les 
habitudes  de  leur  dévotion  et  dans  leur  foi  aux  choses 
consacrées  par  le  temps. 

Les  partisans  de  l'ancien  régime  comprirent  que  l'éta- 
blissement et  l'affermissement  de  la  Constitution  civile 
ruineraient  leur  cause  pour  toujours.  Ils  virent,  en  même 
temps,  que  les  oppositions  qu'elle  rencontrait  leur  offraient 
l'occasion  et  les  moyens  de  combattre  la  Révolution  au 
nom  de  la  religion,  et  de  détacher  des  rangs  de  leurs  ad- 
versaires beaucoup  de  ceux  qui  les  avaient  suivis  jusqu'alors. 
Le  30  oct.  fut  publié  un  écrit  signé  par  trente-deux  évêques 
députés  à  l'Assemblée  nationale,  et  rédigé  par  J.  R.  de 
RoiscELiN  (V.  t.  MI,  p.  i 40), archevêque  d'xVix  et  membre 
de  l'Académie  française,  qui  mêlait  au  genre  sacré  des 
poésies  d'un  genre  très  profane  :  auteur  du  Temple  de 
Cnide  et  traducteur  des  Héroïdes  d'Ovide.  Cet  écrit,  in- 
titulé Exposition  des  principes  sur  la  Constitution  ci- 
vile, réprouvait  énergiquement  cette  constitution,  et  con- 
seillait le  refus  des  démissions  qui  auraient  permis  de 
l'appliquer  paisiblement.  Cent-dix  évêques  français  ou  ayant 
en  France  clés  extensions  de  leurs  diocèses  adhérèrent  à  ce 
manifeste.  Le  27  nov.  un  décret  de  l'Assemblée  statua 


—  5:î7 


ORGANIQUE 


que  les  évoques,  les  ci-devant  archevêques,  les  curés,  les 
supérieurs  et  les  directeurs  de  séminaires,  les  vicaires  des 
évêques  et  des  curés,  les  professeurs  des  séminaires  et  des 
collèges  et  tous  autres  ecclésiastiques,  fonctionnaires  pu- 
blics, prêteraient  dans  la  huitaine  le  serment  prescrit  par 
la  Constitution  civile.  Ceux  qui  ne  l'auraient  point  prêté  se- 
raient réputés  avoir  renoncé  à  leur  office  et  il  serait  pourvu 
à  leur  remplacement,  comme  en  cas  de  vacance  par  dé- 
mission. Ceux  qui,  ayant  prêté  ce  serment,  refuseraient 
ensuite  d'obéir  aux  décrets  de  l'Assemblée  acceptés  par  le 
roi,  ou  auraient  excité  des  oppositions  à  leur  exécution, 
seraient  poursuivis  comme  rebelles  à  la  loi,  privés  des 
droits  de  citoyens  actifs  et  incapables  d'exercer  aucune 
fonction  publique,  et  punis  en  outre  de  peines  plus  graves 
selon  les  cas.  Des  poursuites  et  des  pénalités  analogues 
étaient  décrétées  contre  tous  les  membres  des  corps  ecclé- 
siastiques séculiers  supprimés,  qui  exerceraient  leurs  fonc- 
tions publiques,  et  aussi  contre  tous  ceux  qui  se  coalise- 
raient, soit  pour  combiner  un  refus  d'obéir  aux  décrets 
de  l'Assemblée,  soit  pour  former  ou  exciter  des  opposi- 
tions à  leur  exécution. 

Ce  décret  ne  fut  promulgué  que  le  26  déc.  Il  prescri- 
vait à  tous  les  fonctionnaires  ecclésiastiques  qui  étaient 
membres  de  l'Assemblée  de  prêter  serment  devant  elle. 
Le  jour  fixé  pour  cette  prestation  était  le  4  janv.  4791  ; 
mais  dès  le  27  déc,  Grégoire  (V.  t.  XIX,  p.  369)  l'avait 
accomplie  avec  60  de  ses  collègues,  et  il  avait  prononcé 
un  discours  légitimant  le  serment  civique  exigé  des 
fonctionnaires  ecclésiastiques;  25  autres  se  joignirent 
ensuite  à  eux.  Le  4  janv.,  tous  les  autres  ecclésiastiques 
refusèrent.  Le  serment  du  clergé  de  Paris  devait  être  reçu 
le  9  janv.  Sur  800  prêtres,  200  seulement  le  prêtèrent. 
La  proportion  de  ceux  qui  satisfirent  au  décret  fut  sen- 
siblement plus  grande  dans  les  provinces  ;  mais  parmi  les 
135  évêques  du  royaume,  il  n'y  en  eut  que  4  qui  accep- 
tèrent la  Constitution  civile  :  le  cardinal  Loménie  de 
Brienne,  archevêque  de  Sens  ;  de  Jarente  de  Senas  d*Or- 
geval,  évêque  d'Orléans  ;  Lafont  de  Savine,  évêque  de 
Viviers  ;  Talleyrand-Périgord,  évêque  d'Autun,  auxquels 
on  peut  joindre  deux  évêques  in  partibus,  celui  de  Lydda 
et  celui  de  Babylone.  —  Les  nominations  qui  résultèrent 
des  élections  destinées  à  pourvoir  aux  sièges  établis  par 
l'organisation  nouvelle  ou  devenus  vacants  pour  refus  de 
serments  eurent,  en  beaucoup  de  lieux,  une  valeur  fort 
supérieure  à  celle  qu'il  est  généralement  convenu  de  leur 
attribuer.  Parmi  les  élus,  on  trouve  des  oratoriens,  des 
bénédictins,  des  génovéfains,  des  prêtres  de  la  Mission, 
des  prêtres  de  la  Doctrine  chrétienne,  des  carmes,  des 
docteurs  en  théologie,  en  droit  canon,  des  professeurs 
de  ces  deux  sciences,  des  supérieurs  de  séminaire,  des 
recteurs  de  collège,  d'université,  un  jésuite  professeur 
d'éloquence,  un  autre  de  théologie.  Plus  d'un  tiers  furent 
députés  à  l'Assemblée  constituante,  à  l'Assemblée  légis- 
lative ou  à  la  Convention  :  ce  qui  parait  un  indice  assez 
probant  de  l'estime  de  ceux  qui  les  avaient  ainsi  élus  deux 
fois.  D'ailleurs,  les  fonctions  qu'ils  exerçaient  avant  leur 
élection  exigeaient  des  études  et  un  travail  auxquels  s'étaient 
soumis  très  peu  de  nobles  prélats  de  l'ancien  régime, 
destinés  pour  la  plupart  à  l'épiscopat  et  aux  plus  hautes 
dignités  de  l'Eglise,  dès  leur  naissance. 

Le  sacre  des  premiers  évêques  constitutionnels  eut 
lieu  le  25  févr.  1791,  dans  l'église  de  l'Oratoire  à  Paris. 
Le  10  mars  et  le  13  avr.,  le  pape  Pie  VI  adressa  aux 
évêques  députés  à  l'Assemblée  et  à  tous  les  évêques  de 
France  deux  brefs  réprouvant  presque  tout  ce  que  l'As- 
semblée nationale  avait  décrété  en  matière  ecclésiastique, 
depuis  sa  réunion.  «  Conformément  à  l'avis  des  cardi- 
naux et  au  vœu  du  corps  épiscopal  de  France  »,  il  or- 
donnait à  tous  les  ecclésiastiques,  qui  avaient  prêté  le  ser- 
ment, de  le  rétracter  dans  les  quarante  jours,  sous  peine 
de  suspense  ;  il  déclarait  sacrilège  l'élection  des  nouveaux 
évêques,  et  criminelle  leur  consécration.  Le  3  mai,  ces 
brefs  furent  brûlés  tumultueusement  au  Palais-Royal, 


avec  une  effigie  du  pape  ridiculement  accoutrée.  Des  dé- 
crets de  l'Assemblée  ordonnèrent  de  poursuivre  comme 
perturbateurs  du  repos  public  tous  ceux  qui  donneraient 
publicité  ou  exécution  aux  brefs,  bulles,  rescrits,  consti- 
tutions, décrets  ou  autres  expéditions  de  la  cour  de  Rome 
non  autorisés  par  le  Corps  législatif  (6-17  mai)  ;  de 
même  tous  les  anciens  fonctionnaires  publics  ecclésias- 
tiques qui,  depuis  leur  remplacement  légalement  ordonné, 
auraient  continué  ou  continueraient  les  fonctions  publi- 
ques du  culte  (20-28  juin).  C'est  à  ceux-là  seuls  que  la 
qualification  d'ÉvÈQUES  ou  de  prêtres  réfractaires  peut 
être  historiquement  appliquée  ;  car  un  décret  du  13  mai 
statuait  que  le  défaut  du  serment  ne  pouvait  être  opposé 
aux  anciens  prêtres,  qui  se  présentaient  dans  une  église 
paroissiale  ou  succursale  ou  dans  un  oratoire  national, 
seulement  pour  y  dire  la  messe.  Le  14  septembre,  Avi- 
gnon et  le  Comtat  Venaissin  furent  déclarés  réunis  à  la 
France.  —  Cependant  les  évêques  et  les  prêtres  réfrac- 
taires s'efforçaient  de  soulever  le  peuple  contre  leurs  suc- 
cesseurs qu'ils  appelaient  des  intrus  ;  ils  excommuniaient 
ceux  qui  avaient  reçu  d'eux  les  sacrements,  et  ils  décla- 
raient nuls  les  mariages  bénis  par  eux.  Dans  l'Ouest  et 
dans  le  Midi,  ils  suscitèrent  des  troubles  fort  graves.  A 
Tréguier,  un  mandement  de  l'ancien  évêque  provoqua  une 
émeute;  à  Montauban,  les  protestants  furent  massacrés 
par  les  catholiques  ;  Montpellier,  Nîmes,  Toulouse,  Cas- 
tres furent  ensanglantés  par  des  meurtres  et  des  combats. 
Dans  le  Gévaudan,  le  Poitou  et  la  Bretagne,  les  paysans 
chassèrent  des  égUses  les  prêtres  constitutionnels.  Dès  le 
26  novembre,  l'Assemblée  législative,  qui  venait  de  suc- 
céder à  la  Constituante,  avait  décrété  des  mesures  ten- 
dant à  prévenir  ces  révoltes  ;  mais  le  roi  y  avait  opposé 
son  veto.  Elles  furent  reprises  et  complétées  le  26  aoùl 
1792,  après  que  Louis  XVI  eût  été  suspendu  de  ses 
fonctions  :  il  fut  statué  alors  que  tous  les  ecclésiastiques 
qui  n'avaient  point  prêté  le  serment  exigé  par  la  Consti- 
tution civile,  ou  qui  l'avaient  rétracté,  seraient  tenus  de 
sortir  du  royaume  dans  la  quinzaine  (1).  Ceux  qui,  passé 
ce  délai,  n'auraient  point  obéi,  seraient  déportés  à  la 
Guyane  (3).  Tout  ecclésiastique  qui,  après  avoir  obtenu 
un  passeport,  resterait  dans  le  royaume,  serait  condamné 
à  dix  années  de  réclusion  (5).  Les  ecclésiastiques  non  as- 
sujettis au  serment  seraient  soumis  aux  mêmes  disposi- 
tions, s'ils  occasionnaient  du  trouble  ou  si  leur  éloigne- 
ment  était  demandé  par  six  citoyens  du  département  (6). 
On  attaquait  toute  l'œuvre  de  la  Révolution  au  nom  de 
la  religion,  et  sous  ce  nom  on  liguait  toutes  les  résistances 
que  le  regret  du  passé  provoquait  chez  les  anciens  privi- 
légiés, et  toutes  les  rébeUions  que  les  instances  du  clergé 
réfractaire  pouvaient  susciter  dans  les  âmes  accessibles  à 
ses  exhortations.  D'un  autre  côté,  une  grande  partie  de 
la  nation  fondait  sur  le  succès  de  la  Révolution  ses  meil- 
leures espérances  de  Hberté  et  de  prospérité  ;  parmi  les 
motifs  de  sa  haine  contre  l'ancien  régime,  elle  retrouvait 
au  premier  rang  le  souvenir  de  la  dîme,  et  le  ressenti- 
ment des  exactions  et  des  oppressions  que  le  clergé  lui 
avait  infligées  ;  dans  le  présent,  elle  voyait  tous  les  enne- 
mis de  la  Révolution  se  présenter  comme  les  amis  de  la 
religion  :  dans  le  même  camp,  le  prêtre  à  côté  du  noble. 
Elle  se  rua  donc  furieusement  contre  la  rehgion,  contre 
toute  Eglise  chrétienne  sans  distinction  ;  car  ce  ([u'on  appe- 
lait devant  elle  religion  chrétienne  lui  apparaissait  comme 
une  source  de  superstition  et  de  fanatisme  et  comme  un 
instrument  de  tyrannie,  ainsi  qu'on  disait  alors.  L'Egh'se 
constitutionnelle  devait  être  submergée  dans  cette  tour- 
mente, parce  qu'elle  avait  gardé  tous  les  dogmes  et  la 
plupart  des  prati({ues  de  l'ancienne  Eglise.  Afin  de  réduire 
au  plus  strict  nécessaire  les  répétitions  inévitables  dans 
des  matières  qui  ont  entre  elles  des  rapports  si  étroits, 
nous  renvoyons  à  l'art.  Liberté  de  culte,  t.  XXII,  p.  180. 
pour  l'indication  de  ce  qui  advint  alors  ;  mais  nous  prions 
le  lecteur  de  corriger  un  mot  :  Nous  avions  écrit  qu'  «  à 
aucune  époque   de  la  Révolution,  la   liberté    du    culte 


ORGANIQUE 


588 


n'avait  été  fovmeWement  proscrite  »  ;  on  a  imprimé  pres- 
crite. Ce  changement  d'une  seule  lettre  produit  une  énorme 
différence. 

Grégoire  s'empressa  de  profiter  de  la  législation  li])é- 
rale,  dont  il  avait  été  le  principal  promoteur,  pour  en- 
treprendre de  rassembler  les  membres  dispersés  de 
l'Eglise  constitutionnelle  et  de  la  réorganiser.  Dès  la  fin 
de  1794,  il  s'était  formé  un  comité  dit  des  évêqiies  réu- 
nis, composé  des  évèques  constitutionnels  qui  se  trou- 
vaient alors  à  Paris  :  Desbois  (Somme),  Grégoire  (Loir- 
et-Cher),  Saurine (Landes), Rover  (Ain), Primat, Clément. 
Les  premières  réunions  se  tinrent  chez  Desbois,  au  pres- 
bytère de  Saint-André  ;  les  autres,  dans  la  maison  du 
prêtre  Saillant.  Tout  en  travaillant  fort  énergiquement 
à  obtenir  la  législation  qui  vient  d'être  mentionnée  et  la 
libération  des  prêtres  encore  incarcérés,  môme  des  inser- 
mentés, on  s'y  occupait  de  rechercher  ce  qu'étaient  de- 
venus les  prêtres  constitutionnels,  et  d'exciter  ceux  qui 
en  étaient  restés  dignes  à  continuer  ou  à  reprendre  l'exer- 
cice de  leur  ministère.  La  persécution  et  les  périls  avaient 
opéré  parmi  eux  une  épuration  profonde.  Sur  le  nombre 
des  évèques  élus  en  vertu  de  la  Constitution  civile,  Gré- 
goire en  compte  quatre  qui  abjurèrent,  sept  ou  huit  qui 
se  marièrent.  Plusieurs  autres  étaient  morts.  Cinquante 
étaient  restés  fidèles.  Parmi  les  prêtres,  deux  mille  en- 
viron s'étaient  mariés.  Des  adversaires  contemporains, 
Lally-Tolendal  et  l'abbé  Emery  nous  ont  laissé  sur  la  va- 
leur morale  et  sur  les  sentiments  religieux  de  ceux  qui  se 
rallièrent  à  1" entreprise  du  relèvement  de  leur  l-^glise.  des 
témoignages  qui  ne  sont  point  suspects  de  complaisance. 
—  Le  15  mars  1795,  les  évèques  réunis  adressèrent  à 
leurs  frères,  les  autres  évèques,  et  aux  Eglises  veuves, 
une  lettre  encyclique  contenant  déclaration  de  leur  foi, 
traçant  des  règles  sur  la  célébration  du  culte  et  sur  la 
discipline,  et  recommandant  la  formation  de  presbytères, 
c.-à-d.  de  conseils  destinés  à  assister  l'évêque  dans  l'ad- 
ministration de  son  diocèse  ou  cà  gouverner  pendant  la  va- 
cance du  siège.  Trente-deux  évèques  adhérèrent  à  cette 
première  encyclique.  Une  seconde,  datée  du  43  déc.  reçut 
l'adhésion  de  trente-cinq  évoques  et  de  dix  presbytères 
récemment  organisés.  On  y  trouve  des  maximes  d'une  in- 
contestable piété,  la  manifestation  d'efforts  sincères  pour 
rétablir  la  discipline  ecclésiastique  dans  sa  primitive  pu- 
reté, et  l'indication  pour  le  1^^"  mai  1796  d'un  concile, 
qui  ne  s'assembla  pas.  Un  journal,  les  Annales  de  la  re- 
ligion, fut  fondé  pour  soutenir  la  cause.  —  Le  15  août 
1797,  i^''  concile  national.  Il  se  réunit  à  Paris  dans 
l'éghse  Notre-Dame,  et  fut  clos  le  12  nov.  suivant.  Il  était 
composé  de  trente-deux  évèques  et  soixante-dix-huit  prêtres. 
Les  délibérations  de  cette  assemblée  furent  l'objet  de  plu- 
sieurs rapports,  dont  le  plus  intéressant  est  le  Compte 
rendu  des  travaux  des  évoques  réunis,  rédigé  par  Gré- 
goire. Douze  nouveaux  évèques  furent  établis  en  1798, 
et  seize  les  années  suivantes.  Le  second  concile  national 
s'ouvrit  le  29  juin  1801  et  fut  fermé  le  16  août  suivant, 
par  la  conclusion  du  Concordat.  Les  actes  de  ces  conciles 
ont  été  publiés. 

Si  Ronaparte  avait  maintenu  le  régime  de  la  Hberté  et 
de  l'égahté  des  ctdtes,  alîranchi  de  toute  intervention  de 
l'Etat,  et  tel  que  les  décrets  du  21  févr.,  du  20  mai  et 
du  29  sept.  1795  Pavaient  étabU  (V.  t.  XXII,  pp.  180 
et  suiv.),  il  semble  vraisemblable  qu'après  une  longue  et 
violente  oppression,  les  catholiques  sincères,  qui  ne  cher- 
chaient point  dans  la  religion  les  arguments  d'une  oppo- 
sition irréductible  contre  l'œuvre  politique  de  la  Révolu- 
tion, auraient  trouvé  dans  le  libre  exercice  de  leur  culte 
une  satisfaction  suffisante.  De  l'autre  côté,  les  constitu- 
tionnels auraient  conservé  et  groupé,  sinon  la  majorité  de 
la  nation,  au  moins  une  minorité  vigoureuse,  vouée  aux 
idées  d'antiquité  chrétienne,  de  spiritualité  en  matière  de 
dévotion,  de  sobriété  en  matière  de  culte  et  d'indépen- 
dance gallicane,  que  les  dernières  évolutions  du  jansénisme 
avaient  développées.  Ronaparte  aurait  ainsi  évité  les  dé- 


ceptions que  Napoléon  éprouva,  lorsqu'il  vit,  à  l'heure  du 
péril,  le  clergé  (ju'il  avait  restauré,  tourner  contre  lui  la 
puissance  dont  il  Pavait  investi;  il  aurait  aussi  épargné 
aux  générations  futures  des  conflits  et  des  problèmes  re- 
doutables. Il  ne  serait  peut-être  pas  exagéré  de  dire  que 
la  veille  du  Concordat  marque  dans  l'histoire  de  notre 
peuple  un  moment  décisif.  Mais  Ronaparte  voulait  faire  de 
la  religion  l'instrument  de  son  ambition;  il  était  d'ailleui-s 
])énétré  de  la  maxime  exprimée  par  Portahs:  «  Un  Etat 
ji'a  qu'une  autorité  précaire,  quand  il  a  dans  son  territoire 
des  hommes  qui  exercent  une  grande  influence  sur  les  es- 
])ritsel  sur  les  consciences,  sans  que  ces  hommes  lui  appar- 
liennent,  au  moins  sous  (juelques  rapports  ».  Il  eut  la  naï- 
veté d'espérer  que  le  clergé  catholique,  inféodé  à  Rome, 
lui  appartiendrait,  par  effet  de  reconnaissance.  Avec  ces 
sentiments,  il  lui  était  impossible  d'admettre  les  élec- 
tions, qui  étaient  un  élément  essentiel  de  l'organisation  de 
l'Eghse  constitutionnelle.  Pendant  ses  négociations  avec 
Pie  VII,  il  menaça  parfois  de  se  rallier  à  cette  I^gfise,  et 
il  se  servit  de  la  réunion  de  son  dernier  concile  national, 
comme  d'un  épouvantai!  pour  réduire  le  pape  à  se  sou- 
mettre à  ses  conditions,  (^uand  il  y  eut  réussi,  il  s'em- 
pressa de  conclure  le  Concordat,  dont  il  espérait  la  réali- 
sation de  ses  espoirs  (15  juil.  1801)  ;  et  il  dut  se  sentir 
tout  fier  de  se  voir  reconnaître  «  les  mêmes  droits  et 
prérogatives  dont  l'ancienue  royauté  jouissait  près  de  la 
cour  de  Rome  »  (art.  16). 

Les  dispositions  de  ce  pacte  et  les  négociations  qui  en 
amenèrent  la  conclusion  sont  relatées  au  mot  Concordat 
(t.  XII,  pp.  312  et  suiv.).  Nous  ne  nous  occuperons  ici  que 
de  ce  qui  se  rapporte  à  la  circonscription  des  diocèses 
et  à  la  nomination  des  évèques.  Sur  ces  points,  le  Con- 
cordat faisait  table  rase  à  l'égard  de  tout  ce  qui  existait 
auparavant.  Une  nouvelle  circonscription  des  diocèses  fran- 
çais devait  être  faite  par  le  Saint-Siège,  de  concert  avec 
le  gouvernement  (2).  Sa  Sainteté  s'engageait  à  demander 
aux  titulaires  des  évêchés,  pour  le  bien  de  la  paix  et  de 
l'unité,  toute  espèce  de  sacrifices,  même  celui  de  leurs 
sièges.  S'ils  refusaient,  il  serait  pourvu  par  de  nouveaux 
•  titulaires  au  gouvernement  des  évêchés  de  la  circonscrip- 
tion nouvelle  (3).  La  nomination  à  ces  évêchés,  de  même 
({u'à  ceux  qui  vaquei'aient  dans  la  suite,  serait  faite  parle 
premier  consul;  l'institution  canonique  serait  conférée  par 
Sa  Sainteté,  suivant  les  formes  établies  par  rapport  à  la 
France,  avant  le  changement  de  gouvernement  (4  et  5)  — 
Pour  développements.  V.  Noaiixation,  t.  XXIV,  p  1192) 
—  La  nouvelle  {•ircons(;ription  comprit  pour  les  vastes 
territoires  alors  soumis  à  la  République  dix  métropoles 
et  cinquante  évêchés.  Elle  fut  sanctionnée  par  la  bulle 
Christi  Domini  (3  des  calendes  de  déc.  1801).  Dans  cette 
bulle,  le  pape  constatait,  avec  la  plus  vive  anierhnne, 
que  plusieurs  évoques  n'avaient  point  répondu  à  l'invita- 
tion de  donner  leui' démission,  et  que  d'autres  n'avaient  ré- 
pondu que  pour  exposer  les  motifs  qui  les  portaient  à  la 
l'etarder.  En  conséquence,  il  leur  interdisait  Vexercice 
de  toute  juridiction  ecclésiastique,  quelle  qu'elle  fût. 
Les  évèques  constitutioimels.  à  qui  le  gouvernement  avait 
demandé  leur  démissioji,  la  donnèrent  sans  résistance. 
Grégoire  le  fit  en  déclarant,  pour  toute  protestation,  qu'il 
regardait  et  qu'if  regarderait  toujours  son  élection  comme 
légitime.  Douze  constitutionnels  hirent  compris  dans  les 
nominations  faites  par  le  gouvernement.  Le  12  mai  1802, 
Pie  VII  fit  écrire  à  Portails  «  qu'il  avait  vu  avec  douleur 
ces  nominations...  Ce  qui  le  consternait  davantage,  c'était 
{[ue  les  constitutionnels  nommés  n'avaient  point  fait,  pour 
leur  réconciliation  avec  le  chef  de  l'I^glise,  ce  que  ce  der- 
nier avait  exigé  d'eux,  dans  des  termes  de  modération 
convenables,  et  du  consentement  môme  du  gouverne- 
ment ».  Cependant  il  ne  s'obstina  pas  à  refuser  l'institu- 
tion canonique,  ayant  fini  par  trouver  que  c^  qu'ils  avaient 
fait  était  équivalent  a  ceijui  leiir  était  demande .  Voici 
cecpi'ils  avaient  fait  :  la  veille  de  la  publication  du  Concor- 
dat (avr.  1802)  :les  évoques  constitutionnels  qui  entraient 


—  m) 


ORGANIQUE 


dans  le  nouveau  clergé,  s'étant  rendus  chez  le  cardinal 
Capraru  pour  le  procès  infornuitit',  il  exigea  d'eux  une 
rétractation  de  leur  conduite  passée.  \.q  premier  consul, 
averti  à  temps,  leur  enjoignit  de  lie  pas  céder,  promet- 
tant de  les  appuyer.  Portalis  fui  chargé  d'annoncer  au 
cardinal  que  la  '^cérénwnie  n'aurait  pas  lieu,  que  le 
Concordat  ne  serait  pas  publié  et  resterait  sans  effet. 
Le  cardinal  céda  enfin,  mais  très  avant  dans  la  nuit.  Il 
fut  convenu  que  les  évèques  pris  dans  le  clergé  constitu- 
tionnel subiraient  chez  lui  leur  procès  informatif,  qu'ils 
professeraient  de  vive  voix  leur  réunion  sincère  à  l'EgUse, 
et  qu'ensuite  on  déclarerait  qu'ils  s'étaient  réconciliés,  sans 
dire  comment  ni  dans  quels  termes.  En  déiinitif,  la 
rétractation  demandée  ne  fut  point  faite. 

Par  bref  daté  du  15  août,  jour  de  la  ratification  du  Con- 
cordat, Pie  VII  avait  demandé  aux  évoques  insermentés 
de  renoncer  spontanément  à  leurs  sièges,  dans  les  dix 
jours  :  il  les  avertissait  que  toute  réponse  dilatoire  serait 
considérée  comme  négative.  IHus-ieurs  répondirent  que  de 
toutes  les  calamités  qui  frappaient  l'Eglise,  la  plus  grande 
serait  peut-être  leur  abdication.  L'interdiction  prononcée 
contre  eux,  sans  aucune  autre  cause  que  leur  refus  ou 
leur  silence,  sans  aucune  procédure  régulière  établissant 
leur  indignité,  fut  une  violation,  inouïe  jusqu'alors,  des 
droits  de  l'épiscopat,  un  attentat  condamné  par  les  canons 
des  conciles  et  par  la  jurisprudence  constante  de  l'Eghse. 
Elle  présentait,  en  outre,  un  autre  vice,  tout  aussi  grave 
aux  yeux  de  ceux  qu'elle  atteignait  :  elle  était  une  consé- 
quence du  Concordat,  c.-à-d.  d'un  pacte  conclu  entre  le 
chef  de  l'Eglise  et  un  pouvoir  révolutionnaire,  une  com- 
plicité avec  ce  pouvoir,  une  légitimation  de  la  Révolution 
par  l'Eglise,  en  un  mot,  une  trahison  du  pape,  une  dé- 
fection, non  seulement  à  l'égard  de  l'Eglise  de  France, 
mais  à  l'égard  des  principes  que  les  royalistes  considéraient 
comme  les  fondements  de  toute  société.  Les  plus  indul- 
gents, tout  en  condamnant  l'acte  et  le  déclarant  illicite  et 
nul,  excusaient  l'auteur,  en  supposant  qu'il  avait  subi  la 
contrainte  de  la  peur  et  de  la  violence.  Le  nombre  de  ces 
évèques  varie,  suivant  les  auteurs,  de  34  à  40.  i>eau- 
coup  se  trouvaient  en  Angleterre  au  temps  oîi  le  Concor- 
dat fut  conclu.  Ils  publièrent  des  mém^oires  et  des  livres 
pour  exposer  leurs  griefs,  et  ils  correspondaient  en  France 
avec  les  troupeaux  qui  leur  étaient  fidèles  et  qui  s'asso- 
ciaient à  leur  résistance,  en  se  séparant  des  évoques  intrus, 
amenés  par  le  Concordat,  comme  ils  s'étaient  séparés  pré- 
cédemment des  intrus,  amenés  par  la  Constitution  civile. 
Ces  fidèles  se  tenaient  écartés  des  églises  où  officiaient  les 
prêtres  nommés  par  les  évèques  nouveaux.  —  Cette  dis- 
sidence avait  des  adhérents  dans  le  Nord  et  à  Paris,  mais 
beaucoup  plus  dans  l'Ouest  et  le  Sud-Ouest,  principale- 
ment dans  les  dép.  de  Loir-et-Cher,  Indre-et-Loire, 
Sarthe,  Deux-Sèvres,  Yendée,  Vienne,  Charente-Inférieure, 
Dordogne,  Ariège,  Haute-Garonne.  Dans  son  ensemble, 
elle  prit  ou  on  lui  donna  le  nom  de  Petite-Eglise.  La 
mort  et  les  défections  lui  enlevèrent  successivement  ses 
évoques.  En  1820,  elle  ne  possédait  plus  que  Thémines, 
évèque  de  Blois,  qui  mourut  à  Bruxelles,  persistant  à  se 
dire  évèque  de  toute  la  France,  parce  que  de  tous  les 
évèques  dépossédés  par  le  Concordat  il  était  le  seul  sur- 
vivant ;  mais  il  lui  restait  des  prêtres.  Ceux-ci  sont  morts 
à  leur  tour.  Cependant,  quoiqu'elle  soit  privée  depuis 
longtemps  d'épiscopat,  élément  essentiel  à  tout  ce  qui  veut 
être  catholique  et  qu'elle  se  trouve  ainsi  laïcisée,  la  Petite- 
Eglise  conserve  aujourd'hui  encore  des  membres,  fidèles 
à  l'aversion  contre  le  Concordat,  contre  la  papauté  et 
contre  l'épiscopat,  parce  qu'ils  en  furent  et  en  sont  restés 
l'auteur  et  les  compHces  :  dans  le  Bocage,  à  Courlay,  un 
centre  important;  à  Lyon,  aux  environs  de  Grenoble  et 
aux  environs  de  Gap,  des  groupements  moins  nombreux  ; 
ailleurs  des  familles  plus  ou  moins  isolées. 

Le  Concordat,  qui  était  un  traité  entre  le  Saint-Siège  et 
le  gouvernement  français,  fut  ])résenté  au  pouvoir  légis- 
latif et  accepté  par  lui,  a-ccompagné  d'une  loi  proprement 


dite,  qualifiée  Autïclks  ouca^iques.  Ces  deux  instru- 
ments furent  publiés  ensemble  comme  faisant  également 
partie  d'une  môme  loi  de  l'Etat  (10  germinal  an  X  : 
(S  avr.  4802).  —  Les  articles  orgainiques  se  composent 
surtout,  en  ce  qui  concerne  les  i^pports  de  l'EgUse  et  de 
rt^tat,  de  règles  plus  ou  moins  formellement  adoptées  en 
France  sous  l'ancien  régime,  et  de  règles  nouvelles  moti- 
vées par  la  situation  que  le  Concordat  avait  créée.  Ils  for- 
ment quatre  titres,  dont  le  premier  traite  du  régime  de 
l'Eglise  catholique  dans  ses  rapports  généraux  avec  les 
lois  et  la  police  de  F  Etat  ;  le  second,  des  ministres,  c.-à-d. 
des  archevêques,  des  évèques,  vicaires  généraux,  sémi- 
naires, des  curés  et  des  chapitres  cathédraux  ;  le  troi- 
sième, du  culte  ;  le  quatrième  de  la  circonscription  des 
archevêchés,  des  évèchés  et  des  paroisses,  des  édifices 
destinés  au  culte  et  du  traitement  des  ministres.  Tous  ces 
articles  sont  mentionnés,  quelques-uns  même  amplement 
commentés  dans  les  notices  affectées  aux  objets  qu'ils 
concernent.  Nous  ne  nous  occuperons  ici  que  des  généra- 
lités relatives  au  caractère  et  à  Fhistoire  de  cette  législa- 
tion. —  Les  articles  organiques  furent  présentés  en 
France  et  à  Home,  sous  des  aspects  différents.  Pour 
Rome,  vis-à-vis  du  pape,  ils  étaient  des  règlements  ou  des 
lois  de  police,  dans  les(piels  il  n'avait  pas' à  s'immiscer. 
En  France,  vis-à-vis  des  pouvoirs  législatifs,  c'était  une 
annexe  de  la  convention  conclue  avec  le  pape  ;  elle  en 
était  inséparable  et  devait  être  acceptée  avec  elle. 

Il  était  facile  de  prévoir  les  reproches  qui  seraient 
adressés  aux  Articles  organiques.  Portalis  essaya  d'y 
répondre  d'avance,  en  prétendant  «  prouver  que  ces  ar- 
ticles n'introduisaient  point  un  droit  nouveau,  et  qu'ils 
n'étaient  qu'une  nouvelle  sanction  des  antiques  maximes 
de  l'Eghse  gallicane  ».  Si  cette  preuve  avait  été  possible, 
elle  aurait  été  péremptoirement  concluante;  car  il  pa- 
rait certain  que  le  Concordat  avait -pour  objet  d'adapter 
au  régime  des  temps  nouveaux  les  traditions  de  l'ancienne 
Eglise  gallicane.  Mais  il  est  plus  incontestable  encore  que, 
sur  plusieurs  pohits  de  haute  importance,  tels  que  Fina- 
movibilité  des  curés  (V.  Nomination,  t.  XXIV,  p.  4192, 
2^  col.),  ces  articles  ont  introduit  dans  l'organisation  et 
b\  discipline  de  l'Eglise  des  changemeuls  énormes.  Or,  tous 
les  canonistes  enseignent  que  les  princes  n'ont  pas  le  droit 
de  faire  des  lois  ecclésiastiques  sans  le  consentement  de 
FEghse,  exprimé  par  ses  représentants  légitimes.  L'Eglise 
ayant  le  droit  absolu  de  définir  le  dogme  et  de  régler  la 
dïsciphne,  toute  ordonnance  du  pouvoir  temporel  qui 
touche  à  ces  matières,  sans  le  concours  du  pouvoir  spiri- 
tuel, est  radicalement  nulle  et  n'emporte  aucune  obliga- 
tion Si  le  pouvoir  temporel  ne  peut,  à  lui  seul,  établir  dans 
l'Eglise  aucun  règlement  de  ce  genre,  à  plus  forte  rai- 
son pareille  entreprise  est-elle'  ilicite,  lorsqu'elle  ren- 
contre une  opposition  formelle  de  F  autre  pouvoir.  Non 
seulement  le  pape  ni  les  évoques  de  France  dament  assem- 
blés n\avaient  point  été  consultés  sur  les  Articles  orga- 
niques, mais  les  papes  ont  constamment  protesté  contre 
eux.  Aussitôt  après  la  publication  de  ces  articles,  une  note 
diplomatique  du  cardinal  Consalvi,  remise  à  Cacault,  mi- 
nistre plénipotentiaire  de  la  France,  déclara,  par  ordre 
de  Pie  VII,  que  plusieurs  de  ces  articles  étaient  en 
opposition  avec  les  règles  de  l'Eglise.  Cette  protestation 
fut  renouvelée  et  très  amplement  exposée  et  motivée  dans 
une  lettre  adressée  le  48  août  480o  par  le  cardinal  Ca- 
prara  à  Talleyrand,  ministre  des  affaires  étrangères.  Cette 
lettre  exprimait  V extrême  douleur  ressenik  par  le  pape, 
en  apprenant  qu'on  avait  établi  en  France,  sans  le  con- 
cours du  Saint-Siège  et  contrairement  aux  droits  impres- 
criptibles de  FEglise,un  code  ecclésiastique  concernant  la 
doctrine,  les  mœurs,  la  discipline  du  clergé,  les  droits  et 
les  devoirs  des  évèques,  ceux  des  ministres  inférieurs, 
leurs  relations  avec  le  Saint-Siège  et  le  mode  d'exercice 
de  leur  juridiction.  Mais  en  fait,  comme  cette  lettre  ne 
concluait  qu'à  la  modification  ou  à  la  suppression  de  cer- 
tains articles  (4,  2,  3,  5,  9,  40,  44,   \{,  4o,  22,  24, 


ORGANIQUE 


—  540 


26,  33,  o4,  61,  74),  on  peut,  ù  la  rigueur,  supposer 
qu'elle  admettait  le  reste;  mais  le  reste  n'a  qu'une  im- 
portance fort  secondaire.  Les  réclamations  de  la  cour  de 
Rome  n'obtinrent  ni  réponse  ni  satisfaction.  Il  est  vrai 
qu'un  décret  du  28  févr.  1810  permit  d'exécuter,  sans 
aucune  autorisation,  les  brefs  de  la  Pénitencerie  pour  le 
for  intérieur,  et  qu'il  modifia  et  supprima  en  partie  les 
art.  26  et  36.  Mais  Napoléon  prit  soin  de  déclarer  dans 
le  décret,  qu'il  adoptait  ces  mesures  pour  donner  une 
preuve  de  sa  satisfaction  aux  évoques  et  aux  Eglises  île 
son  empire  et  ne  laisser  dans  les  lois  organiques  rien  qui 
put  être  contraire  au  bien  du  clergé.  La  loi  d'organi- 
sation judiciaire  du  20  avr.  de  la  même  année  attribua 
aux  cours  impériales  la  connaissance  des  délits  imputés 
aux  évéques.  Ces  dispositions  furent  prises  sur  la  demande 
d'une  commission  d'évèques  formée  en  1809  pour  les 
affaires  de  l'Eglise. 

Dans  le  Concordat  conclu  en  1817  entre  Pie  VII  et 
Louis  XYIII,  et  qui  resta  sans  valeur  légale  en  France 
(V.  Concordat),  l'art.  3  était  ainsi  conçu  :  «  Les  articles 
organiques,  qui  furent  faits  à  l'insu  de  Sa  Sainteté  et 
publiés  le  8  avr.  1802,  en  même  temps  que  le  Concordat 
du  15  juil.  1801,  sont  abrogés  en  ce  qu'ils  ont  de  contraire 
à  la  doctrine  et  aux  lois  de  l'Eglise.  Le  projet  contenait 
une  abrogation  absolue.  Le  Syllabiis  édicté  par  Pie  IX 
(1864)  place  parmi  les  erreurs  conda. binées  la  plupart  des 
propositions  légalisées  par  les  articles  organiques.  — De 
son  côté,  le  clergé  français  a  manifesié  et  manifeste  de 
plus  en  plus  une  réprobation  analogue.  Une  lettre  adressée 
à  Pie  YII  le  30  mai  1819,  et  signée  par  ^rois  cardinaux 
et  soixante-quatorze  archevêques  ou  évé  pies,  exprime 
vivement  le  regret  de  l'échec  du  concordat  d,^  1817,  «  qui 
avait  abrogé  les  articles  contraires  à  la  doc.rine  et  aux 
lois  ecclésiasticpies,  faits  à  l'insu  de  Sa  Sainteté  et  publiés 
sans  son  aveu  ».  Un  concile  tenu  à  Paris,  au  mois  d'oct. 
1849,  protesta  contre  l'application  des  articles  orga- 
niques, qu'il  regardait  comme  virtuellement  abrogés  par 
les  institutions  nouvelles  résultant  de  la  Révolution  de 
1848.  Sous  la  poussée  du  flot,  toujours  montant,  de  l'ul- 
tramontanisme,  il  est  devenu  du  meilleur  ton  dans  le  clergé 
et  les  cercles  cléricaux  de  ne  point  parler  de  cette  loi 
sans  la  vilipender  ou  la  ridiculiser.  —  En  fait,  un  bon 
nombre  de  ses  articles  sont  déjà  tombés  en  désuétude  : 
12,  appellation  des  archevêques  et  des  évêques;  17,  exa- 
men sur  la  doctrine  ;  20,  interdiction  de  sortir  du  dio- 
cèse sans  la  permission  du  gouvernement  ;  24,  souscription 
de  la  Déclaration  faite  par  le  clergé  de  France  en  1682, 
et  enseignement  de  la  doctrine  qu'elle  contient;  26,  obli- 
gation pour  les  évêques  de  soumettre  au  gouvernement 
et  de  faire  agréer  par  lui  le  nombre  des  personnes  à 
ordonner;  27,  serment  des  curés;  39,  Hturgie  et  caté- 
chisme ;  43,  costume  des  ecclésiastiques  ;  45,  cérémo- 
nies religieuses  dans  les  villes  où  il  y  a  des  temples 
destinés  à  différents  cultes;  49,  prières  publiques  ordon- 
nées par  le  gouvernement.  En  son  Nouveau  Manuel  de 
droit  eccl'siastique  français  (Paris,  1885,  in-12). 
M.  Emile  Ollivier  enseigne  «  que  presque  tous  les  articles 
sont  à  abroger  ».  On  exprimerait  complètement  la  pensée 
intime  du  parti  dont  il  est  l'organe,  en  disant  :  «Tous,  ex- 
cepté ceux  qui  concernent  le  traitement  des  ministres  ». 
—  Au  mot  Provinck  ECCLÉSIASTIQUE,  OU  trouvcra  avec  l'in- 
dication des  circonscriptions,  des  statistiques  relatives  à 
l'état  actuel  de  l'Eghse  catholique  en  France  ;  aux  mots 
Rkc.ime  monastique.  Religieux,  Religieuse,  des  renseigne- 
ments sur  la  renaissance,  le  développement  contemporain 
et  les  activités  fort  diverses  des  ordres  et  des  congréga- 
tions. E.-H.  VOLLET. 

CULTE  PROTESTANT.  —  Les  églises  protestantes 
unies  à  l'Etat  se  subdivisent  en  deux  groupes  distincts  : 
l'un,  celui  de  la  communion  réformée,  adopte  la  doc- 
trine de  Calvin  ;  l'autre,  celui  de  la  confession  d'Angs- 
bourg,  se  rattache  à  la  doctrine  enseignée  par  Luther. 

L  Eglises  réformées, —  Les  persécutions  les  plus  cruelles 


ne  parvinrent  pas  à  briser  l'organisation  des  Eglises  ré- 
formées, qui  dès  leur  origine  furent  constituées  sous  le 

RÉGIME  PRESBYTÉRIEN  SYNODAL. 

D'après  ce  régime,  l'élément  laïque  et  l'élément  ecclé- 
siastique concourent  ensemble  augouvernementde  l'Eghse. 
à  son  administration  temporelle  et  spirituelle.  Le  Synode 
général  devient  le  centre  autour  duquel  se  rattachent  les 
membres  de  l'Eglise  et  d'où  part  la  direction  générale.  — 
Malgré  les  peines  portées  par  les  édits,  les  calvinistes 
avaient  réussi  à  réunir  huit  synodes  nationaux  depuis  la 
révocation  de  l'Edit  de  Nantes,  le  dernier  se  tint  dans  le 
Ras-Languedoc  du  i^''  au  10  juin  1763.  Quant  aux  sy- 
nodes provinciaux,  ils  fonctionnèrent  avec  assez  de  régu- 
larité, dans  certaines  provinces,  jusqu'en  1796.  Sous  la 
pression  de  l'opinion  publique,  Louis  XYI  se  rendit  aux 
vœux  formulés  par  les  philosophes  et  les  jurisconsultes, 
et  accorda  (nov.  1787)  aux  protestants  le  droit  de  faire 
constater  leurs  naissances,  leurs  mariages  et  la  mort  de 
leurs  parents.  —  En  1789,  les  protestants  ne  pouvaient 
point  célébrer  publiquement  leur  culte  ;  les  édits  qui  les 
frappaient  n'étaient  point  abrogés,  aussi  accueillèrent-ils 
avec  enthousiasme  la  nouvelle  de  la  convocation  des  Etats 
généraux,  espérant  voir  succéder  l'ère  de  la  liberté  à  celle 
de  l'intolérance.  Le  parti  catholique,  au  contraire,  mul- 
tiplia ses  efforts  pour  conserver  son  autorité  et  enlever 
aux  protestants  les  avantages  qu'ils  tenaient  de  l'édit  de 
tolérance.  Dans  certains  bailliages,  les  cahiers  du  clergé 
demandent  la  révocation  pure  et  simple  de  l'édit  de  1787 
«  comme  contraire  aux  lois  ecclésiastiques  »  ;  dans  d'autres, 
plus  nombreux  encore,  ils  réclament  qu'il  soit  constitii- 
tionnellement  établi  qu'on  ne  professera  en  France  qu'une 
seule  religion,  la  catholique,  qui  restera  en  possession  de 
tous  ses  privilèges.  Quand  les  assemblées  préparatoires 
des  élections  sont  réunies,  les  partisans  de  l'ancieji  régime 
cherchent  à  s'appuyer  sur  l'édit  de  tolérance,  pour  faire 
déclarer  les  protestants  inéligibles  aux  Etats  généraux.  Le 
règlement  du  24  janv.  1789  ne  frappa  les  non-catho- 
liques d'aucune  incapacité,  le  roi  appela  tous  ses  sujets  à 
concourir  à  l'élection  des  députés,  et  plusieurs  protes- 
tants firent  partie  de  l'Assemblée  nationale. 

Une  des  premières  mesures  de  cette  grande  assemblée 
consista  à  f^iire  disparaître  l'inégahté  qui  existait  entre 
les  rehgionnaires  et  les  catholiques.  La  Déclaration  des 
droits  de  Vhomme,  dans  son  art.  10,  proclame  que  «  nul 
ne  doit  être  inquiété  pour  ses  opinions  même  religieuses, 
pourvu  que  leur  manifestation  ne  trouble  pas  l'ordre  public 
étabh  par  la  loi  »  (Décr.  26  août,  3  nov.  1789;  —  A 
deux  reprises  différentes,  le  13  févr.  1790,  par  l'organe 
de  Mgr  de  la  Fare,  évêqiie  de  Nancy,  le  12  avr.  1790, 
sur  la  proposition  du  chartreux  dom  Gerle,  le  côté  droit 
de  l'Assemblée  tenta  de  faire  décider  :  «  que  la  rehgion 
catholique,  apostolique  et  romaine  est  et  demeurera  pour 
toujours  la  rehgion  de  la  nation  française,  et  que  son 
culte  sera  le  seul  public  et  autorisé  ».  Ce  fut  le  derni(4' 
assaut  <le  l'ancienne  intolérance  conlre  l'esprit  nouveau  ; 
et  la  séance  du  13  avr.,  pendant  hupielle  l'Assemblée 
nationale  proclama  «  qu'elle  ne  peut  avoir  aucun  pouvoir 
à  exercer  sur  les  consciences  et  sur  les  opinions  rehgieuses  » 
fut  une  de  celles  qui  eurent  sur  le  sort  des  dissidents 
l'influence  la  plus  féconde  et  la  ])lus  heureuse.  —  Déjà, 
la  loi  du  24  déc.  1789  avait  rendu  les  non-catholiqûes 
capables  de  tous  les  emplois  civils  et  militaires  comme 
tous  les  autres  citoyens  ;  mais  il  restait  encore  à  réparer 
les  injustices  du  passé  ;  les  ordonnances  de  Louis  XIY 
avaient  frappé  les  protestants  dans  leurs  personnes  et 
dans  leurs  biens.  Leurs  immeubles  avaient  été  confisqués, 
et  l'administration  en  était  confiée  à  une  régie  spéciale. 
Le  décret  des  10-18  juil.  1790  ordonna  la  restitution 
des  biens  des  non-catholiques  qui  se  trouvaient  encore 
entre  les  mains  de  cette  régie.  Les  biens  confisqués  de- 
vaient être  restitués  aux  héritiers  des  rehgionnaires,  à 
charge  par  eux  de  justifier  de  leurs  droits  selon  les  formes 
que  l'Assemblée  se  réservait  de  fixer. 


511  — 


ORGAiNlQUE 


Ces  formes  furent  déterminées  par  le  décret  des  9-15 
déc.  i790,  préparé  par  Barère. 

L'art.  22  de  ce  décret  permet  aux  descendants  des  re- 
ligionnaires  fugitifs  de  recouvrer  la  qualité  de  Français, 
en  venant  se  tixer  en  France  et  en  prêtant  le  serment 
civique.  Cette  disposition  a  été  maintenue  avec  certaines 
modifications  par  l'art.  4  de  la  loi  du  26  juin  4889.  — 
S'occupant  de  l'état  civil,  l'Assemblée  nationale  posa  en 
principe  (27  août  1791)  que  la  loi  ne  reconnaissait  le 
mariage  que  comme  contrat  civil.  La  tenue  des  actes  fut 
confiée  aux  municipalités  par  la  loi  du  20  sept.  1792. 

Cette  œuvre  de  l'Assemblée  nationale  subit  un  temps 
d'arrêt  pendant  le  règne  de  la  Terreur.  Les  persécutions 
recommencèrent,  et  cette  fois,  catholiques  et  protestants 
furent  frappés.  Le  culte  de  la  Raison,  celui  de  l'Etre 
suprême  furent  substitués  aux  cultes  chrétiens,  et  dans 
la  France  presque  tout  entière  les  services  religieux  pro- 
testants furent  suspendus  dès  le  moi^  de  juin  1794.  Les 
cérémonies  religieuses  étaient  assimilées  à  des  attroupe- 
ments, à  des  réunions  fanatiques  ;  et  ceux  qui  y  assistaient 
pouvaient  être  traduits  devant  le  tribunal  révolutionnaire. 

Les  conventionnels  envoyés  en  mission  dans  les  départe- 
ments exagérèrent  les  mesures  votées  par  la  Convention,  pre- 
nant des  arrêtés  contre  les  pasteurs  qui  continueraient  leurs 
fonctions  et  ne  s'éloigneraient  pas  des  communes  où  ils 
exerçaient  leur  ministère. 

Malgré  ces  terribles  menaces,  les  protestants  renouve- 
laient les  scènes  du  Désert,  tenaient  des  assemblées,  se 
réunissaient  pendant  la  nuit  dans  des  granges  ou  dans  des 
caves,  pour  méditer  ensemble  les  Ecritures  et  chanter 
leurs  vieux  psaumes. 

Cette  situation  se  prolongea  jusqu'au  moment  où  la 
Convention  décréta  (3  ventôse  an  III,  21  fév.  1795) 
la  liberté  des  cultes  et  confirma  la  séparation  complète 
de  l'Eglise  et  de  l'Etat,  qui  existait  déjà  depuis  le  décret 
du  deuxième  jour  des  Sans-Culottides  an  11(18  sept.  1794). 
Aussi  à  partir  du  mois  de  mars  1795,  les  temples  com- 
mencèrent à  s'ouvrir,  et  les  pasteurs  reprirent  leurs 
fonctions,  touchant  un  traitement  qui  leur  était  directe- 
ment payé  par  les  fidèles  ;  mais  les  églises  ne  jouissaient 
pas  encore  d'une  tranquillité  absolue  :  la  loi  du  11  avr. 
1796  défendait  de  sonner  les  cloches  ;  les  pasteurs  ne 
pouvaient  paraître  en  public  avec  un  costume  religieux. 

Le  premier  consul  voulut  compléter  son  œuvre  de  réor- 
ganisation gouvernementale  en  concluant  un  concordat  avec 
le  pape  et  en  fixant  par  une  loi  le  régime  sous  lequel  se- 
raient à  l'avenir  placées  les  églises  protestantes. 

Au  mois  de  nov.  1800,  après  l'ouverture  des  confé- 
rences qui  se  tenaient  à  Paris  entre  Mgr  Spina,  délégué 
du  pape,  et  Bernier,  représentant  du  gouvernement  fran- 
çais, le  premier  consul  chargea  Blanc  d'Hauterive,  chef 
de  division  au  ministère  des  relations  extérieures,  de 
préparer  un  plan  de  réorganisation  des  églises  protes- 
tantes. 

D'après  un  premier  projet,  approuvé  par  Talleyrand, 
les  communions  protestantes  auraient  pu  exercer  libre- 
ment leur  culte,  à  la  condition  d'adresser  une  demande  à 
la  commission  de  surveillance  des  cultes.  L'autorisation 
d'ouverture  des  édifices  rehgieux  appartenait  aux  consuls, 
et  le  gouvernement  aurait  eu  le  droit  de  subventionner 
un  certain  nombre  de  pasteurs. 

Après  discussion,  on  supprima  toute  allocation  pécu- 
niaire, et  l'on  soumit  la  nomination  des  principaux  mi- 
nistres du  culte  à  l'approbation  gouvernementale.  Dès 
que  les  EgHses  protestantes  eurent  connaissance  du  sort 
qu'on  leur  préparait,  elles  adressèrent  à  Portails,  chargé 
de  toutes  les  affaires  concernant  les  cultes,  des  mémoires 
dans  lesquels  elles  réclamaient  des  consistoires  locaux, 
des  synodes  d'arrondissement,  un  synode  national  et 
quatre  séminaires  pour  l'instruction  des  ministres. 

Portails  modifia  profondément  ce  projet,  il  en  fit  dis- 
paraître les  synodes  remettant  toute  l'administration  ec- 
clésiastique entre  les  mains  des  consistoires  locaux  et  des 


pasteurs.  Cependant,  après  de  nouvelles  réclamations  des 
notables  protestants,  le  projet  définitif  fit  disparaître 
l'église  locale  pour  lui  substituer  l'église  consistoriale 
formée  par  l'agglomération  factice  de  6.000  âmes  de  la 
même  communion,  il  rétablit  les  synodes  d'arrondisse- 
ment et  promit  l'érection  de  trois  séminaires. 

Les  articles  organiques  furent  soumis  au  conseil  d'Etat 
le  12  germinal  an  X  (2  avr.  1802).  Portails,  dans  un 
remarquable  rapport, en  résuma  les  dispositions  essentielles. 
Ils  étaient  ensuite  votés  par  le  Corps  législatif  et  par  le 
Tribunal  (7-8  avr.  1802)  :  ils  devenaient  ainsi  loi  de 
l'Etat. 

Loi  du  18  germinal  an  X.  —  Par  des  dispositions  pré- 
liminaires, l'Etat  sauvegarde  l'exercice  de  ses  droits  et  son 
pouvoir  de  contrôle  sur  le  fonctionnement  des  Eglises. 

Les  décisions  docti'inales  ou  dogmatiques,  les  confessions 
de  foi  ne  peuvent  être  publiées  ou  devenir  matière  d'en- 
seignement qu'après  l'approbation  du  gouvernement 
(art.  4).  Tous  les  chanoements  à  la  discipline  sont  sou- 
mis à  la  même  autorisation  (art.  5). 

Les  pasteurs  seront,  comme  les  ministres  du  culte  ca- 
tholique, soumis  à  la  procédure  de  l'appel  comme  d'abus 
et  pourront  être  déférés  au  conseil  d'Etat  (art.  6). 

Il  est  en  outre  interdit  aux  Eglises  protestantes  et  à 
leurs  ministres,  d'entretenir  des  relations  avec  une  puis- 
sance ou  une  autorité  étrangère  (art.  2). 

D'après  l'ancienne  discipKne,  chaque  localité  où  avait 
lieu  l'exercice  du  culte  et  qui  possédait  un  pasteur,  cons- 
tituait une  EgHse  administrée  par  un  consistoire.  La  pa- 
roisse était  la  base  même  de  toute  l'organisation.  La  loi 
•de  l'an  X  supprime  la  paroisse  et  la  remplace  par  un 
groupe  factice  de  6.000  âmes  de  la  même  communion 
compris  dans  les  limites  du  même  département  (art.  16). 
A  la  tête  de  chaque  circonscription  consistoriale  se 
trouvent  un  consistoire  et  des  pasteurs.  Le  pasteur,  qui 
doit  avoir  la  qualité  de  Français  (art.  1),  est  nommé  par 
le  consistoire,  à  la  pluratité  des  voix  ;  mais  sa  nomina- 
tion ne  devient  définitive  qu'après  confirmation  du  gou- 
vernement, par  décret  (art.  26).  Le  pasteur  reçoit  un 
traitement  de  l'Etat  (art.  7)  ;  il  est  inamovible,  en  ce 
sens  qu'il  ne  peut  être  destitué  que  par  le  consistoire, 
après  approbation  du  gouvernement  (art.  25). 

Le  consistoire  se  compose  des  pasteurs  de  l'Eglise 
consistoriale  et  d'anciens  choisis  parmi  les  plus  imposés 
et  nommés  pour  la  première  fois  dans  les  Eglises  où  il 
n'existait  pas  encore  de  consistoire,  par  la  réunion  de 
25  chefs  de  famille  les  plus  imposés.  Une  fois  constitué, 
le  consistoire  se  renouvelle  par  moitié  tous  les  deux  ans 
et  procède  lui-même  au  remplacement  des  membres 
sortants,  en  adjoignant  aux  membres  encore  en  exercice 
un  nombre  égal  de  citoyens  protestants  choisis  parmi  les 
plus  imposés  au  rôle  des  contributions  directes  de  la 
commune  où  est  située  l'Eglise  consistoriale  (art.  23-24). 
Le  nombre  des  anciens  est' au  moins  de  dix,  au  plus  de 
douze  (art.  18).  Le  consistoire  est  présidé  par  le  plus 
ancien  des  pasteurs,  c.-à-d.  par  celui  qui  est  attaché 
depuis  le  plus  longtemps  à  l'Eglise  consistoriale  :  la  fonc- 
tion de  secrétaire  est  remphe  par  un  laïque  (art.  21). 

Le  consistoire  a  pour  mission  de  veiller  au  maintien  de 
la  discipline,  d'administrer  les  biens  appartenant  aux 
EgHses,  les  deniers  provenant  des  aumônes  (art.  20),  de 
nommer  les  pasteurs  (art.  26).  Il  forme  un  établissement 
public  capable  de  recevoir  des  dons  et  legs,  et  il  a  pour 
cet  objet  les  mêmes  droits  que  les  fabriques  du  culte  ca- 
tholique (art.  8). 

Au-dessus  des  consistoires,  la  loi  de  l'an  X  a  placé 
les  synodes  particuliers.  La  circonscription  de  chaque 
synode  comprend  cinq  églises  consistoriales  (art.  17). 
Le  synode  se  compose  d'un  pasteur  et  d'un  laïque  délé- 
gué par  chacun  des  consistoires  de  la  circonscription,  de 
sorte  que  le  nombre  de  ses  membres  ne  peut  être  supé- 
rieur à  dix  (art.  29).  Pour  se  réunir,  le  synode  doit  être 
autorisé  par  le  gouvernement,  qui  examine  et  approuve 


ORGANIQUE  —  S42  — 

l'ordre  du  jour.  Cette  approbation  est  donnée  par  le  mi- 
nistre des  cultes,  et  la  convocation  est  autorisée  par  décret. 
La  durée  des  sessions  ne  peut  excéder  six  jours  (art.  32). 
Le  préfet  ou  le  sous-préfet  assiste  aux  séances,  et  une 
expédition  du  procès-verbal  des  délibérations  est  adressée 
par  le  préfet  au  ministre  des  cultes  (art.  31).  Le  synode 
particulier  est  appelé  à  veiller  à  la  célébration  du  culte, 
à  l'enseignement  de  la  doctrine  et  à  la  conduite  des  affaires 
ecclésiasti(iues;  mais  toutes  ses  décisions  sont  soumises  à 
Lapprobation  du  gouvernement  (art.  30). 

Cette  loi  de  l'an  X  ne  satistîl  pas  complètement  les 
représentants  des  Eglises  réformées;  ils  demandèrent,  peu 
après  sa  promulgation,  la  création  d'une  r()?»j>iZ5i7*ou  cen- 
trale, pour  remplacer  le  synode  national,  et  réclamèrent  la 
substitution  de  l'Eglise  locale  à  l'Eglise  consistoriale.  Dans 
le  but  d'obvier  aux  fâcheuses  conséquences  de  la  création 
des  circonscriptions  consistoriales,  le  décret  du  iO  brumaire 
an  XIV  ('1^'"  nov.  1805)  établit  des  oratoires  rattachés 
au  consistoire  le  plus  voisin.  —  En  4814,  les  Eglises  pro- 
testantes adressèrent  au  gouvernement  de  nouvelles  récla- 
mations, demandant  la  création  d'un  conseil  permanent 
placé  auprès  du  ministère  des  cultes  et  composé  de  membres 
des  deux  confessions,  réformées  et  luthériennes,  pour 
l'éclairer  sur  les  intérêts  protestants.  Ce  n'est  qu'en 
sept.  1819  que  M.  Decazes  consentit  à  instituer  une 
commission  centrale  composée  de  membres  choisis  par  le 
mmistre  des  cultes.  ~  En  mars  1825,  les  notables  pro- 
testants renouvelèrent  leurs  demandes  ;  le  gouverne- 
ment refusa  de  reconstituer  le  conseil  permanent  créé 
en  1819  ;  mais  pour  donner  une  légère  satisfaction  aux 
pétitionnaires,  il  chargea  (11  janv.  1828)  le  baron  Cu- 
vier  de  toutes  les  affaires  des  cultes  non  cathoHques.  — 
Sous  la  monarchie  de  juillet,  les  réformés  demandèrent 
avec  insistance  le  rétabUssement  delà  paroisse.  En  1839, 
Eadministration  des  cultes  fit  préparer,  par  une  commission 
spéciale,  un  projet  en  107  articles  constituant  une  régle- 
mentation complète  des  Eglises  réformées.  Les  consistoires 
consultés  furent  en  complet  désaccord,  les  uns  applaudis- 
sant à  la  réforme  proposée,  les  autres  concluant  au  main- 
tien du  statu  quo.  D'un  autre  côté,  le  conseil  d'Etat  fit 
remarquer  que  les  conseils  presbytéraux  ne  pouvaient  être 
rétablis  que  par  une  loi.  —  En  1848,  usant  de  la  liberté 
de  réunion,  les  Eglises  réformées  députèrent  à  Paris  des 
représentants  qui  préparèrent  un  projet  de  réorganisation 
confiant  au  sulirage  universel  la  nomination  des  membres 
des  conseils  presbytéraux. 

Le  gouvernement  mit  à  l'étude  les  changements  pro- 
posés et,  dès  le  5  mai  1830,  les  consistoires  étaient 
appelés  à  adresser  au  ministre  des  cultes  leurs  délibéra- 
tions sur  ce  sujel.  Presque  tous  se  prononcèrent  pour  la 
création  des  paroisses.  —  La  refonte  du  projet  défini tit 
fut  confiée  à  une  commission  de  vingt  membres,  et  c'est 
le  travail  de  cette  commission  qui  servit  de  base  au  décret 
du  26  mars  1832. 

Les  dispositions  de  ce  décret  du  26  mars  1852,  com- 
binées avec  les  articles  encore  en  vigueur  de  la  loi  du 
18  germhml  an  X,  fixent  encore  aujourd'hui  l'orga- 
nisation des  Eglises  réformées. 

La  paroisse  est  rétablie,  et  elle  existe  dans  toute  loca- 
lité où  l'Etat  rétribue  un  ou  plusieurs  pasteurs  ;  elle  est 
administrée  par  un  ou  plusieurs  pasteurs  et  par  un  conseil 
presbytéral,  éluparle  suffrage  universel  paroissial  (art.  1^^'). 
Les  pasteio'S  sont  nommés  par  le  consistoire,  sur  la  pré- 
sentation d'une  liste  de  trois  noms  dressée  par  le  conseil 
presbytéral  (art.  4).  La  nomination  ne  devient  définitive 
qu'après  approbation  du  gouvernement  par  décret.  —  Le 
conseil  presbytéral  se  compose  des  pasteurs  de  la  pa- 
roisse et  de  laïques  élus,  dont  le  nombre  varie  de  quatre 
à  sept  (art.  1^^^).  Les  délégués  laïques  sont  renouvelés  tous 
les  trois  ans  ])ar  moitié;  les  consoillers  sortants  sont  réé- 
ligibles. 

La  présidence  appartient  de  droit  au  pasteur  i[ni  exerce 
depuis  le  plus  longtemps  ses  fonctions  dans  la  paroisse.  Le 


secrétaire  et  le  trésorier  doivent  être  choisis  parmi  les 
membres  laïques.  Le  décret  du  27  mars  1893  a  soumis 
les  finances  des  conseils  presbytéraux  aux  règles  de  la 
comptabilité  publique.  Le  conseil  presbytéral  administre 
la  paroisse  sous  l'autorité  du  consistoire,  il  maintient 
Tordre  et  la  discipline  sans  le  ressort  paroissial,  il  veille 
à  l'entretien  des  édifices  religieux  et  administre,  sous  la 
surveillance  du  consistoire,  les  biens  appartenant  à  la 
paroisse,  ainsi  que  les  biens  provenant  des  aumônes.  11 
accepte,  avec  approbation  de  Faiitorité  supérieure,  les  dons 
et  legs  (|ui  lui  sont  faits,  et  nomme  sous  la  réserve  de 
l'approbation  du  consistoire  les  pasteurs  auxiliaires. 

11  faut  remar(fucr  que  les  conseils  presbytéraux  ne  re- 
présentent les  paroisses  et  ne  sont  leurs  organes  qu'au- 
près des  consistoires  ;  ils  n'ont  pas  qualité  pour  corres- 
pondre directement  avec  l'autorité  supérieure. 

Au-dessus  des  conseils  presbytéraux,  le  décret  de  1852 
place  les  consistoires,  dont  il  modifie  la  composition.  Les 
consistoires  comprennent  :  1°  tous  les  pasteurs  titulaires  de 
la  circonscription  ;  2^  tous  les  membres  du  conseil  presbyté- 
ral de  la  paroisse  chef-lieu;  3°  des  représentants  des  di- 
verses paroisses  élus  par  le  corps  électoral,  appelés  membres 
doublants,  parce  que  leur  nombre  est  égal  à  celui  des 
membres  laïques  du  conseil  presbytéral  de  la  paroisse  chef- 
lieu  ;  4°  de  délégués  laïques  élus  pour  trois  ans  par  le 
conseil  presbytéral  des  paroisses  scctionnaires  (Décr. 
26jnars -1852,  art.  2.  ■—  Arrêté  ministériel,  10  sept. 
1852,  art.  2  et  3).  Les  représentants  laïques  sont  re- 
nouvelables par  moitié  tous  les  trois  ans.  Le  président  est 
élu  par  le  consistoire  ;  il  doit  être  choisi  parmi  les  ])as- 
tcurs  ;  le  secrétaire  et  le  trésorier  sont  désignés  parmi  les 
membres  laïques.  Le  consistoire  veille  au  maintien  de 
la  discipline  et  de  la  liturgie,  ainsi  qu'à  la  célébration  ré- 
gulière du  culte.  Il  donne  son  avis  sur  les  délibérations 
prises  par  les  conseils  presbytéraux,  il  approuve  les  bud- 
gets et  les  comptes,  il  nomme  des  pasteurs;  il  est  appelé 
à  voter  pour  le  choix  des  professeurs  et  des  chargés  de 
cours  des  facultés  de  théologie. 

La  composition  et  la  compétence  des  synodes  particu- 
liers n'ont  point  été  modifiées  par  le  décret  du  26  mars 
1852.  Les  cent  trois  consistoires  de  Erance  et  d'Algérie 
ont  été  répartis  en  vingt  et  une  circonscriptions  synodales 
par  le  décret  du  29  nov.  1871  ;  mais  cette  répartition 
n'était  que  provisoire.  —  11  résuKc,  croyons-nous,  de 
l'examen  des  travaux  préparatoires  de  la  loi  de  l'an  X, 
que  le  gouvernement  n'a  pas  rétabli  le  synode  national, 
]>uisqu'il  a  repoussé  l'art.  11  du  projet  instituant  «  les 
synodes  d'arrondissement  et  le  synode  national  ».  Cepen- 
dant, dans  un  avis  de  principe  des  13-15  nov.  1873,  le 
conseil  d'Etat  estime  que  le  synode  national  n'a  été  sup- 
primé ni  par  la  loi  de  l'an  X,  ni  par  le  décret  de  1852.  — 
Un  synode  général  a  été  convoqué  en  1872,  conformé- 
ment aux  règles  fixées  par  le  décret  du  29  nov.  1871.  Il 
élabora  un  projet  complet  de  réorganisation  de  l'EgUse 
réformée  ;  mais  en  présence  de  la  division  qui  se  produi- 
sit entre  les  deux  fractions  du  protestantisme,  ce  projet  ne 
fut  pas  soumis  au  Parlement. 

Pour  établir  des  rapports  entre  le  gouvernemejit  et  les 
Eglises  réformées,  le  décret  de  1852  a  institué  un  conseil 
central  (art.  6). 

Ce  conseil,  qui  a  son  siège  à  Paris,  se  compose  de  quinze 
membres.  Leur  nomination  appartenait  pour  la  première 
fois  seulement  au  gouvernement.  Vn  décret  devait  régle- 
menter le  mode  de  nomination  et  conférer  à  l'Eglise  le 
choix  de  ses  repi'ésentants.  Mais  jusqu'à  ce  jour  les  membres 
démissionnaires  ou  décédés  ont' été  remplacés  par  décret, 
sans  consultation  préalable  de  l'Eglise. 

De  nombreux  consistoires  ont  exprimé  le  vu-u  que  le 
décret  de  1852  reçoive  enfin  son  exécution,  et  que  le  gou- 
vernement confère,  soit  aux  conseils  presbytéraux,  soit  aux 
consistoires,  le  droit  d'élire  les  membres  du  conseil  central. 

Le  conseil  central  n'a  pas  de  juridiction  propre,  il 
forme  un  corps  consultatif,  un  intermédiaire  entre  les  con- 


543  — 


ORGANIQUE 


sistoires  et  le  gouvernement.  11  émet  son  avis  sur  les  ques- 
tions d'intérêt  général  qui  lui  sont  soumises,  soit  par  le 
ministre  des  cultes,  soit  par  les  Eglises  ;  il  est  spéciale- 
ment chargé  de  veiller  à  l'exécution  des  règles  prescrites 
par  le  décret  de  4832;  il  recueille  les  votes  des  consis- 
toires pour  la  nomination  des  professeurs  des  facultés  de 
théologie  (art.  7).  ~  L'Eglise  réformée  ne  possède  pas 
encore  aujourd'hui  une  organisation  conforme  à  ses  ori- 
gines historiques.  La  conférence  fraternelle,  qui  se  tint 
à  Lyon  au  mois  do  nov.  1896,  a  chargé  une  commission 
de  «  préparer  le  rétablissement  du  régime  presbytérien 
synodal,  tel  qu'il  résulte  des  traditions  des  Eglises  réfor- 
mées de  France  ». 

II.  Eglise  de  la  confession  d'Augsbourg.  —  Tandis 
que  les  protestants  réformés  étaient  persécutés,  les  luthé- 
riens d'Alsace  jouissaient  d'un  calme  relatif.  Le  traité  de 
Westphalie,  qui  réunissait  l'Alsace  à  la  lu\^nce,  garantis- 
sait aux  protestants  des  contrées  nouvellement  annexées 
la  jouissance  de  tous  les  droits,  franchises  et  avantages 
dont  ils  étaient  en  possession  le  1^^'  janv.  i&li.  Dans  les 
villes  libres,  à  Strasbourg  par  exemple,  les  droits  épisco- 
paux  étaient  exercés  par  le  magistrat  ;  dans  les  autres 
parties  du  pays,  ils  apparlenaient  aux  princes.  —  Les  ré- 
formes profondes  apportées  à  l'organisation  politique  et 
administrative  de  la  France  en  1789,  par  l'Assemblée  na:; 
tionale,  eurent  pour  résultat  de  bouleverser  la  constitution 
ecclésiastique  des  Eglises  luthériennes.  Elles  envoyèrent 
des  délégués  auprès  du  gouvernement  de  Louis  XVI  et 
obtinrent  de  l'Assemblée  nationale  le  vote  du  décret  du 
17  août  1790,  qui  leur  assurait  la  jouissance  des  droits, 
libertés  et  avantages  concédés  par  les  traités,  et  déclarait 
non  avenues  les  atteintes  portées  à  ces  droits.  Quelques 
mois  plus  tard,  le  décret  du  1^''  déc.  1790  exemptait  de 
la  vente  des  biens  nationaux  les  propriétés  possédées  par 
les  établissements  protestants  de  l'ancienne  province  d'Al- 
sace. Les  mêmes  faveurs  étaient  concédées  aux  protestants 
des  {[uatre  terres  de  Blamont,  Ciémont,  Héricourt  et  Cha- 
telot,  anciennes  possessions  des  princes  de  la  maison  de 
Wurttemberg-Montbéliard  (décrets  des  9-1 8  sept. ,  1  -1 0  déc . 
1790).  —  Pendant  la  Terreur,  les  Eglises  luthériennes 
eurent  un  sort  analogue  à  celui  des  V^glises  réformées  ;  elles 
durent  subir  la  confiscation  et  la  vente  d'une  partie  de  leurs 
biens,  en  violation  des  décrets  de  l'Assemblée  nationale. 
Les  pasteurs  éprouvaient  de  grandes  difficultés  à  recouvrer 
leur  traitement  fourni  par  les  cotisations  volontaires  des 
fidèles.  11  n'existait  plus  de  règles  fixes  ni  pour  la  nomi- 
nation des  pasteurs,  ni  pour  l'administration  des  biens  des 
Eglises. 

Aussi,  dès  que  Bonaparte  songea  à  réorganiser  les  cultes, 
les  consistoires  de  Strasbourg  et  de  Colmar  se  mirent  en 
rapport  avec  les  pasteurs  de  l'ancienne  principauté  de 
Montbéliard  et  rédigèrent  enseml)le  une  pétition  dans  la- 
quelle ils  réclamèrent  du  gouvernement  une  réorganisation 
complète  des  Eglises  luthériennes. 

La  loi  du  18  germinal  an  X  tint  grand  compte  des 
vœux  formulés  par  les  protestants  d'Alsace  et  du  pays  de 
Montbéhard.  A  côté  des  consistoires  et  des  pasteurs. 
dont  les  attributions  étaient  les  mêmes  dans  les  deux 
Eglises  unies  à  l'Etat,  elle  plaça  des  assemblées  d'ins- 
pection comprenant  tous  les  pasteurs  titulaires  attachés 
à  l'Eglise  consistoriale,  et  un  nombre  égal  de  laïques 
(art.  3o).  L'inspecteur  ecclésiastique  et  deux  inspec- 
teurs laïques  étaient  choisis  par  cette  assemblée.  Leur 
nomination  était  soumise  à  la  confirmation  du  premier 
consul.  Au-dessus  des  inspections  se  trouvait  le  consis- 
toire général,  composé  d'un  président  laïque,  nommé  par 
le  chef  de  l'Etat,  de  deux  inspecteurs  ecclésiastiques  choi- 
sis par  le  gouvernement  et  d'un  député  élu  par  chaque 
assemblée  d  inspection.  Il  était  établi  trois  consistoires  gé- 
néraux, à  Strasbourg,  Mayerwe  et  Cologne.  Dans  l'in- 
tervalle des  sessions,  les  attributions  du  consistoire  supé- 
rieur étaient  dévolues  à  un  directoire  composé  du  président 
du  consistoire  général,  de  l'inspecteur  ecclésiastique  le 


plus  âgé,  et  de  trois  membres  laïques,  nommés,  deux  par 
le  consistoire  général  et  le  troisième  par  le  premier  con- 
sul (art.  43). 

Le  décret-loi  de  18o!2  apporta  de  profondes  modi- 
fications à  ce  régime,  en  rétablissant  le  conseil  presbg- 
téral,  en  faisant  élire  les  membres  laïques  des  consis- 
toires par  le  suffrage  universel  paroissial  ;  en  augmentant 
le  nombre  des  membres  du  consistoire  supérieur  de 
Strasbourg  qui  furent  portés  de  9  à  !27  ;  en  conférant  la 
nomination  des  pasteurs  et  des  inspecteurs  ecclésiastiques 
au  directoire,  sous  la  réserve  de  l'approbation  du  gouver- 
nement. Le  directoire  restait  composé  de  cinq  membres, 
l'inspecteur  ecclésiastique  qui  en  faisait  partie  était  dési- 
gné par  le  gouvernement.  —  Ce  régime  resta  en  vigueur 
jusqu'à  la  guerre  de  1870.  Mais  par  suite  de  l'annexion 
de  l'Alsace  à  l'empire  d'Allemagne,  l'Eglise  de  la  confes- 
sion d'Augsbourg  se  trouva  privée  des  organes  les  plus 
nécessaires  à  son  fonctionnement.  Strasbourg,  en  effet, 
était  le  siège  du  consistoire  supérieur  et  du  directoire. 
Strasbourg  était  également  avec  son  gymnase,  son  sémi- 
naire et  sa  faculté  de  théologie,  la  métropole  de  l'ensei- 
gnement théologi(iue. 

Quand  le  traité  de  Francfort  (10  mai  1871)  eut,  dans 
son  art.  6,  décidé  que  les  communautés  de  la  confession 
d'Augsbourg,  restées  françaises,  cesseraient  de  relever  du 
consistoire  et  du  directoire  de  Strasbourg,  l'Eglise  luthé- 
rienne ne  posséda  plus  en  France  que  deux  groupes  cor- 
respondant aux  deux  inspections  de  Paris  et  de  Montbé- 
liard. Il  n'existait  plus,  entre  ces  deux  groupes,  de  lien 
administratif  ;  chacun  était  réduit  à  sa  vie  propre  et  ne 
pouvait  plus  procéder  légalement  à  la  nomination  de 
nouveaux  pasteurs.  Une  réorganisation  devenait  urgente. 

Dès  la  fin  de  mars  1871,  les  deux  inspections  se  mirent 
en  rapport  et  rédigèrent  un  projet  de  réorganisation.  Il 
fut  soumis  à  une  assemblée  synodale  composée  de  18  re- 
présentants (6  pasteurs,  12  laïques)  élus  par  l'inspection 
de  Montbéliard,  et  de  13  représentants  (3  pasteurs, 
10  laïques)  désignés  par  l'inspection  de  Paris.  Cette  assem- 
blée synodale  se  réunit  à  Paris  le  23  juil.  1872  ;  elle 
consacra  six  séances  au  vote  du  projet  de  loi  organique  à 
soumettre  au  gouvernement.  Ce  projet  était  précédé  d'une 
déclaration  de  foi  «  proclamant  l'autorité  souveraine  des 
saintes  Ecritures  en  matière  de  foi,  et  maintenant  à  la  base 
de  la  constitution  légale  de  l'I'^glise,  la  confession  d'Augs- 
bourg ».  —  Ce  projet  fut  soumis  à  l'approbation  du  gou- 
vernement ;  la  chute  successive  de  plusieurs  ministères, 
les  crises  politiques,  le  faible  intérêt  porté  aux  choses 
rehgieuses  par  Ja  majorité  des  membres  du  Parlement 
eurent  pour  conséquence  de  retarder  pendant  de  longues 
aimées  le  vote  des  Chambres.  —  Le  19  mars  1878, 
M.  Bardoux,  ministre  des  cultes,  déposa  enfin  sur  le  bureau 
du  Sénat  un  projet  de  loi  qui  tendait  à  approuver  pure- 
ment et  simplement  les  vingt-sept  articles  votés  par  le 
synode.  La  commission  du  Sénat  substitua  à  l'article  unique 
présenté  par  le  gouvernement  le  texte  même  du  projet  de 
réorganisation,  auquel  elle  apporta  de  nombreux  change- 
ments ;  elle  n'admettait  pas  que  l'Etat  pût  traiter  avec 
l'Eglise  luthérienne,  de  puissance  à  puissance,  et  partager 
avec  elle  sa  souveraineté. 

Après  de  laborieuses  négociations  échangées  entre  la 
commission  du  Sénat,  le  gouvernement  et  la  commission 
représentant  le  synode  de  1872,  le  projet  fut  voté  par 
les  deux  Chambres  et  devint  la  loi  du  1^''  août  1879. 

A  la  tête  de  chaque  paroisse,  cette  loi  place  un  ou  plu- 
sieurs pasteurs  et  un  conseil  presbytéral.  Le  pasteur  est 
nomme  par  le  consistoire,  sur  la  présentation  du  conseil 
presbytéral,  et  après  approbation  du  gouvernement.  — 
A  côté  du  pasteur  siège  le  conseil  presbytéral,  composé 
des  pasteurs  de  la  paroisse  et  de  députés  laïques,  dont  le 
nombre,  déterminé  par  le  synode  particulier,  ne  peut  être 
inférieur  à  huit.  Les  membres  laïques  sont  élus  par  le 
suffrage  universel  paroissial  ;  ils  sont  renouvelés  par  moi- 
tié tous  les  trois  ans  (art.  8).  Il  est  présidé  par  le  plus 


ORGANIQUE 


SU 


ancien  pasteur  de  la  paroisse.  H  veille  au  maintien  de  la 
discipline  dans  la  paroisse  ;  il  est  chargé  de  surveiller  tout 
ce  qui  a  trait  à  l'entretien  et  à  la  conservation  des  édi- 
fices religieux  et  des  biens  curiaux.  Il  administre  les  au- 
mônes et  les  biens  affectés  au  service  du  culte.  Il  délibère 
sur  l'acceptation  des  dons  et  legs  qui  lui  sont  faits. 

Le  consistoire  est  appelé  à  contrôler  les  actes  des  con- 
seils presl)ytéraux  ;  il  est  composé  de  tous  les  pasteurs  de 
la  circonscription  consistoriale  et  de  délégués  laïques  de 
chacjue  paroisse,  choisis  par  le  conseil  presbytéral,  à  rai- 
son de  deux  délégués  par  chaque  pasteur.  Il  a  ainsi  une 
composition  beaucoup  moins  compliquée  que  les  consis- 
toires réformés.  Il  est  renouvelable  par  moitié  tous  les 
trois  ans.  La  président  est  désigné  par  le  vote  de  l'assem- 
blée, qui  doit  exercer  son  choix  parmi  les  pasteurs  et 
nommer  un  secrétaire  laïque.  Ses  attributions  principales 
consistent  à  contrôler  l'administration  des  conseils  pres- 
])ytéraux,  tant  au  point  de  vue  de  la  discipline  que  du 
règlement  des  budgets  et  des  comptes,  d'administrer  les 
biens  indivis  appartenant  aux  églises  du  ressort  consis- 
torial. 

I^es  diverses  circonscriptions  consistoriales  sont  divisées 
en  deux  groupes,  celui  de  Monthélia7'ch[m  comprend  les 
départements  du  Doubs,  du  Jura,  de  la  Haute-Saône  et 
le  territoire  de  Belfort.  et  celui  de  Paris,  qui  s'étend  sur 
les  autres  départements  et  sur  l'Algérie.  —  A  la  tête  de 
chacun  de  ces  groupes  est  placé  un  synode  particulier, 
composé  de  tous  les  membres  des  consistoires.  Le  synode 
particulier  remplace  les  anciennes  assemblées  d'inspection. 
Mais  lout  en  lui  donnant  le  droit  de  nommer  encoi'e  l'ins- 
pection ecclésiastique,  la  loi  de  1879  transforme  cette 
assend)lée  électorale  en  un  véritable  corps  délibérant.  Le 
synode  particulier  nomme  son  bureau,  il  se  réunit  en  ses- 
sion ordinaire  une  fois  par  an  ;  il  examine  toutes  les  ques- 
tions intéressant  l'administration,  le  bon  ordre  de  la  vie 
religieuse  ;  veille  au  maintien  delà  constitution  de  l'Eglise, 
de  la  discipline  et  prononce  sur  les  contestations  surve- 
nues dans  l'étendue  de  sa  juridiction,  sauf  appel  au  synode 
général. 

La  loi  de  1879  conserve  dans  chaque  circonscription 
synodale  un  inspecteur  ecclésiastique,  élu  pour  neuf 
années  par  le  synode  particulier.  Les  inspecteurs  ecclé- 
siastiques sont  chargés  de  consacrer  les  candidats  au 
saint  ministère,  d'installer  les  pasteurs,  de  consacrer  les 
églises,  de  veiller  à  l'exercice  du  culte,  au  mainrien  du 
bon  ordre  dans  les  paroisses.  Ils  sont  tenus  de  visiter  pé- 
riodiquement les  paroisses,  et  de  faire  chaque  année  au 
synode  particulier  un  rapport  sur  l'état  de  leur  circons- 
cription. La  législation  nouvelle  supprime  les  inspecteurs 
laïques,  qui  sont  remplacés  par  les  trois  membres  laïques 
de  la  commission  synodale. 

La  commission  synodale  représente  chaque  synode 
particulier  pendant  l'intervalle  des  sessions.  Elle  se  com- 
pose de  l'inspecteur  ecclésiastique,  membre  de  droit,  de 
quatre  délégués  (un  pasteur  et  trois  laïques)  désignés  pour 
six  ans  par  le  synode  particulier.  Cette  commission  est 
chargée  de  donner  suite  à  toutes  les  mesures  adoptées 
par  le  sj^node,  et  de  transmettre  au  gouvernement  le  pro- 
cès-verbal de  nomination  des  pasteurs. 

L'autorité  supérieure  de  l'Eglise  appartient  au  synode 
général,  composé  des  inspecteurs  ecclésiastiques,  membres 
de  droit,  de  pasteurs  élus  par  les  synodes  particuliei's 
(Paris,  cinq  ;  Montbéliard,  six),  d'un  nombre  de  laïques 
double  de  celui  des  pasteurs  et  d'un  délégué  de  laEaculté 
de  théologie  de  Paris,  appartenant  à  l'Eglise  de  la  con- 
fession d'Augsbourg.  Les  députés  au  synode  sont  renou- 
velés par  moitié  tous  les  trois  ans,  ils  sont  rééligibles.  — 
Le  synode  se  réunit  en  session  ordinaire  tous  les  trois 
ans,  alternativement  à  Paris  et  à  Montbéliard.  Il  peut,  si 
des  circonstances  graves  l'exigent,  être  convoqué  extraor- 
dinairement,  soit  d'office  par  le  ministre  des  cultes,  soit 
par  la  commission  executive  du  synode  sur  la  demande 
d'un  des  synodes  particuliers.    —  Le  synode  veille  au 


maintien  de  la  constitution  de  l'Eglise,  il  approuve  les 
livres  ou  formulaires  liturgiques  ;  juge  en  dernier  ressort 
les  difficultés  qui  ont  pu  naître  au  sujet  de  l'application 
des  règlements  sur  le  régime  intérieur  de  l'Eglise  ;  il  est 
enfin  compétent  pour  statuer  sur  toutes  les  matières  qui 
rentraient  dans  les  attributions  du  consistoire  supérieur, 
et  qui  n'ont  pas  été  dévolues  par  la  loi  du  i^^''  août  1879 
à  une  autre  juridiction  ecclésiastique.  En  un  mot,  il  suc- 
cède au  consistoire  supérieur  de  la  loi  de  l'an  X  et  du 
décret  de  iSoii. 

Une  commission  executive  représente  le  synode 
général  pendant  l'intervalle  des  sessions.  Cette  commis- 
sion se  compose  de  neuf  membres  titulaires  et  de  trois 
suppléants  élus  par  ce  synode,  et  renouvelés  par  moitié 
tous  les  trois  ans.  Les  deux  tiers  au  moins  des  mem- 
bres doivent  être  laïques.  —  La  commission  a  son  siège 
à  Paris  ;  elle  présente  au  gouvernement ,  de  concert 
avec  les  professeurs  de  la  faculté  de  théologie  de  Paris, 
les  candidats  aux  chaires  vacantes  et  aux  places  de  maîtres 
des  conférences  ;  elle  hérite  des  attributions  du  directoire 
pour  la  surveillance  de  l'enseignement  et  de  la  discipline 
ecclésiastique  du  séminaire.  Elle  convoque  le  synode  cons- 
tituant ;  elle  est  enfin  chargée  de  pourvoir  à  l'exécution 
des  délibérations  du  synode  général,  d'instruire  les  af- 
faires dont  il  doit  être  ultérieurement  saisi  et  de  statuer 
sur  les  ({uestions  pour  lesquelles  elle  a  reçu  une  déléga- 
tion spéciale  du  synode. 

Si  les  intérêts  de  l'Eglise  exigeaient  des  modifications 
profondes  dans  son  organisation,  le  synode  général,  par 
un  vote  réunissant  les  deux  tiers  au  moins  de  ses  membres, 
pourrait  demander  la  réunion  d'un  synode  constituant . 
Ce  synode  constituant  se  réunit  à  Paris  ;  il  comprend 
les  inspecteurs  ecclésiastiques,  deux  délégués  de  la  Fa- 
culté de  théologie  de  Paris,  des  délégués  ecclésiastiques 
et  laïques  nommés  par  les  synodes  particuliers  en  nombre 
double  de  celui  qui  a  été  fixé  pour  le  synode  général.  La 
convocation  est  faite  par  la  commission  executive. 

L'Eglise  de  la  Confession  d'Augsbourg  est,  d'après  la 
loi  du  1^''  août  4879,  une  démocratie  religieuse  reposant 
sur  le  principe  électif.  Ce  principe  se  rencontre  à  la  base 
avec  le  conseil  presbytéral  ;  il  existe  également  au  som- 
met, puisque  les  membres  du  synode  général  tiennent  leur 
mandat  des  synodes  particuhers,  qui,  eux-mêmes,  se  com- 
posent des  membres  des  consistoires.  Cette  législation 
constitue  un  grand  progrès  sur  la  loi  de  l'an  X  et  sur  le 
décret  de  185^2,  qui  tous  deux  attribuaient  au  gouverne- 
ment une  influence  prépondérante  dans  la  composition  des 
conseils  de  l'Eglise. 

III.  Statistique.  —  Population.  D'api'ès  les  dernières 
statistiques,  la  population  protestante  de  France  et  d'Al- 
gérie s'élève  à  639.825  hab.  se  décomposant  ainsi  : 

Eglise  réformée 540 .483 

Eglise  de  la  Confession  d'Augsbourg.  .  .  .       77.553 

Algérie \....       10.789 

Eglises  indépendantes  de  l'Etat 11 .000 

Total 639.825 

Circonscriptions  ecclésiastiques.  L'Eglise  réformée 
unie  à  l'Etat  comprend  en  France  :  iOi  églises  consisto- 
riales, dont  les  chef-lieux  sont  répartis  dans  42  dépar- 
tements. Ces  consistoires  sQ^VLhdÂy'i^mlawDSS paroisses. 
Les  18  dép.  des  Basses- Alpes,  Alpes-Maritimes,  Cantal, 
Corrèze,  Corse,  Côtes-du-Nord,  Creuse,  Eure,  Indre,  Landes, 
Lot,  Haute-Marne,  Mayenne,  Morbihan,  Nièvre,  Haute- 
Saône,  Yonne,  territoire  de  Belfort  n'ont  pas  de  paroisses 
officielles  réformées.  —  Ces  paroisses  sont  desservies  par 
688 pasteurs  tilulaires.  Le  culte  se  célèbre  périodique- 
ment dans  ^9^  annexes.  Le  nombre  des  temples  et  ora- 
toires est  de  729,  celui  des  autres  locaux  non  consacrés 
s'élève  à  %6.  Le  nombre  des  presbytères  est  de  160.  — 
VEglise  de  la  Confession  d'Augsbourg  se  divise  en  six 
consistoires  dont  les  chef-lieux  se  trouvent  dans  les  dép. 
de  la  Seine,  du  Doubs  et  de  la  Haute-Saône  ;  les  cousis- 


toii'es  sont  divisés  an  49  paroisses,  desservies  par  6!2 pas- 
teurs titulaires.  Le  nombre  des  temples  est  de  94  et 
celui  des  ^r^s%/m^s  de  -45.  —  Les  églises  protestantes 
d'Algérie  se  divisent  en  trois  consistoires  :  Alger,  Cons- 
tantine,  Oran.  Il  existe  17  paroisses  desservies  par 
i2l  pasteurs,  11  appartiennent  à  l'Eglise  réformée  et  10 
à  l'Eglise  de  la  Confession  d'Augsbourg. 

Budget  des  cultes  protestants.  La  loi  du  30  avr.  1898. 
portant  fixation  du  budget  de  l'Etat  pour  1898,  alloue 
aux  cultes  protestants  les  crédits  suivants  :  personnel  des 
cultes  protestants,  1.280.600  fr.  ;  indemnité  et  secours 
aux  deux  Eglises,  188.000  fr.  ;  dépenses  des  séminaires 
protestants,  '26.500  fr.  ;  secours  pour  les  édifices  des 
cultes  protestants,  43.000  fr.  Algérie  :  personnel  des 
cultes  protestants,  97.000  fr.  ;  secours  pour  les  édifices 
des  cultes  protestants  et  Israélite,  1.200  fr. 

Le  budget  de  1899,  voté  par  la  Chambre  des  députés, 
maintient  les  mêmes  crédits.  Armand  Lods. 

l^iijL.  :  Gf.omktrik.  —  Paiinvin.  (rêoinétrie  uiiuhjiuiiœ. 
—  Salmon.  (^tC. 

lIisTOïKE  RELIGIEUSE.  — "  CidUi  catliollqini.  V.  CON- 
coRiJAT,  et  les  ouvrai^es  indiqués  dans  la  notice  sur 
Grégoire,  t.  XIX,  p.  370.  —  En  outre,  Emile  Oelivier, 
le  Concordat  est-il  respecté  ?  Paris,  1883,  in-12.  —  Le 
Concordat  et  le  Gallicanisme,  1885,  in-12. 

Culte  protestant  Rauaul'  ee  jeune,  Annuaire  ou  ré- 
pertoire ecclésiastique  à  l'usaç/e  des  Eglises  réformées 
de  l'empire  français  ;  Paris,  1807,  in-8.  —  Samuel  Vincent, 
Vues  sur  le  protestantisme  en  France;  Nimes,  1820,  2  vol. 
in-8.  --  CuMTZ,  Considérations  historiques  sur  le  dévelop- 
j)e)nent  du  Droit  ecclésiastique  protestant  en  France  ; 
Strasbourg,  1810.  m-8.  —  Buob,  Manuel  d'un  code  ecclésias- 
tique à  Vusaije  des  deux  Eglises  protestantes  en  France  ; 
Strasb()urijr,'lî>.')5,  in-8.  —  Leur,  Dictionnaire  d'administra- 
tion ecclésiastique  à  Vusane  des  deux  Eglises  protestantes 
de  France  ;  Paris,  1809.  in-8.  — Bj':aujour,  l'Eglise  réfor- 
mée de  France  unie  à  l'Etat,  son  organisation  codifiée; 
Paris,  1883,  in-8.  —  IIepp,  les  Cultes  non  catholiques  en 
France  et  en  Algérie:  Paris,  1889,  in-18.  —  Armand  Lods. 
la  Législation  des  cultes  protestants;  Paris,  1887,  in-8.  — 
Du  même,  Traité  de  l'administration  des  cultes  protes- 
tants ;  Paris,  1876.  in-8.  —  Circulaires,  instructions  et  autres 
actes  relatifs  aux  affaires  ecclésiasticpies  ;  Paris,  1811, 1858. 
1888,  3  vol.  in-8.  —  Jlecueil  officiel  des  actes  du  directoire  et 
du  consistoire  supérieur  de  la  confession  d'Aïujsboiirg ; 
Strasbourg.  1810-71,  26  vol.  in-1.  —  Eecueil  officiel  des 
actes  du  synode  général  et  des  sgnodes  particuliers  de 
l'Eglise  éuangéli<iue  de  la  confession  d'Augsbourg  ;  Pa- 
ris.' 1882-98,  oVol.  iii-8.  —  Jackson,  Recueil  de  documents 
relatifs  à  la  réorganisation  de  l'Eglise  de  la  confession 
d'Augsbourg  ;  Paris,  1881,  in-8.  —  D'a vaine,  Annuaire  du 
protestantisme  français;  Paris,  1892,  1891.  2  \ol.in-8.  — 
Revue  de  droit  et  de  jurisprudence  des  Eglises  proles- 
tantes divisée  par  Armand  LoDg,  1884-99,  15  Vol.  in-8. 

ORGANISATION.  I.  Jurisprudence.  ---  OiKrA.MsA- 
iroN  JUDICIAIRE.  —  Elle  a  sa  base  dans  la  loi  du  ^21  août 
1789.  Comme  d'ailleurs  la  matière  se  trouve  traitée  dans 
ses  détails  au  nom  des  diverses  autorités  chargées  de 
rendre  la  justice,  nous  n'en  présenterons  ici  que  le  ta- 
bleau général,  avec  l'indication  des  articles  spéciaux  à 
consulter. 

Les  juridictions  peuvent  être  envisagées,  soit  au  point 
de  vue  répressif,  soit  au  point  de  vue  civil.  A  la  première 
catégorie  se  rattache  Tétude  des  tribunaux  de  simple 
police,  des  tribumiux  correctionnels,  des  cours  d'as- 
sises, des  conseils  de  guerre  (V.  ces  mots). 

Au  point  de  vue  purement  civil,  on  distingue  les  juri- 
dictions ordinaires  ou  de  droit  commun  et  les  juridic- 
tions extraordinaires  ou  tribunaux  d'exception.  Les  pre- 
mières sont  celles  qui  ont  une  compétence  générale  leur 
permetlanl,  en  principe,  de  connaître  de  toutes  les  affdres 
qu'une  loi  spéciale  ne  leur  a  pas  retirées  ;  les  secondes, 
au  contraire,  n'ont  qu'une  compétence  exceptionnelle,  res- 
treinte seulement  aux  matières  qu'un  texte  particulier  leur 
a  formellement  attribuées.  Les  juridictions  ordinaires  ou 
de  droit  commun  compreiHienl  :  les  tribunaux  de  pre- 
mière imdance  et  les  cours  d'appel  (V.  ces  mots).  Les 
juridictions  extraordinaires  ou  d'exception  sont  les  jus- 
tices de  paix,  les  tribunaux  de  commerce,  les  conseils 
de  prud'hommes,  la  cour  de  cassation  (V.  ces  mots), 
cette  dernière  constituant  en  réalité  une  juridiction  tout  à 

GRANDE  ENCYCLOPÉDIE.    —    XXV. 


to  OKGAiMUlJE  —  ORGANISATION 

fait  spéciale  et  échappant  par  suite  à  la  classification  ([ue 
nous  venons  de  résumer. 

Près  des  tribunaux  et  pour  en  surveiller  l'action  se 
trouve  placée  une  magistrature  spéciale,  le  ministère 
public  (V.  ce  mot).  Enfin,  l'administration  de  la  justice 
a  comme  auxiliaires  des  agents  institués  par  les  lois  pour 
prêter  aux  magistrats  et  aux  particuliers  un  ministère 
expressément  défini,  qu'ils  ne  peuvent  refuser  •  lorsqu'ils 
en  sont  légalement  requis;  nous  voulons  parler  des  offi- 
ciers ministériels  :  greffiers,  avoués,  avocats  à  la  cour 
de  cassation,  huissiers,  notaires,  commissaires-pri- 
seurs  (V.  ces  mots  et  Officier  ministériel).  Quant  aux 
avocats  et  aux  agrées  (V.  ces  mots),  leur  ministère,  bien 
que  rigoureusement  réglementé,  n'est  pas  obligatoire. 

A  côté  de  cette  organisation,  qui  constitue  l'organisa- 
tion judiciaire  proprement  dite,  il  en  existe  une  auti'c, 
complètement  en  dehors  de  l'ordre  judiciaire,  \i\  juridic- 
tion administrative.  Quelle  est,  en  matière  administra- 
tive, le  juge  de  droit  commun?  Les  uns  prétendent  que 
c'est  le  conseil  de  préfecture,  les  autres  que  c'est  le  mi- 
nistre; à  vrai  dire,  on  n'eji  sait  rien  (V.  Administraiion, 
t.  L  p.  o83).  Les  tribunaux  ordinaires  de  l'ordre  admi- 
nistratif sont  les  conseils  de  préfecture  et  le  conseil 
d'Etat  (V.  ces  mots).  11  y  a  aussi  des  tribunaux  admi- 
nistratifs d'exception  :  cour  des  comptes,  conseil  supé- 
rieur de  Vinstruction  publique,  conseils  académiques, 
conseils  départementaux,  conseils  de  revision,  conseil 
des  prises,  jury  d'expropriation  (V.  ces  mots).  Le 
tribunal  des  conflits  (V.  ce  mot)  tranche  les  difficultés 
de  compétence  entre  les  Iribujiaux  judiciaires  et  la  juri- 
diction administrative. 

II.  Histoire  religieuse.  —  Or(;a.msaijon  ecclésias- 
TiuiE  (V.  Clergé,  Eglise,  Pape,  Patriarche,  Prêtre, 
Primat,  et,  pour  l'ensemble,  Sacerdoce). 

III.  Armée.   —    Organisation  de   l'armée.  —   Les 
principes  généraux  qui  président,  en  France,  à  l'orga- 
nisation de  l'armée  sont  contenus,  aujourd'hui  encore, 
dans  la  loi  du  2i  juil.  1873  (modif.,  1.  19  mars  1875 
et  "21  juin  1890),  qui  règle  tout  ce  qui  a  trait  à  la  divi- 
sion du  territoire  en  corps  d'armée,  à  leur  composition, 
à  leur  commandement,   à  leur  administration,  à  l'incor- 
poration et  à  la  mobilisation  des  effectifs,  à  l'organisa- 
tion de  l'armée  territoriale  ;  dans  la  loi  du  13  mars  1875 
(modif..  l.  21  juin  1890,19juil.  1892  et  8  avr.  1897), 
relative  à  la   constitution  des  cadres  et  des  effectifs  de 
l'armée  active  et  de  l'armée  territoriale  ;  dans  la  loi  du 
3  juil.  1877  (modif.,  1.  o  mars  1890)  sur  les  réquisitions 
militaires,   complétée  par  les  décrets  des  2  août  1877, 
i23  nov.  1886  et  3  juin  1890  ;  dans  les  lois  des  20  mars 
1880  et  24  juin  1890  sur  l'organisation  du  service  d'état- 
major,  dans  les  lois  des  23  Juil.  1881  et  6  janv.  1892 
sur  le  rengagement  des  sous-officiers  ;  dans  ies  lois  des 
16  mars  1882  et  l^^^"  juil.  1889  sur  l'administration  de 
l'armée;  dans  la  loi  du  15  juil.  1889  (modif.,  I.  6  nov. 
1890,  2  févr.  1891,  19  juil.,  11  nov.  et  26  déc.  1892, 
14  août  1893,  20  juil.  Ï895,  13  mars  1896,  24  mars  et 
1^'-  mai  1897,  26  mars  et  20  avr.  1898)  sur  le  recru- 
tement de  l'armée,  complétée  par  les  décrets  des  28  sept, 
et  23  nov.  1889,  enfin  dans  la  loi  du  30  juil.  1893  sur 
l'armée  coloniale. 

La  base  du  recrutement  de  farmée  est  le  service  mili- 
taire obligatoire.  Tout  Français  ayant  l'aptitude  physique 
nécessaire  doit  ce  service  pendant  25  ans  :  3  ans  dans 
l'armée  active,  10  ans  dans  la  réserve  de  l'armée  active. 
6  ans  dans  l'armée  territoriale,  6  ans  dans  la  réserve  de 
l'armée  territoriale  (V.  Armée  et  Recrutement).  Les 
13  classes  les  plus  jeunes  constituent,  avec  les  cadres 
d'officiers  (V.  ce  mot),  qui  ont  un  recrutement  spécial, 
les  effectifs  de  ïarmée  artive  et  de  sa  résene.  Cette  ar- 
mée se  compose:  i*^  du  personnel  de  Tétat-major  général 
et  des  services  généraux  (état-major  général  cte  l'ar- 
mée, service  d'état-major,  corps  du  contrôle  de  V ad- 
ministration de  l'armée  [Y.  Etat-major  et  Administra- 


ORGANISATION 


—  o46 


TioN  DE  l'armée]);  2°  des  corps  de  troupes  des  différentes 
armes  {infanterie,  cavalerie,  arlillerie,  génie,  irain 
des  équipages  [Y.  ces  raotsj)  ;  o"  du  personnel  des 
états-majors  et  des  .services  particuliers  [étais-majors 
pariiciiliers  de  Vartillerie  et  du  génie,  corps  de  Vin- 
iendance  militaire,  corps  de  santé  militaire,  officiers 
d'administration,  sections  de  secrétaires  d'état-major 
et  du  recrutement,  serlioiis  de  commis  et  ouvriers 
militaires  d'adminislralion,  sections  d'infirmiers  mi- 
litaires, vétérinaires  'militaires, interprèles  militaires, 
service  du  recrutement  et  de  la  ■)]w})ilisalion,  service 
de  la  Irésorevie  et  des  postes,  service  de  la  télégraphie , 
service  des  chemins  de  fer,  écoles  militaires,  justice 
militaire,  dépôts  de  remonte,  affaires  indigènes  en 
Algérie,  servicedesrenseignemenlsen  1  unisie  |"V.  Etat- 
major,     bTENDANT,    ADMINISTRATION    DE    l'arMÉK,    S.VNTÉ, 

Secrétaire,  Infirmier,  Vétérinaire,  etc.])  ;  4^^  de  Ja 
gendarmerie  (V.  ce  mot)  ;  5*^  du  régiment  de  sapeurs- 
pompiers  de  la  ville  de  Paris.  Elle  n'a  sous  les  drapeaux, 
en  temps  de  paix,  qu'une  partie  de  ses  cadres  et  de  ses 
effectifs,  complétés  en  temps  de  guerre  par  les  officiers  el 
les  hommes  de  la  réserve  (V.  'Mobilisation,  Officie]\, 
Réserve).  Les  bl  classes  les  plus  anciennes  forment  r<2r- 
mée  territoriale,  qui  a  ses  cadres  spéciaux,  exclusive- 
ment constitués  par  des  officiers  de  cette  catégorie,  el 
(jui  n'est  appelée  sous  les  drapeaux,  hormis  ia  durée 
des  périodes  d'instruction,  qu'en  temps  de  guerre,  pour 
des  formations  de  seconde  ligne  et  certains  services  d;* 
rintérieur  (V.  Mouilisatiox).  tjihn  les  hommes  apparte- 
nant à  des  ser\ices  régulièrement  organisés  en  temps  de 
paix  [douaniers,  gardes  joresiiers)  forment,  en  temps 
de  guerre,  de^  corps  spéciaux  destinés  à  servir  soiî  a^ec 
Tarmée  active,  soit  avec  l'armée  territoriale,  ftuanî  aux 
cor/j.s  de  vétérans,  que  le  minisire  de  la  guerre  est  éga- 
lement autorisé  à  créer  en  temps  de  guerre,  ils  se  recru- 
tent, par  voie  d'engagements  volontaires,  parmi  les 
hommes  ayant  accompli  la  totalité  de  leur  service  mih'- 
taire. 

Le  groupement  des  différents  corps  de   troupe  et  le 
sectionnement  des  sei'vices  qui   n'exercent  pas,   comme 
rélat-major  général  ou  le  corps  du  contrôle,  une,  action 
d'ensemhle,  ont  lieu  par  corps  d'armée.  Le  teri'itoire  de 
la  France  est  divisé,  à  cet  égard,  en  dix-neuf  régions  (L'^  à 
XVIIP  et  XX®),  englobant  chacune  un  certain  nombre  de 
départements,  chaque  région  en  huit  subdivisions  de  ré- 
gion (les  VPet  XX®  régions  n'en  ont  chacune  que  quatre); 
l'Algérie  forme,  de  son  côté,  une  vingtième  région,  la  XiX®, 
fractionnée  seulement  en  trois  divisions.  \é\\  corps  d'armée 
occupe  chacjue  région  et  en  porte  le  numéro.  Il  comprend, 
en  général,  comme  troupes  de  l'armée  active,  deux  divi- 
sions d'infanterie  à  deux  brigades  de  deux  régiments,  soit, 
au  total,  Juiit  régiments,  une  brigade  de  cavalerie  di\i- 
sionnaire  à  deux  régiments.  \\\\(i  brigade  d'artillerie  de 
campagne  à  deux  régiments,  un  bataillon  du  génie,  un 
escadron  du  train  des  d'équipages,  et,   comme  services 
administratifs  et  audliaires,  un  service  de  l'artillerie,  un 
service  du  génie,  nu  ^^ervice  d'iiiteiidance.  un  service  de 
santé,  un  service  vélérinaii-e  (en  cominun  avec  un  ou  deux 
autres  corps),  une  section  de  secrétaires  d'état-major  et 
du  recrutement,  une  section  de  commis  et  ouvriers  mili- 
taires d'administration,  une  section  d'infirmiers  mihtaires. 
une  légion  de  gendarmerie.   Dans  le  VI®  corps,  chaque 
brigade  d'infanterie  a,  outre  les  deux  régiments  habituels, 
un  bataillon  de  chasseurs  à  pied.  Le  XX®  corps  a  une  troi^ 
sième  division   d'infanterie  à  trois  brigades,   composées 
chacune  d'un  régiment  d'infanterie  et.  respectivement,  de 
deux,  trois  et  quatre  bataillons  de  chasseurs  à  pied.  Les 
I®,  VI®,  Vil®,  XIV®.  XV®  corps  ont  deux  services  d'inten- 
dance, l'un  spécial   à  la  région,    l'autre  au    corps.  Le 
XIK®    corps,     celui    d'Algérie,    est    à   trois     divisions, 
de  composition  particulière  (troupes  d'Afrique).  La  Tunisie 
a  un'^  division  spéciale  d'""'n]i»-3tion,  ayajit  é;:;  d.o/nept  une 
composition  à  part.  VMm,  sur  le  territoire  de  chaque  ré- 


gion sont  stationnées,  en  nombre  plus  ou  moins  considé- 
rable, des  troupes  ne  faisant  pas  partie  du  corps  d'arm-V  : 
régiments  d'infanterie  et  bataillons  de  chasseurs  à  pied 
en  excédent  des  formations  régulières  ((juelques-uns  sont 
réunis  en  brigades),  régiments  decavalerie  des  divisions  indé- 
pendantes, régiments  du  génie  ne  fournissant  pas  de  batail- 
lons aux  corps  d'armée,  bataillons  d'artillerie  à  pied,  com- 
pagnies d'ouvriers  d'artillerie,  compagnies  de  cavaliers  de 
remonte,  (^uant  à  Farinée  territoriale,  elle  compte,  dans 
chacun  des  dix-neut  coi'ps  d'armée  du  territoire  français, 
sauf  dans  les  VI®  et  XX®,  qui,  formés  des  sectionnemenls 
d'un  seul,  n'ont  que  la  moitié  des  éléments  territoriaux 
des  aulres  corps:  huit  régiments  d'infanterie  (un  par  sub- 
division de  région),  un  groupe  de  quatre  escadrons  de 
dragons,  un  groupe  de  (piatre  escadrons  de  cavalerie  lé- 
gère, m\  groupe  de  batteries  d'artillerie  de  campagne,  un 
bataillon  (hi  génie,  un  escadron  du  train  des  éijuipages, 
une_  section  de  commis  et  ouvriers  d'adminihiration,  \\m' 
section  d'infirmiers.  Tous  les  corps  d'armée,  ainsi  que  les 
diverses  troupes  qui  n'entrent  pas  dans  leur  composition, 
sont  pourvus,  dès  le  temps  de  paix,  du  commandement, 
des  états-majors,  des  services  et,  aussi,  du  matériel  c[ui 
leur  sont  nécessaires  ])our  entrer  en  campagne.  A  ce  der- 
nier sont  affectés,  dans  chaque  région,  des  magasins  géné- 
raux d'a})provisionjiement,  où  se  trouvent  les  ai-mes  et 
munitions,  les  effets  d'habillement,  d'armemenl.  de  harna- 
chement, (réquipement,  de  campement,  etc.;  chaque  sub- 
division a.  en  outre,  un  ou  plusieurs  magasins  ])arlicuiiers, 
qui  renferment  des  collections  des  mêmes  ol)jets  et  qui 
sont  alimentés  par  les  magasins  généraux.  Le  matéiiel 
roulant  est  emmagasiné  sur  roues. 

Au  groupemenl  par  régions  et  coiq)s  d^uanée  vient  se 
superposer,  à  Paris  et  à  Lyon,  en  raison  de  l'importance 
de  ces  deux  places  de  gueri'c,  un  autre  organisme,  \(i  gou- 
vernement militaire  (V.  ce  mot),  qui  embrasse,  pour 
Paris,  les  dép.  de  ia  Seine  et  de  Seine-et-Oise;  pour  Lyon, 
le  dép.  duUbône  et  quebpies  communes  des  dép.  de  l'Ain 
et  de  l'Isère.  Les  troupes  (|ui  s'y  trouvent  stalimniées  et 
qui  app;u'tiennent  j)resque  toutes,  pour  le  premier,  aux 
11®, m®,  IV*^  et  V®  corps,  pour  le  deuxième,  aux  XllI®  et 
XIV®  corps,  continiient  à  l'elever,  au  point  de  vue  de  la 
mobilisation,  de  l'ijistruction,  du  personnel  et  de  l'admi- 
nisti'ation,  deleui's  corps  respectifs;  mais  elles  dépendent, 
pour  tout  ce  qui  a  trait  à  la  discipline  générale,  au  sei'- 
vice,  aux  mesures  d'ordre  j)ublic,  du  gou\ernem(Uit  jnili- 
taire.  Les  autres  places  fortes  [\\  ce  mot)  forment  des 
groupes  de  défejise,  à  raison  d'un  groupe  pai'  place  forte 
principale  et  peliles  })laces  ibi'ies  situées  dans  leur  rayon 
d'actioji. 

Le  minisfrede  laguerr(îest  le  chef  de  l'armée.  Secondé 
par  les  différents  services  (état-major  général  et  direc- 
tions) qui  constituent  l'admiiiistration  centrale  du  minis- 
tère de  la  guerre  et  ])ar  les  nombreux  comités  et  com- 
missions (conseil  supérieur  de  la  guerre,  comités  techni(jues 
des  différentes  armes,  etc.)  qui  y  sont  rattachés  (V.  Guerre 
[Ministère  de  la],  t.  XIX,  p.  o30),  il  règle,  en  se  con- 
formant  aux  dispositions  des  lois  et  décrets  en  vigueui', 
tout  ce  ((ui  touche  à  son  organisation,  à  sa  mobilisation, 
aux  opérations  militaires,  aux  formations  de  troupes,  et  il 
a  tout  à  la  fois  la  directioii  et  ia  gestion  de  son  adminis- 
tration, dont  k^s  divers  rouages  fonctionneni  sous  sa  res- 
ponsabilité  et  qui  est  contrôlée  par  un  corps  spécial 
dépendant  immédiatement  de  lui  (V.  Admimstiîation  de 
l'armée,  t.  [,  p.  HOl,  et  CoMeiAiuLiiÉ  militaire,  t.  Xll, 
p.  ^o'i).  Immédiatement  au-dessous  du  ministre,  le  com- 
mandement est  exercé,  sous  ses  ordres,  par  les  gouver- 
neurs militaires  de  Paris  et  de  Lyon  et  par  les  généraux 
commandants  de  corps  d'armée.  Nous  avons  vu  déjà  que 
le  goiuernement  mihtaire  était  un  organisme  spécial  à 
deux  portions  très  limitées  du  territoire  et  ne  correspon- 
dant en  somme  qu'à  uiie  mission  d'ordre  public  :  les  gou- 
■^'erneue?  inilitaire^.  bien  que  placée;,  dan:,  la  hiérarchie 
du  commandement,  sous  les  oi'dres  dire<  h  du  miiustre,  ue 


—  547  — 


ORGANISATION 


jouent  donc,  en  réalité,  dans  l'organisation  de  ce  comman- 
dement, qu'un  rôle  accessoire.  Le  rôle  prépondérant  appar- 
tient, dans  chacune  des  vingt  régions,  au  général  commandanl 
le  corps  d'armée.  Nommé,  en  principe,  pour  trois  ans,  mais 
toujours  maintenu,  en  fait,  dans  ses  fonctions,  il  a  sous  son 
commandement  le  territoire,  les  forces  de  l'armée  acti^G 
et  de  sa  réserve  qui  font  partie  du  corps  d'armée  ou  qui 
sont  stationnées  dans  la  région,  celles  de  l'armée  territo- 
riale et  de  sa  réserve,  el  tous  les  services  et  établissements 
militaires  qui  sont  exclusivement  affectéb  à  ces  forces.  11 
est,  sous  l'autorité  supérieure  du  ministre,  le  chef  res- 
ponsable de  Fadministralion  dans  son  corps  d'armée  ;  les 
directeurs  des  diffi^rents  services  sont,   à  cet  effet,   tout 
aussi  bien  que  les  généraux  commandant  les  divisiojis  et 
brigades  de  la  région,  sous  ses  ordres  immédiats.  Ses  de- 
voirs sont  multiples.  Au  point  de  vue  militaire,    il  doil 
surveiller  tous  les  détails  de  l'organisation,  de  l'instruc- 
tion et  de  la  mobilisation  de  son  corps  d'armée,  officiers 
et  hommes  de  troupe,  armée  active  et  armée  territoriale, 
en  vue  d'assurer,  dans  les  meilleures  conditions,  son  entrée 
inopinée  en  campagne  ;  il  prescrit,  à  cet  égard,  dans  la 
limite  des  règlements,  toutes  les  mesures  nécessaires  ;  il 
concourt,  en  outre,  à  l'œuvi'o  de  la  défense  générale,  en 
tenant  le  ministre  constamment  au  courant  des  résultats 
obtenus,  en  appelant  son  attenlion  sur  les  inconvénients 
observés  el  en  lui  proposant  les  modifications  de  toute 
nature  (méthodes  d'instruction,  armement,  discipline,  etc.) 
que  peuvent  lui  suggérer  ses  investigations  et  son  expé- 
rience personnelles.  Au  point   de    vue  administratif,    il 
prévoit  et  expose  au  ministre,  en  temps  opportun,  les 
besoins  du  corps  d'armée,  donne,  quand  il  y  a  lieu,  l'ordre 
d'y  pourvoir  et  de  faire  les  distributions,  veille  à  ce  que 
les  troupes  reçoivent  tout  ce  qui  leur  est  alloué  par  les 
règlements,  s'assure  que  les  approvisionnements  des  ma- 
gasins sont  au  complet  déterminé,  en  bon  état  d'entretien 
et  disponibles,  enfin  tient  la  main  à  ce  que  les  lois  et 
règlements  soient  exactement  appli(jués  dans  tous  les  ser- 
vices ;  il  ne  doit,  au  surplus,  hormis  les  cas  urgents  ou  de  force 
majeure,  rien  prescrire  qui  entraîne  pour  l'Etat  des  dé- 
penses non  prévues  par  les  règlements  ;  lorsqu'il  s'y  trouve 
contraint  par  les    circonstances,    il   donne    l'oi'dre    par 
écrit,  sous  sa  responsabilité,  mémo  pécuniaire,  et  rend 
compte  immédiatement  au  ministre  ;  les   directeurs  des 
services  sont  tenus  d'obtempérer,  après  observation,  à  ces 
ordres,  dont  ils  adressent,  de  leur  côté,  une  copie  au 
ministre.  Il  est  assisté  d'un  état-major,  composé  d'officiers 
d'armes  différentes  et  divisé  en  deux  sections,  l'une  active, 
l'autre  territoriale  (V.  Etat-major,  t.  XVI,  p.  502).  Bien 
qu'il  n'ait  que  le  grade  de  général  de  division  et  qu'en 
principe  l'exercice  de  son  commandement  ne  lui  crée,  dans 
ce  grade,  aucun  privilège  ultérieur  de  fonctions,  il  prend 
j-ang,  tant  qu'il  en  est  investi,  avant  les  c^énérauxde  divi- 
sion, même  plus  anciens,  qui  ne  sont  pas  pourvus  d'un 
commandement  do  môme  nature,  et  rins])ecteur  d'armée 
(V.  ci-après)  n'a,  à  ancienneté  égale,  le  pas  sur  lui  que 
s'il  opère  dans  la  région.  Au-dessous  du  commandant  de 
coi'ps  d'armée,  le  commandement  appartient,  sous  son 
autorité,  aux  généraux  de  division  en  fonctions  dans  le 
corps  d'armée,  puis,  au-dessous  de  ceux-ci,   aux  géné- 
i'aux  de  brigade  ;  les  uns  et  les  autres  exercent  à  l'égard 
des  troupes  sous  leurs  ordres  la  même  action  de  direction 
(ït  remplissent  les  mêmes  devoirs  de  surveillance,  mili- 
(aire  et  administrative,  qui  incombent,  pour  l'ensemble, 
aux  commandants  de  corps  d'armée,  et,  s'ils  sont  en  mémo 
temps,  comme  c'est  le  cas  le  plus  ordinaire,  commandants 
de  subdivisions  de  région,  cette  autorité  et  ce  devoir  de 
surveillance  s'étendent  à  tous  les  établissements  et  services 
compris  dans  ces  subdivisions  :  les  chefs  de  service  dans 
les  divisions  sont  sous  les  ordres  des  généraux  commandant 
ces  divisions,  les  commandants  des  bureaux  de  recrute- 
ment, sous  l'autorité  hiérarchique  des  généraux  de  bri- 
gade. Les  généraux  couimandant  les  divisions  et  les  bri- 
gades non  endivisionnées  sont  éoalement  sous  l'autorité 


hiérarchique  du  commandant  de  corps  d'armée  de  la  ré- 
gion où  tiennent  garnison  ces  divisions  et  brigades  ;   ils 
lui  en  exposent  en  temps  opportun  les  besoins  ;   en  cas 
d'urgence  ou  de  force  majeure,  ils  y  pourvoient,  par  ordre 
écrit  et  sous  leur  responsabilité  pécuniaire,  et  lui  rendent 
compte  immédiatement.  De  même  que  le  commandant  de 
corps  d'armée,  les  généraux  de  division  et  de  brigade  ont 
auprès  d'eux  un  état-major,  qui  les  assiste  dans  l'élaboca- 
tion  et  la  transmission  des  ordres,  mais  qui  ne  comporte, 
pour  les  derniers,   qu'un  oilicier  d'ordonnance,  plus  un 
archiviste,  s'ils  ont  en  même  temps  le  commandement  ter- 
ritorial d'une  subdivision.  Les  ditférenls  services  que  <'om- 
])rend  chaque  corps  d'armée  sont  coin  mandés  :  le  service 
de  l'artillerie,  par  le  général  commandant  la  brigade  d'ar- 
tillerie du  corps  ;  le  service  du  génie,  par  un  général  de 
bj'igade,  s'il  y  a  dans  la  région   plusieurs  dir'eclions  du 
génie,  par  le  colonel  ou  le  lieulenant-colonel  plac-é  à  la 
tète  de  la  direction,  s'il  ji'y  en  a  qu'une  ;  le  service  de 
l'intendance,  ])ar  un  intendani  général  ou  un  intendant 
militaire  ;  le  service  de  santé,  par  un  médccia  insp<'cteur 
ou  un  médecin  principal  de  1'"^  classe;  le  service  véléi'i- 
naire,  par  un  vétérinaire  j)rincipal  de    L®  classe.   Les 
groupes  de  places  fortes  ont  à  leur  tète  des  commandants 
supérieurs  de  la  défense,  du  grade  de  général,  ou,  excep- 
tionnellement, de  colonel;  lorsque  le  groupe  comprend  une 
place  principale,  ils  sont  en  même  temps  gouverneurs  de 
cette  place.  Le  commandant  supérieur  de  la  défense  est 
investi  en  même  temps  du  commandement  territorial  d'une 
ou  plusieurs  subdivisions  de  région  ;  il  relève  directement 
du  commandant  du  corps  d'armée  ou  du  général  de  divi- 
sion, suivant  que  lui-même  est  ou  non  général  de  division  ; 
il  s'occupe  de  tout  ce  qui  peut  contribuer  à  assurer  et  à 
améliorer  la  défense  des  places  de  son  groupe  ;  il  est  pourvu 
d'un  état-major  et  secondé,   si  l'importance  du  service 
l'exige,  par  un  adjoint  du  grade  de  général  ou  de  colonel; 
les  chefs  des  divers  services  du  groupe  (artillerie,  génie, 
intendance,  santé)  l'assistent  dans  l'accomplissement  de  sa 
mission,  et  il  peut  prescrire  toutes  les  études  et  faire  toutes 
les  propositions  qu'il  juge  utiles.  Enfui,  il  existe,  pour 
l'ensemble  du  territoire,  six  inspecteurs  permanents  de  ca- 
valerie, c[ui  opèrent  chacun  dans  trois  régions  (dans  quatre 
régions  pour  la  3^  inspection,  dont  font  partie  les  VP  et 
XX*^  corps).  Du  grade  de  général  de  division,  ils  ojil  la 
direction  de  l'instruction,  de  la  discipline  intérieure,  de 
l'administration  et  de  la  mobilisation  des  brigades  de  cava- 
lerie des  corps  d'armée  et  servent  d'intermédiaire,  pour 
toutes  ces  matières,  entre  le  commandant  de  corps  d'armée 
et  la  brigade;  ils  n'ont  pas   à  intervenir,  au  contraire, 
dans  les  questions  de  discipline  générale,  de  service,  et 
dans  les  mesures  d'ordre  public,  et  ils  n'exercent  aucune 
action  à  l'égard  des  divisions  de  cavalerie  indépendante. 
Quant  aux  établissements  spéciaux  destinés  à  assurer  la 
défense  générale  du  pays  ou  à  pourvoir  aux  services  géné- 
raux des  armées  (atehers  de  construction  indépendants, 
fonderie  de  Bourges,  manufactures  d'armes,  dépôt  central 
de  l'artillerie,  directions  et  écoles  du  génie,  dépôt  des 
fortifications,  direction  de  télégraphie  militaire,  service 
de  l'aéroslation  militaire,  colombiers  militaires,  magasins 
et  docks  de  concentration,  établissements  des  poudres  et 
salpêtres,  écoles  miUtaires,  pénitenciers  militaires,  éta- 
blissements de  la  remonte,  hôtel  des  Invalides,  etc.),  ils 
sont  en  dehors  du  groupement  régional  ;  les  commandants 
de  corps  d'armée  n'onl,   en  ce  qui  les  concerne,  qu'un 
devoir  de  surveillance,  et  les  officiers  et  fonctionnaires 
placés  ù  leur  tète  demeurent  sous  Tautorité  immédiate  du 
ministre,  avec  lequel  ils  correspondent  directement  et  qid 
dispose  seul  du  matériel  et  des  approvisionnements. 

Indépendamment  des  inspections  générales  (V.  ce  mot) 
qui  incombent,  dans  la  sphère  de  leurs  commandements 
respectifs,  aux  gouverneurs  militaires  et  aux  commandants 
de  corps  d'armée,  une  haute  surveillance  est  exercée  sur 
tous  les  détails  de  l'organisation  dont  nous  venons  d'es- 
c|uisser  les  grandes  hgues  et  sous  l'autorité  immédiate 


ORGANISATION 


548 


ilu  ministre  :  au  point  de  vue  militaire,  par  les  inspec- 
teurs d'armée,  au  point  de  vue  administratif,  par  le  ser- 
vice du  contrôle.  Nous  n'ajouterons  rien  à  ce  qui  a  déjà 
été  dit  de  ce  dérider  à  l'art.  Administration,  t.l,  p.  601. 
Le  rôle  et  la  mission  des  inspecteurs  d'armée  appellent 
au  contraire  (juelques  explications.  Membres  du  conseil 
siipérieiu'  de  la  guerre  et  éventuellement  désignés  pour 
commander,  en  temps  de  guerre,  les  armées,  ils  ont  eu 
leur  mission  rendue  de  temporaire,  permanente  par  le  dé- 
cret du  "1  mars  1899  ;  cette  inibsion  s'étend  aux  divers  corps 
d'armée  devant  composer  leur  armée,  ainsi  qu'à  toutes 
autres  troupes,  établissements  militaires,  forts,  places, 
situés  dans  la  région  de  ces  corps  et  ne  relevant  pas  di- 
l'ectemcnt  du  ministre  ;  elle  a  pour  objet  essentiel  de  cons- 
tater leur  état  au  point  de  vue  de  la  préparation  à  la 
guerre  et  de  la  mobilisation,  l'agencement  et  le  fonction- 
nement des  diverses  armes  ou  services  entrant  dans  la  cons- 
titution des  ujjités  de  guerre,  la  situation  des  places  fortes, 
des  voies  de  communication,  des  approvisionnements,  du 
matériel,  l'état  de  préparation  et  d'organisation  des  troupes 
de  réserve  et  de  l'armée  teri'itoriale.  Pour  l'accomplir, 
les  inspecteurs  d'armée,  qui  sont  les  délégués  du  mi- 
nistre, jouissent  des  pouvoirs  les  plus  étendus  et,  bien 
que  simples  généraux  de  division,  ils  ont  le  pas  sur 
toutes  les  autorités  militaires  de  leur  région  ;  ils  peuvent 
se  i)résenter  inopinément  sur  un  point  quelconque  et 
procéder  aussitôt  à  l'inspection  ;  ils  peuvent  aussi  pres- 
(j'ire  des  revues,  des  manœuvres  de  garnison,  la  mobilisa- 
lion  immédiate  d'un  corps  de  troupes  ou  d'un  service,  la 
inih^e  en  état  de  défense  d'un  fort  ou  d'un  ouvrage  ;  ils 
adressent,  chaque  fois,  au  ministre  un  rapport  et  lui  don- 
nent, avec  leurs  observations,  leur  appréciation  sur  les 
généraux  et  chefs  de  corps  ou  de  services  au  point  de  vue 
de  l'aptitude  à  la  guerre  ;  ils  signalent  aux  comman- 
dants de  corps  d'armée,  qui  donnent  des  ordres  en  consé- 
<]uence,  les  infractions  et  abus  à  réprimer,  mais  ils  n'inter- 
viennent ni  dans  le  commandement,  ni  dans  l'administration 
desdits  corps,  dont  les  chefs  immédiats  demeurent  seuls 
responsables.  Les  lettres  de  service  qui  règlent  l'inspec- 
tion des  inspecteurs  d'armée  sont  renouvelées  tous  les  ans 
])ar  le  ministre  ;  mais,  de  même  que  pour  le  commande- 
ment des  "commandants  de  corps  d'armée  (V.  ci-dessus), 
ce  renouvellement  est,  en  fait,  de  pure  foj'uie.  Le  chef 
d'état-major  généi'al  de  l'armée,  ((ui  est,  éventuellement, 
le  major  général  du  commandant  en  chef  du  groupe  princi- 
pal d'armées,  peut  être  chargé,  de  son  côté,  dans  les  divers 
corps  d'armée,  d'inspections  et  de  missions  se  rapportant  à 
son  service.  Entin,  le  vice-président  du  coijseil  supérieur  de 
la  guerre,  qui  est,  toujours  éventuellement,  ce  commandant 
en  dviï.  procède,  suivant  les  instructions  ministérielles,  à 
des  tournées  générales  lui  permettant  d'embrasser  l'en- 
^emlde  du  théâtre  probable  des  opérations  et  des  moyens 
principaux  de  défense  ;  il  peut  s'adjoindre  le  chef  d'état- 
major  général  de  l'armée  et  des  inspecteurs  d'armée. 

Ln  temps  de  guerre,  toute  cette  organisation  subit  d'as- 
sez profondis  moditiiations,  (jui  ont  été  indiquées  en  partie 
à  l'art.  Moi  iLKan(»N.  Quelques  renseignements  sur  la  for- 
mation des  armées,  leur  commandement,  le  ruledes  i^rands 
étati-uuijoiN  et  le  fonctionnement  des  services  auxilidiies 
■^utiiiont  à  ie.>  couipléler.  Le  C(jips  d^irmee  demeure  lor- 
g.ini^me  piiiicipal,  la  bjse  de  toutes  lo^^foraijiionG.  Luiiite 
de  ciHubai,  mais  plusieurs  corps  d'armée  bont  réunis  en 
Oi'iiiee,  sous  un  seul  (  lief,  et  lors(|ue  plusieurs  armées 
opèrent  sur  un  mèmiC  théâtre  de  guerre,  elles  forment  à  leur 
tour  un  tjroupedUninécs,  sousun  commandement  unique, 
La  composition  des  coi'ps  d'armée  est,  du  reste,  susceptible 
de  subii',  au  jour  de  la  mobihsation.  (pielquesmoditications. 
Ym  principe,  un  corps  d'armée  doit  comprendre  deux  ou 
trois  divisions  d'infanterie,  une  brigade  de  cavalerie,  une 
artillerie  de  corps,  une  compagnie  du  génie  avec  un  équi- 
page de  ponts,  des  ambulances,  des  sections  de  munitions 
et  de  parc  et  des  convois;  une  di\ision  d'infanterie  doit 
compi'endre,  à  son  tour,  deux  ou  trois  brigades  d'infanterie, 


une  cavalerie  divisionnaire,  une  artillerie  divisionnaire,  une 
compagnie  du  génie,  une  ambulance,  des  sections  de  muni- 
tions et  des  convois.  Les  régiments  de  cavalerie  qui  ne  font 
pas  partie  des  corps  d'armée  sont  réunis  en  brigades  ou 
divisions  de  cavalerie,  celles-ci,  à  l'occasion,  en  corps  de 
cavalerie.  Une  direction  des  étapes  est  attachée  à  chaque 
armée,  une  direction  générale  des  chemins  de  fer  et  des 
étapes  à  chacjue  groupe  d'armées.  La  formation  des  troupes 
en  corps  d'armée,  armées,  groupes  d'armée,  l'affectation 
des  brigades,  divisions  ou  corps  de  cavalerie  à  ces  diverses 
unités,  constituent  Vordre  de  bataille  :  il  est  arrêté  par 
le  ministre  dès  le  tenq)s  de  paix  et  tenu  secret.  Le  com- 
mandant d'un  groupe  d'armées  est,  de  même  que  celui 
d'une  armée,  un  maréchal  de  France  ou  un  général  de 
division,  pourvu,  par  décret,  d'une  commission  temporaire  ; 
il  prend,  pour  un  groupe  d'armées  ou  pour  une  armée  opé- 
rant isolément,  le  titre  de  commandant  en  chef,  et  celui 
de  commandant  d'armée  pour  une  armée- faisant  partie 
d'un  groupe  d'armées  ;  en  fait,  les  inspecteurs  d'armée 
sont  désignés,  dès  le  temps  de  paix,  nous  l'avons  vu, 
comme  commandants  d'armée,  et  le  vice-président  du  con- 
seil supérieur  de  la  guerre  comme  commandant  en  chef 
du  principal  groupe  d'armées  ;  quant  au  titre  de  généra- 
lissime qu'on  donne  assez  communément  à  ce  dernier,  il 
n'a  rien  d'otîiciel,  ni  même  d'exact,  car,  dans  l'hypothèse 
d'attaques  simultanées  sur  plusieurs  frontières,  il  y  aurait 
autant  de  groupes  d'armée,  conséquemment  de  comman- 
dants en  chef,  (pie  de  théâtres  d'opérations,  et,  de  ce 
(pi'il  doit  commander  le  principal  de  ces  groupes,  il  ne 
s'ensuit  pas  ([u'il  doive  avoir  nécessairement  autorité  sur 
les  autres  commaiidants  en  chef.  Le  commandant  de  l'ar- 
tillerie d'une  armée  est  un  général  de  division,  celui  du  gé- 
nie un  général  de  division  ou  de  brigade.  Tout  commandant 
en  chef,  peut,  au  cours  de  la  campagne,  modifier  l'ordre 
de  bataille  ou  effectuer,  parmi  les  généraux  sous  ses  ordres, 
les  mutations  qu'il  juge  nécessaires. 

L'administration  est  centi'alisée,  en  campagne,  par 
armée.  Chaque  commandant  d'armée  reçoit  à  cet  effet 
la  délégation  d'une  partie  des  pouvoirs  administratifs 
du  ministre  de  la  guerre  et  dirige  dans  son  ensemble 
l'administration  de  son  armée,  secondé  par  des  chefs  su- 
périeurs de  service  placés  sous  ses  ordres.  Le  commandant 
de  corps  d'armée  est  responsable  vis-à-vis  de  lui  de  l'ad- 
ministration de  ce  corps,  le  commandant  d'une  division 
l'est,  de  même,  vis-à-vis  de  son  chef  immédiat,  et  ainsi 
de  suite.  Les  chefs  de  service  du  corps  d'armée  sont  pla- 
cés à  la  fois  sous  l'autorité  du  commandant  du  corps  d'ar- 
mée ou  du  directeur  des  étapes  et  sous  la  surveillance 
technicpie  et  administrative  des  chefs  de  service  de  l'armée. 

Des  états-majors,  dont  la  composition  varie  suivant  l'im- 
portance du  commandement,  sont  placés  auprès  du  com- 
mandant en  chef,  des  commandants  d'armée,  de  corps 
d'armée,  etc.  L'état-major  d'un  groupe  d'armées  porte 
le  nom  de  grand  état-major  général  et  a  pour  chef 
d'état-major  un  officier  général  du  titre  de  major  général, 
cpii  n'est  autre  que  le  chef  d'état-major  génerarde  l'ar- 
mée, rapporteur  du  coubeil  bupérieur  de  la  guerre,  et  qui 
a  sous  bcs  ordrcb  d'autres  otiiciers  généraux,  les  aides- 
niajors  (léiiéraitx;  l'état- major  d'une  armée  porte  le  nom 
iVétat-nidjonféi'  i  al  et  bon  chef  est  appelé  cliefd'état- 
)najoi'  gr'nrraL  (,umme  funciions  courantes,  le  chef  d'état- 
ruajor  transmet  et  fait  exécuter  les  ordres  du  général, 
donne  aux  chefs  des  services  les  instructions  f|ue  néces- 
site cette  exécution,  entretient  avec  ces  chefs  et  les  corps 
des  relations  suivies,  afin  de  connaître  à  chaque  instant 
dans  tous  leurs  détails,  leur  situation,  et  tient  le  journal 
des  marches  et  opérations,  ainsi  que  des  tableaux  de  la 
foi'ce  et  de  l'emplacement  des  corps  de  troupes. 

Les  services  sont,  le  plus  ordinairement,  répartis,  par 
armée,  en  deux  échelons  :  l'un,  service  de  l'avant,  à  la  dis- 
position immédiate  des  corps  d'armée,  l'autre,  service  de 
l'arrière,  subordonné  à  la  direction  des  étapes.  A  l'avant 
sont  :  les  services  de  l'artillerie  et  du  génie,  chargés,  le  pre- 


ry\i)   — 


(m(rAN[SATI()N  —  ()H(;AX()\lF;fALLlQriLS 


mier,  du  service  général  des  bouches  à  feu,  de  rapprovision- 
nement  de  l'armée  en  armes  et  en  munitions,  le  second  des 
travaux  de  fortification  permanente  et  passagère,  de  l'éta- 
blissement des  ponts,  des  traNaux  relatifs  aux  voies  de 
communication,  des  travaux  de  réparation  et  de  destruc- 
tion des  chemins  de  fer,  de  l'aérostation  militaire,  des 
colombiers  militaires  ;  [a  service  de  l'intendance,  qui  a 
jiour  mission  d'assurer  les  subsistances,  rhabillement,  le 
campement,  la  solde,  etc.  ;  le  service  de  santé  (service  ré- 
gimentaire,  ambulances,  hôpitaux  de  campagne),  qui  a  en 
outre  un  service  de  l'arrière  ;  le  service  de  la  trésorerie 
et  des  postes,  qui  opère  les  recettes,  acquitte  les  dépenses 
régulièrement  ordonnancées  et  assure  le  transport  des 
fonds  et  de  la  correspondance  ;  le  service  de  la  télégra- 
phie militaire,  qui  établit  et  dessert  les  communications 
électriques,  opticpies,  téléphoniques.  A  l'arrière  fonc- 
tionnent, en  même  temps  que  la  seconde  fraction  du  ser- 
vice do  santé,  le  service  des  chemins  de  fer  et  le  service  des 
étapes,  qui  ont  pour  objet  d'assurer  la  continuité  des  rela- 
tions et  des  échanges  entre  les  armées  en  campagne  et  le  terri- 
toire national  ;  ils  sont  reliés  et  coordonnés,  dans  un  groupe 
d'armées,  par  la  direction  générale  des  chemins  de  fer  et 
des  étapes,  dont  le  chef  relève  directement  du  major  général. 
L'organisation  de  ce  qu'on  appelle  le  luiut  coïiiman- 
demoit.  c.-à-d.  le  commandement  des  armées  et  groupes 
d'armées,  a  donné  lieu,  dans  ces  dernières  années,  à  de 
nombreuses  polémiques.  Quelques  décrets  en  fixent  seuls 
les  bases,  particulièrement  ceux  des  12  mai  1888  et 
28  sept.  '189B  sur  le  conseil  supérieur  de  la  guerre,  du 
28  mai  1895  sur  le  service  des  armées  en  campagne,  du 
2  mars  4899  sur  les  inspections  permanentes  d'armée.  En- 
cordes termes  en  sont-ils,  sur  quelques  points,  assez  vagues 
et  n'assignent-ils  aux  désignations  (pii  peuvent  être  faites 
dès  le  temps  de  paix  qu'un  caractère  essentiellement  révo- 
cable. Plusieurs  propositions  émanées  de  l'initiative  parle- 
mentaire et,  en  dernier  lieu  (4897),  un  projet  du  gouverne- 
ment ont  été  présentés,  sans  succès,  aux  Chambi'es.  en  ^ue 
de  doinier  une  constitution  définitive  et  «  b'^gale  »  au  conseil 
supérieur  de  la  guerre,  dont  les  membres  seraient  les  chefs 
expressément  désignés  des  futures  armées  et  groupes  d'ar- 
mées, et  de  créer,  en  faveur  de  ceux-ci,  un  grade  supé- 
rieur à  celui  de  général  de  division,  le  grade  de  (jénéral. 
On  a  invoqué,  en  faveur  de  cette  double  réforme,  d'une 
part,  l'intérêt  capital  qu'il  y  aurait,  pour  les  bien  pénétrer  de 
leur  mission  en  temps  de  guerre  et  leur  donner  une  connais- 
sance approfondie  des  éléments  qu'ils  devront  mettre  en 
œuvre,  à  ce  que  les  chefs  d'armée,  leurs  chefs  d'états-majors 
et  leurs  différents  services  fussent  en  contact,  dèsleteuips 
de  paix  et  de  longue  date,  avec  ceux  qu'ils  doivent  mener  à 
la  bataille,  d'autre  part,  les  dangers  que  pourraient  pré- 
senter des  désignations  de  la  dernière  heure,  sous  la  pous- 
sée de  l'opinion  publique,  enfin  le  surcroît  d'autorité  qui 
résulterait,  pour  les  chefs  de  nos  grandes  unités  de  c(un- 
mand.'inenl,  de  la  collocation  d'un  grade  exceptionnel. 
Parmi  les  critiques,  les  unes  sont  d'ordre  purement 
militaire  :  il  y  aurait  danger,  dit-on,  à  répartir  ainsi, 
d'avance,  toutes  nos  forces,  d'une  façon  visible,  et  à  com- 
poser, avec  un  caractère  définitif,  quatre  ou  cinq  grandes 
armées,  dont  il  serait  difficile,  si  des  circonstances  im- 
prévues l'exigeaient,  de  modifier  les  éléments;  puis,  des 
désignations  de  personnes,  à  si  longue  échéance,  exposent 
toujours,  pour  d'aussi  hautes  fonctions,  à  de  graves  dé- 
ceptions, car,  outre  qu'on  compte  trop  sur  leurs  titu- 
laires, on  ne  peut  plus,  une  fois  sortis  du  rang,  les  y  faire 
rentrer.  Des  considérations  d'ordre  politique  ont  aussi  été 
mises  en  avant  :  on  appréhende  surtout  l'ingérence,  dans 
la  direction  des  affaires  militaires,  d'un  conseil  dont  la 
composition  même  rendrait  l'autorité  ministérielle  à  peu 
près  illusoire.  Quant  à  l'exemple  de  nos  voisins,  il  a  été 
assez  mal  à  propos  invoqué.  La  situation,  en  effet,  n'est 
pas  la  même.  Dans  la  plupart  des  pays  -étrangers,  le  chef 
de  l'Ltat  est,  et  en  temps  de  paix,  et  en  temps  de  guerre, 
le  véritable  chef  de  l'armée  :  les  mesures  qu'il  prend. 


les  désignations  qu'il  fait,  alors  même  qu'elles  sont  tenues 
cachées  et  (ju'elles  affectent,  par  suite,  un  caractère  ré- 
vocable, ont,  en  réalité,  un  caractère  définitif,  parce  que 
lui-même  conserve,  d'une  façon  permaïu^nte,  l'autorilé 
suprême  et  qu'il  maintiendi'a,  aujour  de  la  déclaration  de 
guerre,  les  unes  et  les  autres,  (-'est  ainsi,  notamment,  que 
les  choses  doivent  se  passer  en  Allemagne,  ou  il  e\iste,  en 
fait,  des  groupes  d'armées,  avec  des  inspecteurs  d'armées, 
du  grade  de  (ieneral-feldmarschall,  d'ores  et  déjà  assures 
de  les  commander  ;  (juant  aux  simples  commandants  de 
corps  d'armée,  ils  n'ont  que  le  grade  de  (ieneral,  supé- 
rieur toutefois  à  celui  de  général  de  division  (General- 
leutnant  |  V.  Officier]).  En  Italie,  il  n'y  a,  comme  chez 
nous,  en  temps  de  paix,  que  des  généraux  de  division,  le 
grade  de  général  d'armée  ne  pouvant  être  conféré,  de 
même  que  noire  maréchalat,  que  pour  faits  de  guerre  ;  le 
commandement  des  armées  sera  exercé,  en  cas  de  mobi- 
lisation, par  des  généraux  de  division,  commandants  decorps 
d'armée,  pourvus  par  le  roi  de  lettres  de  commandement. 
En  Autriche,  il  y  a  deux  inspecteurs  généraux  de  troupes, 
un  commandant  général  de  la  landwehr  cisleithane.  un 
commandant  général  de  la  landwehr  transleithane  et  un 
chef  d'état-major  général,  du  grade,  comme  les  on/.e  com- 
mandants de  corps  d'armée,  de  Eeldzeugmeister  ou  de  Oe- 
neral  der  kavallerie,  supérieur  à  celui  de  général  de  divi- 
sion. En  Russie,  il  y  a  aussi,  au-dessus  des  généi'aux  de 
division,  des  gènévs.ws.roniplefs  (gênerai  polni)  ;  tous  les 
commandants  de  circonscription  de  la  Paissie  d'Europe  et 
du  Caucase  et  deux  des  commandants  des  cin<{  circons- 
criptions militaires  de  la  Kussie  d'Asie  ont  ce  grade;  ce 
sont  c»  réalité  de  véritables  commandants  d'armée  ;  quant 
aux  commandants  des  vingt-deux  corps  d'armée,  sept 
seulement  sont  généraux  polni.  En  Angleterre,  il  y  a  un 
commandant  en  chef  des  troupes  anglaises  et  un  comman- 
dant des  forces  de  l'Irlande,  du  grade  de  field-marshali, 
un  commandant  du  district  et  du  camp  d'Aldershot.  un 
commandant  en  chef  des  forces  de  l'Inde,  un  (juartier- 
maiti'e  général  du  ministre  de  la  guerre,  etc.,  du  grade 
de  général,  supérieur  à  celui  de  général  de  division.  On 
sait  d'ailleurs  que,  dans  tous  ces  pays,  sauf  en  Itahe,  le 
gcade  est  distinct  de  l'emploi,  souvent  confié  à  un  officier 
d'un  grade  hiérarchiquement  inférieur  (V.  Officifr)- 

IV.  Marine.  — Orc.anisatfox  uk  \.\  ^^AHlx^>  dk  cckrrk 
(V.  Marixk). 

ORGANISME  (V.  Animisme  et  Vif). 

ORGANISTE  (Mus.)  (V.  Orc.ui:). 

ORGANO-ViOLixic  (V.  Har^^ionifm). 

0R6AN06RAPHIE  (V.  Botamoi  f,  Zoofooif). 

ORGANOMÉTALLIQUES  (Composés).  On  donnece  nom» 
ou  celui  de  radicaux  métalliques  composés  a  un  certain, 
nombre  de  composés  artificiels  renfermant  des  métaux 
associés  au  carbone  et  à  riiydrogène.  Un  certain  nombre 
d'entre  eux  sont  susceptibles  de  jouer  le  rôle  du  métal 
simple  entrant  dans  la  combinaison.  Par  exemple,  le 
stannéthyle,  C/H^Sn,  donne  comme  l'étain  un  oxyde 
sahfiable,  un  sulfure,  un  chlorure,  etc.,  dont  les  propriétés 
rappellent  celles  des  composés  analogues  de  l'étain  : 

Sn^ (CHpSjO- 

Sn20'2 (C/'lPSn)-0^ 

Sn^S2 (C/'lPSn)'~S-^ 

Sn^Cl^ (C^PSnr^Cl' 

C'est  surtout  à  Erankland  que  nous  devons  Ehistoire 
de  ces  composés;  il  en  donna  en  I8i9  une  méthode  géné- 
rale de  préparation  et  décrivit  ])lusieurs  d'entre  eux. 
Cahours,  en  1851,  dans  un  travail  remarquable  sur  les 
composés  organométalliques  de  l'étain,  généralisa  les  faits 
observés  précédemment  et  montra  que  les  propriétés  des 
radicaux  métalli(|ues  composés  résultent  de  la  satui'ation 
successive  des  radicaux  sinqdesgéru'rateurs.  M.  Berthelot  a 
découvert  en  186fi  un  groupe  spécial  de  radicaux  qui 
résultent  delà  substitution  direct(Mles  métaux  dans  l'acé- 
tylène, j'adicaux  susceptibles  de  fournir  aussi  des  oxydes, 
des  chloi'ures.  des  iodures.  etc. 


OPiGANOMÉTAlJiQUES  —  ORGE 


—  orio 


Examinons  la  genèse  de  ces  }3roduits.  On  peut  admettre 
en  général  qn'à  tout  chlorure  métallique  correspond  un 
liydrure,  réel  ou  supposé,  qui  en  diffère  par  la  substitu- 
tion de  l'hydrogène  au  chlore.  De  cet  hychiiro  dérivent 
tous  les  radicaux  organométalliques.  L'hydrure  peut  se 
combiner  théoriquement  aux  alcools,  avec  élimination 
d'eau,'en  engendrant  les  radicaux  ;  autantd'alomes  d'hydro- 
gène et  de  chlore  seront  liés  au  métal,  an  tant  de  restes 
d'alcool  pourront  s'unir  à  lui.  Prenons  le  composé  Zn'-CP, 
le  chlorure  de  zinc,  théoriquement  on  peut  concevoir  les 
deux  écjuations  génératrices  suivantes  : 

znnr-  +  GW(ïP02)  =^  um^mr^)  +  h^o^ 

On  connaît,  en  effet,  Zn^(r>H^)-,le  zinc  éthyle,  et  des 
dérivés  chlorés,  oxydés  du  premier  Zn'^H(r/*ll'^),  tels  que 
Zn2Cl(C4H^),  Zn-20'^H(C^H5),  etc. 

Un  même  métal  peut  souvent  fournir  plusieurs  chlo- 
rures ;  l'étain,  en  particulier,  donne  les  deux  chlorures, 
Sn'^Cr*,  Sn'^Cr^,  le  premier  est  seul  saturé.  A  ces  chlo- 
rures se  rattachent  les  radicaux  suivants  : 

Sn'(i:H[^y  et  Sn-2(C4!^)^ 

Le  second  sera,  comme  le  chlorure  dont  il  dérive,  un 
composé  incomplet  ;  il  pourra  s'unh"  à  "2  équivalents  de 
chlore,  de  brome,  d'iode,  et  en  principe  à  2  équivalents 
d'un  élément  quelconque  ou  d'un  groupement  jouant  le 
rôle  d'un  élément. 

On  prépare  ces  radicaux  par  deux  procédés  diffé- 
rents ;  le  métal  seul  ou  allié  au  sodium  réagit  sur  les 
éthers  iodhydriques  et  quelquefois  sur  les  éthers  chlorhy- 
driques  : 

2Sn^  +  2CM1^Î  --=  Sn^(C^*lP)^  -f-  Sn^^ 

('ortains  métaux  réagissent  sur  les  dérivés  organiques 
d'autres  métaux  en  s'y  substituant  : 

{Cni^)mg''  +  Zn^^  ~  Zn^(C/IP)2  +  llg^. 

Les  radicaux  traités  par  l'iode  ou  par  le'  chlore  repro- 
duisent, soit  immédiatement,  soit  après  quelques  transfor- 
juations  intermédiaires,  les  éthers  générateurs  : 

Zn2(r/^H5)2  -f  2P  =z  ^CM\H  +  2ZnL 

L'eau  les  décompose  la  plupart  du  temps  en  régénérant 
des  carbures  d'hydrogène  : 

Zn"-(C^H^)2  4-  2H202  c=:  2ZnOHO  +  ^2Cni«. 

Examinons  les  principaux  termes  de  ce  groupe. 

Zinc  éthijle.  On  le  prépare  par  la  réaction  du  zinc  sur 
l'éther  iodhydrique  ;  on  remplace  avantageusement  le  zinc 
par  le  couple  zinc-cuivre.  On  prépare  un  couple  zinc- 
cuivre  très  actif  de  la  façon  suivante  :  on  réduit  à  la  plus 
basse  température  possible  de  l'oxyde  cuivreux,  puis  le 
cuivre  obtenu  est  chauffé  à  l'abri  de  l'air  avec  neuf  fois 
son  poids  de  zinc  en  tournure  mince  ;  il  se  produit  une 
réaction  avec  dégagement  de  chaleur,  et  la  masse  devient 
gris  terne.  L'éther  iodhydrique  réagit  rapidement  sur  le 
couple  et  se  transforme  alors  en  zinc  éthyle  qu'on  isole 
par  distillation. 

Le  produit,  qui  s'enflamme  spontanément  à  l'air,  doit 
être  conservé  dans  des  vases  scellés  ;  on  doit  h'  manier 
seulement  dans  une  atmosphère  de  gaz  inertes,  comme  riiy- 
drogène,  l'anhydride  carbonique,  l'azote. 

Le  zinc  éthyle  est  un  liquide  incolore,  mobile,  très 
réfringent, doué  d'une  odeur  pénétrante,  de  d ensitél, 4 8''2; 
il  bout  à  118^ 

L'oxygène  l'enflamme,  mais  l'action  lente  de  ce  ga'. 
sur  le  zinc  éthyle  dissous  dans  Tétlier  engendre  l'oxyde 
de  zinc  éthyle,  C/^H'^jiO*.  composé  blanc,  amorphe,  que 
l'eau  transforme  en  alcool  et  hydrate  de  zinc  : 

C^H^ZnO^  +  1120-^  z=.  ÇMV^O'i  +  ZnOHO. 

Les  métaux  alcalins  remplacent  le  zinc  en  formant  des 
radicaux  correspondants. 
L'eau  le  décompose  en  donnant  de  l'éthane  et  de  l'hvdrate 


de  zinc  :  d'autres  substances  produisent  une  réaction  sem- 
blable en  donnant  naissance  à  des  produits  secondaires 
intéressants  :  ainsi  l'alcool  donne  le  corps,  C/^H'^ZnO-  ; 
l'ammoniaque,  un  amidurc  do  zinc,  AzîJ^Zn  ;  l'anJUnc.  la 
substance  C'-îL*ZnAz,  etc. 

Le  zinc  methyle  présente  avec  le  précédent  les  plus 
grandes  analogies. 

Stannelhi/les.  Ils  ont  été  rtudiés  surtout  par  Cahours. 
On  en  connaît  un  certain  nombre  :  le  stannéthyle 
((y^lP)"2Sn',  le  stannotriéthyle  {(V>\\^)^^n^  et  le  staniio- 
tétréthyle  (G^lls)'^Sn'. 

L'iodure  de  stannéthyle  prend  naissance  dans  Faction 
de  Létain  sur  l'iodure  d'éthyle  chauffé  pendant  20  heures 
à  170°;  c'est  un  corps  solide  jaune  paille  que  les  alcalis 
transforment  en  oxyde  de  stannéthyle  (C^}PSn)20'',  poudre 
amorphe  blanche,  soluble  dans  les  acides  en  formant  des 
sels  d'oxyde  de  stannéthyle.  Le  zinc  décompose  ces  der- 
niers en  formant  le  stannéthyle  (C^li^)2Sn2,  liquide  oléa- 
gineux, décomposablo  par  là  (;haleur  en  étain  et  stanno- 
tétréthyle  (C^Jl^jKSn^,  li(piide  ])ouillant  à  181°. 

Le  chlorure  de  stannotriéthyle  prend  naissance  dans 
l'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  le  précédent. 

Les  métaux  alcalins  forment  aussi  des  dérivés  organo- 
métalliques quand  on  ajoute  du  sodium,  du  potassium  au 
zinc  éthyle;  toutefois,  ces  corps  n'ont  pu  être  mis  en 
liberté;  leur  existence  est  caractérisée  par  leur  propi-iété 
d'absorber  l'anhydride  cai'bonique  en  donnant  des  >e!s, 
Na(C2'lL)  +  2(:02  ==  (:'qL(0'OXa. 

Acciatc  do  sodium 

Le  glucinium,  le  magné.sium,  le  cadmium,  le  mercure, 
Faluminium,  le  thallium,  le  plomb,  forment  des  com- 
posés organométalliques  ;  la  possibilité  de  donner  naissance 
aux  radicaux  métalliques  serait,  d'après  Mendeléef.  en 
relation  avec  la  loi  périodique. 

G.  Matignon. 
BiBL.  :  Fraxklaàd,  Proccd  oftheRoy.  Soc,  1859,  t. IX, 
—  Cahours,  Ami.  de  chim.  oAphys.,  3'' série,  t.  LVIII.p.5. 
ORGANON  (V.  Aristote). 

ORGANSIN  (Tissage).  Nom  donné  aux  fils  de  soie  dont 
on  fait  usage  pour  former  les  chaînes  des  tissus.  Les  or- 
gansins sont  formés  par  deux  ou  plusieurs  fils  grèges, 
d'abord  tordus  sur  eux-mêmes,  puis  retordus  ensemble'par 
un  second  apprêt.  La  grosseur  et  le  degré  de  torsion  de 
«•es  fils  varie  suivant  les  usages  aux(piels  ils  sont  destinés. 
ORGANUM  (Mus.)  (Y.  MrsiouE,  t.  XXIV,  p.  612). 
ORGAOS  (Seri'a  dos).  Ghaine  de  montagne  qui  se  dé- 
(ache,  au  N.  de  Lio  de  Janeiro,  de  la  serra  (^o  Mar  et  se 
prolonge  dans  la  direction  du  N.-E.  .V  sa  naissance, 
sur  le  vei'sant  0.,  se  trouve  la  ville  de  Petropohs,  capi- 
lale  de  l'I'^tat  de  Rio.  Les  pics,  en  forme  de  tuyaux 
d'orgues  (oiyaos),  ont  une  hauteur  variant  de  ÏMOO  à 
L500  m.  Le  plus  éhné  es(  connu  sous  le  nom  de  Doigt 
(le  Dieu  {Dedo  de  Deus). 

ORGE  (Hordeiuii  L.).  L  Dotanique.  —  Genre  de  Gra- 
minées, caractérisé  par  le  chaume  noueux  et  pourvu  de  feuilles 
engainantes  et  liguiées.  les  fleurs  disposées  en  épillets  réunis 
a  ensemble  sur  les  dents  du  rachis,  appliqués  et  constituant 
un  épi  composé.  Les  éjiillets  sessiles  ne  renferment  qu'une 
seule  Heur  développée  et  hermaphrodite,  à  3  étamines 
munies  d'anthères  linéaires  et  à  ovaire  surmonté  de  2  styles 
plumeux  étalés.  Le  fruit  est  un  caryopse,  convexe  sur  le 
(!os.  L'espèce  la  plus  importante  est  1'//.  vnhjare  L.,  que 
l'on  croit  originaire  des  pariies  occidentales  de  l'Asie  tem- 
pérée, mais  dont  la  culture  s'étend  depuis  le  cercle  po- 
laire, en  Suède,  jusqu'en  Egypte  et  en  Arabie.  D'autres 
espèces  cultivées  sont  1'//.  dïstidiuni  D.et  1'//  hexasty- 
rhon  L.  Les  espèces  spontanées  dans  nos  régions  sont  : 
//._  mûri  mon  L..  //.  secaUnum  Schreb.,  //.  maritiminn 
With.  etc.  —  En  raison  de  la  grande  quantité  d'amidon 
(pi'elle  renferme.  Vorge  commune  constitue  une  matière 
alimentaire  précieuse  ;  mais,  malgré  la  décortication,  le 
pain  d'orge  est  lourd  et  indigeste.  L'orge  décortiquée  cons- 
titue ['orge  perlé  et   Vorge   momlé ;    ce    der?)ier    est 


5,ni 


ORGE 


débarrassé  de  (a  partie  superficielle  seulement  de  son 
enveloppe,  l'orge  perlé  de  ses  deux  enveloppes  extérieures, 
et  par  suite  ne  renferme  i)lus  le  principe  acre  du  péri- 
carpe. !']n  médecine,  on  n'emploie  que  l'orge  décortiquée, 
sous  forme  de  tisane,  de  décoction  (20  7oo),  dont 
les  propriétés  sont  adoucissantes  et  légèrement  alimen- 
taires. Vvec  l'orge  germée  lui  mn1t,  on  prépare  une  tisan.* 
plus  nutritive,  La  décoc- 
tion est  encore  employée 
dans  des  gargarismes  avec 
le  miel  rosat,  le  chlorate 
de  potasse,  l'alun,  etc. 
La  farine  d'orge,  mêlée 
ou  non  de  fai'ine  de  graine 
de  lin,  sert  à  faire  des 
cataplasmes. Enfin,  l'orge 
sert  à  la  fabrication  de 
la    bière    (V.  ce  mot). 

IL  Agriculture.  —  Le 
gr;iiu  d'orge  est  utilisé 
dans  l'alimentation  de 
l'homme,  principalement 
à  Tétat  de  gruau  ou  après 
mondage  ou  perlage,  et. 
plus  souvent,  dans  l'ali- 
mentation du  bétail.  Son 
emploi  le  plus  intéres- 
sant se  trouve  en  bras- 
serie, industrie  à  laquelle 
cette  céréale  fournit  une 
matière  première  essen- 
tielle; son  grain  malté 
sert  aussi  en  distillerie. 
Les  orges  alimentaires  et 
fourragères  doivent  être 
surtout  riches  en  matières 
proiéiques,  un  grain  long 
et  vitreux  répond  le  mieux 
à  ce  desideratum  ;  l(^s 
oî'ges  industrielles,  au 
contraire,  doivent  présen- 
ter une  forte  teneur  en  amidon  :  un  grain  rond  et  renflé,  à 
cassure  très  farineuse  et  pesant,  bien  uniforme,  est,  dans  ce 
cas,  le  seul  à  rechercher;  cette  distinclion  est  importante, 
tant  au  point  de  vue  industriel  qu'au  point  de  vue  agri- 
cole. L'orge  peut  s'adapter  aux  conditions  climalériques 
les  plus  diverses,  aiissi  son  aire  géographique  est- elle  très 
étendue";  mais  elle  ne  peu!  livrer  un  bon  grain  industriel 
i\m  sous  les  climats  tempérés,  tels  que  ceux  de  ri'^urope 
centrale  et  de  LEurope  occidentale  (Hongrie,  Moravie,  bo- 
hème. Saxe,  Champagne,  Bourgogne,  etc.).  Elle  est 
beaucoup  plus  difficile,  sous  le  rapport  du  sol.  que 
le  blé  et  le  seigle  :  les  terrains  perméables  profonds,  riches 
en  calcaire  et  fertiles,  sont  à  préférei'  pour  sa  culture  ; 
les  fumures  directes  au  fumier  de  ferme  et  aux  autres  en- 
grais organiques  à  décomposition  lente  sont  à  rejeter  pour  la 
production  de  l'orge  industrielle;  elles  doiveiit  ètreappli- 
(luées  à  l'automne;  on  les  complète,  au  printeuips.  par 
renqdoi  d'engi'ais  minéraux  concentrés  (sulfate  d'ammo- 
nia([ue  à  préférer  au  ijitrale,  phosphates,  etc.).  Le  meil- 
leur' précédent  se  trouve  dans  les  cultures  sarclées,  ce- 
pendant on  peut  obtenir  de  bons  résultats  après  une  autre 
céréale  ;  l'oî'ge  fourragère  peut  venir  après  défrichement 
des  prairies  artificielles.  L'escourgeon  d'hiver  se  con- 
tente d'un  déchaumage  et  d'un  labour  moyen  donné  peu 
avant  la  semaille;  la  préparation  doit  être  plus  complète 
pour  les  orges  de  printemps  ;  elle  commence  par  un  dé- 
chaumage et  par  un  la])our  profoiid,  avant  l'hiver;  un 
labour  superficiel  et  des  hersages  sont  encore  exécutés  au 
printemps.  Les  orges  peuvent  être  classées,  au  point  de 
vue  agricole,  en  deux  groupes  : 

L  Orges  a  6  rangs  auxquelles  il  faut  rattacber  les  orges 


tioi'deum  vulgare.  a,  port;  6,  fleur;  e,  iiiilorcscence 


septembiT 


dites  à  j  r(nujs  ou  oiyes  ^v//7yV,s\  comprenant  quatre  es- 
pèces :  1*^  orge  commune  ou  orge  cairée  (escourgeons); 
4°  orge  à  6  rangs  propi'ement  dite  ou  orge  hexagonale; 
?)^  orge  céleste  ou  orge  nue  à  6  rangs  ou  petite  orge  nue  : 
i^  orge  trifurquée. 

IL  Orges  à  2  rangs  ou  orges  plates,  ce  sont  les  plu: 
rnltivées  et  les  plus  intéressantes  au  point  de  vue  indus^ 

iriei;   elles  comprennent 
,     ,  quatre  espèces  :  1^  orge 

à  i2  rangs  commune,  elle 
est  la  plus  répandue  et 
fournit  dans  ses  deux  sous- 
espèces,  orge  penchée 
(variétés  et  sous-variétés  : 
orges  Chevalier,  d'Annat, 
de  Hongrie,  Goldenme- 
lon,  de  11  aima.  Prima 
donna, etc.),  orge  droite 
(variétés  et  sous-variétés  : 
orge  de  Saint-Rémy,  d'Ita- 
jie,  Impériale,  etc.),  les 
meilleures  sortes  indus- 
trielles; 2*^  orge  céleste; 
o'^orge  nue  à  !2  rangs  ou 
grosse  orge  nue  ;  4°  orge 
à  2  rangs  noire.  Le  choix 
des  variétés  ne  peut  être 
arrêté,  dans  chaque  situa- 
tion, qu'après  expérience  ; 
le  choix  et  la  préparation 
(triage  et  criblage,  sul- 
fatage) des  semences  de- 
mandent beaucoup  de 
soins  ;  le  poids  doit  être 
élevé  (60  kilogr.  au  mi- 
nimum pour  l'escourgeon. 
65  kilogr.  pour  les  orges 
CJievalier),  et  le  volume 
aussi  fort  que  possible. 
Les  orges  d'hiver  se  sè- 
nu'Ut.  sous  le  chmat  de 
Paris,  dans  le  courant  de 
et  dans  les  régions  du  Nord,  vers  la  fm  de  ce 
mois  ;  les  semailles  du  printemps  doivent  être  hâtives 
(lin  de  février  et  première  quinzaine  de  mars)  surtout 
dans  les  sols  légers,  et,  particulièrement,  avec  les  orges 
Chevalier  qui  mûrissent  assez  tai'd.  Les  semailles  en  lignes 
(écartement  de  20  centim.  environ,  profondeur  de  6  à 
8  centim.)  sont  les  plus  recommandables,  la  dose  ordi- 
naire est  de  200  à  250  htres  par  hectare;  le  sol  doit 
être  ensuite  entretenu  en  parfait  état  de  fraîcheur  (rou- 
lages et  binages)  et  de  propreté  (sarclages,  échardon- 
nage).  Un  choix  convenable  des  variétés  et  une  bonne 
culture  peuvent  seuls  permettre  de  prévenir  les  acci- 
dents de  la  verse  et  de  l'échaudage  auxquels  l'orge  est 
sujette;  la  rouille  et  le  charbon  (traitementde  la  semence 
par  l'acide  sulfurique  dilué  à  i  -185)  et  quelques  insectes 
(taupins,  vers  blancs,  mouche  des  épis, ///i^s'ra  fril,  etc.) 
attaquent  souvent  aussi  cette  céréale,  nous  sommes  désar- 
més contre  les  uns  et  les  autres  dans  la  pratique.  La  ré- 
colte se  fait  avant  le  blanchissement  des  épis,  en  année 
normale,  sous  le  climat  de  Paris,  en  juillet  pour  l'escour- 
geon et  en  août  pour  les  orges  de  printemps;  l'engran- 
gement  a  lieu  après  complète  dessiccation  du  grain.  Le 
battage  demande  quelques  précautions  afin  d'éviter  d'ava- 
rier le  grain  ;  celui-ci  est  pelleté  fréquemment  dans  les 
greniers,  et  disposé  en  couche  peu  épaisse.  Les  rende- 
ments des  escourgeons  atteignent  parfois  60  et  môme 
TOhectol.  par  hectare,  dans  les  Flandres  et  l'Artois;  dans 
les  conditions  ordinaires,  ils  s'élèvent  facilement  à  35  ou 
45  hectol.  Les  orges  de  printemps,  toujours  moins  produc- 
tives, ne  donnent  guère,  en  moyenne,  que  25  à  30  hectoL  par 
hectare,  mais  ce»  cbiffres  peuvent  être  presque  doublés  en 


ORfrE  —  OHGNAC 


—  :>rri  — 


])on  sol  et  avec  une  bonne  culture.  La  moyenne  générale 
des  rendements,  pour  la  France,  a  varié,  depuis  une  dizaine 
d'années,  de  13^^93  à  :^0''^.T0.  avec  une  moyenne  totale 
voisine  de  iS^'VSO,  Les  poids  moyens  des  orges  françaises 
varient  de  ,^8  à  6^  kilogr.  pour  l'escourgeon,  de  65  à 
1^1  kilogr.  pour  les  orges  à  ^2  rangs,  et  de  70  à  75  ki- 
logr. pour  les  oi'ges  nues.  Nos  principaux  départements 
])roducteurs  d'orges  industrielles  peuvent  être  classés  en 
cinq  groii])es  :  1'^  groupe  de  Champagne;  "1'^  groupe  de 
Bourgogne,  t'oui-nissanl  l'unet  l'autred'excellentes  sortes; 
3'^  groupe  du  Plateau  central  (orges  du  Puy  et  d'Au- 
vergne): 4'^  gi'oupe  du  N(U'd  (escoui'geons  du  Xoi-d  et  du 
Pas-de-Calais);  S''  groupe  de  la  Touraine  et  de  l'Anjou, 
dont  les  produits  sont  très  rechej'cliés  par  la  malterie  an- 
glaise. Les  ex])ortations  sont  peu  importantes  (:200  ù 
.'iOO.OOO  cpiinfaux),  tandis  (pie  nous  importons,  chaque  an- 
née, de  I  à  }]  inillions  de  quintaux.  De  gi'ands  progrès  se- 
raienl  à  réaliser  chez  nous  dans  cette  culture  et  ils  peuvenl 
l'être  facilement.  La  préparation  du  grain  destiné  à  la 
malterie  est  delà  plus  grande  importance,  car  les  livrai- 
sons doivent  être  absolument  homogènes  et  de  parfaite 
(pialité;  on  évitera  soigneusement,  lors  de  l'engrangement 
et  des  battages,  de  mélanger  les  lots  de  variétés  diifé- 
l'i^ntes  ou  ayant  été  récoltés  ù  des  épocfues  différentes;  de 
])lus.  le  grain  doit  être  bien  nettoyé  et  classé  par  gros- 
seur; enfin  on  achève  de  le  rendre  marchand  par  l'opé- 
ration dite  ébarbiuje  exécutée  avec  des  appareils  s])éciaux 
(V.  aussi  Ckréat-es,  t.  X,  p.  30). 

Les  principaux  pays  producteurs  d'orge  sont  :  la  Russie 
(6.500.000  hectares  produisant  de  60  à  plus  de  100  mil- 
lions d'hectol..  Pologne  non  comprise),  la  Hongrie  et 
l'Allemagne  dont  la  production  moyenne  dépasse  20  mil- 
lions d'hectol..  la  France  (15  à  2iO  millions  d'hectol.), 
l'Autriche  (10  à  12  millions  d'hectol.),  la  Grande- 
Bretagne  (10  à  15  millions  d'hectol.),  les  Ftats-Fnis 
(20  à  25  millions  d'hectol.),  le  Danemark  (6  à  8  mil- 
lions d'hectol,).  la  Suède  (5  njillions  d'hectol.),  etc. 
L'importation  en  (irande-Rretagne  atteint  une  moyenne 
annuelle  de  J25  millions  de  francs.  J.  ïnorm:. 

IIL  CoNFisKHiK.  —  Sucre  (Corifc  (V.  Roxc.on,  t.  VTI, 
p.  â70). 

-BiHL.  :  A<iRicuL'j'URi' .  —  Gaih>la,  /es  Crrônles  :  l^aris, 
1S91.  —  IIi-rizÉ,  les  Phintes  céréales;  Paris.  1897.  —  II. 
IIeini:.  DieBrmuferste  :  H(»rîin.  IS'89.  —  V.  SAriiRii.  Culhive 
(i(>  l'orne:  I.c  Puy,  1880. 

ORGE.  Rivière  du  dép.  de  Seine-et-Oise  (V.  ce  mot). 
0R6EANS.Com.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Montbé- 
liard,  cant.  de  Maîche  ;  73  hab. 

ORGEAT.  Nom  donné  à  un  sirop  préparé  en  prenant  : 

Amandes  douces 500  gr. 

—       amères 150   -— 

Sucre 3.000  — 

Eau 1 .625   — 

Hydrolat  de  Heurs  d'oranger. . . .  250  — 
Les  amandes  mondées  de  leur  pellicule  sont  réduites  en 
une  pâte  fine  dans  un  mortier  ou  sur  une  pierre  à  choco- 
lat en  y  ajoutant  125  gr.  de  l'eau  et  750  du  sucre  pres- 
crits, tîette  pâte  délayée  avec  le  reste  de  l'eau  est  passée 
ensuite  avec  forte  expression  ;  à  l'émulsion  ainsi  obtenue, 
on  ajoute  le  re.ste  du  sucre  ({ue  l'on  fait  fondre  au  bain- 
marie  à  une  température  ne  dépassant  pas  40^.  L'eau  de 
ileurs  d'oranger  est  mélangée  au  dernier  moment. 

Le  sirop  d'orgeat  est  opalin  et  d'un  blanc  jaunâtre  ;  la 
matière  émulsionnée  se  séparant  souvent  du  liquide  par 
le  repos,  on  est  forcé  de  l'agiter  lorsqu'on  veut  s'en  servir. 
Il  est  quelquefois  falsifié  par  l'addition  de  sirop  de  glu- 
cose. 

ORGEAU  (Mar.)  (V.  Arceal). 
ORGEDEUIL.  Com.  du  dép.  de  la  Charente,  arr.  d'An- 
goulême,  cant.  de  Montbron  ;  i33  hab. 

0R6EIX.  {^.om.  du  dép.  de  FAriêge.  arr.  de  Foix,  cant. 
d'Ax;  152  hab. 

ORGELET.  XUWijClef  ou  orgeolet  est  v.n  petit  bou- 
ton dur,  rouge,  gros'comme  une  tête  (Tépingle,  siU'venant 


sur  le  bord  libre  des  paupières.  Le  bouton  blanchit  en  peu 
de  jours,  s'acumine,  s'ouvre,  et  il  en  sort  un  petit  bour- 
billon. Il  produit  de  vives  douleurs  et  quelquefois  un  gonfle- 
ment notable  des  paupières.  A  la  suite  de  fréquentes  ré- 
cidives, les  cils  tombent.  On  localise  la  maladie,  soit  dans 
les  glandes  de  Meibomius,  soit  dans  les  follicules  pileux, 
soit  dans  les  glandes  sébacées.  Rien  de  certain  à  cet  égard. 
Traitemenl.  Api)lication  de  cataplasmes  de  fécule. 
Eviter  la  vive  lumière  et  la  p(uissière.  en  portant  des 
verres  fumés. 

ORGELET.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  du  Jura.  arr.  de 
Lons-le-Saunier  ;  1.490  hab.  Orgelet  élail  avant  1789  le 
siège  d'un  baiUiage  et  d'une  subdélégation. 

ORGEMONT.  Ancienne  famille  française ipii  thmna  aux 
xiv*^  et  XY^  siècles  des  persomiages  importants,  entre 
autres,  Pierre  U,  chancelier  de  France  sous  Charles  V, 
(pu  mit  en  ordre  et  continua  les  chronicpies  de  Saint- 
Denis,  et  Meolds  d'Orgemont,  dit  le  Roiteux  (1360- 
1116),  qui  embrassa  l'état  ecclésiastique,  prit  parti  ])our 
le  duc  de  Bourgogne  et  fut  Fàme  du  complot  qui.  le 
19  avr.  1416,  faillit  aboutir  au  massacre  général  des  Ar- 
magnacs. Tanguy  Du  Châtel  ayant  découvert  le  complol. 
d'Orgemont  fut  condamné  par  le  Parlement,  dépouillé  de 
ses  bénéfices  et  mis  au  pilori;  il  mourut  dans  un  cachot, 
à  iVleung-sur-Loire.  Il  avait  un  frèi'e  seigneur  de  Chan- 
tilly, dont  la  fille.  Marguerite  fit  en  1454  passer  par  son 
mariage  ce  domaine  dans  la  maison  de  Montmorencv. 
ORGEOLET  (V.  Orgelet). 

ORGÈRES.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  d'Fure-et-Loir, 
arr.  de  Chàteaudun,  dans  la  plaine  de  Beaiice;  702  hab. 
Stat.  du  ch.  de  fer  de  l'Ftat.  Carrières  de  pierres.  Fa- 
brique de  bonneterie. 

ORGÈRES.  Com.  du  dép.  d'IUe-et-Vilaine.  arr.  et  cant. 
(S.-O.)^de  Rennes;  1.175  hab. 

ORGÈRES.  Com.  du  dép.  de  la  Mayenne,  arr.  de 
Mayenne,  cant.  de  (^ouptrain  ;  362  hab. 

ORGÈRES.  Com.  du  dép.  de  l'Orne,  arr.  d'Argentan, 
cant.  de  Gacé  ;  301  hab. 

ORGERUS.  (^om.  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr.  de 
Rambouillet,  cant.  de  Montfort-l'Amaury  ;  780  hab. 

ORGES.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  arr.  de 
Chaumont,  cant.  de  Châteauvillain;  747  hab. 

ORGEUX.  Con).  du  dép.  de  la  Côle-d'(h'.  arr.  et  cant. 
(F.)  de  Dijon;  219  hab. 

ORGEVAL.  Com.  (\u  déj).  d(^  l'Aisne,  arr.  et  cant.  de 
Laon;  95  hab. 

ORGEVAL.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr.  de  Ver- 
sailles, cant.  de  Poissy  ;  1.373  hab.,  dans  une  situation 
des  plus  agréables,  sur  les  pentes  de  collines  qui  bordent 
le  ru  d'Orgeval  ;  à  3  kil.  de  la  stat.  de  Villennes  (chem.  de 
fer  de  Paris  à  Mantes).  Orgeval  est  en  outre  desservi  par  des 
omnibus  partant  de  Poissy  et  des  voitures  automobiles, 
allant  de  Saint-Germain  à  Ectjuevilly.  On  y  ]*emarque  une 
fort  curieuse  église  romane  (mon.  hist.)  de  la  fin  du 
xf^  siècle  et  du  commencement  du  xii^,  renfermant  un 
banc  d'œuvre  remarquable.  La  commune  se  compose  d'une 
série  de  petites  agglomérations:  Orgeval  proprement  dit, 
Montamet,  le  ('olombet,  le  Haut-Orgeval,  les  Reurreries. 
la  Chapelle,  la  Maison-Blanche,  etc.' 

ORGHIEÏEV.  Ville  de  Bessarabie  (Russie  sud-occiden- 
tale). Ch.-l.  de  district  à  41  kil.  de  Kichinev,  sur  la  r.g. 
du  Réout,  affl.  du  Dniestr;  11.585  hab.  La  ville  a  été 
fondée  sur  l'emplacement  de  l'ancienne  forteresse  des 
Daces,  appelée  Pétrodava,  dont  les  restes  subsistent  en- 
core. Jusqu'en  1812,  Orghieiev  était  le  chef-lieu  de  la 
Bessarabie  septentrionale  et  appartenait  aux  Turcs. 

ORGIBET.  Com.  du  dép.  de  FAriège,   arr.  de  Saint- 
Girons,  cant.  de  Castillon  ;  722  hab. 
ORGIES  RA<:HiauEs  (V.  DfONvsos,  t.  XÏV,  p.  613). 
ORGLANDES.  Com.  du  dép.  de  la  Manche,   arr.  de 
Valognes,  cant.  de  Saint-Sauveur-le-Vicomte  ;  545  hab. 
ORGNAC.  (^iOm.  du  dép.    de  l'Ardèche.  arr.   «h»  Lar- 
gentière,  cant.  de  Vallon  ;  535  hab. 


558 


OliGNAC  —  OHGUK 


0R6NAC.  Corn,  tlu  dép.  de  la  (.oitozo.  arr.  do  Brive, 
cant.  de  Vigeois  ;  i.095  hab. 

ORGON.  Ch,-1,  do  cant.  du  dép,  dos  Bouclios-dii- 
Rhône,  an\  d'Arles,  sur  la  rive  gauche  de  la  Di^ance  ; 
2.616  hab.  Stat.  diicheni.  de  fer  de  Cavaiilon  à  Miramas 
et  point  terminus  de  la  ligne jlo  Tarascon  à  Orgon.  Ville  très 
ancienne,  d'origine  gallo-romaine,  elle  fut  prise  pai'  Kiiric, 
roi  des  Visigoths.  Le  duc  de  Lesdiguières  y  battit  le  duc 
d'Epernon  le  27  avr.  1594.  Sur  la  colline,  au  pied  de 
laquelle  la  ville  est  bâtie,  se  dressent  les  ruines  d'un  châ- 
teau qui  fut  reconstruit  sous  Louis  XIll  et  qu'on  appelle 
le  fort  du  duc  de  Guise.  Sur  la  colline  do  ^^olro-Dame  (\o 
Beauregard,  restes  de  la  forteresse  primitive.  Orgon  possède 
encore  des  vestiges  ôe  ses  anciens  remparts,  une  église 
du  xiv^  siècle  et  quelques  maisons  curieusement  sculptées, 
ainsi  que  des  ruines  d'un  aqueduc  romain.  J.  M. 

ORGUE.  I.  Musique.  —  L'orgue  est  assurément  le 
plus  complet  de  tous  les  instruments  de  musique,  ou,  si 
l'on] préfère  cette  définition,  il  est  comme  une  vaste  réu- 
nion d'instruments  divers  ramenés  à  l'unité  par  la  parenté 
de  leurs  espèces,  et  placés  sous  la  direction  d'un  seul 
exécutant.  Nous  nous  proposons  de  l'étudier:  1°  dans  son 
histoire  ;  2°  dans  sa  structure  ;  ?>^  au  point  de  vue  de  la 
place  qu'il  occupe  dans  l'art  musical. 

1^  L'ancêtre  le  plus  éloigné  de  l'orgue  est  incontesta- 
blement la  syringe  ou  flûte  composée  de  tuyaux  de  dif- 
férentes grandeurs  formés  de  roseaux  creux  et  assemblés 
à  Laide  de  la  cire.  La  mythologie  fait  honneur  de  cette 
invention  au  dieu  Pan  : 

Pan  primiis  (^alanios  ccra  eoiijungere  ])lur(îs 
Instituit. 

(Virgile,  Eclor/  ,  II,  v.  32., 

L'introduction  directe  de  l'air  fut  ensuite  remplacée  par 
l'introduction  indirecte  au  moyen  d'ilne  outre  de  peau, 
d'où  l'air,  après  y  avoir  été  préalablement  insufflé,  s'échap- 
pait dans  les  tuyaux.  Pour  obvier  à  l'inconvénient  résul- 
tant de  la  résonance  simultanée  de  tous  les  tuyaux,  ceux- 
ci  furent  remplacés  à  leur  tour  par  un  tuyau  unique  percé 
de  trous  que  l'on  bouchait  et  débouchait  alternativement, 
ce  qui  permettait  d'en  varier  artificiellement  la  longueur, 
et  par  suite  l'intonation  des  sons.  Cet  instrument  fut 
le  principe  de  la  cornemuse  (V.  ce  mot).  La  voie  était 
ouverte  aux  perfectionnements  qui  consistèrent,  entre 
autres,  dans  l'invention  de  soufflets  distincts  du  réservoir 
d'air  et  d'un  mécanisme  permettant  d'introduire  le  souffle 
dans  chacun  des  tuyaux  selon  la  volonté  de  l'exécutant. 
Trois  siècles  avant  notre  ère,  l'Egyptien  Ctésibius  imagina 
de  faire  mouvoir  les  soufflets  au  moyen  de  l'eau,  et  l'ap- 
pellation d'orgue  hydraulique  fut  donnée  à  son  invention, 
bien  que  cet  adjectif  convint  seulement  au  mécanisme  et 
n(m  à  l'instrument  lui-même. 

Les  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne  ne  sont  signalés 
par  aucun  progrès  déterminant  dans  le  perfectionnement 
de  l'orgue.  Un  passage  du  poète  Claudien,  une  épigramme 
célèbre  de  l'empereur  Julien,  une  description  due  à  Cas- 
siodore,  une  indication  de  Théodoret,  nous  montrent  ce- 
pendant que  les  tentatives  d'améliorations  ne  manquaient 
pas.  Quelques  auteurs  font  mention  de  tuyaux  métalliques. 
D'autre  part,  un  monument  égyptien  du  iv^  siècle  nous  fait 
connaître  que  les  soufflets  étaient  dès  lors  mis  en  mouve- 
ment par  le  poids  du  corps  humain.  Au  reste  et  généra- 
lement parlant,  il  faut  considérer  le  mot  «  organum  »  si 
fréquemment  employé  par  les  anciens  auteurs,  et  qui  se 
trouve  entre  autres  dans  la  Vulgate  {Genèse,  IV,  21), 
comme  le  synonyme  d'instrument  de  musique,  sans  appli- 
cation particulière  à  tel  ou  tel  instrument  spécial. 

On  attribue  l'introduction  de  l'orgue  dans  l'égHse  au 
pape  Vitalien  P^'  (665),  cependant  quelques  auteurs  esti- 
ment qu'il  fut  mis  en  usage  en  350  dansl'éghse  d'Espagne. 
Au  début  du  siif  siècle,  il  fit  son  apparition  en  Angle- 
terre, et  peu  après  (en  757)  la  France  en  était  dotée  par 
l'envoi  que  fit  à  Pépin  le  Bref  l'empereur  de  Byzance,  Cons- 
tantin Copronymo,  d'un  orgue  à  tuyaux  de  plomb  qui  fut 


placé  dans  réglisede  Saint-(^oriieilleàCompiègne.  fji  822, 
Charlemagne  reçut  du  calife  Haroun-al-Raschid  un  orgue 
construit  par  un  facteur  arabe,  A  partir  de  cette  époque, 
on  voit  en  Allemagne  et  même  en  Italie  surgir  des  cons- 
tructeurs d'orgues.  Au  x^  siècle,  F  Angleterre  est  dotée 
d'instruments  considérables.  Celui  que  fit  construire  l'évêquo 
Elphège  pour  l'église  de  Winchester,  en  951,  comprenait, 
si  nous  en  croyons  la  description  du  moine  Wolstan, 
400  tuyaux  et  26  soufflets  mis  en  action  par  70  hommes,  ce 
qui  ne  l'empêchait  pas  d'être  extrêmement  imparfait  puis- 
(|u'il  ne  pouvait  fournir  qu'un  nombre  de  sons  très  limité. 

L'orgue  de  la  cathédrale  de  Magdebourg  (fin  du 
\f  siècle),  pourvu  d'un  clavier  de  16  notes,  marque  un 
progrès  notable.  Toutefois,  et  bien  que  diverses  améliorations 
aient  continué  d'y  être  apportées,  l'orgue,  dont  tous  les 
jeux  parlaient  à  la  fois  sans  {\\\q  l'on  eût  encore  trouvé  le 
moyen  de  les  faire  résonner  isolément,  ne  pouvait  pré- 
tendre qu'à  accompagner  modestement  le  plain-chant. 
L'orgue  de  la  cathédrale  d'Halborstadt  nous  offre  le  pre- 
mier exemple  d'un  usage  indépendant  des  jeux,  grâce  à 
leur  répartition  en  trois  claviers  distincts.  Mais  c'est  au 
xv^  siècle  qu'appartiennent  les  inventions  les  plus  mar- 
quantes dans  la  facture  de  cet  instrument,  notamment 
celle  des  pédales  qu'on  attribue  à  un  organiste  allemand 
du  nom  de  Bernard.  Le  nombre  des  jeux  s'accroît  peu  à 
peu.  L'itahe  et  l'Allemagne  voient  apparaître  des  facteiu'S 
de  plus  en  plus  habiles.  Dès  les  premières  années  du 
xvi^  siècle,  un  orgue  magnifique,  comportant  trois  claviers 
dont  un  de  pédales,  fut  construit  pour  une  église  de  Lu- 
beck,  et  près  de  deux  siècles  plus  tard,  Sébastien  Bach  et 
Hàndel  devaient  se  rendre  dans  cette  ville  pour  essayer 
ce  remarquable  instrument.  D'habiles  facteurs  n'ont  cessé 
depuis  lors  de  travailler  à  l'amélioration  de  l'orgue  :  on 
Italie,  Azzolino,  Tamai,  Callido  ;  en  Allemagne,  Silbcrmann, 
Wagner,  Schrœter,  Gabier; en  Hollande,  Christian Muller; 
en  Suisse,  Aloys  Mooser  ;  en  France,  Dallery,  Clicquot, 
Ducroquet;  en  Angleterre,  Abbey,  Barker,  William  Hill, 
ont  éminemment  contribué  à  amener  le  «  roi  des  instru- 
ments »  au  degré  de  perfection  oii  nous  le  voyons  aujour- 
d'hui. En  France,  le  nom  do  Cavaillé-Coll  semble  résumer 
la  plupart  des  améliorations  dont  l'orgue  a  été  pourvu. 
Nous  ne  saurions  davantage  oublier  celle  dont  il  est  re- 
devable à  Jos.  Merklin,  notamment  dans  l'application  \\^ 
l'électricité  aux  grandes  orgues. 

2°  L'orgue,  considéré  au  ])oint  de  vue  de  sa  structure,  se 
compose  de  deux  parties  principales  (fig.  4  )  :  les  tuyaux  (A) 
qui  produisent  le  son,  et  le  mécanisme  dont  l'objet  est 
de  faire  parler  les  tuyaux  ;  cette  partie  comprenant  la 
soufflerie  (B),  les  sommiers  (C),  les  registres  (D),  les  cla- 
viers (E).  L'enveloppe  générale  de  l'orgue  prend  le  nom 
de  buffet,  et  sa  façade,  généralement  ornée  de  sculptures 
encadrant  d'inégales  rangées  de  tuyaux,  se  prête,  comme 
on  sait,  à  d'heureuses  combinaisons  architecturales. 

Les  tuyaux  se  divisent  en  deux  espèces  :  les  tuyaux 
à  l)ouche  dans  lesquels  le  son  est  produit  par  la  vibration 
de  la  colonne  d'air  ;  les  tuyaux  à  anche  dans  lesquels 
le  son  est  produit  par  les  vibrations  d'une  anche  battante 
ou  libre,  suivant  le  cas  (V.  Anche).  Les  tuyaux  sont  cons- 
truits, tantôt  en  métal  (étain  pur  ou  allié  au  plomb  ou  au 
cuivre),  tantôt  en  bois;  ils  affectent  en  outre  dos  formes 
diverses,  cylindrique,  rectangulaire,  conique,  etc.  Les  })lus 
longs  ont  32  pieds  de  hauteur  et  correspondent  à  1'?/^  2  do 
32,3  vibrations,  les  plus  courtes  ne  dépassent  pas  une  dizaine 
de  milKmètres.  Chaque  série  de  tuyaux  forme  \mjcu  distinct 
des  autres  par  sondiapason,  son i}itensité onsontimhre. 
Il  convient  de  dire  quelques  mots  de  ces  différences. 

Tous  les  jeux  dits  de  8  pieds  en  langage  d'organiste, 
c.-à-d.  dont  le  tuyau  le  plus  grave  correspondant  au  der- 
nier ut  du  clavier  a  huit  pieds  de  longueur,  donnent  la 
note  écrite,  et  le  son  qu'ils  font  entendre  est  précisément 
celui  qui  est  indiqué  par  la  touche  du  clavier  qui  les  fait 
parler.  Mais  à  côté  de  ces  séries  régulières,  d'autres,  en  tous 
points  semblables  pour  le  timbre  ou  riiitonsité.  n'en  diffèrent 


ORGUE 


que  parce  qu'elles  soiuieiit  une  ou  deux  octaves  plus  bas 
(jeux  de  16  ou  de  S2  pieds),  ou  bien  encore  une  ou  deux 
octaves  plus  lijuit  {jeux  de 4-  ou  de 2 pieds).  Ces  divers 
jeux  peuvent  se  distinguer  les  uns  des  autres  par  ces 
seules  appellations  :  par  exemple  flàte  de  16  pieds,  flûte 
deS pieds,o\ii[)OYteY  des  noms  différents.  C'est  ainsi  que 
la  montre,  le  prestant.  la  douhlettene  sont  qu'un  même 
jeu,  de  8,  4  ou  21  pieds.  De  môme  pour  la  bombarde 
(16  ])k([s),  h  trompette  (8  pieds)  et  le  clairon  (Â^j^icàs). 

D'autres  jeux  de  môme  hauteur  et  de  môme  timbre 
diffèrent  entre  eux  par  X intensité,  procédé  que  rend  né- 
cessaire le 
mécanisme  de 
l'orgue  (qui 
n'admet  pas 
de  modifica- 
tion dans  la 
force  du,  son 
de  chaque 
tuyau)  pour 
arriver  à  pro- 
duire diver- 
ses nuances 
de /or/e  ou  de 
piano. 

Mais  i-'est 
surtout  pai' Ir 
timbre  que 
les  diff^érents 
jeux  se  dis- 
tinguent les 
uns  des  au- 
tres, surtout 
dans  les  or- 
gues moder- 
nes, où  cette 
variété  est 
poussée  de 
plus  en  plus 
loin.  Divers 
procédés  de 
facture  per- 
mettent d'ar- 
river à  ce  ré- 
sultat. Pour 
les  tuyaux  à 
anche,  outre 
la  différence 
essentielle  de 
l'anche  bat- 
tante et  de  ~ 
l'anche  libre, 
c'est  en  mo- 
difiant la  forme  des  tuyaux,  qui  peuvent  être  coniques, 
plus  ou  moins  évasés,  cylindriques,  prismatiques  ou  en 
cône  renversé,  que  l'on  parvient  à  imiter  assez  exactement 
le  son  de  divers  instruments  (trompelle,  clairon,  trom- 
bone, hautbois,  basson,  clarinette,  musette,  cromorne, 
cor  anglais,  voix  Jiumaine,  etc.),  bien  que  souvent  il 
y  ait  peu  de  rapport  entre  le  jeu  et  l'instrument  dont  il 
porte  le  nom.  Pour  les  jeux  à  bouche,  la  forme  du  tuyau 
importe  assez  peu.  On  en  fait  varier  pourtant  le  timbre 
d'une  façon  prodigieuse  en  modifiant  le  rapport  entre  la 
longueur  du  tuyau  (({ui  reste  toujours  la  même  pour  une 
note  donnée)  et  le  diamètre  de  ce  même  tuyau.  Un  tuyau 
large  par  rapport  à  sa  hauteur  donne  un  son  plein,  nourri 
et  majestueux.  Si  son  diamètre  augmente  encore,  le  timbre 
devient  mou  et  sourd.  Inversement,  les  tuyaux  étroits, 
favorisant  la  formation  des  sons  harmoniques,  donnent  un 
timbre  pénétrant  et  mordant,  dont  le  caractère  s'accentue 
encore  si  le  son  est  émis  avec  une  certaine  intensité.  Tels 
sont  lesjeux  de  gambe,  salicioual,  violon,  violoncelle,  etc. 
Au  contraire,  le  principal,  la  montre,  le  prestant,  la 


doublet  le,  les  jlùtes  appartiennent  à  la  ralégoriedes  jeux 
à  largo  diamètre. 

Tons  ces  jeux  sont  composés  de  tuyaux  ouverts  à  leur 
extrémité.  En  bouchant  cet  orifice,  on  obtient  une  autre 
classe  [boui'don,  guinfaton)  d'un  timbre  spécial,  mat  et 
sans  éclat,  mais  se  fondant  très  bien  dans  l'ensemble  et  d'un 
usage  constant. 

La  réunion  de  tous  ces  jeux  ouverts  ou  bouchés  de  o^, 
16,  8,  4  ou  2  pieds,  ne  différant  les  uns  des  autres  que 
par  des  intervalles  d'octaves,  constitue  ce  que  l'on  appelle 
les  jeux  de  fonds.  A  coté,  d'autres,  dits  />[^^  de  muta- 
tion, prodw- 
sent,  au  lieu 
du  son  cor- 
respondant à 
la  note  frap- 
pée, un  de  ses 
harmoniques 
(nasard  ou 
(piinte,  tier- 
ce, larigot), 
([  u  e  1  q  u  e  - 
f  0  i  s  m  ê  m  e 
plusieurs  si- 
multanément 
(cornet, 
fourniture  , 
cijm  bal^e , 
plein- jeu) . 
M  e  n  t  i  0  n  - 
nous  aussi 
certains  jeux 
formés  par 
deux  tuyaux 
discordés,  Q,.' 
à-d.  offrant 
une  très  lé- 
gère diffé- 
rence d'ac- 
cord, tels  que 
Vundama-- 
ris,  la  voix 
céleste,  etc. 
Il  est  bien 
entendu  que 
cette  liste 
t  r  -^  s  s  0  m  - 
m  aire  ne 
peut  donner 
qu'une  iàée 
approximati- 
ve de  la  va- 
riété des  jeux 
des  grandes  orgues.  Cette  idée  sera  moins  incomplète  si 
nous  ajoutons,  par  exemple,  que  l'orgue  de  Saint-Kustache 
contient  72  jeux  et  4.3o6  tuyaux,  et  celui  de  Saint-Sulpice 
118  jeux  et  7.000  tuyaux. "" 

La  soufflerie  a  pour  but  de  porter  l'air  dans  les  tuyaux 
en  le  comprimant  préalablement  dans  les  layes  et  les  som- 
miers, sortes  de  caisses  dans  la  partie  supérieure  des- 
quelles vi(^nnent  se  placer  les  extrémités  des  tuyaux. 
Ceux-ci  sont,  à  la  volonté  de  l'exécutant,  ouverts  ou  fermés 
au  moyen  de  registres  qui  laissent  libre  ou  interceptent 
le  passage  du  vent,  selon  que  le  tirant  qui  les  commande 
est  lire  ou  non. 

Les  claviers  sont  en  nombre  variable  (de  un  à  cinq).  Il 
existe  en  outre  un  clavier  de  pédales,  ou  simplement  pé- 
dalier (F),  dont  le  rôle  consiste  à  faire  entendre  les  basses 
de  l'harmonie.  La  fig.  2  représente  les  claviers  du  grand 
orgue  de  Saint-l^ustachc  tels  (fu'ils  ont  été  établis  dans  la 
restauration  de  cet  instrument  par  M.  Merklin. 

Des  registres  de  combinaison,  mus  généralement  au 
moyen  de  pédales  d'accouplement  (ou  copula),  permet- 


orgue  (coupe  schématique). 


555  — 


ORGUE 


tent,  soit  d'acconpler  les  jeux  d'an  clavier  à  ceux  d'un 
autre,  soit  un  ou  plusieurs  claviers  avec  le  pédalier,  soit 
enfin  de  faire  garder  le  silence  aux  jeux  à  anches  lorsque 
l'exécutant  veut  les  séparer  momentanément  des  autres. 

Nous  ne  parlons  cpje  pour  mémoire  du  mécanisme  de 
transmission  qui  a  deux  fonctions  distinctes  à  remplir  : 
r  de  transmettre  l'action  de  la  touche  au  tuyau  ;  T  de 
transmettre  l'action  du  tirant  de  registre  au  jeu  corres])on- 
dant.  L'application  de  l'électricité  à  ce  mécanisme  a  eu  pour 
effet  d'en  supprimer  la  plupart  des  pièces,  la  communication 
entre  la  tou- 
che et  le 
t u y  au  se 
trouvant  éta- 
blie instan- 
tanément, de 
même  celle 
qui  a  lieu  en- 
tre le  tirant 
et  le  jeu. 

Nous  avons 
cru  devoir, 
pour  rester 
cl  air  sans  de- 
venir pro- 
lixe, nous 
borner,  Jen  ce 
qui  regarde 
la  structure 
d  e  l'orgue , 
aux  lignes 
principa- 
les et  aux 
vues  d'en- 
semble. Mais 
on  croira  ai- 
sément que 
l'extrême 
complication 
de  ce  magni- 
fnpie  instru- 
ment exige, 
pour  être 
connue  dans 
tous  ses  dé- 
tails, un  exa- 
men long  et 
détaillé  qui 
eût  dépassé 
les  limites 
(i  u  e  non  s 
nous  som- 
mes tracées. 

:-r  La  pla- 
ce qu'occupe 
l'orgue  dans 

l'art  musical  est  considérable  et  caractéristique.  Il  est  l'ins- 
trument religieux  par  excellence.  Par  la  multiplicité  et  la 
variété  de  ses  voix,  réduites  cependant  à  l'unité  sous  une 
main  directrice,  il  symbolise  la  diversité  des  âmes  humaines 
réunies  en  une  même  croyance.  Depuis  les  frôles  voix  d'en- 
fants jusqu'aux  voix  graves  des  vieillards,  tous  les  âges  sem- 
blent chanter  en  lui.  De  même  que  l'Eglise  qui  anathématise 
et  qui  console,  l'orgue  sait  faire  entendre  les  plus  doux 
comme  les  plus  formidables  accents.  Aussi  remplit-il  dans 
les  cérémonies  du  culte  un  rôle  important,  (jui  maintes  fois  a 
été  défini  et  limité  par  les  canons.  En  1549,  le  synode  pro- 
vincial de  Trêves  interdit  aux  orgues  de  jouer  pendant 
l'élévation.  En  looS,  un  concile  parisien  condamne  la  cou- 
tume de  leur  faire  exécuter  des  airs  contraires  à  la  ma- 
jesté de  l'ofiîce.  En  4564,  le  concile  de  Reims  leur  défend 
de  se  faire  entendre  pendant  le  Gloria  in  excelsis,  le 
Credo  et  le  Sanrtiis,  Au  reste,  rien  n'est  plus  variable 


—  Cla\ier.-^__du 


raïuJ 


que  les  règles  touchant  l'emploi  des  orgues  à  l'église.  Gé- 
néralement on  en  joue  à  la  rentrée  des  processions  dans 
le  chœur,  pendant  le  Kyrie,  le  Gloria  in  excelsis,  la 
prose,  en  alternant  avec  les  chantres  pendant  l'offertoire 
que  ces  derniers  ne  font  qu'entonner,  Los  orgues  jouent 
aussi  le  Sanctus  alternativement  avec  le  chœur,  VAgnns 
Dei,  et  pendant  la  sortie  de  l'église.  A  vêpres,  on  les  en^ 
tend  dans  les  antiennes,  l'hymne,  le  Magnificat,  le  Bene- 
dicamus  domine  ;  à  compiles,  dans  l'hymne,  le  Nnnc  di- 
mittis,  et  au  salut  dans  les  hymnes,  répons  et  antiennes, 

toujours  en 
alternan- 
ce avec  le 
chœur.  Ja- 
mais on  ne 
les  entend 
seules  pen- 
dant le  Cr^- 
do.  Malheu- 
re u  s  ement , 
lorsque  le 
cnré  ou  l'or- 
ganiste ,  0  u 
tous  deux  à  la 
fois,  sont  dé- 
pourvus d  u 
goût  et  du 
tact  néces- 
saires, les 
airs  profanes 
se  mêlent 
fâcheuse- 
ment aux 
chants  s  a  - 
crés ,  et  il 
n'est  pas  rare 
que  les  voû- 
tes des  tem- 
ples réper- 
cutent des 
refrains  dont 
le  moins 
qu'on  puisse 
dire  est  qu'ils 
sont  étrange- 
ment dépla- 
cés en  pareil 
lien  (V.  Mu- 
sique RELI- 
<;[EUSe). 

Il  est  vrai 
d  'ailleurs 
que  la  tâche 
de  l'orga- 
niste à  l'é- 
glise est  une 
des  plus  complexes  et  des  plus  difficiles  qui  puissent 
s'imaginer.  Le  maniement  des  divers  claviers,  le  choix 
et  le  mélange  des  différents  jeux,  la  nécessité  où  il  se 
trouve,  pour  satisfaire  aux  exigences  de  la  liturgie,  d'im- 
proviser dans  la  plupart  des  cas,  tout  cela  forme  un 
ensemble  de  conditions  auxquels  il  n'est  pas  facile  de  ré- 
pondre. On  peut  donc  considérer  à  bon  droit  les  organistes 
qui  possèdent  les  qualités  requises  comme  des  musiciens 
d'élite,  chez  qui  une  connaissance  complète  de  l'harmonie 
et  du  contrepoint,  ainsi  que  des  œuvres  des  maîtres,  vient 
en  aide  à  l'imagination  dans  la  tâche  périlleuse  dévolue  à 
rimprovisateur.  Si  nous  parcourons  la  liste  des  organistes 
célèbres,  nous  rencontrerons  parmi  eux  plusieurs  des 
grands  compositeurs  qui  aient  illustré  leur  art. 

Au  xiv^  siècle  appartiennent  Francisco  Landino  et  Squar- 
cialupi  ;  au  xv^,  Virdung,  Hofhaimer  et  Rernhardt  Murede  ; 
au   xvi^,  Corteccia,   auteur  de  nombreuses  compositions 


d(^  Saiul"I'Aistarli( 


ORGUE 


r;5() 


vocales;  rriiidotti,  John  Bull,  Milloville,  Schmidt,  Scnfel, 
Perego.  Au  xvii^  siècle  brillent  Buxlehude,  dont  les  com- 
positions sont  reniarqnuhles  par  leur  simplicité,  et  son 
élève  Nicolas  Brulins  qui.  dil-on,  surpassa  encore  le 
maître;  Frohberger,  Reincke.  La  France  revendique  les 
noms  cTe  Chambonnières.  de  l.ebègue,  de  Nivers.  de  Rai- 
son et  de  Roquette  qui  fut  organiste  de  Noti'e-Dame  de 


Grand  orauo  de  SaiiU-Eustaclio,  à  T*aris. 


Paris.  Plus  fécoiule  encore  au  siècle  suivant,  elle  nous 
offre  les  noms  de  Balbastre,  de  Daquin,  de  Beauvarlet- 
Charpentier,  des  Couperin,  de  Marchand  qui  essaya,  sans 
succès  comme  on  peut  le  penser,  d'entrer  en  compétition 
avec  Bach.  Rameau,  Méhul  dont  on  connaît  les  belles 
compositions  étaient  de  remarquables  organistes.  Il  en  est 
de  même  de  Sébastien  Bach  et  de  Handel,  ces  deux  géants 
de  la  musique  religieuse.  Les  sonates,  les  préludes,  les 
fugues  pour  orgue  du  prenner  constituent  un  vaste  et  ma- 
gnifique répertoire  oii  les  beautés  abondent,  où  la  science 
la  plus  profonde  est  unie  à  la  plus  féconde  inspiration. 
Les  concertos  .pour  orgue  et  orchestre  du  second  sont  de 
grandioses  monuments  qu'on  ne  se  lasse  pas  d'admirer. 
Mozart  a  écrit  un  certain  nombre  de  sonates  où  l'orgue 
est  réuni  aux  violons,  parfois  aux  violoncelles,  à  la  con- 
trebasse et  aux  instruments  à  vent.  Albrechtsberger, 
Kirnberger,  Kittel,  Seegr,  ïelemann,  Hesse,  Eberlin,  Van 
den  Ghein,  Tabbé  Vogler  ne  doivent  point  être  oubliés. 

Notre  siècle  n'a  pas  été  moins  fertile  en  organistes.  Men- 
delssolm  ne  s'est  pas  contenté  d'en  être  un  des  plus  remar- 
quables, il  a  en  outre  laissé  des  préludes,  des  fugues  et  des 
sonates  pour  orgue.  Benoist,  Danjou.  Boèly,  Fessy,  Lefé- 
bure-Wély,  Lemmens,  Chauvet.  Rink,  César  Franck, 
Boèllmann,  mériteraient  plus  qu'une  simple  mention.  Parmi 
les  vivants:  MU.  Saint-Saens,  Théodore  Dubois,  Widor, 
Gigout,  Loret,  Pugno,  Fissot,  Sergent,  Guilmant.  Dat- 
er, Gabriel  Fauré,  Pierné  ont  porté  haut  la  gloire  de 
école  française.  On  n'ignore  pas  que  la  plupart  d'entre 


eux  ont  écrit  des  oeuvres  de  haute  valeur,  non  seulement 
pour  l'orgue,  mais  aussi  dans  les  autres  domaines  de  lacom- 
[)osition  musicale.  Parmi  les  facteurs  actuels  nous  mention- 
nerons surtout  MM,  Cavaillé-CoU.  Schutze.Merklin,  Barker, 
inventeur  du  levier  pneumatique  ;  Dallery,  Hill.  Berington, 
Abbey,  Green,  Marris,  Ducroquet,  Daublaine. 

Jusqu'ici  nous  avons  envisagé  l'orgue  principalement  en 
hii-inème.  Mais  il  est  bon  de  faire  observer  qu'il  a  été 
maintes  fois  employé  concurremment  avec  les  instruments 
de  l'orchestre,  non  seulement  dans  les  concertos  oii  il 
occupe  naturellement  la  place  prépondérante,  mais  aussi 
dans  des  œuvres  lyriques.  Autrefois,  dans  les  oratorios, 
cantates,  etc.,  l'organiste,  se  guidant  sur  les  indications  de 
la  basse,  improvisait  sa  partie  au  fur  et  à  mesure.  Plus 
tard,  le  compositeur  écrivit  complètement  la  partie  d'orgue, 
et  c'est  ainsi  qu'a  fait  par  exemple  Mendelssohn  pour  ses 
oratorios.  Au  point  de  vue  de  l'union  de  l'orgue  à  l'or- 
chestre, nous  croyons  devoir  reproduire  l'opinion  exprimée 
par  Berlioz  dans  son  Trait'  fVimtrumen  talion.  «  Sans 
doute,  écrit-il,  il  est  possible  de  mêler  l'orgue  aux:  divers 
éléments  constitutifs  de  l'orchestre,  on  l'a  fait  même  plu- 
sieurs fois  ;  mais  c'est  étrangement  rabaisser  ce  majes- 
tueux instrument  que  de  le  réduire  à  ce  rôle  secondaire  ; 
il  faut  en  outre <reconnaitre  que  sa  sonorité  plane,  égale- 
ment uniforme,  ne  se  fond  jamais  complètement  dans  les 
sons  diversement  caractérisés  de  l'orchestre,  et  qu'il  semble 
exister  entre  ces  deux  puissances  rivales  une  secrète  anti- 
pathie. L'orgue  et  l'orchestre  sont  rois  tous  les  deux  ;  ou 
plutôt  l'un  est  empereur  et  l'autre  pape  ;  leur  mission  n'est 
pas  la  même,  leurs  intérêts  sont  tro])  vastes  et  trop  divers 
pour  être  confondus.  »Ces  observalions  ne  mancpient  évi- 
demment point  de  justesse  à  la  condition  de  ne  pas  être 
prises  trop  au  pied  de  la  lettre,  car,  d'une  part,  il  est  cer- 
tain que  dans  la  musique  religieuse,  messes,  cantates 
d'église,  oratorios,  etc.,  l'orgue  et,  l'orchestre  réunis  pro- 
duisent un  excellent  eifet,  et  d'autre  part,  certaines  scènes 
d'opéras  exigent  forcément  la  présence  de  l'orgue.  Le  qua- 
trième acte  de  Robert  le  Diable,  le  quatrième  acte  du 
Prophète,  le  deuxième  acte  de  7Mmpa,  le  troisième  acte 
de  Faust,  en  offrent  des  exemples  connus.  Le  compositeur, 
lorsqu'il  allie  ainsi  les  deux  «  puissances  »,  doit,  cela  va 
sans  dire,  user  discrètement  des  instruments  à  vent  de  l'or- 
chestre à  cause  delà  concurrence  qu'ils  feraieni  aux  jeux 
de  l'orgue,  et  employer  de  préférence  les  cordes  donl  le 
contraste  avec  ce  dernier  offre  de  très  heureux  effets.  Dans 
son  admirable  symphonie  en  wi  7/?i/î6^?//',  M.  Saint-Sacns  a 
fait  intervenir  l'orgue  avec  autant  d'habileté  que  de  bonheur, 
et  cependant,  loin  de  lui  donner  le  premier  rôle,  il  l'a  au  con- 
traire dissimulé  en  quelque  sorte  derrière  l'orchestre .  Tout  se 
réduit  donc  ici  à  une  cpiestion  de  goût  et  de  savoir  technique. 
L'étude  consciencieuse  des  oHivres  des  maîtres  sera  poui* 
les  jeunes  compositeurs  le  meilleur  et  le  plus  sûr  des  guides. 

Bien  que  les  concerts  d'orgue  n'aient  pas,  à  beaucoup 
près,  acquis  en  France  l'importance  qu'ils  possèdent  en 
Angleterre,  néanmoins  ceux  d'éminents  organistes,  (mi 
tête  desquels  il  convient  de  placer  M.  Guilmant,  ont  com- 
mencé à  faire  apprécier  au  public  les  sévères  beautés  de 
cet  instrument.  Il  est  à  souhaiter  que  son  exemple  soit  suivi 
et  que  nos  grandes  salles  de  concerts  soient  bientôt  pour- 
vuesd'orgues,  sansle  concours  desquelles  quantité  d'oeuvres 
de  premier  ordre  ne  peuvent  être  exécutées. 

Parmi  les  plus  belles  orgues,  on  cite  celles  de  la  Made- 
leine, de  Saint-Sulpice,  de  Saint-Lustache,  de  Notre-Dame 
de  Paris,  de  Fribourg,  de  Haarlem,  de  Weingarten,  etc. 

L'Angleterre,  qui  professe  pour  l'orgue  un  véritable  culte, 
possède'  une  institution  dont  nous  devons  dire  quelques 
mots  :  le  Collège  des  organistes,  fondé  en  1864  par  R.-D. 
Limpus,  a  pour  but  d'étudier  tout  ce  qui  concerne  la  pro- 
fession de  ses  membres  et  d'en  émanciper  le  développement. 
Cette  association  fait  subir  des  examens  et  délivre  des 
diplômes  qui  sont  fort  recherchés.  ]']lle  possède  un  organe. 
The  Musical  wovld,  (pii  publie  d'intéressants  articles  re- 
latifs à  l'orgue  et  à  la  musique  religieuse.  R.  Br. 


557  — 


ORGUE 


Ecoles  d'okgue.  —  Les  musiciens  (]ui  ont  écrit  pour 
Toi'gue  méritent,  dans  l'histoire  générale  de  l'art,  mieux 
(ju'une  simple  mention,  et  il  convient  de  leur  réserver  une 
place  à  part.  C'est,   en  effet,  dans  les  pièces  composées 
pour  cet  instrument  (pi'on  étudiera  le  plus  facilement  les 
modifications  effectuées  au  cours  des  âges  dans  la  théorie 
et  la  prati(|ue  :  le  progrès  de  ce  genre  spécial  annonce 
et  prépare  pi'esque  toujours  le  progrès  général  de  la  mu- 
sicjue.  Si  Ton  considère  que  les  plus  gi'ands  maîtres  furent 
le  plus  souvent  d'excellents  organistes,   on  comprendra 
sans  peine  (ju'ils  cherchèrent  à  réaliser,  d'abord  sur  le 
clavier,  les  idées  nouvelles  qu'ils  rêvaient.  La  commodité 
de  rinstruinent  et  ses  grandes  ressources  leur  facilitaient 
ce  travail.  Malheureusement  pour  nous,  aucune  pièce  d'orgue 
antérieure  à  la  deuxième  moitié  du  xvi^^  siècle  ne  nous  est 
parvenue  :  nous  ne  connaissons  que  de  nom  les  artistes 
antérieurs,  français,  allemands  ou  italiens.  Jusqu'au  milieu 
du  xvu^  siècle  même,  les  œuvres  sont  encore  foi't  rares. 
(Test  à  V^Miise  (|ue  nous  trouverons  les  premiers  monu- 
meiits  de  cet  art.  A  partir  de  1550,  une  école  d'orgue  bril- 
lanteyest  déjàconstituée.  (Claude  Mer ulo,  organiste  de  Saint- 
Marc,  un  peu  plus  tard  Jean  et  André  Gabrieh.  organistes 
de  la  Seigneurie,  ont  laissé  des  pièces  en  assez  grand  nombre. 
1/ étude  en  est  des  ])lus  intéressantes  encore  ({ue,  par  la 
forme  et  le  style,  ces  œuvres  ne  différent  pas  sensiblement 
des  compositions  chorales  polyphones  d'alors,  surtout  des 
pièces  de  l'école  vénitienne.  La  tonalité,  très  voisine  de  la 
tonalité  grégorienne,  y  est  assez  indécise  :  tous  les  artifices 
du  contrepoint  y  li'ouvent  leur  ejnploi,  mais  il  n'y  faudrait 
chercher  rien  qui   annonçât  le    style  expressif  et  réci- 
tatif qui,  cependant,  allait  bientôt  triompher.  A  coté  des 
conceptions  du  grand  Bach,   de  telles  œuvres  pàhraient, 
sans  doute.  Telles  qu'elles  sont,  cependant,  elles  témoignent 
d'un  art  avancé  déjà  et  d'une  habileté  consommée  d'écri- 
ture. Pour  la  distribution  et  le  mouvement  des  diverses 
parties,  pour  l'emploi  des  dissonances,  pour  le  rythme, 
entin,  elles  devancent  certainement  les  œuvres  vocales  du 
même  temps,  ((ui  s'en  sont,  d'ailleurs,  certainement  plus 
d'une  fois  inspirées. 

C'est  un  successeur  immédiat  de  ces  artistes,  l'illustre 
l'rcscobaldi  (Ferrare,  1553-i64i).  qui  devait  porter  ce 
style  à  son  plus  haut  point  de  perfection,  tout  en  l'orien- 
tant vers  des  voies  nouvelles  et  fécondes.  Elève  de  Luzzascho 
Luzzaschi,  organiste  de  Ferrare  et  d'un  maitre  français 
d'origine,  Francesco  Milleville,  Frescobaldi  n'hésita  pas  à 
aller  en  Flandre  chercher,  près  des  musiciens  de  ce  pays,  les 
sévères  traditions  des  premiers  contrapuntistes  néerlandais, 
l'ji  pleine  possession  de  son  talent,  il  se  fixa  entin  à  Rome 
comme  organiste  de  Saint-Pierre.  Son  talent  d'exécution, 
ses  œuvres  admirées  de  tous,  les  élèves  ([u'il  forma,  ré- 
pandirent partout  sa  réputation.  Dans  un  ouvrage  récent 
de  M.  A.  Pirro  (l'Orgue  de  Sébastien  Bach;  Paris,  1895), 
on  trouvera  une  excellente  étude  de  r(Puvre  de  ce  maître. 
Disons  seulement  (pi'il  semble  avoir,  le  premier,  clairement 
eu  conscience  de  la  tonalité  moderne,  et  de  ses  ressources 
infinies  pour  l'emploi  des  dissonances,  pour  la  modulation 
et  le  chromatisme.  Par  là,  il  s'élève  fort  au-dessus  de  ses 
c(»ntemporains.  et  ses  tentatives  presque  toujours  heu- 
leuses,  quoiqu'à  peine  osées  ju^qîi'alots,  témoignent  assez 
de  la  hardiesse  de  son  génie.  Ce  Fut  siinout  le  virtuose 
ou  l'improvisateur  (|u'apprécièrent  en  lui  les  uuisiciens  de 
son  temps,  mais  les  modernes  ont  mieux  jugé  son  rôle. 
«  Ses  o'uvres,  dit  Ambros  (Geschichte  der  Musik,  IV), 
portent  la  mar(juc  du  génie  et  se  manifestent  par  leur  tenue 
classique...  Elles  se  relient,  d'une  part,  à  une  ère  (jui  va 
finir  ;  de  l'autre,  elles  amioncent  l'avenir  plein  d'es[)érances 
d'un  art  tout  nouveau.  » 

A  la  même  époque,  dans  les  Flandres,  llorissaient  des 
maîtres  de  premier  ordre  :  Philippe,  Pieter  Coi'net.  et  sur- 
tout l'illustre  Jan  Pieterszon  Sweelinck,  qui  mériterait 
presque  d'être  égalé  à  Frescobaldi  lui-même.  La  France 
et  l'Allemagne  participaient  à  ce  mouvement.  Les  orga- 
nistes allemands,  élèves,  pour  la  plupart,  des  maîtres  vé- 


nitiens, sont  assez  peu  connus  encore,  si  ce  n'est  de  nom; 
mais  nous  pouvons  citer  en  France,  avec  Roquette,  orga- 
niste de  Notre-Dame,  etTIumias  et  Jacques  Champion,  dont 
les  œuvres  ont  péri,  Jean  Titelouze  (1563-1633),  chanoine 
et  organiste  de  la  cathédi*ale  de  Rouen.  Les  pièces  d'orgue 
de  ce  dernier  (ce  sont  les  premières  imprimées  en  France) 
nous  montrent  un  musicien  digne  de  prendre  place  à  côté 
des  plus  grands.  Maître  de  plusieurs  organistes  du  siècle 
Louis  XIV,  Titelouze  doit  être  considéré  comme  un  des 
principaux  inspirateurs  de  cette  belle  école  d'orgue  du 
xvii^  siècle,  féconde  en  talents  de  |)remier  ordre. 

Toutes  les  œuvres  de  cette  première  période  tirent  leur 
valeur  des  combinaisons  ingénieuses  ou  puissantes  du  con- 
trepoint, et  leur  mérite  se  mesure  surtout  à  l'habileté  tech- 
nique du  musicien.  Elles  mettent  en  oMivre  les  mélodies  du 
plain-chant,  rarement  des   mélodies   popidaires  ou   des 
thèmes  originaux.  Tandis  qu'en  Allemagne  ce  style  va  se 
perfectionner,  pour  aboutir  aux  chefs-d'œuvre  du  grand 
Bach,  une  tendance  nouvelle  se  dessine  en  France.  On  in- 
troduira dans  la  musi(]ue  d'orgue  le  style  mélodi(|ue  et 
récitatif  ;  enthi.  l'art  de  mélanger  judicieusement  les  dif- 
férents jeux  va  créer  des  ressources  nouvelles.  Les  orgues, 
par  les  travaux  d'habiles  facteurs,  s'étaient  fort  améliorées, 
en  effet,  tant  pour  la  commodité  de  l'exécution  que  pour 
l'ampleur  et  la  variété  des  sons.  La  musique  s'en  ressentit 
Jus(ju'alors  les  pièces  écrites  pour  l'orgue  eussent  pu  tout 
aussi  bien  être  jouées  sur  le  clavecin  ou  tout  autre  instru- 
ment à  clavier.  11  en  était  ainsi,  d'ailleurs;  l'art  de  l'orgue 
et  celui  du  clavecin  se  confondaient  complètement.  Quand 
les  instruments  furent  enrichis  de  jeux  variés  et  de  cla- 
viers séparés,  on  songea  à  utiliser  ces  nouveaux  moyens 
d'expression.  On  mit  en  évidence  une  mélodie  confiée  à  un 
jeu  tranchant  avec  l'ensemble  ;  on  réalisa  des  oppositions 
de  clavier  à  clavier  ;  on  rechercha  les  sonorités  variées  et 
les  contrastes  de  timbre.  On  fit  entin  pour  l'orgue  ce  que 
nous  réalisons  aujourd'hui  dans  l'orchestre  par  l'emploi  de 
divers  instruments,  et  ces  inventions  des  organistes  con- 
tribuèrent sans  doute  adonner  aux  musiciens  l'idée  de  ten- 
ter quebpu^  chose  d'analogue  dans  les  symphonies  des  opé- 
ras et  des  ballets.  Du  moins  pourrait-on,  dans  les  œuvres 
profanes  des  compositeurs  de  la  fin  du  xvii^'  siècle  et  du 
('ommencemeiit  du  suivant  (chez  Bach  lui-même),  retrou- 
ver bien  des  procédés  d'instrumentation  que  l'orgue  a  très 
probablement  inspirée.  Le  redoublement  à  l'octave  grave, 
régulier  et  pres({ue  constant  des  basses  d'orchestre,  par 
exemple,  est  certainement  imité  de  l'effet  des  jeux  de  8  et 
de  W  pieds  des  pédales  de  l'orgue. 

Les  musiciens  français  surtout  entrèrent  résolument 
dans  cette  voie  pittoresque  et  expressive.  Le  Bègue,  Gi- 
gault,  Roberday,  A.  Raison,  Nicolas  de  Grigny  et  bien 
d'autres  encore  surent  faire  dans  leurs  œuvres  un  judi- 
cieux emploi  de  toutes  ces  ressources.  Peut-être  même 
pourrait-on  leur  reprocher  d'en  avoir  abusé  quelquefois. 
Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'ils  s'engageaient  de  la  sorte  hors 
des  limites  propres  à  la  inusiijue  d'orgue  et  à  l'art  reli- 
gieux en  général.  La  nature  même  de  l'instrument,  la  fa- 
culté qu'il  possède  de  prolonger  les  sons  sans  pouvoir  tou- 
tefois, sous  les  doigts  de  l'artiste,  en  faire  varier  l'inten- 
sité, l'absence  d' express io)i  (|ui  en  résulte,  tout  cela  donne 
à  l'orgue  un  caractère  i)articulier  (pi'il  n'est  pas  possible 
de  méconnaître.  Le  style  mélodi(|ue  ne  saurait  lui  conve- 
nir s'il  ne  s'entoure  d'une  riche  floraison  de  savants 
contrepoints  qui  entourent  et  soutiennent  la  mélodie  :  tout 
au  contraire,  le  style  lié,  tous  les  artifices  de  l'art  poly- 
phoni(pie,  imitations,  fugues,  lui  conviennent  à  merveille... 
Si  jamais  les  grands  effets  d'haimonie  se  perdaient,  a  dit 
quehfu'un,  on  les  retrouverdil  dans  l'orgue. 

Les  grands  organistes  du  siècle  de  Louis  XIV  comju'irent, 
pour  la  plupart,  celte  vérité.  Même  ceux  d'entre  eux  qui 
s'écartèrent  quelquefois  des  saines  traditions  avaient  reçu 
de  leiu's  savants  prédécesseurs  une  culture  harmonicfue 
assez  forte  pour  ((u'il  leur  en  l'estût  toujours  (fuehpic 
chose.  Aussi  leur  musi([ue  garde-t-elle  une  tenue  sévère 


ORGUE 


558 


et  classique  ;  eu  maints  endroits,  ils  se  montrent  dignes 
des  phis  grands  maîtres.  S'ils  n'ont  pas  fait  avancer 
beaucoup  la  technique  et  l'art  d'écrire,  qui  à  la  même 
époque  en  Allemagne  faisait  au  contraire  des  progrès  sur- 
prenants, du  moins  les  ont-ils  gardés  dans  leur  pureté 
première.  Mais,  une  fois  cette  génération  disparue,  la  dé- 
cadence fut  rapide.  Si  le  xyiti^  siècle  compte  ([uelques 
grands  noms  (et  (juelques-uns  nous  paraissent  encore  bien 
surfaits),  les  Marchand,  les  Dacjuin,  les  Balbastre,  c'est 
dans  sa  pi'cmièi^e  moitié  seulement.  Peut-être  si  les  œuvres 
d'orgue  de  Rameau  nous  fussent  parvenues,  nous  pourrions 
être  moins  sévères.  Quoi  qu'il  en  soit,  à  partir  de  1750,  on 
ne  trouve  rien  qui  vaille  d'être  cité.  Jl  y  eut  encore  des 
virtuoses  habiles  et  brillants,  des  improvisateurs  remar- 
quables :  mais,  si  nous  les  jugeons  d'après  ce  (ju'ils  nous 
ont  laissé,  nous  aurons  une  triste  opinion  de  leur  talent 
et  de  leur  conscience.  Aucun  souci,  chez  ces  artistes,  du 
vrai  style  d'orgue  ni  de  Fart  religieux  ;  du  brillant,  du 
faux  éclat,  une  habileté  de  main  réelle  mais  sans  goût,  un 
papillotement  contiiuiel  d'effets  de  timbres,  des  mélodies 
faciles  et  banales,  une  techni([ue  enfantine  :  voilà  ce  que 
nous  rencontrerons  chez  les  meilleurs. 

Pendant  ce  même  temps,  l'école  allemande  s'élevait, 
avec  Handel  et  surtout  le  grand  Bach,  à  une  incom- 
mensurable hauteur.  Diverses  circonstances  avaient  favo- 
risé cette  marche  en  avant.  Les  oiganistes  protestants, 
contraints  par  les  nécessités  du  culte  à  commenter  sans 
(•esse  les  thèmes  consacrés  des  chorals  chantés  par  les 
fidèles,  durent  cherchei'  les  moyens  d'éviter  une  monoto- 
nie fâcheuse.  Us  s'efforcèrent  en  consé(juencc  d'approfondir 
l'art,  de  traiter  un  thème  et  de  le  développer  sous  mille 
formes  diverses,  riches  d'harnionie  et  d'un  intérêt  poly- 
phonique soutenu.  Ces  recherches  constantes  tirent  mer- 
veilleusement progresser  la  technique,  tant  sous  le  rappor! 
de  l'art  d'écrire  qu'au  point  de  ^ue  de  l'exécution.  Dans 
l'emploi  du  clavier  de  pédales  notamment,  la  supériorité 
des  Allemands  était  évidente,  /ajoutons  encore  (fue  les  ins- 
truments, destinés  surtout  à  soutenir  un  chœur  do  voix,  ne 
comptaient  point  les  jeux  de  détail,  brillants  et  bruyants 
des  orgues  françaises,  (pii  se  faisaient  presque  toujours  en- 
tendre seules  pendant  les  offices,  en  des  moi'ceaux,  le  plus 
souvent,  de  pure  virtuosité. 

Aussi,  tandis  que  l'école  française  s'en  va  déclinant,  nous 
pouvons  citer  en  Allemagne,  au  xvii^  siècle  comme  au  xviii^, 
d'illustres  artistes  :  Froberger,  Johanncs  Kerl,  S.  Scheidt, 
tout  d'abord;  un  peu  plus  tard,  Pachclbel,  Reinken  et 
surtout  Buxtehude  (1637-1707),  le  plus  grand  des  précur- 
seurs de  Séb.  Bach.  Les  œuvres  de  Buxtehude,  longtemps 
inédites,  viennent  d'être  publiées  ]*écenunent.  On  poiu-ra 
aisément  voir  à  la  simple  lecture,  de  combien  il  l'emporte 
sur  la  plupart  des  organistes  d'alors.  La  richesse  et  la  va- 
riété de  la  forme,  l'ampleur  des  développements,  la  ma- 
jesté des  proportions,  la  nouveauté  et  la  hardiesse  des  har- 
monies, sont  d'un  grand  maître.  Toutes  ces  qualités,  encore 
agrandies,  se  retrouveront  dans  les  oeuvres  deJ.-S.  Bach, 
le  prince  des  virtuoses  de  Vunivers  sur  le  clavicorde 
et  sur  l'orgue,  comme  l'appelait  un  de  ses  contempoiains. 
On  a  tout  dit  -sur  ce  grand  homme,  et  à  l'article  f[ui  lui  est 
consacré  il  est  suffisamment  parlé  de  son  génie,  qui  le  met 
au-dessus  peut-être  de  tous  les  autres  musiciens.  Sa  mu- 
sique d'orgue  n'est  pas  indigne  de  ses  autj'es  œuvres  et 
toutes  ses  qualités  s  y  retrouvent.  L'inspiration  la  plus 
j'iche  et  la  plus  abondante  s'y  allie  avec  la  science  la  plus 
profonde  et  les  artifices  les  plus  complexes  du  style  figuré 
y  sont  employés  avec  une  aisance  qui  tient  du  prodige.  Sa 
j'éputation  fut  immense  de  son  temps,  surtout  comme  vir- 
tuose et  improvisateui'. 

L'influence  de  ce  maître  lut  féconde,  en  Allemagne  du 
moins.  Les  élèves  qu  il  avait  formés  répandirent  m  loin 
ses  œuvres  et  ses  traditions,  et  l'école  d'orgue  allemande 
s'est  maintenue  sans  déchoir  jusifu'à  l'épocfue  contempo- 
raine. Mais  en  Fj-ance.  il  iren  alla  pas  ainsi.  Les  événe- 
ments politiques  qui  marquèi'ent  la  tin  du  derniei'  siècle  et 


le  commencement  de  celui-ci  n'étaient  point  faits  pour 
favoriser  l'étude  d'un  instrument  encore  exclusivement  con- 
sacré auculle  catholique.  On  n'eût  certainement  pas  trouvé 
en  France,  il  y  a  soixante  ans,  deux  artistes  qui  eussent 
connaissance  des  œuvres  de  Bach  ou  d'aucun  autre  clas- 
sique de  l'orgue.  Ce  sont  surtout  les  travaux  des  facteurs, 
comme  A.  Cavaillé-Coll  et  quelques  autres,  qui  ont  rap- 
pelé l'attention  des  artistes  sur  ce  magnifique  instrument 
et  remis  son  étude  en  honneur.  On  trouvera  cités  plus 
haut  les  noms  des  principaux  organistes  de  notre  temps; 
mais  il  ne  faudrait  plus  chercher  en  eux  (juehjue  chose  de 
parlicuUer  au  pays  (jui  les  vit  naître.  Il  n'y  a  plus  aujour- 
d'hui, à  vrai  dire,  d'écoles  nationales;  tous  les  organistes 
pratupient  les  mêmes  classicpies  et  pi'ocèdent  des  mêmes 
traditions,  (jui  sont  précisément  celles  de  l'école  de  Bach. 
C'est  au  vieux  maître  d'Lisenach  cpi'appartient  la  gloire 
d'avoh'  donné,  en  cet  art  spécial,  des  modèles  définitifs, 
([ue  les  maîtres  les  plus  illusti'es  de  tous  pays  ne  peuvent 
se  dispenser  désormais  de  connaître.         IL  Ouittaju). 

Orgue  expressif  ou  Harmoxium  (V.  Hak.moxium). 

Orgue  de  Barcârie.  Orgue  à  cylindre.  — -  Cet  instru- 
ment populaire  consiste  essentiellement  en  un  ou  plusieurs 
jeux  d'orgue  mis  en  action  par  un  procédé  mécanique  et 
capables  de  faire  entendre  un  certain  nombre  de  morceaux. 
Une  roue  que  l'exécutant  (si  on  peut  lui  donner  ce  nom) 
fait  tourner  à  Laide  d'une  manivelle,  fait  fonctionner  à  la 
fois  la  soufflerie  et  le  mécanisme  qui  commande  aux  sou- 
papes des  tuyaux,  (^e  mécanisme  est  constitué  par  un  cy- 
lindre sur  lequel  sont  hxées  un  grand  nombre  de  pointes 
do  cuivre  de  différentes  dimensions.  Lorsque  le  cylindre 
tourne,  ces  pointes  rencontrent  les  touches  d'un  clavier 
de  forme  appropriée  et  h,^s  soulèvent  à  leur  passage  :  les 
soupapes  des  tuyaux  correspondants  sont  alors  ouvertes 
et  ceux-ci  parlent  aussitôt.  L'art  de  piquer  les  cylindres 
avec  précision  et  régularité  est  le  point  le  plus  important 
du  métier  ;  car  il  faut  que  ce  cylindre  puisse  porter,  sans 
avoir  des  dimensions  exagéi'ées,  plusieurs  morceaux.  Sui- 
vant l'air  que  l'on  veut  jouer,  on  le  fait  avancer  ou  reculer 
d'une  certaine  (|uantiié  fixée  d'avance:  ce  changement  de 
position  met  en  rapport  avec  le  clavier  une  nouvelle 
combinaison  de  pointes  correspondant  à  un  air  différent 
du  premier. 

Tel  est  rinsti'umenl  connu  sous  le  nom  d'orgue  à  cy- 
hndre  ou  plus  communément  d'orgue  de  Barbarie,  sans 
c[u'on  ait  jamais  pu  s'expbquei'  l'origine  de  ce  nom  d'une 
façon  satisfaisante  :  soit  qu'on  y  voit,  comme  certains,  une 
allusion  à  la  rusticité  de  cet  engin,  soit  qu'on  prétende  y 
retrouver  le  nom  corrompu,  d'un  certain  Barberi,  facteur 
italien,  (|ui  aurait  inventé  ou  propagé  cet  instrument. 

Les  orgues  de  Barbarie,  qui  ne  sont  guère  connus  en 
France  que  depuis  le  siècle  dernier,  se  sont  beaucoup  per- 
fectionnés de  nos  jours  au  point  de  vue  de  l'importance 
et  de  la  sonorité.  Beaucoup  de  ces  instruments  ont  cessé 
d'être  portatifs,  et  le  cylindre  devenu  très  volumineux  doit 
être  mis  en  mouvement  par  un  moteur  mécanique.  Les 
facteurs  se  sont  efforcés  d'y  multiplier  les  jeux,  en  arri- 
vant à  l'imitation  précise  des  divers  instruments,  surtout 
des  orchestres  militaires,  et  beaucoup  y  sont  parvenus  fort 
bien.  Pour  ces  grands  instruments,  on  a  souvent  substitué 
au  cylindre,  qui  ne  peut  donner  qu'un  nombre  limité  de 
morceaux,  un  système  de  cartons  perforés  qu'on  peut 
changer  à  volonté,  analogue  à  ceux  dont  on  use  pour  le 
picuio  mélographe  ou  le  pianista  (V.  ces  mots).  Ces 
orgues  mécaniques  peuvent  jouer  de  la  sorte  des  pièces  de 
grandes  dimensions  et  renouveler  facilement  leur  répertoire. 
Un  Russie,  aux  Etats-Unis,  en  Angleterre,  ils  sont  fort  ré- 
pandus ;  on  les  trouve  dans  tous  les  établissements  publics. 
avec  des  dimensions  moniuuen taies.  En  France,  on  ne  les 
aguère  ntili.-^és  (jue  dans  les  spectacles  forains. 

On  a  quehpiefois,  avec  plus  ou  moins  de  succès,  appliqué 
au  service  relii^^ieux  des  instruments  analogues,  dans  les 
paroisses  ou  on  ne  pouvait  avoii'  d  organiste  :  mais  cet 
usage  est  toujours  resté  exceptionnel.  H.  Q. 


5.^9 


ORGUE  —  ORGUEIL 


IL  Art  militaire.  —  Orgue  de  moet  ou  sarrasi?sE 
(V.  Herse). 

Orgue  à  feu.  — -  Macliinc  de  guerre  encore  employée 
aux  xYii®  et  xviii^  siècles,  pour,  la  défense  des  brèches 
d'une  place  assiégée  et  qui  se  composait  d'un  assemblage 
de  plusieurs  gros  canons  de  mousquet  joints  ensemble  ;  les 
lumières  se  communiquaient  et  on  y  mettait  le  feu  simul- 
tanément au  moyen  d'une  traînée  de  poudre. 

BiBL.  :  AIusiQUK.—  Dom  Bedos  de  Celles,  VAi't  cluftic- 
teur  d'orgues  ;  Paris,  r7G6-78  —  Didro:^,  Annales  archéolo- 
giques,  t.  III  et  lY.—  Spo^'SEl,  Histoire  de  l'orgue  ;  Nurem- 
berg, 1771.—  MuLLEii,  Mémoires  historiques  et  archéologi- 
([ues  sur  les  orgues^  leur  origine  et  leur  usage  dans  Véglise  ; 
Dresde,  1718.  —  Blvtscuini,  De  tribus  g eneribus  inslnimen- 
loi'iLiii  musicœ  vetcrum  organise  dissertatio  ;  Rome,  1712. 

—  Gerbert,  de  Cantu  et  Musica  sacra,  1774.  —  Fischer, 
Description  du  grand  orgue  do  la  cathédride  de  Breslau  ; 
J^iM^slau,  1821.  — '^IIarthnocii,  Histoire  de  l'Eglise.  —  Bauai- 
GARTEN,  Antiquités  chrétiennes.  —  Walciiius,  Antiqui- 
lates  christianoi  compartiUv,.  —  Busch,  Dictionnoire  des 
Inventions.  —  Ad.  de  Poistj:coulais't,  Orgunogriiphic,  es- 
sai sur  la  facture  instrutnentole  ;  Paris,  1861.  —  J.-G.  Mit- 
•jvvG,  Historische  Abhandlung  von...  Orgeln ;  hùnchour y:. 
1755.  —  Joseph  A?<tony,  Die  Ôrgel,  1832.—  E.-.J.  Hopkiiss^ 
T/ie  Organ.,  its  history  and  construction.—  Rimbault,  His- 
lory  of  the  Organ,  18*55-70.  —  X.  Yan  Elewyck,  Geschichic 
der  Orgel.  ~  C.-L.  Limjbi:ug,  liandboh  om  Orgverhel, 
1861.  —  Otto  WatvG1';>lv:nn,  (reschichte  der  Orgel  und  Or- 
(lolbaukunst,  1879-80.  —  DiuUoy  Buck,  Lecture  on  the  in- 
'fiuence  of  the  Organ  in  JDj^to'i-g,  1882.  —  Reiter,  Die  Or- 
gel unserer  Zeit,  Ib^i).  —  K.  PociU'.R,  An  explanation  of 
the  organ  sLopjs.  —  Constant  Pierre,  les  Fadeurs  d'ins- 
truments de  musique,  les  luthiers  et  la  facture  instrumen- 
tdle;  Paris,  1893.  —  Louis  Bony,  une  Excursion  dans  l'orgue; 
Paris,  1892.  —  Charles  Locuer,  ^e^  Jeux  d'orgue,  leur  ca- 
ractéristique et  leurs  combinoisons  les  plus  judicieuses  : 
Paris,  1889.  —  G.  Rietschel,  Die  Aufgabe  der  Orgel  im 
Gottesdienste  bisin  das  18.  Jahrhundert  geschichtlich  clar- 
gelegt.  —  Hamel.  Manuel  du  facteur  di'orgues.  ~  Pirro, 
l'Orgue  de  Sébastien  Bach  ;  Paris, lUdb. —  J.-C.  Bertrand, 
Histoire  de  l'orgue,  1858.  —  L.  Girod,  Connuissances  pra- 
ticiues  de  la  facture  des  grandes  orgues  ;  Namur,  1875.^  — 
L'abbé  La]\lvzou,  Elude  sur  l'orgue  monumental  de  Sainl- 
Sulpice  et  la  facture  de  l'orgue  moderne.  —  Y/ilhelm 
Mûller,  Die  Orgel,  ihre  EinncJdung  und  Beschaffenheit. 
so  wohl  als  dns  z\\'cckmàssige  Spiel  derselben  ;  Meissen. 
1882.  —Joseph  d'ORTiouE,  lu  Musique  à  l'église  ;  Paris, 1861 

—  L'abbé  Ply,  la  Fucture  moderne  étudiée  à  l'orgue  de 
Sa'int-Eustache  ;  Lyon,  1880.  —  Sir  George  Grove, 
A  dictionanj  of  nnislc  iinxl  mns'icians  ;  Londres.  1895,  t.  II 

—  Cavah.li'-Coll.  de  l'Orgue  cl  de  son  ;i rch'dai'ui'e  -—  Al- 
phonse "MusM  i:l.  l'Hiirnioniwiii  :  Pans.  189ù. 

ORGUEIL.  <,<  L'orgueilleux,  dit  Spinoza,  se  glorifie  à 
Fexcès;  il  ne  parle  que  de  ses  mérites  et  des  défauts  d'au- 
trui  ;  il  veut  que  tous  lui  cèdent  le  pas,  s'avance  enfin 
avec  la  gravité  et  la  pompe  qui  d'ordinaire  ne  sont  le  fait 
que  d'hommes  placés  bien  au-dessus  de  lui  ».  Telle  est 
l'attitude  que  le  plus  souvent  prennent  les  orgueilleux; 
quelquefois  au  contraire,  et  plus  habilement,  ils  cachant 
leurs  prétentions  sous  des  dehors  modestes  ;  ou  encore  ils 
se  renferment  dans  un  farouche  isolement.  Mais  quelque 
apparence  extérieure  qu'il  prenne,  l'orgueil  consiste  tou- 
jours au  fond  à  s'estimer  soi-même  plus  que  tout  au  monde. 

Ce  sont  évidemment  les  succès  (jui  rendent  l'homme 
orgueilleux  :  parce  qu'il  est  raisonnable,  il  en  cherche  la 
cause,  mais  parce  qu'aussi  il  est  ignorant,  il  ne  la  trouve 
que  dans  ses  propres  mérites;  comme  le  moi  appai'ait 
permanent  et  identique  à  travers  le  temps,  il  semble  que 
ces  mérites  doivent  durei'  autant  que  la  personne  même  ; 
jusqu'ici  nous  a^ons  réussi;  par  une  généralisation  qui  se 
fait  à  hi  fois  grâce  à  la  raison  et  contre  elle,  nous  con- 
cluons que  nous  réussirons  toujours  et  (jue  rien  au  monde 
ne  peut  nous  résister.  Les  succès  que  l'on  peut  remporter 
sont  de  deux  sortes  :  (  outre  la  nature  ei  contre  les 
hommes.  Ce  sont,  les  seconds  surtout  qui  inspirent  del'or- 
i^iieil  ;  commander  et  être  obéi  sans  discussion,  c'est  ne 
l^as  être  éloigné  de  se  croire  infaillible:  mais  rien  ne  con- 
tribue autant  a  nous  faire  croire  à  iiotre  supériorité  sur 
nos  semblables,  que  lorsque  ceux-ci,  en  paroles  du  moins. 
se  mettent  au-dessous  de  nous  et  nous  offrent  dans  leurs 
louanges  comme  la  formule  de  notre  passion. 

Deux  cas  alors  peuvent  se  présenter  :  ou  bien,  et  c'est 
le  cash}  plu>  frcqueiiL  un  eu  reste  ,'■  la  vanilé,  on  l'on 
sélève  jUS((u";i  roi'p;ueil.  Le  \;uii!eu\.  cc^i  im  (»i'r;ucilleuN 


impuissant.  Il  est  bien  comme  son  modèle,  tout  rempUde 
lui-même  ;  mais  le  vtoi  auquel  il  s'attache  est  celui  qui  se 
reflète  chez  les  autres  hommes,  et  dont  ceux-ci  lui  ren- 
voient l'image  dans  leurs  éloges  ou  dans  leurs  dédains. 
Aussi  le  vaniteux,  entêté  de  ses  qualités  apparentes,  est- 
il  en  même  temps  plein  de,  morgue  pour  ses  inférieurs, 
humble  à  l'excès  devant  ses  supérieurs  ;  tantôt  il  est  aux 
nues,  tantôt  il  se  croit  tombé  au  dernier  degré  de  l'abjec- 
tion. Le  véritable  orgueil  est  plus  stable  et  ne  connaît  pas 
ces  doutes  et  ces  dépressions  :  le  succès  et  la  faveur  ont 
beau  faire  place  à  la  mauvaise  fortune  et  au  mépris  ;  l'or- 
gueil ne  périt  pas  pour  si  peu;  comme  toutes  les  fortes 
passions,  il  s'exaspère  au  contraire  devant  les  obstacles, 
et  se  raidit  d'autant  plus  qu'il  sent  son  objet  sur  le  point 
de  lui  échapper. 

L'orgueil  n'est  pas  seulement  Cidéal  de  la  vanité  : 
toutes  les  passions  le  contiennent,  et  l'on  doit  dire  qu'il 
est  la  passion  par  excellence. 

Etre  passiomié,  c'est  attacher  à  un  objet  fini  une  va- 
leur telle  qu'à  nos  yeux  tout  dans  le  monde,  choses  et 
hommes,  doive  y  être  sacrifié.  Que  nous  possédions  cet 
()i)jet  ou  que  nous  le  cojivoitions  seulement,  c'est  à  nous 
seuls  (fue  nous  en  réservons  la  jouissance,  et  sa  splen- 
deur fait  pâlir  tous  les  êtres  de  l'univers  sauf  un  seul, 
nous-mêmes,  en  qui  elle  se  ]'eflète  :  si  la  passion  nous 
soumet  à  son  objet,  elle  nous  dédommage  en  nous  met- 
tant au-dessus  dé  la  nature  entière  ;  toutes  les  passions 
nourrissent  l'orgueil.  Du  reste,  les  passions  diverses  ne 
rendent  à  l'orgueil  que  ce  qu'il  leur  a  prêté  :  elles  sor- 
tent de  lui  comme  les  copies  du  modèle.  Pourquoi  pré- 
tendre (|ue  tel  objet  vaut  plus  que  tout  au  monde  ?  La  raison 
principale,  en  définitive,  c'est  que  nous  l'aimons  :  c'est 
son  moi  que  de  toutes  manières,  dans  toutes  ses  passions, 
l'homme  prend  en  adoration. 

Nulle  part  le  sentiment  de  hi  force  n'est  aussi  exalté 
que  dans  rorgueil.  L'orgueil,  c'est  la  passion  même,  dé- 
daignant les  procédés  et  les  mensonges,  et  s'étalant  dans 
sa  vraie  nature.  L'orgueilleux,  c'est  comme  un  amant  qui 
ferait  la  gageure  d'aimer  sans  maîtresse,  c'est  Narcisse 
amoureux  de  son  image.  Dans  l'amour,  l'avarice,  l'ambi- 
tion, bien  que  le  sujet  soit  lui-même  l'artisan  de  toutes 
les  perfections  de  l'objet  auquel  il  s'attache,  cet  objet, 
du  moins,  est  donné  :  c'est  une  femme,  un  trésor,  les  in- 
signes du  pouvoir;  tout  cela  peut  être  perçu,  senti;  des 
plaisirs  vraiment  éprouvés  sont  le  point  de  départ  de  h 
passion,  le  noyau  réel  autour  duc|uel,  comme  un  orga- 
nisme, elle  va,  en  rayonnant,  se  former  et  grandir.  Dans 
l'orgueil,  au  contraire,  ce  soutien  fait  défaut;  que  sommes- 
nous,  en  effet?  nous  sommes  dans  un  mouvement  perpétuel  ; 
notre  être  est  suspendu  aux  fins  que  nous  poursuivons,  à  ce 
qui  sera  peut-être  dans  l'avenir,  mais  maintenant  n'est  pas, 
à  ce  ([ui.  dans  son  fond.  n(>  sera  jamais.  Eh  bien,  de  ces  ten- 
dances, de  ces  imaghiations,  de  ces  idées,  de  ces  riens,  voici 
(pie  l'orgueilleux  fait  un  objet,  bi(*n  plus,  une  idole. 

Seulement  il  arrive  qu'en  lui-même  l'orgueilieux  ne 
Ij'ouve  qu'un  maigre  aliment,  de  sorte  que  cette  passion, 
qui  tout  à  l'heure  nous  paraissait  comme  la  plus  héroïque 
est  aussi  de  toutes  la  plus  misérable.  Toutes  h^s  passions 
nous  trompent  :  être  agité  n'est  pas  agir,  et  nous  pouvons 
nous  croire  ])lus  forts,  au  mojnent  même  oii  Jios  forc(^s 
diminuent  ;  cej)endaiil  les  passions  sont  naturelles  et  bonnes 
dans  la  mesure  où  leur  objet  est  réel  vi  mérite  en  effet 
l'attachement  ((ue  nous  y  portons.  Dans  toutes  les  pas- 
sions autres  (pie  Torgueil  l'objet,  du  moins,  est  séparé  du 
sujet  :  un  courant  aloi'S  peut  s'établir  comme  dans  un 
circuit  (|ui  n^lie  deuv  uiétaux  de  nuture  différente  ;  m;iis 
dans  Lorgneil  robjct  et  le  sujet  de  la  passionne  font  qu'un  : 
or  la  lofla  plus  profonde  de  la  ne  est  peut-être  que  Lin- 
dividu  ne  se  développe  qu'en  se  rattachant  à  l'ensemble  , 
aussi  l'orgueil  est-il  sec  et  stérile  ;  ceux  qui  atteignent  ce 
faîte  de  la  passion  ne  peuvent  plus  redescendre  ;  l'amour, 
l'ambition  même  les  loi^^sent  insensibles  ;  leur  g'rnnd(nir 
de  plus  eu  phis  desienl  inniguiaii'e. 


OHGUEIL  —  OKIANI 


060 


Après  avoir  expliqué  la  nature  de  l'orgueil,  il  reste  à 
le  juger. 

De  tout  temps,  les  moralistes  ont  été  sévères  pour  ce 
sentiment.  Il  a  fallu  d'abord  briser  la  rudesse  de  riioiïime 
barbare  ;  c'est  par  la  crainte  et  l'humilité  qu'on  a  mené 
les  hommes  à  la  sagesse.  Mais  aujourd'hui  l'orgueil  semble 
rare;  et  nos  contemporains  pèchent  plutôt  par  vanité  et 
lâche  soumission  cà  l'opinion  d'autrui.  S'il  faut  détruire 
l'orgueil,  ce  n'est  plus  en  abaissant  l'homme  par  tous  les 
moyens,  en  tirant  parti  de  ses  échecs  et  de  ses  misères, 
c'est  en  montrant  à  l'orgueilleux  qu'il  ne  prend  pas  en- 
core une  assez  haute  idée  de  sa  personne,  et  qu'au  fond 
de  son  «  moi  »  il  y  a  (pielque  chose  de  plus  grand  (|ue  lui. 

(Vesl  un  mouvement  naturel  aux  âmes  médiocres,  quand 
un  homme  hardi  échoue,  de  rire  et  de  l'accabler.  La  foule 
alors  prend  sa  revanche  :  étonnée  d" abord  devant  celui 
([ui  aftéctait  les  allures  du  génie,  maintenant  qu'il  est 
tombé,  elle  se  sent  soulagée  du  poids  de  son  admiration  et 
méprise  l'homme  qu'elle  a  failli  adorer.  l*^t  pourtant  l'au- 
dace est  belle  et  la  cause  de  l'insuccès  est  souvent  dans 
un  hasard  aveugle  et  imprévisible.  Mais  la  foule,  dans 
son  acharnement  contre  l'homme,  se  range  du  côté  du 
hasard;  elle  le  divinise  et  prête  généreusement  à  son 
dieu  l'envie  même  qui  lui  inspire  ses  sarcasmes.  C'est  la 
divinité,  disent  ses  prêtres,  (jui  s'est  vengée  de  l'orgueil 
humain;  c'est  la  Némésis  (pii  a  puni  Tuopu.  La  nature 
est  pleine  de  dieux,  plaisaient  les  Grecs,  et  l'homme  (jui 
voudrait  lutter  contre  elle  pour  se  la  soumettre  est  sacri- 
l<'ge.  La  natui'(>  est  vouée  au  mal,  disent  les  chrétiens,  et 
l'homme  qui  cherche  à  la  conmiilre  et  qui  en  attend  (juelque 
bien  est  un  orgueilleux  et  un  impie  :  Dieu  est  un  Dieu 
jaloux. 

Sans  doute  l'insuccès  révèle  toujours  un  manque  en 
celui  qui  échoue  ;  sans  doute  les  prétentions  de  l'homme 
dépasseront  toujours  sa  force  vraie  :  car  son  savoir  et  son 
pouvoir  ne  seront  cà  jamais  que  fniis,  et  la  nature  est  infi- 
nie. Mais  il  faut  se  garder  de  rompre  cet  élan  qui  emporte 
l'humanité  dans  la  voie  du  progrès  ;  il  faut  être  sympa- 
thi({ue  aux  audacieux  ;  quand  un  homme  tombe  il  y  a  mieux 
à  faire  que  de  rire  ou  de  déclamer  contre  la  nature 
humaine;  au  lieu  de  se  pei'dre  eji  sarcasmes  qui  décou- 
ragent les  efforts,  il  faut  rechercher  les  causes  de  l'échec, 
afin  de  voir  si  elles  peuvent  être  supprimées  ou  évitées. 
Les  Grecs  se  sont  moqués  d'Icare  :  Icare  aujourd'hui 
monte  dans  les  airs,  et  la  science  tous  les  jours  fait  des 
mii'acles.  Au  contraire,  dit-on,  c'est  la  science  qui  doit 
être  détruite  :  n'est-ce  pas  pour  avoir  goûté  à  l'arbre  de 
la  science  que  l'homme  est  devenu  orgueilleux  d'aborcL 
sujet  par  suite  à  toutes  les  passions  ?  Il  est  vrai  que  les 
])lus  grands  philosophes  ont  été  d'avis  (pie  la  passion 
n'existait  en  l'homme  (jue  parce  qu'il  est  doué  de 
raison.  Mais  rejeter  un  grand  bien  pour  queh[ues  maux 
(pi'il  entraîne  à  sa  suite  n'est  pas  le  fait  d'un  sage  ; 
d'autant  plus  qu'il  est  trop  tard  et  que  nous  ne  pouvons 
dépouiller  la  raison;  nous  sommes  embarqués;  tendons 
énergiquement  au  port.  Au  fait,  si  un  peu  de  science 
donne  à  l'homme  beaucoup  de  sutïisance,  plus  de  science 
encore  le  ramène  à  la  modestie.  Mais  nos  adversaires  pro- 
testent :  la  philosophie,  disent-ils,  qui  est  la  science  des 
sciences,  n'est-elle  pas  aussi,  dans  sa  fragilité,  le  plus 
beau  monument  de  l  orgueil  humain?  Les  plus  farouches 
partisans  de  l'humilité  veulent  bien  admettre  aujourd'hui 
la  vérité  des  sciences  positives;  mais  ils  s'indignent  encore 
et  crient  à  l'orgueil  lorsque  le  philosophe,  dépassant  les 
faits  particuhers,  prétend  assigner  les  lois  de  toute  expé- 
rience, aliirine,  par  exemple,  que  tous  les  phénomènes 
sont  rigoureuseuient  déterminés  et  que  dans  hi  nature  il 
n'y  a  pas  de  place  piun-  le  mij'acle  ;  comme  si  ce  principe 
a\ait  la  prétention  d'égaler  d'un  bcul  coup  la  connaissance 
humaine  à  Lintini  de  la  nature,  comme  si  son  rôle  n'était 
pas  seulement  de  régler  les  investigations  de  l'homme,  et 
de  lui  imposer  une  méthode  sévère  et  une  prudente  dé- 
fiance de  soi  !  En  vérité,  si   l'oi'gueil  est  ([uelque  part,  il 


est  dans  la  prétention  de  ceux  qui,  en  dépit  des  pnncipes 
de  la  raisoii,  s'imaginent  recevoir  une  révélation  particu- 
lière d'on  ne  sait  quelle  réalité  supra-sensible. 

S'il  risque  d'avoir  quelques  prétentions  injustifiées,  ce- 
lui-là du  moins  ne  tombera  pas  dans  l'orgueil,  qui  ne 
cessera  d'avoir  présente  à  l'esprit  l'absurdité  fondamentale 
et  comme  la  monstruosité  de  cette  passion.  Etre  orgueil- 
leux, c'est  ignorer;  c'est  ignorer  d'abord  combien  nos 
actions  dépeiulent  de  notre  tempérament,  de  notre  corps, 
lequel,  par  des  lois  nécessaires,  dépend  étroitement  de 
l'ordre  total  de  la  nature  ;  ce  n'est  pas  seulement  inécon- 
iiaitre  ce  (pie  nous  devons  à  la  nature,  c'est  ignorer  de 
plus  ce  que  nous  devons  aux  autres  hommes  ;  iffaut  avoir 
le  sentiment  du  peu  (pi'ajoute  un  individu,  fiit-il  un  gé- 
nie, à  la  masse  collective  de  la  pensée  qui  se  transmet  à 
travers  les  générations,  et  à  laquelle  contribuent  les  plus 
humbles  consciences,  au  moins  pour  une  parcelle  ;  s'il  est 
vrai,  enfin,  (pie  les  hommes  de  bien,  les  artistes,  les  sa- 
vants, font  avancer  la  pensée  humaine  dans  la  voie  du 
bien,  du  beau  et  du  vrai,  (pi'est-ce  donc  (pii  leur  donne 
cette  puissance?  Ce  n'est  certes  pas  ce  qui  en  eux  est  re- 
latif à  leur  individu,  c'est  l'eliicace  et  comme  la  grâce  de 
la  pensée  parfaite  qui  les  soutient  et  les  attire  :  l'orgueil- 
leux, injuste  envers  la  nature,  envers  la  société,  l'est  en- 
core envers  Dieu.  En  vérité,  il  est  injuste  pour  lui-même  : 
car  il  prétend  adorer  son  moi,  et  il  passe  sa  vie,  qui  est 
si  courte,  sans  se  douter  des  merveilles  infinies  qui,  de  la 
nature,  de  la  société  et  de  Dieu,  affluent  en  lui-même  î 

Marcel  KiiiWiLT. 

Hiiii,  :  hnildtioii  (le  Jcsiis-Chrtsl.  \)i).i^b,u\\  —  1)i;-(Ar  i  j:-, 
Des  ]}Ussion8  ^/e  /Vn/fc,  ;>  partie,  art  ll'.J-l(i2  —  Scinm/a, 
DéfiintLon  XXVIII,  EUiuine,  ^i"  pai-tio 

ORGUEIL.  C-om.  du  dép.  du  Tarn-et-Garonne,  air. 
de  Castelsarrasin.  cant.  de  Grisolles;  o"21  hab.  Stat.  du 
cliem.  de  fer  du  Midi. 

ORGYA  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Lépidoptères-Hété- 
rocères,  de  la  famille  des  Liparides,  établi  par  Ochsenhei- 
mer  {Schmett,  Eut.,  111,  p.  i208).  Ce 
genre  est  surtout  caractérisé  par  l'atro- 
phie des  ailes  chez  les  femelles.  La  trompe 
est  nulle.  Les  mâles,  pourvus  d'antennes 
plumeuses  ou  largement  pectinées,  sont 
très  vifs  et  volent  pendant  le  jour  à  la 
recherche  des  femelles  (pii  ne  peuvent  se 
déplacer.  L'espèce  type,  très  commune  en 
France,  est  l'O.  (Notolophus)  an  ti- 
qua L.,  FEtoilée.  Le  mâle  a  les  ailes 
antérieures  d'un  fauve  brunâtre  clair, 
•  traversées  par  des  bandes  sinueuses  et 
ornées  d'une  lunule  blanche.  La  chenille  est  noire  avec  les 
brosses  jaunes  ;  elle  vit  en  mai  et  août  sur  presque  tous 
les  arbres  forestiers  et  fruitiers.  P.  Tertrin. 

ORGYIE.  Mesure  de  longueur  des  Grecs,  qui  était  la 
centième  partie  du  stade  (V.  ce  mot). 

ORIA.  Ville  d'Italie,  ju'ov.  de  Lecce,  sur  une  colline, 
entre  Brindisi  elTarente;  8.000  hab.  Aspect  pittoresque. 
Evêché.  Château  du  moyen  âge.  C'est  l'antique  Hyria  ou 
Uria  fondée  par  les  Cretois. 

ORIANDA.  Propriété  de  la  famille  impériale  de  Russie, 
située  sur  la  côte  méridionale  de  la  Crimée,  à  6  kil.  de 
lalta,  près  de  Livadia.  Nicolas  [^^'  l'acheta  au  comte 
Koucheleff-Bezborodko  pour  en  faire  don  à  l'impératrice. 
En  4894,  Orianda  a  été  restauré  pour  une  somme  de 
*2  millions  et  demi  en  l'honneur  de  Nicolas  IL 

ORIANI  (Le  P.  Barnaba),  astronome  italien,  né  à  Ga- 
regnano,  près  de  Milan,  le  17  juil.  17o2,  mort  à  Milan 
le  hi  nov.  IHo'i.  Il  servit  d'abord  les  ma(;(jns.  Mais  sa 
vive  intelligence  frappa  les  chartreux  d'un  couvent  voisin; 
ils  renvoyèrent  au  collège  Saint-Alexandre,  à  Milan,  et, 
en  1776,  peu  après  a^'oir  pris  les  ordres,  il  entra  comme 
élève  à  l'Obsenatoire  du  collège  Brera.  Nommé  deux  ans 
après  astronome  et  tout  de  suite  mis  en  vue  par  de  re- 
marcpiables  travaux  sur  les  mouvements  de  la  lune  publiés 


Oi'^-tya  aiiti({ua 
l'emelle. 


—  561  — 


ORIANI  —  ORIBATES 


dans  les  Effeîneridt  di  Milano,  il  entra  en  correspon- 
dance régulière,  à  la  suite  d'un  voyage  en  Angleterre  et 
en  France  (1786),  avec  les  plus  illustres  astronomes  de 
l'époque,  prit  part  à  la  mesure  d'un  arc  du  méridien  et 
à  des  opérations  de  triangulation  pour  une  nouvelle  carte 
de  la  Lombardie,  et,  au  début  de  l'occupation  française, 
fut  chargé  de  réorganiser  les  universités  de  Pavie  et  de 
Bologne  (1801).  Appelé  ensuite  à  présider  la  commission 
d'établissement  du  système  métrique,  puis  nommé  tour  à 
tour,  par  Bonaparte,  membre  du  nouvel  Institut  italien, 
directeur  de  l'Observatoire  de  Milan,  comte,  sénateur,  il 
procéda  encore  à  plusieurs  mesures  d'arc  de  méridien,  fut 
confirmé  en  1814  par  le  gouvernement  autrichien  dans  la 
direction  de  l'Observatoire  de  Milan  et,  jusqu'à  sa  mort, 
continua  à  publier,  dans  les  Effemeridi  di  Milano,  d'im- 
portants mémoires  sur  la  lune,  sur  les  comètes,  sur  le 
mouvement  des  montres,  sur  la  diminution  d'obliquité  de 
l'écliptique,  sur  les  réfractions  astronomiques,  etc.  C'est 
lui  qui  trouva,  en  calculant  l'orbite  de  Gérés,  que  l'astre 
découvert  par  Piazzi  (V.  Astéroïde)  était  une  planète  si- 
tuée entre  Mars  et  Jupiter.  Il  détermina,  le  premier  aussi, 
l'orbite  d'Uranus.  Il  a  publié  à  pirt  quelques  ouvrages, 
notamment  de  remarquables  Elementi  di  Trigonomeiria 
sferoïdica  (Bologne,  1806,  in-8),  traité  tout  de  suite  clas- 
sique. Il  était  membre  de  la  Société  royale  de  Londres  et 
correspondant  de  l'Académie  des  sciences  de  Paris.  Deux 
statues  lui  ont  été  élevées,  à  Milan  et  à  Brescia.  L.  S. 
jBiBL.  :  A.  Gabi3A,  Elogio  di  Biivnahn  Oriani;  Milan,  1834. 

OR  I  BASE,  médecin  grec  du  iv^  siècle  de  l'ère  chrétienne, 
né  à  Pergame,  selon  Eunape,  ou  à  Sardes.  Il  fut  le  méde- 
cin de  l'empereur  Julien,  qui  le  chargea  de  composer  un 
Corpus  de  médecine  comprenant  tout  ce  que  les  anciens 
médecins  avaient  écrit.  Une  partie  de  cet  ouvrage  fut  compo- 
sée en  Gaule,  probablement  à  Paris.  Oribase  accompagna  Ju- 
lien dans  son  expédition  contre  les  Perses,  où  il  trouva  la 
mort  le  26  juin  363.  La  réaction  chrétienne  fut  fatale  à 
Oribase,  qui  fut  banni  chez  les  ])arbares  (probablement 
vers  le  Danube).  Plus  tard,  il  put  revenir  et  rentra  dans 
ses  biens.  La  grande  collection  d'Oribasc  (Suvaycoyal 
laxpr/.oLi)  ne  nous  est  parvenue  (|ue  mutilée  ;  de  ses 
70  livres  nous  n'en  possédons  que  le  tiers,  emiron 
:2'2  livres,  partie  en  grec,  partie  en  traduction  latine.  Une 
édition  des  œuvres  dOribase  a  été  publiée  par  Bussemaker 
et  Daremberg  (1851-76,  6  vol.  in-8).  Oribase  avait 
écrit  un  abrégé  de  la  grande  collection,  le  Sj/}iopsis,  en 
9  livres,  dédié  à  son  fils  Eustathius,  et,  de  plus,  les 
Eiiporisfes,  sorte  de  manuel  de  médecine  populaire,  en 
{  hvres,  dédié  à  Eunape.  Nous  avons  des  versions  latines 
du  vi^  siècle  de  ces  deux  abi:égés.  On  lui  a  attribué  à 
tort  un  mauvais  commentaire  d'Hippocrate  (Gf.  Littré, 
llippocraie).  D^'  L.  ïL\. 

ORIBATES.  Zoologie.  — Genre  d'Acariens  créé  par  La- 
treille  (1804)  et  devenu  le  type  d'une  nombreuse  famille 
iOribatidés)  qui  présente  les  caractères  suivants  :  palpes 
libres,  tactiles,  fusiformes,  de  cinq  articles  ;  mandibules 
en  pinces  (chélicères).  Stigmates  situés  ((fuand  les  trachées 
existent)  à  la  base  des  quatre  paires  de  pattes.  Pattes  de 
cinq  articles,  munies  de  un  à  trois  ongles  et  de  ventouses, 
propres  à  la  marche  et  i)lus  rarement  au  saut.  Téguments 
très  durs  seulement  chez  les  adultes.  Pas  d'yeux  ;  le  cé- 
phalothorax porte  une  paire  -lïorganes  pseiidosfigma- 
tiques,  ainsi  nommés  parce  qu'on  les  a  pris  longtemps 
pour  des  stigmates  :  il  est  probable  que  ce  sont  des  or- 
ganes d'un  tact  spécial  transmettant  aux  centres  nerveux 
les  vibrations  de  l'air  et  peut-être  les  sons.  Les  larves 
hexapodes  ont  des  téguments  mous,  et  ne  présentent  gé- 
néralement qu'un  seul  ongle  à  chaque  patte.  Il  y  a  trois 
formes  successives  de  nymphes,  suivant  le  développement 
des  organes  génitaux.  Geux-ci  sont  situés  à  la  face  ven- 
trale :  le  pénis  du  mâle  est  petit,  tandis  que  Xovipositor 
de  la  femelle  très  grand,  invaginé  au  repos  en  doigt  de 
gant,  saillant  au  moment  de  la  ponte  et  termiué  par  trois 
lobes  hérissés  de  soies,  a  souvent  été  pris  pour  l'organe 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.  —  XXV. 


mâle.  Il  existe  des  ventouses  génitales  dans  les  deux  sexes. 
Tous  sont  ovipares.  Ges  Acariens  se  nourrissent  exclusi- 
vement de  sucs  végétaux  et  vivent  librement,  ou  en  faux 
parasites,  sous  l'écorce  des  arbres,  au  milieu  des  lichens 
qui  tapissent  le  tronc,  ou  à  terre  dans  la  mousse  humide. 
Leur  taille  varie  de  1/2  à  1  millim.  Les  adultes  sont  or- 
dinairement revêtus  d'une  carapace  hémisphérique  noire, 
dure  et  brillante,  qui  les  fait  ressembler  aux  petits  Goléop- 
tères  du  groupe  des  Gryptophagides  :  tels  sont  les  genres 


Oribata  alata  (très  grossi). 

Oribata  et  Carabodes.  D'autres,  au  contraire,  ont  des 
formes  anguleuses,  des  téguments  ternes,  à  surface  gre- 
nue (Nothnis).  Les  pattes  sont  courtes  et  les  mouvements 
lents,  sauf  dans  le  genre  Damœus  oii  les  pattes  sont  très 
longues.  Les  Hoplophora  ont  la  faculté  de  rabattre  leur 
céphalothorax  sur  l'abdomen,  en  rentrant  leurs  pattes 
comme  les  Tatous,  de  manière  à  présenter  l'apparence 
d'une  boule  inerte.  Les  larves  et  les  nymphes  ont  des  té- 
guments mous,  plissés,  pâles  ou  rosés  ;  mais,  pour  se 
protéger,  elles  gardent  sur  leur  dos  les  plaques  provenant 
des  mues  précédentes  :  on  les  voit  ainsi  grandir  en  por- 
tant une  véritable  pyramide  de  plaques,  toutes  de  la  même 
forme  et  régulièrement  im])riquées,  la  plus  petite  étant 
en  dessus  comme  la  plus  ancienne,  et  la  plus  grande  en 
dessous  (Nothrus).  Dans  certaines  formes  qui  sont  pour- 
vues sur  les  flancs  de  poils  en  feuilles  {Leiosoma  palmi- 
cinctum,  Tegeocranus  latus,  Cepheiis  oceUaius),  ces 
couronnes  de  feuilles  forment  des  verticilles  superposés, 
d'un  aspect  très  élégant,  cachant  le  rostre  et  les  pattes, 
de  telle  sorte  que  l'animal  a  tout  à  fait  l'apparence  d'un 
végéta]  :  ce  mimétisme  et  l'immobilité  que  garde  la  nymphe 
au  cours  de  ses  mues  lui  permettent  d'échapper  à  ses 
ennemis.  Dans  le  genre  Damœus,  les  nymphes  portent 
sur  leur  dos  une  petite  masse  de  boue,  adhérente  aux  poils 
dont  cette  région  est  pourvue  et  (pii  constitue  un  moyen 
de  protection  analogue.  Ges  Acariens  ne  s'attaquant  qu'à 
l'écorce  des  arbres,  aux  lichens  et  aux  mousses,  on  peut 
dire  que  leurs  dégâts  sont  insignifiants.  On  ne  les  trouve 
jamais  sur  les  feuilles  ou  les  fleurs. 

La  famille  se  subdivise  en  trois  sous-familles  :  Ori- 
l)aUnœ,  yoihrinœ,  Uoplophorinœ.  La  première  est  ca- 
ractérisée par  un  céphalothorax  ankylosé  avec  l'abdomen, 
celui-ci  étant  pourvu  de  deux  expansions  en  forme  d'ailes 
plus  ou  moins  développées.  Le  plastron  ventral  est  soudé 
au  plastron  dorsal.  Deux  genres  :  Pelops  et  Oribata.  Ge 
sont  les  Oribatides  les  plus  communs  sous  l'écorce  des 
arbres,  bien  reconnaissables  à  leur  carapace  noire,  bril- 
lante, hémisphérique.  Les  .Yof/irÏJUf^  sont  dépourvus  d'ex- 
pansions aliformcs  :  leurs  formes  sont  souvent  anguleuses, 
rappelant  celles  d'un  parallélipipède  {yotlirns),  avec  des 
téguments  ordinairement  ternes,   chagrinée.   Les  genres, 

36 


ORIBATES  ■-  ORIENTEUR 


om 


Liosoma,  Cepheus,  Scutovertex,  Carabodes,  Notaspis, 
Bamœus,  Hermannia,  Eremœiis,  Nothrus,  Hypoch- 
thonius  prennent  place  ici.  Quelques-uns  sont  a(iuatiques. 
Le  geiu^e  Serrarius  a  les  mandibules  styliformes,  et  Ze- 
torchestes  saute  à  l'aide  do  ses  pattes  postérieures  longues 
et  formant  ressort  comme  chez  les  Altises.  Les  Hoplo- 
phorinœ  ont  le  céphalothorax  mobile  et  susceptible  de  se 
rabattre  dans  une  cavité  de  l'abdomen  ;  le  plastron  ventral 
n'est  pas  soudé  au  plastron  dorsal.  Les  deux  genres  IIo- 
plophora  et  Iritia  composent  cette  sous-famille.  —  Les 
Oribatides  sont  répandus  dans  toutes  les  contrées  du  globe. 

E.  Trouessârt. 
BiBL.  :  Zoologie.  —  A.-D.  Miciiaël,  Bntish  OfibisUdx 
{Ray  Societij)-^  Londres,  1887,  2  vol.  avec  pi. 

ORIBATIDES  (Y.  Oribates). 

ORICHALQUE.  AlKage  métallique  cité  par  les  anciens. 
Hésiode  et  Platon  le  regardent  comme  un  métal  précieux. 
Il  était  préféré  au  cuivre  de  Chypre  (cuivre  rouge).  C'était 
une  variété  de  bronze,  analogue  à  l'airain  de  Corinthe, 
mais  dont  la  composition  exacte  n'est  pas  connue.  Au 
moyen  âge,  ce  nom  a  fini  par  s'appliquer  à  des  variétés  de 
laiton.  M.  Berthelot. 

ORI COURT.  Corn,  du  dép.  de  la  Haute-Stione,  arr.  de 
Lure,  cant.  de  Villersexel  ;  447  hab. 

ORIDRYUS  (V.  Bergeyck  [Arnold  van]). 

ORIEKHOV.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Tauride,  sur  Ui 
r.  g.  de  la  Konka  ;  4.640  hab.  La  ville  existe  depuis  480 1 . 
C'était  primitivement  le  refuge  des  fu\ards,  des  serfs,  des 
insoumis  et  des  Cosaques.  Près  d'Oriekhov  se  trouvait  au- 
trefois le  centre  important  des  Zaporogues,  le  Vélikii 
Long.  Oriekhov  a  plutôt  l'aspect  d'un  grand  village  que 
d'une  ville. 

ORI  EL  (Archit.).  Petit  oratoire  domestique,  assez  fré- 
quemment ménagé  dans  les  riches  habitations  à  l'époque 
clu  moyen  âge,  et  qui  consistait  le  plus  souvent  en  une 
petite  tourelle,  circulaire  ou  polygonale,  construite  en  en- 
corbellement, et  dans  laquelle  le  chef  de  famille  ou  un  hôte 
de  distinction  se  tenait  pour  prier  ou  pour  assister  aux 
offices.  Il  y  avait  quelquefois  un  autel  dans  l'oriel,  et  ce 
n'est  que  plus  tard,  et  par  extension,  que  ce  mot  a  été 
appliqué  à  de  petites  tours  de  guet  établies  au-dessus  des 
portes  d'entrée  des  châteaux  ou  aux  emplacements  projetés 
de  nos  jours  en  saiHie  sur  le  nu  de  la  façade  des  maisons, 
où  ils  continuent  le  vide  des  baies  et  croisées,  et  que  l'on 
appelle  bay-window.  Ch.  Lucas. 

ÈiBL.  :  J.-H.  Parker,  Glossaru  of  iircliitecture  ;  Oxfoi-cl, 
1869,  io-8,  fig. 

ORIENT  (Astron.)  (V    Levant). 

Compagnie  d'Orient  (V.  Compagnk:,  t.  XII,  p.  46"J). 

Question  d'Orient  (V.  Question  d'Oriknt). 

ORIENT  (Joseph),  pehiire  hongrois,  né  en  4677,  moj't 
à  Vienne  en  4747.  11  s'adonna  presque  exclusivement  au 
paysage,  où  il  s'est  ])eaucoup  inspiré  de  la  nature  pitto- 
resc|ue  du  Tirol.  Les  musées  de  Vionie  et  de  Stuttgart 
possèdent  quelques-unes  de  ses  peintures. 

ORIENTALE  (Républi([ue)  ou  Banda  orientale 
(V.  Uruguay). 

ORIENTALE  (Région).  Régioji  zooJogique  tropicale  qui 
s'étend  sur  l'Inde,  l'Indo-Chine,  la  Chine  au  S.  du  Yang- 
tsé-Kiang,  la  Malaisie  presque  entière,  Formose,  Ceylan. 
Elle  est  séparée  de  la  région  paléarctique  par  l'Indus, 
l'Himalaya,  la  vallée  du  Yang-tsé-Kiang,  de  la  région 
australienne  par  la  ligne  de  Wallace  qui  passe  entre  les 
îles  de  Bali  et  Lombok,  Bornéo  et  (^élèbes,  contournant 
au  S.  les  Philippines.  ]a*s  subdivisions  et  les  caractéris- 
tiques de  cette  faune  sont  exposées  dans  l'art.  Malaisie. 

0 R I E NTATI 0 N .  I.  Astronomie.  —  Les  méthodes  d'orien- 
tation varient  avec  le  but  qu'on  chei'che  et  les  moyens 
dont  on  dispose.  Lorsqu'on  a  besoin  d'une  indication  pré- 
cise, pour  le  placement  d'instruments  d'astronomie,  par 
exemple,  ou  dans  des  opérations  de  triangulation,  ou  re- 
court à  la  détermination  de  la  iiicvidienne  par  l'un  des 
procédés  expliqués  sous  ce  mot,  t.  XXIII,  p.  74^2.  On  ^e 
borne,  au  contraire,  pour  des  levés  topographiques  à  vue, 


à  faire  usage  d'une  simple  boussole  :  le  N.  est,  à  Paris,  en 
4898,  à  4o°  à  droite  delà  pointe  l)leue  de  l'aiguille  (V.  Dé- 
clinaison), fji  route,  dans  un  pays  mal  connu,  c'est  encore 
la  boussole  qui  fournit  les  indications  les  plus  précises  ; 
e]le  a  on  outre  l'avaiitage  de  pouvoir  être  employée  à  toute 
heure  et  en  tout  temps.  A  défaut,  on  s'oriente  avec  une 
approximation  plus  ou  moins  grande  :  jjar  la  carie,  si 
l'on  y  a  deux  points  de  repère,  en  se  portant,  si  l'on  n'y 
est,  à  l'un  de  ces  points  ou  sur  la  ligne  imaginaire  qui 
les  joint,  et  en  les  réunissant  par  une  droite;  par  le  so- 
leil, en  observant  cjue  la  direction  de  l'ombre  indi(pac 
rO.  à  ()  h.  mat.,  le  N.-O.  à  9  h.  mat.,  le  N.  à  midi,  le 
N.-E.  à  3  h.  s.,  ri^].  à  6  h.  s.,  ou  encore,  si  l'on  i-este 
en  place  aux  environs  de  midi,  avant  et  après  que  la  bis- 
sectrice de  l'angle  des  deux  ombres  égales  d'un  même  objet 
est  exactement  dirigée  vers  le  N.  ;  par  la  ïiiontre,  en  la 
tenant  horizontalemejit  dans  la  main,  Ja  petite  aiguille 
dans  la  directioji  de  l'ombre  de  l'observateur  et  en  me- 
nant mentalement  la  bissectrice  de  cette  aiguille  et  du 
rayon  allant  du  ot^ntre  à  Xll,  laquelle  donne  sensiblement 
la  direction  N.  ;  pa)'  l'étoile  polaire,  qui  est  la  dernière 
de  la  Petite  Ourse,  sur  le  prolongement  et  à  cinq  fois  la 
distance  des  deux  étoiles  arrière  de  la  Crande  Ourse  et 
qui  indique  leN.  (V.  Constellation,  t.  Xll,  p.  G30)  ;;;<'//■ 
la  lune,  qui,  allant  de  l'L.  à  l'O.  en  passant  par  le  S., 
est  pendant  son  premier  quartier  (forme  d'un  D)  au  S.  à 
(i  h.  s.,  à  l'O.  à  minuit,  lorsqu'elle  est  plehie,  à  l'E.  à 
()  h.  s.,  au  S.  à  minuit,  à  l'O.  à  6  h.  mat.,  pendant  son 
dd'iiier  quartier  (forme  d'un  \),  à  l'E.  à  minuit,  au  S.  à 
()  h.  mat.  —  La  mousse  des  arbres  est  aussi  un  indice  ; 
elle  est  du  côté  de  la  plus  grande  humidité  :  le  N.-O.,  en 
général,  dans  nos  régions.  L.  S. 

IL  Maihlmatioues.  —  Lue  droite  est  orientée  ou  a 
une  orientation  quand  elle  est  censée  parcourue  par  un 
mobile  marchant  toujours  dans  le  mémo  sens,  qui  alors 
est  le  sens  de  l'orieiitation.  Ln  segment  de  droite  orien- 
tée porte  souvent  le  nom  de  vecteur.  Ce  segment  a  deux 
extrémités,  le  point  de  départ  du  mobile  qui  la  parcourt 
est  son  origine,  l'autre  extrémité  porte  alors  proprement 
le  nom  d'extrémité  du  segment  ou  du  vecteur. 

IIL  Archéologii':  égyptienne.  —  Les  Egyptiens  s'orien- 
taient en  regardant  le  sud  (pi'ils  appelaient  KJient,  «  le 
pays  en  avant  »,  tandis  que  i'iiiéroglyphe  qui  désigne  le 
nord  signifie  en  même  temps  derrière,  ce  (jui  est  par 
derrière.  Par  suite,  le  mot  (jui  exprime  la  droite  expri- 
mait en  même  temps  Toccideiit,  et  c'est  le  mémo  mot  (jui 
exprime  la  gauche  et  l'orient.  Cette  orientation  peut  être 
constatée  dans  les  actes  d'adoi-ation  des  pyramides  votives. 

IV.  xVuciuTLCTURE.  —  Dispositiou  donnée  aux  édifices  en 
vue  d'exposer  ou  non  certaines  de  leurs  pièces  aux  rayons 
du  soleil  et  d'éviter  d'ouvrir  des  haies  du  côté  où  souf- 
flent les  vents  chargés  de  pluie  :  ainsi,  les  chambres  à 
coucher  et  certaines  pièces  de  réunion  doivent  être  expo- 
sées au  midi,  tandis  que  pour  la  cuisine,  l'exposition  au 
N.  est  préférable.  Pline  le  Jeune,  dans  la  description  de 
sa  villa  le  Laurenlin,  montre  la  grande  importance  que 
les  anciens  mettaient  aux  avantages  que  })rocurent  cer- 
taines expositions,  ainsi  que  le  charme  d'agréables  points 
de  vue.  L'orientation  a  été  de  tous  temps  une  règle  suivie 
dans  la  construction  des  édifices  consacrés  au  cuite  ;  c'e^t 
ainsi  c|ue,  le  plus  souvent  dans  l'antiquité,  la  porte  d'eii- 
Irée  des  temples  était  disposée  de  façon  à  ce  que  le  soleil 
levant  frappât  de  ses  rayojis  l'intérieui'  du  temple  et  la 
statue  de  la  chvhiité,  et,  ^^i  les  premiers  chrétiens  n'obser- 
vèrent pas  cette  règle  de  crainte  d'iinitec  une  coutume 
païenne,  leurs  architeclcs  y  revinrent  à  l'époque  du 
moyen  âge.  De  leur  côté,  les  musulmans  orientent  le 
oiirhab  (V.  ce  mot)  de  leurs  mosquées  vers  la  Meccpie, 
afin  que  le  croyant,  qui  se  prosterne  devant  ce  mirhab, 
toucne  sa  face  vers  Dieu,  qui  se  tient,  croit-il,  dans  la 
kasbali.  (Charles  Lucas. 

ORIENTEUR  (31at!i.).  hn  géomé(i-ie  vectorielle  et  dans 
le  calcul  des  qualernioiis,  le  nom  d'orienteur  est  souvent 


56a 


ORIENTEUR  —  ORIGÈNE 


donné  à  un  vecteur  dont  la  grandeur  est  l'unité  ;  ce  vec- 
teur fixe  alors  une  direction  ou  une  orientation  ;  de  là  le 
nom  qu'il  a  reçu.  Jùi  choisissant  une  origine  (juelconque 
et  en  prenant  trois  unités  rectangulaires  Ïi,l2'^3'  ^^^^  orien- 
teur  a  pour  expression  a^Ij^  -f-  «2^2  +  ^3^3'  ^^^  trois  quan- 
tités réelles  aj^,a2,a3,  coordonnées  de  l'extrémité,  étant 
assujetties  à  la  condition  a^^  +  a^^  +  cl^^  =  1. 

ORIEUX.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr.  de 
Tarbes,  cant.  de  Tournay  ;  254  hab. 

ORIFICE  (ïlydraul.)  (V.  Ecoulement  des  liquides, 
t.  XV,  p.  516,  et  Jet,  t.  XXÏ,  p.  143). 

ORIFLAIVilVIE.  Bannière  de  Fabbayc  do  Saint-Denis, 
qui  la  conservait  pendue  sur  le  tombeau  de  son  patron, 
et  prétendait  la  tenir  du  roi  Dagobert.  Si  l'origine  exacte 
de  l'oriflamme  est  inconnue,  on  ne  connaît  pas  mieux  sa 
nature  matérielle.  Ce  semble  avoir  été  une  pièce  de  forte 
toile  de  soie  ou  cendal  rouge  feu,  dont  le  champ  fut,  sui- 
vant les  époques,  couvert  de  flammes  et  d'étoiles  d'or,  et 
qui  se  portait  soit  fixée  à  une  longue  hampe  dorée,  soit 
attachée  au  cou  du  porte-étendard.  Celui-ci  fut,  de  droit, 
jusqu'au  xii^  siècle,  le  comte  du  Vexin,  avoué  de  l'abbaye 
de  Saint-Denis  et  chargé  comme  tel  d'en  défendre  les  biens 
temporels.  Mais,  lorsqu'au  commencement  du  xii®  siècle, 
le  roi  Louis  le  Gros  acquit  le  comté  du  Vexin,  il  se  trouva, 
de  fait,  porte-étendard  de  Saint-Denis  dont  il  fit  porter 
l'oi'iflamme  à  la  bataille,  avec  la  bannière  de  France.  Cet 
usage  demeura  en  vigueur  sous  ses  successeurs,  et  c'est  ce 
qui  expHque  en  partie  le  cri  d'armes  des  gens  du  roi  : 
Montjoye  Saint-Denis  !  sans  que  l'on  soit  porté  à  con- 
sidérer comme  exactes  les  figurations  des  manuscrits  mé- 
diévaux où  l'on  voit  ce  cri  écrit  en  grands  caractères  sur 
l'oriflamme.  L'oriflamme  est  sigUcalée  dans  la  Chanson  de 
lioland  (CCXXIII)  comme  une  bannière  royale  d'abord 
appelée  Jiomaine,  puis  Munjoie.  Sans  doute  cette  oriflamme 
carolingienne,  qui  aurait  été  donnée  à  Charlemagne  par  le 
pape  de  Rome,  était  fabuleuse.  Quoi  qu'il  en  soit,  on 
est  porté  à  croire  que,  plus  les  oriflammes  étaient  d'un 
type  ancien,  plus  elles  avaient  de  queues;  leur  coupe  était 
quadrangulaire  et  le  ])ord  libre,  opposé  à  la  hampe,  dé- 
chiqueté en  double  lambel,  tandis  que  les  oriflammes  des 
XI v^  et  xv^  siècles  sont  à  deux  queues.  11  a  dû  exister  des 
confusions  chez  les  auteurs  anciens  entre  l'oriflamme,  le 
gonfanon  du  roi  et  la  bannière  royale  bleue  fleurdeUsée 
d'or  ;  cette  dernière,  qui  semble  avoir  été  l'image  de  la 
cape  rehquc  de  Saint-Martin  de  Tours,  était  à  l'origine 
montée  sur  une  grande  hampe  dorée,  dressée  sur  un  cha- 
riot bardé  de  fer  que  tramaient  des  bœufs,  tandis  que  le 
gonfanon  du  roi  était  son  drapeau  personnel,  dont  les  cou- 
leurs variaient  jusqu'au  noir  complet  sous  Charles  VII; 
il  devint  plus  tard  le  drapeau  royal  (V.  Drapeau). 

Dans  le  rituel  féodal  et  chevaleresque,  le  roy,  premier 
vassal  de  l'abbé  de  Saint-Denis,  en  tant  que  comte  du 
Vexin,  fait  hommage  au  saint  avant  que  de  prendre  l'ori- 
flamme qui,  en  temps  de  paix,  ne  quitte  pas  le  tombeau 
du  saint.  La  cérémonie  a  un  caractère  avant  tout  sym- 
bolique. Tote  nue,  la  robe  non  ceinte,  le  roi  a  dû,  à  jeun, 
faire  ses  dévotions  à  Notre-Dame  de  Paris ,  puis  à  Saint- 
Denis  même.  La  sainte  bannière  est  alors  remise  au  porte- 
oriflamme  qui  doit  communier  avant  que  de  la  recevoir  et 
jurer  de  la  défendre  fidèleiuent.  Mais  celui-ci  doit  garder 
le  précieux  dépôt  roulé  dans  une  custode  pour  ne  l'en 
sortir  qu'au  moment  de  la  charge.  La  pièce  de  cejidai 
vermeil,  ornée,  bordée  de  houppes  de  soie  verte,  est  alors 
fixée  au  bout  d'une  lance,  ou  bien  le  roi  l'attache  à  son 
cou  et  elle  lui  forme  comme  une  robe  d'armes.  Cet  usage 
s'accorde  avec  celui  de  ne  mettre  les  cottes  armoriées  et 
de  ne  déployer  les  bannièi'cs  qu'au  moment  de  l'action, 
coutume  qui  fut  observée  toujours  pendant  le  xiv^  siècle. 
Si  on  connaît  mal  ki  luiture  exacte  de  l'oriflamme,  on  con- 
naît mieux  son  histoire,  à  partir  du  xiii^  siècle.  On  la 
voit,  en  43!28,  portée  à  la  batadle  de  Cassel  par  le  sire 
Miles  de  Noyers  qui  «  estoit  monté  sur  un  grand  destrier 
couvert  de  hauber^erie,  et  tenait  en  sa  main  une  lance 


a  quoi  l'oriflamme  estoit  attachiée,  d'un  vermeil  samit,  en 
guise  de  gonfanon,  à  trois  queues,  et  avoitentour  houppes 
de  verte  soye  »  (Chroiique  de  Flandres,  LXVII).  On 
remarquera  que  l'oriflamme  du  xiv^  siècle  est  bien  différente 
de  celle  du  xin^  que  Guillaume  le  Breton  dépeint  comme 
une  simple  pièce  de  soie  rouge,  pareille  à  celles  dont  on 
se  sert  pour  les  processions  de  l'église.  Au  reste,  la  forme 
de  l'oriflamme  a  beaucoup  changé,  elle  posséda  deux,  trois 
et  même  quatre  queues  suivant  les  temps,  car  bien  qu'elle 
eût  le  privilège  de  marcher,  à  la  bataille,  avant  toutes  les 
autres  bannières,  elle  n'avait  pas  ses  bords  libres  entiers 
comme  ceux  de  la  bannière  royale.  Sans  doute,  l'oriflamme 
primitive  fut  souvent  remplacée  par  des  pièces  plus  neuves, 
elle  subit  d'ailleurs  des  fortunes  diverses  et  fut  prise  maintes 
fois  à  la  guerre.  On  a  prétendu  qu'elle  disparut  en  138^  à 
la  bataiUe  de  Rosebecque  ;  elle  tomba  aux  mains  des  Anglais 
à  la  journée  de  Poitiers,  en  1356,  où  le  porte-oriflamme 
Geoffroy  de  Charny  périt  aux  cotés  du  roi  Jean.  Elle  semble 
avoir  eu  une  pareille  fortune  en  1415,  à  Azincourt,  où  elle 
était  tenue  par  le  sire  Martel  de  Bacque ville.  On  en  trouve 
encore  des  mentions  plus  tard  ;  ainsi  les  lleijistra  Delplii- 
nalia  (1456)  citent  «  l'auriflambe  en  guise  d'un  gonfanon 
à  deux  queues,  et  tout  autour  houppes  de  soie  verte  »,  etc. 
Une  des  dernières  traces  est  fournie  par  l'inventaire  du 
trésor  de  Saint-Denis  fait  en  1536  par  la  chambre  des 
comptes  ;  on  y  lit  :  «  un  étendard  de  cendal  fort  épeais, 
fendu  par  le  miHeu,  en  façon  d'un  gonfanon,  fort  caduque, 
enveloppé  autour  d'un  bâton  couvert  d'un  cuivre  doré,  et 
un  fer  longuet  aigu  au  bout.  »  L'oriflamme  était  déjà  une 
relique.  Tout  porte  à  croire  qu'elle  disparut  des  champs  de 
bataille  après  la  guerre  de  Cent  ans.  Maurice  Maindron. 

ORIGAN  {Onganuni]j.).  Genre  de  Labiées,  composé 
d'herbes  annuelles  et  vivaces,  à  fleurs  environnées  de  brac- 
tées imbri(|uécs,  formant  des  épis  tétragones.  La  calice, 
quinquédenté,  est  ové,  campanule,  quelquefois  bilabié;la 
corolle  est  tubuleuse  à  ^  lèvres  ;  les  4  étamines  dicly- 
names  sont  ascendantes  et  écartées;  l'ovaire  quadrilobé  est 
surmonté  d'un  style  terminé  par  ^  lobes  stigmatiques. 
Les  espèces  principales  sont:  0.  vidgare  L.,  vivace,  très 
commun  en  Europe,  dans  les  lieux  incultes  et  sur  la  lisière 
des  bois  ;  on  l'appelle  iiiissi Marjolaine  bdlarde,  M.  sau- 
vage; ses  propriétés  sont  aromati(pics,  toniques  et  sti- 
mulantes, grâce  à  une  essence  spéciale  qu'elle  renferme  ; 
on  l'emploie  en  infusions  (10  °/oo)  à  l'intérieur  et  en  fo- 
mentations à  l'extérieur;  —  0.  DictaniusL.,  kDicla)nede 
Crète,  originaire  de  Crète  et  cultivé  dans  la  région  médi- 
terranéenne ;  on  emploie  ses  sommités  fleuries  comme  to- 
niques, antispasmodiques  et  emménagogues  en  infusions 
(8  à  30  ^/oo),  en  poudre  (2  à  4  gr.)  et  en  teinture  au 
quart  (4  à  8  gr.)  ;  elles  entrent  aussi  dans  la  composition 
du  diascordium,  de  la  thériaque  et  de  l'alcoolat  de  Fiora- 
vanti  ;  —  0.  MajoranaL.  ou  il/rtr/o/anit?,  plante  aromatique 
de  l'Asie  moyenne,  de  l'Arabie  et  de  l'Afrique  septentrio- 
nale, fréquemment  cultivée  dans  nos  jardins;  sa  poudre 
est  sternutatoire.  On  préparait  jadis  un  onguent  de  mar- 
jolaine avec  du  beurre.  D^'  L.  Un. 

0RI6ÈNE, philosophe  chrétien  de  l'école  d'Alexandrie, 
né  à  Alexandrie  en  185,  mort  à  Tyr  en  !251'.  Né  de  pa- 
rents chrétiens,  d'un  tempérament  ardent,  il  embrassa  de 
bonne  heure  le  christianisme.  Ouand  son  père,  Léonidas, 
fut  emprisonné  et,  dans  la  suite,  décapité  durant  la  per- 
sécution de  "20:2,  le  fils  l'exhorta  à  ne  pas  fléchir.  La  mère 
dut  cacher  les  vêtements  du  jeune  homme  pour  l'empêcher 
de  se  livrer  lui-même  aux  exécuteurs.  La  fortune  de  Léo- 
nidas ayant  été  confisquée,  Origène  donna  des  leçons  pour 
se  nourrir  lui-même  et  sa  mère.  Il  suivait,  en  même 
temps,  les  leçons  d'Ammonius  Saccas  et  étudiait  Platon  et 
ses  commentateurs.  Vers  la  même  époque,  il  reprit  l'ensei- 
gnement catéchétique  sur  la  demande  de  jeunes  gens  qui 
désiraient  se  faire  instruire  dans  les  doctrhies  du  christia- 
nisme. L'évèque  Démétrius  confirma  Origène  dans  cette 
charge  ;  celui-ci  fut  ainsi,  dès  203,  le  successeur  des 
grands  maîtres  de  l'école  catéchétique  d'Alexandrie.  (^Vst 


ORIGÈiNE 


564  — 


à  re  moment  que,  dans  mi  accès  d'exaltation,  Origène  se 
mutila,  ce  qu'il  ne  tarda  pas  à  regretter.  En  21 1,  il  fit 
un  court  séjour  à  Home;  en  215,  on  le  trouve  en  Arabie; 
puis,  vers  i\6,  pendant  nne  persécution  dirigée  surtout 
contre  les  savants  alexandrins  par  Caracalla,  il  se  retira  en 
Palestine.  Son  ancien  condisciple,  l'évèque  de  Jérusalem, 
Alexandre,    ainsi  que  Théoctiste,  évèque  de  Césarée,   lui 
tirent  doimer  des  conférences  dans  leurs  églises.  Démétrius 
d'Alexandrie  s'en  montra  jaloux  et  rappela  Origène  à  l'école 
catéchétique.  Ce  premier  mouvement  d'humeur  contre  Ori- 
gène mar([ue  le  conunencement  de  troubles  qui  empoison- 
nèrent la  vie  du  philosophe  chrétien.  —  Les  plus  considé- 
rables des  ouvrages  d'Origène  furent  composés  pendant  le 
séjour  à  Alexandrie  qui  sépare  le  premier  voyage  en  Pales- 
tine du  second.  Un  des  amis  d'Origène,  Ambroise,  lui  payait 
des  tachygraphes,  des  secrétaires,  des  copistes,  travaillant 
sous  ses  ordres.  Cela  n'empêchait  pas  le  savant  de  voyager. 
Vers  226  probablement,  la  princesse  Maniée  le  fit  venir  avec 
une  escorte  d'honneur  à  iVntioche  pour  s'entretenir  avec  lui. 
Sa  réputation  débordait  au  delà  des  cercles  chrétiens.  Aux 
environs  de  230,  pas  avant,  Origène  alla  en  Achaie,  avec 
l'assentiment  de  Démétrius,  sans  doute  pour  des  confé- 
rences contre  des  héréti(fues  ;  il  passa  par  la  Palestine  où 
ses  amis  Alexandre  et  Théoctiste  l'ordonnèrent  prêtre  à 
Césarée,  peut-être  pour  parer  à  de  nouvelles  réclamations 
de  la  part  de  Démétrius.  Mais  celui-ci  s'en  irrita,  protesta 
contre  l'ordination  et  exclut  Origène  de  l'Eglise  d'Alexan- 
drie, après  l'avoir  accusé  d'insubordination  et  d'hérésie. 
Origène  se  retira  à  Césarée  en  231 .  —  «  Ayant  retrouvé 
quelque  sérénité  »,  comme  il  le  dit  lui-même,  après  cette 
crise  douloureuse,  Origène  reiirit  ses  travaux  littéraires 
et  fonda  une  école  de  tliéologie.  Le  plan  d'étude,   rensei- 
gnement rare  et  précieux,   a  été  conservé  par  Grégoire 
Thaumaturge.  Les  élèves  faisaient  d'abord  des  études  gé- 
nérales et  surtout  de  dialecti(|ue  pour  arriver  à  l'étude  de 
la  morale.  Puis,   ils  hsaient  les  philosophes  et  les  poètes 
grecs,  pour  passer  de  là  à  l'Lcriture  sainte,  dont  l'étude 
couronnait  le  tout.  Dès  le  début,   cela  va  sans  dire,  tout 
l'enseignement    était    donné    au   point  de  vue  chrétien. 
Entre  235  et  238,  au  cours   d'un   voyage,   Origène  fut 
arrêté  pendant  une  persécution  en  Cappadoce.   Vers  240, 
il  est  à  Athènes,  et  deux  fois,  après  cela,  il  fut  appelé  en 
Arabie.  Il  échangeait  des  correspondances  avec  l'empereur 
Philippe.  Quand,  après  le  règne  d(^.  ce  souverain,  la  per- 
sécution de  Dèce  éclata  (250),  Origène  fut  emprisonné  et 
mis  à  la  torture  ;  il  ne  fut  pas  exécuté  et  mourut  à  Tyr 
dans  sa  soixante-dixième  année. 

Epiphane  parle  de  6. 000  œuvres  httéraires  rédigées  par 
Origène.  Jérôme  proteste  et  réduit  ce  chiffre  à  2.000.  Il 
faut  y  voir  l'expression  de  l'étonnement  que  l'activité  lit- 
téraire d'Origène  produisait  sur  les  générations  posté- 
l'ieures.  De  son  vivant,  d'ailleurs,  on  l'appelait  Adaman- 
tinos,  «  dur  comme  le  diamant  ».  c.-à-d.  inaccessible  à 
la  fatigue.  Parmi  les  travaux  exégéti([ues  d'Origène,  il 
faut  distinguer  les  scholies,  courtes  remarques  sur  les 
textes  sacrés  ;  quehfues  fragments  seulement  ont  été  con- 
servés ;  puis,  les  homélies  ou  explications  prati(jues  de  la 
Bible  ;  il  en  subsiste  près  de  200,  dont  les  trois  quarts 
dans  des  versions  latines  seulement  ;  enfin,  les  commen- 
taires proprement  dits  (rojjtot),  «  dans  lesquels,  au  dire 
de  Jérôme,  Origène  déployait  toutes  les  voiles  de  son  génie 
aux  vents  qui  le  poussaient,  et,  (|uittant  la  terre,  s'avan- 
çait en  plein  océan  ».  Sur  l'Ancien  Testament,  il  ne  reste 
que  des  fragments  latois  ;  mais  on  possède  encore  le  texte 
de  M  livres,  parmi  plus  de  30,  sur  Jean;  le  commen- 
taire sur  l'épltre  aux  Romains  n'est  complet  que  dans  la 
version  latine,  mitigée  malheureusement,  de  Rufin.  Comme 
exégète,  Origène  n'ignore  pas  les  règles  d'une  saine  inter- 
prétation grammaticale  et  historique  ;  mais  il  se  laisse 
souvent  emporter  par  l'explication  allégorique  qui  tire  du 
texte  tout  ce  que  l'imagination  veut  bien  lui  prêter.  On  y 
trouve  l'opinion  d'Origène;  il  ne  faut  pas  y  chercher  celle 
de  l'écrivain  commenté.   Origène  a  montré  son  sens  cri- 


tique par  ses  laborieuses  recherches  sur  le  texte  biblique, 
consigné  dans  les  \o\mmnei\ses  Hexaples  (50  vol.)  dont  la 
perte,  sauf  quehfues  fragments,  réunis  d'abord  par  le  P.  Mo- 
rin(Rome,  1587),  puis  par  Montfaucon  (Paris,  1713),  en 
dernier  Heu  par  Er.  Eield  (Oxford,  1867-74, 2  vol.  in-fol.),  ne 
peut  être  assez  déplorée.  La  disposition  de  l'oiiyrage  montrait, 
en  six  colonnes  synopti((ues,  le  texte  hébreu,  le  même  trans- 
crit en  lettres  grecques,  les  traductions  grecques  d'Aquila, 
de  Syminaque,  des  Septante  et  de  Théodotion,  le  tout  avec 
des  signes  critiques  et  des  remarques.  Parmi  les  oeuvres 
philosophicpies  et  dogmatiques,  la  principale  est  le  UboX 
'Acywv,  Des  Principes,  traitant,  en  4  livres,  de  Dieu, 
des  créatures,  de  la  liberté  et  de  l'Lcriture  sainte.  La  ver- 
sion latine  de  Rufm  donne  seule  le  texte  complet.  11  ne 
reste  que  des  fragments  de  2  livres  sur  la  résurrection  et 
de  10  livres  de  Stivniates  (tapis  tressés).  Les  3  livres  contre 
Celsc  sontquel({ue  peu  diffus,  mais  ont  un  très  grand  intérêt 
historique.  Il  n'existe  plus  que  2  des  traités  pratiques 
d'Origène,  une  exhortation  à  la  constance  dans  le  martyr 
et  un  traité  sur  la  prière.  Des  4  livres  Me  lettres,  2  épitres 
seulement  et  quehfues  fragments  ont  été  conservés. 

Pour  donner  une  idée  du  système  philosophique  d'Ori- 
gène, il  suffira  ici  de  résumer  sa  pensée  sur  Dieu,  sur  la 
chute  et  sur  le  rétablissement.  La  spéculation  d'Origène 
est  dominée  par  le  néoplatonisme  II  veut  faire  la  phifoso- 
pliie  du  christianisme  ;   en  réalité,  il  ne  se  dégage  guère 
des  spéculations  cosmologi(|ues  qui  absorbaient  alors  l'atten- 
tion des  penseurs.  On  l'a  fort  bien  dit.  «  toutes  les  théo- 
ries d'Origène,   même  les  plus  imaginaires,  représentent 
l'état  intellectuel  et  moral  du  siècle  où  il  a  paru  ».  Il  pré- 
tend tirer  tous  les  éléments  de  sa  pensée  de  TLcrilm-e 
sainte  ;  mais  il  méconnaît  entièrement  le  caractère  histo- 
rique de  la  Rible  ;  il  projette  en  dehors  du  temps   et  de 
l'espace  tous  les  objets  de  sa  connaissance  religieuse.  La 
spéculation  métaphysique  est. pour  lui  la  vraie  religion  ; 
c'est  le  domaine  de  la  gnose,  de  la  connaissance  ;  le  vul- 
gaire peut  se  contenter  des  données  historiques  et  de  la 
foi.  Cela  posé,  Origène  estime  que  l'existence  du  monde 
des  esprits  créés  postule  l'existence  d'une  «  source  »  de 
tout  être  qui  est  Dieu,  esprit  éternel,  pur,  un  et  immuable; 
mais,  plus  que  les  philosophes  grecs,   Origène  parle  de 
Dieu  comme  d'un  être  personnel.  En  discutant  les  attri- 
buts de  Dieu,  il  ergote  sur  les  bornes  de  la  toute-science 
et  de  la  toute-puissance  ;  celle-ci  est  limitée  par  la  volonté 
de  Dieu   et  ])ar  une  logi(|ue  interne  qui  l'empêche  de  se 
contredire;   la  toute-science  est  bornée  par  la  liberté  que 
Dieu  a  accordée  aux  esprits.   Puis(|u'il  est  bon.   Dieu  se 
manifeste,  se  révèle;  il  le  fait,  par  consé([uent,  de  toute 
éternité.  Etant  donnée  l'unité  imnuiable  de  Dieu,  il  ne  peut  se 
révéler  à  la  pluralité  ([ue  par  un  organe  dans  lequel  il  se 
reproduit  en  se  dépouillant  dans  cet  organe  de  sa  propre  «  apa- 
thie ».  Cet  organe  révélateur  est  le  logos  (raison  et  verbe), 
image  parfaite  de  Dieu,  une  sorte  de  second  Dieu  (terme 
néo-platonicien)  en  face  du  Dieu  auToGsoç,  coéternel  avec 
lui  et  de  même  essence.  Le  mode  de  création  du  logos  est 
«  indescriptible  »  ;  Origène  n'emploie  pas  le  terme  d'éma- 
nation ;    il  parle  de  génération,  mais  c'est  une  figure; 
«  comme  la  lumière  est  engendrée  par  le  foyer  lumineux. . . , 
comme   la  volonté  procède  de  l'esprit   »,    ainsi  le  Eils 
est  engendré  par  le  Père.    Le   Père   est   la   cause  ;    le 
Eils,  l'effet.   Le   Eils   n'est  plus    absolument  simple;   il 
représente   l'inlermédiaire  entre  l'unité  et   la   pluralité. 
Tout  le  christianisme  est  déterminé  par  cette  doctrine. 
Logiquement,  il  sufïit  que  l'humanité  soit  informée,  éclai- 
rée :  d'où  l'importance  de  la  connaissance  (yvc5atç)  ;  la 
rédemption  n'est,  en  somme,  qu'un  élément  rapporté,  sotidé 
à  son  système.  De  même,  quand  il  parle  du  Saint-Esprit, 
«  créé  par  Dieu  par  l'intermédiaire  du  logos  »,  c'est  parce 
(fue  cette  troisième  hypostase  de  la  Trinité  existait  dans 
la  tradition  (hrétienne.  La  construction  systématique  d'Ori- 
gène  s'en  serait  passée.  Ici  surtout  on  constate  combien 
la  spéculation  d'Origène,  un  peu  comme  celle  de  Leibniz, 
n'a  pas  été  authenticpie,  indépendante  ;  elle  est  asservie  à 


—  565 


ORIGÈNE  —  ORÏOL 


la  nécessité  d'englober  une  tradition  existante.  On  voit 
ainsi  d'admirables  audaces  se  briser  soudain  contre  un 
conservatisme  étrange.  C'est  à  la  fois  le  défaut  capital  de 
la  philosophie  d'Origène  et  l'imperfection  de  son  christia- 
nisme. Comme  chrétien,  il  n*a  pas  osé  s'affranchir  des 
données  de  la  traditiori  chrétienne,  et,  comme  philosophe, 
il  n'a  pas  été  capable  d'assimiler  quel([ues-uns  des  plus 
importants  éléments  du  christianisme  historique.  Enfin, 
pour  revenir  à  la  théorie  d'Origène,  le  logos  a  produit  un 
grand  nombre  d'esprits  ou  «  créatures  raisonnables  », 
dont  le  caractère  essentiel  est  le  devenir.  Elles  sont  libres. 
Plusieurs  se  sont  développées,  contrairement  à  l'intention 
divine.  —  On  arrive  ainsi  au  deuxième  point  capital  du 
système  d'Origène,  sa  doctrine  de  la  chute  et  de  ses  con- 
séquences. Pour  ramener  les  esprits  dévoyés,  tombés,  le 
monde  sensible  a  été  créé.  Les  esprits  y  ont  été  incarnés 
et  doivent  s'y  purifier,  une  affinité  accidentelle  de  l'origé- 
nisme  avec  le  bouddhisme.  Pour  Origène,  le  mal  n'a  pas 
de  réalité  ;  il  ne  saurait  être  éternel  ;  maliim  est  bono 
carere;  le  mal  est  un  oùx  ov  ;  il  n'a  pas  d'existence  en 
soi.  Les  hommes  sont  des  esprits  déchus  et  incarnés; 
Tàme  est  une  sorte  d'esprit  «  refroidi,  figé  »,  un  élément 
spirituel,  emprisonné  dans  la  matière.  Tous  les  hommes 
sont  donc,  à 'priori,  des  pécheurs  ;  le  monde  est  comme 
une  grande  maison  de  correction.  —  Voilà  les  prémisses 
du  plan  de  la  rédemption.  On  voit  ([u'Origène,  au  heu  de 
parler  de  rédemption,  aurait  pu  se  contenter  de  décrire  le 
rétablissement  de  l'ordre  troublé  par  la  désobéissance  des 
esprits.  Le  mal  n'étant  pas  irrémédiable,  il  suffit  d'ins- 
truire les  hommes  pour  les  ramener  à  Dieu.  C'est  ce  qui 
s'est  fait  par  les  diverses  incarnations  d'esprits  purs  (les 
prophètes),  envoyés  par  le  logos  à  l'humanité,  incarna- 
tions couronnées  par  celle  du  logos  lui-même.  Origène 
reconnaît  —  c'est  la  conséquence  correcte  de  ses  pré- 
misses —  que  la  prédication  du  logos  aurait  sufïi  pour  les 
honnnes  supérieurs  ;  mais  pour  les  esprits  trop  matéria- 
lisés, il  a  faUu  une  dononstratio  ad  oculos  :  le  logos 
s'est  sacrifié  pour  éveiller  l'attention  des  hommes  gros- 
siers. Mais  Origène  revêt  tout  cela  de  formules  bil)li([ues 
dont  son  système  répudie  le  sens  historique.  Du  reste,  le 
vrai  rétablissement  n'est  pas  opéré  par  le  logos  ;  c'est  la 
mort  de  cha({ue  homme  qui  le  dématériahse  et  dégage  son 
esprit.  L'eschatologie  chrétienne  est  défait  supprimée.  Par 
contre,  la  correction  et  les  progrès  continuent,  après  la 
mort,  pour  ceux  qu'une  première  incarnation  ici-bas  n'a 
pas  suffisamment  éclairés.  Origène  est  le  premier  docteur 
qui  parle  d'un  feu  purifiant,  ce  qui  est  devenu,  dans  l'évolu- 
tion du  dogme  catholi(|ue,  le  purgatoire.  Finalement,  tous 
les  esprits  seront  affranchis  du  mal  qui  ne  sera  plus. 

L'œuvre  d'Origène  est  le  premier  et  le  plus  remar- 
quable des  essais  tentés  avant  le  moyen  âge  de  fusionner 
en  un  système  les  données  du  christianisme  et  les  résul- 
tats de  la  spéculation  philosophique  de  l'hellénisme.  Le 
gnosticisme  avait  poursuivi  le  même  but(V.  l'art.  Gnosti- 
cisme)  ;  tous  ces  essais  informes  furent  supplantés  par  la 
philosophie  d'Origène.  Origène  marque  donc  la  fin  du  gnos- 
ticisme. Pendant  plus  d'un  siècle,  la  pensée  d'Origène,  sa 
conception  du  christianisme,  domina  l'Eghse,  en  partie 
même  en  Occident.  Après  cela,  elle  défraya  pendant  des 
siècles  les  disputes  théologiques  ;  et  ceux  qui  condamnèrent 
au  concile  de  Constantinople,  en  533,  l'origénisme,  ne 
comprenaient  plus  combien  ils  étaient  eux-mêmes  des  dis- 
ciples d'Origène.  F. -H.  Krùger. 

BiBL.  :  La  seule  édition  complète  des  œuvres  d'Ori.uène 
est  encore  toujours  celle  du  Père  de  La  Kuk,  Paris, 
1733-59,  4.  vol.  in-fol.,  réimprimée  par  Lommatzsch,  à 
Berlin,  1831-48,  25  vol.  in-8,  et  par  Migne,  Patrologie,  série 
grecque,  t.  XI-XVII.  —  Huet,  Origeniana,  au  4''  vol.  de 
l'éd.  de  La  Rue,  t.  XXII-XXIV  de  celle  de  Lommatzsch.  — 
Thomasius,  Origenes  ;  Nuremberg-,  1837.  —  E.-R.  Rede- 
PENNiNG,  Origenes,  eine  Darstellung  seines  Lehens  und 
seiner  Lehre  ;  Bonn,  1841-46,  2  vol.  —  J.  Denis,  la  Philoso- 
phie d'Origène  ;  Paris,  1885. 

ORIGINE  (Math.)  (V.  Coordonnées).  —  Origine  des 
temvs.  C'est  le  moment  à  partir  duquel  on  compte  le 


temps  soit  dans  le  passé,  soit  dans  le  futur.  —  Origine 
d'une  droite.  C'est  celle  de  ses  extrémités  à  partir  de 
laquelle  on  la  suppose  parcourue  lorsqu'elle  est  orientée. 

ORIGNAC.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr.  et 
cant.  de  Bagnères-de-Bigorre  ;  49"2  hab. 

ORIGNE.  Com.  du  dép.  de  la  Gironde,  arr.  de  Bazas, 
cant.  de  Saint-Symphorien  ;  233  hab. 

ORIGNÉ.  Com.  du  dép.  de  la  Mayenne,  arr.  et  cant.  de 
Château-Gontier  ;  361  hab. 

ORIGNOLLES.Com.du  dép.  de  la  Charente-Inférieure, 
arr.  de  Jonzac,  cant.  de  Montlieu  ;  727  hab. 

ORIGNY.  Com.  du  dép.  de  la  Côte-d'Or,  arr.  de  Chà- 
tillon,  cant.  d'Aignay-le-Duc  ;  402  hab. 

ORIGNY-en-Thiér.\che.  Com.- du  dép.  de  l'Aisne,  arr. 
de  Vervins,  cant.  de  Hirson  ;  2.573  hab.  Stat.  du  chem. 
de  fer  du  Nord.  Vannerie  fine.  Eglise  fortifiée  des  xiv®  et 
xvi*^  siècles. 

0RI6NY-LE-BuTiN.  Com.  du  dép.  de  l'Orne,  arr.  de 
Mortagne,  cant.  deBellème;  248  hab. 

ORIGNY-LE-Roux.  Com.  du  dép.  de  l'Orne,  arr.  de 
Mortagne,  cant.  de  Bellème  ;  504  hab. 

ORIGNY-le-Sec.  Com.  du  dép.  de  l'Aube,  arr.  de  No- 
gent-sur-Seine,  cant.  de  Romilly;  826  hab. 

ORIGNY-Sainte-Benoite.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr. 
de  Saint-Quentin,  cant.  de  Ribemont,  sur  la  rive  g.  de 
l'Oise  et  le  canal  de  la  Sambre  à  l'Oise  ;  2.549  hab.  Stat. 
du  ch.  de  fer  du  Nord.  A  Mont-d'Origny,  port  sur  le  ca- 
nal ;  transport  de  matériaux  de  construction,  de  charbons, 
d'engrais  et  de  produits  agricoles.  Carrières  de  pierre  de 
taille.  Fabriques  de  châles  et  d'étoffes  légères,  barèges, 
linons,  gazes,  batistes.  Distillerie  agricole,  sucrerie,  scierie 
mécanique,  brasserie,  fabrique  de  chicorée,  moulins,  van- 
neries. Le  village  s'est  formé  autour  d'une  ancienne  abbaye 
de  femmes  établie  à  l'époque  mérovingienne  auprès  du 
tombeau  de  sainte  Benoite,  martyre  du  iv^  siècle. 

ORIHUELA.  Ville  d'Espagne,  prov.  d'Alicante,  sur  la 
Segura  ;  25.000  hab.  Evèché,  cathédrale  gothique.  Si- 
tuée au  miheu  d'une  riche  huer  ta  et  de  beaux  bois  de 
palmiers,  elle  est  un  marché  de  fruits,  de  soie,  de  chanvre. 
Filatures  et  tissages  de  soie  et  de  toile.  On  y  fabrique  des 
chapeaux,  du  savon,  du  salpêtre. 

GRILLON  (Fortification).  On  donnait  ce  nom  à  un  pro- 
longement de  la  face  du  bastion  faisant  saillie  sur  le 
flanc  adjacent  :  en  D,  en  C,  en  M,  dans  la  fig.,  t.  V, 
p.  678.  Il  affectait  tantôt  la  forme  d'un  bourrelet,  tantôt 
celle  d'un  pan  coupé.  Employé  dès  4550  par  les  ingé- 
nieurs italiens,  il  se  retrouve  dans  les  premières  places 
fortes  construites  par  Vauban.  On  y  a  depuis  renoncé 
parce  qu'il  gêne  les  feux  des  flancs. 

ORIN.  Com.  du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  arr.  et  cant. 
(0.)  d'Oloron;  264  hab. 

ORINCLES.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr. 
de  Tarbes,  cant.  d'Ossun  ;  544  hab. 

ORIOL-en-Royans.  Com.  du  dép.  de  la  Drôme,  arr. 
de  Valence,  cant.  de  Saint-Jean-en-Royans ;  528  hab. 

ORIOLouAURIOL  (Pierre)  (Petrus  Aureotus),  sur- 
nommé Doctor  abundans  et  Doctor  facundiis,  moine 
franciscain  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Pierre  de 
Verberie  (Hauréau,  pp.  345  et  suiv.),  et  qui  mourut  en 
4324,  au  moment  oti,  en  raison  de  la  célébrité  que  lui 
avaient  acquise  ses  leçons  publiques,  il  était  appelé  à 
l'archevêché  d'Aix.  C'est  un  précurseur  de  Guillaume 
d'Occam,  un  adversaire  des  entités  universelles,  genres, 
espèces,  matière  première,  défendues  par  son  confrère, 
Duns  Scot,  un  adversaire  de  F.  Thomas,  pour  qui  la  re- 
cherche du  principe  d'individuation  est  une  question  vaine, 
pour  qui  il  n'y  a  pas  d'entité  subjective  ou  de  forme 
réelle  sur  laquelle  s'exercerait  la  pensée,  mais  seulement 
des  individus  et  des  concepts  qui  sont  les  objets  eux- 
mêmes  en  l'état  d'être  intentionnels.  F.  Picavet. 

BiiîL.  :  Pétri  Aureoli,  Comment,  inquatuor  libros  sen- 
tentiarum  et  Quodlibeta  ;  Rome,  1576-1605,  4  vol.,  in-i*ol.  — 
Hauréau,  Histoire  de  la  philosophie  scolastique,  II,  2, 


ORfOL  —  ORLAMUNDE 


->-  r>66  — 


PI).  315-320.  —  Praktl,  Gesch.    der  Logilt  im  Abenlande, 
p.  319-327. 

ORIOLLES.  Corn,    du  dép.  de   la  Cliaroiile,   aiT.   de 
Barbezieiix,  canl.  de  Rrossac  ;  375  hab. 
ORIOLUS  (Ornith.)  (V.  Loriot). 
ORION.  Com.  du  dép.  dos  Basses-Pvi'éuées,  arr  d'Or- 
thez.  cant.  de  Sauveteri'C  ;  351  hab. 

ORION.  1.  Mythologie  (Op^wv) .  Héros  mythique 
de  Béotie,  fils  dliyrieus,  roi  d'IIyria,  géant  et  chasseur 
renommé.  D'antres  versions  en  font  un  hls  de  la  Terre  ou 
de  Poséidon  et  d'Euryale.  On  montrait  sa  tombe  à  Tana- 
gra.  Venu  à  Chios  (Ophiusa),  il  s'éprit  d'^Ero  ou  Mérope, 
tille  d'OEnopion,  purgea  File  des  bêtes  féroces  dont  il  lui 
offrit  les  dépouilles.  Le  père  différant  sans  cesse  le  ma- 
riage, Orion  pénétra  de  force  dans  la  chambre  de  Mé- 
rope ;  mais  OEnopion  invocpia  l'aide  de  Dionysos  cpii  en- 
dormit le  héros  ;  il  fut,  durant  son  sommeil,  aveuglé  par 
OEnopion.  Pour  recouvre)'  la  vue,  un  oracle  lui  ordonna 
d'aller  vers  l'E.  et  d'exposer  ses  yeux  au  soleil  levant.  R 
vint  à  Lemnos,  oii  Héphaistos  lui  donna  pour  guide  Cé- 
dalion.  Ayant  recouvré  la  vue,  Orion  cherche  son  ennemi 
sans  le  trouver  et  passe  en  Oréte,  où  il  vit  en  chasseur  avec 
Artémis.  La  légende  Cretoise  le  fait  mourir  de  la  piqûre 
d'un  scorpion  envoyé  par  la  Teri'e,  effrayée  de  voir  le 
chasseur  méditer  l'extermination  de  tous  les  animaux. 
Yne  autre  version  faisait  d'Oi'ion  l'amant  d'Eôs  (Aurore), 
victime  de  la  coh^'i'e  des  dieux  (pu  le  font  percer  d'une 
ilècho  ])ar  Artémis  ;  ou  bien  il  est  aimé  de  cette  déesse 
elle-même,  (pii  le  tue  involontaii'ement  par  une  rus(^ 
d'Apollon,  ou  encore  pour  se  débarrasser  dosa  poursuile. 
Pindare  rapporte  un  mythe  différent,  d'après  hnpiel  Orion 
aurait  poursuivi  cinq  ans  h^s  fdles  de  Pléione,  les  Pléiades, 
qui,  pour  lui  échapper,  finirent  par  obtenir  de  Zcus  d'être 
placées  parmi  les  étoiles.  -—  Quoi  (ju'il  en  soit  de  ces 
mythes,  la  conclusion  est  toujours  qu'après  sa  mort  Orion 
est  transporté  dans  le  ciel  pour  former  la  constellation  qui 
garde  son  nom  ;  son  chien  Sirius  l'y  accompagne.  Ses 
filles  Menippe  et  Metioehe  se  sacrifient  pour  préserver  la 
Béotie  d'une  peste  et  sont  changées  en  comètes.  A.-M.  B. 
IL  AsTiîONOMiE  (V.  Constellation  et  Nébuleuse). 
ORION  ('Dpt'wv),  grammairien  grec,  de  Thèbes  en 
r'gypte,  vivait  vers  le  milieu  du  v^  siècle.  R  enseigna  sur- 
tout à  Césarée  et  à  Constantinople,  oii  l'impératrice  Eu- 
doxie,  femme  de  Théodose  R,  suivit  ses  leçons.  R  lui  dédia 
un  recueil  de  sentences  (  'AvÔoXdytov  yvajjjiwv)  dont  nous 
n'avons  que  très  peu.  Il  est  aussi  l'auteur  d'une  compi- 
lation (IlEpl  £Tu(j(.oXoyiwv)  en  forme  de  lexique,  qui  a  servi 
de  liase  aux  trois  étymologiques  (hi  moyen  âge,  VElynio- 
logicum  Magnum,  VEtij}n.  Gadinmnn  et  le  Suvaycoy/j 
XeÇswv  de  Zonaras.  L'intérêt  de  ces  ouvrages  n'est  pas 
dans  la  recherche  des  étymologies,  mais  dans  les  rensei- 
gnements qu'on  en  tire  sur  l'histoire  de  la  grammaire  en 
Grèce,  ainsi  que  dans  les  exemples  d'auteurs  qui  y  sont 
conservés.  A.-M.  Desrousseaux. 

OR I PEAU.  On  donne  ce  nom  aux  feuilles  de  laiton 
battu,  polies  et  brillantes,  qui  de  loin  imitent  l'or  (V.  Lvi- 
TON  et  Clinquant).  Il  s'emploie  aussi,  par  extension,  pour 
désigner  toute  étoffe  ou  broderie  de  faux  or  ou  de  faux 
argent. 

ORIS-en-Rattier.  Com.  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  de 
Grenoble,  cant.  de  Valbonnais;  265  hab. 

ORISSA  (Côte  d').  La  côte  d'Orissa  (sanscrit  Ordra) 
est  une  division  de  la  présidence  du  Rengale,  compre- 
nant 23.446  kil.  q.  et  4.047.352  hab.',  auxquels  il 
faut  ajouter  17  principautés  tributaires  avec  39.333  kil.  q. , 
et  4.696.710  hab.  La  province  est  une  région  alluviale 
où  se  réunissent  les  deltas  des  fleuves  Mahanadi,  Brah- 
mani  et  Baïtarani  ;  en  arrière,  les  Etats  tributaires 
occupent  une  région  de  c(dlines  granitiques  qui  s'éten- 
dent jusqu'à  960  kil.  de  la  côte,  vers  la  vallée  du  Gange 
(ait.,  900  m.),  revêtues  de  vastes  bois.  La  chute  d'eau 
annuelle  varie  de  1.400  à  1.850  millim.,  provoquant 
des  crues  formidables  qui   entretiennent  les  fièvres,  le 


choléra,  etc.  La  population  est  presque  entièrement  hin- 
doue, sauf  1 33.000  sauvages  des  Etats  tributaires  (V.  Lxue). 
Le  dialecte  hindou  dominant  est  l'oriya.  Le  ch.-l.  est 
Kattak  ;  le  principal  porl ,  Balassor  ;  le  centre  religieux  le 
plus  fameux,  Pouri.  —  La  dynastie  ])ouddhiste  d'Orissa  fut 
évincée,  dès  le  v'^  siècle  av.  J.-C,  par  une  dynastie  brah- 
mane; les  musulmans  conquirent  le  pays  au  xvi^  siècle, 
les  Marathes  en  1751.  les  Anglais  en  1803  (V.  Inde 
t.  XX,  p.  673). 

IkBL.  :  lIuNTER,  Orisso,  ;  Londres,  1872,  2  vol.  —  Rajkx- 
dralala  Mitra,  TJie  Anti([uUies  of  Orlssa  ;  Calcutta,  1875- 
80,  2  vol.  —  SuTTON,  Gnimmnr  of  Oviyti  himjuage  ;  Cal- 
ci  itta,  183L 

ORiST.  Com.  du  dép.  des  Landes,  arr.  de  Dax,  cant. 
de  Peyrehorade;  750  hab. 

ORISTANO.  Ville  d'Italie,  prov.  de  Cagliari  (Sar- 
daigne),  à  6  kil.  du  golfe  d'Oristano,  sur  la  côte  0.  de 
file;  7.000  hab.  Archevêché.  Cathédrale  du  xvii^  siècle. 
Son  port  est  Girui  Torre.  Oristano  fut  depuis  1109  ca- 
pitale d'un  mai'cpiisat  qui  passa  aux  rois  d'Lspagne. 

GRITHYIE  ('Op£''0'jia),  princesse  mythicpie'de  Grèce, 
iiKe  d'Erechthée  et  de  Praxitliea,  enlevée  par  Borée  sur 
les  rives  de  Lllissus  ;  elle  eut  de  hii  C[éopà!re,  Chioné, 
Zetes  et  Calais. 

ORIVAL.  Com.  du  dép.  de  la  Charente,  arr.  de  Barbe- 
zieux,  cant.  de  Chalais;  258  liab. 

ORIVAL.  Com.  du  dép.  de  la  Seine-fiiférieure,  arr.  de 
Rouen,  cant.  d'FJbeul';  1.290  hab.  Stat.  du  chem.  do 
fer  de  l'Ouest  ;  port  sur  la  Seine.  Ruines  d'un  château 
attribué  à  Richard   Cipur  de  Lion. 

ORIVAL,  Com.  du  dép.  de  hi  Somme,  arr.  d'Amiens, 
cant.  d'Rornoy;  270  hab. 

ORIZABA  (aztèque  Citlalfc'pcll).  Célèbre  volcan  du 
Mexique  (V.  ce  mot,  t.  XXRI,  p.  869),  qui  dresse  à  LL. 
de  l'Anahuac  sa  magnifique  pyramide  de  5.150  m.  Il 
sommeiHe  depuis  1566.  R  a  été  gravi  en  1816.  La  limite 
des  neiges  est  à  4.300  m. 

ORIZABA.  Ville  du  Mexique,  ch.-l.  de  l'iLtat  de  Vera- 
Cruz,  à  28  kil.  S.-E.  du  pic  d'Orizaba.  etl.227  m.  d'alt., 
sur  le  chem.  de  fer  de  Vera-Cruz  à  Mexico  ;  25.000  hab. 
La  force  hydraulique  y  actionne  de  nombreuses  usines  : 
cotonnades,  papeteries,  sucreries,  minoteries,  ateliers  de 
chemin  de  fer. 

Racine  u'Orizaba  (V.  IeoM.E\). 

ORIZZONTE.  Surnom  du  peintre  Jean-François  Van 
Blanuen  (V.  ce  nom). 

ORJIVA.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Grenade,  au  S.  de 
la  sierra  Nevada,  dans  les  Alpujarras  ;  5.000  hab.  Belle 
église. 

0  R  K  H  0  N .  Rivière  de  Mongolie  (Asie  orientale) .  Elle  prend 
sa  source  dans  les  monls  Soubour-Khair-Khan,  qui  bordent 
au  X.  le  désert  de  Gobi;  ses  principaux  afll.  de  dr.  sont 
la  Tola,  grossie  de  la  Korotchka,  et' la  Khara-Gol.  L'Or- 
khon,  a])rès  un  coui's  d'environ  160  kil.,  se  je! te  dans  la 
Sélenga.  qui  alimente  le  lac  Baïkal. 
ORKNEY  (V.  OucADEs). 

OR  LAC  (Austore  d'),  troubadour  français  de  la  fin  du 
XIII®  siècle.  On  ne  connaît  de  lui  qu'un  Sirvenle  où  il 
déplore  les  malheurs  de  saint  Louis  et  de  ses  compagnons 
en  Terre  Sainte. 

OR  LA  M.  Tribu  hottentote  de  l'Afrique  australe.  Elle  a 
émigré  du  S.  au  N.  du  fleuve  d'Orange  et,  sous  la  con- 
duite du  chef  Afrikander  et  de  son  fils  Jonker,  opprimé 
les  Damaras.  Les  Orlam  sont  répartis  sur  divers  points 
du  Grand-Xamaqualand,  dans  la  colonie  allemande  du 
Sud-Ouest  africain . 

ORLAM  UN  DE.  Ville  d'Allemagne,  duché  de  Saxe-Alten- 
burg,  au  confluent  de  la  Saale  et  de  l'Orla  (affl.  dr.)  ; 
1.429  hab.  Ruines  de  l'enceinte,  de  l'abbaye  et  du  châ- 
teau. —  Les  comtes  d'6>r/«??2zmr/<?  remontent  à  Wilhelml''^^ 
de  Weimar  (f  963).  A  la  mort  d'Otton  (1039-67),  le 
comté  passe  aux  Rallenstedt,  annexe  Weimar  (1112),  est 
acquis  par  Albert  l'Ours  (1140).  La  ville  fut  annexée  à 


567  — 


ORLAMONDE  —  ORLÉANS 


la  Tliiiringe  en  1346  et  la  seconde  famille  d'Orlamiinde 
(branche  de  Lauenstein)  s'éteignit  en  1486. 

BirîL.  :  Jovius,  Chronih  cier  Grafen  von  Oïlamimde  ; 
Leipzig,  1886.  —  REITZE^'STl•.IN,  llcyesten  cler  Gro.fen  von 
Orlamilnde  ;  Baireuth,  1871. 

ORLANDINI  (Niccolo),  historien  jésuite  italien,  né  à 
Florence  en  'ioo4,  mort  à  Rome  le  27  mai  1606. 11  fut  l'un 
des  secrétaires  généraux  de  son  ordre,  publia  les  Annuœ 
litterœ  Soc.  Jes.,  de  1583  à  1587,  et  rédigea  VHisto- 
Ha  Soc.  Jes. , pars  1^  sive Ignatiiis  (Rome,lêl5,in-fol.) 
publiée  par  le  P.  Sacchini. 

OR  LE  et  ORLET.  I.  Architecture.  —  Petite  moulure 
plate,  listel  ou  filet,  qui  se  trouve  placée  à  différents  en- 
droits d'une  ordonnance  classique  :  ainsi,  au  bas  du  fût  de 
la  colonne  et  à  sa  jonction  avec  la  base.  L'orle  s'appelle 
aussi  ceinture;  tandis  que,  servant  de  support  à  Féchine 
ou  aux  oves  d'un  chapiteau,  l'orle  porte  encore  le  nom  de 
colarin  et  qu'enfin  ce  nom  d'orle  est  plus  spécial  an  listel 
qui  borde  le  contour  de  la  volute  ionique.  On  appelle  orlel 
le  listel  de  couronnement  d'une  cimaise.        Ch.  Lucas. 

IL  Art  iiérajjjtque.  —  Pièce  honorable  de  second 
oi'ih'e,  ([ui  sert  souvent  do  ])risure.  Kilo  suit  les  contours 
do  l'écu  dont  elle  ne  s' écarte  ({ne  d'une  distance  égale  à  sa 
])ropre  largeur.  On  dit  aussi  des  pièces  rangées  dans  le 
sens  de  l'orie  qu'elles  sont  mises  en  orle.  Lorsque  l'orle 
est  arrondi,  il  prend  le  nom  iWwle  rond  au  cycUunor. 

ORLÉANAIS.  La  dénomination  d'Orléanais,  qui  est  à  la 
fois  celle  d'un  ancien  pays  do  la  France  et  d'une  région 
naturelle,  est  devenue,  aux  derniers  siècles,  celle  d'une 
province  française  beaucoup  plus  étendue  que  l'Orléanais 
proprement  dit.  L'ancien  Orléanais  (pagiis  Aurelianensis) 
occupaitlesdeuxrives  de  laLoire  entre  laBeauce  (paysChar- 
train  et  Ltampois)  au  N.,  le  Gàtinais  à  LE.,  le  Borry  au  S., 
leBlésois  et  le  Vendômois  à  ri^].Il  était  plus  étendu  que  la 
région  naturelle  de  l'Orléanais,  puisqu'il  comprenait  la  So- 
logne. Au  point  dé  vue  ecclésiasticpie,  il  constituait  le  diocèse 
d'Orléans.  Compris  à  la  tin  de  répo([ue  carolingienne  dans 
les  domaines  de  la  famille  capétiemie,  il  resta  dans  le  do- 
maine royal  lors  de  l'avènement  au  trône  de  Hugues  Ca- 
pot, et  son  histoire  est  celle  du  domaine  royal.  \i\\  13^4, 
Philippe  do  Valois  en  forma  un  apanage  avec  titre  de  du- 
ché pour  Philippe,  son  cinc|uième  tils,  qui  mourut  on  1375 
sans  postérité  légitime.  Quelques  années  plus  tard  (1392), 
il  fut  concédé  avec  le  même  titre  à  Louis  d'Orléans,  frère 
de  Charles  VL  auquel  succéda  Charles  d'Orléans  (1407- 
65).  Son  fils,  Louis,  qui  lui  succéda,  arriva  au  trône  de 
France  en  1 498  et  réunit  de  nouveau  le  duché  d'Orléans 
à  la  couronne.  Une  troisième  fois,  en  1626,  \\  fut  donné 
au  frère  do  Louis  Xlïï,  Gaston.  Aussitôt  après  la  mort  de 
ce  dernier  (1660),  Louis  XIV  rétablit  le  duché  en  faveur 
do  son  frère  Philippe,  aufjuel  succéda,  en  1701,  son  fils 
Philippe,  qui  devint  régent  de  France  sous  Louis  XV.  11 
laissa  le  duché  d'Orléans  à  son  fils,  Louis (1723-52),  au- 
(piol  succédèrent  Louis-Philippe  (1752-85),  puis  son  fils 
du  même  nom,  Louis-Philippe-Joseph  dit  KgaHté  (1785- 
93).  A  la  Restauration,  le  titre  de  duc  d'Orléans  fut  ré- 
tabli pour  le  fils  de  Philippe  Egafité,  devenu  roi  en  1830 
sous  le  nom  de  Louis-Philippe.  Lui-même  attribua  le 
titre  de  duc  d'Orléans  à  son  fils  aîné,  Ferdinand,  mort  en 
1842.  De  nos  jours,  le  fils  du  comte  de  Paris  a  pris  le 
titre  de  duc  d'Orléans.  Il  est  à  peine  besoin  de  dire  que 
dès  le  XVII®  siècle  le  duché  d'Orléans  n'avait  plus  aucune 
autonomie.  Il  était  compris  dans  le  gouvernement  mili- 
taire de  l'Orléanais  qui  se  composait,  outre  l'Orléanais 
proprement  dit,  de  la  Sologne,  de  la  Beauce,  du  Dunois, 
du  Vendômois,  du  Blésois,  do  partie  du  Gàtinais  et  du  Perche. 
La  généralité  d'Orléans  ne  se  confondait  pas  absolument  avec 
le  gouvernement  d'Orléanais  ;  eWe  comprenait  les  douze 
élections  d'Orléans,  de  Pithiviors,  de  Beaugoncy,  de  Mon- 
targis,  de  Gien,  d&  Clamecy,  doBlois,  de  Romorantin,  de 
Dourdan,  de  Chartres,  de  Châteaudun  et  de- Vendôme. 

ORLclANISTES.  Parti  politique  français  attaché  à  la 
lortune  de  la  famille  d'Orléans.  Il  apparaît  à  la  Révolu- 


tion française  et  poursuit  la  substitution  de  la  branche 
cadette  à  la  branche  aînée  des  Bourbons,  réalisée  en  1830. 
Après  1848,  les  orléanistes  persistent  à  côté  des  partis 
républicain,  bonapartiste  et  légitimiste.  Recrutés  surtout 
dans  la  bourgeoisie,  ils  ont  eu  une  certaine  importance 
parlementaire.  A  V Assemblée  nationale  (V.  ce  mot)  de 
1871,  ils  étaient  nombreux,  mais  leurs  sympathies  cléri- 
cales, leurs  exigences  pécuniaires  leur  afiénèrent  l'opinion. 
Le  comte  de  Chambord  n'ayant  pas  d'héritiers,  les  princes 
d'Orléans  négocièrent  une  fusion  pour  s'assurer  sa  suc- 
cession et  l'appui  ultérieur  des  légitimistes.  Beaucoup  de 
libéraux  les  abandonnèrent  pour  s'unir  au  parti  républi- 
cain modéré.  Le  parti  orléaniste  s'est,  depuis  la  mort  du 
comte  de  Chambord  (24  août  1883),  confondu  avec  le  parti 
royaliste.  *** 

ORLÉANS.  Ch.-l.  du  dép.  du  Loiret,  sur  la  rive  droite 
de  la  Loire;  63.705  hab.  Stat.  des  chem.  de  fer  d'Or- 
léans et  de  ri^^tat.  Evêché  suffragant  de  Paris,  grand  et 
petit  séminaires  ;  neuf  paroisses  catholiques  ;  nombreux 
couvents;  église  réformée  consistoriale  ;  cour  d'appel; 
lycée  de  garçons;  nombreux  établissements  libres  d'ins- 
truction ;  école  municipale  professionnelle  ;  institutions  de 
sourds-muets;  cours  de  dessin,  d'architecture,  de  mode- 
lage, de  coupe  de  pierres;  laboratoire  de  chimie  agricole  ; 
bibliothèque  publique,  musées  de  peinture,  de  sculpture, 
d'antiquités,  historique,  d'histoire  naturelle,  de  Jeanne 
d'Arc.  Jardin  botanique.  Théâtre.  Chef-lieu  du  5®  corps 
d'armée.  Manufacture  de  tabacs.  Sociétés  archéologique 
et  historique  ;  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  ;  des  amis 
des  arts  et  arts  appKqués  à  l'industrie  ;  académique  de 
Sainte-Croix  ;  d'agriculture  et  d'horticulture.  Chambre 
de  commerce.  Bourse.  Prison  départementale;  prison 
militaire.  Hôpital  général;  hospice  d'aliénés;  orphelinats 
catholique  et  protestant. 

Fabriques  de  couvertures  de  laine,  de  couvre-pieds,  de 
bonneterie  do  coton  et  de  laine  ;  fonderies  de  fonte,  de 
cuivre,  do  fer  ;  ateliers  do  constructions  mécaniques  ;  Iré- 
fileriedefer;  fahri(pies  de  grosse  chaudronnerie,  de  clous 
et  de  rivets  ;  serrurerie  artistique,  fonderie  de  cloches; 
fabrique  d'acido  sulfuriquo,  d'alcool  à  brûler,  d'eau  de 
Javel,  de  vinaigre,  de  vernis.  Confitures  dites  Cotignacs  ; 
fabriques  de  balais,  de  billards,  de  biscuits,  débouchons; 
construction  de  bateaux  ;  briqueteries^  et  tuileries  ;  fa- 
bricpies  de  chandelles,  de  savons,  de  parfumerie  ;  chamoi- 
serios  ;  chapelleries  ;  fabriques  de  cascpiettes  ;  corderics; 
fabriques  de  cercles,  de  chocolat,  de  cire,  de  courroies, 
de  conserves  alimentaires,  de  cotons  cardés,  d'épingles  à 
cheveux,  do  faionces  et  de  porcelaines  ;  confiseries  ;  ma- 
nufactures de  confections  ;  huileries  ;  fabri(pies  d'engrais  ; 
de  formes  pour  chaussures  ;  de  machines  à  coudre,  de 
râpes,  do  limes,  d'outils  de  menuiserie,  de  meubles  de 
jardin;  mégisseries  ;  tanneries  ;  imprimeries  ;  fabricfues 
do  parapluies  ;  do  papier,  de  carton,  de  pâtes  alimen- 
taires, de  sacs  en  papier  ;  scieries  mécaniques  ;  taillande- 
ries. —  Le  commerce  consiste  surtout  en  laines  de  la 
Beauce  et  de  la  Sologne,  vins  de  l'Orléanais,  céréales, 
vinaigres,  eaux-cle-vie,  sucre,  safran,  bestiaux,  fromages 
d'Ohvet,  volailles,  sel,  bois  de  construction.  Importante 
culture  maraîchère.  Pépinières  d'arbres  fruitiers  et  fores- 
tiers et  surtout  de  rosiers. 

Histoire.  —  Les  savants  sont  aujourd'hui  à  peu  près 
unanimes  à  penser  qu'Orléans  occupe  remplacement  de 
l'ancien  Genabuni,  centre  commercial  des  Carnutes  que 
l'on  a  longtemps  prétendu  identifier  avec  Gien.  A  l'époque 
de  la  conquête  do  la  Gaule  par  Jules  César,  l'importance 
commerciale  de  Genabum  y  avait  déjà  attiré  un  grand 
nombre  des  négociants  de  la  Narbonnaise.  Impatients  du 
joug  que  venaient  leur  imposer  les  Romains,  les  Carnutes 
profitèrent  d'un  jour  de  marché  pour  massacrer  tous 
les  Romains  qui  s'y  trouvaient.  Ce  fut  le  signal  du 
grand  soulèvement  de  l'an  52  av.  J.-C.  César  marcha 
contre  la  ville,  s'en  empara,  la  saccagea  et  n'y  laissa  que 
des  ruines.  Elle  était  reconstruite  un  siècle  plus  tard  et 


ORLÉANS 


568 


conservait  son  ancien  nom  de  Genalnim.  Plus  tard,  un 
empereur,  Marc-Aurèle  ou  Aurélien.  lui  attribua  son  nom  : 
ce  fut  probablement  alors  qu'elle  devint  le  chef-lieu  d'une 
partie  démembrée  de  la  cité  des  Carnutes.  qui  prit  avant  la 
fin  du  ni®  siècle  le  rang  de  cité  distincte,  et  par  suite,  lorsque 
l'Eglise  catholique  s'organisa  en  Gaule,  fut  le  siège  d'un 
évèché.  Au  v^  siècle,  Orléans  subit  les  chocs  successifs  des 
invasions  barbares;  en  43 1,  les  Huns  d'Attila,  arrêtés 
d'après  la  légende  par  l'évêque  saint  Aignan,  devenu  pa- 
tron de  la  ville,  furent  repoussés  par  le  patrice  Aétius; 
en  471,  les  Saxons  d'Odoacrc  auraienl  également  subi  un 
échec  ;  en  498  enfin,  les  Francs  de  Clovis  s'emparèrent 
d'Orléans.  A  la  mort  de  Clovis  (Sll).  la  ville  d'Orléans 
devint  la  capitale  du  royaume  qui  fut  attribué  à  son  se- 
cond fils  Clodomir.  Celui-ci  ayant  été  tué  par  ses  frères 
en  524,  ceux-ci  se  partagèrent  ses  Etats.  Après  la  mort 
de  Clotaire  P^',  le  royaume  d'Orléans  fut  reconstitué,  et, 
annexé  au  royaume  de  Bourgogne,  échut  à  Contran  (567- 
573),  après  lequel  il  cessa  d'avoir  une  existence  propre 
et  fut  compris  dans  la  Neustrie.  Sous  les  Carohngiens, 
Orléans  fut  en  butte  à  diverses  reprises  aux  attaques  des 
Normands;  repoussés  une  première  fois,  grâce  à  la  résis- 
tance organisée  par  l'évêque  Agius,  ils  revinrent  en  855 
et  en  895,  et  chaque  fois  saccagèrent  la  ville  et  en  dé- 
truisirent les  monuments.  Vers  ce  temps  l'Orléanais  entra 
dans  les  possessions  de  la  famille  Robertienne,  et  Orléans 
devint,  depuis  Tavènement  de  Hugues  Capet,  et  demeura 
jusque  sous  le  règne  de  Philippe- Auguste  comme  une  se- 
conde capitale  du  royaume  de  France.  Incendiée  en  999, 
la  ville  fut  en  grande  partie  reconstruite  par  le  roi  Ro- 
bert qui  y  présida,  en  1022,  au  premier  autodafé  d'héré- 
tiques qui  eut  heu  en  France.  Phdippe-Auguste  fit  d'Or- 
léans, en  1223,  le  domaine  de  sa  fennne  Ingilburge.Plus 
tard,  le  duché  d'Orléans  fut  apanage  à  des  princes  de  la 
maison  de  France  (V.  Orléanais).  On  sait  le  rôle  consi- 
dérable joué  par  la  ville  d'Orléans  dans  la  guerre  de  Cent 
ans.  Trois  fois  au  xiv^  siècle,  en  1356,  en  1359  et  en 
1370,  les  Anglais  se  présentèrent  devant  la  place  sans 
oser  en  entreprendre  le  siège.  Mais  au  mois  d'oct.  1428, 
alors  que  le  duc  Charles  était  prisonnier  en  Angleterre, 
ils  l'investirent  et  l'entourèrent  d'une  contrevallation  flan- 
quée de  tours  et  renforcée  de  bastilles  en  bois.  La  prise 
d'Orléans  eût  entranié  pour  Charles  VU  la  perte  des  quel- 
ques provinces  du  S.  de  la  Loire  oii  son  autorité  était 
encore  reconnue.  Les  capitaines  les  plus  renommés  Du- 
nois,  Xaintrailles,  La  Hire  se  jetèrent  dans  la  place  et, 
de  concert  avec  les  habitants,  opposèrent  une  héroïque 
résistance  aux  efforts  de  l'ennemi.  Orléans  aurait  suc- 
combé cependant  sans  l'arrivée  de  Jeanne  d'Arc.  Sans 
attendre  la  formation  du  corps  de  6.000  hommes  cju'on 
rassemblait  à  Blois,  ehe  se  dirigea  avec  une  faible  escorte 
sur  la  ville  en  longeant  la  rive  gauche  de  la  Loire,  con- 
tourna les  travaux  anglais,  traversa  le  fleuve  en  bateau 
et  pénétra  dans  la  ville  le  29  avr.  1429  par  la  porte  de 
Bourgogne.  Dès  le  h^ndemain  elle  sommait  les  défenseurs 
des  bastilles  anglaises  de  se  rendre,  et  commençait  à  les 
reconnaître.  Le  4  mai,  elle  emportait  do  vive  force  la  bas- 
tille Saint-Loup  et  recevait  l'armée  de  secours  conduite 
par  Dunois;  deux  jours  après  elle  chassait  les  Anglais  de 
la  bastille  des  Augustins.Le  7  mai,  elle  traversait  la  Loire 
en  bateau  et  conduisait  la  garnison  àl'attaciue  du  fort  des 
Tourelles  dont  les  Anglais  s'étaient  emparé  avant  sa  ve- 
nue et  qui  formait  la  tète  du  pont  sur  la  rive  gauche. 
Blessée  à  la  première  attaque,  elle  revenait  bientôt  à  la 
charge,  dirigeait  elle-même  Fassaut,  chassait  les  Anglais 
et,  le  lendemain  8  mai,  elle  rentrait  triomphalement' i)ar 
le  pont,  réparé  à  la  hâte,  dans  la  ville  désormais  délivrée. 
Le  jour  suivant,  les  assiégeants  évacuaient  les  travaux 
d'approche  de  la  rive  droite.  Les  édifices  en  ruines  furent 
reconstruits  sauf  la  collégiale  de  Saint-Avit,  et  une  nou- 
velle enceinte,  élevée  sous  les  rois  Louis  XI,  Louis  XIÏ  et 
François  P*,  engloba  dans  la  ville  les  faubourgs  populeux 
qui  s'étaient  formés  à  ses  aboi'ds. 


L'anniversaire  de  la  délivrance  d'Orléans  est  célébré 
chaque  année  le  8  mai  par  une  grande  fête  à  la  fois  re- 
ligieuse et  patriotique.  En  1894,  notamment,  ces  fêtes 
ont  eu  un  éclat  extraordinaire  ;  presque  tous  les  évêcpies 
de  France  s'y  étaient  réunis. 

Dès  1107,  les  habitants  d'Orléans  avaient  été  affran- 
chis par  le  roi  Louis  VI  et,  vers  1137,  ils  s'organisèrent 
en  commune,  mais  celle-ci  fut  abohe  presque  aussitôt  par 
le  roi  Louis  VU  et,  depuis  lors,  la  ville  resta  soumise  à  la 
juridiction  royale  tout  en  obtenant  des  privilèges,  des 
franchises  et  même  une  administration  municipale.  Au 
xiii°  siècle,  elle  était  gouvernée  par  douze  procureurs  de 
ville  qui  prirent  plus  tard  le  nom  d'échevins.  En  1309  y 
fut  instituée  une  université  qui  devint  bientôt  célèbre  et  jeta 
surtout  un  vif  éclat  aux  xv^  et  xvi^  siècles  ;  l'enseignement 
du  droit  et  en  particuHer  du  droit  romain,  interdit  à  Paris, 
y  fut  surtout  prospère.  Calvin  compta  parmi  ses  étudiants. 
Dès  le  règne  de  François  I^^\  les  idées  nouvelles  s'y  propagè- 
rent, et  sous  Henri  II  les  habitants,  à  l'occasion  de  l'étabhs- 
sement  de  nouveaux  impôts,  donnèrent  des  signes  de  mé- 
contentement. Le  roi  se  rendit  dans  la  ville  pour  apaiser 
les  esprits  ;  mais  un  accident  arrivé  alors  à  Diane  de  Poi- 
tiers fut  l'occasion  de  manifestations  hostiles,  et,  loin  de  se 
calmer,  l'effervescence  populaire  ne  fit  que  s'accroître. 
Lorsque,  quehjues  années  plus  tard  (1560),  après  la  con- 
juration d'Amboise,  le  jeune  roi  François  II,  conduit  par 
les  Guises  et  Catherine  de  Médicis,  vint  y  tenir  des  Etats, 
on  fit  désarmer  la  population  et  loger  des  garnisaires  chez 
les  habitants  suspects.  Le  prince  de  Coudé  et  Antoine  de 
Bourbon  mandés  à  Orléans  y  furent  arrêtés  et  allaient 
payer  de  leur  vie  leur  imprudence  lorsque  François  II  mou- 
rut dans  le  logis  Groslot  (l'hôtel  de  ville  actuel)  où  il  était 
descendu  (5  déc.  1560).  On  sait  que,  par  crainte  des 
Guises,  Catherine  de  Médicis  pactisa  avec  les  princes 
Bourbons,  et  (pi'Antoine  de  Bourbon  fut  nommé  lieutenant 
général  du  royaume.  Les  Etats  s'ouvrirent  et,  à  la  suite  de 
leurs  doléances,  le  chancelier  Michel  de  l'Hôpital  fit  pro- 
clamer une  grande  ordonnance  pour  la  réforme  de  la  jus- 
tice et  la  disciphne  de  l'Eglise,  restée  célèbre  sous  le  nom 
d'ordonnance  d'Orléans.  Deux  ans  plus  tard,  la  guerre  ci- 
vile avait  éclaté,  et  le  prince  de  Condé  entrait  sans  coup 
férir  à  Orléans  :  ses  troupes  pillèrent  et  saccagèrent  la 
ville,  démolirent  les  édifices  religieux,  notamment  Saint- 
Aignan  et  la  cathédrale.  En  1563,  François  de  Guise, 
après  avoir  fait  Condé  prisonnier  à  la  bataille  de  Dreux, 
vint  atta({uer  Orléans  ;  il  avait  investi  la  ville,  s'était  em- 
paré de  la  tête  du  pont,  lorsqu'il  fut  assassiné  par  Poltrot 
de  Méré  (18  févr.).  Orléans  fut  alors  rendu  au  roi  qui  en 
fit  raser  les  fortifications.  En  1567,  le  27  sept.,  le  capi- 
taine Lanoue  put  prendre  la  ville  sans  coup  férir  ;  il  y 
commit  de  nouvelles  dévastations  et  la  garda  jusqu'à  l'édit 
de  pacification  de  1568  qui  le  contraignit  à  l'abandonner. 
Toutefois,  les  protestants  demeuraient  nombreux  dans  la 
ville  et,  lors  de  la  Saint-Barthélémy,  les  massacres  orga- 
nisés par  le  prédicateur  et  confesseur  de  Charles  IX,  Ar- 
naud Sorbin,  durèrent  une  semaine  et  furent  effroyables. 
Sous  Henri  III,  le  duc  Henri  de  Guise  obtint  comme  place 
de  sûreté  Orléans  qui  demeura  fidèle  à  la  Ligue  jusqu'en 
1594  et  se  rendit  alors  à  Henri  IV.  Pendant  la  Fronde, 
M'^^  de  Montpensier,  fille  de  Gaston,  duc  d'Orléans,  qui 
résidait  à  Blois,  voulut  s'emparer  d'Orléans,  et  après  un 
simulacre  d'attaque  fut  reçue  dans  la  place.  Après  la  ré- 
vocation de  l'édit  de  Nantes,  les  protestants  demeurés  dans 
la  ville  furent  préservés  des  dragonnades  par  l'évêque 
Coishn.  Sous  la  Révolution,  Orléans  fut  le  siège  de  la 
haute  cour  de  justice  chargée  de  juger  les  attentats  contre 
la  nation.  Lors  de  la  campagne  de  France,  en  1814,  les 
Cosaques  arrivèrent  à  plusieurs  reprises  jusque  dans  les 
faubourgs,  mais  la  ville  ne  fut  pas  occupée.  L'année  sui- 
vante, lorsque  Larmée  française  se  fut  retirée  sur  la  rive 
gauche  de  la  Loire,  une  garnison  prussienne  occupa  la 
ville  ;  le  maréchal  Davoust  se  disposait  à  l'attaquer,  lors- 
qu'elle se  retira  sur  Blois.  Pendant  la  guerre  de  1870, 


—  569  — 


ORLEANS 


Orléans  dut  à  sa  situation  stratégique  d'être  choisie  par 
le  gouvernement  de  la  Défense  nationale  comme  base  des 
opérations  destinées  à  tenter  la  délivrance  de  Paris.  Prise 
une  première  fois  le  il  oct.  par  les  iVllemands  qui  sacca- 
gèrent les  faubourgs  Bannier  et  Saint-Jean  et  incendièrent 
celui  des  Aydes,  elle  fut  reprise  par  l'armée  française  un 
mois  après  (10  nov.)  au  lendemain  de  la  victoire  deCoul- 
miers.  Mais  les  Allemands  dirigèrent  sur  la  Loire  les  forces 
que  la  capitulation  de  Metz  rendait  disponibles,  et,  après 
de  sanglantes  batailles,  réussirent  à  reprendre  Orléans 
dans  la  nuit  du  4  au  5  déc.  La  ville  dut  payer 
d'énormes  contributions  et  resta  occupée  jusqu'au  1 6  mars 
1871  (V.  Franco-Aixemande  [Guerre]). 

Orléans  est  la  patrie  d'un  très  grand  nombre  d'hommes 
célèbres  parmi  lesquels  nous  citerons  :  le  roi  Robert  le 
Pieux,  l'historien  Abbon  de  Fleury,révêque  Etienne  de  Tour- 
nai, l'imprimeur  Etienne  Dolet,  le  poète  Florent  Chrestien, 
le  diplomate  et  érudit  Jacques  Bongars,  le  savant  Denis 
Petau,  l'historien  Etienne  de  Foncemagne,  l'orientaliste 
Stanislas  Julien,  l'érudit  Jules  Loiseleur,  G.  Vapereau, 
le  publiciste  Amelot  de  La  Houssaye,  le  jurisconsulte  Po- 
thier,  le  littérateur  E.  Fournier,  les  mathématiciens 
Aleaume  et  D.  Alexandre,  le  physicien  J.  de  Hautefeuille, 
l'agronome  de  Morogues,  le  chirurgien  Jacques  Guille- 
meau,  le  philanthrope  Antoine  Petit.  Parmi  les  artistes,  il 
faut  citer  :  Gabriel  Pérelle,  peintre  et  graveur  ;  Guillaume 
Chasteau,  Charles  et  Louis  Simonneau,  Jean  Moyreau, 
graveur.  Desfriches,  dessinateur,  Michel  Corneille  le  Vieux 
et  Antigna,  peintres;  Viart,  Ducerceau  l'Ancien,  archi- 
tectes; Romagnesi  et  Désiré  Lanson,  sculpteurs.  Ajoutons 
encore  :  Marie  Touchet,  la  maîtresse  de  Charles  IX  et  sa 
fille  Henriette  d'Entraigues,  maîtresse  de  Henri  IV.  Les 
habitants  d'Orléans  sont  assez  fréquemment  désignés  par 
le  sobriquet  bizarre  et  auquel  s'attache  une  certaine  in- 
tention malveillante  de  Guêpins  dont  on  a  proposé  plu- 
sieurs explications  toutes  douteuses. 

EvÉQUEs.  —  On  ne  sait  exactement  à  quelle  époque  le 
christianisme  fut  établi  à  Orléans  ;  dans  tous  les  cas,  un 
siège  épiscopal  y  existait  dans  la  première  moitié  du 
iv^  siècle,  et  le  premier  évêque,  Declopetus,  était  encore 
en  fonction  en  344.  Voici  la  liste  chronologique  de  ses 
successeurs  :  Desinianus  ;  saint  Euverte,  v.  374-v.  391  ; 
saint  Aignan,  v.  400-17  nov.  453;  saint  Prosper,  v. 
460;  Magnus;  Febatus;  Gratien;  saint  Moniteur;  saint 
Flore;  Dagon;  Eusèbe,  v.  500-v.  525;  Léonce,  533; 
Antonin,  o38;  Marc,  541-49;  Treclatus  ;  Baudatus;  Ri- 
comer,  573  ;  Namatius,  583-87  ;  Austrinus,  604  ;  Leu- 
degisil,  V.  635  ;  Léger  I^^',  641  ;  Audon,  Q^Q-Q'6  ;  Sigo- 
bert,  V.  670;  Savary  P^,  v.  695;  Baldagus  ;  Adamar; 
Léger  II;  Leodebert;  Savary  II;  saint  liucher,  717  ou 
718-20  févr.  738  ;  Berlin  ;  Adalin;  Nadatime:  Deotime; 
Theodulf,  v.  787-821  ;  Jonas,  v.  822-43  ;  Agius,  843- 
m;  Gautier,  869-v.  892;  Throan,  v.  893;  Bernon, 
900;  Anselme,  v.  9J0-v.  940;  Thierry  P^  v.  940-v. 
944;  Ermenthée,  v.  945-72;  Arnoul  P^  972-v.  979  ; 
ManasséP^  980  ;  Arnoul  H,  v.  985-déc.  1003  ;  FoulqueP»', 
1004-v.  1012;  saint  Thierry  H,  v.  1016-21  ;  Odry  de 
Broyés,  1021-v.  1035  ;  Isembart  de  Broyés,  1033-63  ; 
Hadery  de  Broyés,  1063-v.  1067;  Renier  de  Flandre, 
V.  1070-v.  1082;  Arnoul  IH,  1083  ;  Jean  I«^  v.  1088- 
96;  Sanction,  1096;  Jean  H,  28  déc.  1096-v.  1135; 
Elle,  15  avr.  1127-46  ;  Manassé  II  de  Garlande,  1146- 
86  ;  Henri  de  Dreux,  1186-25  avr.  1198  ;  Hugues  P^  de 
Garlande,  1198-1206  ;  Manassé  IH  de  Seignelay,  1207- 
21;  Philippe  I^^'  de  Jouy,  janv.  1222-33;  Philippe  H 
Berruyer,  1234-36;  Guillaume  P^  de  Bussy,  1237- 
23  août  1258;  Robert  de  Courtenav,  1258-6  août  1279; 
Gilles  Pastai,  1282-1^^  sept.  1288;  Pierre  P^  ^e  Mor- 
nay,  déc.  1288-4  févr.  1296;  Frédéric  de  Lorraine, 
1296-4  juin  1299  ;  Berthaudde  Saint-Denis,  6  ou  13  mars 
1300-7;  Raoul  Grasparmi,  janv.  1308-18  sept.  1311  ; 
Milon  de  Chailly,  22  janv.  1312-15  ou  19  mars  1321  ; 
Roger  le  Fort,  13  juin  1321-28;  Jean  III  de  Conflans, 


1329-13  ou  5  avril  1349;  Philippe  IH  de  Conflans, 
3-7  août  1349;  Jean  IV  de  Montmorency,  20  nov. 
1349-4  nov.  1363  ;  Hugues  H  Faidit,  30  janv.  1364- 
16juin  1371  ;  Jean  VNicot,  13juil.  1371-83;  Foulque  II 
de  Chanac,  1383-1^''  mars  1394;  Guy  de  Prunelé,  juin 
1394-1426;  Jean  VI  de  Saint-Michel,  8  avr.  1426-38; 
Guillaume  II  Charrier,  août  1438-9  janv.  1439  ;  Renaud 
de  Chartres,  mars  1439-20  avr.  1444  ;  Jean  VII  du  Gué, 
20  avr.  1444-7  oct.  1447;  Pierre  II  Bureau,  20  nov. 
1447-10  déc.  1451  ;  Jean  VIH,  10  déc.  1451-52;  Thi- 
baud  d'xAssigny,  3  mai  1452-24  sept.  1473  ;  Fran- 
çois P^  de  Brillac,  3  nov.  1473-19  janv.  1504;  Chris- 
tophe de  Brillac,  19  janv.  1504-3  juil.  1514;  Germain  P'' 
de  Gannay,  10  août  1514-8  mars  1521  ;  Jean  IX  d'Or- 
léans, cardinal  de  Longueville,  13  juin  1521-24  sept. 
1533;  Antoine  Seguin,  cardinal  de  Meudon,  1533-20  oct. 
1550  ;  François  II  de  Faucon,  20  oct.  1550-51  ;  Pierre  III 
du  Chastel,  1551-2  févr.  1552;  Jean  X  de  Morvillier, 
27  avr.  1552-6  sept.  1564;  Mathurin  de  la  Saussaie, 
4  mars  1565-9  févr.  1584;  Denis  Hurault  de  Cheverny, 
9  févr.  1584-86  ;  Germain  H  Vaillant  de  Guehs,  21  déc. 
1585-15  sept.  1587;  Jean  XI  de  l'Aubépine,  30  mai 
1588-23  févr.  1596;  Gabriel  de  l'Aubépine,  28  mars 
1604-15  août  1630;  Nicolas  de  Netz,  27  avr.  1631- 
20  janv.  1646;  Alfonse  d'Elbène,  27  mai  1647-20  mai 
1665  ;  Pierre  IV  du  Cambout,  cardinal  de  Coislin,  2  mai 
1665-5  févr.  1706;  Michel  Le  Pelletier,  avr.-9  août 
1706;  Louis-Gaston  Fleuriau  d'Armenonville,  10  août 
1706-juin  1733;  Nicolas-Joseph  de  Paris,  9  juinj[733- 
53  ;  Louis-Joseph  de  Montmorency-Laval,  nov.  1753-oct, 
1757;  Louis  Sentives  de  Jarente  de  La  Bruyère,  janv. 
1758-88;  Louis-François-Alexandre  de  Jarente  de  Senus 
d'Orgeva,  1788-93.  Supprimé  en  1793,  l'évêché  d'Or- 
léans a  été  rétabli  par  le  Concordat  ;  d'abord  sufFragant 
de  Sens,  il  était  devenu  en  1622  suffragant  de  Paris  de- 
puis l'érection  en  métropole. 

Description  et  monuments.  —  La  ville  d'Orléans  est 
tout  entière  située  sur  la  rive  droite  de  la  Loire,  et  en- 
tourée d'une  ceinture  de  boulevards,  marquant  le  péri- 
mètre de  l'ancienne  enceinte,  au  delà  desquels  sont  les 
populeux  faubourgs  de  la  Madeleine  et  de  Saint-Jean  à 
rO.,  Bannier,  des  Aydes  et  Saint- Vincent  au  N.,  Saint- 
Marc  et  de  Bourgogne  à  l'E.  Un  pont  de  pierre  relie  la 
ville  au  faubourg  Saint-Marceau  sur  la  rive  gauche.  Un 
autre  pont  sert  de  viaduc  au  chemin  du  fer  de  Paris  à  Tou- 
louse. La  cathédrale  Sainte-Croix  est  un  édifice,  encore 
gothique  de  construction,  élevé  depuis  la  fin  du  xvi^  siècle 
jusqu'en  1790  pour  remplacer  l'église  détruite  par  les 
Huguenots  en  1562.  Le  contraste  du  plan  et  de  la  cons- 
truction gothique  avec  l'ornementation  classique  est  fort 
choquant,  surtout  à  la  façade  principale  qui  fut  élevée  sur 
les  plans  de  Gabriel,  en  un  style  qui  prétend  imiter  celui 
du  xii*^  siècle.  Au  moment  de  la  Révolution,  les  deux  tours 
étaient  achevées,  mais  les  voûtes  du  porche  et  les  portails 
n'étaient  pas  terminés  ;  ils  ne  le  furent  que  sous  la  Res- 
tauration, et  l'ouverture  des  portes  fut  célébrée  le  8  mai 
1829,  lors  de  la  fête  annuelle  commémorative  de  la  le- 
vée du  siège.  En  1857,  à  la  flèche  centrale  en  bois,  œuvre 
de  Mansart,  qui  menaçait  ruine,  on  substitua  une  flèche 
de  plomb  doré  qu'éleva  M.  Bœswilwald.  A  l'intérieur  la 
cathédrale,  longue  de  144 m.,  large  au  transept  de 67  m. 
et  haute  sous  voûte  de  34  m.,  comprend  cinq  nefs,  des 
croisillons  avec  bas  côtés,  un  chœur  avec  double  déam- 
bulatoire et  onze  chapelles  rayonnantes  qui  sont  les  unes 
et  les  autres  des  restes  de  l'ancienne  cathédrale  du 
XIII®  siècle.  Les  deux  croisillons  sont  occupés  par  des 
chapelles  en  l'honneur  du  Sacré-Cœur  et  de  la  Vierge  éta- 
blies par  l'évêque  Dûpanloup  ;  celle  du  Sacré-Cœur  ren- 
ferme depuis  1888  son  tombeau,  œuvre  de  Chapu.  Il  se 
compose,  avec  la  statue  du  prélat,  d'une  statue  d'ange,  de 
deux  allégories,  le  Courage  et  la  Science,  et  d'un  bas-re- 
lief représentant  un  épisode  de  la  vie  du  défunt.  Parmi 
les  œuvres  d'art  qui  décorent  la  cathédrale,  il  faut  citer 


ORLEANS  —  570  — 

le  buffet  d'orgues  du  xviii®  siècle  provenant  de  Saint-Bc- 
noît-sur-Loire,  un  Christ  de  Tuby,  une  Mater  Dolorosa 
de  Michel  Bourdin,   un  tableau  de  Jouvenet  et  un  autre 
attribué  à  Murillo. 
De  l'ancienne  église  de  Saint-Avit,  détruite  en  1428, 


ne  sul)siste  que  la  crypte  retrouvée  en  1832  sous  les  bâ- 
timents du  grand  séminaire.  Elle  se  compose  d'une  con- 
fession formée  de  deux  voûtes  d'arête  retombant  sur  les 
murs  et  sur  deux  colonnes  isolées,  ouvrant  par  deux  arca- 
tures  sur  une  abside,  divisée  en  neuf  compartiments  voû 


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Cathédrale  d'Orléans. 


tés  d'arêtes,  dont  les  retombées  s'appuient  sur  six  pilastres 
engagés  dans  le  pourtonr  et  sur  quatre  piliers  isolés.  Long- 
temps considérée  comme  mérovingienne,  on  a  tendance  a 
la  reculer  jusqu'au  ix«  siècle,  et  'même  à  penser  qu'elle  a 
dû  subir  des  remaniements  après  l'incendie  de  999.  —  De 
Véglise  Saint-Aicjnan  subsistent  un  transept  et  un  chœur 
gothiques  de  la  seconde  moitié  du  xv^  siècle.  Deux  fois  dé- 
molie [en  1370  et  en  1428,  à  l'approche  des  Anglais,  la 
basilique  de  Saint-Aignan,  fondée  au  vi^  siècle  hors  des 


murs  de  la  ville  sur  le  tombeau  de  l'évèqne  de  ce  nom, 
reconstruite  de  1010  à  1029  par  le  roi  Robert  à  l'instar, 
dit  le  chroniqueur  Helgaud,de  la  cathédrale  de  Clermont, 
avait  été  reconstruite  par  Louis  XI;  en  15()2,  les  pro- 
testants en  démolirent  la  nef  et  la  tour.  Ce  qui  en  reste 
est  fortdéhibré;  mais  sous  l'église  se  trouve  une  crypte 
ancienne  fort  intéressante,  où  l'on  a  cru  reconnaître  trois 
époques  successives  :  construite  par  Charlemagne  vers 
810,  elle  aurait  été  restaurée  après  les  ravages  des  Nor- 


)7d 


ORLEANS 


•*?^\ 


^1 


maiids  on  81)5,  et  agrandie  par  le  roi  Robort.  auquel  se- 
raient dues  les  cinq  chapelles  ahsidales  rayonnai! les.  — 
Saint-Eiiverle  (mon.  liist,),  église  fondée  au  vi*^  siècle, 
date  dans  son  état  actuel  du  \\\]^  Mècle,  mais  remaniée 
au  XV®  siècle  à  la  suite  dn  siège  de  14:^8.  —  Sdiiil-Pierrc- 
le-Puellier  (mon.  hist.),  jadis  abbatiale  d'un  monastère 
de  femmes,  contient  des  parties  qui  peuvent  remonter  au 
IX®  ou  au  X®  siècle,  ou  peut-être  seulement  à  la  recons- 
truction qui  suivit  l'incendie  do  999.  —  S aint- Pierre- dii- 
Martroi,  succursale  de  la  paroisse  de  Sainte-Croix,  est  un 
édifice  gothique  du  xni®  siècle.  ~ Saint-Donalien  QSt  une 
église  du  xiii® 

siècle,  rema-  ... 

niée  au  \ix®.  —  ;\     ,     ^  i 

Saint-Paul  a.  ^";N  ]    , 

une    façade   et  -  '1^"  '^^ 

une  tour  isolée  ^1,>^.| 

do  la  Renais- 
sance.—iYr^^r^- 
J)ame  de  Pie- 
c 0 II  V rance, 
construit  ode 
-1517  à  1519  en 
style  de  la  Re- 
naissance, res- 
taurée en  1857, 
conserve  une 

belle  verrière  ^      ^^|  ; 

(bi  XVI®  siècle.       .     c""--''-^!  - 

—  Saint-Pa-  '"  -:'\^t 
terne,  édifice  -  "--  1 
reconstruit    de            .^  -t^i;!  -^ 
n os  j  0 u r s  e n  ''^  -^  ^^ 
style  gothique             j^.^  -'*  - 
])  r  i  m  i  t  i  f .  —             ^        j 
Saint  -  Marc ,  \  .< 
construit  do                n     ; 
1884  à  1880,                ^    ^ 
également  en  ..   , 
stylo    gothi([ue              ,^^^    .-^ 
primitif.  — 
Saint-Mar-           -,  '  - 
ceau,  construit             '^> 
de  1888  à  1892          ^      ^ 
en  style  roman.           ^  ^"'^ 

—  Saint-Lau-  -„„:.  -^ 
rent,  église  des 
xviii^  et  XIX®  .  ^'^^\  -^ 
siècles.  Eglise 
commémora- 
tive  élevée  en 
r  honneur  de 
Jeanne  d'Arc  de 
1887  à  1895, 

dans  le  fau-  -  . 

bourg  Saint- 
Marceau.  Deux 
portes  jumelles 
du  XV®  siècle, 
seul  reste  de  la 

chapelte  Saint- Jacques,  ont  été  transportées  en  1888  dans 
le  square  de  l'hôtel  de  vdle. 

Orléans  possède  un  grand  nombre  de  maisons  ou  hôtels 
anciens,  la  plupart  de  la  Renaissance,  d'un  type  tout  à 
fait  original  qui  caractérise  une  véritable  écolo  d'archi- 
tectes Orléanais.  L'/ir)^(?/  de  ville  actuel  (mon.  hist.)  est: 
une  construction  en  pierres  et  en  briques  élevée  sous  Fran- 
çois I®^"  et  Henri  II  par  le  bailli  Jacques  Groslot  pour  lui  servir 
d'habitation,  ce  manoir  fut,  de  la  fin  du  xvi®  siècle  jusqu'à 
la  Révolution,  la  résidence  des  gouverneurs  d'Orléans.  Le 
balcon  surmontant  le  perron  est  supporté  par  des  caria- 
tides attribuées  à  Jean  Goujon;  l'intérieur  a  été  luxueuse- 
ment restauré  et  orné  de  peintures  et  de  sculptures  déco- 


i^^^' 


Galf^ries  de  la  Maison  d'Agnès  Sorel,  à  Orléans. 


ratives.  L'ancien  hôtel  do  ville  (mon.  hist.),  aujour- 
d'hui le  miisce,  est  un  bel  édifice  de  la  fin  du  xv®  siècle, 
le  plus  ancien  peut-être  ou  le  style  de  la  Renaissance  soit 
franchement  accusé  ;  sa  façade  principale,  due  à  l'archi- 
tecte Viart,  est  de  1498  ;  le  beffroi  et  sa  tourelle  sont  de 
l^iSO.  La  maison  dite  do  Jeanne  d'Arc  (mon.  hist.)  est 
ainsi  nommée  à  cause  du  séjour  qu'y  fit  la  pucelle  ou 
1429  ;  c'était  alors  le  logis  de  Jacques  Bouchier,  trésorier 
du  duc  d'Orléans  ;  il  devint  au  xvi®  siècle  un  couvent 
d'Annonciades  ;  toute  la  disposition  intérieure  en  fut  alors 
remaniée  et  le  prétendu  pavillon  de  la  Renaissance  n'est 

qu'une  cons- 
truction duxvj® 
siècle.  La  mai- 
son dite  à'A- 
gnès  Sorel 
(mon.  hist.) 
était  sous  Char- 
les VII  le  logis 
d'un  bourgeois 
du  nom  de  Com- 
paing;  là  en- 
core la  façade 
seule  est  du 
XV®  siècle  ;  la 
cour  et  l'amé- 
nagement inté- 
rieur sont  de 
la  Renaissance. 
La  maison  dite 
de  Diane  de 
Poitiers  (mon. 
hist.)  est  un 
charmant  logis 
de  la  Renais- 
sance, construit 
on  1540  par 
un  bourgeois 
nommé  Cabu  ; 
il  a  été  restauré 
et  a  m  é  n  a  g  é 
en  1862  pour 
recevoir  le 
musée  histori- 
que. \i  hôtel 
de  V inten  - 
dance ,  cons- 
truction dos  XV® 
et  XVI®  siècles, 
a  servi  plus  tard 
de  résidence 
aux  intendants. 
On  ne  saurait 
énumérer  tout 
ce  qu ' Orléans 
possède  encore 
de  ces  curieu- 
ses construc- 
tions de  la  Re- 
naissance fran- 
çaise. Sur  la  place  du  Martroi,  deux  pavillons,  d'aspect 
assez  monumental,  ont  été  construits  sous  le  règne  de 
Louis  XV  ;  l'un  d'eux,  appelé  la  Chancellerie,  renferma 
jusqu'à  la  Révolution  les  archives  et  les  bureaux  de  la 
chancellerie  du  duché  d'Orléans.  Près  de  l'abbaye  de 
Saint- Aignan,  la  tour  Blanche  est  le  seul  vestige  en- 
core debout  dos  fortifications  du  xv®  siècle.  Sous  un  grand 
nombre  de  maisons  et  même  de  rues  de  l'ancienne  ville, 
sont  de  vastes  caves,  reliées  par  des  galeries;  les  plus  an- 
ciens de  ces  souterrains  paraissent  remonter  au  xii®  siècle, 
d'autres  sont  des  xiii®,  xiv®  et  xv®  siècles,  ils  semblent 
avoir  été  creusés  pour  servir  do  refuge  en  temps  de  siège. 
L'ancienne  salle  des  thèses  de  l'Université  d'Orléans  est 


•^ 
"-^ 


ORLÉANS 


—  572 


un  édifice  de  1411  à  deux  nefs  voûtées  d'ogive  ;  elle 
était  devenue  en  1565  une  bibliothèque  à  l'usage  des  étu- 
diants, fondée  par  un  procureur  de  l'Université;  elle  sert 
aujourd'hui  de  salle  des  séances  de  la  Société  archéolo- 
gique. L'ancienne  halle  au  blé,  aujourd'hui  salle  des  fêtes, 
occupe  l'emplacement  de  l'ancien  cimetière  abandonné 
depuis  le  xviii^  siècle  ;  elle  s'élève  au  milieu  d'un  vaste 
cloître  du  xv®  siècle  dont  subsistent  trois  galeries.  La 
préfecture  occupe  les  bâtiments  de  l'ancienne  abbaye  bé- 
nédictine de  Bonne-Nouvelle  ;  le  grand  séminaire  est  un 
bel  édifice 
construit  a  u 
xviii^  siècle 
sur  l'emplace- 
ment de  l'an- 
cienne église 
de  Saint- Avit. 
Le  palais 
épiscopal, 
construc  - 
tion  du  xviii^ 
siècle,  renfer- 
me quelques 
tableaux  inté- 
ressants ,  et 
un  buste  en 
bronze  de  l'é- 
vèque  Jean  de 
Morvillers  at- 
tribué à  Ger- 
main Pilon.  Le 
palais  de  jus- 
tice a  été 
construit  en 
1824.  Vhô- 
pital  géné- 
ral est  un 
vaste  établis- 
sement m  0  - 
derne,  dont  la 
chapelle  est 
l'œuvre  de 
l'architecte 
Gabriel. 

Au  milieu 
de  la  place  du 
Martroi  s'élè- 
ve la  statue 
équestre  en 
bronze  de 
Jeanne  d'Arc 
de  Foyatier, 
avec  des  bas- 
reliefs  de  Vi- 
tal-Dubray  ; 
elle  a  été  éle- 
vée en  1855 
et  a  remplacé 

la  statue  de  Gois  fils,  qui  avait  été  érigée  en  1804,  et 
qui  a  été  transportée  dans  le  faubourg  Saint-Marceau, 
à  l'entrée  du  pont.  Dans  le  même  faubourg,  la  Croix 
des  Tourelles,  érigée  en  1817,  marque  l'emplacement 
du  fort  des  Tourelles,  qui  défendait  l'accès  de  l'ancien 
pont  au  xv^  siècle.  Une  statue  de  Pottier  par  Vital- 
Dubray  a  été  érigée  en  1859,  et  une  statue  de  la 
République,  par  Roguet,  en  1882.  Orléans  possède  plu- 
sieurs musées  importants.  Le  musée  de  peinture  et  de 
sculpture,  dans  l'ancien  hôtel  de  ville,  contient  un  cer- 
tain nombre  de  bons  tableaux  de  l'école  flamande  et  des 
toiles  intéressantes  des  écoles  françaises  depuis  le  xvii^  siècle. 
Le  musée  de  sculpture  conserve  des  œuvres  de  Clodion, 
David  d'Angers,  Pigalle,  Pradier,  etc.  Le  musée  d'his- 
toire naturelle  se  trouve  dans  le  même  bâtiment.  Lemw- 


UUULU 

4  d'Orléai 

/?y  —  La  cou 


Maison  de  Diane  de  Poitiers,  à  Orléans. 


sée  historique,  dans  la  maison  de  Diane  de  Poitiers,  contient 
des  antiquités  gallo-romaines  de  l'Orléanais,  notamment 
des  bronzes  trouvés  à  Neuvy-en-Sullias,  et  des  œuvres  du 
moyen  âge  et  de  la  Renaissance.  Dans  la  cour  on  a  re- 
monté la  façade  d'une  ancienne  maison  debois.  Le  musée 
Orléanais  et  de  Jeanne  d'Arc,  dans  la  maison  de  Jeanne 
d'Arc,  contient  des  souvenirs  du  siège  de  1428-29,  et 
toutes  sortes  d'objets  consacrés  au  souvenir  de  la  Pucelle, 
depuis  le  xv^  siècle  jusqu'à  nos  jours,  où,  à  côté  d'œuvres 
intéressantes,  se  trouvent  un  trop  grand  nombre  de  piè- 
ces dépour- 
vues de  va- 
leur. 

Coutume 
ans. 
coutu- 
me d'Orléans 
est,  avec  la 
coutume  de 
Paris  et  la  cou- 
tume du  Ni- 
vernais, une 
des  plus  im- 
portantes et 
des  plus  con- 
nues parmi 
toutes  celles, 
en  nombre 
considérable 
du  reste,  qui 
régissaient  la 
France  avant 
1789.  Bien 
que  la  rédac- 
tion des  cou- 
tumes eût  été 
prescrite  dès 
1453  par  l'or- 
donnance de 
Montil-lez- 
Tours  rendue 
sous  le  règne 
de  Charles  VII, 
la  coutume 
d'Orléans  ne 
fut  rédigée 
pour  la  pre- 
mière fois 
qu'en  1509,  en 
vertu  de  lettres 
patentes  du 
roi  Louis  XII. 
Une  seconde 
rédaction  en 
fut  faite  en 
1583,  en  vertu 
de  lettres  pa- 
tentes du  roi 

Henri  III.  Au  fond  comme  en  la  forme,  elle  se  rapproche 
sensiblement  de  la  coutume  de  Paris  dont  elle  ne  diffère 
guère  que  sur  des  points  de  détail,  et  l'on  peut  dire 
qu'elle  forme  avec  cette  dernière  le  fonds  commun  de 
notre  vieux  droit  coutumier  auquel  les  rédacteurs  du  code 
civil  ont  fait  de  si  fréquents  emprunts.  La  coutume  d'Or- 
léans se  divise  en  vingt-deux  titres.  Les  plus  importants 
et  les  plus  curieux  à  étudier  sont  :  1°  le  titre  P^,  qui 
traite  des  fiefs,  de  leur  nature,  des  devoirs  du  vassal  eu- 
vers  le  suzerain,  en  un  mot  de  l'organisation  féodale  et 
de  la  hiérarchisation  des  terres  ;  2°  le  titre  X,  qui  traite 
de  la  communauté  entre  homme  et  femme  ;  3°  le  titre  XII, 
qui  traite  du  douaire,  institution  fort  importante  dans 
notre  droit  coutumier  et  aujourd'hui  disparue  ;  4*^  les 
titres  XV  et  XVI,  qui  traitent  des  donations,  et  le  titre  XVIII 


—  o73  — 


ORLEANS 


qui  traite  du  retrait  lignager.  De  même  que  la  coutume 
de  Nivernais  avait  été  commentée  par  un  jurisconsulte  de 
valeui',  Guy  Coquille,  de  même  aussi  la  coutume  d'Or- 
léans a  été  commentée  par  Potliier.  Pothier,  un  des  juris- 
consultes les  plus  distingués  du  xyiii^  siècle  qui  fut  con- 
seiller au  présidial  d'Orléans  et  professeur  à  l'Ecole  de 
droit  d'Orléans,  nous  a  laissé  entre  autres  ouvrages  un 
commentaire  magistral  de  la  coutume  d'Orléans  dont  il 
avait  chaque  jour  l'occasion  d'appliquer  le  texte  dans  les 
procès  qui  lui  étaient  soumis.  Il  commente  et  analyse  suc- 
cessivement avec  une  science  juridique  profonde  et  une 
clarté  admirable  chacun  des  titres  de  la  coutume,  et  la 
lecture  de  ce  commentaire  est  indispensable  pour  bien 
connaître  et  bien  comprendre  la  coutume  d'Orléans. 

EHe  TOURNERIE. 

Conciles  d'Orléans  (Aiirelianensia  concilia) .  — Les 
premiers  conciles  tenus    en  cette  ville  sont  considérés 
comme  ayant  une  grande  importance,  à  raison  des  cir- 
constances dans  lesquelles  ils  furent  assemblés,  et  de  la  part 
qu'ils  eurent  dans  la  formation  du  droit  ecclésiastique  en 
France.  — 511  (10  juil.  ?).  Concile  convoqué  parClovis  et 
présidé  par  Cyprien,  métropoUtain  de  Bordeaux.  Parmi  les 
33  évêques  qui  s'y  assemblèrent,  plusieurs  avaient  leurs 
sièges  dans  les  pays  récemment  conquis  sur  les  Visigoths. 
On  y  fit  31  canons,  dont  quelques-uns  entreprennent  sur 
l'autorité  civile.   Ils  furent  tous  adressés  au  roi,   en  le 
priant  de  les  appuyer  de  son  autorité.  I  et  IL  Confirma- 
tion et  sanction  du  droit  d'asile.  IV.  Défense  d'ordonner 
des  laïques  sans  la  permission  du  roi  ou  le  consentement 
du  juge.  VIII.  Si  unévèque  ordonne  un  esclave,  il  payera 
au  maître  le  double  du  prix  de  cet  esclave.  Le  VP  canon 
reconnaît  implicitement  que  toutes  les  Eglises  tiennent  du 
roi  les  fonds  dont  elles  sont  dotées.  Certains  canonistes 
ont  trouvé  dans  cette  disposition  l'origine  de  la  régale. 
XIV.  L'évèque  disposera  du  revenu  des  terres  de  l'Eglise  ; 
la  moitié  des  offrandes  faites  à  l'autel  lui  appartiendra  ;  le 
reste  sera  distribué  entre  les  clercs.  XXIX.  Les  moines 
obéiront  à  l'abbé,   et  l'abbé  à   l'évèque.  XIX.   Confir- 
mation des  anciens  canons  défendant  aux  ecclésiastiques 
d'avoir  chez  eux  des  femmes  étrangères.  — 23  juin  532. 
Concile  assemblé  par  ordre  des  rois  Thierri,  Childebert  et 
Clotaire.  26  évoques,  principalement  des  provinces  de  Lyon 
et  d'Aquitaine,  plus  5  prêtres  députés  par  d'autres  évêques. 
21  canons,  dont  la  plupart  renouvellent  des  règlements 
antérieurs,  vraisemblablement  mal  observés.  XVI.  Défense 
d'ordonner  un  prêtre  ne  sachant  point  hre  ou  ne^  sachant 
pas  au  moins  administrer  convenablement  le  baptême. 
XVIIL  La  bénédiction  diaconale  ne  sera  plus  donnée  aux 
femmes.  XIX.  Interdiction  du  mariage  entre  chrétiens  et 
juifs.  —  7  mai  538.   Par  ordre  des  mêmes  rois  que  le 
concile  précédent,  19  évêques  et  7  prêtres  représentant 
d'autres  évêques.  33  canons.  I.  Sous  peine  d'être  sus- 
pendu de  ses  fonctions,  le  métropolitain  assemblera  chaciue 
année  un  concile  dans  sa  province.  XXI.  Ce  concile  exami- 
nera les  cabales  des  ecclésiastiques.  IV.  L'évèque  emploiera 
à  l'usage  qu'il  jugera  convenable  les  biens  donnés  aux 
Eglises  de  la  ville.  Les  biens  de  la  campagne  seront  em- 
ployés selon  la  coutume.  XII.  Défense  d'aliéner  les  biens 
de  l'Eglise.  XXII.  Les  usurpateurs  de  ces  biens  seront  ex- 
communiés. XIII.  Excommunication  pour  un  an  des  chré- 
tiens qui  mangent  avec  des  juifs.  XXX.  Défense  aux  juifs 
de  se  mêler  avec  les  chrétiens,  depuis  le  jeudi  saint  jus- 
qu'au jour  de  Pâques,  en  aucun  lieu,  ni  en  aucune  occa- 
sion,  car,  dit  le  concile,  avec  la  grâce  de  Dieu,  nous 
avons  des  rois  catholiques.  Pour  la  même  raison,  il  or- 
donne, sous  peine  d'excommunication,  de  saisir  et  défaire 
punir  par  le  roi  tout  hérétique  qui  aura  rebaptisé  un  ca- 
tholique (XXXI).  Il  s'agissait  d'extirper  l'arianisme  des 
pays  antérieurement  soumis  aux  Goths.  —  541.  Sous  la 
présidence  du  métropolitain  de  Bordeaux,  38   évêques. 
12  prêtres  députés  par  des  évêques  absents,  et  un  abbé. 
38  canons  relatifs  pour  la  plupart  à  la  discipline  purement 
ecclésiastique.  VIL  Défense  aux  scigncui'^  lc  :::c:':':  c-^r.s 


les  chapelles  de  leurs  terres  des  ecclésiastiques  non  agréés 
par  l'évèque.  XXXIIl.  Ceux  qui  veulent  avoir  une  paroisse 
dans  leur  domaine  doivent  lui  donner  des  terres  et  la 
pourvoir  d'ecclésiastiques  en  nombre  suffisant.  On  regarde 
ces  canons  comme  Vovigm^Avi  patronage.  Le  XVI^  canon 
indique  la  persistance  du  paganisme:  Excommunication  de 
ceux  qui  jurent  par  la  tête  des  bêtes  et  qui  invoquent  le 
nom  des  dieux.  —  28  oct.  549.  Ce  concile,  convoqué  par 
Childebert,  réunit  48  évêques  et  21  prêtres  représentant 
des  évêques.  Il  est  le  premier  dont  les  actes  soient  datés 
du  règne  de  nos  rois  :  llegni  domini  nostri  Childeberti 
régis  Imlict.  XIIl.  24  canons.  Le  1^^  condamne  les  sec- 
tateurs des  doctrines  de  Nestorius  et  d'Eutychès  et,  sui- 
vant Baluze,  des  ariens  dont  l'hérésie  se  répandait  dans 
les  environs  d'Orléans.  Le  IIP  interdit  chez  les  clercs  non 
seulement  l'habitation  des  femmes  étrangères,  mais  la  fa- 
miharité  des  parentes,  principalement  aux  heures  indues. 
X.  Le  métropolitain  et  les  évêques  de  la  province  consa- 
creront l'évèque  élu  par  te  clergé  et  par  te  peuple  du 
CONSENTEMENT  DU  ROI.  XL  Ou  u'imposcra  pas  au  peuple  un 
évêque  dont  il  ne  veut  pas.  XVI.  Approbation  d'un  hôpi- 
tal fondé  à  Lyon  par  Childebert  et  la  reine.  —  Outre  ces 
conciles,  les  ouvrages  spéciaux  en  mentionnent  d'autres 
tenus  à  Orléans  en  638  ou  645,  en  766,  en  1022,  en 
1029,  en  1411  et  en  1479.  Le  dernier  seul  serait  inté- 
ressant pour  l'histoire  générale,  si  on  en  possédait  les 
actes.  On  dit  que  la  pragmatique  sanction  y  fut  renou- 
velée. E.-H.  VOLLET. 

BiBL.  :  F.  Le  Maire,  Histoire  et  antiquités  de  lu  ville  et 
duché  d'Orléuns  ;  Paris,  1615-48,  2  vol.  iii-fol.  —  Polluche, 
Desc7nption  d'Orléans  ;  Orléans,  1778,  in-8.  —  De  Buzon- 
NiÈRE.  Histoire  architecturale  d'Orléans  ;  Orléans,  1849, 
2  vol.  in-8.  —F.  Bonnardot,  Essai  historique  sur  le  régime 
municipale,  Orléans;  Orléans,  1881,  in-8.  —V.  aussi  de 
nombreux  travaux  sur  l'histoire  d'Orléans,  publiés  dans  les 
Mémoires  de  la  Société  archéologypie  de  l'Orléanais. 

ORLEANS  (Canal d').  Concédé  par  unéditdemars  1679 
au  duc  d'Orléans,  frère  de  Louis  XIV,  et  achevé  en  1692, 
il  fut  confisqué  en  1791  au  profit  de  la  nation,  vendu  en 
1809  à  une  société  et  racheté  par  l'Etat  en  1860.  II  part 
de  Buges,  près  de  Montargis,  à  la  jonction  des  canaux  du 
Loing  et  de  Briare,  remonte  d'abord  la  vallée  de  la 
Bézonde,  affl.  g.  du  Loing,  a  son  bief  départage  dans  la 
forêt  d'Orléans,  par  130  m.  d'alt.,  descend  la  vallée  du 
Cens,  affl.  dr.  delà  Loire,  et  atteint  ce  fleuve  àCombleux, 
à  6  kil.  en  amont  d'Orléans.  Sa  longueur  est  de  73'^^^,  5,  son 
mouillage  réglementaire  de  l'^,6Ô;  il  compte  27  écluses. 
Son  trafic,  qui  consiste  à  peu  près  exclusivement  en  ma- 
tériaux de  construction  (plus  des  deux  tiers),  en  bois  à 
brûler  et  en  combustibles  minéraux,  est  relativement  très 
faible  :  887  bateaux  chargés  et  60.863  tonnes  de  ton- 
nage effectif  dans  les  deux  sens,  en  1897,  ce  qui  le  classe, 
comme  intensité  de  circulation,  le  95^  parmi  les  voies  na- 
vigables^ de  la  Erance.  L.  S. 

ORLÉANS  (Maison  d')  (V.  Orléanais  et  les  biographies 
ci-après). 

ORLÉANS  (Blanche  de  France,  duchesse  d')  (1328- 
1393)  (V.  Blanchk  de  France). 

ORLÉANS  (Louis  de  France,  duc  d')  (1372-1407)  est 
surtout  connu  par  ses  relations  avec  Isabeau  de  Bavière, 
par  sa  rivalité  avec  Philippe  le  Hardi  et  Jean  sans  Peur, 
par  son  goût  pour  les  lettres  et  les  arts,  par  sa  mort  tra- 
gique. Second  fils  du  roi  Charles  V,  il  était  né  le  13  mars 
1372.  Beau,  intelligent,  instruit,  il  eût  été  un  prince  des 
plus  remarquables  sans  sa  légèreté  de  caractère,  son  amour 
effréné  du  luxe  et  des  plaisirs.  Il  n'eut  d'abord  qu'une 
rente  de  12.000  livres,  mais  il  se  fit  donner,  malgré  la  sage 
ordonnance  de  Charles  V,  les  comtés  de  Valois  et  de  Beau- 
mont-sur-Oise,  le  duché  de  Touraine  (1386),  échangé 
contre  le  duché  d'Orléans  (1392)  et,  plus  tard,  beaucoup 
d'autres  grands  domaines.  Il  épousa,  en  1389,  sa  cousine, 
Valentine  Visconti,  fille  du  seigneur  de  Milan,  Jean-Galéas 
Visconti.  Elle  lui  apporta  en  dot  une  très  grosse  somme 
d'argent,  avec  le  comté  de  Vertus,  en  Champagne,  et  celui 
d' -L-i,  enLombardie.  Ce  mariage  stimula  l'ambition  nais- 


ORLÉANS 


574 


saille  du  jeune  prince.  Il  se  posa  ])ienlù[  cii  rivai  de  sou 
oncJo,  le  puissant  duc  de  Bourgogne,  Plii]ip[)e  le  liardi, 
qui,  depuis  la  folie  do  Charles  Yi,  avait  repris  le  pouvoir 
(4392).  Quand  le  roi  faillit  être  brûlé,  pendant  une  fêle, 
par  l'imprudence  de  Louis  d'Orléans  (janv.  4393),  celui-ci 
fut  soupçonné  de  desseins  criminels.  Valcnline,  qui  exer- 
çait sur  Charles  VI  une  iniluencc  prépondérante,  fut  accu- 
sée défavoriser,  par  des  malétices,  l'ambition  de  son  mari. 
La  rivalité  de  Philippe  le  Hardi  et  de  son  neveu  se  mani- 
feste partout,  au  dehors  comme  au  dedans:  en  Italie,  ou 
le  duc  d'Orléans  voulait  se  créer  un  cliiméi'i([ue  royaume 
d'Adria;  en  Bretagne,  en  Angleterre,  en  Allemagne,  dans 
Taftaire  du  grand  schisme.  Quand  il  eut  acheté  le  duclié 
de  J^uxembourg(4404),  «  se  logeant,  comme  une  éj)ine  au 
cœur  du  Bourguignon  »,  la  guerre  faiUit  éclater  enire 
l'oncle  et  le  neveu.  BéconciUés  un  moment  (4402),  ils 
recommencèrent  à  se  disputer  le  {)ouvoir.  Après  la  moi't 
de  Philippe  (avr.  4404),  son  fils,  Jean  sans  Peur,  dont 
la  femme  avait  dit-on,  cédé  aux  séductions  de  Louis  d'Or- 
léans, devint  pour  lui  un  adversaire  plus  redoutalile.  La 
liaison  suspecte,  sinon  coupable,  de  Louis  avec  la  reine 
Isabeau,  leur  avidité,  leurs  dépenses  ruineuses  furent  ha- 
bilement exploitées  par  Jean  sans  Peur,  qui  excita  le  peuple 
contre  eux  et  leur  enleva  le  dauphin.  Ils  allaient  en  venir 
aux  mains,  quand  les  ducs  de  Berry  et  de  Bourbon  par- 
vinrent à  opérer  un  rapprochement  (ocl.  4iOo).  On  reprit 
même  la  guerre  nationale  contrôles  Anglais  (4 10(3),  mais 
le  duc  d'Orléans  échoua  en  Guyenne  et  fut  accusé  d'avoir 
détourné  tout  l'argent  destiné  aux  opérations  miliiaires.. 
Quand  il  revint  à  Paris  (janv.  4i07),  lalu(te  devint  ])ius 
violente.  Sur  les  instances  du  vieux  duc  de  Berry,  Jean 
sans  Peur  feignit  de  se  réconcilier  encore  avec  son  cou- 
sin, qui  semblait  sincère  (20iiov.  4407).  Trois  jours  après, 
il  l'attirait  dans  un  guet-apens  et  le  faisait  assassiner 
(mercredi,  23  nov.).  Sa  veuve  mourut  l'année  suivante 
(4  déc.  4408),  sans  avoir  pu  obtenir  justice.  Comme  son 
mari,  elle  aimait  les  arts,  les  lettres  et  protégeait  les  écri- 
vains, notamment  Eustache  Des  Champs  et  Christine  de 
Pisan.  Parmi  les  huit  enfants  de  Louis  d'Orléans  (cinq  fils 
et  trois  filles),  il  faut  remarquer  son  lils  aine,  Charles, 
le  célèbre  poète,  qui  fut  le  père  du  roi  Louis  y^l,  et  le 
fameux  bâtard  qui  fut  le  comte  de  Dunois.  E.  C. 

BiBL.  :  Les  chroni(|iieurs  1^'roissart,  \c  Rjjligilux  dv: 
Saint-Dexis,  Juvénal  des  Ursin.=ï,  Mo.x.stheij-.t,  p.  ]*'j-,- 
NiN.  —  Le  Journal  do  Nie.  de  llvvr,  (Soc.  tic  l'Ilist.  do 
Franco).  —  Bouét  d'ArcQ;  Cliolx  de  pièces  Incdilcs  du 
règne  deCluirles  VI  (coll.  des  documents  inédits).—  D.  FÉ- 
i.iliiEN,  Hist.  de  Paris,  IV.  —  De  Laborde,  les  Ducs  de 
Bourgogne,  III.  —  Le  P.  AisSelaie,  I,  205-207.  —  Ul.  Che- 
valier, Répertoire  des  soiirees  liist.  dit  moyen  âge,  col. 
1414  et  Supp.,  col.  2717.  —  Lamsse  et  ILiaibaud,  îlist.  gc- 
nérale,  III,  124  et  15'J.  —  De  Baraxte,  llist.  des  ducs  de 
Bourgogne.  —  De  La  Saussaye,  Hist.  du  chat,  de  Blois. 
~  DÙrrieu,  le  Royaume  d'Adria,  dans  la  Revue  hist.  de 
juil.  1880.--De  AIauldi',  di-^LaClaviére,  Jeanne  de  France 
duchesse  d'Oiiéans.  llist.  de  J.ouis  XII.  —  .Iarry,  la  Vie 
poldique  de  L.  dJOrlé.uis  ;  Paris,  188'J.  —  Surtout  AltciicEETy 
Ilist.  de  France. 

ORLÉANS  (Charles  cl')  (4394-4 iOo)  (V.  Chaules 
d'Orléans)  . 

ORLÉANS  (Jean,  bâtard  d'),  m\Ue  da  Danois  {iii)?>- 
4468)  (V.  ce  nom). 

ORLtANS  (Charles  d')  (14o9-l)G)  (V.  Chaulks  d'Oii- 

LLANS) . 

ORLÉANS  (Louis  II,  ducd')(ri(iiM54:))(V.  Louis  Ml, 
roi  de  France). 

ORLÉANS  (Antoinette  d')    (4o72-4{i48)   (V.  Axxoi- 

A'ETTE  d'OhLÉAInS). 

ORLÉANS  (Gaston-Jean-Baptiste,  duc  d'),  troisième  hls 
de  Henri  lY  et  de  Marie  de  Médicis,  né  à  Fontaincl)leau 
le  25  avr.  4608,  mort  à  Blois  le  2  fevr.  4660.'  De  six 
ans  et  demi  plus  jeune  ipie  Louis  XilL  il  fut  tenu  sur  les 
fonts  le  5  juin  KM  4  pai*  le  cariHual  de  JoyiMise  et  hi 
reine  Marguerite,  ])remière  fenuue  de  son  j)ére,  o,t  porta 
successivement  le  titre  de  duc  d'Anjou,  de  tjuc  d"Orléans 
en  4626,  et  fut  appelé  Monsieur  depuis  la  mort  de  son 
frère  le  duc  d'Orléans  (4614  )  jusqu'à  la  mort  de  Louis  XIIL 


De  iuiture  faible  et  ver^^alile,  ambilieux  et  poussé  par  son 
gouverneur,  h' maréchal  d'Ornano,  espril  nuuuant.  qui  le 
premier  paya  de  hi  prison  (i  mai  4626)  ses  marnais  conseils, 
sa  vie  ne  fut  ([u'une  conspiration  et  une  révolte  continuelles, 
d'abord  contre  son  frère  et  Richelieu,  contre  la  régente  et 
Mazarin  ensuite.  Vai  4626,  pour  échapper  aumariagepoliti- 
([ue  qu'on  lui  avait  ménagé  dès  4608,  il  entre  dans'la  cons- 
piration de  Chalais,  l'aliandoniie,  et  treize  jours  avant  que 
celui-ci  soit  décapité  à  Nantes,  épouse  dans  cette  ville,  le 
6aoiit4626,  cette  même  princesse  (}u'il repoussait,'  lapins 
riche  héritière  de  in^ance,  Marie  de  Bourbon,  duchesse  de 
Monlpensier,  lille  ujii(fuc  de  Beiici  de  Bourbon,  duc  de 
Montpensier,  mort  le  dernier  Je  sa  branche  en  4608,  et 
de  Ileiu'iette-Catherine,  duchesse  de  Joyeuse,  union  bien 
éphémère,  la  nouvelle  thichesse  devait  mourir  l'année 
sm\  aille  (l' juin)  en  donnant  naissance  à  la  célèbre  duchesse 
de  .Monlpensier,  Fliéroine  de  la  ^ ronde.  Quelques  mois 
auparavant,  il  avait  eu  entrée  au  Conseil,  et  ce  fut 
en  faveur  de  ce  mariage  que  lui  fut  constitué  un  apanage 
comprenant  les  duchés  d'Orléans  et  de  Chartres.  A  peiiie 
veuf,  sa  passion  amoureuse  ou  son  ambition  le  jette  dans 
de  nouvelles  intrigues,  avec  Puylaurens,"  le  président  Lc- 
coigneux,  le  cardinal  de  Bérulle,  le  comte  de  Morct,  les 
ducs  d'I'^lbeuf,  de  Beliegarde,  de  Boanncz.'  H  demande  une 
augmentation  d'apanage  et  un  grand  gouvernement,  celui 
de  Champagne  ou  de  Boui'gogne.  En  4621);  îLaspire  à  la 
main  de  Marie  de  Conzague,  âgée  alors  de  dix-sept  ans, 
mariagv  au([uel  sa  mère,  qui  lui  destinait  une  princesse 
lîorenline,  s'oppose,  et  il  se  pi'éparait  à  l'enlever,  lorsque 
M^^'J^  de  Longueville,  (ante  de  la  jeune  iille,  la  conduisit 
à  Yincennes  sous  la  protection  du  roi.  \ùi  août,  il  se 
retire  en  Champagne,  et  de  là  diez  le  duc  de  Lorraine. 
La  crainte  de  le  voir  se  marier  à  l'étranger  lui  fait  accorder 
un  traité  (2  janv.  4630)  par  lequel  il  obtenait  le  gouver- 
nement de  l'Orléanais,  de  l'argent  et  quelques  places  de 
sûreté.  Dès  l'année  suivante,  encouragé  parla  brouille  du 
roi  et  de  sa  mère,  il  rouvre  les  hostilités  en  insultant  Ri- 
chelieu dans  son  hôtel  (34  janv.  4634),  se  retire  à  Orléans, 
puis  en  Bourgogne,  en  Lorraine,  où  il  s'éprend  de  la  sœur 
du  duc,  la  princesse  Marguerite,  qu'il  épouse  secrètement! 
(3  janv.  1632),  et,  lorsque  ce  prnice  eut  fait  sa  paix  avec 
Louis  XIII  (6  janv.),  va  rejoindn^  sa  mère  à  Bruxelles, 
d'où  il  inonde  la  France  de  libelles. 

Le  48  mai,  il  joignit  à  Trêves  l'armée  de  Gonzalès  de 
Cordoue,  avec  quehpies  troupes  entra  en  Bourgogne  pen- 
dant que  les  Français  occupaient  la  Lorraine ,' "gagna  le 
l^anguedoc,  sui\i  par  le  juaréchal  de  La  Force,  raUia  a  son 
parti  le  maréchal  de  Montmorency  et  l'abandonna  lâche- 
ment à  la  bataille  de  Castclnaudary  (4^^'  sept.).  Après 
avoir  fait  sa  paix  a\ec  la  cour  (29  sept.),  terrifié  par  le 
supplice  de  Montmorency  (30  oct.),  il  fuit  de  nouveau  en 
Flandre  (40  nov.),  voit  son  mariage  avec  Marguerite  de 
Lorraine  cassé  par  arrêt  (3  sept.  4634),  mais,  brouillé 
avec  sa  mère,  unissait  par  faire  sa  soumission,  rentrait 
en  l4-ance  le  8  oct.,  et  était  reçu  le  24  à  Saint-Germain 
par  son  frère.  La  mort  de  Puylaurens  (l^'^'juil.'  1633)  le  livra 
à  un  nouveau  favori,  l'ahbé  de  La  Rivière.  Retiré  à  Blois 
d'abord,  mais  placé  à  la  tète  de  l'armée  contre  Corbie  avec  le 
comte  de  Soissons,  il  entra  dans  le  complot  de  celui-ci  pour 
faire  assassiner  Richelieu  à  Amiens  par  Montrésor  et  vSaint- 
Ihal,  le  lit  échouer  par  sa  pusillanimité,  puis,  après  s'être 
prudemment  mis  en  sûreté  par  la  fuite  (20  nov.),  ht  sa 
])aix  le  8  févr.  4637  aux  dépens  de  ses  complices.  Tel  fut 
encore  son  rôle,  en  4642,  dans  le  complot  du  malheureux 
(^inq-Mars  ;  après  avoir  signé  un  traité  avec  l'Espagne  par 
rentremise  de  F>ntrailles'(i3  mars),  terrifié  par  l'arres- 
tation do  Cinq-Mars  (13  juin),  il  le  chargea  dans  sa  dépo- 
sition, il  obtint  Uii  pardon  ignominieux,  fut  exilé  à  Blois 
et  destitué  de  tout  droit  à  la  régence  le  4^' '' déc.  La  mort 
de  Kichelieu,  trois  jours  après,  changea  sa  situation.  Le 
4  4  mai  4643,  il  se;réconcilie  avec  le  roi,  voit  son  mariage 
avec  Marguerite  de  Lorraine  reconnu,  mais  sous  la  coiuli- 
lion  d'une  nouvelle  célébivation,  (|ui  a  lieu  à  Meudon  le 


—  575 


ORLEANS 


""16  mai.  Nommé  lieutenant  général  du  royaume,  à  ]a  mort 
de  Louis  XIII,  il  se  comporte  honorablement  pendant  les 
trois  campagnes  des  années  suivantes  :  prises  de  Grave- 
lines  (28  juil.  1644),  de  Mardick,  Bétliune,  Cassel,  Saint- 
Venant  (juil.  1645)  ;  Courtrai,  Bergues,  Saint-Yinoc 
(août  1646).  Mais  avec  la  Fronde,  il  retombe  dans  ses 
anciennes  fluctuations  et  intrigues.  On  le  voit  successi- 
vement du  parti  de  la  cour,  qu'il  aide  à  bloquer  Paris 
(janv.  1649),  à  faire  la  paix  de  Rueil  (11  mars  1649),  à 
arrêter  le  prince  de  Conclé  (18  janv.  1650)  ;  puis  s'unir 
à  ce  même  Condé  qu'il  ramène  à  Paris  (16  févr.  1651)  ; 
s'en  séparer  pour  devenir  le  chef  d'un  troisième  parti, 
celui  des  Frondeurs  ;  onfm  se  réunir  de  nouveau  à  Condé, 
qu'il  sauve  au  combat  du  faubourg  Sahit-Antoine  (2  juil. 
1652),  et  reprendre  un  instant  le  titre  de  lieutenant  gé- 
néral du  royaume.  La  rentrée  de  Mazarin  à  Paris  (21  ocfc.) 
mit  fin  pour  jamais  à  son  rôle  politique.  Exilé  à  Blois, 
c'est  là  que,  dans  l'obscurité,  il  passa  les  huit  années  qui 
lui  restaient  encore  à  vivre.  Outre  ses  aventures  galantes 
avec  Marie  de  Gonzague,  Marguerite  de  Lorraine,  il  en 
eut  d'autres  avec  Louise  de  la  Marbelière,  dojit  il  eut  un 
fils,  le  comte  de  Gharny  ;  Marie  Porcher,  M^^'^  de  Saujon 
et  W^^  de  Saint-Mégrin.  Il  existe  de  lui  des  portraits  par 
Mallery,  Lasne,  Moncornet,  d'après  Chauveau,  Yan  Dyck. 
De  son  second  mariage  avec  Marguerite  de  Lorraine-Vau- 
demont,  morte  à  Paris  le  3  avr.  1672,  à  cinquante-neuf 
ans,  il  avait  eu  cinq  enfants:  1^  Jean-Gaston,  duc  de 
Valois,  né  le  17  août  1650,  mort  le  10  aoiit  1652; 
2°  Marguerite-Louise^  née  le  28  juil.  1645,  femme  de 
Corne  III,  grand-duc  de  Toscane  (1661),  morte  le  17  sept. 
1721  à  Paris;  3°  Elisabeth,  née  le  26  déc.  1646,  femme 
de  L.-J.  duc  de  Guise  (1667),  morte  à  Paris  le  17  mars 
1696;  ¥  Françoise-Madeleine,  née  le  13  oct.  1648, 
femme  de  Ch. -Emmanuel  II,  duc  de  Savoie  (1663),  morte 
le  4  janv.  1664;  5^  Marie-Anne,  née  le  9  nov,  1652, 
morte  à  Blois  le  17  août  1656.  Eug.  Asse. 

l^iBL.  :  Mémoires  de  Richelieu,  de  Bois-d'Anneaietz 
[Méni.  d'un  favori,  1607,  in-12),  d'AEGAY  de  Martignag. 
de  FoNTRAiLLES.  de  GouLAS  {Soc  de  l'Iiist.  de  fr.),  de 
MoNTGLAS,  de  M'i«  de  Montp]':nsier,  de  K.ohan,  de  Bas- 
SOMPIERRE,  de  la  duchesse  de  Neaiours,  de  BRiEM]XE,de 
Motteville,  de  Retz,  de  Talon,  de  Conrart. 

ORLÉANS  (A.-M.-Louise  d')  (1627-1693)  (V.  Mont- 

PENSIER   [A-.M.-L.]). 

ORLÉANS  (Philippe  de  France  ,  duc  d^) .  Tige  de  la  seconde 
maison  de  Bourbon-Orléaiis,  fils  de  Louis  XIII  et  d'Anne  d'Au- 
triche, né  à  Saint-Germain  le  21  sept.  1640,  mort  à  Saint- 
Cloud  le  9  juinl  701.  Il  fut  appelé  d'abord  duc  d'Anjou,  jusqu'à 
la  mort  de  Gaston  (1660),  et  il/on^^z^ur  depuis  l'avènement  de 
son  frère.  A  neuf  ans  (1649),  il  reçut  pour  précepteur  La 
Mothe  Le  Vayer,  que  son  hvre  de  VInstruction  de  Mon- 
sieur le  Dauphin  (1640)  avait  en  (juehpie  sorte  désigné 
pour  une  illustre  éducation,  et  ses  progrès  furent  assez  ra- 
pides pour  que  Mazarin,  qui  ne  semble  pas  avoir  tenu  à 
ce  qu'on  développât  autant  son  esprit,  s'en  alarmât.  De  très 
jolie  figure,  sa  mère  eut  le  tort  de  s'amuser  de  ses  traves- 
tissements féminins,  et  ainsi  de  les  encourager,  ce  qui  dé- 
veloppa peut-être  en  lui  les  goûts  suspects  dont  on  l'a 
accusé.  Son  mariage,  le  31  mars  1661,  avec  Henriette- 
Anne  d'Angleterre,  sœur  de  Charles  II,  bien  (|ue  très  bril- 
lant, et  la  princesse  charmante,  ne  fut  pas  heureux,  et  il 
se  montra  plus  jaloux  de  la  beauté  de  sa  femme,  que 
de  ses  légèretés  de  conduite,  soit  avec  lecomtedeGuiche, 
soit  avec  le  roi  lui-même.  Cependant,  sur  les  conseils  de 
Cosnac,  évéque  de  Valence,  son  favori  alors,  il  rechercha 
en  1667  la  gloire  des  armes  et  se  distingua  aux  sièges  de 
Tournay,  de  Douai,  de  Courtrai  qui  capitula  le  16  juil., 
d'Oudenarde,  Ath,  Alost  et  Lille.  Les  rapports  entre  lui 
et  le  roi  étaient  souvent  assez  aigres;  l'arrestation  du  che- 
valier de  Lorraine,  son  favori  (1669),  le  mit  dans  une  vé- 
ritable colère.  A  son  retour  d'Angleterre  (12  juin  1670), 
Madame  fut  très  mal  accueilHe  de  lui,  et  le  24  il  la  con- 
fina en  quelque  sorte  à  Saint-Cloud,  ou  le  29  elle  commença 
à  éprouver  ces  horribles  douleurs  d'estomac,  dans  les- 


quelles elle  expirait  le  31.  Des  bruits  d'empoisonnement 
coururent,  et  Charles  II  refusa  même  de  recevoir  la  lettre 
{[ue  Monsieur  lui  écrivit.  Un  an  après,  il  épousait,  en 
seconde  noces,  Charlotte-Ehsabeth,  tille  de  Charles-Louis, 
électeur  Palatin  (16  nov.  1671).  L'année  suivante,  placé 
à  la  tète  de  l'armée  de  Flandres  sous  Louis  XIV  et  Tu- 
renne,  il  assiège  et  prend  Orsoy  (12  juin),  Wesel,  Rhein- 
berg,  Arnheim,  Zutphen;  en  1676,  Bouchain  (16  mai); 
en  1677,  il  est  plus  heureux  encore  :  chargé  du  siège  de 
Saint-Omer,  il  bat,  le  11  avr.,  Guillaume  d'Orange  à  Cas- 
sel,  et  Saint-Omer  capitule  le  19  :  dans  cette  campagne 
il  avait  montré  de  vrais  talents  militaires  ;  et  la  présence 
du  maréchal  de  Luxembourg  à  cette  victoire  ne  doit  pas 
lui  en  enlever  la  gloire  ;  mais  désormais  il  ne  devait  plus 
commander  en  chef.  Il  avait  eu  un  cheval  tué  sous  lui,  et 
reçu  un  coup  de  mousquet  dans  ses  armes.  Treize  ans 
s'écoulèrent  sans  qu'on  le  vît  aux  armées,  et  Ton  parla 
beaucoup  alors  de  sa  liaison  avec  mademoiselle  —  on  l'ap- 
pelait Madame  —  de  Grancey,  fille  du  maréchal.  H  accompa- 
gna cependant  ejicore  Louis  XIV,  avec  son  fils,  le  duc  de 
Chartres,  en  1690,  au  siège  de  Mous,  qui  capitula  le  7  avr.; 
en  1692,  à  celui  de  Namur(17  mai-20  juin);  et  en  1693, 
en  prévision  d'une  descente  des  Anglais,  il  reçut  le  com- 
mandement de  toutes  les  côtes  de  l'Océan,  ayant  sous  lui 
les  maréchaux  d'Humières,  d'Estrées,  de  Bellefonds,  le 
duc  de  Ch  aulnes,  et  son  quartier  général  à  Pontorson. 
Toujours  assez  mal  avec  le  roi,  il  ne  put  obtenir  ni  le  gou- 
vernement du  Languedoc  à  la  mort  du  duc  de  Verman- 
dois,  son  neveu  illégitime,  en  1683,  ni  celui  de  Bretagne, 
qui  fut  donné  au  duc  du  Maine  (1695).  En  1701,  il  pro- 
testa contre  le  testament  de  Charles  II,  qui  instituait  le  duc 
d'Anjou  héritier  de  la  couronne  d'Espagne ,  à  laquelle  il  préten- 
dait avoir  des  droits  par  sa  mère.  Le  mercredi  8  juin  1701, 
il  avait  dîné  à  Marly  avec  le  roi,  qui,  le  trouvant  fort 
rouge,  lui  dit  qu'il  était  tenté  de  le  faire  saigner  de  force 
—  car  il  ne  le  voulait  pas  ;  retourné  le  soir  à  Saint- 
Cloud,  il  fut  frappé  d'apoplexie,  à  souper,  en  versant  à 
boire  à  M™^  la  duchesse  de  Bouillon,  et  mourut  le  lende- 
main, après  avoir  reçu  dans  la  nuit  la  visite  de  Louis  XIV, 
qui  se  montra  vivement  affecté  de  cette  perte.  «  Je  ne  sau- 
rais m'accoutumer,  disait-il,  à  penser  que  je  ne  verrai  plus 
mon  frère.  »  Saint-Simon  en  a  fait  un  portrait  peu  flatté  (Ed. 
Boislisle,  VIII,  333). 

De  son  premier  mariage,  il  avait  eu  quatre  enfants,  dont 
deux  seulement  avaient  vécu  :  Marie-Lovise ,  née  le 
27  mars  1662,  morte  à  Madrid  le  12  févr.  1689,  mariée 
le  19  nov.  1679  à  Charles  II  d'Espagne;  Anne-Marie, 
née  le  27  août  1669,  morte  le  26  août  1728  à  Turin, 
mariée  le  11  mai  1684  à  Victor-Amédée  II,  duc  de  Savoie; 
de  son  second  mariage,  trois  enfants,  le  duc  de  Valois 
(1673-76),  Philippe  II,  le  régent,  et  Elisabeth-Charlotte, 
née  le  13  sept.  1676,  morte  à  Commercy  le  23  déc.  1741-, 
mariée  le  25  oct.  1698  à  Léopold,  duc  de  Lorraine. 

Eug.  Asse. 

BiBL.  :  Saint-Simon,  iJxisGEAv.j^cissim.  —  Mémoires  de 
SouRCHES,  de  Cosnac,  de  Ciioisv,  de  Montpensier,  de 
Motteville.  de  Ba  Fayette,  etc.  —  Spanheim,  Relation.  — 
Correspondance  de  la  duchesse  d'Orléans  (Palatine).  — 
Lettresdo,  M'"°  de  Sévignj'].  —  P.  Clément,  Reo.  des  qnest. 
hist  ,  l*^''  oct.  1807.  —  Miss  iMaric  Br.LLuc,  Life  of  the  du- 
chesse d'Orléans. 

ORLÉANS  (Philippe  11,  duc  d'),  régent,  né  à  Saint- 
Cloud  le  2  août  167 i,  mort  à  Versailles  le  2  déc.  1723, 
hls  du  précédent  et  d'Wisabeth-Charlotte,  princesse  de  Ba- 
vière. Il  porta  le  titre  de  duc  de  Chartres  jusqu'à  la  mort  de 
son  père.  Très  bien  doué  par  la  nature,  il  eut  pour  gou- 
verneurs des  hommes  du  plus  haut  mérite,  les  maréchaux 
de  Navailles,  d'Estrades,  le  duc  de  La  Vieuville  (1683-89), 
surtout  le  marquis  d'Arcy  (1689-94),  enfm  Saint-Laurent, 
qui  eut  le  tort  de  s'adjoindre  l'abbé  Dubois.  A  dix-sept 
ans,  il  ht  ses  premières  armes  au  siège  de  Mons(15  mars- 
9  avr.  1691),  et  son  mariage  (18  févr.  1692)  avec  M^inle 
Blois,  fdle  de  Louis  XIV  et  de  M™®  de  Montespan,  auquel 
il  consentit  par  faiblesse,  et  à  la  grande  colère  de  sa  mère 


ORLÉANS 


—  o76  — 


—  elle  le  souffleta,  dit-on  —  sembla  d'abord  lui  rendre 
le  roi  très  favorable.  Pendant  quatre  ans,  il  fait  brillam- 
ment campagne  :  il  commande  sous  Luxembourg  la 
cavalerie  française  à  Steinkerque  (3  août  1692),  à 
Neervvinde  (29  juil.  4693);  en  1695,  sous  Villeroy  qui 
ne  put  empêcher  Namur  de  capituler.  Les  nouvelles  dé- 
fuuices  de  Louis  XIV  à  son  égard  le  jetèrent  dans  des  éga- 
rements de  conduite  qui  arrêtèrent  encore  sa  fortune. 
Cependant  à  la  mort  de  son  père  (9  juin  1701),  le  roi  pa- 
rut lui  rendre  toutes  ses  faveurs.  En  1706,  il  est  mis  à  la 
tête  de  l'armée  d'Italie,  mais  on  lui  adjoint  les  maréchaux 
de  La  Feuillade  et  de  Marsin,  dont  les  mauvaises  dispositions 
lui  font  perdre  la  bataille  de  Turin  (7  sept.),  où  il  reçut 
deux  graves  blessures  qui  le  forcèrent  à  quitter  l'armée .  En 
1707,  envoyé  en  Espagne,  s'il  arrive  trop  tard  pour  com- 
battre avecBerwick  à  Almanza(2o  avr.),  il  sait  tirer  parti 
de  cette  victoire,  envahit  les  royaumes  de  Valence  et  d'iVra- 
gon,  où  il  s'empare  de  Xativa  (26  mai)  et  d'Alcaraz,  pé- 
nètre en  Catalogne  et  emporte  Lérida  (13  oct.). 

Dans  la  campagne  suivante,  avec  d'Asfeld  sous  lui,  il 
prend  Dinia,  Alicante  (12  nov.  1708),  Tortose.  C'est 
au  milieu  de  ces  succès  qu'il  est  rappelé  en  France, 
sous  le  soupçon,  qui  parait  justifié,  d'avoir  ourdi  des  intri- 
gues avec  le  général  anglais  pour  se  substituer  à  Philippe  V 
comme  roi  d'Espagne.  Cette  politique  fit  tradition  chez  ses 
descendants,  car  en  1810  Louis-Philippe  la  suivit  aussi 
en  Espagne.  Le  bruit  courut  qu'on  allait  lui  faire  son  pro- 
cès, mais  le  roi  prit  soin  de  le  démentir,  et  s'il  n'employa 
plus  le  duc  d'Orléans  à  la  guerre,  il  consentit  en  1710  au 
mariage  de  la  tille  de  celui-ci  avec  son  petit-fils,  le  duc  de 
Berry  (6  juil.  1710)  :  il  est  vrai  qu'auparavant  il  avait 
exigé  que  le  duc  renvoyât  sa  maîtresse,  M™^  d'Argenton,  et 
se  rapprochât  de  la  duchesse.  Mais  les  morts  soudaines  du 
duc  et  de  la  duchesse  de  Bourgogne  (févr.  1712),  du  duc 
de  Berry  (4  mai  1714),  sa  passion  pour  la  chimie  qu'il 
étudiait  avec  Hombert,  firent  courir  sur  lui  des  bruits 
sinistres,  que  plus  tard  sa  conduite  à  l'égard  de  Louis  XV 
devait  hautement  démentir.  En  nov.  1712,  pour  faci- 
liter la  paix,  il  avait  renoncé  à  ses  droits  éventuels  à 
la  couronne  d'Espagne,  comme  Philippe  V  avait  renoncé 
aux  siens  sur  la  couronne  de  France.  La  mort  du  roi 
(1^^  sept.  1715)  ouvrait  une  régence  ;  le  duc  d'Orléans  y 
était  appelé,  mais  un  testament  de  Louis  XIV  lui  enlevait 
la  garde  du  roi  et  Hmifait  sa  puissance.  Le  2  sept.,  il  se 
rendit  au  Parlement  qui,  gagné,  sauf  le  premier  président, 
de  Mesmes,  par  ses  promesses,  cassa  le  testament  et  lui 
conféra  la  plénitude  du  pouvoir.  Le  12,  un  lit  de  justice 
confirma  cet  arrêt.  Ce  n'était  pas  l'intelligence  qui  man- 
quait au  régent,  c'était  la  moralité  et  la  justesse  des  idées. 
En  gouvernement,  en  finances,  il  ne  tarda  pas  à  s'éprendre 
d'idées  chimériques,  et  presque  toutes  ses  réformes  avor- 
tèrent. 

Le  15,  il  rendit  le  droit  de  remontrances  au  Parlement, 
qui  en  usa  bientôt  contre  lui  et  qu'il  fit  exiler  (21  juil. 
1720).  Le  même  jour,  à  la  place  des  ministères,  il  créa  six 
conseils  :  de  conscience,  des  affaires  étrangères,  de  la 
guerre,  delà  marine,  des  finances,  du  dedans,  et  bientôt  un 
septième,  du  commerce  (14  déc);  mais  dès  1718  (18 oct.), 
il  fut  obligé  d'en  revenir  au  régime  des  sous-secrétaires 
d'Etat.  Une  chambre  de  justice  fut  établie  contre  les  finan- 
ciers (1®''  mai^s  1716),  mais  on  la  supprima  brusquement 
le  20  mars  de  l'année  suivante,  et  l'on  réhabilita  ses  vic- 
times. Les  princes  légitimés,  conti^e  lesquels  les  ducs  et 
pairs  étaient  exaspérés,  se  virent  enlever  le  droit  de  suc- 
cession à  la  couronne  ainsi  que  leur  qualité  de  princes  du 
sang  (8  juil.  1717),  mais  cela  ne  fit  que  jeter  le  duc  du 
Maine  et  sa  femme  dans  des  intrigues  avec  le  roi  Phi- 
lippe V,  dont  le  régent  s'était  fait  un  ennemi  en  concluant, 
en  vue  de  la  sécurité  de  son  pouvoir  plus  encore  qu'en 
considération  de  la  France  intéressée  à  entretenir  de  bons  rap- 
ports avec  l'Espagne,  une  triple  alliance  avec  l'Angleterre 
et  la  Hollande  (14  janv.  1717).  Ce  changement  de  front 
dans  la  politique  extérieure  était  l'œuvre  surtout  de  l'abbé 


Dubois,  et  a  été  beaucoup  louée  ;  elle  pourrait  être  tout  au- 
tant critiquée,  car  elle  aboutit  à  un  commencement  de 
guerre  avec  l'Espagne,  retarda  de  cinquante  ans  le  pacte 
de  famille,  arrêtant  le  développement  de  toute  la  politique 
de  Louis  XIV.  Le  maréchal  de  Noailles,  président  du  con- 
seil des  finances,  aurait  voulu  combler  le  déficit  par  de 
sages  économies  et  le  développement  graduel  du  commerce 
et  de  l'industrie,  le  régent  préféra  les  idées  aventureuses 
de  Lavv  appelé  dès  le  25  oct.  1715.  Le  2  mai  1716,  il  lui 
accorde  le  privilège  d'une  banque  générale,  au  capital  de 
6  millions,  et  le  chanceher  d'Aguesseau,  qui  lui  est  hostile, 
est  exilé  (28  janv.  1718);  le  4  déc.  1718,  elle  est  déclarée 
banque  royale,  et  le  24  févr.  1720  réunie  à  la  Compagnie 
des  Indes  nouvellement  créée  par  la  fusion,  en  mai  1719,  de 
la  Compagnie  des  Indes  occidentales  et  de  la  Compagnie 
d'Occident.  Dans  les  questions  rehgieuses,  il  se  montra 
d'abord  favorable  aux  adversaires  de  la  bulle  Unigenitus 
qui,  le  5  mars  1717,  avaient  renouvelé  leur  appel  au  fu- 
tur concile,  mais  il  dut  bientôt  imposer  la  loi  du  silence 
sur  ces  matières  (7  oct.),  même  enfin  il  laissa  enregistrer 
la  bulle  par  le  grand  Conseil  et  par  le  Parlement  ensuite 
(23  sept.,  4  déc.  1720). 

Peu  après  la  visite  du  tsar  à  Paris  (avr. -juin  1717),  il 
avait  signé  un  traité  d'alliance  avec  la  Russie  et  la  Prusse 
(4  août  1717),  et,  l'année  suivante,  une  quadruple  alliance 
avec  l'Angleterre,  la  Hollande,  et  l'Empire  venait  d'être 
signée  (2  août  1718),  lorstpie  fut  découverte  la  conspiration 
de  Cellamare  (9  déc),  ce  qui  amena  l'emprisonnement 
du  duc  et  de  la  duchesse  du  Maine  (29  déc.)  et  la 
déclaration  de  guerre  à  l'Espagne  au  commencement  de 
1719.  L'énergie  de  Berwick  qui  franchit  les  Pyrénées, 
prit  Saint-Sébastien  et  Urgel;  la  répression  vigoureuse 
d'une  révolte  en  Bretagne,  décidèrent  bientôt  Philippe  V 
à  accepter  une  suspension  d'armes  (septembre)  et  à  accé- 
der même  à  la  quadruple  alhance  (17  févr.  1720).  Ce  fut 
le  côté  glorieux  de  la  régence  du  duc  d'Orléans,  ternie  mal- 
heureusement par  les  excès  d'abord  de  l'agiotage,  la  ré- 
duction des  rentes  de  5  à  2  ^'o  (17  avr.),  le sacre'de  Dubois 
comme  archevêque  de  Cambrai  et  les  débauches  publi(jues 
de  ce  prince.  Le  rappel  de  d'Aguesseau  (17  juil.),  l'exil 
du  Parlement  (21  juil.),  ne  purent  prévenir  la  chute  du 
système.  Menacé  par  l'émeute,  Law  prit  la  fuite;  le  ré- 
gent rappela  alors  le  Parlement  (14-16  déc).  Un  traité 
d'alliance  et  de  mariage  entre  le  jeune  roi  et  une  princesse 
espagnole  (27  mai  1721),  un  autre  avec  l'Angleterre,  l'ar- 
rivée de  la  jeune  infante  (2  mars  1722),  rendirent  le  ré- 
gent un  instant  populaire.  Le  22  août,  la  nomination  de 
Dubois  comme  premier  ministre  fut  uq  singulier  prologue 
au  sacre  du  roi  qui  eut  lieu  le  25.  Le  régent  semblait 
vouloir  se  retirer  de  la  vie  politique,  lorsque  la  mort  du 
cardinal  Dubois  (10  août  1723)  l'y  rappela;  mais  ce  ne 
fut  que  pour  quel(|ucs  mois  ;  il  avait  accepté  le  titre  et 
les  fonctions  de  premier  ministre  lorsqu'il  fut  frappé  d'apo- 
plexie dans  un  entretien  avec  M'^^^  de  Parabère.  Il  avait 
quarante-neuf  ans.  —  Il  eut  de  son  mariage  un  fils,  qui 
vécut,  et  sept  filles,  dites  W^^  de  Chartres  (1695-1719), 
mariée  au  duc  de  Berry;  M^^«  d'Orléans  (1698-1743), 
abbesse  de  (^belles;  W^^Ule  Valois  (1700-61),  femme  du 
duc  de  Modène;  M^^^'  de  Montpensier  (1709-42),  mariée 
au  prince  des  Asturies,  plus  tard  Ferdinand  VI,  roi 
d'Espagne;  W^^  de  Beaujolais  (1714-34);  W^^  de 
Chartres  (1716-36),  femme  du  prince  de  Conti.  Il  eut 
aussi  plusieurs  enfants  naturels  :  Charles  de  Saint-Albin 
(1698-1764),  abbé  d'Orléans,  archevêque  de  Cambrai, 
fils  de  la  danseuse  Florence  ;  Jean-Philippe,  chevalier 
d'Orléans  (1702-1748),  fils  de  la  comtesse  d'Argenton  ; 
Angélique  de  Froissy  (1702-85),  fille  de  la  tragédienne 
Desmares,  et  femme  du  comte  de  Ségur.      Eug.  Asse. 

BiiîL  :  Pi(ispr,N<.3/er/i  (le  In  régence.  Vii9. 5  \6\.  in-l2.— 
La  Motte,  Vie  du  duc  d'Orléiuis,  2  vol.  111-12.  —  M&m  do 
Sai.nt-Simon,  Dangeau,  ]Marai.«,  Barp.ier,  d'Argen^^on. 
Du  Blt?^sox,  Buvat;  Coprosp.  de  la  ducliesse  d'OR- 
L1.AN?:.  —  xVnquetie,  Loaiii  XIV.  sa  cour  et  le  véueni  — 
Marmuntee,  llisl.  de  lu  réyence.  —  Lacretelle,  illst.  de 


577 


OKLEANS 


hi  rr(jci!C('  —  (^APEi'ioLK,  Hist  (Iv  I'IuLlj^I'C.  (rOrh'.nis.  r('- 
(iciit  —  AU'.  Hauurillart.  Philippe  V  et  In  cour  de  Frmicc: 
■paris.  1890,  t.  IL  —  L.  WiK^ivxnR.  le  Ih'(jpnt  ;  l^iris.  18U1- 
1)1,  2  vol.  iii-8.  —  Weiîkii.  Die  Qundnipdl-Alllaii:  voiii 
Jalire  i 748;  Vienne,  1887.  —  Li'.^icuRK,  les  j/cûfre.s.scs  du,  ré- 
cent, 18G0,  in-12.  —  S.  de  Barthei.kmv.  Ips  FUIps  du  vp- 
]lPid.  18r)7.'l8.58,  1859  et  18G8.  —  D.  Laijorderie.  Co/KS])/r  dp 
Poiilcallec  (PccHC  de  Dretinjuc). 

ORLÉANS  (Elisabeth-Charlotte  d'),  duchesse  de  Lor- 
raine (1676-1744)  (V.  Elisaketh-Charlotte  d'Orlkans). 

ORLEANS  (Louis,  duc  d'),  fils  unique  du  régont  et 
cle  Françoise-Marie  de  Bourbon,  M'^^  de  Blois,  légilimée, 
ne  à  Versailles  le  4  août  1703,  mort  à  Paris  en  l'abbaye 
Sainte-Geneviève  le  4  févr.  17o2.  Tenu  sur  les  fonts  par 
le  duc  de  Bourgogne  et  Madame,  duchesse  d'Orléans  douai- 
rière, il  reçut  en  1716  le  comte  de  Cheverny  pour  gou- 
verneur et  pour  précepteurs  les  abbés  de  Court  et  Mongault, 
plus  tard  de  l'Académie  française,  cjui  lui  inspirèrent,  avec 
beaucoup  de  piété,  un  grand  amour  pour  les  sciences.  11 
apprit  même  l'hébreu,  le  syriaque,  le  chaldéen,  et  forma 
un  riche  cabinet  d'histoire  naturelle,  dont  il  choisit 
Cuettard  pour  gardien.  En  1718,  son  père  l'intro- 
duisit au  conseil  de  régence,  pour  s'instruire  dans  les 
affaires,  en  1719  au  conseil  d'Etat,  et  en  17^21  le  nomma 
colonel  général  de  l'infanterie  française,  ce  qui  ne  l'em- 
pêcha pas  de  s'unir  à  l'opposition  faite  par  le  prince  de 
Conti,  les  comtes  de  Cliarolais,  de  Toulouse,  d'Evreux,  les 
maréchaux  de  Villars  et  d'Alègre,  et  de  refuser  d'aller 
travailler  chez  le  cardinal  Dubois  (17*23).  Après  une  liai- 
son passagère  avec  M^^^^  Quinault,  l'actrice,  des  attentions 
remarquées  pour  M'^^  de  La  Roche-sur-Yon,  sœur  du  prince 
de  Conti,  et  quelques  bruits  de  mariage  avec  une  infante  de 
Portugal  et  une  petite-tille  du  roi  d'Angleterre,  il  é])ousa, 
le  i  juin  1724,  Augusla-Marie-Jeanne,  princesse  de  Bade, 
fille  du  margrave  Louis-Cuillaume,  le  célèbre  général,  et 
de  Françoise  de  Saxe-Lowembourg,  née  le  lOnov.  1704. 
il  la  perdit  le  8  août  1726,  trois  jours  après  la  naissance 
d'un  second  enfant.  Barbier  a  dit  d'elle  :  «  On  ne  peul 
pas  dire  qu'elle  soit  jolie  ;  elle  a  même  l'air  un  peu  gros- 
sier. Mais  elle  est  bonne,  généreuse,  et  tout  le  monde  se 
loue  fort  d'elle.  »  Elle  fut  très  regrettée.  Dépourvu  d'am- 
bition, le  cardinal  île  Fleury  en  profita  pour  obtenir  sa 
démission  de  la  charge  de  colonel  général  de  l'infantei'ie 
(déc.  1730).  A  partir  de  cette  époque,  il  fit  des  retraites 
de  plus  en  plus  fréquentes  à  l'abbaye  de  Sainte-Geneviève, 
et  s'y  fixa  même  définitivement  en  17i^,  s'occupanl  :  d'une 
Traduction,  littérale  des  Psaumes,  d'après  Thébreu  ; 
des  Epitres  de  saint  Paul,  C'est  là  qu'il  mourut;  il  fut 
enterré  au  Val-de-Gràce,  «  11  était  mal  depuis  quehjue 
temps,  dit  Barbier,  et  sa  maladie  venait  d'un  sang  appauvri 
par  des  austérités  et  par  le  travail.  C'était  un  bon  prince, 
d'un  génie  médiocre,  qui  faisait  bien  des  aumônes  et 
beaucoup  de  pensions.  »  De  son  mariage,  il  avait  eu  deux 
enfants,  Louis-Philippe  qui  suit,  et  Louise-Marie,  née 
à  Paris  le  o  août  1726,  morte  à  Saint-CJoud  le  1 4  mai  1728. 
On  a  des  portraits  de  lui  par  Daullé  et  Drevet,  d'eaprès 
Coypel.  Eug.  Asse. 

l^riîE.  :  Saint-Simon,  3iei;j  de  I)ang):ai:.  cVArgen^on  — 
Lhy^sEf^.Jonri/nL  pa^shn.  —  JL\rj!ij;k,  Joiinud,  1.  I-V.  VIIÎ. 
—  llist.  de  Louis,  duc  d'Oriénas  ;  l*ai"is.  1753.  \n-\2.  — 
.]  -.1   Rous^f^ac.  Oruisoii  fuiudjre. 

ORLÉANS  (Louis-Philippe,  duc  d'),  né  à  Versailles 
le  12  mai  1725,  mort  à  Sainte-Assise,  château  en  Brie, 
le  18  nov.  1785,  fils  du  précédent.  Titré  duc  de  Chartres 
ù  sa  naissance,  il  ne  prit  le  titre  de  duc  d'Orléans 
(\u'i\  la  mor(  de  son  père  en  1752.  h  épousa,  le  17  i\(r. 
1713.  Louise-Henriette  de  Bourbon-Conti,  dont  il  eut 
deux  enfants:  Louis-Pkilippe-Joseph  (\.  l'aj'l.  suiv.). 
et  Louise-Marie-Thérèse-Balhilde  (1750-1822).  femme 
du  dernier  duc  de  Bourbon.  Avant  ce  mariage,  il  avait 
eu  deux  enfantb  nalurels.  les  abbés  de  Saint-Far  et 
de  Saint- Albin  ;  ^ouf,  il  épousa  bccretemenl.  le  23  avr. 
I77;>,  M"^'-  de  Montesson  (V.  ce  nom),  dont  il  n"eut 
pao  d"'^nfant&.  (jolonel  du  régiment  de  Chartres  par  (om- 
misision  du  28  mars  1737,  il  commanda  la  cavalerie  dans 
la  campagne   de   Flandre   de    1742  ;  le  27  juin    17i3.  il 

GRANDE    ENCYCLOPÉDIE.    —    \XV. 


eut  un  cheval  tué  sous  lui  à  Oeltingen.  Maréchal  de  camp 
au  mois  de  juillet  suivant,  lieutenant  général  le  26  juin 
J744.  il  prit  part  aux  sièges  de  Menin,  d'Ypres,  de  Fn- 
bourg-en-Bi'isgau,  puis,  en  1745,  à  celui  de  Tournay  et 
à  la  bataille  de  Fontenoy.  Il  fut  (en  survivance  de  son 
père)  gouvei'iieur  du  Dauphiné  (8  nov.  1717),  puis  che- 
valier de  la  Toison  d'Or  (9  déc.  1752).  En  1757,  il  se 
distingua  à  la  balaille  de  Hastembeck:  il  ne  reparut  pas 
depuis  à  l'armée.  Retiré  à  Bagnolet,  il  ne  vécut  ])lus 
guère  que  «  pour  le  plaisir  et  pour  l'amitié  ».  11  ht  cons- 
truire un  théâtre  et  joua  la  comédie  «  de  société  »,  entre 
autres  le  rôle  de  Michau  dans  la  Partie  de  chasse  de 
Henri  IV  (V.  Collé);  outre  Collé,  auteur  de  cette  pièce, 
Saurin  et  Carmontelle  étaient  ses  principaux  «  familiers 
de  lettres  ».  11  eut  la  lentation  de  prendre  parti  pour  le 
Parlement  exilé  contre  le  chancelier  Maupeou  (V.  ce  nom), 
mais  il  eut  peur  de  la  guerre  civile  et  se  l'approcha  bien 
vite  de  la  cour.  Très  aimé  de  Louis  XVI,  il  consentit, 
malgré  son  propre  fils,  à  lui  vendre  le  château  de  Sainl- 
Cloud  |)oiir  la  reine,  d'après  le  vo'u  de  la  faculté  de 
médecine  (pii  considérait  ce  lieu  comme  le  plus  favorable 
à  la  santé  et  à  Féducation  physique  du  dauphin  (1784). 
Il  était  charitable,  de  manières  affables  avec  ses  gens,  et 
populaire  à  Paris.  Au  .lit  de  mori,  il  se  réconciHa  avec 
son  gendre,  le  duc  de  Bourbon,  dont  sa  fille  l'avait  éloigné  ; 
il  reçut  les  sacrements  du  curé  de  Saint-Eustache,  et  c'est 
dans  cette  église  ((ue  l'abbé  Fauche t  (V.  ce  nom),  vicaire  gé- 
néral de  Bourges,  ])rononça  son  oraison  funèbre.     H.  Monix. 

BiHL  :  V  [Gabriel  l'ia(;Noj|  Précis...  de  Ui  )aiiison 
d'Orléiius  :  Peins,  IH'.IO.  p  8fj.  uv  iii-S  {Xollce  bibliogra- 
pldque). 

ORLÉANS  (Louis-Philippe-Joseph,  duc  d').  dit  Phi.- 
tippe-Fjjalité,  né  à  Saint-Cloud  le  13  avr.  1717,  exécuté 
à  Paris  le  16  bruuiaire  an  11  (6  nov.  1793),  fils  du  ])ré- 
cèdeiil.  11  |)orta  le  titre  de  duc  de  Monfpensier  ju^cpià  la 
mort  de  son  grand-père  (4  ïi'W.  1752),  puis  celui  de  duc 
de  Chartres  jusqu'à  la  mort  de  son  père  (18  nov.  1785). 
Il  eut  pour  gouverneur  le  comie  de  Pons-Saint-Maurice 
et  fut  beaucoup  mieux  élevé  que  la  plupart  des  prinees 
de  cette  épo(pie  ;  c'était  un  esprit  vif,  curieux,  doué  d'une 
grande  facilité  d'assimilation.  Il  mar(jua  de  bonne  heure 
du  goût  pour  les  aris,  pour  les  exercices  physi([ues.  Mais 
la  ])assion  du  plaisir  l'emportait  encore,  et  la  femun;  qu'il 
épousa  le  5  avr.  1769.  Louise-Marie-Adéhude  de  Bour- 
bon, bile  du  duc  de  Penthièvre.  ne  parait  pas  avoir  exercé 
grande  influence  ^ur  son  caractère.  Fanfaron  de  vice^  et 
d'incrédulité  counne  le  régent,  il  se  plaisait  à  heurter  h's 
préjugés,  Ich  con\enances.  les  habitudes  de  la  cour  où  sa 
naissance  l'appelait  à  vivre.  Le  jour  même  de  son  ma- 
riage, comme  il  ne  s'était  ])as  })lacé  du  bon  c()té  de  l'autel, 
il  sauta  d'un  bond  par-dessus  la  hingue  traîne  de  la  mariée, 
au  grand  M'andale  de  l'assistance.  «  Ce  n'est  pas,  dit  \\\\ 
fainiher  du  duc  de  Penthièvre.  G.  Peignot,  qu'il  ait  man- 
qué précisément  d'égards  envers  sa  digne  éj)ouse,  mais  il 
j)référa  souvent  la  société  de  femmes  qui  ne  jouissaient 
pas  de  l'estime  générale,  et  elle  ne  Fignorait  pas,  comme 
le  prouve  sa  correspondance.  »  Le  jeune  |)rince  avait  une 
taille  élevée  et  bien  j)rise,  une  physionomie  ouverte,  des 
traits  agréables  et  réguliers.  Il  montait  parfaitement  à 
cheval,  faisait  des  armes,  dansait  «  à  ravir  »  et  condui- 
sait adroitement  un  char,  à  toute  vitesse,  à  travers  les 
embarras  des  rues  de  Paris,  amusement  qui  ne  man(|ua 
pas  d*(\\citer  la  ci'ilique.  cai'  les  jeunes  seigneurs  (pii  se 
plaisaient  à  Timiter  hrent  (piehjues  victimes  parmi  les 
piétons.  Quoique  très  riche,  il  s'endetta.  H  eut  alors  l'idée 
d'une  spéculation  inouïe  de  la  part  d'un  |)rince  du  sang. 
Il  convertit  en  boutiques  à  louer  tous  les  alentours  i\\\ 
jardin  du  Palais-Royal.  (|ue  son  père  lui  avait  donne  en 
apanage,  de  sorte  que  ce  vaste  jardin,  (pii  était  une  pro- 
menade publi(jue  ou  Ton  venait  respirer  le  grand  air  et 
ou.  Ton  était  aduiis  pourvu  (|ue  Fun  fût  vêtu  d'^remipciif , 
devint,  par  suite  de^  portique^^  couverts  en  avant  des  nou- 
velles boutiques,  une  espèce  de  foire  per])étue1le.  «  lécep- 


ORLEANS 


—  578 


tacle  (le  ce  que  lu  capitale  reiiferinail  de  plus  commun 
et  (le  plus  pervers  ».  Le  palais  marchand,  comme  on 
le  surnommait  à  la  cour,  fut  terminé  en  1786.  Ni  les 
bourgeois  dérangés  dans  leurs  habitudes,  ni  les  cour- 
tisans, ne  ménagèrent  leurs  sarcasmes  au  premier  prince 
du  sang. 

Le  prince  était  depuis  longtemps  méprisé  et  détesté  de 
Marie-Antoinette,  devenue  toute-puissante  sur  l'esprit  du 
roi  Louis  XVL  11  est  difficile  de  connaître  les  véritables 
causes  de  cette  hostilité.  L'on  est  réduit  à  des  hypo- 
thèses qu'il  serait  oiseux  ici  de  discuter.  Mais  divers 
incidents  sont  bien  connus.  Par  exemple,  Farcliiduc  Maxi- 
milien,  frère  de  la  reine,  étant  venu  la  voir  à  Versailles, 
se  dispensa,  sur  son  conseil,  de  rendre  visite  au  prince 
(encore  duc  de  Chartres),  injure  qui  lui  parut  préméditée. 
Ensuite  il  voulut  avoir  la  survivance  de  la  charge  de 
grand  amfral,  qui  appartenait  à  son  beau-père,  et  le  roi 
ht  attendre  son  consentement.  C'est  alors,  pour  prouver 
sans  doute  au  souverain  et  au  pubHc  qu'il  était  digne  de 
cette  charge,  que  le  prince  prit  du  service  sur  la  lïotte  du 
comte  d'OrviUiers.  Il  montait  le  vaisseau  le  Saint-Esprit 
au  combat  d'Ouessant  le2T  juil.  4778.  Sa  conduite  paraît 
avoir  été  irréprochable  :  «  M.  le  duc  de  Chartres,  écri- 
vait le  secrétaire  d'Etat  de  la  marine  Sartine  au  duc 
de  Pcnthièvre,  a  donné  les  preuves  d'un  courage  froid  et 
tranquille  et  d'une  présence  d'esprit  étonnante.  Sept  gros 
vaisseaux,  dont  un  à  trois  ponts,  ont  successivement  com- 
l)attu  celui  de  M.  le  duc  de  Chartres,  qui  a  répondu  avec 
la  plus  grande  vigueur,  quoique  privé  de  sa  batterie  basse. 
Un  vaisseau  de  notre  armée  a  dégagé  le  Sai)it-Esprit 
dans  le  moment  le  plus  vif  et  a  essuyé  un  feu  si  terrible 
(|u'il  a  été  absolument  désemparé...  »  Toutefois,  le  comte 
d'OrviUiers  avait  commis  des  fautes  qui  laissèrent  la  bataille 
indécise,  et  que  l'on  put  attribuer  à  la  présence  du  prince 
et  à  la  responsabilité  spéciale  qu'elle  entrahiait.  11  démis- 
sionna, et  ce  fut  le  prince  qui  désigua  les  officiers  et  ma- 
rins de  l'escadre  aux  récompenses  du  souverain.  L'accueil 
triomphal  que  Paris  lui  ht  ("i  août)  aigrit  et  indisposa  les 
courtisans  et  le  parti  de  la  reine  ;  on  Ht  courir  le  bruit 
((u'il  s'était  caché  à  fond  de  cale,  qu'il  ayait  airèté  la 
poursuite,  empêché  la  victoire.  On  ailécta  de  croire  à  ces 
récits  calomnieux  ;  le  prince  n'obtint  ni  la  charge  de 
grand  amiral  que  son  beau-père  offrait  de  lui  céder,  ni 
même  la  survivance.  Louis  XVI  le  nomma  colonel  général 
des  hussards,  ce  qui  fut  pris  plutôt  comme  une  ironie 
injurieuse  que  comme  une  récojnpense.  Il  parait  que  la 
reine  s'opposa  aussi  à  un  projet  de  mariage  que  le  duc 
avait  mis  en  avant  entre  sa  lille  et  un  tils  du  comte  d'Artois. 
Bref,  il  ne  parut  presque  plus  à  la  cour.  Il  lit  un  voyage 
à  Londres,  oii  il  se  lia  avec  le  prince  de  0 ailes,  le  futur 
Georges  IV  (V.  ce  nom).  Il  avait  dit  au  roi  qu'il  allait 
en  Angleterre  apprendre  à  penser  :  «  A  panser  les  che- 
vaux »,  aurait  réparti  brutalement  Louis  XVI,  qui  n'avait 
aucun  goût  ponr  les  idées  constitutionnelles  et  parlemen- 
taires. Le  prince  revint  engoué  des  opinions,  des  mu'urs, 
et  aussi  des  préjugés,  des  costumes,  des  équipages  anglais. 
L'anglomanie  de  cette  époque  est  d'ailleurs  loin  d'être 
ridicule  en  tout  :  «  Plus  de  somptuosité,  plus  de  bro- 
deries sur  les  habits  des  grands  seigneurs,  simplicité  dans 
les  nuunères  et  familiarité  avec  tout  le  monde,  de  sorte 
que  la  hgne  des  rangs  et  des  dignités,  tracée  ])ar  l'éti- 
([uette,  s'effaça  insensiblement  »  ;  ces  dehors  d'égahté 
annonçaient  la  Kévolulion.  En  même  temps,  La  Fayette 
rapportait  avec  lui  d'Amérique  le  mot  de  liberté  ;  nul  ne 
sembla  l'accueillir  avec  plus  d'amitié  el  d'enthousiasme 
que  le  prince.  D'autre  part,  à  la  mort  du  comte  de  Cler- 
mont,  il  se  ht  recevoir  grand  maître  de  toutes  les  loges 
des  francs-maçons  de  France,  ce  qui  servit  dans  une  cer- 
taine mesure  son  influence  pohtique.  Dans  la  querelle  de 
la  royauté  et  du  Parlement  de  Paris,  il  se  prononça  hau- 
tement pour  le  Parlement  qui  se  refusait  à  enregistrer 
sans  la  formalité  d'un  lit  de  justice  les  édits  bursaux  pré- 
parés par  Loménie  de  ]h'ienn<'  (19  nov.  1787):  il  tint 


tète  à  Louis  XVI  et  rédigea,  de  concert  avec  les  conseillers 
Freteau  et  Sabatier,  une  protestation  qui  les  ht  exiler 
tous  trois.  Le  rappel  de  JSecker  (V.  ce  nom)  fut  le  signal 
de  son  retour,  qui  fut  triomphal.  La  convocation  des  l'étais 
généraux  fut  résolue.  Le  duc  d'Orléans  ht  alors  répandre 
dans  les  domaines  de  son  apanage  iimlnslruction  dominée..  * 
a  ses  représen[a]is  aux  bailliages,  rédigée  d'après  ses 
ordres  par  le  marquis  de  Limon,  et  suivie  de  délibéra- 
tions à  prendi'e  par  ses  assemblées,  que  le  public  attri- 
bua, sans  être  démenti,  à  l'abbé  Sieijès  (V.  ce  nom). 
Ces  instructions  étaient  beaucoup  })lus  hardies  et  énergiques 
que  le  plan  du  ministère  et  surtout  que  la  politique  du 
roi.  Le  prince  s'était  d'ailleurs  formellement  prononcé  pour 
le  doublemeiit  du  tiers,  qu'admit  le  gouvernement,  et  pour 
le  \olQ  par  tète,  sur  le(|uel  il  jie  se  ])i'onojiça  point.  Pen- 
dant le  rigoureux  hiver  de  1788-89,  le  ])rince  fut  porté 
aux  nues  par  le  peuple  à  cause  de  ses  actes  de  bienfai- 
sance, qui  n'allaient  pas  sans  (juebjue  étalage,  et  aussi  à 
cause  de  ses  opinions.  Aussi  la  cour  ne  manqua~t~elle 
pas  de  lui  attribuer  l'émeute  des  ouvrierh  de  la  maimfac- 
ture  Jléveillon  (V.  ce  nom),  dont  les  causes,  parfailement 
établies  aujourd'hui,  l'innocentent  de  la  façon  la  plus 
absolue.  Le  seul  grief  précis  fut  que  l'on  avait  vu,  le 
"21  avr.,  sa  voiture  traverser  le  faubourg.  Il  n'y  eut 
d'ailleurs  sur  sa  prétendue  participation  aucune  iidorma- 
tion  judiciaire,  bien  qu'il  se  fût  aliéné  le  Parleaient  depuis 
son  vote,  aux  Notables  de  1788,  en  faveur  du  doublement 
(kl  tiers.  Il  fut  élu  député  de  la  noblesse  par  le  bailliiige 
de  Crépy  sans  s'être  perbonnehemeiit présenté;  le  mai'.juis 
de  Limon  avait,  parait- il,  déclaré  (ju'it  ne  réclamait  qu'un 
acte  de  déférence  et  ([u'il  ne  siégeraii  pas.  Aussi  fut-il 
nommé  par  acclamation.  Il  accej)ta  bel  et  bien,  vint  re- 
mercier ses  électeurs  et  prêter  le  serment  requis.  Dans 
la  Chambre  de  la  nolilesse,  il  se  rangea  toujours  dans  la 
minorité,  soit  contre  la  déhbération  qui  portait  qu'on  vo- 
terait par  ordre,  soit  lorsque  cette  minorité,  après  le 
'23  juin,  se  réujht  le  'Jo  au  tiers  état.  Le  3  juil.,  il  fut 
élu  président  de  l'/vssemblee  nationale,  mais  il  recula  de- 
vant un  honneur  alors  trop  signiiicalif,  et  fut  remplacé 
par  l'archevêque  de  Vieime,  Le  Franc  de  Ponq)ignan. 
Après  le  renvoi  de  Necker,  c'est  dans  le  jardin  du  Palais- 
Uoyal,  lieu  à  la  fois  privilégié  et  ouvert  à  tous,  que  be 
])répara  la  prise  de  la  Bastille  (V.  ce  nom).  On  promena 
dans  le  jardin  et  h^s  rues  adjacejites  le  buste  du  duc  d'Or- 
léans et  celui  de  Necker  :  le  dernier  fut  mis  en  pièces  par 
la  police  ;  le  premier  fut  re.-.pecté.  Il  y  avait  certaii^eou'nt 
alors,  sinon  dans  le  peuple,  au  moins  ])armi  les  meneurs, 
un  parti  d'Orléans,  qui  le  désignait  d'avance  comme  lieu- 
tenant généj'al  du  royaume,  si  Louis  XVI,  de  gré  ou  de 
force,  abdicpiait  devant  la  Révolution.  Les  trois  couleurs 
(bleu,  rouge  et  blanc)  étaient  celles  de  sa  maison,  et  l'in- 
terprétation donjiée  aj)rè  le  ii  juil.  au  choix  de  ces  cou- 
leurs {ville  (le  Paris  et  royauté)  ne  fut  évidemment  m- 
ventée  qu'après  coup.  Le  parti  d'Orléans  fut  d'ailleurs 
immédiatement  dépassé  par  celui  de  l'Assemblée  elle- 
même  et  de  la  ville  de  Paris,  qui  comptait  faire  du  roi  on 
instrument  aussi  docile  que  précieux,  et  surtout  éviter  la 
guerre  civile  par  le  respect  du  moijis  extérieur  des  tradi- 
tions. Le  duc  rempUt  avec  assiduité  soîi  rôle  de  dé])uté. 
il  siégeai!  à  l'extrême  gauche,  surnommée  d'aboj'd  ])ar 
les  courtisans  «  le  Palais-Uoyal  ». 

L'émeute  des  5  et-  G  oct.  fut  attribuée,  du  moins  eji 
partie,  aux  excitations,  aux  agissements,  à  l'or  même  du 
duc  d'Orléajis  :  il  avait  en  tout  cas  lié  partie  avec  Mira- 
beau. La  Fayette,  qui,  en  dépit  d'insinuations  ultérieures, 
avait  réellement  fait  tout  son  possible  pour  atténuer  le 
choc  de  Paris  et  de  la  royauté,  obtint  du  roi,  malgré  Mi- 
rabeau, que  le  duc  d'Orléans  fût  éloigné.  Le  prétexte  fut 
celui  d'une  mission  en  Angleterre.  Mirabeau  fut  stupéfait 
de  la  docilité  du  prince,  et  n'eut  plus  dès  lors  la  moindre 
conhance  (hnis  sa  destinée  poHliciue.  Muni  des  passeports 
de  rAssemblée  nationale,  le  prince  partit  le  14  ov[.  :  à 
Boulogne,  le  peuple  s'opposa  à  bon  embar(jucmenl  ;  Tin- 


—  r>7fl 


ORLEANS 


terveiîtioii  de  l'Assemblée  fut  encore  nécessaire.  De  Londres, 
il  envoya  par  écrit  son  adliésion  au  serment  civique  «  à 
la  nation,  à  la  loi  et  au  roi  »  (séance  du  i  fév.  1790). 
C'est  à  l'Assemblée,  non  au  roi,  qu'il  deuianda  l'autorisa- 
tion de  prendre  part  à  la  fédération  du  14  juil.  1790  : 
La  Fayette  essaya  vainement  de  le  retenir.  Il  revint  à 
Paris  le  7  juil.  et  renouvela  le  11,  à  la  tribune,  le  ser- 
ment qu'il  avait  écrit.  Les  amis  trop  zélés  du  roi  avaient 
mis  à  profit  son  absence.  Une  enquête  était  commencée 
au  Chàtelet  contre  les  auteurs  des  journées  des  o  et  6  oct.  : 
il  était  principalement  visé,  avec  Mirabeau.  Mais  à  cette 
enquête,  l'Assemblée  en  opposa  une  autre  et,  sur  le  rap- 
port de  Chabroud  (2  oct.),  décida  qu'il  n'y  avait  pas  lieu 
à  accusation  contre  l'un  ni  contre  l'autre.  Le  duc  s'était 
lui-même  énergiquement  défendu  dans  un  faclum  public  : 
et  des  royalistes  d'une  fidélité  incontestée,  comme  le  duc 
de  Lauzun  et  le  marquis  de  Ferrières,  avaient  hautement 
plaidé  pour  lui  dans  l'Assemblée  nationale.  Après  la  fuite 
et  l'arrestation  du  roi  à  V avenues  (V.  ce  mot),  le  duc 
d'Orléans  fut  encore  accusé  d'avoir  fait  rédiger  par  son  secré- 
taire Chauderlos  de  Laclos  et  pari>/  issoi  (V.  ces  noms)  la 
pétition  de  déchéance  qui  entraîna  la  sanglante  journée  du 
17  juil.  1791  (V.  Bailly).  Le  roi  une  fois  rétabli  dans  ses 
fonctions,  le  duc  fut  publiquement  attaqué,  dans  le  club 
des  Feuillants,  comme  traitre  à  la  royauté.  Sillery  déclara 
que  c'était  sans  l'avis  du  duc  d'Orléans  que  son  secrétaire 
avait  pris  part  au  mouvement  du  Champ  de  Mars  et  qu'il 
l'avait  désavoué.  Mais  le  duc  lui-même  vint  affirmer  le 
lendemain  que  Sillery  avait  été  mal  instruit,  et,  sans  dire 
un  mot  de  la  pétition,  il  déclara  que  Laclos  avait  toujours 
son  estime  et  sa  confiance.  Dès  lors,  il  ne  parut  plus  aux 
Feuillants,  et  fut,  au  contraire,  un  assidu  des  Jacobins. 
Il  devenait  visiblement  dangereux.  Le  roi  crut  faire  acte 
de  bonne  politique  en  le  nommant  amiral  (lieutenant 
général  des  armées  navales)  ;  le  duc  se  montra  sensible  à 
cette  faveur  trop  longtemps  attendue.  Il  vint  un  jour  aux 
Tuileries,  mais  ilesbuya  de  la  part  des  fanatiques  du  trône 
et  des  amis  de  la  reine  de  telles  avanies  et  de  si  grossières 
injures,  que  son  parti  fut  pris  de  se  venger  et  de  se  jeter 
à  corps  perdu  dans  la  ilévolution.  Il  admit  à  sa  table 
Danton  et  les  membres  du  club  des  Cordeliecs.  11  est  pour- 
tant impossible  de  saisir  la  trace  de  son  action  personnelle 
dans  les  journées  du  20  juin  et  du  10  août.  Si  sa  con- 
duite fut  tout  à  la  fois  ambitieuse  et  pusillanime,  s'il  ne 
sut  jamais  ni  tenir  énergiquement  la  tête  d'un  parti,  ni  se 
dégager  de  celui  que  les  circonstances  avaient  formé  au- 
tour de  son  nom ,  il  faut  néanmoins  lui  reconnaître  une  certaine 
suite  et  une  certaine  logique  dans  les  actes,  quel  qu'en 
ait  été  le  mobde.  Il  convient  surtout  de  se  rendre  bien 
compte  de  la  place  que  lui  avait  assignée  dans  l'Etat  la 
Constitution  de  1791.  Le  24  août  1791,  au  nom  des  co- 
mités de  rédaction  et  de  revision  de  l'acte  constitutionnel, 
Thouret  avait  proposé  l'article  suivant  :  «  Les  meml)res 
de  la  famille  du  roi,  étant  seuls  appelés  à  une  dignité  hé- 
réditaire, forment  une  classe  distinguée  des  citoyens,  ne 
peuvent  exercer  aucun  des  droits  de  citoyen  actif,  et  n'ont 
d'autre  droit  politique  que  celui  de  la  succession  éventuelle 

au  trône  :  ils  porteront  le  titre  de »  M.  d'Orléans 

(c'est  ainsi  que  le  duc  s'appelait  depuis  la  suppression  des 
titres  nobiliaires)  protesta  contre  cet  article,  comme  con- 
traire aux  principes  de  la  Déclaration  des  droits  et  à  l'es- 
prit de  la  Constitution,  qui  ne  comportait  ni  privilège,  ni 
titre  féodal,  ni  exception  au  droit  commun,  et  qui,  d'autre 
part,  accordait  la  qualité  de  citoyen  français  à  tout  homme 
né  en  France  d'un  père  Français.  Il  demanda  si  c'était  un 
crime  pour  lui  d'être  né  parent  du  monarque.  Il  taxa  de 
misérable  subterfuge  la  distinction  de  citoyen  français  et 
de  citoyen  actif.  Au  reste,  ne  croyant  pas  pouvoir  être 
privé  de  l'option  entre  la  qualité  de  citoyen  (éligible  et 
électeur)  et  l'expectative  du  trône,  il  aiouta  que  si  l'ar- 
ticle des  comités  était  adopté,  il  renoncerait  expressé- 
ment aux  droits  de  membre  de  la  dynastie  régnante,  pour 
conserver  ceux  de  citoyen  français.  Cette  déclaration  fut 


accueillie  par  les  applaudissements  des  tribunes  et  huivie 
d'une  vive  agitation.  Dupont  de  Nemours  objecta  (jue  l'As- 
semblée avait  décidé  de  ne  rien  préjuger  sur  l'eifet  des 
renonciations  dans  la  race  régnante.  Mais,  comme  le  lit 
justement  observer  Rewbell,  cette  décision  ne  s'appliquait 
qu'à  la  branche  d'Espagne.  Sillery  lut  un  long  discours 
clans  le  sens  du  duc  d'Orléans,  dont  il  était  le  confident 
le  plus  intime.  11  dit  que  le  titre  de  prince  avait  été  pros- 
crit. Il  rappela  les  frères  du  roi  ligués   avec  l'étranger 
contre  la  nation,  et  opposa  à  leur  conduite  celle  de  la 
famille  d'Orléans  :  «  Si  l'on  rétablit  aujourd'hui  le  titre 
du  prince,  concluait-il,  on  accorde  aux  ennemis  de  la  li- 
berté tout  ce  qu'ils  ambitionnent,  on  prive  de  bons  pa- 
triotes de  tout  ce  qu'ils  estiment.  On  les  dégrade  ;  on  les 
rejette  dans  la  classe  des  malfaiteurs  ».  Cette  discussion 
ne  dura  pas  moins  de  trois  jours  (24,  25,  26  août); 
Chapelier,  Voidel,   Baniave,  Lanjuinais,  Buzot,  Camus, 
Demeunier,  d'André,  Goupil,  Robespierre  y  prirent  part. 
A  côté  des  arguments  de  logique  onde  politi(]ue  générale 
dont  la  forme  seule  changea,  les  sarcasmes  et  les  insinua- 
tions malveillantes  se  hrent  jour.  D'André  fit  observer  que 
d'Orléans  n'avait  le  droit  de  renoncer  au  trône  ni  pour 
lui,  ni  pour  ses  enfants,  ni...  pour  ses  créanciers.  Goupil, 
ironiquement,  montra  la  place  des  parents  du  roi  auprès 
de  son  trône  comme  conseillers,  ou  à  la  tête  des  Hottes, 
des  grandes  ambassades.  La  renonciation  à  un  droit  i[m 
n'est  pas  ouvert  n'est  d'ailleurs  pas  valable.  Si  le  décla- 
rant eût  voulu  autre  chose  que  capter  quelques  minutes 
de  popularité,  il  eût  du  même  coup  renoncé  à  ses  rentes 
apanagères  et  aux  quatre  millions  que  la  nation  lui  avait 
accordés  pour  payer  ses  dettes.  Robespierre,  au  nom  des 
«  trente  »,  s'étonna  de  l'embarras  du  comité,  et  des  points 
de  suspension  qui  terminaient  son  projet  d'article.  Pour 
lui,  les  parents  du  roi  étaient  faciles  à  désigner  :  c'étaient 
les  parents  du  roi,  tout  simplement.  En  somme,  il  fut 
voté  que  les  membres  de  la  famille  royale  pourraient 
exercer  les  droits  de  citoyen  actif;  que  ceux  d'entre  eux 
(jui  pourraient  être  éventuellement  appelés  à  la  succession 
au  trône,  porteraient  le  titre  de  prince  français,  sans  dé- 
signation féodale  :  ils  étaient  donc  réihiits  à  leurs  noms 
de  baptême.  L'important  en  tout  ceci,  j)our  Louis-Phi- 
lippe-Joseph, était  d'avoir  conservé  le  droit  de  se  faire 
élire,  lui  et  les  siens,  aux  futures  Assemblées.  Comme 
constituant,  il  fui,  ainsi  ([uc  tous  ses  collègues,  exclu  de 
la  candidature  à  la  première  Législative.  Mais,  dès  qu'il 
paraît  évident  que  celle-ci  n'ira  pas  jusqu'au  bout  de  sou 
mandat,  son  plan  de  campagne  électorale  se  dessine.  Le 
26  juil.  1792,  il  écrit   à  ses  deux  fils  :  «  Je  ne  serais 
pas  étonné  du  tout  de  voir  d'ici  à  fort  peu  de  temps  une 
Assemblée  constituante.  Je  crois  que  dans  ce  cas  vous  de- 
vez désirer  d'en  être  :  fj.utes-y  vos  rélîexions,  car  ni  vos 
âges,  ni  vos  principautés  françaises  ne  s'y  opposent  ».  Le 
■4  août,  dans  une  lettre  datée  du  Raincy  et  adressée  à  son 
fils  aîné,  il  lui  annonce  comme  prochaine  «  la  Convention 
dont  on  parle  »,  et  se  réjouit  de  cet  événement.  Il  désire 
que  son  fils  aîné  se  présente  à  Sarreguemines,  dont  Voidel 
se  dit  sûr,  et  que  le  second  cherche  de  son  côté  quelque 
siège  électoral.  La  fixation  de  l'âge  d'éligibilité  à  vingt- 
cinq  ans  le  déconcerte  un  instant  (lettre  du  15  août)  ; 
mais  trois  jours  après,  il  conseille  au  ci-devant  duc  de 
Chartres,  son  aîné,  de  se  faire  nommer  quand  même.  On 
verra  bien  après  !  L'ambition  paternelle  ne  peut  longtemps 
servir  de  masipie  à  l'ambition  personnelle  :  d'ailleurs,  il 
faut  bien  prévoir,  même  en  temps  de  révolution,  le  souci 
de  la  légalité,  et  il  est  possible  qu'à  la  vérification  des 
pouvoirs,  les  élus  mineurs  de  vingt-cinq  ans  soient  inva- 
lidés. Le  ci-devant  duc  d'Orléans  ne  peut  donc  plus  passer 
la  main  à  ses  fils,  suivant  sa  première  intention.  S'il  veut 
garder  ses  chances,  s'il  veut  même  éviter  une  proscription 
toujours  possible  —  car  la  déchéance  du  roi  n'est  plus 
douteuse  —  il  faut  qu'il  se  fasse  élire  député,  non  de 
([uelque  collège  obscur,  mais  député  de  Paris.  A  la  popu- 
lation encore  frémissante   des   journées  de   Septembre 


ORLEANS 


—  580 


(V.  ce  mot),  il  faut  donc  qu'il  fusse  oublier  cette  maudite 
qualité  de  prince  du  sang,  de  parent  du  traître  que  la 
nation  est  prête  à  punir.  C'est  pourquoi,  j)eut-ètre  sur  le 
conseil  de  Manuel  (Y.  ce  nom),  mais  certainement  sans 
y  avoir  été  obligé  par  personne,  il  écrivit  au  conseil  pro- 
visoire de  la  Commune  de  Paris  (vulgairement  :  Commune 
insurrectionnelle  du  dix-août)  une  lettre  datée  de  Paris, 
ii  sept.  1792,  l'an  ÏV«  de  la  Liberté,  h''  de  l'Egalité, 
dans  laquelle  il  exposait  :  qu'il  n'avait  jamais  signé  du 
nom  d'Orléans  depuis  l'abolition  des  titres  féodaux  ;  que 
pourtant  il  était  inscrit  sous  ce  nom  sur  la  liste  des  élec- 
teurs de  la  section  de  la  Butte  des  Moulins  ;  (pie  le  corps 
électoral  en  avait  été  étonné  et  désirait  ((u"il  prît  son  nom 
de  famille  :  «  11  y  a  déjà  longtemps,  continuait-il,  que 
mon  amour  pour  l'Egalité,  ([ui  m'a  toujours  enq)èché  de 
])rendre  celui  de  prince  fi'ançais,  m'aurait  fait  adopter 
cette  mesure,  si  j'en  avais  eu  un.  Mais  je  ne  m'en  connais 
])as.  Je  suis,  par  cette  raison,  fort  embarrassé  de  satis- 
faire le  désir  de  mes  concitoyens,  à  trouver  une  manière 
de  me  faire  reconnaître,  ainsi  que  mes  enfants.  Je  ne  crois 
pas  pouvoir  m'adresser,  pour  me  tirer  d'embarras,  à 
d'autres  qu'à  la  Comnmne  de  la  ville  dont  je  suis  ci- 
toyen ;...  je  serai  très  reconnaissant  qu  elle  ne  dédaigne 

pas  de  me  dicter  ce  que  je  dois  faire  en  cette  occasion » 

La  Commune  ne  fit  (pie  répondre  à  cette  missive  par  l'ar- 
rêté du  15  sept.  :  «  Louis-Phdippe-Josepb  et  sa  postérité 
porteront  désormais  pour  nom  de  famille  :  Im'.ai.hé... 
Louis-Philippe-Josepb  Egalité  est  autorisé  à  faire  faire, 
soit  sur  les  registres  publics,  soit  sur  les  actes  notariés, 
mention  du  présent  arrêté.  »  (Sûjiic  ;  Boubo,  président; 
Coulombeau  ;  Tallien,  secrétaire.)  L'arrêté  ne  fut  rendu 
public  ({u'après  (jue  la  Connnune  eJi  eut  avisé  l'intéressé, 
par  une  lettre  signée  du  secrétaire  Tallien,  (jiii  se  terminait 
ainsi  :  «  La  nation  fran(;aise,  ({ui  a  proscrit  à  juste  titre 
la  famille  des  Bourbons,  se  rap])ellera  avec  plaisir  qu'un 
des  membres  de  cette  famille  fut  citoyen  et  éleva  ses  en- 
fants pour  devenir  un  jour  de  zé]('^s  défenseurs  de  la  liberté 
et  de  l'égalité.  »  Egalité  répondit  à  la  Commune  :  «  Ci- 
toyens, j'accepte  avec  une  reconnaissance  extrême  le  nom 
(jiie  la  Commune  de  Paris  Aiejit  de  me  doinier.  Elle  ne 
})ouvait  en  choisir  uji  plus  conforme  à  mes  sentiments  et 
à  mes  opinions.  Je  vous  jure,  citoyens,  que  je  me  rappel-^ 
lerai  sans  cesse  les  devoirs  que  ce  nom  m'impose,  et  que 
je  ne  m'en  écarterai  jamais.  »  Tels  sont  les  textes  au- 
thentiques qui  r(kluisent  à  leur  juste  valeur  les  explica- 
tions données  après  coup  ])ar  Sergent-Marceau  (Revue  l'C- 
frospective,  1835,  t.  VHL  p.  330),  et  la  légende  très 
répandue  d'après  hupielle  la  (k)mmune  de  Paris  aurait 
imposé  au  duc  d'Orléans  le  nom  d' égalité.  L'initiative  vint 
de  rint('H'essé.  C'était  une  simple  nuuKeuvre  électorale  et 
(jui  ne  lui  réussit  (pie  tout  juste.  Trois  jours  après  l'alh- 
chage  de  l'arrêté,  il  fut  élu  député  de  Paris  à  la  Conven- 
li(m,  le  vij]gt-quatrième  et  dernier  de  la  liste,  sous  le 
nom  de  famille  Egalité  :  en  tète  venait  Robespierre.  Les 
candidats  du  club  des  Jacobins  et  de  celui  des  Ojrdeliers 
l'avaient  emporté  en  masse  ;  Egalité  s'est  donc  par  là 
même  classé  dans  le  parti  de  la  Montagne,  dont  il  ne  se 
sépara  jamais. 

Sa  femme  l'avait  (pntté  dès  avr.  1791,  ])0ur  se  retirer 
aupris  de  son  père.  L'année  suivante,  pendant  que  ses 
deux  fils  faisaient  campagne  à  l'armée  du  iS'(3rd,  sa  tille 
lui  fut  soi-disant  enlevée  par  M^"^  de  Sillery;  il  obtint 
de  la  Convention  qu'elle  ne  fût  pas  considérée  comme 
émigrée.  sous  prétexte  (|u'elle  «  voyageait  à  l'étranger  ». 
Peu  de  temps  après  (6  nov.).  il  rendait  conq)te  à  la  tri- 
])une  de  la  victoire  de  Jemmapes,  à  lacpielle  ses  fils  avaient 
pris  une  part  brillante  dans  l'état-major  de  Diiimmriez. 
On  l'attendait  au  proc("^s  du  roi.  Soil  crainte  j)ei'somielle, 
soit  fureur  de  vengeance,  soit  conviction  révolutionnaire 
—  ces  trois  mobiles  peuNent  d'ailleurs  s'être  combinés 
daub  le  troulde  de  ses  idées  '1  de  sa  (uiibdeiKe  —  •! 
prit  dans  toutes  les  (pie^tion^  le  paiti  le  plu^  ligouieux  : 
peine  de  mort,  sans  a])pel  au  peuple,  sans  sursis  à  l'exé- 


cution. I>e  "20  janv.  1793.  c'est  probablement  lui  (pie 
cherchait  le  garde  du  corps  Paris  qui,  faute  de  mieux, 
assassina  au  Palais-Royal  le  «  régicide  »  Lepelletier- 
Sai}it-Fargeau  (Y.  ce  nom).  La  mort  de  Louis  XYl  dé- 
couvrit soudain  à  tous  les  yeux  le  parti  d'Orléans  dont 
la  Montagne,  au  dire  des  Girondins,  s'était  faite  l'instru- 
ment. Egalité  ne  fut  plus  pour  les  républicains,  ([uels 
qu'ils  fussent,  (|u'un  prétendant  à  la  royauté.  Il  fut  ac- 
cusé, sans  preuve,  d'avoir  provoqué  la  défection  de  Du- 
mouriez.  Le  6  avr..  la  Convention  décréta  que  tous  les 
membres  de  la  famille  de  Bourbon  seraient  mis  en  état 
d'arrestation,  «  pour  servir  d'otage  à  la  République  ». 
Quand  Merlin  de  Douai  vint  au  Palais-Royal  lui  annoncer 
cette  nouvelle,  le  ])rince  dinait  en  tête  à  tête  avec  son 
familier  de  xMonville  :  «  Est-ce  possible?  s'écria-t-il. 
Après  tant  de  sacrifices  !  Ouelle  ingratitude  î  »  Monville 
était  en  train  d'assaisonner  une  sole  :  «  Ils  font  de  Yotre 
Altesse,  répondit-il,  ce  que  je  tais  de  ce  citron  après  en 
avoir  exprimé  le  jus  »  ;  et  il  jeta  le  zeste  dans  la  chemi- 
née. Les  Dantonistes.  se  jugeant  plus  ou  moins  suspects, 
renchérirent  sur  les  Girondins,  et  tirent  ajouter  aux  Bour- 
bons «  les  personnes  à  leur  service  ».  Les  biens  d'Or- 
léans furent  déclarés  nationaux.  Le  duc  fut  transféré  à 
Marseille  (nuit  du  9  au  iO  avr.).  11  subit  le  7  mai  un 
interrogatoire  devant  le  tribunal  criminel  des  Bouches- 
du-Rh()ne.  On  produisit  contre  lui  des  lettres  qu'on  pré- 
tendait lui  avok'  été  adressées  ])ar  Mirabeau.  Yoidel,  son 
défenseur,  démontra  que  ces  lettres  étaient  fabriquées. 
Le  duc  se  défendit  avec  sang-froid.  Le  tribunal,  après 
les  journées  du  3i  mai  et  du  2  juin,  crut  se  conformer 
au  secret  désir  des  vaiinjucurs  en  déclarant  innocent  la 
victime  des  Girondins.  Mais  la  Montagne  ne  voulait  pas 
se  compromettre  pour  lui  :  et  le  nouveau  comité  de  Salut 
public  ordonna  de  ne  pas  le  r(4àcher  :  il  fut  alors  interné 
au  fort  Saint-Jean.  J^a  mémoire  de  Yoidel,  le  rapport  de 
Ruhl  en  sa  faveur,  furent  inutiles.  Le  3  sept.,  avec  les 
Girondins  ses  premiers  proscripteurs,  il  fut  décrété  d'ac- 
cusation par-devant  le  tribunal  révolutionnaire,  et  trans- 
féré de  Marseille  à  la  Conciergerie.  Aucun  des  griefs 
énoncés  contre  lui  dans  l'acte  d'accusation  (6  nov.)  ne 
tient  debout;  et,  depuis,  les  historiens  n'ont  pu  citer  de 
lui  un  acte  ou  une  parole  authenti({ue  dont  on  puisse 
conclure  (pi'il  ait  trahi  la  Révolution.  S'il  aspirait  à  la 
couronne,  c'était  dans  le  secret  de  son  cœui'.  On  lui  re- 
procha d'avoir  dit  un  jour  à  Poultier  :  «  Que  me  deman- 
deras-tu quand  je  serai  roi?  »  A  quoi  Poultier  aurait 
répondu  :  «  En  pistolet  jiour  te  tuer  ».  Mais  de  celle 
anecdote  aucune  preuve  n'existe.  Il  est  vrai  (pie  dans 
son  entourage  on  continuait  par  habitude  à  l'appeler 
prince  et  même  altesse.  Mais  c'était  contre  ses  ordres.  11 
avait  même  fait  aflicher  à  la  porte  de  sa  chambre  que 
ceux  qui  les  oublieraient  payeraient  une  amende  destinée 
aux  pauvres.  Ce  sont  donc  les  excès  mêmes  de  son  pa- 
triotisme révolutionnaire  et  égalitaire  qui  ])assêrent  pour 
le  témoignage  d'une  ambition  profonde  et  d'une  hypocri- 
sie consommée.  Il  fut  condamné  à  mort  (6  nov.)  comme 
complice  de  la  conspiration  contre  l'unité  et  l'indivisibilité 
de  la  République.  11  entendit  son  arrêt  sans  émotion  aj)- 
parente.  D'après  Montgaillard,  il  déjeuna  gaiement,  et 
déclara  qu'il  n'avait  pas  de  ressentiment  à  l'égard  des 
vrais  ré])iiblicains  :  «  Ma  condamnation,  ajouta-t-il,  vient 
de  plus  haut  et  de  plus  loin  ».  Il  alla  au  supplice  en 
compagnie  du  général  (^oustard  et  de  trois  royalistes 
obscurs.  Il  était  habillé,  coiifé  et  poudré  avec  recherche. 
Au  dire  de  témoins  oculaires,  son  visage  témoignait  une 
fierté  méprisante.  Il  ne  se  départit  qu'un  instant  de  cette 
attitude  lorsque  la  charrette  passa  devant  son  palais,  sur 
la  fa(;ade  de  hupielle  il  put  lire  en  gros  caractères  :  (U'o- 
priété  nationale.  Sa  maîtresse.  M'"«  de  Buffon,  était,  il 
es!  vrai,  penchée  a  une  des  croisées  du  palais,  au  (oin 
do  la  rue  de^  Bouv^Enfants.  Il  mourut  sans  peur,  sinon 
bc'ie-  repj'oche.  11  laissait  quatre  enfants  légitimes  :  Loui^- 
Pliilipiie,  roi   des  l^'raïKjais  sous  le  nom  de  Luuh-Phi~ 


—  581 


ORLEANS 


lippe  /^^''  (V.  ce  nom)  ;  X^iloine-i^hilippe.  liiic  doMoiir- 
peiisier,  né  le  o  jiiil.  -1773.  mort  a  Londres  en  'JS()7; 
Alphonse-Lcodegnr.  comte  de  Beaujolais,  lié  le  T  o<t. 
-JTY9,  mort  à  Malte  en  mai  1808;  Louise-Marie- Xd^- 
Idïde-Kuqénie,  surnommée  Mademoiselle  (V.  Adki  \ii)i- ). 

IL   MONTN. 

Biijj,.  :  Anno\mk,  Viepricéo  oiiAyjùlodic  (le  M(ii-lo(liir  de 
Chai'tres,  contre  un  libelle  diffm  nu  taire  écrit  en  1181... 
par  une  société  d'umi.'î  du  ]irince  ;  à  cent  lieues  de  la  Bas- 
rjl](»,  1784,  in-8.  —  K)irprant  de  six  millwns  oucert  par 
S.  -\.  8.  Mçir  le  duc  d'OrU'uins...  ;  s.  1.  n.  d  ,  pièce  in-t.  — 
FAut  de  sitiuitioii  de  M.  Louis-PJdlippe-Josepli,  prince 
français,  et  projet  de  libération  et  d'union  cpCil  propose  à 
ses  créanciers  ;  Paris,  1791,  pièce  in-t.  —  Union  des 
créanciers  de  M.  d'Orléans  ;  assemblée  générale  du  31  mai 
1192  :  l^aris.  1791  (sic),  pièce  in-t.  —La  Vie  et  les  Crimes  de 
Philippe,  dnc  d'Orléans  ;  Cologne.  1798,  in-8  —  Bivarol. 
Portrait  du  dm'.  d'Orléans  et  de  3i'"'=  de  Genlis;  s  1.  n.  d  , 
j)ièc(î  m-H.— Exposé  de  la  conduite  de  Mc/r  le  duc  d'Orléans 
dans  la  Révolution  de  France;  Pari.s,  1790,  pièce  in-8.  — 
Mémoire  justificatif  pour  Loids-Philifjpe  d'Orléans,  écrit  et 
publié  par  lui-même,  en  réponseà  laprocéduredu  Chatelet; 
t*aris.  1790.  ])iece  in-8.  —  P.  C.  R  [Rou'^selkt].  ('orres- 
pondancede  L.-P.-J.  d'Orléansarec  Louis XVI.  la  Peine..., 
avec  des  détails  sur  son  jwil  à  Villers-Cotterets  et  la  con- 
duite (pCil  a  tenue  aux  i)  et  6  oct.  ;  l^iris.  1800.  in-8  —  Bul- 
tetin  du  t}'ibu)ial  rérohdutnnaire,  2''  partie,  n^»  73  et  7  1  — 
(rAMACiii',,  Récit  de  la  translidion  de  L.-P.-J.  d'Orléans 
des  priso^is  de  Mar.<edle  à  la.  ConcÀenjerie  de  Paris  en 
llUli:  Paris,  18-37,  pièce  in-8  —  [Gabriel  PlaG^OT],  Précis 
historupie...  de  la  maison  d'Orléans  ;  l^ads,  1830,  gr.  in-8 
—  Lauri-'ntij^.  Histoire  des  ducs  d'Orléans  ;  Paris.  1832- 
31,  in-8.  —  A.  Nktti.micxt.  Philippe-Ec/alité  ;  Paris,  1812, 
in-8  (V.  Palais-Royal). 

ORLÉANS  (Louis-Philippe  d')  (1773-1850),  roi  des 
Français  (V.  Louis-Philippe  l^^). 

ORLÉANS  (A. -Philippe  d')  (1775-1807)  (V.  Mont- 
PENSiER  [A.-Ph.  d'ORLÉANS,  duc  de]). 

ORLÉANS  (Louis-Charles  d^)  (1779-1808)  (V.  Beau- 
.lOLAfs  [Comte  de]). 

ORLÉANS  (Ferdinand-Philippe- Louis-Charles-Henri, 
duc  d").  prince  français,  fîls  aîné  du  roi  Louis-Philippe, 
né  à  Palerme  le  3  sept.  1810,  mort  à  Neuilly-sur-Seine 
le  18  juil.  18i>i.  Amené  en  France  en  181  i,  il  porta  sous 
la  Restauration  le  titre  de  duc  de  (Chartres.  Après  avoir 
eu  pour  pi'emier  précepteur  M.  de  Boismilon.  qui  fut  plus 
tard  son  secrétaire  des  commandements,  il  fut,  à  Fàiçe  de 
neuf  ans,  mis  par  son  père,  (}ui  voulait  le  rendre  popu- 
laire ainsi  que  lui-même,  au  collège  Henri  IV,  oii  il 
reçut  Féducation  de  la  bourgeoisie  libérale  du  temps  et 
obtint  quehjues  succès  scolaires.  Nommé  colonel  de  hus- 
sards dès  1824,  il  termina  ses  études  classiques,  fit  en 
1829  un  voyage  en  Fcosse,  puis  alla  prendre  à  Joigny  le 
commandement  de  son  régiment,  auquel,  à  la  nouvelle  des 
journées  de  Juillet,  il  fit  arborer  la  cocarde  tricolore.  Après 
l'avènemenl  de  son  père  au  trône,  il  porta  le  titre  de 
duc  d'Orléans  et  celui  de  prince  royal.  Lnvoyé  à  Lyon, 
au  mois  de  nov.  18?)1,  a\ec  le  maréchal  Soult.  il  con- 
tribua à  la  pacification  de  celte  ville,  dont  rémeute  avait 
élé  plusieurs  jours  maiti'esse.  F'annéesuivante,  Louis-Phi- 
lippe, très  désireux  de  lui  faire  acquérir  une  certaine  ré- 
putation militaire,  le  chargea  du  commandement  de  la 
brigade  d'avant-garde  dans  l'armée  qui,  sous  le  maréchal 
Cérard,  alla  faire  le  siège  d'Anvers.  Le  duc  d'Orléans  prit 
une  part  honorable  à  cette  opération  (nov.-déc.  1832). 
Nommé  un  peu  plus  tard  lieutenant  général  (1^^"  j^mv. 
1834).  il  alla  en  183')  servir  en  Algérie  sous  le  maré- 
chal Clausel,  assista  à  la  prise  de  Mascara,  mais  rentra 
bientôt  en  France  poui'  cause  de  maladie. 

Louis-Philippe,  préoccupé  de  consolider  sa  dynastie,  rê- 
vait depuis  longtemps  de  lui  faire  épouser  une  archidu- 
chesse d'Autriche.  C'est  pour  cela  qu'il  l'envoya  en  1836 
à  Vienne,  d'oîi  le  jeune  prince  ne  rapporta  qu'nne  mor- 
tification, Metternich  et  son  maître,  l'empereur  Ferdi- 
nand I^'\  s'étant  pohment  dérobés  à  toute  alliance  de 
famille  avec  le  ftls  du  roi  des  barricades.  Le  duc  dut  se 
rabattre  sur  une  princesse  de  Mecklembourg,  qui  devint 
sa  femme  le  30  mai  1837.  et  qui  lui  donna'deux  iils  (le 
comte  de  Paris,  né  le  24  août  1838.  et  le  duc  de  Chartres, 


né  le  9  nov.  1840).  W  reparut  ensuite  en  Algérie,  oii.  pen- 
dant la  campagne  de  1839,  il  prit  part  à  la  reconnais- 
sance militaire  des  Portes  de  iVret,  pendant  la  campagne 
suivante,  contribua,  à  la  îèîe  d'une  colonne  d*attaq(u\  à 
la  prise  de  Médéah  et  à  celle  du  teniah  de  Mouzaia  (18i0). 
De  retour  en  France,  il  s'occupa  très  activement  de  l'or- 
ganisation des  bataillons  de  chasseurs  à  pied  qui,  avant  de 
prendre  le  nom  de  chasseurs  de  Vincennes,  portèrent 
(Fabord  celui  de  chasseurs  d'Oiléans.  Le  13  juil.  1842. 
sur  le  point  de  partir  pour  le  camp  de  Saint-Omer.  il  se 
rendait  en  voiture  à  Neuilly,  oii  il  allait  faire  ses  adieux 
au  roi  et  à  la  reine,  lorsque  ses  chevaux  s'emportèrent. 
.\yant  voulu  imprudemment  sauter  à  terre,  il  se  brisa  en 
tombant  la  colonne  vertébrale  et  expira  quelques  heui'es 
après  sans  avoir  repris  connaissance.  11  fut  enseveh  dans 
la  chapelle  royale  de  Dreux.  Le  duc  d'Orléans  s'était  rendu 
populaire  non  seulement  par  ses  services  militaires,  mais 
par  ses  amitiés  littéraii-es  et  artistiques,  ainsi  que  par  un 
certain  libéralisme  politiiiue  dtmt  on  trouve  le  témoignage 
dans  ces  lignes  de  son  tehtanumt:  «Que  le  comte  de'Paris 
soit  un  de  ces  insti'uments  bri.sés  avant  qu'ils  aient  sei'vi. 
ou  qu'il  devienne  l'un  des  ouvriers  de  cette  régénération 
sociale  qu'on  n'entrevoit  encoi'e  (pi'à  lra^ers  tant  d'obs- 
tacles; qu'il  soit  roi  ou  (pi'il  demeure  défenseur  inconnu 
d'une  cause  à  laquelle  nous  appartenons  tous,  il  faut  qn'il 
soit  avant  tout  un  homme  de  son  temps  et  de  la  nation, 
serviteur  passionné,  exclusif,  de  la  France  et  de  la  Hévo- 
l^^ti^>n  »;  A.  Debidour. 

0  R  L  E  A  N  S  (Marie-Thérèse-Caroline-Isabelle-Lo//zsÉ' d') , 
reine  des  Belges,  née  à  Palerme  en  1812,  morte 
à  Ostende  en  1850.  Fille  de  Louis  -  Philippe ,  duc 
d'Orléans,  puis  roi  des  Français,  et  de  Marie- Amélie, 
princesse  des  Deux-Siciles,  elle  reçut,  par  les  soins  de 
son  père,  une  instruction  très  étendue,  épousa,  le  9  août 
1832,  Léopold  P'\  roi  des  Belges,  pour  qui  elle  fut,  à 
l'occasion,  une  conseillère  j)leine  de  tact  et  de  bon  sens, 
et  se  rendit  populaire  en  Belgique  par  sa  bienfaisance. 
Elle  a  laissé  trois  enfants  :  Léopold,  né  en  1835,  roi 
des  Belges  depuis  1865  ;  Pfiilippe-Kiujène-Ferdinand, 
comte  de  Flandi'e,  né  en  1837.  et  Marie-CharloUe,  née 
en  1840,  qui,  après  avoir  épousé  l'archiduc  Maximilien 
d'Autriche  (1857),  empereur  du  Mexique  en  1864,  est 
devenue  folle  par  suite  de  la  chute  et  de  la  fin  tragique 
de  son  mari. 

ORLÉANS  (Marie  d'),  duchesse  de  Wurttemberg,  née  à 
Palerme  en  1813,  morte  à  Pise  en  janv.  1839.  Seconde 
fille  de  Louis-Phihppe,  duc  d'Orléans,  plus  tard  roi  des 
Français  (1830).  et  de  Marie-Auiéhe,  princesse  des  Deux- 
Siciles,  elle  manifesta  de  bonne  heure  un  goût  ti'ès  vif 
pour  les  beaux-arts,  particulièrement  pour' la  sculptiu'e. 
et  exécuta  des  (euvres  d'un  certain  méi-ite,  parmi  lesquelles 
il  faut  ciler  sa  statue  de  Jeanne  d'Arc,  (ju'on  peut  voir  au 
musée  du  Louvre.  Mariée  en  1837  à  un  prince  de 
W(n1temberg,  elle  donna  le  jour  à  m\  fils  l'année  sui- 
vante et  succomba  peu  de  mois  après  à  une  maladie  de 
poitrine.  A.  Dewdour. 

ORLÉANS  (L.-Ch.-Ph.-K.  d')  (1814-1896)  (V.  Ne- 
mours [L.-Ch.-Ph.-R.,  duc  de]). 

ORLÉANS  (Franc. -Ferdinand-Philippe-Louis-xMarie  d'), 
prince  de  Joinville,  marin  français,  né  à  Neuilly  le 
14  août  1818.  Troisième  fils  de  Louis-Phihppe  et  de  Marie 
d'Orléans,  d  fut  destinée  la  marine  et  fut  reçu  à  FEcole navale 
de  Brest;  en  1836,  il  fut  nommé  lieutenant  de  vaisseau  ; 
en  1838,  il  se  distingua  devant  les  portes  de  la  Vera-Cruz, 
lors  de  la  déclaration  de  guerre  au  gouvernement  mexicain. 
En  1843,  il  se  rendit  à  Rio  de  Janeiro  où  il  épousa  le 
1^^"  mai  la  princesse  FYancesca  de  Bragance,  s;i'ur  de  dom 
Pedro  n.  En  1845,  il  fut  nommé  vice-amiral;  entre  temps, 
il  siégeait  à  la  Chambre  des  pairs.  En  1848,  il  se  retira  en 
Angleterre  et  retrouva  à  Charlemont  la  famille  royale  exilée. 
11  vécut  dans  la  retraite  jusqu'en  1861.  époque  à  laquelle 
il  se  rendit  aux  Etats-Unis  oii  son  fils,  le  ducdePenthièvre, 
et  ses  neveux,  le  comte  de  Paris  et  le  duc  de  ('hartres, 


ORLÉANS  »-  ORLEY 


582 


prirent  clii  service,  lin  '1870,  le  prince  de  Joinville  tenta 
de  rentrer  dans  l'armée  active  et,  écarté  d'abord,  as- 
sista, sous  le  pseudonyme  de  Colonel  Lutherod,  aux 
combats  du  13^-  corps  en  avant  d'Orléans.  Le  ol  janv., 
Gambetta  le  fit  arrêter,  conduire  à  la  préfecture  du  Mans, 
oii  il  resta  cinq  jours,  et  embarquer  à  Saint-Malo  pour 
l'Angleterre. 

Aux  élections  du  8  févr.  1871,  le  prince  fut  nommé  re- 
présentant dans  la  Manche  et  dans  la  Haute-Marne  :  il 
choisit  ce  dernier  siège  ;  son  élection  fut  validée  (8  juin), 
après  l'abrogation  des  lois  d'exil.  Aux  élections  générales 
du  20  févr.  1876,  le  prince  de  Joinville  ne  se  représenta 
pas.  Il  était  passé  dans  le  cadre  de  réserve  de  la  marine, 
quand  il  fut  atteint  par  la  loi  du  23  juin  1886,  expulsant  les 
prétendants  et  leurs  fils  aînés,  et  excluant  les  autres  membres 
de  leur  famille  de  toutes  les  fonctions  publiques. 

Sa  fille  aînée,  la  princesse  Françoise-Marie-Amélie  d'Or- 
léans, née  à  NeuiUy  en  1844,  a  épousé  son  cousin,  le  se- 
cond fils  du  duc  d'Orléans,  le  duc  Robert  de  Chartres.  Son 
fils  Pierre-Philippe-Jean-Marie,  duc  de  Penthièvre,  né  à 
Saint-Cloud  en  1845,  a  servi  dans  la  flotte  américaine, 
puis  dans  la  flotte  portugaise,  aX^h  10  oct.  1871,  dans  la 
Hotte  française,  comme  lieutenant  de  vaisseau  :  la  loi  d'ex- 
pulsion de  1886  le  frappa  à  ce  titre. 

Le  prince  de  Joinville  a  publié  plusieurs  articles  de  ma- 
rine et  d'histoire  dans  la  lievue  des  Deux  Mondes,  sous 
la  signature  du  directeur  ou  du  gérant  de  celte  revue  ; 
l'un  de  ces  articles,  intitulé  lYo/e -sh?-  l'elal  des  forces  na- 
vales de  la  France,  fit  sensation;  il  a  publié  également  : 
Eludes  sur  la  marine  ('[Sd9)  ;  VAnglelerre,  la  Guerre 
d' Amérique  (1862);  Encore  un  mot  sur  .S(7r?o /cri  (1868). 

Ph.  R. 

ORLÉANS  (llenri-Eugène-Philippe-Louis  d')  (1822- 
1897)  (Y.  AuMALE  [Duc  d;]). 

0  RLÉANS  (Hélcne-Louise-Elisabeth  de  Mecklembourg- 
ScHWERiN,  duchesse  d'),  femme  du  duc  d'Orléans,  fils 
aîné  du  roi  Louis -Philippe,  née  à  Ludwiglust  le 
24  janv.  1824,  morte  à  Richmond  le  18  mai  1858. 
Ayant  perdu  de  bonne  heure  sa  mère  (1816),  puis  son 
père  (1819),  qui  s'était  remarié,  elle  fut  élevée  par 
la  grande-duchesse  Augusta,  veuve  de  ce  dernier,  et  reçut 
une  éducation  sérieuse,  qui  développa  très  heureusement 
ses  solides  qualités  de  cœur  et  d'esprit.  Le  roi  de  Prusse, 
l'rédéric-Guillaume  III,  qui  la  vit  à  Teplitz  en  1880,  lui 
voua  une  estime  et  une  affection  dont  il  lui  donna  la  preuve 
en  lui  faisant  épouser,  malgré  une  certaine  résistance  de 
la  cour  de  Mecklembourg-Schwerin,  le  duc  d'Orléans,  fils 
aîné  et  héritier  présomptif  de  Louis-Philippe  (30  mai 
J837).  Amenée  en  France,  cette  princesse,  qui  était  pro- 
testante, l'ut  tout  d'abord  un  peu  suspecte  au  parti  catho- 
lique. Mais  elle  désarma  peu  à  peu  toute  hostihté  par  sa 
bonne  grâce,  son  tact  politi(|uc  et  l'attachement  qu'elle 
témoignait  à  sa  nouvelle  patrie.  Devenue  veuve  par  suite 
de  la  catastrophe  de  Neuilly  (13  juil.  1842),  elle  se  con- 
sacra dès  lors  presque  cxclusi^ement  à  l'éducation  de  ses 
deux  enfants,  le  comte  de  Paris  et  le  duc  do  Chartres.  Le 
24  févr.  1848,  la  révolution  ayant  éclaté  et  Louis-Phi- 
hppe  ayant  abdiqué,  elle  se  rendit  en  toute  bâte,  avec  ses 
deux  lils  et  le  duc  de  Nemours,  au  Palais-Rourbon,  oîi 
Dupin  aîné  et  quelques  autres  partisans  dévoués  de  la  mo- 
narchie de  Juillet  s'efforcèrent  vainement  de  faire  recon- 
naître le  comte  de  Paris  comme  roi  avec  la  duchesse 
comme  régente.  La  Cbambre  des  députés  fut  bientôt  dis- 
soute de  fait  par  l'irruption  de  la  foule  dans  la  salle  des 
séances  et,  pendant  que  s'organisait  le  gouyernement  pro- 
visoire, la  duchesse  d'Orléans,  protégée  par  Jules  deLas- 
teyrie,  se  retira  aux  Invalides,  d'oîi  elle  prit  peu  après  le 
chemin  de  l'exil.  Retirée  en  Relgique,  puis  à  Cologne,  enfin 
à  Eisenach  (mai  1848),  elle  alla  s'établir,  après  la  mort 
de  Louis-Philippe  (26  août  1850)  à  Richemoud,  en  An- 
gleterre, et  se  consacra  tout  entière  à  ravenir  politique 
de  ses  enfants.  Très  jalouse  de  ce  ([u'ellc  considérait  comme 
leurs  droits,  ou  peu  confiante  dans  les  cbances  {\(^  succès 


d'une  restauration  légitimiste,  eUe  s'opposa  constamment 
aux  projets  de  fusion  qui  furent  agités,  de  1850  à  1857, 
entre  les  deux  branches  de  la  famille  de  Rourbon  et  dont 
la  condition  sine  qua  non  posée  par  le  comte  de  Cbam- 
bord  était  la  soumission  de  la  branche  cadette  (ou  d'Or- 
léans) à  la  branche  aînée.  A.  Dep.idour. 

ORLÉANS  (L.-P.-R..  duc  d')  (1838-1894)  (Y.  Parts 
[Comte  de]). 

ORLÉANS  (Robert-Philippe-Louis-Eugène-Ferdinand d') 
(18iO)  (Y.Chartres  [Duc  de]). 

ORLÉANS  (tIenri-Philippe-Marie,  prince  d'),  explora- 
teur français,  né  à  lïam-Cammons,  près  de  Richmond 
(Angleterre),  le  15  oct.  1867.  Fil*^  du  duc  de  Chavires 
(V.  ce  nom),  il  a  fait  en  1889-90,  avec  Ronvalot,  un 
voyage  d'exploration  dans  l'Asie  centrale  et  le  N.  de  l'Inde, 
est  allé  en  1892  du  Tonkin  à  l>angkolv  par  les  fatals  Chans, 
[)uis,  en  1895,  du  môme  pays,  à  la  découverte  du  cours 
supérieur  du  Mékong  et  des  sources  de  l'Iraouaddy.  A  la 
suite  de  ce  dernier  voyage,  il  a  reçu  de  la  Société  de  géo- 
graphie de  Paris  sa  grande  médaille  d'or  (11  mars  1896) 
et  du  gouvernement  français  la  croix  de  la  Légion  d'hon- 
neur. L'année  suivante,  il  a  été,  en  Abyssinics  l'hôte  de 
Ménélik,  a  eu,  à  cette  occasion,  de  vifs  démêlés  avec  son 
ancien  compagnon  de  voyages,  Ronvalot  et,  à  son  retour 
en  France  (août  1897),  s'est  battu  en  duel  avec  le  comte 
de  Turin,  qui  avait  jugé  offensantes  poui'  les  othciers  ita- 
liens d(^s  lettres  envoyées  par  le  prince  au  Fiqaro.  Il  a 
publié:  Six  mois  aux  Indes  {Viw'i-^.  1889)  ;  Une  Excur- 
sion en  Indo-Chine  (Paris,  1892)  ;  De  Paris  au  Tonkin 
(Paris,  1892)  ;  Aulour  du  Tonkin  (Paris,  1891)  ;  A 
Madaqascar  {l\n?>,  1895)  ;  Du  Tonkin  aux  Indes  (Paris, 
1897). 

ORLÉANS-LoxGLEviLLE  (Maried')  (1625-1707)  (V.  Ne- 
mours [Duchesse  de]). 

ORLÉANSVILLE.  Yille d'Algérie,  prov.  d'Alger,  située 
dans  la  plaine  du  Chéhff,  à  136  m.  d'alt. ,  sur  la  rive  gauche 
du  Chéliff,  au  confluent  du  Tsighaout  ;  2.910  hab. 
(12.210  hab.  avec  la  commune).  Depuis  1875,  Orléans- 
ville  est  chef-lieu  d'arrondissement  ;  la  ville  est  entourée 
d'un  mur  bastionné.  Il  n'y  a  pas  de  monuments  publiques 
dignes  d'attention.  Orléansville  a  été  bâtie  sur  les  débris 
de  Caslellum  Tigilii,  établissement  romain,  en  1843. 
Rien  située,  à  mi-chemin  entre  Alger  et  Oran,  elle  a  un 
avenir  industriel  et  commercial  certain,  par  suite  de  la  fer- 
tilité de  la  plaine.  —Le  dimanche  a  lieu  un  marché  arabe, 
fréquenté  par  plus  de  10.000  i/idigèi]es.  On  l'oboise  pro- 
gressivement les  environs.  Pu.  R. 

ORLÉAT.  Com.  du  dép.  du  Puy-de-Dôme,  arr.  de 
Tliiers,  cant.  de  Lezoux:  1.322  hab. 

ORLEIX.  Com.  du  dép.  des  Rautes-Pyi'énèes.  arr.  et 
cant.  N.  de  Tarbes  ;  537  hab. 

ORLENSINS  (Nic(das)  (Y.  OinAmnm  [Niccolo]). 

ORLEY  (Barendt  ou  Bernard  Yan),  dit  Barendl  Van 
Urussel,  peintre  flamaml,  né  à  Rruxelles  vers  1490,  mort 
à  Rruxelles  en  15^2.  Il  était  fils  de  Yalontin  van  Orley, 
né  en  \'SÇ>,  mort  avant  1532.  le  plus  ancien  d'une  famille 
d'artistes  qui  exista  à  Rruxelles  pendant  plus  de  trois  siècles. 
Rernard  alla  en  Italie  suivre  les  leçons  de  Raphaël.  Après 
1515.  il  l'etourna  dans  son  pays,  avec  la  mission,  doimée  par 
LéonX,  d'y  sui'veiller  l'exécution  des  tapisseries  qui  furent 
faites  pour  le  Vatican  d'après  les  dessins  des  Acles  des 
apolres,  de  Raphaël.  Présenté  par  l'empereur  Charles- 
Quint  à  sa  tante  Marguerite,  régente  des  Pays-Ras,  il  fut. 
à  partir  de  1518.  le  peintre  ordinaire  de  Marguerite,  puis. 
après  sa  mort,  en  1530,  celui  de  la  sœur  de  l'empereur, 
Marie  d'Autriche.  On  voit,  par  les  comptes  des  dépenses, 
qu'il  recevait  un  sou  par  jour,  en  outre  du  prix  de  ses 
tableaux.  Malgré  uiie  iufluence  italienne  assez  manpiée, 
ses  ouvrages  religieux,  très  inégaux,  mais  généralement 
très  bien  composés,  gardaient  une  couleur  bien  flamande. 
Il  peignit  à  plusieurs  reprises,  dans  de  grandes  propor- 
tions, les  Chasses  de  CJiarles-QuinL  II  tii  exécuter  des 


:\s:] 


ORLEV 


ORME 


tapisseries  d'après  ^es  dessins,  notamnieiiL  ceux  da^Cluisses 
(le  Maxùiiilien,  conservés  au  Louvre.  Il  fit  aussi  les  des- 
sins de  lr<\s  beaux  vitraux  pour  l'église  Sainte-Gudulc.  de 
Bruxelles,  qui  sont  d'une  étonnante  richesse.  A  une  époque 
où  les  derniers  imitateurs  des  ])riiniuts  flamands  semblaient 
suivre  l'ornière,  il  eut,  par  un  mélange  singulier  d'ori- 
ginalité et  d'iun'Iation  de  Fart  italien,  une  grande  part 
dans  l'orientation  nouvelle  de  la  peinture  de  son  pays.  Son 
triptyque  des  Epreuves  de  la  patience  de  /o/;,  du  musée 
de  Bruxelles,  est  une  imitation  outrée  de  Michel-Ange: 
mais  son  Jugement  dernier,  de  l'église  Saint-Jacques, 
(F.Vnvers,  dénote  un  vrai  tempérament  de  peintre,  et  ses 
port  rai  ts  son  t  très  remarquables .  Autres  ouvrages  au  Louvre , 
à  la  National  Gallery,  à  l'Ermitage  (une  belle  Descente 
de  Croix),  à  Lid)eck,  Vienne,  Munich,  etc.  E.  D.-G. 
HîiiL,  :  Aî[)!i  WAUiTR.-,  Bernni'fJ  Vnn  Orloii,  .<<n  fnmillr 
ci  son  cpvvrr  :  Rruxollos.  1^S2. 

ORLIAC.  Com.  du  dép.  de  la  Dordogne,  arr.  de  Sarlat, 
cant.  de  Villefranche-de-Belvès  ;  120  hab. 

ORLIAC-ue-Bar.  Com.  du  dép.  de  la  Corrèze,  arr.  de 
Tulle,  cant.  de  ('orrèze;  71']  îiab. 

ORLIAGUET.  Eom,  du  dép.  de  la  Dordogne,  arr.  de 
Sarlat,  cant.  de  Earlux  ;  301  hab. 

ORLIÉNAS.  Com.  du  dép.  du  Rhône,  arr.  de  Lyon, 
cant.  de  Mornant  ;  929  liab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de 
Lyon.  î']aux  minérales.  Fonderie  do  cuivre. 

ORLOV  (Chevaux).  Race  de  trotteurs  rapides,  créée  à 
la  fin  du  xviii*^  siècle  par  le  comte  Orlov-Tchemenski  par 
croisement  d'étalons  pur  sang  anglais  et  de  poulinières 
danoises  et  hollandaises, 

ORLOV.  Famille  noble  russe,  qui  a  eu  de  nombreux 
représentants  dans  l'armée  et  la  diplomatie  russe.  Son 
origine  n'est  pas  nettement  établie,  et  l'on  prétend  parfois 
qu'elle  vient  d'Allemagne.  On  la  rattache  en  général  à  un 
certain  îvan  Orlov,  (pii  aurait  été  un  vieux  Slrelitz{\.  ce 
mot);  conduit  devant  Pierre  le  Grand,  à  Moscou,  en  4689, 
pour  y  être  exécuté  avec  un  groupe  de  mutins,  il  montra 
un  tel  courage,  répondant  à  des  reproches  :  «  ïu  fais 
bien  de  nous  punir,  autrement  tu  n'aurais  jamais  de 
repos  »,  que  Pierre  le  Grand  le  gracia  et  le  nomma  offi- 
cier dans  la  garde.  Les  principaux  membres  de  cette 
famille  sont  : 

Grigorii-Grigorievitch,  petit-fds  d'Ivan,  né  le  17  oc  t. 
I73i,  mort  à  Moscou  le  24^  avr.  1783.  Il  prit  part  à  la 
guerre  de  Sept  ans  et  fut  un  des  auteurs  du  détrônement 
de  Pierre  III,  qui  amena  le  9  juin  1762  Catherine  II  sur 
le  trône.  Il  devint  le  favori  de  l'impératrice,  fut  nommé 
général  en  chef,  comte  russe  (1762)  et  prince  romain  par 
l'empereur  Joseph  II  (1772).  Envoyé  au  congrès  de  Foks- 
chani,  il  s'empressa  de  revenir  en  apprenant  que  Potem- 
kin  l'avait  supplanté  dans  les  faveurs  de  Catherine  IL  II 
vécut  ensuite  dans  la  retraite  à  Moscou.  De  son  allitance 
(et  peut-être  mariage  morganatique)  avec  Catherine  est 
issue  la  famille  des  comtes  Bobrinskii,  qui  s'est  perpétuée 
jusqu'à  nos  jours. 

Alexis-Grigorievitch,  frère  du  précédent,  né  en  1737, 
mort  à  Moscou  le  5  janv.  1808.  Sa  fortune  date  du  ren- 
versement de  Pierre  ÏII  en  1762  ;  il  paraît  établi  qu'il 
frappa  de  sa  propre  main  l'empereur,  dans  le  château  du 
comte  Rasoumovskii,  à  Ropscha,  oii  il  avait  été  enfermé. 
Général  en  chef,  il  commanda  la  flotte  russe  lors  de  la 
célèbre  batadle  navale  de  Tchemenski,  dans  l'archipel 
(3juil.  1770);  il  reçut  le  titre  de  comte  de  Tchemenski. 
Banni  sous  l'empereur  Paul,  il  mourut  à  Moscou.  Il  s'était 
occupé  beaucoup  do  l'élevage  des  chevaux  et  avait  obtenu 
(V.  Orlov  [Chevaux],  ci-dessus)  une  race  de  chevaux  de 
course  connue  sous  le  nom  d'Orlov. 

Fedor-Grigorievitch,  frère  du  précédent,  né  en  1741, 
mort  à  Moscou  en  1796.  R  prit  part  au  coup  d'Etat  de 
1762,  ainsi  qu'à  la  guerre  contre  les  Turcs  (1770),  où  il 
se  signala  à  Navarin,  et  fut  nommé  général.  L'impératrice 
anoblit  ses  cinq  fils  nalui'cls,  à  (piiVlle  permit  de  porter 
le  nom  de  leur  père. 


Wlatli}nir-Grigorievitck.  le, plus  jeune  des  frères,  né 
en  Î7i3,  mort  en  1832,  fut  directeui'  de  l'Académie  des 
Suénos  et  contribua  à  l'organisation  de  l'expédition  de 
Pallace. 

Griqorii-Wladimirovitch,  son  bis,  né  en  1777,  mort 
à  Saint-Pétersbourg  le  \  juin  1826,  passa  la  plus  grande 
partie  de  sa  vie  à  Paris  et  en  Itahe.  Il  a  laissé  plusieurs 
ouvrages  :  Mémoires  historiques,  politiques  et  litté- 
raires sur  le  royaume  de  iS aptes  (1825),  Voyage  dans 
une  partie  de  la  France  (1824). 

La  maison  des  comtes  Orlov  s'éteignit  dans  la  ligne 
masculine  légitime  avec  Grigorii-Vladimirovitch,  mais  le 
nom  fut  conservé  par  les  fils  naturels  du  comte  Fedor- 
Grigorievitch.  Le  principal  de  ceux-ci  fut  : 

Alexis,  ne  en  1787,  mort  à  Saint-Pétersbourg  le 
21  mai  1861.  Il  prit  part  aux  guerres  contre  la  Franco 
pendant  l'Empire,  contribua  beaucoup,  en  1825.  à  la  ré- 
pression du  soulèvement  de  la  garde,  fut  nommé  comte, 
prit  part  à  la  guerre  de  Turquie  (1828-29),  assista  comme 
ministre  plénipotentiaire  à  la  conclusion  du  traité  d'An- 
drinople  (14  sept.  1829)  et  fut  envoyé  ensuite  comme 
ambassadeui'  à  Constantinople.  En  1832,  il  fut  envoyé  à 
Londres.  En  1833,  il  commanda  les  troupes  russes  et  fit 
signer  ensuite  au  sultan  le  traité  d'Hunkiar-Skelessi.  En 
1814',  il  devint  commandant  en  chef  de  la  gendarmerie  et 
chef  de  la  police  secrète.  Raccompagna  l'einpereur  Nicolas 
dans  tous  ses  voyages,  en  particulier  à  Olmiitz  et  Berlin 
en  1853.  En  1856,  il  fut  l'un  des  représentants  de  la 
Russie  qui  signèrent  le  traité  de  Paris  ;  il  fut  à  la  môme 
époque  nommé  prince. 

Nicolas-Alexievitch  (prince),  fds  unique  du  précédent, 
né  en  1827,  mort  à  Fontainebleau  le  29  mars  1885. R  a 
assisté  au  siège  de  Silistrie  oii  il  perdit  un  bras  et  un  œil. 
Diplomate  et  écrivain,  il  fut  ministre  à  Bruxelles  de  1860 
à  1870,  puis  ambassadeur  à  Paris  (1870-82)  et  à  Berlin 
(1882-85).  R  a  laissé  :  Au  sujet  de  la  guerre  de  1806 
(1856)  et  pubhé  un  Mémoire  sur  Vabolition  des  puni- 
tions corporelles,  qui  a  beaucoup  contribué  à  leur  abo- 
lition (ukase  du  17  avr.  1863).  Pli.  B. 

ORLOWSKI  (Boris-Ivanovitch),  sculpteur  russe,  né 
en  1793,  mort  à  Saint-Pétersbourg  le  28  déc.  1837. 
Elève  de  Martos,  Pisnenos  et  Thorwaldsen,  professeur  à 
l'Académie  des  beaux-arts,  il  fut  auteur  d'un  buste 
colossal  à' Alexandre  P^,  de  Faune  et  Bacchante 
(marbre),  Paris,  Faune  jouant  de  ht  syrinx,  des  sta- 
tues colossales  de  Koutousov  et  Barclay  de  Tolly  (à  Saint- 
Pétersbourg). 

ORLOWSKY  (Alexandre),  dessinateiu%  peintre  et  gra- 
veur polonais,  né  à  Varsovie  en  1777,  mort  à  Saint-Pé- 
tersbourg en  1832.  lilève  do  Norblin  et  de  l'Académie  de 
Saint-Pétersbourg,  il  a  beaucoup  voyagé  à  l'étranger  où 
il  a  achevé  son  éducation  artistique!  Il  a  peint  des  ba- 
tailles et  des  scènes  de  la  vie  populaire  de  Russie  et  de 
Pologne  avec  une  véritable  virtuosité  de  dessin  et  de 
coloris.  Ses  dessins  et  ses  lithographies 'sont  très  recherchés 
des  amateurs. 

Bii3L.  :  Comte  Mycielski,  Histoire  <U>  In  jicinturc  en  Po- 
logne (on  poloii.)  ;  Cracovio,  189(i. 

ORLU.  Com.  du  dép.  de  FAriège,  arr.  de  Foix.  cant. 
d'Ax;315hab. 

ORLU.  Com.  du  dép.  d'Eure-et-Loir.  arr.  de  Chartres, 
cant.  d'Auneau  ;  103  hab. 

ORLY»  Com.  du  dép.  de  la  Seine,  arr.  de  Sceaux,  cant. 
d'Ivry;  882  hab. 

ORLY-suR-MoRix.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Marne, 
arr.  de  Coulommiers,  cant.  de  Rebais;  376  hab. 

ORIVIANCEY.  Com.  du  dép.  de  la  Raute-Marne.  arr.  et 
cant.  de  Langrcs  ;  d95  hab. 

ORMAZD  (Myth.  perse)  (V.  Ahurâ  Mrzda). 

ORME  (Ulmus  T.).  I.  Botanique.  —  Genre  d'Ulma- 
cées,  composé  d'arbres  et  d'arbustes  propres  aux  régions 
tempérées  de  l'hémisphère  boréal,  à  feuilles  alternes,  dis- 


OHIVIK 


—  5S4 


tiques,  simples,  souvent  dentées  eu  scie,  asymetiiques,  avec 
stipules  latérales,  et  à  fleurs  nombreuses,  liermaphrodites 
Ou  polygames,  qui  se  développent,  avant  les  feuilles,  de 
Ijourgeons  axillaires  écailleux  et  dis])0Nées  en  cymes  ou  en 
glomérules  plus  ou  moins  composés,  (ku^acl ères  principaux  : 
récepta(de  déprimé,  calice  gamosépale  à  t\  divisions  ;  5  éta- 
mines  superposées  ;  ovaire  sessile  au  centre  du  réceptacle, 
formé  de  'i  carpelles  uniloculaires  ;  généralement  une  seule 
loge  fertile,  avec  un  ovule  descendant,  anatrope  ;  fruit  for- 
mant une  samare  aplatie  renfermant  une  graine  exalhumi- 
née.  11 V  a  des  fleurs  d'orme  à  6.  7  ou  8  divisions.  On  en  con- 


a,  l)ranchft  f'euillée;  /;,  branche  ilorifère  ;  c,  (Vuît 
entier;  d,  fruit,  coupe  lon,i2itudJnale. 


naît  une  quinzaine  d'espèces,  parmi  lesfpielles  :  l*^  U.  cam- 
pesfrish.,  appelé  vulgairement  Orme,  Ormeau,  Ormille, 
Orme  hlam;,  Arbre  mi  paurre  homme,  et  qui  est  ré- 
pandu dans  presque  toute  l'Europe  (sauf  la  zone  glaciale), 
dans  le  N.  de  l'Afrique,  en  Asie  Mineure  et  en  Sibérie  jus- 
(prà  l'Amour  ;  "i^  U.  piirvifolui  Jacq.,  ou  Orme  de  Chine, 
Ole  de  rahhe  Gallois,  petit  arbre  originaire  de  la  Cbine 
et  du  Japon,  cultivé  dans  l'Inde;  ^'^  U.  alata  Michx  ou 
IVahoo,  U.  (unericaiia  Wild  ou  While  Elm,  et  [/.  fidva 
Michx  ou  SUppery  Elm,  Orme  jaune,  propres  aux  Etats- 
Unis  d'Amérique,  ^tc.  —  On  emploie  en  médecine  la  partie 
interne  de  l'écorce  des  jeunes  branches  de  l'Orme  d'Europe 
pour  le  tannin  (2  ^o)  qu'elle  renferme,  comme  tonique, 
astringent,  diurétique  et  contre  les  affections  cutanées,  sur- 
tout sous  forme  de  décoction.  L'écorce  de  TOrme  jaune  sert 
dans  la  dysenterie,  les  maladies  des  voies  urinaires  et  celles 
de  la  peau.  On  en  fait  des  infusions  et  des  mucilages  avec 
30  gr.  pour  500  d'eau  bouillante.  On  s'en  sert  comme 
d'une  boisson  émolliente  et  nutritive  dans  les  catarrhes, 
les  afTections  rénales,  les  entérites.  Le  mucilage  sert  comme 
1oni(pic  dans  rôrysipèle  et  les  iuflammations  cutanées. 

D'-  L.  Hn. 
IL  SvLvicui/ruRK.  —  L'Orme  croit  à  l'état  dis.vMuiné 
dans  les  forêts  où  il  serait  souvent  utile  de  lui  accorder  une 
plus  lai'ge  place.  Cet  ai'l)re  atteint  de  grandes  proportions 
et  vit  très  vieux.  U  est  ])ropre  à  la  futaie,  et  fréquem- 
ment dans  les  taillis  on  le  réserve.  11  rejette  de  souclie 
et  drageonne.  et  il  convient  à  la  culture  en  taillis.  Il  est 


d'ailleurs  peu  exigeant  sur  la  nature  niinecalogique  du  sol. 
Les  terrains  frais,  perméables,  sont  ceux  qui  lui  c(mvien- 
nent  le  mieux,  L'Orme  juoduit  ses  semences  de  bonne 
heure  au  printemps.  On  les  sème  aussitôt  pour  la  multi- 
plication de  cet  arbre.  Les  feuilles  d'Orme  et  son  jeune 
branchage  sont  utilisés  pour  Falimentation  du  bétail.  Le 
bois  est  dm',  difficile  à  fendre,  surtout  dans  la  variété  dite 
Orme  tortillard.  On  en  fait  des  jantes,  des  moyeux  de 
roues  et  diftëi'ents  objets  demandant  beaucoup  de  ténacité 
et  de  résistance  à  la  fente.  Le  bois  (TOi-me  est  marqué, 
suj*  la  section  transversale,  de  Hgnes  sinueuses  de  vais- 
seaux qui  permettent  de  le  reconnaître  aisément.  L'Orme 
champêtre  est  l'espèce  forestière.  On  l'emploie  beaucoup 
toutefois  comme  arbre  d'alignement.  L'Orme  de  montagne 
a  le  feuillage  sombre  et  touffu,  les  feuilles  grandes. 
Son  bois  est  blanc  et  médiocre.  C'est  une  espèce  orne- 
mentale. 

ORIVIE  (Phdibert  de  L'),  architecte,  ingénieur  et  écri- 
vain d'ai'chitecture  français,  né  à  Lyon  vers  1515,  mort 
à  Paris  le  8  janv.  4570.  Petit-fils  d'un  tisserand  aisé  de 
Lyon  et  fils  de  Jehan  de  L'Orme,  maître-d'ecuvre  dans 
cette  ville,  Philibert  de  L'Orme  dut,  fort  jeune,  diriger  de 
grands  chantiers  de  construction,  dont  peut-être  celui  de 
l'archevêché  de  Lyon  et  ceux  des  fortifications  de  cette  ville  ; 
car  il  écrit,  dans  ses  Nouvelles  Invenlions  pour  bien 
bastir,  p.  35:  «  Voire  dès  l'âge  de  quinze  ans,  auquel 
tenqis  je  commençai  à  avoir  charge  et  commander  tous  les 
jours  à  plus  de  trois  cents  hommes  ».  Etant  allé  à  Rome 
pour  y  étudier  les  éléments  de  l'art  anticpie,  il  y  gagna  la 
bienveillance  de  plusieurs  prélats  dont  l'évêque  Marcel  Cer- 
vino  (plus  tard  le  pape  Marcel  H),  qui  le  recommanda  au 
pape  Paul  III,  duquel  Philibert  de  L'Orme  obtint  en  1535, 
«  une  belle  charge  à  Saint-Martin  délia  Bosco,  à  la  f^al- 
labre  ».  Ce  fut  le  cardinal  Jean  du  Bellay  qui  détacha 
Philibert  de  L'Orme  du  service  pontifical  et  le  ramena  en 
Erance  où  il  semble  d'abord  s'être  fixé  à  Lyon,  y  avoir 
construit  deux  trompes,  rue  de  la  Juiverie,  8,  pour  le 
trésorier  général  de  Bretagne,  Antoine  Baillaud,  et  y  avoir 
commencé  les  travaux  du  portail  de  l'éghse  Saint-Nizier  en 
1542.  Venu  à  Paris  avec  le  cardinal  du  Bellay,  qui  devait 
lui  faire  construire  un  peu  plus  tard  son  château  de  Saint- 
Maur-les-Fossés,  Philibert  de  L'Orme,  d'abord  contrôleur 
des  bâtiments  du  château  de  Fontainebleau,  fut  chargé 
ensuite  par  François  P^  de  visiter  et  fortifier  les  côtes  du 
littoral  de  la  Manche  et  de  Bretagne  et  y  remplit,  avec  le 
titre  de  capitaine,  les  fonctions  d'ingénieur  militaire  et  de 
commissaire  de  la  marine;  puis  il  fut  nommé  architecte 
du  roi  et,  en  1548,  inspecteur  des  bâtiments  royaux  de 
Fontainebleau,  Saint-Germain  ;  en  d'autres  termes,  écrit 
Ad.  Berty  (les  Grands  architectes  français  de  la  He- 
naissance,  Paris,  1860,  in-l^)  :  «  Surintendant  des  bâ- 
timents de  la  couronne  »,  dernière  charge  dont,  à  la  mort 
de  Henri  II,  il  devait  être  dépouillé  au  bénéfice  du  P7'i- 
matice  (V.  ce  nom).  Philibert  de  L'Orme  fut  encore  con- 
seiller et  aumônier  ordinaire  du  roi,  abbé  de  Geveton,  de 
Saint-Barthélemy-lez-Noyon ,  de  Saint-l^]loi-lez-Xoyon, 
d'Ivry  (plus  tard  Ivry-la-Bataille)  au  diocèse  d'Evreux, 
enfin  abbé  de  Saint-Serge-lez-Angers  et  chanoine  de  Notre- 
Dame  de  Paris,  en  compagnie  de  son  confrère  Pierre  Les- 
cot  (V.  ce  nom).  Quoique  beaucoup  des  œuvres  édifiées 
par  Philibert  de  L'Orme  aient  été  détruites  ou  considéra- 
blement remaniées,  on  peut,  d'après  ses  ouvrages,  en  réta- 
blir à  peu  près  la  liste  qui  comprend,  avec  des  trompes  à 
Lyon  et  à  Paris,  avec  le  portail  de  l'église  Saint-Nizier, 
à  Lyon  et  le  château  de  Saint-Maur-les-Fossés  :  la  cha- 
jielle  Saint-Eloy,  rue  des  Orfèvres,  à  Paris;  la  chapelle 
du  parc  de  Villers-Coterets  où  il  s'efforça,  pour  la  pre- 
mière fois,  de  réaliser  l'idée  qu'il  avait  eue  d'un  ordre 
français  avec  tambours  moulurés  formant  le  fût  de  la  co- 
lonne ;  une  grande  galerie  avec  services  annexes  au  châ- 
teau de  Saint-Germain-en-Laye  ;  la  grotte  du  château  de 
Meudon,  un  grand  escalier,  une  salle  de  bal  et  des  cabi- 
nets au  château  de  Fontainebleau,  lesquels  furent  recons- 


G^raiideETicyclopédie— Tome  XXV 


ORNE 


jL.Buh.lm.anTv  del 


4oKiloiTi. 


Grancl  ^.  Jhip.pcu^  Erhard.,  F^^  1899. 


Société  ôoionjme  de  la  G^.^  Encyclopédie 


riSo 


OIIMI^]  —  OKMESSON 


truits  par  Lemercier  (V.  ce  nom)  sous  Louis  Xlll  ;  un  es- 
calier au  château  de  la  Muette  près  Passy,  château  clans 
lequel  il  fit  pour  la  première  fois  l'essai  du  système  de 
comble  en  charpente  qui  porte  son  nom  ;  le  château  de 
Madrid,  au  bois  de  Boulogne,  où  il  construisit  des  souches 
de  cheminée  et  des  escaliers  ;  le  château  de  Monceaux  ; 
le  tombeau  de  François  I'^'^  dans  Tabbaye  de  Saint-Denis 
(avec  les  sculpteurs  Pierre  Bontemps  et  Germain  Pilon)  ; 
la  voûte  de  la  chapelle  du  château  de  Yincennes,  plu- 
sieurs parties  du  château  d'Anet,  pour  Diane  de  Poitiers  ; 
le  pavillon  central  avec  les  ailes  adjacentes  du  château 
des  Tuileries  et  divers  autres  édifices  publics  ou  privés 
à  Paris,  dont  une  maison  lui  appartenant  rue  de  la 
Cerisaie.  Philibert  de  L'Orme  est  l'auteur  de  deux  ou- 
vrages qui  exercèrent  une  grande  influence  pendant  plus 
d'un  siècle  sur  l'architecture  et  sur  la  construction  en 
France;  ce  sont:  1<^  Nouvelles  Inventions  pour  bien 
hastir  et  à  petits  fmiz,  etc.  (Paris,  1561,  pet.  fol.  ;  réé- 
dité en  1568  et  1578);  "2°  le  Premier  tome  de  r Archi- 
tecture de  Philibert  de  L'Orme,  etc.  (Paris,  1567,  in- 
fol.).  Ce  volume,  le  seul  paru  de  deux,  que  projetait  de 
publier  l'auteur,  fut  réédité  en  1626  avec  les  JSouvelles 
Inventions,  ouvrages  auxquels  il  faut  joindre  un  i)/<?mo?V^, 
trouvé  par  M.  L.  Delisle,  et  édité  par  Ad.  Berty  sous  le 
titre  de  Instruction  de  monsieur  d'Ivry  dict  de  Lorme, 
mémoire  écrit  probablement  vers  1560  et  donnant  d'inté- 
ressants détails  sur  certains  de  ses  travaux  et  sur  sa  fa- 
mille. —  Jean  de  L'Orme,  frère  de  Philibert,  et  comme 
lui  ingénieur  et  architecte,  semble  avoir  été,  en  plus  d'une 
circonstance,  l'inspecteur  et  le  collaborateur  de  son  frère  ; 
il  porta  successivement  les  titres  de  maître  général  des 
œuvres  de  maçonnerie  du  roi,  écuyer,  sieui^  de  Saint-Ger- 
main, «  commissaire  député  par  le  roi  sur  le  fait  de  ses 
édifices  et  bastiments  »,  etc.  Charles  Lucas. 

ORM  EA  (Charles-François-Vincent  Fehrero,  marquisd'), 
homme  d'Etat  piémontais,  né  à  Mondovi,  mort  à  Turin  en 
1745.  Victor- Amédée  II  le  distingua  et  lui  confia  d'abord 
les  finances,  puis  l'administration  de  l'intérieur  où  il  réa- 
lisa d'importantes  réformes;  le  20  févr.  1728,  d'Ormea 
conclut  un  concordat  qui  mit  fin  aux  difficultés  entre  la 
cour  de  Turin  et  le  Saint-Siège  ;  ce  concordat  fut  encore 
amélioré  le  5  juin  1741.  Après  l'abdication  de  Victor- 
Amédée,  le  marquis  d'Ormea  resta  ministre  sous  Charles - 
Emmanuel  IIl  et  lui  conseilla  d'arrêter  son  père  qui 
voulait  reprendre  le  pouvoir  (27  sept.  1730).  Charles- 
lùnmanuel,  qui  avait  toute  confiance  dans  son  conseiller,  le 
nomma  ministre  des  affaires  étrangères  en  même  temps 
que  de  l'intérieur.  Le  marquis  d'Ormea  signa,  en  1741, 
un  traité  avec  Marie-Thérèse  pour  la  défense  du  Milanais 
contre  les  Espagnols  ;  en  1744,  il  défendit  Coni  contre  les 
Fi'ançais  et  parvint  à  faire  lever  le  siège.  Il  mourut  l'an- 
née suivante.  Pli.  B. 
ORMEAU  (Bot.)  (V.  Orme). 

ORMEAUX.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Marne,  arr.  de 
(^oulommiers,  cant.  de  Rozoy  ;  248  hab. 

ORM  EN  ANS.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Saône,  arr.  de 
Vesoul,  cant.  de  Montbozon  ;  140  hab. 

ORM  EROD  (George),  historien  anglais,  né  à  Manchester 
le  20  oct.  1785,  mort  à  Sedbury  (comté  de  Gloucester) 
le  9  oct.  1873.  Il  consacra  entièrement  sa  longue  vie  à 
l'érudition,  à  l'archéologie,  à  la  linguistique.  Il  avait  réuni 
une  riche  bibliothèque  qui  fut  vendue  en  1875.  Ormerod 
a  laissé  de  nombreux  ouvrages,  dont  le  plus  important  est 
The  History  ofthecounty  Palatinateand  cityofChes- 
ter  (Londres,  1819,  3  vol.  in-foL),  qui  est  un  admirable 
monument  d'érudition.  Citons  encore  :  Miscellanea  Pcila- 
fina  (Londres,  1851,  in-8);  A  memoir  on  british  and 
roman  Remains  (1852,  in-4).  R.  S. 

ORMES.  Com.  du  dép.  de  l'Aube,  arr.  etcant.  d'Arcis  ; 
291  hab. 

ORMES.  Com.  du  dép.  de  l'Eure,  arr.  d'Evi'eux,  cant. 
de  ('onches  ;  3i7  hab. 


ORMES.  Com.  du  dép,  du  Loiret,  ari'.  d'Orléans,  cant. 
dePatay;  682  hab. 

ORMES.  Com.  du  drp.  de  la  Marne,  mw  e(  L^'  runt, 
de  Reims  ;  250  hab. 

ORMES.  Com.  dn  dép.  de  Sai>ne-et-Loire.  arr.  <le 
Louhans  ;  cant.  de  Cuisery  ;  734  hab. 

ORMES  (Les).  Com.  du  dép.  de  la  Vienne,  arr.  de 
Cbàtellerault,  cant.  de  Dangé.  sur  la  r.  dr.  de  la  Vieime; 
1.298  hab.  Stat.  du  cliem.  de  fer  d'ihléans.  Fours  à 
chaux.  Otmmerce  de  grains  el  farines.  Tumuli  à  la 
Motte-de-Grouin.  Château  du  xviii^^  siècle  de  la  famille 
d'Argenson. 

ORMES  (Les).  Com.  du  dép.  de  l'Yonne,  arr.  de  Joi- 
gny,  cant.  d'Aillant;  476  hab.  Mejdiirditla  Pieri*e-Frite. 


Château  de  Bontin,  aux  Oi-nies. 

Château  de  Bontin,  en  briques,  construit  au  xvi^  siècle. 
Il  fut  habité  par  Sully.  I^glise  du  xvi^  siècle. 

ORM  ES-ET- Ville.  Com.  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle, 
arr.  de  Nancy,  cant.  d'Haroué  ;  350  hab.  Mentionné  en 
1179  (Allodïum  de  IJlmis).  Jadis  siège  d'une  châtellenie, 
et  d'une  baronnie  unie  au  marquisat  d'Haroué. 

ORMES-suR-VouLziE  (Les).  Com.  du  dép.  de  Seine- 
et-Marne,  arr.  de  Provins,  cant.  de  Bray-sur-Seine  : 
728  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  Lyon. 

ORMESBY.  Ville  d'Angleterre,  comté  (FVork.  district 
de  Cleveland;  8.633  hab'  (en  1891).  Gest  un  véritable 
faubourg  de  Middleslwrough. 

ORMESSON.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Marne,  arr.  de 
Fontainebleau,  cant.  de  Nemours;  117  bab. 

ORMESSON.  Hameau  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr. 
de  Pontoise,  cant.  de  Montmorency,  com.  d'Enghien-les- 
Bains,  dans  la  vallée  de  Montmorency;  190  hab.  Dans 
l'antiquité,  Ormesson  n'était  guère  connu  que  par  ses  mou- 
lins ;  dès  le  ix^  siècle,  il  est  appelé  en  latin  iUmicio,  pays 
d'ormes.  Le  dép.  de  la  Seine  a  fondé  dans  cette  localité 
un  orphelinat  de  filles. 

ORMESSON  (Le  Fèvre  W).  Famille  (|ui  a  produit  des 
magistrats  et  des  administrateurs  el  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  celles  des  Le  Fèvre  de  (^aumartin.  Origi- 
naire de  l'Ile  de  France,  elle  a  formé  quatre  branches  : 
1"  des  seigneurs  d'Eaubonne  ;  2^^  des  seigneurs  d'Ormes- 
son,  marquis  d'Amboile,  et  des  seigneurs  d'Ormesson, 
barons  du  Chéray,  éteints  en  1764;  3«  des  seigneurs 
d'Estrelle,  éteints  en  1677  ;  4«  des  seigneurs  de  Lezeau, 
éteints  en  1686.  Armes  :  D'azur,  à  trois  lis  de  jardin 
d'argent,  fleuris  d'or,  tiges  et  feuilles  de  sinople  'J 
et  I. 

ORMESSON  (Louis-François  de  Paule  Le  Fèvre  d'), 
magistrat  français,  né  le  27  juil.  1718,  mort  à  Paris  le 
26  janv.  1789.  D'une  vieille  famille  de  robe  (V.  ci-des- 
sus), dont  l'ancêtre,  Olivier  P'"  Le  Fèvre  d'Ormesson  d'Evu- 
BONNE  (1525-1600),  avait  été  appelé,  en  1577,  de  la  tré- 
sorerie générale  de  Picardie  à  la  charge  de  prési^dent  à  la 
chambre  des  comptes  et  qui  avait  épousé  en  1559  Anne 
d'Alesso.  petite-nièce  de  saint  François  de  Paule,  Louis 
d'Ormesson,  fils  lui-même  d'un  intendant  des  finances,  et 


ORMESSON  ^  ORMONDE 


a86 


neveu  maternel  du  chevalier  d'Aguesseaii,  fut  d'abord  a\o- 
cat  du  roi  au  Chàlelet  (1739),  puis  avocat  général  au 
parlement  (1741),  et,  nommé  en  17^)5  président  à  mortier, 
devint  en  4788  premier  président,  en  remplacement  de 
M.  d'Aligre.  Très  éclairé  et  d'une  rare  intégrité,  il  servit 
plusieurs  fois  de  médiateur  entre  la  cour  et  !o  parlement, 
qu'à  deux  reprises  il  fit  rappeler  d'exil;  il  déconseilla  à 
l.ouis  XVf  de  convoquer  les  Etats  généraux.  Il  était  membre 
honoraire  de  l'Académie  des  inscriptions,  L.  S. 

BiBL.  :  QtAvuvir'v^  Eloge  hislor.  de  L. -F.  dVrmesson  ;  Pdi- 
ris,  1789.  —  Maiierault,  Eloge  funèbre  du  prêsid.  d'Ov- 
messon;  Paris.  1789  —  Satj.ii;ii.  Awioles  fr<niÇ(ii>^e,'^ :  Va- 
vis,  18i;i 

ORMESSON  (lïenri-François  de  Paule  Le  Fkvre  u"), 
marquis  d'Amboile,  contrôleur  général  des  finances,  né  le 
8  mai  4751,  mort  à  Paris  en  1807,  fds  du  précédent  et 
de  Anne-Louise  du  Tillet  de  la  Bussiére.  Maître  des  re- 
([uètes  en  1770.  puis  intendant  des  finances  en  survi- 
vances, il  succéda  à  son  père  dans  l'administration  de  la 
maison  de  Saint-Cyr,  ce  qui  l'amena  à  travailler  avec 
l^ouisXVLquil'apprécia  tellement  qu'il  le  nomma  (30  mars 
1783)  contrôleur  général  des  finances  à  la  place  de  Joly 
de  Fleurv.  «  Pour  le  coup,  dit  le  roi,  on  ne  dira  pas  que 
ce  soit  la  cabale  qui  a  fait  nommer  celui-ci.  »  H  montra 
peu  de  capacité  dans  celte  charge,  qu'il  remit  d'ailleurs  à 
i'.alonne  le  3  nov.  de  la  même  année.  S'il  n'avait  pas  les 
talents  de  Fliomme  d'Etat,  il  avait  toutes  les  vertus  de 
l'homme  privé.  11  n'émigra  pas  ;  élu  au  commencement 
de  la  Révolution  président  d'un  des  tribunaux  de  Paris, 
il  déclina  celle  de  maire,  mais  non  celle  d'administrateur 
du  département  qu'il  remplit  sous  le  Directoire  et  le  Con- 
sulat. 11  avait  épousé  le  13  avr.  1773  M^^^  Le  Pelletier 
de  Morfontaine,  dont  il  eut  plusieurs  enfants.     Eug.  Asse. 

JUbl.  ;  MoNTVoN,  Ministres  des  finunces.  —  A.  Rknj':k. 
Uist.  du  règne  de  Louis  XVL  —  Gom1':l.  les  Causes  finnn- 
cières  de  La  Réaolution  ;  ï^aris.  lb91,  in-N.  —  Jobez,  li\ 
France  sous  Louis  XVI;  Paris,  1881,  t.  II,  p.  558.—  Au- 
GEARD,  Mém.  secrets.  —  Mirabi<;au,  de  la  Caisse  d'es- 
compte., —  Bactiaumont.  Mém.  secrets,  t.  XXIII.  —  Droz, 
Uist  du  règne  de  Louis  XVL 

ORMESSON  (Olivier -Gabriel -François  de  Paule  Le 
Fèvre,  comte  d'),  diplomate  français,  né  le3  janv.  1849, 
descendant  d'une  famille  de  magistrats.  Attaché  d'ambas- 
sade à  Bruxelles  de  1807  à  1871,  il  entra  en  1876  dans 
l'administration  et  fut  nommé  sous-préfet  de  Tomierre  le 
M  mai  de  cette  année;  en  septembre  il  passa  à  Dinan, 
avec  la  même  qualité,  et,  en  févr.  1877,  à  Montluçon.  Le 
16  mai  1877,  il  donna  sa  démission  et  suivit  la  politique 
de  résistance  de  Gambetta.  Il  fréquentait  alors  le  comité 
de  la  rue  de  Suresnes.  lui  déc.  1877,  il  fut  nommé  préfet 
de  l'Allier  et  en  avr.  1879  préfet  des  Basses-Pyrénées. 
Le  5  juil.  1886,  il  fut  nommé  conseiller  d'ambassade  à 
Saint-Pétersbourg,  poste  qu'il  occupa  depuis  le  rappel  du 
général  Appert,  l'ambassadeur.  jus(|u'à  l'arrivée  de  M.  de 
Laboulaye.  Il  succéda  à  M.  Mollard  comme  introducteur 
des  ambassadeurs  et  directeur  du  protocole  au  ministère 
des  affaires  étrangères  (1888).  Le  10  avr.  1895,  il 
fut  nommé  ministre  plénipotentiaire  à  Lisbonne  et,  le 
M'  déc.  1898,  ministre  plénipotentiaire  à  Athènes. 

ORMESSON  DE  NoYZEAu  (Anne- Louis-François  de  Paule 
Le  Fèvre  d'),  magistrat  français,  frère  de  Henri-François, 
né  le  26  févr.  1733,  mort  sur  l'échaRuidle  1^'^  floréal  an  II 
(20  avr.  1794).  Conseiller  au  parlement  (1770),  prési- 
dent à  mortier  (1779),  bibliothécaire  de  Louis  XVI  (1790). 
il  fut  député  par  la  noblesse  de  Paris  aux  Etats  généraux, 
signa  la  protestation  du  15  sept.  1791,  et,  arrêté  le 
18  déc.  1793  avec  Bocharl  de  Saron(Y.  ce  nom)  et  plu- 
sieurs autres,  fut,  comme  eux,  condamné  et  exécuté.  C'était 
un  helléniste  distingué;  en  1792,  il  avait  été  nommé 
membre  de  l'Académie  des  inscriptions  et,  dans  sa  prison, 
il  s'occupait  encore  d'études  grecques. 

ORMOICHE.  Corn,  du  dép.  de  la  Haute-Saône,  arr.  de 
Eure,  cant.  de  Luxeud;  125  hab. 

ORMONDE  (Comtes,  marquis  et  ducs  d').  James Bm- 
LER,  comte  d'Ormonde,  né  à  Kilkenny  le4oct.  1331,  mort 


le  18  oct.  1382.  lils  du  1^-  comie  d'Ormonde  et  d'Kléanor 
de  Bohun,  petite-tille  d't/louard  P^,  fut  vice-roi  d'Irlande 
en  1359  et  13()0.  —  James,  4*^  comte,  petit-fils  du  pré- 
cédent, mort  à  Atherdee  le  23  août  1452,  très  lié  avec 
Thomas  de  Lancastre  et  favori  de  Henri  Y,  fut  lord  lieute- 
nant d'Irlande  en  1420  et  en  1 140.  Il  eut  les  plus  âpres 
démêlés  avec  la  famille  Talbot.  —  Jaines,  5^-  comte  d'Or- 
monde et  comte  de  Wiltshire,  né  le  24  nov.  1420,  mort 
en  1461,  fut  un  des  partisans  les  plus  zélés  de  la  maison 
de  Lancastre.  Vice-roi  d'Irlande  en  1453,  lord  haut  tré- 
sorier d'Angleterre  en  1455,  il  figura  à  la  bataille  de 
Saint-Albans,  poursuivit  le  comte  de  Warwick  aux  Pays- 
Bas,  combattit  à  Wakefield  (1460)  et  fut  battu  à  Morti- 
mer's  Cross  par  le  comte  deMarch  (2  févr.  1461).  Il  fut, 
dit-on,  décapité  à  Newcastle  le  1^-^  mai  suivant.  —  John. 
6^  comte,  frère  du  précédent,  mourut  au  cours  d'un  pè- 
lerinage à  Jérusalem  en  1478.  —  Sir  Pierce,  8^  comte 
d'Ormonde,  1^^  comte  d'Ossory,  mort  en  août  1539,  se 
distingua  parla  répression  de  plusieurs  rébelhonsenlrlande, 
notamment  celles  de  Thomas  Fitzgerald  et  du  comte  de 
Desmond.  Un  de  ses  lils  devint  la  souche  des  vicomtes 
Mountgarret.  —  James,  9^"  comte,  suspect  d'hostilité  au 
gou^ernement  anglais,  fut  empoisonné  à  Londres  et  mou- 
rut le  28  oct.  1546.  —  Thomas,  10*"  comte,  fils  du  pré- 
cédent, né  en  1532,  mort  le  22  nov.  1614,  surnommé  le 
«  comte  noir  »,  eut  de  continuels  démêlés  avec  la  famille 
de  Desmond.  11  fut  grand  favori  à  la  cour  d'Elisabeth,  com- 
battit la  Grande  Armada  et  devint,  en  1597,  lieutenant  gé- 
néral de  l'armée  d'Irlande.  —  James,  12^  comte  et  1^^'  duc 
d'fh^monde,  né  à  Clerkcn\vell  le  19  oct.  1610,  mort  le 
21  jud.  1688.  Connu  d'abord  sous  le  nom  de  lord  Thurles, 
il  épousa  en  1629  sa  cousine  Ehzabeth  Preston,  fille  du 
comte  de  Desmond,  et,  en  1632,  devint  comte  d'Ormonde 
et  d'Ossory.  Lieutenant  général  de  la  cavalerie  en  Irlande 
(1638),  Heutenant  général  de  l'armée  au  début  de  la  ré- 
belhon  de  1641,  il  remporta  des  victoires  signalées  à 
Killsalghen,  puis  à  Kilrush,  ce  qui  lui  valut  le  titre  de 
marquis.  Le  18  mars  1642  il  battit  Preston  qui  avait  des 
forces  supérieures,  mais  bientôt  l'Ecosse  ayant  adopté  la 
cause  du  Parlement  contre  le  roi,  Ormonde  reçut  l'ordre 
de  traiter  avec  les  rebelles  afin  de  rendre  disponible  son 
armée.  Il  n'y  réussit  pas  avant  le  28  mars  1646,  et  en- 
core rencontra-t-il  de  telles  difhcultés  qu'il  demanda  à 
être  relevé  de  son  gouvernement,  ce  à  quoi  le  roi  ne  vou- 
lut jamais  consentir.  Cependant  les  rebelles,  appuyé  par 
le  nonce  du  pape,  ne  voulurent  bientôt  plus  entendre  par- 
ler de  cette  paix  et  vinrejit  mettre  le  siège  devant  Dublin. 
Acculé,  Ormonde  dut  se  rapprocher  du  Parlement  qui  lui 
envoya  des  renforts.  Dublin  fut  dégagé.  Ormonde  signa 
un  traité  accordant  certaines  garanties  aux  protestants  et 
revint  en  Angleterre  où  le  roi  approuva  sa  conduite.  En 
févr.  1648,  il  passait  en  France  d'où  il  regagnait  l'Irlande 
à  la  fui  d'août.  11  s'y  occupa  de  négociations  et  de  démons- 
trations militaires  qui  aboutirent  à  la  paix  générale  du 
17  janv.  1649,  entre  les  royalistes  et  les  rebelles  irlan- 
dais. Dès  la  mort  du  roi,  il  proclama  Charles  H  et  le  pressa 
de  venir  en  Irlande.  Il  s'empara  de  Drogheda  et  bloqua 
Dublin,  mais  bientôt  les  rapides  et  foudroyants  succès  de 
Cromwell,  qui  vint  le  combattre  en  personne,  l'obligèrent 
à  abandonner  la  partie.  Il  rejoignit  Charles  en  France, 
l'accompagna  à  Cologne  (1655),  à  Bruxelles  (1656),  com- 
manda les  six  régiments  anglo-irlandais  au  service  de 
l'Espagne,  et  eut  un  cheval  tué  sous  lui  à  Mardyke.  Ilfut 
employé  à  de  nombreuses  négociations,  et  même,  étant  re- 
venu à  Paris,  à  ce  sujet,  il  fût  gardé  à  vue  par  ordre  de 
Mazarin.  Il  réussit,  non  sans  peine,  à  retourner  auprès  de 
Charles  et  prit  une  grande  part  aux  négociations  avec 
Monck  qui  amenèrent  la  Bestauration.  En  récompense  de 
ses  loyaux  services,  il  reçut  quantités  d'honneurs  et  de  fonc- 
tions, fut  créé  duc  d'Ormonde  (1661),  nommé  lord  haut 
intendant  d'Angleterre,  etc.  Sa  faveur,  l'austérité  de  ses 
moeurs  excitèrent  l'envie  et  la  haine.  Heni-y  Bennet,  lady 
Castlemaine,  Buckingham.  la  reine-mère  se  liguèrent  contre 


387  ~ 


ORMONDE  —  OHMIZ 


lui.  Ormondetint  tôte,  et  la  noblesse  de  son  caractère  l'em- 
porta longtemps  sur  les  entreprises  de  ses  ennemis.  Vice- 
roi  d'Irlande,  il  gouverna  le  pays  avec  bienveillance  et  avec 
fermeté.  En  1669,  Buckingbam  réussit  enfin  à  arracher  sa 
révocation  au  roi.  Bien  mieux,  le  6  déc.  1670  il  essaya 
de  le  faire  assassiner  par  un  coupe-jarrets  nommé  Blood. 
Pendant  sept  ans,  Ormonde,  traité  par  la  cour  avec  une 
froideur  marquée,  eut  une  correction  d'attitude  qui  finit 
par  frapper  le  roi.  Charles  reconnut  son  injustice  et  rendit 
au  duc  le  gouvernement  d'Irlande  (1677).  Ormonde  sut 
maintenir  la  tranquillité  la  plus  parfaite  aune  des  époques 
les  plus  troublées  de  l'histoire  d'Angleterre  (complot  pa- 
piste). Pourtant  il  fut  brusquement  rappelé  en  1685  pour 
des  raisons  mal  connues,  mais  en  tout  cas  pour  faire  place 
au  comte  de  Kochester.  Jacques  il  lui  conserva  toutes  ses 
charges  et  dignités,  bien  qu'il  eût  refusé  formellement  de 
se  faire  cathohque.  Mais  dans  les  dernières  années  de  sa 
longue  carrière,  Ormonde  fatigué,  malade,  accablé  par  la 
perte  de  ses  enfants  et  petits-enfants,  ne  joua  plus  qu'un 
rôle  politique  très  effacé.  —  James,  second  duc  d'Ormonde, 
petit-fils  du  précédent,  né  à  Dublin  le  29  avr.  166o,mort 
le  16  nov.  1715.  Mécontent  de  la  manière  dont  Jacques  II 
avait  traité  son  grand-père  et  son  père  le  comte  d'Ossory, 
il  ne  fit  aucun  effort  pour  se  rallier  à  Guillaume  d'Orange. 
Il  combattit  k  la  Boyne  aux  cotés  du  roi  et  aussitôt  après 
il  alla  s'assurer  de  Dublin  où  il  reçut  Guillaume  le  19  juil. 
1689.  Il  suivit  encore  le  roi  à  La  Haye,  figura  à  la  ba- 
taille de  Steinkerque  (1692),  et  à  celle  de  Landen  (1693) 
où  il  fut  fait  prisonnier.  Il  gagna  par  la  suite  une  popu- 
larité considérable  en  combattant  les  favoris  hollandais  du 
roi,  notamment  le  duc  d'Albemarle.  En  1702,  Ormonde 
fut  chargé  de  diriger  l'expédition  de  Cadix;  le  manque 
d'entente  entre  les  généraux  et  amiraux  placés  sous  ses 
ordres  fit  avorter  l'entreprise,  mais  la  brillante  victoire 
qu'il  remporta  à  Vigo  (12  oct.)  sauva  sa  popularité.  En 
1703,  il  était  nommé  vice-roi  d'Irlande.  Son  gouverne- 
ment, marqué  par  des  persécutions  contre  les  catholiques 
et  des  troubles  suscités  par  la  rapacité  de  son  entourage, 
fut  peu  heureux.  Remplacé  par  Pembroke  en  1706,  il  re- 
prit son  poste  en  1710  et  le  quitta  en  1711  pour  prendre 
la  direction  de  la  campagne  de  Flandre.  Le  gouverne- 
ment lui  avait  donné  l'ordre  secret  de  ne  participer  avec 
les  alliés  à  aucun  siège  et  de  n'engager  aucune  action 
sans  instructions  ultérieures  ;  tandis  qu'ouvertement  il  dé- 
clarait que  l'Angleterre  était  décidée  à  pousser  vigoureu- 
sement la  guerre.  Le  résultat  de  cette  duplicité  fut  désas- 
treux pour  Ormonde  qui  fut  reçu  plus  que  froidement 
par  lleinsius,  qui  mécontenta  le  prince  i*Aigène  et  qui  excita 
par  son  incompréhensible  conduite  l'indignation  de  ses  offi- 
ciers. Par  contre,  l'exactitude  avec  laquelle  il  accomplit 
ses  instructions  lui  valut  la  garde  et  l'amirauté  des 
cinq  ports  et  une  pension  de  5.000  liv.  st.  Il  conserva  la 
vice-royauté  d'Irlande  et  les  fonctions  de  capitaine  géné- 
ral où  il  avait  succédé  au  duc  de  Marlborough.  A  l'avè- 
nement de  George,  il  fut  privé  de  tous  ses  emplois.  Déjà 
affilié  par  Bolingbroke  aux  intrigues  jacobites,  il  fit,  presque 
ouvertement,  de  sa  maison  le  rendez-vous  des  partisans 
du  prétendant.  Stanhope  provoqua  sa  mise  en  jugement. 
Ormonde  s'enfuit  en  France.  Ses  biens  furent  confisqués 
Il  tenta  en  1715  un  débarquement  dans  les  environs  de 
Plymouth.  On  l'avait  assuré  que  les  jacobites  se  soulève- 
raient en  masse  à  son  arrivée.  Il  n'en  fut  rien.  En  1719, 
il  consent  à  prendre  le  commandement  de  la  flotte  espa- 
gnole qui  devait  faire  une  démonstration  en  faveur  du 
prétendant.  Cette  flotte  est  dispersée  par  une  tempête,  et 
deux  vaisseaux  seulement  peuvent  gagner  les  côtes  de 
l'Ecosse.  Ormonde  revint  à  Madrid  où  il  vécut  d'une  pen- 
sion de  la  cour.  Il  passa  les  dernières  années  de  sa  vie  à 
Avignon.  —  Le  représentant  actuel  de  la  famille  est 
James- Edivard-William-Theohald  Butler,  3^  marquis 
d'Ormonde,  né  en  1844,  qui  a  été  capitaine  aux  Life 
Guards.  R.  S. 

RiiiL.:  LoDG'-,  Pe('7\Tr/p  of  IreJoncLll^^.  —  Gartk.   L.ifc 


of  James  Daka  of  Ormonde;  Londres,  1851,  l  vol.  — 
Du  même.  Collection  oforiginnl  Ictters  nnd  papers  con- 
cerning  the  affairs  of  Engliind  IG'ii-bO^  f'oimd  awong  thc 
diike  of  Ormond's  papers;  Londres,  1739,  2  vol.  in-8  — 
Life  of  J.  Butler,  laie  duke  of  Ormond;  Londres,  1732, 
in-8.;  trad.  en  fr.,  La  Haye,  1737,  2  voL  in-12. 

ORMONDE  (Archibald  Douglas,  comte  d'),  homme  po- 
litique anglais,  né  en  1609,  mort  le  15  janv.  1655.  Fils 
du  comte  d'Angus,  il  entra  au  conseil  privé  d'Ecosse  en 
1636  ;  il  ne  sut  prendre  parti  ni  pour  ni  contre  les  cove- 
nantaires,  signa  le  covenant  en  1631,  mais  passa  sur  le 
continent  dès  que  les  signataires  firent  leurs  préparatifs 
de  campagne.  De  1646  à  1653,  il  commanda  le  régiment 
français  de  Douglas.  Dès  l'arrivée  de  Charles  II  en  Ecosse 
(1650),  il  fut  créé  comte  d'Ormonde  et  occupa  quelques 
hauts  emplois  à  la  cour.  Mais  il  rentra  dans  la  vie  privé«^ 
dès  1651.  K.  S. 

OR  MONTS  (Yidlée  des).  Vallée  des  Alpes  vaudoise. 
(Suisse)  aboutissant  au  pied  des  Diablerets  J2.700  hab.)s 
])arcourue  par  la  Grande  Eau.  Sites  très  pittoresques  vi- 
sités par  de  nombreux  étrangers. 

OR  M  OS  (Sigismond),  écrivain  hongrois,  né  en  1813, 
mort  en  1894.'  Il  fit  des  études  de  droit  et  embrassa  la 
carrière  administrative.  Foispàn  (préfet)  du  comitat  Temes 
de  1871-89,  il  fut  nommé  membre  de  la  Chambre  des 
magnats.  Il  débuta,  en  1858,  par  un  roman  :  A  banya 
Szikldja  (Le  Rocher  de  la  Sorcièi'e),  et  s'adonna  ensuite 
à  la  critique  d'art.  Il  publia  :  Souven&s  de  voyage  ([^60- 
63),  en  6  vol.;  h  ôth  au  point  de  vue  artistique  (1%^): 
Description  de  la  g(derie  Eszterhdzy  (1864)  ;  le  Mo- 
nument Széchenyi  et  le  réalisme  dans  la  sculpture 
(1864),  et  (en  allemand)  Peler  Cornélius  nnd  seine 
Stellung  zurmodernen  dentschen Kunst  (Berlin,  1866), 
avec  une  préface  de  Schasler.  Son  ouvrage  principal  est 
[Histoire  de  la  civilisation  ci  r  époque  des  Arpad. 

ORMOY.  Corn,  du  dép.  d'Eure-et-Loir,  arr.  de  Dreux, 
cant.  de  AVigent -le~Roi  ;  187  hab. 

ORIVIOY.  Corn,  du  dép.  de  la  Haute-Saône,  arr.  de 
Vesoul,  cant.  de  Jussey;  781  hab. 

ORMOY.  Corn,  du  dép.  de  Seine-et-Oise.  arr.  et  cant. 
de  Corbeil;  316  hab. 

ORMOY.  Corn,  du  dép.  de  F  Yonne,  arr.  d'Auxerre. 
cant.  de  Seignelay  ;  571  hab. 

ORMOY-LÂ-RiviÈRE.  Com.  dn  dép.  de  Seine-el-Oise. 
arr.  et  cant.  d'Etampes;  381  hab. 

ORMOY-le-Dâvien.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de 
Sentis,  cant.  de  Betz  ;  133  hab. 

ORMOY-les-Sexfoxtaines.  Com.  du  dép.  delà  Haute- 
Marne,  arr.  de  Chaumont,  cant.  de  Vignory  ;  106  hab. 

ORMOY-suR-AmjE.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne, 
arr.  de  Chaumont,  cant.  de  Châteauvillain  ;  201  hab. 

ORMOY-ViLLERS.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de  Sentis, 
cant.  de  Crépy-en-Valois  ;  453  hab.  Stat.  du  chem.  de 
fer  du  Nord. 

ORMOY  (Marquis  d')  (V.  Colbert). 

ORMOY  (Sieur  de  F)  (V.  Dupleix  [César]). 

OR  M  S  Kl  RK.  Ville  d'Angleterre,  comté  de  Lancastre,  à 
19  kil.  N.  de  Liverpool;  6.298  hab.  (en  1891).  Belle 
éghse  gothique  qui  renferme  les  tombeaux  des  comtes  de 
Derby.  Auprès  est  le  magnifique  château  de  Lathorn- 
house,  bâti  à  la  place  de  celui  que  la  comtesse  Charlotte 
de  Derby  défendit  en  i6ii'  contre  les  parlementaires. 

ORMSTUNGA  (V.  Gunniaug  Illugason). 

ORMUZ.  Ile  rocheuse  de  la  côte  du  Kirman  (Perse  mé- 
ridionale), située  au  S.-E.  de  Bender  Abbas,  àlapointeE. 
de  ïile  Tavila,  au  fond  du  golfe  qui  forme  la  partie  N.  du 
détroit  d'Ormuz  qui  fait  communiquer  le  golfe  Persique 
avec  le  golfe  d'Oman  et  Focéan  Indien.  L'île  d'Ormuz  est 
un  rocher  de  20  kil.  de  tour  ;  sa  plus  haute  ait.  ne  dé- 
passe pas  200  m.  :  la  partie  N.  est  formée  par  une 
plaine  basse  de  sable,  oii  s'élevait  autrefois  la  ville  d'Or- 
muz, peuplée  de  40.000  hab.  et  on  l'on  ne  trouve  aujour- 


OHMUZ  —  OKNK 


—  588 


d'hui  qu'an  misérable  village  et  des  ruines.  Auxm*^  siècle, 
Ormuz  fut  la  capitale  d'un  loyaume  et  l'entrepôt  du  com- 
merce de  tout  le  golfe  Persique-  B'n  1506,  Albuquerque 
obligea  le  roi  d'Ormuz  à  laisser  les  Portugais  construire 
dans  l'ile  une  forteresse  qui  devint  une  des  stations  por- 
tugaises les  plus  importantes,  en  même  temps  qu'une  des 
places  de  commerce  les  plus  puissantes  des  mers  d'Asie. 
Mais  en  1622,  Abbas  le  Grand,  shah  de  Perse,  aidé  par 
les  Anglais,  s'empara  d'Ormuz,  en  chassa  les  Portugais  et 
rasa  la  ville.  Ph.  B. 

BiHL.  :  Lioutenaiit  Stiffe.  The  Islnnd  of  llormuz^  dans 
(ieographiciil  Magazine^  1871. 

ORNACIEUX.  Com.  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  de  Vienne, 
cant.  de  La  Côte-Saint-André  ;  338  hab. 

ORNAI N.  Rivière  du  bassin  de    la  Seine  (Y.  Marne 
!  Haute- 1,  Meuse  et  Marne  [Dép.J). 

ORNAISONS.  Com.  du  dép.  de  l'Aude,  arr.  de  Nar- 
bonne,  cant.  de  Lézignan  ;  4.355  hab. 

ORNANO  (Famille  d').  Quelques  généalogistes  la  font 
descendre  du  légendaire  Hugues  Colonna,  qui,  ayant  ex- 
pulsé les  Sarrasins  de  la  Corse  et  de  la  Sardaigne,  fut,  au 
dire  d'^Vlcuin,  investi  par  Charlema^ne  delà  souveraineté 
de  ces  îles  avec  le  titre  de  comte  (846).   Des  documents 
moins  contestables  nous  montrent  les  Ornano  parmi  les 
seigneurs  du  pays  constamment  occupés  à  se  battre  contre 
les  Pisans,  les  Génois  ou  les  Aragonais,  et  le  plus  sou- 
vent entre  eux.  — Au  \\\^  siècle,  Sampiero  à' Ornano  est 
le  principal  agent  de  la  France  contre  les  Génois.  Après 
sa  mort  (4567),  l'Ile    accepte  la  domination  des  doges 
(Y.  Corse). —  Son  fils,  Alphonse,  colonel  général  de  l'in- 
fanterie corse  au   service  de  France  ,  bientôt  maréchal 
de  France,  fut  lieutenant  général  de  Henri  lYen  Guyenne 
et  maire  de  Bordeaux  de  4599  à  4640;  une  statue  tumu- 
laire  lui  fut  élevée  à  Bordeaux,  et  en  4864  son  nom  a  été 
donné  à  une  rue  de  cette  ville,  en  souvenir  des  services 
(ju'il  lui  avait  rendus  pendant  la  peste  de  4604.  —  Jean- 
Baptiste  d 'Ornano,  fds  d'Alphonse,  également  maréchal 
de  France,  fut  lieutenant  général  pour  le  roi  en  Norman- 
die et  gouverneur  de  Gaston  d'Orléans.  Il  excita,  dans 
ces  fonctions,  les  défiances  de  Richelieu  et  fut  emprisonné 
deux  fois,  d'abord  à  la  Bastille  (4624),  ensuite  au  don- 
jon de  Yincennes  où  il  mourut  (4626);  son  corps  fut 
transporté  à  l'église  d'Aubenas,  où  l'on  voit  encore  les 
débris  d'un  magnifique  mausolée  que  lui  fit  élever  sa  veuve, 
Marie  de  Montlaiir.  Au  xviii'^  siècle,    après  la  fuite  de 
l'aventurier  Théodore,  qui  fut  un  moment  roi  de  Corse 
(4736),  un  Uw  d'Ornano  forme,  avec  un  Paoli  et  Giaf- 
feri,  le  conseil  de  régence  qui  défendit  la  Corse  contre 
les  Génois,  puis  contre  la  France.  On  trouve  enfin  un  troi- 
sième maréchal  de  France  de  cette  famille  dans  la  per- 
sonne de  Philippe  d'Ornano  (jui,  engagea  l'âge  de  quinze 
ans,  fit  toutes  les  guerres  du  premier  Empire  de  4800  à 
4845.  Les  d'Ornano  ont  possédé  des  seigneuries  en  Corse, 
en  Italie,   en  Provence,  en  Dauphiné,  en  Yivarais  et  en 
Touraine.  Lne  des  anciennes  provinces  de  la  Corse  portait 
leur  nom.  A.  Mazon. 

ORNANO  (Luc  d')  (Y.  Corse,  t.  XH,  p.  4099). 
ORNANO  (Cunéod')  (Y.  Cunéo). 
ORNANS.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  du  Doubs.  arr.  de 
Besançon,  sur  la  Loue;  3.204  hab.  Ornans,  sur  la  ligne 
de  chem.  de  fer  de  L'Hôpital-dii-Grosbois  à  Lods,  est  la 
ville  industrielle  la  plus  importante  de  la  région  du  Doubs 
appelée  Moyenne-Montagne  (clouterie  et  tréfilerie,  distil- 
leries importantes  d'absinthe,  d^  kirsch,  etc.).  Eglise  du 
xvi*^  siècle  (tombeau  du  père  et  de  la  mère  de  Xicolas 
Perrenot  de  Granvelle,  conseiller  de  Charles-iJuint)  ;  église 
des  Minimes  du  xvii*^  siècle  ;  hôtel  du  xvi^  siècle,  dit 
maison  Granvelle.  Ornans  est  la  patrie  de  Perrenot  de 
Granvelle,  du  mathématicien  Pierre  Yernier  (4580-4637), 
de  l'historien  Millot  (4726-85).  Le  peintre  Courbet  est 
né  dans  les  environs,  à  Flagey. 

ORNE  (Dép.  de  V).  Situation,  limites,  superficie. 
—  Le  dép.  de  l'Orne  doit  son  nom  au  petit  fleuve  ^qui  y 


a  son  cours  supérieur.  Il  est  situé  dans  la  région  N.-O. 
de  la  France,  séparé  de  la  Manche  par  le  dép.  du  Calva- 
dos et  par  celui  de  la  Manche^  Son  ch--l.  Alençon  est 
distant  4le  470  kil,  de  Paris  à  vol  d'oiseau,  de  208  kil, 
par  le  chemin  de  fer.  Il  est  compris  entre  ^8"  10'  et 
48^  59'  lat.  N.,  4^^  24'  et  3«  4^2'  long.  0.,  confine  au  X. 
au  dép.  du  (Calvados,  à  1*0.  à  celui  de  la  Manche,  au  S. 
à  ceux  de  la  Mayenne  et  de  la  Sarthe,  à  TE.  à  ceux  d'Eure- 
et-Loir  et  de  l'Eure.  Ses  limites  sont  généralement  con- 
VfMitionnelles,  quel(|uefois  tracées  par  des  cours  d'eau  : 
vis-à-vis  du  Calvados,  par  la  Baise  (affl.  dr.  de  l'Orne),  puis 
par  l'Orne,  puis  par  le  Noireau  (affl.  g.  de  l'Orne),  du- 
rant une  trentaine  de  kik)mètres,  par  la  Jouvine  (afïl.  g. 
du  Xoireau)  sur  7  à  8  kil.  ;  vis-à-vis  de  la  Manche,  par 
TEgrenne  (sous-affl.  de  la  Mayenne)  durant  45  kil.  Enti-e 
les  dép.  de  l'Orne  et  de  la  Mayenne,  la  limite  suit  durant 
6  kil.  le  lit  du  Colmont.  durant  5  kil.  celui  de  la  Yarenne. 
durant  25  kil.  celui  de  la  Mayenne,  durant  40  kil.  celui  du 
Sarthon.  LaSarlhe  sépare  le  dép.  de  TOrne  de  celui  ampiel 
elle  donne  son  nom.  sur  un  premier  parcours  de  21  à 
25  kil.  en  amont  d'Alençon,  puis  sur  6  à  7  kil.  avant  de 
(piitterle  département. 

La  superficie  du  dép.  de  l'Oi'ne  est  de  644.300  hect. 
d'après  le  service  géographi(|ue  de  rarmée,  de  609.700 
d'après  le  cadastre,  ce  (}ui  le  classe  au  44^  rang  des  dé- 
partements français  avec  une  étendue  voisine  de  la  moyenne 
(630.000  hect.).  Sa  forme  est  assez  iri'éguhère  :  la  plus 
grande  longueui',  entre  le  Mans  à  TE.  et  Saint-(^hristophe- 
de-(ihauheu  à  FO.,  alteint  4^0  kil.  ;  la  largeur  du  N.  au 
S.  au  centre  du  département,  entre  Saint-Céneri-le-Gérei 
au  S.  et  les  Autels-Saint-Bazille  au  N.,  est  de  65  kil. 

Relief  du  soL  —  Le  dép.  de  l'Oi'ne  est.  comme  il  est 
expli({ué  au  §  Géologie,  situé  à  la  limite  du  bassin  pari- 
sien et  du  massif  armoricain  et  partagé  par  moitié  entre 
ces  régions  si  différentes.  Toutefois,  à  n'envisager  que  le 
relief  du  sol.  il  y  a  lieu  de  distinguer  dans  LOrne  trois 
régions  orographiques,  parce  que  la  moitié  occidentale  se 
subdivise  en  deux  parties  :  le  Perelie,  correspondant  à  la 
zone  crétacée  et  occupant  le  S.-E.  du  département  (arr. 
de  Mortagne);  la  Campagne,  correspondant  à  la  zone  ju- 
rassique et  occupant  le  centre  du  département  ;  enfin,  la 
troisième  région,  formée  par  les  terrains  précambriens, 
cambriens  et  siluriens  du  massif  armoricain.  a[)[)artient  au 
Bocage  normand.  Le  Perche  et  le  Bocage  sont  relative- 
ment élevés,  leur  relief  est  beaucoup  plus  accentué  que 
celui  de  la  Campagne,  qui  les  sépare.  11  faut  toutefois  re- 
marcjuer,  comme  il  est  indiqué  ci-après  au  paragraplie 
relatif  à  la  tectonique,  que  les  grands  plissements  qui  ont 
déterminé  le  plus  vigoureusement  le  relief  et  la  structure 
géologique  de  ces  pays,  s'étendent  à  tout  le  dép.  de  l'Orne, 
aussi  bien  à  la  moitié  jurassique  crétacée  et  tertiaire  de 
ri'],  qu'à  la  moitié  cambrienne  et  silurienne  de  l'O.  Tel  est 
le  cas  du  grand  anticlinal  d'Alençon,  qui  dessine  une  ligne 
de  faîte  depuis  les  environs  de  La  Ferté-Macé  jusqu'à  La 
Ferté-Bernard  (Sarthe),  et  de  celui  de  Falaise  (Calvados), 
qui  en  dessine  une  seconde  au  N.  d'Argentan  par  Le  Mer- 
lerault,  Tourouvre,  jusqu'auprès  de  Bémalard.  La  struc- 
ture ridée  de  la  Bretagne  et  de  la  région  armoricaine  se 
fait  sentir  ainsi  jusqu'aux  plaines  tertiaires  de  l'Eure  et 
de  la  Beauce. 

Le  Perche  est  une  contrée  de  prairies  et  de  forêts, 
celle-ci  couvrant  surtout  les  sommets  revêtus  d'argile  à 
sUex  ou  de  limon.  Entre  ces  hauteurs  s'enfoncent  des  vallées 
relativement  profondes.  Au  S.  de  l'arr.  de  Mortagne,  nous 
trouvons  d'abord  les  collines  crétacées  et  tertiaires  de  la 
forêt  de  Bellème  (227  m.  à  FO.,  248  m.  à  l'E.),  situées 
sur  le  prolongement  oriental  du  petit  massif  de  la  foi'êt 
de  Perseigne'(dép.  delà  Sarthe).  Ce  petit  massif  est  séparé 
du  principal  des  collines  du  Perche  par  une  dépression  ou 
coule  l'Huisne,  née  près  de  Pervenchères,  à  466  m.  d'alt.. 
sa  vallée  s'enfonce  à  une  centaine  de  mètres  au-dessous  des 
coteaux  voisins,  et  quitte  le  département  à  92  m.  près  du 
Theil.  Les  vallons  qui  y  aboutissent  sont  aussi  d'une  cen- 


-"  o89  — 


URNE 


taille  de  mètres  en  coiitre-l)a!s  des  hauteurs  riveraines.  — 
Au  N.  de  l'Huisne  se  développent  les  collines  du  Perche; 
elles  décrivent  autour  de  Mortagneun  arc  de  cercle,  coïn- 
cidant avec  la  ligne  de  faite  et  de  partage  des  eaux  entre 
les  bassins  de  l'Océan  et  de  la  Manche  et  aussi  avec  la 
limite  des  affleurements  tertiaires  et  crétacés,  ceux-ci  mis 
à  découvert  par  l'érosion  des  cours  d'eau  tributaires  de 
la  Sartlie.  Partant  du  S.-E.,  après  une  hauteur  de  "278  m. 
en  l^ure-et-Loir  à  la  limite  départementale,  nous  rencon- 
trons, entre  le  val  d'Huisne  et  les  sources  de  l'Eure,  des 
crêtes  et  plateaux  boisés  dépassant  '^20  m.,  qui  portent 
les  forets  du  Saussay  et  de  Longny  (242  et  246  m.)  ;  au 
N.  de  l'Eure,  le  talus  des  forêts  de  Senoches  et  de  La  Eerté- 
Vidaine  est  un  peu  plus  élevé,  mais  il  appartient  au  dép. 
de  l'Eure,  quoique  le  point  culminant  (287  m.)  soit  sur 
la  limite.  Au  N.-O.  des  forêts  de  Longny  et  de  La  Eerté- 
Vidaine,  les  collines  du  Perche  s'élèvent  à  268  m.  dans  le 
bois  de  Chérencey,  près  de  Marchainville,  puis,  au  N.  de 
Tourouvre,  atteignent  285  et  303  m.  (côte  Saint-Gilles) 
dans  la  grande  forêt  du  Perche,  où  naissent  l'Avre  etl'Iton. 
On  y  peut  rattacher  au  S.  les  hauteurs  de  Mortagne  (287  m.) 
et  de  la  forêt  du  Réno  (241  m.).  Les  crêtes  boisées  de  la 
forêt  du  Perche  se  prolongent  au  N.-O.  par  les  forêts  de 
la  Trappe  (273  m.),  de  Bonsmoulins  (293  m.),  de  Mou- 
lins (300  m.)  et  par  les  monts  d'Amain  qui,  en  plusieurs 
points,  atteignent  309  m.  Nous  voici  à  l'axe  du  Merlerault, 
d'où  découlent  vers  le  N.-E.  la  Risle,  vers  le  N.  la  Tou- 
ques, vers  le  N.-O.  les  affl.  de  l'Orne  (Don,  Ure),  vers 
le  S.  la  Sarthe  ;  le  point  culmiaant  est  à  321  m.  aux 
sources  de  la  Touques,  com.  du  Champ-Haut.  L'altitude 
est  d'ailleurs  presque  la  même  au  N.-E.  entre  Risle  et 
Touques  dans  la  forêt  de  Saint- Evroult  (312  m.)  d'où 
sort  la  (^harentonne  et  dans  celle  de  Chaumont  (308  m.). 
Vers  le  N.-O.  l'alignement  des  coUinesdu  Perche  ou  plu- 
tôt de  l'axe  du  Merlerault  se  conthiue  dans  la  bande  ju- 
rassique par  les  coUines  de  la  forêt  de  Gouffern  (240  m. 
au  N.-E.  d'Argentan,  252  à  Montabard),  qui  dominent 
de  100  m.  la  vallée  de  l'Orne  au  S.,  celle  de  la  Dives 
au  N.  Jusqu'à  la  limite  du  dép.  du  Calvados,  dans  cette 
zone  jurassique,  entre  la  Dives,  la  Vie  et  la  Touques,  les 
plateaux  couronnés  d'argile  à  silex  mesurent  225  à  260  m., 
s'abaissant  doucement  vers  le  N.,  tandis  que  le  fond  des 
vallées  s'abaisse  au-dessous  de  100  m. 

Entre  Fhémicycle  cénomanien  des  collines  du  Perche 
et  le  Bocage  normand,  nous  trouvons  plusieurs  «  Cam- 
pagnes »  jurassiques.  En  premier  lieu,  au  S.  des  collines 
de  Bellème,  le  Saosnois  qui  s'élargit  vers  Mamers  ;  le 
soulèvement  de  la  forêt  de  Perseigne  (Sarthe)  le  sépai'e 
de  la  Campagne  d'Alençon,  vallée  supérieure  de  la 
Sarthe  à  pentes  jurassiques  et  fond  alluvial.  Des  hauteurs 
peu  accusées  (200  à  225  m.)  la  séparent  à  peine  de  la 
vallée  supérieure  de  l'Orne,  plaine  de  Sêes  (175  m.)  et 
d'Argentan  (pays  d'Houlme),  qui  s'allonge  entre  les  hau- 
teurs parallèles  de  l'anticlinal  de  Ealaise  au  N.  et  de 
celui  d'Alençon  au  S.,  c.-à-d.  entre  les  collines  du  Mer- 
lerault et  de  Gouffern  au  N.,  de  la  forêt  d'Ecouves  au  S. 
De  l'autre  côté  de  la  forêt  de  Gouifern,  la  haute  vallée  de 
la  Dives  forme  VHiémois  (ch.-l.  Exmes),  prolongement 
méridional  de  la  Campagne  de  Caen  ;  les  hauteurs  cré- 
tacées et  siliceuses  de  Vimoutiers  en  séparent  l'origine  du 
j)ays  d'A?i^g  (vallée  de  la  Vie).  Enfin,  sur  le  flanc  N.-E. 
des  collines  du  Perche,  le  dép.  de  l'Orne  possède  le  com- 
mencement des  plaines  tertiaires  du  bassin  parisien,  qui 
se  continuent  sous  les  noms  de  pays  à'Ouche  (bassin  de 
la  Risle),  de  Terres  françaises  (bassin  de  l'Iton)  dans 
le  dép.  de  l'Eure,  de  Thinieniis  en  Eure-et-Loir. 

Le  Bocage  normand,  séparé  du  Perche  ])ar  les  Cam- 
pagnes de  rOrne  et  de  la  Sarthe,  occupe  EO.  du  dépar- 
lement, l'arr,  de  Domfront,  la  moitié  0.  del'arr.  d'Alen- 
çon et  le  quart  0.  de  celui  d'Argentan.  Ces  terrains  sont 
mouvementés,  fortement  plisses,  lépartis  en  larges  bandes 
de  granités,  de  schistes,  de  grès,  alignées  de  TE.  à  l'O. 
C'est  à  l'extrémité  orientale  que    sont  les  massifs  les  plu 


élevés  à  cause  du  bombement  granuliti(pie  d'Alençon  (jui 
a  soulevé  les  anciens  sédiments.  On  y  trouve  les  points 
culminants  de  la  Erance  occidentale  :  417  m,  dans  la 
foret  d'Ecouves  comme,  à  17  kil.  S.-O.,  dans  la  forêt  de 
Multonne,  qui  appartient  au  dép.  de  la  Mayenne,  mais  con- 
hne  à  celui  de  l'Orne.  La  crête  S.-O.  de'  la  grande  forêt 
d'Ecouves  atteint  encore  408  m.  ;  la  crête  N.-O.,  400  m. 
près  de  Chahains;  la  Butte  Chaumont,  entre  cette  forêt 
et  celle  de  Multonne  dont  la  sépare  le  val  du  Sarthon, 
mesure  378  m.  ;  au  pied  des  rampes  de  la  forêt  d'Ecouves, 
l'ait,  tombe  à  180  m.  ;  Alençon  est  à  136  m.  Le  relief 
de  ces  collines  est  donc  considérable  et  leur  donne  un  as- 
pect quasi  montagneux;  pour  en  retrouver  d'aussi  hautes, 
il  faut  aller  ^ers  l'E.  jusqu'au  Morvan,  au  Sancerrois  ou 
\ers  le  N.-E.  jusqu'à  l'Ardenne.  Au  N.  de  la  forêt 
d'Ecouves,  le  bois  de  rEvê(|ue  atteint  328  m.  A  TO.  du 
Sarthon,  on  trouve  encore  des  côtes  de  334  m.  au  N.  de 
Lalacelle,  363  m.  au  N.  de  Saint-Elier.  La  ligne  de  par- 
tage des  eaux  se  trouve  à  372  m.  au  bois  de  Monthard, 
auprès  de  Carrouges  (ait.  329  m.),  vers  les  sources  de 
rUdon,  à  326  m.  au  S.  du  Champ-de-la-Pierre,  de  275  m. 
au  N.-E.  de  La  Eerté-Macé  ;  elle  remonte  à  310  m.  au 
mont  d'Hère  et  346  m.  à  la  Butte  de  Charlemagne,  près 
de  la  Coulonche.  Le  Rocher  des  Brûlés  en  a  304  ;  au  N. 
de  la  forêt  d'Halouse  on  trouve  311  m.  de  même  qu'à 
Yvrandes  ;  enfin,  sur  la  limite  de  la  Manche,  la  colline  de 
Chaulieu  s'élève  à  367  m.  entre  les  sources  de  l'Egrenne, 
du  Noireau,  de  la  Vire  et  de  la  Sée.  Cette  ligne  de  faite 
man({ue  de  relief  parce  que  le  sol  s'abaisse  doucement 
vers  le  N.  ou,  jusqu'à  l'Orne  et  au  Noireau,  on  trouve  des 
sommets  de  260  m.  au-dessus  d'un  val  (\m  s'enfonce 
à  80  m.  Au  point  de  vue  orographique,  la  chaîne  la 
mieux  accusée  du  dép.  de  l'Orne  est  celle  des  Andaines 
(jui  dresse  sa  muraille  depuis  la  forêt  de  Monaye  (Mayenne) 
jusqu'à  Avranches  (Manche)  sur  une  longueur  de  près  de 
100  kil.  Partout  boisée,  cette  longue  crête  est  d'autant 
plus  pittoresque  que,  ne  formant  pas  ligne  de  partage  des 
eaux,  elle  a  été  découpée  par  les  rivières  qui  y  ont  creusé 
de  belles  gorges  et  sculpté  de  hardis  promontoires.  Après 
la  forêt  de  Monaye  (321  m.)  on  franchit  le  ravhi  du  Til- 
leul pour  trouver  la  forêt  de  la  Motte  (259  m.)  coupée 
])ar  la  Courbe  de  celle  de  La  Eerté  (234  m.),  que  la  Vée 
et  le  défilé  de  Bagnoles  séparent  de  la  grande  forêt  {\\\\\- 
daine  ;  ici  se  détache  vers  le  N.-O.  une  crête  secondaire 
qui  atteint  306  m.  au  Mont-en-Géraume,  325  à  l'E.  de 
Dompierre,  et  rejoint  au  Rocher  des  Brûlés  la  ligne  dépar- 
tage des  eaux.  La  crête  principale  des  monts  d'Andaine 
continue  vers  l'O.,  atteignant  281  m.  au  N.  de  Juvigny, 
266  à  l'E.  de  Domfront  juchée  sur  un  ])romontoire  longé 
par  la  Varenne  ;  entre  la  Varenne  et  l'Egrenne  nous  trou- 
vons un  peu  au  N.  une  colline  de  251  m.,  puis  à  l'Epine 
d'Orbière  329  m.  De  l'autre  côté  de  l'I^grenne  s'étend  la 
forêt  de  Lande-Pourrie  (277  m.)  qui  se  continue  dans  le 
dép.  de  la  Manche.  Le  pays,  parcouru  par  la  ride  d'An- 
daine, est  appelé  le  Désert,  depuis  les  sources  de  la 
Mayenne  jusqu'à  la  forêt  d'Andaine.  Au  S.  de  cette  crête, 
le  sol  s'abaisse  assez  rapidement  vers  la  Mayenne  ;  cette 
partie  était  appelée  Pays  bas  par  opposition  au  Bocage, 
elle  dépendait  du  diocèse  du  Mans,  le  Bocage  de  celui' de 
Bayeux  ;  signalons  au  S.  de  Domfront,  près  d'Avrilly,  la 
butte  isolée  du  mont  Margantin  (270  m.)  qui  offre  un  ma- 
gnifique panorama  sur  l'ensemble  de  la  région.     A. -M.  B. 

Géologie.  —  Génék alités.  —  Le  dép.  de  l'Orne  com- 
prend, au  point  de  vue  géologique,  deux  régions  bien 
distinctes  :  à  l'O.,  un  massif  ancien  se  rattachant  à  la 
Bretagne;  à  l'E,,  une  série  de  collines  et  de  plateaux, 
constitués  par  des  auréoles  plus  ou  moins  régulières  et 
de  plus  en  plus  récentes  de  terrains  secondaires  et  ter- 
tiaires. La  ligne  de  sépai'ation  de  ces  deux  régions  est 
jalonnée  par  Neuvy-bur-Houlme,  Argentan  (3  kiî.  à  l'O.), 
Eleury,  Sées  et  Alençon. 

Le  granité,  le  précambrien,  le  silurien  et  quelques  lam- 
beaux de  dévonien,  qui  constituent  le  massif  ancien,  sont 


ORNE 


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disposés  sous  forme  de  bandes  aligjjées  sensiblement 
J^^.-O.  (structure  rayée).  Les  diverses  auréoles  des  ter- 
rains secondaires  et  tertiaires  ont  été  dérangées  de  leur 
position  primitive  par  les  plissements  qu'elles  ont  subis 
à  plusieurs  reprises  et  par  les  failles  de  direction  E.-O. 
qui  résultent  de  la  rupture  de  ces  plis.  Ces  failles  font 
affleurer  le  jurassique  à  FE.,  jusqu'au  delà  de  Mortagne, 
tandis  que  des  lambeaux  de  lias  moyen  et  de  cénomanien 
s'observent  jusque  sur  le  massif  primaire.  Le  crétacé  est 
principalement  développé  au  S.  et  à  TE.  de  Mortagne  ;  il 
apparaît  également  dans  les  vallées  du  N.  du  département. 
—  Le  tertiaire  ne  se  montre  guère  que  tout  à  fait  à  TE. 
où  il  forme  des  plateaux  assez  uniformes,  en  partie  cou- 
verts de  forets.  Les  mouvements  (|ui  iidlucncèrent,  à 
diverses  reprises,  la  Bretagne  et  la  bordure  0.  du  bassin 
de  Paris,  curent  j)our  résultat  d'exonder  la  région  qui 
forme  le  dép.  de  l'Orne.  Chaque  émersion  fut  mar(]uée 
par  une  absence  de  dépôts  sédimentaires  (absence  du  dévo- 
iiien  moyen  et  supérieur,  du  permo-carbonifère,  du  trias, 
des  étages  inférieurs  du  lias,  des  étages  compris  entre 
l'astartien  et  le  cénomanien,  du  sénonien,  du  danien  et 
d'une  partie  du  tertiaire). 

Tectonique.  —  Les  dislocations  du  sol  dans  le  dép.  de 
l'Orne  sont  assez  nombreuses.  Ce  sont  les  assises  pré- 
cambriennes  et  siluriennes  qui  montrent  les  plissements 
les  plus  accentués.  Elles  constituent  de  larges  bandes  dont 
la  terminaison  orientale  est  assez  complexe.  Le  plus  curieux 
des  accidents,  dont  on  n'a  pas  tenu  suffisamment  compte 
jusqu'à  présent,  est  la  cuvette  synclinale  qui  s'étend  entre 
Macé,   Sées  et  les  forêts  d'Ecouves,  de  l'Evéque  et  de 
Goult.  Cette  large  cuvette,  d'une  netteté  remarquable,  est 
bordée  par  le  cambrien  et  le  silurien  moyen,  et  son  fond  est 
constitué  par  le  silurien  supérieur  ;  elle  a  influé  beaucoup 
sur  la  direction  des  plis  qui  sont  assez  resserrés  sur  son 
flanc  nord.  Un  premier  anticlinal  cambrien  a  son  axe 
jalonné  par  des  attleurements  importants  de  microgranu- 
lite  (Le  Bouillon,  Fontenay-les-Louvets).  A  quelques  kilo- 
mètres au  S.,  on  trouve  le  synclinal  de  Saint-Nicolas  dont 
l'axe  est  tracé  par  des  lambeaux  de  dévonien.   Son  flanc 
méridional  bute  par  faille  contre  les  pliyllades  précam- 
briens qui  font  partie  de  l'anticlinal  d'Alençon  (granulite 
d'AIençon),  qui  se  poursuit  par  celui  de  La  Ferté-Macé 
à  rO.  et  se  dirige  à  TE.  vers  Mamers  et  La  Ferté-Ber- 
nard.   Au  S.  d'Alençon  s'étend  le  synclinal  d'IIesloup, 
prolongeant  celui  de  Pré-en-Pail.  Le  pli  le  plus  net  est 
connu  sous  le  nom  de  synclinal  de  Domfront-Bagnoles. 
Son  axe  est  constitué  par  le  silurien  supérieur,  et  ses  flancs 
par  le  silurien  et  le  cambrien.  Il  s'étend  dans  la  direction 
N.-O.-S.-E.,  depuis  la  forêt  de  Monaye  jusqu'au  delà  de 
Domfront,  mais  sa  lèvre  N.  vient  buter  contre  les  pliyl- 
lades et  le  granité.  Il  se  bifurcpe  à  Saint-Micbel-des- 
Andaines,  et  sa  branche  N.  se  continue  vers  la  forêt  d'Ha- 
louse  avec  des   caractères  semblables  (enfoncement  par 
faille  de  la  moitié  N.  du  pli).  Ces  sycbnaux  siluriens  com- 
prennent entre  eux  l'anticlinal  de  Dompierre,  dont  l'axe 
est  constitué  par  le  granité.  Ils  sont  également  limités  en 
grande  partie  par  le  granité,  au  N.  et  au  S.,  sur  plus  de 
30  kil.  (La  Ferté-Macé,  La  Ferrière  au  N.  ;  La  Boche 
Mobile  et  Juvigny  au  S.).  Plus  au  N.  apparaît  la  bosse 
granitique  d'Athis,  entourée  de  tous  côtés  par  les  phyl- 
lades  précambriens,  mais  au  N.  la  ligne  de  contact  des 
deux  formtations  a  lieu  par  faille,  et  des  lambeaux  de  silu- 
rien moyen  viennent  s'apphquer  en  plusieurs  points  sur 
le  granité.  La  zone  plissée  la  plus  septentrionale  s'étend 
dans  la  direction  de  Falaise,   Montabard  et  la  forêt  de 
Goufl'ern.  Cette  zone  présente  deux  synclinaux  de  direc- 
tion N.-O.-S.-E.,  séparés  par  un  anticlinal  très  accentué. 
Ces  divers  plissements  s'étaient  esquissés  dès  l'époque  pré- 
cambrienne,  ils  s'accentuèrent  au  silurien  supérieur,  puis 
au  dévonien,  au  carbonifère  et  se  re-ouèrent  de  nouveau 
au  jurassique,  au  crétacé  et  pendant  le  tertiaire,  de  sorte 
qu'ils  sont  la  résultante  d'une  série  de  mouvements  super- 
posés, parfois  difficiles  à  isoler  les  uns  des  autres.  Ce  sont 


ces  plis  anciens  ({ui  ont  servi  de  charnière  aux  plis  juras- 
siques, crétacés  et  tertiaires  ;  aussi  y  a-t-il  eu  continuité 
du  phénomène  de  plissement  dans  la  même  direction. 
C'est  ainsi  ([ue  Eanticlinal  de  Falaise  se  poursuit  par  celui 
du  Merlerault  où  l'on  voit  le  callovien  buter  contre  les 
assise:^  redressées  du  bathonien.  Ce  pli  s'étend  plus  au  S., 
un  peu  au  N.  de  Mortagne,  à  Bonneval,  et  de  Rémalard. 
L'anticlinal  d'xVlençon  se  continuepar  celui  de  La  Ferté- 
Macé,  à  FE.,  et  se  dirige  vers  Mamers  entre  le  Theil  et 
La  Ferté-Bernard.  De  petits  anticlinaux  et  synclinaux 
secondaires  se  montrent  entre  ceux  du  Merlerault  et  d'Alen- 
çon. 

Il  faut  également  signaler  au  N.  du  département  l'an- 
ticlinal de  Senonches  (jui  passe  au  S.  de  Vimoutiers  et  de 
Ticheville  et  se  dirige  vers  l^a  Ferté-Yidame.  Outre  ces 
plis,  il  existe  une  série  de  grandes  failles,  de  direction 
sensiblement  \L-0.,  celles  du  Merlerault,  du  Moulins-la- 
Marche,  de  Mortagne  (plus  de  30  kil.).  Elles  font  buter 
les  divers  étages  du  jurassique  entre  eux  ou  avec  le  cré- 
tacé. La  faille  de  Colouard,  au  S.,  met  en  contact  le  céno- 
manien et  les  calcaires  à  astartes.  Dans  les  premières 
failles,  c'est  la  lèvre  N.  qui  est  relevée  par  rapport  à  la 
lèvre  S.,  c'est  l'inverse  pour  la  dernière. 

Stratigraphie. — LeprécambrieuQsil'à  formation  laplus 
ancienne  du  dép.  de  l'Orne.  Il  forme  de  larges  bandes  ali- 
gnées sensiblement  N.-O.-S.-E.  La  bande  la  plus  méridio- 
nale s'étend  au  S.  de  Domfront,  dans  la  direction  de  Pré- 
en-Pail  (x>Ia}cnne)  et  réapparaît  vers  llesloup.  La  baiide 
centrale  ])art  de  FO.  d'Argenlan  et  se  dirige  vers  lù:ou- 
chère,  la  Bellière,  Sentilly  ;  elle  contourne  le  massif  gra- 
nitique d'Athis-Sainte-IIonorine  et  s'étale  largement  vers 
Tinchebrai.  Le  précambrien  comprend  des  schistes,  qùel- 
(juefois  ardoisiers  (Javron),  bleu  foncé  ou  vert  sale,  et  des 
grès  grossiers  de  couleur  sombre.  Des  bancs  de  jpoudinguo 
gris  et  de  calcaire  noir  y  sont  intercalés  ainsi  que  des 
schistes  à  blaviérite  (forêt  d'Ecouves,  forêt  de  Multonne). 
Ces  phyllades  sont  métamorphisés  au  pourtour  du  granité 
jusqu'à  une  distance  de  3  à  4  kil.  ;  ils  sont  mouchetés  de 
points  noirs  produits  par  la  concentration  de  la  matière 
charbonneuse  des  schistes.  Ils  deviennent  gneissiques  au 
voisinage  de  la  graFiulite  (Alençon).  Des  mouvements  très 
importants  eurent  lieu  après  le  précambrien  ;  ils  redressè- 
rent les  assises  de  cet  étage  sur  lesquelles  le  silurien  repose 
en  stratification  discordante.  La  ccunbrien  àéhuia  par  une 
formation,  assez  généralement  développée  en  Bretagne  sous 
le  nom  de  congloniérals,  de  poudinfjues  et  de  sdmleti 
pouj^prés,  à  ScoliUies  elTigillites,  que  l'on  observe  dans 
les  forêts  d'Ecouves  et  de  Bois-FEvêque.  Des  grès  feldspa- 
thiqucs  et  des  brèches  pétrosiliceuses  y  sont  intercalés. 
Ces  sédiments,  de  couleur  rutilante,  sont  recouverts  par  un 
grès  blanc  très  uniforme,  dit  grès  armoricain  (silurien 
}}iO'jen)  jouant  un  grand  rôle  dans  l'orographie  de  la  ré- 
gion, car  il  dessine  la  ligne  de  crête  des  forêts.  A  Dom- 
front, la  masse  de  grès  est  coupée  à  pic  par  des  gorges  qui 
permettent  d'en  mesurer  l'épaisseur,  supérieure  à  60  m. 
Ces  grès,  qui  vmÎQYmmi  Asaphus  armoricœnus ,  Lingula 
Lesiieuri,  offrent  une  remarquable  extension  dans  les  fo- 
rêts d'Ecouves,  de  FEvêtjue  et  de  Monaye.  Viennent  ensuite 
des  schistes  dits  à  CaUjmenes,  qui  accompagnent  et  forment 
des  bandes  parallèles  aux  grès  à  bilohites;  ils  sont  caracté- 
risés par  C<2////ueH^  Trisiani  et  Dabnanites  socialis.  Une 
couche  de  minerai  de  fer  (hématite),  épaisse  de  ^2  m.,  et 
autrefois  exploitée  dans  les  forêts  d'Andaine  et  de  la  Motte, 
sépare  les  schistes  des  grès  à  bilobites.  Au  voisinage  des 
porphyres,  les  schistes  à  Cal  y  menés  sont  métamorphisés. 
A  Saint-Barthélémy,  sous  Faction  de  la  granulite  d'Alen- 
çon, les  schistes  se  sont  chargés  de  belles  màcles  d'anda- 
lousite.  Ils  sont  surmontés  par  les  gi'ès  dits  de  May,  com- 
prenant des  assises  de  grès  blancs,  gris  ou  roses,  micacés, 
alternant  avec  des  schistes  et  des  psammites.  Ils  constituent 
une  assez  large  tache  dans  les  forêts  d'Andaine,  de  La  Ferté 
et  entre  les  forêts  d'Ecouves  et  de  Bois-FEvê(jue.  Aux 
Veaux,  ils  sont  schisteux  à  la  partie  supérieure  et  ren- 


ferment  une  lentille  de  calcaire  noir  à  encrineb»  On  y 
trouve  llomalonoius  Boimissenti,  Orlhis  rediix,  Co- 
nularia  pijramidata  et,  à  la  partie  supérieure,  Trinn- 
cleiis  ornalus. 

Le  silurien  supérieur  est  constitue  par  des  laml)eaux 
limités  en  partie  par  dos  failles,  auN.  deDomfront,  Saint- 
Michel,  Saint-Nicolas,  La  Ferrière,  Saint-Bartliélemy.  11 
est  formé  par  des  grès  bruns  et  blancs  (r/r^^s  culminants), 
couronnés  par  des  schistes  argileux  non  cristallins,  viola- 
cés, se  dcl)itant  en  menus  morceaux,  souvent  chargés  de 
matière  charbonneuse  et  passant  à  des  ampéliles.  On  y 
observe  des  graptolites  et  des  moules  à'Orthoceras  et  de 
Ceralocaris.  Le  silurien  supérieur  occupe  l'axe  des  syn- 
clinaux siluriens.  Le  dévonienest  assez  réduit  dans  le  dé- 
partemejit,  car  il  ne  comprend  que  des  grès  à  Orlhis Mon- 
nieri  (dévonien  inférieur),  qui  se  montrent  sur  le  revers 
méridional  de  la  foret  d'Lcouves,  près  de  Nicolas-des- 
Bois.  Cesgrès  noirâtres,  micacés,  alternant  avec  des  schistes 
grossiers,  noirs  et  bleuâtres,  renferment  (J/'^/u'^'  Monnieri, 
Pleurodiclyuni  problenialicum  et  de  nombreux  articles 
d'encrines.  11  n'existe  aucune  formation  depuis  le  dévo- 
nien inférieur  jusqu'au  lias.  Les  mouvements  les  plus  im- 
portants qui  eurent  lieu  entre  ces  doux  époques  se  iirent 
sentir  à  la  lin  du  carbonifère. 

Les  mers  du  lias  moyen  s'étendirent  en  transgression 
jusque  sur  le  massif  breton,  aussi  trouve-t-on  des  lam- 
beaux épars  jusque  sur  la  granuHte  (Sainte-Opportune, 
les  Tournelles),  à  une  ait.  supérieure  à  ^70  m.  Les  affleu- 
rements les  plus  importants  se  montrent  àl'O.  d'Ecouché, 
jusqu'à  Faverolle,  ou  ils  reposent  indifféremment  sur  le  pré- 
cambrien et  le  granité;  ils  ont  une  épaisseur  de  45  à  18  m. 
et  comprennent  des  poudingues  à  galets  de  ([uartz,  des 
sables  blancs  et  ferrugineux  et  surtout  des  grès  blancs  en 
grandes  dalles  (Sainte-Opportune).  On  a  exploité  jadis  des 
lits  de  minerai  de  fer  à  ce  niveau,  ou  l'on  rencontre  abon- 
damment :  Pecleib  œquiualuis  et  llliipich.  tetraeiira.  Il 
est  probable  que  le  lias  supérieur  s'étendait  encore  plus 
loin  que  le  lias  moyen,  mais  à  cause  de  sa  faible  consis- 
tance (argiles),  l'érosion  l'a  rapidement  fait  disparaître, 
on  ne  l'observe  qu  à  Bazoches  ou  il  a  été  protégé  par  le 
])ajocien.  Le  bajocien  ne  se  montre  ([u'en  quel([ues  points 
aux  environs  d'Alençon  et  d'Ecouché.  L'horizon  inférieur 
est  représenté  par  des  calcaires  plus  ou  moins  sableux 
(Condé-sur-Sarthe)  avec  lits  de  sables  renfermant  des  ro- 
gnons de  grès  lustrés,  siliciliés,  rappelant  les  meulières 
(Buttes  de  Montrayé).  ils  reposent  sur  la  granulite  ouïes 
phylladesetrenfermentï'er.  infraoolithica,  Rhynch.  Wîi- 
ghli.  Des  lambeaux  de  meulières  bajociennes  existent  au 
S.  de  La  Motte-Fouquet,  très  loin  des  limites  des  affleu- 
rements actuels  du  jurassique.  Le  bathonien  constitue 
une  bordure  discontinue  et  irrégulière  à  l'E.  du  massif 
ancien,  depuis  Neuvy-au-Houlme,  Chambois  jusqu'à  Ar- 
gentan, Mortrée,  AJençon  et  Sées.  Il  débute  par  des  cal- 
caires en  petits  bancs,  renfermant  des  silex  noirs  surmontés 
de  calcaires  compacts,  en  gros  bancs,  qui  sont  les  équiva- 
lents de  la  pierre  de  Caen,  et  soiit  exploités  ici  comme 
pierre  à  chaux.  Aux  sources  de  l'Orne,  ces  assises  passent 
à  dessables.  La  partie  moyenne  de  l'étage  (ooUthe  iniliaire) 
comprend  des  calcaires  blancs,  crayeux,  ou  sublitlio- 
graphijues,  généralement  oolithiijues,  renfermant  Ter. 
majcillala,  Purpuroùlea  niinax,  Anabacia  orbuliies. 

La  grande  oolithe  se  compose  de  calcaires  blancs  subli- 
thographiques (Sées)  et  de  calcaires  oolithiques  jaunâtres 
(Le  Merlerault)  exploités  comme  moellons  et  caractériséh 
par  Ter.  digona,  Eudesia  cardiuniet  Ostrea  costala.  En 
certains  points,  ces  calcaires  renferment  des  polypiers.  Des 
lits  charbonneux  sont  intercalés  dans  le  bathonien  supérieur 
des  environs  d'Alençon  ;  ils  passent  à  de  vrais  lignites  ré- 
sultant de  la  destruction  de  cycadées  et  de  fougères.  Près 
de  Sées  ce  sont  des  sables  siliceux  à  Equiselum  qui  se 
montrent  au  milieu  de  l'étage.  Partout  le  i*alhonieii  alfecte 
la  forme  de  dépôts  de  rivages  (retrait  de  la  mer  à  cette 
époque).  La  bande  callovienne  suit  la  bande  bathoniennc 


S91  —  ORNE 

depuis  l'E.  d'Alençon,  Lignières  au  S.,  jusqu'à  Montabard 
au  N.,  en  passant  par  Sées  et  Thellière.  L'étage  aftleure 
également  près  de  IVJortagne.  Ln  fait  très  intéressant  à  si- 
gnaler est  la  discordance  du  callovien  sur  le  bathonien  (Le 
Merlerault)  indiquant  l'existence  de  mouvements  assez 
considérables  à  la  lin  de  l'époque  bathonienne.  Le  callo- 
vien est  constitué  à  la  base  par  des  calcaires  marneux  gris 
bleuâtres  et  des  argiles  alternant  avec  des  calcaires  à  Ani. 
maci'ocepJialus,  A.  lîerveyi.  Au-dessus  viennent  des  cal- 
caires marneux  et  des  argiles  jaunâtres  à  Ani.  nwdiolaris , 
Am.  Jason.  La  partie  supérieure  est  représentée  par  des 
calcaires  marneux  ferrugineux  à  At)i.  coivnatus,  A)n. 
Jason,  surmontés  par  des  calcaires  et  des  sables  à  A}n. 
athlela.  L'cj^'/orc^/t^^u'ouvre  d'assez  vastes  surfaces  à  l'E. 
de  la  bande  callovienne,  depuis  les  environs  deMortagne, 
vers  Buyres,  Le  Menil,  Courtomer,  Brullemail,  au  N.  du 
Merlerault  et  à  i'O.  de  Bellème.  Il  forme  aussi  les  lianes 
des  hautes  vallées  de  la  Touques  et  de  la  Vieille.  La  base 
de  l'étage  comprend  des  argiles  bleues  alternant  avec 
des  bancs  de  calcaires  marneux  gris  bleu  à  A.  Mariœ 
et  A.  Lainberli,  A)n.  cjolialhus  et  Oslrea  dilalala.  Ces 
argiles,  assez  épaisses,  sont  recouvertes  par  des  grès 
quart/.eux  ferrugineux  passant  parfois  à  des  sables  à  Ani. 
cordatus. 

C'est  également  aux  environs  de  Bellème,  Mortagne, 
Moulins-en-Marche  et  sous  forme  de  liséré  dans  les  vallées 
de  la  Touques  et  de  la  Vieille  qu'aflleurent  le  rauracien 
et  le  séquanien,  qui  débutent  par  des  bancs  de  calcaire 
oolithique  grisâtre  ixEchinobrissus  sculalus,  Uonicidaris 
crenularis  et  polypiers  ;  puis  viennent  des  calcaires  mar- 
neux agresses  oolithes,  des  calcaires  compacts  ou  sableux 
pétris  de  Diceras  minus  et  de  nérinées.  —  On  trouve, 
au-dessus,  des  argiles  grises,  bleues  ou  noires  alterueint 
avec  des  calcaires  lithographi(|ues  et  des  lumachelles  d'Os- 
Irea  Brunlrulana,  0.  deltoidea,  etc.  Aux  environs 
d'Echauffour,  les  calcaires  sont  recouverts  par  des  sables 
à  Oslrea  solilaria  et  Trigonia  Bronni.  C'est  avec  ces 
dernières  couches  que  se  termine  le  jurassique. 

Le  crétacé  est  principalement  développé  dans  la  partie 
S.-E.  du  département,  au  N.  de  Mortagne.  Il  affleure 
également  dans  les  vallées  de  la  Tou(pies  et  de  la  Vire,  dont 
il  constitue  les  escarpements,  les  lianes  étant  formés  par 
le  jurassique.  Les  lambeaux  de  cénomanien  qui  s'étendent 
jusque  sur  les  phyllades  précambriens  et  sur  le  granité,  à 
l'E.  d'Alençon,  montrent  l'importance  de  la  transgression 
des  mers  à  cette  époque. 

Le  cénomanien  est  bien  développé  au  S.  de  Mortagne. 
Il  comprend,  à  la  base,  des  couches  argilo-sableuses,  vertes, 
chargées  deglauconie,  de  plusieurs  mètres  d'épaisseur,  où  l'on 
recueille  Os^rmf^^/cw/osrt,  surmontées  d'une  craie  sableuse, 
jaunâtre,  micacée,  moins  glauconieuse,  renfermant  des  silex 
spongiaires  et  un  grand  nombre  de  fossiles  :  Am.  ManteUi, 
Pecten  asper.  Au-dessus  viennent  des  couches  marneuses, 
plus  ou  moins  glauconieuses,  à  Am.  Rothomayensis.  A  la 
partie  supérieure  s'entremêlent  des  marnes  glauconieuses  où 
l'on  trouve,  outre  les  fossiles  précédents:  6' c;<2/'M(?s<^(yita/z5, 
Bolaster  subglobosus.  Les  marnes  supportent  des  sables 
dits  sables  du  Perche,  grenus,  ferrugineux,  dont  l'épais- 
seur est  assez  considérable  (40  à  50  m.).  Ils  sont  caracté- 
risés par  A.  navicularis  et  0.  Colomba  et  s'observent  à 
Longnyetdans  la  foret  éiQBiiWi'ma.La  turonien  est  beau- 
coup moins  développé  ;  on  ne  le  trouve  que  sous  forme  de 
lambeaux,  aux  environs  de  Longny  et  de  Laigle.  C'est  l'étage 
de  la  craie  marneuse  à  Inoceramus  labiatiis,  exploitée 
comme  chaux  hydrauUque  ou  comme  marne  pour  l'agricul- 
ture. Cette  craie  est  masquée  le  plus  souvent  par  des  assises 
tertiaires.  Le  crétacé  supérieur  (sénonien  et  danien)  n'existe 
pas. 

Le  tertiaire  s'étend  à  l'E.  et  au  N.  du  département. 
Les  assises  inférieures  (éocèno)  constituées  par  une  argile 
à  silex  affleurent  dans  la  plupart  des  vallées  duN.-E.  du 
département.  tJles  comprennent  une  argile  généi'alement 
rouge  avec  silex  de  la  craie  (produit  de  décalcification).  Au- 


ORNE 


—  5!)>> 


dessus,  ou  tj'uuve  parfois  des  sables  el  des  grès,  visibles 
autour  de  Laigle  et  près  de  la  l'orèt  de  Perseigue;  ils  sout 
recouverts  par  une  argile  rouge  ou  grise  empâtant  des  silex 
brisés  de  la  craie.  Cette  dernière  formation,  d'âge  proba- 
blement miocène,  recouvre  indistinctement  le  crétacé  et 
l'éocène  ;  elle  couronne  la  plupart  des  plateaux  et  elle  sup- 
porte de  grandes  forêts.  Le  Union  des  plateaux  (exploité 
pour  briques)  constitue  les  points  élevés  de  l'E.  du  dépar- 
tement (Laigle.  Moulins-la-Marcbe,  Longny).  11  est  formé 
d'argiles  plus  ou  moins  siliceuses,  de  couleur  jaune,  avec 
parties  calcaii'es  comprenant  aussi  des  sables  fins.  Les  allu- 
mions anciennes  n'oftrent  qu'une  faible  extension.  On  ren- 
contre de  la  tourbe  dans  certaines  vallées. 

Gb:oLOGiE  AGRICOLE.  — Hydkoi/)(;ie.  —  Le  granité  elles 
phyllades  précambriens  forment  une  région  de  prairies  na- 
turelles et  de  terres  où  l'on  cultive  le  sarrasin.  Ia's  gj*ès 
du  massif  ancien  dessinent  des  lignes  de  relief  couvertes 
de  forêts  (forêts  d'Andaine,  de  Monoye,  de  La  Ferté, 
d'Kcouves,  de  FEvêque,  etc.).  Ils  présentent  au  carre- 
four de  la  Verrerie,  dans  la  forêt  d'Ecouves  et  au  signal 
des  Avaloirs,  dans  la  forêt  de  Multonne,  les  deux  points  cul- 
minants de  ro.  de  la  France  (117  m.). La  ligne  de  faite, 
connue  sous  le  nom  d'axe  du  Merlerault,  sépare  le  bassin 
de  la  Seine  de  celui  de  la  Loire.  On  a  vu  plus  haut  (§  Tec- 
lonùiue)  (pfelle  était  duc  à  un  ])lissemeut  important, 
A  l'E.  de  cette  ligue,  le  pays  a  la  forme  d'un  vaste  pla- 
teau incliné  vecs  le  X.  et  principalement  formé  d'argiles  à 
silex  avec  quelques  kuubeaux  de  limon,  tandis  que  dans 
les  vallées  assez  encaissées  (jui  le  sillonnent  atlleurenl  le 
crétacé  et  le  tertiaire;  à  FO.,  les  terrains  sout,  comme  on 
l'a  indiqué,  beaucoup  plus  accidentés  et  fortement  ravinés. 
Les  calcaires  bathoniens,  les  argiles  à  silex  et  la  craie  de 
Kouen  sont  cultivés  eu  céj'éales;  ils  forment  connue  nne 
annexe  de  la  Campagne  de  Caen  ;  la  région  des  argiles  cal- 
b)viejme  el  oxfordienne  se  rattache  au  pays  d'Auge,  par 
ses  prairies  naturelles  et  ses  forêts  établies  sur  les  som- 
mets crayeux.  Les  prairies  sont  également  développées  sur 
le  crétacé  et  le  tertiaire  qui  constituent  un  teri'ain  très 
humide  ;  les  pommiers  à  cidre  sont  cultivés  en  grand  ;  les 
bois  et  les  forêts  sont  également  installés  snr  les  sables  du 
Perche,  Fargile  à  silex  et  les  graviers  anciens  des  vallées. 

Les  nappes  d'eau  souterraines  se  rencontrent  dans  les 
graviers  anciens  des  vallées,  les  sables  et  les  gi'ès  des 
différentes  couches  de  la  craie  et  dans  les  sables  bajociens 
(source  de  l'Orne)  et  rauraciens  ;  elles  sont  rares  et  donnent 
des  eaux  de  mauvaise  qualité  dans  les  argiles  oxfordienne 
et  callovienne;  sur  ces  terrains,  ainsi  que  sur  Fargile  à 
silex,  on  y  supplée  au  moyen  des  eaux  superficielles  qne 
l'on  recueille  dans  des  citernes.  Ph.  Glâxckald. 

Régime  des  eaux.  —  Les  eaux  du  dép.  de  l'Orne  se 
partagent  également  entre  les  bassins  de  l'Océan  par  la 
Loire  et  de  la  Manche  par  la  Seine,  laTompies,  la  Dives 
et  l'Orne.  Le  département  n'a  de  ces  rivières  que  les 
sources  et  le  cours  supérieur  ;  leur  régime  varie  selon  la 
nature  des  terrains;  le  débit  moyen  est  toujours  assez 
fort,  mais  les  ciaies  sont  graves  et  l'étiage  très  faible  dans 
FO.  du  département  aux  sols  impei'méables;  le  débit  est 
plus  constant  pour  les  rivières  de  FE.,  et  ce  n'est  qu'au 
dehors  du  département  qu'elles  s'enfoncent  momentané- 
ment sous  terre.  Toute  la  partie  cjui  relève  du  bassin  de 
la  Loire  en  est  tributaire  par  l'intermédiaire  des  deux 
rivières  qui  forment  la  Maine,  Sarthe  et  Mayenne. 

LaSartlie('i76  kil.,dont8'i  dans  FOrïie,"^d'oU  elle  em- 
porte 4.300  litres  par  seconde  en  eaux  moyennes,  "200  seu- 
lement en  très  basses  eaux,  50  m.  c.  en  crue)  naît  près 
de  Moulins-la-Marche,  descend  au  S.,  absorbe  l'iïoene 
(g.,  15  Idl.,  bassin  de  7.800  hect.),  (pii  passe  à  Bazoches- 
sous-iloéne;  elle  baigne  ensuite  Le  Méle-sur-Sai'tbe,  forme 
la  limite  du  dép.  de  la  Sarthe.  reçoit  a  droite  la  Tajjche 
(18  kiL)  et  la  Vande  (^21  kil..  bassin  de  1 1 .000  1ml.). 
grossie  de  la  N'esonne,  trct^ev-e  Alencon.  ou  elF.'  re- 
cueille la  Briante  (18  kd.)  issue  de  la  loi  et  d"E(  ouves.  passe 
à  Condé-sur-Sartbe.  forme  de  nouveau  ki  limite  el,  a])rès 


avoir  reçu  le  Sai'thon  au  pied  du  coteau  de  Saint-Céneri- 
le-Cérei,  quille  le  département.  Le  Sarthon  (29  kil., bas- 
sin de  'l'i.OOO  hect.,  eaux  moyennes  956  litres,  étiage 
J4  1.)  commence  près  de  Carrouges,  et  descend  droit  au 
S.  entre  les  forêts  d'Ecouves  et  de  Multonne.  Cette  région 
de  la  haute  Sarthe  formée  de  terrains  imperméables  a  des 
sources  nombreuses  mais  peu  copieuses,  dont  les  eaux,  dé- 
mesurément grossies  ai)rès  les  pluies,  tarissent  presque 
durant  la  sécheresse.  Il  en  est  autrement  du  grand  affluent 
de  la  Sarthe,  FHuisne  (i50  kil.  dont  80  dans  l'Orne). 
Xée  près  de  Pervenchères,  elle  se  dirige  vers  FE.,  pai'mi 
maints  détours,  arrose  Saint-Denis-sur-Huisne  oîi  elle  re- 
çoit la  Chiijpe  (g.,  'F2  kil.)  xcnm  de  Mortagne,  contourne 
Mauves,  reçoit  la  Villette  (g.,  -18  k.),  puis  àBoissy-Maugis 
la  Commanche  (g. ,  35  kil . ,  17 . 900  hect . ,  débit  normal  900 1 . 
p.  sec,  étiage  560  1.)  qui  naît  au  N.  de  Mortagne,  passe 
près  de  Tourouvre  et  reçoit  la  Jand)ée  (g.,  17  kil.)  ipn 
passe  à  L(»ngny.  L'Huisne  passe  ensuite  à  Rémalard,  Dor- 
ceau,  Condé-sur-Huisne  où  elle  absorbe  laCorbionne  (g., 
"27  kil.,  15.500  hect.,  débit  6()4  1.  p.  sec);  elle  tourne 
alors  vers  le  S.-O.,  entre  en  Eure-et-Loir  où  elle  passe 
à  Nogent-le-Kotrou,  revient  dans  le  département  ou 
elle  reçoit  FEvre  (dr..  19  kil.,  10.100  hect.,  ()00  1.  p. 
sec)  qui  baigne  Noce;  FHuisne  passe  ensuite  au  Theil  et 
(fuit te  le  dép.  de  l'Orne  pour  celui  de  la  Sarthe  à  90  m. 
d'alt.,  roulant  4.500  htres  par  seconde  en  temps  normal, 
1.700  à  l'étiage;  Foolithe  et  la  craie  lui  assurent  un  dé- 
bit autrement  régulier  ((ue  celui  des  rivières  granitiques 
et  schisteuses  de  FO.  En  dehors  du  déparlement,  elle  en 
reçoit  encore  la  Même  (dr.,  56  kil.,  16.500  hect.),  rivière 
de  Bellèine  el  d'igé,  grossie  de  la  Coudre  ([ui  passe  à  la 
Chapelle-Souef.  —  Avant  de  recueillir  FBuisne,  la  Sarthe 
a  encore  reçu  du  dép.  de  l'Orne  une  jolie  rivière  qui  n'y 
a  que  sa  source  et  ses  16premiei's  kil.,  l'Orne  Saosnoise 
(50  kil.,  42.000  hect.,  1  m.  c  p.  sec). 

La  Mayenne  (204  kil.,  dont  27  dansFOrne)  nait  au  X. 
dusignaldes  Avaloirs  et  au  S.  de  Lalacelle,  passe  au  bout 
de  2  kil.  et  demi  dans  le  département  auquel  il  donne 
son  nom,  puis  le  sépare  de  celui  de  l'Orne  pendant  25  kil. 
avant  de  tourner  vers  le  S.  et  de  s'engager  définitivement 
dans  le  dép.  de  la  Mayenne.  Elle  a  alors  28  m.  de  large, 
débite  5.422  litres  par  seconde  en  moyenne,  112  litres  à 
l'étiage,  45  m.  c  en  crue.  Son  cours  supérieur,  assez 
sinueux,  va  de  l'E.  à  FO.  Ses  affluents  dans  le  dép.  de 
yOvne  sont  :  la  Courbe  (19  kil.,  15.000  hect.,  815  1.  p. 
sec),  ([ui  emplit  plusieurs  étangs  et  reçoit  de  La  Eerté- 
Macé  la  Maure;  la  Vée  (19  kiL,  8.800  hect.,  615  1.  p. 
sec),  qui  descend  du  mont  d'Hère  et  passe  à  Bagnoles- 
les-Bains,  parcourant  des  sites  charmants  et  d'un  sauvage 
pittoresque;  le  ru  de  Ceneslay,  qui  passe  à  Juvigny-sous- 
Andaine.  En  dehors  du  dép.  de  FOrne.  la  Mayenne  reçoit 
encore  la  Yarenne  (dr.,  6i^  kil.,  60.000  hect.,  débit 
moyen  5.200  1.  p.  sec),  (|ui  naît  auN.  du  signal  deChar- 
lemagne,  passe  près  de  Messei-Saint-Gervais,  reçoit  à 
droite  FHalouse,  à  gauche  FAndainette,  passe  au  pied  des 
schistes  noirs  et  du  donjon  de  Domfront  en  des  gorges 
creusées  à  travers  des  grès  vêtus  de  pins  et  de  bruyères, 
reçoit  à  Torchamp  FEgrenne  (dr.,  28  kil.,  17.400  hect., 
débit  1.260  l.  p.  s.)  qui  passe  à  Lonlay-FAbbaye.  La  Va- 
renne  finit  à  Ambières,  peu  après  avoir  quitté  le  dép.  de 
FOrne;  Ikd.  plus  bas,  la  Mayenne  reçoit  le  Colmont  (dr.. 
50  kil.,  24.5()0  hect.)  ((ui.  durant  7  kil.,  asé])aré  les  dép. 
de  l'Orne  et  de  la  Manche. 

Le  bassin  de  la  Seine  recueille  les  eaux  de  FE.  du  dé- 
partement par  FEure  et  par  la  Risle.  Sur  les  225  kil.  de 
son  cours,  FEure  n'a  que  les  10  premiers  dans  FOrne  : 
elle  y  nait  dans  la  forêt  de  Longny,  d'abord  simple  déver- 
soir de  l'étang  de  Kumien  (ait.  254  m.),  auquel  se  joifit 
la  ]M>nta,  déversoir  de  l'étang  des  Personnes  et  de  Saint- 
Laurent  ;  elle  pass<3  à  Ncuilly-sur^Eure  et  entre  en  Em  o- 
et-Loir.  rouFint  j  peine  270  litres  p.'r  seconde  :  elle  y  re- 
çoit bientôt  le  Livier  venu  comme  elle  de  la  forêt  de 
Longnv.  Deux  de  ses  autres  affluents  naissent  aussi  dans 


—  598 


ORNE 


les  collines  du  Perche,  l'Avre  et  l'Iton.  L'Avre  (72  kil. 
dont  17  dans  l'Orne)  sort  d'étangs  de  la  forêt  du  Perche, 
arrose  Randonnai,  Irai,  mais  n'est  encore  qu'un  mince 
ruisseau  quand  elle  passe  dans  le  dép.  de  l'Eure,  débitant 
"266  litres  par  seconde  (36  àl'ctiage).  — L'Iton  (118  kil. 
dont  33  dans  l'Orne,  qui  possède  14.000  des  112.300  hect. 
de  son  bassin,  sort  dans  la  forêt  de  la  Trappe  où  il  forme 
un  grand  étang,  passe  devant  le  monastère,  descend 
au  N.-E.  à  travers  la  plaine  tertiaire,  et  débite  seulement 
627  litres  par  seconde  quand  il  entre  dans  le  dép.  de 
l'Eure. 

La  Risle,  Rille  ou  Rile  (140  kil.  dont  37  dans  l'Orne, 
bassin  de  231.000  liect.  dont  50.000  dans  l'Orne,  débit 
final  10  m.  c.  par  seconde,  8  à  l'étiage,  débit  à  la  sortie 
de  l'Orne  1.700  1.  par  sec.)  commence  au  N.  des  monts 
d'Amain,  à  l'O.  du  Merlerault,  arrose  Sainte-Gauburge- 
Sainte-Colombe,  Rai,  Laigle,  Saint-Sulpice-sur-Risle  et 
passe  au  dép.  de  l'Eure.  Du  dép.  de  l'Orne,  elle  reçoit  la 
Somaire  (g.),  la  Charentonne  (g.,  58  kil.  dont  19  dans 
rOrne,  bassin  de  i7.700  hect.,  débit  moyen  final  2.860  1. 
par  sec),  qui  sort  de  la  forêt  de  Saint-Evroult,  passe 
près  de  La  Ferté-Frènel  ;  son  affluent  de  gauche,  le  Cruel, 
nait  dans  le  dép.  de  l'Orne,  s'y  engouffre  sous  terre  et  re- 
paraît à  la  limite  du  dép.  de  l'Eure. 

La  Touques,  sur  110  kil.,  aies  28  premiers  dans  le  dép. 
de  l'Orne  oîi  elle  draine  18.400  hect.  ;  née  à  Champ-Haut, 
à  4  kil.  du  Merlerault,  elle  descend  au  N.  par  Gacé,Neu- 
ville-sur-Touques,  Ticheville,  entre  dans  le  Calvados  avec 
un  débit  moyen  de  1.900  litres  par  seconde  (étiage  2601.). 
La  Dives  (100  kil.  dont  40  dans  l'Orne,  où  elle  draine 
42.000  hect.)  naît  entre  Gacé  et  Exmes,  descend  vers  le 
N.-O.,  arrose  Trun,  et  passe  dans  le  Calvados,  à  70  m. 
d'alt.  environ,  roulant  1  m.  c.  par  seconde  en  temps  noi*- 
mal,  81  litres  à  l'étiage.  Son  affluent  de  droite,  la  Vie 
(59  kil.  dont  29  dans  l'Orne),  née  près  de  Gacé  et  à  peu 
près  aussi  forte,  arrose  la  petite  ville  de  Vimoutiers  et 
pénètre  en  Calvados  où  elle  reçoit  la  Monne  (g.)  née  dans 
le  dép.  de  l'Orne. 

L'Orne  mesure  170  kil.  dont  93  dans  le  département 
qui  porte  son  nom  et  dont  elleégoutte  165.000  hect.  Elle 
naît  à  Aunou,  àl'E.  deSées,  dans  la  dépression  qui  sépare 
le  Perche  du  Bocage,  descend  à  l'O.  par  la  petite  ville  de 
Sées,   incline  au  N.-O.,  se  grossit  de  la  Senevière  (g., 
15  kil.),  venue  du  signal  culminant  de  la  forêt  d'Ecouves, 
de  laThouanne  (g.,  19  kil.),  également  issue  de  la  forêt 
d'Ecouves  et  qui  passe  près  de  Mortrée  et  au  château  d'O. 
L'Orne  passe  ensuite  à  Médavy,  reçoit  le  Don  (dr.,  29  kil., 
bassin  de  13.2u0  hect..  débit  660  l.  p.  sec.)  qui  draine 
les  pâturages  du  Merlerault;  l'Ure  (dr.,  33  kil.,  bassin 
de  11.600  hect.,  débit  5801.),  qui  nait  au  Ménil-Froger, 
arrose   les  prairies  du  fameux  liaras  du  Pin  où  elle  se 
grossit  de  la  Gueugc  (g.,   15  kil.,  rivière  de  Nonant-le- 
Pin.  En  aval  du  confluent  de  l'Ure,  l'Orne  baigne  Argen- 
tan, reçoit  la  Baise  (g-,  17  kil.)  alimentée  par  l'émissaire 
de  l'étang  de  Vrigny,  puis  Ecouché  où  elle  reçoit  la  Cance 
(dr.,  26  kil.,  bassin  de^  11.300  hect.,  débit  570  1.  p. 
sec.)  venue  de  la  forêt  d'Ecouves,  et  l'Udon  (g.,  26  kil., 
bassin  de  12.800  hect.,  débit  640  1.  p.  sec),  ([ui  passe 
près  de  Carrouges.   L'Orne  décrit  ensuite  de  capricieux 
méandres  entre  Serans  et  Putanges  quand  elle  pénètre 
dans  les  roches  cambrieinies   après  le  confluent  de  la 
Maire  (g.,  14  kil.).  Elle  reçoit  à  la  limite  du  dép.  du 
Calvados  la  Baise,  rivière  du  pays  d'Houlme,  longue  de 
26  kil.  dans  un  bassin  de  12.400  hect.  qui  lui' fournit 
620  htres  par  seconde.  Pres(|ue  en   face   débouche  la 
Rouvre  (g.,  38  kil.,  bassin  de  28.750  hect.,  débit  2.520  l. 
par  sec)  ;  née  au  N.-E.  de  La  Ferté-Macé,  elle  recueille 
laBriouze(g.,  15  kil.).  qui  ègoutte  les  marais  du  Grand- 
Hazé  et  baigne  la  ville  d(>  Briouze  ;  la  Rouvre  s'encaisse 
ensuite  entre  d'étroits,  profonds  et  sombres  défilés.  Le 
dernier   affluent  de  TOrne  dans  ce   département  est  le 
Noireau  (g.,  42  kil.,  bassin  de  46.560  hect.  dont  26.200 
en  Orne),   rivière  de   schistes  et  de  graniles.  issue  du 

r.RANDE  KNCYCLOPLUIE.    —    XXV. 


massif  de  Chaulieu,  centre  du  Bocage;  elle  passe  à  Tin- 
cliebray,  Montsecret,  Cerisi-Belle-Eloilc,  Caligny,  Saint- 
Pierre-du-R égard,  Condé-sur -Noireau  (Calvados),  Cahan, 
reçoit  à  dr.  la  Vère  (20  kil.)  qui  vient  de  la  forêt  d'Ha- 
louse  et  arrose  Fiers. 

Climat.  —  L'Orne  possède  le  climat  séquanien,  doux 
et  humide  à  raison  du  voisinage  de  la  mer  d'où  lui  vien- 
nent les  vents  pluvieux  d'O.  et  de  N.-O.  ;  ceux  du  S.-O. 
et  du  N.  sont  également  fré([uents  ;  ceux  d'E.,  appe- 
lés ventaines,  soufflent  en  mai  où  leur  froidure  nuit  à  la 
floraison.  Les  collines  du  Bocage  normand  sont  une  des 
régions  les  plus  pluvieuses  de  la  France  occidentale,  les 
nuages  venant  s'y  condenser  sur  la  chaîne  des  Andaines, 
notamment  à  Domfront  ;  la  chute  d'eau  moyenne  y  est  de 
1.400  millim.  ;  elle  décroît  à  mesure  qu'on  avance  vers 
l'E.,  n'est  plus  que  de  700  millim.  dans  le  Perche, 
moindre  encore  sur  la  lisière  tertiaire.  On  évalue  la 
moyenne  départementale  à  900  milhm.  par  an.  La  tem- 
pérature est  naturellement  plus  basse  sur  les  sommets  et 
dans  les  hautes  vallées  souvent  brumeuses. 

Flore  et  faune  naturelles.  —  V.  France,  ^  Flore; 
France  et  Europe,  §  Faune. 

Histoire  depuis  1799.  —  Le  dép.  de  l'Orne  a  été 
constitué  en  1790  de  territoires  empruntés  aux  anciennes 
provinces  de  Normandie  et  du  Maine  ;  on  a  prélevé  316.867 
hect.  sur  la  Normandie  propre,  94.848  sur  le  duché 
d'Alençon,  149.338  sur  le  Perche.  L'histoire  antérieure 
à  1789  se  trouve  aux  mots  Normandie,  Alençon,  Perche, 
Maine,  Domfront,  etc.  La  Révolution  française  fut  ac- 
cueillie avec  joie,  et  les  habitants  incHnaient  vers  le  parti 
girondin.  L'armée  vendéenne  traversa  le  S.  du  départe- 
ment en  1793,  et  Chabot  mit  Alençon  en  état  de  défense. 
Les  brigandages  des  Chouans,  manifestés  surtout  par  des 
pillages  et  des  chantages,  troublèrent  les  campagnes  à 
répo(pie  du  Directoire.  Mais  lorsqu'on  1799  Frotté  voulut 
amplifier  ce  mouvement,  fortifiant  les  châteaux  de  Fiers, 
Glapion,  Touvois,  la  Haye,  le  premier  consul  le  fit  saisir 
à  Alençon  et  fusiller.  — "^En  nov.  1870,  le  dép.  de  l'Orne 
fut  envahi  par  les  Allemands;  ils  l'occupèrent  d'une 
façon  continue  à  partir  de  janvier  après  de  petits  succès 
au  Theil  et  ta  Alençon. 

Les  personnages  célèbres  du  xix^  siècle  nés  dans  le  dép. 
de  l'Orne  (pour  l'époque  antérieure,  V.  Normandie)  sont  : 
le  général  Ernouf  (1753-1827),  né  à  Alençon;  le  chef 
royahste  Puisaye  (1754-1827),  né  près  de  Mortagne;  les 
médecins  la  Billardière  (1755-1834)  et  Desgenettes(1762- 
1837),  nés  à  Alençon;  l'archéologue  Pouqueville  (1770- 
1838),  né  au  Merlerault;  la  devineresse  M"«  Lenormand 
(1772-1843),  née  à  Alenc^-on  ;  le  musicien  Catel  (1773- 
1830),  ne  à  Laigle  ;  le  philoso])he  Thomas-Henri  Martin 
(1813-84),  né  à  Bellême  ;  Thistorien  Feillet  (1824-72), 
né  à  La  Ferté-Macé  ;  le  peintre  verrier  Oudinot  (1827-89),' 
né  à  Alençon,  etc. 

Divisions  administratives  actuelles.  —  Arron- 
dissements. —  Le  dép.  de  l'Orne  comprend  4  arrondisse- 
ments :  Alençon,  Argentan,  Domfront,  Mortagne  ;  ils  sont 
subdivisés  en  36  cantons  et  512  communes.' On  en  trou- 
vera plus  IqIu  le  détail. 
^  Justice.  Police.  —  Le  département  ressortit  à  la  cour 
d'appel  de  Caen.  Alençon  est  h  siège  des  assises.  Il  v  a 
4  tribunaux  de  première  instance,  1  par  ch.-l.  d'arron- 
dissement; 5  tribunaux  de  commerce,  à  Alençon,  Argen- 
tan, Fiers,  Laigle,  Vimoutiers;  1  justice  de  paix' par 
canton.  Le  nombre  d'agents  chargés  de  ('onstater  les  crimes 
et  délits  était,  en  1891,  de  267  gendarmes  (52  brigades), 
11  commissaires  de  police,  16  agents  de  pohce,  82  gardes 
champêtres,  694  gardes  particuliers  assermentés,  70  gardes 
forestiers.  Il  y  eut  3.927  plaintes,  dénonciations  et  pro- 
cès-verbaux. 

Financer.  —  Le  département  possède  1  directeur  et 
1  inspecteur  des  contributions  directes  à  Alençon,  1  tré- 
sorier-payeur général  à  Alençon,  3  percepteurs  de  ville,  à 
Alençon,  Domfront.  Mortague;  3  receveurs  particuliers,  à 

38 


ORNE 


—  304  — 


Argentan,  Doiiifroiii,  Morlagnc  ;  1  dii'ecleiir,  3  sous-ins- 
pecteurs de  l'enregistrement,  4  conservateurs  des  Ityi)o- 
thèques  (1  par  arr.).  J.e  recouvrement  des  conlrihutions 
indirectes  est  assuré  par  1  directeur  et  ^  i[ispectears  à 
Aiençon,  4  soiis-direcleiir  à  [)oniiront,  ^1  re('eveurs  prin- 
cipaux entreposeurs  à  Aiençon  et  Domfront,  "1  receveurs 
entreposeurs  à  Argentan  et  Morlagne. 

Instruction  l'umjQUK.  —  Le  dép.  de  l'Orne  l'elcve  de 
l'Académie  de  Caen.  1^'inspecteur  d'Académie  réside  à 
Aiençon.  Il  y  a  4  inspecteurs  primaires  (1  par  arron- 
dissement). L'enseignement  secondaire  se  donne  aux  gar- 
çons dans  le  lycée  d'Alençon,  les  collèges  commujuuix 
d'Argenlan,  Domfront,  Llers,  Sées  et  3  inslitutions  libres. 
Il  existe  une  école  primaire  supérieure  à  La  Ferté-Macé. 
Aiençon  a  des  écoles  normales  d'instituteurs  et  d'insti- 
tutrices. 

Cuj/fEs.  —  Le  départ cnjent  forme  pour  le  culte  ca- 
tholi({no  le  diocèse  de  Sées,  snffragant  de  rarclicvè- 
clic  de  Rouen,  Il  compte  (au  J^^'  nov.  1804)  2  vicaires 
généraux,  8  chanoines,  43  curés,  4(i7  desservants,  133  vi- 
caires. —  Le  culte  réformé  a  ^  pasteurs  pour  environ 
1.300  fidèles. 

Armée.  —  L'Orne  appartient  à  la  4^'  régicm  militaire 
(f.e  Mans)  et  en  forme  les  7^'  (Aiençon)  et  8^-  (Ai'gentan) 
subdivisions;  la  4^  brigade  de  cavalerie  a  son  siège  à 
Aiençon  ({ui  renferme  uii  dép<")t  de  remonte. 

Divers.  —  Le  département  ressortit  à  la  4'^  légion  de 
gendarmej'ie  (Le  Mans),  à  la  division  miiiécalogique  du 
Nord -Ouest,  arr.  du  Mans,  à  la  13^  inspection  des  ponts 
et  chaussées,  à  la  1''^  j'égion  agricole  du  Nord-Ouest,  à  la 
13^  conservation  des  forêts,  qui  y  a  '2  inspecteurs, 
à  Aiençon  et  Mortagne  ;  il  possède  '2  chambres  de  com- 
merce, à  Aiençon  et  Mers,  4  cbambres  consuhatives  des 
arts  et  manufactures,  àLaigle,  La  Ferté-Macé,  Tinchebray, 
Vinioutiers. 

Démographie.  —  Mouvement  de  la  popueation.  — 
Le  recensement  de  1806  a  coiistaté  dans  l'Orne  une  po- 
pulation totale  de  340.102  hah.  Voici,  depuis  le  commen- 
cement du  siècle,  les  chiffres  donnés  par  les  recensements 
précédents  : 


1801 

..       303.738 

1836 

,.       430.127 

1806 

..       424.660 

1861 

..       423.330 

1821 

..       422.884 

1866 

414.618 

i^^m 

..        434.370 

1872 

. .       308.230 

1831 

..       441.881 

J876 

. .       302.326 

1836 

..       -443.688 

1881 

376.126 

1841 

442.072 

1886 

367.2^^8 

7846 

..       442.107 

1801..... 

334.387 

1831    .... 

,.       430.884 

1806...,. 

330.162 

Il  résulte  de  ces  cbiifres  (pie  la  population  a  diminué 
de  36.376  depuis  le  commencement  du  siècle.  De  plus, 
comme  le  chiffre  de  1801  est  certahiement  trop  faible,  à 
cause  d'omissions,  si  nous  pai'tonsdu  chiffre  de  1806,  nous 
constatons  en  00  années  (uie  diminution  de  83.307  liab., 
soit  21  1/2  "^/o.  Ce  mouvement  ne  remonte  pas  à  Torigine 
du  siècle.  Jusipi'en  J836  la  population  a  un  peu  augmenté; 
elle  est  ensuite  demeurée  statiomuure.  et  c'est  seulement 
en  1846  que  le  déclin  a  commencé,  pour  devenu'  très  ra- 
pide à  partir  de  1831.  Dans  les  cin(iuantc  aimées  écou- 
lées de  1846  à  1806,  le  déchet  est  de  102.043  âmes. 
Le  dép.  de  l'OruV  se  dépeuple  avec  une  inquiétante  rapi- 
dité, en  pleine  paix,  sans  qu'aucune  catastrophe  ou  crise 
anormale  puisse  ex])liquer  ce  phénomène.  Il  est  dû  pom' 
environ  un  tiers  ou  deux  cinquièmes  à  Lémigration.  pour 
les  deux  tiers  ou  les  trois  cin((uièmes  à  l'excédent  des 
décès  sur  les  naissances.  Nous  y  l'cviendrons  tout  à 
l'heure. 

O  mouvement  n'est  pas  tout  à  fait  uniforme  dans  les 
diverses  ])arties  du  déparltMuiMd.  On  s'en  r(mdra  compte 
en  comparant  les  l'ecensemcnts  de  1801,  1831  et  1<S0(), 
arrondissement  pai'  arrondissemeid. 


arrondissements 

l\)[)ulation 
en  ISUi 

i'opulatioH 
on  1851 

Inoculation 
on  180G 

AIOHCOll 

G7.U5I') 
10t. GIG 
110.528 
113.538 

72.208 
tOG.851 
138. G57 
122.075 

50.127 
77.730 
112. 87 t 

80.131 

Ari:'('iilan 

JJoinrroiit 

Murtayne 

Totaux 

395.738 

130.881 

330. 1G2 

Demilë  de  la  populalioii  par  kilonièlre  carré. 


AURONIJISSEMENTS 

■  Superficie 
d'après 

le 
cadastre 

1801 

1831 

-1806 

1 

Variation 
de    1801 
à  180G 

AloU(;on  ..  . • 

Ai'i^entan 

Domfront 

Morlagne 

Dép.    entier.. 

hoet. 
103.325 
18G.08I 
123.3G1 
10G.05G 

G5 
5G 
80.  5 

57,8 

70 

57.1 
112;  l 

G2.  3 

57,2 

11, G 
01,5 
I5,G 

—  7  s 
-Ihl 

G00.720 

05 



72,1 

55,  G 

-  0, 1 

Voici  les  cbiffres  absolus  pour  la  dernière  j)ériode  : 


ARRON- 
DISSEMENTS 


Aiençon.  . . , 
Argentan. . . 
Domfront . 
Mortagîie  . . 

Totaux  du 
département. 


1872 


G7.23! 

00.838 
131.120 
108.710 


398.250 


1876 


GG.715 
80.158 
130. G70 
105.083 


392. 52G 


1881 


G3.00I 
86.781 
125. 3 IG 
100.032 


37G.12G 


1886 


G2.705 
83.900 
121.188 
95,075 


3G7.218 


1801 


G 1.500 
80.020 
117.921 
93.953 


351.387 


1806 


59.1 

77.730 
112.871 
80.  131 


339. 1G2 


Lu  somme,  les  arrondissements  qui  diminuent  le  plus 
sont  ceux  où  la  densité  est  le  plus  faible  :  Argentan  d'abord, 
puis  Mortagne,  puis  Aiençon,  tandis  que  Domfront,  après 
avoir  pas  mal  progressé,  a  heaucoup  reperdu,  mais  de- 
meure encoi'c  un  peu  plus  peuplé  qu'en  1801.  Dans  la 
région  de  la  plaine  normande  et  des  collines  du  Perche, 
la  dépo])uhdion  remonte  loin;  dès  le  xviu«  siècle,  Voltaire 
la  signalait  ;  le  phénomèiKî  est  le  même  dans  les  départe- 
ments voisins,  Eure  et  Calvados,  qui,  sauf  dans  les  arron- 
dissements urhains  d'Evreux  et  Caen,  ont  une  population 
bien  infériiHire  à  celle  du  commencement  de  ce  siècle, 
lùirayée  un  instant  par  l'amélioration  que  la  Révolution 
apporta  an  régime  de  la  propriété,  la  décroissance  a  re- 
pris. L'arrondissement  bocager  de  Domfront,  d'ailleurs 
j)lus  industrieux,  a  mn^  population  spécifique  double  de 
celle  des  aiT'ojidisscjnents  orientaux. 

Au  ])oint  de  vue  de  la  })opulation  totale,  le  i[('\).  de 
rOrne  était,  en  1806,  le  48^  Au  point  de  vue  de  la 
j)opulation  spécitique,  il  est  le  32^,  avec  une  densité 
de  33,6  hien  ijderieure  à  la  moyenne  française  (73  hab. 
par  kil.  q.),  alors  (pi"en  1801  et  en  1831  encore,  il  était 
iort  ait-dessus  de  cette  nnmume.  Cette  densité  varie  de 
28  hal).  j)ar  kil.  (|.  dans  le  Vaut,  de  La  Lcrté-Frènel  et 
dans  celui  d'Lxmes,  à  203  dans  celui  de  Fiers. 

La  p(»pulatioii  iia^  cbefs-lieuv  d'arrondissement  et  de  la 
ville  de  Fiers  se  répai'lissait,  ejil806,  de  la  manière  suivante  : 


X'ICLlvS 

Population 

municipale 

aggiom. 

Epai-se 

Comptée 

a 

part 

Totale 

Al(-n.  Ml, 

Aru(Milan 

Doinliont ., 

Mcjrtaiin*; 

Mers  ; ,...u 

11.52G 
5.070 

2.3!)7 

3.872 

11.103 

8(il 

523 

2 .  035 

1.3M 

2.193 

2.151 
71G 

531 

61 

108 

17.811 

G.  309 

l.9()G 

1.277 

13.101 

—  595 


ORNE 


La  population  cparse  est  (on  1891)  de  611  hab.  pour 
i  .000,  proportion  double  de  la  moyenne  française  (366  *^  'oo) 
et  qui  affirme  la  prépondérance  de  l'élément  rural;  elle 
est  analogue  à  celle  de  la  Manche  et  de  l'Ille-et-Vilaine 
et  à  la  moyenne  générale  de  la  Bretagne. 

La  population  se  répartit  comme  suit  entre  les  groupes 
urbains  et  ruraux  : 


POPULATION 

au   30    mai    188G 

Urbaine 75.961 

Rurale 278.426 

Total 354.387 


POPULATION 
au   29   mars   18DG 

Urbaine 74.709 

Rurale 264.453 


Total 339.162 


Le  nombre  des  communes  urbaines  (plus  de  2.000  hab. 
agglomérés)  était  en  1896  de  li,  occupant  une  surface 
totale  de  22.787  hect.,  contre  586.972  hect.  occupés 
par  les  501  communes  rurales.  Voici  quelle  était  l'impor- 
tance respective  des  populations  urbaine  et  rurale  aux  re- 
censements de  1856,  1872,1886  et  1896  pour  100  hab.  : 


1856     1872 

1886 

1896 

Population  urbaine. . . 
—        rurale. . , . 

.     15,72     16,35 

.     84,28     83,65 

20,98 
79,12 

22,03 

77,97 

La  population  rurale  domine  et  forme  encore  près  des 
trois  quarts  de  la  population,  alors  qu'en  France  elle  n'en 
forme  plus  que  60  7o- 

Le  mouvement  de  la  population  en  1896  se  traduit  par 
les  chiffres  suivants  :  naissances  légitimes,  5.420  dont 
2.723  masculines  et  2.697  féminines;  naissances  natu- 
relles, 342  dont  i6i  masculines  et  181  féminines  :  soit 
un  total  de  5.762  naissances.  Il  y  eut  284  mort-nés.  Le 
nombre  des  décès  fut  de  7.744  dont  3.988  masculins  et 
3.756  féminins.  Il  s'ensuit  que  l'excédent  des  décès  sur 
les  naissances  fut  de  1.982,  chilTre  plus  fort  que  celui 
d'aucun  autre  département  français  et  représentant  6  °/oo 
de  la  population  totale.  Le  noml)re  des  mariages  a  été  de 
2.398,  celui  des  divorces  de  103.  En  somme,  la  propor- 
tion des  mariages  est  do  7  par  1.000  hab.,  celle  des 
naissances  de  16  ^/oo,  celle  des  décès  de  22  «/oo.  Sur 
l'ensemble  de  la  France  on  constatait  par  1.000  hab. 
8  mariages,  près  de  23  naissances  et  un  peu  plus  de 
20  décès;  chiffres  déjà  bien  faibles  pour  la  natahté 
(V.  France,  Natalué,  MoiiiALrrÉ,  Nuptlvlité).  Dans 
l'Orne  la  mortalité  dépasse  la  moyenne,  et  la  natalité  est 
inférieure  ;  la  situation  démographique  est  donc  déplo- 
rable. Le  nombre  moyen  d'enfants  par  famille,  toutes  fa- 
milles réunies,  est  de  194  7o  (moyenne  française  210)  ;  en 
ne  tenant  compte  que  des  familles  qui  ont  des  enfants,  il 
est  de  237  (moyenne  française,  259).  La  natalité  est  res- 
treinte par  le  malthusianisme,  d'autant  plus  que  dans  ces 
pays  d'élevage  on  n'a  pas  besoin  de  beaucoup  de  bras  ; 
mais  on  trouve  une  moindre  natalité  dans  d'autres  dépar- 
tements ruraux  ;  ce  qui  aggrave  la  situation  de  FOrne, 
c'est  le  taux  élevé  de  sa  mortalité  ;  il  est  dû  pour  beau- 
coup à  l'alcoohsme,  à  la  consommation  de  l'eau-de-vie 
de  cidre,  très  toxique,  et  partout  répandue  à  cause  des 
fraudes  que  généralise  la  tolérance  des  bouilleurs  de  cru. 
Ces  phénomènes  sont  les  mêmes  dans  les  quatre  arron- 
dissements, un  peu  plus  accentués  dans  ceux  d'Argentan 
et  de  Mortagne.  L'âge  moyen  de  la  population  est  (cji 
1891)  de  35  ans. 

La  répartition  des  communes  d'après  Timportance  de 
la  population  a  donné  en  1891  pour  les  512  communes 
du  département  :  3  corn,  de  moins  de  100  hab.  ;  56com. 
de  101  à  200  hab.  ;  106  com.  de  201  à  300  hab.  ; 
69  com.  de  3Ul  à  400  hab.  ;  62  com.  de  401  à  500  hab.  ; 
134  com.  de  501  à  1.000  hab.  ;  44  com.  de  1.001  à 
1.500  hab.  ;  16  com.  de  1.501  à  2.000  hab.;  6  com.  de 
2.001  à  2.500  hab.  ;  4  com.  de  2.501  à  3.000  hab.  ; 
3  com.  de  3.001  à  4.000  hab.  ;  4  com.  de  4.001  à 
5.000  hab.;  3  com.  de  5.001  à  10.000  hab.  et 
2  com.  de  plus  de  10.000  hab.  (Alencon  et  Fiers). 


Voici  par  arrondissement  et  canton  la  liste  des  com- 
munes dont  la  population  agglomérée  en  1896  dépassait 
1.000  hab.  Les  chiffres  de  superficie  ne  sont  pas  rigoureu- 
sement exacts,  parce  que  nous  attribuons  toute  la  super- 
ficie des  villes  divisées  entre  plusieurs  cantons  au  premier 
de  ces  cantons  dans  la  hste.  Les  surfaces  cantonales  sont 
indiquées  d'après  la  Situation  financière  des  communes 
(année  1898)  : 

Arrondlssement  d'Alencon.  (6  cant.,  92  com 
103.325  hect.,  59.127  hab.).  —  Cant.  d'Alençon  (E.) 
(8  com.,  8.513  hect.,  16.829  hab.)  :  Alençon,  17.841 
hab.  (16.980  a^ggl). —  Cant.  d'Alençon  (0.)  (16  com., 
16.645  hect.,  12.441  hab.  dont  3.564  pour  sa  part  de 
la  ville).  —  Cant.  de  Carrouges  (24  com.,  28.287 
hect.,  10.449  hab.).  —  Cant.  de  Courtomer  (16  com., 
14.643  hect.,  5.023  hab.).—  Cant.  de  Mêle-sur-Sarthe 
(15  com.,  15.191  hect.,  6.140  hab.).  —  Cant.  de  Sées 
(13  com.,  19.970  hect.,  8.245  hab.)  :  Sées,  4.275  hab. 
(3.278  aggl.). 

Arrondissement  d'Argentan  (Il  cant.,  174  com., 
186.984  hect.,  77.730  hab.).  —  Cant.  d'Argentan 
(11  com., 9.626  hect.,  8.867  hab.):  Argentan,  6.309  hab. 
(5.786  aggl.).  —  Cant.  de  Briouze  (U  com.,  15.361 
hect.,  7.117  hab.).  ~  Cant.  d' Ecoiické (iS  com.,  18.929 
hect.,  8.271  hab.)  :  Ecouché,  1.448  hab.  (1.339  aggl.). 

—  Cant.  cr7wmé?5  (13  com.,  15.876  hect.,  4.568  hab.). 

—  Cant.  de  La  Ferté-Frénel  (15  com.,  20.483  hect., 
5.753  hab.).  —  Caîit.  de  Gacé  (14  com.,  16.221  hect. 
5.818  hab.)  :  Gacé,  1.726  hab.  (1.529  aggl.).—  Cant. 
du  Merlerault  (12  com.,  15.463  hect.,  6. 093  hab.).  — 
Cant.  de  Mortree  {iS  com.,  15.789  hect.,  5.225  hab.). 

—  Cant.  de  Putanges  (23  com.,  20.746  hect.,  8.479 
hab.).  —  Cant.  de  Trun  (22  com.,  18.374  hect.,  7.242 
hab.):  Trun,  1.570  hab.  (1.443  aggl.).  —  Cant.  de  Vi- 
moutiers  (19  com.,  19.945  hect.,  10.297  hab.)  :  Le 
Sap.,  1.282  hab.  (1.030  aggl.);  Vimoutiers,  3.539  hab. 
(2.451  aggl.). 

Arrondissement  de  Domfront  (8 cant. ,  96  com. ,  1 23.364 
hect.,  112.874  hab.).  — ^m^  (r/l//m  (16  com.,  14.930 
hect.,  12.688  hab  ).  —  Cant.  de  Domfront  (11  com., 
26.228  hect.,  17.410  hab.)  :  Domfront,  4.966  hab. 
(2.931  ixgg\.).—Cant.deLa  Fertc-Macc(d com.,  r^^.m'l 
hect.,  14.441  hab.)  :  La  Ferté-Macé,  7.775  hab.  (5.307 
aggl.).  —  Cant.  de  Fiers  (1 4  com.,  12.501  hect.,  25. 407 
hab.)  :  Fiers,  13.404  hab.  (11.211  aggl.).  —  Cant.  de 
Jiwigny-sous-Andaine  (13  com.,  12.083  hect.,  9.070 
hab.)  :  La  Chapelle-Moche,  1.937  hab.  (1.100  aggl.).  — 
Cant.  de  Messei  (10  com.,  13.535  hect.,  8.248  hab.).  — 
Cant.  de  Pa^^sais  (8  com.,  15.170  hect.,  10.459  hab. 

—  Cant.  de  Tincfiebrai/ (i^  com. ,'15.628  hect.,  15.181 
hab.)  :  Tinchebray,  4.o99  hab.  (3.'l04  aggl.). 

Arrondissement  de  Mortagne  (ii  cant.,  150  com., 
196.056  hect.,  89.431  hab.).  —  Cant.  de  Bazoches- 
sur-Hoëne  (12  com.,  12.472  hect.,  5.138  hab.).  — 
Cant.  de  Bellâme  (15  com.,  17.258  hect.,  9.899  hab.): 
Belléme,  2.599  hab.  (2.599  aggl.).  —  Cant.  de  Laiqle 
(15  com.,  20.405  hect.,  11.619  hab.)  :  Laigle,  5.125 
hab.  (4.355  aggl.).  -^  Ca}iL  de  Longwi\\?)  com., 
22.304  hect..  6.582  hab.)  :  Longny,  1.8i30'hab.  (1.263 
aggl.).  —  Cant.  de  Mortagne  (14  com.,  16.305  hect., 
11.072  hab.)  :  Mortagne,  4.277  hab.  (3.933  aggl.).  — 
Cant.  de  Mou  lins- la- Marc  fie  (17  com.,  15.798  hect., 
5.544  hab.).  -  -  Cant.  de  ^océ  (13  com.,  16.013  hect., 
7.376 hab.).  —  Cant.  dePervcnctières  (14  com. ,18.865 
hect.,  7.220  hab.).  —  Cant.  de  Bémalard  (12  com., 
22.828  hect.,  10.332  hab.)  :  Rémalard,  1.616  hab. 
(1.197  aggl.).  —  Cant.  du  Theil  (10  com.,  17.365  hect., 
9.171  hab.).  —  Cant.  de  Tourouvre  (10  com.,  16.442 
hect.,  5.478  hab.). 

Il  n'y  a  aucune  grande  agglomération  urbaine  ;  les  seules 
qui  aient  quelque  importance  sont  :  la  vieille  capitale  du 
pays,  Alençon,  qui  en  demeure  le  principal  marché  et  petit 
centre  industriel  ;  puis,  au  second  rang,  les  deux  centres 


OBNE 


—  596  — 


du  tissage,  Fiers  et  La  Fei*té-Macé  ;  au  troisième,  les  trois 
sous-préfectures,  la  cité  épiscopale  de  Sées,  et  les  petites 
villes  industrielles  de  Laigle,  Tinchebray. 

liABiiATioNs.  —  Le  nombre  des  centres  de  population 
(hameaux,  villages  ou  sections  de  communes)  était  en  1891 
de  16.741  dans  le  dép.  de  l'Orne.  Le  nombre  des  maisons 
d'habitation  de  10^2. 0!).'),  dont  93.698  occupées  en  tout 
ou  en  partie  et  6.397  vacantes.  Sur  ce  nombre,  on  en 
comptait  70.864  n'ayant  qu'un  rez-de-chaussée,  25.403 
un  seul  étage,  3.17  4  deux  étages,  ^""Kj  trois  étages,  '28 
quatre  étages  ou  davantage.  Elles  comportaient  117.057 
logements  ou  appartements  distincts,  dont  109.776  oc- 
cupés et  7.281  vacants;  en  outre,  12.637  locaux  servant 
d'ateliers,  de  magasins  ou  de  boutiques.  La  proportion  des 
locaux  industriels  ou  commerciaux  est  de  105  ^/oo,  ^  peu 
près  la  même  que  sur  l'ensemble  de  la  France  (105  7oo). 

Etat  des  personnes.  —  D'après  la  résidence.  —  On 
a  recensé,  en  1891, 18.322  individus  isolés  et  91.360  fa- 
milles, plus  94  établissements  comptés  à  part,  soit  un 
total  de  109.776  ménages,  lly  a  :  18.322  ménages  com- 
posés d'une  seule  personne;  27.135,  de  deux  personnes; 
23.561,  de  trois  personnes  ;  18.128,  de  quatre  personnes; 
10.877,  de  cinq  personnes;  6.317,  desix  personnes;  5.342, 
de  sept  personnes  et  davantage.  La  proportion  d'isolés  est 
un  peu  plus  forte  que  dans  Fensemble  de  la  France  (167 
sur  1.000  ménages  au  lieu  de  152). 

La  population  résidante  comptait  354.387  personnes, 
dont  344.178  résidants  présents,  4.171  résidants  absents 
et  6.038  personnes  comptées  à  part.  La  population  pré- 
sente comportait  350.216  résidants  présents  et  3.658 
personnes  de  passage,  soit  un  total  de  353.874.  La  popu- 
lation présente  est  donc  presque  exactement  aussi  nom- 
breuse que  la  population  résidante  ;  en  général,  en  France, 
elle  est  un  peu  moins  nombreuse. 

D'après  le  meu  de  naissance.  —  Classée  d'après  le  lieu  de 
naissance,  la  population  de  l'Orne  se  divisait,  en  1891 ,  en  : 

Français  nés  dans  la  commune  où  ils  habitent.  177.666 

—  dans  une  autre  com.  du  dép. . . .  120.381 

—  dans  un  autre  département 55.082 

—  en  Algérie  ou  dans  une   colonie 
française 49 

Français  nés  à  l'étranger 70 

Soit  un  total  de  353.248  Français  de  naissance. 
Il  y  faut  ajouter  en  premier  lieu  110  naturalisés  dont 
62  nés  à  l'étranger;  en  second  lieu,   516  étrangers  ilont 
386  nés  ta  l'étranger. 

Classée  par  nationalité,  la  population  de  l'Orne  com- 
prend 353.358  Français,  141  Belges,  Si)  Anglais,  Ecos- 
sais ou  Irlandais,  80  Allemands,  66  Italiens,  54  Suisses, 
44  Espagnols  et  45  étrangers  divers.  La  proportion  d'étran- 
gers est  insignifiante,  moins  de  1  12  '^/oo;  e'est  le  cas  des 
départements  ruraux  «t  pays  d'élevage  fie  l'intérieur  delà 
France. 

Si  nous  nous  en  tenons  à  l'élément  français,  nous  cons- 
tatons qu'en  1891  le  dép.  de  FOrne  possédait  298.047 
nationaux  nés  sur  son  territoire  et  que  l'on  a  recensé  dans 
la  France  entière  384.666  originaires  de  l'Orne.  Ce  dé- 
partement a  donc  conservé  les  quatre  cinquièmes  de  ses 
enfants  ;  des  autres,  26.679  ont  passé  dans  la  Seine, 
15.509  dans  le  Calvados  7.387  dans  l'Eure,  6.670  en 
Eure-et-Loir,  7.343  dans  la  Sarthe  et  4.332  dans  la 
Mayenne,  2.418  dans  la  Manche,  départements  contigus, 
entin  3.661  en  Seine-Inférieure  et  4.717  en  Seine-et-Oise  ; 
rémigration  se  fait  vers  Paris  et  par  échauge  avec  les  ré- 
gi(ms  limitrophes.  En  effet,  on  tnuive  dans  l'Orne  7.069 
natifs  du  Calvados,  3.071  de  l'iùu'e,  3.380  d'Fure-et- 
Loir.  10.335  do  la  Mayenne.  8.9S5  de  la  Sarthe.  3.830 
de  la  Manche  et  ().T63  de  la  Seine  (en  partie  cnfanls  as- 
sistés). D'une  manière  générale.  Temigration  a  enlevé  à 
l'Orne  environ  30.000  habitants  de  plus  que  l'iuimigra- 
tion  ne  lui  en  a  amené  ;  l'âge  moyen  de  la  population  étant 
de  trente-cinq  ans,  et  le  déchet  entre  1850  et  1891  de 


75.000  âmes  envii'on,  on  voit  que  l'émigration  intervient 
dans  la  population  pour  les  2  5  et  l'excéSent  de  mortalité 
pour  3,5.  Mais  dans  ces  dernières  années  l'émigration  s'est 
ralentie. 

D'après  l'état  civil.  —  Classée  par  sexe,  lapo])ulation 
se  répartit  en  171.826  hommes  et  182.048  femmes,  ce 
qui  fait  1.060  femmes  pour  t. 000  hommes  (moyenne 
française,  1.014),  proportion  semblable  à  celle  des  autres 
départements  armoricains  (Basse-Xormandie  et  Bretagne), 
sauf  le  Finistère  (cà  cause  du  port  de  Brest)  et  qui  s'ex- 
plique en  partie  par  l'émigration  plus  prononcée  des 
hommes  vers  les  villes  extérieures.  Le  sexe  masculin  compte 
85.724  célibataires,  le  sexe  féminin  81.491,  proportions 
voisines  des  moyennes  françaises.  La  proportion  des  per- 
sonnes mariées  est  de  430  pour  1.000,  donc  supérieure 
à  la  moyenne  générale  de  h  France  (400).  On  a  recensé 
34.706  veufs  ou  veuves.  soit98o/oo  (moyenne  française,  81  ). 
Par  contre,  le  nombre  des  mineurs  n'est  que  de  H 7. 7 23, 
soit  333  7^0  (moyenne  française,  365).  L'âge  moyen  (h^s 
hommes  est  de  34  ans  4  mois,  celui  des  femmes  de  35  ans 
7  mois  20  jours. 

D'après  la  profession.  —  La  population  de  l'Orne  se  dé 
compose  par  professions  de  la  manière  suivante  (en  1891)- 
On  classe  sous  chaque  rubrique,  non  seulement  ceux  qu. 
exercent  la  profession,  mais  aussi  la  totalité  des  personnel 
qui  en  tirent  leurs  subsistance  : 

Agriculture 185 .  603  soit  525  ^^/oo 

Industries  manufacturières. ..  .       75.816    —    214^ 

Transports 6.367    ~     18  — 

C.ommerce :)9.788    —      84  — 

Force  publicpie 3.713    ~      10  — 

Administration  publique 4.331    —      12  — 

Professions  libérales. . 7  .  445    —      21   — 

Personnes  vivant  exclusivement 

de  leurs  revenus 25.117    —     71   — 

En  outre,  2.580  gens  sans  profession  et  9.114  indivi- 
dus non  classés  (enfants  en  nourrice,  étudiants  ou  élèves 
de  pensionnats  vivant  loin  de  leurs  parents,  personnel  in- 
terne des  asiles,  hospices,  etc.),  onde  profession  inconnue. 
Au  point  de  vue  social,  la  population  comprend  :  77.673 
patrons,  5.226  employés,  68.800  ouvriers.  Les  personnes 
inactives  de  leurs  familles  sont  au  nombre  de  190.476. 
plus  17.558  domestiques. 

Etat  économique.  —  Propriété.  —  Le  nombre  des 
cotes  foncières  était,  en  1895,  de  236.018  dont  151.613 
non  bâties  et  84.405  bâties;  le  nombre  des  cotes  non 
bâties  a  augmenté  de  8.811,  soit  6  7o  depuis  1826. 

La  propriété  ne  se  morcelle  pas  comme  dans  d'autres 
régions  de  la  France,  à  cause  de  la  rapide  diminution  de 
la  population.  ■—  L'enquête  faite  en  1884  par  d'adminis- 
tration des  contributions  directes  a  relevé  dans' le  dép.  de 
l'Orne  166.579  propriétés  non  bâties  imposables,  sa^oir  : 
146.746  appartenant  à  la  petite  propriété,  18.612  à  la 
moyenne  propriété  et  1.221  à  la  grande  propriété. 

On  voit,  par  le  tableau  que  nous  donnons  ci-après,  que 
la  petite  propriété  détient  170.519  hect.,  la  moyenne 
259.094  hect.  et  la  grande  140.595  hect.  L'Orne  est 
donc  un  pays  de  moyenne  propriété.  La  contenance  moyenne 
d'une  cote  foncière  est  de3'^^*'^4,  analogue  à  la  moyenne 
française  3^'®''\53. 

La  valeur  de  la  propriété  bâtie  était  évaluée  (d'après 
l'enquête  de  1887-89)  de  la  manière  suivante  : 

Maisons  Usines 

Nombre  (en  1897) 126.113  957 

Francs  Francs 

Valeur  locative  réelle ...  15 .  475 . 1 51  1 .  000 .636 
Valeur  véuale  (en  1887),  316.050.011  19.424.097 
11  faut  y  ajouter  1.292  bâtiments  publics  (asiles,  pres- 
byt*'res,  préfectures,  etc.),  d'une  valeur  locative  réelle  de 
265.390  fr.  La  part  du  département  dans  la  valeur  de  la 
propriété  bâtie  sur  le  sol  français  représente  1/147^'  de  la 
valeur  totale. 


—  597 


ORNE 


DÉSIGNATION 

NOMBRE 

SUPERFICIE 

des  cotes 

(en  hectares) 

Petite  fjropriété  : 

Biens  de  moins  de  10  ares  .  . 

30.803 

1 .  206 

—      de  10  à  20  ares 

12.310 

1.831 

-      de  20  à  50    -    

24.505 

8.331 

—      de  50  ares  à  1  liect  . . , 

23.953 

17.414 

-      de    1  à    2  hect 

21.480 

35.153 

.-      de2à3—   

13.043 

31.875 

—      de    3  à    4     —    

8.006 

27.765 

-      de    4  à    5    -    

5.631 

25.103 

—      de    5  à    (3    — 

3.979 

21.838 

Moyenne  propriété  : 

Biens  de    6  à    7  hect 

2.936 

19.016 

-      de    7  à    8    -   

3.239 

17.351 

—      de    8  à    9    -   

1.857 

15.746 

-      de    9  à  10    -   

1.458 

13.849 

-      de  10  à  20    —   

6.664 

92.494 

-      de  20  à  30    —   

1.995 

48.728 

-      de  30  à  40    — 

870 

29.718 

-      de  40  à  50    -    

503 

22.212 

Grande  propriété  : 

Biens  de    50  à    75  hect 

593 

35.908 

—      de    75  à  100    — 

216 

18.756 

-      de  100  à  200    -    

274 

37.944 

Au-dessus    de    200    —    

Totaux 

138 

47.987 

166.579 

570.208 

Agriculture.  —  L'agricultui^e  fait  vivre  525  liab.  sur 
1.000,  alors  que  dans  l'ensemble  de  la  France  cette  pro- 
portion atteint  seulement  460.  L'Orne  est  donc  un  dépar- 
tement agricole  ;  d'après  l'assiette  de  la  contribution  fon- 
cière, la  valeur  du  sol  non  bâti  de  l'Orne  représente  environ 
le  1/68'^  de  la  valeur  totale  du  sol  français. 

On  trouvera  au  §  Géologie  agricole  des  indications  sur 
les  qualités  des  terrains  des  diverses  parties  du  départe- 
ment. On  y  distingue,  d'après  le  cadastre,  844.404  hect. 
de  teiTes  labourables,  85.802  de  prés,  45.000  d'herbages, 
67.281  de  bois,  18.910  de  landes,  1.071  de  rochers  et 
terrains  incultes,  50.361  de  superficies  diverses.  Ces 
chiffres  ne  correspondent  pas  à  l'état  actuel.  Les  bois 
occupaieut.  d'après  l'enquête  de  1882,85.507  hect.  dont 
28.105  à  l'Etat,  122  aux  communes,  62.280  à  des  par- 
ticuliers ;  les  prés,  74.088  hect.  dont  26.978  irrigués 
naturellement,  11.647  artificiellement  ;  les  herbages 
77.194  hect.  dont  50.410  en  plaine  et  16.784  en  col- 
line; en  y  ajoutant  11.865  hect.  de  prés  temporaires,  on 
arrive  à  un  total  de  163.147  hect.  pour  les  j)rairies  de 
toute  nature  ;  de  plus,  4.153  hect.  sont  cultivés  en  four- 
rages verts  et  57.330  en  prairies  artificielles,  soit  un  total 
d'environ  225.000  hect.  consacrés  à  l'aHmentation  du 
bétail.  Cette  étendue  s'est  encore  accrue  depuis  lors  et 
représente  à  peu  près  les  2/5  de  l'étendue  totale  dii  dépar- 
tement. Les  champs  labourés  ont  perdu  du  terrain,  en 
])ai'ticulier  les  cultures  de  céréales,  mais  comme  Tamélio- 
ration  des  méthodes  a  restreint  l'étendue  des  jachères, 
qui  occupaient  près  de  80.000  hect.  en  1852.  la  surface 
réellement  utilisée  chaque  année  poiu'  les  labours  n'a  guère 
diminué.  On  fait  souvent  alterner  dans  l'assolement  les 
céréales  avec  les  fourrages  et  les  ])lantes  sarclées. 

Le  tableau  suivant  indique  la  superficie  et  le  rendement 
des  terrains  consacrés  aux  principales  cultures  en  1896. 
Ces  chiffres  répondent  assez  à  la  production  moyenne, 
excepté  pour  le  cidre  dont  la  production  movenne  décen- 
nale (1887-96)  est  de  1.100.000  hectoL,  dépassée  seu- 
lement en  Ille-et-Vilaine,  Calvados,  Côtes-du-Nord  et 
Manche.  Les  rendements  sont  moyens  pour  les  fourrages 
et  les  grains,  et  diffèrent  peu  de  ceux  de  l'ensemble  de  la 
France.  La  culture  maraîchère  est  insignifiante  ;  la  vigne 
absente,  en  raison  du  climat,  les  cultures  industrielles 
disparaissent  ;  les  oléagineuses,  qui  occupaient  569  hect. 
en  1852,  102  en  d882,  ont  été  abandonnées  ;  le  chanvre 
qui  occupait  1.787  hect.  en  1852  et  le  lin  qui  en  occupait 
128  l'auraient  été  sans  les  primes  résultant  de  la  loi  de 


1893.  L'effort  de  l'agriculteur  du  Perche,  de  la  (Campagne 
ou  du  Bocage  est  tourné  vers  l'élevage,  qui  s'accompagne 
de  la  production  des  pommes  et  poires  à  cidre  récoltées 
non  seulement  des  arbres,  plantés  dans  les  prés  et  le  long 
des  routes,  mais  aussi  dans  6.000  bect.  de  vergers.  Les 
meilleurs  cidres  sont  ceux  de  l'arr.  d'Argentan  et  du  cant. 
d'Alençon  ;  celui  de  Domfront  fait  beaucoup  de  poiré.  Une 
partie  de  la  récolte  est  distillée  pour  produire  (en  particu- 
lier dans  le  cant.  de  Vimoutiers)  l'eau-de-vie  de  cidre, 
connue  sous  le  nom  de  calvados,  très  appréciée  des  consom- 
mateurs, malgré  ou  peut-être  à  cause  de  ses  dangers  pour  la 
santé.  On  comptait,  en  1896,  53.413  propriétaires  récoltant 
leurs  cidres  et  poirés  et  32.760  bouilleurs  de  cru,  5  distilla- 
teurs de  profession .  —  Les  forets  sont  considérables ,  en  partie 
formées  de  belles  futaies.  Elles  couvrent  surtout  les  ar- 
giles à  silex  de  TE.  du  département  et  les  grès  de  l'O. 
Les  essences  dominantes  sont  le  chêne,  le  hêtre,  le  bou- 
leau, le  châtaignier  (vers  Domfront),  le  tremble,  le  pin 
sylvestre.  On  admire  les  forêts  du  Perche  et  leurs  majes- 
tueuses avenues,  en  particulier  celle  de  Bellême,  jadis  rat- 
tachée à  la  grande  forêt  du  Perche  ;  de  même,  à  l'O.,  la 
forêt  d'Andaine  est  un  reste  de  la  vaste  forêt  Silvedine  ; 
celle  d'Oiiche  (Uticensis),  qui  couvrait  l'Hiémois  au  temps 
mérovingien,  a  presque  disparu.  Les  principales  forêts 
actuelles  sont  celles  d'Ecouves  (7.543  hect.),  d'Andaine 
(3.950  hect.),  du  Perche  et  de  la  Trappe  (3.222  hect.), 
de  Bellême  (2.436  hect.),  de  Réno-Valdieu  (1.587  hect.j, 
de  Moulins  et  Bonsmouhns  (1.514  hect.),  de  La  Ferté- 
Macé  (1.375  hect.),  d'Aunai-les-Bois  renfermant  des 
chênes  géants,  le  Corbeau,  le  Gamord,  etc. 


CULTURES 


Froment . 


Méteil  ... 
Seigle.... 

Orge 

Avoine.. . 
Sarrasin. 


Pommes  de  terre 

Betteraves  fourraa-cnîs. . 

Trèfle 

Luzerne 

Sainfoin 

Prés  naturels  et  iKn-hages. 

Chanvre 


Lin 

Pommes  à  eidro. 
Cidre 


SUPERFICIK 


Hectares 
61.000 


9.200 

8.050 

25.400 

58.900 

17.400 

1.670 
2.6T0 
3.320 
3.950 
9.600 
151.400 

324 
15 


L'élevage  est  très  prospère.  Le  nombre  des  animaux  de 
ferme  existant  au  31  déc.  1896  était  : 

Espèce  chevaline 61 .  740 

—  mulassière 43 

—  asine 1 .  650 

—  bovine 211.269 

—  ovine 70.420 

—  porcine 39 .  905 

—  caprine 1.280 

L'élevage  du  cheval  est  particulièrement  développé,  plus 
même  que  ne  le  ferait  croire  la  simple  considération  du 
nombre  total  des  animaux.  Le  pays  y  est  très  favorable, 
en  particulier  dans  les  fameux  herbages  du  Merlerault, 
de  Nonant-le-Pin,  du  Mêle,  au  milieu  desquels  est  installé 
le  grand  haras  national  du  Pin,  le  plus  important  de  France. 
On  élève  des  pur  sang  et  des  demi-sang  anglo-normands, 
pour  les  courses  au  galop  et  au  trot,  c.-à-d.  pour  la  re- 
production, et  aussi  pour  la  remonte.  Au  centre  et  au  N. 
du  département,  on  a  constitué  une  sorte  de  famille  dite 


ORNE 


—  :m  — 


du  Merieraiilt  qui  ])asso  pour  la  meilleure  du  type  anglo- 
normand.  Dans  l'arr.  de  Mortagne  et  relui  dWlençon,  on 
élevé  le  robuste  [XM'cheron,  lype  dn  clieNal  de  trail  ;  dans 
l'arr.  de  Domfront,  le  breton,  plus  petit  etrusli<pie.  mais 
résistant.  Il  y  a  des  écoles  de  dressage  au  Mêle  et  à  Sées. 
Les  grands  marchés  de  chevaux  se  tiennent  à  Alençon 
(foire  delà  Chandeleur  du"25  Janv.  au  4  févr.)  et  au  Mêle 
(concours  de  poulinières  du  8  oct.  et  foire  de  Saint-André 
pour  les  poulains  de  lait).  —  Les  hètes  bovines  sont  gé- 
néralement de  race  normande  ;  on  engraisse  dans  les  her- 
hages  des  animaux  achetés  en  Anjou  et  dans  le  Maine,  et 
qu'on  revend  à  Paris  ou  en  Angleterre.  La  production  du 
lait  fut,  en  1896,  de  4.327.000  hectol.  de  lait  valant 
13.268.000  fr.  ;  on  fait  beaucoup  de  l)eurre  très  appré- 
cié, notamment  au  Mêle,  à  Gacé,  à  Yimoutiers,  au  Mer- 
lerault,  et  aussi  beaucoup  de  fromage,  spécialement  dans 
le  cant.  de  Vinmutiers,  l'excellent  fromage  de  Camembert, 
dont  il  expédie  annuellement  plus  d'un  million.  —  Le 
nombre  de  moutons  diminue  ;  ils  sont  généralement  de 
race  mérinos  ;  la  production  de  la  laine  atteignit  en  4896 
4.7.^)0  quintaux  valant  240.000  fr.  Les  porcs,  de  race 
normande,  sont  élevés  surtout  afin  d'utiliser  les  déchets 
des  laiteries.  Les  basses-cours  ont  une  réelle  extension; 
on  compte  environ  700.000  poules  et  plus  de  50.000  oies 
qu'on  engraisse,  pour  l'Angleterre  et  Paris,  autour  d'Alen- 
çon,  du  Mêle,  etc.  Il  y  avait,  en  4896,  46.500  ruches 
d'abeilles  en  activité  ayant  produit  66.000  kilogr.  de  miel 
et  24.730  kilogr.  de  cire  d"une  valeur  globale  de 
453.300  fr. 

Les  exploitations  agricoles  sont  de  moyenne  étendue, 
généralement  40  à  45  hect.  ;  les  petites  s'appellent  close- 
ries  ou  bordages  ;  sauf  dans  les  plaines  et  le  Perche,  elles 
sont  entourées  généralement  de  fossés  et  de  haies  vives.  On 
compte  environ  40.000  propriétaires  cultivant  eux-mêmes 
leurs  terres,  moins  de  200  métayers,  et  43.000  fermiers. 
Les  associations  agricoles  sont  médiocrement  développées. 
Il  y  a  une  ferme-école  près  de  Domfront,  au  Saut-Gau- 
thier. 

Industrie.  —  L'industrie  fait  vivre  75.846  personnes, 
soit  244  sur  4.000  (moyenne  française,  250).  Elle  est 
assez  répandue  et  le  dép.  de  l'Orne  compte  plusieurs  pe- 
tits centres  manufacturiers,  bien  que  la  grande  industrie 
ne  s'y  soit  pas  développée,  le  sol  ne  fournissant  aucune 
ressource  spéciale,  et  les  communications  étant  plutôt  gê- 
nées par  la  nature  accidentée  du  pays. 

Mùies  et  carrières.  Le  dép.  de  LHhMie  n'a  pas  de  mines. 
Les  minerais  de  fer,  assez  abondants  vers  Neuilly,  La  Lande, 
lleugon.  Sap-André  dans  les  bois  de  Valdieu,  à  La  Fer- 
rière-aux-Etangs,  sont  trop  pauvres  ponr  être  exploités 
utilement.  Le  combustible  minéral  vient  exclusivement  du 
dehors.  On  consommait,  en  4896,  103.400  tonnes  de 
houille  valant  23  fr.  la  tonne  sur  les  lieux  de  consomma- 
tion, soit  un  total  de  2.371.300  fr.;  30.800  loimes  pro- 
venaient du  bassin  de  Yalenciennes,  72.300  de  Belgique. 

Les  carrières  ont  fourni  les  résultats  suivants  en  4896: 


POTDS 

on  tonnes 

Pierre  de  taille  tendre 2.300 

—  —     dure 24.000 

Moellon 64.600 

Sable  et  gravier  pour  mortier  et 

béton.; 37.200 

Chaux  grasse 9 ,  400 

—  hydraulique 40.000 

Argile  à  faïence  et  poteries.  .  . .  3 .500 

—  pour  briques  et  tuiles. .  .  30.000 

—  réfractaire 4.000 

Marne 10.800 

Pavés 1.700 

Matériaux  p(mr  ballast  et  empier- 
rement   2-45.000 

Total 


VALEUR 

en  francs 

24.000 
520.000 
405.600 

46.500 
94.000 

230.000 
45.500 

420.000 
13.000 
46.200 
39.100 

735.000 
4.958.900 


On  ex])]oitait  48  carrières  souterraines  et  650  à  ciel 
ouvert,  ou  travaillaient  1.97  4  ouvriers.  On  extraji  surtout 
le  granité  à  C(»ndé-siu'-Sai'lhecl  Sainte-Donoi'ine-la-Char- 
donne.  du  schiste  à  La  Eerriêre-lîéchet,  de  Tampélite  (pierre 
noire  des  charpiMitiers)  dans  la  forêt  d'Ecouves.  Condé- 
sur-SartJu^  fournit  aussi  le  (piartz  enfumé  ({u'ou  nomme 
«  diamant  d'Alençon  ». 

Les  soui'ces  minérales  sont  assez  nombreuses;  les  plus 
connues  sont  celles  de  Bagnoles,  thermales  (-f-  27^,5). 
chlorurées  sodiques,  sulfatées  arsenicales  ou  ferrugineuses  ; 
(elles  de  la  Herse  (forêt  de  Bellême),  bicarbonatées  fer- 
rugineuses, furent  utilisées  par  les  Piomains.  Il  en  existe 
d'autres  ferrugineuses  ou  sulfureuses  àLarré,  La  Ferrière- 
liéchet,  Panes,  Yillers-en-Ouclie,  l^a  Ferté-Frênel, 
Irai,  etc. 

Induslries  })iam(faclurières.  Il  existait,  en  LS96,  dans 
l'Orne.  345  établissements  industriels  faisant  usage  de 
machines  à  vapeur.  Os  appareils,  au  nombre  de  ^t03.  d'une 
])uissance  égale  à  6.165  chevaux-vapeui'(non  compris  les 
machines  des  chemins  de  fer  et  des  bateaux)  trouveront 
bientôt  un  com])lément  important  dans  la  force  hydrau- 
lique des  cours  d'eau.  Ces  a]q)ar(Mls  se  décomposaient  en  : 
107  ma(4iiiies  fixes  d'une  force  de  3.944  chev.-Napeur 
400       •—  mi-fixes  —  849  — 

491       —  locoQiobiles       —        1.272  — 

5       —  locomotives      —  400  — - 

Cette  force  se  répartissail  de  la  manière  suivante  entre 
les  principaux  groupes  indusiriels  : 

Mines  et  carrières 

L'sines  métallurgiques , 

Agriculture 4  , 

Industries  alimentaires 

—       chimiques  et  tanneries. 

Tissus  et  vêtements 3 .465 

Papeterie,  objets  mobiliers  et  d'ha- 
bitation   

Bâtiments  et  travaux 

Services  pubhcs  de  l'Etat 

Ce  tableau  fait  ressortir  l'importance  relative  de  l'ap- 
plication des  machines  à  l'agriculture  et  la  prépondérance 
des  industries  textiles,  seules  impoi'tantes  dans  le  dépar- 
tement. Les  industries  métallurgi(fues  occupaient,  en  4894, 
750  patrons  et  ouvriers;  43  petiles  usines,  sises  à  Ran- 
donnai,  Pontchardon,  Logeard,  Moulins-Renaud,  Laigle, 
faisaient,  en  1896,  de  la  fonte  moulée  en  deuxième  fusion, 
4.690  tonnes  valant  4  million  de  IV.,  pièces  mécaniques, 
luyaux  et  poteries  de  fonte.  Longny  possède  un  haut  four- 
neau. Des  trélileries  exislen!  à  Chandai,  Glos,  Rai.  Laigle 
fait  de  la  quincaillerie  estimée,  des  clous,  des  épingles, 
aiguilles,  agrafes  ;  Tinchelji-ay,  Glos,  Chanu,  Landisac(}, 
font  aussi  de  la  quincaillerie  ;  Saint-Cornier-des-Landes 
a  une  grande  clouterie.  Moulin  d'Aube  fait  de  la  (4iau- 
dronnerie;  Boisthorel  fond  les  cuivres.  La  fa])rication  d'ob- 
jets en  métal  occupe  plus  de  2.000  patrons  et  ouvriers. 
—  Il  existe  à  Tanville  une  veri-erie  importante.  Les  tan- 
neries sont  bien  achalandées,  notamment  celles  des  rives 
de  l'Orne,  dont  l'eau  est  propice  à  cette  industrie,  elle  est 
pratiquée  à  Argentan,  Alençon,  Laigle,  Longny,  Moulins- 
la-Marche,  Trun.  L'arr.  de  Mortagnc'a  plusieurs  papeteries, 
les  principales  au  Theil. 

Les  industries  textiles  dont  nous  avons  dit  la  préémi- 
nence étaient  exercées  en  4894  par  4.664  patrons  et 
45.357  ouvi'icrs.  L'Orne  possède  une  douzaine  de  fila- 
tures de  colon  disposant  de  62.000  broches,  3  fdatures  de 
laine  (700  broches).  440  tissages  de  coton,  chanvre,  lin 
possédant  3.800  métiers  mécaniques  et  4.600  métiers  à 
la  main,  ces  derniers  tendent  à  disparaître  devant  les 
autres,  et  le  caractère  de  l'industrie  se  transforme.  La  hla- 
ture,  le  tissage  et  le  blanchiment  du  coton  sont  con- 
centrés à  Fiers  et  dans  les  alenloui'S,  beaucoup  de  paysans 
combinant  le  travail  industriel  avec  le  travail  agricole.  La 
pi'oduction  des  cotonnades  est  de  70  millions  par  an  dont 


432  chev. -vapeur 
503  — 

244  — 

332  — 

57  — 


244 
554 


—  599  — 


ORNE 


40  pour  Fiers  qui  produit  surtout  des  coutils  rayés  pour 
literie,  du  linge  de  corps,  de  table  (damassé),  des  fils  de 
coton,  du  satin  d'ameublement  ;  ces  produits  s'écoulent 
surtout  dans  le  midi  (]e.  la  France.  La  Ferlé-Macé  tisse  le 
coton  à  la  mécam'que  et  à  la  main  et  fabiicpie  aussi  des 
rubans,  galons,  sangles,  etc.  La  i)assementerie  se  prati(|ue 
aussi  à  Alençou  ;  on  l'ait  des  châles,  des  blets  pour  coif- 
fure, des  gants  à  Bellème,  des  toiles  de  lin  et  de  chanvre 
à  Yimoutiers  dont  les  l)lanchisseries  sont  réputées,  à  Laigle, 
Mortagne  et  Alençon.  Mais  l'industrie  propre  au  chef-lieu 
et  qui  est  encore  digne  de  sa  vieille  célébrité  est  celle  des 
dentelles,  du  fameux  point  de  France  ou  d'Alençon  qu'y 
implanta  Colbert,  par  l'intermédiaire  d'une  dame  Gilbert, 
rappelée  de  Venise. 

Il  existait  en  4  895  dans  l'Orne  A  syndicats  patronaux 
(168  membres),  5  syndicats  ouvriers  (505  membres), 
4  mixte  (200  mem])res),  7  syndicats  agricoles  (5.5è->5 
membres).  —  La  consommation  moyenne  avouée  d'alcool 
était  en  4894  de  0^18  par  tète,  celle  du  vin  de  7  litres, 
celle  de  la  bière  de  4  litre,  celle  du  cidre  de  77  litres  par 
tète.  —  Il  a  été  vendu,  en  4896,  458.425  kilogr.  de  ta- 
bac à  fumer  ou  à  mâcher  et  73.255  kilogr.  de  tabac  à 
priser. 

(j)i\niEiu:K  i:t  circulmiox.  —  Le  commerce  fait  vivre 
29.788  personnes,  soit  Si  ^/oo  (moyenne  française,  403), 
il  y  faut  ajouter  6.367,  soit  48  7oo  fini  vivent  de  l'industrie 
des  transports  (moyenne  française,  30).  Ces  chiffres  mon- 
trent que  les  échanges  ne  sont  pas  très  actifs.  Le  montant 
des  opérations  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France  à 
Fiers  était  en  4897  de  25.253.500  fr.  sur  un  total  de 
45.308.425.000  fr.  pour  la  France  entière,  soit  4/600« 
de  ce  total  pour  l'Orne.  Le  nombre  des  patentes  était  en 
4897  de  45.887  dont  43.757  commerçants  ordinaires, 
443  bauts  commerçants  et  banquiers,  4.533  industriels 
et  484  exerçant  des  professions  libérales. 

Le  dép.  de  l'Orne  exporte  ses  chevaux,  ses  bœufs,  son 
beurre,  ses  fromages,  ses  volailles  et  leurs  œufs,  des 
grains,  du  cidre,  de  l'eau-de-vie,  ses  étoffes,  tissus  et  filés 
divers,  de  la  quincaillerie,  des  épingles,  aiguilles,  de  la 
poterie,  des  cuirs,  etc.  Il  importe  de  la  houille,  des  ma- 
tières textiles  et  des  métaux  pour  ses  industries  locales, 
des  machines,  toute  sorte  d'articles  de  luxe,  vêtements, 
meubles,  etc.,  des  denrées  coloniales,  du  vin,  etc. 

Voies  de  communication.  Le  dép.  de  l'Orne  avait  en 
4896  une  longueur  de  439  kii.  de  routes  nationales,  dont 
6  kil.  pavés,  2.025  kil.  de  chemins  de  grande  commu- 
nication, 4.494  kil.  d'intérêt  commun  et  2.966  kil.  de 
chemins  vicinaux  ordinaires,  plus  260  kil.  en  construction 
ou  en  lacune. 

Le  dép.  de  l'Orne  est  traversé  en  1899  par  4  6  lignes 
de  chem.  de  fer,  d'une  longueur  totale  de  589  kil.  dont 
573  exploités  par  la  compagnie  de  l'Ouest  et  46  par  une 
compagnie  locale.  I^^n  voici  la  liste  : 

4<^  La  ligne  de  Paris  à  Brest  parcourt  25  kil.  4,2  dans 
l'Orne  oii  elle  pénètre  après  La  Loupe  (Eure-et-Loir),  des- 
sert Bretoncelles,  Condé-sur-Huisne,  puis  après  Nogent- 
le-Rotrou  (Fure-et-Loir),  le  Thcil,  avant  de  passer  dans 
le  dép.  de  la  Sarthe.  —  2°  La  ligne  de  Paris  à  G  r  an  ville 
parcourt  422  kil.  dans  l'Orne  oii  elle  entre  après  Bourth 
(Fure)  et  dessert  Laigle,  Rai- Aube,  Saint-llilaire-Beaufai, 
Sainte-Gauburge,  Planches,  Le  Merlerault,  Nonant-le-Pin, 
Surdon,  Almenèches,  Argentan,  Fcouché,  les  Yveteaux- 
Fromentol,  Briou/c,  Messei,  llers,  Caligny,  Montsecret, 
puis  passe  dans  la  Manche.  —  3^  La  ligne  deMézidonau 
Mans  parcourt  45  kil.  dans  l'Orne,  déduction  faite  des 
45  kil.  communs  avec  la  précédente  (entre  Argentan  et 
Surdon);  elle  y  entre  après  Fresné-la-Mère,  dessert  Mon- 
tabard.  Argentan,  puis  au  delà  de  Surdon,  Sces,  Vingt- 
Ilanaps,  Alençon  et  passe  dans  la  Sarthe.  —4'^  La  ligne 
de  Cacn  à  Laval  appartient  à  l'Orne  pendant  53  kiL,  y 
pénétrant  après  Condé-sur-Noireau,  y  desservant  Cali- 
gny, Fiers,  Messei,  Le  Chàtellier,  Saint-Bômer-Champse- 
cret,  Doïnfronty  Torchamp,Ceaucéet  passant  ensuite  dans 


la  Mayenne.  —  5"  La  ligne  de  Paris  à  Alençon  se  détache 
de  celle  de  Paris  à  Brest  à  la  gare  de  Condé-sur-Huisne  ; 
elle  mesure  i\ij  kil  et  dessert  Bémalard,  Boissy-Maugis, 
Mauves-Corbon,  i¥o?'^/^/r/^?^%  Les  Carreaux,  LaMesnière.  Le 
Mèle-sur-Sarthe,  Neuilly-le-Bissou,  Hauterive,  Semalle. 
—  6^  La  ligne  d'Alençon  à  DomCront,  qui  prolonge  la 
précédente,  mesure  51  kil.  dans  le  dép.  de  l'Orne  oji  elle 
dessert  Damigni,  Lonrai,  Saint-Denis,  Lalcelle,  puis  après 
un  passage  dans  le  dép.  de  la  Mayenne,  Couterne,  La 
Chapelle-Moche,  Juvigny.  —■  7^  L'embranchement  de 
Laigle  à  Couches  appartient  à  l'Orne  pour  ses  2  premiers 
kilomètres,  puis  entre  dans  l'Fure.  —  8°  L'embranche- 
ment de  Laigle  à  Mortagne,  long  de  37  kil.,  dessert 
Saint-Ouen,  Crùlai,  Randonnai-Irai,  Tourouvre,  Feings, 
Yilliers.  —  9*'  L'embranchement  de  Mortagne  à  Mamers 
a  ses  34  premiers  kilomètres  dans  l'Orne,  où  il  dessert 
Saint-Denis-sur-Ifuisne,  Le  Pin-la-Garenne,  La  lïerse, 
Bellême-Saint-Martin,  Igé,  Yaunoise,  Origny-le-lloux, 
Saint-Bemy.  —  10"  L'embranchement  de  Mortagne  à 
Sainte-Gauburge  (3i  kil.)  dessert  Le  Chàtel,  Lignei'olles, 
Soligny-la-Trappe,  Bonsmoulins,  Moulins-la-Marche,  le 
Rendez-Yous.  — 44*^  La  ligne  de  Sainte-Gauburge  au  Mes- 
nil-Mauger  ((kdvados)  parcourt  38  kil.  dans  l'Orne,  des- 
servant Echauffour,  Cisai-Saint-Aubin,  Gacé,  Mardilly, 
Neuville-sur-Touques,  Ticheville-le-Sap,  Yimoutiers.  — 
42*^  La  ligne  d'Echauffour  àBernay  (Eure),  qui  se  détache  de 
la  précédente,  parcourt  49  kil.  dans  l'Orne,  et  y  dessert 
Saint-Evroult-Notre-Dame-du-Bois,  La  Gonfrière,  La  Ferté- 
Frônel.  —  43^  La  ligne  de  Couterne  à  Briouze,  longue 
de  29  kil.,  dessert  Bagnoles -Tessé-L^-Madeleine,  La Ferté- 
Macé,  Lonlay-le-Tesson.  . —  44^  La  ligne  de  Falaise  à 
Berjou-Pont-d'Ouilly,  parcourt  ses  9  derniers  kilomètres 
dans  le  dép.  de  l'Orne,  où  elle  dessert  Mesnil-Yin,  Le 
Mesnil-Yillement,  Mesnil-IIubert,  Caban.  —  45^  La  ligne 
de  Domfront  à  Avr anches  a  6  kil.  dans  l'Orne  avant  de 
passer  dans  le  dép.  de  la  Manche.  —  46*^  La  ligne  d'in- 
térêt local  de  Montsecret  à  Chérencé-le-Roussel  (46  kil. 
dans  rOrne)  a  une  longueur  construite  de  49  kil.  jus- 
(ju'aux  Maures,  mais  elle  n'est  exploitée  que  sur  les  8  pre- 
miers jusqu'à  Tinchebray. 

Sur  les  voies  ferrées  de  FOrne  le  trafic,  malgré  le  tran- 
sit sur  les  principales,  est  médiocre.  Sur  celle  de  Paris  à 
Granville,  le  tonnage  moyen  des  marchandises  est  de 
444.000  tonnes  après  Argentan,  243.000  avant  Surdon; 
le  nombre  des  voyageurs  (ramené  à  la  distance  entière) 
étant  respectivement  de  309.000  et  494.000.  On  atteint 
725.000  tonnes  et  762.000  voyageurs  sur  la  ligne  de 
Paris-Brest  (section  Yersailles-Rennes)  ;  537.000  tonnes 
et  267.000  voyageurs  sur  celle  de  Mézidon  au  Mans  ; 
133.000  tonnes  et  426.000  voyageurs  sur  La  ligne  de 
(iaen  à  Laval;  mais  seulement  2l).000  tonnes  et  50.000 
voyageurs  en  moyenne  sur  les  lignes  de  Mortagne  à 
Laigle  et  Mamers;  39.000  tonnes  et  95.000  voyageurs 
de  Coudé  à  Alençon;  32.000  tonnes  et  73.000  voyageurs 
d'Alençon  à  Domfront,  etc. 

Le  département  n"a  ni  canal,  ni  rivière  navigable. 

Le  service  postal  et  lélégraphi({ue  est  assuré  (en  4894) 
])ar  9  bureaux  de  poste,  62  bureaux  de  télégraphe  et 
82  bureaux  mixtes  avant  produit  une  recette  postale  de 
1.060.864  fr.  et  télégraphique  de  449.883  fr.  pour 
454.584  dépêches  intérieures  et  1.429  dépèches  interna- 
tionales. 

Finances.  —  Le  dép.  de  FOrne  a  fourni,  en  4896, 
48.404.673  fr.  80  au  budget  général  tie  la  France.  Ils 
se  décom])osent  comme  suit  : 

Francs 

Impôts  directs 4.425.535  04 

Lnregistrement 4.200.552  36 

Timbre ^ 775.486  84 

Impôt  de  4  "/o  sur  le  l'cveuu  des  va- 
leurs mobilières 32.974  43 

Contributions  iudirectes 3.235.594  44 

Sucres 476  04 


ORNE  — 

Monopoles  ei  ex])loitatioîis  industrielles  Kraucs 

de  l'Etat ^2. SU. 161  54 

Domaine  de  FEtat  (v  compris  les  forêts)  1 .  003 .  129  02 

Postes 1.187.781  51 

Télégraphes d  20 .  354  03 

Produits  divers  du  budget,  ressources 

exceptionnelles 46 .  684  85 

Recettes  d'ordre 234.941  03 

(^es  chiffres  indi(|uent  une  situation  aisée,  en  particulier 
ceux  relatifs  aux  contributions  indirectes  et  impôts  de 
mutation,  qui  sont  assez  élevés  pour  nne  population  de 
339.000  âmes,  principalement  rurale.  Ees  rôles  de  1897 
comprennent  766  billards,  11  cercles,  2.470  vélocipèdes 
et  32.876  chiens  imposés. 

Les  revenus  départementaux  ont  été,  en  1896,  de 
2.705.102  fr.  36,  se  décomposant  comme  suit  : 

Francs 

Produits  des  centimes  départementaux.  1.938.076  90 

Revenu  du  patrimoine  départemental. .  722     » 
Subventions  de  l'Etat,  des  communes, 

des  particuliers  et  produits  éventuels  766 .  303  46 
Revenus  extraordinaires,  produits  d'em- 
prunts, aliénation  de  propriétés. . .  000.000  00 

Les  dépenses  départementales  se  sont  élevées  à 
2.825.310  fr.  69,  dont  25.780  fr.  pour  le  personnel 
pi'éfectoral  ;  90.267  fr.  86  pour  les  propriétés,  loyers  et 
mobiliers  départementaux  ;  1.735.175  fr.  87  pour  la 
voirie  ;  29.292  fr.  88  pour  rinstruction  publique  ; 
392.685  fr.  38  pour  l'assistance  publique,  72.442  fr.  54 
d'encouragements  divers,  435.899  fr.  27  consacrés  au 
service  des  emprunts  et  43.796  fr.  96  à  des  dépenses 
diverses.  A  la  clôture  de  l'exercice  1896,  la  dette  du 
département  était,  en  capital,  de  6.077.685  fr.  30. 

Le  nombre  des  centimes  départementaux  étaitde  55^,70 
dont  30^,70  portant  sur  les  quatre  contributions;  le  pro- 
duit de  ce  dernier  centime  était  de  38.376  fr.  29,  celui 
du  centime  portant  seulement  sur  les  contributions  fon- 
cière et  personnelle  mobilière  atteignait  30.396  fr.  99. 

Les  512  communes  du  département  avaient  en  1898  un 
revenu  global  de  2.765.000  fr.  correspondant  à  2  millions 
636.092  fr.  de  dépenses.  Le  nombre  total  des  centimes 
pour  dépenses  tant  ordinaires  qu'extraordinaires  était  de 
14.049  dont  5.058  extraordinaires,  soit  une  moyenne  de 
27  cent,  par  commune.  Il  y  avait  74  communes  imposées  de 
moins  de  15  cent.,  253  imposées  de  15  à  30  cent.,  164  de 
31  à  50  cent.,  21  com.  de  51  à  100  cent. 

La  dette  communale,  au  31  mars  1897,  se  montait  ta 
7.919.418  fr. 

Le  nombre  des  communes  à  octroi  était  de  12,  le  pro- 
duit net  des  octrois  se  montait  à  697.768  fr. 

Etat  intellectuel.  —  Au  point  de  vue  de  l'instruc- 
tion, le  dép.  de  l'Orne  est  un  peu  au-dessus  de  la  moyenne. 
En  1894,  sur  2.769  conscrits  examinés,  85  ne  savaient 
pas  lire.  Cette  proportion  de  31  illettrés  sur  1.000 
(moyenne  française,  58*^/oo)  place  le  dép.  de  l'Orne  au 
30®  rang  (sur  90  dép.)  parmi  les  départements  français. 
Pour  l'instruction  des  femmes,  il  est  au  16^  rang  (sur  87 
dép.),  avec  974  femmes  pour  1.000  ayant  signé  leur  acte 
de  mariage.  La  proportion  pour  les  hommes  est  de  967. 

Durant  l'année  scolaire  1896-97,  voici  quelle  était  la 
situation  scolaire  : 

1^  Ecoles  primaires  élémentaires  et  supérieures 

Ecoles  laïques        Ecoles  congréganistes 

publiques    privées    publiques       privées 

Nombre  des  écoles  (U3  ô        145  <S4  817 

Instituteurs 'loF  ""IT  529 

Institutrices 318  413  731 

Elèves  garçons...     18.298'^'^lGl        415^^^^    900    19.774 
-      filles 10.159  179    6.307  5.228    21.873 


600 


2^  Ecoles  maternelles 


Ecoles  laïques 
publiques  privées 

Ecoles  congre 
publiques 

ganistes 

privées 

Total 

Nombre  d'écf 
Institutrices. 

Garçons 

Filles 

)les.. 

8         » 

19        » 

532        » 

487        » 

5 

9 

333 

317 

18 

25 

631 

639 

31 

1.499 
1.113 

Ces  chiffres  montrent  que  la  laïcisation  de  l'enseigne- 
ment est  peu  avancée,  la  majorité  des  tilles  sont  éle- 
vées par  les  congréganistes  qui  occupent  encore  beau- 
coup d'écoles  publiques.  Il  y  a  peu  d'écoles  maternelles, 
la  plupart  des  communes  étant  très  petites.  La  même  rai- 
son a  fait  généraliser  le  système  des  écoles  mixtes  ;  on  en 
compte  244  dont  239  publiques. 

L'enseignement  primaire  supérieur  pubhc  n'est  repré- 
senté pour  les  garçons  que  par  l'école  de  La  Eerté-Macé 
qui  avait,  en  1895,  78  élèves;  pour  les  filles,  par  5  cours 
(127  élèves).  Il  existe  à  Elers  une  école  industrielle 
(37  élèves). 

Les  écoles  normales  primaires  sises  à  Alençon  comptaient 
(en  1895-96)  36  élèves-maîtres  et  35  élèves-maîtresses. 

Le  certificat  d'études  primaires  élémentaires  fut  brigué 
en  1895  par  830  garçons  dont  670  l'obtinrent,  et  791 
filles  dont  645  l'obtinrent.  —  A  l'examen  du  brevet  de  ca- 
pacité se  présentèrent  47  aspirants  dont  25  furent  admis  ; 
110  aspirantes  dont  77  furent  admises.  Au  brevet  supé- 
rieur, 16  aspirants  dont  12  admis  ;  25  aspirantes  dont 
17  admises. 

Ces  chiffres  attestent  un  développement  convenable  de 
l'enseignement  sans  rien  de  particuli  r. 

Le  total  des  ressources  de  l'enseignement  primaire  pu- 
blic était  en  1894 de  1.265.880  fr.^06.  —  Il  existaitl58 
caisses  des  écoles  avec  34.254  fr.  de  recettes  et  29.760  fr. 
de  dépenses. 

L'enseignement  secondaire  se  donnait  aux  garçons  dans 

I  lycée  et  4  collèges  communaux  à  676  élèves  dont  266  in- 
ternes. 

Etat  moral.  —  La  criminalité  n'a  rien  de  particulier. 
La  statistique  judiciaire  de  1891  accuse  28  condamnations 
en  cour  d'assisses,  dont  11  pour  crimes  contre  les  per- 
sonnes ou  l'ordre  public.  Les  4  tribunaux  correctionnels 
examinèrent  1.348  affaires  et  1.584  prévenus  dont  79  fu- 
rent acquittés,  19  mineurs  remis  à  leurs  parents,  25  mi- 
neurs envoyés  en  correction,  508  condamnés  à  l'amende 
seulement,  931  à  un  emprisonnement  de  moins  d'un  an, 
22  à  un  empi'isonnement  de  plus  d'un  an.  On  a  compté 

II  récidivistes  devant  la  cour  d'assises  et  792  eji  correc- 
tionnelle ;  5  furent  condamnés  à  la  relégation.  — Il  y  eut 
1.898  contraventions  de  simple  police.  —  Le  nombre  des 
suicides  s'éleva  à  77;  celui  des  morts  violentes  à  111. 
Les  4  prisons  départementales  renfermaient,  au  31  déc. 
1892,  161  détenus,  dont  142  hommes  et  19  femmes. 

L'assistance  pubbque  est  assez  bien  organisée.  Les  bu- 
reaux de  bienfaisance  étaient  en  1892  au  nombre  de  192 
desservant  une  population  de  219.396  hab.;ils  assistèrent 
10.998  personnes.  En  1896,  le  nombre  des  secourus 
s'élevait  à  11.304  personnes,  le  total  des  recettes  à 
324.574  fr.,  celui  des  dépenses  à  324.834  fr.  —  Le 
nombre  des  hôpitaux  et  hospices  est  (en  1896)  de  15,  des- 
servis par  23  médecins  et  disposant  de  1.279  bts  dont 
100  pour  militaires,  485  pour  malades  civils,  414  pour 
vieillards  et  infirmes,  110  pour  enfants  assistés,  170  pour 
le  personnel  des  établissements.  Le  budget  se  montait  à 
565.258  fr.  pour  les  recettes  et  590.693  pour  les  dé- 
penses de  l'année.  Il  fut  soigné  2.729  malades  dont  186 
décédèrent  ;  496  infirmes  et  vieillards  dont  97  décédè- 
rent; 959  enfants  assistés.  En  outre,  215  enfants  étaient 
secourus  à  domicile.  —  Un  asile  départemental  d'aliénés 
existe  à  Alençon;  le  31  déc.  1896,  le  département  y  en- 
tretenait 449  aliénés  dont  231  femmes.  La  dépense  to- 
tale était  de  181.479  fr.  dont  117.815  fournis  par  le 
département.  —  L'assistance  privée  était  représentée  (en 
1892)  par  23  établissements  et  32  sociétés  diverses. 


604 


ORNE  —  ORNEMENT 


l.es  œuvres  de  prévoyance  sont  normalement  dévelop- 
pées. La  Caisse  nationale  d'épargne  a  reçu,  en    1896, 
15.76o  dépôts  (dont  "2,660  premiers  versements) se  mon- 
tant à  -i.'îêO.^iriT  fr.  39.  Elle  a  remboursé  7.^i9  dépôts, 
pour  un  total  de   "i.8"2t).30i  fr.  70.  —  Les  9  caisses 
d'épargne  ordinaires  et  leurs  !2  succursales  avaient  délivré 
au  31  déc,  1896  un  total  de  55.920  livrets;  au  cours 
de  l'année,  il  en  avait  été  ouvert  3.909  et  soldé  3.13i2.Le 
solde  dû  aux  déposants  était  au  31  déc.  de  25 .458.797  fr.  74 . 
11  avait  déposé  ou  transféré  6.293.509  fr.  58  et  rem- 
boursé 5.786.746  fr.  87.  —  La  Caisse  nationale  de  re- 
traites pour  la  vieillesse  a  reçu  en  4897  par  442  verse- 
ments individuels  29.206  fr.  et  par  4.773  versements 
collectifs  26.647  fr.  En  1893  les  pensions  en  cours  étaient 
au  nombre  de  4.773  pour  un  total  de  264.428  fr.  —  Les 
sociétés  de  secours  mutuels  étaient,  en  4893,  au  nombre 
de  33  dont  25  approuvées  (4.904  membres  participants) 
et  8  autorisées  (574  membres  participants). Les  premiers 
avaientun  avoir  disponibleau4^''janv.4894de449. 830  fr., 
encaissé  dans  l'année  69.945  fr.  de  recettes  et  dépensé 
73.4  47  fr.;  les  secondes  avaient  un  avoir  disponible  de 
16.482  ir.,  encaissé  40.573  fr.  et  déboursé  8.066  fr. 
Les  premières  avaient  secouru  1.344  membres  dans  l'an- 
née; les  secondes,  454.  —  En  1896  les  dons  et  legs  aux 
établissements  publics  et  reconnus  d'utilité  publique  ont 
été  au  nombre  de  38  pour  un  total  de  204.831  fr.  dont 
422.640  aux  hospices,  62.066  aux  communes,  47.425 
aux  établissements  religieux.  A. -M.  Berthelot. 

BiUL.  :  V.  Normandie,  Alençon,  Perche,  etc.  —  An- 
nuaire de  l'Orme^  in-12.  —  Annuaires  statistiques  de  la 
Fra?îce,  en  particulier  celui  de  1894  (mieux  établi  que  les 
suivants).  —  Dénombrements,  particulièrement  ceux  de 
1886  et  1891  avec  les  résultats  développés.  —  Statistique 
agricole,  de  l'industrie  minérale,  Etats  de  situation  de 
renseignement  priinaire,  Situation  financière  des  com- 
munes, des  départements,  Comptes  définitifs  de  chaciue 
exercice^  etc.  —  Ad.  Joanne,  (réographie  de  l'Orne,  in-16. 

Description  abrégée  du  dép.  de  l'Orne,  par  la  Société 


littéraire  d'AIeucon,  1801,  in-8. 
du  dép.  de  l'Orne,  1802,  in-8.  - 
Statist.  de  VOrne.  1812,  in-4.  - 


La  Magdeleine,  Statist. 
Peuchet  et  Chaxlaire, 
De  Cau.mont,  Matériaux 


pour  servira  une  stattsti([ue  de  VOrne,  1836,  in-8.  —  Léon 
de  La  Sigotikiik,  l'Orne  archéol.  et  pittoresque,  1851,  in- 
fol.,  et  Notes  statisluiues  du  dép   de  l'Orne,  1861,  in-8. 

GÉOLOGIE  —  BLA\n:R,  Etudes  géolor/iques  sur  le  dép. 
de  /0>vîe,  l^aO,  1  vol  in-8,  av«M- 'une  carte.  —  Cf.  tra- 
vaux de  MM  Bi/K'i-.  Li-:rELLii:R,GuvARi)i;r.  LEra:uR.  Re- 
nault. MoRiÈRE.  Qmili:rt,  P,I(,()t,  Lkveilli:,  dans  Bitli. 
Soc.  géol.  France,  Bull.  Soc.  géol.  Normandie,  Bull.  Société 
linnéenne  NormatulicAssoc.  franc.  po?ir  l'avancement  des 
sciences.  —UoLhvufi,  Recherches  sur  les  ondulations  des 
couches  tertiaires  dans  le  bassin  de  Paris  {Btdl.  Service 
carte  géol.  France.  LS91).  —  M  Bertrand,  Sur  la  conti- 
nuité du  phénomène  de  pUssoncnt  dans  le  bassin  de  Paris 
[Bull.  Soc.  Qéol.  Fra)ice.  1892).  —  (Khlert  et  Bigot.  Not. 
sur  le  massif  silurien  dlleslo-up  {Bull.  Soc.  géol.  France, 
1898).  —  Feuilles  ,uéolo«.n(pu's  au  1/80.000»  d'Alencon,  Mor- 
taii-ne.  Falaise.  Bemay.  Avranches,  Coutances  et  xMayenne. 

ORNE  (Blas.).  On  emploie  ce  terme  en  parlant  de  Técu 
quand  il  est  entouré  de  ses  laml)re([uins. 

ORNE  DE  VoËvRE.  Rivière  du  dép.  de  Meurthe-et- 
Moselle  (V.  ce  mot,  t.  XXIIl,  p.  834). 

ORNE  Saosnoise.  llivière  des  dép.  de  l'Orne  et  de  la 
Sarthe  (V.  Orne  [Dép.  |  et  S.\kthe  [Dép.]). 

ORNE>€.  Ville  de  la  Grèce  antique,  au  N.-O.  de  l'Ar- 
golide,  à  24  kil.  d'Argos.  Citée  dans  VIliade,  elle  garda 
sa  population  acbéenne  (cynurienne)  jus(ju'en  446,  épocpie 
de  sa  destruction  par  les  Argiens. 

ORNEL.  Com.  du  dép.  delà  Meuse,  arr.  de  Verdun, 
cant.  d'Etain  ;  52  hab. 

ORNEMANISTE  (V.  Sculptelh). 

ORNEMENT.  I.  Beaux-Arts  (V.  Art  décoratif,  t.  Ill, 
p.  4453). 

II.  Musique.  —  Notes  fugitives  ajoutées  à  une  mélodie. 
Autrefois  en  grand  nombre  et  fré(juemment  employés,  les 
ornements  étaient  ou  indiqués  par  le  compositeur  ou  intro- 
duits par  Texécutant,  qui  souvent  en  faisait  abus.  La 
musique  moderne  en  est  i)lus  sobre,  et  les  chanteurs  ou 
les  instrumentistes  se  bornent  en  général  à  l'exécution  des 
agréments  indiqués  ])ar  l'autenr.'  Ceux  actuellement  en 
usage  sont  le  trille,  legntppetto,  le  mordant,  Vappogia- 
tuve.  En  voici  des  exemples  qui,  mieux  que  toutes  les 
explications,  en  feront  comprendre  la  nature  : 


iudicatioo 


TIULLF 

exécution. 


-f  r  r  r  r  r  rT^ 


^ 


(Le  trille  est  généralement  suivi  dune  terminaison  indiquée  ou  sous-entendue.) 


tr^ 


indication. 


(iRUPPETTO 

exe'cution. 


» 


m 


^ 


MORDANT 
indication.  exe'cution. 


indication. 


m 


È 


APPOGGIATURE 
execu(ion. 


W=^ 


¥ 


p 


ORNEMENT  —  ORNEVAl. 


—  602  — 


Telles  sont  les  prinripales  figures  (rorneinents  ;  elles 
comprennent  nne  foule  de  variantes  qni  demandent  nne 
étnde  attentive  et  une  i^rande  déliralesse  d'exéculion. 

III.  Histoire  religieuse.  —  Ohm-xu-ms  sâœu do- 
taux. —  Cette  désignation  est  ordinairement  réservée 
aux  six  ornements  eommnns  aux  évè([ues  ol  aux  prêtres, 
et  qu'ils  sont  obligés  de  porter  pour  la  célébration 
de  la  messe  :  auiict,  aube,  ceinture,  manipule,  etole, 
chasuble.  Excepté  ponr  la  ceinture,  on  trouvera  sous 
leurs  noms,  dans  la  série  alpliabétifpie  de  notre  Ency- 
clopédie, des  notices  indic{uant  l'origine,  parfois  fort 
profane,  de  ces  ornements,  leur  forme  et  les  idées  sym- 
bolicpies  fort  édifiantes,  mais  aussi  fort  différentes.  c|ue 
['imagination  des  liturgisles  y  attache.  I.e  nom  de  la 
Ceinture  en  indiijue  suffisamment  la  forme  et  l'usage.  11 
suffit  de  noter  ici  (pie,  suivant  certains  liturgistes,  elle 
avertit  le  prêtre  cpi'il  doit  être  ceint  de  continence  et  de 
chasteté  ;  suivant  d'autres,  elle  doit  lui  rappeler  les  liens 
dont  Jésus  fut  étreint  ;  snivant  d'autres  enfin,  elle  repré- 
sente les  fouets  dont  il  fut  ensanglanté  à  la  colonne.  — 
Aujourd'hui,  ces  ornements  sont  déclarés  tellement  néces- 
saires à  la  célébration  de  la  messe,  qu'on  pécherait  mor- 
tellement si  on  la  célébrait  sans  les  porter,  quand  môme 
on  ne  Je  ferait  que  dans  les  cas  de  grande  nécessité.  Ce- 
pendant, il  n'est  contesté  par  personne,  même  parmi  ceux 
qui  s'efforcent  d'attribuer  la  plus  haute  anticpiité  à  toutes 
les  choses  du  cathohcisme,  que  Jésus  institua  et  célébra 
la  sainte  cène  revêtu  de  ses  ha])its  ordinaires,  et  que  ses 
disciples  et,  après  eux.  tous  les  chrétiens  pendant  plusieurs 
siècles  la  célébrècent  de  même.  Les  ornements,  ainsi  que 
le  costume  professionnel  des  clercs,  furent  introduits  dans 
les  usages  de  l'Eglise,  plus  tard,  les  uns  après  les  autres, 
à  des  époques  fort  différentes  (V.  Vêtement  ecclésias- 
tique). —  Ces  ornements  sacerdotaux  ne  peuvent  être 
employés  cpi'après  avoir  été  bénits  par  l'évêcpie  ou  par  un 
prêtre  qu'il  délègue.  Ils  perdent  leur  bénédiction  lorsqu'ils 
perdent  la  forme  dans  laquelle  ils  Font  re^ue,  ou  qu'on 
ne  peut  plus  s'en  servir  décemment  pour  les  fonctions  du 
ministère.  —  La  matière  est  la  soie  ou  la  laine.  Mais  la 
laine,  dénotant  la  pauvreté  ou  la  trop  grande  économie, 
n'est  admissible  cjue  dans  les  ordres  qui  vivent  d'aumônes. 
Le  coton  et  le  lin  ne  sont  tolérés  que  pour  la  doublure. 
On  peut  convertir  en  ornement  sacré  ce  qui  a  servi  à  des 
usages  profanes,  comme  on  peut  consacrer  à  Dieu  les 
temples  des  démons.  Néanmoins,  la  question  relative  à  la 
matière  provenant  des  vêtements  de  femme  reste  contro- 
versée. —  Les  FORMES  peuvent  être  ainsi  classées  :  ro- 
maine,  gotlihiue  ou  }nozarabi([tie,  nationale;  mais  le 
progrès  de  l'unification  de  la  liturgie  tend  à  les  rameiKM^ 
t(»utes  l\  la  nvnaine.  —  Pour  la  couleur,  V.  t.  XIII, 
p.  -il,  ['^'^  col.  —  L'art.  37  du  décret  du  30  déc.  1800 
S2U'  les  fabriques  met  à  leur  charge  les  dépenses  relatives 
aux  ornements.  —  Outre  les  ornements  précédemment 
mentionnés,  les  évèoues  portent,  dans  l'exercice  de  leurs 
fonctions.  Vanneau  (V.  t.  III, p.  oG),  la  crosse  (V.  t.  XIII), 
la  mitre  (V.  t.  XXIII).  les  catùjes,  qui  ressemblent  peu 
à  la  caliga  romaine  (V.  t.  VI II,  p.  9-4)  et  les  sandales. 
Ces  deux  derniers  objets,  que  le  vulgaire  a])])elle  tout 
simplement  des  bas  et  des  souliers,  exhortent  l'évêque  à 
marcher  dans  les  voies  du  Seigneur.  Lors([u'il  relire  sa 
chaussure  ordinaire  pour  se  revêtir  des  caliges  et  des  san- 
dales liturgiques,  il  doit,  en  outre,  se  rappeler  que  le 
Seigneur  a  dit  à  Moïse  :  «  Déchausse  les  souliers  de  tes 
pieds  »  et  c|ue  Esaïe  s'écrie  :  «  Qu'ils  sont  beaux  les 
pieds  de  ceux  (jui  annoncent  la  paix  !  »  Tandis  que  sur 
sa  tête  les  deux  cornes  de  la  mitre  symbolisent  l'une 
l'Ancien  Testament,  l'autre  le  Nouveau.     E.-H.  Vollet. 

BiBL  :  Ba]nikr  et  Lk  Mapcrier,  Ilistoli-c  (jéaévule  des 
cérémonies  ;  Paris,  1711,  in-Col  ,  fi,u-.  —  Vilkxjky,  rnstitiUioii 
(ht  droit  canonique:  l^ariy.  17G7,  2  vol.  iii-12.  —  !)]•:  Vi<rt. 
ExpUccition  des  cérémonies  de  VEçjUse;  Paris,  17U()-13, 
4  vol.  in-8.  —  !.]•:  Brun,  ExpUaiiion  des  prières  et  des 
cérémonies  de  lu  messe  ;  l\'iris,  172G,  4  vol.  iii-8.  —  Gui- 
ranger,  Institutions  litunjiques  ;V avis,  1S7S-S5,4  vol.in-8. 
—  P.  Duciii::sNK,  Origine  dû  ad  te  chrétien  .-Paris,  188U,in-S 


ORNEMENTATION  (Archit.).  On  désigne  par  ce  mot 
l'ensemble  des  motifs  décoratifs  qui,  appli(piés  sur  un  édi- 
fice ou  sur  une  partie  d'édifice,  leur  servent  comme  de 
vêtement  ou  de  })ajTn'e  pour  en  irliausser  la  beauté  (m  en 
accentuer  la  destination,  motifs  rcconvranl  parfois  une 
surface  importante  ou  méfiant  seidement  en  valeur  un 
point  donné  :  c'est  ainsi  (|ue  toute  la  façade  d'un  temple 
grec  du  v*'  siècle  avant  notre  ère  était  revêtue  d'une  dé- 
coration polychrome;  que  des  porches  d'églises  gothiques 
sont  entièrement  recouvei'ts  de  statues  et  de  bas-reliefs 
retraçant  les  mystères  et  les  légendes  du  culte  chrétien  ; 
que  des  oves.  des  rais-de-c;eur,  desdenticules  et  ciesmo- 
dillons  ornent  les  différentes  parties  de  la  corniche  d'un 
entablement  corinthien,  ou  (pie  des  cabochons  de  verre 
coloré  se  détachent  sur  des  ])anneaux  de  terre  cuite  dans 
les  appuis  des  croisées  d'une  villa  suburbaine.  Il  semble 
inutile  de  rappeler  que  rornementalion,  si  rndimentaire 
fùt-elle  à  l'épocpie  préhistori(pie,  a  existé  dès  cette  époque 
et  que  les  pierres  debont,  dressées  en  commémoration  des 
événements  les  plus  anciens,  offrent  parfois  des  figures  en 
creux  constituant  une  cei'taine  ornementation,  de  même 
que,  sur  les  premiers  vases  de  terre  séchée  au  soleil,  se 
voient  figurés  en  creux  des  lignes  concentri(pies  on  des 
zigzags,  sorte  de  grecques  élémentaires,  mais  véritables 
tentatives  d'une  ornementation  toute  primitive.  Dans  l'ar- 
chitecture, plus  au  reste  que  dans  tout  autre  art,  l'orne- 
mentation doit  subir  l'influence  des  matériaux  (pfelle  re- 
couvre, et  aussi  l'inffuence  des  procédés  de  mise  eno'uvre 
de  ces  matériaux;  et  il  est  à  noter  que,  dans  tout  style 
d'architecture  parvenu  à  son  entier  é])anouissement,  l'or- 
nementation ada])tée  à  ce  style  n'a  jamais  été  inférieure, 
comme  développement  et  comme  perfection,  aux  autres 
données  de  ce  style  :  dispositions  du  plan,  proportions  des 
membres  d'architecture,  moyens  de  construction  ;en  effet, 
tel  motif  de  céramicpie  arraché  aux  ruines  du  palais  des 
anciens  rois  Perses,  tel  fragment  de  volute  de  chapiteau 
ionique  d'un  temple  de  l'acropole  d'Athènes,  tel  sujet  de 
vitrail  d'une  fenêtre  de  cathédrale  gothique,  ou  telle  boi- 
serie sculptée  d'un  boudoir  Louis  XV  ne  le  cèdent  en  rien, 
au  point  de  vue  de  l'art  le  plus  raffiné,  aux  autres  élé- 
ments des  styles  d'architecture  de  ces  diverses  civilisations. 
L'histoire  de  l'ornementation  ne  peut  au  reste  se  disjoindre 
de  l'histoire  de  l'architecture,  et  les  transformations  suc- 
cessives de  l'ornementation  s'associent  et  se  confondent 
avec  les  transformations  de  l'architecture,  ces  diverses 
transformations  portant  l'empreinti*  des  civilisations  dont 
elles  sont  les  monuments  figurés  les  plus  expressifs.  C/est 
donc,  au  point  de  vue  de  l'architecture,  aux  divers  articles 
sur  les  styles  d'architectiu'e  el  sur  les  pays  ou  sont  éclos 
et  se  sont  développés  ces  styles  (pie  se  trouvent  indiquées 
et  résumées,  ainsi  qu'aux  nc^mbreux  articles  concernant  les 
divers  motifs  d'ornements,  toutes  les  données  générales 
et  spéciales  de  l'ornementation.  (Charles  Lucas. 

ORNÉODES  (Lntom.).  Genre  d'Insectes  Microlépidop- 
tères  établi  par  Latreille  et 
qui  forme  la  famille  des  \tu- 
cilida\  Cette  famille  est  ca- 
ractérisée par  des  ailes  divi- 
sées chacune  en  six  plumes. 
L'espèce  typi(fue  est  VO.  po- 
hjdaclylus  llubn  ou  hexa- 
daclijtus  Dev.  d'une  enver- 
gure de  13  millim.  La  chenille  dévore  les  parties  intérieures 
du  calice  des  ffeurs  de  chèvref(mille.  Le  petit  papillon  se 
trouve  au  mois  d'avril  dans  toute  l'Europe  centrale. 

ORNES.  Corn,  dn  déj).  de  la  Meuse,  arr.  de  Vei'dun. 
cant.  de  Charnv  ;  913  hab. 

ORNEVAL  (D')  ou  DORNEVAL,  auteur  dramatique 
français,  né  à  Paris,  mort  à  Paris  en  1766.  On  ne 
sait  à  ])cu  près  rien  de  sa  vie,  sinon  qu'il  vécut  et 
mourut  pauvre.  Il  avait  composé  une  soixantaine  de  pièces, 
quehpies-unes  seul,  la  plupart  en  collaboration  avec  Fuse- 
lier,  Autreau,  Le  Sage,Piron.  etc.  ;  écrites  dans  un  slyle 


Orneodes  hcxadartvlus  L. 


608  ~ 


ORNEVAL  —  ORNITHODELPHES 


facile  et  spirituel,  elles  furent  jouées  principalement  sur 
les  théâtres  des  foires  Saint-Germain  et  Saint- Laurent,  où 
plusieurs  obtinrent  un  grand  succès  :  Arlequin  gen- 
tilhomme malgré  lui  (a  actes);  Arlefiuin  Huila  ou  la 
Femme  répudiée  (1  acte.  ITiO);  le  Monde  renversé 
(i  acte,  1718)  ;  les  Pèlerins  de  La  Mecque  (3  actes, 
1726);  Achmetet  Almanùne  (3  actes,  1728);  la  Péné- 
lope moderne  (2  actes,  1728)  ;  la  Princesse  de  la  Chine 
(3  actes,  1720)  ;  Roger  de  Sicile  (3  actes,  1731)  ;  les 
Trois  Commères  (3  actes,  1733),  etc.  La  plupart  sont 
imprimées  dans  le  Théâtre  de  la  foire,  qu'il  édita  avec 
Le  Sage  (Paris.  1721-37,  10  vol.).  Dans  les  dernières 
années  de  sa  vie,  il  s'acharna  à  la  recherche  de  la  pierre 
philosophalc  et  épuisa  en  vaines  expériences  le  peu  de 
ressources  qu'il  avait  amassées. 

ORNEX.  Com.  du  dép.  de  l'Ain,  arr.  de  Gex,  cant.  de 
l^'erney- Voltaire  ;  316  hah. 

OR'NÉZAN.  Com.  du  dép.  du  Gers,  arr.  et  cant.  (S.) 
d'Auch  ;  235  hab. 

ORNIAC.  Com.  du  dép.  du  Lot,  arr.  de  Cahors,  cant. 
de  Lauzès ;  408  hab. 

ORNITHOBIE  (Lntom.).  Genre  d'Insectes  Diptères,  de 
la  famille  des  Ornitiiomyies,  établi  par  Meigen.  Ce  genre 
est  surtout  caractérisé  par  les  ailes  qui  n'ont  que  trois 
nervures  longitudinales  et  peuvent  se  briser  à  la  racine. 
VO.  pallida  Meig.  vit  sur  les  oiseaux  et  constitue  la  forme 
ailée  du  Lipoptena  cervi  Lin.  (V.  Lipoptène). 

ORNITHODELPHES.  I.  Zoologie.  —  Sous  ce  nom, 
synonyme  de  Monotrêmes,  on  désigne  un  ordre  de  Mam- 
mifères qui  occupe  le  rang  le  plus  inférieur  dans  cette 
classe,  formant  la  transition  aux  Oiseaux  et  aux  Reptiles. 
Les  caractères  de  cet  ordre  sont  assez  tranchés  pour  qu'on 
le  considère  comme  constituant  à  lui  seul  une  sous-classe 
que  l'on  a  proposé  de  désigner  sous  le  nom  de  Proto- 
ïnEHiA  (Huxley),  comme  dérivant  des  Mammifères  primi- 
tifs, et  qui  n'est  plus  représentée,  à  l'époque  actuelle,  cpe 
par  les  deux  genres  Ornilhorhgnque  et  Echidjié  (Y.  ces 
mots).  Le  nom  d'ORNrruoDELPUE  fait  allusion  au  carac- 
tère principal  commun  à  ces  deux  genres:  la  conforma- 
tion des  organes  génitaux  qui  rappellent  ceux  des  Oi- 
seaux. 

Les  caractères  de  ce  groupe  sont  les  suivants  :  le  cer- 
veau présente  une  commissure  antérieure  très  grande  et 
un  corps  calleux  très  petit,  comme  on  l'observe  déjà  chez 
les  Didelphes.  Les  hémisphères  cérébraux  sont  bien  déve- 
loppés   et  pourvus   de    circonvolutions  (au   moins  chez 
TEchidné).  Les  osselets  de  l'oreille  sont  d'un  type  très 
primitif,  le  marteau  étant  très  grand,  l'enclume  petite  et 
rétrier  columelliforme.  L'oscoracoïde  est  distinct,  comme 
(liez  les  Oiseaux,  articulé  avec  le  sternum,  et  il  existe  en 
outre  un  précoracoRlc  (épicoracoide)  et  un  épisternum  (ou 
interclaviculaire)  qui  relie  le  sternum  aux  clavicules.  Le 
bassin  porte   des  os  épipubiens  ou  marsupiaux,  comme 
chez  les  Didelphes.  Chez  la  femelle,  les  deux  oviductes 
restent  séparés  dans  toute  leur  longueur,  comme  chez  les 
Vertébrés  ovipares,  sans  former  d'utérus  ni  de  vagin  dis- 
tincts et  viennent  s'ouxrir  par  des  orifices  pairs  dans  un 
cloaque  servant  de  vestibule  commun  aux  organes  géni- 
taux-urinaires  et  à  l'intestin.  Les  testicules  du  mâle  res- 
tent toujours  renfermés  dans  l'abdomen,  et  leur  canal 
déférent  s'ouvre  dans  le  cloaque  et  non  dans  l'urèthre. 
Le  pénis,  fixé  à  la  paroi  ventrale  du  cloaque,  est  presque 
entièrement  perforé,  et  non  simplement  creusé  en  gout- 
tière comme  chez  les  Reptiles  et  les  Oiseaux  qui  possèdent 
un  organe  de  ce  genre.   Par  son  contact  temporaire  avec 
le  canal  déférent,  ce  conduit  forme  un  urèthre  séminal, 
mais  il  ne  sert  jamais  au  passage  de  l'urine.  Les  uretères 
ne  s'ouvrent  pas  dans  la  vessie,  mais  en  arrière  de  celle- 
ci,  dans  la  paroi  dorsale  du  conduit  génito-urinaire.  Les 
glandes  mammaires  sont  dépourvues  de  mamelon  et  dé- 
versent la  sécrétion  lactée  par  des  ouvertures  nombreuses, 
dans  une  dépression  jde  la  cavité  abdominale  qui  forme 
une  poche  bien  développée  seulement  à  l'époque  de  la  re- 


production. D'après  Gegenbaur,  ces  glandes  seraient  d'une 
structure  très  simple,  en  rapport  avec  les  follicules  pi- 
leux, et  non  groupées  en  forme  d(^  mamelle  ;  elles  appar- 
tiendraient au  type  des  glandes  sudoripares  et  non  à  celui 
des  glandes  sébacées,  comme  cliez  les  autres  Mammifères. 
I^a  région  de  l'abdomen,  où  ces  gland<^  sont  situées,  est 
pourvue  de  muscles  puissants  dont  les  contractions  favo- 
risent la  sortie  du  liquide  sécrété  ;  celui-ci,  coulant  le 
long  des  poils,  est  léché  par  le  jeune,  de  telle  sorte  que 
l'on  peut  dire  qu'il  existe  un  téton  pilifère. 

La  femelle  pond  un  ou  deux  œufs  à  enveloppe  parche- 
minée. Cet  œuf  est  mérohlastique  comme  celui  des  Oi- 
seaux, c.-à-d.  qu'une  partie  seulement  du  vitellus  se 
segmente  pour  former  l'embryon,  le  reste  servant  à  la 
nourriture  de  celui-ci.  Au  bout  d'un  certain  temps,  le 
petit  déchire  l'enveloppe  de  l'œuf  et  achève  son  dévelop- 
pement en  se  nourrissant  du  lait  sécrété  par  les  glandes 
mammaires.  La  bouche  du  jeune  diffère  de  celle  de  l'adulte  : 
chez  l'Echidné  naissant,  le  museau  est  beaucoup  plus  gros 
et  court  et  ressemble  à  celui  du  jeune  Ornithorhynque  ; 
chez  celui-ci,  il  n'est  pas  encore  revêtu  du  bec  corné,  qui 
se  développe  seulement  lorsque  le  jeune  animal  est  sevré 
et  cherche  lui-môme  sa  nourriture. 

La  structure  de  l'œuf  des  Monotrèmes  a  été  étudiée  ré- 
cemment par  Semon.  Comme  chez  les  Sauropsides  et  les 
Didelphes,  la  vésicule  allantoïde  est  une  poche  remplie  de 
liquide  dont  les  parois  lisses  et  unies  sont  richement  vas- 
cularisées,  ce  qui  lui  permet  de  fonctionner  comme  un  or- 
gane de  respiration  embryonnaire.  La  face  externe  de  la 
poche  allantoidienne  s'accole  à  l'examnios  pour  former 
une  seule  membrane  {chorion  embryonnaire)  qui  la  sé- 
pare de  la  coque  de  l'œuf.  L'air  passe  au  travers  de  cette 
dernière  par  des  pores  et  arrive  à  la  membrane  vascu- 
laire  où  le  sang  s'oxygénise  en  se  dé])arrassant  des  pro- 
duits oxycarbonés.  En  outre  l'allantoide  sert  de  vessie  uri- 
naire  extérieure,  son  pédoncule  s'ouvrant  dans  le  cloaque 
de  l'embryon.  La  coque  de  l'œuf  a  la  même  structure 
dans  les  deux  genres  Echidné  et  Ornithorhynque.  Lorsque 
l'u-uf  est  dans  l'oviducte,  elle  présente  une  couche  interne 
homogène  et  une  externe  percée  de  caïuuix  poreux.  Hus 
tard,  rinterne  s'amincit,  en  même  temps  que  l'externe  de- 
vient plus  épaisse,  montrant  des  canaux  tubuleux  anas- 
tomosés qui  la  traversent  dans  toute  son  épaisseur  :  cet 
accroissement  s'opère  par  l'apport  de  nouvelles  couches  de 
kératine  que  la  co([uille  reçoit  sans  interruption  pendant 
son  séjour  dans  la  portion  de  l'oviducte  qui  correspond  à 
l'utérus. 

Sur  l'œuf  pondu,  on  trouve  une  troisième  membrane 
très  épaisse,  mais  qui  s'accole  sans  démarcation  bien  tran- 
chée à  la  couche  poreuse,  et  une  quatrième  (membrane 
tégumentaire),  anhyste  mais  renfermant  du  pigment  brun 
ou  noir.  L'œuf  remplit  presque  entièrement  la  coquille  : 
dans  les  stades  les  plus  jeunes,  il  y  a  entre  les  deux  en- 
veloppes internes  une  mince  couche  d'albumine  qui  est 
bientôt  résorbée.  Le  sac  vitellin  est  un  véritable  organe 
nutritif  qui  augmente  de  volume  au  cours  du  développe- 
ment. Les  Monotrèmes  n'ont  qu'une  seule  portée  pai'  an. 
Chez  l'Echidné,  un  seul  o'uf  est  fécomlé  et  se  recouvre 
d'une  enveloppe  de  kératine  pendant  son  passage  dans  l'ovi- 
ducte gauche  où  s'opère  son  ])remier  développement. 
L'ovaire  droit  ])roduit  bien  aussi  un  œ^uf,  mais  cet  œuf 
reste  dans  son  follicule,  et  bien  (pic  l'oviducte  droit  soit 
richement  vascularisé,  on  n'y  trouve  jamais  d'œuf  en  voie 
de  segmentation.  L'œuf  engagé  dans  l'oviducte  gauche 
s'accroît,  augmente  de  volume  et  de  poids,  en  même  temps 
que  le  diamètre  de  sa  coque  augmente.  Chez  le  jeune,  au 
moment  de  la  naissance,  la  poche  mammaire  est  bien  dé- 
veloppée dans  les  deux  sexes.  Plus  tard  elle  s'atrophie 
})our  ne  plus  reparaître  que  chez  la  femelle  à  l'époque  de 
la  reproduction.  Les  Monotrèmes  sont  remarquables  par 
la  faible  température  de  leur  milieu  intérieur  qui  ne  dé- 
passe pas  27^  (dix  degrés  de  moins  que  chez  la  majorité 
des  Mammifères) . 


ORNITHODELPHES  —  OHNITHOPUS 


—  604  — 


Les  deux  genres  actuels  sont  propres  à  la  région  aus- 
tralienne (Australie  et  Nouvelle-Guinée).  Tous  lieux  sont 
dépourvus  de  dents  à  l'âge  adulte,  mais  chez  le  jeune  Or- 
nithorhynque,  il  existe  de  véritables  dents  correspondant 
aux  dents  de  lait  des  autres  Mamuiifcres  (0.  Thomas). 
Cette  découverte  ^jorte  à  supposer  (|ue  les  ancêtres  des 
Monotrèmes  étaient  pourvus  de  dénis  à  Tàge  adulte,  et 
l'on  s'est  demandé  si  les  Mammifères  jurassiques,  dont  on 
ne  connaît  ([ue  la  mâchoire  inférieure,  n'étaient  pas  des 
Monotrèmes  ovipares.  Cope  et  Seeley  ont  insisté  sur  les 
rapports  que  les  Monotrèmes  présentent  avec  les  Reptiles 
Anomodontes  et  Théromorplies  :  c'est  surtout  par  la  forme 
de  la  ceinture  scapulaire,  présentant  trois  os  distincts 
(omoplate,  coracoide,  épicoracoïde) ,  et  celle  de  l'humé- 
rus, que  cette  ressemblance  est  manifeste. 

II.  Paléontologie.  —  Dans  les  couches  quaternaires 
d'Australie  on  trouve  des  débris  indiquant,  dès  cette  époque, 
la  présence  des  deux  genres  actuels  dans  ce  pays.  Une 
espèce  d'Echidné  {Echidna  oweni  on  gigantea)  atteignait 
une  taille  double  de  celle  des  espèces  actuelles.  —  Des 
débris  de  Mammifères  provenant  de  l'éocène  de  la  Pata- 
gonie  australe  ont  été  rapportés  par  Amegbino  au  groupe 
des  Monotrèmes.  Ce  sont  des  mâchoires  inférieures  pour- 
vues de  dents  et  des  humérus  qui  se  rapprochent  par  leur 
forme  de  ceux  des  Monotrèmes  actuels  (Dideilotfieriuni. 
Scotœops,  Adiastaltus,  Plagiocœliis,  Anatfiitus). 

E.  Trouessart. 
RiiiL     :   I.   Zoologie.    —   Skmox,  Klaatsch  et  Rugk. 
Bcobuchlunqcn   lœbcr   die    Forljiflaiiziiiu)   dci'  Monotro- 
itinn  [Dctisk.  (tcs;  lona,  1S94,  V,  pp.  1-74  'Axer  pL). 

11.  l*ALi:oNTOLOGii',.  ~  Seelky,  RcsQcircJtes  on  the  striir- 
luvp,  etc.,  oftJieFossU  Rcptilui  ;  X.,  Relation  of  the  Ano- 
modontia  to  the  Monotranwta  {Prod.  Uoïj .  Soc.  Rond.. 
1H96,  pp.  167-169). 

ORNITHOGALE  (OmWiogaliim  L.).  Genre  de  Lilia- 
cées,  composé  d'herbes,  à  fleurs  en  grappes  spiciformes 
ou  en  corymbe  et  caractérisé  par  le  périgone  marcescent 
à  6  divisions  libres,  les  étamines  hypogynes  ou  insérées 
à  la  base  des  divisions  du  périgone,  l'ovaire  triloculai^e 
surmonté  d'un  style  simple.  Le  fruit  est  une  capsule  ovoido 
trigone,  à  3  loges  renfermant  plusieurs  graines.  L'espèce 
type,  0.  iimbellatwn  L.,  appelée  vulgairement  Dame 
d'onze  heures,  est  répandue  dans  les  champs,  les  vignes, 
les  pâturages,  la  lisière  des  bois,  en  Europe.  Ses  bulbes 
ovoides  passent  pour  sialagogues  et  diurétiques  ;  ils  sont 
alimentaires.  Près  de  Genève,  on  mange  les  jeunes  pousses 
de  VO. pyrenaïcmn  L.,  qu'on  rencontre  assez  communé- 
ment dans  nos  forêts.  D''  L.  Hn. 

ORNITHOLOGIE.  Science({ui  s'occupe  de  l'histoire  na- 
turelle des  Oiseaux  (V.  ce  mot). 

ORNITHOMANCIE  (V.  Divination,  t.  XIV,  p.  719). 

ORNITHOMYIA  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Diptères, 
établi  par  Latreille  (Hist.  nat.  des  Ins.,  t.  XIV,  p.  402) 
et  qui  a  donné  son  nom  à  la  famille  des  Ornithomyides. 
Chaque  espèce  de  cette  famille  vit  spécialement  sur  une 
espèce  animale  déterminée  :  les  unes  attaquent  les  che- 
vaux, les  bœufs,  les  chameaux,  les  chiens  (Hippohosques)  ; 
d'autres,  les  moutons  (Melopliages)  ;  d'autres,  les  hiron- 
delles |(.S7^/io/?f^r/yx');  d'autres,  enfin,  les 'rapaces,  oies, 
grives,  etc.  (Ornithomijia).  L'O.  avicularia  L.  est  d'un 
vert  obscur. 

ORNITHOPODA  (Paléont.).  Ce  sous-ordre,  établi  par 
Marsh,  comprend  des  Dinosauriens  dont  les  principaux 
caractères  sont  :  vertèbres  sans  cavité  interne  ;  cervicales 
plus  courtes  que  les  dorsales  ;  des  post-zygoapophyses  aux 
caudales  antérieures  et  moyennes  ;  os  des  membres  creux; 
membres  antérieurs  beaucoup  plus  courts  c{ue  les  posté- 
rieurs ;  cimj  doigts  à  la  main;  pieds  digitigrades  avec  des 
griffes  pointues  ;  postpubis  longs,  parallèles  à  l'ischion  ; 
pas  de  squelette  dermi(fue.  Le  sous-ordre  des  Ornithopodes 
comprend  les  familles  des  Camptosauridées  :  intermaxil- 
laire latéralement  denté,  vertèbres  dorsales  platyca^îes. 
postpubis  allongé,  quatre  doigts  à  la  patte  postérieure  ; 
Ignanodontidées  :  intermaxillaire  denté,  vertèbres  dorsales 


platyco'les,  post-pubis  incomplètement  ossifié,  trois  doigts 
à  la  patte  postérieure  ;  Hadrosauridées  :  intermaxillalre 
édenté.  éhii-oi  en  forme  de  cuillère,  deiit^  des  maxillaires 
sur  plusieurs  rangées,  vertèbres  dorsales  opisthoco^les. 
postpid)is  allongé;  Nanosauridées  :  dents  disposées  sui- 
vant une  rangée  fortement  comprimées  et  dentelées  ;  t)r- 
Ihomimidées  :  membi-es  antérieurs  courts,  les  postérieurs 
très  longs.  Les  Ornithopodes.  principalement  les  Ortho- 
mimidés,  sont  de  tous  les  reptdes  ceux  (pii,  par  la  struc- 
ture du  bassin  et  du  membre  postérieur,  présentent  la  plus 
grande  analogie  avec  les  oiseaux.  Les  Orthomimidés  et  les 
Radrosauridés.  l(^s  plus  récents  des  Ornithopodes,  sont  du 
crétacique  supérieur  des  t]lats-Unis;  les  auti'es  familles 
sont  du  jurassique  su])érieur  et  de  la  base  du  crétacique 
d'Europe  et  de  l'Américjue  du  Nord.  E.  Sauvaoe. 

ORNITHOPOLIS.  Ville  ancienne  de  la  côte  de  Syrie. 
Elle  doit  probablement  s'identifier  avec  le  village  actuel 
d'Adloun,  qui  possède  quelques  anti({uités  et  d'anciens 
tombeaux  creusés  dans  le  roc. 

ORNITHOPSIS  (Paléont.).  Ce  genre  a  été  établi  en 
1870  par  Seeley  pour  les  Dinosauriens  du  terrain  weal- 
dien  de  l'île  de  Wiglit,  les  caractères  sont  :  vertèbres  cer- 
vicales opisthocèles,  longues,  profondément  creusées  sur 
les  faces  latérales  ;  vertèi)res  dorsales  avec  deux  grandes 
cavités  latérales  séparées  par  une  cloison,  les  apophyses 
épineuses  étalées  distalement,  les  diapophyses  longues. 
Ce  geni'e,  qui  appai'tient  au  sons-ordre  des  Sauropodes, 
famille  des  Atlantosau ridées,  parait  devoir  être  réuni  au 
genre  Pelorosaurus  de  Mantell.  E.  S. 

ORNITHOPTÈRE  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Lépidop- 
tères Rhopalocères,  détaché  du  genre  Papilio  par  Rois- 
duval  (Sp.  Gen.,  1836,  p.  173J.  Ce  sont  de  magnifiques 
Papillons  dépourvus  de  <|ueues  à  la  partie  inférieure  des 
ailes  postérieures.  Ils  sont  cantonnés  dans  les  (les  de  la 
Sonde,  les  Moluques,  les  Philippines,  la  Nouvelle-Guinée 
et  l'Australie.  VO.  Prianius  mâle  a  les  ailes  antérieures 
d'un  velours  noir  avec  les  bords  velours  vert  émeraude  ; 
les  ailes  postérieures  sont  de  cette  même  couleur,  avec 
les  bords  de  velours  et  des  points  jaunes.  La  femelle  a 
les  ailes  d'un  brun  terne,  tachetées  de  blanc.  Il  habite 
l'Australie  et  la  Nouvelle-Guinée. 

ORNITHOPUS  (OrnitJiopiis  L.)  (Rot.).  Genre  de  Légu- 
mineuses, de  la  famille  des  Papilionacées-Hédysarées,  à 
tige  herbacée,  duveteuse,  à  feuilles  imparipennées  et  mu- 
nies de  stipules  ;  les  fleurs,  petites,  sont  portées  par  un 
pédoncule  axillaii-e  et  groupées  en  forme  d'ombelle  con- 
tractée ;  les  fruits  sont  des  gousses,  disposées  de  même  et 
simulant  assez  bien  un  pied  d'oiseau,  d'où  le  nom  de  la 
plante.  On  en  connaît  huit  espèces,  répandues  dans  toutes 
les  régions  méditerranéennes,  les  Canaries,  l'Asie  occi- 
dentale, l'Afrique  tropicale  et  le  Rrésil.  —  L'espèce  type. 
0.  perpusillus  L.,  ou  Pied  d'oiseau,  recherche  de  pré- 
férence les  terrains  sablonneux  ;  on  la  rencontre  notam- 
ment dans  les  environs  de  Paris,  sur  les  coteaux  et  le 
long  des  chemins.  Sa  tige  a  10  à  l'2  centim.  de  hauteur 
au  plus;  ses  fleurs  sont  rosées,  leur  calice  est  des  deux 
tiers  plus  court  que  le  tube  ;  la  gousse  a  la  forme  courbe. 
Elle  est  trop  petite  et  trop  grêle  pour  fournir  un  fourrage 
pour  le  bétail  ;  mais  on  lui  attribuait  jadis  des  propriétés 
médicinales,  et  on  l'employait  soit  en  décoction  dans  du 
vin  contre  la  graveUe,  soit  en  cataplasmes  contre  les  her- 
nies. VO.  sativus  Rrot.  ou  Serradelle  croît,  à  l'état  sau- 
vage, en  Espagne  et  en  Portugal  ;  elle  est  aussi  cultivée, 
depuis  fort  longtemps,  dans  ce  dernier  pays  et  auxAçores 
comme  plante  fourragère.  Elle  a  été  décrite,  pour  la  pre- 
mière fois,  par  Rrotero.  Elle  est  beaucoup  plus  grande 
que  la  précédente  (80  à  60  centim.)  ;  le  calice  de  la  fleur 
est  plus  long  que  le  tube;  la  gousse  est  droite,  étranglée 
de  place  en  place  et  terminée  par  un  bec  fortement  arqué. 
Importée  en  Relgique  et  en  France,  il  y  a  une  trentaine 
d'années,  eUe  réussit  très  bien  sur  les  sols  sablonneux  de 
la  Campine  et  de  la  Rretagne  et  d'une  façon  générale  dans 
les  terrains  silico-argileux,  frais,  mais  non  humides.  Elle 


—  605  — 


ORNITHOPUS  —  ORNITHORHYNUUE 


n'exige  pas  un  sol  riche  ;  néanmoins,  nne  terre  complète- 
ment pauvre  donnerait  un  produit  faible,  et  elle  périrait 
dans  cies  champs  mal  assainis.  En  Bretagne  et  en  Por- 
tugal, on  sème  en  septembre,  sur  terrain  parfaitement 
ameubh  à  la  surface,  à  2  ou  3  centim.  de  profondeur,  en 
mélangeant  de  seigle  ou  d'avoine,  afm  de  soutenir  les 
tiges,  qui  sont  grimpantes  ;  tout  au  commencement  du 
printemps,  en  Portugal,  à  la  fui  de  mai  ou  au  commen- 
cement de  septembre,  sous  nos  climats,  le  fourrage,  qui 
équivaut  à  celui  de  la  vesce,  est  bon  à  couper.  Dans  les 
circonstances  favorables,  on  peut  obtenir  jusqu'à  4.000  ki- 
logr.  de  fourrage  vert  par  hectare  ;  la  moyenne  est  de 
2.000  Idlogr.  Si  l'été  est  pluvieux,  on  peut  avoir  une 
seconde  coupe,  beaucoup  moins  abondante;  mais  en  gé- 
néral la  Serradelle  ne  repousse  que  comme  plante  à  pâtu- 
rer. En  principe,  toutes  les  espèces  d'Ornithopes  sont 
annuelles.  Mais  la  Serradelle  portugaise  peut  parfaitement 
vivre  deux  ou  trois  ans  sous  un  climat  à  hiver  tempéré. 
Par  contre,  une  gelée  de — 10"  C.  la  fait  périr.  Aussi  sa 
culture  convient-elle  mieux  à  l'O.  qu'au  N.  de  la  Erance 
et,  dans  les  pays,  comme  en  Belgique,  où  le  thermomètre 
descend  l'hiver  à  —  10"  E. ,  on  la  sème  au  printemps,  mêlée 
d'avoine,  pour  la  fauchera  la  fin  de  l'été.  — Deux  autres 
espèces  d'Ornithopes,  TO.  rot^eus  Dufour  qXYO.  conipres- 
rsus  De  Candolle,  se  rencontrent  souvent  dans  les  champs, 
mêlées  à  la  Serradelle,  dont  elles  diffèrent  peu  ;  la  pre- 
mière a  des  gousses  droites  et  non  étranglées,  la  seconde 
les  a  courbées  et  aussi  non  étranglées  ;  cette  dernière  a  en 
outre  des  fleurs  jaunes. 

ORNITHORHYNQUE  (ZooE).  Genre  de  ^lamim- 
fèves  Monoti'Qxnes ou  Oiiiithodelphes  (V.  ce  mot),  ayant 
pour  type  V Ornithorhijnchus  paradoxus  de  Blumen- 
hach,  le  PlatypiLS  anatiniis  de  Shavv,  que  les  colons 
d'iUistralie  appellent  vulgairement  «  Water-mole  »  ou 
Taupe  aquatique.  Ce  genre  présente  les  caractères  sui- 
vants :  os  prémaxillaires  et  mandibule  inférieure  très  dé- 
veloppés en  avant  et  recouverts  d'un  bec  corné  dont  la 
forme  rappelle  celui  d'un  Canard.  Les  dents  sont  rempla- 
cées chez  l'adulte  par  des  lamelles  cornées,  étroites,  allon- 
gées, qui  bordent  les  deux  côtés  de  la  bouche  ;  ces  lamelles 
présentent  en  avant  une  arête  coupante  et  s'élargissent  en 
arrière  pour  former  une  surface  plate,  molariforme.  Des 
molaires,  fonctionnant  réellement  comme  telles,  sont  pré- 
sentes chez  le  jeune  et  s'atrophient  chez  l'adulte.  Les 
pattes  sont  courtes,  conformées  pour  nager  ;  les  doigts 
sont  palmés,  à  cinq  doigts  bien  développés,  armés  d'ongles 
grands  et  robustes  que  la  membrane  interdigitale  dépasse 
aux  pattes  antérieures  seulement.  Corps  allongé,  queue 
assez  courte,  épaisse,  aplatie.  Pelage  court  et  soyeux. 
Yeux  petits.  Langue  non  extensible.  La  surface  des  hémis- 
phères cérébraux  est  dépourvue  de  circonvolutions.  L'es- 
tomac est  court  et  simple,  l'intestin  dépourvu  de  valvule 
iléo-cœcale,  mais  il  existe  un  petit  cœcum  vermiforme,  à 
parois  glandulaires  ;  la  muqueuse  de  l'intestin  grêle  pré- 
sente des  plis  ou  sillons  transversaux  très  fins.  Le  mâle 
présente  au  tarse  un  ergot  corné,  pointu  et  perforé,  porté 
par  un  petit  os  additionnel  aplati  et  recourbé,  qui  s'arti- 
cule avec  l'extrémité  postérieure  et  inférieure  du  tibia  et 
dont  le  canal  est  en  rapport  avec  le  conduit  d'une  glande 
située  sous  la  peau  de  la  jambe.  Cet  ergot  parait  être  un 
organe  sexuel  fixateur  et  excitateur,  car,  pendant  l'accou- 
plement, il  est  reçu  dans  une  cavité  que  la  femelle  porte 
à  la  place  correspondante  du  membre  postérieur. 

L'Ohnithorhynque  paradoxal,  unique  espèce  du  genre, 
habite  toute  l'Australie,  à  l'exception  de  l'extrême  Nord 
(Uueensland  septentrional)  et  se  trouve  aussi  dans  l'de  de 
Van  Diemen  (Tasinanie).  E/est  un  animal  de  la  grosseui' 
d'un  chat,  le  mâle  étant  notablement  plus  grand  que  la 
femelle.  Le  pelage  est  de  deux  sortes,  les  longs  poils  bril- 
lants et  un  peu  frisés  de  la  surface  recouvrant  un  duvet 
court,  mou  et  laineux.  La  couleur  est  d'un  brun  foncé 
rappelant  le  pelage  de  la  Loutre  ;  le  dessous  est  d'un  gris 
blanchâtre,  le  tour  des  yeux  jaunâtre.   Les  mceurs  sont 


aquatiques.  L'Ornithorhyncjue  creuse  son  terrier  dans  la 
berge  des  cours  d'eau  et  des  lacs,  affectionnant  les  endroits 
oii  l'eau  est  calme  et  couverte  de  plantes  aquatiques  au 
milieu  desquelles  il  cherche  sa  nourriture  consistant  en 
vers,  insectes  et  larves,  petits  crustacés  et  mollusques, 
qu'il  se  procure  en  plongeant  et  fouillant  le  fond  de  l'eau 
avec  son  bec.  Malgré  son  apparence  cornée,  ce  bec  est  re- 
couvert d'une  membrane  très  fine  et  très  riche  en  papilles 


Oriiithoi4iyn(|ue. 

tactiles  qui  permet  k  l'animal  de  sentir  les  moindres  mou- 
vements des  petites  proies  dont  il  fait  sa  nourriture.  11 
saisit  ces  proies  avec  son  bec  et  les  retient  à  l'aide  des 
deux  paires  de  lamelles  cornées  qui  remplacent  les  dents 
et -qui  sont,  comme  nous  Favons  dit,  étroites  en  avant  et 
séparées  des  lamelles  postérieures.  Celles-ci,  qui  rempla- 
cent les  molaires,  sont  larges,  tuberculeuses  et  divisées  par 
des  sillons  transverses  en  trois  cavités  de  différentes  tailles. 
Ces  lamelles  cornées  se  développent  aux  dépens  de  la  mu- 
queuse buccale,  au-dessous  et  autour  des  dents  qui  res- 
tent visibles  tant  ([ue  l'animal  est  encore  jeune  ;  elles  re- 
couvrent les  alvéoles  de  (;es  dents.  Olles-ci  s'usent  peu 
à  peu  par  le  frottement  contre  le  sable  que  l'animal  in- 
troduit dans  sa  bouche  avec  sa  nourriture,  et  finissent  par 
disparaître  complètement.  L'Ornithorhynque  est  en  grande 
partie  nocturne  :  on  ne  peut  guère  l'observer  nageant  et 
plongeant  que  le  matin  ou  à  l'approche  du  crépuscule  du 
soir.  Pendant  le  jour,  il  dort  dans  son  terrier,  roulé  en 
boule. 

Le  terrier  a  son  ouverture  principale  à  30  centim.  en- 
viron au-dessus  du  niveau  de  l'eau,  plus  ou  moins  cachée 
par  les  plantes  aquati(pies  ;  une  seconde  ouverture,  placée 
sous  l'eau,  permet  à  l'animal  de  s'échapper  en  plongeant, 
l/ouverture  principale  se  continue  par  une  galerie  sinueuse 
s'étendant  jusqu'à  o  ou  6  m.  de  la  rive  et  aboutit  à  une 
chambre  ovale,  plus  large  que  le  reste  du  terrier.  A 
l'époque  de  la  reproduction  ce  réduit  est  tapissé  d'herbes 
sèches  sur  lesquefies  la  femefie  dépose  ses  œufs,  ordinai- 
rement au  nombre  de  deux,  et  qu'eUe  couve  à  la  manière 
d'un  oiseau.  L'œiif  n'est  jamais  logé  dans  la  poche  mam- 
maire comme  nous  avons  vu  que  cela  a  lieu  chez  ÏEchid- 
né  (V.  ce  mot).  Le  nombre  des  a^ifs,  les  faibles  dimen- 
sions de  la  poche  et  surtout  les  habitudes  aquatiques  s'y 
opposent.  Les  jeunes  sortant  de  l'œuf  sont  nus  et  dans 
un  état  de  développement  peu  avancé  :  ils  sont  allaités 
pendant  longtemps  par  la  mère,  et  lorsqu'ils  ont  atteint 
la  moitié  de  la  taille  des  parents,  ceux-ci  leur  apportent 
des  insectes  et  des  coquillages  brisés  ;  ce  n'est  que  très 
tard  qu'ils  quittent  le  nid  ])our  aller  à  l'eau  et  chercher 
eux-mêmes  leur  nourriture. 

L'(h'nithorhynque  est  un  animal  sauvage  et  craintif, 
ti'ès  difficile  à  observer  en  liberté.  En  captivité,  les  in- 
dividus pris  jeunes  deviennent  rapidement  familiers  et 
montrent  une  intelligence  plus  développée  que  ne  semble 
l'indiquer  l'infériorité  de  leur  cerveau.  Au  bout  de  quel- 


ORNITHORHYNQUE  —  ORONTE 


606 


ques  jours  ils  rccoiiiiaissent  un  appel  et  nagent  rapide- 
ment vers  la  main  que  l'on  agile  dans  l'eau  :  il  est  curieux 
de  voir  les  elFoi'ts  ({u'ils  font  pour  se  procurer  le  ver  que 
l'on  tient  renfermé  dans  celte  main.  Leur  odorat  est  assez 
tin  pour  reconnaître  si  la  main  contient  réellement  la  proie 
convoitée.  Lors(|u'ils  sont  irrités,  ils  font  entendre  un 
sourd  grondement  ressemblant  à  celui  d'un  jeune  chien.  — 
Une  espèce  de  plus  petite  taille  (OrniUi.  aijiUs)  a  laissé  ses 
débris  dans  le  quaternaire  d'Australie.  E.  Tuoui^ssart. 

ORNITHOSCOPIE  (V.  DivixAiiox,  t.  XlV,p.  7^20). 

ORNITOPARCHUS  (Andréas) ,  musicien  allemand,  connu 
sous  le  nom  de  Vogehang,  né  à  Meiningen  (Saxe).  On  a 
peu  de  détails  sur  savie;on  sait  qu'il  voyagea  et  que  son 
traité  de  musique  est  la  reproduction  de  leçons  publicpies 
données  à  Heidelberg,  Mayence  et  Tubingue.  Son  livre, 
un  des  meilleurs  de  cette  époque,  est  intitulé  Musicœ  ac- 
tivœ  micrologus,  libris  quatuor  di g estus  omnibus  iiiu- 
sicœ  sludiosus  non  minus  utilis  qiuun  necessarius 
(1517);  cette  édition,  fort  rare,  se  trouve  à  la  Riblio- 
thèque  nationale  ;  la  Bibliothèque  royale  de  Beriin  en  pos- 
sède une  autre  de  15^1.  Le  Micrologue  d'Ornitoparchus 
se  divise  en  quatre  livres  :  1^  traité  du  plain-chant  ; 
2°  traité  de  la  musique  mesurée  ;  3°  accents  et  points 
musicaux;  i"^  traité  de  contre-point.  Ph.  B. 

ORNOLAC-Uss\t-i.es-Bains.  Com.  du  dép.  de  l'Ariège, 
arr.  de  Foix,  cant.de  Tarascon  ;  421  liab.  Stat.  du  chem. 
de  fer  du  Midi.  Eaux  minérales  (V.  Ussat). 

ORNON.  Com.  du  dép.  de  Tlsère,  arr.  de  Grenoble, 
cant.  de  Bourg-d'Oisans  ;  i8(S  hab. 

ORO  (Monte  d')  (V.  Eorsk,  t.  XIL  p.  1088). 

OROBANCHACÉES  ou  OROBANCHÉES  (Orobancha- 
ceœLmdl.,  OrobancheicWidi.) .  Famille  déplantes  Dicoty- 
lédones, dont  les  représentants  sont  des  herbes  vivaces, 
jamais  vertes,  parasites  sur  les  racines  de  diverses  plantes. 
Les  tiges  sont  épaisses,  succulentes,  généralement  simples, 
à  feuilles  squameuses  colorées,  éparses  ou  imbriquées.  Les 
fleurs,  hermaphrodites,  irrégulières,  sont  en  épis  termi- 
naux ;  le  calice  tubuleux  ou  campanule  est  persistant,  la 
corolle  gamopétale,  hypogyne,  à  limbe  bilabié  ;  4  é la- 
mines didynames  sont  insérées  sur  le  tube  de  la  corolle. 
L'ovaire,  libre,  est  muni  à  sa  base  d'un  disque  charnu  et 
unilatéral.  Le  fruit  est  une  capsule  uniloculaire,  renfermant 
un  grand  nombre  de  graines,  petites  et  à  testa  épais  ou 
tuberculeux.  L'embryon  est  situé  à  la  base  d'un  albumen 
charnu.  Genres  principaux,  tous  propres  à  l'hémisphère 
boréal  :  Orobanche  L.,  Phelipea  Meg.,  Lathrœa  L., 
Clandestina  T.,  etc.  1>"L.  1L\. 

OROBANCHE  {Orobancheh.).  L  Botaxique.  —  Genre 
d'Orobanchacées,  composé  d'herbes  parasites  de  couleur 
fauve.  Le  calice  est  libre,  à  4  sépales  soudés  par  paires 
et  quek{uefois  avec  un  cinquième  sépale  Hnéaire.  La  co- 
rolle est  tubuleuse,  hypogyne.  L'ovaire,  Hbre,  est  unilo- 
culaire et  multiovulé  ;  le  fruit  est  une  capsule  déhiscente 
par  deux  fentes  longitudinales.  L'O.  rapiun  ThuilL,  qui 
est  parasite,  en  lun'ope,  sur  les  racines  du  genêt,  et  le 
S.piwgans  DC.,  étaient  jachs  employés  contre  lescohques 
venteuses.  VO.  nuijor  L.,  parasite  du  Cenkiurea  sca- 
biosa,  servait  dans  la  diarrhée  et  pour  déterger  les  plaies. 
Enfin,  VO.  epithijmum  DC,  parasite  du  thym  et  du  ser- 
polet, passait  pour  tonique  et  vulnéraire,  et  ses  ileurs  étaient 
réputées  antispasmodiques.  D^"  L.  Un. 

IL  Agriculture.  —  Les  Orobanchées,  parasites  de 
racines,  causent  frécpiemment  de  grands  dégâts  dans  les 
cultures;  les  plus  dangereuses  appartiennent  au  genre 
Orobanche,  ce  sont  :  i°  0.  uiinor  Sutt.  (petite  Orobanche  du 
trèfte),  très  répandue  dans  certaines  plaines,  surtout  à 
fond  calcaire,  et  attaquant  un  grand  nombre  de  plantes 
(légumineuses  fourragères,  carottes,  pélargonium,  etc.); 
on  ne  peut  la  détruire  (pie  par  Fécimage  effectué  avant 
la  formation  des  graines,  par  des  sarclages  répétés,  et,  si 
elle  est  trop  abondante,  par  un  changement  de  rotation; 
2°  0.  (Phelipœa)  rmnosa  L.  (Orobanche  rameuse),  se 
développe   sur   des  plantes   1res  diverses  (mais,   vigne, 


tomate,  etc.),  mais  surtout  sur  le  cluunre  et  le  tabac  : 
les  sarclages  et  Falternance  des  cultures  peuvent  seuls 
empêcher  la  propagation  de  ce  i)arasite  qui  a  causé  par- 
fois des  ravages  considérables,  particulièrement  dans  la 
région  du  Nord;  ^"^  0.  crinita^'w.  (Orobanche chevelue), 
parasite  du  Lolus  cgtisoides;  -4^  0.  rubens  Wallr. 
(Orobanche  rouge),  commune  en  Normandie,  dans  le  Dau- 
phiné,  en  Alsace,  etc.,  et  parasite  de  la  luzerne  cultivée. 
Les  Lalhrœa  sqiianiaria  (Latbrée  écailleuse)  ci  Clandes- 
tina rediflora  Lam.  (L.  clandestina  L.  ou  Latbrée 
souterraine),  appartenant  à  des  genres  voisins  du  précé- 
dent, la  première  vivant  sur  les  racines  de  la  vigne  et  la 
seconde  sur  les  racines  de  divers  arbres  croissant  le  long 
des  cours  d'eau,  doivent  encore  être  considérées  comme 
des  espèces  très  dangereuses.  J.  Troude. 

OROBE  [Orobus  L.).  Genre  de  Légumineiises-Papiliona- 
cées,  très  voisin  des  Lalhijrus  ou  Gesses  (V.  ce  mot),  est 
composé  d'herbes  à  souche  noueuse,  à  tiges  grêles,  munies 
de  feuilles  pennées,  stipulées,  à  Heurs  jaunes  ou  pourpres 
disposées  en  grappes,  à  gousse  hnéaire.  L'O.  tuberosus  L. 
est  commun  dans  les  bois  de  l'Europe;  ses  tubérosités  sont 
mangées  en  Ecosse.  L'O.  vernus  L.,  également  répandu 
dans  les  bois,  ne  doit  pas  être  confondu  avec  VOrot)e  bâ- 
tard ou  Orobe  des  boutiques,  nom  donné  à  VErvwii 
ervilia  L.  et  qui  est  seul  officinal.  \)^^  L.  Hx. 

ORO  DES  \^'\  roi  des  Par  thés  (V.  Perse). 

OROER.  Com.  du  dé]).  deFOise,  arr.  de  Beauvais,  caiiL 
de  Nivillers  ;  276  hab. 

0R06ENIE  (Géol.)  (V.  ÏEcroxiQLE). 

OROGRAPHIE  (V.  Géogkaphje,  t.  XVlil,  p.  768,  et 
Tectoxique)  . 

OROHIPPUS  (V.  Cheval,  t.  X,  p.  H2o). 

ORO IX.  Com.  du  dép.  des  Ifautes-Pyrénées,  arr.  et 
cant.  (N.)  de  Tarbes;  195  hab. 

OROK  ou  OLTA.  Peuplade  de  Sibérie,  qui  habite  sur 
la  côte  orientale  de  File  de  Sakhalin.  Les  Oroks,  qui  font 
partie  de  la  grande  tribu  des  Toungouses,  sont  demi-nomades; 
Fhiver,  avec  leurs  ti'oupeaux  cle  rennes,  ils  traversent 
File  et  gagnent  le  continent  à  l'embouchure  de  l'Amour. 
Ils  demeurent  quelque  temps  dans  la  vallée  du  fleuve, 
puis,  par  le  même  chemin,  ils  regagnent  leur  lie.  Les 
Oroks  vivent  dans  des  espèces  de  tentes  de  forme  conique; 
ils  chassent  les  rennes  sauvages  pour  les  apprivoiser  et 
les  élever.  Les  Oroks  sont  doux  et  hospitaliers.  Ils  sont 
au  nombre  de  300  environ. 

ORON.  District  du  cant.  de  Vaud  (Suisse),  dans  la  val- 
lée de  la  Broie  ;  6.600  hab.  Le  chef-heu  est  Oron-la- 
Yille,  Fancieime  Auromua.  Dans  le  voisinage,  le  château 
d'Ofon,  ancienne  résidence  des  seigneurs  d'Oron,  puis  des 
baillis  bernois. 

Le  plus  ancien  connu  des  seigneurs  d'Oron  est  Wul- 
lieruie  /^'^,  qui  vivait  en  1137,  et  les  plus  célèbres 
Pierre,  qui  fut  chanoine  de  Lausanne,  puis  évé(|ue  de 
Sion  dès  1271  et  mourut  le  13  févr.  4287;  Pierre,  qui 
fut  élu  évê(pie  de  Lausanne  en  déc.  1313  et  mourut  le 
27marsi323;  liodolptie  IV,  seigneur  d'Attalens,  (pii 
fut  de  1333  à  1340  bailh  de  Vaud  pour  les  comtes  de 
Savoie;  Agniond  IL  neveu  du  précédent,  seigneur  de 
Bossonens,  baiUi  de  Vaud  en  1338  et  1339. 

ORONGE  (Bot.)  (V.  Amanite). 

ORONTE.  Le  plus  important  des  fleuves  de  Syrie,  actuel- 
lement JSahr  el-Asi.  Formé  de  plusieurs  sources,  dont 
l'une  est  voisine  de  Baalbek,  FOronte  coule  entre  le  Liban 
et  FAnti-Liban,  arrose  l'antique  Riblah  et  les  ruines  de 
la  célèbre  Qadech  (Laodicée  ad  Libanum,  actuellement 
Tell  Nebi-Mindoh),  puis  se  perd  dans  le  lac  de  Homs,  lac 
artificiel  fermé  par  une  digue  qui  régularise  le  cours  du 
fleuve.  L'Oronte  passe  ensuite  à  quelque  distance  de  Homs 
(Emèse),  arrose  Er-Restan  (Aréthuse),  Hamah,  Chaizar 
(Larissa)  et  Apamée  (Qalaat  eFMoudiq).  Près  des  ruines 
de  cette  dernière  ville,  il  forme  une  série  de  lacs  maréca- 
geux. Dans  l'antiquité,  une  digue  déterminait  en  ce  point 


—  607 


ORONTE  —  ORPHEE 


un  grand  lac  —  comme  celui  de  Homs  —  et  les  vastes 
prairies  qu'il  servait  à  arroser  étaient  utilisées  par  les  Sé- 
leucides  pour  Télcvage.  Après  avoir  dépassé  les  villages 
de  Djisï-  ech-Chogr  et  de  Deir  Kouch,  l'Oronte,  qui 
jusque-là  coulait  vers  le  N.,  s'infléchit  à  FO.,  reçoit  le 
trop-plein  des  eaux  du  lac  d'Antioclie,  arrose  cette  der- 
nière ville  et  se  jette  dans  la  Méditerranée  un  peu  au- 
dessous  des  ruines  do  Séleucie  de  Piérie,  après  un  parcours 
d'environ  350  kil.  Sa  largeur  finale  est  d'environ  60  m. 

L'Oronte  est  très  sinueux.  La  légende  veut  que,  frappé 
par  la  foudre,  le  serpent  Typhon,  dans  sa  fuite,  en  ait 
tracé  le  lit,  et  que  la  source  qui  lui  donne  naissance  ait 
jailli  du  point  où  le  monstre  disparut  dans  le  sol.  Le 
fleuve  se  serait,  en  conséquence,  appelé  Typhon,  nom 
changé  en  celui  du  satrape  Orontès,  qui  le  premier  y 
aurait  jeté  un  pont.  H  est  plus  certain  que  les  Macédoniens, 
qui  aimaient  à  attrihuer  aux  villes  et  contrées  où  ils  séjour- 
naient des  noms  rappelant  ceux  de  la  mère  patrie,  ont 
donné  à  ce  fleuve  le  nomd'Axios.  Le  nom  arabe  el-Asl(\Q 
Révolté)  (pii  en  dérive,  a  été  le  point  de  départ  d'un  cer- 
tain nombre  de  légendes  exphcatives.         R.  Dussaud. 

OROPA.  Eglise  d'Italie  renfermant  une  statue  miracu- 
leuse de  la  Vierge  et  lieu  de  pèlerinage  très  fréquenté  ; 
elle  est  bâtie  à  1.160  m.  d'alt.,  sur  le  mont  Mucrone 
(1.250  m.),  à  7  kil.  N.  de  la  ville  de  Biella  (prov.  deNo- 
vare).  On  y  célèbre  tous  les  cent  ans  (1725, 1825,  etc.) 
une  fête  jubilaire  de  huit  jours.  On  attribue  la  fondation 
du  sanctuaire  à  saint  Eusèbe,  évêque  de  Verceil  ;  l'église 
actuelle  fut  commencée  en  1559. 

OROPOS.  Ville  de  la  Grèce  antique,  aux  confins  de  la 
Béotie  et  de  l'Attique,  sur  l'Euripe.  Elle  possédait  la  fer- 
tile plaine  de  l'Asopus  inférieur.  La  population  semble 
avoir  été  de  race  ionienne.  Les  Athéniens  la  conquirent 
après  les  guerres  médiques,  mais  la  reperdirent  en  412. 
Elle  continua  d'être  disputée  jusqu'en  312  où  elle  fut 
donnée  aux  Thébains  pai'  Antigène.  A  Fépoque  romaine, 
elle  fut  réunie  à  l'Attique.  Son  territoire  renfermait  le 
tombeau  d'Amphiaraus  (découvert  en  1884). 

OR  OSE  (Paulus-Orosius),  historien  espagnol,  né  vers 
390  ap.  J.-C,  prêtre  chrétien.  En  415,  il  présenta 
à  Augustin  son  Commonitoriiuri  de  errore  Priscillia- 
oiistarum  et  Origenistarum.  Saint  Augustin  recom- 
manda Orose  à  Jérôme  qui  vivait  alors  en  Palestine.  Là, 
l'Espagnol  assista  à  un  synode  convoqué  au  sujet  des  affaires 
pélagiennes,  et  rédigea,  encore  en  415,  son  Liber  apolo- 
geticus  de  arbitrii  libertate.  De  retour  en  Afrique,  il 
écrivit  les  Historiarum  libri  VU  adversus  paganos 
(éd.  princeps  à  Augsbourg,  1471),  son  ouvrage  le  plus 
considéra])le.  H  y  démontre  par  des  arguments histori([ues, 
la  thèse  que  saint  Augustin  développera  philosophique- 
ment dans  sa  Cite  de  Dieu,  à  savoir  que  le  christianisme 
n'est  pas  responsable  des  malheurs  du  temps.  Ce  fut  un 
des  manuels  histori(|ues  les  plus  répandus  durant  le  moyen 
âge.  R  a  mis  en  œuvre  les  historiens  latins  et  une  traduc- 
tion latine  d'Eusèbe,  et  conduit  son  récit  jusqu'en  117. 
Malgré  son  ignorance  et  ses  déclamations  contre  les 
païens,  cet  ouvrage  est  utile  à  consulter.  Les  princij)ales 
éditions  sont  celles  de  llavercamp  (Leyde,  1738)  et  de 
Zangemeister  (Vienne,  1882,  grande  éd .  renfermant  aussi 
le  Liber  apologeticus).  Schepss  a  édité  le  Commonito- 
riiim  (Vienne,  1889). 

BiDL.  :  Mœrxer,  de  Orosil  vlta  ejasque  historiarum 
UbriVII;  Berlin,  1814. 

OROTAVA  (Aurolopala).  Ville  de  l'archipel  des  Cana- 
ries, sur  la  côte  N.-O.  de  Ténériffe;  10.000  liab.  Séjour 
d'été  des  riches  Canariens,  Orotava  a  été  célébré  comme  le 
lieu  le  plus  délicieux  du  monde.  Le  pays  est  d'ailleurs 
charmant  avec  sa  végétation  moitié  européenne,  moitié 
africaine.  La  villa  de  l^a  Paz  renfermait  le  fameux  grena- 
dier de  15  m.  de  tour  décrit  par  Humboldt,  renversé  par 
un  (U'age  le  2  janv.  1868. 

OROTGHES  {mm.).  Les  Orolches  »ui  Orolcliys  sont 
des  Toungouses  qui,  de  même  que  les  Goldes  (V.  ce  mot), 


à  rO.  de  ceux-ci  et  au  S.  des  Giliaks,  sont  établis  sur  le 
bas  Amour,  entre  ce  fleuve  et  la  côte  en  face  Sakhahn.  Ils 
se  donnent  eux-mêmes  le  nom  de  lù'kar.  Lapérouse,  qui 
les  a  visités,  a  signalé  chez  eux  des  tailles  extrêmement 
petites,  de  1"\38(?).  Ils  sont  en  effet  de  petite  stature 
(1^^\47),  chétifs,  la  tête  grosse  par  rapport  au  corps, 
peu  hardis,  peu  nombreux,  et  fortement  mélangés  de 
Chinois  Manguns  ou  Man-tze.  Rs  ont  les  pommettes 
saillantes,  les  yeux  obli([ues,  à  ouverture  étroite,  les  sour- 
cils peu  marqués,  le  nez  pas  toujours  plat,  une  grande 
bouche,  de  grosses  lèvres  rouges,  des  cheveux  noirs,  des 
yeux  gris.  Zaborowski. 

BiDL.  :  Ravknstein,  TheRussUinson  i/(eAnmr;LoiidrGs, 
18(31.  —  V.  auasi  Sciirenck,  Reiseii  luid  Forsclianrjen  lia 
Amur-Lancle;  Saint-Pétersbourg.  1881,  t.  III. 

OROTCHONES  (Etlm.).  Les  Orotchones,  que  de  bons 
auteurs  identifient  aux  Orotches,  sont,  comme  ceux-ci,  des 
Toungouses,  mais  moins  altérés  peut-être.  Leur  patrie 
s'étendait  naguère  au  N.  de  la  chaîne  de  Stanovoi,  en  plein 
pays  toungouse.  Ils  occupent  aujourd'hui  la  haute  Chilka, 
jus(|u'à  l'Amour,  dans  la  Transbajkalie.  Un  voyageur  po- 
lonais, A.  Ciller  (Opimnii  Zabajkalsky  Kraimj ;  LGi[)- 
zig,  1867),  qui  a  décrit  leurs  mœurs,  dit  d'eux  qu'ils  sont 
kuds,  d'une  taille  petite  ou,  plus  rarement,  moyenne, 
glabres,  avec  une  tête  ronde,  un  front  bas,  un  teint  brun, 
des  yeux  brun  foncé  ou  noirs,  petits,  obliques,  un  visage 
osseux  avec  des  pommettes  saillantes,  un  nez  plat,  les  che- 
veux noirs  pendants,  embroussaillés  de  poussière  et  de 
crasse.  Leur  langue  est  à  peu  de  chose  près  celle  des  Toun- 
gouses. '  Zaborowski. 

OROUBA  (V.  Oruba). 

OROUST.  Ile  appartenant  à  la  Suède,  dans  le  Skager- 
Rack  ;  la  plus  grande  des  îles  suédoises  sur  la  côte  0.  Elle  se 
rattache  aux  gouvernements  de  Goteborg  et  de  Bohus. 
Superficie  :  330  kil.  q.  Population  :  20.807  hab.  (1891). 
Le  sol  est  rocheux,  mais  les  vallées  sont  très  fertiles  ;  la 
pêche  y  est  importante, 

OROUX.  Corn,  du  dép.  des  Deux-Sè\res,  arr.  de  Par- 
theiuay,  cant.  de  Tliénezay  ;  298  hab. 

OROUX  (iLtieime),  né  à  Saint-Léonard  (Haute-Vienne) 
le  14  sept.  1720,  mort  à  Saint-Léonard  le  7  sept.  1786. 
Chapelain  de  Louis  XVI,  il  a  publié  une  bojuie  Histoire 
ecclésiastique  de  la  cour  de  France  {ill S,  ""lyol.  in-4). 

BiBL.  :  Arhi^llot,  VAbbê  Oroux,  daii«  Dali  Soc.  urcli.  thi 
Limousin,  1890. 

OROYA  (La).  Village  du  Pérou,  dép.  de  Junin,  sur  le 
Jauja,  à  3.775  m.  d'alt.,  réunie  à  Lima  par  un  chemin 
de  fer  qui  s'élève  à  4.769  m. 

OROZCO,  sculpteur  espagnol,  établi  à  Léon  dans  la 
première  moitié  du  xvi«  siècle  ;  il  y  exécutait  en  1549, 
dans  un  sentiment  d'^art  remarquable,  les  deux  bas-reliefs 
en  pierre  qui  décorent  la  façade  du  couvent  de  Saint- 
Marc,  appartenant  à  l'ordre  des  Chevaliers  de  Saint- Jacques. 
Ces  bas-rehefs  représentent  le  Crucifiement  et  la  descente 
de  la  croix.  P.  L. 

ORPAILLEUR  (Métier)  (V.  Or). 

ORPHtE.  1.  Mythologie.  —  Ce  héros  est,  à  côté  de 
Thamyris,  de  Muséeetde  Linus,  la  personnification  mythique 
la  plus  importante  de  l'inspiration  poétique  dans  ses  rapports 
avec  le  culte  des  Muses  et  d'Apollon,  et  aussi  avec  lareHgion 
enthousiaste  de  Bacchus.  La  légende  plaçait  ses  origines  en 
Thrace,  au  voisinage  du  mont  Olympe  et  lui  donnait  pour 
mère  la  Muse  Calliope,  pour  père  le  roi  OEagros,  héros 
éponyme  de  la  contrée  oti  Fllèbre  prenait  sa  source  et  où 
la  vie  pastorale,  intimement  liée  aux  commencements  de 
la  poésie,  était  en  honneur.  Quoique  Homère  ne  le  con- 
naisse pas  encore,  et  que  le  meilleur  des  embeUissements 
dont  sa  personnalité  fut  l'objet  de  la  part  des  poètes 
nous  vienne  des  Romains,  il  n'e^t  pas  douteux  que  sa  re- 
nomnu^e  ait  été  gi-ande  eu  Gi'èce  dès  le  vin^  siècle  av. 
J.-C.  H  représenkiit  avant  tout  le  pouvoir  divin  de  la 
poésie,  qui  réjouit  les  âmes,  apaise  les  forces  ])rutales  de 
riiumanité  et  exerce  son  emj)ire,  même  sur  les  êtres  ina- 


ORPHEE  —  ORPHELINAT 


608  — 


iiinu's  ;  c'est  ainsi  que  Piiulare  déjà,  Simoiiide  et  Eschyle 
représentent  Orphée  connne  ayant  exercé  une  fascina- 
tion magique  sui*  les  oiseaux  dans  les  airs  et  les  poissons 
dans  les  Ilots,  sur  les  arbres,  les  rochers  et  les  animaux 
sauvages  dans  les  solitudes,  thème  que  la  poésie  des  âges 
postérieurs  exploitera  jusqu'à  l'abus.  Epris  de  la  belle 
Eurydice  (V.  ce  nom)  qui  lui  est  ravie  par  la  mort,  Or- 
phée va  la  réclamer  jus([ue  dans  les  royaumes  de  la  mort, 
dont  son  chant  tîéchit  les  puissances  redoutables.  ]^a  fable 
est  connue  ([ui  veut  ([iie  son  amante  lui  soit  ravie  à  nou- 
veau, dès  qu'elle  touche  aux  régions  de  la  lumière  ;  Vir- 
gile Ta  illustrée  dans  un  des  éj)isodes  les  plus  beaux  de 
ses  Gconjiques,  et  elle  a  merveilleusement  encore  inspiré 
la  muse  de  Gluck  (hins  un  opérn  célèbre.  A  cet  épisode 
se  rattachent  la  tradition  du  dédain  d'Orphée  j)our  les  Mé- 
luuk^s.  prétresses  de  Bacchus,  et  celle  de  sa  mort  qu'il  su- 
bit sous  leurs  coups.  L'Ilèbre  roule  dans  les  tlots  ses 
membres  déchirés  et  bien  loin,  jusqu'aux  rivages  de  Les- 
bos,  la  bouche  décolorée  nun'mure  encore  le  nom  d'Eury- 
(hce.  G'est  dans  cette  île,  une  (k's  patries  fameuses  de  la 
poésie  lyi'ique,  qu'Orphée  trouve  un  tombeau  ;  aussi  an 
voisinage  de  ses  cendres  les  l'ossignols  chantent-ils  avec 
plus  de  suavité  (fu'en  aucun  lieu  du  monde  (Virgile,  Géorg, 
IV,  43-2-0^26;  Ovide,  Métcnn..  XI,  50  et  suiv.). 

Orphée  étant  le  chanteur  mythique  par  excellence, 
devient  du  même  coup  le  prêtre  des  saints  mystères 
et  l'initiateur  aux  plus  hautes  leçons  de  la  civilisation 
et  de  la  jdiilosophie.  C'est  à  ce  titre  (jue  l'on  met  sous 
son  nom.  depuis  l'époipie  des  Pisistratides,  un  grand 
nombre  d'ouvrages  connus  sous  le  nom  de  poèmes  or- 
phiques (V.  ce  mot).  Mais  la  réalité  hist(u*i(jue  d'un  poète 
du  nom  d'Orpbée  a  été  contestée  déjà  ])ar  ranti(|uité  ;  et 
l'action  religieuse  exercée  par  les  mystères  dionysiaques 
et  éleusiniens  est  à  mettre  au  couîpte  des  philosophes 
comme  Pythagore,  des  prêtres  comme  Mélampus  et  Epi- 
ménide,  des  lettrés  comme  Ononuu'rite,  qui  aimaient  à  abri- 
ter leurs  doctrines  sous  le  prestige  du  nom  légendaire 
d'Orphée.  J.-A.  Hild. 

l^iBL.  :  V.  Orphique?  (Poèmos). 

ORPHELIN.  Est  orphelin,  au  vrai  sens  du  mot,  qui- 
conque a  perdu  ses  père  et  mère  ou  l'un  d'eux  seulement. 
Bien  que  l'expression  ne  se  rencontre  pas  dans  notre  code 
civil,  il  y  est  beaucoup  (piestion,  comme  dans  toutes  les 
législations,  des  orphelins  mineurs,  n  propos,  notamment, 
de  k\  puissance  paternelle,  de  la  tutelle,  de  Vémanci- 
pation,  des  successions  et  donations,  du  consentement 
au  mariage  (V.  tous  ces  mots).  Le  législateur  s'est  encoi-e 
occupé  d'eux  à  deux  autres  points  de  vue:  il  a  institué, 
sous  le  nom  de  secours  annuel,  ime  sorte  de  pension  tem- 
poraire en  faveur  des  orphelins  de  fonctionnaires  (V.  Pen- 
sion), et  il  a  posé,  pour  tous  les  orphelins  pauvres  sans 
exception,  le  principe  du  droit  à  l'assistance.  Mais  il  a 
alors  donné  au  mot  un  sens  j)lus  restreint.  «  Les  orphe- 
lins pauvres,  dit  l'art.  6  du  décret  du  49  janv.  4811,  sont 
ceux  qui,  n'ayant  ni  père  ni  mère,  n'ont  aucun  moyen 
d'existence.  »  L'art.  1^^'les  assimile,  du  reste,  aux  enfants 
trouvés  et  aux  enfants  abandonnés  ;  l'éducation  des  uns 
et  des  autres  est  confiée  à  la  charité  publique,  et,  dans 
le  département  de  la  Seine,  en  particulier,  il  n'est  fait 
aucune  distinction  :  tous  y  jouissent,  depuis  longtemps, 
du  même  ti*aitement,  sous  la  dénomination  générale  ô^ni- 
fants  assistés  (V.  Assistance  publique,  t.  IV,  pp.  268  et 
276,  et  Enfant,  t.  XV,  p.  4040).  Il  n'en  va  ])as  de  même 
partout.  Le  décret  du  49  janv.  4841  a  seulement  pourvu, 
sur  les  fonds  de  Fl^^tat  et  des  départements,  aux  dépenses 
d'entretien  et  d'éducation  des  enfants  trouvés  et  des  en- 
fants abandonnés,  pai'aissont  laisser  à  la  charge  des  com- 
inunes  et  des  hospice:^  les  dépenses  de  tnême  nature  j-ela- 
tives  aux  orphelins.  L'est  du  moins  rinterprétation  qui  a 
été,  à  plusieurs  reprises,  othciellement  duiuiée,  principale- 
ment par  les  circulaires  ministérielles  des  15  juin  1811, 
8  févr.  4823,  24  nov.  4837  et  31  janv.  1840,  invitant 
les  préfets  à  distinguer  soigneusement  entre  les  dépenses 


extérieures  des  enfants  trouvés  et  abandonnés,  seules  à  la 
charge  du  budget  départemental,  et  les  dépenses  exté- 
rieures des  orphelins  pauvres,  exclusivement  imputables 
aux  hospices.  Lue  nouvelle  circulaire,  du  42  juil.  1843,  a, 
il  est  vrai,  en  conformité  d'un  avis  du  conseil  d'Etat  du 
20  juil.  4842,  prescrit  l'assimilation  complète;  mais  les 
tiraillements  n'en  ont  pas  moins  continué  entre  les  déj)ar- 
tements  et  les  communes,  surtout  depuis  la  loi  du  48  juil. 
4866,  qui  a  remis  aux  conseils  généraux  le  soin  de  statuer 
détinitivement  sur  le  service  des  enfants  assistés,  et  ils 
ont  abouti,  dans  plus  d'un  cas,  à  une  pratique  assez  fà- 
clieuse  :  des  administrations  locales,  n'ayant  pas  les  res- 
sources sutlisantes  pour  élever  leurs  orphelins,  les  ont  fait 
délaisser,  puis  j'ecueillir  au  titre  d'enfants  abandonnés.  Le 
projet  de  loi  soumis,  en  4882,  aux  délibérations  des 
Chambres,  unifiait  formelletnent  toutes  ces  catégories  d'en- 
fants, mais  la  partie  relative  à  l'organisation  générale  de 
l'assistance  en  a  été  détajîhée  et,  dans  le  texte  défini- 
tivement voté  (L.  24  juil.  4889),  il  n'a  été  conservé,  outre 
le  titre  spécial  à  la  déchéance  de  la  puissance  paternelle, 
(jue  quelques  dispositions  réglant  les  droits  et  les  devoirs 
de  surveillance  de  l'autorité  judiciaire  et  de  l'autorité  ad- 
ministrative à  l'égard  des  mineurs  de  seize  ans  confiés 
par  les  parents  ou  tuteurs  à  des  administrations  d'assis- 
tance publique,  à  des  associations  de  bienfaisance,  à  des 
particuhers,  ou  recueillis,  sans  leur  intervention,  par  les- 
dits  établissements  ou  particuliers.  L'assistance  départe- 
mentale ou  communale  s'exerce  principalement,  à  l'égard 
des  orphelins  comme  des  autres  enfants  assistés,  sous  forme 
de  placement  dans  des  familles,  de  préférence  chez  des 
agriculteurs.  C'est  surtout,  au  conti'aire,  sous  forme 
d'admission  dans  des  asiles,  portant  le  nom  généri(|ue 
d'oj'phelinats,  ()ue  les  œuvres  de  bienfaisance  leur  viennent 
en  aide  et,  détail  à  noter,  tandis  (pie  la  charité  ofiicielle 
a  paru,  pendant  un  temps,  plutôt  disposée  à  délaisser  l'or- 
phehn,  la  charité  privée  va  à  lui  de  préférence  :  cette 
prédilection  s'explique  par  ce  fait  que,  les  revendications 
des  parents  n'étant  pas  à  redouter,  les  bienfaits  de  l'édu- 
cation et,  par  suite,  le  fruit  des  efforts  sont  mieux  assu- 
rés avec  les  orphelins  véritables  qu'avec  les  enfants  trou- 
vés ou  abandonnés  (V.  Orphelinat). 

ORPHELINAT.  De  tout  temps,  les  pouvoirs  publics  se 
sont  préoccupés  de  l'entretien  et  de  l'éducation  des  jeunes 
orphelins  :  xMoise  prescrivit  de  leur  laisser  une  partie  des 
fruits  de  la  terre  et  de  les  admettre  aux  repas  des  fêtes  ; 
à  Athènes,  à  Sparte,  les  enfants  dont  le  père  était  mort 
pour  la  patrie  étaient  élevés  aux  frais  de  l'Etat;  dans  la 
répubhque  romaine,  le  magistrat  prenait  spécialement  soin 
de  la  tutelle  de  l'orphelin  et  confiait  à  un  tiers  son  édu- 
cation. Mais  il  laut  arriver  aux  premiers  empereurs  pour 
trouver  trace  d'établissements  spéciaux  donnant  asile  aux 
enfants  pauvres  sans  parents.  Avec  le  développement  du 
christianisme,  leur  nombre  et  leur  importance  s'accrurent  ; 
en  335,  un  orphanotrophium  fut  créé  à  Constantinople, 
puis  on  en  vit  s'élever  à  Rome  au  vi^  siècle,  en  Gaule  au 
vfi^'  siècle.  Il  semble,  du  reste,  qu'à  l'origine,  on  n'y  dis- 
tinguàtpas,  pour  l'admission,  entre  les  orphelins  proprement 
dits,  c.-à-d.  les  enfants  dont  les  parents  étaient  connus, 
mais  morts,  et  les  enfants  trouvés  (V.  Ii^nfant,  t.  XV, 
p.  4039).  Avec  la  féodalité  toutes  les  institutions  de  ce 
genre  dispai-aissent  :  les  orphelins  abandonnés  devien- 
nent serfs  de  la  glèbe,  et  le  seigneur,  qui  a  besoin  de  bras 
pour  cultiver  ses  terres,  fait  pourvoir  à  leur  entretien  jus- 
qu'à ce  qu'ils  puissent  rendre  des  services.  On  signale  ce- 
pendant à  Montpellier,  au  xi^  siècle,  un  hospice  d'enfants 
orphehns  ou  abandoiniés  créé  par  l'ordre  du  Saint-Esprit, 
l'ji  1362,  il  en  fut  également  construit  un  à  Paris,  place 
de  Gré\e.  par  le  même  ordre;  mais  deslel'res  patentes  de 
Charles  VII  (1415)  le  réservent  aux  seuls  enfants  légi- 
times; il  ne  reçoit,  du  reste,  que  les  enfants  nés  et  bap- 
tisés à  Paris,  et  on  le  désigne  communément,  à  cause  de 
la  couleur  des  vêtements,  sous  le  nom  d'hospice  des  En- 
fants bleus  ;  les  enfants  de  la  banheue  et  de  la  province 


609  — 


ORPHELINAT 


vont  à  l'hùpilal  des  Enfants-Dieu  ou  hospice  des  Enfants 
rouges,  fondé  un  peu  plus  tard  ;  quant  aux  orphelins  illé- 
gitimes et  aux  enfants  trouvés,  ils  sont  la  propriété  du 
premier  venu,  qui  les  vend,  pour  quelques  livres,  aux  truands 
ou  aux  hatteleurs.  Au  xvi*^  siècle,  des  arrêts  du  parlement 
remédient  en  partie  à  ce  déplorable  état  de  choses,  en 
autorisant  les  enfants  abandonnés  à  agir  contre  les  sei- 
gneurs hauts  justiciers  pour  faire  valoir  leurs  droits  à 
l'assistance.  En  même  temps  commencent  à  s'élever  les 
hospices  spéciaux  aux  seuls  orphelins  :  ceux  de  Saint- 
Michel  et  des  Orfanelli,  à  Rome,  puis  un  grand  nombre 
d'autres,  dans  les  divers  Etats  de  lEurope,  notamment  la 
maison  hospitalière  de  la  Miséricorde,  fondée  à  Paris,  en 
16^2  !■,  par  le  président  Séguier  et  destinée  à  recevoir  cent 
orphelines  pauvres  de  père  et  de  mère,  natives  de  la  ville 
et  des  faubourgs  de  Paris.  D'autre  part,  certaines  classes 
d'orphehns  sont  l'olijetde  fojidations  spéciales.  C'est  ainsi 
que  Louis  XIV  ouvre  aux  orphelines  nobles  la  maison  de 
Saint-Cyr,  que  la  Révolution  établit  pour  les  tils  de  mili- 
taires le  Prytanée  de  la  Flèche  et  que  Napoléon  1^''  crée, 
pour  les  orphelins  de  ses  légionnaires,  des  bourses  d'inter- 
nat :  dans  les  lycées  pour  les  garçons,  dans  les  maisons 
de  la  Légion  d'honneur  pour  les  t'dles. 

De  nos  jours,  le  nombre  des  orphelinats  s'est,  de  tous 
cotés,  multiplié.  En  même  temps,  le  caractère  de  ces  éta- 
blissements a  quelque  peu  dévié  et  il  est  même  devenu 
assez  difficile  d'en  donner  une  définition  précise  ;  car,  lé- 
galement, les  orphelins  sont  à  la  charge  des  départements 
ou  des  communes  et  rentrent,  dès  lors,  dans  le  cadre  des 
enfants  assistés,  si  bien  que  les  orphelinats  contiennent, 
en  général,  non  de  véritables  orphelins,  au  sens  admi- 
jiistratif  du  mot  (V.  Orphelin),  mais  des  enfants  ayant 
perdu  un  parent  (semi-orphehns),  ou  délaissés,  ou  mora- 
lement abandonnés,  ou  appartenant  à  des  familles  indi- 
gentes, etc.  ;  en  outre  la  gratuité,  qui  send)le  devoir  être  la 
base  même  de  l'institution,  n'est,  le  plus  souvent,  que  rela- 
tive ou  exceptionnelle  ;  enfin  l'œuvre  n'est  plus,  en  bien  des 
cas,  du  pur  domaine  de  la  charité,  mais  s'est  transformée 
plus  ou  moins  complètement  en  entreprise  industrielle. 

En  laissant  en  dehors  les  services  des  enfants  assistés, 
qui  incombent  en  principe  aux  départements  (Y.  Assis- 
tance pumjQUE  et  Enfants  trouvés),  il  existe,  en  Erance, 
deux  catégories  d'établissements  se  consacrant  à  la  garde 
et  à  l'éducation  des  enfants  délaissés  et  indistinctement 
compris  sous  la  dénomination  générique  d'orphelinats:  les 
uns  bont  des  établissements  publics,  annexés  aux  hôpitaux, 
hospices  et  bureaux  de  bienfaisance,  les  autres  sont  des 
œuvres  ou  établissements  de  charité  proprement  dite, 
appartenant  à  des  associations  ou  à  des  particuliers.  La 
grande  enquête  faite  en  4884  par  le  ministère  de  l'intérieur 
a  révélé,  au  total,  1 .110  établissements  des  deux  catégories. 
Aux  termes  d'anciens  édits  royaux  de  lOBfjet  1749,  d'un 
avis  du  conseil  d'Etat  du  17  janv.  1806  et  de  circulaires  mi- 
nistérielles des  3nov.  1806et5mai  1854,  les  établissements 
de  bienfaisance  dirigés  par  des  sociétés  libres  et  qui  rassem- 
blent dans  un  bâtiment  des  malades,  des  orphelins,  etc.,  ne 
doivent  pas  être  tolérés  sans  autorisation.  Cependant  sur 
91 4  orphelinats,  dont  la  situation  légale  a  pu  être  contrôlée, 
103  seulement  avaient  été  reconnus  d'utilité  publique  et 
494  autorisés;  les  519  autres  n'avaient  aucune  existence 
ofiicielle,  simplement  tolérés,  ou  même  restés  jusque-là  à  peu 
près  ignorés.  Les  résultats  de  l'enquête  s'en  sont  ressentis  ; 
nombre  de  directeurs  et  de  directrices  d'orphelinats  se  sont 
refusés,  en  effet,  sous  des  prétextes  divers,  à  rendre  aucun 
compte,  ou  à  fournir  aucune  indication.  Pour  le  dép.  delà 
Seine  184  noms  d'orphelinats  ou  d'établissements  analogues 
ontpuêti'e  relevés  ;  sui'  16o  faisant  l'objet  dei'euseignements 
précis,  iï  étaient  laïques.  1 16  (ongreganisles  :  30  étaient 
reconnus  d'utilité  publique,  141  autorises  et  14  seule- 
ment tolérés  ;  le  nombre  des  entants  mineui'ï»  y  était  de 
14.740,  dont  5.687  au-dessous  de  douze  ans,  et  7.053 
au-dessus.  Dans  les  départements,  le  nombre  des  établis- 
sements était  de  746,  assez  irrégulièrement  répartis,  mais 

GRANDE    encyclopédie.    —   XXV. 


groupés  surtout  dans  les  centres  industriels  et  les  milieux 
pauvres:  413  rentraient  dans  la  catégorie  des  établisse- 
ments publics,  713  dans  celle  des  établissements  privés, 
dontiOO  laïques  (33  établissements  de  garçons  et  67  éta- 
blissements de  filles)  et  613  congréganistes  (97  établis- 
sements de  garçons  et  516  établissements  de  filles).  La 
population  totale,  pour  840  établissements,  était  de 
40.035  enfants,  dont  31.668  filles  (14.444  de  moins  de 
douze  ans,  40.445  de  plus  de  douze  ans)  et  8.367  gar- 
çons (4.747  de  moins  de  douze  ans,  3.640  de  plus  de 
douze  ans);  494  en  avaient  de  un  à  vingt,  347  de  vingt 
à  cinquante,  440  de  cinquante  à  cent,  404  plus  de  cent. 
C'est  principalement  sur  les  établissements  de  la  seconde 
catégorie,  les  orphelinats  privés,  qu'a  porté  l'enquête  de 
4884.  Le  plus  grand  nombre,  ])rês  des  cinq  sixièmes,  ont 
été  fondés  dei)uis  le  commencement  du  siècle  :  la  moitié 
entre  4850  et  4880.  La  grandemajorilé,  nous  l'avons  dit, 
échappe  à  tout  contrôle  de  l'I^^tal.  (Juelques-uns  sont 
placés,  de  par  la  volonté  de  leurs  fondateurs,  sous  le  con- 
trôle de  l'autorité  préfectorale,  d'autres,  subventionnés  par 
les  communes,  produisent  à  l'administration  municipale 
des  comptes  rendus  annuels.  Les  ressources  comprennent 
les  fondations  (rentes  sur  l'Etat  ou  revenus  de  propriétés 
foncières),  les  dons  et  legs,  les  subventions  de  l'Etat,  des 
départements,  des  communes,  les  cotisations  des  fonda- 
teurs, les  rétributions  scolaires,  le  produit  du  travail  des 
enfants.  Dans  les  établissements  exclusivement  charitables, 
ces  deux  dernières  sources  de  revenus  n'existent  pas.  Mal- 
heureusement c'est  le  petit  nombre  et,  parmi  les  établis- 
sements congréganistes.  l'exception.  Dans  la  plupart,  il  y 
a  une  pension  à  payer,  400  à  300  fr.paran  en  moyenne, 
rarement  450  fr.,  quelquefois  400  fr.,  de  sorte  que  l'or- 
phelinat n'est  plus  qu'un  pensionnat  à  bas  prix,  et,  tandis 
qu'à  l'étranger  les  annuaires  d'a'uvres  de  ce  genre  ren- 
seignent surtout  sur  leur  origine,  les  noms  des  personnes 
qui  les  administrent .  le  nombre  des  orphelins  assistés, 
l'importance  des  ressources,  la  somme  à  consacrer  à  chaque 
enfant,  en  Erance,  le  Manuel  des  OEuvres  ne  parle  guère 
que  du  prix  de  la  pension.  Dans  d'autres,  également  en  très 
grand  nombre,  l'une  des  principales  ressources,  souvent 
même  la  ressource  vitale,  est  le  travail  des  enfants  recueil- 
lis. On  ne  les  admet  phis  alors  à  partir  de  six  ou  sept  ans, 
comme  c'est,  dans  les  orphehnats  véritables,  la  règle 
ordinaire  (plus  rarement  à  partir  de  cinq  ou  quatre  ans, 
même  de  trois  et  deux  ans),  mais  seulement  lorsqu'ils 
sojit  en  âge  de  produire  un  travail  rémunérateur,  à  treize, 
quatorze  ou  quinze  ans,  et  cette  admission  est  à  peu  près 
exclusivement  hinitée  aux  filles,  qu'on  oblige  le  plus  sou- 
vent à  contracter  l'engagement  de  rester  d'ans  l'étabHsse- 
ment  jusqu'à  vingt  et  un  ans.  De  presque  tous,  au  surplus, 
qu'ils  soient  gratuits  ou  payants,  simplement  charitables 
ou  industriels,  on  exclut  les  enfants  estropiés,  infirmes, 
épilepti(jues  ou  idiots,  ainsi  que  les  sujets  vicieux  ou  insou- 
mis. Enfin,  il  est  une  dernière  source  de  revenus  qui,  pour 
être  peu  commune,  n'en  prend  pas  moins,  dans  certains 
orphelinats  du  Midi,  une  grande  importance  :  la  rétribution 
payée  à  l'établissement  pour  faire  figurer  les  enfants  aux 
enterrements,  services  de  bout  de  l'an,  etc. 

L'absence  de  contrôle  engendre  nécessairement  des  abus. 
Beaucoup  d'établissements  ne  donnent  lieu,  il  importe  de 
le  constater,  à  aucune  critique,  ni  sous  le  rapport  du  bien- 
êtie,  ni  sous  celui  de  l'éducation.  Mais  il  en  -est.  en  trop 
grand  nombre,  où  l'alimentation,  l'habillement  et  la  literie 
sont  insuffisants,  la  propreté  et  l'instruction  très  négligées. 
Il  en  est  aussi  où  l'on  exige  des  enfants  un  travail  excessif  : 
onze  et  douze  heures  parfois,  dès  l'âge  de  douze  ou  treize 
ans  et  chaque  jour,  en  dehors  des  soins  du  ménage  (V.  Oîj- 
\rohU.  (iomme.  d'ailleurs,  le  profit  est  le  but  principal, 
on  s'attache  moins  a  leur  apprendre  un  métier  complet  qu'a 
leur  faire  beaucoup  produire  en  fractionnant  le  travail  à 
l'infini,  et,  à  leur  majorité,  il  arrive  souvent  qu'ils  se  trou- 
vent mis  sur  le  pavé  sans  une  instruction  professionneUe 
suffisante.  Aussi,  dans  les  établissements,  peu  nombreux. 

39 


ORPHELINAT  —  ORPHIQUES 


—  640 


où  l'on  s'occupe  de  les  placer,  est-ce  surtout  comme  do- 
mestiques. La  vie  religieuse  en  prend  aussi  un  grand 
nombre:  petites  so3urs  des  pauvres,  frères  de  la  doctrine 
chrétienne,  etc. 

vSur  les  orphelinats  qui  dépendent,  comme  annexes, 
d'hôpitaux,  d'hospices  ou  de  bureaux  de  bienfaisance  et 
qui  constituent,  par  suite,  des  étabhssements  publics,  les 
renseignements  sont  plus  précis  et  plus  récents,  grâce  à 
l'enquête  effectuée,  en  1895,  sous  la  direction  du  û^  Na- 
pias,  en  vue  de  l'élaboration  d'un  projet  dérèglement  uni- 
forme. 200  seulement  ont  pu  être  soumis  à  cette  enquête. 
Il  en  existe  certainement  davantage,  mais  beaucoup  dissi- 
mulent leur  existence  parce  qu'elle  n'est  pas  très  régulière: 
ainsi  des  hôpitaux  gardent  1,  2,  3,  4  orphelins,  sous  des 
prétextes  quelconques,  pour  ne  pas  les  jeter  sur  le  pavé 
le  jour  oti  ils  n'ont  plus  besoin  de  soins  réellement  médi- 
caux. Sur  les  200  orphelinats  enquêtes,  97  donnent  eux- 
mêmes  l'instruction  à  tous  les  enfants,  44  aux  fdles  seu- 
lement, 79  les  envoient  dans  les  écoles  communales,  7  dans 
des  écoles  hbres,  2  dans  les  unes  et  les  autres,  i  à  aucune. 
107  ne  donnent  aux  enfants  à  leur  sortie  aucun  pécule, 
93  leur  remettent  une  partie  du  produit  de  leur  travail, 
la  plupart,  un  tiers,  quelques-uns  un  quart  ou  moins  encore, 
un  très  petit  nombre,  la  moitié  ;  170  leur  font  cadeau  d'un 
trousseau.  Du  reste,  la  comptabilité  de  tous  ces  orpheli- 
nats est  en  général  plutôt  occulte  ou,  du  moins,  se  con- 
fond dans  celle  de  l'établissement  principal.  Le  nombre 
des  orphelins  qui  y  avaient  asile  s'élevait,  en  1894,  à  7.632  : 
2.344  garçons,  dont  1.785  ayant  moins  de  treize  ans. 
553  plus  de  treize  ans,  et  5.288  filles,  dont  2.8o0  de 
moins  de  treize  ans,  2.438  de  plus  de  treize  ans,  2.132 
étaient  orphelins  de  père  et  mère,  2.408  de  mère  seule- 
ment, 2.010  de  père  seulement,  1.082  des  indigents  non 
orphelins. 

Nous  ne  pouvons  donner,  naturellement,  une  liste  de 
tous  les  orphehnats  et  établissements  analogues.  On  trou- 
vera à  l'art.  Bienfaisance,  t.  Vï,  pp.  762  et  suiv.,  les 
noms  des  plus  importants  d'entre  eux,  pour  Paris,  Lyon, 
Marseille  et  Bordeaux.  Dans  les  autres  localités,  nous 
mentionnerons  seulement  :  V Orphelinat  de  Saint- Nicolas, 
à  Igny  (Seine-et-Oise),  fondé  en  1854  (420  garçons)  ;  le 
Bon  Pasteur,  à  Angers  (585  filles)  et  VOuvroir  Sainte- 
Marie,  à  Nantes  (595  filles),  qui  viennent  en  tête,  dans 
toute  la  France,  pour  le  nombre  d'enfants  ;  V Orphelinat 
de  M""®  Groult,  à  Vitry-sur- Seine,  fondéen  1869  (87  filles)  ; 
Vlnternat  manufacturier  de  M.  Huault,  à  Ivry-sur- 
Seine  (65  filles);  l'œuvre  des  Maisons  de  familles  agri- 
coles, qui  a  des  établissements  dans  plusieurs  départe- 
ments, etc.  Enfin,  l'administration  de  la  ville  de  Paris 
possède,  en  dehors  de  l'Hospice  des  enfants  assistés 
(V.  Assistance  publique)  et  de  ses  annexes  de  Thiais  et 
de  Châtillon-sous-Bagneux,  plusieurs  orphehnats  muni- 
cipaux: Orphelinat  Riboutte-]ilallis,  à  Forges  (Seine- 
et-Oise),  pour  41  garçons;  Orphelinat  Sainte- Jeanne, 
à  Ormesson  (Seine-et-Oise),  pour  jeunes  filles  de  neuf  à 
treize  ans  ;  Orphelinat  Prévost,  à  Cempuis  (Oise) .  Ce 
dernier,  fondé  en  1883,  avec  le  produit  d'un  legs  de 
M.  Prévost  et  destiné  à  des  pupilles  des  deux  sexes,  a  fait 
le  sujet  de  vives  polémiques  à  l'occasion  d'un  système 
nouveau  d'éducation,  qui  amena,  par  deux  fois,  le  gouver- 
nement à  révoquer  son  directeur,  M.  Robin  (1888  et 
1894). 

Au  point  de  vue  administratif,  les  orphelinats  sont  placés 
dans  les  attributions  du  ministre  de  l'intérieur  (Direc- 
tion de  l'Assistance  et  de  l'hygiène  publiques,  2® bureau). 
ORPHÉON.  Nom  donné  en  France  aux  sociétés  insti- 
tuées pour  l'exécution  du  chant  en  parties.  Ce  n'est  qu'en 
1835  que  la  ville  de  Paris  décida  que  le  chant  serait  dé- 
sormais enseigné  dans  les  écoles  communales.  Wilhelm 
et  Hubert  prirent  une  grande  part  à  cet  enseignement  qui 
ne  tarda  pas  à  porter  ses  fruits.  Des  sociétés  orphéoni([ues 
ne  tardèrent  pas  à  se  foncier  en  grand  nombre,  et  leur 
zèle  fut  largement  stimulé  par  les  concours  qui  eurent  h'eu 


sur  divers  points  du  territoire.  L'orphéon  de  Paris  dut 
beaucoup  à  la  direction  de  Oounod  qui  demeura  à  sa  tête 
pendant  huit  ans  (1852-60).  A  cette  dernière  date,  il  fut 
remplacé  par  Bazin  et  Pasdeloup.  Depuis  cette  épo(|ue  et 
sous  des  directions  diverses,  le  chant  n'a  pas  cessé  d'êtr(' 
cultivé  dans  les  écoles  de  la  ^ille  de  Paris.  D'autn^ 
part,  les  sociétés  de  province,  moins  nombreuses  qu'avant 
la  guerre  de  1870-71,  ne  laissaient  cependant  pas  de 
comprendre,  il  y  a  quelques  années,  60.000  exécutants. 
Leur  répertoire  est  nombreux,  et  des  compositeurs,  tels 
que  Halévy,  Gounod,  Ambroise  Thomas,  Théodore  Dubois, 
Laurent  de  Rillé,  n'ont  pas  dédaigné  d'écrire  des  chœurs 
spécialement  en  vue  des  sociétés  orphéoniques.    R.  Br. 

ORPHIE  (IclityoL).  Genre  de  Poissons  Téléostéens  de 
l'ordre  des  Physoslomes  et  de  la  famille  des  Sconibreso- 
cidce,  à  corps  très  allongé,  à  tête  aplatie  en  dessus  ;  les 
mâchoires  se  prolongent  en  un  long  bec  garni  de  nom- 
breuses dents  coniques.  Tous  les  rayons  de  la  dorsale  et  de 
l'anale  sont  réunis  par  une  membrane.  Un  caractère  par- 
ticuher  à  ce  i>'enre  de  Poissons  consiste  dans  la  coloration 


Orphio  vulgaire. 

d'un  beau  vert  de  tous  les  os.  L'Orphie  vulgaire  (Belone 
vulgaris)  a  le  corps  anguilliforme,  le  dos  est  verdàtre,  le 
ventre  d'un  blanc  nacré,  les  nageoires  sont  d'un  gris  i)Uis 
ou  moins  foncé.  Ce  Poisson  est  commun  sur  nos  côtes,  il 
porte  dans  la  Cliai'ente-lnférieure  le  nom  d'Aiguille.  X 
File  d'Oléron,  les  pêcheurs  ont  un  singulier  moyen  de  le 
capturer.  Dans  les  pêcheries  échelonnées  sur  certains  points 
de  la  côte,  consistant  en  espaces  dêUmités  par  des  murs 
en  pierres  sèches  percés  de  goulets  pour  l'entrée  et  la  sor- 
tie de  l'eau,  les  pêcheurs,  à  mer  l)^i^^,e,  pénèdeiil  dans  vq^ 
espaces  où  sont  retenus  différents  poissons  et  surtout  des 
Aiguilles,  ayant  à  peine  de  l'eau  jusipi'aux  genoux,  et  armés 
d'une  sorte  de  sabre  recourbé  en  bois,  ils  frappent  d'un 
coup  sec  les  animaux  en  travers,  et  en  prennent  de  cette 
manière  d'assez  grandes  quantités.  Assez  estimées  des  ha- 
bitants dans  ces  parages,  les  Aiguilles  servent  également 
d'amorces  pour  des  pêches  plus  importantes.      Rochbr. 

BiiiL.  :  Sauvagr.  (lansBiiKiiM  .  6d  fr  ,  Poissons  —  Gln- 
'riii-:R,  Stndy  of  F'ishes. 

ORPHIN.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr.  de 
Rambouillet,  cant.  (S.)  de  Dourdan  ;  630  hab. 

ORPHIQUES  (Poèmes).  On  ai^pelle  de  ce  nom  toute 
une  littérature  poéti(|ue  et  philosophique  dont  le  point  d*' 
départ  se  perd  dans  la  nuit  des  temps,  se  rattachant  à  la 
personnahté  fabuleuse  d'Orphée,  dont  les  œuvres  les  plus 
récentes  sont  contemporaines  des  origines  du  christianisme 
et  sorties  des  écoles  nèo-platoniciennes.  On  peut  ranger 
en  deux  catégorie-^  les  monuments  de  celle  littérature.  La 
première,  de  beaucoup  la  moins  étendue  et  la  plus  diffi- 
cile à  déterminer  avec  certitude,  comprend  les  poèmes 
théogoniques  greffés  dès  le  viii^  siècle  sur  Fœuvre  d'Hé- 
siode, poèmes  que  la  critique  de  Schœmann,  de  Welcker, 
de  Gerhard  et  de  Flach  a  isolés  pour  la  plupart  de  la 
Théogonie  hésiodique,  des  OFAivres  et  des  Jours,  etc., 
sans  compter  certains  passages  d'Homère  signalés  par 
Wolff  et  s<'s  disciph's.  Ils  ont  ])oui'  auteurs  ou  d  es  secta 


641 


ORPHIQUES  ^  ORS 


leurs  iiK'oiiJiiis  de  la  religion  des  Mijstn-es  (V.  ce  mol) 
ou  les  poètes  altitrés  de  cette  religion,  Phérecycle  de  Scy- 
ros,  Cercops,  Onomacrite  snrtoiil,  qui  dans  ses  fonctions 
de  reviseur  de  Tcpopée  homériciuc  eL  sans  doute  des 
(euvres  d'Hésiode,  se  substitua  plus  d'une  fois  aux  au- 
teurs originaux.  C'est  ce  c[ut^  Loheck  appelle  les  produits 
de  cette  époque  indécise  où  les  philosopiies  poétisaient. 
où  les  poètes  eux-mêmes  s'essayaient  à  la  philosophie,  lin 
dehors  des  interpolations  (|ui  se  sont  glissées  dans  les 
œuvres  célèbres  de  la  i)ériode  épique,  il  y  a  encore  un 
certain  nombre  de  vers,  cités  et  commentés  par  les  écri- 
vains du  siècle  de  Périclès  comme  remontant  à  une  véné- 
rable anti(fuité. 

J.a  deuxième  catégorie  d(^s  poèmes  orphiques  se  com- 
pose de  vers  absolument  apocryphes,  inconnus  aux  temps 
de  Platon  et  d'Aristotc,  fabriqués  les  uns  pai'  les  néo- 
platoniciens qui,  cherchant  à  raffermir  le  polythéisnn'. 
prétendaient  consacrer  par  des  textes  anciens  leurs  spécu- 
lations et  leurs  fantaisies  ;  les  autres  j)ar  les  Pères  de 
l'Eglise  grecque,  en  vue  de  leur  polémique  avec  les  dé- 
fenseurs du  polythéisme,  pour  les  besoins  surtout  de  cette 
thèse,  en  elle-même  insoulejiable.  que  la  sagesse  mosaïque 
a  laissé  son  empreinte  dans  les  idées  de  rhellénisme  pri- 
mitif sur  la  notion  divin(-  et  les  rapports  de  Dieu  avec  \c 
monde.  L'écho  de  cette  litlérature  a  pénétré  dans  l'esprit 
latin  par  le  canal  des  livres  sibyllins  (Y.  Sibylle)  et 
c'est  à  elle  qu'il  faut  faire  hommage  des  idées  messia- 
niques qui  étonnent  si  fort  dans  i'h]giogue  à  Poliion  de 
Virgile.  Les  poèmes  orphiques  qui  nous  sont  parvenus 
sont  :  Argonautica,  po'me  épique  du  iv®  siècle  ap.  J.-C. 
(éd.  Schneider,  léna,  d803);  88  hymnes  chantés  dans  les 
mystères  (éd.  Dietsch.  Erlangen,  iS^^I)  ;  les  Lifhica, 
chants  sur  la  vertu  magi(jue  des  pierres,  ((ui  paraissent  dater 
du  iv«  siècle  ap.  J.-C.  (éd.  .Vbel,  Rerlin,  1880).     J.-A.  H. 

BiiJL.  :  Sur  la  j)rL'inièro  catcLjxn'ii}  do  poèmes  orphiques^ 
V.  SciiŒMANx.  Opusc.  AcadenilcH,  II,  et  la  nionoiA-raphic^  : 
Die  hesLodischc  Theogoiùc  viisfjclegt  und  heurlheïlt;  Ber- 
lin, 1868.  —  WrLCKKR,  Dlc,  licsiodlsche  Théogonie  ;  Élber- 
l'eld,  18(i5.  —  Sur  la  seconde,  Loiieck.  Aghiopluimiis  (Ku'- 
nio-sberg,  1829,  2  vol.).  ([ui  suClît  d'ailleVirs  à  la  solution 
générale  des  problèmes  soulevés  parla  littérature  orphique. 
—  Gerhard,  Orpheus  und  die  Orphlkei\  dans  Mém.  Ar. 
Berlin,  1859,  —  Kf.rn,  de  Orphei.  Epinienidls  theogonlis  ; 
Berlin,  1888.  —  Supemiiil,  de  Tlieogonloj  Orphei  formu 
iintiqiiissimn  ;  Groif'swald,  1890.  —  Koiide,  Psyché;  Vvi- 
bourg,  1890.  —  Maass,  Orpheus;  Munich,  1895. 

ORPHISME  (V.  Orphée,  Orpïiioles  [Poèmes]  et  Mys- 
tère). 

ORPIERRE.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  des  Hautes-Alpes, 
arr.  de  Gap, sur  le  Céans;  667  hab.Stat.du  chem.  de  fer 
P.-L.~M.  Vignobles.  Prunes.  Carrière  de  marbre  gris: 
calamine;  mine  de  zinc,  de  plomb,  de  cuivre,  de  la  co-i- 
cession  du  Suillet.  Fabriques  de  drap,  de  toile,  de  chapeaux. 
Commerce  de  mulets,  de  laines,  de  cuirs.  Ruines  d'an- 
ciennes fortifications  et  de  constructions  antiques  attri- 
buées aux  Sarrasins.  Défilé  de  Saint-Uoch  entre  d'énormes 
rochers;  grotte  de  la  Vache  d'Or;  cascade  de  Bellerie; 
dus  de  Bagnots. 

ORPIMENT,  i.  MixÉRALociE.  —  Arsenic  sulfuré  jaune 
(As^  S^)  existant  dans  la  nature  et  se  présentant  en  masses 
jaunes  ordinairement  foliacées.  Orttiorhombique.  L'angle 
des  faces  m  m  est  de  62*^  iV .  Clivage  parfait  suivant  (j^ 
donnant  des  lames  sectiles,  flexibles  et  dépourvues  d'éhib- 
ticité.  Couleur  d'un  beau  jaunes  Translucide.  Densiîe. 
3,4  à  3,D,  dureté  à  peu  près  égale  à  celle  du  gy})se. 
Optiquement  positif.  Plan  des  axes  parallèle  à  la  base  /^ 
L'orpiment  fond  dans  le  tube  fermé,  se  dissout  dons  V'\y\\ 
régale.  Accompagne  Farsenic  et  le  réalgar  (fins  les  Wl^w^ 
métallifères  à  Kapnick  et  ù  Felsobanya.  A  r.ommentry  ii 
est  un  ])roduit  de  combustion  des  houilles  enflammées. 

TL  Alchimie.  —  L'orpiment,  sulfure  d'arsenic,  couleur 
d'or,  a  été  souvent  employé  dans  les  essais  de  transmu- 
tation. Le  plus  ancien  connu  est  celui  de  Caligula,  rap- 
porté par  Pline.  Il  en  ht  coh'iner  une  grande  ]uasse,  et 
réussit,  dil  cet  auteiu'  :   luaib  le  reudemiMil  fut  si  minime 


qu'il  ne  paya  pas  les  frais  de  l'opération.  Cet  or  préexis- 
tait dans  les  matières  employées.  M.  Berthelot. 
IIL  Chimie  industiuelee  (V.  Aiisexic  et  Jâuxe). 
ORPIN  (Bot.)   (V.  Sedlim). 
ORQUE  (Zool.)  (V.  Dauphin). 

ORQUEVAUX.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  air. 
de  Chauinont,  cant.  de  Saint-Blin  ;  2oi  hab. 

ORRENTE  (Pedro),  peintre  espagnol,  né  à  Montealegre 
(Murcie)  vers  1370,  mort  à  Tolède  en  16 i4.  Il  apprit 
son  art,  ou  se  perfectionna,  dans  l'atelier  de  Domenico 
Theotocopuli,  et  Greco,  et  ses  premiers  ouvrages  furent 
exécutés  à  Tolède,  notamment  un  tableau  de  Saint  llde- 
phonse,  qu'il  peignait,  en  1611.  pour  la  nouvelle  sacristie. 
A  Murcie,  oii  Orrente  se  l'cndit  en  quittant  Tolède,  il 
peignit  pour  le  vicomte  de  Huertas  huit  tableaux  dont  les 
sujets  étaient  empruntés  à  la  Genèse.  Fn  ïiHi),  il  était  à 
Valejice  oîi  il  exécutait  ])our  la  cathédi'ale  un  très  beau 
Marlj/re  de  saint  Scliastien  ;  il  avait  ouvert  un  atelier 
à  Valence,  qui  fut  fré({uenté  par  ({uehpies  bons  élèves, 
notamment  par  Pablo  Pontons  ;  Orrente  avait  également 
résidé  ([uelqne  temps  à  Cuenca,  où  il  existe  (|uel([ues  ou- 
vrages de  sa  main  et  où  il  avait  formé  un  élève,  Cristobal- 
Carcia  Salmeron.  ([ui  suivit  son  maître  à  Madrid.  Dans 
la  capitale,  l'artiste  fut  tout  de  suite  très  goûté  ;  il  lit 
quelques  portraits  et  obtint  même  des  commandes  royales, 
destinées  au  palais  du  Buen  Retiro.  Le  musée  du  Prado 
conserve  huit  tableaux  d'Orrente  qui  montrent  combien 
l'artiste,  à  l'école  du  Greco  et  sans  doute  par  l'étude  des 
ouvrages  des  Bassans,  avait  subi  l'influence  des  peintres 
vénitiens,  surtout  dans  ses  paysages  avec  animaux  H 
troupeaux  en  marche.  Des  (cuvres  de  ce  maître  se  voient 
encore  dans  diverses  églises,  à  Murcie,  à  Séville,  à  Va- 
lence, à  Tolède,  à  Cordoue  et  dans  des  collections  parti- 
culières. Paul  Lefort. 
ORRcRY  (Comtes  d")  (V.  Boïle). 
ORRES  (Les).  Com.  du  dép.  des  Hautes-Alpes,  arr.  et 
cant.  cFFmbrun  ;  878  hab. 

ORRET.  Com.  du  dep.  de  la  Cùte-d'Or,  arr.  de  Chà- 
tillon,  cant.  de  Baigneux-les-Juifs  ;  8:1  hab. 
ORRHOËNUS  (V.  Jacqles  dT^:desse). 
ORRIULE.   Com.   du   dép.    des  Basses-Pyrénées,  arr. 
d'Orthez,  cant.  de  Sauveterre  ;  319  hab. 

ORRONVILLE  (.îean  Cararei'  li)  (V.  Orville), 
ORROUER.  Com.    du   dép.   d'Fure-et-Loir,    arr.   de 
Chartres,  cant.  de  Courville  ;  312  hab. 

ORROUY.  Com.  du  dép.  de  FOisc.  arr.  do  Sentis,  cajît. 
de  Crépy-en-Valois  ;  323  hab.  Stal.  (Orrouy-Glaignes) 
du  chem.  de  fer  ciu  Nord.  Féculerie.  Eglise  des  xiF'  et 
xv^' siècles  avec  un  beau  clocher  romaii  et  un  chonir  qui 
renferme  de  magnihcjues  vitraux  de  la  Benaissance.  Buines 
romaines  de  Champlieu,  à  3  kil.  N. 

OR R Y-LA- Ville.  Com.  du  dép.  de  FOise,  arr.  et  cant. 
de  Sentis  ;  8^4  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  du  Nord.  (ii*es- 
sonnières.  Curieuse  pyramide  (mon.  hist.)  du  xn^  siècle, 
haute  de  11  à  12  m.,  ayant,  croit-on,  servi  de  lanlerjie 
des  morts. 

ORRY  (Jean),  seigneur  de  Vi(j)u)rjj,  tinaiicier  français, 
né  à  Paris  le  4  sept.  1632,  mort  le  29  sept.  1719.  Conseil- 
ler secrétaire  du  roi  (1701),  il  alla  étudier  les  finances  es- 
pagnoles ;  le  roi  d'Espagne  lui  confia  l'administration  de  ses 
finances  ;  il  ne  revint  en  France  qu'en  1713.     Ph.  B. 

ORRY  de  Fllv y  (Jean-Henri-Louis),  magistrat  français, 
né  à  Paris  en  1703,  mort  à  Paris  en  1731.  Conseiller  au 
Parlement  (1723),  puis  intendant  des  finances  (1737),  ii 
fonda  à  se^;  fraib  a  ViuceniiHS  ujie  manufacture  de  porte- 
laiiie  très  importante,  qui  fut  achetée  en  1730  par  les 
fermiers  généraux  et  transportée  à  Sèvres.  Louis  XV 
acheta  cette  dernière  en  1739  et  la  confla  à  la  surveil- 
lance du  ministre  d'Etat,  Berlin.  L'inconduite  d'Orry 
l'avait  fait  peu  estimer.  Ph.  B, 

ORS.  Com.  du  dép.  du  Xord,  arr.  de  Cambrai,  cant. 
du  Gâteau;  797  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  tlu  Xord. 


ORSAN  —  OKSEILLE 


—  612 


ORSAN.  Com.  du  dép.  du  Gard.  air.  d'Izi'S.  rant.  do 
Bagnols;  170  Iiab.  Stat.  du  rhom.  de  for  P.-f..-M. 


Laulcnie  funôraire  du  xii^  sioclo,  ;\  Orry-la-Ville 

ORSAN CO.  Com.  du  dép.  des  Bassos-Pyrônôes.  urr.  de 
Mauléon,  caot.  de  Saint-Palais  ;  1.949  lud). 

ORSAN  S.  Com.  du  dép.  de  TAude.  arr.  do  (^astoliiau- 
dary,  oaut.  de  Fanjeaux  ;  2o9  ha)). 

ÔRSANS.  Com.  du  dép.  du  Doubs.  arr.  de  Baume- 
les-Dames,  caiit.  de  Vercel  ;  Vtd  liab. 

ORSARA-Danno-Tkpina.  Ville  d'Italie,  prov.  d'Avelliuo, 
sur  le  chem.  de  fer  de  Naples  àFoggia  ;  »^).oOO  liab.  l^glise 
byzantine.  Pâtes,  huile. 

"^  ORSAY  {Orceaais,  Orceiacm).  Com.  du  dép.  de  Seine- 
ot-Oise,  arr.  de  Versailles,  cant.  de  Palaiseau  ;  sur  la  rive 
dr.  de  l'Yvette  ;  i.832  hab.  (il  y  en  avait  ooO  en  172G). 
Stat.  du  chem.  de  fer  de  Paris  à  Limours.  Ce  village  exis- 
tait dès  le  xi^  siècle.  C'est  dans  la  plaine  qui  s'étend  au- 
dessus  d'Orsay  que,  vers  l'an  1000,  Bouchard,  comte  de 
Corbeil,  délit  l'armée  de  Robert-Eudes,  comte  de  Chartres. 
Au  xu^  siècle,  il  y  avait  une  forteresse  à  Orsay.  Sous 
Charles  VI,  le  possesseur  de  la  terre  d'Orsay,  Raymond 
Raguier,  y  fit  bâtir  un  château.  Mais  celui-ci  ne  tarda 
pas  à  devenir  un  repaire  de  bi-igands  qui  profitèrent  des 
guerres  civiles  de  cette  maliieureuse  époque  pour  com- 
mettre tous  les  excès.  En  juin  4123,  les  Anglais  assié- 
gèrent le  château,  et  en  tirent  prisonnière  la  garnison, 
qu'ils  amenèrent  à  Paris  :  les  soldats  hés  deux  à  deux 
avec  une  corde  qui  leur  serrait  fortement  le  cou;  les 
gentilshommes  et  les  chevaliers  tenant  appuyée  siu*  leur 
poitrine  la  pointe  d'une  épée,  «en  signe  de  gens  rendus 
à  la  volonté  du  prince  »,  dit  le  Journal  de  Paris  sous 
les  règnes  de  Charles  VI  et  Charles  VU  qui  rapporte 
ces  faits.  Au  xviii^  siècle,  le  fermier  général  Grimod  du 
Fort  agrandit  le  château  et  l'embellit  ;  il  fit  aplanir  la  col- 
line, et  obtint  que  k'  cimetiéro  fût  tj-anspurté  à  Textré- 
mite  du  viliage.  Ce  château  devioL  après  la  Bévohition. 
la  propriété  de  divers  personnages,  parmi  lesquels  M*'"  Hu- 
lot  et  Arrighi.  duc  de  Padoue.  M-'''  Hulot.  Ijelle-mere  du 
général  Moreau,  fit  ele^'cr  en  I  honneur  du  "ainqueur  de 
Kohenlinden  un  petit  édifice,  le  Temple  de  la  Gloire,  qui 
est  aujourdlrai  tout  ce  qui  l'esté  de  l'ancien  château. 
L'église  d'Orsay,  construite  aux  xn^'  et  xiii^  siècles,  mais 
presque  complètement  refaite  au  xvni",  n'offre  pas  grand 
intérêt.  Aux  environs  d'Orsay  se  trouve  le  château  du 


Grand-Launay,  au  miheu  d'un  parc  arrosé  par  l'Yvette 
et  (pCavait  dessiné  Morel,  auteur  de  la  Théorie  des  Jar- 
dins. F.  BOUHNOX. 

t^li'.r,.  :  I/ahbo  [.I'BKUF.  Ilist  d(i  (riocrsc  de  P;ins,  t  III 
{>]).  31)J-101  df'  l'rd.  do  1883. 

ORSCHWILLER  {Ollesivilre  818,  en  allem.  Orseh- 
weiler).  Com.  de  la  Basse-Alsace,  cant.  et  arr.  de 
SchlosladI.  ;  7:27  hab.  ;  vins.  A  proximité,  au  sommet 
d'une  montagne,  on  voit  les  ruines  imposantes  du  châ- 
teau de  HonKOF:Ni(;suLUG  {caslrum  Kunegesborc .  1207). 
L'origine  de  ce  château,  le  plus  grandiose  de  rAlsac(\ 
est  inconnue.  Fief  des  ducs  de  Lorraine,  il  fut  successi- 
vement inféodé  en  LiSO  aux  landgraves  de  Werde  ; 
en  1267,  aux  seigneurs  de  Rathsaiiiliausen  ;  en  V^VùO, 
aux  comtes  d'Oettingon  qui,  eu  -1380,  le  vendirent  arbi- 
tJ'airement  au  siège  éj)isc(q)al  de  Sti'aslxuu'g.  Après  nm^ 
longue  lutte  entre  la  maison  de  Lorraine  et  les  évèques 
de  Strasbourg,  le  vi(Hix  manoir  (q  son  domaine  resteront 
propriété  de  ces  derniers.  Tombé  en  \  loi-  eiilr<^  les  mains 
d'une  bande  de  brigands,  pris  et  détruit  par  les  ti'oupes 
de  l'évèque,  le  seigneur  de  Ribeaupierre  et  l'archiduc  Si- 
gismond,  il  échut  à  la  maison  d'Autriche.  Reconstruit  en 
1480.  il  fut  d'abord  inféodé  aux  comtes  de  Thierstein  et, 
à  partir  de  1517.  directement  administré  par  la  Régence 
d'Autriche.  En  1-533,  il  fut  donné  en  gages  aux  seigneurs 
iV}  Sickingen,  aux(|uels  succédèrent  comme  feudataiVes  en 
1606  Rodolphe  de  Bollwiller  et  en  1617  tj'nest,  comte 
de  Fugger.  En  1633,  les  Suédois  assiégèrent  le  château, 
s'en  emparèrent  malgré  la  défense  héroïque  de  Philip})e 
de  Lichtenau  et  le  détruisirent.  Désormais  il  n'est  plus 
(ju'une  ruine  qui  appai'tient  aujourd'hui  à  la  ville  de 
Schlestadt.  '  L.  W. 

BiiJL.  :  Grandii)ji:ii,  Œuvres  liist.  iinuL,  V,  })p.  l87-tiJ8. 
—  L.  Spach,  le  Clu'ileau  de  IIoldiœnifjsboiD'y  ;  Strasbourg, 
\^'^().  ~  Bull,  de  lu  Soc.  pour  lu  cous,  des  nton.  lùst.  en 
Als.,  I8r)7,  pp.  15  et  .suiv.  ;  1858,  ])j).  282  et  suiv.  —  Revue 
d'Als.,  18.5U,  pp.  227  et  suiv.  —  Bull,  monumental  18G5, 
])p.  187  et  suiv.  —  Kirciihoff, Die  Ilohkônujsbarij  ;  Stras- 
bourg', 1878.  —  G.  Diirr^cH,  CliMeiin  de  Ilo'hJiœnicisboarij  ; 
Saintc-Marie-anx-Miues,  1882.  —  JohrbucJi  des  '  Vixjes'en. 
Clubs,  1880, pp.  l!)2etsu!v.  —  K.  WiMvLr.R,  Die  JîohkùnUis 
bnrg  rom  lechnisch-arcUâolof/lschen  Stand pu)i]d;  Coliniir, 
188(i. 

ORSEILLE  (Indust.).  L'orseille  est  une  matière  tinc- 
toriale d'origine  végétale  dont  la  teinte  varie  du  rouge 
grenat  au  rouge  violacé  et  au  violet,  t^lle  s'obtient  en 
faisant  subir  à  certains  lichens  une  préparation  spéciale. 
La  découverte  de  cette  propriété  des  lichens  aurait  été 
faite  vers  l'an  1300  par  un  Florentin.  Frederico,  et  l'ItaHe 
aurait  conservé  pendant  plus  d'un  siècle  le  monopole  de 
cette  fabrication  en  utiHsant  les  lichens  des  îles  de  la 
Méditerranée.  Cette  industrie  est  passée  depuis  en  France 
et  en  Angleterre  où  l'on  exploitait  les  lichens  récoltés  aux 
îles  Canaries  et  dans  les  Pyrénées,  mais  depuis  le  déve- 
loppement de  l'industrie  des  matières  colorantes  synthé- 
tiques, les  couleurs  rouge  et  violette  des  lichens  ont  beau- 
coup perdu  de  leur  importance. 

Les  lichens,  principalement  ceux  des  genres  Roeeella 
et  Lecanora,  tels  que  le  Roeeella  tinctoria,  le  11.  fii- 
siformis,  le  /L  Montagnei,  possèdent  certains  principes 
immédiats,  tels  ({ue  l'érythrine,  l'acide  lécanorique,  l'acide 
roccellique,  la  roccellinine,  etc.,  qui,  en  présence  de  bases 
comme  l'ammoniaque  et  de  l'oxygène  de  l'air,  produisent 
la  matière  colorante  connue  dans  le  commerce  sous  le 
nom  d'orseille,  de  persio,  de  cudbear.  E'érytlirine,  l'acide 
lécanori((ue  se  dédoublent  en  présence  des  alcahs  en  don- 
nant de  Voreiue  (V.  ce  mot),  (|ue  l'ammoniaque  et  l'air 
Iransformon!  eu  p1usieui'sc(Huposés colorés,  parmi  lesqu'ds 
se  trouve  Voreeiue  l-'«»rcéine  est  donc  l'un  d^^^s  principes 
cU'tifs  de  Forseilie,  mai^  il  n'est  pas  douteux  qu'à  cote 
de  ce  dernier  corp^.  il  existe,  en  proportions  uiriables, 
dterses  autres  matières  colorantes,  rouges  et  \iolettes. 
formées  par  l'action  simultanée  de  l'air  et  de  l'ammoniaque 
caustique  sur  les  principes  incolores  des  lichens. 

Pendant  longtemps,  on  a  produit  l'orseille  en  réduisant 
les  lichens  en  poudre  et   laissant  se  putréfier  la  poudre 


(il  H  — 


OHSiai.LE  —  OKSEOLO 


tléhiyéo  ijvec  rurino.  Lo  cai'honato  (rammoniuquo  rôsul- 
taiit'de  la  putréfaction  de  l'urine  agit  sur  les  principes 
définis  contenus  dans  les  lichens  avec  absorption  d"eaii. 
élimination  d'acide  carbonique  et  formation  de  matières 
colorantes  parmi  lesquelles  se  trouve  i'orceme.  Pendant 
la  fermentation,  on  ajoute  un  peu  de  chaux  qui  sert  à 
meitre  i'ammoin'a(pie  en  libei'té.  f.es  fabricants  substi- 
tuér(Mit  à  l'urine  l'anunonia(pie,  (pii  permet  de  l'égier  et 
de  graduer  commodément  son  intei'vention  en  môme  temps 
«prelle  supprime  l'emploi  de  la  chaux.  Mais  le  perfection- 
nement le  ])lus  important,  dans  cette  industi'ie  tout  à  fait 
empirique,  a  été  la  séparation  préalable  des  matières  co- 
lorables  des  lichens  et  leur  transformation  ultérieure  en 
matière  colorée,  [.es  matières  colorables  n'imprègnent  pas, 
en  effet,  toute  la  plante;  ils  sont  concentrés  à  la  surface 
sous  hi  forme  d'une  poudre  grise  facile  à  séparer  par  des 
opérations  mécaniques  ou  par  des  lavages  répétés  à  l'eau 
froide.  La  préparation  de  l'orseille  se  partage  donc  au- 
jourd'hui en  trois  phases  :  la  séparation  des  parties  utiles 
d'avec  le  ligneux  par  friction  mécanique  ou  lavage,  la 
concentration  des  parties  colorables  et  enfin  la  coloration. 
Dans  cette  dernière  phase,  on  ajoute  une  cjuantité  déter- 
minée d'alcali  volatil  et  on  abandonne  au  contact  de  l'air 
dans  des  cuves,  en  remuant  d'une  manière  continue  et  en 
favorisant  la  réaction  par  une  température  convenable. 
L'orseille  se  présente  sous  la  forme  d'une  pâte  rougeâtre 
d'une  odeur  particulière,  d'un  goiU  alcalin. 

Le  persio,  cudbear  ou  indigo  rouge  est  une  espèce 
commerciale  d'orseille  qui  se  fabriquait  autrefois  en 
lù'osse,  il  se  présente  sous  la  forme  d'une  poudre  violet 
rougeâtre. 

On  trouve  aussi  deux  préparations  d'oj'seille  qui  con- 
tiennent, dans  un  grand  état  de  pureté,  les  principes  colo- 
rants de  celle-ci  et  cpii  portent  les  noms  de  carmin 
(Vorseille  et  de  pourpir  frorsciUe  {pourpre  française). 
La  pourpre  d'orseille  est  un  pi'oduit  remarquable  par  la 
vivacité  et  la  stabilité  des  teintes  (ju  elle  fournit.  L'orseille 
servait  dans  l'impression  et  la  teinture  de  la  laine  et  de 
la  soie.  Elle  se  fixe  sur  ces  fd)res  sans  mordant  en  don- 
nant des  nuances  rouge,  grenat,  rouge  violacé,  violet, 
suivant  la  (pialité  du  produit,  qualité  qui  dépend  des  con- 
ditions de  temps,  de  température  et  des  proportions  des 
ingrédients  employés  dans  sa  fabrication.  L'emploi  de 
Lorseille  a  beaucoup  diminué  ;  l'industrie  des  matières 
colorantes  synthétiques  a  fourni  des  substituts  d'orseilfe 
qui  l'ont  en  grande  partie  remplacée.      C.  Matignon. 

ORS  EL  (  Vndré-Jacques-Victor),  peintre  français,  né  à 
Oullins,  pi'ès  de  Lyon,  le  25  mai  1793,  mort  le  Bl  oct, 
4850.  D'abord  élève  de  Révoil  à  Lyon,  il  suivit  ensuite  à 
Pai'isles  coui's  de  Guérin.  qu'il  accompagna  à  Rome  quand 
celui-ci  y  partit  en  '182*2  comme  directeur  de  l'Académie 
de  France.  Orsel  y  étudia  les  préraphaélites  ;  il  étudia 
aussi  passionnément  Lanticpiité  et  subit  l'influence  de 
Cornélius  et  d'Overbeck.  11  peignit,  en  1822,  la  Charité. 
qui  est  à  Lbôpital  de  Lyon  ;  en  1823,  Moïse  sauvé  des 
eaux;  en  4821.  Adam  et  Eve  après  te  ineurtre iTAInd 
(musée  de  Lyon);  en  1827,  un  Moïse  présenté  à  Pha- 
raon, qui  est  également  au  musée  de  Lyon,  et  une  Sainte 
Madeleine  ;  et  vers  le  même  temps  un  Tableau  votif 
du  choléra  pour  l'éghse  Notre-Dame  de  Fourvière.  Orsel 
était  un  peintre  fervent  en  sa  foi  catholi(pie.  d'une  grande 
élévation  d'âme  et  de  pensée,  mais  qu'avait  envahi  la 
froideur  d'art  d'Overbeck.  Après  le  Bien  et  le  Mal,  qui 
est  de  1833  et  qui  a  été  gravé  par  Victor  Yibert,  il  tra- 
vailla de  1833  à  1838  ^à  V Histoire  de  David  el  de 
Hethsabée,  tableau  en  quatre  parties  ;  et  en  1836  il  com- 
mença son  (ruvre  capitale,  la  décoration  de  la  chapelle 
de  la  Sainte-Vierge  à  Notre-Dame  de  Lorette,  suite  de 
soixante  tableaux  :  il  ne  devait  pas  achever  ce  travail 
considérable  qui  fut  terminé  après  sa  mort  par  Périn.  On 
citera  encore  de  lui  un  portrait  de  François  /^'''  peint  sur 
émail  (1833).  Etienne  Brtcon. 

BiRL.  :  (Envres  diverses  de  Victor  Orsel  (  1195-1 830)  mises 


en  linnu;re  cl  itrrseith'cs  i,;i r  ^f.  AJph.  Prriu  aOO  plnii(Mi(^s 
accompauncM^s  (Vun  i('\t(>  cxplicniil"  :  Pai'is,  18r)->-7,,  'l  vol. 
i  11- fol. 


ORSELLIQUE  (Acide). 

î^  \  Equiv 

horm.   ^     ^ 


(;16H4(U202)204. 

Atom l7'FP(OH)2e<^2^. 

Leitaùis  lichens  tinctoriaux  du  genre  Lecanora  ou 
lioccella  renferment  plusieurs  principes,  l'érythrine.  ia 
picroéi'vtbrine.  l'acide  lécanorique.  (pu  sont  dédoublables 
en  jnettant  en  liberté  de  l'acide  orselliipie.  C'est  ainsi  que 
Sten bouse  le  découvrit  en    18i8. 

L'acide  orsellique  est  un  acide  dioxytoluique.  Il  prend 
naissance  :  1^  quand  on  saponifie  l'érythrine  et  la  picro- 
érythrine,  qui  sont  l'éther  diorsellique  et  l'éther  monoor- 
sellique  de  l'érytbrite  : 

C^lL'(H202)?(Ci^llW)2  4-  2H20-2  =  (^«(H^O^)^' 

-f  2CiW0^ 

Af'idc  ni'^(Mli(jue 

(m-^{RWf(CAHn)^)  -h  llH)^  ==  C"^H2(H202)4 

l^icroôrvtliriiK}  Ervllii'iic 

-h  cmw. 

A('i(l(^  oi\selli(iue 

2^  Par  saponification  de  son  propre  déi'ivé  éthéré,  la 
lécanorine  ou  acide  diorsellique  ou  encore  acide  lécano- 
rique : 

C»^'lL^0«(C^*^1l«0^)  ou  V?n\^H)^'' 

On  prépare  le  mieux  cet  acide  en  faisant  bouillir  de 
l'érythrine  avec  de  l'eau  de  baryte  aussi  longtemps  (jue 
l'acide  chlorhydricpie  donne  un  précipité  dans  la  solution. 
L'acide  orsellique  cristallise  en  prismes  incolores  ren- 
fermant une  molécule  d'eau  de  cristallisation,  solubles 
dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther  et  fusibles  à  176".  L'eau  et 
les  ah'alis  le  dédoublent  en  orcineet  anhydride  carbonique  : 

(]l(q|S08  ^  (]ims()i  _^  CrO''. 

Le  perchlorure  de  fer  colore  sa  solution  en  violet.  Les 
orsellates  alcalins  et  alcalino-terreux  sont  solubles  dans 
l'eau  ;  ils  se  décomposent  facilement  à  chaud.      C.  M. 

BiiïL  ■  Srrsiii)V^\:.A,}ii.der(l)ern.n  Phnrio.A  [AVIII. 
H   (il. 

ORSENIGO  (Les).  Maîtres  d'oeuvres  milanais  des  xiv° 
et  xY'^sièdes.  Simone  Orsenigo,  insegnerius  (ingîmmw), 
fut  inscrit  dès  1387  sur  la  liste  des  maîtres  d'<ruvres  de 
la  cathédrale  de  Milan,  immédiatement  après  Marco  da 
Campione,  qui  ouvre  cette  liste,  et  alternativement,  à  plu- 
sieurs reprises,  avec  N.  Bon  aventure  de  Paris.  Un  autre 
maître  de  ce  nom  d'Ch^senigo,  Paolino,  fut  employé  en 
1400,  avec  le  titre  de  magisfer  à  lignamine  (charpen- 
tier), aux  travaux  de  la  même  cathédrale.  Ch.  L. 

ORSENNES.  Com.  du  dép.  de  l'Indre,  arr.  de  La 
Châtre,  cant.  d'Aigurande;  2.302  hab. 

ORSEOLO  P^"  (Pietro),  doge  de  Venise,  né  vers 928,  mort 
en 997.  Elu  à  S.Pietro  di  Castello  le  12  août  976.  après  le 
meurtre  de  Pietro  (^landiano  IVetlefameuxincendiede  Saint- 
Marc,  du  palais  ducal  et  d'une  grande  partie  de  la  ville, 
allumé  dit-on,  d'après  le  conseil  de  Pietro  Orseolo  lui-même, 
il  s'en  défendit  publiquement,  et  la  critique  moderne  est  dis- 
posée à  le  croire  ;  mais  il  n'en  fut  pas  moins  toujours  en 
butte  à  l'opposition  et  aux  conjurations  du  parti  des  Can- 
diano.  Homme  d'une  très  grande  piété,  d'un  grand  désir 
de  faire  le  bien  de  sa  patrie,  il  s'appliqua  à  rétablir  la 
paix  en  traitant  avec  Gualdrade.  veuve  de  son  prédéces- 
seur, et  sœur  du  maripiis  Hugues  de  Toscane.  Cet  accord 
força  la  Républi(pie  à  prélever  de  nouveaux  impôts  qui, 
avec  les  anciens,  permirent  au  doge  de  jeter  les  fondements 
de  la  nouvelle  basilique  de  Saint-Marc  (terminée  en  1071). 
C'est  Orseolo  encore  qui  négocia  à  Constantinople  l'achat 
de  la  fameuse  Pala  d'Oro.  Orseolo  s'attacha  aussi  à  sou- 
lager les  misères  humaines.  11  fonda  des  hôpitaux,  des 
refuges  pour  les  pèlerins  ;  il  visitait  les  pauvres  et  les 
malades.  Et,  fatigué  du  pouvoir,  à  cinquante  ans,  le 
1^^'  sept.  978,  il  abandonna  Venise   et  se  renferma  dans 


OHSEOLO  —  ORSM 


014  — 


un  monastère,  où  il  vécut  encore  dix-neuf  ans.  Après  su 
mort  il  fut  canonisé.  £.  Casanova. 

ORSEOLO  11  (Pietro),  doge  de  Venise,  mort  en  1008, 
fils  du  précédent.  Elu  en  991,  après  la  mort  de  TriJjuno 
Alemo.  11  sut  dès  les  premiers  jours  gagner  Fempereur 
de  (^onstantinople  et  celui  d'Occident,  et  jusqu'aux  Sar- 
rasins, que  Venise  avait  toujours  combattus.  11  traita  avec 
les  puissants  évèiiues  de  la  Vénétie,  et  put  en  obtenir  de 
sérieux  avantages  pour  le  commerce  de  ses  concitoyens. 
Opendant  les  Narenlins.  peuplade  slave  de  la  Oalmatie. 
appelèrent  sur  eux  sojî  attention  par  leurs  continuelles 
pu'ateries;  et  il  envoya  contre  eux  une  Hotte  commandée 
[>ar  Badoario,  ditBragadino.  qui  détruihit  le  nid  des  [lirates 
de  Lissa.  Les  Narentins  survivants  s'unirent  aux  Croates 
pour  assouvir  leur  rage  sur  la  Dalmatie.  Appelé  par  celle- 
ci  à  son  secouî's,  Orseolo  s'embarqua  le  jour  de  l'Ascen- 
sion de  Fan  998.  11  aborda  aux  îles  de  (^herso  et  d'Os- 
saro,  d'où  il  se  dirigea  vers  la  vieille  Zara.  qu'il  occupa,  ainsi 
(jue  S})alato,  Curzola  et  Lagosta.  Ces  conquêtes  abattirent 
complètement  les  Narentins  ;  et  Orseolo,  api'ès  avoir  visité 
de  nouveau  les  ports  dont  il  avait  accepté  Lanjiexion,  s'en 
revint  en  triomphe  à  Kialto.  Cette  expédition  eut  les  ])lus 
heureuses  conséquences  pour  le  développement  de  la  Ré- 
publique; et  les  Vénitiens  le  comprirent  si  bien  dès  les  pre- 
miers jours  qu'ils  voulurent  que  le  doge  à  son  titre  ba])i- 
iuel  ajoutât  celui  de  «Duc  de  Dalmatie  ».  et  que,  chaque 
année,  le  jour  de  l'Ascension,  il  rendit  visite  à  la  mer  au 
Lido.  cérémonie  qui  devint  dans  la  suite  de  ])]us  (mi  plus 
solennelle  et  prit,  aux  temps  d'Alexandre  Ilï  et  du  doge 
Ziani,  le  iiom  de  S/)Osaliuo  (mariage  de  la  mer).  L'em- 
pereur Othonliï  vint  incognito  à  l'ile  de  San  Servolopour 
faire  la  connaissance  personnelle  du  doge  ;  de  là  Use  rendit 
à  Venise  même  pour  y  traiter  secrètement  ses  intérêts  avec 
cette  république  qui  devenait  si  puissante.  Après  son  départ 
Orseolo  conserva  de  très  bonnes  relations  avec  l'Empire, 
(pii  lui  permirent  en  1002,  le  jour  de  la  Saint-Laurent,  d'ac- 
courir au  secours  de  Bari  et  des  auti'es  villes  grecques  des 
Fouilles,  assiégées  et  ravagées  par  les  Sarrasins.  Il  força 
ceux-ci  à  lever  le  siège  de  Bari.  De  retour  à  Venise,  les 
empereurs  de  Constantinopîe  lui  envoyèrent  leurs  remer- 
ciements et  la  prière  de  leur  envoy(^r  son  fils  Jean,  auquel 
ils  donnèrent  pour  femme  une  princesse  de  leur  maison. 
l^es  fréquentes  relations  de  Venise  avec  l'Orient  introdui- 
sirent alors  pour  la  première  fois  à  Venise  la  peste,  qui 
décima  la  population  et  la  famille  même  du  doge.  Orseolo, 
admiré  et  aimé  de  tous,  mourut  a  peine  âgé  de  (puu'ante- 
huit  ans.  E.  Cxsaxova. 

ORSEOLO  (Ottone),  nuu't  en  1 032.  hls  du  précédent.  Il 
devint  doge  de  Venise  en  -]008,  après  la  mort  de  son  père 
dont  il  suivit  les  traces.  Par  d'heureuses  expéditions  contre 
l'évèque  d'Adria  et  contre  les  Croates  qui  avaient  de  nouveau 
assailli  la  Dalmatie.  il  acciait  la  puissan.ce  de  Venise.  Mais  si 
les  étrangers  n'osèrent  ])oint  attaquer  la  Bépublique  pen- 
dant la  période  agitée  de  la  guerre  entre  ïlenri  ïï  et  Ardouin 
d'ivrée,  à  l'intérieur  la  trop  grande  autoriîé  de  la  famille 
Orseolo  et  surtout  du  doge,  (fui  avait  épousé  la  iiUe  de 
Geisa,  roi  de  Hongrie,  et  avait  placé  sur  le  siège  i)atriar- 
cal  de  Grado  son  frère  Orso,  causa  des  trou])les.  A  l'ins- 
tigation de  rallemand  Poppon,  patriarche  d'Aquilée.  les 
adversaires  d'Orseolo  le  forcèrent  à  fuir  eii  Istrie  avec  soji 
frère  ;  et  Poppon,  profitant  de  ces  troubles,  entra  dans 
Grado  qu'il  mit  au  pillage.  Ce  fait  frappa  de  terreur  les 
Vénitiens  qui  rappelèrent  le  doge,  et  sous  sa  conduite  re- 
poussèrent l'ennemi  et  lui  reprirent  ce  qu'il  avait  occupé. 
Ces  prouesses  n^  suffirent  pas  à  désanner  les  adversaires 
d'Orseolo,  (pii.  à  cause  de  son  refus  de  confirmer  la  nomi- 
nation d'un  jeune  homme  de  dix-huit  ans,  de  la  famille 
Gradenigo.  à  révèché  d'Olivolo,  se  soulevèrent,  s'em])a- 
rèrentd'Ottone,  le  rasèrent  et  l'exilèrent  à  Constantinopîe. 
Jl  eut  pour  successeur  Dominiijue  Centranico  (I02()). 

ORSI  (Lelio).  peintre  italien,  né  à  Beggi(»  en  llrii. 
iuort  à  Novellara  en  ir>87.  Admirateur  du  Corrègi\  donl 
il  étudia  les  œuvres  avec  passion,  et  de  Michel-Angv,  Orsi 


exécuta  dans  su  \ille  inilule,  puis  à  Xovellara.  de  nom- 
breuses fresques,  dont  la  })lu])art  ont  péri.  Ce  qui  jious 
est  resté  de  cet  artiste,  ce  sont  des  tableaux  :  une  Sainte 
fauiille  et  une  Crèche,  à  Floi'ence  ;  mie  Madone,  à  Bo- 
logne ;  le  Christ  sur  la  croix,  à  Bei'lin  ;  une  }Jadeleii)e 
repentante,  à  Munich.  Il  s"est  elibrcé  d'y  unir  les  grâces 
aiiuablesdn  Coi'i'ège  ;iii  dessin  énecgi({ue  et  puissant  du 
graiul  Florentin.  (i.  C. 

ORS!  (Paolo).  archéoh)giie  italien,  né  à  Boveredo  en 
1859.  Il  fit  à  Vicjnie.  à  ]\idoue  e!  à  Borne  <ies  études  ap- 
proh)ndies  et  reçut  le  grade  de  docteur  en  philologie,  (hi 
a  de  loi  :  ta  Topoijraptiie  du  Troitinii  l'époque  romaine 
(Hnvereto,  '1880)  ;  Voyage  arcJiéologiijue  dans  les  val- 
l''es  occidentales  du  Trentin  ('!881)  ;  Découvertes  ar~ 
chéologiques  et  épigraphi'ques  du  Treutiii  (-1882).  et 
divers  mémoires  insérés  dans  les  A'anali  degli  atpim'sti 
T)idenlini,  dans  les  ArcheoC  Epigr,  Mittheilungen  de 
Vienne,  etc.  G.  C 

ORSI  (Pietro),  érudit  italien,  né  à  Mondovi  en  ISOr). 
Docteur  es  lettres  et  professeur  d'histoire  et  de  géographie 
à  Potenza,  et  (après  des  séjours  à  Paris  et  à  Londres)  à 
Catane  et  à  Ven.iso,  il  a  coïlaboi'c  principalement  à  la  Hi~ 
vista  storica  itatiana  et  à  la  lievue  historique.  Le  mé- 
moire qui  Fa  surtout  fait  connaître  esi  intitulé  L'Anna 
nville  (Turin,  1887). 

ORSINL  Célèbre  famille  italieime  qui  a  eu  trois  papes, 
plusieurs  cardinaux  et  auirespi'élals.  des  hommes  de  guerre 
et  de  cour  iljus(res,  des  hommes  remartpn^.bles  en  tout 
genre,  et  à  laqnelle.  avec  plus  ou  .noins  (h'  raison,  préten- 
dent se  rattacher,  à  cause  de  sa  célébrilé.  de  grandes  fa- 
milles non  seulement  italiennes,  mais  encore  de  l'étran- 
ger, comme  la  maison  l'égnante  d'Aiihalt  et  les  comtes  de 
Piosenberg.  On  ne  peut  sans  témérité  remonter  dans  l'his- 
toire de  cette  famille  plus  haut  «pic  le  x^  siècle  ;  nous  la 
trouvons  alors  en  Piémont  ou  elle  s'est  continuée  jusqu'à 
la  moitié  du  siècle  présent.  Cette  branche,  que  souvent 
nous  voyons  l'appelée  par  la  branche  de  Rome  dans  ses 
lidéicommis,  fut  illustre  dans  les  anciens  temps  par  sa  no- 
blesse guerrière.  Ce  sont  ces  seigneurs  de  Rivalta,  dXlrbas- 
sano  et  deTrana,  qui,  d-s  l'an  i08-j,  se  font  remarquer  par 
leur  guelfisme  et  liennent  tète  à  Frédéric  Barberousse  lui- 
même.  Ce  sont  encore  ces  familles  des  Falconieri  et  des  Bei'- 
satori(iuenous  voyonsileurir  (ui  Piémont  et  s"yé!eindre  aux 
derniei's  sièides.  Mais  beaucoup  plus  renonnnée  esta  Rome, 
dès  Fan  iOOi).  la  piincipale  brancbe  de  celle  famille.  Elle 
s"étendit  dans  lacam])agneromai]ie.  oii  l'ivale  des  Colonna, 
par  sa  puissance,  par  ses  adhérents,  elle  devint  prépondé- 
rante. Delà  ses  bran.ches atteignirent  le  royaume  de  Naples, 
la  Toscane.  Ces!  ainsi  qsi'en  nous  bornant  aux  principaux 
do  ses  titres,  nous  voyons  les  membres  de  cette  famille, 
seigneurs  de  31onterotondo,  comtes  do  Xola,  de  PitigHano. 
de  Manu])ello,  de  Lecce.ducs  deBracciano,  de  Gravina,  de 
Venosa,  princes  de  Tarente,  etc.  Les  papes  de  cette  famille 
ont  été  Gélestin  111,  Nicolas  îïï,  Benoit  XllI.  Jusqu'aux 
plus  lointaines  cours,  on  retrouve  leurs  traces;  et  la  fa- 
meuse princesse  des  Frsins,  et  les  Orsini  de  Paris  en  sont 
la  preuve.  Malgré  cette  grande  expansion,  cette  réputa- 
tion Tuiiverselle,  cette  famille  ne  doit  pas  être  confondue 
avec  les  centaines  d'autres  familles  italiennes  (jui  portent 
le  même  nom,  pourlasimpleraison  que  celui-ci,  comme  tous 
les  dérivés  de  Orso,  était  très  répandu  aux  temps  anciens 
dans  la  péninsule,  soit  dans  les  noms  de  personnes,  soit  dans 
ceux  des  localités. 

La  fortune  de  la  branche  romahie  remonte  à  un  neveu 
du  pape  Célestin  Kl,  dont  le  petit-fils  Matteo  liosso. 
noniiné  sénateur  de  Rome  par  Grégoire  IX  (iMA),  gou- 
verna durant  la  vacance  du  Saint-Siège  t|ui  suivit  la  mort 
du  pape  et  combattit  avec  acharnement  Frédéric  IL  — 
Son  fils,  Giovanni  Gaetani,  devint  pape  sous  le  nom  de 
Nicolas  ÎH  (V.  ce  nom).  C'est  de  ses  fils  que  descendent 
les  irois  lignées  des  Orsini  romains.  La  plus  jeune,  issue 
de  \a])oleone,  existe  encore  à  Rome;  elle  ac([uit  le  titre 
de  comte  avec  Fraacesco  en  1F17;  celui  de  duc  de  Gra- 


—  615 


OK^im  —  0RSêNNF]TTE 


vina  avec  son  lils  Jacopo  (1463),  de  prince  d'empire  avec 
Beroald  (4721),  enfin  de  prince  romain. 

Les  plus  célèijres  membres  de  la  famille  des  Orsini  sont, 
en  dehors  de  la  princesse  des  Vrsins  (V.  ce  nom)  : 

Virginio,  seigneur  de  Bracciano.  mort  le  18  janv. 
l'iOT,  fameux  condottiere  qui  servit  Sixte  ÏY  contre  Fer- 
rare,  battit  les  Napolitains  à  Campo  Morto  (1482),  servit 
le  roi  de  Xa])les  contre  Charles  VIIL  puis  ce  dernier 
({{%).  et  fut  pris  à  Atella. 

Niccolo,  comte  de  Pctigliano,  né  en  J4i2,  mort  à  Lo- 
nigo  en  lolO,  général  du  parti  angevin  qui  combattit 
contre  Naples,  Sienne,  Sixte  ÏV,  Florence,  Venise, 
('apitaine  général  de  l'armée  vénitienne  contre  la  Ligue 
de  Cam])rai,  il  reprit  et  défendit  victorieusement  Padoue. 

Paolo-Giordano,  né  en  1541,  mort  à  Salo  en  1585. 
Créé  duc  de  Bracciano  par  Pie  IV  (1560),  il  commanda 
les  troupes  rassemblées  par  Paul  IV  contre  les  Turcs 
(15Ô6).  Comme  il  avait  tué  le  neveu  de  Sixte-(]uint,  pre- 
mier mari  de  Vittoria  Accoramboni,  il  dut  quitter  Rome 
à  l'avènement  de  ce  pape. 

Vincenzo-Maria,  devenu  pape  sous  le  nom  de  Be- 
noit XIII  (V.  ce  nom), 

ORSINI  (Felice),  révolutionnaire  italien,  né  à  Meldola, 
dans  les  Romagnes,  en  déc.  1819.  mort  sur  l'écliafaud  à 
Paris  le  13  mearsl858.  Fils  d'un  ancien  officier  du  royaume 
d'Italie,  Orsini  fut  élevé  à  Imola  par  un  oncle  paternel  et 
termina  ses  études  à  l'Université  de  Bologne.  Là,  il  ne 
tarda  pas  à  prendre  part  aux  conspirations  contre  le  gou- 
vernement pontifical.  Arrêté  en  même  temps  que  son  père, 
le  1^'^'  mai  1844,  il  fut  condamné  aux  galères  à  vie.  Am- 
nistié à  l'avènement  de  Pie  IX,  il  passa  en  Toscane.  En 
i8i8,  capitaine  dans  la  légion  des  volontaires  romains 
qui  allèrent  combattre  en  Vénétie,il  se  distingua  par  son 
intrépidité  à  la  journée  de  Mestre  (27  oct.).  Député  de 
Forli  à  la  Constituante  romaine  (févr.  1849),  il  fut  en- 
voyé à  Ancône  pour  y  rétablir  la  sécurité  publique  :  il 
s'en  acquitta  avec  une  énergie  (jui  lui  fit  grand  honneur. 
La  chute  de  la  République  rendit  Orsini  à  la  vie  do  cons- 
piration. Mazzini  le  chargea  de  plusieurs  tentatives  insur- 
rectionnelles, qui  échouèrent  toutes  misérablement:  affaires 
de  Sarzane  (2  sept.  1853),  de  la  Magra  (10  mai  1854), 
de  la  Valteline  (juin-août  1854).  Une  mission  périlleuse 
à  Milan  (oct.  1854)  n'eut  pas  plus  de  succès.  Las  de  la 
direction  de  Mazzini,  Orsini  résolut  de  s'en  affranchir.  De 
vagues  projets  le  conduisirent  en  Autriche  et  jusqu'en 
Transylvanie.  Arrêté  à  Hermanstadt  (17  déc.  1854),  il 
fut  ramené  à  Vienne  (17  janv.  1855)  et,  après  un  com- 
mencement d'instruction,  transféré  au  château  de  San 
Giorgio  àMantoue  (27  mars).  Au  bout  d'un  an,  avant  que 
la  sentence  fût  prononcée,  il  réussit  à  accomplir  la  plus 
audacieuse  évasion  (30  mars  1856).  Il  se  rendit  à  Londres 
(26  mai).  Mazzini  lui  fit  aussitôt  de  nouvelles  ouvertures, 
mais  Orsini  n'avait  plus  confiance  en  lui.  Le  prophète  de 
Dieu  et  Peuple  lui  apparaissait  alors  comme  un  illuminé, 
dont  le  despotisme  était  funeste  à  la  cause  italienne.  Il  se 
mit  à  faire,  dans  différentes  villes  d'Angleterre,  des  lec- 
tures sur  la  papauté  et  la  nécessité  de  faire  cesser  l'inter- 
vention étrangère  dans  les  Etats  romains.  Il  refusa  dépar- 
tager le  produit  de  ses  lectures  avec  le  comité  mazzinien. 
L'entourage  du  chef  ne  lui  épargna  pas  les  calomnies.  La 
rupture  devint  complète  entre  Orsini  et  Mazzini  (nov.  1 856) . 
Le  31  mars  1857,  Orsini  écrivit  à  Cavour  pour  se  mettre 
à  la  disposition  du  gouvernement  sarde  dans  le  cas  où 
celui-ci  serait  décidé  à  commencer  la  lutte  de  l'indépen- 
dance. Cavour,  tout  en  admirant  sa  lettre,  ne  lui  répon- 
dit pas.  Orsini  fit  traduire  en  anglais  ses  Mémoires  et  les 
publia  en  deux  parties,  sous  les  titres  de  Austrian  Dun- 
geons  in  Italg  et  de  Memoirs  and  Adventures  (mai  1 857) . 
Ij'îtalia  del  Popolo,  de  Gènes,  organe  officiel  de  Mazzini, 
attaqua  violemment  ces  publications  en  traitant  leur  auteur 
d'ingrat  et  d'apostat.  Au  même  moment,  Ausonio  Franchi 
(V.  ce  nom),  dans  la  Ragione  de  Turin,  soutenait  contre 
Mazzini  une  polémique  très  vive.  Orsini.  sans  le  connaître. 


rendant  hommage  à  ses  principes  de  liberté  vraie,  lui  écri- 
vit pour  lui  proposer  de  faire  de  la  llagione  le  centre  et 
l'organe  du  parti  républicain  pur.  Ausonio,  après  s'être 
assuré  qu'il  ne  s'agirait  pour  Inique  de  propagande  paci- 
fique, accueillit  sa  proposition.  Une  jorrespondance  suivie 
s'établit  entre  eux.  Orsini  envoya  à  Ausonio  le  manuscrit 
itaUen  de  ses  Mémoires  en  lui  confiant  le  soin  de  les  pu- 
blier. Il  lui  faisait  espérer  des  fonds  pour  la  transforma- 
tion de  la  Ragione,  qui  était  hebdomadaire.  Mais,  à  par- 
tir du  16  nov. ,  les  lettres  d'Ausonio  restèrent  sans  réponses . 
Celui-ci  se  décida  pourtant  à  faire  paraître  quotidienne- 
ment la  Ragione  (15  déc).  Il  ne  savait  plus  que  penser 
du  silence  d'Orsini,  lorsqu'une  dépêche  apporta  la  nouvelle 
de  l'attentat  du  1 4  janv.  1858.  —  Tout  en  s'occupant  d'or- 
ganiser la  propagande  pacifique,  Orsini  n'avait  pas  renoncé 
pour  sa  part  à  l'action  violente.  Reprochant  à  Mazzini  de 
s'agiter  vainement  et  de  compromettre  les  patriotes  les 
plus  ardents  sans  payer  de  sa  personne,  il  s'était  proposé, 
lui,  de  frapper  personnellement  un  coup  qu'il  croyait  déci- 
sif. Persuadé  que  la  mort  do  Napoléon  III  amènerait  une 
révolution  en  France,  et  par  contre-coup  en  Italie,  il 
avait  mûri  le  projet  de  faire  disparaître  celui  qui,  en  res- 
taurant le  pape  à  Rome,  lui  semblait  avoir  arrêté  le  cours 
de  la  révolution  itaHenne.  Il  voulait  d'abord  agir  seul, 
mais  il  fut  obligé  de  s'adjoindre  trois  aides  :  Pieri,  Rudio 
et  Gomez.  Arrivé  à  Paris  le  12  déc,  avec  un  passeport 
anglais  au  nom  de  Thomas  Allsop,  il  se  logea  rue  Mon- 
thabor,  n°  10.  Ses  complices  le  rejoignirent  successive- 
ment. Il  avait  fait  fabriquer  en  Angleterre,  comme  pré- 
tendus appareils  pour  des  expériences  de  gaz,  des  bombes 
qu'il  chargea  avec  du  fulminate  de  mercure.  Le  14  janv., 
l'empereur  et  l'impératrice  devant  aller  à  l'Opéra,  il  se 
posta  avec  ses  compagnons  dans  la  rue  Lepelletier,  en  face 
dutliéâtre.  Pieri,  reconnu  par  des  agents,  fut  arrêté  avant 
d'avoir  jeté  la  bombe  dont  il  était  porteur.  Gomez  lança 
la  première,  Rudio  la  seconde,  Orsini  la  troisième.  On 
connaît  les  horribles  conséc|uences  de  la  triple  explosion, 
qui  fit  tant  de  victimes  sans  atteindre  celui  que  visait  Fat- 
tentat.  Orsini  lui-même  fut  blessé.  Gomez  fut  arrêté  presque 
aussitôt,  Rudio  et  Orsini  le  furent  dans  la  nuit.  Ils  pas- 
sèrent tous  les  quatre  en  cour  d'assises  les  25  et  26  févr. 
Ils  avaient  fait  des  aveux.  Orsini  revendiqua  pour  lui  la  res- 
ponsabilité de  l'initiative.  Jules  Favre,  qui  le  défendait, 
donna  lecture,  avec  l'autorisation  du  destinataire,  d'une 
lettre  qu'Orsini  avait  adressée  de  Mazas,  le  11  févr.,  à 
l'empereur  des  Français,  pour  lui  recommander  la  cause 
de  l'indépendance  de  l'Italie.  Cette  lettre,  émouvante  et 
très  digne,  ne  fut  peut-être  pas  sans  influence  sur  les  évé- 
nements de  1859.  Orsini,  Pieri  et  Rudio  furent  condam- 
nés à  mort,  Gomez  aux  travaux  forcés  à  perpétuité.  Rudio 
eut  sa  peine  commuée.  Le  11  mars,  Orsini  adressa  à  la 
jeunesse  italienne  une  lettre  dans  laquelle  il  condamnait 
ouvertement  le  meurtre  politique  et  donnait  la  pratique 
des  vertus  civicjues  comme  le  seul  moyen  d'affranchir  l'Ita- 
lie. Orsini  et  Pieri  furent  exécutés  le  13  mars  sur  la  place 
do  la  Roquette.  En  marchant  à  l'échafaud,  Pieri,  très  su- 
rexcité, entonna  léchant  des  Girondins.  Orsini,  très  calme, 
ne  rompit  le  silence  qu'au  dernier  moment  pour  crier  : 
Vive  l'Italie  !  Vive  la  France  !  —  Orsini  laissait  deux  filles 
en  bas  âge,  qui  habitaient  Nice  avec  leur  mère. 

Félix  Henneguy. 
BuvL.  :  Me)iioriepolitlc!ie  dl  Fi:ligk  ORf^iNi  scritte  do. 
lui  medesirao  e  dcdlado  idla  (lioventù  lUdiana,  2''  ediz. 
cUunentiUii  dlun'  Appendice  per  Ausonio  Franchi;  Turin, 
mars  185«.  iii-12 

ORSINVAL.  Com.  du  dép.  du  Nord,  arr.  d'Avesnes, 
cant.  (0.)  du  Quesnoy;  420  hab. 

ORSK.  Ville  de  Russie,  gouv.  et  à  244  kil.  d'Oren- 
bourg,  sur  la  r.  dr.  de  l'Oural,  en  face  l'embouchure  de 
l'Or;  20.990  hab.  (en  1891).  2  églises  et  2  mosquées. 
Ancienne  place  forte.  Reaucoup  d'usines  (fondoirs  de  suif 
et  tanneries). 

ORSON NETTE.  Com.  du  dép.  du  Puy-de-Dôme,  arr. 
d'issoire,  cant.  de  Saint-Germain-Lembron  ;  301  hab. 


OHSOXMLLE  ~  OKTEIL 


H46  — 


ORSONVILLE.Coni.  Ju  dép.  <lo  Scino-pr-Oisp.  niT.  tl^ 
Rambouillet,  canl.  (S.)  rlo  Dourdaii;  (Vl\  liai). 

ORSOVA.  Ville  de  Hongrie,  comitat  de  Krasso- 
Sziereiiy.  sui'  la  rive  i>auclie  du  Danube,  près  de  Tembou- 
chiire  de  la  ('serna;  '1.600  hab.  C'est  un  point  im- 
portant de  la  navigation  fluviale  du  Danube  et  U)  lieu  de 
ponction  des  voies  terrées  magyares  (vers  Temesvai')  et 
l'oumaines  (vers  V'erciorova).  — A4  kil.  en  aval  se  trouve 
la  \(nweUe-0}'S()V(i,  forteresse  bâtie  dans  Tilot  (VAihi- 
Kalch.  Enlevée  aux  Turcs  par  les  Autrichiens  en  H 18, 
re{)rise  par  eux  après  un  siège  d'un  mois  le  15  août  1738, 
elle  leur  demeura  jusqu'en  1878.  Lors  de  l'évacuation 
des  places  serbes  en  1867.  ils  la  gardèrent.  Le  traité 
deSanStefano  en  ayant  stipulé  Tévaciiation,  ils  la  remirent 
aux  Hongrois  le  25  mai  1878. 

ORSZA.  Ville  de  gouv.  de  Mobilev,  sur  le  Dniepr  ; 
6.200  hab.  (en  1891);  9  églises.  Forteresse  citée  dés 
1116. 

ORSTED  (V.  Œrstko). 

ORT.  Ancienne  monnaie  d'Allemagne  et  de  Scandinavie, 
valant  le  quart  de  l'unité,  soit  pour  les  liquides  le  quart 
de  la  canne  (Hanovre,  0^2434;  Frise,  0^  446);  en  poids, 
elle  valait  en  Suède  (Jusqu'en  1861)  le  quart  du  kvintin, 
soit  977  gr.  (monnaie,  919).  Comme  monnaie,  c'était  gé- 
néralement le  quart  du  thaler,  gulden  ou  florin. 

ORTA  (Lacd').  Lac  d'Italie,  prov.  de  Xovare,  ancien 
Idcm  Cmim,  à  290  m.  d'alt.  ;  1.760  hect.,  12  kil.  de 
long  sur  2  de  large,  s'épanchant  au  N.  par  la  Stroma 
dans  le  lac  iVlajeur.  Il  renferme  l'ilot  SanGiulio  avec  cha- 
pelle fondée,  dit-on,  par  saint  Julius  en  376  (?).  et  ruines 
du  château  ou  se  réfugia  Bérenger  T^'"  que  l'empereur 
Otton  y  assiégea  (962).  Le  long  du  riveage  oriental  est  le 
pittoresque  village  d'Orta  dominé  par  le  Sacra  Mante 
(pèlerinage,  église  et  18  chapelles). 

ORTA^Bento  Sanches  d')  (V.  Douta). 

ORTA  ou  HUERTA  (Garcia  de),  de  son  nom  latinisé <'z/? 
Harta,  médecin  et  botaniste  portugais  du  xvi°  siècle.  Il 
fut  pendant  plus  de  trente  ans  médecin  du  vice-roi  des 
Indes  à  Goa,  où  il  créa  un  jardin  botanique.  H  a  publié 
un  ouvrage  sur  les  plantes  médicinales  des  Indes,  presque 
introuvable  aujourd'hui  ;  il  est  rédigé  sous  forme  de  dia- 
logue ;  l'édition  portugaise  est  de  Goa  (1563,  in- 4);  la 
traduction  latine  :  Aramaiiun  et  slmplicium  aliquat  me- 
dicaminum  apud  In(la,i  nascentium  liistaria . . . ,  a  eu  un 
grand  nombre  d'éditions  à  Anvers,  de  1567  à  1605.  H 
existe  une  traduction  française  :  lU^taire  des  draijnes... 
(Lyon,  1619,  in-8).  D''  L.'  Hx. 

ORTA  (Bernardo  de),  miniaturiste  espagnol,  établi  à 
Séville  au  cours  du  xvi*^  siôcle.  Il  y  exécuta  les  enlu- 
miiuu'es  des  livres  de  chœur  de  la  cathédrale,  notamment 
le  Sanctaral  et  le  Damimcal,  Os  ouvrages,  d'une  exécu- 
tion particulièrement  remanjuable.  datenl  de  l'année  1510 
environ.  L'artiste  avait  formé  à  Séville  tout  un  groupe 
d'élèves  enlumineurs,  parmi  lesquels  figure  son  fils  Diega 
de  Orla.  qui.  vers  1555.  travailla  également  à  décorer, 
pour  la  catbédrale,  des  livres  de  chœur,  tels  (]ue  ceux 
qui  sont  en  usage  aux  fêtes  de  saint  Pierre  et  de  la 
Trinité,  ainsi  que  le  nouvel  office  divin,  terminé  en  1575. 
Il  eut  pour  aides  dans  ces  derniers  travaux  deux  de  ses 
frèi'es. 

BriJL.  :  Ceau  Hkumudv.a.  Dcscripcion  iirtlstiCfi  de  la 
rnlhedralde  Sevilla  ;  Madrid.  1801 

ORTAFEA.Com.  du  dép.  des  Pyrénées-Orientales,  arr. 
de  Perpignan,  cant.  de  Thuir;  592  hab,  Stat.  du  chem. 
de  fer  du  Midi. 

ORTALE.  Com.  du  dép.  de  la  ('orse,  arr.  de  Corte.  cant. 
de  Valle-d'Alesani;  277  hub. 

ORTE  (lat.  Hartanutn).  Ville  dTtalie,  pi'ov.  de  Rome, 
r.  dr.  du  Tibre,  au  confluent  de  la  Nera;  3.000  hab. 
Bifurcation  des  lignes  de  Rome  à  Florence  et  Ancône. 

ORTEGA  (Juan  de),  mathématicien  espagnol  du  com- 
mencement du    xvT^'  siècle.  H  appartenait  à  Tordre  des 


Dominicains  et  publia  en  1512  à  Barcelone  uik^  ùnupa^ 
sician  de  ta  arte  de  la  arisinetica  ij  juataaievtede  (/eo- 
nietria,  qui  fut  plusieurs  fois  rééditée  et  traduite,  notam- 
ment en  français,  sous  le  nom  de  Jea)i  de  Lartie  (Lvon, 
1515).  On  a  paiticrdièrement  signale  dan^  cet  ouvr-i-^e 
de  r(^mcii'!piables  approximations  (le  ra(  ines  carrées. 

ORTEGA  (Erancisco  de),  sculpteur  espagnol,  élabli  à 
Séville  au  connnencement  du  xvf*^  siècle.  Fils  du  sculpleur 
sur  b(Ms  Uernarda  de  Ortega.  dont  il  avait  été  l'élève. 
iM'ancisco  fut  à  son  tour  le  maître  de  }]ernardina  et  de 
Xafria  de  Ortega.  ses  (ils.  Toute  cette  famille  d'artistes 
fut  pi'incipalement  employée,  à  la  cathédrale,  aux  décora- 
lions  sculpturales,  de  style  gothique,  du  grand  retable. 
Erancisco  dès  1509.  et  ses  fils  jus(pi'en  1555.  Francisco 
fut  égalenu'nt  chargé  par  le  chapitre  de  l'éparer.  en  1522 
et  en  1525,  les  stalles  du  clupur,  dues  aux  sculpteurs 
Xufro  Sanchez  et  Dancart  ou  Dansaei't.  P.  L. 

BiuL  :  Ccaii  Bv.iiMUDi:/..  Dcsci'ipclon  de  In  calhedral  de 
SevAUa:  Madrid.  1801. 

ORTEGO  Y  Vereda  (Francisco),  peintre  espagnol  con- 
temporain, né  à  Madrid  et  élève  des  cours  de  l'académie 
de  San  Fernando  A  l'exposition  de  1864,  il  présenta  : 
ta  Mart  de  Ctiristoplie  Colamt),  son  plus  important  ou- 
vrage, (|ui  fut  ac(piis  par  l'I'^tat  et  fait  aujourdTiui  partie 
du  musée  d'art  moderne.  Oji  cite  encoi'e  de  l'artiste  divers 
tableaux  de  genre  :  Cii  Vradiijieax  Maijicien  ;  des  )lu- 
eli'ielias  jouant  à  ta  f)risiiue  ;  mais  ce  cpii  a  donne  le 
plus  de  j'éputation  à  l'artiste,  ce  sont  les  dessins  el  illus- 
tj'ations  en  ti'ès  grand  lunubre  ipi'il  a  exécutés  poui'  diverses 
publications  littéraires  et  périodi(pies.  Ses  cai'icatui'<s. 
])arues  dans  le  Musée  universel,  le  Gil  Blas,  le  Moinus. 
le  Grelot,  etc.,  ofit  largement  contribué,  en  Lspagne.  à 
rendre  le  nom  d'Ortego  populaire.  P.  L. 

l^iiîL.  :  Os'^ORio  \  i^iaixAR.  (kileria  hioijntjien  de  a r- 
[isUis  espaiioles:  M'AiWii\,   18(i<S 

ORTEIL  (Anat.  et  Path.).  Les  orteils  sont  au  pied  les 
représentants  des  doigts  (V.  ce  mot)  de  la  main.  Ils  sont 
plus  courts  que  les  doigts  et  légèrement  recourbés  en  bas, 
sauf  le  gros  orteil  qui  est  plus  volumineux  que  le  pou  te 
et  présente  une  direction  rectiligne.  Ils  ont  la  même  cons- 
titution que  les  doigts  et  comprennent  trois  articles  :  la 
phalange,  la  phalangine,  la  phalangette  :  la  première  ar- 
ticulée par  énarthrose  avec  le  métatarsien  correspondant, 
les  autres  s'articulant  entre  elles  par  des  articulations 
trochléennes.  Le  gros  orteil  n'a  que  deux  articles,  mais 
son  articulation  métatarso-phalangienne  présente  deux 
gros  os  sésamoides  fort  importants.  Ce  s([uelette  est  re- 
couvert par  la  peau;  à  la  face  plantaire,  elle  est  doublée 
de  graisse,  surtout  au  niveau  de  la  phalangette.  A  la  face 
dorsale,  sous  la  peau,  on  trouve  une  aponévrose  lamel- 
leuse  au-dessous  de  laquelle  s'étalent  les  tendons  de  Fex- 
tenseur  commun.  A  la  face  plantaire,  l'aponévrose  plan- 
taire, après  sa  division  en  languettes,  forme  avec  le 
squelette  des  gaines  dans  lesquelles  glissent  les  tendons 
du  long  fléchisseur  et  ceux  du  court  fléchisseur.  A  la  base 
de  la  première  phalange  du  gros  oi'teil  s'attachent  le 
court  abducteur,  le  court  fléchisseur,  l'adducteur  oblique 
et  le  transverse;  à  la  base  de  la  première  phalange  du 
petit  orteil,  le  court  abducteur,  le  court  fléchisseur  et  le 
troisième  interosseux  palmaire  ;  les  interosseux  palmaires 
et  dorsaux,  les  lombricaux  se  fixent  à  la  base  des  pre- 
mières phalanges  des  autres  orteils.  Deux  systèmes  vas- 
culaires  venant  l'un,  le  dorsal,  de  la  pédieuse,  l'autre,  le 
plantaire,  de  l'arcade  plantaire  donnent  des  branches  in- 
termétatarsiennes qui,  arrivées  à  l'espace  interdigital,  se 
divisent  en  deux  branches  pour  les  orteils  entre  lesquels 
elles  se  trouvent,  constituant  le  système  artériel  des  or- 
teils; les  veines  sont  surtout  abondantes  au  dos  du  pied. 
Les  lymphati({ues  qui  suivent  le  trajet  d^s  veines  vont 
indirectement  aux  ganglions  cruraux.  Des  nerfs  venus  du 
tibial  antérieur,  des  saphènes  sur  le  dos  du  pied,  du  tibial 


617 


()HTI:ïL  —  OIITIIEZ 


postérieur  à  la  pliuilp.  forment  aux  orteils  les  nerfs  roi- 
latéraux. 

j.es  orteils  peuvent  être  le  siège  do  (raiimatismes  plus 
ou  moins  profonds  :  piqûres,  coupures,  contusions,  écra- 
sements. On  y  observe  aussi  des  fractures  et  des  luxa- 
tions parnii  lescjuelles  la  luxation  de  la  première  phalange 
du  gros  orteil  est  à  remarquer.  La  peau  est  le  siège  fré- 
(fuent  d'excroissances  épidermiques  a])pelées  cors,  d"épais- 
sissements  du  dei-me  (oignons),  sous  ]es(juels  on  tnaive 
souvent  une  bourse  séreuse.  Les  orleils  sont  facilement 
atteints  de  congélation  et  de  gangrène  atliéromateuse  ou 
diabétique  ;  ils  présentent  souvent  une  sueur  fétide  abon- 
dante qui  macère  l'épidcrme  et  peut  donner  lieu  à  des 
ulcérations.  Les  lymphangites,  les  phlegmons  circonscrits 
(panaris)  y  sont  moins  fréquents  (pi'à  la  maiji.  Consécu- 
tivement à  la  cicatrisation  de  phlegmons  profoîids  ou  pai' 
des  irritations  dues  à  de  mauvaises  chaussures,  on  ])eut 
observer  des  déviations  en  haut  ou  en  bas  souvent  fort 
gênantes  pour  la  marche.  Des  déviations  caractéristiques 
s'observent  aussi  dans  certaines  formes  de  rhumatisme  et 
dans  quelques  affections  nerveuses.  Le  gros  orteil  peut 
présenter  une  déviation  en  debors  qui  le  coucbe  plus  ou 
moins  sur  la  face  dorsale  des  autres  orteils  et  qui  est  due 
à  une  saillie  anormale  acctuise  par  irritation  de  la  tète  du 
[premier  métatarsien  :  c'est  LbaHux  valgus  que  Ton  gué- 
rit parla  résection  de  cette  tète.  Congénitalement  les  or- 
teils peuvent  être  réunis  par  des  palmures  plus  ou  moins 
étendues;  d'autres  fois,  on  observe  des  orteils  surnumé- 
raires et  plus  fréquemment  encore  l'absence  d'un  ou  de 
plusieurs  orteils.  D.  S.  Morer. 

ORTELIUS  (A.),géog.beIge(Y.  Olvma [1027-1508]). 

ORTELL  (Abraham) '(V.  OErtel). 

ORTH  (Auguste),  architecte  allemand,  né  à  Mindbau- 
sen  (Brunswick)  le  25juil.  dS'^S.  Elève  de  St(nrk(\.  ce 
nom),  et  lauréat  de  l'Académie  d'architecture  de  Berlin, 
Auguste  Ortb  se  révéla  par  la  construction  à  Berlin,  vers 
1860,  pour  le  roi  Frédéric-Guillaume  IV,  de  Léglise  go- 
tliique  du  Sion,  ensuite  il  fut  attaché  comme  architecte  aux 
travaux  des  chemins  de  fer  du  Nord  de  TAllemagne,  en 
même  temps  qu'il  devenait  conseiller,  puis  professeur 
à  l'Académie  d'architecture  de  Berlin  et  membre  de 
l'Académie  des  beaux-arts  de  cette  ville.  On  doit  à  cet 
architecte,  entre  autres  oeuvres,  les  abattoirs  de  Ber- 
lin, les  plans  d'agrandissement  de  la  ville  de  Strasbourg, 
l'église  de  Pyrmont  (\Yaldeck),  et  le  château  d'ibiro'w 
(Bohême). 

ORTH  AGORAS,  historien  grec  du  n''  siècle.  Il  est  cité 
par  les  écrivains  anciens  comuic  auteur  d'un  ouvrage  où 
il  donnait  des  renseignements  sur  Flnde  et  sur  la  mer 
Bouge.  Connue  son  nom  est  joint  à  celui  d'Onésicrite,  il 
est  probable  qu'il  était  son  contemporain,  et  ([u'il  fit. 
comme  lui,  partie  de  l'expédition  commandée  parNéarque. 
Il  ne  reste  rien  de  lui. 

0RTHA60RAS  de  Sicvone.  qui  vivait  au  \ii<"  siècle 
av.  L-C,  devint,  de  cuisiniei' ({u'il  était,  tvran  de  sa  ville 
natale  (66^).  Aristote  {Polit.,  V,  9.  21)  vante;  la  modé- 
ration et  le  respect  de  la  légabté  dont  fit  preuve  cette 
dynastie.  Il  était  de  race  ionienne  et  renversa  rarislocratie 
dorienne  avec  l'aide  de  la  population  indigène  (V.  Sycjoxe). 
Ses  descendants,  les  OrthagoHdes  .se  maintinrent  un 
siècle  :  son  fds  Myron,  puis  Aristonyme,  enfin  Clisthène 
(t  560),  fameux  pour  ses  richesses  et  ennemi  mortel  des 
Doriens  et  d'Argos.  qui  fut  le  dernier  des  Oi'thagorides. 
Sa  fille  Agariste  épousa  l'Athénien  Mégaclès,'  de  la 
famille  des  Alcméonides  (V.  Ceisthène) 

ORTHAGORIDES  (V.  Ohtiugorâs). 

ORTHE.  Petit  pays  de  Gascogne,  compris  aujourd'hui 
dans  le  dép.  des  Landes  (cant.  de  Peyrehorade  et  de 
Pouillon)  et  borné  par  le  gave  de  Pau.  l'Adour,  le  Luy, 
le  Bassec  et  le  pays  deChalosse  ;  les  localités  d'Hasthigues 
et  OEyregrave.  situées  au  delà  du  gave  de  Pau,  en  fai- 
saient en  outre  partie.  Ce  fut,  dux*^'siècle  àlaBévolution, 
une  vicomte  relevant  de  la  vicomte  de  Béarn  et  apparte- 


nant à  la  familh^  d"  Vspremonl.  La  capitale  fut  d'aboi-d 
Orthevielle,  puis  Peyrehorade  que  dominent  encore  au- 
jourd'hui les  runies  du  château  seigneurial;  à  Cagnotte 
était  uue  abbaye  ou  les  vicomtes  avaient  leur  sépulture. 

BinL    :  OiïiKN\VRT.    XotKui  ittnusqur  Vu'iconur  ;  Ppa-?-. 

1  •-'<'..').  1     IL  iii-'^ 

ORTHE  (L').  lîivièj-e  du  dép.  de  la  Minjeiiiie  (W  ce 
mot,  t.  XXBI,  p.  15;}). 

ORTHE  (Adrien  u' Vs^isemont.  vicouile  d').  né  au  châ- 
teau d'Aspi-emont,  près  Peyrehorade  (Landes),  mort  à 
Peyrehorade  en  Io78.  Gouverneur  de  Bayoïnie  sous 
Charles  IX.  il  est  célèbre  pour  avoir  refusé  d'obéir  aux 
lettres  du  roi,  (|ui  lui  ordonnait  d'imiter  à  Bayonne  le 
massacre  de  la  Saint-Bar! hélemy.  Agrippa  d'Aubigné  lui 
a  prêté  à  ce  sujet  une  très  belle  letti'e.  dans  lacpielle  il 
déclaj'e  n'avoir  li'ouvé  autour  de  lui  «  que  des  soldats, 
et  pas  un  bourreau  ».  Malheureusement,  cette  lettre  est 
presque  entièrement  de  l'invention  de  d'Aubigné. 

BiiiL.  :  Bull.  Jiisf.  (luprolvst.  fronc..  t.  1,  pp.  20X  et  H<^. 
—  'I'amizry  d1',  I.ARROcoui:,  Lcttrcs  ii)('(i.  (ht  ricomlc 
(]'Orth('.l^^-i   —  iy\vv.u.s\:.Hi-^t.  vulr.  U\[.  do.  Rohlpi.î.III. 

1).  :r.i. 

ORTHEVIELLE.  Com.  du  dép.  des  Landes,  arr.  de 
Dax,  cant.  de  Peyrehorade;  730  liab.  Slat.  du  chem.  de 
fer  du  x\lidi. 

ORTHEZ.  Ch.-l.  d'arr.  du  dép.  des  Basses-Pyiénées, 
sur  la  rive  droite  du  gave  de  Pau;  6.210  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  du  Midi.  Nombreux  couvents.  Eglise  réformée 
consistoriale  ;  église  lihre  protestante  ;  bibliothèque  pu- 
blique; observatoire  météorologique;  hospice;  orphelinat 
protestant  ;  asile  protestant  de  vieillards.  Carrières  de 
marbre  et  de  pierre  ;  tanneries  et  mégisseries  ;  papeteries  ; 
fonderie  de  fonte  ;  teintureries  ;  cloutei'ies  ;  fabrique  de 
chocolat  ;  préparation  de  jambons  dits  de  Bayonne,  de  confits 
d'oie,  de  conserves  abmentaires  ;  fabrique  d'espadrilles, 
de  tissus  de  nouveautés,  de  toiles  écrues.  Connnerce  de 
jambons,  de  cuirs,  de  chaux,  de  blé. 

Orthez  faisait  partie  au  début  du  moyen  âge  de  la  vi- 
comte de  Dax  ;  Gaston  VI  le  Bon,  vicomte  de  Béarn. 
l'acquit  à  la  fin  du  xii*^  siècle,  Gaston  VII  y  fit  bâtir,  en 
l^i'^,  le  château  qui  devint  la  principale  résidence  des  vi- 
comtes de  Béarn.  La  Béforme  fit  de  rapides  progrès  à 
Orthez  dès  le  début  du  xvi^  siècle,  et  Jeanne  d'Albret  y 
fonda  une  université  calviniste  ou  enseigna  pendant  quel- 
que temps  Théodore  de  Bèze.  En  1569,  Terride  y  fut 
envoyé  par  Charles  IX  pour  rétablir  le  culte  catholique, 
mais  il  fut  bientôt  obligé  de  s'enfermer  dans  la  place 
pour  s'y  défendre.  Montgommery  l'attaqua  et  emporta 
la  ville  d'assaut  dès  son  arrivée."  Orthez  demeura  depuis 
lors  un  centre  protestant,  et  ses  habitants  s'opposèrent 
longtemps  à  la  réunion  du  Béarn  à  la  Erance.  En  1684, 
l'intendant  Eoucault  fut  envoyé  par  Louis  XIV  pour  con- 
vertir la  ville,  mais  il  n"(»blinl  que  des  succès  apparents. 
Le  27  févr.  1814,  le  maréchal  Soult  fut  battu  près  de  la 
ville  par  l'armée  anglo-hispano-porlugaise  de  Wellington 
et  se  retira  sur  Saint-Sever. 

Le  monument  le  plus  curieux  d'Orthez  est  le  donjon 
(mon.  hist.)  du  xiii«  siècle,  la  tour  de  Moncade,  qui  sub- 
siste seul  de  l'ancien  château  des  vicomtes  de  Béarn  ;  c'est 
une  construction  pentagonale,  dont  trois  faces  sont  rec- 
tangulaires, tandis  que  les  deux  autres  forment  en  avant 
une  sorte  d'éperon  aigu.  On  distingue  encore  çà  et  là  aux 
environs  de  la  tour  des  vestiges  des  trois  enceintes  qui 
défendaient  le  château.  Quelques  restes  des  anciens  rem- 
parts de  la  ville  sont  encore  debout.  Le  gave  est  franchi 
par  un  très  curieux  pont  (mon.  hist.)  du  xiv^  siècle,  à 
trois  arches  en  tiers  point  de  largeurs  inégales.  Au  centre 
s'élève  une  tour  percée  à  sa  base  d'un  passage  voiité,  et 
éclairée  d'une  fenêtre  donnant  sur  le  gave  et  nommée  fe- 
nêtre des  prêtres  parce  que,  d'après  une  légende,  du  reste 
controuvée,  Montgommery  aurait  contraint  les  prêtres  et 
les  moines  de  la  ville  à  se  jeter  de  là  dans  la  rivière. 


ORTHi:Z  —  OKTHOGfJAPHE 


648 


î'^glise  de  la  fin  du  xii^  siècle,  avec  addilions  des  xiv^'  et 
xv^  siècles,  siirmoiUée  d'une  llèche  moderne. 

ORTHIS  (Paléont.).  Genre  de  Brachiopodes  fossiles, 
type  de  la  famille  des  O/'thisidœ,  qui  présente  les  carac- 
tères suivants:  coquille  plus  ou  moins  déprimée,  arrondie 
ou  allongée  transversalement,  à  bord  cai-dinal  long.  Une 
area  sui'  chaque  valve,  Ouverture  da  crocliet  présente  ou 
absente;  généralement  sous  le  crochet  on  trouve  une  fente 
triangulaire  souvent  recouverte  d'un  pseudo-deltidiuin. 
Valve  ventrale  à  deux  dents  cardinales  bien  développées, 
se  logeant  dans  deux  dépressions  correspondantes  de  la 
\alve  dorsale,  entre  lesquelles  est  un  prolongement  car- 
dinal dentiforme  avec  deux  appendices  (dits  cruraux)  qui 
portent  les  bras.  Impressions  musculaires  très  marquées. 
Coquille  à  structure  ponctuée.  Le  genre  Orthis  est  du 
dévonien.  Les  genres  Bilobiles,  Platyslrophia,  Mystro- 
phora,  Orthisinn,  Streplorhynchv.s,  Strophonieva, 
Lepiœna,  Drwidsonia,  etc.,  font  partie  de  cette  famille 
et  s'étendent  du  silurien  au  calcaire  carbonifère  :  quel- 
ques Leptœna  ont  survécu  jusqu'au  lias  inférieur  (V.  Bra- 
chiopodes, §  Paléontologie).  C.  Trt. 

ORTHITE  (Miner.)  (V.  Eiidote). 

ORTHOBORATE  (V.  Borioie  lAcideT). 

ORTHOCENTRE  (Géom.).  On  appelle  ainsi,  dans  la 
géométrie  récente,  le  point  de  concours  des  trois  luiuteurs 
d'un  triangle.  Lors(jU(*  k^s  quritre  har-teui'sirun  lélj'a<\1re 
se  rencontrent  en  unmèuie  point,  on  appelle  aussi  ce  [)oint 
l'orlhocenlre  du  tétraèdre,  et  Ton  dit  que  ce  dernier  est 
oi'tiiocentrique.  On  a  aussi  a})pelô  gi-oupe  oi'thocentrique 
de  quatre  points  dans  un  plan,  A.B.C.I).  un  système 
tel  que  la  droite  qui  joint  deux  d'entre  eux  est  perpendi- 
culaire à  celle  qui  jouit  les  deux  autres.  11  e^t  formé  par 
les  trois  sommets  d'un  triangle  \V)(]  et  par  son  oilho- 
c(4itre  D.  De  mèuic  les  (puitre  sommets  A.B.O.l).  d'un 
!élraè(h'e  orthocentriijue  et  son  orlhocentre  11  foj'ment  un 
groupe  orthocentrique  de  cinq  points  A.B,O.D,II,  tels  que 
la  droite  qui  joint  deux  quelconques  d'entre  eux  est  per- 
pendiculaire au  plan  des  trois  auti'es. 

ORTHOCERAS  (Paléont.).  Genre  de  Céphalopodes  fos- 
siles, du  groupe  des  Naulilides  (V.  ce  mot),  type  d'une 
importante  famille  qui  a  pour  caractère  essentiel  une  co- 
(juiile  droite  ou  faiblement  arquée  et  que  l'on  peut  consi- 
dérer comme  le  type  primitif  des  Nautilides.  Dans  cette 
famille,  les  genres  à  ouverture  simple,  non  rétrécie,  sont 
les  plus  nombreux  ;  tels  sont:  PlJoreras.  Orthoccras,Go- 
nioceras,  Bactriies,  etc.  Un  seul  genre  (Goinplioceras) 
a  l'ouverture  rétrécie  ou  composée.  Cette  famille  est  très 
ancienne,  car  elle  s'étend  du  cambrien  (Piloceras,  OrtJio- 
reras)  au  trias  oti  elle  s'éteint,  ayant  son  ])lus  grand  dé- 
veloppement dans  le  silurien  {Endoceras,  Orthoceras). 
Le  genre  OrUioreras  est  le  plus  répandu,  surtout  dans 
le  siluri(Mi  du  nord  des  deux  continents.  Il  présente  les  ca- 
ractères suivants  :  coquille  droite,  en  cône  allo])gé,  à  coupe 
circulaire,  rarement  elliptique  ou  triangulaire.  Cloisons 
concaves,  simples.  Siphon  central,  sub-central.  excentiique 
ou  submarginal,  en  forme  de  tube  cylindrique  ou  de  collier 
de  perles.  Dernière  loge  grande.  Ouvertui'e  simple  à  bords 
minces,  déforme  variable.  Ce  genre,  qui  compreml  près  de 
i.'^OO  espèces,  a  été  subdivisé  en  un  grand  nombre  de 
sous-genres.  Comme  représentant  des  Ortbocères  propre- 
jnent  dits,  nous  citerons  Orthoco'as  coclilealum  du  silu- 
rien supérieur  du  Gothland,  remarquable  pai'  son  siphon 
épais,  en  colUer  de  perles,  que  laisse  souvent  à  nu  la  co- 
(juille  brisée.  Actinoceras,  dont  on  a  figuré  le  siphon,  est 
un  autre  sous-genre  (V.  Actixoceuas).      E.  Trouessart. 

ORTHOCHROMATISiVlE  (Phot.)  (Y.  Photographie) . 

ORTHOCLASE  (Miner.).  Syn.d'Or//iavc(V.EELDSPATH). 

ORTHODOXIE.  On  appelle  orthodoxe  celui  qui  n'en- 
seigne rien  qui  ne  soit  conforme  à  la  doctrine  de  l'Eghse. 
En  conséquence,  l'orthodoxie  est  la  conformité  d'une  opi- 
nion avec  cette  règle  de  foi  (V.  Dogme).  Le  contraire  est 
désigné  sous  le  nom  dliélerodoxie  ou  plus  communément 
{^ hérésie  (V.  ce  mot).  En  fait,  il  y  a  autant  d'orthodoxies 


que  d'Eghses  différentes.  Se  plaçant  au  point  de  vue  de 
l'antiquité  et  de  l'aniversaiité,  l'Eglise  grecque  revendique 
le  privilège  exclusif  de  l'orthodoxie  et  se  donne  le  titre 
d'EoLiSE  ORTHODOXE.  Daus  une  certaine  mesure,  elle  jus- 
tifie cette  prétention,  en  excluant  des  règles  de  sa  foi 
tout  ce  que  l'Eglise  latine  a  ajouté  aux  définitions  et  aux 
décisions  des  sept  ])rem.iers  conciles  œcuméniques,  les  seuls 
(|ui  aient  représenté  toute  l'Eglise  catholique.     L.-H.V. 

ORTHODROiVIÎE  (Navig.).  Vieux  uiot,  qui  servait  à 
dé>5igner  la  ligne  lapins  courte  suivie  par  un  navire  pour 
se  l'endre  d'un  poin!  à  un  autre.  Cette  ligne  se  confond 
avec  l'arc  de  grand  cercle  ou,  plus  rigoureusement,  avec 
l'arc  d(^  Id  ligne  géodésique  unissant  les  deux  points 
(V.  Arc.  !.  ]\l  p,  003.  et  Navica'iiox.  t.  XXTV,  p.  87^2). 

ORTHOGNATHISME  (V.  PRooxAinfSME). 

ORTHOGONAL  (Math.).  En  géomctrie,  cette  expi'ession 
équivaui  eu  généi'al  à  perpcjidiculain^  ou  rectangulaire. 
Ainsi  on  dit  qu'un  système  de  coordonnées  est  ortho- 
gonal lorsque  cha(pie  axe  est  perpendiculaire  sur  l'autre, 
ou  sur  les  deux  autres  ;  qu'une  projection  est  orthogonale 
quand  elle  se  fait  en  abaissant  de  clnupie  point  une  per- 
pendiculaire sur  le  plan  de  projeiqion.Lorsipie  trois  familles 
de  surfaces  variables  sont  telles  (ju'en  chaque  point  com- 
mun les  plans  iangcnîs  sont  perpendiculaires  deux  à  deux. 
de  manièri^  à  foi'mer  un  ti'ièdre  trireclangle.  on  dit  que 
ces  surfaces  Ibi-menl  un  système  triplement  orthogonal. 
Les  formules  linéaires  (jui  peimetteiil  de  passer  d'un  sys- 
tème oî'ihogonai  ôe  coordomiées  ù  un  autre  système  or- 
thogonal de  mèiue  origine  constituent  une  substitution  (|ui. 
eu  raison  de  son  origine,  a  reçu  le  nom  d'orthogonale: 
e'  pai^  extensio)).  on  a  tînalifié  de  la  mèiUe  mauière  lIgs 
sui)Stitulious  linéaires  (jui  présentent  des  propriétés  algé- 
hriipu^s  analogues  et  (jui  représenleut,  si  Ton  veut,  des 
transformations  de  coordonnées  permettant  de  passer  d'un 
systèiue  orthogonal  à  un  autre,  dans  des  espaces  à  plus 
de  trois  dimensions.  C'est  une  manière  commode  d'expri- 
mer, avec  un  laîjgage  géométri(jue,  des  propriétés  pure- 
ment analytiques,  mais  qu'il  serait  plus  long  et  plus  com- 
pliqué d'énoncer  autrement.  C.-A.   Laisaxt. 

Trajectoires  orthogonales.  On  appelle  trajectoires 
orthogonales  d'une  Famille  de  courbes,  une  autre  famille 
de  courbes  (pai  coupent  celles-ci  partout  à  angle  droit. 
L'é(|uation  d'une  famille  de  courbes  étant  /'(-r,  ?/,  v)  =  0 
toutes  ces  courbes  satisfont  à  une  mèii'e  équation 
rentielle  (pu»  l'on  (»blient  eu  éliminant  a  entr 
sa  dérivée 

(Iv 


f-- 


diffe- 
:0  et 


.•/,) 


Nmt 


:0, 


mz  +  \Sdy 

le  résultat  de  l'élimination 

Mdy  —  Mx  =z  0 

sera  l'équation  des  ti'ajectoires  orthogonales.  Ex.  :  les 
ellipses  et  les  hyperholes  ((ui  ont  deux  loyers  comuiuns  ; 
les  cercles  passant  par  deux  points  iixes  et  les  cercles 
lieux  des  poiuts,  tels  que  les  rapports  de  leurs  distances 
à  deux  points  hxes  soient  constants,  etc.,  sont  des  tra- 
jectoires orthogonales.  H.  LAniEXT. 

ORTHOGRAPHE.  L'orthographe,  en  ancien  français 
orlhogiripJue,  du  grec  6p6oypacpia,  est  l'art  d'écrire  cor- 
rectement les  mots  d'une  langue.  On  distingue  deux  espèces 
d'(unhographes,  l'orthographe  d'usage, 'qui  est  celle  des 
mots  considérés  en  eux-mêmes  indépendamment  du  r<)le 
(ju'ils  jouent  dans  le  discours,  et  l'orthographe  de  règles 
([ui  apprend  à  les  écrire  dans  leurs  rapports  avec  les  autres 
mots  de  la  plirase.  conformément  aux  règles  de  la  gram- 
maire. 

L'oi'thographe  d'usage  en  français  n'est  soumise  à  au- 
cune loi  généi'ale.  Elle  n'est  pas  phoiiétique,  car  on  n'écrit 
pas  comme  on  parle,  et  si  parfois  elle  est  conforme  à  la 
prononciation,  comme  dans  vola,  le  plus  souvent  elle  est 


6^9 


OKTHOCtHAPHE 


en  désaccoi'd  avec  elle.   Le  mot  enu  ne  contient   le  son 
d'aucune  des  trois  lettres  e,  a^iiu;  doit  et  doujt  se  pro- 
]ioncent  de  même,  et  ni  dansFnn,  ni  dans  l'autre,  on  n'en- 
tend le  son  d'un  o,  d'un  i,   d'un  t  ou  d'un  g.   Elle  n'est 
pas  étymologique,  car  il  n'existe  aucune  règle  établissant 
(juelle  doit  être   l'ortliograplie  d'un  mot  finançais  d'api'ès 
celle  du  mot  dont  il  est  formé  ;   le   latin  rompulare  a 
donné  à  la  fois  conipler  et  couler  ;  olographe  et  holo- 
C(/i(sle  ont  pour  premier  élément  le  même  mot  grec  oXoc. 
Llle  n'est  ni  analogique  ni  logique,   car  pourquoi  écrii*e 
coureur  avec  un  seul  r  et  courrier  avec  deux,  aggraver 
avec  deux  g   et  agrandir  avec  un  seul,   trafiquant  avec 
([u  et  fabricant  avec  c  ?  KUe   est  donc  essentiellement 
irrégulière  et  capricieuse  ;  et  ses  défauts  (iennent  à  plu- 
sieui's  causes  :  d'aljord,  aux  vices  de  notce  alphabet  (fui 
n'est  autre  que  l'alphabet  latin,   imparfait  déjà  pour  la 
langue  latine,  et  dont  les  caractères,  même  depuis  le  dé- 
doublement de  u  en  u  et  i'  et  celui  de  /  en  i  et  ;',  sont 
encore  bien  moins  nombreux  que  les  sons  voyelles  ou  con- 
sonnes de  la  langue  française  ;  puis  à  rba!)itude  de  con- 
sei'vor,  une  fois  fixée  à  un  certain  moment.  Forthograplie 
d'un  mot.  toi  par  exemple,  malgré  les  chan^emenîs  pos- 
térieurs de  sa  prononciation  ;  eniln,  aux  modifications  que 
les  clercs  et  les  premiers  traducteurs  de  l'antiquité  au 
xjv^  siècle,  les  savants  de  la  Renaissance  et  les  grands 
imprimeurs    comme   llobert  et  Henri  l-^stienne  à  partir 
du  xv^,  ont  voulu  apporter  à  l'orthographe  du  moyen 
âge   en  ajoutant  aux  mots  français  ,  sous  prétexte  de 
mieux  rappeler  leur  étymologie,  des  lettres  parasites  que 
l'usage  et  l'Académie  française  ont   tantôt  maintenues 
(poir/s,  doî^^t,  nid.  piet/),  tantôt  fait  disparalti'e  (s^^avoir. 
fairt).  C'est  ainsi  que  dans  l'écriture  française  :  i^  cer- 
taines lettres  se  combinent  en  perdant  leur  valeur  propre 
pour  figurer  :  soit  des  sons  composés,  comme  oi;  soit  des 
sons  simples,  inconnus  ou  non  au  latni.   comme  cti,  gn, 
pli,  ai,  au,  eau,  eu,  ou,  an,  in,  etc.  ;   "2«  que  la  même 
lettre  ou  la  même  combbiaison  de  lettres  peut  l'eprésentei' 
des  sons  différents,  .s  dans  danser  et  dans  Imiser,  c  dans 
calcul  et  dans  cifiuë,   l  dans  les  éditions  et  iwus  édi- 
tions, en  dans  enfanl  et  dans  rien,  etc.;  3*^  que  le  même 
son  est  souvent  figuré  de  plusieurs  manières,  le  son  k  par 
/(',  e,  cil  ou//,  le  son  an  par  an,  en,  aen,ean,aon,  etc.; 
i'^  ([ue  beaucoup  de  lettres  s'écrivent  et  ne  se  prononcent 
pas,  soit  dans  le  commencement  ou  dans  le  corps  des  mots 
(c/oùt,   .schisme,   liomma,  ba;;tême,  toast),    soit  surtout 
à  la  lin  (res])ec/,  den/,  granr/,  neis,  pa.s,  rocher,  aime?i/). 
Avec  de  telbs   complications  et  en  l'absence  de  tout 
principe,  Forthograplie  d'usage  ne  peut  s'apprendre  que 
par  Id  lecture  et  la  pratique  du  dictionnaire.   ïl  n'en  esî 
pas  de  même  de  l'orthographe  de  règles  que  fait  connaître 
l'étude  de  la  grammaire.  Mais  là  encore  les  difficultés 
sont  nomln'euses  et  les  règles,  surchargées  d'exceptions, 
sont  encore  pleines  d'incohérences  et  de  contradictions. 
Pourquoi  par  exemple  écrire  au  pluriel  choux  avec  un  x 
et  clous  avec  un  s  ?  Les  grammairiens  ne  s'accordent 
même  pas  toujouî's.   soit  entre  eux.  soit  avec  l'Acadé- 
mie française,  comme  par  exemple  pour  la  formation  du 
pluriel  dans  les  noms  composés.  Et  puis  il  arrive  souvent 
que  les  règles  sont  en  désaccord  avec  la  langue  parlée. 
Ainsi  il  est  bien  certain  que  si  l'on  met  à  part  les  plu- 
riels en  aux  des  noms  en  at  et  en  ail,  les  sul)stantifs  et 
les  adjectifs  français  n'ont  une  prononciation  spéciale  au 
])luriel  que  dans  le  cas  de  liaison,  où  alors  ils  se  terminent 
ufiiformément  par  hi  sifflante  douce  z  :  combien  sont  dif- 
férentes les  régies  énoncées  par  les  grammaires  et  qui  déter- 
minent l'orthographe  !  De  même  pour  les  verbes,  des  formes 
comme  j'aime,  tu  aimes,  il  aime,  ils  aiment  ne  se  dis- 
tinguent à  l'oreille  que  par  les  pronoms  sujets,  tandis  que 
Foi'ihographe  les  distingue  au  moyen  de  lettres  muettes. 
Que  dire  de  cette  règle  d'accord  du  participe  passé  accom- 
pagné de  l'auxiliaire  avoir,  qui  n'est  appliquée  dans  la 
langue  parlée  qu'avec  les  participes  terminés  par  une  con- 
sonne comme  fait  ou  dit,  et  que  d'ailleurs  la  fonction 


actuelle  du  participe,  autre  que  <-elle  (Fun  attribut,  ne  jus- 
tifie plus  du  tout,:' 

L'orthographe  de  la  langue  française,  sous  quelque  rap- 
port qu'on  la  considère,  est  donc  hérissée  de  difficultés. 
Aussi  n'est-ce  pas  d'aujourd'hui  que  le  besoin  d'une  ré- 
forme s'est  fait  sentir.  Nos  plus  grands  écrivains,  Corneille. 
l>ossuet,  Voltaire  ont  réclamé  successivement  certaines 
améliorations  de  détail  ;  l'Académie  française  elle-même, 
dans  les  différentes  éditions  de  son  dictionnaire,  depuis  celle 
(h'  1710  jusqu'à  celle  de  1878.  en  a  admis  quelques-unes. 
Mais  dès  le  xvj*^  siècle,  il  s'est  trouvé  des  esprits  plus 
hardis  qui  aspiraient  à  renouveler  complètement  l'ortho- 
graphe et  même  l'alphabet,  (jtons  au  xvi*^  siècle,  Louis 
Meigret  (1542)  et  son  école  (Ronsard,  Raif).  Jacques  Pel- 
letier du  Mans  (4539),  Ramus  (1562),  qui  est  partisan 
d'une  écriture  phonétique,  etRambaud  de  Marseille  (4578) 
qui  invente  un  alphabet  nouveau.  Au  xvii*^  siècle,  sans 
insister  sur  bi  grammaire  de  Port-Koyal  qui  essaye  d'éta- 
])lir  les  principes  d'une  écriture  phonétique,  on  peut  citer 
Robert  Poisson  (4609),  le  président  Lxpilly  (4648), 
Louis  de  FEsclache  (4668),  Lartigaut  (4669),  Fabbé  de 
Dangeau  (1694).  et  aussi  Somaize  dans  le  Dictionnaire 
des  Précieuses  (4664)  et  Ménage  (^673)  qui  réclament 
la  suppression  des  lettres  doubles.  Au  xviii^  siècle,  les 
critiques  continuent.  Le  Père  Gille  Vandelis  (4743),  l'abbé 
(Girard  (4746),  le  Père  Buffier  (4723),  l'abbé  de  Saint- 
Pierre  (4730),  de  Wailly  (4773)  ont  essayé  de  mettre  en 
évidence  les  vices  de  notre  orthographe  et  d'y  proposer 
des  remèdes. ^Au  xix^  siècle,  Urbain  Domergue  (4806),  par- 
tisan de  l'orthographe  phonétique,  invente  un  alphabet 
composé  de  40  signes,  49  pour  les  voyelles  et  24  pour  les 
consonnes;  Marie  (4827)  veut  supprimer  toutes  les  lettres 
inutiles  et,  sans  (diajiger  les  caractères  de  l'alphabet,  en 
moditler  la  valeur.  Adrien  Féline  (4818),  !'>dan  (4854) 
sont  aussi  des  réformateurs,  et  pendant  (jiie  Raoux,  pro- 
fesseur à  l'Académie  de  Lausanne,  publie  son  traité  d'Or- 
thographe  rationnelle  ou  Ecriture  p tioné tique  {{^'o^)^ 
Ambroise-Firmin  Didot,  dans  ses  Observations  sur 
Vorthograplie  (4867).  reste  partisan  d'une  orthographe 
étymologique.  Depuis  lors,  tout  le  monde  s'accorde  à  recon- 
naître la  nécessité  (Finie  reforme  ou  au  moins  d'une  sim- 
plification de  l'orthographe  française  ;  et  les  récentes 
instructions  ministérielles  aux  maîtres  de  FLniversité  leur 
recommandent  de  ne  pas  engager  leurs  ébnes  dans  Fétu(k' 
des  règles  trop  subtiles  ou  d'une  application  exception- 
nelle. Il  est  triste,  en  effet,  de  penser  que  nos  enfants  con- 
sacrent un  temps  précieux,  et  souvent  plusieurs  années,  à 
une  étude  ingrate  et  stérile.  Sous  ce  rapport  seulement, 
la  simplification  de  l'orthogra])he  serait  un  bienfait  na- 
tional. Mais  il  y  a  plus  :  ses  difficultés  rendent  la  langue 
française  pénible  à  apprendre  pour  les  étrangers  et  par 
suite  nuisent  à  son  extension  dans  le  monde.  Elles  sont 
sans  doute  au  nombre  des  causes  qui  am'Uient  sa  dispa- 
rition graduelle  dans  une  ancienne  colonie  française  comme 
la  Nouvelle-Orléans,  où  la  plupart  de  ceux  qui  parlent 
encore  le  français  ne  savent  pas  l'écrii'c  et  ne  l'écrivent 
plus.  Réformer  l'orthographe  serait  donc  m\Q  œuvre  pa- 
triotique. Paul  (ilQUEAUX. 

Des  difficultés  analogues  se  sont  présentées  dans  tous 
les  pays  où  la  langue  littéraire  fixait  l'orthographe  des 
mots  dont  la  prononciation  continuait  de  varier  ;  l'ortho- 
graphe phonétique,  qui  serait  l'idéal,  n'ayant  jamais  pu 
s'établir,  ne  fut-ce  qu'en  raison  des  très  sensibles  diver- 
gences de  prononciation  d'une  province  à  l'autre,  d'une 
ville  à  l'autre  et  même  d'une  personne  à  l'autre.  Les  deux 
moyens  habituellement  proposés  pour  rétabhr  la  concor- 
dance entre  l'orthographe  et  la  prononciation  sont  la  créa- 
tion dans  l'alphabet  de  nouvelles  lettres  et  l'élimination 
dans  l'écriture  de  chacun  des  mots  des  lettres  qui  ne  sont 
pas  prononcées.  A  Rome,  l'empereur  Claude;  chez  les 
Francs  mérovingiens,  le  roi  Chilpéric  tentèrent  vainement 
d'enrichir  l'alphabet  de  signes  nouveaux.  En  Angleterre, 
où  la  divergence  est  plus  grande  qu'ailleurs  entre  la  pro- 


oHTHoGHVPHr:  —  outhopédif: 


G'âO  — 


nonciarion  et  Tortliograplio,  des  toiitalives  somhlablos  ont 
été  faites  récemment.  l'Ji  Allemagne,  la  difficulté,  aggravée 
par  la  formation  d'une  littérature  classique  au  xviii^  siècle, 
le  fut  aussi  par  les  efforts  de  J,  Grimm,  partisan  de  la 
théorie  étymologique  ou  historique.  Elle  fut  combattue  par 
Técole  phonétique,  dont  Raumer  formula  les  principes.  Le 
personnel  enseignant  prit  en  mains  la  réforme  orthogra- 
phique el.  à  h»  suite  d'une  conférence  tenue  à  Berlin 
(1876),  on  fit  adopter  en  Bavière  et  en  Prusse  (1880). 
puis  dans  le  reste  de  rAllemagne,  un  certain  nombre  de 
simplifications  ;  citons  la  suppression  de  Vh  dans  le  tJi 
final  et  dans  la  finale  thiun,  Ihïnn;  ou  écrit  désormais 
Arniui,  yot,  Altertum,  etc.  ;  la  suppression  du  second -s 
dans  la  syllabe  finale  nin  ;  l'unification  en  ieren  des 
formes  verbales  jusque-là  écrites  tantôt //y^?/.  tantôt  ieren. 
Malgré  la  vive  opposition  de  Bisaiarck  ([ui,  par  circulaire 
du  28  févr.  1880,  prescrivit  à  ses  employés  de  s'en  tenir 
à  l'ancienne  orthographe,  la  nouvelle  fut  adoptée  par 
l'école  et  par  les  typographes  et  prévalut. 

HiBL.  :  Max  Mullkr,  On  Spclllng  ;  Loiulros,  187G.  — 
Gi.Ai)STO>fE,  Spelling  reform,  1878  — -  Wil?s[ann=^,  Die 
Orthor/rnphie  in  de'n^ScJ}i(lcn  DciLtschlnîicls. 

ORTHOGRAPHIQUE  (Projection)  (Astroii.)  (V.  Cane- 
vas, t.  IX.  p.  30). 

ORTHOLITHE  (Pétrogr.).  Synonyme  de  Minette  (V.ce 
mot). 

ORTHOLOGIE  (Géom.).  Si  les  ])er])endiculaires  abais- 
sées des  points  A'.B'.C'  respectivement,  sur  les  droites 
B{^.  ÇA.  AB.  se  rencontrent  en  un  même  point,  on  dit 
(pie  le  Iciangle  A'B'G'  est  octhologicfue  à  ABG.  Réci- 
proquement, d'après  la  même  définition.  ABC  est  ortlio- 
logique  à  A'B'C,  si  bien  que  Tortbologie  est  réciproque. 
Les  propriétés  des  triangles  oi'thologicpies  sont  assez  nom- 
breuses et  fort  intéi'essantes,  et  cependant  c'est  un  sujet 
sur  lequel  il  reste  beaucoup  à  faire  ;  on  pourrait  dire 
qu'il  est  à  peine  ébaucbé.  Dans  l'espace,  on  peut  considérer 
aussi  des  tétraèdres  orthologiques  en  appelant  ainsi  deux 
tétraèdres  ABCD,  A'B'C'l)',"tels  ({ue  les  perpendiculaires 
abaissées  des  sommets  A,...  de  l'un  sur  les  faces  B'C'D',... 
de  l'autre  soient  concourantes.  C.-A.  Laisant. 

ORTHONECTIDfS  (Zool.).  Les  Ortbonectides  et  les 
1iho)nl)i/eres  (V.  ce  mot)  forment  les  deux  classes  (|ue  com- 


^ 

T 

v^-. 

il!'. 
Gi 

1 

a 

■d 

}^liOj)alii.-a 
1     (nialc;. 

A .  iôte  à  anneau  pa- 
pillifère  ;   C.  C,  an- 
n(^aux   du  corps  ; 
et.    corps    tosticu- 
lairc   fd'après    Cli 

.lu 

in 

Viix.  2.  —  ]u)riiu>  cyliudi'i- 
(]ue  adulte  d'un'  ortlio- 
nectidc.  le  Rho])alura 
Giardi  (femelle).  Ec, 
cellul(>s  ciliées  de  l'ec- 
lodermo;  F  m,  fibrilles 
nuisculaires;  En.  cel- 
lules de  l'endoderme 
(d'après  Ch.  Julin). 

prennent  les  Mésozoaires.  Ce  sont  des  animaux  parasites, 
de  la  cavité  du  corps  des  Oi)hiurides  et  qu'on  retrouve 
aussi  chez  des  Tiirbellai'iés.  Némertes  et  Polvchètes  ;  ils 
avaient  déjà  été  observés  par  divers  auteurs,  quand  Giard 
attira  l'attention  sur  les  particularités  extrêmement  remar- 
quables (|ulls  présentent  et  Timportance  qu'ds  ont  dans 


fr^ 


\<j.  l\.  —  l'\)rme  ai)laîu' 
adult(>  de  l^luipalura 
Giardi  (remeUe) 
Ec, cellules  (îiliéesde 
i'eciodiii'me  :  En,  (Mi- 
el o  d  e  r  m  <■  ;  Fm.  ti- 
hi'illes  uiusrulair(">. 


la  série  laxfuimniipic  ;  depuis.  Mctscbnikuv  et  Jidin  ont 
fait  heaucoup  progresser  lliisloire  de  c(s  cires  curieux,  au 
sujet  desqueU  la  science  est  loin  d'avoir  dit  lederniec  mol. 
Les  cellules  à  cils  vibratiles,  qui 
iimilent  le  (orpsdes  Orthonec- 
tide>.  (exoderme).  sont  (hsposees 
de  manière  à  former  de.s  sortes 
d'anneaux  ;  la  cavité  qu'elles  cir- 
conscrivenl  renferme  uni(|ue- 
ment.  siiiv.inl  le  sexe,  un  lesti- 
cule  ou  un  (»vaij'e  :  les  organes 
sexuels  son!  enveloppés  d'une 
coucbe  fibi'illaire,  formée  sans 
doute  aux  dépens  de  l'endoderme. 
Dans  la  classe  des  Uhombifères. 
cette  coucbe  (ibrillaire  n'exisie 
pas,  el  l'animai  est  uni(pieiii(Mii 
formé  des  cellules  exodei'mi(|ues 
enveloppant  l'unique  cellule  qui 
représente  l'endoderme  et  four- 
nit les  germes.  Il  existe,  chez  l'es- 
pèce la  mieux  connue  du  moins 
{lUiopdtura  Giardi).  deux  sortes 
de  femelles,  l'une  cylindricpie, 
formée  de  huil  anneaux  et  ne 
donn;int  naissance  qu'à  des  mâles; 
on  l'avait  d"al)(»rd  appelée  ïn- 

tosJiia  (ji(j(is]()rs(\nim  la  croyait  une  es])èce  indépendante  : 
l'autre  est  aplatie,  ellipticpic.  ses  anneaux  sont  peu  mar- 
qués et  elle  produit  Lune  ou  l'autre  sorte  de  femelles.  Clie/ 
Hliopatura  Giardi,  les  femelles  mesurent  environ  un  quarl 
de  millimètre,  le  mâle  ifalteint  pas  la  moitié  de  celle 
longueur.  H.  Monikz. 

ORTHOPÉDIE.  L'orthopédie  est  le  «traitement  des 
difformités  ».  A  l'origine,  cet  art  consistait  à  traiter  em- 
piriquement la  gibbosité  rachidienne  et  le  pied  bot.  Plus 
tard,  on  s'occupa  des  déviations  du  cou.  Andry  étendit 
les  tentatives  de  redressement  à  toutes  les  difformités  des 
enfants  ;  le  traitement  préventif  fut  annexé  au  traitemeni 
curatif,  les  attitudes  et  mouvements  gymnastiques  ajoutés 
aux  machines;  les  appareils  furent  perfectionnés,  et  les 
premiers  lits  à  extension  parurent.  Vers  1830,  la  gymnas- 
tique, les  Hts  mécani(pies,  l'hygiène  générale  furent  l'objet 
de  plus  d'attention  encore  ;  l'orthopédie  devint  une  science. 
A  ce  moment  la  ténotomie  et  la  myotomie  sous-cutanées 
sont  mises  en  pratique.  Lnfin,  à  l'époque  contemporaine, 
les  causes  des  difformités  étant  mieux  étudiées  et  mieux 
connues,  on  détruit  les  obstacles  et  on  redresse  les  dévia- 
tions par  la  section  ou  la  rupture  de  ces  obstacles.  Les 
moyens  préventifs  et  l'égénérateurs  généraux  sont  appli- 
qués sur  une  large  échelle  (hygiène,  gymnastique,  hydro- 
thérapie, traitement  interne),  et  les  moyens  h>caux 
(messages,  douches,  électrisation  localisée)  (hument  les 
résultats  les  plus  satisfaisants. 

Jndicationi'i  gnierates.  Les  indications  générales  de 
l'orthopédie  consistent  à  prévenir  les  déformations,  eoi'- 
r///pr  celles  qui  sont  congénilales  ou  acquises,  nuiinteitir 
la  correction.  Pour  prévenir,  il  faut  combattre  les  alti- 
tudes vicieuses  prises  par  les  enfants  dans  les  écoles,  atti- 
tudes qui  influent  sur  la  taille,  le  bassin,  les  yeux.  Lors- 
qu'il y  a  lésion  articulaiie,  mais  sans  déviation  encore,  on 
applique  des  appareils  pour  maintenir  les  parties  en  bonne 
attitude.  S'il  s'agit  de  lésions  musculaires,  provoquant 
des  déviations  commençanles.  on  a  recours  au  massage, 
à  la  gvmiiasti(pie.  à  ]'hydrothérapi<\  à  i'électrisation  lo- 
calisée. 

La  eorreetion  des  difformités  peut  se  faire  lentement  : 
gymnastique,  mouvements  spontanés,  mains  du  chirur- 
gien, appareils  (mouvements  forcés,  gradués)  ;  elle  peut 
aussi  se  faire  t)rus(jnenient  :  mouvements  forcés,  brusques 
opérations  (ténotfunie,  myotomie,  ostéotomie,  ostéoclasie). 
Le  traitement  nouveau  des  gibbosités  par  le  redresse- 
ment brusque  est  un  réel  progrès  dans  cette  voie   Lnfin, 


—  (i2J  — 


ORTHOPÉDIE  -  ORTHOPTÈRES 


le  inaintien  en  bonne  position  se  fera  au  moyen  d'appa- 
reils amovibles,  inamovibles,  amovo-inamovibles.  Dans 
tous  les  cas,  on  se  rappellera  que,  la  plupart  du  temps, 
les  déviations  ou  déformations,  apanage  des  sujets  scrofu- 
leux  ou  rhumatisants ,  exigent  (pi'un  traitement  général 
prolongé  soit  entrepris  parallèlement  au  traitement  local. 

L'arsenal  orthopédique  comprend  :  tous  les  bandages 
pour  toutes  les  natures  de  hernies  d'organes  :  les  cein- 
tures de  différents  genres  (obésité,  dilatation  stomacale, 
entéroptose,  varices  abdominales  ;  grossesse,  antéversion, 
rétroversion,  inversion,  antétlexions  utérines  ;  hystéro- 
phores;  reins  mobiles,  etc.);  les  suspensoirs  ou  pelotes 
variés  (varicocèle,  hydrocèle  ;  chute  du  rectum,  etc.). 
Tieinient  également  une  place  importante  :  les  colliers, 
corsets  pour  déviation  des  muscles  de  la  tète,  de  la  taille; 
pour  rachitisme  et  déviation  des  vertèbres;  pour  carie 
vertébrale  (mal  de  Pott)  ;  les  appareils  de  cuir  moiiié, 
plâtrés,  etc.,  les  claies  en  osier;  les  liUeurs  pour  lordose, 
cyphose,  redressement  des  déviations  scolaires  :  les  ajj- 
pareils  pour  luxation  congénitale  des  hanciies  :  lits  à 
extension,  treuils,  çjoultières  {^Qm\(ii),\^>i  voitures  pour 
coxalgiques  ou  pottiques  ;  kn-appareils  pour  pieds  bols 
divers,  déviations  du  genou,  de  la  cheville,  des  orteils 
(paralysie  infantile).  Enfui,  la  prothèse  des  membres 
comprend  les  nionbres  artificiels  de  toute  sorte,  bé- 
quilles, etc. 

Ajoutons  encore  à  cette  nomenclature  les  appareils  divers 
à  fractures  :  à  suspension,  plans  inclinés,  gouttières,  etc.  ; 
les  appareils  pour  résection ,  pour  luxation ,  etc.  Les 
prothèses  buccale,  nasale,  oculaire  ont  été  également 
perfectionnées  en  ces  dernières  années,  au  point  que  de 
cruelles  infirmités  passent  inaperçues  ou  sont  corrigées 
avec  succès.  D'"  A.  Coustan. 

l^iBi.  :  Andr'»,  rOrUiopédie:  Pariy.  17tl,2  vol.  —  Busuif. 
Allgemeine  Orthopa-dic;  Leipzig .  1882. 

ORTHOPHYRE  (Pétrogr.).  Les  orthophyres  sont  des 
roches  éruptives  d'âge  primaire,  autrefois  considérées 
comme  formant  un  groupe  spécial,  mais  aujourd'liui  réu- 
nies aux  Irachijtes  d'âge  tertiaire,  dont  elles  sont  ré([ui- 
valent  ancien  (Y.  Thacuyte). 

ORTHOPTÈRE  (V.  Aviation,  t.  1  V,  p.  90i). 

ORTHOPTÈRES.  L  Entomologie,  —  Groupe  d'animaux 
arthropodes  qui  constitue  dans  la  classe  des  insectes  un 
ordre  dont  certains  types  sont  désignés  vulgairement  sous 
les  noms  de  Perce-Oreille,  Cancrelat,  Sauterelle,  Cri- 
quet, etc.  Cet  ordre,  tel  qu'il  est  généralement  adopté, 
peut  être  caractérisé  ainsi  :  insectes  présentant  des  méta- 
morphoses incomplètes,  des  pièces  buccales  disposées  pour 
la  mastication,  des  ailes  antérieures  plus  petites  et  plus 
résistantes  (pie  les  postérieures,  ces  dernières  au  repos  se 
phssant  en  éventail  et  des  apjiendices  articulés  au  dernier 
anneau  de  l'abdomen.  Linné  les  plaçait  parmi  les  Kémip- 
tères  sous  la  désignation  d'IlÉMierÈREs  À  mAchoikes.  Geof- 
froy les  considérait  comme  une  division  des  Coléoptères. 
Ce  fut  de  Géer  qui,  en  4773.  créa  pour  eux  l'ordre  spécial 
des  Deraiai'Tèhes.  changé  par  Obvier  en  Orthopières, 
nom  qui  a  prévalu.  Kirby  en  distraya  les  Vorficules  aux- 
quels il  conserva  le  nom  de  Dermaptèkes.  Burmeister 
constitua  sous  (e  terme  de  Gymnocnatha  un  ordre  com- 
posé, non  seulement  des  ORTHoeiÈREhet  des  Dermaptères, 
mais  encore  des  Xévroptères.  des  lhysa)ioures,  des 
l^hysopoda  et  des  Mallophaga.  D'autres  naturalistes  ont 
encore  a])porlé  des  inoditications  à  la  classitication  de  ces 
insectes,  h^s  divisant,  les  uns  suivant  la  position  des  élytres, 
les  ;iutr*\s  d'après  la  forme  des  paltcN.  M.  de  Sèlyv- 
Longf'htmips  etid>li(  troi^  bous-ordres  :  les  Dermaptèkes 
{Fo} prvlide''}.  le-.  Upihopilres  proprenient  dits  {Acri- 
ilide. ,  Loiu^tider.,  G)ijlbdes)  et  les  DiinuriERLs  {Blat- 
i'ides).  nom  déjà  donne  par  Clairvilie  aux  Xei rouerez. 
3L  Brunner  de  'Wattenvyl  place  les  Acridideh  après  les 
Blattides  et  termine  par  les  Locustides  cl  les  Gryllides. 
M.  Finot  considère  trois  sous-ordres  :  les  Thysanoures. 

ks   ORTHOPrÈRES    Ct   les  OjiruOPTÈliES  PbKLI.M)-NÉVROPTÈRES 


(Névroptères  pseuuo-Orthoptères)  .  En  écartant  les 
Thysanoures  (V.  ce  mot)  et  les  Névroptères  pseuuo- 
Orthoptères  (Y.  Névroptères),  les  Orthoptères  peuvent 
se  classer  ainsi  :  les  Forficulides,  les  Blattides,  les 
Phasmides,  les  Mantides,  les  Acridides,  les  Locustides 
et  les  Gryllides. 

Les  Orthoptères  sont  en  général  des  insectes  de  grande 
taille  ;  (pielques  Phasmiens  atteignent  jusqu'à  40  centim. 
de  longueur.  Ils  sont  ovipares,  à  l'exception  de  quelques 
Blattes  chez  lesquelles  la  viviparité  a  été  observée.  Les 
œufs  sont  pondus,  tantôt  réunis  en  masses  régulières  nom- 
mées oothèques  (Blattides  et  Ma)ilides),  tantôt  dans  la 
terre  isolément  ou  dans  des  coques  ovigères  (Acridides). 
Les  métamorphoses  sont  incomplètes.  Les  rudiments  d'ailes 
n'apjiaraissent  que  dans  l'inlervalle  des  deux  dernièies 
mues.  Certaines  espèces  jraccpiièrent  (pie  rarement  des  or- 
ganes alaires  ou  n'en  possèdent  que  de  très  rudimentaires. 
Dans  ce  cas.  un  petit  nombi'e  d'individus  offre  le  déve- 
loppement com])let.  sans  que  pour  cela  les  auti'es  individus 


¥\ii  1.  —  1.  l'rofii  (le  l'extrémité  de  I  abdotiieii  de  Lociista 
vlrkUssimn  L.  Q  ;  Ce,  cerques  ;  Psn,  plaque  susanale  ; 
Psg,  plaque  sous-irénitale  ;  Ov,  oviseapte  ;  2,  profil  de 
l'extrémité  de  l'abdoiiieu  de  LocitstaL-i/7dis«i?ria  L.  ^  ; 
6Y\  cerques;  Ps;i.  j)la«pie  sus-aiiale;  Pày/.  pla((ue  sous- 
gemtale  ;  8,  style;  3,  profil  de  rexlrémite'de  l'abdomen 
de  Grllides  Ncmoblas  sylvestris  L.  Q  ;  Co,  cenjucs 
Ou,  oviseapte;  4,  extrémité  de  rabd(mi(Mi  de  Forficiflu 
auricidarUi  L.  §  ;  PL  i)iiiee. 

restés  aptères  soient  impropres  à  la  reproduction.  On  est 
d'accord  pour  admettre  comme  adultes  les  individus  qui 
ont  les  élytres,  grands  ou  petits,  articulés.  L'imperfection 
des  appendices  génitaux  permet  de  recoinialtre  la  larve 


Fi,!j-.  2.  —  Pattes  d'Ortlu)i)teres.  1,  patte  po.stéri(;ui'e  sauieuse 
{Locustn  CLvldisslinu  L.)  ;  2.  patte  autérieure  ravisseuse 
{Mantls  reli<iio8a  L.)  ;  Il  patte  intermédiaire  coureuse 
{Locusta.  viridisslmn  L.)  ;  t.  patte  antérieure  coureus(; 
[Bacilhis  gidiicus  Ch.);  5.  patte  antérieure  fouisseuse 
{firijllcUdp;i  Kidgaris  Lat.);  f>,  tarse  de  PhifijcJois  (/riscu. 
V;\\).  :  En.  éiiine  apieale  e\(e['ne;  E<iiii,  éjùneapicaie  mé- 
diane ,  pi,  ph.nlule  IiImt  ;   C.  ci-dcbeb^. 

de  I  adulte.  La  tête,  médiocre  et  d'?priniee  ou  grande  et 
globuleuse,  est  inunie  de  pièces  buccales  très  développées, 
d'antennes  très  longues  [Blattidet..,  Locustides)  ou  courtes 
(Acridides)  ou  aplaties  (Truxales).  Le  thorax  est  très 
long  (Mantides  et  Phas)nides),  parfois  muni  d'épines 
(lAiDieyalodon).   Les  deux  paires  d'ailes  sont  différentes 


ORTHOPTERES  —  ORTIE 


—  622  — 


comme  texture.  l>es  aiitérieiircs  sont  suhcoriaces,  égalant 
ou  môme  dépassant  la  longueur  de  l'abdomen,  à  Fex- 
ception  des  Forficulides  où  elles  sont  très  courtes.  Elles 
se  croisent  généralement  l'une  sur  l'autre.  Les  posté- 
rieures, plus  amples,  se  replient  en  éventail  et  présentent 
parfois  des  colorations  jaunes,  roses,  rouges  ou  bleues, 
avec  des  taches  brunes  ou  noires.  Les  deux  paires  sont 
parcourues  par  des  nervures  dont  l'étude  a  permis  de  tirer 
des  caractères  pour  la  classification.  Les  pattes  sont  sem- 
blables chez  les  Blattides,  les  Forficulides.  La  première 
paire  est  modifiée  chez  les  Manlides,  pattes  ravisseuses, 
chez  les  GrijUoialpa,  pattes  fouisseuses.  La  dernière  paire 
des  GrijUides,  des  Locustides,  des  Acridides,  a  la  cuisse 
longue  et  épaisse,  servant  au  saut.  Les  pattes  des  Phas- 
mides  sont  longues,  grêles,  parfois  foliacées.  L'a])domen 


Fig.  3.  —  Scliéma  do  l'aile  postérJL'Ui'c  de  Lohlstocercn  }3c- 
regrlmi.  A,  nervure  costale  ;  B,  nervure  sous-costai(>  ; 
C,  nervure  radiale;  E,  nervure  médiane  ;  G,  nervure  cu- 
bitale; J,  nervure  anale  ;  H,  nervure  basse. 

est  variable  de  forme,  tantôt  plat  et  déprimé,  tantôt  con- 
vexe, cylindrique.  Son  extrémité  est  munie  de  divers 
appendices  (cerques,  etc.).  Les  femelles  ont  un  oviscapte, 
court  {Acridides),  long,  droit  ou  courbé  en  forme  de 
sabre  {Gryllides,  Locustides), 

Les  Locustides Qila^  Acridides  émettent  des  sons  pro- 
duits chez  les  premiers  par  le  frottement  des  deux  élytres 
et  chez  les  seconds  parle  frottement  des  cuisses  contre  les 


l"ig,  i. —  Schéma  de  l'aile  antérieure  du  Schistocerca  pe- 
regrinsL.  A,  nervure  costale;  B,  nervure  sous-costale; 
C,  nervure  radiale  ;  E,  nervure  médiane  ;  G,  nervure  cu- 
bitale ;  7,  nervure  anale  ;  H,  nrn^vure  basse, 

élytres.  Les  GrylJides  stridalent  également  et  sont  de  plus 
pourvus  d'organes  musicaux  virtuels,  dont  la  fonctio]) 
n'est  pas  nettement  déterminée  (Landois,  Journal  de 
Zool.  se,  1872,  p.  318). 

Les  Orthoptères  sont  des  animaux  terrestres,  à  l'ex- 
ception des  espèces  du  gmrc  Scehjmena  Aud.-Serv.  et 
des  Prisopus.  Uucl{[ucs-uns  sont  cariuissiers  (il/rt^i/zV/c^s), 


Fig.  5.  —  Scliéma  montrajit  la  disposition  des  T)riiwi|,;dos 
parties  du  corps.  A,  antennes;  E,  élvtre;  Er,  imni; 
H, thorax;  Ms.  mésosternum  ;  O,  ocelles  ;P,  pronolum; 
Psg,  plaque  sous-génitale;  St,  sillon  transversal  tv- 
pique;  Lr,  lobes  rélléchis  du  pronotum;  Sti,  stimnates; 
r,  tibia;  Ta,  tarse;  V,  vortex;  Vo,  valvules  de' l'ovis- 
capte  ;  Y,  yeux. 

d'autres  omnivores  {Blatlides),  mais  ht  plupart  se  nour- 
rissent de  végétaux  (Acridides,  etc.).  On  compte  environ 
o.OOO  espèces,  répandues  ihuis   loules  les  régions  de  la 


terre.  Les  Mantides  et  les  Pliasuiides  appartiennent 
principalement  à  la  faune  des  pays  chauds.  Paul  ïijiinix. 
IL  Paléontologie.  —  Les  véritables  Orthoptères  appa- 
raissent seulement  dans  le  trias.  A  l'époque  ])aléozoique 
ils  étaient  remplacés  par  les  Palawdictyojjlera.  Les  RIattes 
sont  les  plus  anciens  représentants  du  groupe  actuel 
{Neoj'thoblaitina,  du  trias  du  Colorado,  Blatlidium  de 
Purbeck,  Mesoblattina  du  lias  et  du  jurassicpie  d'Al- 
lemagne) :  elles  sont  très  abondantes  dans  l'oolithe.  Les 
Forficules  se  montrent  dans  le  lias  d'Angleterre  :  Labidu- 
ronuna  est  uii  genre  remarquable  de  l'oligocène  de  Flo- 
rissant. Les  Mantes  sont  représentées  à  OEningen,  les 
Phasmes  à  Florissant.  Les  Sauterelles  ou  Criquets  com- 
mencent à  se  montrer  dans  le  lias  [Gomphocerites,  Acri- 
dites).  Dans  le  tertiaire,  les  restes  sont  mieux  conservés 
(Tetiigidea  gracilis  du  miocène  d'OEningen).  Gryllacris 
prouve  que  les  Locustidœ  existaient  déjà  dans  le  lias  d'Eu- 
rope. Locîista  speciosa  est  une  grande  et  belle  espèce, 
assez  rare  dans  les  schistes  jurassiques  d'Eichstâtt  et  de 
Solenhofen.  LUhyinnetes  guUatus  est  une  espèce  de  grande 
taille,  à  ailes  tachetées,  de  l'oligocène  de  Florissant.  Les 
principaux  groupes  actuels  sont  tous  déjà  connus  dans  le 
tertiaire.  É.  Trouessart. 

BiBL.  :  E>ro.\ioLOGn^.  —  Stei>iiEx\s.  Illusl.  Drit.  EnL. 
1835.  —  (^URTis,  Br'it.  EnL,  liSG2  03.  —  PuRiviias  i'i:r.  Iland- 
back  der  Entomologie,  1839.  —  Brunner  bf.  Wattilnwyi,, 
Proclo}aus  der  Orïhopt.  —  Fi.xgt,  les  Orthoptères  de 
Frinice,  1889.  —  Audinfa-Skrvilek,  H'ist.  nvt.des  Ortlh. 
1839.  —  De  SJ',lv.s-Longchami>,s.  (";)tiil.  mis.  des  Orth.  et 
Név.  de   la  Belçjuiue,  1888. 

ORTHOPTIQUE  (Courbe).  On  appelle  courbe  orthop- 
tique  d'une  courbe  plane  donnée  le  lieu  des  sommets  des 
angles  droits  dont  les  côtés  sont  deux  tangentes  à  la  courbe 
donnée.  Lorsque  cette  dernière  est  une  conique,  le  lieu  est 
un  cercle,  réel  ou  imaginaire,  qu'on  appelle  aussi,  et  plus 
généralement  peut-être,  cercle  de  Monge.  Dans  le  cas  où 
l'angle  donné  est  constant,  mais  non  plus  droit,  le  lieu 
dont  il  s'agit  est  appelé  courbe  isoptique  de  la  courbe  pri- 
mitive. Les  isoptiques  des  coniques  sont  des  courbes  du 
quatrième  ordre  en  général.  On  pourrait  étendre  à  l'es- 
pace la  notion  des  figures  orthoptiques  en  remplaçant  les 
courbes  par  des  surfaces,  et  l'angle  droit  par  un  trièdre 
trirectangle  dont  les  faces  seraient  tangentes  à  la  surface 
donnée.  Pour  les  quadri(}ues  tout  tau  moins,  on  trouve 
ainsi  comme  lieu  une  sphère,  réelle  ou  imaginaire,  qu'on 
appelle  sphère  de  Monge,  ou  sphère  orthopti([ue;  elle  se 
réduit  à  un  plan  pour  les  paraboloJdes,  et  disparaît  poiu' 
les  cyhndres;  elle  peut  d'ailleurs  être  réelle  ou  imaiïinaire. 
ORTHOSE  (Miner.)  (V.  Feldspath). 
ORTHOTROPE  (Bot.)  (V.  Ovule). 
ORTHOU.X-et-Qlilïïan.  Com.  du  dép.  du  Gard,  arr. 
du  Yigan,  cant.  de  Quissac  ;  323  hab.  Stat.  du  chem.  de 
fer  de  Lyon. 

ORTIE  (Urticaï.).  1.  Botaxique.— Genre  d'Lrticacées, 
composé  d'herbes  annuelles  ouvivaces,  quelquefois  frutes- 
centes, dont  on  connaît  une  trentaine  d'espèces,  répandues 
principalement  dans  les  régions  tempérées  des  deux  mondes. 
Les  Orties  ont  les  feuilles  opposées,  souvent  dentées,  pétio- 
lées,  avec  5  stipules  latérales,  les  fleurs  réunies  en  glo- 
mérules  disposés  sur  un  axe  axillaire  commun  ou  en  capi- 
tules, grappes  ou  épis,  dioïques  ou  monoïques,  les  inflo- 
rescences étant,  dans  ce  cas,  tantôt  unisexuées  et  tantôl 
androgynes.  Les  fleurs  sont  dépourvues  de  corolle,  tétra- 
mères,  avec  4  étamines  oppositisépales  et,  en  général, 
régulières.  L'ovaire  est  libie,  uniloculaire,  avec  un  seul 
ovule  dressé,  presque  orthotrope.  Le  fruit  est  un  akène 
comprimé,  indéhiscent,  entouré  du  périanthe  persistant  ' 
la  graine  renferme  un  albumen  charnu  et  un  embryon 
droit.  La  plupart  des  Orties  ont  toutes  leurs  parties  héris- 
sées de  poils  raides  piquants  (stimuli),  qui  se  brisent  par 
le  contact  et  laissent  échapper  un  liquide  acre  et  caustique 
renfermant  de  l'acide  formique  libre.  Quelques  espèces  sont 
tellement  irritantes  que  leurs  piqûres  produisent  des  dou- 
bmrs  intenses  pouvant  durer  plusieurs  jours;  de  ce  nombre 


6'r^ 


ORTIE  —  OKTLIEB 


sont  ru.  ferox \¥orsi.  ou  Ogua-iva  dos  liatui'cis  de  lu 
Nouvelle-Zélande,  17/.  stimulans  Miq.,  de  Java,  et  VU. 
urentissima  Roxb. ,  de  Timor,  ou  Herbe  du  diable  (daoun 
,s^^rt?i  des  indigènes),  qui  rentrent  maintenant  dans  le  genre 
Laporiea  (V.  ce  mot).  Ees  espèces  indigènes  telles,  (jue  : 
U.  dioica  h.  ou  Grande  Ortie,  U.  urens  L.  ou  Pelile 
Ortie,  Ortie  grièche,  et  U.  pilulifera  E.  ou  Ortie  romaine 
sont  très  communes  le  long  des  murs  dans  les  villages. 


Urtica   piluliCera  L.  a,  rameau  ilorirèrc;  6,  fleur  iiiàlc  ; 
c,  fleur  femelle. 

dans  les  décombres,  sur  les  bords  des  chemins,  etc.  Elles 
sont  textiles  et  peuvent  même  servir  à  l'alimentation  ;  on 
les  emploie  à  l'extérieur  pour  produire  l'urtication.  La  ra- 
cine de  VU,  pilulifera  a  été  vantée  comme  diurétique  et 
astringente.  VU.  urens  di  été  préconisée  comme  fébrifuge, 
purgatif  et  antihémorragique.  VU.  membranacea  Poir., 
de  la  région  méditerranéenne,  était  employée  en  Egypte 
dans  les  maladies  de  la  poitrine  et  comme  aphrodisiaque. 
Au  Kamtchatka,  on  se  sert  du  liber  de  VU.  cannabina  E. 
pour  la  fabrication  des  tilets  de  pèche.  L'f/.  nivea  E.  ap- 
partient maintenant  au  genre  Boelwieria  Jacq.  (V.  Boeh- 
mérie).  On  donne  le  nom  à' Ortie  bâtarde  à  des  Mercu- 
riales (V.  ce  mot),  le  non]  à\K  blanche,  d'O.  fausse,  au 
Lamium  album  L.  (V.  Eamier),  le  nom  d'O.  morte  à 
cette  même  espèce  et  au  Stackys  palustris  L.,  celni  à' 0. 
jaune  au  Galeobdolen  luteiim  Huds.,  celui  d'O.  puante 
au  Stachys  sylvatica  E.,  enfm  le  nom  d'(9.  rouge  aux 
Lamium  purpureum  E.  et  L.  maculatum  E.,  etc., 
toutes  ces  espèces  présentant  une  certaine  ressemblance 
avec  les  orties  par  leurs  feuilles.  D^'  E.  Hn. 

IL  Agriculture.  • —  Certaines  espèces  d'orties  sont  très 
répandues  dans  nos  cultures;  elles  sont  vivaces  et  pos- 
sèdent des  racines  nombreuses,  longues  et  puissantes, 
aussi  leur  destruction  présente  de  grandes  difficultés; 
l'écimage  effectué  avant  la  maturation  des  graines,  le 
ramassage  des  racines  après  les  herbages,  et  des  sarclages 
répétés  peuvent  seuls  entraver  leur  propagation.  Plusieurs 
espèces,  notamment  V ortie  dioîque  {U.  dioica),  sont 
bien  acceptées  par  le  bétail,  surtout  lorsque  la  plante  est 
jeune  ;  la  composition  de  ce  fourrage  est  voisine  de  celle 
des  bonnes  herbes  des  prairies  ;  le  fourrage  vert  convient 
particulièrement  aux  vaches  laitières  et  aux  bœufs  ;  on  le 
laisse  se  mortifier  pendant  quelques  heures  avant  de  le 
mettre  en  distribution.  Ea  culture  de  l'ortie  dioique 
comme  fourrage  est  faite  en  grand  dans  quelques  régions, 
particulièrement  en  Suède  et  en  Norvège  ;  elle  peut  don- 
ner quatre  ou  cin([  coupes  par  année,  et  en  raison  de  sa 
réussite  certaine  dans  les  terrains  arides,  secs  et  rocail- 
leux, elle  est  très  recommandablc  pour  l'utilisation  des 
mauvais  sols  ;  surtout  en  année  de  disette  de  fourrages,  ses 
produits  fourniraient  une  ressource  précieuse.       J.  T. 

ORTIGUE  (Pierre  d',  sieur  de  Vaumorière),  poète  fran- 
çais, né  à  Apt  en  1610,  mort  à  Paris  en  sept.  1693.  11 
vint  de  bonne  heure  à  Paris  et  s'y  fit  une  réputation  ra- 
pide dans  la  littérature  précieuse  de  son  temps.  Admira- 
teur de  vScudéry,  il  rêva  de  mettre  l'histoire  de  France  en 


dialogues.  Son  amour  du  jeu  le  rendit  pauvre.  Sa  femme, 
une  précieuse,  est  nommée  sous  le  nom  de  Marsamine 
dans  le  dictionnaire  de  Somaize.  tl  a  laissé  quelques  ro- 
mans :  le  Grand  Scipion  (1658);  Agiatis,  reine  de 
Sparte  (4685),  une  Histoire  de  la  galanterie  chez  les 
anciens  (1671)  ;  et  l\{rt  de  plaire  dans  ta  conversa- 
tion (1688),  auquel  il  était  expert.  R  a  écrit  les  cinq  der- 
niers volumes  du  Ptiaramond  de  Ea  Calprenède.  Ph.  B. 
ORTI G  U  E  (Joseph  d'),  musicographe  français,  né  à  Ca- 
vaillon  le  2"i  mai  1802,  mort  à  Paris  le  20  nov.  1866. 
Destiné  d'abord  à  l'étude  du  droit,  il  ne  tarda  pas  à  céder 
au  penchant  qui  l'entraînait  vers  la  musicpie  et  s'y  con- 
sacra désormais.  Outre  une  collaboration  assidue  à  divers 
journaux,  principalement  au  Journal  des  Délmts,  on  lui 
doit  un  Dictionnaire  litîwgique,  liisioritiue  et  théo- 
rique du  plain-chant  et  de  musique  religieuse,  ouvrage 
considérable  et  justement  estimé  (V.  Niedermeyer). 

ORTIZ  (Pablo),  sculpteur  espagnol,  qni  llorissait  à 
Tolède  pendant  la  seconde  moitié  du  xv*^  siècle.  R  est 
l'auteur  des  deux  magnifiques  tombeaux  du  connétable 
Alvaro  de  Luna  et  de  Juana  Pimentel,  sa  seconde 
femme,  qui  sont  placés  dans  la  chapelle  de  Santiago,  à  la 
cathédrale  de  Tolède.  Maria  de  Euna,  leur  fille,  avait,  à 
la  suite  d'un  concours  ouvert  entre  divers  maitres,  choisi 
le  projet  présenté  par  Ortiz.  L'n  contrat,  daté  du  7  janv. 
1489,  fut  passé  entre  elle  et  l'artiste  dans  la  ville  de 
Manzanarès,  et  celui-ci  dut  commencer  aussitôt  ce  beau 
travail,  gothique  encore  de  style  dans  ses  diverses  parties, 
ornementales  et  sculpturales.  P.  E. 

ORTIZ  (Euis),  sculpteur  espagnol,  originaire  de Malaga. 
R  fit  son  apprentisssage  dans  l'atelier  de  Diaz  de  Palacios. 
Vers  1628,  Ortiz  et  son  collaborateur  JosefMicael  obtinrent 
au  concours  l'exécution  des  deux  rangs  de  stalles  du  chœur 
de  la  cathédrale  de  Malaga,  travail  qu'ils  terminèrent  en 
1631.  Ortiz,  pour  sa  ])art,  avait  sculpté  le  rang  inférieur 
ainsi  que  les  cartoucJies  et  les  couroîuiements  du  rang 
supérieur.  Ees  quarante  figures  qui  décorent  cette  sille- 
ria  ne  sont  pas  l'oeuvre  des  deux  artistes  associés;  elles 
sont  du  sculpteur  Pedro  de  Mena,  élève  d'Alonso  Gano, 
qui  y  travailla  de  1660  à  WH.  .Vppelé  par  le  chanoine 
Yazquez  de  Eeca.  Ortiz  alla  s'étabhr  à  Séville,  oii,  en 
1647,  il  exécutait  le  retable  de  la  chapelle  royale  de 
Xotre-Oame  des  Rois,  dont  trois  statues  de  sainte  Anne, 
de  Saint  Joseph  et  de  Saint  Joachim,  forment  la  déco- 
ration sculpturale.  P.  E. 

ORTIZ  (Fernando),  sculpteur  espagnol,  né  dans  les 
premières  années  du  xyiii*^  siècle  à  Malaga,  moi't  à  Madrid 
en  1770.  R  apprit  et  exerça  son  art  à  Malaga.  On  y 
conserve  un  Christ  au  tombeau,  dans  l'église  des  Augus- 
tins,  qui  est  son  œuvre.  En  1756,  l'Académie  de  San  Fer- 
nando le  recevait  au  nombre  de  ses  membres,  sur  la  pré- 
sentation d'un  bas-relief  en  marbre,  destiné  au  palais  de 
Madrid.  P.  L. 

ORTLER.  Massif  des  Alpes  Rhétiques  entre  l'Adige  et 
l'Adda  (Valteline),  sur  la  frontière  de  l'Autriche  et  de 
ritahe.  Il  est  compris  entre  le  Stilfser-Joch  au  N..  le  col 
de  Tonale  au  S.  (reliant  les  vallées  de  l'Oglio  et  de  Sulz- 
berg).  C'est  un  puissant  massif  formé  de  schistes  cris- 
tallins au  S.,  de  calcaire  au  N.  Ee  centre  est  le  mont 
Cevedale  (3.774  m.)  d'où  rayonnent  vers  l'E.  le  chaînon 
des  pics  de  Venezia  (3.384  m.)  etd'Eggen  (3.437  m.)  vers 
le  N,-0.  celui  de  la  Kœnigspitze  (3.857  m.),  du  Zebru 
(3.735  m.)  et  de  l'Ortler  (3.902  m.),  pyramide  dolomi- 
tique  qui  est  le  point  culminant  des  Alpes  autrichiennes 
pour  la  première  fois  gravi  le  2T  sept,  (804.  Au  S.  du 
Cevedale  sont  le  mont  Confmale  (3.370  m.)  et  le  Coriio 
dei  Tre  Signori  (3.329  m.).  Ee  massif  de  l'Ortler  com- 
prend 70  glaciers.  Ee  Club  alpin  austro-allemand  en  a 
dressé  la  carte  au  50.000®. 

ORTLIEB,  de  Strcisbourg,  chef  d'une  secte  panthéiste, 
au  premier  tiers  du  xiii^  siècle.  On  ne  sait  rien  de  sa  per- 
sonne. Un  document  du  temps  nomme  ses  adhérents  Oi'i- 
libenses  et  Ortlibarii.  On  les  trouve  dans  toute  la  vallée 


OKTLIEB  —  OKTYGIE 


—  6U 


du  Rhin  moyen.  Il  faut  vraisemblablement  les  considérer 
comme  une  ramification  des  Amalnciens  (Y.  Amaury, 
t.  H,  p.  603).  Ils  faisaient  remonter  leur  tradition  à 
Adam.  Jésus,  simple  pécheur,  a  été  converti  par  la  pré- 
dication de  Marie,  sa  mère,  qui  l'a  ainsi  enfanté  à  la  vie 
supérieure.  Sa  pénitence  est  la  seule  passion  qu'il  ait  en- 
durée. Il  faut  le  suivre  dans  cette  voie;  les  sacremejits  et 
autres  prescriptions  de  l'Eglise  sont  sans  valeur.  Suivant 
un  sommaire  contemporain,  cela  se  réduit,  en  pratique,  à 
«  s'abstenir  de  tout  ce  qui  est  extérieiu',  pour  suivre  l'Es- 
prit qui  est  en  tout  homme  ».  Les  vrais  ortliebiens  sui- 
vaient une  vie  très  austère.  Cela  n'exclut  pas  chez  quel- 
ques-uns des  écarts  qui  devinrent  la  règle  plus  tard  parmi 
les  frères  du  Libre  Esprit  (V.  ce  mot).  E.-H.  K. 

ORTLOFF  (Ericdricli),  juriste  allemand,  né  à  Erlangen 
le  iOoct.  1797,  mort  à  léna  le  10  ocl.  1868.  Professeur 
à  léna(  1819).  puis  président  de  la  cour  d'appel  (1844).  il 
fut  l'auteur  d'une  excellente  Gesch.  der  Grumbachischen 
Hamdel  (léna,  1868-70,  4  livr.)  ;  ik  Sanunlinig  deiits- 
(  fier  liichtsqiiellen  (-1836-60,  "i  vol.);  furisUsche 
Abhandliingen  (si\ec  Heimbach,  I847-o7,  i2  vol.). 

Son  fils,  Herniann- Friedrich,  m  le  i7  sept.  i829,  a 
professé  le  droit  criminel  à  léna  de  i^Q^l  à -1866,  est  en- 
(l'é  dans  la  magistrature  et  a  publié  plusieurs  manuels  et 
traités  spéciaux  sur  des  points  de  droit. 

ORTNITT,  héros  légendaire  allemand  du  moyen  âge, 
roi  des  Lamparts.  Il  conquiert  avec  l'aide  de  son  père,  le 
nain  Albéric,  la  main  de  la  belle  fille  du  roi  païen  de 
Montabaur  et  la  fait  ])aptiser  sous  le  nom  de  Sydrat.  Il 
périt  en  combattant  deux  dragons  en\oyés  par  son  beau- 
père.  Le  poème  qui  fut  composé  vers  ^Md  a  été  remanié. 
La  meilleure  édition  est  celle  d'Amelung  (Deufsclies  Hel- 
denbuch,  1871,  t.  lll). 

ORTO.  Com.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  d'Ajaccio,  cant. 
de  Soccia  ;  48:2  hab. 

ORTOLA.  Rivière  du  dép.  de  la  Cor^e  (V.  ce  mot, 
t.   XII,  1085). 

ORTOLAN. I.  ORxrruoj.oGiE.  ~  Nom  vulgaire  d'une  es- 
pèce du  genre  Bruant  (V.  ce  mot). 

IL  Art  cuLiNAmE.  —  tJn  mange  les  ortolans,  comme 
les  autres  ])etits  oiseaux,  cuits  à  la  broche.  Leur  cluiir  est 
l'enonnnée  pour  sa  déhcatesse  (V.  Bec-Eu;ue).  11  faut  en- 
viron un  ({uart  d'heure  pour  leur  parfaite  cuisson. 

0 RTO  LA N  (Joseph-Louis-Elzéar) ,  j urisconsulle  français, 
né  à  Toulon  le  21  août  1802,  mort  à  Paris  le  27  mars 
1873.  Fils  d'un  juge  de  paix  de  sa  ville  natale,  il  fit  aux 
collèges  de  Nice  et  d'Avignon  de  brillantes  études,  com- 
mença son  droit  à  Aix,  alla  le  terminer  à  Paris  et  fut  reçu 
docteur  en  1829.  Il  avait  déjà  publié  à  cette  époque  son 
Explication  historique  des  Institutes  de  Jiistinien 
(Paris,  1827,  3  vol.  ;  5^  éd.,  1851)  et  son  Histoire  de 
la  législation  romaf^è^  (Paris,  1828;  3*^  éd.,  1845), 
deux  remarquables  ouvrages,  dont  le  premier  est  devenu 
classique.  Nommé  bibliothécaire  adjoint  à  la  cour  de  cas- 
sation, puis,  l'année  suivante,  après  la  révolution  de  juillet, 
secrétaire  général  du  parquet  de  la  même  cour,  il  fut  en 
môme  temps  désigné,  à  raison  de  ses  idées  largement  li- 
bérales, pour  faire  à  la  Sorbonne  un  cours  de  droit  cons- 
titutionnel ;  en  1831,  la  ville  de  Paris  le  chargea,  à 
l'Athénée  industriel,  d'un  cours  de  droit  commercial  et, 
en  1836,  il  fut  appelé  à  la  chaire  de  législation  pénale 
comparée  de  la  E'aculté  de  droit  de  Paris  ;  il  l'occupa  jus- 
({u'à  sa  mort,  malgré  les  vives  attaques  que  lui  suscitèrent, 
sous  l'Empire,  ses  opinions  républicaines.  Il  avait  fait  à 
ri'colede  droit,  en  1848,  à  la  demande  du  ministre  Car- 
nol.  une  série  de  leçons  sur  la  soureraiitelc  du  peuj/le 
et  Icb  principes  du  gouvernement  républicain  uwder)ie 
l^Paris,  184-8)  et  il  avait  ete  de  1848  a  1851  membre  du 
conseil  supérieur  de  l'instruction  publique.  Ce  fut  lui  qui 
rédigea  les  programmes  de  TEcole  d'administration.  Outre 
les  ouvrages  déjà  cités  et  un  nombre  considérable  d'opus- 
cules sur  des  questions  de  droit  constitutionnel,  de  droit 
pénal,  de  législation  comparée,  etc.,  il  a  publié:  Hisloire 


du  droit  constitutionnel  en  Emu  {je  pendant  le  moyen 
aV/É^  (Paris,  1831)  ;  Introduction  pfiilosophiiiue  au  cours 
de  législation  pénale  comparée  (Paris,  1839)  ;  Intro- 
duction historique  au  cours  de  législation  pénale  cojn- 
parée  (Paris,  1841)  ;  Eléments  du  droit  pénal  (Paris, 
1856;  3^  éd..  1863).  On  lui  doit  aussi  un  recueil  de 
poésies  :  les  Enfantines  (Paris,  1845  ;  2^  éd.,  1860). 

Son  frère,  Jean-Félicité-Théodore  (1808-74),  entré 
en  1822  dans  la  marine  et  devenu  en  1862  capitaine  de 
vaisseau,  est  Fauteur  d'un  excellent  traité,  plusieurs  fois 
réédité  :  liègles  internationales  et  diplomatie  de  la 
mer  (Paris,  1844-45,  2  vol.).  L.  S. 

ORTOLAN  (Eugène),  compositeur  français,  né  à  Paris 
le  1^^"  avr.  1824,  fils  du  précédent.  Il  s.'est  fait  connaître 
au  théâtre  paj' teé^/Zt^  (Théâtre-Lyrique,  1855),  la  Mo- 
mie de  li(^scoco  (Bouffes-Parisiens,  1857).  On  lui  doit 
aussi  lui  oratorio,   Tobie,  exécuté  à  Versailles  en  1867. 

ORTOLANO  (C.iovanni-Raltibta  Renveni n .  dit  T), 
peintre  italien  (V.  Rennexltf  [Giovanni-Battista J). 

ORTONA.  Ville  dTtalie,  prov.  de  Chieti,  sur  une  pres- 
qu'île de  la  mer  Adriaticjue;  7.000  hab.  Evèché.  Pelit 
port.  Les  Turcs  la  détruisirent  en  1566.  Fréquents  trem- 
blements de  terre. 

ORTONCOURT.  Com.  du  dép.  des  Vosges,  arr.  d'Epi- 
nal,  cant.  de  Rambervillers  ;  229  hab.  Stat.  duchem.  de 
fer  de  l'Est. 

ORTOSPANA.  Ancienne  ville  de  Bactriane  que  Ton 
identifie  souvent  avec  Caboul,  Ptolémée  lui  donnant  le  nom 
de  Cabura. 

ORTILLON.  Com.  du  dép.  de  l'Aube,  air.  d'Arcis. 
cant.  de  Ramerupt;  53  hab. 

ORTIPORIO.  Com.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de  Rastia, 
cant.  de  Campile  ;  406  hab. 

ORTS  (Auguste),  homme  d'Etat  belge,  né  à  Rruxelles 
en  181  i',  mort  à  Rruxelles  en  1880.  Il  fit  ses  débuts  poH- 
tiques  dans  ['Observateur  belge,  journal  de  Lopposition 
libérale,  et  devint  échevin  de  Bruxelles  et  membre  de  la 
Chambre  des  représentants.  Il  ne  tarda  pas  à  jouer  un 
rôle  prépondérant  dans  les  débats  parlementaires  et  se 
distingua  par  de  rares  qualités  de  tacticien  et  d'ora- 
teur. Rient ùt  reconnu  comme  un  des  chefs  de  la  gauche 
modérée,  il  prit  une  part  importante  à  la  discussion  des  lois 
relatives  aux  questions  judiciaires,  à  l'organisation  mili- 
taire, à  l'instruction  publique,  aux  affaires  extérieures  et 
trouva  de  nobles  accents  pour  défendre  la  neutralité  belge 
mise  en  péril  pai'  la  politique  de  Napoléon  lll.  \\  fut  élu  pré- 
sident de  la  Chambre  en  1859.  Orts  était  aussi  un  juris- 
consulte éminent,  il  fut  bâtonnier  de  l'ordre  des  avocats 
à  la  Cour  de  cassation  et  professeur  d'économxie  politi([ue 
à  l'université  libre  de  Rruxelles.  Ses  publications  juri- 
di([ues  les  plus  importantes  sont  :  de  l  Incapacité  civile 
des  corporations  religieuses  non  autorisées  (Rruxelles, 
1867,  in-8)  ;  la  Pratique crimiiielle  de  Wie tant  (Garni, 
1872,  in-8).  Il  est  aussi  l'auteur  d'un  ouvrage  historique 
de  premier  ordre  :  Histoire  de  la  guerre  des  paysans. 
(Rruxelles,  1863,  in-8).  '  E.  IL 

ORTVAY  (Theodor).  historien  hongrois,  né  en  1843. 
Professeur  à  l'Ecole  de  droit  de  Pozsony  (Presbourg). 
Ortvay  a  publié  de  nombreux  ouvrages  relatifs  à  l'histoire 
et  à  l'archéologie  locales.  On  lui  doil  notamment  \\m  His- 
loire de  la  ville  de  Presbourg  (eji  liong.  et  en  lûl.)  (1891- 
93)  ;  une  Histoire  du  comilal  de  Ternes  (1896).  el  la 
Géographie  ecclésiastique  de  la  Hongrie  au  coninwn- 
cemenl  du  xiv^'  siècle.  J.  K. 

ORTWIN.  Nom  de  plusieurs  héros  des  légendes  ger- 
mani(pies.  Orlwin  de  Metz  est  dans  les  Mbelungen  le 
neveu  et  Féchanaon  de  Gunther,  l'un  de  ses  princip.uix 
guerriers.  —  Ln  autre  Ort^^in  est  fils  du  roi  Hettel  a  He- 
gelingen  et  frère  de  Gudrun  qu'il  délivre  de  la  captivité 
du  roi  d'Ormanie  (Normandie). 

0RTY6IE.  Nom  donné  par  les  Grecs  à  l'île  légendaire 
où  Léto  aurait  donné  le  jour  à  Artémis  et  Apollon.  La 
version  la  plus  accréditée  l'identifiait  avec  Delos.  Ce  nom 


6'2o  -. 


ORTYGIE  —  OKVILLIEHS 


fut  aussi  appliqué  à  un  bois  sacré  près  d'Ephèse  el  à  une 
ile  où  se  forma  la  ville  de  Syracuse. 

ORUBA  ou  ARUBA.  L'une  des  Antilles,  faisant  partie 
du  groupe  des  Iles  Sous  le  Vent,  en  face  de  la  côte  du 
Venezuela  ;  c'est  la  plus  occidentale  des  Antilles  néerlan- 
daises, en  face  du  golfe  de  Maracaibo,  à  80  kil.  0.  de 
Curaçao.  Elle  a  165  kil.  q.  et  8.056  liab.  Formée  de 
roches  éruptives  anciennes,  flanquées  de  roches  coralliaires 
récentes,  elle  manque  d'eau  et  d'arbres,  mais  possède  de 
grands  gisements  de  phosphates  et  de  sel.  La  ville  d'Oranje 
concentre  la  majeure  partie  des  habitants. 

BiiîL.  :  Martin,  ReÂse  nach  Nicclerlœndisch  Wast'ui- 
dieiL  ;  Leicle,  1887,  2  vol. 

ORURO  {San  Felipe  de  Asturia  de  Oruro).  Ville. 
—  Ville  de  Bolivie,  ch.-l.  du  dép.  de  ce  nom,  à  3.743  m. 
d'alt.,  près  d'une  lagune  salée  distante  de  42  kil.  E.  du 
Desaguadero  ;  13.400  hab.  (en  4893).  I^ndée  en  4590, 
elle  eut,  dit-on,  70.000  âmes  au  xvii^  siècle. 

Département.  —  Le  dép.  d'Oruro,  à  l'O.  de  la  Boli\ie, 
comprend  55.950  kil.  q.  et  489.840  hab.  (en  4893). 
(Vest  un  haut  plateau  entre  la  Cordillère  côtière  et  celle 
de  l'intérieur,  parsemé  de  lagunes,  parmi  lesquelles  celle 
très  vaste  de  Pampa  Aullagas.  Mines  de  cuivre,  d'argent 
e(  aussi  de  plomb,  de  zinc,  d'antimoine,  de  fer  et  d'or. 

ORUS.  Com.  du  dép.  de  l'Ariège,  arr.  deFoix,  cant.  de 
Vicdessos  ;  324  hab. 

OR  VAL.  Com.  du  dép.  du  Cher,  arr.  et  cant.  de  Saint- 
Amand-Montrond;  427  hab.  Filât,  de  laine,  scierie  mé- 
cani(pie,  fabr.  de  placages  pour  meuble. 
ORUST  (Ile)  (V.  Oroust). 

OR  VAL.  Com.  du  dép.  de  la  Manche,  arr.  de  Coutances, 
cant.  de  Montmartre-sur-Mer,  sur  la  rive  droite  de  la 
Sienne;  4.008  hab.  Stat.  du  ch.  de  fer  de  l'Ouest.  Car- 
rière de  marbre;  fours  à  chaux.  Eglise  construite  du 
xu^  au  xv^  siècle  avec  un  beau  clocher  roman  et  une 
crypte  romane.  Ancienne  grange  dîmière. 

ORVAL.  Dépendance  de  la  commune  belge  de  Villers- 
devant-Orval,  prov.  de  Luxembourg,  arr.  adm.  de  Vir- 
ton,  arr.  judic.  d'Arlon.  Saint  Bernard  de  Clairvaux  y 
établit  au  xii«  siècle  une  abbaye  qui  devint  florissante  ; 
partiellement  détruite  par  les  troupes  françaises  du  maré- 
chal de  Chàtillon  en  4637,  elle  fut  relevée  auxvni^  siècle 
avec  une  grande  magnificence.  Une  armée  républicaine  la 
détruisit  de  fond  en  comble  en  4793  ;  il  n'en  subsiste  ([ue 
des  ruines  imposantes. 

ORVAL  (Gilles  d')  (V.  Gilles  d'Okval). 
ORVAL  (Duc  d')  (V.  Béthunk  [François  dej). 
ORVAL  (A.-E.  deBÉTHUNE  n'),  abbesse  et  femme  auteur 
française  (4657-4733)  (V.  Béthune  [François  de]). 

ORVAULT.  Com.  du  dép.  de  la  Loire-Inférieure,  arr. 
de  Nantes,  cant.  de  la  Chapelle-sur-Erdre ;  4.960  hab. 
Carrière  de  granit.  Châtaignes.  Chapelle  Notre-Dame  des 
Anges,  de  style  gothique,  construite  en  4824.  Calvaire 
élevé  en  4877.  Château  de  la  Tour  dont  la  chapelle  ren- 
ferme d'anciens  vitraux.  Manoirs  anciens  de  Bel-Ebat  et 
du  Doussay. 

ORVAUX.  Com.  du  dép.  de  l'Eure,  arr.  d'Evreux,  cant. 
de  Conches;  455  hab. 

ORVE.  Com.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Baume-les- 
Dames,  cant.  de  Clerval  ;  151  hab. 

ORVEAU.Com.dudép.deSeine-et-Oise,  arr.  d'Etampes, 
cant.  de  La  Ferté-Alais  ;  422  hab. 

ORVEAU-GoLLAiNviLLE.  Coui.  du  dép.  du  Loiret,  arr. 
de  Pithiviers,  cant.  de  Malesherbes;  385  hab. 

ORVET.  Genre  àa  Sauriens  de  la  famille  des  Scincoi- 
dœ,  ayant  pour  caractères  une  tète  courte  se  terminant  par 
un  museau  arrondi,  la  bouche  étroite,  les  yeux  très  petits, 
saillants,  la  queue  terminée  brusquement  en  pointe  conique 
de  consistance  cornée,  le  corps  recouvert  de  petites  écailles 
lisses  et  brillantes.  VAnguis  fragilis  (Orvet,  Anvin,  Bor- 
gne, Nielle)  présente  une  couleur  généralement  plom])ée, 
passant  parfois  au  cuivré  sur  les  régions  supérieures;  le 
dessus  du  corps  est  souvent  picpieté  de  noir.  C'est  un  ani- 

GRANDE    ENCYCLOPÉDIE.    —    XXV. 


mal  des  plus  inoftensifs,  et  ([ui  cependant  a  été  accusé  de 
bien  des  méftuts  et  passe  encore,  dans  certains  de  nos  dé- 
partements, pour  être  des  ])lus  dangereux.  Commun  en 
France,  on  le  rencontre  également  dans  l'Asie  occidentale, 
en  Sibérie  et  sur  la  c()te  méditerranéenne  de  rAfi'ifjue 
L'Orvet  se  nourrit  de  limaces  et  de  vers  de  terre,  il  a  la 
faculté  de  se  ])riser,  lorsqu'on  veut  le  saisir,  par  une  vio- 
lente contraction  de  ses  muscles.  Hoghhr. 

J^iiji.  :  Sauvagj^,  dans  I^ri;hm.  éd.  fi-  —  IJumkril  et  i^i- 
]iROx,  llerpét.  (jénèv. 

ORVIETO  [Urbs  velus).  Ville  d'Italie,  ch.-l.  de  cercle 
de  la  prov.  de  Pérouse,  sur  un  rocher  de  tuf  qui  domine 
la  r.  dr.  de  la  Pagha,  à  355  m.  d'alt.  ;  8.000  hab.  Evè- 
ché.  Ancien  palais  des  papes,  palais  épiscopal  ;  musée 
étrusque  et  médiéval  installé  dans  l'Opéra  del  Duomo. 
Célèbre  puits  de  64  m.  creusé  en  4527  et  où  l'on  descend 
par  deux  escaliers  en  spirale  comptant  248  marches.  Un 
jardin  occupe  la  place  de  l'ancienne  citadelle.  Des  six 
églises,  il  faut  signaler  San  Domenico  (xiii*^  siècle,  tom- 
beau du  cardinal  di  Braye  exécuté  par  Amolfo  daCambio 
en  4282)  et  surtout  la  cathédrale.  Elle  a  été  commencée 
en  4290  par  le  Siennois  Lorenzo  Martane,  achevée  seule- 
ment en  4580.  La  façade  de  marbre  blanc,  en  style  go- 
thique, est  admirable  ;  le  portail  central  est  roman,  les 
deux  autres  ogivaux,  chacun  correspondant  à  une  des 
nefs;  une  élégante  galerie  allège  cet  ensemble  surmonté 
d'un  triple  pignon  et  de  quatre  tours  et  décoré  de  bah- 
rehefs  et  de  mosaïques.  L'intérieur,  porté  par  des  colonnes, 
renferme,  dans  la  chapelle  San  Brizio,  les  fameuses  fresques 
de  Luca  Signorelli  et  du  moine  de  Fiesole,  un  tabernacle 
d'argent  de  4337,  des  fonts  baptismaux  de  4402. 

Orvieto  a  pris  la  place  de  l'antique  cité  étrus(iue  de 
Volsinie,  située  à  3  kil.  à  l'E.  On  a  aussi  découvert  une 
nécropole  étrusque  près  de  la  ville  actuelle.  Celle-ci  ne 
paraît  qu'au  vii^  siècle  ap.  J.-C.  Elle  forma  une  répu- 
blique, régie  au  xiv^  siècle  par  les  Monaldeschi  qui  four- 
nirent le  pape  Martin  IV. 

BiijL.  :  (Irunkr,  Die  Ens-Pieliefs  nm  Do)n  zuOrcielo  ; 
Loip/Jg-,  1858,  83  pi.  —  B^uMi,  Codice  diplomatico  delUi 
clttà  d'i  Orcicto,  sccoli  A7-.YV' ;  Florence,  1881.  —  Du 
même,  Orriefo,  note  s  tond  te  ;  Cïtin  di  Cast(>llo,  1891,  et/^ 
duomo  d'Orvleto  ;  Rome.  18!)1.  —  (Jf.  le  (;uid;i  storico-in' 
UsticH  de  Picgolomim;  Sienne,  1885. 

ORVILLE  (Jean  Cabaret  d').  chroniqueur  français  (U\ 
la  première  moitié  du  xv*^  siècle,  qui  n'est  connu  que  ])ar 
sa  Chronique  du  bon  duc  Loys  de  Bourbon.  Originaire 
d'Orville  (Pas-de-Calais),  il  écrivit  en  4429,  sur  l'ordre 
de  Charles  l^'\  comte  de  Clermont,  dont  on  a  dit  sans 
preuves  certaines  qu'il  fut  le  secrétaire,  une  vie  du  duc 
de  Bourbon  Louis  II  (4337-4440)  ;  il  y  fut  aidé  par  Jean 
de  Chàteaumorand,  compagnon  d'armes  du  prince,  et  il 
n'a  fait  en  réahté  que  recueillir  et  mettre  au  net  les  sou- 
venirs du  vieux  chevalier.  C'est  ce  qui  explique  les  im- 
perfections de  toute  nature,  en  particulier  les  erreurs 
de  date,  que  l'on  remarque  dans  sa  chronique  ;  elle  ne 
laisse  pas  cependant  d'être  une  source  histori(jue  impor- 
tante pour  rhistoire  du  xiv^  siècle  et  n'est  pas  dépourvue 
d'une  certaine  valeur  littéraire.  Il  en  a  été  donné  plu- 
sieurs éditions  :  la  dernière  —  la  plus  correcte  —  a  été 
publiée  par  M.  Chazaud  dans  la  Collection  de  la  Sociele 
de  r  Histoire  de  France  (Paris,  4876.  in-8). 

BiiJL    :  Introduetion  à  l  édition  citée 

ORVILLIERS  (Louis  GuiLi.ouET,  comte  d'),  amiral  fran- 
çais, né  à  Moulins  en  4708,  mort  vers  4794.  Fils  d'un 
gouverneur  de  la  Guyane  française,  il  entra  de  bonne 
heure  dans  la  marine  :  en  475^,  on  le  trouve  capitaine 
de  vaisseau,  et  en  4764  chef  d'escadre.  Le  22  juil.  4778, 
il  fut  appelé  au  commandement  de  la  belle  flotte  sortie 
de  Brest,  et  qui  comprenait  trente-deux  vaisseaux  de  ligne 
et  quinze  frégates.  Dès  le  27  juil.,  il  livra  une  bataille 
terrible  et  indécise  à  la  Hotte  anglaise,  commandée  par 
l'amiral  Keppel,  dans  les  eaux  d'Ouessant.  L'année  sui- 
vante, d'Orvilhers  reprit  la  mer,  mais  fit  preuve  de  beau- 
coup d'incapacité  ;  il  doinia  alors  sa  démission  et  se  retira 

40 


ORVILLIERS  —  OS 


~  0^26  — 


en  1783  au  séminaire  de  Saint-Magloire  à  Paris  ;  en  1790, 
il  émigra  et  disparut.  Ph.  B. 

ORYCTÉROPE  (Zool.)-  Genre  de  Mammifères  de  l'ordre 
des  Edentés  (V.  ce  mot),  présentant  les  caractères  sui- 
vants :  corps  couvert  de  poils  grossiers,  épineux.  Dents 
nombreuses,  de  structure  complexe,  étant  traversées  dans 
toute  leur  hauteur  par  des  canaux  parallèles  oîi  pénètre 
la  pulpe  dentaire.  Pattes  digitigrades  à  cinq  doigts  bien 
développés,  sauf  le  pouce  des  membres  antérieurs,  munies 
d'ongles  forts,  médiocrement  allongés,  propres  à  fouir. 
Bouche  allongée,  tubulaire,  avec  la  langue  subvermiforme  ; 
oreilles  très  grandes;  queue  forte  et  bien  développée.  Ces 
Edentés,  qui  habitent  exclusivement  l'Afrique,  se  nourris- 
sent d'Insectes  et  surtout  de  Fourmis.  Les  dents  perma- 
nentes sont  au  nombre  de  8  à  10  paires  en  haut,  8  en 
bas;  mais  elles  ne  sont  jamais  simultanément  en  place 
dans  la  mâchoire,  les  antérieures  qui  sont  plus  petites  tom- 
bant avant  que  les  postérieures  soient  développées  :  géné- 
ralement, chez  l'adulte,  on  n'en  trouve  que  5  paires  en  haut 
et  en  bas  ;  les  deux  premières  sont  petites  et  comprimées; 
les  deux  suivantes  sont  grandes,  sillonnées  dans  leur  hau- 
teur sur  les  côtés,  la  dernière  simple,  cylindrique  ;  ces 
trois  dernières  dents  doivent  être  considérées  comme  des 
molaires,  tandis  que  les  autres  sont  précédées  par  une  den- 
tition de  lait,  découverte  par  0.  Thomas.  Ces  premières 
dents  sont  au  nombre  de  sept  en  haut,  la  dernière,  plus 
grande,  ayant  deux  racines,  et  une  couronne  rudimentaire  ; 
les  autres  sont  styliformes  et  les  quatre  premières,  très  pe- 
tites, sont  séparées  les  unes  des  autres  par  des  intervalles 
égaux.  En  bas  on  trouve  seulement  cjuatre  dents  de  lait, 
la  dernière  correspondant  à  la  dent  à  deux  racines  de  la 
mâchoire  supérieure.  Ces  dents  de  lait  paraissent  sans  usage, 
car  elles  ne  percent  jamais  la  gencive.  Néanmoins  elles  per- 
mettent de  considérer  l'Oryctérope  comme  un  type  pri- 
mitivement hétérodonte  et  diphyodonte,  ces  dents  atro- 
phiées représentant  les  incisives ,  canines  et  prémolaires, 
tandis  que  les  trois  dernières  dents  permanentes,  qui  n'ont 
pas  de  remplaçantes,  sont  de  véritables  arrière-molaires. 
Parmi  les  autres  caractères  anatomiques  de  l'Oryctérope, 
il  convient  de  signaler  son  placenta  franchement  zonaire 
et  son  utérus  bicorne,  qui,  joints  aux  particularités  que  pré- 
sente sa  dentition,  prouvent  que  l'ordre  des  Edentés  n'est 
qu'un  assemblage  hétérogène  de  formes  ayant  une  origine 
bien  distincte. 

L'Oryctérope,  appelé  vulgairement  Cochon  de  terre,  est 
un  animal  nocturne  qui  se  creuse  un  terrier  dans  les  ter- 
rains sablonneux,  au  voisinage  des  nids  de  Termites  :  il 
sort  après  le  coucher  du  soleil,  et,  creusant  les  monticules 
formés  par  t^s  nids  à  l'aide  do  ses  ongles  puissants,  il 
met  à  nu  l'intérieur  et  dévore  les  Insectes  et  leurs  larves. 
C'est  sa  principale  nourriture.  On  en  distingue  trois  espèces  : 
VOrijcleropuH  œlliiopiciis  du  N.-E.  de  l'Afrique  (Kordo- 
fan);  l'O.  senegalensis,  de  l'Afrique  occidentale  et  VO. 
capensis  qui  habite  toute  l'Afrique  orientale  et  méridion- 
nale  jusqu'à  l'Angola,  et  qui  a  été  figuré  à  l'art.  Edextés. 
Des  débris  fossiles  du  tertiaire  de  l'île  deSamos  {0.  Gau- 
dryi),  du  S.  de  la  France  (Palœorycteropus  quercyi)  et 
du  quaternaire  de  Madagascar  (Plesiorycteropus)  ont 
été  rapprochés  de  l'Oryctérope.  E.  Tkouessart. 

ORYCTES  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Coléoptères,  de 
la   famille  des    Scarabfeides,    établi  par   lUiger   [Kdfer 


'^É^% 


Oryctes  nasicornis.  A,  mâle  ;  B,  tôte  et  thorax  de  la  femelle. 

Preuss.,  1798,  p.  11).   Ce  genre  est  caractérisé  par  la 
présence  sur  la  tète  d'une  corne  simple  et  anjuée  chez 


les  mâles;  les  femelles  n'ont  ([u'iin  siuiple  tuhei'cule.  Le 
corselet  des  mâles  est  excavé.  Des  organes  de  stridulation 
occupent  toute  la  partie  médiane  du  propygidium.  11  com- 
prend une  cpiarantaine  d'espèces  d'Europe  et  d'Afrique. 
L'espèce  type  est  VO.  nasicornis  L.  ou  vulgaii'ement 
Pdiinocéros.  C'est  un  gros  Coléoptère  d'un  brun  marron 
dont  le  mâle  porte  sur  la  tète  une  grande  corne.  La  larve, 
dont  le  développement  demande  plusieurs  années,  vit  sur-^ 
tout  dans  le  tan  épuisé  des  couches  de  jardin  ou  des 
serres.  On  le  trouve  communément  à  Paris. 

ORYX  (Zool.)  (Y.  Antilope,  t.  IIl,  p.  209). 

ORYZOMYS  (Zool.)  (V.  Hamster,  t.  XIX,  p.  810). 

ORYZORICTES  (V.  Tanrec). 

ORZESZKO  (Elise),  écrivain  polonais,  née  dans  un  vil- 
lage des  environs  de  Grodno  en  1842.  Elevée  dans  le  cou- 
vent des  Dames  du  Saint-Sacrement  à  Varsovie,  elle  s'est 
adonnée  de  très  bonne  heure  à  la  littératnre.  Dès  1867, 
elle  a  marqué,  dans  une  série  d'articles  publiés  par  la  Ga- 
zeta  polska,  ses  vues  sur  le  roman  contemporain  et  ses 
préoccupations  sociales.  Son  premier  grand  roman.  Der- 
nier Aviour,  un  peu  diifus  et  d'un  style  trop  pompeux, 
dépeint  la  triste  situation  de  la  femme  d'aujourd'hui  ([ui 
ne  trouve  de  remède  à  ses  souffrances  que  dans  l'enfièvre- 
ment  romantique  ;  dans  les  œuvres  suivantes  :  En  cage, 
En  province,  les  Vertueux,  Monsieur  Graha  et  les  Mé- 
moires de  Waclawa,  elle  critique  vigoureusement  la  fausse 
éducation  donnée  aux  jeunes  gens  comme  aux  jeunes  fdles. 
Au  fond  de  la  conscience  est  un  roman  de  fine  analyse 
et  de  profonde  psychologie,  ou  l'auteur  traite  la  question 
de  la  renaissance  morale;  Marthe  est  l'histoire  navrante 
d'une  femme  à  laquelle  on  n'a  pas  appris  à  travailler. 
Eli  Makower  retrace  d'une  manière  saisissante  les  rela- 
tions entre  les  juifs  et  les  propriétaires  terriens  en  Po- 
logne. Meir  Ezofowicz  représente  la  lutte  entre  l'ancienne 
et  la  nouvelle  génération  juive.  Mentionnons  encore  :  Dans 
toutes  les  sphères,  recueil  de  charmantes  nouvelles,  pleines 
de  sentiment  et  de  poésie  touchante  ;  Sylwek,  les  Spectres, 
Cham  [le  Paysan)  et  Sur  le  Niémen,  qui  est  peut-être 
son  chef-d'œuvre.  11  n'est  pour  ainsi  dire  pas  de  problème 
social  que  M"^^  Orzeszko  n'ait  aborde  dans  ses  romans.  Elle 
l'a  fait  souvent  avec  bonheur,  toujours  avec  sincérité.  Dans 
ses  écrits  de  pure  dialectique  ou  de  critique  littéraire,  elle 
fait  preuve  d'une  profondeur  de  pensée  peu  commune.  No- 
tons, dans  cet  ordre  d'idées,  son  étude  sur  le  Patriotisme 
et  le  Cosmopolitisme,  ainsi  que  celle  consacrée  à  Ernest 
Renan  d-àmVAteneum  de  1886.  F.  Trawinski. 

BiBL  :  Pierre  CiniiJ.xow.sKi,  Esfiuissc  de  l'histoire  de  lu 
littérature  contemporaine  ;  Ci-acovic,  1895.  —  S\Kiot  {le 
Monde),  recueil  iiliisli'e,  1^'  ocl.  1891. 

OS.  I.  Anatomie.  ~  Les  os  sont  des  parties  dures, 
résistantes  qui.  articulées  les  unes  avec  les  autres,  constituent 
le  squelette  (V.  ce  mot).  Celui-ci  est,  ou  bien  un  dermo- 
squelette  (os  de  la  voûte  du  crâne,  caraj)ace  delà  tortue,  (ki 
tatou)  ou  bien  un  endosquelette,  composé  de  leviers  et  carac- 
téristi(pie  des  vertébrés.  La  colonne  vertébrale  est  composée, 
chez  l'homme,  de  26  pièces,  le  crâne  de  8,  la  face  de  11, 
le  thorax  de  25,  les  memi)res  thoraciques  de  61  et  les 
membres  pelviens  de  62.  Leur  forme  les  a  fait  diviser  en 
os  longs,  os  courts  et  os  larges.  Quelle  que  soit  leur  forme, 
ils  présentent  des  buillies  et  des  creux.  Les  saillies  sont  ou 
articulaires  (tètes,  condyles,  dentelures)  ou  non  articu- 
laires et  destinées  à  des  insertions  musculaires  (tubéro- 
sités,  apophyses,  épines,  crêtes).  Les  creux  articulaires 
sont  appelés  ca\ités;  les  noji  articulaires  sont  désignés 
sous  le  lioiîi  de  IbsbCh.  gouttières,  fentes,  trous,  canaux. 
Le  tissu  osseux  se  présente  sous  deux  aspects,  sous  celui 
de  substance  compacte  et  de  substance  spongieuse.  La 
première  forme  la  diaphyse  des  os  longs  ;  elle  est  dure  et 
serrée.  La  substance  spongieuse,  moins  dure,  est  constituée 
par  des  aréoles  intei'connnunicantes  et  entre  dans  la  compo- 
sition des  os  courts,  des  os  larges  et  des  extrémités  des 
os  longs.  La  surface  des  os  est  toujours  limitée  par  une 
couche  de  tissu  compact.  Les  os  larges  et  courts  sont 


—  627  — 


OS 


spongieux  intérieurement.  Les  os  longs  sont  spongieux 
seulement  aux  extrémités  (épiphyses);  leur  partie  moyenne 
(corps  ou  diaphyse)  est  creusée  d'une  cavité  cylindrique 
(canal  médullaire)  qui  manque  rarement  (paresseux,  cé- 
tacés, cliéloniens)  et  contient  de  la  moelle,  excej)tionnel- 
lement  de  l'air  comme  chez  les  oiseaux  (V.  Mok[xk).  — 
Les  os  sont  constitués  par  une  substance  fondamentale 
(matière  organique,  osséinc)  qui  se  réduit  en  gélatine  par 
la  coction,  incrustée  de  sels  calcaires  (terre  osseuse),  et 
creusés  d'un  système  de  canaux  (canaux  de  llavers)  conte- 
nant des  vaisseaux  et  de  la  moelle,  et  d'un  système  de 
cavités  microscopiques  (ostéoplastes),  communicjuant  entre 
elles  au  moyen  d'un  grand  nombre  de  canalicules  ramifiés 
(canalicules  osseux).  Si  l'on  coupe  un  os  long  en  travers, 
on  voit  au  centre  un  trou  (canal  médullaire)  entouré  d'un 
anneau  de  lamelles  concentriques  (système  des  lamelles 
périmédullaircs),  à  la  périphérie  un  autre  anneau  de  la- 
melles concentriques  (système  des  lamelles  périphéri([ues) 
et,  entre  les  deux,  une  infinité  de  petits  trous  (canaux  de 
Havers)  limités  eux  aussi  par  des  systèmes  de  lamelles 
concentriques  (système  de  Mavers)  et  séparés,  au  m\ eau 
des  angles  de  rencontre,  par  des  systèmes  incomplets  (sys- 
tèmes intercalaires) .  Entre  les  systèmes  de  Ilavcrs  on  ren- 
contre encore  des  fibres  pâles  (fibres  de  Sharpey),  restes 
calcifiés  de  fibres  provenant  du  périoste.  Enfm,  k  la  péri- 
phérie de  l'os,  il  y  a  une  membrane  fibreuse  et  vasculaire, 
le  périoste  (V.  ce  mot). 

Les  canaux  de  llavers  sont  un  système  de  canaux  ra- 
mifiés et  anastomosés.  Les  vaisseaux  qu'ils  contiennent 
ont  la  même  disposition  :  à  la  surface  de  l'os,  ils  s'ouvrent 
sous  le  périoste,  en  dedans  ils  s'ouvrent  dans  le  canal 
médullaire.  Les  lamelles  qui  les  entourent  (lamelles 
osseuses),  comme  celles  de  l'anneau  sous-périosté  et  de 
l'anneau  périmédullaire,  sont  constituées  par  la  substance 
fondamentale  des  os.  Ces  lamelles  sont  creusées  de  cavités 
microscopiques  (ostéoplastes)  présentant  des  prolonge- 
ments ramifiés  (canalicules  osseux)  ijui  s'anastomosent 
entre  eux.  L'ostéoplaste  contient  la  cellule  osseuse  pré- 
sentant un  noyau,  une  sorte  de  cuticule  ou  capsule,  et  des 
prolongements  ramifiés  qui  s'enfoncent  dans  les  canalicules 
osseux  oti  ils  s'anastomosent  avec  les  prolongements  des 
cellules  voisines.  Les  ostéoplastes  ou  corpuscules  osseux 
manquent  dans  les  os  de  beaucoup  de  poissons.  Les  lames 
du  tissu  spongieux  dans  les  os  courts,  les  os  larges  et  les 
épiphyses  des  os  longs,  ont  la  même  structure. 

La  composition  chimique  du  tissu  osseux  est  la  sui- 
vante (pour  100)  :  matière  organique  (osséine  et  graisse), 
33;  matière  inorganique,  61  (phosphate  de  chaux,  51; 
phosphate  de  magnésie,  i;  carbonate  do  chaux,  Ll  ; 
fluorure  de  calcium,  2;  soude  et  chlorure  de  sodium,  4). 
—  Les  os  ont  des  vaisseaux  sanguins  et  des  nerfs.  Ceux-ci 
pénètrent  dans  l'os  par  les  trous  nourriciers. 

Comment  se  développent  les  os?  Le  développement  du 
tissu  osseux  (ossification)  se  fait  soit  directement,  au  sein 
d'un  tissu  fibreux  (os  de  membrane,  os  dermiipie),  soit  au 
sein  d'un  cartilage  temporaire  (os  enchondral). 

Dans  l'ossification,  dans  les  pièces  cartilagineuses  du 
squelette  primitif  (os  de  la  base  du  crâne,  os  du  rachis  et 
du  thorax,  os  des  membres),  il  y  a  prolifération  des  cel- 
lules dans  les  capsules  cartilagineuses,  ouverture  de  celles- 
ci  et  mise  en  liberté  de  cellules  jeunes  dérivées  des  cel- 
lules du  cartilage,  formation  de  couloirs  dans  le  cartilage 
dont  les  parois  se  calcifient  (calcification  du  cartilage,  fiir- 
mation  des  travées  directrices);  les  vaisseaux  sanguins 
abordent  le  cartilage,  s'engagent  dans  les  couloirs  limilés 
par  les  travées  directrices,  apportant  avec  eux  du  tissu 
conjonctif  jeune  dont  les  éléments  cellulaires  soiit  les  Néri- 
tables  agents  de  l'ossification  (ostéoblastes).  Ces  osléo- 
blastes  se  déposent  le  long  des  parois  des  tra\ées  direc- 
trices, sécrètent  de  la  matière  osseuse  autour  d'elles.  Celle-ci 
prend  peu  à  peu  la  place  du  cartilage  calcifié  qui  se  ré- 
sorbe et  disparaît.  Ainsi  se  forment  succebsivement  les 
lamelles   osseuses.  Les  ostéoblastes   emprisonnés  au  sein 


même  de  leur  sécrétion  sont  devenus  les  cellules  osseuses 
et  sont  désormais  renfermées  dans  les  cavités  de  la  sub- 
stairce  osseuse  ou  ostéoplastes.  Les  prolongements  rameux 
des  ostéoplastes  donnent  de  la  même  façon  naissance  aux 
canalicules  osseux.  On  comprend  maintenant  pourquoi  la 
structure  de  l'os  est  essentiellement  stratifiée  et  comment 
naissent  autour  des  couloirs  les  systèmes  de  Havers. 

Quand  un  os  de  cartilage  se  produit,  le  début  de  ce  tra- 
vail au  sein  du  cartilage  préexistant  constitue  les  points 
(F ossification,  primitifs  et  secondaires,  qui  s'accroissent 
sans  cesse  en  longueur  et  en  épaisseur.  L'os  s'allonge  jus- 
({U'à  l'achèvement  du  S(|uelette  par  ossification  au  sein 
des  cartilages  de  conjugaison  ([ui  se  reforment  in- 
cessamment pendant  que  leur  surface  est  le  siège  de  l'os- 
sification. L'ossification  est  donc  une  substitution  d'os  au 
cartilage,  une  véritable  ossification  endochondrale.  En 
même  teinps  qu'il  s'allonge,  l'os  grossit.  A  cet  effet,  le  tissu 
conjonclif  périchondra]  ou  périostique  j)ro]ifère;  il  forme 
à  la  surface  de  la  pièce  osseuse  une  coucbedite  ostéogène, 
renfermant  des  ostéoblastes  et  des  vaisseaux.  Les  ostéo- 
blastes édifient  de  l'os  comme  précédennnent,  et  ainsi  se 
forme  à  la  surface  de  l'os  endochondral  une  couche 
d'os  périchondral  ou  périostal  (virole  osseuse),  dans  lequel 
le  rôle  de  travées  directrices-  est  joué  par  les  fibres  du  pé- 
rioste qui  s'incrustent  de  sels  calcaires  (ces  fibres  empri- 
sonnées dans  l'os  deviennent  les  fibres  de  Sharpey).  Le 
canal  médullaire  se  produit  par  résorption  modelante,  et 
le  tissu  spongieux  du  début  (l'os  du  début  est  partout 
spongieux)  se  transforme  à  la  surface  des  épiphyses  et 
dans  la  diaphyse  en  tissu  compact  par  condensation  du 
tissu  et  disparition  des  espaces  aréolaires.  Dans  V ossifi- 
cation membraneuse  (voûte  du  crâne,  face,  etc.),  on 
constate  d'abord  la  calcification  des  faisceaux  connectifs, 
puis  la  pénétration  des  vaisseaux  qui  apportent  avec  eux 
les  ostéoblastes  qui,  là  comme  dans  l'ossification  dans  le 
cartilage,  sécrètent  les  lamelles  osseuses  et  deviennent  des 
cellules  osseuses.  Le  diploc  (V.  Crâxe)  des  os  du  crâne 
se  produit  à  la  f^^içon  du  canal  médullaire  dans  les  os 
longs.  La  seule  différence  qu"il  y  ait  entre  l'ossification 
endochondrale  et  Tossification  membraneuse  (ou  périos- 
tale),  c'est  que  la  première  est  néoplastique  tandis  que  la 
seconde  est  métaplasti([ue.  Ch.  DEBiErau:. 

Os  DES  IxcAs  (V.  Epactae  [Os]). 

Os  occierrAL  (V.  OccnnxAL). 

II.  Pathologie.  —  La  pathologie  des  os  comprend 
des  lésions  trcmmatiques,  des  lésions  inflammatoires, 
des  tumeurs  ou  néoplasmes. 

L  Lésions  traumatiques.  —  Les  lésions  traumatiqucs 
sont  des  contusions,  des  plaies,  des  fractures  (V.  ces 
mots). 

11.  Léswns  ixFLAM.MATOiuES.  —  Lcs  lésious  inflamma- 
toires sont  constituées  par  Vostéite.  Vostéite  est  l'in- 
flammation des  os.  On  distingue,  suivant  leur  étiologie,  les 
ostéites  traiimatiques  et  les  ostéites  spontanées 
(Gosselin,  OUier). 

OsrÉriE  TuAL.MA'iiuLE.  —  T  J)a)is  le  corps  des  os 
longs.  La  maladie  consiste  en  lésions  du  périoste,  de  la 
substance  compacte,  de  la  moelle.  Dans  une])remière  pé- 
riode, l'ostéite  est  hypoémiiiue  et  plaslitjue;  dans  une 
seconde,  elle  est  productive;  dans  ujio  ti'oisième  période, 
elle  est  suppurante.  Chacune  de  ces  périodes  se  distingue 
par  des  symptômes  iiarlicufiers.  Les  symptômes  de  l'os- 
téite dans  le  corps  des  os  longs  varient  suivant  ([ue  l'os- 
téite survient  sans  avoir  été  précédée  d'une  solution  de 
continuité  des  téguments,  ou  après  une  plaie  qui  a  mis 
l'os  en  contact  avec  l'extérieur  (ostéite  alnitée.  ostéite 
exposée).  L'ostéite  traumali{[ue  abritée  n'est  pas  grave; 
repos,  antiseptiques,  compression,  tel  est  le  IraitOnent 
à  appliquer. 

Quant  à  l'ostéite  exposée,  elle  se  présenfe  sous  la  forme 
modérée  ou  tente,  ou  sous  la  forme  aiyué  et  suraigué. 
Elle  est  sans  gravité  quand  elle  ne  suppure  pas.  La  gra- 
vité dépend  de  la  suppuration  de  cette  ostéite  profonde, 


os 


—  iJiS  — 


ou  ostéo-myélite.  Le  traiteiuent  est  celui  des  fractures 
avec  plaie. 

'^"^  Ostéite  trauniatlque  dans  les  extrémités  des  os 
longs  {épipliyses),  les  os  courts  et  les  os  plats.  Ici  encore 
Fostéite  peut  être  abritée  ou  exposée.  Dans  les  os  courts, 
la  gravité  dépend  de  la  limite  du  traumatisme  :  couche 
compacte  extérieure,  ou  plaie  pénétrante  allant  jusqu'au 
parenchyme  spongieux.  Dans  les  os  plats,  l'ostéite  non 
exposée  diffère  peu  de  celle  des  os  longs  ;  exposée,  sa 
gravité  dépend  de  la  suppuration.  Le  traite)nent  repose 
sur  les  mêmes  principes  que  celui  des  mêmes  lésions  sur 
les  os  longs. 

Ostéite  spoNTAiNÉE.  —  1«  L'ostéite  spontanée  des  os 
longs  s'observe  surtout  pendant  la  seconde  enfance  et 
l'adolescence;  elle  a  une  forme  aiguë  et  une  forme  sur- 
aiguë; Gosselin  en  décrit  cinq  variétés  clinicpies  ;  2^  on 
connaît  encore  Fostéite  épiphysaire  aiguë  chez  les  nou- 
veau-nés ;  3°  Fostéite  spontanée  chronique  de  l'enfance 
et  de  l'adolescence  dans  les  extrémités  des  os  longs  et  dans 
le  tissu  spongieux  des  os  courts,  carie  ;  hP  Fostéite  cario- 
nécrosigue,  ou  spina-ventosa  des  petits  os  longs,  chez 
les  enfants  ;  5^  Fostéite  spontanée  chez  les  adultes.  Celle- 
ci  peut  être  de  cause  rhumatismale,  syphilitique,  à  forme 
névralgique  (ostéo-névralgie),  suppurante  circonscrite. 

IIL  Tumeurs  ou  xNéoplas.mes  des  os.  —  Les  os  sont  le 
siège  d'un  grand  nombre  de  tumeurs  dont  l'histoire  ana- 
tomo-pathologique  et  clinique  est  relativement  récente. 
Quelques-unes  présentent  cependant  encore  bien  des  la- 
cunes dans  leur  histoire.  L'os  est  formé  de  périoste,  de 
tissu  osseux  proprement  dit,  de  moelle  ;  les  tumeurs  des 
os  prennent  naissance  aux  dépens  de  ces  trois  parties  ;  on 
trouve  donc  des  tumeurs  périosseuses,parenchymateuses, 
intra-osseuses  ;  on  décrit  encore  des  tumeurs  centrales 
des  os,  ou  issues  de  la  moelle  même.  Dès  lors,  les  exos- 
toses  semblent  une  déviation  simple  de  l'accroissement  de 
l'os  malade  ;  elles  sont  formées  d'os  parfait  ;  les  fibromes, 
myoxomes  dérivent  des  éléments  conjonctifs  du  périoste, 
de  l'os  ou  de  la  moelle.  Le  cartilage  existe  à  l'état  nor- 
mal dans  Fos,  jusqu'à  vingt-cinq  ans,  et,  d'après  Ch.  Ro- 
bin, constamment  sous  forme  de  couche  ostéogène  sous- 
périostique,  d'où  la  présence  de  chondromes.  Les  kystes 
s'expliquent  par  la  présence  des  cavités  du  tissu  osseux, 
et  la  vascularisation  extrême  de  ce  tissu  donne  l'explica- 
tion de  la  production  de  tumeurs  vasculaires.  Quant  au 
tissu  des  sarcomes,  des  carcinomes,  des  épitliéliomas, 
il  n'a  pas  son  analogue  dans  Fos  parfait.  Cependant,  toute 
une  classe  des  sarcomes  est  composée  des  éléments  mé- 
dullaires (myéloplaxes,  mêdullocelles)  (Schwartz). 

Au  point  de  vue  du  pronostic,  ou  de  leur  gravité,  les 
néoplasmes  peuvent  se  diviser  aussi  en  deux  catégories, 
suivant  qu'on  a  affaire  à  des  tumeurs  bénignes  ou  ma- 
lignes. Parmi  les  tumeurs  bénignes,  nous  rangerons  les 
exostoses,  fd)romes,  myxomes,  lipomes,  cbondromes,  kystes 
(non  parasitaires,  hydatiqiies),  les  anévrysmes  des  os. 
Parmi  les  tumeurs  malignes,  les  sarcomes,  tumeurs  os- 
léoides,  carcinomes,  épithéhomas,  lymphadénomes.  Une 
classe  de  tumeurs,  les  myélo'tdes,  forment  comme  une 
transition  à  ces  deux  classes,  car,  anatomiquement,  ce 
sont  des  sarcomes,  et  cliniquement,  elles  sont  relative- 
ment bénignes.  Enhn  Vostéomalacie,  affection  qui  ne 
survient  que  chez  les  adultes,  et  surtout  chez  les  femmes, 
est  caractérisée  par  un  ramollissement  progressif  de  tout 
le  système  osseux,  et  des  déformations  résultant  fata- 
lement du  manque  de  résistance  des  différentes  portions 
du  squelette.  D^'  A.  Coustân. 

III.  Art  vétérinaire.  —  Os  naviculaire  (V.  Navi- 
culaire). 

IV.  Chimie.  —  La  matière  des  os  est  principalement 
constituée  par  deux  parties,  l'une  organique ,  Vosséine 
(V.  ce  mot),  Fautre  minérale.  Les  matières  minérales  in- 
terviennent dans  la  proportion  de  60  à  70  °/u,  le  reste 
étant  constitué  par  Fosséine.  L'osséine  et  la  matière  mi- 
nérale sont  associées  à  tel  point  ({ue  le  microscope  ne  laisse 


point  apercevoir  de  dépôt  calcaire  dans  une  lamelle 
osseuse.  On  sépare  Fosséine  de  la  plus  grande  partie  des  ma- 
tières minérales  en  traitant  l'os  par  l'acide  chlorhydrique 
étendu  dans  lequel  l'osséine  est  insoluble  ;  la  plus  grande 
partie  des  substances  terreuses  passent  en  solution. 

Les  matières  minérales  se  composent  :  i*^  d'eau  en 
quantité  variable  ;  2*^  de  phosphate  de  chaux  tribasique 
mêlé  ou  combiné  au  fluorure  de  calcium,  mais  en  propor- 
tion plus  grande  que  dans  l'apatite;  3«  d  un  peu  de  phos- 
phate de  magnésie  tribasique  ;  ¥  de  carbonate  de  chaux  ; 
5°  de  chlore  sous  forme  de  chlorure  de  sodium,  de  potas- 
sium, de  calcium,  de  traces  de  silice,  de  fer.  Ces  subs- 
tances seraient  groupées  dans  les  os  d'après  les  propor- 
tions moyennes  suivantes  :  38  <^  o  de  phosphate  de  chaux, 
'i  de  phosphate  de  magnésie,  8  de  carbonate  de  chaux, 
2  de  divers  sels,  tels  que  le  fluorure  de  calcium,  les  chlo- 
cures  de  sodium,  de  potassium,  sulfates,  matières  sa- 
bleuses, etc.,  environ  10  d'eau. 

En  faisant  entrer  un  peu  d'arséniate  de  calcium  dans 
FaHmentation,  il  est  possible  de  remplacer  par  ce  sel  une 
certaine  quantité  de  phosphate  tricalcicpie  ;  on  peut  même 
substituer  à  la  chaux  la  magnésie,  la  strontiane  et  même 
l'alumine.  La  (composition  chimique  des  os  est  variable 
avec  la  ruUure  de  l'animal,  avec  son  âge,  avec  le  régime 
auquel  il  est  soumis.  Voici,  d'après  M.  Fremy,  un  tableau 
donnant  la  composition  des  os  de  divers  animaux  : 


PIIOVENANCI^J 

Cendres 

Phosphate 

Phosphate 

de 
magnésie 

1 
Carbonate 

DES    OS 

d'os   «/o 

de  chaux 

de  chaux 

Gaivon  de  18  mois. . 

GFG 

61.5 

» 

» 

Garçon  de  5  ans 

07,80 

)) 

n 

» 

Fille  de  19  ans 

67.85 

» 

y> 

» 

Fenitue  de  22  ans 

oi;6 

» 

}) 

» 

Honnne  de  40  ans. . . 

64,2 

56,9 

1.3 

10.2 

Femme  de  80  ans  . . . 

64.6 

60.9 

1:2 

7,5 

Femme  de  97  ans 

61,9 

57' 

1,2 

9.3 

/  lenmr  . . . 

68.6 

» 

» 

» 

V  humérus  . 

69.25 

» 

» 

» 

Fennne  1  crâne  .... 

69 

» 

)) 

)) 

de  22  ans  j  omoplate. 

65.18 

» 

» 

» 

/  vertèbre.. 

51.25 

» 

» 

» 

\  sternum.. 

51.43 

» 

» 

)) 

Fa  pin  (fémur) 

m:,". 

58.7 

1.1 

6.3 

Eléphant  indien 

66.8 

62:2 

1.2 

5.6 

BœuT  (hunjérus) 

70.1 

68.7 

1.7 

8,6 

Mouton 

70' 

62.9 

70.5 

62.9 

5i:4 

60.'9 

1:3 

0:5 

i;7 

i .  i 
10.6 

8.4 

Caehalot 

x\i-hï 

Dindon  

67.7 

63.9 

1.5 

5. '6 

Héron 

70.6 
6F8 

62,6 

58 

1.2 

0:2 

Carapace  de  tortue  . 

Crocodile 

61 

61,3 

54 

61,4 

57 

30 

58.3 

55;i 

58:3 
58,1 
56.1 

27.7 

0:5 

13 

0,5 

1,1 

traces 
traces 

7.7 
7' 
» 
4.7 
2:2 
4^3 

Morue 

Sole 

Car{)e 

Anguille 

Raie 

Lamproie  (tète) 

2,2 

'i 

't 

2 

V.  Industrie.  — L"abatagedes  animaux  fournit  annuel- 
lement une  quantité  d'os  qu'on  peut  évaluer  à  environ 
oOO.OOO  tonnes.  En  France,  c'est  le  dép.  de  la  Seine  qui 
produit  la  plus  grande  quantité  d'os.  La  ville  de  Paris  a 
consommé,  en  1896,  d 53. 170  tonnes  de  viande  de  bou- 
cherie et 26.425  tonnes  de  viande  de  porc,  ce  qui  fait  uii 
total  de  179.595  tonnes  de  viande  de  boucherie  et  char- 
cuterie, sans  y  comprendre  la  viande  de  cheval.  Le  poids 
des  os  forme  les  2;  10  de  cette  quantité,  c.-à-d.  en  gros 
36.000  tonnes.  Une  partie  de  ces  os  est  brûlée  ou  em- 
portée par  les  boues,  mais  les  déperditions  sont  largement 
compensées  par  les  os  emportés  à  Paris  des  villes  et  des 
campagnes  environnantes,  dans  un  rayon  de  50  kil. 

On  admet  que  l'industrie  ne  reçoit  en  moyenne  que  le 
tiers  des  os  produits  et  l'on  évalue  à  i 00. 000  tonnes  le 
poids  des  os  utilisés.  En  France,  les  os  du  dép.  de  la  Seine 
étaient  en  grande  partie  convertis  en  noir  animal,  mais 


—  629 


OS 


la  diminution  de  la  consommation  de  ce  dernier  produit, 
en  sucrerie  notamment,  a  modifié  l'industrie  des  os. 

Les  os  ayant  une  dimension,  une  densité  et  une  épais- 
seur suffisantes  sont  destinés  à  des  ouvrages  de  tablette- 
rie, on  les  désigne  sous  le  nom  d'os  de  travail;  l'industrie 
parait  en  utiliser  de  2.000  à  3.000  tonnes  qu'elle  transforme 
en  boutons,  manches  de  couteau,  etc.  La  fabrication  de 
la  gélatine  (V.  ce  mot)  absorbe  la  plus  grande  quantité  des 
os,  90.000  tonnes  environ;  les  os  dégélatinisés  fournis- 
sent du  phosphate  précipité  ou  des  poudres  d'os  verts  uti- 
lisés en  agriculture.  On  emploie  dans  l'industrie  de  la  gé- 
latine quatre  catégories  d'os  :  4^  les  os  canards  ou 
caboches  qui  donnent  la  plus  belle  gélatine  et  sont  cons- 
titués par  les  tètes  de  bœufs,  de  vache,  de  cheval;  2*^  les 
cornillons,  os  intérieurs  des  cornes  des  ruminants,  perfo- 
rés comme  des  éponges,  poreux,  ils  donnent  un  bon  ren- 
dement et  une  bonne  qualité  ;  3^  les  os  caboches  prove- 
nant de  tètes  de  moutons  ;  4*^  les  omoplates,  os  des 
jambes  de  moutons,  ces  deux  catégories  sont  moins  re- 
cherchées. Enfin  les  déchets  des  fabricants  de  boutons 
passent  également  à  la  fabrique  de  gélatine  sous  le  nom 
de  dentelles  de  boutonniers  ou  escafillottes. 

Les  os  gras,  humides,  détachés  de  la  viande  cuite  et 
non  desséchés,  sont  dégraissés,  puis  transformés  en  noir 
animal;  les  os  desséchés  ou  os  secs  subissent  la  même 
transformation  sans  dégraissage  préalable.  On  ne  con- 
somme guère  aujourd'hui  que  5.000  à  6.000  tonnes  d'os 
dans  les  fabriques  de  noir.  Enfin  on  évalue  à  2.000  tonnes 
la  quantité  d'os  servant  à  la  production  du  phosphore. 
Pour  la  fal)rication  de  la  gélatine,  du  noir  animal,  du 
phosphore,  V.  ces  mots. 

Dégraissage  des  os.  On  extrait  les  9  100  de  graisse 
que  contiennent  les  os  non  desséchés  en  les  faisant  bouil- 
lir pendant  quelques  instants  dans  une  grande  chaudière 
en  fonte  remplie  d'eau;  on  agite  les  os  dans  l'eau,  la 
graisse  fond  et  se  détache  de  l'os  pour  remonter  à  la  sur- 
face de  l'eau  où  elle  est  enlevée  à  l'aide  d'une  grande 
cuiller  peu  profonde. 

Les  os  qui  se  sont  desséchés  en  perdant  leur  humidité 
ne  cèdent  plus  leur  graisse  dans  les  conditions  précé- 
dentes, mais  on  peut  quand  même  l'en  extraire  à  l'aide 
du  sulfure  de  carbone,  de  la  benzine  ou  du  toluène. 

Poudre  d'os  verts.  On  utilise  comme  engrais,  sous  le 
nom  de  poudre  d'os  verts,  les  os  dégraissés  et  réduits  en 
poudre.  Cette  poudre  renferme  environ  4  ^/o  d'azote  et  de 
AO  à  55  *^  0  ^^  phosphate  de  chaux.  Une  poudre  d'os 
verts  provenant  d'os  dégraissés  à  la  benzine  a  donné  les 
résultats  suivants  à  l'analyse  : 

Eau 5,85  ^'o 

Phosphate  de  chaux -44,83 

Carbonate  de  chaux 9,9i 

Osséine 29,31 

Matière  grasse 3,34 

La  pulvérisation  des  os  dégraissés  se  fait  au  moyen  de 
broyeurs  spéciaux. 

Poudre  d'os  dégélatinés.  Les  os,  débarrassés  de  leur 
osséine  par  un  traitement  à  l'eau  sous  pression,  sont  très 
poreux  après  la  dessiccation  et,  par  suite,  faiblement 
broyables  et  assimilables  ;  ils  constituent  après  le  broyage 
un  excellent  engrais,  riche  en  phosphate,  connu  sous  le 
nom  de  poudre  d'os  dégélatinés.  Le  départ  de  Tosséine 
(30  ^/o)  fait  monter  la  richesse  en  phosphate  de  chaux  de 
38  à  60-70  °  0-  Une  semblable  poudre  a  donné  à  l'ana- 
lyse la  composition  suivante  : 

Eau 7,90  «0 

Phosphate  de  chaux 63,31 

Carbonate  de  chaux 12.93 

Osséine 9,37 

Matière  grasse 1,22 

La  matière  grasse  disparaît  en  grande  partie  par  sapo- 
nification au  moment  de  la  transformation  de  l'osséine  en 


gélatine.  La  disparition  de  l'osséine  abaisse  la  teneur  en 
azote  de  cet  engrais  à  1  ^  o. 

Phosphate  précipité.  La  préparation  de  la  gélatine 
alimentaire  dans  laquelle  on  isole  V osséine  (Y.  ce  mot)  par 
un  traitement  à  l'acide  chlorhydrique  étendu  laisse  comme 
résidu  une  solution  renfermant  tout  l'acide  phosphorique. 
On  la  traite  par  la  chaux  pour  précipiter  cet  acide  sous 
forme  de  phosphate  bicalcique  soluble  dans  le  citrate  d'am- 
moniaque. Les  phosphates  précipités  dosent  de  35  à40  «  o 
d'acide  phosphorique. 

Superphosphate  d'os.  On  peut  transformer  les  poudres 
d'os  verts  et  d'os  dégélatinisés  en  produits  plus  assimi- 
lables par  l'action  de  l'acide  sulfurique  qui  réagit  sur  le 
phosphate  tricalcique  contenu  dans  ces  poudres.  Ces  super- 
phosphates ne  rétrogradent  pas,  car  ils  ne  contiennent  ni 
fer,  ni  alumine  en  quantité  apréciable;  en  outre,  ils  ren- 
ferment un  peu  d'azote.  On  les  prépare  simplement  en 
disposant  la  poudre  d'os  en  couronne  circulaire  sur  un 
sol  uni,  on  verse  l'acide  au  milieu,  puis  à  l'aide  de  rin- 
gards on  mélange  peu  à  peu  l'acide  et  la  poudre.  Le  mode 
opératoire  est  semblable  à  celui  qui  est  suivi  par  les  ma- 
çons dans  la  préparation  du  mortier.  Après  solidification 
du  produit,  on  pulvérise  le  superphosphate  obtenu. 

C.  Matic.non. 

VI.  Économie  domestique.  —  Les  os  plats  ne 
sont  guère  utilisables;  seuls,  les  os  contenant  de  la 
moelle,  qui  peut  être  mangée  à  part,  entrent  dans  la 
préparation  du  pot-au-feu  et  augmentent  ia  qualité  du 
bouillon  (V.  Aumenï). 

VII.  Anthropologie.  —1"  Généralités  (V.  Ostéo- 
métrie). 

2°  Os  woRMiENS.  —  Petits  os  surnuméraires  du 
crâne  signalés  par  Olaus  Wormius,  qui  ont  pour  origine 
des  centres  supplémentaires  d'ossification.  Ils  complètent 
la  voûte  crânienne,  surtout  là  où  celle-ci  a  quelque  ten- 
dance à  rester  ouverte,  à  présenter  des  fontanelles.  On  en 
observe  très  fréquemment  à  la  rencontre  des  deux  sutures 
sagittale  et  lambdoide  (ou  lambda).  On  en  a  vu  jusqu'à 
50  dans  les  deux  branches  de  cette  dernière.  Lorsqu'au 
lambda  un  seules,  triangulaire  ou  losangique,  remplaçant 
la  pointe  de  Técaille  occipitale,  dépasse  les  dimensions 
d'une  pièce  de  5  fr.,  il  prend  le  nom  d'os  épacfal  (V.  ce 
mot).  Z. 

VIII.  Archéologie. —  Le  sol  des  cavernes  habitées  par 
les  hommes  préhistoriques  a  livré  nombre  d'objets  qui  furent 
les  parures  de  nos 
ancêtres.  Parmi 
les  petits  monu- 
ments de  silex , 
d'ivoire,  de  corne, 
se  sont  rencontrés 
des  os  d'animaux 
habilement  tra- 
vaillés, qui  servi- 
rent non  seule- 
ment aux  usages 
les  plus  courants, 
comme  hameçons, 
aiguilles,  pointes 

de  flèches,  mais  étaient  certainement  de  véritables  bijoux. 
Au  moyen  âge,  la  rareté,  par  conséquent  le  prix  élevé 
de  l'ivoire,  comme  aussi  la  difficulté  de  le  travailler,  le  fit 
remplacer  dans  nombre  de  cas  par  l'os,  non  pas  seule  nent 
dans  les  travaux  de  marqueterie  ou  de  petites  pièces  ver- 
nies ou  encausticpiées  pouvaient  presque  atteindre  le  po  li  de 
l'ivoire,  mais  également  dans  les  petites  sculptures,  bas- 
reliefs,  statuettes,  ou  tableaux  cloants.  En  même  tei  nps, 
dans  les  inventaires  comme  dans  les  statuts  des  métiers, 
ivoire  et  os  se  confondent  :  patenostres,  dés,  boulons, 
couteaux,  images;  mais  cependant,  pour  que  les  acheteurs 
ne  puissent  être  trompés,  certaines  restrictions  sont 
apportées  à  la  vente  d'objets  d'os  par  les  marchands  qui 
tenaient  en  même  temps  boutique  d'ivoire.  Les  couteliers 


Objet  en  os  de  l'époque  eeUi(jue 
(Quicherat). 


os 


OSBORNE 


630  — 


par  exemple  ne  pouvaient  monter  en  argent  les  couteaux 
à  manche  d'os.  Quelques  crosses  cFévèque  furent  d'os, 
l'inventaire  de  Sienne  de  1467  en  mentionne  une. 

Dans  certains  cas,  la  forme  même  de  Tos  fui  utilisée 
par  les  artistes  pour  la 
décoration  extérieure  des 
petits  coffrets  qui  sor- 
taient de  leurs  mains  : 
Fos  scié  en  deux  dans  sa 
longueur,  appliqué,  offre 
à  l'œil  l'aspect  d'une 
lourde  colonnade  iine- 
ment  sculptée.  Tels  le  cof- 
fret du  musée  civi(pie  de 
Pavic  et  celui  de  Borgo 
S.  Donino  que  nous  re- 
présentons. 

11  est  entin,  au  moyen 
âge,  en  architecture,  un 
emploi  des  os  qu'on  n'au- 
rait pu  soupçonner,  si 
on  n'avait  découvert,  en 
1835,  lors  des  répara- 
tions de  la  calhédraie 
d'Angers,  que  les  pan- 
neaux des  galeries  étaient 
reliés  entre  eux  par  de 
longs  os,  admirablement 
conservés,  dont  les  tètes 
formaient  un  lien  très  so- 
lide entre  les  différentes 

parties  de  la  maçonnerie  dans  laquelle  ils  étaient  noyés, 
remplaçant  les  chaînages  de  fer  ([ueles  architectes  de  l'art 
ogival  avaient  été  forcés  d'introduire  dans  la  légèreté  des 
murailles  succédant  aux  massives  épaisseurs  de  l'époipie 
romane.  F.  m-:  Mély. 

OS  (Jean  Van),  peintre  hollandais,  né  à  Middelharnès 
en  4744,  mort  à  La  Haye  en  1808.  Elève  de  Schouman 
à  La  Haye,  il  fut  très  apprécié  comme  peintre  de  marines, 
de  paysages  avec  animaux  et  surtout  de  Heurs  et  fruits. 
Son  tableau  Fleurs  et  fruits,  du  Louvre,  date  de  1771.  On 
trouve  ses  ouvrages  à  la  National  Gallery,  dans  des  galeries 
privées  anglaises,  à  Amsterdam,  à  Genève,  à  Gotha,  à 
Augsbourg,  à  F>ancfort  {marine),  à  l'Ermitage,  etc. 

Son  fils  Pieter  Gérard  Van  Os,  né  à  La  Haye  en  1776, 
mort  à  La  Haye  en  1839,  fut  son  élève,  mais  imita  Paul 
Potter  etK.  Du  Jardin.  Capitaine  des  volontaires  en  1 81 3-1 4, 
il  peignit  des  scènes  de  guerre.  11  a  peint  beaucoup  de 
Scènes  de  chasse,  qu'on  voit  dans  de  nombreuses  galeries. 

OS  (Georges- Jacob- Jean  Van),  peintre,  né  à  La  Haye 
le  20  nov.  1782,  mort  à  Paris  le  11  juil.  1861.  Auto- 
didacte, il  illustra  la  Flora  halava  de  J.  Kops,  se  rendit 
en  1809  à  Amsterdam  et  se  fixa  en  1812  à  Paris,  s'adon- 
nant  à  la  peinture  des  fleurs  et  fruits  à  l'huile  d'abord, 
puis  sur  les  porcelaines  de  la  manufacture  de  Sèvres, 
qu'il  décora  aussi  d'oiseaux.  11  fut  attaché  à  cette  ma- 
nufacture à  partir  de  1817. 

OSAGE  (Rivière)  (V.  Missouri  [Etat]). 

OSAGE-LiTv.  Ville  des  Etats-Fnis  (Kausas),  sur  le  Sait 
Creek,  au  centre  d'un  bassin  houiller  ;  3.300  hab.  Mines 
d'ocre  jaune.  Grandes  carrières. 

OS  AGES.  Tribu  d'Indiens  des  Etats-Unis,  de  la  famille 
des  Dakotah.  Ils  vivaient  jadis  le  long  de  la  rivière  Osage. 
De  haute  taille,  de  teint  rouge  brique,  c'était  un  peuple 
de  chasseurs  et  de  guerriers,  redoutés  de  leurs  voisins. 
Les  débris  vivent  aujourd'hui  dans  FOklahoma  et  s'adon- 
nent à  Fagriculture. 

BiBL.  :  L)ORSF,Y,  6*^  ra])port  du  Burcnii  of  Ellinolofiy. 

OSAKA.  Ville  du  Japon,  l'une  des  trois  capitales  de 
Fempire,  ch.-l.  de  la  prov.  de  Setsou,  sur  la  côte  S.~0. 
de  Nippon,  à  Femboucbure  du  Yodogava  dans  la  baie 
d'Idzumma;  482.961  hab.  (en  1894).  C'est  la  Venise 
japonaise,  coupée  de  nombreux  canaux.  On  admire  son 


ColTrot  nuptial  on  os  do  Rora-o  S.  Donino. 


vaste  cbàteau  ruiné  et  ses  temples,  parmi  lesquels  ceux  de 
Shitennoji,  Summiyoshi  et  Temmangu.  Monnaie.  Osaka 
est  le  plus  grand  marché  du  Japon  pour  le  riz,  le  coton, 
les  soieries.  Le  commerce  extérieur  se  fait  par  port  de  Kobé. 

OSANN  (Emil),  mé- 
decin allemand ,  né  à  Wei- 
mar  le  23  mai  1787, 
mort  le  11  juin  1842. 
Professeur  à  l'Université 
de  Berlin  (1818),  il  fut 
Fauteur  de  Physikalisch- 
Medizinische  Darstel- 
hni(j  der  lîeilqueUen 
Europas  (BerHn,  1829- 
32  ;  2^  éd.,  en  3  vol., 
1839-42). 

OSBORNE  (Château 
(F),  [iésidence  d'été  de 
la  reine  d'Angleten-e,  si- 
tuée dans  F  de  de  Wighl, 
])rès  de  Cowes.  Cette  ma- 
gnifique propriété,  dont 
le  parc  et  les  jardins  sont 
renommés,  a  appartenu 
à  Eustache  Mann.  Mais 
le  manoir  primitif  a  été 
complètement  trans- 
formé, dans  le  goût  mo- 
derne, par  le  prince- 
consort. 

OSBORNE  (Francis), 
littérateur  anglais,  né  le  26  sept.  1393,  mort  près  de 
l)edding(on  (comté  d'Oxford)  le  11  févr.  1659.  Ecuyerdu 
comte  de  Pembroke,  il  ne  se  plut  guère  à  la  cour  et  se 
retira  en  1650  à  Oxford  pour  se  consacrer  à  l'éducation 
de  son  tlls  et  publier  divers  traités  d'histoire,  de  poli- 
tique et  de  morale,  dont  les  principaux  sont:  Aduice  to 
a  6\m  (Oxford,  1650-52,  2  vol.),  qui  obtint  un  grand  suc- 
cès, provoqua  une  assez  vive  polémicpie  et  le  pamphlet 
de  John  Heydon,  Advice  to  a  Daughter  (1659)  ;  Tra- 
ditional  Menwirs  of  the  Reigns  of  Q.  Elizabeth  and 
King  James  f  (1658,  in-4)  ;  A  seasonable  exposlulation 
ivith  Ihe Netherlands  (Hjï^'l,  in-4)  ;  Poliliral  refleclions 
upon  Ihe  government  of  the  Turks  (1656),  etc.  Les 
(iVAivres  d'Osborne  ont  eu  plusieurs  éditions  collectives  ;  la 
IP^  éd.  parut  en  1722  (2  vol.).  H.  S. 

OSBORNE  (Sir  Thomas),  comte  de  Danby,  marquis- de 
CAR:\iuvriiEN,  duc  de  Lekds,  homme  d'Etat  anglais,  né  en 
1631,  mortàEasion  (Xorthamptonshire)  le  26  juil.  1712. 
Poussé  à  la  cour,  après  la  Restauration,  par  son  ami 
George  Villiers,  second  duc  de  Buckingham,  il  pritunvii 
intérêt  à  la  politique,  se  fit  élire  membre  du  Parlement 
])ar  Vork  (1665)  et  entra  dans  le  parti  des  hauts  cava- 
liers. H  attaqua  vivement  le  chancelier  Clarendon  ;  en 
\{)ij'S,  il  obtenait  le  poste  de  trésorier  de  la  flotte  ;  en  1673, 
il  entrait  au  conseil  privé,  et  la  même  année  il  était 
nommé  loi'd  haut  trésorier  d'Angleterre  et  premier  mi- 
nistre, el  recevait  enfin  le  titre  de  comte  de  Danby  (1674). 
H  sut  se  maintenir  à  la  hauteur  de  celte  rapide  fortune. 
Reprenant  la  politique  de  Clarendon  qu'il  avait  jadis  si 
;q)reuicii(  dépréciée,  il  ])roclama  l'union  de  FEglise  et  de 
la  Couronne.  Fgalement  éloigné  des  dissidents  et  des 
papistes,  il  signa  avec  les  évèques  la  convention  de  Lam- 
i)e(h  qui  éloigna  do  l'entourage  du  roi  tous  les  seigneurs 
catholiques.  11  pro])osa  ensuite  que  le  serment  du  Test 
fût  étendu  à  tous  les  fonctionnaires  de  F  Etat  et  il  eût 
l'éussi  à  faire  })asser  le  bill  aux  Communes,  si  Shaftesbury 
n'avait  excité  habilement  une  querelle  de  prérogatives  entre 
les  deux  Chambres.  Lnfin  il  usa  largement  de  la  corrup- 
tion pour  se  créer  une  majorité  au  Parlement.  Mais 
Charles  11  compromit  gravement  la  politique  de  son  mi- 
nistre en  signant  avec  Louis  XIV,  malgré  ses  énergiques 
représentations,  le  traité  de  1676  qui  le  mettait  dans  la 


631  — 


OSBOKNE  —  OSCAH 


dépendance  de  la  France,  et  comme  l'opposition  reprenait 
de  la  force,  Danby,  recourant  pour  sa  défense  à  des  me- 
sures exceptionnelles,  fit  enfermer  à  la  Tour  Buckingham, 
Shaftesbury,  Wliarlon  el  Salishury  (1677)  et  gagna  tout 
à  fait  les  prélats  en  présentant  un  hill,  dit  de  séciirifr, 
({iii  décidait  qu'en  cas  d'avènement  d'un  roi  non  angli- 
can, la  nomination  des  évèques  serait  faite  par  les  pré- 
lats existants.  Mais  ce  bill  écboua  devant  les  Communes; 
les  succès  de  Louis  XIV  en  Fhuidre  alTokTent  la  nation. 
Pour  éviter  une  guerre  qui  eût  tari  les  subsides  que  le 
roi  do  France  servait  au  roi  d'Angleterre,  Danby  prorogea 
le  Parlement.  Les  cboses  allèrent  de  mal  en  pis.  Pour 
amener  une  détente,  Cbarles  II  permit  le  mariage  du  prince 
d'Orange  avec  Marie,  fdle  aînée  du  duc  d'York,  événement 
qui  excita  un  immense  enthousiasme.  Par  contre,  Louis  XIV 
se  montra  très  offensé  :  les  rapports  entre  les  deux  cours 
se  tendirent,  et  Danby  rappela  l'ambassadeur  de  Paris  et 
convoqua  le  Parlement  (1678).  Mais  cette  attitude  éner- 
gique n'existait  qu'en  façade.  Charles  II  profita  de  la 
situation  pour  réclamer  de  Louis  XIV  une  nouvelle  pension 
pendant  trois  ans,  et,  a])rès  le  débarquement  d'une  bri- 
gade de  8.000  hommes  à  Ostende,  il  s'offrit  à  la  rappeler 
et  la  rappela,  moyennaid,  une  nouvelle  pension.  Rien 
n'empêcha  donc  Louis  XIV  de  signer  le  traité  de  Nimègue 
(1678)  qui  fit  de  la  France  l'arbitre  del'Lurope.  Charles  IL 
de  son  côté,  se  montrait  fort  content;  il  avait  touché  près 
d'un  million.  L'opposition  aux  abois  inventa  ou  du  moins 
exploita  la  fameuse  affaire  de  Titus  Oates,  ce  complot 
papiste  qui  devait  porter  un  coup  funeste  à  la  religion 
protestante.  Shaftesbury,  remis  depuis  peu  en  liberté,  prit 
la  direction  d'une  enquête  sur  les  accusations  de  Titus 
Oates  et  s'arrangea  de  manière  à  accroître  la  terreur  popu- 
laire. Il  y  eut  une  véritable  persécution  des  catholiques. 
Là-dessiis,  Fdmond  Montagu,  ambassadeur  en  France, 
ayant  été  rappelé  par  Danby,  fit  connaître  à  la  Chambre, 
])our  se  venger,  la  lettre  envoyée  par  le  roi  à  Louis  XïV 
pour  réclamer  le  payement  des  services  qu'il  lui  avait 
rendus  pendant  les  négociations  de  1678.  Danby,  qui  avait 
contresigné  la  lettre,  tomba  du  coup  et  de  plus  fut  accusé 
de  haute  trahison  et  enfermé  à  la  Tour  (1679)  où  il  de- 
meura près  de  cinq  ans,  sans  qu'on  se  décidât  à  faire  son 
procès.  Enfin  il  fut  mis  en  liberté  sous  caution  en  4684 
et  on  finit  par  oabandonner  la  poursuite.  Danby  reparut 
sur  la  scène  politique  comme  le  chef  du  grand  parti  tory. 
Il  se  déclara  nettement  en  faveur  de  Guillaume  d'Orange 
et  se  montra  l'adversaire  forcené  de  la  politique  française. 
Il  signa  la  lettre  d'invitation  portée  à  La  Haye  le  30  juin 
1688  et  envoya  son  fds  au  prince  d'Orange.  En  même 
temps,  il  prépara  avec  lord  Lumbyet  le  comte  de  Devon- 
shire  le  soulèvement  des  comtés  du  Nord.  Dès  que  Guil- 
laume eut  débarqué  à  Torbay  (5  nov.),  Danby  se  précipita 
sur  York  à  la  tête  d'une  centaine  de  cavaliers  et  donna  le 
signal  de  la  révolte.  Une  véritable  armée  se  rallia  autour 
de  lui,  Anne  elle-même,  la  fille  de  Jacques  II,  le  rejoignit 
à  Nottingham.  Jacques  II  avait  perdu  sa  couronne.  Danby 
obtint  de  Guillaume  le  titre  de  marcjuis  de  Carmarthen 
(1689),  fut  nommé  lord-lieutenant  des  trois  Ridings 
(1690-9i2),  et  président  du  conseil.  Mais  il  désirait  re- 
prendre le  poste  do  lord  haut  trésorier  et,  ne  l'ayant  pas 
obtenu,  il  ne  cacha  pas  son  mécontentement.  En  1690, 
Guillaume  le  mit  décidément  à  la  tête  des  affaires,  à  la 
grande  fureur  des  whigs,  qui  se  vengèrent  par  des  pam- 
phlets et  par  les  sobriquets  piquants  qu'ils  lui  lancèrent 
à  la  tèle  :  «  Le  roi  Thomas  —  Tom  le  tyran  —  Blanc  mar- 
quis —  le  Guillaumite  —  l'Anti-Anglais,  etc.  ».  Le  roi 
le  soutint  énergiquement.  Alors  on  changea  de  tactique. 
Des  bruils  coururent  qu'il  était  resté  en  communication  avec 
Jacques  II  ;  ils  ne  trouvèrent  point  de  créance  et  Danby 
fut  même  créé  duc  de  Leeds  (1694)  en  dédommagement 
de  ses  ennuis.  Ses  ennemis  ne  se  lassèrent  point  et  l'ac- 
cusèrent d'avoir  reçu  de  forts  pots  de  vin  de  la  Compa- 
gnie des  Indes.  Cette  fois  il  se  justifia  mal  de  cette  accu- 
sation. Il  resta  bien  à  la  tèle  du  cabinet,  mais  il  perdit 


toute  intluence  et  fut  enfin  forcé  de  se  retirer  en  mai  1699. 
Malgré  son  âge  et  ses  infirmités,  il  continua  jusqu'à  son 
dernier  jour  à  lutter  à  la  Chambre  des  lords  pour  essayer 
de  reconquéi'ir  le  lorrain  perdu.  Il  a  écril  ])our  sa  défense  : 
Copies  and  extracts  of  sonie  Letters  icrittea  to  and 
from  the  earl  of  Dantnj  ni '/67^-?5  (Londres,  1710)  et 
Mcmoirs  relatinq  to  ttie  enipeachment  of  Tliomaseart 
ofBanlnj  in  tlie  ijeav  7^7^ (Londres,  1710).      R.  S. 

Brp.L.  :  Green,  lUstovy  of  tlia  cDdUsli  Ppopl(\  —  Cour-" 
TK^AY,  L'iv es  of  eminenl  Brilis]}  i^latcsmcn,  t.  V.  —■  Ma- 
GACLAY,  Histoire  d'Angleterre. 

OSBORNE  (Francis),  cinquième  duc  de  Leeds,  homme 
d'Etat,  né  le  i29  janv.  1731,  mort  à  Londres  le  31  jaiiv. 
1799.  Député  de  Eye  à  la  Chambre  des  communes  (1774), 
réélu  par  Helston  en  1774,  il  passa  à  la  Chambre  des  lords 
en  1776.  En  1777,  il  fut  nommé  chambellan  de  la  reine.  Il 
prenait  souvent  la  parole  au  Parlement,  combattant  la  poli- 
tique de  lordNorlh.  l'^n  1783,  il  fut  nommé  ambassadeur  à 
Paris,  et  à  la  fin  de  la  même  année  secrétaire  d'Etat  aux 
affaires  étrangères  dans  le  cabinet  Pitt.  Son  plan  fut  la 
fomnation  d'une  alliance  avec  la  Russie  et  l'Autriche,  di- 
rigée contre  la  France  ;  ses  collègues  ne  l'approuvèrent 
pas  et  il  démissionna  le  21  avr.  1791.  Jusqu'à  sa  mort  il 
continua  à  prendre  part  à  tous  les  débals  politiques  im- 
portants. On  a  de  lui  :  An  address  to  tlie  independent 
Menit)ers  of  both  Houses  of  Partianient  (Londres,  i78'2, 
in-8)  ;  Political  Memoranda  (Londres,  1884),  publ. 
par  Oscar  Browning  pour  la  Camden  Society.  Ses  manus- 
crits très  importants  {Osborne  Papers)  hgurent  au  Bri- 
tish  Muséum. 

Le  représentant  actuel  do  la  Pairie  est  George  Godol- 
phin  Osborne,  dixième  duc  de  Leeds.  né  en  1864,  membre 
de  la  Chambre  des  communes  pour  Brixlon  (1887-96), 
trésorier  de  la  maison  royale  (1893-9()).  IL   S. 

OSCA.  Ville  d'Lspagne  (V.  Huesca). 

OSCAR  ou  OSKAR^  i«^"  (Josel-Frans),  roi  de  Suède 
et  Norvège,  né  à  Paris  le  4  juil.  1799,  mort  à  Stock- 
holm le  8  juil.  'l8o9.  Fds  du  général  Bernadotte  (plus 
tard  roi  de  Suède  et  Norvège  sous  le  nom  de  Charles  XIV 
Jean)  et  d'Eugéine-Bernardine-Désirée  Clary,  il  fut  dési- 
gné comme  héritier  du  trône  de  Suède  dès  1810  et  reçut 
la  même  année  de  Charles  XIII  le  titre  de  duc  de  Sôder- 
manland.  A  l'âge  de  vingt-(iuatre  ans  (19  juin  1823),  il 
épousa  la  fille  du  prince  Eugène  de  Beauharnais,  José- 
phine de  Leuchtenberg,  qui  devait  lui  donner  quatre  fils  : 
Charles  (1826-72,  roi  de  1839  à  sa  mort);  Gustave 
(1827-32),  Oscar  (1829,  actuellement  roi  de  Suède);  Au- 
guste (1831-73)  et  une  fille,  Eugénie  (1830-89).  Très 
aimé  de  son  père,  auquel,  grâce  à  sa  connaissance  par- 
faite du  suédois.  Oscar  servait  souvent  d'interprète  au- 
près de  ses  sujets,  il  fut  rapidement  élevé  aux  plus  hautes 
dignités  du  royaume  et  remplit  d'abord  plusieurs  fonctions 
assez  importantes  :  vice-roi  de  Norvège  pendant  une  par- 
tie de  1824,  chancelier  de  diverses  académies  et  de  l'Uni- 
versité de  Lund,  etc.  A  partir  de  1830  cependant,  ses  re- 
lations avec  son  père  deviennent  déplus  en  plus  tendues, 
et  celui-ci  le  tient  autant  que  possible  à  l'écart  des  affaires  ; 
de  fait,  il  est,  pendant  cette  fin  du  règne  de  Charles  XIV, 
l'espoir,  sinon  le  chef,  de  l'opposition  libérale.  Il  s'occupe 
activement  de  questions  sociales  et  économiques,  écrit  en 
français  un  mémoire  sur  V Education  à  donner  au  peupte 
(1839)  et  publie  en  suédois,  sans  nom  d'auteur,  un  très 
important  Essai  sur  les  lois  pénales  et  les  établisse- 
ments de  répression  {Om  Straff'  och  Straff-anstalter, 
1840),  essai  traduit  presque  immédiatement  en  plusieurs 
langues  européennes  et  qui  valut  à  son  auteur  les  éloges 
très  mérités  des  criminalistes  les  plus  compétents.  S'ins- 
pirant  de  Beaumont,  de  Tocqueville  et  d'autres,  il  de- 
mande avant  tout  aux  punitions  d'améliorer  le  coupable. 
Au  début  de  1844,  pendant  une  maladie  de  son  père,  il 
est  chargé  de  la  régence  ;  le  roi  étant  mort  peu  après, 
Oscar  monte  sur  le  trône  le  8  mars,  acclamé  des  libéraux 
et  de  l'ensemble  de  ses  sujets.  Il  écarte  lacamarilla  toute- 


OSCAH 


—  632 


pdissante  sous  le  précédent  règne  et  compose  un  minis- 
tère libéral.  Bieiitôt,  il  réunit  le  Hikstlag(i844)  et  accorde 
son  approbation  à  plusieurs  réformes  importantes,  telles 
que  la  réunion  du  Riksdag  tous  les  trois  ans  (au  lieu  de 
tous  les  cinq  ans), une  législation  plus  libérale  en  matière 
de  presse  et  surtout  T égalité  des  droits  de  succession 
pour  les  frères  et  les  sœurs  dans  la  noblesse,  comme 
c'était  déjà  le  cas  dans  la  bourgeoisie;  de  plus,  il  fait 
nommer  une  commission  pour  étudier  une  réforme  de  la 
constitution  et  pi'incipalement  de  la  représentation  natio- 
nale. Le  projet  que  celle-ci  élabora,  mollement  soutenu 
par  le  gouvernement,  refroidi  peut-être  dans  son  libéra- 
lisme par  les  troubles  de  l'année  i848,  fut  rejeté  par  le 
Riksdag  dans  la  session  de  i8o0.  En  revanche ,  on  modifia 
dïine  façon  plus  équitable  la  répartition  des  impôts,  on 
développa  le  commerce  en  supprimant  les  droits  d'entrée 
prohibitifs  et  surtout  on  réglementa  très  rigoureusement 
la  fabrication  de  l'alcool,  interdite  aux  particuliers  et 
frappée  de  lourds  impôts  (1854).  C'est  du  règne  d'Os- 
car I^^'  que  datent  aussi  en  Suède  les  chemins  de  fer  et  le 
télégraphe  électrique.  Tout  le  règne  d'Oscar  fut  pacifique. 

11  y  eut  bien,  en  1848,  une  levée  de  troupes  (20.000  h.) 
concentrées  à  la  frontière  pour  soutenir  éventuellement 
le  Danemark  contre  l'Allemagne,  mais  il  n'y  eut  aucun 
engagement.  En  1853,  lors  de  la  guerre  de  la  France  et 
de  l'Angleterre  contre  la  Russie,  la  Suède  resta  neutre, 
contre  la  garantie  qu'aucune  portion  de  son  territoire  ne 
serait  cédée  à  la  Russie.  Yis-à-vis  de  la  Norvège,  où  ja- 
mais il  ne  fut  populaire,  Oscar,  sans  être  mtransigeant 
tout  à  fait,  fut  cependant  très  ferme  :  il  lui  accorda  une 
sorte  de  «  ministère  de  l'intérieur  »  spécial,  mais  lui  re- 
fusa énergiquement,  pour  sa  marine  marchande,  le  pavil- 
lon aux  couleurs  norvégiennes  qu'elle  réclamait.  A  la 
fin  de  l'année  1857,  fatigué  de  corps  et  surtout  d'esprit, 
Oscar  abandonna  le  pouvoir  à  son  tils  Charles  (XV),  dont 
la  régence  dura  près  de  deux  ans.  Th.  C. 

OSCAR  ou  OSKAR  II  (Fredrik),  né  à  Stockholm  le 
21  janv.  1829,  roi  de  Suède  et  Norvège,  fils  du  précédent 
et  de  Joséphine  de  Leuchtenberg.  Il  reçut,  ainsi  que  ses 
frères,  une  instiniction  très  soignée.  Ce  qui,  dès  son  jeune 
âge,  l'attire  surtout,  c'est  la  marine  :  il  entre  dans  la 
flotte  dès  l'âge  de  dix  ans  et  subit  avec  succès,  en  1845,  l'exa- 
men d'oflicierde  marine.  L'année  suivante,  il  visite,  sur  la 
frégate  Eugénie,  Saint-Pétersbourg,  l'Angleterre,  les  côtes 
de  la  Méditerranée  et  s'arrête  à  Athènes  et  à  Rome.  A  son  re- 
tour, il  fréquente  pendant  (juehfues  semestres  les  cours  de 
l'Université  d'Upsal,  tout  en  restant  attaché  à  la  flotte,  dont 
il  est  nommé  contre-amiral  en  1856.  En  mai  de  cette 
môme  année,  il  fait  un  nouveau  voyage  en  Europe;  fort 
bien  reçu  par  l'empereur  Napoléon  III  et  par  la  reine 
Victoria,  il  revient  par  la  Hollande  et  les  pays  du  Rhin  et 
rencontre  à  Neuwied  la  princesse  Sophie  de  Nassau, née 
le  9  juil.  1836,  qu'il  devait  épouser  le  6  juin  de  l'année 
suivante  (1857)  à  Biberich.  En  1859,  son  frère  aîné, 
Charles  XV,  qui  avait  perdu  déjà  son  fils  unique,  monta  sur 
le  trône  ;  comme  son  autre  frère,  le  prince  Gustave  était  mort 
en  1852,  le  prince  Oscar  se  trouvait  être  le  plus  proche 
héritier  du  trône.  Cependant,  durant  tout  le  règne  de 
Charles  XV,  sans  d'ailleurs  se  désintéresser  des  affaires  pu- 
bliques, il  ne  prend  pas  une  part  active  au  gouverne- 
ment. Il  consacre  tous  ses  soins  à  la  réorganisation  des 
écoles  militaires,  à  l'amélioration  de  la  flotte,  à  la 
publication  des  archives  d'histoire  militaire  et  au  dé- 
veloppement de  diverses  sociétés  artistiques,  dont  il  pré- 
side une  des  plus  importantes,  l'Académie  de  musique, 
j)endant  une  période  de  neuf  ans.  Son  frère  mort,  il  lui 
succède  le   18  sept.  1872.  Il  est  couronné  en  Suède  le 

12  mai  1873  et  en  Norvège  le  18  juil.  de  la  même  année. 
Si  la  situation  était  alors  exenq:>te  de  grosses  difficultés  au 
point  de  vue  de  la  politique  extérieure,  il  n'en  était  pas  de 
même  au  point  de  vue  de  la  politi(|ue  intérieure.  Là  se  po- 
saient plusieurs  graves  problèmes,  dont  le  plu  s  important,  les 
relations  entre  la  Suède  et  la  Norvège,  semble,  malgré  l'es- 


prit à  la  fois  conciliant  et  ferme  du  roi,  plus  éloigné  que 
jamais  d'une  solution  conforme  à  ses  désirs.  Cependant 
c'est  actuellement  l'affection  dont  le  roi  jouit  des  deux 
côtés  du  Kolen  qui  est  le  plus  solide  Hen  entre  les  deux 
peuples  frères,  et  si  les  efforts  d'Oscar  n'ont  pu  garantir 
l'avenir  de  l'Union,  ils  ont  tout  au  moins  reculé  la  défini- 
tive rupture.  D'autres  questions  telles  que  la  réforme  des 
impôts  et  une  complète  réorganisation  de  l'armée  ont  été 
heureusement  résolues.  D'autres  enfin,  et  principalement 
l'organisation  du  suffrage  plus  ou  moins  universel,  restent 
pendantes.  L'agriculture,  l'industrie,  le  commerce  ont  pris 
sous  le  règne  d'Oscar  If  un  développement  extraordinaire  : 
le  rendement  des  récoltes  a  augmenté  de  20  à  30  ^,  o  ;  le 
nombre  des  animaux  domestiques  s'est  accru  dans  des 
proportions  analogues  ;  les  fabriques  sont  deux  fois  plus 
nombreuses  et  occupent  un  nombre  triple  d'ouvriers  (pour 
la  Suède  :  52.000  ouvriers  en  1871  et  plus  de  140.000 
en  1895)  ;  le  réseau  des  chemins  de  fer  suédois,  qui 
n'était  pas  de  2.000  kil.  en  1872,  dépasse  aujourd'hui 
10.000  kil.  et  s'étend  jusqu'à  Gellivara  ;  les  lignes  télé- 
graphiques et  téléphoniques  couvrent  le  royaume. 

Le  roi  ne  borne  pas  sa  sollicitude  à  la  prospérité  maté- 
rielle du  pays,  il  encourage  non  seulement  les  expéditions 
arctiques  auxquelles,  resté  grand  voyageur,  il  porte  un  in- 
térêt tout  spécial,  mais  aussi,  d'une  façon  générale,  les 
beaux-arts  et  les  lettres.  Il  a  publié  en  1857  un  recueil 
de  vers  :  Souvenirs  de  la  flotte  suédoise  {Ur  svei}ska 
flottans  minnen),  dédié  aux  officiers  de  la  marine.  C'est 
un  cycle  de  récits  héroupies  et  de  ballades  qu'il  avait  en- 
voyé, sans  se  faire  connaître,  à  un  concours  ouvert  par 
l'Académie  suédoise  et  auquel  celle-ci  avait  accordé  le 
prix.  A  défaut  d'une  grande  originalité,  la  poésie  d'Os- 
car II  a  du  souffle  et  de  la  vigueur;  c'est  l'œuvre  d'un 
marin,  non  rêveur  mais  hardi  et  homme  d'action,  qui  se 
réjouit  à  chanter  les  hauts  faits  des  marins,  ses  devanciers. 
A  ces  premières  poésies  était  jointe  une  esquisse  dra- 
matique :  Quelques  heures  au  château  de  Kronoborg, 
le  39  oct.  1658  {Nâgra  timmar  pu  Kronoborgs  slott. . . ) , 
esquisse  qui  fut  traduite  en  très  médiocres  vers  français 
dès  l'année  suivante.  Plus  tard.  Oscar  y  ajouta  encore  des 
poésies  diverses  {Nytt  och  gammalt  af.  0...),  dont  plu- 
sieurs sont  gracieuses,  et  des  traductions  habiles  du  Tasse, 
de  Gœthe,  dédié  à  sa  femme,  du  Cid,  de  Herder  ou  de 
poésies  latines,  anglaises  et  françaises.  Sa  ballade.  Sire 
Hjalmar  et  la  belle  Ingrid  (1865)  et  l'idylle,  la  Sur- 
prise  des  Fleurs  (Blominornas  undran,  1860),  ont  été 
mises  en  musique  par  le  compositeur  Hallstrôm.  Outre 
quelques  récits  et  notes  de  voyage  d'un  tour  aisé,  Oscar 
a  publié  en  prose  des  Etudes  sur  l'histoire  de  la  Suède 
en  /7y /,  ni3  et  1113,  et  un  volume  de  Discours  pro- 
noncés ci  r Académie  royale  de  musique  (1864-71).  Le 
roi  est  un  des  premiers  orateurs  de  la  Suède  ;  il  est  aussi 
mathématicien  et  compositeur.  L'Université  de  Lund  lui  a 
accordé,  lors  du  jubilé  bi-centenaire  de  sa  fondation,  le 
titre  de  docteur  en  philosophie. 

Oscar  a  eu  de  sa  compagne  dévouée,  la  très  pieuse  reine 
Sophie,  quatre  fils  :  Gustave  (né  en  1858),  prince  royal,  qui 
a  épousé  en  1881  Victoria  de  Rade,  dont  il  a  trois  fils  : 
Gustave- Adolphe,  V\^illielm  et  Erik;  Oscar  (1859),  dont  il 
est  parlé  ci-dessous;  Charles  {i^H) ,  qui  a  épousé  en  1897 
Ingeborg  de  Danemark,  et  Eugène  (1865),  qui  est  un 
peintre  de  talent.  Th.  C. 

BiBL.  :  Samlade  skrtfter  af  Oscar  Fredrik;  Stockholm, 
1875,  2  vol.  —  Ur  svenska  flottans  minnen;  Stockholm, 
1858,  nouv.  éd.,  1801,  1885;  traduction  allemande,  1861  et 
1877.  —  Hôgtidstal  hàllna  i  Kongl.  Musihalisha  Ahade- 
mien;  Stockholm,  1861-71.  —  Nàgra  bidrag  till  Svi'riges 
historia,  dans  les  vol.  XXII,  XXIV  et  XXV  des  Vitt.  Iiust. 
0.  ant.  Akad.  handl.  —  Nordisk  Familjeboh,  t.  XII.  — 
Jubllaeums album  vid  Hans  Maj^K  Konung  Oscar  IV 
25-àriga  Regering ;  Stockholm,  1897.  —  Rydfors,  Konung 
Oshar  II  och  Sveriges  folk;  Stockholm,  1897.  —  Link. 
Konung  Oshar  II;  Stockolm,  1897. 

OSCAR  ou  OSKAR  (Carl-August,  prince  Ber  mulot  le), 
ci-devant  prince  héritier  de  Suède  et  Norvège,  né  à  Stock- 


633 


OSCAH  —  OSCILLATION 


holm  le  4o  nov.  i859.  Deuxième  fils  du  roi  Oscar  II,  il 
renonça  en  4888,  à  la  suite  de  son  mariage  avec  une  jeune 
fille  de  la  noblesse,  Ebba-Iïenrietta  Munck,  à  tous  ses 
droits  à  la  couronne,  pour  lui  et  pour  ses  enfants,  ainsi 
qu'aux  titres  et  aux  prérogatives  d'altesse  royale.  Il  a  fait 
de  fortes  études,  a  beaucoup  voyagé  sur  mer,  et  est 
contre-amiral  de  la  Hotte  suédoise.  Très  religieux,  ainsi 
que  sa  femme,  il  vit  assez  retiré  et  s'occupe  principalement 
d'œuvres  de  piété  et  de  bienfaisance.  Th.  C. 

OSCHATZ.  Ville  de  Saxe,  cercle  de  Leipzig,  sur  la 
Dœllnitz  ;  10.012  hab.  (en  4895).  Grande  bergerie,  sucre, 
lainages,  cordonnerie,  sellerie,  etc.  —  Elle  doit  son  ori- 
gine à  un  château  du  roi  d'Allemagne  Henri  [^''. 

OSCHERSLEBEN.  Ville  de  Prusse,  prov.  de  Magde- 
bourg,  sur  la  Bode;  42.465  hab.  (en  4895).  Grandes  su- 
creries, distilleries  et  brasseries. 

OSCHOPHORIES  (Mythol.)  (V.  Dionysos,  t.  XIV, 
p.  642,  et  Thésée). 

OSCILLA  (Antiq.  rom.).  Ce  nom  désigne  des  petites 
figures  ou  masques  représentant  des  hommes,  que  dans 
des  fêtes  rustiques  les  anciens  l^atins  avaient  coutume  de 
suspendre  par  un  lien  léger  aux  branches  des  arbres, 
comme  une  offrande  symbolique  à  F  adresse  de  certaines 
divinités.  Varron  qui  affirme  que  ces  oscilla  faisaient  pri- 
mitivement partie  de  la  religion  de  Dis  Pater,  dieu  des 
morts,  en  laisse  transparaître  la  signification  originelle  : 
ce  sont  des  substitutions  à  d'antiques  sacrifices  humains  ; 
h's  Grecs  en  connaissaient  d'analogues  sous  le  nom 
iWùôra.  On  les  offrait  également  à  Jupiter  durant  la  fête 
des  Ferles  latines  et  à  Liher  Pater  ou  Bacchus  pour  ob- 
tenir de  fertiles  vendanges.  Virgile  dans  les  Géorgiques 
(II,  380  et  suiv.)  nous  montre  les  Italiens  des  premiers 
âges  qui,  se  couvrant  le  visage  avec  des  masques  grossiers 
d'écorce,  chantent  les  louanges  de  Bacchus  et  font  balan- 
cer aux  pins  élevés  des  oscilla  délicatement  travaillés  : 
les  cantons  vers  lesquels  le  dieu  en  oriente  la  face  auront 
les  meilleures  vendanges.  J.-A.  H. 

OSCILLARIÉES  (Bot.).  Tribu  d'Algues  de  la  famille 
des  Nostocacées,  ordre  des  Cyanophycées,  composée  des 
genres  Oscillaria,  Lyngbya,  Glœothece,  Aphanothece, 
Synechococcus,  Beygiatoaet  Leuconostoc.  — Thalle  uni- 
formément teinté  de  vert  bleuâtre,  quelquefois  incolore 
{Beggiatoa),  filamenteux,  animé  de  mouvements  curieux 
d'oscillation  sous  l'influence  de  la  lumière  ;  les  filaments 
sont  réunis  par  l'intermédiaire  d'une  substance  mucilagi- 
nense  spéciale,  amincis  à  leurs  extrémités,  constitués  de 
celhiles  toutes  semblables  entre  elles,  ne  présentant  pas 
de  noyaux  et  revêtues  d'une  membrane  rigide  de  cellu- 
lose. —  Les  Oscillariées  ne  forment  jamais  d'œufs,  ni  de 
spores  et  se  multiplient  seulement  par  homogonies  ;  elles 
vivent  dans  les  endroits  humides,  principalement  au  pied 
des  vieux  murs  ou  à  la  sui'face  des  terrains  bourbeux. 
(^Kielques  espèces  sont  aquatiques.  H.  F. 

OSCILLATION.  I.  Mathématiques.  —  On  dit  qu'un 

point  matériel  est  animé  d'un  mouvement  oscillatoire  lors- 
qu'il décrit  indéfiniment  un  même  segment  de  droite  ou  un 
même  arc  de  courbe,  en  allant  d'une  extrémité  à  l'autre,  et 
en  reproduisant  périodiquement  les  mêmes  circonstances  de 
mouvement.  Cela  revient  à  dire  que  la  position  du  point  sur  sa 
trajectoire  doit  être  définie  par  une  fonction  périodique  du 
temps.  Le  cas  le  plus  simple  est  celui  où  le  chemin  parcouru 
est  proportionnel  au  sinus  d'une  fonction  linéaire  du  temps  : 
on  dit  alors  que  les  oscillations  sont  pendulaires.  Soit 
s  le  chemin  peircouru  à  partir  d'une  origine  fixe.  Dans  le 
cas  des  oscillations  pendulaires,  on  peut  écrire  s  =  A  sin 

Cette  formule  renferme  trois  constantes  : 


(;2r.L+,). 


A,  T et 9.  La  première  désigne  V amplitude  de  l'oscillation. 
T  désigne  sa  durée.  La  troisième  constante  o  s'appelle  la 
phase  :  elle  est  nulle  quand,  à  l'origine  du  temps,  le  mobile 
se  trouve  au  milieu  de  l'arc  parcouru.  Dans  le  cas  général, 
la  fonction  périodique  qui  représente  le  déplacement  peut, 


en  vertu  d'un  théorème  dû  à  Fourier.  être  représentée 
par  une  série  de  termes  dont  chacun   est  de  la  forme 

Aj,  sin  f  2  n  7î  7p -h  o^^  I ,  n  étant  un  nombre  entier  quel- 
conque, et  Aj^,  9^  désignant  des  constantes.  Le  mouve- 
ment, quelle  que  soit  sa  complexité,  est  ainsi  décomposé 
en  une  infinité  de  mouvements  pendulaires  ayant  pour 
durées  T  et  des  sous-multiples  de  T. 

Si  l'on  projette  sur  une  direction  quelconque  un  mou- 
vement oscillatoire,  la  projection  décrit  une  oscillation  de 
même  période.  En  projetant  sur  trois  axes  rectangulaires 
concourants,  on  obtient  trois  mouvements  oscillatoires 
dont  la  composition  l'eproduit  le  mouvement  primitif. 
Mais  il  faut  remarquer  que  la  composition  de  plusieurs 
mouvements  oscillatoires  rectilignes  ne  conduit  pas  néces- 
sairement à  un  mouvement  oscillatoire  proprement  dit. 
Si,  par  exemple,  on  compose  dans  un  plan  les  deux  mou- 
vements X  =  sin  t,  y  7^  cos  1^,  effectués  sin'vant  deux 
axes  rectangulaires,  le  mouvement  résultant  est  une  rota- 
tion continue  et  uniforme,  effectuée  sur  un  cercle  de  rayon 
égal  à  l'unité. 

Les  mouvements  oscillatoir-es  sont  très  fréquents  dans 
la  nature  ;  on  peut  citer  :  les  vibrations  de  l'éther,  aux- 
quelles on  attribue  la  chaleur  et  la  lumière  ;  les  vibra- 
tions de  l'air,  qui  produisent  le  son  ;  les  mouvements 
pendulaires,  ceux  des  ressorts  de  toute  nature,  eU\  Dans 
tous  ces  cas,  les  oscillations  sont  dues  à  ce  fait  qu'un 
système  légèrement  dérangé  d'une  position  d'équilibre 
stable  tend  à  y  revenir,  mais  la  dépasse  en  vertu  de  sa 
vitesse  acquise,  ce  qui  l'oblige  à  effectuer  un  mouvement 
inverse,  etc.  S'il  n'y  avait  aucune  cause  d'amortissement, 
les  oscillations  dureraient  perpétuellement  ;  mais,  en  réa- 
lité, les  résistances  de  toute  nature  réduisent  progressive- 
ment l'amplitude,  et  le  système  finit  par  s'arrêter  dans  la 
position  d'équilibre.  L.  Lecornu. 

Oscillation  d'une  fonction.  —  On  appelle  oscillation 
d'une  fonction,  dans  un  intervalle  donné  a,  /?,  la  différence 
entre  la  plus  grande  et  la  plus  petite  valeur  que  prend  la 
fonction  dans  cet  intervalle.  H.  Laurent. 

Centre  d'oscillation  (V.  Centre). 

II.  Physique.  —  Oscillations  électriques.  —  La  théo- 
rie électro-magnétique  de  la  lumière,  imaginée  par  Maxwell 
en  4868,  a  montré  que  l'on  pouvait  déduire  les  lois  de  la 
lumière  et  de  l'électricité  des  propriétés  d'un  seul  et  unique 
milieu,  l'éther.  On  sait  d'autre  part  combien  sont  grandes 
les  analogies  de  la  chaleur  et  de  la  lumière.  La  théorie  de 
Maxwell  présentait  un  très  grand  intérêt  puisqu'elle  per- 
mettait de  réunir  en  un  seul  corps  de  doctrine  des  théories 
plus  ou  moins  éparses;  par  contre,  les  difficultés  que  pré- 
sente cette  théorie  la  rendirent  inaccessible  à  bien  des 
lecteurs,  sans  présenter  en  elle-même  d'avantages  bien 
nets  sur  les  théories  qui  l'avaient  précédée,  abstraction 
faite  de  son  intérêt  philosophique.  Il  en  a  été  de  même 
longtemps  de  la  théorie  des  ondulations,  en  optique,  qui, 
plus  compliquée  que  la  théorie  de  l'émission,  n'a  été  uni- 
versellement admise  que  lorsque  les  expériences  de  Fres- 
nel  sur  la  vitesse  de  la  lumière  dans  l'air  et  dans  l'eau 
ont  montré  que  seule  elle  s'accordait  avec  l'expérience. 
Or,  il  semble  tout  d'abord  que  l'assimilation  des  phé- 
nomènes électriques  aux  phénomènes  optiques  est  beaucoup 
plus  difficile  que  celle  des  phénomènes  calorifiques.  La  dé- 
couverte de  la  chaleur  rayonnante  et  des  propriétés  des 
radiations  calorifiques  tout  à  fait  semblables  aux  radiations 
lumineuses  montre  l'analogie  étroite  de  ces  phénomènes. 
Le  travail  mémorable  de  Hertz  sur  les  oscillations  élec- 
triques est  venue  justement  montrer  par  la  découverte  de 
véritables  rayons  électriques  combien  étaient  justes  les 
idées  de  Maxwell  sur  la  nature  de  l'électricité. 

On  sait  que  la  lumière  est  produite  par  un  mouvement 
vibratoire  de  l'éther,  mouvement  très  rapide,  puisque  chaque 
vibration  complète  ne  dure  qu'un  demi-quadrillionième  de 
seconde.  En  outre,  ce  mouvement  ondulatoire  se  propage 


OSCILLATION 


—  684 


avec  une  vitesse  d'environ  800.000  kil.  par  seconde.  On  sait 
aussi,  depuis  longtemps,  que  lorscju^on  lance  un  courant 
électrique  dans  un  circuit,  il  se  développe  dans  un  corps 
conducteur  voisin  un  courant  (VinducUon.  Mais  jusipi'à  ces 
derniers  temps  on  ignorait  siTeffet  du  corps  inducteur  sur 
le  corps  induit  était  instantané  ou  demandait  un  temps 
variable  avec  ladistancedecesdeux  cor|>s.  Si  l'effet  n'était 
pas  instantané,  tout,  du  moins,  annonçait  que  le  retard  exis- 
tant devait  être  très  faible;  on  ne  pouvait  donc  espérer  le 
constater  que  sur  des  dislances  notables;  or  les  phéno- 
mènes d'induction  deviennent  très  faibles  dès  que  la  dis- 
tance est  un  peu  grande.  La  vérification  expérimentale  de 
ce  fait  semblait  donc  à  peu  près  impraticable.  Voici  cepen- 
dant comment  Hertz  a  réussi  à  mettre  nettement  en  évi- 
dence cette  propagation  de  l'onde  électrique.  On  ])rcnd  une 


l'iu.   1. 

bobine  do  Rubmkorff  B,  susceptible  de  donner  dans  l'air 
des  étincelles  de  10  centim.,  et  l'on  met  ses  pôles  en  com- 
munication avec  deux  sphères  SS,  bien  polies,  situées  à 
ime  distance  de  1  centim.  (fig.  1)  ;  des  étincelles  jaillis- 
sent continuellement  entre  ces  sphères.  On  met  l'une  d'elles 
en   communication  avec 

un  fil  métallique  C,  re-  ^^    ^ 

plié  suivant  une  circon- 
férence, mais  présentant 
en  i  une  interruption  ; 
en  i  se  trouvent  deux  pe- 
tites boules  métalliques 
qu'on  peut    rapprocher 
plus  ou  moins  l'une  de 
l'autre  à  l'aide  d'une  vis 
non  représentée  sur   la 
ligure.  Tout  d'abord  le 
lit  /  communi(jue  avec  la 
circonférenu'^  C  par    le 
point  ]n  égaleiK'Mit  dis- 
tant   des    deux   pjûtes 
boules  /i'.  Dans  ces  coi. 
ditions,  en  faisant  mar- 
cher la  bobine,  les  étincelles  éclatent  entre  S  et  S'  mais 
non  en  i,  comme  on  pouvait  s'y  attendre.    Si  alors  on 
fait  communiquer  le  fil  /avec  C,  non  plus  par  le  milieu  w, 
mais  par  un  point  un  peu  différent  m',  on  voit  cette  fois 
des  étincelles  jaillir  non  seulement  entre  S  et  S'  mais  aussi 
en  /  et  i\  Cela  tient  à  ce  que  l'état  électrique  de  m\  (|ui  varie 
entre  deux  limites  déterminées  un  très  grand  nombre  de 
fois  par  seconde,  ne  se  propage  pas  dans  le  même  temps 
suivant  mH'  et  mH,  de  sorte  que  l'état  électri(|ue  des  deux 
boules  i  et  i  n'est  pas  le  même  et  qu'une  étincelle  peut  jail- 
lir entre  elles  si  cet  état  est  suffisamment  différent  ou  si 
ces  deux  boules  sont  suffisamment  rapprochées.  Comme, 
d'autre  part,  la  vitesse  de  l'électricité  dans  lestils  métal- 
liques est  d'environ  200.000  à  300.000  kil.  par  seconde, 
il  en  résultait  que  pour  (ju'une  différence  de  ([uelques  cen- 
timètres dans  les  chemins  diH  et  mH^  fût  appréciable,  il 
fallait  que  la  durée  d'une  ])ériode  de  variation  de  l'état 
électrique  en  })i' î\\\  inférieure  à  un  milliardième de  seconde. 
Comme  cette  variation  est  due  aux  étincelles  jaillissant 


entre  S  et  S',  iffalhiil  ihmc  queces  étincelles  fussent  d'une 
durée  extraordinairement  courte.  Il  fallait  de  plus  qu'elle 
fussent  régulières,  ce  que  Hertz  a  obtenu  à  l'aide  de  la  dis- 
position représentée  fig.  ^1.  Ce  savant  prend  deux  sphères 
métaUiques  de  80  centim.  de  diamètre.  Set  S',  qu'il  relie 
à  l'aide  de  fils  rectilignes  à  deux  boules  6'  et  s^  en  métal 
bien  polis  de  \  centim.  de  diamètre  ;  une  vis  micrométrique 
permet  de  les  rapprocher  plus  ou  moins;  il  relie  ces  deux 
l)Oules  aux  bornes  d'une  bobine  d'induction.  Chaque  fois 
qu'une  étincelle  jaillit  entre  -s  et  ,s'  les  deux  électricités  se 
combinent,  mais  le  courant  ainsi  développé  se  prolonge  au 
delà  de  cette  combinaison  même  et  crée  sur  les  deux  sphères 
des  charges  inverses  de  celles  qu'elles  présentaient  d'abord, 
de  sorte  qu'il  se  produit  une  nouvelle  décharge  et  ainsi  de 
suite;  il  se  forme  donc  une  série  d'oscillations  entre  l'élec- 
tricité des  deux  sphères.  (>  système  se  comporte  donc 
comme  un  diapason  qui,  écarté  de  sa  position  d'équilibre, 
revient  d'abord  à  cette  position,  mais  la  dépasse  aussitôt 
en  produisant  une  série  d'oscillations  ;  c'est  ce  que  Hertz  ap- 
pelle un  diapason  électrique.  Comment  maintenant  rendre 
sensibles  les  effets  de  ces  oscillations  électriques  dans  l'es- 
pace environnant?  Pour  cela  Hertz  a  recours  aux  phé- 
nomènes d'induction.  Comme  circuit  induit,  ce  savant  prend 
une  circonférence  de  75  centim.  de  diamètre,  présentant 
une  interruption  que  l'on  peut  réduire,  autant  qu'il  est 
nécessaire,  à  l'aide  d'une  vis  micrométrique.  Nous  repré- 
sentons en  pers])ective  en  II  ce  circuit.  Pour  donner  une 
idée  de  la  sensibilité  que  présentent  ces  phénomènes  d'in- 
duction, avec  cette  disposition,  disons  tout  de  suite  que  la 
circonlérence  H  se  trouvant  à  une  distance  de  45  m.  du 
diapason  électrique  SS',  on  percevait  encore  de  petites 
étincelles  dans  l'interruption  de  R  ;  les  phénomènes  d'in- 
duction des  décharges  entre  s  et  .s'  peuvent  donc  être 
manifestés  à  une  distance  de  plusieurs  mèlres.  i\lais  cette 
action  est-elle  instantanée?  Si  elle  n'est  pas  instantanée, 
si  elle  se  propage  avec  une  certaine  vitesse,  on  doitpouvoir 

obtenir  des  interférences, 
comme  dans  le  cas  de  la 
lumière  ;  c'est  ce  que 
Hertz  a  constaté  à  l'aide 
du  dispositif  que  voici  : 
devants  et  S',  ce  savant 
dispose  deux  plaques  mé- 
talliques P.P',  lesquelles 
])ortent  n  o  r  m  a  1  e  m  eut 
deux  lils  (pii  se  prolon- 
gent parallèlement  sur 
une  longueur  de  10  à 
20  m.  Dans  l'intervalle 
on  place  le  circuit  R  per- 
pendiculairement à  la  di- 
rection des  fils.  Si  l'on 
Fig-  2.  part  alors  de  l'extrémité 

A  et  qu'on  se  rapproche 
de  B,  on  voit  tout  d'abord  les  étincelles  de  R  diminuer, 
puis  cesser  à  une  distance  de  1^^,50  de  l'extrémité.  Si  on 
continue  d'avancer  vers  B,  on  voit  les  étincelles  reparaître 
et  être  très  vives  quand  on  est  à  8  m.  de  A;  puis  elles 
disparaissent  à  4^^\50  ef  ainsi  de  suite,  à  intervalles  égaux. 
Il  y  a  donc  interférence  dans  les  ondes  qui  se  propagent 
dans  les  fds  entre  l'onde  directe  et  l'onde  réfléchie  à  l'ex- 
trémité du  fil.  La  circonférence  R  se  comporte  donc  comme 
une  sorte  de  résonnateur  et  met  en  évidence  la  position 
de  ce  que  l'on  peut  appeler  des  no'uds  et  des  ventres  par 
comparaison  avec  les  phénomènes  des  tuyaux  sonores.  La 
propagation  des  phénomènes  d'induction  n'est  donc  pas 
instantanée. 

Voici  maintenant  toute  une  série  d'expériences  ou  Hertz 
reproduit  avec  ces  ondes  électriques  des  phénomènes  com- 
parables à  ceux  que  donnent  les  rayons  lumineux.  Dans 
ces  nouvelles  expériences,  l'excitateur,  ce  ([ue  nous  avons 
appelé  le  diapason  électrique,  est  un  tube  de  laiton  de 
20  centim.  de  long  et  de  8  cent,  de  diamètre,  partagé  en 


635 


OSCILLATION  —  OSCULATION 


deux  pour  le  passage  de  l'étincelle  excitatrice.  Le  réson- 
uateur  employé  est  un  fil  droit  de  4  m.  de  long  présentant 
en  son  milieu  un  excitateur  de  très  petites  dimensions. 
Un  pareil  système,  seul,  ne  permet  pas  de  constater  les 
ondulafions  à  plus  de  2  m.  ;  mais  si  l'on  adjoint  à  l'exci- 
tateur et  au  résonnateur  deux  miroirs  concaves  cylindriques 
de  section  parabolique  et  que  l'on  place  l'excitateur  et  le 
résonnateur  suivant  la  droite  focale  de  ces  cylindres,  on 
peut  percevoir  les  ondes  jusqu'à  '20  m.  Si  l'on  fait  jaillir 
des  étincelles  dans  l'excitateur,  on  constate  que  le  miroir 
cylindrique  renvoie  dans  l'espace  un  système  d'ondulations 
analogues  à  celles  d'un  rayon  lumineux  ;  on  peut  les  réflé- 
chir, les  réfracter,  etc. 

i*^  Propaijation.  Si  Ton  dirige  l'axe  du  faisceau  de 
l'excitateur,  c.-à-d.  ce  que  l'on  peut  appeler  le  rayon  élec- 
trique vers  un  corps  non  conducteur,  on  constate  que  ce 
corps  ne  l'arrête  pas;  il  est  transparent  pour  lui,  car  le 
résonnateur  placé  de  l'autre  coté  montre  par  ses  étincelles 
({ue  le  rayon  électrique  continue  sa  route.  Si  l'on  interpose 
au  contraire  un  corps  métallique,  il  arrête  cette  trans- 
mission et  forme  une  sorte  iVonibre  dont  on  ])eut  suivre 
en  quelque  sorte  les  contours,  le  résoiuiateur  à  la  main. 
Les  rayons  électriques  se  propagent  en  ligne  droite. 

2°  ilé flexion.  Si  comme  corps  métallique  on  prend  une 
lame  plane,  elle  se  comporte  comme  un  miroir  plan.  Il  faut 
placer  l'axe  du  résonnateur  faisant  avec  la  lame  métal- 
lupie  un  angle  égal  à  celui  (pie  fait  l'axe  de  l'excitateur 
pour  pouvoir  constater  la  présence  d'étincelles. 

3^  Réfraction.  Pour  ces  expériences.  Hertz  employa  un 
grand  prisme  formé  d'une  matière  non  conductrice,  trans- 
parente par  conséquent  pour  cette  sorte  de  rayons  élec- 
triques; c'était  un  prisme  en  asphalte  de  i"\50  déliant 
sur  l"\2de  large,  l'angle  réfringent  étant  de  30°.  Le  rayon 
électrique  envoyé  sur  l'une  des  faces  ne  pouvait  plus  être 
révélé  de  l'autre  côté  dans  la  direction  primitive  par  les 
étincelles  du  résonnateur,  mais  dans  une  direction  un  peu 
différente,  déviée  vers  la  base  du  prisme,  on  put  obtenir 
de  nouveau  des  étincelles;  on  put  constater  un  minimum 
de  déviation,  comme  en  optique,  et  s'en  servir  pour  calculer 
un  indice  de  réfraction  qui  fut  trouvé  de  1,7. 

4°  Polarisation.  On  sait  qu'un  rayon  de  lumière  natu- 
relle est  produit  par  la  vibration  de  molécules  d'éther 
s'efTec tuant  dans  un  plan  perpendiculaire  au  rayon  lumi- 
neux, mais  dans  toutes  les  directions  possibles.  Au  contraire 
dans  un  rayon  de  lumière  polarisée,  toutes  ces  vibrations, 
toujours  perpendiculaires  au  rayon  lumineux,  sont,  déplus, 
orientées  dans  un  plan  unique.  Dans  les  expériences  de 
Hertz,  les  oscillations  électriques  produites,  par  suite  de 
la  disposition  même  de  l'appareil,  s'efiPectuent  dans  une  di- 
rection constante  et  doivent  produire  des  effets  comparables 
à  ceux  de  la  lumière  polarisée  ;  c'est  en  effet  ce  que  l'on 
observe. 

Expérience  analogue  à  celle  des  niçois  croisés.  On 
sait  qu'un  rayon  lumineux  qui  traverse  un  premier  nicol 
en  se  polarisant  est  arrêté  par  un  second  nicol  lorsque 
l'axe  de  ce  dernier  est  perpendiculaire  à  celui  du  premier  ; 
il  le  laisse  au  contraire  passer  si  ces  axes  sont  parallèles, 
[ci  l'excitateur  et  le  résonnateur  laissent  passer  des  étin- 
celles lorsque  les  deux  miroirs  C3^1indriques  dont  nous 
avons  parlé  sont  tous  les  deux  verticaux  ou  tous  deux 
horizontaux;  les  étincelles  cessent  si  l'un  est  vertical  et 
l'autre  horizontal. 

Expérience  analogue  à  celle  (Vune  lame  cristal- 
lisée entre  deux  niçois.  Si  entre  deux  niçois  croisés,  à 
travers  lesquels  la  lumière  ne  passe  pas,  par  conséquent, 
on  place  une  lame  cristallisée,  on  voit  que  la  lumière  est 
rétablie.  De  même  si  entre  l'excitateur  et  le  résonnateur 
placés,  l'un  horizontalement,  l'autre  verticalement,  on  inter- 
pose une  série  de  fds  métalliques  tendus  parallèlement  sur 
un  cadre  de  bois  de  façon  que  la  direction  de  ces  fds  soit 
inclinée  à  45°  sur  la  verticale,  on  voit  de  nouveau  se  pro- 
duire des  étincelles  dans  le  résonnateur. 

On  voit  par  ces  expériences  fondamentales  combien  est 


grande  l'analogie  des  rayons  lumineux  et  de  ce  que  Hertz 
appelle  à  juste  titre  les  rayons  électriques.     A.  Joannis. 
Mi-:thoui':  t)i:s  oscirr.ATioNs  pour  la  mksi!r|':  oi:s  attrac- 
tions ÉLFXÏRIQUES  (V.   ATTRACTION,   t.   IV,   p.   533). 

III.  Géologie.  —  Oscillations  nu  sol  (V.  Séismiologie). 

OSCILLATOIRE  (Math.)  (V.  Oscillation). 

OSCINIS  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Diptères,  du  groupe 
des  Muscides  acalyptérés,  établi  par  Latreille  (Hist.  des 
Ins.,  t.  XIV,  p.  383).  (>3  genre  a  été  détaché  de  l'an- 
cien genre  Ctilorops  de  Latreille.  Les  larves  ravagent 
sur  pied  les  céréales,  rongeant  les  grains  de  blé,  d'orge 
et  d'avoine.  On  compte  80  espèces  environ.  La  plus  com- 
mune est  rO.  Erit  L.,  longue  de  L^^^^\o,  d'un  noir  lui- 
sant, qui  attaque,  dans  le  N.  de  la  France,  les  feuilles  cen- 
trales de  l'orge  et  ronge  l'intérieur  des  tiges. 

ose  LE.  L'oscle  ou  osclage  ne  doit  être  confondu  ni 
avec  le  douaire  ni  avec  l'augment  de  dot.  Il  était  parti- 
culier à  certaines  coutumes  dans  lesquelles,  (pioi  qu'il  fut 
probablement  d'origine  romaine,  il  s'était  greffé  au  régime 
de  communauté.  Dans  la  coutume  de  La  Kochelle,  l'oscle 
ou  osclage  était  une  certaine  somme  que  la  femme  survi- 
vante prenait  dans  la  succession  de  son  mari  et  qui  avait 
été  fixée  par  l'usage  à  la  moitié  de  ce  que  la  femme 
avait  apporté  en  mariage.  Cette  libéralité  supposait  en  outre 
que  la  femme  était  renonçante,  mais  d'ailleurs  elle  se  cu- 
mulait avec  le  douaire.  L'osclage  se  retrouve  aussi  dans 
le  Berry  et  le  Limousin, 

BiBL.  :  LaThau.massière,  Commentaire  de  la  coutume  de 
Berry,  p.  801.  —  IIuet,  Commentaire  de  la  coutume  de  La 
Rochelle,  p.  441.  —  Coututne  de  La  Rochelle,  art.  46.  — 
Laurière,  Glossaire  du  droit  français,  v  Ousclage. 

OSCULATION.  A  l'art.  Contact,  nous  avons  donné 
la  définition  de  l'osculation,  nous  allons  dans  cet  article 
examiner  quelques  cas  remarquables  d'osculation. 

Cercle  osculateur  des  courres  planes.  —  Le  cercle 
contenant  trois  paramètres  dans  son  équation,  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  pouvant  être  assujetti  à  passer  par  trois 
points  arbitraires,  toute  courbe  plane  possède  en  chacun 
de  ses  points  un  cercle  osculateur  ;  ce  cercle  est  par  défi- 
nition un  cercle  qui  passe  par  trois  points  infiniment  voi- 
sins et  qui,  par  suite,  touche  la  courbe  et  a  avec  elle  un 
contact  de  second  ordre.  Le  cercle  osculateur  se  confond 
avec  le  cercle  de  courbure,  c.-à-d.  avec  le  cercle  dont  le 
rayon  serait  l'inverse  de  la  courbure.  Le  lieu  des  centres 
des  cercles  osculateurs  est  la  développée  de  la  courbe.  Le 
cercle  osculateur,  quoique  tangent,  traverse  ordinairement 
la  courbe,  à  moins  qu'il  ne  soit  surosculateur  ;  dans  ce  cas, 
le  contact  est  du  troisième  ordre,  et  le  point  où  il  touche  la 
courbe  est  ce  que  l'on  appelle  un  sommet. 

Si  /  (x,y,z)  est  l'équation  d'une  courbe  en  coordonnées 
homogènes  et  si  l'on  désigne  par  H  le  hessien  de  /,  les  coor- 
données du  centre  du  cercle  osculateur  sont  : 

H  dx'  '^       H  dx 

son  équation  est  : 


H    ÔA 
A»: 


\dx)  "^W 


Plan  osculateur.  —  Le  plan  osculateur  d'une  courbe 
en  un  point  donné  de  cette  courbe  est  un  plan  qui  a  avec 
cette  courbe  en  ce  point  un  contact  de  second  ordre  ;  il  peut 
encore  se  définir  un  plan  qui  rencontre  la  courbe  en  trois 
points  confondus  ;  un  plan  qui  passe  par  une  tangente 
parallèlement  à  la  tangente  infiniment  voisine.  Si  l'on 
appelle  X,Y,Z  les  coordonnées  courantes,  x,  y,  z  les  coor- 
données d'un  point  d'une  courbe,  l'équation  du  plan  oscu- 
lateur en  ce  point  sera  : 

X  —  X,      Y  —  y,      1  —  z 

dx,  dy,  dz        =  0. 

d^x,  d'^y,  d^z 

L'enveloppe  des  plans  osculateurs  d'une  courbe  est  un^' 


OSCULATION  —  OSFXLO 


—  6m 


développable  qui  a  pour  arête  de  rebroussement  la  courbe 
elle-même  (V.  Stationnaire). 

Cercle  osculateur  d'une  courre  gauche.  —  C'est  un 
cercle  tangent  à  la  courbe  et  qui  a  avec  elle  un  contact  du 
second  ordre  ;  il  passe  par  trois  points  infiniment  voisins 


de  la  courbe.  Il  a  pour  plan  le  plan  osculateur,  son  centre 
est  ce  que  l'on  appelle  le  centre  de  courbure  de  la  courbe, 
son  rayon  est  le  rayon  de  courbure  ou  l'inverse  de  la  cour- 
bure. Avec  les  notations  de  l'article  précédent,  le  rayon  de 
courbure  R  est  donné  par  la  formule  : 


R2—  {dx'^  +  dif  +  di^f 


Si  l'on  prend  l'arc  s  pour  variable  indépendante,  on  a  : 

et  les  coordonnées  du  centre  de  courbure  sont  : 

,dH 
'  ds^' 
s'appliquent  aux 


'-«■£.'+«'3- 


-R2 


Il  va  sans  dire  que    ces    formules 
courbes  planes  en  faisant  v  =  0. 

Sphère  osculatrice  d'une  courre.  —  C'est  la  sphère  qui 
a  un  contact  du  deuxième  ordre  avec  la  courbe  ;  elle  passe 
par  le  cercle  osculateur.  Si  l'on  appelle  T  le  rayon  de  torsion 
de  la  courbe,  pie  rayon  de  la  sphère  osculatrice,  on  a  avev. 
les  notations  précédentes  : 


:R2. 


-T'(f> 


Les  axes  des  cercles  osculateurs  d'une  courl)e  sont,  sur 
la  surface  enveloppe,  des  plans  normaux  que  l'on  appelle 
la  surface  polaire  de  la  courbe,  l'arête  de  rebroussement 
de  la  surface  polaire  est  le  lieu  des  centres  des  sphères 
osculatrices.  Enfin  toute  courbe  gauche  a  une  infinité  de 
développées,  c.-à-d.  qu'il  existe  une  infinité  de  courbes  dont 
les  normales  sont  tangentes  à  la  courbe  ;  le  lieu  des  déve- 
loppées est  la  surface  polaire.  Le  lieu  des  centres  de  cour- 
bure n'est  jamais  une  développée,  sauf  dans  les  courbes 
planes. 

Sphère  osculatrice  d'une  surface.  —  En  général,  en 
un  point  d'une  surface,  il  n'y  a  pas  de  sphère  osculatrice, 
les  points  où  il  existe  une  telle  sphère  sont  les  ombiHcs. 

H.  Laurent. 

BiHL.  :  Tous  les  traités  d'analyse. 

OSÉE  (V.  JosuÉ). 

OSÉE,  le  dernier  roi  d'Israël  (Dix-Tribus).  Il  régna  de 
7*28  à  749.  selon  la  chronologie  traditionnelle,  et  tenta  de 
secouer  le  joug  de  Salmanasar,  roi  d'Assyrie,  en  s'alliant 
avec  l'Egypte.  Jeté  en  prison,  il  ne  put  défendre  sa  capi- 
tale, Samarie,  qui  succomba  après  trois  ans  de  siège 
Cil  Rois.  xvii). 

OSÉE  (Le  prophète).  Sous  le  nom  d'un  certain  Osée, 
contemporain  de  Jéroboam  II,  roi  d'Israël  et  d'Ozias, 
Jotham,  Achaz  et  Ezéchias,  rois  de  Juda  (vin^  siècle  av. 
J.-C.),  les  livres  sacrés  du  judaïsme  nous  offrent  un 
intéressant  recueil  d'allocutions  prophétiques.  En  voici  le 
résumé.  —  La  divinité  donne  au  prophète  l'ordre  d'épou- 
ser une  femme  de  mauvaise  vie,  qui  symbolisera  l'im- 
piété des  gens  des  Dix-Tribus,  autrement  dit  de  la  nation, 
épouse  de  Yahvéh  (Jéhovah).  Après  une  série  de  calamités, 
Israël,  réduit  à^  un  faible  reste,  prendra  soudain  un 
développement  extraordinaire.  Les  habitants  d'Israël  et  de 
Juda,  jetés  les  uns  comme  les  autres  sur  la  terre  étran- 
gère, mettront  fin  à  leurs  vieilles  rivalités,  se  réuniront 
sous  la  conduite  d'un  chef  unique,  descendant  de  David, 
et  rentreront  triomphalement  à  Jérusalem.  Un  second  dis- 
cours met  en  lumière  l'idolâtrie,  qui  contraint  la  divinité 
à  frapper  et  à  déporter  Israël,  jusqu'à  ce  que  celui-ci, 
sincèrement  repentant,  voie  s'ouvrir  devant  lui  les  glo- 
rieuses perspectives  du  retour  et  les  joies  de  l'ère  messia- 
nique. Dans  une  série  de  morceaux,  dont  il  est  assez  ma- 
laisé de  marquer  la  liaison,  le  prophète  censure  les  crimes, 
les  vices  et  l'idolâtrie  du  peuple,  qui  cherche  son  appui 
tantôt  en  Egypte,  tantôt  en  Assyrie,  au  lieu  de  se  confier 
en  la  divinité.   Aussi  seront-ils  dispersés   au    sein  des 


peuples  même,  dont  ils  ont  imprudemment  sollicité  le 
concours  ;  mais  la  divinité  se  laissera  fléchir  et  rouvrira 
les  portes  de  la  Palestine  à  ses  enfants  repentants.  —  En 
dépit  d'un  certain  nombre  d'obscurités,  le  bvre  d'Osée  est 
d'une  intelHgence  générale  très  satisfaisante.  Il  roule  sur 
la  catastrophe  finale  du  royaume  des  Dix-Tribus,  qui  sera 
la  punition  de  trois  sortes  de  méfaits,  fautes  morales, 
idolâtrie,  alliances  conclues  avec  les  nations  étrangères  ; 
Juda,  coupable  aussi,  succombera  à  son  tour,  jusqu'à  ce 
que  le  peuple,  cruellement  décimé  et  jeté  sur  la  terre 
d'exil,  revienne  sincèrement  à  Yahvéh  et  retnmve  sa 
faveur.  A  la  période  d'épreuves,  à  la  ruine,  à  la  dépor- 
tation, succéderont  les  joies  d'une  paisible  et  glorieuse 
restauration,  d'une  union  intime  et  inaltérable  entre  la 
J:^n'nité  et  son  peuple.  —  D'après  ces  indications,  on  ne 
peut  pt.?  considérer  que  ces  discours  soient,  en  réalité,  la 
rei)roduction  des  réprimandes  adressées  par  un  propbète 
du  viii^  siècle  avant  notre  ère,  à  ses  contemporains. 
L'auteur  a  visiblement  derrière  lui  la  destruction  de  Sama- 
rie et  même  celle  de  Jérusalem,  la  dépoi'tation,  la  captivité 
étrangère  et  le  retour  en  Palestine.  Ou  bien  c'est  une 
œuvre  ancienne,  qui  a  été  remaniée  et  refondue  après 
plusieurs  siècles  ;  ou  bien,  ce  (pie  nous  ])réferons  croire, 
(î'est  une  composition  libre  datant  des  temps  du  second 
Temple.  Maurice  Vernes. 

BiBL  :  Rexan,  Histoire  du  pciiplc  d'Israël  ;  Paris,  t.  IL 
1889.  —  Verxe-î,  Précis  d'histoire  juive;  Paris,  1889.  — 
CoRNiLL,  Einleiiung  in  das  Alte  Testament  ;  Fribourii- 
en-Brisgau,  2'  édit.,  1892.  —  Rkuss,  les  Prophètes:  Paris. 
1876.  —  Vf.rni'.s,  Examen  de  V authenticité  des  écrits  pro- 
phétiques, dans  Du  prétendu  Polythéisme  des  Hébreux; 
Paris,  1891. 

OSEILLE.  I.  RoTANiQUE.—  Nom  vulgaire  d'un  groupe 
de  plantes  de  la  famille  des  Polygonacées,  le  groupe  des 
Oseilles,  qui  forme  avec  le  groupe  des  Paliences  le  genre 
l\umex{N .  ce  mot).  L'O.  commune  est  le  Rumex  ace- 
tosa  L.,  la  Petite  Oseille  est  le  R.  acetosella  L.  —  La 
plante  appelée  0,  de  bûcheron,  0.  des  bois  ou  0.  à 
trois  feuilles,  n'est  autre  que  VOxalis  acetosella  L. 
(Y.  Surelle).  —  V Oseille  de  Gumée  est  V Hibiscus  Sab- 
dariffa  L.  D^'  L.  Hn. 

IL  Horticulture.  —  Cette  plante,  peu  exigeante  sur  la 
nature  du  tei-rain,  se  cultive  communément  dans  les  jar- 
dins en  bordure  ou  en  planche.  On  l'obtient  de  semis  prin- 
taniers  ou  d'été  faits  à  la  volée  ou  en  lignes,  ou  bien 
d'éclats  des  touffes.  Les  soins  de  culture  consistent  en 
binages  et  arrosages.  Ci.  R. 

IIÎ.  Art  culinaire.  —  L'oseille  entre  dans  la  prépa- 
ration de  soupes,  dites  soupes  vertes  ;  mélangée  aux  épi- 
nards,  elle  en  relève  la  fadeur.  On  la  mange  le  plus 
généralement  en  purée  que  l'on  prépare  de  la  façon  sui- 
vante :  après  avoir  fait  blanchir  l'oseille  à  l'eau  bouillante, 
on  la  met,  égoutée  et  hachée,  dans  une  casserole  et  du 
beurre  et  on  la  tourne  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  bien  fondue. 
On  lie  ensuite  soit  avec  un  peu  de  crème  ou  des  jaunes 
d'œufs,  du  jus  de  viande,  de  la  graisse  de  volaille.  Cette 
purée  peut  aussi  se  servir  avec  des  œufs  durs  ou  des 
croûtons  frits  dans  du  beurre. 

Conserve  d'oseille  (Y.  Conserve,  t.  XII,  p.  545). 

OSELLO  (Gasparo),  connu  aussi  sous  le  nom  de  Avi- 
Rus  (Gaspard  ab),  graveur  itaUen.  R  vivait  dans  la  seconde 
moitié  du  xvi^  siècle  à  Padoue.  Il  se  donna  pour  modèle 
George  Ghisi,  dit  Mantovano,  et  s'inspira  de  sa  manière, 
sans  réussir  à  l'égaler.  Parmi  ses  ouvrages  les  plus  re- 
marquables, il  faut  citer  principalement  les  61  portraits 


de  la  maison  d'Autriche,  qu'il  publia  en  un  volume  in- 
folio, d'après  les  peintures  de  Francesco  Terzi  de  Bergame. 

OSEN.  Nom  de  plusieurs  princes  bulgares  (V.  Asen). 

OSER  (Friedrich- Heinrich),  poète  suisse,  né  à  Bàle  le 
39  tëvr.  1820,  mort  en  déc.  1392.  Il  est  connu  surtout 
par  ses  poésies  religieuses  :  Sechzig  Kreuz  und  Trost- 
lieder  (1856  ;  ^'^  éd.,  1866)  qui  ont  été  souvent  mises  en 
musique  et  ont  acquis  ainsi  une  certaine  popularité  bien 
(}u'elles  n'aient  pas  grande  originalité.  Autres  ouvrages  : 
Liederlmchl 842-74 (iSl^)  ;  LebenundStreben{iSlS); 
Geistliche  Triolette  i 852-81  (1882)  ;  Neue  Lieder 
i 87 4-84  (1885)  ;  Jugendgeschichten  (1888). 

OSERAI E  (Agric.)  (V.  Osier). 

OSEROV  (Vladislav-Alexandrovitch),  auteur  drama- 
tique russe,  né  dans  le  gouv.  de  Tver  en  1770,  mort  en 
1816.  Elevé  au  corps  des  cadets,  il  passa  dans  l'adminis- 
tration civile.  Parmi  ses  tragédies,  du  type  classique 
français,  on  cite  OEdipe  à  Athènes,  Dmitri-Donskoï, 
Polyxène  et  aussi  Fingal.  Files  ont  été  réunies  en  1816, 
rééditées  ensemble  en  1856  et  séparément  dans  la  collec- 
tion de  Suvorin  (1887-91). 

OSERY  (Comte  d')  (V.  Hulot  IBaronJ). 

OSES  (Mythol.).  Divinités  Scandinaves  (V.  Ases). 

O'SHAUGHNESSY  ( Arthur- Williarn-Edgar),  poète  an- 
glais, né  à  Londres  le  14  mars  1814,  mort  à  Londres  le 
30  janv.  1881.  Bibliothécaire  au  British  Muséum,  il  dé- 
buta dans  les  lettres  par  un  livre  de  poésies,  Epie  of  wo- 
men  and  other  Poerns  (Londres,  1870),  qui  produisit 
grand  effet.  Ses  autres  œuvres  ne  remplirent  pas  les  pro- 
messes de  ces  brillants  débuts.  Citons  :  Lays  of  Franee 
(Londres,  1872),  adaptation  des  poèmes  de  Marie  de  France  ; 
Musie  and  Moonlight  (1874).  Très  versé  dans  la  litté- 
rature française,  écrivant  élégamment  notre  langue,  il  était 
le  correspondant  anglais  du  Litre,  R.  S. 

Biui..  :  L.-C.  MouLTOx,  A/'//«itr  O'Shciagfmessy^  Jiis  life 
iuid  his  worli  ;  Londres,  1891. 

OSHKOSH.  Ville  des  Etats-Unis,  Wisconsin,  sur  le 
lac  Winnebago  ;  22.836  hab.  (en  1890).  Scieries,  car- 
rosserie, meubles,  commerce  de  bois.  La  production  indus- 
trielle atteignait  45  milhons  de  francs  en  1890. 

0  S I A  N  D  E  R  (Andréas  Hosemann  ,  dit) ,  théologien  protes- 
tant allemand,  né  à  Gunzenhausen,  près  Nuremberg,  le 
19  déc.  1498,  mort  à  Kœnigsberg  le  17  oct.  1552.  Après 
avoir  étudié  la  théologie  à  l' Université  d'Ingolstadt,  il  en- 
seigna l'hébreu  dans  le  couvent  des  augustins  de  Nurem- 
berg, et  publia  en  1522  une  édition  de  la  Vulgate,  revisée 
d'après  le  texte  original.  Il  fut  le  premier  prédicateur  de 
la  Réforme  à  Nuremberg,  prit  part  au  colloque  de  Mar- 
bourg  (1529)  et  à  la  diète  d'Augsbourg  (1530)  et  fut  un 
des  signataires  des  articles  de  Smalcalde.  En  1537,  il 
publia  à  Bàle  une  Harmonia  evangelica,  en  grec  et  en 
allemand.  Mais  à  la  suite  de  l'intérim  (V.  ce  mot),  il 
dut  quitter  Nuremberg  (1548)  ;  il  fut  appelé,  par  Albert 
de  Brandebourg,  comme  prédicateur  et  professeur  de  théo- 
logie à  la  nouvelle  université  de  Kœnigsberg  (1549).  Il 
avait  depuis  longtemps  émis  des  idées  divergentes  sur  la 
doctrine  fondamentale  de  la  Réforme,  la  justification  par 
la  foi  ;  au  lieu  de  l'imputation  des  mérites  du  Christ,  il 
mettait  en  avant  la  communication  du  Christ  par  la  parole 
{inhabitat io  67i?'/,s'^z).  Aussi  longtemps  que  Luther  vécut, 
la  paix  fut  maintenue  ;  mais  après  sa  mort,  la  querelle 
éclata.  A  Kœnigsberg,  Osiander  commença  une  polémique 
violente,  qui  partagea  en  deux  camps  les  prédicateurs  de 
la  ville.  Cependant  l'osiandrisme  ne  survécut  que  peu  d'an- 
nées à  son  auteur.  En  1566,  tous  les  osiandristes  furent 
destitués  ;  Funk,  gendre  d'Osiander,  fut  décapité,  et  le 
Corpus  doctrinœ  pruthenicœ  mit  fin  à  cette  doctrine 
en  Prusse.  Ch.  Pfendek. 

I^i]5L.  :  W.  Mœlli:r,  Auc/reaa  OsUnidcfs  Leben  u.  iamije- 
\\iiehllc  Sehriften  ;  Elherl'..  1870  —  IIaî^k,  Hcrzog  Albrecht 
von  Preu8He}L  a.  sein  Uofprcdhicr,  1879.  —  lliTf;cHEi>,  Die 
RcchlJ'erlKjiuujHlehve  des  AjiOreus  Osuiiider,  daiiis  Jn/nim- 
clier  f.  d.  Tlieoloylc,  1857,  II. 


637  —  OSELLO  —  OSIER 

OSIANDER  (Luca«>),  théologien  protestant,  né  à  Nu- 
remberg le  16  déc.  1534,  mort  à  Stuttgart  le  17  sept. 
1604.  Il  était  le  fils  amé  du  précédent,  duquel  sortit  toute 
une  lignée  de  théologiens,  dont  plusieurs  sont  encore  au- 
jourd'hui en  activité.  Lucas  Osiander  fut  prédicateur  de 
cour  à  Stuttgart.  Il  exerça  une  influence  très  grande, 
quoique  bienfaisante,  sur  le  duc  Louis,  mais  tomba  en 
disgrâce  sous  le  duc  Frédéric,  vis-à-vis  duquel  il  avait 
gardé  une  courageuse  indépendance.  Il  fut  banni,  et  ne 
put  rentrer  à  Stuttgart  que  sur  la  fin  de  ses  jours.  Il  prit 
part  à  de  nombreux  colloques  et  conférences,  et  contribua 
beaucoup  au  perfectionnement  du  chant  d'éghse.  Princi- 
paux ouvrages  :  Biblia  latina,  ad  fontes  hebr.  textiis 
eniendata,  cum  brevi  et  perspicua  expositione  illus- 
trata  (1573-86,  7  vol.in-4,  1609,  in-fol.).  —  Ilrésuma 
et  continua  les  centuries  de  Magdebourg,  cet  important 
ouvrage  historique  interrompu  depuis  [d1^:  Epit ornes 
historiœ  eccl.  centuriœ  XVI,  in  quibus  breviter  et 
perspicue  commemoratiir  quis  fuit  status  ecclesiœ 
Christia  nat.  Salvatoris  usque  ad  anmun  1600  (Tu- 
bingue,  1592-1604,  in-4). 

OSIANDER  (Johann-Adam),  théologien  protestant,  né  à 
Vaihingen  (Wurttemberg)  le  3  déc.  1622,  mort  à  Tubingue 
le  26  oct.  1697,  petit-fils  du  précédent.  Il  fit  ses  études 
à  Tubingue,  pendant  le  temps  calamiteux  de  la  guerre  de 
Trente  ans,  et  devint  professeur  de  théologie  (1660)  et 
chancelier  de  cette  université  (1680).  Il  fut  considéré 
comme  un  des  plus  grands  théologiens  de  son  temps,  sur- 
tout comme  exégète  de  l'Ancien  Testament.  Il  fut  un  ad- 
versaire du  cartésianisme.  Il  se  fit  aussi  remarquer  comme 
dogmaticien,  comme  polémiste  et  comme  moraliste. 

OSIER.  I.  Botanique.  —  Nom  vulgaire  de  plusieurs 
espèces  de  Saules,  aux  branches  souples  et  pliantes,  telles 
que  Salix  viminalis  L.  ou  Osier  blanc,  0.  vert  ou 
0.  des  vanniers,  S.  triandra  L.  ou  0.  brun,  S.  pur- 
purea  L.  et  S.  rubra  Huds,  qui  sont  l'O.  rouge 
(V.  Saule).  —  On  donne  le  nom  d'o  fleuri  ou  d'O.  de 
Saint- Antoine  à  VEpilobium  spicatuml .  (V.  Epilobe). 
IL  Sylviculture.  —  L'osier  occupe  une  nlace  très 
importante  parmi  les  cultures  arbustivcs  ;  on  lui  x.'^nsacre 
annuellement,  en  France,  un  peu  plus  de  7.000  hect., 
notamment  dans  les  vallées  de  l'Aisne,  de  l'Oise,  de  la 
Marne,  de  la  Somme  et  de  la  Garonne  ;  les  principaux 
départements  producteurs  sont  :  les  Ardennes  (983  hect.), 
l'Aisne  (900  hect.),  la  Gironde  (585  hect.),  la  Haute- 
Marne  (493  hect.),  la  Meurthe-et-Moselle  (415  hect.), 
le  Pas-de-Calais  (377  hect.),  les  Bouches-du-Rhône 
(300  hect.),  la  Marne  (299  hect.),  etc.;  la  production 
livrée  par  41  départements  ayant  cultivé  plus  de  10  hect. 
d'osier  a  atteint,  en  1892,  environ  10,000.000  de  kilogr. 
représentant  une  valeur  totale  de  2.636.958  fr.  Nos 
exportations  ont  varié,  dans  les  dix  dernières  années,  de 
873.195  kilogr.  à  1.974.969  kilogr.,  avec  une  moyenne 
de  près  de  1.100.000  kilogr.,  elles  ont  lieu  surtout  vers 
l'Angleterre,  l'Espagne,  la  Suisse,  FAllemagne  et  la  Bel- 
gique. La  France  recourt  beaucoup  aux  importations  d'osiers 
exotiques,  elle  achète  annuellement  600.000  kilogr.  en- 
viron de  produits  d'origine  belge,  allemande,  etc.,  la  Ré- 
publique Argentine  a  pris  aussi  très  rapidement  une  j)lace 
considérable  sur  notre  marché.  —  Les  variétés  sont  très 
nombreuses  ;  les  plus  appréciées  appartiennent  aux  espèces 
suivantes  :  1^  Salix  fragilis  L.  (saule  fragile,  cro- 
quant, etc.)  :  donne  d'excellents  liens,  mais  il  est  souvent 
ramifié  et  son  décorticage  est  difficile  ;  ^1^  S.  alba  L.  ;  com- 
prend la  variété  dite  S.  vitellina  (osier  jaune,  saule  des 
vignes,  vitellin)  très  répandue  dans  les  Ardennes  fran- 
çaises et  très  bonne  pour  la  vannerie,  la  tonnellerie  et  les 
liens,  l'écorce  est  lisse  et  luisante  et  d'un  beau  jaune 
quelquefois  orangé,  les  sols  frais  et  meubles  lui  convien- 
nent particulièrement  ;  3''  S.  purpurea  L.  (osier  pourpre, 
rouge,  aune  étaminc,  etc.),  à  brins  d'une  finesse  remar- 
quable et  d'une  fente  facile,  convenant  pour  la  vannerie 
fine  et  pour  les  liens  ;  il  est  très  cultivé  en  France  et  en 


OSIER  —  osmis 


—  638  — 


Belgique;  il  prospère  surtout  dans  les  sols  sablonneux, 
riches  et  frais  et  clans  les  régions  à  climat  chaud  ;  la  pleine 
récolte  n'est  atteinte  qu'après  trois  ou  quatre  ans  ;  la 
sous-variété  dite  saule  pourpre  hélice  ou  saule  nain  {S.  p. 
hélix)  est  l'une  des  meilleures  ;  4«  S .  triandra  (amygdalina) 
Dub.  (saule  amandier,  osier  brun,  noir  des  Flandres,  franc, 
triandre,  à  trois  étamines,  etc.)  :  vigoureux,  à  brins  souples 
et  d'une  fente  facile,  à  bois  très  blanc  et  très  durable,  excel- 
lent pour  les  paniers  à  linge,  pour  la  vannerie  commune 
ou  fme  ;  les  sols  les  plus  variés  lui  conviennent,  el  il  tend 
à  se  répandre  de  plus  en  plus;  o°  S.viininalish.  (saule 
des  vanniers,  viminal,  osier  blanc,  vert,  à  longues  feuilles, 
romarin,  queue  de  renard,  etc.),  surtout  commun  en 
Belgique,  en  Hollande  et  en  Allemagne  :  rustique,  à  jets 
très  vigoureux,  gros  et  à  moelle  cassante,  non  ramitiés, 
convenant  surtout  pour  la  vannerie  commune  ;  il  supporte 
très  bien  la  taille  annuelle  et  redoute  seulement  les  ter- 
rains très  humides,  les  terrains  tourbeux  ou  à  sous-sol 
imperméable;  ses  sous-variétés  sont  nombreuses,  il  faut 
préférer  celles  à  écorce  jaune  orangé.  Les  sols  meubles  et 
frais  des  vallées  et  des  cours  d'eau,  fertiles  et  riches  en 
calcaires,  chauds  et  bien  éclairés,  doivent  être  surtout  re- 
cherchés; le  terrain  destiné  à  ro6'(?? me  est  assaini,  s'il  y  a 
lieu  par  des  drainages,  puis  on  le  défonce  à  une  profon- 
deur de  50  à  60  centim.  avant  l'hiver  ou  au  début  du 
printemps;  on  l'épierre  en  même  temps,  et,  dans  cer- 
taines régions,  on  le  divise  encore  en  planches  de  3  à 
6  m.  de  largeur,  suivant  sa  nature  ;  des  façons  superfi- 
cielles complètent  la  préparation.  Les  plantations  du  prin- 
temps sont  les  plus  générales,  on  les  termine  au  plus  tard 
avant  le  15  avr.,  lorsque  la  sève  se  met  en  mouvement. 
La  reproduction  par  boutures  (plançons  ou  plantards) 
est  seule  usitée  dans  la  culture  ;  les  plançons  ont  de  un 
à  quatre  ans  d'âge,  on  les  coupe,  le  plus  souvent,  au- 
dessus  d'un  œil,  à  la  longueur  de  25  à  30  centim.,  et  on 
les  conserve  avec  le  plus  grand  soin,  de  préférence  sous 
une  légère  couche  de  terre,  ce  qui  permet  de  les  préparer 
quelque  temps  à  l'avance  en  évitant  toutefois,  pour  cette 
opération,  le  moment  où  le  bois  est  gelé.  La  densité  des 
peuplements  varie  avec  de  nombreux  facteurs,  mais  elle 
doit  être  assez  élevée;  les  écartements  de  30  à  45  centim. 
entre  les  lignes  et  de  15  à  20  cent,  sur  les  lignes  sont 
les  plus  communs  ;  les  lignes  sont  tracées  au  préalable  et 
la  mise  en  terre  de  la  bouture  se  fait  au  plantoir,  ou  à 
la  bêche,  ou  même  à  la  charrue  ;  deux  bourgeons  émer- 
gent seulement  du  sol;  il  est  bon  de  ménager  des  sentiers 
de  service.  L'entretien  de  l'oseraie  doit  être  soigné,  sur- 
tout au  début  (binages,  sarclages,  nettoyage  des  sou- 
ches, etc.)  ;  les  vides  sont  regarnis  au  fur  et  à  mesure  de 
leur  apparition  par  repiquage  ou  par  marcottage  en  ser- 
penteau; le  rechaussement  des  plants  est  souvent  une 
opération  heureuse,  et  l'irrigation  modérée  (par  infdtra- 
tion  ou  par  submersion)  est  recommandable  dans  certains 
sols,  surtout  dans  les  aimées  sèches.  La  fumure  est  indis- 
pensable, particulièrement  clans  les  terrains  secs  et  frais 
et  peu  riches  naturellement  (fumier  de  ferme  et  engi'ais 
concentrés  complémentaires);  les  fossés  sont  curés  chaque 
année  après  la  récolte,  opération  qui  réclame  les  plus 
grands  soins  et  que  l'on  effectue  après  la  chute  des  ieuilles, 
de  la  fin  d'octobre  au  15  mars  au  plus  tard;  on  coupe  sur 
le  jeune  bois,  à  4  ou  2  centim.  de  la  souche,  avec  une 
serpette  bien  tranchante.  L'osier  est  vendu  brut  (vannerie 
commune),  écorcé  ou  blanchi  (y aimene  ordinaire  et  van- 
nerie de  luxe),  non  écorcé  et  fendu  (hens);  les  procédés 
de  récolte  et  de  préparation  varient  suivant  les  cas;  les 
produits  sont  toujours  sécliés  et  bottelés,  puis  conservés 
dans  des  locaux  bien  secs  et  aérés.  Le  revenu  net  par  hec- 
tare varie  de  300  à  500  fr.  en  France,  de  300  à  450  fr. 
en  Prusse,  de  187  à  215  fr.  en  Saxe,  de  142  à  170  fr. 
en  Hanovre  (Damseaux).  La  durée  moyenne  des  oseraies 
est  de  huit  ans,  elle  varie  d'ailleurs  dans  de  très  grandes 
limites.  J.  Troudi:. 

lÏÏ.  Technologie,  —  Les  branches  d'osier,   à  la  fois 


flexibles  et  résistantes,  peuvent  se  tresser  et  sont  employées 
pour  la  fabrication  de  paniers  légers  et  solides,  propres 
au  transport  des  objets  lourds  et  peu  fragiles,  tels  que  bou- 
lons, petites  pièces  de  fonte  ou  de  cuivre,  etc.  On  en  fait 
également  des  claies  très  résistantes,  capables  de  retenir 
les  terres.  L'osier  possède,  en  outre,  l'avantage  d'être  im- 
putrescilde  à  l'eau,  ce  qui  permet  de  l'employer  pour  la 
fabrication  de  certains  engins  de  pêche,  tels  que  nasses, 
casiers  à  homards,  etc.  L.  Maglin. 

BiBL.  :  Syi-viculture.—  Uamseaux.  Culture  de  l'osier; 
Bruxelles,  IHii'^.—  Uevzè,  Plantes  industrielles  ;  Paria,  189o, 
1. 1.—  MoiTRiKR.  Traité  pratique  de  la  eultnre  de  l'osier; 
Paris,  1855.  —  Kraiik,  Die  Korbweldeneultur ;  Aix-la- 
Chapelle,  1870.  —  T A1.BO riER,  Agricidture  nouvelle  (1895 
à  1898). 

OSIMA.  Ile  du  Japon,  la  plus  grande  du  groupe  des 
lies  Lou-tchou  ou  Riu-Kiu  (Y.  Riu-Kiu)  ;  7D0  kil.  q.  en- 
viron et  48.000  hal).  Le  détroit  Porpoise,  étroit  et  si- 
nueux, la  sépare  de  Katona.  Les  côtes  sont  extrêmement 
découpées  :  la  baie  Nasé  forme  le  port  principal.  Dans  les 
eaux  japonaises  on  trouve  un  grand  nombre  d'îles  appe- 
lées Osima  (Grande  île). 

OSIIVIA.Prov.  du  Japon,  située  dans  la  partie  méridio- 
nale de  l'île  de  Yéso  (V.  ce  mot). 

OSIMA-no-Idzou  (appelée  aussi  île  de  Vries).  Ile  du 
Japon,  sur  la  côte  S.-E.  de  Nippon,  dans  des  parages  très 
fré(|uentés,  à  25  kil.  au  S.-E.  delà  province  d'Idzou.  Elle 
a  17  kil.  de  diamètre  et  contient  un  volcan  en  activité 
(790  m.)  ;  4.000  hab.  Motoinoura,  le  plus  grand  des  vil- 
lages, est  situé  au  centre  de  l'île,  au  pied  ciu  cratère  de 
Miliarayama,  ({ui  a  encore  des  éruptions.  La  légende  veut 
c[ue  le  grand  archer  Minamoto  Tamétomo  ait  été  banni  à 
Osima  d'oix  il  avait  passé  aux  îles  Lou-tchou. 

OSIMO  (Antique  Auximum).  Ville  d'ilahe,  prov 
d'Ancône,  r.  g.  du  Musone,  à  275m.d'alt.  ;  5.000  hab. 
Evêché.  Vieille  enceinte,  musée  d'anticiuités  romaines  ; 
4  égUses,  palais  épiscopal. 

OSINSKI  (Louis),  écrivain  polonais,  né  à  Kock  en 
1775,  mort  à  Varsovie  le  27  nov,  1838.  Secrétaire  gé- 
néral du  ministère  de  la  justice  du  grand-duché  de  Var- 
sovie, puis  greffier  de  la  cour  de  cassation,  il  se  fit  une 
grande  réputation  d'élo(juence,  dirigea  ensuite  le  théâtre 
national,  professa  à  l'Université  (1818-34),  fut  attaché, 
au  conseil  d'Etat.  H  a  traduit  plusieurs  pièces  de  Corneille 
et  de  Voltaire,  composé  des  poésies,  vigoureusement  com- 
battu le  romantisme  de  Mickiewicz.  Onapubliésesiruvres 
complètes  en  4  vol.  (Varsovie,  1861). 

OSIRIS.I.  Mythologie  égyptienne.—  En  raison  de 
l'importance  énorme  que  les  Egyptiens  attachaient  aux 
pompes  de  la  mort,  le  dieu  qui  y  présidait,  Osiris,  roi  delà 
région  infernale  et  juge  des  morts,  tenait  par  la  nature  de  ses 
fonctions  et  leur  caractère  mystérieux  le  premier  rang  parmi 
les  divinités.  Hérodote  et  Plutarcpie  nous  disent  que  les 
initiés  se  faisaient  scrupule  de  prononcer  son  nom  ;  cette 
assertion  est  confirmée  par  les  textes,  car  on  lit  dans  le 
Livre  des  Morts  (ch.  xliv,  4)  «  le  résident  de  rAmenti 
déteste  qu'on  prononce  son  nom  ».  D'après  la  légende 
rapportée  par  les  anciens,  Osiris  a  régné  sur  la  terre  où 
il  a  laissé  un  tel  souvenir  de  ses  bienfaits  qu'il  y  est  devenu 
le  type  même  du  bien  sous  le  nom  d'Ounnofré  et  (pic 
Typhon,  c.-à-d.  Set,  son  meurtrier,  est  devenu  le  type 
du  mal.  Set,  après  avoir  tué  Osiris,  dispersa  son  cadavre; 
les  membres  épars  du  dieu  furent  recueillis  par  ses  soeurs, 
Isis  et  Nephthys,  et  embaumés  par  Anubis  qui  devint  le 
dieu  de  l'ensevelissement.  Horus,  né  d'Osiriset  d'isis  (cette 
tradition  mythologique  autorisa  en  Egypte  le  mariage  entre 
frère  et  sœur),  succéda  àsonpèreetle  vengeadansuncombat 
contre  Set  :  au^^si  est-il  appelé  le  «  vengeur  de  son  père  ». 
Cette  légende  est  étroitement  liée  au  symbolisme  solaire. 
Quand  fastre  a  disparu  aux  regards  de  l'Egyptien,  ([uandil 
est  pour  lui  le  soleil  mort,  il  s'appelle  Osiris  et  il  renaît  à 
l'orient  sous  le  nom  d'Horus,  Har-em-hhou  (Armakhis), 
«  rilorus  de  Thorizon  ».  Ace  moment,  il  a  triomphé  des 
ténèbres,  ses  ennemies,  que  personnifie  tantôt  Set,  tantôt 


—  639 


OsmiS  —  OSMAN 


le  grand  serpent  |Apap  (Apophis).  Cette  nouvelle  forme 
de  soleil  ressuscité,  triomphant  des  ténèbres,  que  repré- 
sente Horus,  est  véritablement  la  vengeresse  de  la  forme 
précédente  de  soleil  disparu  que  représente  Osiris.  Les 
deux  déesses,  Isis  et  Neplithys,  protectrices  d'Osiris, 
forment  un  i)arallélisme 
parfait  avec  les  deux  dées- 
ses protectrices  de  Ra,  le 
soleil  diurne,  qui  person- 
nifient la  lumière  de  ses 
yeux  et  sont  symbolisées 
tour  à  tour  par  les  deux 
\ipcres  de  son  diadème, 
les  deux  plumes  de  sa 
coifl'ure,  la  couronne  blan- 
che et  la  couronne  rouge 
et  les  deux  ailes  du  disque. 
La  vie  de  l'homme  était 
assimilée  à  la  vie  du  so- 
leil :  il  disparait  dans  la 
tombe,  située  à  l'ouest, 
en  Egypte,  comme  le  so- 
leil disparait  à  l'occident; 
il  s'appelle  Osiris  comme 
le  soleil  disparu  et,  comme 
lui,  il  renaîtra  pour  de 
nouvelles  existences.  Telle 
est  la  doctrine  consolante 
que  l'Egyptien  emportait 
e]i  quittant  la  vie. 

Osiris  est  le  dieu  des 
morts,  c'est  son  domaine 
qui  est  affecté  au  châti- 
ment des  coupables  et  à 
la  récompense  des  justes, 
récompense  ou  châtiment 
résultant  d'un   jugement 
prononcé  par  lui  et  enre- 
gistré par  Thot.  Le  rôle 
d'Osiris  est  parfaitement 
expliqué  par  son  cos- 
tume :  il  porte  le  maillot  de  la  momie  et  il  est  coiffé  de 
la  mitre  solaire.  Dans  quelques  anciens  manuscrits,  il  est 
représenté  avec  un  visage  noir. 

De  même  que  la  mort  de  l'homme  est  assimilée  à  la 
mort  du  soleil,  la  mort  du  soleil  est  assimilée  à  la  mort  de 
l'homme,  et  le  soleil  disparu,  le  soleil  nocturne,  est  figuré 
dans  la  personne  d'Osiris  par  un  dieu  en  forme  de  momie. 
La  nuit  ayant  précédé  le  jour,  elle  semble  lui  donner  nais- 
sance, et  Osiris  est  appelé  «  la  demeure  du  soleil  »,  c.-à-d. 
son  lieu  d'origine  ;  c'est  là  le  sens  du  nom  hiéroglyphique 
de  ce  dieu  As-fia  écrit  par  le  siège  et  le  disijue,  nom 
dont  un  monument  de  Leyde  nous  offre  la  curieuse  variante 
As-llar-KIwuti,  «  demeure  d'Armakhis  »,  c.-à-d.  du 
soleil  levant.  En  conséquence,  Osiris  prend  le  rang  de  dieu 
primordial  comme  Noun,  Ptah-Tancn,  Khnoum,  etc.,  e( 
il  est  qualifié  de  dieu  de  la  première  fois.  Il  a  été  fait 
grand  bruit,  en  4898,  de  la  découverte  par  M.  Améhneau, 
à  Abydos,  du  tombeau  et  du  sarcophage  d'Osiris  considéré 
par  lui  comme  un  roi  divinisé.  Il  a  vu  également  des  rois 
préhistoriques  divinisés  dans  ceux  dont  les  légendes  lui 
ont  été  hvrées  par  ses  fouilles  précédentes.  Cette  théorie 
n'a  pas  été  ratihée,  quoique  lesdits  rois  aient  été  reconnus 
pour  appartenir  à  la  L'«  et  à  la  ÏP  dynastie.  L'a\is  des 
meilleurs  juges  esl  (pu'  le  prétendu  sarcophag(^  d'Osiris 
doit  être  attribué  à  un  pharaon  du  31oyen  Empire,  non 
encore  déterminé.  Paul  Ph:rret. 

II.  Alchimie.—  Le  nom  d'Osiris  figure  chez  les  alchi- 
mistes comme  une  réminiscence  des  origines  égyptiennes 
de  leur  art.  11  est  donné  dans  les  lexiques  conjme  syno- 
nyme du  plomb  et  du  soufre.  Olympiodore  compare  la 
chimie  au  tombeau  d'Osiris,  doutées  membres  sont  ca- 
chés et  Je  visage  seul  apparent.  Le  tombeau  d'Osiris  ligure 


Osiris,  d'après  une  vignette 
de  la  traduction  anglaise  de 
Bunsen,  Piace  de  l'Egypte 
dans  l'histoire. 


d'ailleurs  dans  la  plupart  des  compositions  magiques  don- 
nées par  les  documents  démotiques.  M.  B. 

BiBi.  :  Mythologie.—  Leff.burk.  le  Mythe  osirlen:  Pa- 
ris, 1874-75,  2  vol.  —  Cf.  l'art.  Egypte. 

OSISIVI L  Peuple  gaidois  de  la  Celtique  proprement  dite, 
mentionné  par  César  au  nombre  des  civitates  maritimai 
arnwricœ.  Leur  territoire,  (pii  confinait  à  l'E.  aux  Ve- 
neles  et  aux  Ouriosotites,  fut  compris  sous  Augnste  dans 
la  province  Lyonnaise  et  s'avaiK^ait  à  cette  époque  juqu'à 
l'extrémité  méridionale  du  dép.  du  Einistère  ;  ils  auraient 
donc  occupé  tout  le  littoral  occidental  de  la  Bretagne. 
Suivant  M.  Longnon,  la  civitas  Odsnwnim  aurait  com- 
pris le  territoire  occupé  depuis  par  les  diocèses  de  Tré- 
guier  et  de  Saint-Pol-de-Léon.  Les  Odsmi  furent  soumis 
à  la  domination  romaine  par  P.  Crassus.  Leurs  villes 
étaient  ;  Vorijcuiiiun,  qui,  au  iv^  siècle,  prit  le  nom  de 
ciuilas  Osismoriun  et  qu'on  a  identifié  avec  Coz-Castell- 
Acli  ;  VorgiiDii  (Carhaix)  et  le  port  de  Gesocrihale 
(Brest).  L'ile  de  Se}ia,  située  vis-à-vis  de  la  côte  osmienne, 
était  renommée  à  cause  de  son  oracle.  Pomponius  Mêla 
raconte  que  les  prêtresses  de  ce  sanctuaire,  au  nombre 
de  neuf,  avaient  le  pouvoir  de  déchaîner  les  vents  et  les 
tempêtes  par  leurs  incantalions.  L.  Will. 

BiBL.  ;  li.-F.  Lj']  Mi;x.  Etudes  hlst.  sur  le  Finistère.  — 
Du  nuMue,  la  Cité  des  Osismli.  dans  Reo.  nrchéol.,  nouv. 
sér.,  XXIII. 

OSIUS,  évêque  de  Cordoue  (V.  llosius). 

OSKALOOSA.VilledesEtats-Unis,lo\Na,surlarivièreDes 
Moines  ;  6.o58  hab.  (en  1890).  Mines  de  houille  et  de  fer. 

OSKAR.  Rois  de  Suède  (V.  Oscar). 

OSKARSHALL.  Château  royal,  conslruil  en  I8i'7-,>2, 
sur  une  île  près  de  Ciiristiania.  (Collection  d'œuvres  d'ar- 
tistes norvégiens. 

^  OSKARSHAMN.  Ville  et  port  enSuède,  hen  de  Kalmar  ; 
0.831  hab.  (1891).  Commerce  maritime  assez  imporlanl 
(bois,  céréales).  Ateliers  de  construction  de  bateaux,  fa- 
briques d'allumettes,  de  tabac,  etc.  Bonnes  écoles. 

OSKOL.  Grande  ri\jère  de  Russie,  affl.  du  Donetz  septen- 
trional. Elle  naît  dans  des  coteaux  de  250  m.  d'alL,  près 
de  la  ville  de  Tim,  traverse  une  partie  du  gouv.  de  Koursk, 
les  gouv.  de  Voi'onèje  et  de  Kharkhov.  Longueur,  370  kil. 
Les  rives  de  l'Oskol,  formées  do  rochers  crayeux  et  argi- 
leux, offrent  un  aspect  très  pittoresque,  surtout  dans'la 
partie  moyenne  de  son  cours. 

OSKOLD  (V.  Askold). 

OSLON.  Com.  du  dép.  de  Sa<')ne-et-Loire,  arr.  et  lant. 
(S.)  de  Chalon;  Ui  hab. 

OSLY-CouuTiL.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Sois- 
sons,  cant.  de  Vie-sur- Aisne  ;  20 J  hab. 

OS  M  A.  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Soria,  r.  dr.  de 
rUccro  ;  1.300  hab.,  en  face  d'E/  Biiirjo  de  Osma  qui 
en  compte  3.300.  C'est  une  vieille  cité,  dont  l'évêché  date 
du  vi^  siècle.  En  938  le  roi  de  Léon  Ramiro  y  vainquit 
Abd-er-Rhaman  de  Cordoue. 

OSMAN  ou  OTHMAN  \^'  Al  G  iiazi,  sultan  turc,  le  pre- 
mier des  Ottomans  ou  Osmanlis  auxquels  il  a  laissé  son  nom , 
né  à  Soukout  (Bithynie)  en  L239,  mort  en  1326.  D  succéda 
en  1^288  à  son  père  Ertoglirul  à  la  tète  de  la  horde  de  pas- 
teurs turcs  campée  en  Phrygie  qui  devait  fonder  l'empire 
ottoman.  En  1299,  il  se  proclama  indé])endant  et  prit  le 
titre  de  sullan,  justihé  par  les  victoires  cpti  lui  assujet- 
tirent tout  rO.  (le  l'Asie  Mhieure.  11  s'empara  de  i\icée 
en  1304,  de  la  prov.  de  Marmara  en  1307  ;  son  fils  Orkhan 
prit  Brousse  en  1326.  Il  résidait  à  Karahissar  et  frappa 
monnaie  à  son  effigie.  C'est  de  lui  que  ses  successeurs  et 
son  peuple  pi'ireut  le  nom  d'Osmanlis  et  d'Ottomans. 

OSMAN  II,  sultan  turc  ottoman  (1618-22),  né  le 
1'  nov.  1605,  tué  à  Conslantinople  le  20  mai  1622.  Fils 
aîné  d'Ahmed,  il  était  fort  brave,  succéda  à  son  oncle  dé- 
posé Mustafa  P^,  fit  la  guerre  à  Sigismond  III,  roi  des 
Polonais,  échoua  au  siège  de  Choczim  (1621)  ;  exaspéré 
contre  les  janissaires,  il  annonça  l'intention  de  les  suppri- 
mer ;  ils  se  révoltèrent  et  il  fut  étranglé  par  le  grand- 
vizir  Daoud-pacha. 


OSMAN  ^  OSMIUM 


040  -^ 


OSMAN  III,  sultan  turc  ottoman;  il  succéda  à  son 
père,  Mahmoud  P'",  le  30  oct.  1754  et  régna  jusqu'au 
!2!2  déc.  4757,  changeant  constamment  ses  vizirs  et  sans 
rien  faire  de  notable. 

OSMAN-DIGNA  (Georges  Nisbet,  dit),  c.-à-d.  le  Barbu 
{dikn,  barbe).  Chef  soudanais,  né  à  Rouen  en  1836  de 
parents  français  qu'il  suivit  à  Alexandrie  en  1849.  Sa  mère, 
devenue  veuve,  se  remaria  à  un  commerçant  musulman 
du  nom  d'Osman  et  fit  élever  son  fils  dans  la  religion  mu- 
sulmane. Il  passa  par  l'école  militaire  du  Caire,  fut  em- 
mené par  son  beau-père  (y  1865)  à  Souakim,  où  il  s'adonna 
au  commerce  de  denrées  et  d'esclaves.  Il  devint  l'un  des 
hommes  les  plus  influents  de  Souakim  et,  en  1882,  s'as- 
socia à  l'Jnsurrection  d'Arabi  Pacha,  son  ancien  camarade. 
Les  cheikhs  du  Soudan  oriental  le  prirent  pour  chef,  et  il 
reconnut  le  Mahdi  (V.  ce  nom).  Il  combattit  intrépide- 
ment les  Anglo-Egyptiens,  perdit  le  bras  gauche  à  la  suite 
d'une  blessure.  Ses  exploits  les  plus  frappants  furent  ac- 
complis en  1887-88  auprès  de  Souakim  où  il  s'était  for- 
tifié près  de  Tokar  ;  il  ne  fut  délogé  par  les  Anglais  de 
Grenfell  ({u'au  prix  de  pertes  cruelles.  A. -M.  B. 

OSMAN-Nouki-Pacha,  surnommé  G/ia;:./ (le  Victorieux), 
général  turc,  né  à  Amasie  en  1837.  Il  se  distingua  dans  les 
guerres  de  Crimée  et  de  Crète,  fut  promu  général  de  bri- 
gade (1874),  de  division  (1876);  placé  à  fa  tète  du  corps 
de  Vidin  dans  la  guerre  de  Serbie,  il  fut  vainqueur  à 
Yeliki-Izvor  (18  juil.  1876)  et  Zaïtchar  (4  août).  Lorsque 
éclata  la  guerre  russo-turque  de  1877,  il  commandait 
35.000  hommes  à  Vidin.  Au  mois  de  juillet,  quand  les 
Russes  entreprenaient  le  passage  des  Balkans,  il  les  atta- 
qua sur  leur  flanc  gauche,  occupa  Plevnad'où  il  repoussa 
Schilder-Schuldner  {ÎO  juil.),  s'empara  de  Lovatz  (27  juil.) 
et  défit  Krudener  et  Schakhovskoi  (30-31  juil.).  Il  im- 
provisa alors  autour  de  Plevnade  formidables  ouvrages  en 
terre  derrière  lesquels  il  réunit  successivement  jusqu'à 
60.000  hommes,  arrêtant  complètement  la  marche  des 
Russes  qui  furent  contraints  de  masser  des  renforts  et  de 
tourner  leurs  efforts  contre  lui.  Ils  reprirent  Lovatz  le  3  sept, 
et,  avec  l'appui  de  l'armée  roumaine,  attaquèrent  les  lignes 
de  Plevna.  iVprès  un  bombardement  général,  ils  donnèrnt 
Tassant  le  11  sept.,  n'enlevèrent  que  les  premières  re- 
doutes qu'Osman  leur  reprit  le  lendemain.  Un  nouvel  as- 
saut donné  le  19  oct.  fut  également  repoussé,  et  les  Russe? 
entreprirent  alors  l'investissement  complet  de  Plevna  et 
de  l'armée  turque.  Celle-ci  n'ayant  été  en  aucune  manière 
secourue,  le  manque  de  vivres  obligea  Osman  Pacha  à 
tenter  une  sortie  vers  Vidin  le  10  déc.  Il  ne  put  percer,  et 
les  Russes,  prévenus  par  des  traîtres,  ayant  occupé  les 
lignes  évacuées,  Osman  ne  put  y  rentrer  ;  blessé  lui-même, 
il  dut  mettre  bas  les  armes.  Depuis  il  fut  mis  à  la  tète  de 
l'armée  de  Constantinople  (30  mars  1878),  nommé  mi- 
nistre de  la  guerre  (4  déc.  1878),  poste  qu'il  garda  jus- 
qu'en 1888,  malgré  des  faits  de  concussion,  et  enfin  maré- 
chal du  palais.  Il  jouit  de  la  faveur  personnelle  du  sultan 
qu'il  accompagne  dans  ses  sorties  ofTicielles.    A. -M.  B. 

BiBL.  :  Levaux,  Ghiizi  Osman  Paxho,  souvenirs  histo- 
riques; Paris,  1891,  2"  éd. 

OSMAN lÉ  (Ordre  de  1').  Cet  ordre  fut  fondé  en  Tur- 
(fuie  en  1862  par  le  sultan  Abd-ul-Azis.  Les  statuts  en  ont 
été  modifiés  en  1867.  Ruban  vert  à  deux  lisérés  rouges. 

OSMAN Ll  (Ethn.)  (V.  Tcac). 

OSMANVILLE.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr.  de 
Bayeiix,  cant.  d'Isigny;  456  hab. 

OSMAZOME.  On  donne  ce  nom  à  un  extrait  de  viande 
à  odeur  particuHère  qu'on  obtient  par  l'ébullition  de  la 
viande  avec  l'eau  et  précipitation  de  l'extrait  par  l'alcool 
et  évaporation.  C'est  un  mélange  de  créatine,  de  créati- 
nine,  d'acide  lactique,  etc. 

OSMERUS  (Iclit}ol.).  Genre  de  Poissons  Téléostéens, 
de  l'ordre  des  Physostomes  et  de  la  famille  des  Salmo- 
nidœ,  à  corps  allongé  plus  ou  moins  fusiforme,  couvert  de 
très  petites  écailles  caduques  ;  les  dents  assez  fortes  sont 
réparties  sur  les  mâchoires,  le  vomer,  les  palatins,  les  pté- 


rygoïdienset  la  langue.  UOstnerus  eperlamis  ou  Eperkui 
commun,  est  ordinairement  d'un  vert  grisâtre  plus  ou 
moins  pointillé  de  noir  sur  les  régions  supérieures,  une 
bande  d'un  beau  vert,  sépare  la  teinte  du  dos  de  celle  (ki 
ventre,  celui-ci  d'un  blanc  argenté.  La  dorsale  estgrisàtre, 
l'anale  et  les  ventrales  blanches.  C'est  surtout  dans  la  mer 
du  Nord  et  dans  la  Balti([ue  que  l'on  pèche  l'Epeilan  ;  il 
est  également  commun  dans  la  Manche,  il  est  assez  rare 
dans  l'Océan.  Ce  Poisson  remonte  les  fleuves  à  l'époque  de  la 
ponte,  il  est  d'un  goût  délicat  et  assez  estimé.      Rochuk. 

BiBL.  :  Sauvage,  dans  l^RiaiM,  éd  fi* .  Poissons.  —  Gt.n- 
thj:r,  Siudij  of  FisJies. 

OSMERY.  Com.  du  dép.  du  Cher,  arr.  de  Saint- 
Amand-Mont-Rond,  cant.  de  Dun-sur-Auron  ;  5*26  hab. 

OS  METZ.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr.  de 
Tarbes,  cant.  de  Trie;  191  hab. 

OSMIDROSE  (Méd.)  (V.  Bromiurose). 

OSMIE  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Hyménoptères,  de  la 
famille  des  Apides,  établi  par  Panzer  (Krit.  Rev.,  1806, 
II,  p.  230).  Ce  sont  des  Abeilles  maçonnes  construi- 
sant leurs  nids  dans  les  trous  des  murailles,  les  creux 
d'arbres,  les  branches  sèches,  sous  les  écorces,  dans  les 
nids  abandonnés  par  d'autres  Apides  ou  même  dans  des 
coquilles  d'Hélix.  Elles  bâtissent,  avec  du  sable  et  de  la 
terre  humectés  de  salive,  plusieurs  cellules  en  forme  de 
dés  à  coudre.  Leurs  nids  sont  parfois  envahis  par  des 
commensaux,  les  ^76^//^",  ou  par  des  parasites,  les  Ckrysis. 
On  compte  plus  de  300  espèces  de  tous  les  pays.  VO. 
riifa  L.  ou  hicornis  présente  chez  les  femelles  deux 
cornes  sur  les  côtés  de  la  tête  et  se  trouve  communément 
aux  environs  de  Paris.  P.  T. 

OSMIUM  (Chim.).  S  ^■■\ ^'=,^|;- 

^  '    \  Poids  atom Os  =  190. 

L'osmium  existe  toujours  dans  les  minerais  de  platine 
(V.  ce  mot),  particuhèrement  sous  forme  d'osmiure  d'iri- 
dium. Tennant  Fy  a  découvert  en  1803.  Il  tire  son  nom 
de  l'odeur  particulière  qu'il  'répand  (ôa[JLyî,  odeur)  quand 
on  le  grille  k  l'air.  Vauquelin,  Berzelius,  Fremy,  parti- 
cuhèrement Sainte-Claire-Deville  et  Debray,  Joly  se  sont 
occupés  de  son  étude. 

Le  griflage  des  osmiures  riches  en  osmium  dans  Toxy- 
gène  à  haute  température  fournit  de  l'acide  osmique  vo- 
latil, qui  sert  de  point  de  départ  pour  la  pré{)aration  de 
l'osmium.  On  sature  l'acide  osmique  par  l'ammoniaque  et 
l'on  fait  bouillir  avec  du  sulfure  d'ammoniaque,  pour  obte- 
nir du  sulfure  d'osmium.  On  décompose  ensuite  le  sulfure 
en  le  chauffant  à  haute  température  dans  un  creuset  de 
chai'bon  de  cornue.  On  obtient  ainsi  une  poudre  ou  une 
masse  spongieuse  d'un  bleu  plus  ou  moins  foncé  suivant 
son  état  de  division  ;  il  est  alors  oxydable  à  l'air  et  exhale 
une  forte  odeur  d'acdde  osmique. 

Sainte-Claire-Deville  et  Debray,  en  faisant  passer  des  va- 
peurs d'acide  osmique  dans  un  tube  de  charbon  très  for- 
tement chauffé,  ont  préparé  l'osmium  en  petits  cristaux  d'un 
beau  bleu  teinté  de  gris,  de  densité  22,48.  Chauffé  dans 
le  dard  du  chalumeau  à  gaz  oxhydrique,  le  métal  disparaît 
rapidement  soit  qu'il  se  volatilise,  soit  qu'il  se  change  en 
peroxyde  volatil,  mais  l'œil  exercé,  qui  suit  attentivement 
le  phénomène,  ne  peut  saisir  dans  les  morceaux  d'osmium 
({ui  disparaissent  rapidement  la  moindre  trace  de  fusion. 
Joly  et  Vèzes  ont  pu  fondre  l'osmium  dans  l'arc  électri((ue 
et  l'obtenir  sous  une  forme  métallique  comparable  au  ru- 
thénium. On  opère  dans  un  appareil  clos,  traversé  par  un 
courant  lent  de  gaz  carbonique  et  dans  des  coupelles  en 
charbon.  Si  le  métal  est  porté  rapidement  à  la  plus  haute 
température  de  l'arc,  il  fond  sans  se  volatihser  sensible- 
ment. 

L'osmium  fondu  est  très  brillant  à  la  surface,  sa  cou- 
leur est  gris  bleuâtre,  sa  cassure  est  cristalline  ;  plus  dur 
que  Firidium  et  le  ruthénium,  il  entame  profondément  le 
verre,  raye  le  quartz,  mais  il  est  rayé  par  la  topaze,  les 
limes  les  mieux  trempées  ne  réussissent  pas  à  l'entamer. 
Ainsi  fondu,  l'osmium  n'est  plus  oxydable  à  l'air,  à  la 


lompéraliire  ordinaire.  Il  est  le  plus  lourd  des  corps  con- 
nus. L'osmium  estcomparal)le,  comme  métal,  au  rutiiénium  ; 
ces  deux  métaux  forment  un  groupe  fort  net  comme  le 
l'hodium  et  l'iridium  d'une  part,  le  palladiiun  et  le  pla- 
tine d'autre  part.  L'acide  azotique,  l'eau  régale,  oxydent 
l'osmium  à  l'état  d'acide  osmique.  Parmi  les  alliages 
d'osmium,  le  plus  intéressant  est  l'osmiure  d'iridium,  qui 
se  rencontre  dans  les  sables platinifères  et  aussi  de  temps 
en  temps  dans  les  sables  aurifères  sous  la  fonne  de  pail- 
lettes brillantes,  dont  le  poids  spéciticpie  varie  de  18,8 
à  '^O.o  ;  cetosmiure  contient,  outre  l'osmium  et  l'iridium, 
des  (juantités  variables  de  ruthénium  et  de  rhodium. 
L'osmium  forme  avec  l'oxygène  un  grand  nombre  de 
composés  :  le  prot oxyde  OsO,  le  ses{[uioxyde  OsO'^.  le 
bioxyde  OsO^,  Faidiydride  osmi({ne  OsO^  constituent  les 
principaux  termes  cle  ce  groupe. 

]j' anhydride  osmique  OsO'*  est  un  corps  éminemment 
volatil  qui  se  condense  dans  les  ampoules  froides  en  belles 
aiguilles  flexibles  ou  en  un  licpiide  dense  très  réfringent, 
(pii  se  solidifie  à  40"  en  une  masse  cristalline  incolore.  Ce 
composé  bout  vers  JOO",  mais  émet  déjà  des  vapeurs  à  la 
température  ordinaire  en  même  temps  (pi^une  odeur  très 
forte  de  raifort.  Les  vapeurs  osmiques  sont  très  dange- 
reuses à  respirer,  elles  aft'ectent  vivement  les  yeux  et  les 
voies  l'espiratoires.  Deville  s'étant  trouvé  soumis  acciden- 
tellement à  l'influence  des  vapeurs  osmiques  éprouva  un 
grand  trouble  dans  la  vision  ;  après  une  cécité  presque 
complète  de  vingt-quatre  heures,  le  sens  de  la  vue  resta 
altéré  pendant  longtemps,  par  suite  de  la  formation  d'une 
conclie  d'osmium  à  la  surface  de  la  cornée,  couche  qui  ne 
disparut  ensuite  que  lentement.  L'intoxication  par  l'acide 
osmique  est  aussi  accompagnée  d'affections  plus  ou  moins 
graves  de  la  peau  (dartres),  etc.  L'acide  sulfhydrique  est 
un  antidote  de  l'acide  osmi(pie.  L'acide  osmicpae  est  assez 
soluble  dans  l'eau,  mais  il  s'y  dissout  lentement;  l'alcool, 
l'éther  le  dissolvent  rapidement,  mais  ne  tardent  pas  à  le 
réduire  à  l'état  d'osmium  métallique.  Cette  réduction  est 
produite  par  un  grand  nombre  de  matières  organiques  et 
en  particulier  par  celles  qui  sont  contenues  clans  le  sys- 
tème nerveux,  aussi  utilise-t-on  une  solution  d'acide  os- 
mifpie  au  1  dOO  pour  étudier  le  système  nerveux  des  ani- 
maux inférieurs.  La  substance  des  nerfs  noircit  en  réduisant 
l'acide  étendu  que  les  autres  tissus  altèrent  plus  lente- 
ment. Beaucoup  de  métaux,  le  fer,  le  zinc,  le  cuivre,  le 
mercure  réduisent  l'acide  osmique.  L'ammoniaque  en  excès 
déconq)ose  l'anhydride  osmique  en  donnant  des  combinai- 
sons azotées  complexes  ;  la  potasse  ne  donne  pas  d'osmiates, 
mais  en  présence  de  réducteurs  elle  fournit  un  osmite 
OsOKO,  2H0  ;  ce  sel  est  en  cristaux  octaédriques,  soluble 
dans  l'eau  en  violet. 

Le  caractère  le  plus  saillant  des  composés  d'osmium  est  leur 
})roprié(éde  dégager  de  racideosmique,reconnaissal)leà  son 
odeur,  quand  on  les  cbaufïe  avec  de  l'acide  azoticpie  ;  la 
même  réaction  a  lieu  quand  on  les  chaufliè  à  l'air.  On  peut 
facilement  reconnaître  l'osmium,  lors  même  qu'il  est  uni  à 
l'iridium,  en  chauffant  la  matière  à  essayer  sur  le  bord  de 
la  flanune  d'une  lampe  à  esprit-de-vin  ;  l'osmium  qui  se 
volatilise  à  l'état  d'acide  osmitpie  domie  à  la  flamme  un 
grand  éclat  et  une  coloration  i)lanclie  [)articulière  ;  si  on 
cidonce  ahu's  le  métal  complètement  dans  la  flamme,  l'oxy- 
dation cesse  en  même  tejups  (jue  le  pbénomène,  (pu  se 
repioduit  de  nouveau  fjiiand  on  ]'amène  la  cuiller  sur  les 
bords. Pour  f/(M*e/*rosmium,  on  commence  par  l'isolera  l'état 
d'anhydride  osmique  (jui  est  recueilli  dans  la  potasse,  puis 
transformé  en  osmite  de  potasse  et  finalement,  sous  l'in- 
fluence du  chlorhydrate  d'ammonia(pie,  dans  la  combinai- 
son complexe,  Os''^0'^(Az'^'îi'^)(vl',  on  réduit  par  l'hydrogène 
et  Ton  pèse  le  métal.  C.  Matuînon. 

IL'!,!..  Fri::j\-,  Aniuilcs  Oe  dam.  et  de  plujs.,  \Y  scrio, 
t  XI. IV,  })  389.  —  DiAii.Li:  ot  Dk^ray,  ibùj  ,  .3''  séné, 
t   Ly\"l.  p.  V)6b 

OSMOND  ou  OS  MER  (Saint),  évéque  de  Salisbury, 
moit  le  3  déc.  1009.  H  était  fils  du  comte  Henri  de  Séez 

GRANTtF.  ENCYCLOPÉDIE,    —    XXV. 


—  (i41  ~  OSMIUM  —  OSMLNDA 

et  d'Isabelle. la  sœur  de  Guillaume  le Comfuérant  ;  il  accom- 
pagna ce  dernier  en  Angleterre  en  qualilé  de  cbapelain. 
Lu  mars  lOT'i,  il  fut  élevé  à  l'oflice  de  chancelier.  |)uis 
fut  fait  évéque  de  Salisbury,  alors  Sarum.  en  1078.  Il  col- 
labora au  Domesdatj  Uook.  W  construisit  la  cathédrale  de 
Sarum,  réorganisa  son  clergé  sin^  le  modèle  normand, 
rédigea  un  nouveau  rituel,  dont  l'original  a  dispai'u;  il  en 
existe  une  copie,  de  0/ficiis  erclesiastici,  datée  de  i^H. 
Ces  innovations  ne  rencontrèrent  qu'une  faible  opposition  ; 
elles  furent  assez  rapidement  acceptées  dans  toute  la 
Crande-Bretagne  et  y  furent  conservées  jusqu'au  xvi^  siècle. 
Osmond  assista  au  concile  de  Sarum  (1086)  et  à  celui  de 
Rockingham  (1095),  où  il  prit  le  parti  du  roi;  mais  il  ne 
tarda  pas  à  se  réconciher  avec  Anselme.  F. -H.  K. 

BiiJL.  :  W.-H.-R.  Joxr- .  Eer/ister  of  St  Osmu ad  ;  Londres 
1S83  et  1881.2  vol. 

OSMONDACÉES  ou  OSMONDÉES  (Bot.)  (V.  Os- 
mundâ). 

os  M  ONT  (Auguste-Adolphe),  général  français,  né  à 
Montpellier  le  oljanv.  1818.  Sorti  de  l'école  de  Saint-Cyr, 
il  fit  campagne  en  Afrique  (1848),  prit  part  k  rexpédition\le 
Rome  et  se  distingua  en  Crimée  (1854),  puis  en  Italie, 
en  Syrie,  au  Mexique,  où  il  fit  preuve  d'un  grand  cou- 
rage. Général  de  brigade  en  1865,  il  resta  jusqu'en  1867 
au  Mexique.  En  1870,  on  le  trouve  chef  d'état-major  du 
4«  corps  (Ladmirault)  de  l'armée  du  Rhin.  Blessé  à  Ser- 
vigny,  prisonnier  de  guerre  à  la  capitulation  de  Metz,  il 
rentra  le  ^24  mars  1871  en  France  et  commanda  une 
brigade  du  2®  corps  de  l'armée  de  Versailles  à  la  tète  de 
laquelle  il  enleva  les  barricades  établies  devant  Bagneux 
et  Cachan.  Général  de  division  en  1871,  il  commandâtes 
divisions  d'Oran  et  d'Alger  (1878),  puis  le  13«  corps 
d'armée  (Clermont-Ferrand)  en  1881.  Kn  1883,  il  fut  * 
admis  à  la  retraite.  Ph.  [] 

OSMOSE  (Phys.)  (V.  Exdosmosi:). 

OS  MO  Y.  Com.  du  dép.  du  Cher,  arr.  de  Bourges,  cant. 
deLevet;  ^208  hab. 

OS  MO  Y.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr.  de 
Mantes,  cant.  de  Houdan  ;  160  hab. 

OSMOY  (Charles-François-Romain  Le  Boeuf,  comte  d'), 
homme  pofitique  français,  né  à  Osmoy  le  '27  nov.  18^27. 
Il  débuta  par  la  littérature  et  fit  jouer  sans  grand  succès 
quelques  pièces  au  Palais-Royal,  àl'Odéon,  au  Gymnase; 
il  renonça  à  la  littérature  et  se  retira  dans  ses  propriétés 
d'Osmoy.  Il  fut  battu,  en  1869,  aux  élections  législati\es 
par  le  candidat  ofiîciel.  R  s'engagea  pendant  la'  guerre; 
en  1871  il  fut  élu  membre  de  l'Assemblée  nationale  dans 
l'Eure,  et  siégea  dans  le  centre  gauche  avancé.  Battu  au 
Sénat  en  187f>,  mais  réélu  à  la  Chambre  en  1877,  puis 
en  1881  à  Pont-Audemer.  En  1885,  il  fut  élu  sénateur 
dans  l'Eure.  M.  d'Osmoy  a  écrit,  en  collaboration  avec 
Flaubert  et  Bouillet,  une  féerie,  le  Château  des  Cœurs 
(1879),  et  un  volume  de  poésies.  Mélodies  (1880).  Ph.  B. 

OSMUNDA  (Osmunda  L.).  I.  Botanique.  —  Genre  de 
Fougères  herbacées,  constituant  avec  le  genre  Todea  la 
famille  des  Osmondées,  qui  renferme  ainsi  une  dizaine  de 
plantes  environ.  Ce  genre  présente  un  certain  nombre  de 
caractères  remarquables  ;  la  tige  oftre  un  détail  de  structure 
))articulier;  elle  possède  des  faisceaux  libéro-ligneux  colla- 
téraux ;  les  tubes  criblés  ne  présentent  de  substance  calleuse 
à  aucun  moment  de  la  ^ie  de  la  plante  ;  les  parois  des  cellules 
corticales  sont  généralement  très  minces;  l'épiderme  offre 
des  solutions  de  continuité,  quelquefois  assez  considérables, 
situées  à  la  base  des  feuilles  :  ces  lacunes  sont  parfois  com- 
blées par  une  substance  transparente,  ayant  la  consistance 
de  la  gélatine,  mais  sont  le  plus  souvent  remplies  d'air;  le 
rhizome  porte  çà  et  là  des  écailles  dont  les  dernières  protègent 
le  bourgeon  terminal.  —  Les  feuilles  ont  l'allure  géné- 
rale des  feuilles  de  Fougères  :  certaines  d'entre'  elles 
abritent  des  bourgeons  ;  par  différenciation  de  l'une  de 
leurs  parties,  toujours  dépourvues  de  parenchyme,  les 
feuilles  fertiles  ju^ennent  l'aspect  d'un  épi  de  sporanges  ; 
la  soie  n'est  recouverte  par  aucune  indusie  ;  les  sporanges 

41 


OSMUNDA  —  OSSÉINE 


—  642 


sont  portés  par  un  court  pédicelle,  ont  une  forme  sphé- 
rique,  sont  pourvus  d'un  anneau  horizontal  court  et  incom- 
plet et  portent  chacun  un  petit  groupe  de  cellules  parti- 
culières ;  la  déhiscence  est  longitudinale  ;  la  spore  donne 
naissance  à  un  prothalle  qui  prend  une  forme  rappelant 
celle  d'une  large  feuille  dont  la  nervure  médiane  serait 
représentée  par  le  coussinet  développé  ici  d'un  ])out  à 
l'autre  du  végétal.  Ce  prothalîe  doit  se  reproduire  par 
une  sorte  de  marcottage  naturel.  VO.  regalis  L.  se  ren- 
contre dans  les  bois  humides  de  l'Europe.  —  Les  Osmunda 
existent  à  l'état  fossile  dans  l'éocène  inférieur,  en  compa- 
gnie de  palmiers,  de  bambous  et  des  premières  mousses. 

Henri  FouiirsiEH. 

IL  HoRTicuLTCiiE.  — -  L'Osmoudc  royale,  grande  Fou- 
gère très  belle  et  très  décorative  de  0™,30  à  'l"\oO,  se 
cultive  au  bord  des  pièces  d'eau,  des  ruisseaux,  dans  les 
sols  siliceux  mouillés  ou  tourbeux. 

OSMYLE  (Entom.).  Genre  d'Insectes Névroptères,  delà 
famille  des  Raphidides,  établi  par  Loatreille  {Gen,  Crust. 
et  Ins.,  m,  p.  d96).  Ce  genre  est  caractérisé  par  la  pré- 
sence de  trois  ocelles  disposés  en  triangle.  On  compte 
une  douzaine  d'espèces  d'Europe,  des  Indes,  d'Austrahe, 
de  Tasmanie  et  de  la  Nouvelle-Zélande.  L'espèce  type  est 
VO.  Chrysops  Lin.  dont  la  larve  vit  dans  la  terre  humide. 
L'adulte  se  trouve  au  mois  d'août,  dans  les  environs  de 
Paris,  sur  les  arbustes  qui  bordent  les  ruisseaux  et  les 
mares.  P.  T. 

BiRi..  :  Girard,  MêUimorplioscs  des  Lisecies,  p.  133  - 
TraAté  clëm.  d'cntom.,  \).  iVS.  ~  De  Selys-Longciia?*[1'S. 
CittoÂ.  Vins,  des  Orth.  et  des  Névropt.,  p.  59. 

OSNABRUCK.  Ville  de  Prusse,  ch.-l.  d'un  district  de 
la  prov.  de  Hanovre,  dans  la  vallée  de  la  Hase;  io.l31 
hab.  (en  4895)  dont  un  tiers  catholiques.  Hôtel  de  ville 
du  xv^  siècle  avec  portraits  des  44  négociateurs  des  trai- 
tés de  1648  ;  maisons  en  bois  des  xvi®  et  xvn^  siècles. 
Cathédrale  de  la  première  moitié  du  xni^  siècle  en  style 
de  transition.  Grandes  carrières,  établissements  métallur- 
giques, ateliers  de  ch.  de  fer,  fabrication  de  machines 
agricoles,  de  produits  chimiques,  de  toiles  et  lingerie. 
Commerce  actif  des  produits  locaux,  de  jambons  de 
Westphalie,  de  pompernickel,  etc.  —  Des  missionnaires 
francs  s'y  établirent  en  772  ;  en  888,  la  ville  reçut  les 
droits  de  marché,  de  domaine,  de  monnayage  ;  elle  fut 
fortifiée  en  1082,  s'affilia  à  la  Hanse  ;  s'enrichit  par  la 
fabrication  des  toiles  et  sauvegarda  son  indépendance 
contre  l'évêque.  Ruinée  par  la  guerre  de  Trente  ans,  elle 
vit  la  conclusion  de  la  paix  entre  le  Saint-Empire  et  la 
Suède  le  24  oct.  1648  (V.  Westphalie  [Traités  de]). 

VévôchécrOsnabrûck,  fondé  par  Charlemagne  vers  810 
et  sufFragant  de  Cologne,  adopta  la  Réforme  sous  Franz 
de  AYaldeck  (1532-53).  Le  traité  de  Westphalie  stipula 
que  les  évèques  seraient  alternativement  catholiques  et 
protestants  de  la  maison  de  Brunswick-Lunebourg.  Sécu- 
larisé en  1802,  l'évèché  fut  annexé  au  Hanovre.  Il  s'éten- 
dait entre  l'Ems  et  la  Hune.  H  a  été  rétabli  en  1857. 

BiBL.  :  Mœser,  Os7iabrùckisclie  Gesc/K  —  Friderici  et 
Stûve,  Gesch.  der  Stndt  Osmibrach^  181()-26,  3  vol.  — 
Guide  cIcMeinder,  1894.  —  Stûve,  (lesch.  des  Ilochsiifts 
Osnabrûck  (jusqu'en  1618)  ;  léna,  1853-82). 

OSN  E  (L').  Rivière  du  dép.  de  la  Haute-Marne  (V.  Mahxe 
[Haute-],  t.  XXHI,  p.  233). 

OSNE-le-Val.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  arr. 
de  Wassy,  cant.  de  Chevillon  ;  860  hab.  Au  val  d'Osne, 
hauts  fourneaux  et  fonderie  de  fonte  moulée  en  objets 
d'art. 

OSN  ES.  Com.  du  dép.  des  Ardennes,  arr.  de  Sedan, 
cant.  de  Carignan  ;  333  hab.  Stat.  duchem.  de  fer  de  l'Est. 

OSNY.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr.  et  cant.  de 
Pontoise;  488  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  l'Ouest. 

OSOR-Apis(MythoL)  (V.  Hâpi). 

OSORNO.  Ville  du  Chih,  prov.  de  Llanquiliu,  sur  le 
Rahné,  affl.  navigable  du  Rueno  ;  1.000  hab.  Fondée  en 
1558,  elle  fut  saccagée  par  les  Araucans  (1603);  rebâtie 
on  n88.  —  A92kil.  S.-E.,  volcan cVOsorno  (2.257m.). 


OSORNO  (Marquis  de)  (V.  O'Higgins). 

OSQUES  (V.  Italie,  §  Anthropologie ç^i^  Histoire). 
OSSA  (Mont).  Montagne  de  Grèce  (V.  ce  mot,  t.  XIX, 
p.  274). 

0SSA6ES.  Com.  du  dép.  de  Landes,  arr.  de  Uax,  catit. 
dePouillon;  807  hab. 

OSSAS-SlciîarI'.  Com.  du  dép.    des  Rasses-Pyrénécs, 
arr.  de  Mauléon,  caiit.  de  Tardets  ;  270  hab. 

OSSAT  (Arnaud  d'),  cardinal  et  diplomate  français, 
né  à  Laroque  en  Magnoac  le  23  août  1536,  mort  à  Rome 
le  13  mars  1604.  Son  père  étant  mort  do  misère,  il  fut 
élevé  dans  la  maison  d'un  genlilhomme  voisin,  dont  il 
accompagna,  vers  1557,  les  fils  à  Paris  en  qualité  de  pré- 
cepteur. Il  était  entré  dans  la  carrière  ecclésiastique  en 
se  faisant  tonsurer  le  26  déc.  1556.  Il  ne  fut  ordonné  prêtre 
qu'à  Rome,  après  1574.  Quand  ses  élèves  eurent  quitté 
Paris,  en  mai  1562,  il  suivit  les  leçons  de  Ramus  et  dé- 
fendit sa  philosophie,  sans  le  suivre  vers  le  protestantisme  ; 
puis  il  se  famiharisa  avec  le  droit  sous  (kijas,  àRourges, 
et  finit  par  obtenir  une  charge  de  conseiller  au  présidial 
de  Melun.  H  avait  alors  le  titre  d'abbé  de  Varennes.  Il 
avait  rencontré  Paul  de  Foix,  plus  tard  évèque  de  Tou- 
louse, qui  se  l'attacha  et  l'emmena  en  qualité  de  secré- 
taire, quand  il  alla  comme  ambassadeur  à  Rome,  en  1574. 
C'est  là  que,  surtout  après  la  mort  de  son  protecteur  (mai 
1584),  il  travailla,  de  son  propre  mouvement,  à  la  récon- 
ciliation de  Henri  IV   avec  le  Saint-Siège.  11  fut  nommé 
membre  de  la  commission  qui,  sous  la  direction  du  duc 
de  Nevers,  Louis  de  Gonzague,  fut  chargée  officiellement 
de  ces  négociations.  De  Gonzague  y  allait  trop  militaire- 
ment et  échoua  ;  d'Ossat  persévéra  et  réussit.  En  1595,  oji 
lui  adjoignit  Du  Perron,  pour  recevoir  l'absolution  au  nom 
d'Henri  IV.  Clément  VIII  demanda   que  la  couronne  de 
France  fût  déposée  aux  pieds  du  trône  pontifical.  D'Ossat 
résista  avec  fermeté  et  obtint  enfin  Fabsolution  le  16  sept. 
1595.  En  récompense,  le  roi  le  lit  nommer  à  Févéché  de 
Rennes,  en  janv.  1596,  et,  l'année  suivante,  lui  donna  le 
titre  de  conseiller  d'Etat,  mais  d'Ossat  continua  de  résider  à 
Rome  comme  agent  diplomatique.  Comme  tel,  il  négocia 
le  divorce  du  roi  avec  Marguerite  de  France  (déc.  1599), 
ainsi  que  son  union  avec  Marie  de  Médicis.  Par  ses  dé- 
marches, les  pays  de  Rresse,  de  Rugey  et  de  Valromey 
furent  assurés  à  la  France.  Il  réussit  de  même  à  faire  ac- 
cepter au  pape  l'édit  de  Nantes  et  les  mesures  contre  les 
jésuites.  Il  avait  plusieurs  bénéfices,  dont  il  ne  tirait  ])as 
grand'chose  ;  il  fut  créé  cardinal  le  3  mai  1599,  et,  en 
juin  1600,  il  fut  nommé  à  révéché  de  Rayeux,  dont  il  se 
démit  dès  1603,  puisqu'il  ne  pouvait  y  résider.  Sully,  dont 
il  n'approuvait  pas  la  politique  intérieure,  le  détestait,  et 
réussit  à  lui  faire  supprimer  la  pension  du  roi.  Ses  Lel- 
ters  (Paris,  1624,  in-fol.  ;   plusieurs  fois  réimprimées), 
adressées  au  ministre  Villeroi,  sont  bientôt  devenues  un 
modèle  de  correspondance  diplomati([ue. 

BiiJE  :  M'"«  d'AR(x^N VILLE,  Vie  du  carduml  d'Os.:, il  ; 
I^aris,  1771.  2  vol.  iii-8. 

OSSAU.  Vallée  du  dép.  des  Basses-Pyrénées  (V.  F\h!> 
NÉES  [Rasses-]. 

OSSE.  Com.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Raume~les- 
Dames,  cant.  deRoulans;  205  hab. 

OSSE  (L').  Rivière  du  dép.  Xhi  Gers  (V.  ce  mot,  t.  XVlli, 
p.  866), 

OSSÉ.  Com.  du  dép.  d'lile~et- Vilaine,  arr.  de  Vitré. 
cant.  de  Chàteaubourg ;  659  hab. 

OSSE.  Com.  du  dép.  des  Rasses-Pyrénées,  arr.  d'Olo- 
ron,  cant.  d'Accous,  sur  l'Arricq,  aftî.  du  gave  d'Aspe  ; 
600  bab.  La  population  d'Osse  est  restée  en  partie  pro- 
testante, celte  communauté  ayant  été  un  des  centres  ré- 
formés les  plus  florissants  de  la  vallée  d'Aspe.    H.  C. 

BiBL.:  A.  Cadier,  Ossc.  Histoire  de  l'Eglise  ré fonnée  de  lu 
vallée  d'Aspe  ;  Paris,  18D2,  in-8  —  Abbé  Dubarat.  la  Dé- 
forme en  Béorn  et  ou  pays  basque  (réfutation  de  foiu  ra'j<> 
précédent)  ;  Paris,  1895,  in-8 

^  OSSÉINE.  L'osséine  est  une  matière  albuminoide  d'ori- 
gine animale  qui  existe  dans  les  os.   Son  étude  est  due 


643 


OSSEINE  -  OSSERAIN 


surtout  à  Fremy,  Schutzenberger.  M.  Bertlielot  a  montre 
qu'elle  constituait  un  amide  complexe.  On  la  prépare  en 
plongeant  les  os  dans  l'acide  chlorhydriquc  étendu  de  neuf 
fois  son  poids  d'eau;  on  renouvelle  l'acide  de  temps  en 
temps  en  diminuant  l'acidité  de  la  solution  jusqu'à  ce 
que  les  os  deviennent  mous,  élastiques  et  transparents.  On 
lave  finalement  à  l'eau,  à  l'alcool  et  à  l'étlier.  L'osséine 
constitue  une  matière  solide  jaunâtre,  insoluble  dans  l'eau. 
Sa  propriété  fondamentale  est  de  se  transformer  m  gélatine 
(V.  ce  mot)  quand  on  la  maintient  dans  l'eau  à  l'ébulli- 
lion  ;  la  transformation  est  plus  rapide  quand  l'eau  est 
légèrement  acidulée.  Les  analyses  suivantes  sont  relatives 
aux  osséines  de  différentes  provenances  : 

Carbone     Ilydropène    Azote 

Os  de  bœuf 49,2  '   7,8  17,9 

~  de  veau 49,9  7,3  17,2 

—  de  hibou 49,1  6,8  » 

~-  de  carpe 49,8  7,4  » 

L'osséine  contient  en  outre,  comme  toutes  les  matières 
albuminoides,  quelques  millièmes  de  soufre. 

L'albumine,  l'oxyde  de  fer.  J'oxyde  de  mercure  et  le 
tanin  forment  avec  elle  des  composés  inaltérables  à  l'air. 
L'hydrate  de  l)aryte,  à  une  température  [de  200^,  dé- 
double l'osséine  en  mettant  en  liberté  3,5^  ^/o  de  cette 
substance  sous  forme  d'azote  ammoniacal,  3,62  %  d'acide 
oxalique,  3  ^/o  d'anhydride  carbonique  et  1  ^/o  d'acide  acé- 
tique. Les  osséines  de  différentes  provenances  se  transforment 
en  gélatine  dans  des  temps  différents.  En  outre,  celle  qui 
provient  d'un  jeune  animal  se  convertit  plus  rapidement 
en  gélatine  que  celle  que  l'on  retire  d'un  os  d'un  animal 
adulte.  Un  os  s'altère  beaucoup  plus  lentement  que  l'os- 
séine ;  l'attaque  est  empêchée  par  le  phosphate  et  le  car- 
bonate de  chaux,  qui  s'accujnulent  à  la  surface  libre  de 
l'os  et  forment  une  couche  de  plus  en  plus  épaisse.  Les 
os  contiennent  environ  30  'Vo  d'osséine.     G.  Matignon. 

OSSÉJA.  Com.  du  dép.  des  Pyrénées-Orientales,  arr. 
de  Prades,  cant.  de  Saillagouse;  885  hab. 

OSSELET.  L  Anâ'iomie.  —  On  donne  le  nom  d'osse- 
lets à  la  petite  chaîne  osseuse  de  l'oreille  moyenne,  for- 
mée par  le  marteau,  l'enclume,  l'os  lenticulaire  et  l'étrier 
(V.  Oreille). 

IL  Jeu.  —  On  appelle  osselets  de  petits  os  en  forme 
d'S,  tirés  de  l'articulation  du  gigot  de  mouton  et  qui 
servent  de  jeu  aux  enfants.  On  en  fait  également  en  ivoire 
et  en  bois  façonné  de  diverses  façons.  L'origine  du  jeu 
d'osselets  est  très  ancienne.  Iji  effet,  il  était  déjà  connu 
des  Grecs  qui  appelaient  les  osselets  àaToàyaXoi  et  des 
Romains  qui  les  nommaient  tali.  Chez  les  anciens  il  se 
jouait  ordinairement  avec  qualre  osselets  marqués  de 
points  sur  les  quatre  faces,  comme  nos  dés  actuels.  On 
produisait  des  coups  différents  auxquels  les  Grecs  avaient 
donné  le  nom  des  dieux,  des  héros,  des  hommes  illustres 
et  même  des  courtisanes  célèbres.  Il  y  avait  deux  manières 
de  jouer  :  la  première  et  la  plus  commune  avait  beau- 
coup d'analogie  avec  celle  qui  se  pratique  encore  aujour- 
d'hui; elle  consistait  à  jeter  en  l'air  les  osselets  et  à  en 
recevoir  le  plus  possible  sur  le  dos  de  la  main,  ou  bien  encore 
à  en  jeter  un  ou  deux  en  l'air  et,  avant  que  ceux-ci  fussent 
retombés,  à  en  ramasser  un  ou  plusieurs  autres  posés  à 
terre  ou  sur  une  table.  La  seconde  manière  de  jouer  con- 
sistait à  jeter  les  osselets,  comme  on  a  coutume  de  jeter 
les  dés,  avec  la  main  ou  avec  un  cornet;  chaque  côté  de 
l'osselet  portant  un  nombre  différent,  on  faisait  le  total 
des  points  donnés  par  chaque  face.  Le  coup  le  plus  favo- 
rable s'appelait  coup  de  Vénus  :  il  consistait  à  amener 
quatre  points  différents  ;  le  plus  mauvais  {coup  de  chien) 
était  celui  qui  réunissait  quatre  as.  La  grande  quantité 
d'osselets  trouvés  dans  les  ruines  d'Herculanum  nous 
prouve  que  ce  jeu  était  commun  chez  les  Romains.  Une 
peinture  découverte  à  Résine  représente  deux  femmes 
occupées  à  ce  jeu,  l'une  d'elles  ayant  Lancé  les  osselets 
en  l'air  en  reçoit  trois  sur  le  dos  de  la  main  droite. 


Aujourd'hui,  les  enfants  jouent  avec  quatre,  cinq,  six 
ou  huit  osselets,  qu'ils  jettent  en  l'air  de  la  main  droite, 
un  à  un  ou  simultanément,  et  qu'ils  reçoivent  ensuite  dans 
l'intérieur  ou  sur  le  dos  de  la  main,  après  avoir  relevé 
les  osselets  tombés  ou  laissés  précédemment.  Les  exercices 
auxciuels  on  peut  ainsi  se  livrer  sont  fort  variés  et  plus 
ou  moins  compKqués  :  le  joueur  jette  en  l'air  les  osselets 
et  les  reçoit  sur  le  dos  de  ia  main  ;  il  fait  alors  passer  dans 
la  main  gauche  les  osselets  ainsi  retenus,  à  l'exception 
d'un  seul  qu'il  jette  en  l'air  et  qu'il  reçoit  de  la  main 
droite  pendant  que,  de  la  gauche,  il  ramasse  un  à  un  les 
osselets  qui,  au  premier  coup,  sont  restés  éparpillés.  Quand 
ceux-ci  sont  tous  passés  dans  la  main  gauche,  ils  sont  dé- 
posés sur  le  tapis  ou  la  table  qui  sert  à  jouer  et  doivent 
alors  être  ramassés  d'un  seul  coup  de  la  main  gauche  et 
cela,  pendant  que  la  droite  jette  en  l'air  un  osselet  et  le 
reçoit.  D'autres  exercices  encore  offrent  des  difficultés  plus 
grandes,  tel  celui  qui  consiste  à  faire  passer  entre  les  doigts 
écartés  de  la  main  gauche  chacun  des  osselets  pendant 
qu'un  autre  est  jeté  en  l'air. 

OSSELl  (Marquise  d')  (V.  Fuller  [Sarah-Marg.J). 

OSSELIN  (Charles-Nicolas),  homme  politique  français, 
né  à  Parisle  22  nov.  1752,  décapité  à  Paris  Ie26juinl794. 
Avocat,  il  embrassa  les  idées  nouvelles  et  fut  un  des 
électeurs  du  14  juillet  1789  et  membre  de  la  municipa- 
lité parisienne.  Il  fut,  en  cette  dernière  qualité,  affecté 
au  département  de  la  garde  nationale.  I^lecteur  de  la 
section  de  la  Fontaine  de  Grenelle  en  1790,  il  rédigea 
ÏAlmanach  du  juré  français  et  ouvrit  dans  la  grande 
salle  des  ci-devant  Jacobins  Saint-Dominique,  rue  du  Bac, 
le  1^^  janv.  1792,  un  cours  pubUc  et  gratuit  d'nistruc- 
tion  pour  le  jury.  11  devint  membre  de  la  Commune  du 
10  août  1792  et  président  du  tribunal  criminel,  et  il  fut 
élu,  le  16  sept.  1792,  député  de  Paris  à  la  Convention, 
le  18^  sur  24.  H  se  prononça,  le  22  sept.,  pour  l'élection 
des  juges  et  réclama,  le  10  oct.,  le  renvoi  au  comité 
d'instruction  pul)lique  des  projets  de  vente  des  collections 
de  livres,  tableaux  et  objets  scientifiques.  Le  19  oct.,  il 
présenta,  au  nom  du  comité  de  législation,  le  pi'ojet  de 
loi  contre  les  émigrés  et  il  prit  une  part  active  à  la  dis- 
cussion. Le  13  déc.  J792,  il  devint  secrétaire  de  la  Con- 
vcjilion.  Il  vota  la  mort  de  Louis  XVI  et  entra  au  comité 
de  sûreté  générale.  Le  24  mai  1793,  il  dénonça  la  com- 
mission des  Douze  et,  le  31,  il  se  prononça  contre  les 
Girondins.  Le  13  sept.,  il  fut  accusé  aux  Jacobins  d'avoir 
fait  mettre  en  liberté  Bonne-Carrère  et  d'autres  citoyens 
de  la  section  de  la  Fontaine  de  Grenelle.  Le  20  sept.,  il 
fit  un  rapport  sur  la  loi  contre  les  accaparements,  qu'il 
fit  adopter  le  2  oct.  Le  23  sept.,  il  fit  décréter  d'accu- 
sation son  collègue  Perrin  de  l'Aube.  Le  1<^^'  nov.,  il 
demanda  et  obtint  cpie  toutes  personnes  sorties  de  France 
aveant  la  Révolution  et  non  rentrées  seraient  considérées 
comme  émigrées  et  traitées  comme  telles.  Le  9  nov., 
Osselin  fut  dénoncé  pour  avoir  cautionné  une  émigrée, 
Charlotte  de  Luppé,  comtesse  de  Charry,  et,  le  17  nov., 
il  fut  décrété  d'accusation.  Le  5  déc.  il  fut  condamné  à 
la  déportation.  Transféré  à  Bicètre,  il  fut  impliqué  dans 
la  fameuse  conspii'ation  des  })j'isons.  Traduit  devant  le 
tribunal  révolutionnaire,  il  fut  condamné  à  mort  le 
26  juin  1791'  et  exécuté,  après  avoir  vainement  tenté  de 
se  suicider.  i'^tienne  Chah  a  v  av. 

OSSELLE.  Coui.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Besançon, 
cant.  de  Boussières;  290  bal).  Grottes,  ouvertes  sur  la 
r.  g.  du  Doubs,  avec  des  stalactites  d'un  fort  bel  effet. 

OS  S  EN.  Com.  du  dép.  des  lïautes-Pyrénées,  arr.  d'Ar- 
gelès,  cant.  de  Lourdes  ;  414  hab. 

OSSENX.  Com.  du  dép.  des  Btisses-Pyrénées,  arr. 
d'Orthez,  cant.  de  Sauveterre  ;  143  hab. 

OSSERAIN-RivAUKVTK.  Com.  du  dép.  des  Basses- 
Pyrénées,  arr.  de  Mauléon,  cant.  de  Saint-Palais,  au 
conO.  de  la  Iléourquc  et  du  gave  de  Mauléon;  422  hab. 
liglise  eu  partie  gothique;  ancien  château  restauré.  C'est 
à  Osserain,  à  la  hmiteduBéarn  et  du  pays  basque,  qu'eut 


OSSERAIN  —  OSSIAN 


644 


lieu  le  3  mai  Lili'i,  entre  Louis  XI  et  le  roi  Jean  U  d'Ara- 
gon, une  entrevue  où  fut  signé  un  premier  traité,  par 
lequel  le  roi  de  France  s'engageait  à  aider  Jean  11  à  re- 
conquérir la  Catalogne  et  reçut  en  gage  le  Roussillon  et 
la  Cerdagne.  H.  C. 

OSSÉS.  Com.  du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  arr.  de 
Mauléon,  cant.  de Saint-Etienne-de-Baigorry  ;  i.846  hab. 
Stat.  du  chem.  de  fer  du  Midi.  Nombreuses  fabriques  de 
sandales. 

OSSÈTES(Etlinog.)  (Y.  Caucase,  t.  IX,  p.  883). 

OSSEUX  (Tissu)  (V.  Os). 

OSSEY-les-Trois-Mâisons.  Com.  du  dép,  de  l'Aube, 
arr.  de  Nogent-sur-Seine,  cant.  de  Romilly  ;  378  hab. 

OSSIAN.  Personnage  légendaire  de  la  littérature  irlan- 
daise. Il  figure  dans  une  série  d'épopées  dont  les  événe- 
ments sont  placés  par  la  tradition  vers  la  fin  du  iii^siècle 
de  notre  ère.  (^.ormac  Mac  Art  régnait  alors  en  Irlande. 
Il  avait  auprès  de  lui  une  espèce  de  milice  permanejite 
appelée  Fiamiad'Erin  (Feena),  commandée  par  son  gendre 
Fiini  (Fingal).  Parmi  les  principaux  héros  qui  figurent 
autour  de  Finn,  nous  pouvons  citer  son  fils  Oisin(Ossian), 
Oscar,  fils  d'Oisin,  JJermot,  Gaul  Mac  Morna,  chef  de  la 
Feena  de  Connaught,  Kylta  Mac  Ronan,  Conan  Mail. 
Lorsque  Corma(;  fut  mort  et  (pfen  '^l^B  lui  succéda  son 
fils  Carbery,  celui-ci  fut  obligé  de  supprimer  la  Feena 
dont  l'esprit  d'indépendance  menaçait  sa  sécurité.  La 
milice  de  Finn  et  les  partisans  de  Carbery  en  vinrent  aux 
mains  dans  la  sanglante  bataille  deGabhra  (Gavra),  près 
de  la  colline  de  Skreen  (comté  de  Meath).  Carbery  tua 
Oscar  en  combat  singulier,  mais  il  fut  tué  lui-même  par 
un  vassal  félon,  au  moment  où  il  se  retirait,  blessé,  du 
champ  de  bataille.  Ce  fut  la  fin  de  la  Feena  (283). 
D'après  la  légende,  Ossian  et  Caillteéchapp<'^i'ent  au  mas- 
sacre de  la  milice.  On  les  retrouve  cent  cinquante  ans 
après,  conversant  avec  saint  Patrick,  et  lui  racontant,  au 
cours  d'un  voyage  à  travers  l'Irlande,  les  exploits  de 
leurs  compagnons,  soit  à  la  guerre,  soit  à  la  chasse.  Ils 
moururent  baptisés. 

Les  légendes  relatives  à  la  milice  des  Finns  nous  sont 
cojîservées  par  des  récits  épiques,  en  prose,  interrompus 
parfois  par  de  longs  passages  en  vers.  Ces  fragments 
versifiés  paraissent  être  le  plus  souvent  des  citations  d'une 
version  plus  ancienne  du  même  récit.  Ils  sont,  en  général, 
plus  archaïques  et  plus  difficiles  à  comprendre  que  la 
prose.  L'ensemble  de  ces  récits,  d'un  intérêt  historique 
incontestable,  mais  d'une  valeur  littéraire  assez  mince, 
forme  ce  qu'on  a  appelé  le  cycle  ossianique.  Les  manuscrits 
les  plus  anciens  de  ces  épopées  ne  semblent  pas  remonter 
au  delà  du  xii^  siècle.  Le  plus  grand  nombre  d'entre  eux 
ont  été  rédigés  au  xv^  siècle  et  dans  les  siècles  suivants. 
La  légende  de  Finn  fut,  en  effet,  pendant  longtemps  des 
plus  populaires,  et  le  souvenir  en  fut  conservé  non  seule- 
ment par  des  récits  manuscrits,  mais  par  la  tradition 
orale,  aussi  bien  en  Irlande  qu'en  Ecosse.  Malgré  les 
grands  progrès  des  études  celtiques  dans  la  deuxième 
partie  de  ce  siècle,  on  n'estguère  arrivé cpi'à  des  résultats 
hypothétiques,  relativement  à  l'origine  de  ces  manuscrits, 
à  leurs  auteurs,  à  la  formation  des  légendes  qu'ils  nous 
ont  transmises,  à  leur  contenu  historique,  à  l'existence, 
au  véritable  caractère  des  personnages  qu'ils  mettent  en 
scène,  à  la  date  des  événements  auxquels  ils  font  allusion. 
Quelques  manuscrits  attribuent  à  Oisin  lui-même  quel- 
ques-uns de  ces  récits ossianic{ues.  H  estinfiniment probable 
qu'Oisin  fut  étranger  à  leur  composition.  Mais,  comme 
assez  souvent  les  héros  ossianiques  étaient  en  même  temps 
des  bardes  et  chantaient  leurs  propres  exploits,  on  en  vint 
à  faire  de  ce  guerrier  un  poète  épi(]ue. 

Les  poèmes  ossianiques  de  Mâci^hehson.  —  On  put 
croire,  vers  le  mdijeu  du  siècle  dernier,  qu'une  nouvelle 
source  d'informations  sur  Ossian  et  la  poésie  ossianique 
venait  d'être  [découverte.  Un  instituteur  écossais,  Mac- 
pherson  (V.  ce  nom),  avait  publié,  en  4760,  des  frag- 
ments d'anciennes  poésies,  recueillies  chez  les  Highlan- 


ders.  Le  lY  Blair,  que  cette  pubfication  avait  intéressé, 
prit  l'initiative  d'une  souscription,  qui  devait  pei'metti'e 
à  Macpherson  de  continuer  ses  recherches.  Un  groupe 
de  savants  répondit  à  l'appel  du  D''  Blair,  et,  en 
sept.  1760,  Macpherson  fit  un  premier  voyage  de  décou- 
verte au  X.-O.  de  l'Invernessshire ,  aux  lies  de  Skye 
d'Uist,  de  Benbecula.  On  lui  communiqua,  paraît-il,  des 
manuscrits,  on  lui  récita  des  poèmes  que  des  érudits 
comme  Gallie,  Morrison,  lui  traduisirent  et  lui  commentè- 
rent. Puis  il  fit  un  second  voyage  à  Mull,  sur  la  cùte  de 
l'Argyllshire,  où  il  recueillit  encore  quelques  manuscrits. 
Le  17  janv.  i76d,  il  annonçait  à  un  de  ses  correspon- 
dants la  découverte  d'un  poème  épique,  Fingal.  L'année 
suivante,  il  en  publiait  à  Londres  une  traduction.  Le 
poème  avait  six  chants  et  racontait  l'invasion  de  l'Irlande 
par  Swaran,  roi  de  Lochlin  (Danemark)  et  sa  délivrance 
par  Fingal,  roi  d'l>osse.  C-elte  épopée,  traduite  du  gaé- 
lique, avait  été  composée,  selon  Macpherson.  par  Ossian, 
barde  du  ni^  siècle,  (ils  du  roi  Fingal.  En  1763  parut 
une  traduction  de  Temora.  poème  en  huit  chants,  attribue 
au  même  Ossian.  Malheureusement,  des  doutes  ne  tardè- 
rent pas  à  s'élever  sur  l'authenticité  de  ces  œuvres.  Mac- 
pherson avait  bien  fait  j)récéder  ses  soi-disant  traductions 
d'une  étude  ciitiquc  de  Blair,  mais  cette  étude,  intéres- 
sante d'ailleurs  au  point  de  vue  littéraire,  était  à  peu 
près  dénuée  de  sens  criti(jue.  Blair  n'y  traitait  qu'inci- 
demment la  question  d'authenticité  et  avec  une  telle  mala- 
dresse que  ses  arguments  se  retournent  presque  tous 
contre  lui.  Sa  dissertation  n'était  donc  guère  de  nature  à 
dissiper  les  soupçons  (jui  planaient  sur  la  publication  de 
Macpherson.  Blair  avait  communiqué  son  étude  à  Hume, 
en  le  priant  do  lui  faire  connaître  l'impression  qu'elle 
avait  produite  à  Londres.  Hume  lui  répondit,  le  17  sept. 
1763,  par  une  lettre  qui  fut  le  point  de  départ 
des  discussions  ultérieures  sur  les  poèmes  d'Ossian.  «  Les 
personnes  qui  font  l'éloge  de  votre  dissertation,  lui  disait 
Hume,  contestent  néammoins  l'authenticité  des  poèmes 
ossianiques  et  accusent  Macphei'son  de  faux  littéraire. 
C'est  l'opinion  générale  des  hommesde  lettres  de  Londres. 
L'orgueil  de  Macpherson,  qui  refuse  obstinément  de  satis- 
faire ceux  qui  mettent  en  doute  sa  véracité,  tend  à  con- 
firmer ce  scepticisme.  On  se  demande  d'abord  comment 
de  tels  poèmes  auraient  pu  se  conserver,  par  la  tradition, 
pendant  quatorze  siècles.  On  se  demande  ensuite  si  cespoèmes 
gaéliques  existent  bien  et  s'ils  ne  sont  pas  tout  simple- 
ment une  invention  de  Macpherson.  l*:t,  pour  lever  ce 
premier  doute,  ce  ne  sont  pas  des  arguments  qu'il  faut 
fournir,  mais  des  témoignages,  des  preuves  matérielles. 
Si  Macpherson  a  réellement  traduit  ces  œuvres  du  gaélique, 
qu'il  nous  montre  ses  manuscrits,  on  les  fera  examiner 
par  des  érudits  qui  se  prononceront  sur  leur  authenticité. 
Si  Macpherson  ne  les  a  pas  lui-même  en  sa  possession, 
on  pourra  du  moins  faire  une  enquête  sérieuse,  destinée 
à  vérifier  les  sources  auxquelles  a  puisé  Macpherson.  On 
s'assurera  qu'on  lui  a  bien  fourni  des  documents,  on 
analysera  le  contenu  de  ces  documents,  leur  prove- 
nance, etc.  » 

Blair  communiqua  cette  lettre  à  Macpherson  (jui  se  mit 
fort  en  colère,  s'irrita nt  qu'on  mit  en  cloute  sa  bonne  foi. 
Il  refusa  absolument  de  produire  ses  originaux  gaéliques. 
Il  parait  cependant  qu'il  en  fit  le  dépôt  chez  son  libraire 
de  Londres.  Celui-ci  les  tint  quelque  temps  à  la  disposi- 
tion des  amateuis  qui  voudraient  les  consulter.  Comme 
personne  ne  se  présentait,  il  les  retourna  à  Macpherson. 
Le  fait  est-il  parfaitement  exact  "i^  Quels  était  le  nombre  et 
la  nature  de  ces  manuscrits  'i  Nous  l'ignorons.  Macpherson 
partit  alors  pour  la  Floride.  H  emporta,  dit-on,  ses  ma- 
nuscrits avec  lui.  Quelques-uns  d'entre  eux  se  perdirent 
en  route,  ce  qui  vint  encore  compliquer  cette  question, 
passablement  embrouillée  déjà. 

Ine  dizaine  d'années  plus  tard,  les  attaques  contre  ]\Iac- 
pherson  redoublèrent  de  violence.  Johnson  fit  un  voyage 
aux  Hébrides,  pour  contrôler  les  dires  de  Macpherson.  A 


—  ()4")  — 


OSSIAN 


son  retour,  il  fit  savoir,  dans  la  relation  de  son  voyaiio, 
(lue  son  enquête  l'amenait  à  nier  l'ormellement,  non  seule- 
ment Fexistenee  des  originaux  ossianiques,  mais  même 
celle  de  toute  tradition  poétique  de  ce  genre  dans  ces  îles. 
11  traita  Macplierson  d'imposteur  et  de  gueux.  Celui-ci  lui 
envoya  un  cartel.  Johnson  se  munit  d'un  solide  gourdin 
de  diêne  et  délia  Macplierson  à  son  tour.  En  1781,  la 
même  comédie  recommence  avec  des  personnagesde  moindre 
importance.  Un  Ecossais.  William  Shaw,  refait  le  voyage 
de  Johnson  et  publie,  à  Londres,  une  enquête  sur  l'au- 
thenticité d'Ossian,  dans  laquelle  il  fortifiait  de  témoignages 
nouveaux  les  assertions  du  maître  de  la  critique.  Un  deuxième 
l']cossais,  Clarke,  d'Edimbourg,  prit  le  parti  de  Macplier- 
son, et  se  mit  à  insulter  grossièrement  William  Shaw.  (Test 
ainsi  que  la  polémique  ossianique  se  termina  cette  fois, 
comme  une  querelle  de  portefaix. 

Après  la  moi't  de  Macphei^son  (V.  ce  nom),  on  voulut 
liquider  une  bonne  fois  cette  affaire.  On  s'imaginait  qu'on 
allait  pouvoir  résoudre  enfin  cette  question  des  origi- 
naux de  Macpherson.  Celui-ci,  en  effet,  après  avoir  si 
longtemps  refusé  de  les  communiquer,  avait,  parait-il, 
l'intention  de  les  publier  quelque  temps  avant  sa  mort. 
Par  son  testament,  il  les  léguait  à  un  de  ses  amis,  Henri 
Mackenzie.  On  pourrait  donc  enfin  les  étudier.  Malheureu- 
sement ces  manuscrits,  d'ailleurs  en  petit  nombre,  n'étaient 
que  des  copies  rédigées  de  la  main  de  Macpherson,  et  par- 
fois même,  c'étaient  des  traductions  en  langue  gaélique 
faites  évidemment  d'après  les  soi-disant  traductions  an- 
glaises pubhées  par  Macpherson.  On  fit  une  enquête  dans 
les  llighlands,  conformément  au  programme  tracé  anté- 
rieurement par  Hume.  Cette  enquête,  souvent  mal  con- 
duite, rendue  plus  difficile  d'ailleurs  par  la  disparition  des 
personnes  qui  avaient  pu  fournir  des  renseignements  à 
Macpherson,  par  le  patriotisme  mal  compris  des  Ecossais, 
n'apprit  pas  grand'chose  sur  les  fameux  manuscrits  de 
Macpherson.  Elle  établit  seulement  que  des  légendes  rela- 
tives aux  héros  ossianiques  existaient  réellement  chez  les 
Highlanders.  Ces  traditions  s'étaient  conservées  dans  des 
poèmes  que  beaucoup  de  personnes  se  souvenaient  d'avoir 
entendus  dans  leur  jeunesse.  Mais  depuis  l'insurrection  de 
1745  les  poètes  nationaux  n'étaient  plus  écoutés  avec  au- 
tant de  charme.  L'impression  que  produisait  cette  poésie 
était  beaucoup  plus  forte  et  plus  énergique  que  celle  des 
poèmes  de  Macpherson.  Le  comité  avait  pu  se  procurer 
quelques  manuscrits  de  ces  poèmes  ossianiques  écossais. 
Mais  aucun  des  fragments  recueillis  ne  coïncidait,  ni  par 
le  titre,  ni  par  le  texte,  aux  traductions  qu'avait  publiées 
Macpherson. 

Les  assertions  du  comité  furent  reprises  et  précisées 
par  Malcolm  Laing  (V.  ce  nom)  qui,  après  avoir  précé- 
demment étudié  sommairement  la  question  ossianique  dans 
un  appendice  à  son  Histoire  (T Ecosse,  publia  en  4803 
les  poèmes  d'Ossian,  avec  des  notes  destinées  à  détruire 
l'autorité  du  texte.  Le  livre  de  Laing  a  été  fort  bien  ana- 
lysé dans  un  article  de  la  Revue  (V Edimbourg  (juil. 
1805)  par  W^  Scott  qui  adopte  à  peu  près  toutes  les  con- 
clusions de  Laing.  D'après  eu\',  des  témoignages  anciens 
et  nombreux  établissent  Texistence  ancienne  de  traditions 
irlandaises  relatives  à  la  milice  des  Einns,  dont  nous  avons 
parlé  au  début  de  cette  étude.  Ces  traditions  se  mêlèrent 
à  d'autres  traditions  relatives  à  une  autre  milice,  anté- 
rieure d'un  siècle  environ,  et  commandée  par  Cuthullin. 
Les  exploits  de  ces  deux  classes  de  héros  furent  conservés 
dans  une  série  de  poèmes  variés  dont  il  existe  une  collec- 
tion à  Dublin.  Grâce  aux  relations  des  deux  peuples  ir- 
landais et  écossais,  les  légendes  de  Finn  et  de  Cuthullin 
étaient  devenues  également  célèbres  en  Ecosse.  Des  au- 
teurs du  xiv^  et  du  xvi^  siècle  témoignaient  de  l'ancien- 
neté de  cette  légende  en  Ecosse.  Des  noms  de  rivières,  de 
montagnes,  de  lacs  avaient  été  tirés  de  légendes  ossia- 
niques. Les  arguments  de  Johnson  et  de  Shaw  se  trouvaient 
donc  par  là  même  réfutés  en  partie.  Mais  si  les  poèmes 
de  Macpherson  se  rattachent,  en  une  certaine  mesure,  à 


une  vieille  tradition  écossaise  et  irlandaise,  il  était  incon- 
testable qu'ils  n'étaient  pas  l'œuvre  d'Ossian,  personnage 
du  m^'  siècle.  Les  erreurs  chronologiques  gi'ossières  qu'ils 
contenaient  démontraient  amplement  qu'ils  n'avaient  pas 
été  rédigés  par  un  contemporain  des  événements  qu'ils 
rapportaient.  Laing  comparait  les  faits  sur  lesquels  reposent 
les  principaux  poèmes  de  Macpherson  à  ceux  (pie  rapportaient 
les  ballades  p(q)ulaires  irlandaises  et  écossaises  publiées 
antérieurement,  ou  recueillies  par  la  Higliland  Society  et 
par  Laing  lui-même.  Il  rapprochait  ainsi  Fingal  de  Mag- 
nus  aux  pieds  nus,  la  bataille  de  Lora  d'Erragon,  Dar- 
Thula  de  Deirdre,  ïemora  de  Cath-Gabra,  Lathmon  de 
Lathmon  le  Grand.  Il  montrait  que  la  plupart  du  temps 
on  avait,  dans  Macpherson,  transformé  le  caractère  des 
événements  primitifs,  bouleversé  la  topographie,  la  chro- 
nologie traditionnelles.  Le  caractère  des  héros,  leurs  !ia- 
bitudes,  leurs  croyances,  différaient  complètement  dans 
Macplierson  et  dans  les  ballades  populaires.  Dans  celles- 
ci,  la  férocité,  la  sau\agerie dominaient;  dans  Macpherson, 
tout  était  rafiinement,  courtoisie,  sensibilité.  Nulle  trace 
de  fantômes  ossianiques  dans  les  ballades.  Le  style  en 
était  plat,  trivial  ou  ampoulé;  les  traductions  de  Macpher- 
son donnaient  l'idée  d'un  style  éloquent,  imagé.  Dans  la 
deuxième  partie  de  son  travail,  Laing  établissait  des  rap- 
prochements fort  curieux  entre  certains  passages  de  l'Os- 
sian  de  Macpherson  et  certains  v(^rs  de  Shakespeare,  de 
Milton,  de  Thomson,  d'Homère,  de  la  Bible  ;  en  certains 
endroits,  la  ressemblance  était  telle  (pi'on  pouvait  sans  hé- 
sitation accuser  Ossian  de  plagiat.  Rappelant  d'ailleurs 
les  discussions  sur  les  manuscrits  de  Macpherson  que  nous 
avons  résumées  au  début,  Laing  en  arrivait  à  cette  con- 
clusion :  les  poèmes  ossianiques  sont  de  Macpherson.  Il 
n'a  pris  dans  ranti(juité  irlandaise  et  écossaise  (|ue  quel- 
ques noms,  quel(|ues  faits  qu'il  a  transformés  à  sa  fantai- 
sie sans  aucun  souci  de  la  chronologie  on  de  la  vraisem- 
blance historique.  Il  a  brodé  à  loisir  sur  ces  événements, 
pillant  Homère,  Shakespeare,  Milton,  (piand  l'inspiration 
ne  venait  pas. 

La  plupart  des  conclusions  de  ],aing  subsistent  encore 
aujourd'hui.  Néanmoins,  on  peut  dire  d'une  manière  géné- 
rale qu'il  s'est  montré  beaucoup  trop  subtil  dans  son  étude 
des  plagiats  de  Macpherson.  iVucune  œuvre  poétique  ne 
résisterait  à  l'action  corrosive  d'une  analyse  telle  que  la 
sienne.  D'autre  part,  des  découvertes  nouvelles  ont  permis 
de  modifier  et  de  préciser  sur  quelques  points  les  solu- 
tions de  Laing  relativement  aux  sources  de  Macphci'son. 
En  1841,  en  effet,  Mac  Gregor  pubUait  à  Londres  ses  Os- 
sian s  entire  remains.  En  ISO'^,  T.  Mac  Lauchlan  pu- 
bliait le  Livre  du  Doyen  de  Lismore  (avec  introduction 
de  W.-F.  Skene)  contenant  de  nombreux  fragments  de 
poésie  gaélique,  écrits  à  différentes  épo  jues,  réunis  entre 
'1512  et  1526  par  James  Mac  Gregor,  doyen  de  Lisinore. 
Enfin,  en  1870,  Archibald  Clark  donna  une  nouvelle  édi- 
tion critique  des  Poèmes  ossianiques  de  Macpberson. 
Aujourd'hui  nous  pouvons  distinguer  avec  plus  de  netteté 
que  Laing  en  quoi  les  poèmes  de  Maepherson  s'écartent 
de  la  tradition  du  cycle  ossianique.  (}u<dle  (pic  soit  leur 
('pocpie,  les  récits  épiques  de  ce  cycle  ne  confondent  jamais 
les  deux  traditions  parallèles  relatives,  l'une  à  Cuthullin, 
l'autre  aux  compagnons  de  Finn  et  d'Ossian.  Dans  Fingal, 
Tewora,  les  deux  légendes  sont  confondues.  Cuthullin,  qui, 
selon  la  légende,  vivait  au  i®'' siècle  de  notre  ère,  devient 
un  contemporain  de  Finn,  héros  du  iii^  siècle.  D'autre  part, 
dans  Macpherson,  ces  men^^naires  irlandais  deviennent 
des  héros  écossais.  Ils  vont  porter  secours  au  roi  d'Ir- 
lande menacé  par  les  Norses.  Or  ceux-ci  n'apparaissent 
sur  les  c(Hes  d'Irlande  qu'aux  vm^  et  ix*'  siècles.  Les  vé- 
ritables poèmes  ossianiques  abondent  en  descriptions  dé- 
taillées d'armes  et  de  meubles.  Ces  descriptions  manquent 
totalement  dans  Macpherson.  Par  contre,  on  y  trouve  de 
nombreuses  descriptions  de  paysages,  qu'on  ne  rencontre 
jamais  chez  les  vieux  bardes.  Chez  eux,  les  actions  des  hé- 
ros sont  aupremierplan  ;  leurs  récits  ne  sont  souvent  qu'une 


OSSIAN 


(m 


sèche  nomenclature  de  leurs  exploits.  C'est  une  littérature 
narrative.  Dans  Macpherson,les  héros  n'ont  qu'une  place 
secondaire,  un  rôle  effacé. 

Ces  remarques  faites,  nous  pouvons  reprendre  les  con- 
clusions de  Laing  :  les  j)oèmes  d'Ossian  ont  été  rédigés  au 
xvni^  siècle  par  Macpherson.  Il  s'est  inspiré  de  légendes 
qui  ne  remontent  pas  au  delà  du  xii'-  siècle.  11  lésa  com- 
plètement transformées,  modifiant  la  chronologie,  les  noms 
des  héros,  la  nature  des  événements.  S'cst-il  inspiré,  pour 
ses  développements  lyriques  ou  pittoresques,  des  ballades 
irlandaises  et  écossaises  desxvii^'  etxvin^  siècles?  La  su- 
périorité des  poèmes  ossianiques  sur  les  premiers  essais 
poétiques  de  Macpherson  permettrait  de  le  supposer,  quoi- 
qu'on n'en  ait  pas  de  preuve  formelle. 

Influence  des  î^poèmes  de  Macpherson.  —  On  peut  et 
l'on  pourra  discuter  longtemps  sur  le  degré  d'authenticité 
de  ces  poèmes  ossianiques.  Mais  ce  qui,  du  moins,  est  in- 
contestable, c'est  le  retentissement  prodigieux  qu'ils  eurent 
non  seulement  en  Angleterre,  mais  en  France,  en  Alle- 
magne, en  Itahe.  Ossian  fut  en  effet  traduit,  imité  en 
France,  traduit  en  vers  italiens  par  l'abbé  Cesarotti.  On 
en  donna  plusieurs  traductions  en  allemand,  en  suédois, 
en  danois,  en  hollandais. 

Différentes  causes  contribuent  à  expliquer  ce  succès.  Et 
tout  d'abord,  lorsque  les  poèmes  ossianiques  parurent,  on 
avait,  en  Angleterre  notamment,  une  tendance  à  s'occuper 
de  l'histoire  du  moyen  âge,  un  goût  prononcé  pour  l'ar- 
chéologie, la  philologie  médiévales.  Ce  mouvement  fut  si- 
gnalé par  des  travaux  d'histoii'e,  d'érudition.  La  littéra- 
ture celtique,  presque  incoinuie,  soupçonnée  seulement, 
attirait  plus  particulièrement  les  esprits.  Vji  17 oo  parut 
['Introchœtion  liVhistoirede  Danemark,  de  P.-ILMal- 
let,  qui  fut  suivie  des  MoniDiients  de  la  mythologie  et 
de  la  poésie  des  Celtes,  et  particulièrement  des  anciens 
Scandinaves.  Cette  œuvre  avait  eu  beaucoup  de  succès. 
Les  érudits  anglais  et  allemands  avaient  frémi  de  joie  en 
voyant  s'ouvrir  à  leurs  explorations  cette  sombre  et  mys- 
térieuse foret  de  la  littérature  celtique.  On  comprend  dès 
lors  quel  enthousiasme  allait  soulever  la  publication  des 
poèmes  d'Ossian.  Quel  riche  sujet  de  controverses,  de  dis- 
cussions à  perte  de  vue  sui'  l'origine,  l'antiquité,  l'au- 
thenticité de  cette  civilisation  et  de  cette  poésie  ossia- 
niques! Nous  avons  déjà  indiqué,  en  résumant  le  débat 
relatif  aux  sources  de  Macpherson,  l'importance  que  prit 
cette  discussion. 

Ce  fut  cependant  à  des  qualités  indépendantes  de  leur 
caractère  d'antiquité  et  d'authenticité  que  les  poèmes  os- 
sianiques durent  leur  succès  européen,  qualités  qui  subsis- 
tent dans  ces  poèmes,  qu'on  les  attribue  à  Macpherson,  à 
Ossian  ou  à  tout  autre  barde  anonyme  ou  inconnu.  L'au- 
teur de  ces  poèmes  avait  su  rendre,  en  effet,  avec  beau- 
coup de  bonheur,  certains  aspects  de  la  nature  écossaise  : 
les  collines  au-dessus  desquelles  flotte  la  brume;  au  pied, 
la  vallée  étroite  et  rocheuse,  où  le  torrent  gronde  sur  les 
cailloux;  les  landes  nues  et  désertes,  oii  le  vent  siffle  sur 
la  bruyère.  On  trouvait  çà  et  là  de  fort  jolies  esquisses, 
scènes  matinales,  pleines  de  fraîcheur  et  de  grâce,  cou- 
chers de  soleil  majestueux  et  colorés.  Puis  de  ces  poèmes 
se  dégageait  une  mélancolie  douce,  plaintive,  un  peu  va- 
gue, mais  d'un  vague  qui  n'était  pas  sans  charmes,  mé- 
lancohe  dans  laquelle  entraient  des  sentiments  vieux  comme 
le  monde,  mais  que  le  poète  avait  su  rajeunir  en  les  com- 
binant d'une  manière  ingénieuse,  ou  peut-être,  tout  sim- 
plement, en  les  éprouvant  lui-môme  :  sentiment  de  la 
fuite  rapide  des  années,  regret  de  la  jeunesse  si  vite  dis- 
parue, vanité  du  présent,  amertmne  de  la  vieillesse,  sen- 
timent de  notre  isolement,  vagues  aspirations  vers  un 
monde  nouveau,  vers  un  idéal  indécis  et  lointain.  Le  poète 
avait  assez  habilement  associé  sa  vision  pittoresque  de  la 
nature  à  ses  émotions  intimes,  soit  en  illustrant  ses  sen- 
timents au  moyen  d'images  gracieuses  ou  grandioses,  sou- 
riantes ou  tristes,  empruntées  au  paysage  qui  l'entourait, 
soit  en  attribuant  directement  à  la  nature  elle-même,  à 


la  Heur  vacillant  au  souftle  du  vent  d'automne,  du  vieil 
arbre  solitaire,  abandonné  dans  h\  plaine,  des  émotions 
analogues  aux  siennes  propres.  Notons  enfin  dans  ces 
poèmes  l'absence  totale  de  toute  idée  religieuse  propre- 
ment dite.  Aucune  adoration  de  la  divinité  chez  ces  héros 
ossiani({ues.  Le  D^  Clair  l'avait  remarqué  dans  sa  disser- 
tation. Il  avait  ex[)rimé  le  regret  qu'on  ne  trouvât  pas 
dans  ces  poèmes  la  notion  d'un  Être  suprême.  Macpherson 
s'était  oxphqué  là-dessus  dans  une  note.  11  attribuait,  in- 
génument, ou  peut-être  malicieusement,  cette  absence  à 
ia  décadence  du  druidisme  à  l'époque  d'Ossian.  En  tous 
cas,  cette  conception  d'un  état  d'esprit  dans  lequel  l'idée 
religieuse  était  remplacée  par  de  vagues  aspirations,  par 
le  sentiment  confus  de  la  mélancolie  universelle,  était  une 
idée  assez  originale,  qui  devait  avoir  une  singulière  for- 
tune. 

La  plupart  des  idées  et  des  sentiments  que  nous  avons 
cru  retrouver  dans  la  poésie  ossianique  étaient  déjà  fami- 
liers aux  Anglais.  Ils  avaient  eu,  avant  Macpherson,  de 
grands  peintres  de  la  nature,  et,  tout  récemment  encore, 
Thomson,  l'auteur  des  Saisons.  La  mélancolie  d'Ossian 
n'apportait  rien  de  nouveau  non  plus  aux  lecteurs  de 
Voung,  Gray,  Collins.  C'est  peut-être  une  des  raisons  pour 
lesquelles  Ossian  fut,  en  somme,  moins  goûté  en  Angleterre 
qu'en  Allemagne  et  surtout  en  France.  Il  ne  fut  qu'une 
voix  dans  le  chœur  des  poètes  mélancoliques  du  xvm^  siècle 
anglais.  De  plus,  les  polémiques  érudites,  auxquelles  Mac- 
[jherson  avait  du  sa  célébrité  première,  contribuèrent 
également  à  le  i'aire  oublier  dès  qu'on  crut  s'apercevoir 
(jue  ses  poésies  n'étaient  qu'une  habile  supercherie.  Enfin, 
il  eut  le  tort  irrémédiable  d'être  suivi  par  Wordsworth, 
Uyron,  Shelley,  assez  riches  de  leur  fonds  pour  ne  rien 
lui  devoir,  ou  presque  rien,  et  tellement  supérieurs  à  lui 
(pi'ils  réclipsèrent  complètement. 

En  Allemagne,  on  admira  bruyamment  les  poésies  ossia- 
niques, pour  des  raisons  à  la  fois  philologiques,  littéraires 
et  patriotiques.  On  était  heureux  en  effet  de  pouvoir  enfin 
opposer  au  Grec  Homère,  ancêtre  des  littératures  méri- 
dionales, l'Ecossais  Ossian,  ancêtre  des  littératures  du 
Nord.  Ossian  fit  fureur  pendant  quelques  années.  Klopstock, 
Voss,  Lerse,  Herder,  lleyne  s'en  firent  les  panégyristes 
dans  leurs  lettres  et  leurs  discours.  Burger  l'imita.  Gœthe 
s'en  inspira,  notamment  dans  Werther,  il  devait  analyser 
plus  tard  avec  beaucoup  de  finesse,  dans  ses  Mémoires, 
l'action  des  poésies  ossianiciues  sur  la  jeunesse  allemande. 
Grâce  à  Ossian,  la  mélancolie  devint  à  la  mode.  «  Pour 
que  toute  cette  mélancolie  eût  un  théâtre  fait  pour  elle, 
dit  Gœthe,  Ossian  nous  avait  attirés  dans  la  lointaine 
Thulé,  où,  parcourant  l'immense  bruyère  grisâtre,  parmi 
les  pierres  moussues  des  tombeaux,  nous  voyions  autour 
de  nous  les  herbes  agitées  par  un  vent  horrible,  et  sur 
nos  têtes  un  ciel  chargé  de  nuages.  La  lune  enfin  chan- 
geait en  jour  cette  nuit  calédonienne  ;  des  héros  trépassés, 
des  beautés  pâlies,  planaient  autour  de  nous  ;  enfin,  nous 
ci'oyions  voir  dans  sa  forme  effroyable  l'esprit  môme  de 
Loda.  » 

C'est  en  France  qu'Ossian  obtint  le  succès  le  plus  vif. 
Les  mômes  raisons,  quiexpliquent  le  succès  de  J.-J.  Rous- 
seau, expliquent  également  celui  des  poèmes  ossianiques. 
On  les  lut  avec  avidité,  on  en  admira  tout,  récits  épiques, 
descriptions  de  paysages,  effusions  lyriques,  on  trouva 
des  mérites  jusque  dans  la  monotonie  du  style.  Pendant 
plus  d'un  demi-siècie,  la  vogue  d'Ossian  fut  prodigieuse 
en  France.  Le  premier  consul,  poète  à  ses  heures,  fit 
d'Ossian  son  auteur  favori.  Les  critiques  littéraires  disser- 
tèrent à  l'envi  sur  les  qualités  des  épopées  ossianiques,  et 
la  comparaison  d'Homère  et  d'Ossian,  inaugurée  par  Bl air, 
devint  un  thème  de  développements  faciles,  à  la  Plutar<|ue, 
et  parfois  ingénieux.  Des  poètes  studieux,  des  académi- 
ciens comme  .Baour-Lormian,  des  généraux,  firent  de 
consciencieuses  imitations  du  vieux  barde.  Lesueur  en  tira 
un  sujet  d'opéra,  et  Girbdet  un  sujet  de  tableau  (Salon 
de  4802.  Les  Bardes  de  Lesueur  sont  de  4804).  Les 


647 


OSSIAN  —  OSTABAT 


esprits  subtils,  comme  M'^^''  de  Sta(4,  analysèrent  les 
poèmes  ossianiques,  en  firent  la  base  de  systèmes  litté- 
raires, dont  la  solidité  fut  fort  compromise  quand  l'au- 
thenticité d'Ossian  fut  mise  en  cloute.  Il  n'en  reste  plus 
aujoLird'Imi  que  les  ruines  imposantes.  Enfin  et  surtout,  des 
hommes  de  génie  comme  Chateauljriand,  puis  Lamartine, 
Alfred  de  Vigny,  Alfred  de  Musset  reprirent  les  thèmes 
pittoresques  et  lyriques  de  Macplierson  en  les  modifiant, 
en  les  nuançant,  en  les  enrichissant  de  sentiments  et 
d'idées  nouvelles,  en  les  élargissant  d'une  manière  magni- 
fique. Ainsi  la  mélancolie  ossianique  entra  pour  une  part 
dans  le  désespoir  romantique  de  Chateaubriand  et  de  ses 
disciples,  dans  les  vagues  rêveries  lamartiniennes.  Vigny 
et  Musset  ont  plutôt  été  séduits  par  les  beautés  pittoresques 
de  Macplierson.  Leur  mélancolie  n'a,  en  effet,  presque  rien 
de  commun  avec  celle  du  poète  anglais.  Les  origines  en 
sont  toutes  différentes.  Ce  qu'ils  doivent  à  Ossian,  ce  sont 
lies  images,  des  détails  de  paysage.  C'est  à  ce  point  de 
vue  qiiEloa,  le  Cor,  peut-être  la  Maison  du  Berger 
rappellent  parfois  Macpherson  et  ses  imitateurs.  Quant  à 
Musset,  ses  poésies  renferment  maintes  réminiscences 
écossaises.  La  couleur  locale  tirolienne  de  la  Coupe  el 
les  Lèvres  ne  vient  pas  moins  d'Ossian  que  du  Manfred 
de  Byron.  Dans  les  ^suils,  plus  d'une  image  vaporeuse  et 
fugitive  rappelle  les  comparaisons  de  Macpherson.  Enfin, 
on  sait  que  les  jolies  stances  du  Saule  :  «  Pâle  étoile  du 
soir...  »,  ne  sont  ([u'une  reprise  mélodieuse  du  thème 
initial  des  Chants  de  Selma. 

Aujourd'hui  l'Ossian  de  Macpherson  est  presque  com- 
plètement oubhé,  aussi  bien  en  Angleterre  qu'en  Erance 
ou  ailleurs.  La  littérature  du  xix^  siècle  nous  a  rendus 
plus  difficiles  sur  la  question  d'art.  Les  défauts  de  ces  ré- 
cits épiques  nous  choquent.  Quelques  détails  heureux  ne 
peuvent  nous  faire  oublier  la  monotonie  de  l'ensemble. 
Puis,  malgré  tout,  on  flaire  toujours  autour  de  ces  poèmes 
on  ne  sait  quelle  odeur  de  mystification.  De  peur  d'être 
dupe,  l'on  préfère  les  laisser  de  coté.  Les  poèmes  ossia- 
niques ont  vécu.  Ils  sont  sortis  du  domaine  de  la  littéra- 
ture pour  tomber  dans  celui  de  l'érudition.       J.  Douâdy. 

Bir.L.  :  1"  Cycle  ossianique.— T?^a?isaciions  oftheOsslu- 
nie  Society  ;  Dublin,  1857-61.  —  Mac  LAuciiLAN,ï7ie  Booli 
of  the  Dean  of  Lismore  ;  Londres,  18G2.  —  EIennessey's, 
Letters,  Academy,  1873.  —  Die  Altirische  Sage  und  die 
Osslanfrago  :  Leipzip-,  1S78.  —  Windlsche  Irishe  Texte, 
1880.  —  D'Arbois  de  Jubainville,  la  Littérature  ancienne 
de  l'Irlande  et  l'Ossian  de  Macpherson  [Bihlioth.  de  l'Ecole 
des  Chartes,  1880,  p.  475  et  suiv.;.  —  Du  même,  Cours  de 
littérature  celtique.  —  O'Grady,  Silva  Gaelica,  1895,  etc., 
et  en  général  Revue  celtique. 

2"  Poèmes  ossianiques  de  Macpherson.  —  Macpher- 
son, Fragments  of  ancient  -poetry,  collectcd.  in  the  HigJi- 
lancls  and  translated  from  the  gaelic  or  else  language  ; 
Edimbourir,  17(jO.  —  Fingal,  An  ancient  epic  poem  in  six 
boohs,  tog^tlier  with  several  other  poems,  composed  by 
Ossian,  the  son  of  Fingal.  translated  from  the  gaelic 
language;  Londres,  1762.— Temora,/\?i  ancient  epic  poem 
in  eight  boohs  together  with several  other  poems,  composed 
by  Ossian,  the  son  of  Fingal,  translated  from  the  gaelic 
language;  Londres,  1763.  —  W.  Shaw,  Dissertation  on  the 
aufhenlicity  of  the  poems  of  Ossian,  1781.  —  J.  Clark,  An 
answer  to  Shaw,  1781.  —  W.  Shaw,  A  vejoinder.  —  Laing, 
History  of  Scotland,  1805.  —  Report  of  the  Committee  of 
the  Highland  Society  of  Scotland,  Edimbourg,  1805.  — 
Laing,  '  The  Poems  of  Ossian,  containing  the  poetical 
Works  of  James  Macpherson,  in  prose  and  verse  \<;it]i 
notes  et  illustrations,  1805.  —  Mac  Donald  Archibald, 
Some  of  Ossian's  lesser  poems  rendered  into  english  verse 
with  a  preliminary  discourse  in  answer  to  Mr  Laing' s- 
critical  and  historical  dissertation  on  the  antiquity  of 
Ossian's  poems.  —  D''  John  Smith,  Ossian  in  the  original, 
1805.  —  \^i.h.iR,  Dissertation  (en  tête  de  l'édition  de  Fingal), 
1762,  réimprimée  avec  les  poèmes  d'Ossian,  1806. —  Cesa- 
ROTTi,  Dissertation  sur  Ossian,  1806.  —  Patrick  Graham, 
On  the  authenticity  of  Ossian,  1807.  —  Robert  Mac  Far- 
lane,  The  Poems  of  Ossian  in  Gaelic  with  a  literal  trans- 
lation into  latin;  with  a  dissertation  on  their  authenticity, 
by  sir  John  Sinclair  and  a  translation  from  the  italian  of 
the  dhbe  Cesarette's  Dissertation  on  the  controvei^sy 
respecting  Ossian,  with  notes  by  J.  Mac  Arthur,  1807.  — 
James  Grant,  ThougJits  on  the  gaelic,  1811.  —  F,  Skene, 
The  Ilighlanders  of  Scotland,  their  origin.  history  and 
antiqidties,  1837,  etc.  —  Allibone,  Dictionary  of  english 
literature,  art.  Macpherson. 
S**  Influence  des  poèmes  de  Macpherson.  —  Bailey 


Saunders,T/((^  Life  and  letters  of  James  Macpherson;Lon' 
dres,  18<)l  —  Erich  Schmidt,  Richardson,  Rousseau  und 
Goethe  ;  léna,  1875.  —  Arvède  Bartne,  Journal  des  Débats 
(13  et  27  noy.1891).  —  Texte,  J.-J.  Rousseau  et  les  origines 
du  cosmopolitisme  littéraire,  1895. 

OSSIFICATION  (Pathol.)  (V.  Oh). 
0SSIN6T0N  (Vicomte)  (V.  Denison  [John-Evelyn]). 
OSSOLINSKI  (Georges),  homme  d'Etat  polonais,  né 
en  1595,  mort  en  1650.  Il  étudia  à  Gratz,  voyagea  dans 
l'Europe  occidentale,  combattit  les  Russes,  fut  envoyé  en 
Angleterre  par  le  roi  Sigismond  (iG"21),  devint  grand  tré- 
sorier de  la  couronne  (1680)  et  fit  élire  roi  le  prince  Wla- 
dislav  sous  le  nom  duquel  il  gouverna.  Le  pape  Urbain  VllI 
le  fit  prince  d'Ossolin,  l'empereur  prince  d'empire  (163  i). 
Gouverneur  militaire  de  Prusse,  il  signa  avec  la  Suède  la 
trêve  de  Stumsdorf  (sept.  1635),  représenta  la  Pologne  à 
la  diète  de  Ratisbonne  do  1636,  où  il  appuya  la  candida- 
ture de  Ferdinand  lïï,  et  conclut  le  mariage  de  son  roi 
avec  l'archiduchesse  Cécile-lienée.  Il  fut  encore  voivode 
deCracovie  (1639),  vice-chancelier  (16i3),  grand  chan- 
celier (1645),  présida  le  colloque  de  Thorn  entre  catho- 
li(pies  et  protestants,  lit  élire  roi  Jean-Casimir  (1648), 
traita  avec  les  Cosaques  (17  août  1649).  G.  Fœrster  pu- 
blia ses  discours  (Dantzig,  1640). 

Son  arrière-petit-fds,  Joseph-Maxbnilien,  comte  de 
Tenczyn,  né  à  Vola  Mielecka  (près  Sandomir)  en  1748, 
mort  le  17  mars  1826,  fut  élevé  au  collège  des  jésuites 
de  Varsovie,  s'étabht  à  Vienne  où  d  réunit  les  lettrés 
slaves,  fut  préposé  par  l'empereur  François  P'"  à  la  biblio- 
thèque impériale  (1809),  fonda  un  institut  national  pour 
la  Galicie  à  Léoptl  (Lemberg).  A  la  fm  de  sa  vie,  il  devint 
aveugle.  Il  a  publié  Etudes  de  criti'iue  historique  sur 
la  littérature  polonaise  (Cracovie,  1819,  3  vol.;  suppl. 
(le  Bielowski;  Léopol,  1852);  Soirées  de  Bade  (1852)  ; 
des  imitations  du  Décaméron,  etc.  A. -M.  B. 

OSSONE  (P.  Tellez  y  GmoN  [duc  d'J)  (V.  Osuna). 
OSSUAIRE  (Archit.).  Nom  donné  k  des  constructions 
peu  importantes,  semblables  à  de  petites  chapelles  élevées 
autrefois  dans  les  cimetières,  ou  à  des  réduits  et  parfois 
à  desimpies  petits  renfoncements  ménagés  dans  la  maçon- 
nerie des  cloîtres  ou  des  églises,  lesquels  servaient  à  re- 
cevoir et  à  consei-ver,  dans  un  lieu  consacré,  les  ossements 
trouvés  à  la  suite  de  fouilles  faites  dans  les  cimetières  ou 
à  l'intérieur  des  églises.  L'ancienne  province  française  de 
Bretagne  possède  encore  un  certain  nombre  de  ces  os- 
suaires en  forme  de  petites  chapelles,  par  exemple  celui 
qui  se  trouve  accolé  à  l'église  du  Faouet  (Finistère).  A 
Paris,  l'ancien  cimetière  des  Innocents  était  entouré  d'un 
cloitre  qui  était  un  véritable  ossuaire,  où,  pendant  plusieurs 
siècles,  on  a  accumulé  une  prodigieuse  quantité  d'osse- 
ments, lesquels  ont,  après  la  destruction  du  cimetière, 
été  portés  dans  les  catacombes  de  la  rive  gauche  de  la 
Seine.  Ch.  L. 

OSSUN.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées, 
arr.  de  Tarbes;  2.315  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  du 
Midi,  de  Toulouse  à  Bayonne.  Commerce  de  jambons, 
gisement  de  lignite.  Au  N.-O.,  sur  une  hauteur,  vestiges 
d'un  camp  romain,  où  Crassus,  lieutenant  de  César,  s'ar- 
rêta, d'après  la  tradition,  et  qui  pouvait  contenir  5.000 
hommes.  Entre  Adé  et  Ossun  est  une  vaste  plaine,  jadis 
inculte,  aujourd'hui  couverte  de  champs  déniais,  appelée 
Lanne  Moiirine,  champ  de  bataille  où,  d'après  la  légende, 
les  débris  des  Sarrasins,  vaincus  par  Charles-Martel,  au- 
raient été  écrasés  par  les  Bigourdans.  H.  C. 

OSSUN-èz-Anoles.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyré- 
nées, arr.  d'Argelès,  cant.  de  Lourdes;  111  hab. 
OSSUN  A  (V.  Osuna). 
OSSYEBA  (Ethnog.)  (V.  Fan). 
OST  (Féod.)  (V.  llosx). 

OSTABARÈS.  Ancien  pays  de  la  France  qui  était  com- 
pris dans  la  Basse-Navarre  et  avait  pour  capitale  Ostabat 
(Basses-Pyrénées) . 

OSTABAT-AsME.  Com.  du  dép.  des  Basses-Pyrénées, 
arr.  de  Mauléon,  cant.  d'Iholdy;  398  hab. 


OSTACHKOV  —  OSTILNDE 


()4S 


OSTACHKOV.  Ville  de  Uiissie.  <li.-l.  de  district,  gouv. 
cl  ù  2r>0  kil.  X.-O.  de  Tver,  sur  le  bord  méridional  du 
lac  Seiiger.  c1j.-L  de  district,  environ  'i'dO  m.  d'alt.  ; 
19..  104  liai),  (en  189:2).  Ancienne  forteresse  érigée  dans 
les  jn^emières  années  du  xvi^'  siècle,  mais  c|ui  ne  possède 
plus  aucun  vestige  de  ses  murs.  Ville  manufacturière. 
Principales  industries  :  fabrication  de  chaussures  et  d'objets 
de  quincaillerie.  —  S.e  di'^trict,  dans  la  partie  occidentale 
(kl  gouvernement  de  Tver,  a  8.000  kil.  q.  (v  compris  le 
laeSeliger)  et   10  000  hab. 

OSTADE  (Adriaen  Van),  peintre  et  graveuc  hollandais, 
né  à  liaarlem  !e  10  déc.  Hrli).  mort  à  Haarlem  le  "il  avr. 
168").  il  fut  dès  sa  jeunesse  élève  de  Franz  liais  et  reçut 
des  leçons  de  Rembrandt.  Son  ami  Brouwer  le  conseilla 
et  lui  fit  adopter  la  manière  qui  lui  est  personnelle.  Van 
Ostade  peignit  des  éi)isodes  de  la  vie  des  paysans,  peu 
remarquables  par  les  idées  (|ui  s'en  dégagent  et  très  peu 
agréables  par  les  sujets  ;  mais  la  vérité  des  personnages, 
le  sentiment  de  la  nature  et  de  la  vie,  la  disposition  gé- 
nérale du  tableau,  l'harmonie  de  la  couleur  et  l'habileté 
technique  du  peintre,  les  rendent  très  intéressants.  Ses 
premièi'es  toiles  ont  subi  visiblement  Tinfluence  de  Franz 
Mais,  tandis  que  les  dernières  se  rapprochent  beaucoup 
l)lus  de  la  manière  puissante  et  harmonieuse  de  Rem- 
brandt. La  meilleure  épofpie  de  Van  Ostade  et  ses  toiles 
les  plus  réputées  sont  de  1640  à  167(). 

Les  tableaux  de  Yan  Ostade  représentent  surtout  des 
danses  de  villages,  des  fêtes  paysannes,  des  écuries,  des 
rixes  de  cabarets,  de  même  (jue  tles  intérieurs  d'auberge; 
ses  personnages  sont  en  grande  majorité  de  rudes  paysans, 
des  fumeurs  ivres  ou  des  paysannes  occupées  aux  tra- 
vaux de  la  campagne,  il  n'égale  pas  Brouwer  par  l'ori- 
ginalité et  l'énergie  ;  mais,  bien  que  ses  tableaux  ne  soient 
pas  purs  de  grossièreté  ou  d'obscénité,  il  possède  tant  de 
réalisme  et  d'action,  tant  de  hnesse  dans  le  coloris  et  de 
comique  dans  le  détail,  que  le  charme  de  sa  peinture  est 
très  grand  :  le  dessin  laisse  souvent  à  désirer,  et  les  com- 
positions sont  parfois  un  peu  lourdes. 

Les  tableaux  du  peintre,  en  majorité  de  petit  format, 
sont  disséminés  dans  les  galeries  de  Hollande,  de  France, 
d'Allemagne  et  d'Angleterre.  On  considère  comme  ses 
chefs-d'œuvre  :  Un  Joueur  de  violon  (Amsterdam),  Trio 
(musée  de  Bruxelles),  Peintre  dans  im  atelier  (Dresde, 
1663)  ;  Joyeuse  société  dans  une  ferme  (Munich,  vieille 
Pinacothèque),  Intérieur  de  hutte  et  i}Iarchands  de  pois- 
sons (Paris),  Danse  devant  une  aulierge  (Saint-Péters- 
bourg). On  trouve  encore  de  nombreux  tableaux  de  Van 
Ostade  à  Francfort,  Madrid.  Rotterdam;  en  Angleterre, 
(lie/  M.  lïope,  lord  Ashburton,  lord  Overstone,  M.  Field, 
M.  Waller,  M.  Holford  ;  à  Paris,  chez  MM.  Delessert, 
Papin,  Rothan,  etc.  On  possède  un  grand  nombre  de  des- 
sins de  Van  Ostade,  à  Vienne  et  à  Rotterdam.  H  gravait 
fort  bien  à  Teau-lorte.  et  l'on  a  publié  de  lui  un  recueil 
de  cinquante-deux  pièces  sous  le  titre  de  :  Het  Werk  von 
Adriaen  van  Ostade.  Ses  tableaux  ont  été  gravés  par 
Xische  et  Suyderholf.  Ph.  B. 

J->ii!i..  :  iÎAEDF.RyiA,  Adrwen  V;ui  OsUide,  hclu  Lobiui  iduI 
st'nia  Kiinsl  ;  Tub  ,  ISiiO.  —  Bodi;.  Adriaen  Vnn  Ostiidc  als 
Zeicimer  undMnltr;  Vienne,  LsSO.  —  L'auciuujx,  CoLnlogue 
•■(éisonnfi  de  toutes  les  estanvpes  qui  forment  l'œuvre  gravé 
d'Adrien  Vnn  (Jstctde  ;  Viuis,  1862.  —  M.  VA^M)K  Wiele. 
les  Frères  Van  Ostade  ;  l^ai'is,  ]8;)1. 

OSTADE  (Isaak  Van),  peintre  hollandais,  né  à  Haarlem 
en  1621,  mort  à  Haarlem  le  16  oct.  i649,  frère  du  pré- 
('édent.  On  sait  très  peu  de  détails  de  sa  vie.  Elève  de 
son  frère,  il  commença  d'abord  par  faire  des  scènes  d'au- 
berge, des  querelles  de  buveurs  et  des  paysans  au  coin 
fki  feu.  Le  ton  dur  et  rembruni  de  sa  peinture;  un  cer- 
tain maïKjue  de  réalité  dans  l'expression  des  figures  gros- 
sières, pittoresques,  que  son  frère  peignait  avec  un  si 
puissant  naturel  et  tant  d'humour,  le  tirent  d'abord  peu 
apprécier.  Mais,  lorsque  Isaak  Van  Ostade  abandonna  les 
scènes  d'intérieur  pour  peindre  des  paysages,  canaux  gelés. 
rivjèrf^s  couvertes  de  trahieaux  et  de  patineurs,  il  se  ré- 


véla grand  peintre  ;  ses  paysages  ont  un  coloris  si  puis- 
sant, une  telle  largeur  de  facture,  un  clair-obscur  si  dé- 
licat, que  c'est  de  tous  les  peintres  celui  qui  se  rapproche 
le  plus  par  là  de  Rembrandt.  La  plupart  de  ses  toiles  se 
trouvent  en  Angleterre,  surtout  à  Londres  (National  Gal- 
lery)  ;  ce  sont  :  Scènes  de  village^  Hivière  (jetée  et 
Patineurs;  Voycufeurs  devant  une  aubenje  (chez  lord 
Ashburton)  ;  Paysage  dliiver  (M.  Baring)  ;  Joj/eiise  So- 
ciété (M.  Perkins)  ;  quelques  tableaux  d'IsaakVan  Ostade 
sont  à  Manchester.  A  Amsterdam,  Voyageurs  devant 
une  auberge  ;  à  Bruxelles,  Halte  de  voyageurs  ;  à  Dresde, 
Patineurs;  à  Copenbague,  Après-midi  dliiver;  à  Ma- 
drid, tableaux  de  genre  dans  la  manière  de  son  frère  ;  à 
Munich,  Paysages  ;  à  Paris,  au  Louvre,  Patineurs  sur 
un  canal;  à  Saint-Pétersbourg,  Paysage  d'hiver,  Voya- 
geurs devcint  une  aul)erge,  etc.  Ph.  B. 

OSTANÈS,  alchimiste.  O'est  le  nom  d'un  personnage 
persan,  beau-père  de  Xerxès,  aucpiei  se  rattachent  les  tra- 
ditions des  magiciens  et  des  alchimistes  au  commencement 
de  Tère  cbrétienne.  11  est  cité  par  Pline,  Origène,  Tertul- 
lien,  etc.  D'a])rès  Synesius,  il  aurait  initié  Démocrite  dans 
le  temple  de  Memphis.  et  il  serait  l'auteur  des  axiomes 
célèbres  :  la  nature  se  jdait  dans  la  nature;  la  natui-e 
triomphe  de  lanaturr.  <  ;  .  U  c-s"'^  sous  ce  nom  des  trai- 
tés apocr}q)hes  en  grec  et  en  arane,  (pii  se  rattachent  aux 
traditions  et  aux  îraités,  aujourd'hui  perdus,  de  l'alchimie 
sassanide.  M.  Bkrthklot. 

BiiiL.  :  i^i'iRTHi'.i.r)']',  (\)lli\é)n  des  anciens  alchinéisles 
(jrecs  (l(;xte,  ir;ul.  et  eoninienlaire;.  —  Histoire  de  la  élu- 
mie  au  moijen  âge,  Alchinéie  arabe 

OSTE.  Rivière  du  Hanovre,  aftl.  g.  de  l'Elbe;  son  coui'S 
est  de  135  kil.  dont  78  sont  navigables. 

OSTÉITE  (Path.)  (V.  Os). 

OSTEL.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Soissons. 
eant.  de  Vailly;  212  hab.  Ruines  d'un  château  féodal  des 
xii^  et  XIII®  siècles.  Restes  d'un  prieuré  du  commencement 
du  XIII®  siècle.  Une  haute  roche  isolée  a  été  souvent  con- 
sidérée comme  un  menhir. 

OSTENDE.Villede  Belgique, ch.-l.d'arr.  administratif 
delaprov.  de  Flandre  occidentale,  arr.  judiciaire  de  Bruges, 
sur  la  mer  du  Nord;  27.000  hab.  (en  1894).  Tète  de 
ligne  du  chem.  de  fer  vers  Bruxelles  et  d'un  service  de 
paquebots  vers  Douvres,  à  125  kil.  de  Bruxelles.  Tri- 
bunal de  commerce,  athénée  royal,  collège  épiscopal, 
école  industrielle,  école  de  navigation,  académie  de  mu- 
si(|ue.  La  principale  industrie  d'Ostende  est  la  pèche 
maritime  qui  occupe  plus  de  300  bâtiments  ;  il  y  existe 
aussi  des  huîtrières,  des  parcs  à  homards,  des  fabriques 
de  cordages,  des  chantiers  de  construction,  des  brasse- 
ries, des  fabriques  de  tabac.  Ostende  est  une  des  premières 
villes  balnéaires  de  l'Europe. 

MoNUMKNTS.  —  L'église  des  Saints-Pierre  et  Paul,  dans 
le  style  de  la  Renaissance,  date  du  xvm®  siècle  ;  on  y 
l'emarque  un  beau  monument  consacré  à  la  mémoire  de 
la  ])remière  reine  des  Belges,  décédée  à  Ostende  en  1850. 
Le  Kursaal  contient  des  salles  de  fèt(^s  magnitiques.  Le 
port  est  important  et  peut  contenir  jusque  1.000  navires  ; 
il  date  du  xv*^'  siècle,  mais  les  grands  établissements 
maritimes  ont  été  entrepris  par  Joseph  II  (1780-90)  et 
considérablement  développés  dans  le  courant  du  siècle 
actuel.  Le  phare  a  53  m.  de  hauteur  et  porte  à  près  de 
30  kil. 

Histoire.  —  Ostende  n'était  avant  le  xiii«  siècle  qu'un 
petit  village  de  pêcheurs  ;  Robert  le  Frison,  comte  de 
Flandre,  y  lit  construire  une  église  vers  1072;  la  pêche 
s'y  étant  développée,  Marguerite  de  Constantinople,  com- 
tesse de  Flandre,  éleva  Ostende  au  rang  de  ville  en  1267. 
La  première  enceinte  date  de  Philippe  le  Bon  ;  elle  fut 
remplacée  en  1583  par  des  fortifications  remarquables, 
construites  par  les  ordres  du  prince  d'Orange.  Ostende, 
occupé  par  une  garnison  hollandaise,  subit  un  siège  mémo- 
rable de  trente-neuf  mois  :  la  place,  investie  par  l'archiduc 
Albert  le  5  juil.  1601,  ne  se  rendit  que  le  22  sept.  1604 


—  ()49 


OSTENDE  —  OSTENSOIR 


au  général  Spinola.  Ce  n'était  plus  (|irun  monceau  tle 
ruines.  Rebâtie  par  les  archiducs,  la  ville  ne  reconquit  sa 
splendeur  commerciale  qu'au  xviii*^  siècle,  par  la  création 
de  la  Compagnie  d'Ostende  pour  le  commerce  des  Indes. 
Mais  la  jalousie  mercantile  de  la  Hollande  et  de  l'Angle- 
terre força  le  faible  (^barles  VI  à  dissoudre  la  société  déjà 
florissante.  Plus  tard,  sous  le  règne  de  Joseph  II,  la  situa- 
tion redevint  brillante,  grâce  aux  circonstances  politiques  : 
guerre  tle  l'indépendance  américaine,  guerre  de  l'Angle- 
terre contre  la  république  des  Provinces-Unies,  grâce  aussi 
aux  travaux  que  le  jeune  empereur  décréta  après  avoir 
étudié  par  lui-même  les  besoins  du  commei'ce.  Conquis 
parles  armées  républicaines,  Ostende  fit  partie  de  la  France 
jusqu'au  traité  de  Paris  de  18 J4. 

Les  armoiries  d'Ostende  sont  :  D'o)',  au  chevron  de 
sable,  à  trois  clefs  de  sable  posées  3  et  i.  Devise  : 
Ostende  nobis,  Domine,  misericordiam  tuam.     E.  H. 

Compagnie  d'Ostendk  (V.  Compagnie,   t.  XII,  p.  162). 

Biin-.  :  Papquim,  Hist.  de  la  ville  d'Ostende  ;  Bni- 
xollcs.  1812.  —  IIemiard.  Illst.  da  siège  d'Ostende  IGOl- 
1(101  ;  Bruxolles  1890 

OSTENDE  (Canal  d').  Ce  canal  commence  à  Bruges 
près  de  la  porte  de  Damme  et  se  termine  à  la  mer  ;  à 
Bruges,  il  se  rattache  au  canal  vers  Gand  et,  à  Plass- 
chendaele,  au  canal  de  Nieuport.  Sa  longueur  totale  est 
de  28.600  m.  ;  sa  largeur,  de  iO  m.  à  la  flottaison 
et  de  12  m.  au  plafond;  sa  profondeur,  de  4"\65. 
Il  est  de  niveau  depuis  Bruges  jusqu'aux  grandes  écluses 
de  Sly  Kens,  à  1.350  m.  de  la  mer.  Il  a  été  creusé  au 
xviii^  siècle. 

OSTEN-SACKEN.  Famille  poméranienne  étabhe  en 
Russie,  dans  les  provinces  Baltiques,  où  elle  est  représentée 
par  trois  lignes  :  Bathen,  Dondangen  et  Rothof.  Ses  prin- 
cipaux personnages  sont  :  Fabian-Gottlieb,  né  en  1752, 
mortà  Kiev  le  19  avr.  1837,  engagé  comme  sergent (1769), 
se  distingua  sous  Souvorov  contre  les  Turcs,  les  Polonais, 
sous  Korssakov  en  Suisse  oii  il  était  major  général,  com- 
manda, en  1807,  le  2^  corps  sous  Bennigsen  et  fut  remarqué 
à  Pultusk  et  Eylau.  En  1812,  il  commandait  l'armée  de 
Volhynie  qui  fut  battue  le  16  nov.  par  les  Autrichiens  à 
Volkovysk,  En  1813-14,  il  coopéra  avec  Blucher  à  la 
Katzbach,  à  Leipzig,  Brienne,  Montmirail,  Craonne,  Laon, 
à  l'attaque  de  Montmartre,  fut  gouverneur  militaire  de 
Paris.  En  1815,  le  tsar  le  nomma  feld-maréchal  et  lui 
confia  l'armée  de  l'Ouest  (Kiev),  avec  laquelle  il  comprima 
l'insurrection  polonaise  en  Volhynie  et  Podolie  (1831).  11 
fut  fait  prince  en  1832. 

Demetrins,  né  en  1790,  mort  sur  son  domaine,  dans  le 
gouv.  de  Kherson,le  27  mars  1881,  fit  la  campagne  de 
France,  devint  général  d'une  brigade  de  uhlans  (1825), 
chef  d'état-major  de  Paskevitch  (1827),  enleva  aux  Turcs 
Akhalkaki  et  Gertvissy  (1828),  commanda  l'aile  gauche 
à  la  bataille  de  Kainly  (1^^'  juil.  1829),  prit  part  à  la  ré- 
pression des  insurgés  de  Pologne  (1831),  devint  général 
de  cavalerie  (1843),  fut  préposé  en  1853  au  3^  corps  qui 
occupa  les  principautés  danubiennes,  reçut  sous  Gortcha- 
kov  le  commandement  de  Sébastopol  en  1855  et  fut  créé 
comte  et  membre  du  conseil  d'empire. 

Son  fils,  Nicolas  Dniitrieuich,  né  le  26  mars  1831, 
entra  au  ministère  des  affaires  étrangères  (1853),  fut  atta- 
ché au  gouverneur  de  Varsovie,  puis  au  commandement  en 
chef  de  Sébastopol  durant  la  guerre,  secrétaire  d'ambas- 
sade à  La  Haye  (1856),  chargé  d'affaires  à  Madrid  (1857), 
Berne,  Turiii  (1864-69^  ministre  à  Darmstadt  (1869), 
Munich  (1880-82  et  1884-95),  ambassadeur  à  Berlin 
(1895).  A.-M.  B. 

BiBL.  :  A.  d'OsTEN,  Naclïricht  ïiber  Herlmnft.  Verzwei- 
(/un(j...dep  OstenSachen  ;  t3erliii,  1893. 

OSTENSOIR.  1.  Archéoeogie. — L'ostensoir  est  le  vase 
liturgique  destiné  à  exposer  visiblement,  à  l'adoration  des 
fidèles,  l'hostie  consacrée.  Ce  nom,  appliqué  à  cet  objet  spé- 
cial, est  relativement  moderne.  On  ne  le  trouve  pas  encore 
dans  Furetière  (xvii^  siècle);  il  apparaît  pour  la  première 


foisdansle  Dictionnaire  de  Jrévoux  (xvhi^ siècle),  écrito.s- 
tensoire  et  désignant  alors  tout  spécialement  la  monstrance, 
transformée  en  soleil  pour  l'exposition  et  la  procession  du 
Saint-Sacrement.  Dans  l'antiquité  et  dans  le  haut  moyen 
âge,a9/<^?î,9or/i/»iestundes  noms  de  Vanibon  (V.ce  mot); 
])lus  tard,  dans  le  Cérémonial  des  évêques,  il  est  syno- 
nyme de  tabernaculum  ;  il  s'entendait  alors  du  vase  litur- 
gique ou  de  la  pyxide,  contenant  les  hosties,  suspendu 
en  l'air  au-dessus  de  l'autel,  à  l'extrémité  d'une  crosse. 
comme  aussi  du  plateau  avec  couverture,  sur  lequel  posait 
le  vase  que  l'on  abritait  sous  une  ample  tente  d'étoffe.  Il 
est  devenu  le  tabernacle  actuel,  dans  lequel  on  renferme 
le  saint  ciboire.  L'ustensile  sacré,  appelé  aujourd'hui  osten- 
soir, n'estpas  une  réminiscence,  comme  tant  d'autres  ob- 
jets du  culte,  de  l'image  du  soleil  radieux,  placée  sous 
verre,  qui  s'avançait,  suivant  (Juinte-Curce,  la  première 
dans  les  pompes  des  rois  de  Perse  ;  il  ne  prend  naissance 
en  effet,  et  on  ne  le  voit  se  transformer  peu  à  peu,  qu'à 
pai-tir  de  l'institution  de  la  fête  du  Saint-Sacremejit.  Le 
développement  de  cette  fête,  célébrée  pour  la  première 
fois  à  Liège  en  1 247 ,  recommandée  en  1 255  par  Hugues 
de  Saint-Cher,  légat  en  Allemagne,  autorisée  par  Lrbain  IV 
en  1264,  généralisée  en  1311  par  le  concile  de  Vienne, 
organisée  définitivement  enfin  par  le  concile  de  Cologne 
en  1452,  amène  les  différentes  modifications  de  l'ostensoir, 
qu'on  trouve  dans  les  inventaires  sous  les  noms  de  : 
arche,  coupe-couverte,  custode,  expositorium,  gloire, 
joyau,  majesté,  Melchisédec,  porte-Uieu,  porte-sacre,  sa- 
craire,  Saint-Sacrement,  soleil. 

Parmi  les  premiers  ostensoirs  on  peut  citer  des  statuettes 
de  Christ  en  croix,  de  Christ  ressuscité,  dans  lesquelles 
l'hostie  était  placée  dans  le  cœur  protégé  par  une  pierre 
transparente,  ou  par  un  cabochon,  comme  aussi  des 
images  de  la  Vierge,  de  saint  Jean,  à  Saint-Ménéchou 
par' exemple,  où  Fenfant  et  l'agneau  étaient  remplacés 
par  un  croissant  pour  soutenir  l'hostie;  il  est  certain, 
qu'alors  que  la  fête  n'était  pas  encore  bien  établie, 
d'anciennes  monsfrances  (V.  ce  mot)  furent  au  premier 
moment  utilisées,  dans  lesquelles  on  remplaça  les  reliques 
enlevées,  par  un  croissant  d'or  ou  d'argent  qui  sup- 
portait l'hostie  :  ce  n'étaient  donc  pas  à  proprement 
parler  des  ostensoirs,  exécutés  pour  cette  spéciale  desti- 
nation. Avec  les  transformations  successives  et  l'appro- 
priaticm  en  soleil  rayonnant  de  l'ostensoir,  le  croissant 
fut  remplacé  par  une  lunette  en  cristal,  dans  laquelle  est 
insérée  l'hostie,  qu'on  peut  dès  lors  hxer  et  enlever 
ensuite  sans  y  toucher,  dans  l'emplacement  ménagé  à  cet 
effet  au  centre  du  soleil  :  l'ostensoir  proprement  dit  doit 
donc  être  étudié  en  réalité  seulement  à  partir  de  la  tin 
du  xFii'^  siècle.  Aussi,  quand  Douet  d'Arcq  croit  voir 
dans  l'inventaire  de  Clermont-Feri'and  du  x'^  siècle  un 
ostensoir,  n'esl-il  pas  difficile  de  lui  opposer  qu'il  ne 
pouvait  en  exister  à  cette  date,  puisque  la  fête  n'était 
pas  encore  établie  et  que  l'hostie  ne  pouvait  être,  osten- 
siblement, adorée.  Tout  au  plus,  pourrait-on  admettre 
comme  ostensoir  véritable  celui  de  1286,  donné  par 
Heildewige  de  Dist  au  prieuré  d'Herkenrode,  actuel- 
lement à  l'église  de  Saint-Quentin,  à  llasselt,  car  nous 
sommes  en  Belgique,  et  la  fête  du  Saint-Sacrement  prit 
naissance  dans  ce  pays  ;  ce  serait  alors  le  plus  ancien 
connu.  Celui  de  Conques,  du xiv^  siècle,  est  un  des  premiers 
qui  présente  la  forme  d'un  soleil.  L'Italie  conserve  tou- 
jours la  forme  de  tour  :  tel  celui  exécuté  par  Pietro  Vanini 
d'Ascoli,  en  1425,  tandis  ([u'en  Allemagne,  l'ostensoir 
lourd,  chargé,  garde,  comme  à  Halle,  l'aspect  d'une  mons- 
trance très  peu  modifiée.  Du  xv^  siècle  aussi,  sont  ceux  à 
clochettes  que  Linas  a  vus  en  Allemagne  :  nous  les  retrou- 
vons dans  le  trésor  du  roi  de  Hanovre. 

Deux  ostensoirs  du  xvi«  siècle  présentent  un  intérêt 
tout  particulier.  Celui  de  Belem  (Portugal)  qui  est,  comme 
le  monastère  des  hiérony mites  pour  lequel  il  fut  exécuté, 
le  reflet  de  toutes  les  préoccupations  artistiques  de  cette 
époque. 


OSTEiVSOm  —  ÔSTERGÔTLAND 


—  650  — 


L'inscription  qu'il  porte,  gravée  autour  du  pied,  a  fait 
beaucoup  chercher  les  archéologues  : 

0  MYITO  ALTO  PIUNCIPE  E  PODEIIOSO  SENIIOR  P. El 

DON  31ANAEL  1  A  .MA.XDO  FAZEIl  DO  OYP.O 

I  DAS  PARIAS  DE  QYIIA  AQVAlîOVE  CCCCEVI. 

Ce  nom  d'Âqual)ove,  celui  de  l'orfèvre,  n'a  pu  être  tiré 
au  clair.  Quelle  est  son  origine  ?  Kst-il  Portugais,  Italien, 
Mamand?  D'autant  que  l'ostensoir  présente  des  caractères 
de  style  italien  et  tlamand.  L'intluence  de  Pietro  Vanini 
est  évidente  :  et  quand  on  compare  cet  ostensoir  avec  le 
portail  de  Belem,  exécuté  un  peu  plus  tard,  quand  on 
sait  que  l'architecte  de  don  Manoel  s'appelle  Boytaca,  on 
a  tout  lieu  de  croire  que  cet  Aquabove  est  précisément  le 
nom  véritable  d'un  artiste  italien,  orfèvre  et  sculpteur, 
qu'un  anagramme  syllabique  a  transformé  dans  son  pays 
d'adoption  en  Boytaca.  Le  deuxième  est  celui  d'Aix-la- 
Chapelle,  donné,  dit-on,  en  1520  par  Charles-Quint.  Dans 
son  extrême  légèreté,  on  reconnaît  cependant  l'ancêtre  de 
celui  d'Eichstadt  exécuté  en  4611.  Mais  pendant  que 
l'Allemagne  et  l'Italie,  continuant  les  véritables  traditions 
liturgiques,  n'admettent  que  de  très  légers  ostensoirs,  que 
le  prêtre  seul  peut  porter,  sans  aucun  aide,  suivant  les 
prescriptions  de  la  Congrégation  des  rites,  la  France  et 
l'Espagne  ne  songent  qu'à  faire  grand,  énorme.  L'ostensoir 
de  Notre-Dame  de  Paris  a  1^^\65,  celuideGéronel"^,85, 
celui  de  Valladolid  3  m.,  celui  de  Séville  S^^j'âO,  celui  de 
Tolède  4"\50.  Quant  au  poids,  celui  de  Perpignan  pesait 
400  marcs,  celui  de  Barcelone  exigeait  huit  prêtres  pour 
le  porter,  et  vingt-quatre  hommes  soutenaient  difficilement 
dans  les  processions  celui  de  Séville,  véritable  monument 
pesant  500  kilogr.  —  Au  bout  du  collier  des  chevaliers  du 
Sang  de  Jésus-Christ  pendait  un  petit  ostensoir,  soutenu 
par  deux  anges  à  genoux,  dans  lequel  étaient  trois  gouttes 
de  sang. 

L'ostensoir  est  l'attribut  de  sainte  Claire,  de  saint  Nor- 
bert et  de  saint  Bernard.  F.  de  Mély. 

IL  LrruRGiE.  —  Au  mot  Eucharistie,  t.  XYI,  p.  740,  on 
trouvera  l'histoire  des  développements  du  dogme  et  des 
dévotions  qui  correspondent  à  l'usage,  relativement  ré- 
cent, de  l'ostensoir.  —  Cet  instrument  d'exposition  doit 
être  bénit  comme  le  ciboire.  La  matière  n'est  point  dé- 
terminée; mais  la  lunule  doit  être  en  or,  au  moins  en 
argent  doré;  car,  disent  les  liturgistes,  on  ne  saurait  trop 
faire  pour  VHôte  sacré.  L'ostensoir  de  la  cathédrale  d'Er- 
lach,  en  Bavière,  pèse  40  marcs  d'or,  il  est  enrichi  de 
350  diamants,  de  1.400  perles,  de  250  rubis  et  de  plu- 
sieurs autres  pierres  précieuses.  Les  prescriptions  romaines 
interdisent  les  couronnes  princièrcs  et  les  fleurs  sur  la 
croix.  E.-H.  V. 

OSTÉOÏDE  (Pathol.)  (V.  Os). 

OSTÉOMALACIE  (Pathol.)  (V.  Os). 

OSTÉOM  E.  Production  osseuse  survenue  hors  du  lieu  où 
siègent  normalement  les  os.  On  en  trouve  surtout  dans 
les  muscles,  mais  on  en  a  vu  dans  les  ganglions 
lymphatiques,  la  moelle,  la  peau.  On  les  rencontre  assez 
fréquemment  dans  l'armée,  où  la  maladie  prend  alors  le 
nom  à'ostéome  du  cavalier,  osléoine  du  fantassin. 
Chez  le  premier,  il  occupe  surtout  les  adducteurs  de  la 
cuisse;  chez  les  seconds,  le  deltoïde,  le  brachial  antérieur, 
et  on  les  range  parmi  les  alFections  musculaires.  C'est  une 
lésion  professionnelle  ;  Billroth  nomme  Reiterknochen 
(os  des  cavaliers),  Virchow  ossa  prœpubica  la  forme 
d'ostéome  qui  va  presque  toujours  du  bord  antérieur 
du  pubis  et  de  l'ischion  aux  insertions  musculaires  et 
aponévrotiques  de  la  région  supéro-interne  de  la  cuisse. 
La  maladie  a  sa  cause  dans  l'usage  exagéré  des 
muscles  de  la  cuisse  chez  le  cavalier  novice;  du  del- 
toïde, du  brachial  antérieur  dans  l'exercice  du  fusil  chez 
le  fantassin;  d'où  le  nom  allemand  à'Exerciz-Knochen. 
—  En  résumé,  pressions  réitérées,  chocs  fréquents,  efforts, 
telles  sont  les  causes  de  cette  tumeur,  qui  est  dure,  résis- 
tante, inégale,  allongée  suivant  les  directions  du  muscle 


malade.  Celui-ci  devient  souvent  de  plus  en  plus  dur, 
malgré  le  repos,  le  massage,  les  iodures,  les  douches. 
Parfois,  ce  traitement  seul  réussit.  La  transformation 
osseuse  se  produit  toujours  non  loin  de  l'insertion  des 
muscles.  On  a  vu  des  ostéomes  ayant  jusqu'à  9  et  19  cen- 
tim.  de  longueur.  On  pense  que  ces  productions  osseuses 
ont  pour  point  de  départ  rarrachement  d'une  portion  du 
périoste,  accompagné  ou  non  d'un  fragment  osseux.  Cette 
rupture  aboutirait  primitivement  à  un  épanchement  san- 
guin, transformé  progressivement  par  un  travail  simul- 
tané de  régression  et  d'ostéogénèse.  La  théorie  de  Seydler 
(transformation  cartilagineuse,  puis  osseuse  du  caillot 
sanguin)  a  prévalu. 

Traitement.  Au  moment  de  l'accident,  repos,  immo- 
bilisation, massage,  compression  élastique  du  membre. 
Plus  tard,  si  la  tumeur  ])ersiste,  douloureuse ,  diminuant 
la  capacité  de  travail  de  l'intéressé,  on  pratique  Vextir- 
pation.^       ^  A.  Coustan. 

OSTÉOM ÉTRIE  (Anthrop.).  On  entend  plus  spéciale- 
ment par  ostéométrie  la  mesure,  l'étude  des  os,  surtout 
des  os  du  tronc  et  des  membres,  des  os  longs,  indépen- 
damment de  ceux  du  crâne.  Son  objet  est  la  connaissance 
des  proportions  du  squelette,  dans  l'humanité  comparée 
au  groupe  voisin  des  anthropoïdes  et  dans  les  races  humaines 
comparées  entre  elles.  Les  proportions  du  squelette  va- 
rient chez  les  différents  genres  d'anthropoïdes,  mais  ceux-ci, 
pris  en  général,  se  caractérisent,  comparés  à  rhomme,par 
un  tronc  plus  long  eu  égard  à  la  taille,  par  des  membres 
S(q)érieurs  beaucoup  plus  longs,  et  des  membres  inférieurs 
plus  courts.  Sauf  le  chimpanzé,  semble-t-il,  tous  les  anthro- 
poïdes ont  le  membre  supérieur  plus  long  que  le  tronc, 
que  la  colonne  vertébrale,  et  tous,  le  chimpanzé  compris, 
ont  le  membre  inférieur  plus  court.  C'est  exactement  l'in- 
verse dans  toutes  les  races  humaines.  Mais  le  rapport  des 
membres  au  tronc  ou  à  la  taille  n'est  pas  le  même  dans 
toutes  les  races  humaines.  Ainsi  les  nègres  ont  quelque 
tendance  irrégulière  à  avoir  le  membre  supérieur  plus  long, 
plus  simien,  et  ont  toujours  le  membre  inférieur  plus  long, 
moins  simien  que  les  Européens,  par  excès  de  longueur  du 
fémur.  Les  deux  segments  du  membre  supérieur  ne  varient 
pas  parallèlement.  L'humérus  est  de  même  longueur  chez 
le  nègre  que  chez  l'Iiuropéen,  mais  le  radius  est  plus  long 
et  par  là  se  rétablit  la  hiérarchie  des  deux  types.  Dans  les 
races  jaunes,  à  l'opposé  de  ce  qui  a  lieu  chez  les  noirs,  le 
membre  inférieur  est  constamment  plus  court,  compara- 
tivement à  la  taille,  que  chez  les  races  blanches  pures. 
Le  membre  supérieur  a  aussi  généralement  une  tendance 
à  être  plus  court,  le  buste  étant,  toutes  choses  égales, 
])lus  long  dans  le  groupe  des  jaunes.  La  longueur  relative 
delà  main,  des  doigts,  offre  aussi,  suivant  les  races,  des 
différences  très  appréciables.  Nonobstant  les  variations  des 
rapports  existant  entre  les  membres  et  la  taille,  comme 
ceux-ci  sont  relativement  constants  chezles  races  d'un  même 
groupe,  la  longueur  d'un  os  long  quelconque  de  l'un  des 
membres,  étant  connue,  nous  permet  de  fixer  avec  une 
approximation  suffisante  la  taille  du  sujet  auquel  il  a 
appartenu  (Manouvrier,  la  Détermination  de  la  taille 
d'après  les  grands  os  des  membres,  dans  Mémoires  de  la 
Soc.  d'Anthr.  c/e  Par/s,  1892,  t.  IV,  2« série).  Ce  résultat 
assigne  à  l'ostéométrie  une  place  importante  dans  la 
palethnologie  en  particuher.  Zaborowski. 

OSTÉO-PÉRIOSTITE  (V.  Dent,  t.  XIV,  p.  136). 

OSTÉOSARCOIViE  (Path.)(V.  Os). 

OSTER.  Bivière  de  Bussie,  dans  les  gouv.  de  Smolensk 
et  de  Mohilef,  affluent  du  Soj.  Elle  prend  naissance  à 
la  limite  du  district  de  lelnia  et  se  jette  dans  le  Soj 
près  du  village  de  Biel.  Longue  de  192  kil.,  large  de 
plus  de  20  kil.,  elle  a  une  profondeur  de  1  à  8  m.  Flot- 
table aux  crues  de  printemps.  Ses  affluents  sont  :  Malyi  et 
Stomiat'. 

OSTERBOTTEN.  Ancien  nom  des  gouv.  finnois,  de 
Vasa  et  Uleaborg,  sous  la  domination  suédoise. 

OSTERGOTLAND  (V.  OEstergoetlaxd). 


-  651  — 


0ST^:HLANI)  —  OSTIAKS 


OSTERLAND  {Marckia  ovientalis) .  Nom  primitif  de 
la  Marche  septentrionale  de  Tliuringe,  que  le  margrave 
Gero  (940-965)  agrandit  de  la  Saale  au  delà  de  la  Muldo 
et  de  l'Elbe.  Elle  comprenait  le  pays  de  Landsberg(àrE. 
de  Halle)  et  d'Eilenburg.  Ti-ansmise  en  1017  à  Dietrich 
de  Wettin,  elle  fut  réunie  à  la  Misnie  (1  l"i3)  et  à  la  Lu- 
sace  (1  lo6)  (V.  Wettin,  Saxe  et  Thu rince).  Ee  nom  d'Os- 
terland  se  conserve  jusqu'à  la  fin  du  xiv^"  siècle;  mais  par 
suite  des  partages  successifs,  son  acception  s'étend  sur  le 
pays  de  Weissenfels,  sur  la  Misnie  entière,  d'où  Eands- 
berg  est  détaché  de  1298  à  1347,  enfin  sur  les  pays  de 
la  Pleisse  et  Géra. 

OSTERMANN  (André-Ivanovitch, comte), homme  d'Etat 
russe,  né  à  Boclmm  (Westphalie)  le  30  mai  1686,  mort 
à  Berezov  le  !25  mai  1747.  Etudiant  à  léna,  il  tua  en  duel 
un  adversaire,  s'enfuit  en  Hollande,  fut  recommandé  par 
le  vice-amiral  Cruys  à  Pierre  le  Grand  qui  le  prit  à  son 
service  (1701)  et  lui  donna  bientôt  sa  confiance.  Il  eut 
une  grande  part  aux  traités  du  Prutli  ("33  juil.  1711)  et 
de  Nystad  (10  sept.  18"21),  fut  nommé  baron  et,  en  172o, 
vice-chancelier  de  l'Iùnpire.  Catherine  P'^  le  désigna  comme 
surintendant  de  la  cour  et  membre  du  conseil  de  régence 
de  Pierre  lî.  L'impératrice  Anne  le  ht  comte  et  ministre 
des  aiîaires  étrangères  (1730).  La  princesse  Anne  de 
Brunswick,  en  prenant  l'administration  de  l'empire,  con- 
serva sa  confiance  à  Ostermann,mais  celui-ci  s'était  attiré 
la  haine  d'Elisabeth  qui,  lors  de  son  accession  au  trône, 
l'accusa  d'avrir  falsifié  le  testament  de  Catherine  P®  et 
décidé  l'impératrice  Anne  à  exclure  Elisabeth  de  la  suc- 
cession. Elle  fit  condamner  Ostermann  au  supplice  de  la 
roue.  Gracié  sur  l'échafaud  le  27  janv.  1742,  il  fut  exilé 
en  Sibérie.  —  Ses  deux  fils  moururent  sans  enfants,  et  le 
nom  fut  continué  par  les  descendants  de  sa  fille  mariée  au 
général  Tolstoï. 

OSTERM AN N-ToLSToï  (Alexandre-lvanowitch,  comte), 
général  russe,  né  en  1772,  mort  à  Petit-Saconnex  (sur  le 
lac  de  Genève)  le  12  fév.  18o7.  Il  se  distingua  dans  les 
guerres  contre  les  Turcs  et  les  Polonais,  commanda  en  1805, 
en  qualité  de  lieutenant  général,  le  corps  russe  chargé  de 
faire  une  diversion  dans  l'Allemagne  du  Nord,  fut  gouver- 
neur de  Saint-Pétersbourg  (1806),  commanda  en  1807  une 
division  de  l'armée  de  Bennigsen,  en  1812  le  4^  corps, 
fut  blessé  à  Bautzen  et  perdit  le  bras  gauche  à  Kulm  où 
il  commandait  la  garde  (30  août  1813).  Il  assiégea  et  prit 
Dresde  avec  Klenau,  fut  ambassadeur  à  Paris,  mais  peu  de 
temps  (1815),  séjourna  dès  lors  en  France  et  en  Italie,  et, 
après  un  voyage  en  Orient  (1833),  se  fixa  à  Petit-Sacon- 
nex (1837). 

0STERNBUR6.  Ville  d'Allemagne,  grand-duché  d'Ol- 
denbourg, sur  la  Hunte;  5.610  hab.  (en  1895).  Filature 
de  coton. 

OSTERODE.  Ville  de  Prusse,  district  d'Hildesheim 
(Hanovre),  sur  la  Sœse;  6.923  hab.  (en  1895).  Eglise 
yEgidi  qui  remonte  à  724  et  fut  réédifiée  en  1578  après  in- 
cendie (beaux  tombeaux  des  comtes  de  Grubenhagen).  Ma- 
gasin de  blé  destiné  aux  montagnards  du  Harz.  Toiles, 
lainages  et  cotonnades,  blanc  de  céruse,  carrières  de 
plâtre,  etc.  Ce  fut  de  1361  à  1452  la  résidence  des  ducs 
de  Brunswick-Lunebourg-Grubenhagen. 

OSTERODE.  Ville  de  Prusse,  district  de  Kœnigsberg, 
sur  le  lac  Drewenz;  11.278  hab.  (en  1895).  Château  de 
1270.  Ateliers  de  chemin  de  fer;  scieries  ;  distilleries  ;  ma- 
chines. 

ÔSTERSUND.  Ville  de  Suède,  ch.-l.  du  hen  de 
Jamtlaud,  sur  la  rive  E.  du  Storsjô,  et  ville  unique  de  la 
province;  5.880  hab.  (1893).  Grandes  brasseries. 

OSTERVALD  (Jean-Frédéric),  théologien  neuchâtelois,  né 
à  Neuchâtel  le  25  nov.  1663,  mort  à  Neuchàtel  le  14  avr. 
1747.  Il  étudia  à  Zurich,  à  Saamur,  à  Orléans  et  à  Paris.  Son 
ministère  débuta  en  1686  par  l'instruction  chrétienne  des 
enfants  à  Neuchâtel  ;  mais  bientôt  il  se  lit  remarquer  comme 
prédicateur,  disert  plutôt  qu'éloquent,  rappelant  à  ses  audi- 
teurs qu'à  côté  du  dogme  il  y  a  la  vie  chrétienne.  Son 


Triiil'  lies  sources  de  la  corruption  qui  règne  au  jour" 
d'Iiui  parmi  lescJirétiens  (Amsterdam  et  Neuchâtel,  1700), 
réimprimé  jusqu'en  1774,  traduit  en  anglais,  en  néerlan- 
dais, en  allemand,  fut  le  point  de  départ  d'une  réorganisa- 
tion de  l'Eglise  ncuchàteloise  et  d'un  réveil  delà  vie  religieuse 
dont  les  effets  s'étendiient  jusqu'à  Genève  et  à  Bâle,  grâce 
à  l'amitié  et  au  comuierce  épistoiaire  qui  unissait  Oster- 
vald  à  J.-A.  Turrelin  de  Genève  et  à  S.  Werenfels  de 
Bàle.  Ce  fut  C()!nme  un  faible  écho  du  mouvement  piétiste 
allemand.  Mais  Ostervald  est  surtout  connu  par  deux  tra- 
vaux littéraires.  D'abord,  par  son  Catécliisme  (NeueMtel, 
1702),  divisé  en  deux  parties  :  la  foi  chrétienne  ou  les 
vérités  à  croire  et  la  vie  chrétienne  ou  les  devoirs  à  rem- 
plir. Les  théologiens  de  Berne  ne  le  trouvaient  pas  assez 
orthodoxe;  mais  il  fut  traduit  en  anglais,  en  allemand, 
en  hollandais,  en  partie  même  en  arabe,  eîY Abrégé  de  ce 
catéchisme  est  encore  en  usage  dans  plusieurs  l^ghses.  En- 
suite, Ostervald  revisa  la  traduction  française  de  la  Bible 
et  rédigea  des  arguments  et  des  réflexions  sur  chaque  cha- 
pitre. Ces  explications,  communiquées  à  l'archevêque  Wake 
de  Cauterbury,  un  ami  de  l'auteur,  furent  d'abord  pubhées 
en  anglais  (Londres,  1716  et  1718).  l'.lles  furent  éditées 
avec  le  texte  biblique  à  Amsterdam  en  1724,  in-folio.  La 
meilleure  édition  est  celle  de  1714  de  Neuchàtel.  Le  Traité 
contre  l'impureté  (Amsterdam,  1707,  418  p.  in-8),  un 
(les  premiers  sur  la  matière,  fit  autant  de  bruit  que  de 
bien.  Une  hémiplégie  frappa  Ostervald  en  chaire  le  14  août. 
Il  mourut  huit  mois  après.  F. -H.  K. 

OSTERWALD  (Wilhelm),  poiHe  allemand,  né  à  Pretsch 
le  23  févr.  1820,  mort  à  Midilhausen  le  25  mars  1887. 
Philologue  et  grand  connaisseur  de  la  vieille  poésie  alle- 
mande, Osterwald  s'inspira  en  général  dans  ses  œuvres 
poéti([ues  de  la  littérature  du  moyen  âge  ou  de  la  poésie 
populaire.  Ses  meilleures  productions  sont  ses  poésies 
!yri(pies  :  GedicJite  (1848);  7/^^  Grilnen,  ^aturbilder, 
Màrchen  und  Arabesken  (1853)  ;  Zur  hâuslichcn 
Erbauung  (1854).  Dans  son  ])oème  épiijue,  Kônig 
Alfred  (1855)  et  dans  son  drame  sur  la  légende  des 
Nibelungen,  Riidiger  von  Ucchelaren  (1849),  férudition 
fait  tort  à  la  poésie. 

OSTERWIECK.  Ville  de  Prusse,  district  de  Magde- 
bourg;  6.378  hab.  (en  1895).  Sucrerie,  gants,  cuirs, 
hlanc  de  céruse,  etc. 

OSTHEIM.  Ville  d'Allemagne,  grand-duché  de  Saxe- 
Weimar,  enclavée  en  Bavière;  2.325  hab.  (en  1895). 
Bois  ouvragés.  Variété  de  cerises  acides  rapportées  de  la 
sierra  Morena  par  Klinghammer  en  1714.  Ruines  du  châ- 
teau de  Lichtenburg  où  l'on  admire  un  lierre  millénaire. 
Ville  depuis  1586. 

OSTHOFF  (Hermann),  philologue  allemand,  né  à  Bill- 
merich  (Westphalie)  le  18  avr.  1847,  professeur  à  l'Uni- 
versité d'Iïeidelberg  (1877),  auteur  de  Forschungen  im 
Gebiet  der  indogermanischen  nominalen  Stammbil- 
dung  (léna,  1875-76,  2  vol.);  Das  physiologische  und 
psychologische  Elément  in  der  sprachlichen  Formen- 
bildung  (Berlin,  1879)  ;  Sciiriftspracheiind  Volksmund- 
art  (Berlin,  1884);  Zur  Gesck.  des  Perfeks  im  In- 
dogermanischen (Strasbourg,  1884);  Morphologiscke 
Untersucfmngen  (avec  Brugmann,  Leipzig,  1878-90, 
5  vol.). 

OSTIAKS.  I.  GÉor.uAPiiu] .  —  Peuple  finnois  de  Sibérie, 
établi  dans  les  gouv.  de  Tobolsk  et  de  Tomsk,  sur  l'Ob  et 
le  lénisséi  inférieur,  depuis  Tobolsk  et  Tomsk  au  S.  jus- 
([u'au  delà  du  65^  lat.  N.  (67*^  le  long  de  l'Ob).  On  les 
évaluait  en  1880  à  22.560  dont  22.350  dans  le  gouverne- 
ment de  Tobolsk.  Ils  se  divisent  en  quantités  de  tribus  con- 
duites par  un  ancien  (starchina).  Leur  organisation  poli- 
ti({ue  parait  avoir  été  plus  avancée  au  xv^  siècle,  car  ils 
purent  opposer  des  armées  aux  envahisseurs  cosaques,  et 
ils  possédaient  des  villes.  Les  Russes  en  détruisirent  41 
dans  la  campagne  de  1501.  Des  ruines  se  voient  encore 
autour  d'Obdorsk.  Actuellement,  ils  décroissent  rapide- 
ment, surtout  à  cause   de   la  mortafité  infantile  et  des 


osTiAKs  —  (m 

famines.  Leur  langue  est  du  groupe  tinuo-ougrien  et  se 
divise  en  dialecte  septentrional  (obdonien,  kondien  ou  '^ 
Bérézov)  et  méridional  (Sourgout  ou  de  rinyiHj.  Les 
Ostiaks  de  l'Jénisséi  et  les  Ostiaks-Scn^\,iiedes  diffèrent 
des  véritables  Ostiaks  et  sont  compris  dans  les  populations 
hyperboréennes. 

IL  Ethnoc.râphie.  —  L'importance  du  peuple  ostiak  pour 
la  connaissance  même  des  origines  finnoises  m'a  déterminé 
à  exposer  à  part  ce  (pie  nous  en  savons  aujourd'hui 
(V.  Finnois).  Ce  peuple,  classé  de  tout  temps  par  sa  langue 
dans  le  groupe  fmno-ougrien,  occupe  en  effet  à  l'E.  la 
position  la  plus  reculée,  et  son  isolement,  sous  un  climat 
difficile,  l'a  mis  jusqu'à  notre  époque  à  l'abri  des  inva- 
sions méthodiques  ou  violentes  qui  ont  réduit  les  autres 
peuples  finnois  à  l'état  d'Ilots  éparpillés  dans  la  grande 
masse  de  populations  différentes.  Si  tous  ces  peuples  ont 
constitué  une  race  spéciale,  c'est  chez  les  Ostiaks  qu'on 
doit  retrouver  plus  distinctement  qu'ailleurs  les  véritables 
caractères  de  cette  race,  du  moins  ceux  que  ne  peuvent 
pas  altérer  des  conditions  d'existence  particulièrement 
misérables.  Leur  nom  d'Ostiak  n'apparaît  qu'au  xvi^  siècle. 
Antérieurement,  ils  étaient  confondus  avec  d'autres,  no- 
tamment les  Vogouls,  sous  le  nom  plus  géographique 
qu'ethnique  iS'Ougres.  Ce  dernier  tire  lui-même  son  ori- 
gine de  l'établissement  des  Huns,  entre  l'Oural  et  la  Cas- 
pienne. Il  ne  nous  apprend  rien  sur  les  Ostiaks,  et  l'his- 
toire, jusqu'à  la  conquête  russe,  a  toujours  ignoré  ceux-ci. 
D'après  des  faits  dont  j'ai  cité  déjà  ici  quelques-uns 
(V.  Finnois)  et  que  j'ai  relatés  dans  le  mémoire  consacré 
spécialement  à  l'étude  des  crânes  de  Kourganes  sibériens 
rapportés  par  M.  de  Baye,  il  est  permis  d'avancer  qu'ils 
sont  les  premiers  occupants  de  la  Sibérie  occidentale.  Ils 
y  sont  venus  d'Europe;  n'ayant  encore  qu'un  outillage  de 
bois  et  de  pierre.  Us  ont  conservé  d'ailleurs  cet  outillage, 
malgré  la  connaissance  du  métal  [assez  ancienne,  d'après 
des  pièces  travaillées  recueillies  dans  la  vase  tourbeuse 
du  lac  Chighir  (Oural) J  juscfu'à  l'époque  contemporaine. 
Lors  de  la  con(|uête  de  l'ataman  des  Cosaques  du  Don, 
lermak  (1581),  la  plupart  de  leurs  pointes  de  flèche 
étaient  en  os.  Et  encore  aujourd'hui,  outre  que  les  flèches 
sont  restées  leurs  armes  de  chasse,  le  bois  et  l'os  sont  les 
deux  matières  principales  de  leur  outillage.  Nous  n'avons 
donc  pas  la  preuve  formelle  que  les  Ostiaks,  autochtones 
de  la  Sibérie  occidentale  et  adaptés  admirablement  à  son 
climat,  y  sont  établis  depuis  des  époques  reculées.  J'ai 
tout  lieu  de  croire  qu'ils  étaient  naguère  répandus  au  S. 
et  à  l'E.,  au  delà  de  leurs  limiles  actuelles  et  qu'ils  ont 
été  sur  l'Irtych  longtemps  en  contact  avec  les  Huns  avant 
d'être  refoulés  par  la  conquête  ta  tare  un  peu  au  delà  de 
Tomsk  et  à  peu  près  à  l'horizon  de  Tobolsk.  J'ai  d'ailleurs 
prouvé  qu'ils  comptent  parmi  les  auteurs  des  Kourganes 
de  la  zone  cultivable  de  la  Sibérie  occidentale,  zone  où  ils 
n'ont  plus  de  représentants.  Le  territoire  qu'ils  occupent 
seuls  est  encore  immense.  Les  Vogouls  (V.  ce  mot)  ne 
faisant  qu'un  peuple  avec  eux,  il  s'étend  de  l'Oural  à 
flénisséi,  touchant  sur  l'Obi  au  cercle  polaire  et  descen- 
dant au  S.  jus(pi'au-dessous  du  57^  de  lat.  Leur  nombre 
n'est  cependant  pas  estimé  à  plus  de  25.000.  La  coloni- 
sation russe  ne  les  a  encore  pénétrés  que  le  long  des 
fleuves.  Ils  se  mêlent  toutefois  au  Ne  depuis  bien  long- 
temps avec  les  Samoyèdes,  au  N.-E.  avec  les  Zyrianes, 
autres  Finnois  imprégnés  de  sang  Scandinave,  et  au  S. 
avec  les  Tatares  et  Mongols.  Ils  sont  petits.  Sur  95  hommes 
mesurés  par  Sommier,  4  seulement  avaient  de  1"\65  î' 
i"\69.  La  moyenne  était  de  1"\56.  La  taille  moyenne 
des  femmes  (1"\44)  est  légèrement  au-dessous  de  celle 
observée  parmi  les  Lapons  (1"\45).  Leurs  membres  sont 
grêles  et  ils  sont  d'apparence  débile,  quoique  doués  d'une 
extraordinaire  résistance  aux  privations  et  à  la  fatigue. 
Leur  peau  est  d'un  blanc  opaque,  mais  on  en  distingue 
rarement  la  couleur  naturelle  masquée  par  la  crasse.  Leurs 
cheveux  sont  abondants,  longs  et  souples;  mais  ils  ont 
peu  de  poils  sur  le  corps,  et  leur  barbe  est  rarement 


fournie.  Leurs  yeux  sont  un  peu  obliques,  et  comme  ils 
sont  souvent  malades  par  suite  de  l'action  irritante  de  la 
fumée  épaisse  de  leurs  cabanes,  leur  ouverture  se  présente 
comme  une  tissure  linéaire  s'évasant  à  l'angle  interne. 
Mais  ils  ne  sont  pas  bridés.  Deux  traits  de  leur  face  les 
singularisent  :  c'est  d'abord  leur  nez,  aplati  à  sa  racine, 
et  brusquement  relevé  à  son  extrémilé  qui  présente  parfois 
une  apparence  trilobée  ;  c'est  ensuite  leur  défaut  de  sexua- 
lité. Les  figures  des  hommes  comparées  à  celles  des  femmes 
ne  se  reconnaissent  pas  toujours  aisément  ;  car  les  carac- 
tères masculins  ordinaires  sont  très  peu  accentués  ou  même 
absents.  Cela  ne  tient  pas  seulement  à  leur  constitution 
commune  d'aspect  chétif,  mais  encore  à  la  morphologie 
de  leur  tête,  car,  par  exemple,  la  saillie  de  la  glabelle  et 
des  arcs  sourciliers  est  faible  ou  absente.  Sous  le  rapport 
même  de  la  voix,  les  hommes  se  distinguent  peu  ou  pas 
des  femmes.  L'enquête  si  consciencieuse  de  M.  Sommier  a 
établi  que  les  cheveux  et  les  yeux  ont  rarement  les  tons 
foncés  des  Mongoiiques.  La  proportion  des  cheveux  fran- 
chement blonds  et  des  yeux  purement  bleus  est  de  près 
de  i5  Vo-  I^es  nuances  intermédiaires  l'emportent.  Mais 
ce  sont,  du  moins  parmi  les  hommes,  les  yeux  clairs  (du 
châtain  au  gris  et  au  bleu),  qui  sont  en  majorité  (60  cas 
sur  un  total  de  108).  Cela  suffirait  à  établir  une  nette 
distinction  entre  eux  et  les  Mongoiiques,  si  nous  ne  savions 
déjà  que  par  leur  peau,  rarement  jaune,  par  leurs  cheveux 
souples,  ils  se  classent  à  ])art  de  leurs  voisins,  Samoyèdes 
et  Tatares.  L'élément  blond  étant  pour  moi  européen,  sa 
présence  chez  les  Ostiaks  est  un  témoin  sutïisant  de  l'ori- 
gine principalement  européenne  de  ceux-ci,  indépendam- 
ment de  toute  considération  tii'ée  de  la  langue  et  de  l'ar- 
chéologie. Ces  deux  dernières  fournissent  d'ailleurs  des 
arguments  péremptoires  dans  le  même  sens.  Mais  c'est 
l'étude  des  crânes  qui  passe  avant  tout,  et  elle  nous  fixe 
d'une  façon  définitive.  M.  Sommier  a  établi  que  les  crânes 
des  Ostiaks  purs  appartiennent  indubitablement  à  un  type 
dolichocéphalique.  Sur  87  crânes  de  provenance  bien  cer- 
taine qu'il  a  mesurés,  il  n'y  en  a  en  effet  qu'un  seul  qui 
ne  soit  pas  dolichocéphale,  et  encore  s'éloigne-t-il  peu  des 
autres.  M.  Mantegazza  les  décrivait  ainsi  :  «  De  moyenne 
grandeur,  dolichocéphales,  d'un  bel  ovale,  bas,  quelque- 
fois un  peu  en  toit,  avec  attacbes  musculaires  faibles  et 
sutures  compliquées  (?).  Apophyses  mastoides  peu  pro- 
noncées, front  étroit  et  un  peu  fuyant.  Caractères  sexuels 
très  incertains.  Orbites  grandes  (?)  Os  du  nez  très  petits, 
chez  la  plupart  écrasés,  avec  espace  interorbitaire  assez 
grand.  Face  pas  très  large,  avec  zygomas  peu  saillants... 
Aspect  de  la  face  légèrement  mongolique.  Forme  générale 
différente  de  celle  de  tout  type  européen  ».  De  mon  côté, 
j'ai  fait  voir  qu'ils  présentent  une  association  de  trois 
caractères  essentiels  en  contraste  absolu  avec  les  caractères 
des  races  environnantes,  en  particulier  des  races  mongo- 
iiques. Ce  sont  :  un  diamètre  antéro-postérieur  long, 
d'une  longueur  relative  d'autant  plus  significative  qu'elle 
n'est  pas  accrue  par  la  saillie  de  la  glabelle  comme  chez 
la  plupart  des  autres  crânes  dolichocéphales  ;  un  nez  court 
et  élargi  à  la  base  ;  des  orbites  basses.  Cette  association 
s'exprime  par  ces  trois  termes  :  dolichocéphalie,  pla- 
tyrhinie,  inicrosémie  orbitaire.  Cette  association  de  carac- 
tères, je  l'ai  d'ailleurs  observée  aussi  sur  les  crânes  de 
Kourganes  peu  anciens  de  Saint-Pétersbourg.  Et  c'est 
ainsi  qu'a  été  démontrée  ma  thèse  que  les  auteurs  des 
Kourganes  de  la  Russie  du  Nord-Ouest  et  du  Centre  sont 
bien  les  ancêtres  immédiats  de  tous  les  Finnois.  Prouvée 
aussi  se  trouve  cette  évidente  présomption  que  les  Ostiaks 
ont  conservé,  mieux  que  les  autres  Finnois,  les  caractères 
distinctifs  essentiels  de  la  race,  bien  que  l'ancienne  influence 
hunnique  et  l'action  du  milieu  climatérique  et  du  genre 
de  vie,  multipliée  par  le  nombre  des  générations  qui  l'ont 
subie,  ont  très  sensiblementaffectéleur  aspect  extérieur  et 
diminué  leiu^  taille. 

Les  Ostiaks  ont  trois  sortes   d'habitations.    La   plus 
simple  est  la  tente  conique  faite  de  perches  assemblées  à 


—  653  — 


OSTIAKS  —  OSTIE 


leur  sommet  et  garnies  d'éeorce  de  bouleau.  (Vest  absolu- 
ment r ancienne  kota  finlandaise.  Les  Ostiaks  eux-mêmes 
l'appellent  kot,  ayant  conservé  le  nom  comme  la  chose. 
Les  Russes  la  désignent  du  mot  (peut-être  d'origine  ton- 
gouse)  de  ciiDn,  comme  toute  demeure  mobile  de  ces  gens, 
et  appliquent  le  terme  tatare  de  iourte  à  leurs  ha])itations 
fixes.  Pour  se  préserver  des  grands  froids,  les  Ostiaks 
construisent  aussi  la  kota  enterrée,  tal-kot,  de  1  m.  au- 
dessous  du  niveau  du  sol  et  couverte  de  mottes  de  terre. 
Ils  vivent  là  dans  un  air  irrespirable,  chargé  d'une  fumée 
épaisse  et  au  milieu  de  détritus.  Ils  ont  appris  enlin  des 
Russes,  comme  leurs  congénères  finlandais,  à  construire 
avec  des  rondins  de  véritables  cabanes  assez  spacieuses 
avec  lucarnes  et  toit  à  deux  pentes. 

Les  femmes  portent  une  longue  chemise  flottante  ouverte 
sur  la  poitrine,  qu'elles  fabriquent  avec  la  fi])re  d'ortie  et 
ornent,  surtout  aux  manches,  de  bandes  colorées.  Au- 
dessous,  sur  la  peau,  est  une  ceinture  de  cuir  à  laquelle 
se  fixe  une  large  lanière  passant  entre  les  cuisses.  Par- 
dessus elles  revêtent  une  seconde  chemise  de  cotonnade 
européenne  beaucoup  plus  ornée  et  avec  ceinture.  Elles 
ont  souvent  des  sandales  tatares.  Elles  disposent  leurs 
cheveux  sur  le  cou  en  une  ou  deux  touffes  semblables  à 
des  nattes  ([ui  sont  entortillées  avec  un  ruban  rouge  de 
laine  et  auxquelles  elles  suspendent  divers  objets  d'orne- 
ments. C'est  là  une  vieille  mode  des  Finnois  de  la  Russie. 
M.  de  Baye  a  eu  l'occasion  de  signaler  dans  les  sépultures 
anciennes  de  Mouranka,  sur  le  Volga,  de  soi-disant  tresses 
de  cheveux  dans  des  gaines  d'éeorce  ou  entortillées  de 
lanières.  Et  les  femmes  tchérémisses,  les  Mordvines  ar- 
rangent encore  leurs  cheveux  ainsi,  parfois  autour  d'un 
bâton  tout  comme  les  femmes  ostiaks.  Celles-ci  enfin  se 
couvrent  souvent  la  tète  d'un  cliàle,  à  l'imitation  des  Ta- 
tares. Le  costume  des  hommes  est  moins  original.  Ils 
portent  en  effet  une  chemise  de  toile  et  un  pantalon  court; 
(piand  il  fait  froid,  une  tunique  de  drap  serrée  à  la  taille 
par  une  ceinture  à  laquelle  pend  un  couteau  dans  sa  gaine 
en  bois  et  une  pierre  à  aiguiser,  et  sur  la  tète  un  chapeau 
de  feutre  ou  une  cas{[uette  avec  visière  à  la  russe.  Dans 
la  région  du  renne,  la  peau  de  ce  précieux  animal  rem- 
place généralement,  surtout  pour  les  pauvres  qui  ne  peuvent 
pas  acheter  de  drap,  tous  les  vêtements.  Les  Ostiaks  en 
fabri([uent  deux  amples  sacs  avec  manches,  ouverts  en  bas 
et  terminés  en  haut  par  une  ouverture  et  un  capuchon. 
Le  premier  {malitza)  aie  poil  en  dedans,  le  second  (fins), 
pour  les  grands  froids,  a  le  poil  en  dehors.  Il  est  très  dif- 
cile  de  s'en  revêtir  pour  des  étrangers.  Les  femmes  les 
portent  ouverts  par  devant,  du  haut  en  bas,  etplus  amples. 
Des  bottes  en  fourrure  complètent  cet  accoutrement. 
L'usage  des  patins  de  bois  des  Lapons  leur  est  connu.  Ils 
se  nourrissent  exclusivement  de  chasse  et  de  pêche  et 
fabriquent  des  flèches  variées  pour  les  divers  animaux. 
Même  dans  la  région  du  renne,  le  poisson,  si  abondant, 
est  la  base  de  leur  alimentation.  Ils  le  mangent  cru,  sans 
sel  et  sans  pain,  en  mordant  à  même  de  longues  tranches 
qu'ils  coupent  au  ras  des  lèvres.  Quand  ils  ont  tué  un 
renne,  ils  enlèvent  les  intestins  et  coupent  les  artères 
pour  que  le  sang  se  ramasse  dans  le  ventre.  Les  convives 
trempent  dans  ce  sang  chacun  des  morceaux  de  la  viande 
crue  qu'ils  mangent.  Ils  boivent  du  thé  et  des  infusions  de 
feuilles  de  Hulmsarcticus  de  sayeurùcre.  Le  mariage  conti- 
nue à  se  faire  par  achat,  mais  une  union  peut  être  consacrée 
à  la  suite  d'un  rapt.  La  polygamie  est  pratiquée  même 
par  ceux  qui  se  sont  convertis  au  christianisme  pour  avoir 
du  tabac  et  de  l'eau-de-vie.  On  les  dit  chamanistes,  et 
ils  ont  en  effet  des  prêtres  qui  ont  emprunté  quelque 
chose  aux  chamans.  Mais  leur  religion  consiste  dans  le 
culte  d'idoles  grossières,  les  unes,  véi'itables  dieux  lares 
(sciaitan)  auxquels  ils  sont  très  attaches  (Sommier, 
p.  342),  les  autres,  divinités  c/^ /w /.S"  .sïzav.s\  auxcpielles  on 
fait  des  sacrifices.  Et  ce  n'est  pas  en  .\sie  ({u'il  faut  cher- 
cher les  affinités  de  leurs  plus  vieilles  superstitions.  Leurs 
morts,   enfermés  dans  une  sorte  de  cercueil  avec  leurs 


armes,  outils,  objets  précieux,  etc.,  sont  déposés  dans  une 
solide  caisse  de  madriers  à  toiture  à  deux  pentes,  faite  de 
rondins,  apparente  réduction  d'une  cabane,  qui  rappelle 
les  anciennes  tombes  sous  Kourgane  (tumulus)  de  la  région 
cultivable.  Ils  viennent  faire  un  repas  funéraire  autour  de 
ces  monuments,  à  l'anniversaire  du  décès  de  ceux  qu'ils 
recouvrent.  Ils  représentent  aussi  l'esprit  de  ceux-ci  par 
de  grossières  figurines,  scionyot,  qu'ils  gardent  auprès 
d'eux  et  auxquelles  ils  rendent  des  devoirs.  M.  Sommier 
dit  d'eux  avec  raison  :  «  Quand  on  entre  sans  être  invité 
dans  une  ciiim,  on  est  toujours  bien  accueilli,  et  les  habi- 
tants ne  montrent  ni  étonnement  ni  mauvaise  humeur 
pour  une  telle  violation  de  domicile.  —  Eu  égard  à  l'état 
de  culture  de  ces  peuples,  on  peut  être  émerveillé  de 
trouver  en  eux  tant  de  bonnes  qualités.  L'honnêteté  de 
tous  mérite  spécialement  d'être  relevée.  Durant  tout  mou 
voyage,  ils  ne  m'ont  pas  causé  le  plus  petit  dommage  ». 
Dans  les  collections  rapportées  à  Paris  par  MM.  Rabot  et 
de  Baye  figurent  un  bon  nombre  de  produits  de  l'indus- 
trie ostiak.  Zahorowskf. 

BiDi>.  :  On  trouvera  tous  les  reu^(Mgiicnieuts  biblioura- 
phi(i[ues  et  autres  conceruaut  les  Ostiaks  dans  les  deux 
ouvrages  de  M.  Summif.r,  Un  estate  In  SibcrUi  ;  Vlovcnvc, 
1885,  gr.  in-8,  et  Slrieni,  Ostiucchi  e  Sumoiedl  dcV  Oh  : 
Florence,  1887,  gr.  in-8.  —  V.  aussi  mon  mémoire  sur  h's 
Populations  anciennes  et  actuelles  de  la  Sibérie  occiden- 
tale, les  crânes  de  la  collection  de  Baye  et  les  Osliahs  et 
autres  Finnois,  dans  Bull.  Soc.  d'anthrop.,  1898.  —  Pour 
la  langue,  les  ouvrages  fondamentaux  sont:  Sciiikfnkr, 
Castrens  Versuch  einer  ostiahischcn  Sprachlehre  ;  Saint- 
Pétersbourg,  1858.  —  Ahlqvist,  Ueber  die  Sprache  der 
Nord-ostiaken.  Sprachtexte  uud  Vôrtersanimlung  :  Ilel- 
singfors,  1880.  —  lAimiNZER.  Peuples  étraugers  de  Sibérie 
(russe);  Saint-Pétersbourg.  1891. 

OSTIE.  Ville  d'Italie,  ancien  port  de  Rome,  à  l'embou- 
chure du  Tibre,  au  S.  du  fleuve.  On  attribuait  sa  fondation 
à  Ancus  Marcius.  Ses  salines  alimentaient  Rome  et  la 
région  voisine.  Son  port  acquit  une  très  grande  impor- 
tance aux  derniers  siècles  de  la  République,  comme  sta- 
tion permanente  de  la  flotte  romaine  et  comme  lieu 
d'importation  des  marchandises  étrangères  et  en  parti- 
culier des  blés  indispensables  à  la  capitale  (V.  Annoxe). 
Aussi  l'un  des  ([uatre  questeurs  d'Italie    y  résidait.  Mais 


Ports  de  Claude  et  de  Trajan.  à  Ostie. 

les  alluvions  du  Tibre  comblant  le  port,  celui-ci  devint 
absolument  insuflisant.  (^ésar  projeta  de  creuser  un 
bassin  artiliciel.  Claude  le  fit  exécuter  à  2  milles 
au  N.  d'Ostie,  relié  au  Tibre  par  un  canal  ;  il  était 
protégé  par  deux  môles  et  un  brise-lames,  sorte  d'île 
artificielle  jetée  dans  la  mer.  Ce  grand  ouvrage  s'appela 
Poj'lus  Augnsti.  Trajan  y  ajouta  en  arrière  un  bassin 
intérieur  de  forme  hexagonale  {Portas  Trajani)  et  élar- 
git le  canalde  communication  avec  le  Tibre  {Fossa  Tra- 
jaaa).  Ce  nouveau  port  prit  dans  l'usage,  au  lieu  d'Ostie, 
le  nom  de  Portus,  et  son  trafic  essentiel  était  celui  du 
blé,  importé  ])our  nourrir  les  deux  millions  de  Romains. 
Outre  l'ancieinie  via  Obtemis,  roule  de  la  rive  gauche 


OSTIE  —  654  — 

du  Tibre  qui  reliait  Rome  à  Ostie,  on  traça  sur  la  rive 
droite  une  via  Portiiensis.  Ostie  ne  déclinait  d'ailleurs 
pas  et  demeurait  une  ville  opulente  et  station  bal- 
néaire très  fréquentée.  Adrien,  Septime  Sévère  l'embel- 
lirent; Aurélien  y  construisit  un  forum  décoré  (]o  Vent 
colonnes  de 
marbre  de  Nu- 
midie.  Mais  son 
bras  du  Tibre 
continua  de 
s'ensabler,  de 
sorte  qu'il  de- 
vint impratica- 
ble. D'autre 
part,  Port  us 
était  fortifié  et 
Ostie  ne  l'était 
pas,  si  bien 
qu'au  temps  des 
guerres  civiles 
et  des  invasions 
(rv^  et  v^  siè- 
cles), Ostie  dé- 
clina. Elle  finit 
par  se  dépeu- 
pler; en  827, 
elle  était  en  rui- 
nes. Le  port  ar- 
tificiel s'ensabla 
à  son  tour  et 
les  alluvions  du 
Tibre  l'isolèrent 
de  la  mer,  si  bien 
qu'au  X®  siècle, 
époque  où    les 

incursions  sarrasines  achevèrent  de  dépeupler  les  rivages,  il 
était  réduit  à  une  lagune  sans  communication  avec  la  mer. 
On  recommença  alors  à  passer  par  le  bras  ancien  du  Tibre, 


Plan  d'Ostie  et  embouchure  du  Tibre  (échelle  de  1/100. 000«).   1,  château  ;  2,  via  de 
Sepolcri  ;  3,  forum  ;  4,  théâtre  ;  5,  temple  ;  6,  emporium  ;  7,  tour  Boacciana. 


celui  du  midi  ;  un  château  fut  bâti  par  le  pape  Grégoire  IV  à 
la  place  de  l'antique  Ostie.  Tji  1642,  Paul  V  fit  draguer 
et  recreuser  le  bras  du  N.  qui  fut  prolongé  jus((u'au  ri- 
vage moderne,  ou  on  établit  le  petit  port  de  Fiumicino  par 
lequel  passa  désormais  le  minime  tratic  du  Tibre. 

Voici  quel  est 
l'aspect  actuel  : 
le  village  mo- 
derne est  à  l'E. 
et  en  amont  de 
la  viUe  antique, 
à  l'ancien  coude 
du  fleuve.  L'Os- 
tie  romaine, 
dont  les  ruines 
sont  encore  ap- 
parentes, s'é- 
tendait de- 
puis ce  ha- 
meau jusqu'à  la 
tour  Boaccia- 
na, vieille  tour 
de  guet,  bor- 
dant le  Tibre  sur 
une  longueur  de 
4  à  5  kil.L'Os- 
tie  moderne  n'a 
qu'un  chàtean, 
bâti  par  San- 
gallo  pour  le 
pape  Jules  II, 
alors  cardinal 
(Ï483),  et  une 
église  de  la 
même  époque. 
On  arrive  de  là  aux  ruines  par  une  route  bordée  de  tom- 
beaux, puis,  descendant  vers  la  mer,  on  rencontre  à  droite  : 
les  nouveaux  thermes  découverts  en  i  891  ;  la  caserne  des 


Bas-relief  d'Os-tie,  découv(  rt  près  du  port  en  1863 


vigiles  bien  conservée;  le  forum  déblayé  en  4880-84, 
place  carrée  de  80  m.  décote,  bordée  de  porliques  ;  à  celui 
du  S.  s'adossait  un  grand  théâtre  en  partie  subsistant. 
On  trouve  ensuite  trois  petits  temples  et  un  sanctuaire  de 


Mithra,  puis  une  rue  antique  de  6  à  7  m.  de  large,  bordée 
de  galeries,  mène  à  un  temple  visible  de  loin;  à  gauche,  le 
long  de  la  voie  Eaurentine,  un  sanctuaire  de  la  Grande 
Mère,  puis  des  tombeaux  et  cokmibaria;  à  droite,  le  long 


—  6S5  -- 


OSTIE  —  OSTRACODES 


du  Tibre,  des  vestiges  de  vastes  magasins  antiques  en 
partie  submergés,  une  belle  maison,  et  enfin  les  traces 
du  grand  emporium  ou  marché  maritime  au  pied  de  la 
tour  Boacciana. 

De  l'autre  côté  du  Tibre,  le  village  de  Porto,  distant 
maintenant  de  3  kil.  de  la  mer,  possède  un  petit  lac  qui 
est  l'ancien  bassin  du  port  de  Trajan  ;  au  N.,  dans  les  prés 
mouillés,  se  voient  les  restes  du  port  extérieur  ou  port  de 
Claude.  A.-M.  B. 

OSTIGLIA  (antique  Hostilia).  Ville  d'Italie,  prov.  de 
Mantoue,  r.  g.  du  Pô,  au  confluent  du  canal  Molhiella; 
D.OOO  liab.  Vannerie. 

0 SI I  NATO.  Ce  terme  désigne,  en  musique,  une  ligure 
rythmique  ou  un  trait  d'accompagnement,  de  peu  d'éten- 
due en  général,  se  répétant  obstinément  sous  la  même 
forme.  Cet  artifice  de  composition  produit  d'autant  meil- 
leur effet  qu'il  tranche  le  plus  par  son  caractère  avec 
le  reste  de  l'harmonie.  Un  bel  exemple  d'osiinato  sera 
le  trait  rapide  des  violons  en  doubles  croches  qui,  dans 
l'ouverture  de  Tannhàuser  de  Wagner,  accompagne  le 
large  choral  des  instruments  de  cuivre. 

Si  le  trait  os^ma^o  est  placé  à  la  basse,  on  a  ce  que  les 
Français  nommaient  autrefois  basse  contrainte  (V.  Basse). 
Certaines  danses,  la  chaconne  par  exemple,  tiraient  une 
partie  de  leur  effet  de  cet  emploi  obligé  de  la  basse  con- 
trainte ou  ostinato,  dont  la  monotonie  v^oulue  s'opposait 
heureusement  à  la  marche  indépendante  des  parties  su- 
périeures. H.  Q. 

OSTRACION.  Genre  de  Poissons Téléostéens,  de  l'ordre 
des  Plectognathes  et  de  la  famille  des  Gymnodontes.  Les 
Ostracions  ou  Coffres  ont  le  corps  renfermé  dans  nne  ca- 
rapace osseuse  et  immobile.  Les  pièces  de  cette  carapace 
sont  unies  les  unes  aux  autres  comme  une  sorte  de  mo- 
saïque. Sur  divers  points  du  corps  se  montrent  des  épines 
souvent  assez  longues;  le  museau,  la  base  des  nageoires 
et  la  partie  en  avant  de  la  nageoire  caudale  sont  revêtus 
d'une  peau  molle  permettant  le  mouvement  de  ces  organes. 
Les  Ostracions  sont  des  Poissons  abondants  dans  les  mers 
tropicales.  On  en  connaît  environ  trente-cinq  formes,  parmi 
lesquelles  nous  citerons  VOstracion  quadricornis,  d'un 
bleu rougeàtre, orné  de  taches  sombres  irrégulières  ;la  (jueue 
est  d'un  brun  verdàtre  avec  des  macules  arrondies  plus 
foncées;  les  autres  nageoires  sont  jaunâtres.  Ce  Poisson  ap- 
partient à  l'océan  Indien.  Rociirui. 
BiBL.  :  Sauvage,  dans  Breioi,  éd.  IV.,  Poissons. 

OSTRACISME.  Institution  judiciaire  des  anciens  Grecs 
d'Athènes,  d'Argos,  de  Mégare,  de  Milet,  de  Syracuse. 
Dans  cette  dernière  ville,  elle  s'appelait;;<?^a/z>m^,le  vote 
ayant  lieu  avec  des  feuilles  et  non  avec  des  coquilles.  Tout 
citoyen  dont  l'influence  paraissait  dangereuse  pour  la 
liberté,  ou  dont  l'opposition  gênait  la  marche  des  affaires, 
pouvait  être  exilé  sans  c[u'il  en  résultat  aucune  atteinte 
à  son  honneur  ou  à  ses  biens.  L'ostracisme  fut  introduit 
à  Athènes  par  Clisthène.  Chaque  année  on  demandait  au 
peuple  s'il  y  avait  lieu  d'appliquer  ou  non  l'ostracisme. 
Si  la  réponse  était  positive,  le  vote  avait  lieu  dans  l'as- 
semblée suivante,  présidée  par  les  Archontes  et  les  Cinq 
Cents.  Le  vote  avait  lieu  au  moyen  de  coquilles,  de  ta- 
blettes de  poterie  sur  lesquelles  chaque  citoyen  inscrivait 
le  nom  de  celui  qu'il  voulait  bannir  ;  G. 000  suffrages  en- 
traînaient le  bannissement  prononcé  pour  une  période  de 
dix  années,  ultérieurement  réduite  à  cinq.  11  fut  appliqué 
par  les  Athéniens  à  Hipparque  fils  de  Charmes,  à  Clis- 
thène (507),  accusé  d'intelligence  avec  les  Perses,  à  Ar- 
ristide  (483),  Thémistocle  (474),  Cimon  (464),  Thucy- 
dide fils  de  Mélésias  (444) ,  et  enfin  au  démagogue  Hyperbole 
(447),  contre  lequel  s'entendirentNicias et  Alcibiade,  chefs 
des  deux  grands  partis,  qui  redoutaient  l'issue  d'une  lutte 
directe.  Cette  intrigue  disqualifia  l'ostracisme  qui  ne  fut 
plus  appliqué  à  Athènes.  A.-M.B. 

OSTRACODES.  ï.  Zoologie.  —Ordre  riche  en  genres  et 
en  espèces  de  Crustacés  entomostracés  caractérisés  par  leur 
corps,  comprimé  latéralement  dans  une  carapace  bivalve^ui 


l'enveloppe  complètement  .portant  7  paires  d 'appendices  plus 
ou  moins  modifiés  pour  la  locomotion  :  2  paires  d'antennes, 
4  paire  de  mandibules,  2  paires  de  màchou'es  et  2  paires 
de  pattes.  Les  deux  valves,  qui  donnent  à  ces  animaux  une 
grande  ressemblance  avec  de  très  jeunes  Lamellibranches, 
sont  libres  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  étendue  et 
souvent  dissymétriques  ;  elles  sont  mues  par  un  ligament 
dorsal  et  par  des  muscles  adducteurs,  dont  la  trace  d'in- 
sertion sur  les  côtés  des  valves  fournit  un  important  ca- 
ractère spécifique.  Le  corps  n'est  guère  nettement  seg- 
menté qu'en  deux  portions,  céphalothorax  et  abdomen; 
ce  dernier,  à  la  base  duquel  aboutit  l'anus,  est  grêle,  re- 
courbé vers  le  bas  et  en  avant,  formé  de  deux  moitiés  laté- 
rales allongées  en  forme  de  pied,  ou  lamelleuses  et  alors 
d'ordinaire  soudées  ;  il  porte  à  l'extrémité  une  armature 
de  caractères  variables  suivant  les  espèces  ;  rarement  cet 
organe  reste  rudimentaire.  Les  4^,  o^  et  6°  paires  de 
membres  portent  des  lamelles,  dites  branchiales,  plus  ou 
moins  développées,  elles  ne  favorisent  la  respiration  que 
parleurs  oscillations,  qui  entraînent  un  courant  d'eau'cons- 
tant  ;  cette  fonction  s'exerce  généralement  par  toute  la  sur- 
face du  corps  et  quelquefois  par  des  tubes  branchiaux 
placés  très  haut  sur  les  côtés.  Beaucoup  de  ces  animaux 
sont  dépourvus  de  tout  appareil  circulatoire  ou  possèdent 
un  cœur,  simple  sac  allongé,  avec  deux  fentes  latérales 
pour  l'arrivée  du  sang  et  une  ouverture  antérieure  par  la- 


Mx'  S  M  Mx^^Md  bb 


l-'euiolie  de  Cypris  luui  cucoix;  mitu  oo  à  luaiudié  aoxuoilc, 
et  dont  la  valve  droite  a  été  enlevée.  A',  Antennules  ; 
A" y  Antennes  ;  06,  lèvre  supérieure  ;  Md,  mandibule 
avec  son  palpe  pédiforme  ;  G.  a-anglion  cérébroïde  avec 
l'œil  impair  ;  'ëiM^  muscle  du  test  ;  Mx'  Mx" .,  mâchoires 
de  la  première  et  de  la  seconde  paire  ;  F'  et  F",  !'•"  et 
2"»  paires  de  pattes  ;  Fii,  queue  (furca)  ;  M,  estomac.  — 
D,  intestin  ;  L.  appendice  hépatique  ;  Gc,  rudiment  des 
organes  génitaux. 

quelle  ce  liquide  est  projeté  dans  la  cavité  générale.  Le 
système  nerveux  est  formé  d'un  ganglion  cérébral  bilobé 
et  d'une  chaîne  ventrale  avec  des  paires  de  ganglions  très 
rapprochées,  qui  peuvent  se  fusionner  en  une  masse  com- 
mune ;  il  existe  un  œil  médian,  formé  de  deux  moitiés  quel- 
quefois séparées,  ou  un  petit  œil  impair  et  deux  gros  yeux 
latéraux  composés  et  mobiles.  Les  organes  des  sens  ont  la 
forme  de  poils  ou  de  bâtonnets.  Les  sexes  sont  séparés. 
Les  glandes  génitales,  tubuleuses,  pénètrent  dans  l'épais- 
seur de  la  carapace.  La  forme  et  les  dimensions  des  sper- 
matozoïdes sont  très  remar(|ual)les  ;  ils  dépassent  quelque- 
fois de  beaucoup  la  longueur  du  corps  de  l'animal.  La 
reproduction  se  fait  ])ar  desanifs.  Les  espèces  d'eau  douce 
ne  présentent  pas  moins  de  neuf  phases  successives  au  cours 
de  Imr  évolution  ;  ces  stades  sont  séparés  par  des  mues  (jui, 
à  chaque  fois,  changent  la  forme  de  la  carapace  et  le  nombi'e 
ou  la  forme  des  membres.  Le  nauplius  des  Osiracodes  est 
déjà  fortement  comprimé  et  enveloppé  d'une  mince  coquille 
bivalve.  Ces  phases  du  développement  s'accomphssent  dans 
Fœuf  chez  les  espèces  marines.  Les  mâles  de  certains  Os- 
tracodes  n'ont  pas  encore  été  rencontrés,  ce  qui  a  fait  con- 
clure cà  une  reproduction  parthénogénétique  ;  cette  conclu- 
sion s'apphquait  autrefois  à  beaucoup  plus  d'espèces,  mais 
nous  avons  pu  trouver  ce  sexe  chez  plusieurs  genres  et 
chez  un  certain  nombre  d'espèces  d'autres  genres  oîi  ils 
n'étaient  pas  connus,  ce  qui  nous  porte  à  croire  que,  là 
oii   il   n'est  pas  connu  encore,  le  mâle  ne  paraît  que 


OSTRACODES  —  OSTRÉICULTURE 

pour  un  temps  très  court  et  (|uo  c'est  plutôt  le  niamiue 
d'observations  qui  a  permis  cette  conclusion.  Les  Ostra- 
codes  sont  des  animaux  de  petite  taille,  mesurant  au  plus 
({iielques  millimètres  et  très  abondants  partout;  ils  vivent 
(lans  la  mer  et  dans  les  eaux  saumàtres.  On  en  trouve  dans 
toutes  nos  eaux  douces  stagnantes  ;  ils  recherclient,  en  effet, 
les  eaux  tranquilles  dans  lesquelles  ils  rampent  ou  nagent  ; 
ils  ont  une  nourriture  animale.  Leurs  œui's  peuvent  sup- 
porter une  dessiccation  prolongée,  qui  explique  le  repeuple- 
ment rapide  îles  mares  et  la  facilité  avec  laquelle  on  a  pu 
étudier  en  Europe  les  espèces  de  contrées  lointaines,  en 
mettant  dans  l'eau  la  vase  dessécbèe  rapportée  de  ces  pays. 
Trois  familles  principales  se  partagent  les  Ostracodes  : 
1"  les  Cypridinides  (V.  (A■plul)l^A)  ;  ^'^  les  (A/thérides 
(V.  cemotetCvTHERE,  Elcythfuka,  ErriDUJM,)  ;  3^  les  Cy- 
l)rides(V.  Cyphis).  La  famille  des  Concbœcides  comprend 
deux  petits  genres  {Concharia,  Halocijpris)  ;  deux  autres 
familles  sont  représentées  par  un  genre  uni(iue  (Qjtherella, 
Polijcope).  Enfin,  la  petite  famille  des  Ascothoracides  est 
particulièrement  intéressante  en  ce  qu'elle  renferme  quel- 
(jues  formes  bermapbrodites  et  qui  sont  parasites  des  Coral- 
liaires  {Laura,  Pelrarca  et  Sfjjia/joya).      R.Moxiez. 

IL  Paléon'iologij:.  —  Les  Ostracodes  fossiles  ne  sont 
guère  connus  que  par  leur  coquille,  ce  qui  rend  leur  dé- 
termination exacte  très  difficile.  Cependant  on  peut  dire 
((ue  toutes  les  familles  actuelles  (sauf  une)  sont  connues  à 
rétat  fossile.  Les  Lepenlitidœ  sont  les  formes  les  plus 
anciennes,  datant  du  cambrien  :  Enhnnidella  (des  (aj~ 
jjridinidœ)  est  seule  dans  le  même  cas.  Les  Leperditidœ, 
tous  éteints,  sont  remarquables  par  leur  coquille  de  grande 
taille,  épaisse,  lisse  ou  ornée;  mais  leur  organisation  in- 
terne n'est  pas  connue  {Leperdilia  hisingerl  du  silurien 
du  Gothland,  de  la  taille  d'une  grosse  noisette).  Cette  fa- 
mille n'a  guère  dépassé  l'aire  paléozoufue  (Hippa,  Beij- 
i'ichia,  Elpe,  Kirkbija,  etc.).  Les  Cyprinidœ,  de  plus 
petite  taille,  abondent  dans  le  calcaire  carbonifère  (Qy/yn- 
dina  primœva,  ùjpridella,  ùjprella)  et  le  dévonien  su- 
périeur (schistes  à  Cyprinides  ou  Enlomis  du  Nassau). 
Polycope  et  Cytherella  existaient  déjà  dans  le  calcaire 
carbonifère;  Cythere,  dans  le  crétacé  et  le  tertiaire  marin. 
Les  Cypridœ,qm  sont  surtout  d'e^au  douce,  forment  quel- 
(juefois  des  couches  abondantes  dans  le  tertiaire  {Cypris 
faba  du  miocène  d'OEningen).  Palœocypris  Edivardsi, 
beaucoup  plus  ancienne,  s'est  conservée  avec  ses  antennes, 
ses  pattes  et  ses  yeux  intacts,  à  l'intérieur  des  fruits  d'un 
Cardiocarpiis,  dans  le  terrain  houiller  de  Saint- l'tientie. 
OSTREA  (Malac.)  (Y.  Huître). 
OSTRÉICULTURE.  L'ostréiculture,  dont  l'origine  re- 
monte à  des  temps  très  anciens  et  doit  être  recherchée  en 
Italie,  comprend  deux  parties  bien  distinctes  :  la  produc- 
tion et  rélevage. 

Production.  —  L'embryon  ou  naissain  est  recueilli 
sur  des  collecteurs  établis  dans  un  lieu  abrité,  au  voisi- 
nage d'un  courant  et  d'un  banc  naturel;  les  collecteurs 
les  plus  employés  sont  des  tuiles  de  terre  que  l'on  chaule 
et  que  l'on  dispose,  si  le  fond  est  sohde  et  l'eau  limpide, 
en  ruches,  la  concavité  tournée  vers  le  sol  (Arcachon),  ou, 
dans  le  cas  contraire,  en  bouquets  ou  champignons  (Bie- 
tagne).  Les  collecteurs  en  bois,  moins  employés,  sojil  pas- 
sés d'abord  au  coaltar,  puis  chaulés;  le  chaulage  facilite 
le  delroquage  ou  détachage  et  parait  attirer  le  naissain. 
L'époque  de  la  pobO  des  collecteurs  est  réglée  par  celle  de 
la  ponte,  soit,  dans  le  S.~0.,  vers  la  mi-juin,  et,  en  Bie- 
tagne,  du  ^^o  juin  au  lo  juil.  Le  plus  souvent,  faute  de 
place,  on  laisse  les  collecteurs  à  la  mer  pendajit  l'hiver. 
Le  détro(juage  commence  ordinairement  au  mois  de  mars?, 
et  le  naissaiji  est  placé  dans  des  caisses  en  bois  à  ferme- 
ture supérieure  en  toile  métallique  {caisses  oshrophiles) 
(jue  l'on  fixe  solidement  dans  l'eau  ;  pour  éviter  l'emploi  tou- 
jours coûteux  de  ces  caisses,  certains  producteuis  laissent 
le  naissain  pendant  dix-huit  mois  sur  Icb  tuiles,  d'autres 
découpent  la  tuile  en  autant  de  tessons  (ju'elle  poi'te  d'em- 
bryons [Imitres  à  tesson),  la  méthode  de  conservation 


606  — 


en  caisses  est  bien  préférable;  le  système  de  bassins 
(claires)  de  8  à  iO  m.  de  longueur,  2  m.  de  largeur  et 
iO  centim.  de  profondeur,  recommandé  par  le  D^'  Cressy, 
est  encore  recommandable.  Le  naissain  doit  être  surveillé 
avec  le  plus  grand  soin  jusqu'au  moment  de  la  vente. 

Elevage.  —  Le  sol  doit  être  formé  de  sable  vaseux  ou 
être  macadamisé  ;  si  l'on  se  propose  simplement  de  faire 
pousser  l'huître  {demi-élevage),  le  parc  de  dépôt  doit  être 
traversé  par  un  courant,  assez  énei-gique  ;  le  dépôt  dans 
une  eau  légèrement  saumàtre  est  indispensable  en  vue  de 
l'engraissement  (élevage);  les  prati([ues  sont  d'ailleurs 
variables  dans  chaque  centre  d'élevage. 

Principaux  centres  ostréicoles.  —  Erance.  Dans  la 
mer  de  la  Manche,  se  trouvent  :  Dieppe  (parcs  de  dépôt), 
Dives-Cabourg  (banc  naturel,  aujourd'hui  presque  ruiné  par 
les  bateaux  dragueurs),  Courseulles  (bons  parcs  d'engrais- 
sement), Grandcamp  (quelques  piu'cs  assez  bons),  Saint- 
Waast-la-Hougue  (banc  naturel  et   parcs  de   passage), 
Cranville  (banc  naturel  ravagé  par  les  dragueurs),  Cancale 
(banc  naturel  et  quehpies  parcs  d'élevage  ;  la  production 
diminue  considérablement),  etc.  Sur  les'côtes  de  l'Atlan- 
tique :  Concarneau  et  la  baie  de  la  Eorèt,  rivière  de  Belon 
(parcs  d'engraissement,  justement  renommés),  Lorient, 
Carnac,  golfe  du  Morbihan,  Le  Croisic,  Les  Sables  d'Olonne 
(bons  parcs  d'élevage),  Marennes  et  La  Tremblade  (éle- 
vage d  huîtres  vertes  et  d'huîtres  blanches;    l'eau  des 
claires  n'est  renouvelée,  dans  le  premier  cas,  (pi'aux  fiou- 
vellcs  et  pleines  lunes  ;  les  huîtres  blanches  sont  placées 
dans  des  parcs  situés  près  de  la  mer,  en  face  de  l'ile 
d'Oleron  ;  le  naissain  est  acheté  en  Bretagrje  ou  à  Arca- 
chon ;  la  vente  annuelle  atteint  une  valeur  de  i-  à  5  Jiiil- 
li«)ns  de  francs);  de  d'Oleron  (l'huître  portugaise  tend  à 
faire  disparaître  l'espèce  indigène;  la  vente  dépasse  3  mil- 
lions de  fr.);  Gironde  (huîtres  portugaises,  production  et 
élevage),  Arcachon  (bassin  d'élevage  très   florissant;  le 
prix  des  huîtres  a  diminué  de  près  de  moitié  depuis  1" in- 
troduction, vers  1875,  des  huîtres  portugaises  à  Arca- 
chon ;  cependant  la  vente  annuelle  dépasse  o  millions  de 
fr.  ;  elle  était  évaluée,  en  1868,  à  319.000  fr.).  La  Mé- 
diterranée ne  possède,  tout  au  moins  sur  nos  côtes,  aucuji 
banc  naturel  ;  quehfues  parcs  d'élevage  existent  dans  la 
rade  de  Toulon.  Nos  exportations  de 'naissain,  ancienne- 
ment très  importantes  (333.135  kilogr.   en  1894),  ont 
beaucoup  diminué,  elles  ont  été  de  ï'I.ViH  kilogr.    en 
1894;   elles  tendent  à   remonter   depuis    cette   époque 
(77.200  kilogr.  en  4896);  les  exportations  d'huîtres  se 
stmt  accrues  de  io. 756. 000  en  4889,   à  94.i07.000  en 
4896,  avec  une  tendance  assez  faible  à  progresser.  Les 
importations    de  naissain    sont  presque    nulles;   celles 
d'huîtres  sont  tombées,  dans  les  dix  dernières  années,  de 
plus  de  4  million,  elles  varient  entre  800.000  0^2.900.000 
pour  la  période  4894-97. 

Angleterre.  Les  parcs  ou  pêcheries  de  ce  pays  sont 
très  nombreux  et  donnent  lieu  à  un  commerce  considé- 
rable ;  ils  ne  sont  destinés  ([u'à  l'élevage  et  ils  s'approvi- 
sionnent de  naissain  en  Erance,  pour  une  très  grande  part, 
nos  ostréiculteurs  négligent  malheureubcment  trop  ce  dé- 
bouché. Les  ])écheries  de  la  Col  ne.  de  la  Lvne,  ])rès  de 
l'embouchure  de  la  Tamise,  de  Whitstable,'^  de  l'ile  de 
Whigt, etc., sont  les  plus  renommées  ;  c'est  dans  la  Tamise 
(jue  sont  élevées  et  engraissées  la  plupart  des  huîtres  ver- 
dies vendues  sous  le  nom  d'huîtres  d'Ostende.  Un  certain 
nombre  de  parcs  d'élevage  existent  également  en  Irlande. 
Hollande.  L'ostréiculture  est  surtout  praticiuée  sur  l(\s 
anciens  ])olders  de  Berg-(qi-Zoom  et  de  Kruiningen  ;  elle  a 
pris  naissance,  dans  ce  pays,  en  4875,  et  fournit  aujour- 
dhui  au  commerce  de  'ïi)  à  30  n)illions  d'huîtres  par 
année;  la  reproduction  se  fait  en  bassins  clos;  Limporta- 
tion  des  huîtres  étrangère  est  interdite. 

Suéde,  Jorvège  et  Allemagne.  Les  tentatives  faites  en 
vue  de  l'introduction  de  Tostreiculture  dans  ces  l^^tats  n'ont 
encore  donné  que  des  résultats  joédiocres.       J.  Troude. 

I^IBL.  :  D'-lhiocciij,    Trinlra'o.sln'fcunKrc:    Pjiris.  ISS'î. 


657  — 


OSTREICULTURE  —  OSTROGOTHS 


—  A.  LAiNDRIxX,  les  Pluyes  de  la  Fnniee;  Paris.  180G.  — 
II.  de  La  Blanciièrk,  Culture  des  plages  7)m}'Uhnes  ;  Pa- 
ris, 1866.  —  IIuBRKCiiT  {JouDiid  de  lu  Société  néerlunduise 
de  zooloijie,  1883-84). 

OSTREVANT.  Ancien  pays  de  la  France  dont  on  trou^c 
déjà  le  nom  sous  la  forme  d'origine  germanique  Aystre- 
BANTO,  c.-à-d.  district  de  l'Est,  sur  des  triens  de  l'époque 
mérovingienne.  Il  formait  alors  l'un  des  deux  pagi  de  la 
cité  d'Arras.  Cette  circonscription  a  persisté  au  moyen 
âge  dans  l'arcliidiaconé  d'Ostrevant  qui  eut  quel([ue  temps 
des  comtes  particuliers,  mais  qui  se  réduisit  plus  tard  à  la 
seule  chàtellenie  de  Boucliain  (Nord).  De  nos  jours,  deux 
villages  du  Pas-de-Calais,  Marcq-en-Ostrevant  et  Sailly- 
en-Ostrevant,  en  ont  seuls  perpétué  le  nom. 

OSTREVILLE.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr. 
et  cant.  de  Saint-Pol  ;  ol7  hab.  ^Stat.  du  cliem.  de  fer 
du  Nord. 

OSTRICONI.  Rivière  du  dép.  delà  CorseiV.  ce  mot, 
t.  XII,  p.  4085). 

OSTRICOURT.  Com.  du  dép.  du  Nord,  arr.  de  Eille, 
cant.  de  Pont-à-Marcq  ;  791  liab. 

0STR06.  Ville  de  Russie,  cli.-l.  de  district  du  gouv. 
de  Volhynie,  à  *220  kil.  E.  de  Jitomir,  au  continent  de  la 
Vilia  avec  le  Goryn  ;  20.000  liab.  (en  majorité  juifs). 
Noud)reuses  ruines  d'ancienne  domination  polonaise, 
d'établissements  religieux  de  catholiques,  couvent  de  jé- 
suites, etc.  Ostrog,  qui  remonte  au  ix^  siècle,  fut  le  centre 
d'une  principauté  polonaise  de  religion  grecque,  illustrée 
par  Constantin  qui  défit  plus  de  trente  fois  les  Tatars  et 
les  Moscovites  au  début  du  xvi*^  siècle  ;  sa  petite-fille,  la 
belle  Elisabeth  (Helszka),  fut  enlevée  d'un  couvent  où  elle 
était  religieuse  par  le  prince  Sangusko  qui  l'épousa 
(1554)  ;  veuve  et  remariée  au  comte  Gorka,  la  mort  de 
son  second  époux  la  rendit  folle.  —  Le  prince  Constan- 
tin-Vasili,  mort  en  4533,  fut  pris  par  les  Russes  en 
4500  ;  libéré,  il  devint  grand  hetman  de  Lithuanie,  défit 
les  Russes  à  Orsza  (8  sept.  4514),  fut  nommé  voïvode  de 
Troki.  — Son  petit-fils,  le  duc  Constantin,  mort Qni60S, 
fut  un  ardent  partisan  de  la  religion  grecque  et  adver- 
saire des  jésuites  ;  il  tenta  de  s'entendre  avec  les  protes- 
tants au  colloque  de  Thorn  ;  fonda  dans  sa  ville  d'Ostrog 
une  x4cadémie  ou  école  supérieure,  la  première  des  Petits- 
Russiens,  une  imprimerie  qui  publia  une  traduction  slave 
de  la  Bible  (4584).  —  La  princesse  Aloïxa  introduisit 
les  jésuites,  qui  fondèrent  à  Ostrog  un  grand  collège  (4629) . 
La  ville  fut  saccagée  par  les  Cosaques  de  Bogdan  Chm^el- 
nicky  (4648),  puis  par  les  Russes  (4655)  et  ne  s'en  re- 
leva pas.  En  4673,  la  lignée  des  princes  d'Ostrog  s'étei- 
gnit avec  Alexandre,  et  leurs  biens  passèrent  aux  San- 
gusko. La  ville  fut  annexée  à  la  Russie  en  4795.     A. -M.  B, 

OSTROGOTHIE.Prov.  de  Suède  (V.  Œster(.oj.:tl.\nd). 

OSTROGOT  H  S.  Peuple  de  race  germanique,  de  k 
branche  gothique,  qui  joua  un  grand  rôle  aux  v®  et  vi^  siècles 
de  l'ère  chrétienne.  Les  Goths  se  partagèrent,  comme  il 
a  été  dit  à  l'article  qui  leur  est  consacré,  en  Goths  occi- 
dentaux ou  Visigoths  (V.  ce  mot)  et  Goths  orientaux  ou 
Ostrogoths.  Ces  noms  sont  ignorés  d'Ammien  Marcellin  et 
de  Zosime,  historiens  du  grand  empire  gothique;  toutefois, 
ils  parlent  de  Greutungi  et  Thervingi  qu'on  assimile  gé- 
néralement aux  Ostrogoths  et  Visigolhs.  Les  premiers  au- 
raient occupé  les  plaines  à  l'E.  du  Dniepr  ;  la  famille  royale 
des  Amales  les  gouvernait.  Le  grand  roi  Hermanrich.  (pii 
vit  la  ruine  de  l'empire  gothique,  était  un  Amale.  Loj'S- 
qu'il  eut  succombé  à  l'invasion  des  Huns  (375)  et  se  fut 
suicidé,  son  successeur  Withimer  ayant  été  vaincu  et  tué, 
les  Ostrogoths  se  soumirent  aux  Huns,  tandis  que  les 
Visigoths  se  réfugiaient  dans  l'empire  romain.  Les  pre- 
miers demeurèrent  au  N.  du  Danube  et  prirent  part 
aux  grandes  expéditions  d'Attila,  notamment  à  celle  de 
Gaule,  ou  ils  furent  battus  avec  lui  dans  les  champs  ca- 
talauniques  (451).  Après  la  mort  d'Attila,  ils  s'insurgè- 
rent sous  la  conduite  de  trois  frères  de  la  famille  des 
Amales,  Valamir,  Théodemir,  Widemir,  et  eurent  un  ntlo 

GRANDE    ENCYCLOPÉDIE.    —  XXV. 


décisif  dans  la  grande  bataille  de  la  Netad  qui  anéantit 
Tempire  hunnique.  Les  Ostrogoths  s'établirent  alors  en 
Pannonie,  le  long  du  Danube,  de  Vienne  à  Sirmium.  De 
là,  Théodoric  (475-526),  fils  de  Théodemir,  les  conduisit 
en  Illyrie,  puis  en  Italie  (490).  On  trouvera  dans  la  bio- 
graphie de  Théodoric  l'histoire  de  la  fondation  et  de  l'or- 
ganisation de  son  royaume,  qui  s'étendit  de  la  Sicile  aux 
sources  du  Danube  et  du  Rhône  aux  Alpes  de  Dalmatie. 
Il  ne  survécut  guère  à  son  fondateur,  l'entente  n'ayant  pu 
se  faire  entre  les  Goths  et  les  Romains,  d'autant  que  les 
premiers  étaient  ariens,  les  seconds  orthodoxes,  et  que 
l'empereur  évita  toujours  de  conférer  au  roi  barbare  une 
véritable  légitimité.  Tout  ceci  sera  exposé  à  l'art.  Théodoric. 

Sa  fille  Amalasonthe,  régente  au  nom  de  son  fils  mineur 
Athalaric,  était  imbue  de  culture  romaine  ;  les  Goths  lui 
enlevèrent  son  fils  pour  Télever  selon  leurs  mœurs  natio- 
nales ;  épuisé  par  de  précoces  débauches,  il  mourut  en 
534.  Amalasonthe  épousa  son  cousin  Théodat  (535) 
qui,  pour  régner  seul,  la  fit  bientôt  tuer  au  bain.  Mais 
Justinien,  empereur  à  Constantinople,  se  posa  en  vengeur 
de  la  reine  assassinée  et  fit  envahir  l'Italie  par  la  Dalma- 
tie et  par  la  Sicile,  où  débarqua  Rélisa ire.  Le  lâche  Théo- 
dat s'humiha  et  prondt  (['abdi((uer  en  échange  d'une  rente 
viagère.  Il  fut  assassiné  par  les  Goths,  tandis  que  Béli- 
saire,  maître  de  la  Sicile,  soumettait  sans  coup  férir  le  S. 
de  la  péninsule,  accueilli  en  hbérateur  par  les  populations 
romaines  et  catholiques;  en  déc.  536,  il  entrait  à  Rome. 
Le  roi  élu  par  les  Ostrogoths,  Vitigès,  vint  l'y  assiéger 
(mars  537-mars  538),  mais  y  usa  son  armée  ;  repoussé 
sur  Ravenne,  il  dut  s'y  rendre  prisonnier  àBétisaire(déc. 
539).  Le  rappel  de  celui-ci  et  l'énergie  du  nouveau  roi 
Totila  (qui  remplaça  en  544  son  oncle  Ildebald  assassiné) 
permirent  aux  Ostrogoths  de  reconquérir  l'Italie.  Ils  re- 
prirent Rome,  qu'assiégea  vainement  Bélisaire  (mai  546- 
îèvr.  547),  replacé  à  la  tète  de  l'armée  romaine.  Après 
son  second  rappel,  Totila  reconquit  même  les  îles,  Sicile, 
Sardaigne,  Corse  (549).  Mais  ce  fut  la  fin.  Justinien  con- 
fia une  grande  armée  à  l'eunuque  Narsès  ;  les  Romains 
n'occupaient  plus  que  le  port  d'Amone.  La  flotte  gothique 
fut  détruite  au  hu'ge  de  Sinigaglia,  tandis  que  Narsès  con- 
tournait l'Adriatique  par  le  N.,  convoyé  par  la  flotte;  il 
prit  Ravenne,  et  par  la  voie  flamijiieinie  descendit  droit  sur 
Rome.  Totila  lui  livra  bataille  dans  la  plaine  deLentaglio, 
entre  Tagina  et  les  tombeaux  gaulois  ;  il  fut  tué  avec 
6.000  des  siens  (juil.  552).Teia,  gouverneur  de  Vérone, 
fut  élu  roi  des  Goths,  tandis  que  Narsès  occupait  Rome 
et  assiégeait  dans  Cumes  AUgern,  frère  du  nouveau  roi. 
Celui-ci  accourut  pour  le  débloquer;  par  d'habiles  ma- 
nœuvres, Narsès  l'arrêta  sur  les  bords  du  Sarno  et,  aj)rès 
l'avoir  affamé,  écrasa  l'armée  gothique  dans  une  bataille 
de  deux  jours  (mars  553).  Teia  périt  et  Aligern  capitula. 
La  destruction  de  l'armée  de  Francs  et  d'Alamans  amenée 
par  Leuthairs  et  Buccelin  (554)  et  enfin  la  capitulation 
de  la  forteresse  deCampsa,  dans  le  Samnium  (555),  mar- 
quent la  fin  du  royaume  de  Théodoric.  Des  Ostrogoths 
survivants,  les  uns  se  soumirent  et  furent  dispersés  dans 
l'empire  où  ils  s'absorbèrent  ;  les  autres  se  retirèrent  au 
N.  des  Alpes  où  ils  se  confondirent  avec  les  autres  Ger- 
mains du  Danube.  La  nation  des  Ostrogoths  disparut 
ainsi.  Son  histoire  a  été  écrite  par  Cassiodore,  dont  l'œuvre 
perdue  est  résumée  par  Jordanie  ;  celle  de  la  gueire 
finale  a  été  reti'acée  par  Procope. 

Les  Ostrogotbs  avaieni  laissé  au  N.  de  la  mer  Noire  le 
petit  peuple  des  Goths  Telraxiles,  (jui  survécut  à  tous 
ceux  de  la  famille  gothique.  Cantojinés  en  (Crimée  et  vas- 
saux de  l'empire  romain  d'Orient,  puis  des  khans  mon- 
gols, ils  conservaient  encore  leur  langue  au  xvi®  siècle  ; 
le  Flamand  Augerius  Gisler  de  Busbeck  (45*22-92)  nous 
en  a  transmis  d'importants  témoignages.  Plus  tard,  ils 
étaient  complètement  tatarisés,  lors(iue  Souvorov  trans- 
planta leurs  descendants  sur  les  boi'ds  de  la  mer  d'xVzov. 

A.-M.B. 

r^iisi..  ;    l'Miii.-u    d'Ulfila-^  1)1    <;\Tij:Lrxr/  Qi  T.irnr.  dvc  ' 


OSTKOCxOTHS  —  OSTWALD 


658 


lirammaire  gothi(jLic  —  Léo  iMfver,  Die  gotiscJie  S'pracltc: 
Berlin,  1869. — ]  Wieteushelm,  Gesch.  cler  Vœlkerwcinde- 
rung,  t.  II  de  la  2«  éd.  par  Dahii  ;  Leipzi.u-,  1881.  —  Dahn, 
Die  Kœnige  der  Gerrnanen,  t  II  et  V;  Wur/.boiirg,  18()1  et 
1871.  —  Du  même,  Urgeschiclde  der  germanischen  lutd. 
romanlschen  Vœlker  ;  Berlin,  1881,  t.  I.  —  ^\lA^.so,  Gesch. 
des  Ostgothischen  Reichs  in  Itnlien:  Brcslau,  1^21.—  Cl'.  l'i 
bibl.  de  l'art  Théodoric.  —  Tomaî^ciiek,  Die  Goien  tu 
Tiuirien;  Menne,  1881.  —  F.  Braun,  Die  letzten  Sciiirii 
sale  der  Krimcjoien  ;  Saint-Bétersbounr,  1889. 

OSTROJSk.  Ville  de  Russie,  di.-l.  de  district,  i^ouv. 
et  à  i-lo  kil.  S.  dcVoronèje;  9.000  liab.,  10  éi^h^es. 
Trois  foires  annuelles  ;  commerce  de  l)lé,  suif,  savons, 
tabac.  La  ville  a  été  fondée  en  105'i.  —  Le  dislricl  a 
7.000  kil.  q.  environ  et  230.000  liab. 

OSTROLENKA.  Ville  de  la  Pologne  russe,  gouv.  de 
Lomja;  8.000  liab.  (en  majorité  juifs).  Fondée  en  'H'27, 
elle  vit  les  batailles  du  46  févr.  4807,  où  les  Russes 
d'Essen  furent  battus  par  les  Français  de  Savary,  et  du 
26  mai  4834  où  les  Polonais  commandés  par  Skrzynecki 
succombèrent  devant  les  Russes  de  Diebitscli. 

BiJJL.  :  Adam,  duc   ô.e.\s^v\vrYKM^\v.\\c..  Die  Schluchl  hei 
Ostrolenhv.  ;  Leipzig-,  18(2. 

OSTROV.  Ville  de  Russie,  gouv.  et  à  o7  kil.  S.  de 
Pskov,  sur  la  Velikeiia  et  le  cliem.  de  fer  Saint-Pétersbourg- 
Cracovie  ;  5.000  liab.  Ville  autrefois  fortifiée,  détruile 
par  les  Lithuaniens  en  4504.  Dans  une  lie  se  trouveni 
l'église  Saint-Nicolas  (4582)  et  les  ruines  delà  forteresse. 
OSTROVNO.  Bourg  de  Russie,  gouv.  de  Mobilef,  dis- 
trict de  Sienno,  sur  le  lac  Ostrovno  ;  200  bab.  Combats 
entre  Russes  et  Français  (4812,  43  et  4  4  juiL). 

OSTROVSKY  (Mont)   (V.  Karpates,  t.  XXl,  p.  i3l). 
OSTROVSKY  (Alexandcr-Mkolaiovilcli),  le  plus  célèl)rc 
auteur  dramatique  russe   contemporain,  né  à  Moscou  le 
42  avr.  4823,  mort  dans  ses  terres  de   Sclitsclielykovo 
(gouv.  de  Kostrowa)  le  44  juin  4886.  Il  commença  ses 
études  à  l'Université  de  Moscou,  mais  obtint  avant  de  les 
avoir  achevées  (4843)  une  place  au  tribunal  de  commerce 
de  la  viUe.   C'est  là  qu'il  apprit  à  connaître  les  mœurs 
commerciales,  les  habitudes  et  la  vie  des  marchands  et 
commerçants  moscovites  et  russes,  qui  forment  une  classe 
particulière.  La  plupart  de  ses  piè<'es  sont  relatives  h  ce 
monde  très  spécial  et  jusque-là  peu   étudié  du  commerce 
russe.  En  4847,  il  débuta  par  des  «  scènes  de  la  vie  des 
marchands  moscovites  »  :  Sccmj  'ix^zamoskvoreckoiziz^ui 
et  Ocerki  Zamoskvorecja.  Il  publia  ensuite  sa  meilleure 
comédie  :  ISous  allons  nous  arranger  (Svoi  Ijudi-soc- 
tenisja).  Poète  vigoureux  et  original,  d'une  fantaisie  abon- 
dante, observateur  très  aigu  de  la  réalité,  il  créa  un  grand 
nombre  de  types  nouveaux  dans  le  théâtre  russe.  Ses  meil- 
leures pièces  sont  :  la  Fiancée  pauvre  (4852);  Chacioi 
à  sa  place  (4853)  ;  Pauvreté  n'est  pas  vice  (4854); 
On  ne  peut  pas  toujoius  ce  que  Fou  vent  (4855);  Un.e 
place  lucrative   (1857)  ;  la   Fille  adoptive   (4859)  ; 
l'Orage  (4860)  ;   On  ne   compte  pas  avec  Ic^:  siens 
(1861),  pièce  longtemps  interdite  par  lacensu!(';    Un 
cœur  chaud  (4869);  l'\r(fent  qui  file  {\  SI 0);  la  Forêt 
(4874);  les  Artistes  et  le  Put)lic  (1882).  Ostrovsky  a 
tenté  aussi,  mais  avec  moins  de  succès,  la  ti'agédie  his- 
toricfue  en  vers.  Ses  pièces  sont  des  épisodes  historiques 
dramatisés  plutôt  que  de  vérital)les  pièces.   Tels  sont  : 
Kozïnâ  nii}ii7ie  (iSèo) ',  Wassitissa  toretentieva  (1868). 
En  4885  et  4886,  Ostrovsky   a  dirigé  avec  beaucouj)  de 
succès  le  théâtre   de  Moscou.   Son  œuvre   a  exercé  une 
grande  influence  sur  sa  génération  :  ses  comédies,  où  il 
ridiculise  les  vices  des  petits  bureaucrates  et  des  mar- 
chands, ont  fait  une  ])rofonde  impression.  Ostrovsky  a  tra- 
duit Taming  ofa  screw.  de  Shakespeare,  et  de  nombreuses 
pièces  de  Cervantes.  Goldoni.   etc.   (Saint-Pétersbourg, 
4886,2  vol.).  Ses  œuvres  ont  paru  en  40  volumes  (Saint- 
Pétersbourg,  4885  et  Moscou,  1890).  Ph.  B. 

OSTROWO.  Ville  de  la  Pologne  prussienne,  ch.-L  de 
cercle  de  la  prov.  de  Poznan  ;  4  0.328  lial^  (en  4<SÎ,C)). 
Brique  t  eries ,  sci  eri  es . 

OSTROWSKL  Famille  polonaise  connue  depuis  le 
xiv^  siècle,  illustrée  par  CÂristinus,  chàteiaiii  de  Craco-    | 


vie,  sous  Jagellon,  qui  comuiandait  son  ai'mée  à  la  fameuse 
bataille  du  Tannenberg  (4  i40).  Cette  famille  a  joué  un 
grand  rôle  au  xix"  siècle. 

Le  comte  Thonuis,  né  le  21  déc.  4739,  mort  le  5  mai 
4847,  fut  député  national  sous  Auguste  III;  nommé  sé- 
nateur sous  Stanislas-Auguste,  il  refusa  d'accéder  à  la 
confédération  de  Targovie  du  3  mai  1794,  fut  destitué  et 
exilé  dans  ses  terres  d'Lkraine.  Vm  4809,  il  fut  maréchal 
de  la  diète,  président;  du  Sénat  du  grand-duché  de  Var- 
sovie ;  cette  dignité  lui  fut  renouvelée  dans  le  royaume  de 
Pologne,  et  ce  fut  lui  qui  en  promulga  la  constitution. 

Son  hls  Antoine-Jean,  né  à  A^u^sovie  le  27  mai  4782, 
mort  à  Paris  en  1817,  entra  dans  la  garde  française  en 
4806,  fut  député  à  la  dicte  de  1809,  suivit  Napoléon  à 
Dresde,  fut,  pris  à  Leipzig  (1813).  Rentré  à  Varsovie,  i! 
devint  sénateur-castellan  à  la  mort  de  son  père,  et  ht 
une  énergique  opposition  à  la  politi({ue  arbitraire  du 
grand-duc  Constantin.  Lors  de  la  révolution  de  J830,  il 
fut  nommé  commandant  en  chef  (îe  la  garde  nationale, 
puis  voivode,  mais  il  démissioinia  lorsque  Krukowiecki  eut 
pris  des  pouvoirs  dictatoriaux,  combattit  en  simple  volon- 
taire à  Varsovie  (6  el  7  sej)l.),  vota  à  la  diète  pour  la 
résistance  à  outrance.  Président  du  Sénat,  il  déposa  Kru- 
kowiecki, suivit  l'armée  à  Modlin,  présida  la  diète  de  Za- 
kroczin  où  il  soutint  la  contiiuiaiion  de  la  lutte.  Refoulé 
sur  le  territoire  ])russien,  il  rédigea  au  quartier  généra! 
de  Swiedziebno  un  appel  à  toutes  les  nations  et  à  tous 
les  rois  d'Europe  (4  oct.  'L'v-U),  et  se  réfugia  en  Fraitce. 
Ses  biens  furent  confisqués. 

De  ses  frères  :  Clirisfian-Josepli,  mort  à  Paris  en4873. 
a  écrit  .\uits  d'exil  (1835);  Semaine  d'exil  (J837): 
Jjct très  slaves  (4858);  —  l'autre,  \'tadislav-Tlionias,w 
à  Varsovie  le  7  mars  1790,  mort  à  Cracovie  le  23  nov. 
4869,  se  distingua  en  4808  au  combat  de  Itoscyn,  en 
4842  sous  Macdonald,  et  occupa  le  poste  de  l'extrême 
arrière-garde.  Lors  de  la  révolution  du  29  nov.  4830,  il 
fut  meml3redu  conseil  des  ministres,  conclut,  avec  le  grand- 
duc  Constantin,  la  convention  d'évacuation  de  la  Pologne 
par  les  Russes,  fut  maréchal  de  la  Chambre  des  députés 
et,  sous  le  dictateur  (^hlopicki,  ministre  de  l'instruction 
jîublique.  Il  pi'ésida  jusqu'au  bout  les  travaux  de  la  diète, 
îi'anchit  le  6  sept,  1831  la  froftti^M'e  prussienne,  rentr,i 
en  Pologne  en  4862.  A. -M.  B. 

OSTUNL  Ville  d'Italie,  pi'ov.  de  Lecce,  sur  le  chem. 
de  i'ev  d'Ancône  à  Rciiidisi;  2''.000hab.  Eglise  de  1435; 
vieille  enceinte  dont  subsisl'ot 43  tours.  Huile,  cbaux. 

OSTWALD  (Wilhelm),  chimiste  allemand,  né  à  Riga 
lo21  août  4853.11  ht  ses  études  à  rCniversite  de  Dorpaî, 
fut  nommé  en  1882  professeur  au  Polytechnicum  de  Riga, 
en  1888  professeur  de  cliimie  physique  à  l'Lniversité  de 
Leipzig,  et  en  4898  directeur  de  l'histitut  éleclrochimique 
fondé  dans  cette  ville.  M.  OsJwald  n'a  publié  que  peu  de 
recherches  oi'iginales.   Son   pi'incipal  travail  dans  cette 
voie  est  une  longue  séi'ie  de  mesures  sur  les  conductibi- 
lités électriques  des  acides  organiques  dissous  dans  l'eau, 
qui  parut  d'abord  dans  le  Journal  fur  prakliscMc  Che- 
nue. Il  s'est  consacré  surtout  à  la  vulgarisation  des  idées 
du  physicien  suédois  Arrhenius,  d'après  lequel,  les  corps 
dissous    daiis     l'eau    seraient    dissociés    électrolytique- 
ment,   c.-ù-d.   décomposés,  inèuie   en   l'absence  de  tout 
courant  électrique,  en  ions,  éléments  hypothétiques  aux- 
quels on  a-  attribué  successivement  toutes  les  propriétés 
jadis  prêtées  aux  atomes  en  y  joignant  celles  qui  résuUe- 
raientde  leurs  charges  électrique^.  M.  Ostwald  s'est  dis- 
tingué  par  la   vivacité  des  poléiin'cfues  qu'il  a  soutenues 
pour  défendre   cette  théorie,    tant  tlans  son  journal  que 
dans  les  discours  qu'il   a  prononces  à  ce  sujet   dans  de 
nombreux  congrès  scientiiit{ues,  en  Allemagne,  en  Angle- 
terre et  en  Amérique.  Il  a  également  dirigé  dans  cette 
voie  les  travaux  des  nombi-eux  élèves  de  son   la]»oratoire 
de  Lcjj)zig.  \in  1889,  il  a  foudé,  avec  la  collaboration  du 
chiiuiste  lioilaiKtais  Van  t'Hofî'.  le  Journal  fur  physi- 
katische  CJionie  qui  s'occupe  surtout  des  mesures  de 


—  659  — 


OSTWALD  —  OSWALD 


physico-chimie,  c.-à-d.  des  études  sur  les  cquihbres  dii- 
miques,  sur  ]es  conductibilités  électriques,  sur  les  cons- 
tantes diélectriques,  les  indices  de  réfraction,  les  chaleurs 
de  formation  des  composés  minéraux  et  organiques,  ainsi 
que  de  la  détermination  des  poids  moléculaires  par  les 
méthodes  cryoscopique  et  diellioscopique  de  M.  Uaoult. 
Depuis  1889,  il  a  commencé  la  publication  de  la  collec- 
tion des  Classiiiues  des  sciences  exactes  ;  c'est  la  réédi- 
tion des  mémoires  les  plus  importants  de  Berthollet,  Davy, 
Faraday,  Helmholtz,  etc.  Son  principal  ouvrage  est  le 
Lehrlmch  der  allgemeinen  Choiiie  {V^  éd.,  I^So-ST, 
"i  vol.  ;  2^  éd.,  4891-99,  3  vol.),  vaste  compilation  ou 
se  trouvent  résumées  les  nombreuses  recherches  faites 
principalement  depuis  une  trentaine  d'années  pour  mettre 
en  lumière  les  relations  qui  unissent  les  propriétés  phy- 
siques des  corps  à  leur  constitution  chimique.       D.  B. 

OS  UN  A  (antique  Urso).  Ville  d'Espagne,  prov.  de  Sé- 
ville,  sur  le  chem.  de  fer  d'Utrera  à  Roda;  20.000  hab. 
Eglise  gothique.  Grand  château  des  ducs  d'Osuna.  L'Uni- 
versité fondée  en  4530  fut  supprimée  en  4820.  Sparte- 
rie,  toile. 

OSUNAouOSSONE  (Don  Pedro  Ti:llkz  y  Giron,  duc  d), 
homme  d'Etat  espagnol,  né  àValladolid  en  4579,  mort  en 
4624.  Petit-fds  de  Don  Pedro  d'Osuna  qui  avait  négocié 
l'union  duPortugal  enl  579-80,  il  le  suivit  àNaplesoùilétait 
nommé  vice-roi  (4584),  revint  en  4588  en  Espagne,  étu- 
dia cà  Salamanque,  fut  disgracié  par  Philippe  14  à  cause 
de  son  attitude  d'opposition  railleuse,  fut  exilé  à  Sara- 
gosse,  passa  en  Erancc,  puis  en  Portugal  jusqu'à  la  mort 
du  roi,  rentra  alors  en  Espagne,  épousa  la  fille  du  duc 
d'Alcala,  et  prit  le  titre  du  duc  d'Osuna.  Philippe  III  l'exila 
à  son  tour.  Il  passa  en  Flandre,  leva  un  régiment  à  ses 
frais  et  fit  six  campagnes.  Le  ducdcLermc,  (juile  proté- 
geait, obtint  son  rappel  à  la  cour  (4607),  où  il  devint 
chambellan,  chevalier  delà  Toison  d'or,  conseiller  secret. 
En  4644,  il  fut  nommé  vice-roi  de  Sicile  (4614).  Il  y  agii 
énergiqucmcnt,  paciha  l'ile,  mit  à  la  raison  les  grands  feu- 
dataires  qui  s'appuyaient  sur  des  bandits  soldés,  releva 
l'agriculture  et  le  commerce,  défit  les  corsaires  turcs.  En 
4646,  on  le  nomma  vice-roi  de  Naples.  11  organisa  un 
complot  contre  Venise  avec  l'ambassadeur  espagnol  dans 
cette  ville,  le  marquis  de  Bedmar  et  l'administrateur  de 
Milan,  Pietro  de  Toledo.  Il  voulait  s'emparer  de  la  ville 
avec  l'aide  d'officiers  français  à  la  solde  des  Vénitiens.  Le 
conseil  des  Dix  fut  avisé,  et  fit  périr  les  conspirateurs  (mai 
4618);  la  flotte  vénitienne  défit  à  Santa  Croce  celle  du 
vice-roi.  Sur  la  plainte  des  envoyés  vénitiens,  le  gouver- 
nement de  Madrid  rappela  Bedmar  et  le  gouverneur  de 
Milan.  Se  sentant  menacé,  Osuna  résolut  de  se  rendre  in- 
dépendant. Il  chercha  à  gagner  le  peuple  napolitain,  ras- 
sembla des  mercenaires  français  et  wallons,  négocia  avec 
la  France  et  la  Savoie.  Mais  il  ne  fut  pas  défendu  parles 
Napolitains,  et  quand  son  successeur  débarqua,  il  dut  re- 
partir pour  l'Espagne.  Il  y  fut  emprisonné  jusqu'cà  sa 
mort. 

Son  fils,  Don  Juan  Tellezy  Giron,  succéda  à  tous  ses 
majorats,  fut  vice-roi  de  Sicile  et  mourut  à  Païenne  en 
1656.  A.-M.  B. 

BiiiL.  :  Fernandez  Duiio,  El  (jnin  duqnc  de  Osiimi  ij  su 
warhia  ;  Madrid,  1885.  —  Cr.  le\.  XLII  des  a'iivres  cum- 
plètcs  de  L.  Ranke. 

OSURGETI.  Ville  de  la  Caucasie  russe,  gou\^  de  Rou- 
tais, près  de  la  mer  Noire  ;  1.500  hab.  Ancienne  capi- 
tale des  princes  de  Gourie. 

OSWALD  (Saint), roi  de  Northianbrie.  né  vers  605,  mml 
à  Maserfleth  le  5  août  61-2.  .Vprès  la  défaite  et  la  mort  de 
son  père  Ethelfrdh  (647).  il  s'était  réfugié  avec  <!ue](fues 
jeunes  nobles  sur  file  dlona.  Il  s'y  convertit  au  christia- 
nisme et  y  fut  baptisé.  Pendant  les  trou])les  qui  saisirent 
la  mort  d'Eanfrid  (60;)),  Oswald  s'aventura  vers  le  S., 
soi-disant  pour  s'entendre  avec  Caodwalla.  La  veille  de  la 
rencontre,  il  eut  une  vision,  lui  enjoignant  do  livrer  ba- 
taille. Il  planta  de  ses  propres  mains  unQ  croix,  qui  hil 


longtemps,  un  lieu  de  pèlerinage;  la  bataille  fut  victorieuse 
et  décisive.  Oswald  fut  non  seulement  roi  des  deux  Nor- 
thumbries,  mais  Bède  l'appelle  «  empereur  de  toute  la  Bre- 
tagne ».  On  lui  donne,  en  outre,  le  titre  de  rex  chrisUa- 
nissimus.  Os^vald  ouvrit,  en  effet,  l'Angleterre  à  l'activité 
des  missionnaires  celtes;  il  servit  lui-môme,  plus  d'une 
fois,  d'interprète  à  son  chapelain  Aidan.  La  charité  et  la 
bonté  du  roi  le  rendaient  d'ailleurs  fort  populaire.  Il  périt 
dans  la  lutte  contre  Penda,  roi  de  Mercie,  à  la  bataille  de 
Maserfleth  (probablement  Oswestry,  dans  le  Shropshire),  le 
5  août  642.  Son  corps  fut  mutilé  ;  ce  ne  fut  qu'après  beau- 
coup de  pérégrinations  que  ses  membres  finirent  par  être 
recueillis.  F. -H.  K. 

l^>iiîr..  :  W.  IIi;>r,  dans  le  Dlctloiuirij  o/'  Xatloiuil  Bio- 
çiniphy;  Londres,  1895,  t.  XI. II,  \^\).  321-323,  donne  un'«  bi- 
bliographie abondante.' 

OSWALD  (Saint),  archevêque  d'York,  mort  le  29  févr. 
992.  Les  libéralités  de  son  oncle,  rarchevè([ue  Odon  de 
Canterbury,  lui  permirent  d'acquérir  le  monastère  de  Win- 
chester qu'il  gouverna.  Trouvant  cette  vie  trop  facile,  il 
fut  envoyé  par  Odon  à  Eleury-sur-la- Loire  pour  s'y  sou- 
mettre à  la  règle  de  Saint-Benoît  renouvelée  par  les  clu- 
nistes.  Il  y  fut  ordonné  diacre  et  prêtre.  L^n  959,  son  oncle 
malade  le  rappela,  mais  mourut  avant  son  retour.  Oswald 
se  rendit  auprès  d'un  autre  de  ses  parents,  l'archevêque 
Oskytel  de  York,  qui  lui  conseifla  d'aller  à  Bome.  En  re- 
venant, il  s'arrêta  à  Fleury,  mais  Oskytel  le  manda  au- 
près de  lui  pour  l'aider  à  réformer  FEghse.  [)unstan{\. 
ce  nom)  trouva  en  lui  un  précieux  auxiliaire  et  le  fit  élever 
à  l'évêché  de  Worcester,  en  961.  Oswald  travailla  à  rem- 
placer partout  les  prêtres  mariés  et  surtout  les  chanoines 
par  des  moines;  mais  d  évitait  les  violences  que  ne  redou- 
tait pas  le  roi  l'^adgar,  duquel  il  avait  obtenu,  en  vue  de 
ces  réformes,  la  loi  dite  d'Oswald.  Il  fit  pénétrer  ses  ré- 
formes jusqu'en  l'^stanglie,  où  il  fonda  un  monastère  sur 
l'de  de  Ramsey  (Ilunlingdonshire).  Même  quand  il  eut  été 
nommé  archevêipie  de  \ork,  en  972,  il  continua  de  rési- 
der habituellement  àAVorcester,  qui  resta  comme  le  foyer  de 
son  influeuce.  Dans  les  monastères  qu'il  fondait,  il  dévelop- 
pait le  goût  des  études;  il  augmenta  la  ponq)e  du  culte  et 
prônait  les  relitfues.  Avec  Dunstan,  il  réalisa  le  triomphe 
du  monachismo  au  moment  de  l'apogée  de  la  royauté 
saxonne.  Aucun  de  ses  écrits  n'a  été  conservé.    F. -H.  K. 

Biiîi..  :  W.  lluNT,  dans  le  Dlciionurij  ol'  Niitloiiid  Bio- 
(jriipluj ;  Londres,  1805,  vol.  XLII,  pp.  323-325. 

OSWALD  (James),  philosophe  écossais,  de  la  deuxième 
moitié  du  xvni^  siècle.  11  se  rattache  immédiatement  à 
l'école  de  Beid  dont  il  développa  la  doctrine  dans  un 
ouvrage  intitulé  Appeal  to  co}n}non  sensé  in  behaff  of 
religion  (Edimbourg,  4766-72).  Le  titre  de  cet  ouvrage 
indique  l'objet  de  la' philosophie  d'Oswald,  dans  ses  deux 
points  essentiels,  solidaires  l'un  de  l'autre.  Oswald  se  pro- 
pose, en  effet,  de  faire  l'apologie  du  christianisme,  et  il 
pense  atteindre  ce  but  en  montrant  combien  est  vaine  la 
prétention  de  vouloir  tout  démontrer.  La  source  du  scep- 
ticisme est  dans  l'ambition  de  l'intelligence  métaphysique 
qui  s'épuise  à  rechercher  la  solution  de  problèmes  chimé- 
riques et  indifférents  à  la  félicité  de  l'homme.  La  raison 
ne  réussit  ainsi  qu'à  s'embarrasser  de  formules  deri-ière 
lesquelles  se  dérobe  la  vérité.  Elle  va  chercher  loin  d'elle 
ce  qu'elle  découvre  en  elle-même  par  la  simple  lumière 
luiturelle.  Aussi  suflit-il,  pour  échapper  au  danger  méta- 
pliybique,  de  s'en  l'emcttre  au  sens  commun,  qui  possède, 
selon  Oswald,  la  valeur  d'un  principe  et  l'autorité  indis- 
cutable de  l'évidence.  Si  l'on  s'eii  remet  à  cette  autorité, 
il  est  impossible  (|uc  !os  grandes  vérités  de  la  religion 
n'apparaissent  pas  (Liiis  toute  leur  lumière  :  le  spectacle 
du  monde  prouve  l'existence  de  Dieu,  comme  la  voix 
de  la  conscience  prouve  la  moralité  du  genre  humain. 
D'après  cette  doctrine,  la  science  est  évidemment  pros- 
crite comme  inutile  et  dangereuse  :  inutUe,  puisque  le 
sens  commun  possède  l'intuition  immédiate  de  la  vérité  ; 
danger<'uso.  j)iirce  (fiie  ses  conclusions  vont  le  ])lus  sou- 
vent  Li  TiMiconij^'  de  celles  du  sens  counnun,  c.-à-d.  à 


OSAVALD  -^  OTARIE 


(juO 


r<M)c«)!itr»'  de  la  Noj'ito,  0)i  1(*  a  oit.  la  (hose  (rOhV>al(l  lie 
se  recoinmando  jii  parla  iiouveaulp.  ni  par  la  prolniideii)'. 
]ii  pai'  roi'igiiialité.  j^llc  a.  d(^  plus,  riiiconvénient  d'être 
présentée  dans  nn  stvle  emphatique  et  déclamatoire  qui 
dissimule  mal  la  pauvreté  de  la  peiisée,         Da  C.osta. 

BiHL  :  PRii^hriJ'JY.  An  cxninniotioii,  of  D'  Uald's  iiKiuinj 
nito  tlii'  linnuui  mlnd  :  D''  Bt'Ulhic's  essiuj  on  tlw  nnlin'c 
inul  uiuindubtlUji  oflrath.  imd  7j'  ()8\',-i)ldo  iippad.  to  tlic 
(yiiiDiiOii  sensc  :  I-oiidccs,  t^i. 

OSWALD  DE  WuLKi-xsTEiN,  poète  allemand,  né  à  Grœ- 
ikn  en  1367,  mort  le  ^  août  4i45.  D'une  famille  noble 
du  ïirol,  à  l'âge  de  dix  ans,  il  accompagna  en  Prusse 
Albert  lll  d'Autriche,  guerroya  en  compagnie  variée  jus- 
(juYm  /vrménie  et  eu  Perse,  rcNint  daus  le  Tirol  à  vingt- 
cin(|  ans,  s'y  éprit  de  Sabina  Jauger  qui  l'envoya  faire  un 
pèlerinage  en  Terre  Sainte.  Rentré  en  i  401,  il  sui^it  l'em- 
pereur Robert  (Ruprecht)  en  Ralie,  vagabonda  en  Angle- 
terre, en  Portugal,  en  Espagne,  en  Afrique,  soutint  Er- 
nest d'Autriche  contre  son  frère  Erédéric,  batailla  contre 
les  hussites  (li'19),  puis  se  retira  dans  son  château  de 
Ifauenstein.  C'est  un  des  deriiiers  miniiesinger  qui  vou- 
lut réaliser  dans  sa  vie  leur  idéal  romanesque  et  mêla  le 
récit  de  ses  aventures  dans  ses  poésies  maniérées.  Klles 
ont  été  éditées  par  ]•.  Weber  (Innsbruck,  1847),  traduites 
par  P.  Passarge  dans  la  collection  Reclam.     \.~M.  R. 

Hrhi..  :  H.  Wlv.fai.  Ijswidd  cou  ^]'olhcn8teil>  )ind  Frivd- 
nch  nul  de,'  lervcn  l\ische  :  ]\\n>^hruck,  ISÔO.  —  Zi>(.i,Rr,i;, 
()s\^;d(i  von  Wolhanblcni  :  \'!o,nu'\  1.S7(). 

OSWALDTWISTLE.  Mlle  d'Angleterre,  comte  de  Lan- 
(iistre,  à  ()  kU.  S.-K.  de  Rlackburn  ;  lo.^iOt)  hab.  ((mi 
1891).  Eilatures  et  impressions  de  colon. 

0SWE6ATCHIE.  ilivière  desEtats-PnisJNeNN  \ork). 
atil.  du  Saint-Laurent  à  Ogdensburgh  ;  ^2'2o  kil.  de  long. 

OSWEGO.  Rivière  des  Etats-Unis  (New  York),  affl. 
du  lac  Ontario,  formé  par  le  Seueca  et  l'Oneida,  long  de 
36  kil.  Il  fournit  une  grande  force  motrice  à  cause  de  ses 
chutes  voisines  du  lac.  —  Le  canal  Osiuego  (61  kil.) 
uail  le  lac  Ontario  au  canal  livïè,  près  de  Syracuse. 

OSWEGO.  Ville  des  Etats-Lnis,  l'une  des  deux  capi- 
tales de  l'Etat  de  New  York,  à  l'embouchure  de  l'Osvvego 
dans  le  lac  Ontario;  21.8^2  hab.  (en  1890).  Port  défendu 
par  le  fort  Ontario;  grand  centre  commercial  et  indus- 
triel; minoteries,  brasseries,  tissages,  tratic  de  grains  ei 
bois  du  Canada. 

TiiÉ  i)"Oswi:<io  (V.  MoxAUDE). 

OSWENOGANÉY.  Rivière  ^Irlande  (V.  ce  mol.  t.  X\. 
p.  9i^9). 

0SWE8TRY.  Villed'Angleierre  (Shropsliire);  8. 496 hab. 
(en1S91).  Vieille  église  Saint-Oswald.  Ateliers  de  che- 
mins de  fer. 

OSWIECliVi.  Ville  de  Galicie  (V.  Aiscnwrrz). 

OSYRIANDIAS,  i*oi  légendaire  d'Egypte,  dont  parle 
Diodore,  etque  l'on  identifie  avec  RamsèslL  Son  tombeau 
décrit  pai'  l'historien  est  le  l\am(sseum  de  Médinet  Ha- 
bou. 

OSYRIS  [Ostjris  L.).  Cem-e  de  Loraulhacées-Sanlali- 
nées,  dont  les  représentants  sont  des  arbustes  des  régions 
tempérées  de  l'aucien  monde.  Les  tleurssonl  polygames- 
dioiques.  3-4-mères,  isostémonées,  avec  des  étamiiU3s  op- 
positipétales  et  un  ovaire  infère  à  placenta  ceniral,  libre, 
portant  2-4  ovules.  Le  fruit  est  une  drupe.  L'espèce  type, 
0.  alba  L..  connue  sous  le  nom  vulgaire  de  liouvel  ou 
ilencl  rou(fL\  est  un  ])etit  arbrisseau  à  bniilles  persistantes, 
abondant  dnns  toute  la  région  uiédilei'ranéejnie.  Ses  ra- 
meaux flexibles  serNcni  à  faire  des  balais;  ses  fruits 
rouges,  gros  comme  des  cerises,  possèdent  ujie  saveur 
désagréable  et  ont  été  euqdoyés  coiinue  astringents. 

O'SZŒNY.  Mlle  de  Hongrie,  comitat  de  Comorn,  sur  le 
Danube;  2.700  hab.  (-"est  l'anfi(jue  Brcgelium. 

OTA.  Corn,  du  dép,  de  la  Corse,  arr.  d'Ajaccio,  canl, 
de  Piana  ;  L  v^'i  \n\h. 

OTAGE  (Or.  internat.).  C'otc'iae  eA  une  sorot<^  ((u"oii 
donne  à  des  emiemib  ou  à  des  allic-s  pour  Lexeiution  d'un 
ngagement.  en  l'euietlant  e]i!)'(>   leui's  uiaijis  une  ou  j)lu-    | 


sieurs  pei'Munies.  On  appelle  aussi  otages  les  personnes 
ainsi  livrées.  Ces  personnes  sont  des  prisonniers  d'une  es- 
pèce [)arliculière.  libres  sur  parole  dans  le  lieu  qui  leiu' 
est  assigné  comme  résidence,  mais  pouvant  y  être  retemis 
jusqu'à  ce  que  l'engagement  ait  été  exécuté.  Une  fois  cette 
condition  accomplie,  les  otages  doivent  être  remis  en 
liberté,  alors  même  ({ue  d'autres  contestations  seraient 
encore  pendantes  entre  les  deux  Etats.  Si  l'engagement 
n'est  pas  exécuté,  les  otages  peuvent  être  traités  comme 
prisonniers  de  guerre.  Lorsqu'un  Etat  se  saisit  lui-même 
de  certaines  personnes  pour  en  faire  des  otages,  il  est  tenu 
de  pourvoir  à  leurs  besoins  et  de  les  traiter  selon  leur 
rang.  Dans  la  guerre  de  1870,  les  Allemands  ont  fréquem- 
mejit  l'ecouru  à  ces  prises  d'otages  et  oblige  des  citoyens 
JU)tablesà  monter  sur  les  locomotives  de  trains  contre  les- 
(piels  ils  redoutaient  des  attaques  à  l'aide  de  substances 
explosibles.  Cet  acte,  manifestement  contraire  au  principe 
général  en  vertu  du({uel  des  pcrsoiuies  inoffensives  doivent 
être  laissées  en  deboj's  des  faits  de  guerre,  a  été  présenté 
par  certains  publicistes  de  valeur  comme  étant,  au  con- 
ti'aire.  une  mesure  ])rêservatrice.  en  ce  qu'il  était  de  na- 
ture à  prévenir,  et  avait  prévenu,  en  fait,  descatastrojdies 
qui  se  seraient  traduites  pouj'  t(uit  le  pays  environnant  en 
cruelles  repj'êsailles.  Dans  la  guei're,  qui  est  le  triomphe 
de  la  foj'ce  sur  le  droit,  il  est  souvent  difficile  de  démêler 
ce  (|ui  est,  en  défuiitive,  le  plus  conforme  aux  h)is  de  l'iiu- 
maniléet  de  la  justice.  —  Dans  les  pays  orientaux,  c'est  un 
usage  tr'ès  général  pour  les  souverains  de  se  faire  remettre, 
par  leurs  vassaux  ou  par  les  adversaires  vaincus,  des 
princes  de  bnu'  famille  ou  grajuls  personnages,  otages 
garants  de  leur  fidélité.  Les  Romains  appliquèrent  souvent 
ce  système  et  en  profitèrent  pour  faire  élever  dans  leurs 
idées  les  jeunes  princes  (pi'ils  détenaient.  Cet  exemple  a 
été  fréquemment  imité.  lù^nest  Lkiir. 

OTARIE.  Zooroon:.  — Genre  de  Mammifères  de  Tordre 
des  Pinnipèdes  (V.  ce  mot),  type  de  la  famille  des  Ota- 
riidœ  (\\(i  présente  les  caractères  suivants  :  pattes  posté- 
rieures dirigées  en  avant,  lorsque  l'animal  est  à  terre,  et 
lui  permettant  de  soulever  le  corps  au-dessus  du  sol  pen- 
dant la  marche.  Oreille  externe  bien  développée,  mais  pe- 
tite. Le  crâne  présente  des  apophyses  j)ost-orbitaires  et 
w\\  canal  alisphénoide;  l'angle  de  la  mandibule  inférieure 
est  saillant  et  infléchi  en  dedans.  Les  faces  plantaires  et 
palmaii'es  des  membres  sont  luies.  Les  testicules  sont  sus- 
pendus dans  un  scrotum  externe  distinct.  La  plupart  de 
ces  caractères,  notamment  la  position  des  membres  pos- 
térieurs et  la  présence  d'une  conque  auditive,  sont  en 
opposition  avec  ceux  que  présentent  les  Phoques  (V.  ce 
nu)t).  La  denlition  présente  la  formule  suivante  : 

L  ^,  C.  T,  Pm.  7,  M.  i~--  X  2  z=  34  ou  36  dents. 


2' 


Les  molaires  uniradiculées  ont,  d'une  façon  générale,  la 
forme  d'un  cône  porté  sur  une  base  plus  large  avec  un  lé- 
ger étranglement  qui  figure  un  tubercule  antérieur  et  un 
tubercule  postérieur  très  peu  distincts  ;  les  deux  premières 
incisives  sont  petites,  à  deux  tubercules  seulement  ;  la  troi- 
sième est  grande,  caniniforme;  les  canines  sont  grandes, 
coniques,  sans  étranglement  basilaire.  Les  dents  de  lait 
(pii  précèdent  les  seconde,  troisième  et  quatrième  prémo- 
laires, tombent  peu  de  jours  après  la  naissance;  la  der- 
nière molaire  supérieure  n'est  quelquefois  présente  que 
d'un  seul  coté.  Le  cou  est  très  long  et  gros,  les  membres 
aniérieurs  étant  placés  vers  le  milieu  de  la  longueur  to- 
tale; ce  caractèi'e  est  surtout  accusé  chez  les  mâles  qui 
atteignent  une  taille  j»)'es(jue double  de  celle  des  femelles, 
La  peau  des  pieds  déj)asse  de  beaucoup  les  ongles,  et  forme 
aux  pattes  postérieures  des  nageoires  lobées;  les  ongles 
sont  petits,  prescpie  rudimentaires,  surtout  le  premier  et 
le  cinquième  :  le  plus  développé  est  le  troisième  ou  mé- 
dian du.  pied  postérieur,  qui  est  allongé,  comprime  et  re- 
courbé, et  dont  Tanimal  se  sert  pour  se  gratter. 

Les  Otaries,  vulgairement  appelées  Lions  de  nier  ou 


m\  — 


OTARIE 


Ours  marhis,  ont  une  physionomie  ])ien  ditiérontode  colle 
lies  Phoques.  Lorsqu'ils  sonl  à  terre,  ils  sont  beaucoup  plus 
agiles  que  ceux-ci,  pouvant  soulever  leur  corps  à  l'aide 
des  quatre  membres  repliés  sous  le  ventre  :  leur  démarche 
est  un  court  galop  qui  leur  permet  de  progresser  par  bonds 
sur  les  rochers,  mais  ne  peut  se  prolonger  longtemps  sans 
fatigue.  Dans  la  mer,  ils  nagent  et  plongent  avec  la  plus 
grande  facilité.  Le  pelage,  qui  seul  est  visible  extérieure- 
ment, consiste  en  longs  poils  lisses  et  couchés  (iarres)  {\ui 
recouvrent  tout  le  corps  et  lui  donnent,  de  loin,  l'appa- 
rence d'une  peau  nue,  suriout  lorsque  l'animal  est  dans 
l'eau  ou  vient  d'en  sortir  ;  mais  ce  poil  grossier  recouvre 
un  duvet  tin,  dense  et  soyeux  (bourre),  rappelant  le  pe- 
lage de  la  Loutre,  et  qui  donne  seul  du  prix  à  cette  four- 
rure lorsqu'elle  a  subi  une  préparation  convenable.  Celte 
peau  est  doublée  d'une  couche  de  graisse  plus  ou  moins 
épaisse,  suivant  l'époque  de  l'année  où  l'on  observe  l'am"- 
mal,  et  qui  donne  au  long  cou  des  mâles  l'énorme  déve- 
loppement qui  leur  a  valu  des  marins  le  nom  de  taureaux. 
Lette  graisse  est  plus  abondante  en  hiver,  et  c'est  pour  se 
la  procurer,  avec  la  fourrure  qui  la  recouvre,  que,  de  ton! 
temps,  l'homme  sauvage  ou  civilisé  a  été  poussé  à  se  livrer 
avec  ardeur  à  la  chasse  ou  à  la  pèche  des  Otaries. 

Le  grand  genre  Otarie  a  été  subdivisé  en  plusieurs 
gemmes  fondés  sur  des  caractères  assez  peu  importants 
pour  qu'on  puisse  les  considérer  comme  de  simples  sous- 
genres  {Otaria, Eumetopias  et  Arcfocephalus),  qui  com- 
prennent en  tout  10  ou  12  espèces,  dont  deux  ou  trois  sont 
mal  connues  ou  douteuses.  Leur  distribution  géographique, 
qui  contraste  avec  celle  des  Phoques,  sera  exposée,  plus 
en  détail,  au  mot  Pinnipèdes.  Il  suffira  de  dire  ici  que  ce 
type  est  manifestement  originaire  du  pôle  Sud,  mais  qu'un 
petit  nombre  d'espèces  ont  pénétré  dans  le  N.  du  Paci- 
fique et  s'y  sont  installées,  changeant  le  sens  de  leurs  mi- 
grations annuelles.  On  n'en  trouve  pas  dans  l'Atlantique 
auN.  du  Rio  de  Janeiro.  Toutes  habitent  les  régions  froides 
ou  tempérées  de  leur  hémisphère,  se  rapprochant  en  hiver 
de  l'équateur  mais  sans  jamais  l'atteindre,  passant  l'été, 
qui  est  la  saison  de  la  reproduction,  sur  les  îles  et  les 
terres  désertes  voisines  des  cercles  polaires  arctique  et  an- 
tarctique. Dans  l'hémisphère  Nord,  les  Otaries  ne  dépassent 
pas  la  mer  de  Rehring  :  on  n'en  trouve  pas  dans  l'océan 
Glacial  arctique.  La  distribution  de  chaque  espèce  est  ren- 
fermée dans  des  limites  étroites,  et  les  migrations  se  font 
toujours  suivant  une  route  déterminée  par  la  direction  des 
courants  marins  favorables  ou  contraires.  Sept  à  huit 
espèces  habitent  l'hémisphère  austral;  trois  seulement  le 
Nord-Pacifique.  Les  espèces  bien  connues  sont  les  sui- 
vantes :  Otaria  julfata  (Forster)  se  reproduit  sur  les 
terres  antarctiques  et  les  îles  voisines  (Terre  des  Etats,  etc.) 
et  même  plus  au  nord  sur  les  cotes  de  la  Terre  de  Feu, 
de  la  Patagonie  et  aux  îles  Falkland,  mais  toujours  sur  hs 
récifs  en  avant  de  la  côte,  jamais  sur  le  continent  lui- 
même.  En  hiver,  elle  remonte  sur  la  côte  orientale  de 
l'Amérique  jusqu'à  l'embouchure  du  Rio  de  la  Plata,  sur 
la  côte  occidentale  jusqu'au  Pérou  et  aux  îles  Gallapagos. 
La  couleur  rousse  du  pelage  du  mâle  lui  a  valu  le  nom  de 
Lion  marin;  les  femelles  et  lesjeunes  sont  d'un  gris  foncé. 
C'est  une  des  espèces  dont  la  chasse  a  été  le  plus  pro- 
ductive, surtout  au  siècle  dernier  et  au  commencement 
de  celui-ci.  V Eumetopias  5if^//^ri  (Lesson),  dont  le  mâle 
est  aussi  de  très  grande  taille,  représente  le  Lion  raarin 
dans  le  N.  du  Pacifique  :  il  se  reproduit  aux  îles  Aléou- 
tiennes  et  aux  îles  Prybilov,  dans  la  mer  de  Rehring,  et 
va  passer  l'hiver  sur  les  côtes  du  Japon  d'une  part,  de 
l'autre  sur  celles  de  la  Californie ,  notamment  aux  îles 
Farallones  ;  c'est  le  «  Lion  marin  »  de  Choris.  Le  YmIo- 
phiis  californianus  (Lesson)  est  une  espèce  plus  petite 
qui  habite  également  les  îles  des  côtes  de  Californie,  de 
San  Diego  et  de  l'île  de  Saint-Nicolas  au  golfe  de  San 
Francisco  ;  on  la  trouve  aussi  aux  îles  Santa-Rarbara,  Très 
Marias  et  Cedros.  Dans  l'hémisphère  austral,  elle  est  re- 
présentée par  le  Zaloplius  lohains  (Gray),  des  rotes  de 


la  Nouvelle-Zélande  et  de  l'/vustralie.  l.o  l^horarrtos  floo- 
keri  est  une  espèce  voisine  (jui  habite  les  îles  /vuckland, 
plus  au  S.  Dans  le  genre  Arctorephatiis,  l'espèce  la 
mieux  connue  est  l'A.  ursinus  (Lmnè),  du  Nord-Pacifique, 


Otnrios  (Je  Calironiie  (Eiimi'lopmsSU'llcrl),  mâle  et  femelle. 

rOuRS  MARIN  des  voyageurs,  très  commun,  autrefois  du 
moins,  aux  îles  Prybilov,  qui  étaient  son  principal  centre 
de  reproduction.  La  couleur  est  d'un  gris  noirâtre,  et  le 
cou  du  mâle  est  aussi  très  gros,  mais  moins  allongé  que 
celui  de  ï Eumetopias  Stetleri.  On  le  trouve  aussi  à  File 
Rehring  et  aux  îles  Aléoutiennes,  et  sa  migration  d'hiver 
le  fait  se  disperser  sur  les  côtes  du  Japon,  de  la  Califor- 
nie, des  îles  San  Renito  et  Cedros.  VArctocepliatus  aus~ 
traits  (Zimmermann)  le  représente  dans  l'hémisphère  aus- 
tral, s'étendant  des  Terres  Antarctiques,  de  la  Terre  de 
Feu  et  des  îles  Falkland  où  il  se  reproduit,  au  Rio  de  Ja- 
neiro, au  Chili,  aux  iles  Juan  l^'ernandez  et  Masafuera  et 
à  l'archipel  des  Gallapagos  oii  il  se  montre  en  hiver.  Des 
espèces  moins  bien  connues  sont  :  V.brf.  gazetla  (Pe- 
ters),  de  l'île  Kerguelen;  l'A.  gracilis  (Nehring)  du  Sud- 
Pacifique;  VA.  Eorsteri  (Lesson)  delà  Nouvelle-Zélande, 
des  îles  Auckland  et  des  côtes  d'Australie,  dont  une  va- 
riété (.1.  eleijans  Peters)  se  trouve  aux  îles  Saint-Paul  et 
d'Amsterdam.  Une  dernière  espèce  (A.  antarcticns  Thun- 
herg)  se  montre  sur  les  côtes  de  l'Afrique  australe,  près 
de  la  colonie  du  Cap,  et  se  reproduit  aux  îles  Cro/et  ou 
peut-être  plus  au  S.  encore.  Plusieurs  de  ces  espèces  sont  en 
voie  d'extinction  en  raison  de  la  chasse  acharnée  qu'on  leui'  a 
laite  pour  se  procurer  leurs  peaux,  leur  huile  et  leur  graisse. 
L'espèce  dont  les  mœurs  ont  été  le  mieux  étudiées 
est  V Artoceptiatus  nrsimis  des  îles  Prybilov,  où  il  re- 
vient chaque  année  par  milliers  pour  se  reproduire  au 
printemps.  Les  rochers  qui  servent  de  lieux  de  rendez- 
^ous  à  l'espèce  depuis  des  siècles  sont  désignés  sous  le 
nom  anglais  de  «  rookeries  »  ou  repaires.  Les  vieux 
mâles,  «  bulls  »  ou  taureaux  arrivent  les  premiers,  presque 
à  date  fixe,  à  la  fin  de  mai  ou  dans  les  premiers  jours  de 
juin,  suivant  que  la  saison  est  plus  ou  moins  pré(oce. 
Chacun  d'eux  choisit  sa  place  sur  le  rivage  :  c'est  un  es- 
pace d'en^iron  30  m.  q.  qu'il  défend  avec  ardeur  contre 
l'envahissement  de  ses  voisins,  les  plus  courageux  et  les 
plus  forts  s'emparant  des  points  les  plus  rapprochés  du 
bord.  Les  femelles  arrivent  quelques  jours  après  :  les 
mâles  vont  au-de^ant  d'elles  jusqu'à  la  mer  et  les  con- 
duisent à  la  place  qu'ils  ont  choisie,  se  formant  ainsi  un 
véritable  harem  (\\û  comprend  de  huit  à  douze  et  jusqu'à 
quinze  femelles  sur  lesquelles  ils  veillent  avec  un  soin  ja- 
loux, engageant  de  sanglants  combats,  dont  leur  peau 
garde  longtemps  les  traces,  pour  la  possession  de  ces  fe- 
melles ;  celles-ci  restent  passives  pendant  la  lutte,  mal- 
gré les  bousculades  qu'elles  l'ecoivent  des  comliattants.  se 


OTAR[E  —  OTFRID 


062  — 


soumettent  docilement  à  la  loi  du  vainqueur.  Peu  après, 
les  femelles  qui  sont  arrivées  déjà  pleines,  mettent  bas  un 
seul  petit,  qui  naît  couvert  d'un  duvet  laineux  et  ne  va  à 
la  mer  qu'au  bout  d'une  quinzaine,  lorstjue  ce  pî'emier 
pelage  est  tombé  :  la  mère  est  l'orcée  do  l'y  li-aîner  de 
torce,  mais  en  quelques  jours  le  jeune  devient  aussi  bu- 
bile  qu'elle  à  nager  et  à  plonger.  Immédiatement  après, 
les  mâles  se  livrent  à  la  reproduction  et  ils  le  font  avec 
tant  d'ardeur  qu'ils  maigrissent  rapidement,  d'autant  plus 
que  pendant  les  trois  mois  que  dure  la  saison  ils  ne  quit- 
tent pas  leur  rocher  pour  aller  à  la  mer,  et  ne  prennent 
aucune  nourriture  ;  de  telle  sorte  qu'arrivés  gros  et  gras 
au  printemps,  ils  sont  réduits  à  l'état  de  véritables  sque- 
lettes lorsqu'à  l'automne  ils  quittent  le  repaire  pour  se 
diriger  vers  le  Sud.  L'aspect  de  ces  repaires  peuplés 
d'Otaries  a  été  rendu  d'une  façon  très  exacte  par  Choris, 
sur  l'une  des  planches  de  son  Voijdge  pilloresqiie  au- 
lour  du  inonde.  Dès  le  milieu  de  septembre  le  repaire 
est  abandonné. 

Pendant  que  les  mâles  âgés  de  cinq  ans  et  plus  occu- 
pent ainsi  les  rookeries,  entourés  de  leurs  femelles  ayant 
chacune  un  nourrisson,  les  jeunes  mâles  âgés  de  deux  à 
quatre  ans  mènent  une  vie  errante,  allant  de  la  mer  au 
rivage  et  cherchant  à  se  rapprocher  des  femelles,  conti- 
nuellement pourchassés  par  les  vieux  taureaux  qui  font 
bonne  garde.  Ce  n'est  'que  dans  la  mer  qu'ils  arrivent  à 
s'accoupler  avec  elles.  Ces  jeunes  mâles  sont  désignés  par 
les  Anglo-Américains  sous  le  nom  de  ba^'liehns  (céliba- 
taires), et  ce  sont  eux  qui  fournissent  presque  exclusive- 
ment les  peaux  que  Ton  trouve  dans  le  commerce.  ïai 
effet,  depuis  que  les  îles  Prybilov  ont  été  ac(iuises  de  la 
Kussie  par  les  Etats-Unis,  avec  le  territoire  d'Alaska,  la 
chasse  des  Otaries  a  été  réglementée  par  le  gouvernement 
do  Washington,  dans  le  but  d'éviter  la  destruction  com- 
plète de  cette  station,  auti-elois  si  productive.  xVprès  en- 
(piête,  il  a  été  décidé  que  les  vieux  mâles  {buUs  ou  tau- 
reaux) installés  sur  les  rookeries,  les  femelles  et  les  petits 
seraient  scrupuleusement  respectés  :  les  jeunes  mâles  de 
trois  et  quatre  ans  sont  les  seuls  qu'il  soit  permis  d'abattre, 
et  cette  opération  peut  se  faire  sans  incjuiéter  les  ani- 
maux installés  sur  les  rookeries,  les  bachelors  se  tenant 
en  dehors  et  à  distance  du  lieu  de  la  reproduction.  Mal- 
gré ces  restrictions,  les  derniers  rapports  annuels  pubhés 
par  les  agents  chargés  de  la  surveillance  aux  îles  Prybi- 
lov, constatent  que  le  nombre  des  Otaries  présentes  sur 
les  rookeries  diminue  chaque  année  dans  une  proportion 
inquiétante,  et  il  a  fallu  prendre  des  mesures  eiicore  plus 
sévères  pour  parer  à  leur  extermination. 

Cette  chasse  est  des  plus  simples  et  des  plus  faciles, 
ranimai  étant  absolument  sans  défense  en  face  de  l'homme 
et  ne  cherchant  même  pas  à  fuir.  Les  barheJors  sont  as- 
sommés à  coups  de  bâton.  Immédiatement  après  on  les  dé- 
pouille, et  pour  un  ouvrier  exercé,  cette  opération  n'exige 
pas  plus  de  quatre  à  cinq  minutes,  malgré  la  taille  de 
l'animal. 

La  chasse  de  VKumelopias  Sielleri,  qui  se  trouve  aux 
îles  Aléoutiennes,  se  fait  d'une  façon  différente  et  qui  ne 
manque  pas  de  pittoresque.  Pour  s'épargner  les  trans- 
ports, les  Aléoutes  cherchent  à  conduire  les  Otaries  vi- 
vantes jusque  dans  leurs  villages,  "et  voici  comment  ils 
procèdent  :  la  bande  des  chasseurs  se  glisse  sans  faire 
de  bruit  entre  la  mer  et  les  Otaries.  A  un  signal  donné 
tous  se  jettent  sur  les  animaux  effrayés  et  les  rabattent 
dans  la  direction  voulue.  L'arme  dont  ils  se  servent  est 
des  plus  singulières  :  c'est  un  vulgaire  parapluie  {|u'ils 
ouvrent  avec  fracas.  Avant  que  ce  produit  de  la  civilisa- 
tion eût  été  importé  dans  ces  îles,  on  se  servait  de  dra- 
peaux agités  au  bout  d'un  long  bâton.  On  forme  ainsi  de 
longues  colonnes  d'Otaries  qui,  pressées  par  la  frayeur  et 
se  poussant  mutuellemen(,  galopent  pendant  quelque*  mi- 
nutes sur  leurs  courtes  pattes,  puis  tondront  épuisées.  On 
les  laisse  reposer,  puis  la  mano'uvre  du  parapluie  alter- 
nativement ouvert  et  fermé  recommence,  et  la  coloime, 


mugissant  et  bêlant,  reprend  sa  marche.  Il  faut  souvent 
plusieuis  jours  pour  atteindre  le  village.  Lorsque  les 
malheureux  animaux  sont  tous  réunis  sur  la  place  prin- 
cipale, on  les  assomme  et  on  les  dépouille.  Toutes  les 
parties  de  l'animal  sont  utilisées  :  j)eau,  graisse  et  chair. 
La  fouiTure  d'Otarie,  comme  nous  Pavons  dit,  subit, 
avant  d'être  mise  dans  le  commerce,  une  pj'épacation  c|ui 
j  modifie  son  apparence.  Au  moyen  d'un  instrument  tran- 
chant faisant  office  de  rasoir,  on  enlève  1(mte  la  partie 
des  j(u  res,  ou  longs  poils,  qui  dépasse  la  bourre  ou  du- 
vet. On  obtient  ainsi  une  fourrure  très  moelleuse,  très 
fournie  et  très  chaude,  (pie  l'on  désigne  en  anglais  sous 
le  nom  de  «  sealskin  »,  en  français  sous  le  nom' impropre 
de  «  loutre  de  mer  »  et  qui  sert  principalement  à  doubler 
les  pardessus  d'hiver  (V.  Pixxipèdes).  L.  Trouessart. 
J^riiL  :  J -A.  Allk^.  H /ydori/  <jfNorUt  AmorlccinPlnni- 
'pcds,  ]SSO  (av(Mi  i!i!  apiM'cu  do  toiilos  Icv;  espèces  eoiiiuies). 

OTAVALO.  Ville  de  la  République  de  l'Equateur,  pro- 
AÏnce  et  au  pied  du  volcan  d'imbahura  (1.060  m.)  à 
"-l.lyil  m.  d'alt.  ;  8.000  bal).  Tissus,  (apis,  pojudios.  Le 
tremblement  de  (erre  de  1<S()8  y  lit  périr  6.000  per- 
sonnes. 
^  OTCHAKOV.  Viile  de  Russie,  gouv.  deKherson,  district 
d'Odessa,  port  sur  la  mer  Noire  et  sur  le  limandu  Dniepr 
(à  PE.)  ;  40.78i  hab.  (1897).  Au  temps  dTïérodote  Pem- 
j)lacement  de  la  ville  était  occupé  par  la  fortei'esse  des 
îirecs  r.\lek{or  et  te  (euq)!(;  de  i)em(^(ei'.  Otchakov,  qui 
était  autrefois  un  centre  important  appailenant  aux  Turcs 
(forteresse  de  Kara-Kermen,  construite  en  li(>2),  fut 
annexée  à  la  Russie  en  1791,  au  traité  de  Lissi.  Com- 
merce de  blé  (pi'on  exporte  à  Odessa.  Pèche, 

OT-DANOM  (V.  R!)iLN!:o[Anthrop.]). 

OTELLE  (i^las.).  \.os  olelles  n'apparaissent  que  dans 
les  armes  de  la  maison  de  Comminges.  Des  héraldistes  y 
ojit  vu  des  amandes  pelées,  d'autres  des  fers  de  lance. 
L'explication  est  plus  simple  :  les  olelles,  (pii  sont  diri- 
gées vers  les  (piatre  angles  de  l'écu,  sont  en  l'éahté  le 
champ  d'un  blason  d'argent  sur  le(|uel  est  posée  une  croix 
[)at(ée  de  gueules.  Cette  croix,  mal  dessinée  ])ar  d'hdia- 
biles  artistes  au  moyeii  âge.  a  été  trop  élargie  aux  bords 
de  l'écu  en  sorte  ([ue  ses  pâlies  se  sont  rejointes,  donnant 
ainsi  iiaissance  aux  oîelles.  V.  n'A. 

OTFRID  ]iE  WissK^î.'îonui.  poète  et  théologien  alsacien 
du  ix^'  siècle.  11  est  coniui  suj'tout  pour  son  poème  sur  les 
i'Aangiles.  l'ini  des  })lus  anciens  monuuients  de  la  langue 
franque  ou  tliéofisque.  Xous  n'av(ms  prescjue  pas  de  don- 
nées sur  sa\ie;  elles  se  i-éduisent  à  (juehiues  allusions 
([u'il  faul  l'ccueillir  dans  son  (puvre,  et  qui  ])ermettent  de 
deviner  quelques  faits  de  son  existence.  11  paraît  probable 
qu'il  est  né^  dans  la  Basse-Alsace.  Il  fit  ses  études  à  l'ab- 
haye  de  Sainl-{]ali.  où  il  se  lia  d'amitié  avec  Salomon,qui 
devint  évèque  de  Constance;  puis  à  l'ulda.  où  il  eut  pour 
maître  Rahan  Maur.  11  M,  ensuite  prêtre  et  moine  dans 
la  riche  abbaye  de  \\'issemi)Ourg,  oi:i  il  remplit  les  fonc- 
tions de  notaire.  On  lit  au  bas  d'une  donation  faite  au 
uionastère  :  Ego  Olfrid  scripsi  et  suscripsi;  aWa  est  sans 
date,  naais  une  autre,  portant  la  même  mention,  est  datée 
de  l'an  8ol  (V.  Traditiones  Wisseinburg,  éd.  Zeuss; 
Spire.  18 {4).  On  peut  inférer  de  rares  indications  histo- 
l'iques  (pi'Otfrid  est  né  au  commencement  du  ix®  siècle,  et 
mort  vers  la  (in  du  règne  de  Charles  le  Gros,  environ  880. 
Voici  ce  qui  l'a  amené  à  composer  cette  reuvre  si  i-e- 
uiarquable.  Le  peuple  franco-germanique  ne  comprenait 
pas  les  hymnes  latines  chantées  dans  les  églises,  et  conti- 
nuait à  cultiver  les  chants  païens,  grossiers  et  obscènes, 
du  temps  d'autrefois.  Otfrid  veut  les  remplacer  par  des 
chants  chrétiens  en  dialecte  franc.  «  Je  romprai,  écrit-il. 
les  nudéhces  du  démon  ;  je  ferai  tomber  ces  légendes  im- 
])ures.  ces  chansons  profanes  qui  ne  font  qu'éveillei'  des 
idées  jnondaines,  qui  i)lessent  l'oreille  (k^  gens  de  bien  et 
aitristeut  le  cœur.  »  Il  veut  célébrer  le  Chia'st  dans  la 
langue  de  son  peuple  {TJiaz  wir  Kriste  sungun,  In 
unsera  Zungun).  Son  Liber Evangelioruin Do}}iini gra- 


663 


OTFKID  —  OTHMAN 


lia  theotisce  co)isfnptus  est  ])vécëàê  de  dédicaces  à  Louis 
le  Germanique  et  à  Févêque  Salomon  de  Constance,  en 
vers  théotisqnes,  et  ùLuitJjcrt,  archevêque  de  Mayence,  en 
prose  latine.  Le  poème  compte  15.000  vers  divisés  en 
strophes  à  l'instar  des  hymnes  latines,  (l'est  une  para- 
phrase des  évangih^s.  en  cinq  livres  ou  chants,  «  parce 
([ne  nous  avons  cini]  sens,  dont  (diacun  nous  fait  com- 
mettre des  fanles  que  nous  apprenons  à  éviter  par  la  lec- 
ture de  la  parole  de  Dieu  ».  Os  cinq  livres  traitent  des 
sujets  suivants  :  1^  la  Nativité  et  Jean-Baptiste;  2^  la 
réunion  des  preuiiers  disciples,  premiers  miracles  ;  la  Doc- 
trine se  répand  ;  o^  récit  des  miracles  éclatants  qui  é])ran- 
lent  la  vieille  foi  des  juifs  ;  4^  la  Passion  ;  o'^  la  fiésurrec- 
tion,  l'Ascension  et  le  Jugement.  Le  poème  fut  terminé  en 
868.  Chaque  récit  est  suivi  d'applications  :  Mijslice,  mo- 
raliter,  spiriliuiliier.  Tl  est  doutenx  que  le  poème  ait 
atteint  son  bnt  et  fut  jamais  devenn  popnlaire.  Bien  que 
les  divers  chapitres  dussent  former  antant  de  chansons 
distinctes,  et  que  les  vers  fussent  courts  et  faciles  à  rete- 
nir, il  est  monotone  ;  on  sent  qu'il  est  écrit  par  nn  moine 
(pii  a  vécu  loin  du  monde,  par  un  théologien  (pii  prêche, 
par  nn  savant  occupé  sortent  de  métrique  et  d'interpré- 
tation mystique.  Cependant  c'est  une  OMivre  remar([ual)le, 
eu  égard  à  son  époqne.  et  digne  de  l'admiration  de  la 
postérité.  Il  a  réussi  à  discipliner  cette  langue  barharc,  et 
la  langue  théotisque  esl  belle  et  sonore,  plus  pent-êtreque 
l'allemand  d'aujourd'hui.  Otfriddoit  avoir  laissé  aussi  des 
lettres,  un  recueil  de  poésies  et  deux  volumes  de  sermons. 
Mais  il  ne  reste  de  tout  cela  que  quelques  fragments  de 
sermons,  conservés  à  la  bibliothèque  de  Vienne,  qui  pos- 
sède aussi  le  manuscrit  le  plus  complet  du  livre  ilesEvan- 
giles  ;  deux  autres  manuscrils  se  trouvent  à  lîeidelberg  et 
à  Munich.  (^h.  Pfknoeh. 

Biui.rA^dn\Viv\AiA)tfridsEv3n(jelienl)iich,h''\yAvi.-.\\\[rL)- 
duction  liiBturi(|iiO(>t  texte;  Paderborn,  1878.  2" partie  :  glos- 
saire et  grammaire  \  Fribcun\a-~eu-Brifegau  et  Tui)iiiiiue,188l 
La  !•■«  partie  contient  en  2o  pages  une  bibliographie  très 
complète.  —  Loui-s  Spaoii.  archiviste  clu  de}),  du  Bas-Khin, 
le  Moine  Otfrïd  et  Vabh-dije  de  ^¥issembou^g  an  ix«  siècle 
(Mémoire  lu  en  séance  geiiérale  de  la  Société  pour  la  con- 
servation des  monuments  hist.  de  l'Alsace,  le  !•'''  déc.  1861). 
dans  Nouveaux  méhinçies  d'histoire  et  de  critique  litté- 
rnire:  Strasbourg,  p}).  125-119. 

OTHAIN.  Rivière  du  dép.  de  la  Meuse  (V.  ce  mot, 
t.  XXIII,  p.  SM). 

OTHE  (Pays  d').  Région  naturelle  de  la  France  for- 
mant un  massif  crétacé  compris  entre  la  vallée  de  la  Seine, 
à  LE.  et  au  N.,  depuis  Bar-sur-Seine  jusque  vers  Monte- 
reau,  celle  de  l'Yonne  au  S.-O.  depuis  Auxerre  jusqu'à 
son  embouchure,  et  celles  de  l'Armançon  et  de  l'Armance 
au  S.  Llle  s'étend  par  conséquent  sur  les  dép.  de  l'Aube 
et  de  l'Yonne  (Y.  les  notices  départementales).  Le  pays 
d'Othe,  dont  le  principal  centre  d'habitation  est  Aix-en- 
Othe  (Aube),  n'a  jamais  formé  une  circonscription  ecclé- 
siastique, féodale  ou  administrative. 

BiisL.  :  E.  CnANTRioT,  Monofjraphie  dit  pays  d'Othe, 
dans  les  Annales  de  géographie' du  15  juil.  1895. 

OTHE.  Gom.  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle,  arr.  de 
Briey,  cant.  do  Longuyon  ;  64  hab. 

OTHÉE.  Localité  de  Belgique,  prov.  et  arr.  de  Liège, 
à  42  kil.  de  Liège  ;  4.600  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de 
Tongres  à  Fexhe.  Exploitations  agricoles. 

Histoire.  —  Les  Liégeois,  révoltée"  contre  Jean  de  Ba- 
vière, dit  Jean  sans  Pitié,  subirent  une  sanglante  défaite 
à  Othée  le  22  sept,  1408.  Ils  furent  écrasés  par  les  troupes 
que  Jean  sans  Peur,  duc  de  Bourgogne,  avait  amenées 
au  secours  du  prince-évéque  ;  tous  les  privilèges  de  la 
cité  rebelle  furent  anéantis. 

OTHELLO.  ï.  Légende.  —  Maure  au  service  de 
Yenise  qui,  marié  à  la  patricienne  Desdemona,  la  tua  par 
jalousie.  Ce  récit,  mis  en  œuvre  par  Shakespeare,  a  été 
emprunté  par  lui  à  la  nouvelle  des  Ecntommiti  de 
Giraldi  Cintio  (4504-1573). 

[L  YiTicuLTURE.  Hybride  ternaire  obtenu  en  Amérique 
parles  croisements  des  V.  vinifera,  V.  Labriisca  et  llipa- 


ria.  Du  fait  de  sa  très  grande  sensibilité  aux  maladies 
cryptogamiques,  il  n'a  été  que  peu  cultivé  dans  son  pays 
d'origine.  En  France,  au  début  de  la  reconstitution  du 
vignoble,  il  s'est  propagé  avec  ime  étonnante  rapidité,  sé- 
duisant les  viticulteurs  par  l'abondance  de  ses  récoltes  et 
sa  maturité  précoce.  Mais  après  quelques  années  d'études, 
on  s'aperçut  vite  de  sa  faible  résistance  au  phylloxéra,  de 
sa  destruction  facile  et  rapide  dans  les  terrains  secs,  lé- 
gers et  pauvres  des  régions  chaudes.  Aussi  on  l'aban- 
donna avec  autant  d'empressement  qu'on  en  avait  mis  à 
l'employer.  D'ailleurs,  la  qualité  inférieure  de  ses  pro- 
duits, feur  arrière-goût  foxé,  leur  vinification  difficile, 
justifient  pleinement' cet  abandon.  On  doit,  toutefois,  re- 
connaître à  ce  cépage  une  certaine  résistance  à  la  chlorose 
qu'il  tient  de  son  ancêtre,  le  Vitis  vinifera.  Malgré  cela, 
à  l'heure  actuelle,  il  doit  être  abandonné. 

OTHIS.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Marne,  arr.  do 
Meaux,  cant.  de  Dammartin-en-Gocle  ;  264  hab.  Eglise 
(mon.  hist.)  de  la  Renaissance. 

OTHMAN,  le  troisième  des  khalifes  successeurs  de 
Mohammed,  né  à  ]>a  Mecque  vers  565,  mort  à  Médine 
en  656.  On  trouvera  à  l'art.  Mohammed  le  récit  du  rôle 
joué  par  Othman  pendant  la  vie  du  prophète.  Omar  en 
mourant  (644)  avait  confié  à  six  musulmans  de  marque 
le  soin  de  choisir  son  successeur.  Pendant  trois  jours,  ils 
discutèrent,  sans  parvenir  à  se  mettre  d'accord.  Chacun 
d'eux,  en  effet,  entendait  faire  valoir  ses  droits  personnels 
au  khalifat,  à  l'exception  cependant  d'Abd  errahman  ibn 
Aouf,  qui,  dès  le  début,  avait  décliné  toute  prétention. 
Cette  réserve  lui  assura  une  influence  prépondérante  dans 
l'élection  ;  et  ce  fut  enfin  le  candidat  qu'il  préférait, 
Othman  ibn  Affan,  qui  fut  proclamé  khalife.  Le  choix  était 
très  malheureux.  Doué  de  fort  peu  d'énergie  et  en  outre 
affaibli  par  l'âge  (il  était  presque  octogénaire),  Othman 
se  trouva  en  butte  à  la  fois  à  Lopposition  de  ses  concur- 
rents é\incéset  aux  exigences  pleines  de  convoitise  de  sa 
propre  famille,  les  Banou  Omeyya.  C'est  à  ces  derniers 
qu'il  témoigna  toute  sa  faveur,  au  détriment  des  vieux 
compagnons  du  prophète.  Il  dilapida  à  leur  profit  le  tré- 
sor musulman,  enrichi  parla  sage  administration  d'Omar, 
les  combla  d'honneurs  et  choisit  um'quement  parmi  eux 
les  gouverneurs  des  provinces.  On  peut  considérer  cette 
politique  d'Othman  comme  l'un  des  principaux  facteurs  de 
la  fortune  future  des  Omeyyades  et  les  douze  années  de 
son  khalifat  comme  le  prélude  de  l'avènement  au  trône  de 
cette  ambitieuse  famille.  En  Syrie,  Othman  donna  pleins 
pouvoirs  à  Moawya,  fils  d'Abou  Sofyan,  le  futur  fonda- 
teur de  la  dynastie  omeyyade.  Il  nomma  gouverneur  de 
Koufa  un  deuxième  omeyyade,  Said  ben  As,  qui  appelait 
impudemment  sa  province  «  le  jardin  de  Coraich  ». 
A  Bassora,  un  autre  cousin  du  khalife,  iVbd  allah  ibn  Amir, 
remplaça  dans  le  gouvernement  le  pieux  Abou  Mousa  al 
Achary.  L'élévation  soudaine  de  ces  Coraïchites,  croyants 
médiocres,  convertis  tardifs  et  longtemps  ennemis  achar- 
nés du  prophète,  fit  murmurer  tous  les  musulmans  sin- 
cères. Mais  le  mécontentement  fut  au  comble  lorsque 
Othman  enleva  le  gouvernement  de  l'Egypte  à  Amr  ibn 
el  As  qui  venait  de  conquérir  une  seconde  fois  cette  pro- 
vince en  repoussant  une  armée  grecque  envoyée  de  Cons- 
tantinople  et  remplaça  ce  vaillant  guerrier  par  Abd  allah 
ibn  Aby  Sarh,  jadis  proscrit  par  Mohammed.  Enfin  la  ré- 
daction définitive  du  Coran  et  l'imposition  à  toutes  les 
provinces  d'un  texte  uniforme  (Y.  Corâx)  soulevèrent 
contre  le  khalife  de  nouvelles  haines.  Tous  ceux  dont  les 
croyances  religieuses  se  trouvaient  froissées  par  l'adop- 
tion d'une  version  du  livre  saint,  différente  de  celle  à  la- 
quelle ils  accordaient  leur  confiance,  crièrent  à  l'abus  et 
à  l'impiété.  Les  anciens  compétiteurs  d'Othman  ne  se 
firent  point  faute  d'exploiter  à  leur  profit  son  impopularité  : 
Talha,  Zoban%  Ali  surtout,  qui,  fort  de  son  double  titre 
de  fils  adoptif  du  prophète  et  de  premier  converti  à  l'is- 
lam, réclamait  le  khalifat  comme  son  légitime  héritage.  Un 
vaste  complot  s'organisa.  Dans  toutes  les  provinces,  sauf 


OTHMAN  —  OTIS 


-  664 


CJi  Syrie,  io  peuple  deinuiida  Jii  déposition  de^  i^oiiveriienis 
omeyvades.  Otliman,  par  faiblesse  de  caractère,  ne  sut  se 
résoudre  ni  à  donner  complète  satisfaction  aux  rebelles, 
ni  à  étouffer  la  révolte  par  des  mesures  de  rigueur. 
A  Koufa,  oii  avaient  éclaté  les  premier's  troubles,  il  con- 
sentit à  remplacer  Said  ben  el  As  par  Abou  Mousa  el 
Acliary,  mais  il  maintint  partout  ailleurs  les  gouverneurs 
de  son  cboix.  f'n  6oG,  les  conjurés  se  résolurent  à  mar- 
clier  sur  Médine,  et  au  mois  de  juin,  le  kbalife  se  vit  assiégé 
dans  sa  demeure  i)ar  des  bandes  menaçantes,  veiuies  de 
Koul'a.  de  Bassora  el  <lu  (liùro.  Devant  l'immiiiencedu  dan- 
ger, Otbman  se  laissa  arraclier  la  destitution  dlbn  Aby 
Sarh  du  gouvernement  de  l'Egypte.  Mais  à  pein(*  les  insur- 
gés avaient-ils  quitté  Médine,  qu'il  dépècba  vers  Fostat 
un  courrier,  porteur  d'un  ordre  qui  contirmait  Ibn  Aby 
Sarli  dans  ses  pouvoirs.  Or  cet  émissaire  fut  arrêté  en 
route  par  la  troupe  des  rebelles  égyptiens.  Indignés  de 
cette  ti'ahison  du  khalife,  ils  revinrent  sur  leurs  pas,  en- 
trèrent dans  Mé<line,  prirent  d'assaut  la  demeure  d'Oth- 
man  et  mirent  à  mort  le  vieillard  sans  défense.  Son  corps 
resta  trois  jours  privé  de  sépulture. 

Malgré  ces  troubles  intérieurs,  le  khalifat  d'Othman  fut 
marqué  au  dehors  par  des  guerres  heureuses  et  de  nou- 
velles conc{uêtes.  Moawya  s'empara  de  l'île  de  Chypre  et 
imposa  tribut  au\  princes  de  l'Arménie,  après  les  avoir 
battus  dans  plusieurs  rencontres.  Une  vaste  expédition 
fut  organisée  contre  les  possessions  grecques  de  l'Afrique 
du  Nord  ;  Ibn  Aby  Sarh  et  Abd  Allah  ibn  Zobair  vain- 
quirent à  Yacouba  une  armée  byzantine  ;  les  tribus  ber- 
i)ères  de  la  ïripolitaine  furent  soumises.  Enfin  Abd  Allah 
ibn  Amir  poursuivit  dans  le  Khorassan  le  malheureux  Yez- 
degerd  qui  cherchait  vainement  à  prolonger  la  lutte  avec 
l'aide  des  tribus  turcomanes,  et,  après  la  mort  tragique  de 
ce  prince,  les  troupes  musulmanes  s'avancèrent  victo- 
rieuses jusqu'à  rOxus.  W.  Mârçais. 

]^)iBL.  :  Wkii..  Geschichte  der  CJiaUfen;  Manheim  et 
Stuttgart,  181G-G9.  —  Siïdillot,  Histoire  des  Aruhes  ; 
l'aris^  18ot.  —  Alfred  vox  Krf.mer.  Geschichte  der  herr- 
schenden  Ideen  des  Islnms  ;  Leipzig-.  tSO'l 

OTHMAN,  sultans  turcs  (V.  Osman). 

OTHO  (Valentinus),  mathématicien  allemand,  né  pro- 
bablement à  Magdebourg  vers  1350,  mort  à  Heidelberg 
vers  1600.  Il  vint  en  ia7o  à  Wittemberg  s'offrir  à  Rheticus 
pour  l'aider  dans  ses  travaux,  hérita  l'année  suivante  de 
ses  papiers,  notaunnent  du  manuscrit  inachevé  de  sa  tri- 
gonométrie avec  tables,  qu'il  termina  et  chercha  à  publier. 
Après  avoii'  é.;houé  auprès  de  l'empereur  Rodolphe  II, 
dont  le  prédécesseur  lui  avait  promis  son  appui,  il  revint 
à  Wittemberg,  oii  il  obtint  une  chaire  de  mathématiques  ; 
mais,  comprouds  avec  Peucer  comme  calviniste,  il  dut  se 
réfugier  auprès  de  l'électeur  palatin  Frédéric  IV,  grâce 
auquel  il  put  enthi  éditer,  en  1596.  l'important  Oy;?/^/;^//^/- 
liiuun  de  Inangnlis,  (iGeonj.  Joach.  Wietiro  cœptiun, 
a  1..  Valentino  Olhone  conmmmaluui.  A  sa  mort,  on 
retrouva  dans  ses  papiers  le  manuscrit  original  des  ?ie,vo- 
lufiones  de  Copernic,  et  la  grande  Table  dans  laquelle 
Rheticus  avait  calculé  avec  15  décimales  les  sinus  des  arcs 
de  iiy^  en  iO''.  Cette  Table  (pie  Otho,  par  une  singulière 
erreur  de  mémoire,  croyait  avoir  laissée  à  Wittemberg, 
fut  complétée  et  publiée  en  1613  par  Pitiscus,  sous  le 
titre  de  TJiesannis  Diathematicus.  T. 

OTHOMI,  OTOMl  ou  HAÏTHIOU.  Peuple  mexicain  qui, 
après  de  longs  déplacements,  se  fixa,  vers  le  début  du 
XV*-  siècle,  dans  la  région  de  Tezcuco,  occupant  les  hautes 
terres  au  N.  de  Mexico,  juscju'au  pays  des  Huaxtecs 
et  des  Totonaques  au  N.-E.  Des  colonies  mexicaines  plus 
civilisées  émadlaient  ce  territoire.  Les  Othomi  se  sont 
perpétués  et  on  en  compte  environ  700.000  répartis  en 
diverses  tribus  :  Serrano,  Majahna,  Pamo,  lona  et  Mec. 
Leur  langue  est  très  particulière  ;  leur  numération  va  de 
5  en  5  et  de  20  en  20. 

P.ii:l.  :  Naxkra.  (/^^  Liiujjiu  0/,/(om//o)'H*n  ;  Philadelphie, 
l^,^>.  —  l*icc()LO.\nM.  Gminnndini  ;  liome,  ISJl.  —  Vw 
Mi'i.i.KR,  S/:);7(r/(\s-/.ssP/(,';r//,'(/7  :  N'ieiiiie.  18,s> 


OTHON  (Marcus-Salvius  Otho).  empereur  romain  (69), 
né  en  32,  mort  à  Brixellum  le  15  avr.  69.  D'une  vieille 
famille  étrusque  de  Eerentinum,  son  grand-père  M,  Salvius, 
protégé  par  Livie,  devint  sénateur;  son  père  Lucius  Salvius, 
favori  de  Tibère,  fut  consul  suppléant  en  33  et  proconsul 
d'Afrique;  son  frère  aîné,  Lucius  Salvius  Otho  Titianus, 
fut  consul  en  52,  proconsul  en  Asie  (63),  consul  encore 
avec  son  cadet  quand  il  devint  empereur,  et  épargné  par 
Vitellius.  —  Othon  était  un  homme  de  taille  moyenne, 
d'allure  efféminée,  portant  perruque,  compagnon  de  plaisirs 
de  Néron  qui,  devenu  amoureux  de  sa  femme  Poppée,  l'en- 
voya gouvernei'  en  Lusitanie  oii  il  demeura  dix  ans.  Il 
fut  des  premiers  à  proclamer  Galba  empereur,  et  revint 
avec  lui  à  Rome,  mais  le  voyant  désigner  pour  son  suc- 
cesseur Pison,  alors  qu'il  espérait  cette  succession,  il 
conspira  contre  Galba.  Salué  empereur  par  les  prétoriens, 
il  fit  arracher  l'effigie  de  Galba  qui  fut  tué  par  un  soldat. 
Le  soir  même,  le  sénat  jura  fidélité  à  Othon.  Celui-ci  fut 
indulgent  pour  ses  ennemis  et  satisfit  le  peuple  par  la 
mort  de  Tigellinus,  favori  de  Néron.  Il  fut  reconnu  en 
Afrique  et  Mauritanie,  en  Espagne  et  par  les  légions  de 
Pannonie,  Dalmatie  et  Mésie,  d'Egypte,  de  Palestine,  de 
Syrie  ;  mais  k  l'instigation  de  Valens,  celles  de  Germanie 
avaient  proclamé  empereur  leur  général  Vitellius  avant  la 
mort  de  Galba.  Le  reste  de  la  Gaule  se  prononça  pour 
celui-ci.  Othon  lui  proposa  une  transaction,  mais  on  ne 
put  s'entendre.  Othon  quitta  Rome  le  14  mars  pour  aller 
à  la  rencontre  de  l'ennemi  ;  lui-même  marchait  à  pied  en 
tête  des  troupes  ;  ses  habiles  lieutenants  défirent  à  plu- 
sieurs reprises  Csecina,  l'un  des  généraux  de  Vitellius  ; 
quand  il  eut  opéré  sa  jonction  avec  l'autre,  Valens,  ils 
conseillaient  d'attendre  l'arrivée  des  légions  du  Danube  ; 
Othon  insista  pour  en  finir  de  suite.  Son  armée,  commandée 
par  son  frère,  fut  complètement  défaite  à  Bédriac,  au  bord 
du  Po  ;  bien  qu'il  eut  encore  des  forces  considérables,  il 
ne  voulut  pas  prolonger  la  lutte  et  se  suicida.  Il  fut  en- 
seveli à  Brixellum.  A. -M.  B. 

OTHON.  Empereurs,  princes  et  personnages  allemands 
(V.  Otton). 

OTHON I EL  (V.  Juge,  t.  XXI,  p.  245). 
OTHRYS.  Montagne  de  la  Grèce  (Y.  ce  mot,  t.  XIX, 
p.  274). 

OTIDIDÉS  (Zool.)  (Y.  OuiARmO. 
OTIORHYNCHUS.  I.  Entomologie.  — Genre  d'Insectes 
Coléoptères,  de  la  famille  des  Curculionides,  établi  pai* 
Germar  (///.v.  Spec,  1821,  p.  313).  Ce  sont  desinsectesde 
petite  taille,  de  couleurs  peu  brillantes  et  dépourvus  d'ailes. 
On  les  rencontre  sur  les  plantes,  les  chemins  ou  sous  les 
pierres.  Certaines  espèces  sont  nuisibles  à  l'agriculture. 
Le  genre  comprend  plus  de  400  espèces  appartenant  sur- 
tout à  ri]in'ope,  à  l'Asie  et  à  la  région  méditerranéenne. 
L'espèce  la  plus  commune  est  VO.  Ligustici  L.  ou  Bé- 
care,  long  de  12  à  15  millim.,  noir,  recouvert  d'écaillés 
d'un  gris  terreux  ;  cet  insecte  est  nuisible  aux  plantations 
de  pêchers,  dans  les  environs  de  Paris. 

IL  YrncuLTuaE.  —  Plusieurs  espèces  de  ce  genre  de  Cur 
culionides,  et,  en  particulier,  les  OHorhynchm  ligustici, 
sulcaliis,  picipes,  commettent,  à  l'état  d'insectes  parfaits, 
des  ravages  assez  considérables  dans  nos  vignobles.  Dès 
les  premiers  jours  de  printemps,  lorsque  les  bourgeons 
commencent  à  grandir,  et  même  lorsque  les  premières 
feuilles  se  sont  épanouies,  ils  grimpent  pendant  la  nuit 
sur  les  souches  et  là  se  mettent  en  devoir  de  ronger  bour- 
geons et  jeunes  feuilles.  A  l'aube,  ils  descendent  et  vont 
se  dissimuler  sous  les  mottes,  sous  les  pierres  qui  existent 
à  la  surface  du  sol.  C'est  là  que,  pendant  la  journée,  le 
vigneron  qui  veut  les  détruire  doit  les  chercher.  On  peut 
aussi  leur  faire  la  chasse  de  grand  matin,  en  se  servant 
de  l'entonnoir  échancré  employé  pour  la  destruction  de 
l'Eumolpede  la  vigne.  Le  crapaud  comnmn(Bufo  vulga- 
ris)  s'en  montre  très  friand  et,'peut  devenir  un  auxiliaire  utile. 
OTIS  (George-Alexander),  chirurgien  américain,  né  à 
Boston  le  1 2  nov.  1 830.  mort  à  Washington  le  23  févr .  1 88 1 . 


-~  665  — 


OTiS  ---  OTITE 


Kecii  docteur  à  Philadelphie  en  1851,  il  vint  à  Paris 
suivre  les  leçons  de  Nélaton,  de  Malgaigne,  etc.,  et  ac- 
quit les  premières  notions  de  chirurgie  militaire  en  voyant 
soigner  les  blessés  du  coup  d'Ktat.  Lors  de  la  guerre  de 
la  sécession,  il  prit  du  service  dans  l'armée  et  à  la  fin  de 
la  guerre,  en  1865,  fut  chargé  d'écrire  l'histoire  chirur- 
gicale de  la  campagne.  Après  plusieurs  rapports  publiés 
dans  les  Circiilars  du  Surgeon  f/eneml,  il  mit  au  jour  en 
1870  et  1876  les  deux  volumes  de  son  remarquable  :Snr- 
(jical  History  of  the  war  of  rébellion,  véritable  monu- 
ment élevé  à  la  science  chirurgicale.  A  l'époque  de  sa 
mort,  il  était  chirurgien  de  l'armée,  avec  le  grade  de 
major.  '  D''  L.  Hn. 

OTITE.  On  donne  le  nom  d'otite  à  l'inflammation  de 
l'oreille.  On  divise  les  otites,  suivant  la  partie  anatomique 
atteinte,  en  otites  externe,  moyenne  et  interne. 

OriTE  EXTERNE.  —  C'est  l'inflammation  du  conduit  au- 
ditif externe,  la  peau  y  étant  riche  en  glandes  sudoripares 
et  sébacées;  on  y  observe  la  furonculose  (V.  Orkille, 
SS  Pathologie)  due  aux  staphylocoques.  L'otite  externe 
survient  à  la  suite  de  la  dentition,  de  lièvres  éruptives, 
de  grattages  dans  l'eczéma  de  l'oreille  ;  on  a  oîjservé  une 
otite  parasitaire  due  à  un  genre  d'Aspergillus. 

prrrE  moyenne  aiguë.  —  Causes.  Elle  est  due  au 
froid,  à  des  manœuvres  chirurgicales  maladroites  pour 
extraire  un  corps  étranger,  à  une  douche  nasale  mal  faite, 
à  un  tamponnement  septique  des  fosses  nasales;  mais 
c'est  surtout  une  complication  fréquente  des  fièvres  érup- 
tives :  rougeole  et  scarlatine,  de  la  grippe,  de  la  fièvre 
typhoïde;  le  catarrhe  aigu  des  premières  voies  respira- 
toires, la  pharyngite,  l'amygdalite,  les  tumeurs  adénoïdes 
propagent  leur  inflammation  à  la  trompe,  et  l'infection 
microbienne  gagne  l'oreille  moyenne  :  tel  est  le  méca- 
nisme de  la  maladie. 

Symptômes.  La  caractéristique,  c'est  la  formation  ra- 
pide dans  la  caisse  d'un  exsudât  qui  devient  promptement 
purulent  ;  la  douleur  est  déchirante,  atroce,  c'est  le  signe 
dominant  ;  c'est  souvent  la  nuit  qu'elle  débute  :  un  enfant 
atteint  de  rougeole,  par  exemple,  se  réveille  en  poussant 
des  cris  ;  il  pleure,  porte  la  main  à  l'oreille  ;  il  y  a  des 
exacerbations  et  des  moments  de  répit,  la  face  est  conges- 
tionnée, la  peau  chaude  ;  il  peut  y  avoir  des  convulsions, 
des  phénomènes  de  méningisme  avec  délire  ;  la  situation 
paraît  inquiétante  ;  si,  à  ce  moment,  on  examine  l'oreille, 
ce  qui  est  indispensable,  on  peut  voir  la  membrane  rou- 
geâtre  et  Texsudat  faisant  voussure  ;  le  plus  souvent,  on 
ne  regarde  pas,  on  donne  des  calmants  et  au  bout  de  deux 
ou  trois  jours,  subitement  la  détente  s'opère  ;  un  grand 
bien-être  succède  à  la  douleur,  le  malade  sent  son  oreille 
humide  :  c'est  le  tympan  qui  s'est  crevé  sous  la  pression 
de  l'épanchement. 

Si  l'on  examine  l'oreille  après  la  perforation,  on  voit 
au  milieu  d'un  magma  muco-purulent  un  point  brillant 
isochrome  au  pouls  :  c'est  le  pertuis  par  oii  s'écoule  l'ex- 
sudat.  En  même  temps,  il  y  a  une  surdité  passagère  plus 
ou  moins  marquée. 

Complications.  C'est  une  aifection  relativement  bénigne 
qui  guérit  dans  l'immense  majorité  des  cas  sans  laisser  de 
traces,  surtout  si  on  a  appliqué  rapidement  une  thérapeu- 
tique éclairée  ;  cependant,  chez  l'enfant,  en  raison  de  la 
tissure  de  la  voiîte  de  la  caisse  à  travers  laquelle  passe  la 
dure-mère,  il  peut  survenir  des  complications  cérébrales. 

Variétés.  L'otite  de  la  grippe  donne  lieu  à  une  otor- 
rhée  abondante  et  à  de  fréquentes  complications  mastoï- 
diennes. Sept  fois  sur  dix,  dans  la  rougeole,  il  y  a  de 
l'otite,  qui  n'a  que  trop  souvent  des  conséquences  graves, 
souvent  méconnue,  car  elle  est  insidieuse  ;  l'écoulement 
est  très  abondant  et  détruit,  parfois  rapidement,  l'appareil 
transmetteur  ;  les  deux  oreilles  pouvant  être  prises  simul- 
tanément ou  consécutivement,  il  s'ensuit,  outre  le  danger 
immédiat  et  toujours  possible  de  méningite,  d'abcès  céré- 
braux, une  surdité  tardive  pouvant  compromettre  plus 
tard  la  vie  sociale  des  petits  malades  et  même  amener  la 


surdi-mutité  (V.  Sludité),  car  loul   enfant  atteint   de 
surdité  totale  avant  huit  ans  devient  muet. 

Diagnostic.  Il  est  facile,  si  l'on  se  donne  la  peine  de 
regarder  les  oreilles  ;  on  ne  confondra  pas  avec  une  mé- 
ningite commençante. 

Traitement.  Pour  être  très  ettlcace,  il  doit  être  rapide 
et  opportun.  D'abord  et  avant  tout,  étant  prévenu  des 
maladies  qui  se  compliquent  d'otites,  on  les  évitera  sou- 
vent avec  [un  peu  de  soin  ;  il  faut  soigner  les  coryzas, 
faire  l'antisepsie  des  fosses  nasales,  du  rhino-pharynx  par 
des  lavages  et  badigeonnages  antiseptiques  ;  on  arrêtera 
ainsi  la  propagation  de  l'inflammation  microbienne  jusqu'à 
la  trompe,  et,  par  conséquent,  on  évitera  l'otite.  L'otite 
déclarée  avant  la  suppuration,  il  faut  calmer  les  douleurs 
par  des  bains  chauds  d'oreilles  avec  de  la  cocaïne  et  de 
la  glycérine  phéniquée  tiède  ;  si  les  douleurs  persistent, 
appliquer  une  vessie  de  glace  sur  la  région  mastoïdienne  : 
chaleur  intus,  froid  extra,  telle  est  la  clef  du  traitement 
abortif  des  otites  aiguës  (Lermoyez). 

Si,  au  bout  de  quarante-huit  heures,  il  n'y  a  pas  d'amé- 
lioration, il  faut,  sans  hésiter,  faire  la  ponction  du  tympan 
pour  donner  issue  au  pus;  car  il  y  m\  parfois  de  la  vie  du 
malade;  elle  se  fait  au  moyen  d'un  bistouri  étroit  spécial, 
c'est  la  paracentèse  du  tympan.  7\près,  le  malade  est 
très  soulagé,  la  cicatrisation  s'opv^re  avec  une  rapidité 
inconcevable;  s'il  survenait  des  signes  de  rétention,  il 
faudrait  ne  pas  hésiter  à  recommencer  cette  petite  opé- 
ration :  c'est  une  question  vitale  ;  car  chez  l'enfant,  mé- 
ningisme devient  bien  vite  méningite. 

Otite  syphilitique.  Les  accidents  primitifs  (chancre  de 
l'amygdale,  chancre  de  la  trompe  dû  à  une  sonde  infec- 
tée), les  accidents  secondaires  (plaques  muqueuses  pha- 
ryngiennes), les  accidents  tertiaires  (gommes  du  pharynx) 
peuvent  amener  des  otites. 

Otite  catarrhale  aiguë.  C'est  une  afl'ection  saison- 
nière, propagation  d'angine  et  de  pharyngite  dans  les  prin- 
temps humides  et  chez  les  prédisposés  (enfants  atteints  de 
végétations  adénoules). 

Symptômes.  Sensation  de  plénitude  de  l'oreille  avec 
douleurs  lancinantes  augmentant  par  la  déglutition,  la 
mastication,  obstruction  de  la  trompe,  d'oîi  surdité. 

Le  pronostic  en  est  bénin,  sauf  chez  les  scrofuleux  où 
elle  peut  récidiver  et  s'installer  chroniquement. 

Traitement.  Il  consiste  à  faire  l'antisepsie  rigoureuse 
du  pharynx,  et  cathétérisme  de  la  trompe  d'Eustacbe  avec 
douches  d'air. 

Otite  moyenne  chronique.  —  Toute  otite  aiguë  pourra 
devenir  chronique  si  elle  a  été  mal  soignée  ou  si  elle 
se  développe  sur  un  terrain  favorable  (scrofule,  tuber- 
culose, syphilis,  adénoïdiens)  ;  en  général,  les  deux  oreilles 
sont  prises. 

Symptômes.  Presque  toujours  indolores.  Les  malades 
consultent  parce  qu'ils  ont  une  diminution  de  l'ouïe,  des 
bourdonnements  ;  les  altérations  de  l'oreille  peuvent  porter 
sur  toutes  ses  parties  :  appareil  transmetteur,  caisse,  osse- 
lets, tympan.  En  examinant,  on  voit  une  membrane  terne, 
sans  triangle  lumineux  ;  il  peut  y  avoir  une  perforation , 
le  tympan  peut  paraître  normal  et  le  malade  être  très 
sourd  :  c'est  qu'alors  il  y  a  lésions  graves  des  osselets  et 
de  la  caisse.  Toute  compression  intra-labyrinthique  donne 
lieu  à  des  vertiges. 

Pronostic.  Est  très  variable  ;  c'est  la  douche  d'air,  le 
diapason  qui  renseignera  sur  le  degré  de  l'acuité  audi- 
tive. 

Otite  moyenne  chronique  sèche.  Sclérose  tympanique. 
—  Elle  débute  d'emblée  et  marche  fatalement  à  la  sur- 
dité. Elle  s'observe  surtout  chez  l'adulte,  chez  les  arthri- 
ti([ues,  les  goutteux.  Aucune  affection  n'est  plus  hérédi- 
taire, on  voit  des  enfants  devenir  sourds  au  même  âge 
que  leurs  parents.  L'otite  scléreuse  est  caractérisée  par 
des  fausses  membranes  dans  la  caisse,  de  l'ankylose  des 
osselets.  Le  tympan  est  épaissi,  scléreux. 

Symptômes.  I.es  malades  se  plaignent  d'une  surdité 


OT[TE  —  OTTAWA 


—  666  — 


progressive  qu'aucun  traitement  n'améliore  ;  mais  ce  ([ui 
les  gène  le  plus,  ce  sont  les  bruits  qu'ils  entendent  et  qui, 
parfois,  leur  donnent  des  idées  do  suicide.  La  marche  de 
la  sclérose  de  ToreiRe  est  mallieureusement  progressive, 
mais  la  surdité  complète  peut  mettre  jusqu'à  vingt  ans 
pour  s'installer.  On  s'efforcera  de  sup}>rimer  les  f)ruits 
(opérations  sur  les  osselets,  massage  du  tympan). 

Othr  pciujLENTF,  (  nuo^iQUE.  Otorrïiér.  —  (Vcst  dc 
tous  les  processus  morbides  qui  envahissent  l'oreille  celui 
qui,  localement,  fait  le  plus  de  ravages.  L'otorrhéc  a  tou- 
jours pour  point  dc  départ  une  otite  moyenne  aiguë  ;  on 
l'observe  à  tout  âge  ;  mais,  mèm.e  chez  Fadulte,  dans 
l'immense  majorité  des  cas,  elle  date  de  l'enfance.  La 
cause  en  est  dans  le  traitement  nul  ou  défectueux  ([ui  a 
été  fait  au  moment  de  l'otite  aiguë.  Llle  ne  devrait  pour 
ainsi  dire  pas  exister  ;  malhem'eusement,  c'est  un  préjugé 
funeste  qui  fait  croire  à  bien  des  gens  qu'un  écoulement 
d'oreilles  peut  être  négligé  et  même  qu'on  doit  le  respec- 
ter I  Tandis  qu'au  contraire  on  devrait  se  pénétrer  de 
cette  idée  que  tout  écoulemeiit  d'oreille  bien  traité  dès  le 
début  doit  guérir  rapidement.  Tout  écoulement  d'oreille 
négligé,  indépendamment  des  difficultés  (ju'il  crée  à  la  vie 
sociale,  peut  entraîner  la  mort  par  a])cès  cérébraux  ou 
méningites.  L"otorrhée  s'observe  surtout  chez  les  prédis- 
posés scrofuleux,  tuberculeux  ;  l'examen  local  doit  tou- 
jours être  précédé  d'un  lavage  abondant  de  l'oreille,  on 
voit  alors  le  tympan  avec  sa  ou  ses  perforations.  Selon 
l'ancienneté  de  la  maladie,  les  lésions  destructives  sont 
variables;  il  peut  y  avoir  carie,  perte  des  osselets,  fongo- 
sités  dans  la  caisse,  excroissances  polypiformes,  corps 
étrangers. 

Les  malades  consultent  parce  que  leur  oreille  coule  par- 
fois avec  une  abondance  extrême  ou  d'une  façon  insigni- 
tiante  et  il  y  a  des  arrêts  pendant  des  jours,  des  mois  ; 
puis  l'écoulement  reprend  ;  le  pus  jaunâtre  est  inodore  ou 
très  fétide  ;  il  peut  s'écouler  également  par  la  trompe 
dans  le  pharynx  et  donner  lieu  à  des  troubles  digestifs. 
En  général,  la  surdité  n'est  pas  complète,  et  les  malades 
ne  se  plaignent  pas  de  bruits  et  bourdonnements.  La 
marche  de  la  maladie  est  très  variable  ;  elle  dépend  du 
terrain  du  traitement  ;  chez  les  tuberculeux,  elle  s'éter- 
nise. Toute  personne  dont  l'oreille  suppure  est  toujours 
sous  la  menace  de  complications  graves  du  coté  du  cer- 
veau et  des  méninges;  il  faut  se  méfier  lorsqu'un  écoule- 
ment s'arrête  brus(piement  et  qu'il  survient  de  la  fièvre, 
maux  de  tête,  délire  et  coma,  l'intervention  chirurgicale 
doit:  être  immédiate. 

Traitement.  C'est  par  une  antisepsie  rigoureuse  du 
conduit,  des  soins  minutieux  qu'on  peut  arriver  à  tarir 
l'écoulement  et  même  à  guérir  l'otorrhée. 

Complications  mastoïdiennes.  L'apophyse  mastoïde, 
constituée  par  une  quantité  de  petits  pertuis  osseux  com- 
muniquant avec  l'oreille,  est  envahie  par  la  suppuration 
assez  souvent  ;  il  n'est  pas  rare  chez  l'enfant  qu'un  abcès 
du  conduit  vienne  s'ouvrir  spontanément  dans  la  couche 
sous-cutanée  mastoidienne.  Dans  les  abcès  intra-mastoi- 
diens,  le  conduit  auditif  est  indemne,  la  caisse  seule  est 
atteinte  ;  ils  s'annoncent  par  une  exacerbation,  de  la 
fièvre,  un  empâtement  de  la  région  mastoïdienne  avec  dis- 
parition du  sillon  rétro-auriculaire'et  une  douleur  vive  qu'on 
provoque  en  pressant  l'apoi^hyse.  Il  y  a  insomnie,  agita- 
tion, parfois  délire  et  coma  ;  la  marche  est  lente,  le  pus 
se  fait  jour  au  dehors,  c'est  l'issue  heureuse,  ou  dans  le 
crâne,  c'est  la  mort.  Il  faut  donc  intervenir  ni  trop  tôt, 
ni  trop  tard.  On  fait  la  trépanation  de  l'apophyse  mas- 
toïde :  c'est  une  des  opérations  les  plus  délicates  et  les 
plus  graves  de  la  chirurgie  auriculaire.  En  résumé,  les 
otites  sont  des  complications  de  beaucoup  de  maladies 
infectieuses,  surtout  les  éruptives  ;  elles  ne  doivent  leur 
gravité  qu'à  ce  qu'elles  sont  souvent  méconnues  ou  dédai- 
gnées, comme  de  peu  de  conséquence  ;  cependant,  le  voi- 
sinage du  cerveau  fait  que  malheureusement  les  com- 
plications intra-craniennes  mortelles  ne  sont  que  trop 


fréquentes  alors  que  des  soins  opportuns  au  début  auraient 
guéri  la  maladie.  D^'  L.  Pixel  Maisonneuve. 

P)iHL.  :  IIi:rmi;t,  Leçons  sur  les  iHcihidies  des  oreilles, 
1^92.  —  CAsri;x.  Muladies  du  lurijnx,  du  nez,  des  oreilles, 
1^1>8.—  fj^RMOYi-z.  T  m  itement  d'urgence  de  l'otite  moyenne 
dKjiu"',  d'dusi  Presse  laédicide^  févr   1897. 

OTLEY.  Ville  d'Angleterre,  comté  d'York  (West  Ri- 
dhig),  sur  le  Wbarfe  ;  7.838  hab.  (en  1891).  Pape- 
teries, fabriques  de  matériel  d'imprimerie  et  de  reliure, 
imprimeries. 

OTMAR  (vSaiut),  premier  abbé  de  Saint-GaU,  mort  dans 
Tiu.  de  Werd.  près  de  Stein,le  IG  nov.  7^)9.  C'est  en  7"20 
(fu'il  fut  nommé  abbé  de  l'abbaye  de  Saint-Gall.  Tl  pré- 
para la  future  grandeur  de  cette  maison.  En  747 
ou  748,  il  remplaça  la  règle  de  (^olomban  par  celle  de 
Saint-Benoît;  avec  lui  commence  la  prépondérance  des 
Alamans,  des  moines  nationaux,  sur  les  Celtes  immigrés. 
Il  ajouta  à  l'abbaye  des  hospices,  et  y  fonda  probablement 
une  école.  Pépin,  qu'il  avait  invité,  le  protégeait.  Les  dons, 
les  legs  affluaient.  Les  seigneurs  en  devinrent  jaloux.  Les 
comtes  Warin  et  Ruodhart  ayant  mis  les  mains  sur  quel- 
([ues  livres  de  l'abbaye,  Otmar  allait  se  plaindi^e  auprès 
de  Pépin,  quand  les  comtes  l'enlevèrent.  Dès  la  fin  du 
ix^  siècle,  Otmar  est  considéré  comme  le  patron  de  l'abbaye 
qu'il  avait  renouvelée. 

OTOCÉPHALE  (Térat.)  (V.  Cyclopir  et  Monstre). 

OTOCÉPHALIENS  (Térat.)  (V.  Monstre). 

OTOCYON  (V.  Chien,  t.  XI,  p.  ^2). 

OTO MACOS.  Indiens  du  Venezuela,  sur  le  moyen  Oré- 
uoque,  entre  la  Meta  et  l'Apuré,  parents  des  Guaranis, 
eux-mêmes  mangeurs  de  terre. 

OTOMI  (Mexique)  (V.  Otiio.mi). 

OTO  IV!  Y  S  (Zool.)  (V.  GERmixE). 

OTOPLASTIE.  L'otoplastie  est  une  opération  dont  le 
but  est  la  restauration  de  l'oreille  soit  sectionnée  (coup 
de  sabre,  supplices)  ou  détruite  par  une  maladie.  Cette 
opération  était  fréquente  dans  l'antiquité  oii  le  supplice 
de  l'amputation  des  oreilles  était  très  usité.  Elle  réussit 
si  l'oreille  sectionnée  est  immédiatement  réappliquéo; 
quant  à  la  restauration  symplastique  (à  la  suite  d'ulcé- 
rations destructives),  elle  se  fait  par  glissement  ou  par  la 
méthode  itahenne  et  par  greffes;  elle  est  rare  et  donne 
peu  de  résultats.  \Y  L.  Pixel  Maisonneuve. 

OTOZAIVIITES  (Paléont.  végét.)  (V.  Cycâdacées  [Pa- 
léont.],  t.  Xm,  p.  632). 

OTRANTE.  (grec,  'ToooO";  ;  latin,  Hydruntum). 
Ville  dTtalie,  prov.  de  Lecce,  à  5  kil.  N.  du  cap 
d'Otraute.  pointe  extrême  de  l'ItaHe,  vers  l'E.,  au  bord 
du  canal  d'Otranfe,  large  de  72  kil.,  entre  l'Albanie  et 
l'Italie,  qui  unit  les  mers  Ionienne  et  Adriatique.  La  pro- 
vince dc  Lecce,  (pii  forme  la  presqu'île  représentant  le  talon 
de  la  botte  italienne,  s'appelait  jadis  Terre  d'OIranle. — 
La  ville  a  2.000  hab.  ;  elle  est  le  siège  d'un  archevêché. 
Sa  cathédrale,  détruite  par  les  Turcs  et  restaurée,  ren- 
ferme une  crypte.  Château,  restes  de  fortifications.  Pê- 
cheries. —  Ancienne  colonie  grecque,  elle  fut  l'un  des 
lieux  de  passage  d'ItaUe  en  Grèce,  supplantant  Brin- 
disi  à  partir  du  iv^  siècle  ap..  J.-C.  Les  Byzantins  la  con- 
servèrent jusqu'au  xi^.  Elle  fut  détruite  par  les  Turcs, 
en  1480;  ceux-ci  furent  repoussé  en  1537.  Napoléon 
nomma,  en  1810,  Fouché  duc  d'Otrante. 

OTRICOLL  Ville  d'Italie,  prov.  de  Pérouse,  près  du 
Tibre;  1.000  hab.  C'est  l'antique  Ocriculum.  Les  ruines 
romaines  (temples,  tombeaux,  aqueducs)  ont  fourni  au 
musée  du  Vatican  {Sala  rotonda),  un  célèbre  buste  de 
Zeus  et  une  belle  mosaïque.  Ya\  1799,  les  Français  y  défi- 
rent les  Napohtains. 

0TTAKRIN6.  Faubourg  de  Vienne  (V.  ce  mot). 

OTTANGE  (OEttingen)'.  Corn,  de  la  Lorraine  allemande, 
cercle  de  Thionville,'  cant.  de  Cattenom  ;  1.800  hab, 
Forges  et  hauts  fourneaux. 

OTTAWA.  Grande  rivière  du  Canada,  un  des  affluents 
les  plus  importants  du  Saint-Laurent.  Elle  naît  à  48°  30' 


—  ()(i7  — 


OTTAWA  —  OTTO 


de  lat.  N.,  coule  à  Ï\L,  traversant  une  série  de  petits 
lacs  (tels  que  le  lac  Mijczonaja  et  le  lac  des  Quî]r/.e),  passe 
dans  le  grand  lac  Temiscamingue,  situé  à  186  m.  au-des- 
sus de  la  mer,  tourne  ensuite  vers  le  S.--0.,  forme  la 
frontière  entre  la  province  d'Ontario  et  celle  de  Qu-'-becet 
se  jette  dans  le  Saint- Laurent  par  deux  bras,  l'un  au- 
dessus  de  Montréal,  l'autre  à  l)o  kil.  plus  loin.  L'Ottawa 
a  tantôt  la  dimension  d'un  lac,  tantôt  celle  d'un  (leuve 
étranglé  par  des  rocliers  et  rendu  non  navigable  par  des 
chutes  puissantes  (telles  que  celles  de  Carillon  et  de  Chau- 
dière, près  de  la  ville  d'Ottawa).  Il  est  navigable  jusqu'à 
la  ville  qui  porte  son  nom.  Son  débit  est  de  8.700  m.  c. 
par  seconde;  son  bassin  comprend  207.000  kil.  q.  ;  cou- 
vert de  forets  d'une  abondante  végétation,  il  fournit  de 
colossales  quantités  de  bois  de  construction. 

OTTAWA.  Nom  de  plusieurs  villes  d'Amérique. 

i^  Capitale  de  la  confédération  canadienne  connue  sous 
le  nom  de  Dominion,  ville  de  la  province  d'Ontario,  située 
à  l'embouchure  du  Rideau,  dans  l'Ottawa.  Le  Rideau  la 
divise  en  haute  et  basse  ville  ;  son  pont  suspendu,  ses  cas- 
cades, une  vue  panoramique  sur  la  vallée  ont  contribué  à 
sa  réputation.  Le  parlement  fédéral,  énorme  édifice  de 
style  gothique  qui  date  de  1860,  construit  sur  le  plateau 
de  Rarrack  Hill,  domine  l'Ottawa  de  45  m.  de  haut  ; 
parmi  les  monuments,  on  peut  signaler  l'Université  (400 
étudiants),  une  cathédrale  catholique  de  Notre-Dame,  un 
musée,  l'imprimerie  royale,  etc.  Le  gouverneur  général 
du  Canada  habite  Ottaw^a,  qui  compte  44.454  hab.  Evcchés 
catholique  et  anglican.  La  puissance  des  chutes  d'eau  du 
Rideau  a  fait  d'Ottawa  le  siège  du  commerce  de  bois  du 
(Canada  ;  l'importation  dépasse  2  millions  de  dollars  et 
l'exportation  3.800.000  dollars.  Ottawa  a  été  fondée  en 
1823  par  le  colonel  Ry,  constructeur  du  canal  Ry,  qui  en 
a  fait  une  grande  ville  industrielle  et  commerciale  ;  jus- 
qu'en 4854,  elle  s'est  appelée  Rytown  et  n'est  devenue 
qu'en  1858  capitale  du  Dominion. 

2*^  Ville  de  l'Etat  d'illinois,  ch.-l.  du  comté  de  La  Salle, 
en  aval  du  continent  du  Fox  et  de  l'îllinois  :  10.000  haï), 
environ.  Ville  riche,  située  dans  une  contrée  fertile.  Rouille 
abondante.  Les  industries  importantes  sont  celles  des  voi- 
lures, verreries,  amidonneries,  instruments  aratoires. 
Commerce  total  annuel  évalué  à  75  millions.  Dans  un 
beau  parc,  sur  l'autre  rive  de  l'îllinois,  on  trouve  des 
sources  minérales. 

3"^  Ville  de  l'Etat  de  Kansas,  ch.-l.  du  comté  de  Franklin, 
sur  rOsage,  affluent  du  bas  Missouri  ;  6.250  hab.  Pays 
agricole  et    fertile.  Université  de  300  étudiants.     Ph.  R. 

OTTAWA.  Tribu  indienne  de  l'Amérique  du  Nord,  de 
la  famille  des  Algonquins,  parents  des  Odchibwa  ;  établis 
autrefois  dans  le  bassin  de  rOtta\va,  ils  sont  maintenant 
parqués  dans  le  Michigan  (au  nombre  de  1.000  environ) 
et  sur  le  territoire  indien  (137  âmes). 

OTTEj  archéologue  allemand,  né  à  Rerlin  le  24  mars 

1808,  mort  cà  Merseburg  le  12  août  1890.  R  fut  pasteur 

àFrœhden  (1858-78).  Comme  archéologue,  on  lui  doit  : 

Handbiich  der  kirchlichen  Kiinstarcliœologie des  deiit- 

schen  Mittelalters  (5«  éd.  Leipzig,   1883-85,  2  vol.)  ; 

Archœologisches     Wœrterbuch    (mm.     éd.,     1883); 

Glockenkunde  (nouv.  éd.,  1884)  ;  GescJi.   der  roma- 

nischen  Baiikunst  in  Dentschiaiid  (1861-74)  ;   nouv. 

éd.,  1885). 

BiBL.  :  J.  SciLMiDT,  Zur  Erhmerum,'  an  IL  Otte  ;  ITalle. 
1891. 

OTTERAN.  Cours  d'eau  en  Norvège,  sur  la  frontière  du 
Thelemark.  R  traverse  le  Soterdal,  où  il  forme  plusieurs 
lacs.  Son  cours  inférieur  porte  le  nom  de  Torrisdalself 
et  se  jette  dans  le  Skager-Rak,  près  de  Christianssand.  Lon- 
gueur: 226  kil.  11  est  canalisé  sur  une  partie  de  son  cours 
et  parcouru  par  des  bateaux  à  vapeur. 

0TTERBER6.  Ville  de  Ravière,  prov.  du  Palatinat 
rhénan,  au  N.  de  Kaiserslautern ;  2.684  hab.  (en  1895). 
Ruines  d'un  château.  Eghse  paroissiale  de  1144  et  belle 
église  romane  de  l'ancienne  abbave  cistercienne. 


OTTERY-Sâint-Mâkv.  Ville  d'Angleterre,  à  l'E.  du 
comté  de  Devon  ;  3.855  hab.  (en  1891).  Relie  église  go- 
thique. Dentelles. 

OTTIN  (Auguste-Louis-lMai'ie),  sculpteur  fran^^ais,  né 
à  Paris  le  1 1  nov.  LSli,  mort  à  Paris  le  S  déc.  1800. 
Elève  de  David  d'Angers,  prix  de  Rome  (1836).  Son  chef- 
d'ieuvre  est  le  groupe  Pohjphènne  surprenant  Acis  et 
Galatce  (E.  U.,  1855),  qui  décore  ta  fontaine  Médicis 
au  jardin  du  Luxembourg  (Paris)  ;  on  y  voit  aussi  son 
Fdune  et  sa  Cliasseresse.li  a  fait  pour  "le  palais  de  Flo- 
rence une  cheminée  monumentale,  de  nombreux  bustes, 
une  statue  de  Napoléon  Ilf  (marbre,  1863),  F  Amour  et 
Psyché  ('1863),    la  Lutte  moderne  (bronze,  1868),  etc. 

bTTMARSHEIIYl  {Otlimaresliaim,  881).  Corn,  de  la 
Haute-Alsace,  cant.  de  Rabsheim,  arr.  de  Mulhouse,  sur  la 
ligne  de  chem.  de  fer  de  Mulhouse  à  Mullheim;  790  hab. 
Au  commencement  du  xi^  siècle,  le  comte  Rodolphe  d'Al- 
tenbourg  fonda  à  Ottmarsheim  un  couvent  de  bénédictins 
et  une  église  (}ui  furent  consacrés  par  le  ])ape  Léon  ÏX. 
Cette  église,  que  Schoeptlin  et  d'autres  savants  considé- 
raient comme  un  temple  païen  de  l'époque  gallo-romaine, 
est  une  reproduction  en  petit  de  la  chapelle  carolingienne 
(pii  occupe  le  centre  de  la  cathédrale  d'Aix-la-Chapelle. 
C'est  un  monument  de  forme  octogonale  à  deux  étages, 
surmonté  d'une  coupole.  Au  xv^  siècle  on  a  ajouté  au  côté 
septentrional  de  l'octogone  un  cho'ur  en  style  gothique. 

BiBL.  :  ScHNAASE,  Dio  KiTche  zu  Ottmarslieim,  dans 
Kiinstblatt,  1813.  pp.  101  et  8uiv.  —  J.  Burckiiardt,  Die 
Kirche  zu  Otlmarsheim;  Bàle,  1814.  —A.  Schulte.  Klo- 
ster  Ottmarsheim;  Imisbruck,  18S(), 

OTTO,  empereurs  (V.  Otton). 

OTTO  (Adolph-Wilhelm),  anatomiste  allemand,  né  à 
Oreifswald  le  3  août  1786,  mort  à  Breslau  le  14  janv. 
1845.  11  devint  en  1811  professeur  d'anatomie  àRreslau, 
puis  directeur  de  l'Institut  d'anatomie  et  du  Muséum  d'his- 
toire natureUe  de  cette  ville.  Il  a  exécuté  de  nombreuses 
})ièces  relatives  à  Fanatomie  normale  et  pathologique  et  à 
la  tératologie.  Son  grand  Allas  d'anatomie  et  de  phy- 
siologie, publié  de  18 16  à  1821  àRreslau,  in-4.  se  trouve 
dans  toutes  les  bibliothèques.  Citons  encore  de  lui  :  IVr- 
i-eiclutiss  der  anal.  Pràparalensaminlung  des  Kgl. 
Anato})ue-lnstiliiles  zu  Breslau  (\]ves]'à\i,  1826  ;  autres 
éd.,  1827;  1830-33;  1838-11);  LeJirb.  der  pallwlo- 
(jischen  Analomie  des  Menschen  und  der  Tliiere,  t.  I 
(Berhn,  1830;  éd.  anglaise,  1831).  I)^'  L.  Rx. 

OTTO  (Johann-Karl-Theodor,  chevaHer),  (héologien  pro- 
testant allemand,  né  à  léna  le  4  oct.  1 816.  Professeur  d'his- 
toire ecclésiastique  à  léna  (1848),  puis  à  Vienne  (1851- 
77).  Son  principal  ouvrage  est  le  Corpus  Apologetarum 
Christianorum  saumli  serundi  {\h\^,  1842-72,  9  vol.. 
dont  les  5  premiers  consacrés  à  Justin  Martyr). 

OTTO  CoLONNA  (V.  Martin  V,  pape). 

OTTO  DE  Freisinc,  historien  allemand,  mort  le  21  sept 
1158.  Troisième  fds  du  margrave  Léopold  IV  d'Autriche 
et  d'Agnès,  fille  de  l'empereur  Henri  IV,  il  fit  ses  études 
à  Paris,  se  fixa  à  l'abbaye  de  Morimond  (Rourgogne) 
(1130)  dont  il  devint  abbé  (1132),  fut  nommé  évêque  de 
Freising  (1137),  où  il  réforma  les  mœurs  ecclésiastiques, 
accompagna  Conrad  II  dans  sa  croisade  (1147-19),  mou- 
rut au  cours  d'un  voyage  à  Morimond.  Il  a  rédigé,  de 
1143  à  1146,  un  traité  de  philosophie  en  huit  livres  : 
de  duabus  civitatibus  (cité  divine  et  cité  humaine),  bien 
rédigé  et  bien  écrit,  ({ui  forme  une  intéressante  chronique. 
Elle  fut  continuée  jusqu'en  1209  par  Otto  de  Saint-Ê la- 
sien  {'[  1223),  abbé  du  monastère  de  Saint-Rlasien,  dans 
la  Forèt-Noire.  Otto  de  Freising  est  aussi  Fauteur  des 
Gesta  Friderici  i))iperatoris  (jusqu'en  1156),  continués 
par  son  disciple  Ragewin.  Ses  œuvres  ont  été  éditées  par 
Cuspinian  (Strasbourg,  1515)  et  récemment  par  Wilmami, 
au  t.  XX  des  Monumenta  de  Pertz  (1867).     A. -M.  R. 

BiiJL.  :  Etudes  de  Huber  (Munich.  1817)  et  Grotefend 
(Hanovre,  1870). 

OTTO  DE  GuERicKE  (V.  Guericke)  . 
OTTO  Glaubrecht  (V.  OEser  [R.-L.). 


OTTO  —  OTTOKAH 


(J68 


OTTO-Petehs  (LouihC),  IcmuK^  de  Jeltres  uilemande, 
née  à  Meisseii  le  26  mars  1819,  morte  à  Leipzig  le  i  3  mars 
1895.  Elle  s'est  occupée  surtout  de  la  question  fémi- 
nine, eL  1849-52,  publia  un  journal  intitulé  Frauen- 
%eitung  fiir  hœhere  weibliche  Interessen.  En  1838, 
elle  épousa  Técrivain  August  Peters  (dont  le  pseudonyme 
était  Elfried  von  Taura)  et  publia  avec  lui  jusqu'à  sa 
mort  (1861)  :  la  Mitfeldeuisrhe  Voïks.zeifungAln  1865. 
elle  fonda  FAssociation  générale  des  femmes  allemandes 
dont  elle  rédigea,  avec  Auguste  Schmidt,  à  Leipzig,  jus- 
([u'à  sa  mort,  le  journal  iV^^ut?  Bahnen  (depuis  1866).' 
En  1890,  elle  fit  paraître  Das  ente  Vierteljahrhunderf 
des allgemeinen  deiitschen  Frauenvereins  (Leipzig).  De 
ses  nombreux  romans,  nouvelles,  etc.,  ou  peut  citer  un 
recueil  qu'elle  forma  elle-même,  intitulé  Me  in  Lebens- 
qanq  ;  Gedichte  ans  fiinfer  Jahrxehnten  (Leipzig, 
1893).  Ph.  B. 

OTTOBEUREN.  Ville  de  Bavière,  prov.  de  Souabe, 
sur  la  Gunz  occidentale,  à  645  m.d'alt.;  1.904  hab.  (en 
1895).  Ancienne  abbaye  bénédictine  impériale  sécularisée 
en  1802  et  attribuée  à  la  Bavière  avec  ses  206  kil.  q. 
L'église  attire  de  nombreux  pèlerins. 

OTTOBONI  (Pietro)  (V.  Alexandre  VlIT). 

OTTOKAR  !«'•  Przemysl,  roi  de  Bohème  (1198-1230). 
Fils  de  Vladislav  II,  il  reçut  de  l'empereur  Henri  VI  le 
duché  de  Bohême  (1192).  S'étant  associé  à  la  révolte  des 
princes  de  l'Allemagne  du  Nord,  il  fut  déposé  et  remplacé 
par  son  cousin,  Henri  Bretislav,  évèque  de  Prague 
(1193),  et,  après  la  mort  de  celui-ci,  par  son  propre  frère. 
Vladislav  Henri  (1197).  Mais  il  s'entendit  avec  celui-ci 
pour  lui  laisser  le  margraviat  de  Moravie  à  titre  de  tief 
de  la  Bohême  et,  ayant  soutenu  l'empereur  Philippe  de 
Souabe,  en  obtint  le  titre  de  roi  (1198)  et  une  autono- 
mie presque  totale.  Il  se  brouilla  avec  lui  et  fut  alors  re- 
connu par  le  pape  Innocent  IV  (1203)  et  l'anticésarOtton 
de  Brunswick.  En  1212,  il  prit  parti  pour  Frédéric  IL 

OTTOKAR  II  Przemysl,  roi  de  Bohême  (1253-78),  né 
vers  1230,  tué  à  Din^nkrut  le  26  août  1278.  Fils  du  roi 
Vacslav  P^  (Wenceslas),  il  lui  disputa  la  couronne  à  l'ins- 
tigation de  l'empereur  Frédéric  II  et  le  contraignit  même 
à  abdiquer  (mars  1249),  mais  le  pape  annula  le  traité  et 
Ottokar,  assiégé  dans  Prague,  se  soumit  (août  1249).  Le 
duché  d'Autriche  étant  vacant  par  l'extinction  de  la  maison 
de  Babenberg  (1246),  Ottokar  fut  élu  duc  par  les  Etats 
(21  nov.  12ol)  qui  sentaient  le  besoin  d'un  prince  capable 
de  mettre  fin  à  l'anarchie.  Il  se  consoHda  avec  l'appui  du 
pape  et  épousa  la  vieille  Marguerite  de  Babenberg,  fille 
du  duc  Luitpold  Vï  et  veuve  du  roi  Henri  VII,  fils  de  Fré- 
déric II,  laquelle  avait  plus  du  double  de  son  âge  (11  fésr. 
1252).  La  mort  de  son  père  le  laissa  maître  de  la  Bohème 
et  de  la  Moravie.  Le  duc  de  Bavière  Otton,  qui  voulait 
s'emparer  de  la  Haute- Autriche,  avait  été  battu  par  les 
Bohémiens  et  contraint  à  la  paix  par  Ottokar  (21  mai  1251). 
Son  fils,  élu  duc  par  les  Etats  de  Styrie,  invoqua  l'aide  du 
roi  Bêla  IV  de  Hongrie.  Celui-ci,  qui  se  réclamait  des  droits 
de  Gertrude,  nièce  et  plus  proche  héritière  du  dernier  duc 
d'Autriche,  Frédéric  le  Belliqueux,  mariée  à  son  petit-fils, 
Boman  de  Beussen,  occupa  la  Styrie  pour  son  compte  et 
envahit  l'Autriche.  Ottokar,  à  qui  la  mort  de  son  père 
venait  de  laisser  la  couronne  de  Bohême  (22  sept.  1253) 
résista  victorieusement.  Le  pape,  qui  souhaitait  le  partage 
de  l'Autriche  entre  les  nouveaux  royaumes  de  Bohême  et 
de  Hongrie  qu'il  voulait  agrandir  aux  dépens  de  l'Alle- 
magne, s'entremit.  Innocent  IV,  qui  conduisit  habilement 
tous  ces  événements,  fit  conclure  la  paix  à  Ofen  (Pâques, 
1254).  La  frontière  fut  placée  au  Semmering  et  à  la  ligne 
de  partage  des  eaux.  Bêla  acquiérant  la  vallée  de  la  Mur. 
c.-à-d.  la  Styrie  presque  entière. 

Ottokar  avait  dû  ses  succès  à  l'alliance  du  pape.  Il 
s'agissait  maintenant  d'organiser  son  grand  Etat  slave.  Il 
y  déploya  une  remarquable  intelligence.  Son  idée  fut  de 
créer  des  villes  et  une  bourgeoisie  ;  il  y  procéda  méthodi- 
quement, avec  le  concours  de  colons.  Les  zupans  ou  cbà- 


lelains,  chefs  politiques  et  militaires  des  districts,  formaient 
un  pouvoir  sans  contrepoids  et  tendaient  à  émietter  le 
royaume  en  se  rendant  héréditaires.  Ottokar  divisa  ces 
circonscriptions,  confiant  les  nouveaux  postes  à  de  petites 
gens,  hmitant  la  juridiction  des  tribunaux  locaux  en  les 
subordonnant  à  celui  de  Prague.  Ce  fut  l'origine  du  droit 
bohémien.  Dans  chaque  cercle,  le  roi  cbargea  trois  nobles 
et  trois  clievaliers  de  la  police.  Les  villes  nouvelles,  peu- 
plées de  colons,  principalement  de  l'Allemagne  saxonne  et 
des  Pays-Bas,  dépendirent  immédiatement  du  roi  ;  la  plu- 
part reçurent  des  chartes  combinant  les  droits  romain, 
slave  et  allemand  ;  ce  nouveau  droit  municipal  bohémien 
resta  en  vigueur  jusqu'au  xviii^  siècle.  L'industrie,  l'exploi- 
tation minière  prirent  un  grand  essor. 

Fidèle  à  l'alliance  pontificale,  Ottokar  prit  une  part 
prépondérante  à  la  grande  croisade  de  1254-55  contre 
les  païens  de  Prusse,  en  faveur  des  Chevaliers  teutoniques. 
Sous  sa  direction,  60.000  hommes  s'assemblèrent,  à  Noël, 
à  Breslau  ;  le  Samland  fut  conquis,  le  bois  sacré  de  Pomone 
occupé,  les  idoles  abattues,  le  peuple  baptisé.  La  ville, 
fondée  au  lieu  qu'il  marqua  sur  la  Pregeî,  reçut  en  son 
honneur  le  nom  de  Kœnigsberg.  Après  la  grande  insur- 
rection de  1260,  qui  mit  en  grand  péril  l'extension  alle- 
mande sur  la  Baltique,  Ottokar  entreprit  une  seconde  croi- 
sade à  l'appel  du  pape  Clément  IV  (1267-68).  —  Dans 
l'intervalle,  il  profitait  de  l'anarchie  du  saint-empire  pour 
s'agrandir.  Lors  de  la  diète  de  1257  où  furent  élus  empe- 
reurs Bichard  de  Cornouailles  et  Alphonse  de  Castille,  il 
négocia  avec  les  deux  prétendants.  Une  attaque  sur  la 
Bavière,  sous  prétexte  de  soutenir  l'évèque  de  Passau. 
aboutit  à  la  défaite  deMuhldorf(25  août  1257).  Beaucoup 
plus  grave  fut  l'intervention  d 'Ottokar  dans  les  affaires  de 
Salzbourg  ;  l'archevêque  Philippe  de  Carinthie  avait  été 
déposé  par  le  pape  Alexandre  IV  et  remplacé  par  Llrièh 
de  Seckau,  allié  au  roi  de  Hongrie.  Ottokar  aida  le  pre- 
mier et  fit  le  second  prisonnier  (1259).  Ayant  fortifié  son 
entente  avec  la  puissante  maison  de  Carinthie,  il  entreprit 
de  chasser  les  Hongrois  de  la  Styrie  où  ils  étaient  exécrés. 
La  guerre  éclata  au  printemps  de  1260;  les  Hongrois 
mirent  en  ligne  140.000  hommes  avec  leurs  alliés,  rois 
ruthènes,  ducs  de  Cracovie  et  de  Lusicin,  Croates,  Serbes, 
Bulgares,  Valaques,  Cumans,  Turcs  du  Kharezm  ;  Ottokar 
fut  renforcé  par  le  duc  de  Carinthie,  l'archevêque  de  Salz- 
bourg, les  princes  silésiens,  son  beau- frère  le  margrave 
Otton  de  Brandebourg,  Henri  de  Misnie.  La  bataille  eut 
lieu  à  Kroissenbrunn  clans  la  plaine  historique  du  March- 
fehl  (12  juil.  1260)  ;  les  chevaliers  bardés  de  fer  de  la 
Bohême  enfoncèrent  la  cavalerie  légère  des  Hongrois,  dont 
le  roi  Etienne  ûiillit  périr.  Le  traité  de  Vienne  (31  mai's 
1261)  céda  la  Styrie  à  Ottokar;  le  pape  n'y  fit  pas  d'objec- 
tion. Le  l'oi  des  Romains  (empereur)  Richard  de  C^or- 
nouailles  inféoda  au  roi  de  Bohème  l'Autriche  et  la  Styrie 
(9  août  1262),  lui  donnant  un  titre  régulier. 

Il  n'avait  pas  d'héritier  légitime  de  sa  femme  trop  âgée 
et  souhaitait  légitimer  les  trois  enfants  de  sa  maîtresse, 
Agnès  de  Kimringe.  Le  pape  acceptait,  mais  sans  vouloir 
leur  conférer  de  droit  de  succession  au  trône.  Le  divorce 
eut  lieu  du  consentement  de  Marguerite  qui  se  retira  à 
Krems,  où  elle  mourut  en  1267  ;  le  pape  Urbain  IV  le  con- 
firma. La  nièce  du  roi  Bêla  IV  de  Hongrie,  Cunégonde, 
épousa  le  puissant  roi  de  Bohême  (25  oct.  1261);  peu 
après,  Cunégonde  de  Brandebourg,  nièce  d'Ottokar,  épou- 
sait Bêla,  fils  de  Bêla  IV.  En  1265,  le  roi  de  Bohême  pla- 
çait deux  de  ses  protégés  à  l'évêché  de  Passau  et  à  l'ar- 
chevêché de  Salzbourg.  Une  nouvelle  guerre  avec  la  Bavière 
ne  produisit  aucun  résultat  (1266-67)  et  fut  interrompue 
par  la  croisade.  L'année  suivante,  le  vieil  ami  d'Ottokar, 
le  duc  Ulrich  de  Carinthie,  faisait  en  sa  faveur,  à  Podiebrad, 
un  testament  l'instituant  son  héritier  (4  déc.  1268),  au 
mépris  des  droits  de  son  frère  Philippe  de  Carinthie.  A  la 
mort  d'Ulrich  (27  oct.  1269),  Ottokar  prit  possession  de 
la  Carinthie  et  de  la  Carniole  après  une  faible  résistance 
de  Phihppe.  dédommagé  par  le  patriarcat  d'Aquilée  qiu- 


m) 


OTTOKAR 


le  pape  lui  retira  hieiitùt.  Le  comte  Llricli  de  Heimbiirg, 
tidèle  du  roi  de  Bohème,  épousa  la  veuve  du  duc  deCarin- 
thie,  fille  de  Gertrude  de  Babenberg  et  héritière  de  ses 
prétentions  auxquelles  elle  renonça  formellement. 

Ottokar  était  à  l'apogée  de  sa  puissance  :  roi  de  Bohème 
par  la  grâce  de  Dieu,  duc  d'Autriche,  Styrie  et  Carinthie, 
margrave  de  Moravie,  seigneur  de  Carniole,  de  la  Marche 
wende  et  d'Eger.  Ses  adversaires  de  Bavière  étaient  divisés 
pour  le  partage  de  la  succession  des  Hohenstaufen,  et  le 
duc  Louis  s'alliait  à  lui.  Lorsque  le  pacifique  Bêla  IV 
mourut,  son  fils  Etienne  V  attaqua  l'Autriche.  Ottokar 
s'empara  de  Presbourg,  de  Nyitra  et,  malgré  un  échec  sur 
la  Leitha,  le  traité  lui  reconnut  toutes  ses  possessions 
(juil.  1271).  Le  duc  Henri  de  Bavière  conclut  également 
alliance  avec  lui,  tandis  que  la  mort  d'Etienne  ouvrait  une 
guerre  civile  en  Hongrie  et  que  le  roi  de  Bohême  s'empa- 
rait de  Presbourg  et  du  pays  jusqu'au  Vag  (1272). 

La  mort  de  Richard  de  Cornouailles  laissant  vacant  le 
trône  impérial,  les  électeurs  assemblés  à  Francfort  élurent 
le  candidat  du  comte  palatin,  Rodolphe  de  Habsbourg.  Ils 
refusèrent  le  droit  de  vote  aux  envoyés  du  roi  de  Bohème 
dont  la  voix  électorale  était  litigieuse  avec  la  Bavière. 
Ottokar  prolesta  et  en  appela  au  pape.  Mais  Grégoire  X 
abandonna  son  protégé  ;  ayant  obtenu  l'assurance  que  le 
nouvel  empereur  lui  donnait  toute  garantie  pour  le  patri- 
moine de  vSaint-Pierre,  il  le  reconnut  et  invita  Ottokar  à 
se  soumettre.  H  n'eut  pas  la  prudence  de  déférer  à  ce 
conseil ,  noua  des  intrigues  avec  le  roi  de  Sicile  et  les 
Guelfes  italiens  et  voulut  exiger  de  Rodolphe  la  confirma- 
tion préalable  de  toutes  ses  possessions.  Dans  les  anciens 
duchés  autrichiens,  il  avait  à  redouter  l'irritation  de  la 
noblesse  qu'il  avait  voulu  plier  à  l'obéissance,  il  avait  dé- 
truit beaucoup  des  burgs  des  nobles  bandits  dont  plusieurs 
avaient  été  exécutés.  L'adresse  de  son  conseiller,  l'évèque 
Bruno  d'Olmutz,  avait  apaisé  les  difficultés,  mais  sans  sup- 
primer l'antagonisme.  L'évèque  de  Passau  et  l'archevêque 
de  Salzbourg,  dévoués  à  Ottokar,  étaient  morts  et  avaient 
été  remplacés  par  des  adversaires.  Ceux-ci,  auxquels  se 
joignit  l'évèque  de  Ratisbonne,  eurent  à  Haguenau  une 
conférence  avec  Rodolphe  et  y  conclurent  un  pacte  dirigé 
contre  le  roi  de  Bohême  (printemps  1274).  Celui-ci  res- 
serra son  alliance  avec  Henri  de  Bavière  à  l'entrevue  de 
Pisek  (oct.  1274).  La  diète  de  Nuremberg  (11  nov.  1274) 
prononça  que  les  biens  impériaux  occupés  depuis  la  mort 
de  Frédéric  H  devraient  être  restitués  à  l'empereur,  et  le 
comte  palatin  fut  chargé  d'en  juger.  Il  assigna  le  roi  de 
Bohême  à  Wurzbourg,  dans  les  neuf  semaines.  Ottokar 
ne  se  présenta  pas.  Rodolphe  donna  la  Carinthie,  la  Car- 
niole et  la  Marche  à  Philippe  de  Carinthie,  l'ancien  arche- 
vêque de  Salzbourg,  et  invita  les  princes  ecclésiastiques  à 
combattre  la  tyrannie  bohémienne.  A  la  diète  d'Augsbourg, 
la  thèse  d'Ottokar  fut  plaidée  par  l'évèque  de  Seckau,  mais 
rejetée,  et  l'on  déclara  que  son  refus  de  reconnaître  le  roi 
élu  entraînait  la  déchéance  des  fiefs  autrichiens.  Le  bur- 
grave  de  Nuremberg,  Frédéric  de  Hohenzollern,  vint  le 
sommer  de  les  restituer.  L'évèque  de  Ratisbonne  réussit 
à  réconcilier  les  deux  frères  bavarois,  privant  Ottokar  de 
son  plus  fort  appui  (mai  1276)  ;  le  duc  Henri  de  Bavière 
maria  son  fils  Otton  à  Catherine,  fille  de  Rodolphe  de 
Habsbourg.  Les  comtes  de  Gorica  (Gœrz)  et  de  Tirol  né- 
gociaient avec  les  nobles  mécontents  de  Carinthie  et  de 
Styrie;  jusqu'en  Bohême  les  nobles  se  révoltaient.  Après 
de  longs  préparatifs,  le  coup  fut  porté:  le  24 juin  1276, 
Ottokar  fut  mis  au  ban  de  l'i^jnpire  ;  l'archevêque  de  Salz- 
bourg l'excommunia  et  lança  des  moines  qui  prêchaient  la 
révolte  contre  lui.  Au  bout  de  quelques  mois,  son  adminis- 
trateur M'iota  fit  évacuer  la  Styrie;  le  comte  de  Tirol 
avait  occupé  la  Carinthie,  le  comte  de  Gorica  la  Carniole, 
Rodolphe  et  Henri  de  Bavière  et  les  princes  ecclésiastiques 
de  l'Allemagne  du  Sud  marchèrent  sur  Vienne,  le  comte  pa- 
latin enleva  Klosterneuburg,  et  malgré  l'arrivée  de  Tarmee 
bohémienne,  Vienne  capitula.  Les  Hongrois  allaient  entrer 
en  ligne  ;  les  alliés  de  Silésie  et  de  Brandebourg  aban- 


donnaient le  roi  de  Bolième.  Suivantles  conseils  de  l'évèque 
d'Olmutz,  il  demanda  la  paix  et  se  soumit.  Il  renonçait 
aux  duchés  autrichiens,  ne  gardant  que  la  Bohême  et  la 
Moravie  ;  les  Hongrois  recouvraient  leurs  anciennes  fron- 
tières. Cunégonde,  sa  fille,  épousait  Hartmann,  fils  de  Ro- 
dolphe, tandis  que  son  fils  Vacslav  épousait  Guta,  fille  de 
Rodolphe,  laquelle  recevait  en  dot  la  partie  de  l'Autriche 
au  N.  du  Danube  ;  en  cas  de  mort  de  Vacslav,  cette  région 
serait  annexée  à  la  Bohême.  Le  refus  de  l'empereur  de 
la  laisser  occuper  par  Ottokar  tant  que  le  mariage  n'était 
pas  consommé  fit  reprendre  les  hostilités.  Bruno  d'Olmutz 
négocia  encore  une  réconcihation.  Le  roi  de  Bohême  s'em- 
pressa de  briser  les  résistances  des  seigneurs  de  son 
royaume  et  de  négocier  une  entente  avec  les  princes  rhé- 
nans et  Henri  de  Bavière  contre  Rodolphe.  Le  27  juin  1278, 
il  entra  en  campagne.  L'empereur  fut  secouru  par  l'arche- 
vêque de  Salzbourg,  le  comte  Meinhart  de  Tirol  et  surtout 
par  le  roi  Ladislas  de  Hongrie.  Hs  concentrèrent  leurs 
forces  dans  le  Marchfeld  à  Marchegg,  tandis  que  l'armée 
bohémienne  campait  au  N.  de  la  plaine  historique,  à  Durn- 
krut.  La  bataille  eut  lieu  le  26  août  ;  Bohémiens  et  Hon- 
grois, opposés  les  uns  aux  autres,  formaient  le  centre  des 
deux  armées  ;  Ottokar  avait  formé  ses  troupes  en  demi- 
cercle,  Rodolphe  avait  adopté  l'ordre  oblique  ;  l'aile  gauche 
impériale  prit  l'avantage,  tandis  qu'à  l'aile  droite  l'empe- 
reur était  repoussé  et  faillit  périr  ;  ce  fut  la  grosse  cava- 
lerie allemande  placée  en  réserve  qui  décida  la  victoire, 
la  cavalerie  légère  hongroise  qui  changea  la  retraite  des 
Bohémiens  en  déroute.  Ottokar  refusa  de  quitter  le  champ 
de  bataille  et  périt  en  brave.  La  chute  du  puissant  souve- 
rain produisit  une  immense  impression.  La  bataille  du 
Marchfeld  fut  l'événement  décisif  dans  la  constitution  de 
la  monarchie  autrichienne  des  Habsbourg.  On  ne  saurait 
oublier  que  l'alliance  des  Magyars  y  eut  un  rôle  prépon- 
déiHjnt  dans  l'abaissement  de  la  première  grande  monar- 
chie slave  de  l'Europe  centrale.  Le  souvenir  du  grand 
Przemyslide  est  demeuré  légendaire.  Sa  fameuse  croisade 
de  Prusse,  ses  victoires  contre  les  Hongrois,  l'étendue  de 
sa  domination  qui  allait  de  la  Basse-Allemagne  à  l'Adria- 
tique, sa  fin  héroïque  frappèrent  l'imagination  populaire. 
Les  causes  de  son  échec  sont  multiples.  Grandi  par  la  fa- 
veur du  Saint-Siège,  il  vit  celui-ci  se  désintéresser  com- 
plètement de  lui  dès  qu'il  eut  l'assurance  que  l'empereur 
ne  le  contrarierait  pas  en  Italie.  Préoccupé  de  fonder  un 
véritable  Etat,  protecteur  résolu  de  la  bourgeoisie,  fon- 
dateur de  villes  et  destructeur  de  châteaux,  Ottokar  eut 
contre  lui  la  féodahté  anarchique  et  pillarde.  Ses  ambi- 
tions territoriales,  ^qui  lui  firent  acquérir  après  l'Autriche 
les  duchés  alpestres  de  Styrie  et  Carinthie,  l'affaiblirent  et 
accrurent  avec  ses  difficultés  intérieures  le  nombre  de  ses 
ennemis  extérieurs.  Du  moment  que  le  souverain  légitime 
fournissait  à  tous  un  prétexte  de  se  coaliser  pour  une  attaque 
simultanée,  il  n'y  pouvait  résister.  On  a  quelquefois  pré- 
senté Ottokar  comme  champion  de  la  nation  tchèque  contre 
l'Allemagne,  les  faits  ne  confirment  pas  cette  théorie  ; 
c'est  à  des  Allemands  qu'il  faisait  appel  pour  développer 
la  civihsation,  l'industrie  ;  ce  sont  des  colons  allemands 
qui  peuplaient  ses  villes.  En  revanche,  il  paraît  bien  avoir 
voulu  constituer  un  Etat  territorial  autonome  et  l'organiser 
conformément  aux  règles  qui  caractérisèrent  les  Etats  mo- 
dernes de  l'Europe  occidentale.  A. -M.  B. 

BiBL.  :  La  Chronique  riinéc  d'Ottokar  de  Styrie  et  la  Chro- 
nique de  Pierre  de  Zittau  sont  fort  intéressantes  pour  l'his- 
toire du  roi  Ottokar.  --I.grrn/,  Gesch.  Kœnicjs  Oitohurll  ; 
Vienne,  1866.  —  A.  IIur.ER.  Gesch.  Œsterreichs  ;  Gotha, 
1885,  t.  1.  —  V.  la  bibl.  do  l'art.  Boiiemk. 

OTTOKAR  iJK  Styrie,  dit  aussi  de  Horneck,  poète  aUe- 
mand  de  la  fin  du  xiii^  et  du  commencement  du  xin"^  siècle.  Il 
fut  l'auteur  d'une  chronique  de  Styrie  en  88.000  vers,  éditée 
parPez  {Scriplores  rernm  austriacarum,  1745,  t.  UI), 
et  SeemiiUer  (Mo?<w.>^?.  Gertn.,  au  t.  V  des  Script,  qui 
vernacula  lingua  usi  siinf,  1890  et  suiv.)'.  Elle  s'étend 
de  la  mort  de  Manfred  à  la  mort  d'Henri  YII,  et  est  pré- 
cieuse pour  l'histoire  de  l\odol[)he  de  HaJ)sbourg,  Ottokar, 


OTTOKAR  —  OTTON  —  670  — 

Adolphe  de  Nassau,  Albert  l^'^  Elle  fait  une  large  place 
aux  récits  de  combats,  fêtes  et  tournois. 

BiBL.  :  Mêm.  de  Burson,  pai-us  de  1885  à  18U2,  dans  Mém. 
Ac.  des  se.  de  Vienne. 

OTTOMAN  (Empire)  (V.  Turquie). 
OTTON  (OUo,  Odo,  Otho,  Udo,  Amlo).  Nom  germa- 
nique signifiant  propriétaire  ou  seigneur,  qui  fut  porté  par 
un  grand  nombre  de  personnages  allemands.  On  trouvera 
ci-dessous  la  biographie  des  empereurs,  des  rois  et  de 
quelques  particuliers.  Pour  les  comtes,  margraves,  ducs, 
V.  au  nom  de  la  principauté  ;  Bavièue,  Brandubouhg, 
BRU^s\vK:K,  Misnie,  Palatlxat,  etc. 

OTTON  1^^'  LE  Grand,  roi  d'Allemagne  (Francs  orien- 
taux) (936)  et  d'Italie  (951),  puis  empereur  (962-73),  né 
le  23  nov.  912,  mort  k  Memleben  (Thuringe)  le  7  mai 
973.  Fils  du  roi  d'Allemagne  Henri  P^'et  de  Mathilde,  sa 
seconde  femme,  il  avait  été  désigné  par  son  père  pour  lui 
succéder,  mais  il  eut  h  triompher  de  la  concurrence  de 
ses  deux  frères  :  Thankmar,  son  aine,  iils  de  la  première 
femme  de  Henri  P^\  avait  été  écarté  parce  que  sa  mère  Ha- 
theburg  étant  veuve  et  sortie  du  cloître  pour  épouser  le 
duc  de  Saxe,  l'Eglise  n'avait  pas  admis  cette  union  et  en 
avait  déterminé  la  rupture;  d'autre  part,  ïîenri,  frère  ca- 
det d'Otton  et  préféré  de  leur  mère,  alléguait  que  lors  de 
sa  naissance  son  père  était  déjà  roi,  et  cette  (jualité  de 
«  porphyrogénète  »  légitimait  ses  prétentions.  Néanmoins, 
Otton  fut  accepté  peir  les  Francs  et  les  Saxons,  élu  par 
nne  assemblée  tenue  à  Aix-la-Chapelle,  sacré  et  couroimé 
roi  des  FYancs  par  l'archevêque  de  Mayence  le  8  août  936  ; 
Gislebert  de  Lorraine,  Eberhard  de  Franconie,  llermenin 
de  Souabe  et  Arnulf  de  Bavière  remplirent  dans  la  céré- 
monie officielle  les  offices  de  camérier,  écuyer  tranchant, 
échanson  et  connétable.  Ces  cérémonies  et  le  caractère  re- 
ligieux de  l'investiture  firent  précédent  et  renouèrent  la 
tradition  carolingienne.  Otton  était  un  homme  de  stature 
imposante,  chevalier  accompli,  de  sentiments  pieux,  très 
lier  et  de  caractère  décidé,  sérieux,  persistant  dans  ses 
volontés,  bienveillant  au  peuple.  Nous  le  verrons  pardon- 
ner fréquemment  aux  rebelles,  mais  il  ne  faut  pas  oublier 
que  c'était  une  nécessité  de  la  situation  et  que  les  mœurs 
du  temps  ne  comportaient  pas  une  sévérité  inflexible. 

Dès  le  début,  Otton  eut  affaire  à  un  soulèvement  des 
Slaves  ;  les  Wendes  furent  soumis  par  son  heutenant  en 
Saxe,  l'énergique  Hermann  Billung;  mais  le  duc  Boleslav 
de  Bohême  se  rendit  indépendant.  Bientôt  éclata  une  re- 
doutable querelle  entre  les  Saxons  et  les  Francs;  les  pre- 
miers, hers  d'avoir  fourni  le  roi,  ne  voulaient  plus  obéir 
aux  ducs  des  autres  nations  (Francs,  Bavarois,  Souabes), 
même  lorsqu'ils  tenaient  des  fiefs  relevant  d'eux  ;  lesF'i'ancs, 
fondateurs  du  royaume,  s'en  regardaient  toujours  comme 
les  vrais  représentants.  Otton  poursuivit  la  destruction  des 
duchés  ethniques,  afin  de  réaliser  l'unité  effective  de  sa 
monarchie.  La  première  révolte  fut  celle  de  Thankmar  et 
du  duc  Eberhard  de  Franconie  ;  ils  eurent  d'abord  l'avan- 
tage, mais  les  Francs  se  divisèrent,  Thankmar  fut  tué  à 
Eresburg  au  pied  de  l'autel  (juil.  938)  ;  Eberhard  se  sou- 
mit. Il  reprit  bientôt  les  armes  avec  le  jeune  Henri,  frère 
du  roi,  Gislebert  de  Lorraine  et  l'archevêque  de  Mayence; 
malgré  sa  victoire  de  Birthen,  sur  le  Rhin,  Otton  sem- 
blait perdu,  lorsque  les  ducs  de  F'ranconie  et  de  Lorraine 
s'étant  imprudemment  séparés  de  leur  armée  furent  surpris 
et  tués  à  Andernach  par  leurs  ennemis  personnels  (939). 
Le  résultat  fut  la  dispaiition  du  duché  de  Franconie,  dont 
le  roi  garda  le  titre  ;  celui  de  Lorraine  resta  vacant  en 
944  par  la  mort  du  jeune  iils  de  Gislebert.  D'autre  part, 
Henri,  après  un  nouveau  complot  contre  la  vie  de  son  frère, 
implora  son  pardon  et  lui  demeura  désormais  fidèle  (941). 
Otton,  qui  s'était  attaché  les  plus  gronds  seigneurs  francs 
en  leur  partageant  les  dépouilles  du  duché,  et  qui  par  la 
soumission  de  son  frère  n'était  plus  contesté  en  Saxe,  se 
trouvait  assez  fort  pour  poursuivre  son  ojuvre  d'unihca- 
tion.  En  premier  lieu  il  mit  la  main  sur  tous  les  duchés. 
Nous  avons  vu  disparaître  le  pins  redoutable,  celui  des 


F'rancs;  en  Bavière,  le  fds  du  duc  Arnulf  ayant  prétendu 
lui  succéder  de  plein  droit,  sans  l'agrément  royal  (janv. 
938),  fut  battu  et  remplacé  par  son  frère  Berthold,  tan- 
dis que  leur  cadet  Arnulf  recevait  avec  le  titre  de  comte 
palatin  une  partie  du  pouvoir  (autorité  judiciaire,  surveil- 
lance des  fiefs,  domaines  et  revenus  royaux).  A  la  mort 
de  Berthold  (23  déc.  9io),  Otton  nomma  duc  de  Bavière 
son  propre  frère  Henri  ([ui  avait  épousé  Judith,  sœur  du 
défunt.  Le  duché  de  Lorraine  avait  été  l'année  précédente 
attribué  à  Conrad  le  Bouge  (iui  épousa  Luitgard,  fille 
d'Otton.  Le  duc  de  Souabe  Hermann,  fidèle  partisan  du 
roi,  n'ayant  pas  de  fds,  sa  iille,  la  belle  Ida,  fut  mariée  à 
Luidolf,  fils  d'Otton,  qui  hérita  du  duché  à  la  mort  d'Her- 
mann  (10  déc.  9i8).  Ainsi  en  quelques  années  les  cinq 
grands  duchés  ethni(|ues  se  trouvèrent  réunis  aux  mains  du 
roi  ou  de  ses  proches;  ajoutons  que  son  plus  jeune  frère 
Bruno  fut  nommé  chancelier  du  royaume  et  archevêque 
de  Cologne. 

L'unité  de  rAllomagne  assurée  par  ces  efforts,  Otton  et 
ses  lieutenants  agrandirent  le  royaume  et  lui  assurèrent 
la  prééminence  en  Europe.  Le  roi  des  Francs  occidentaux, 
Louis  ly,  qui  lui  avait  disputé  la  Lorraine,  la  lui  abandonne 
en  942  et  implore  sa  protection  contre  son  redoutable  vas- 
sal Hugues  de  l'rance.  Il  vint  prendre  Beims  et  assiéger, 
sans  succès  du  reste.  Laon  et  Paris,  s'avançant  jusqu'à 
Rouen  (946).  Le  synode  d'Ingelheim  eut  la  prétention  de 
régler  les  affaires  de  France  (948),  sans  y  réussir  pour- 
tant. —  AuN.,  les  Danois,  conduits  par  Harald  à  la  dejit 
bleue,  avaient  chassé  de  la  Marche  de  Slesvig  les  colons 
allemands  ;  Otton  la  reconquit  momentanément  et  créa 
trois  nouveaux  évêchés  au  N.  derEll)e,  Slesvig,  Ribc,  Aar- 
huus.  L'administrateur  de  Saxe,  Hermann  Billung,  dompta 
les    Wendes    depuis    l'Eider    jusqu'à   l'embouchure    de 
l'Oder.  Au  S.,  le  fameux  margrave  Gero,  qu'Otton  avait 
nommé  en  937,  par  ruse  et  trahison  autant  que  par  la 
force  des  armes,  subjugue  les  Slaves  de  la  Saale  à  l'Oder; 
même  le  duc  de  Pologne,  Mieczislav,  entre  dans  la  vassa- 
lité du  roi  des  Francs  orientaux.  Le  christianisme  est  ar- 
demment propagé  ;  aux  évêchés  de  Mersebourg,  Zeitz,  Meis- 
sen,  Ilavelberg  (946),  Bi'andebourg  (949)  sera  superposé 
en  967  l'archevêché  nouveau  de  Magdebourg.  —  Le  duc 
Boleslav  de  Bohème  reconnaît  à  son  tour  la  suzeraineté 
d'Otton  (juil.  930);  le  christianisme  fut  de  nouveau  prêché 
a[ix  Tchèques,   un  évêché  suffragant  de  Mayence  créé  à 
Prague;  il  deviendra  archevêché  en  973;  le  système  féo- 
dal allemand  est  aussi  introduit  sous  Boleslav  II  (967-999). 
Otton  se  regardait  comme  restaurateur  du  royaume 
franc  et  s'efforçait  d'imiter  Charlemagne;  la  fête  du  cou- 
ronnement, qui  eut  une  si  grande  influence  sur  la  tradi- 
tion allemande,  mar({ue  dès  le  début  ses  intentions.  Mais 
l'a^uvre  de  désagrégation  était  si  avancée  qu'il  ne  pouvait 
restaurer  un  pouvoir  comparable  à  celui  des  grands  Caro- 
lingiens ;  la  législation  générale  et  unitaire  des  capitu- 
laires  était  tombée  en  désuétude;  par  l'immunité,  une 
grande  partie  des  domaiiies  ecclésiastiques  ou  seigneu- 
riaux échappaient  à  la  juridiction  royale  ;  entre  les  comtes 
et  le  roi  s'interposaient  les  ducs  de  chacune  des  cinq  na- 
tions dont  l'union  formait  le  royaume  ;  ces  comtes  même 
devenaient  héréditaires;  les  hommes  libres  disparaisseaient, 
et  l'armée  était  constituée,  non  plus  par  le  ban  royal  con- 
vo(|uant  directement  les  sujets,  mais  par  le  concours  des 
vassaux  amenant  chacun  leur  contingent.  La  fonction  ju- 
diciaire attira  en  premier  lieu  la  préoccupation  d'Otton; 
il  s'efforça  de  faire  juger  suivant  la  coutume,  présidant 
lui-même  aux  procès  que,  dans  les  cas  douteux,  on  fai- 
sait décider  par  le  duel  judiciaire.  La  justice  est  encore 
publique  du  liant  en  bas  de  l'échelle  et,  conformément  au 
vieil  usage  germanique,  le  juge  est  assisté  d'hommes  con- 
naissant la  coutume  et  pairs  des  parties. — Le  roi  groupe 
autour  de  lui  une  cour  à  laquelle  il  s'efforce  de  donner 
beaucoup  d'éclat;  il  voyage  de  l'une  à  l'autre  de  ses  villas, 
dont  les  préférées  étaient  celles  du  Harz,  se  montrant  tour 
à  tour  à  chacun  de  ses  peuples,  célébrant  en  grande  pompe 


—  674  -- 


OTTON 


les  fêtes  religieuses.  Un  concours  de  circonstances  avait 
mis  entre  ses  mains  tous  les  duchés  :  il  s'etForce  de  briser 
ce  pouvoir  territorial  qui  eût  démembré  la  monarchie  ; 
par  le  choix  de  ducs  de  sa  famille,  il  rompt  le  lien  eth- 
nique avec  les  peuples  ;  il  leur  adjoint  des  comtes  pala- 
tins qui  seront  des  surveillants  et  des  rivaux  ;  il  se  réserve 
la  nomination  des  évèques  qu'avaient  assumée  certains 
ducs,  en  Bavière  par  exemple.  Yis-à-vis  des  comtes,  il 
veille  soigneusement  à  ce  que  l'investiture  lui  soit  de- 
mandée, mais,  en  pratique,  l'accorde  aux  héritiers  natu- 
rels des  vassaux  décédés  ;  l'hérédité  des  bénéfices  et  des 
tiefs  existe  sinon  en  droit,  du  moins  en  fait.  Le  roi  forcé 
de  ménager  les  privilèges  des  chefs  de  l'aristocratie  laïque, 
à  une  coalition  desquels  il  n'eût  pu  résister,  est  conduit  à 
s'appu}er  le  plus  possible  sur  le  clergé;  les  largesses  de 
sa  famille  envers  l'Eglise,  sa  piété,  son  zèle  pour  l'évan- 
gélisation  des  païens,  lui  confèroit  une  grande  autorité, 
d'autant  plus  que  la  papauté  est  complètement  abaissée, 
confinée  dans  les  querelles  locales  de  Rome,  et  que  le  clergé 
allemand,  très  nationaliste,  accepte  volontiers  pour  chef 
son  puissant  protecteur;  Otton  nomme  les  évèques  et  les 
abbés,  ou,  tout  au  moins,  quand  il  y  a  élection,  donne 
son  avis  sur  le  choix.  11  s'efforce  d'en  faire  des  fonction- 
naires pour  faire  contrepoids  aux  ducs  et  comtes,  déta- 
chant leurs  domaines  des  districts  (gau),  administrés  par 
les  comtes  et  n'y  réservant  que  la  juridiction  du  duc  et 
du  comte  palatin.  Néanmoins,  Otton  ne  parvient  pas  à  ré- 
tablir l'administration  carolingienne;  nous  ne  retrouvons 
pas  à  sa  cour  cette  foule  de  fonctionnaires  et  de  conseil- 
lers qui  entouraient  Gharlemagne,  mais  seulement  quel- 
ques fidèles  et  amis  personnels  auxquels  se  joignent  les 
grands  voisins  du  lieu  où  il  séjourne.  Il  n'y  a  plus  d'as- 
semblées régulières  du  peuple  et  des  grands.  Celles  que 
l'on  tient  encore  occasionnellement  sont  quahfiées  de  con- 
ciles, ])ien  que  l'on  y  traite  aussi  des  affaires  séculières 
et  que  les  seigneurs  laïques  y  assistent  à  côté  des  évè([ues 
et  abbés.  La  principale  force  du  roi  résidant  dans  sa  for- 
tune personnelle  et  ses  revenus  régaliens,  Otton  s'occupe 
de  les  grossir.  Les  impôts  d'Etat  sont  représentés  par  les 
présents  exigés  des  grands,  les  tributs  des  peuples  vas- 
saux, les  prestations  imposées  pour  le  service  de  la  cour, 
des  envoyés  royaux  et  de  l'armée;  ajoutez  les  droits  ré- 
gahens  de  mines,  péages,  marchés,  monnaies,  amendes  et 
le  revenu  des  domaines  royaux.  —  Otton  voudrait  aussi 
restaurer  cette  culture  intellectuelle  qui  contribue  à  la 
gloire  de  Charlemagne.  11  accueille  avec  faveur  les  prêtres 
anglo-saxons  et  irlandais  fuyant  devant  les  Normands; 
lui-même  a  épousé  une  princesse  anglo-saxonne,  fille  du 
roi  Edouard  et  sœur  d'Athelstan,  la  pieuse  Edith  (930),  et 
lorsqu'elle  meurt  en  946,  il  apprend  à  lire,  afin  de  pou- 
voir lire  lui-même  la  Bible.  Son  frère  Bruno  (9^25-966), 
élevé  dans  les  écoles  de  Lorraine  par  les  soins  de  Baldé- 
ric,  évêque  d'Utrecht,  et  devenu  un  dès  hommes  les  plus 
instruits  de  l'époque,  sachant  le  grec,  connaissant  les  clas- 
siques, aussi  bien  que  la  littérature  ecclésiastique,  s'occupe 
de  réorganiser  la  discipline  ecclésiastique  et  l'enseignement. 
Otton  l'a  nommé  archichapelain  et  chancelier  du  royaume. 
Avec  le  concours  de  moines  irlandais,  il  propage  la  règle  de 
Saint-Benoit  et  les  mérites  de  la  vie  ascétique;  il  rétabht 
l'école  du  palais,  et  au  triAàum  (grammaire,  rhétorique,  dia- 
lectique) a  soin  d'ajouter  le  quadrivium  des  sciences  supé- 
rieures (mathématiques,  géométrie,  musique,  astronomie)  ; 
de  Lorraine  et  d'Italie  il  appelle  des  maîtres,  le  turbulent  Ra- 
therius  de  Vérone,  l'évêque  Liutprand  de  Crémone  ;  il  achète 
en  Italie  des  manuscrits  de  classiques  ;  à  l'école  du  palais, 
on  étudie  Cicéron,  Salluste,  Virgile,  Ilorace.  Ovide. 

Imitateur  de  Charlemagne,  Otton  fut  conduit  à  suivre 
jusqu'au  bout  son  exemple,  à  placer  sur  son  iront  la  cou- 
ronne d'Itahe  et  à  chercher  à  Rome  la  couronne  impé- 
riale. Il  devint  ainsi  le  fondateur  du  saint-empire  roiuain 
germanique  (V.  Saint-Emi'ike)  dont  rinfluence  fut  si 
grande  sur  l'histoire  du  moyen  âge  et  sur  les  destinées 
de    l'Allemagne.    L'occasion,  longtemps  recherchée   par 


Otton,  d'intervenir  en  Itahe,  lui  fut  fournie  par  un  appel 
de  la  reine  veuve  Adélaïde.  Fille  du  roi  de  Bourgogne,  Ro- 
dolphe II,  elle  avait  épousé,  le  27  juin  947,  Lothaire, 
hls  d'Hugues  de  Provence,  qui  disputait  la  comonne  dlta- 
lie  au  champion  national  Bérenger  d'ivrée;  l'un  et  l'autre 
en  appelaient  à  l'empereur  byzantin.  La  mort  subite  de 
Lothaire  (2'2  iiov.  950)  permit  à  Bérenger  de  se  faire 
couronner  à  Pavie  roi  des  Lombards  avec  son  fils  Adal- 
bert  (lo  déc.  950).  Afin  d'écarter  un  prétendant  éven- 
tuel qui  épouserait  la  veuve  de  Lothaire  et  rallierait  le 
parti  bourguignon,  Bérenger  voulut  la  contraindre  à 
épouser  son  fils.  Adélaïde,  refusant,  fut  maltraitée,  quatre 
mois  emprisonnée  à  Garda;  elle  s'échappa,  se  réfugia  à 
Canossa  et  invoqua  l'assistance  du  roi  de  Germanie'.  Ce- 
lui-ci s'empressa  de  préparer  une  expédition,  d'accord 
avec  son  frère  Henri  de  Bavière,  dont  les  possessions 
alpestres  conlinaient  à  l'itahe.  Son  fils  Luidolf,  duc  de 
Souabe,  rival  de  son  oncle,  tenta  l'affaire  pour  son  compte  ; 
mais  son  invasion  hâtive,  contrariée  par  les  menées  du  duc 
de  Bavière,  fut  repoussée  et  le  brouilla  avec  Otton.  Ce- 
lui-ci descendit  l'Adige  en  sept.  951,  entra  sans  coup 
férir  à  Pavie  oii  il  célébra  son  mariage  avec  Adélaïde  et 
prit  le  titre  de  roi  des  Lombards  ou  r-oi  d'Italie.  Renvoya 
l'archevêque  deMayence  et  l'évêque  de  Coire  solliciter  du 
pape  la  couronne  impériale.  Mais  Albéric  qui  depuis  vingt 
ans  était,  sous  le  titre  de  prince  et  sénateur,  le  mailre  de 
Rome,  et  y  avait  constitué  une  véritaljle  principauté  tem- 
porelle où  son  dessein  était  de  réunir  aux  mains  de  son  (ils 
Octavien  le  pouvoir  temporel  et  spirituel,  était  résolu  à  ne 
])as  laisser  faire  d'empcreui',  qui  reuiettrait  en  question 
l'autonomie  romaine.  11  avait  favorisé  Otton  contre  Bé- 
renger, parce  (prit  craignait  les  prétentions  de  ce  dernier 
sur  Home,  mais  ce  n'était  pas  pour  y  laisser  venir  le 
puissant  souverain  de  Germanie.  Sa  visite  fut  donc  dé- 
clinée._  Otton  repassa  les  Alpes  (févr.  952),  laissant  pour 
administrer  l'Italie  son  gendre  Conrad  de  Lorraine. 

A  ce  moment  éclata  une  crise  très  grave  ;  son  tils  et 
son  gendre,  les  ducs  de  Souabe  et  de  Lorraine,  étaient  irrités 
de  voir  prédominer  Finiluence  de  Henri  de  Bavi^Te,  favo- 
risée par  la  nouvelle  reine.  Conrad  traita  avec  Bérenger, 
le  reconnaissant  roi  d'Italie  s'il  voulait  s'avouer  vassal  du 
roi  germain  ;  il  l'amena  avec  lui  à  Magdebourg  pour  ra- 
tifier le  pacte.  Malgré  l'hostihté  d'Adélaïde  et  de  Henri, 
Otton  dut  céder  ;  à  la  diète-concile  d'Augsbourg  (août  952) , 
il  reçut  l'hommage  de  Bérenger  et  d'Adalbert  et  leur  ren- 
ditla  couronne  des  Lombards  ;  toutefois,  le  duché  de  Erioul, 
démembré  en  marches  de  Trente,  Vérone,  Aquiléc,  Istrie, 
fut  annexé  au  duché  de  Bavière.  Peu  après,  Luidolf  de 
Souabe  et  Conrad  de  Lorraine,  s'entendant  avec  l'arche- 
vêque Frédéric  de  Mayence,  mirent  le  roi  en  demeure  de 
leur  donner  des  gages  et  lui  imposèrent  cà  Mayence  une 
convention  qu'il  s'empressa  de  déchirer  quand  il  fut 
rentré  en  Saxe,  à  Dortmund.  La  guerre  éclata  ;  on  vit 
alors  un  spectacle  curieux  :  dans  chacun  des  duchés,  le 
(hic  eut  contre  lui  le  parti  national  et  se  trouva  le  plus 
faiLde  sur  son  propre  terril oire.  Ce  fut  une  confusion  gé- 
nérale et  une  guerre  civile  partout  déchaînée.  Le  duc' de 
Lorraine  fut  mis  en  échec  par  le  duc  Reinier  de  Hainaut, 
frère  de  Gislebert,  et  par  ses  cousins  rarchevêque  de 
Trêves,  Robert,  et  l'évêque  d'Utrecht,  Balderic  :  Luidolf 
de  Souabe  fut  combattu  par  Burchard,  descendant  des  an- 
ciens ducs;  mais  Henri,  duc  de  Bavière,  partisan  du  roi, 
vit  se  lever  contre  lui  le  comte  palatin  Arnulf,  de  l'an- 
cienne famille  ducale.  Otton  et  Henri  assiégèrent  vaine- 
ment Mayence,  les  nobles  bavarois  abandonnèrent  leur 
duc  pour  se  joindre  à  Arnulf;  le  siège  de  Ratisbonne  dut 
également  être  levé  par  le  roi.  Il  n'ait  de  succès  qu'en 
Lorraine,  ou  il  nomma  son  frère  Bruno  archevêque  de 
Cologne,  duc  de  Lorraine,  archiduc  de  l'Occident  ;  celui- 
ci  s'entendit  avec  la  famille  de  Gislebert  et  refoula  Conrad 
à  droite  du  Rhin.  L'anarchie  fut  mise  à  profit  par  les 
Hongrois;  depuis  la  défaite  de  Riade  (Mersebourg)  en  933, 
ils  n'avaient  plus  tenté  de  grande  invasion  ;  les  ducs  de 


OTTON 


(51^2 


Bavière  hb  tenaient  en  respect,  Berthold  notamment  les 
avait  battus  à  Wells  (944).  En  954,  ils  reparurent,  rava- 
gèrent la  Bavière  et  le  pays  jusqu'au  Rhin,  avec  la  com- 
plicité des  rebelles,  l'archevêque  Herold  de  Salzbourg  et 
Luidolf  de  Souabe.  Cette  attitude  leur  aliéna  l'opinion; 
au  cours  d'une  nouvelle  entrevue  (car  ces  guerres  étaient 
coupées  de  pourparlers  entre  le  roi  et  ses  adversaires)  à  Lan- 
genzenn,  près  de  Nuremberg,  Conrad  et  l'archevêque  de 
Mayence  se  soumirent  ;  vainqueur  des  autres  à  Horsedal, 
Otton  assiégea  Ratisbonne,  et  le  palatin  Arnulf  fut  tué  sous 
ses  murs  ;  Luidolf  se  soumit  à  son  tour  ;  Conrad  et  lui  gar- 
dèrent leurs  biens,  mais  perdirent  leurs  duchés  ;  celui  de 
Lorraine  fut  détenu  par  Bruno  et  le  comte  Godefroy,  celui 
de  Souabe  par  Burchard  II,  héritier  des  anciens  ducs,  qui 
épousa  Hedwige,  tille  de  Henri  de  Bavière.  A  Mayence, 
l'archevêque  étant  mort  fut  remplacé  par  Guillaume,  fils 
bâtard  d'Otton  et  d'une  Wende.  Le  duc  de  Bavière  s'em- 
para enfin  de  Ratisbonne  et,  après  une  victoire  décisive 
sur  les  rebelles  à  Midildorf,  il  sévit  férocement,  fit  crever  les 
yeux  à  l'archevêque  de  Salzbourg  et  tuer  celui  d'Aquilée. 
Il  était  temps  d'en   finir   avec  TinsuiTection.  car  les 
Hongrois  reprenaient  l'ofiensive;  au  nombre  deiOO.OOO, 
prétend-on.  ils  pénétrèrent,  sous  la  conduite  de  leur  chef 
Pulszy,  jusqu'en  Souabe.  et  campèrent  dans  la  plaine  du 
Lech,   pi'ès  d'Augsbourg,   l)ien  défendu  par   son  évèque 
Llric.  Otton  marcha  à  leur  rencontre  avec  sa  cavalerie 
lourdement  armée,  répartie  en  huit  corps  de  1.000  che- 
valiers entourés  de  leurs  écuyers  et  gens  de  pied  :  trois 
corps  bavarois,   deux  souabes,  un  franc,   un  saxon,   un 
bohème.  La  bataille  eut  lieu  le  10  août  9oo  ;  une  attaque 
des  Hongrois  sur  les  derrières  fut  repoussée  par  Conrad 
et  les  Francs  :  ce  fut  aussi  lui  qui  décida  du  succès  sur  le 
front  de  bataille.  La  victoire  fut  complète  ;  après  uncar- 
luige  des  Hongrois,  dont  beaucoup  périrent  dans  les  flots 
du  Lech  ou  durant  la  poursuite,  les  prisonniers  les  plus 
distingués  furent  pendus  en  compagnie  de  leur  chef  Pulszy. 
La  bataille  du  Lech  mit  un  terme  aux  invasions  magyares  ; 
désormais  l'Allemand  reprend  sa   marche  vers   TE.,  il 
réoccupe  les  rives  de   l'Enns,  de  la  Mur;  l'évêché  de 
Passau  évangélise  les  vaincus  qui  se  fixent  au  sol.  Peu  de 
mois  après  ce  grand  événement,  Henri  de  Bavière  mourut 
(1«'"  nov.   9o5);   sous  la  tutelle  de  sa  veuve  Judith,  son 
fils  Henri,  âgé  de  quatre  ans,   lui   succéda.  Otton  châtia 
ensuite  les  Wendes  qui  avaient  pris  pai't  à  la  grande  in- 
surrection de  953  et  furent   vainr^us  dans  les  marais  de 
la  Rekenitz  (oct.  955)  ;  la  tête  de  leur  chef,  Stoinef,  fut 
plantée  sur  une  pique,   entourée  de  celles  de  70  de  ses 
guerriers  ;  ses  conseilbn-s  eurent  la  langue  coupée  et  les 
yeux  crevés.  Ainsi   progressait   la  civilisation  allemande 
et  chrétienne.  En  Lorraine,  Bruno  aff'aiblissait  les  adver- 
saires par  la  scission  de  la  Haute-Lorraine  gouvernée  par 
le  duc  Frédéric,  frère  de  l'évêque  de  Metz  Adalbéron,  et  de 
la  Basse-Lorraine  gouvernée  par  le  duc  Godefroy. 

La  domination  d'Otton  étant  aifermie  en  Germanie  et 
dans  le  pays  de  la  Meuse,  il  tourna  de  nouveau  ses  efforts 
vers  l'Italie.  Bérenger  n'avait  pas  tenu  ses  engagements. 
A  la  fin  de  956,  sur  les  conseils  de  Bruno  qui  les  avait 
réconciliés,  Otton  envoya  en  Itahe  son  fils  Luidolf;  lui- 
même  était  encore  retenu  par  une  campagne  contre  les 
Slaves  Redariens.  Luidolf,  accueilli  avec  joie  par  le  parti 
bourguignon,  défit  deux  fois  Bérenger,  sVmpara  de  Pavie, 
mais  mourut  de  la  fièvre  près  de  Novare  (6  sept.  957); 
on  ramena  son  corps  à  l'église  Saint-Alban  de  Mayence  ; 
son  fils  Otton  fut  élevé  par  son  grand-père.  Bérenger 
rétablit  son  pouvoir,  mais  eut  l'imprudence  de  s'attaquer 
au  pape  auquel  il  voulait  enlever  l'exarchat.  Celui-ci 
était  le  fils  du  sénateur  Albéric,  mort  en  951;  il  avait 
été  élu  en  955  et  avait  pris  le  nom  de  Jean  XH  ;  sa  préoc- 
cupation dominante  était  d'établir  sa  domination  sur 
Fexarchat  et  la  Pentapole.  Rencontrant  rhoï>tilité  de  Bé- 
renger, il  fit  appel  à  Otton  ;  une  nombreuse  amJjassade, 
comprenant  l'archevêque  de  Milan,  vint  à  Ratisbonne  lui 
demander  de  meltre  un  leriuo  à  la  tyrannie  de  Béi'eni>er 


et  d'aller  prendre  à  Rome  la  couronne  impériale  (Noël 
960).  Otton,  qui  s'était  fait  saluer  sur  le  champ  de  ba- 
taille du  Lechfeld  du  titre  d'imperator  par  ses  soldats, 
accepta  avec  joie.  Il  convoqua  à  Worms  une  diète  où  les 
grands  élurent  roi  des  Francs  orientaux  son  fils  Otton, 
âgé  de  sept  ans  (mai  961),  que  les  trois  archevêques  rlié- 
nans  couronnèrent  à  Aix-la-Chapelle,  et  à  l'automne  il 
franchit  les  Alpes  avec  une  grande  armée,  laissant  la  ré- 
gence à  Bruno  et  à  l'archevêque  de  Mayence.  Il  passa  par 
la  vallée  de  l'Adige  ;  Bérenger,  abandonné  par  ses  troupes, 
ne  put  résister,  toutes  les  villes  ouvrirent  leurs  portes, 
la  fête  de  Noël  fut  célébrée  à  Pavie,  et  au  commencement 
de  962,  il  entra  à  Rome,  après  s'être  engagé  par  serment 
à  respecter  les  privilèges  de  l'Eglise  et  la  personne  de 
son  chef  et  à  lui  faire  recouvrer  ses  possessions.  H  fut 
solennellement  accueilh  sur  les  prés  de  Néron,  au  pied  du 
monte  IVIario,  par  le  peuple  et  la  noblesse,  et  conduit  en 
grande  pompe  à  Saint-Pierre  où,  après  avoir  prié  au  tom- 
beau de  l'apotre,  il  fut  oint  et  reçut  du  pape  la  couronne 
et  le  glaive  impérial  ;  sa  femme  Adélaïde  fut  également 
ointe  et  couronnée  ('2  févr.  962).  Otte  cérémonie,  (jui 
comblait  les  vohix  d'Otton,  recommençant  l'histoire  de 
Cbarleuiagne,  eut  sur  l'histoire  ultérieure  de  l'Allemagne 
et  de  l'Italie,  de  l'Eglise  catholique  et  de  l'Europe  entière 
uno  immense  influence.  Elle  marque  la  naissance  du  saint- 
empire  romain  germanique.  Sa  première  conséquence  fut 
de  reporter  en  Italie  le  but  de  raud)ition  des  Ottons  et 
d'amener  la  prompte  extinction  de  leur  dynastie. 

L'entente  entre  le  pape  et  l'empereur  ne  dura  pas.  Otton 
confirma  la  donation  de  Pépin  en  des  termes  qui  certai- 
nement rétendaient,  et  son  diplôme  sera  pour  l'avenir  le 
titre  des  papes  à  la  revendication  des  Etats  du  saint- 
^iè(je^{\\  Etats  DE  i;Eglise,  t.  XVI,  p.  528).  Mais  le  Germain 
se  fit  reconnaître  le  droit  de  disposer  des  dîmes  levées  sur 
les  païens,  de  choisir  les  métropolitains.  Il  convoqua  à 
Pavie  un  concile  où  il  régla  les  affaires  ecclésiastiques 
d'Italie;  à  Rome  même,  les  ennemis  du  pape  mettaient  en 
lui  leur  espoir,  et  celui-ci  comprit  qu'il  s'était  donné  un 
maître.  Jean  XII  s'entendit  alors  avec  Bérenger,  qui  s'était 
fortifié  à  San  Leone,  et  son  fils  Adalbert,  qui  avait  de- 
mandé secours  aux  Sarrasins  de  Corse  et  de  Fraxinet.  Il 
somma  l'empereur  de  s'occuper  de  la  restitution  du  pa- 
trimoine de  Saint-Pierre  ;  Otton  se  répandit  en  invectives 
contre  lui  et,  apprenant  qu'il  avait  accueilli  Adalbert,  dé- 
barqué à  Civita-Vecchia,  marcha  sur  Rome.  Il  y  entra 
sans  coup  férir  le  2  nov.  965,  et  fit  jurer  au  peuple  et 
aux  grands  de  ne  plus  éhre  désormais  de  pape  sans  le 
consentement  et  la  confirmation  de  l'empereur  et  de  son 
fils.  H  réunit  le  6  nov.  un  synode  ou  figurèrent  les  mé- 
tropolitains de  Milan,  Ravenne,  Hambourg,  56  évêques 
italiens,  2  évêques  allemands,  tout  le  clergé  romain,  les 
chefs  du  peuple  et  de  la  noblesse,  de  la  milice  urbaine  et 
les  employés  du  palais  de  Latran.  Jean  XII,  qui  s'était 
enfui  dans  les  montagnes,  fut  accusé  de  mœurs  infâmes, 
de  meurtre,  de  sacrilège  ;  il  fut  deux  fois  sommé  de  com- 
paraître, et  enfin  le  ^5  déc.  Otton  le  déclara  traître  et  par- 
jure, invitant  le  concile  à  le  déposer  et  à  lui  élire  un  suc- 
cesseur ;  on  obéit  sans  débat  et  l'on  élut  le  protoscrinarius 
Léon,  employé  laïque,  qui,  le  lendemain,  reçut  tous  les  de- 
grés de  l'ordination  ecclésiastique,  et  le  surlendemain  fut 
sacré  à  Saint-Pierre  et  prit  le  nom  de  Léon  VIII.  L'em- 
pereur ayant  renvoyé  une  partie  de  son  armée,  les  Ro- 
mains se  soulevèrent;  beaucoup  furent  massacrés  (5  janv. 
964),  mais  dès  le  départ  d'Otton,  son  protégé  dut  fuir, 
tandis  que  Jean  XII  rentrait  à  Rome  (26  févr.  964),  où 
un  nouveau  synode  de  16  évêques,  dont  plusieurs  avaient 
pris  part  au  précédent,  annulait  ses  actes  et  l'élection 
de  Léon  Vlll,  dont  les  partisans  furent  suppliciés.  Mais  le 
fils  d'Albéric  mourut  d'une  attaque  d'apoplexie  le  il  mui. 
Les  Romains  élurent  un  nouveau  pape,  Benoit  V.  Otton  ve- 
nait de  s'emparer  de  San  Leone,  eu  finissant  avec  Béren- 
ger qui  avait  du  se  rendre  avec  sa  femme  Willa,  et  avait 
été  exilé  à  Bamberg.  H  UKUTba  de  nouveau  sur  Piome  i|ui 


-^  ()7 

résista  d'abord,  mais  dut  céder  à  la  famine.  Le  ^3  juin, 
les  portes  furent  ouvertes;  un  nouveau  synode  fut  con- 
voqué ;  le  pape  légitime  Benoît  V  dut  y  comparaître  re- 
vêtu des  ornements  pontificaux  et  s'humilier  aux  pieds  de 
l'empereur;  ramené  à  la  condition  de  diacre,  il  fut  exilé 
à  Hambourg  où  il  meiui  la  vie  la  plus  édifiante  et  mourut 
l'année  suivante.  Otton  quitta  Rome  le  l'^^'  juil.  964,  et 
avec  le  reste  de  son  armée,  décimée  par  une  épidémie  qui 
tit  périr  le  duc  Godefroy  de  Basse-Lorraine  et  larchevèque 
de  Trêves,  il  acheva  la  soumission  de  la  Lombardie,  for- 
';ant  Adalbert  à  fuir  en  (lorse. 

Rentré  en  Allemagne,  il  célébra  la  Pentecôte  à  Cologne 
iivec  son  frère  Bruno,  leur  mère  Mathilde  et  toute  sa  fa- 
mille. Le  margrave  Gero  étant  mort  sans  héi'itier,  il  par- 
tagea son  territoire  entre  les  Irois  marches  du  Nord  (Ait- 
mark)  sur  la  Havel  (pays  des  Lintizes  et  Hevelliens),  de 
l'Est  (sur  la  Saale  et  la  Mulde),  de  Thuringe.  Peu  après, 
Bruno,  l'archevêque  de  Cologne,  mourut  à  Reims  (dl  oct. 
965),  le  duché  de  Basse-Lorraine  demeura  vacant,  Aix- 
lu-(<hapelle  fut  proclamée  première  résidence  impériale 
;m  N.  des  Alpes.  Bientôt  Otton  dut  redescendre  en  Italie. 
Vdalbert  y  avait  reparu  en  Lombardie,  l'archichancelier 
(  hoisi  par  Otton,  Guido  d<'  Modène,  s'était  associé  à  lui; 
îe  pape  Léon  VUl  était  mort  et  deux  évêques  venaient  en 
Saxe  demander  à  l'empereur  sa  désignation  ;  il  leur  ad- 
joignit les  évoques  Otger  de  Spire  et  Liutprand  de  Cré- 
mone qui  choisirent  l'évêque  tle  Narni,  lequel  devint  le 
pape  Jean  XIll  ;  le  préfet  de  Rome,  d'accord  avec  une 
pai'tie  des  barons  de  la  campagne,  et  le  peuple  se  révol- 
tèrent et  le  maltroaitèrent.  Mais  apprenant  que  le  duc  Bur- 
cluu'd  de  Souabe  avait  vaincu  Adalbert  et  que  l'empereur 
approchait,  ils  s'empressèrent  de  rappeler  Jean  XIII,  ré- 
fugié à  Capoue  (nov.  966).  Otton  n'en  sévit  pas  moins, 
faisant  pendre,  décapiter,  aveugler,  torturer  les  chefs  du 
mouvement,  déterrer  même  et  profaner  les  cadavres  ;  les 
plus  heureux  furent  seulement  exilés  en  Allemagne.  L'em- 
pereur poursuit  alors  la  conquête  de  Lltalie  méridionale  ; 
le  duc  lombard  de  Capoue  et  Bènévent,  Pandulf  Tête  de 
Fer,  lui  fait  hommage  et  y  gagne  les  marches  de  Spolèlc 
et  Camerino.  Au  concile  de  Ravenne  (avr.   967),  Otton 
rend  au  Saint-Siège  toutes  les  possessions  qu'il   a  pu 
avoir  en  Italie  ;  il  fait  confirmer  la  création  de  l'arche- 
vêL'hé  de  Magdebourg.  Il  amène  son  fils  et  le  fait  cou- 
ronner empereur  à  Saint-Pierre,  sous  le  nom  d'Otton  II  ; 
il  envoie  en  ambassade  à  Constantinople  l'habile  IJutprand 
de  Crémone,  afin  de  négocier  une  entente  contre  les  mu- 
sulmans et  de  demander  la  main  d'une  princesse  grecque 
pour  son  fils  ;  on  y  consent,  mais  Nicéphore  refuse  de 
céder  ses  provinces  de  ITtalie  méridionale  et  de  recon- 
Jiaître  le  transfert  do  la  vassalité  des  princes  lombards 
Pandulf  et  Landulf  à  l'empereur  d'Occident.  Les  gouver- 
neurs grecs  d'Apulie  Ijattent  Pandulf  qui  est  envoyé  à 
Constantinople,  chargé  de  chaînes.  Zimiscès,  meurtrier  et 
successeur  de  Nicéphore,  négocie  j)ar  l'intermédiaire  de 
Pandulf  ;  Otton  évacue  l'Apulie  et  la  Calal)re  et  on  lui 
envoie  la  princesse  impériale  Theophano,  fille  de  Romain  il  ; 
elle  est  conduite  en  grande  solennité  ta  Saint-Pierre  où  le 
pape  la  couronne  et  célèbre  son  mariage   avec  Otton  II 
(14  avr.  972).  L'empereur  rentre  alors  en  Allemagne,  d'où 
il  était  absent  depuis  six  ans  et  où  sont  morts,  en  mars  968, 
sa  mère  et  son  fils  l'archevêque  de  Mayence  ;  il  convoque 
une  brillante  assemblée  à  Ingelbeim,  visite  ses  villas  du 
Kliin  et  de  sa  terre  juitale  de  Saxe,  célèbre  de  grandes 
fêtes  à  Ouedlinburg,  ou  viennent  lui  rendre  hommage  Miec- 
zislav  (le  Pologne,   Boleslav  l\  de  Bohême,  les  envoyés 
d'Harald,  roi  de  Danemark,  des  ambassadeurs  de  l'empe- 
reur grec,  du  pape,  des  Russes,  des!  Bulgares,  des  Hon- 
grois (mars  97o).  A  Mersebourg,  il  reçoit  les  ejivoyês  d'un 
prince  arabe,  puis  il  se  l'cnd  à  3lemleben  ou  était  mort  son 
père  et  y  meurt  le  jour  sui^.ant  (^  mai  ')T8).  Il  fut  enseveli 
près  de  sa  femme  Edith  dans  régiise  Saint-Maurice  de  Mag- 
debourg. Il  eut  pour  successeur  son  hls  Otton  IL     A  .-M.  B. 

BiHL.  :  Vj'niSK,  Kiiiser  Otlv  dcr  Grosse  und  scia  Zelt  iIIj  r: 
GIIANDE    ENCYCLOPÉDIK.    —    XXV. 


—  OTTON 

.eipzig,  18GT,  o«   éd.  ~  K(Epkj<:  ci  Du-:.nm(,j.>,  Jahrburhcr 
'    des  Deutschen  Reichs  unter  Otto  I  ;  Berlin,  1838-39  2  vol 
—  Kœpke  etDuMMLER,  Kaiser  Otto  der  Grosse  :  Leimi'r 
187b.  —  Cf.  la  iDibl.  de  l'art.  Allemagne.  '  ~ 

OTTON  II,  dit  le  Roux,  empereur  romain  allemand 
(973-983),  né  en  9oo,  mort  à  Rome  le  7  déc.  983.  Fils 
d'Otton  P''  et  d'Adédaïde,  c'était  un  ardent  jeune  homme, 
petit,  mais  élégant,  cultivé,  d'humeur  gaie  et  chevale- 
resque, entreprenant,  très  épris  de  sa  femme  Theophano 
qui  le  dominait  par  sa  beauté,  par  sa  supériorité  intellec- 
tuelle et  son  caractère.  Son  père  l'avait  fait  couronner  roi 
des  Francs  en  96i,  empereur  en  967,  de  sorte  que  la 
succession  des  pouvoirs  se  fit  sans  difiiculté.  Cependant  il 
fut  d'abord  occupé  plusieurs  années  à  consolider  son  auto- 
rité en  Allemagne.  La  situation  exceptionnelle  faite  au 
duc  de  Bavière  avait  été  sous  Otton  P^'  une  cause  de  guerres 
civiles.  Il  en  fut  de  même  sous  Otton  II,  mais  cette  fois 
l'empereur  fut  du  coté  opposé.  La  belle  Judith,  fille  du 
prince  national  Anuilf  et  veuve  du  duc  Henri,  avait  gou- 
verné au  nom  de  son  fils  ;  par  sa  fille  Hedwige,  mariée  au 
duc  de  Souabe,  Burchard  II,  elle  menait  celui-ci,  de  sorte 
(jue  toute  l'Allemagne  méridionale  était  sous  l'influence 
des  princes  bavarois;  un  ne\eu  de  Judith  était  évêque 
d'Augsbourg,  des  fidèles  de  la  maison  évoques  de  Fres- 
sing  et  de  Passau  ;  le  mariage  du  jeune  duc  Henri  (dit  le 
Querelleur)  avec  une  nièce  d'Adèlaide,  fille  du  roi  de 
Bourgogne  Conrad,  semblait  fortifier  encore  cette  situation. 
Otton  II  entreprit  de  la  diminuer.  A  la  mort  de  Burchard 
(nov.  973),  il  refusa  de  laisser  le  duché  de  Souabe  à  sa 
veuve,  la  Bavaroise  Hedwige,  et  l'attribua  à  son  neveu 
Otton,  fds  de  Luidolf  ;  il  nomma  margrave  de  la  Bavière 
orientale,  sous  la  suzeraineté  bavaroise,  un  descendant  de 
la  famille  franconienne  des  Babenberg,  qui  s'y  comporta 
en  prince  indépendant.  Henri  le  Querelleur  ayant,  avec 
l'évêque  de  Fressing,  les  ducs  de  Bohème  et  de  Pologne, 
comploté  le  renversement  de  son  cousin  Otton  II,  fut 
interné  à  Ingelbeim  ;  sa  mère  dut  prendre  le  voile  à'  Ra- 
tisbonne  (974).  Mais,  tandis  que  l'empereur  était  retenu 
sur  la  frontière  danoise  pour  combattre  Harald  à  la  dent 
bleue,  puis  faisait  campagne  en  Bohême,  Henri  s'échap- 
pait d'Ingelheim  et  prenait  les  armes.  Otton  H  eut  facile- 
ment l'avantage,  et  à  la  diète  de  Ratisbonne  il  le  déclara 
déchu  de  son  duché.  Celui-ci  fut  amoindri;  la  Carinthie 
et  Vérone  formèrent  un  margraviat  indépendant  donné  à 
Henri  le  Jeune,  hls  de  l'ancien  duc  Berthold  de  Bavière  ; 
l'aîné  des  frères  Babenberg,  Berthold,  reçut  au  titre  le 
Nordgau,  marche  du  Nord,  pays  entre  le  Bœhmerwald  et 
la  rive  gauche  du  Danube;  le  cadet,  Luitpold,  la  marche 
de  l'Est,  future  Autriche,  qu'il  agrandit  jusqu'au  AVie- 
iierwald;  les  territoires  de  l'archevêché  de  Salzbourg  et  de 
révèché  de  Passau  furent  agrandis.  Ce  qui  restait  de  la 
Bavière  ainsi  démembrée  fut  annexé  au  duché  de  Souabe, 
mais  le  duc  y  partagea  l'autorité  avec  le  comte  palatin. 
Henri  H  le  Querelleur  était  réfugié  en  Bohême  ;  Otton  H 
l'y  poursuivit,  et  quoique  son  neveu  le  duc  Otton  fût  battu 
à  Pilsen  par  Boleslav,  ce  dernier  traita  (977).  Mais  Henri  H 
s'entendit  avec  son  parent  Henii  de  Carinthie  et  l'évêque 
d'Augsbourg  et  il  fallut  pour  les  vaincre  une  dernière 
campagne  ;  la  prise  de  Passau  par  les  Impériaux  en  décida 
l'issue.  Henri  le  Querelleur  fut  interné  à  Utrecht  ;  Henri 
le  Jeune  perdit  son  duché  de  Carinthie  qui  fut  attribué  à 
un  autre  iieveu  de  l'empereur  du  nom  d'Otton,  fils  de 
Conrad  le  Bouge  et  de  Luitgarcl.  Llmpératrice  douairière 
Adélaïde,   désolée  de   rélévalion  des   Luidolfings    et   de 
l'abaissement  delà  maison  de  Bavière,  se  retira  en  Bour- 
gogne. Le  roi  des  Francs  occidentaux  Lothaire.  marié  à 
l'Emma,  fille  du  premier  lit  d'Adélaïde,  tenta  de  prohter 
(le  ces  dissensions  pour  récupérer  la  Lorraine.  U  pénétra 
jusqu'à  Aix-la-Chapelle,  ou  il  faillit  eidever  Tempereur 
(|ui!i'JT8)  ;  à  Tautomne,  Otton  H  conduisit  60.000  hommes 
pjr  Fteims  et  Laon  jusqu'à  .Montmartre,  ne  put  prendre 
Paris  et  dut  se  contenter  de  faire  chanter  un  alléluia  par  la 
foule  de  ses  clercs.  Lothaire  le  poursuivit  dans  sa  retraite 
et    lui  enleva  ses   bagaf^es  ;m  passage  de   l'Aisne  (079) 

43 


OTTON 


—  674  — 


L'année  suivante,  brouillé  de  nouveau  avec  Hugues  de 
France,  le  roi  des  Francs  occidentaux  fit  sa  paix  avec 
l'empereur  (entrevue  du  Chiers,  980)  qui  conféra  à  son 
frère  Charles  le  duché  de  Basse-Lorraine. 

Otton  II  put  alors  se  rendre  en  Italie.  Le  pape  Benoît  VI, 
élu  en  janv.  973  avec  confirmation  d'Otton  I®^,  avait  été 
culbuté  et  étranglé  au  château  Saint-Ange  par  la  faction 
nationale  que  dirigeait  l'opulente  famille  des  Crescentius, 
seigneurs  en  Sabine.  Son  successeur,  Boniface  VU,  se  hâta 
de  s'enfuir  à  Constantinople  avec  les  trésors  pontificaux, 
et  Févèque  de  Sutir,  élu  probablement  par  les  impéria- 
listes, devint  pape  sous  le  nom  de  Benoit  VII  (oct.  974). 
Il  se  maintint  péniblement  contre  ses  adversaires.  L'Italie 
méridionale  était  dévastée  par  les  bandes  d'Aboulkasem, 
émir  de  Sicile  au  nom  des  khalifes  Fatimiles,  favorisé  par 
la  division  des  Byzantins  et  du  prince  de  Capoue.OttonlI 
franchit  les  Alpes  avec  son  neveu  Otton  de  Souabe,  l'im- 
pératrice Théophano  et  son  jeune  fils  Otton,  accompagné 
de  la  fleur  de  la  chevalerie  allemande  (nov.  980).  Il  se 
réconcilia  à  Pavie  avec  sa  mère  Adélaïde,  reçut  à  Ba- 
venne  le  pape  Benoît  VII  expulsé  de  Borne  et  marcha  sur 
la  ville  éternelle  oti  gouvernait  Crescentius,  fils  de  Théo- 
dora;  celui-ci  se  réfugia  au  couvent  de  Saint-Alexis  sur 
l'Aventin  et  y  prit  l'habit  monastique.  Otton  campa  dans 
la  cité  Léonine  et  y  tint  sa  cour  où  vinrent  le  duc  de  France 
Hugues  Capet  et  le  roi  Conrad  de  Bourgogne.  L'été  il  réu- 
nit dans  une  villa  delà  montagne  une  grande  assemblée  pour 
concerter  l'expulsion  des  Sarrasins  et  la  conquête  de  FApu- 
lie  sur  les  Grecs.  En  oct.  981 ,  il  prit  Naples,  célébra  la  Noël 
à  Salerne,  s'empara  de  Bari  et  de  Tarente,  défit  les 
Arabes  à  Cotrone  où  fut  tué  l'émir  iVboulkasem  ;  mais  les 
musulmans  prirent  une  terrible  revanche  sur  l'isthme  de 
Squillace  en  Calabre  ;  l'armée  allemande,  tombée  dans  une 
embuscade,  fut  détruite  (1 3  juil.98'2);  Fempereur  échappa 
jiresque  seul  sur  un  navire  grec  qui  le  recueillit  incognito 
et  le  ramena  à  Bossano. 

Il  se  retira  en  Lombardie  et  y  tint  à  Vérone  (983)  une 
grande  diète  où  il  fit  désigner  pour  lui  succéder  son  fils 
âgé  de  trois  ans.  Il  projetait  la  fusion  de  l'Allemagne  et 
de  l'Italie  en  un  royaume  unique  et  préparait  une  nou- 
velle expédition.  Pour  assurer  ses  derrières,  comme  Otton 
de  Souabe  était  mort  à  Lucques  le  i^^  nov.  982,  il  donna 
le  duché  de  Souabe  à  un  Conrad  de  la  grande  famille  fran- 
conienne des  Co7irad  (V.  ce  nom),  parent  aussi  des  an- 
ciens ducs  de  Souabe  ;  la  Bavière,  réunie  de  nouveau  à  la 
Carinthie,  fut  donnée  à  Henri  le  Jeune  (duc  révoqué  de 
Carinthiej.Il  négocia  aussi  l'accession  à  son  empire  de  Ve- 
nise qui  obéissait  à  l'empire  grec  ;  le  parti  allemand,  di- 
rigé par  les  Coloprini,ne  put  prévaloir  sur  le  parti  byzan- 
tin dirigé  par  les  Mauroceni,  et  le  siège  échoua.  Otton  II 
se  rendit  ensuite  à  Borne  où  Benoit  VII  mourut  en  oct.  983 
et  lui  fit  donner  pour  successeur  Jean  XïV,  évèquc  de  Pa- 
vie et  archichancelier  de  l'empire.  A  ce  moment,  il  apprit 
que  la  Saxe  était  très  menacée  ;  les  Danois  avaient  ravagé 
le  pays  jusqu'à  l'Elbe,  les  Wendes  de  la  Marche  orientale 
avaient  brûlé  villes  et  églises,  massacré  les  prêtres  et  re- 
levé leurs  idoles  ;  les  Obotrites  (Abodrites)  avaient  saccagé 
Hambourg.  Pris  de  fièvre,  le  jeune  empereur  absorba  une 
quantité  excessive  de  médicaments  et  mourut  à  vingt-huit 
ans  après  avoir  partagé  ses  trésors  entre  l'Eglise  romaine, 
sa  mère  et  sa  sa3ur  et  ses  compagnons  d'armes.  Il  fut 
placé  dans  un  sarcophage  antique,  sous  une  dalle  de  por- 
phyre prise  au  mausolée  d'Adrien  et  enseveli  sous  le  por- 
tique de  la  vieille  église  Saint-Pierre.  Lorsque  Paul  V  fit 
rebâtir  l'église,  le  tombeau  fut  ouvert,  la  dalle  de  por- 
phyre devint  une  cuve  baptismale,  le  sarcophage  un  ré- 
servoir de  la  cuisine  du  Quirinal  et  les  restes  de  l'empe- 
reur, transférés  dans  un  autre  sarcophage,  furejit  déposés 
dans  la  crypte  du  Vatican,  au  milieu  des  papes.  Otton  II 
eut  pour  successeur  son  fils  unique  Otton  111.      A. -M.  B. 
BiBL.  :  GiESEBRECHT,  Jalirbûclier  des  DeuLsclicii  Retchs 
tinter  der  Herrschaft  KoAser  Ottos  II ;  Berlin,  1840.  —  Det- 
MER,  Otto  II  bis  zwa  Tode  seines  Vaters;  Leipzig,  1878.  — 
Mattha'I;,  Die  llumdel  Ottos  II  mit  Lothur  von  Frank 


veich;  Halle,  1882.  —  Dans  les  Moniimentu  Gennaniœ,  au 
t.  II  des  Diplomata,  sont  les  actes  d'OtlonlI. 

OTTON  m,  surnommé  Mirabi lia  Mundi,  emi^evmv  ro- 
main allemand  (983-1002),  né  en  juil.  980,  mort  à  Pa- 
terno  le  23  janv.  4002,  fils  unique  d'Otton  II  et  de  Théo- 
phano, fut,  conformément  à  la  décision  dictée  par  son  père  à 
la  diète  de  Vérone  quelques  mois  avant,  couronné  à  Aix- 
la-Chapelle  par  les  archevêques  Willigis  de  Mayence  et 
Jean  de  Bavenne  ;  la  nouvelle  de  la  mort  d'Otton  II  sur- 
vint au  cours  des  fêtes  qui  suivirent.  Aussitôt  se  posa  la 
question  de  la  régence  :  sa  mère  Théophano,  sœur  des 
empereurs  byzantins,  était  suspecte  et  peu  populaire  ;  avant 
qu'elle  fût  rentrée  d  Italie,  Henri  le  Querelleur,  duc  ré- 
voqué de  Bavière,  se  fit  relaxer  par  l'évêque  d'Utrecht  et 
réclama  la  régence;  l'archevêque  de  Cologne  lui  remit 
l'enfant  impérial,  les  archevêques  de  Trêves  et  de  Mag- 
debourg,  l'évêque  de  Metz  se  déclarèrent  pour  lui,  et  il 
apparut  bientôt  qu'il  visait  l'empire.  En  faveur  du  petit 
Otton  intervinrent  alors  Godefroy,  comte  de  Verdun  et  de 
Hainaut,  et  son  frère  l'archevêque  de  Beims  Adalbéron, 
avec  euxle  savant  Gerbert,  abbé  deBobbio,qui  gagnèrent 
le  duc  de  France  Hugues  Capet.  Lothaire,  roi  des  Francs 
occidentaux,  revendiqua  la  tutelle  pour  lui-môme,  mais 
Henri  lui  promit  la  Lorraine,  et  alors  Lothaire  s'empara 
de  Verdun  et  captura  le  comte  Godefroy.  En  Saxe,  Henri 
fut  reconnu  roi  par  le  clergé,  par  les  ducs  de  Bohême  et 
de  Pologne,  ses  alliés,  et  par  le  prince  des  Obotrites  ;  mais 
les  seigneurs  laïques  réunis  à  Hesseburg  se  prononcèrent 
pour  Otton;  de  même  en  Bavière,  le  duc  Henri  le  Jeune, 
en  Souabe  le  duc  Conrad  qui,  avec  l'archevêque  tle  Mayence, 
entraîna  la  Franconie  ;  tous  deux  décidèrent  la  noldesse 
franque  assemblée  à  Worms  à  combattre  pour  Otton  contre 
Henri.  Ils  dépêchèrent  à  Pavie  où  étaient  réunies  Théo- 
phano, avec  Adélaïde,  veuve  d'Otton  P^  et  la  fille  de  celle- 
ci,  Mathikle,  abbesse  de  Quedlinburg.  Elles  passèrent  par 
la  Bourgogne  et  vinrent  à  la  diète  convoquée  à  Bara,  près 
de  W'orms  (29  juin  984).  Henri  n'osa  refuser  son  verdict; 
il  rendit  l'enfant  à  sa  mère  qui  fut  reconnue  tutrice  et 
régente.  Lui-mêine  recouvra  son  duché  de  Bavière,  Henri 
le  Jeune  se  contentant  de  la  Carinthie  (98o). 

En  Italie,  la  régence  fut  exercée   par  Adélaïde  sans 
grande  difficulté,  grâce  à  l'appui  des  évoques;  les  princes 
lombards  du  Centre  et  du  Sud,  en  particulier  Hugues  de 
Toscane,  demeurèrent  fidèles.  ABome,lepapeBoiufaceVîl 
revint  de  Constantinople  et  fit  périr  son  concurrentjJean  XIV, 
lui-même  mourut  peu  après  et  eut  pour  succ'csseur  un 
prêtre  romain,  Jean  XV,  sous  le  nom  duquel  le  pouvoir  fut 
exercé  par  le  patrice  Crescentius.  —- En  Allemagne,  Tiiéo- 
phano  gouverna  avec  sagesse  et  fermeté.  Elle  partagea  dé- 
finitivement la  garde  de  la  frontière  slave  entre  trois  mar- 
graves indépendants  du  Nord,  de  Thuringe  et  de  Lusace, 
confiant   la  Thuringe    à  Eckard   qui,  dès  l'année    sui- 
vante (986),  vainquit  le  duc   de  Bohême  et  l'obligea  à 
se  soumettre  et  à  rendre  Meissen  (987).  En  989,  Théo- 
phano se  rendit  à  Home,  faisant  rendre  la  justice  en  son 
nom  et  présidant  les  assemblées  ;  Crescentius  lui  demanda 
de  confirmer  son  titre  do  patrice.  En  France,  elle  resta 
neutre  dans  le  changement  dynastique  qui  éleva  au  trône 
Hugues  Capet  et  eut  pour  conséquence  de  substituer,  sur  le 
siège  métropolitain  (le  Beims,  au  CaroHngien  Arnulf,  son 
conseiller  Gerbert.  La  mort  de  Théophano  à  Nimèguc  (991) 
laissa  la  régence  à  sa  belle-mère  Adélaïde  qui  accourut 
de  Pavie  et  se  vit  forcée  d'accepter  le  contrôle  d'un  con- 
seil formé  de  grands  laïques  et  ecclésiastiques,  dont  les 
plus  influents  furent  l'archichanceher  Willigis  de  Mayence, 
les  ducs  Bernard  de  Saxe,  Conrad  de  Souabe,  Henri  de 
Bavière,  h  margrave  Eckard  de  Misnie  et  l'archevêque 
Gisiler  de  Magdebourg,  auxquels  il  faut  ajouter  la  tante  de 
l'empereur,  l'abbesse  Mathilde  de  Quedlinburg.  Le  N.  de 
la  Saxe  fut  peniljlement  défendu  contre  les  Wendes  aftran- 
chis  jusqu'à  l'Elbe,  contre  les  Scandinaves  qui  pillaient 
les  cotes. 

Le  jeune  Otton  III  reçut  une  brillante  éducation  par  les 


61b 


OTTON 


soins  du  vaillant  comte  saxon  Hoiko,  du  savant  Jean  de 
Calabre,  évèque  de  Plaisance,  et  de  Beniward,  évèquc 
d'Hildesheim.  Elle  fut  consommée  par  l'illustre  Gerbert  ; 
les  talents  et  le  savoir  du  jeune  prince  excitèrent  une 
telle  admiration  qu'on  le  qualifia  de  «  merveille  du  monde  » 
{mirabilia  mundi)  ;  ces  adulations  développèrent  en  lui 
un  orgueil  excessif,  il  fut  à  la  fois  incliné  à  suivre  son 
caprice  du  moment  et  rempli  du  sentiment  d'une  desti- 
née supérieure  réservée  à  l'héritier  des  deux  empires  d'Oc- 
cident et  d'Orient.  Lorsqu'il  eut  quinze  ans,  sa  grand'- 
mère,  qu'il  n'aimait  guère,  se  retira  au  couvent  de  Selz 
en  Alsace,  et  presque  aussitôt  le  jeune  Otton  descendit 
en  Italie  sans  même  attendre  que  le  col  du  Brenner  fût 
libre  de  neiges.  Jean  XV  venait  de  mourir,  et  les  délégués 
des  Romains  vinrent  à  Ravenne  lui  demander  un  pape  ;  il 
désigna  le  jeune  Bruno,  fils  de  l'ancien  duc  Otton  de  Ca- 
rinthie.  Sacré  le  3  mai  996,  il  prit  le  nom  de  Grégoire  V. 
Ce  pape  de  vingt-trois  ans  est  le  premier  Allemand  qui 
ait  porté  la  tiare  :  la  papauté  sortait  ainsi  du  [petit  mi- 
lieu romain  où  on  avait  voulu  l'enfermer.  Le  21  mai, 
Grégoire  V  conféra  la  couronne  impériale  à  son  cousin, 
(îes  deux  jeunes  gens  étaient  nourris  de  hautes  abstrac- 
tions et  hantés  de  vastes  projets.  Profitant  de  leur  absence, 
Cresccntius  rentre  à  Rome,  reprend  les  titres  de  patrice 
et  de  consul  ;  excommunié  par  le  synode  de  Pavie,  il 
s'entend  avec  l'évèque  de  Plaisance  Jean,  ancien  précep- 
teur d' Otton,  que  celui-ci  avait  envoyé  demander  à  Cons- 
tantinople  la  main  d'une  princesse  byzantine  ;  il  le  fait 
élire  pape  sous  le  nom  de  Jean  XVI,  et  tous  deux  com- 
plotent de  replacer  Rome  sous  la  domination  de  l'empe- 
reur d'Orient  (997).  Otton  lïl  part  de  Magdebourg  et, 
sans  trouver  de  résistance,  rentre  dans  Rome  ;  à  l'anti- 
pape on  crève  les  yeux,  on  coupe  le  nez,  la  langue,  les 
oreilles  ;  Crescentius  se  défend  désespérément  au  château 
Saint-iVnge,  mais  le  26  avr.  998,  Lckard  de  Misnie 
l'emporte  d'assaut,  fait  décapiter  le  patrice  ;  son  corps 
est  accroché  au  gibet  autour  duquel  on  crucifie  douze  de 
ses  partisans. 

Après  la  mort  subite  de  Grégoire  V,  Otton  nomma  pape 
son  illustre  maitre  Gerbert,  dont  il  avait  fait  un  arche- 
vêque de  Ravenne  (18  févr.  999).  Celui-ci  caresse  ses 
rêves  d'empire  universel,  de  restauration  de  l'empire  ro- 
main, avec  sa  capitale  à  Rome  où  il  voulait  s'entourer  de 
toute  la  pompe  de  la  cour  byzantine.  Tantôt  il  projetait 
de  reconstituer  le  Sénat  romain,  ce  conseil  de  sages,  se 
réservant  la  gloire  militaire  d'un  Trajan  alHée  au  somp- 
tueux décor  des  monarchies  orientales,  tantôt  il  s'adon- 
nait aux  pratiques  ascétiques  et  aux  pèlerinages,  passant 
des  sentiments  d'un  orgueil  surhumain  à  ceux  de  renon- 
cement et  d'humilité.  Dans  son  palais  du  mont  Aventin,  il 
s'entoure  d'un  cérémonial  extraordinaire,  se  décore  des 
surnoms  d'Italiens,  Saxonicus,  Romanus,  propose  d'appli- 
quer le  droit  romain  de  Justinien  à  tout  son  empire,  puis 
court  s'enfermer  dans  une  grotte,  à  Saint-Clément,  y  passe 
(piinze  jours  en  jeûnes  et  en  prières,  ou  bien  se  retire  dans 
l'ermitage  de  Subiaco,  ou  encore  va  pieds  nus  visiter  les 
tombeaux  des  martyrs.  L'approche  de  l'an  4000  exagère 
ce  mysticisme. 

En  déc.  999,  Otton  III  retourne  en  Allemagne  où  sa 
tante  Mathilde  et  sa  grand'mère  Adélaïde  venaient  de  mou- 
rir. Il  se  rendit  à  Gnesen  en  Pologne  où  reposait  le  mar- 
tyr Adalbert  de  Prague  (f  997),  victime  des  Prussiens 
païens  et,  en  son  honneur,  lit  ériger  Gnesen  en  siège  mé- 
tropolitain, assurant  ainsi  l'autonomie  religieuse  de  la  Po- 
logne ;  il  lui  subordonna  les  évèchés  nouveaux  de  Cracovie, 
Breslau  et  Colbcrg.  Il  alla  ensuite  jeter  à  Aix-la-Chapelle 
les  fondations  d'une  égUse  dédiée  à  saint  Adalbert  et  ht 
rouvrir  le  tombeau  de  Charlemagne  pour  contempler  les 
restes  du  grand  empereur.  Il  revint  ensuite  à  sa  chère 
Itahe  où  Gerbert  le  rappelait,  passa  par  Coire  en  Lom- 
bardie  et  rentra  en  oct.  lOOi  dans  son  palais  de  l' Aven- 
tin. Des  querelles  entre  Tivoli  et  Rome  le  brouillèrent 
avec  le  peuple  romain  dont  les  émeutes  le  découragèrent. 


Il  quitta  la  ville  et  se  rendit  à  Ravenne  avec  Gerbert;  de 
là  il  visita  Venise;  puis  quand  ses  renforts  furent  arrivés 
d'Allemagne,  marcha  sur  Rome  où  le  comte  de  Tusculum 
se  défendit  vigoureusement.  Otton  étabht  son  séjour  au 
château  de  Paterno,  près  du  mont  Soracte,  et,  après  un 
séjour  à  Ravenne,  il  y  revint  et  mourut  de  la  fièvre  dans 
sa  vingt-deuxième  année.  On  ramena  son  corps  à  Aix-la- 
Chapelle  où  il  fut  déposé  près  de  celui  de  Charlemagne, 
Son  père  et  lui,  en  poursuivant  la  chimère  de  l'empire,  ont 
laissé  se  créer  les  royaumes  nationaux  de  Hongrie  et  de 
Pologne,  reperdu  les  conquêtes  faites  sur  les  Slaves  au 
delà  de  l'Elbe  par  Otton  F^  Il  ne  laissait  d'autres  parents 
immédiats  que  ses  sœurs  Adélaïde,  abbesse  de  Quedlin- 
burg,  et  Sophie,  abbesse  de  Gandersheim.  Il  eut  pour  suc- 
cesseur son  cousin  Henri  de  Bavière,  petit-fils  du  frère 
d'Otton  L^\  qui  régna  sous  le  nom  de  Henri  IL  A. -M.  B. 

OTTON  IV,  empereur  romain  germanique  (1198-1218), 
né  en  1173,  mort  à  Harzburg  le  10  mai  1218.  Troi- 
sième fils  de  Henri  le  Lion,  il  passa  sa  jeunesse  auprès 
de  son  oncle,  Richard  Cœur  de  Lion,  en  Aquitaine  et 
en  Angleterre,  sauf  un  court  moment  où  il  fut  remis 
en  otage  à  Henri  VI.  C'était  un  homme  de  haute  taille, 
d'une  force  et  d'une  bravoure  exceptionnelles,  très  pas- 
sionné, adorant  a  guerre  et  les  tolurnois.  Il  y  brillait 
à  côté  de  son  oncle,  qui,  n'ayant  pas  d'enfants,  l'aimait 
comme  un  fils  ;  il  le  fit  comte  de  Poitou,  duc  d'Aquitaine, 
s'efforça  de  lui  assurer  par  un  mariage  la  couronne 
d'Ecosse  et  dépensa  beaucoup  pour  lui  procurer  celle 
d'Allemagne,  vacante  par  la  mort  de  Henri  VI.  Quoique 
presque  étranger  en  Allemagne,  Otton  fut  élu  (à  défaut 
de  son  frère  aîné,  le  comte  palatin  Henri,  retenu  à  la 
croisade)  par  une  assemblée  tenue  à  (iOlogne  (avr.  1198), 
un  mois  après  celle  (|ui  avait,  à  Armstadt,  élu  Philippe  de 
Hohcnstaufen.  Otton  se  fit  couronner  à  Aix-la-Chapelle  le 
12  juil.,  Philippe  à  Mayence  en  septembre.  Le  roi  guelfe 
avait  pour  lui  la  Saxe,  le  Rhin  inférieur,  le  Brabant, 
l'appui  de  la  Flandre  et  de  l'Angleterre;  le  roi  gibelin, 
rAIlemagne  du  Sud,  la  Bohême,  le  margrave  de  Misnie,  de 
Lusace,  la  maison  d'Aiihalt,  le  comte  de  Holstein.  La  mort 
de  Richard  semblait  assurer  l'avantage  au  Ilohenstaufen 
(1199),  mais  le  pape  Innocent  III  inclinait  pour  Otton,  et, 
après  avoir  longtemps  temporisé,  le  déclara  formellement 
en  mars  1201  ;  le  roi  guelfe  ayant,  à  Neuss,  promis  de 
céder  au  Saint-Siège  toute  l'Italie  au  S.  du  Pô,  le  légat 
pontifical  excommunia  Philippe  et  ses  adhérents  ;  le  roi 
de  Danemark,  alhé  d'Otton  IV,  subjugua  le  Holstein  ; 
Ottokar  de  Bohême  passa  du  côté  où  était  le  pape,  et  en 
1203  Otton  parut  prendre  l'avantage.  Mais  Philippe  sut 
détacher  ses  principaux  partisans  :  roi  de  Bohême,  land- 
grave de  Thuringe,  duc  de  Brabant,  archevêque  de  Cologne 
et  jusqu'à  son  frère,  le  comte  palatin  Henri.  Otton  se  dé- 
fendit victorieusement  à  Cologne  (1205),  et  son  avoué  sac- 
cagea Goslar  (juin  1206),  mais  Cologne  finit  par  se  rendre, 
et  Otton  dut  se  retirer  dans  son  château  de  Brunswick 
(fin  1206).  Au  moment  où  le  pape  allait  reconnaître  Phi- 
lippe, celui-ci  fut  assassiné  à  Bamberg  par  Otton  de 
Wittelsbach  (21  juin  1208). 

Otton  IV  fut  alors  généralement  reconnu.  Il  accepta  de 
se  soumettre  à  une  nouvelle  élection  qui  eut  lieu  à  Franc- 
fort (1208),  mit  au  ban  de  l'empire  l'assassin  Otton  de 
Wittelsbach  qui  fut  tué  à  Eberach,  renouvela  à  Spire  les 
engagements  pris  vis-à-vis  du  pape  (22  mars  1209)  ;  il 
prit  sous  sa  tutelle  la  fille  de  son  rival,  s'engageant  à 
répouser  quand  elle  serait  majeure,  d'autant  qu'elle  ap- 
portait une  dot  de  3o0  châteaux.  Il  s'efforça  de  rétaWir 
l'ordre  et  la  paix,  mais  indisposa  par  sa  sévérité  la  no- 
blesse de  l'Allemagne  du  Sud.  Il  passa  alors  en  Italie,  où 
il  s'efforça  de  concilier  les  partis,  spécialement  Ezzelino 
et  Azzo  d'Esté.  11  se  rencontra  à  Viterbe  avec  Innocent  III 
qui  lui  conféra  la  couronne  impériale  à  Saint-Pierre  le 
4  oct.  1209.  Les  rixes  entre  Allemands  et  Romains  furent 
suivies  d'une  brouille  entre  le  pape  et  l'empereur,  ce 
dernier  revendiquant  rhéritage  de  la  comtesse  Mathilde  ; 


OTTON 


—    (37()    — 


tout  le  monde  s'empressa  de  lui  rendre  hommage,  même 
Azzo  d'Esté  pour  Ancooe,  même  le  préfet  de  Rome.  Il 
entreprit  la  conquête  du  royaume  de  Sicile  où  régnait  le 
jeune  Frédéric  de  Hohenstaufen.  Innocent  indigné,  après 
avoir  vainement  offert  de  renoncer  à  l'Italie  centrale,  pourvu 
qu'on  n'envahît  pas  la  Fouille,  excommunia  Otton  IV 
(10  nov.  4210).  En  Italie,  l'effet  fut  minime,  mais  en 
Germanie,  le  parti  souabe,  excité  par  les  archevè(pies  de 
Mayence  et  de  Magdebourg,  rompit  avec  l'empereur  guelfe. 
Une  assemblée  tenue  à  Nuremberg  élut  roi  le  tils  de 
Henri  VI;  Frédéric  II  (automne  i^ii),  et  la  guerre  civile 
recommença.  En  Italie,  Az/.o  d'Esté,  Pavie,  Vérone  se  pro- 
noncèrent contre  Otton.  Il  repassa  les  Alpes  et  s'empressa 
de  consommer  le  mariage  avec  Béatrice  de  Hohenstaufen, 
mais  elle  mourut  quelques  jours  après,  ^'.année  suivante, 
Frédéric  II  arrivait  en  Allemagne,  fortiiié  par  l'alliance 
et  les  subsides  du  roi  de  France  Philippe-xVuguste.  Otton  IV 
fut  réduit  à  l'Allemagne  du  Nord  et  aux  Pays-Bas,  où  la 
guerre  se  continua.  Son  allié  le  duc  de  Brabant  ayant 
pillé  Liège,  les  hostilités  se  développèrent  dans  les  Pays- 
Bas.  Un  grand  effort  fut  tenté  })ar  les  guelf<îs  contre  le 
roi  de  France,  allié  des  gibelins  ;  l'empereur,  les  comtes 
de  Flandre  et  de  Boulogne,  le  duc  de  Brabant,  les  con- 
tingents augkds  de  vSalisbury  formèrent  une  armée  de  plus 
de  100.000  hommes  qui  fut  miae  en  déroute  à  Bouvines 
par  les  Français.  Otton  IV,  qui  commandait  en  chef,  s'en- 
fuit, abandonnant  l'aigle  impériale,  son  char,  etc.  ;  il  resta 
un  an  à  Cologne,  mendiant  des  subsides,  incapable  de  se 
relever  du  désastre.  Quand  son  rival  eut  été  couronné  à 
Vix-la-Chapelle  et  reconnu  par  le  pape,  il  se  retira  dans 
son  château  de  Brunswick,  d'où  il  dirigea  quelques  incur- 
sions sur  les  terres  de  ses  ennemis,  mais  sans  plus  exercer 
Fautorité  impériale.  H  y  mourut  au  bout  de  trois  ans, 
dans  sa  quarante-troisième  année.  A. -M.  B. 

OTTON.  Ducs  de  Bavière.  Les  plus  importants  sont: 
[^  Otton  de  NordkeÎDi,  duc  de  Bavière,  originaire  d'une 
ancienne  famille  saxonne  qui  possédaitdes  biens  près  de  G  œt- 
tingue,  mort  le  ii  janv.  1083.  Excellent  général  et  homme 
de  guerre,  il  était,  d'autre  part,  faux  et  rusé  ;  sa  déloyauté 
el  soji  ingratitude,  son  indifférence  à  l'emploi  des  pires 
moyens  pour  en  venir  à  ses  fins,  ne  se  démentirent  jamais. 
lui  1061,  il  obtint  de  Fimpératrice  Agnès  le  duché  de 
Bavière;  en  100!^,  il  concourut  à  l'enlèvement  du  jeune 
Ifenri  IV  ;  en  1000,  il  contribua  à  renverser  Adalbert  de 
Brème  et  fut  un  des  plus  dangereux  adversaires  de  Henri  ÎV. 
S'étant  soumis,  en  1070,  au  jugement  de  Dieu  pour  se 
laver  d'une  accusation  d'assassinat,  il  fut  dépouillé  do  son 
duché.  En  1071,  il  entreprit  de  la  reprendre  et  recouvra 
ses  domaines  allodiaux.  En  1073,  il  se  mit  à  la  tête  du 
soulèvement  de  la  Saxe  el,  à  la  paix  de  Gerstiengen  {2  févr. 
1074),  rentra  en  possession  de  la  Bavière  ;  mais  le  9  juin 
I07o,  il  fut  défait  à  Langensalza  par  Henri  IV  et  dut  se 
soumettre  le  ^26   oct.  Rentré  en  grâce,  il  sut  gagner  la 
confiance  de  Henri  IV  qui  lui  confia  l'administration  de 
la  Saxe  ;  mais  il  trahit  encore  et,  en  1076,  fut  de  nouveau 
renversé.  Il  contribua  à  la  déposition  de  Henri  IV  et  au 
(hoix  de  Rodolphe  de  Souabe  comme  antiroi  (1077).  Il 
prit  part  aux  guerres  entre  les  deux  rois  jusqu'à  sa  mort. 
4*^  Ott07i  l'^^\  comte  de  Wittelsbach,  duc  de  Bavière, 
né  en  1120,  mort  àPfullendorflell  juil.  1183.Enllol, 
il  accompagna  en  qualité  de  porte-bannière  Frédéric  I^'', 
dans  sa  première  expédition  à  Rome.  Sa  vaillance  et  son 
habileté  firent  obtenir  à  l'armée  impériale  la  convention 
de  Vérone  ;  il  en  fut  récompensé  par  le  titre  de  comte 
palatin  de  Bavière.  Dans  la  suite,  il  rendit  de  si  grands 
services  à  l'empereur  en  Allemagne  et  en  Italie  (|ue  celui-ci 
lui  donna,  le  21  juin  1180,  le  duché  de  Bavière. 

3*^  Otton  Vil,  comte  de  Wittelsbach,  comte  palatin  de 
Bavière,  homme  violent  et  emporté,  qui  tua  poui'  se  venger, 
le  21  juin  1208,  à  Bamberg,  le  roi  Philippe  de  Soualic. 
Proscrit  par  Ottoji  IV  à  la  suite  de  ce  meurtre,  il  fut 
vaincu  en  1209  par  Pappenheim  près  de  Ratisbonne. 
i"  Otton  II,  VAiifjiLslc.  duc  de  Bavière,  né  en  1206. 


mort  au  château  de  Trausuitz  le  29  nov.  1253.  H  épousa 
Agnès,  sœur  du  comte  palatin  Henri  H,  et  reçut  de  Fré- 
déric H,  en  1214,  le  Palatinat  ;  en  1228,  il  en  prit  le  gouver- 
nement; en  1231,  il  succéda  à  son  père  comme  duc  de 
Bavière,  après  son  assassinat.  Son  dévouement  pour  Fré- 
déric II  fut  un  moment  chancehuit  ;  mais  en  1246,  il 
maria  sa  fille  Elisabeth  au  roi  (Conrad  IV,  qu'il  servit  fidè- 
lement, ce  qui  fit  mettre  son  duché  en  interdit.  Quand,  en 
1251,  Conrad  IV  descendit  en  Italie,  il  nomma  Otton  I^^' 
vicah'e  de  l'empire. 

5"  Otton  7*^^  roi  de  Bavière,  second  fils  du  roi  Maxi- 
milien  H,  né  à  Munich  le  27  avr.  1848.  Il  fit  son  éduca- 
tion mihtaire  dans  Farmée  et  servit  en  1866  dans  l'état- 
major  du  prince  Charles  de  Bavière  ;  en  1870-71,  il  fit 
partie  de  l'état-major  du  roi  Guillaume  à  Versailles.  Mais 
il  devint  fou  peu  après  et  fut  enfermé  successivement 
dans  les  châteaux  de  Nymphen])ourg.  puis  de  Schleissheim 
en  1878  et  enfin  de  Furstenried.  A  la  mort  du  roi  Louis  II 
de  Bavière  (13  juin  1886),  son  frère,  il  fut  nommé  roi. 
Mais  connue  il  était  incapable  de  gouverner,  son  oncle  le 
prince  Luitpold,  prit  la  régence  le'l  i- juin  1886.  A.-M.  B. 

Hii;i..:  Meiimkl,  0//(>  von  Nordlicun  ;  ^LvAimiiuv,  1870 
-  A'oGJiLr.ii,  Otto  cou  NorJIwUn;  Miodeii,  1(S80.  --  IIkio'  î, 
oi  ltn;zLi;R,  Dus  llerzoylani  Ihmern  zur  ZeitUeinrichs  o'r-. 
Lo'wcn  und  Ottos  von  'Wittclsbucli  ;  Munich,  1807. 

OTTON  (Saint),  apôtre  dePoméranie,  né  en  Souabe  en 
1062,  mort  à  Bamberg  le30  juin  1139.  Chapelain  du  duc 
polonais  Wladislas  Heî*mann,  il  passa  k  la  chancellerie  de 
l'empereur  Henri  IV  et  devint  en  1102  évèque  de  Bam- 
berg. Très  érudit,  il  fonda  plusieurs  cloîtres  où  il  déve- 
loppa Fétude  des  sciences.  Son  histoire  a  été  contée  par 
trois  moines  (Herbord,  Ebo  et  un  troisième  dont  le  nom 
ne  nous  est  pas  parvenu.  Y.  Jaffé,  BWtiotheca  reniin 
g  er  manie  arum) .  Saint  Otton  rendit  des  services  à  l'em- 
pereur Henri  V  lors  de  ses  démêlés  avec  le  pape.  En  1124 
et  1127,  il  entreprit,  sur  la  demande  du  ducBoleslas  III 
de  Pologne,  des  voyages  de  mission  en  Poméranie.  11  a 
été  canonisé  en  1189.  Sa  fête  est  le  2  juil.        Ph.  B. 

t^iijL.  :  ZiM.\ii:ii.MANis-;  Otto,  Bischof  von  BoAnberg ;  Fri- 
bourcr,  1875.  —  Loosiiorn,  Dcr  heiliga  Bischof  Otto;  Mii- 
uicli,  1888.  —  Maskus,  Bischof  Otto  I  vom  Bai)ibern,  aïs 
Bischof,  RcicJfsfurst  und  Missiomir  ;  Breslau,  1889,  — 
ZuRiTsoii,  Gcschiclitc  des  Biscliofs  Otto  I  vom  Bamberg 
des  J^oimncrnapostels ;  Gotîia,  1889. 

OTTON  (Ernst-Julius),  compositeur  allemand,  né  à 
Kœnigstein  (Saxe)  le  1«''  sept.  180i,  mort  à  Dresde  le 
5  mars  1877.  Elève  de  Weinlig  à  Dresde,  de  Fr.  Uber 
et  de  Schicht  à  Leip/ig  (1822-25),  il  fut  nommé  profes- 
seur de  chant  à  l'Institut  de  Dresde  et  chantre  de  l'église 
de  la  Croix,  de  1830  à  1876.  Son  nom  est  connu  surtout 
par  ses  compositions  ])our  voix  d'hommes  :  Der  Sànger- 
saal,  Barschenfahrîen,  Gesetlenfahrten,  Soldaten- 
leben.  Il  a  composé  la  musique  de  Kinder f es ten  et  Lieder- 
lafely  opérette  de  Hofman.  On  cite  aussi  ses  oratorios  : 
Des  Reilands  tente  Norte,  Die  Feier  der  Ertœsten  am 
Grab  Jesu,  etc. 

OTTON  (Friedrich-Julius),  cliimiste  allemand,  né  à 
Grossenheim  (Saxe)  le  8  janv.  1808,  mort  le  13  janv. 
1870.  Professeur  de  chimie  au  (ku'ofinum  et  directeur  de 
l'Institut  en  1866,  il  a  laissé  :  Lehrbucli  der  rationel- 
lem  Praxis  der  landwirtchaftlictien  Gewerbe  (Bruns- 
wiciv,  1838  ;  rééd.  en  1865  et  1875)  ;  Lehrbucfi  der 
Cliemie  {[S\i))  et  Anleitiuig  utr  Ausmittelunq  der 
Gifte  (1856). 

OTTON  F'',  roi  de  Grèce,  second  fils  du  roi  Louis  F ^' 
de  Bavière,  né  à  Salzbourg  le  1*^'"  juin  1815,  mort  à  Bam- 
berg le  26  juil.  1867.  EleVé  à  Munich  où  il  eut  von  Oetlel 
pour  précepteur,  Schelling  et  Thiersch  pour  professeurs, 
il  compléta  son  instruction  par  des  voyages  en  Allemagne  et 
en  Italie.  La  conférencede  Londres  (7  mai  1832)  le  nomma 
roi  de  Grèce,  les  Grecs  le  reconnurent  le  8  août  1832,  et 
il  monta  le  6  fevr.  1833  sur  le  trône.  A  cause  de  son 
jeune  âge  (dix-Jmit  ans),  on  lui  donna  un  conseil  de  ré- 
gence de  trois  membres,  jusqu'au  l'-'' juin  1833.  D'un  ca- 
raclêre  peu  énergique,  il  ne  bUt  riwn  dérober  àCinlïuence 


()T7  — 


OÏTON 


OUADAÎ 


russe  ni  gagner  la  confiance  de  son  peuple  ;  il  rendit  cepen- 
dant des  services  au  point  de  vue  de  l'organisation  de 
l'instruction  en  Grèce.  On  lui  a  beaucoup  reproché  de 
n'avoir  pas  su  agrandir  son  royaume  aux  dépens  des 
Turcs,  en  profitant  des  occasions  (jui  se  présentèrent  pen- 
dant la  guerre  d'Orient.  Il  n'eut  pas  d'enfants  de  son  union 
(1836)  avec  la  pi'incesse  Amélie  d'Oldenbourg,  ce  qui  l'em- 
pêcha de  fonder  une  dynastie.  La  révolution  d'oct.  1862 
le  renversa  de  son  trène.  fl  retourna  alors  à  Bamberg  ou 
il  vécut  jusqu'à  sa  mort.  Ph.  B. 

BifiL.  :  la  Grèce  du  roi  Otton  (corvospimdanvo  de 
M.  'rhouvenel);    l\aris,  1800. 

OTTON  (Johann-Karl-Theodor,  chevalier),  théologien 
protestant  allemand,  né  à  ïéna  le  4  oct.  1816.  Profes- 
seur d'histoire  ecclésiastique  à  Vienne  en  1854,  il  fut 
élevé  à  la  dignité  autrichienne  de  chevalier  en  1871.  Il 
se  retira  en  1887  et  vit  à  Dresde  dans  la  retraite.  Son 
principal  ouvrage  est  le  Corpus  Apologefanun  Christia- 
norum  sœculi  secimdi  (léna,  '184'2-7'2,  19  vol.).  11  a 
écrit  encore  :  De  J nsiini  Martyrh  scripiis  et  Dortrincf 
(1841);  De  Epistola  ad  Diognetum  (1845);  Gesrhichie 
(1er  lie  formation  im  Er-'Jierzogtinn  OEsterreich  vuter 
Kaiser  Maximilian  II  (1889). 

OTTON  (Martin-Paul),  sculpteur  allemand,  né  à  Ber- 
lin le  3  août  1846,  mort  à  Berlin  le  6  avr.  1893.  II  fit 
ses  études  sous  l'influence  réahste  de  B.Begas.  lui  187'2, 
il  exposa  :  Faune  et  lymphe,  puis  il  vécut  à  Borne  jus- 
qu'en 1885;  il  fit  à  cette  époque  de  nombreux  bustes  et 
groupes  :  Centaure  et  Nymphe  (1874);  Léda  et  Jupi- 
ter (1876);  Monument  de  Guillaunie  de  Huml)oldt.  à 
Berlin  ;  Pivjet  de  monument  de  Victor-Emmanuel,  à 
Borne  ;  une  Vestale  polychrome.  Il  obtint  le  premier  prix, 
dans  un  concours,  pour  l'érection  d'un  monument  à  Lu- 
ther, à  Berlin,  oii  il  revint  en  1886,  à  cette  occasion  ; 
mais  il  ne  Ta  pas  achevé;  c'est Toberentz  qui  le  termina. 
L'image  en  pied  de  l'empereur  Guillaume  V^^.  à  Kms,  est 
d'Otton.  Ph.  B. 

OTTON  DE  Freisingen  (V.  Otto  de  Fheislxg). 

OTTROTT  {Ottenrode,  1059).  Corn,  de  la  Basse-Alsace, 
formée  des  deux  villages,  Ottrott-le-Bas  et  Ottrott-le-Haut, 
cant.  de  Bosheim,  arr.  de  Molsheim;  1.605  hab.;  vins 
rouges  estimés;  antiquités  gallo-romaines.  La  chapelle 
Snint-Nicolas  passe  pour  être  un  des  monuments  les  plus 
.inciens  de  l'Alsace  ;  les  parties  inférieui'es  datent  du 
\\^  siècle.  Sur  la  colline  qui  domine  Ottcott.  ruines  des 
châteaux  de  Lutzel  bourg  (tour  ronde  du  xtv^  et  tour  carrée 
'lu  xv^  siècle)  et  de  Rathsamhansen  (donjon  en  style 
(Oman).  Annexe  dOttrott,  le  couvent  de  ïlohenbourg 
(V.  Sâinte-Odile  I  Mont  |). 

OTTWEILER.  Ville  de  Prusse,  district  de  Trêves,  sur 
laBlies;  5.554  hab.  (en  1895).  Ecole  normale.  Poteries, 
métallurgie.  De  1640  à  1728,  ce  fut  le  centre  d'une  branche 
lies  Nassau-Saarbrùck.  —  On  appelle  couches  d'Ottweiler 
les  couches  supérieures  du  terrain  carbonifère  de  cette 
région . 

OTUMBA.  Ville  du  Mexique,  Etat  et  ù  50  kil.  N.-E.  de 
Mexico,  sur  le  chem.  de  fer  de  Vera  Cruz;  10.000  hab. 
Ancienne  capitale  desOtomi,  supplantés  par  les  Aztèques. 
Fernand  Certes  y  remporta  le  8  juil.  1520  une  victoire 
décisive. 

OTWAY  (Thomas),  littérateur  anglais,  né  à  Trotton 
(Sussex)  le  3  mars  1652,  mort  à  Londres  le  1 4  avr.  1685. 
Fils  d'un  pauvre  recteur,  il  reçut  une  assez  bonne  ins- 
truction d'abord  au  collège  de  Winchester,  puis  à 
l'Université  d'Oxford.  Il  abandonna  l'Université  avant  la 
fin  de  ses  études  afin  de  se  consacrer  au  théâtre  pour 
lequel  il  s'était  senti  de  bonne  heure  des  dispositions. 
Ses  débuts  sur  les  planches  (1672)  furent  malheu- 
reux :  aussi  renonçant  à  la  carrière  d'acteur,  il  se  con- 
tenta désormais  d'écrire  des  pièces.  En  1675,  il  donnait 
une  tragédie  en  cinq  actes  et  en  vers,  Alcihiades,  qui  obtint 
un  certain  succès  que  confirmèrent,  en  1676,  un  autre 
drame  en  vers,  don  Carlos,  tiré  du  roman  de  l'abbé  de 


Saint-Béal,  et  en  1677  une  tiagédi*'.  7'//?/-s'  and  Bérénice. 
imitée  de  Racine,  et  une  farce,  The  (\lieats  of  Scapin, 
adaptée  de  Midière.  Gonnu  désormais,  il  composa  une  co- 
uiédie  originale,  Eriendship  ta  Fashion  (1678),  qui  de- 
meura longtemps  au  répertoire.  G-ependant  Otway  était 
tombé  éperdument  amoureux  de  sa  principale  interprète. 
Mrs  Bary,  qui,  maîtresse  de  lord  Rochester,  méprisait  fort 
son  humble  adoi'ateur.  Désespéré,  il  s'engagea  et  servit  en 
Flandre.  Revenu  en  1679,  à  peu  près  guéri  de  sa  passion, 
il  se  mit  résolument  au  travail,  et  produisit  coup  sur  couj)  : 
The  Orphan  (1680),  tragédie  ;  Historij  and  Fallof  Cains 
Marins  (1680),  id.;  The  Soldier  's  Fortune  (i6Si),  co- 
médie; Venise  Preserved  (iGH^l),  tragédie,  eithexitheisl 
(1684),  comédie.  Malgré  le  succès  de  ces  pièces,  Otway 
était  presque  misérable  :  il  écrivait  pour  accroître  ses 
ressources  des  prologues  et  des  épilogues  pour  les  pièces 
de  ses  rivaux  ;  comme  la  plupart  des  honnnes  de  lettres 
du  temps,  il  mena  une  vie  errante  et  désordonnée  qui  finit 
prématurément.  Ses  OEvrres,  réunies  d'abord  en  1713 
(2  vol.)  et  dont  la  meilleure  édition  a  été  donjiée  ])ar 
Thornton  (Londres,  1813,  3  vol.),  renferment  des  beaulés 
dramatiques  de  premier  ordre,  mais  perdues  dans  le  pa- 
thos le  plus  insupportable.  Sa  Veuise  sauvée,  qui  a  été 
traduite  dans  toutes  les  langues  de  l'Europe  (en  français, 
Paris,  1746),  et  jouée  siu'  pj'escfue  tous  les  théâtres  (Go- 
médie-Française,  5  déc.  1746),  mérite  d'être  rapprochée 
des  chefs-d'œuvi'e  de  Shakespeare.  R.  S. 

I^iDL.  :  .loiiN^ON.  L'n'c.s  of  llm  Pocf:^.  —  TiioiiNiM/N.  Lifc 
of  T.  Olwau  ;  l.niidr<\s.  1<nK1  in-<S.  —  J^i'J.jami:.  le  Public  cl 
les  Jwmmes  de  lettresi  en  Aiifjlclerre  nii  \\  iri''  siècle;  Paris. 
1<SS1.  iii-8  —  'I'aim:,  tJtfcvuinrc  ungluiae 

OTZEN  (Johannes).  architecte  allemand,  né  à  Siesebye 
(Slesvig)  le  8  oct.  1839.  Elève  de  Hase  à  Hanovre,  il 
s'établit  à  Berlin  (1879),  où  il  dirige  un  atelier  à  l'Aca- 
démie des  beaux-arts  (1885).  11  s'inspire  des  style  roman 
et  gothique  combinés  avec  l'art  décoratif  moderne  et  les 
exigences  de  notre  vie  pratique.  Il  a  bâti  beaucoup  de 
villas  et  maisons  de  Berlin,  les  églises  Saint-Jean  (1873) 
et  Saint-Pierre  (1884)  d'Altona.'  Sainte-Gertrude  (1885) 
et  du  Ghrist(1886)  de  Hambourg,  celle  d'Eimsbuttel  près 
de  Hambourg,  celle  de  Plagwitz  (1887)  près  de  Leipzig, 
celles  de  la  Sainte-Groix  (1888)  et  de  Luther  (1893).  à 
Berlin,  et  un  grand  nombre  d'autres.  11  a  publié  :  Bau- 
kunst  des  Mit  t  était  ers  (Vtf'vXm,  1879-83.3  vol.);  Ans(fe- 
fiihi'te  Bauten  (1890.  et  suiv.),  etc. 

OUABONL  Tribu  de  l'Afrique  orientale,  vivant  dans  le 
l)ays  qu'arrose  le  Tana,  qui  se  déverse  dans  l'océan  Indien. 
I.e  pays  qu'elle  habite  fait  aujourd'hui  partie  de  rAfri(|ue 
orientale  anglaise.  Avant  cette  annexion,  les  Ouabonis 
(talent  vassaux  des  G  allas  avec  lesquels  ils  combattaient 
les  Arabes,  qui  voulaient  faire  des  uns  et  des  autres  des 
esclaves.  Leur  langue  est  plutôt  lesouhahéli  que  le  galla. 
OUABOUMA  (Peuple)  (V,  Goxoo.  t.  XH,  p.  413)'. 
OUACHO  {Washo).  Tribu  de  Peaux-Rouges  des  Etats- 
Unis  (Galifornie),  dans  la  sierra  Nevada  ;  leurs  derniers  des- 
cendants vivent  misérablement  de  chasse  et  de  mendicité. 
OUADAI.  Etat  du  Soudan  central,  s'étendant  de  la  rive 
du  lac  Tchad  à  l'O.  au  Darfour  à  l'E.,  du  Borkou  au  N. 
au  pays  des  Niam-Niam  au  S.  G'est  un  Etat  d'ailleurs  qui 
est  limité,  comme  la  plupart  des  Etats  africains,  de  la  ma- 
nière la  moins  précise.  Ses  frontières  varient  avec  le  degré 
de  puissance  du  souverain  et  avec  le  déplacement  de  cer- 
taines tribus  nomades,  qui,  de  migration  en  migration  et 
de  pâturage  en  pâturage,  donnent  au  Ouadai  des  limites 
mouvantes.  La  superficie  du  Ouadai  ne  saurait  donc  être 
précisée  :  on  lui  attribue  de  300.000  à  500.000  kil.  q. 
et  2  à  3  millions  d'hab.  G'est  une  région  de  steppes  où 
s'élèvent  des  montagnes  dénudées,  telles  que  :  le  Tirgé 
(600  m.)  à  l'E.;  les  Géré  (990  m.),  boisés  et  coupés  de 
gorges  sauvages,  au  S.  Les  rivières  n'ont  d'eau  qu'en  la 
saison  des  pluies.  Les  principales  sont  le  Batha  et  le 
Batheka,  tributaires  du  lac  Fittri,  et,  au  S.,  le  Bahr  es- 
Salamat  qui  aboutit  au  lac  Iro.  Au  delà,  vers  le  Midi, 
on  rencontre  l'Ankadehbe,  grand  affluent  du.Ghari,  dont 


OUADAÏ  —  OUAHHABITES 


—  678  — 


le  bassin  est  bien  arrosé.  Les  principaux  végétaux  sont  : 
les  tamaris,  les  sycomores,  les  palmiers,  le  Balanites 
œgyptiaca.  On  cultive  surtout  les  dattiers  dans  le  N.,  le 
riz,  les  céréales,  le  mais,  le  Penm'setum  tijphoideiini, 
les  cucurbitacées,  les  melons  d'eau,  les  oignons,  le  poivre 
rouge,  le  coriandre,  le  coton,  etc.  1^'autruche  abonde 
auN.,  l'éléphant  le  long  du  Balu^  es-Salamat,  le  rhino- 
céros bicorne  près  du  Batha,  le  chameau,  le  bo^if,  le 
cheval  se  trouvent  partout.  (Comparé  aux  autres  Etats 
organisés  du  Soudan  central,  le  Bornou,  le  Sokoto,  le 
Ouadaï  ne  peut  être  considéré  que  comme  fort  médio- 
crement fertile  ;  les  habitants  en  sont  pauvres  et  vivent 
dans  des  huttes;  ils  possèdent  des  troupeaux  de  ])œufs, 
de  moutons,  de  chèvres  et  des  chameaux.  La  population 
se  compose  d'Arabes  beaucoup  plus  nombreux  dans  le 
Ouadaï  que  dans  le  Bornou  et  le  Sokoto,  de  Foulbé  éga- 
lement envahisseurs,  et  dans  le  N.  de  Tibbou,  dans  le 
centre  et  le  S.-O.,  de  nègres  indigènes  formant  divers 
groupes  :  les  Maba,  les  Abou-Oiarib,  les  Nassalits,  les 
Koukas,  etc.  Sous  le  nom  de  Maba  on  groupe  la  popula- 
tion dominante;  cette  noblesse  se  transmet  en  ligne  ma- 
ternelle; la  langue  maba  est  rapprochée  par  Lepsius  de 
celleduDarfouret,deloin,des  langues  bantou  (V.  Afrique, 
!^  Langues).  Les  Arabes  vivent  de  leurs  troupeaux  de 
chameaux  et  de  bœufs.  L'industrie  est  exercée  par  des 
Baghirmiens  et  des  Bornouans. 

Le  sultan  du  Ouadaï  est  d'origine  indigène.  Son  auto- 
rité immédiate  ne  s'étend  que  sur  la  partie  N.  de  ses  Etals, 
certaines  tribus,  comme  les  Koukas,  ayant  conservé  une 
sorte  d'autonomie.  La  partie  N.  du  royaume  est  divisée 
en  provinces  à  la  tête  desquelles  sont  des  gouverneurs. 
L'armée  est  forte  d'environ  7. 000 hommes.  LesOuadaiens 
sont  des  musulmans  qui  ont  em])rassé  la  secte  du  senous- 
sisme.  Ce  sont  d'ardents  propagateurs  de  l'Islam  dans 
l'Afrique  centrale  et,  par  eux,  les  tribus  situées  au  S.  du 
Ouadaï  se  sont  rattachées  à  cette  rehgion.  Les  villes  prin- 
cipales sont  iibéché,  la  capitale,  fondée  en  1850,  centre 
militaire  du  pays  et  actif  foyer  de  propagande  musulmane  ; 
population  de  20.000  à  25.00')  âmes  ;  Nimro,  centre  de 
la  tribu  des  Djellabas;  Amm-Demm,  renommé  pour  ses 
sources  d'eau  chaude  ;  Yaoua,  etc.;  l'ancienne  capitale, 
Ouara,  fut  abandonnée  en  4850  et  tomba  en  ruines.  Ces 
villes,  d'ailleurs,  à  l'exception  d'Abéché,  ne  comptent  que 
quelques  centaines  de  maisons.  —  Le  sultan  monopohse 
le  commerce  qui  se  fait  vers  Tripoli  par  le  Borkou  et  le 
Tibesti,  \ers  Benghazi,  vers  les  oasis  de  Koufra,  vers 
l'Egypte  par  le  Darfour.  On  exporte  de  Tivoire  et  des 
plumes  d'autruche  en  assez  grande  quantité,  les  produits 
du  tamaris,  du  miel,  des  esclaves,  etc. 

Le  Ouadaï  paraît  dans  l'histoire  au  milieu  du  xvii*^  siècle. 
Abd-el-Kerim,  qui  prétendait  descendre  des  Abbasides, 
le  convertit  à  l'islamisme  et  fonda  le  royaume  associant 
les  Maba  et  les  Arabes.  I)e[)iiis,  de  sanglantes  luttes  s'y 
sont  succédé.  A  Mohammed  Cherif,  meurtrier  de  Vogel, 
succéda  le  sultan  AH,  protecteur  de  Nachtigal.  Les  arran- 
gements anglo-français  placent  le  Ouadaï  dans  la  sphère 
d'influence  française.  Le  Ouadaï  nous  est  surtout  connu 
par  le  voyas^e  de  Nachtigal  (1873),  plus  heureux  que 
Vogel  (1855),  Cuny  (1858)  et  Beurmann  (1863),  qui  y 
furent  massacrés.  Matteucci  a  raconté  y  être  allé  en  1879. 
mais  son  récit  a  été  mis  en  doute. 

RiBL.  :  Publications  de  Nachtigal,  dans  les  Mltt.  de 
Petermann  et  les  Mém.  de  lu  Soc.  do  (léoqr.  de  Berlin,   de 

1871  à  1875. 

OU  AD  AN.  Oasis  du  Sahara  occidental,  à  l'E.  de  l'Adrar, 
située  dans  la  vallée  fertile  de  l'Ouadi  Irenouan,  qu'on  a 
fort  vantée  et  qui  produit  des  dattes  renommées  ;  on  lui 
attribue  de  4.000  à  5.000  bal).  Les  Portugais  y  eurent 
des  comptoirs  au  xv®  siècle. 

OUADELAI.  Ville  du  Soudan  égyptien,  sur  la  r.  g.  du 
haut  Nil,  à  252  kil.  au  S.  de  Lado.  Elle  devint  le  séjour 
du  gouverneur  égyptien  du  Soudan,  Emin  Pacha,  lorsque 
ce  dernier  dut  évacuer  Lado  devant  l'invasion  mabdiste,  et 


a  été  réoccupée  par  les  Belges  de  l'I-^tat  du  Congo,  puis 
par  les  Anglais,  venus  de  l'Ouganda. 

OUADL  Ce  mot  arabe  signifie,  dans  la  langue  à  laquelle 
il  a  été  empiiinté,  une  vallée,  c.-à-d.  une  dépression  entre 
deux  montagnes,  (ju'il  y  ait  ou  non  un  cours  d'eau  visible 
au  fond  de  la  dépression  ;  de  là  vient  que  les  Arabes  l'ont 
donné  indifféremment  aux  vallées  des  petits  cours  d'eau 
des  côtes  de  Syrie  et  de  Barbarie,  à  celles  des  grands 
tleuves  de  l'Espagne,  et  aux  vallées  sèches  du  désert,  ou 
l'eau  ne  coule  (fue  dans  le  sable,  quelquefois  à  plusieurs 
mètres  de  profondeur,  et  n'affleure  qu'à  l'époque  des 
grandes  pluies,  (^est  cette  dernière  signification  que  la 
terminologie  géographique  a  réservée  au  mot  ouacli. 

En  Espagne,  prononcé  Giiad,  il  a  été  l'origine  des  noms 
de  rivières  et  de  villes  commençant  par  ce  mot,  tels  que 
Guadalaxara ,  Guadalèle,  Giiadaîqiiivir ,  Guadalupe 
(V.  ces  mots)  ;  en  Algérie,  prononcé  Oued,  il  entre  dans 
la  formation  de  noms  de  rivières  et  de  localités  comme 
Oued-Djcr,  Oued-Todda,  Oued-el-Hammam,  Oued  Malah 
(V.  les  mots  commençant  par  Oued).  Huart. 

OUADIGO.  Tribu  de  l'Afrique  orientale,  vivant  dans 
te  pays  de  Digo  sur  le  littoral  de  l'océan  Indien,  entre 
Mombaz  et  la  baie  deTanga.  Leur  pays  fait  partie  aujour- 
d'hui de  l'Afrique  orientale  allemande.  Ils  ont  immigré 
dans  cette  région  il  y  a  trois  siècles,  venant  du  N.  Ils 'sont 
élancés,  bien  bâtis,  de  peau  brune,  vivent  de  culture  et 
d'élevage.  Leur  langue  s'appelle  kidigo. 

BiRL    :  Baumann,  TJsnmbnrn  :  l^erlm,  1891. 

OUADI-HALFA.  Localité  de  la  Haute-Egypte,  sur  la 
r.  dr.  du  Ml,  à  2  kil.  en  aval  de  la  deuxième  cataracte  ; 
3.000  liab.  Elle  tire  son  nom  de  la  quantité  d'alfa  qui  croit 
dans  le  pays.  La  deuxième  cataracte,  qu'on  nomme  aussi 
cataracte  de  Ouadi-Halfa.  forme  la  partie  inférieure  d'une 
série  de  rapides  appelés  Batn-el-Hadjar  ou  «  les  Entrailles 
de  pierres  »,  qui  s'étend  sur  une  longueur  de  130  kil.  La 
cataracte  elle-même  se  développe  sur  un  espace  de  25  kil. 
A  ce  point,  le  lit  du  fleuve  est  semé  de  rochers  et  de  blocs 
autour  desquels  tournent  les  eaux.  Plusieurs  de  ces  rochers 
sont  cultivés.  Pour  contourner  cet  obstacle,  un  chemin  de 
fer  a  été  commencé  en  1873,  qui  doit  se  prolonger  jus- 
qu'à Khartoum.  Il  a  été  construit  jusqu'à  Berber  pour 
facihter  l'expédition  contre  le  Mahdi' (1887-98). 

OUADI-KOUR.  Oasis  du  Sabara  oriental,  au  S.-O.  de 
Koufra,  à  cinq  jours  de  marche. 

OUADI-MOUÇA  (V.  Pimu). 

OUADJIT  (Myth.  égypt.).  La  déesse  du  nord,  opposée 
à  Nekheb,  la  déesse  du  midi.  Représentée  par  un  uranis. 
coiffé  delà  couronne  rouge,  elle  était  vénérée  dans  la  ville 
de  Tep,  à  l'extrémité  delà  branche  de  Rosette. 

0UADYAN6A.  Oasis  du  Sahara  central,  située  à  l'E. 
du  Tibesti.  La  population  serait  de  4.000  hab.  La  loca- 
Kté  principale  est  Yoa. 

G UAGADOU  GO U.  Ville  capitaleduMossi,  dans  le  Soudan 
occidental,  comprise  dans  la  grande  boucle  du  Niger.  Pla- 
cée, comme  le  Mossi,  sous  le  protectorat  français,  par  la 
convention  franco-anglaise  du  mois  de  juin  1898. 

0LIA6NE.  Com.  du  dép.  de  la  Nièvre,  arr.  et  cant.  de 
Clamecy;  329  hab. 

OUAGOUNYA.  Peuple  de  l'xVfriipie orientale  allemande, 
mélange  de  Souahélis,  d'Arabes  et  de  Somahs  refoulés  par 
les  Gallas.^ 

OUAGUÉNIA.  Peuple  de  l'Afrique  équatoriale,  vivant 
sur  la  r.  g.  du  haut  Congo,  dans  la  région  de  Stanley- 
Ealls.  sous  l'équateur.  Ils  vivent  de  pêche.  Ils  s'étendaient 
jadis  jusqu'à  Nyangoué,  mais  ont  été  refoulés  par  les 
traitants  arabes. 

OUAGUENOUN.  Tribu  berbère  d'Algérie,  à  10  kil. 
S.-E.  de  Deflys.  entre  le  Sebaou  et  la  mer;  15.000 
âmes  environ. 

OUAHÉHÉ.  Tribu  cafre  (V.  OuHEm:). 

OUAHHABITES.  Secte  musulmane  fondée  vers  1745 
par  le  négociant  arabe  Mohammed-Abd-el-Ouahhàb  de  la 
ville  d'iyané  dans  l'Arabie  centrale.  Son  intention  était  de 


()79  — 


OUAHHABITES  -«=  OUAOU 


ramener  l'[slani  à  sa  piimitive  pureté;  aussi  déclara-t-il 
rejeter  toute  tradition,  aussi  bien  écrite  qu'orale,  pour  s'en 
tenir  au  Coran.  Tous  les  usages  qui  n'y  étaient  pas  pres- 
crits furent  par  lui  combattus,  spécialement  le  culte  des 
sainte  ;  tous  les  pèlerinages  vers  d'autres  buts  que  la 
Kaafa  de  La  Mecque  interdits.  Il  abolit  également  les  cé- 
rémonies funéraires,  prêcha  contre  le  luxe  des  mosquées, 
des  tombeaux,  de  l'habillement,  l'usage  du  tabac,  la  to- 
lérance des  spiritueux,  des  jeux  de  hasard,  toutes  les 
formes  de  la  corruption,  imposant  la  stricte  observance 
des  jeûnes,  des  prières  quotidiennes  et  mémo  la  commu- 
nauté des  biens. 

Passant  à  l'acte,  il  entreprit  de  convertir  par  la  force 
les  réfractaires,  de  profaner  et  de  démolir  les  chapelles 
des  saints  musulmans.  Expulsé  de  La  Mecque,  il  lut  ac- 
cueilli par  le  chef  de  Derayé,  Saoud,  qu'il  avait  converti 
et  auquel  il  délégua  Tautorité  temporelle.  Elle  fut  efficace 
entre  les  mains  d'Abd-el-Azis  (f  1803),  fils  de  Saoud, 
puis  du  fils  de  celui-ci,  Abdallah  Saoud  II  (f  4814).  Ils 
soumirent  toute  l'Arabie  centrale,  le  Nedjd.  Le  chérif  de 
La  Mecque  fut  complètement  battu  (1790),  le  pacha  Soii- 
man  de  Bagdad  repoussé.  Les  ouahhabites,  forts  de 
120.000  hommes,  mais  presque  sans  armes  h  feu,  sacca- 
gèrent Kerbela  (180  i  ) ,  occupèrent  plusieurs  fois  LaMecque. 
La  Porte,  inquiète  de  savoir  le  chérif  de  La  Mecque  con- 
traint d'adhérer  à  la  doctrine  ouahhabite,  fit  appel  àMé- 
hémet-Ali,  vice-roi  d'Egypte,  dont  le  fils  Tousoun  reprit 
Médine  et  La  Mecque  (1811).  Puis  Méhémet-Ali  vint  lui- 
môme  attaquer  le  sultan  ouahhabite  Abdallah  II,  qu'il  vain- 
quit complètement  à  Taïf  (1815).  Son  fils  Ibrahim  péné- 
tra dans  le  Nedjd,  tua  20.000  hommes  aux  ouahhabites 
devant  Derayé  dont  il  s'empara  (3  sept.  1818).  La  ville 
fut  rasée  ;  Abdallah  II  fut  conduit  ta  Constantinople  et  dé- 
capité (déc.  '1818). 

Les  ouahhabites  survivants  s'enfuirent  dans  le  désert  où 
ils  vécurent  de  brigandage,  établirent  une  nouvelle  capi- 
tale à  Riadh,  et  reprirent  ascendant  sur  les  tribus  irri- 
tées par  la  tyrannie  des  fonctionnaires  égyptiens.  Une 
nouvelle  armée  de  Méhémet-Ali  fut  égarée  par  ses  guides 
et  périt  dans  le  désert.  En  1863,  les  ouahhabites  s'éten- 
daient de  nouveau  jusqu'au  golfe  Persique.  Mais  la  dis- 
corde des  deux  fils  de  Feissal,  Abdallah  et  Saoud,  les 
affaiblit,  et  les  émirs  jde  Mail  leur  succédèrent  dans  la 
prépondérance  sur  le  Nedjd. 

Les  idées  ouahhabites  furent  propagées  dans  l'Inde  par 
un  pèlerin,  Seijid  Ahmed,  converti  à  La  Mecque  vers  1820. 
l']llesont  rayonné  de  Patna  sur  le  N.  et  le  centre  de  l'Inde. 
Des  troubles  éclatèrent  en  1831.  Ahmed  y  fut  tué.  Les 
Anglais  obtinrent  des  muftis  de  La  Mecque  une  déclara- 
tion d'après  laquelle  l'Inde  était  «  pays  de  foi  »,  où  le 
croyant  ne  doit  pas  troubler  la  paix.  On  ignore  le  nombre 
des  ouahhabites  parmi  les  musulmans  de  l'Inde,  car  les 
statistiques  officielles  donnent  des  chiffres  trop  faibles.  — 
Des  idées  analogues  à  celles  des  ouahhabites  ont  présidé 
aux  mouvements  des  Senoussi  en  Afrique,  à  la  révolte 
des  musulmans  de  Chine  (1855-74),  à  celle  des  Ghilzaïen 
Afghanistan,   et  coopéré  à  l'agitation  bàbiste  en  Perse. 

A.-M.  B. 

BiBL.  :  CoRAxcEz,  Hist.  de  Wahabijn:  Paris.  1810.  —- 
BuRKHARDT,  Notcs  011  tho  Beduiiis  and  Wnhabys;  Londres, 
1834.  —  Palgravj:.  Voy.  en  Arabie,  —  Hunter,  Ouv  In- 
dian  Musidrucins,  3"  éd.  1876.  —  Rrhatsek,  History  ofthe 
Wahabys^  dans  Journal  of  the  Bombay  Branch  of  Vie 
Royal  Asiatic  Society,  n°38,  1881. 

OUAHOUMA.  Tribus  de  l'Afrique  orientale,  vivant  au 
S.-O.  du  Victoria  Nyanza,  dans  les  pays  d'Ougan- 
da, d'Ounyoro  et  de  Karagoué.  On  leur  attribue 
une  origine  galla  ou  massai.  Ils  forment  encore  la  classe 
dominante  de  l'Ounyoro  et  du  Karagoué,  mais  dans 
l'Ouganda  une  classe  servile.  Ce  sont  des  pasteurs  qui 
évitent  les  mélanges  de  sang  ;  ils  sont  de  haute  taille,  à 
visage  ovale  et  aux  traits  réguliers. 

OU  AI  (Inde)  (V.  Waï). 

OUAINA-Ganga.  Rivière  de  l'Inde  (V.  Wainganga). 


OUAINVILLE.  Com.  du  dép.  de  la  Seine-Inférieure* 
arr.  d'Yvetot,  cant.  deCany;  444  hab. 

OUAKCH.  Grande  rivière  du  Turkestan  russe,  affl.  dr. 
de  TAmou-daria.  Elle  nait  au  N.  du  Pamir,  sur  le  plateau 
de  l'Alaï,  à  2  kil.  des  sources  du  Tarim,  sous  le  nom  de 
Kizilsou,co\ûe  entre  l'Alaï  au  N.  et  le  Trans-Alaïau  S., 
dans  une  haute  vallée  de  40  kil.  de  large;  elle  en  sort  à 
2.500  m.  d'alt.,  par  des  gorges  de  70  kil.  de  long  qui 
l'amènent  au  pays  do  Karatéghin  ;  au  confluent  du  Mouk- 
sou  (g.),  elle  n'est  plus  qu'à  1.928  m.  Elle  prend  le  nom 
de  Sourghab  et  descend  au  S.-O.,  arrosant  la  vallée  du 
fïarm  ;  elle  s'engage  dans  des  défilés  grandioses  entre  les 
monts  de  Mourtagb  et  de  Khodja-Ikour;  en  un  point,  les 
parois  sont  distantes  de  moins  de  7  m.  Ces  défilés  sont 
franchis  sur  le  pont  historique  du  Poul-i-Senghi  par  la 
route  de  Feizabad  à  Kouliab,  route  entaillée  dans  le  roc 
qui  mène  du  Ilissar  vei's  le  Badakchan.  La  rivière  prend 
à  p[irtir  de  Naran  le  nom  de  Ouakch,  arrose  la  ville  Kourga- 
tjubé  (ait.  176  m.),  se  divise  en  phisieurs  bras  envelop- 
pant des  fourrés  marécageux  et  joint  l'Amou-daria  à  l'E. 
de  Kabadian.  Long  de  660  kil.,  l'Ouakch  fut  longtemps 
considéré  comme  le  véritable  Oxus  (Amou-daria)  supérieur. 
Il  roule  autant  d'eau  que  la  branche  méridionale  à  laquelle 
ce  nom  a  été  attribué.  A.-M.  B. 

OUAKHAN  {Wakhan).?ixys  de  l'Asie  centrale  (V.  Pa- 
mir). 

OUAKIKOUYOU.  Peuple  de  l'Afrique  équatoriale,  du 
groupe  des  Massai",  au  S.  du  mont  Kenia. 

OUAKIMBOU.  Tribu  de  l'Afrique  équatoriale,  qui  vit 
dans  la  contrée  de  l'Ougogo  et  dans  celle  de  l'Ouyanzi. 

OUALA  (Inde)  (V.  Vala). 

OUALAN  (Ile)  (V.  Kousai). 

OU  AL  ATA.  Localité  du  Sahara  occidental,  à  350  kil. 
S.-O.  d'Araouan. 'C'est  un  lieu  d'échanges  fort  actif  entre 
les  tribus  du  Sénégal  et  les  habitants  de  Tendouf.  Jadis 
capitale  d'un  grand  royaume,  celui  de  Ghanata  (xv^  siècle) , 
et  assez  peuplée,  elle  est  fort  déchue  aujourd'hui,  l^lle 
occupe  un  espace  d'environ  1  kil.q.  et  n'a  pas  de  jardins. 
Le  sol  qui  l'entoure  est  impropre  à  toute  culture. 

OUALO.  Contrée  du  Sénégal  (Afrique  occidentale),  qui 
a  été  annexée  en  1856.  Comprenant  jadis  toute  la  r.  g. 
du  Sénégal,  entre  le  Dimar  à  l'E.,  le  Cayor  au  S.  et  l'océan 
Atlantique  à  l'O.,  elle  forme  aujourd'hui  le  cercle  de  Da- 
ghana.  Les  Ouolofs  forment  le  fond  de  la  population. 

OUAIVIL  Fleuve  de  l'Afrique  équatoriale,  qui  prend  sa 
source  dans  l'Ousagara  central,  se  dirige  à  l'E.  et  se  jette 
dans  l'océan  Indien,  au  S.  de  Saadani,  sur  la  cote  faisant 
face  à  Zanzibar. 

OUANDALA  (Monts).  Chaîne  de  montagnes  du  Soudan 
central,  à  l'O.  du  Chàri,  qui  forme  la  limite  du  par- 
tage des  eaux  entre  le  bassin  du  lac  Tchad  et  celui  de  la 
Bénoué  (V.  ce  mot). 

OUANDALA  ou  MANDAR A.  Contrée  du  Soudan  central, 
située  au  S.  du  lac  Tchad,  limitée  à  l'O.  par  le  Marghi, 
au  S.  et  à  l'O.  par  l'Adamaoua,  au  N.  par  le  Bornou.  Le 
Ouandala  a  une  surface  de  5.000  kil.  q.  environ;  sa  po- 
pulation est  de  150.000  hab.,  en  partie  musulmans,  en 
partie  païens,  La  capitale  estDoloo,  qui  ne  compterait  pas 
moins,  d'après  Rohlfs,  de  30.000  hab. 

OUANGUINDO.  Peuple  de  l'Afrique  orientale,  habitant 
la  contrée  comprise  entre  le  Roufidji  et  la  Rovouma,  tous 
deux  tributaires  de  l'océan  Indien. 

OUANIKA.  Peuple  de  la  côte  E.  d'Afrique,  habitant  la 
contrée  de  l'Afrique  orientale  allemande  comprise  entre 
l'embouchure  du  Pangani  et  celle  du  Sabaki. 

OUANNE  (Odona,  Ouaine).  Com.  du  dép.  de  l'Yonne, 
arr.  d'Auxerre,  cant.  de  Courson;  1.032  hab.  Ancienne 
station  romaine  sur  la  voie  d'Auxerre  à  Entrains.  Châ- 
tellenie  relevant  de  Donzy.  EgHse  Notre-Dame  du xvi^  siècle. 

OUANNE  (L').  Rivière  des  dép.  du  Loiret  et  de  VYonne 
(V.  ces  mots). 

OUAOU.  Ancien  poste  du  Bahr-el-Ghazal,  fondé  en 
1877  par  Gessi,  sur  la  r.  g.  du  Ouaou,  affl.  g.  du  Djour. 


ouAOïi  —  orBi':AUX 


—  680 


OUAOU-el-Kkbir.  Oasis  du  Fezzaii  (Afrique  septen- 
trionale), située  à  <>iO  kil.  ïl.  de  Mour/ouk.  [.es  Arabes 
l'ont  enlevée  aux  Tibbous  en  iHW. 

OUAOUBÉ.  Rivière  du  Soudan  central,  artl.  de  gauche 
du  lac  Tchad.  Le  Ouaoubé  prenil  sa  source  dans  le  Sokoto. 
au  S.  de  Kano,  court  au  N.-E.,  entre  dans  le  Bornou. 
passe  près  de  Birni,  l'ancienne  capitale  du  Bornou,  eta1)ou- 
(it  au  lac  Tchad,  près  de  Bosso. 

OUAPHRES  (V.  Apriès). 

OUAPO-HOMO.  Peuple  de  TAfriffue  orientale,  habitant 
le  cours  inférieur  du  Tana.  Leur  territoire  est  contigu  à 
cekii  des  Somalis  et  des  Gallas. 

OUAR-Cheik.  Ville  maritime  située  sur  la  côte  afri- 
caine de  l'océan  Indien,  à  68  kil.  de  Magadichou.  Elle 
fait  partie  aujourd'hui  du  Somahland  italien. 

OUARANSÉNIS  ou  OUARSENIS.  Massif  d'Algérie 
(V.  ALdÉRiE  et  Alger  [Dép.J). 

0UAR6LA.  Oasis  du  Sahara  algérien,  dép.  età577kil. 
S.  d'Alger,  à  i20  m.d'alt.,  dans  la  dépression  de  Heicha 
où  convergent  les  vallées  de  l'oued  Mia  et  du  Mzab  ; 
10.000  hab.  environ.  La  ville  compte  moins  de  2.000  âmes 
et  est  très  fiévreuse  en  été.  Longtemps  florissante,  elle 
est  bien  déchue,  et  ses  édifices,  kasba,  mosquées,  tombent 
en  ruines.  Elle  est  entourée  d'une  enceinte  percée  de  six 
portes  et  se  divise  en  trois  quartiers  :  Beni-Sissin,  Beni- 
Ouagghin,  Beni-Brahim.  Les  habitants  sont  noirs,  du  type 
baratin,  métis  de  Berbers  et  de  nègres,  lis  sont  fermiers 
khammès  des  Chaamba  du  groupe  Bou-h<mra.  Ils  cultivent 
(300.000  dattiers  à  l'aide  d'un  millier  de  puits,  dont 
400  artésiens.  Ils  obéissent  à  un  agha  nommé  par  la 
France.  La  ville  a  été  fondée  par  la  tribu  berbère  des 
Béni  Ouargla  venue  des  environs  deBiskra.  lui  1857,  elle 
fut  occupée  par  les  Français  à  la  suite  d'une  querelle  du 
sultan  de  Ouargla  avec  son  vassal,  le  cheikh  de  Ngouca 
(ksar  situé  un  peu  au  N.).  C'est  la  tête  de  ligne  de  la  pé- 
nétration vers  le  Soudan  qu'on  projette  de  poursuivre  par 
le  chemin  de  fer  transsaharien  prolongé  de  Biskra  sur 
Ouargla  et  de  là  à  Temassinin,  Agadès.  A. -M.  B. 

OUARTAN.  Tribu  de  Tunisie,  de  race  berbère,  au  N.-E. 
de  Thala;  38.000  âmes.  Agriculteurs  aisés  dont  le  prin- 
cipal centre  est  le  Ksour. 

OUARVILLE.  Com.  du  dép.  d'Eure-et-Loir.  arr.  de 
Chartres,  cant.  de  Vo\es;  709  bah. 

OUASOUK.  Tribu  de  LAfriiiue  équatoriale  hnbitani  à 
environ  50  kd.  N.  du  lac  M'baringo. 

OUASSAOU.  Province  de  la  Côte  d'Or  anghdse  (Afrique 
occidentale),  située  auN.  du  capdesTrois-Pointes.  Le  pays 
est  traversé  du  N.  au  S.  par  la  rivière  Ancobra  qui  prend 
naissance  dans  le  pays  Achanti  et  sejettedansla  mer  près 
d'Axim.  Le  Ouassaou  est  une  région  aurifère  très  riche  ; 
on  y  rencontre  en  outre  du  cuivre,  de  l'étain.  du  fer,  du 
manganèse. 

OUASSOULOU.  Région  de  l'Afrique  occidentale  (Sou- 
dan français),  située  dans  le  bassin  du  haut  Niger.  Elle 
fut  autrefois  le  premier  centre  de  la  puissance  de  Samory, 
qui,  à  un  moment  donné,  lors  du  traité  de  protectorat  de 
1887,  s'étendait  sur  une  superficie  de  360.000  kil.  q.. 
avec  une  population  de  l.oOO.OOO  âmes.  Le  Ouassoulou 
est  arrosé  parle  haut  Niger  avec  ses  nombreux  tributaires, 
le  Tankisso,  le  Mahel-Balével,  le  Baoulé,  etc.  Ses  habi- 
tants appartiennent  à  diverses  races  que  les  guerres  et  la 
captivité  ont  mélangées.  En  général  ce  sont  des  Mandingues, 
desFoulahsou  Pheuls  etdesSoninkés.  Ils  sont  musulmans. 
Après  le  refoulement  de  Samory  à  l'E.,  le  Ouassoulou, 
conquis  par  nos  armes,  a  été  réuni  au  Soudan  français 
dont  il  constitue  une  des  provinces.  La  capitale  actuelle 
est  Bissandougou,  à  350  kil.  de  Bammakou  ;  les  villes 
principales  sont  Kankan  et  Sansando. 

OUATE.  1.  Technologie.—  Feuilles  de  coton  cardé,  quel- 
quefois recouvertes  d'une  sorte  d'enduit  destiné  à  assurer  la 
réunion  des  fibres  qui  les  composent.  Ces  feuilles  se  forment 
en  enroulant  autour  d'un  tambour  la  nappe  très  mince  du 
coton  que  livrent  les  cardes.  On  fait  ordinairement  usage 


lie  déchets  de  (pialilés  plus  ou  moins  belle^^  poiu'  les  ouates 
employées  pour  la  confection  des  \ètementb.ou  de  cotons 
neufs  et  de  belle  (pialité  pour  les  ouates  médicinales. 

IL  Théhapeltiqce  (\.  Pansemeni). 

OUATIER.  Bi\ière  du  dép.  du  Cher  (V.  ce  mot.  1.  \. 
p.  1088). 

OU  AJOUTA.  Tribu  vivanl  dans  l'Afrique  é(juatoriah' 
(région  orientale).  Leurterritoii'e  est  situé  au  S.-S.-O.  du 
lac  Victoria  Nyanza,  entre  l'Ouha  central  etl'Ouniamouézi 
et  s'appelle  l'Ouzamba.  fl  fail  aujourd'hui  partie  de 
l'Afrique  orientale  allemande. 

OUAYAO.  Tribu  de  rAfri((ue  orientale  allemande  à  LE. 
du  lac  Nyassa,  au  N.  de  la  Bovouma.  Ils  prati(|uent  la 
circoncision. 

OUAZAN  (V.  Ouezzan). 

OUBA.  Rivière  de  Sibérie,  dans  le  gouv.  de  Tomsk,  afll. 
dr.  de  l'Irtyche,  formé  par  la  réunion  de  plusieurs  petits 
cours  d'eau,  dont  les  plus  importants,  la  Tchernaia  Ouba 
et  la  Biélaïa  Ouba,  prennent  naissance  dans  les  monts 
Altaï  dans  le  district  de  Biisk.  La  rivière  se  dirige  d'aijord 
au  N.-O.  jusqu'à  l'embouchure  de  la  Slanovaïa  Ouba. 
puis  à  ro.  et  au  S.-O.  ;  elle  reçoit  alors  VOubinka  et 
prend  la  direction  du  S.  jusqu'au  confluent  avec  l'Irtyche 
au  village  Oubinska'fa-Stam'fza.  Sa  longueur  est  de 
300  kil.,  sa  largeur  de  iO  à  110  m.,  et  sa  profondeur  va 
jusqu'à  6  m.  Elle  a  un  courant  impétueux  et  un  lit  pier- 
reux. La  vallée  de  FOuba  est  inhabitée  dans  sa  partie  su- 
périeure, qui  est  montagneuse  et  d'un  as])ect  sau^age.  Les 
parties  moyenne  et  inférieure,  au  contraire,  sont  couvertes 
de  belles  prairies  et  de  forêts.  Beaucoup  de  poissons. 

OUBANGUI  ou  iVIOBANGOL  Grand  affluent  de  droite 
du  Congo  qui  porte  ce  nom  dans  son  cours  inférieur,  ce- 
lui à' Quelle  et  de  Makoua  ilixns  son  cours  supérieur.  Il  a 
2.500  kil.  de  long;  naissant  à  1.300  m.  d'alt.  sous  le 
nom  deKibah,  à  2^30'  lat.  N.,  très  près  du  lac  Albert, 
il  se  dirige  vers  l'O.,  recueille  le  Bomokandi  (g.),  l'Ouevré 
(dr.),  le  Mbomou  (dr.),  leKotto  (dr.),  le  Kouango  (dr.), 
leKemo  (dr.),  tourne  au  S.-O., 'puis  au  S.  et  se  jette  dans 
le  Congo  à  Laringa,  par  360  m.  d'alt.  Ses  eaux  sont  au 
plus  haut  en  septembre  et  octobre,  la  crue  débutant  en 
mai.  Il  est  navigable  pour  les  petits  vapeurs  durant 
d.lOO  kil.,  de  Laringa  à  Songo,  de  Makoanghai  à  Ban- 
zyville,  de  SetemeàYakoma,  confluent  du  Mbomou  ;  dans 
l'intervalle,  des  rapides  arrêtent  les  bat(niux  qui  ne  peu- 
vent dépasser  pratiquement  les  chutes  de  Mokouangou. 
L'Oubangui  fut  découvert  sous  le  nom  d'Ouellé  pai* 
Schweinfurth,  en  mars  1870,  dans  le  pays  des  Monboul- 
tous,  mais  ce  géographe  le  prit  pour  l'origine  du  (^hari. 
Stanley  l'identifia  à  tort  avec  l'Aroufrimi,  ce  fut  Grenfell 
ijui,  le  remontant  jusqu'à  Songo,  conjectura  que  l'Ou- 
bangui  était  l'Ouellé  de  Schweinfurth  (1885)  et  Van  Gèle 
qui  le  démontra  en  1890. 

L'Oubangui  forme  la  limite  de  l'Etat  du  Congo  et  des 
possessions  françaisesjuscpi'au  confluent  du  Mbomou,  que 
suit  la  frontière,  le  cours  supérieur  de  l'Oubangui  étant 
complètement  congolais  depuis  la  convention  conclue 
avec  la  France  le  i-i  août  I89i.  L'Oubangui  forme  une 
des  principales  voies  d'accès  vers  le  centre  de  l'Afriijue  et 
du  Congo  vers  les  bassins  du  Nil  et  du  Bahr-el-Gazal  d'une 
part,  du  Chari  d'autre  part.  Lorsque  la  France  entrepril  de 
pénétrer  dans  ces  régions,  elle  constitua  un  commissariat 
général  du  haut  Oubangui  à  la  tète  duquel  on  plaça  comme 
administrateur  M.  Liotard,  et,  sous  sa  direction,  il  fut  pro- 
cédé à  l'occupation  du  Chari  et  du  Bahr-el-Gazal.  Celle 
dernière  opération  conduite  par  Zemio  et  Mechra-er-Rek, 
jusqu'à  Fachoda,  sur  le  Nil,  grâce  à  l'héroïque  commandant 
"Marchand,  aboutit  à  un  conflit  avec  l'Angleterre  victorieuse 
du  Mahdi.  La  convention  franco-anglaise  du  21  mars  1899 
fixa  la  frontière  française  à  la  ligne  de  partage  des  eaux 
du  Nil  et  du  (^ongo.  Le  territoire  du  haut  Oubangui  esl 
donc  limité  aux  bassins  de  cette  rivière  et  du  Tchad  (Chari) . 

OU  BEAUX  (Les),  ùmi.  du  dép.  du  Calvados,  arr.  de 
Baveux,  cant,  d'Isignv  ;  f!8  bab. 


().Si 


01  BEÏIIA  —  OUDKiPOUR 


OUBEIRA.  Lagune  irAlgérie,  dép.  de  Coiislaiiliiie.  ù 
o  kil.  S.-()=  de  La  Calle  ;  ^l.m)  hect.  ;  à  9.8  m.  d'ait. 
On  l'appelait  jadis  lac  UeniinuircJuind, 

OUBÉNA.  Pays  de  l'Afrique  orientale  (région  équato- 
riale),  au  N.-E.  du  lac  Nyassa.  Le  peuple  qui  l'habite  est 
appelé  aussi  Ouhéna.  Ils  sont  agriculteurs.  Leur  roi  chassé 
])ar  une  invasion  des  Oualiélié  a  fondé  nn  nouveau 
royaume,  au  détriment  des  Ouamachondés.  au  S.  de  la  ri- 
vière Ouranga. 

OUBINSKOÏE.  Lac  de  Sibérie,  gouv.  de  Tomsk.  Il  se 
trouve  au  milieu  d'un  steppe,  parsemé  de  nombreux  lacs, 
(pu  forme  une  dépression  entre  les  rivières  Obi  etirtyclie. 
Il  a  une  superfiee  de  364  kil.  q.,  une  longueur  de  45  kil.  ; 
hi  })]us  grande  largeur  est  de  12  kil.  Il  reçoit  la  Colcha 
et  la  lagla  et  s'écoule  dans  l'Om  par  TOubinka.  Pèche 
abondante. 

OUBIZA.  Pays  de  l'Afrique  orientale  (région  équato- 
riale),  à  l'E.  du  lac  Bangouélo.  Jadis  puissants,  les  Ou- 
bizas  vivent  aujourd'hui  dispersés  et  sans  cohésion,  sur  les 
rives  marécageuses  de  ce  lac. 

OUBLIE  (Ane.  oblata,  oblcuje,  oblie,  oublie).  Pâtis- 
serie légère,  très  mince,  plate  ou  roulée  en  forme  de  cor- 
net et  faite  avec  de  la  farine,  des  œufs,  du  lait,  du  sel 
et  du  sucre  que  l'on  mélange  de  façon  à  avoir  une  bouil- 
lie peu  épaisse,  cuite  ensuite  entre  deux  fers,  à  la  ma- 
nière des  gaufres  (V.  ce  mot).  Le  plaisir,  vendu  dans  les 
rues  elles  jardins  publics  de  Paris,  n'est  autre  chose  que 
des  oublies. 

CeAte  pâtisserie  est  connue  depuis  fort  longtemps,  les 
Romains  l'appelaient  nebiila  ou  obelia.  Les  oublies  ont 
été  quelquefois  une  redevance  de  fiefs  connue  sous  le  nom 
de  droit  (Voiibliage  ou  droit  d'oubliés,  exigée  par  les 
seigneurs  et  même  par  les  rois  de  France.  Cette  redevance 
se  convertit  ensuite  en  gâteaux  connus  sous  le  nom  d'oi<- 
bliaux.  Elles  jouirent  pendant  longtemps  d'une  vogue 
aujourd'hui  bien  réduite  et  étaient  fabriquées  et  vendues 
par  les  oublieux  ououblieurs,  marchands  ambulants  (pii, 
au  x\ii^  siècle,  commençaient  leur  vente  après  le  coucher 
du  soleil,  en  chantant 

Chaudes  oublies  renforcies  ! 
(laletos  chaudes  !  eschaudez  ! 
Koiiisoles  cà  !   denrées  au   dez  ! 

Ils  s'introduisaient  dans  les  maisons  pour  offrir  leur 
marchandise  comme  dessert  ei  égayer  la  lin  des  soupers  ; 
il  s'ensuivit  de  graves  abus,  auxquels  dut  mettre  fin  une 
ordonnance  de  police  du  9  sept.  1722.  Les  oublieurs 
disparurent  alors  insensiblement  et  sont  actuellement  rem- 
placés par  les  pacifiques  industriels  connus  sous  le  noni  de 
marchands  ou  marchandes  de  plaisirs. 

OUBLIETTES  (Archit.).  Sorte  de  puits  profond,  ma- 
çonné avec  soin  au-dessous  du  sol  d'un  cachot  et  dans  le- 
quel on  précipitait  les  prisonniers  dont  on  voulait  se 
défaire.  Malgré  l'abus  qu'ont  fait  de  descriptions  de  ces 
sortes  de  cachots  les  auteurs  de  romans  historiques 
traitant  du  moyen  âge,  Viollet-Le-Duc  établit  {Die t.  de 
Carchit.,  VI,  454-454,  fig.)  que  les  oubhettes  étaient 
fort  rares,  au  moins  dans  les  châteaux  français  au  temps 
de  la  féodahté,  et,  après  avoir  émis  ipielques  doutes  sur 
les  oubliettes  que  l'on  croit  avoir  existé  au  château  de 
Lhinon  et  à  la  forteresse  de  la  Bastille,  à  Paris,  il  décrit 
les  oubliettes  d'une  tour  du  château  de  Pierrefonds  à 
l'existence  desquelles  il  lui  a  paru  difficile  de  ne  pas  croire. 

OUBOUDJOUÉ.  Paysde  l'Afrique  équatoriale  (région 
orientale),  à  LO.  du  lac  Tanganyika.  Il  appartient 
géographiquement  au  bassin  du  Congo  et  poKtiquement  à 
l'Etat  indépendant  du  Congo.  C'est  une  région  d'arbres 
fruitiers. 

OUBSA-XoH.  Lac  de  la  Mongolie  septentrioiiale  (empire 
chinois),  situé  dans  la  province  de  Kobdo,  entre  les  monts 
Tannou-Ola  et  Khankhoukjjei;  4.000  kil.  q.  Eaux  salées 
et  sulfatées  magnésiennes.  L'Oid)ï^a-Xor  est,  comme  le 
lac  Baïkaj.  une  petite  nier  intérieure,  alimentée  par  un 


sNstème  particulier  de  cours  d'eau,  dont  le  princi|)al  est 
la  Tes,  longue  d'environ  500  kil. 

OUCHAKOV.  Famille  russe  dont  les  prhicipaux  person- 
nages furent  André-Ivanovitch,  né  près  de  Novgorod  en 
1670,  mort  en  1747,  soldat  de  la  garde  distingué  par 
Pierre  le  Grand  qui  en  fit  son  aide  de  camp,  un  major 
général  (1721),  lui  donna  plusieurs  missions  de  confiance: 
il  devint  général  en  chef  sous  Anne  et  comte  sous  l*'lisa- 
beth  (1744).  —  Fedor-Feodorovitch,  né  en  1743,  mort 
en  1817,  fut  mis  par  Catherine  à  la  tète  de  la  flotte  russe 
de  la  mer  Noire,  défit  les  Turcs  à  Iénikaleh(lî)juiL  1790), 
Odessa  (9  sept.  1790).  Kaleri-Boumou  (11  août  1791). 
Amiral  des  flotte  russe  et  turque  sous  Paul  P'',  il  s'em- 
para des  îles  Ioniennes.  —  Paul  Nicolaievitoh,  né  en 
1779,  mort  en  1853,  prit  Toultcha  (1828),  commanda 
le  4^  corps  et  présida  le  comité  des  Invalides  ;  impliqué 
dans  le  procès  du  caissier  prévaricateur  des  Invalides,  il 
fut  emprisonné.  —  Alexandre- Stepanovitch  servit  bril- 
lamment dans  la  marine,  commanda  l'escadre  du  Danube 
et  fut  nommé  vice-amiral  en  j  852.  —  Mcolas-Ivanouitclij 
aide  de  camp  de  Paskievitch,  a  écrit  une  Histoù^e  de  la 
fjuerre  dans  la  Russie  d'Asie  (2^  éd.,  Varsovie,  1843, 
'2  vol.). 

OUCHAMPS.  Com.  du  dép.  du  Loir-et-Cher,  arr.  de 
Blois,  cant.  de  Contres;  837  hab. 

OUCHE.  Rivière  du  dép.  delà  Côfe-d'Or  (V.  ce  mot, 
t.  XII,  p.  1187). 

OUCHES.  Com.  du  dép.  de  la  Loire,  arr.  et  cant.  de 
Roanne  ;  540  hab. 

OUCHTETTA.  Tribu  de  Tunisie,  caidat  de  Béja  ; 
000  âmes. —  Une  autre  du  même  nom,  comptant  750  âmes, 
vit  dans  la  Retha,  près  de  la  frontière,  au  N.  de  la 
Medjerda,  où  elle  pratiquait  jadis  le  brigandage. 

OUCHY.  Ville  de  Suisse,  cant.  de  Vaud,  port  de 
Lausanne,  sur  le  lac  de  Genève,  réuni  à  la  ville  par  un 
chemin  de  fer  funiculaire  mû  par  l'eau.  Grands  hôtels. 
Chantier  de  construction  de  la  Compagnie  de  navigation 
du  Léman.  Byron  a  composé  en  1816  k  Ouchy  le  P/7'- 
sonnier  de  Chillon. 

OUCHY  (E.  de  Confiais,  vicomte  d  )  (V.  Conflâns). 

OUCQUES.  Com.  du  dép.  de  Loir-et-Cher,  arr.  de 
Blois,  cant.  de  Marchenoir  ;  1.457  hab.  Stat.  duchem. 
de  fer  (tramways  de  Loir-et-Cher)  de  Blois  à  Orléans. 
Oucrpies  doit  à  sa  situation  danslaBeauce  d'être  le  centre 
d'un  des  plus  importants  marchés  de  la  région  pour  les 
céréales  et  les  bestiaux. 

OU  DALLE.  Com.  du  dép.  de  la  Seine-Inférieure,  arr. 
du  Havre,  cant.  de  Saint-Romain;  216  hab. 

OU  DAN.  Com.  du  dép.  de  la  Nièvre,  arr.  de  Clamecy, 
cant.  de  Varzy;  531  hab. 

OUDART-Feudrix  de  Bréquigny  (V.  Bréquigny). 

OU  DAYA6HIRL  Rocher  de  grès  de  rinde,  prov.  d'Orissa, 
à  52  kil.  N.  de  Pouri,  dominant  la  jungle  de  35  m.  Il  est 
creusé  de  treize  grottes  sacrées,  qui  furent  un  des  pre- 
miers centres  des  ascètes  bouddhistes  et  porte  le  célèbre 
monastère  de  Rani  Nour. 

OUDDOUouBOUDDOU.  Province  de  l'Ouganda  (Afrique 
équatoriale),  située  sur  la  rive  gauche  du  Victoria  Nyanza. 
Elle  est  bornée  au  N.  par  l'Ouganda  proprement  dit,  à 
rO.  par  le  Kohi,  au  S.  par  le  Karagoué.  Son  étendue  est 
de  110  kil.  de  long  sur  50  de  large.  Cette  province  est 
devenue,  après  le  triomphe  des  indigènes  protestants,  le 
refuge  des  catliohques  de  l'Ouganda,  et  est  peuplée  à  peu 
près  exclusivement  par  eux.  Elle  fait  partie  aujourd'hui 
de  l'Afrique  orientale  anglaise. 

0UDE..(V.  Aoudh). 

OUDEÏPOUR  (angl.  Odeypoor  ou  Oodeypoor).  Ville 
de  l'Inde  anglaise,  capitale  de  la  principauté  de  Mévar  on 
Oudeïpour,  dans  le  val  de  Ghirna,  à  226  kil.  S.  d'Adj- 
mir  ;  46.693  hab.  (en  1891).  Magnifique  palais  du  prince 
en  granité  et  marbre,  au-dessus  du  lac  Petchola  bordé  de 
vastes  terrasses  et  semé  d'îles  renfermant  d'autres  palais, 
A  5  kil,  E.,  la  nécropole  d'/^/î<7r, 


OUDEÏPOUR  —  OUDINOT 


682 


La  principauté  d'Oiideipoiir  oiiMcvar  (aiigl.  Meijwar), 
l'une  des  plus  importantes  du  Radjpoutan a  ;  33.181  Idl.  q., 
1,844.360  hab.  (en  1891)  en  majorité  hindous;  les  Radj- 
poutes  forment  environ  le  1 2*^  de  la  population  ;  les  mu- 
sulmans moins  de  3  °/o.  Dans  les  montagnes  du  Sud  vivent 
cà  l'état  sauvage  environ  TiO. 000  Bhils.  Le  prince  dont  le 
titre  est  Maliarana  est  le  plus  considéré  du  Hadjpoutana. 
Il  descend  du  rimai  radjpoute  Bappa  du  clan  de  Sesodia, 
qui  aurait  occupé  ïchittor  en  728  et  repoussé  les  Arabes. 
Lemakaranaestà  la  fois  cbef  temporel  et  spirituel,  prêtre 
d'Eklinga  et  vicaire  de  Siva.  A. -M.  B. 

BiBL.  :  Cf.  la  bibl.  de  l'art.  Imu^  ot  en  partirulier  :  T(»i), 
Annnls  and  nntlquitics  of  lUijasthan;  2  "^  éd.,  Madras,  1871). 

—  Louis  RoussEj.ET,  rinck-  des  linjaJts;  Paris,  1675. 

OUDEÏPOUR.  Ville  du  Bengale,  principauté  de  Tipi- 
pera,  r.  g.  de  la  Goumti.  Marché  de  bois,  bambou  et 
coton.  Ruines  du  temple  du  dieu  solaire  Tripouradana 

—  A  quelque  distance  en  amont,  ruines  de  Bara  Oucleï- 
pour,  capitale  du  radja  Oudei  Manikya  à  la  fin  du  xvi^  siècle. 
Vaste  palais,  temple  sivaite,  etc. 

OUDENAARDE  (V.  Audenarde). 

OUDENAERDE  (Rob.  Van)  (V.  AudenAerd). 

OUDENDORP  (François  Van),  philologue  hollandais, 
né  à  Leyde  en  1696,  mort  à  Leyde  en  1761.  Il  fut  rec- 
teur à  Nimègue,  puis  à  Haarlem,  et  devint  professeur  à 
rUniversilé  de  sa  ville  natale  en  \1\^.  On  lui  doit  de 
savantes  éditions  d'auteurs  classiques  :  Lucain  (Leyde, 
1728,  in4);  César  [ihnL,  1737,  in-4);  Sucfoiie(ibid., 
17r>l,  in-8). 

OUDENODON  (Paléont.).  Ce  genre  aété  établi  enl860 
parOwen  pour  d'étranges  Reptiles  de  grande  taille  pro- 
venant du  Kai'oii  de  l'Afrique  du  Sud  ;  il  ne  se  dif- 
fère du  genre  Dicynodon  que  par  l'absence  de  dents  aux 
mâchoires  ;  de  môme  que  ce  dernier,  le  genre  Ondenodon 
appartient  à  l'ordre  des  Anomodontes.  E.  S. 

OUDERNA.  Peuplade  de  la  Tunisie  méridionale,  dont 
le  centre  est  Tatahouine,  au  pied  des  monts  des  Ksours. 
Ils  sont  environ  16.000  divisés  en  trois  tribus  :  Ouled 
Sehm,  Ouled-abd-el-Hamid,  Djelidat,  semi-nomades,  pas- 
sant l'été  dans  là  montagne  du  Djebel-el-Abiod. 

OU  DEUIL.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de  Béarnais, 
cant.  de  Marseille-le-Petit  ;  179  hab.  Stat.  du  chem.  de 
fer  du  Nord.  Eglise  du  xi"^  siècle.  Ruines  d'un  château 
construit  par  Philippe- Auguste. 

OUDEZEELE.  Com.  du  dép.  du  Nord,  arr.  d'Haze- 
brouck,  cant.  de  Steenvoordc;  817  hab. 

OUDIN  (Remi-Casimir) ,  érudit  français,  né  à  Mézières 
le  14  févr.  1638,  mort  à  Leyde  en  sept.  1717.  R  entra  en 
1656  dans  l'ordre  des  Prémontrés;  à  cette  occasion,  il 
prit  le  nom  de  Casimir.  Va\  1681.  il  reçut  la  mission  de 
rechercher  dans  les  diverses  archives  de  l'ordre  les 
pièces  ayant  trait  à  son  histoire.  A  son  retour,  il  fut 
fait  sous-prieur  de  l'abbaye  de  Cuissy  (Aisne)  et  obtint 
l'année  suivante,  en  1683,  l'autorisation  de  résider  à  Pa- 
ris. Il  y  entra  en  relation  avec  les  bénédictins  de  Saint- 
Maur,  mais  aussi  avec  Jurieu;  cela  le  rendit  suspect  à  ses 
supérieurs;  ils  le  reléguèrent  à  l'abbaye  de  Ressens  (Oise) 
et  l'y  firent  traiter  si  sévèrement  qu'il  s'évada,  se  rendit 
en  Hollande  en  1690  et  se  fit  protestant.  11  fut  sous-bi- 
bliothécaire de  l'Université  de  Leyde  jusqu'à  sa  mort.  Sa 
réputation  lui  vient  de  son  grand  Commentarius  de  scrip- 
loribus  ecdesiœ  antiqiiis  illorumque  scripiis...  adhuc 
eÀ'stantibus  in  celehriorihus  Europœ  bibliothecis... 
cum  multis  dissert ationibus...  (Leipzig,  1722,  3  vol. 
in-fol.),  publié  après  sa  mort.  l\  n'est  pas  encore  inutile. 

Bibl.  :  Eug.  et  E.  IIaag,  dans  la  France  protestante, 
Paris,  1858,  t.  VIII,  pp.  58  et  suiv.,  donnent  une  liste  com- 
plète et  une  analyse  sommaire  des  ouvrages  littéraires 
d'Oudin. 

OUDIN  (François),  jésuite,  né  en  Champagne,  enl673, 
mort  en  1752.  —  OEuvres  principales  :  les  cjuatre  pre- 
mières lettres  de  la  Bibliothèque  latine  des  écrivains 
de  la  Société  de  Jésus  et  les  100  articles  qui  devaient 


suivre  ;  Poemafa  didascalia  parus  sous  le  nom  de  d'Oli- 
vet;  édition  de  P.  Syrus  (Dijon,  1734). 

OUDIN  COURT.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  arr. 
de  Chaumqnt,  cant.  de  Yignory;  317  hab. 

OU  DINE  (Eugène-André),  sculpteur  et  graveur  en  mé- 
dailles français,  né  à  Paris  le  l'^^janv,  1810,  mort  à  Paris  le 
12  avr.  1887.  R  fut  élève  de  Petitot.  d'Ingres  et  de  Galle 
de  qui  il  épousa  la  fille.  Il  remporta  en  1831  le  prix  de 
Rome  de  gravure  en  médailles  avec  le  sujet  d'OEdipe 
expliquant  l'énigme  du  Sphinx.  Sa  production  a  été 
considérable,  et  cet  artiste,  épris  de  l'antique  et  toujours 
froid,  devait  atteindre  sa  perfection  dans  les  monnaies  de 
la  République  de  1848.  Dans  son  œuvre  de  statuaire,  on 
citera:  la  lierge  et  l'Enfant  Jésus  elles  Quatre  Evan- 
gélisles  (1845),  à  l'église  Sanit-Gervais;  la  Reine  Berllie, 
mère  de  Charlemagne  (1848),  au  jardin  du  Luxem- 
bourg ;  Psyché  endormie  (1855),  au  musée  du  Havre  ; 
Bethsabée,  pour  la  cour  du  Louvre;  Buste  d'Hippo- 
lyte  Flandrin  (1866),  à  Saint-Germain  des  Prés  ;  la 
Vierge  et  l'Enfant  Jésus  (1868),  à  Saint- Ambroise  ;  la 
Vierge  et  P Enfant  Jésus  (1873),  à  Saint-Eustache  ;  la 
statue  du  général  comte  Espagne,  au  musée  de  Ver- 
sailles; des  bas-reliefs  pour  les  tympans  des  portes  de 
Sainte-Clotilde.  Le  nombre  de  ses  médaillons  et  de  ses 
médailles  et  jetons  de  présence  est  considérable  ;  on  no- 
tera :  la  Médaille  commémorative  de  V établissement 
de  la  Wépublique  ;  la  Médaille  de  la  Société  des  Ar- 
chitectes (1818);  la  Médaille  commémorative  du 
2  déc,  -185/,  celle  de  la  Hestauralion  de  Notre-Dame 
de  Pans;  la  Médaille  de  l'Exposition  universelle  de 
i855;  la  Médaille  de  l'Exposition  universelle  de  iSlS; 
à  la  RibHothèque  nationale,  douze  médaiUons  représentant 
les  Poètes  illustres  de  l'antiquité.      Etienne  Rricon. 

OUDINOT  (Charles-Nicolas),  duc  de  Reggio,  maréchal 
de  France,  né  à  Rar-le-Duc  le  25  avr.  1767,  mort  à  Pa- 
ris le  13  sept.  1847.  Après  s'être  engagé  dès  l'âge  de  dix- 
huit  ans  dans  le  régiment  de  Médoc,  il  était  rentré  dans 
sa  ville  natale  pour  complaire  à  ses  parents,  qui  le  des- 
tinaient au  commerce  (1788),  quand  éclata  la  Révolution, 
qui  ne  tarda  pas  à  réveiller  ses  instincts  militaires.  Elu 
lieutenant-colonel  d'un  bataillon  de  volontaires  de  la  Meuse, 
il  défendit  vaillamment  le  fort  de  Ritche,  fut  nommé  chef 
de  brigade  (6  nov.  1793),  sauva  par  sa  tenace  énergie, 
à  Morlautern,  près  Kayserslautern,  la  division  Ambert,  à 
laquelle  il  était  attaché  (23  mai  1794)  et  dut  à  ce  beau 
fait  d'armes  le  grade  de  général  de  brigade  (2  juin).  L'an- 
née suivante,  il  s'illustra  par  la  prise  de  Trêves  (6  août 
1795),  reçut  cinq  blessures  devant  Mannheim  et  fut  fait 
prisonnier  parles  Autrichiens  (18  oct.).  Rendu  à  la  liberté 
(janv.  1796),  nous  le  retrouvons  sous  Marceau  à  l'armée 
du  Rhin,  où  il  prit  une  part  brillante  à  plusieurs  com- 
bats et  notamment  à  celui  de  Neubourg(14  sept.).  Pourvu 
d'un  commandement  à  l'armée  dite  d'Angleterre  en  1797, 
il  fut  plus  tard  incorporé  dans  l'armée  d'IIelvétie,  devint 
général  de  division  (12  avr.  1799)  et,  comme  chef  d'état- 
major  de  Masséna,  contribua  glorieusement  à  la  victoire 
de  Zurich.  Il  suivit  au  même  titre  ce  général  à  Gênes  et, 
le  'J6  mai  1800,  força  le  blocus  de  cette  place  pour  aller 
porter  à  Suchet  les  instructions  de  son  général  en  chef. 
Il  reprit  un  peu  plus  tard  auprès  de  Rrune  les  fonctions 
qu'il  avait  remplies  auprès  de  Masséna  et,  par  son  heiu^euse 
audace,  l'empêcha  d'être  battu  à  Monzembano  (26  déc. 
1800). 

Le  premier  consul,  qui  faisait  grand  cas  de  lui,  le  combla 
d'honneurs.  Oudinot  fut  nommé  inspecteur  général  d'infan- 
terie (1801),  commandant  de  la  première  division  du  camp 
de  Rruges  (1803).  Entre  temps, il  était  [entré  comme  dé- 
puté de  la  Meuse  (nov.  1803)  au  Corps  législatif,  où  il 
ne  siégea  que  fort  rarement.  Au  commencement  de  1805, 
il  reçut  le  commandement  de  dix  bataillons  de  grenadiers 
auxquels  on  donna  par  la  suite  le  nom  de  grenadiers 
d'Oudinot.  C'est  à  la  tête  de  ce  corps  d'élite  qu'il  fit  la 
campagne  de  1805,  s'empara  des  ponts  de  Vienne,  fut 


H88  — 


OUDINOT 


blessé  à  Hollabriinn  et,  ù  peine  guéri,  assura  le  gain  de 
la  bataille  d'Austerlitz  par  la  vigueur  avec  laquelle  il  se 
comporta  sur  le  plateau  de  Pratzen  (2  déc).  Chargé,  après 
la  paix  de  Presbourg,  d'occuper  les  principautés  de  Neuf- 
châtel  et  de  Valengin,  il  reparut  bientôt  à  la  grande  armée, 
entra  à  Berlin  (25  cet.  1806),  se  couvrit  Je  gloire  à  Os- 
trolenka  (10  févr.  4807),  alla  prendre  part  au  siège  de 
Dantzig  et,  après  la  reddition  de  cette  ville  (24  mai),  com- 
manda l'avant-garde  à  la  bataille  de  Friedland  (44  juin). 
Gouverneur  d'Erfurt  et  comte  de  l'Empire  en  4808,  il  prit 
l'année  suivante  une  part  considérable  à  la  campagne  du 
Danube  et  se  distingua  de  telle  sorte,  à  Essling  et  à  Wa- 
gram,  qu'après  celte  dernière  bataille  l'empereur  le  nomma 
maréchal  d'Empire  (42  juil.).  Oudinot  fut  en  outre  pourvu 
du  titre  héréditaire  de  duc  de  lleggio  et  d'une  énorme 
dotation  (44  avr.  4840).  Homme  de  confiance  de  Napo- 
léon, c'est  lui  qui,  après  l'abdication  du  roi  Louis,  fut 
chargé  de  la  prise  de  possession  et  de  l'administration  de 
la  Hollande,  tâche  dont  il  s'acquitta  avec  autant  de  mo- 
dération que  sa  situation  le  lui  permettait. 

En  4842,  le  duc  de  Reggio  suivît  l'empereur  en  Russie 
et  commanda  d'abord  le  2''^  corps  de  la  Grande  Armée, 
qui,  placé  sur  la  gauche,  avait  à  contenir  le  long  de  la 
Dwina  l'armée  de  Wittgenstein.  Veainqueur  à  Drissa 
(29  juil.),  il  fut  grièvement  blessé  à  Polotsk  le  47  août 
suivant  et  dut  céder  à  Gouvion  Saint-Gyr  le  commande- 
ment, qu'il  vint  reprendre  au  commencement  de  novembre. 
A  ce  moment.  Napoléon  battait  en  retraite.  Oudinot  placé 
sous  les  ordres  du  duc  de  Bellune,  avec  qui  il  ne  s'enten- 
dit guère,  dut  se  rapprocher  de  lui  et  manœuvrer  de  fa- 
çon à  assurer  aux  débris  de  l'armée  le  passage  de  la  Bé- 
rézina.  H  se  comporta,  du  23  au  30  nov.,  à  Lachnitza, 
Studianka,  Borizov,  Plechnitsoui,  avec  une  énergie  vrai- 
ment héroïque  et  reçut  encore  plusieurs  blessures,  qui  no 
l'empêchèrent  pas  de  jouer  un  rôle  im])ortant  en  Alle- 
magne pendant  la  campagne  de  4843.  Les  victoires  de 
Lutzen  et  de  Bautzen  furent  dues  en  partie  à  son  habi- 
tuelle vigueur.  Mais,  pourvu  peu  après  du  commandement 
d'une  véritable  armée,  qui  comptait  plus  de  60.000  hommes, 
il  se  montra  quelque  peu  inférieur  à  sa  tâche.  Chargé  de 
marcher  sur  Berlin,  il  fat  défait  à  Gross-Beeren  par  Ber- 
nadette (30  août)  et,  subordonné  ensuite  au  maréchal  Ney, 
ne  put  l'empêcher  d'éprouver  un  grave  échec  à  Juterbock 
(sept.).  Rappelé  à  Dresde  par  Napoléon,  il  se  replia  avec 
lui  sur  Leipzig,  combattit  vaillamment  à  Wachau  (46  oct.) 
et,  après  le  désastre,  protégeait  de  son  mieux  la  retraite, 
quand  une  atteinte  grave  de  typhus  le  contraignit  de  ren- 
trer en  France  (nov.) 

A  peine  guéri,  Oudinot  reparut  à  côté  de  Napoléon  et 
le  servit  avec  vigueur  à  Brienne,  Nangis,  Bar-sur- Aube 
(févr. -mars  4844).  Mais,  après  la  capitulation  de  Paris,  il 
fut  au  nombre  des  maréchaux  qui  le  contraignirent  cà 
abdiquer.  Rallié  sans  réserve  au  gouvernement  des  Bour- 
bons, il  fut  appelé  au  conseil  du  comte  d'Artois  (46  avr. 
4844),  puis,  nommé  coup  sur  coup  ministre  d'Etat,  com- 
mandant du  corps  royal  des  grenadiers  et  chasseurs  à 
pied  (20  mai),  pair  de  France  (2  juin),  gouverneur  delà 
3*^  division  militaire,  etc.  A  la  nouvelle  du  retour  de  l'île 
d'Elbe  (mars  4843),  le  duc  de  Reggio,  qui  commandait  à 
Metz,  voulut  conduire  ses  troupes  au  secours  du  roi.  Mais 
il  ne  put  les  mener  au  delà  de  Troyes,  où  elles  commen- 
cèrent à  ne  plus  lui  obéir.  Le  maréchal  ne  servit  pas  Na- 
poléon pendant  les  Cent- Jours.  Aussi  Louis  XVIII,  restauré 
de  nouveau,  récompensa-t-il  sa  fidélité  en  le  nommant 
major  général  de  la  garde  royale  (8  sept.  4843),  membre 
du  conseil  privé  (19  sept.),  commandant  en  chef  de  la 
garde  nationale  de  Paris  (9  oct.),  gouverneur  de  la  3^  di- 
vision militaire  (40  janv.  4846).  Oudinot  prit  encore  part, 
comme  commandant  du  4*^^"  corps,  à  l'expédition  d'Espagne  de 
4823  et  fut  quelque  temps  gouverneur  de  Madrid.  Après  la 
révolution  de  Juillet,  sans  combattre  le  gouvernement  nou- 
veau, il  resta  longtemps  vis-à-vis  de  lui  dans  une  attitude 
très  réservée.  Il  finit  pourtant  par  accepter  de  Louis-Philippe 


la  dignité  de  grand  chancelier  de  la  Légion  d'honneur 
(47  mai  4839),  puis  celle  de  gouverneur  des  Invalides 
(21  oct,  1842).  Il  mourut  dans  ce  dernier  poste. 

A.  Debidour. 

OUDINOT  (Nicolas-Cbarles-Victor),  duc  de  Reggio, 
général  et  homme  politique  français,  né  à  Bar-le-Duc  le 
3  nov.  4794,  mort  à  Paris  le  7  juil.  1863,  fils  aîné  du 
précédent.  Attaché  comme  page  à  Napoléon  en  4808, 
il  fit  près  de  lui  la  campagne  de  4809,  fut  nommé  cette 
même  année  (47  août)  lieutenant  de  hussards,  suivit 
comme  aide  de  camp  le  maréchal  Masséna  en  Portugal 
(4840-44),  entra  ensuite  dans  les  chasseurs  à  cheval  de 
la  garde,  gagna  vaillamment  en  Russie  (4842),  où  il 
servit  près  de  son  père,  le  grade  de  capitaine.  La  bra- 
voure dont  il  fit  preuve  à  Montmirail  et  à  Craonne  lui 
valut  le  titre  de  chef  d'escadrons  (4^''  avr.  4844),  qu'il 
échangea  fort  peu  après  (27  avr.),  grâce  à  la  faveur  dont 
son  père  jouissait  auprès  du  gouvernement  de  la  Restau- 
ration, contre  celui  de  colonel  de  chasseurs  à  cheval.  Resté 
fidèle  aux  Bourbons  pendant  les  Cent- Jours,  il  devint  écuyer 
cavalcadeur,  enfin  maréchal  de  camp  (42  juin  4822)  et  fut 
chargé,  en  4824,  du  commandement  de  l'école  de  cava- 
lerie de  Saumur,  qu'il  résigna  après  la  révolution  de  Juil- 
let (4830). 

Le  général  Oudinot  ne  rentra  en  activité  qu'en  4833. 
Après  une  campagne  en  Algérie,  il  obtint  le  grade  de 
lieutenant  général  (34  déc.  4835),  et,  quelque  temps 
après,  devint  inspecteur  général  de  cavalerie.  Elu  député 
en  4842  par  le  collège  de  Saumur,  réélu  en  4846,  il  siéga 
au  Palais-Bourbon  dans  les  rangs  de  l'opposition  modérée. 
A  la  suite  de  la  révolution  de  février,  il  fut  nommé  par 
le  gouvernement  provisoire  membre  de  la  commission  de 
défense  nationale  (7  mars  4848).  Un  peu  plus  tard,  il 
reçut  le  commandement  de  l'armée  des  Alpes,  qu'il  remit 
en  janv.  4849  au  maréchal  Bugeaud.  Entre  temps,  il  avait 
été  envoyé  à  l'Assemblée  nationale  par  le  dép.  de  Maine- 
et-Loire  '  (avr.  4848).  Il  venait  d'y  reprendre  sa  place 
quand  Louis-Napoléon,  président  de  la  République,  le  mit 
à  la  tète  du  corps  expéditionnaire  qu'il  destinait,  sans 
oser  le  dire,  à  renverser  la  république  romaine  et  à  res- 
taurer la  souveraineté  temporelle  du  pape  (20  avr.  4849). 
Oudinot,  débarqué  à  Civita-Vecchia,  marcha  sur  Rome, 
et,  après  un  échec  suivi  de  négociations  peu  sincères  de 
la  part  du  gouvernement  français,  entreprit,  par  ordre  du 
prince,  le  siège  de  la  ville,  qui  se  rendit  le  4^^  juil.  et  où 
fut  aussitôt  rétablie  l'autorité  pontificale.  Rentré  en  France, 
Oudinot  siégea  comme  représentant  de  Maine-et-Loire  à 
l'Assemblée  législative,  où  il  s'associa  par  ses  discours  et 
par  ses  votes  à  la  politique  antirépublicaine  de  la  majo- 
rité, sans  se  rallier  à  la  politique  de  l'Elysée.  Aussi,  le 
jour  du  coup  d'Etat  (2  déc.  4854),  fut-il  chargé  d'orga- 
niser militairement  la  résistance  par  les  220  représentants 
réunis  à  la  mairie  du  X^  arrondissement.  Mais  arrêté 
presque  aussitôt,  ainsi  qu'eux  tous,  et  enfermé  à  la  caserne 
(lu  quai  d'Orsay,  puis  au  fort  de  Vincennes,  il  ne  put 
exercer  le  commandement  qui  lui  avait  été  conféré.  Rendu 
à  la  liberté  quelques  jours  après,  il  passa  le  reste  de  sa 
vie  dans  la  retraite.  —  Le  général  Oudinot  a  pubUé  les 
ouvrages  suivants  :  Aper{M  historvjiie  sur  la  dignité  de 
maréchal  de  France  (4833,  in-8)  ;  Considérations  sur 
les  ordres  7nilitaires  de  Saint-Louis  et  du  Mérite  mi- 
litaire (4833,  in-8);  Considérations  sur  l'emploi  des 
troupes  aux  grands  travaux  d'utilité  publique  (4839, 
in-8)  ;  de  ta  Cavalerie  et  du  casernement  des  troupes 
à  cheval  (4840,  in-8)  ;  des  Remontes  de  V armée  (4840, 
iji-8)  ;  Précis  historique  et  militaire  de  l'expédition 
française  en  Italie  en  1849  (4849,  in-8).        A.  D. 

OUDINOT  DE  Reggio  (Auguste),  officier  français,  né 
à  Paris  le  3  mars  4799,  mort  à  Muley-Ismail  (Algérie) 
le  26  juin  4835,  frère  du  précédent.  Entré  au  service  de 
très  bonne  heure  sous  la  Restauration  comme  officier  de 
chevau-légers  dans  la  maison  du  roi,  il  fut  successive- 
ment aide  de  camp  des  maréchaux  Clarke,  Gouvion  Saint- 


OUDfNOT  ~  OUDOT 


<)8i  — 


Cyr  et  Lauriston.  Son  avancement,  grâce  à  la  laveur  dont 
jouissait  son  père,  fut  très  rapide.  Après  la  révolution  de 
Juillet,  il  devint  colonel  de  chasseurs  dAfrique  et  fut  tué 
en  combattant  Abd~el-Kader  à  la  tête  de  i'avant-^arde 
de  la  division  Trézel.  —  Un  autre  fils  du  maréchal, 
Char  les- Joseph- G  abriel ,  iié  à  Paris  le  10  mars  1819, 
devint  lieutenant-colonel  d'infanterie  et  mourut  à  (\m- 
iogne,  près  de  Calais,  le  10  déc.  18o8. 

OUDINOT  (Eugène-Stanislas),  peintre  verrier  français, 
né  à  Alençon  (Orne)  le  6  avr.  18!27,  mort  à  Paris  le 
:22  nov.  1889,  élève  du  manufacturier  Bontemps  et  d'Eug. 
Delacroix.  Use  révéla  au  concours  ouvert  pour  les  vitraux 
de  Notre-Dame  et  a  exécuté  à  Paris  ceux  de  Sainte-Clo- 
tilde,  Saint-Leu,  Saint-Germain-PAuxerrois,  Saint-Augus- 
tin, la  Trinité,  restauré  ceux  de  la  cathédrale  de  Limoges  et 
fourni  en  Belgique  ceux  de  Sainte-Croix  de  Liège,  etc. 

OUDINSK  (V.  Verkhné-Oudinsk). 

OU  DIRE  Ville  maritime  de  Plnde,  à  oo  kil.  N.  de 
Mangalore;  5.000  hah.  Citée  sacrée  du  Canara,  elle  ren- 
ferme une  antique  pagode,  huit  monastères  brahma- 
niques, etc. 

OUDJ  ([//).  Rivière  de  Sibérie,  affl.  g.  du  Tobol.  Elle 
nait  dans  l'Oural,  a  4-28  kil.  de  long  et  servit  de  ligne  de 
défense  contre  les  Kirghis,  et  les  huit  forts  constituant 
la  ligne  d^Oinska  furent  édifiés  sur  ses  bonis. 

OUDJA  (Archéol.  égvpt.).  Ce  mot  signifiant  salut,  sau- 
vegarde, est  le  nom  de  l'œil  sacré,  de  Pœil  solaire  et,  par 
suite,  d'une  amulette  essentiellement  protectrice  qui  en 
reproduit  la  forme  et  (jue  Ton  a  retrouvée  façonnée  en 
diverses  matières. 

De  VOudja,  ou  œil  solaire,  était  censé  découler  tout 
ce  qui  est  précieux,  bon  et  bien- 
faisant, les  meilleurs  produits  de  la 
nature,  tout  ce  qui  fiatte  l'odorat 
ou  le  goût,  tout  ce  qui  a  une  vertu 
médicinale,  le  miel,  l'encens,  la 
mvrrhe,  les  huiles,  etc.    P.  Pierret. 

OUDJAYINE  Ville  de  l'fndedans 
la  principauté  tributaire  de  Gwa- 
lior,  sur  le  Sipra,  affl.  du  Tchambal, 
d'Adjmir  à  Bombay  ;  34.691  hab. 
9.476  musulmans.  Vaste  enceinte  flanquée  de  tours,  pa 
lais  des  princes,  nombreux  temples  hindous,  parmi  les- 
(juels  on  admire  celui  de  Mahadèna,  renfermant  le  mau- 
solée d'une  femme  de  Mahadji  Sindhia  et  le  célèbre  groupe 
de  marbre  du  Taureau  deSiva.Oudjayini  renferme  d'autres 
nombreux  mausolées,  quatre  mosquées  et,  à  l'extrémité  S., 
le  fameux  observatoire,  oii  passait  le  méridien  initial  des 
géographes  hindous,  reliant  Ceylan  au  mont  Mérou.  Les 
ruines  de  la  cité  antique  sont  à  2  kil.  N.  de  la  cité  mo- 
derne. 

Oudjayini,  encore  regardée  comme  l'une  des  sept  villes 
saintes  de  l'Inde,  ancienne  capitale  du  Malva,  dont  elle  cen- 
tralise le  commerce  d'opium  et  la  vente  des  cotonnades 
anglaises,  fut  la  capitale  d'Asoka  quand  il  était  vice-roi 
de  son  père  Varicara  au  iii^  siècle  av.  J.-C.  Elle  avait  été 
aussi  celle  du  légendaire  Vikramaditya  (V.  L\de).  Oud- 
jayini suivit  la  destinée  du  Malva  conquis  par  les  musul- 
mans au  début  du  xiv®  siècle,  indépendant  de  1387  à  1520, 
conquis  alors  par  le  roi  du  Mévar,  puis  par  Akbar  (1570), 
plus  tard  par  Holkar  (1792).  auquel  Sindhia  l'enleva  pour 
en  faire  sa  capitale  jusqu'en  1810  oti  Daolat-Rao  transféra 
sa  résidence  à  Gwalior.  A. -M.  B. 

OUDJDA.  Ville  du  Maroc  oriental,  entre  llsly  et  le 
Mahiguène,  dans  la  plaine  d'Angad,  au  pied  du  Koudiat- 
el-Khadra,  à  10  kil.  de  la  frontière  d'Algérie  ;  10.000  hab. 
Elle  est  située  au  milieu  de  vergers  d'oliviers  et  de  jardins 
irrigués  par  des  canaux.  Les  remparts  et  la  kasbah  au 
S.-O.  sont  délabrés;  les  rues,  très  étroites;  les  maisons, 
misérables. 

BiBL.  :  J.  Canal,  dans  BiiU.  Soc.  cji'0(jr  d'Ornn.  1Ss;>, 
sept. -déc. 

OUDJEIN  (V.  OïDJM'ixi). 


Oiidja. 

et  le  chem.  de  fer 
(en  1891),    dont 


OUDJIDJI  {ijiji).  Pays  de  l'Afrique  orientale  alle- 
mande, sur  le  littoral  E.  du  lac  Tanganvika,  entre  4*^30' 
et  4'^55  lat.  S.  ;  1.200  kiL  q.  ;  30-000  hab.  Les  habi- 
tants, nommés  Ouadjidji,  sont  de  race  cafre  (bantou), 
bons  cultivateurs  et  navigateurs.  Le  pays  produit  du  sucre, 
de  l'huile  de  palme  et  d'arachides,  des  patates,  etc.  — 
Le  centre  principal,  également  dénoiiuné  Oudjidji,  est 
formé  de  la  ville  indigène  de  Kaouèlé  (8.000  îiab.).  de 
la  ville  arabe  d'Ougoi  et  du  port  situé  à  6  kil.  sur  la  baie 
de  Kigoma  (excellent  mouillage).  Staidey  y  rencontra 
Livingstone  en  1871. 

OUDON.  Ilivière  des  déj).  de  la  Mai/enne  et  de  Maine- 
et-Loire  (V.  cesmots,  t.  X\m,  p.  453!  et  t.  XXII,  p.  99^-)- 

OUDON.  ('om.  (lu  dép.  de  la  Loire-Inférieure,  arr.  et 
cant.  d'Ancenis  ;  1.687  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  d'Or- 
léans. Belle  tour  (mon.  hist.)  d'un  château  du  x\^  siècle. 

OU  DON  G.  Ville  du  royaume  de  Cambodge,  située  au 
X.  de  Phnom-Penh,  dans  les  marais  du  Veal-Phokou  plaine 
de  boue,  dans  lesquels  se  déversent  les  eaux  du  Grand-Lac 
et  du  Petit-Lac  (Tonlé-Sap  et  (^lamnanlieu).  Elle  est 
entourée  d'une  triple  enceinte.  C'est  une  ancieime  ca- 
pitale du  Cambodge,  abandonnée  par  le  roi  Norodom 
pour  la  capitale  actuelle,  Phnôm-Penh.  A  8  kil.  N.  sont 
les  ruines  d'une  capitale  plus  ancienne,  Cambodia  ou 
Louek. 

OUDOT  (Charles-François),  jurisconsulte  et  homme 
politi([ue  français,  né  à  Nuits  (Cô'te-d'Or)  le  {  avr.  1755, 
mort  à  Paris  le  12  avr.  18il.  Avocat,  substitut  du  pro- 
cureur général  au  parlement  de  Dijon  le  8  févr.  1777, 
commissaireduroiprèsletribunaldeBeaune  le7  janv.  1791 . 
il  fut  élu,  le  1^^'  sept.  1791.  député  de  la  Côte-d'Or  à 
l'Assemblée  législative  et  réélu,  le  5  sept.  1792,  à  la 
Convention.  Le  5  déc.  1792,  il  réclama,  en  des  termes 
curieux,  le  jugement  de  Louis  XVI,  et  dans  le  procès  il 
vota  pour  Uunort  du  roi.  Le  3  sept.  1793,  il  fut  envoyé  en 
mission  avec  Robert  Lindet  dans  les  dép.  de  l'Eure  et  du 
Calvados.  Le  19  févr.  1794,  il  devint  secrétaire  de  la 
Convention.  Le  29  mars,  il  fit,  au  nom  du  Comité  de  légis- 
lation, un  rapport  sur  la  loi  contre  les  accaparements.  Le 
23  avr..  il  en  présenta  un  sur  le  divorce,  et,  le  1*^^"  nov., 
un  autre  sur  les  biens  des  détenus.  Le  14  nov.  1795,  Oudot 
fut  élu  par  le  dép.  du  Puy-de-Dôme  membre  du  conseil 
des  Cinq-Cents.  Il  se  signala  surtout  par  le  projet d'orga- 
lu'sation  judiciaire  civile,  qu'il  fit  adopter  le  18  oct.l79(). 
Le  8  sept.  1797.  il  donna  asile  à  son  compati'iote  Carnot, 
proscrit  après  le  couj)  d'I-^tat  du  18  fructidor,  et  lui  faci- 
lita son  départ  pour  la  Suisse.  Le  9,  il  fit  interdire  aux 
ci-devant  nobles  l'exercice  des  foiu^tions  publiques.  Le 
20  janv.  1798,  il  devint  secrétaire  du  conseil  des  Cinq- 
Cents,  et,  le  13  avr.,  il  fut  envoyé  au  conseil  des  Anciens 
par  le  dép.  de  la  Côte-d'Or.  Il  fut  nommé  juge  au  tribu- 
nal de  cassation  le  20  juin  1799  et  confirmé  dans  ces 
fonctions  le  9  avr.  1800.  La  Restauration  l'en  exclut  et 
les  Cent-Jours  l'y  rétablirent.  Proscrit  par  la  loi  du 
12  janv.  1816  contre  les  régicides,  Oudot  se  réfugia  à 
Bruxelles  et  ne  rentra  à  Paris  qu'après  la  révolution  de 
juil.  1830.  n  mourut  dans  cette  ville  le  12  avr.  1841,  à 
l'âge  de  quatre-vingt-six  ans,  et  fut  enterré  dans  le  cime- 
tière du  Mont-Parnasse.  On  a  publié  de  lui,  en  1842,  une 
Théorie  du  jury.  Etienne  Châravay. 

BivA..  :  Moniteur.  —Le  Tribihud  et  ht  cour  de  Cdi^su lion 

OUDOT  (François- Julien),  jurisconsulte  français,  né  à 
Ornans  (Doubs)  le  20  avr.  1804,  mort  le  14  sept.  1864. 
Fils  d'un  général  mort  en  1814  sous  les  murs  de  Paris, 
il  fit  ses  études  au  lycée  Charlemagne,  puis  suivit  les  cours 
de  l'Ecole  de  droit  et,  reçu  docteur  en  1826,  fut  nommé 
en  1829  professeur  suppléant  à  la  faculté  de  Paris.  Devenu 
en  1837  titulaire  d'une  chaire  de  droit  civil,  il  tenta  de 
faire  prévaloir  dans  l'enseignement  de  la  science  juridique 
la  méthode  historique  et  philosophique,  mais  rencontra 
dans  l'administration  une  vive  opposition  et  fut  finalement 
rappelé  à  la  stricte  observation  des  programmes  (décr. 
min,,  22  sept.   1843).  Il  conserva  sa  chaire  jusqu'à  sa 


—  G8o 


OUDOT  —  OUEN 


mort.  11  a  laissé  un  petit  nombre  d'om  rages  remarquables 
par  rélégance  du  style  et  la  profondeur  des  aperçus  phi- 
losophiques :  Essais  de  philosophie  du  droit  (Paris, 
4847)  ;  Conscience  et  science  du  devoir  (Paris,  i8o(i, 
2  vol.)  ;  du  Droit  de  famille  (Paris,  1867,  posth.). 

OU  DRY.  Com.  du  dép.  de  Saône-et-Loire ,   arr.  de 
Charolles,  cant.  de  Palinges  ;  55^2  hab. 

OU  DRY  (Jean-Baptiste),  peintre  animalier  français,  né 
à  Paris  le  17  mars  1086,  mort  à  Beauvais  le  3  avr.  1755. 
Il  était  (ils  de  Jacques  Oudry,  maître  peintre  et  marchand 
de  tableaux  établi  sur  le  pont  Notre-Dame,  de  qui  il  reçut 
ses  premières  leçons,  et  de  Nicole  Papillon,  parente  du 
graveur.  Il  fut    ensuite    élève    de    Serre,    peintre    des 
galères  du  roi,   et  de  Largillière  qui  le  prit  en  affec- 
tion et  avec  lequel  il  travailla  pendant  cinq  années.  Il 
faisait  de  la  peinture  d'histoire  et  des  portraits  et  avait 
])Qmi  une  Nativité  ])onv  l'église  Saint-Leu  et  une  Ado- 
ration des  Mages  pour  l'église  Saint-Martin  des  Champs  : 
sur  les  conseils  de  Largillière,  il  se  mit  à  l'étude  des 
animaux.   Entré  en  1708  à  la  maîtrise  de  Saint-Luc, 
il    y  devint    professeur  en   1717.    Reçu    à    l'Académie 
1<*  "io  févr.   1711)  connue    |>einh'e   d'histoire    avec    une 
{lH)ndance  pour  moi'ceau  de  concours,  il  y  fut  professeur 
e.n'i743.  U^iand  Pierre  le  Grand  vint  à  Paris  en  1717, 
Oudry  fit  son  portrait  et  le  tsar  voulut  emmener  le  peintre 
en  Russie  ;  mais  le  duc  d'Antin  l'empêcha  de  partir.  Pré- 
senté à  Louis  XV  par  le  marquis  de  Beringlien,  Oudry 
devient  le  peintre  des  chiens  du  roi;  il  est  à  la  mode  et 
favori:  il  suit  les  chasses  de  la  cour,   a  son  atelier  aux 
Tuileries  et  son  appartement  au  Louvre.  Il  travaille  pour 
Fagon,  le  surintendant  des  finances,  et  décoj'e  sa  villa  de 
Fontenay-aux-Roses.  En  4734,  Fagon  le  met  à  la  tète  de 
la  maiRifacture  de  Beauvais  qui  était  tombée  depuis  Col- 
hert.  Très  vite  Oudry  la  releva:  il  fit  d'abord  lui-même 
les  jolis  modèles  de  ces  tapisseries  fines,  vives  et  claires, 
^i  recherchées  aujourd'hui  ;  puis  il  s'adjoignit  pour  cette 
<euvi'e  Natoire  et  Boucher.  Le  roi  reconnaissant  lui  donna 
la  surinspection  de  la  manufacture  des  Gobelins.  Oudry  a 
exposé  aux  Salons,  de  4737  à  4733,  des  cerfs,  des  chiens, 
des  lions,  des  léopards,  des  loups  ;  des  œuvres  postliumes 
ont  été  présentées  au  Salon  de  4761 .  Le  musée  du  Louvre 
possède  d'Oudry  :  Mitte  et  Turin,  levrettes  de  la  meute 
(Le  Louis  XV;  Mignonne  et  Sylvie,   levrettes  de  la 
)neute  de  Louis  XV;  Blanche,  chienne  de  la  meute 
de  Louis  XV;  la  Chasse  au  loup  (Salon  de  4746),  des- 
tinée au  château  de  Choisy  ;  iin  Chien  gardant  des  pièces 
de  gibier  (Salon  de  4748)  ;  Combat  de  deux  coqs  (Salon 
do  4730);  la  Ferme;  un  Chien  avec  une  jatte  près  de 
lui  (Salon  de  4734)  ;  dans  la  salle  La  Gaze:  Instrument 
de  musUiue  appuyé  sur  un  tabouret  violet;  et  treize 
dessins.  On  voit  des  tableaux  de  lui  au  Grand  Trianon, 
au  château  de  Chantilly,  aux  musées  d'Amiens,  d'Arras. 
de  Besançon,  de  Caen,  de  Cherbourg,  de  Lille,  de  Mont- 
pellier, de  Nantes,  de  Narbonne,  d'Orléans,  de  Pau,  de 
Rouen,  de  Toulouse  et  de  Tours.  Le  musée  de  Stockholm  en 
possède  sept.  Il  a  été  gravé  par  Le  Bas,  Sylvestre,  Basan. 
Tardieu,  Daullé  et  Aveline.  Oudry  a  gravé  à  l'eau-forle 
des  planches  pour  l'illustration  du  lioman  comique; 
une  Suite  de  chasses  en  quatre  pièces  (4723)  ;  et  les 
aimaux  dans  l'édition  des  Fa/^/e^' de  La  Fontaine  de  4733. 
niais  il  faut  noter  que  ces  animaux,  parfois  faiblement 
dessinés,  n'ont  été  qu'esquissés  par  lui  et  qu'ils  ont  été 
terminés  par  Cochin  qui  n'avait  pas  d'eux  la  même  familia- 
rité. Travailleur  infatigable,  Oudry,  le  dimanche,  allait  faire 
des  éludes  de  passage  aux  environs  de  Paris;  le  soir,  il 
dessinait.  Pour  ces  tableaux  d'une  vérité  superficielle  et 
cijarmanle,  il  recherchait  consciencieusement  la  nature  : 
\m  jour  il  se  rendit  à  Dieppe  pour  y  étudier  des  poissons 
frais.  Oudry  était  riche;  il  avait  une  belle  collection  de 
tableaux  et  de  curiosités  qui  fut  vendue  api'ès  sa  moi't 
40.000  livres.  On  a  publié  de  lui  une  conférence  lue  à 
l'Académie  sur  la  manière  d'étudier  la  couleur  en  compa- 
raiil   les  objets  les  y\\\^   aux  autres.  —  Sa    fenirnc.   ru'c 


F/-oi<s\sitf',  qu'il  épousa  après  lui  avoir  donné  des  leçons,  a 
gravé  à  Peau-forte  un  portrait  de  lui. 

Soji  fils,  Jacques-Charles,  né  à  Paris  en  4720,  fut 
reçu  à  l'Académie  le  31  déc.  114748;  mourut  à  Lausanne 
en  sept.  .4778.  Il  a  beaucoup  voyagé  et  longtemps  vécu 
à  Bruxelles,  où  il  fut  le  peintre  du  prince  Charles  de 
Lorraine.  Etienne  Bricon. 

OUDRY  (Alphonse)  (V.  B»i-:st,  §  Monuments), 
OUED.  Nom  arabe  des  vallées  et  des  cours  d'eau  qui 
entre  dans  la  composition  de  nombreux  noms  de  lieux 

(V.  OUADI). 

OUED  (El).  Ville  d'Algérie,  dép.  et  à  340  kil.  S.  de 
Constantine,  capitale  de  l'oasis  saharienne  du  Souf(V.  ce 
mot),  d'oii  les  caravanes  se  rendent  à  Ghadamès. 

OUED-ATWIÉNIA.  Com.  du  dép.  et  à  33  kil.  0.  de 
Constantine,  sur l'Atménia.  affl.  g.  duRummel  ;  6.343 hab. , 
dont  803  Français.  Fondée  en  4834  près  des  sources 
d'Hammam  Grous  (Balneum  Poïiipeianiim des  Romains). 

OUEDJ  (El).  Ville  maritime  d'Arabie,  pays  deMadian, 
par  26M3'  lat.  N.  Port  d'accès  facile.  Au  s!!  la  vallée  de 
l'Ouadi-el-Moiah  renferme  des  ruiiu^s  et  inscriptions  ru- 
pestres. 

OUED-SEGUIN.  Com.  du  dép.,  arr.  età29  kd.  S.-O. 
de  Constantine,  sur  le  chem.  de  fer  d'Alger  à  Tunis; 
2.224  hab.,  dont  424  Français. 

OUED-ZENATL  Com.  mixte  du  dép.,  arr.  et  à  30  kil. 
E.  de  Constantine;  42.373  hab.,  dont  398  Français. 
Stat.  du  chem.  de  fer  d'Alger  à  Tunis. 

OUED-ZERGA.  Village  de  Tunisie,  sur  un  affl.  g.  de 
la  Medjerda,  à  70  kil.  de  Tunis.  Stat.  du  chem.  de  fer 
d'Alger  à  Tunis. 

OUEI-Haï-Oueï  (V.  Wei-Hai-Wei). 

OUEI-Ho.  Rivière  de  Cliine  (V.  Oei). 

OUEI-HsiEN.  Vdle  de  Chnie  (prov.  de  Ho-nan),  située 
sur  la  r.  dr.  du  Ouei-ho,  rivière  qui  amorce  à  Lin-sing 
le  Grand-Canal  ou  Yun-ho,  qui  va  de  Tien-tsin  à  Nan- 
king. 

OUEILLOUX.  (îom.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr. 
de  Tarbes,  cant.  de  Tournav  ;  236  hab. 

QUELLE  (Riv.)  (V.  Coxa)  |Fleiive|,  t.  XH,  p.  409). 

OUEN  SAN.  Ville  de  Corée  (en  cliinoib,  Yuen  chan  : 
en  japonais,  Gen  san),  district  de  Tek  ouen,  prov.  de 
Ham  kyeng),  située  sur  la  mer  du  Japon,  au  fond  de  la 
baie  deBroughton,  ouverte  au  commerce  japonais  en  4880, 
à  celui  des  autres  nations  en  1883.  Les  affaires  faites  uni- 
quement par  les  Chinois  et  les  Japonais  portent  princi- 
palement sur  les  peaux,  le  poisson  sec,  la  poudre  d'or, 
les  haricots  à  l'exportation,  sur  les  étoffes  de  coton,  de 
soie  et  les  teintures  à  l'importation.  Sol  fertile,  mines  de 
cuivre;  climat  sain,  très  froid  en  hiver.  La  ville  indigène 
compte  environ  20.000  âmes;  les  Cbinois  et  les  Japonai^^ 
(ceux-ci  au  nombre  de  4.300)  ont  leurs  concessions  sépa- 
rées ;  il  y  a  environ  20  résidents  européens  ou  améri- 
cains. Ligne  télégraphi({ue  de  Ouen  san  à  Séoul  ouverte 
^n  4891.  M.  ComiANT. 

Bim..  :  licltiinis  of  i rade  and  trada  reports  for  ('liuia. 
publiés  à  Chang-hai'  par  les  Oouaucs  cliiuois(>s. 

OUEN-TuiÉoL-fou.  Ville  de  Chine,  prov.  de  Tché-kiang. 
Sa  situation  au  fond  de  la  baie  qui  porte  son  noui  en  fait 
un  port  important,  ouvert  au  commerce  européen.  Ouen- 
Tcbéou  est  bâtie  dans  un  lieu  marécageux  ;  elle  est  célèbre 
par  la  beauté  de  ses  édihces.  Son  port,  sûr  et  commode, 
est  très  fré([uenté  ;  la  marée  porte  les  navires  jusque  sous 
ses  nuu's.  Il  y  a  aux  environs  des  parcs  d'huîtres  re- 
nonnnés. 

DU  EN  T.)\oL.  Ville  de  Corée,  di.-l.  de  la  province  de 
Kang  ouen,  située  àenvicon  100  kil.  au  S.-E  de  Séoul,  dans 
la  région  montagneuse  qui  domine,  sur  la  rive  droite,  la 
haute  vallée  du  Han  kang.  Cette  ville  date  de  l'époque  du 
Ko  kou  rye  (\,  Troh  Royaumes);  elle  fut  capitale  secon- 
daire du  royaume  de  Sin  ra  (V.  Six  ha). 

OUEN  (Saint),  en  ldtm\iudoe}ius\  évêque  de  4{ouen.  né 
vers  600,  mort  à  Clichv  le  24  août  683.  De  son  vivant. 


OUEN  —  OUFA 


686 


il  parait  avoir  été  plus  connu  boiis  le  nom  de  Da- 
don.  Il  vécut  à  la  cour  de  Clotaire  il  et  de  Dagobert.  Ce 
dernier  fit  de  lui  son  référendaire.  Apres  avoir  fait  un 
voyage  en  Espagne,  il  fut  sacré  évêque  avec  saint  Eloi.  le 
dimanche  avant  les  Rogations  de  Fan  640.  Il  assista  au 
troisième  concile  de  Chàlons  (644).  Sa  Vie  de  saint  Eloi 
(d'abord  éd.  par  Surius,  Vitœ  sanclonun,  aui®^  déc, 
pp.  629-635  ;  mieux  dans  d'Achery,  Splcileginm  ;  Paris, 
'1724,  2^  éd.,  t.  II,  pp.  76-123;  trad.  française  par 
Ch.  de  Barthélémy,  Paris,  1847,  et  par  Parenty,  Arras, 
1831),  quoique  sans  doute  remaniée,  est  un  fort  intéres- 
sant document.  F. -H.  K. 

0UER6HA.  Rivière  du  Maroc  (V.  ce  mol,  t.  XXIII, 
p.  250). 

OUERGHAIVIIVIA.  Confédération  de  la  Tunisie  méridio- 
nale, au  S.  de  Djerba,  répandue  sur  20.000  kil,  q.  Elle 
descend  des  Ouled-Demmed,  de  race  zenète,  qui  furent 
chassés  des  plaines  par  Finvasion  arabe  hillalienne,  mais 
les  réoccupèrent  au  xv^  siècle.  Cette  population  guer- 
rière [a  été  constituée  en  Makhzen  pour  la  garde  de  la 
frontière  tripolitaine.  Elle  est  divisée  en  six  tribus  auto- 
nomes. 

GUERRE.  Com.  du  dép.  d'Eui'e-et-Loir,  arr.  et  cant. 
de  Dreux;  403  hab. 

OUESSANT  (lied').  On  applique  aussi  ccnomàFarchi- 
pel  tout  entier  qui  prolonge  la  péninsule  armoricaine  et 
plus  particulièrement  le  pays  léonais  (V.  Finistère).  Cet 
archipel  comprend,  en  allant  de  l'E.  àl'O.,  les  îles  de  Bé- 
niguet,  Quéménès,  ïrielen,  Molène  (V.  ce  mot).  Balance, 
Bannec,  enfin  Ouessant,  la  plus  grande,  et  la  terre  la  plus 
occidentale  de  France.  Il  est,  en  outre,  divers  îlots  et  des 
ècueils  tels  que  la  chaussée  des  Pierres-Noires.  Entre  ces 
îles  et  roches,  il  y  a  des  canaux  qui  font  communicjuer  la 
Manche  avec  l'Iroise,  savoir  :  chenal  du  Four,  chenal  de 
la  Helle,  et  surtout,  entre  Ouessant  et  Bannec,  le  passage 
du  Fromveur.  Les  courants  sont  violents,  les  écueils  nom- 
breux, les  brumes  fréquentes,  en  sorte  que  ce  sont  des  pa- 
rages fort  dangereux  et  fertiles  en  naufrages.  Les  phares 
y  sont  multipliés,  ainsi  que  les  signaux  sonores,  et  l'on  y 
a  installé  plusieurs  stations  de  sauvetage. 

L'île  d'Ouessant  est  située  à  10  milles  du  continent; 
elle  mesure  8  kil.  du  S.-O.  au  N.-E.  et  a  3.500  m.  de 
largeur  moyenne.  Sa  superficie  est  de  1.558  hect.,  îlots 
littoraux  compris.  On  y  remai'que  les  baies  de  Lampaul, 
au  S.-O.,  et  du  Stifi",  au  N.-E.  Cette  dernière  partie  de 
l'île  est  la  plus  élevée,  et  la  ])ointe  a  63  m.,  c'est  le  point 
culminant;  il  est  surmonté  d'un  pbare  qui  date  de  4695. 
Un  autre  phare  est  établi  sur  la  pointe  correspondante  de 
la  baie  opposée,  celui  du  Créach  (1863).  Dans  le  fond  de 
cette  dernière  est  le  bourg,  qui  porte  le  même  nom,  de 
Lampaul.  Les  ports  et  mouillages  sont  constitués  par  les 
baies  et  les  anses  de  cette  île,  fort  déchiquetée;  on  en 
compte  six,  dont  les  principaux  sont  ceux  de  la  loaie  du 
Stiff  et  de  celle  de  Lampaul  ou  Portzpaul.  Tous  ces  ports 
sont  imparfaits,  chacun  a  ses  inconvénients;  ce  qui  a  dé- 
cidé la  création  de  toutes  pièces  d'un  nouveau  port,  dans 
la  baie  d'iVrland,  le  long  du  Fromveur.  L'île  est  en  rela- 
tions télégraphiques  avec  le  continent  au  moyen  d'un  câble 
de  la  baie  du  Stiff  à  celle  de  Laber-Ildut.  Il  y  a  deux  postes 
électro-sémaphoriques,  à  côté  des  phares  précités.  Près 
de  celui  de  Créach  une  trompette  à  air  comprimé  a  été 
installée.  La  Société  centrale  de  sauvetage  a  deux  stations, 
Lampaul  (1866)  et  Stiff  (1879).  Service  à  vapeur  pour 
les  communications  avec  le  continent,  le  Conque t,  desser- 
vant en  même  temps  Molène. 

Ouessant  est  un  chef-lieu  de  canton  de  Farr.  de  Brest, 
comprenant  une  commune  (l'autre  île  habitée  de  l'archi- 
pel, Molène,  est  une  commune  du  cant.  de  Sanit-Renan). 
Population,  2.287  hab.,  320  agglomérés  au  chef-lieu.  Il 
y  a  1  syndic  des  gens  de  mer,  1  maître  de  port,  1  .^;ar~ 
dien  de  batterie,  mais  ni  troupes  ni  gendarmes  ou ^ une 
garnison  temporaire.  Défenses  militaires  :  2  petites  redoutes, 
1  fort  (1879)  ;  de  nom  eaux  travaux  sont  en  cours  d'exécu- 


tion (1899).  2  écoles  congréganistes.  De  nombreuses  cha- 
pelles, la  plupart  en  ruines  aujourd'hui,  existaient  dans 
l'île.  L'église  récente  du  bourg  est  assez  spacieuse.  Les 
phares  constituent  des  monuments  remarquables.  Comme 
antiquités,  on  cite  les  vestiges  d'une  muraille  antique, 
connue  sous  le  nom  de  temple  paien,  et  le  cromlech  de  la 
Corne-des-Gaules. 

L'eau  douce  est  abondante  dans  Fîle  d'Ouessant  et  de 
bonne  qualité.  Il  n'y  a  point  de  végétation  arborescente  ; 
la  moitié  du  territoire  est  cultivée  en  céréales  et  en  pommes 
de  terre.  La  portion  sans  culture  produit  un  gazon  très 
dur  que  broutent  des  bêtes  à  cornes  et  surtout  des  mou- 
tons de  petite  taille  fort  nombreux  (plus  de  6.000).  Les 
poneys  y  ont  presque  disparu.  Les  hommes  sont  presque 
tous  marins,  ce  sont  les  femmes  qui  cultivent  les  terres. 
La  pèche,  dans  cette  mer  difficile,  est  peu  active  et  n'oc- 
cupe guère  que  le  huitième  de  la  population  masculine 
adulte.  Le  trafic  maritime  consiste  en  objets  de  consomma- 
tion importés  et,  pour  l'exportation,  en  pommes  de  terre, 
orge,  moutons. 

Ouessant  était  connue  des  Romains,  c'était  VOExantis  de 
Pline,  Uxaniis  (Itinéraire  d'Antonin).  Les  Celtes  l'ont 
nommée  Heussa,  puis  Ushant.  Cette  île  a-  été  évangélisée 
par  saint  Pol  Aurélien,  qui  y  vint  d'Angleterre,  vers  517. 
Pendant  plusieurs  siècles,  elle  a  appartenu  aux  évêques 
de  Léon.  En  1388,  elle  fut  ravagée  par  les  Anglais.  En 
1589,  elle  fut  cédée  à  de  Rieux  de  Sourdéac,  gouverneur 
de  Brest,  puis  érigée  en  marquisat  pour  ce  seigneur  par 
Henri  IV  en  1597.  Elle  passa  à  la  couronne  en  1735.  Un 
gouverneur  y  avait  été  institué  parles  seigneurs  de  Rieux, 
usage  qui  dura  jusqu'à  la  Révolution.  La  bataille  cV Oues- 
sant eut  Heu  dans  ses  eaux  en  1778  (27  juil.).  Pendant 
l'empire,  Ouessant  reçut  un  poste  militaire.     Ch.  Del. 

BiBL.  :  FÉTvoux  et  Mengin,  Notice  sur  l'archipel  d'Ouea- 
simt.  clans  Ports  iiuirltimes  de  France,  1879,  t.  IV  (avec^ 
une  liste  bibliographique).  —  Anaales  du  sauvetofje  ma- 
rithne. 

OUEST  (V.  Caruinaux  [Points]  et  Couchant). 

OUEST  Africain  (V.  Congo  français). 

GUETTE  (L').  Rivière  du  dép.  de  la  Mayenne  (V.  ce 
mot,  t.  XXIII,  p.  453). 

OUEZY.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr.  de  Caen,  cant. 
de  Bourguébus  ;  215  hab. 

OUEZZAN.  Ville  du  Maroc  septentrional,  à  120  kil.  S. 
de  Tanger;  10.000  hab.  Trois  mosquées.  C'est  le  prin- 
cipal centre  religieux  du  Maroc,  résidence  de  la  confrérie 
des  Moulei-ïaieb  et  du  chérif  qui  la  dirige.  Les  habitants 
sont  censés  desccndj'e  du  Prophète,  la  ville  entière  est 
lieu  d'asile.  La  confrérie  comprend  le  tiers,  peut-être  la 
moitié  des  Marocains  et  compte  des  adhérents  jusqu'en 
l^^gypte.  Le  sultan  y  est  affilié  et  n'est  reconnu  qu'après 
avoir  reçu  l'hommage  du  chérif.  Cet  ordre  fut  fondé  à  la 
im  du  xvii^  siècle  par  Moulei-Abd-Allah-ben-Brahim,  or- 
ganisé au  xviii^  par  Moulei-Taieb  ;  l'origine  de  cette  fa- 
mille des  chérifs  serait  au  Soudan.  Sidi-Hadj-abd-es-Selam, 
né  en  1832,  épousa  une  Anglaise  et  se  plaça  sous  le  pro- 
tectorat français.  Son  fds  qui  lui  a  succédé  continue  cette 
pohtique  (V.  Maroc). 

OUFA.  Ville  de  Russie,  à  2.000  kil.  E.  de  Saint-Pé- 
tersbourg, à  1.400  kil.  de  Moscou,  ch.-l.  de  gouverne- 
ment, sur  la  rivière  Bielaia  (Blanche),  non  loin  du  con- 
fluent de  FOufa  ;  54°  43^  34/'  lat.  N.,  53*^  39'  14/'  long. 
E.  ;  49.961  hab.  Fondée  en  1573  pai'  Yvan  III,  pour 
contenir  les  Kirghis,  Oufa  voit  de  nos  jours  accroître 
son  importance  depuis  la  construction  du  chemin  de  fer 
transsibérien.  La  ligne  y  franchit  la  Bielaia  sur  un  pont 
gigantesque  qui  est  un  ouvrage  de  premier  ordre.  Oufa  est 
le  siège  d'un  gouverneur,  d'un  archevêque  et  d'un  mufti 
musulman  ;  pour  l'instruction  publique,  elle  dépend  du 
curateur  d'Orenbourg.  Ses  principaux  monuments  sont 
d'ordre  religieux  :  églises,  mosquées,  chapelle  protestante. 
Au  total,  4.000  constructions  environ.  La  ville  est  reliée 
à  Kazan  et  à  Perm  par  un  service  de  bateaux,  et  à  Sekli- 
tamak  et  Orenbourg  par  une  grande  route  postale. 


687  — 


OUFA  —  OUGHTRED 


Le  gouvernement  (Oufimskaya  goubernia)  a  été  formé  en 
1865.  Sa  superticie  est  de  110.000  kil.  q.  et  sa  popula- 
tion de  2.220.497  hab..  répartis  en  six  districts  appelés 
du  nom  de  leur  chef-lieu  :  Oufa,Belebei,Birsk,  Zlataoust, 
Menzélinsk  et  Sterlitamak.  LesBachkirs,  répandus  surtout 
dans  les  campagnes,  en  sont  l'élément  dominant,  puis 
viennent  les  Russes,  en  plus  petit  nombre  desTchouvaclies, 
des  Mordvas,  des  Tchérémisses,  des  Ostiaks,  des  Tatars. 

Les  principales  ressources  du  pays  sont  l'élevage  du 
bétail,  l'exploitation  des  mines  et  des  forêts  de  la 
montagne,  l'élevage  des  abeilles,  les  peaux.  A  Zla- 
taoust (20.973  hab.)  se  trouve  la  plus  grande  fabrique 
d'armes  de  la  Russie.  —  La  région  d'Oufa  est  traversée 
par  un  tributaire  de  la  Kama,  de  Bielaia,  grossie  elle- 
même  de  rOufa,  de  la  Deina,  de  l'Achkabar  et  de  la  Sterla. 
Nombreux  lacs.  CHmat  fort  inégal  :  moyenne  annuelle,  à 
Oufa,  3«,2  ;  cà Zlataoust,  0°,!.  —  Lec^Z5/ri'c^il7.000kil.q. 
et  187.000  hab.  Paul  L abbé. 

OUFA.  Rivière  de  Russie  d'Europe,  principal  affluent 
de  la  Bielaia.  Son  cours  est  de  500  kil.  Elle  prend  sa 
source  dans  les  monts  Oural  et  conflue  à  2  kil.  environ  au 
S.  d'Oufa.  Elle  sert  principalement  à  transporter  les  bois 
coupés  de  Ja  montagne. 

OUFFIÈRES.  Corn,  du  dép.  du  Calvados,  arr.  deCaen, 
cant.  d'Evrecy;  218  hab. 

OUFRAN.  Oasis  du  Sahara,  dans  la  région  du  Touat, 
peuplé  de  sectateurs  de  Moulei-ïaieb  (chérif  d'Ouezzan^. 

OU  GAI  A.  Pays  de  l'iVfrique  orientale  anglaise,  sur  la 
cote  E.  du  Victoria  Nyanza.  On  le  désigne  aussi  sous  le 
nom  de  Kavirondo.  H  comprend  la  grande  île  d'Ougingo. 

OUGANDA.  Pays  de  l'Afrique  centrale,  compris  dans  la 
colonie  de  l'Afrique  orientale  anglaise,  situé  au  N.-O.  du 
lac  Victoria  Nyanza  (Oukéréoué).  Ce  nom  fut  aussi  appli- 
qué à  l'ensemble  du  protectorat  concédé  à  l'Impérial  British 
East  African  Association  sur  la  région  des  grands  lacs 
(l  million  de  kil.  q.),  mais  elle  s'est  retirée,  et  le  nom 
d'Ouganda  a  été  restreint  à  ses  anciennes  limites  ;  on  lui 
attribue  40.000  kil.  q.  et  de  300.000  à  500.000  hab. 
(^est  un  pays  ondulé,  partagé  entre  les  prairies  et  les 
forêts,  coupé  de  vallées  marécageuses  où  croit  le  papyrus. 
Le  climat  est  humide  (1.270  millim.  par  an),  la  tempé- 
rature tropicale  (moyenne  +  21  «,4  variant  de  +34^,5 
à -f-  12^).  La  population  dominante  des  Ouaganda  est 
nègre,  de  la  famille  bantou  (V.  Afrique),  mélangée  aux 
Ouahouma,  pasteurs  de  race  hamitique.  Les  missionnaires 
catholiques  français  et  protestants  anglais  en  ont  converti 
une  grande  partie  ;  d'autres  sont  musulmans.  Ce  sont  de 
bons  agriculteurs,  cultivant  la  banane,  la  doura,  le  mais, 
la  patate,  la  sésame,  le  ricin,  le  tabac,  la  canne  à  sucre, 
le  café  ;  ils  préparent  une  boisson  fermentée  avec  les 
bananes.  Ils  élèvent  des  bœufs,  des  moutons  à  grosse 
queue,  des  chèvres,  des  poules,  des  chats,  des  chiens,  tra- 
vaillent habilement  le  bois  et  le  fer,  s'arment  de  la  lance, 
du  javelot  et  du  bouclier  que  remplacent  les  armes  à  feu 
importées  de  Zanzibar.  Ils  naviguent  sur  leur  lac  dont 
les  îles  sont  très  peuplées.  Ils  se  vêtent  d'écorce,  savent 
travailler  le  cuir,  font  de  la  vannerie  et  de  la  pote- 
rie. L'Ouganda  exporte  de  l'ivoire,  du  caoutchouc,  de  la 
résine,  du  café,  de  la  myrrhe,  des  peaux  de  fauve  et  de 
bétail. 

Le  royaume  d'Ouganda  comprend  neuf  provinces  :  Bou- 
siro  avec  la  capitale  Mengo,  qui  a  remplacé  Roubaga, 
situé  à  2  kil.  au  N.-O.,  Tchagoué,  Boutera,  Singo,  Boud- 
dou,  etc.  Le  résident  anglais,  qui  commande  à  1.200  Sou- 
danais, est  à  Kampalla.  Il  gouverne  par  l'entremise  du 
voï  (kabaka),  de  son  premier  ministre  (katikiro)  et  de  son 
conseil  (loukiko).  Les  provinces  ont  des  gouverneurs  héré- 
ditaires (bakoungou).  La  terre  appartient  surtout  aux 
nobles  (bataka),  qui  imposent  corvées  et  redevances  assez 
arbitraires  aux  paysans  (bakopi).  L'esclavage  domestique 
est  peu  oppressif.  Un  chemin  de  fer  de  1.072  kil.  doit 
relier  l'Ouganda  à  la  côte  (Mombaza).  En  nov.  1898, 
377  kil.  de  rails  étaient  posés. 


Vers  le  xv^  siècle,  l'Ouganda  fut  conquis  par  des  en- 
vahisseurs venus  du  Nord.  Les  Arabes  n'y  pénétrèrent 
qu'au  xix*^  siècle  par  le  S.  (marché  de  Tabora),  au  temps 
du  roi  Sinna  (1836-60).  Sous  son  successeur  Mtésé  {Y.  ce 
nom),  qui  régna  de  1800  à  1884,  parurent  les  Euro- 
péens. Il  tenta  vainement  d'extirper  le  christianisme.  Son 
fils  Mouanga  fit  tuer  l'évêque  Hannington  (1885)  et  mas- 
sacrer les  chrétiens,  mais  fut  chassé  en  1888  et  se  fit 
baptiser  dans  l'Oukoumbi.  Les  musulmans,  appuyant  son 
frère  Kaléma,  prirent  le  dessus,  et  les  chrétiens  rappe- 
lèrent alors  Mouanga,  qui  fut  vainqueur  à  Roubaga  le 
0  oct.  1889.  Il  invoqua  le  secours  des  Anglais,  et,  en 
déc.  1890,  signa  un  traité  de  protectorat  avec  le  capitaine 
Lugard,  représentant  de  EL  B.  E.  A.  Celui-ci  provoqua 
un  massacre  des  catholiques  et  fit  passer  le  roi  au  pro- 
testantisme (1892);  les  musulmans,  de  concert  avec  les 
Soudanais  du  cap  Macdonald,  se  rebellèrent  en  1893,  et  la 
Compagnie  transmit  ses  possessions  au  gouvernement 
anglais  (1894).  A. -M.  B. 

13II5L.  :  Outre  les  ouvrages  de  Spekc,  Stanley  (3°  éd  , 
1891),  V.  WiLSON  et  Felkin,  Ugandci  ;  Stuttgart,  188o, 
2  \ol.  — AsKE,  Two  hings  of  Uganda;  Londres,  1889,  et 
Chvonicles  of  Uganda,  1891.  — '  Stuhlmann,  Mit  Einln- 
pascha  lus  Uerz'von  Afrilia;  Berlin,  1894. 

OUGE.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Saône,  arr.  de  Ve- 
soul,  cant.  de  Vitrey  ;  527  hab. 

OUGES.  Com.  du  dép.  de  la  Cùte-d'Or,  arr.  et  cant.  (0.) 
de  Dijon  ;  415  hab. 

OUGHEI-NoR.  Nom  d'un  petit  lac  très  poissonneux  de 
Mongolie,  situé  au  miheu  des  monts  Soubour-Khau^-Khan. 
Sur  les  bords  de  FOughei-Xor  est  bâtie  la  ville  de  Baissa- 
khlin.  Ce  lac,  peu  éloigné  de  l'Orkhon,  affl.  de  la  Sé- 
lenga,  qui  se  jette  dans  le  Baikal,  se  déverse  presque 
immédiatement  dans  celle  rivière. 

OUGHELMIN  (V.  Noun). 

OUGHTRED  (WilHam),  mathématicien  et  théologien 
anglais,  né  à  Eaton  (Buckinghamshire)  le  5  mars  1574, 
mort  à  Albury,  près  de  Gulford  (comté  de  Surrey),  le 
30  juin  1660.  Il  mena  de  front,  dans  sa  jeunesse,  l'étude 
de  la  théologie  et  celle  des  sciences  exactes,  fut  nommé 
en  1610  ministre  d' Albury,  et,  grâce  à  ce  bénétice  assez 
lucratif,  put  satisfaire  en  toute  liberté  sa  passion  pour  les 
mathématiques.  Il  les  enseigna  même  et  compta  parmi  ses 
élevés  WiUiam  Eorster.  Ses  travaux  ont  principalement 
porté  sur  les  applications  de  Falgèbre  à  la  géométrie,  sur 
la  construction  des  équations,  sur  la  formation  des  puis- 
sances. On  lui  a  attribué  l'invention  des  échelles  logarith- 
miques, dont  l'honneur  semble  revenir  tout  entier  à  Gunter. 
Il  est,  au  contraire,  très  certainement  l'auteur  du  procédé 
de  multiphcation  abrégée  bien  connu  sous  le  nom  de 
règle  d'Oughtred  (V.  ci-dessous)  ;  l'exposition  s'en  trouve 
dans  VAritkmeticœ  in  numeris  et  speciebus  institutio 
(Londres,  1631),  son  meilleur  ouvrage,  qu'il  a  lui-même 
traduit  en  anglais  sous  le  titre  Jhe  Veij  of  mathematics 
(Londres,  1647)  et  dont  il  a  été  donné  ensuite  de  nom- 
breuses rééditions  en  latin  sous  celui  de  Clauis  mathe- 
matica  (Londres,  1648;  Oxford,  1652,  etc.).  On  trouve 
également  dans  ce  traité,  longtemps  classique  dans  les 
universités  anglaises,  plusieurs  théorèmes  entièrement 
nouveaux  de  géométrie  et  d'algèbre.  Ses  autres  écrits  sont 
moins  importants,  quoique  ayant  eu  aussi  un  grand  succès  : 
Circle  of  proportion  (Londres,  1632;  3®  éd.,  Oxford, 
1660)  ;  Solution  of  ail  spherical  triangles  (Oxford, 
1657);  Irigonometry  (Londres,  1657);  Canones  si- 
nuiini,  tanyentium,  etc.  (Londres,  1657,  etc.).  Un  re- 
cueil de  ses  principaux  manuscrits  a  été  imprimé  après  sa 
mort  :  Opuscida  mathemaiica  hactenus  inedita  (Ox- 
ford, 1667).  On  cite  enfin  de  lui  quelques  publications  litté- 
raires. Royaliste  ardent,  il  fut  quelque  peu  inquiété  au  début 
de  la  révolution,  en  1646,  et  mourut,  dit-on,  de  joie  en 
apprenant  le  rétablissement  de  Charles  IL  L.  S. 

Règle  d'Oughtred.  —  On  appelle  ainsi  un  procédé 
de  multiplication  abrégée  (jni  permet  d'obtenir,  à  une  unité 
près  d'un  certain  ordre,   le    j)roduit  de  deux    nombres 


OLGHTJIEIJ 


OLl 


im 


entiers  ou  décimaux,  et  ([ui  e^t  de^enu  classifiue.  Ou  le 
trouve  dans  toutes  les  aritliuiéti([ues.  Nous  le  re])rodui- 
sous  ici,  d'après  vSerret,  sous  une  forme  qui  répond  à 
presque  tous  les  cas  se  ])résentant  dans  la  pratique,  et 
(jui  du  reste  peut  être  aisément  modifiée.  On  écrit  le  chiffre 
(les  ujiités  du  multiplicateur  au-dessous  du  chiffre  du  mul- 
tiplicande qui  représente  des  unités  cent  fois  plus  petites 
que  celle  i[iù  exprime  le  degré  d'approximation  demandé  ; 
on  écrit  ensuite  les  autres  chiffres  du  multiplicateur  dans 
l'ordre  inverse  de  l'ordre  ordinaire,  c.-à-d.  les  dizaines, 
centaines,  etc.,  à  droite  du  chiffre  des  unités  ;  les  dizièmes. 
centièmes,  etc.,  à  gauche  du  chiffre  des  unités.  On  mul- 
tiplie ensuite  le  multiplicande  par  chacpie  chiffre  sigrùti- 
catif  du  multiplicateur,  en  commençant  chaijuc  multipli- 
cation par  le  chiffre  du  multiplicande  qui  est  au-dessus 
(hi  chiffre  du  multiplicateur.  On  écrit  tous  les  produits 
partiels  les  uns  au-dessous  des  autres,  de  manière  que 
les  derniers  chiffres  à  droite  se  (correspondent,  et  on  les 
iijoute.  On  supprime  les  deux  derniers  chiffres  à  droite  de 
la  somme,  et  l'on  augmente  d'une  unité  le  chiffre  précé- 
dent. Enfin,  on  fait  exprimei*  ;iu  résultatdes  unités  de  l'ordre 
de  celle  (fui  exprinK*  te  degré  d'approximation  d(Mnandé. 
—  Par  exemple,  soit  à  multiplier  ol,il59'26oooS97  pjtr 
!)86, 96070733,  le  produit  devant  être  ohttmu  à  0,001 
près.  L'opération  se  disposera  connne  il  suit  : 
314159^26333897 
337070G9689 

^827433385     ' 

231327108 

18849332 

2827431 

188490 

2198 

21 


3100628483 

Le  produit  cherché  est  31006.283  à  0,001  près. 

G. -A.  L\isAXT. 

OUGLITCH.  Ville  de  Russie,  gouv.  d'iaroslav,  sur  les 
deux  rives  du  Volga;  11.834  hah.  (en  '1893).  Situation 
pittoresque  ;  23  églises,  cathédrale  Préohrajenski  du  xiu"^ 
siècle,  rehàtie  en  1393;  château  où  fut  égorgé  Dmitri. 
fils  d'Ivan  le  Terrihie  (1391).  Cuirs,  savons,  ohjets  de 
cuivre  et  de  zinc,  papier.  Fondée  au  x^  siècle,  Ouglitcli 
fut  au  xiu^  la  capitale  d'une  principauté. 

IhiîL  :  Ki-SKL.  Illst.  de  ht  riKc  cl'Ouqlitcli  ;  laroslav. 
181t. 

OUGNEY.  Com.  du  dép.  du  Jura.  air.  de  Dole.  canl. 
de  Gendrey;  383  hah.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  Lyon, 
Gisements  de  minerai  de  fer.  Huilerie  et  hriqueterie. 
lUiines  d'un  château  fort  détruit  par  Louis  XI  en  1477, 
reconstruit  au  xvi^  siècle  et  démantelé  de  nouveau  en 
1636. 

OUGNEY-DouvoT.  Gom.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de 
Baume-les-Dames,  cant.  de  Houlans  ;  239  hah. 

OUGNY.  Gom.  du  dép.  de  la  Nièvre,  arr.  de  (^hàteau- 
(^hinon,  cant.  de  Chàtillon-en-Bazois  ;  206  hah. 

OUGO.  Province  maritime  du  Japon,  au  N.  de  Nippon, 
divisée  entre  les  ken  d'Akita  et  de  Yamagata. 

OUGOGO.Pays  de  l'Afrique  orientale  allemande, entre 
3'^  30'  et  7^  lat.  S..  fOusagara  à  LE.,  l'Ouyansi  à  l'O. 
Plateau  (de  840  àl.l30m.d'alt.)  de  gneiss  et  de  granité, 
à  surface  sablonneuse,  formant  une  savane  boisée  de 
maigres  acacias,  aloès,  euphor])iacées,  de  plantes  balsa- 
miques. Dans  les  vallées  croissent  le  baobab  et  le  sycomore. 
Au  N.  sont  des  lacs  de  sel  et  de  natron.  Le  seul  cours 
d'eau  est  le  Kisigo,  mais,  en  la  saison  des  pluies,  ce  pays 
sans  pente  accusée  est  en  grande  partie  inondé.  Les  habi- 
tantb  noîiimes  Ouago'io  sont  de  race  bantou  croibe.^  de 
Massai  ;  ils  \i\eni  de  culture  et  d'élevage  et  rançon- 
naient les  caravanes.  Les  Allemands  ont  un  fort  à  Kili- 
matindé. 


OUGOMBA.  Pays  de  rAfri(jue  orientale  allemande,  au 
N.-O.  de  l'Ounyamoaési,  aux  soiu'ces  du  x>Ialagarasi.  Les 
indigènes  Ouagomba  ont  été  expulsés  par  les  Ouatonta. 

OUGOUENO.  Pays  de  l'Afrique  orientale  allemande,  au 
S._  du  Kilima-ndjaro  ;  région  montagneuse  de  schistes 
cristallins  revêtus  de  latérite.  Herbages  plantureux. 

0U6RA.  Rivière  de  Russie,  gouv^  de  Smolensk  et  de 
Kalouga.  affl.  g.  de  l'Oka  ;  288  kil.  de  him,  bassin  de 
14.300  kil.q. 

OUGREE.  Ville  de  Relgi(|ue,  prov.  el  arr.  de  Li(^ge. 
sur  la  Meuse;  11.000  hah.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  Go- 
logne  à  Paris,  à  7  kil.  de  Liège.  Gentre  d'exploitations 
industrielles  considérables  :  hauts  fourneaux,  laminoirs  à 
fer,  à  cuivre  et  à  zinc,  construction  de  machines,  etc. 

0U6RIENS.  Désignation  proposée  par  Gastren  pour 
groupej'  une  fraction  de  ses  peuples  ouralo-aKaiens,  ou 
il  réunissait  les  Ostiaks  de  l'Ob,  les  Vogouls  de  l'Oural  et 
les  ^Magyars  (V.  Fixxois,  Osiiaks). 

OUGROUIVIOV,  peintre  russe,  né  en  1761,  mort  en  1823. 
H  fut  professeuj'  et  recteur  de  l'Académie  de  Saint-Péters- 
bourg. S(?s  tableaux  d'bisloire  Jic  maïKpienf  paxh*  méi'ite; 
ils  sont  généralement  fort  bien  compohés.  Le  musée  de 
I  Erniilage  possède  quebfues-unes  de  ses  Jiicillcures  pcin- 
lur(^s. 

OUGUEROUTou  AOUGUEROUT.  Oasis  du  Sahara,  au 
S.  du  Gourara.  Elle  comprend  une  douzaine  de  ksour  et 
environ  3.000  hah. 

hiBL.  :  A.  Lh  CiiArKLiKii,  Xoles  sur  VAouqeroaL  tlaïus 
('(jinptcs  rendus  de  lu  Société  de  géogrupliie,  i88li. 

OU  MANS.  Gom.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Pontarliei'. 
canl.  de  Montbenoît  ;  413  bab.  Souire  de  la  L(jue  (V.  Jui  \. 
t.  XXI,  p.  314). 

OUHEHÉ  ou  OUHÉRÉ.  Pays  de  l'Afrique  orientale 
allemande,  au  N.-E.  du  lac  Nyassa,  habité  par  les  Ouha- 
héhé,  au  S.  de  l'Ousagara.  (l'est  un  plateau  ondulé  de 
1.800  à  1.900  m.  d'alt.,  entre  les  monts  Roubého 
(1.840  m.)  au  X.-E.,  Louméma  (2.313  m.  aux  cols)  au 
S.-i:.,  Kondé  ou  Réja  (3.600  m.)  au  S.  U  comprend  :  au 
X.,  un  steppe  sans  arhres,  arrosé  par  la  Rouaha  ;  au  S., 
une  zone  nuirécageuse.  —  Les  Ouahéhé  qui  l'habitent 
sont  une  population  belliqueuse,  parente  des  Maviti,  qui 
opj)osa  une  vive  résistance  aux  Allemands,  détruisit  la 
colonne  Zelewski  (17  août  1891).  tua  Rrinnng  au  combat 
de  Kilosa  (6  oct.  1892)  et  ne  fut  soumise  qu'après  la 
prise  de  sa  capitale  Kouirenga  (30  ocl.  189 i)  et  l'expé- 
dition de  Prince  (1896). 

OU  H  HA.  Pays  de  TAfricpie  orientale  allemande,  au 
X.-E.  du  lac  Tanganyika.  entre  rOiu'oundou  et  l'Ounya- 
mouési.  Plateau  de  1.100  à  1.200  m.  formé  de  latérite, 
arrosé  par  le  Malagarasi,  boisé  au  X..  occupé  au  S.  par 
de>aste_s  savanes.  Sol  très  fertile  en  sorgho,  mais,  etc. 
Ses  habitants,  les  Ouahhas,  sont  les  restes  d'un  peuph^ 
de  race  hautou.  autrefois  considérable,  déchu  aujourd'hin'. 
Us  sont  croisés  avec  les  Oualiuma,  d'oi'igijie  hamitique. 

OU-HOU-Hsn;x.  Ville  de  Ghhie,  prov.  de  X'gan-hoei. 
Situ('e  non  loin  de  la  r.  dr.  du  Grand-Eleuve  ou  Yang- 
tse-kiang,  à  environ  130  kil.  de  s(jn  emhouchure,  0\i- 
Hou  est  un  centre  comnnH'cial  iuiporlant,  ouvert  aux  V.w- 
ropéens. 

OUI.  Rivière  de  Sibérie,  attl.  g.  du  Tobol  ;  120  kil. 
Issue  de  TOui-Tach  (Oural),  elle  traverse  le  steppe,  bor- 
nant la  prov.  de  Tourgai. 

OUI.  Province  du  Tibet  UKU'idional  (Euqjire  chijKus). 
Limitée  au  X.  par  le  ma>sif  montagneux  des  Tan-la.  à 
IT''.  par  les  montagnes  (fui  bordent  la  vallée  dn  Rrahma- 
poutre,  au  S.  par  les  contreforts  de  l'Himalaya,  à  TO. 
par  la  province  tibélaine  de  Dzang.  Le  X.  de  la  ])rovince 
d'Oui  est  un  pays  de  ])lateaux  sablonneux,  le  S.  plus 
IVrtdo  e^ît  silloinie  par  d^.^  montagnes  entre  lesquelles 
(oub^it  de  nombreux  cours  d'eau  qui  se  jettent  dans  le 
Brahmapoutic  qui  traverse  ce  pa}-s  dans  toute  sa  largeur. 
Au  centre  de  cette  contrée  se  trouvent  deux  lacs  importants, 
le  Tengi'i-Xor,  situé   l\   4.630   m.  d'ail,    et   le   Yanutok- 


689  — 


OUI  —  OUISTITI 


Cho  ou  lac  Palté.  La  capitale  est  Lhassa,  la  ville  sainte 
du  Tibet,  située  sur  un  affluent  du  Brahmapoutre,  à  3.6i0m. 
au-dessus  de  la  mer. 

OU  IDA  {Ajuda  des  Portugais.  Whydah  des  Anglais). 
Ville  de  la  côte  de  Guinée,  ch.-l.  de  la  colonie  française 
du  Dahomey.  Ce  fut  autrefois  un  des  grands  centres  delà 
Iraite  des  nègres.  Le  fort  françaisfut  bâti  en  1671,  évacué 
en  1791,  cédé  en  18^2  à  la  maison  Régis.  Leforl  anglais 
fut  abandonné  et  disparut.  Le  fort  portugais  fut  évacué 
en  1887  lorscpie,  par  suite  de  l'hostilité  du  Dahomey,  le 
Portugal  renonça  au  protectorat  qu'il  prétendait  sur  la 
ville,  (idle-ci  fut  annexée  par  la  France  lors  de  la  con- 
quête du  Dahomey  (Y.  ce  mot). 

GUIDA  (V.  Ramée  [Louise  de  La]). 

GUIDES.  Com.  du  dép.  delà  Haute-Loire,  arr.  du  Puy, 
cant.  de  Cayres;  328  hab. 

GUÏE.  I.  Physiologie  (V.  Oreille). 

IL  Législation  forestière.  —  Ouïe  de  la  coc.née.  — 
(Vest,  en  matière  de  législation  forestière,  la  distance  à  la- 
(juelle  peut  être  entendu  le  bruit  de  la  cognée  ;  Part.  31 
du  C.  for.  la  fixe  à  250  m.  à  partir  des  limites  de  la 
coupe.  Les  facteurs  ou  gardes-ventes  sont  autorisés  à  ver- 
baliser tant  dans  la  vente  qu'à  Fouie  delà  cognée  (V.  Fac- 
teur) ._ 

OUIGOURS  (Ethn.).  Le  nom  de  Ouïgours  appartient 
spécialement  à  un  peuple  nombreux  qui  a  réuni  pendant 
plusieurs  siècles  sous  sa  domination  intermittente  et  effec- 
tive de  vastes  régions  du  N.-O.  de  la  Chine,  entre  le  Thian- 
chan  et  les  affluents  méridionaux  du  Raikal.  Dès  avant 
notre  ère,  les  Ouïgours  occupaient  les  deux  versants  du 
Thian-chan,  du  lac  Issik-Koul,  à  Tourfan  et  Hami.  Ils 
formaient  l'aile  gauche  des  Hioung-nou,  des  Ihrns  (V.  ce 
mot).   Une  partie  d'entre  eux  suivit  les  Huns  vers  les 
confins  de  Plùirope.  Ils  envoyèrent  même  des  essaims  re- 
joindre ces  premières  bandes  migratrices  au  N.  de  la  Cas- 
pienne. Et  ce  sont  leurs  tribus  qui  laissèrent  son  nom  de 
loiigric  à  ce  territoire,  nom  qui  s'est  étendu   ensuite  à 
la  Sibérie  occidentale  (V.  Ostiaks).  En  Mongolie,  ils  per- 
pétuèrent avec  les  Tou-Kiou  la  race  des  Huns.  Les  Chi- 
nois, dont  ils  subirent  l'influence  et  même  la  donijnation, 
les  appelaient,  sous  la  dynastie  de  Wei  (^2"27-:264),  Kao- 
tche  «  Hauts-Chariots  »,  d'après  certaines  particularités 
de  leurs  nueurs  de  nomades.  Ils  se  divisaient  en  quinze 
tribus,  et  le  nom  de  phisieursde  celles-ci  suffit  à  établir 
certaine!5  de  leurs  affinités  ethniques.  La  première,  la  tribu 
dominante,  était  celle  des  thigir.  On  l'appelait  aussi  Ogu 
et  Ogiiz-.  La  dixième  était  celle  des  Huns;  la  treizième, 
celle  des  Uekif,  Ekis,  E<jh,  etc.  Sous  la  dynastie  de  Sui 
(y81-618),  ils  étaient  connus  sous  le  nom  de  leur  [)re- 
uiière  tribu  dans  la  vieille  forme,    Cigil  ou   Vigir.  Ils 
furent  un  instant  soumis  aux  Turcs,    Tdh-Kïou   (V.   ce 
mot),  dont  les  premières  familles  sN'taicnt  installées  dans 
l'Altaï  entre  1^21  et  i31.  Mais  de  (i03  à  ()16.  ils  se  ré- 
voltèrent et  se  choisirent  un  chef  particulier.  Le  gros  de 
la  nation  est  dès  lors  établi  sur  la  Selenga,  affluent  de 
rOrkhon.  Mais  on  a  des  monnaies  de  cuivre  de  type  cbi- 
nois  provenant  du  lac  Issik-Koul  qui  ont  été  émises  après 
G'2'1  et  portent  des  légendes  de  l'écriture  des  Ouïgours. 
Ceux-ci  n'avaient  donc  sans  doute  pas  abandonné  entiè- 
rement leur  première  patrie.  Leur  écriture  est  d'ailleurs 
développée  de  l'écriture  syrienne,  introduite  en  Chine  par 
les  nestoricns.  (knix-ci  ont  pénétré  en  Chine  par  l'Asie 
centrale,  dans  le  courant  du  v^  siècle,  et  ont  pu  prendre 
contact  d'abord  avec  les  Ouïgours.  M.  Sch]eg(d  admet  tou- 
tefois que  les  Ouïgours  firent  venir  chez  eux  des  prêtres 
nestoriens  en  702.  De  cette  époque  daterait  l'écriture  des 
Ouigours.  Ils  étaient  devenus  les  alliés  de  la  Chhie  à  par- 
tir de  745,  et  il  y  avait  alors  en  Chine  un  millier  de 
temples  et  de  couvents  nestoriens.  Ils  ont  eu  une  existence 
nationale,  indépendante  encore  un  siècle  ou  deux(V.  Huns 
et  Turcs).  Le  monument  de   leur  histoire   le  plus  im- 
portant (pi'aient  laissé  les  Ouigours  est  l'inscription  sur 
rocher  de  Kara-Balgassoun  (Orkhon).  C(4te  inscription  en 

GRANDE  ENCYCLOPÉDIE.   —  XXV. 


triple  texte,  en  caractères  dits  vieux-turcs,  ouïgours  et 
chinois,  mentionne  les  khans  ouigours  qui  se  sont  succédé 
jusqu'en  805.  Elle  daterait  de  825  à  832.  M.  Schlegel 
qui  en  a  traduit  le  texte  chinois,  après  l'ambassadeur 
chinois  à  Saint-Pétersbourg  Shu-king-Cheng,  donne  le 
portrait  d'un  Ouigour  d  "après  un  ouvrage  chinois  {Die 
chinesische  Inschrift  auf  dem  uigurischen  Denkmal 
in  Kara-Balgassun  vonD'^  Schlegel,  Profes.  der  chines. 
Sprache  an  der  Universil.  zu  Leiden;  Helsingfors,  so- 
ciété finno-ougrienne,  4896,  in-8).  Je  l'ai  reproduit  comme 
pouvant  représenter  d'une  façon  approchante  la  physio- 
nomie des  Huns  {Hiins,  Oiigres,  Ouïgours.  Inscriptions 
de  rienisséietdel'Orkhon.  Origine  de  l'alphabet  vieux- 
turc,  dans  Bullet.  Soc.  d'anihrop.,  i898),  en  résu- 
mant le  travail  de  Donner  sur  VOrigine  de  l'alphabet 
vieux-turc  (Journal  de  la  Soc.  finno-ougrienne,  XIV, 
1896).  Au  pied  du  Nan-chan,  entre  Kan-tchéou  et  Sou- 
tchéou  (N.-O.  de  la  Chine)  existent  encore  des  Yégours 
qui  descendent  sans  doute  des  Ouigours.  Les  Soïotes  (V.  ce 
mot,  OuRiANKus  et  OuzBEfis)  en  sont  probablement  des  pa- 
rents encore  plus  proches.  Zâbokowskt. 

BiBL.  :  Vambéry,  Uigurische  SpruckinonuDienta;  Imi^- 
bruck,  1870.  --  Du  naenie,  Bas  Turkenwolk  ;  Leipzig,  1883. 
—  ScHOTT,  Zu7^  Ukjuven  Frage;  Berlin,  1874-76,  2  vol.  -- 
Radlov,  le  Koiidiithou  Bilik;  Saint-Pétersbourg,  1891. 

OUILLON.  Corn,  du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  arr.  de 
Pau,  cant.  de  Morlaàs;  418  hab. 

OUILLY-Du-HouLEY.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr. 
et  cant.  (1^«  section)  de  Lisieux;  26i  hab. 

OUILLY-le-Basset.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr. 
et  cant.  (N.)  de  Falaise;  734  hab.  Stat.  du  ch.  de  fer. 
de  l'O.  Filature  de  coton.  Eglise  du  xvu^  siècle  et  châ- 
teau de  la  même  époque,  (ransformé  en  ferme.  Pont  du 
xv^  siècle  sur  l'Orne. 

OUILLY-le-Tessox.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr. 
de  Falaise,  cant.  de  Bretteville  ;  365  hab.  Ancien  château 
des  xiv<^  et  xvi«  siècles,  Iransformé  en  ferme.  Château 
d'Assy  du  xviii*^  siècle,  avec  chapelle  du  xvi^. 

OUILLY-LE-VicoMTE.  Com.  du  dèp.  du  Calvados,  arr. 
et  cant.  (4^'^  section)  de  Lisieux;  314  hab.  Fabrique  de 
laines  artiticielles.  Eglise  du  ix^  ou  du  x"  siècle.  Tune  des 
plus  anciennes  de  la  Normandie. 

OUIOUN-iVlouçA.  Oasis  du  Sinaï  (V.  ce  mot). 

OUISTITI  (ZooL).  Cenre  de  Singes  américains  désigné 
par  les  naturalistes  sous  le  nom  LVHapaleiiWigev.  4  811), 
et  constituant  une  famille  à  part  (Hapalidœ),  qui  pré- 
sente les  caractères  suivants  :  '>2  dents  réparties  suivant 
la  formule  suivante  : 

i|cl.PmJi,  jirx^  =  -^; 

])ouce  non  opposable;  t(ms  les  doigts,  sauf  le  gros  orteil 
((pii  est  très  petit),  terminés  par  des  ongles  en" forme  d<^ 
griffes.  Membres  antérieurs  et  postérieurs  subégaux;  queue 
non  préhensile,  plus  ou  moins  poilue;  pas  de  callosités 
aux  fesses.  Cette  famille  renferme  les  plus  inférieurs  el 
les  plus  petits  de  tous  les  Singes,  leur  taille  dépassant 
rarement  celle  d'un  Ecureuil.  Leur  cerveau  est  complète- 
ment dépourvu  de  circonvolutions  ;  en  outre,  leurs  ongles, 
en  forme  de  griffes,  les  séparent  de  tous  les  autres  Singes 
et  leur  dentition  les  distingue  à  la  fois  des  grands  Singes 
américains  (qui  ont  3  arrière-molaires)  et  des  Singes  de 
l'ancien  continent  (qui  n'ont  que  2  prémolaires  avec  o 
vraies  molaires) .  Leur  intelligence  est  en  rapport  avec  le 
développement  de  leur  cerveau,  c.-à-d.  très  peu  dévelop- 
pée. Ces  petits  Singes  vivent  par  bandes  dans  les  forêts 
de  l'Amérique  centrale  et  méridionale,  depuis  Fisthme  de 
Panama,  jusqu'au  S.  du  Brésil  et  à  la  Bolivie;  ils  sont 
surtout  nombreux  dans  le  bassin  de  l'Amazone  et  dans  le 
Haut-Pérou.  Ils  se  nourrissent  de  fruits,  d'insectes,  d'œufs 
de  petits  oiseaux  et  même  de  jeunes  oiseaux  qu'ils  sur- 
prennent au  nid  et  dont  ils  dévorent  la  cervelle.  Leurs 
mouvements  rappellent  plutôt  ceux  des  Ecureuils  que  ceux 
des  autres  Singes.  Leur  cri  est  faible,  mais  assez  varié, 


OUISTITI  —  OUKAMBA 

ressemblant  tantôt  à  un  sifflement,  tantôt  à  un  gazouille- 
ment. Leur  caractère  est  très  irritable.  La  femelle  a  or- 
dinairement trois  petits  par  portée,  tandis  que  les  autres 
Singes  n'en  ont  jamais  (pi'un  ou  deux.  La  reproduction  a 
pu  être  observée  en  captivité,  sur  Fcspèce  ordinaire 
(Hapale  jacchus),  par  F.  Guvier.  Les  petits  avaient  les 
yeux  ouverts  en  venant  au  monde.  Ils  s'attacbèrent  aus- 
si(6t  à  leur  mère  en  l'embrassant  et  en  se  cachant  dans 
son  pelage;  mais  prest^ue  aussitôt,  elle  mangea  la  tète  à 
Tun  d'eux.  Les  deux  autres  prirent  la  mamelle,  et  dès  lors  la 
mère  leur  donna  ses  soins  que  le  màlo  partagea.  Lors- 
qu'elle était  fatiguée  de  porter  les  petits,  elle  s'appro- 
chait du  mâle,  jelait  un  petit  cri  plaintif,  et  aussitôt  ce- 
lui-ci prenait  les  petits  avec  ses  mains,  les  plaçait  sous 
son  ventre  ou  sur  son  dos,  et  les  transportait  ainsi  jus- 
qu'à ce  que  le  besoin  de  téter  les  rendit  inquiets  ;  alors 
il  les  reportait  à  la  mère.  En  général,  c'était  le  père  qui 
paraissait  en  avoir  le  plus  de  soin.  Le  pelage  des  Ouistitis 
est  d'ordinaire  assez  varié  et  paré  de  couleurs  vives  ;  les 
pinceaux  que  plusieurs  portent  aux  oreilles,  la  crinière 
qui  pare  la  tête  de  quelques  autres,  contribuent  à  leur  don- 
ner plus  d'élégance.  Au  siècle  dernier  et  au  commence- 
ment de  celui-ci,  ces  petits  Singes  ont  été  très  à  la  mode, 
et  les  dames  en  tenaient  souvent  sur  leurs  genoux.  Mais, 
en  dehors  de  leur  petite  taille  et  de  leur  gentillesse,  rieji 
ne  les  recommande  à  l'affection  de  leur  maître.  Ce  sont 
des  animaux  délicats,  très  fiiieux,  nocturnes,  et  qui  doi'- 
ment  pres(}uc  loute  la  journée  dans  les  appartements 
(diauffés.  d'où  on  ne  peut  guère  les  sortir  qu^cn  les  por- 
tant cacliés  entre  la  peau  et  les  vêtements,  aussi  les  voit- 
on  beaucoup  plus  rarement  qu'autrefois,  au  moins  en 
Europe.  Au  Brésil  et  au  Pérou,  on  en  élève  encore  assez 
souvent  dans  les  habitations.  Ils  distinguent  peu  les  pej'- 
sonnes  qui  les  approchent  et  mordent  indifféremment  ceux 
([ui  les  nourrissent  et  ceux  qu'ils  voient  pour  la  première 
fois. 

Le  genre  Hapale  a  été  subdivisé  en  deux  genres  qui 
ne  sont  en  réahté  que  des  sous-genres.  Bms  Hapale ])ro- 
prement  dit,  les  canines  inférieures  ne  dépassent  pas  les 
incisives.  Le  type  du  genre  est  r0uiSTrriAPL\CEAux(//(2p. 
jacchus)  dont  le  pelage  est  agréablement  grivelé  de  gris 
clair  et  de  gris  foncé  avec  un  pinceau  gris  clair  à  chaque 
oreille  ;  la  queue  est  aimeiée  ;  il  habite  le  Brésil  septen- 
trional et  oriental.  L'O.  a  camail  (//.  humeralifer),  brun 
châtain  avec  les  épaules  et  les  bras  blancs,  est  de  la 
province  de  Para.  L'O.  oiieiliaru  (//.  auritus),  du  Bré- 
sil méridional,  a  de  grands  pinceaux  blancs  aux  oreilles. 
L'//.  leucopiis  est  de  la  Colombie  ;  //.  chrijsoleiicus  du 
N.  duBrésd;  H.pygniœus,  ou  Olistui  m)(.M)X,  très  petit, 
gi'i^.  avec  de  petites  moustaclies  blanche,  est  du  Haut- 
Amazone;  H.  inelamu'd,  dont  H.  argentata,  décrit  par 
Jinné,  n'était  qu'un  albinos,  de  la  même  région  et  du  N. 
de  la  Bolivie. 

Le  sous-genre  T.uîakin  {Midas}  est  plus  riche  en  espèces 
et  se  distingue  par  des  canines  inférieures  dépassant  les 
incisives.  Tel  est  le  Marikina  ouLi-:oxciro  (Hap.rosalia), 
ainsi  nommé  parce  que  son  pelage  d'un  fauve  doré,  avec 
une  crinière  de  même  couleur,  lui  donne  l'apparence  (Lun 
Lion  en  miniature.  H  est  du  Brésil  méridional  dans  la 
province  de  Rio  de  Janeiro.  La  beauté  de  son  pelage  le 
fait  rechercher  en  captivité  :  il  est  plus  gai  e(  plus  édu- 
cable  que  l'Ouistiti  ordinaire.  L'/f.  chhjsoinelas,  noir 
avec  une  crinière  d'un  roux  marron,  est  du  Pérou. 
//.  Geoffroy i  est  une  espèce  de  Panama,  de  Costa-Rica  et 
de  Colombie  ;  le  Pixche  (H.  œdipiis),  qui  en  est  voisïji, 
est  également  de  Colombie;  ces  deux  espèces  et  les  sui- 
vantes sont  dé})Ourvues  de  crinièce,  ayant  seulement  les 
poils  du  sommet  de  hi  lète  plus  ou  moins  idlongés  en 
arrière  ;  //.  labialus,  dont  le  ventre  est  d'un  rouge  oi'angé, 
est  de  l'Amazone  supérieur,  près  de  la  frontière  du  Pé- 
rou; H,  )}i(jsiax  aat  du  Pérou  oj'iental  et  des  régions  voi^ 
sines  du  Brésil;  H . pilcbalu vsl dahi mèiùe.  région;  H.  (a- 
(jonot'us,  du  Haut-Amazone;  H.   Weddelli  de  Bolivie; 


690  — 


//.  Devillei  du  Pérou  oriental  ;  H.  nigrifrons,  H.  fiisci- 
collis,  H.  chrijsopygus,  H.  nigricollis,  H.  llligerU 
//.  graelhi,  tous  du  Haut-Amazone  ;  H.  tripartitus  de 


Odistili  j)iarikiiia  [Mtdus  rosaluij. 

l'Equateur;  i/.  midas,  type  du  geiu-e  muis  le  nom  de 
Tamarin  aux  maixs  kousses.  est  de  la  Guyane,  et  H.  bico- 
lor  de  PAmazonie  et  du  Pérou;  enhji  //.  ursulus  habite 
la  province  de  Para.  Toutes  ces  espèces  sont  remarquables 
par  leur  pelage  varié  de  grandes  taches  blanches,  noires, 
grises  ou  marron.  —  Une  espèce  fossile,  des  cavernes 
quaternaires  du  Brésil  méridional,  décrite  par  Lund  sous 
le  nom  iï Hapale  grandis,  ne  semble  pas  différer  spécifi- 
quement d'//.  jacchus.  E.  Trouessarï. 

OUISTREHAM.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr.  de 
Caen,  cant.  de  Douvres,  sur  la  rive  gauche  de  l'embou- 
chure de  l'Orne  et  sur  le  canal  maritime  de  Caen  à  la 
mer;  1.494  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  Caen  à  Luc. 
Port  de  mer  important  à  l'embouchure  de  l'Orne.  Séma- 
phore; station  de  sauvetage;  poste  de  torpilleurs;  bassin 
de  refuge  pour  les  bâtiments  de  gueri'e.  Parcs  à  huitres. 
Forge  ;  chantiers  de  construction  de  bateaux.  Pêche  c6- 
tière.  Eglise  romane  (mon.  hist.)  avec  voiUe  gothique. 

OU  ITOU  YiTou  ou  WiToc.  Pays  de  l'Afrique  orientale 
anglaise  sï'tendant  sur  le  littoral  depuis  l'embouchure  du 
Mkonoumbé  an  X.  jusqu'à  colle  de  l'Ozi  ;  1.400  kil.  q.  ; 
10.000  hab.  C'est  une  plaine  ondulée,  formée  de  calcaire 
coralliaire  et  de  latérite,  riche  en  humus,  frangée  de  dunes 
qui  atteignent  80  m.  La  population  se  compose  d'un  tiers 
de  Souahélis  et  d'Arabes  sédentaires,  de  Gallas,  de  Oua- 
bonis,  d^Ouadoés  et  d'esclaves  affranchis.  Ces  habitants 
d'origine  diverse  sont  musulmans  et  avaient  pour  chef  un 
sultan,  Mohammed  Foumoulat,  dit  Siniba,  qui  céda  en  1860 
son  ile  de  Patla  au  sultan  de  Zanzibar,  s'établit  sur  le 
continent  à  l'embouchure  de  l'Ozi,  mais  en  fut  chassé  par 
les  Arabes  et  fonda  la  ville  nouvelle  de  Ouitou  dans  l'in- 
térieur. H  se  plaça  en  188o  sous  le  protectorat  de  l'Aile- 
magne.  Lorsqu'elle  le  céda  en  1890  à  l'Angleterre,  le 
sultan  protesta  et  fut  expulsé.  La  compagnie  de  l'Afrique 
orientale  céda  le  Ouitou  au  gouvernement  britannique  en 
juill.  1893. 

OUJBA.  Montagne  de  Russie.  Un  des  plus  hauts  som- 
mets du  Caucase,  5.03^2  m.  de  hauteur  d'après  Fresh- 
iield  et  lliiii. 

OUJIJI  (V.  Ocumn). 

OUKALA  (Koua  Soundi).  Ville  de  FAfrique  orientale 
anglaise,  située  à  40  kil.  i\.-E.  du  lac  Victoria  .Nyanza 
et  1.320  m.  d'alt. 

OUKAMBA.  Pays  de  FAfrique  orientale  anglaise,  sur  lo 
haut  Tana,  entre  0"oO'  et  3'  lat.  S.  ;  70.000  hab.  Orga- 


iiisatioil  patriarcale.  L'Oiikamba  s'étend  entre  le  pays  des 
Gallas  dont  le  séparent  les  monts  Moudoumoni  et  celui  des 
iVIassaï  dont  le  séparent  les  monts  Oulou. 

OU  KAMI.  Pays  de  l'Afrique  orientale  allemande,  entre 
rOusegua  et  l'Ousagara  ;  parcouru  par  les  monts  Kam~ 
hesi  (3.700  m.)  et  Ourougourou  (2.000  m.).  Climat  frais 
et  sain  ;  café,  bananes,  patates,  sucre,  citrons,  sésame, 
arachides,  etc.  Les  Oiiakami  sont  divisés  en  tribus  auto- 
nomes. Les  centres  principaux  sont  Simbamoueni,  Kinola 
et  la  mission  française  de  Mrogoro. 

OUKARI  ou  WOOKARI.  Ville  du  Soudan  central,  capi- 
tale du  Korôrofa,  à  3o  kil.  S.  de  la  rive  gauche  de  la 
Bénoué,  affl.  gaucho  du  Niger  inférieur. 

OUKASE  (V.  Russie,  §  Législation). 

OUKÉRÉOUÉ.  Grande  île  située  dans  le  lac  Victoria 
Nyanza  (Afrique  équatoriale).  Elle  mesure  55  kil.  de  long 
sur  une  largeur  moyenne  do  15  kil.  La  locaHté  principale 
est  Boukindo.  L'Ile  se  rattache  au  littoral  du  côté  de  l'E. 
par  un  isthme  très  bas,  couvert  d'arbustes  et  d'une  largeur 
d'à  peine  2  kil.,  de  sorte  qu'elle  formerait  en  réahté  une 
presqu'île  si  cet  isthme  n'était  coupé  par  un  canal  large 
de  2  m. 

OU~KIANG.  Rivière  de  Chine.  Elle  prend  sa  source  au 
centre  de  la  province  de  Koei-tcheou,  passe  à  quelques 
lieues  de  Ngan-choun  et  de  Koei-yang,  arrose  San-nan 
et  va  se  jeter  dans  le  Yang-tse-kiang,  àFou-tcheou  (pro\'. 
de  Sse-tcliouen). 

OU-KING.  Nom  des  cinq  livres  classiques  de  la  Chine, 
qui  sont  :  le  Yi~King  ou  Tcheoii-Yi,  le  Chou-King,  le 
Che-King,  le  Tchoun-Tsieou,  le  Li-Ki.  Ces  livres  ont 
trait  :  1^  à  la  divination  ;  2^  à  l'histoire  ;  3°  à  la  poésie  ; 


à  la  chrojîique  ; 


iix  rites. 


OU  LAD  (V.  Ouled). 

OULANGÂ  (Riv.)  (V.  Roufidji). 

OU  LAS  (FI.)  (V.  Lnde,  t.  XX,  p.  672). 

OULCHES.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Laon, 
cant.  de  Craonne;  157  hab. 

OULCHES.  Com.  du  dép.  de  l'Indre,  arr.  du  Blanc, 
cant.  de  Saint-Gaultier;  1.289  hab. 

OULCHY-LA-ViLLE.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de 
Soissons,  cant.  d'Oulchy-le-Château  ;  174  hab. 

OU  LCHY-le-Château.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  l'Aisne, 
arr.  de  Soissons  ;  700  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  l'E. 
Grande  et  belle  éghse  romane,  qui  a  conservé  de  nom- 
])reuses  pierres  tombales.  Ruines  d'un  château  du  xii^  siècle 
attribué  aux  Templiers. 

OU  LE.  Rivière  du  dép.  de  \di  Drame  iy.  ce  mot,  t.  XIV, 
p.  1122). 

OULED  (Enfants).  Ce  mot  entre  comme  premier  terme 
dans  des  noms  de  tribus  arabes. 

OULED-Abbad.  Tribu  arabe  du  dép.  d'Oran,  sur  le 
Taria,  au  S.  de  Mascara,  douars  de  Guerdjoum  et  Melris. 
Beaucoup  ont  émigré  en  Syrie. 

OULED-Abd-Allah.  Tribu  berbère  du  dép.  d'Alger, 
com.  mixte  d'Ain-Mérane  au  N.  du  Dahra.  —  Le  même 
nom  est  porté  par  une  tribu  établie  au  N.-E.  de  Djelfa  et 
une  autre  (arabe)  entre  Aumale  et  Bou-Saada. 

OULED-Abi)-el-Djebai{.  Tribu  arabe  d\Vlgérie,  dép. 
de  Constantine,  à  10  kil.  S.-O.  de  Bougie,  com.  mixte  de 
Soummam;  20.000  âmes. 

OULED-Abdi.  Tribu  berbère  du  dép.  de  Constantine, 
com.  mixte  de  l'Aurès,  sur  l'oued  Abdi;  ils  se  sont  sépa- 
rés des  Beni-Daoud;  10.000  âmes.  Leur  centre  est  Menah. 

OULED-Ahmed.  Tiibu  du  dép.  d'Oran,  com,  mixte  de 
l'Hillil;  4.000  âmes. 

OULED-AissA.  Tribu  du  dép.  d'Alger,  com.  et  à  50  kil. 
S.-O.  de  Bou-Saada. 

OULED-Alï.  Tribu  du  dép.  et  à  50  kil.  N.-O.  de  Cons- 
tantine, r.  g.  de  loued  El-Kébir.  D'autres  vivent  à  l'O,  de 
Guelma.  —  Une  autre  tribu  arabe  de  ce  nom  se  trouve 
dans  le  dép.  d'Oran,  sur  le  Sig,  com.  mixte  de  Saint-Lu- 
cien. 


—  591  —  OUKAMBA  —  OULED 

OULED-Ali.  Tribu  arabe  établie  aux  contins  de  la  Tu- 
nisie et  de  l'Algérie,  à  l'O.  de  Thala  ;  sauvage  et  belli- 
queuse, vivant  d'élevage.  Elle  paraît  issue  des  Hanencha. 

OULED-Allane.  Tribu  arabe  de  la  prov.  d'Alger,  com. 
de  Boghar. 

OULED-Anteur.  Tribu  du  dép.  d'Alger,  formant  un 
douar  de  la  com.  de  Boghari.  Elle  prétend  descendre 
d'Antar. 

OULED-AouN.  Tribude  la  Tunisie  centrale,  qui  essaime 
dans  les  banlieues  des  principales  villes  ;  le  noyau  est  éta- 
l)li  sur  l'oued  Ziliane,  affl.  de  la  Medierda  et  compte 
6.000  âmes. 

OULED-Attja.  Tribu  composite  du  dép.  de  Constantine, 
com.  mixte  de  Jemmapes.  —  Une  tribu  berbère  de  ce  nom 
habite  le  Sahel  de  Collo  et  a  essaimé  au  xviii^  siècle  au 
N.  d'Ani-Mokra. 

OULED-Ayar.  Tribu  berbère  de  la  Tunisie  centrale, 
près  de  Mactar;  20.000  âmes.  Elle  fut  refoulée  de  son 
ancien  habitat  entre  Bougie  et  Constantine  par  l'invasion 
hillaliennc,  résista  obstinément  à  la  domination  arabe  et 
se  révolta  en  1818,  1821,  1851,  1864  contre  le  bey.  Iji 
1881,  elle  avait  mis  en  ligne  4.000  hommes. 

OULED-Balagh.  Tribu  du  dép.  d'Oran,  com.  mixte  du 
Telagh,  sur  les  monts  de  Daya.  Vastes  pâturages. 

OULED-bou-Aoux.  Tribu  du  dép.  de  Constantine,  au 
N.-O.  deBatna;  6.000  âmes. 

OULED-bou-Ghanem.  Tribu  pastorale  de  Tunisie,  entre 
Kef  et  Thala,  de  la  confédération  de  l'Ounifa,  maître  du 
pic  fortifié  de  Kalart-es-Senani  (1.252  m.);  5.000  âmes. 
Leur  marché  est  El-Meridj  (Algérie). 

0  U  L  E  D-bol-Sba  (Fils  cîu  lion) .  Tribu  nomade  du  Sahara 
occidental,  au  S.  de  la  Saghiet-el-Hamra,  au  mididuMaroc. 
Elle  est  d'origine  arabe  etnomadise  entre  25^  20'  et  23^  10 
lat.  N.,  12^  20'  et  iij^'  30'  long.  0.  Oasis  riches  en  gom- 
miers et  en  autruches.  Tribu  pillarde  divisée  par  des 
guerres  intestines. 

OULED-Daoud.  Tribu  berbère  du  dép.  de  Constantine, 
dans  l'Aurès,  au  S.  du  ChéUa.  Villages  répartis  sur  les 
pitons  montagneux,  le  long  d"un  canal  d'irrigation  de 
l'époque  romaine.  Au-dessus  étaient  la  forteresse  et  le 
magasin  central  de  la  tribu.  La  révolte  de  1879  a  décimé 
cette  tribu. 

OULED-Dellm.  Confédération  de  tribus  nomades  an 
Sahara  occidental  dont  les  territoires  de  parcours  s'éten- 
dent depuis  l'embouchure  du  Drâa  jusqu'à  l'Adrar.  Les 
Ouled-Dehm  sont  de  race  zénaga,  très  mêlés  d'Arabes  et 
beaucoup  moins  de  nègres. 

BiDL.  :  DouLR,  dans  Tour  du  Monde,  de  1888,  t.  LV,  p.  177 
à  224.  '  ^ 

OULED-Devradj.  Tribu  arabe  du  dép.  de  Constantine, 
à  30  kil.  S.  de  Bordj-bou-Aréridj  ;  4.000  hab. 

OULED-Djellal.  Tribu  arabe  du  dép.  de  Constantine, 
sur  l'oued  Djédi,  à  75  kil.  0.  de  Biskra.  Belle  oasis. 

OULED-DjERDi.  Tribu  saharienne  d'origine  arabe,  éta- 
blie au  S.-O.  de  Fignig  (V.  ce  mot),  sur  l'oued  Akda, 
affl.  dr.  de  l'oued  Zousfana  qui  aboutit  au  Touat.  Hs  sont 
parents  des  Hamian  (dép.  d'Oran). 

OULED-Embarek.  Tribu  nomade  du  Sahara  occidental 
dont  le  territoire  de  parcours  est  compris  entre  celui  des 
Ouled-en-Nacer  et  les  Ouled-Mahmoud.  Jadis  puissants  et 
alliés  du  Maroc,  ils  pâtirent  de  leurs  guerres  contre  l'^l- 
Hadj-Omar;  en  1887,  ils  ont  signé  \in  traité  d'amitié 
avec  la  France. 

OULED-Hamed.  Tribu  ara.be  du  Soudan,  dont  on  trouve 
des  fractions  à  l'E.  du  lac  Tchad,  dans  le  lit  desséché  du 
Bahr-el-Ghazal,  au  S.-O.  de  ce  lac  et  sur  le  Logôné. 

OULED-lDum.  Tribu  pastorale  et  agricole  de  Tunisie, 
autour  de  Kairouan  ;  9.000  âmes. 

OULED-Khaled.  Tribu  du  dép.  d'Oran,  com.  mixte  et 
au  N.  de  Saida.  Une  autre  tribu  de  ce  nom  habite  près 
de  Bou-Saada. 

OULED-Khaeifa.  Tribu  agricole  de  Tunisie,  au  N.  et 
au  S.  de  Kairouan;  8.000  âmes. 


OULED  —  OULIlOI 


m'i  — 


OULED-Mendil.  Tribu  berbère  arabisante  du  dép.  et 
à  20  kil.  S.-O.  d'Alger,  au  N.  de  Boufarik.  Elle  n'a  plus 
qu'un  millier  d'âmes,  mais  fut  importante  au  temps  d'Ibn 
Khaldoun.  Elle  était  de  la  famille  berbère  des  Maghraoua. 

OULED-MoKHTAR.  Tribu  da  dép.  d'Alger,  com.  de 
Boghar,  à  l'E.  et  au  S.  de  cette  ville,  sur  le  (^héliff  des 
steppes. 

OULED-Naïl.  Grande  confédération  de  vingt  tribus  du 
dép.  d'Alger,  occupant  le  territoire  de  Djelfa  et  les  envi- 
rons depuis  le  Djebel-Amour  jusqu'à  l'oued  Djédi  et  aux 
lagunes  des  Zalirez.  Ces  populations,  assez  pauvres,  culti- 
vent des  céréales  dans  les  fonds,  servent  d'intermédiaires 
pour  le  commerce  entre  le  Sahara  et  le  Tell;  les  feonnes 
tissent  la  laine.  La  réputation  des  Ouled-Nad  vient  de  la 
coutume  qu'ont  les  jeunes  fdles  d'exercei'  au  dehors  la 
prostitution  pour  amasser  une  dot  qu'elles  portent  sur  elles, 
en  colliers  et  ornements  faits  de  pièces  d'or  et  d'argent. 
BiBi-  :  Arnaud,  dans  Revue  vfricnine  de  juil.  et  sept. 
1S73. 

OULED-Kaffa.  Oasis  dn  Sahara  septentrional,  au  N.-O. 
(lu  Touat;  2.000  liab.  de  la  tribu  des  dhenamas. 

OULED-RiAH  (V.  RiAii). 

OULED-Sadira.  Tribu  tunisienne  de  la  frontière  algé- 
l'ienne,  dont  le  territoire  fut  attribué,  à  torl.  au  bey  de 
Tunis  lors  de  la  conquête  française  de  Constantine.  De  la 
confédération  des  Rekba.  elle  habite  au  N.  de  la  Medjerda. 
Ses  incursions  et  pillages  sur  notre  territoire  ont,  comme 
celles  des  Khroumirs,  servi  de  motif  à  l'occupation  fran- 
çaise de  la  Tunisie. 

OULED-Said.  Tribu  arabe  de  la  Tuni^e  centrale,  de  la 
confédération  desRiah,  établie  sur  les  terres  de  TEnfida  ; 
3.100  âmes.  Longtemps  insoumise,  elle  ne  fut  domptée 
([u'en  1675  par  AU  Bey.  Les  Maltais  descendraient  en 
grande  partie  de  cette  tribu. 

OULED-Saldi.  Tribu  du  Soudan  central,  prov.  de  Ka- 
nem  ;  ils  sont  de  sang  mêlé,  parlent  le  dàza.  Ils  noma- 
(Hsent  avec  leurs  chameaux,  faisant  cultiver  la  terre  par 
des  serfs. 

OULED-Selle.m.  Tribu  berbérisante  de  la  prov.  de 
Constantine,  entre  le  Hodna  et  les  Sbakh  (lacs  salés),  entre 
Sétif  et  Batna.  Ce  nom  se  retrouve  sur  d'autres  points  : 
sur  la  Seybouse,  en  aval  de  Guelma;  dans  la  com.  mixte 
d'Aumale;  près  de  Palestro,  sur  Tisser  oriental  ;  au  S.  de 
Tripoli;  sur  l'oued  Draa,  au  Maroc,  etc. 

OULED-Sexdassex.  Tribu  agricole  de  Tunisie,  au  S.-O. 
de  Kairouan  ;  13.000  âmes. 

OULED-SiDi-Amu.  Importante  tribu  pastorale  de  Tu- 
nisie et  d'Algérie,  pacifique  et  dévote.  Ses  indigènes  font 
kvs  transports  du  S.  au  N.  avec  leurs  chameaux,  passant 
Lhiver  au  Djerid  et  paissant  entre  Tebessa  et  Soukahras. 

OULED-SiDi-AissA.  Tribu  arabe  du  dép.  d'Alger,  com. 
(rAumale.  au  S.  du  Dii*a.  outour  de  la  kouba  vénérée  de 
Sidi-Aibsa. 

OULED-SiDi-BiUHi.M.  Trd)u  du  dcp.  (["Alger,  com.  uiixte 
de  Bou-Saada,  à  l'O.  du  Hodna.  D'autres  vivent  au  S.-]]. 
de  Tiaret(dép.  d'Oran)  et  au  S.  du  Dahra.  com.  de  FHillil. 

OU  LE D-Sidi-Cheiku.  Célèbre  tribu  du  Sahara  oranais, 
dans  le  pays  des  Ksour,  bourgs  fortifiés  dans  les  vallées 
de  TAtlas  méridioiuil  débouchant  sur  \q  Sahara.  Les 
centres  principaux  sont  El-Abiod-Sidi-Cheikh,  Bérézina. 
les  deux  Arba,  les  deux  Chellala,  Bou-Semghoun  et  Asla. 
On  évalue  leur  nombre  à  20.000  tètes  environ.  Ils  se 
divisent  en  17  ferkas,  réparties  entre  deux  groupements: 
les  Ouled-Sidi-Cheikh  de  l'Ouest,  ou  Gharaha,  et  de  l'Est  ou 
CJieragd.  ce  qui  est  le  cas  de  beaucoup  de  tribus  arabes. 
Hh  déclarent  descendre  d'Abou-Bckr,  beau-père  de  Mo- 
hammed, ce  qui  leur  constitue  une  noblesse  exception- 
nelle ;  tous  se  titrent  chérifs.  Quantité  de  tribus  des  Pla- 
teaux et  du  Sahara  se  rangent  parmi  leurs  clients,  gens 
de  Ouargla,  du  Djebel-Amour,  du  Touat,  etc.  Leurs  tentes 
noires  sont  surmoutées  d'un  panache  en  plumes  d'au- 
truche.- Ils  sont  venus  de  Tunisie  au  vjii^  siècle  dans  \v 
pa}s  des  Beni-Amer  où  sont  les  deux  Arba.  et  ont  con- 


servé un  prestige  reUgieux  très  accru  par  le  marabout 
Sidi-Cheikh  (f  1615),  dont  ils  ont  gardé  le  nom.  Sa 
tombe  était  à  El-Abiod,  mais  la  kouba  fut  démolie  par  le 
colonel  Négrier  lors  de  l'insurrection  de  1881. 

OULED-Sidi-Yahia.  Tribu  arabe  du  dép.  de  Constan- 
tine, sur  la  frontière  de  Tunisie,  entre  Tebessa  et  Soukah- 
ras; 10.000  âmes. 

OULED-Sllman.  Tribu  d'origine  arabe  du  Soudan  cen- 
tral, vivant  dans  le  Kanem,  au  N.  du  Tchad.  Elle  fut  re- 
foulée du  Fezzan  ])ar  les  Turcs,  émigra  au  Borkou,  puis 
au  Kan(Mn.  Les  razzias  mirent  les  Ouled-Sliman  en  conflit 
avec  les  Touaregs  qui  les  vainquirent. 

BiHL.  :  Naoiitjgal,  Sulwrn  et  Soiidun  ;  Paris,  1881 

OULED-SoLTAx.  Tribu  du  dép.  de  Constantine,  à  EO. 
de  Batna,  autour  de  Ngaous  ;  7.000  âmes.  D'autj'es  vi- 
vent en  Tunisie,  près  de  Beja,  et  d'autres  dans  le  dép. 
d'Alger,  com.  d'Aumale. 

OULED-SouAssi.  Tribu  arabe  de  la  Tunisie  centrale, 
delà  confédération  des  Riah,  entre  Kau'ouan  et  El-Djem  ; 
16.000  âmes.  /Agriculteurs. 

OULED-Yacoub.  Tribu  arabe  de  la  Tunisie  méridionale, 
qui  vivait  de  brigandage  sur  la  frontière  tripolitaine  et 
imposait  tribut  aux  populations  sédentaires  voisines.  De- 
puis l'occupoition  française,  elle  s'est  fixée.  Elle  est  ré- 
duite à  1.200  âmes. 

OULED-Yajua.  Petite  tribu  de  la  Tunisie  centrale,  au 
N.-E.  des  Ouled-Aoun,  ses  alliés  traditionnels. 

OULED-YoLxÈs.  Tribu  berbère  du  dép.  d'Alger,  coui- 
mune  mixte  d'Ain-Merane.  D'autres  font  partie  de  la  con- 
fédération des  Ouled-Xail. 

OULED-Zekui.  Tribu  berbère  du  dép.  de  Constantine 
dans  les  Zibans  ;  7.000  âmes. 

OULED-ZiAx.  Tribu  arabe  de  l'Aurès,  dép.  de  Cons- 
tantine, commune  mixte  d'Ain-Touta  ;  8.000  âmes.  Son 
principal  bourg  est  Beni-Eérah  (cf.  Masqueray,  Revue 
africaine,  n^  122).  —  Une  autre  tribu  de  ce  nom  habit(î 
le  dép.  d'Oran,  com.  de  d'Aflou,  sur  la  Mina,  et  le  djebel 
Lakhdar.  —  D'autres  dans  le  dép.  d'Alger,  com.  et  à 
60  kil.  S.-E.  de  Bou-Saada. 

OULENTY.  Rivière  de  la  Russie  d'Asie,  dans  les  prov. 
d'Akmolinsk  et  de  Semipalatinsk.  Formée  par  plusieurs 
ruisseaux,  prenant  leurs  sources  dans  les  collines  à'Erë- 
uien-Taou,  de  Djaksjj-Niiar,  de  Bala-Aiouhj  et  de 
Sassyk-Kaly,  elle  coule  du  S.  au  N.  et  l'eçoit  la  Taldy, 
le  kara-Boulak,  le  Sarij-Boulak  et  le  Sary-Ouzen. 
Réunie  à  la  rivière  Tchideiiy,  elle  va  se  jeter  dans  EAk- 
Koul.  Sa  vallée  présente  en  été  de  riches  pâturages  où  des 
nomades  viennent  faiie  paître  leurs  troupeaux. 

OULESS  (Walter- William),  peintre  anglais,  né  à  Sainf- 
Héher  (lie  de  Jer,sey)  le  21  sept.  1848.  Il  peignit  d'aboi'd 
des  tableaux  de  geiu'e  (une  Scène  de  la  ï{évoluiio)i  fran- 
çaise obtint  un  vif  succès)  ;  puis  il  se  consacra  à  partir 
de  1872  au  portrait:  la  vérité  de  l'expression,  la  largeur 
et  la  puissance  de  sa  manière  le  rendirent  bientôt  célèbre. 
On  connaît  surtout  ses  portraits  de  Darwin,  Gladslnne, 
John  Brig lit,  Général Roberts,  Cardinal NewmanQi  Car- 
dinal Manning. 

OULL  Pays  de  l'Afrique  occidentale  faisant  partie  de 
la  colonie  du  Sénégal,  sur  la  rive  N.  de  la  Gambie.  La 
population  d'origine  mandingue  y  est  d'environ  5.000  hab. 

OU  LIA.  Fleuve  de  Sibérie,  prov.  du  littoral,  tributaire 
de  la  mer  d'Okhotsk  ;  480  kil.  dont  215  navigables. 

OULIÂSSOUTAi.  Ville  de  la  Mongolie  extérieure  (Em- 
pire chinois),  située  à  1.650  m.  d'alt.  dans  les  monts 
Khangai.  Ouliassoutai  est  le  point  initial  delà  grande  ligue 
de  communication  (jui  va  jusqu'à  Peking  en  traversanl 
toute  la  Mongolie  et  la  partie  septentrionale  de  la  Chine 
proprement  dite  (V.  Moxgolie,  t.  XXIV,  p.  65). 

OU  LINS.  Com.  du  dép.  d'Eure-et-Loir,  arr.  de  Dreux, 
cant.  d"Anet;  310  hab. 

OULKOI-L\K.  Rivière  de  la  Russie  d'Asie.  d;uih  la  prov. 
de  Tourgai.  tJle  coule  au  S.  et  se  jette  dan^  le  Tourgai  (à 


—    1)93    r- 


(Iroil*^),  nax  sablos  de  Kalekik-koiun.  Son  cours  <'sl  long 
de  près  de  300  kil.  Ses  affluents  sont  le  Kobyr  et  le  Ka- 
rakaï. 

OULKOUN-Daria.  Branche  principale  du  delta  de 
l'Amou-Daria,  qui  porte  à  la  mer  d'Aral  les  7/9  des  eaux 
fluviales. 

OULLA.  Riv.  de  Russie,  affl.  g.  de  la  Dvina,  gouv.  de 
Vitebsk  ;  105  kil.  de  long,  à  partir  du  lac  Lepel.  Elle  est 
utilisée  pour  le  réseau  canalisé  de  la  Bérézina. 

OULLES.  C.om.  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  de  Grenoble, 
rant.  du  Bourg-d'Oisans;  159  hab. 

OULLINS.  Com.  du  dép.  du  Rhùne,  arr.  de  Lyon, 
cant.  de  Saint-Genis-Laval,  sur  la  rive  droite  du  Rhône; 
8.327  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  P. -L. -M.  Collège  ecclé- 
siasti(fue  de  Saint-Thomas  d'A(|uiii.  Maison  privée  de  cor- 
rection. Hospice  de  vieillards.  Ateliers  de  construclion  du 
chem.  de  fer  P.-L.-M.  Fabri(|ue  de  moufles;  cristallerie; 
fabrique  de  liqueurs;  J)rasserie;  imprimerie;  fabricfue  de 
treillages  ;  huilerie  ;  tannerie  ;  fabrique  de  vaseline  phar- 
MUU'eutique.  Eglise  moderne.  Ancien  château  des  arche- 
sèques  de  Lyon  du  xviu^  siècle  occupé  aujOuriLbui  par  le 
collège  de  Saint-Thomas  d'Aquin,  avec  chap(41e  moderne. 
Lhàteau  du  Grand-Perron  de  la  Renaissance  où  est  ins- 
tallé l'hospice  des  vieillards  ;  châteaux  du  Petit-Perrond 
(L5i5),  de  la  Bussière  (fm  xvi^'  siècle),  de  Vaugrand 
(xvi^*  et  xvii^  siècles).  Dans  le  cimetière,  sépulture  de  Jac- 
<|uard. 

OULMES.  Gom.  du  dép.  de  la  Vendée,  arr.  de  Fon- 
tenay,  cant.  de  Saint-llilaire-des-Loges  ;  704  hab.  Stat. 
du  chem.  de  fer  de  l'Etat. 

OULON.  Gom.  du  dép,  de  la  Nièvre,  arr.  de  Gosne, 
cant.  de  Prémery  ;  294  hab. 

OULOUNGOUR.  Lac  de  la  Dzoungarie  (Empire  chinois), 
au  S.  des  monts  Altaï.  L'Ouloungour,  un  des  nombreux 
lacs  fermés  de  l'Asie  centrale,  a  pour  principal  affluent 
rOuroungou.  qui  descend  du  massif  de  l'Altaï,  passe  à 
Kochotor-Khan  et  dont  le  cours  est  de  près  de  600  kil. 
Le  lac  Ouloungour,  situé  achevai  sur  la  frontière  des  pro- 
vinces dzoungariennes  de  Tarbagaitai  et  de  Koldo.  baigne 
la  ville  de  Bouloun-Tokhoi,  à  l'embouchure  de  l'Ouroun- 
gou.  A  peu  de  distance  passe  l'irtyche  noire  qui  descend 
des  monts  Altaï. 

OUL  REUNG.  Ile  coréenne,  appelée  aussi  Dagelet 
(V.  ce  mot). 

OULT.  Riv.  des  dép.  des  Côtes-du- }s or dç^iàe  VI Ile-et- 
Vilaine  (V.  ces  mots,  t.  XIÏI,  p.  4,  et  t.  XX,  p.  561). 

OULTIZOURES  (V.  Runs,  t.  XX,  p.  410). 

OULTREMONT  (Anne-Françoise  d')  (V.  Four.- -,t 
[Dame  dej). 

OUMACH.  Oasis  d'Algérie,  dép.  de  Constantine,  à  15  kil. 
S.  de  Biskra. 

OUMAN.  Ville  de  Russie,  gouv.  et  à  490  kil.  de  Kiief, 
ch.-l.  de  district,  sur  FOumanka  ;  28.628  hab.  (1897). 
Ouman  fut  tout  d'abord  une  forteresse,  élevée  au  com- 
mencement du  XVII®  siècle  contre  les  hivasions  des  Tar- 
lares.  La  ville,  qui  appartenait  autrefois  aux  comtes  Po- 
locki,  était  un  (îentre  commercial  important,  l^a  révolte 
(les  habitants  contre  les  seigneurs  polonais  et  les  juifs, 
(pii  eut  lieu  en  1768,  fut  le  signal  du  fameux  massacre 
d'Ouman,  célèbre  dans  l'histoire  de  la  Russie.  Ouman  fut 
confisqué  aux  Potocki  en  1897.  Gommerce  de  céréales; 
beaucoup  de  fabriques,  distilleries,  manufactures  de  ta- 
bac. Ecole  d'agriculture.  —  Le  district  a  4.308  kil.  ([. 
et  322.638  hab.  (1897). 

OUM-GÉNL  Fleuve  du  Satal{\.  ce  mot). 

OUMNI-EL-AOUAMID.  Localité  de  Syrie,  à  16  kil.  S. 
de  Sour  (Tyr),  renfermant  des  ruines  considérables.  On  y 
a  trouvé  deux  inscriptions  phéniciennes  dont  les  originaux 
sont  au  Louvre. 

OUMM-EL-BOUAGHLGom.  mixte  du  dép.  età70kil. 
S.  de  Gonstantine;  28.690  hab.,  dont  218  Français. 


OlLKOf  —  OFNYVMOUÉsr 


mo(. 


OUMM-ERREBIA.   Fleuve  du    Maroc    (V. 
t.  XXRL  p.  250). 

OUMM-KEÏS.  Village  de  Palestine,  au  S.  dulacdeTibé- 
riade,  occupant  la  place  de  Gadara,  dont  les  ruines  do- 
minent le  Jourdain. 

OUMRER.  Ville  de  l'Inde,  prov.  et  à  40  kil.  S.  de 
Nagpour  ;  15.000  hab.  Fort  marathe  ruiné.  Elle  a  été 
fondée,  au  xvu®  siècle,  par  lepandit  Manadjidont  les  des- 
cendants la  gouvernent  encore. 

OUIVIZILA,  chef  cafre,  mort  en  1885.  qui  avait  conquis 
le  pays  de  Gaza,  au  S.  du  Zambèze  et  à  TE.  au  Trans- 
vaal.  Ge  pays  fut  quelque  temps  désigné  par  son  nom. 

OUNALÀCHKA.  L'une  des  îles  Âléoules  (V.  ce  mot)  ; 
3.000  kil.  q.;  600  hab. 

OUNANS.  Gom.  du  dép.  du  Jura,  arr.  de  Poligny, 
cant.  de  Villers-Farlay  ;  530  hab. 

OUNAO.  Ville  de  l'Inde,  prov.  et  à  52  kil.  S.-O.  de 
Lakno  (Lucbiow);  10.000  hab.  Fondée  au  viii''  siècle, 
sous  le  nom  de  Serai  Godo,  elle  devint  la  capitale  d'une 
principauté  comfuisepar  les  musulmans  enl  150.  En  1857. 
les  Anglais  V  détirent  lesGipaves. 

OUNFOUIVIA  (Gôle  d'Or)  (V.  Dixcom:). 
^  0UN6AVA  (Vngava).  Vaste  baie  du   X.  du  Eabrad(u', 
s'ouvrant  dans  le  détroit  ou  la  mer  d'Hudson  est  barrée 
par  l'île  d'Akpatok. 

OU  NI  FA.  Gonfédération  tunisienne  de  sept  tribus,  qui 
s'unirent,  à  la  fin  du  xiii°  siècle,  pour  résister  au  Frai- 
chich:  ce  sont  les  Ouargha,  Gharen,  Ouled-bou-Ghaneni 
(V.  ce  mot),Khemensa,  Doufan,  Zeghalma,  Ouled-Yacoub. 
Elles  vivent  d'élevage  et  de  culture  dans  la  région  monta- 
gneuse du  Ke.f. 

OUNJA.  Rivière  de  Russie,  affl.  g.  du  Volga,  traverse 
les  gouvernements  de  Vologda  et  de  Kostroma  ;  est  for- 
mée de  deux  rivières,  la  Kéma  et  la  Loundanga,  coule 
au  S.-O.,  se  grosse  de  la  Viya  (à  dr.),  tourne  auS.-E., 
puis  api'ès  avoir  r*  la  Méja  (à  g.),  reprend  sa  direction 
print'live  e!  se  jcmc  dans  le  Volga.  Son  cours,  long  de 
400  kil.,  est  extrêmement  tortueux.  Sa  largeur  atteint 
par  endroits  600  m.  et  plus,  et  aux  crues  de  printemps 
près  de  1  kil.  Vers  son  embouchure,  l'Ounja  est  large  de 
2  à  4  kil.  Navigable  depuis  la  ville  de  Makârief;  au  prin- 
temps à  partir  de  Kologrif.  Transport  de  bois,  de  blé  et 
de  sel. 

OUNJA.  Rivière  de  Russie,  affl.  g.  de  FOka,  traverse 
les  gouvernements  de  Vladimir  et  deTambov.  Prend  nais- 
sance dans  les  lacs  et  les  marais  du  district  de  Melenki 
(gouv.  de  Vladimir),  cotde  auN.,  puis  àl'E.,  tourne brus- 
(juement  au  S.  et  finit  gardant  toujours  la  même  direction 
à  8  kil.  en  amont  de  la  vi!b  de  1  datma.  Longueur,  près 
de  130  kil.  La  rive  droite  est  plus  élevée  que  la  rive 
gauche.  Des  minerais  de  fer  et  de  pierres  calcaires,  dont 
l'exploitation  est  la  principale  occupation  des  habitants 
de  la  vallée,  se  rencontrent  près  de  ses  rives.  La  navi- 
gation est  empêchée  par  de  nombreuses  digues. 

OUNNA.  Rivière  de  liosnie  (V.  Lnxa). 

OUNYAIVIOUESI  {IJnjamwesi,  c.-à-d.  Pays  de  la 
lune).  Pays  de  l'Afrique  équatoriale.  au  S.  du  lac  Victoria 
Nyanza.  11  fait  partie  actuellement  de  l'Afrique  orientale 
allemande.  Ge  pays  a  la  forme  d'une  ellipse  allongée  dont 
le  grand  axe  mesure  450  kil.  et  le  petit  axe  225  kil.  Sa 
superficie  est  de  80.000  kil.  environ.  Plateau  de  1.000  à 
1.200  m.  surmonté  de  pitons  granitiques.  Il  s'abaisse  au 
xN.  vers  des  plaines  marécageuses,  est  drainé  au  S.  par 
l'Igombé  ouMalagarasi.  Le  climat  est  malsain  à  cause  des 
prompts  et  extrêmes  changements  de  température.  Il  est 
partagé  entre  les  savanes  et  les  bois,  assez  fertile.  Autre- 
fois uni  sous  un  roi,  FOnnyamouési  ^st  divisé  en  une 
infinité  de  cantons  plus  ou  moins  indépendants.  Les  habi- 
tants sont  très  mélangés  de  race  ;  les  nègres  de  race  ban- 
tou  y  prédominent  et  les  Arabes  y  sont  nombreux.  L'agri- 
culture est  prospère,  ainsi  que  le  tissage  et  la  métallurgie 
du  fer.  Les  Ouanyamouési  s'engagent  volontiers  comme 
porteurs  dans  les  caravanes. 


OUNYANYEMBÉ  —  OURAL 


--  694 


OUNYANYEIVIBÉ.  Pays  de  l'Afrique  équatoriale  (région 
orientale),  à  200 kil.  du  lacTanganyika.  Il  a  fait  longtemps 
partie  de  l'Ounyamouézi  au  S.  duquel  il  se  trouve,  et 
aujourd'hui  est  placé  sous  la  domination  allemande 
(Afrique  orientale  allemande).  La  ville  principale  est 
Tabora,  devenue  une  des  principales  stations  allemandes. 
Les  Ouanyanyembé  sont  agriculteurs  et  éleveurs  ;  la 
région  la  plus  fertile  est  la  vallée  de  la  Ouala.  Les  Arabes 
font  cultiver  par  des  esclaves. 

OUNYORO.  Pays  de  l'Afrique  équatoriale  dépendant  du 
protectorat  britannique  de  l'Ouganda.  Il  est  situé  auN.-O. 
du  lac  Victoria  Nyanza  et  s'étend  au  N.  et  à  l'O.  de  l'Ou- 
ganda; 80.000  kil.  q.  Il  forme  un  plateau  de  1.400  m. 
à  1.600  m.  environ d'alt.  Il  s'abaisse  brusquement  sur  le 
lac  Albert  Nyanza,  auquel  aboutit  le  Hoima  ;  les  autres 
grandes  rivières  sont  le  Kafou  et  le  Kassongo  qui  vont  au 
Nil.  Le  climat  est  assez  doux  et  très  pluvieux,  la  végétation 
moins  luxuriante  que  dans  l'Ouganda,  les  bois  sont  beaux 
mais  assez  rares,  les  fauves  ont  à  peu  près  disparu.  —  Les 
Ouanyoro  sont  de  race  bantou,  s'habillent  complètement. 
Ils  sont  dominés  parles  Ouahouma,  pasteurs  de  race  galla. 
Le  roi  Kabarega,  qui  s'affranchit  du  tribut  dû  à  l'Ou- 
ganda, est  assez  hostde  aux  Européens.  Sa  capitale  est 
Nyamoga,  sur  le  Hoima;  la  ville  principale,  Kibiro,  sur  le 
lac  Albert.  Les  Anglais  ont  bâti  des  forts  sur  la  route 
entre  les  lacs. 

OUOLLO.  Plateau  volcanique  du  N.  du  Choa  (Abyssi- 
nie),  habité  par  les  sept  tribus  des  Ouollos,  descendants 
des  Gallas. 

OUOLOFS  ou  YOLOFS.  Peuple  africain  établi  dans  la 
colonie  française  du  Sénégal,  entre  le  Sénégal,  la  Gambie 
et  la  Falémé  (V.  Afrique  [Anthrop.]  et  Sénégal). 

OUÔRZEK  (Ras).  Cap  du  Maroc  (V.  ce  mot,  t.  XXllt, 
p.  247). 

DUPA.  Rivière  de  Russie,  affl.  dr.  de  l'Oka,  traverse 
les  gouvernements  de  Toula  et  de  Kalouga.  Prend  nais- 
sance dans  le  district  de  Bogoroditzk  (gouv.  de  Toula), 
coule  dans  une  direction  générale  E.-O.,  en  décrivant  une 
vaste  courbe  vers  le  N.  et  se  déverse  dans  l'Oka  en  face 
du  village  de  Jérémino.  Son  cours  est  long  de  373  kil.  ;  de 
nombreuses  digues  rendent  la  navigation  impossible.  Sa 
vallée  est  très  peuplée  ;  plus  de  112  villages  et  les  villes 
de  Touba  et  d'Odoïef  sont  baignés  par  ses  eaux.  Ses  affluents 
les  plus  importants  sont  :  le  Chat,  VOupert,  la  Toulitza 
(à  dr.),^et  la  Plava  (à  g.). 

OUPÂLL  Nom  d'un  des  premiers  et  des  plus  intimes 
disciples  du  Bouddha.  Il  aurait  été  converti  à  la  suite  de 
la  première  venue  du  Maître  h  sa  vilb^  natale  de  Kapi- 
lavastou.  Barbier  des  jeunes  princes  Çâkyas,  cousins  du 
Bouddha,  Oupâli  les  accompagna  quand  ils  partirent  à  la 
suite  du  Bienheureux  pour  se  faire  moines  ;  sur  leur  de- 
mande et  en  vue  de  mortifierleur  amour-propre,  il  aurait 
même  re(,'u  l'ordination  le  premier.  Cet  épisode  est  l'un 
des  plus  caractéristiques  qu'on  puisse  citer  comme  preuve 
que  le  Bouddha,  tout  en  reconnaissant  l'organisation  sociale 
des  castes,  en  supprimait  les  distinctions  au  sein  de  sa 
communauté.  D'après  les  textes  sacrés,  Oupâli  aurait  joué 
plus  tard  un  rôle  particulièrement  important  dans  la  ré- 
daction et  la  transmission  des  règles  de  la  discipline. 

OUPIA.  Com.  du  dép.  de  l'Hérault,  arr.de  Saint-Pons. 
cant.  d'Olonzac;  513  hab. 

OUPOLOU.  L'une  des  îles  Samoa  (V.  ce  mot). 

OUR.  Com.  du  dép.  du  Jura,  arr.  de  Dole,  cant.  de 
Dampierre  ;  155  hab. 

OURADOU  (Gabriel- Augustin-Maurice),  architecte  fran- 
çais, né  à  Paris  le  24  juil.  1822,  mort  à  Paris  le  27  juin 
1884.  Elève  de  l'atelier  Lebas  et  de  l'Ecole  des  beaux- 
arts,  puis  de  Viollet-Le-Duc,  dont  il  devint  le  gendre,  Oura- 
dou  fit  de  remarquables  envois  aux  Salons  de  1865  et  de 
1873  ainsi  qu'à  l'exposition  universelle  de  1878,  fut  ins- 
pecteur des  travaux  de  restauration  de  la  cathédrale  de 
Paris  et  du  château  de  Pierrefonds  que  dirigeait  son  beau- 
frère  et  termina  la  restauration  de  ce  dernier  édifice.  Ar- 


chitecte du  diocèse  de  Ghàlons,  et  membre  de  la  commis- 
sion des  monuments  historiques,  il  restaura,  pour  ce  der- 
nier service,  l'église  de  Culiîes  (Aisne)  et  la  grande  salle 
de  l'hospice  de  Beaune.  Charles  Lucas. 

OURAGAN.  Au  siècle  dernier,  les  mots  tempête  et  ou- 
ragan n'indiquaient  qu'une  vitesse  très  grande  ou  extra- 
ordinairement  grande  du  vent.  Ils  signifient  aujourd'hui 
un  violent  tourbillonnement  centripète  et  ascendant  des 
masses  d'air,  en  même  temps  que  tous  les  phénomènes  qui 
l'accompagnent.  Cet  état  troublé  de  l'atmosphère  a  pris 
des  noms  divers.  Les  marins  ont  appelé  cyclones  les  tem- 
pêtes tournantes  de  la  mer  des  Indes  ;  typhons,  celles  des 
mers  de  la  Chine  ;  ouragans,  celles  de  l'xVtlantique  équa- 
torial;  mais  la  chose,  au  fond,  reste  la  même  (V.  Cyclone). 

OURAKAIVII.  Village  du  Japon,  île  de  Kiou-Siou,  près  de 
Nagasaki.  Il  s'y  était  maintenu  une  communauté  catho- 
lique qui  fut  dispersée  le  1^^'  janv.  1870.  Les  puissances 
européennes  protestèrent  sans  succès. 

OU  RAL  ou  I AÏK.  Fleuve  de  la  Russie  d'Europe  et  d'Asie, 
qu'il  sépare  dans  son  cours  moyen,  tributaire  de  la  mer 
Caspienne;  il  a  2.300  kil.  de  long,  en  tenant  compte  de 
ses  nombreuses  sinuosités,  et  draine  un  bassin  d'environ 
250.000  kil.  q.  11  naît  dans  le  gouv.  d'Orenbourg,  au  S. 
de  Karatach,  à  635  m.  d'alt.,  coule  vers  le  S.  entre  deux 
chaînes  des  monts  Oural,  tourne  ensuite  vers  l'O.,  reçoit 
rOrr  (g.),  l'Ilek  (g.),  la  Chobda  (g.),  la  Sakmara  (dr.) 
passe  à  Orsk,  Orenbourg,  Oui*alsk  où  il  reprend  la  direc- 
tion S.,  à  Kalmykov  et  finit  par  un  vaste  delta  maréca- 
geux et  couvert  de  roseaux,  à  l'E.  duquel  est  Gouriev. 
Il  a  60  à  170  m.  de  large,  n'est  que  flottable.  Le  poisson 
y  abonde.  Son  nom  actuel  d'Oural  lui  fut  imposé  par 
Catherine  II,  après  la  révolte  dePougatchev  (1775),  pour 
effacer  les  souvenirs  liés  au  nom  d'Iaik.  A-M.  B. 

OURAL.  Géographie  physique.  —  Ch[iîne  monta- 
gneuse qui,  sur  la  bordure  E.  de  la  plate-forme  russe,  aligne 
du  N.  au  S.,  sur  près  de  26*^  en  lat.,  ses  rides  parallèles. 
Prenant  pour  base  méridionale  le  plateau  aralo-caspien 
d'Oust-Ourt,  elle  a  pour  terme  final,  dans  le  N.,  les  pe- 
tites collines  rocheuses  qui  s'abaissent  au  pied  du  piton 
de  la  «  Pierre  de  Constantin  »  {Konstantinov-Kamen) , 
i'55  m.)  vers  la  mer  de  Kara.  Sa  largeur,  sans  être  ja- 
mais forte,  est  soumise  à  de  grandes  variations;  elle  oscille 
entre  un  maximum  de  150  kil.,  atteint  dans  le  S.,  en 
faveur  d'une  divergence  marquée  des  chaînons,  et  un  mini- 
mum d'une  dizaine  de  kil.,  réalisé  maintes  fois  dans  le 
N.  ou  sa  section  reste  toujours  sensiblement  réduite. 
C'est  qu'alors  de  grands  changements  s'y  produisent  aussi 
bien  dans  sa  forme  que  dans  sa  direction.  La  chaîne  qui, 
pendant  si  longtemps,  avait  aligné  sa  longue  succession 
de  crêtes  et  de  vallées  longitudinales,  suivant  une  orienta- 
tion sensiblement  méridienne,  c.-à-d.  N.-S.,  subit, 
dès  qu'elle  atteint  cette  zone  septentrionale,  une  inflexion 
qui  l'amène  finalement  à  déployer  en  arc  ses  divers  élé- 
ments, ici  plus  même  disloqués  et  fréquemment  inter- 
rompus par  de  fréquentes  trouées,  si  bien  que  l'Oural 
devient  des  plus  faciles  à  franchir  précisément  dans  le 
point  oii  sa  barrière,  dressée  au-dessus  de  plaines  glacées 
que  personne  ne  se  dispute,  sépare  des  régions  à  peines 
peuplées. 

Quoi  qu'il  en  soit,  en  recoupant  ainsi  obliquement  les 
diverses  zones  de  la  plaine  russe,  celles  des  Steppes,  de  la 
Terre  noire,  des  Eorêts,  puis  des  Toundras,  cette  chaîne 
constitue  une  région  naturelle  distincte,  offrant,  de  plus, 
cette  particularité  de  tracer  nettement  la  limite  de  l'Eu- 
rope dans  cette  direction.  En  face  de  l'Asie  sa  brusque 
saillie  au-dessus  des  vastes  plaines  de  la  Sibérie,  qui 
forme  avec  la  faible  inclinaison  du  versant  opposé,  douce- 
ment raccordé  avec  celles  de  la  Russie  sans  solution  de 
continuité,  un  contraste  si  saisissant,  atteste  en  effet  clai- 
rement que  cette  chaîne,  d'ailleurs  d'un  type  spécial,  n'est 
en  somme  que  l'escarpement  terminal  de  la  plate-forme 
russe  vigoureusement  redressée  dans  l'E.  D'où  la  dissy- 
métrie si  complète  de  son  profil  transversal  ;  dissymétrie 


—  ()9r) 


OURAL 


d'autant  mieux  accentuée  que  l'abrupt  en  question,  sou- 
vent représenté  par  une  muraille  à  pic,  difticile  à  franchir 
avec,  comme  arrière-plan,  une  ligne  de  crêtes  donteiées, 
vient  se  placer  tout  près  de  l'axe  central  et  domine  une 
région  des  plus  plates  (pii  résulte  de  l'arasement  des  ter- 
rains de  ce  versant  sibérien. 

Inversement,  quand,  partant  de  la  Russie  centrale,  on 
vient  atteindre  l'Asie  en  suivant,  au  travers  d(^  rOural. 
la  voie  la  plus  fréquentée,  le  chemin  de  fer  de  Porm  à 
Ekaterinenbourg,  la  pente  de  ce  versant  occidental  est  si 
faible  qu'il  semble  dans  cette  traversée  qu'on  n'a  pas  (juitté 
la  région  des  plaines  ;  on  met  ensuite  le  pied  sur  le  sol 
asiatique  sans  se  douter  qu'on  vient  de  franchir  une  ligne 
de  faîte.  Or  le  caractère  local  d'effacement  du  relief  oii- 
ralien  se  représente  en  plusieurs  points,  sous  la  forme 
notamment  du  col  de  Katchkanar,  ou  du  seuil  de  Lazva, 
si  bien  que  chaque  fois  on  ne  peut  se  rendre  compte  (fu'on 
passe  sur  l'autre  versant  qu'en  voyant  sur  nue  ])orne  fron- 
tière la  face  E.  porter  le  nom  d'Asie  ;  ainsi  s'explique  cette 
erreur  si  longtemps  propagée  que  l'Oural  n'existe  comme 
chaîne  de  montagnes  que  sur  les  cartes  et  cju'on  peut  le 
franchir  à  plat. 

En  réalité,  l'impression  est  tout  autre,  quand,  ne  suivant 
pas  l'exemple  des  Russes  trop  pressés,  on  l'aborde  dans 
l'intervalle  de  ces  parties  déprimées.  Sans  doute,  on  y  passe 
insensiblement  de  la  région  des  plaines  à  la  ligne  de  faîte 
par  une  série  d'ondulations  successives  d'altitude  régu- 
lièrement croissante,  toujours  molles  de  formes,  couvertes 
de  forêts,  et  ne  donnant  guère  l'impression  de  la  vraie 
montagne,  mais  même  sur  ce  versant  doucement  ondulé, 
il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  brusquement  en  saillie  des 
chaînons  isolés,  garnis  de  sommets  culminants,  capables 
d'atteindre  et  même  dépasser  4.500  m.  Tels  sont,  dans  le 
Nord,  le  Pai-jar  (4.452  m.),  qui  porte  fièrement  en  sa- 
moyède  le  nom  de  «  Roi  des  montagnes  »  ;  puis  le  géant 
de  cette  classe  sous  la  forme  du  piton  si  complètement 
dénudé  du  Sablia  (4.647  m.).  Dans  le  centre,  de  ptireils 
accidents,  loin  de  manquer,  sont  surtout  représentés  par  le 
fameux  Yomina;  fameux  dans  ce  sens  que  beaucoup  de 
géographes,  à  la  suite  de  Humboldt,  considèrent  cette  mon- 
tagne dressée  à  4.202  m.  comme  ujie  sorte  de  nœud  d'où 
rayonneraient,  en  divergeant  vers  le  S.,  les  trois  branches 
de  l'Oural.  Encore  une  légende  qu'il  faut  abandonner  ; 
cette  radiation  des  chaînes  méridionales  autour  d'un  point 
central  est  de  pure  fantaisie,  et  le  Yourma,  situé  d'ailleurs 
bien  en  dehors  d'elles,  n'est  autre  qu'un  chaînon  semblable 
à  ceux  qui  s'isolent  si  volontiers  sur  ce  versant,  sans  ja- 
mais jouer  le  rôle  spécial  dans  l'orographie  de  la  région. 

En  somme,  l'Oural  constitue  dans  l'E.  de  la  Russie  un 
trait  orogi^aphique  des  mieux  marqués,  aussi  des  plus  an- 
ciens ;  car  ses  origines  lointaines  remontent  à  cette  date, 
fort  éloignée,  où  vers  la  fin  des  temps  primaires  une  chaîne 
de  même  direction,  dressée  contre  le  bord  de  la  plate-forme 
russe,  en  traçait  déjà  l'emplacement;  avec  une  vigueur  de 
forme,  du  reste,  bien  plus  grande  qu'actuellement,  cette 
«  Ceinture  de  pierre  »  (Kammenyi  Poïas)  privée  mainte- 
nant, aussi  bien  sur  ses  sommets  émoussés  de  neiges  per- 
sistantes que  de  torrents  et  de  cascades  dans  le  fond  de 
ses  paisibles  vallées,  n'est  plus  qu'un  écho  affaibli  de  cet 
état  ancien. 

Divisions  de  l'Oural.  Leurs  caractères  généraux.  — 
Dans  ses  descriptions  cette  chaîne  méridienne  est  habituel- 
lement débitée,  dans  le  sens  de  son  allongement,  en  trois 
bandes  d'importance  presque  égale  et  portant  respective- 
ment les  noms  de  :  0.  méridional,  0.  central,  0,  sep- 
tentrional, suivant  leur  position.  Mais  quand  on  examine 
avec  soin  sa  structure,  on  voit  qu'elle  se  prête  à  une  di- 
vision plus  rationnelle  en  deux  parties,  prenant  comme 
limite  commune,  vers  63*^  de  lat.,  une  partie  très  étran- 
glée de  la  chaîne,  oti  de  part  et  d'autre  d'un  seuil  élevé 
(740  m.)  descendent,  en  sens  inverse,  deux  rivières  : 
la  Lunfa,  vers  la  Petchora,  dans  l'O. ,  la  Loswa,  vers  l'Obi, 
dans  TE.  Ce  col,  en  effet,  marque  précisément,  dans  l'Ou- 


ral, le  point  oîi  se  fait  le  brusque  changement  de  direc- 
tion précédemment  indi(]ué  et,  par  suite,  celui  à  partir 
duquel  on  peut  y  reconnaître  deux  sections  bien  différen- 
ciées :  l'une,  méridionale,  l'omarquahle  par  sa  direction 
rectiiigne  ;  l'autre,  septentrionale,  développée  en  croissant, 
à  convexité  tournée  vers  la  plaine  russe. 

Oural  septentrional.  —  Cette  partie  incurvée,  c'est 
l'Oural  des  Vogouls,  des  Ostiaks  et  des  Samoyèdes  ;  c'est  la 
plus  étroite,  la  plus  ramassée,  celle  aussi  qui,  rachetant 
sa  faible  largeur  par  une  grande  élévation,  supporte  les 
plus  hauts  sommets  qui,  d'ailleurs,  émoussés,  comme  dans 
toutes  les  chaînes  anciennes,  n'ont  rien  de  majestueux,  et 
loin  de  se  dresser  sur  l'axe  archéen  central  (Ôural-Taou) 
sont  toujours  rejetés  à  l'O.  sur  la  première  zone  de  chaînes 
extérieures  calcaires  où  dominent  les  assises  du  dévonien. 
Successivement  du  N.  au  S.,  le  .\et-Jou  (4.332  m.)  dès 
la  première  amorce  du  croissant  ouralien,  la  grande  py- 
ramide du  Pai-jar  (4.452  m.),  ([ui  porte  ensuite  en  sa- 
moyède  ce  fier  nom  de  «  Maître  des  montagnes  »,  la  SnMja 
(4.647  m.),  qui  devient  au  point  maximum  de  la  courbure 
le  géant  de  cette  classe,  la  crête  dentelée  du  Clios-odca 
(1.257  m.),  le  piton  si  complètement  isolé  du  Telpos-is 
(1.583  m.),  le  Ninischur-tschachl {i.ii){  m.)  et  le  ^<2/; 
Aï;  koip  (4.074  m.)  près  des  sources  de  la  Petchora,  mar- 
quent les  principaux  sommets  de  cette  longue  rangée  de 
cimes  culminantes.  Dressant  leurs  roches  décharnées  au- 
dessus  de  croupes  dénudées  dans  l'Oural  polaire,  ou  ré- 
gulièrement boisées  dès  que  la  végétation  forestière  com- 
mence à  s'installer  sur  ce  versant  oriental,  toutes  ont  pour 
trait  commun  d'être  coupées  à  pic  vers  l'L.,  tandis  qu'à 
rO.leur  pente,  comme  dans  toutes  les  saillies  de  l'Oural, 
reste  toujours  adoucie. 

Autre  fait  intéressant  :  c'est  que,  malgré  la  hauteur  re- 
lativement forte  de  ces  sommets  qui  fait  que  le  relief 
moyen  de  cet  Oural  du  Nord  atteint  945  m.,  cette  chaîne, 
même  en  poussant  de  pareilles  crêtes  au  delà  du  cercle  po- 
laire, ne  conserve  de  neiges  persistantes  que  dans  le  fond 
de  grottes  profondes  faisant  office  de  vraies  glacières  na- 
turelles, si  bien  que,  tandis  que  sous  la  même  latitude  les 
montagnes  de  la  Scandinavie  ont  leur  belle  parure  de  gla- 
ciers, cet  Oural  polaire  en  est  complètement  dépourvu. 
C'est  qu'ici,  non  seulement  les  formes  topographiques  des 
lignes  de  faites  ouraliennes,  très  différentes  de  celles  très 
plates  du  diane  Scandinave,  ne  se  prêtent  guère  à  l'éta- 
bhssement  de  vastes  champs  de  névés,  mais  le  climat  par- 
ticulièrement rude  et  surtout  très  sec  intervient  comme 
cause  principale  de  cet  arrêt  si  complet  dans  la  glaciation 
du  pays.  En  hiver,  aussi  bien  en  deçà  qu'au  delà  du  cercle 
polaire,  des  froids  de  —  37^^,  capables  d'amener  la  con- 
gélation du  mercure  dans  les  thermomètres,  sont  souvent 
enregistrés  dans  cette  zone  ouralienne,  à  ce  point  que 
dans  certaines  usines,  comme  celles  de  Bohoslov,  on  ne 
peut  faire  d'observations  qu'à  l'aide  d'appareils  à  alcool. 
Or,  comme  ces  conditions  hivernales  subsistent  dans  ces 
hautes  latitudes  pendant  la  moitié  de  l'année  (de  novembre 
à  fin  d'avril)  et  que  la  saison  qui  suit,  loin  d'être  plu- 
vieuse, est  le  plus  souvent  obstinément  sèche,  on  voit  par 
suite  que  les  glaces,  dans  l'Oural,  sont  privées  de  conditions 
d'existence. 

Comme  conséquence  de  cet  état  de  choses  ligure  aussi 
la  disparition  complète  des  forêts  sur  le  versant  occiden- 
tal, à  partir  du  65^  de  lat.  N.  Dès  lors,  les  chaînes  dépourvues, 
de  plus,  pendant  une  bonne  partie  de  l'année  d'une  cou- 
verture protectrice  de  neiges  et  livrées,  par  suite,  sans  dé- 
fense, à  l'action  des  intempéries,  sont  condamnées  à  une 
rapide  démolition  ;  d'où  leur  nature  essentiellement  ro- 
cheuse, l'importance  des  éboulis  qui  en  garnissent  le  pied 
ou  le  fond  de  vallées  sèches,  et  le  caractère  ruiniforme 
des  escarpements.  Dans  de  pareilles  conditions  peuvent 
s'y  présenter,  quand  de  grandes  dalles  calcaires  peuvent 
se  maintenir  sous  la  forme  de  hauts  plateaux,  de  grands 
lapiez,  où  mieux  encore  leur  débitage  en  aiguilles  capri- 
cieusement sculptées,  comme  dans  la  région  typique  du 


OllKÂL 


696  — 


«  mont  des  Idoles^  »  [(Uolvano-lss)  situé  lout  près  de 
J 'extrémité  méridionale  de  cette  zone,  dans  une  région  où 
la  multiplicité  de  tous  ces  accidents  engendre  une  topo- 
graphie des  plus  confuses.  En  même  temps,  c'est  là  aussi 
que,  mieux  qu'ailleurs,  on  peut  voir  que  dans  les  vallées 
cette  empreinte  des  iniures  du  temps  n'est  pas  moins  bien 
marquée.  Elle  s'y  traduit  par  la  fréquence  sur  leur  fond 
plat  d'espaces  marécageux  prenant  le  caractère  de  véri- 
tables fondrières,  quand  d'épaisses  couches  de  neige  dur- 
(ie  ne  viennent  pas  consolider  ce  sol  instable,  seule  con- 
dition qui  peut  le  rendre  accessible,  ('e  qu'on  appelle  une 
route  dans  ce  pays,  ne  peut,  en  effet,  vraiment  mériter 
ce  nom  qu'en  hiver,  alors  que  la  neige  s'est  appliquée  à 
remplir  cet  office.  Autrement,  le  pied,  dans  le  fond  de 
ces  vallées,  n'y  pose  plus  que  sur  un  mélange  de  terre, 
de  boue  et  de  mousses  tourbeuses,  formant  un  manteau 
si  épais  que  pas  une  pierre  n'apparaît.  On  peut  alors  y 
faire  des  traversées  de  20  à  30  kil.  sans  voir  une  roche, 
à  moins  qu'un  arbre  renversé  par  les  vents  ne  ramène  à 
la  surface  un  caillou  enlevé  par  ses  racines. 

Tout  autre  est  le  versant  oriental.  Abaissé  d'un  seul 
coup  vers  la  Sibérie  et  surtout  tranché  à  vif,  cai-  cette 
chute  brusque  ne  résulte  pas  d'une  rapide  plongée  dc^ 
couches,  mais  de 
leur  rupture  par 
une  série  de  gran- 
des cassures,  l'a- 
l)rupt  qu'il  dessine 
contraste  singuliè- 
rement avec  la  pla- 
titude des  plaines 
glacées  (toundras) 
({ui  s'étalent  à  son 
pied.  C'est  la  plus 
sauvage  et  aussi  la 
plus  accidentée  des 
régions  de  l'Oural. 
A  noter  aussi,  avec 
la  fréquence  des 
eaux  ruisselantes, 
son  caractère  plus 
verdoyant;  car, 
bien  baigné  par  le 
soleil  et  mieux  par- 
tagé au  point  de 
vue  du  climat,  ce 
versant  peut  con- 
server ses  grandes 
forêts  de  mélèzes  et  de  sapins,  voire  même  de  cèdres  dans 
le  S.  jusqu'au  67^'  de  lat.  Quoi  qu'il  en  soit,  en  raison 
de  sa  vigueur  de  formes,  ce  tlanc  râide  faisant  face  à  la 
Sibérie,  par  une  ligne  d'escarpements  qu'on  ne  peut  fran- 
chir ([ue  par  quelques  passes  étroites,  n'aboutit  ({u'à 
des  cols  élevés,  maintenus  à  plus  de  800  m.  d'alt.,  et 
n'établissant  en  somme  de  communications  qu'entre  des 
plaines  glacées  ou  les  populations  sont  des  plus  clairse- 
mées; ainsi  s'explique  qu'il  subsiste  encore  dans  cet  Oural 
du  Nord  beaucoup  de  points  peu  connus. 

Oural  méridional.  —  Ces  conditions  changent  dès  qu'on 
atteint  ensuite  la  chaîne  principale  N.-S.  A  peine  a-t-on 
franchi  le  seuil  précédemment  indiqué,  qu'on  se  trouve  de 
suite  en  présence  d'une  belle  rangée  de  montagnes  plus 
verdoyantes,  riches  en  eaux  vives,  habitées  par  les  Bach- 
kirs  et  formant  un  contraste  saisissant  avec  les  vastes  soli- 
tudes qu'on  vient  de  quitter.  C'est  l'Oural  classique  qui 
développe  alors,  avec  ses  grandes  forêts,  ses  molles  mais 
très  régulières  ondulations  depuis  la  plaine  russe  jusqu'à 
une  ligne  culminante,  qui,  toujoursrejetée  à  TE.,  devient 
la  véritable  arête  du  système  et  au  pied  de  laquelle  la  chute 
de  la  montagne  vers  l'E.  reste  toujours  brusque.  Les 
grands  sommets  dressés  comme  précédemment  sur  les 
chaînons  latéraux  ne  manquent  pas,  mais  plus  isolés,  très 
espacés,  sans  apparence  de  lien  entre  eux  et  surtout  rejetés, 


l''iLi.  1.  —  PriiK'ipales  lignob  dii'(;cîi*ice«  du  i-clier  ouralien.  I,  Oural 
Hîéridional  ;  I',  Oucal  soptontrional;  1",  monts  Tlniaii;  I'",  Pac-Khoj. 
Waigatch,  Nouvelle-Zemble;  II.  ax(^  noi-vépien  de^  monts  Scandinaves; 
m,  taille  transouralienne. 


sur  le  versant  oriental,  ils  résultent  cette  fois,  le  plus  souvent, 
delà  mise  en  saillie  d'une  roche  dure  éruptive.  Tel  est  le 
sauvage  piton  dioritique  du  mont  Iremel  qui,  parvenant 
à  se  maintenir  au-dessus  d'une  croupe  granitique  à  près  de 
1.600  m.  (1 .598  m,),  devient,  dans  l'Oural  du  Sud,  la  plus 
importante  de  ces  saillies.  Xéainnoins,  la  plus  grande  valeur 
du  l'clief reste  toujoursdans  l'O.  sous  la  forme  d'une  suite 
de  chaînons  allongés  dessinant  une  ligne  extérieure  de 
plus  de  1.000  m.  ;  si  bien  que  la  ligne  de  partage  entre 
les  d(Hix  versants  reste  encore  excentrique  et  localisée  sur 
le  pli  le  plus  ancien  de  la  chaîne  qui,  d'un  bout  à  l'autre, 
se  traduit  par  la  l'ide  maîtn^sse  de  l'Oural-Taou.  Avec 
cette  différence  qu'ici  cette  ride,  au  lieu  d'être  exclusive- 
ment granitique  et  gneissique  comme  dans  leN.,  se  trouve 
chargée  de  roches  éruptives  \ariées.  Des  diabases  en  pai'- 
ticulier,  ainsi  que  de  grandes  masses  de  gabbros  et  de 
serpentines  en  relation  étroite  avec  cette  richesse  en  gîtes 
métallifères  qui  ont  rendu  l'Oural  célèbre,  s'y  dévelop- 
pent au  point  de  jouer  dans  sa  topograi)hie  un  rôle  des 
plus  importants.  —  La  preuve,  c'est  qu'il  suffit  (]ue  ces 
formations  éruptives  disparaissent  dans  la  région  centrale 
de  cet  Oural  du  Sud  ou  tout  au  moins  se  localisent  sous  une 
forme  réduite  sur  son  versant  \'].  t.  fs  disloqué  en  laissant 

l'Oural -Taon  rc- 
pi'endre  son  carac- 
tère cristallin,  po  ur 
((u' immédiatement 
s'y  pi'ésenle  une 
large  zone  où  le 
relief  général  de 
rOural  s'efface  à  ce 
point  que  les  ca- 
Naliers  peuvent  le 
franchir  d'une 
traite,  sans  ralentir 
le  trot  de  leurs  che- 
vaux. Telle  la  passe 
célèbre  que  suit  la 
voie  ferrée  qui  re- 
lie Perm  à  Ekaté- 
rinenbourg,  en  pro- 
fitant du  point  où 
l'Oural  est  le  plus 
déprimé. 

En  plus  des  mo- 
di  fi  cations  déjà 
grandes  qu'intro- 
duit dans  la  com- 
position de  cette  bande  cette  importante  série  de  roches 
éruptives  basiques  et  de  gîtes  métallifères  associés,  des 
changements  non  moins  considérables  dans  sa  structure 
s'y  présentent.  Dès  le  début,  en  effet,  les  chaînons  successifs 
de  son  vc)\sanl  russe,  avec  leur  caractère  de  plateaux  boisés, 


Ne 


¥iix.2.—  Cniipe  Iransxersale  des  monts  Taganaï  (Oural 
du  Sud).  1,  BolchoïTaganaï;  2,  Sreday  Taganaï;  3,Maly 
Taganaï;  Q,  quartzites  ;  G,  grés  friables  arkosiques; 
m.  micaschites  grenatiferes  avec  calcaires  subordonnés. 

allongés  du  N.  au  S.,  et  souvent  dominés  par  des  dômes 
gazonnés  porphyriques  de  i.OOO  à  i.oOO  m.,  ne  peuvent 
plus  être  attribués  à  une  succession  de  plis  réguliers. 
Tous  résultent  de  cassures  qui  ont  divisé  ce  terrain  an- 
ciennement plissé  en  compartiments  doucement  inclinés 
vers  l'E.,  tandis  que  leur  tranche  dessine  dans  l'Ouest  un 
abrupt  (('autant  mieux  accusé  que  leur  couronnement 
est  le  plus  souvent  fait  par  des  grès  durs  susceptibles  de 


—  697  — 


OURAL 


s'y  maintenir  très  escarpés.  D'oii  résulte  une  structure 
en  gradins,  dont  les  eaux  courantes  ont  profité  pour  creu- 
ser, au  pied  de  ces  escarpements  jonchés  d'éboulis  et  riches 
en  sources,  ces  grandes  vallées  longitudinales  que  suivent 
pendant  longtemps  les  rivières  du  pays  avant  de  s'échap- 
per au  dehors  au  travers  de  cluses  qui,  comme  consé- 
quence immédiate  de  nouvel  état  de  choses,  apparaissent 
aussi  nombreuses  et  1res  importantes  sur  ce  versant. 
Quant  au  flanc  inverse,  nulk'  part  il  ne  perd  aussi  com- 
plètement son  caractère  montagneux.  C'est  une  région 
plate,  versée  à  l'I^.  sous  une  pente  très  faible  et  qui  ne  se 
différencie  de  la  plaine  voisine,  au  point  de  vue  de  la 
physionomie  extérieure,  que  pai*  son  état  de  morcelle- 
ment. Des  fentes  ici  E.-O.  ont  exercé  sur  les  rivières 
une  influence  à  ce  point  directrice  qu'elles  se  sont  appli- 
quées, suivant  cette  direction,  à  rompre  l'uniformité  d'un 
pays  où  l'eau  est  encore,  le  plus  souvent,  obligée  de  sta- 
tionner sous  la  forme  lacustre. 

Ce  qui  distingue  ensuite  l'Oural  du  Sud  proprement  dit, 
c'est  sa  division  en  trois  branches  ;  si  Inen  qu'en  dehors 
d'une  rangée  centrale  constituée  par  l'Oural-Taou,  on 
peut  distinguer  à  gauche  la  chaîne  tronçonnée  de  VOu- 
renga,  à  droite  celle,  métallifère  par  excellence,  des 
numt>i  Umei).  C'est  quand  on  a  franchi  la  région  plus 
tourmentée  où  se  dresse  le  Yoiinna  ({ue  se  fait  cette  di- 
vision, non  pas  sous  forme  rayonnante,  mais  simplement 
quelque  peu  divergente,  avec  inflexion  vers  le  S.-S.-O., 
car  ce  nouvel  ensemble  avec  sa  succession,  toujours  la 
même,  d'arêtes  alignées,  de  vallées  longitudinales  et  de 
cluses,  n'est  qu'une  sorte  d'exagération  de  la  structure 
ouralienne  typique.  A  leur  pied,  dans  le  S.,  ces  chaînes 
apparaissent  ensuite  brusquement,  tranchées  normalement 
à  leur  direction  par  la  profonde  et  régulière  coupure 
dont  profite  l'Oural  —  après  avoir  longtemps  circulé 
dans  la  vallée  longitudinale  qui  sépare  l'arête  centrale 
des  monts  ïlmen  —  pour  filer  droit  vers  l'O.,  jusqu'au 
point  où,  non  moins  brusquement,  il  reprend  sa  direction 
première  pour  venir  se  jeter  dans  la  Caspienne. 

Ce  joli  fleuve  ouralien,  poissonneux  par  excellence,  cir- 
conscrit alors,  dans  son  cours  inférieur  coudé  à  angle  droit, 
un  plateau  à  surface  peu  tourmentée  et  dont  le  bord 
oriental  se  relève  dans  le  prolongement  immédiat  des 
Ilmen  par  la  très  curieuse  et  double  chaîne  des  Mougod- 
iars;  double  dans  ce  sens  qu'elle  comprend,  relevée  à 
un  millier  de  mètres,  les  gneiss  et  granités  du  soubas- 
sement, puis  un  flanquement  parallèle  de  roches  porphy- 
l'iques,  c.-à-d.  la  juxtaposition  de  «  bonnes  »  (lakhtchi- 
T(igh)  et  de  «mauvaises  »  (laman-Tagh)  montagnes,  les 
premières,  avec  leurs  arènes  granitiques,  se  trouvant  aptes 
à  supporter  de  belles  prairies,  tandis  que  les  secondes  res- 
tent essentiellement  rocheuses  et  dénudées.  C'est  sous 
cette  forme  simple  que  se  termine  l'Oural  en  venant 
butter  contre  le  plateau  d'Oust-Ourt,  et  là  encore 
en  voyant  ce  dernier  terme,  si  franchement  relevé  vers 
l'E.,  venir  plonger  doucement  vers  les  steppes  de  la  Cas- 
pienne, on  ne  peut  manquer  d'y  reconnaître  qu'il  existe 
entre  la  montagne  et  la  plate-forme  russe  une  continuité 
absolue. 

Parmas.  Une  nouvelle  preuve  de  cette  intime  liaison 
est  d'ailleurs  formée  par  les  Par'mas,  c.-à-d.  par  ces 
plateaux  doucement  ondulés  qui  s'allongent  par  files  pa- 
rallèles sur  les  contreforts  ouraliens,  juste  en  face  du  point 
ou  la  chaîne  prend  une  allure  franchement  méridienne. 
Des  rides  de  cette  nature  représentent  ces  avant-plis  qui 
ne  peuvent  apparaître  au  pied  des  montagnes  que  quand 
en  avant  de  la  bande  plissée  s'étend  un  pays  constitué  par 
les  mêmes  éléments  (E.  Suess).  Ces  collines  pré-oura- 
liennes  ont  d'ailleurs  une  autre  signification  ;  l'une  d'elles, 
Otch  Parma,  en  divergeant  vers  le  N.-O.,  donne  nais- 
sance aularge  dos  montagneux  de  Tirman.  Or  cette  longue 
croupe,  après  avoir  fait  renaître  sur  les  bords  de  l'océan 
Glacial,  au  milieu  de  la  toundra  glacée  du  Nord,  les  traits 
fondamentaux  de  structure  des  rides  ourajiiennes,  se  re- 


courbe brusquement  au-dessus  du  golfe  de  Tcheskaïa,  pour 
venir  ensuite  se  poursuivre  transversalement  d'un  bout  à 
l'autre  de  la  presqu'île  Kanine  du  cap  Mikoulkine  au  Ka- 
ninenos,  soit  en  un  point  où  sa  brusque  terminaison  à  la 
mer  marque  tout  simplement  la  disparition  sous  les  flots 
de  la  zone  qui  la  rattachait  autrefois  aux  parties  mainte- 
nant acheminantes  du  sol  Scandinave.  C'est  là  un  fait  très 
important,  car  si  on  remarque  ensuite  que  la  chaîne  prin- 
cipale à  son  tour,  après  avoir  subi  dans  le  N.  une  brusque 
et  semblable  inflexion  vers  le  N.-E.,  sous  la  forme  Mes 
monts  rocheux  de  Pae-Khoi  (Oural  de  hara),  traverse  de 
part  en  part  l'île  de  Vaigatch,  puis  se  prolonge  dans  toute 
l'étendue  de  la  Nouvelle-Zemble  méridionale  avec  la  même 
dissymétrie  —  dissymétrie  d'autant  mieux |  accentuée 
même  (pi'une  bonne  partie  de  la  bande  orientale  s'est 
effondrée  dans  l'océan  Glacial  —  on  ne  peut  manquer 
d'en  conclure  que  les  traces  de  cett(;  poussée  ouralienne 
encadrent  complètement  le  massif  stable  de  la  Russie  et  de 
la  Scandinavie.  Ainsi  se  justifie  la  qualification  de  «  cein- 
ture du  monde  »  (Zemnoï  Poyas).  autrefois  attribuée  par 
les  Russes  à  ces  monts  (hu\als,  qui  constitue,  en  somme, 
dans  l'K.  de  l'Europe,  un  trait  orographique  des  plusim- 
])ortonts.  aussi  des  plus  anciens. 

Hisloire  de  la  chaîne.  Dès  la  fin  des  temps  carboni- 
fères, cette  ligne  se  dressait  à  cette  même  place  dessinant, 
à  peu  de  chose  près,  les  bords  d'une  mer  où  sont  venus 
se  déposer,  à  l'époque  jurassique,  les  sédiments  qu'on  ren- 
contre maintenant  encore  étalés  à  son  pied  en  couches 
horizontales,  alors  que  dans  le  dessous  apparaissent  vi- 
goureusement plissées  les  assises  primaires  qui,  de  part 
et  d'autre  d'une  bande  axiale  de  schistes  et  de  granités, 
constituent  les  deux  versants  de  la  montagne.  Nulle  preuve 
plus  convaincante  que  son  soulèvement  remonte  à  une 
date  fort  éloignée.  D'ailleurs,  pour  s'en  rendre  compte,  il 
suffit  de  voir,  sur  ses  flancs,  combien  devient  énorme  la 
masse  d'alluvions  qui  dérivent  de  sa  dégradation  progres- 
sive, en  particuHer  sur  le  côté  sibérien  où  la  chaîne  a 
perdu  de  ce  chef,  sous  l'influence  d'une  érosion  prolongée, 
la  majeure  partie  de  son  versant  oriental.  Au  pied  de  la 
falaise  qui  la  termine  si  brusquement  de  ce  côté,  les  an- 
ciens pHs  apparaissent  complètement  rabotés.  Dès  lors,  en 
présence  d'un  pays  devenu  souvent  plus  plat  que  ne  le 
sont  les  plaines  de  la  Russie,  on  s'aperçoit  aisément  que 
la  dissymétrie  si  complète  de  cette  chaîne  —  à  l'inverse 
de  ce  qui  se  passe  ailleurs  dans  les  zones  montagneuses 
plissées,  où  cette  allure  déterminée  par  la  poussée  qui  leur 
a  donné  naissance,  devient  un  fait  initial  d'ordre  purement 
tectonique  —  représente  tout  simplement  une  œuvre  pos- 
thume de  nivellement. 

C'est  qu'ici,  malgréleur  apparente  simplicité,  les  rides 
ouraliennes  résultent  d'une  singuUère  compfication  d'eff'ets, 
les  uns  très  anciens,  les  autres  de  date  relativement  ré- 
cente. Livrées  sans  défense  à  l'action  des  érosions  depuis 
le  jour  fort  éloigné  où,  dressées  dans  les  airs,  elles  avaient 
conquis  vers  la  fin  des  temps  primaires  leur  principal  re- 
lief, elles  étaient  naturellement  destinées  à  subir  le  sort 
des  zones  montagneuses  du  même  âge.  c.-à-d.  à  se  pré- 
senter rabotées  jusqu'à  la  base,  comme  il  en  est  pour  les 
anciennes  montagnes  de  la  Rretagne,  du  Massif  central, 
de  la  Rohême  et  d'ailleurs.  C'est  vraisemblablement,  du 
reste,  ce  qui  a  dû  leur  arriver  ;  mais  postérieurement  aux 
temps  tertiaires,  le  système  a  subi  dans  l'E.  un  relève- 
ment qui  lui  a  rendu  le  relief  qu'il  avait  perdu'.  A  cette 
seule  cause,  l'Oural  doit  de  se  présenter  encore  de  nos 
jours  avec  un  caractère  franchement  montagneux.  C'est  un 
vieux  relief  rajeuni  par  une  action  récente  ;  action  consé- 
cutive d'un  affaissement  qui,  sur  le  côté  sibérien,  a  per- 
mis aux  eaux  marines  tertiaires  de  venir  baigner  le  pied 
delà  chaîne,  depuis  son  extrême  N.  jusqu'à  la  Caspienne. 
Ainsi  s'explique  également,  avec  sa  forme  abrupte,  l'état 
disloqué  de  ce  versant,  où  viennent  se  concentrer,  sous 
la  forme  de  filons  métallifères,  les  plus  grandes  richesses 
minérales  de  l'Oural. 


OURAL 


—  698 


Particularités  du  régime  hydrographique.  Lacs 
transouraliens .  Dans  FOural,  riiifluence  de  la  structure 
(lu  terrain  ne  se  traduit  pas  seulement  par  le  contraste 
si  complet  qui  s'introduit  dans  l'orographie  des  deux  ver- 
sants, l'allure  des  rivières  en  porte  aussi  l'empreinte  en 
caractères  non  moins  saisissants.  Ainsi  du  côté  de  l'Asie, 
toutes  les  rivières  qui,  noml)reuses,  glissent  sur  ce  ver- 
sant remarquablement  aplani,  pour  se  i'cntlre  dans  TOb, 
s'y  succèdent  avec  un  parallélisme  frappant,  alignées  sui- 
vant une  direction  l''.-0.,  absolument  inverse  de  celle 
des  couches  plissées  du  fond,  tandis  que,  sur  le  versant 
russe  opposé,  les  cours  d'eau  affectent,  en  s'allongeant 
dans  le  fond  des  dépressions,  une  direction  méridienne  et 
la  conservent  jusqu'à  ce  que  quelque  cluse  leur  pei'mette 
de  fder  au  dehors  vers  la  Petchora.  Or,  dans  le  premier 
cas,  il  est  clair  que  ce  sont  les  cassures  transversales  du 
pays  qui,  seules,  en  exerçant  sur  le  tracé  de  ses  eaux 
courantes  une  action  franchement  directrice,  ont  pu  leur 
permettre  de  prendre  une  allure  si  peu  conforme  à  la 
constitution  du  pays.  Car,  dans  cette  course  rectiligne 
vers  TE.,  elles  recoupent  indifféremment,  sans  s'impiiéter 
de  leur  nature  ni  de  leur  direction,  aussi  bien  les  forma- 
tions éruptives  que  les  couches  plissées. 

Inversement  sur  le  versant  occidental  qui,  mieux  que 
l'autre,  malgré  les  déformations  postérieures  subies,  a 
conservé  sa  structure  ridée,  les  rivières,  au  milieu  de  cette 
succession  régulièrement  parallèle  de  remparts  escarpés 
et  de  bassins  très  allongés,  sont  restées  pleinement  adap- 
tées aux  conditions  du  milieu.  Prenant  naissance  le  plus 
souvent  sur  les  plats  sommets  marécageux  des  gramles 
croupes  qui  s'établissent  fréquemment  sur  le  trajet  de  la 
ligne  de  partage  (Oural-Taou),  ou  de  la  chaîne  culminante 
voisine,  c'est  sous  une  forme  hum])le,  serpentiue,  que  se 
fait  leur  début,  mais  bientôt  dans  le  fond  des  vallées,  oîi 
elles  descendent  rapidement,  leur  tracé  est  régularisé. 
C'est  alors  qu'on  peut  les  voir  prendre,  avec  une  réelle 
vitesse,  l'orientation  N.-S.  ainsi  que  l'allure  rectiligne 
qui  sert  à  caractériser  leur  cours  supérieur.  Sans  doute 
dans  ce  trajet  elles  ne  sont  pas  conséquentes,  c.-à-d. 
établies  en  conformité  avec  la  pente  générale  du  terrain  — 
sans  quoi  elles  prendraient  de  suite  la  direction  qui  plus 
bas  les  amène  à  se  déverser  vers  l'O.  —  Mais  partout, 
qu'elles  soient  localisées  dans  le  fond  des  synclinaux  ou 
logées  contre  le  pied  d'un  escarpement  à  bord  faille  en 
devenant  monoclinales,  comme  cela  se  passe  si  souvent  dans 
l'Oural  du  Sud  (fig.  2),  elles  sont  creusées  sur  l'eftleure- 
ment  des  assises  les  moins  résistantes.  Or  comme  ces  deux 
sortes  d'accidents,  plis  ou  failles,  affectent  la  même  orien- 
tation et  le  plus  souvent  sont  situés  dans  le  prolongement 
l'un  de  l'autre,  ainsi  s'explique  que  les  rivières  en  ques- 
tion aient  pu  donner  à  leurs  vallées  une  forme  longitudi- 
nale. Quand  elles  l'abandonnent  dans  leur  cours  moyen, 
c'est  brusquement  à  angle  droit  que  se  fait  de  suite  leur 
déviation  vers  l'E.  Des  cassures  transversales  leur  per- 
mettent alors  de  franchir  dans  de  belles  et  profondes 
cluses  les  chaînons  successifs  qui,  dans  le  principe,  les  sé- 
paraient de  la  plaine  russe.  A  cette  extrémité  de  leur 
course  sur  de  pareils  espaces  plats  naturellement,  elles 
peuvent  s'étaler  librement,  redevenir  tranquilles  et  bien 
encadrées  dans  le  fond  de  leurs  vallées,  devenu  très  plat, 
par  des  terrasses  alluviales,  puisque  alors  peut  commencer 
le  travail  de  compensation  habituel.  Quant  aux  cluses  ou- 
raliennes,  elles  sont  toujours  profondes,  tortueuses,  à 
bords  escarpés,  d'où  la  fréquence  des  rapides  sur  les  cn- 
lassements  de  blocs  tombés  de  ces  parois  ébouleuses.  De 
plus  on  les  remarque  symétriques,  les  couches  sur  les  bords 
se  faisant  exactement  pendant.  Aussi  peut-on  de  suite  en 
déduire  ce  fait  important  qu'on  se  trouve  en  présence  de 
méandres  encaissés. 

L'allure  des  vallées  sur  le  versant  sibérien  provoque 
également  quelques  remarques  intéressantes.  Elles  aussi 
s'aplatissent  au  début  dans  toute  la  traversée  des  ter- 
rains marécageux  qui  s'établissent  sur  les  avants-monts 


de  rOural-Taou,  et  ne  s'encaissent  que  quand  elles  attei- 
gnent à  leur  pied  la  pénéplaine  primaire.  Le  contraste 
est  alors  saisissant  entre  la  désespérante  uniformité  de  ce 
sol  raboté  et  la  beauté  de  ces  gorges  qu'on  s'étonne  de  voir 
s'ouvrir  de  suite  si  profondes  dans  un  sol  aussi  plat.  Des 
cascades  depuis  si  longtemps  absentes,  ne  sont  pas  rares 
sur  leurs  parois  rocheuses,  alors  que,  dans  le  bas,  la  rivière, 
sautant  de  blocs  en  blocs,  prend  une  allure  bien  torren- 
tielle. Si,  pour  un  moment,  abandonnant  la  beauté  du  pay- 
sage qui  se  développe  sous  les  yeux,  on  jette  un  regard 
sur  les  escarpements,  ce  qu'on  peut  constater,  c'est  qu'ils 
ne  sont  plus  symétriques.  Jamais  d'un  bord  à  l'autre  les 
couches  n'y  sont  plus  en  correspondance  directe  ;  à  ce 
point  même  que  souvent  la  rivière  vient  se  placer  à  la 


Fig.  ?).  —  Coupes  transversales  successives  des  vallées 
sur  le  versant  oriental  de  l'Oural.  1,  cours  supérieur, 
vallées  plates  marécageuses  ;  2,  cours  moyen,  vallées 
étroites  à  parois  rocheuses  ;  3  et  4,  coui's  inférieur, 
vallées  larges  bordées  de  terrasses  fluviales  et  tertiaires. 

jonction  d'une  roche,  éruptive  (porphyrite  ou  diabase) 
avec  des  couches  gréseuses  ou  calcaires  fortement  plissées 
(fig.  3)  qui  ne  se  prêtent  plus,  comme  les  précédentes, 
à  l'établissement  d'une  paroi  escarpée.  C'est  la  structure 
type  d'une  vallée  de  fracture  qu'on  a  alors  sous  les  yeux 
et  par  suite  un  accident  d'ordre  franchement  technique. 
Les  conditions  changent  ensuite  (piand  la  rivière  dans 
son  cours  inférieur  pénètre  dans  la  plate  zone  des  ter- 
rains tertiaires  de  la  bordure.  Devenues  très  larges,  les 
rivières  y  serpentent  en  décrivant,  au  milieu  de  leurs 
propres  alluvions.  des  méandres  les  plus  capricieux. 

Mais  la  particularité  hydrographique  la  plus  intéressante 
de  ce  versant  oriental,  c'est  le  nombre  et  la  diversité  des 
lacs  qui  s'étagent  sur  ses  pentes,  c.-à-d.  le  développement 
d'un  élément  qui  fait  complètement  défaut  sur  le  versant 
opposé.  On  les  remarque  distribués  sous  deux  aspects  très 
différents  :  les  uns,  à  fond  de  roches,  bien  encaissés  dans 
les  gneiss  ou  les  granités,  souvent  très  profonds,  toujours 
remplis  d'eau  douce  et  pourvus  d'écoulement,  sont  de 
vrais  lacs  de  montagnes  étages  sur  les  pentes  ou  dans  les 
ramifications  de  la  chaîne  ;  les  autres,  sans  profondeur 
cette  fois,  dépourvus  de  rives  sensibles  et  multipliés  à 
l'excès,  étalent  librement  leurs  eaux  saumâtres  ou  salées 
sur  des  parties  nivelées  en  représentant,  sous  cette  forme 
de  lacs  de  steppes,  les  dernières  traces  de  l'ancienne 
dépression  aralo-caspienne. 

Constitution  géologique.  Dans  1  Oural,  les  couches 
plissées,  exclusivement  primaires,  sont  précisément  faites 
de  ces  mêmes  terrains  qui,  sous  la  plaine  russe,  ont  con- 
servé, grâce  à  la  grande  stabilité  du  pays,  leur  horizon- 
talité, et  la  diminution  d'amplitude  de  ces  plis  de  ce  côté 
est  tellement  progressive  que  la  montagne  et  cette  plate- 
forme font  un  tout  continu.  Dénature  gréseuse  et  surtout 
calcaire,  ces  couches  se  répartissent  principalement  dans 
lessériesdévoniennes,  carbonifères  et permiennes.  Toutes,  à 
l'exception  de  schistes  et  de  grès  avec  houille,  qui  dans  le 


—  699  — 


OURAL 


N.,  sur  le  versant  E.,  se  rencontrent  à  la  base  du  car- 
bonifère, sont  marines,  pleinement  concordantes  et  dé- 
veloppées, quand  il  s'agit  de  ces  assises  carbonifères 
et  surtout  permiennes,  sous  ce  faciès  à  Céphalopodes 
ainsi  qu'à  grandes  Fusulines  qu'on  sait  être  éminemment 
caractéristiques  pour  ces  régions  orientales  de  l'Europe. 
Tels  sont,  sur  le  versant  occidental  de  l'Oural  du  Sud, 
les  grès  et  calcaires  célèbres  d'Artinskoùse  fait,  associée 
à  des  Goniatites  {Pronorites  Uralicus),  ainsi  qu'à  beau- 
coup de  Procluctus  carbonifériens  {P . punctatus ,  P.  Cora, 
P.  semireticulalus,  P.  aculcatus),  la  première  appari- 
tion des  Ammonitidés  représentés  par  les  genres  Medli- 
coitia,  Popanoceras,  Gastrioceras ,  Propinacoceras, 
Agathiceras,  Thalassiceras,  et  qui  sont,  par  suite,  de- 
venus, sous  le  nom  à' Arstinkien,  le  type  classique  du 
permien  inférieur  marin. 

Le  carbonifère,  très  puissant  et  tout  entier  calcaire 
dans  le  S.,  offre,  à  son  tour,  dans  l'étage  supérieur  un 
type  marin  à  grandes  fusulines  (ouralien)  tenant  la  place 
de  ces  assises  houillères  stéphaniennes  qui,  dans  la  majeure 
partie  de  l'Europe,  sont  saumâtres  ou  lacustres.  Dans  son 
plein  développement,  qui  se  fait  sous  la  forme  du  haut 
plateau  d'Oufa,  sur  le  revers  S.-O.  de  l'Oural-Taou,  on  y 
distingue  trois  faunes  marines  distinctes  superposées.  La 
plus  ancienne,  très  riche,  développée  dans  ces  calcaires 
blancs  intimement  soudés  à  ceux  d'Artinsk,  renferme  avec 
les  Fusulines  caractéristiques  {F.  longissima,  F.  Ver- 
neuilï)  des  Productus  spéciaux  (P.  transversalis,P.  Ura- 
licus,  P.  fasciatus,  etc.),  des  Céphalopodes,  Agathice- 
ras Uraliciim,  et  surtout  de  nombreux  Brachiopodes,  tels 
que  :  Chonetes  Vralica,  G.  variolata,  Desbija  grandis, 
Orthotichia  Margani,  Hustedia  remota,  lerehrataloi- 
dea  triplicata,  Camarophoria  sella,  G.  plicata,  G.  pin- 
guis,  G.  superstes,  Pugnare  Uta,  Rynchonella  granu- 
lum,  Spiriferina ornata,  SpiriferLyra,  S.rectangulus, 
Dielasma  plica,  D.  truncatum,  D.  Duhiiim,  etc.  La 
seconde,  avec  un  faciès  surtout  oolithique,  est  caracté- 
risée par  l'abondance  du  Productus  Gora  accompagné  de 
Griffithides  scitula,  Dielasma  curvatum,  Spirifer 
camerafus,  Rhipidomella  Uralica,  Productus  semi- 
striatus,  P.  longus,  P.  porrectus,  etc.  L'inférieure,  cle 
nature  coralligène,  renferme  encore  de  nombreux  Pro- 
ductus dans  des  calcaires  construits  par  SyîHngopora 
parallela,  Golumnaria  sosida,  Petadaxis  timanicus. 

En  dessous,  des  calcaires  moscofz^ns  ne  se  spécialisent, 
comme  division  moyenne,  des  précédents  aussi  bien  que  de 
ceux  qui  les  supportent,  que  par  la  présence  du  Spirifer 
mosquensis.  Dans  la  division  inférieure,  c'est  le  Pro- 
ductus giganteus  qui  remplit  ce  rôle  ;  en  même  temps, 
ces  calcaires  à  la  base,  redevenus  coralliens,  ont  pour 
organismes  constructeurs  le  Syringopora  gracilis  avec 
de  nombreux  Lithostrotion.  C'est  alors  ce  niveau  qui, 
dans  l'Oural  septentrional  subissant  un  t(f^cies  culm,  se 
trouve  représenté  par  des  grès  et  schistes  houillers  avec 
petits  lits  alternant  de  calcaires  à  Productus  giganteus. 

Le  dévonien  lui-même,  au  complet  et  très  développé, 
offre  cette  particularité  d'être  souvent  dolomitique  et  sur- 
tout d'admettre  des  bancs  de  grès  qui,  de  plus  en  plus 
développés  à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  la  base,  finis- 
sent par  prédominer  à  ce  point  que  le  dévonien  inférieur, 
comme  cela  se  passe  si  fréquemment  dans  les  autres  ré- 
gions de  l'Europe,  devient  avec  ses  grès  grossiers,  ses 
arkoses  et  ces  conglomérats  exclusivement  arénaciens;  à 
noter  l'importance  prise  au  sommet  de  ces  assises  par  de 
gros  bancs  de  quartzites  qui  prennent,  dans  les  divers 
chaînons  de  l'Oui^al  du  Sud,  un  caractère  culminant,  jouant 
dans  l'orographie  de  la  contrée  un  rôle  très  important. 
Les  dolomies  du  dévonien  supérieur  ont  pour  base  un 
niveau  argileux  intéressant,  caractérisé,  comme  les  assises 
frasniennes  de  l'Ardenne  du  même  âge,  par  Rynchonella 
cuboïdes  et  Buchiola  (Gardiola)  rétros triata.  Le  dévo- 
nien moyen  lui-même,  à  l'état  de  calcaires  noirs  ou  de 
dolomies  grises,  comprend  deux  horizons  correspondant  : 


l'un  à  Spirifer  Anossofi  aux  couches  givetiennes  à 
Stringocéphales  ;  l'auti-e  à  Pentamerus  Bachkiricus  à 
celles  eiféliennesk  Calcéoles.  Très  appauvries  sont  ensuite, 
au  point  de  vue  de  la  faune,  les  assises  arénacées  du  dé- 
vonien inférieur.  Quand  des  schistes  marneux  s'y  inter- 
calent, ils  sont  remplis  de  fines  coquilles  d'Ostracodes 
{Leperditia  Barboti) ,  de  petits  Trilobites  du  genre  Gyphas- 
pis  ou  de  Pentamères  {P.  fasciatus),  et  c'est  seulement 
quand  ils  reparaissent  qu'une  plus  grande  variété  de 
formes  peut  s'observer  ;  les  principales  espèces  sont  alors 
fournies  par  des  Céphalopodes  du  genre  Platyceras  ou 
par  des  Bivalves  du  type  rare  des  Valta  et  des  Dalila. 

Tout  autre  est  la  constitution  du  versant  oriental.  Sur 
ce  flanc  de  l'Oural  qui  fait  face  à  l'Asie,  aussi  bien 
d'ailleurs  que  dans  la  chaîne  centrale,  les  assises  précé- 
dentes, devenues  l'exception,  réduites  le  plus  souvent, 
sous  leur  forme  normale,  à  l'état  de  lambeaux  isolés,  font 
place  à  une  puissante  série  de  schistes  cristallins  consi- 
dérés par  les  géologues  russes  connue  métamorphiques. 
Multiples  en  effet  sont  au  travers  les  pénétrations  des 
roches  éruptives  fournies  aussi  bien  par  des  granités  que 
par  des  diabases  et  des  porphyrites;  puis,  comme  consé- 
quence immédiate  des  actions  de  contact  exercées,  des 
schistes  en  quartzites  feldspathisés,  des  calcaires  marmo- 
risés,  ainsi  que  la  transformation  de  la  houille  en  gra- 
phite. D'après  Tchermychev,  c'est  le  dévonien  qui,  plus 
atteint  que  les  autres,  fournirait  la  majeure  partie,  sinon 
la  totalité,  des  roches  cristallines  en  question. 

Roches  éruptives.  La  série  éruptive,  très  variée  et 
bien  complète  sur  le  versant  0.,  comprend  d'importants 
massifs  de  granité  qui,  tantôt  gneissique,  tantôt  porphy- 
roide  du  type  Rappakiri,  larde  de  ses  fdons  minces,  en 
les  rendant  métamorphiques,  les  dolomies  du  dévonien  ; 
puis  des  syénites  néphéliniques  à  mica  noir,  spécialement 
désignées  sous  le  nom  de  miascite,  dont  le  plein  dévelop- 
pement se  fait  dans  les  monts  Ilmen.  Des  ynicrogranites 
et  des  porphyres  qiiartzifères,  formant  le  cortège  habituel 
de  ces  roches  mass  ves,  sont  aussi  bien  représentés.  Mais 
ce  qui  domine  de  beaucoup,  ce  sont  des  types  basiques  repré- 
sentés par  des  gabbros  d,^Qc  serpentines  associées,  et  surtout 
par  des  diabases  et  des  porphyrites  avec  tufs  fossilifères 
subordonnés.  Intercalées  en  nappes,  en  filons,  voire  même 
en  massifs  puissants  dans  les  assises  du  dévonien  inférieur  et 
moyen,  ces  dernières  s'accompagnent  d'actions  métamor- 
phiques dont  les  diverses  phases,  bien  décrites  par 
Tchernychev,  se  traduisent  surtout,  avec  un  durcis- 
sement marqué  des  roches  au  contact,  par  un  dévelop- 
pement assez  accentué  en  leur  sein  d'éléments  cristallins, 
tels  que  le  pyroxène,  le  sphène  et  le  grenat. 

Gîtes  minéraux  et  métallifères.  En  dehors  de  ces 
types  normaux,  l'Oural  est  depuis  longtemps  célèbre  par 
le  développement  qu'y  prennent  de  curieuses  associations 
de  minéraux  capables  de  fournir  des  roches  filoniennes 
distinctes.  De  ce  nombre  figure,  par  exemple,  ce  mélange 
exceptionnel  du  corindon,  soit  avec  l'anorthite,  soit  avec 
l'orthose,  qu'on  trouve  souvent  réalisé  en  filons  minces 
dans  les  gneiss  du  versant  0.  de  l'Oural  du  Sud.  Mais  le 
centre  éruptif  de  cet  ordre  le  plus  remarquable,  c'est  ce- 
lui des  monts  Ilmen.  Placés  sous  la  dépendance  immédiate 
de  la  syénite  néphélinique,  qui  tient  une  si  grande  place 
dans  cette  chaîne,  on  n'y  compte  pas  moins  de  150  gîtes 
de  minéraux  de  cet  ordre,  tous  différents  comme  compo- 
sition et  largement  exploités,  en  raison  de  leur  richesse 
en  minéraux  contenant  des  corps  simples  rares,  tels  que  : 
zirconium.  thoî^ium,  cérium,  lanthane,  tantale,  nio- 
bium,  etc.  Parmi  les  plus  curieux  figurent  d'épais  filons 
pegmatoides  d'un  granité  vert  à  amazonite  (microcline) 
renfermant  de  la  sodafite,  de  la  cancrinite,  du  zircon  et  de 
la  fluorine,  tandis  que,  dans  leurs  cavités  drusiques,  on  peut 
recueillir,  sous  forme  de  cristaux  bien  spécifiés  et  d'une 
grande  pureté,  des  topazes,  des  émeraudes  (aigue-marine) 
accompagnées  de  tourmaline,  columbine,  samarskite, 
monazite,  helvine,  cr  y  otite,  chiolite,  etc.  Chaque  gîte  se 


OURAl.  —  OUnDlSSAGi: 


—  700 


spécialise  ensuite  d'après  le  minéral  dominant  ;  telles  sont 
les  mines  de  zircon,  depyroclilore,  d'œscliynite  et  de  topaze. 
Très  importants  aussi,  les  cptes  métallifères  obéissent, 
comme  les  roches  éruptives  du  reste,  à  deux  modes  de 
distribution  distincts  en  relation  étroite  avec  la  structure 
des  deux  versants.  Ainsi  les  gisements  stratifiés,  tels  que 
ceux  de  limonite  et  de  grés  cuprifères,  sont  étroitement 
b)calisés  sur  le  versant  russe,  tandis  que  les  gites  en  filons 
el  en  amas  se  tiennent  spécialement  surcehii  disloqué  qui 
fait  face  à  la  Sibérie.  D'oii  le  développement  qu'y  pren- 
nent de  grands  centres  industriels,  tels  que  ceux  de  Bo- 
goslovsks  et  de  Bérézovsk,  où  la  magnétite,  le  fer  chromé 
aussi  bien  que  Tor  et  le  platine  fournissent  tout  autant 
d'exploitations  fructueuses.  Oi.  Yélain. 

BiRL.  :  T.  KuPFFKR,  Voyâfie  dnnii  J'Oitrul  {!S28):  Paris, 
18'33,  in-8.  -—  F. -II  ^IÛLLi:ii.  Dpv  iKji'iAcJia  Vollisùnnni  : 
Berlin.  18.37-39.  2  vol.  (excellent  résumé  de  tonles  les  no- 
uons jusi[u'alors  ac([uir^cs  sur  la  ré,a'ion).  —  C'iiTcnou- 
Rovskv,  la  Chaîne  de  rOurnl  an  point  de  vAie  physico-géo- 
(jraphiqiie  et  mlnéraloii'uine :  Moscou,  1811  (en  russe),  avec 
8  cartes.  —  .J.  MuRciii?;o>.  de  VER^EUIL  et  K):vserlt>g. 
Rvsf<Ja  in  Europe  nnd  tlw  Urrds  monntains  :  Londres, 
1815.  2  vol.  in-4.  —  E.  IIoi  >rA>N  et  Ko\v  \lski.  Der  Nôrd- 
liche  Ural  ;  Saint-Pétersbourii-.  185G.  2  vol.  in-1.  —  Vox 
ilooiisTETTER,  Uehor  den  Ùnil  ;  Bcn-lin.  1873.  in-8.  — 
A  KoHN,  D(is  SijstPni  des  ÏJrnl.  dans  Die  Natiir,  1878. 
u'^"  13-19.  —  (r.  HiERiscii,  Dus  System  des  Ural:  Dorpal. 
1882,  in-8.  —  A.  Karpjxsky.  Recherches  géolofiiques  dnns 
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—  Kouz^ETzov,  I;i  Nidure  el  les  JhiJriturds  du  versant 
oriental  de  VOural  dii  Nord  ;  V/Mo^tVvd.  1887.  t  VI.—  Du 
même,  diverses  notes  sur  la  géoloi^-ie,  la  niétéoroloa-ie  et 
les  richesses  minérales  de  l'Oural,  dans  les  B^dl.  de  l.i  So- 
l'iété  ouralienne  d'amateurs  des  sciences  naturelles  depuis 
1810  (en  russe  et  eu  l'raneais),  —  x\.  Kakpinskv.  Versant 
oriental  de  VOural.—  Th.  Tscherxysciiew,  le  Chemin  de 
fer  de  VOiwal  (doc'innents  pour  le  couii'res  intcn-uational  de 
uéologie)  ;  Saint-Pétersbourg,  189(). 

Cartes  géologiques.  —  A.  Karpinsky.  Geologische 
Kurte  des  Ostabhanges  des  Urals,  1884. 1/420.000,3  feuilles. 

—  Carte  géologicpie  de  la  Russie  d'Europe,  éditée  par  le 
Comité  géologique,  l/2.(î00.000  ;  Saint-Pétersbourg,  1892, 
l'euilles  2  et  i.^ 

OURALIEN  (rTéol.)(V.  Permo-Carbonifère). 

OURALO-Altatouks  (Peuples)  (V.  Lingutstique  et  Races 
humaines). 

OURALITISATION  (Pétrogr.).  Modification  secondaire 
ou  diagénétique  de  l'augite  ou  d'un  pyroxène  voisin,  se 
transformant  dans  les  roches  éruptives  en  une  amphibole 
(hornblende  ou  ouralite).  Cette  transformation  se  produit 
in  situ  par  une  épigénie  grachielle  du  pyroxène,  com- 
mençant d'abord  à  la  périphérie  et  le  long  des  cassures 
accidentelles,  et  s'étendant  de  proche  en  proche  (us(|u'à 
arriver  finalement  à  une  transformation  complète  du  pyro- 
xène en  amphibole.  Cette  modification  n'est  souvent  que 
le  premier  terme  d'une  altération  plus  complète  des  pyro- 
xènes  et  est  alors  suivie  d'une  transformation  ultérieure 
en  clUorite  ;  elle  se  traduit  physiquement  par  un  verdis- 
s(Mnent  mar({ué  du  minéral  et  surtout,  au  microscope,  par 
le  remplacement  des  deux  systèmes  de  plans  de  clivage 
(•aractéristi((ues  du  pyroxène  et  se  coupant  sous  un  angle 
de  87°,  par  deux  autres  systèmes  faisant  un  angle  de 
124°  dans  les  parties  ouralitisées  (cet  angle  est  l'angle 
caractéristique  des  clivages)  des  amphiboles. 

Cette  altération  se  produit  fréquemment  dans  les  dia- 
bases,  c.-à-d.  dans  les  roches  granitoidcs  à  feldspath 
j)lagioclase  et  augite,  qui  se  transforment  de  la  sorte  en 
roches  à  plagioclase  et  amphibole,  ayant  par  suite  la 
composition  minéralogique  d'une  diorite  et  qu'on  désigne 
[)our  cette  raison  sous  le  nom  d'épidiorites. 

OURALORTHITE  (Miner.)  (V.  Epidoïe). 

OURALSK.  Ville.  —  Ville  de  Russie,  ch.-l.  d'une 
province  de  la  région  de  l'Asie  centrale,  sur  le  fleuve  Ou- 
ral, au  confluent  du  Tchagari;  27.393  hab.  (en  1893). 
Belles  et  larges  rues,  grand  parc  central  ;  iO  églises, 
3  mosquées,  2  écoles  supérieures.  Un  chemin  de  fer  la 
joint  à  Riazan.  Rriqueterie,  suifs,  savons,  chandelles,  dis- 
tillerie, brasserie  ;  grand  commerce  de  bétail  et  de  poisson. 

Province  (Omalskia-Oblasti).  —  Province  occiden- 
tale de  la  région  de  l'Asie  centrale,  auS.-E.  de  la  Russie 


d'Europe,  entre  les  monts  Ound  et  les»  mers  Caspienne  el 
d'Aral;  360.437  kil.  q.,  548.284  hab.  (en  1895),  soit 
1  1/2  par  kil.  q.  Elle  confine  à  l'E.  à  la  prov.  de  Tourgai, 
au  S.  à  la  Transcapienne,  au  N,  aux  gouvernements 
d'Orenbourg  et  Samara,  à  l'O.  à  celui  d'Astrakhan  (terri- 
toire de  la  horde  de  Roukeiev).  C'est  une  vaste  plaine  sa- 
blonneuse qui  s'abaisse  à  partir  des  contreforts  de  l'Oural, 
monts  Obchtchii-Syrt  et  Mougodjar  situés  au  N.-E..  une 
grande  partie  est  au-dessous  du  niveau  de  l'Océan  (au  S.  du 
50°lat.  X.).Ees  lacs  et  les  marécages  sahns  occupent  près 
de  4.000  kil.  q.,  plusieurs  cours  d'eau  s'y  arrêtent  (Sagys, 
Oulou-ou).  mais  les  principaux  vont  à  la  Caspienne  ;  ce 
sont  rOural  ou  laik  et  l'iùnba.  Iintre  la  Caspienne  et 
l'Aral,  la  province  possède  le  N.  du  plateau  d'Oust-Ourt. 
Le  climat  est  continental,  très  sec,  désolé  par  les  vents 
du  N.-E.  ({ui  soulèvent  de  terribles  tempêtes  de  neige  et 
détruisent  les  moissons  en  été.  La  température  estivale 
est  de  +  22°.  hivernale  —  1 4°.  —  La  population  est 
formée  de  ^iOO.OOO  Kirghis,  i  10.000  Cosaques,  de 
Tatars,  Kalmouks,  Bachkirs.  Elle  comprend  430.000  mu- 
sulmans, 56.000  chrétiens  grecs  orthodoxes,  54.000  ras- 
kolniks,  etc.  Le  X.  renferme  quelques  bois  (30.000hect.), 
le  reste  appartient  au  steppe.  900.000  becl.  à  peine 
sont  cultivés  en  blé,  avoine,  millet;  on  fait  pousser  beau- 
coup de  melons  et  de  courges,  on  a  planté  à  Gouriev  (em- 
bouchure de  l'Oural)  des  vignes  et  des  pêchers.  L'élevage 
est  la  grande  ressource  de  la  population  qui  est  encore 
en  majorité  nomade.  On  évaluait  en  1894  le  bétail  à 
320.000  chevaux,  180.000  chameaux,  409.000  bœufs. 
1.720.000  moutons,  69.000  chèvres.  La  pêche  a  une 
grande  importance  dans  la  Caspienne,  les  lacs  et  fleuves. 
L'industrie  commence  à  préparer  les  suifs,  savons,  bou- 
gies, à  tanner  les  peaux,  etc.  La  province  comprend  les 
cercles  d'Ouralsk,  Emba  (Temirskoié),  Gouriev,  Kalmykov. 

OU  RAQUE  (Embryog.)  (V.  Allantoide). 

OURATEA  (Bot.).  Genre  d'Ochnacées  (V.  ce  mot). 

OURA-  TI0UBÉ(0r«-T^;?6'').  Ville  du  Turkestan  russe, 
prov.  de  Sir-daria  ;  15.000  hab.  Double  enceinte,  cita- 
delle, 122  moscpiées,  4  médrésès,  35  écoles,  3  caravan- 
sérails. 

OURCE.  Rivière  des  dép.  de  la  Côte-d'Or  et  delà 
Haute-Marne  (V.  Cùte-d'Or,  t.  XII,  p.  1187,  et  Marne 
[Haute-I,  t.  XXIII,  p.  232). 

OURCEL-Maison.  Com.  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de 
Clermoni,  cant.  de  Eroissy  ;  235  hab. 

OURCHES.  Com.  du  dép.  de  la  Drôme.  arr.  de  Die. 
cant  de  Crest  ;  223  hab. 

OURCHES.  Com.  du  dép.  de  la  Meuse,  arr.  de  Com- 
mercy.  cant.  de  Void  ;  380  hab. 

OÙRCQ.  Rivière  des  dép.  de  V Aisne,  de  VOise  et  de 
Seine-et-Marne  (V.  ces  mots). 

Canal  de  i.'Ourco  (V.  Aisne,  t.  L  P-  1070). 

OURDE.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr.  de 
Bagnères-de-Bigorre,  cant.  deMauléon-Barousse  ;  181  hab. 

OURDEN  (L'V  Rivièi'edu  dép.  des  Landes  (V.  ce  mot. 
t   XXL  p.  867). 

OURDIS. Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyi'énées.  ;in'.  d'Ar- 
gelès,  cant.  de  Lourdes;  62  hab. 

OURDISSAGE  (Tissage).  Les  fils  qui  entrent  dans  hi 
composition  des  tissus  sont  dirigés,  les  uns  dans  le  sens 
de  la  longueur  de  la  pièce  tissée,  et  les  autres  dans  le  sens 
de  sa  largeur.  L'ensemble  des  premiers  de  ces  fils  consti- 
tue la  chaîne  (pii  doit  être  préparée,  avant  d'effectuer  le 
tissage,  par  l'opération  de  Vourdissage.  Cette  opération 
consiste  à  enrouler  autour  d'un  rouleau  d'ensoiiple  (sorte 
de  grande  bobine,  ayant  entre  ses  plateaux  une  longueur 
un  peu  supérieure  à  la  largeur  que  devra  présenter  l'étoffe 
tissée)  tous  les  fils  qui  doivent  entrer  dans  la  composition 
de  la  chaîne,  et  cela  de  manière  à  ce  qu'ils  soient  répartis 
comme  ils  devront  l'être  dans  le  tissu,  et  qu'en  outre  ils 
aient  tous  des  tensions  absolument  uniformes.  L'ourdis- 
sage se  fait  souvent  encore  à  la  main,  spécialement  dans 
le  cas  oii  les  chaînes  compliquées  se  composent  de  fils  qui 


701  — 


OURDISSAGE  —  OUKGA 


diffèrent  les  uns  des  autres  par  leur  couleur  ou  leur  gros- 
seui%  ou  leur  nature,  ou  bien  encore  lorsque  l'on  n'a  à  exé- 
cuter que  de  faibles  longueurs  de  chaînes  semblables.  Pour 
les  grandes  productions,  au  contraire,  on  procède  mécani- 
quement. 

L'appareil  dont  fait  usage  l'ourdisseur  à  bras,  désigné 
ordinairement  sous  le  nom  de  moulin  à  ourdir,  est  cons- 
titué par  un  axe  vertical  portant,  au  moyen  de  bras  hori- 
zontaux, des  lattes  qui  lui  sont  parallèles.  Cet  ensemble 
forme  comme  un  grand  dévidoir  dont  la  circonférence  cor- 
respond ordinairement  à  une  longueur  d'environ  7  m.  L'ou- 
vrier peut  le  faire  tourner,  soit  en  le  poussant  simplement 
par  ses  lattes,  soit  au  moyen  d'une  manivelle  qui  le  com- 
mande par  l'intermédiaire  d'une  corde  et  de  poulies.  A 
proximité  du  moulin  se  trouve  placé  un  cadre  ou  cantre 
dans  lequel  sont  disposées,  sur  des  broches  autour  des- 
quelles elles  peuvent  tourner  librement,  des  bobines  sur 
lesquelles  on  a  préalablement  dévidé  les  tils  qui  doivent 
entrer  dans  la  composition  de  la  chaùie.  Chacune  de  ces 
bobines  rontient  une  longueur  convenable  de  l'un  de  ces 
tils.  La  répartition  des  bobines  dans  le  cadre  dépend  delà 
composition  de  la  chaîne  ;  leur  nombre  est  ordinairement 
compris  entre  quarante  et  cinquante  environ. 

L'ourdisseur,  après  avoir  passé  les  tils  qui  proviennent 
de  ces  bobines  dans  les  trous  d'un  guide  spécial,  qui  per- 
met d'en  bien  surveiller  la  marche,  les  rassemble  tous  de 
manière  à  en  former  une  sorte  de  boudin,  qu'il  attache  à 
une  cheville  fixée  en  un  point  du  moulin.  11  fait  ensuite 
tourner  ce  moulin,  en  déplaçant  en  même  temps  le  guide 
et  détermine  ainsi  l'enroulement  des  fds,  qui,  tous  dans 
des  conditions  identiques  de  longueur  et  de  tension,  se  dis- 
posent autour  du  moulin,  suivant  une  hélice  réguHère, 
allant  du  haut  vers  le  bas  de  l'appareil,  et  formant  un 
nombre  de  tours  qui  dépend  de  la  longueur  de  la  chaîne. 
Il  arrête  alors  ces  tils  en  les  attachant  à  une  seconde  che- 
ville fixe  disposée  au  point  nécessaire,  puis  recommence 
de  la  même  manière  à  opérer  pour  les  fils  qui.  dans  la 
chaîne,  devront  prendre  rang  après  les  premiers  ourdis, 
en  les  disposant  exactement  à  coté  d'eux.  Il  continue  jus- 
(|u'à  ce  que  tous  les  fils  de  la  chaîne  soient  ainsi  rassem- 
blés. —  L'ordre  dans  leipiel  les  fils  doivent  se  succéder 
est  indiqué  par  l'ouvrier  au  moyen  de  croisures,  dis- 
])osées  vers  le  commencement  et  vers  la  fin  de  la  chaîne. 
Ces  croisures  se  font  au  moyen  de  deux  chevilles  disposées 
à  côté  de  celles  auxquelles  sont  attachés  les  fils.  Le  pre- 
mier fd  est  passé  sur  la  première  et  sous  la  seconde  de 
ces  chevilles,  le  second  fil  suit  une  marche  inverse  et  passe 
sous  la  première  et  sur  la  seconde  cheville,  et  ahisi  de 
suite.  Tous  les  fils  se  croisant  ainsi  entre  les  chevilles 
ne  peuvent  plus  se  déplacer  les  uns  par  rapport  aux 
autres,  et  il  suffit,  avant  de  descendre  la  chaîne  du  moulhi, 
de  passer  des  ficelles  à  la  place  des  chevilles,  pour  qu'il 
soit  loujoui's  facile  de  reprendre  les  fils  dans  l'ordi'c 
suivant  lequel  l'ourdisseur  les  a  disposés.  La  chaîne  ourdie 
se  déroule  du  moulin  sous  forme  d'une  sorte  de  boudin, 
dans  lequel  tous  les  fils  sont  bien  régulièrement  rangés. 
Il  suffit  alors,  pour  les  enrouler  autour  du  rouleau  d'en- 
souple,  de  passer  ces  fds  dans  les  dents  d'un  peigne 
(ou  ros),  puis  d'en  fixer  les  extrémités  au  rouleau,  que 
l'on  fait  tourner  en  maintenant  le  peigne  dans  la  position 
convenable  pour  les  diriger,  et  en  retenant  la  chaîne 
pour  donner  aux  fils  une  bonne  tension.  (]e  dressage  de 
la  chaîne  se  fait  quelquefois  sur  le  métier  à  tisser  lui- 
même,  ou  bien  il  s'opère  sur  un  appareil  spécial. 

Pour  l'ourdissage  mécanique,  on  fait  usage  de  cadres 
renfermant  un  beaucoup  plus  grand  nombre'  de  bobines 
(souvent  de  500  à  600).  Les  fds  qui  proviennent  de  ces  bo- 
bines sont  passés  entre  les  dents  d'un  peigne,  qui  les 
amène  à  former  une  nappe  d'une  largeur  égale  à  celle  de 
la  chaîne.  Ils  sont  ensuite  hxés  tous  au  rouleau  autour  du- 
quel ils  doivent  être  enroulés,  et  qui,  pour  cela  repose  sur 
un  tambour  animé  d'un  mouvement  régulier  de  rotation. 
La  machine  se  complitpie  en  raison  do  l'oldigation  oîi  l'on 


se  trouve  de  rattacher  tous  les  fils  qui  arrivent  à  se  briser 
pendant  le  travail.  L'ouvrière,  qui  surveille  constamment 
la  marche  des  fds,  en  observant  soit  la  nappe  qu'ils  for- 
ment, soit  le  mouvement  des  bobines,  arrête  la  machine 
aussitôt  qu'elle  s'aperçoit  d'une  rupture  ;  mais,  pour  effec- 
tuer la  rattache,  il  faut  qu'elle  déroule  la  longueur  qui 
s'est  enroulée  depuis  le  moment  où  cette  rupture  s'est  pro- 
duite. A  cet  effet,  le  tambom'  moteur  est  pourvu  d'une 
double  commande  correspondant  l'une  à  la  marche  en 
avant  et  l'autre  à  la  marche  en  arrière.  Pendant  que  le 
déroulement  s'opère,  l'ouvrière  maintient  l'ensemble  des 
fils  régulièrement  disposé  et  tendu,  en  plaçant  sur  la  nappe 
qu'ils  forment  des  baguettes  qui  abaissent  cette  nappe 
entre  d'autres  tringles  qui  la  soutiennent  par  le  bas.  11 
faut  que  le  travail  se  fasse  avec  soin  pendant  la  descente 
de  ces  tringles,  ainsi  que  pendant  qu'elles  se  relèvent  lorsque 
recommence  le  inouvement  en  avant  après  la  rattache  faite. 
Dans  les  machines  ordinairement  employées,  la  chute  des 
baguettes  est  pi'oduite  automatiquement!^  aussitôt  que  l'on 
détermine  la  marche  en  arrière.  Dans  les  tissages  de  coton 
l'on  fait  souvent  usage  d'ourdissoirs  à  casse-fils,  dans  les- 
quels la  rupture  de  l'un  quelconque  des  fils  détermine 
immédiatement  l'arrêt,  pour  permettre  la  rattache.  Ces 
machines,  quoique  simples  en  principe,  sont  d'un  fonc- 
tionnement délicat  et  ne  conviennent  ni  aux  fUs  troj) 
duveteux  de  la  laine,  in  à  ceux  trop  raides  du  lin. 
Chacun  des  rouleaux,  ourdis  comme  nous  venons  de  le 
dire,  ne  contient  qu'une  partie  de  la  chaîne  entière  que 
l'on  répartit  ordinairement  sur  six  ou  huit  rouleaux  sem- 
blables. La  réunion  sur  le  rouleau  d'ensouple  définitif  se 
fait,  soit  par  une  opération  spéciale,  soit  au  moment  de 
V encollage  (V.  Apprêts,  ^Encollage)  owparage,  lorsque 
ces  opérations  sont  nécessaires. 

Dans  le  cas  des  chaînes  de  couleur  présentant  des  effets 
de  rayures  variées,  on  fait  quelquefois  usage  de  machines 
dans  lesquelles  la  nappe  de  fils,  formée  d'abord  comme 
nous  venons  de  le  dire,  est  ensuite  rétrécie  par  un  second 
peigne,  de  manière  à  s'enrouler  autour  d'une  sorte  de 
disque  dont  la  largeur  n'est  égale  qu'au  quart,  au  sixième 
ou  huitième  de  celle  de  la  chaîne,  laquelle  est  ensuite  for- 
mée par  la  juxtaposition  d'un  nombre  convenable  de  ces 
disques.  La  répartition  des  fils  présente,  en  opérant  ainsi, 
plus  de  facilités  (jne  dans  le  cas  précédent,  oli  le  premier 
fil  de  la  chaîne  se  trouve  sur  le  premier  rouleau,  le  second 
sur  le  deuxième  et  ainsi  de  suite.  P.  Goguel. 

OURDISSOIR  (Tissage)  (V.  OLarnssAOE). 
OUROON  (Ling.)  (V.  Inde,  t.  XX,  p.  70^2). 
OU R DON.  Com.   du  dép.   des  Hautes-Pyrénées,   arr. 
d'Argelès,  cajit.  de  Lourdes  ;  00  hal). 

OURÉGA.  Pays  de  l'Afrique  équatori aie.  Etat  du  Congo, 
compris  entre  Féquateur  et  40'^Iat.  S.,  28«et!27o  long.  E., 
limitrophe  des  lacs  Tanganyika  et  Albert-Edouard,  et  du 
Congo,  de  Xyangoué  aux  rapides  de  Stanley  Falls,  arrosé 
par  les  affl.  du  Congo  (Elda,  Ouhndé,  Lova,  riv.  de  Léo- 
pold  11) .  11  est  partagé  entre  les  forêts  vierges  et  les  sa- 
vanes. 

OU  REM.  Ville  du  Portugal,  prov.  d'Estremadure,  à 
47  kil.  N.  de  Santarem;  4.000  hab.  Ancien  château  des 
comtes  d'Ourem.  Vins  renommés. 

OURFA  ou  ROUHA  (autrefois  Édesse).  Ville  de  Syrie, 
ch.-l.  d'un  sandjak  du  vilayet  d'Alep,  sur  le  Karatchai, 
affl.  dr.  de  l'Euphrate  ;  oO.OOO  hab.,  dont  un  quart  chré- 
tiens. l'Aêché  arménien.  Imposante  enceinte  ancienne, 
vieux  château  bâti  au-dessus  de  catacombes;  20  mosquées, 
parmi  lesquelles  celle  d'Abraham,  au  lieu  où  la  légende 
place  le  sacrifice  d'Isaac  ;  étang  peuplé  de  poissons  sacrés. 
On  y  fabrique  beaucoup  de  cotonnades.  C'est  l'Édessc 
antique. 

0 URG A  (chinois /ùu-ZowH,  mongol  Bogdo-Kouren). 
Ville  principale  do  la  Mongolie,  province  de  Touchetou- 
Khan  (empire  chinois),  située  à  4.160  m.  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer,  près  de  la  rivière  Tola,  sous-affluent 
(par  l'Orkhon)  de  la  Sélenga,  qui  se  jette   dans  le  lac 


OURGA  -  OUROCH 


702 


Baïkal  ;  15.000  hab.,  aux  deux  tiers  lamas.  Résidence  du 
Koutoukhta,  grand  prêtre  des  bouddhistes  mongols.  A 
i'  kil.  est  la  ville  chinoise  (Maimatchin),  peuplée  de 
10.000  âmes,  dont  3.000  Mongols.  Il  s'y  tient  deux 
grandes  foires  annuelles  en  juil.  et  sept.,  la  seconde  attire 
;200.000  personnes,  dont  beaucoup  de  pèlerins.  Les  Russes 
y  ont  placé  en  1871  un  corps  de  troupes  pour  protéger 
leurs  marchands.  A  Ourga  passe  la  grande  voie  de  com- 
munication qui  se  détache  à  Sair-Oussou  du  chemin  de 
Peking  à  Ouliassoutai  pour  aller  en  Sibérie  aboutir  à 
Novyi  Selenginsk,  au  bord  de  la  Sélenga  (V.  Mongolie). 

OURGHENDJ.  Ville  du  Turkestan,  khanat  de  Khiva, 
sur  un  canal  dérivé  du  Chah-Abad,  affl.  de  l'Amou-daria; 
3.000  hab.  Centre  commercial. 

0UR60UB.  Ville  de  Turquie  d^Vsie,  viiayel  de  Konieh, 
sur  la  route  de  Constantinople  à  Kaisariéh  ;   6.000  hab. 

OURGOUT.  Ville  du  Turkestan  russe,  cercle  de  Zaraf- 
chan,  à  1.124  m.  d'alt.  ;  6.000  hab.  33  mosquées. 

OU  RI  (Alphonse-Antoine-Joseph),  peintre  français,  né 
à  Versailles  en  1828,  mort  le  6  août  1891.  Elève  de  De- 
lacroix. Son  œuvre  la  plus  importante  est  la  décoration 
des  chapelles  absidales  de  l'église  Saint-Ambroise  à  Paris. 
Il  avait  décoré  le  salon  vert  du  palais  des  Tuileries  ;  on 
citera  encore  ses  peintures  de  l'hùtel  Fould  et  du  Jockey- 
Club. 

OURIANKHS  (E  thn .  ) .  Ce  nom ,  plus  géographique  qu'eth- 
nique, a  été  introduit  dans  la  langue  par  les  Russes  qui 
l'ont  emprunté  aux  Chinois.  Il  désigne  les  petites  popu- 
lations de  la  région  montagneuse  comprise  entre  TAltai 
et  le  S.  du  Baïkal.  Parmi  elles  sont  des  débris  do  peuples 
refoulés  par  les  Tou-Kiou  de  l'Altaï  d'abord,  et  par  les 
Ouigours  de  l'Orkhon.  On  a  supposé  qu'on  retrouverait 
parmi  elles  notamment  des  restes  de  Finnois,  comme  les 
Osiiaks  (V.  ce  mol),  d'après  d'anciennes  idées  (V.  Cas- 
tren).  Les  Kien-Kun  des  Chinois  qui  occupaient  le  pays 
sont,  en  effet,  des  Kirghis  de  souche  finnoise.  Soumis  sous 
le  nom  de  Kemkemdjoutes  par  Djengis  Khan,  ils  se  sont 
plus  ou  moins  fondus  avec  les  Ouigours.  Les  restes  des 
uns  et  des  autres,  absorbés  en  partie  par  le  peuple  soïote 
(V.  ce  mot),  forment  avec  des  Kalmouks  le  groupe  ou- 
riankh.  Zaborowski. 

BiDL.  :  Zauorowski,  Kieii-Kiin,  OiiricUikhs,  Soioles,  cl(\, 
clans  Rcv.  Ecole  Antli.^  1898,  p.  o53. 

OURIM  et  THUIVIIVIIN  (c.-à-d.  lumière  et  perfection). 
Sorts  sacrés  au  moyen  desquels  le  grand  prêtre  juif  con- 
sultait la  divinité.  Graetz  {Jùd.  Gesch.,  note  20  du  t.  I) 
])ense  qu'il  s'agit  des  douze  gemmes  de  la  cuirasse  du 
graud  prêtre. 

OU  RI  QUE.  Ville  du  Portugal,  prov.  d'Alemtejo,  aux 
sources  du  Sado;  4.000  hab.  En  1139,  les  Maures  y 
essuyèrent  une  défaite  décisive.  Alphonse-Henri  prit  le 
titre  de  roi  avant  la  bataille. 

OURIR.  Oasis  du  dép.  de  Constantine,  à  88  kil.  S.-E. 
de  Biskra,  près  du  chott  Melrir,  fertilisée  par  les  puits 
artésiens  forés  à  partir  de  1864.  Marabout  de  Sidi-Makfi 
(pèlerinage). 

OURiYA  (Ling.)  (V.  Ixde,  t.  XX,  p.  702). 

OURJOUM.  Ville  de  Russie,  gouvernement  de  Viatka, 
chef-lieu  de  district,  sur  YOurjoiimka  (bassin  du  Volga). 
4.423  hab.  (1897).  Distilleries.  Deux  foires.  Sa  fondation 
remonte  à  1584;  elle  devait  servir  primitivement  de  rem- 
part contre  les  Tchérémisses.  —  District  11.433  kil.  q. 
et  291.466  hab.  (1897). 

OURLANA.  Oasis  du  dép.  de  Constantine,  entre  Biskra 
(à  144  kil.)  etTouggourt.  Puits  artésiens. 

OURLES  (Pathol.)  (V.  OREn.Loxs). 

OURLET  (Techn.).  Par  analogie  avec  l'opération  qu'on 
fait  subir  à  rétolfc  en  la  repliant  sur  ses  bords  pour  l'em- 
pêcher de  s'effranger,  on  donne  le  nom  d'ourlet  au  rei)liage 
de  la  bordure  d'une  ])ande  de  métal  de  faible  épaisseur 
pour  augmenter  sa  rigidité  ou  permettre  son  agrafage  avec 
une  autre  pièce.  Les  gouttières  en  zinc  et  certaines  pièces 
de  couverture,  par  exemple,  sont  garnies  d'un  ourlet.  C'est 


ce  procédé  qui  permet  également  la  fabrication  de  certains 
tuyaux  métalliques  flexibles.  E.  Maglin. 

OU RLIAC  (Edouard),  littérateur  français,  né  à  Car- 
cassonne  le  31  juil.  1813,  mort  à  Paris  le  31  juil.  1848. 
Il  débuta  à  vingt  ans  par  deux  romans  :  l'Archevêque  eL 
la  Pro testante  (1832)  et  Jeaniie  la  Noire  (1833);  il 
fréquentait  Gérard  de  Nerval,  Th.  Gautier,  Arsène  Hous- 
saye,  les  spirituels  bohèmes  de  l'impasse  du  Doyenné  ;  sa 
gaieté,  son  talent  d'acteur  et  sa  verve  d'arlequin  égayaient 
ce  jeune  monde  littéraire.  Il  écrivit  au  Figaro  et  composa 
pour  le  Journal  des  Enfants  des  parades  en  prose  et  en 
vers  qui  eurent  un  vif  succès  :  on  peut  citer  son  Théâtre 
du  seigneur  Croquignole.  En  1840,  il  publia  la  Con- 
fession de  Nazarille,  pastiche  de  Scarron  et  de  Swift; 
puis  un  roman,  Suzanne,  sa  meilleure  œuvre;  il  se  lia 
à  cette  époque  avec  Balzac  (on  a  même  prétendu  que  le 
second  acte  de  Vautrin  est  de  lui)  et  écrivit  des  nou- 
velles pleines  de  sensibilité,  telles  que  J^F''  de  La  Char- 
naye  et  Hubert  Talbot.  Un  mariage  peu  heureux  lui  fit 
perdre  toute  sa  gaieté  :  il  entra  à  V Univers  et  rédigea 
une  revue  littéraire  et  dramatique  non  sans  fanatisme  re- 
ligieux ;  comme  l'a  dit  Balzac,  «  il  retourna  l'ironie  de 
Candide  contre  la  philosophie  de  Voltaire  ».  Malade  delà 
poitrine,  il  séjourna  en  Italie  et  revint  mourir  à  Paris, 
âgé  de  trente-cinq  ans.  Ourliac  est  une  physionomie  cu- 
rieuse de  l'homme  de  lettres,  et  sa  réputation  n'a  pas 
répondu  exactement  à  son  talent.  On  peut  citer  encore  de 
lui  :  les  Contes  du  bocage  (1843);  les  Garnaches, 
Brigitte,  les  Contes  de  la  Famille  (iS6ù)  ;  Cotites  scep- 
tiques e t  p  hilosop  hiq  u es  (1865). 

BiiiL  :  Ch.  MoxsELET,  Ourluic,  dans  llcriie  de  Paris, 
1855. 

OURMIA.  Lac  (Chdhou  des  Turcs,  Aa/mUa  des  Armé- 
niens, Matianus  de  Ptolémée).  —  Lac  salé  de  Perse,  prov. 
d'Aderbeidjan,  à  l'O.  de  Tebriz  et  1.330  m.  d'alt.,  long 
de  130  kil.,  du  S.  au  N.,  large  de 20  à  40  kil.,  embras- 
sant six  Iles  et  une  cinquantaine  d'ilôts.  C'est  un  bassin 
sans  écoulement  visible,  alimenté  par  14  rivières,  dont 
l'Adji-tchaï  qui  passe  à  Tebriz,  le  Gader,  le  Tatava,  le 
Djagatou  au  S.  senties  principales.  La  profondeur  maxima 
est  de  14  m.,  souvent  die  tombe  à  1  m.  ou  l'^^,50. 

Ville.  —  Ville  de  Perse,  à  20  kil.O.  du  lac,  dans  une 
fertile  plaine  alluviale;  32.000  hab.  dont 28.000  chiites 
en  majorité  de  race  turque,  le  reste  sunnites,  juifs,  armé- 
niens, ou  nestoriens.  Evêché  nestorien.  S(rurs  de  Saint- 
Vincent  de  Paul;  lazaristes, 

OURO  (Rio).  Golfe  de  la  côte  0.  d'Afrique,  entre  le 
cap  Bajador  et  le  cap  Blanco.  Ce  nom  portugais  vient  des 
traitants  qui,  en  1442,  y  achetèrent  de  la  poudre  d'or. 
Les  anciens  géographes  y  firent  aboutir  un  fleuve  imagi- 
naire venant  du  centre  de  l'Afrique.  Factorerie  espa- 
gnole de  Villa  Cisneros  à  PO.  de  cette  baie,  oabritée  par 
la  presipi'de  sablonneuse  d'Ed-Daila,  mais  obstruée  par 
une  barre. 

0UR0B0R08  (Alchim.).  Le  serpent  ou  dragon  qui  se 
mord  la  queue  est  un  symbole  égyptien.  Les  alchimistes 
l'ont  pris  comme  signe  de  l'œuvre,  qui  n'a  ni  commence- 
ment ni  fin,  et  de  l'unité  de  la  matière  (av  lo  ;Tav).  Sa  figure 
reparaît  dans  la  Chrysopée  de  Cléopdtre  et  dans  la  plu- 
part des  manuscrits  grecs.  M.  B. 
BiJîL.  :  :vl.  Bertiielot,  Origines  de  VAlcJnmie. 

OUROCH.  Nom  porté  par  plusieurs  princes  serbes  de  la 
dynastie  do  Xemanïa  (1 169-1 371  ),  Etienne  Ouroch  P^"  (1 243- 
76),  Etienne  Ouroch  fl  Miloutine  (1282-1321).  Etienne 
Ouroch  III  Detchanski  (1321-31),  Etienne  Douchan  Ou- 
roch IV,  le  Grand,  roi  (1331-45)  et  empereur  (1345-55), 
julienne  Ouroch  V,  empereur  (1355-71).  Tous  ces  princes 
portaient  le  titre  de  roi  (kral).  Etienne  Douchan  Ouroch  IV 
prit  le  premier  le  tiîre  d'empereur  (tsar).  En  1346,  il 
avait  confère  à  son  fils  f^tienne  Ouroch  V  le  titre  du  roi, 
que  celui-ci  porta  jusqu'à  son  avènement  au  trône  (V.  Nk- 
MANIA).  Parmi  tous  ces  princes,  le  seul  qui  eut  des  rela- 
tions avec  la  France  fut  Etienne  Ouroch  H  Miloutine. 


703 


OIROCH  —  OURS 


Quand  Charles  de  Valois  voulut  faire  valoir  sur  l'empire 
de  Constantinople  les  droits  de  sa  femme  Catherine  de 
Courtenay,  il  chercha  des  alliés  partout.  Ouroch  II  crut 
avantageux  de  faire  alliance  avec  Charles.  De  cette  façon, 
il  allait  garantir  toutes  les  conquêtes  qu'il  avait  faites  sur 
cet  empire.  Les  ambassadeurs,  qu'il  envoya  à  Charles  de 
Valois,  devaient  se  rendre  auprès  de  Clément  V  et  lui 
faire  la  proposition  formelle  de  recevoir  leur  roi  sons  sa 
protection.  Le  pape  accepta  et  accrédita  auprès  d'Ouroch 
des  légats  qui  reçurent  le  droit  d'accorder  des  dispenses 
aux  membres  du  clergé  de  Serbie.  Les  ambassadeurs  du 
roi  de  Serbie  n'eurent  pas  moins  de  succès  auprès  de 
Charles  de  Valois.  Presque  à  la  même  époque  (27  mars 
4308),  il  fut  conclu  un  traité  d'offensive  et  de  défensive 
entre  les  deux  princes,  traité  qui  était  dirigé  surtout 
contre  l'empereur  de  Constantinople.  Le  roi  de  Serljie 
céda  en  outre  en  Macédoine  quelques  territoires  à  Charles 
de  Valois.  Ces  rapports  d'Ouroch  II  avec  le  pape  et  Charles 
de  Valois  n'eurent  pas  de  suite.  Car  ce  dernier,  après  la 
mort  de  sa  femme,  transporta  tous  ses  droits  à  l'I'jnpire, 
à  sa  fille  aînée,  femme  de  Philippe  de  Tarente.  qui  n'était 
pas  dangereux  pour  le  roi  de  Sci'bie  et  qui  ne  pouvait  lui 
être  utile.  M.  Gavrii.ovitcu. 

BiBL.  :  DucAîsGE,  Rec:  de  diverses  chartes  (pp.  59-63),  à 
la  suite  do  rilist.  cJe  l'Empire  de  Constantinople  ;  Paris, 
1657,  in-fol.  —  Glasnik  de  la  Société  bavante  serbe  ;  Bel- 
grade, 1870,  iii-8.  —  Regestriun  Clementis  papie  V  ; 
Rome,  1886,  in-foi.  -  -  Bih.  Ec.  Chartes,  1873  et  1890.  — 
Mas  Latrie,  les  Rois  de  Serbie;  Paris,  1888,  iii-8.  — 
Joseph  Petit,  Essai  sur  Charles  de  Valois  (1270-1325), 
dans  Posit.  des  thés,  de  l'Ec.  nat.  Chartes,  1898,  etc. 

OURO  PRETO.  Ville  du  Brésil,  fondée  par  des  mineurs 
portugais  vers  le  milieu  du  xvi*^  siècle.  Elle  devint  capitale  de 
la  province  de  Minas  Geraes  pendant  la  durée  de  l'empire. 
jCentre  de  l'exploitation  des  filons  aurifères  de  la  région, 
OuroPreto  avait  été  construite  au  hasard  de  la  disposition  des 
affleurements  d'or  pour  les  besoins  momentanés  des  cher- 
cheurs du  métal  précieux  ;  dans  beaucoup  déniaisons,  l'en- 
trée des  galeries  formait  en  quelque  sorte  les  caves.  Lnîre 
l'église  San  Francisco,  comprise  dans  le  rayon  urbain  à 
1.300  m.  d'alt.,  et  la  station  de  rembranchcmcnt  du 
chemin  de  fer  central,  la  différence  de  niveau  est  de  180  m. 
Cette  construction  défectueuse,  avec  des  rues  imprati- 
cables, au  flanc  d'une  montagne  à  pente  très  raide,  domi- 
nant une  gorge  étroite,  décida  le  gouvernement  eskidoal 
à  transférer  son  siège  à  Bello  ÎIorLionte,  actuellement 
appelée  Cidade  de  Minas.  Un  emplacemejit  égal  à  celui 
qu'il  possédait  dans  l'ancieinie  capitale  a  été  offert  à  litre 
gratuit  à  chaque  habitant  d'Ouro  Preto  dans  la  nouvelle 
ville.  —  L'empereur dom  Pedro  II  avait  fondé  à  OuroPreto 
(311  kil.  du  groupe  diamantifère  de  Diamantina)  une  très 
importante  école  des  mines  où  professaient  des  maîtres 
fr^mçais  :  MM.  Gorceix  (école  normale),  ïhiré  (école  po- 
lytechnique), de  Beauvais  (école  des  mines),  etc.  A  citer 
aussi  une  école  de  pharmacie  remarquable  par  ses  cours 
de  botanique;  une  prison  centrale,  modèle  du  genre; l'an- 
cien palais  des  présidents  ;  château  fort  portugais  (xvi^s.)  ; 
le  monument  élevé  à  la  mémoire  de  Tiradentes,  célèbre 
agitateur  du  dei'nier  siècle  exécuté  par  les  autorités  colo- 
niales, etc. 

OURO-PRETO  (Vicomte  d')  (V.  Celso  [Affonso]). 

OUROUA  (Peuple)  (V.  Coxgo,  t.  XII,  p.  414). 

OU  ROUER.  Com.  du  dép.  de  la  Nièvre,  arr.  de  Nevers, 
cant.  de  Pougues  ;  508  hab. 

OUROUER-LES-BouRDELL\s.  Com.  du  dép.  du  Cher, 
arr.  de  Saint-Amand-Mont-Bond,  cant.  de  Nérondes; 
1.517  hab. 

OUROUKI  ou  BOUROUKL  Bivière  de  l'Etat  libre  du 
Congo  (Afrique  équatoriale),  affluent  gauche  du  Congo. 

OUROUMTSL  Ville  de  laDzoungarie  (empire  chinois), 
ch.~I.  de  la  prov.  de  Sintsiang,  à  515  kil.  E.  deKouldja, 
située  dans  les  monts  Bogdo-Ola,  sur  le  Tsin-Choui  ou 
Arkhatou,  rivière  qui  naît  dans  lo  massif  des  Thian-Chan 
et  qui  va  se  perdre  dans  les  déserts  sablonneux  qui  se 
trouvent  au  N.  C'est  une  position  slratégii^ue  de  premier 


ordre  commandant  la  seule  route  praticable  aux  gros  trans- 
ports et  à  l'artillerie  lourde,  qui  mène  de  la  Ozoungarie 
vers  le  Turkestan  chinois,  du  Thian-Chan-Pé-Lou  au 
Nan-Lou  (V.  Mongolie  et  Tuukestan).  Ce  fut  la  capitale 
des  princes  turcs  Ouigours  et  du  royaume  dit  de  la  Penta- 
pole  (Bichbahk).  Elle  comptait,  dit-on,  200.000  âmes  au 
début  du  XIX®  siècle,  mais  la  population  fut  égorgée  par 
les  Dounganes,  exterminés  eux-mêmes  par  les  Chinois. 
Elle  est  réduite  à  30.000,  d'autres  disent  à  10.000  per- 
sonnes. C'est  le  centre  de  l'administration  chinoise  du 
Turkestan.  —  iVuprès  sont  une  célèbre  solfatare  et  des 
sources  thermales  sulfureuses. 

OUROUNDL  Pays  de  l'Afrique  équatoriale,  partagé 
entre  l'Allemagne  et  l'Etat  du  Congo,  au  N.  et  N.-E.  du 
lac  Tanganyika,  arrosé  par  le  Bouzizi,  tributaire  de  ce  lac, 
et  le  Kaghera,  tributaire  du  lac  Victoria  Nyanza. 

OUROUNG-Kach  ou  KHOTAN-Daiua  (V.  Tarim). 

OUROUNGOU  (Ouloungou).  Pays  de  l'Afrique  orien- 
tale, au  S.  du  lac  Tanganyika,  partagé  entre  l'Allemagne 
et  l'Angleterre.  L'ait,  moyenne  est  de  1.000  m.,  le  chmat 
sain.  Il  renferme  Katébc,  le  meilleur  port  du  lac.  Les 
Ouaroumjous  ou  Baloungous  ont  presque  le  même  angle 
facial  que  les  Européens. 

OUROUNGOU.  Bivière  de  Dzoungarie  (empire  chinois) 
qui  forme  le  lac  Tchagan  et  Tsitsik,  avant  définir  dans  le 
lac  Ouloungou;  600  kil.  de  long,  100  m.  de  large. 

OUROUP  (Ile)  (V.  Kouriles). 

OU  ROUF.  Rivière  de  Bussie,  affl.  g.  du  Kouban, 
dans  la  province  du  Kouban.  Prend  naissance  dans  le 
Caucase,  coule  d'abord  au  fond  d'une  gorge  étroite  et  cou- 
verte de  forêts.  A  partir  de  la  rivière  Psechek  (son  affluent 
gauche),  sa  vallée  devient  large  et  présente  de  beaux  pâ- 
turages. L'Ouroup  se  dirige  du  S.  au  N.-E.,  reçoit  le  Bol- 
choï  Teyhen  et  le  Malyi  Teijhen,  et  coule  jusqu'à  son 
embouchure  au  N.-N.-O.  Plus  de  192  kd.  de  longueur. 
Célèbre  par  la  victoire  du  prince  Eristof  sur  les  monta- 
gnards en  1851. 

OUnOUP k^\ k  {Ourouparia  Aubl.).  Cenre  de  Bubia- 
cées,  composé d"arbustes  malais,  voisins  des  Naiiclea,  dont 
ils  ont  l'inflorescence  en  faux  capitules,  avec  une  corolle 
tubuleuse,  infundibuliforme,  portant  5  étamines.  Le  fruit 
est  une  capsule  polysperme  ;  les  graines  ont  une  aile 
simple  en  bas,  bifide  en  haul.  L'espèce  principale  est 
VO.  Gambir  II.  Bn.,qui  produit  le  Gambier  (V.  ce  mot), 
concurremment  avec  VO.  acida  IL  B.  Le  premier  est  cul- 
tivé dans  l'Inde,  et  on  emploie  surtout  les  feuilles  et  les 
branches  jeunes.  \y  L.  IL\. 

OU  ROUX.  Com.  du  dép.  de  la  Nièvre,  arr.  de  Château- 
Chinon,  cant.  de  Montsauche  ;  2.565  hab. 

OU  ROUX.  Com.  du  dép.  duBhône,  arr.  de  Villefranche, 
cant.  de  Monsols  ;  841  hab. 

OUROUX-sous-l!>Bois-Saixte-Mahie.  Com.  du  dép.  de 
Saùne-et-Loire,  arr.  do  CharoUes,  cant.  de  La  Clayette  ; 
260  hab. 

OUROUX-sur-Saôxe.  Com.  du  dép.  de  SaOne-et-Loire, 
arr.  de  Chalon,  cajit.  de  Saint-Germain-du-Plain  ; 
1.868  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  Lyon. 

0  U  RS.  L  Zoologie.  —  Genre  de  Mammifères  carnivores, 
type  delà  famille  des  Ursidœel  présentant  les  caractères 
suivants  :  42  dents  ;  les  vraies  molaires,  au  nombre  de  2 
en  haut  et  3  en  bas,  ont  une  couronne  munie  de  tuber- 
cules larges  et  aplatis.  Ordinairement,  les  trois  premières 
prémolaires  aux  deux  mâchoires  sont  rudimentaires  et 
souvent  caduques.  La  quatrième  prémolaire  supérieure 
(carnassière)  n'a  pas  de  troisième  racine  (interne).  La 
formule  dentaire  type  est  la  suivante  : 


I. 


1  4        2 

,C.-r,Pm.-r,M.T7 

1  4        o 


2  =  42  dents. 


Il  existe  un  canal  ali^phénoïde  ;  le  crâne  a  les  bulles 
auditives  très  peu  saillantes,  plutôt  déprimées.  Les  pieds, 
à  cinq  doigts,  sont  plantigrades  ;  la  queue,  très  courte, 
est  représentée  par  un  simple  tubercule.  Le  pelage  est 


OUKS 


-  704  — 


long  et  très  fourni.  Les  Ours  {(Jrsus)  sont  lesplu^s  i^rauds 
de  tous  les  Carnivores,  et  leur  dentition  indique  un  régime 
omnivore  ;  en  "effet,  ils  'se  nourrissent  non  seulement  de 
chair,  mais  aussi  de  fruits  et  de  miel  dont  ils  sont  très 
friands.  Ils  habitent  plus  particulièrement  l'hémisphère 
boréal  sur  les  deux  continents,  les  espèces  les  plus  grandes 
étant  du  Nord,  les  plus  faibles  habitant""jes  régions  inter- 
tropicales et  l'une  cFelles  l'Amérique  du  Sud.  Ils  manquent 
à  rAfrique  et  ii  la  région  austrahenne.  Nous  traiterons 
ici  des  trois  genres  :  Ursus  proprement  dit,  Treinarclos 
el  Melursiis ,  les  genres  Aihiropiis  et  Ailurus  (ou 
Panda)  formant  une  sous-famillo  à  part  (V.  Ailuhopode 
et  Panda). 

Le  genre  Vrsus  a  été  subdivisé  en  plusieurs  sous-genres 
sur  des  caractères  secondaires.  L'Ours  blanc  ou  polaire 
(Ursus  inaritimus),  type  du  sous-genre  Thalarctos 
(Gray).  se  distingue  par  sa  tête  et  son  cou  allongés,  ses 
molaires  petites  et  étroites  ;  la  plante  des  pieds  est  plus 
poilue  que  dans  les  autresVespèces.^Sa  couleur  est  d'un 
blanc  sale  uniforme,  et  la  muqueuse  delà  bouche  est  d'un 
bleu  violacé.  Il  habite  les  régions  arctiques  des  deux  con- 
tinents, Ai\ant  presque  constamment  au  milieu  des  glaces, 
nage  facilement  et  se  nourrit  de  Phoques,  de  Rennes,  de 
Renards  bleus  et  de  Poissons.  C'est  un  adversaire  redou- 
table, surtout  en  hiver  lorsque  la  mer  est  prise  et  qu'il 
trouve  plus  difficilement  sa  nourriture  ;  affamé  par  plu- 
sieurs jours  de  jeune,  il  s'attaque  à  Thomme  kù-méme. 
La  femelle  pleine  hiverne  seule  dans  un  trou  creusé  dans 
la  neige  et  dont  l'étroite  cheminée,  formée  par  ki  chaleur 
de  sa  respiration,  trahit  souvent  la  présence  ;  c'est  là 
qu'elle  met  bas  généralement  deux  petits. 

L'Ours  rrun  ou  d'Europe  [Ursus  arctos)  liabite  les 
régions  montagneuses  et  boisées  de  l'Europe  et  du  N.  de 
l'Asie,  de  la  Norvège  à  l'Espagne  et  du  N.  de  la  Sibérie 
aux  monts  Himalaya,  à  l'Afghanistan,  la  Chine,  le  Tibet 
et  se  retrouve  dans  le  N.  du  Japon.  Il  est  de  couleur 
brune,  assez  souvent  varié  de  blanc  au  cou  el  à  la  gorge, 
nuus  les  teintes  de  son  pelage  et  ses  dimensions  varient 
beaucoup  suivant  les  régions  qu'il  habite.  L'Ours  des 
Alpes  et  surtout  des  Pyrénées  est  un  animal  de  petite 
taille  lorsqu'on  le  compare  aux  variétés  septentrionales  de 
l'espèce  dont  on  a  fait  une  sous-espèce  sous  le  nom  d'OuRs 
A  COLLIER  RLANC  {Uvsiis  colkiris)  dc  Sibérie,  dont  les 
JJrsiis  beringianiLS  et  [/.  piscator,  du  Kamtchatka,  ne 
diffèrent  pas  ;  ceux-ci  atteignent  des  dimensions  presque 
doubles.  Les  Ursus  cadeverinus  (Eversmann)  du  N.  de 
la  Scandinavie,  ainsi  nommé  parce  qu'il  dévore  les  cha- 
rognes ;  [/.  meridionalis  (IVliddendorff)  du  Caucase  et 
U.  yesoensis  (Lydekker)  du  Japon  septentrional,  sont 
considérés  comme  des  sous-espèces  distinctes. 

L'Ouus  RRLN  de.'^  Alpes  ])0]'te  dans  son  jeune  âge  un 
folker  blanc  qui  disparait  chez  l'adulte.  Il  ne  se  trouve 
])kis  que  dans  les  régions  les  plus  sauvages  de  cette 
('haine  de  montagnes  ou  les  cavernes  et  les  troncs  des 
vieux  chênes  et  des  hêtres  creux  lui  servent  de  retraite. 
En  été,  il  se  nourrit  de  ])()urgeons,  de  fruits,  de  cham- 
pignons, de  racines,  de  feuilles  et  ravage  à  l'occasion  les 
champs  de  blé  et  les  vignes.  Il  recherche  les  nids  d'abeilles, 
et  pour  les  découvrir  grimpe  aux  arbres  et  mange  le  miel, 
fouille  les  fourmilières  pour  avoir  les  oaifs  et  les  larves 
qu'elles  renferment.  Les  individus  âgés  sont  plus  carnivores 
et  font  la  chasse  aux  petits  animaux,  poursuivent  le  gibier, 
rodent  autour  des  pâturages  pour  eidever  un  mouton  ou 
un  jeune  veau.  En  hiver,  ils  ne  craignent  pas  de  pénétrer 
ilans  les  ètables  par  une  brèche  du  toit  :  s'ils  peuvent 
égorger  une  vache,  leur  force  est  assez  grande  pour  em- 
porter le  cadavre  par  le  même  chemin  et  le  traùjer  à 
distance  pour  le  dévorer  à  l'aise.  L'Ours  attaque  rare- 
ment l'homme,  mais  poursuivi  et  surtout  blessé  par  le 
chasseur,  il  devient  terrible,  marche  droit  à  l'agresseur 
et  cherche  à  l'étouffer  entre  ses  pattes  de  devant  tout  en 
le  déchirant  avec  ses  griffes.  Devenu  très  gras,  à  l'au- 
tomne, l'Ours  s'endort  dans  une  caverne  où  il  a  amassé 


un  [lit  de'branches  et  de  feuilles,  et  y  passe  les  grands 
froids,  couché  en  rond.  Son  sommeil  hivernal  n'est  jamais 
bien  profond  :  il  se  réveille  souvent  et  c'est  alors  qu'il 
se  rapproche  des  lieux  habités  pour  y  chercher  sa  nour- 
riture. La  femelle  met  bas  de  janvier  à  mars,  et  à  l'ap- 
proche de  ce  moment  elle  est  très  éveillée.  La  gestation 
est  de  six  mois.  Chaque  portée  est  de  deux  petits  qui 
naiï,sent  presque  nus,    aveugles  et  de  la  grosseur  d'un 


Ours  gris. 

Rat.  Ils  tettentprès  de  six  mois  ;  à  quatre  mois,  ils  ont  la 
grosseur  d'un  Chien.  La  mère  leur  apporte  alors  des 
morceaux  de  chair  qu'elle  leur  partage.  Des  espèces  voisines 
de  rOurs  à  collier  mais  plus  distinctes  de  l'Ours  brun 
sont  V  Ursus  Middendorffi  (Merriam)  et  IT.  Dalli  ou 
U.  Sitkensis  (Merriam)  de  l'Alaska.  Dans  l'Asie  centrale 
et  occidentale  on  trouve  deux  ou  trois  espèces  remar- 
quables par  les  couleurs  claires  de  leur  pelage  ;  telles 
sont  :  VOui'S  isabelle  {U.  isabellinus  Horfield)  de  l'Af- 
ghanistan, dont  une  variété  (U.  Syriacus)  s'étend  jus- 
qu'au Caucase,  au  Liban  et  au  Taurus  ;  VU.  lagomyiarms 
(Sewerzov)  qui  se  nourrit  des  petits  lièvres  de  montagne 
(Lagomys),  et  VU.  pruinosus  (Blyth)  du  Tibet  oriental, 
dont  le  pelage  est  d'un  gris  perlé.  Une  espèce  plus  dis- 
tincte encore  est  I'Ours  du  Tiret  (Ursus  tibetanus), 
nom,  avec  une  tache  en  cœur  blanche  ou  jaune  à  la 
poitrine,  et  qui  habite  l'Asie  méridionale,  de  l'Afghanistan 
à  la  Cochinchine  et  à  Formose,  remontant  jusqu'au  Tibet, 
au  Tonkin,  en  Chine  et  même  dans  la  vallée  de  l'Amour. 
Les  U.  leuconyx  (Seweryov).,  du  plateau  central  de 
l'Asie  (Turkestan,  Ti()et,  Pamir),  et  U.  japonicus.  du 
S.  du  Japon,   en  sont  voisins. 

Le  sous-genre  Danis  (Gray)  a  ])our  type  I'Ours  grj^. 
Grizzly  ou  féroce  (Ursus  horribilis),  espèce  de  grande 
taille,  d'un  gris  brun  et  remarquable  par  ses  ongles  très 
développés.  11  habite  les  territoires  de  l'O.  des  Etats-Unis 
(le  Montana  et  le  Wyoming).  et  les  Anglo-Américains  le 
dépeignent  comme  très  recloutabe  lorscju'il  se  trouve  en 
présence  de  l'homme.  \j  Ursus  horriœus  de  Baird  qui 
habite  le  versant  méridional  des  Montagnes  Rocheuses,  la 
Sonora,  la  Californie  et  le  Mexique  et  VU.  alascensis 
(Merriam)  du  S.  de  l'Alaska  n'en  sont  que  df^s  sous-es- 
pèces. VU.  liichœrdsoni  de  Mayne-Reid,  qui  habite  les 
toundras  de  la  baie  d'Hudson  et  la  vallée  du  lleuve  Mac- 
kensie,  serait  une  espèce  bien  distincte  et  non  moins  re- 
doutable. 

Le  sous-genre  Euarctos  (Gray)  a  pour  type  V Ursus 
a}}iericamis  (Pallas)  qui  habite  la  partie  orientale  des 
Etats-Unis  où  il  remplace  notre  Ours  brun  dont  il  a  les 
mœurs.  Il  est  ordinairement  d'un  brim  noir,  mais  on  en 
distingue  une  variété  cannelle  iU.  ci)inai)wriieus)\)vo])V(' 
au  Nouveau-Mexique  et  une  sous-espèce  (U.  Eininonsi) 
des  montagnes  de  l'Alaska.  L'[/.  lutcolus  (Griffith),  con- 
fondu à  tort  avec  l'Ours  cannelle,  et  plus  ckiir  encore,  est 
de  la  Louisiane  et  du  Texas  tiVU.  floridamis  (Merriam) 
de  la  Floride.  Ces  formes  méridionales,  à  pelage  clair, 
correspondent  aux  U.  isabellinus  et  U.  pruinosus  de 
l'Asie  centrale. 

Le  sous-genre  HELARCTOs(Horstield)  s'éloigne  davantage 


—  705  — 


OURS  —  OURSINS 


du  type  de  l'Ours  brun  d'Europe.  Il  a  pour  type  I'Ours 
MALAIS  {Ursus  malaycmus),  dont  la  tète  est  courte  et 
large,  les  molaires  relativement  courtes,  bien  que  leur  lon- 
gueur excède  encore  leur  largeur  ;  la  langue  est  longue  et 
très  extensible,  le  pelage  court  et  soyeux.  C'est  une  espèce 
de  petite  taille  qui  vit  dans  les  forêts  et  grimpe  aux  arbres 
avec  une  grande  agilité.  Elle  habite  l'Indo-Chine  et  les 
monts  Garo,  dans  Tlnde,  s'étendant  vers  le  S.  jusqu'à  la 
presqu'île  de  Malacca  et  se  retrouve  dans  les  îles  de  Su- 
matra, Java  et  Bornéo.  C'est  un  type  méridional  ou  plu- 
tôt intertropical. 

L'Ours  orné  ([/.  ornât  as)  de  l'Amérique  méridionale 
est  le  type  d'un  genre  bien  distinct  (Tremarctos,  Gervais), 
qui  se  rapproche  jusqu'à  un  certain  point  de  l'Ours  ma- 
lais. Il  est  de  petite  taille  et  habite  les  Andes  du  Pérou, 
de  la  Nouvelle-Grenade,  de  la  Bolivie  et  du  Chili. 

L'Ours  aux  grandes  lèvres  (Ursus  ursinus  ou  labia- 
tus),  Ours  jongleur  ou  des  Cocotiers,  type  du  genre 
Melursus  (Meyer),  est  également  plus  petit  et  diffère  des 
précédents  par  sa  première  paire  d'incisives  supérieures 
cadu(jue,  la  faiblesse  du  reste  de  sa  dentition,  ses  lèvres 
longues  et  extensibles.  Son  pelage  est  noir,  très  long  et 
rude  avec  un  fer  à  cheval  de  couleur  claire  sur  la  poi- 
trine. Il  habite  l'Inde,  du  pied  des  monts  Himalaya  au  Cap 
C<omorin,  et  vit  aussi  à  Oylan  où  il  constitue  une  variété 
distincte  ([/.  inornatus,  Pucheron),  dépourvue  de  tache 
pectorale  claire.  Il  s^  nourrit  de  termites,  de  coléoptères, 
de  fruits  et  de  miel.  E.  Trouessart. 

IL  Paléontologie.  —  A  l'origine,  dans  le  tertiaire  in- 
férieur, le  type  des  Ours  se  confond  avec  celui  des  Chiens 
(V.  ce  mot),  les  genres  Dinocyon  et  Cephalogale  mon- 
trant de  grands  rapports  avec  VHyœnarctos  qui  repré- 
sente le  type  primitif  des  Ursiclœ.  On  peut  dire  que  les 
espèces  grimpantes  et  forestières  ont  constitué  cette  der- 
nière famille,  tandis  que  les  espèces  plus  aptes  à  courir  et 
habitant  les  plaines  ont  formé  la  famille  des  Canidœ.  Le 
genre  Hyœnarctos  se  distingue  des  Ours  par  ses  mo- 
laires supérieures  à  couronne  sub triangulaire,  sa  car- 
nassière courte,  à  deux  lobes  peu  élevés.  Ce  genre  est  du 
miocène  d'Europe  et  du  pliocène  d'Asie.  Tels  sont  : 
H.  brevirhinus,  H.  anihracitis  il.  imignis,  H.  arc- 
loïdes  d'Europe,  //.  sivalensis,  //.  palœindicus  et 
//.  sinicus  d'Asie.  Les  véritables  Ours  ont  apparu  en 
Europe  dès  le  miocène,  comme  le  montre  V  Ursus  pri- 
mœvus  de  Gaillard,  récemment  découvert  dans  le  S.  de 
la  France  (à  la  Grive-Saint-Alban).  Les  représentants 
pliocènes  de  ce  genre  en  Europe  appartiennent  au  sous- 
genre  Helarctos,  qui  ne  vit  plus  que  dans  le  S.  de  l'Asie 
et  la  Malaisie  ;  tels  sont  les  U.  etruscus  et  [/.  arvenensis 
de  la  France  centrale  et  méridionale.  Des  espèces  voisines 
ont  vécu,  à  l'époque  quaternaire,  en  iVlgérie  {U.  Faidher- 
bianus,  U.  Po)nelianus),  et  l'on  a  supposé,  sans  preuve 
certaine,  que  leurs  descendants  vivaient  encore  dans  la 
chaîne  de  l'Atlas  {U.  Crowtheri).  A  la  même  époque,  le 
genre  Iremarctos  était  représenté  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale par  des  espèces  de  beaucoup  plus  grande  taille 
que  l'espèce  actuelle  (Ursus  ou  Arctotherium  bonœ- 
rense,  etc.)  En  Europe,  I'Ours  des  cavernes  (Ursus 
spelœus),  bien  distinct,  par  la  forme  de  son  crâne,  de 
l'Ours  brun  qui  s'y  trouve  avec  lui,  a  vécu  pendant  tout 
le  pleistocène  :  c'était  une  espèce  de  très  grande  taille, 
égalant  ou  surpassant  l'Ours  gris  et  les  autres  espèces 
gigantesques  du  N.  des  deux  continents.  E.  Trouessart. 
IL  Palethnographie.  —  Ours  des  cavernes. — L'ours 
des  cavernes  est  un  des  grand  mammifères  éteints,  caracté- 
ristiques de  l'époque  quaternaire  et  en  particulier  de  la  pre- 
mière partie  de  cette  époque.  Il  a  habité  à  peu  près  toute 
l'Europe,  surtout  sa  zone  moyenne,  bien  qu'il  soit  douteux 
qu'il  se  soit  répandu  jusque  dans  le  S.  de  l'Espagne  et 
de  l'Italie.  Quoique  inapte  à  vivre  dans  les  pas  s  chauds, 
il  ne  fut  pas  aussi  cantonne  dans  les  rcgion^  froides  que 
le  inammouth  et  le  rhinocéros  tichorhinus,  ces  deux  insépa- 
rables compagnons  des  temps  glaciaii-es.  Aussi  le  comptc- 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.    —   XXV. 


t-on  déjà  dans  la  faune  du  célèbre  gisement  de  Chelles,  faune 
adaptée  à  un  climat  doux.  11  paraît  devenir  extrêmement 
abondant  aussitôt  après  le  creusement  des  cavernes. 
SchmerHng  a  recueilli  plus  de  mille  de  ses  dents  dans  les 
cavernes  de  Liège.  Dans  la  seule  caverne  de  Gaylenreuth 
en  Franconie,  ses  débris  se  rapportaient  à  800  individus. 
Ses  restes  sont  aussi  nombreux  dans  des  cavernes  du  midi 
de  la  France  ;  aussi  Lartet  avait-il  donné  son  nom  à  sa 
première  période  humaine  des  temps  quaternaires.  Sa 
présence  cependant  rendait  le  séjour  des  cavernes  redou- 
table pour  l'homme;  aussi,  dans  le  midi  de  la  France,  c'est 
lorsqu'il  commence  à  les  abandonner,  à  diminuer  en 
nombre,  que  celui-ci  y  établit  sa  demeure.  Dans  le  cours 
même  de  l'époque  moustérienne,  il  a  cédé  la  place  à  l'ours 
gris,  moins  grand  et  mieux  fait  à  la  rigueur  du  climat 
nouveau.  L'ours  gris  à  son  tour  a  été  remplacé  par  l'ours 
brun  (arctos)  pendant  le  magdalénien.      Zarorowski. 

m.  Blason.  — Vours  est  toujours  représenté  de  pro- 
fil. Il  est  dît  allumé  ou  armé,  quand  son  œil  ou  ses  griffes 
sont  d'un  émail  différent  ;  levé,  s'il  se  dresse  sur  ses  pattes 
de  derrière;  accroupi,  lorsqu'il  est  assis. 

Ordre  de  l'Ours.  —  Institué  en  L)82  par  Sigismond, 
duc  d'Anhalt.  Le  18  nov.  1836,  les  ducs  Henri  d'Anhalt- 
Ko'then,  Léopold-F'rédéric  d'Anhalt- Dessau  et  Alexandre 
d'Aiihalt-Bernburg  l'abolirent  et  le  remplacèrent  par  ce- 
lui d'Albert  l'Ours. 

Ordre  de  l'Ours  ou  de  Saint-Gall.  —  Pour  récompenser 
les  nobles  de  la  ville  de  Saint-Gall  de  l'accueil  qu'ils  lui  avaient 
fait,  l'empereur  Frédéric  II  créa  l'ordre  de  ÏOurs.  Les 
chevaliers  juraient  de  défendre  l'Eglise  contre  les  infidèles. 
Cet  ordre  subsista  jusqu'à  la  formation  de  la  Confédéra- 
tion helvétique. 

OURS  (Lac  du  Grand-).  Lac  du  territoire  du  Nord- 
Ouest  (Dominion),  traversé  au  N.  par  le  cercle  polaire. 
Les  cinq  grandes  baies  qu'il  forme  (Keith,  Mac  Vicar, 
Mac  Tarish,  Smith,  Dease)  lui  donnent  une  forme  irrégu- 
lière; 275  kil.  de  longueur,  36.000  kil.  q.  Ses  eaux  sont 
très  froides;  il  est  entouré  de  collines  de  granit  de  200 m. 
de  haut.  D'octobre  à  juillet,  il  est  gelé  à  3  m.  de  profon- 
deur ;  perpétuellement  balayé  par  la  tourmente  et  isolé 
sur  le  sommet  du  grand  plateau  central  arctique,  c'est  la 
région  la  plus  désolée  du  district  de  Mackenzie.  Très  pois- 
sonneux, il  abonde  en  harengs  et  truites  ;  il  reçoit  des 
rivières  abondantes  et  se  déverse  à  l'O. ,  près  du  fort  FrankHn, 
par  la  rivière  de  l'Ours.  Des  rennes  nombreux  habitent 
les  steppes  voisins,  et  des  ours  noirs  frugivores,  de  dimen- 
sions colossales,  parcourent  les  hauts  plateaux  qui  sont 
ses  promontoires.  En  1792,  l'Ecossais  Mackenzie  y  bâtit 
un  fort  de  traite  pour  la  Compagnie  franco-écossaise  du 
Nord-Ouest.  En  1825,  sir  John  Franklin  y  construisit  un 
second  fort. 

OURS-MoNS.  Com.  du  dép.  delà  Haute-Loire,  arr.  et 
cant.  (S.-E.)  du  Puy  ;  357  hab. 

OURSCAMP.  Section  de  la  commune  de  Chiry-Ours- 
camp  (V.  ce  mot). 

OURSE  (Grande  El  Petite)  (Astron.)  (V.  Constella- 
tion) . 

OURSINS.  I.  Zoologie.  —  Classe  de  l'embranchement 
des  Echinodermes  désignée  aussi  sous  le  nom  d'EcniNiDEs 
ou  EcHiNOÏDE.^:  et  caractérisée  par  son  test  de  forme  glo- 
buleuse, enveloppant  tous  les  organes,  à  téguments  très 
durs,  incrustés  de  calcaires,  formés  de  plaques  polygo- 
nales fortement  soudées  entre  elles  et  revêtues  de  pi- 
quants mobiles  dont  la  forme  et  les  dimensions  varient 
beaucoup.  Le  corps  est  plus  ou  moins  renflé  ou  aplati  sui- 
vant les  genres.  Chez  certaines  formes  des  grandes  pro- 
fondeurs (Calueria),  les  téguments  conservent  la  consis- 
tance du  cuir,  de  telle  sorte  que  les  plaques  restant  mo- 
biles sous  l'action  des  muscles  internes,  l'animal  peut 
s'aplatir  ou  se  gonfler  à  volonté.  La  bouche  est  placée, 
comme  chez  les  Astéries,  à  la  face  inférieure  de  Tanimal. 
L'organisation  interne  et  les  métamorphoses  des  Oursins 
ont  été  décrites  et  figurées  à  l'art.  Eciiinoder^ies. 

45 


OURSINS  -  OUSEGUA 


-  706  — 


Les  Oursins,  dépourvus  des  rayons  qui  constituent  de 
véritables  membres  chez  les  Etoiles  de  mer  et  surtout  les 
Ophiures,  sont  plus  sédentaires,  mais  ils  se  meuvent  re- 
lativement très  bien  à  l'aide  des  pattes-ventouses  (pieds 
ambulacr aires)  que  porte  leur  test  et  qui  sont  disposés  par 
rangées  verticales  nombreuses  sur  les  lianes,  de  la  bouche 
à  l'anus,  qui  se  trouvent  sur  la  face  dorsale;  quelquefois 
ces  deux  ouvertures  sont  excentriques.  Les  aml)ulacres  ne 
sont  pas  les  seuls  organes  de  mouvement  :  les  épines  mo- 
biles de  la  cuirasse  leur  servent  aussi  à  progresser,  et  chez 
certaines  espèces  (û'ckm  papillata) ,  ces  appendices  sont 
assez  longs  pour  qu'on  puisse  dire  que  l'animal  marche 
sur  des  échasses.  En  outre,  il  existe  d'autres  organes  mo- 
biles ([ui  servent  à  la  nutrition  et  au  nettoyage  du  test  : 
ce  sont  les  pédiceUaires,  petites  pinces  généralement  à 
trois  branches  qui  se  trouvent  distribuées  sur  toute  l'éten- 
due du  test,  et  jusque  sur  les  piquants.  Ceux  qui  sont  au- 
tour de  la  bouche  servent  k  la  nutrition  en  saisissant  et 
attirant  les  petits  organismes  qui  nagent  dans  la  mer  ;  les 
autres  jouent  le  rôle  de  balayeui^s.  Comme  l'orifice  anal 
est  au  sommet  du  test,  l'animal  serait  continuellement 
souillé  par  ses  propres  déjections  sans  les  pédicellaires  qui 
veillent  à  les  écarter.  L'activité  de  ces  organes,  presque 
microscopiques,  est  des  plus  curieuses  et  ne  peut  être  com- 
parée qu'à  celle  d'une  ligne  de  balayeurs  ou  d'une  chaîne 
de  personnes  qui  se  passent  les  sceaux  dans  un  incendie. 
Les  pédicellaires  à  pédoncule  flexible,  ouvrant  et  fermant 
leurs  pinces,  se  passent  les  particules  de  toute  espèce  qui 
peuvent  souiller  la  carapace,  jusqu'à  ce  que  ces  particules 
soient  arrivées  en  un  point  où  le  courant  d'eau  peut  les 
emporter. 

Les  Oursins  sont  pourvus  d'organes  masticateurs  puis- 
sants {lanterne  dWiistote)  qui  leur  permettent,  non 
seulement  de  saisir  une  proie  de  grande  taille,  car  ils  sont 
très  carnassiers,  mais  encore  de  percer  les  rochers  dans 
lesquels  certaines  espèces  (Toxo  pneus  tes)  ont  l'habitude 
de  se  nicher.  La  chair  de  beaucoup  d'espèces  est  comes- 
tible, et  c'est  un  mets  très  recherché  sur  les  bords  de  la 
Méditerranée  où  I'Oursin  comestible  {Sphœrechinus 
esculentiis)  est  commun.  Ses  piquants  sont  petits  et  courts. 
La  classe  des  Echinides  est  divisée  par  E.  Perrier  en 
cinq  ordres  :  les  Pal.eoechinoï1)EA,  tous  fossiles  de  l'époque 
primaire  ;  les  Neoechinoïdea,  également  fossiles,  mais  plus 
modernes  ;  les  Desmoticiia  qui  comprennent  les  genres 
Cidaris,  Diadema,  Echinus,  etc.,  c.-à-d.  les  Oursins 
proprement  dits  ;  les  Clypeastroida,  dont  le  test  est  ordi- 
nairement aplati,  et  les  Petalosticha,  qui  renferment  les 
genres  Cassidiila  et  Spatangus,  E.  Trouessart. 

II.  Paléontologie.  —  Les  plus  anciens  Oursins  connus 
sont  ^u  silurien  (Bothriocidaris,  Palœchinus,  Cystoci- 
daris)  et  appartiennent  à  l'ordre  des  Palœoechinoïdea  ou 
Tésselés,  qui  peuvent  être  considérés  comme  représentant 
le  stade  jeune  des  CÀdaridœ.  Les  Oursins  réguliers  appa- 
raissent dans  le  bas  {Cidaridœ,  Salenidœ,  etc.),  et  se 
sont  conservés  presque  sans  changement  jusqu'à  l'époque 
actuelle.  Les  Ghjpliostomata  ou  Oursins  proprement  dils 
{Diadematidœ,  Echinidœ)  datent  de  la  même  époque, 
mais  présentent  une  plus  grande  plasticité  qui  se  traduil 
par  la  grande  variété  de  formes  qui  se  sont  succédé 
dans  les  couches  géologiques.  Les  Oursins  excentriques 
forment  une  branche  en  apparence  indépendante  :  Pygas- 
ter  date  du  lias.  Le  développement  des  Clypeastroïda  n'a 
lieu  que  dans  le  tertiaire,  et  les  Scutellinœ  même  sont  du 
phocène.  Les  Spatangidœ,  qui  paraissent  occuper  le  rang 
le  plus  élevé  en  raison  de  leur  structure  bilatérale,  ne  da- 
tent que  du  crétacé  supérieur  (Micraster,  Ilemiaster)  ; 
et  c'est  à  l'époque  actuelle  que  cette  classe  semble  atteindre 
son  plus  grand  développement  (Y.  Echinodermes,  §  Pa- 
léontologie). E.  Trouessart. 

OU  RTC  H  A  (Oorclia).  Ville  de  l'Inde,  ancienne  capitale 
d'une  principauté  du  Bandelkand,  sur  la  Betna,  afïl.  dr. 
de  la  Djemna  (Gange)  ;  20.000  hab.  Ancien  palais  de 
Djihan-guir. 


OURTHE.  Rivière  de  Belgique.  Elle  est  formée  à  Or- 
tho,  près  de  La  Roche  (Luxembourg),  par  la  réunion  de 
rOurthe  orientale,  qui  prend  sa  source  à  Beho,  près  de 
Houffalize,  et  l'Ourthe  occidentale  qui  sort  de  terre  à  Ourt, 
près  de  Saint-Hubert.  Elle  arrose  La  Roche,  Noiseux, 
Grandhan,  Durbuy,  Rarvaux,  Bornai,  Hamoir,  Fairon, 
Xhoris,  Comblain-au-Pont,  Esneux,  Tilff,  Embourg,  An- 
gieur,  Chènée,  Grivegnée  et  se  jette  dans  la  Meuse  à 
Liège.  Elle  reçoit  la  Bronze,  la  Marchette,  l'Aisne,  le  Né- 
blon,  EAmblève  et  la  Yesdre.  Sa  longueur  est  de  157  kil. 
depuis  Beho,  i6C)  depuis  Ourt  et  U8  depuis  Ortho  ;  sa 
largeur  varie  de  20  à  60  m.  ;  sa  profondeur  moyenne 
est  de  65  centim.  La  rivière  est  flottable  depuis  le  con- 
fluent des  deux  Ourtlies  iusqu'à  Comblain-au-Pont  ;  elle 
est  canalisée  depuis  cette  dernière  localité  jusqu'à  Liège 
sur  une  longueur  de  29  kil.  La  vallée  de  l'Ourthe  est  fort 
pittoresque. 

Département  de  l'Ourthe.  —  Ancien  département  de 
l'empire  français  qui  avait  Liège  pour  chef-lieu.  H  avait  été 
formé  du  Limbourg  et  d'une  partie  de  l'évèché  de  Liège  réuni 
à  la  France  par  le  traité  de  Luné  ville.  Ses  limites  étaient  : 
au  N.,  les  dép.  de  la  Meuse-Inférieure  et  de  la  Roèr;  à 
l'E.,  le  dép.  de  la  Sarre;  au  S.,  les  dép.  des  Forêts  et  de 
Sambre-et-Meuse  ;  à  l'O.  le  dép.  de  la  Dyle.  Il  cessa 
d'exister  en  1814. 

OURVASI  ou,  plus  exactement,  OURVAÇÎ,  est  le  nom 
d'une  nymphe  céleste,  fameuse  dans  la  mythologie  hin- 
doue, et  dont  les  amours  avec  le  héros  Pouroùravas  for- 
ment le  sujet  du  drame  de  Kàlidàsa  intitulé  Vikranior^ 
vaçl  et  traduit  en  français  par  E.  Foucaux. 

OURVILLE.  Ch.~l.  de  cant.  du  dép.  de  la  Seine-Infé- 
rieure, arr.  d'Yvetot,  sur  le  plateau  de  Caux  ;  i.090  hab. 
Tissage  de  coton;  fours  à  chaux;  briqueterie.  Eghse  du 
xvi^  siècle,  qui  conserve  des  fonts  baptismaux  du  xii^  siècle, 
et  une  jolie  statue  de  la  vierge  du  xiv^  siècle. 

OURZIE  (L').  Rivière  du  dép.  de  la  Haute-Loire 
(Y.  Loire  [Haute-],  t.  XXH,  p.  449). 

OUSAGARA.  Pays  de  l'Afrique  orientale  allemande, 
compris  entre  5o43'  et  l^W  lat.  N.,  33° 20'  et  35° 20' 
long  E.,  traversé  par  les  monts  Roubeho,  arrosé  par  le 
Ouami  qui  s'appelle  k\  Ougembe,  puis  Moukondokva.  Les 
vallées  alluviales  sont  très  fertiles,  mais  insalubres;  à 
l'E.  s'étendent  les  marais  du  Makata,  à  l'O.  les  déserts 
de  Marenga-Mkali.  —  Les  Ouasagara  furent  décimés  par 
les  chasseurs  d'esclaves  et  se  réfugièrent  sur  les  cimes. 
Ils  sont  de  race  bantou;  l'élevage  prospère,  grâce  à  l'ab- 
sence de  la  mouche  tsétsé.  Le  ch.-l.  est  Kilossa.  Les 
autres  villes  sont  Kondoa,  sur  le  Moukondokva,  et 
Mbamboua,  dans  la  plaine  de  Makata. 

OUSAMBARA.  Pays  de  l'Afrique  orientale  allemande, 
au  N.  du  fleuve  Pangani,  sur  la  frontière  britannique  ; 
4.620  kil.  q.  ;  17.500  hab.  de  race  bantou,  régis  par  la 
famille  arabe  des  Ouakilindi  depuis  le  xvi^  siècle. 

liiBL.  :  BAU.\IA^N,  Usiimbara  and  seine  NucliharciGhiete  : 
\\-v\\n,  1891. 

OUSARAMO.  Pays  de  l'Afrique  orientale  allemande, 
l'iverain  de  l'océan  Indien,  entre  le  Kingani  et  le 
Roufidji.  Côte  sablonneuse  bordée  de  récifs  cor alli aires, 
derrière  laquelle  se  développe  un  steppe  sans  eau,  sauf 
dajis  les  saisons  des  pluies.  Pays  insalubre,  ravagé  par  la 
malaria,  qui  fournit  des  cocos,  du  riz,  du  mais,  ducopal, 
du  caoutchouc.  Les  principaux  ports  sont  Dar-es-Salam  et 
Bagamoyo.  La  côte  est  peuplée  de  Souahéli  et  d'Arabes  ; 
l'intérieur,  de  Ouasaramo  de  race  bantou,  caractérisés  par 
la  frisure  de  leurs  cheveux. 

OUSE  (H.)   (Y.  Grande-Bretagne,  t.  XïX,  p.  156). 

OUSEGUA.  Pays  de  l'Afrique  orientale  allemande,  en 
face  de  l'île  de  Zanzibar,  entre  le  Pangani  au  N.,  FOusa- 
gara  à  l'O.,  l'Ousaramo  au  S.  Le  littoral  est  bordé  de 
coraux,  puis  se  succèdent,  en  allant  vers  l'intérieur,  i^iix 
terrasses,  la  première  de  300  m.  d'alt.  et  de  75  jdl.  de 
large,  lu  seconde  de  330  à  770  m.  d'alt.  et  de  ' 


707  -^ 


OUSEGUA  —  OUSTÏOUG 


large,  qui  va  jusqu'au  pied  des  monts  Ngourou("2.000m.). 
Pays  très  fertile  dans  les  vallées  seulement.  La  principale 
ville  est  le  port  de  Saadani,  à  Temboucliure  du  Ouami  ; 
en  amont,  est  la  mission  française  de  Mandera. 

OUSELEY  (Sir  William),  orientaliste  anglais,  né  dans 
le  comté  de  Monmoutli  en  1767,  mort  à  Boulogne  en  sept. 
1842.  Entré  dans  l'armée,  il  fit  la  campagne  de  1794  sous 
les  ordres  du  duc  d'York  et,  ne  se  sentant  aucun  goût  pour 
le  métier  militaire,  démissionna  pour  se  consacrer  à  l'étude 
des  langues  orientales  et  notamment  du  persan.  Il  fut 
envoyé  en  mission  en  Perse  en  1810  et  il  en  rapporta  : 
Trauels  in  varions  Countries  ofthe  East,  more  partiru- 
larlij  Persia  (Londres,  1819-23,  3  vol.  in-4).  Citons 
encore  de  lui  :  Persian  miscellanies  (1795)  ;  Oriental 
collections  (1797-99,  3  vol.)  ;  Epitome  of  the  xincient 
llislory  of  Persia  (1799),  etc.  R.  S. 

OUSINYA.  Pays  de  l'Afrique  orientale  allemande,  au  S. 
du  lac  Victoria  Nyanza,  bien  cultivé,  parcouru  par  les  pas- 
teurs Oualiouma. 

OUSMAN.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Tambov,  ch.-l.  de 
district  sur  rOusman  (bassin  du  Don).  Stat.  de  chem.  de  fer; 
9.843  hab.  (1897).  Beaucoup  de  fabriques.  Eondoirs  de 
suif,  manufacture  de  tabac,  tannerie,  distillerie.  Fondée  en 
1646,  elle  fut  depuis  1652  plusieurs  fois  assiégée  et  dé- 
vastée par  les  Nogai  (tribu  nomade).  Devient  chef-lieu  de 
district  du  gouvernement  de  Tambov  en  1802.  A  beau- 
coup souflert  d'un  incendie  en  1833.  —  Le  district  a 
4.695  kil.  q.  et  211.529  hab.  (1897). 

0US06A.  Pays  de  l'Afrique  orientale  anglaise,  au  N. 
du  Victoria  Nyanza  et  àl'E.  de  l'Ouganda,  dont  il  dépend. 

OUSSA.  Rivière  de  Russie,  dans  le  gouvernement  d'Ar- 
khangelsk (district  de  Mezen),  affluent  droit  de  la  Petchora. 
Prend  naissance  dans  les  monts  Oural,  par  trois  sources, 
coule  à  rO.,  au  S.,  puis  au  S.-O.,  jusqu'au  confluent  de 
la  Sinia  et  finit  dans  la  direction  de  l'O.  au  village 
d'Oust-Oussa.  Son  cours  est  long  de  592  kil.  (d'après 
Strelbitzky).  Dans  sa  partie  supérieure  elle  parcourt  une 
région  montagneuse  et  passe  par  d'étroits  défilés  ;  dans  son 
cours  inférieur,  elle  traverse  une  toundra.  Navigable  à 
partir  de  la  Siahra-iafja,  Très  poissonneuse.  Sa  vallée 
est  presque  inhabitée,  nombreux  affluents:  la  Choida,  la 
Rogovaïa,  VAclsva  (Khyrmor),  la  Makarikha  et  la  Kolva 
à  droite,  la  Lemva.leKotchmas,  l^Koss-Jouetldi  Sinia 
à  gauche.  Le  mmd'Oussaest  porté  par  six  autres  rivières 
de  Russie,  sans  importance. 

OUSSE  (L').  Rivière  du  dép.  de  la  Garonne  (V.  ce 
mot,  t.  XVIII,  p.  554). 

OUSSOURL  Rivière  de  la  Sibérie  orientale,  affl.  de  dr. 
du  Bas-Amour.  Elle  naitdans  la  chaîne  de  Sikhota-Alin, 
sur  le  bord  de  la  mer  du  Japon,  par  la  rencontre  de  la  Daou- 
bikhé  et  de  l'Oulakhé  :  la  seconde  est  la  principale  branche 
de  la  rivière;  elle  est  navigable  pour  les  petits  vapeurs. 
L'Oussouri  coule  au  N.  et  reçoit  à  gauche  le  Soungatcha, 
qui  lui  apporte  les  eaux  du  lacKanka,  puis  leMouren,  et 
à  droite  l'Iman,  qui  est  flottable,  puis  le  Bikin,  le  plus 
grand  de  ses  affluents  (480  kil.).  L'Oussouri  reçoit  ensuite 
le  Khor  (375  kil.)  ;  au  village  de  Kazakévitch,  il  se  partage 
et  forme  un  delta  qui  finit  à  l'E.,  à  Khabarotka,  après  un 
cours  de  875  kil.  L'Oussouri  est  la  principale  voie  de  com- 
munication du  pays  ;  il  est  parcouru  par  les  bateaux  de 
la  «  Compagnie  de  navigation  sur  l'Amour  »  ;  pendant 
l'hiver  il  est  gelé  et  est  la  voie  suivie  par  les  traîneaux 
de  poste.  Dans  son  cours  supérieur,  il  coule  en  Russie, 
mais  vers  Busse  il  entre  en  Mandchourie  chinoise  ;  il  est 
très  poissonneux. 

Le  pays  de  l'Oussouri  est  le  territoire  qui  forme  l'ex- 
trémité S.  de  la  province  du  littoral,  sur  la  rive  droite  de 
l'Amour  ;  le  chef-lieu  est  Vladivostok,  port  au  fond  du  golfe 
de  Pierre  le  Grand  (V.  Primorskaïa).  Le  climat  est  con- 
tinental. L'Oussouri  est  gelé  du  20  nov.  au  20  avr.  Pen- 
dant l'hiver,  on  constate  des  froids  de  —  lO'^;  les  hivers  sont 
secs  et  les  étés  très  humides.  Le  pays  est  fertile,  couvert 
de  forêts  et  se  prêterait  bien  à  la  colonisation.  La  popu- 


lation atteignait  15.000  hab.  en  1870  :  ce  sont  des  Toun- 
gouses  des  tribus  Orotchones  ou  Tazi.  Depuis  lors,  la  co- 
lonisation russe  l'a  beaucoup  augmentée.  Ph.  B. 

OUSSOY.  Com.  du  dép.  du  Loiret,  arr.  de  Montargis, 
cant.  de  Lorris  ;  703  hab. 

OUST  (Ult),  Rivière  de  France,  affl.  dr.  de  la  Vilaine 
qui  traverse  les  dép.  des  Côtes-du-Nord,  de  ïllle-et-Vi" 
laine  et  du  Morbihan  (V.  ces  mots). 

OUST.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  l'Ariège,  arr.  de 
Saint-Girons;  1.517  hab. 

OUST-Kamenogorsk.  Ville  de  la  Russie  d'Asie,  prov. 
de  Semipalatinsk,  ch.-l.  de  district  sur  la  rive  droite  de 
l'Irtych,  à  245  m.  d'alt.  Fut  fondée  en  1719  par  Likha- 
reff,  dans  le  but  de  protéger  la  frontière  de  la  Sibérie 
contre  les  Kirghiz  et  les  Kalmouks.  Incorporée  au  gouver- 
nement de  Semipalatinsk  en  1854.  Les  habitants  s'occu- 
pent d'apiculture,  d'agriculture,  ou  travaillent  dans  les 
mines  d'or  du  gouvernement  de  Tomsk.  Foire  annuelle. 
Le  district  a  103.693  hab. 

OUST-Marais.  Com.  du  dép.  de  la  Somme,  arr.  d'Ab- 
beville,  cant.  d'Ault;  175  hab. 

OUST-OuRT.  Plateau  situé  entre  la  mer  d'Aral  et  la 
mer  Caspienne  (golfe  de  Mertrvyï-Koultouk);  il  occupe  une 
superficie  de  180.000  kil.  q.  et  est  limité  par  des  bords 
escarpés  (nommés  tchinkas),  s'élevantà  200  m.  au-dessus 
de  la  mer  d'Aral  (250  au-dessus  de  l'Océan).  Dans  la 
partie  nord-occidentale  du  plateau,  une  chaîne  de  hauteurs 
portant  le  mmAWkaou  se  dirige  du  S.-E.  au  N.-O.,  entre 
les  péninsules  de  Manghichîak  et  de  Bouzatchi.  Au 
point  de  vue  géologique,  l'Oust-Ourt  est  formé  de  calcaire, 
de  craie  et  de  grès. 

OUST-Syssolsk.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Vologda, 
ch.-l.  de  district,  sur  la  Syssola,  à  3  kil.  en  amont  de 
son  confluent  avec  la  Vytchegda  (aftl.  de  la  Dvina  sept.)  ; 
4.463  hab.  (1897).  Cultivateurs  pour  la  plupart.  Foire 
annuelle.  —  Le  district  a  169.419  kil.  q.  et  95.380  hab. 
(1897). 

OUSTA.  Rivière  de  Russie,  attl.  g.  delà  Vetlouga  (tri- 
butaire du  Volga).  Elle  coule  vers  l'O.,  puis  le  N.-O.  et 
le  S.-O.  à  travers  les  gouv.  deVratka,  Kostromaet  Nijni- 
Novgorod,  durant  375  kil.  Elle  n'est  que  flottable  et  seu- 
lement lors  des  crues  du  printemps. 

OUSVA.  Rivière  de  Russie,  dans  le  gouv.  de  Perm, 
affl.  dr.  de  la  Tchoussovaia  (bassin  du  Volga).  Prend  nais- 
sance dans  les  monts  Oural,  se  dirige  au  S.-O.,  ensuite 
au  S.-E.  et  se  jette  dans  la  Tchoussovaia,  au  village  de 
Kamasin.  Son  cours,  très  rapide,  a  plus  de  200  kil.  de 
longueur.  De  belles  forêts,  des  mines  de  houille  et  des 
minerais  de  fer  se  rencontrent  aux  environs.  La  rivière  est 
flottable  au  printemps.  Transport  de  bois. 

OUSTÉ.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr.  d'Ar- 
gelès,  cant.  de  Lourdes  ;  170  hab. 

OUSTIA.  Rivière  de  Russie,  affl.  dr.  de  la  Vaga  (bassin 
de  la  Dvina  sept.).  Prend  naissance  dans  le  district  d'Ous- 
tioug  (gouv.  de  Vologda),  coule  d'unfe  manière  générale 
de  l'E.  à  l'O,  en  décrivant  de  vastes  méandres  et  finit  dans 
le  gouvernement  d'Arkhangelsk,  district  de  Chenkoursk, 
non  loin  de  la  frontière  du  district  de  Velsk.  Son  cours 
est  long  d'environ  430  kil.  La  vallée  de  l'Oustia  est  la 
seule  région  peuplée  de  la  partie  occidentale  du  district 
de  Velsk.  —  Le  plus  important  de  ses  tributaires  est  la 
Kokchenga. 

OUSTioUG  (VÉL1KII-).  Ville  de  Russie,  gouv.  et  à 
398  kil.  de  Vologda,  ch.-l.  de  district,  sur  la  Soukhona 
(rivière  formant  la  Dvina  septentrionale  par  sa  réunion 
avec  le  long);  11.309  hab.  (1897).  Industriels  pour  la 
plupart.  La  principale  industrie  consiste  dans  la  prépara- 
tion de  la  soie  de  porcs  (dont  on  exporte  annuellement  à 
Saint-Pétersbourg  pour  une  somme  de  500.000  roubles)  et 
la  fabrication  de  coffrets  particuliers  avec  des  serrures  à 
secret  qu'on  envoie  à  la  foire  de  Nijni-Novgorod.  Grâce  à 
sa  situation  sur  une  rivière  navigable,  Oustioug  a  une 


OUSTfOUG  —  OUTARDE 


—  708  — 


importance  commerciale  considérable.  Commerce  de  cé- 
réales, de  lin,  viande  et  poissons  salés;  deux  foires. 

La  ville  doit  son  nom  à  son  premier  emplacement  à 
Tembom^hure  du  loug  {Oudie,  embouchure).  Elle  a  été 
reportée  à  l'emplacement  actuel  au  xiii^  siècle,  comme  les 
habitants  cherchaient  à  se  soustraire  aux  invasions  des 
peuplades  habitant  la  vallée  du  loug.  La  ville  a  eu  beau- 
coup à  souffrir  de  cinq  inondations  :  la  plus  ancienne  en 
loi 6  et  la  plus  terrible  en  176^2  (56  maisons  complète- 
ment détruites).  Oustioug  fut  dévastée  par  les  Novgoro- 
diens  en  1393  et  1398.  Annexée  au  gouv.  de  Vologda  et 
ch.-l.  de  district  en  1790.  —  Le  district  a  16.970  îàl.  q. 
et  147.732  hab.  (1897). 

OUSTIOUJNA.  Ville  de  Russie,  gouv.  et  à  303  kil.  de 
Novgorod,  ch.-l.  de  district,  sur  les  deux  rives  de  la 
Nologa  ;  5.109  hab.  (1897).  Industrie  et  commerce  très 
considérables.  Construction  de  canots  nommés  «  tikhvinki  ». 
Distillerie,  fabrique  de  porcelaine.  Autrefois,  la  principale 
industrie  des  habitants  était  l'exploitation  des  mines  de 
fer  qu'on  trouvait  en  quantité  aux  alentours  de  la  ville  et 
qui  ont  donné  son  nom  au  pays  :  Jeliexnoïe-Polé  ou 
«  champ  de  fer  ». 

La  date  de  la  fondation  de  la  ville  est  inconnue.  Ainiexee 
d'abord  au  gouvernement  d'Ingermanland,  elle  fait  partie 
du  gouvernement  de  Novgorod  depuis  \1'H.  —  Le  district 
a  16.970..kil.  q.  et  99.068  hab.  (1897). 

OU-TAI.  Ou  appelle  ainsi  un  massif  montagneux  du  N. 
de  la  Chine  (provinces  du  Chan-si  et  du  Pe-Tchi-li) .  Les 
cinq  cimes  sacrées  qui  donnent  leur  nom  au  massif  enve- 
loppent un  cirque  oii  s'agglomèrent  les  couvents,  pro- 
priétaires du  pays  ;  la  plus  haute  est  celle  du  N.,  le 
Pei-taï,  qui  atteint  3.000  m.  Orientés  duS.-O.  auN.-E., 
les  monts  Ou-tai  sont  longés  par  la  Grande  Muraille  de 
Chine.  C'est  dans  cette  région  que  la  muraille  se  bifurque, 
une  branche  se  dirige  vers  le  S.,  une  autre  vers  l'O. 
Des  monts  Ou-taï  partent  la  majeure  partie  des  cours 
d'eau  qui  se  réunissent  à  Tien-tsin  pour  aller  ensuite  se 
jeter  à  Ta-Kou,  dans  le  golfe  du  Pe-Tchi-li.  Plus  de 
100  temples  bouddhistes  (les  Chinois  disent  360)  sont 
bâtis  sur  les  pentes  des  monts  Ou-tai  qui  sont  regardés 
comme  sacrés  et  où  quantité  de  fidèles  se  font  enterrer. 
Les  principaux  couvents  sont  dans  le  cirque  central, 
ceux  de  Pou-sa-si  au  sommet  d'une  colline,  et  au  S.  de 
celle-ci,  Cliin-toun  si,  le  temple  de  cuivre:  le  premier  est 
mongol,  le  second  chinois. 

OUTAIA.  Oasis  du  dép.  de  Constantine,  entre  Ratna  et 
Biskra,  sur  l'oued  El-Kantara,  à  "266  m.  d'alt. 

OUTAKAMAND.  Ville  de  l'Inde,  présidence  de  Madras, 
ch.-l.  du  district  des  Nilgiri  dont  les  plus  hauts  pics  la 
dominent;  15. 053 hab., dont 9. 07 3  hindous  et  4.164  chré- 
tiens. Située  à  2.200  m.  d'alt.,  c'est  la  plus  goûtée  des 
villégiatures  d'été  de  la  présidence  ;  le  gouverneur  y  sé- 
journe de  mars  à  juin. 

OUTAMARO  KrrAGAuA,  peintre  japonais  du  xviii^  siècle, 
né  à  Yédo,  en  1754,  mort  en  1797.  Il  doit  surtout  sa  ré- 
putation à  son  taleiît  de  peintre  de  femmes.  Il  appartient 
à  ce  qu'on  appelle  l'école  vulgaire  dont  il  est  le  maître  le 
plus  distingué  et  le  plus  gracieux.  Avant  de  s'adonner  à 
cette  peinture,  il  étudia  chez  Toriyam  Meèyen,  de  Kassa. 
Ses  grandes  compositions  en  couleurs  sont  très  harmo- 
nieuses et  d'un  charme  extrême.  Sans  avoir  exprimé  des 
scènes  de  théâtre,  il  a  excellé  dans  la  peinture  des  fleurs 
et  des  oiseaux.  Mais  ses  chefs-d'œuvre  les  plus  célèbres 
sont  des  scènes  de  la  vie  des  femmes  de  Yédo  ;  ses  femmes 
ont  une  grâce  allongée  et  voluptueuse.  l\  est  avec  Toyo- 
koumélemaitre  del'imagerie  en  couleurs  (V.  Japox,  l.  Xx\l, 
p.  39  et  10). 

BiBL.  :  E.  Di:  Gu.NCOuuT,  Ot(iai>j;u'o.  —  J)u  ujcnie,  l'Art 
japonais  du  xviir'  siècle,  1891).— W.  Andersox,  ThePicto- 
rial  arts  ofJapcnu  1886.—  Gierki;.  Japan.  Malereioi;  Ber- 
lin. 1882.  —  L.  GoNsE,  l'Art  Japonais,  1883.  2  vul. 

OUTAOUAIS.  Tribu  indienne  du  Canada,  appartenant 
au  groupe  des  Algonquins,  et  vivant  sur  les  deux  rives 
de  la  l'ivière  qui  a  conservé  leur  nom  sous  la  forme  an- 


glaise d  Ottama.  On  les  appelait  aussi  Oreillards.  Fidèles 
alliés  des  Français  et  convertis  au  catholicisme,  ils  sont 
encore  environ  3.500. 

OUTAR  DE.  I.  Ornithologie. —Genred'Oiseauxde  l'ordre 
des  Echassiers,  type  de  la  famille  des  Otididés,  qui  présente 
les  caractères  suivants:  bec  court  et  bombé,  convexe  et 
un  peu  recourbé  ;  tarses  dénudés  au-dessus  de  l'articula- 
tion ;  corps  massif,  souvent  de  grande  taille  ;  tarses  réti- 
culés, doigts  courts  avec  le  pouce  absent  ;  ailes  courtes  et 
concaves.  Oiseaux  lourds,  volant  peu  et  ne  se  servant  or- 
dinairement de  leurs  ailes  que  pour  accélérer  leur  course, 
vivant  à  terre,  de  grains,  d'herbes,  de  vers  et  d'insectes.' 
Les  petits  courent  au  sortir  de  l'œuf.  Ces  habitudes  ont 
poussé  plusieurs  ornithologistes  à  rapprocher  ces  oiseaux 
des  Gallinacés, 
mais  la  nudité  des 
jambes  et  la  forme 
du  scjuelette  rap- 
prochent  les  Ou- 
tardes   des   Plu- 
viers (V.  c.Q  mot)  : 
on  peut  dire  (jue 
ce    sont    de    très 
grands  Pluviers. 
Le  genre  Oui  AUDE, 
quiprésente  les  ca- 
ractères de  la  fa- 
mille,  est  repré- 
senté  en    Europe 
par  deux  espèces. 
La    Grande    Ou- 
tarde ou  Outarde 
R ARDUE  {Otis  lar- 
da) est  un  des  plus 
gros    oiseaux    de 
notre  pays.  Le 
mâle  atteint  1  m. 
de  long  ;  la  femelle 
est  plus  petite.  La 
tète,    le    cou    et 
la   poitrine   sont 

cendrés  ;  le  bec  porte  à  sa  base  (chez  le  mâle  seul)  une 
touffe  de   longues  plumes  effilées  ;   les    parties   supé- 
rieures sont  d'un  roux  jaune  rayé  de  noir,  le  dessous  est 
blanc  ;  la  queue  est  rousse,  barrée  de  noir.  Cette  espèce 
était  autrefois  très  commune  en  Champagne  ;  aujourd'hui 
elle  est  plus  rare  et  n'y  niche  plus.  Dans  le  centre  de  la 
France,  elle  est  de  passage  irrégulier  pendant  les  hivers 
rigoureux  par  troupes  de  5  à  15  individus.  Dans  l'E.  de 
l'Europe,  elle  recherche  les  plaines  découvertes  et  les 
steppes  oii  elle  niche  au  printemps  ;  le  mâle  est  polygame 
et  fait  la  roue  devant  ses  femelles  en  étalant  sa  queue  et 
ses  ailes,  attaquant  tous  les  autres  mâles  et  leur  livrant 
de  violents  combats.  Le  nid  est  très  rudimentaire  :  c'est 
une  place  que  chaque  femelle  choisit  séparément,  au  mi- 
lieu des  champs  de  blé  ou  de  seigle,  creusant  un  trou  peu 
profond  dans  la  terre  qui  reste  nue  et  battue,  dans  un  dia- 
mètre de  2  à  3  m.,  parle  piétinement  de  l'Oiseau  lorsqu'il 
prend  son  essor.  Les  œufs  au  nombre  de  deux,  de  la  gros- 
seur de  ceux  du  Dindon,  sont  allongés,  tachés  de  brun 
rouge  sur  un  fond  oHvâtre,  très  semblables  à  ceux  des  Ti- 
nanious.  Les  petits  naissent  couverts  d'un  duvet  blanc  et 
(juittent  le  nid  pour  chercher  leur  nourriture  aussitôt  après 
l'éclosion.  La  mère  les  conduit  et  les  défend  avec  courage. 
Pris  jeunes,  on  lesélèNe  facilement  en  les  nourrissant  de 
mie  de  pain,  de  seigle  mêlé  à  du  foie  de  bœuf  haché.  C'est 
un  bon  gibier  que  l'on  chasse  à  courre,  l'Oiseau  cherchant 
son  sidut  plutôt  dans  ses  jambes  que  dans  ses  ailes.  La 
chair  est  noire,  et  son  goût  tient  le  milieu  entre  la  chair 
du  Canard  et  celle  du  Lièvre.  —  L'Outarde  canepeulhe 
(Otis  fetrav)  est  de  moitié  plus  petite,   n'ayant  que  la 
taille  d'une  grosse  poule.  Le  maie  en  plum:ige  de  noce  a 
le  cou  noir  avec  un  double  collier  blanc  ;  le  reste  du  plu- 


Outarde  canepetière  (mâle). 


—  709  — 


OUTAHDE—  OUTIL 


mage  esl  varié  do  roux,  do  bnm,  découdre,  et  les  ailes  sont 
vermiculées  do  noir;  dès  le  mois  de  juillet,  le  collier  blanc 
et  noir  disparait,  et  te  rnàle  ressemble  alors  à  la  femelle, 
(■ette  espèce  niche  dans  le  centre  de  la  France.  File  arrive 
par  troupes  du  2^]  mars  au  10  avr.  ;  les  couples  (car  elle 
n'est  pas  polygame)  nichent  dans  le  creux  des  sillons.  Fa 
iemelle  pond  ,•>  à  5  ceufs  d'un  vert  sombre,  marbré  de  giis 
ou  d'olivâtre  ;  les  petits  suivent  leurs  parents  dès  qu'ils 
sont  nés.  La  bande  s'éloigne  peu  du  champ  ({u'ils  ont 
choisi.  En  octobre,  ont  lieu  des  passages  de  bandes  qui  ont 
été  nicher  plus  au  X.  ;  ces  bandes  de  15  à  20  oiseaux 
se  tiennent  dans  les  champs  de  trèfle,  les  landes,  les  chaumes 
et  ne  se  laissent  pas  approcher.  En  s'envolant,  la  petite 
Outarde  jette  trois  ou  quatre  cris  sourds  et  s'éloigne  d'un 
vol  sifflant  assez  rapide  :  elle  décrit  de  grands  cercles  en 
Fair  avant  de  s'abattre  de  nouveau.  File  détruit  beaucoup 
d'insectes,  surtout  des  sauterelles.  —  Les  genres  Afrotis 
(V.  ce  mot),  Eupodofis,  Houbara,  etc.,  tous  de  l'ancien 
continent,  représentent  la  famille  des  Otididés  en  Afri([ue, 
dans  l'Inde  et  en  Australie.  —  Le  genre  Court-Vite  (V.  ce 
mot)  forme  le  passage  aux  Pluviers.      Is.  Trolessart. 

IL  Art  culinaire.  —  La  jeune  outarde  constitue  un 
aliment  recherché.  On  la  mange  rôtie  à  la  broche  et 
pi(iuée  de  lard  de  toutes  parts  ;  les  cuisses  sont  préférées 
par  les  gourmets.  On  en  fiiit  aussi  des  pâtés  dans  lesquels 
il  ne  faut  pas  négliger  de  mettre  du  lard  en  certaine 
quantité,  la  chair  do  cet  oiseau  étant  par  elle-même  assez 
sèche.  —  L'outarde  canepetière  se  prépare  comme  la 
perdrix  (V.  ce  mot). 

OUTARDES  (Rivière  des).  Rivière  du  Canada,  prov.  de 
Québec,  affl.  g.  du  Saint-Laurent,  qui  naît  au  Labrador, 
forme  le  lac  Plétipi  (oO  kil.  smHK),  d'où  elle  sort  parles 
«  Grands  Rapides  »,  et  finit  le  long  de  la  presqu'île  du 
iVlanicouagan,  après  un  cours  de  500  kil. 

OUTARVILLE.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  du  Loiret,  arr. 
de  Pithiviers  ;  585  hab. 

OUTCH  (Vchh).  Ville  de  l'Inde,  dans  le  Pendjab,  sur 
la  r.  g.  du  Pendjnad  ;  60.000  hab.  On  Fidentifie  avec  une 
colonie  fondée  par  Alexandre  chez  les  Oxydraques.  Elle 
fut  sous  Nassir-oud-din  Kabatchah  la  capitale  du  Haut- 
Sindh,  fut  annexée  au  royaume  de  Moultan,  conquise  par 
Akhbar.  Elle  est  à  demi  ruinée. 

BiBL.  :  CcNNtxGHAM,  Aiicient  Geogr.  oflndia. 

0U-TCHAN6-F0U.  Ville  de  Chine,  capitale  de  la  pro- 
vince de  Hou-pé,  sur  le  Grand-Fleuve  ou  Yang-tse-kiang. 
('otte  ville  est  le  rendez-vous  de  tous  les  peuples  commer- 
çants de  l'intérieur  de  la  Chine,  ce  qui  en  fait  une  des 
villes  les  plus  opulentes  de  tout  l'empire  du  Milieu.  Bien 
(pie  située  à  160  lieues  de  la  mer,  les  plus  forts  bâti- 
monts  peuvent  s'y  rendre,  le  fleuve,  en  eifet,  est  en  cet 
endroit  assez  profond  et  large  de  plus  d'une  lieue.  Les 
montagnes  avoisinantes  fournissent  du  cristal  ;  la  culture 
du  thé  s'y  fait  dans  de  grandes  proportions  ;  on  y  fabrique 
beaucoup  de  papier  de  l)ambou.  En  face  de  Ou-tchang, 
sur  l'autre  rive  du  Yang-tse-kiang,  est  Han-koou,  au 
confluent  du  Han  et  du  Kiang.  port  ouvert  au  commerce 
européen. 

OU-TCHÉOU-FOU.  Ville  de  Chine,  la  plus  importante 
de  la  province  de  Kouang-si,  située  tout  près  de  la  fron- 
tière occidentale  du  Kouang-toung.  C'est  le  lieu  de  réunion 
(W  presque  toutes  les  rivières  qui  arrosent  le  Kouang-si 
et  qui  viennent  se  jeter  dansleSi-kiang,  au  8.  de  la  ville. 
Par  sa  situation,  Ou-tchéou  est  un  centre  commercial  im- 
portant. Sur  son  territoire  on  trouve  du  cinabre  ;  la  faune 
est  aussi  très  riche  en  rhinocéros,  en  tigres  et  en  singes. 

OUTCH-TOURFAN.  Ville  forte  du  furkestan  oriental 
(empire  chinois),  sur  la  Taoutkan-daria,  cjui  longe  au  S. 
le  massif  des  Thian-chan  et  se  jette  dans  l'Ak-sou.  affl. 
du  Tarim. 

OUTHIER  (L'abbé  Reginald  ou  Regnauld),  astronome 
français,  né  à  la  Marre -Jousserand  (Jura)  le  16  août 
1694,  mort  à  Bayeux  le  12  avr.  1774.  D'abord  vicaire  à 
Montain,  près  de  Lons-le-Saunier,  il  se  livra,  dans  ses 


loisirs,  à  des  recherches  d'astronomie,  qui  le  firent  élire  en 
1731  correspondant  de  FAcadémie  des  sciences,  vint  Fan- 
née  suivante  à  Paris  et  présenta  à  l'Académie  un  globe 
remarc[uable,  qu'il  avait  imaginé  en  1726  et  où  les  mou- 
vements des  noHids  de  la  lune  se  trouvaient  figurés.  En 
1736,  il  fut  envoyé  en  Laponie,  avec  Maupertuis,  pour  y 
mesurer  un  degré  du  cercle  polaire  et  rédigea  lô  journal 
de  l'expédition.  En  1748,  le  cardinal  de  Luynes,  alors 
évoque  de  Bayeux,  qui  l'avait  pris  pour  secrétaire,  le  fit 
nommer  chanoine  de  la  cathédrale.  Il  résigna  ce  bénéfice  en 
1767,  pour  pouvoir  s'adonner  tout  entier  à  l'étude.  On  lui 
doit,  outre  le  Journal  d'un  voyage  fait  au  Nord  en  il 36 
et  '/7,^7 (Paris,  1744;  2«  éd.,  Amsterdam,  1746),  où  se 
trouvent  consignés  de  curieux  détails  sur  les  uKours  et  la 
religion  des  Lapons,  une  belle  Carte  topoijraphùiue  de 
Vévêché  de  Bayeux,  en  2  feuilles,  et,  dans  le  Uecueil 
des  savants  de  r  Académie  des  sciences,  une  Carte  des 
pléiades  (t.  Il,  1755),  ainsi  qu'une  série  (V Observations 
météoroloq  il  (lies  faites  it  Bayeux  en  1756  {t.  IV,  1763). 
Il  avait  eu  part  aux  travaux  de  la  grande  carte  de  France. 

OU-TI,  empereur  chinois  (V.  Han). 

OUTIGOURES  (V.  Huns,  t.  XX,  p.  410). 

OUTIL.  I.  Technologie.  —  On  désigne  sous  ce  nom 
les  instruments  très  divers  dont  font  usage  les  ouvriers 
pour  leur  travail.  Ils  sont  généralement  actionnés  à  la 
main,  mais  ils  peuvent  aussi  être  mus  au  moyen  de 
machines-outils.  Dans  un  outil  manuel,  on  distingue 
généralement  deux  parties  :  le  mamhe  par  lequel  le 
tient  Fouvrier,  et  la  partie  travaillante.  Le  manche  est 
le  plus  souvent  en  bois  (marteau,  pelle,  ciseau,  etc.) 
et  la  partie  travaillante  en  fer  ou  acier.  Ceux  destinés  à 
être  montés  sur  une  machine  sont  entièrement  métal- 
li([ues.  Les  outils  sont  iimombrables,  comme  les  usages 
auxquels  ils  sont  destinés,  et  on  peut  dire  que  chaque  in- 
dustrie a  so]i  outillage  propre  légèrement  dilierent  de  celui 
des  industries  similaires,  mais  ils  rentrent  toujours  dans 
cuu{  grandes  classes  principales,  suivant  qu'ils  ont  pour 
but  de  soulever  (leviers),  de  tenir  (pinces,  étaux),  d'arra- 
cher (tenailles),  de  percer  (mèches,  forets)  ou  de  couper 
(scies,  burins,  ciseaux)  la  matière  travaillée.   E.  Mâc.lin. 

II.  Industrie.  —  Machine-outil  (V.  Macuine-outil). 

III.  Art  militaire.  —  Outils  poc.tatifs.  —  Outils 
de  modèle  réduit,  légers  et  peu  encombrants,  (pi 'on  fait 
porter  dans  les  compagnies  d'infanterie  à  un  certain 
nombre  d'hommes.  Ces  outils  sont  :  la  bêcJie  portative 
dont  le  côté  gauche  forme  scie.  Fout  il  monté  o  une  lon- 
gueur de  0"\52,  le  fer  de  la  bêche  a  0"\15  de  largeur 
sur  0'^,  19  de  hauteur;  elle  pèse  1  kilogr.  ;  la  pioche 
portative,  longue  de  0"\45,  large  de  0"\375,  pèse 
l'^-,700;  le  pïc  à  tête,  long  de  0'",45,  pèse  l'^-,500: 
la  hache  ii  main,  de  même  longueur  et  de  même  poids; 
la  scie  articulée,  du  poids  de  0'^8-,530.  ('es  outils  sont 
enveloppés  dans  un  étui  et  arrimés  sur  le  sac  des 
hommes.  Ils  sont  distribués  dans  la  pi'oportion  de 
1  outil  pour  quatre  hommes.  Chaque  compagnie  d'in- 
fanterie emporte  en  campagne  :  32  bêches  portatives, 
8  pioches,  4  pics,  3  haches  à  main,  1  scie  articulée; 
il  faut  ajouter  en  outre  13  hachettes  de  campement  don- 
nées aux  13  escouades  non  pourvues  de  haches  à  main. 
Chaque  homme  des  compagnies  du  génie  est  porteui'  d'un 
outil  de  terrassier,  de  destruction  ou  d'ouvrier  d'art.  Ces 
outils  sont  du  modèle  des  outils  de  parc,  légèrement  ré- 
duits. Les  cavaliers  sont  surtout  chargés  des  destructions  ; 
chaque  cavalier  reçoit  un  pétard  de  mélinite  et  chaque  es- 
cadron reçoit  une  cisaille  pour  couper  les  fils  télégra- 
phiques. 

Oulils  de  parc.  Les  outils  de  parc  sont  portés,  soit  par 
des  voitures,  soit  par  des  animaux  de  bât.  Ils  compren- 
nent :  la  pelle  ronde,  la  pelle  carrée  de  1"\30  de  longueur, 
la  pioche  de  0,80  de  longueur,  la  hache  de  bûcheron,  la 
serpe,  la  pince  à  pied  de  biche,  la  scie  égohine.  la  scie 
passe-partout. 

Outils  transportés  par  les  unités  d'artillerie  decam- 


OUTIL  —  OUTRAGE 


—  710 


fagne.  Les  diverses  unités  de  l'artillerie  (batteries  et  sections 
de  munitions,  etc.)  transportent  un  certain  nombre  d'outils 
destinés  à  exécuter  des  terrassements,  des  destructions  ou 
des  réparations.  Les  outils  de  pionniers  ou  terrassiers  sont 
suspendus  à  l'extérieur  des  voitures  ;  ils  comprennent  des 
pelles  et  des  pioches  ;  les  outils  de  destruction  sont  ac- 
crochés à  l'extérieur  des  voitures,  à  l'exception  des  scies 
articulées  qui  sont  dans  les  coffres  d'avant-train.  A  ces 


outils,  il  faut  ajouter  lesengins  de  destruction,  pétards  de 
dynamite  ou  de  mélinite,  amorces,  cordeaux  Bickfort,  etc., 
<}ui  sont  transportés  par  un  chariot  de  batterie.  Les  outils 
de  réparation  du  matériel  sont  renfermés  dans  un  coffre 
a])pelé  coffre  d'outils  d'ouvriers,  en  fer  et  en  bois.  Ce 
coffre  est  porté  par  l'arrière- train  de  la  forge.  L"avanl- 
train  de  la  forge  porte  un  coffre  contenant  (es  outils  des 
maréchaux  ferrante. 


OUTILS  DE  PIONNIERS  OU  DE  DESTRUCTION  PORTES  PAR  LES  VOITURES  D'ARTILLEPJE 


Outils      f  Pelles  rondes 

de         j  Pelles  carrées 

pionniers   (  Pioches 

llaches  diverses 

Scies  articulées 

Scies  passe-partout 

Pics  à  roc 

Pétards  ù  dynamite  ou  à  mélinite. 


De   1)0 


33 
6 

33 

12 

6 

3 


4  (2)  ou  6  (3) 
4  (2)  ou  6  (3) 
4  (2)  ou  12  (3) 
4  (2)  ou  2  [?,\ 


2  (2)  ou  0  (a; 


De  120 

court 


27 

9 

21 

12 

(i 


(1)  Dans  les  batteries  à  cheval  attachées  aux  divisions  do  cavalerie  indépendante 

(2)  Batteries  de  montagne  de  France. 

(3)  Batteries  de  montagne  d'Algérie 

(l)  En  outre  50  kilogr.  de  poudre  de  mine. 


.'^ECTION 

SECTION 

de  munitions 

de  munitions 

infanterie 

artillerie 

31 

IG 

2 
19 

9 

!r' 

» 

'^ 

PARC 

de  corps 
d'armée 


lOG 

172 

76 
» 

40 
20 
;. 000(1 


Dans  chaque  batterie  d'artillerie  de  campagne,  le  cha- 
riot-fourragère de  batterie  porte,  en  outre,  enfermés 
dans  un  coffre  placé  sous  la  voiture,  des  outils  pour  couper 
le  fourrage  savoir  :  20  faucilles,  6  serpes,  2  faux  et 
1  jeu  d'accessoires  pimr  aiguiser  les  faux. 

OUTILLAGE.  I.  Technologie.  —  L'outillage  est 
l'ensemble  des  outils  et  instruments  nécessaires  à  l'ex- 
ploitation d'ime  industrie  :  l'outillage  d'une  forge,  l'ou- 
tillage agricole.  Dans  les  industries  mécaniques  on  divise 
généralement  routillage  en  deux  catégories  :  le  petit 
outillage,  composé  des  outils  proprement  dits,  et  le  gros 
outillage  comprenant  les  machines-outils,  les  machines 
motrices,  les  engins  de  levage  (grues,  ponts  rou- 
lants, etc.).  Le  choix  judicieux  des  outils  et  surtout  des 
machines,  de  façon  à  obtenir  un  travail  rapide  et  cor- 
rect, est  un  des  principaux  éléments  de  prospérité  d'une 
usine,  puisqu'il  permet  de  réduire  la  main-d'œuvre.  Les 
petits  outils,  principalement  ceux  qui  doivent  être  fu^ès 
sur  les  machines,  sont  souvent  coûteux  et  demandent  à  être 
constamment  entretenus  et  vérifiés.  En  générai,  ce  soin 
incombe  à  des  ouvriers  spéciaux,  nommés  outille itr s,  qui 
sont,  en  outre,  chargés  de  répartir  les  outils  entre  les  ou- 
vriers suivant  les  besoins  et  d'assurer  leur  conservation. 
Ces  ouvriers  travaillent  dans  un  ateher  spécial  et  soigneu- 
sement clos  où  ils  renferment  les  outils  ;  cet  atelier,  par 
extension,  est  fréquemment  désigné  sous  le  nom  iVoiitil- 
iage.  E.  Mac  lin. 

II.  Art  militaire.  —  Outillage  des  troupes  en  cam- 
pagne. —  Les  troupes  des  différentes  armes  ont  besoin  en 
campagne  d'un  outillage  spécial  pour  exécuter  des  travaux 
de  fortification  passagère,  des  destructions  et  des  répara- 
tions. Afin  d'éviter  de  surcharger  les  hommes  et  d'encombrer 
les  colonnes,  cet  outillage  a  été  réparti  en  i'  échelons.  Le 
4^'"  échelon  comprend  les  outils  portés  par  les  hommes 
(V.  ci-dessus  Outil).  Dans  les  compagnies  d'infanterie,  ils 
sont  distribués  au  quart  de  l'effectif,  dans  la  proportion  de 
3; 7  d'outils  de  destruction,  4/7  d'outils  de  terrassier.  Dajis 
le  génie,  les  outils  portés  par  les  hommes  sont  du  modèle  des 
optils  de  parc.  Le  2^  échelon  comprend  les  outils  du  mo- 
dèle des  parcs,  transpoidés  par  les  voitures  de  compagnie 
dans  l'infanterie,  suspendus  aux  voitures  de  batterie 
dans  l'artillerie,  et  placés  dans  le  génie  dans  les  voi tintes 
dites  de  sapeurs-mineurs.  Le  3*^  échelon  est  constitué  par 
les  parcs  du  génie  de  corps  d'armée   et   d'armée,    Le 


4''  échelon  forme  une  réserve  emmagasinée  dès  le  temps 
de  paix  et  transportée  en  partie  au  moment  de  la  mobi- 
lisation dans  les  stations-magasins;  l'autre  partie  restant 
en  dépôt  dans  les  magasins  du  temps  de  paix,  jusqu'au 
moment  du  besoin. 

Petit  outillage  à  distribution.  Outils  divers  dont  se 
servent  les  officiers  d'a])provisionnement  pour  répartir  les 
denrées  entre  les  parties  prenantes.  Cet  outillage  com- 
prend :  une  balance  romaine  de  33  kilogr.,  un  ciseau  à 
froid,  une  paire  de  tenailles,  un  marteau  et  un  tournevis, 
4  couteaux  à  conserves.  ^1  aiguilles  d'emballeur,  une  pelote 
de  ficelle  de  "200  gr. 

CUTI  NES.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  de  Vitrv, 
cant.  de  Saint-Uemy-en-Bouzemont;  4iO  hab. 

OUTKINE  (Nicolas),  graveur  et  médailleur  russe,  né 
en  1779.  mort  en  1863.  xVprès  avoir  suivi  les  leçons  de 
Bervic  à  Paris,  il  devint  directeur  de  FEcole  de  gravure 
de  Saint-Pétersbourg.  On  lui  doit  de  nombreux  portraits  ; 
le  plus  connu  est  celui  de  Catherine  IL 

OUTRAGE.  A  l'origine,  le  mot  outrage  comprenait 
dans  son  acception  tous  les  excès  quelle  que  fût  leur 
nature.  L'usage  on  a  un  peu  restreint  le  sens,  et  il 
s'apphque  seulement  aux  faits  ou  aux  discours  ou  écrits 
qui  atteignent  soit  des  corps  constitués  et  des  administra- 
tions, soit  coi'taines  abstractioiis  comme  la  morale,  les 
bonnes  mœurs  par  exemple.  Comme  l'injure,  l'outrage  a 
un  effet  insultant,  mais  tandis  que  l'injure  s'applique  in- 
différemment aux  particuliers  ou  aux  fonctionnaires,  l'ou- 
trage ne  s'applique  qu'aux  fonctionnaires  et  ne  peut 
atteindre  les  particuliers  que  lorsque  ceux-ci  ont  momen- 
tanément exercé  des  fonctions  publiques,  comme  celles  de 
juré  par  exemple,  et  qu'ils  sont  pris  à  partie  et  outragés 
à  raison  même  de  ces  fonctions.  Les  outrages  sont  prévus 
et  réprimés  par  nos  lois  pénales.  Le  code  pénal  a  puni 
d'une  peine  correctionnelle  proportionnée  à  la  gravité  du 
délit  commis  les  outrages  envers  les  magistrats  et  autres 
fonctionnaires  pubKcs.  Pour  les  outrages  envers  les  par- 
ticuUers,  le  code  les  qualifie  calomnie  ou  injure.  Il  y  a 
calomnie  lorsque  l'on  a  accusé  un  individu  de  faits  délic- 
tueux qui,  s'ils  existaient,  exposeraient  leur  auteur,  soit  à 
des  peines  criminelles  ou  correctionnelles,  soit  au  mépris 
et  à  la  haine  des  citoyens.  Les  injures  sont  des  expres- 
sions outrageantes  qui  ne  contiennent  l'imputation  d'aucun 
fait  précis  et  déterminé,  mais  celle  d'un  vice  déterminé, 


711  — 


OUTRAGE  —  OUTRE 


L'outrage,  la  calomnie  et  l'injure  sont  punis  de  peines 
diverses  variant  suivant  la  gravité  du  délit  et  les  cir- 
constances de  fait  dans  lesquelles  il  s'est  produit.  La  diffa- 
mation est  encore  une  sorte  d'outrage  également  prévu 
par  nos  lois  pénales.  L'outrage  et  la  diffamation  se  com- 
mettent surtout  par  la  voie  de  la  presse,  et  alors  il  y  a 
lieu  d'appliquer  la  législation  spéciale  sur  la  presse  con- 
tenue principalement  dans  la  loi  du  29  juil.  LS81,  modifiée 
du  reste  à  cei'tains  égards  par  des  lois  postérieures. 

Outrage  aux  bonnes  mœurs.  —  La  qualification 
générale  d'outrage  est  donnée  par  la  loi  pénale  à  tout  acte 
d'un  caractère  offensant,  soit  pour  des  dépositaires  de  l'auto- 
rité, soit  pour  certaines  abstractions  comme  la  pudeur, 
les  bonnes  mœurs.  Mais,  tandis  que  l'outrage  à  la  pudeur 
résulte  d'un  fait  matériel,  acte,  attitude  ou  geste  de  na- 
ture à  offenser  la  pudeur,  et  est  réprimé  par  l'art.  330  du 
L.  pén.,  l'outrage  aux  bonnes  mœurs  consiste  en  écrits 
ou  en  discours  contraires  aux  bonnes  mœurs,  et  se  trouve 
réprimé  par  deux  textes  différents,  la  loi  du  2  août  188^2 
et  la  loi  du  29  juU.  1881  sur  la  presse.  La  loi  du  2  août 
1882  punit  l'outrage  aux  bonnes  mœmrs  consistant  en 
publications  obscènes  par  voie  d'écrits  et  d'imprimés  autres 
que  le  livre,  d'afficbes,  dessins,  gravures,  peintures,  em- 
i  lèmes  ou  images.  La  loi  du  29  juil.  1881  (art.  28)  punit 
l'outrage  aux  bonnes  mœurs  consistant  en  publications  obs- 
cènes par  la  voie  du  livre  ou  par  l'emploi  de  cris,  de  cliants 
ou  discours.  Quand  pourra-t-on  dire  qu'une  publication  est 
obscène  et  qu'il  y  a,  par  conséquent,  outrage  aux  bonnes 
mœurs  ?  C'est  là  un  point  que  le  législateur  ne  pouvait 
déterminer  d'une  manière  précise  et  qu'il  laisse  au  juge 
le  soin  d'apprécier.  Comme,  en  effet,  la  question  de  pu- 
deur est  essentiellement  relative  et  varie  avec  le  milieu 
social  et  le  niveau  de  la  civilisation,  le  juge  seul  peut, 
suivant  les  circonslances,  apprécier  ou  non  si  tel  écrit  est 
obscène  et  porte  atteinte  à  la  moralité  publique. 
Outrage  à  la  pudeur  (V.  Attentat). 
OUTRAM  (James),  général  anglais,  né  à  Butterley  Hall 
(comté  de  Derby)  le  29  janv.  1803,  mort  à  Pau  le  11  mars 
1863.  Fils  de  Benjamin  Outram  (1764-1803),  ingénieur 
civil  renommé,  il  entra  en  1819  dans  l'armée  des  Indes, 
se  distingua  en  diverses  affaires,  notamment  en  réprimant 
une  ijisurrection  en  1825  et  fut  envoyé  en  qualité  d'agent 
diplomatique  à  la  cour  de  plusieurs  princes  indigènes.  En 
1838,  il  prit  part  à  l'expédition  de  sir  John  Keane  sur 
rindns,  et  fut  chargé,  en  1839,  de  s'emparer  de  Dust 
Mohammed  qu'il  ne  put  atteindre  après  une  marche  très 
pénible  dans  les  montagnes  de  l'Afghanistan.  Il  s'occupa 
ensuite  de  rétablir  l'ordre  dans  les  districts  situés  entre 
Caboul  et  Kandahar,  participa  au  siège  de  Kalat,  ce  qui 
lui  valut  le  brevet  de  major.  A  la  fin  de  la  même  année, 
il  était  nommé  agent  politique  dans  le  Sindh  inférieur  et,  en 
1841,  agent  politique  dans  le  Sindh  supérieur.  11  rendit 
de  si  grands  services  tant  diplomatiques  qu'administratifs 
et  militaires,  et  sut  si  bien  se  concilier  l'estime,  que  Na- 
pier,  en  1842,  l'appelait  le  «  Bayard  de  l'Inde»,  surnom 
qui  lui  resta.  Outram  était  en  1843  à  Heyderabad  lorsqu'il 
y  fut  attaqué  par  8.000  hommes,  commandés  par  Mir  Sliah- 
âad-Khan.  Après  une  très  brillante  défense,  il  fut  forcé 
de  se  replier  sur  Napier  ;  tous  deux  revenant  en  force 
obligèrent  les  émirs  révoltés  à  se  rendre.  Outram  gagna 
dans  cette  campagne  le  grade  de  lieutenant-colonel.  Il 
fit  alors  un  tour  en  Angleterre  et  quitta  Londres  dès  la 
nouvelle  de  la  révolution  de  Lahore.  Il  aida  le  colonel 
Wallace  à  s'emparer  de  Samangarh  (13  oct.  1843),  fut 
attaché  à  l'état-major  du  général  Delamotte  et  donna  de 
nouvelle  preuves  de  son  indomptable  audace  à  la  prise  des 
forts  de  Pawangarli  et  de  Panala.  Nommé  résident  à  Sa- 
tara  en  1845,  puis  résident  à  Baroda  (1847),  il  allait  être 
employé  dans  la  seconde  campagne  contre  les  Sikhs  lors- 
qu'il tomba  malade  et  dut  voyager  en  Egypte  et  en  Syrie. 
De  retour  à  Baroda  en  1850,  il  perdit  son  emploi  pour 
avoir  écrit  sur  la  corruption  un  mémoire  trop  véridique 
que  le  gouvernement  considéra  comme  injurieux  pour  ses 


agents  et  pour  lui-même.  11  vint  plaider  sa  cause  auprès 
des  directeurs  de  la  compagnie  des  Indes  (1852)  qui  lui 
exprimèrent  leurs  regrets,  et,  revenu  à  Calcutta  en  1853, 
il  fut  nommé  aide  de  camp  du  gouverneur  général.  11  re- 
prit, pour  la  forme,  et  ce  fut  probablement  une  satisfac- 
tion personnelle  qui  lui  fut  accordée,  le  poste  de  Baroda 
(1854)  pour  être  ensuite  nommé  agent  politique  et  com- 
mandant à  Aden.  Mais  il  ne  put  supporter  le  climat  de 
cette  station,  et  lord  Dalhousie  le  désigna  pour  la  rési- 
dence d'Aoudh.  A  la  suite  d'un  mémoire  de  lui,  l'annexion 
définitive  de  cette  province  fut  décidée  et  opérée.  Outram 
reçut  le  grade  de  major  général  (1754).  Il  prit  en  1855 
le  commandement  de  l'armée  envoyée  en  Perse.  11  rem- 
porta  de  brillantes  victoires  sur  les  troupes  persanes,  ob- 
tint l'évacuation  du  fort  d'tlérat  et  imposa  le  traité  de 
Bagdad  (1857). 

î.a  grande  révolte  de  l'Inde  venait  d'éclater.  Outram  reçut 
le  commandement  de  deux  divisions  et  le  titre  de  chef  commis- 
saire de  l'Aoudh.  Il  aida  puissamment  Havelock  à  ravitailler 
Lucknow  et,  pendant  plusieurs  mois,  il  coopéra  avec  Colin 
Campbell  aux  opérations  contre  les  révoltés,  au  cours  des- 
quelles Lucknow  fut  tour  à  tour  prise  et  reprise.  Il  entra 
ensuite  dans  le  conseil  du  gouverneur  général  et  prit  part 
notamment  à  la  réorganisation  de  l'armée  de  l'Inde.  Il  avait 
conquis  une  telle  réputation  dans  la  répression  de  la  rébel- 
lion que  le  gouvernement  le  créa  baronnet,  que  la  Chambre 
des  communes  lui  vota  une  pension  annuelle  de  1 .000  livres, 
que  Londres  lui  décerna  le  brevet  de  citoyen,  que  sa  sta- 
tue équestre  fut  élevée  à  Calcutta  à  l'aide  d'une  souscrip- 
tion pubhque.  Sa  santé  était  épuisée.  11  vint  passer  en 
Egypte  l'hiver  de  1861  ;  en  1863  il  était  dans-  le  midi  de 
la  France,  où  il  mourut.  Les  Anglais  lui  firent  des  funé- 
railles solennelles  et  il  fut  enterré  à  Westminster.  Outram 
a  laissé  les  ouvrages  suivants  :  Pioiujh  Notes  of  the  cam- 
paifjn  in  Sinde  and  Afghanistan  in  i 838-39  (Bom- 
bay et  Londres,  1840,  in-8)  ;  The  Conquest  of  Scinde: 
a  Commentary{¥A\m\)om%,  1846,  in-8);  Baroda  intri- 
gues and  Bomijay  Kutput  (Londres,  1853,  in-8)  ;  il 
suppressed  despa'tch  from  Outram  ta  A.  Malet  (1853, 
in-8)  ;  A  few  brief  Memoranda  of  so}ne  of  the  Public  Ser- 
vices rendered  bij  lient. -colonel  Outram  {Londres,  1853, 
in-8);  Ourindian  Army  (1860,  in-8);  Lient,  gênerai 
Sir  James  Ouiram's  Persian  Campaign  in  i 857-58 
(Londres,  1860,  in-8),  et  des  rapports  politiques  et  admi- 
nistratifs très  importants.  R.  S. 

BiBL.  :  Sir  F. -.T.  Goldsmid.  James  Outram;  ahiQijrnphij  ; 
Londres,  1880,  2  vol.  in-8.  —  W.-R.  Tucker,  Short  àc- 
count  of  the  Outram  Statue  Calcutta,  1879,  in-l. 

OUTRANCOURT.  Com.  du  dép.  des  Vosges,  arr.  do 
Xeufchateau,  cant.  de  Bulgnéviile  ;  107  hab. 

OUTRAOLA.  Ville  de  l'Inde,  dans  l'Aoudh,  sur  un  aftl. 
dr.  de  la  Rapti  ;  6.000  hab.  Tombeau  du  chef  pathan 
Ali  Khan  qui  l'enleva  aux  Radjpouts. 

OUTRE  (Techn.).On  fait  des  outres,  soit  sans  couture, 
avec  une  peau  de  bouc,  soit  avec  une  couture  en  peau  de 
vache.  Pour  obtenir  les  premières,  on  gonfle  le  bouc,  une 
fois  tué,  avec  un  soufflet,  afin  de  décoller  la  peau,  on 
coupe  la  tête  au-dessous  du  cou,  les  jambes  de  devant  et 
de  derrière  à  l'articulation  du  genou,  on  fait  sortir  toutes 
les  parties  du  corps  par  l'ouverture  du  cou,  puis  on  re- 
tourne la  peau,  qu'on  frotte  avec  du  sel  pilé  et  qu'on 
laisse  une  quinzaine  de  jours  sous  une  pierre.  On  la  re- 
tourne à  l'endroit,  on  tond  le  poil  d'assez  près,  on  lie  ou 
on  coud  l'anus  et  les  ouvertures  des  jambes  et  on  ferme 
le  cou  avec  une  bonde  de  bois  enveloppée  d'un  chiffon. 
Pour  les  outres  cousues,  on  fait  tremper  des  peaux  de 
vache  dans  deux  eaux  de  chaux  successives,  on  les  pèle, 
on  les  lave  dans  l'eau  courante  et  on  les  fait  sécher  au 
soleil  puis  à  l'ombre.  On  les  laisse  ensuite  étendues  au 
soleil  pendant  trois  à  quatre  semaines,  on  les  trempe  à 
nouveau  dans  l'eau  et  on  les  coud  avec  une  alêne,  le  côté 
de  la  chair  en  dedans,  sur  les  divers  bords,  en  laissant 
en  haut  une  ouverture  de  6  ou  7  centim.  et  un  goulot  de 


OlITliE  —  OLÎVERTUHi: 


71-2  — 


J5  ceiitim.,  qu'on  bouche  avec  une  bonde.  Pour  garder 
aux  outres  leur  souplesse,  on  les  lave  de  temps  à  autre, 
intérieurement  et  extérieurement,  avec  une  bouillie  de 
miel  et  de  farine  de  seigle,  passée  au  tamis.         L,  S, 

OUTREAU.  Corn.  du\lép,  du  Pas-de-Palyis,  arr.  de 
Boulogne,  cant.  de  vSamer;  3.862  hab.  Stat.  du  chem. 
de  fer  du  Nord.  Carrières  de  grès.  Fabriques  de  produits 
céramiques  et  réfraetaires,  de  ciment  ;  tuileries  et  brique- 
leries.  Sur  une  colline  dominant  la  Manche,  restes  du  fort 
de  Montpiaisir.  Le  24  mars  looO  fut  signé  à  Outreau  le 
Iraité  de  paix  et  (Falliance  par  lequel  Edouard  YT,  roi 
d'Angleterre,  restitua  Boulogne  au  roi  de  France. 

OUTREBOIS.  Com.  du  dép.  de  la  Somme,  arr.  de 
Doullens,  cant.  de  Bernaville  ;  432  hab. 

OUTRECHAISE.  Com.  du  dép.  de  la  Savoie,  arr.  d'Al- 
bertville, cant.  d'Fgines  ;  152  hab. 

OUTRENIÉCOURT.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne, 
arr.  de  Chaumont,  cant.  de  Bourmont  ;  2a8  hab. 

OUTREMER.  I.  Minérâlocik  (V.  Lapis-Lazi  u). 

îî.  Chimie  iNnusTRiELi.E  (V.  Bleu). 

III.  Ordres,  —  Oriire  (Contre-nicr  {\ .  NAvmE  [Ordre 
du|). 

OUTRE^MEUSE  (Pays  d').  On  appelait  ainsi,  avant  la 
Révolution  française,  les  comtés  de  Dalhem,  Bolduc  et 
Fauquemont,  situés  dans  les  Pays-Bas  autrichiens;  on 
leur  donnait  parfois  aussi  le  iu)m  d'appartenances  du 
Eimbourg.  Ime  partie  des  pays  d'Outre-Meuse  fut  cédée 
à  la  république  des  Provinces- Unies  par  le  traité  de  La 
liaye  en  4  661  ;  ces  dispositions  furent  partiellement  revi- 
sées par  le  traité  de  F^ontainebleau  de  1785.  Dalhem 
appartient  aujourd'lmi  à  la  Belgique,  Fauquemont  au 
royaume  des  Pavs-Bas,  et  Bolduc  à  la  Prusse. 

OUTREMEUSE  (J.  des  Prez,  dit  d'),  chroniqueur 
belge  (1328-99)  (V.  Desprez). 

OUTREPONT.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  de 
Yitry,  cant.  d'Heiltz-le-Maurupt;  149  hab. 

OUTRIAZ.  Com.  du  dép.  de  l'Ain,  arr.  de  Nantua, 
cant.  de  Brénod  ;  237  hab. 

0UTRI6GER  (V.  Canotage). 

OUTRILLE  (Saint)  (V.  Austregisile). 

OUTSOUNOMYA.  Ville  du  Japon,  au  centre  de  Nip- 
pon, ken  et  à  30  kil.  N.-E.  de  Totsighi  ;  20.000  hab. 
Ses  da/mios  eurent  une  importance  considérable. 

OU  VAN  S.  Com.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Baume-les- 
Dames,  cant.  de  Pierrefontaine  ;  143  hab. 

OUVAROV  (Comte  Serge-Séménovitch),  homme  d'Etat 
et  écrivain  russe,  né  à  Moscou  le  2o  août  1785,  mort  à 
Moscou  le  16  sept.  1855.  Il  fit  son  éducation  dans  les 
universités  allemandes,  fut  quelque  temps  secrétaire  d'am- 
hassade  à  Vienne,  puis  à  Paris,  et  publia  à  vingt-cinq  ans 
un  petit  traité  intitulé  Projet  d'une  académie  asia- 
tique (Saint-Pétersbourg,  I8Î0),  qui  le  lit  nommer,  l'an- 
née suivante,  curateur  de  l'Université  de  Saint-Péters- 
bourg et  recteur  du  ressort  académique  de  cette  ville.  Il 
institua  les  premières  chaires  de  langues  orientales,  fut 
appelé  en  1818  à  la  présidence  de  l'Académie  des  sciences, 
qu'il  devait  conserver,  du  reste,  jusqu'cà  sa  mort,  et,  de- 
venu en  1826,  en  même  temps  que  conseiller  intime,  di- 
recteur du  ministère  de  l'instruction  publique,  fut  mis  en 
1832  à  la  tète  de  ce  département,  où  il  demeura  dix-huit 
ans.  Il  accomplit  dans  l'enseignement  dévastes  réformes  et 
créa  près  des  deux  cinquièmes  des  institutions  scientifiques 
ou  littéraires  alors  existantes  :  université  de  Kiev  et  de 
Titîis,  académies  d'Omsk  et  de  Tobolsk,  obse;*vatoires, 
musées  d'histoire  naturelle,  jardins  botaniques,  cabinets 
de  physique,  bibliothèques,  sociétés  d'archéologie  (1834) 
et  de  géographie  (1841),  etc.  Il  se  révéla  lui-même  ar- 
chéologue, historien  et  philologue  de  grande  valeur.  En 
1846,  Nicolas  P»'  lui  conféra  le  titre  héréditaire  de  comte. 
Il  a  publié,  outre  le  traité  déjà  cité,  de  nombreux  mé- 
moires, presque  tous  en  français  :  Sur  les  mystères 
d'Eleusis  (Saint-Pétersbourg,  1812)  ;  Etudes  de  philo- 
sophie et  de  r?^îY?"^î/^  (Saint-Pétersbourg,  1843)  ;  Esquisses 


politiques  et  littéraires  (l\m^,  1840).  On  lui  doit  égale- 
ment une  édition  de  xNonnus  de  Panapohs  (1817)  et 
quelques  vers  en  français.  —  Son  fils,  Alexis-Sergeie- 
vitch,  s'est  fait  conuaitre  par  un  Voyage  archéologique 
dans  le  midi  de  la  Russie  (Saint-Pétersbourg,  1852). 

IUr,L.  :  Al.  DE  IvRUfîRNSTERX.  Prêcis  rlu  syfitèine,  des 
pro<rr('fi  oi  de  Vrlal  de  l'nifitrKction  piibliffuc  on  This^ic  : 
Saiiit-P(''t('rsbouri2',  Ls  Kk 

OUVE  (i;).  Biv.  du  dép.  de  la  Manche  (V.   ce  mot, 

rt.  xxu,  p.  1111]). 

OUVE-WiRQUiN.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr. 
de  Saint-Omer,  cant.  de  Lumbres  ;  377  hab. 

OUVÉA.  Ile  de  l'Océanie  française,  de  l'archipel  Loyauté, 
à  45  kil.  S.-E.  des  récifs  d'Astrolabe.  Superficie,  160 kil. q.; 
4.000  hab.  C'est  un  plateau  de  corail  irrégulier,  parfai- 
tement horizontal.  Au  S.  on  trouve  le  cap  Rossel;  au 
S.-O.  s'élève  l'îlot  de  Ouatraio.  Il  y  a  deux  villages  dans 
l'île,  habités  par  les  Mélanésiens  et  des  Polynésiens.  Ou- 
véa  a  été  découverte  parDumont  d'ih'ville  en  1827. 

OUVÉA  (V.  Wallis). 

OUVEILLAN.Com.  du  dép.  de  TAude,  arr.  de  Xar- 
bonne,  cant.  de  Gineslas  ;  2.566  hab. 

OUVERT  (Blas.).  Se  dit  d'une  construction  (|uelcoiique, 
château,  tour  ou  maison,  dont  la  porte  est  d'un  émail  dif- 
férent. 

OUVERTURE.  I.  Architecture.—  Terme  générique 
indiquant  tout  vide  réservé  ou  pratiqué  dans  une  partie  de 
construction  pour  former  une  baie  :  porte,  fenêtre,  œil-de- 
bœuf,  meurtrière,  etc.  L'architecture  classique  astreint  à 
certaines  règles  la  distribution  des  ouvertures  ou  vides, 
les  rapports  qui  doivent  exister  entre  les  parties  pleines 
et  les  parties  vides,  la  régularité  et  la  symétrie  avec  les- 
(juelles  doivent  être  ménagées  ces  dernières,  tandis  que 
l'architecture  du  moyen  âge  et  l'architecture  de  nos  jours 
ont  souvent  tiré  le  plus  heureux  parti  d'une  plus  grande 
liberté  prise  à  ce  sujet.  —  En  construction,  on  appelle 
ouverture  toute  fracture  ou  fissure  qui  se  produit  dans 
un  ouvrage  de  maçonnerie,  mur  plein  ou  partie  de  cons- 
truction appareillée,  et  en  stéréotomie,  on  appelle  ouver- 
txire  plate  toute  baie  pratiquée  horizontalement  au  som- 
met d'un  dôme  ou  d'un  comble  pour  éclairer  les  parties 
inférieures,  telles  que  la  montée  d'un  escalier  ou  une  ga- 
lerie entre  des  pièces  d'apparat.  Dans  les  ouvrages  de 
menuiserie,  on  dit  qu'une  porte  ou  une  croisée  ouvrent 
en  feuillure,  à  noix  ou  à  gueule-de-loup,  suivant  le  mode 
de  rencontre  des  bâtis  servant  à  ouvrir  et  à  fermer  cette 
ci'oisée.  —  Pour  les  règlements  administratifs  auxquels 
sont  soumises  les  ouvertures  pratiquées  sur  la  voie  pu- 
blique, V.  l'art.  Vue,  et  pour  les  ouvertures  pratiquées 
dans  les  murs  mitoyens  ou  séparatifs,  V.  Servitude. 

II.  Enseignement. —  Ouverture  d'écoles.  —  Ecoles 
primaires  (V.  Ensek.ne.ment,  l.  XV,  p.  1147). 

Etablissements  d'enseignonent  secondaire.  La  ma- 
tière est  régie,  aujourd'hui  encore,  par  la  loi  du  15  uiars 
1850.  En  principe,  l'ouverture  d'un  établissement  privé 
d'enseignement  secondaire  n'est  permise  qu'aux  personnes 
de  nationalité  française,  âgées  de  vingt-cinq  ans  au  moins 
et  n'ayant  encouru  aucune  des  incapacités  énumérées  dans 
l'art.  26  de  la  loi  (condamnation  pour  crime  ou  délit  con- 
traire à  la  probité  ou  aux  mœurs,  privation  de  tout  ou 
partie  des  droits  mentionnés  en  l'art.  i2,  C.  pén.,  inter- 
diction absolue  d'enseigner).  Les  étrangers  peuvent  être 
également  admis  à  ouvrir  des  établissements  d'enseigne- 
ment secondaires;  mais  il  leur  faut,  outre  la  réunion  des 
conditions  exigées  des  Français,  une  autorisation  préa- 
lable, qui  est  accordée  par  le  ministre  de  l'instruction  pu- 
blique, après  avis  du  conseil  supérieur,  et  qui  est  révo- 
cable dans  la  même  forme  (décr.  5  déc.  1850).  Français 
et  étrangers  font,  antérieurement  à  l'ouverture,  une  décla- 
ration à  l'inspecteur  d'académie  du  département  où  ils 
veulent  s'étabhr,  lui  désignent  le  local,  lui  indiquent  les 
professions  qu'ils  ont  exercées  pendant  les  dix  années  pré- 
cédentes et  déposent  entre  ses  mains  les  pièces  suivantes  : 


7i:î  — 


OUVERTURE  —  OUVIRA 


l''  un  rortificat  do  stage  constatant  qu'ils  ont  rempli  pen- 
dant cinq  années  au  moins  les  fonctions  de  professeur  ou 
de  surveillant  dans  un  établissement  d'enseignement  se- 
condaire public  ou  bbre  ;  2°  soit  le  diplôme  de  bachelier, 
soit  un  brevet  de  capacité  délivré  par  un  jury  spécial  dont 
les  membres  sont  désignés,  pour  chaque  dé{)artement,  par 
le  ministre  (ou,  pour  les  étrangers,  une  déclaration  mi- 
nistérielle d'équivalence  de  leurs  brevets  ou  diplômes  na- 
tionaux, ou  encore,  s'ils  se  sont  fait  connaître  par  des 
ouvrages  dont  le  mérite  a  été  constaté  par  le  conseil  su- 
périeur ou  s'il  s'agit  d'établissements  uniquement  destinés 
à  des  étrangers  résidant  en  France,  une  dispense  minis- 
térielle de  tous  brevets  ou  grades);  3^  le  plan  du  local; 
4^  l'indication  de  l'objet  de  l'enseignement.  L'inspecteur 
d'académie  donne  avis  du  dépôt  au  préfet  du  département 
et  au  procureur  de  la  République  de  l'arrondissement.  Pen- 
dant le  mois  qui  suit  le  dépôt,  chacun  de  ces  trois  fonc- 
tionnaires peut  former  opposition  à  l'ouverture  devant  le 
conseil  académique,  soit  dans  l'intérêt  des  mœurs  pu- 
bliques, soit  dans  celui  de  la  santé  des  enfants.  L'opposi- 
tion est  motivée  et  signée  de  son  auteur.  Elle  est  déposée 
ail  secrétariat  de  l'académie  et  notifiée  à  l'intéressé,  à  la 
diligence  du  recteur.  Le  conseil  académique  statue,  dans 
la  quinzaine,  l'intéressé  dûment  convoqué.  Le  jugement 
est  notifié  dans  le  mois  aux  deux  parties.  Dans  les  quinze 
jours  de  cette  notification,  appel  peut  être  interjeté  de- 
vant le  conseil  supérieur  de  l'instruction  publique.  Si,  dans 
le  mois  à  partir  du  dépôt  des  pièces,  aucune  opposition 
n'a  eu  lieu,  ou  si  dans  les  quinze  jours  du  jugement  reje- 
tant l'opposition,  appel  n'a  pas  été  interjeté,  le  postulant 
peut  immédiatement  ouvrir  l'établissement  sans  autorisa- 
tion ni  avertissement  aucun.  Mais,  s'il  ne  remplit  pas  les 
conditions  exigées,  si  par  exemple  il  n'a  pas  l'âge,  s'il  a 
été  condamné,  etc.,  il  est  passible  d'une  amende  de  100 
à  1.000  fr.  ;  en  outre  l'établissement  est  fermé.  La  peine 
est  de  i.OOO  à  3.000  fr.  d'amende  et  de  quinze  jours  à 
un  mois  de  prison  en  cas  de  récidive,  ou  si  le  postulant 
a  ouvert  l'établissement  avant  ([u'il  ait  été  statué  sur 
l'opposition  à  lui  notifiée,  ou  s'il  l'a  fait  contrairement  à 
la  décision  qui  aurait  accueilli  celle-ci.  Exceptionnellement, 
les  ministres  des  différents  cultes  peuvent,  aux  termes  de 
l'art.  66,  §  3  de  la  loi,  donner  l'instruction  secondaire  à 
quatre  jeunes  gens  se  destinant  aux  écoles  ecclésiastiques, 
sans  être  soumis  aux  prescriptions  de  ladite  loi  et  sous 
la  seule  condition  de  faire  au  recteur  une  déclaration 
préalable.  Le  conseil  académique  est  chargé  de  veiller  à 
ce  que  le  chiffre  de  quatre  élèves  ne  soit  pas  dépassé. 
L'ecclésiastique  qui  en  réunirait  davantage  semble  devoir 
être  considéré  comme  ayant  ouvert  un  établissement 
d'enseignement  secondaire  sans  autorisation  et  être  pas- 
sible des  peines  précédemment  énoncées;  toutefois,  dans 
le  silence  de  la  loi,  cette  solution  est  contestée. 

Quant  aux  petits  séminaires,  bien  qu'ils  constituenl, 
en  réalité,  de  véritables  écoles  secondaires,  ils  sont  sou- 
mis à  un  régime  spécial.  Un  décret  d'autorisation  est  né- 
cessaire pour  leur  ouverture  (1. 15  mars  1850,  art.  70), 
mais  l'évêque  est,  aux  yeux  de  l'autorité,  leur  seul  chef 
ou  directeur  responsable,  et  il  n'est  pas  nécessaire  qu'ils 
aient  à  leur  tête  un  bachelier  et  que  celui-ci  ait  fait  un 
stage.  Le  conseil  supérieur  de  l'instruction  publique  a  dé- 
cidé, au  surplus,  à  plusieurs  reprises,  que  les  petits  sé- 
minaires doivent,  en  raison  de  leur  caractère  particulier, 
être  distingués,  à  tous  égards,  des  étabhssements  d'ins- 
truction secondaire,  publics  ou  libres,  et  que,  par  exemple, 
le  stage  exigé  pour  l'ouverture  d'un  de  ces  derniers  éta- 
blissements ne  peut  avoir  été  accompli  dans  les  premiers 
(V.  Séminaire).  L.  S. 

III.  Musique.  —  Pièce  de  musique  instrumentale  qui 
sert  de  préface  aux  opéras  de  divers  genres  ainsi  qu'aux  ora- 
torios et  aux  ballets.  Avant  Lully,  qui  peut  en  être  regardé 
comme  l'inventeur,  quelques  mesures  d'une  introduction 
nommée  Sinfonia  ou  Toccata  précédaient  seules  le  com- 
mencement de  l'action  scénique  dans  les  opéras  italiens 


Lully  détermina  la  forme  de  Fouverture  en  la  composant 
d'une  entrée  en  mouvement  lent,  suivie  d'un  mouvement 
vif  écrit  le  plus  souvent  en  style  fugué,  après  quoi  reve- 
nait le  tempo  primitif.  Cette  coupe  d'ouverture  fut  géné- 
ralement adoptée  {)ar  les  contemporains  et  les  successeurs 
immédiats  de  son  inventeur,  Ha'ndel  et  Purcell  entre 
autres.  Il  appartenait  à  Gluck  de  lier  pins  étroitement  la 
préface  à  l'ouvrage  en  la  faisant  servir,  ainsi  qu'il  le  dit 
lui-même,  «  à  préparer  l'auditoire  à  Faction  de  la  pièce  ». 
Mozart  élargit  encore,  sinon  le  principe  de  Gluck,  du 
moins  les  conséquences  qui  en  découlaient,  et  on  peut 
signaler  comme  une  innovation  l'insertion  d'un  passage 
de  son  opéra  l'Enlèvement  an  Sérail  dans  l'ouverture 
(jui  le  précède.  A  ce  point  de  vue,  celle  de  Don  Juan  est 
encore  plus  caractéristique.  Quant  aux  Noces  de  Figaro 
et  à  la  Flûte  enchantée,  leurs  préfaces  instrumentales 
sont  trop  connues  pour  qu'il  y  ait  lieu  d'y  insister. 

Avec  Méhul,  le  rôle  de  l'ouverture  semble  s'agrandir 
encore.  Celle  du  Jeune  Henri  est  à  elle  seule  un  véritable 
chef-d'œuvre.  Si  elle  était  due  à  un  de  nos  contemporains, 
il  n'aurait  pas  manqué  de  l'appeler  «  la  chasse  ».  poème 
symphonique.  Cherubini  peut  être  cité  à  côté  de  Méhul  ; 
mais  c'est  Reetboven  qui,  rompant  avec  toutes  les  for- 
mules antérieures,  va  créer  un  nouveau  genre,  où  une  en- 
tière indépendance  de  coupe  s'unira  aux  conceptions  les 
plus  pathétiques  ;  il  suffira  d'en  citer,  comme  exemples, 
Coriolan,  Egmont  et  les  quatre  ouvertures  qu'il  écrivit 
successivement  pour  Fidelio.  Weber,  dans  les  immortelles 
ouvertures  du  Freyscliiltx,,  A'Ohéron  et  à'Euryanthe,  a 
employé  les  thèmes  principaux  de  ces  opéras  en  les  grou- 
pant avec  un  art  consommé  et  une  incomparable  entente 
du  pittoresque. 

Meyerbeer  a  tantôt  composé  des  ouvertures  dévelop- 
pées, telles  que  celles  de  V Etoile  du  Nord  et  du  Par- 
don de  Ploërmel  (cette  dernière  com])ortant  une  partie 
chorale),  tantôt  fait  précéder  ses  opéras  d'un  prélude 
assez  court  lié  au  commencement  du  premier  a('te  {les 
Huguenots ,  V  Africaine,  etc.). 

De  même  Wagner  a  écrit  pour  ses  pi'emiers  ouvrages 
{Hienzi,  le  Vaisseau  Fantôme,  Tannhduser)  des  ou- 
vertures proprement  dites  synthétisant  les  principaux 
traits  de  l'action  dramatique.  Plus  tard,  il  a  écrit  des  pré- 
ludes {Tristan  et  Ysenlt,  Parsifal,  etc.).  Toutefois,  les 
Maîtres  chanteurs  sont  précédés  d'une  longue  et  magni- 
fique ouverture  qui  se  soude  au  début  de  la  pièce. 

Indépendamment  de  son  acception  originelle  et  nor- 
male sous  laquelle  nous  venons  de  l'envisager  en  en  retra- 
çant brièvement  l'historique,  le  terme  d'ouverture  a  été 
également  appHqué  à  des  pièces  symphoniques  dont  la 
conception  se  rattachait,  dans  l'esprit  du  compositeur,  à 
un  personnage,  à  un  fait  ou  à  un  lieu  déterminé.  Telles 
sont  les  ouvertures  dites  deconcerl  de  Mendelssohn  {liutf- 
Hlas,  la  Belle  Mélusine,  la  Grotte  de  Fingal,  etc.). 
de  Rerlioz  {les  Franc i- Juges),  de  Schumann  {Hermann 
et  Jiorothée,  Jules  César,  etc.).  René  Rrancolu. 

OUVÈZE.  Riv.  dudép.  de  la  Drame  (V.  ce  mot,  t.  XÏV, 
p.  1122). 

OU  VIL  LE.  Com.  du  dép.  de  la  Manche,  arr.  de  Cou- 
tances,  cant.  de  Cerisy-1  a-Salle  ;  694  hab. 

G UVILLE-l' Abbaye.  Com.  du  dép.  de  la  Seine-Infé- 
rieure, arr.  d'Yvetot,  cant.  d'Yerville  ;  545  hab. 

OUVILLE-LÂ-RiKN-TouRNKE.Com.  du  dép.  du  Calvados, 
arr.  de  Lisieux,  cant.  de  Saint-Pierre-sur-Dives  ;  239  hab 

OUVILLE-LA-RiviÈRi:.  Com.  du  dép.  de  la  Seine-Infé- 
rieure, arr.  de  Dieppe,  cant.  d'Offranville  ;  599  hab. 

OUVINZA.  Pays  de  l'Afrique  orientale  allemande,  à  l'E. 
du  Tanganyika,  arrosé  par  le  Malagarasi  et  dont  les  ha- 
bitants exploitent  les  mines  de  sel  qu'ils  vendent  du  Lou- 
laba  au  lac  Victoria,  et  les  mines  de  cuivre  avec  lequel 
ils  fabriquent  des  armes  et  des  instruments. 

OUVIRA.  Pays  de  l'Afrique,  Etat  du  Congo,  au  N.-O. 
du  lac  Tanganyika.  Les  habitants  fabriquent  des  objets  en 
fer,  des  calebasses,  de  la  vannerie. 


OUVIRANDRA  —  OUVRARD 


—  714  — 


OUVIRANDRA  {Ouvirandra  Oup.-TJi.).  I.  BorAMQUE. 
—  Genre  de  Nymphéacées-Aponogétées,  très  voisin  des 
Aponogeion  (V.  ce  mot),  dont  il  ne  se  distingue  que  par 
les  feuilles  élégamment  fenètrées,  par  suite  de  l'absence 
de  parenchyme  dans  l'intervalle  des  nervures. 

IL  Horticulture.  —  Ces  singulières  ])lantes  aquatiques 
se  cultivent  en  serre  ou  dans  h-s  eaux  des  climats  cliauds. 
Elles  se  plaisent  dans  les  eaux  limpides  et  bien  aérées. 

OUVRAGE.  I.  Fortification.  —- On  appelle  oia'rm/(?5, 
d'une  façon  générale,  toutes  sortes  de  travaux  de  fortifi- 
cation isolés  (V.  Abri,  Fort,  Forteresse,  Fortification, 
IiETRÂNCHEMEN-T,  Tranchée-arri,  etc).  Plus  Spécialement, 
on  désigne,  sous  les  noms  d'onirages  à  corne  (V.  Corne), 
d'ouvrages  à  couronne  (Y.  Couronne),  d'ouvrages  de 
compagnie  (V.  ci-dessous),  certains  travaux  de  défense 
d'un  caractère  spécial  et  d'une  disposition  parficulière. 

Ouvrage  de  compagnie.  —  Destiné  à  renforcer  une  po- 
sition isolée  ou  un  point  important  d'une  ligne  de  défense, 
il  a,  le  plus  souvent,  la  forme  d'une  demi-redoute.  Les 
faces  du  front  de  tête,  relativement  trcs  développées, 
ont  une  longueur  de  60  m.  environ,  de  façon  à  pouvoir 
abriter  trois  sections,  sur  deux  rangs,  h  raison  de  0'^,70 
de  crête  par  homme,  la  quatrième  section,  en  réserve, 
se  tenant,  à  une  vingtaine  de  mètres  en  arrière,  dans 
une  tranchée  renforcée  (V.  ïranchée),  parallèle  au  iront 
de  tête.  Cette  tranchée,  avec  deux  portions  de  tranchée 
normale,  de  45  à  20  m.  de  longueur,  rattachées  aux 
extrémités  des  flancs,  assure  éventuellement  la  défense 
de  la  gorge.  La  longueur  respective  et  la  position  des  faces 
et  des  tlancs  peuvent,  du  reste,  varier  beaucoup  suivant 
les  points  à  battre  et  le  pks  ou  moins  de  risque  cl  un  mou- 
vement tournant  de  l'ennemi.  L'épaisseur  minimum  à 
donner  au  parapet  de  la  partie  principale  est  de  3  m.,  la 
hauteur  de  la  crête  au-dessus  du  terrain  naturel  de  i™, 30; 
la  terre  est  prise  en  avant  et  en  arrière,  et  les  deux  exca- 
vations sont  analogues  à  celle  de  la  tranchée  renforcée  ; 
une  banquette  de  tir  de  0™,50  est  ménagée  au  pied  du 
parapet.  La  construction  a  lieu  au  moyen  des  outils  de 
parc.  Elle  est  menée  comme  celle  de  tranchées.  Pour  un 
ouvrage  de  compagnie  de  iOO  m.  de  développement  de 
crête,  avec  deux'  tranchées-abris  normales  de  gorge  de 
47  m.  chacune  et  une  troanchée  renforcée  d'une  vingtaine 
de  mètres,  il  faut  360 hommes,  206  pelles,  403  pioches, 
50  outils  portatifs  (40  bêches  et  40  pioches)  et,  au  mini- 
mum, deux  heures  de  travail  continu.  On  doit  donc  y  em- 
ployer deux  compagnies.  Si  l'on  ne  dispose  que  d'une 
seule,  on  ne  creuse  d'abord  que  le  fossé  intérieur  ;  on  a 
ainsi  au  bout  de  deux  ou  trois  heures  un  ouvrage  suscep- 
tible d'une  certaine  résistance  et,  après  un  repos  d'une 
demi-heure,  on  le  complète,  si  les  circonstances  le  per- 
mettent, en  creusant  le  'fossé  extérieur.  On  construit 
aussi  des  groupes  d'ouvrages  constitués  par  un  ouvrage 
principal  et  des  ouvrages  secondaires,  tels  que  tranchées- 
abris,  les  unes  en  avant,  les  autres  sur  les  cotés.  On 
place  trois  sections  dans  l'ouvrage  principal  et  une  demi- 
section  dans  chacune  des  tranchées-abris  de  droite  et  de 
gauche.  Pour  un  bataillon,  un  groupe  d'ouvrages  peut 
comprendre  :  deux  ouvrages  de  compagnie  séparés  par  un 
intervalle  de  250  à  300  m.,  garnissant  le  front  de  la  po- 
sition; en  arrière  de  l'intervalle,  deux  tronçons  de  tran- 
chées de  75  m.  environ  de  développement  total  ;  en  ar- 
rière encore,  une  tranchée  renforcée  de  même  longueur  ; 
sur  le  flanc  extérieur  de  chacun  des  grands  ouvrages  une 
tranchée-abri. 

II.  Métallurgie.  —  L'ouvrage  est  la  partie  d'un  haut 
fourneau  qui  s'étend  depuis  la  naissance  des  étalages  jus- 
qu'aux tuyères.  Parfois  on  désigne  par  extension  sous  le 
nom  d'ouvrage  toute  la  parlie  inférieure  du  fourneau  jus- 
qu'à la  sole.  Les  faces  de  l'ouvrage  où  sont  placées  les 
tuyères  se  wommmicostières.  La  hauteur  de  l'ouvrage  est 
en  général  de  4/7®  à  4/8®  de  la  hauteur  du  haut  fourneau. 
Si  on  augmentait  cette  dimension,  la  qualité  de  la  fonte 
produite  pourrait  en  souffrir  et  les  étalages  seraient,  en 


outre,  promptement  défruits.  En  la  diminuant,  on  n'ob- 
tiendrait qu'une  fusion  imparfaite,  il  faut  tenir  compte  éga- 
lement dans  les  proportions  de  l'ouvrage,  de  la  nature  des 
charbons  employés  et  des  minerais  traités  ;  ainsi,  pour  des 
minerais  réfractaires  fondus  avec  peu  de  vent,  il  y  a  avan- 
tage à  faire  usage  d'ouvrages  hauts  et  rétrécis  pour  mieux 
concentrer  la  cbaleur.  Pour  faciliter  la  descente  des  charges, 
il  est  nécessaire  de  donner  à  l'ouvrage  un  évasement  à  sa 
partie  supérieure  (4/3  ou  4/4  de  plus  qu'au  niveau  des 
tuyères).  On  donne  généralement  aux  ouvrages  une  forme 
rectangulaire  ou  ovale,  qu'on  raccorde  par  des  parties 
courbes  et  des  angles  arrondis  aux  étalages  qui  sont  à  sec- 
tion circulaire.  Comme  l'ouvrage  est  une  des  parties  les  plus 
importantes  du  haut  fourneau,  il  faut  apporter  beaucoup  de 
soin  dans  le  clioix  des  matériaux  employés  dans  sa  construc- 
tion. On  fait  généralement  usage  de  grosses  briques  réfrac- 
taires ou  de  blocs  de  grès  de  fortes  dimensions  pour  diminuer 
autant  que  possible  le  nombre  des  joints.      IC.  Magun. 

OUVRARD  (Gabriel-Julien),  fuiancier  français,  né  près 
de  Chsson  (Loire-Inférieure)  le  44  oct.  4770,  mort  à 
Londres  en  oct.  4846.  Fils  d'Olivier  Ouvrard,  propriétaire 
de  papeteries,  il  fut  élevé  aux  collèges  de  Clisson  et  de 
Beaupréau,  entra  à  dix-huit  ans  chez  Guertin,  négociant 
en  denrées  coloniales,  à  Nantes,  s'associa  tout  de  suite 
avec  lui,  et  en  4789,  se  sentant  déjtà  mûr  pour  les  spé- 
culations, traita  sa  première  opération  :  ayant  pressenti 
que  les  événements  politiques  allaient  donner  lieu  à  une 
consommation  exceptionnelle  de  papier,  il  acheta  d'avance 
tout  ce  que  les  manufactures  dn  Poitou  et  del'Angoumois 
pourraient  fabriquer  pendant  deux  ans  et  gagna  du  coup 
plus  de  300.000  fr.  Il  continua,  durant  la  Révolution,  ses 
accaparements  sur  d'autres  matières,  fut  même  un  ins- 
tant, en  4793,  dénoncé  cà  Carrier,  ne  lui  échappa  que 
grâce  à  un  subterfuge,  vint,  après  le  9  thermidor,  à  Pa- 
ris, épousa,  vers  le  même  temps,  la  fille  d'un  des  plus 
riches  commerçants  de  Nantes,  M.  Tébaud,  et,  mis  inci- 
demment en  rapport  avec  le  gouvernement,  alors  aux 
prises  avec  de  grandes  difficultés  financières,  lui  offrit 
d'abord  ses  conseils,  puis  son  concours  pécuniaire.  En 
4797,  il  soumissionna  le  service  des  subsistances  de  la  ma- 
rine, avec  le  titre  de  munitionnaire  général,  réalisa  aus- 
sitôt, avec  l'approvisionnement  de  la  seule  flotte  espa- 
gnole raUiée  à  la  nôtre,  un  bénéfice  de  45  à  46  miUions, 
et,  durant  la  campagne  d'Egypte,  prêta  à  Bonaparte 
10  millions;  mais  il  lui  en  refusa  42  après  le  4  8  bru- 
maire, dans  son  dépit  de  voir  écarter  pour  la  seconde 
fois  un  grand  plan  de  réformes  financières  qu'il  lui  avait 
présenté,  fut  une  première  fois  arrêté  en  4800,  sous  un 
prétexte  mal  connu,  puis  après  une  perquisition  sans  ré- 
sultat, simplement  gardé  en  surveillance,  et,  redevenu 
bientôt  le  banquier  du  premier  consul,  en  même  temps  que  le 
soumissionnaire  des  fournitures  de  l'armée,  vit  s'accroître  sa 
fortune  dans  des  proportions  colossales,  au  point  qu'en  480  i 
le  gouvernement  lui  devait  68  millions,  que  le  4  avr.  de  la 
môme  année  il  offrait  au  ministre  des  finances,  Barbé- 
Marbois,  50  millions,  le  8  juin  450  autres  millions  sur  les 
obligations  des  receveurs  généraux,  et  qu'en  4805  il  traitait 
[tour  le  service  général  do  tous  les  besoins  du  trésor  du- 
rant l'exercice  suivant  :  environ  400  milUons.  Concur- 
remment avec  ces  opérations,  il  signait  en  Espagne,  avec 
Cbarles  IV,  un  acte  de  société  pour  l'exploitation  du  nou- 
veau monde  sous  la  raison  Ouvrard  et  C^*^  et  procurait  en 
outre  à  ce  prince  des  ressources  inespérées  en  obtenant  de 
Pie  YIÏ  l'autorisation  de  vendre  les  biens  du  clergé  contre 
remboursement  en  inscriptions  de  rente.  Cependant  son 
étoile  pâhssait;  Napoléon,  que  son  génie  financier  humi- 
liait, n'avait  jamais  eu  recours  à  lui  que  contraint,  et  il 
guettait  l'occasion  de  lui  faire  sentir  le  poids  de  sa  toute- 
puissance.  Le  48déc.  4806,  un  décret  déclarait  Ouvrard 
détenteur  et  débiteur  solidaire  de  87  millions,  portés 
ensuite  à  444  millions,  pour  obfigations  confiées  par  les 
receveurs  généraux  à  Desprez,  banquier  de  la  cour,  con- 
sidéré comme  son  associé.  La  restitution  immédiate  fut 


715 


ODVRARD  —  OUVRIER 


exigée  et  Ouvrard,  engagé  dans  ses  gigantesques  spécula- 
tions, dut  déposer  son  bilan  (31  déc.  1807),  en  même 
temps  que  Vanlerbeghe,  son  cosoumissionnaire  dans 
plusieurs  affaires.  Ils  obtinrent,  le  26  oct.  1808,  un  con- 
cordat homologué  lel2  janv.  1809,  et  les  créanciers  furent 
intégralement  désintéressés.  Au  mois  de  juin  1809,  Ou- 
vrard fut,  pour  la  seconde  fois,  arrêté  comme  garant  d'une 
somme  de  1  million  et  demi  de  piastres  que  le  roi  d'Es- 
pagne n'avait  pas  remboursée.  Remis  en  liberté  sous  cau- 
tion avec  injonction  de  ne  pas  sortir  do  France,  puis 
sollicité  par  le  ministre  de  la  police  Fouché  d'aider  à  né- 
gocier la  paix  avec  l'Angleterre,  il  fut  impliqué  dans  la 
disgrâce  de  ce  dernier,  arrêté  à  nouveau  par  son  succes- 
seur, le  duc  de  Rovigo,  et  conduit  à  l'Abbaye,  puis  au 
donjon  de  Vincennes  et,  finalement,  à  Sainte-Pélagie.  En 
oct.  1813,  après  trois  années  et  demie  d'une  détention 
distraite  par  de  nombreuses  visites,  il  fut  relâché,  sous 
condition  de  rester  à  la  disposition  de  la  police,  redevint, 
sous  les  Cent  Jours,  le  banquier  de  Napoléon  et  assista 
même,  comme  munitionnaire  général,  à  la  bataille  de 
Waterloo.  En  1817,  il  eut  la  satisfaction  de  voir  adopter 
par  le  duc  de  Richelieu,  alors  au  pouvoir,  son  grand 
projet  de  réforme  financière,  autrefois  rejeté  par  le  pre- 
mier consul  :  grâce  à  ce  système,  qui  constituait,  sur  des 
bases  nouvelles,  le  crédit  pubHc,  les  indemnités  promises 
aux  puissances  aUiées  purent  être  facilement  payées  et 
l'ordre  enfin  introduit  dans  le  fonctionnement  des  divers 
services.  En  1820,  la  régence  d'Urgel  lui  fit  demander  deux 
ou  trois  cent  mille  francs  ;  il  offrit  400  milHons  en  stipulant 
que  la  régence  prendrait  le  titre  de  régence  d'Espagne, 
qu'elle  serait  reconnue  par  le  Congrès  de  Vérone  ou  par  la 
France  et  que  toutes  les  sommes  à  lui  redues  par  l'Espagne 
entreraient  en  compte  dans  celle  à  verser.  Le  traité  fut  conclu 
(1^^*  nov.  18^22),  mais  la  France  refusa  de  reconnaître  la 
régence.  En  1823,  il  obtint  la  fourniture  générale  de  l'ar- 
mée française  d'occupation  en  Espagne  :  marchés  de 
Rayonne  (5  avr.)  et  marchés  de  Madrid  (26  juilL).  L'opé- 
ration fut  signalée  à  la  Chambre  comme  ayant  été  très 
onéreuse  pour  le  trésor  (1824)  ;  une  enquête  fut  ordon- 
née, les  scellés  furent  apposés  sur  les  papiers  d'Ouvrard, 
mis  en  détention  préventive  (1825),  et  ce  ne  fut  plus  pour 
lui,  durant  cinq  années,  qu'une  longue  suite  de  procès, 
qui  eurent  un  retentissement  considérable  et  qui  se  dérou- 
lèrent devant  toutes  les  juridictions  :  civile,  criminelle  et 
commerciale.  De  1830,  où  il  sortit  de  Sainte-Pélagie, 
jusqu'en  1833,  on  n'entendit  plus  parler  du  célèbre  finan- 
cier. 11  eut,  à  cette  dernière  date,  deux  nouveaux  procès, 
l'un  avec  Desprez,  l'autre  avec  un  banquier  d'Amsterdam, 
fut  même  arrêté  à  La  Haye,  puis  mis  hors  de  cause,  et 
en  1841  fut  renvoyé,  de  même,  des  fins  d'une  plainte  en 
diffamation  portée  contre  lui  par  un  agent  de  change.  Il 
vécut  ensuite  dans  la  plus  profonde  retraite.  Il  a  publié 
plusieurs  mémoires  sur  des  questions  de  finances  et  d'ad- 
ministration. On  lui  doit  aussi  une  sorte  d'autobiographie 
fort  intéressante  :  Mémoires  de  G,-J.  Ouvrard' sur  sa  vie 
et  ses  diverseslopérations  financières  (Paris,  1826, 3  vol.  ; 
3^  éd.,  1827).^—  Son  fils,  Jw/es  (1799-1861),  a  été 
longtemps  conseiller  général  de  la  Cùte-d'Or,  puis,  sous 
l'Empire,  député  au  Corps  législatif,  où  il  jouit  d'une 
certaine  réputation  comme  membre  de  la  commission  du 
budget.    ^  L.  S. 

OUVRÉ  (André-Félix),  député  français,  né  à  Paris  le 
23  mai  1852.  Riche  propriétaire  et  commerçant  (sucre, 
bois,  etc.),  il  fut  élu  député  de  Fontainebleau  en  1889, 
1893,  1898.  Il  est  républicain  modéré. 

OUVREAU  (Techn.)  (V.  Verre). 

OUVRERIE.  Dignité  établie  dans  quelques  chapitres. 
Les  fonctions  des  titulaires  consistaient  à  prendre  soin  de 
l'entretien  et  des  réparations  de  l'Eglise. 

OUVREUSE  (Filât.).  Le  travail  de  la  filature  des  laines 
et  des  cotons  début<3  par  un  battage  que  l'on  fait  subir  à 
ces  matières,  afin  d'ouvrir  et  de  désagréger  les  masses  qui 
se  sont  formées  à  la  suite  de  l'emballage  sous  forte  pres- 


sion que  nécessite  leur  transport  depuis  les  lieux  de  pro- 
duction. Pour  les  laines,  ce  battage  s'effectue  au  moyen 
de  machines  auxquelles  on  doinie  le  nom  iVouvreuses  ou 
de  loups,  et  qui  consistent  en  une  enveloppe  cylindrique, 
dans  laquelle  tourne  rapidement  un  volant  constitué  par 
un  cylindre  armé  de  dents.  La  laine,  introduite  par  une 
extrémité  de  l'enveloppe,  est  rencontrée,  agitée  et  battue 
par  les  dents  du  volant,  et  en  même  temps,  en  raison  de 
la  disposition  de  ces  dents,  entraînée  vers  l'autre  extrémité 
de  la  machine,  par  laquelle  elle  est  rejetée.  Une  partie  de 
l'enveloppe  est  formée  par  une  grille,  entre  les  barreaux 
de  laquelle  s'échappent  les  poussières.  Dans  le  travail  des 
cotons,  l'opération  est  répétée  plusieurs  fois  :  la  machine, 
qui  agit  d'abord  en  rejetant  le  coton  encore  sous  la  forme 
de  flocons,  prend  le  nom  d'ouvreuse,  tandis  que  celles  qui 
interviennent  ensuite  et  qui  rassemblent  la  matière  tra- 
vaillée sous  forme  de  nappes  reçoivent  celui  de  batteurs. 

Pour  les  cotons  ordinaires  et  courts,  les  ouvreuses  sont 
constituées  par  une  enveloppe  conique,  formant  grille,  et 
renfermée  dans  une  seconde  enveloppe  complètement  fer- 
mée. Un  volant,  concentrique  à  la  première  de  ces  enve- 
loppes et  armé  de  dents  sur  sa  surface  latérale,  est  animé 
d'un  mouvement  de  rotation  rapide.  Le  coton,  introduit  par 
un  conduit  à  la  partie  inférieure  de  l'enveloppe  est  rencontré 
par  les  dents  du  volant,  et  agité  et  beattu  par  elles,  en  même 
temps  qu'il  est  entraîné  de  bas  en  haut  par  un  courant 
d'air  provoqué  par  un  ventilateur.  Arrivé  à  la  partie  supé- 
rieure de  l'enveloppe  et  toujours  entraîné  par  le  courant 
d'air,  le  coton  s'échappe  vers  un  tambour  métallique  à  pa- 
rois perforées,  qui  détermine  sa  sortie  hors  de  la  machine. 
Les  poussières  qui  se  dégagent  s'accumulent  entre  les  deux 
enveloppes  ou  s'échappent  à  travers  le  tambour  métallique 
et  le  ventilateur. 

Ces  machines  ne  conviennent  pas  aux  cotons  longs.  Les 
ouvreuses  qu'on  leur  applique  sont  analogues  aux  batteurs, 
dont  elles  ne  diffèrent  que  par  leurs  volants,  qui,  au 
lieu  d'être  armés  de  règles,  sont  constitués  par  des 
tambours  garnis  de  dents.  L'entraînement  de  la  matière  à 
travers  la  machine,  ainsi  que  sa  sortie,  est  déterminé, 
comme  dans  les  batteurs,  par  un  courant  d'air  provoqué 
par  un  ventilateur  et  agissant  par  l'intermédiaire  d'un 
tambour  métallique  à  parois  perforées.         P.  Goguel. 

OUVRIÉ  (Pierre-Justin),  peintre  et  lithographe  français, 
né  à  Paris  le  9  mai  1806,  mort  à  Rouen  le  21  oct.  1879. 
Elève  d'Abel  de  Pujol.  Il  voyagea  beaucoup  en  France,  en 
Angleterre,  en  Allemagne,  en  Italie,  dessinant  tout  le  long 
de  sa  route.  Il  a  peint  un  grand  nombre  de  vues,  souvent  à 
l'aquarelle.  On  citera  parmi  ses  tableaux  :  les  funérailles 
de  Shelley  (1831);  le  Grand  Canal  a  Venise  (1833); 
la  Cathédrale  de  Chartres  et  la  Place  de  Royat  (1837)  ; 
la  Cour  du  château  de  Fontainebleau  (1842)  ;  So- 
nierset'IIouse  (1850)  ;  le  Château  de  Pierre  fonds  (1865). 
Ouvrié  a  exécuté  plusieurs  copies  pour  le  musée  de  Ver- 
sailles. Il  a  fait  des  lithographies  d'après  ses  tableaux. 

OUVRIER.  I.  Technologie  (V.  Corporation). 

ÎL  Législation  industrielle  (V.  Travail). 

IIÏ.  Armée. —  Sections  de  commis  et  ouvriers  mili- 
taires d'administration.  —  Les  commis  et  ouvriers  mi- 
litaires d'administration  forment,  avec  les  secrétaires 
d'état-major  et  du  recrutement  et  les  infirmiers  militaires, 
les  troupes  d'administration.  Ils  sont  chargés  :  1°  du 
service  des  écritures  dans  les  bureaux  des  fonctionnaires 
de  l'intendance  et  des  comptables  des  divers  établisse- 
ments militaires  ;  2^  des  travaux  d'exploitation  dans  les 
manutentions  militaires,  le  service  des  fourrages  et  celui 
de  l'habillement.  Ils  sont  groupés  pour  le  commandement 
et  l'administration  en  25  sections  :  une  dans  chacun  des 
dix-neuf  corps  d'armée  à  l'intérieur,  une  dans  chacune 
des  trois  division  de  l'Algérie  et  trois  dans  les  gouverne- 
ments de  Paris  et  de  Lyon.  Chaque  section  est  commandée 
par  un  officier  d'administration  assisté  de  deux  ou 
trois  officiers  ou  élèves  d'administration  (1®^,  2®,  3®  ad- 
joints à  la  section)  ;  elle  a  un  cadre  spécial  d'hommes  de 


OUVRIER 


7  16   - 


troupe  (sergent-major,  sergent- fourier,  caporaux  et  sol- 
dats), qui  seconde  son  commandant  dans  tous  les 
détails  ;  elle  s'administre  comme  corps  de  troupe  organisé 
sous  forme  de  compagnie  ;  elle  est  placée  pour  la  disci- 
pline, lexécution  du  service,  etc.,  sous  Tautorité  des 
fonctionnaires  de  Tintendance,  le  sous-intendant  ayant 
les  droits  d'un  chef  de  corps,  les  intendants  ceux  d'un 
général  de  brigade  ou  de  division,  suivant  leur  grade. 
Les  sections  se  recrutent  exclusivement  par  voie  d'appel 
sur  chaque  contingent  annuel,  parmi  les  conscrits  ayant 
des  connaissances  spéciales  et  munis,  pour  les  emplois  de 
commis  aux  écritures,  de  boulanger,  de  boucher,  de 
mécanicien,  d'électricien,  d'un  certificat  d'aptitude  pro- 
fessionnelle qui  doit  être,  pour  les  commis,  délivré  par 
un  fonctionnaire  de  l'intendance,  pour  les  autres,  visé  et 
accepté  par  lui.  Tous  sont  d'abord  dirigés  sur  les  sections, 
oii  ils  reçoivent,  pendant  trois  mois,  l'instruction  militaire 
indispensable.  Ils  sont  ensuite  détachés  dans  les  bureaux 
et  établissements.  Leur  hiérarchie  est  la  même  que  dans 
les  autres  corps  de  troupe  d'infanterie.  Ils  concourent 
entre  eux,  dans  chaque  section,  pour  les  grades  de  ca- 
poraux et  de  sous-officiers,  suivant  deux  catégories  : 
P'^  catégorie,  commis  aux  écritures  de  bureaux  de  Fin- 
tendance  et  commis  du  service  d'exploitation;  2^' catégorie, 
ouvriers  d'art,  ouvriers  d'exploitation  et  ouvriers  de  pro- 
fessions diverses  (meuniers,  boulangers,  bouchers,  bot- 
teleurs,  tonneliers,  fondeurs,  mécaniciens,  électriciens, 
menuisiers,  ferblantiers,  voiliers,  emballeurs,  etc.).  Leur 
instruction  professionnelle  est  complétée  dans  une  école 
de  mécaniciens,  créée  à  Paris,  quai  de  Billy,  et  dans  des 
cours  théoriques  faits  pour  les  hommes  des  cadres  dans 
huit  centres  d'instruction  régionaux.  La  solde  est  la  môme 
que  dans  l'infanterie,  sans  supplément.  L'effectif  de  chaque 
section  est  fixé,  au  commencement  de  l'année,  par  le  mi- 
nistre de  la  guerre,  suivant  les  besoins  des  divers  corps 
d'armée.  L'effectif  total,  prévu  au  budget  de  1899,  est  de 
8.720  hommes,  non  compris  les  officiers  (1.167  sous- 
officiers,  7.553  caporaux  et  soldats). 

Compagnies  d'ouvriers  d'artillerie.  —  Chargées,  dans 
les  arsenaux,  de  la  construction  de  la  partie  du  matériel 
de  l'artillerie,  du  génie  et  du  train  des  équipages,  dont 
la  confection  n'est  pas  confiée  à  l'industrie  civile,  elles 
font  partie  des  troupes  d'artillerie.  Elles  sont  au  nombre 
de  10,  ayant  chacune  la  composition  ci-après  :  1  capi- 
taine-commandant, 1  capitaine  en  second,  1  lieutenant 
en  premier,  1  lieutenant  en  second  (oui  sous-lieutenant), 
10  maréchaux  des  logis,  dont  1  chef  et  1  fourrier,  8  bri- 
gadiers, dont  1  fourrier,  12  maîtres-ouvriers,  21  trom- 
pettes, l'un  tailleur  et  l'autre  cordonnier,  et  au  minimum 
IdO  soldats.  Le  nombre  de  ces  derniers  peut  être  élevé 
jusqu'à  300,  et  il  y  a  alors,  par  chaque  augmentation  de 
20,  A  gradés  en  plus  et,  pour  l'ensemble,  un  cinquième 
officier.  Les  officiers  de  la  compagnie  d'Algérie  sont 
seuls  montés.  La  solde  est  la  même  que  dans  les  autres 
corps  de  l'artillerie.  L'effectif  total  prévu  au  budget  de 
1899  est  de  3.190  hommes  (50  officiers,  152  sous-oi- 
ficiers,  2.988  brigadiers  et  soldats). 

Ouvriers  d'état.  —  Ils  sont  chargés,  dans  les  établis- 
sements de  l'artillerie  et  du  génie,  sous  les  ordres  di- 
rects du  chef  de  l'établissement,  du  détail  des  travaux  et 
font  fonctions  de  chefs  ou  de  sous-chefs  d'ateliers.  Em- 
ployés militaires  au  même  titre  que  les  gardes  d'artillerie, 
contrôleurs  d'armes  et  gardiens  [de  batterie,  ils  ont 
rang  d'adjudant  et,  nommés  par  le  ministre,  qui  peut  les 
rétrogader  ou  les  casser,  sont  soumis  aux  lois  et  règle- 
ments qui  régissent  l'armée  active.  Ils  sont,  dans  l'artil- 
lerie au  nombre  de  210,  105  de  2^  classe  et  105  de 
1^*^  classe.  Ceux  de  2®  classe  sont  choisis  parmi  les  sous- 
officiers  de  l'arme  comptant  six  années  de  service,  parti- 
culièrement parmi  ceux  des  compagnies  d'ouvriers  (V. 
ci-dessus),  ceux  de  l^'*^  classe,  parmi  les  ouvriers  de 
2*^  classe  comptant  au  moins  trois  ans  dans  cet  emploi  et 
parmi  les  maréchaux-des-logis  chefs    et    les   adudants 


ayant  six  années  do  services.  Les  ouvriers  d'état  de  1^^ 
classe  peuvent  concourir  pour  les  emplois  de  gardes  d'ar- 
tillerie. Dans  le  génie,  il  n'y  a  que  six  ouvriers  d'état, 
tous  chefs  d'atehers.  Ils  se  recrutent  parmi  les  sous-of- 
ficiers du  génie  ayant  au  moins  six  ans  de  .service,  dont 
trois  comme  sous-ofticiers.  Us  ont,  comme  ceux  d'artil- 
lerie, rang  d'adjudant.  La  solde  nette  est,  dans  l'artillerie 
et  dans  le  génie,  de  5  fr.  30  par  jour  pour  lai ''^classe  et 
de  4  (r.  80  pour  la  2^  classe,  plus,  éventuellement,  une 
indemnité  de  rassemblement  de  20  à  80  cent. 

Ouvrier^  civils  des  étarlissements  militaires.  —  Le 
personnel  ouvrier  est  fourni  dans  les  étabHssements  mili- 
taires par  les  compagnies  d'ouvriers  d'artillerie  ou  d'arti- 
ficiers, par  les  ouvriers  de  batteries,  par  des  travailleurs 
détachés  du  régiment  d'artillerie  et  des  autres  corps, 
enfin  par  des  ouvriers  civils.  La  situation  de  ces  derniers 
offre  de  notables  différences,  suivant  qu'il  s'agit  d'arse- 
naux, d'ateliers  de  construction,  de  fonderies,  de  manu- 
factures d'armes  ou  de  poudreries,  tantôt  attachés  d'une 
manière  fixe  à  l'établissement,  avec  pension  de  retraite, 
tantôt  embauchés  au  même  titre  que  les  ouvriers  d'une 
entreprise  quelconque  et  simplement  payés  à  la  journée, 
suivant  les  prix  moyens  de  la  localité. 

Sectioîss  d'ouvriers  de  chemins  de  fer.  —  La  loi  du 
13  mars  1875  et  le  décret  du  5  févr.  1889  ont  prescrit 
l'organisation,  en  vue  de  la  mobilisation,  de  sections  d'ou- 
vriers de  chemins  de  fer  avec  les  ressources  en  personnel 
des  grandes  compagnies  (volontaires  et  hommes  assujettis 
au  service  militaire).  Elles  seront  chargées,  en  temps  de 
guerre,  concurremment  avec  les  régiments  de  sapeurs  de 
chemins  de  fer  (V.  Génie),  de  la  construction,  de  la  répa- 
ration et  de  l'exploitation  des  voies  ferrées  dont  le  service 
n'est  pas  assuré  par  les  compagnies  elles-mêmes.  Ilest  cons- 
titué, dès  le  temps  de  paix,  neuf  sections  numérotées 
de  1  à  9,  qui  ont  leur  hiérarchie  propre,  sans  assimila- 
tion, et  dont  le  commandant,  directement  subordonné  à 
la  commission  des  chemins  de  fer  de  campagne,  a  les  pou- 
voirs d'un  chef  de  corps.  Chaque  section  comprend,  outre 
un  service  central,  trois  services  distincts  :  mouvement, 
voie,  traction,  comprenant  chacun  trois  subdivisions.  Le 
personnel  (1.200  hommes  environ)  se  divise  en  agents 
supérieurs  (commandants  de  section,  chefs  de  service, 
sous-chefs  de  service  de  1'^  et  2*^  classe,  employés  prin- 
cipaux de  1'"^  et  2^  cl.)  et  agents  secondaires  (employés, 
chefs  ouvriers,  sous-chefs  ouvriers,  premiers^ouvriers,  ou- 
vriers). 11  est  soumis  à  toutes  les  obligations  militaires  et 
jouit  de  tous  les  droits  des  belligérants. 

Maîtres  ou^RIERS  et  ouvriers  des  corps  de  troupe.  — 
Il  existe  dans  chaque  corps  de  troupe,  indépendamment 
des  tailleurs  et  des  cordonniers  de  compagnie,  des  ateliers 
des  différents  corps  de  métier  :  armurier,  tailleur,  cor- 
donnier, sellier  (dans  la  cavalerie  seulement);  les  ouvriers 
en  sont  recrutés  parmi  les  liommes  en  activité  de  service 
(soldats  de  la  section  hors  rang  et  soldats  détachés  des 
compagnies)  et  ils  ont  à  leur  tête  un  maître  ouvrier, 
commissionné  el  pourvu  du  grade  de  caporal  ou  de  briga- 
dier, sauf  le  chef  armurier  qui  a  une  situation  à  part 
(V.  armurier).  Les  maîtres  ouvriers  sont  autorisés,  en 
dehors  du  service  normal,  à  confectionner  des  effets  d'u- 
niforme, à  des  prix  librement  dél)attus,  pour  tous  les  of- 
ficiers et  employés  militaires  de  l'armée  active,  de  la 
réserve  et  de  l'armée  civile,  et  des  effets  civils  pour  ceux 
de  l'armée  active  seulement.  Ils  peuvent  y  employer  des 
ouvriers  civils,  mais  en  dehors  des  ateliers  du  corps.  Ils 
ne  peuvent  ni  soumissionner  à  des  adjudications,  ni  avoir 
une  chentèle  civile,  ni  faire  de  la  publicité.  Si  le  corps 
est  fractionné,  le  commandant  de  corps  d'armée  place,  à 
son  choix,  à  la  portion  active  ou  à  la  portion  centrale,  le 
maître-tailleur  et  le  maître-cordonnier. 

Sapeurs  ouvriers  d'art  (V.  sapeur). 

lY.  Histoire  religieuse.  —  Ouvriers  pieux  (appe- 
lés par  les  Italiens  PU  opérai).  —  Ongrégation  de 
prêtres  fondée  par  Charles  Carafa,   né  en  1561,   d'une 


—  717 


OUVRIER  —  OL-WANG 


des  plus  illustres  maisons  du  royaume  de  Naples.  Ils 
sont  employés  aux  missions.  Quoiqu'ils  ne  fassent  point 
de  vœux,  ils  vivent  à  la  manière  des  religieux  les  plus 
austères,  observant  une  exacte  pauvreté,  ne  portant  point 
de  linge,  couchant  sur  des  paillasses,  et  s'administrant 
la  discipline  deux  jours  par  semaine.  Leur  maison-mère 
est  à  Rome.  Ils  sont  gouvernés  par  un  général  et  quatre 
consulteurs  élus  tous  les  trois  ans. 

V.  Politique.  —  Parti  ouvrier  (V.  Collectivisme, 
t.  XI,  p.  949  et  Socialisme). 

Cercles  d'ouvriers  (V.  Cercles  catholiques,  t.  X,  p.  1 7). 

OUVRIER  (Antoine-Victor),  homme  politique  français, 
né  à  Paris  le  20juill.  1840.  Docteur  en  médecine  en  1869, 
il  alla  s'établir  à  Mur-de-Barrez  (Aveyron),  devint  maire  de 
cette  localité  et  conseillergénéral  du  département.  Lors  des 
élections  sénatoriales  du  7  janv.  4894,  il  fut  porté  comme 
candidat  républicain  et  élu  par  493  voix  sur  798  votants. 

OUVRIÈRES.  I.  Economie  sociale.  —  Associations 
OUVRIÈRES  (V.  Coopération). 

II.  Entomologie  (V.  Abeille  et  Fourmi). 

OUVROIR.  On  appelait  ou wo/r,  au  moyen  âge,  la  salle 
dans  laquelle  les  femmes  se  réunissaient  pour  travailler. 
C'était  aussi,  dans  les  couvents  de  femmes,  le  lieu  où  les 
religieuses  se  livraient,  à  certaines  heures,  à  des  travaux 
d'aiguille.  Par  la  suite,  quelques  communautés  établirent 
pour  des  femmes  sans  travail  de  petits  ateliers,  où  celles- 
ci  trouvaient  le  feu,  la  lumière,  quelquefois  la  nourriture, 
et  qui  prirent  le  même  nom.  Ce  fut  l'origine  des  ouvroirs 
modernes.  Ouverts  dans  les  grandes  villes,  principalement 
à  Paris,  par  les  congrégations  religieuses  et  aussi  par 
quelques  sociétés  charitables,  ils  ne  sont,  dans  la  plupart 
des  cas,  qu'une  dépendance,  souvent  même  l'organe  vital 
à' orphelinats  (V.  ce  mot).  Des  jeunes  fdles  pauvres,  orphe- 
lines ou  non,  quelquefois  aussi  des  femmes,  y  sont  employées, 
moyennant  le  logement,  la  nourriture,  et,  lorsqu'elles  sont 
devenues  très  habiles,  un  salaire  de  quelques  sous  par 
jour,  à  des  occupations  diverses,  le  plus  habituellement 
à  des  ouvrages  de  lingerie,  qui,  grâce  aux  conditions  spé- 
ciales de  fonctionnement  de  ces  établissements,  aux  libé- 
ralités dont  ils  sont  l'objet,  aux  loteries  et  aux  ventes  de 
charité  qu'ils  organisent,  sont  ensuite  livrés  au  commerce 
à  des  prix  exceptionnels  de  bon  marché,  constituant,  pour 
les  ouvrières  véritables,  une  terrible  concurrence.  Aussi 
l'institution  a-t-elle  été,  au  point  de  vue  social,  l'objet 
de  vives  critiques.  Au  point  de  vue  légal,  elle  rentre  dans 
la  catégorie  des  établissements  particuliers  de  bienfaisance 
et  se  trouve  soumise,  comme  telle,  aux  dispositions  qui 
régissent  ces  établissements.  Il  semblerait  dès  lors  qu'une 
.  autorisa  tion  administrative  fût  nécessaire  pour  l'ouverture 
d'un  ouvroir  (V.  Bienfaisance).  Mais  le  conseil  d'Etat  a 
émis  récemment  un  avis  différent  (14  janv.  189:2),  du 
moins  en  ce  qui  concerne  les  fondations  particulières 
n'émanant  pas  d'associations  de  plus  de  vingt  personnes 
et  sauf  application  des  lois  spéciales  régissant  certaines 
institutions.  Si,  au  contraire,  l'ouvroir  est  créé  par  un  dé- 
partement ou  une  commune,  un  décret  ou  une  décision  mi- 
nistérielle doit,  suivant  le  cas,  intervenir,  et  la  dépense  être 
votée  par  le  conseil  général  ou  le  conseil  municipal.  L'art  43 
de  la  loi  du  30  oct.  i88G  et  l'art.  166  du  décret  du 
18  janv.  1887  ont,  d'autre  part,  prévu  le  cas  où  des  ou- 
vroirs et  des  écoles  fonctionneraient  simultanément.  Lorsque 
les  jeunes  filles  admises  dans  un  ouvroir  reçoivent,  avec 
renseignement  professionnel,  renseignement  des  salles 
d'asile,  des  écoles  primaires  ou  des  écoles  d'adultes,  l'éta- 
blissement est  soumis,  pour  son  ouverture  et  son  exploi- 
tation, aux  formalités  imposées  pour  l'ouverture  et  l'ex- 
ploitation des  écoles  primaires.  C'est  l'instituteur  à  qui  est 
spécialement  confiée  la  direction  de  l'école  qui  doit  faire 
les  déclarations  prescrites  par  les  art.  37  et  38  de  la  loi  ;  mais 
les  administrateurs  et  directeurs  sont  pénalement  respon- 
sables. S'il  n'y  a  qu'un  très  petit  nombre  d'enfants  as- 
treints à  l'obligation  scolaire,  le  chef  de  l'établissement 
peut  être  considéré  comme  donnant  l'euseignement  en  fa- 


mille et,  conséquemment,  dispensé  de  la  déclaration.  Quant 
aux  petits  ouvroirs  annexés  aux  écoles  primaires,  ils  se 
confondent  maintenant,  à  peu  près  partout,  avec  ces  écoles 
mêmes.  Il  en  était  autrefois  différemment  :  c'était,  d'or- 
dinaire, la  feniQie  de  l'instituteur  qui  les  tenait  en  dehors 
des  heures  de  classe  et  qui,  moyennant  une  légère  indem- 
nité, y  donnait  aux  jeunes  filles  de  moins  de  douze  ou 
treize  ans,  fréquentant  ou  non  l'école,  les  premières  leçons 
de  couture  ainsi  que  quelques  notions  de  ménage.  Aujour- 
d'hui, il  existe  dans  presque  toutes  les  campagnes  une 
institutrice,  et  les  travaux  manuels  sont  compris  dans  les 
programmes  de  l'enseignement.  Du  resté,  ainsi  compris, 
l'ouvroir  est  une  école  d'apprentissage  véritable,  quoique 
rudimen taire,  tandis  qu'un  grand  nombre  des  ouvroirs 
annexés  aux  orphelinats  ne  visent,  sous  prétexte  d'ap- 
prentissage, que  le  profit  industriel,  et  les  enfants,  assu- 
jettis à  une  besogne  machinale,  spécialisée  à  l'infini,  mais 
par  cela  même  très  productive,  en  sortent,  à  vingt  et 
un  ou  vingt-deux  ans,  sans  métier  réel. 

On  donne  encore,  d'une  façon  générique,  le  nom  d'ou- 
vroirs,  à  tous  les  ateliers  de  charité,  asiles,  refuges,  etc., 
où  est  réalisée,  à  l'égard  des  femmes  adultes  et  dans  des 
conditions  fort  variables,  l'assistance  par  le  travail.   La 
création  de  pareils  établissements  donne  lieu,  du  reste, 
dans  la  pratique,  à  de  très  sérieuses  difficultés  et  le  nombre 
n'en  est  pas  considérable,  même  à  Paris.  On  peut  citer 
pourtant,  dans  cette  ville,  V Asile-ouvroir  Jeanne-d'Arc, 
rue  Rubens,  10  ;  VAsile-ouvrolrGérando,  rue  Blomet,  82  ; 
VAsile-ouvroir  Sainte-Marie,  rm  àiiThéàire,  5*2;  l'Hos- 
pitalité du  travail  (œuvre  Laubespin-Lefébure),  avenue  de 
Versailles,  o2  ;  V  Ouvroir  des  Sœurs  de  Saint-  Vincent-de- 
Paul,  rue  Jenner,  39  ;   V Ouvroir  Saint-Roch,  rue  du 
Marché-Saint-Ilonoré,  32  ;  le  Petit  ouvroir  de  Saint- 
Vincenl-de-Paul,  rue  du  Cherche-Midi,  120  ;  les  Ou- 
vroirs-ateliers  des  femmes  sans  travail  des  IV^,  XV'^  et 
XVIIP  arrondissements  (9,  rue  Saint-Paul,  129  bis,  vue 
Saint-Charles,  et  13,  rue  Cave),  sous  le  patronage  direct 
du  Comité  central  des  œuvres  d'assistance  par  le  travail 
(pi.  Dauphine,  14)  ;  la  Société  d'assistance  par  le  trci- 
vail  des  VUI''  et  XV IP  arrondissements,  17,  rue  Sai- 
neuve  ;  V Union  d'assistance  par  le  travail  du  marché 
Saint-Germain,  14,  rue  Montparnasse  ;  Y  Asile  tempo- 
raire pour  femmes  protestantes,  48,  rue  de  la  Villette  ; 
le  Refuye-ouvroir  Pauline-Roland,  35,  rue  Fessart,  etc. 
On  a  établi  enfin,  dans  ces  dernières  années,  principa- 
lement à  la  suite  d'un  vœu  émis,  le  5  mars  1891,  par 
l'Académie  de  médecine  et  tendant  à  la  création,  dans 
chaque  département,    d'un  asile  destiné  à  recevoir  les 
femmes  pendant  les  derniers  mois  de  leur  grossesse,  des 
mater nités-ouvroirs  pour  les  femmes  enceintes  ou  rele- 
vant de  couches  ;  de  ce  nombre  sont  V Asile  Michelet, 
rue  de  Tolbiac,  225  ;  V Asile  Ledru-Rollin,  à  Fontenay- 
aux-Roses;  le  Refuge-ouvroir  de    l'avenue  du  Maine, 
à  la  Société  de  l'allaitement  maternel.  Inauguré  en  1892, 
ce  dernier  possède  40  lits  ;  le  matin,  les  femmes  vaquent 
aux  soins  du  ménage  et  travaillent,  dans  un  atelier  dis- 
tinct des  dortoirs,  à  l'entretien  du  linge  ainsi  que  des  effets 
de  la  maison  ;  l'après-midi,  elles  travaillent  encore,  mais 
pour  leur  compte,  et,  le  soir,  après  dîner,  à  la  layette  ; 
lorsqu'elles  sortent,  on  leur  remet  le  produit  de  leur  tra- 
vail. Ailleurs,  l'organisation  est  à  peu  près  analogue  ; 
nulle  part,  l'état  civil  n'est  requis  et  aucune  enquête  n'est 
faite  sur  les  antécédents  ou  la  situation  présente  des  hos- 
pitalisées. l^]n  province,  les  plus  connues  parmi  les  insti- 
tutions de  ce  genre,  qui  ont  surtout  en  vue  les  filles-mères, 
sont  le  Travail  réparateur  de   Nantes  et  la  Samari- 
taine de  Lyon.  L.  S. 

OUVROÙER-LE^-(^HAMrs.  Corn,  dudép.  du  Loiret,  arr. 
d'Orléans,  cant.  de  Jargeau  ;  429  hab. 

OU -WANG,  empereur  de  Chine,  fils  du  célèbre  ^\en- 
Wdiig.  Il  reçut  en  héritage  de  ce  dernier  la  majeure 
partie  de  la  Chine  actuelle.  En  1109  av.  J.-C.  il  détrôna 
l'empereur  Cheou-Sin.  fonda  la  dynastie  des  Tcheou  et 


ou- WANG  —  OUZOUNLAR 


—  748 


établit  sa  capitale  à  Hao,  près  de  Si-ngaii-foii,  dans  le 
Cheii-si  actuel.  Ou- Wang  créa  dans  ses  Etats  le  système 
féodal.  On  donne  aussi  à  Ou- Wang  le  nom  du  duc  de 
Tcheou. 

OUWAROWITE  (V.  Grenat). 

OUWATER  (Albert  van),  peintre  hollandais,  célèbre  à 
Haarlem  au  xv^  siècle.  D'après  Van  Mander,  le  peintre 
J.  Mostaert  aurait  dit,  en  15i4,  à  Fâge  de  soixante-dix 
ans,  qu'il  n'avait  jamais  connu  Omvater,  ni  même  son  élève 
Gérard  de  Saint-Jean.  Celui-ci,  mort  à  vingt-huit  ans, 
était  donc  certainement  né  avant  1 456,  et  son  maître,  au 
moins  dix  ou  quinze  ans  auparavant.  Toutefois,  Van  Man- 
der exagère  sans  doute  en  disant  que  celui-ci  était  con- 
temporain des  Van  Eyck.  11  décrit  un  seul  tableau  d'Ou- 
water,  emporté,  disait-il,  par  les  Espagnols,  les  autres 
ouvrages  du  peintre  ayant  été  brûlés  lors  du  siège 
de  Haarlem  en  1473  :  c'est  une  llésurreclion  de  La- 
zare, dans  une  église  romane.  Le  D^  Bode,  infatigable 
chercheur,  reçut  d'un  marchand  italien  la  photographie 
de  ce  tableau,  qui  fut  identifié  par  M.  Scheibler,  d'après 
la  minutieuse  description  de  van  Mander.  Cette  œuvre 
remarquable  appartient,  depuis  1890,  au  musée  de  Ber- 
lin. E.  D.-G. 

BiJJL.  :  W.  Bode,  ])le  Auferw.udumg  (h's  Liizuras 
von  x\lbcrtOuwaier(Jolirbitcli  derK.  Prcùss.  Kanssisiunin- 
liuKjen,  1890,  p.  35). 

OUYÉNO.  Eaubourg  de  Tofdo  (V.  ce  mot). 
GUYSSE.  Riv.  du  dép.   du  Lot  (V.  ce  mot,  t.  XXll, 
p.  S77). 

OUZARAMO  (V.  OusAKAMo). 

OUZBEGS,  UZBEGS  ou  EUZBEGS  (Etlm.).   PeLq:>le 
de  race  turque  disséminé  dans  le  Turkestan.  Il  se  ra  Hache 
aux    Ouïgours    (V.    ce    mot).    Ils  parlent  une    langue 
turque,  et  l'une  de  leurs  grandes  tribus,  la  treizième  d'une 
liste  dressée  par  Vanil)éry,  porte  encore  le  nom  de  Oui- 
gour.  «  Leur  nom  conserve  le  souvenir  de  leur  chef,  le 
fameux  Ouzbeg  Khan,  qui  porta  au  plus  haut  point  de 
prospérité   le  royaume  de  Toman,  fondé  en  1248  par 
Scheibani  Khan.   Ce   royaume   passa    ensuite   sous    la 
domination  de  Timour  et  de  ses  successeurs  ;  plus  tard  il 
tomba  en  décadence  et  forma  la  plus  grande  partie  des 
khanats  de  Bokhara  et  de  Khiva  qui  sont  encore  main- 
tenant sous  la  domination  des  Ouzbegs.  Ils  ont  constitué 
un  des  éléments  ethniques  dominants,  depuis  l'ancien 
territoire  des  Ouigours,  depuis  la  Kachgarie  et  peut- 
être  le  Lob-Nor,  jusqu'à  la  mer  d'Aral,  et  depuis  l'Afgha- 
nistan jusqu'au  Balkach.  Ils  forment  encore  l'aristocratie 
du  Turkestan.  Ils  dominent  à  Khiva,  à  Bokhara,  à  His- 
sar.    Peu    nombreux    dans   le  Sir-Daria,   ils  sont   au 
nombre  de  plus  de  140.000  dans  le  seul  district  de  Zeraf- 
chan.  Mais  partout  leurs  groupes  s'entre-croisent  aujour- 
d'hui, notamment  avec  ceux  des  Iraniens  Tadjiks  (V.  ce 
mot).  Ils  se  mêlent  à  ceux-ci,  et  sont  encore  souvent  con- 
fondus sous  le  nom  de  Sartes  (V.  ce  mot).  On  les  dis- 
tingue donc  surtout  à  cause  de  leurs  goûts  invétérés  de 
nomades,  goûts  en  raison  desquels,  même  lorsqu'ils  ont 
des  maisons,  ils  préfèrent  habiter  la  tente  dressée  dans 
leur  jardin.  Leurs  caractères  varient  suivant  les  régions  et 
les  croisements  subis.  M.  de  Ujfalvy  a  cru  devoir  donner 
la  description  ci-dessous  de  ce  qu'il  appelle  le  type  uzbeg 
pur  :  taille  moyenne  ;  corps  très  rarement  gras  ;  peau  très 
basanée,  avec  fond  jaunâtre,  glabre  ;  cheveux  lisses,  noirs, 
roux,  rarement  châtains  ;  barbe  rare  ;  yeux  toujours  un  peu 
obliques,  noirs,  quelquefois  verts;  liez  large,  court  et 
droit,  presque  sans  dépression  à  sa  racine  ;  lèvres  presque 
toujours  grosses  et  renversées  en  arrière;  dents  moyennes, 
très  saines  et  blanches;  front  droit,  bosses  sourcihères 
très  prononcées;  sourcils  souvent  peu  apparents;  bouche 
grande;  menton  massif  ;  pommettes  saillantes;  face  angu- 
leuse; oreilles  plutôt  grandes  cisaillantes;  apparence  peu 
vigoureuse  ;  mains  et  pieds  assez  petits  ;  mollet  peu  dé- 
veloppé; buste  carré;  jambes  arquées  du  fait  de  l'habi- 
tude du  cheval.  Leurs  mœurs  se  rapprochent  beaucoup 


de  celles  de  leurs  voisins  et  parents,  les  Kirghis.  Ils  sont 
mahomélans  fervents,  sans  fanatisme.        Zaborowski. 

BiJ3L.  :  Ujfalvy,  le  Kofiiston,  etc.;  Paris,  1878;  et  le  Sijr- 
Darlii  ;  Pnris,  1879,  2  vol.  gr.  in-8.  —  Va^ibéry,  Das 
Tilrkenvolh,  1885. 

OUZBOL  Emplacement  d'un  ancien  golfe  qui,  jadis, 
aurait  fait  communiquer  la  mer  Caspienne  avec  les  lacs 
Sary-Kamych  et  la  mer  d'Aral.  Jusqu'en  1881,  on  suppo- 
sait que  la  série  de  dépressions  portant  le  nom  d'Ouzboi 
était  un  ancien  lit  de  l'Amou  Daria,  mais  des  recherches 
plus  récentes  (travaux  du  prince  Gedroitz,  Lessar,  Kon- 
chine)  ont  démontré  l'erreur  d'une  pareille  supposition. 
D'après  M.  Konchine,  tout  l'espace  compris  entre  la  Cas- 
pienne, l'Oust-Ourt,  l'Amou-Daria,  le  Kopet-Dagh  et  les 
monts  du  Khorassan  aurait  été  autrefois  couvert  par  la 
mer  Aralo-Caspienne.  Le  soulèvement  lent  du  sol  et  les 
agents  atmosphériques  ont  déterminé  la  conliguration 
actuelle  de  cette  région  ;  petit  à  petit,  le  terrain  s'assécha, 
les  alluvions  déposées  par  l'Amou-Daria  séparèrent  la  mer 
d'Aral  des  lacs  Sary-Kamych,  lesquels  ne  communiquèrent 
bientôt  plus  avec  la  mer  Caspienne  (s'il  est  vrai  toutefois 
qu'ils  aient  jamais  communiqué). 

La  question  de  l'Ouzboi  et  de  l'ancien  lit  de  l'Amou- 
Daria  a  été  longtemps  discutée  et  tout  récemment  encore 
par  Johannes  Vi^alther  (MiUeilunyen  de  Gotha,  1898). 

OUZEN.  Province  maritime  du  Japon,  île  de  Nippon, 
région  du  Tosando,  incorporée  au  ken  de  Yamagata. 

OUZEN  (Grand  et  Petit).  Rivières  de  Russie,  dans  le 
gouv.  de  Samara  et  la  prov.  de  l'Oural. 

1'^  Le  Grand  Ouzen  prend  naissance  sur  le  versant 
S.-O.  du  plateau  de  l'Obchtchii  Syrt  et  coule  au  S.-O. 
puis  au  S.-E.,  reçoit  (à  gauche)  le  Moukhor  et  se  jette 
dans  le  système  de  lacs  salés  Kamych-Samarskiia.  Son 
cours  est  long  de  320  kil. 

2°  Le  Petit  Ouzen  prend  sa  source  sur  le  versant  S. 
de  l'Obchtchii  Syrt,  coule  presque  parallèlement  au  pre- 
mier, d'abord  au  S.-O.,  ensuite  au  S.-E.  et  finit  égale- 
ment dans  les  lacs  Kamych-Samarskiia.  Son  cours  a  envi- 
ron 270  kil.  de  longueur.  Dans  les  deux  rivières,  l'eau 
est  saumâtre  et  amère  dans  la  partie  inférieure  de  leur 
cours. 

OUZILLY.  Com.  du  dép.  de  la  Vienne,  arr.  de  Châ- 
tellerault,  cant.  de  Lencloître  ;  958  hab. 

OUZILLY-ViGNOLLEs.  Com.  du  dép.  de  la  Vienne,  arr. 
de  Loudun,  cant.  de  Moncontour;  373  hab. 

OUZOUER-des-Champs.  Com.  du  dép.  du  Loiret,  arr. 
de  Montargis,  cant.  de  Lorris  ;  304  hab. 

OUZOUER-LE-DoYEN.  Com.  du  dép.  du  Loir-et-Cher, 
arr.  de  Blois,  cant.  d'Ouzouer-le-Marché  ;  506  hab. 

OUZOUER-le-Marché.  Ch.-l.decant.  du  dép.  du  Loir- 
et-Cher,  arr.  de  Blois;  1.502  hab.  Stat.  du  chem.  de 
fer  de  Blois  à  Orléans.  Saboteries. 

OUZOUER-sous-Bellegarde.  Com.  du  dép.  du  Loiret, 
arr.  de  Montargis,  cant.  de  Bellegarde  ;  399  hab. 

OUZOUER-suR-LoiRE.Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  du  Loiret, 
arr.  deGien  ;  1.139  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  d'Orléans. 
OUZOUER-sur-Trézée.  Com.  du  dép.  du  Loiret,  arr. 
de  Gien,  cant.  de  Briare  ;  1.891  hab.  Stat.  du  chem.  do 
fer  de  Lyon.  Port  sur  le  canal  de  Briare.  Eglise  de  la  lin 
du  xii^  siècle. 

OUZOUN-AuA.  Port  de  la  Russie  d'Asie,  sur  la  mer 
Caspienne  (au  fond  du  golfe  de  Mikailovsk),  sur  l'île  du 
même  nom.  Fondé  en  1886.  Tête  de  ligne  du  chem.  de 
fer  de  Merv-Samarkand  ;  1.631  hab.  (en  1897).  —  L'ilc 
d'Ouzoun-Ada  (littéralement  Longue-Ile)  a  10  kil.  de  lon- 
gueur sur  1  kil.  de  largeur. 

OUZOUNLAR.  Lac  salé  de  Crimée  (Russie),  gouv.  de 
Tauride,  district  de  Téodosia,  à  près  de  2  kil.  de  la  mer 
Noire  dont  il  est  séparé  par  un  banc  de  terre  étroit.  Sa 
longueur  du  N.  au  S.  est  d'environ  10  kil.  sur  une  largeur 
de  2  à  4  kil.  ;  son  pourtour  est  de  25  kil.  en  été  et  de 
30  kil.  au  printemps.  Exploitation  de  sel  monopolisée  par 
le  gouvernement. 


719  — 


OUZOUS 


OVAIRE 


OUZOUS  ou  OZOUS.  Corn,  du  dép.  des  Hautes-Pyré- 
nées, arr.  et  caiit,  d'Argelès  ;  '^lo  liab. 
OVA-Herero  (V.  Damârâs). 

OVADA.  Ville  d'Italie,  prov.  d'Alexandrie,  auconfl.  de 
rOrba  et  de  la  Stura  ;  5.000  hab.  Beau  palais  Spinola. 
Filatures  de  soie  et  de  coton. 

OVAIRE.  I.  Anatomie.  —  L'ovaire,  glande  génitale 
femelle,  de  forme  variable  suivant  les  espèces,  est  situé,  chez 
les  mammifères,  dans  l'épaisseur  d'un  pli  du  péritoine  (meso- 
varium),  relié  par  son  extrémité  externe  au  pavillon  delà 
trompe  de  Fallope  par  le  ligament  de  la  trompe ,  rattaché  par 
son  extrémité  interne  à  l'utérus  par  le  ligament  de  l'ovaire. 
Son  bord  inférieur  est  libre  de  péritoine  et  laisse  péné- 
trer les  vaisseaux  et  nerfs  (liilo  de  l'ovaire).  Lisse  chez  la 
jeune  lille,  il  se  couvre  de  cicatrices  qui  augmentent  en 
nombre  à  partir  de  la  puberté,  et  devient  chagriné  dans 
la  vieillesse.  La  substance  de  Fovaire  est  décomposable  en 
deux  couches,  une  périphérique  peu  épaisse,  blanche  et 
homogène,  la  couche  corticale,  et  une  centrale,  beaucoup 
plus  épaisse,  molle,  rouge,  comme  spongieuse,  la  couche 
médullaire.  Après  la  puberté,  la  couche  corticale  présente 
de  petit  es  vésicules,  de  grosseur  variable  (depuis  une  dimen- 
sion microscopique  jusqu'à  celle  d'une  cerise),  les  ovisacs 
ou  follicules  de  Graaf.  A  l'incision  de  celles  qui  sont 
arrivées  à  maturité,  il  s'écoule  un  liquide  transparent, 
au  milieu  duquel  on  peut  voir  nager  un  point  blanc 
(ovule  entouré  par  le  disque  ou  cumulus  proligère).  Outre 
ces  vésicules,  Fovaire  peut  présenter  des  corps  à  différents 
rents  stades  d'évolution,  les  corps  jaunes  (V.  Corps, 
§  Anatomie),  qui  ne  sont  que  des  vésicules  de  Graaf  rom- 
pues et  en  voie  de  cicatrisation.  La  structure  de  l'ovaire 
comprend  :  1°  une  enveloppe  épithéliale,  intimement  acco- 
lée à  la  membrane  sous-jacente.  Cet  épithélium  est  dis- 
tinct de  celui  du  péritoine  qui  s'arrête  au  hile  de  l'ovaire. 
Il  dérive  de  l'épithélium  germinatif  de  la  cavité  pleuro-pc- 
ritonéale  ;  2^  l'albuginée,  qui  n'est  en  quelque  sorte 
qu'une  coque  fibreuse  résultant  de  la  condensation  de  la 
substance  corticale  avec  laquelle  elle  reste  confondue  et 
dont  elle  ne  se  distingue  que  parce  qu'elle  ne  contient  pas 
de  follicules  de  Graaf;  3^  la  substance  corticale  ou  ovigènc 
constituée  par  un  stroma  fibreux  renfermant  les  follicules 
de  Graaf;  4*^  la  substance  médullaire,  très  vasculaire, 
constituée  par  un  stroma  de  fibres  conjonctives  et  de  fibres 
musculaires  lisses  qui  rayonnent  du  hile  vers  la  périphérie 
de  la  glande.  Les  artères  de  l'ovaire  dérivent  de  l'artère 
utéro-ovarienne.  Elles  pénètrent  dans  l'organe  par  le  hile 
sous  la  forme  d'artères  contournées  en  tire-bouchon.  Les 
veines  forment  un  plexus  abondant  dans  la  substance  mé- 
dullaire, et  un  autre  au  niveau  du  hile  (plexus  sous-ova- 
rique)  et  vont  se  jeter  dans  la  veine  utéro-ovarienne.  J^es 
lympathiques  se  rendent  aux  ganglions  lombaires.  Les  nerfs 
proviennent  du  plexus  ovarien. 

Chez  les  acœlomates,  les  produits  sexuels,  nés  le  plus 
souvent  sur  les  parois  du  tube  digestif,  tombent  dans  cette 
cavité  où  a  lieu  la  fécondation,  puis  sont  expulsés  par 
l'orifice  buccal.  Il  n'y  a  pas  de  glandes  sexuelles  différen- 
ciées et  spécialisées.  Chez  les  cœlomates,  les  organes  de 
la  reproduction  naissent  sur  les  parois  du  cœlome  ou  de 
ses  dépendances,  et  les  produits  sexuels  sont  portés  au- 
dehors  par  un  système  spécial  de  conduits.  L'ovaire  dérive 
èi  l'épithélium  germinatif  du  cœlome.  A  ce  niveau,  cet 
épithélium  fournit  de  grosses  cellules  rondes  (ovules  pri- 
mordiaux). Celles-ci  se  multiplient  et  s'enfoncent  dans  le 
mésoderme  sous-jacent  en  donnant  naissance  à  une  émi- 
nence  allongée  située  à  la  face  interne  du  corps  de 
Wolff.  Cette  éminence,  c'est  l'éminence  sexuelle,  la 
glande  sexuelle  primitive  et  indifférente  jusqu'alors.  En  s'en- 
fonçant  dans  le  mésoderme,  l'épithélium  germinatif  cons- 
titue des  cordons  (tube  de  Valentin-Ffluger).  La  glande 
doit-elle  évoluer  vers  le  type  femelle,  c.-à-d.  se  transfor- 
mer en  ovaire,  ces  cordons  s'étranglent  et  forment  des 
chapelets  irréguliers  dont  chaque  grain,  s'isolant  des 
autres,  constituera  un  ovoblaste,  contenant  à  la  fois  l'ori- 


gine de  la  granuleuse  du  follicule  de  Graaf,  et  une  cellule 
qui  deviendra  l'ovule  ou  œuf  ovarien.  A  l'ovaire  vient 
s'ajouter  un  canal  (canal  de  Muller)  qui  complétera  les 
organes  génitaux  femelles  en  donnant  l'oviducte,  l'utérus 
et  le  vagin.  Chez  les  acraniens,  les  ovaires  sont  nettement 
métamérisés.  Chez  les  cyclostomes,  ils  sont  impairs  et  mé- 
dians. Chez  les  oiseaux,  Fovaire  droit  s'atrophie,  le  gauche 
seul  est  susceptible  de  fonctionner.  Les  monotrèmes  à  ce 
sujet,  parmi  les  mammifères,  rappellent  les  oiseaux.  Chez 
les  mammifères,  les  ovaires  nés  sur  la  paroi  de  la  cavité 
abdominale  descendent  dans  le  cours  du  développement 
(descente  de  l'ovaire).  Ch.  Debdîrre. 

II.  Physiologie.  —  Jusqu'à  ces  dernières  années,  la 
fonction  physiologique  de  l'ovaire  paraissait  consister  tout 
entière  dans  la  maturation  et  dans  la  ponte  ovulaire,  avec 
une  action  réflexe  à  distance  sur  certains  phénomènes  uté- 
rins. Depuis  les  recherches  entrej)rises  sur  la  sécrétion 
interne  des  organes,  à  la  suite  des  travaux  de  Brown- 
Sequard,  il  faut  ajouter  à  cette  description  un  chapitre 
nouveau,  auquel  les  traités  de  physiologie  n'ont  point  encore 
donné  asile,  et  consacré  au  rôle  de  l'ovaire  dans  la  nutri- 
tion de  l'individu.  La  fonction  de  l'ovaire  est  donc  double  : 
1^  spéciale  ou.  reproductrice;  2"  générale. 

A.  Le  rôle  do  l'ovaire,  en  tant  que  glande  génitale,  con- 
siste avant  tout  dans  la  genèse,  la  maturation  et  la  mise 
en  liberté  de  l'ovule.  On  a  vu,  dans  l'article  précédent  et 
à  l'art.  Menstruation,  comment  la  vésicule  de  de  Graaf 
qui  loge  celui-ci,  se  déchire  et  laisse  échapper  son  contenu, 
phénomène  qui  se  reproduit  chez  la  femme  une  fois  tous 
|es  vingt-huit  jours  environ,  dans  la  période  de  sa  vie 
comprise  delà  puberté  à  la  ménopause,  et  qui  constitue  ce 
qu'on  a  appelé  la  ponle  ovulaire.  Les    causes  qui  pré- 
sident à  la  régularité  de  cette  périodicité  nous  échappent 
complètement,  et  ce  n'est  pas  l'expliquer  que  de  dire  que  le 
follicule  nuu'it  en  vingt-huit  jours  et  qu'il  éclate  quand  il 
est  mûr.  Tout  au  plus  pouvons-nous  signaler  la  simul- 
tanéité  de  certains  actes,  sans  être  autorisés  à  désigner 
celui  qui  entraine  avec  lui  tous  les  autres.  Il  est  à  peu  près 
certain  que  l'approche  de  la   ponte  s'accompagne  d'une 
turgescence  spéciale   des  vaisseaux  de  l'ovaire,  turges- 
cence due,  d'après  Rouget,  à  une  action  vaso-motrice  dont 
le  point  de  départ  est  une  action  réflexe,  partie  de  l'exci- 
tation des  nerfs  de  l'ovaire  par  le  fohicule  mùr  et    occu- 
pant plus  de  place,  et  réfléchie  par  rintermédiairc  de  la 
moelle  lombaire.  Les  veines  ovariques,  étranglées  au  ni- 
veau du  hile,  se  gonfleraient  alors,  déterminant  une  véri- 
table érection  de  l'ovaire  ;  cette  dilatation,  s'étendant  aux 
vaisseaux  du  follicule  en  travail,  favoriserait  l'exsudation 
du  sérum  qui  vient  s'ajouter  au  liquide  du  foUicule  et  faire 
gonfler  celui-ci  davantage  encore.  La  rupture  de  la  paroi 
mince  du  follicule  ne  tarde  pas  alors  à  se  produire,  et  l'ovule 
est  expulsé.  On  a  vu  d'autre  part  (V.  Menstruation)  que, 
parallèlement  à  ce  processus,  une  contraction  des  fibres 
musculaires  superficielles  du  ligament  large,  plus  ou  moins 
nettement  groupées  en  faisceaux  visibles  (Rouget),  déter- 
mine le  rapprochement  du  pavillon  de  la  trompe  et  de 
l'ovaire,  en  sorte  que  celui-ci  se  trouve  à  peu  près  coiffé 
j)ar  celle-là,   disposition  qui  permet  de  comprendre  que 
l'ovule,  mis  en  liberté  à  la  surface  du  péritoine,  s'engage 
dans  la  cavité  de  îatrompe  et,  par  elle,  dans  la  cavité  utérine. 
Mais  ce  rapprochement  des  deux  organes  —  incontestable 
d'ailleurs  et  que  l'on  retrouve  dans  la  série  des  mammi- 
fères avec  une  régularité  qui  en  prouve  toute  l'importance, 
certaines  espèces  ayant  môme  l'ovaire  complètement  encap- 
sulé, à  l'état  permanent,   dans  le  pavillon  tubak-e  (ours, 
loutre,  phoque,  etc.)  • —  ce  rapprochement  ne  suffit  pas  à 
nous  rendre  compte  à  lui  seul  de  ce  qui  se  passe  quand 
le  foUicule  rompu  est  situé  au  pôle  de  l'ovaire  opposé  à 
celui  qu'occupe  la  trompe,  car  des  cicatrices  de  vésicules 
rompues  s'y  montrent  aussi  nettement  que  sur  le  reste  de 
l'organe  :  il  faudrait  admettre,  ce  qui  est  bien  hasardeux, 
que  le  pavillon  va  de  lui-même  s'appliquer  avec  intelligence 
au  point  précis  où  un  follicule  va  s'ouvrir  :  c'est  ce  qui  a 


OVAIRE 


—  720 


donné  iiaisbaiice  ùl'liypothèsedeKiuskead.  prétendant  que 
l'ovule  se  rend  à  la  trompe  en  suivant  une  sorte  de  sillon 
formé  à  la  hase  de  l'ovaire  par  le  péritoine  et  une  frange 
plus  longue  que  les  autres  provenant  du  pavillon  tubaire 
et  garnie  de  cils  vibratiles.  Mais  même  cette  explication 
hasardeuse  laisse  incompréhensibles  les  faits  de  l^éopold, 
qui  a  vu  la  fécondation  se  produire  alors  que  l'ovaire  était 
enlevé  d'un  côté  et  la  trompe  de  l'autre,  car  dans  ce  cas  il 
faut  bien  admettre  que  l'ovule  issu  de  l'ovaire  intact  n'a 
eu  d'autre  chemin  pour  gagner  l'utérus  que  la  trompe  du 
côté  opposé. 

La  fécondation,  c.-à-d.  la  rencontre  de  l'ovule  avec  le 
spermatozoïde  et  la  pénétration  de  celui-ci  dans  celui-là, 
s'accomplit  dans  le  premier  tiers  de  la  trompe,  car  C^oste 
a  démontré  que  dès  son  arrivée  dans  le  tiers  moyen  l'ovule 
est  déjà  dégénéré  et  impropre  à  la  fécondation,  en  même 
temps  qu'il  s'entoure  d'une  couche  de  mucus  rebelle  à  la 
pénétration  du  spermatozoïde.  Cependant  Coste  et  Garbe 
ont  rencontré  des  spermatozoïdes  dans  le  pavillon  de  la 
troînpe  et  jusqu'à  la  surface  de  l'ovaire.  D'autre  part,  on 
a  observé  le  développement  complet  de  l'œufet  la  grossesse 
au  sein  même  de  l'ovaire  (grossesse  ovarique),  ce  qui  a  pu 
donner  à  croire  que  le  spermatozoïde  pouvait  atteindre 
l'ovule  au  sein  même  du  follicule  de  Graaf.  Mais,  outre  que 
ce  fait,  d'une  rareté  extrême,  ne  saurait  être  considéré 
comme  l'état  normal,  on  peut  se  demander  même  s'il  est 
possible,  la  paroi  du  follicule,  avant  sa  rupture,  n'offrant 
aucune  solution  de  continuité  pour  le  passage  du  sperma- 
tozoïde. Peut-être  s'agit-il  de  cas  où  l'ovule,  même  après 
la  rupture  du  follicule,  serait  demeuré  logé  dans  celui-ci, 
emprisonné  dans  la  rétraction  de  sa  paroi,  et  cependant 
accessible  aux  spermatozoïdes  (jui  courent  à  sa  surface. 
D'ailleurs,  un  très  grand  nombre  de  cas  publiés  comme 
grossesses  ovariques  sont  des  grossesses  tubaires  dans  les- 
quelles on  a  trouvé  l'ovaire  englobé  secondairement  dans 
les  parois  du  kyste  fœtal  ;  il  n'y  a  véritable  grossesse  ova- 
rique que  si  la  trompe  correspondante  est  absolument  in- 
tacte, et  ce  cas  est  rarissime. — Aussitôt  après  la  déhiscence 
du  follicule,  ses  parois  se  rétractent,  la  plus  interne  moins 
extensible  se  plissant  dans  l'externe  plus  contractile,  et 
un  travail  de  résorption  commence,  aboutissant  à  la  for- 
mation du  corps  jaune,  lequel,  avec  le  temps,  pâlit  peu  à 
peu  {corpus  albidum)  et  ahontit  h  la  formation  d'une  cica- 
trice superticielle.  Pendant  la  grossesse,  ce  travail  de  ré- 
sorption est  considérablement  ralenti,  jusqu'à  atteindre  la 
durée  de  la  grossesse  elle-même,  ce  qui  a  fait  donner  à 
ce  genre  de  corps  jaune,  plus  volumineux  et  plus  persis- 
tant, le  nom  de  corps  jaune  vrai.  Pendant  la  période  de  la 
j)onte,  l'ovaire  augmente  considérablement  de  volume,  de- 
vient sensible,  douloureux  à  la  pression  chez  certaines 
femmes.  Puis  tout  rentre  dans  l'ordre  jusqu'à  la  ponte  sui- 
vante. A  la  ménopause,  c.-à-d.  quand  l'ovaire  ne  produit 
plus  d'ovules,  l'ovaire  se  ratatine  et  se  réduit  à  un  nodule 
tibreux  de  faible  volume,  ridé  à  sa  surface. 

Va\  dehors  de  son  rôle  personnel,  l'ovaire  exei'ce  ime 
sorte  d'action  à  distance,  qui,  pour  êtreplus  mal  expliquée 
encore,  n'en  est  pas  moins  réelle.  Il  s'agit  de  son  action 
sur  la  physiologie  de  l'utérus.  Il  est  à  peu  près  démontré 
que  c'est  de  l'ovaire  que  part  l'excitation  trophi((ue  qui 
amène,  au  moment  de  la  ponte,  la  congestion  de  la  ma- 
trice, l'élévation  de  la  tension  artérielle  dans  le  réseau  vas- 
culaire  sous-muqueux  et  la  chute  de  l'épithélium  utérin 
avec  effraction  des  capillaires  sous-jacents  et  hémorra- 
gie, phénomène  qui  constitue  la  menstruation  (V.  ce 
mot).  11  est  certain  du  moins  que  lorsque  les  deux  ovaires 
sont  suppriuiés,  ces  phénomènes  ne  se  produisent  plus. 
D'autre  part,  quand  une  irritation  se  produit  dans  l'ovaii'e 
poui'  une  cause  quelconque,  développement  d'une  tumeur 
dans  ses  tissus,  dégénérescence  kystique,  ou  même  simple 
prolapsus,  la  fonction  menstruelle  est  fréquemment  trou- 
blée, soit  que  les  règles  deviennent  plus  abondantes  et  don- 
nent lieu  à  de  véritables  hémorragies,  soit  qu'il  se  pro- 
duise,  dans  l'intervalle  des  règles,   à  époques  hxes,  une 


hémorragie  nouvelle  (régies  intercalaires),  soit  que  h 
menstruation  devienne  au  contraire  plus  rare ,  avec  altéra- 
tions spéciales  de  la  muqueuse  utérine  (dysménorrhée  mem- 
braneuse). Non  seulement,  après  la  suppression  des  deux 
ovaires,  la  mensti'uation  est  supprimée,  mais  la  muqueuse 
utérine  s'altère,  la  paroi  musculaire  elle-même  de  l'or- 
gane s'atrophie  et  l'utérus  se  réduit  à  une  masse  libreuse. 
dure,  de  volume  inférieur  de  moitié  à  la  normale.  En  un 
mot,  c'est  la  ménopause,  avec  tous  ses  caractères,  pro- 
duite artificiellement.  En  même  temps,  le  vagin  se  rétrécit, 
la  vulve  prend  un  aspect  infantile,  les  grandes  lèvres  s'effa- 
cent, les  poils  du  pénil  se  raréfient  parfois.  De  plus,  d'autres 
phénomènes  d'ordre  général  apparaissent,  atteignant 
des  systèmes  organiques  étrangers  à  l'appareil  génital  : 
il  devient  visible  qu'un  organe  est  absent  de  l'économie 
oti  il  jouait  un  rôle  qui  passait  inaperçu,  mais  que  sa 
suppression  permet  d'apprécier.  Ceci  nous  conduit  à  parler 
de  la  seconde  fonction  de  l'ovaire. 

B.  Ce  rôle  de  l'ovaire  dans  l'économie,  en  dehors  de  sa 
fonction  génitale,  n'est  soupçonné  ([ue  depuis  peu,  et  fort 
mal    connu  encore,  il  faut  le  reconnaître.  L'ovaire,  comme 
tous  les  auti'es  organes,  possède  ce  ([ue  J3rown-Sequard  a 
appelé  une  sécrétion  interne,  c.-à-d.  que  le  sang  veineux 
({ui  s'en  échai)pe  entraîne  dans  la  circulation  générale  des 
principes  spéciaux  destinés  à  jouer  un  rôle  utile.  En  effet, 
après  la  suppression  des  deux  ovaires,  outre  les  phéno- 
mènes déjà  décrits  du  côté  des  organes  génitaux,  il  n'est 
pas  rare  de  voir  se  développer  chez  la  femme  des  troubles 
variés.   Ce  sont  des   bouffées  de  chaleur  survenant  par 
crises,  rpielquefois  plusieurs  fois  par  jour,  avec  rougeur, 
tintements  dans  les  oreilles,  troubles    de  la  vue,  Ile  la 
voix,  etc.  Souvent  aussi   on  note  des  sensations  d'étouf- 
fenient,   des  palpitations  ;    des    hémorragies   (épistaxis, 
hématémèses ,   hémorroïdes  .  hémoptysies)  ;  des  troubles 
nerveux  variés,   douleurs  lombaires  ,"^  perte  de  mémoire, 
neurasthénie,  changement  de  caractère,  hystérie,  insom- 
nie, idées  de  suicide,  folie  même;  troubles  digestifs,  en- 
graissement,   etc.    Ces  phénomènes,    parfois  passagers  , 
s'améliorant  en  partie  avec  le  temps,  sont  en  général  sou- 
lagés immédiatement  par  l'ingestion  de  poudre  d'ovaire 
desséché  ou  l'injection  sous-cutanée  de  liquide  ovarique  ob- 
tenu par  expression,  soulagement  momentané  d'ailleurs, 
si  l'on  cesse  la  médication,  mais  qui  prouve  que  l'ovaire 
déversait  dans  le  sang  des  principes  qui    désormais  font 
défaut  à  l'organisme  et  le  laissent  dans  un  état  compa- 
rable à  une  sorte  d'intoxication.  On  a  donc  admis  que  la 
sécrétion  interne  de  l'ovaire  avait  un  rôle  antitoxique, 
sans  que  nous  sachions   d'ailleurs  d'aucune  façon  quels 
poisons  de  l'organisme  cette  sécrétion di)it  combattre,  ni 
d'où  ils  proviennent.  En  raison  de  certains  antagonismes 
apparents,  il  n'est  pas  improbable  que  ces  poisons,  en  partie 
du  moins,  viennent  du  corps  thyroïde  (thyroïdisme  amé- 
lioré par  l'emploi  de  l'ovarine  ;  hémorragies  guéries  par 
la  thyroidine) .  Les  expériences  entreprises  sur  les  animaux 
avec  l'injection   de  liquide  ovarique  ont  amené  la  mort 
chez  le  cobaye  à  la  dose  de  15  centim.  c,  avec  tremble- 
ments et  hypothermie  marquée  :  à  dose  non  toxique  on 
note  une  élimination  considérable  des  phosphates.  L'action 
de  la  sécrétion  ovarique  sur  le  système  osseux  est  d'ail- 
leurs remarquable  :  il  semble  qu'elle  retarde  le  dévelop- 
pement de  la  charpente  osseuse  et  en  particulier  de  celles 
des  membres  ;  du  moins  elle  exerce  une  action  modéra- 
trice  sur  la  fonction    du  corps  thyroïde  à    cet  égard, 
qui  est  directement  inverse.  Celui-ci  en  effet  favorise  le 
développement  des  os  ;  on  l'a  employé  avec  succès  pour 
hâter  la  consolidation  des  fi'aclures,  pour  remédier  à  des 
arrêts  de   développement  (inyxœdème).  D'autre  part,  on 
sait  ({ue  les   eunuques  châtrés  jeunes  (qui    sont  absolu- 
ment identiques    aux  sujets  privés    d'ovaires  dans  leur 
jeunesbe)  sont  remarquables  par  le  développement  exagère 
en  longueur  de  leurs  bras  et 'de  leurs  jambes.  En  résumé, 
et  bien  que  cette  question  soit  encore  actuellement  dans  la 
période  des  tâtonnements,  on  peut  déjà  aliirmer  que  l'ovaire 


—  741  — 


OVAIRE 


à  une. sécrétion  interne  douée  d'un  rule  important  sur  la 
nutrition  générale  et  sur  le  développement  de  l'individu. 

D^'  R.  Blondel. 

III.  Pathologie.  —  En  raison  de  la  situation  pro- 
fonde des  ovaires,  leur  pathologie  a  été  lente  à  progresser 
et  est  encore  aujourd'hui  entourée  de  bien  des  obscurités. 
Nous  n'examinerons  ici  que  les  principales  maladies  qui 
peuvent  les  atteindre. 

4^  Anomalies.  —  Les  ovaires  peuvent  manquer  tota- 
lement, mais  alors  leur  absence  coïncide  avec  un  arrêt  de 
développement  de  tous  les  organes  sexuels  internes.  Dans 
d'autres  cas,  on  trouve  au  contraire  des  ovaires  supplé- 
mentaires sous  forme  de  petites  appendices  de  l'organe 
principal,  rarement  isolés.  Les  ectopies  de  l'ovaire  sont 
généralement  d'origine  pathologique,  y  compris  les  hernies 
ordinairement  accompagnées  d'épiplocèle  ou  d'entérocèle. 
Ces  hernies  sont  en  général  assez  faciles  à  réduire,  à 
moins  de  complications  exceptionnelles. 

2^  Inflaaimations.  —  On  a  décrit  des  ouarites  paren- 
chymateuses  et  interstitielles,  mais  la  distinction  de  ces 
deux  variétés  est  impossible  à  faire  pendant  la  vie  et  en 
conséquence  ne  doit  pas  nous  arrêter.  Une  distinction  plus 
importante  est  celle  des  ovarites  aiguës  et  chroniques. 
Elles  ont  ceci  de  commun  que  le  plus  souvent  le  péritoine 
y  est  intéressé.  Vovarite  aiguë  est  ou  puerpérale  ou  non 
puerpérale.  La  variété  puerpérale  est  très  grave  ;  liée  aux 
aifections  puerpérales  avec  ou  sans  accidents  sep  tiques, 
elle  est  essentiellement  caractérisée  par  la  fièvre  vive,  la 
suppuration,  souvent  la  gangrène  ;  son  premier  degré  est 
caractérisé  par  le  ramollissement  rouge,  avec  foyers 
apoplectiformes,  son  deuxième  degré  par  le  ramollisse- 
ment gris,  la  suppuration,  les  foyers  purulents.  L'ovarite 
puerpérale  est,  en  somme,  une  ovarite  secondaire,  dont 
le  pronostic  est  notablement  aggravé  s'il  y  a  septicémie. 
D'autres  variétés  d'ovarite  secondaire,  plus  ou  moins  graves, 
s'observent  comme  complications  des  phlegmons  périuté- 
rins,  des  métrites,  des  vaginites  intenses,  des  maladies 
infectieuses  aiguës,  etc.  —  Les  ovarites  aiguës  primitives 
sont  dues  fréquemment  au  surmenage  physique,  aux  trau- 
matismes,  au  coit  exagéré,  aux  refroidissements,  surtout 
survenus  pendant  la  période  menstruelle.  Leur  début  peut 
être  insidieux,  mais  en  général  elles  s'annoncent  par  des 
frissons,  de  la  fièvre,  des  nausées  et  des  vomissements, 
avec  troubles  de  la  menstruation,  en  particulier  métror- 
rhagies  ;  la  fosse  ihaque  est  le  siège  d'une  douleur  plus 
ou  moins  vive;  la  palpation  profonde  est  très  douloureuse. 
En  combinant  le  toucher  vaginal  et  le  toucher  rectal  avec 
la  palpation  abdominale,  on  arrive  facilement  à  déter- 
miner la  tumeur  ovarique  inflammatoire  ;  la  périovarite 
concomitante  est  d'une  grande  importance,  parce  que  pré- 
cisément elle  détermine  les  ectopies  de  l'organe  et  ses 
fixations  anormales;  souvent  même  l'utérus  participe  à 
ces  déplacements  :  le  plus  ordinairement  il  se  trouve  en 
rétroversion.  L'ovarite  aiguë  se  termine  par  résolution  ou 
par  suppuration  ;  dans  ce  dernier  cas,  le  pus  peut  être 
retenu  et  forme  une  poche  purulente  souvent  très  persis- 
tante, ou  bien  il  fait  irruption  dans  le  vagin,  la  vessie  ou 
le  rectum.  Enfin,  parmi  les  complications  signalons  la 
pelvi-péritonite,  le  phlegmon  du  ligament  large,  la  sal- 
pingite (oophoro-salpingite)  (V.  Salpingite).  —  Vova- 
rite chronique  peut  être  consécutive  à  l'ovarite  aiguë  ; 
elle  est  aussi  primitive.  Rarement  très  douloureuse,'  elle 
donne  lieu  cependant  à  une  grande  sensibilité  à  la  pres- 
sion ;  elle  est  d'ordinaire  accompagnée  d'un  déplacement 
de  l'ovaire  déterminé  par  la  pelvi-péritonite  ;  le  plus  sou- 
vent il  est  fixé  par  des  pseudo-membranes  dans  le  cul- 
de-sac  de  Douglas  ou  sur  les  côtés  du  bassin.  Elle  se  ter- 
mine soit  par  atrophie  totale,  soit  par  hypertrophie,  et 
celle-ci  est  due  alors  surtout  à  l'accroissement  du  tissu 
conjonctif  interstitiel.  Toutes  les  ovarites  peuvent  de- 
venir le  point  de  départ  d'accidents  nerveux  hystéri- 
formes  ;  toutes  aussi,  surtout  si  elles  sont  bilatérales, 
peuvent  provoquer  la  stérilité,  soit  par  la  destruction  sup- 

GRANDE  ENCYCLOPÉDIE.    —    XX Y. 


purative  des  follicules,  soit  par  leur  compression  à  la  suite 
d'induration  ou  de  sclérose  de  l'ovaire,  etc.  —  Le  trai- 
tement de  début  de  l'ovarite  aiguë  réside  dans  l'emploi 
des  antiphlogistiques,  des  narcotiques,  des  laxatifs,  du 
froid  et  du  repos  ;  on  a  ensuite  recours  aux  révulsifs,  sca- 
rifications de  la  portion  vaginale,  apphcation  de  sangsues 
sur  celle-ci  ou  sur  la  paroi  abdominale,  application  de  vé- 
sicatoires,  de  pointes  de  feu,  sur  l'abdomen.  Dans  le  cas 
de  l'ovarite  chronique,  il  faut  avant  tout  se  ilébarrasser 
des  complications,  si  c'est  possible  ;  on  a  recours  alors 
aux  injections  vaginales  chaudes  pratiquées  avec  précau- 
tion, aux  bains  de  siège,  aux  bains  alcalins,  à  l'applica- 
tion de  substances  résolutives  sur  l'abdomen  ou  la  portion 
vaginale,  à  des  massages  faits  avec  discrétion;  les  eaux 
minérales  alcalines,  bromurées  et  iodurées  conviennent 
tout  particulièrement.  Ce  n'est  que  dans  les  cas  extrême- 
ment graves  qu'il  y  a  lieu  de  pratiquer  la  castration. 

3^  Tumeurs.  —  On  trouve  rarement,  dans  l'ovaire,  des 
altérations  tuberculeuses  et  syphilitiques  ;  nous  n'insis- 
terons pas  sur  ces  lésions  d'ailleurs  secondaires,  sauf  de 
rares  exceptions  pour  la  tuberculose  (H.  Munaret).  Elles 
naissent  toujours  dans  le  stroma  conjonctif.  —  Les  fibro- 
myomes  y  sont  beaucoup  moins  fréquents  que  dans  l'utérus  ; 
ce  sont  de  petites  tumeurs,  superficielles  ou  profondes, 
très  rarement  formées  exclusivement  de  fibres  musculaires 
lisses;  les  fibres  conjonctives  y  prédominent  même,  de 
sorte  qu'elles  forment  en  réalité  passage  aux  fibromes  ; 
dans  ce  cas,  elles  peuvent  devenir  très  volumineuses  et  se 
calcifier  ou  se  creuser  en  donnant  heu  à  des  kystes  qui  se 
développent  rapidement.  Lorsqu'une  quantité  appréciable 
de  cellules  fusiformes  prend  part  à  la  structure  de  ces 
tumeurs,  elles  deviennent  des  fibro-sarcomes.  Par  leur 
accroissement,  les  follicules  de  Graaf  sont  détruites,  ou 
bien  s'il  en  persiste  un  certain  nombre,  ils  peuvent  devenir 
le  point  de  départ  de  kystes  (cystosarcomes).  Selon  que 
les  cellules  géantes  prédominent,  on  a  des  variétés  diverses 
de  sarcomes  et  des  formes  mixtes,  malignes,  faisant  le 
passage  aux  carcinomes  ;  une  de  ces  formes  mixtes  est 
le  myxosarcome  carcinomateux  hémori^agique  (Spie- 
gelberg).  Ces  tumeurs  déterminent  des  épanchements  de 
sérosité  dans  le  péritoine  et  donnent  heu  à  des  métastases 
dans  divers  autres  organes  importants.  Ces  néoplasmes, 
souvent  multiples  et  racémiformes,  peuvent  se  développer 
simultanément  dans  les  deux  ovaires  et  à  un  âge  relative- 
ment peu  avancé.  —  Les  tumeurs  d'origine  purement 
épithéhale  présentent  ou  bien  le  caractère  des  adénomes 
(papillomes  ou  kystomes),  ou  bien  celui  des  carci- 
nomes ;  les  papillomes  présentent  une  grande  malignité  ; 
ils  se  développent,  soit  aux  dépens  de  l'épithélium  germi- 
natif  superficiel,  soit  aux  dépens  des  kystomes  résultant 
de  la  dégénérescence  des  foUicules  ;  le  kystome  papillaire, 
caractérisé  par  des  dilatations  kystiques  nombreuses,  est 
très  envahissant.  —  Le  carcinome  est  primitif  ou  secon- 
daire ;  primitif,  il  peut  dériver  des  papillomes,  ou  se  dé- 
velopper directement  dans  le  parenchyme  ovarien,  et,  dans 
ce  dernier  cas,  c'est  en  général  un  encéphaloide,  suscep- 
tible de  devenir  très  volumineux,  envahissant  alors  la  cap- 
sule fibreuse  et  le  péritoine  ;  ce  peut  être  aussi  un  car- 
cinome colloïde  et  même  un  squirrhe.  Il  atteint  un  seul 
ovaire  ou  rarement  les  deux.  Le  carcinome  secondaire  est 
ordinairement  consécutif  à  celui  du  péritoine,  de  l'utérus 
ou  du  rectum. 

Les  kystes  sont  les  tumeurs  les  plus  fréquentes  des 
ovaires.  Quant  à  leur  siège,  ils  se  distinguent  en  kystes 
péri-ovariens,  extérieurs  à  la  membrane  d'enveloppe,  et 
dont  le  contenu  est  toujours  séreux,  et  en  kystes  intra- 
ovariens,  développés  dans  le  parenchyme  et  offrant  plu- 
sieurs variétés. 

Kystes  de  rétention,  provenant  d'une  hydropisie  des 
folHcules  de  Graaf,  distendus  par  un  hquide  séreux  etlim- 
pide;  comme  on  le  sait,  le  follicule  de  Graaf  doit  se  rompre 
au  moment  de  la  congestion  menstruelle  ;  s'il  ne  se  rompt 
pas,  il  augmente  de  volume  et  donne  lieu  à  un  kyste  à 

46 


OVAIRE 


m 


paroi  mince  et  dont  le  volume  peut  varier  des  dimensions 
d'un  œuf  de  pigeon  à  celles  d  une  tète  d'adulte  ;  d'après 
Ivokitansky,  le  kyste  de  rétention  peut  môme  se  former 
après  la  rupture  normale  du  follicule,  par  suite  de  l'obli- 
tération accidentelle  de  celui-ci.  Généralement  le  kyste  de 
rétention  est  solitaire;  mais  il  peut  en  coexister  plusieurs, 
voire  môme  dans  les  deux  ovaires  à  la  fois  ;  les  plus  super- 
ficiels sont  toujours  les  plus  volumineux.  L'ovulation  peut 
ne  pas  être  gônéc,  attendu  qu'à  côté  du  kyste  ou  des  kystes 
le  tissu  reste  sain.  Celte  variété  de  tumeurs  se  développe 
principalement  à  l'époque  de  la  puberté  ;  on  en  a  trouvé 
cependant  chez  des  enfants  nouveau-nés. 

Kystes  'prolifères  ou  gélatinifovmes.  Ces  tumeurs, 
ordinairement  volumineuses,  et  les  plus  fréquentes  de  tous 
les  kystes  ovariens,  n'occupent  en  général  qu'un  ovaire, 
mais  peuvent  coexister  dans  les  deux.  Elles  dérivent  éga- 
lement des  follicules,  mais  avec  participation  prépondé- 
rante de  l'épitliélium  de  la  surface  de  l'ovaire,  qui  en  pro- 
liférant pénètre  dans  l'intérieur  du  stroma  conjonctif  sous 
forme  de  bourgeons  ramifiés  ;  ceux-ci  se  creusent  et  se 
transforment  en  culs-de-sac  d'apparence  glandulaire,  ta- 
pissés d'épitliélium  ;  par  suite  de  ce  bourgeonnement  co4i- 
tinu,  il  se  forme  une  série  de  poches  ou  de  kystes  secon- 
daires, de  sorte  que  la  tumeur  devient  multiloculaire, 
aréolaire,  vésiculaire.  Cheique  loge  a  pour  parois,  du  dehors 
en  dedans,  une  couche  fibreuse  tapissée  extérieurement 
d'épithélium  cubique,  une  couche  de  tissu  conjonctif  vascu- 
larisée  (artérioles  hélicincs  et  veines  à  parois  épaisses), 
puis  une  couche  fibreuse  interne  tapissée  d'un  épithélium 
cylindrique  dont  les  débris,  par  suite  de  la  dégénérescence 
muqueuse  qu'il  subit,  tombent  dans  la  cavité  de  la  loge  ; 
cette  face  interne  est  d'ordinaire  envahie  par  des  végéta- 
tions papillaires  ou  verruqueuses,  essentiellement  compo- 
sées de  tissu  cellulaire  embryonnaire  et  de  vaisseaux.  En 
raison  de  cette  structure,  on  a  quelquefois  donné  à  ces 
tumeurs  le  nom  d'épilhclium  myxoïde,  de  eystoïde  pa- 
pillaire,  etc.  Les  loges  sécrètent  un  liquide  muqueux  ou 
colloïde,  susceptible  de  se  gonfler  par  l'eau  et  de  se  coa- 
guler par  l'alcool,  tenant  en  suspension  des  cellules  de 
forme  variée  (sphériques,  ramifiées,  caliciformes,  etc.),  et 
contenant  de  l'albumine  et  des  variétés  de  celle-ci  ;  le  sang, 
provenant  des  végétations,  le  colore  souvent  en  brun  ; 
parfois  il  devient  purulent  ;  enfin  il  peut  arriver  qu'il  se 
charge  de  graisse,  d'où  une  variété  de  kystes  graisseux. 
Sous  l'influence  de  la  pression  que  les  kystes  voisins  exer- 
cent les  uns  sur  les  autres,  la  paroi  qui  les  sépare  peut 
s'alrophicr,  et  les  cavités  devenir  confluentes  ;  il  ne  reste 
plus  alors  que  des  restes  delà  paroi  faisant  saillie  dans  la 
cavité  commune.  C'est  là  probablement  l'origine  des  kystes 
uniloculaires.  Les  ovaires,  ainsi  dégénérés,  peuvent  prendre 
des  dimensions  énormes,  remplissant  le  bassin  et  refou- 
lant Futérus.  D'abord  libres,  ds  deviennent  adhérents  par 
la  suite,  grâce  aux  fausses  membranes  développées. 

Kystes  dermoïdes  complexes.  Ce  sont  des  tumeurs 
fœtales,  congénitales,  qui  se  forment  dans  les  tubes  du 
parovaire,  restent  toujours  renfermées  entre  les  deux 
feuillets  du  ligament  large  qu'elles  écartent  violemment  et 
finissent  par  s'accoler  à  l'utérus  (V.  Dermoidi:). 

Symptômes.  Les  débuts  des  kystes  ovariqucs  sont  obs- 
curs et  insidieux;  s'il  y  a  douleur,  celle-ci  est  faible  et 
augmente  graduellement,  en  môme  temps  qu'on  constate 
la  formation  d'une  tumeur  :  celle-ci  se  développe  dans  la 
partie  latéro-inférieure  du  bassin  et,  en  grandissant,  se  rap- 
proche de  la  ligne  médiane  qu'elle  peut  dépasser.  Elle  est 
arrondie,  lisse,  unie  ou  bosselée,  mobile  sauf  dans  la  pé- 
riode des  fortes  adhérences,  mate  à  la  percussion  ;  lafluc- 
tuation  est  difîicile  à  j^ercemr.  Surviennent  ensuite  les 
symptômes  et  accidents  variés  dus  à  la  compression  des 
organes  abdominaux  et  thoraciijues  :  pesanteurs  dans  le 
bas-ventre  et  dans  les  aines,  ténesine  urinaire  et  dysurie, 
constipation  opiniâtre,  hémorroïdes,  œdèmes  et  ascite, 
voire  anasarque,  dyspepsie,  dyspnée,  etc.  Sous  ces  in- 
fluences débilitantes  et  la  dénutrition  croissante,  la  ma- 


lade prend  ce  qu'on  appelle  le  faciès  ovarien,  assez 
semblable  au  faciès  cancéreux.  —  Les  inflammations  de  voi- 
sinage peuvent  déterminer  la  mort.  D'autres  fois,  si  le 
kyste  devient  hémorragique,  la  mort  peut  survenir  par 
anémie  aiguë;  s'il  devient  purulent,  il  peut  déterminer 
une  septicémie  ou  une  péritonite  mortelle  ;  si  le  conlcnu 
est  resté  séreux,  la  rupture  du  kyste  n'entraîne  pas  né- 
cessairement la  mort,  que  l'épanchement  se  fasse  dans  le 
péritoine  où  il  peut  être  résorbé,  ou  dans  d'autres  organes; 
enfin  la  mort  peut  survenir  par  la  torsion  du  pédicule 
(formé  du  ligament  utéro-ovarien,  des  trompes  de  Fal- 
lope,  etc.,  et  contenant  nombre  de  vaisseaux),  cette  tor- 
sion provoquant  une  hémorragie  grave;  quelquefois  elle 
détermine  au  contraire  la  guérison  par  oblitération  des 
vaisseaux,  si  celle-ci  n'a  pas  pour  conséquence  la  gan- 
grène. 

Traitement.  Le  traitement  médical  (purgatifs,  diuré- 
tiques, iodure  de  potassium,  ergot  de  seigle,  compres- 
sion, etc.),  ne  donne  que  des  résuhats  incertains.  Il  est 
toujours  préférable  d'avoir  recours  au  traitement  chirur- 
gical :  ponction  palliative  qui  n'empêche  pas  la  reproduc- 
tion de  l'épanchement,  ponction  suivie  d'injection  iodée, 
qui  peut  être  curative  dans  les  kystes  simples,  puis  cauté- 
risation, suppuration  provoquée,  etc.,  selon  les  cas.  Le 
véritable  traitement  curatif  est  l'ovariotomie  par  laparo- 
tomie (V.  OvAiiioTOMiE),  S'il  y  a  grossesse  concomitanle, 
il  faut  surseoir  à  l'opération  ou  se  borner,  dans  certains 
cas,  à  faire  une  ponction  palliative,  pour  diminuer  le  vo- 
lume de  la  tumeur,  lorsque  par  exemple  elle  siège  dans 
le  cul-de-sac  de  Douglas. 

4°  Névralgie  de  l'ovâire.  —  Encore  appelée  ovar al- 
gie ou  o?;ar/t^(Charcot),  elle  est  caractérisée  par  des  dou- 
leurs très  vives,  irradiantes,  survenant  par  intermittences 
et  liée  à  des  troubles  variés  de  la  menstruation,  aménor- 
rhée, dysménorrhée  ou  ménorrhagie,  à  des  sympt()mcs 
nerveux  hystériformes  ;  enfin,  à  un  affaiblissement  progres- 
sif ;  elle  est  du  reste  fréquente  dans  l'hystérie.  Le  trai- 
tement consiste  dans  l'administration  interne  ou  l'applica- 
tion topique,  abdominale  ou  vaginale,  de  narcotiques,  dans 
l'admhiistration  d'antispasmodiques  appropriés  et  celle  de 
toniques  et  de  ferrugineux  pour  relever  les  forces.  Dans 
l'ovaralgie  rebelle,  on  a  préconisé  la  castration  ;  mais  il 
ne  faut  y  recourir  que  dans  les  cas  extrêmes,  cette  pra- 
tique étant  très  dangereuse.  D^^  L.  Un. 

IV.  Botanique.  —  Nous  avons  vu  à  l'art.  Carpelle, 
que  les  organes  femelles  des  phanérogames  sont  constitués 
par  une  ou  plusieurs  feuilles  modifiées  nommées  carpelles. 
Ces  feuilles  en  se  repliant  sur  elles-mêmes  et  au  besoin  en  se 
soudant  entre  elles  constituent  une  ou  plusieurs  cavités 
closes  qui  sont  les  ovaires.  Dans  les  Renonculacées,  par 
exemple,  où  les  carpelles  sont  nombreux,  chacun  d'eux  se 
replie  sur  lui-môme  sans  se  souder  avec  ses  voisins.  On  a 
donc  autant  d'ovaires  indépendants  et  monoloculaires  sur- 
montés chacun  d'un  style  et  d'un  stigmate.  Dans  lesBor- 
raginées  il  y  a  quatre  carpelles  confondus  seulement  par 
leur  angle  interne  où  se  trouve  inséré  un  style  unique  ; 
on  peut  donc  dire  qu'il  y  a  un  ovaire  à  quatre  loges  à  peu 
près  complètement  isolées  l'une  de  l'autre,  ou  quatre 
ovaires  monoloculaires  soudés  par  leur  angle  interne.  Dans 
d'autres  familles,  la  fusion  atteint  un  degré  plus  élevé: 
les  carpelles  s'unissent  par  les  faces  externes  de  leurs 
extrémités  et  constituent  un  ovaire  unique  ;  mais  les  extré- 
mités des  carpelles  se  prolongent  jusqu'au  centre  de  celui- 
ci  et  le  divisent  en  un  certain  nombre  de  loges.  L'ovaire 
est  plurdoculaire  et  porte  en  général,  comme  dans  les  cas 
précédents,  ses  ovules  à  l'endroit  ou  les  carpelles  se  sont 
soudés.  Ce  point  eht  le  placenta  (V.  ce  mot)  ;  dans  le  cas 
actuel,  il  est  central.  Dans  les  pavots,  l'ovaire  unique  est 
constitué  de  la  môme  manière  ;  mais  les  cloisons  n'ariivent 
plus  jusqu'en  son  miheu;  il  est  donc  unilocul aire  et  divisé 
par  des  cloisons  incomplètes.  Celles-ci  portent  toujours  les 
placentas,  qui,  dans  ce  cas,  sont  dits  pariétaux.  Dans  beau- 
coup de  Caryophyllées,  les  cloisons  atteignent  originaire- 


723 


OVAIRE  —  OVAMBO 


ment  le  milieu  de  l'ovaire  et  y  développent  lem^ placenta. 
Mais  bientôt  elles  se  résorbent,  et  on  a  un  ovaire  tout  à 
fait  uniloculaire,  dont  les  ovules  sont  portés  par  un  pla- 
centa central  en  forme  de  colonne  isolée.  Enfin,  dans  les 
Primulacées,  les  feuilles  carpellaires  se  soudent  seulement 
par  leurs  l)ords  et  constitueat  un  ovaire  uniloculaire  dont 
les  ovules  se  forment  sur  un  placenta  développé  au 
sommet  du  réceptacle  et  par  conséquent  indépendant  des 
carpelles. 

Dans  tous  les  exemples  que  nous  avons  passés  en  re- 
vue, le  réceptacle  est  convexe  et  l'ovaire  est  dit  supère 
parce  qu'il  est  situé  au-dessus  des  étamines.  Dans  d'autres 
cas,  on  a  un  réceptacle  plus  ou  moins  concave  et  un 
ovaire  infère,  qui  peut  présenter  les  mêmes  modalités 
que  les  ovaires  supères.  Il  y  a  d'ailleurs  tous  les  termes 
de  transition  entre  l'ovaire  tout  à  fait  libre  et  celui  qui 
est  complètement  inclus  dans  une  cavité  du  réceptacle. 
En  résumé,  l'ovaire  peut  être  supère  ou  infère,  unicarpellé 
ou  pluricarpellé,  les  carpelles  eux-mêmes  pouvant  être  in- 
dépendants ou  connés.  S'ils  sont  connés,  ils  peuvent  l'être 
seulement  par  leurs  bords  ou  par  une  étendue  peu  con- 
sidérable de  la  face  externe  de  ces  bords  incomplètement 
repliés  en  dedans:  dans  les  deux  cas,  l'ovaire  est  unilo- 
culaire ;  ou  bien  ils  peuvent  être  connés  par  une  étendue 
considérable  de  leur  face  externe  suffisamment  repliée  en 
dedans  pour  constituer  des  cloisons  complètes  ;  l'ovaire  est 
alors  pluriloculaire.  Dans  ce  dernier  cas,  le  placenta  est 
axilo  ;  nous  avons  vu  qu'il  est  central  et  libre  quand  il  est 
sans  rapport  avec  les  carpelles,  et  pariétal  lorsqu'il  est 
situé  sur  les  parois  do  l'ovaire  aux  points  où  les  bords 
des  carpelles  se  sont  soudés  sur  une  plus  ou  moins  grande 
étendue.  Quant  au  style  et  au  stigmate,  leur  organisation 
ne  correspond  pas  toujours  à  celle  de  l'ovaire  ;  la  simpli- 
fication organique  s'est  exercée  avec  le  plus  d'intensité, 
tantôt  sur  un  de  ces  organes,  tantôt  sur  l'autre.  G'estainsi 
qu'on  peut  trouver  un  style  simple 
avec  un  ovaire  pluriloculaire,  ou  ré- 
ciproquement un  style  divisé  en  au- 
tant de  branches  qu'il  y  a  de  carpelles 
avec  un  ovaire  uniloculaire.  11  en  est 
de  même  du  stigmate:  dans  les  pa- 
vots, les  cloisons  de  l'ovaire  sont  très 
réduites,  et  cependant  le  stigmate  est 
divisé  en  rayons  complets  dont  chacun 
correspond  à  une  de  ces  cloisons.  Pour 
plus  de  détails,  V.  les  art.  Pistil, 
Style  et  Stigmate. 

Il  importe,  en  terminant,  de  dire 
quelques  mots  du  développement  phy- 
logénique  de  l'ovaire.  Cet  organe 
n'existe  que  chez  les  phanérogames 
dites  angiospermes,  parce  que  leurs 
ovules  sont  recouverts  d'un  tégument 
protecteur  entièrement  clos,  qui  de- 
vient le  fruit  après  la  fécondation. 
Chez  les  gymnospermes  les  ovules  sont 
nus  et  simplement  portés  à  l'aisselle 
d'écaillés  qui  subissent  diverses  modifi- 
cations suivant  les  familles  végétales,  sans  cependant  ja- 
mais réaliser  un  ovaire  véritable.  Les  angiospermes  elles- 
mêmes  ont  du  traverser  au  cours  des  périodes  géologiques 
un  stade  gymnospermique  dans  lequel  les  carpelles  ser- 
vant de  support  aux  ovules  n'étaient  encore  ni  repliés  ni 
soudés  entre  eux.  Les  gymnospermes  actuelles  sont  des 
végétaux  qui,  parvenus  à  ce  stade,  s'y  sont  arrêtés  à  tout 
jamais,  par  suite  de  l'avortement  du  limbe  de  la  feuille 
carpellaire.  Les  angiospermes  actuelles  ont  au  contraire 
dépassé  ce  stade  et  ont  constitué  un  ovaire  véritable,  grâce 
aux  replis  de  la  feuille  carpellaire.  Mais  leur  état  proto- 
typique avant  la  formation  de  l'ovaire  ne  saurait  nous 
être  connu  que  par  conjecture.  Nous  pouvons  cependant 
acquérir  quelque  notion  de  ce  qu'ont  dû  être  les  formes 
de  passage  des  gymnospermes  aux  angiospermes  en  étu- 


Coupe  longitudi- 
nale schémati- 
que, grossie,  de 
1  '  a  ]j  p  a  r  e  i  1  fe- 
melle d'un  Gne- 
tum^  pour  mon- 
trer l'ovule  en- 
touré de  ses 
trois  téguments 
et  laissant  voir 
dans  son  inté- 
rieur le  début  du 
sac  embryon- 
naire. 


diant  la  famille  des  gnétacées.  Chez  les  Gnetiim,  l'ovule 
n'adhère  plus  directement  à  une  feuille  comme  chez  les 
cycadées  ;  il  n'est  plus,  comme  chez  les  conifères,  reporté 
avec  son  support  k  l'aisselle  d'une  bractée  accrescente  et 
coi'iace.  Comme  chez  les  taxinées  il  termine  un  axe  feuille, 
appauvri  ;  mais  ici  cet  axe,  moins  débihté,  utilise  les  feuilles 
bractéales  qui  se  combinent  paire  par  paire  et  forment  un 
double  tégument  à  l'ovule.  Le  plus  intérieur  de  ces  tégu- 
ments s'allonge  en  un  tube  papilleux  qui  facilite  l'intro- 
duction du  pollen.  Le  nombre  de  ces  enveloppes  super- 
posées peut  même  s'élever  jusqu'à  trois.  Il  est  évident 
qu'il  faut  voir  en  elles  le  stade  primitif  du  développement 
de  l'ovaire  et  que  la  petite  famille  des  gnétacées,  arrêtée 
à  égale  distance  des  gymnospermes  et  des  angiospermes, 
nous  représente  une  période  de  développement  par  laquelle 
celles-ci  ont  dii  forcément  passer.  D'^  L.  Laloy. 

V.  Mathématiques.  —  On  appelle  ellipsoïdes  ovaires 
les  ellipsoïdes  de  révolution  dont  l'axe  de  révolution  est 
supérieur  à  l'axe  équatorial;  les  autres  sont  les  ellipsoïdes 
planétaires. 

0VALD1N6S0  (Ile)  (V.  Kallandsô). 

OVALE  (Géom.).  On  appelle  ovales  des  courbes  fermées 
affectant  habituellement  une  forme  analogue  à  la  section 
d'un  œuf  par  son  axe.  On  peut  imaginer  des  ovales  à 
l'infini.  Parmi  les  ovales  les  plus  célèbres  dans  l'histoire 
de  la  géométrie,  il  y  a  lieu  de  citer  les  ovales  de  Descartes 
ou  lignes  aplanétiques,  auxquelles  le  grand  géomètre  a 
été  conduit  par  ses  recherches  sur  l'optique,  et  les  ovales 
de  Cassini.  La  définition  la  plus  simple  et  la  plus  géné- 
rale des  ovales  de  Descartes  consiste  dans  la  relation 
rt.MF  -i-  a'. MF'  =:b,  on  ar -h  aY  ■=.  h,  M  étant  un  point 
quelconque  de  la  courbe,  F  et  F'  deux  points  fixes  qu'on 
appelle  foyers,  et  a,a\  b  des  constantes.  De  très  nombreux 
travaux  ont  été  faits  sur  les  ovales  de  Descartes,  qui  pré- 
sentent une  foule  de  propriétés  ;  l'une  des  plus  curieuses 
consiste  dans  l'existence  d'un  troisième  foyer  en  ligne 
droite  avec  les  deux  autres.  —  Un  ovale  de  Cassini  est 
le  lieu  des  points  M  tels  que  le  produit  des  distances 
MF,MF'  à  deux  points  fixes  soit  constant,  ce  qui  équivaut 

à  la  relation  rr^  =  A:^  ;  si  /i:  <  -jr-,   on  a  deux  courbes 

séparées  qui  présentent  chacune  la  forme  ovale  ;  pour 


le  heu  devient  la  lemniscate  de  Bernoulli^ 

FF' 

affectant  la  forme  d'un  huit  ;  au  delà,  pour  Â:>  -^,  on 

n'a  qu'une  seule  courbe  fermée,  qui  finit  par  prendre 
l'apparence  générale  d'une  ellipse. 

OVALLE.  Ville  du  Chih,  ch.-l.  du  dép.  de  Coquimbo, 
sur  le  rio  Limari,  dans  une  région  minière  ;  6.000  hab. 

OVAMBO.  Peuple  de  la  colonie  allemande  de  l'Afrique 
sud-occidentale,  au  S.-E.  du  Cunène,  entre  ce  fleuve, 
rOkavampo  et  le  19°  lat.  S.  De  race  bantou,  il  compte 
120.000  âmes  dispersées  sur  140.000  kil.  q.  et  divisées 
en  onze  tribus  distinctes.  De  couleur  brun  chocolat, 
de  stature  ramassée,  mais  peu  musclés,  à  figure  ovale, 
front  bas,  pommettes  saillantes,  barbe  rare,  ils  sont  sé- 
dentaires, accoutumés  à  l'absolutisme  des  chefs,  très  atta- 
chés à  leur  rehgion.  Le  vêtement  des  hommes  est  une 
ceinture  de  cuir  de  O'^SO,  roulée  autour  du  corps,  ils  por- 
tent des  sandales,  une  pipe,  un  poignard.  Les  femmes  se 
vêtent  d'une  petite  jupe  décorée  de  coquilles  d'œufs  d'au- 
truche, d'anneaux  et  de  verroteries  diverses,  avec  tablier 
de  cuir  orné  de  perles  de  fer.  Les  Ovampo  aiment  à  s'en- 
duire la  tête  d'un  empois  sur  lequel  ils  collent  des  palmes 
de  0^^,20  à  1^,50  de  long.  Les  armes  à  feu  ont  fait  aban- 
donner les  flèches  empoisonnées,  lances  de  fer,  mas- 
sues, etc.  Les  huttes  sont  rondes  ou  coniques  très  basses, 
construites  avec  des  poteaux  enduits  de  boue.  On  les  en- 
toure de  haies  épineuses  ou  de  palissades.  Le  travail  du 
fer,  la  poterie,  étaient  l'œuvre  de  castes  spéciales;  ce  sont 
des  Boschimans  qui  exploitent  le  cuivre  d'Upingtonia.  L'éle- 


OVAMBO  -  OVARIOTOMIE 


—  724 


vage  est  peu  important,  la  culture  est  la  ressource  essen- 
tielle, légumineuses  surtout.  Les  chèvres  et  la  volaille 
abondent  ;  la  viande  de  chien  est  la  plus  appréciée. 

l^iHL.  :  ScHiN/,  Deutsch  SaclwestufriJai;  Leipzig,  1801 

OVANCHES.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Saône,  arr.  de 
Yesoul,  cant.  de  Scey-sur-Saune  ;  250  hab. 

OVANDO  (Don  Nicolas),  premier  gouverneur  général 
des  Indes  occidentales,  né  vers  14()0,  mort  en  lSi8. 
Nommé  en  4  501  gouverneur  des  nouvelles  possessions 
espagnoles  en  Amérique  par  Ferdinand  d'Aragon  et  Isa- 
belle, reine  de  Castille.  Il  était  chargé  de  remplacer  Fran- 
cisco de  Bovadilla,  dont  la  mauvaise  administration  avait 
déjà  ruiné  ces  pays  récemment  conquis.  Parti  de  San- 
Lucar  le  43  févr.  1502,  avec  une  flotte  très  importante, 
il  arriva  à  Santo-Domingo  le  15  avr.  suivant.  Il  rétablit 
l'ordre  dans  l'île,  fonda  plusieurs  villes  qui  sont  aujour- 
d'hui très  prospères.  Son  administration  ne  tarda  pas  à 
être  aussi  désastreuse  que  celle  de  tous  les  conquérants 
espagnols.  Il  exerça  de  telles  exactions  et  soumit  les 
Indiens  à  des  travaux  tellement  pénibles  que  deux  ans 
après  son  arrivée,  la  province  avait  déjà  perdu  200. 000  hab. 
Il  ruina  complètement  la  province  de  Xaragua  ;  après  avoir 
attiré  les  Indiens  à  une  fête,  il  les  lit  tous  massacrer  par 
ses  soldats.  Rappelé  enfin  par  la  cour  d'Espagne,  il  vécut 
dans  son  pays  comblé  de  richesses  et  de  considération. 

OVAR.  Ville  du  Portugal,  prov.  de  Beira,  au  N.  de  la 
lagune  d'Aveiro  ;  11.000  hab.  Pêcheries. 

OVARALGIE  ou  OVÂRIE  (Méd.)(V.  Ovaire,  §  Patho- 
logie), 

OVARI.  Province  maritime  du  Japon,  à  l'F.  de  Nippon 
(l'okaïdo),  incorporée  au  ken  d'Aïtsi.  Elle  donne  son  nom 
au  profond  golfe  d'Ovari,  sur  lequel  est  la  grande  ville 
de  Nagoga. 

OVARIOTOMIE.  Ablation  de  l'ovaire.  Cette  opération 
peut  s'exécuter  par  la  voie  abdominale  ou  par  la  voie  va- 
ginale. Cette  dernière  est  d'adoption  toute  récente  et  ne 
saurait  s'appliquer  ({u'à  des  cas  très  particuliers  :  aussi  le 
terme  d'ovariotomie,  sans  autre  indication,  s'applique- 
t-il  ordinairement  à  l'ovariotomie  abdominale,  et,  dans  le 
public,  il  a  pris  un  sens  plus  étendu  encore,  en  s'appli- 
quant,  à  tort  d'ailleurs,  à  toute  ouverture  de  l'abdomen 
pratiquée  chez  la  femme,  dans  le  but  d'intervenir  sur  les 
trompes  ou  sur  les  ovaires.  Ces  interventions  étant  mul- 
tiples, le  terme  d'ovariotomie  est  réservé,  dans  le  voca- 
bulaire chirurgical  actuel,  à  l'extirpation  de  Fovaire  seul, 
pour  lésion  lui  appartenant  en  propre,  c'est-à-dire,  dans 
Fimmense  majorité  des  cas,  pour  le  kyste  ovarique  ou  pa- 
rovarique.  L'ablation  des  deux  ovaires  sains,  faite  systé- 
matiquement, par  exemple  pour  amener  l'atrophie  des 
fibromes,  s'appelle  plus  particulièrement  castration  ova- 
rienne ou  opération  de  Battey.  L'ablation  de  l'ovaire  et  de 
la  trompe  correspondante  s'appelle  oophoro-salpingec- 
tomie. 

La  première  ovariotomie,  attribuée  d'abord  à  Abraham 
Cyprianus  (1707),  appartient  en  réalité  à  Ephrann  Mac 
Dowell  (1809)  et  fut  suivie  de  guérison.  Mais  ce  ne  fut 
qu'avec  W.-L.  Atlee  (1844)   et  surtout  Spencer  AVells 
(1858)  que  cette  opération  prit  définitivement  place  dans 
la  chirurgie,  du  moins  en  Amérique  et  en  Angleterre.  La 
France  fut  plus  longue  à  l'adopter.  La  première  (1844) 
appartiendrait  à  Woyerkowsky.  En  1856,  l'opération  était 
solennellement  condamnée  par  l'Académie   de   médecine 
après  une  discussion  où  Malgaigne  se  montra  d'une  intolé- 
rance extraordinaire  et  qui  est  des  plus  curieuses  à  relire 
aujourd'hui.  Nélaton,  après  avoir  vu  opérer  Spencer  Wells, 
fit  en  1862  quelques  tentatives  qui  restèrent  sans  succès. 
Puis  Kœberlé  en  1864  et  surtout  Péan  contribuèrent,  par 
leurs  succès  éclatants,  à  vaincre  les  résistances  officielles  et 
à  acclimater  chez  nous  une  opération  qui,  avec  la  décou- 
verte de  l'antisepsie,  est  devenue  tout  à  fait  courante.  La 
connaissance  que  l'on  a  aujourd'hui  des  kystes  papillaires, 
capables,  dans  des  conditions  impossibles  à  prévoir,  d'ac- 
quérir une  malignité  extrême,  et,  en  cas  d'elfusion  de 


quelques  gouttes  de  leur  contenu  dans  le  péritoine,  d'ame- 
ner une  inoculation  péritonéale  rapide  et  des  métastases 
conduisant  inévitablement  à  la  mort,  a  beaucoup  restreint 
la  faveur  de  l'antique  ponction  :  il  est  de  règle  aujourd'hui 
de  pratiquer  l'ablation  du  kyste  dès  que  sa  présence  est 
soupçonnée,  sans  attendre  que  son  développement  exa- 
géré compromette  Fcxistence  de  la  malade  et  diminue  ses 
chances  de  résistance  au  traumatisme  opératoire.  L'opé- 
ration,  dans  les   conditions  d'asepsie  actuelle,   et  dans 
le  cas  ordinaire  de  kyste  hyalin  simple,  est  d'une  réelle 
bénignité.  Elle  a  pu  être  pratiquée  à  tout  âge  :  de  Santa- 
Anna  l'a  faite  chez  une  enfant  d'un  an  et  Chiene  chez  une 
enfant  de  trois  mois.  Même  dans  la  vieillesse,  et  en  évitant 
les    accidents   de    congestion    pulmonaire   et    d'eschare 
sacrée,  toujours  à  craindre  chez  les  vieillards,  on  a  pu  la 
pratiquera  77  ans  (Terrier),  à  80  ans  (Owen)  et  à  82  ans 
et  demi  (Homans).  La  mortalité  est  forcément  très  va- 
riable, puisque  les  conditions  sont  loin  d'être  toujours  les 
mêmes  :  à  ne  consulter  que  celle  des  grands  operateurs, 
elle  a  pu  varier  de  18,5  7o  (Terrier)  à  3,8  7o  (C.  Braun). 
Les  préparatifs  de  Fopération  ont  une  grande  impor- 
tance. La  malade  aura  pris,  pendant  les  jours  précédents, 
plusieurs  bains  alcalins  :  elle  aura  été  purgée  une  fois  ou 
deux,  et  Fou  aura  pratiqué  au  besoin  l'antisepsie  préalable 
du  tui)e  digestif  par  le  naphtol  et  le  salol.  Une  fois  en- 
dormie, elle  sera  placée  sur  la  table  d'opération,  les  jambes 
entourées  de  bottes  de  ouate,  et  mise,  soit  simplement  sur 
le  dos,  soit  dans  la  position  dite  de  Trendelenburg,  c.-à-d. 
couchée  sur  un  plan  incliné  à  45^,  la  tête  se  trouvant  en 
bas.  La  salle  d'opération  sera  chauffée  à  25^  au  moins  ;  on 
emploiera  le  plus  petit  nombre  possible  d'aides.  Lawson 
Tait,  en  dehors  du  chloroformisateur,  n'en  emploie  qu'un. 
Le  chirurgien  se  placera  soit  entre  les  jambes  écartées  de 
la  malade,  soit  sur  le  côté,  ayant,  dans  ce  cas,  son  aide 
en  face  de  lui.  La  peau  de  l'abdomen  sera  soigneusement 
désinfectée  et  tout  spécialement  la  région  du  nombril  et 
celle  du  pubis  :  celle-ci  sera  rasée.  Cetle  désinfection  sera 
exécutée  par  un  aide  au  moyen  d'un  savonnage  prolongé, 
combiné  au  brossage,  suivi'  du  lavage   à  l'alcool,  puis  à 
Féther  (pour  dégraisser);  finalement  des  compresses  im- 
prégnées de  sublimé  à  1  «oo  serviront  à  un  dernier  et 
minutieux  brossage  de  la  peau.  Le  chirurgien,  pendant  ce 
temps-là,  se  sera  désinfecté  les  mains  et  les  avant-bras,  au 
moyen  du  savon  et  de  la  brosse,  puis  de  bains  successifs 
dans  le  permanganate  de  potasse,  le  bisulfite  de  soude, 
l'alcool  et  enfin  le  sublimé  à  1  7oo-  D^s  compresses  stéri- 
lisées recouvrant  l'abdomen,  à  l'exception  de  la  ligne  d'in- 
cision, le  chirurgien  saisira  un  bistouri  fort,  àlameconvexe, 
et,  tendant  la  peau  entre  le  pouce  et  l'index  de  la  main 
gauche,   l'incisera  sur  la  ligne  médiane,   sur  une  lon- 
gueur de  8  centim.  environ,  dans  les  cas  ordinaires,  en  par- 
tant de  deux  travers  de  doigt  au-dessus  du  pubis  :  il  n'existe 
d'ailleurs  aucune  règle  à  cet  égard,  certains  chirurgiens 
préférant  des  incisions  très  courtes,  juste  suffisantes  pour 
l'introduction  des  deux  doigts,   d'autres  n'hésitant  pas, 
lorsque  le  volume  de  la  tumeur  et  les  difficultés  de  son  dé- 
gagement l'exigent,  à  faire  remonter  l'incision  jusqu'au 
delà  du  nombril,  en  décrivant  un  demi-cercle  autour  de 
celui-ci,  ordinairement  à  gauche,  pour  éviter  le  ligament 
du  foie.  Cette  incision  qui  sera  faite  franchement  et  d'un 
seul  coup,  dans  les  cas  ordinaires,  devra,  par  contre,  être 
menée  doucement  et  avec  une  extrême  prudence  lorsque 
l'abdomen  sera  distendu  par  un  kyste  énorme  et  la  peau 
réduite  sur  la  ligne  médiane  aune  couche  très  mince.  L'in- 
cision ayant  dépassé  le  derme,  on  divisera  le  tissu  cellu- 
laire sous-cutané  jusqu'à  la  couche  musculaire.  Arrivé  à 
celle-ci,  on  cherchera  l'interstice  des  deux  muscles  droits 
de  l'abdomen,  l'habitude  étant  d'ouvrir  la  couche  muscu- 
laire à  ce  niveau  :  en  réalité,  il  n'y  aurait  aucun  inconvé- 
nient, sinon  même  avantage,  selon  certains  chirurgiens,  à 
inciser  en  plein  muscle  et  à  sectionner  la  gaine  aponévro- 
tique.  Au-dessous  de  celle-ci,  on  rencontrera  le  tissu  cel- 
lulaire sous-péritonéal,  chargé  de  pelotons  graisseux  jau- 


725 


OVAKIOTOMIE 


nâtres,  ou  réduit  à  quelques  fibres  minces,  selon  la  plus 
ou  moins  grande  épaisseur  des  parois.  C'est  alors  que  l'on 
rencontrera  enfin  le  péritoine,  qui  ne  sera  abordé  qu'avec 
des  précautions  extrêmes  :  pour  l'inciser,  on  le  découvrira 
sur  une  certaine  étendue,  en  s'assurant  autant  que  pos- 
sible, par  quelques  mouvements  de  glissement,  qu'il  n'existe, 
à  l'endroit  choisi,  aucune  adhérence  entre  lui  et  la  paroi 
du  kyste  ou  une  paroi  intestinale  ;  un  léger  pli  sera  sou- 
levé au  moyen  d'une  pince,  une  boutonnière  étroite  sera 
pratiquée  à  ce  niveau,  et,  tout  en  continuant  de  soulever, 
l'index  sera  plongé  par  cette  brèche  dans  la  cavité  abdo- 
minale pour  s'assurer  qu'aucune  adhérence  n'existe  au  ni- 
veau de  la  ligne  future  d'incision;  au  besoin,  si  on  en 
rencontrait,  celles-ci  seraient  rompues  avec  douceur.  La 
voie  reconnue  libre,  le  péritoine  est  incisé  longitudinale- 
ment,  soit  sur  le  doigt,  soit  sur  une  sonde  cannelée,  jus- 
qu'au-dessus du  pubis,  où  une  attention  toute  spéciale  sera 
portée  pour  ne  point  blesser  la  vessie.  Quelques  pinces  à 
forcipressure  seront  placées  sur  les  bords  de  l'incision.  Des 
compresses  stérilisées  chaudes  serviront  à  refouler  l'épi- 
ploon  et  les  intestins,  si  ceux-ci   viennent  faire  hernie 
dans  la  plaie  ;  la  position  de  Trendelenburg  permet  tout 
spécialement  d'éviter  cet  incident  ;  mais  on  lui  a  reproché 
d'exposer,  en  cas  de  rupture  du  kyste  et  d'effusion  de  liquide, 
à  la  souillure  de  toute  la  cavité  abdominale.  Le  chirurgien 
ira  alors  à  la  recherche  de  la  tumeur,  si  celle-ci  ne  se  pré- 
sente pas  spontanément  :  dans  ce  cas,  les  doigts,  placés  dans 
l'angle  inférieur  de  l'incision,  iront  reconnaître  le  cul-de- 
sac  vésico-utérin,  puis  l'utérus  lui-même  et  sa  face  posté- 
rieure dont  il  suffira  de  s'éloigner,  dans  la  direction  des  flancs, 
sans  quitter  le  contact  du  ligament  large,  pour  rencontrer 
la  trompe  et  l'ovaire  ;  celui-ci  sera  alors  attiré  au  dehors  le 
plus  possible,  en  le  libérant,  par  des  tractions  douces  et 
toujours  sous  le  contrôle  de  l'œil,  des  adhérences  qu'il  peut 
avoir  contractées  avec  l'intestin.  La  portion  de  ligament 
qui  le  rattache  encore  constituera,  une  fois  étirée,  ce  qu'on 
appelle  le  pédicule;  celui-ci  sera  traversé  par  une  aiguille 
chargée  d'un  fil  doul)le,  en  prenant  soin  de  protéger  l'in- 
testin, à  ce  moment,  contre  toute  blessure.  L'anse  du  fil 
étant  sectionnée  et  l'aiguille  libérée,  on  fiera  séparément 
les  deux  moitiés  du  pédicule,  après  avoir  eu  soin  de  croiser 
les  deux  chefs  des  fils  du  même  côté.  Cette  ligature  sera 
faite  au  moyen  de  fils  de  soie  tressée  plate,  d'une  grande 
solidité.  Si  le  pédicule  était  large  et  charnu,  on  ferait  de 
même  plusieurs  transfixions  successives  du  pédicule  sur 
la  largeur,  en  posant  ainsi  plusieurs  Mgatures  que  le  croi- 
sement aura  rendues  solidaires  les  unes  des  autres  :  c'est 
la  ligature  dite  en  chaîne.  Une  section  faite  au  bistouri, 
ou  mieux  au  thermocautère,  sera  pratiquée  à  1  centim. 
environ  au-dessus  de  la  ligature  et  détachera  complète- 
ment l'ovaire,  pendant  que  des  compresses  , soigneusement 
appfiquées,  protégeront  l'intestin  contre  le  rayonnement 
du  cautère. 

Dans  le  cas  de  tumeur  volumineuse,  à  paroi  mince  et 
risquant  de  se  déchirer  par  des  manœuvres  trop  prolon- 
gées, on  n'hésitera  pas  à  vider  d'abord  le  kyste  de  son 
contenu  en  enfonçant  dans  la  paroi  un  gros  trocart  : 
ce  procédé  vaut  mieux  que  l'incision  franche  au  bistouri 
employée  par  certains,  et  qui,  si  elle  donne  une  évacuation 
d'abord  plus  rapide,  expose  à  la  souillure  du  péritoine  par 
le  liquide  lorsque  le  jet  touche  à  sa  fin  et  devient  baveux. 
L'irruption  du  liquide  des  kystes  hyahns  dans  le  péritoine 
ne  paraît  pas  présenter  grand  danger;  par  contre,  celui  des 
kystes  papillaires  expose  à  l'inoculation  générale  de  la  sé- 
reuse et  à  la  mort  rapide  par  métastases  s'il  s'agit  d'un 
néoplasme  malin.  La  poche  du  kyste  étant  vidée  à  peu  près 
complètement,  on  s'assurera  qu'aucune  poche  secondaire 
n'existe  dans  la  profondeur,  auquel  cas  on  lui  donnerait 
issue  dans  la  première.  La  tumeur  étant  enfin  réduite  à  sa 
paroi,  ceUe-ci  est  soigneusement  séparée  de  toutes  les 
adhérences  qui  pourraient  l'unir  à  l'intestin  ;  les  adhérences 
minces  seront  détachées  avec  la  tranche  de  la  main  posée 
à  plat  ;  si  elles  présentent  quelque  résistance,  il  sera  pru- 


dent de  les  sectionner  entre  deux  pinces,  en  plaçant  une 
ligature  au  catgut  du  côté  intestinal  :  en  cas  d'adhérences 
kirges  et  tout  en  surface,  il  vaudra  mieux  découper  dans 
la  paroi  du  kyste  la  partie  impossible  à  décortiquer  et 
l'abandonner  dans  l'abdomen  après  avoir  promené  le  ther- 
mocautère sur  sa  surface.  La  hgature  du  pédicule  sera 
pratiquée  comme  plus  haut. 

Dans  certains  cas,  l'extirpation  totale  sera  absolument 
impossible,  la  surface  d'implantation  du  kyste  étant  trop 
étendue  pour  être  réduite  sous  forme  de  pédicule,  ou  les 
adhérences  étant  trop  larges  et  trop  nombreuses  pour 
qu'on  puisse  laisser  sans  danger  dans  le  péritoine,  au  cas 
où  on  passerait  outre,  de  vastes  surfaces  sécrétantes  ou 
saignantes.  Dans  ce  dernier  cas,  on  ne  refermera  pas  le 
ventre  complètement  et  l'on  se  contentera  de  restreindre 
rétendue  de  l'incision  à  quelques  centimètres,  selon  les 
procédés  de  suture  qui  seront  décrits  tout  à  l'heure  :  la 
cavité  suspecte  sera  isolée  du  reste  de  la  grande  cavité 
abdominale  par  un  tamponnement  modérément  compact, 
obtenu  en  tassant  quelques  bandes  de  gaze  qu'on  laisse 
faire  issue  au  dehors  :  ce  tamponnement  forme  une  sorte 
d'épongé  aseptique  réalisant  à  la  fois  l'hémostase  et  le 
drainage  ;  des  fausses  membranes  se  forment  rapidement 
autour  de  lui  et  isolent  définitivement  la  loge  du  kyste. 
La  fermeture  définitive  se  produit  spontanément  au  bout 
de  quelques  semaines  après  diminution  graduelle  de  vo- 
lume des  pansements.  Lorsqu'au  contraire  la  formation 
du  pédicule  aura  été  impossible,  on  l'abandonnera  dans 
le  ventre  et  l'on  inarsupialisera  le  kyste,  c.-à-d.  qu'on 
suturera  ses  bords  à  ceux  de  la  plaie  cutanée,  en  consti- 
tuant ainsi  une  poche  que  les  Américains  ont  comparée  à 
celle  des  marsupiaux.  Ce  procédé,  de  même  que  le  précé- 
dent, n'est  jamais  qu'un  pis  aller,  qui  impose  aux  opérées 
une  convalescence  longue  et  dangereuse  et  laisse  à  la  pa- 
roi une  cicatrice  vicieuse  pouvant  devenir  dans  la  suite 
le  point  de  départ  de  hernies  ou  d'éventration. 

Si  le  kyste  a  pu  être  enlevé  complètement,  il  ne  res- 
tera plus  qu'à  fermer  le  ventre.  On  procédera  d'abord 
à  la  toilette  du  péritoine,  c.-à-d.  qu'au  moyen  d'é- 
ponges  stériUsées,  montées  sur  de  longues  pinces  à  pan- 
sement   et   soigneusement   comptées    au    préalable,    de 
peur  d'oubli,  on  débarrassera  la  cavité  du  petit  bassin 
des  hquides  ou  des  caiUots  qu'on  pourra  y  trouver  ;  cette 
opération  devra  être  pratiquée  avec  une  extrême  dou- 
ceur, de  façon  à  éviter  tout  froissement  du  péritoine  intes- 
tinal ou  pariétal  et  à  laisser  intact  son  revêtement  endo- 
théhal,  sans  lequel  sa  résistance  à  l'infection,  au  cours 
des  suites  opératoires,  serait  singufièrement  amoindrie.  On 
retire  alors  de  l'abdomen  les  compresses  qui  servaient  à 
protéger  l'intestin  :  l'épiploon  est  ramené  sur  la  masse 
intestinale,  et  une  compresse  large  et  mince,  bien  chaude, 
protège  une  dernière  fois  les  organes  pendant  la  fermeture 
de  la  paroi.  Celle-ci  sera  pratiquée,  soit  en  un  seul  plan, 
soit  par  plans  séparés  :  ce  dernier  procédé  a  peut-être 
l'inconvénient  d'allonger  la  durée  de  l'opération,  qu'il  est 
de  principe  de  faire  aussi  courte  que  possible,  mais  il  met 
mieux  en  garde  contre  la  dissociation  ultérieure  des  cou- 
ches musculaires  de  la  paroi,  c.-à-d.  l'éventration.  Dans 
le  premier  cas,  toute  l'épaisseur  de  la  tranche  sera  tra- 
versée par  l'aiguille  armée  d'un  crin  sofide.   Un  certain 
nombre  de  points  profonds  seront  ainsi  placés  sur  les  côtés 
de  l'incision,  à  2  centim.  environ  l'un  de  l'autre,  et  en 
s'enfonçant  chacun  à  2  centim.  environ  du  bord  de  la  plaie. 
Ces  fils  étant  noués  solidement,  et  fortement  serrés,  des 
points  superficiels  seront  placés  sur  la  peau,  entre  les 
points  profonds  et  à  2  ou  3  millim.  de  l'incision,  en  ne 
comprenant  dans  leur  trajet  que  l'épaisseur  du  derme,  et 
en  nombre  suffisant  pour  amener  un  exact  affrontement 
cutané.  Si  le  chirurgien  adopte  la  suture  par  étages,  il 
commencera  par  réunir  les  bords  de  l'incision  péritonéale, 
au  moyen  d'un  surjet  au  catgut  (V.  Ligature),  en  retirant 
graduellement,  au  fur  et  à  mesure,  la  compresse  laissée 
pour  protéger  l'intestin  contre  les  échappées  de  l'aiguille. 


OVARIOTOMIE  —  OVE 


—  726  — 


Un  second  surjet  au  cagut  ou  à  la  soie  suturera  les  muscles 
droits  et  leurs  aponévroses.  On  n'aura  plus  devant  soi  que 
le  tissu  cellulaire  sous-cutané  dont  on  régularisera  aux  ci- 
seaux les  pelotons  graisseux  débordants  et  que  l'on  net- 
toiera au  moyen  d'une  compresse  imbibée  d'une  solution 
phéniquée  forte.  La  suture  de  la  peau  sera  faite,  soit  par 
points  séparés  superficiels  au  crin,  soit  par  un  surjet  unique 
également  au  crin,  soit  enfin  par  un  surjet  invisible  à  la 
soie  fine  ou  au  catgut,  circulant  dans  l'épaisseur  de  la 
tranche  cutanée  sans  se  montrer  au  dehors  (suture  intra- 
dermique). La  peau  sera  alors  soigneusement  lavée  à  l'alcool 
fort  (Blondel).  La  plaie  sera  saupoudrée  d'un  antiseptique 
pulvérulent  quelconque  (iodoformo,  salol,  airol,  etc.).  Quel- 
ques chirurgiens  placent  par  prudence  plusieurs  bandelettes 
transversales  de  gaze  fixées  à  la  peau  au  moyen  de  collo- 
dion,  pour  alléger  la  tension  des  sutures  ;  une  épaisse  couche 
de  ouate  est  placée  ensuite  sur  le  ventre  et  un  bandage  de 
corps  bien  serré  recouvre  le  tout. —  La  malade  sera  reportée 
dans  son  Ht  et  laissée  à  la  diète  absohio  pendant  vingt- 
quatre  heures  :  c'est  le  meilleur  moyen  d'amener  la  cessa- 
tion des  vomissements  chloroformiques.  Le  lendemain,  un 
lavement  purgatif  léger  sera  prescrit,  ou  môme  une  pur- 
gation  saline  si  l'estomac  n'est  point  trop  rebelle.  Il  importe, 
en  effet,  de  parer  au  danger  le  plus  habituel  de  ces  suites 
opératoires,  c.-à-d.  la  paralysie  intestinale,  que  l'on  a  attri- 
buée, soit  au  refroidissement  de  l'intestin,  soit  à  l'irritation 
de  la  séreuse  par  des  manœuvres  trop  prolongées,  soit,  plus 
vraisemblablement,  à  l'infection. Quoi  qu'il  en  soit, une  malade 
qui,  dans  les  quarante-huit  premières  heures,  n'aura  pas  eu 
d'évacuations  gazeuses,  sera  sérieusement  menacée  de  cette 
parésie  intestinale,  prélude  ordinaire  de  la  péritonite  :  on 
se  trouvera  bien,  dans  ce  cas,  de  l'emploi  d'une  grosse  sonde 
de  caoutchouc  placée  profondément  dans  le  rectum,  pour 
réveiller  la  contractilité  intestinale  et  prévenir  le  tympa- 
nisme  en  assurant  l'évacuation  des  gaz.  On  surveillera  tout 
particubèrement  l'état  du  pouls,  quia  ici  plus  d'importance 
que  la  température,  laquelle  reste  souvent  normale  et  môme 
au-dessous,  au  cours  des  péritonites  les  plus  graves.  Par 
contre,  l'élévation  graduelle  du  nombre  des  pulsations,  coïn- 
cidant avec  leur  affaiblissement,  sera  d'un  très  mauvais 
pronostic  ;  en  même  temps,  si  les  vomissements  chlorofor- 
miques, au  lieu  de  s'atténuer,  deviennent  plus  fréquents, 
presque  continus,  et  font  rejeter  par  petite  quantité  un 
liquide  plus  ou  moins  verdàtre,  chargé  de  particules  brunes 
(hémorragies  gastriques  capillaires),  on  pourra,  à  coup  sûr, 
diagnostiquer  la  péritonite.  La  malade  s'éteint  peu  à  peu, 
dans  ces  cas  aigus,  avant  la  fin  du  troisième  jour,  dans  le 
refroidissement  et  la  torpeur,  sans  grandes  souffraiices. 
Mais  il  existe  aussi  une  forme  d'infection  tardive,  phis 
rare,  apparaissant  du  dixième  au  dix-septième  jour,  alors 
que  tout  danger  semble  écarté,  et  que  l'on  a  attribuée  à 
l'infection  par  le  moignon  du  pédicule  sphacélé  au-dessus 
de  sa  ligature.  Contre  ces  accidents  post-opératoires,  qui 
deviennent  heureusement  de  plus  en  plus  rares  avec  la 
perfection  de  l'asepsie  et  la  plus  grande  rapidité  des  opé- 
rations, la  réouverture  du  péritoine  avec  désinfection  im- 
médiate de  sa  cavité  au  moyen  de  grands  lavages  antisep- 
tiques, suivis  du  placement  d'un  drain  dans  la  plaie,  et 
même  d'un  second  par  une  brèche  faite  dans  le  cul-de-sac 
vaginal  postérieur,  a  été  tentée  plusieurs  fois,  mais  sans  ré- 
sultats bien  encourageants.  Les  injections  de  sérum  artifi- 
ciel (eau  salée,  9  °/oo)  pratiquées,  soit  dans  le  tissu  cellulaire, 
soit  dans  les  veines,  à  doses  massives  (1.500  à  2.000  gr. 
en  vingt-quatre  heures),  ont  permis  quelques  rares  sauve- 
tages. Lorsque  l'issue  de  l'opération  doit  être  heureuse, 
le  pouls  se  maintient  au-dessous  de  420,  les  vomissemenis 
s'atténuent  (sans  qu'il  y  ait  toutefois  de  règle  absolue  à  cet 
égard),  l'intestni  émet  des  gaz  ou  même  des  matières.  On 
pourra  dès  le  second  jour  doinier  quelques  boissons  froides  ; 
le  troisième,  du  bouillon,  du  lait,  quelques  fruits  à  sucer. 
Dès  le  quatrième  jour,  on  alimentera  graduellement  la  ma- 
lade, sans  fatigue,  et  en  faisant  intervenir  quelques  pur- 
gations  légères  de  temps  à  autre.  Le  pansement  sera  changé 


le  huitième  jour  e(  les  fils  superficiels  pourront  êti-e  enle- 
vés ;  les  fils  profonds  seront  retirés  le  dixième,  le  douzième 
jour,  ou  même  plus  tard,  s'il  s'agit  d'une  suture  en  un  seul 
plan  et  qu'il  subsiste  quelque  doute  sur  la  sohdité  de  la 
cicatrice.  La  malade  se  lèvera  au  bout  de  trois  semaines  et 
devra  porter  six  mois  ou  un  an  une  ceinture  abdominale 
destinée  à  assurer  la  solidité  de  la  paroi. 

L'ovariotomie  ;x/?'  la  voie  vaginale  na  peut  guère  être 
pratiquée  que  pour  les  kystes  ne  dé])assant  pas  le  volume 
d'une  tête  de  fa4us  et  exempts  d'adhérences  importantes 
—  ce  qu'on  ne  peut  jamais  déterminer  à  l'avance.  Une 
incision  semi-circulaire  sera  tracée  en  avant  ou  en  arrière 
du  col  de  l'utérus,  selon  qu'on  jugera  avoir  un  accès  plus 
direct  sur  le  kyste  par  le  cul-de-sac  antérieur  ou  le  cul- 
de-sac  postérieur.  Dans  le  premier  cas,  on  décollera  la 
vessie  jusqu'au  péritoine;  on  la  protégera  au  moyen  d'une 
valve,  on  cherchera  à  amener  la  paroi  du  kyste  dans  la 
plaie  à  l'aide  d'une  pince,  on  le  videra  par  ponctions,  puis, 
lorsqu'il  sera  réduit  à  une  poche  flasque,  on  attirera 
celle-ci  au  dehors  et  on  liera  le  pédicule  comme  à  l'ordi- 
naire ;  on  suturera  ensuite  la  ])laie  vaginale.  Si  l'on  pro- 
cède par  le  cul-de-sac  postérieur,  l'incision  première 
conduira  directement,  après  un  léger  décollement  à  l'aide 
de  l'index,  dans  le  pli  de  Douglas,  oii  l'on  opérera  de  la  même 
manière  que  derrière  la  vessie  ;  on  pourra  laisser  un  drain 
ou  une  mèche  de  gaze  pendant  quarante-huit  heures,  au 
lieu  de  refermer  de  suite.  —  L'ovariotomie,  par  cette 
voie,  a  l'avantage  de  ne  pas  laisser  de  cicatrice  abdomi- 
nale et  de  réduire  considérablement  les  dangers  du  trau- 
matisme péritonéal.  Mais  le  détachement  des  adhérences 
est  forcément  aveugle,  et  l'on  risque  alors  de  laisser  à  son 
insu  dans  l'abdomen  une  déchirure  intestinale  fatalement 
mortelle.  De  plus,  le  procédé  n'est  pas  applicable  aux 
kystes  volumineux  qui,  même  vidés,  laissent  trop  d'étoffe 
pour  passer  sans  difficulté  par  la  brèche  vaginale,  forcé- 
ment étroite.  Les  accidents  généraux  tardifs  dus  à  l'abla- 
tion complète  des  deux  ovaires  ont  été  décrits  à  ce  mot. 
L'ablation  d'un  seul  ovaire,  ou,  en  cas  d'ovariotomie  double, 
la  persistance  d'un  simple  fragment  de  substance  ovarique, 
laissée  à  dessein  ou  non  par  le  chirurgien,  permet  le 
retour  de  la  menstruation  et  la  possibilité  de  grossesses 
ultérieures.  D^'  R.  Blondel. 

OVARITE  (Méd.)  (V.  Ovaire,  §  Patholoijie). 

OVATION  (Antiq.  rom.).  Honneur  décerné  aux  généraux 
vainqueurs  à  qui  l'on  ne  voulait  pas  accorder  le  grand 
ti'iomphe.  On  obtenait  l'ovation  pour  des  succès  sans  grand 
éclat,  en  vertu  d'un  sénatus-consulte.  Le  général  qui  avait 
obtenu  Fovatio]!  entrait  dajjs  la  ville  soil  à  pied,  soit  à 
cheval,  et  escorte  des  plébéiens  ou  des  chevaliei's,  mais 
non  des  sénateurs,  montait  au  Capitole  où  il  sacrifiait  une 
brebis.  L'ovation  seule  était  accordée  lorsque  la  guerre 
n'avait  pas  été  déclarée  dans  les  formes,  ou  n'avait  pas 
été  dirigée  contre  des  eimemis  réguliers,  par  exemple 
contre  les  pirates,  les  esclaves  révoltés  ;  quand  une  ville 
avait  été  prise  avec  une  trop  grande  effusion  de  sang  du 
coté  des  vainqueurs.  Le  consul  Postumius^Tubertius  obtint 
Je  premier  l'ovation  pour  les  succès  remportés  sur  les 
Sabins. 

OVA-ZOROTOU  (V.  Damaras). 

OVE  (Arcliit.).  Ornement  courant  rappelant  ''par  sa 
forme  un  a.^uf,  le  plus  souvent  posé  sur  sa  pointe  et  appU- 
qué  généralement  sur  des  moulures  ayant  pour  profil  un 
(juart  de  rond,  qu'il  s'agisse  de  Fécliine  des  chapiteaux 
dorique,  ionique  et  composite,  ou  de  mouhu^es  apparte- 
nant à  la  l)ase  de  colonnes,  piliers  ou  piédestaux,  ou  en- 
core de  moulures  au-dessous  des  denticules  dans  la  cor- 
niche d'un  entablement.  Des  dards  aigus  ressemblant  ta  des 
fers  de  flèche  ou  à  des  i'euilles  d'eau  très  allongées,  sépa- 
rent presque  toujours  les  oves,  au-dessous  ou  au-dessus 
desquelles  courent  fréquemment  un  chapelet  de  perles  et 
d'olives  et  que  surmontent  généralement  un  filet  ou  listel. 
Les  oves  se  voient  surtout  dans  les  édifices  de  l'antiquité 
gréco-romaine,  de  la  Renaissance  et  des  temps  modernes. 


--  727  — 


OVE  —  OVERBERG 


C'est  à  tort  que,  par  extension,  on  donne  quelquefois  le 
nom  à'ove  à  l'échiné  du  chapiteau  ou  à  une  moulure  en 
quart  de  rond  sur  laquelle  se  détache  une  ornementation 
composée  d'oves.  Les  oves  grecques,  souvent  amincies  par 
le  bas,  sont  de  formes  plus  élancées  que  les  oves  romaines 
et,/lans  les  monuments  de  la  Renaissance  et  de  nos  jours, 
il  n'est  pas  rare  de  voir  des  oves  ornées  elles-mêmes,  à 
leur  partie  inférieure,  d'une  sorte  de  culot  sculpté  en  forme 
de  feuillage  :  ces  oves  sont  dites  fleuronnt'es.     Ch.  L. 

OVENS  (Juriaen  ou  Jurgen),  peintre  hollandais,  né  à 
Tonning(Ilolstein)  en  4623,  mort  à  Friedrichstadt  (Sles- 
vig)  en  1678.  Il  habita  longtemps  Amsterdam  et  fut, 
d'après  Houbraken,  un  des  élèves  de  Rembrandt.  Mais  il 
suivit  la  mode,  et  ses  portraits,  d'ailleurs  bien  dessinés  et 
parfois  très  élégants,  dénotent  l'influence  des  Italiens,  de 
B.  van  der  Helst  et  surtout  de  van  Dyck.  En  1660,  il  fut 
chargé  de  terminer  pour  l'hôtel  de  ville  le  grand  tableau 
de  Claudius  Civilis, resté  inachevé  après  la  mort  de  G.Flinck. 
On  dit  qu'il  se  tira  de  cette  tache  à  son  grand  honneur. 
Le  taljleau  est  presque  détruit  aujourd'hui.  OEuvres  à 
Amsterdam,  La  llave,  etc.  l].  Dl'ranu-Guéville. 

OVERALL  (John),  prélat  anglais,  né  à  Hadlcigh  (Suf- 
folk)  en  1560,  mort  à  Norwicll  le  12  mai  1619.  Elève 
distingué  de  l'Université  de  Cambridge,  professeur  de  théo- 
logie de  cette  Université,  doyen  de  Saint-Paul  en  1602, 
il  devint  évoque  de  Norwich  en  1618.  11  joua  un  grand 
rôle  dans  l'histoire  rehgieuse  du  temps  et  a  laissé  un  cer- 
tain nombre  d'ouvrages  de  pure  controverse.       R.  S. 

OVE  RAT  H.  Village  de  Prusse,  district  de  Cologne,  sur 
l'Agger  ;  5.381  hab.  (en  1895).  Usines  de  plomb  et  de 
zinc.  Villégiature  d'été. 

OVERBECK  (Christian-Adolf),  homme  public  et  litté- 
rateur allemand,  né  à  Liibeck  le  21  août  1755,  mort  le 
9  mars  1821.  Après  avoir  fait  des  études  juridiques  à 
l'Université  de  Gœttingue,  puis  dirigé  pendant  deux  ans 
une  école  à  Brème,  Overbeck  rentra  dans  sa  ville  natale 
et  se  consacra  aux  affaires  publiques,  soit  comme  juriste, 
soit  en  qualité  de  diplomate,  soit,  à  partir  de  1814, 
comme  bourgmestre  cle  Lubeck.  Ses  occupations  ne  l'em- 
pêchèrent pas  de  cultiver  la  poésie  et  la  musicpie  ;  il  est 
l'auteur  de  poésies  écrites  dans  la  manière  de  Voss,  dont 
il  était  le  disciple  et  l'ami,  et  qui  sont  tombées  aujour- 
d'hui dans  un  oubli  d'ailleurs  mérité.  Il  a  publié  en  1781 
F)itzchens  Lieder,  en  1794  Vermischte  Gedichte,  en 
1800  des  traductions  d'Anacréon  et  de  Sapho.  Il  est  le 
père  du  célèbre  peintre  Friedrich  Overbeck.         H.  L. 

BiBL.  :  C.-G.  OvERB]':cK,  Zur  Erinnerung  ans  C.-A.  Over- 
beck; Lûbcck,  1830.  —  Hasse,  Allgem.  deulscJie  D'i(jgr., 
t.  XXV,  pp.  5  et  suiv. 

OVERBECK  (Johann-Friedrich),  peintre  allemand,  né 
à  Lubeck  le  4  juil.  1789,  mort  à  Rome  le  12  nov.  1869, 
fds  du  précédent.  Déjà  sous  l'influence  romantique,  il  se  lia  à 
Vienne  avecPforr,  Vogel  qui  étudiaient  les  primitifs  italiens 
et  hollandais.  En  1810,  ils  se  rendirent  à  Rome,  où  vinrent 
les  rejoindre  Cornélius,  puis  VeitetSchnorr;  ils  s'installèrent 
ensemble  au  cloitre  Saint-Isidore  et  y  fondèrent  une  école 
allemande  préraphaélite  ;  plus  tard,  ce  fut  l'école  plus 
étroite  encore  des  nazaréens  dont  Overbeck  fut  le  chef. 
Cette  nouvelle  école  romantique  se  révéla  à  Berlin  par 
l'exposition  de  fresques  relatant  l'histoire  de  Joseph  (exé- 
cutées dans  la  villa  du  consul  de  Prusse).  En  1816,  Over- 
beck peignit  la  Vente  de  Joseph  et  les  Sept  Années 
maigres.  Il  peignit  ensuite  un  certain  nombre  de  fresques 
sur  des  épisodes  de  la  Jérusalem  délivrée  (pour  la  villa 
Massimi  qu'il  avait  été  chargé  do  décorer  avec  Cornélius 
et  Schnorr).  Peu  après,  il  peignit  sa  fresque  la  plus  cé- 
lèbre, celle  du  Miracle  des  roses  de  saint  François,  à 
Santa  Maria  degU  Angeli  à  Assise.  Overbeck  a  fait  peu 
de  tableaux  à  l'huile  (Entrée  du  Ctirist  à  Jérusalem, 
Italie  et  Germanie,  le  Christ  au  mont  des  Oliviers,  la 
Mort  de  saint  Joseph,  le  Couronnement  de  Marie  et  le 
Triomphe  de  la  religion  dans  les  arts).  Ses  derniers 
tableaux  datcRt  de  1816  :  on  peut  citer  un  Christ  sur  le 


mont  Nazareth.  Ses  dessins  sont  remarquables  par  la 
noblesse  de  la  composition  et  leur  profonde  piété.  On 
admire  surtout  une  Vie  de  Jésus  (iO  dessins),  la  Passion 
(11'  stations)  et  les  Sept  Sacrements.  Overbeck  est,  parmi 
les  fondateurs  de  l'école  romantique,  presque  le  seul  qui 
n'ait  pas  abandonné  sa  voie.  Ses  œuvres  sont  remarquables 
par  la  composition  savante,  la  simplicité  de  l'expression, 
leur  pureté  et  leur  suavité,  qui  font  penser  au  Pérugin, 
à  Francia  et  à  Raphaël  dans  sa  jeunesse.  La  mollesse  des 
corps,  la  religiosité  un  peu  fade  des  sujets,  un  certain 
caractère  archaïque,  le  dédain  du  nu  sont  les  principaux 
défauts  du  peintre.  Il  s'était  converti  au  catholicisme  en 
1813.  Ses  élèves  les  plus  marquants  ont  été  Steinle  et 
Fuhrich. 

BiBL.  :  liowiTii,  F.  Ovcrbecli^  sein  Leben  und  Schaffen ; 
Friboiirg,  188G. 

OVERBECK  (Johanncs-Adolf),  archéologue  allemand, 
né  à  Anvers  le  27  mars  1826,  mort  à  Leipzig  le  8  nov. 
1895,  neveu  du  précédent.  Il  a  publié  :  Katalog  des 
kœniglichen  rheinischen  Muséums  vaterlœndischer 
Altertilmer  (1851);  Kunstarchœologische  Vorlesungen 
(1853);  Geschichte  der  griechischen  Plastik  (1857  et 
1893)  ;  Die  anliken  Schriftguellen  zur  Geschischte 
der  bildenden  Kunste  bei  den  Griechen  i(i8i^8)  ; 
Griechische  Kunstmythologie  (1871-89). 

OVERBECK  (Franz),  exégète  et  hi^,torien  suisse,  né 
à  Saint-Pétersbourg  le  16  nov.  1837.  Depuis  1870  pro- 
fesseur de  théologie  à  Râle,  il  a  publié:  Ueber  die  Christ- 
lichkeit  unsrer  heutigen  Théologie  (1873)  ;  Studien 
zur  Geschichte  der  alten  Kirche  (1875)  ;  IJeber  die 
Auffassiing  des  Streits  des  Paulus  mit  Petrus  in  An- 
tiochien  bei  den  Kirchenvœtern  (1877)  ;  Zur  Ges- 
chichte des  Kanons  (1880);  Die  Anfcenge  der  Kir- 
chengeschichtschreibung  (1 893) . 

OVERBERG  (Bernhard),  pédagogue  catholique  allemand, 
né  à  Hœckel,  près  d'Osnabriick,  en  W^estphalie,  le  1*^^' mai 
1754,  mort  à  Munster  le  8  nov.  1826.  Il  était  de  consti- 
tution faible,  et  son  esprit  ne  se  développa  que  tardive- 
ment. Aussi  éprouva-t-il  des  difficultés  incroyables  à  ap- 
prendre à  lire  et  à  écrire.  Mais  la  vocation  ecclésiastique, 
([ui  se  déclara  de  bonne  heure  chez  lui,  semble  avoir  opéré 
en  lui  une  soudaine  transformation  intellectuelle.  Il  se  met 
à  l'étude  avec  ardeur  et,  en  quehpies  mois,  regagne  le 
temps  perdu.  Il  entre,  en  1771,  au  gymnase  de  Rhein  et 
son  ardeur  extraordinaire,  son  zèle  de  tous  les  instants  le 
mettent  bientôt  hors  de  pair.  Il  étudie  la  théologie  et  la  phi- 
losophie à  l'Académie  de  Munster,  est  ordonné  prêtre  et 
nommé  vicaire  à  Everswinkel en  1780.  Le  souvenir  de  sa 
jeunesse  difficile  le  décide  dès  lors  à  se  consacrer  à  l'édu- 
cation des  enfants.  Ses  succès  de  pédagogue  et  de  caté- 
chiste furent  tels  cpie  le  ministre,  baron  Furstenberg,  le 
nomma  dès  1783  professeur  à  l'Ecole  normale  de  Munster. 
Il  s'y  consacra  notamment  à  compléter  l'instruction  très 
insuffisante  des  instituteurs  au  moyen  de  cours  de  vacances. 
En  1809,  il  est  nommé  supérieur  du  séminaire  théologique 
de  Munster.  Son  influence  morale  est  alors  considérable.  Il 
est  le  directeur  de  conscience  de  tous  ses  élèves,  anciens 
et  nouveaux,  et  d'un  grand  nombre  de  personnes  étrangères 
avec  lesquelles  il  entre  lient  une  correspondance  assidue. 
Cotte  influence  était  faite  moins  de  supériorité  intellectuelle 
que  de  bonté,  de  patience  infatigable  et  d'absolu  désinté- 
ressement. En  1822,  il  refuse  une  prébende  de  1.200  tha- 
lers  au  chapitre  do  Munster,  et,  quand  il  meurt,  il  laisse 
le  souvenir  d'un  véritable  apôtre  de  l'enseignement  reU- 
gieux  et  moral.  —  Overberg  occupe  une  place  des  plus 
honorables  dans  l'école  pédagogique  cathoUque  antérieure 
àPestalozzi.  Son  Anweisung  zum  zweckmdssigen  Schul- 
unterricht  fur  die  Schullèhrer  im  FiirstenthumMilns- 
ler  (1793;  8^  éd.,  1841)  est  restée  longtemps  l'un  des 
principaux  manuels  classiques  de  la  pédagogie  allemande. 
Il  a  aussi  laissé  des  ouvrages  d'enseignement  qui  ont  joui 
d'une  certaine  vogue:  Fibel (Abécédaire)  (1793);  Biblis- 
che  Geschichte  (1799)  ;  Ilandbuch  derPieligion  (1804). 


OVERBERG  —  OVIDE 


—  728  — 


Son  Anweisumj  a  été  traduite  en  français  sous  le  titre  de 
Manuel  de  pédagogie  et  de  méthode  générale,  ou  Guide 
de  l'instituteur  primaire,  parN.-J.  Cornet  (Liège,  1844  ; 
2^  éd.,  1843).  Th.  Ruyssen. 

BiBL.  :  G  -H.  Schubert.  Vie  dVverberq,  trad  de  l'allem. 
par  Léon  Bore  ;  Paris,  1842  ;  2*  éd  ,  1843". 

OVERBURY  (sir Thomas),  poète  anglais,  néàCompton- 
Scorpion  (comté  de  Warwick)  le  18  juin  1581,  mort  à 
Londres  le  15  sept.  1613.  Après  avoir  fait  de  solides  études 
à  Oxford,  il  se  fit  inscrire  au  barreau  de  Londres  (1597). 
Au  cours  d'un  voyage  d'agrément  en  Ecosse,  il  se  lia  inti- 
mement avec  un  page  du  comte  de  Dunbar,  Robert  Carr, 
qui  devint  par  la  suite  le  fameux  comte  de  Rochester  et 
qui  le  poussa  à  la  cour.  Overbury  prit  part  aux  intrigues 
qui  amenèrent  la  liaison  de  la  comtesse  d'Essex,  la  femme 
la  plus  débauchée  de  son  temps,  avec  son  ami  Rochester  ; 
mais  quand  la  comtesse  eut  obtenu  son  divorce  et  voulut 
se  marier  avec  son  amant,  Overbury  lui  fit  une  vive  op- 
position et  écrivit  même  un  poème,  A  wife,  injurieux  pour 
lady  Essex.  Rochester  n'osa  passer  outre,  mais  complète- 
ment subjugué  par  sa  maîtresse  avide  de  vengeance,  il 
résolut  d'abord  d'écarter,  puis  de  supprimer  Overbury.  On 
offrit  au  poète  l'ambassade  de  France,  celle  des  Pays-Bas, 
une  mission  en  Russie  ;  mais  il  refusa  de  s'éloigner  de 
Londres.  On  fit  alors  jouer  toutes  les  influences,  et  on  obtint 
du  roi  la  permission  d'emprisonner  Overbury  à  la  Tour. 
Le  26  avr.  1613,  il  fut  arrêté  au  sortir  de  la  Chambre  du 
Conseil.  Lady  Essex  gagna  les  officiers  et  un  geôlier  et  fit 
mêler  du  poison  à  la  nourriture  du  prisonnier.  Le  15  sept., 
Overbury  mourait,  et  le  26  déc.  Rochester  épousait  sa  maî- 
tresse. Deux  ans  après,  le  bruit  que  l'infortuné  poète  avait 
été  empoisonné  se  répandit.  Une  enquête  amena  l'arresta- 
tion de  Rochester  (devenu  comte  de  Somerset),  de  sa  femme 
et  de  leurs  complices.il  s'ensuivit  un  procès  scandaleux  ou 
l'on  découvrit  que  les  grands  seigneurs,  les  hauts  fonction- 
naires étaient  en  relations  intimes  avec  des  astrologues, 
des  charlatans  et  des  empoisonneurs.  Le  comte  et  sa 
femme  reçurent  leur  pardon  ;  les  complices  furent  exécutés. 

Overbury,  esprit  très  cultivé,  a  laissé  :  A  wife  now  the 
widdoiv  of  sir  T.  Overburije  (Londres,  1614,  in-lî2), 
poème  sur  le  mariage,  plein  de  sensibilité  vraie  et  très 
finement  écrit,  qui  eut  un  grand  succès  et  de  nombreuses 
réimpressions  ;  The  First  and  second  Part  of  the  Remedy 
of  Love  (1620)  ;  Observations  in  his  Travaile  upon  the 
State  of  the  Seventeen  Provinces  (1626)  ;  Miscella- 
neous  Works  in  verse  and  Prose  (1756)  ;  des  notes  auto- 
biographiques et  des  lettres  qui  existent,  en  mss.,  auBri- 
tish  Muséum.  R.  S. 

BiBL.  :  The  bloody  clown  fatll  of  Adultery,  Murder,  Am- 
bition ;  Londres,  1615,  in-4  .  —  Narrative  history  of  King 
James  ;  Londres,  1G15,  in-4.  —  A  true  and  historical  relation 
of  the  poysonim/  of  sir  Thornas  Overbiiru  ;  Londres,  1651.— 
RiMBAULT,  Préface  à  l'édition  collective  clés  Œuvres  d'O  ver- 
bury  ;  Londres.  1856. 

ÔVERFLAKKEE.  Ile  du  delta  de  la  Meuse  et  du  Rhin 
dans  les  Pays-Bas,  prov.  de  la  Hollande  méridionale,  longue 
de  39  kil.,  large  de  9,  entre  le  Haringviiet  au  N.,  la 
Krammer  au  S.  Conquise  sur  l'eau  depuis  le  xiii^  siècle, 
elle  fut  réunie  à  l'île  plus  occidentale  de  Goree  en  1780. 

OVERMEIRE.  Com.  de  Belgique,  prov.  de  la  Flandre 
orientale,  arr.  de  Termonde  ;  4.000  hab.  Stat.  du  chem. 
de  fer  de  Gand  à  Hamme,  à  17  kil.  de  Gand.  Exploita- 
tions agricoles. 

OVERSTONE  (Samuel-Jones  Loyd,  lord),  économiste 
anglais,  né  à  Londres  le  25  sept.  1796,  mort  à  Londres 
le  17  nov.  1883.  Fils  de  Lewis  Loyd,  l'un  des  associés 
de  la  grande  maison  de  banque  Jones  Loyd  and  Co,  de 
Londres  et  Manchester,  il  fit  à  Eton  et  à  Cambridge  d'ex- 
cellentes études,  puis  il  entra  dans  la  maison  de  son  père, 
en  prit  bientôt  la  direction  et  se  montra,  à  sa  tête,  un 
financier  de  premier  ordre.  De  1819  à  1826,  il  fut  membre 
de  la  Chambre  des  communes  pour  Hythe.  En  1850,  il 
fut  élevé  à  la  pairie  avec  le  titre  de  baron  Overstone  and 
Fotheringhay.  Il  a  écrit  sur  les  questions  financières  etmo- 
nétaires  plusieurs  ouvrages,  ou  Robert  Peel  a  puisé  les 


éléments  de  sa  grande  réforme  de  la  banque  d'Angleterre 
(V.  Banque,  t.  V,  p.  265),  et  qui  l'ont  fait  ranger  par 
ses  concitoyens  parmi  leurs  économistes  les  plus  éminents. 
Macculoch  a  réuni  les  plus  importants  sous  le  titre  :  Jracts 
and  other  publications  on  metallic  and  paper  cur- 
rency  (Londres,  1858).  On  y  trouve  notamment  la  théo- 
rie du  règlement  absolu  ou  currency  principle  (V.  Bil- 
let, t.  VI,  p.  862).  L.  S. 

0VERWE6  (Adolf),  voyageur  allemand,  né  à  Hambourg 
le  24  juil.  1822,  mort  à  Madouari,  sur  le  lac  Tchad,  fe 
27  sept.  1852.  Naturaliste,  il  accompagna  en  1849  H.  Barth 
et  Richardson  ;  quand  ils  se  séparèrent  dans  le  Damerghou 
(janv.  1851),  il  se  rendit  au  pays  de  Gober  et  par  Zinder 
à  Kouka  où  il  rejoignit  Barth  (7  mai  1851),  explora  les 
abords  du  Tchad  et  mourut  de  la  fièvre.  Il  s'occupa  sur- 
tout des  observations  astronomiques, météorologiques,  hyp- 
sométriques  et  géologiques,  que  Barth  utilisa  dans  ses 
relations. 

OVERYSSCHE.  Com.  de  Belgique,  prov.  de  Brabant, 
arr.  de  Bruxelles,  sur  l'Yssche,  afiL  de  laDyle,  6.000  hab. 
Tête  de  ligne  d'un  chem.  de  fer  vers  Grœnendael  ;  à 
16  kil.  de  Bruxelles.  Exploitations  agricoles,  culture 
sous  verre  de  toute  espèce  de  fruits  ;  brasseries,  distil- 
leries. L'église  de  Saint-Martin,  de  style  ogival,  est  du 
xii°  siècle;  celle  de  Notre-Dame  au  Bois,  du  xvii^  siècle, 
renferme  des  objets  d'art  remarquables. 

OVER-YSSEL  (Overyssel).  Province  du  royaume  des 
Pays-Bas,  entre  le  Zuyderzee  à  l'O.,  la  Prusse  à  l'E.,  les 
prov.  de  Frise  et  Drenthe  au  N.,  de  Gueldre  au  S.; 
2.345  kil.  q.  ;  310.299  hab.  (en  1894).  C'est  une  plaine 
surmontée  de  quelques  colHnes  sablonneuses,  l'Ouest  est  ma- 
récageux et  très  fertile,  le  Sud  et  l'Est  appartient  à  la  Geest, 
terre  haute  couverte  en  grande  partie  de  landes  et  semée 
de  tourbières.  Le  principal  cours  d'eau  est  l'Yssel  qui 
coule  entre  la  province  et  celle  de  Gueldre  ;  puis  son 
affluent,  la  Schipbeek,  et  le  Vecht.  Des  canaux  unissent 
l'Yssel,  le  Vecht,  les  cours  d'eau  de  Frise,  etc.  Les  prés 
occupent  33  «/o,  les  champs  18  Vo,  les  bois  51/2  «/o  de 
la  surface  totale.  L'élève  du  bétail  et  l'exploitation  de  la 
tourbe  sont  les  principales  ressources  avec  l'industrie  tex- 
tile (coton),  très  développée  dans  la  Twente,  district  voi- 
sin de  la  Prusse.  Le  long  de  l'Yssel,  la  briqueterie  est  très 
florissante.  Le  ch.-l.  est  Zwolle  ;  les  autres  villes  no- 
tables Deventer  et  Kampen.  La  province  se  divise  en  trois 
districts  :  Zwolle,  Almelo,  Deventer. 

OVIBOS  (V.  Bœuf,  Mouton). 

OVIDE  (Pubhus  Ovidius  Naso)  né  à  Sulmo,  dans  le 
Samnium,  le  20  mars  de  43  av.  J.-C,  mort  à  Tomes 
(Mésie)  en  18  ap.  J.-C.  H  appartenait  donc  à  la  dernière 
génération  du  siècle  d'Auguste,  à  celle  qui  n'avait  vu  ni  la 
république  ni  les  guerres  civiles,  et  qui,  sans  préoccupations 
sérieuses,  sans  souvenirs  attristants,  n'avait  qu'à  se  laisser 
aller  nonchalamment  aux  plaisirs  de  la  vie  calme  et  facile. 
Il  était  fils  d'un  chevalier  et  avait  un  frère  plus  âgé 
que  lui,  qui  mourut  à  vingt  ans.  Sa  famille,  selon 
l'usage,  lui  fit  étudier  l'art  oratoire  pour  le  pousser  vers 
le  barreau.  Il  suivit  notamment  les  leçons  de  deux  rhé- 
teurs célèbres,  M.  Arellius  Fuscus  et  M.  Porcins  Latro, 
dont  il  devait  plus  tard  traduire  en  vers  quelques  phrases 
(Métamorphoses,  XIII,  121).  Ces  deux  maîtres  ne  purent 
guère  combattre  chez  lui  une  tendance  au  mauvais  goût 
qu'ils  partageaient  eux-mêmes  ;  ils  lui  apprirent  seulement 
à  amplifier  ses  pensées  et  à  les  aiguiser  d'une  façon  subtile 
et  maniérée.  Il  avait  dès  lors,  dit  Sénèque  le  Père,  un 
esprit  gracieux  et  aimable,  mais  avec  trop  de  complaisance 
pour  lui-même.  Il  exerça  quelques  charges  publiques  ;  il 
fut  triumvir  capitalis,  centumvir,  decemvir  silitibus 
judicandis.  Mais  il  s'en  tint  là.  Malgré  les  reproches  de 
son  père,  il  se  donna  tout  entier  à  la  poésie.  Elle  séduisait 
tous  les  jeunes  gens  distingués,  et  d'ailleurs  il  y  était 
porté  par  une  facilité  d'improvisateur  peu  commune. 

Ses  Amours  (1'"^  éd.  en  5  Hvres,  2®  en  3  livres,  vers 
14  av.  J.-C.)  sont  un  recueil  d'élégies  amoureuses  dans 


729  — 


OVIDE 


le  genre  de  TihuUe  et  de  Properce,  mais  avec  moins  de 
sincérité  et  de  passion,  avec  plus  d'esprit  et  de  préciosité. 
Sa  Corinne  est  loin  d'être  aussi  vivante  que  la  Cynthie  de 
Properce  et  surtout  que  la  Lesbie  de  Catulle.  Existe-t-elle 
même  réellement  ou  n'est-ce  qu'une  «  Iris  en  l'air?  »  On 
ne  sait  trop  ;  en  tout  cas,  Ovide  ne  voit  dans  son  amour 
qu'une  matière  de  roman,  avec  épisodes  obligatoires  (la 
veillée  à  la  porte,  le  billet  donné,  le  billet  renvoyé,  la 
maladie,  la  rupture,  la  réconciliation).  Et  cette  matière, 
il  la  traite  en  écolier  consciencieux,  sans  y  rien  mettre  de 
son  cœur,  mais  en  y  prodiguant  toutes  les  ressources  de 
son  esprit,  amplifications  faciles  et  souples,  comparaisons 
pittoresques,  souvenirs  mythologiques,  plaisanteries  quel- 
quefois délicates,  plus  souvent  bouffonnes  et  forcées. 
L'œuvre  n'a  rien  de  touchant  ni  d'original  ;  elle  ne  vaut 
que  par  quelques  esquisses  de  mœurs  contemporaines  assez 
légèrement  enlevées. 

Les  Héroïdes  ou  Epîtres  se  rattachent  aux  Amours. 
Après  avoir  exprimé  sous  son  nom  tous  les  sentiments 
habituels  des  intrigues  amoureuses,  Ovide  les  reprend  sous 
le  nom  des  héros  ou  des  héronies  de  la  mythologie  grecque. 
Il  imagine,  en  dépit  de  toute  vérité  historique,  des  lettres 
de  Pénélope  à  Ulysse,  de  Phèdre  à  Hippolyte,  d'CEnone  à 
Paris,  de  Didon  à  Enée,  d'Ariane  à  Thésée,  etc.  Et  à 
toutes  il  prête  le  même  ton,  un  ton  ahsolument  moderne, 
d'un  anachronisme  voulu  et  amusant.  Il  est  à  mille  Ueues 
d'Homère  et  des  tragiques  grecs,  bien  qu'il  leur  emprunte 
les  données  de  ses  élégies  ;  chez  lui,  les  héros  sont  galants, 
les  héroïnes  sont  coquettes,  tous  font  des  madrigaux  et 
des  pointes,  tous  sont  défigurés  et  rapetisses.  (Le  recueil 
qui  nous  est  parvenu  contient,  outre  les  Héroïdes  d'Ovide, 
dix  autres  qui  sont  d'un  imitateur.) 

Cette  galanterie  superficielle  et  cet  esprit  léger  trouvent 
une  troisième  incarnation  dans  VArt  d'aimer  et  dans  les 
Remèdes  d'amour  (2  et  i  av.  J.-C,  752  et  753  de 
Rome).  Cette  fois,  Ovide  fait  la  théorie  des  intrigues 
amoureuses  qu'il  a  mises  en  scène  dans  les  Amours  et  les 
Héroïdes.  Il  la  fait  avec  une  gravité  plaisante,  avec  une 
ironie  douce,  en  spectateur  amusé,  narquois  et  bienveillant. 
Pour  nous,  ce  livre  est  précieux  comme  document  histo- 
rique :  il  fait  revivre,  dans  tous  ses  détails,  la  vie  élégante 
et  mondaine  de  Rome.  Il  a  eu  beaucoup  de  vogue  à  son 
époque,  jusqu'à  la  fin  de  la  littérature  romaine,  et  plus 
tard  encore,  car  au  moyen  âge  c'est  un  des  ouvrages  les 
plus  lus  et  les  plus  imités,  et  c'est  lui  qui,  par  exemple, 
suggère  à  Guillaume  de  Lorris  la  première  idée  du  Roman 
de  la  Rose.  Si,  par  l'esprit  et  la  vivacité  pittores({ue, 
Y  Art  d'aimer  mérite  ce  succès,  il  révèle  une  perversion 
morale  affligeante.  Ovide  ne  corrompt  pas  les  mœurs  de 
son  époque  —  la  chose  est  déjà  faite  —  mais  il  donne 
à  cette  corruption  une  forme  gracieuse  et  séduisante,  et 
l'on  comprend  que  les  gens  graves,  l'empereur  en  tête,  en 
aient  été  scandalisés.  Ovide  le  comprend  lui-même,  et 
pour  se  disculper  du  reproche  de  légèreté,  il  entreprend 
deux  grands  ouvrages  :  l'un,  en  vers  hexamètres,  sur  les 
légendes  grecques  ;  l'autre,  en  distiques  élégiaques,  sur 
les  traditions  romaines. 

Le  premier,  les  Métamorphoses,  est  consacré  aux 
transformations  d'hommes  en  animaux,  en  astres,  en 
plantes,  etc.,  si  nombreuses  dans  la  mythologie  hellénique. 
Il  y  avait  eu  là- dessus  des  poèmes  alexandrins  :  les 
MsTafjLopcpoSaetç  de  Théodore,  de  Didymarchos,  de  Par- 
thénios  (le  maître  de  Virgile),  les  'AXXoiwasis  d'Antigone 
de  Caryste,  rOpviôoyovta  de  Bœo,  les  'ErspotoufjLsva  de 
Nicandre  (ces  deux  dernières  œuvres  nous  sont  connues 
par  le  résumé  d'Antonius  LiberaHs  au  ii^  s.  ap,  J.-C). 
Ovide  s'en  est  inspiré,  mais  il  doit  beaucoup  aussi  à  Homère, 
aux  cycliques,  aux  tragiques  grecs,  à  Catulle,  à  Virgile 
(surtout  dans  les  derniers  livres  où  il  refait  Y  Enéide).  Son 
hvre  contient  des  épisodes  charmants  :  l'histoire  touchante 
de  Céyx  et  d'Alcyone  ou  le  conte  de  Philémon  et  Baucis, 
dont  La  Fontaine  a  su  goûter  et  rendre  la  naïve  et  exquise 
bonhomie.  Malheureusement,  l'ensemble  manque  d'unité 


et  d'ordre  :  les  récits  se  suivent  au  hasard,  mal  rattachés 
par  des  transitions  factices,  puis,  comme  dans  les  Hé- 
roïdes, les  mœurs  sont  modernisées  à  l'excès  ;  la  politesse 
mondaine,  la  galanterie,  la  coquetterie  s'introduisent  dans 
les  événements  même  les  plus  tragiques  ;  enfin  Ovide,  tou- 
jours trop  appliqué  à  faire  de  l'esprit,  souligne  complai- 
samment  les  cotés  les  plus  invraisemblables  de  son  sujet, 
et  arrive  à  des  effets  grotesques  tout  à  fait  déplacés. 

Les  Fastes,  composés  après  2  ap.  J.-C,  marquent  comme 
les  Métamorphoses  l'effort  d'Ovide  vers  la  grande  poésie. 
C'est  une  sorte  de  calendrier  en  vers  où,  mois  par  mois,  jour 
par  jour,  il  passe  en  revue  les  fêtes  romaines,  et,  à  propos  de 
chacune  d'elles,  expose  les  origines  anxquelles  elles  se  rat- 
tachent, et  les  détails  qui  les  caractérisent.  L'intention  du 
livre  est  un  peu  la  même  que  celle  deY  Enéide,  de  certaines 
odes  d'Horace  et  du  IV^  livre  de  Properce  :  collaborer  au 
relèvement  reUgieux  et  national  entrepris  par  Auguste,  faire 
revivre  les  croyances  éteintes  et  les  vieilles  traditions.  On 
s'attend  peu  à  voir  Ovide  dans  ce  rôle,  et  en  effet  il  y  est 
assez  gêné.  S'il  est  bien  documenté  sur  les  détails  maté- 
riels du  culte,  il  ne  sait  pas  saisir  l'âme,  la  vie  de  ces 
choses  d'autrefois.  Quelquefois,  il  s'amuse  à  raconter  des 
anecdotes  piquantes^,  il  s'égaie  aux  dépens  de  Silène,  de 
Faune  ou  de  Priape  ;  mais  alors  il  oublie  absolument  le 
but  sérieux  qu'il  s'était  assigné.  Le  reste  du  temps,  il  est 
sec,  aride  et  ennuyeux.  Au  reste,  son  œuvre  est  ina- 
chevée ;  elle  ne  comprend  que  6  livres  sur  12. 

Nous  arrivons  en  effet  à  l'événement  décisif  de  la  vie 
d'Ovide,  à  son  exil  (8  ap.  J.-C.  On  a  beaucoup  dis- 
cuté sur  la  cause  de  cet  exil.  Suivant  l'opinion  la  plus 
probable,  le  poète  se  serait  mêlé  par  mégarde  (error)  aux 
aventures  scandaleuses  de  la  petite-fille  d'Auguste,  la  se- 
conde, Julie.  Mais  son  vrai  crime  aux  yeux  de  l'empereui 
—  le  seul  qui  fut  allégué  officiellement  —  c'était  son 
poème  de  Y  Art  d'aimer  {carmen),  qui,  en  favorisant  la 
dépravation  de  l'époque,  semblait  se  jouer  des  tentative 
moralisatrices  du  prince.  Toujours  est-il  qu'Ovide  fut, 
non  pas  exilé,  mais  relégué  à  Tomes,  en  Mésie  (aujour- 
d'hui Kustendjé,  sur  la  mer  Noire)  et  qu'il  y  resta,  sou; 
Tibère  comme  sous  Auguste,  jusqu'à  sa  mort. 

C'est  là  que  furent  composés  ses  derniers  ouvrages 
Ylbis,  satire  très  obscure  contre  un  de  ses  adversaire;, 
(imitée  de  Callimaque),  et  surtout  les  5  livres  de  Jristes 
et  les  4  livres  de  Politiques  {Ex  Ponto).  Ces  deux 
recueils  présentent  peu  de  différences  ;  le  premier  e.-^t 
antérieur  à  i2  ap.  J.-C,  le  second  est  postérieur  à 
cette  date  :  dans  le  premier,  les  élégies  n'ont  pas  Je 
destination  spéciale;  dans  le  second,  elles  sont  adressée 
à  des  correspondants  particuliers  ;  enfin  tout  d'aboi  ( 
Ovide  demande  à  revenir  à  Rome,  et  plus  tard  il  solHci'o 
seulement  une  commutation  de  peine.  A  part  cela,  les 
Tristes  et  les  Pontiques  ne  forment  qu'un  seul  recueil, 
recueil  assez  long  et  assez  monotone.  Ovide  est  complè- 
tement désemparé.  Le  contraste  est  trop  grand  :  au  lieu 
d'un  ciel  riant,  une  contrée  sauvage  et  lugubre,  au  ciel 
brumeux,  aux  champs  glacés  ;  au  lieu  d'une  capitale  pai- 
sible et  joyeuse,  une  bourgade  de  frontière  sans  cesse 
troublée  par  les  invasions  des  Sarmates  ;  au  lieu  des  succès 
littéraires  et  mondains,  un  isolement  absolu,  au  milieu  de 
rustres  qui  ne  peuvent  apprécier  le  talent  du  poète,  qui 
ne  parlent  même  pas  sa  langue.  C'est  plus  que  n'en  peut 
supporter  son  âme  faible  et  amolUe.  Il  n'a  ni  assez 
d'énergie  pour  se  résigner,  ni  assez  de  fougue  pour  se 
révolter  franchement;  il  ne  sait  que  pleurer,  nil  nisi  flere 
lihet.  Il  supplie  tout  le  monde  :  sa  femme,  amie  de  Livie, 
pour  laquelle  il  affiche  une  grande  tendresse  dans  l'espoir 
qu'elle  lui  sera  utile;  ses  amis,  dont  il  réchauffe  le  zèle 
jusqu'à  les  importuner  ;  l'empereur  surtout,  à  qui  il 
adresse  les  pires  flagorneries,  dont  il  embrasse  l'image 
comme  celle  d'un  dieu.  Quant  à  la  forme,  les  longs  déve- 
loppements de  rhétorique,  les  souvenirs  mythologiques, 
les  mots  d'esprit  y  subsistent  toujours,  gâtant  maladroi- 
tement les  inspii^ations  les  plus  sincères.  A  part  quelques 


OVIDE  —  OVIEDO 


—  730  — 


pièces  plus  naturelles,  telles  que  l'adieu  à  son  livre,  le 
récit  de  son  départ,  ei  (fue1(|ues  descriptions  pittoresques, 
l'ensemble  montre  un  caractère  sans  dignité  et  un  talent 
sans  profondeur. 

Outre  les  ouvrages  que  nous  venons  de  citer,  Ovide  en 
avait  composé  quelques  autres;  nous  avons  encore  ses 
Medicamina  faciei;  de  sa  t}\agédie  de  Mrdrc,  nous  ne 
possédons  qu'un  seul  vers,  et  de  ses  llalieulii[ues  un 
fragment  de  Jo4  vers;  son  panégyrique  d'Auguste  en 
langue  géte  et  son  ouvrage  sur  la  mort  d'Auguste  sont 
perdus.  On  lui  a  longtemps  attribué  sans  raison  une  Con- 
solation à  Livie,  une  élégie  Isux  et  quelques  autres 
opuscules. 

Son  influence  a  été  très  grande  ;  elle  apparaît  déjà  chez 
les  Sénèques  et  dure  jusqu'au  moyen  âge.  Elle  n'a  pas 
d'ailleurs  été  très  heureuse  ;  par  sa  légèreté  d'esprit,  par 
son  mauvais  goût,  par  sa  conception  mes(juine  de  la  poésie, 
quelles  que  soient  d'ailleurs  sa  vei've  et  son  habileté  tech- 
ni(|ue,  Ovide  n'est  au  fond  que  le  premier  poète  de  la 
décadence  latine.  R.  Pichon. 

JUiiL.  :  Editions  des  a'iivrcs  complûtes  })arRiESi:(r.eip/iii', 
1871  et  siiiv.),  par  GtJTiiLiNG.  Si:i)lmaver  et  Zingerlé 
(l-*rag'iie,  18So  et  suiv.)  ;  des  })oèmes  erotiques  par  L.  Mïjllek; 
Berlin,  1861  ;  des  Métamorphoses  par  Si]':belis  et  Pc^lle  ; 
LeipziiA-,  1887  (extraits  ])ar  Lejay  ;  Paris,  1891);  des  Fnstes 
l)ar  Peter;  Leipzig,  1879;  des  Tristes  par  Merkel;  Berlin, 
1837;  des  Politiques  par  Korn  ;  Leipzig,  18G8.  —  Traduction 
des  Amours  en  vers  français  par  Pli.  Marti^'on,  1897.  — 


A  consulter  ;  Nageotte.  Ovide,  sa  vie  et  ses  œuvres,  1872. 
—  BoissiER,  l'Opposition  sous  les  Césars,  pp.  107-159.— 
Breton,  Metamorphoseon  libros  Ovidius  quo  consilio  sus- 
ceperit,  1883.  —  1<'avre,  De  Ovidio  vocaindorum  novatore, 
1S85.  —  SuDRi'^,  P.  Ocidii  Nasonis  Metamorpimseon  libros 
qnoiuodo  nosirales  medii  urri  poetœimitali  interpretatiaue 
sial,  1892. 

OVIDIOPOL.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Kherson,  dis- 
trict et  à  oo  kil.  d'Odessa,  sur  la  Raraboi  et  le  liman  du 
Dniestr;  5.300  hab.  (1897).  Moulins,  briijueteries.  l^'dlo 
a])partient  à  la  Russie  depuis  le  traité  de  lassi  (1791).  La 
ville  doit  son  nom  à  une  erreur  ({ui  faisait  su])poser  que 
c'était  l'emplacement  de  l'ancienne  Tonii,  lieu  d'exil 
d'Ovide. 

OVIDUCTE  (Entom.).  Canal  destiné  à  conduire  les 
œufs  des  tubes  ovariens  à  l'extéiieui'  ou  à  la  base  de  Fovis- 
capte.  Des  diverticules  spéciaux  de  cet  organe  forment 
nue  ou  plusieurs  vésicules  servant,  soit  de  réceptacles  sé- 
minaux, soit  de  poche  copulatrice.  Les  œufs  sont  fécondés 
dans  cette  partie  de  raj)])areil  génital,  à  leur  passage  de- 
vant l'orifice  du  réservoir  sénn'nal.  Des  glandes  annexes 
viennent  y  déverser  leurs  produits  destinés,  soit  à  durcir 
l'onif,  soit  à  l'entourer  d'une  envelo])pe  agglutinante. 

OVIEDO.  L  ViixK.  —  Ville  d'Espagne,  chef-lieu  de  la 
province  d'Oviedo,  située  à  228  m.  au-dessus  de  la  mer, 
sur  une  hauteur  entre  le  Nalon  et  son  affluent  le  Norra; 
42.716  hab,  La  ville  est  défendue  des  vents  du  N.,  du 


Eglise  Santa-Maria  de  Karanco,  à  Oviedo. 


côté  de  l'Atlantique,  par  la  sierra  de  Naranco.  Construite 
sans  plan,  la  ville  d'Oviedo  est  pittoresque  et  gracieuse. 
Elle  possède  une  cathédrale  gothique  fondée  en'  781 ,  re- 
construite en  1380  et  achevée  en  1528  :  une  des  cha- 
])elles,  la  Camara  Santa,  est  le  seul  reste  de  la  première 
église  ;  on  y  trouve  une  magnifique  tour  gothique  de  80  m. 
de  haut,  qui  est  l'une  des  plus  belles  d'Espagne,  et  de 
nombreux  tombeaux  royaux.  Vieux  château;  restes  de  la 
Corte,  palais  d'Alphonse  le  Chaste.  Imposant  hôtel  de  ville 
de  1662.  Palais  du  duc  del  Parque  (actuellement  fabrique 
d'armes).  Université  (fondée  en  1580),  musée,  théâtre, 
hospice  provincial.  Monument  élevé  à  la  mémoire  du  pa- 
triote Jovellanos.  Jardin  botani(|ue  etpromenados  agréables. 
Eabriques  d'armes,  de  chapeaux,  de  crin,  de  couvertures, 


de  chocolat;  tanneries,  ébénisteries.-  Siège  du  gouverneur, 
d'un  évôipie,  d'une  cour  d'appel. 

Au  N.  de  la  ville,  sur  une  hauteur,  les  églises  Santa 
Maria  de  Naranco  et  San  Miguel,  datant  du  ix*^  siècle. 
A  7  kil.  au  S.-O.  de  la  ville,  sur  le  Nalon,  on  trouve  les 
eaux  thermales  de  Caldas,  de  Priorio;  à  15  kil.,  la  fon- 
derie de  canons  de  l'Etat  de  la  Trubia.  Oviedo  est  l'an- 
cienne As turu m  Liinis  oaOvetumin  HispaniaTarraco- 
nensis.  Dans  l'histoire  de  la  délivrance  de  l'Espagne  de 
la  domination  des  Maures,  Oviedo  a  joué  un  rôle  impor- 
tant :  le  royaume  d'Oviedo  avait  été  fondé  en  756  par 
don  Eroila.  Oviedo  devint  la  capitale  de  Léon  sous  Or- 
dono  [e^-  (91 4-92  i). 

IL  Province.  —  Province  maritime  du  N.  de  l'Espagne, 


—  731 


OVIEDO 


ancienne  principauté  des  Asturies,  sur  le  bord  de  T Atlan- 
tique, bornée  au  N.  par  la  mer,  à  l'E.  par  la  province  de 
Santander,  au  S.  par  celle  de  Léon,  à  TO.  par  colle  de 
Lugo.  Longueur  de  LE.  à  l'O.,  204  kil.;  sa  largeur  varie 
de  15  à  75  kil.  Superficie  :  10.895  kil.  q.  ;  595 .>20  hab., 
c.-à-d.  environ  55  par  kil.  q. 

Climat.  —  Le  climat  est  modéré,  liumide  et  pluvieux; 
il  est  changeant  mais  très  salubre  ;  balaj^é  par  le  vent  de 
la  mer  ou  des  montagnes,  la  chaleur  ne  dépasse  pas 
+  30^  et  le  froid  —  7°.  Les  pluies  sont  abondantes.  Le 
vent  du  N.-E.  amène  le  beau  tcjnps  ;  le  vent  d'O.,  qui 
souffle  surtout  en  été,  est  doux  et  agréable;  le  vent  du  N. 
est  violent  et  amène  des  tempêtes  sur  mer. 

Orographie.  —  La  province  d'Oviedo  est  très  mouve- 
mentée, mais  d'un  aspect  très  pittoresque  et  agréable. 
Dans  l'O.  on  trouve  des  roches  calcaires,  schiste,  quartz, 
grauwacke,  et  quelques  roches  ignées,  graniles,  amphiboles, 
syénites  :  on  y  recueille  du  fer.  Dans  l'E.  le  calcaire  do- 
mine, avec,  par  place,  des  schistes  ardoisiers  et  du  quartz; 
on  y  trouve  du  marbre  de  bonne  qualité  et  de  la  pierre  à 
bâtir  ;  comme  dans  tous  les  pays  calcaires,  il  y  a  des  fissures 
et  des  gouffres  nombreux  où  se  perdent  les  cours  d'eau  ; 
des  fontaines  d'eau  vive  formant  de  petites  cascades  et  des 
rivières  (d'Onis,  de  Bobio,  de  Covadonga);  des  lacs  (de 
Nol  et  de  Camayor);  des  grottes  fort  belles  (de  Sequeros). 
On  exploite  le  cuivre,  le  cobalt,  le  plomb,  l'antimoine,  la 
houille,  etc.  Les  mines  de  houille  du  bassin  du  Nalon, 
dans  le  centre  du  pays,  sont  une  des  richesses  de  l'Es- 
pagne. Sur  la  côte  on  trouve  des  marnes  érosées  et  des 
roches  calcaires. 

Le  système  orographique  de  la  province  d'Oviedo  est 
marqué  d'abord,  en  allant  de  l'Atlantique  dans  la  direc- 
tion du  S.,  par  les  collines  de  la  Cordillera  de  la  Costa, 
coupées  par  les  estuaires  de  petits  torrents  ;  cette  chaîne, 
appelée  sierra  de  Naranco,  ne  dépasse  pas  670  m.;  à  l'E. 
on  trouve  des  pics  plus  élevés  (le  Sueve,  1.225  m.  et  la 
sierra  de  Cuera,  1.490  m.).  On  rencontre  ensuite  une  suc- 
cession de  petites  vallées  charmantes  et  fertiles  de  l'O.  à 
l'E.,  parallèles  au  rivage  de  la  mer,  puis  on  arrive  au 
pied  des  Cordâtes  qui  s'élèvent  peu  à  peu  vers  le  S.  pour 
rejoindre  les  hautes  montagnes  qui  séparent  les  Asturies 
du  royaume  de  Léon.  Ces  Pyrénées  asturiennes  ont  des 
pics  très  élevés,  couverts  de  neige  (la  Torre  de  Cerredo, 
2.678  m.,  un  pic  de  2.451  m.  au  S.  de  Covadonga);  elles 
sont  coupées  par  le  col  de  Ventaniella  (1.310  m.  de 
hauteur),  le  col  de  Tarna,  d'où  coule  le  Nalon,  le  col  de 
San  Isidro,  le  'col  de  Vegarada,  le  col  de  Piedrafita,  le 
col  de  la  Mesa,  le  col  Blanc,  le  col  de  Leitariegos,  le  col 
du  Trayeto  (1.451  m.),  le  col  de  Cienfuegos,  dominé  par 
le  pic  de  Miravalles  (1.940  m.).  La  chaîne  des  Pyrénées 
espagnoles  cesse  alors  de  servir  de  frontière  à  la  province 
d'Oviedo  et  sépare  les  provinces  de  Lugo  et  de  Léon. 

RÉGI3IE  DES  EAUX  ET  CÔTES.  —  Lcs  rivièrcs  sont  nom- 
breuses et  abondantes.  Les  cours  d'eau  n'ont  pas  beau- 
coup de  place  entre  l'Atlantique  et  les  Pyrénées  asturiennes 
et  sont  coupés  par  des  rias  où  ils  se  perdent.  Le  princi- 
pal est  le  Nalon,  venu  du  col  de  Tarna,  qui  reçoit  le  Nar- 
cea  ;  il  est  uni  par  la  ria  de  Pravia  à  l'Atlantique.  En 
allant  vers  l'O.  on  trouve  les  deux  grand  rios  de  Navia  et 
d'Eo.  En  allant  vers  l'E.,  jusqu'à  la  province  de  Santander, 
on  relève  les  rias  d'Aviles  et  de  Yillaviciosa,  les  rios  de 
Cijon  et  d'Espana  ;  la  ria  de  Rivadesella  où  se  jette  le 
Sella,  puis  la  ria  de  Tinamayor  où  se  perd  le  Deva.  Ces 
différentes  rivières  coule  dans  des  gorges  profondes  dont 
les  flancs  sont  couverts  de  chênes,  de  hêtres,  de  tilleuls, 
de  sapins. 

La  côte  a  environ  281  kil.  d'étendue  et  forme  des  si- 
nuosités sans  nombre,  avec  des  ports,  presque  tous  mal 
disposés  par  suites  des  barres.  Le  meilleur  port  est  Gijon, 
qu'un  chemin  de  fer  unit  aux  houillères  de  la  vallée  du 
Nalon  ;  l'anse  d'Artedo  pourrait  être  aménagée  pour  rece- 
voir de  grands  bateaux,  ainsi  que  le  havre  de  Musel,  à 
l'abri  du  cap  "de  Torrès  ;  au  N.-E.  de  la  Yillaviciosa  on 


remarque  la  l)aie  de  Lastres,  La  pèche  est  très  active  sur 
la  côte. 

Gijon  est  rattaché  par  chemin  de  fer  à  Oviedo  et  à  Lan- 
greo;  une  bonne  route  relie  ce  port  à  celui  de  Pajarès 
par  Oviedo;  un  chemin  de  fer  unit  Oviedo  à  Madrid,  en 
passant  par  la  vallée  du  Caudal,  le  col  de  Pajarès  et  Léon. 
La  richesse  minérale  du  pays  ne  peut  que  contribuer  au 
développement  des  routes. 

Productions,  Industrie  et  Commerce.  —  L'humidité  du 
climat  est  favorable  à  la  fécondité  naturelle  du  sol.  Il  y 
pousse  des  orangers  et  des  citronniers  sur  le  littoral,  de 
Lianes  à  Rivadesella.  Le  seigle  et  le  froment  suffisent  à 
la  consommation  du  pays.  Le  maïs  est  cultivé  en  grand 
et  sert  à  faire  une  sorte  de  pain  (borona);  on  trouve  des 
haricots  et  des  pois.  Le  cidre  produit  par  les  innombra- 
bles champs  de  pommes  (pumaradas),  de  Aviles  à  Lianes, 
est  la  principale  boisson  des  Asturiens.  La  culture  de  la 
vigne,  autrefois  florissante,  a  en  grande  partie  disparu, 
sauf  dans  l'O.  de  la  province.  On  trouve  des  châtaignes 
abondantes,  des  noisettes,  etc.  D'excellents  pâturages 
nourrissent  de  beaux  troupeaux  de  bœufs  et  de  moutons, 
qui  de  mai  à  octobre  vont  dans  la  montagne.  Il  y  a  de 
nombreux  petits  chevaux  légers  et  très  endurants.  Le  sol 
est  malheureusement  trop  morcelé  pour  permettre  aux 
habitants  de  vivre  de  leur  petit  carré  de  terre;  et  la  mon- 
tagne a  été  imprudemment  déboisée  sur  beaucoup  de 
points. 

L'industrie  repose  surtout  sur  la  houille  ;  le  charbon 
de  terre  y  est  extrêmement  abondant  (mines  de  Langreo, 
Tudela,  Mieres,  Santofirme,  Ferrones,  Lieres,  Nava, 
Torazo,  Santa  Maria  del  Mar).  On  produit  annuellement 
500.000  tonnes,  la  moitié  de  la  production  totale  de  d'Es- 
pagne. Grandes  forges,  fonderie  de  canons  de  l'Etat  à 
Trubia.  Verrerie  (à  Gijon),  ébénisterie  (à  Oviedo),  cons- 
truction de  chaloupes  (à  Viavelez),  faïences  et  poteries 
(à  Cijon),  tanneries,  papeteries,  moulins,  salaisons  de 
poissons. 

Les  Asturiens  sont  robustes,  patients  et  courageux.  Le 
patois  (ou  bable)  est  plus  près  du  latin  que  de  l'espagnol, 
et  Jovellanos  en  considérait  l'étude  comme  très  utile.  Les 
Asturiens  émigrent  beaucoup  ;  à  Madrid  ils  exercent  la 
profession  de  domestiques  et  porteurs  d'eau  et  sont  assez 
âpres  au  gain.  Les  centres  de  population  sont  très  nom- 
breux; il  y  a  3.700  hameaux.  La  capitale,  Oviedo,  a 
42.716  hab,  et  Gijon,  le  principal  port,  30.590.  La  pro- 
vince compte  16  districts.  Ph.  B. 

OVIEDO  Fernandez  ou  Hernaxdez  de  Oviedo  y  Valdés 
(Gonzalo),  historien  espagnol,  né  à  Madrid  en  1478,  mort 
à  Valladolid  en  1557.  Issu  d'une  famille  noble,  il  servit  en 
quahté  de  page  auprès  de  l'infant  D.  Juan,  fils  unique  de  Fer- 
dinand et  d'Isabelle,  assista  à  la  prise  de  Grenade,  puis  à 
la  réception  de  Christophe  Colomb  au  retour  de  son  premier 
voyage  (1493).  Après  la  mort  de  son  jeune  maître  (1496), 
il  se  mit  au  service  de  Frédéric  d'Aragon,  roi  de  Naples. 
lui  1512,  il  devint  secrétaire  de  Gonzalve  de  Cordoue, 
puis  il  passa  aupc  Indes  et  prit  part  à  l'expédùion  de  Pe- 
drarias  d'Avila.  Il  remplit  en  Amérique  d'importantes  fonc- 
tions, fut  gouverneur  de  la  province  de  Carthagène  et  de 
Darien,  inspecteur  des  mines  d'or,  gouverneur  de  la  forteresse 
et  du  port  de  Saint-Domingue  (1535).  Il  était  déjà,  de- 
puis 1532,  chroniqueur  général  des  Indes,  et  il  ne  rentra 
définitivement  en  Europe  qu'en  1556.  Sa  première  pubh- 
cation,  longtemps  ignorée  de  ses  biographes,  est  un  raris- 
sime roman  de  chevalerie  :  El  CabaUero  de  la  Foriuna, 
don  Claribalte  (Valence,  1519,  in-foL),  pauvre  d'inven- 
tion, mais  d'un  style  bien  vivant.  Dans  le  domaine  de 
l'histoire,  il  débuta  par  une  Siimario  de  las  Indias  occi- 
dentales (Tolède,  1526,  in- 4  ;  réédité  dans  les  Historia- 
dores  primitivos  de  las  Indias,  deBarcia  (Madrid,  1749, 
t.  P^'),  et  dans  la  Bibliotheca  de  autores  espanoles,  de 
Rivadeneyra,  t.  XXII  ;  trad.  en  itafien  (Venise,  1534), 
qui  n'est  qu'une  description  de  ces  contrées  au  point  de 
vue  de  la  géographie  et  de  l'histoire  naturelle.  Son  grand 


OVIEDO  —  OVULE 


—  78^2 


ouvrage  :  Hisforia  gênerai  de  las  Indias,  islas  y  tierra 
firme  del  i)iar  oceano,  est  divisé  en  trois  parties.  La 
première  parut  à  Séville,  1535,  in-foL  (réimpr.  à  Sala- 
manque,  1517  ;  les  dix  premiers  livres  trad.  en  franc,  par 
Jean  Poleur;  Paris,  1555,  in-fol.)  ;  la  publication  delà 
seconde  (Valladolid,  1557)  fut  interrompue  par  la  mort 
de  l'auteur.  L'ouvrage  complet  fut  publié,  d'après  le  ma- 
nuscrit original,  par  F  Académie  de  l'histoire,  et  par  les 
soins  de  J.  Amador  de  los  Rios  (Madrid,  1851-55,  4  vol. 
in-4),  avec  une  étude  sur  l'auteur.  Ce  vaste  recueil  de 
faits  est  une  précieuse  source  d'informations  où  beaucoup 
d'historiens  ont  puisé.  Il  fut  en  correspondance  avec  le 
savant  Ramusio,  qui  a  compris  une  version  italienne  de 
l'ouvrage  ci-dessus  dans  sa  collection  des  Navigazioni 
Viaggi  (Venise,  i565,  t.  III).  Ïernaux-Compans  a  inséré 
dans  son  recueil  la  traduction  française  de  son  Histoire 
du  Nicaragua,  alors  inédite  (2®  série,  t.  IV,  1840).  La 
Société  des  bibHophiles  espagnols  a  mis  au  jour  une  œuvre 
inédite  de  notre  auteur  :  Libro  de  la  camara  real  del 
principe  D.  Juan  e  officias  de  su  casa  e  servicio  ordi- 
nario  (Madrid,  1870,  in-8,  portr.).  Fernandez  de  Oviedo 
laissa  encore  en  manuscrits  :  Las  Quinquagenas,  recueil 
de  vers  et  de  prose  ;  Batallas  y  Quimiiiagenas,  sorte 
de  mémoires,  fort  intéressants,  sur  les  hommes  et  les 
choses  de  son  temps,  oii  l'on  trouve  une  longue  biogi'a- 
phie  du  cardinal  Ximcnès  ;  enfin,  des  chroniques  sur  les 
règnes  de  Ferdinand  et  d'Isabelle,  et  de  Charles-Quint. 
Prescott  tira  lui  excellent  parti  de  ces  documents.  L'Acadé- 
mie de  l'histoire  a  commencé  la  publication  de  Las  Quin- 
quagenas de  lanobleza  (Madrid,  1880,  in-fol.,  pi.,  t.I^'). 

OVILLERS-LA-RoissELLE.  Com.  du  dép.  de  la  Somme, 
arr.  de  Péronne,  cant.  d'Albert;  380  hab. 

OVIS  (Zool.)  (V.  Mouton,  t.  XXIV,  p.  507). 

OVISCAPTE  (Entom.).  Organe  de  ponte  destiné  à  faire 
pénétrer  les  œufs,  soit  dans  le  sol  [Gî-yllides,  Locustides), 
soit  sous  récorce  des  végétaux  {Hémiptères-Homoptères, 
Hyménoptères  térébrants  etgallicoles) ,  soit  sous  lapeau  de 
certains  animaux  {Hyménoptères piipivores) .  Use  trans- 
forme en  aiguillon  {Hyménoptères  mellifèi^es,  fouisseurs, 
vespides,  etc.).  Il  est  formé  de  pièces  dues  à  des  modifi- 
cations de  certains  anneaux  de  l'abdomen.  La  forme  est 
très  variable,  depuis  le  sabre  des  Locustides  jusqu'à  la 
longue  tarière  des  Pimples.  P.  T. 

ÔVOCA  (Fleuve)  (V.  Irlande,  t.  XX,  p.  949). 

OVROUTCH.  Ville  de  Russie,  gouv.  de  Volhynie,  chef- 
lieu  de  district  sur  le  Noryn,  tributaire  de  FOuch;  6.680 
hab.  (en  majorité  juive).  C'est  une  des  plus  anciennes  lo- 
calités de  la  Russie.  La  ville  est  située  dans  une  région 
riche  en  terre  à  porcelaine  et  fer  de  marais. 

OVULATION  (V.  Fécondation). 

OVULE.  I.  Physiologie  (V.  Embryologie). 

II.  Botanique.  —  L'ovule  est  cette  partie  des  organes 
femelles  des  plantes  phanérogames,  qui  contient  la  cellule 
destinée  à  être  fécondée  par  une  cellule  mâle  ou  grain  de 
pollen  et  à  devenir  après  cette  fécondation,  par  des  seg- 
mentations successives,  une  graine  qui,  placée  dans  des 
conditions  favorables,  germera  et  produira  une  plante  nou- 
velle. Les  ovules  sont  contenus  en  nombre  plus  ou  moins 
grand  dans  l'ovaire.  Dans  certaines  espèces,  il  n'y  en  a 
qu'un  par  loge  ou  par  ovaire  quand  celui-ci  n'a  qu'une 
loge,  d'autres  fois  les  ovules  sont  en  nombre  à  peu  près 
indéfini,  ou  bien  en  nombre  restreint  et  défini;  dans  ce 
dernier  cas,  ils  occupent,  en  général,  des  positions  détermi- 
nées les  unes  par  rapport  aux  autres.  La  partie  de  la  sur- 
face de  l'ovaire  où  s'insèrent  les  ovules  s'appelle  le  pla- 
centa ;  il  se  trouve,  dans  la  majorité  des  cas,  à  l'endroit  où 
les  feuilles  carpellaires  se  sont  soudées  l'une  à  l'autre, 
d'autres  fois  sur  le  réceptacle  lui-même.  Chaque  ovule  est 
rattaché  au  placenta  par  un  cordon  plus  ou  moins  allongé 
qui  a  reçu  le  nom  de  funicule.  Le  point  par  lequel  l'ovule 
s'attache  au  funicule  est  le  hile  ;  celui  au  niveau  duquel 
le  faisceau  fibro-vasculaire  du  funicule  pénètre  dans  les 
^profondeurs  de  l'ovule  et  s'épanouit  pour  se  distribuer 


dans  ses  enveloppes  s'appelle  chalaze  ou  ombilic  interne. 
A  l'état  adulte  et  parfait,  l'ovule  comprend  une  partie 
centrale  ou  nucelle,  enveloppée  d'une  ou  deux  membranes 
nommées,  l'extérieure  primine,  l'intérieure  secondine 
(fig.  1  |"2J).  Au  niveau  du  sommet  du  nucelle,  ces  mem- 
branes sont  percées  d'un  orifice,  le  micropyle,  destiné  à 
facihter  la  pénétration  des  tubes  polliniques  jusqu'au 
nucelle.  Le  micropyle  l^épond  toujours  au  sommet  orga- 
nique de  l'ovule,  de  même  que  la  chalaze  à  sa  base 
organique.  Mais  la  position  respective  de  ces  deux  parties 
peut  varier  beaucoup  suivant  la  forme  que  prend  l'ovule 
au  cours  de  son  développement. 

En  effet,  si  l'ovule  reste  rectiligne,  le  hile  est  diamé- 
tralement opposé  au  micropyle  et  se  confond  avec  la  chalaze, 
on  dit  que  l'ovule  est  orthotrope  (fig.  1  [i]).  Si  le  mi- 
cropyle se  rapproche  du  hile  et  que  l'axe  de  l'ovule  devienne 
courbe,  on  dit  que  celui-ci  est  citmpylotrope  ou  campu- 
litrope  (fig.  1  |4]).  Sa  forme  générale  est  réniforme,  le 
hile  et  la  chalaze  se  confondent  au  niveau  de  son  bord  con- 


Fig  1.  —  Figures  8cljémati([Uos  dos  formes  de  l'ovule. 
1  et  2,  ovule  orthotrope  ;  8,  ovule  anatrope;  4,  ovule  cam- 
pylotrope;  m,  nùcropyle;  /i.  hile-  c/(,  eliala/e. 

cave.  Dans  le  plus  grand  nombre  des  ovules,  l'axe  demeure 
rectiligne,  mais,  par  suite  d'un  inégal  accroissement  du 
nucelle,  le  hile  se  trouve  dans  le  voisinage  du  micropyle, 
la  chalaze  étant  à  l'autre  extrémité.  Entre  le  hile  et  la 
chalaze  s'étend  un  cordon  ou  raphé  qui  est  le  prolonge- 
ment du  funicule  et  qui  loge  les  vaisseaux  nourriciers  de 
l'ovule.  Ces  ovules  sont  dits  anatropes  (fig.  1  [3J);  ils  sont 
ascendants  ou  descendants  suivant  qu'ils  se  dirigent  vers 
le  haut  ou  le  bas  de  l'ovaire.  Il  y  a  d'ailleurs  tous  les 
termes  de  passage  entre  l'ovule  orthotrope  et  le  plus  fran- 
chement anatrope. 

L'ovule  naît  sur  le  placenta,  sous  la  forme  d'un 
petit  corps  saillant  formé  de  cellules  semblables  entre 
elles  ;  un  seul  ou  un  petit  nombre  de  ces  éléments  font 
exception  et  occupent  ordinairement  une  situation  cen- 
trale. Ce  sont  les  sacs  embryonnaires,  et  ils  constituent 
le  véritable  organe  femelle  des  plantes,  l'embryon  se  dé- 
veloppant dans  leur  intérieur.  Nous  verrons  tout  à  l'heure 
quelle  est  leur  signification  morphologique.  Quant  aux 
téguments  du  nucelle,  ils  naissent  à  sa  base  sous  la  forme 
de  bourrelets  qui  empiètent  peu  à  peu  sur  la  surface  du 
nucelle  et  la  recouvrent  tout  entière,  sauf  au  niveau  du 
micropyle.  C'est  généralement  la  secondine  qui  se  montre 
la  première  ;  la  primine  ne  paraît  qu'ensuite  et  au-des- 
sous d'elle.  Ailleurs,  comme  dans  les  hellébores,  c'est  un 
bourrelet  unique  qui  se  produit  sur  le  nucelle  au-dessous 
de  son  sommet  ;  mais  au  bout  de  quelque  temps  le  bord 
libre  de  ce  bourrelet  se  dédouble  en  deux  lèvres  qui  re- 
présentent, l'une  la  primine,  l'autre  la  secondine.  Si  le 
nucelle,  au  lieu  de  demeurer  re^ctiligne,  devient  plus  ou 
moins  arqué,  les  enveloppes  le  suivent  dans  son  mouve- 
ment et  continuent  à  se  mouler  sur  sa  surface  extérieure. 
La  direction  des  ovules  dans  l'ovaire  dépend  surtout  de 
la  forme  du  placenta  et  de  l'espace  réservé  à  chacun  d'eux. 
Les  ovules,  quelle  que  soit  leur  forme,  peuvent  être  dressés, 
transversaux  ou  descendants  ;  dans  le  même  ovaire  il  peut, 
du  reste,  y  avoir  des  ovules  occupant  ces  trois  positions. 

Avant  de  parler  de  la  structure  intime  de  l'ovule,  nous 
crovons  utile  de  dire  quelques  mots  de  son  développement 
phylogénique.  Cet  exposé  succinct  permettra  de  mieux 
comprendre  la  fonction  et  la  valeur  morphologique  de  cha- 
cune do  ses  parties.  Mais  comme  nous  nous  proposons  de 


733  — 


OVULE  —  OWEN 


traiter  cette  question  avec  les  détails  qu'elle  comporte  à 
Tart.  Reproduction,  nous  ne  donnerons  ici  que  ce  qui  con- 
cerne strictement  l'ovule.  Il  y  a  chez  les  cryptogames  vas- 
culaires,  les  fougères  par  exemple,  deux  appareils  repro- 
ducteurs :  l'un  le  thalle  ousporogone,  c'est  la  fougère  telle 
que  tout  le  monde  la  connaît,  qui  se  reproduit  par  des 
spores  agames.  Ces  spores  donnent  naissance  au  second 
appareil,  qui,  lui,  est  sexué  constitue  une  véritable  pe- 
tite plante,  le  pro- 
thalle, portant  des  or- 
ganes mâles  et  fe- 
melles, les  anthéridies 
et  les  archégones.  La 
cellule  femelle  ou  oo- 
sphère contenue  dans 
l'archégone  donne, 
après  fécondation,  nais- 
sance à  un  thalle  aga- 
me.  Il  y  a  donc  une 
véritable  alternance  de 
générations.  Mais  si 
l'on  suit  la  série  végé- 
tale en  se  rapprochant 
des  phanérogames,  on 
voit  que  la  génération 
sexuée  tend  à  se  réduire 
de  plus  en  plus.  Dans 
certaines  cryptogames, 
par  exemple  les  lyco- 
podiacées  hétérospo  - 
rées  de  l'époque  ac- 
tuelle et  les  lépido- 
dendrées  du  carboni- 
fère, il  y  a  deux  sortes 
de  spores:  de  grandes 
(macrospores)  et  de  pe- 
tites (microspores)  don- 
nant naissance,  les  pre- 
mières à  un  prothalle 
femelle,  les  secondes  à 
un  prothalle  mâle.  Dans 


Fig.  2.  —  Coupe  longitudinale,  à 
travers  le  sac  embryonnaire, 
du  Tsiign  canadensis  (d'après 
Strasburger),  pour  montrer  les 
corpuscules  ou  archégones  en 
place  et  avant  la  fééondation, 
sous  un  grossissement  d'envi- 
ron cent  fois  ;  les  corpuscules 
sont  distincts,  bien  que  déjà 
plus  rapprochés  l'un  de  l'autre 
que  ceux  du  Ginkgo  ;  ils  sont 
pourvus  dans  le  centre  d'un  nu- 
cléus  et  aboutissent  dans  le 
haut  à  un  orifice  formé  de  3  cel- 
lules superposées,  qui  sont  dé- 
nommées cellules  du  canal,  et 
par  l'intermédiaire  duqiiel  la 
fécondation  aura  lieu.  Chaque 
corpuscule  se  trouve  cerné  par 
une  rangée  de  cellules  dites  de 
bordure,  et  son  contenu  proto- 
plasmique  présente  vers  le 
centre  un  nucléus  pourvu  d'une 
ou  deux  vacuoles. 


d'autres  groupes  ces 
prothalles  diminuent  de  plus  en  plus  d'importance  jusqu'à 
ce  que  finalement  ils  ne  quittent  plus  la  spore  d'où  ils 
sont  sortis  et  germent  sur  place.  On  est  alors  arrivé  au 
stade  phanérogamique  caractérisé  par  ce  que  ses  macro- 
spores et  ses  microspores,  au  lieu  de  se  détacher  et  de  don- 
ner lieu  à  des  prothalles  sexués  libres,  germent  sur  le 
sporogone  lui-même  et  donnent  naissance,  les  premières 
à  un  embryon,  les  secondes  im pollen  (V.  ce  mot).  Voici 
en  effet  ce  qu'on  observe  chez  les  plus  imparfaites  des  pha- 
nérogames, les  gymnospermes.  Le  macrosporange  ou  ovule 
comprend,  au  sein  de  sa  masse  cellulaire,  une  cellule  plus 
grande  que  les  autres,  c'est  la  macrospore  ou  sac  embryon- 
naire, qui  est  généralement  unique  dès  le  début.  A  son 
intérieur  se  forme  un  tissu  cellulaire  nommé  endosperme, 
qui  correspond  au  prothalle  femelle  et  n'est  en  effet  qu'un 
prothalle  inclus  dans  la  macrospore.  Vers  le  haut  de  cet 
appareil  végétatif  rudimentairc  naissent,  en  plus  ou  moins 
grand  nombre,  des  archégones,  appelées  ici  corpuscules. 
Ces  archégones  comprennent  chacune  une  cellule  centrale 
et  une  cellule  operculaire  par  laquelle  se  déverse  le  pro- 
toplasma pollénique.  Après  fécondation,  les  corpuscules 
donnent  naissance  à  plusieurs  embryons,  dont  un  seul  se 
développe,  les  autres  avortant  en  général.  Cet  embryon, 
avec  ses  cotylédons,  s'enfonce  de  haut  en  bas  dans  la  subs- 
tance de  l'endosperme. 

Si  chez  les  gymnospermes  une  seule  macrospore  nait 
en  général  dans  le  nucelle,  il  n'en  est  pas  de  même  des 
angiospermes  ;  chez  elles  il  y  a  d'ordinaire  une  file  de  2, 
3  ou  4  cellules  superposées,  dont  une  seule  se  développe 
en  refoulant  les  autres,  qui  prennent  le  nom  d'anticlines. 
Ce  fait  a  son  importance  ;  car  il  nous  permet  de  com- 


prendre comment  l'apport  nutritif  divisé  entre  plusieurs 
macrospores  est  insuffisant  pour  déterminer,  même  chez 
l'une  d'entre  elles,  la  production  d'un  rudiment  de  pro- 
thalle. En  effet,  la  macrospore  privilégiée  se  segmente  sim- 
plement de  façon  à  donner  trois  cellules  supérieures,  dans 
lesquelles  il  faut  reconnaître  les  restes  de  la  partie  sexuée 
du  pro thalle,  soit  deux  cellules  sexuelles  accessoires  ou 
synergides  et  une  oosphère.  Quant  aux  trois  cellules  infé- 
rieures ou  antipodes,  elles  correspondent  au  tissu  végé- 
tatif du  prothalle  réduit  à  sa  plus  simple  expression.  Entre 
ces  deux  groupes  de  trois  cellules  se  trouve  une  masse 
protoplasmique  groupée  autour  d'un  noyau  ;  elle  constitue 
une  substance  nutritive  de  réserve,  qui  peut,  après  la  fé- 
condation de  l'oosphère,  se  développer  en  périsperme  ou 
albumen.  Les  phénomènes  intimes  de  la  fécondation  ont 
été  traités  à  ce  mot  ;  la  structure  de  l'embryon  et  celle  de 
l'albumen  l'ont  été  au  mot  Graine.  Mais  il  importe  dédire 
quelques  mots  de  la  formation  de  l'embryon.  L'œuf  fécondé 
s'allonge  plus  ou  moins,  puis  il  se  divise  par  des  cloisons 
transversales  de  façon  à  former  une  sorte  de  fdament  fixé 
au  sommet  du  sac  embryonnaire,  et  connu  sous  le  nom  de 
proembryon.  C'est  la  cellule  située  à  l'extrémité  libre  du 
proembryon  qui  donnera  seule  naissance  à  l'embryon.  Par 
des  subdivisions  successives,  les  unes  longitudinales,  les 
autres  transversales,  elle  produit,  à  l'extrémité  libre  et 
plus  épaisse,  le  corps  de  l'embryon  avec  ses  cotylédons 
(V.  ce  mot),  et  du  côté  du  proembryon ,  la  radicule.  Enfin, 
pour  en  terminer  avec  l'ovule,  il  faudrait  encore  parler 
des  productions  adventices  qui  se  développent  sur  lui  dans 
certaines  espèces.  Nous  renvoyons  aux  notions  très  com- 
plètes qui  ont  été  exposées  à  ce  sujet  au  mot  Arille. 

D^  L.  Laloy. 

OWEN  (Lac)  (V.  Etats-Unis,  t.  XVI,  p.  538). 

OWEN  Stanley  (Massif)  (V.  Nouvelle-Guinée,  t.  XXV, 
p.  99). 

OWEN  (John)  (lat.  Ovenus  ou  Audoenm) ,  ^oqU  latin 
moderne,  né  à  Armon  (pays  de  Galles)  en  lo60,  mort  à 
Londres  en  462*2.  Il  étudia  le  droit  à  Oxford,  fut  institu- 
teur à  Trylegh  (io9i)  et  à  Warwick  (1594).  La  verve 
satirique  de  ses  Epigrammata  (Londres,  1606),  dont  les 
trois  livres  furent  largement  augmentés  ensuite,  lui  acquit 
une  réelle  notoriété.  Ils  furent  plus  tard  mis  à  l'index 
(1654).  La  meilleure  édition  est  celle  de  Renouard  (Paris, 
1795,  2  vol.). 

OWEN  (John),  théologien  puritain,  né  à  Stadhampton 
(Oxfordshire)  en  1616,  mort  à  Ealing  le  24  août  1683. 
L'intolérance  de  Laud  l'expulsa  en  1637  deQueen's  Col- 
lège, à  Oxford,  où  il  était  maître  es  arts  depuis  deux 
ans.  Il  se  rallia  aux  presbytériens,  puis,  en  1646,  aux 
indépendants  à  Coggeshall.  Il  prêcha  devant  le  Parlement, 
le  lendemain  de  l'exécution  de  Charles  I^'^'  (31  janv.  1649); 
il  accompagna  ensuite  Cromvvell  en  Irlande  et  en  Ecosse, 
fut  nommé  doyen  de  Christ-Churcli  à  Oxford  et  vice-chan- 
ceher  de  l'Université  de  1652  ta  1657  ;  alors,  son  opposition 
à  Cromwell  et  à  la  réaction  le  firent  rentrer  dans  la  vie 
privée.  Sa  science  et  sa  sincère  piété  le  firent  respecter 
même  par  le  roi.  Ses  œuvres  nombreuses  (Londres,  1826, 
21  vol.  ;  le  premier  volume  contient  une  biographie  par 
W.  Orme,  nouv.  éd.  à  Londres,  1854,24  vol.  in-8,  avec 
une  biographie  par  A,  Thompson)  n'ont  plus  guère  qu'un 
intérêt  historique. 

OWEN  (Robert),  célèbre  socialiste  anglais,  né  à  New- 
town  (comté  de  Montgomery)  le  14  mai  1771,  mort  à 
Newtown  le  17  nov.  1858.  Appartenant  à  une  famille  de 
pauvres  artisans,  il  ne  reçut  qu'une  éducation  rudimentaire 
et  fut  mis  en  apprentissage  chez  divers  filateurs.  Passionné 
pour  la  lecture,  il  compléta  un  peu  son  instruction  et  té- 
moigna de  telles  aptitudes  aux  affaires  qu'un  de  ses  patrons, 
Drinkwater,  de  Manchester,  voulut  le  prendre  pour  associé, 
ce  qu'il  refusa  pour  créer  en  1795  la  «  Charlton  Twist 
Company  »,  et  qu'un  autre  grand  filateur,  David  Dale,  de 
Glasgow,  lui  donna  sa  fille  Anne-CaroHne  en  mariage.  Ov»en 
fut  chargé  de  relever  une  des  manufactures  que  son  beau- 


OWEN  —  lU 

père  possédait  à  New  Lanark,  sur  la  Ciyde  :  il  s'acquilta 
avec  bonheur  de  cette  mission  et  acquit  une  fortune  assez  con- 
sidérable. Très  préoccupé  des  intérêts  matériels  et  moraux 
de  ses  ouvriers,  Owen  conçut  à  New  Lanark  le  système  qui 
rendit  son  nom  illustre.  11  commença  par  installer  des  bou- 
tiques oîiil  vendit  à  bas  prix  d'excellents  articles,  combattit 
l'ivrognerie  des  ouvriers,  ouvrit  des  écoles  oti  tous  les  en- 
fants turent  reçus  depuis  le  momentoùilspouvaient  marcher 
jusqu'à  douze  ans.  11  défendit  de  battre  les  enfants  ;  il  re- 
commanda de  les  intéresser  en  leur  montrant  les  objets 
à  étudier  plutôt  que  de  les  bourrer,  à  l'aide  de  livres,  de 
connaissances  vagues  ;  il  leur  apprit  la  musique  et  la  danse. 
En  quatre  ans,  il  avait  transformé  complètement  les  éta- 
blissemeuls  de  New  Lanark.  Son  personnel  de  2.000  ou- 
vriers, paresseux,  ivrognes  et  voleurs,  ne  formaitplus  qu'une 
famille  gouvernée  par  un  patriarche.  Ce  succès  eut  un  re- 
tentissement considérable  en  Angleterre,  dans  toute  l'Lu- 
rope,  en  Amérique.  Les  plus  hauts  personnages  :  les  am- 
bassadeurs de  Prusse  et  d'Autriche,  le  grand-duc  Nicolas 
de  Piussic,  le  duc  de  Kent,  etc.,  vinrent  visiter  Owen  et 
lui  demander  des  conseils.  Par  contre,  il  fut  violemment 
combattu  par  les  industriels  et  môme  par  le  gouverne- 
ment. En  1818,  il  entreprit  un  voyage  en  Franco,  en  Suisse 
et  en  Allemagne,  au  cours  duquel  il  visita  Pictet,  Cuvier, 
La  Place,  Alexandre  de  llumboldt,  OberKn,  Pestalozzi.  11 
avait  déjà  publié  l'exposé  de  ses  principes  :  New  view  of 
Society  or  Essays  on  the  Principle  of  tlie  Formation 
ofhuman  Character  (1813-16),  qui  n'avait  pas  peu  con- 
tribué à  le  rendre  suspect  aux  pouvoirs  établis,  car  il  y 
érigeait  en  dogme  l'irresponsabilité  de  l'homme,  qui  em- 
portait la  suppression  de  toute  récompense  et  de  tout  châ- 
timent ;  il  y  préconisait  la  communauté  des  biens  com- 
binée avec  l'égalité  des  droits  ;  il  y  réclamait  l'abolition 
de  privilèges  pour  toutes  les  supériorités,  aussi  bien  pour 
la  supéciorité  provenant  du  capital  que  pour  celle  qui  ré- 
sulte de  Fintelligence.  Dans  des  conférences,  dans  les 
journaux,  il  recommandait  l'application  de  ses  méthodes  de 
New  Lanark  à  tous  les  petits  centres  industriels;  de  ma- 
nière à  arriver,  de  proche  en  proche,  à  changer  le  sort 
des  travailleurs  du  monde  entier.  Des  communautés  furent 
effectivement  installées  en  divers  lieux.  Owen  alla  jusqu'en 
Amérique  (1821)  oti  il  acheta  un  village  entier  qui  fut 
nommé  New  Harmony,  jusqu'au  Mexique  (1828)  oti  on 
voulait  lui  concéder  un  immense  territoire.  Il  avait  formé 
des  disciples  ardents,  et  ce  furent  eux  qui  fondèrent  les 
premières  associations  coopératives  de  l'Angleterre.  Infa- 
tigable, il  continuait  à  répandre  ses  idées  dans  les  journaux 
et  les  revues,  écrivait  A  Book  of  the  new  Moral  World 
(1826-44),  séjournait  en  Amérique  de  1844  à  1847,  et 
publiait  après  son  retour  :  Révolution  in  minci  andprac- 
tice  (1849)  et  Letters  to  the  Human  Race  (1830),  fon- 
dait un  journal  hebdomadaire  (1830-52),  une  revue  Ria- 
tional  Quarterly  (1833),  se  convertissait  au  spiritisme 
(1831)  et  écrivait  alors  New  existence  of  man  upon 
6^ar^/i  (1834),  puis  TheMillenial  Gazette  (iSot^). EniSl^l , 
il  donnait  son  autobiographie,  et  à  quatre-vingt-six  ans  il 
se  présentait  à  l'Association  des  sciences  sociales,  sous  les 
auspices  de  lord  Brougham.  C'était  alors  un  vieiUard  dé- 
crépit, coiffe  d'un  Ijôguin  noir,  vêtu  d'une  souquenille, 
ayant  tout  à  fait  l'apparence  d'une  vieille  sorcière.  Depuis 
longtemps  il  avait  perdu  toute  influence.  Whigs  et  tories 
repoussaient  avec  horreur  ses  théories.  Les  expériences 
de  Mortterwell,  en  Irlande,  de  New  Harmony,  d'Orbistoji 
avaient  mal  tourné  et  il  y  avait  englouti  presifue  toute 
sa  fortune.  Ses  amis  et  ses  associés  avaient  fini  par  douter 
de  lui  et  l'avaient  abandonné  peu  à  peu.  Il  mourut  dé- 
couragé. Cependant  il  avait  semé  les  germes  qui  ont  pro- 
duit, un  peu  plus  tard,  le  mouvement  coopératif  avec  ses 
immenses  consé(iuenccs.  Citons  encore  parmi  ses  écrits  : 
Pieportto  the  Conunitlee  of  the  House  of  Gommons  on 
the  Poor  La/c  (1817);  Address  to  the  sovereigns  oftJie 
holy  alliance  united  in  Gongress  at  Aix-la-Ghapelle 
(1818)  ;  Adress  to  the  Governments  (181 9)  ;  Proceedings 


ofthe  committee  of  the  rational  School{[S'2o)  ;  Outline 
of  the  rational  System  (1823),  abrégé  desa  doctrine  qu'on 
a  appelé  la  «  Charte  oweniste  »  ;  Lectures  on  New  State 
of  Society  (\^^1\),  et  plus  de  2.000  articles  de  journaux. 
On  a  traduit  en  français  :  Esquisse  du  système  d'éduca- 
tion (Paris,  1823,  in-12);  Institutions  pour  améliorer 
le  caractère  moral  du  peuple  (1819,  in-8)  ;  Mémoire 
aux  souverains  allies  (1818,  in-4)  ;  le  Livre  du  nou- 
veau monde  moral  (1816,  in-12).  Pi.  S. 

BiiiL.  :  Tli(iLlfeofRoberiOwcn,writtenbijhlmsclf;  Lon- 
dres. 1857-58,  2  vol.  — W.  Lucas  S xrga^t,  Robert  0\^- en  ;ind 
hls  Plûlosopliy  ;  Londres,  1860.  —  Lloyd  Jones,  Life,  thnes 
cind  labours  of  Robert  Owen  ;  Londres,  1890.  —  IIolyoaki:, 
JÀfe  and  hist  duys  of  Robert  Owen;  Londres,  1871.  —  Ro- 
l)(ïrt-t,)alc  O^Yl•:^^  Threading  my  v:ay  ;  Londres,  1871.— 
R.-J.  BooTii,  Robert  Owen,  The  Founder  of  soclalism  in 
England;  Londres,  ISiid.— Robert  Owen,  dans  Westminster 
Review,  oct.  1800.  —  Consulter  sur  ses  théories  :  R.  Owen 
iind  New  Lanark,  by  a  former  teacher,  1839.—  Owen,  Ae~ 
eount  of  the  New  Lanark  Schools,  dans  Report  iqjon  Edu- 
cation^ près,  to  the  House  of  Gommons,  ISIQ.  —  R.-D.  Owen, 
Outline  of  the  System  of  éducation  at  New  Lanark,  1821. 
—  Joseph  lii:Y,  Lettres  sur  le  système  de  coopération 
d'après  le  plan  dVwen;  Paris,  1828.  —  Louis  Reydaud, 
Etudes  sur  les  Réformateurs  ;  Paris,  1861,2  vol.  in-12.  — 
Owen's  plans  for  relievinrj  the  national  distress,  dans  Edin- 
burcjhTieview,  oct.  1819.  —  Délie  fabriche  e  délie  scuole  di 
New  Lanark,  dans  Antologia,  1823,  IL  —  A.  IIj.:rz]-:n,  Ro- 
berto  Owen  e  lo  esperimento  di  New  Lanark,  dans  Rivista 
europea,  1870,  III  et  IV. 

OWEN  (John) ,  ecclésiastique  anglican,  né  en  1 766,  mort 
à  Ramsgate  le  26  sept.  1822.  Après  avoir  terminé  ses 
études  à  Cambridge  en  1791,  il  voyagea  sur  le  continent 
jusqu'en  1793,  particulièrement  dans  la  vallée  du  Rliùne. 
11  pul)lia  ses  souvenirs,  non  sans  intérêt,  et  ses  rétlcxions 
eu  deux  ouvrages,  Travels  into  différent  Parts  of  Europe 
(Londres,  1796,  2  vol.)  et  7he  Retrospect  (Londres, 
1794),  une  comparaison  entre  l'état  politique  et  religieux 
de  la  France  et  de  l'Angleterre.  Il  fut,  en  1804,  l'un  des 
fondateurs  de  la  Société  biblique  britannique  et  étrangère, 
qu'il  servit  comme  secrétaire  jusqu'à  sa  mort,  sans  rece- 
voir d'honoraires.  En  la  môme  année  il  pubha  un  traité 
sur  The  Fashionable  World  displayed  qui  eut  un  grand 
nombre  d'éditions  (la  7^  est  de  1809).  Il  raconta' aussi 
l'histoire  des  origines  de  la  Société  biblique  britanni(pic 
(Londres,  1816,  3  vol.).  En  1818,  il  fit  un  voyage  sur 
le  continent  ahn  de  s'enquérir  sur  les  meilleurs  moyens  de 
répandre  la  Bible.  Il  en  publia  la  relation.      F. -11.  K. 

BiBL.  :  C.-Fell  S^irni,  dans  le  Dictionary  of  NatLO)ial 
Blography  ;  Londres,  1895,  vol.  XLII,  pp.  128  et  suiv.  (abon- 
dante bibliographie). 

OWEN  (Richeard),  naturaliste  anglais,  né  àLancasterlo 
20  juin  1804,  mort  à  Londres  lo  [6  déc.  1892.  Il  exerça 
d'abord  la  chirurgie  à  Londres,  puis  en  1835  devint  con- 
servateur du  musée  et  professeur  de  physiologie  au  Collège 
des  chirurgiens,  puis  professeur  de  paléontologie  à  ri^]cole 
des  mines  et  de  physiologie  à  l'Institution  royale  ;  l'état 
de  sa  santé  l'ayant  forcé  de  renoncer  à  l'enseignement,  il 
fut  nommé  directeur  de  la  section  d'histoire  naturelle  du 
British  Muséum.  Ses  publications  sont  très  nombreuses  ; 
elles  concernent  Fanatomie  comparée,  la  paléontologie,  la 
zoologie,  etc.  Dans  le  nombre,  signalons  :  Archétype  and 
homologies  of  vertébrale  skeleton  (Londres,  1848); 
British  fossil  repiilia  ofthe  cretaceoiis  period  (Londres, 
1851);  Grocodilia  and  Ophidia  of  the  London  Glay 
(Londres,  1859)  ;  On parthenogeness  (Londres,  1849); 
Fossil  reptilia  of  the  wealden  (Londres,  1853-57); 
llistory  of  the  British  fossil  mammalia  and  birds 
(Londres,  1846)  ;  Ilist.  of  british  fossil  reptils  (Lon- 
dres, 1884,  4  vol.);  On  the  classification  of  mammalia 
(Londres,  1859)  ;  Odontography  (Londres,  2^  éd.,  1859)  ; 
Palœontology  (Lojidres,  4^  éd.,  1869);  Principes  d'os- 
tcologie  compai'ée  (Vnris,  1855);  Anatomy  ofthe  Ver- 
tébrales (Londres,  1866-68,  3  vol.)  ;  On  the  fossil 
mamnmls  of  Aiistralia  a)ul  on  theextinct  Marsiipials  of 
England  (1877,  2  vol,)  ;  Memoirs  of  extincl  wingless 
birds  of  New  Zealand  (1878,  2  vol.).  On  peut  reprocher 


—  73B 


OWEN  —  OXALIQUE 


à  Owen,  dans  ses  belles  études  pliylogéniciiics,  de  n'avoir 
pas  assez  tenu  compte  des  données  eml)i'yologi(]ucs. 

D^-  L.  Un. 

BiBL.  :Bio(jrnphicpnr  son  petit-fils  ^nxec  un  EsSciicVIIux- 
ley;  Londres,  1894,  2  vol, 

OWEN -Cambridge  (Rich.),  poète  anglais  (V.  Cambuidge). 

OWEN-SouND.  Ville  du  Canada,  prov.  d'Ontario,  sur 
la  baie  Géorgienne;  7.500  hab.  (en  4891).  Excellent  port; 
tète  d'une  voie  ferrée  vers  Toronto. 

OWEN  MORE  (Riv.)  (V.  Irlande,  t.  XX,  p.  949). 

0WENSB0R0U6H.  Ville  des  Etats-Unis  (Kentucky), 
sur  rOliio  ;  9.837  hab.  (en  4890).  Grandes  manufactures 
de  tabac,  distilleries  de  whisky. 

OWENSON  (V.  Morgan  [Miss  Sydney  Owenson,  ladv], 
t.  XXIV,  p.  338). 

OXALATE  (Chim.).  L'acide  oxalique  bibasique  donne  nais- 
sance à  deux  séries  de  sels,  les  oxalates  neutres  G^0^2M0  et 
C-^O^MOM'O  et  les  oxalates  acides  C^O^MOIÏO.  Il  existe 
aussi  des  quadroxalates  (C^0^)'2M03II0.  La  formation  des 
oxalates  alcalins,  depuis  l'acide  et  la  base  dissous,  dégage 
des  quantités  de  chaleur  intermédiaires  entre  celle  des 
sulfates  et  celle  des  azotates,  43^^\3  X  ^  P^^^^"  l'oxalatc 
de  soude.  iVussi  l'acide  oxalique  est  un  acide  fort  qui  de- 
place  l'acide  acétique  même  à  l'état  dissous  (M.  Berthelot). 
La  composition  et  les  propriétés  des  oxalates  ont  été  le 
sujet  de  noml)reuses  recherches  de  la  part  de  Berzélius,  de 
Rammelsberg,  de  Touchay  et  Leussen.  Les  oxalates  alca- 
lins et  quelques  oxalates  doubles  sont  seuls  solubles  dans 
l'eau. 

La  chaleur  décomposa  tous  les  oxalates  en  donnant,  sui- 
vant les  propriétés  du  métal,  soit  un  carbonate,  soit  un 
oxyde  quand  le  carbonate  est  décomposable,  soit  le  métal 
si  l'oxyde  est  instable.  L'acide  sulfurique  concentré  les 
attaque  et  dégage  un  mélange  d'oxyde  de  carbone  et 
d'anhydride  carbonique.  Les  oxalates  solu])les  sont  préci- 
pitables  par  les  sels  de  calcium  en  liqueur  neutre  ou  acé- 
tique, mais  l'acide  chlorhydiique  dissout  le  précipité 
d'oxalate  de  chaux.  On  utiUse  l'insolubilité  de  ce  sel  pour 
doser,  soit  le  calcium,  soit  l'acide  oxalique. 

L'un  des  sels  les  plus  importants  est  le  sel  d'oseille  qui 
est  constitué  généralement  par  un  mélange  à  proportions 
variables  de  bioxalate  et  de  quadroxalate  de  potassium  ;  on 
le  trouve  dans  le  suc  d'un  grand  nombre  de  végétaux,  spé- 
cialement ceux  des  genres  Rumex  et  Oxalis,  d'où  on  le 
retirait  autrefois.  Aujourd'hui  on  le  prépare  en  combinant 
l'acide  oxalique  et  le  carbonate  de  potasse.  Le  quadroxa- 
late de  potasse,  C^HKO^  C^H'^Os  mW,  est  très  acide,  il 
cristallise  avec  quatre  molécules  d'eau  et  se  dissout  dans 
vingt  fois  son  poids  d'eau  à  la  température  ordinaire. 
L'oxalate  acide  du  bioxalate  C^^IKO^  H'^O'^  est  très  peu  so- 
luble  (4  partie  dans  40  parties  d'eau  froide),  si  bien  qu'une 
solution  concentrée  d'oxalate  neutre  de  potasse  traitée  par 
un  acide  donne  un  précipité.  Le  sel  neutre  de  potasse 
C'^K^O^  H^O"^  s'obtient  en  saturant  le  sel  d'oseille  par  le 
carbonate  de  potasse  ;  il  cristallise  en  prismes  rhomboi- 
daux  obliques  solubles  dans  2,2  parties  d'eau  à  40<^.  Le 
sel  d'oseille  est  employé  pour  décaper  les  métaux,  enlever 
les  taches  d'encre,  de  rouille  ;  son  action  est  basée  sur  la 
formation  d'un  oxalate  double  de  fer  et  de  potasse  soluble 
dans  l'eau.  Les  oxalates  de  soude  sont  peu  solubles,  le  sel 
acide  de  sodium,  C^HNaO^  H'-^O"^,  exige  67  parties  d'eau 
pour  se  dissoudre  à  70**. 

Le  sel  neutre  d'ammoniaque  C^IPO^  2AzIl^lP0^  cris- 
tallise en  longs  prismes  rhomboïdaux  droits  ;  il  se  dissout 
dans  22  parties  d'eau  à  20*^  et  dans  2  parties  à  400^. 
L'oxalate  d'argent,  C/O^Ag^,  est  très  i)eu  soluble  dans 
l'eau  froide,  un  peu  plus  dans  l'eau  chaude.  A  420°  il 
détone  brusquement  en  formant  de  l'acide  carijonique  et 
de  l'argent  : 

C^^Ag-20«  z=2  'ICW  +  Ag^^. 

La  réaction  explosive  dégage  -h  37^'^^^ 5. 

L'oxalate  de  potasse  et  d'antimoine  est  employé  comme 
succédané  del'émétique  dans  l'impression  des  tissus,  celui 


d'aluminiuui  sert  à  la  conservation  des]  pierres  (marbres, 
dolomie,  schiste,  calcaire  et  craie).  Le  sel  double  de  fer 
et  de  potassium  possède  un  pouvoir  réducteur  extrêmement 
puissant,  il  réduit  le  chlorure  de  platine  et  le  nitrate  d'ar- 
gent complètement  à  l'état  métallique.  C'est  sur  cette  pro- 
priété que  repose  en  photographie  le  développement  à 
l'oxalate  de  fer,  développement  qui  se  produit  par  le  mélange 
de  solutions  de  sulfate  de  fer  et  d'oxalate  neutre  d'ammo- 
niaque. De  nombreux  sels  doubles  dérivent  des  oxalates  fer- 
riques  et  chromiques  combinés  avec  l'oxalate  de  potassium  ; 
on  doit  les  regarder  comme  des  sels  d'acides  complexes, 
les  acides  ferroxalique  et  chromoxalique.  C.  M. 

OXALDINES.  SchifF  a  donné  le  nom  d'oxaldines  à  une 
série  de  bases  oxygénées  formées  par  la  combinaison,  avec 
élimination  d'eau,  d'une  molécule  d'ammoniaque  et  d'un 
nombre  variable  de  molécules  d'aldéhyde.  Dans  le  cas  de 
l'aldéhyde  ordinaire,  Féquation  génératrice  est  la  suivante  : 

nC4H^(02)  +  Az  IF  =  C^^^H^^+^AzO^  +  {n-i)l\W. 

Le  premier  terme  de  la  série  est  l'aldéhydato  d'ammo- 
niaque : 

c^^n^(02)  4-  Adp  zz:  c4ir^02(Azii3). 

C'est  une  combinaison  qui  cristaUise  en  gros  rhomboèdres 
incolores,  soluble  dans  l'eau,  insoluble  dans  l'éther,  qu'on 
obtient  quand  on  fait  passer  un  courant  de  gaz  ammo- 
niac dans  un  mélange  d'éther  et  d'aldéhyde  convenable- 
ment refroidi.  On  ne  peut  la  conserver  que  dans  des  tubes 
scellés,  car  elle  se  résinifie  peu  à  peu  à  l'air.  Les  acides 
étendus  la  décomposent  de  nouveau  en  ammoniaque  et 
aldéhyde;  on  l'utihse  pour  la  purification  de  l'aldéhyde. 
L'action  de  l'aldéhyde  sur  l'ai déhy date  d'ammoniaque  à 
chaud  fournit  des  combinaisons  amorphes  dont  la  struc- 
ture n'est  pas  encore  connue  :  l'oxytrialdine,  C^^H^^xizO^  ; 
l'oxytétraldine,  C^Hl^^AzO^,  etl'oxypentaldine,  C^oiU^AzO^. 
Les  sels  de  ces  bases  sont  incristallisables  et  solubles  dans 
l'eau.  On  utilise  souvent  les  premiers  termes,  les  aldéhy- 
dates  d'ammoniaque,  pour  la  purification  des  aldéhydes. 

OXALHYDROXANllQUE  (Acide). 

Form    I  ^'^i^^^ C'^U'^Vz-^OB. 

L'acide  oxalhydroxamique  ou  hydroxyloxamide  preud 
naissance  quand  on  ajoute  de  l'éther  oxalique  à  une  solu- 
tion alcoolique  bouillante  d'hydroxylamine  et  qu'on  laisse 
refroidir  après  une  minute  d'ébullition.  Cristallisé  dans 
l'eau  bouillante,  il  est  en  aiguilles  microscopiques.  La  po- 
tasse étendue  le  décompose  en  acide  oxalique  et  hydroxy- 
lamine.       ^  C.  M. 

OXALIDÉES  {Oxalideœ  DC).  Groupe  déplantes  Dico- 
tylédones, qu'on  réunit  à  la  famille  des  Géraniacées  (V.  ce 
mot),  dans  laquelle  il  constitue  une  tribu  caractérisée  par 
les  fleurs  hermaphrodites  et  régulières,  à  réceptacle  con- 
vexe, l'androcée  formé  de  40-45  étamines  superposées  les 
unes  aux  pétales,  les  autres  aux  sépales,  les  carpelles  unis 
en  un  ovaire  à  loges  bi-ou  pluriovulées,  le  fruit  capsu- 
laire  et  loculicide,  ou  charnu  et  indéhiscent,  les  graines 
renfermant  un  albumen  charnu.  D^'  L.  Un. 

OXALIQUE  (Acide).  L  Chimie. 
p  i  Equiv....  C^H20Sz=C^^H2(0^^)(0^). 

^^™'  (  Atom....  e^o^ip  =  GO^H.eo-^ii. 

L'acide  oxahque  est  un  acide  bibasique,  et  le  plus  simple 
dans  le  groupe  de  ces  acides.  De  même  que  l'acide  acétique 
monobasique  dérive  de  l'alcool  ordinaire  monoatomique 
par  oxydation,  l'acide  oxalique  bibasique  se  rattache  au 
glycol  diatomique  par  le  même  phénomène  d'oxydation 
qui  se  trouve  répété  deux  fois  dans  la  molécule  : 

c^iiHii-o^)  +  04  z^  m\\i)'')  4- 14^0^. 

Alcool  Ac.  acétique 

C4F(HW)(II202)  +  20'^~C^^H2(0'^)(0'0  -h  2H202. 

Glycol  Ac.  oxalique 

On  avait  déjà  reconnu  l'existence  de  son  sel  acide  de  potas- 
sium dans  l'oseille  (oxalis)  au  commencement  du  xvii^  siècle, 


OXALIQUE 


—  736 


mais  il  ne  lut  caractérisé  comme  acide  que  par  Savary  en 
1773,  et  surtout  par  Scheele  en  1784.  Ce  dernier  savant 
établit  son  identité  avec  l'acide  sacchar in,  obtenu  en  1776, 
par  Bergmann,  dans  l'oxydation  du  sucre  par  l'acide  azo- 
tique. Sa  composition  a  été  établie  par  Duiong.  M.  Ber- 
tiielot  a  effectué  sa  synthèse  totale  par  le  carbone  et  par 
l'acétylène.  Une  série  de  réactions  intéressantes  conduisent 
à  la  formation  de  l'acide  oxalique  : 

1°  Le  charbon  de  bois  purifié  par  le  chlore  au  rouge 
est  transformé  par  l'acide  chromique  en  acide  oxalique 
(Berthelot)  : 

2C^  +  30-2  +  H^O'^  =  CnPOs. 

2*^  Va\  oxydant  l'acétylène  par  le  permanganate  de  po- 
tasse il  se  forme  de  l'acide  oxalique  (Berthelot)  : 

C^H^  +  402  =  C^H^O». 

On  remplit  d'acétylène  gazeux  un  flacon,  on  le  bouche 
avec  un  bouchon  traversé  par  le  tube  d'une  ampoule  à  ro- 
binet. L'ampoule  contient  une  solution  saturée  de  per- 
manganate additionnée  de  1/10^  de  son  volume  de  lessive 
(«le  soude  caustique.  La  liqueur  violette,  en  arrivant  dans 
le  flacon,  se  réduit,  devient  verte,  puis  se  trouble  et  enlin 
laisse  un  dépôt  ocreux  de  bioxyde  de  manganèse.  La  liqueur 
claire  obtenue  par  filtration  contient  de  l'acide  oxalique 
facile  à  reconnaître  par  le  précipité  d'oxalate  de  calcium 
qu'il  fournit  en  liqueur  acéti({ue. 

3*^  L'anhydride  carbonique  est  absorbé  par  le  sodium 
à  360",  il  se  forme  de  l'oxalate  (Drechsel)  : 

2C20G  -f  Na^-  =  C^  Na-^0\ 

4"  L'oxydation  de  l'alcool,  de  l'acide  acétique  dans  des 
(conditions  convena]>les  peut  donner  de  l'acide  oxalique. 
D'ailleurs,  toutes  les  fois  (|u'on  oxyde  une  matière  orga- 
nique par  l'acide  nitrique  ou  par  le  permanganate  de  po- 
tasse en  licjueur  alcaline,  il  se  produit  presque  toujours  de 
l'acide  oxalique.  L'hydrate  de  potasse  à  une  température 
modérée  transforme  un  grand  nondjre  de  substances  en 
oxalates,  en  particulier  la  cellulose,  l'amidon,  le  son,  etc. 
Cette  réaction  est  utilisée  aujourd'hui  dans  la  préparation 
industrielle  de  l'acide  oxalique  et  des  oxalates. 

On  peut  retirer  l'acide  oxalique  de  certains  végétaux 
qui  le  contiennent  à  l'état  salin,  par  exemple  des  plantes 
du  genre  R^ime^v  ou  du  genre  Oxalis.  On  exprime  ces 
plantes,  on  clarifie  le  suc  obtenu  et  on  précipite  l'acide 
sous  forme  d'oxalates  de  plomb  et  de  chaux;  ces  der- 
niers sont  ensuite  décomposés  par  l'acide  sulfurique  dilué. 
Dans  les  laboratoires,  on  peut  obtenir  facilement  l'acide 
oxalique  par  oxydation  du  sucre  ou  de  l'amidon  avec 
l'acide  nitrique.  Après  évaporation  du  produit  de  la  réac- 
tion jusqu'au  sixième  du  volume,  on  fait  cristalliser. 
Dans  l'industrie,  on  utiHse  une  réaction  indiquée  d'abord 
par  Yauquehn,  puis  par  Gay-Lussac,  l'oxydation  de  la  cel- 
lulose parles  hydrates  alcalins.  Comme  source  de  cellulose, 
on  emploie  la  sciure  de  bois.  La  soude  employée  seule 
donne  un  très  mauvais  rendement  ;  on  fait  agir  la  potasse 
seule  ou  la  potasse  additionnée  d'un  peu  de  soude  pour 
économiser  la  première.  On  mélange  une  partie  de  sciure 
de  bois  avec  une  solution  alcaline  contenant  1  partie  de 
potasse  pour  2  parties  de  soude  ;  on  règle  la  quantité  d'eau 
de  façon  à  former  une  pâte  demi-solide,  et  on  introduit 
celle-ci  dans  un  cylindre  en  tôle  ou  dans  une  grande  mar- 
mite en  fonte  chauffée  vers  100^  et  munie  intérieurement 
d'un  agitateur.  La  masse  poreuse,  colorée,  qu'on  obtient  ainsi 
est  formée  surtout  d'oxalates  alcalins.  On  la  reprend  par 
l'eau  froide  qui  laisse  comme  résidu  de  l'oxalate  de  soude 
peu  soluble;  ce  dernier  est  transformé  d'abord  en  sel  de 
chaux  par  ébullition  avec  un  lait  do  chaux,  ensuite  en  acide 
oxalique  par  traitement  avec  l'acide  sulfurique  dilué. 

On  purifie  simplement  l'acide  oxalique  en  en  dissolvant 
1  partie  dans  8  parties  d'eau  chaude  et  laissant  cristalliser 
par  refroidissement;  ce  dépôt  cristaUin  retient  presque 
toutes  les  matières  étrangères;  on  évapore  l'eau  mère  au 
^uart  de  son  volume,  et  les  cristaux  qu'elle  fournit  sont 


ensuite  purifiés  complètement  par  deux  ou  trois  cristalli  - 
salions  successives  (Maumené).  L'acide  oxalique  cristaUise 
dans  l'eau  en  prismes  incolores  monocliniques  contenant 
!2  molécules  d'eau  de  cristallisation  qui  disparaissent  à  100" 
ou  sur  l'acide  sulfurique.  L'acide  fond  à  101", 5.  L'acide 
anhydre  peut  être  sublimé  quand  on  le  chauffe  avec  pré- 
caution; chauffé  davantage,  il  se  décompose  en  anhydride 
carbonique,  oxyde  de  carbone,  eau  et  acide  formique. 
100 parties  d'eau  dissolvent,  à  20",8parties  8  d'acide  oxali- 
que, 100  parties  d'alcool  absolu  23,73  à  15"  et  100  parties 
d'éther  1,29.  Absorbé  en  quantité  notable,  l'acide  oxalique 
agit  comme  poison.  L'acide  oxalique  est  formé  depuis  les 
éléments  avec  un  dégagement  de  chaleur  de  197  calories. 
Il  décompose  les  carbonates  ;  il  précipite  les  sels  calcaires 
en  solution  très  étendue  et  même  le  sulfate  de  chaux,  en 
formant  un  sel  insoluble  dans  l'acide  acétique,  mais  so- 
luble dans  l'acide  chlorydrique.  Ces  propriétés-là  sont 
spécifiques. 

L'acide  sulfuricpie  décompose  l'acide  oxalique  en  anhy- 
dride carbonique,  oxyde  de  carbone  et  vapeur  d'eau.  En 
présence  de  la  glycérine,  il  se  dédouble  en  anhydride  car- 
bonique et  acide  formique  (M.  Berthelot)  : 

c-iH^os  r:^  c^o*  -4-  cmw. 

Les  agents  réducteurs  donnent  un  acide  aldéhyde,  l'acide 
glyoxylique,  puis  l'alcool  correspondant,  l'acide  glycol- 
lique  : 

C/'1I2(0^)(0^)  -f-  IP  =  C^H2(0-^)(0^)  -h  HW. 
C^IF(02)(0^)  -4-  IP  z=  C^H2(HW)(0*). 

Les  oxydants  le  transforment  à  la  longue  en  anhydride 
carbonique  : 

C4H20S  -+-  0^  :=r  20^0^  -f-  H202. 

Le  permanganate  de  potassium  en  liqueur  sulfurique 
produit  à  froid  et  presque  instantanément  cette  réaction  ; 
on  l'utilise  dans  l'analyse  volumétrique.  Les  sels  d'or  sont 
réduits  par  l'acide  oxalique  dans  les  même  conditions. 

L'îtcide  oxahque  bibasique  donne  naissance  à  deux  sé- 
ries de  sels,  les  oxalates  neutres,  C'^06.2M0  et  C^O^MOM'O. 
et  les  oxalates  acides,  C^O^MOHO  (V.  Oxalate).  Il  forme 
également  deux  classes  d'éthers,  les  uns  neutres,  les  autres 
acides  : 

Ether  neutre S  ^4^4  l  C^H^O^. 

Acide  éthyloxalique C'^E^C'^nW) . 

On  prépare  l'éther  neutre  au  moyen  de  l'alcool  pris 
aussi  concentré  que  possible  et  de  l'acide  oxalique  sec.  En 
ajoutant  de  l'eau  au  produit,  l'éther  se  précipite,  on  le 
sépare,  on  l'agite  avec  une  solution  étendue  de  carbonate 
de  soude,  puis  avec  du  chlorure  de  calcium  sec.  C'est  un 
liquide  incolore  oléagineux,  plus  dense  que  l'eau. 

L'éther  oxahque,  dissous  dans  une  solution  alcoolique 
de  potasse  employée  en  quantité  convenable,  donne  des 
paillettes  d'éthyloxalate  de  potassium.  L'acide  éthyloxalique 
qu'on  en  déduit  est  un  liquide  fojt  instable. 

L'éther  diméthyloxalique  est,  parmi  les  éthers  neutres, 
celui  (|ui  cristallise  le  plus  facilement;  on  passe  par  son 
intermédiaire  pour  réaliser  la  purification  de  l'alcool  mé- 
thyhque. 

Comme  acide  bibasique,  l'acide  oxalique  engendre  deux 
amides,  l'amide  biammonia.cal,  l'amide  monoammoniacal  : 

C^II^Az^O^  et  C^H^AzO^ 

Ce  dernier  jouit  des  propriétés  acides  :  on  l'appelle  l'acide 
oxami([ue;  l'autre  est  Toxamide. 

Oxamide.  Sa  connaissance  est  due  surtout  aux  travaux 
de  Dumas  en  1830.  0[)  le  prépare  par  l'action  de  l'am- 
moniaque sur  l'éther  oxalique  :  il  se  forme,  aussitôt  qu'on 
mêle  les  deux  liquides,  un  abondant  dépôt  cristalhn  qui 
augmente  ra])idement  jusqu'à  transformation  totale.  On 
lave  à  l'eau  froide.  L'oxamide  est  une  poudre  blanche, 
insoluble  dans  l'eau  froide,  l'alcool,  l'éther,  que  les  alca- 
lis et  les  acides  concentrés  décomposent  à  l'ébullition  avec 


—  737 


OXALIQUE  —  OXENSTlERNA 


régénération  d'acide  oxalique  et  d'ammoniaque.  Quand  on 
le  fait  bouillir  avec  l'ammoniaque  en  dissolution  dans  l'eau, 
l'oxamide  se  change  en  oxamate  d'ammoniaque.  La  cha- 
leur peut  le  déshydrater  et  le  transformer  partiellement 
en  nitrile  oxahque  ou  cyanogène  : 

Acide  oxamique.  Il  a  été  découvert  par  Balard  en 
1842.  On  le  prépare  en  chauffant  l'oxalate  acide  d'ammo- 
niaque au  bain  d'huile,  vers  220^,  pendant  deux  à  trois 
heures  ;  on  reprend  par  l'eau  tiède  où  l'acide  peu  soluble 
se  dépose  par  refroidissement.  On  le  purifie  en  préparant 
l'oxamate  de  baryte.  L'acide  oxamique  est  une  poudre 
cristalline  fusible  à  173''.  La  chaleur  le  décompose  en  eau, 
oxamide,  acide  carbonique,  acide  formique;  c'est  un  acide 
monobasique.  Les  bases  autres  que  l'ammoniaque  donnent 
naissance  à  des  composés  semblables;  avec  l'aniline,  par 
exemple,  on  connaît  l'oxanilide  et  l'acide  oxaniHque  cor- 
respondant à  l'oxamide  et  à  l'acide  oxamique  : 
C4H*(04)(0^)  +  2(>2H4(AzH3)  z=  C^SR^^O^Az^-  -+■  ^IF-O^ 
Ac.  oxal.  Aniline  Oxanilide 

C4H-2(0^)(0<)  +  C^2H^(AzH3)  —  CiW0^\z(0^)  -+-  WOK 

Aniline  Ac.  oxanilicjue 

Le  second  se  forme  quand  on  chauffe  l'aniline  et  l'acide 
oxalique  vers  ioO'^  ot  le  premier  quand  on  cliauffe  le  se- 
cond à  180<^.  Leurs  propriétés  correspondent  à  celles  de 
l'oxamide  et  de  l'acide  oxamique.  C.  Matignon. 

IL  Physiologie,  Toxicologie  et  Thérapeutique.  — 
L'acide  oxalique  existe  presque  normalement  dans  l'or- 
ganisme où  il  est  introduit  par  les  aliments  ou  bien 
se  forme  par  oxydation  et  parfois  par  réduction  des 
ingesta,  par  oxydation  incomplète  des  azotés,  par  un 
trouble  des  échanges  organiques,  dans  toutes  les  circons- 
tances enfin  où  la  nutrition  est  ralentie.  Il  y  passe  à  l'état 
d'oxalate  de  calcium,  et  c'est  sous  cette  forme  qu'il  se 
présente  dans  les  urines  où  il  se  dépose  rapidement  ;  ce 
sel  peut  former  des  infarctus  dans  les  reins  et  en  général 
produit  les  calculs  dits  muraux.  —  L'acide  oxalique  est 
très  toxique  ;  il  manifeste  son  action  sur  l'économie  par 
des  troubles  circulatoires,  respiratoires  et  de  l'innervation  : 
affaiblissement  et  ralentissement  du  pouls,  ralentissement 
de  la  respiration,  refroidissement  périphérique  considé- 
rable, anesthésies,  parésies,  convulsions  toniques  et  clo- 
niques,  dyspnée,  collapsus.  Si  le  poison  a  été  ingéré  dans 
l'estomac,  comme  dans  les  intoxications  chez  l'homme,  la 
gastro-entérite  se  montre  dès  le  début  par  des  vomisse- 
ments qui  peuvent  persister  jusqu'à  la  mort,  avec  vive 
douleur  épigastrique.  Les  troubles  de  la  respiration  et  de 
l'innervation  sont  probablement  d'origine  centrale,  mais 
ceux  de  la  circulation  sont  attribués,  soit  à  une  action  sur 
les  centres  nerveux,  soit  à  une  action  directe  sur  le  cœur 
(sur  les  ganglions  intracardiaques  ou  sur  le  myocarde). 
—  Dans  les  cas  d'empoisonnement  par  l'acide  oxalique  ou 
ses  sels,  on  fait  vomir,  à  moins  que  le  poison  n'ait  été  ab- 
sorbé à  un  grand  état  de  concentration,  cas  auquel  le 
ramoHissement  de  la  muqueuse  stomacale  produit  contre- 
indique  les  vomitifs.  On  cherchera  à  neutraliser  le  poison 
ou  à  le  transformer  en  sels  insolubles  en  administrant  de 
l'eau  de  chaux,  de  la  magnésie,  de  la  craie  en  poudre  et 
surtout  du  saccharate  de  calcium,  mais  jamais  les  carbo- 
nates ni  les  bicarbonates  alcalins.  — L'acide  oxalique  a 
quelquefois  été  employé  comme  succédané  des  acides 
citrique  ettartrique  pour  calmer  la  soif;  on  prescrit  une 
limonade  oxalique  et  des  pastilles,  qui  sont  avantageuse- 
ment remplacées  par  des  préparations  au  citron ,  au  vi- 
naigre, etc.  L'oxalate  de  cériiim  a  été  préconisé  contre  les 
vomissements  incoercibles  des  femmes  enceintes.    D^  L.  Hn. 

OXALIS  (Bot.  et  Thérap.)  (V.  Surelle). 

OXALURANIIDE  (Chim.)  (V.  Oxalurique). 

OXALURIE  (Path.)  (V.  Urine  et  Gravelle). 

OXALURIQUE  (Acide).  Form.  j  ^^     SÈSi^ 
L'acide  oxalurique  a  été  découvert  par  Liebig  et  Wœli- 

GRANDE    ENCYGLOPÉDIE.    —    XXV. 


1er  dans  leurs  études  sur  l'acide  urique.  C'est  un  produit 
d'hydratation  de  l'acide  parabanique  : 

C«Hl\z20^+  H'^O^^  =  G^H14z20^ 
dont  les  sels  se  forment  par  l'action  des  alcahs  ou  de  l'am- 
moniaque sur  ce  dernier.  11  constitue  une  poudre  cristaUine 
incolore,  peu  soluble  dans  l'eau,  dont  les  sels  sont  bien 
cristallisés.  Son  amide,  C^H^xVz-O^fAzH^) 

CW'Ay^O^O'^)  +  AzH'^  --  C^H^AzW  +  H^O^, 
s'obtient  par  les  méthodes  ordinaires,  en  traitant  par  l'am- 
moniaque alcoolique  l'éther  éthylique  de  l'acide  oxalurique. 
C'est  un  produit  cristalHn,  insoluble  dans  l'eau,  soluble 
sans  décomposition dansl'acidesulfuriqae concentré.  CM. 

OXALYL-Urée  (Chim.)  (V.  Parabanique  fAcidel). 

OXAMIDE  (Chim.)  (V.  Oxalique). 

OXANILIDE  (Chim.)  (V.  Oxalique). 

OXANTHRACÈNE  (Chim.)  (V.  Anthraquinone). 

OXATOLUIQUE  (Acide).  Form.  S  ^'"  i'Sv 
^         ^  /  Atom...   {j^^H^^O-^. 

L'acide  oxatoluique  ou  oxatolylique  est  un  produit  de 
dédoublement  de  l'acide  vulpique,  G^'^^H^^O^<^,  sous  l'in- 
fluence de  la  potasse  à  l'ébullition  : 
C38H14010  _^  3H302  ^  C-'W^H)^  -f-  C-^H^O'^  +  'ICW, 
acide  cristallisé  en  grands  prismes  rhomboidaux  droits,  fu- 
sibles à  154«.  L'action  prolongée  de  la  potasse  le  dédouble 
lui-même  en  acide  oxahque  et  en  toluène  : 

G32HiW  +  H^O^  z:z  C^O^fF^  -}-  SC^W. 

OXELAËRE.  Com.dudép.  duXord,  arr.  d'Hazebrouck, 
cant.  de  Cassel  ;  412  hab. 

OXENSTlERNA.  Famille  noble  suédoise  très  ancienne. 
L'ancêtre  commun,  Bengt-Nilsson,  était  déjà  conseiller  du 
royaume  au  xiii^  siècle.  Cette  famille  se  divise  en  plu- 
sieurs branches  :  branche  noble  d'Eka  et  Zindœ,  branche 
comtale  de  Korshobn  et  Vasa.,  branche  comtale  de  Sœder- 
mœre  et  branche  comtale  de  Kroneborg, 

Axel-Gustafsson  (branche  des  0.  de  Sœdermœre), 
homme  d'Etat  suédois,  né  à  Fanœ  (Uppland)  le  16  juin 
4583,  mort  à  Stockholm  le  28  août  1634.  Après  avoir 
fait  ses  études  dans  des  universités  étrangères,  il  entra 
en  1603  au  service  de  Charles  IX  et  fut  chargé,  dès  1606,  de 
missions  diplomatiques.  Par  testament  (1611)  Charles' IX 
le  nomma  membre  du  conseil  de  régence  pendant  la  mino- 
rité de  Gustave-Adolphe,  et,  le  6janv.  1612,  il  fut  offi- 
ciellement nommé  chancelier  du  royaume  ;  il  déploya,  en 
cette  qualité,  dans  tous  les  domaines  une  activité  extraor- 
dinaire. Pendant  les  absences  de  Gustave-Adolphe,  en 
guerre  contre  la  Russie,  il  remplit  les  fonctions  de  régent; 
mais,  en  1622,  le  roi  le  prend  avec  lui  et  lui  confie  l'ad- 
ministration de  l'armée  ;  plus  tard  (oct.  1626),  il  est 
nommé  gouverneur  général  de  la  Prusse  et  dirige  les  né- 
gociations avec  la  Pologne,  qui  aboutissent  à  l'armistice 
d'Altmark  (1629),  très  favorable  aux  intérêts  suédois.  Il 
est,  jusqu'à  la  mort  du  roi,  son  continuel  collaborateur, 
organisant  le  ravitaillement  des  troupes  et  leur  amenant 
des  renforts.  Après  la  bataille  de  Lutzen,  il  prend  la  pre- 
mière place  dans  la  hgue  contre  rAutriche''et  est  le  maître 
absolu  de  l'armée  suédoise.  La  défaite  de  Nordlingen 
(1634)  n'abat  pas  son  courage  ;  bientôt  il  se  rend  en 
France  (mars-avr.  1633),  où  il  confère  avec  Richeheu.  A 
son  retour  en  Suède  (juil.  1636),  il  prend  place  dans  fe 
conseil  de  régence  de  la  reine  Christine  et  en  est  l'âme. 
C'est  à  lui  que  revient  l'honneur  de  la  paix  de  Brœmsebro 
(1643),  qu'il  conclut  en  désaccord,  semble-t-il,  avec  les 
instructions  de  Christine.  A  partir  de  ce  moment,  son 
influence  décroit  rapidement,  mais  continue  à  s'exercer, 
moins  cependant  sur  la  conduite  des  affaires  étrangères 
que  dans  les  questions  commerciales  et  tinancières.  Il  s'op- 
posa de  toutes  ses  forces,  mais  sans  succès,  à  l'abdication 
de  Christine  et  mourut  peu  après.  Il  fut  enterré  dans 
l'église  de  Ja^der  (Sœdermanland).  Une  grande  partie  de 
sa  correspondance  a  été  publiée  autrefois;  en  1888,  l'Aca- 
démie suédoise  des  belles-lettres  a  entrepris  une  édition 

47 


OXENSTIERNA  —  OXFORD 


738  — 


critique  de  ses  divers  écrits.  Sa  statue,  qui  s'élève  devant 
la  Maison  des  chevaliers  à  Stockholm,  a  été  inaugurée 
en  4890. 

Johan-Axelsson{brsinche  de  0.  de  Sœdermœre) ,  homme 
d'Etat  suédois,  né  à  Stockholm  le  24  juin  1611,  mort  à 
Wismar  le  5  déc.  1657,  fils  du  précédent.  Il  fut  le  prin- 
cipal agent  de  son  père,  lors  des  négociations  qui  se  ter- 
minèrent par  le  traité  de  Westphalie.  11  avait  rempli  an- 
térieurement plusieurs  missions  diplomatiques  de  moindre 
importance.  Il  fut  nommé  maréchal  du  royaume  lorsque 
Charles  X  monta  sur  le  trône  (1654)  et,  peu  après,  ambas- 
sadeur de  Suède  en  Allemagne. 

Bengt-Gabrielsson  (branche  de  Korsholm  et  Vasa), 
homme  d'Etat  suédois,  né  à  Mœrby  (Uppland)  le  16  juil. 
1623,  mort  le  12  juil.  1702.  Après  avoir  rempU  diverses 
missions  diplomatiques  (à  Osnabruck,  1650  ;  à  Franc- 
fort, etc.),  il  fut  nommé  gouverneur  de  la  grande  Pologne 
(1655)  et  administra  très  habilement  ce  pays.  Pendant 
l'expédition  de  Charles-Gustave  en  Danemark,  Oxenstierna 
fut  chargé  de  défendre  la  place  de  Thorn  et  sut  s'y  main- 
tenir contre  toutes  les  attaques  pendant  près  d'un  an  et 
demi.  De  1662  à  1665,  il  est  gouverneur  général  de 
Livonie.  En  1676,  ambassadeur  à  Nimègue,  il  tra- 
vaille au  rapprochement  avec  l'Angleterre,  la  Hollande  et 
l'Autriche,  rapprochement  qui  ne  tarda  pas  à  devenir  défi- 
nitif lorsque  Oxenstierna  eut  été  nommé  chancelier  en 
1680,  après  h  mort  de  Gyllensticrna  (traité  de  La  Haye, 
1681).  Sa  politique  antifrançaise  domine  dans  tous  les 
accords  et  traités  conclus  par  la  Suède  jusqu'en  1690, 
époque  à  laquelle  la  direction  des  affaires  étrangères  passe 
presque  entièrement  à  isils  Biclke,  qui  a  des  sympathies 
pour  la  France.  Oxenstierna  reprend  cependant  tout  son 
ascendant  sur  le  roi  après  quelques  années,  et  Charles  XI, 
à  sa  mort,  le  nomme  un  des  tuteurs  de  Charles  XII  (1697). 
Dans  le  conseil  de  régence,  son  influence  ne  paraît  pas 
avoir  été  prépondérante. 

Johan-Gabriel  {hrmdie  de  Korsholm  et  Yasa),  homme 
d'Etat  et  poète  suédois,  né  à  Skenaes  (Sœdermanland)  le 
4  juil.  1750,  mort  à  Stockholm  le  29  juil.  1818.  Son  rôle 
comme  homme  d'Etat  fut  peu  considérable  et  il  dut  les 
dignités  auxquelles  il  fut  élevé  par  Gustave  IIÏ  plus  à 
l'affection  du  roi  poète  qu'à  ses  mérites  diploma- 
tiques. C'est  un  des  poètes  les  plus  élégants  de  la  période 
gustavienne,  et  ses  tableaux  de  la  nature,  composés  selon 
la  manière  de  France,  sont  souvent  remarquables  par  la 
finesse  unie  à  l'exactitude.  Œuvres  :  les  Heures  du  jour 
[Dayens  Stunder),  poème  en  quatre  chants,  et  les  Ré- 
coltes {Skœrdarna) ,  poème  en  neuf  chants.     Th.  Caht. 

OXFORD.  Ville.  —  Ville  d'Angleterre,  ch.-l.  du  comté 
de  ce  nom,  sur  la  Tamise  (Thames),  au  confluent  du 
Cherwell  ;  45.742  hab.  (en  1891).  C'est  une  des  plus 
vieilles  villes  anglaises,  qui  doit  toute  son  importance  et 
sa  célébrité  à  son  université.  Le  château  de  Guillaume  le 
Conquérant  est  presîjue  entièrement  disparu,  mais  l'en- 
ceinte du  XI®  siècle  subsiste  en  grande  partie.  L'aspect 
caractéristique  de  la  ville  est  dû  aux  bâtiments  des  col- 
lèges et  aux  prairies  et  plantations  qui  les  entourent. 

Comté.  —Comté  intérieur  d'Angleterre;  1.957  kil.  q.  ; 
185.669  hab.  Il  est  compris  entre  ceux  de  Buckingham 
à  l'E.,  Berks  au  S.,  Gloucester  à  l'O.,  Warwick  au 
N».-0.  et  Northampton  au  N.-E.  C'est  un  pays  ondulé,  au 
N.  duquel  les  Edge-hills  atteignent  377  m.,  au  S.  sont 
les  Chiltern-hills.  Les  champs  occupaient,  en  1890,  51  ^/o 
de  la  superficie,  les  près  37  1/2,  les  bois  5  ^/o.  On  y  re- 
censait 17.700  chevaux,  56.400  banifs,  266.600  mou- 
tons, 44.100  porcs.  On  fabriquait  des  lainages  et  de  la 
métallurgie.  A. -M.  B. 

Université  d'Oxford.  --  Le  passage  des  Annales 
d'Asser,  évoque  de  Saint-David,  qui  attribue  la  fondation 
de  rUniversité  d'Oxford  au  roi  Alfi'ed,  y  a  été  frauduleu- 
sement inséré  au  xvii®  siècle.  Il  ])araît  certain  que  Robert 
Pullen,  auteur  de  sentences  analogues  à  celles  de  Pierre 
le  Lombard,  enseigna  en  1133  aux  écoles  d'Oxford  ;  mais 


le  séjour  du  juriste  italien  Vacarius  en  1149  est  douteux. 
On  ne  sait  rien  sur  ces  écoles  de  la  première  moitié  du 
XII®  siècle,  si  ce  n'est  qu'elles  ne  dépendaient  point,  sem- 
ble-t-il,  des  monastères  locaux  (Oseney,  Saint-Frideswyde). 
Comme  les  universités  de  Padoue,  de  Vicence  et  de  Leipzig, 
celle  d'Oxford  semble  être  née  d'une  immigration  subite 
d'étudiants  et  de  maîtres,  venus  d'une  université  plus 
ancienne.  Les  étudiants  et  les  maîtres  qui  ont  donné  aux 
écoles  d'Oxford,  auparavant  très  modestes,  une  grande 
prospérité,  sont  probablement  venus  de  Paris,  lors  de 
l'exode  de  1167.  Vers  1185,  Giraud  le  Cambrien  lut  sa 
Topographia  hibernica  devant  les  maîtres  et  les  écoliers 
d'Oxford.  La  première  charte  de  l'Université  nouvelle,  ré- 
digée par  le  légat  du  pape,  est  de  1214.  Le  premier 
«  statut  »  universitaire  d'Oxford  qui  ait  été  conservé  est 
de  1252.  La  première  bulle  pontificale  de  privilèges  pour 
les  maîtres  et  les  écoliers  d'Oxford  est  d'Innocent  IV  (1254). 
Le  chef  de  la  corporation  fut,  de  bonne  heure,  un  «  chan- 
celier »,  élu  par  les  membres  de  l'Université  et  beaucoup 
plus  indépendant  de  l'autorité  épiscopale  que  les  fonc- 
tionnaires qui,  dans  les  universités  continentales,  ont  porté 
le  même  titre.  La  constitution  primitive  de  l'Université 
d'Oxford  dérive,  d'ailleurs,  de  celle  de  l'Université  de  Paris, 
telle  ([u'eilc  était  après  l'établissement  des  «  nations  », 
mais  avant  l'organisation  définitive  du  «  rectorat  »  et  des 
«  facultés  ».  A  Oxford  comme  à  Paris  —  mais  cin(iuante 
ans  plus  tard  —  l'invasion  de  la  cité  universitaire  par 
les  ordres  mendiants  causa  des  troubles  (1303-20),  et, 
à  cette  occasion,  la  constitution  se  précisa.  Au 
xiv^  siècle,  deux  traits  de  cette  constitution  sont  très  no- 
tables :  1^  les  empiétemenls  successifs  des  autorités  de 
l'Université  sur  les  attributions  naturelles  (de  police,  etc.) 
des  autorités  municipales;  de  nombreux  conflits  sanglants 
entre  les  bourgeois  et  les  clercs  procurèrent  à  ceux-ci 
des  privilèges,  exorbitants,  dont  quelques  débris  ont  sub- 
sisté jusqu'à  nos  jours  ;  2°  l'affranchissement  presque 
complet  de  l'Université  à  l'égard  de  l'autorité  diocésaine 
(de  l'évéque  de  Lincoln)  ;  le  mouvement  hétérodoxe  de 
Wicleff  fut  singuhèrement  favorisé  par  cette  exemption 
du  contrôle  de  la  haute  Eglise  sur  la  turbulente  république 
cléricale  d'Oxford  ;  mais  il  fut  si  violent  qu'il  entraîna, 
au  XV ^  siècle,  une  réaction  en  sens  contraire  ;  depuis  le 
XV®  siècle,  le  chancelier,  naguère  représentant  de  l'auto- 
nomie universitaii'c,  a  été  un  grand  personnage,  non  rési- 
dent, protecteur  de  F  Université  auprès  des  princes  tem- 
porels et  ecclésiastiques,  instrument  de  ces  princes  pour 
assurer  la  docilité  de  la  corporation.  —  A  Oxford  comme 
ailleurs,  des  collèges  ont  été  étabhs  au  moyen  âge  pour 
améliorer  la  discipline  et  venir  en  aide  aux  étudiants 
pauvres,  savoir  :  Balliol  (1261-66),  Merton  1(1263-64), 
Unive«si(y  Collège  (vers  1280),  Exeter  (1314-16).  Oriel 
(1324),  Ùueen's  (1341),  New  (1379),  Lincoln  (1429), 
AU  Soûls  (1438),  Magdalen  (1448).  De  la  Renaissance 
datent  Brasenose  (1509),  Corpus  Christi  (1516),  Christ 
Church  (fondation  du  cardinal  Wolsey),  Trinity  (1554), 
Saint-John's  (1555),  Jésus  (1571).  Les  plus  récents  des 
collèges  d'Oxford,  qui,  comme  les  précédents,  existent 
encore,  sont  :  Wadham  (1612),  Pembroke  (1624),  Wor- 
cester  (l'ancien  Gloucester  Hall,  1714),  Keble  (1870), 
Hertford  (Fancien  Hert  Hall  et  Magdalen  Hall,  1874). 
Citons  enfin,  parmi  les  «  halls  »  qui  n'ont  jamais  été 
élevés  à  la  dignité  de  «  collèges  »,  Saint-Mary  Hall  et 
Saint-Edmund  Hall,  qui  remontent  au  xiv®  siècle. 

Les  anciens  «  statuts  »  de  l'Université  d'Oxford  ont  été 
compilés  au  temps  du  cancellariat  de  l'ai^chevêque  Laud 
(1630-34),  sous  le  titre  de  Corpus  Siatutorum  Univer- 
silalis  Od'oniensis;  c'est  la  base  du  Statute  Book,  qui 
est  annuellement  réédité  par  l'imprimerie  de  l'Université 
((^larendon  Press).  Mais  la  constitution  universitaire  a  été 
profondément  modifiée,  en  1854,  par  un  acte  du  Parle- 
ment (17  et  18  Victoria,  c.  81).  La  réforme  de  1854  a 
laissé  subsister  les  anciennes  assemblées,  dites  Congréga- 
tion (où  siégeaient  seulement  les  «  régents  »  en  exercice) 


et  Convocation  («  régents  »  et  «  non  régents  »,  gradués 
résidents  ou  non)  ;  mais  elle  a  transféré  la  plus  grande  partie 
de  l'autorité  à  deux  corps  nouveaux  :  i«  la  Congrégation 
of  the  Uniuersity  of  Oxford,  composée  des  membres  de 
l'Université,  résidents  depuis  un  certain  temps;  *2°  Yîieb- 
domadal  Council  auquel  appartient  l'initiative  en  ma- 
tière législative  ;  il  se  compose  du  chancelier,  du  vice- 
chancelier,  des  2  «  proctors  »  et  de  18  membres  (dont 
6  chefs  de  collèges  ou  de  halls,  et  6  professeurs  élus  en 
Congrégation).  Les  projets  de  «  statuts  »  nouveaux, 
préparés  par  VHebdomadal  Council,  sont  soumis  à  la 
Congrégation  nouvelle,  puis  à  la  Convocation.  C'est  la 
Convocation  qui  confère  les  degrés  honorifiques,  élit  les 
titulaires  des  offices  de  l'Université  et  ses  représentants 
au  Parlement,  et  sanctionne  tous  les  actes  dénature  à  être 
scellés  du  sceau  de  l'Université,  mais  elle  n'a  pas  le  droit 
d'amendement;  son  pouvoir  se  borne  à  accepter  ou  à  re- 
jeter les  propositions  qui  lui  sont  faites.  —  Il  sera  ques- 
tion des  autres  réformes  qui  ont  transformé  l'esprit  de 
l'enseignement,  non  seulement  à  Oxford,  mais  dans  toutes 
les  universités  anglaises,  à  l'art.  Univershé. 

L'histoire  de  l'Université  d'Oxford  au  moyen  âge,  illus- 
trée par  Edmond  Ricfi,  Robert  Grosse-Teste,  Roger  Bacon, 
et  par  la  postérité  intellectuelle  de  JD  lins  5.co^  et  d'Occain 
(V.  ces  noms),  a  été  écrite  avec  soin  par  M.  Hasiings 
Rashdall  {Tfie  Universities  of  J^urope  in  tlie  midcÙe 
âges;  Oxford,  1895,  in-8,  II),  qui  en  a  donné  la 
bibliographie  complète  :  livres  et  documents.  La  médiocre 
History  of  the  University  of  Oxford  (Londres,  1886, 
in-8)  de  H.  C.  Maxwell  Lyte  va  jusqu'à  l'année  1530. 
Pour  la  période  moderne  et  contemporaine,  il  faut  re- 
courir aux  publications  suivantes,  qui  ont  un  caractère 
officiel  :  The  historical  register  of  the  University  of 
Oxford  (Oxford,  1888,  in-12)  ;  Oxford  honours,  i!220- 
1894,  being  an  alphabetiral  register  of  distinctions 
co]ifered  by  the  University  of  Oxford  from  the  earlies 
times  (Oxford,  1894,  in-12)  ;  Oxford  Univosity  Ca- 
lendar  (chaque  année). 

Les  principaux  établissements  annexés  à  l'Université 
d'Oxford  sont  :  1°  la  Bibliothè((ue  bodléienne  (V.  Bou- 
LEY,  t.  vu,  p.  25)  ;  ^'^  la  Clarendon  Press  ;  c'est  en 
janv.  1586  que  des  délégués  pro  impressione  librorum 
furent,  pour  la  première  fois,  appointés  en  Convocation  ; 
3"  le  «  Théâtre  »,  construit  par  Gilbert  Sheldon,  arche- 
vêque de  Cantorbéry  et  chancelier  de  l'Université  (1664- 
69),  pour  servir  aux  réunions  solennelles  ;  ¥  ÏAshmolean 
Muséum,  bâti  de  1679  à  1683  pour  recevoir  les  collec- 
tions léguées  par  sir  Elias  Ashmole  ;  5^  la  Radcliffe  Li- 
brary  et  le  liadcliffe  Observatory ;  6°  la  Taylor  Insti- 
tution (fondation  d'un  célèbre  architecte  du  xviii®  siècle 
pour  l'enseignement  des  langues  et  des  httératures  mo- 
dernes); 7^^  les  University  Galleries,  ouvertes  en  18i5  ; 
8°  V  University  Muséum  (1855-60)  pour  les  sciences 
jiaturelles;  9°  l'Observatoire  de  l'Université  (1873); 
10«  Vïndian  Institute  (1882-84).     Ch.-V.  Langlois. 

OXFORD  (Robert  Harley,  comte  d')  (1661-1724). 
(V.  Harley). 

OXFORD  (Edward  Harley,  comte  d')  (1689-1741). 
(Y.  Harley). 

OXFORDIEN.  Nom  employé  par  les  géologues  dans  di- 
verses acceptions  et  proposé  en  1829  par  Brongniart  (d'Ox- 
ford, ville  anglaise),pour  désigner  un  ensemble  de  couches 
jurassiques  que  l'on  répartit  aujourd'hui  dans  les  étages 
callovien,  oxfojxlien  s.  str.  et  rauracien.  Le  séquanien 
ne  peut  être  séparé  de  cet  ensemble,  qui  constitue  un 
groupe  assez  homogène  par  ses  caractères  paléontologiques. 
En  ce  qui  concerne  les  Ammonites,  c'est  le  règne  des  Car- 
dioceras,  des  PacJiyceras,  des  Neumayria,  des  Ocheto- 
ceras,  etc.  Au  point  de  vue  strati graphique,  il  importe  de 
constater  l'existence  d'une  grande  trangression  cailovienne, 
qui  a  pour  effet  l'invasion  par  la  mer  d'une  partie  des 
masses  continentales,  telles  que  le  continent  nord-atlan- 
Jque,  le  continent  indo-malgache,  tandis  que,  par  com- 


739  —  -  ÛXFOREI  —  OXFORDIEN 

pensation,  la  mer  est  partiellement  refoulée  hors  des  géo- 
synclinaux, vraisemblablement  par  suite  de  plissements 
peu  considérables,  préludant  aux  mouvements  alpins. 
L'oxfordien  s.  str.,  par  contre,  est  transgressif  sur  le  bord 
des  géosynclinaux,  et  cette  transgression  semble  compensée 
par  une  légère  régression  sur  les  masses  continentales, 
comme  par  exemple  dans  la  Russie  centrale.  Dans  le  bassin 
de  Paris,  la  mer  perd  en  profondeur  ce  qu'elle  gagne  en 
étendue  ;  c'est  dans  la  série  qui  va  de  l'oxfordien  au  séqua- 
nien que  sont  localisées,  dans  cette  région,  les  formations 
coralligènes,  considérées  autrefois  à  tort  comme  apparte- 
nant à  un  étage  unique,  désigné  sous  le  nom  de  corallien. 

Nous  allons  passer  successivement  en  revue  les  étages 
que  l'on  a  réunis  en  un  groupe  oxfordien  sensu  lato,  en 
insistant  surtout  sur  leurs  caractères  en  Europe,  renvoyant, 
pour  ce  qui  concerne  leur  répartition  à  la  surface  du  globe' 
à  l'art.  Jurassique. 

Callovien.  ~  Cet  étage,  qui  tire  son  nom  de  la  loca- 
lité de  Kelloway,  en  Angleterre,  a  été  divisé  en  trois  zones 
paléontologiques.  Dans  la  zone  inférieure,  les  genres  Ma- 
crocephatites,  Cadoceras,  Cardioceras,  Kepplerites,  Pro- 
planulites  font  brusquement  leur  apparition,  Hectico- 
ceras  y  est  représenté  par  plusieurs  espèces,  lieineckeia 
est  encore  rare  ;  c'est  la  zone  à  Macrocephalites  macro- 
ceplialus.  Dans  la  zone  moyenne,  lleinec/ceia  atteint  le 
maximum  de  son  développement,  Macrocephalites  est 
encore  représenté,  tandis  que  Cardioceras  a  disparu  mo- 
mentanément ;  c'est  la  zone  à  Cosmoceras  Jason  et  Ste- 
plianoceras  coronatum.  Dans  la  zone  supérieure,  le  genre 
Cardioceras  repar ait,  les  genres  Peltoceras,  Aspidoceras, 
Creniceras  se  rencontrent  pour  la  première  fois  ;  c'est  la 
zone  à  Peltoceras  athteta  et  Cardioceras  Lamberti,  qui 
est  si  intimement  rehée  à  la  zone  inférieure  de  l'oxfordien 
qu'on  les  a  quelquefois  réunies  toutes  deux  en  un  étage 
divésien.  Ces  apparitions  hrusques  de  types  d'Ammonites, 
en  partie  cryptogènes,  sont  vraisemblablement  en  relation 
avec  la  transgressivité  des  mers  calloviennes  ;  elles  se  pro- 
duisent aussi  bien  dans  les  régions  septentrionales  que 
dans  la  province  méditerranéenne,  où  les  Phylloceras 
sont  indigènes. 

Dans  le  bassin  anglo-parisien,  le  callovien  est  repré- 
senté, soit  par  des  grès  (Kelloway-rock),  soit  par  des 
oolithes  ferrugineuses,  soit  par  des  argiles,  plus  rarement 
par  des  calcaires.  Il  passe  insensiblement  au  bathonien, 
tandis  qu'il  est  sou\cnt  nettement  séparé  de  l'oxfordien 
proprement  dit,  par  suite  de  l'absence  de  son  terme  su- 
périeur due  à  un  recul  de  la  mer  sur  le  bord  méridional 
du  bassin.  Dans  le  Jura  et  dans  l'Allemagne  méridionale 
le  callovien  inférieur  comprend  d'ordinaire  des  oolithes 
ferrugineuses,  tandis  que  la  partie  moyenne  et  supérieure 
est  constituée  par  de^  argiles  à  Ammonites  pyriteuses. 
Dans  l'E.  de  l'Europe,  c'est  par  le  callovien  que  débute 
presque  partout  la  série  jurassique,  mais  la  transgression 
s'opère  graduellement  ;  ainsi,  dans  le  centre  de  la  Russie, 
notamment  aux  environs  de  Moscou,  le  callovien  moyen 
repose  immédiatement  sur  le  calcaire  carbonifère. 

Dans  le  bassin  du  Rhône,  le  callovien  est  à  l'état  de 
marnes  schisteuses  souvent  très  puissantes,  quelquefois 
fossilifères,,  dans  lesquelles  on  rencontre  à  la  fois  des 
Phylloceras  méditerranéens  et  des  Cardioceras  du  Nord. 
L'étage  tout  entier,  ou  tout  au  moins  sa  partie  supérieure, 
manque  en  beaucoup  de  points  de  la  région  méditerra- 
néenne. Ailleurs,  il  est  représenté  par  des'^calcaires  blancs 
ou  roses  à  Bracbiopodes.  Les  trois  zones  du  callovien 
sont  connues,  avec  les  mêmes  caractères  paléontologiques 
que  dans  les  régions  classiques  de  l'Europe  occidentale, 
dans  le  Caucase,  dans  l'Inde,  dans  la  Cordillère  des 
Andes,  etc. 

Oxfordien  s.  str.— L'oxfordien,  tel  qu'il  est  actuellement 
compris  par  la  plupart  des  auteurs,  peut  être  divisé  en  trois 
zones.  Ceux  qui  réunissent  le  terme  inférieur,  la  zone  à 
Cardioceras  cordatum  et  Aspidoceras  biarmatum  à  la 
zone  à  Cardioceras  Lamberti  sous  le  nom  de  divésien, 


OXFORDIEN  —  OXYBENZOÏUUE 


—  740 


réservent  le  nom  d'oxfordien  aux  deux  termes  supérieurs 
—  zone  à  Peltoceras  transversarium  et  zone  à  Peri- 
sphincfes  Martelli  —  ou  les  réunissent  sous  le  nom  à'ar- 
(jovien. 

La  zone  inférieure  (Ochetoceras  Henrici,  Peltoceras 
arcluennense,  P.  Constanti,  P.  Eiigeini)  fait  partout 
défaut  sur  le  bord  septentrional  du  Massif  central,  elle 
manque  aussi  en  beaucoup  de  points  du  Jura  et  des  Alpes 
suisses,  ainsi  que  dans  l'Aragon  ;  ailleurs,  comme  à  Villers- 
sur-Mer,  à  Neuvizy  (Ardennes),  en  Souabe,  en  Argovie, 
elle  est  représentée  par  des  calcaires  à  oolithes  ferrugi- 
neuses ou  par  un  minerai  de  fer. 

La  zone  moyenne  (Pe)'isphinctes  plicalilis,  Ocheto- 
ceras aroliciim,  canaliculatum,  Aspidoceras  OEyir, 
Cardioceras  alternans,  tenuiserratum)  est  constituée 
sur  de  vastes  surfaces  par  un  calcaire  grumeleux  à  Cépha- 
lopodes et  à  Spongiaires,  connu  surtout  par  les  gisements 
très  fossilifères  de  Birmensdorf,  en  Argovie  ;  de  Trept, 
dans  r Isère  ;  de  Chabrières,  dans  les  Basses-Alpes  ;  de 
Cazalet,  dans  le  Gard,  etc.  Ce  niveau  est  transgressif  dans 
un  grand  nombre  de  points  ;  outre  les  régions  citées  pour 
l'absence  de  l'oxfordien  inférieur,  on  peut  mentionner  les 
environs  de  la  Voulte,  dans  l'Ardèche,  le  S.  des  Basses- 
Alpes,  le  S,  des  Alpes-Maritimes.  Au  Zaghouan,  en  Tu- 
nisie, où,  comme  en  général  dans  l'Atlas,  l'oxfordien  cot 
à  l'état  de  calcaires  ronges  nodulenx,  il  repose  directement 
sur  le  lias. 

La  zone  supérieure  ((jr/id/ort^/v/.s  canaliculatuni,  Zeil- 
leria  unpressa)  est  presque  toujours  représentée  par  des 
calcaires  marneux  ou  par  des  nuu'ues.  coiumes  dans  le  Jura 
îiOus  le  nom  de  couches  d'Ltiingen.  \  côté  des  faciès  à  Cé- 
phalopodes et  à  Spongiaires,  on  reiicontre  quelquefois 
dans  l'argovien  des  faciès  coralUgènes,  vérital)les  calcaires 
construits  ou  subcoralligènes,  comme  par  exemple  l'oolithe 
de  Trouville  (Cidaris  fiorige))una,  Ueniicidaris  crenu- 
laris),  ([ui  appartient  à  la  zone  supérieuri'.  le  «  corallien  » 
des  Ai'dennes,  qui  correspond  à  la  zone  inférieure  (Munier- 
Chalmas),  puisqu'il  est  surjnonté  ])ar  les  couches  à 
Perisphinctes  Martelli,  le  «  corallieji  »  du  Jura  seplen- 
trionai,  qui  peut  comprendre  tout  l'argovien  (Rollier). 
Dans  la  région  méditerranéenne,  on  retrouve  dans  l'oxfor- 
dien les  mêmes  fossiles  que  dans  le  bassin  de  Paris  et 
dans  le  Jura,  associés  à  des  Phi/lloceras,  tels  que  PJiijll. 
Manfredi  et  Phyll.  torlisulcatuni.  ({ui  sont  rares  dans 
le  Nord. 

Raukacien  et  Séquamen.  —  Ces  deux  étages  sont  inti- 
mement reliés  par  leur  faune  et  n'ont  jamais  été  bien  dé- 
limités l'un  de  l'autre.  Ils  ont  été  créées  pour  les  faciès 
néritiques  correspondant  aux  deux  zones  à  Peltoceras  hi- 
iiiannnatum  (Perisphinctes  cirgulatiis,  Achilles,  Oche- 
toceras Manuitianuni}  et  à  Oppelia  tenuilobata  {Pe- 
risphinctes polyplocus,  Lolhari,  Oppelia  Weinlandi. 
Neuniagria  couipsa,  Suineria  Galar.  Aspidoceras  iphi- 
cei'um),  dutyt)ebathyal.  Ces  deux  zones  ont  été  distinguées 
par  Oppel  en  Souabe  et  en  Franconie;  on  les  retrouve  sur 
le  versant  suisse  du  Jura,  en  quelques  points  du  bassin 
de  Paris  et  dans  tout  le  bassin  du  Rhône.  Dans  l'Alle- 
umgne  méridionale  et  dans  le  Jura,  on  ol)serve  souvent  des 
intercalations  de  faciès  à  Spongiaires  et  à  Brachiopodes. 
C'est  soit  à  l'un,  soit  à  l'autre  de  ces  deux  horizons  que 
correspondent  les  formations  coralligènes  de  l'I-'st  (Saint- 
Mihiel.  Doulaincourt)  et  du  Sud  (Tonnerre,  Chàtel-Censoir), 
du  bassin  de  Paris  et  celles  du  Jura  central. 

(^est  dans  le  rauracien  qu'il  convient  de  ranger  les  sables 
de  Clos,  près  Lisieux,  à  Trigonia  Bro)i)}i,  célèbres  par 
l'admirable  conservation  de  leurs  Lamellibranches  et  de 
leurs  Gastropodes.  Quant  au  séquanien,  il  est  représenté 
en  Normandie  par  les  argiles  de  VilleiTille  et  d'Honfleur 
à  Ostrea  subdeltoidea,  ([ui  renferment  une  faune  de  mc-rs 
froides  (Cardioceras,  Nncules,  etc.). 

Les  zones  à  Céphalopodes  de  l'oxfordien  sensu  lato  sont 
bien  développées  en  Bohème,  en  Moravie,  en  Pologne,  en 
Lithuanie,  et  leurs  caractères  Hthoiogiques  et  paléontolo- 


giques  restent  souvent  remarquablement  constants  sur  de 
grandes  étendues.  On  constate  une  non  moins  grande 
constance  des  horizons  oxfordiens  vers  le  S.-O.  de  l'Eu- 
rope: dans  le  bassin  de  l'Aquitaine  (Glangeaud)  ;  en  Es- 
pagne, en  particulier  dans  le  S.  de  l'Aragon,  où,  d'après 
les  travaux  de  M.  Dereims,  l'identité  avec  la  Souabe  est 
quelquefois  parfaite  ;  enfin,  dans  le  Portugal,  où  M.  Chof- 
fat  a  retrouvé  les  faunes  à  Céphalopodes  de  l'argovien, 
du  rauracien  et  du  séquanien  dans  un  ensemble  de  couches 
pour  lesquelles  il  a  proposé  le  nom  d'étage  lusitanien. 

Des  couches  séquaniennes  existent  sous  la  forme  de  cal- 
caires rouges  ou  gris  à  Ammonites  dans  les  Alpes  méri- 
dionales, dans  l'Apennin,  en  Sicile,  dans  les  Baléares  et 
en  Andalousie.  Dans  toutes  ces  régions  la  faune  renferme 
des  Phijlloceras,  des  Lytoceras  et  des  Sinwceras,  associés 
à  des  espèces  que  l'on  retrouve  dans  les  couches  de  même 
âge  de  l'Europe  centrale.  Emile  Hâug. 

OX  H  Y  DR  ILE  (Chim.)  (V.  Hvdroxyle). 

OXINDOL  (Chim.)  (V.  îxdol). 

OXUS  (V.  Amou-daria). 

OXYACÉTIQUE  (Acide)  (Chim.)  (V.  (Ilycoliole). 

oxrACHANTiNE.Fo™.j£i;::::  SES; 

L  oxyachantine  accompagne  la  berbérine  dans  la  racine 
d'épine-vinette  où  sa  présence  a  été  signalée  par  Polex. 
Son  étude  a  été  faite  surtout  par  Wacker.  On  la  prépare 
en  précipitant  les  eaux  mères  de  la  préparation  de  la  ber- 
bérine avec  le  carbonate  de  soude.  Le  précipité  lavé  à  Teau 
froide,  dissous  dans  l'acide  sulfurique  dilué,  décoloré  par 
le  noir  animal,  redonne  de  l'oxyacanthine  par  une  nouvelle 
précipitation  au  carbonate  de  soude.  L'ammoniaque  préci- 
pite la  j)ase  de  ses  solu1i(ms  salines  en  tlocons  contenant 
de  l'eau,  qui  fondent  de  138  à  loO^.  L'ah'ool,  l'éther  donnent 
des  aiguilles  anhydres  fondant  à  21 0«.  La  solution  aqueuse 
de  son  chlorure  est  colorée  en  vert  par  le  perchlorure  de 
fer.  Les  sels  sont  ci'istaîiisés,  et  leurs  solutions  sont  amères, 
le  chlorhydrate  et  l'azotate  contienneiit  deux  molécules  d'eau. 
L'oxyachantine  bouilli  avec  une  solution  alcaline  étendue 
se  transfoi'me  en  une  nouvelle  modification  [B,  douée  de 
propriétés  physiques  et  chimiques  différentes,  mais  une 
simple  dessiccation  ii  l'air  suiiit  pour  la  ramener  à  sa  forme 
primitive.  C.  Majkixon. 

BiiJL.  :  PoLL]:x,  Arcli  Ocir  PIuu'dl.  t.  YI,  ]>  2(35  —  Wac- 
k]'.r.  Jiilu'csbcnrlUc.  18G1.  \).  515.  —  IIks'^k,  BerlcJtU\ 
t.  XIX,  [).  311)0. 

OXYAMIVIGNIAQUE  (Chim.)  (V.  Hyduoxylamlve). 
OXYBAPHE  (V.  Vase). 
OXYBENZAIVIIQUE  (Acide). 

l.Vm     S  ^^ C^4H(AzlP)(0^). 

^^^'^^'    (  Atom _ _C6H^(AzH'2)(C02H). 

Les  acides  oxybenzamiques  ou  amidobenzoïques  corres- 
pondent aux  acides  oxybenzoïques,  il  en  existe  trois  : 

L'acide  orthoamidol)enzoique,  ]Aus  connu  sous  le  nom 
d'acide  aniidobenzoïqiie,  fond  vers  174^.  On  le  trans- 
forme facilement  en  acide  salicylique  par  l'action  de  l'acide 
nitreux  : 

C^^H^(Azil'^)(0^)  +  AzO^H 
--  C^4H^(H^)(0*)  +  \\W+±\z. 

Sa  distillation  sèche  donne  de  l'aniline  : 

Ci4H'(Az04)  —  Ci^H'Az  -f-  C^O^. 

L'acide  inélaamidobenw'ique  ou  acide anthranilique 
est  un  produit  de  destruction  de  l'indigo  sous  l'influence 
de  la  potasse  foiulante.  L'acide  nitreux  le  transforme  en 
acide  nu'^taoxybenzoïque.  11  fond  à  141-145*'. 

A  V acide  paracunidobenzoïque  ou  amidodracj/liqne 
correspond  un  dérivé  dinitré,  l'acide  chrvsanisique  : 

C'mH\yAL')i\z{V'f(0')l  C.  M. 

OXYBENZOÏQUE  (Acide). 

(    Equiv (Ji4H4(H~^02)(Q4), 

^^*"'-  I  Atom C*^H^(0H)(C102H). 

Les  acides  oxybenzoïques  j)résentent  à  la  fois  la  fonc- 
tion ])héiiol  et  la  fonction  acide,  ce  sont  des  dérivés  disubs- 


titués  de  la  benzine  ;  on  en  connaît  trois  :  l'acide  ortlio- 
oxybenzoique  ou  salicylique,  l'acide  meta  et  l'acide  para. 

Ils  prennent  naissance  : 

1^  Par  l'oxydation  des  alcools-phénols  correspondants 
(Piria)  : 
(;i4H4(H202)(H202)  4-  0<  =  Ci^H4(H202)(0^)  +  H^O^  ; 


741  —  OXYBENZOIQUE  —  OXYBENZYLIQUES 

Fonniit  une  coloration  violette.  Comme  avec  l'acide  pré- 
cédent, les  alcalis  accusent  une  fonction  acide  corres- 
pondant à  12^"\7  et  une  fonction  phénolique  caracté- 


Alcool  salig-énique 


Acide  salicylique 


^2*^  Par  oxydation  des  aldéhydes  phénols  : 

(H4H4(H202^)(02)  +  0^  =  C^<H4(H^)0«  ; 

AUléliyde  salicyli(|uc  Acide  salicylii^uc 

3^  Par  la  fixation  des  éléments  du  gaz  carbonique  sur 
les  phénols  avec  intermédiaire  de  phénols  iodés 

PIiPiioI  Acide 

oxybonzoïque 

4^  Par  l'oxydation  de  l'acide  benzoïque,  oxydation  effec- 
tuée notamment  par  l'action  des  alcalis  hydratés  sur  les 
dérivés  chlorés  des  acides  monobasiques  : 

Ci4HS(04)  _4_  02  =  C^4H606. 

Acide  benzoïque  Acide 

oxybeazoï({ue 

Acide  orthooxy benzoïque  (V.  Salicylique  [Acide]). 

Acide  îïiétaoxy benzoïque.  C'est  le  moins  intéressant 
des  trois  ;  on  l'appelle  acide  oxybenzoïque  proprement  dit. 
Il  a  été  découvert  par  Gerland. 

On  le  prépare  en  traitant  par  la  potasse  en  fusion  à 
300°  le  dérivé  sulfonique  en  meta  de  l'acide  benzoïque  : 

C^4H«(SW)(0^)  +  K202  ^C^4H4(H202)(0^)  -j-  SSO^K. 

Cet  acide  cristaUise  en  tables  rectangulaires  anhydres, 
fusibles  à  200°,  peu  solubles  dans  l'eau  froide.  Sous  l'in- 
fluence de  la  chaleur,  il  est  plus  stable  que  ses  isomères 
et  il  ne  peut  être  dédoublé  en  phénol  et  en  acide  carbo- 
nique que  par  une  distillation  opérée  en  présence  de  la  chaux. 
Le  perchlorure  de  fer  est  sans  action  sur  la  solution  de 
cet  acide.  L'action  des  alcalis  dilués  sur  la  solution  d'acide 
métaoxybenzoïque  met  bien  en  évidence  l'existence  de 
deux  fonctions  acide  et  phénol  :  le  premier  équivalent  de 
base  dégage  13  calories,  c.-à-d.  autant  qu'un  acide  mo- 
nobasique ordinaire,  le  deuxième  8^^\8,  nombre  qui  est 
caractéristique  de  la  fonction  phénol. 

Acide  paraoxy benzoïque.  Il  a  été  découvert  par  Sayt- 
zeff.  En  dehors  des  modes  de  formation  généraux  indiqués 
précédemment,  cet  acide  prend  naissance  dans  l'action  de 
la  potasse  fondante  sur  un  gi^and  nombre  de  produits  na- 
turels, tels  que  le  sang-dragon,  le  benjoin,  l'aloès,  le  car- 
thame,  la  tyrosine,  etc.  On  prépare  cet  acide  en  utihsant 
la  transformation  isomérique  que  la  chaleur  fait  subir  au 
salicylate  de  potasse;  ce  dernier,  chauffé  à  2"20°,  se  trans- 
forme en  paraoxybenzoate  de  potasse.  Ce  sel  est  décom- 
posé par  l'acide  sulfurique  et  l'éther.  S'il  restait  de  l'acide 
sahcylique  non  transformé,  on  l'en  séparerait  plus  faci- 
lement en  traitant  le  mélange  par  le  chloroforme  dans 
lequel  seul  l'acide  salicyhque  est  soluble.  L'acide  paraoxy- 
benzoique  pourrait  être  préparé  également  en  partant  de 
l'acide  anisique  qui  est  son  éther  méthylique  mixte  : 

Ci4H4(CWD2)04. 

On  saponifie  1  partie  d'acide  anisique  par  4  parties 
d'hydrate  de  potasse  dans  le  moins  d'eau  possible,  puis 
on  chauffe  dans  une  capsule  d'argent  jusqu'à  ce  que  la 
masse  cesse  de  boursoufler.  On  termine  l'opération  comme 
précédemment.  Cet  acide  cristallise  avec  une  molécule 
d'eau  en  prismes  rhomboïdaux  obliques.  L'éther,  l'alcool 
le  disolvent  facilement  ;  l'eau  le  dissout  aussi  en  quantité 
notable.  Quand  il  a  été  desséché,  il  fond  à  '^00'',  puis 
se  décompose  un  peu  au-dessus  en  anhydride  carbonique 
et  phénol.  Le  perchlorure  de  fer  donne  un  précipité 
jaune  avec  sa  solution  ;  ce  réactif  permet  de  distinguer 
aussi  les  trois  isomères,   car,  avec  l'acide  salicylique,  ii 


risée  par  8^^^\7. 

BiBL.  :  Barth.  Liebiy's  Aim.,  t.  CXLVIIL  p.  30:  t. 
p.  230.  —  S.VYTzr^FF,  iiKMiie  recueil,  t.  CXXVII,  i).  129, 
OXYBENZURAMIQUE  (Acide). 

Form     \^^^ ^?l't^l'9!- 


C.  Matignon. 
eux, 


Atom €8H8Az2#-^ 

L'acide  oxybenzuramique  ou  uramidobenzoïque  est  une 
urée  substituée  qui  contient  le  radical  benzoïque  : 
C^O^Az^H* 

Il  se  forme  par  l'action  du  cyanate  de  potassium  sur  le 
sulfate  d'acide  amidobenzoïque,  comme  l'urée  prend  nais- 
sance par  l'action  du  cyanate  de  potassiuni  sur  le  sulfate 
d'ammonium.  Il  cristallise  en  petits  prismes  renfermant 
une  molécule  d'eau;  il  est  peu  soluble  dans  l'eau  et  l'alcool. 
Les  sels  et  les  éthers  sont  des  composés  bien  définis.    C.  ^l. 

OXYBENZYLIQUES  (Alcools-phénols). 


Form. 


Equiv C*4H4(H202)(H202). 

Atom ii^E\m){^^^E}. 

Les  composés  oxybenzyliques  sont  des  corps  présentant 
en  même  temps  la  fonction  alcool  et  la  fonction  phénol  : 
r/W(H^)(H202). 

Ce  sont  des  dérivés  disubstitués  de  la  benzine  et,  à  ce 
titre,  il  doit  en  exister  trois.  Tous  les  trois  sont  connus  et 
bien  étudiés. 

Alcool  orthooxy  benzy  H  que.  Vdi\coo\  ou  plutôt  l' alcool- 
phénol  orthooxybenzyHque  a  été  découvert  par  Piria,  qui 
établit  ses  relations  avec  la  série  saUcylique.  U  est  plus 
connu  sous  le  nom  de  saligénine,  La  saligénine  prend 
naissance  : 

l*^  Par  l'action  de  l'amalgame  de  sodium  sur  l'aldéhyde 
salicylique,  (:}^V'(\m^-){0^ ,  aldéhyde  qu'on  obtient  faci- 
lement au  moyen  du  phénol  et  du  chloroforme  : 
C^W(£0^)(02)  -\~  W  ~  ÇMYi\W^{WO^)  ; 

2"^  Les  mêmes  actions  réductrices  transforment  aussi 
l'acide  salicylique  lui-même  en  saligénine  : 
C;i4H4(H^)(0^)  -h  m''  —  C^^H^(H202)(H'202)  H-IP02  ; 

3^  Le  phénol  peut  être  changé  en  saligénine  par  l'ac- 
tion simultanée  du  méthane  dichloré  et  de  la  soude  : 
C^  W02  +  OWa^  +  H^O^  z=:  ('MY{\m^{RW)  -f-  2HC1  ; 

4°  La  saligénine  se  produit  encore  dans  le  dédouble- 
ment de  la  salicine  (V.  ce  mot),  qui  en  est  unglucoside, 
sous  l'influence  de  certains  ferments  solubles,  tels  que 
l'émulsine  des  amandes  ou  la  ptyaline  de  la  salive.  On  pré- 
pare la  sahgénine  cm  utihsant  le  dédoublement  de  la 
salicine  sous  l'influence  de  Vénmlsine  (V.  ce  mot)  : 

50  gr.  de  salicine  sont  mêlés  avec  200  gr.  d'eau  et 
additionnés  d'une  certaine  quantité  de  solution  d'émulsine, 
puis  abandonnés  à  une  température  de  40<^.  Après  une  di- 
gestion de  douze  heures,  on  filtre  et  l'on  sépare,  s'il  y  a 
lieu,  les  cristaux  de  saligénine.  La  liqueur  filtrée  qui  ren- 
ferme le  reste  de  sahgénine  est  traitée  par  l'éther.  La  so- 
lution d'éther  évaporée  abandonne  le  produit.  La  sahgénine 
oristalhse  en  tables  rhomboïdales  d'un  éclat  nacré  ou  en 
petites  aiguifles  brillantes.  Sa  densité  à  2d^  est  1,4613. 
Elle  fond  à  82^  et  recristallise  par  refroidissement.  Elle 
se  dissout  dans  Imparties  d'eau  à  22*^,  mais  elle  est  très 
soluble  dans  l'eau  chaude,  dans  l'alcool  et  dans  l'éther. 
On  peut  la  subhmer  dans  le  vide  à  la  température  ordinaire 
ou  à  la  température  de  100°  sous  la  pression  ordinaire. 

Les  oxydants,  comme  l'acide  azotique  étendu,  l'acide 
chromique,  transforment  cet  alcool-phénol  en  aldéhyde- 
phénol,  puis  en  acide  phénol  correspondant  : 
C^^H^(H«02)(H^02)  +  02  =z  Ci4H2(H202)(02)  -+-  H^O^ 


Saligénine 


Aldéhyde  salicylique 


C14H2(H202)(H202)  H-  0^  +  G4H2(H202)(04)  -f-  H^O^. 
La  fonction  phénolique  de  ce  composé  est  accusée  par 


OXYBBNZYLIQUES  —  OXYDANT  —  742  - 

le  dégagement  de  6^^\2,qui  se  produit  quand  on  mêle  les 
solutions  alcalines  et  phénoliques,  molécule  à  molécule. 
Les  acides  organiques  chauffés  avec  elle  à  lOO*^  s'y  com- 
binent en  formant  des  étlicrs  qui  accusent  la  fonction 
alcoolique.  Les  acides  mJnéraux  étendus  polymérisent  la 
saligénine  et  forment  un  produit  résineux  insoluble  fixe, 
la  salirétine,  de  formule  (C^^H^O^)^. 

Alcool  métaoxybenzylique.  Il  se  forme  quand  on  fait 
agir  des  agents  réducteurs  sur  l'acide  métaoxybenzoïque, 
Qi4j{6Q6^  Inversement,  ilrégénère  cet  acide  quand  on  l'oxyde. 
C'est  un  corps  solide  cristallisé,  fondant  à  67*^,  bouillant 
vers  300^  en  se  décomposant.  L'alcool,  l'éther  et  l'eau 
chaude  le  dissolvent  facilement,  il  est  peu  soluble  dans 
l'eau  froide. 

Alcool  paraoxybenzylique.  Le  troisième  acide-phénol 
qui  se  rattache  théoriquement  et  pratiquement  à  l'acide 
paraoxybenzo'ique,  comme  les  précédents  dérivent  des 
autres  acides  oxybenzoïques,  est  surtout  intéressant  par 
l'un  de  ses  éthers  phénoliques,  l'éther  méthylique,  que  l'on 
appelle  communément  acide  anisique  (V.  ce  mot)  : 
Ci4H4(H202)(H202)  +  C^H^O^ 

—  C14jfJ4(C2H402)(H2Q2)  4.  fl^O^. 

L'alcool-phénol  paraoxybenzylique  fond  à  497^,5;  il  est 
soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther,  insoluble  dans  le  chlo- 
roforme. C.  Matignon, 

OXYBII  ('OÇu6ioi).  Peuple  ligure  du  littoral  de  la  mer 
Méditerranée  ;  son  territoire  s'étendait  à  FO.  des  Deciates, 
au  S.  des^w^l^met  àFE.  des  Camatullici.  AYechs De- 
ciates, les  Oxyhii  étaient  les  seules  nations  ligures  qui  se 
soient  maintenues  indépendantes  de  la  domination  gauloise 
dans  la  région  située  entre  les  Alpes  et  le  Rhône,  mais  aussi 
les  premiers  peuples  que  les  Romains  soumirent  au  delà 
du  Var.  L'an  454  avant  notre  ère,  ils  furent  attaqués  et 
vaincus  sur  les  bords  de  l'Apron  (Loup)  par  le  consul 
Q.  Opimius  qui  était  venu  pour  défendre  contre  eux  les 
villes  d'Antibes  et  de  Nice,  colonies  de  Marseille.  Les 
Oxybii  avaient  comme  ville  principale  jEgitna,  qui  doit 
avoir  été  un  port  dans  les  environs  de  Cannes  ;  de  plus, 
Strabon  parle  d'un  port,  appelé  Oxybii-Ligures,  qu'on 
a  essayé  de  localiser  à  A  gai.  Leur  territoire,  d'abord 
abandonné  aux  Marseillais,  alliés  de  Rome,  fit  plus  tard 
partie  des  Alpes-Maritimes  et  de  la  Provincia  Narbo- 
nensis  secunda.  A. -M.  B. 

OXYBUTYRIQUE  (Acide). 

Form    i^^^^^ CW(H20^)(0'^). 

^^^^'  \  Form C3HS(0H)(C02H). 

Les  acides  oxybutyriques  dérivent  de  l'acide  butyiique 
C^H^(0'*)  par  le  remplacement  de  H^  par  H^O"^  : 
C3H8(0^)  +  02  =  C'^H^(H2O2)(O^0- 

On  connaît  trois  acides  oxybutyriques  :  l'acide  oxybu- 
tyrique  normal,  l'acide  oxybutyrique  a  et  l'acide  oxybuty- 
rique  (3. 

.^M  L'acide  oxybutyrique  normal  ou  acide  y  se  produit  par 
l'hydratation  de  "son  nitrile,  C*^II4(C«AzH)(H-0^),  qui  ré- 
sulte lui-même  de  la  réaction  du  cyanure  de  potassium 
sur  la  monobromhydrine  du  glycol  propylénique  normal 
C«H^(HBr)(H^02)  : 
C6H^(C2AzH)(H202)  +  21120^  z=z  (m\W^O^){0')  +  AzH^. 

C'est  un  liquide  qui,  dès  400^,  se  dédouble  en  eau  et  en 
un  anhydride  C^H^O^.  Le  carbonate  de  potasse  sépare  ce 
dernier  produit  liquide  de  sa  solution  aqueuse. 

L'acide  oxybutyrique  a  prend  naissance  dans  l'action 
des  alcabs  sur  l'acide  butyrique  chloré  a.  Cet  acide  est 
cristallin,  déliquescent,  fusible  à  43*^,  sublimable  à  partir 
de  70«,  il  bout  à  253«. 

L'acide  p  existe  dans  les  urines  diabétiques  (M.  Kulz). 
On  le  prépare  à  partir  de  son  nitrile  qui  est  un  dérivé 
monocyanhydiique  ou  glycol  isopropylénique.  C'est  un  sirop 
épais  qui  distille  avec  l'eau. 

On  a  préparé  un  quatrième  isomère,  un  acide  oxyiso- 
butyrique  qui  se  rattache  à  l'acide  isobutyrique.  On  l'ap- 


pelle aussi  acétonique,  acide  diméthyloxalique.  Stœdeler 

l'a  découvert  en  faisant  agir  l'acide  cblorhydrique  sur  un 

mélange  d'acétone  et  d'acide  cyanhydrique  : 

çp\m)2  _1_  c^AzH  -hHCl  +  211^02 

—  r/H^O^  4-  AzIPCl. 

Il  est  cristallisé,  fusible  à  79^  et  sublimable  dès  50°. 
A  l'acide  butyrique  se  rattache  également  l'acide  trioxy- 
butyrique  ou  acide  érythrique  CSH'^(H'0-)^(0'*)  qui  se  forme 
dans  l'oxydation  de  l'érythrite,  du  glucose  et  de  la  mannite. 
On  connaît  aussi  un  acide  trioxyisobutyrique.     CM. 

OXYCARPOÏQUE  (Acide)  (V.  Diéthoxalique  [Acide]). 

OXYCEPHALUS  (ZooL).  Crustacés  Amphipodes,  type 
d'une  petite  famille  qui  comprend  encore  le  genre  khab- 
dosoma.  Ce  genre  renferme  des  espèces  assez  petites,  au 
corps  grêle,  allongé,  demi-cylindrique,  à  tête  très  longue, 
terminée  en  pointe  aigué;  les  pattes  sont  très  longues, 
très  gi^êles,  sauf  la  septième,  plus  ou  moins  rudimentaire. 
Les  Rhabdosoma  tirent  leur  nom  de  leur  forme  qui  les  a 
fait  comparer  à  une  baguette,  par  suite  de  l'allongement 
du  rostre,  de  l'abdomen  et  des  uropodes.  R.  armatum, 
Atlantique,  Pacifique.  R.  Moniez. 

OXYCHLORURE  de  carbone  (Chim.)(V.  Carbone  [Sul- 
fure de]). 

OXYCHLORURE  de  zinc  (Chim.  ind.)  (Y.  Zinc). 

OXYCRAT  (V.  Vinaigre), 

OXYDANT.  En  métallurgie,  on  utilise  des  agents  oxy- 
dants et  variés,  mais  qui  dérivent  presque  tous,  en  der- 
nière analyse,  des  deux  sources  d'oxygène  les  plus  impor- 
tantes, l'air  et  l'eau.  Les  oxydes  métalliques  et  divers  sels 
employés  ne  sont  que  des  intermédiaires  qui  ont  emprunté 
l'oxygène  à  l'une  des  deux  sources  précédentes,  mais  qui 
rendent  des  services  à  cause  de  leur  état  physique.  Tandis 
que  l'air  et  l'eau  sont  fluides  à  la  température  ordinaire, 
les  oxydes  et  les  sels  sont  presque  toujours  solides  ou  du 
moins  ne  fondent  qu'à  des  températures  élevées,  il  en  ré- 
sulte une  très  grande  différence  d'action  (V.  Oxydation). 

Air  atmosphérique.  L'air  s'emploie,  soit  à  la  pression 
ordinaire,  soit  à  une  pression  plus  élevée.  Si  l'oxydation 
exige  une  température  élevée,  comme  la  température  aug- 
mente avec  la  pression  de  l'air,  on  opérera  avec  une  com- 
pression convenable.  Dans  le  cas  du  grillage  ou  rôtissage 
des  matières  sulfurées,  on  utiHse  l'air  à  la  pression  de 
l'atmosphère.  Au  contraire,  pour  l'affinage  des  métaux  bruts 
peu  fusibles,  comme  c'est  le  cas  pour  le  fer,  où  il  est  né- 
cessaire de  réahser  une  température  élevée,  on  opère  sous 
pression.  Dans  le  Ressemer,  où  l'on  réalise  l'affmagede  la 
fonte,  on  comprime  l'air  à  2,5  atmosphères;  on  produit 
la  haute  température  du  four  Siemens  en  opérant  avec 
de  l'air  déjà  très  fortement  chauffé.  La  compression  de 
l'air  dans  les  hauts  fourneaux  ne  dépasse  pas  5  à  20  cen- 
tim.'de  mercure. 

Eau.  L'eau  est  un  oxydant  très  actif  à  haute  tempéra- 
ture; elle  se  dissocie  en  hydrogène  et  oxygène,  et  ce  der- 
nier agit  sur  les  métaux.  Cette  circonstance  empêche  d'uti- 
liser la  haute  température  du  chalumeau  à  gaz  oxhydrique 
dans  la  préparation  de  certains  métaux,  ceux-ci  s'oxydant 
comme  dans  l'oxygène.  A  la  température  du  four  élec- 
trique, l'eau  se  comporte  comme  de  l'oxygène.  Remarquons, 
toutefois,  que  l'eau  est  un  oxydant  coûteux,  puisque  pour 
se  décomposer  il  est  nécessaire  de  lui  fournir  le  chiffre 
énorme  de  69  calories  par  48  gr.  d'eau  décomposée. 

Oxydes  métalliques.  On  utilise  les  oxydes  de  manga- 
nèse, de  fer,  de  plomb  comme  oxydants  dans  les  usines 
métallurgiques.  Le  peroxyde  de  manganèse  se  transforme 
en  oxyde  rouge  sous  l'action  seule  de  la  chaleur,  en  cé- 
dant 42  Vo  de  son  poids  d'oxygène  pur.  On  l'utilise  dans 
le  traitement  de  la  fonte  de  fer  ;  il  facihte  la  sépai-ation 
des  métalloïdes,  du  siUcium  surtout,  par  son  oxygène 
d'abord  et  surtout  par  son  affinité  plus  grande  que  celle 
du  fer  pour  ces  éléments.  Dans  l'affinage  Martin  au  four  à 
réverbère,  on  obtient  ainsi  des  scories  qui  renferment  jus- 
qu'à 25-30  7o  d'oxyde  manganeux. 


743  — 


OXYDANT  —  OXYDE 


Les  oxydes  de  fer,  peroxyde  et  oxyde  magnétique  jouent 
le  rôle  d'oxydant  dans  la  fabrication  du  fer  ou  de  l'acier 
à  partir  de  la  fonte  ;  l'oxygène  de  ces  oxydes  brûle  le  car- 
bure et  les  autres  métalloidos  do  la  fonte.  Ces  oxydes  sont 
ramenés  à  l'état  de  protoxydc  (jui  s'unit  aloi's  à  la  silice. 

L'oxyde  de  ploml)  est  aussi  un  oxydant  énergicpie  à  cause 
de  sa  facile  réductibilité  ;  il  ne  sert  ({ue  dans  la  métallur- 
gie du  plomb  lui-même  ou  dans  l'affinage  de  métaux  plus 
précieux.  L'oxyde  de  plomb,  chauffé  avec  le  sulfure  do 
plomb,  donne  du  plomb  et  de  l'anhydride  sulfureux;  c'est 
une  des  phases  de  la  métallurgie  du  plomb 
PbS  +  2PbO  =  3Pb  +  SO^ 

La  litharge  oxydant  le  soufre,  l'arsenic,  l'antimoine, 
l'étain,  le  zinc,  le  fer  et  même  partiellement  le  cuivre, 
les  sulfures,  les  arséniures,  les  antimoniures  de  ces  mêmes 
métaux,  on  l'utilise  dans  les  traitements  de  minerais  d'ar- 
gent, d'or  et  de  platine,  et  surtout  dans  l'affinage  de  ces 
métaux  bruts.  Les  derniers  métaux  oxydables  par  la  li- 
tharge sont  le  cuivre  et  surtout  le  bismuth. 

Sels  divers.  Certains  sulfates  métalliques  sont  utilisés 
souvent  en  métallurgie  comme  agents  oxydants.  Quand  on 
grille  des  minerais  sulfurés  à  basse  température,  il  se  fait 
des  sulfates  ;  en  élevant  ensuite  la  température,  le  sulfate 
réagit  sur  le  sulfure  non  décomposé  et  l'oxyde  en  mettant 
l'oxyde  ou  le  métal  en  liberté  : 

PbOS03  -h  PbS  =  2S02  -f-  2Pb. 

Si  le  sulfate  est  en  excès,  on  peut  avoir  un  mélange 
d'oxyde  de  plomb  et  de  métal.  Le  procédé  s'applique  aux 
sulfates  de  fer,  de  zinc,  de  cuivre,  d'argent.  L'acide  car- 
bonique agit  aussi  comme  oxydant  sur  le  fer,  à  moins  que 
son  action  ne  soit  neutralisée  par  l'action  opposée  de 
l'oxyde  de  carbone.  C.  Matignon. 

OXYDATION  (Indust.).  On  donne  le  nom  d'oxydation 
au  phénomène  de  combinaison  d'un  corps  simple  ou  com- 
posé avec  l'oxygène,  soit  que  la  combinaison  ait  lieu  à 
partir  de  l'oxygène  libre,  soit  que  l'oxygène  soit  emprunté 
à  un  composé  qui  en  contienne.  On  réserve  plus  particu- 
lièrement le  nom  de  combustion  (V.  ce  mot)  à  l'oxyda- 
tion accomphe,  à  partir  de  l'oxygène  non  combiné,  de  l'air 
par  exemple.  Dans  l'industrie  métaUique,  l'oxydation  prend 
les  noms  de  grillage,  rôtissage,  cémentation  oxydante 
ou  affinage,  suivant  les  conditions  dans  lesquelles  elle 
s'opère. 

Le  grillage  est  l'oxydation  d'une  matière  minérale  so- 
lide par  l'action  directe  ou  indirecte  de  l'air  atmosphé- 
rique (V.  Gbillage  pour  les  procédés  suivis).  Le  grillage 
exige  que  les  substances  à  oxyder  puissent  être  pulvéri- 
sées ou  tout  au  moins  se  présentent  en  morceaux  do 
petites  dimensions.  Dans  le  cas  contraire,  l'opération 
d'oxydation  prend  le  nom  de  cémentation  oxydante. 
Lllc  s'applique  surtout  aux  objets  moulés  en  fonte,  que 
l'on  veut  rendre  malléables,  et  aux  mattes  de  cuivre 
riches.  On  oxyde  superficiellement  le  carbone  de  la  fonte 
en  chauffant  l'objet  dans  une  poudre  oxydante,  le  cément, 
composé  principalement  d'oxyde  de  fer.  On  transforme 
ainsi  la  fonte  en  fer  doux  ou  en  acier. 

Le  rôtissage  est  appliqué,  dans  les  usines  de  cuivre,  aux 
mattes  très  riches.  Les  mattes  sont  exposées  à  l'état  so- 
lide, sur  la  sole  d'un  four  à  réverbère,  à  l'influence  prolon- 
gée de  l'air  ;  la  zone  externe  des  mattes  se  transforme  en 
oxyde  de  cuivre,  puis  un  coup  de  feu  ramollit  la  masse  et 
provoque  la  réaction  de  l'oxyde  externe  sur  le  noyau  cen- 
tral sulfuré  et  transforme  le  tout  en  cuivre  métallique. 

V affinage  est  l'oxydation  des  matières  métalliques, 
quand  la  fusion  précède  l'action  de  l'oxygène.  On  soumet 
à  l'affinage  les  métaux  bruts  provenant  de  la  fonte  des 
minerais  dans  le  but  de  les  épurer.  Quand  un  métal  im- 
pur est  exposé,  fondu,  à  l'action  de  l'air,  l'élément  domi- 
nant, c.-à-d.  le  métal  lui-même,  absorbe  l'oxygène  de  l'air 
et  le  cède  ensuite  aux  éléments  plus  oxydables  qu'il  ren- 
ferme. Dans  le  cas  de  la  fonte  de  fer  par  exemple,  l'oxyde 
de  fer  formé  tout  d'abord  cède  sou  oxygène  au  silicium, 


au  manganèse,  au  phosphore  et  au  carbone  de-[la 'fonte. 
La  fonte  de  fer  est  ainsi  transformée  en  fer  doux  ou 
en  acier,  le  cuivre  brut  en  cuivir^  marctiand,  le  plomb, 
le  zinc,  l'étainimpurs  en  plomb,  étain  et  zinc  purs.  On  active 
souvent  l'alfinage  en  ajoutant  des  matières  oxydantes,  oxyde 
de  fer,  oxyde  de  cuivre,  oxyde  d'antimoine,  etc.  L'alfinage  se 
fait  au  bas  foyer,  au  réverbère  ou  dans  des  vases  spéciaux 
plus  ou  moins  clos,  tels  que  le  Bessemer.       C.  Matignon. 

OXYDE.  Les  éléments,  en  réagissant  sur  l'oxygène  di- 
rectement ou  indirectement,  donnent  des  composés  appelés 
oxydes.  Nous  ne  nous  occuperons  que  des  oxydes  métal- 
liques, les  autres  ayant  été  étudiés  (V.  Acide),  et  les  oxydes 
neutres  comme  l'oxyde  de  carbone  ne  présentant  pas  d'in- 
térêt. 

Parmi  les  métaux,  le  potassium  et  le  rubidium  sont  les 
seuls  qui,  à  froid,  soient  oxydés  par  l'air  sec,  le  sodium 
vient  ensuite,  et  ces  corps  volatils  brûlent  avec  flamme  dans 
l'oxygène  sec;  mais,  sil'oxygène  est  humide,  l'oxydation 
est  plus  facile  ;  c'est  ainsi  (fue  le  fer  est  oxydé  dans  l'air 
humide.  On  les  prépare,  en  outre,  par  l'action  d'un  oxydant 
tel  (|ue  l'acide  azotique,  le  chlorate  de  potasse  ou  l'azo- 
tate de  potasse,  on  encore  par  calcination  d'un  carbonate 
ou  d'un  azotate,  ou  même  quelquefois  d'un  sulfate.  D'ail- 
leurs, les  oxydes  hydratés  s'obtiennent  en  faisant  agir  un 
alcali  sur  un  sel  soluble  du  métal  considéré.  Beaucoup 
d'oxydes  se  trouvent  cristallisés  dans  la  nature  et  on  a  pu 
les  reproduire  artificiellement.  Sainte-Claire-Deville  les  ob- 
tient ainsi,  en  faisant  passer  un  courant  lent  d'un  gaz  inerte 
mêlé  de  petites  quantités  d'acide  chlorhydrique  sur  l'oxyde 
introduit  dans  un  tube  de  porcelaine  chauffé  au  rouge  vif. 
A  cette  température,  il  y  a  formation  d'un  chlorure  métal- 
li(|ue  et  de  vapeur  d'eau  (jui,  entraînés  par  le  courant  ga- 
zeux, donnent  lieu  à  une  réaction  inverse  dans  les  régions 
plus  froides  du  tube  où  l'oxyde  se  dépose  cristaUisé.  La 
réaction  se  poursuit  ainsi  tant  qu'il  reste  de  l'oxyde,  et 
celui-ci  semble  s'être  transporté  par  volatilisation  des  ré- 
gions les  plus  chaudes  dans  les  régions  les  plus  froides  dii 
tube.  Deville  a  ainsi  obtenu  cristallisés  les  oxydes  de  titane, 
d'étain,  de  strontium  et  reproduit  le  fer  oligiste,  la  cassi- 
térite,  le  rutile,  le  niobite.  L'acide  lluorhydrique  agissant 
d'une  manière  plus  intense  a  été  utilisé  par  M.  iïautefeuille 
pour  reproduire  l'acide  titanique  sous  toutes  ses  formes 
naturelles.  Dans  le  même  ordre  d'idées,  Deville  et  Caron 
ont  pu  reproduire  des  lamelles  hexagonales  de  corindon  ou 
de  rubis,  en  faisant  agir  les  vapeurs  de  sesquifîuorure 
d'aluminium,  mêlées  avec  un  peu  de  fluorure  de  chrome  dans 
le  second  cas,  et  contenu  à  la  partie  inférieure  d'un  creuset 
en  char])on  chauffé  au  rouge  blanc,  sur  de  l'acide  borique 
placé  dans  une  coupelle  en  charbon  suspendue  à  son  inté- 
rieur. De  même,  MM.  de  Frémy  et  Yerneuil  ont  obtenu  le 
rubis  en  cristaux  en  plaçant  du  fluorure  de  calcium  recou- 
vert d'une  lamelle  ^Je  platine  percée  de  trous,  sur  laquelle 
est  étendue  une  couche  d'alumine,  additionnée  d'un  peu 
d'acide  chromique,  au  fond  d'un  creuset  porté  au  rouge 
blanc.  On  peut  encore  dissoudre  les  oxydes  (Ebelmen) 
dans  une  matière  ne  fondant  qu'à  température  élevée 
(acide  borique,  borax,  phosphates  alcaHns),  amenés  à  la 
fusion  et  évaporer  lentement  dans  un  fourneau  à  porcelaine. 
Debray  les  a  aussi  obtenues  en  calcinant  fortement  un  mé- 
lange de  sulfate  de  potasse  avec  un  sulfate  métallique  ; 
celui-ci  se  décomposant  donne  un  oxyde  cristallisant  au 
sein  du  sulfate  alcalin  en  fusion  (glucine,  périclase,  oxyde 
rouge  de  manganèse,  oxyde  de  niclel). 

La  plupart  des  oxydes  sont  colorés,  et  cette  couleur  n'est 
pas  la  même  pour  les  oxydes  d'un  même  métal  ;  le  pro- 
toxyde  de  plomb  est  jaune  et  le  bioxyde  est  rouge.  La  cha- 
leur peut  du  reste  changer  cette  couleur,  en  donnant  une 
transformation  isomérique  ;  l'oxyde  de  zinc,  jaune  à  chaud, 
est  blanc  à  froid.  L'oxyde  de  mercure,  jaune  à  froid,  devient 
rouge  à  400«  et  conserve  cette  couleur  quand  on  le  refroi- 
dit. La  chaleur  fond  et  même  volatilise  les  oxydes.  Si  ceux 
de  plomb  et  de  bismuth  fondent  à  des  températures  rela- 
tivement basses,  la  magnésie  et  la  chaux  ne  peuvent  être 


OXYDE  —  OXYGÈNE 


7U  — 


fondues  qu'au  four  électrique.  En  général,  ils  sont  fixes 
et  à  peine  volatils.  La  chaleur  pourra  aussi  produire  sur 
eux  une  décomposition  partielle,  limitée  par  la  réaction  in- 
verse ;  ainsi  l'oxyde  de  cuivre  noir  (MM.  Debray  et  Joan- 
nis),  chauffé  au-dessous  de  -1.000'^,  se  décompose  en  oxyde 
cuivreux  et  oxygène,  avec  une  pression  de  dissociation  fixe, 
à  une  température  déterminée,  et  au-dessus  de  cette  tem- 
pérature, tout  en  subissant  la  même  décomposition,  ne  pos- 
sède pas  de  pression  de  dissociation,  car  l'oxyde  cuivrique 
fondu  dissout  l'oxyde  cuivreux.  L'électricité  décompose 
(ui  très  grand  nombre  d'oxydes.  I/hydrogène  réduit  faci- 
lement un  oxyde  de  faible  chaleur  de  formation,  avec  for- 
mation d'oxyde  cristallisé,  si  on  fait  passer  un  courant  lent 
(réaction  d'équilibre),  mais  ne  peut  dans  aucun  cas  réduire 
la  chaux,  les  terres  et  les  alcafis  dont  la  chaleur  de  for- 
mation est  très  grande.  C'est  aussi  pourquoi  les  métaux 
alcalins  réduisent  un  grand  nombre  d'oxydes,  l'oxyde  de  fer, 
l'oxyde  de  plomb  : 

f e  +  PbO  =  Fe 0  -f-  Pb  (34',5  —  25^5)  —  9«. 

L'oxygène  suroxyde  beaucoup  d'oxydes  chauffés  à  l'air, 
susceptibles  d'être  peroxydes.  Tels  sont  l'oxyde  de  sodium, 
la  baryte,  le  protoxyde  de  fer  ;  le  protoxyde  d'étain  bi  ûle 
à  l'air  comme  de  l'amadou  en  donnant  du  bioxyde.  Le 
soufre  donnant  de  l'acide  sulfurique  aux  dépens  de 
l'oxyde,  on  aura  un  sulfure  et  un  sulfate,  celui-ci  pouvant 
se  décomposer  parce  (fu'il  n'est  pas  stable  ou  parce  qu'il 
réagit  sur  le  sulfure  : 

■4Ba0  +  4S  =1  BaSO^  +  3BaS  -f  o3^4 
2Cu0  4-  3S  —  2CuS  +  SO'^  -i-  4%3. 

Le  carbone  agit  plus  énergiquement  que  l'hydrogène  parce 
que  la  chaleur  de  formation  de  l'acide  carbonique  est  plus 
faible  que  celle  de  l'eau.  D'ailleurs,  si  cette  chaleur  de  for- 
mation est  voisine  de  celle  de  l'oxyde,  des  phénomènes 
d'équihbre  se  produisent. 

Certains  oxydes  terreux  absorbent  facilement  le  chlore 
à  froid  avec  formation  d'hypochlorites  et  de  chlorures,  les 
premiers  étant  détruits  lorsqu'on  élève  la  température. 
Mais,  quand  l'oxyde  est  notablement  plus  exothermique 
que  le  chlorure  corj'espondant,  il  ne  sera  pas  décomposé, 
et,  au  contraire,  l'oxygène  déplacera  le  chlore  du  chlorure. 
C'est  le  cas  du  chlorure  d'aluminium  chauffé  au  rouge 
sombre,  dans  un  courant  d'oxygène  sec,  avec  formation 
d'alumine  et  dégagement  de  chlore  ;  il  y  a  un  phénomène 
d'équilibre,  avec  formation  d'un  oxychlorure. 

Le  brome  se  comporte  de  même.  L'iode  déplace  l'oxy- 
gène dans  la  potasse  et  la  soude  au  rouge  sombre  ;  mais 
à  température  moins  élevée  l'oxygène  peut  attaquer  les 
iodures  correspondants,  avec  formation  des  iodates,  parce 
qu'il  y  a  dégagement  de  chaleur.  Là  encore  on  a  des  phé- 
nomènes d'équilibre  lorsque  !es  dégagements  de  chaleur 
sont  voisins  de  part  et  d'autre. 

L'eau  dissout  les  oxydes  solubles  (alcalins  beaucoup,  al- 
cahno-terreux  et  de  plomb  beaucoup  moins).  Mais  ils  peu- 
vent en  outre  s'unir  à  l'eau,  avec  formation  d'hydrates 
assez  stables  sous  l'action  de  la  chaleur,  quand  le  dégage- 
ment de  chaleur  relatif  à  cette  union  est  grand  (potasse, 
soude)  et  décomposables  lorsque  ce  dégagement  est  faible 
(hydrates  de  zinc  et  de  plomb).  D'ailleurs,  ces  hydrates 
peuvent  se  suroxyder  à  l'air  à  la  température  ordinaire 
quand  il  existe  des  hydrates  supérieurs  (fer,  manganèse). 

Les  oxydes  sont  divisés  en  classes,  d'après  leur  action 
sur  les  acides  et  les  bases  :  i«  les  oxydes  basiques  sont 
caractérisés  par  leur  propriété  de  s'unir  aux  acides  pour 
donner  des  sels  ;  tels  sont  un  très  grand  nombre  de  pro- 
toxydes  et  de  sesquioxydes  ;  2^  les  oxydes  acides  peu- 
vent s'unir  aux  bases  pour  donner  des  sels,  tel  est  l'acide 
stannique  ;  3*^  les  oxydes  indifférents  sont  à  la  fois  acides 
et  basiques  et  donnent  des  sels  aussi  bien  avec  les  bases 
qu'avec  les  acides.  Tels  sont  les  oxydes  de  zinc,  de  plomb, 
l'alumine.  Ils  donnent  d'ailleurs  plus  facilement  des  sels 
avec  les  acides  qu'avec  les  bases  ;  4^  les  oxydes  salins 
ne  sont  pas  des  oxydes  à  proprement  parler,  mais  bien 


des  combinaisons  d'un  protoxyde  et  d'un  sesquioxyde.  Tels 
sont  : 

Fe-W  nz  FeO,  Fe^O\ 
MnW  ~  MnO,  Mn^O^ 

qui  rentrent  par  l'ensemble  de  leurs  propriétés  dans  le 
groupe  des  spinelles  dont  le  type  est  l'aluminate  de  magné- 
sie, M-iy\  MgO;  5^^  un  certain  nombre  d'oxydes,  tels  que 
BaO'^,  PbO'^,  ne  peuvent  se  rattacher  aux  groupes  précédents. 
Ils  agissent  surtout  comme  oxydants.         F.  Bourion. 

Oxyde  de  carbone  (V.  Carbone). 

OXYDIÉTHYLACÉTIQUE  (Acide)  (V.  Diéthoxaliqle 
[AcideJ). 

OXYÉRUCIQUE  (Acide).  Form.  j  j^-  ^.l^^,^; 

L'oxyde  d'argent  humide  transforme  le  bibromure  de 
l'acide  érucique  en  deux  produits  :  l'un  huileux,  l'acide 
oxyéruciquc  ;  l'autre  sohde,  l'acide  dioxybénique.  Les 
sels  de  l'acide  oxy érucique  sont  tous  amorphes,  ils 
paraissent  renfermer  un  seul  atome  de  métal  monovalent  ; 
parmi  les  sels  du  second  acide,  ceux  de  potassium  et  d'am- 
monium cristallisent.  C.  Matignon. 

BiBL.  :  Haussknkcht.  Ainiul.  des  Cfiein.  u.  Phnrin.. 
t.  CXLIIL  p.  40. 

OXY-ÉTHÉRIQUE  (Lampe)  (V.  Oxygène). 

OXYGÈNE.  L   Chimie.   -  \  l'^f'' ^=  ^^ 

i  Poids  alom. .     O  =z  16 

Historique.  L'oxygène  a  été  découvert  en  1774  par 
Priestley  en  Angleterre  et  par  Scheele  en  Suède.  Lavoisier 
démontra  ensuite  que  l'air,  considéré  jusque-là  comme  un 
élément  simple,  était  un  mélange  de  deux  corps  dont  l'un  seu- 
lement entretenait  la  combustion  et  la  respiration.  Comme  les 
produits  de  la  combustion  dans  l'oxygène  donnent  souvent 
des  acides  au  contact  de  l'eau,  Lavoisier  donna  au  nouvel  élé- 
ment le  nom  d'oxygène  (oÇu;  acide,  ysvvàw  je  produis). 

Existence.  L'oxygène  est  non  seulement  le  corps  le 
plus  répandu  à  la  surface  de  la  terre,  mais  encore  celui 
qui  existe  en  plus  grande  quantité.  L'air  en  contient  le 
cinquième  de  son  volume,  l'eau  les  8/9  de  son  poids.  Les 
pierres  et  terres  qui  constituent  l'écorce  terrestre  sont  des 
silicates  ou  combinaisons  de  silicium  et  d'autres  éléments 
avec  l'oxygène,  ce  dernier  intervenant  dans  une  propor- 
tion de  44  à  48  «/o. 

Formation  et  préparation.  P  On  obtient  simplement 
de   l'oxygène  en   chauffant   dans    un   ballon  de  l'oxyde 


¥\iX    1.  —  Préparation  do  petites  quantités  d'oxypène 
par  le  chlorate  de  potasse. 

de  mercure,  HgO.  C'est  la  réaction  qui  conduisit  Scheele 
à  sa  découverte.  Les  oxydes  des  métaux  précieux,  Ag, 
Au,  Pt,  etc.,  donnent  de  l'oxygène  dans  les  mêmes  con- 
ditions. 

2°  Le  chlorate  de  potasse  chauffé  fortement  (fig.  i)  se 
décompose  en  chlorure  de  potassium  et  oxygène  : 

ClO^K  =  KCl  +  60. 

Toutefois,  l'opération  se  fait  en  deux  phases:  le  chlorate 
fond,  puis  se  ^transforme  en  perchlorate,  en  même  temps 


—  745 


OXYGÈNE 


que  la  masse  se  solidifie  ;  finalement  le  perchlorate  est  ramené 
à  l'état  de  chlorure  : 

2C10^K  =  ClO^K  +  KCl  +  02 
ClO^K  =:  KCl  +  80. 

On  abaisse  la  température  de  décomposition  et  on  évite 
le  passage  intermédiaire  par  le  perchlorate  en  mélangeant 

intimement  le  chlorate 
avec  du  bioxyde  de  man- 
ganèse, ou  des  oxydes  de 
fer,  de  cuivre.  Le  rôle  de 
ces  oxydes  n'est  pas  en- 
core bien  expliqué.  Pour 
obtenir  des  quantités  no- 
tables d'oxygène,  on  mé- 
lange le  chlorate  de  po- 
tasse et  l'oxyde  rouge  de 
manganèse  à  poids  égaux 
dans  une  sorte  de  cornue 
en  fonte  A ,  formée  de  deux 
parties  réunies  entre  elles 
par  un  joint  fait  en  plâ- 
tre (fig  2).  On  évite  ainsi 
toute  chance  d'explosion, 
car  en  cas  d'augmentation  de  pression,  le  joint  peu  solide 
cède  aussitôt. 

3^  Lorsque  le  chlorate  de  potasse  était  encore  un  pro- 
duit fort  coûteux,  on  préparait  l'oxygène  en  décomposant 
par  la  chaleur  le  bioxyde  de  manganèse  ou  manganèse  du 
commerce,  produit  natuz^el  assez  commun.  L'opération  se 


Fig.  2.  —  Préparation  de  l'oxy- 
gène par  le  chlorate  de  po- 
tasse. 


Fig.  0.  —  Préparation  de  l'oxygène  par  le  bioxyde  de 
manganèse. 

faisait  dans  une  cornue  en  terre  chauffée  dans  un  four  à 
réverbère  (fig.  3)  : 

3Mn02  ~  Mn^O^  +  O^. 

Le  résidu  de  l'opération  est  de  l'oxyde  salin  de  manga- 
nèse. L'oxygène  préparé  par  ce  moyen  est  impur,  il  con- 
tient de  l'azote  provenant  de  la  décomposition  des  azotates 
(fui  accompagnent  toujours  le  manganèse. 

4*^  L'acide  sulfurique,  en  agissant  sur  les  peroxydes  aux- 
quels ne  correspondent  pas  de  sels,  dégage  de  l'oxygène 
en  même  temps  qu'il  se  fait  le  sulfate  du  protoxyde.  il  en 
est  ainsi  avec  le  lîioxyde  de  manganèse,  MnO^  avec  ceux 
de  baryum,  BaO-^,  de  plomb,  PbO'^,  avec  l'acide  chromique, 
CrO"^,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  avec  le  bichromate  de 
potasse. 

5^  On  obtient  encore  simplement  de  l'oxygène  en  chauf- 
fant légèrement  une  dissolution  d'hypochlorite  de  chaux  à 
laquelle  on  ajoute  quelques  gouttes  d'une  dissolution  de 
chlorure  de  cobalt;  dans  ces  conditions,  l'hyperchlorite 
se  décompose  en  chlorure  et  oxygène: 

CaOClO— CuCl-f-0. 

6^*  La  décomposition  de  l'eau  oxygénée,  sous  l'influence 


'  de  certains  oxydes  ou  peroxydes,  permet  encore  de  pré- 
parer rapidement  de  l'oxygène,  puisque  la  réaction  a  lieu 
par  simple  contact  à  froid: 

H02  =  HO  -H  0, 
les  peroxydes  apportant  encore  de  l'oxygène  par  leur  dé- 
composition simultanée.  On  peut  aussi'  extraire  l'oxygène 
de  l'air  ou  de  l'eau.  L'extraction  de  l'air  se  fait  par  des 
moyens  chimiques  ou  des  moyens  mécaniques. 

7°  Sainte-Claire  Deville  et  Debray  ont  proposé  de  dé- 
composer l'acide  sulfurique  du  commerce  en  oxygène  et 
anhydride  sulfureux,  ce  dernier  étant  transformé  en  acide 
sulfurique  à  l'aide  de  l'oxygène  de  l'air  : 

SWH'^0-2  =  S-^0^  -h  0-^  +  H202. 

Malheureusement  l'appareil  où  se  produit  la  décompo- 
sition est  vivement  attaqué  par  l'acide  sulfurique,  et  la 
réaction  ne  peut  être  prolongée  par  suite  de  sa  destruc- 
tion. 

8°  Mallet  a  proposé  de  j)réparer  l'oxygène  en  décom- 
posant l'eau  par  le  chlore  à  température  élevée  : 

HO  4-  Cl  =:  HCl  +  0. 

On  produit  le  chlore  en  transformant  par  la  chaleur  le 
chlorure  cuivrique  en  chlorure  cuivreux: 
Cu^CP  r=  Cu^Cl  +  Cl. 

L'acide  chlorhydrique  réagissant  sur  le  chlorure  cui- 
vreux en  présence  de  l'air  reforme  du  chlorure  cui- 
vrique : 

Cu^Cl  +  HCl  +0=  Cu^Cl^  +  HO. 

Comme  dans  le  cas  précédent,  la  méthode  n'est  pas  ap- 
pHcable  à  cause  de  la  difficulté  de  trouver  des  vases  résis- 
tant à  haute  température  à  l'action  du  sous-chlorure  de 
cuivré. 

9*^  Dans  l'expérience  classique  de  Lavoisier  sur  la  com- 
position de  l'air,  on  fait  absorber  l'oxygène  de  l'air  par  le 
mercure,  puis  on  le  met  ensuite  en  liberté  en  décomposant 
l'oxyde  formé.  Le  problème  de  l'extraction  de  l'oxygène 
de  l'air  est  donc  résolu  théoriquement,  mais  la  lenteur  et 
la  difficulté  de  l'absorption  de  l'oxygène  rendent  le  pro- 
cédé impraticable.  Boussingault  a  substitué  au  mercure  la 
baryte.  Un  courant  d'air  passant  sur  la  baryte,  chauffée 
au  rouge  sombre,  cède  son  oxygène  et  transforme  la  baryte 
en  bioxyde  : 

BaO  +  0  —  BaO^ 

qu'une  température  plus  élevée  ramène  à  l'état  de  baryte: 

Ba02  —  BaO  +  0, 
susceptible  de  réabsorber  à  nouveau  l'oxygène  de  l'air.  Ce 
procédé  est  appliqué  aujourd'hui  industriellement  (V.  plus 
loin). 

10*^  L'air  passant  sur  un  mélange  d'oxyde  de  manga- 
nèse et  de  soude 'porté  au  rouge  naissant  fixe  son  oxy- 
gène et  produit  du  manganate  de  soude  que  la  vapeur  d'eau 
décompose  à  450*^  en  oxygène  et  en  un  mélange  d'oxyde 
de  manganèse  et  d'alcali  : 

MnO^  -f-  NaOHO  -4-  0  =  NaOMnO^  +  HO 
NaOMnO-^  4-  HO  =  MnO^  +  NaOHO  H-  0. 

Ce  procédé,  imaginé  par  Tessié  du  Motay  et  Maréchal, 
fonctionne  en  grand  dans  une  usine  de  Boulogue-sur-Seine 
(V.  plus  loin). 

ii'^  Kassner  a  proposé  de  décomposer  le  plombate  de 
chaux  par  un  courant  d'anhydride  carbonique, 

PbO^Ca  +  CO^  z=  Co'^Ca  +  PbO  +  0, 

et  de  régénérer  le  plombate  en  faisant  passer  un  courant 
d'air  sur  le  mélange  de  carbonate  de  chaux  et  d'oxyde  de 
plomb. 

'12°  Pour  isoler  mécaniquement  l'oxygène  de  l'air  ou  du 
moins  obtenir  un  air  plus  riche  en  oxygène,  on  a  proposé 
d'utiliser  la  diffusion  de  l'air  à  travers  des  membranes  de 
caoutchouc,  diffusion  qui  se  fait  avec  des  vitesses  diffé- 
rentes pour  les  deux  éléments  de  l'air  et  permet  d'obtenir 


OXYGÈNE 


—  746  — 


un  air  dosant  92  Vo  cFoxygène.  Le  procédé  est  fort  long 
et  pas  praticable. 

13"^  On  a  es- 
sayé également  la 
séparation  en  s 'ap- 
puyant sur  l'inégale 
solubilité  de  l'oxy- 
gène et  de  l'azote 
dans  certains  sol- 
vants. La  solubilité 
de  l'oxygène  dans 
l'eau,  notamment 
dans  l'eau  chargée 
de  glycérine,  est 
supérieure  à  celle 
de  l'azote.  Par 
des  compressions  et 
des  extractions 
d'air  successives,  il 
est  possible  d'obte- 
nir un  oxygène  ne 
renfermant  que  2  à 
3  7o  d'azote.  Les 
opérations  doivent 
être  assez  multi- 
pliées pour  que 
l'oxygène  ainsi  ob- 
tenu ait  un  prix  de 
revient  fort  élevé. 

14^  Linde  a  cons- 
truit un  appareil  qui 
permet  d'obtenir 
facilement  de  gran- 
des quantités  d'air 


15*^  On  applique  la  séparation  électrolytique  des  élé- 
ments de  l'eau  à 
la  préparation  si- 
multanée de  l'oxy- 
gène et  de  l'hy- 
drogène; nous  ver- 
rons plus  loin  les 
appareils  usités 
dans  la  prépara- 
tion en  grand. 

Propriétés  phy- 
siques. L'oxygène 
est  un  gaz  inco- 
lore, inodore,  sans 
saveur,  dont  la 
densité  est  4, 4  OoO. 
Il  est  très  peu  so- 
luble  dans  l'eau  ; 
100  parties  d'eau 
dissolvent,  à  0^ , 
4,1  vol.  à  l.^)*^, 
2,9  vol.  d'oxy- 
gène ;  dans  l'al- 
cool absolu,  il  est 
plus  soluble;  100 
parties  en  dissol- 
vent 28  vol.  On 
peut  recueillir  et 
conserver  l'oxy- 
de a  u . 


1].-.  1.  —  Appareil  CaïUotct  pour  la  ll(|iiéractioii  des  i^az.  T.  tubc-laboratOi.o  >^w  „.,,-,,,  ç„,, 
le  gaz  est  comprimé;  M,  manchon  plein  d'eau  froide  pour  refroidir  le  gaz  écliautïe  f,^^  ^,^^ 
par  compression  ;  C,  cloche  en  verre  pour  préserver  l'opérateur  en  cas  de  rupture  L  OXygenc  est  un 
du  tube  ;  TU,  tube  réunissant  le  tube-laboraton^e  etja  presse  hydraulique  pour  la  gaz  permanent  à  la 
transmission  de  la  compression;  T         '     *  t 

^         •  •  température  ordi- 

,.     .j  ,  •  .,    T    .„    ■    '/.      •  naire,  c.-à-d.  qu'il 

liquide;  en  soumettant    produit  a  la  distillation^h^actionnée,    1   ne  se  laisse'translormer  à  l'état  liquide  sous  aucune  pres- 
on  sépare  en  partie  l'oxygène  et  l'azote  (V.  plus  loin).       |   sion,;,quelquegiande-\pr elle  soit.  Nattererafpu  le  soumettre 


Fig.  5. • 


Appareil  pour  la  liquéfaction  du  gaz  oxygène  (vue  en  perspective). 


à  des  pressions  de  3.000  atmosphères  sans  le  liquéfier.  A   |   n'obéit  plus  à  la  loi  de  Mariette,  car  la  grandeur  de  la 
de  telles  pressions, 'Je  gaz  atteint  une  densité  élevée  et  |   molécule  entre  alors  en  considération.  La  température  cri- 


tique  est  de  —  419"  et  la  pression  critique  de  50,  8  atmos- 
phères. En  1877,  Cailletet  l'a  liquéfié  en  le  comprimant 
à  300  atmosphères  et  laissant  brusquement  le  gaz  se  dé- 
tendre (fig.  4);  dans  ces  conditions,  la  température 
s'abaisse  au-dessous  du  point  critique  et  l'oxygène  se  liquéfie 
en  donnant  un  brouillard  qui  disparaît  bientôt.  Un  peu 
plus  tard,  la  même  année,  Pictet  réalisa  également  la  liqué- 
faction de  l'oxygène  en  comprimant  suffisamment  le  gaz 
refroidi  dans  l'acide  carbonique  liquide,? par  conséquent 
au-dessous  de  sa    température    critique][(fig.   3   et  6). 


—  747  —  OXYGÈNE 

L'oxygène  n'a  été  obtenu,  sous  la  forme  d"un  liquide,  au 
repos,  à  la  pression  ordinaire,  que  dans  ces  dernières  années 
par  Wroblenski  ;  c'est  à  ce  savant,  ainsi  qu'à  Olzewski  et 
Dcwar,  que  nous  devons  l'étude  des  propriétés  de  l'oxygène 
liquide.  M.  Dowar  a  construit  un  appareil  qui  permet  d'obtenir 
en  quelques  minutes  des  quantités  considérables  d'oxygène 
liquide  quand  on  dispose  de  deux  récipients  remplis 
d'acide  carbonique  liquide  et  d'oxygène  comprimé  à  120''. 
Le  travail  effectué  au  moment  de  la  compression  de  ces 
gaz  est  simplement utilisé'pour[la  liquéfaction  de  l'oxygène. 


Fio-.  6. 


^ .^J-U  Jlx:id<: 


Appareil  de  Pictet  pour  la  liquéfaction  de  l'oxygène  (plan), 


On  détend  l'anhydride  carbonique  dans  un  long  serpentin 
oii  celui-ci  se  liquéfie  rapidement,  tandis  que  l'oxygène  se 
détend  dans  un  deuxième  serpentin  situé  à  l'intérieur  du 
premier  et  par  conséquent  entouré  d'un  courant  d'acide 
carbonique  liquide,  l'oxygène  se  liquéfie  bientôt  et  coule 
dans  un  récipient  situé  à  l'extrémité  du  deuxième  serpentin. 


Fig 


7.  —  Combustion  du 
phosphore. 


Fig.  7  his,.  —  Combustion 
du  fer. 


L'oxygène  est  un  liquide  bleu  très  clair,  très  mobile,  qui 
bout  sous  la  pression  atmosphérique  à  —  184^.  Quand  on 
fait  un  vide  de  9  millim.  de  mercure  au-dessus  de  l'oxygène 
liquéfié  à  la  pression  ordinaire,  celui-ci  se  vaporise  rapi- 
dement, sa  température  s'abaisse  alors  jusqu'à  —  223°, 
c.-à-d.  à  48^^  seulement  du  zéro  absolu.  Sa  densité  à  —  d  19° 
est  de  0,65,  à  — 139°  de  0,87,  à  —  184°  il  est  plus  lourd 
que  l'eau  et  pèse  1,124;  son  coefficient  de  dilatation  est 
donc  très  grand;  la  pression  influe  peu  sur  la  densité. 
Propriétés  chimiques.  L'oxygène  peut  former  des  com- 


posés avec  tous  les  éléments,  l'argon,  l'hélium,  le  fluor 
exceptés.  Beaucoup  d'éléments  s'unissent  déjà  à  la  tem- 
pérature ordinaire,  mais,  pour  beaucoup  d'autres,  il  est 
nécessaire  d'atteindre  une  température  élevée.  On  donne 
le  nom  à' oxydation  (V.  ce  mot)  à  l'acte  de  l'union  d'un 
corps  avec  l'oxygène,  ce  corps  est  dit  alors  oxydé  et  la 
combinaison  obtenue  nommée  oxyde.  Quand  l'élément  peut 
s'unir  à  deux,  trois,  quatre  atomes  d'oxygène,  les  com- 
binaisons sont  désignées  sous  le  nom  de  dioxyde,  trioxyde, 
tétroxyde,  etc.  La  combinaison  d'un  grand  nombre  de  corps 
simples  ou  composés  avec  l'oxygène  se  fait  avec  dégagement 
de  lumière  et  de  chaleur  ;  on  lui  donne  le  nom  de  combus- 
tion (V.  ce  mot).  Une  allumette  ne  présentant  que  quelques 
points  en  ignitiofi,  se  rallume  et  brûle  avec  éclat  quand 
on  l'introduit  dans  une  éprouvette  remplie  d'oxygène.  Cette 
propriété  est  caractéristique  de  ce  gaz,  les  corps  com- 
bustibles y  brûlent  avec  plus  d'éclat  que  dans  l'air. 
Le  charbon,  le  soufre,  le  phosphore  (fig.  7)  brûlent  dans 
une  atmosphère  d'oxygène  avec  un  très  vif  éclat  en  donnant 
des  anhydrides  carbonique,  sulfureux  et  phosphorique.  Le 
magnésium,  le  fer  (fig.  7  bis)  donnent  aussi  une  vive 
lumière  en  brûlant  dans  l'oxygène.  L'oxygène  ne  s'unit 
pas  directement  aux  corps  de  la  famille  du  chlore  et  à 
l'azote;  parmi  les  métaux,  l'argent,  l'or,  le  platine  ne 
s'oxydent  pas,  quelle  que  soit  la  température. 

La  resinration  (V.  ce  mot)  des  animaux  est  une  com- 
bustion lente  qui  se  fait  avec  dégagement  de  chaleur.  C'est 
à  Lavoisier  que  nous  devons  l'explication  de  la  combus- 
tion et  de  la  respiration  entre  lesquelles  on  était  bien  loin 
de  soupçonner  la  moindre  analogie. 

L'oxygène  est  absorbé  à  froid  par  un  grand  nombre  de 
produits  qui  sont  utifisés  dans  l'analyse  des  gaz.  Le  phos- 
phore à  froid  éprouve  une  combustion  lente  en  absorbant 
l'oxygène;  l'acide  pyrogallique  en  présence  de  la  potasse 
absorbe  rapidement  l'oxygène  ;  il  en  est  de  même  du  pro- 


OXYGRNE 


—  748 


tochlorure  de  cuivre  en  solution  ammoniacale,  la  solution   l   à  l'aide  de  solution  d'iiydrosulfite  de  soude  étendue,  de  titre 
bleuit  en  s'oxydant.  On  dose  l'oxygène  dissous  dans  l'eau   |   connu;  on  ajoute  une  goutte  d'indigo  à  la  solution  aqueuse, 


Fi-.  8. 


Appareil  pour  la  fabrication  de  roxygène  par  le  procédé  Tessié  du  Motay  et  Maréchal 
(usine  de  Boulogne). 


puis  on  verse  goutte  à  goutte  la  solution  d'hydrosulfitequi  ne 
réagit  sur  l'indigo  que  lorsque  tout  l'oxygène  aétéa])sorbé. 
1/  absorbant  le 
plus  actif  d'oxy- 
gène est  la  so- 
lution  bleue 
de  protochlo- 
_  rure  de  chrome; 
on  la  fait  tra- 
verser par  un 
gaz  que  l'on 
veut  débarras- 
ser de  ses  der- 
nières traces 
d'oxygène. 

II.  Industrie. 
—  L'oxygène  est 
devenu,  depuis 
quelques  an- 
nées, l'objet 
d'une  fabrica- 
tion industrielle 
à  cause  des  usa- 
g  e  s  nombreux 
auxquels  il  est 
maintenant  ap- 
pliqué dans  l'in- 
dustrie. Les  pro- 
cédés suivis 
dans  cette  pré- 
paration sont  : 
i^  le  procé- 
dé Boussingault, 
modifié  par 
Brin;  2«  le  pro- 
cédé Tessié  du 
Motay  et  Ma- 
réchal, perfec- 
tionné ;  3^  les  procédés  électroly tiques  ;  4*^  la  liquéfaction 
et  la  distillation  fractionnée  de  l'air  liquide  (Linde)  n'est 


Fig. 


pas  encore  entrée  dans  la  pratique,  mais  le  sujet  est  à  l'étude. 
Procédé  Brin.  Dans    le  procédé   Boussingault ,    l'ab- 

sorption  de 
l'oxygène  par  la 
baryte  et  la  dé- 
composition du 
bioxyde  de  ba- 
ryum se  font  à 
des  tempéra- 
tures différen- 
tes. Brin  a  mo- 
difié le  procédé 
en  faisant  le  vide 
pour  faciliter  la 
dissociation  du 
bioxyde  de  ba- 
ryum et  permet- 
tre d'opérer  à 
une  même  tem- 
pérature. Voici 
comment  opère 
le  Continental 
oxygenequiex- 
ploite  le  brevet 
Brin.  On  com- 
mence par  pré- 
parer  de  la 
baryte  bien  po- 
reuse en  calci- 
nant l'azotate  de 
baryum  ;  il  im- 
porte, si  on  ne 
l'emploie  pas  de 
suite,  de  lajpla- 
cer  dans  des  va- 
ses hermétique- 
ment clos,  car 
la  moindre 
absorption  d'acide  carbonique  ou  d'humidité  modifierait 
l'état  de  la  surface  des  morceaux  de  baryte,  obstruerait 


Distributeur  automatique   à  soupapes  équilibrées  et  électriques. 


—  749  — 


OXYGÈNE 


'iii-.  10. 


les  canaux  qui  donnent  à  la  baryte  sa  porosité,  et  celle-ci 
ne  pourrait  avoir  qu'un  usage  de  faible  durée.  La  baryte, 
concassée  en  morceaux  gros  comme  des  noix,  est  chauf- 
fée à  700*^  dans  dos  cornues  en  acier  où,  à  l'aide  d'une 
pompe,  on  refoule,  sous  une  pression  de  3/4  d'atmosphère 
environ,  de  l'air  complètement  débarrassé  dlmmidité  et 
d'acide  carbonique. 
Quand  la  baryte  est 
transformée  en  bi- 
oxy  de  de  baryum,  on 
fait  une  aspiration 
correspondant  à  une 
diminution  de  pres- 
sion de  5  centim.  de 
mercure;  lebioxyde 
passe  à  l'état  de  pro- 
toxyde,  et  l'oxygène 
(pi'il  perd  est  refoulé 
(lans  un  gazomètre. 
La  durée  du  passage 
du  courant  d'air  est 
de  cinq  minutes.  Ce 
courant  rapide  re- 
froidit la  cornue  ci , 
par  suite,  la  tempé- 
j'ature  se  trouve  être 
dans  de  bonnes  con- 
ditions pour  l'absor- 
ption de  l'oxygène; 
pendant  les  cinq  mi- 
nutes qui  suivent,  le 
courant  ayant  cessé, 
la  température  re- 
monte, la  dissocia- 
tion se  produit,  fa- 
cilitée par  le  vide 
des  cornues  et  l'ex- 
pulsion de  l'oxygène 
au  fur  et  à  mesure  de  son  dégagement.  L'opération  totale, 
oxydation  et  désoxydation,  dure  donc  10  minutes;  on  peut, 
par  suite,  faire  140  opérations  en  24  heures.  La  même  ]ja- 
ryte,  bien  préparée,  peut  servir  une  dizaine  de  mois  sans 
être  renouvelée.  Le  gaz  ainsi  préparé  dose  dans  les  meil- 
leures conditions  90  à  96  ^lo  d'oxygène  ;  il  a  l'inconvénient 
de  pouvoir  contenir,  quand  les  cornues  sont  un  peu  vieilles, 
de  l'oxyde  de  carbone  qui  est  aspiré  du  foyer  à  travers 
les  parois  de  ces  cornues  ;  en  outre,  un  outillage  un  peu 
ancien  donne  toujours  un  oxygène  moins  riche,  les  appa- 
reils ne  tenant  pas  suffisamment  le  vide  et  laissant  rentrer 
un  peu  d'air.  Le  gaz  est  livré  au  connnerce  dans  des 
cylindres  en  acier  chargés  à  120  atmosphères. 

Procédé  Tessié  du  Motay  et  MarécluiL  Ce  procédé, 
convenablement  amélioré,  est  appliqué  dans  une  usine 
à  Boulogne-sur-Seine.  On  fait  passer  un  courant  d'air 
pur  et  sec  sur  un  mélange  de  soude  et  de  bioxyde  de 
manganèse  chauffé  vers  450^,  l'oxygène  est  absorbé,  et 
il  se  forme  du  manganate  de  soude.  Si,  sans  chan- 
ger la  température,  on  fait  passer  ^sur  ce  manganate 
un  courant  de  vapeur  d'eau  surchauffée,  les  éléments 
primitifs  du  mélange  sont  régénérés,  avec  dégagement 
de  l'oxygène  qu'ils  avaient  absorbé.  Toutes  les  conduites 
ainsi  que  les  cornues  sont  constamment  sous  pression 
d'air  ou  de  vapeur,  et  par  suite  aucun  appel  de  l'exté- 
rieur, d'air  ou  des  gaz  du  foyer,  ne  peut  avoir  lieu.  Si 
donc,  au  moment  de  l'émission  de  l'oxygène,  on  n'envoie 
ce  dernier  au  gazomètre  qu'après  avoir  bien  purgé  tout 
l'espace  mort  de  la  tuyauterie,  il  n'y  a  aucune  difficulté  à 
recueillir  du  gaz  chimiquement  pur.  En  pratique,  la  purge 
n'est  pas  parfaite,  elle  ramène  la  teneur  du  gaz  à  94/95  ^o 
d'oxygène  pur,  le  reste  est  seulement  de  l'azote  tout  à 
fait  inoffensif.  Cet  oxygène  est  donc  recommandable  pour 
les  usages  médicaux. 

Voici,  en  quelques  mots,  les  appareils  utilisés  dans  ce 


procédé  :  une  pompe  à  air,  sans  espaces  morts,  envoie  aux 
cornues  3  m.  c.  d'air  par  minute  à  travers  un  épurateur 
horizontal  contenant  de  la  chaux  et  de  la  soude  destinées 
à  retenir  l'humidité  et  l'anhydride  carl)onique.  Les  cornues 
verticales  en  fonte  sont  logées  dans  deux  chambres  de 
chauffe,  alimentées  par  une  chambre  de  combustion  inter- 
médiaire oii  l'air 
chaud  vient  brûler 
les  gaz  combustibles 
formés  dans  un 
foyer  gazogène 
(tig.  8).  Ces  cor- 
nues, contenant  le 
uianganate  poreux 
préalablement  pré- 
paré, reçoivent  al- 
ternativement l'air, 
la  vapeur,  par  l'in- 
termédiaire d'un 
distributeur  auto- 
mati{fue.  Ce  dernier 
se  compose  de  sou- 
papes  équilibrées 
mues  par  l'air  com- 
primé (fue  leur  en- 
voient des  distribu- 
teurs  comman- 
dés électriquement 
(fig.  9).  Un  balai  à 
mouvement  circu- 
laire lance  le  cou- 
rant périodique- 
ment dans  les  dis- 
tributeurs. Les  sou- 
papes, qui  reçoivent 
l'oxygène  pur,  le  di- 
rigent vers  un  gazo- 
mètre de  100  m.  c, 
à  travers  un  réfrigérant  alimenté  par  un  thermosiphon,  des- 
tiné à  condenser  la  vapeur  qui  accouq)agne  le  gaz.  Ce  der- 
nier, absolument  pur  de  carbone,  sous  forme  d'oxyde  ou  de 
carbure,  est  comprimé  à  120  atmosphères  dans  des  tubes 
d'acier.  Ces  tubes  d'acier  étirés  sans  soudure,  etpai'  consé- 
quent d'uneseule  pièce,  sont  extrèmejuent  légers,  malgré  leur 
grande  sohdité.  Us  sont  essayés  à  la  pression  hydraulique 
de 300  atmosphères  et  ne  sont  chargés  qu'à  celle  de  120. 
Voici  la  liste  des  tubes  qu'on  rencontre  dans  le  com- 
merce : 


Compressour  compound  avoc  refroidissement  du  gcî 
(usine  de  Boulogne). 


Capacité 

Longueur 

Poids 

250 

0^^\45 

4  kilogr. 

500 

0"\55 

7  kilogr. 

1.000     , 

0™,78 

14      - 

1.500 

1"M0 

19      ~ 

2.000 

0™,88 

27,5   — 

2.500 

l^^l3 

30,5   - 

5.000 

l^'\70 

60      - 

Ces  tubes  paraissent  absolument  inexplosibles  ;  l'un 
d'eux,  porté" accidentellement  à  la  température  de  1000^, 
s'est  gonflé  sous  l'influence  de  la  pression,  puis  s'est  dé- 
chiré légèrement  pour  donner  passage  au  gaz  sans  qu'il  y 
ait  eu  projection  de  métal.  L'oxygène  est  comprimé  dans  les 
tubes  au  moyen  d'un  compresseur  compound  (fig.  10).  avec 
refroidissement  de  gaza  chaque  cascade.  On  peut  en  extraire 
directement  le  gaz  sans  avo'r  recours  à  un  détendeur 
spécial,  en  faisant  simplement  usage  d'un  robinet  à  vis 
micrométrique  qui  est  ajusté  sur  le  tube  et  permet  de 
laisser  sortir  l'oxygène  sous  une  pression  aussi  faible  que 
l'on  veut. 

Procédés  électrolytiques.  Les  perfectionnements  dans 
les  machines  dynamo-électriques  permettent  de  préparer 
aujourd'hui  simultanément  l'oxygène  et  l'hydrogène  purs  ; 
des  usines  existent  aujourd'hui  dans  le  S.  de  la  France,  à 


OXYGÈNE 


—  750 


Sainte-Marie- d'Oloron,  à  Lausanne,  à  Bruxelles,  à  Naples; 
les  usines  paraissent  cependant  ne  fonctionner  que  d'une 
façon  assez  irrégulière,  et  le  matériel  employé  exige  des 
perfectionnements  avant  que  le  problème  soit  complète- 
ment mis  au  point.  En  admettant  le  chiffre  de  1  volt  5  pour 
la  force  contre-électromotrice  d'un  voltamètre  à  eau,  et  en 
comptant  sur  un  rendement  total  de  1  ^2 ,  on  d  éduit  facilement 
les  données  suivantes  : 
Volume  d'oxygène  produit  par  ampère-heure.  .     0^^^il7 

—  d'hydrogène  —  0^^*,433 
Dépense  en  ampère-heure  par  m.  c.  d'hydrogène    4 .  620 

—  en  watts-heure                —  13.860 
Nombre  de  chevaiix-hcurc 18,8 

Pratiquement,  on  peut  compter  sur  une  dépense  de 
20  chevaux-heure  par  mètre  cube  d'oxygène  auquel  s'ajou- 
tent 2  m.  c.  d'hydrogène.  La  consommation  du  combustible 
par  mètre  cube  de  gaz  produit  peut  varier  de  0  fr.  08  à 
0  fr.  20,  suivant  les  circonstances.  Si  l'on  dispose 
de  chutes  à  bon  marché,  le  problème  se  simphfie 
beaucoup  ;  certaines  chutes  coûtent  quelquefois  moins 
de  i  centime  par  cheval-heure,  ce  qui  abaisse  à 
6  cent,  le  mètre  cube  de  gaz  produit,  oxygène  ou  hydro- 
gène. Deux  difficultés  se  présentent  :  d'une  part,  les  cloisons 
étanches  servant  à  séparer  les  deux  gaz  rendent  la  résis- 
tance intérieure  des  voltamètres  ordinaires  très  grande  ; 
d'autre  part,  la  nécessité  d'employer  le  platine  comme 
électrode  conduit  à  des  appareils  d'un  prix  inabordable. 
Le  commandant  Renard  a  proposé  de  séparer  les  gaz  par 
des  cloisons  poreuses  constituées  par  de  la  toile  d'amiante 
à  mailles  suffisamment  fines  et  de  substituer  à  l'électrolyte 
acide  un  clectrolyte  alcalin  (dissolution  de  soude  caus- 
tique), ce  qui  permet  d'employer  le  fer,  la  fonte  ou  l'acier 
comme  électrode  aux  deux  pôles.  Une  dissolution  de  soude 
caustique  à  13  °/o  présente  aussi  peu  de  résistance  élec- 
trique que  l'eau  acidulée  à  27  ''/o  employée  dans  les  vol- 
tamètres ordinaires.  Voici  la  dispo.^ition  des  voltamètres 
Renard.  Un  grand  vase  cylindrique  en  tôle  commune  sort 
à  la  fois  de  vase  pour  l'électrolyte  et  d'électrode  négative. 
Un  tube  perforé,  également  en  tôle,  porté  par  un  couvercle  en 
tôle  ou  en  fonte  fermant  hermétiquement  le  vase  extérieur, 
mais  isolé  de  ce  vase,  sert  d'électrode  positive.  Un  grand  sac 
d'amiante,  ligaturé  sur  l'électrode  intérieure  au  moyen  de 
lil  de  cuivre  isolé,  sert  à  séparer  les  deux  gaz.  L'oxygène  se 
dégage  à  l'intérieur  du  tube  central,  et  l'hydrogène  dans 
l'espace  annulaire  compris  entre  ce  tube  et  le  vase  extérieur. 
Le  procédé  Renard  n'a  jamais  été  appliqué  en  grand. 

L'IlaUen  Garuti  prétend  avoir  donné  une  solution  inté- 
ressante du  problème;  son  appareil  (fig.  11)  est  utilisé  à 
ïivoh  (Italie),  parla  Société  VOxyhydriqiie  à  Bruxelles  et 


Fip:.  11.  —  Préparation  industrielle  de  l'oxygène  par 
Garuti.  A  B  C  D,  cuve;  E,  électrolyseur  ;  MN.  bornes; 
G,  G,  cloches  pour  recueillir  les  gaz. 

la  fabrique  Gmiir  A  Lucerne;  il  aurait  l'avantage  d'être  très 
peu  coûteux.  L'auteur  emploie  un  diaphragme  percé  de 
trous,  qui  doit  remplir  les  trois  conditions  suivantes  :  1^  le 
courant  ne  le  détruit  ni  ne  le  déforme  ;  2°  sa  résistance  est 


faible  ;  3*^  il  effectue  la  séparation  des  deux  gaz.  Ce  dia- 
phragme consiste  en  une  série  de  cellules  de  feuilles  d'acier;^, 
réunies  ensemble  au  moyen  de  soudures  de  cuivre,  ce  qui  se 
fait  par  le  gaz  tonnant.  Les  électrodes  e  sont  aussi  des  feuilles 
d'acier  (tig.  12).  Les  appareils  travaillent  avec  une  in- 
tensité de  350  ampères  et  un  voltage  de  2,5.  Chacun  des 
deux  gaz,  oxygène  ou  hydrogène,  n'a  d'autre  impureté  que 
l'autre  gaz,  et,  pourvu  que  la  dose  d'hydrogène  contenu  dans 


Fig.  12.  —  Coupe  de  l'électrolyseur  Garuti. 

l'oxygène  soit  suffisamment  faible,  il  n'y  a  aucun  inconvé- 
nient ;  il  suffit  d'ailleurs  de  chauffer  le  gaz  pour  éliminer 
l'impureté  hydrogène  qui  se  trouve  brûlée.  La  séparation  ne 
semble  cependant  pas  résolue  d'une  façon  parfaite  si  l'on 
en  juge  par  l'explosion  qui  s'est  produite  à  l'usine  de 
Bruxelles.  Garuti  a  remplacé  la  soude  pai'  la  potasse  dans 
son  électrolyseur;  il  abaisse  ainsi  de  3  à  4/10  de  volts 
la  force  électromotrice  aux  bornes  de  chaque  appareil. 
60  électrolyscurs   occupent  une  superficie  de  70  m.  q. 

Appareil  de  Linde.  Linde,  qui  paraît  avoir  complètement 
résolu  le  problème  de  la  Hquéfaction  de  l'air,  soumet  l'air 
liquide  à  une  distillation  fractionnée  et  obtient  ainsi  un  oxy- 
gène très  riche.  Pour  liquéfier  l'air,  il  est  nécessaire  d'abais- 
ser sa  température  au-dessous  de —  140^,  sa  température 
critique,  avec  unepression  au  moins  égale  à  40  atmosphères. 
M.  Linde  s'appuie  sur  le  principe  de  la  détente,  imaginé 
par  M.  Cailletet,  en  rendant  cette  détente  en  quelque  sorte 
continue.  L'auteur  n'utilise  aucun  agent  réfrigérant  et  se 
sert  uniquement  d'une  pompe  qui  comprime  l'air  et  d'un 
serpentin  où  il  se  détend  de  façon  continue  par  la  ma- 
nœuvre d'un  simple  robinet  (fig.  13). 

Le  serpentin  se  compose  de  deux  tuyaux  concentriques 
en  cuivre  entrant  l'un  dans  l'autre  et  longs  de  15  m.  Le 
tuyau  intérieur  est  parcouru  par  l'air  venant  d'une  pompe 
qui  le  comprime  à  220  atmosphères.  x\.rrivé  au  bout  du 
tuyau,  l'air  se  détend  dans  la  partie  annulaire  et  parcourt 
le  second  tuyau  en  sens  inverse,  après  s'être  refroidi  de 
50°  par  la  détente;  mais,  dans  son  trajet,  il  cède  le  froid 
produit  à  l'air  qui  arrive  comprimé  à  200  atmosphères, 
de  sorte  qu'à  l'extrémité  du  second  tuyau,  l'air,  détendu 
à  20  almosphères,  retourne  à  la  pompe  de  compression  à 
la  température  ambiante  après  avoir  cédé  tout  le  froid 
produit  par  la  détente  à  l'air  qui  arrive.  Les  deux  tuyaux, 
roulés  en  serpentin  pour  tenir  moins  de  place,  sont  isolés 
dans  une  caisse  en  bois,  bouri'ée  de  laine  brute  pour  éviter 
les  apports  do  chaleur  extérieure.  La  température,  avant 
et  après  l'écoulement,  s'abaisse  graduellement  jusqu'à  ce 
que  la  température  de  liquéfaction  soit  atteinte  et  qu'une 
partie  de  l'air  qui  s'écoule  se  rassemble  à  l'état  liquide 
dans  le  récipient  adapté  à  l'extrémité  de  l'appareil.  Cette 
machine  donne  1  lit.  d'air  Hquide  à  l'heure  en  dépensant 
un  peu  moins  de  3  chevaux.  La  machine  industrielle,  où 
le  serpentin  mesure  plusieurs  centaines  de  mètres,  fournit 
00  kilogr.  d'air  liquide  à  l'iieure. 

L'air  liquide  est  recueiUi  dans  un  vase  de  Dewar  ;  c'est 
un  baUon  à  double  paroi  en  verre,  dans  la  partie  annu- 
laire duquel  on  a  fait  un  vide  aussi  complet  que  possible. 


—  751 


OXYGENE 


L'air  liquide  soumis  à 
d'abord  son 
azote,  tandis 
que  l'oxygène 
reste  liquide, 
reconnais- 
sable  à  sa  colo- 
ration  bleue. 
Pour  extraire 
l'oxygène  de 
l'air,  Linde  a 
modifié  légère- 
ment son  appa- 
reil, de  manière 
à  effectuer  une 
distillation 
fractionnée 
pendant  toute 
la  durée  de 
la  liquéfaction. 
Linde  obtien- 
drait 1  kilogr. 
d'oxygène  par 
kilogramme  de 
charbon.  Dans 
ce  nouvel  ap- 
pareil, l'air 
comprimé  se 
divise  en  deux 
parties,  qui  sui- 


la  distillation   fractionnée 


à  projection 


conférences, 


ig.  13.  —  A,  serpentin  intérieur  à  liante  i)ression  ;  B,  serpentin  extérieur  [à  basse 
pression  ;  C,  soupape  de  réduction  ;  D,  réservoir  pour  l'air  liquéfié  ;  E,  pompe  ; 
F,  réfrigérant;  G,  tuyau  d'aspiration  d'air:  H,  tuyau  de  refoulement  d'air 
comprimé;  I,  tuyau  d'arrivée  de  l'eau  froide  ;  J,  tuyau  de  sortie  d'eau;  K,  tuyau 
d'entrée  d'air  comprimé  dans  l'appareil. 


vent  deux  chemins  différents,  pour  venir  se  réunir  dans  un 

serpentin  qui  plonge 
dans  le  vase  contenant 
la  partie  liquide  et  enfin 
aboutir  dans  ce  vase 
même.  Grâce  à  ces 
dispositifs,  la  partie 
liquéiiée  s'enricliit  de 
plus  en  plus  en  oxy- 
gène, tandis  que  la 
partie  non  liquéfiée 
s'enrichit  en  azote.  Le 
procédé  Linde  produi- 
rait l'oxygène  beau- 
coup plus  avantageu- 
sement que  les  autres 
procédés. 

Le  gaz  oxygène  re- 
çoit chaque  jour  des 
appUcations  nouvelles , 
appUcations  qui  se  mul- 
tiplieront le  jour  où 
le  prix  de  l'oxygène 
baissera  notablement. 
On  l'emploie  comme 
antiseptique  pour  la 
conservation  des  ma- 
tières alimentaires,  en 
particulier  pour  le  lait, 
le  lait  enfermé  dans  un 
vase  résistant  sous 
une  pression  d'oxy- 
gène peut  être  trans- 
porté sans  inconvé- 
nient. En  Allemagne, 
on  l'a  appliqué  au 
transport  du  poisson 
vivant  par  le  chemin 
de  fer.  L'oxygène  est 
utilisé  pour  produire 
les  températures  éle- 
vées nécessaires  pour 


Fig.  14.  —  Appareil  Linde  pour  la 
liquéfaction  de  l'air  et  la  sépa- 
ration de  l'azote  de  l'oxygène  li- 
quide, j,  spirale  où  circule  l'air 
comprimé  au  milieu  de  l'air  li- 
quide en  effectuant  une  distilla- 
tion fractionnaire  de  ce  dernier 
et  par  suite  un  enrichissement  en 
oxygène;  I^  et  Ig,  robinets  va- 
riables permettant  de  modifier  la 
rapidité  de  la  détente  ;  A,  tuyau 
d'arrivée  du  gaz  comprimé  ; 
F,  G,  serpentins. 


des  éclairages  ou  des  chauffages  puissants.  Les  appareils 


le  théâtre,  etc.,  sont 
constitués  par 
un  morceau  de 
chaux  porté  à 
l'incandes- 
cence par  la 
combustion 
d'un  mélange 
d'oxygène  et 
de  gaz  d'éclai- 
rage (V.  OXY- 
HYDRiQUE  [Lu- 
mière]), ou 
bien  d'éther, 
d'acétone, 
quand  on  ne 
dispose  pas  de 
gaz  d'éclai- 
rage. La  lampe 
oxy-éthérique 
de  Molteni,  le 
carburateur  à 
l'acétone,  sont 
utihsés  dans  ce 
but.  On  se  sert 
aussi  du  cha- 
lumeau oxy- 
gène et  hydro- 
gène ou  gaz 
d'éclairage 


pour  réaliser  les  hautes  températures  nécessaires  à  la  fu- 
sion des  métaux  réfractaires,  or,  platine,  acier  chromé,  etc., 
pour  la  brasure,  la  soudure  autogène  des  lames  de  plomb, 
la  fabrication  des  fils  électriques  en  cuivre  rouge  résultant 
du  passage  à  la  filière  de  barres  de  cuivre  réunies  entre 
elles  par  des  soudures  à  l'argent  (V.  Chalumeau). 

On  obtient  de  bons  résuhats  dans  le  blanchiment  du 
papier  et  des  fibres  textiles  en  employant  l'oxygène  con- 
jointement avec  le  chlorure  de  chaux  ;  on  blanchit  quel- 
({uefoih  le  verre  en  dirigeant  dans  la  masse  en  fusion  uti 


\CyUtidré\ 

!      d£       \ 

\  ChaU'X  i 


courant  d'oxygène  au  moyen  d'un  tube  de  ièr  jjercé  de 
trous.  Dans  les  laboratoires,  on  consomme  de  l'oxygène 
pour  les  analyses  oi-ganiques,  les  combustions  dans  la 
bombe  calorimétriquer  etc.  Le  vieiUissement  artificiel  des 
alcools  et  des  alcoolats  aromatiques  consomme  un  peu  d'oxy- 
gène, soit  directement,  soit  en  transformant  l'oxygène  en 
ozone.  Toutes  les  industries  qui  reposent  sur  l'oxydation  des 
corps  gras  emploient  de  l'oxygène  :  la  fabrication  des  huiles 
siccatives,  des  vernis,  des  toiles-cuirs,  des  toiles  cirées, 
des  encres  lithographiques,  typographiques  et  de  taille- 
douce.  On  a  essayé  aussi  l'action  de  l'oxygène  en  distillerie 
pour  l'oxydation  des  moûts  ;  on  obtiendrait  ainsi  des  alcools 
plus  purs  ;  la  même  action  de  l'oxygène  sur  les  moûts  de 


OXYGENE  —  OXYLUS 


—  752 


brasserie  donnerait  des  bières  supérieures.  La  médecine 
consomme  des  quantités  considérables  d'oxygène  pour 
la  guérison  ou,  du  moins,  le  soulagement  dans  certaines 
maladies.  {].  Maticxon. 

[IL  ThérapeutiouI':.  — Si  l'on  s'en  fût  rapporté  à  Noth- 
nagel  et  Rossbach,  ({ui  prétendent  qu'un  air  pur,  privé  de 
tout  mélange  nuisible,  peut  produire  exactement  les  mêmes 
résultats  thérapeutiques  que  l'inhalation  d'oxygène,  c'est 
une  médication  à  la({uelle  on  aurait  depuis  longtemps  re- 
noncé. Un  autre  ])liysiologisLe.  très  estimé.  Quin(|uaud, 
tout  en  se  montrant  un  peu  moins  ailirmatif,  n'était  guère 
plus  optimiste.  Uuimjuaud  écrivait  naguère  qu'il  avait  pu 
expérimentalement  se  convaincre  que  les  inhalations,  telles 
(ju'on  les  prati({ue  d'ordinaire  chez  l'homme,  c.-à-d.  à  la 
dose  de  5  à  6  litres  d'oxygène,  répétées  deux  ou  trois  fois 
par  jouj',  ne  produisent  pas  d'effets  physiologiques  sen- 
sibles. Pour  obtenir  ces  effets,  il  faudrait,  selon  cet  au- 
teur, employer  un  mélange  composé  de  i/o  d'oxygène 
et  ^/3  d'air,  que  l'on  ferait  circuler  à  travers  les  poumons, 
à  l'aide  d'un  appareil  à  soupape  ;  et  pour  que  les  effets 
soient  durables,  il  serait  nécessaire  de  prolonger  l'inhala- 
tion pendant  vingt  à  trente  nu'nutes.  (jmi  (ju'il  en  soit, 
l'oxygène  a  doimé,  entre  les  mains  de  cliniciens  expéri- 
mentés, des  résultats  (ju'on  ne  saui*ait  nier.  Si,  dans  le 
diabète,  Lécorclié  et  (Iriesinger  déclarent  n'avoir  jamais 
vu  s'abaisser  le  taux  du  glucose  dans  les  urines,  sous  l'in- 
tluenee  de  l'oxygène,  par  contre  Hayem  a  noté  une  amélio- 
ration évidente  chez  les  chloroti({ues  (ju'il  a  soumis  aux 
inhalations  de  ce  gaz  :  l'appétit  s'e^t  réveillé,  les  diges- 
tions sont  devenues  meilleures,  les  vomissements  ont  cessé, 
et  le  poids  des  malades  a  augmenté.  Hayem  convient 
néanmoins  qu'un  bon  régime  dispense  de  recourir  à  ce 
traitement,  qu'il  ne  réserve  que  pour  les  cas  reî)elles  :  en 
ce  cas,  il  fait  respirer  30  à  60  litres  de  gaz  par  jour  en 
deux  ou  trois  fois,  un  quart  d'heure  avant  le  repas. 

Dans  la  fièvre  typhoïde,  A.  Robin  a  vu  la  ((uantité  de 
l'urée  augmenter  à  la  suite  d'inhalations  d'oxyg^'iie  (i  à 
3  litres  toutes  les  deux  heures  ;  W  à  30  litres  par  jour). 
Dans  la  phtisie,  on  doit  s'en  servir  avec  beaucoup  de  pru- 
dence, surtout  chez  les  phtisi([ues  fébriles  ou  sujets  aux 
hémoptysies  et  aux  congestions  aiguës.  Dans  le  coma 
urémique,  J.  Renaut  les  a  fortement  recommandée^>.  Pi- 
nard et  Peter  les  ont  prescrites  nvec  succès  contre  les 
vomissements  incoercibles  de  la  grossesse  ;  Tarnier  et 
Ronnaire,  chez  les  enfants  débiles  ou  nés  avant  terme. 

Dans  l'asphyxie  lente,  au  couis  d'une  affection  des  or- 
ganes de  la  respiration  ou  de  la  circulation,  la  dy^^pnée  et 
la  cyanose  ne  sont  guère  moditiées  par  les  inhalations 
d'oxygène.  Peut-être  obtiendrait-on  un  meilleur  résultat 
^i  le  malade  respirait  dans  une  atmosphère  d'oxygène  pur 
ou,  surtout,  si  des  conditions  spéciales  de  pressimi  sup- 
pléaient à  l'insulïisance  des  forces  naturelles  (A.  Man- 
(|uat).  A  l'extérieur.  Demanfuay  avait  songé  ù  appliquer 
l'oxygène  au  traitement  des  plaies.  On  lui  préfère  aujour- 
d'hui ïeait  od'jjïjcîicc,  (\m  semble  devoir  être  considérée 
comme  un  excellent  aseptique  et  peut  être  antiNepticpie. 
On  a  pareillement  renonc(''  à  roxygène  dans  le  traitement 
de  l'asphyxie  locale  des  extrémités  et  de  la  gangrène  spon- 
tanée des  membres. —  Tout  le  monde  sait  que  l'oxygène  est 
livré  dans  des  ballons  en  caoutciiouc,  auxquels  est  adapté 
un  tube  de  même  substance,  muni  d'un  robinet  par  le- 
quel se  fait  l'aspiration.  Dans  l'appareil  dit  de  Limousin, 
le  gaz  barbote  dans  un  flacon  laveur  avant  d'être  iidialé. 

D^'  A.  Cabanes. 

OXYGONE  (Géom.).  Mol  employé  autrefois  comme svno- 
nyme  d'acutangle,  pour  désigner  un  triangle  qui  a"^  ses 
trois  angles  aigus. 

OXYHÉMOGLOBINE  (Chim.)  (V.  liEMOcroiuxt:] 

OXYHYDRIQUE  (Lumière) .  Connu  depuis  près  d 'un  siècle 
sous  le  nom  de  lumière  de  Drummond  {S .  CnAixMRAfj  et 
Drummond),  l'éclairage  au  gaz  oxyhydrique  est  encore  beau- 
coup usité  de  nos  jours,  c(încurremment  avec  la  lampe 
oxy-éthérique  (V.  Oxygèxi:,  fig.  13),  dans  les  cours  pu- 


j  blics,  dans  les  théâtres  d'ombres,  dans  les  appareils  de 
projections,  etc.,  pour  remplacer  soit  la  lumière  électrique, 
qu'il  égale  presque  en  intensité,  soit  la  lumière  solaire. 
On  employait  au  début  un  mélange,  tait  au  bec,  de  2  vol. 
d'hydrogène  pur  et  de  1  vol.  d'oxygène.  On  a  subs- 
titué à  peu  près  partout  le  simple  gaV.  de  houille  à  l'hy- 
drogène pur,  avec  des  robinets  distincts  de  commande 
pour  ce  gaz  et  l'oxygène,  ce  qui  permet,  en  réglant  à  vo- 
lonté le  débit,  d'obtenir  le  maximum  d'effet  lumineux,  et 
un  physicien  italien,  Carlevaris,  a  remplacé  la  chaux  par 
un  cylindre  creux  de  magnésie,  de  plus  longue  durée.  On 
se  sert  aussi  quelquefois  d'air  comprimé  au  lieu  d'oxy- 
gène. Enfin,  plusieurs  systèmes  ont  été  imaginés  afin  de 
reméder  à  un  inconvénient  de  la  lumière  de  Drummond, 
qui  ne  peut  projeter  ses  rayons  que  d'un  seul  côté.  D^ans 
le  système  Tessié  du  Motay ,  quelque  temps  expérimenté 
sur  les  places  publiques,  le  cylindre  de  magnésie,  massit 
et  de  forme  allongée,  est  suspendu  verticalement  à  l'ex- 
trémité d'une  petite  potence  et  frappé  à  la  base  de  jets  de 
gaz  de  houille  et  d'oxygène,  le  gaz  arrivant  à  une  pres- 
sion de  5  ou  ()  centim.  d'air  seulement,  l'oxygène  à  une 
pression  de  6  à  7  centim.  Le  crayon  de  magnésie  a,  d'ail- 
leurs, été  remplacé  avec  avantage,  par  M.  Caron,  par  un 
crayon  de  zircone,  celle-ci,  préparée  à  l'état  de  pureté, 
donnant  une  lumière  plus  blanche,  plus  intense,  et  durant 
plus  longtemps  encore  que  la  magnésie.  Dans  le  système 
Bourbouze  et  Wiessneg,  le  gaz  d'éclairage  est  comprimé  à 
une  demi-atmosphère  en  sus  de  la  pression  atmosphé- 
rique et  dirigé  dans  une  forte  lampe  de  Runsen,  qui  est 
coiffée  à  sa  partie  supérieure  d'une  sorte  de  capuchon 
formé  par  un  réseau  de  fils  de  platine  ;  ces  fils  se  trou- 
vent portés  à  l'incandescence,  et,  accessoirement,  si  l'on 
veut  augmenter  l'intensité  de  la  lumière,  un  cône  de  ma- 
gnésie placé  au  centre  du  capuchon.  Dans  le  système  d'Hur- 
(ourt,  i  vol.  de  gaz  d'éclairage  et  2  vol.  d'air  (propor- 
tion insuffisante  pour  détoner)  sont  mélangés  et  projetés 
à  une  pression  de  o  à  6  centim.  d'eau  dans  une  canahsa- 
tion  unique  ;  le  mélange  s'échappe  par  un  bec  à  trous  cir- 
culaires très  petits,  surmonté  d'un  réseau  conique  de  fils 
de  platine,  lequel  est  porté,  comme  dans  le  système  pré- 
cédent, à  l'incandescence.  La  thorine  peut  aussi  être  em- 
ployée, dans  les  divers  systèmes,  au  lieu  de  la  magnésie 
ou    de  la  zircone.  L.'  S. 

OXYISOBUTYRIQUE  (Acide)  (V.  Dimiôthyloxauque 
[Acide  I). 

OXYLÉFIDÈNE.  Form.  i  ^ liÏÏ™ 

(  Atom G^^H'^^O^. 

Quand  on  chauffe  la  benzome  en  vase  clos  avec  de  l'acide 
chlorhydrique,  il  se  forme  du  benzile  et  du  lépidène, 
C'^'^H'^'O'^.  Cette  dernière  substance  oxydée  conduit  àl'oxy- 
lépidène.  L'oxylépidène  est  connu  sous  trois  formes  isome- 
riques  i  l'oxylépidène  cristallisé  en  aiguilles  ou  dibenzoyi- 
stilbène,  l'oxylépidène  cristallisé  en  tables  ou  tétraphényl- 
crotolactone  et  enfin  l'oxylépidène  octaédrique.  Tous  "les 
trois,  soumis  à  la  distillation  sèche  donnent  les  mêmes  pro- 
duits, l'isolépidène  et  l'acide  oxylépidénique,  C^^'H^'^O^.  Les 
deux  derniers  isomères  résultent  de  la  transformation  du 
premier  à  360*^  ;  on  n'obtient  ([ue  de  petites  quantités 
d'oxvlépidène  octaédrique,  '2  ^o-  C.  Matignon. 

BiiiL.  :  ZiMN,  Berlchte,  VS12.  t.  X,  p.  110t. 

OXYLINOLÉIQUE  (Acide).  Les  huiles  siccatives,  celles 
de  lin.  de  noix,  de  chanvre,  de  pavot,  etc.,  paraissent  con- 
tenir en  grande  quantité,  environ  80  ^o,  un  éther  tri- 
glycéri([ue,un  acide  particulier,  l'acide  linoléique,  qui  aurait 
pour  formule  C^^H^^^'O^.  Ce  composé  huileux,  ainsi  que  ses 
sels,  s'oxyde  à  l'air  en  se  transformant  en  acide  oxylino- 
lèi(|iie  ou  en  oxylinoléates  solides  et  insolubles.  La  forma- 
tion de  ces  composés  aurait  lieu  au  moment  de  la  dessic- 
L-ation  des  peintures  siccatives.  C.  M. 

OXYLUS,  chef  légendaire  des  Etohens,  fils  d  Ilémon, 
époux  de  Pieria,  père  d'Etolus  et  de  Laias.  Il  prit  part 
à  l'invasion  dorienne  dans  le  Péloponèse,  où  il  conquit  Elis 
dont  il  devint  roi. 


—  753  — 


OXYMALONIOUE  —  OXVSIJLFUKE 


OXYMALONIQUE  (Cliim.)  (V.  Sârtronique  [Acide]). 

OXYMEL  (Boisson)  (Pharmacol.)  (V.  Miel). 

OXYMELLITE  (V.  Miel). 

OXYMICTERUS  (Zool.)  (V.  Hamster,  t.  XlX,p.  810). 

OXYNÉVRINE  (Chim.)  (V.  Bétaïne). 

OXYŒNA  ou  OXHYŒNA  (V.  Hy^nodon). 

OXYOPE  (Zool.).  Genre  d'Arachnides  proposé  par  La- 
ti'eille,  caractérisé  par  un  céphalothorax  élevé  et  tronqué 
on  avant  ou  il  porte  huit  yeux  homogènes,  mais  très  iné- 
gaux, disposés  sur  quatre  rangs  :  deux  situés  sur  le  plan 
vertical  de  la  face,  les  deux  autres  dorsaux,par  des  pattes 
peu  inégales,  fines  aux  extrémités,  armées  de  longues 
épines  verticillées  et  pourvues  de  trois  griffes  pectinées. 
Ce  genre  est  le  type  d'une  famille  ayant  des  analogies 
avec  celles  des  Lycosides  et  des  Attides.  11  est  très  nom- 
breux dans  les  régions  chaudes,  mais  trois  espèces  seule- 
ment :  0.  heterophthalmus,  Hneatus  Latr.,  ramosus 
Panzer,  se  rencontrent  en  Europe.  Ce  sont  des  Araignées 
très  vives,  ne  filant  aucune  toile  et  poursuivant  leur  proie 
sur  les  plantes  ;  leur  cocon  ovigère  est  discoïde  et  adhé- 
rent. E.  Simon. 

OXYPHÉNOL  (Chim.)  (V.  Pyrocaïéchine). 

OXYPICRIQUE  (Chim.)  (V.  Résorcine). 

OXYPORUS  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Coléoptères,  de 
la  famille  des  Staphylinides,  établi  par  Fabricius  (Ent. 
Sijst,,  1792,  p.  267).  Ce  genre  est  surtout  caractérisé  par 
les  pattes  intermédiaires  insérées  sur  les  côtés  de  la  poi- 
trine et  par  l'abdomen  marginé.  Les  Oxyporus  habitent 
les  régions  froides  ou  tempérées,  dans  les  bolets  et  aga- 
rics. VO.  maxillosus  attaque  à  l'état  de  larve  le  chapeau 
des  agarics. 

OXYPTERUM  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Diptères,  de 
la  famille  des  Ornithomyies,  établi  par  Leach.  Dans  ce 
genre  la  réduction  des  ailes  est  manifeste,  moins  cepen- 
dant que  chez  les  Stenopteryx  (V.  ce  mot).  Ces  Diptères 
s'accrochent  aux  hirondelles  par  les  ongles  des  tarses  qui 
sont  tridentés.  L'O.  Tungeri  G. -M.  est  long  de  7  millim. 
et  se  trouve  au  Maroc. 

OXYRHINA  (IchtyoL).  Genre  de  Poissons  de  l'ordre 
des  Chondroptérygiens  Selachoïdes,  de  la  famille  des 
Lamnidœ.  Des  trois  formes  connues  de  ce  genre  nous 
citerons  VOxyrhina  Spallanzani,  de  la  Méditerranée. 
C'est  un  Squale  d'un  gris  ardoisé  sur  le  dos  et  les  flancs, 
blanchâtre  en  dessous  ;  il  a  le  corps  fusiforme  allongé  ;  la 
tète  est  longue,  le  museau  pointu,  la  gueule  largement 
fendue  ;  la  première  dorsale  commence  près  de  la  fin  de 
l'insertion  des  pectorales,  la  seconde  dorsale  est  très  petite. 
Ce  Poisson,  voisin  des  Lamies,  s'en  distingue  par  l'absence 
de  dentelures  à  la  base  des  dents.  Rochrr. 

BiuL.  :  Sauvagk,  dans  Brkhm,  éd    (V 

OXYRHYNCHE  (Ornith.).  Le  genre  Oxyrhynchus  on 
Oxyrhamphus  comprend  des  Passereaux  voisins  des 
Synallaxes  et  des  Dendrocolaptidés  (V.  ces  mots).  Dans 
ce  genre,  le  bec  est  court,  droit,  triangulaire,  pointu  ;  les 
ailes  médiocres  ;  la  queue  large  et  arrondie  ;  les  tarses 
courts,  robustes,  écailleux,  le  doigt  externe  soudé  à  la 
base,  le  pouce  aussi  long  que  le  doigt  médian.  L'O. /l!^;m- 
miceps  (Temminck),  type  du  genre,  est  un  Oiseau  du  Bré- 
sil, long  de  20  centim.,  vert  en  dessus,  blanchâtre  et  ta- 
cheté de  vert  en  dessous,  orné  d'une  huppe  de  plumes  d'un 
rouge  feu.  Ses  mœurs  sont  peu  connues.  E.  Tri. 

dXYRHYNQUES  (Zool.).  Ce  nom  s'apphqueà  un  grand 
groupe  de  Crustacés  décapodes-brachyures,  qui  comprend 
les  familles  suivantes  :  Parthénopides,  Inachides,  Maiides, 
Péricérides.  Ces  animaux  sont  caractérisés  par  leur  cara- 
pace triangulaire,  acuminée  en  avant,  avec  un  rostre  plus 
ou  moins  long,  parfois  fourchu  ;  les  régions  sont  nette- 
ment indiquées,  les  régions  hépatiques  sont  petites,  les 
])ranchiales  très  développées;  le  cadre  buccal  est  carré; 
9  branchies  de  chaque  côté  ;  les  ouvertures  sexuelles  mâles 
sont  à  la  base  de  la  5®  paire  de  pattes.  Coalescence  du 
système  nerveux  très  prononcée.  Le  nom  iVOxyrkyiirhus 
grande  encyclopéuie.  —  XXV. 


a  été  donné  aussi  à  différents  genres  d'Insectes,  à  un  genre 
d'Oiseaux,  de  Reptiles,  de  Poissons.  R.  Moniez. 

OXYSALICYLIQUE  (Acide). 

.,  (  Equiv C^4H2(H-202(0^). 

^ *^*'"-    (  Atom e6H(0H)2(e0«H). 

L'acide  oxysalicylique,  qu'on  appelle  aussi  acide  gen- 
lislque  ou  acide  paradioxybenzoïqiie,  a  été  découvert 
par  Henri  et  Caventou.  On  a  fait  sa  synthèse  en  chauffant 
avec  la  potasse  fondante  vers  300^  l'un  des  acides  mono- 
iodosalicyliques  : 

Ci4H5i06  4_  KO^H  =:  C^4H603  4.  KL 

Le  même  réactif  transforme  le  gentisin,  principe  cris- 
tallisé retiré  de  la  Gentiana  lufea,  en  acide  oxysalicy- 
lique. Corps  sohde,  cristallisé  en  aiguilles,  fondant  à  197". 
La  chaleur  le  décompose  en  hydroquinone  et  anhydride  car- 
bonique : 

C14H608  —  c^nm^  +  cw.      c.  m. 

OXYSULFURE  d'antimoine.  On  trouve  dans  la  nature 
un  oxysulfure  d'antimoine  dont  la  composition  est  repré- 
sentée par  la  formule  SbS^O  ou  SbO^  2SbS^.  Artificiel- 
lement on  prépare  des  oxysulfures  dans  diverses  circons- 
tances. Le  sulfure  d'antimoine,  chauffé  au  contact  de  l'air, 
s'oxyde  peu  à  peu  en  dégageant  de  l'anhydride  sulfureux  ; 
si  l'on  chauffe  de  manière  à  fondre  le  mélange  d'oxyde 
formé  et  de  sulfure  non  transformé,  on  obtient  une  masse 
vitreuse  d'oxysulfure  qu'on  appelle  le  verre  d'antimoine 
et  dont  la  composition  est  variable. 

Le  safran  d'antimoine,  ou  Crocus  metallorum,  est 
un  oxysulfure  qui  résulte  de  la  fusion  de  o  parties  d'oxyde 
d'antimoine  pour  4  partie  de  sulfure  ;  il  est  employé  dans 
la  médecine  vétérinaire  comme  vermifuge  et  purgatif. 

Le  cinabre,  ou  vermillon  d'antimoinCy  est  un  oxysul- 
fure artificiel  de  même  composition  que  l'oxysulfure  natu- 
rel. Il  se  forme  quand  on  fait  agir  Thyposulfite  de  chaux 
sur  le  chlorure  d'antimoine. 

Son  usage  repose  sur  son  inaltérabilité  à  l'air,  à  la  lu- 
mière et  aux  émanations  sulfureuses  ;  on  l'utilise  dans  l'in- 
dustrie des  toiles  et  des  papiers  peints;  il  peut  être  em- 
ployé également  comme  couleur  à  l'aquarelle  et  comme 
couleur  à  l'huile.  C'est  une  poudre  de  couleur  rouge  carmin 
et  d'un  aspect  velouté.  Pour  le  préparer  en  grand,  on 
grille  du  sulfure  d'antimoine  dans  un  courant  d'air  ren- 
fermant de  la  vapeur  d'eau  :  le  sulfure  se  transforme  en 
grande  partie  en  oxyde  d'antimoine  ;  l'acide  sulfureux,  qui 
se  forme  pendant  le  grillage,  sert  pour  la  préparation 
de  l'hyposulfite  de  calcium,  à  partir  des  résidus  de  la  fa- 
brication de  la  soude  par  le  procédé  Leblanc.  On  dissout 
l'oxyde  d'antimoine  dans  l'acide  chlorhydrique.  On  remplit 
aux  7/8^  avec  la  dissolution  d'hyposulfite  de  calcium  une 
grande  cuve  en  bois  chauffée  à  la  vapeur,  puis  on  ajoute 
peu  à  peu  la  solufton  de  chlorure  d'antimoine,  et  en  agi- 
tant continuellement  on  chauffe  jusqu'à  60°  environ.  La 
réaction  se  jproduit  aussitôt,  et  il  se  forme  un  précipité 
rouge  orange  qu'on  laisse  déposer,  qu'on  rassemble  sur 
un  filtre  de  toile,  qu'on  lave  et  qu'on  dessèche  à  environ 
50*^.  C.  Matignon. 

OXYSULFURE  de  carbone,  C'O^S^zrre^S.  Composé 
intermédiaire  entre  l'anhydride  carbonique  et  le  sulfure 
de  carbone  découvert  par  Than.  Il  se  forme  en  petite 
quantité  par  combinaison  directe,  quand  des  vapeurs  de 
soufre  en  excès  passent  avec  de  l'oxyde  de  carbone  dans 
un  tube  de  porcelaine  chauffé  au  rouge  faible, 
0202  _|_  S2gaz  =  C-202S2  +  'ô^^^\6, 

ou  par  l'action  du  sulfure  de  carbone  sur  les  vapeurs 
d'anhydride  sulfurique  : 

CS2  -h  3S03  m  4S0'-  +  CoS  —  lo  cal. 

On  le  prépare  en  introduisant  du  sulfocyanure  de  po- 
tassium pulvérisé  dans  un  mélange  à  parties  égales  d'eau 
et  d'acide  sulfurique  fortement  refroidi  ;  l'oxysulfure  ga- 
zeux se  dégage  sur  le  mercure.  Ce  gaz  incolore  rappelle 

18 


OXYSULFURE 


OXYVALEniANIQUE 


par  soîi  odeur  le  suifin-e  de  earlndie:  il 
l'anhydride  carbonititie  dans  son  volaiiio 


(lissoul  (o;!!fni' 
eau  en  hn  eoin- 
muniquant  une  saveiu'  sucrée,  nais  biiifureu-e  r-nii^neceiie 
des  eaux  minérales  suifurécs.  La  siiliiiion  s'aMrro  peu  a 
peu,  l'oxysuifurc  se  transforme  en  anisydride  cai'bonifpie 
et  en  acide  suit  hydrique  : 

Les  alcalis  activent  cette  décomposition.  Le  point  cri- 
tique est  situé  à  iOo°.  La  chaîeur  le  décompose  en  oxyde 
de  carbone  et  soufre,  ce  ([ui  donne  des  sulfures  en  présence 
de  métaux  comme  Je  cuivre,  l'argent  et  le  ier  divise.  Le 
gaz  ammoniac  s'unit  innncdiatenient  à  l'oxysulfure  en 
donnant  un  beau  corps  cristallisé  : 

C^O^S^  +  ^AzH^  r=  L-0L-l\z2]^'. 
donnant  à  100°  de  l'eau  et  du  sulfoc}auure  d'ammoniuffl. 

C.  Matignox. 

OXYTHYMOQUINONE  (Chim.)  (V.  ïhyjmol). 

OXYTOLUIQUES  (Acides),   f  (rrm.  )    ^(^'  ^^l^^^' 

Les  acides  oxytolui((ues  dérivent  des  acides  toluiques. 
(V^IFO^,  par  remplacement  de  H^  par  ir-^O--  : 

cm^(o^)  H-  0^  :=  vAni\iP(r^)(0'}. 

La  substitution  peut  s'effectuer,  soit  dans  le  reste  ijcn- 
zine,  soit  dans  le  reste  méthane,  ([ui  constituent  le  lokic.ic  ; 
il  en  résulte  deux  classes  d'acides  oxytolui(|ues,  les  acides 
phénols  oxytoluiques,  G^^}P(H'0'^)0'*,  et  les  acides  r.lcijols 
oxytoluiques,  C"'!i^(ll"0^)0^.  On  connaît  six  acides  oxyîc- 
luiques. 

On  obtient,  par  exemple,  des  acides  phénois  (pni'id  on 
dirige  un  courant  d'anhydride  caiboniquc  dans  uucrésyloi 
en  présence  du  sodiujii  : 

Ci-iH«(H^)  +  CH)'  T-  (>^116(11^){0^). 

Les  acides  phénols  sont  oxydés  par  h  potasse  fondante 
et  transformés  en  acides  oxybenzonpies  : 

+  c^O'  -H  ir^o^ 

Kékuîé  a  obtenu  un  acide  ah-ool  oxytohiique  en  faisnnt 
passer  des  vapeurs  de  brome  daiis  Lacide  toluiijue  parn. 
puis  en  traitant  Lacide  brome  par  hvs  alcalis  lioiiinanis. 

OXYURE  (ZooL).  Genre  de  Ve:s  Xéma^odcs,  de  h  fa- 
mille des  Ascarides.  L'espèce  la  plus  connue  est  riAc/z/r/'v 
vemiicularis  très  fréquent  chez  Liiomme.  (7esi  un  petit 
ver  de  couleur  blanche,  dont  l'extrémité  ai:lé!i^;<:re  offre 
un  renflement  rempli  d'un  liquide  clair  aux  ;)'irties  dorsale 
el  ventrale;  la  boîichc  est  terminale,  munie  de  trois  îio~ 
dules  saillants,  l'œsophage  est  long,  suivi  'l'un  buF^e.  _Le 
mâle  est  rare,  long  de  3  à  T)  mihim..  lai'ge  de  0^'"^\1G  à 
()mm^u)()o  son  extrémité  j)osiérienre,  sinueuse  pendant  la 
vie,  s'enroule  en  spirale  après  ia  mort;  il  ponc  un  spi 
cule  simple  et  deux  paires  de  papilles  préo.iaie^.   La  îe-' 
melle  est  longue   d'environ  1    <"•'  itiia.  suc   'i/"2  millin^.. 
d'épaisseur,  Lanus  est  k  Û  niiiiin>.   de  LextrénLié  posté- 
rieure, la  volve  à  3  millim.  de  l'exiréinité  rntcrieniM).  Les 
œufs  sont  ovales,  lisses,  à  coque  Miince,  ils  unt  e.  •acyenne 
50  fjL  de  long  sur  un  diamètre  moitié  moindre;  l'embryoïi 
est  développé  au  moment  de  la  iMeaie.  L'OxyiU'e  est   un 
parasite  cosmopolite,  aussi  fréqueiiî  dans  les  villes  qu'à  la 
campagne,  qu'on  trouve  dans  les  pays  chauds  comme  datis 
les  contrées  froides.  On  l'observe  principalciuent  chez  les 
enfants.  i)ien  (ju'on  puisse  l'obsei'ver  à  tous  les  âges  delà 
vie;  oi]  les  voit  souvent  en  très  gi'and  nom!>re  chez  un 
même  individu,  ce  (jui  tient  sans  doute  à  la  facilité*  do 
rauto-ini'csUition;  ils  st^  tîeiuienL  an  nnnns  à  i'é[)o:|nc  d< 
la  ponte,  dans  la  paî'lie  iniéricnrc  du  rccinm  t't  arriveni 
même  à  Lanus,  mais  Lmu' jennessc  se  juisse  dan^>rini(M>i!ii 
grêle,  ils  délecminent,  (jiiand  ils  son!  fidiidncii^ .  de,  jd'.'- 
noniènes  désagréables,   lois  (pie  h-  lénrsm"  cl   ni  pi'Uî  ■■ 
anal  insup'portabîe;  on  dit  qiLiîs  peu\cni  pénétîrrdaiîs  le 
vagin  des  petites  iilles.    Des  symptômes  nerveux  variés. 


anîdogk 

es  à  ceiix 

|m^ 

îéiernnn 

la  présence 

d(^s  Iscai'idcs 

ont  é!é 
lei:Mes 

aussi  quoi 
de  ce  m- 

iiiei; 

M s  ohser\ 

i's  (dicz  des 

personnes  at~ 

rasite  = 

^ir  a    e'=  u 

'  , 

-/ 


u. 


Oxyurls  vcrniieu- 
laris  i'oinellG. 
y,  vulve  ;  A, 
anus. 


iongtemps  que  U>s 

(cufs  de  rOxyure 

pouvaient    éeîoi'o 

dans  s(m  hisie.  vi 

on  expliquait  ainsi 

comniern  ilpailu- 

lait  cliez  cei'taitis 

individus  et  pes- 

sistait  indésini- 

menl;  il  est  vrai- 

semi)la])le  (jULii 

n'en   est  rien   et 

que  les  embryons 

rejetés  au  dehors 

et    arrivés    daiis 

Te  au,   dons  la- 
quelle,  au  reste, 

ils  ne  peuvent  vi- 

vi'e  longtemps, 

viennent  dans  l'or- 
ganisme par  Jii 

boisson  ou  les  lé- 
gumes arrosé  s 

d'engrais  il  umain. 

ou  encore  pa--  b^s 

oiiglcs,   poi^tés    à 

la   bouciie    après 

que  les  malades  se 

sont  gratlés  sous 

i'inliuen.ce  du  pru- 
rit anal;  il  y  a, 

alors,  au  to-i  ni  es- 
ta lion,  mais  Lem- 

biyon  doitrenlrer 
pai'ia  bouche  pour 
que  sa  coque  soit 
dissoute  dans  l'estomac;  il  est  certain,  en  tous  cas,  qu'il 
n'va  pas  d'hète  intermédiaire  et  que  le  développement  est 
dii-ect.  L'évolution  est  très  rapide,  et  il  faut  une  (pnnzaine 
de  jours  pom^  que  remî)ryon  devienne  adulte.  0]i  ne  se 
débarrasse  parfois  des  Oxyures  qu'avec  grande  difficulté, 
par  suite  du  siège  dans  le  Ciccum  des  animaux  jeunes  et 
de  la  facilité  de  l'inicstation;  on  emploie  des  vermifuges, 
des  purgatifs,  des  lavements  ([u'il  fant  souvent  répéter  long- 
iemps  ;  il  faut  recommander  aux  enfants  de  ne  pas  se  gratter 
avec  les  doigts  nus  et  soigner  leurs  ongles.  Ln  outre  de  l'es- 
pèce parasite  de  l'homme,  nous  devons  mentionner  0.  cqui, 
grandç  espèce  dont  la  femelle  mesure  de  4  àio  cent.,  au 
corps  arqué  antérieiu'emenl  el  brusquement  atténué  en 
iuic  queue  de  loiigueiu'  extrènjonient  variable,  commun 
chez  le  cheval  cl  l'ano;  0.  cnubigiia  dont  la  femelle  me- 
sure 8  à  H  millim.,  le  mâle  3  à1)  miUim.,  fréquent  dans 
le  gros  intestin  du  lapin.  Cette  dernière  espèce  est  le  type 
du  genre  Passahirus.  \\.  Moxikz. 

Lquiv.  {\^^W^kz\\)y{)Y). 
^  Atom .  €-''îr^(AzH^)(G02H) . 
Il  existe  plusieurs  oxyvaléramines.  La  mieux  connue  est 
la  y-oxyvalé!'aa)ine,  qui  correspond  à  l'acide  y-oxyvaîéria- 
iiiquie  L'"ll^(irO~jO^L  C'est  un  homologue  du  glycolle  ou  gly- 
collamine  (|ui  se  prod[dl  dans  le  dédoublement  des  matières 
albuminoides  sous  l'iidluencc  de  l'hydrate  de  baryte.  On  a 
\)[\  l'obtenii*  égaleiiient  j)ar  réduclio!)  de  l'hydrazone  de 
faeide  îévunqm'.  W  fond  à  11)3'*.  On  rajq)elle  aussi  acide 
anndo-Naîcriqne.  C.  i\L 

OXYVALÉHIANIt^UE  [\v\ûi^). 

i-        \  r.'iiuv.. c^*'if^'(n-o-)(04j. 

""*"°    i    \lom..._ 07-^11^(011)  (00 '^H). 

On  connaît  sept  acides-ah:ools  répondant  à  la  formule 
C^'^ll^(ir^0-)0^.  Aous  citerons  ici;  i"  Lacide  normal  a-oxy 


1,  màlc;  2,  extré- 
mités postérieu- 
res du  corps  du 
mâle  ;  8]9,  spi- 
eulo. 


OXYVALERÂiVIlNE.Lorm. 


755  — 


OXYVALÉRIANIQUE  -  OZANAM 


valériqae  ou  a-oxyvalérianique,  qui  fond  à  31*^,  se  sublime 
vers  70^  et  perd  peu  à  peu  une  molécule  d'eau  dans  un 
dessiccateur  au-dessus  de  l'acide  sulfurique  ;  ^2°  l'acide 
a-oxyvalérique  ou  isopropyloxyacctique,  qui  fond  à  82°, 
perd  une  molécule  d'eau  vers  200*^  en  se  transformant  en 
un  anhydride  dont  le  point  de  fusion  est  à  136°  ;  3°  l'étliyl- 
méthyloxyacétique,  qui  fond  à  66^^  et  se  sublime  abon- 
damment déjà  à  90°  ;  4°  l'acide  y,  qui  se  forme  dans  l'ac- 
tion de  l'eau  bouillante  sur  l'acide  bromovalérianique, 
yC^*^IPBrO'S  lequel  s'obtient  lui-même  par  fixation  de  l'acide 
bromhydrique  sur  l'acide  allylacétique,  C^^H'^0^*  : 
C10H804  +  HBr  =:  C^oH^BrO^. 
C:ioH9BrO^  +  H^O^  i=  Cm^^O^  -h  HBr. 

Il  est  fort  instable  ;  une  courte  ébullition  de  sa  solution 
additionnée  d'un  acide  minéral  suffit  pour  le  transformer 
en  anhydride,  C^^H^O^.  Cet  anhydride,  appelé  ordinaire- 
ment valérolactone,  est  un  liquide  bouillant  à  207°,  mis- 
cible à  l'eau  dont  il  se  sépare  par  addition  de  carbonate 
de  potasse.  Les  liqueurs  alcalines  chaudes  donnent  avec  lui 
les  sels  de  l'acide  oxyvalérianique  y.  On  le  trouve  dans 
l'acide  pyroligneux.  CM, 

OYAMA-IvÂO,  homme  d'Etat  japonais,  né  à  Satsouma 
en  1843,  parent  de  Saigô  Takamoris.  Il  se  distingua  dans 
l'armée  impérialiste  lors  de  la  restauration  de  1868,  con- 
tribua à  réprimer  l'insurrection  de  Satsouma  (1877), 
devint  sous-secrétaire  d'Etat  à  l'intérieur  et  préfet  de 
police  de  Tokio  (1879),  ministre  de  la  guerre  (1880), 
chef  de  l'état-major  (1882).  Il  voyagea  en  Europe  pour 
étudier  l'organisation  militaire,  fut  créé  comte  (1884). 
Dans  la  guerre  de  Chine  (1894-95),  il  commanda  la  se- 
conde armée  et  prit  Port- Arthur,  ce  qui  lui  valut  le 
narquisat. 

OYAMPIS.  Indiens  de  la  Guyane  (française  et  brési- 
lienne), habitant  les  deux  rives  de  l'Oyapock,  sur  les  col- 
lines de  Tumuc-Kumac.  Crevaux,  dans  son  voyage  de 
Cayenne  aux  Indes  en  1878,  a  eu  des  relations  prolongées 
avec  cette  tribu  qui  est  en  train  de  disparaître. 

OYAPOCK.  Fleuve  de  la  Guyane  française,  limite  au 
S.-E.  du  territoire  occupé  par  la  France  ;  il  descend  de 
la  chaîne  des  Tumuc-Kumac  (350  m.)  :  Crevaux  y  a  dé- 
couvert des  sources  au  pic  Crevaux.  Il  descend  vers  l'At- 
lantique en  coulant  vers  le  N.-E.,  par  des  sauts  et  des  ra- 
pides (saut  Manoa,  saut  Pacouchiri,  sautYariri),  reçoit  le 
Yavé  (à  droite),  le  Camopi  (à  gauche);  il  devient  navi- 
gable après  le  saut  Robinson  et  s'élargit  pour  former  un 
estuaire  de  40  kil.  de  longueur,  de  20  kil.  de  largeur,  entre 
la  pointe  du  cap  d'Orange  (E.)etla  montagne  d'Argent(0.). 
L'Oyapock  a  485  kil.  de  long.  A  60  kil.  de  l'embouchure 
est  le  pénitencier  de  Saint-Georges.  L'imperméabilité  du 
sol  et  l'abondance  des  pluies  augmentent  l'importance  du 
débit  du  fleuve  (celui  de  la  Loire,  à  peu  près).      Ph.  B. 

OYBIN.  Montagne  de  Saxe,  cercle  de Bautzen  (519m.), 
au  sommet  de  laquelle  s'élevèrent  un  château  rasé  par 
Charles  IV,  puis  un  couvent  de  célestins  (1384),  ruiné 
par  les  hussites. 

BiBL.  :  MosciiK.vu,  Der  Oybin,  1883,  i"  éd.,  et  Ovhïn- 
Chronik,  1885. 

OYE.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr»  de  Saint- 
Omer,  cant.  d'Audruicq  ;  2.537  hab.  Stat.  (Pont-d'Oye) 
du  chem.  de  fer  de  Calais  à  Dunkerque.  —  Oye  {Anse- 
ria)  a  été  du  xv®  au  xvii^  siècle  le  ch.-l.  d'un  comté 
puissant,  qui  était  administrativement  rattaché  au  Calaisis 
et  qui  ne  fut  rendu  par  les  Anglais  qu'en  1558,  avec 
Calais.  Vestiges  de  l'ancien  château.  Eghse  moderne  avec 
belle  flèche  octogonale  du  xv^  siècle. 

OYÉ.  Com.  du  dép.  de  Saône-et-Loire,  arr.  de  Cha- 
rolles,  cant.  de  Semur  ;  913  hab. 

OYE-et-Palet.  Com.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  et  cant. 
de  Pontarlier;  348  hab. 

OYES.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  d'Epernay, 
cant.  de  Sézanne;  188  hab. 

OYEU.  Com.  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  de  La  Tour-du- 
Pin,  cant.  de  Virieu;  686  hab. 


OYLY  (Sir  Charles  d'),  administrateur  anglais,  né  dans 
rinde  le  18  sept.  1781,  mort  à  Livourne  le  21  sept.  1845. 
Fils  d'un  fonctionnaire  de  Calcutta,  il  entra  lui-même  dans 
le  service  civil  de  la  Compagnie  des  Indes  et  occupa  divers 
emplois  dans  les  services  financiers  et  commerciaux.  Il 
prit  sa  retraite  en  1838.  Il  est  surtout  connu  par  ses  tra- 
vaux artistiques  sur  les  mœurs  de  l'Inde.  Citons  :  Tlie 
European  in  India  (1813)  ;  The  Antiquities  of  Dacca 
(1814-15)  ;  Sketches  on  the  new  Road  in  a  journeii 
from  Calcutta  to  Gijah  (1830)  ;  7om  Pwux  the  Griffin 
(1828).  Tous  ces  ouvrages  sont  illustrés  de  remarquables 
dessins  de  l'auteur.  R.  S. 

BiBL.  :  D'Oyly-Bayley,  Account  ofthellouse  ofdVyly. 

OYNHAUSEN.  Ville  de  Prusse  (V.  (Eynhausen). 

OYON  (L').  Riv.  du  dép.  du  Morbihan  (V.  ce  mot, 
t.  XXIV,  p.  312).'  ^ 

OYON.  Ville  du  Pérou,  dép.  d'Ancachs,  r.  g.  du  Chao 
ou  Huaura,  à  3.886  m.  d'alt.  ;  3.000  hab.  Mines  d'ar- 
gent et  de  houille. 

OYONNAX.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép. de  l'Ain,  arr.  deNan- 
tua;  4.652  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  Lyon.  Fabrique 
de  peignes,  d'objets  en  celluloïd,  de  cartonnages  pour 
peignes,  de  pipes  de  bruyère  ;  fonderie  de  cuivre,  tour- 
neries  et  tabletteries.  Commerce  de  bois  de  construction 
et  de  cornes  torréfiées  pour  engrais  ;  usines  électriques. 

OYRIERES  {Oreriœ).  Com,  du  dép.  de  la  Haute-Saône, 
arr.  de  Gray,  cant.  d'Autrey;  490  hab.  Stat.  de  la  ligne 
du  chem.  de  fer  de  Gray  à  Culmont-Chalindrey.  Carrières 
de  pierre.  Ruines  antiques  au  lieu  dit  Chdteau-Gilot,  non 
loin  d'une  voie  romaine. 

OYTIER-Saint-Oblas.  Com.  du  dép.  de  l'Isère,  arr. 
de  Vienne,  cant.  d'Heyrieux  ;  686  hab. 

OZANAM  (Jacques),  mathématicien  français,  né  à  Bou- 
ligneux(Ain)  en  1640,  mort  à  Paris  le  3  janv.  1717. 
D'une  famille  d'origine  juive  convertie  au  christianisme, 
il  était  destiné  par  son  père  à  l'état  ecclésiastique  ;  mais 
la  théologie  le  rebuta  autant  que  les  sciences  exactes 
l'attiraient  et,  à  quinze  ans,  il  composa  son  premier  ouvrage 
de  mathématiques.  Privé  par  la  mort  prématurée  de  sou 
père  de  tout  moyen  d'existence,  il  se  rendit  à  Lyon  où 
il  vécut  de  leçons  et  du  jeu,  donna  en  1670  une  table 
fort  commode  des  sinus,  qui  commença  sa  réputation,  et 
peu  après  vint  k  Paris,  où  l'appela  le  chancelier  d'Agues- 
seau.  D'autres  pubHca tiens,  également  très  appréciées,  et 
quelques  articles,  d'un  très  grand  intérêt,  purus  dans  le 
Journal  des  savants,  l'eurent  vite  classé  parmi  les  ma- 
thématiciens les  plus  estimés  de  son  époque.  Mademoi- 
selle prit  coutume  de  l'appeler  «  l'honneur  de  sa  Dombes  » 
et  en  1701  il  fut  admis  à  l'Académie  des  sciences  à  Paris. 
n  mourut  dans  un  grand  dénùment.  Ses  principaux  ou- 
vrages ont  pour  titres  :  Table  des  sinus,  tangentes  et 
sécantes  (Lyon,  ^616  ;  3^  éd.,  Paris,  1710)  ;  Méthode 
générale  pour  tracer  des  cadrans  (Paris,  1673  ;  2^ éd., 
\68^)',  Traité  des  lignes  du  premier  genre  (Paris, 
1687),  livre  plein  de  vues  nouvelles  ;  Dictionnaire  ma- 
thématique (Paris,  1690)  ;  Cours  de  mathématiques 
(Paris,  1693,  5  vol.)  ;  Jraité  de  la  fortification  (Paris, 
1694),  donnant  les  méthodes  anciennes  et  modernes  ; 
Récréations  mathématiques  et  physiques  (V suis,  1694, 
2  vol.  ;  nomb.  édit.  ;  refond,  par  Montucla,  Paris,  1778, 
4  vol.,  etparCh.  Hutton,  Londres,  1803,  4  vol.),  le  plus 
curieux  et  le  plus  développé  des  livres  de  ce  genre 
jusque-là  parus;  Méthode  pour  lever  les  plans  (Paris, 
1699;  3^  édit.,  refond.  1781);  Nouveaux  Eléments 
d'algèbre  (Amsterdam,  1702),  mis  par  Leibniz  au-des- 
sus de  la  plupart  des  traités  d'algèbre  ;  la  Perspective 
théorique  et  pratique  {?div\s,  1711  ;  2«  édit.,  1720).  H  a 
en  outre  donné  des  éditions  nouvelles  des  Eléments 
d'Éuclide  et  de  deux  traités  de  Boulanger.  L.  S. 

Bibl.  :  FoNTENELLE,  Eloge  d'Ozanam,  dans  les  Mëm.  de 
l'Acad.  des  se.  de  Paris  (Hist.).,  ann.  1717. 

OZANAM  (Antoine-Frédéric),  historien  français,  né  à 
Milan  le  23  avr.  1813,  mort  à  Marseille  le  8  sept.  1853. 


OZANAM  —  OZÈNE 


—  756 


Dès  son  enfance,  il  fut  orienté  par  sa  mère  vers  un  chris- 
tianisme vivant.  Au  collège  de  Lyon,  «  je  m'attachais  avec 
désespoir  aux  dogmes  sacrés,  dit-il,  et  croyais  les  sentir 
se  briser  sous  ma  main  »;  alors  l'abbé  Noirot,  professeur 
de  philosophie,  «  mit  dans  mes  pensées  l'ordre  et  la  lu- 
mière ».  vSa  vie  s'en  trouva  dès  lors  réglée  et  éclairée;  il 
était  enrôlé  dans  les  rangs  de  cette  jeunesse  de  1830,  qui, 
malgré  ses  illusions  généreuses,  lit  triomphe i*  l'ultramon- 
lanisme  en  France.  A  peine  âgé  de  dix-huit  ans,  il  se  sen- 
tit appelé  à  combattre  le  saint-simonisme  (Réflexions  sur 
la  doctrine  de  Saint-Simon  ;  Lyon,  1834),  ce  àmilY Ave- 
nir et  Lamartine  le  complimentèrent,  quelque  superficiel 
que  fût  ce  qu'il  comprenait  de  la  pensée  de  l'adversahe. 
Vers  183*2,  il  vint  étudier  le  droit  à  Paris.  A. -M.  Ampère 
le  reçut  sous  son  toit  et  à  sa  table.  Les  jeunes  gens  bien 
pensants  se  découvraient  alors  les  uns  les  autres  aux  offices, 
se  retrouvaient  tout  étonnés  aux  cours  et  se  groupaient  sui- 
vant leurs  affinités  naturelles.  La  «  sensibiUté  active  » 
d'Ozanam  —  c'est  Lacoi'daire  qui  le  définit  ainsi  —  devint 
l'àme  d'un  petit  groupe  qui  s'assemblait  périodiquement 
chez  Bailly,   le  propriétaire  de  la  Tribune  catholique, 
changée  le  l'^^'  nov.  1833  en  V  Univers.  C'est  là  qu'Ozanam 
rêvait  de  «  travailler  à  l'édifice  de  la  science  sous  l'éten- 
dard de  la  pensée  catholique  ».  Et  il  est  intéressant  de  voir 
fonder  par  un  jeune  homme  de  vingt-deux  ans  qui  a  de  pa- 
reilles aspirations,  en  mai  1833,  la  Société  de  saint  Vin- 
ceut  de  Paul.  A  la  fin  de  1834,  elle  comptait  100  membres, 
et,  peu  avant  la  mort  d'Ozanam,  près  de  2.000.  Simple 
association  pratique  de  charité  au  début,  elle  est  actuel- 
lement l'un   des   puissants   rouages    de   la    propagande 
ultramontaine.   Mgr  de  Quélen,  l'archevêque    de   Paris, 
saluait  alors  en   Ozanam   et    en   ses  amis  «  une  France 
nouvelle  ».  Il  leur  refusa  cependant  la  chaire  de  Notre- 
Dame  pour  des  conférences  de  Lacordaire,  dont  Ozanam 
avait  eu  l'idée.  Il  estimait  que  l'orateur  demandé  était  en- 
core trop  compromis  par  sa  récente  collaboration  avec  La- 
mennais et  que  toute  la  démarche  était  prématurée.  Moins 
de  trois  ans  après,  quand  l'archevêque,  entraîné  par  le  mou- 
vement, appelait  lui-même  Lacordaire  à  Notre-Dame  (1 836) , 
Ozanam  soutenait  sa  thèse  de  docteur  en  droit,  et  deux  ans 
plus  tard  celle  de  docteur  es  lettres.  Ensuite,  il  alla  pro- 
fesser le  droit  commercial  à  Lyon.  Mais,  dès  1841,  il  fut 
rappelé  à  la  Sorbonne  comme  suppléant  de  la  chaire  de  lit- 
térature étrangère.  Il  venait  d'épouser  (juin  1841)  la  fille 
de  M.  Soulacroix,  recteur  de  FAcadémie.  Il  entreprit  d'étu- 
dier avec  ses  auditeurs  et  en  même  temps  de  traiter  en  un 
grand  ouvrage  l'histoire  de  la  civilisation  aux  temps  bar- 
l)ares;  mais  son  dessein  était,   en  réahté,  de  démontrer 
que  l'Église  catholique  a  achevé  l'œuvre  oti  les  Césars  avaient 
échoué,  que  le  christianisme  avait  organisé  la  barbarie. 
Presque  toutes  les  pubHcations  d'Ozanam  gravitent  désormais 
autour  de  cette  pensée.  On  la  devine  déjà  dans  sa  thèse  sur 
Dante  et  la  philosophie  catholique  au  \m^  siècle  (Pa- 
ris, 1833;  réédité  en  1843);  elle  domine  ses  Etudes  ger- 
maniques (Paris,  1847-49,  '2  vol.)  et  le  volume  de  Docu- 
ments inédits  pour  servir  a  l'histoire  de  Vltalie  depuis 
le  vni^  siècle  jusqu'au  xn^  (Paris,  1850).  Mais  Ozanam 
est  trop  poète  pour  tenir  compte  de  la  réalité  des  faits  et 
trop  dogmatique  pour  les  comprendre.  Son  histoire  est  de 
l'apologétique,  et  celle-ci  ne  convainc  que  ses  partisans. 
La  flamme  comnuuiicative,  la  contagion  personnelle  de  son 
enthousiasme  n'agit  plus  dans  le  livre.  Mais  de  1842  à 
1848,  Ozanam  attaquait  avec  éclat  en  pleine  Sorbonne  le 
rationalisme  de  l'Ujiiversité,  tandis  que  son  ami  Montalem- 
bert  rompait  non  moins  brillamment  des  lances  pour  la 
cause  delà  liberté  de  l'enseignement.  Jusqu'en  1844, quand 
il  fut  nommé  titulaiie  de  sa  chaire,  il  releva  le  collège  Sta- 
nislas en  y  enseignant  la  rhétorique  et  en  faisant  remporter 
aux  élèves  de  cet  étabh^^sement  les  premiers  succès  aux 
concours.  Lu  révolution  de  1848  le  trouva  confiant  et  opti- 
miste. Malgré  sa  frêle  santé  et  son  excessive  vue  basse,  il 
prit  un  fusil  et  une  giberne  et  monta  la  garde.  En  même 
temps,  il  fonda  UN ec  le  P.  Lacordaire  et  les  abbés  Gerbet 


et  Maret  ÏEre  nouvelle,  organe  de  la  démocratie  catho- 
lique. L'espoir  de  réconcilier  le  catholicisme  et  la  liberté 
les  tenait  encore.  L.  Veuillot  les  combattit  ;  Rome  les  trouva 
suspects  ;  leur  journal  vécut  à  peine  une  année.  Mais  jus- 
qu'au terme,  Ozanam  se  cramponna  à  ce  qui  avait  été  aussi 
la  devise  de  Lamennais  :  Dieu  et  la  hberté.  Le  coup  d'Etat 
de  1851  le  blessa  et  l'humifia;  il  fut  avec  Lacordaire,  de 
Sonis  et  d'autres  contre  L.  Veuillot  et  Montalembert  qui 
s'inclinaient  et  saluaient  l'autorité  nouvelle.  Dès  1851,  une 
attaque  de  pleurésie  avait  terrassé  Ozanam.  En  1852,  on 
lui  conseilla  de  voyager.  Il  partit  pour  l'Espagne  et  l'Italie. 
L'année  suivante,  on  le  débarqua  mourant  à  Marseille. 
Dans  la  Journée  du  malade  (Paris,  souverit  réédité),  il 
manifeste  sa  piété  vraie,  simple,  sans  affectation. 

F. -H.  Krùger. 
BiBL.  :  Œuvres  complètes  d'A.-F.  Oz<i)iii7n,  avec  une  no- 
tice d'Ampère;  Paris,  1802-65,  11   vol.,  2«  édit.  —  Legeay, 
Etude  hiogruphïque  sur  Ozanain;  Paris,  1854.  —  Karker, 
F.  Ozanam,  sein  Leben  u.  seine  Werke;  Paderborn,  1867. 

—  K.  O'Meara  fM»»«),  F.  Ozanam,  Jiis  Life  and  Works  ; 
Edimbourg,  1867;  trad.  française,  Paris,  1892.  —  E.  IIum- 
nERT,F.  Ozanam,  d'après  sa  correspondance;  Paris,  1880. 

—  C.-A.  Ozanam,  Vie  de  F.  Ozanam;  Paris,  1882,  in-18.  — 
De  Lambel,  Biographie  de  F.  Ozanam;  Paris,  1887.  — 
L.  CuRNiER,  la  Jeunesse  de  F.  Ozanayn;  Paris,  1888.  — 
C.  Huit,  la  Vie  et  les  œuvre  de  F.  Ozanam;  Lyon,  1888. 

OZANCE.  Rivière  du  dép.  de  VIndre  (V.  ce  mot,  t.  XX, 
p.  731). 

OZANNE.  Rivière  du  dép.  à' Eure-et-Loir  (V.  ce  mot, 
t.  XVI,  p.  111). 

OZANNE  (Nicolas-Marie),  graveur  et  ingénieur  fran- 
çais, né  à  Brest  le  12  janv.  1728,  mort  à  Paris  le3  janv. 
1811.  Elève  de  Roblin,  maître  de  dessin  à  l'école  de  la 
marine  de  Brest,  il  lui  succéda  en  1750,  vint  à  Paris  en 
1751,  à  la  demande  de  Louis  XV,  pour  l'exécution  de  vues 
du  Havre,  fut  nommé  en  1752   dessinateur  de  la  marine 
et,  en  1756,  fut  chargé  par  le  marquis  de  Courtanvaux 
de  la  construction  de  la  frégate  /'Aurore  destinée  à  l'essai 
des  montres  marines  de  Pierre  Leroy.  Ce  bâtiment  fut  très 
admiré  et   le   constructeur  sollicité  de  tous  côtés.    A  la 
même  époque,  il  donna  les  plans  du  port  projeté  à  Am- 
bleteuse.  En  1769,  il  fut  choisipour  enseigner  aux  princes 
de  la  famille  royale  les  éléments  de  l'art  naval  ;  il  con- 
serva cette  charge  jusqu'en  1789.  Parmi  les  nombreuses 
gravures  qu'il    a  laissées,    on    cite   surtout  ses  vues  de 
port,  fort  estimées  pour  leur  scrupuleuse  exactitude,  et 
plus  de  300  planches  à   l'eau-forte.  Son    Traité  de  la 
marine  militaire  (50  pi.  in-8)  est  surtout  remarquable. 
Son  frère,  Pierre  (1737-1813),  également  ingénieur 
de  la  marine,  a  été  longtemps  associé  à  ses  travaux,  ainsi 
que  ses  deux  sœurs   Jeanne-Françoise,  morte  en  1795 
et  Marie-Jeanne,  femme  d'Y. -M.  Legoiiaz{Y.  ce  nom), 
morte  en  1786.  81  pièces  sont  l'œuvre  commune  ;  elles 
ont  ét^é  publiées   sous  le   titre  :   Vues  des  principaux 
ports  et  rades  du  royaume  de  France  et  des  colonies, 
OZARK  (Monts).  Hauteurs  des  Etats-Unis,  qui  séparent 
lesbasisins  du  bas  Missouri  et  duMississipi  ;  elles  s'étendent 
à  partir  du  Territoire  indien  jusqu'au  fleuve,  à  travers  les 
Etats  de  Missouri  et  d'Arkansas.  Leur  altitude  varie  de  450  à 
600  m.  Elles  sont  formées  de  roches  crétacées,  où  les 
eaux  ont  creusé  des  vallées  abruptes  de  caractère  très 
sauvage. 

OZE.  Com.  du  dép.  des  Hautes- Alpes,  arr.  de  Gap, 
cant.  de  Veynes  ;  2.185  hab. 

OZE  N  A  Y.  Com.  du  dép.  de  Saône-et-Loire,  arr.  de 
Màcon,  cant.  de  Tournus  ;  502  hab. 

OZENE  (Méd.).  L'ozène  doit  être  considéré  comme  une 
rhinite  atrophique  entretenue  tout  au  moins  par  le  diplo- 
bacille  de  Lœwenberg.  Cette  affection  est  surtout  carac- 
térisée par  l'odeur  infecte  (punaisie)  que  répandent  les 
malades  (punais) .  L'odeur  plus  ou  moins  fétide  observée 
dans  d'autres  lésions  n'est  pas  de  Tozène.  L'examen  objectif 
montre  un  nez  large,  remph  de  croûtes  dont  l'accumula- 
tion et  l'altération  produisent  l'odeur  fétide  caractéris- 
tique. Jamais  on  n'y  découvr^i  d'ulcérations  muqueuses 


ni  de  séquestre:  la  maladie  est  toute  de  surface,  et  si  elle 
peut  aboutir  à  une  déformation  du  nez,  c'est  par  une  atro- 
phie simple  du  squelette  privé  de  l'apport  de  ses  élé- 
ments nutritifs  par  l'atrophie  primordiale  de  la  muqueuse. 
Mais  la  sclérose  muqueuse  ne  reste  pas  toujours  confinée 
aux  fosses  nasales,  elle  envahit  souvent,  mais  toujours 
secondairement,  les  sinus,  le  pharynx,  et  plus  rarement  le 
larynx.  Par  la  déglutition  incessante  des  sécrétions  in- 
fectes, par  l'apport  d'un  air  fétide  dans  le  poumon  et 
par  une  infection  plus  directe  et  plus  sûre  en  cas  d'ozène 
trachéal,  par  l'atteinte  que  l'affection  porte  à  l'état  moral 
des  malades  qui  se  sentent  un  objet  de  dégoût,  par  l'en- 
trave même  que  la  maladie  peut  porter  à  la  faculté  de 
travail,  cette  affection,  peu  grave  en  elle-même,  prend  une 
importance  considérable.  Malheureusement,  dans  la  ma- 
jorité des  cas,  elle  est  incurable.  Le  traitement  des  rhi- 
nites  purulentes  et  surtout  blennorragiques  de  l'enfance, 
qui  préparent  le  terrain  où  s'établira  l'ozène,  prend  dès 
lors  une  importance  prophylactique  considérable.  L'ozène 
établi,  le  traitement,  qui  ne  sera  le  plus  ordinairement 
que  palliatif,  est  basé  sur  ce  fait  «  qu'un  nez  ozéneux 
débarrassé  de  ses  croûtes  n'a  plus  d'odeur  »  On  enlè- 
vera donc  les  croûtes  avec  soin  à  l'aide  de  la  pince,  du 
stylet  aidés  de  grands  lavages  ou  de  l'irritation  sécrétoire 
provoquée  par  la  mise  à  demeure  de  tampons  de  coton 
sec,  et  on  empêchera  leur  reproduction  par  des  a  touche- 
ments  avec  la  vaseline,  la  glycérine,  les  solut'ons  de 
sublimé  ou  de  résorcine  qu'on  peut  faire  assez  fo 'tes  en 
raison  de  la  vitalité  et  de  l'insensibilité  de  la  muq  leuse. 
Les  insufflations  de  poudre  (sozoïodol  de  zinc,  acid-}  bo- 
rique, acétotartrate  d'alumine)  sont  utiles.  Le  massage 
vibratoire  a  donné  de  bons  résultats,  malheureusement 
transitoires.  Au  traitement  local  doit  s'ajouter  le  traite- 
ment général  qui  doit  chercher  à  relever  l'économie  (huile 
de  foie  de  morue,  hydrothérapie,  vie  en  plein  air  à  la 
campagne,  sur  les  bords  de  la  mer).       D.  S.  Morer. 

BiUL.  :  Ouvrages  divers  de  chirururie  —  LERMOYEZ.77ié- 
vapeiitique  des  fosses  nasales. 

OZENNE  (Louise-Laure),  femme  de  lettres  française, 
née  à  Louviers  en  1808,  morte  à  Paris  en  1842.  Fille 
d'un  ancien  contrôleur  des  finances  ruiné  dans  des  spécu- 
lations industrielles,  elle  vint  à  Paris  et  publia,  à  partir 
de  1828,  dans  la  Revue  encyclopédique,  dans  le  hvre 
des  Cent-et-un,  dans  la  Revue  française  et  étran- 
(jère,  etc.,  tantôt  sous  son  nom,  tantôt  sous  les  pseu- 
donymes de  Jules  Niel  ou  de  Camille  Baxton,  des 
articles  de  critique  et  de  charmantes  esquisses,  qui  ob- 
tinrent un  vif  succès  et  qui  furent  en  partie  réunis  après 
sa  mort,  sous  le  titre  :  Mélanges  critiques  et  littéraires 
(Paris,  1843). 

OZENNE  (Jules- Antoine-Sainte-Marie),  administrateur 
et  économiste  français,  né  à  Louviers  (Eure)  le  8  déc. 
1809,  mort  à  Torcy  (Seine-et-Marne)  le  1«^  mars  1889. 
Entré  au  ministère  du  commerce  comme  simple  employé, 
en  1828,  il  était  en  1860,  après  être  passé  par  tous  les 
degrés  hiérarchiques,  directeur  du  commerce  extérieur, 
lin  1864,  il  fut  nommé  conseiller  d'Etat  au  service  extra- 
ordinaire, intervint  à  plusieurs  reprises  à  la  Chambre 
dans  la  discussion  de  la  loi  sur  la  marine  marchande, 
devint,  à  la  fin  de  l'Empire,  secrétaire  général  du  minis- 
tère de  l'agriculture  et  du  commerce  et  fut  chargé  par 
M.  Thiers,  après  la  guerre,  de  la  préparation  et  de  la 
rédaction  des  traités  de  commerce  avec  l'Angleterre  (1872) 
et  la  Belgique  (1873).  Ministre  de  l'agriculture  dans  le 
cabinet  Rocheboùet  (23  nov.-13  déc' 1877),  il  reprit, 
après  la  chute  de  celui-ci,  ses  fonctions  de  directeur  et 
démissionna  en  1879.  Il  était  grand  officier  de  la  Légion 
d'honneur.  Outre  de  remarquables  articles  dans  V Econo- 
miste français,  il  a  publié  :  Atlas  graphique  et  sta- 
tistique du  commerce  extérieur  de  la  France  de  1859 
à  i875  (Paris,  1879,  in-fol.).  L.  S. 

OZENX.  Com.  du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  arr.  d'Or- 
thez,  cant.  de  La^çor  :  297  hab. 


—  757  —  OZÈNE  -^  OZONK 

OZERAILLES.  Com.  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle, 
arr.  de  Briey,  cant.  de  Conflans  ;  292  hab. 

OZERAIN.  Rivière  du  dép.  de  la  Côte-dVr  (V.  ce 
mot,  t.  XII,  p.  1188). 

OZEROV  (Vladislas-Alexandrovitch),  poète  dramatique 
russe,  né  le  29  sept,  1770  dans  le  gouv.  de  Tver,  mort 
en  1816.  Il  entra  tout  jeune  dans  le  corps  des  cadets, 
fut  aide  de  camp  du  comte  de  Balmen,  parvint  au  grade 
de  général-major,  puis  fut  administrateur  des  forêts  et 
prit  sa  retraite  vers  1808.  Généralement  considéré 
comme  le  véritable  créateur  de  la  tragédie  russe,  il  imite 
encore  Racine,  mais  moins  déjà  que  Soumarokov.  «  Dans 
les  endroits  oiiil  a  secoué  toute  réminiscence,  dit  M.  Ch. 
de  Saint-Julien,  sa  muse,  parfois  rude  et  embarrassée, 
devient  originale  et  forte.  »  Ses  tragédies  sont  au  nombre 
de  cinq  :  la  Mort  d'Oleg  (5  actes,  1798)  ;  Œdipe  à 
Athènes  (5  actes,  1804)  ;  Fingal  (3  actes,  1805)  ;  /)m/- 
tri-Donskoï  (5  actes,  1807)  ;  Polyxène  (5  actes,  1809). 
Fingal  et  Dmitri,  qui,  de  même  qn  Œdipe,  sont  des 
chefs-d'œuvre,  ont  été  traduites  en  français  par  A.  de 
Saint-Priest.  On  lui  doit  aussi  plusieurs  poésies  tyriques. 
Le  prince  Viaseny-Ki  a  donné  une  édition  de  ses  Œuvres 
complètes,  avec  une  notice  sur  sa  vie  et  ses  ouvrages 
(Saint-Pétersbourg,  1818,  2  vol.),  L.  S. 

BiBL.  :  A.  DE  Saint-Priest,  Chefs-d'œuvre  des  t'nlûtres 
étrangers  ;  Paris.  1823.  —  Tardif  de  Mello,  Histoire  in- 
tellectuelle de  l'Empire  de  Russie;  Paris,  185t. 

OZEYILLE.  Com.  du  dép.  de  la  Manche,  arr.  de  Va- 
lognes,  cant.  de  Montebourg;  203  hab. 

OZL  Ville  de  l'Afrique  orientale  anglaise,  située  sur 
la  r.  g.  de  l'Ozi,  à  445  kil.  N.-E.  de  Zanzibar. 

OZi.  Fleuve  côtier  de  l'Afrique  orientale  anglaise.  Il 
prend  naissance  dans  deux  petits  lacs  (Gambou  et  Djalou), 
se  dirige  à  l'E.  et  va  se  jeter  dans  l'océan  Indien,  au 
fond  de  la  baie  d'Oungama  ou  Formosa. 

OZIAS  ou  AZARIAS,  roi  de  Juda,  fils  et  successeur 
d'Amasias.  Il  régna  à  Jérusalem  de  807  à  756  av.  J.-C. 
selon  la  chronologie  vulgaire.  Au  cours  de  ce  long  règne, 
il  aurait  remis  la  main  sur  l'Idumée  et  les  ports  (le  la 
mer  Rouge.  Il  fut  atteint  de  la  lèpre,  ce  que  la  légende 
expliqua  comme  étant  le  juste  châtiment  de  son  immix- 
tion dans  les  fonctions  sacerdotales  (2  Rois,  xiv,  xv  ; 
2  Chro7iiques,  xxvi). 

OZI  ÈRES.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  nrr.  de 
Chaumont,  cant.  de  Rourmont;  155  hab. 

OZI E RI.  Ville  d'Italie,  prov.  de  Sassari  (Sardaigne); 
8.413  hab.  (en  1881).  Evèché. 

OZILLAC.  Com.  du  dép.  de  la  Charente-Inférieure, 
arr.  et  cant.  de  Jonzac;  757  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer 
de  TEtat. 

OZOIR-la-Frrrière.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Marne, 
arr.  de  Melun.  cant.  de  Tournan;  843  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  de  l'Est. 

OZOIR-le-Breuil.  Com.  du  dép.  d'Eure-et-Loir,  arr. 
et  cant.  de  Châteaudun;  807  hab. 

OZOKÉRITE  (Chim.  ind.)  (V.  Paraffine). 

OZOLES  (V.  Locride). 

OZOLLES.  Com.  du  dép.  de  Saône-et-Loire,  arr.  et 
cant.  de  Charolles  ;  1.074  hab. 

OZON.  Riv.  du  dép.  de  ïlsère  (V.  ce  mot,  t.  XX, 
p.  992. 

OZON.  Rivière  du  dép.  de  la  Nièvre  (V.  ce  mot, 
t.  XXIV,  p.  1095). 

OZON.  Com.  du  dép.  de  l'Ardèche,  arr.  et  cant.  de 
Tournon  ;  439  hab. 

OZON.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr.  de 
Tarbes,  cant.  de  Tournay  ;  564  hab.  Stat.  du  chem.  de 
fer  du  Midi. 

OZONE.!. Chimie.  -  Form. ^  S;;;;;;;;;;  n^ 

Historûfue.  En  1785,  Van  Marum  observa  que  les 
étincelles  électriques,  en  éclatant  dans  une  atmosphère  d'oxy- 
gène, donnaient  au  gaz  une  odeur  particulière  et  la  pro- 


OZONE 


758 


priété  de  faire  perdre  au  mercure  son  brillant.  I^es  mêmes 
observations  furent  répétées  et  précisées  en  4840  par 
Schonbein  de  Bâle,  qui  donna  au  nouveau  principe  le  nom 
d'ozone  (o(^w,  jesens);  il  reconnut  les  propriétés  oxydantes 
de  ce  corps  et  en  particulier  son  action  sur  l'ioduro  de 
potassium  avec  mise  en  liberté  d'iode.  Depuis,  l'ozone  a 
été  étudié  par  Marignac  et  de  la  Uive,  Becquerel  et  Fremy, 
Houzeau,  Andrews  et  Tait,  Soret,  etc. 

Nature  de  r ozone.  L'ozone  est  de  l'oxygène  condensé. 
Sous  diverses  iniluences,  l'oxygène  se  condense  partielle- 
ment, de  façon  que  trois  volumes  d'oxygène  donnent  deux 
volumes  d'ozone.  Si  l'on  prend,  comme  l'ont  fait  Andrews 
et  Tait,  un  tube  de  verre  rempli  d'oxygène  et  mis  en  re- 
lation avec  un  petit  manomètre  à  acide  sulfurique,  puis 
que  l'on  fasse  jaillir  des  étincelles  produites  par  une  bobine 
d'induction  dans  l'intérieur  du  tube,  une  faible  portion  de 
l'oxygène  est  transformée  en  ozone,  et  cette  transforma- 
lion  est  accompagnée  d'une  diminution  de  volume  accusée 
})ar  le  manomètre.  En  chauffant  maintenant  le  tube  àBOO*^, 
on  décompose  l'ozone  qui  redonne  de  l'oxygène,  le  mano- 
mètre indique  le  volume  initial  quand  la  température  est 
devenue  la  même. 

Soret  a  étudié  quantitativement,  par  plusieurs  expériences, 
la  condensation  qui  donne  naissance  à  l'ozone,  par  exemple 
en  utilisant  la  propriété  que  possèdent  les  essences  de  téré- 
benthine ou  de  citronnelle  d'absorber  l'ozone  sans  le  décom- 
poser. Deux  flacons  d'égal  volume  sont  remphs  du  même 
oxygène  ozonisé  :  l'un  des  flacons  est  traité  })ar  l'essence  qui 
absorbe  un  volume  v  d'ozone  ;  l'autre,  chauffé  pour  détruire 

l'ozone,  augmente  d'un  volume  égal  à",  le  volume  v  d'ozone 

en  se  transformant  en  oxygène  augmente  donc  de  ^  :  consé- 

quemment,  deux  volumes  d'ozone  résuUent  de  la  conden- 
sation do  trois  volumes  d'oxygène  : 

30  rz:  0-^ 

La  densité  de  l'ozone  est  donc  une  fois  et  demie  celle 
de  l'oxygène.  C'est  ce  que  Soret  a  pu  vérifier  approxima- 
tivement en  se  fondant  sur  les  lois  du  passage  des  gaz 
à  travers  des  orifices  étroits. 

Formation.  L'ozone  prend  naissance:  \^  quand  des 
étincelles  électriques  jaillissent  dans  l'oxygène  ou  dans 

l'air  ;  la  quantité  d'o- 
zone formée  est  tou- 
jours très  faible.  In- 
troduisons en  effet 
dans  un  eudiomètre 
à  mercure  de  l'oxy- 
gène pur  et  quelques 
centimètres  cubes 
d'une  solution  d'io- 
dure  de  potassium 
amidonné  ;  en  reliant 
les  deux  pôles  d'une 
bobine  d'induction 
aux  deux  fils  de  pla- 
tine de  l'cudiomètre 
(fig.  1),  on  fait  écla- 
ter l'étincelle,  et  l'on 
voit  bientôt  la  disso- 
lution d'iode  bleuir. 
On  peut  arriver  à 
transformer  tout 
l'oxygène  en  ozone  si 
l'on  absorbe  ce  der- 
nier au  fur  et  à  mesure 
de  sa  formation. 
2»^  L'oxygène  qui  se  dégage  au  pôle  positif  d'un  volta- 
mètre, quand  on  électrolyse  de  l'eau  acidulée  par  l'acide 
sulfurique,  ou  mieux  par  l'acide  chromiqueest  ozonisé.  La 
quantité  d'ozone  augmente  quand  on  remplace  l'eau  aci- 
dulée par  une  solution  do  biclu^omato  de  potasse. 


Fiy'  .1.—  Appareil  pour  la 
paration  de  l'ozone  par 
tluve. 


3°  On  transforme  le  plus  commodément  l'oxygène  en 
ozone  par  V effluve  électrique  (N .  ce  mot).  L'appareil  usité 
est  dû  à  M.  Bertbelot  (fig.  ibis).  Dans  l'espace  annulaire 
formé  par  deux  tubes  de  verre  concentriques  soudés  l'un  à 
l'autre  à  leur  pailie  supérieure,  on  fait  circuler  un  courant 
d'oxygène.  L'éprouvetle  in- 
térieure renfei'me  do  l'eau  aci-  .^+ 
dulée  par  l'acide  sulfurique 
dans  laquehe  plonge  une  lame 
de  platine  en  relation  avec  l'un 
des  pôles  d'une  bobine  d'in- 
duction, dont  l'appareil  plonge 
dans  une  éprouvette  à  pied, 
remplie  de  la  même  eau  aci- 
dulée et  reliée  avec  l'autre  pôle 
de  la  bobine.  Les  deux  couches 
d'acide  électrisées  de  signes 
contraires  échangent  entre  elles 
leur  électricité  à  travers  les 
parois  du  verre,  et  la  mince 
couche  d'oxygène  qui  les  sé- 
pare se  trouve  ainsi  soumise 
à  son  action.  L'échange  d'élec- 
tricité se  fait  d'ailleurs  sans 
élévation  sensible  de  tempé- 
rature, ni  étincelles,  mais  avec 
production  d'une  lueur  con- 
tinue, visible  dans  l'obscurité. 
Uuand  le  courant  d'oxygène  est 
assez  rapide,  toute  l'énergie 
électrique  dépensée  dans  l'ap- 
pareil de  M .  Bertbelot  est  trans- 
formée en  énergie  chimique. 
La  formation  de  l'ozone  est  en 
effet  endothermi([ue  et  absorbe 
une    quantité   de    16«^^\2   : 


Fiu'. 


80  =  03 


le^-'^i,^. 


1  his.  —  Production 
l'o/one  par  une  séri- 
d'étincelles.  z,  tube  aue 
quel  sont  soudés  deux 
tubes  à  dégagement  v 
et  oc  ;  y,  tube  renilé  plein 
d'eau  acidulée  avec  de 
l'acide  sulfurique  ;  A, 
grande  éprouvette  éga- 
lement remplie  d'eau 
acidulée  ;  -\-  —,  élec- 
trodes plongeant  dans 
le  tube  y  et  dans  le  li- 
quide  de  l'éprouvette. 


-^0  L'oxygène  en  passant 
dans  l'espace  annulaire  formé 
par  les  parois  d'un  tube  de 
porcelaine  porté  à  l.^iOO°  et 

d'un  tube  en  cuivre  argenté  à  parois  minces,  refroidi  à  la 
température  ordinaire  par  un  courant  d'eau  froide,  et 
disposé  suivant  l'axe  du  premier,  se  transforme  partielle- 
ment en  ozone  ;  il  oxyde,  en  effet,  la  paroi  argentée  du  tube 
central  refroidi.  On  peut  aussi  aspirer  rapidement  l'oxy- 
gène chauffé  à  cette  haute  température,  et  constater  qu'il 
agit  à  basse  température  sur  l'iodure  de  potassium.  Cette 
expérience,  réahsée  par  MM.  Troost  et  Hautefeuille,  est  la 
conséquence  de  la  production  de  l'ozone  par  les  étincelles. 

5°  Dans  les  oxydations  lentes,  il  se  forme  souvent  de 
petites  quantités  d'ozone  :  par  exemple,  l'air  qui  séjourne 
au  contact  du  phosphore  humide  s'ozonise.  Ces  phénomènes 
d'oxydation  lente  doivent  se  produire  fréquemment  dans 
la  nature,  aussi  trouve-t-on  de  l'ozone  dans  l'atmos- 
phère. 

6°  Toutes  les  fois  que  de  l'oxygène  se  produit  dans  une 
réaction  à  basse  température,  il  est  généralement  ozonisé. 
Quelques  gouttes  d'eau  versées  dans  un  vase  en  platine 
plein  de  fluor  donnent  immédiatement  une  réaction  avec 
production  d'une  substance  gazeuse  bleue  qui  se  détruit 
rapidement  :  cette  substance  est  de  l'ozone  : 
3H0  +  3F1  ~  3HFI  +  0^ 
L'acide  sulfurique  anhydre  agit  sur  le  bioxyde  de  baryum 
à  la  température  ordinaire  en  dégageant  de  l'oxygène 
chargé  d'ozone  ;  on  peut  ainsi  se  procurer  rapidement  de 
petites  quantités  d'oxygène  ozonisé  : 

3Ba02  -f  3S0^41  r=  3S0^Ba  +  3IJ0  -\-~  0^. 

Proprirtés.  L'ozone  présente  une  odeur  particulière 
qui  rappelle  un  peu  celle  du  chlore  très  dilué  ou  des  com- 
!>osés  nilreux  ;  toutefois,  cetle  odeur  est  beaucoup  plus 


-^  759 


pénétrante,  au  point  (juo  (|ael<iues  millionièmes  d'ozone  suf- 
fisent pour  la  développer  ;  il  est  dangereux  de  respirer 
longtemps  de  Toxygène  ozonisé.  I /ozone  peut  être  li^piélié 
dans  Toxygène  bouillant  en  un  iioau  !i<iuide  i)îeu  indigo  (lui 
bout  vers  —•  106°  sous  la  pression  ordinaire.  On  re^'on- 
naitfaeileuient  la  couleur  ])leuo  en  faisant  arriver  de  l'ozone 
dans  un  long  tube  dittit  ](\s  extréuiilés  somj  fei-joées  pai' 
des  glaces  parallèles.  L'ozone  est  peu  soluble  dans  Teau 
tout  en  l'élaul  pbiS({ue  l'oxygène;  l'eau  en  dissoudrait  la 
moilié  de  son  volume  à  la  température  ordinaire;  elle 
présente  alors  une  saveur  de  homard.  !,a  s(;lu!ion  aqueuse 
perd  peu  à  î)eu  de  l'oxygène  sans  (ju'll  se  forme  :t  aucun 
moment  do  l'eau  oxygénée.  La  ciialeur  décompose  l'ozone; 
une  température  de  iOO°  suffisamment  prolongée  trans- 
forme tout  l'ozone  en  oxygène.  Ce  qui  caractérise  l'ozone 
au  point  de  vue  chimique,  ce  sont  ses  propriétés  oxydantes 
reuîarquabies.  L'ozone  cède  le  tiers  de  son  oxygène  aux  corps 
réduci  eurs  en  môme  temps  qu'il  dégage  32^^^\4  P^"^^'  molécule  ; 
les  d(Mix  autres  tiers  de  l'oxygène  sontmis  en  liioerté.  l'oxyda- 
tion se  fait  par  conséquent  sans  cliaugemeii^  de  voUmie  : 

Kl  +  (p_^  m  +  I  +(p„ 

2  vol.  -.^v..! 

Le  protochlorure  d'étain  i^r'^ît  être  le  seul  corps  (jui 
s'oxyde  en  utilisai:!  u-s  trois  atomes  d'oxygène  de  la  mo- 
lécule. Le  mercure,  le  zinc  et  le  fer  sont  immédiatement 
oxydés  par  l'ozone,  eu. si  doit-on  recueillir  l'ozone  sur 
l'eau.  L'argent  bamide,  i':;ixydabIo  dans  l'oxygène  à  toute 
température,  est  transformé  en  oxyde  noir  à  la  tempéra- 
ture ordinaire.  L'ammoniaque  est  brûlée  et  transformée  e:i 
azotate  et  azotile.  Les  matières  organiques  sont  bi'ùlées  par 
l'ozone,  les  tubes  de  caoutchouc,  le  bège  ne  peuvent  être 
utilisés  dans  les  appareils  à  ozone.  Les  matièî'es colorantes 
smit  décolorées,  tels  sont  le  tournesol,  la  coHieuille.  le 
sulfate  d'indigo,  'l'eus  les  corps  poreux  uécoeeni^seni  l'ozone. 
ainsi  le  noir  de  platine,  la  tlanelle,  la  charp'e.  le  cliarboii 
de  bois,  le  terreau,  etc. 

Caraclci  es.  On  pee.i  reconnaître  l'ozone  dans  une  atmos- 
])hère  gazeuse  eu  faisant  barboter  les  gaz  dans  une  solu- 
tion d'iodurc  de  potassium  additionnée  d'un  peu  d'empois 
d'amidon;  il  se  forme  de  la  potasse  et  de  l'iode  (uii  \)k\v{ 
l'amidon.  On  ntibse  dans  le  même  but  des  papiers  trempés 
dans  une  solution  d'iodure  de  potassium  amidonné.  Toute- 
fois les  éléments  halogènes,  le  chlore,  le  brome,  les  vapeurs  ni- 
treuses,  susceptibles  de  mettre  également  l'iode  en  bberté. 
peuvent  fausser  les  indications.  Ilouzeau  a  proposé  un  aut^e 
pa})ier  ozonoscopique.  Un  papier  de  tournesol  vineux  esi 
trempe  à  moitié  dans  l'iodure  de  potassium  neutre  ;  l'ozone 
en  décomposant  l'iodure  avec  mise  en  bberté  de  potasse 
bleuit  la  partie  du  papier  imprégnée  d'iodui'e,  la  seconde 
moilié  ne  doit  pas  être  modifiée.  Le  chlore,  les  vapeers 
nitreuses  ne  bleuiraient  pas  le  papier  dans  les  méiues 
conditions.  Un  papier  préparé  avec  une  solution  d'oxyde 
thalleux  noircit  au  contact  de  l'ozone,  par  suite  de  la 
formation  d'un  oxyde  thalli(|ue. 

Ozone  atmosphérique.  L'ozone  existe  souvent  dans  l'.'dr 
à  la  campagne,  il  y  est  produit,  soit  par  l'élecii-iciié  al  mes- 
phérique,  soit  par  les  oxydations  lentes  qui  se  produisent 
à  la  surface  du  globe,  soit  surtout  dans  le  voisinage  d'une 
nappe  d'eau  qui  s'évapore.  Gorup-Besanez  a  démontré,  eu 
effet,  (pie  l'ozone  existe  toujours  à  la  surface  de  l'eau  de  la 
mci^  ou  d'un  lac,  autour  des  bâtiments  de  graduation,  et, 
suivant  lui,  l'évaporation  de  l'eau  serait  la  principale  cause 
de  la  production  de  l'ozone  atmosphérique.  On  ne  ren- 
contre point  d'ozone  dans  l'air  des  villes,  celui-ci  est  tou- 
jours chargé  de  matières  organiques  qui  détruisent  l'ozone 
eu  s'oxydant.  On  trouve  plus  d'ozone  au  prji]temps  qu'à 
toute  autre  époque  de  l'année  ;  en  outre,  il  y  en  a  davan- 
tage le  matin  pendant  les  mois  d'octobre  à  juin,  «'/esi  le 
contraire  pour  les  autres  mois.  C.  ?,l '.tj(;:n()n. 

IL  L\DusTi{u\  —  La  transformation  de  l'oxygène  en 
ozone  par  l'eftluve  a  été  l'objet  d'a])plications  industiielles 
de  quelque  importance. 


Prrjuiralioii  induslrieUc. 
s'eifeclue  unifpiement  par  l'aci 
de  préférence,  cmnme  siuu'ce 
éleclri(pie  un  couj-ant  aller- 
nalif  combiné  avec  mi  trans- 
formateur approprié  et  tel  que 
'','  uoudjredes  alteriiances  du 
courant  soit  au  uîoiiis  de 
1^00  par  seconde.  MM.  Sie- 
mens et  ILilske,  dans  leui's 
us'iuîs.  uîiliseni  le  tube  o^o- 
niseur  représenté  dans  !os 
ligures  suivantes.  L^n  tube 
méial!i(iue  situé  à  l'inlérieu!- 
sert  de  support  et  d'arinature 
iui.érieure,  il  est  ve.i'ui  de  fa- 
çon à  j'ésisîer  à  fa^-l'on  oxy- 
dante de  r(szone  ;  un  second 
lube  plus  la.rge.coiieend'ique 
au  premiei',  rsl  eonslitué  pai' 
un  diéleciri(jue  (iig.  "0-  -c 
tubeinîéi'ieur  est  relV-oidi  par 
un_  courant  d'eau,  tandis  que 
le  gaz  oxygène  est  soumis  à 
Faction  de  l'eflluve  dans  l'es- 
])ace  annulaire  compris entîo 
le  tube'diélectrique  et  le  tube 
conducteur.  Un  grand  nombre 
de  ces  tubes  sont  dis[>osés  aw 
batter!(>s.  'ioniens  et  llalske 
oui  varié  la  dispoFilion  de 
leur  ozoniseur  (Hg.  "i  et  i). 
La  plupart  des  autres  ozoni- 
seurs  sontconslitués  par  des 
benes  métaUiques  parallèles, 
séparées  par  des  diélect]'i('ues 
en  înica.  Le  rendement  «m 
ozone  augmente  quand iatem- 
péi'ature  s'abaisse,  r/esl pH)ur 
celle  raison  qu'on  faii circuler 
dans  le  tube  intérieiu^  un  coui'î 
ment  est  d'ailleurs  à  peu  près  i 


OZONE 

La  préparation  indusirielle 
ion  (le  l'eftluve.  On  emploie. 


og.  2  —  Tubes  à  ozone  Sic- 
io(;ns  et  lîalske  :  A'j,  tube 
ioétalli(|ue  servant  d'ar- 
matiu'iî  intérieure  dans 
le(|uel  circule  le  liquid(î 
rcfri.q'érant  ;  TT,  tubes 
servant  à  Fécoulcment  de 
l'eau;  UU,  circulation  de 
l'air  à  ozoniser  ;  xx, espace 
circulaire  refroidi,  dans 
leciuel  circule  le  i>-az  qui 
doit  être  soumis  à  l'action 
(lo  l'el'lluve. 

it  d'eau  froide  ;  ce  rende- 
iidépendautde  la  pression. 


r3 


ï'\is.  ;i— Tubes  ào/on(^  SieiiKMi,^,  (itllalske.  A.  tube  monte; 
15,  1obi>  uicl.ilIiHiK^  vci'oi;  C,  diclectriqoe. 

Quand  on  veut  produire  de  j)etites  quantités  d'ozone  avec 
des  appareils  auss;  éci);eomi{pies  (jue  possible,  ou  enq)loie 


OZONE 


—  760  — 


l'efiluve  donné  par  une  paissante  machine  statique.  MM.  Bi- 
chat  et  Gùnti  ont  réussi  à  transformer  intégralement,  dans 
l'appareil  deM.  Berthelot,  parcouru  par  un  courant  rapide 
d'oxygène,  toute  l'énergie  électrique  en  énergie  chimique. 
48  gr.  d'ozone  absorbent  29^^^S6  dans  leur  formation, 
qui  correspondent  à  12.580  kilogrammètres  ;  il  en  résulte 
(ju'un  cheval-heure  peut  donner  théoriquement  un  peu  plus 
de  1  kilogr.  d'ozone  (exactement  1.080  gr.).  Dans  la  pro- 
duction de  l'ozone  en  grand,  on  n'a  jamais  dépassé  50  gr. 
d'ozone,  et,  dans  une  mar- 
che continue,  les  meilleurs 
ozoniseurs  ne  donnent  pas 
plus  de  30  gr.,  le  rende- 
ment ne  dépasse  donc  pas 
3  7o;  il  en  résulte  pour 
r ozone  un  prix  de  revient 
assez  élevé,  lequel  consti- 
tue un  obstacle  sérieux  à 
la  diffusion  des  applications 
de  ce  corps  ;  si  l'on  ajoute 
cet  autre  inconvénient  que 
l'ozone  ne  peut  être  conservé 
et  doit  par  conséquent  être 

produit  et  utilisé  sur  place,  on  se  rendra  compte  que  ces 
applications  soient  encore  limitées. 

Applications  de  l'ozone.  L'ozone  ne  paraît  utilisé  jus- 
qu'ici d'une  façon  définitive  que  dans  la  préparation  de 
certains  parfums  et  le  blanchiment  de  l'amidon  et  des  tis- 
sus. A  côté  de  ces  usages,  un  grand  nombre  d'autres  ap- 
plications sont  à  l'essai  et  fonctionnent  déjà  sur  une  écheUe 
restreinte. 

Préparation  de  la  vanilline  et  du  pipéronal.  Dans 
une  usine  installée  à  Courbevoie,  on  fabrique  actuelle- 
ment (1899)  la  vanilline  et  le  pipéronal  ou  héliotropine  en 
faisant  agir  l'ozone  sur  l'eugénol  et  le  safrol  ;  l'ozone, 
produit  par  l'action  de  l'effluve  sur  l'air  et  souillé  d'un  peu 
de  vapeurs  nitreuses,  oxyde  ces  substances  en  détruisant 
la  chaîne  latérale  propylénique  et  la  remplaçant  par  le 
groupement  aldéhydique  : 

C^8H«(C2H^02)(H202)  4-  702, 

Eugénol 

—  C16HW  -h  4C02  +  2H202. 

Vanilline 
(:20Hioo4  _|.  702  ==  r>«HW  4-  4C02  4-  ^H^O'^. 

Safrol.  Héliotropine. 

L'ozone  paraît  donner  à  l'oxydation  un  rendement  su- 
périeur à  celui  fourni  par  les  autres  matières  oxydantes. 

Blanchiment  de  Vamidon.  Les  propriétés  oxydantes 
de  l'ozone  en  font  un  puissant  agent  de  blanchiment,  il 
présente  l'avantage,  comme  l'eau  oxygénée,  de  ne  laisser 
aucun  résidu  après  oxydation  ;  on  l'utilise  couramment 
pour  blanchir  de  vieilles  estampes,  de  vieux  imprimés  jau- 
nis par  le  temps  ;  ces  papiers  sont  placés  au  milieu  d'un 
grand  ballon  au  bord  duquel  on  a  placé  quelques  bâtons 
de  phosphore  recouverts  par  un  peu  d'eau,  l'ozone  pro- 
duit blanchit  peu  à  peu  le  papier.  On  a  fait  de  nombreux 
essais  pour  blanchir  avec  l'ozone  les  sucres,  la  dextrine, 
l'amidon,  la  cire,  tous  ont  montré  que  l'ozone  seul  blan- 
chissait trop  lentement  pour  être  utilisé,  mais  on  a  reconnu 
en  même  temps  qu'on  obtenait  un  blanc  parfait  en  combi- 
nant l'ozone  et  l'eau  de  chlore.  Certaines  usines  américaines 
et  allemandes  ont  appliqué  l'ozone  ainsi  combiné  au  blan- 
chiment de  l'amidon.  L'ozone  remplace  le  séjour  sur  le 
pré  dans  le  blanchiment  des  tissus. 

Emploi  de  V ozone  comme  désinfectant.  L'ozone  est 
un  antiseptique.  Des  expériences  très  bien  conduites  (Mar- 
mier)  ont  établi  qu'il  constituait  un  agent  bactéricide  puis- 
sant et  qu'il  suffisait  de  faire  barboter  un  air  peu  riche  en 
ozone  dans  une  eau  chargée  de  microbes  pour  détruire 
tous  les  ferments.  Des  essais  sont  poursuivis  actuellement 
pour  purifier  l'eau  de  Seine  par  ce  procédé.  Il  importe 
toutefois  que  l'eau  ne  contienne  pas  trop  de  matières 
organiques  qui  consommeraient  l'ozone  inutilement. 


et  Halske  de  grandes  dimensions. 


Autres  applications.  On  a  tenté  d'appliquer  l'ozone  au 
vieillissement  des  liqueurs  alcooHques  ;  le  procédé  essayé 
bien  des  fois  ne  paraît  pas  encore  sorti  de  la  période  d'es- 
sai. Les  résultats  obtenus  jusqu'ici  ont  été  d'ailleurs  assez 
contradictoires.  L'ozone,  d'après  des  recherches  récentes, 
donnerait  d'excellents  résultats  avec  les  vins.  L'ozone 
exalte  l'arôme  et  la  finesse  du  tabac  et  du  café  ;  il  vieillit 
rapidement  les  bois,  probablement  en  agissant  sur  les  résines 
(ju'ils  renferment,  aussi  traite-t-on  par  l'ozone  les  bois  qui 
servent  à  la  fabrication  des 
boîtes  de  résonance  des 
instruments  de  musique  : 
leur  sonorité  est  considé- 
rablement augmentée. 
C.  Matignon. 
III.  Thér.vpectioue.  — 
Thénard  fils  traitait  de 
légende  toutes  les  proprié- 
tés merveilleuses  qu'on  at- 
tribuait à  l'ozone.  Sans  par- 
tager son  scepticisme,  il 
convient  de  ne  pas  accorder 
une  trop  grande  foi  à  ceux 
qui  ont  vanté  cet  agent  thérapeutique  un  peu  inconsidérément . 
Dès  1862,  on  a  mis  à  profit  les  vertus  antimiasmatiques  de 
l'ozone  ;  mais  on  a  fait  justement  observer  qu'un  dégagement 
de  ce  gaz,  assez  abondant  pour  désinfecter  l'air  des  apparte- 
ments, ferait  plus  de  mal  à  nos  voies  respiratoires  qu'aux 
miasmes.  Le  pouvoir  oxydant  et  stimulant  de  l'ozone  avait 
engagé  à  l'utiliser  contre  la  phtisie,  la  scrofule,  le  diabète,  en 
un  mot  à  tous  les  sujets  chez  lesquels  «  la  combustion  normale 
produite  par  l'air  inspiré  se  fait  incomplètement  et  laisse 
prédominer  les  fluides  lymphatiques  »  (Schonbein).  Un 
peu  plus  tard,  deux  chimistes  de  Berlin,  Lender  etKrebs, 
ont  voulu  faire  de  l'ozone  une  panacée  universelle.  Mais 
leur  prétendu  ozone  a  été  démontré  n'être  que  de  l'oxy- 
gène impur  et,  par  suite,  nuisible.  L'eau  ozonisée  berli- 
noise doit  donc  être  rejetée.  Ce  que  les  droguistes  anglais 
vendent  sous  le  nom  d'eau  ozonisée  n'est  généralement  autre 
chose  qu'une  solution  au  1/100.000^  de  permanganate  de 
potasse  dans  l'eau.  Nous  ne  ferons  que  mentionner  les  dé- 
monstrations successives  faites  par  différents  auteurs  pour 
introduire  l'ozone  dans  la  thérapeutique,  sans  nous  pronon- 
cer sur  leur  valeur. 

Binz  assure  avoir  découvert  à  l'ozone  des  propriétés 
hypnotiques  ou  tout  au  moins  calmantes  sin*  le  système 
nerveux  central  ;  et  c'est  pourquoi  il  l'a  prescrit  contre 
l'asthme  et  les  névropathies.  Jocheim  semble  avoir  été 
mieux  inspiré  en  l'essayant  contre  la  diphtérie.  Malheu- 
reusement les  expériences  de  Gnândinger  (de  Widerhofer) 
sont  venues  mettre  à  néant  les  espérances  qu'avaient  fait 
concevoir  les  succès  primitivement  obtenus  par  Jocheim. 
Dans  un  travail  lu  à  la  Société  française  d' électrothé- 
rapie et  pubhé  vers  1892,  par  MM.  Larat  et  Gautier,  dans  la 
Revue  internationale  d' électrothérapie,  ces  auteurs  ont 
cherché  à  démontrer  que  les  résultats  cliniques  fournis  par 
l'ozone  {oxonothérapie)  étaient  loin  d'être  constants  et 
qu'ils  étaient  même  en  contradiction  avec  les  expériences 
physiologiques  ;  ce  qui  confirme  bien  tout  ce  que  nous  ve- 
nons d'écrire  sur  l'ozonothérapie.  Nous  devons  signaler 
toutefois  les  essais  faits  à  une  époque  plus  récente  (juin 
1895)  par  MM.  Labbé  et  Oudin. 

MM.  Labbé  et  Oudin,  se  basant  sur  les  recherches  qui 
ont  établi  que  la  coqueluche  est  une  maladie  microbienne, 
ont  songé  à  utiliser  l'ozone  dans  cette  affection,  ce  corps 
ayant,  d'après  eux,  non  seulement  une  action  tonique  et 
reconstituante  sur  la  nutrition,  mais  un  pouvoir  antisep- 
tique. Leur  technique  opératoire  a  été  la  suivante  :  les 
inhalations  ont  toujours  été  faites  à  l'air  hbre,  au  moyen 
de  leur  tube  à  efiluves,  actionné  par  une  bobine  de  Ruhm- 
korff,  de  3  centim.  d'étincelle,  et  un  accumulateur.  La  pro- 
portion d'ozone  était  de  1/10^  de  milligr.  par  litre  d'air. 
Le  malade,  placé  à  4  ou  5  centim.  de  l'embouchure  de 


761 


OZONE  —  OZOURT 


l'appareil,  respire  naturellement  et  sans  effort  l'air  ozonisé 
qui  se  dégage  spontanément  du  tube  à  effluves.  Les 
séances,  d'une  durée  d'environ  un  quart  d'heure,  sont 
répétées  deux,  trois  et  quatre  fois  par  jour,  suivant  la 
gravité  du  mal.  Chez  tous  les  jeunes  sujets  soumis  à  ces 
inhalations,  une  amélioration  notable  a  été  remarquée  : 
les  quintes  de  toux  sont  devenues  moins  fréquentes,  moins 
durables  et  moins  fortes.  Les  vomissements  ont  cessé, 
ainsi  que  l'angoisse  respiratoire.  Enfin,  les  enfants  repre- 
naient leur  bonne  mine  et  leur  entrain.  Ce  sont  là  sans 
doute  des  résultats  encourageants,  mais  qui  auraient  be- 
soin d'être  contrôlés  par  des  expériences  multiphées. 

D^  A.  Cabanes. 

BiBL.  :  Chimik.  —  ScHÔNBEiN,  Pogç.  Ann.,  L,  61G.  ~ 
IIouzEAU,  Annales^  3«  série,  1863,  p.  466  ;  1861,  p.  129.  — 
SoRET,  Annales,  4'  série,  XIII,  pp.  257  ;  VU,  p.  113. 

Industrie.  —  Krïj ger,  Electy^ochem.  Zeitschynft,  189t.— 
Otto,  Annales  de  chimie- et  de  physique,  1898. 

OZORAI  (Pipo),  général  et  diplomate  hongrois  sous  le 
règne  de  Sigismond.  D'origine  italienne,  il  vint  vers  1380 


en  Hongrie,  aida  Sigismond  à  combattre  l'insurrection  dans 
le  S.  de  la  Hongrie  et  devint  ^«ti  de  cette  contrée.  Grâce 
à  ses  relations  avec  les  artistes  et  les  savants  italiens,  il 
en  attira  plusieurs  en  Hongrie.  La  Renaissance  hongroise 
reconnaît  en  lui  un  de  ses  premiers  protecteurs.  J.  K. 
BiBL.  :  G.  Wj:nzel;  dans  Ahadémiai  Ertesitô,  vol.  XIX. 
et  dans  Tôrténeti  Tàr,  1884. 

OZORKOV.  Ville  de  la  Pologne  russe,  gouv.  de  Kalisz, 
district  de  Leczyca,  sur  la  Bzura  (affl.  de  la  Vistule)  ; 
10.300  hab.  Fabriques  de  draps,  tanneries,  commerce  de 
blé. 

OZOUER-le~Repos.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Marne, 
arr.  de  Melun,  cant.  de  Mormant;  305  hab. 

OZOUER-LE-VouLGis.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Marne, 
arr.  de  Melun,  cant.  de  Tournan;  861  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  de  l'Est.  Pierres  meulières.  Fabrique  de 
pièces  d'horlogerie. 

OZOURT.  Com.  du  dép.  des  Landes,  arr.  de  Dax, 
cant.  de  Montfort-en-Chalosse  ;  296  hab. 


LA 


GRANDE  ENCYCLOPÉDIE 


1.  vi^  siècle.  Initiale'^mérovingienne. 

2.  vii^  siècle.  Initiale  anglo-saxonne, 
o.  viii^  siècle.  Initiale  irlandaise. 

k.  Yiii^  siècle.  Initiale  visigothique  ichtyomorphe. 

5.  ix*'-  -iiècle.  Initiale  carolingienne  fleuronnée. 

6.  xi^  siècle.  Initiale  lombardique. 

7.  XI i^  siècle.  Initiale  française. 


8.  xiii^  siècle.  Lettre  tournure  française. 

9.  XI v^  siècle.  Lettre  tournure  française. 
10.  xiv^  siècle.  Initiale  historiée  française. 

M.  xvi^  siècle.  Gothique  de   chœur   (Ms.   du   Mont- 

Cassin). 

l'i.  xvi^  siècle.  Lettre  grisaille  italienne. 

13.  xvi^  siècle.  Bible  de  Wittemberc^. 


LA   GRANDE   ENCYCLOPÉDIE 


P 


P.  I.  Phonétique.  —  Labiale  forte  non  aspirée,  dans 
]a  catégorie  des  explosives.  Dans  les  langues  indo-euro- 
péennes et  au  point  de  vue  de  l'évolution  physiologique 
des  sons,  le  p  a  une  double  origine:  ou  bien  1«,  il  résulte 
de  la  désaspiration  de  Faspirée  correspondante  ph  en 
sanscrit,  cp  en  grec,  f  en  latin;  c'est  par  là  que  s'explique 
dans  cette  dernière  langue  le  rapport  du  p  de  puteo, 
plecto,  pingo,  etc. ,  avec  le  f  de  fœteo,  flecto,  fingo,  etc.  ; 
ou  bien  2«,  le  ;?  est  produit  par  la  semi-assimilation  d'un 
V  km  c  (y.)  qui  précède  et  qui  tombe  :  exemple,  gr. 
TTc'vTe  pour  *xF£VTe,  (x)7t;£vi£  auprès  du  lat.  quinque, 
cinq.  Même  changement  dans  le  lat.  prope  pour  *procve 
auprès  de  proximus  ;  dans  pauper  pour  *paucuer  auprès 
de  paucos  ,  etc. 

Suivi  d'une  sifflante  {s)  et  particulièrement  en  grec,  p 
exerce  une  influence  semi-assimilatrice  sur  cette  sifflante 
qui  devientt  d'où,  dans  cette  langue,  l'altération  fréquente 
du  <^  {ps)  ou  T.z  :  exemple,  radical  tttu  auprès  du  rad. 
^u,  cracher.  Si  l'on  tient  compte  du  fait  qu'au  groupe  de 
consonnes  représenté  par  ^  (et  son  substitut  -nx)  corres- 
pond fréquemment  le  groupe  dont  les  élémentssont  inter- 
vertis dK  réduit  parfois  à  :i,  on  aura  l'explication  des 
doubles  formes  7:10X15  (pour  *t^oXtç)  auprès  de  tuoXiç  (pour 

Quand  p  s'altère,  c'est  toujours  pour  passer  à  la  labiale 
douce  correspondante  représentée  par/?.  C'est  ainsi  qu'on 
a  lat.  biirrus  auprès  du  gr.  :iup^oç  roux  ;  lat.  buxus 
auprès  du  gr.  :îiiÇo;  buis  ;  lat  5w/?  pour  ^mjï?  auprès  du  gr. 
u%6;dans  le  latin  même  publicus  pour  *publicus  i^uhlk, 
auprès  de  populus  peuple  ;  et  dans  le  passage  du  latin 
au  français,  abeille  auprès  du  lat.  apicula,  même  sens. 

Le  phénomène  est  surtout  fréquent  dans  les  langues 
germaniques  où  le  groupe  initial  sp  devient  successive- 
ment, après  la  chute  de  la  sifflante,  p  d'où  b  :  exemple, 
rad.  spar,  par  et  bar,  barre,  barrer  ;  rad.  sprak,  prak, 
brakovi  brek,  briser  ;  vdià.'spreif,preit,  breit,  étendre,  etc. 

Paul  Kegnâud. 

IL  Paléographie.  —  Le  P  de  l'alphabet  latin  dérive 
du  n  de  l'alphabet  grec,  emprunté  lui-même  à  une  lettre 


(le  phé,  bouche)  de  l'alphabet  phénicien;  et  celle-ci  à  son 
tour  doit  dériver,  comme  les  autres  lettres  phéniciennes, 
du  caractère  correspondant  de  l'écriture  hiératique  des 
Egyptiens.  A  vrai  dire,  cette  dernière  dérivation  ne  se 
révèle  pas  au  premier  coup  d'oui,  comme  pour  d'autres 
caractères  ;  mais,  lorsqu'on  envisage  non  plus  ces  deux 
signes  isolément,  mais  la  série  complète  des  caractères 
hiératiques  et  des  lettres  phéniciennes  correspondantes, 
on  constate  que  la  dérivation  en  est  bien  certaine  et  qu'elle 
a  obéi  à  la  même  loi  de  simpHdcation. 

La  lettre  phénicienne,  composée  d'une  boucle  ouverte  et 
se  continuant  à  droite  par  une  queue,  comme  serait  à  peu 
près  un  9  dont  la  boucle  serait  ouverte  par  le  bas,  a  passé 
telle  quelle,  mais  retournée,  comme  il  est  arrivé  à  la  plupart 
des  autres  lettres  phéniciennes,  dans  l'alphabet  grec  le  plus 
ancien  (cadméen).  Plus  tard,  cette  boucle  a  pris  des  formes 
anguleuses,  commandées  par  les  habitudes  épigraphiques, 
et  la  lettre  s'est  trouvée  composée  d'un  trait  vertical  dont 
l'extrémité  supérieure  est  réunie  à  droite  par  un  trait 
horizontal  à  un  second  trait  vertical,  parallèle  au  premier, 
mais  beaucoup  plus  court.  Il  a  suffi  que  ce  second  trait 
vertical  s'allongeât  pour  former  le  II  capital  de  l'alphabet 
grec  ordinaire.  Mais  on  doit  observer  que,  même  dans  les 
inscriptions  de  l'époque  classique,  ce  trait  vertical  de 
droite  de  la  lettre  H  reste  communément  plus  court  que 
celui  de  gauche. 

C'est  sous  cette  forme  qu'il  a  passé  dans  l'alphabet 
latin  où  plus  tard,  en  vertu  de  la  loi  du  moindre  effort, 
la  lettre  a  repris  une  forme  arrondie  et  s'est  trouvée  com- 
posée d'un  trait  vertical  ayant  à  sa  partie  supérieure 
droite  une  boucle  ou  panse  formée  d'un  demi-cercle  ayant 
pour  diamètre  la  moitié  supérieure  environ  du  trait  ver- 
tical. C'est  le  P  des  inscriptions  romaines  dont  la  forme 
s'est  perpétuée  dans  l'écriture  capitale,  à  travers  tout  le 
moyen  âge,  jusqu'à  nos  jours. 

il  est  intéressant  d'observer  que  chez  les  Etrusques,  au 
contraire,  la  lettre  correspondante  est  orientée  comme  le 
caractère  phénicien  et  lui  ressemble,  à  cette  différence 
près  que  la  boucle  de  gauche  y  est  remplacée  par  un  petit 


P  -  766  - 

trait  roncoiitraiit  à  angle  aigu  le  sommet  du  trait  principal  ;   |   présomption  à  joindre  à  d'autres  que  l'alphabet  étrusque 
1.     ORIGINE    ET    DÉRIVATION    DU     P     LATIN 


ttuiMJfue 

'àiiézaiicjuc 

jmnickvi 

cvw-Qûtieii 

^ 

^ 

? 

r 

r 

p  p 

V 

semble  dériver  directement  dep['alphabet  phénicien  et  qu'il  i       Dans  les  formes  cursives  des  graffiti  et  des  tablettes  de 
n'est  pas,  dans  tousles  cas,  Fintermédiairederalphabetlatin.   |  cire,  la  boucle  de  droite  de  la  forme  capitale  du  P  est 


Ecritures  antiques . 


V®  siècle . .  . . 


VI®  siècle, 


2.  ECRITURES  DE  LA  PREMIÈRE  PÉRIODE  DU  MOYEN  AGE 


m 


t^ 


VIP  siècle . 


p 


VHP  siècle 


IX^  siècle. 


X^  siècle. 


XI®  siècle  , 


p 


i^w,^,..^.^— . 


! 

V 

p 

p 


H 


■-«' 


ÇJ 


/ 


f 


p 

p 

p 


■:f 


^^ 


p 


p 
? 

P 


r 


*/ 


/ 


/ 


r 


« 


p 


remplacée  généralement  par  un  petit  crochet;  dans  la  |  cursive  de  chancellerie  au  contraire,  cette  boucle  ou  panse 


767 


est  deA^eniie  la  partie  principale  de  la  lettre,  tandis  que 
le  trait  vertical  devenait  une  queue,  souvent  très  longue, 
se  prolongeant  au-dessous  de  la  ligne.  Pour  tracer  tout 


le  caractère  d'un  seul  trait  de  plume,  surtout  dans  les 
ligatures  avec  d'autres  lettres,  souvent  cette  panse  n'a  été 
qu'une  courbe  en  demi- accolade,  ouverte  à  gauche,  se 


3.     ECRITURES    DITES    NATIONALES 


Mérovingienne . 


Lombarde  . 


Visigothique 


Irlandaise 


Capïilxicé     ^' 


V 


Anglo-saxonne . 


vuyWile 


Ctvt^u^<, 


JlïiiiiiùUiUÀ 


p 

p 

p 

p 


T 

f 
p 


f 

P 

r 


reliant  par  un  crochet  à  la  queue  de  la  lettre.  Cette  forme  j  Les  formes  onciales  et  semi-onciales  ne  diffèrent  de  la 
a  persisté  dans  les  écritures  cursives  jusqu'à  la  fin  du  forme  capitale  qu'en  ce  fait  que  la  panse,  plus  encore  que 
XI®  siècle.  1  dans  la  cursive,  y  est  devenue  la  partie  principale  de  la 

4.     ÉCRITURES     GOTHIQUES 


M^wéaiùâ 


XII®  siècle . 


XIII®  siècle . 


XIV®  siècle . 


XV®  siècle. 


P 


àiAôCiipilcné 


p 


ff 


>cea!/ta> 


[p 


f 


JK-'iMAlâCUiC 


Cii^tàl^e 


r 


r 


î 


lettre  dont  le  trait  vertical,  diminué  proportionnellement 
de  longueur,  a  perdu  beaucoup  de  son  importance.  Il  en 
est  de  même  dans  l'écriture  minuscule.  Ces  formes,  fixées 


à  l'époque  de  la  Renaissance  caroHngienne,  se  sont  main- 
tenues sans  beaucoup  de  changements  pendant  tout  le 
moyen  âge  et  même  au  delà. 


PACA 


768  -- 


A  l'époque  gothique,  c'est  la  forme  onciale  qui  a  gé- 
néralement prévalu  soit  pour  les  majuscules,  soit  même 
pour  les  caractères  épigraphiques  des  inscriptions  et  des 


sceaux.  Les  formes  minuscules  et  cursives  sont  restées  à 

peu  près  les  mêmes  que  pendant  la  période  précédente. 

Le  P  n'est  pas  une  des  lettres  caractéristiques  des  écri- 


5.     ÉCRITURES    MODERNES 


Jièoaûlmi^iA^ 

JunnaUie 

oUxXic^e^ 

•B^I:<t^cV 

p 

p 

P 

^ 

^ 

tures  dites  nationales  ;  il  faut  noter  seulement  que  dans 
l'écriture  visigothique,  c'est  à  bien  peu  près  le  même 
signe  qui  servait  à  noter  à  la  fois  la  lettre  p  et  la  lettre 
^/,  du  moins  dans  les  écritures  minuscules  et  cursives. 

PA,  Région  de  la  Chine  ancienne  correspondant  à  la 
préfecture  de  Tchhong  khing  (Se  tchouan  oriental)  ;  elle 
formait  un  royaume  qui  aurait  été  donné  par  le  roi  Oou 
des  Tcheou  à  l'un  des  membres  de  la  tribu  Ki  à  laquelle 
il  appartenait  lui-même  ;  le  prince  de  Pa  portait  le  titre 
de  vicomte.  Cet  Etat  est  mentionné  à  diverses  reprises  par 
leTsotchoan(703,676,6il,  477  av.  J.-C),  bien  qu'il  fut 
situé  aux  contins  delà  Chine  d'alors  ;  il  parait  tantôt  aUié, 
tantôt  ennemi  de  ses  voisins  Tshin  et  Tchhou  ;  à  l'époque 
des  royaumes  combattants  (V.  Tchan  KoE),les  princes  de 
Pa  conclurent  plusieurs  alliances  matrimoniales  avec  ceux 
de  Tchhou  et  prirent  le  titre  de  roi  ;  puis,  avec  l'affai- 
blissement de  Tchhou,  ils  entrèrent  dans  la  sphère  d'in- 
tluence  du  royaume  de  Chou  (Se  tchouan  occidental).  Au 
iv^  siècle  av.  J.-C. ,  des  dissensions  s'élevèrent  entre  Chou  et 
Pa  à  propos  du  marquis  de  Tshiu  (région  de  Han  tchong, 
Chàn  si  méridional),  qui  était  de  la  maison  de  Chou.  Hoei 
oen,  roi  de  Tshin,  intervint  et  son  général  Seu  ma  Tsho 
soumit  les  trois  Etats  de  Chou,  Pa  et  Tshiu,  qui  furent 
organisés  en  districts  (346  av.  J.-C).  Le  nom  de  Pa  est 
encore  en  usage,  et  l'on  trouve  aujourd'hui  dans  la  région 
les  sous-préfectures  de  Pa  et  de  Pa  tong.    M.  Courant. 

PAAR.  Famille  noble  d'Autriche,  originaire  d'Italie,  fixée 
en  Styrie  et  en  Bohême;  son  chef  porte,  depuis  1769,  le 
titre  de  prince.  Elle  posséda,  de  1624  au  règne  de  Charles  VI, 
l'office  de  la  poste  par  terre  et  conserva  ensuite  la  direc- 
tion des  postes.  Les  représentants  actuels  de  la  famille 
Paar  sont  :  le  prince  Karl-Johann-Weniel,  né  le  7  juil. 
1834  ;  son  frère,  le  comte  Eduard-Maria-Mkohius,  né 
le  5  déc.  1837,  premier  aide  de  camp  de  l'empereur  (1887) 
et  général  de  cavalerie  (1891);  leur  oncle,  le  comte  Lud- 
wig,  né  le  26  mars  1847,  mort  le  6  janv.  4893,  fut 
chargé  d'affaires  à  Turin,  ministre  à  Parme  (4837),  Mo- 
dène,  Stockholm,  ambassadeur  auprès  du  pape  (4874). 

PAARL.  Division  de  la  colonie  du  Cap,  province  de 
l'Ouest.  C'est  le  district  viticole  de  la  côte  le  plus  impor- 
tant, et  ses  produits  sont  des  plus  estimés.  —  Le  ch.-l., 
Paarl  (8.000  hab.  en  4886),  à  50  kil.  E.-N.-E.  de  Ca- 
petovvn,  est  situé  sur  la  rive  gauche  du  Berg  ;  c'est  la  pre- 
mière station  du  chemin  de  fer  de  Kimberley.  Cette  loca- 
lité, qui  date  des  premiers  temps  de  la  colonisation  et([ui 
fait  partie  du  Fransche  Hoek,  tire  son  nom  d'un  bloc 
arrondi  de  granit,  dressé  sur  un  rocher  comme  une 
«  perle  »,  nom  qu'elle  mérite  au  figuré,  par  ses  jardins 
et  ses  bosquets,  (jui  en  font  un  charmant  lieu  de  villé- 
giature. Ch.  D. 

BiBL.  :  Rkclus,  Géog.  unw.^  188JS,  t.  XIII.  ~  Taquet,  les 
Boissons  à  VExposition  de  1889. 

PAARS.  Corn,  du  dcp.  de  l'Aisne,  arr.  de  Soissons, 
cant.  de  Braisne  ;  264  hai). 

PABBAY  (Ile)  (V.  Hébrides). 

PABU.  Com.  du  dép.  des  C<ltes-du-Xord,  arr.  et  cant. 
de  Guingamp  ;  974  hab.  Lin  ;   poteries  :  moulins.  Cha- 


pelle de  Runevarec,  lieu  de  pèlerinage.  Anciens  manoirs 
de  Kéruel  et  de  Munchore. 

PABULATORES.  Nom  donné  aux  anachorètes  chré- 
tiens du  iii^  siècle,  qui  erraient  par  les  bois,  nus  ou  vêtus 
seulement  d'un  tablier,  se  nourrissant  de  plantes  et  de 
racines. 

PAC.  Famille  polonaise,  dont  l'origine  remonte  aux 
premières  années  du  xv®  siècle  et  qui  est  célèbre  par 
les  services  qu'elle  a  rendus  à  son  pays.  Le  plus 
ancien,  Nikolas,  fut  un  fidèle  serviteur  de  Casimir  Ja- 
gellon  ;  Stanislas  se  distingua  comme  voiévode  de 
Witebsk  ;  Nicolas,  évêque  de  Samogitie,  laissa  le  renom 
d'un  illustre  prélat;  Pierre  fut  un  vaillant  capitaine  dans 
la  guerre  contre  les  Suédois,  les  Moscovites  et  les  Turcs; 
de  même  Samuel,  qui  servit  avec  éclat  comme  colonel 
sous  les  ordres  de  Chodkiewicz  (bataille  de  Choczim,  4624)  ; 
Michel-Casimir,  vaillant  compagnon  d'armes  de  Jean 
Sobieski,  alors  hetman  de  la  couronne  ;  Michel-Etienne, 
d'abord  castellan,  puis  évêque  de  Wilna,  qui  employa  sa 
grande  fortune  en  fondations  pieuses  et  charitables.  Le 
dernier  descendant  de  cette  famille  fut  le  général  Pac,  qui 
mourut  peu  de  temps  après  la  révolution  de  4830-31. 

PACA  (Zool.).  Genre  de  Mammifères  Rongeurs  créé 
par  F.  Cuvier  (4807),  sous  le  nom  latin  de  Cwlogenys, 
et  appartenant  à  la  même  famille  que  VAgouti  (V.  ce 
mot),  dont  il  diffère  par  des  proportions  plus  lourdes, 
la  présence  de  cinq  doigts  aux  pattes  postérieures  et  la 
forme  du  crâne  remarquable  par  ses  arcades  zygomatiques 
très  développées,  renflées  dans  le  sens  vertical  et  recou- 
vrant, de  chaque  côté  de  la  face,  une  ca\ité  qui  commu- 
nique avec  la  bouche  en  forme  d'abajoue.  Ces  grands  ron- 
geurs vivent  dans  les  forêts  de  l'Amérique  chaude  (région, 
néotropicale),  au  voisinage  des  rivières.  Le  Paca  (Cœlo- 
genys  paca)  type  du  genre,  est  un  animal  de  50  à 
60  centnn.  de  long,  dont  le  pelage  fauve  ou  brun  est  par- 
semé de  taches  blanches  disposées  sur  les  flancs  en  neuf 
ou  dix  rangées  longitudinales.  Le  Paca  brun  (ou  noir) 
et  le  Paca  fauve  ne  sont  que  des  variétés  locales,  ou 
d'âge  différent,  de  la  même  espèce  qui  est  répandue  de- 
puis le  Mexique  jusqu'au  Paraguay  à  travers  l'isthme  de 
Panama,  les  Antilles,  la  Colombie,  la  Guyane,  le  Brésil, 
le  Pérou,  etc.  Une  espèce  plus  petite  (Cœlog.  Tac%a- 
nowskii)  vit  dans  les  montagnes  de  l'Equateur,  à  une 
ait.  de  2  à  3.000  m.  Les  espèces  fossiles  {C.  platyce- 
phala,  des  Etats-Unis,  et  C.  major,  etc.,  du  S.  du  Bré- 
sil), qui  sont  de  l'époque  quaternaire,  ne  paraissent  pas 
différer  spécifiquement  du  C.  paca  actuel.  La  chair  de 
celui-ci  est  très  estimée  dans  son  pays  natal  et  surtout 
aux  Antilles  où  il  est  devenu  très  rare  par  suite  de  la 
destruction  qu'en  ont  fait  les  chasseurs.  Le  Paca  se  creuse 
un  terrier  à  plusieurs  issues  et  ne  sort  guère  que  la  nuit 
pour  chercher  sa  nourriture  qui  consiste  en  fruits  et  en 
racines.  En  captivité  on  le  nourrit  facilement  de  légumes, 
de  pain  et  même  de  viande  cuite.  On  a  proposé  de  l'ac- 
climater en  Europe,  ce  qui  semble  facile,  car  les  Pacas 
que  l'on  a  observés  dans  les  jardins  zoologiques  suppor- 
tent bien  notre  climat,  même  en  hiver.      E.  Tkouessart. 


7(iD  -™ 


PACAGE  —  PACCANAKi 


PACAGE.  I.  Agkicclture  (V.  Phâikil). 

II.  Législation.  —  Le  pacage  qui  troiive  son  origine  dans 
le  droit  féodal,  et  que  d'anciens  titres  ou  des  usages  immé- 
moriaux ont  perpétué  dans  quelques  communes,  est  le 
droit  qu'ont  les  habitants,  propriétaires  de  bestiaux,  de  les 
conduire  pâturer  sur  les  fonds  les  uns  des  autres,  lors- 
qu'ils sont  en  jachère  ou  après  qu'ils  ont  été  dépouillés  de 
leurs  fruits  et  de  leurs  récoltes.  Suivant  que  ce  droit  ne 
s'exerce  qu'entre  les  habitants  d'une  même  commune  ou 
entre  ceux  de  deux  ou  plusieurs  communes  qui  envoient 
réciproquement  leurs  bestiaux  les  uns  chez  les  autres,  le 
pacage  se  différencie  en  vaine  pâture  ou  parcours. 

Né  avec  le  droit  féodal  dans  lequel  il  ne  constituait  en 
réalité  qu'une  sorte  de  servitude  consentie  par  les  sei- 
gneurs sur  leurs  domaines  au  profit  des  habitants  placés 
sous  leur  autorité,  le  pacage  devait  disparaître  et  disparut 
en  effet  avec  la  Révolution  et,  malgré  les  résistances  du 
peuple  ([ui,  bien  que  s'étant  affranchi  des  dîmes  et  redevances 
dues  aux  châtelains,  prétendait  conserver  cependant  sur 
ce  qui  constituait  leur  ancien  domaine  les  droits  qui  leur 
avaient  été  concédés  en  quelque  sorte  comme  une  faible 
contre-partie.  Le  pacage  ne  subsista  donc  que  dans  les 
communes  oîi  il  était  justifié,  soit  par  un  titre,  soit  par 
un  usage  immémorial  incontesté.  Non  seulement  le  droit 
de  pacage  fut  ainsi  restreint,  mais  la  loi  vint  encore,  dans 
les  cas  où  il  subsistait  en  vertu  d'un  titre  ou  de  l'usage, 
autoriser  les  propriétaires  de  terrains  qui  y  étaient  sou- 
mis à  s'y  soustraire  en  clôturant  leurs  propriétés,  l'accès 
libre  des  terres  et  prés  étant  la  première  condition  pour 
qu'ils  fussent  soumis  au  pacage.  Et  suivant  que  le  droit 
(le  pacage  résultait  d'un  usage  ou  d'un  titre,  la  loi  n'im- 
posa aux  propriétaires  qui  y  soustrayaient  leurs  terres 
que  l'obligation  de  renoncer  pour  leur  propre  compte  au 
pacage  en  proportion  de  l'importance  de  leurs  biens  ainsi 
cUUurés,  dans  le  premier  cas,  ou  de  payei'  à  la  commu- 
nauté une  indemnité  à  dire  d'cxi)er(s,  dans  le  second.  Cette 
solution  ne  fut  appli(|uée  d'ailleurs  (ju'à  la  vaine  pâture. 
Pour  le  parcours,  le  droit  de  se  cloie  ue  fut  eu  aucune 
façon  restreint,  aucun  rachat  ne  fut  imposé  aux  proprié- 
taires clos,  mais  la  loi  reconnut  aux  habitants  des  autres 
communes  le  droit  de  supprimer  purement  et  simplement 
le  parcours  dont  jouissaient  ceux  qui  s'y  étaient  ainsi 
soustraits  eux-mêmes. 

Le4)acage  ne  s'applique,  en  principe,  qu'au  gros  bétail 
à  cornes  et  aux  chevaux,  néanmoins  certains  usages  l'ont 
étendu  à  la  conduite  des  porcs  dans  les  forêts,  et  même 
au  pâturage  des  petits  bestiaux  et  des  bêtes  à  laine.  Dans 
les  lieux  où  il  subsiste,  le  pacage  appartient  non  seule- 
ment aux  propriétaires  terriens,  mais  encore  à  tous  ceux 
qui  possèdent  des  bestiaux  et  dont  les  propriétés  sur  les- 
(|uelles  peut  s'exercer  le  pacage  n'ont  qu'une  importance 
absolument  minime.  Mais  ils  ne  peuvent  alors  dépasser 
bix  bêtes  à  laine  et  une  vache  et  son  veau.  Le  mode  et  les 
conditions  d'exercice  du  pacage  sont  déterminés  par  des 
déhbérations  du  conseil  municipal.  S'il  s'agit  de  vaine  pâ- 
ture, les  délibérations  doivent  être  soumises  à  l'approba- 
tion du  préfet.  Les  délibérations  concernant  le  parcours 
sont  dispensées  de  cette  sanction.  Le  parcours  disparaîtra 
d'ailleurs  prochainement  de  nos  lois,  le  projet  de  code 
rural,  actuellement  soumis  au  Parlement,  le  suppri- 
mant formellement  et  ne  laissant  subsister  que  la  vaine 
pâture. 

Le  pacage  s'exerce  de  deux  façons  distinctes,  soit  iso- 
lément, chaque  propriétaire  conduisant  ou  faisant  conduire 
son  bétail  au  pâturage,  soit  en  commun,  les  bestiaux  de 
toute  la  commune  étant  confiés  à^la  garde  d'un  pâtre 
unique  payé  par  la  collectivité.  Lorsque  le  pacage  est  pra- 
tiqué en  commun,  chaque  propriétaire  conserve  cependant 
le  droit  de  faire  paître  ses  bêtes  isolément,  il  est  alors  dé- 
chargé de  la  contribution  au  salaire  du  pâtre  commun, 
mais  les  propriétaires  ainsi  dissidents  ne  sont  pas  auto- 
risés à  se  grouper  et  à  réunir  leurs  bestiaux  pour  les  faire 
conduire  par  un  gardien  unique.  Ils  doivent,  ou  les  confier 

CR\NDE    ENCYCLOPÉDIE.    —   XXV. 


au  pâtre  communal,  ou  a\oir  pour  eux  un  domestique  (pii 
leur  soit  spécial.  Ch.  Strauss. 

BiBL.  :  Jay  et  Beaumj:,  Tniité  de  la  oaiiie  pâture  et 
du  parcours. 

PACARAIMA  (Sierra  de).  Montagnes  situées  a'u  S.  du 
Venezuela  et  se  rattachant  au  massif  de  la  sierra  Parima 
(V.  ce  mot). 

PACASMAYO.  Ville  du  Pérou,  dép.  de  Lambayeque, 
petit  port  de  cabotage,  sur  la  rive  gauche  de  l'embouchure 
du  torrent  Pacasmayo,  par  79^  50'  long.  0.  Paris  et 
7°  35^  lat.  S.  Tête  de  ligne  d'un  chemin  de  fer  de  péné- 
tration qui  devrait  atteindre  la  ville  de  Cajamarca  (an- 
cienne capitale  du  dernier  roi  des  Incas,  Atahualpa)  et 
qui  s'arrête  au  pied  même  des  Andes,  à  La  Vina.     C.  L. 

PACATIANUS  (Tiberius  Claudius  Mar.),  empereur  ro- 
main, connu  seulement  par  ses  monnaies  qu'Eckhel  date 
de  l'époque  de  Phihppe  et  de  Decius  ;  elles  ont  été  trou- 
vées surtout  en  Autriche  ;  ce  fut  probablement  un  géné- 
ral proclamé  par  les  troupes  de  Pannonie  et  de  Mésie  et 
bientôt  supprimé.  —  Un  autre  Pacatianus  fut  consul 
en  'èM. 

PACAUDIÈRE  (La).  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  la 
Loire,  arr.  de  Roanne;  4.967  hab.  Stat.  du  chem.de  fer 
P.-L.-M.  Fabrique  de  soieries;  féculerie.  Curieuse  mai- 
son de  la  Renaissance,  construite  sous  François  P^  pour 
servir  d'hôtellerie  et  de  relai  et  nommée  le  Petit-Louvre. 

PACCA  (Barthélémy),  cardinal,  né  à  Bénévent  en 
1756,  mort  en  1844.  Il  était  évèque  de  Velletri,  ;lorsque 
Pie  VI  l'envoya  en  Allemagne,  pour  combattre  la  résis- 
tance que  les  évêques  électeurs  opposaient  aux  envahis- 
sements de  la  cour  de  Rome  (V.  Lms  \Congrès  et  punc- 
tation]y  t.  XV,  p.  988).  Il  remplit  cette  mission  avec 
habileté  et  succès.  Pie  VII  le  créa  cardinal  en  1801,  et 
camerlingue  de  la  Sainte  Eglise  romaine  en  1808.  La 
bulle  qui  excommuniait  Napoléon  (10  juin  1809)  fut  ré- 
digée et  publiée  par  Pacca.  Il  fut  enlevé  avec  le  pa})e 
(r5juil.)  et  enfermé  au  fort  de  Fénestrelle  (Piémont), 
oii  il  subit  une  captivité  de  trois  ans  et  demi.  Mis  eu 
liberté,  il  rejoignit  Pie  Vil  ii  Fontainebleau  et  lui  fit  ré- 
tracter le  concordat  du  ^5  janv.  1813.  Après  la  chute  de 
Napoléon,  il  rentra  à  Rome  avec  le  pape.  En  1816,  il  se 
démit  de  ses  hautes  fonctions  de  camerlingue;  mais,  jus- 
qu'à la  fin  de  sa  vie,  il  continua  à  faire  partie  de  diverses 
congrégations  cardinahces,  et  à  jouir,  dans  les  conseils  de 
la  cour  de  Rome,  d'un  crédit  qu'il  fit  constamment  servir 
aux  desseins  de  toutes  les  réactions.  Dans  ses  Mémoires, 
fort  intéressants  pour  l'histoire  des  événements  auxquels 
il  a  été  mêlé,  Pacca  mentionne,  comme  un  des  grands 
honneurs  et  des  grands  ])onheurs  de  sa  vie,  le  rétablis- 
sement de  la  Société  de  Jésus,  auquel  il  avait  préparé 
les  voies,  et  dont  le  pape  lui  avait  confié  l'agréable  et 
l'honorable  exécution  {parte  terxa,  c.  VIII).  On  dit  que 
le  cardinal  Consalvi  y  était  opposé  par  des  considérations 
politiques.  E.-H.  V. 

BiBL.  :  Barth  I^acca,  Memorie  storlche:  Rome  1829-32, 
4  vol.  in-8;  traduit  par  labbé  Jamet,  Cacii,  1832,  2  vol. 
in-8;  par  L.  Bellaguet,  Paris,  1833  ;  par  Quearas,  Paris, 
1815. 

PACCANARI,  PACCANARISTES.  Nicolas  Paccanari 
tient  une  place  considérable  dans  Thistoire  des  entre- 
prises tentées  pour  reconstituer  la  Société  de  Jésus  avant 
sa  restauration  définitive.  Nous  n'avons  pu  trouver  ni 
la  date  de  sa  naissance  ni  celle  de  sa  mort.  Il  était  né  de 
parents  pauvres,  dans  les  environs  de  Trente.  Avant  de 
commencer  l'œuvre  à  laquelle  son  nom  est  resté  attaché, 
il  avait  essayé  divers  métiers,  apnt  été  successivement 
soldat,  commerçant,  montreur  de  curiosités.  On  dit  qu'il 
était  actif,  habile  à  capter  la  confiance  et  éloquent, 
quoique  sans  éducation  première.  Vers  1795,  il  rassembla 
quelques  jeunes  gens,  parmi  lesquels  délia  Vedova,  Hal- 
nat  et  l'abbé  Epinette  ;  il  leur  inspira  sa  ferveur  pour  un 
projet  qui  était  alors  dans  les  vœux  de  beaucoup  de 
catholiques.  Ils  adoptèrent  ensemble  les  constitutions 
d'Ignace  de  Loyola,  et  prirent  le  nom  de  Société  de  la  foi 

49 


PACCANARÏ  —  PACHA 


770  — 


i)E  Jésus.  Cette  congrégation  s'établit  à  Rome  dans  l'ora- 
toire du  P.  Cavita.  Le  cardinal  délia  Somaglia,  vicaire  de 
Home,  les  autorisa  à  revêtir  le  costume  des  jésuites,  avec 
la  seule  différence  qu'ils  porteraient  le  petit  collet  ecclé- 
siastique. Paccanari  visita  Pie  YI  pendant  sa  captivité  à 
Sienne  et  à  Florence;  il  lui  communiqua  ses  projets  et 
obtint  des  grâces  particulières,  des  privilèges  et  des  en- 
couragements pour  rétablir  Pordi^e  des  jésuites.  En  i799, 
pour  répondre  au  désir  du  pape,  la  Société  des  Pères  du 
SACKÉ-Cœu]i  DE  Jésus,  qui  avait  été  formée  dans  le  même 
dessein,  par  le  prince  deBrogiie  et  les  abbés  do  Tournely 
et  Yarin,  s'unit  en  une  seule  congrégation  avec  les  Pères 
do  la  foi  de  Jésus.  En  1801,  par  la  bulle  CathoUcœfideî, 
Pie  YIl  reconstitua  la  Société  de  Jésus  pour  la  Russie 
(Y.  Brzozowski,  t.  YIII,  p.  293).  On  pressa  Paccanari 
de  se  joindre  à  l'institut  ainsi  rétabli.  11  imagina  divers 
prétextes  pour  retarder  cette  fusion,  et  fmalement  refusa. 
Oès  1803,  les  paccanaristes,  qui  avaient  primitivement 
appartenu  à  la  Société  du  Sacré-Cœur  de  Jésus,  se  sépa- 
rèrent de  lui  ;  ils  furent  reçus  individuellement  deans  la 
Congrégation  de  Russie.  Les  autres  les  suivirent  peu  de 
temps  après.  Le  21  juin  1804,  les  Pères  de  la  foi,  qui 
s'étaient  introduits  en  France  et  dans  le  Yalais,  renon- 
cèrent, entre  les  mains  du  cardinal-légat  Caprara,  h. 
l'obéissance  qu'ils  avaient  jurée  à  Paccanari.  Celui-ci  ré- 
sista, autant  qu'il  le  put,  à  cet  abandon  et  il  se  livra  à 
des  intrigues  qui  occasionnèrent  de  vives  agitations  dans 
le  clergé  romain.  Le  pape  ordonna  d'insSruire  son  procès. 
Après  quelques  mois  de  captivité  ou  de  voyage,  il  (bs- 
j)arut.  On  n'a  pas  (ou  plutôt  nous  n'avons  pas  trouvé)  de 
renseignements  sur  ce  qu'il  devint.  E.-H.  Yollet. 

PACCAR 0  (Jean-Edme),  littérateur  et  acteur  français, 
né  en  1777,  mort  à  Paris  en  1841.  Quelques  œuvres  de 
Paccard  méritent  d'être  citées,  quoique  leur  valeur  litté- 
raire soit  plutôt  médiocre.  De  ce  nombre,  les  Scènes 
de  la  vie  malheureuse  (1833),  où  l'on  trouve  sur  Paris 
quelques  observations  assez  curieuses,  et  une  sorte  d'au- 
tobiographie de  sa  jeunesse.  Mémoires  el  confessions 
d'un  comédien  (1839). 

PACCARD  (Alexis),  architecte  français,  né  à  Paris  le 
19  janv.  1813,  mort  à  Aix-lcs-Bains  le  18  août  1867. 
Elève  de  Hubert,  Hu^^ol,  Lebas  et  de  l'Ecole  des  beaux- 
arts,  où  il  fut  cinq  fois  logistee  lob  tint  le  deuxième  grand 
prix  en  1833,  puis  le  premier  grand  prix  en  1841,  sur 
un  projet  de  palais  d'ambassade,  Alexis  Paccard  se  plaça 
hors  de  pair  par  le  mérite  de  ses  envois  de  pensionnaire 
de  Rome  et  d'Athènes,  parmi  lesquels  un  parallèle  des 
principaux  tombeaux  de  Rome  et  do  Pompéi  et  une  fort 
remarquable  restitution  duParthénon,  restitution  dans  la- 
quelle il  tint  compte  de  l'inclinaison  des  axes,  des  colonnes 
et  des  murs,  de  la  courbure  des  hgnes  et  de  la  coloration 
générale  de  tout  l'éditicc.  A  Athènes  aussi,  Paccard  res- 
taura le  temple  de  Pandroseou  Pandroséion  (V.  ce  mot). 
Dans  sa  carrière  de  vingt  années  dans  le  service  des  bâti- 
ments civils,  Paccard  eut  à  restaurer  la  tour  de  Gaston 
Phébus  et  à  construire  des  écuries  et  remises  au  château 
de  Pau,  à  restaurer  l'hôtel  du  Gouvernement  à  f]aux- 
Bomies,  à  construire  la  chapelle  funéraire  des  Bonaparte, 
à  xijaccio  ;  à  créer  la  bibliothèque  et  l'escalier  du  pavil- 
lon Gabriel,  ainsi  qu'à  restaurer  les  appartements  de 
Louis  XHI  et  la  galerie  des  Cerfs,  au  château  de  Fontai- 
nebleau. Il  fut  chargé  eai863  de  la  direction  d'un  atelier 
d'architecture  à  l'Ecole  des  beaux- arts.  Charles  Lucas. 
BiiiL  :  Beulé,  l'Acropole  d'Athènes  ;  Paris,  1862,  2«  éd., 
iii-8.  -  Eclm.  GuiJ.LAUAiE,  Discours  d'inauguration  du 
tombcdii  d'Alexis  Paccard.  ;  Paris.  1870,  iu-8. 

PACCHIA  (Girolamo  da).  peintre  italien,  né  à  Sienne 
en  1477,  mort  en  1535.  Cet  artiste,  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  son  quasi-homonyme  Pacchiarotto,  s'est 
inspiré  tour  à  tour  de  Fra  Bartoiommeo  délia  Porta,  du 
Sodoma  et  d'Andréa  del  Sarto.  Entre  les  nombreuses 
peintures  qu'il  a  laissées  dans  sa  ville  natale,  Ton  signale 
les  fresques  de  l'Oratoire  de  la  confrérie  de  Saiiit-Bernar- 


din.  La  Pinacothèque  de  Munich  possède  de  lui  un  Saint 
Bernardin  et  une  Madone. 

BiBL.  :  Vasari,  éd.  Milauesi.  —  Milane&i,  Documenti 
per  la  btoria  delV  Arte  senese;  Sienne,  1854-56.  —  Mùnïz 
Histoire  de  l'art  pendant  la  Renaissance.  ' 

PACCH  lAROTTO  (Ciacomo), peintre  italien duxvi^siècle, 
né  à  Sienne  en  1474,  mort  après  1540.  Cet  artiste  s'est 
rendu  célèbre  par  son  esprit  aventureux,  plus  encore  que 
par  ses  œuvres  sans  personnalité  vraiment  pénétrante.  Sa 
Visitation,  à  l'Académie  des  beaux-arts  de  Florence, 
fait  penser  à  la  manière  de  Ghirlandajo,  et  son  Ascension, 
à  l'Académie  de  Sienne,  correctement  traitée,  manque 
d'émotion.  L'on  considère  la  Vierge  trônant  au  milieu 
des  saints  (Académie  de  Florence)  comme  le  meilleur  de 
ses  tableaux. 
BinL.  :  Mû>jTz,  Histoire  de  Varl  poidant  la  Renaissance. 
PACCHIONI  (Antonio),  médecin  italien,  né  à  Reggio 
le  13  juin  1665,  mort  à  Rome  le  5  nov.  1726.  H  fut  à 
Rome  l'élève  et  l'ami  de  Malpighi,  et,  après  avoir  exercé 
son  art  à  Tivoli,  revint  à  Rome,  où  Lancisi  l'associa  à  ses 
travaux.  Pacchioni  s'occupa  beaucoup  de  dissection  et  dé- 
crivit le  premier  exactement  la  dure-mère  du  cerveau, 
près  du  sinus  longitudinal,  dans  laquelle  il  découvrit  des 
granulations  longtemps  décrites  sous  le  nom  de  glandes 
de  Pacchioni.  D^'  L.  Hn. 

PACCIOLI  Di  Bdrgo  Sa:s  Si:polc{{o  (Luca),  mathéma- 
ticien italien  du  xv«  siècle  (Y.  Paciuolo). 

PAGE.  Com,  du  dép.  d'Hle~ct-Yilaine,  arr.  et  cant. 
(X.-O.)^de  Rennes;  2.156  hab. 

PACÉ.  Com.  du  dép.  de  EOrne,  arr.  et  cant.  (0.) 
d'Alençon;  315  hab. 

PAGE  (Richard),  diplomate  anglais,  né  près  de  Win- 
chester vers  1182,  mort  en  1536.  H  étudia  à  Oxford,  à 
Padoue,  à  Ferrare  où  il  rencontra  Erasme,  à  Bologne,  et, 
de  retour  en  Angleterre,  prit  les  ordres.  Très  en  faveur 
auprès  des  membres  du  haut  clergé,  il  accompagna  à  Rome 
le  cardinal  Bainbridge  (1509-14)  et  devint  en  1515  se- 
crétaire de  Henri  YHI.  Habile  et  discret,  il  gagna  la  con- 
fiance de  Wolsey,  qui  le  chargea  d'abord  de  soulever 
les  Suisses  contre  François  I^^  Cette  mission  dangereuse, 
et  qui  ne  put  aboutir,  lui  valut  force  désagréments   et 
quelques  emprisonnements .  Mais  lorsqu'il  en  revint,  en  1516, 
il  fut  nommé  secrétaire  d'Etat.  En  1518,  il  fut  envoyé 
en  Allemagne  pour  appuyer  la  candidature  de  Henry  YÎH 
au  trône  impérial  vacant  par  la  mort  de  Maximilien.  Il 
arriva  trop  tard,  mais  ses  eiforts  furent  appréciés  et  il 
reçut  en  récompense  le  décanat  de  Saint-Paul  de  Londres 
(1519)  et  beaucoup  d'autres  faveurs  et  prébendes.  Pace 
accompagna  le  roi  à  l'entrevue  du  Camp  du  drap  d'or  (1520)  ; 
l'année  suivante,  il  soutint  à  Yenise  les  prétentions  de 
Wolsey  à  la  papauté,  en  remplacement  de  Léon  X,  et  en 
1523  à  Rome,  en  remplacement  d'Adrien  YI.  Puis  il  re- 
vint à  Yenise,  dans  le  but  de  détacher  la  république  de 
l'alliance  française.  Il  tomba  malade  et  regagna  l'Angle- 
terre en  1525  ;  depuis,  sa  santé  précaire  l'éloigna  des 
affaires.  H  semble  aussi  que  Wolsey,  jaloux  de  son  influence 
sur  l'esprit  du  roi,  ne  fut  pas  fâché  de  ce  prétexte  pour 
l'écarter.  Pace  a  laissé  un  certain  nombre  d'écrits,  entre 
autres  :  Defructu  qui  ex  doctrina  percipitur  liber  (Râle, 
1517,  pet.  in-l)  ;  Oratio  in  Pace  (Londres,  1518,  in-12),' 
traduit  en  français  par  Jehan  Gourmont  (Paris,  1518). 
PACE  (J.),  jurisconsulte  italien  (Y.  Pacius). 
PACECO.  Yille  de  Fltahe  méridionale  (Y.  Sicile). 
PACHA.  Titre  des  hauts  fonctionnaires  turcs  :  à  l'époque 
où  ce  titre  n'était  quemilitaire,  on  distinguait,  selon  l'usage 
mongol,  trois  catégories  de  pachas  désignés  par  le  port 
d'une,  deux  ou  trois  queues  de  cheval  (tugli)  :  le  pacha  à 
une  queue  correspondant  au  général  de  brigade  ou  lira, 
à  deux  queues  au  général  de  division  ou  feriic,  k  trois 
queues  au  maréchal  ou  mouchir.  Le  port  des  queues  fut 
aboli  par  Malimoud  H,  mais  la  dénomination  s'est  long- 
temps conservée  dans  le  langage  usuel.  —  Le  titre  de 
pacha  est  viager;  tous  les  généraux  et  amiraux  le  portent 
et  parmi  les  fonctionnaires  civils  tous  ceux  qui  ont  le 


771 


PACHA  —  PACHECO 


grade  de  vizir,  de  roumili-beilerbey,  de  mir-i-miràn,  de 
Mir-ui-umerâ.  Mais  il  n'est  pas  donné  aux  fonctionnaires 
du  clergé,  ni  à  certains  hauts  employés  civils  comme  les 
bâlà,  bien  qu'ils  soient,  dans  la  hiérarchie,  supérieurs  à 
beaucoup  de  pachas  (liva,  mir,  etc.).  Ceux-ci  sont  qua- 
lifiés d'excellence  et  s'intitulent  effendi  ou  bey.  Dans  l'ar- 
mée, le  titre  de  pacha  est  lié  au  grade  sinon  à  l'emploi  ; 
mais  cette  distinction  n'existant  pas  dans  l'administration 
civile,  ce  titre  y  est  seulement  personnel  et  indépendant 
de  l'emploi  ;  non  seulement  un  ambassadeur,  mais  un  gou- 
verneur (vali),  peut  fort  bien  ne  pas  être  pacha,  alors 
qu'un  montessarif  qui  lui  est  subordonné  porte  ce  titre. 
On  a  même  conféré  d'une  manière  purement  honorifique 
le  titre  de  pacha  à  de  simples  particuliers. 

PACHA.  Rivière  de  Russie,  tributaire  du  lac  de  même 
nom,  près  Tiklivine  (gouv.  de  Novogorod)  ;  elle  se  jette  dans 
le  Ladoga  après  un  parcours  sinueux  de  200  kil.  environ. 
Largeur  maxima,  240  m.  ;  profondeur,  1  à  5  m.  ;  nom- 
breux rapides.  Ne  peut  être  utilisée  que  durant  quelques 
semaines  du  printemps  pour  le  transport  de  bois. 

PACHACHACA  ou  PAGHACHACACA  (Pérou).  Affl.de 
dr.  du  rio  Apurimac,  tributaire  lui-même  du  rio  Santa 
Ana.  11  traverse  une  vallée  très  fertile  où  l'on  cultive  la 
canne  à  sucre.  A  quelques  kilomètres  de  Avancay,  les 
Espagnols  ont  construit  sur  le  Pachachaca  un  superbe  pont 
en  pierre  à  une  seule  arche  pleine  de  hardiesse  qui,  s' ap- 
puyant sur  les  roches  des  deux  bords,  réunit,  par  sa 
puissante  maçonnerie,  les  domaines  de  Anquibamba  et 
Huarangal.  CL. 

PAGHACAMAC  ou  PATGHAKAMAK.  Nom  donné  par 
les  Indiens  du  Pérou  à  l'Etre  Suprême.  Son  nom  signifie  : 
«  Celui  qui  soutient  ou  donne  la  vie  à  l'Univers  ».  Il  était 
aussi  appelé  «  Con-Illa-Ticci-Uira-Cocha  ».  Son  unique 
temple,  où  se  rendaient  des  oracles  et  où  venaient  de  nom- 
breux pèlerins,  se  trouvait  dans  une  vallée,  près  de  Lima, 
entouré  d'une  ville  importante.  Le  temple  fut  violé  et 
l'idole  brisée  par  Hernando  Pizarro. 

PACHACAWIAG.  Ruines  d'une  ville  des  incas  (Pérou), 
appelée  aujourd'hui  La  Uamacoma  par  les  habitants  du 
pays.  Point  terminus  du  chemin  de  fer  de  Lima;  le  village 
actuel  est  situé  à  3  lieues  au  S.  deChorillos,  sur  une  plage 
aride.  L'ancienne  cité,  dont  on  peut  encore  parfaitement  dis- 
cerner le  plan,  est  comprise  dans  les  terrains  de  la  hacienda 
de  San  Pedro  de  Lurin.  Sur  la  montagne  la  plus  élevée, 
du  haut  de  laquelle  on  domine,  d'un  côté,  la  mer  et,  de 
l'autre,  la  plaine,  le  fondateur  a  placé  le  temple  du  dieu 
Pachacamac,  la  divinité  invisible  ;  puis  il  a  transformé  la 
montagne  en  un  monument  architectural  ;  des  travaux  de 
terrassement,  dont  un  certain  nombre  ont  conservé  leur 
parement,  lui  ont  donné  les  formes  régulières  qui  carac- 
térisent l'œuvre  de  l'homme.  Sur  les  autres  mamelons 
s'élèvent  les  ruines  des  monuments  pubHcs  qui  s'étagent 
aussi  en  terrasses.  Au  pied  de  ces  constructions  subsistent 
une  série  d'édifices  qui,  par  la  simpHcité  de  leur  appareil 
et  la  grandeur  des  pièces,  indiquent  à  la  fois  l'humble 
condition  des  habitants  et  leur  grand  nombre  ;  c'étaient 
des  hôtelleries.  C.  L. 

PAGHALIK.  Ancien  nom  des  gouvernements  turcs  ad- 
ministrés par  un  pacha  (V.  ce  mot)  ;  la  désignation 
actuelle  à  peu  près  correspondante  est  vilayet. 

PAG  HE  (Jean-Nicolas),  homme  politique  français,  né 
à  Paris  en  1746,  mort  à  Thin-le-Moutier  (Ardennes)  le 
48  nov.  1823.  D'origine  suisse,  fils  du  concierge  de  l'hôtel 
de  Castries,  il  fut  successivement  précepteur  des  enfants 
du  maréchal  de  Castries,  premier  secrétaire  au  ministère 
de  la  marine,  munitionnaire  général  des  vivres  et  contrô- 
leur de  la  maison  du  roi.  Il  abandonna  ces  fonctions  et 
alla  vivre  avec  sa  famille  en  Suisse.  Au  moment  de  la  Ré- 
volution, il  revint  en  France  et  fut  présenté  à  Roland,  qui 
le  prit  avec  lui  au  ministère  de  l'intérieur.  Il  passa  au 
ministère  de  la  guerre,  sous  les  ordres  de  Servan,  et  suivit 
celui-ci  dans  sa  retraite  (12  juin  1792).  Electeur  de  la 
section  du  Luxembourg,  il  fut  nommé,  le  20  sept.  1792, 


troisième  député-suppléant  de  Paris  à  la  Convention,  et, 
le  3  oct. ,  ministre  de  la  guerre  par  441  voix  sur  560  vo- 
tants. Pache  s'attira,  dans  l'exercice  de  ses  fonctions,  les 
critiques  les  plus  vives  des  généraux  et  des  représentants 
aux  armées.  Carnot,  entre  autres,  se  plaignait  de  son  in- 
curie et  de  son  incapacité.  Les  girondins  l'attaquaient  et 
les  montagnards  le  défendaient.  Buzot  l'accusa  de  désor- 
ganiser les  armées  (10  déc.  1792)  et  Barbaroux  de  com- 
promettre le  salut  de  l'Etat  (30  déc),  mais  Marat  le  dé- 
fendit contre  la  faction  Roland  (31  déc).  Valazé  réclama 
le  décret  d'accusation  et  Marat  s'interposa  de  nouveau 
(3  janv.  1793)  ;  la  Convention  passa  à  l'ordre  du  jour 
(5  janv.).  Cependant,  sur  un  rapport  défavorable  de  Barère, 
l'Assemblée  décida,  le  2  févr.,  de  remplacer  le  ministre 
de  la  guerre  et  elle  élut  Beurnonville  (4  févr.).  Les  Pari- 
siens vengèrent  Pache  en  le  nommant,  le  14  févr.,  maire 
de  Paris  en  remplacement  de  Chambon  par  11.881  voix 
sur  15.191  votants.  Il  prit  une  part  active  à  la  chute  des 
girondins  et  déposa  dans  leur  procès  (24  oct.).  Compromis 
avec  Chaumette  et  Hébert,  il  ne  fut  pas  imphqué  dans 
leur  procès,  mais  il  fut  arrêté  le  21  floréal  an  II  (10  mai 
1794)  et  remplacé  dans  la  mairie  par  Lescot-Fleuriot. 
Il  essaya  de  se  disculper  des  accusations  portées  contre 
lui  à  l'occasion  de  son  rôle  dans  la  journée  du  31  mai  et 
il  fit  afficher  dans  Paris,  le  4  brumaire  an  [11(25  oct.  1794), 
quatre  placards  adressés  à  Cambon,  à  Delmas  et  à  Guyton- 
Morveau.  Enfermé  dans  la  prison  du  Luxembourg,  Pache 
demanda,  le  2  nivôse  (22  déc.  1794),  à  la  Convention 
d'être  traduit  devant  le  Tribunal  révolutionnaire,  et  il  fut 
enfin  déféré,  le  5  prairial  (24  mai  1795),  au  tribunal  cri- 
minel d'Eure-et-Loir.  Il  fut  compris  dans  l'amnistie  du 
4  brumaire  an  IV  (25  oct.  1795),  malgré  La  Révellière- 
Lépeaux,  qui  appelait  Pache  le  plus  grand  de  tous  les  di- 
lapidateurs  de  la  fortune  publique,  la  cheville  ouvrière  de 
l'affreuse  journée  du  31  mai.  En  août  1799,  on  le  nomma 
commissaire  aux  hospices  civils  de  Paris,  mais  on  lui  retira 
presque  aussitôt  ce  poste.  Pache  se  retira  dans  son  do- 
maine de  Thin-le-Moutier,  près  de  Charte  ville,  et  refusa 
de  rentrer  sur  la  scène  politique.     Etienne  Charavay. 

BiBL.  :  Moniteur.  Correspondance  de  Carnot.  —  A.  Ciiu- 
QUET,  Jemnmpes. 

PACHEGO  (Francisco),  peintre  espagnol,  né  à  Séville 
en  1571,  mort  à  Séville  en  1664.  Il  fut  d'abord  l'élève 
du  peintre  Luis  Fernandez,  un  spécialiste  pour  la  décora- 
tion des  sargas  ;  plus  tard,  il  reçut  les  conseils  du 
chanoine  Cespedès  dont  il  se  déclara  le  sectateur  et  le 
disciple  d'élection.  Pour  ses  débuts  qui  furent  modestes, 
Pacheco,  comme  son  premier  maître,  peignit  des  sargas, 
sorte  de  toiles  écrues  qui  jouaient  le  rôle  de  tapisseries, 
de  tentures;  il  eut  aussi  la  commande,  pour  la  flotte  des 
Amériques  espagnoles,  des  pavillons  et  étendards,  qu'il 
décorait  d'emblèmes,  d'écussons  aux  armes  royales  ou  de 
figures  de  saints.  Il  s'adonna  aussi  à  peindre  en  tons  na- 
turels les  bas-reliefs  et  les  statues  et  il  s'acquit  dans  cette 
spécialité  une  réputation  méritée  d'habileté  et  de  goût  ; 
c'est  pourquoi  son  ami,  l'éminent  sculpteur  Martinez  Mon- 
tafies,  eut  presque  toujours  recours  à  la  collaboration  de 
Pacheco  pour  colorier  ses  ouvrages.  Une  des  plus  an- 
ciennes compositions  sur  toile  qu'ait  exécutées  Pacheco  pa- 
raît avoir  été  un  Christ  portant  sa  croix,  datée  de  1589 
et  qu'on  pouvait  voir  jadis  dans  la  collection  du  chanoine 
Cepero,  à  Séville.  En  1598,  il  collaborait  à  la  décoration 
du  catafalque,  érigé  dans  la  cathédrale  de  Séville,  à  l'oc- 
casion de  la  mort  de  Philippe  IL  En  1603,  son  protecteur 
et  grand  ami,  le  duc  d'Alcala,  Fernan-Henriquez  de  Ri- 
bera,  le  chargeait  de  peindre  sur  toile,  à  la  détrempe, 
toute  la  décoration  intérieure  de  son  cabinet  ;  le  sujet  en 
était  emprunté  à  la  mythologie  et  reproduisait  divers  pas- 
sages de  la  fable  de  Dédale  et  d'Icare.  Ce  travail  fut  très 
admiré,  surtout  pour  le  dessin  des  figures,  présentant  des 
attitudes  et  des  raccourcis  d'une  grande  hardiesse.  Ces- 
pedès vit  ces  peintures  et  en  félicita  chaudement  l'auteur. 
Le  coloris,  chez  Pacheco,  ne  se  montre  pas,  jusqu'ici,  à 


PACHECO  ^-  PACHELBEL 


m 


la  Iiaiiteiii'  de  ses  qualités  comme  dessinateur  ;  il  est  sec, 
timide  et  froid.  Ses  compositions,  sagement  ordonnées, 
accusent  surtout  un  souci  d'équilibre  et  de  pondération 
qui  va  parfois  jusqu'à  la  puérilité.  Paclieco  eut-il  con- 
science des  moyens  d'exécution  qui  lui  faisaient  défaut  ? 
Toujours  est-il  qu'en  4611,  il  entreprenait  le  voyage  de 
Madrid  pour  aller  étudier  les  chefs-d'œuvre  des  diverses 
écoles  que  les  rois  avaient  acquis  et  réunis  dans  leurs  pa- 
lais. Ce  voyage  exerça  une  influence  notable  sur  les  mé- 
thodes et  les  pratiques  de  l'artiste.  Préoccupé  dès  lors  de 
s'assimiler  les  qualités  de  style  et  de  coloris  des  maîtres 
qu'il  avait  admirés,  il  s'efforça,  avec  une  louable  énergie, 
de  donner  désormais  plus  de  largeur  et  de  liberté  à  son 
mode  de  composer  et  d'exécuter.  Il  y  réussit  dans  une 
certaine  mesure  ;  ses  personnages,  plus  expressifs,  se 
groupent  avec  plus  d'aisance  et  de  naturel,  et  sa  touche 
leur  communique  plus  de  réalité  et  de  vie.  On  peut 
constater  les  progrès  déjà  acquis  dans  la  grande  et  im- 
portante composition  que  Pacheco  terminait  en  1614, 
pour  le  couvent  de  Santa  Isabel,  le  Jugement  dernier, 
qui  a  passé,  de  nos  jours,  dans  une  vente  à  Paris. 

Dans  son  voyage  à  Madrid,  Pacheco  avait  visité  Tolède 
et  fait  connaissance  avec  leGreco,  dont  la  bizarre  et  fou- 
gueuse manière  était  si  éloignée  de  son  propre  concept  et 
de  son  tempérament.  De  curieuses  discussions  esthétiques 
s'échangèrent  entre  les  deux  peintres,  et  Pacheco  les  a 
rapportées  dans  son  ouvrage  miïiulè  Ar te  de  la  Pîntura, 
qui  est,  à  vrai  dire,  et  plus  que  ses  peintures,  le  monu- 
ment de  sa  vie.  PubUé  en  1649,  mais  rédigé  longtemps 
avant  son  apparition,  VArt  de  la  peinture  vonkYmGima 
partie  purement  didactique  et  pratique,  qui  resta  long- 
temps classique  parmi  les  artistes  espagnols,  et  une  partie 
esthétique  et  philosophique,  marquée  au  coin  du  pédan- 
tismc  le  plus  dogmatique  et  qui  n'est  guère  qu'aride  et 
rebutante.  Dans  son  étroite  orthodoxie,  Pacheco  entend 
ne  rien  abandonner  à  l'imagination  de  l'artiste  ;  il  donne 
des  formules  pour  toutes  les  compositions  sacrées,   for- 
mules imprescriptibles  et  exclusives  de  toute  liberté  ;  poiu* 
hii,  le  texte  sacré  est  tout  ;  Finspiration  de  l'artiste  n'est 
lien  ;  formes,  attitudes,  expressions,  costumes,  il  prétend 
tout  prescrire  comme  autant  de  règles  immuables  et  enfin, 
résumant  ses  théories,   il  écrit  ((ue   «  l'art  n'a  d'autre 
mission  et  d'autres  fins  que  de  porter  les  hommes  à  la  piété 
et  de  les  conduire  vers  Dieu  ».  Tel  est  ce  livre,  œu\rede 
théologien  et  de  casuiste  plutôt  que  d'artiste  et  dont  l'or- 
thodoxie valut  à  Pacheco   d'être  chargé  par  le  Saint- 
Office  des  fonctions  de  Hevisor,  ou  d'examinateur  et  de 
censeur  des  ouvrages  de  peinturect  de  sculpture  exécutés 
en  Andalousie.  L'Art  de  la  ;?(?/?2///r(?  renferme  également 
quelques  curieux  détails  que  Pacheco  donne  tant  sur  ses 
débuts  que  sur  ses  principaux  ouvrages  :  malheureuse- 
ment, son  livre  reste  d'un  trop  regrettable  laconisme  sur 
les  œuvres  et  la  vie  de  son  illustre  élève  et  gendre,  Diego 
Yelazquez,  sur  les((uelles  il  eût  pu  nous  révéler  tant  de 
précieux  renseignements  et  de  particularités  intéressantes. 
Velazquez  et  i\lonso  Cano  devinrent  en  effet,   après  son 
voyage  à  Madrid,   les  élèves  de  Pacheco  ;   le  premier 
avait  passé  quelque  temps  dans  l'atelier  de  Herrera  le 
Vieux,  et  le  second  dans  celui  de  Juan  del  Castillo.  La 
maison  de  Pacheco,  qui  était  lui-même  un  lettré,  un  éru- 
dit  et  un  poète,  était  alors  le  rendez-vous  de  tout  ce  (jue 
Séville  renfermait  d'hommes  éminents  dans  les  arts  et  les 
lettres  ;  c'est  grâce  à  ces  circonstances  que  le  maître  put  en- 
treprendre, d'après  ses  amis  et  ses  hôtes  de  passage,  une 
collection  de  portraits  d'un  grand  intérêt.  Il  en  réunit 
ainsi  un  certain  nombre,  dessinés  à  la  plume  ou  aux 
crayons  noir  et  rouge,  qu'il  accompagna  d'éloges  en  forme 
de  notices  biographiques  et  qui  formèrent  un  manuscrit, 
aujourd'hui  en"grande'partie  perdu,  auquel  il  donna  ce  titre  : 
Libro  de  verdaderos  retrafos  de  illustres  y  mémorables 
varones.  De  la  partie  qu'on  a  conservée,  une  pubhcation 
en  fac-similé  a  paru  récemment  à  Séville  et  à  Madrid. 
En  16*23,  Pacheco  fit  de  nou\eau  un  voyage  dans  la 


capitale  de  l'Espagne  ;  il  y  accompagiudt  son  gendre  Ve- 
lazquez, mandé  à  la  cour  de  Philippe  IV  et  qu'il  désirait 
présenter  lui-même  à  ses  amis.  Il  put  ainsi  assister  aux 
premiers  succès  qui  marquèrent  les  débuts  de  Velazquez. 
Revenu  à  Séville,  Pacheco  reprit  ses  travaux  et  peignit 
pour  les  couvents  plusieurs  suites  importantes  de  compo- 
sitions religieuses,  à  présent  dispersées,  mais  dont  quel- 
ques-unes, échappées  aux  désastres  et  aux  guerres  qui 
ont,  durant  le  premier  quart  du  siècle,  ravagé  l'Andalou- 
sie, sont  conservées  au  musée  provincial  de  Séville.  Nous 
citerons  entre  autres  :  Saint  Pierre  Nolasque  dans  une 
barque,  avec  des  captifs,  où,  sous  les  traits  du  rameur, 
on  a  prétendu  reconnaître  le  portrait  de  Cervantes,  et 
V Apparition  de  la  Vierge  li  saint  Ramon-Nonnato.  On 
peut  constater  dans  ces  deux  peintures  quelle  évolution 
vers  l'étude  du  réel  et  du  vrai  s'était  opérée  chez  Pa- 
checo, d'abord  sectateur  de  l'école  romaine,  et  quels  pro- 
grès s'étaient  opérés  dans  sa  manière  à  la  suite  de  ses 
voyages  à  Madrid.  Paul  Lefoht. 

PACHECO    (Joaquin-Francisco),  hcmime  politique   et 
juriste  espagnol,  né  à  Ecij a  (Andalousie)  le  ^2*2  févr.  1808, 
mort  à  Madrid  le  8  oct.  1865.  Il  étudia  le  droit  à  Sé- 
ville et  fut  amené  à  Madrid  par  les  sollicitations  de  son 
ami,  le  célèbre  écrivain  Donoso  Cortès.  Fixé  dans  la  capi- 
tale (1834),  il  s'adonna  à  la  poHtique,  au  journalisme  et 
aux  travaux  d'avocat.  Il  écrivit  d'abord  dans  le  Diario  de 
la  Administracion,  fondé  par  D.  Favier  de  Burgos,  et 
puis  dans  les  journaux  politiques,  el  Siglo,  la  Alieja,  et 
Espaûol,  et  dans  la  Crônica  juridica.  Ses  articles  trai- 
taient surtout  des  réformes  dans  l'administration  de  jus- 
tice. En  1836,  il  fut  élu  député  et  il  le  resta  jusqu'en 
1843,  date  de  sa  nomination  comme  fiscal  de  la  Cour 
de  cassation  (Tribunal  supremo).  Dans  la  même  année 
1836,  il  fonda,  avec  Bravo  Murillo  et  Perez  Ilernândez  une 
revue  technique,  le  Bolefin  de  Jurisprudencia  y  Legis- 
lacion,  dans  laquelle  il  continua  à  exposer  ses  doctrines 
juridiques.  Peu  après,  en  1837,  il  prononça  dans  l'Ateneo 
de  Madrid  ses  célèbres  leçons  sur  le  droit  pénal,  qu'il  con- 
tinua pendant  trois  années.  D'où  le  livre  Estudios  de  de- 
rerho  pénal,  publié  en  1842.  En  1847,  il  fut  nommé 
chef  d'un  ministère  qui  ne  dura  que  six  mois  ;  mais  il  fut 
de  nouveau  ministre  en  18e^)4  avec  Espartero  y  O'Donell, 
et  en  1864  avec  Mon  et  Canovas.  C'était  un  conservateur 
modéré,  doctrinaire,  éclectique,  mais  éclairé  et  tolérant. 
Le  parti  représenté  par  M.  Canovas  del  Castillo  dans  le? 
dernières  années  de  la  poUtique  espagnole  a  dans  Pacheco 
un  de  ses  précurseurs.  Il  aida  beaucoup  aussi  à  la  forma- 
tion de  l'Union  libérale,  qui  joua  un  rôle  si  considérable 
dans  les  affaires  politiques  de  la  fin  du  règne  d'Isabelle  II. 
Croyant  fermement  à  l'avènement  de  la  démocratie,  il 
trouvait  que  le  meilleur  moyen  de  sauver  l'ancien  régime 
était  de  profiter  de  la  force  démocratique  en  l'enrayant. 
Mais  le  nom  de  Pacheco  reste  surtout  comme  avocat  et 
comme  pénaliste.  Il  fut  l'àme  de  la  commission  des  codes 
qui  donna  en  1848  le  Code  pénal,  en  vigueur  (depuis  la 
réforme  de  1850)  jusqu'à  1870.  Il  compléta  cette  œuvre 
avec  ses  Comentarios  qui  sont  encore  consultés.  Il  écrivit 
aussi  :  Comentarios  d  las  leges  de  Tara;  Estudios  sobre 
las  leyes  de  desvinculacion;  Ensayo  sobre  los  recursos 
de  nulidad;  Juicio  critico  del  fuero  jiizgo;  Historia 
de  la  regencia  de  la  reina  Cristina  (inachevée);  His- 
toria de  las  Cortès  de  1837  et  quelques  travaux  litté- 
raires. Pacheco  était  membre  des  Académies  espagnole, 
des  sciences  morales  et  politiques  et  des  beaux-arts.  Il  fut 
un  des  plus  notables  orateurs  de  son  époque.      R.  A. 

BiBL.  :  Goleria  de  Espagnoles  célèbres,  t.  VI. —-  Ucelay, 
Estudios  sobre  el  foro  moderno.  —  Gomez  de  La  Serna^ 
Ob}'as  Jui-idicus  de  Pacheco  (clans  le  vol.  XXVII  de  la  Rev. 
(fp]).  de  I.eff.  ij  Jurisp.).  —  Canovas,  Discnrso  leido  en  el 
Ateneo  de  Madrid,  1884.— Francisco  de  A.  Pacheco.  J^t- 
l'tscoii^tiitos  célèbres,  D.  Joac[\dn-Francisco  Pacheco 
(\ol    LXXXVI.  1895.  do  la  Rev.  gen.  de  Leg.  y  Jurisp.). 

PACHELBEL  (Johann) .  Organiste  allemand ,  né  à  Nurem- 
berg le  1^''"  sept.  1653,  mort  à  Nuremberg  le  3  mars  1706. 


773  — 


PACHELBEf.  —  PACHITEA 


Après  avoir  étudié  l'orgue  et  le  rlavecin  à  AUdorf,  puis  à 
Ratisbonne,  il  se  fixa  quelque  temps  à  Vienne  où  il  tint 
l'orgue  de  la  cathédrale  en  qualité  d'organiste  suppléant.  Ce 
fut  là  qu'il  seiiaavec  Johann-CasparKeri,  qui  lui  transmit  les 
enseignements  de  l'organiste  Frescobaldi,  qu'il  avait  lui- 
même  rapportés  d'Italie.  Le  talent  de  Pachelbel  et  son  style 
ne  pouvaient  que  gagner  à  la  fréquentation  de  cet  artiste  cé- 
lèbre. En  1675,  il  fut  appelé  à  Eisenach  comme  organiste  de 
la  cour.  Il  exerça  plus  tard  son  art  à  Erfurt,  à  Stuttgart, 
à  Gotha  jusqu'au  jour  où  il  obtint,  en  1695,  l'orgue  de 
Saint-Sebald,  à  Nuremberg,  où  il  demeura  jusqu'à  sa  mort. 
Pachelbel  est  un  des  organistes  qui  ont  le  plus  contribué  à 
fournir  à  S.  Bach  les  modèles  qu'il  devait  singulièrement  dé- 
velopper. Très  religieuse  et  très  discrète,  la  musique  de  Pa- 
chelbel fut  fort  estimée  de  son  temps ,  et  ce  maître  eut  un  grand 
nombre  d'élèves.  Il  produisit  assez  peu  rependant  :  du  moins 
un  assez  petit  nombre  de  ses  œuvres  nous  est  il  parvenu.  On 
trouvera  presque  tout  ce  qui  subsiste  de  sa  musique  d'orgue 
dans  la  Miisica  sacra  de  J.  Commer.       H.  Qlittaru, 

FACHER  (Michael),  peintre  et  sculpteur  allemand,  né  à 
Bruneck  (Tirol)  vers  1440,  mort  à  Salzbourg  en  1498.11 
est  le  principal  représentant  de  l'école  tirolienne  de  la  tin 
de  l'époque  gothique  et  spécialement  de  l'école  du  Tirol 
méridional,  ou  école  du  Pusterthal,  groupée  principalement 
autour  de  Brixen  et  du  monastère  de  Neiistift,  qui  avait  jus- 
qu'à lui  oscillé  entre  l'imitation  de  l'art  italien  et  celle  de  l'art 
flamand,  et  qu'il  marqua  enfin  au  sceau  personnel  de  son 
talent  :  l'influence  de  ses  œuvres  se  fit,  en  effet,  sentir  en 
Tirol  pendant  plus  d'un  siècle.  Ses  créations  (pour  la  plu- 
part ée^  retables  peints  et  sculptés)  se  distinguent  par 
la  grandeur  et  la  magnificence  de  la  composition,  la  re- 
<'lierche  de  la  noblesse  et  du  caractère  dans  les  figures 
unies  à  une  forme  savante  et  d'un  réaHsme  vigoureux,  une 
science  remarquable  du  clair-obscur  et  de  la  perspective, 
un  riche  et  profond  coloris.  En  dehors  de  quelques  men- 
tions sans  importance  dans  des  actes  de  la  paroisse  de 
Bruneck,  mentions  dont  la  plus  ancienne  remonte  à  1467, 
on  ne  sait  de  lui  que  ce  que  ses  œuivres  en  racontent,  et 
malheureusement  celles  qui  nous  ont  été  conservées  sont 
peu  nombreuses  et  pour  la  plupart  mutilées.  En  voici  la 
liste  à  peu  près  complète  :  un  Christ  en  croix,  sculpture 
en  bois  à  l'église  paroissiale  de  Bruneck  ;  un  autre  Crucifix, 
provenant  de  Vulpmes  (Tirol),  aujourd'hui  à  la  cathédrale 
(le  Breslau  ;  une  Adoration  des  Mages,  panneau  peint,  à 
l'éghse  de  Mitter-Olang,  en  Pusterthal  ;  à  Welsberg  (Pus- 
terthal), des  débris  d'un  bildstœckel  (colonne  ornée  de 
sujets  religieux  dressée  au  bord  d'un  chemin)  décoré  de 
fresques  de  sa  main  ;  les  débris  d'un  autel  en  bois  sculpté, 
à  l'église  paroissiale  de  Gries  près  Bozen  (1471),  dont  la 
partie  centrale  représente  le  Couronnement  de  la  Vierge  ; 
un  triptyque  peint  pour  une  église  de  Brixen  (1491),  re- 
présentant les  Quatre  Docteurs  de  l'Eglise  latine  avec, 
au  revers  des  volets,  des  scènes  de  la  vie  de  saint  Wolf- 
gang,  et  qui  est  aujourd'hui  (la  partie  centrale)  à  la  Pina- 
cothèque de  Municii  et  (les  volets)  au  musée  d'Augsbourg  ; 
une  ï'éph'que,  ou  phitôt  une  premièi'e  version,  moins  im- 
portante du  même  retable  au  musée  d'Innsbruck  ;  au  même 
musée,  des  statuettes  qui  proviennent  peut-être  du  retable 
sculpté  en  4483  pour  l'église  paroissiale  de  Bozen  ;  une  Ma- 
done en  bois  sculpté  à  l'éghse  des  Franciscains,  à  Salzbourg, 
qui,  avec  peut-être  une  prédelle  sculptée  représentant 
ï Arbre  de  Jesse  au  musée  de  cette  ville  et  un  panneau 
peint  conservé  dans  le  cloître  du  couvent  de  Saint-Pierre 
de  cette  même  ville,  est  tout  ce  qui  reste  de  l'autel  aiupiel 
l'artiste  travaillait  à  Salzbourg  quand  il  mourut  ;  enfin  et 
surtout,  le  magnifique  maître-autel  sculpté  et  peint  de 
l'église  de  Sanct-Wolfgang  (Haute-Autriche;  avec  la  date 
1481),  son  chef-d'œuvre,  heureusement  resté  intact, 
pour  lequel  dans  les  parties  secondaires,  telles  que  l'inté- 
rieur et  le  revers  des  doubles  volets,  le  maître  semble 
avoir  été  aidé  par  son  frère  Friedrich  Pacher  et  des  élèves 
de  son  atelier.  Auguste  Marguiujkh. 

3iHL,  :  G.  Daiii.ke,  MicJinel  Pncher,  dans  Beperlorimn 


fur  KunslwissensrJhi ft^  1885.—  Ilans  Sf.mpkr,  DieBrixiier 
Malerschulen  des  XV.  und  XVI.  Jahrhundcrts  und  ifir 
Verhœltniss  zu  Michael  Pacher;  Innsbruck,  1891.  —  Du 
j>iôme,  Neues  ùber  Michael  Pacher,  dans  Ferdlmindeuin- 
Zeitschrift,  3"  série,  30'  livraison  ;Innsbruck,  1892.  —  W. 
BoDK,  Geschichte  der  deutschen  Kunst,  II  :  Die  PlastiJi; 
l^erlin,  1887.  —  H.  Janit=5Chj:k,  Geschichte  der  deutschen 
Kanst,  III  :  Die  Malerei  ;  Berlin,  1890.  —  Aii.i^uste  MaR- 
GUiLLiER,  Un  Maître  oublié  du  xv«  siècle,  Michel  PacJier, 
dans  Gazette  des  Beaux-Arts  ;  Paris,  1894,  tirage  à  part  in-8 

—  R.  Stiassnv,  Einmittelalterlicher  Aljpenh  uns  lier,  dan>s 
Deutsche  Rundschau;  Berlin,  livr.  de  sejot.  1897,  etc. 

PACHER  (Friedrich),  peintre  allemand,  originaire  de 
Bruneck  (Tirol),  sans  doute  frère  du  précédent,  men- 
tionné, de  H78  à  i.^00,  dans  divers  comptes  de  la  pa- 
roisse de  Bruneck.  Il  peignit  en  1 183  pour  la  chapelle  de 
l'hupital  de  Brixen  un  Baptême  de  Jésus-Christ,  aujour- 
d'hui conservé  au  séminaire  de  Freising  (Bavière),  et  il 
est  probablement  l'auteur  des  huit  peintures  représentant 
des  épisodes  de  l'Evangile,  à  l'intérieur  des  doubles  volets 
de  l'autel  de  Sanct-Wolfgang  (V.  l'art,  précédent).  On  lui 
attribue  aussi  quatre  volets  d'autel,  au  musée  du  château 
d' Ambras,  près  d'Innsbruck.  Il  subit  profondément  l'in- 
fluence fraternelle,  et  ses  œuvres  montrent  une  science  pres- 
que égale  à  celle  de  Michael  Pacher  avec  de  brillantes  qualités 
d'invention  et  de  coloris  ;  mais  il  est  bien  inférieur  à  son 
frère  sous  le  rapport  du  goût,  de  l'harmonie  des  tons 
et  de  l'élévation  des  idées. 

Il  est  question  encore,  dans  les  comptes  de  la  paroisse 
de  Bruneck,  de  1487  à  1307,  d'un  Hans  Pacher,  peintre, 
qui  était  peut-être  aussi  frère  de  Michael  Pacher,  et  plus 
tard,  de  1514  à  1328,  d'un  autre  Hans  Pacher,  orfèvre. 

Auguste  Marguillier. 

BinL.  :  Ouvrages  cités  à  l'article  i)récédent  —  Mks.=imkr, 
Mittheilungea  derk.  h.  Central-Commission...,  XI.  p   \l\ 

—  G.  DauLki:.,  Z\i:ei  AllarflCu/elhilder  ans  dem  Schlosse 
Ambi^as.  dans  Ilepertorium  far  Kunstwissenschaft,  l^H\, 
et  Die  Flngeltafeln  ans  Ambras.,  dans  Allgemcine  Kunst- 
Chronik,  1881. 

PACHINO.  Ville  d'Italie,  prov.  de  Syracuse,  dans  une 
riante  situation,  à  3  kil.  de  la  mer  et  à  21  kil.  au  S.  de 
Noto;  8.000  hab.  Petit  port  {Pachini  portas),  qui  sert 
principalement  de  refuge  aux  bateaux  qui  exercent  la 
pêche  du  thon  dans  les  parages.  Enceinte  garnie  de  toui's. 
Vaste  et  belle  église.  Production  et  commerce  très  actif 
de  vin,  d'huile  et  de  fruits  exquis  ;  confection  de  paniers. 
Dans  les  environs,  à  mi-chemin  de  Noto,  quelques  vestiges 
de  l'ancienne  Elloro.  Pachino  doit  son  nom  au  promontoire 
qui  forme  l'extrémité  S.-E.  delà  Sicile  {Pachinumprom.) 
(auj.  cap  Passaro). 

PACHIRA  {Pachira  Aubl.).  Genre  de  Malvacées-Bom- 
bacées,  composé  d'arbres  à  feuilles  alternes,  larges  et 
digitées,  à  grandes  et  belles  fleurs  axillaires.  Les  Pachira 
se  distinguent  des  Bombax  ou  Fromagers  (V.  Bomrax) 
principalement  par  le  calice  bref  gamosépale,  presque  en- 
tier. Les  pétales,  hypogynes,  dépassent  considérablement 
le  calice;  les  étamines,  en  nombre  indéfini,  sont  réunies 
inférieurement  par  les  filets  en  un  tube  bifide  ou  polya- 
delphe  ;  l'ovaire,  libre,  est  à  3  loges  pluriovulées,  et  le 
style  en  forme  de  massue  quinquéfide.  Le  fruit  sphé- 
roïde, coriace  ou  ligneux,  est  loculicide,  à  5  valves.  Les 
graines  sont  peu  ou  point  albuminées  et  les  cotylédones 
charnus,  involutés,  embrassent  une  radicule  droite.  On 
en  connaît  une  quinzaine  d'espèces  propres  à  l'Amérique 
tropicale,  parmi  lesquelles  :  P.  aquatica  Aubl.  (  Caro- 
linea  princeps  L.  f.),  bel  arbre,  quelquefois  cultivé  dans 
nos  serres  où  on  le  voit  fleurir  ;  ses  graines,  du  volume 
des  châtaignes,  se  mangent  à  la  Guyane  grillées  sous  la 
cendre.  —  P.fastuosa  DC,  sert  en  médecine  au  Mexique  ; 
ses  feuilles  sont  très  émollientes  comme  celles  de  la  plu- 
part des  Pachira.  Jeunes,  elles  se  mangent.  —  Les  divers 
Pachira  ont  un  bois  léger  servant  à  construire  des  bar- 
ques ou  des  pirogues,  et  avec  les  fibres  de  quelques-unes 
on  fait  des  cordages.  D''  L.  Hn. 

PACHITEA.  Rivière  du  Pérou,  aftl.  de  dr.  du  rio  Uca- 
yali.  Elle  se  jette  dans  ce  fleuve  à  ?i  kil.  au  S.  de  H'Oje  ; 


PACHITEA  —  PACIEN 


774 


traverse  les  dép.  de  Jimiii  et  Hiinaco  et  sert,  sur  une 
partie  de  son  cours,  de  frontière  entre  ce  dernier  et  Loreto. 
PAC  HO.  Ville  de  Colombie,  dép.  de  ('undinamarca,  à 
4.810  m.  d'alt.,  au  N.-O»  de  Cipaquira;  (i.OOO  hab. 
Houille,  fonte. 

PAC  HO  LE  KS.  Ecuycrs  polonais  armés  à  la  légère,  qui 
combattaient  derrière  leurs  seigneurs. 

PACHOME  ou  PACONIE  (Saint),  Pachomius,  organi- 
sateur du  régime  cénobitique  dans  la  Thébaïde.  Fête  : 
dans  l'Eglise  latine,  le  44  mai;  dans  l'Eglise  grecque,  le 
15.  L' authenticité  des  documents  relatifs  à  sa  vie  est 
sérieusement  discutée.  Celui  qui  semble  mériter  le  plus  de 
confiance  est  la  traduction  latine,  faite  au  vi*^  siècle,  par 
Denys  le  Petit,  d'une  relation  écrite  par  un  contemporain, 
moine  à  Tabenna.  D'après  ce  récit,  Pachome  serait  né 
dans  la  Basse-Egypte,  de  parents  riches  et  païens.  Il  fai- 
sait ])artie  de  l'armée  de  Constantin,  pendant  la  guerre 
contre  Maxence,  lorsqu'il  se  convertit  au  christianisme, 
touché  par  la  charité  avec  laquelle  des  chrétiens  l'avaient 
traité  ainsi  que  ses  compagnons  en  détresse.  Il  s'attacha 
aussitôt  à  Palémon,  anachorète  renommé  pour  son  austé- 
rité ;  et  il  se  distingua  lui-même  par  une  merveilleuse  abs- 
tinence à  l'égard  de  la  nourriture  et  du  sommeil,  et  aussi 
par  de  nombreux  miracles,  opérés  principalement  dans  la 
lutte  contre  les  démons.  La  date  de  sa  mort  est  fort  di- 
versement rapportée  :  349  suivant  les  bollandistes  ;  405 
suivant  une  chronique  prétendant  qu'il  atteignit  l'âge  de 
440  ans.  —  Aux  mots  Anachorète,  t.  II,  p.  894,  et 
Lâure,  t.  XXI,  p.  4033,  nous  avons  relaté  l'œuvre  que 
Pachome  lit  à  Tabenna.  On  lui  attribue  imc  irgle  (imprimée 
à  Rome  en  4575)  qu'on  présente  comme  la  traduction 
faite  par  saint  Jérôme  d'un  original  grec  ou  copte,  quoique 
saint  Jérôme  n'ait  point  mentionné  Pachome  parmi  les 
écrivains  chrétiens.  En  fait,  il  a  dû  donner  une  règle  au 
Coinobion  qu'il  dirigeait.  La  légende  affirme  qu'elle  lui 
fut  remise  par  un  ange,  gravée  sur  une  tablette  d'airain. 
Mais  il  est  vraisemblable  que  la  règle  ou  plutôt  les  règles 
qui  portent  le  nom  de  Pachome  ont  été  largement  ampli- 
fiées par  ses  successeurs.  Pachome  aurait  aussi  écrit  diverses 
epftres,  qui  ne  nous  sont  point  parvenues.  Il  est  douteux 
qu'il  soit  l'auteur  des  Monita  spiritualia  et  des  Verba 
mystica.  E.-H.  Vollet. 

PACHON  (Calendr.).  Nom  du  neuvième  mois  de  l'année 
dans  le  calendrier  égyptien.  Il  commence  le  26  avr.  du 
calendrier  Julien,  ou  le  7  mai  du  calendrier  Grégorien. 

PACHT(Mythol.  égypt.).  Le  nom  de  la  déesse  à  tête 
de  lionne  que  Champollion  lisait  ParM  se  transcrit  au- 
aujourd'hui  Sekhet  ou  Sokhit;  mais  il  existait  une  déesse 
nommée  Pacht  ou  mieux  Pakhit  (nom  signifiant  «  celle 
qui  s'allonge  sur  le  sol  »  comme  les  reptiles),  déesse  à 
laquelle  Séti  1^^  érigea  un  temple  en  forme  de  grotte  que 
les  anciens  appelèrent  speos  d'Artemis(Speos  artemidos), 
au  pied  de  la  montagne  qui  est  derrière  El  Kab.  D'après 
le  dire  de  Champollion,  ce  temple  était  véritablement  en- 
touré et  cerné  de  momies  de  chats  et  d'hypogées  de  chats 
(V.  Sekhet).  P.  Pierret. 

PACHUCO.  Ville  du  Mexique,  cap.  de  l'Etat  de  Hidalgo, 
à  2.550  m.  d'alt.,  dans  un  défilé,  au  terme  d'un  embran- 
chement d(i  eh.  de  fer  de  Mexico  à  Puebla;  40.500  hab. 
(en  4894),  y  compris  la  banlieue.  C'est  le  centre  du  dis- 
trict minier  de  Real  del  Monte,  très  riche  en  argent.  Le 
palais  gouvernemental  et  la  cathédrale  sont  les  principaux 
édifices. 

PACHYDERMES  (Zool.).  Ordre  de  la  classe  des  Mam- 
mifères créé  par  Cuvier  pour  grouper  tous  les  Ongu- 
lés (V.  ce  mot)  non  ruminants,  et  fondé  par  consé- 
quent sur  un  caractère  purement  négatif.  Cet  ordre,  ainsi 
compris,  renferme  les  Eléphants,  les  Rhinocéros,  les 
])anians,  les  Tapirs,  les  Chevaux,  les  Hippopotames  et 
les  Cochons,  c.-à-d.  des  Ongulés  ayant  de  5  à  4  seul 
doigt  à  chaque  membre,  en  nombre  pair  ou  impair  sui- 
vant les  genres.  Le  nom  de  l'ordre  est  tiré  de  l'épaisseur 
de  la  peau  qui  dépasse  en  effet  4  centim.  dans  les  grandes 


espèces  (Eléphant,  Rhinocéros,  Hippopotame).  Dès  sa 
création,  cet  ordre  a  été  considéré  comme  peu  naturel  et 
constituant  un  assemblage  de  formes  très  dissemblables. 
L'étude  des  formes  fossiles  qui  sont  venues  s'intercaler 
entre  les  formes  vivantes,  et  qui  sont  beaucoup  plus  nom- 
breuses que  celles-ci,  montre  encore  mieux  combien  cet 
ordre  est  artificiel;  aussi  a-t~il  été  abandonné  par  la 
grande  majorité  des  naturalistes  modernes.  On  a  indiqué, 
au  mot  OxGULÉs,  les  ordres  ou  sous-ordres  qui  lui  ont 
été  substitués  (V.  aussi  Artiodactyles,  Périssodactvles, 

PROROSCIDIENS,   PoRCIXS,   JuMEXTÉs).  E.   TrOUESSART. 

PACHYDERMIQUE  (Cachexie)  (V.  Myxoedème). 

PACHYMÉNINGITE  (V.  Méninche). 

PACHYM  ÈRES  (Hist.  bvzant.)  (V.  GeorgesPachymères). 

PACHYPLEURA  Cornaua  (Paléont.)  (V.  Nothosaurus  . 

PACHYTHERIUM  (V.  GiArronoNTE). 

PACIAUDI  (Paolo-Maria),  dit  le  Père,  érudit  italien, 
né  à  Turin  en  4740,  mort  en  févr.  4785.  Après  avoir  fini 
ses  études  universitaires,  il  entra  dans  la  congrégation  des 
théatins  et  fut  envoyé  à  Venise  où  il  fit  sa  théologie. 
Professeur  de  philosophie  à  Gênes,  il  fut  le  premier  en 
Italie  à  expliquer  le  système  de  Newton.  Ayant  renoncé  à 
l'enseignement  pour  la  prédication,  il  parcourut  pendant 
dix  ans  la  Lombardie  et  la  Vénétie,  occupant  ses  loisirs 
par  des  études  littéraires  et  d'archéologie.  Il  publia  pen- 
dant ce  temps  plusieurs  dissertations  sur  les  monuments 
de  Fantiquité  et  l'histoire  d'Emmanuel  Pinto,  grand  maître 
de  l'ordre  de  Malte,  dont  il  devint  l'historiographe  après 
la  mort  de  Paoli.  Mais  sa  santé  le  força  en '4 750  à  re- 
noncer à  la  prédication.  Il  vint  à  Rome  où  Renoît  XIV  le 
fit  membre  de  l'Académie  pour  la  recherche  des  anciens 
monuments.  En  4764,  le  duc  de  Parme  le  nomma  bibho- 
thécaire  de  la  Palatine  qu'il  venait  de  fonder;  mais  il 
n'accepta  qu'à  condition  de  pouvoir  aller  k  l'étranger 
avant  d'entrer  en  charge.  En  effet,  en  4762,  il  visita  la 
Erance  où  il  fut  très  honorablement  reçu  par  Caylus,  Rar- 
thélemy  et  les  autres  savants.  De  retour  k  Parme,  il  aug- 
menta en  moins  de  six  ans  sa  bibliothèque  de  plus  de 
60.000  volumes  et  il  en  compila  le  catalogue.  En  même 
temps,  il  dirigea  les  fouilles  de  Velleia,  dans  la  province 
de  Plaisance.  Après  la  dispersion  des  jésuites,  il  devint 
président  des  études  dans  le  duché  de  Parme  et  introdui- 
sit de  sages  réformes.  Mais  la  chute  de  son  ami,  le  mi- 
nistre Eelino,  et  l'envie  de  ses  adversaires  lui  causèrent 
des  ennuis.  On  alla  jusqu'à  lui  défendre  l'entrée  de  la  bi- 
bliothèque :  ce  qui  le  décida  à  revenir  à  Turin,  mais  le 
duc  le  rappela  bientôt.  Outre  la  biographie  de  Seb.  Paoli, 
son  prédécesseur  dans  l'ordre  de  Malte,  il  a  encore  écrit  : 
De  sacris  christianorum  balneis  (Rome,  4758,  in-8)  ; 
De  athletariun  ciibistesi  in  palestra  Graecorum  com- 
mentariis;  Momimenta  Peloponesiaca;  Memorie  dei 
gran  maestri  deW  ordine gerosolimitano  (Parme,  4780, 
3  vol.  in- 4)  ;  De  libris  eroticis  antiquorum  (Leipzig, 
4803);  Lettres  au  comte  de  Caylus  (Paris,  4802, 
in-8),  etc.  E.  Casanova. 

PACICHELLI  (Giovanni-Rattista),  littérateur  italien, 
né  à  Pistoie  vers  4640,  mort  à  iXaples  vers  4702.  H  vi^ 
sita  les  principaux  pays  d'Europe  en  qualité  d'attaché  à 
la  légation  apostolique  allemande.  On  a  de  lui  :  Sche- 
diasma  deiis  qui  nullo  modo  possunt  in  jus  vocari 
(Rome,  4669)  ;  VitadiG.  B.  de  Marini  {ibicL,  4670); 
Chirolilurgia  (Cologne,  i61?));Diatribade  pede  (ibid., 
4675);  Memorie  de'  viaggi  per  VEuropa  cristiana 
(Naples,  4685);  Lettere  familiari  [ibid.,  4695);  // 
regno  di  Napoli  in  prospettiua  {id.,  n03),  etc. 

PACIEN  (Saint),  évèque  de  Rarcelone,  mort  vers  370. 
Eête,  le  9  mars.  Il  reste  de  lui  trois  lettres  adressées  au 
novatien  Sympronianus,  exposant  l'usage  du  nom  catho- 
lique, la  possibilité  et  l'efficacité  de  la  repentance,  et  le 
droit  de  l'Eglise  à  absoudre  les  péchés  commis  après  le 
baptême  ;  une  exhortation  à  la  repentance  et  un  sermon 
sur  le  baptême.  Saint  Jérôme  lui  attribue,  en  outre,  un 
traité  intitulé  Cervus.  L'édition  princeps  de  ses  œuvres 


—  775 


PACÏEN  —  PACIUOI.O 


fut  donnée  par  Tillet  (Paris,  loBH).  Elle  a  été  reproduite 
dans  les  collections  de  Galland  et  de  Migne. 

PACIFICATION  DE  Gand.  Acte  d'union  de  toutes  les 
provinces  des  Pays-Bas,  le  Luxembourg  excepté,  conclu 
le  8  nov.  1576,  après  la  furie  espagnole  qui  avait  dé- 
vasté la  Flandre  et  le  Brabant.  H  proclame  une  amnistie 
absolue  et  générale  pour  toutes  les  offenses  commises 
à  l'occasion  des  troubles  passés;  les  provinces  coaliseront 
leurs  forces  afm  de  cbasser  des  Pays-Bas  les  soldats  espa- 
gnols; lorscpie  la  tranquillité  sera  rétablie,  les  Etats  Gé- 
néraux se  réuniront  pour  régler  les  affaires  du  pays,  et 
notamment  le  question  religieuse.  En  attendant,  les  anciens 
placards  concernant  l'hérésie  sont  suspendus^  ainsi  que  les 
ordonnances  criminelles  du  duc  d'Albe.  Les  confiscations 
ordonnées  depuis  i^66  sont  abolies,  et  les  biens  séquestrés 
restitués  à  leurs  propriétaires  ou  héritiers.  Le  culte  calviniste 
sera  provisoirement  seul  toléré  en  Hollande  et  en  Zélande. 
('ette  clause  s'explique  par  le  pressant  besoin  qu'avaient  les 
délégués  de  disposer  de  la  flotte  et  des  troupes  de  ces  deux 
provinces  presque  entièrement  inféodées  à  la  Béforme.  Le 
17  déc,  les  évoques  des  Pays-Bas  déclarèrent  solennelle- 
ment que  la  Pacification  do  (iand  ne  contenait  rien  de  con- 
traire à  la  foi,  et,  de  son  côté,  le  conseil  d'Etat  avait  affirmé 
(pie,  dans  les  dispositions  de  la  Pacification  de  Gand,  il 
n'y  avait  rien  d'incompatible  avec  les  droits  du  souverain. 
Le  12  févr.  suivant,  don  Juan  d'Autriche,  fils  naturel  de 
Charles-Quint,  nommé  gouverneur  général  des  Pays-Bas, 
signait  à  Marche-en-Famenne  VEdit  perpétuel  qui  rati- 
fiait les  clauses  de  la  Pacification  de  Gand  avec  cotte  res- 
triction que  les  l']tats  Généraux  devaient  prendre  l'enga- 
gement de  maintenir  «  en  tout  et  partout  »  la  foi  catholique, 
apostolique  et  romaine.  Cette  nouvelle  disposition  contre- 
disait l'acte  de  Gand,  puisque  celui-ci  concédait  provisoi- 
rement la  liberté  de  conscience.  Toutefois,  la  majorité  des 
l^'tats  Généraux  s'inclina,  malgré  les  protestations  des  dé- 
putés de  Hollande  et  de  Zélande  ;  ceux-ci  se  retirèrent  et 
le  prince  d'Orange  refusa  de  publier  l'édit  de  Mtarche  dans 
ces  deux  provinces  dont  il  était  le  gouverneur. 

BiBL.  :  T.  Juste,  la.  Pacification  de  Gand  et  le  Sac  d.'An- 
vers  ;  Bruxelles,  1876,  in-8. 

PACIFICO  (Fra),  moine  franciscain  du  xfii^  siècle,  l'un 
des  premiers  compagnons  de  saint  François  d'Assise.  Se- 
lon les- plus  anciens  biographes  du  saint,  Pacifico  était  un 
jongleur  à  qui  son  talent  avait  valu  le  titre  de  Rex  ver- 
siium.  Saint  François  aurait  conçu  l'idée  de  le  mettre  à 
la  tête  d'une  troupe  de  moines  qui  se  seraient  appelés 
«  Jongleurs  de  Dieu  »  et  auraient  parcouru  le  monde  en 
chantant  des  cantiques  (notamment  le  fameux  cantique  du 
Soleil),  prêchant  la  vie  de  renoncement.  Les  poésies  long- 
temps attribuées  à  Fra  Pacifico  paraissent  apocryphes. 

BiBL.  :  OzANAM,  les  Poètes  franciscains  en  Italie  au 
xiip  siècle.  —  MoLTENi,  dans  Giornale  di  filologia  ro- 
mana,  11,  93.  —  Gaspary,  Storia  délia  lett.  ital,  I,  122. 
—  Sabatier,  Vie  de  saint  François  d'Assise,  passim. 

PACIFIQUE  (Océan)  (V.  Océan). 

Chemins  de  fer  du  Pacifique  (V.  Etats-Unis,  t.  XVI, 
p.  587). 

PACINI  (Giovanni),  compositeur  dramatique  italien,  né 
à  Catane  en  1796,  mort  à  Pescia  le  6  déc.  4867.  Son 
père,  Ludovico  Pacini,  était  un  fort  bon  chanteur,  jouis- 
sant en  Italie  d'une  célébrité  méritée.  Pacini  fut  donc  tout 
naturellement  porté  vers  l'art  musical.  C'est  à  Rome  que 
son  éducation  fut  commencée  :  il  travailla  aussi  à  Bologne 
et  à  Venise.  A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  donnait  à  Milan 
son  premier  opéra,  Annetta  e  Lucinda,  qui  fut  bien 
accueilli.  Depuis  ce  premier  début  jusqu'en  4834,  il  pro- 
duisit sur  les  principales  scènes  d'Italie  quarante-deux  opéras 
avec  plus  ou  moins  de  succès.  En  4834,  il  renonça  à  la 
composition  pour  diriger  à  Viareggio  un  conservatoire  de 
musique.  A  cette  époque  de  sa  vie,  il  est  curieux  de  le 
voir  étudier  avec  zèle  les  principaux  chefs-d'œuvre  de  la 
musique  symphonique  allemande  dont  les  maîtres  italiens 
d'alors  n'avaient  aucune  idée.  Cette  étude  lui  fut  sans 
doute  profitable  ;  lorsqu'il  se  mit  à  composer  de  nouveau 


après  un  silence  de  six  ans.  ce  fut  alors  qu'il  produisit 
ses  meilleurs  opéras  :  Saffo  (Xaples,  4840);  Medea  (Pa- 
lerme,  J843).  La  musique  de  cet  artiste  n'est  sans  doute 
pas  sans  mérite  :  elle  est  exécutée  avec  facilité  et  élégance 
et  il  a  bien  l'entente  de  la  scène.  Mais  l'imitation  des 
maîtres  qui  occupaient  alors  les  théâtres  italiens,  llossini 
par-dessus  tous  les  autres,  n'a  pas  permis  à  Pacini  de 
dégager  sa  personnalité.  Ses  œuvres  symphoniques  ou 
religieuses,  à  part  un  quatuor  à  cordes  en  ut  et  une  can- 
tate pour  le  centenaire  de  Dante,  ne  méritent  aucune  men- 
tion particulière.  H.  Qittard. 

PACINI  (Filippo),  anatomistc  italien,  né  à  Pistoie  le 
25  mai  4812,  mort  à  Florence  le  9  juil.  1883.  Il  étudia 
à  l'école  chirurgicale  de  sa  ville  natale,  puis  à  Florence,  et 
dès  4835,  à  l'âge  de  vingt-trois  ans,  découvrit  les  corpus- 
cules dits  de  Pacini  ;il  en  fit  la  démonstration  officielle  au 
congrès  de  Pise  en  4839.  Il  devint  en  4840  l'assistant  de 
Savi,  à  Pise,  et  en  484i  décrivit  la  structure  microsco- 
pique de  la  rétine.  En  4847,  il  fut  nommé  à  Florence 
professeur  d'anatomie  descriptive  et  d'anatomie  artis- 
tique, et  obtint  en  4849  la  chaire  d'anatomie  topogra- 
phique et  d'histologie.  A  partir  de  ce  moment,  il  put 
sans  contrainte  se  livrer  à  ses  travaux  d'anatomie  micros- 
copique, jusqu'alors  mal  accueillis  par  ses  jaloux  collè- 
gues ;  il  étudia  les  organes  électriques  du  silure,  de  la 
torpille,  etc.,  les  altérations  de  la  muqueuse  intestinale 
dans  le  choléra,  et  vit  dès  4854-55  le  bacille-virgule 
sans  reconnaître  son  caractère  spécifique.  Il  a  rendu  de 
grands  services  h  la  médecine  légale  en  faisant  connaître 
un  nouveau  procédé  de  respiration  artificielle  appHcable 
chez  les  noyés,  les  individus  empoisonnés  par  les  narco- 
tiques, etc.  Ses  travaux,  très  estimés,  ne  l'étaient  guère 
par  ses  compatriotes,  et  peu  avant  sa  mort  V Accademia 
dei  Lincei,  de  Rome,  refusa  de  le  recevoir  parmi  ses 
membres.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages,  citons  :  Nuovi 
organi  scoperti  nel  corpo  umano  (Pistoie,  4840)  ; 
Innove  rirerche  microscopiche  sulla  tessitura  interna 
délia  relina  (Bologne,  4845  ;  trad.  ail.,  Fribourg,  4847)  ; 
Sopra  Vorgano  elettrico  del  sihiro  del  JSilo  (Bologne, 
4846)  ;  Sur  V organe  électrique  de  la  torpille,  du  gym- 
note (Genève,  4853)  ;  une  série  d'ouATages  sur  le  cho- 
léra (4854  à  4870),  etc.  ^  DM..  Un. 
Corpuscules  de  Pacini  (V.  Nerf,  t.  XXIV,  p.  952). 
PACINOTTI  (Antonio),  physicien  itaUen,  né  à  Pise  le 
47  juin  4844.  Il  a  fait  ses  études  cà  l'Université  de  sa 
ville  natale,  où  son  père  était  déjà  professeur  de  phy- 
sique, et  il  occupe,  depuis  4882,  cette  même  chaire,  après 
avoir  professé  quelques  années  h  Bologne,  puis,  à  partir 
de  4873,  à  l'Université  de  Cagliari.  Il  a  inventé  dès  4864 
l'anneau  qui  porte  son  nom  et  qui  constitue  la  partie 
essentielle  de  la  machine  à  courant  continu  de  Gramme 
(V.  ce  nom  et  Electricité,  t.  XV,  p.  762).  La  priorité 
de  la  découverte  ne  lui  est  plus  contestée,  et  il  a  été  récom- 
pensé par  un  diplôme  d'honneur  cà  l'exposition  de  Vienne 
(4873)  et  à  l'exposition  d'électricité  de  Paris  (4884).  Il 
est  l'auteur  de  nombreux  mémoires  parus  dans  la  Nuovo 
Cimento,  la  lUvista  del  Vimercati,  etc. 

PACIOLI  (L.),  mathématicien  italien  (V.  Paciuolo). 
PACIS  (Myth.)  (V.  Bacis). 

PACIUOLO  (Luca),  mathématicien  italien,  souvent  ap- 
pelé Paccioli  ou  Pacioli,  né  à  Borgo  San  Sepolcro  vers 
4445,  mort  après  4544.  D'abord  précepteur  à  Venise, 
Rome  et  Florence,  il  entra  dans  l'ordre  des  franciscains, 
et,  sous  le  nom  de  Fra  Luca  Sancti  Sepulchri,  enseigna 
successivement  les  mathématiques  dans  les  diverses  univer- 
sités d'Italie.  Ses  premiers  ouvrages  sont  perdus,  mais  il 
nous  reste  sa  Somma  de  Arithmetica,  Geometria,  Pro- 
poj^tioni  et Proporiionalita  (Venise,  4494),  une  édition 
d'Euclide  {ibid.,  4509),  et  la  Pivina  Proportione  [ibid., 
4509).  Le  premier  de  ces  ouvrages  a  exercé  une  influence 
considérable  sur  l'enseignement  mathématique  au  xvi^  siècle, 
preuve  qu'il  répondait  aux  besoins  du  temps,  et  il  est 
indispensable  de  l'étudier,  si  l'on  veut  se  former  une  idée 


PACIUOLO  —  PA(^.TE 


776 


exacte  de  l'étal  ôe  la  science  à  cette  époque.  Paciuolo 
n'est  d'ailleurs  luilleuient  un  créateur,  mais  les  emprunts 
qu'il  fit  aux  écrits  inédits  et  jusqu'alors  négligés  de  Léo- 
nard de  Pise  (Fibonacci)  étaient,  sur  tn'en  des  points, 
une  révélation.  Son  style  est  assez  barbare,  mais  c'est  un 
auteur  clair,  méthodique,  en  un  mot,  un  bon  maître.     T. 

PACIUS,  PACIO  ou  RACE,  canoniste,  né  à  Yicence 
(lo50),  mort  en  1635.  Il  professa  à  Heidelberg,  Sedan, 
Montpellier,  Padoue,  Venise,  Valence.  (Envres  princi- 
pales :  Deflnitiones  et  hagoijica  jiiris  utrùis^ne, 
expliquant  sommairement  les  Décr étales,  dans  l'oi'dre 
des  titres. 

PACKFUND  ou  PACKFOND.  Alliage  de  cuivre,  nickel 
et  zinc,  avec  peu  de  fer,  connu  sous  le  nom  de  packfung 
cliinois.  La  composition  est  :  cuivre,  40,4  ;  zinc,  !2o,4  ; 
nickel,  ol,6  ;  fer,  2,6.  Cet  alliage  a  la  blancheur  et  l'éclat 
de  l'argent. 

PACÔME  (Saint)  (V.  Pachome). 

PAGORUS.  Nom  de  plusieurs  rois  ou  princes  parthes, 
de  la  dynastie  des  Arsacides  (V.  Perse).  Nous  citerons 
Pacorus,  fds  d'Orodes,  le  4i^  Arsace,  qui  occupa  Antio(he 
en  oO  av.  J.~C.,  fit  campagne  avec  Lahienus  contre  les 
troupes  d'Antoine  de  40  à  38  av.  J.-C.  en  Syrie  et  fut 
délait  et  tué  le  9  juin  38  dans  la  Oyrrhestice.  Un  de  ses 
homonymes,  son  lieutenant,  prit  Jérusalem  en  40  av.  J.-G. 
—  Un  fds  de  Vonodes  II,  qui  fut  roi  de  Médie,  tandis  ijue 
son  frère,  Vologèse  P''  ('23^  Arsace)  régnait  sur  les  Par- 
thes; — ■  le  Vit^  Arsace,  tils  et  successeur  de  Vologèse  et 
tiui  eniljellit  Ctésiphon  ;  —  Aurelius  Pacorus,  roi  de  la 
grande  Arménie,  contemporain  des  Antonins,  créé  roi  des 
Lazes  par  Antonin,  révoqué  par  Lucius  Verus. 

PACOTILLE  (Navig.).  On  appelait  autrefois  de  ce  nom 
le  ])oi(ls  ou  le  volume  de  marchandises  que  le  capitaine 
du  navire  et,  parfois  aussi,  les  gens  de  l'équipage  étaient 
autorisés  à  embarquer  gratuitement  pour  en  faire  le  com- 
merce à  leur  compte.  Ils  étaient,  en  général,  commandités 
pour  ce  genre  de  trafic,  et  il  s'établissait  ainsi  un  contrat 
ou  prêt  de  pacotille,  qui  était,  à  leur  égard,  ce  qu'est 
le  contrat  de  grosse  vis-à-vis  des  armateurs  (V.  Contrat, 
t.  XII,  p.  806),  mais  qui,  à  la  différence  de  celui-ci,  n'a 
fait  l'objet  d'aucune  disposition  spéciale  du  code  de  com- 
merce, en  sorte  qu'il  se  trouve  soumis,  le  cas  échéant,  au 
droit  commun  en  matière  de  contrat  ou  de  prêt.  Il  n'est 
plus  fait,  d'ailleurs,  aujourd'hui  que  très  rarement  des 
contrats  de  pacotille,  ce  genre  de  trafic  ayant  à  peu  près 
disparu  avec  la  transformation  du  commerce  maritime,  et 
h^  nom  ne  s'appKque  plus  guère  que  pour  désigner,  par 
dénigrement,  une  marchandise  à  vil  prix  et  d'apparence 
trompeuse. 

PACOU  RI  ANOS(Grégoire),généralbvzantinduxi'^  siècle. 
Originaire  d'une  grande  famille  d'Ibérie,  il  avait  pris  ser- 
^ice  dans  l'armée  byzantine,  et  fut  en  d081  l'un  des  par- 
tisans les  plus  dévoués  d'Alexis  Comnène.  Récompensé 
par  la  haute  charge  de  grand  domestiipie  d'Occident  et  le 
litre  de  sehastos,  comblé  de  faveurs  et  de  dotations  par  le 
riouveau  prince,  il  joua  un  grand  rôle  dans  la  guerre  contre 
les  Normands  d'Italie,  et  fut  tué  en  1086,  dans  un  combat 
contre  les  Petchenègues.  Il  avait,  en  1083,  fondé  le  cou- 
vent de  Petritzos,  près  de  Philippopoli,  dont  nous  avons 
conservé  le  if///;/<?o?i  rédigé  par  Pacourianos.     Ch.  Diehl. 

PACOVE  ou  BACOVE  (Bot.)  (V.  Banamer). 

PACT.  Corn,  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  de  Vienne,  cant. 
de  Beaurepaire  ;  720  hab. 

PACTA  coNVENTA  (V.  Pologne,  §  Histoire). 

PACTE.  I.  Droit  romain.  —Le\rda(i,pactum  (dérivé 
de  pax),  pactio,  conventio,  pactiim  conventum,  placi- 
tinn,  est  l'accord  de  deux  personnes  en  vue  d'étaWir  entre 

elles  une  relation  de  droit  :  et  est  pactio  duorum in 

idem,  placituni  consensus  (1,  §  2,  Dig  Depact,,  II,  il, 
IJlp.).  Dans  ce  sens,  aussi  large  que  possible,  le  pacte  peut 
avoir  pour  objet  la  création  d'une  obligation,  son  extinction, 
le  transfert  de  la  propriété  ou  l'établissement  d'undroitréel, 
même  la  formation  d'un  rapport   de  famille.  En  réalité 


pourtant,  la  notion  pratique  du  pacte  est  envisagée  par  les 
Romains  d'une  façon  plus  étroite.  Ils  la  restreignent  aux 
seules  conventions  qui  créent  ou  éteignent  des  obhgatioiis. 
Un  pacte  de  ce  genre  peut  être  fait  d'une  façon  principale. 
Il  ne  se  rattache  alors  à  aucun  acte  obligatoire  antérieur; 
c"est  lui  alors  qui  crée  le  hen  ou  qui  le  dénoue.  Mais  il  y 
a  aussi  des  pactes  dits  adjoints,  parce  qu'ils  sont  ajoutes 
sur-le-champ  ou  après  coup  à  un  acte  juridique  déjà  exis- 
tant qui  leur  sert  de  support  et  dont  ils  sont  destinés  à 
préciser,  à  limiter  ou  à  augmenter  les  effets.  On  rencontre 
des  pactes  de  ce  genre,  adjoints  à  une  aliénation  (V.  Fi- 
ducie) ou  à  une  obligation  préexistante.  Pour  ce  qui  est 
de  l'effet  des  pactes,  le  formalisme  étroitement  rigoureux 
du  droit  romain  fit  prévaloir  une  règle  qui  a  influencé 
tout  le  développement  du  droit  et  qui,  malgré  les  atté- 
nuations successives  dont  elle  fut  l'objet,  est  restée  jus- 
qu'à la  tin.  A  lui  seul,  le  pacte  est  impuissant  à  créer  l'effet 
de  droit  que  la  volonté  commune  des  deux  parties  a  eu  en 
vue.  Il  faut  que  cette  volonté  se  déclare  dans  des  formes 
solennelles  appropriées,  destinées  à  la  matérialiser,  à 
rendre  apparent  et  sensible  un  accord  qui,  sans  ce  vête- 
ment juridique,  restera  nu,  nudunipactuni,  nuda  pactio, 
et  dépourvu  d'efficacité.  Faute  de  cet  élément  formel  qui 
lui  donne  l'être,  le  pacte  n'engendre  ni  l'obligation,  ni 
l'action  qui  la  sanctionne  :  nuda  pactio  obligationeni 
nonparit  (7,  §  4,  Dig.  De  pact.,  II,  14,  Ulp.)',  ex  nudo 
pacto...  actio  non  nascitur  (Paul,  Sent..  M,  i\,  ^  l). 
Le  pacte  nu  ne  produit  pas  non  plus  d'effet  libératoire, 
car  dans  les  principes  du  pur  formalisme  un  acte  juridiqu(^ 
une  fois  né  ne  peut  cesser  de  produire  ses  effets  qu'à  la 
suite  d'un  acte  formel  exactement  identique  en  sens  in- 
verse à  celui  qui  l'a  fait  naître.  Or  l'obligation  étant  for- 
melle, elle  ne  peut  s'éteindre  que  par  un  conlrarius  aclus 
également  formel. 

Mais  un  formalisme  aussi  exigeant  était  incompatible 
avec  les  nécessités  d'un  commerce  toujours  accru,  avec  le 
hesoin  de  célérité  et  de  simplicité  qui  est  la  caractéris- 
tique des  sociétés  en  progrès.  Le  droit  devait  tendre  à 
faire  abstraction  des  formes  gênantes,  à  faire  prévaloir 
sur  elles  la  volonté.  Une  analyse  plus  exacte  et  plus  sub- 
tile amena  à  distinguer  l'acte  en  soi,  œuvre  du  consente- 
ment, et  la  forme,  manifestation  extérieure  de  ce  consente- 
ment. Ce  fut  le  droit  civil  qui  inaugura  ce  mouvement.  Vu 
certain  nombre  de  conventions,  jusque-là  non  obligatoires, 
furent  considérées  comme  génératrices  d'actions,  par  con- 
séquent tirées  de  la  foule  des  pactes,  élevées  au  rang  de 
contrats.  Plus  tard,  on  reconnut  également  l'efficacité  civile 
des  pactes  adjoints  à  un  conirat,  pacta  adjecta.  Le  pré- 
teur, de  son  côté,  n'était  pas  resté  étranger  à  ce  mouve- 
ment de  transformation.  L'Edit  contenait  une  clause  por- 
tant qu'il  ferait  respecter  les  pactes  pourvu  qu'ils  ne  fussent 
pas  entachés  de  dol,  contraires  aux  lois  ou  destinés  à  les 
tourner.  C'est  du  moins  ainsi  que  s'exprime  le  fragment 
de  i'Fdit  qui  nous  a  été  conservé  et  dont  une  partie  au 
moins  était  connue  de  Cicéron  (Cic,  De  offic.  III,  "il  ; 
7,  §  1,  Dig.  De  pact.,  lU  14,  Ulp.).  Mais  le  préteur  n'alla 
pas  jusqu'à  donner  une  action  générale  tendant  à  obtenir 
l'exécution  du  pacte.  Il  se  contenta  de  mettre  à  la  disposi- 
tion de  la  partie  intéressée  un  moyen  défensif  :  Vexceptio 
pacti  conventi.  Toutefois  il  alla  plus  loin  pour  certaines 
conventions  très  usitées  en  pratique.  Certaines  d'entre  elles 
(fiducie,  dépôt,  cominodat,  mandat),  d'abord  sanction- 
nées par  une  action  in  facturn,  furent  acceptées  ulté- 
rieurement comme  contrats  du  droit  civil.  D'autres  (cons- 
titut,  serment)  continuèrent  à  n'être  sanctionnées  que  par 
une  action  prétorienne  in  factum.  Ce  sont  les  pactes  dits 
prétoriens.  Bien  plus  tard,  à  la  fin  du  droit  romain,  des 
constitutions  de  l'époque  byzantine  reconnurent  la  force 
obligatoire  de  certains  pactes  (donation,  constitution  de 
dot),  appelés  par  les  interprètes  pactes  légitimes. 

La  vieille  règle  :  ex  pacto  actio  non  nascitur,  demeurait 
néanmoins  debout.  Et  cela  est  tellement  vrai  qu'on  faisait 
toujours  suivre  les  pactes  d'une  stipulation  destinée  à  l^s 


—  777  — 


PACTE 


rendre  obligatoires.  Dioclétien  invoque  encore  la  règle  à 
propos  de  la  convention  d'échange  (3  Cod.  Just.,  IV,  64). 
Elle  n'a  pas  disparu  sous  Justinien.  Les  législations  ger- 
maniques primitives  et  le  droit  français  ont  passé  par  des 
phases  identiques  à  celles  que  nous  venons  de  retracer. 
Le  résultat  de  l'évolution  y  a  été  le  même.  Il  est  déjà 
exprimé  dans  les  Instituies  coutumières  de  Loisel  :  autant 
vaut  une  simple  promesse  ou  convenance  que  les  stipula- 
tions du  droit  romain.  Le  droit  moderne  a  recueilli  pré- 
cieusement cette  maxime.  A  l'égard  des  pactes  tendant  à 
éteindre  une  obligation,  Vexceptio  pacii  conventi  don- 
nait satisfaction  suffisante  au  débiteur.  Il  ne  parut  pas 
utile  de  faire  produire  au  pacte  un  effet  plus  complet,  sauf 
dans  le  cas  de  mutuiis  dissensus  où  l'effet  extinctif  est 
sanctionné  par  le  droit  civil,  sauf  aussi  pour  les  obliga- 
tions nées  ex  delicto,  oii  de  bonne  heure  on  admit  la  va- 
lidité jure  civili  des  pactes  tendant  à  écarter  l'emploi  de 
la  vindicta  et  l'application  de  la  pœna.  G.  May. 

Pacte  commissoire.  — On  appelle  ainsi  une  clause  adjointe 
à  la  vente  ou  à  la  constitution  de  gage.  Dans  le  premier 
cas,  elle  est  destinée  à  permettre  au  vendeur  non  payé  de 
se  dégager  d'un  contrat  que  l'acheteur  n'exécute  pas  et 
de  lui  reprendre  par  conséquent  la  chose  qu'il  lui  a  livrée. 
Dans  le  second  cas,  elle  confère  au  créancier  le  droit  à  la 
propriété  de  la  chose  engagée,  faute  par  le  débiteur  de 
payer  la  dette  garantie  par  le  gage.  Ces  deux  conventions 
tendent  l'une  et  l'autre  à  donner  au  créancier  un  moyen 
que  le  droit  commun  ne  lui  fournit  pas  de  se  mettre  à 
ra])ri  des  conséquences  préjudiciables  de  l'inexécution  de 
l'obligation.  Dans  l'une  et  l'autre  hypothèse,  il  y  a  un 
effet  de  droit,  restitution  de  la  chose  vendue  ou  transfert 
de  la  propriété  de  la  chose  engagée,  dont  la  réalisation 
est  subordonnée  à  l'arrivée  d'une  condition,  la  même  dans 
les  deux  cas  :  à  savoir  le  défaut  de  paiement,  du  prix  ou 
de  la  dette  garantie.  Si  cette  condition  se  réahse,  com- 
missa  est,  le  pacte,  lex,  produit  son  effet.    De  là  son 
nom  de  lex  commissoria.  La  lex  eommissoria  en  ma- 
tière de  vente  est  une  convention  dont  l'équité  ne  sau- 
rait être  révoquée  en  doute.  L'acheteur  en  ne  payant  pas 
arrive  à  se  dégager,  malgré  le  vendeur,  des  liens  du  con- 
trat. 11  est  juste  ([ue  le  vendeur  puisse,  de  son  côté,  en 
faire  autant  et  reprenne  la  chose  qu'il  a  livrée  en  prévi- 
sion du  paiement  du  prix.  Cette  faculté  n'est  pas  consi- 
dérée par  le  droit  romain  comme  une  suite  naturelle  du 
contrat.  A  cet  égard  on  n'avait  mis  à  la  disposition  du 
vendeur  que  l'action  tendant  à  l'exécution  du  contrat  et 
non  une  action  dont  le  résultat  final  est  sa  résolution.  Mais 
l'ien  n'empêche  le  vendeur  de  s'assurer  le  bénéfice  de  cette 
résolution.  Tel  est  précisément  le  but  du  pacte  commis- 
soire.  L'effet  de  la  lex  commissoria  était  de  donner  ou- 
verture, au  profit  du  vendeur,  à  une  action  personnelle 
qui,  selon  certains,  était  l'action  du  contrat,  actio  venditi, 
selon  d'autres,  une  simple  action  in  factum.  Alexandre 
Sévère  lui  donna  le  choix  entre  V actio  venditi  et  l'action 
civile  dite prœscriptis  vérins.  Justinien  semble  bien  avoir 
maintenu  cette  option.  Mais  le  pacte  avait-il  aussi  pour 
effet  de  donner  au  vendeur  l'action  en  revendication,  en 
sorte  que  la  propriété  de  la  chose  aurait  été  retransférée 
au  vendeur  par  le  seul  effet  de  l'inexécution  de  l'obliga- 
tion de  l'acheteur?  Selon  une  opinion  qui  paraît  avoir 
perdu  de  son  crédit,  cette  question  aurait  été  discutée 
entre  les  jurisconsultes  classiques.  Justinien  semble,  en  tout 
cas,  s'être  montré  favorable  à  la  doctrine  de  la  retrans- 
lation de  la  propriété.  Adjointe  à  un  contrat  de  gage,  la 
lex  commissoria  n'avait  rien  d'exorbitant.  On  pouvait  y 
voir  une  vente  sous  condition  suspensive  de  la  chose  en- 
gagée, la  condition  étant  le  non-paiement  de  la  dette  ga- 
rantie par  le  gage.  Il  n'y  avait  rien  là  qui  fût  plus  anor- 
mal que  d'autres  conventions  autorisées  de  tout  temps  et 
qui  avaient  pour  objet  la  réalisation  du  gage  et,  grâce  à 
elle,  l'extinction  de  la  dette.  La  convention  tendait,  en 
somme,  à  placer  le  créancier  non  payé  dans  la  situation 
où  était  celui  qui  avait  reçu  la  chose  en  garantie  par 


voie  d'aliénation  fiduciaire  (V.  Fiducie).  Mais  au  Bas-Em- 
pire, une  constitution  de  Constantin  vint  prohiber  le  pacte 
commissoire  (3  Cod.  Just.,  VIIÏ,  33).  Cette  prohibition 
inspirée  par  la  pensée  de  protéger  le  débiteur  contre  les 
manœuvres,  captiones,  de  son  créancier,  est  bien  en  har- 
monie avec  les  tendances  d'une  époque  où  d'autres  atteintes 
et  non  moindres  ont  été  apportées  par  le  législateur  à  la 
liberté  des  conventions.  G.  May. 

II.  Droit  civil  actueL  —  Il  y  a  pacte,  dit  Pothier, 
«  toutes  les  fois  que  deux  ou  plusieurs  personnes  sont 
d'accord  pour  former  entre  elles  un  engagement  ou  pour 
en  résoudre  un  précédent,  ou  pour  le  modifier  ».  Pour  que 
la  convention  ainsi  intervenue  ait  toute  valeur  légale,  il 
n'est  pas  nécessaire  qu'elle  engendre  une  obligation.  Il  ne 
l'est  pas  davantage  qu'elle  soit  constatée  suivant  des  formes 
sacramentelles,  sauf  toutefois  les  cas  où  la  loi  impose  expres- 
sément certaines  formalités  essentielles  dont  l'omission 
entraînerait  la  nullité  du  contrat.  Il  n'est  pas  enfin  indis- 
pensable que  l'exécution  en  puisse  être  poursuivie  en  jus- 
tice par  une  action  spéciale.  Ce  sont  là  les  caractères  par 
lesquels  le  pacte  en  droit  français  se  distingue  du  pacte 
en  droit  romain.  Celui-ci  en  effet  ne  considérait  comme 
contrats  que  les  conventions  constatées  par  un  fait,  re, 
par  des  paroles  solennelles,  ver  bis,  ou  par  des  écritures 
spéciales,  Htteris,  dont  une  obhgation  résultait  et  qui 
donnaient  naissance  à  une  action  de  droit  civil.  Il  distinguait 
alors  sous  le  nom  de  pactes  nus  les  conventions  auxquelles 
manquait  une  ou  plusieurs  de  ces  conditions.  Aujourd'hui 
les  mots  pacte,  accord,  convention,  contrat,  sont  syno- 
nymes en  langage  juridique.  Cependant  quelques  auteurs, 
et  parmi  eux  M.  Touiller,  ont  voulu  maintenir  en  droit 
français  une  distinction  analogue  à  celle  du  droit  romain 
et  comprendre  sous  la  dénomination  de  pacte  les  contrats 
qui,  par  suite  d'une  formalité  essentielle  omise,  telle  par 
exemple  que  le  défaut  d'acceptation  d'une  donation  par  le 
donataire,  ou  la  non-rédaction  d'un  acte  en  autant  d'exem- 
plaires qu'il  y  a  de  parties  intéressées,  deviennent  nuls, 
mais  redeviennent  valables  s'ils  sont  exécutés  volontaire- 
ment par  le  donateur  dans  le  premier  cas,  par  l'une  des 
parties  engagées  dans  le  second.  Mais  cette  théorie  n'a 
pas  prévalu  et  n'a  d'ailleurs  aucun  intérêt  juridique.  Les 
pactes  n'étant  autres  que  des  conventions  ou  des  contrats, 
tout  ce  qui  a  été  dit  sous  ces  mots  au  point  de  vue  des 
distinctions  et  des  caractères  que  l'on  y  retrouve,  comme 
aussi  des  conditions  requises  pour  leur  validité  et  leur 
exécution,  s'applique  également  aux  pactes;  il  nous  suf- 
fira donc  de  rappeler  que  dans  la  terminologie  usuelle-  les 
quelques  conventions  que  l'on  désigne  plus  particulièrement 
sous  le  nom  de  pactes  sont  :  le  pacte  commissoire,  le  pacte 
de  préférence,  le  pacte  de  quota  litis,  le  pacte  de  cons- 
titutœ  pecnniœ  et  enfin  le  pacte  de  famille. 

Charles  Strauss. 

Pacte  Commissoire.  —  L'art.  1656  du  C.  civ.  définit 
ainsi  le  pacte  commissoire  :  «  la  stipulation,  lors  de  la 
vente  d'immeubles  que,  fiiute  de  paiement  dans  le  terme 
convenu,  la  vente  sera  résolue  de  plein  droit  ».  Mais  à  la 
différence  du  droit  romain  qui  considérait  la  résolution 
de  la  vente  opérée  par  la  seule  expiration  du  terme,  et 
sans  que  l'acheteur  pût  l'empêcher  par  des  offres  ou  un 
paiement  postérieur,  le  droit  français  ajoute  :  «  que  l'ache- 
teur peut  payer  après  l'expiration  du  délai  et  tant  qu'il 
n'a  pas  été  mis  en  demeure  par  une  sommation  qui  seule 
opère  en  réalité  la  résolution  du  contrat,  aucun  délai  de 
grâce  ne  pouvant  ensuite  être  accordé  par  le  juge  à  l'ache- 
teur ».  Il  n'en  sera  cependant  ainsi  qu'en  cas  de  vente 
d'immeuble,  le  pacte  commissoire  inséré  dans  une  vente 
d'objets  mobiliers  ou  de  denrées  devant  avoir  son  effet  par 
la  seule  arrivée  du  terme  sans  que  l'acheteur  se  soit  libéré. 
Le  pacte  commissoire  n'est  donc  qu'une  forme  spéciale  de 
la  condition  résolutoire  que  l'art.  1184  du  C.  civ.  déclare 
exister  dans  tous  les  contrats  synallagmatiques  et  par 
conséquent  dans  la  vente  qui  est 'le  contrat  synallagma- 
ti(jue  par  excellence.  Il  y  a  cependant  dans  le  pacte  com- 


PACTE  —  PADANG 


—  778  — 


missoire  certains  caractèros  particuliers  qu'il  importe  de 
signaler.  Tandis  que  la  condition  résolutoire  est  implici- 
tement comprise  dans  toute  convention  bilatérale,  et  sans 
({u'il  soit  besoin  qu'elle  y  soit  formellement  exprimée,  le 
pacte  commissoire  n'existe  que  si  une  des  clauses  de  l'acte 
de  vente  le  stipule  expressément.  Non  pas  qu'en  cas  d'ab- 
sence de  la  clause  commissoire  l'acheteur  non  payé  ne 
puisse  poursuivre  la  résolution  de  la  vente,  il  a  à  sa  dispo- 
sition la  condition  résolutoire  de  l'art.  1484,  mais  il  sera 
privé  des  avantages  qu'apporte  le  pacte  commissoire.  Avec 
celui-ci  une  simple  sommation  constatant  le  non-paiement 
suffira,  et  le  contrat  tombera  sans  que  le  juge  ait  à  inter- 
venir pour  prononcer  cette  résolution,  et  sans  surtout  qu'au- 
cun délai  de  grâce  puisse  être  accordé  au  débiteur  qui  jus- 
tifierait avoir  été  empêché  par  un  cas  de  force  majeure  de 
remphr  ses  engagements,  l.e  vendeur  non  payé  est  donc 
certain  de  rentrer  en  possession  de  son  bien  rapidement, 
sans  grands  frais.  Au  contraire,  s'il  n'a  à  sa  disposition 
que  la  clause  de  résolution  de  l'art.  4484,  il  lui  faudra 
introduire  et  suivre  toute  la  procédure  spéciale  à  la  ma- 
tière, exposer  des  frais  importants  et  peut-être,  au  dernier 
moment,  subir  le  délai  de  grâce  que  le  juge  aura  cru  de- 
voir accorder  au  débiteur  malheureux. 

Pour  qu'un  tel  résultat  soit  obtenu,  il  suffit  que  l'inten- 
tion des  contractants  soit  manifestée  de  façon  formelle 
dans  l'acte,  mais  sans  qu'une  formule  spéciale  et  des  termes 
sacramentels  aient  été  employés.  La  clause  résolutoire 
trouvera  alors  son  application  dans  toutes  ventes  sans  ex- 
ception, civiles  ou  commerciales,  d'immeubles  ou  de  meu- 
bles, ventes  consenties  moyennant  le  paiement  d'un  prix 
déterminé  ou  le  service  d'une  rente  viagère  ou  perpétuelle. 
Une  seule  restriction  doit  être  faite.  En  matière  de  vente 
de  meubles,  le  pacte  commissoire  disparaîtra  si  les  meubles 
ne  sont  plus  en  la  possession  de  l'acheteur  primitif  et  sont 
passés  aux  mains  d'un  tiers  qui  pourra  alors  s'abriter 
derrière  la  maxime  que  en  fait  de  meubles  possession  vaut 
titre.  Le  pacte  commissoire  conserve  toute  sa  valeur,  bien 
qu'une  partie  du  prix  ait  été  payée,  si  l'acheteur  se  refuse 
à  se  libérer  complètement,  le  vendeur  sera  seulement  tenu 
de  restituer  la  partie  du  prix  qui  lui  aurait  été  payée  an- 
térieurement, et  quelle  que  soit  la  valeur  de  la  portion  de 
prix  restée  impayée,  quand  bien  même  elle  n'en  serait 
qu'une  partie  infime.  Le  pacte  commissoire  ne  peut  donc 
être  tenu  en  échec  que  par  le  paiement  du  prix  ou  sa  con- 
signation avant  la  mise  en  demeure,  ou  par  la  preuve  de 
la  renonciation  tacite  ou  expresse  du  vendeur  à  s'en  pré- 
valoir. L'exercice  du  pacte  commissoire  a  pour  effet  de 
faire  rentrer  l'objet  vendu  dans  les  mains  de  son  proprié- 
taire originaire  franc  et  quitte  de  toutes  les  charges  de 
quelque  nature  que  ce  soit  dont  il  aurait  pu  être  grevé 
par  l'acquéreur  évincé.  Les  hypothèques,  privilèges,  servi- 
tudes consenties  disparaîtront  ;  les  droits  de  gage  ou  autres 
tomberont,  et  le  propriétaire  rétabli  dans  son  bien  le  re- 
trouvera exactement  dans  l'état  où  il  se  trouvait  au  mo- 
ment de  la  vente.  Charles  Strauss. 

III.  Droit  internationaL  —  Pacte  colonial.  — 
On  désigne  sous  ce  nom  la  convention  par  laquelle  la  mé- 
tropole s'attribue  des  droits  sur  les  produits  de  sa  colonie 
en  retour  de  certaines  garanties  ou  de  certains  avantages. 

IV.  Histoire. —  Pacte  de  famille  (V.  Famille,  t.  XIV, 
p.  1484). 

Pacte  de  famine  (V.  Famine). 

BiBL.  :  Droit  romain.  —  Digeste,  II,  14,  De  pact.  — 
Breal  et  BAIL.1.Y,  Dictionnaire éty mol.  latin,  y°  Pango;  Pa- 
ris, 1885,  in-8.  —  Dirksen,  Maniiale  latinitatis,  v^''  Pacisci, 
Pactio.,  Pactum;  Berlin,  1837,  in-4.  —  V.  la  bibliographie 
sous  le  mot  Convention,  et  y  joindre  :  Accarias,  Précis 
de  droit  romain;  Paris,  1891,' t.  II,  n°^  643-648,  2  vol.  in-8, 
4«  éd.  —  Girard,  Manuel  élément,  de  droit  roinain  ;  Paris, 
1898,  pp.  421-431,  in-8,  2«  éd.  —  G.  May,  Eléments  de  droit 
romain;  Paris,  1898_,  n"^  118,  163,  161,  in-8,  5«  éd.  —  Soiim, 
Institutionen  des  rômischen  Rechts  ;  Leipzia-,  1896,  pp.  130, 
312-314,  in-8,  6«  éd. 

Pacte  coinmissoire.  —  Dig.,  XVIII,  3.  —  Accarias, 
Précis  de  droit  romain  ;  Paris,  1891,  t.  II,  n'>  613,  2  vol. 
in-8,  4"^  éd.  —  Girard,  Manuel  élém.  de  droit  romain  :  Paris, 


1898,  pp.  702-707  :  717,  noie  3  ;  759,760;  in-S,  2°  éd.—  G.  May, 
Eléments  de  droit  romain;  Paris,  1898,  n»"  210,  222,  p.  461, 
in-8,  5«  éd. 

Droit  civil  actuel.  —  Larombière,  des  Obligations; 
Paris,  1857.  —  Toullier,  le  Droit  civil  français)  Paris, 
1843.  —  Duranton,  des  Contrats;  Paris,  1821. 

Pacte  commissoire.  — Delvincourt,  Cours  de  code  civil . 
—  Zaciiarliî,  Droit  civil  français.  —  Duvergier,  Droit  ci- 
vil français.  — Tr<3plong,  de  Ui  yente.~-\ .  aussi  tous  les 
auteurs  ayant  écrit  sur  le  Code  civil. 

PACTHOD  (Micbel-Marie,  comte),  général  français,  né 
à  Saint-Julien  (Haute-Savoie)  le  46  janv.  4704,  mort  a 
Paris  le  24  mars  4830.  Commissaire  des  guerres  au  Pié- 
mont, il  entra  le  45  déc.  1792  au  service  de  la  France, 
fut  chef  de  bataillon  des  volontaires  du  Mont-Blanc,  coo- 
péra au  siège  de  Toulon,  devint  gouverneur  de  Marseille, 
servit  à  l'armée  des  Alpes  en  qualité  de  général  de  bri- 
gade (1793-98),  commanda  Strasbourg,  puis  une  brigade 
de  la  Grande  Armée,  se  distingua  à  I^ubeck,  Mohrenheim 
(25  janv.  4807),  Friedland,  puis  en  Espagne  (4808),  où 
il  fut  promu  général  de  division,  fut  blessé  à  Wagram, 
préposé  aux  armées  d'IUyrie  et  d'Italie,  créé  comte  après 
Bautzen,  se  distingua  à  Hoyerswerda,  à  Montereau  où  il 
fut  pris  après  une  héroïque  résistance.  Il  s'abstint  durant 
les  Cent-Jours  et  devint  inspecteur  général  d'infanterie 
(4848). 

PACTOLE  (Fleuve)  (V.  Lydie,  t.  XXII,  p.  846). 

PACUVI  US  (Marcus),  poète  tragique  romain,  né  àBrun- 
dusium  vers  220,  mort  à  Tarente  vers  430.  Neveu  par  sa 
mère  et  disciple  d'Knnius,  il  vécut  à  Rome  où  il  fut  peintre 
et  poète.  Il  composa  des  imitations  libres  des  tragédies 
grecques,  enparticuHer  de  Sophocle  et  d'Euripide,  et  aussi 
des  tragédies  proprement  latines  par  le  sujet  et  la  composi- 
tion (tragediœ  prœtextœ),  de  sorte  qu'il  est  regardé  comme 
le  fondateur  de  la  tragédie  latine.  Il  lui  donna  son  style, 
vigoureux,  très  imagé,  essentiellement  rhétorique  et  vi- 
sant d'une  manière  excessive  à  l'effet  pathétique.  Les  frag- 
ments conservés  de  ses  œuvres  figurent  dans  les  Tragi- 
conimTiomanorum  fragmenta  de  Ribbeck(2®  éd. ,  4874). 
Ses  œuvres  les  plus  vantées  étaient  Ani^/op^  etDulorestes, 
adaptation  de  VIphigénie  en  Tauride.  Parmi  les pj-œ- 
textœ,  on  citait  Paullus  enl'honneur  de  Paul-Emile.  Pa- 
cuvius  avait  aussi  composé  des  Saturœ  et  peut-  être  des 
comédies  {Pseudo,  Tarentilla). 

PAC  Y-SUR- Armançon.  Com.  du  dép.  de  l'Yonne,  arr. 
de  Tonnerre,  cant.  d'Ancy-le-Franc,  sur  la  rive  gauche 
de  l'Armançon  ;  479  hab.  Le  fief  de  Pacy  relevait  avant 
4789  du  comté  de  Tonnerre.  Chapelle  de  Saint-Georges, 
du  xii^  siècle,  dans  le  cimetière.  Restes  de  l'enceinte  d'un 
château  du  xvi^  siècle.  Pont  duxvi^  siècle  ;  église  parois- 
siale dn  xviii°  siècle.  M.  P. 

PACY-suR-EuRE.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de  l'Eure, 
arr.  d'Evreux,  sur  la  rive  di^oite  de  l'Eure  ;  4.926  hab. 
Stat.  du  chem.  de  fer  de  l'Ouest.  Fonderies  de  fonte  et 
de  cuivre  ;  scierie  mécanique  ;  fabrique  de  chaises  et  de 
bois  découpés  ;  sabots  ;  mégisseries  ;  imprimerie  ;  mou- 
fins.  Egfise  des  xii®,  xiii®  et  xiv®  siècles.  Au  mois  de 
juil.  4793,  les  troupes  de  la  Convention  commandées  par 
le  général  Puisaye  y  mirent  en  déroute  les  fédérafistes 
normands. 

PADAM.  Nom  d'une  tribu  que  les  Assamais  appellent 
Abar,  c.-à-d.  «  Sauvages  »,  et  qui  habite  dans  l'extrême 
N.-E.  de  l'Inde  le  bassin  de  la  Soubansiri,  affluent  de 
droite  du  Brahmapoutre.  Les  Padams,  évalués  à  environ 
4  million  d'âmes,  sont  d'origine  tibétaine.  A  demi  civilisés 
et  à  peu  près  indépendants,  ils  jouissent  d'une  sorte  de 
régime  démocratique,  toutes  les  affaires  étant  décidées 
par  l'assemblée  communale  dont  les  adultes  font  partie. 
Leurs  villages  sont  propres  et  leurs  champs  bien  cultivés. 
La  plupart  sont  fétichistes.  Ils  se  tatouent.  Leurs  orne- 
ments et  leurs  armes  leur  viennent  du  Tibet. 

PADANG.  Nom  d'une  résidence  ou  province  du  gou- 
vernement de  la  côte  occidentale  de  Sumatra  (Indes  Néer- 
landaises) et  de  la  ville  qui  sert  de  capitale  et  de  quar- 
tier général   à  ce    gouvernement.    Le  gouvernement  a 


779 


PADANG  —  PADEHBORN 


42.822kiI.q.etl.04i.583hab.(en4894)dont2.263Euro- 
péens.  La  ville,  bâtie  à  l'embouchure  de  TArau,  sur  la 
rive  droite,  par  0^50'  lat.  S.  et  98'^  long.  E.,  compte 
45.000  hab.  et  possède  un  quartier  européen  et  un  quar- 
tier chinois.  C'est  le  principal  marché  de  Sumatra  pour 
l'or,  et  le  commerce  du  port  est  fort  actif.  A  environ 
12  kil.  plus  haut,  sur  la  rivière,  se  trouvent  les  restes 
d'indrapoura,  la  capitale  de  l'ancien  royaume  de  même 
nom.  Padang  fut  le  premier  établissement  néerlandais  à 
Sumatra  (en  i666), 

PADAR.  Petite  région  montagneuse  qui  s'étend  sur  une 
longueur  de  30  kil.  des  deux  côtés  du  cours  supérieur  du 
Tchiuab  (ancien  Tchandrabhaga),  en  amont  duKitchwar, 
dans  riïimalaya  occidental,  et  fait  partie  des  Etats  du  Ma- 
hàrâjah  de  Cachemire  et  Djammou.  La  hauteur  des  cimes 
environnantes  rend  le  climat  très  dur  dans  la  vallée  qni 
n'a  guère  que  2.000  hab.  Le  principal  village  est  Atholi. 
La  seule  industrie  est  la  coupe  des  bois,  surtout  des  cèdres 
Deodara,  qu'on  fait  flotter  ensuite  jusqu'à  la  plaine.  On 
y  voit  des  temples  élevés  aux  Nâgas  (serpents  mythiques 
et  génies  des  sources),  qui  sont  les  divinités  les  plus  po- 
pulaires de  l'Himalaya. 

PADDA.  Ormth.  —  Genre  d'Oiseaux  de  l'ordre  des 
Passereaux  et  de  la  famille  des  Plocéidés  (V.  ce  mot), 
désigné  dans  les  catalogues  systématiques  sous  le  nom 
latin  de  Munia  et  présentant  les  caractères  suivants  : 
bec  fort,  conique,  à  sommet  arqué,  les  deux  mandibules 
d'égale  longueur  ;  queue  de  longueur  moyenne  ;  ongles 
forts  et  recourbés.  Ce  genre  renferme  environ  22  espèces 
répandues  depuis  l'Inde  jusqu'à  la  Nouvelle-Irlande  et 
l'Australie,  à  formes  généralement  robustes  et  parées  de 
couleurs  élégamment  variées  qui  les  font  rechercher  dans 
les  volières  ;  aussi  les  capture-t-on  par  milliers  dans  leurs 
pays  d'origine  pour  les  transporter  en  Europe  où  ils  vi- 
vent et  se  reproduisent  même  assez  facilement  en  capti- 
vité. Le  type  du  genre  est  le  Pabda  ou  C^lfat  {Munia 
orijzivora),  Passereau  de  la  taille  du  Moineau,  à  plumage 
d'un  gris  cendré  très  élégant  avec  la  tête  et  la  queue 
noires,  les  joues  blanches  et  le  bec  d'un  rose  carminé  ;  le 
mâle  et  la  femelle  sont  semblables,  ce  qui  n'est  pas  tou- 
jours le  cas  dans  cette  famille.  Le  Padda,  originaire  de 
la  Malaisie  (Java,  Sumatra,  Malacca),  a  été  introduit  en 
Indo-Chine  et  dans  le  S.  de  la  Chine,  au  Tonkin,  dans 
les  îles  Seychelles  et  Maurice  et  même  à  Zanzibar.  En 
Indo-Chine,  il  est  actuellement  aussi  commun  que  notre 
Moineau  en  Europe  et  se  montre  par  bandes  nombreuses 
et  pillardes  au  voisinage  des  rizières,  ce  qui  lui  a  valu  le 
nom  à' Oiseau  de  riz,  «  Padda  »  étant  le  nom  chinois  de 
cette  plante,  dont  il  dévore  les  graines.  En  Europe,  c'est 
une  des  espèces  qui  vivent  le  mieux  en  volière  où  son  plu- 
mage toujours  lisse  et  soigné,  son  ramage  agréable  le 
font  rechercher.  Mais  il  faut  le  séparer  des  autres  oi- 
seaux, car  il  est  curieux  et  taquin,  tracassant  sans  cesse 
les  espèces  plus  faibles.  Il  se  reproduit  assez  facilement, 
faisant  son  nid  dans  une  bûche  creuse  qu'il  garnit  de  paille 
et  de  foin  :  la  femelle  pond  de  5  à  6  œufs  qui  éclosent  au 
bout  de  quinze  jours.  On  le  nourrit,  comme  les  autres  es- 
pèces, de  millet  en  grain  ou  en  branche  et  d'autres  graines. 
Il  existe  une  variété  blanchejobtenue  par  les  Chinois  au  moyen 
de  la  sélection,  et  qui  est  plus  rare  et  d'un  prix  élevé. 

Une  espèce  voisine,  le  Jacobin  de  Buffon  ou  Gros-Bec 
i)E  Java  (Munia  malacca),  nommé  aussi  Capucin  à  tête 
noire  par  les  marchands  d'oiseaux,  est  marron  avec  la 
tète  noire  dans  les  deux  sexes.  Il  habite  l'Inde  méridio- 
nale et  Ceylan,  et  c'est  une  des  espèces  les  plus  communes 
dans  les  volières.  Il  est  plus  petit  et  d'un  caractère  plus 
doux  que  le  Padda.  La  Munie  a  tête  blanche  {Munia 
maja),  est  marron  avec  la  tête  blanche  et  le  bec  bleuâtre  ; 
elle  habite  Malacca,  Sumatra  et  Java.  La  Munia  atrica- 
pilla,  qui  est  probablement  le  Gros-Bec  de  Chine  des  an- 
ciens auteurs,  vient  de  l'Himalaya,  de  l'Inde  centrale,  de 
Birmanie  et  s'étend  jusqu'à  la  presqu'île  de  Malacca  mais 
non  dans  les  îles  Malaises. 


LeDomNo{MuniapunrluIala),ouDamier  âesokelenrs, 
doit  ce  nom  à  sa  gorge  et  son  ventre  régulièrement  qua- 
drillés de  noir  et  de  blanc;  le  dessus  est  d'un  brun  rou- 
geâtre  ;  on  en  distingue  plusieurs  variétés.  Il  habite  l'Inde, 
(Ceylan  et  l'Assam.  La  Munia  nisoria,  ou  Gros -Bec  ta- 
cheté DE  Java,  qui  habite  aussi  Malacca,  en  est  voisine 
par  son  mode  de  coloration,  et  il  en  est  de  même  de 
M.  Labanid  des  Philippines.  Plus  au  S.  et  à  l'E.,  on 
trouve  les  Munia  quinticolor  de  Timor  et  Florès;  M.  ni- 
griceps  eti!/.  grandis deNouvelle-Guinée  ;  M.  spectabilis de 
la  Nouvelle-Bretagne  eti¥.  Forbesiàelsi  Nouvelle-Irlande. 
Enfin  les  Munia  castaneothorax  et  M.  flaviprymna  sont 
de  l'Australie;  la  première,  désignée  aussi  sous  le  nom  de 
DoNACOLE,  est  assez  souvent  transportée  en  Europe. 

Le  genre  Urolongha  ne  diffère  du  genre  Munia  que  par 
sa  queue  dont  les  deux  rectrices  médianes  sont  pointues 
et  dépassent  les  autres.  Le  type  est  VIL  striata  an  Gros- 
Bec  DE  BouRP.oN  des  anciens  auteurs,  qui  vient  en  réalité 
de  l'Inde  et  de  Ceylan.  Une  seconde  espèce,  le  Gros-Bec 
DES  MoLUQUEs  ([/.  molucca),  est  en  effet  originaire  de 
ce  groupe  d'îles.  Une  dernière  espèce  ([/.  ruficauda)  dont 
la  queue,  très  longue,  a  près  de  6  centim.,  vient  de  l'Aus- 
tralie. E.  Trouessârt. 
PADDOCK  (V.  Stalle). 

PADDY.  Abréviation  de  saint  Patrick  (V.  Patrick).  C'est 
le  sobriquet  usuel  en  vVngleterre  pour  désigner  un  Irlandais. 
PADELLETTI  (Guido),  professeur  et  juriste  italien,  né 
à  Livourne  en  1843,  mort  le3  juil.  1878.  Il  fit  ses  études 
à  Sienne  et,  après  avoir  pris  part  à  la  guerre  de  1866  en 
Tirol,  comme  volontaire,  il  publia  sa  Teorica  delle^Ele- 
zioni  politiche,  qui  attira  sur  lui  l'attention  des  savants 
et  lui  mérita  le  prix  de  la/L  Accademia  di  Scienze  mo- 
rali  et  polifiche  de  Naples.  Il  se  rendit  ensuite,  pour  se 
perfectionner  dans  l'histoire  du  droit  romain,  à  Berlin  et  à 
Heidelberg,  où  il  publia  sa  dissertation  sur  la  Heredis 
institutio  exre  certa.  De  retour  en  Italie,  il  fut  profes- 
seur de  Pandectes  à  F  Université  de  Pérouse,  puis  à  celle 
do  Pavie,  et  professeur  d'histoire  du  droit  à  celle  de  Bo- 
logne; et  enfin,  en  1873,  il  obtint  la  chaire  de  Rome  qu'il 
conserva  jusqu'à  sa  mort.  On  cite  de  lui:  Fontes  iu- 
ris  Italici  medii  œ.vii  ;  Professioni  di  legge  nelle 
carte  medio-evali  ;  son  mémoire,  Sullo  Studio  di  Peru- 
gia  nei  secoli  XÏV e  XV;  sa  «  Prolusione  »,  qui  a  pour 
titre  Roma  nella  storiadel  Diritto;  sa  Storia  del  ï)i- 
ritto  romano  {manuale  ad  uso  délie  scuole),  et  plu- 
sieurs études  politiques  imprimées  dans  la  Niiova  Anto- 
logia.  E.  Casanova. 

BiBL.  :  Del  Vecciiio  Alberto,  Guido  Padelletti^  dans 
Archivio  storico  italiano,  série  IV,  vol.  II,  pp.  488  et  suiv. 

PADERBORN.  Ville  de  Prusse,  district  de  Minden 
(Westphalie),  aux  sources  de  la  Padcr,  afïï.  de  la  Lippe  ; 
19.941  hab.  (en  1895).  Cathédrale  de  style  gothique  pri- 
mitif, achevée  en  1163,  renfermant  le  tombeau  de  saint 
Liborius  ;  chapelle  romane  Saint-Barthélémy,  de  1017; 
hôtel  de  ville  bâti  en  1615,  restauré  en  1870-76.  —  Evê- 
ché  catholique  ;  école  de  théologie.  —  Sources  alcalines 
d'Inselbad.  Commerce  actif  de  fruits,  bétail,  laine.  Ate- 
liers de  chemin  de  fer,  distilleries,  brasseries,  verreries, 
savonneries,  etc. 

Paderborn  {Paderœ  fontes,  Patris  brunna)  était  un 
village  saxon  où  Charlemagne  tint  en  777  la  première 
assemblée  générale  oti  fut  convoqué  le  peuple  soumis.  Il  y 
fonda  en  795  un  évêché  ;  l'évêque  Badurad  (815-852) 
édifia  la  première  cathédrale  dont  subsiste  la  chapelle  Saint- 
Gerold  (au  N.  de  l'édifice  actuel)  et  se  fit  donner  les  re- 
liques de  saint  Liborius.  L'incendie  de  1000  ayant  détruit 
les  diplômes,  l'évêque  Bothar  fit  renouveler  les  privilèges 
de  l'évêché  par  Otton  III.  Son  successeur  Meinwerk 
(f  1036)  agrandit  beaucoup  ses  possessions  et  transféra 
sa  résidence  au  faubourg  de  Neuhaus.  Mais  aux  siècles  sui- 
vants la  ville,  entourée  d'une  enceinte,  revendiqua  l'auto- 
nomie municipale  puis  s'agrégea  à  la  Hanse  ;  la  plupart 
des  domaines  de  l'évêché  furent  inféodés  aux  comtes  de 


PADERBOKN  —  PADILLA 


780 


Westphalie  et  do  Lippe.  En  1582,  la  Réforme  pénétra  à  1 
Paderborn  ;  l'évèque  Hermann  de  Wied,  en  même  temps 
archevêque  de  Cologne,  la  combattit,  puis  l'adopta  et  fut 
déposé  (io'47)  ;  les  catholiques  se  maintinrent  et  abolirent 
les  libertés  municipales.  Toujours  lié  à  l'archevêché  de 
Cologne,  l'évêché  princier  de  Paderborn  fut  occupé  au 
temps  de  la  guerre  de  Trente  ans  par  Ferdinand  de  Ba- 
vière, puis  par  Ferdinand  II  de  Furstenberg  (f  1683)  ; 
le  dernier  titulaire  fut  Franz-Egon  de  Furstenberg 
(1789-1802)  ;  l'évêché  fut  alors  sécularisé  et  attribué  en 
1803  à  la  Prusse  à  titre  de  principauté  héréditaire;  il 
occupait  alors  2.423  kil.  q.,  peuplés  de  100.000  âmes, 
sur  les  deux  rives  de  l'Egge  ;  l'évèque  était  suffragant  de 
Mayence,  et  son  revenu  atteignait  400.000  thalers.  — 
L'évêché  fut  restauré  le  16  juil.  1821  comme  suifragant 
de  Cologne,  et  son  diocèse  actuel  comprend  les  districts 
de  Minden,  Arnsberg,  la  province  prussienne  de  Saxe,  le 
duché  d'Anhalt.  A.-M.  B. 

Conciles  de  Paderborn.  —  De  777  à  785  furent  tenues 
dans  les  lieux  où  Paderborn  se  développa  plus  tard,  quatre 
de  ces  assemblées  que  les  canonistes  appellent  des  conciles 
mixtes,  parce  qu'elles  étaient  composées  des  représen- 
tants des  deux  pouvoirs  (V.  Canon,  t.  IX,  p.  69).  Ces 
quatre  assemblées  s'occupèrent  principalement  de  la  con- 
version imposée  aux  Saxons  vaincus  et  de  l'organisation 
qui  devait  les  tenir  soumis  à  la  domination  des  Francs  et 
à  celle  de  l'Eglise.  —  777.  Champ  de  mai  très  brillant, 
auquel  assistèrent  trois  princes  sarrasins  venus,  eux  aussi, 
pour  promettre  leur  soumission.  Des  milliers  de  Saxons 
furent  baptisés  dans  les  vastes  cuves  préparées  sur  les 
bords  de  la  rivière.  —  780.  Fondation  des  cinq  évèchés 
de  Minden,  Albertstadt,  Ferden,  Paderborn  et  Munster 
et  de  plusieurs  églises  destinées  à  contenir  les  Saxons. 
Charles,  dit  la  Chronique  de  Moissac,  partagea  le  pays 
entre  des  évêques,  des  prêtres  et  des  abbés,  afin  qu'ils 
l'habitassent  et  y  prêchassent  la  foi.  —  782.  Organisation 
du  gouvernement  civil  et  ecclésiastique  chez  les  Saxons. 
—  785.  Même  objet  et  nomination  des  évêques  pour  les 
sièges  récemment  institués.  Un  Capitulaire  de  785  punit 
de  mort  les  païens  qui  refuseront  le  baptême,  brûleront 
leurs  morts  au  lieu  de  les  enterrer,  et  enfreindront  le 
carême  par  mépris.  E.-H.  V. 

BiBL.  :  Bkssen,  Gesch.  des  Bistuins  Paderborn  ;  Pader- 
born, 1820,  2  vol.  —  Urhunden  des  Bistums  Paderborn.,  pu- 
bliés par  WiLMANs;  Munster,  1871-80,  2  vol.  —  Hol=îcii]:r, 
Die  œltere  Diœzese  Paderborn.  1880.  —  W.  RicHTER,-Si<(- 
dien  iind  Qnellen  zur  Paderborner  Geschich te,  1893.  —  Gie 
FEiiB,  Der  Dora  zu  Paderborn  ;  ^lunatcv.  1860. 

PADEREWSKI  (Ignace- Jean),  pianiste  polonais,  néàKu- 
rijlowka  (Podolie),  dans  la  Pologne  russe,  le  6  nov.  1860. 
Après  avoir  achevé  ses  études  musicales  au  Conservatoire 
de  Varsovie,  l'aderewski  se  produisit  en  public  pour  la 
première  fois,  à  Vienne  en  1887,  et  l'année  suivante  à 
Paris,  à  la  salle  Erard,  puis  au  concert  Lamoureux.  Le 
charme  de  son  jeu,  l'élégance  et  le  style  de  son  exécution 
l'ont  placé  promptement  au  premier  rang  des  pianistes 
de  concert.  Il  a  donné  des  auditions  presque  en  tous  pays 
avec  un  égal  succès:  en  Angleterre  (1890),  où  il  est  rc- 
verm  d'ailleurs  presque  chaque  année  et  où  il  a  donné  plus 
de  400  concerts  ;  en  Allemagne  (1891)  ;  en  Amérique 
(1892,  1893, 1896)  ;  en  Russie,  en  Pologne,  en  Italie,  etc. 
Ses  compositions  sont  assez  nombreuses  :  elles  consistent 
surtout  en  musique  pour  piano.  Ses  œuvres  pour  le  chant 
ou  l'orchestre,  ses  cantates  et  un  opéra  sont  encore  assez 
peu  connues,  surtout  en  France.  H.  Q. 

PADERN.  Com.  du  dép.  de  l'Aude,  arr.  de  Carcassonne, 
cant.  de  Tuchan;  499  hab. 

PADICHAH.Titredes  souverains  musulmans,  appliqué  en 
particulier  au  sultan  turc  ottoman  et  équivalent  à  empereur. 

PADIÈS.  Com.  du  dép.  du  Tarn,  arr.  d'Albi,  cant.  de 
Valence;  739  hab. 

PADIGLIONE  (Carlo),  généalogiste  italien,  né  à  Pa- 
lerme  le  10  oct.  1827.  Il  fit  la  campagne  de  Lombardieet 
de  Venise  en  1848-49.  Devenu  suspect  au  gouvernement 


napohtain,  il  fut  }»lusieurs  fois  emprisoinié  et  enfin  exilé 
dans  ses  terres  jusqu'en  1839.  Le  gouvernement  italien  le 
nomma  bibliothécaire  de  la  Brancacciana  de  Naples.  Il  a 
fait  de  nombreuses  publications  généalogiques,  héraldiques 
et  d'histoire  municipale. 

PADIHAM.  Ville  d'Angleterre,  comté  de  Lancastre,  sur 
le  Calder,  à  4  kil.  de  Burnley:  11.301  hab.  (en  1891) 
avec  Hapton.  Filatures  de  coton. 

PADILLA  (Doua  Maria  de),  maîtresse  du  roi  Pierre  le 
Cruel  (Pierre  P^  de  Castille),  née,  d'après  la  tradition,  à 
Séville,  morte  en  juil.  1361.  Son  père,  le  chevalier 
Juan  Garcia,  était  Castillan,  de  la  région  de  Palencia. 
Le  roi  connut  dona  Maria  en  1352,  à  son  passage  par 
Sahagun,  où  la  Padilla  séjournait  en  compagnie  de  dona 
Isabel  de  Meneses,  femme  du  favori  du  roi,  Alburquerque. 
Celui-ci,  d'accord  avec  son  ami  don  Juan-Fernandez  de 
Henestrosa,  oncle  de  dona  Maria,  favorisa  la  liaison  de 
la  belle  dame  sévillane  avec  Pierre  P^  qui  tomba 
amoureux  d'elle.  On  croyait  ainsi  dominer  plus  facilement 
le  roi  et  assurer  la  prépondérance  à  la  cour  d 'Albur- 
querque et  de  ses  amis.  Quehiues  auteurs  anciens  oiit 
affirmé  que  Pierre  P^'  épousa  la  Padilla  avec  toutes  les  cé- 
rémonies de  l'Eglise,  et  le  roi  obtint  en  1362  des  Cortés 
(le  Séville  la  déclaration  solennelle  de  ce  fait.  Le  fait,  tou- 
tefois, n'est  pas  certain.  Mais  l'amour  pour  dona  Maria  fut 
la  passion  maîtresse  de  Pierre  I*''',  (lui,  malgré  d'autres 
liaisons  analogues  qu'il  eut  dans  sa  vie,  retourna  toujoiu's 
à  elle.  Ce  fut  pour  doua  Maria  qu'il  abandonna  sa  femme 
légitime,  Blanche  de  France,  trois  jours  après  son  mariage. 
Le  pape  Innocent  VI  écrivit  à  ce  propos  au  roi  des  lettres 
comminatoires  en  1333  et  1354.  Il  y  eut  même  un  mo- 
ment où  dona  Maria,  peut-être  outrée  par  les  amours  du 
roi  avec  dona  Juana  de  Castro,  s'adressa  au  pape  en  lui 
demandant  la  permission  de  fonder  dans  l'évêché  de  Pa- 
lencia un  monastère  où  elle  voulait  s'enfermer,  et  Pierre  P'' 
parut  lui-même  favoriser  ce  projet.  La  permission  fut 
donnée,  le  monastère  fondé,  et  le  pape  put  croire  à  la  réa- 
lisation de  ses  vœux.  Mais  la  Padilla  n'entra  pas  dans  la 
vie  religieuse.  Pierre  P'"  se  raccommoda  avec  elle.  En  1358, 
une  nouvelle  infidélité  du  roi  (avec  doua  Aldonza  Coronel) 
menaça  encore  la  liaison,  mais  n'y  mit  pas  fin.  Trois  ans 
plus  tard,  mourut  dona  Maria,  peu  de  temps  après  la 
femme  légitime,  dona  Blanca.  Le  roi  lui  fit  faire  des 
funérailles  presque  royales.  Le  corps  fut  enseveli  d'abord 
dans  le  monastère  de  clarisses  d'Astudillo,  fondé  par 
dona  Maria,  et  puis  dans  la  cathédrale  de  Séville.  La 
Padilla  laissa  un  fils,  don  Alfonso,  et  trois  filles.  Don 
Alfonso  fut  reconnu  comme  prince  héritier  de  la  couronne 
et  le  roi,  dans  le  traité  conclu  en  1362  ave.î  Pierre  IV 
d'Aragon,  concerta  le  mariage  du  prince  avec  la  princesse 
aragonaise  doua  Leonor,  tout  en  promettant  do  prouver  la 
légitimité  de  son  union  avec  dona  Maria,  antérieurement 
au  mariage  avec  Blanche.  11  promit  aussi  d'obtenir  du  pape 
la  déclaration  de  légitimité  pour  don  Alfonso.  Dans  la 
même  année,  en  effet,  les  Cortés  de  Séville  (que  certains 
auteurs  ne  croient  pas  avoir  été  de  vraies  Cortés)  firent 
la  déclaration  du  mariage  avec  dona  Maria,  et  de  la  légi- 
timité de  ses  enfants.  Mais  le  traité  avec  Pierre  IV  n'ar- 
riva pas  à  s'accomplir.  Le  prince  Alfonso  mourut  peu 
après,  encore  enfant.  La  déclaration  des  Cortés  de  Séville 
fut  acceptée  dans  la  suite  par  le  roi  Phihppe  II,  qui  or- 
donna la  translation  des  cendres  de  dona  Maria  à  la  Nou- 
velle Chapelle.  Des  filles  de  dona  Maria,  donaBeatriz  s'en- 
ferma dans  le  couvent  de  Tordesillas  ;  dona  Constanza  se 
maria  avec  le  duc  de  Lancastre,  et  fut  mère  de  la  prin- 
cesse dona  CataUna,  femme  du  roi  de  Castille  Henri  III  ; 
dona  Isabel  épousa  Edouard,  duc  d'York. 

La  Padilla  était  d'un  caractère  doux  et  charitable.  Elle 
ne  se  mêla  pas  des  affaires  de  la  cour,  mais  ses  parents 
profitèrent  largement  de  sa  faveur,  même  au  détriment  du 
favori  Alburquerque,  qui  avait  provoqué  l'union  du  roi  et 
de  dona  Maria.  R.  Ai/rAMmA. 

BiBL.  :  P.  Vlorka,  Pie'Dias  catollcas,  \o\.    H.    —  Mura, 


^  781 


MDILLA  --  PADOUE 


Haeivii  itustraxhi.  —  Caj^ai.ina  v  Garcia,  CnstiUa  y  Léon 
(tarante  los  rnuiados  de  Pedro  /«'•,  Enrlque  II.  Juan  II  >j 
EnriquellI  ;  Madrid,  1891,  vol.  !«••. 

PADILLA  (Don  Juan),  chef  des  Comuneros  (V.  ce 
mot) . 

PADINA  (Bot.)(V.  Zoxairk). 

PADIRAC.  Corn,  du  dép.  du  Lot,  arr.  de  G  ourdou, 
caut.  de  Gramat;  256  liab. 

Plus  de  Padirag.  —  Gouffre  ou  puits  naturel  du  causse 
de  Gramat,  dép.  du  Lot,  à  14  kil.  E.  de  Rocamadour, 
large  à  l'oritice  de  30  m.  et  profond  de  403  m.  ;  il 
conduit  à  une  rivière  souterraine  découverte  et  suivie 
pendant  2  kil.,  en  1880  et  1890,  par  MM.  Martel,  Gau- 
pillat  et  de  Launay,  à  travers  une  série  de  lacs  et  de  salles 
grandioses,  dont  la  plus  élevée  mesure  90  m.  de  hauteur. 
Depuis  le  1^''  nov.  1898,  cette  nouvelle  merveille  pitto- 
resque de  la  France  est  aisément  accessible  à  tous  les  tou- 
ristes, grâce  aux  travaux  d'aménagement  (escaliers  en  fer, 
flottille  de  bateaux),  effectués  par  une  société  anonyme 
(pii  s'est  constituée  pour  l'exploitation  de  ces  cavernes, 
les  plus  curieuses  de  l'Europe  avec  celles  d'Adelsberg  et 
de  Saint-Cauzian  en  Autriche. 

BiHL.  :  E.-A  Martel,  les  Abimes  ;  Paris.  1894.  —  Toin* 
du  M  onde  ^  déc.  18U0 

PADMARATI  (V.  Lakchmi). 
PADOUAN  (Le)  (V.  Cavino  [Giovanni]). 
PADOUE  (Ane.  Patauiiim,  en  italien  Paclova).  I.  Géo- 
r.RAPHiE.  —  Ville  d'Italie,  ch.-l.  de  la  prov.  de  ce  nom; 


elle  est  située  sur  le  Bacchiglione,  au  milieu  d'une  plaine 
fertile,  à  37  kil.  à  l'O.  de  Venise.  Elle  est  peuplée  (4894) 
par  80.400  hab.  La  décadence  de  Venise  en  a  fait  la  cité 
la  plus  vivante  et  la  plus  riche  de  la  Vénétie.  Par  le  chiffre 
croissant  de  sa  population  (47.300  hab.  en  4884),  par 
l'importance  de  ses  maisons  de  hanques  et  le  développe- 
ment de  son  commerce,  par  sa  situation  au  point  de  croi- 
sement de  lignes  ferrées  qui  la  relient  au  S.  à  Bologne 
(123  kil.),  à  l'O.  à  Milan  (228  kil.),  au  N.  à  Bellune 
(410  kil.),  à  l'E.  à  Venise  (37  kil.),  elle  est  devenue  le 
centre  économique  des  provinces  comprises  entre  les  Alpes, 
le  Pô  et  le  Mincio.  Elle  en  est  depuis  longtemps  le  centre 
intellectuel.  Son  Université  est  une  des  plus  anciennes 
d'Italie,  puisqu'elle  a  été  fondée  en  4222,  et  une  des  plus 
fréquentées puisqu'en  4897  elle  comptait  4.664  étudiants 
et  venait  immédiatement,  sous  ce  rapport,  après  celles  de 
Naples,  de  Rome  et  de  Turin.  La  bibliothèque  annexée  à 
l'Lniversité comprend  427.000  volumes,  45.300  brochures 
et  2.480  manuscrits. 

La  ville  est  entourée  par  une  veille  enceinte,  de  forme 
elliptique,  traversée  par  les  dérivations  du  Bacchiglione, 
sillonnée  par  des  rues  étroites,  tortueuses  et  souvent 
bordées  de  galeries  (portici),  ne  couvre  pas  entièrement 
l'espace  compris  entre  les  murs  qui  l'enserrent,  et  dont 
elle  est  séparée  par  d'immenses  jardins  ;  aussi  la  circu- 
lation, très  inégale,  est-elle  aussi  active  au  centre  que 
nulle  sur  la  périphérie.  Elle  est  traversée  par  une  grande 


Chapelle  des  Reliques  ou  du  Trésor  de  la  basilique  de  Saint-Antoine,  à  Padoue. 


artère,  qui,  sous  des  noms  divers,  la  parcourt  dans  sa  plus 
grande  largeur.  Au  point  de  vue  artistique,  elle  ne  peut 
lutter  avec  Venise,  Bologne  où  même  Vérone,  mais  elle 
contient  un  certain  nombre  de  monuments  intéressants. 
4°  Au  centre  et  sur  la  rue  centrale  se  trouvent,  concentré 
sur  un  étroit  espace,  les  places  Garihaldi  et  Cavour,  le 
Palais  de  l' Université  orné  de  helles  arcades  construites 
en  4552  par  Sansovino,  et  le  café  Pedrocchi,  une  des 
curiosités  de  la  ville.  Un  peu  plus  au  S.  h  place  Victor- 
Emmanuel  ou  Prato  délia  Valle  est  un  immense  espace 
planté  d'arbres,  orné  de  statues  et  bordé  par  la  grandiose 
église  de  Sainte-Justine  (4546-32)  ;  2°  le  quartier  S.-E. 
contient  les  principales  curiosités  de  Padoue  :  l'église 
Saint- Anloine,  immense  construction  consacrée  au  pa- 


tron de  Padoue  (445  m.  de  long  sur  55  de  large),  com- 
mencée en  4234,  achevée  en  4575,  restaurée  en  4749, 
remarquable  par  l'aUiance  du  style  gothique  et  du  style 
byzantin,  ornée  d'une  magnifique  chapelle  contenant  les 
reliques  du  saint  ;  la  Scuola  del  Sanlo,  édifice  annexé  à 
l'église  et  contenant  47  fresques  du  Titien  (4508-44)  ; 
le  Musée  municipal,  élégant  bâtiment  moderne  ;  enfin  la 
statue  équestre  du  condottiere  Gattamelata,  achevée  par 
Donatello  en  4453  ;  3^  dans  le  quartier  N.-E.  sont  situées 
deux  églises  voisines,  riches  en  chefs-d'œuvre  de  la  pein- 
ture ;  Tune,  celle  des  Eremitani,  bâtie  au  xiii^  siècle  et 
restaurée  en  4880,  renferme  des  fresques  de  Mantegna  et 
de  ses  contemporains  de  l'école  du  Squarcione,  qui  comp- 
tent parmi  les  œuvres  d'art  les  plus  considérables  du  N. 


PADOUE  —  PADOVANO  —  782  — 

de  l'Italie  ;  dans  l'autre,  la  Madoima  deW  Arena  (1303), 
on  admire  des  fresques  intéressantes  de  Giotto  ;  4^  dans 
le  quartier  0.  on  remarque  :  le  Dôme,  ou  cathédrale, 
édifice  du  milieu  do  la  Renaissance  ;  la   Piazi-a    deW 


hnità  d'italia,  bordée  au  S.  par  la  Loggia  del  Consi- 
glio,  beau  monument  du  commencement  de  la  llcnais- 
sance  ;  le  Salone  ou  palais  de  justice  construit  de  1172  à 
1219,  et  dont  le  nom  vient  d'une  immense  salle  voûtée 


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Eglise  Sainte-Justine,  à  Padoue. 


en  bois,  datant  de  1420  (de  83  m.  de  long  sur  28  de 
large)  ;  enfin  le  palais  municipal. 

II.  Histoire.  —  Padoue  {Patavium)  est  une  des  plus 
anciennes  villes  de  l'Italie  du  Nord.  Selon  la  légende,  elle 
aurait  été  fondée  par  le  Troyen  Anténor  ;  d'après  l'histoire, 
elle  appartint  d'abord  à  la  confédération  étrusque  du  Nord, 
puis  aux  Vénètes;  elle  pouvait  mettre  en  ligne  20.000 
hommes  et  défit  en  302  av.  J.-C.  le  roi  de  Sparte  Cléo- 
nyme.  Elle  accepta  la  domination  romaine  et  devint  un 
municipe  vers  215.  Enrichie  par  le  commerce,  ce  fut  la 
plus  opulente  ville  de  l'Italie  du  Nord,  illustrée  par  Tite- 
Live  qui  y  naquit  en  59  av.  J.-C.  Saccagée  successive- 
ment par  Alaric  (413),  par  Attila  (452)  et  par  Totila, 
abandonnée  par  une  grande  partie  de  ses  habitants,  qui 
se  réfugièrent  au  milieu  de  la  lagune  dans  File  de  Rialto 
(V.  Venise),  elle  fut  reconstruite  par  Narsès,  puis  prise 
et  brûlée,  après  une  longue  résistance,  par  les  Lombards 
d'Agilulf  (610).  Occupée  ensuite  par  Gharlemagne,  puis 
par  les  Hongrois,  elle  acquit  son  autonomie  municipale, 
confirmée  par  Otton  P'',  et  se  gouverna  sous  la  direction 
de  deux  consuls  annuels.  En  1164,  elle  entra  dans  la 
ligue  lombarde,  accéda  à  la  trêve  de  Venise  (1177).  Les 
podestats  qu'elle  avait  mis  à  la  tête  de  la  commune  en  1175 
menacèrent  bientôt  ses  libertés  ;  choisis  dans  la  maison  de 
Romano,  ils  devinrent  de  véritables  seigneurs  ;  le  plus 
illustre  d'entre  eux,  Ezzelino  da  Romano,  exerça  do  1237 
à  1256  une  terrible  tyrannie.  Après  sa  chute  et  la  vic- 
toire des  Guelfes,  les  dissensions  entre  le  peuple  et  la 
noblesse  obligèrent  à  recourir  de  nouveau  à  un  podestat 
qui  fut  choisi  dans  la  famille  de  Garrara.  En  1311,  la  cité 
se  donna  à  l'empereur  Henri  VII  qui  y  étabht  Gérard 
d'Isola;  mais  l'année  suivante,  elle  le  chassa,  et  bientôt 
rappela  Niccolo  et  Obizzo  de  Garrara.  Après  une  sanglante 
guerre  avec  Vicence,  Jacopo  de  Garrara  fut  proclamé  capi- 
taine général  (1318).  Sa  famille  conserva  la  principauté 
de  Padoue  jusqu'en  1405.  Francesco  P^,  allié  de  Jean- 
Galéas  de  Milan  contre  les  Vénitiens,  fut  trahi  pai*  son 
allié  qui  l'emprisonna  et  le  ht  mourir  (1393).  Son  fils 


Francesco  II  fut  dépouillé  par  les  Vénitiens  de  ses  pos- 
sessions, et  en  dernier  lieu  de  Padoue  (1405),  puis  étran- 
glé avec  ses  deux  fils  (1406).  La  ville  fut  annexée  au 
territoire  vénitien  et,  en  1509,  c'est  la  résistance  qu'elle 
opposa  à  l'empereur  Maximilien  qui  fit  échouer  l'entre- 
prise de  la  ligue  de  Cambrai  contre  la  république  de 
Venise.  Elle  y  resta  annexée  jusqu'en  1797;  occupée  le 
28avr.  par  les  Français,  elle  fut  cédée  à  l'Autriche  le 
17  oct.  par  le  traité  de  Gampo-Formio.  Le  traité  de  Pr es- 
bourg  (26  déc.  1805)  la  donna  à  ?sapoléon  P^,  qui  l'adjoi- 
gnit au  royaume  d'Italie  où  elle  fut  le  chef-Heu  du  dép.  de 
la  Brenta.  Le  traité  de  Paris  du  30  mai  1814  et  les  traités 
de  Vienne  la  rendirent  à  l'Autriche.  Le  8  févr.  1848,  elle 
s'insurgea  sans  succès.  Le  traité  de  Vienne  du  3  oct.  1866 
la  rétrocéda  à  Napoléon  III  et  par  son  intermédiaire  à 
l'Italie.  iVlbert  Pingaud. 

BiBL.  :  Cappelletti,  Stoiùa  di  Padova;  Padoue,  1875, 
2  vol.  —  Gennari,  An?iaUdci?a  citta  di  Padova  ;  Bassano, 
180G,  3  vol. 

PADOUE  (Duc  de),  général  français  (V.  Arrigiii 
[J.  Toussaint]). 

PADOUE  (Arrigiii  de  Casanova,  duc  de)  (V.  Arrîgui 
[L.-H.-H.-E.  DE  Casanova]). 

PÂDOUX.  Corn,  du  dép.  des  Vosges,  arr.  d'Epinal, 
cant.  de  Rruyères;  600  hab. 

PÂDOVANINO  (V.  Padovano  [Alexandre]). 

PADOVANO  (Dario  Varotaui),  dit  il  Cavine,  peintre 
et  architecte  italien,  né  à  Vérone  en  1539,  mort  à  Pa- 
doue en  1596.  Venu  do  bonne  heure  à  Padoue,  il  fut 
présenté  à  Véronèse  et  à  Titien  qui  lui  prodiguèrent  leurs 
bienfaits  et  leurs  conseils  et  lui  facilitèrent  l'accès  de  la 
cour  de  Rome.  Doué  d'une  très  grande  facilité,  Padovano 
devint  rapidement  un  habile  dessinateur  et  un  peintre  de 
quelque  mérite  :  l'imitation  de  Véronèse  se  trahit  dans  les 
décorations  de  Sant'  Egidio  de  Padoue  par  lesquelles  il 
débuta  et  qui  lui  valurent  bientôt  de  nouvelles  commandes. 
Les  Saintes  Femmes  au  sépulcre,  exécutées  pour  la  cha- 
pelle de  l'Université  de  Padoue,  sont  d'une  composition 


savante,  mais  plutôt  froide,  et  d'un  coloris  peu  original  : 
le  souvenir  des  maîtres  vénitiens  hante  l'imagination  de 
l'artiste  qui  s'efforce  consciencieusement  d'utiliser  ses  ré- 
miniscences. Parfois  elles  le  condamnent  au  pastiche,  té- 
moin le  Pape  approuvant  les  statuts  de  l'ordre  des 
Carmes,  quePadovano  peignit  sur  les  volets  de  l'orgue  de 
l'église  del  Carminé,  et  qu'on  a  pu  attrihuer  au  Titien,  et 
V Alliance  conclue  entre  Pie  F,  le  roi  d'Espagne  et  le 
doge  Mocenigo,  sur  l'une  des  parois  de  la  salle  des  Am- 
bassadeurs, au  palais  du  Podestat  (1573).  En  revanche, 
dans  le  Saint  Barnabe  qu'il  donna  à  la  petite  église  de 
Venise  qui  porte  ce  nom,  le  Padovano  ne  s'inspira  que  de 
lui-même.  Aussi  cette  peinture,  vraiment  unique  dans  son 
œuvre,  est-elle  marquée  d'un  caractère  saisissant  d'énergie 
et  de  puissance  :  on  l'admire  au  musée  de  Venise.  -  - 
Comme  architecte,  le  Padovano  fit  preuve  de  science  et 
de  goût;  mais  les  constructions  qu'il  édifia,  et  dont  la 
principale  fut  la  Villa  Montecchia,  ne  portent  pas  la 
marque  d'une  personnalité  bien  accentuée.  G.  C. 

PADOVANO  (Alessandro  Varotari,  dit  il),  peintre 
italien,  né  à  Padoue  en  1580,  mort  à  Venise  en  1643, 
fils  du  précédent.  Orphelin  dès  l'âge  de  six  ans,  il  ne  put 
apprendre  la  peinture  de  son  père  ;  mais,  comme  lui,  il 
s'éprit  de  bonne  heure  des  œuvres  de  Titien,  et  commença 
par  étudier  les  trois  belles  fresques  que  le  grand  coloriste 
avait  laissées  à  Padoue,  dans  la  scuola  di  Sant' Antonio  ; 
puis  il  voulut  se  rendre  à  Venise,  afin  de  pénétrer  à  fond 
les  secrets  du  faire  de  son  maître  préféré.  Sa  prodigieuse 
faculté  d'assimilation  lui  permit  de  s'approprier  cette  cha- 
leur savoureuse  d-ans  les  carnations,  et  cette  habileté  à 
ménager  les  demi-teintes  qu'il  admirait  dans  Titien  ;  dès 
son  arrivée  à  Venise,  il  exécuta  brillamment  ,pour  l'église 
Sainte-Justine,  le  baptême  et  le  martyre  de  la  sainte. 
C'est  surtout  à  Sainte-Marie-Majeure  que  se  trouvent  un 
grand  nombre  des  ouvrages  de  Padovano  :  ils  se  distin- 
guent, dans  une  époque  où  l'école  vénitienne  était  la  proie 
du  maniérisme,  par  une  simplicité  relative,  une  dignité  et 
une  allure  dont  on  avait  perdu  l'habitude.  Le  succès  en 
fut  extrêmement  vif  :  tous  les  princes  de  l'Italie  accablè- 
rent à  l'envi  le  peintre  de  leurs  faveurs,  et  il  ne  tarda  pas 
à  réaliser  une  belle  fortune.  Mais  de  toutes  les  produc- 
tions dont  il  dota  Venise  et  Padoue,  la  plus  célèbre  et  la 
plus  belle  est  sans  contredit  celle  qu'il  osa  entreprendre 
après  Véronèse  et  en  l'imitant,  sur  le  sujet  des  Noces  de 
Cana.  A  vrai  dire,  tout  en  se  rappelant  les  principaux 
motifs  de  la  toile  fameuse  dont  il  s'inspirait,  le  Padouan 
sut  renouveler  l' ordonnance  de  la  scène,  plaçant  son  Christ 
au  premier  plan,  et  mettant  à  coté  de  lui,  par  une  oppo- 
sition bien  entendue,  la  figure  d'un  pauvre  mendiant  qui 
reçoit  sa  part  du  festin.  De  gracieuses  jeunes  filles  ser- 
vent à  table  et  font  passer  des  corbeilles  de  fruits,  tandis 
qu'un  serviteur  verse  du  vin  dans  les  amphores  :  le  mi- 
racle est  mis  ainsi  en  évidence.  Les  Noces  de  Cana,  peintes 
pour  le  réfectoire  de  San  Giovanni  di  Verdara,  de  Pa- 
doue, soulevèrent  un  enthousiasme  indescriptible  ;  depuis 
ce  moment,  la  carrière  du  Padouan  ne  fut  plus  qu'un  long 
triomphe.  Pour  Venise,  il  exécuta  le  Sacrifice  d'ipliigé- 
nie,  au  palais  Manfrini  ;  la  Femme  de  Darius  ai  h  Christ 
mort,  à  l'Académie  ;  le  Martyre  de  saint  Jean  VEvan- 
géliste,  à  Saint-Pierre;  Santa  Maria  delta  Salute;  la 
Parabole  des  Vierges  sages,  aux  Incurables;  Saint  Domi- 
nique calmant  une  tempête,  à  Saint-Jean  et  Saint- 
Paul.  Pour  Padoue  :  un  Christ  portant  sa  croix,  r In- 
crédulité de  saint  Thomas,  la  Femme  adultère.  Les 
galeries  de  Florence,  le  musée  de  Vienne  et  celui  de  Ber- 
lin possèdent  diverses  toiles  de  ce  maître  brillant.  Enfin  le 
Louvre  a  de  lui  un  Amour  et  Venus  qui  ne  compte  point 
parmi  ses  meilleurs  ouvrages.  En  somme,  si  Alessandro 
Padovano  s'est  montré  parfois  inférieur  à  sa  retentissante 
renommée,  la  postérité  doit  lui  être  reconnaissante  d'avoir 
fait  un  instant  revivre,  au  xvn*^  siècle,  les  nobles  tradi- 
tions de  la  grande  époque.  Gaston  Cougny. 
BiBL.  :  Lanzi,  Stonupitioncii  délia  lUd'ui  (Scuola  vene- 


—  783  —  PADOVANO  —  P^DÉRIE 

ziana).  --  Kidolfi,  Pittori  veneti   —  Ch.  Blanc,   Histoire 
des  peintres  de  toutes  les  écoles  {Ecole  vénitienne). 

PADRIGIANO  (Padric).  Gouffre  ou  plutôt  grotte  du 
Karst,  à  5  Idl.  à  l'E.  de  Trieste  (Autriche),  longue  de 
500  m.  seulement,  mais  profonde  de  270  m.,  ce  qui  la  met, 
dans  le  sens  vertical,  au  troisième  rang  de  toutes  les  cavités 
naturelles  connues  après  les  abîmes  de  Trebiciano  (321  m.) 
et  de  la  Kacna-Jama  (300  m.),  également  sur  le  Karst. 

P  A  D  R  0  N .  Ville  d'Espagne,  prov.  de  La  Corogne  (Coruna) , 
en  Galice,  sur  le  Sar  ;  8.000  hab.  Ancien  pèlerinage  très 
fréquenté.  Marché  agricole. 

PADRON  (Cap).  Promontoire  de  la  côte  occidentale 
d'Afrique,  qui  marque  au  S.  l'embouchure  du  Congo,  sur 
la  rive  portugaise  de  la  colonie  d'Angola. 

PADUCAH.  Ville  des  Etats-Unis  (Kentucky),  en  aval 
du  confluent  du  Tennessee  et  de  l'Ohio  ;  12.797  hab.  (en 
1890).  Université.  Minoterie,  commerce  de  céréales,  tabac, 
porcs. 

PADULA.  Ville  d'Italie,  prov.  de  Salerne,  sur  le  Tana- 
gro,  à  14  kil.  de  Sala  Consilina;  7.874  hab.  (en  1881). 
On  y  remarque  la  Certosa  de  Saint-Laurent,  déclarée  monu- 
ment national,  construction  du  xiv®  siècle,  qui  fut  presque 
détruite  par  le  tremblement  de  terre  de  1857  et  qui  a 
été  récemment  restaurée.  Vin,  huile,  oranges  et  citrons  ; 
carrières  de  marbre  (travertino).  Dans  les  environs  de 
Padula  fut  fusillé  Pisacanc,  débarqué  à  Sapri  en  1857 
avec  Nicotera  et  autres  jeunes  gens,  dans  le  but  de  faire 
insurger  les  Napolitains  contre  le  gouvernement  des  Bour- 
bons de  Naples.  Padula  était  un  fief  de  la  famille  Malas- 
pina-Cibo. 

PADURRA  (Thomas),  poète  ruthène,  né  en  Ukraine  à 
la  fin  du  xviii^  siècle.  Après  avoir  terminé  ses  études  au 
lycée  de  Krzemieniec,  il  fit  un  voyage  en  Orient  avec 
Lad.  Rzewuski.  Ses  poésies  écrites  en  dialecte  ukrainien 
éveillent  le  souvenir  du  passé  chevaleresque  de  ce  pays 
et  représentent  sous  des  couleurs  magiques  les  mœurs,  les 
habitudes  et  les  aspirations  de  ses  habitants.  Il  les  a  pu- 
bliées sous  le  titre  de  Ukrainki.  Plusieurs  de  ces  chants 
sont  devenus  populaires.  Il  a  aussi  écrit  en  polonais,  mais 
cette  partie  de  -son  œuvre,  quoique  très  intéressante  aussi, 
a  moins  de  saveur  littéraire.  F.  T. 

PADUS  (Bot.)  (V.  Merisier,  §  Sylviculture). 

P^EAN  (Ilaïav,  Ilatrîwv)  le  guérisseur,  surnom  qui 
désigne  dans  les  poèmes  homériques  le  médecin  des  dieux 
olympiens  qui  devint  ensuite  le  dieu  Asklépios  (Esculape)  ; 
il  fut  également  appliqué  à  d'autres  dieux,  Zeus,  Dionysos, 
à  Thanatos,  dieu  de  la  mort,  et  surtout  à  Apollon.  Il  se 
peut,  d'après  Eustathe,  que  pour  Thanatos  et  Apollon  ce 
surnom  ait  fait  allusion  à  leur  rôle  de  destructeur,  Apol- 
lon étant  un  dieu  guerrier,  exterminateur  des  monstres. 
Le  mot  de  Paean  servit  ensuite  à  désigner  un  hymne  en 
l'honneur  d'Apollon,  célébré  comme  préservateur  des  maux 
cl  comme  protecteur  des  guerriers.  Le  Pœan  se  chantait 
en  chœur  avant  le  combat,  mais  aussi  après  la  victoire  et 
pour  remercier  le  dieu  dans  les  fêtes.  Jl  fut  également 
appliqué  à  d'autres  divinités. 

P/EDÉRIE  {Pcederia  L.).  Genre  de  Rubiacées-An- 
thospermées,  composé  d'arbres  et  de  sous-arbrisseaux  sar- 
menteux,  à  feuilles  opposées  ou  verticillées,  ovales-aigucs, 
stipulées,  à  fleurs  réunies  en  cymes  axillaires  ou  termi- 
nales, hermaphrodites  ou  polygames,  construites  sur  le 
type  4-6  mère.  La  corolle  est  tubuleuse,  l'androcée  isos- 
témoné,  l'ovaire  à  2-3  loges,  dont  chacune  renferme  un 
ovule  à  micropyle  inféro-externe.  Le  fruit,  comprimé,  se 
compose  de  noyaux  minces  dont  la  cavité,  épaissie,  est 
entourée  d'un  cadre  elliptique,  membraneux,  parfois  pris 
pour  une  aile.  A  la  maturité,  les  noyaux  se  séparent  de 
l'exocarpe  mince,  qui  ne  laisse  à  leur  surface  que  des 
faisceaux  fibro-vasculaires,  très  nets  d'ailleurs.  L'espèce 
type,  P.  fœtida  L.  {Apocynum  fietidum  Burm.,  Gen- 
tiana  scandensLouv.),  le  Bedalfee  »Si^^to  des  Orientaux, 
le  Candoley  des  Philippines,  répand,  comme  ses  congé- 
nères, une  odeur  nauséabonde  insupportable,  à  la  fois 


Fruit  du  Paîderia  l'œtida  L., 
carpelles  disjoints. 


les 


P/EUÉRIE  —  P^ONIOS  —  784 

excrémeiititieHe  et  alliacée.  Elle  passe  pour  antispasmodique. 
Les  feuilles  sont  employées,  auxMoluques,  en  bains  et  en 

décoction  contre  les 
états  fébriles,  les  co- 
liques, les  vertiges, 
la  rétention  d'uri- 
ne, etc.  La  racine, 
d'un  rouge  sang,  est 
réputée  vomitive, 
dans  les  Indes.  En- 
fin, cette  même  es- 
pèce fournit  une  fibre 
textile  excellente. — 
Le  P.  Valli-Kara 
Juss.  est  médicinal  au 
Malabar.  Ses  graines, 
cuites  avec  de  l'huile  et  du  safran,  fournissent  une  mix- 
ture préconisée  contre  la  morsure  des  chiens  enragés. 

P>ÈDERUS  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Coléoptères,  de 
la  famille  des  Staphylinides,  établi  par  Fabricius  {Sysi. 
E)it.,  p.  268),  et  qui  a  donné  son  nom  à  la  tribu  des 
Pœderinœ.  Cette  tribu  est  surtout  caractérisée  par  les 
stigmates  prothoraciques  cachés,  les  hanches  postérieures 
coniques  et  le  prothorax  membraneux  près  des  hanches. 
Les  principaux  genres  sont  :  Suniiis  Steph.,  S  iiliciis  Lui., 
Scopœus  Erichs.,  Lithocharis  Lat.,  Pœderiis  Vsih.,  La- 
throbium  Grav.,  Cryptobium  Mann.  Les  espèces  du  genre 
Pœderus  Fab.,  au  nombre  d'une  centaine  environ,  appar- 
tiennent surtout  à  la  faune  de  l'Europe,  de  l'Asie  et  de 
l'Amérique.  Ce  sont  des  insectes  de  forme  élégante,  très 
vifs,  redressant  fortement  l'extrémité  de  l'abdomen.  Ils 
vivent  surtout  dans  les  lieux  humides,  au  bord  des  eaux 
courantes  et  stagnantes,  sous  les  pierres,  les  détritus.  La 
coloration  estbrillante,  variée  de  bleu,  de  noir  et  de  rouge 
orange.  L'espèce  type  est  le  P.  riparius  L.,  de?  millim. 
de  long,  que  Ton  trouve  en  Europe  et  en  Asie  centrale. 
P>€DIATRIE.    On  donne    le  nom  de  pédiatrie  à  la 
branche  de  l'art  de  guérir  qui  traite  des  enfants.  L'enftmt 
par  suite  de  sa  constitution  spéciale,  de  la  plus  grande 
activité  de  ses  échanges  physiologiques  offre,  lorsqu'il  est 
atteint  par  la  maladie,  des  modes  de  réaction  spéciaux, 
que  méritent  une  étude  particulière.  D'autre  part  il  est 
sujet  depuis  sa  naissance  jusqu'à  son  complet  développe- 
ment à  un  certain  nombre  de  maladies  qui  ne  se  rencon- 
trent guère  que  chez  lui.  Enfin  les  modes  de  traitement 
qui  lui  sont  applicables  présentent  des  particularités  tant 
au  point  de  vue  des   doses  que  l'on  doit  administrer  que 
de  la  sensibihté  spéciale  de  l'enfant  à  certains  médica- 
ments. Ces  considérations  justifient  l'existence  des  divers 
traités  des  maladies  de  l'enfance  dont  l'objet  est  la  pa'dia- 
trie  avec  ses  diverses  branches,  hygiène,   pathologie  et 
traitement.  D'^  M.  Potel. 

P/EDIOMÉTRIE.  On  donne  ce  nom  ou  celui  de  fœto- 
métrie  à  une  méthode  obstétricale,  découverte  par  Gon- 
ner  de  Bâle,  méthode  qui  se  propose  de  déterminer  le 
poids  du  fœtus  par  la  mensuration  du  pied,  fait  très  im- 
portant pour  les  présentations  du  siège  ou  les  versions 
dans  les  bassins  rétrécis.  M.  Bonnaire  en  France  a  con- 
trôlé la  méthode  de  Gonner  et  l'a  critiquée  sur  certains 
points.  On  trouvera  une  étude  complète  sur  ce  sujet  dans 
la  thèse  de  Bruyère  (Paris,  1898).  D^^  M.  Potel. 

P^IV^RINTA  (Pietari),  écrivain  populaire  finlandais, 
né  à  Ylivieska  le  18  sept.  4827.  Ce  n'est  que  tard  qu'il 
commença  à  écrire,  mais  ses  récits  populaires,  tout  im- 
prégnés d'un  profond  sentiment  religieux,  le  mirent  ra- 
pidement en  faveur  auprès  de  ses  compatriotes  ;  ils  ont 
été  publiés  en  finnois,  mais  plusieurs  ont  été  aussitôt 
traduits  en  suédois  et  même  en  allemand  :  Elœmœni 
(Ma  vie,  4877);  Elœmœn  havannoita,  Minnœ  jaMimi 
(1880-88),  etc. 

PAE-KHOÏ  (en  langage  des  Samoyèdes  :  Montagnes  de 
pierre).  Chaîne  de  collines  du  N.-E.  de  la  Russie  d'Eu-' 
rope,  courant  le  long  de  la  mer  de  Kara.  Ramifications 


N.-O.  du  mont  Oiu'al,  dont  elles  sont  séparées  par  une 
vaste  plaine  marécageuse,  mais  avec  lesquels  elles  ont 
beaucoup  d'analogies  physiques.  Elévation  moyenne  200  m. 
Les  points  les  plus  élevés  :  Vozaï-pai,  Pense-pai,  Grand 
lodney  atteignent  300  et  350  m. 

PAELINCK  (Joseph),  peintre  belge,  né  à  Oostacker, 
près  de  Gand,  en  1781,  mort  à  Bruxelles  en  1839.  Il 
reçut  les  leçons  du  peintre  français  David,  et  professa 
quelque  temps  le  dessin  et  la  peinture  à  l'Académie  de 
Gand  ;  puis  il  fit  le  voyage  d'Italie  et  séjourna  cinq  ans  à 
Rome.  C'est  là  qu'il  produisit  ses  meilleurs  ouvrages,  entre 
autres  :  les  Embellissements  de  Pwme  par  Auguste, 
grande  composition  exécutée  pour  le  palais  Quirinal.  A  son 
retour,  il  habita  Bruxelles,  devint  peintre  de  la  reine  des 
Pays-Bas  et  modifia  légèrement  sa  manière  dans  le  sen- 
timent des  artistes  de  la  nouvelle  école  romantique.  On 
cite  particulièrement  de  lui  :  Vhwention  de  la  croix  (à 
l'église  Saint-Michel  de  Gand)  ;  ce  tableau  passe  pour  son 
chef-d'œuvre  ;  la  Toilette  de  Psyché  (mus.  de  Haarlem) 
et  l'Abdication  de  Charles-Quint  (1836).  G.  C. 

PAEMANI.  Ancien  peuple  de  la  Belgique,  probablement 
Germain  d'origine.  Ils  étaient  probablement  clients  des 
Treveri.  Leur  pays,  situé  au  S.-E.  du  Condroz  (Condi'usi), 
devint  plus  tard  le  pagus  Falmenensis,  la  Famenne 

P^ONIA  (Bot.)(V.  PivoiiNE). 

P^ONIENS  (Ilaifovsç).  Peuple  qui  occupait  l'intérieur 
de  la  Macédoine  (V.  ce  mot)  à  l'époque  antique.  Les 
Piconiens  et  leur  chef  Astéropée  figurent  parmi  les  alliés 
desTroyens  à'AW^Vlliade.  On  les  retrouve  à  l'époque  his- 
torique sur  les  rives  de  l'Axios  et  duStrymon.  Le  général 
perse  Mégabaze  en  transporta  deux  tribus,  Siropaeoniens 
et  Pîfopla^,  en  Asie.  Le  royaume  de  Pœonie  fut  réduit  à 
la  vassahté  par  Philippe  111  et  Alexandre  le  Grand.  En 
de  ses  derniers  rois  fut  Audoléon,  allié  d'Athènes  en  3oi. 
Après  les  gi'andes  luttes  de  la  fin  du  iv*^  siècle  et  Finva- 
sion  gauloise,  ce  royaume  disparut,  absorbé  dans  la  xMace- 
doine. 

P>€ONIOS  DE  Menue,  sculpteur  grec  du  \^  siècle  av. 
J,-C.  On  a  retrouvé  à  Olympie  la  statue  de  la  Vicloire 
sculptée  par  cet  artiste  pour  célébrer,  suivant  Pausanias, 
le  succès  des  Messéniens  sur  les  Acarnanes  et  les  habi- 
tants d'Oeniade  vers  4oo,  ou,  selon  les  Messéniens,  sans 
doute  mieux  informés,  à  la  suite  de  leur  victoire  sur  les 
Lacédémoniens  lors  de  l'affaire  de  Sphactéries  en  425. 
Mais,  si  Pausanias  forme  cette  hypothèse  qui  reporte  la 
Victoire  jusqu'en  455,  c'est  saïis  doute  pour  justifiei' 
l'attribution  du  fronton  est  du  temple  de  Jupiter  Olym- 
pien à  Pa^onios,  comme  le  voulaient  les  exégètes  (V.  Olym- 
pie). Le  temple  avait  été  terminé  en  456.  Il  est  vrai  que 
Pœonios  y  avait  travaillé,  mais  il  ne  mentionne  dans 
l'inscription  de  sa  statue  de  la  V ictoire  (\\\q  les  acrotères, 
pour  lesquelles  il  avait  remporté  le  prix.  Or  le  mot  acro- 
tères, quelque  bonne  volonté  que  l'on  y  mette,  ne  peut  s'ap- 
pliquer qu'à  la  statue  de  Nike  qui  surmontait  le  faîte  du 
fronton  et  aux  bassins  de  bronze  doré  des  angles.  C'était 
là  un  travail  que  l'on  pouvait  confier  à  un  débutant,  mais 
non  pas  un  fronton,  pièce  capitale  de  la  décoration.  Et 
Pœonios  eût  été  un  débutant  vers  455  si  la  statue  de  la 
Victoire  est  un  peu  postérieure  à  425.  Le  style  de  cette 
statue  confirme  d'ailleurs  l'assertion  des  Messéniens  : 
s'envolant  du  haut  d'une  grande  base  triangulaire,  hardie 
d'allure,  le  geste  ample  et  gracieux,  vêtue  d'une  tunique 
légère  et  transparente  que  gonfle  déjà  le  vent,  elle  pré- 
sente un  contraste  indéniable  avec  les  figures  encore  em- 
preintes d'archaïsme  du  fronton  est,  aux  draperies  lourdes 
et  sommaires.  Il  n'est  pas  vraisemblable  que  le  même  ar- 
tiste soit  l'auteur  de  l'une  et  des  autres.  On  a  discuté 
presque  à  l'infini  sur  cette  question.  André  Baudhillart. 

J]^^'.\.:  ■  '^pte«  ^J}p}^J'^  ^^^"^  '  OvERBEGK,  Die  imtihen 
^chntqueUen  n""  851-52.  ^  E.  Lœwy,  Inschnftcn  arie- 
chischen  BiWiauer,  n^  49,  et  la  bibIiogra])Iiie.  —  Brunn 
Sitzungsberichte  clcr  bayer.  Akadernie,  1877,  p.  1:  1878' 
pp.  422  et  suiv.  —  WoLTERs,  Gipsubcjasse,  p.  V6^.  ~  ius- 
(jvdbrmjen  za  Oltjinpw,  1,  pi.  <J-12.  —  Funde  vo)l  Olympia 


-  785 


P.EONIOS  —  RESÏUM 


pi.  16,  p.  15.  —  Bayet,  Etudes  d'arc/i.  et  cVnrt.  p.  Gl.  —  La- 
Loux  et  Monceaux,  Olympic,  p.  67.  —  Collig.non,  Hist, 
de  la  sculpture  grecque,  pp.  453-59. 

P>EON  lOS  d'Ephèse,  architecte  grecd'Ephèse  qui  acheva 
avec  Demetrius  le  grand  temple  d'Artémis,  commence 
par  Chersiphron,  et  commença  avec  Daphnis  le  temple 
d'xApollon  Didyméen,  à  Milet.  Il  vivait  entre  420  et  380 
av.  J.-C. 

PÂEP  (André  de)  (en  latin  Papiiis),  érudit  belge,  né 
à  Gand  en  1547,  mort  à  Liège  en  io81.  Il  est  Fauteur 
d'une  édition  savante  :  Dyonisii  Alexandrini  de  situ 
Or  bis  (Anvers,  1575),  dont  les  notes  ont  été  reproduites 
dans  les  éditions  d'Oxford  (1697)  et  de  Leyde  (1736)  de 
ce  traité.  On  lui  doit  aussi  de  Consonantiis  sive  har- 
moniis  musicis  (Anvers,  1568;  rééd.,  1581). 

PAEPE  (César  de),  médecin  et  socialiste  belge,  né  à 
Os  tende  en  1842,  mort  à  Cannes  le  18  déc.  1890.  Il  étu- 
diait le  droit  à  Bruxelles  et  prenait  déjà  une  part  active 
au  mouvement  démocratique,  quand  la  mort  de  son  p^n^c 
le  laissa  sans  ressources  et  l'obligea  à  se  faire  ouvrier  ty- 
pographe. Sa  vive  intelligence  le  ht  remarquer  par  Prou- 
dhon,  et  le  grand  sociahste,  exilé  à  Bruxelles,  lui  donna  des 
conseils  et  le  chargea  de  la  correction  de  ses  ouvrages. 
De  Paepe,  à  force  d'économie  et  de  privations,  parvint 
à  entreprendre  de  nouvelles  études  supérieures.  Médecin 
militaire  en  1870,  il  soigna  avec  un  égal  dévouement  les 
blessés  français  et  allemands  transportés  en  Belgique,  et 
il  acquit  bientôt  la  réputation  d'un  praticien  distingué,  en 
même  temps  qu'il  publiait  d'importants  travaux  dans  des  re- 
vues scientifiques.  Cependant  il  est  plus  connu  comme  so- 
cialiste que  comme  médecin.  Il  fut  à  Londres,  en  1834, 
un  des  fondateurs  de  l'Internationale,  et  joua  un  rôle  pré- 
pondérant dans  les  congrès  des  sciences  sociales  qui  se 
tinrent  dans  divers  pays.  Après  avoir  penché  d'abord  vers 
les  doctrines  de  Proudhon,  il  se  déclara  collectiviste  au 
congrès  de  Lausanne  de  1867,  fit  voter  au  congrès  de 
Bruxelles,  en  18a8,  le  principe  de  la  propriété  collective 
du  sol  et  du  sous-sol,  et  contribua  pour  une  forte  part  à 
rallier  au  collectivisme  toutes  les  forces  ouvrières.  Quand 
rinternationale  fut  tombée,  de  Paepe  créa  le  parti  ouvrier 
belge,  lui  donna  sa  première  organisation  et  formula  son 
programme.  En  même  temps,  il  faisait  alliance  avec  les 
bourgeois  démocrates  pour  obtenir  l'établissement  du  suf- 
frage universel  en  Belgique.  En  1890,  il  se  rendit  dans 
le  midi  de  la  Prance  afin  de  rétablir  sa  santé  compromise 
par  des  excès  de  travail,  mais  il  était  trop  tard,  et  il  ne 
tirda  pas  à  succomber.  Son  corps  fut  ramené  à  Bruxelles, 
et  la  démocratie  belge  lui  fit  de  grandioses  funérailles. 
César  de  Paepe  était  un  savant  et  un  homme  de  cœur  ; 
ceux  même  qui  combattirent  ses  doctrines  avec  le  plus  de 
vigueur  rendent  pleine  justice  à  son  désintéressement  et  à 
ses  vertus  privées.  Son  activité  s'était  prodiguée  en  travaux 
fragmentaires  et  surtout  en  articles  de  journaux,  aussi  ne 
laisse-t-il  que  des  œuvres  de  dimension  assez  restreinte; 
en  voici  les  principales  :  Histoire  des  facidtés  universi- 
taires en  Belgique  depuis  la  fondation  de  V ancienne 
Université  de  Louvain  (Bruxelles,  1868,  in-8);  les  Mal- 
tJiusiens  (Genève,  1869,  in-8);  Recherches  sur  les  prin- 
cipes fondamentaux  de  Vécononiie  sociale  (en  alle- 
mand; Berlin,  1879,  in-8);  la  Science  sociale  d'après 
Colins  et  de  Potier  (en  allemand;  Zurich,  1880,  in-8); 
de  l'Excès  de  travail  et  de  r Insuffisance  d'alimenta- 
tion dans  la  classe  ouvrière  (Lyon,  1880,  in-8);  Essai 
sur  r  organisation  des  services  publics  dans  la  société 
future  (Bruxelles,  1880,  in-8);  Cours  d'économie  so- 
ciale (dans  la  Société  nouvelle  ;  Bruxelles,  1888-89);  le 
Suffrage  universel  et  la  Capacité  politique  de  la  classe 
ouvrière  (Bruxelles,  1890,  in-8).  E.  IIukert. 

PAËR  (Fernando),  compositeur  dramatique  italien  et 
maître  de  chapelle,  né  à  Parme  le  1®^' juin  1771,  mort  à 
Paris  le  3  mai  1839.  Il  travailla  quelque  temps  dans  sa 
ville  natale,  sous  la  direction  d'un  violoniste  du  grand-duc 
nommé  Ghizetti  ;  mais  ses  études  théoriques  ne  furent  pas 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.  —  XXV. 


poussées  fort  loin,  et,  comme  l'opéra  italien  de  cette  époque 
ne  nécessitait  pas  une  connaissance  bien  profonde  de  l'art 
musical,  il  se  lança  de  bonne  heure  dans  la  carrière.  Avant 
sa  dix-septième  année,  Paër  avait  déjà  fait  jouer  avec  succès 
deux  opéras  bouffes.  Le  second,  Ipretendentiburlati,  fut 
même  joué  dans  plusieurs  villes  d'Italie  et  fit  connaître  le 
nom  du  jeune  musicien.  Sa  réputation  naissante  lui  fit 
obtenir  la  place  de  maître  de  chapelle  à  Venise  (il  n'avait 
pourtant  encore  composé  que  de  la  musique  bouffe  de 
théâtre)  en  1791.  Quelques  années  après,  il  fut  appelé  à 
Vienne  où  sa  femme,  chanteuse  distinguée,  avait  un  en- 
gagement au  Théâtre-Italien.  Il  eut  l'occasion  d'y  entendre 
de  meilleure  musique  que  celle  alors  en  faveur  en  Italie. 
Mozart,  notamment,  lui  fut  profitable  ;  ses  meilleures 
œuvres  :  Camilla  ossia  il  Sotterano  (1799),  Sargino 
(1803),  Eleonora  ossia  VAmore  Conjugale  (1804),  sur 
le  sujet  que  Beethoven  devait  immortaliser  dans  Fidelio, 
se  ressentent  assez  heureusement  de  l'imitation  du  maître 
allemand.  Il  se  trouvait  à  Dresde  au  service  de  l'électeur 
de  Saxe,  en  1806,  quand  les  troupes  françaises  passèrent 
en  cette  ville.  L'empereur  Napoléon,  à  qui  la  musique  de 
Paër  plaisait  beaucoup,  l'attacha  à  sa  personne  à  de  fort 
l)elles  conditions,  et  Paër  vint  se  fixer  à  Paris.  Plus  occupé 
de  s'assurer,  par  des  complaisances  peu  dignes  d'un  grand 
artiste,  la  faveur  exclusive  de  l'empereur,  que  de  com- 
poser des  œuvres  nouvelles,  Paër,  pendant  cette  période, 
produisit  peu.  Il  est  même  surprenant  qu'il  n'ait  jamais 
rien  écrit  à  ce  moment  pour  la  seène  française  et  que  ce 
soit  à  un  voyage  fait  à  Parme,  en  1811,  que  soit  due  la 
composition  de  VAgnese,  son  meilleur  opéra  peut-être. 
En  1812,  Paër  fut  choisi  pour  succéder  à  Spontini  dans 
la  direction  du  Théâtre-Italien.  La  chute  de  l'Empire 
ébranla  d'abord  sa  situation,  mais  Paër  était  habile  à  se 
concilier  les  faveurs  du  pouvoir.  Sous  la  Restauration,  il 
garda  donc  sa  place  de  directeur,  et  sa  situation  à  la  cour, 
un  peu  réduite,  fut  encore  assez  belle.  Il  profita  de  ses 
avantages  pour  relarder,  autant  qu'il  le  put,  l'apparition 
des  premDres  œuvres  de  Rossini  en  qui  il  voyait,  avec 
raison,  un  redoutable  concurrent.  Mais,  après  bien  des 
vicissitudes,  il  eut  finalement  le  dessous  et  dut  se  retirer 
en  18:27.  L'Académie  le  choisit  pour  un  de  ses  membre:^ 
en  1831,  et  l'année  suivante,  Louis-Philippe  lui  donnait 
la  direction  de  sa  chapelle. 

Quelque  jugement  qu'on  porte  sur  l'école  italienne 
de  cette  époque,  on  doit  avouer  que  Paër,  avee  quelques 
qualités  aimables,  n'est  qu'un  musicien  secondaire.  Cima- 
rosa  etPaisiello  lui  sont  fort  supérieurs,  et  Rossini  le  fit 
entièrement  oublier.  Un  seul  opéra-comic|ue  de  Paër,  le 
Maître  de  chapelle,  composé  à  Paris  en  1824,  est  encore 
connu  de  nos  jours.  Sa  grâce  facile  et  élégante,  bien  qu'un 
peu  suraimée,  l'a  fait  maintenir  au  répertoire,  et  il  se  joue 
encore  assez  souvent  aujourd'hui.  H.  Quiitard. 

P/€STUIV1  (riaiarov,  auj.  Pesto).  Ancienne  ville  d'Ita- 
lie, près  de  lamer  Tyrrhénienne,  à  8  kil.  S.  de  l'embouchure 
du  Silarus  (auj.  Sele).  Ce  fut  d'abord  une  colonie  de  Sy- 
baris  nommée  Posidonia  et  créée  vers  le  commencement 
du  vi^  siècle  av.  J.-C,  avec  le  concours  des  Doriens  de 
Tréz'^ne.  Elle  dut  se  soumettre  aux  Lucanions  vers  la  fin 
du  v^  siècle,  fut  reprise  par  Alexandre  d'Epire  en  330. 
mais  bientôt  reperdue.  Les  Romains  y  établirent  une  co- 
lonie en  273  av.  J.-C,  et  ce  fut  apparemment  alors 
qu'elle  prit  le  nom  de  Pâestum.  Célèbre  pour  l'éclat  de 
ses  roses  qui  fleurissent  deux  fois  l'an  (mai  et  novembre). 
elle  demeura  florissante  jusqu'à  la  fin  de  l'Empire,  de- 
vint un  évêché  et  fut  probablement  ruinée  par  les  pirates 
sarrasins  ;  révêché  fut  alors  transféré  dans  l'intérieur,  à 
Capaccio.  Complètement  désertée,  la  ville  antique  a  con- 
servé de  magnifiques  vestiges  du  passé.  Ses  ruines,  signa- 
lées par  Cluvier  dès  1624,  comprennent  une  enceinte  do 
5  kil.  de  tour,  une  voie  des  tombeaux,  des  restes  du  fo- 
rum, du  théâtre,  de  l'amphithéâtre  et  surtout  trois  temples 
émergeant  au  milieu  des  acanthes  et  des  fougères.  Le 
temple  de  Poséidon  ou  Neptune  est  le  plus  fameux  :  long 

50 


P/ESTUM  --  PxiGAIE 


—  786  — 


do '68  m.,  large  de  26,  il  a,  sur  rluKjue  façade,  7  puis- 
sautes  colonnes  doriques,  sur  chaque  côté  12,  chacune 
mesurant  8"\90  de  haut  et  2 '",2 7  de  diamètre  ;  à  Tinté- 
rieur  de  la  ceila  sont  7  colonnes  de  près  de  2  m.  de  dia- 
niètre  ;  la  pierre  est  un  travertin  jauni  par  le  temps  et 
iîicrusté  au  bas  de  plantes  marines,  le  sol  s'étant  alterna- 
nativement  affaissé  et  soulevé.  Ce  temple,  qu'on  attribue  à 
(a  lin  du  vi^  siècle,  est  probablement  un  peu  plus  jeune 
(pie  le  second,  dénommé  basilique,  situé  un  peu  au  S.  ; 
celui-ci  mesure  54'^, 35  sur  24'^, 50  et  comprend  50  co- 
lonnes (9  de  front  et  16  de  coté)  de  2   m.  de  diamètre  ; 


Tonnlo  do  Neptune,  à  Piestinn 

une  colonnade  intérieure  le  divise  par  le  milieu.  Au  S.  se 
trouve  le  temple  de  Déméter  (Cérès  ou  Vesta),  long  de 
:-)2'^\25,  large  de  4  4^^,25,  porté  par  36  colonnes  (6  de 
front,  14  de  côté)  de  1^^,60  de  diamètre.  C'est  le  mieux 
conservé,  .  A.-M.  B. 

P>€TIGORA  (V.  Bksoitau). 

PAEZ  (José-Antonio),  le  héros  de  l'indépendance  (hi 
Venezuela,  né  de  parents  indiens  à  Araur(%  sur  TAricagua 
prov.  de  Barinas)  en  1790,  mort  à  New  York  le  6  mai 
(1873.  Gardeur  de  bestiaux  dans  sa  jeunesse,  il  s'enrôla 
dans  l'escadron  de  cavalerie  de  Barinas,  commandé  par 
1).  Manuel  Pulido.  En  1812,  il  quitte  le  service  avec  je 
gfado  do  sergent,  mais  presque  aussitôt  l'intervention  de 
Bolivar  en  faveur  de  l'indépendance  du  Venezuela  amène 
un  soulèvement  des  patriotes,  et  Paez  est  fait  capitaine. 
Alors  commence  la  séi'ie  des  bj'illants  fails  d'armes  dv' 
Paez,  à  la  tète  de  ses  lajicicj's,  recrutés  parmi  les  Uare- 
ivSy  les  conducteurs  de  troupeaux  des  savanes.  En  oct.  1813, 
Paez  remporte  son  premier  succès  à  Las  Matas  Guerrere- 
has.  Faitprisonniej'  par  traliison,  il  racliète  sa  vie,  est  dé- 
livré, et,  en  oct.  J81  i,  rentre  en  campagne  au  Venezuela. 
Vax  1815,  après  ses  succès  aux  combats  de  Cbire,  de  La 
Mata  de  la  Miel,  sa  vicloin^  sur  le  coioiiel  espagnol  D.  Fran- 
cisco Lôpez,  il  devient  le  chef  suprême  des  forces  révoltées 
de  l'Apure.  Vainqueur  à  Vaguai,  il  fait  Lôpez  prisoiuiiiM'. 
Il  échoue  dans  sa  tentativ(^  d'assiéger  San  Fernando. mai^ 
])0U  après  bat  le  gêné]  al  Morillo  à  Mucuritas  et  enlève  la 
ville  de  Barinas.  En  1818,  comme  lieutenant  de  Bolivar, 
il  attaque  à  la  nage,  sur  l'Apuie,  au  pas.sage  de  Copié. 
rescadrille  d.\s  iiarques  espagnoles,  s'en  empare  et  pro- 
cure ainsi  à  Bolivar  les  moy<'ns  dépasser  le  tleuve.  Après 
un  brillant  succès  de  cavaleiie  à  Calabozo,  il  enlève  San 
Fernando  et  bat  le  généial  Latorre  à  la  savane  de  Cojedes. 
Va\  1819,  l'armée  insurgée  est  contrainte  par  Morillo  à 
repasser  FArauca.  Le  3  avr.,  Paez  franchit  le  fleuve  avec 
150  lanciers,  livre  aux  l-.'spagnols  le  combat  épique  de  Las 
Uueseras  del  Medio  et  jette  le  désordre  dans  l'armée  de 
Morillo  qui  bat  en  retraile.  Deux  ans  après,  l'armée  répu- 
blicaine, commandée  par  Bolivar,  attaquait  le  général  La- 
torre ta  Carabobo,  le  24  juin  1821,  et  remportait,  grâce 
au  mouvement  tournant  opéré  par  Paez,  une  victoire  si- 
gnalée, qui  assurait  Findépendance  du  Venezuela.  Au  mois 
d'avril  suivant  (1822),  Paez  enlevait  d"assaut  Puerto  Ca- 
bello,  dernier  refuge  des  Espagnols.  C'était  la  fm  de  la 
guerre  de  ilndépendance  du  Venezuela.  Presque  aussUe.l 
co  n.mencMU  bs  (iis((u\!;  s  iiîirsrwi«>. 

Paez,    en  1822,    f.r   iecide.é   c(enmand;iiit  général  du 


Venezuela,  encore  rattaché  à  la  Colombie.  Accusé  eji  182^ 
d'abus  de  pouvoirs,  il  protesta,  sans  toutefois  recourir 
à  la  force,  mais,  en  1826,  un  pronunciamiento  le  fil 
chef  civil  et  militaire,  et,  lorsqu'on  1830,  en  parti(^ 
par  son  influence,  le  Venezuela  se  sépara  de  la  Colombie 
et  se  donna  une  conslitution,  Paez  devint  président  de 
la  Bépublique  pour  quatre  ans.  En  1834,  il  fut  rem- 
placé par  le  D^'  José  Vargas  et  Faida  puissamment  à  répri- 
mer le  soulèvement  des  généraux  (^arujo  et  José  Ta- 
deo  Monagas  (1835).  11  reçut  à  cette  occasion  le  titre 
à'Esclarecido  ciudadano.  En  1837,  il  bat  les  llaneros 
de  l'x\pure,  révoltés  sous  le  commandement  de  Juan  Pablu 
Farfan.  De  1839  à  1843,  il  occupa  une  seconde  fois  la 
présidence.  En  févr.  1848,  il  fit  un  pronunciamiento  contn^ 
le  pouvoir  civil.  Battu  à  Los  Araguatos  par  le  général 
Munoz,  fugitif  aux  Antilles,  rentré  l'année  suivante  au 
Venezuela  et  battu  de  nouveau  à  Macapo,  il  est  fait  pi-i- 
sonnier,  exilé,  et  en  1850  se  retire  à  New  York.  En  1856, 
il  voyagea  en  Europe.  Bappelé  au  Venezuela  après  la  ré- 
volution de  1858  qui  renversa  le  général  Monagas,  Paez 
reçut  le  commandement  en  chef  de  l'armée.  En  1861,  il 
fut  envoyé  comme  ambassadeur  aux  l'^tats-Unis.  Nommé 
une  troisième  fois,  celle  môme  année,  président  de  la 
république,  avec  pouvoirs  dictatoriaux,  mais  impuissant  à 
rétablir  le  calme  dans  le  pays,  il  abdiqua  en  1863.  En 
1866,  il  se  retira  à  Buenos  Aires,  puis  en  1871  à  New 
York,  et  y  mourut  trois  ans  après.  Ses  cendres  ont  été 
ramenées  au  Panthéon  de  Caiacas  en  1888,  et  le  cenle- 
naire  de  sa  naissance  a  été  fêté  en  1890.  Paez  a  pid)lié 
de  son  vivant  son  Autobiographie  (NewY^)rk,  1867-69, 
2  vol.  in~8).  H.  Léonardon. 

BiHL.  :  Raiiion  Vaiiz,  PuJdic  Life,  of  J.-A  Paez,  180 1.  — 
Tomas  Michklena.  Resuimui  de  la  vida  iniUlar  y  poUHrn 
del  ciiidcidaiw  csclavecidoijeiU'A-dlJosé-Avtonio  Piioz:  (\t- 
racas,  Isl^O.  iu-S.  —  Gu/niau  iii.AN(ju,  Apolaosis  del  (jciie- 
val  Pue:  ;  Paris,  1889.  in-8. 

PAEZ  DE  (ksTRO  (Juan),  historien  espagnol,  né  iiQuero 
(Guadalajara).  On  ignore  la  date  de  sa  naissance,  mais  il 
mourut  en  1570.  Il  fut  historiographe  de  l'empereur 
Charles  V  et  de  Philippe  II  et  ami  très  intime  de  Zurita  et 
d'Ambrosio  de  Morales.  Ses  lettres  en  défense  des  Anales 
de  Zurita,  attaqués  par  Santa  Cruz,  ont  été  publiées  dans 
l'ouvrage  de  Dormer,  Progresos  de  la  historia  e)i  et 
reino  de  Aragon  (Zaragora,  1680;  réimprimé  en  1878), 
d'après  le  manuscrit  de  FEscurial  dont  il  existe  une  copie 
à  la  Bibl.  Nac.  de  Madrid.  Pâez  est  connu  surtout  pour 
sa  doctrine  sur  la  méthodologie  de  Fhistoire,  (pii  e^t 
exposée  dans  son  Melhodo  para  escribir  la  Jiistoria, 
qu'il  écrivit  en  réponse  à  Fempereur  sur  la  manièie  dont 
il  pensait  traiter  l'histoire  de  Charles  V.  Ce  Meihodo,  iné- 
dit (ms.  à  FEscurial,  avec  trois  copies  à  la  Bibl.  Nac.), 
est  iiitéressantet  original.  On  en  trouvera  un  résumé  assez 
complet  dans  mon  livre  cité  ci-dessous.  A  la  mort  de  Zurita, 
Pâez  fut  l'héritier  de  plusieurs  des  livres  et  des  papier . 
de  l'historien  aragonais  ;  les  papiers  de  Paez  pashèi'ont 
eux-mêmes  dans  la  bibflotliêque  Ambrosio  de  Morales 
et,  de  là,  à  FEscurial.  B.  Altamiua. 

IhiiL.  :  N.  x\ntc)iNio,  Bibliothecn  nova.xcA.  II.  —  R  Ai.  i  a- 
^riRA,  AdiciGiHis  à  lo  Ennefianza  de  la  Idsloria,  daub  le 
vol.  de  Hisloria  y  Arle;  Madrid,  1898. 

PAGAIE.  Petit  aviron  à  large  pelle  ovale,  dont  on  se 
sert  pour  manœuvrer  les  pirogues  et  les  périssoires 
(V.  ces  mots)  et  qui  se  tient  directement  avec  les  deux 
mains,  sans  être  soutenue  par  les  bords  de  l'embarcation. 
Suivant  (pie  cette  dernirre  est  à  plusieurs  .ou  à  un  sent 
rameur,  la  pagaie  n'a  (p'/une  pelle,  avec  un  manche  très 
court  généralement  terminé  à  l'autre  bout  par  ujie  tra- 
verse en  forme  de  pelle,  ou  elle  en  a  deux,  une  à  chaque 
bout,  séparées  par  un  manche  d'environ  2  m.  En  groupe, 
les  pagayeurs,  tournés  vers  l'avant,  sont  assis  contre  les 
bords  de  l'embarcation  ;  d'une  main,  ils  tiennent  la  pa- 
gaie par  le  milieu  du  manche,  de  Fautre  par  le  haut,  et 
ils  ])bn)geiit  ÎDuie  la  pelle  dans  Feaii.  en  appuyant  et  ti- 
rant tîe^^us  d<'  1  ave.iil  à  iairière.    Seid,  le  [)aga}eur  esl 


assis  à  l'arrière,  également  tourné  vers  l'avant;  il  tient 
sa  pagaie  des  mains,  écartées  de  40  cent,  environ  et  éga- 
lement distantes  des  pelles,  et,  de  celles-ci,  il  frappe 
alternativement  l'eau,  à  bâbord  et  à  tribord. 

PAGAN.  Ancienne  capitale  de  la  Birmanie,  sur  la  r.  g. 
de  riraouadi,  à  155  kil.  S.-O.  de  Mandaleh.  Ses  ruines 
occupent  13  kil.  q.  Fondée  vers  le  ii^  siècle  de  notre  ère, 
elle  fut  capitale  de  850  à  1284  où  une  invasion  chinoise 
la  ruina.  Elle  fut  abandonnée,  dit-on,  vers  1356.  —  Les 
restes  d'une  autre  capitale  plus  ancienne,  dite  Yieux-Pagan, 
se  trouvent  à  275  kil.  N.  de  celle-ci. 

PAGAN,  PA6ANI,  PA6HANI  ou  PAYENS.  Plusieurs  fa- 
milles de  ce  nom  ont  existé  du  x^  au  xii®  siècle  en  France 
et  en  Italie.  La  plus  connue  est  celle  des  Pagan  de  Bourg- 
Argental  (Haute-Loire),  qui  avait  aussi  dans  la  vallée 
d'Ay,  près  d'Annonay,  des  possessions  dont  héritèrent  les 
barons  de  ïournon.  Cette  famille,  comme  celle  des  Pagan 
de  Toulouse  et  des  Pagani  de  Naples  et  de  Mondovi,  re- 
vendiquait l'honneur  d'avoir  donné  naissance  à  Hugues 
de  Pagan,  le  célèbre  fondateur  de  l'ordre  des  Templiers. 
Mais  les  écrivains  qui  ont  le  plus  soigneusement  étudié  la 
question,  tout  en  admettant  une  tige  commune,  d'après 
l'examen  des  textes  et  des  armoiries,  conviennent  qu'il  n'a 
été  apporté  encore  aucun  document  décisif  sur  l'origine  et 
la  nationalité  d'Hugues  de  Pagan,  et  que  ce  problème  est 
par  conséquent  loin  d'être  résolu.  —  Un  comte  de  Pagan, 
du  Comtat-Venaissin,  a  publié  au  xvi^  siècle  divers  opus- 
cules, entre  autres  une  Théorie  des  planètes,  un  Traité 
des  fortifications  et  des  Tables  astronomiques,  impri- 
mées chez  Jean  Henaut,  lesquelles,  dit  Davity  {le  Monde, 
p.  530),  «  enseignent  fort  clairement  à  tirer  l'horos- 
cope ».  A.  Mazon. 

BiBL.  :  De  Gallier,  les  Pagan  et  les  Retourtour  (Société 
forésienne  de  la  Diana,  1875).  —  Breghot  du  Lut,  les  Pa- 
gani et  les  Pagan,  dans  Revue  lyonnaise,  1885.  —  D'"  Fran- 
cus,  Voyage  autour  d'Annonay. 

PAGAN  (Emile-François  de),  comte  de  Merveilles,  in- 
génieur militaire  français,  né  à  Avignon  le  3  mars  1604, 
mort  à  Paris  le  18  nov.  1665.  Entré  au  service  à  douze 
ans,  il  perdit  successivement  les  deux  yeux  (1621  et  1643) 
et  se  consacra  dès  lors  tout  entier  aux  mathématiques  et 
à  Fart  de  la  fortification.  Le  précurseur  et  le  maître  de 
Vauban,  il  avait,  dès  1623,  tracé  plusieurs  plans  de  siège 
et  apporté,  dans  le  tracé  des  bastions,  d'importants  per- 
fectionnements (V.  BAsrmN,  t.  V,  p.  678).  Il  a  laissé 
plusieurs  ouvrages  tous  écrits  alors  qu'il  était  déjà  aveugle  : 
Traité  des  fortifications  (Paris,  1645;  2® .éd.,  1689; 
trad.  holL,  1738)  ;  Théorie  des  planètes  (Paris,  1657)  ; 
Tables  astronomiques  (Paris,  1658).  —  Une  édition  de 
ses  OEuvres  posthumes  a  été  donnée  en  1669. 

PAGAN  EL  (Pierre),  homme  politique  français,  né  à  Vil- 
leneuve-d'Agen  (Lot-et-Garonne)  le  31  juil.  17^5,  mort 
à  Bruxelles  (Belgique)  le  20  nov.  1826.  Fils  d'un  notaire, 
curé  de  Pardaillan  (1778),  puis  de  Pujols  (1780),  il  de- 
vint procureur-syndic  de  Villeneuve,  député  de  Lot-et- 
Garonne  à  l'Assemblée  législative  et  à  la  Convention,  et 
vota  la  mort  de  Louis  XVI.  Il  remplit  des  missions  en  1793 
à  Bordeaux  et  à  Agen,  en  1794  dans  les  dép.  du  Tarn, 
de  l'Avcyron  et  de  la  Haute-Garonne.  Il  devint,  après  la 
session,  secrétaire  général  du  ministère  des  relations  exté 
rieures,  puis,  en  1803,  chef  de  division  à  Ja  Légion  d'hon- 
neur. Il  fut  exilé  en  1816  comme  régicide.  11  a  publié,  en 
1810,  un  Essai  historique  et  critique  sur  la  Révolution 
française.  —  Son  fils,  Camille- Pierre- Alexis  (1797- 
1859),  député  gouvernemental  de  1833  à  1848,  a  écrit 
de  médiocres  ouvrages  historiques.  Et.  C. 

PAGAN L  Ville  de  Sicile,  prov.  de  Salerne,  à  FO.  de 
Nocera;  15.000  hab.  Tombeau  de  saint  Alphonse  de 
Liguori,  fondateur  des  rédemptoristes.  Soie,  cotonnades, 
pâtes. 

PAGANI.  Famille  de  peintres  italiens,  dont  le  premier 
en  date  est  Vincenzo,  né  à  Monte  Rubbio,  dans  la  Marche 
d'Ancône,  vers  la  tin  du  xv®  siècle.  Il  fut  probablement 
élève  de  Raphaël.  Sa  ville  natale  a  conservé  de  lui  une 


—  787  —  PAGAIE  —  PAGANINI 

remarquable  Assomption.  —  Son  fils,  Latlanzio,  se  dis- 
tingua également  par  d'estimables  travaux.  —  Le  troisième 
du  nom,  Francesco,  né  à  Florence  vers  1531,  mort  en 
1561,  fut  l'élève  de  Maturino  et  s'adonna  avec  ardeur  à 
l'imitation  duCaravage  ;  on  cite  surtout  de  lui  une  fresque, 
Jupiter  et  Junon,  pour  le  palais  de  Giulano  de'  Ricasoli. 
Il  eut  pour  fils  Gregorio,  né  à  Florence,  en  1558,  mort 
en  1605,  qui  a  laissé  le  souvenir  d'un  des  meilleurs  ar- 
tistes florentins  de  la  seconde  moitié  du  xvi^  siècle.  Mal- 
heureusement le  chef-d'œuvre  de  cet  artiste,  une  Inven- 
tion de  la  croix,  périt  dans  l'incendie  de  l'église  del 
Carminé  de  Florence.  A  la  même  éghse,  on  conserve  de 
lui  une  Adoration  des  Mages  et,  à  Sainte-Marie-Nou- 
velle, une  belle  fresque  qui  représente  Saint  Dominique 
obtenant  du  pape  Honorius  III  l'approbation  des  sta- 
tuts de  son  ordre. 

Paolo,  né  dans  le  duché  de  Milan  en  1661,  est  le  der- 
nier de  cette  lignée  de  peintres.  Il  vécut  longtemps  à  Ve- 
nise, puis  il  revint  en  Lombardie,  où  il  termina  sa  car- 
rière, en  1716.  G.  Cougny. 

PAGANI  (Gentile),  paléographe  et  archiviste  italien,  né 
à  Milan  le  3  juin  1833.  En  1859,  il  entra  dans  la  rédac- 
tion de  VAvanquardia,  journal  fondé  par  Garibaldi.  Il 
fut  ensuite  bibliothécaire  de  la  ville  de  Milan,  et,  comme 
tel,  il  a  publié  plusieurs  ouvrages  d'archivistique,  de  gé- 
néalogie et  d'histoire  nationale  et  municipale. 

PAGAN I-Cesa  (Giuseppe-Urbano),  écrivain  italien,  né 
à  Bellune  le  25  mai  1754,  mort  à  Venise  le  22  mars  1835. 
n  étudia  sous  Cesarotti  (V.  ce  nom)  dont  il  fut  Fami.  Il 
fut  intendant  des  finances  du  royaume  d'Itahe.  Il  a  laissé  : 
Poemetto  per  le  nozze  Piloni  Montalbano  (Bellune, 
1780);  Poésie  (Venise,  1782-84)  ;  Elogio  del  Re  Gre- 
gorio Clementi  (Bellune,  1786)  ;  la  Villeggiatura  di 
Clizia  (Vicence,  1802);  Discorso  per  la  liberazione  di 
Pio  VU  (Bellune,  1814),  etc. 

BiBL.  :  TiPALDO,  Biografîa  degli  Italiani  illustri,  II,  35. 

PAGAN  IN  L  Paganini  est  certainement  le  plus  fameux 
virtuose  dont  on  ait  conservé  la  mémoire,  non  pas  tant 
peut-être  pour  son  talent  prestigieux  de  violoniste,  qu'à 
cause  des  légendes  puériles  et  fantastiques  qui  ont  été,  de 
son  vivant  et  sans  qu'il  y  fut  toujours  étranger,  entassées 
autour  de  son  nom  comme  à  plaisir.  L'impression  pro- 
fonde laissée  par  son  physique  étrange  partout  où  il  pas- 
sait, les  bruits  mystérieux  que  ses  ennemis  répandaient 
sur  son  compte,  enfin  l'eifet  extraordinaire  de  son  exé- 
cution, dijQférant  en  tout  de  la  manière  des  plus  illustres 
artistes  de  son  temps,  tout  cela  sans  doute  a  contribué  à 
faire  de  Paganini  un  personnage  singuHer,  dont  le  sou- 
venir survivra  longtemps  encore,  sans  aucun  doute. 

Nicolas  Paganini  naquit  à  Gênes  le  18  févr.  1784.  Sa 
famille  était  obscure ,  et  son  père  tenait  un  peti  t  commerce  sur 
le  port.  Quoique  rude  et  grossier,  cet  homme  avait  quelque 
goût  pour  la  musique;  il  jouait  assez  bien  de  la  mandoline. 
x\ussi  sut-il  promptement  découvrir  les  merveilleuses  dis- 
positions de  son  fils  :  avide  de  les  exploiter  un  jour  à 
son  profit,  il  s'appliqua  à  les  développer  de  tout  son  pou- 
voir. Dès  l'âge  de  six  ans,  l'enfant,  déjà  musicien,  avait 
commencé  l'étude  du  violon  avec  G.  Servetto,  artiste  assez 
médiocre,  et  avec  Giacomo  Costa,  le  meilleur  violoniste  de 
Gênes  à  cette  époque.  Ses  progrès  furent  rapides  ;  sans 
doute  même,  Feussent-ils  été  davantage,  si  l'extrême  sé- 
vérité et  la  rudesse  de  son  père  n'eussent  inspiré  quelque- 
fois au  jeune  Paganini  une  certaine  répulsion  pour  la  mu- 
sique. Cependant,  dans  sa  neuvième  année,  il  donnait  son 
premier  concert  à  Gènes,  où  il  exécutait,  avec  grand  succès, 
de  brillantes  variations  de  sa  composition  sur  Fairpopu- 
lah'e  alors  de  la  Carmagnole.  Son  père,  sur  l'avis  de 
plusieurs  de  ses  amis,  le  conduisit  alors  à  Parme  pour  s'y 
perfectionner,  sous  la  conduite  du  célèbre  violoniste 
Alexandre  Rolla.  Bien  que  Paganini  ait  publié  quelque  part 
que  cet  artiste,  l'entendant  exécuter  à  première  vue  un  de 
ses  concertos,  ait  déclaré  n'avoir  plus  rien  à  lui  apprendre, 
il  paraît  constant  qu'il  fut  pendant  plusieurs  mois  Félèye 


PAGANINI 

de  cet  habile  musicien,  dont  les  conseils  ne  lui  furent  certes 
pas  inutiles.  Préoccupé  déjà  de  chercher  sur  son  instru- 
ment de  nouveaux  effets,  il  travaillait  des  jours  entiers 
sans  prendre  aucun  repos  ;  la  musique  qu'il  écrivait  était 
si  difficile,  qu'à  peine  lui-même  arrivait-il  à  l'exécuter  à 
son  entière  satisfaction.  Au  commencement  de  4797,  il 
partait  de  Parme  avec  son  père  pour  entreprendre  en 
Italie  sa  première  tournée  d'artiste.  Il  visita  successive- 
ment les  principales  villes  de  la  Lombardie  :  dès  lors 
commença  sa  réputation  de  virtuose  qui  désormais  devait 
toujours  aller  croissant.  Bientôt  après,  revenu  dans  sa 
famille,  il  se  résolut  à  fuir  la  sujétion  paternelle,  deve- 
nue intolérable  pour  lui.  Profitant  d'un  concert  à  Lucques 
où  il  devait  paraître,  il  s'enfuyait  de  Gênes  et,  libre 
désormais,  s'élançait  dans  la  carrière.  Il  avait  alors  un 
peu  plus  de  quinze  ans. 

Nous  ne  le  suivrons  pas  dans  ses  tournées  en  Italie. 
Partout  accueilli  avec  le  plus  grand  étonnement,  à  peine 
avait-il  exécuté  un  de  ces  morceaux  de  concert  que  nul 
ne  connaissait,  que  le  public  était  transporté  d'enthou- 
siasme. Les  artistes  et  les  dilettanti  ne  pouvaient  com- 
prendre comment  il  arrivait  à  exécuter  certains  passages. 
Paganini,  il  est  vrai,  à  qui  un  peu  de  charlatanisme  ne 
déplaisait  pas,  ne  se  faisait  pas  faute  d'user,  pour  exciter 
plus  de  surprise,  de  certains  procédés  matériels,  qui  lui 
facilitaient  beaucoup  l'exécution  de  traits,  qui  sans  cela 
eussent  été  en  effet  impraticables. 

Des  aventures  de  tout  genre,  et  qui  ne  sont  pas  toujours 
à  son  honneur,  signalent  cette  époque  de  la  vie  de  Paga- 
nini. Le  désordre  de  sa  conduite  était  extrême.  Livré  avec 
fureur  à  la  passion  du  jeu,  il  lui  arriva  plus  d'une  fois  de 
perdre  tout  ce  qu'il  possédait,  jusqu'à  son  violon,  et  d'ar- 
river, dénué  de  tout,  dans  la  ville  où  il  devait  donner  son 
concert.  Des  calomnies,  plus  graves  encore,  furent  répan- 
dues sur  son  compte.  Ses  ennemis  lui  imputèrent  jusqu'à 
des  crimes  :  ils  assurèrent  qu'à  la  suite  d'un  meurtre  et 
d'actes  de  brigandage  il  avait  passé  de  longues  années  en 
prison.  Des  gravures  popularisèrent  cette  légende  :  c'était, 
disait-on,  à  cette  longue  captivité,  que  Paganini  était  re- 
devable de  son  merveilleux  talent  sur  la  quatrième  corde 
du  violon  ;  l'humidité  de  son  cachot  ayant  fait  rompre  les 
autres  cordes  de  l'instrument,  il  avait  su,  faute  de  les 
pouvoir  remplacer,  s'exercer  sans  relâche  sur  la  seule  qui 
lui  restât.  Pendant  son  séjour  en  France,  l'artiste  dut 
protester  publiquement,  à  diverses  reprises,  contre  ces 
odieuses  imputatious. 

En  1828,  Paganini  avait  quitté  l'Italie  pour  visiter 
Vienne.  Il  traversa  toute  l'Allemagne  et  vint  pour  la  pre- 
mière fois  à  Paris  en  4831  :  le  9  mars,  il  donnait  son 
premier  concert  à  l'Opéra.  Ses  œuvres  publiées  l'avaient 
été  à  Paris  ;  les  artistes  les  connaissaient,  mais  les  consi- 
déraient comme  des  énigmes  indéchiffrables.  Aussi  serait- 
il  impossible  de  décrire  l'enthousiasme  de  l'auditoire 
entendant  l'effet  incroyable  de  ces  compositions  jugées 
jusqu'à  ce  jour  inexécutables.  Après  un  voyage  triomphal 
en  Angleterre,  il  revint  à  Paris  en  1833.  Ici  se  placent 
ses  premières  relations  avec  Berlioz.  On  sait  que  ce  fut  Pa- 
ganini qui,  manifestant  le  désir  d'avoir  une  composi- 
tion de  concert  pour  l'alto  (il  possédait  en  effet  un  magni- 
fique alto  de  Stradivarius) ,  donna  à  Berlioz  l'idée  d'écrire 
sa  symphonie //flro/(i  en  Italie,  pour  alto  solo  et  orchestre. 
En  1838,  à  son  retour  d'Itahe,  fixé  de  nouveau  à  Paris, 
Paganini  eut  l'occasion  d'entendre  diverses  œuvres  du 
maître  français  ;  son  admiration  fut  si  vive,  qu'immédia- 
tement après  le  concert,  il  alla,  dit-on,  lui  baiser  la  main 
sur  l'estrade  des  musiciens.  Le  lendemain  d'ailleurs,  il  en- 
voyait, par  son  jeune  fils,  20.000  fr.  au  compositeur,  ci 
titre  d'hommage,  comme  il  le  lui  écrivait. 

Cette  générosité  princier e  à  l'égard  d'un  artiste  qu'il 
savait  pauvre  est  un  noble  trait  de  la  vie  de  Paganini. 
Elle  permit  à  Berlioz,  alors  dans  une  situation  fort  diffi- 
cile, d'écrire  en  toute  tranquillité  sa  plus  belle  œuvre 
eut-ètre,  Roméo  et  Juliette,  dédiée  au  grand  violoniste. 


7S8  — 

Paganini  passait  cependant  pour  fort  avare,  et  à  ce  mo- 
ment même,  une  spéculation  malheureuse,  à  laquelle  il 
avait  donné  son  appui,  allait  lui  coûter  fort  cher.  Sa  santé 
était  déjà  atteinte  ;  la  phtisie  laryngée  dont  il  souffrait  lui 
avait  déjà  fait  perdre  entièrement  la  voix.  Il  avait  presque 
renoncé  au  violon  qui  le  fatiguait  trop.  Tout  au  plus  en 
jouait-il  quelquefois  encore  dans  l'intimité  :  plus  souvent 
encore,  prenant  pour  partenaire  un  violoniste  de  ses  amis, 
exécutait-il  avec  lui  des  duos  pour  violon  et  guitare.  Il 
tirait  en  effet  des  effets  inouïs  de  ce  dernier  instrument, 
pour  lequel  il  s'était  pris  de  passion  dans  sa  jeunesse.  Sa 
santé  continuait  à  décliner;  les  médecins  l'envoyèrent 
chercher,  dans  le  midi  de  la  France,  un  climat  plus  doux. 
Il  séjourna  quelque  temps  à  Marseille,  puis  à  Nice.  Ce 
fut  là  qu'il  mourut  le  27  mai  1839. 

Tout  d'ailleurs  n'était  pas  fini  pour  cet  homme  extra- 
ordinaire. Sa  conduite  privée,  sa  mort,  qui  fut  assez 
soudaine,  inspirèrent  des  doutes  sur  son  orthodoxie. 
L'évêque  de  Nice  s'opposa  à  ce  que  ses  restes  fussent 
inhumés  en  terre  sainte.  Un  long  débat  s'ensuivit  qui  ne 
fut  pas  à  l'honneur  du  clergé  génois,  et  ce.ne  fut  qu'après 
une  attente  fort  prolongée  et  des  contestations  violentes, 
que  son  fils  eut  enfin  gain  de  cause  et  put  lui  faire  rendre 
les  derniers  honneurs. 

Il  faudrait  un  volume  pour  indiquer  tout  ce  que  Fart 
du  violon  doit  à  Paganini.  Ce  qu'il  a  trouvé  d'effets  nou- 
veaux, de  procédés  ingénieux,  de  formes  et  de  combinai- 
sons inédites  tient  du  prodige.  Sans  doute,  il  avait  existé 
avant  lui  de  grands   violonistes    :   l'art  d'écrire   pour 
l'instrument  était  depuis  longtemps  arrivé  à  une  grande 
perfection.  Dès  ses  premières  années,   Paganini  l'avait 
senti  ;  comprenant  bien  qu'en  suivant  la  même  voie  que  ses 
devanciers,  il  ne  pouvait  arriver  au  plus  qu'à  les  égaler,  il  a 
su  chercher  et  trouver  des  procédés  inconnus;   il  s'est 
fait  une  technique  entièrement  nouvelle.    Sans   doute, 
beaucoup  de  ses  innovations  n'intéressent  que  la  pure 
virtuosité  :  l'art  musical  n'a  rien  ou  presque  rien  à  y  voir. 
Quelques-unes  même  tiennent  passablement  du  charlata- 
nisme. C'est  ainsi  que  dans  ses  concertos,  Paganini  rendait 
dominateur  le  timbre  du  violon  solo  en  accordant  ses 
quatre  cordes  un  demi  ton  plus  haut  que  celles  des  violons 
de  l'orchestre.  Par  cet  artifice  (qu'on  ne  connut  que  très 
tard,  car  il  ne  montrait  à  personne  la  partie  de  violon 
solo  qu'il  exécutait  toujours  de  mémoire),  il  pouvait  jouer 
dans  les  tons  brillants  et  aisés  de  ré  et  de  /a  par  exemple, 
tandis  que  l'orchestre  l'accompagnait  en  mi  bémol  ou  en 
si  bémol,  tons  où  la  sonorité  est  moindre  et  les  difficultés 
de  doigté  beaucoup  plus  grandes.  Dans  le  même  ordre 
d'idées,  il  exécutait  souvent  des  morceaux  entiers  sur  la 
quatrième  corde,  ou  sur  celle-ci  et  la  chanterelle  seule- 
ment. Il  n'y  a  là  que  le  mérite  de  la  difficulté  vaincue, 
et  le  désir  d'étonner,  par  des  prouesses  d'exécution  sans 
exemple,  un  auditoire  médiocrement  musicien.  Mais    à 
coté  de  ces  puérilités  indignes  d'un  grand  artiste,  Paga- 
nini introduisit  dans  la  technique  du  violon   des  res- 
sources nouvelles  et  précieuses,  fort  négligées  avant  qu'il 
parût,  sinon  totalement  inconnues.  Le  premier,  il  a  mon- 
tré l'effet  des  sons  harmoniques  simples  ou  doubles  (V.  Vro- 
lon),  dont  il  tirait  un  merveilleux  parti  dans  le  morceau 
composé  par  lui  sur  la  prière  du  Moïse  de  Rossini.  Dans 
la  forme  des  arpèges,  dans  les  coups  d'archet,  dans  les 
passages  en  double  et  triple  corde,  dans  l'emploi  des  notes 
pincées  de  la  main  gauche  accompagnant  une  mélodie  exé- 
cutée avec  l'archet  sur  une  autre  corde,  il  a  aussi  puis- 
samment innove.  Malgré  les  progrès  très  rapides  que  fit 
après  lui,  en  France  et  en  Italie  surtout  (l'Allemagne  resta 
longtemps  à  l'écart  sous  ce  rapport),  le  mécanisme  du  vio- 
lon, un  grand  nombre  des  compositions  de  Paganini,  qui 
ne  furent  éditées  que  longtemps  après  sa  mort,  sont  res- 
tées longtemps  inabordables  pour  la  plupart  des  violonistes. 
Il  n'est  pas  sûr  qu'aujourd'hui  même  certaines  puissent 
être  exécutées  aisément  par  nos  meilleurs  artistes. 
Cette  virtuosité  extraordinaire  est  d'autant  plus  sur- 


—  789  — 


PAGANINI  ^  PAGANISME 


prenante  qu'au  rebours  de  la  plupart  des  artistes  de  con- 
cert, Paganini  n'étudiait  jamais  aucun  des  morceaux  qu'il 
devait  jouer  en  public.  Il  arrivait  dans  la  salle  où  il  devait 
se  faire  entendre  sans  avoir  même,  le  plus  souvent,  ré- 
pété avec  l'orchestre  qui  allait  l'accompagner,  et  il  res- 
tait souvent  des  semaines  entières  sans  toucher  à  son  vio- 
lon. Il  se  vantait  d'ailleurs  d'avoir  découvert  un  secret  qui 
lui  permettait  et  qui  aurait  permis  à  tout  le  monde  d'ar- 
river aux  mêmes  résultats  que  lui.  Il  se  réservait,  disait- 
il,  de  le  révéler  à  sa  mort.  Mais  il  a  emporté  avec  lui  ce 
secret  merveilleux,  si  toutefois  il  y  eut  jamais  rien  de 
sérieux  dans  ses  propos  à  ce  sujet. 

Paganini,  il  le  faut  bien  dire,  n'était  véritablement  lui- 
même  qu'en  exécutant  sa  propre  musique.  Si  l'on  en  croit 
Fétis,  quand  il  interprétait  de  la  musique  classique,  dans 
les  trios  et  quatuors  de  Beethoven  par  exemple,  il  n'était 
qu'un  violoniste  ordinaire.  Rien  n'est  plus  vraisemblable. 
Il  fallait  à  ce  tempérament  extraordinaire  des  œuvres 
écrites  pour  lui,  suivant  ses  inspirations  :  il  ne  pouvait 
se  plier  à  suivre  la  pensée  d'un  autre.  Ses  compositions, 
au  point  de  vue  musical,  en  dehors  de  leur  mérite  de 
virtuosité,  sont  d'ailleurs  vraiment  remarquables.  Malheu- 
reusement, le  sentiment  de  l'exécution  ne  peut  se  fixer,  et 
il  est  donc  probable  que,  fussent-elles  admirablement  bien 
exécutées,  nous  n'y  retrouverions  pas  l'eflfet  qu'elles  pro- 
duisaient sous  sa  main.  Il  y  manquera  toujours,  dit  justement 
Berlioz,  l'étincelle  qui  animait  et  rendait  sympathiques  ces 
foudroyants  prodiges  de  mécanisme.     Henri  Quittard. 

PAGANINO  DA  Sarzana,  poète  lyrique  italien  du 
XIII®  siècle.  Quoique  Toscan  d'origine,  il  appartient  à  l'école 
sicilienne  et  il  est,  comme  tous  les  poètes  de  cette  école, 
un  imitateur  servile  des  troubadours.  Ses  œuvres,  qui  con- 
sistent en  quelques  chansons  et  sonnets,  nous  ont  été  con- 
servées dans  le  Grand  Chansonnier  du  Vatican,  récem- 
ment publié. 

BiBL.  :  Gaspary,  Storia  délia  lett.  ital,  l,  ch.  m.  — 
D'Ancona  et CoMPARETTi,  Autiche  rime  volcjari ;  Florence, 
1875  et  suiv. 

PAGANISME.  Le  mot  pagani,  employé  pour  désigner 
ceux  qui  étaient  restés  attachés  aux  anciennes  religions 
de  l'empire,  se  trouve  pour  la  première  fois  dans  un  édit 
de  Valentinien  (368).  Il  semble  indiquer  que,  à  cette 
époque,  les  anciennes  religions  avaient  été  abandonnées 
par  les  habitants  des  villes,  et  qu'elles  ne  trouvaient  plus 
guère  d'adhérents  que  parmi  les  paysans.  Malgré  la  limi- 
tation qui  devrait  résulter  de  cette  étymologie,  le  mot  Pa- 
ganisme est  communément  employé  comme  désignant,  à 
ta)utes  les  époques,  toutes  les  religions  autres  que  le  ju- 
daïsme et  le  christianisme.  C'est  avec  cette  signification  que 
nous  nous  en  servons  dans  la  présente  notice.  —  En  l'art. 
Dogme  (L  XIV,  p.  805,  col.  2)  nous  avons  constaté  que 
la  foi  en  la  puissance  des  divinités  nationales  n'implique 
nullement  la  négation  de  l'existence  et  de  la  puissance 
d'autres  divinités,  non  plus  que  de  la  légitimité  et  de  l'uti- 
lité du  culte  qui  leur  est  rendu.  La  première  attitude  du 
paganisme  à  l'égard  du  christianisme  devait  donc  être  celle 
00  la  tolérance  ou  de  l'indifférence.  Il  ne  commença  à  ré- 
primer les  chrétiens  que  lorsqu'il  les  vit  se  présenter  et 
agir  comme  des  ennemis  irréconciliables  de  ses  dieux  et 
ies  institutions  nationales  auxquelles  leur  culte  était 
îltssocié  (V.  Persécution).  —  L'édit  de  Milan  promit  une 
liberté  complète  aux  chrétiens  comme  aux  païens  :  poLes- 
tatem  libérant  et  apertam  sequendi  religionem  qnam 
quisque  voluisset.  Quoiqu'il  désirât  la  victoire  du  chris- 
tianisme, Constanthi  maintint  dans  leurs  privilèges  les 
prêtres  des  anciennes  religions.  Lui-même  portait  le  titre 
et  les  insignes  de  Summus  Pontifex.  De  même,  ses  suc- 
cesseurs jusqu'à  Gratien  (375-83).  Constantin  avait  fait 
relever  à  Home  le  temple  de  la  Concorde.  Après  sa 
mort,  il  reçut  l'apothéose  et  le  titre  de  dimis.  En  340, 
un  édit  de  Constance  condamnait  aux  mines  ceux  qui  pro- 
faneraient les  sépultures  païennes  ;  mais,  dès  l'année  sui- 
vante, un  autre  édit  abolit  formellement  les  sacrifices. 


Cette  prohibition  fut  renouvelée  en  353  et  356,  avec 
peine  de  mort.  Les  maximes  de  tolérance  et  l'impartialité 
reprirent  faveur  sous  les  règnes  de  Julien  (361-63),  Jo- 
vien  (363-64),  Valentinien  en  Occident  (364-75)  et  de 
Valens  en  Orient  (364-78). 

La  victoire  définitive  de  l'orthodoxie  nicéenne  sur  l'aria- 
nisme  ranima  l'esprit  de  persécution.  En  382,  Gratien 
fit  enlever  du  Capitole  la  statue  et  l'autel  de  la  Victoire. 
En  Orient,  Théodose,  qu'il  s'était  associé,  procéda  avec  une 
incessante  rigueur  à  l'extirpation  du  paganisme.  Ses  édits 
instituèrent  contre  les  relaps  l'incapacité  de  tester  (381)  ; 
contre  les  présages  tirés  de  l'inspection  des  entrailles,  la 
peine  de  mort  (385)  ;  contre  les  sacrifices  et  même  contre 
la  simple  entrée  dans  un  temple,  même  peine  (392).  On 
prétend  qu'il  ordonna  la  démolition  de  tous  les  temples  ; 
mais  l'édit  qui  aurait  contenu  cet  ordre  ne  nous  est  point 
parvenu  ;   et  des  témoignages  contemporains  montrent 
qu'en  Egypte,  où  les  païens  étaient  encore  nombreux, 
les  temples  furent  fermés,  mais  non  détruits.  Ces  mesures 
obtinrent  un  facile  succès  en  Orient.  Les  chrétiens  y  for- 
maient, non  seulement  la  majorité  de  la  population,  maïs 
aussi  les  classes  les  plus  influentes.  La  résistance  ne  se  ma- 
nifesta d'une  manière  sérieuse  que  dans  quelques  écoles.  — 
En  Occident,  au  contraire,  les  plus  chères  et  les  plus  illus- 
tres traditions  des  Romains  étaient  associées  à  l'histoire  et 
à  la  cause  du  paganisme.  Le  christianisme  avait  été  in- 
troduit chez  eux,  et  pendant  longtemps  n'y  avait  été  pro- 
fessé que  par  des  Grecs,  des  Syriens  et  des  Orientaux 
méprisés.  Ils  avaient  vu  la  croissance  de  la  religion  nou- 
velle correspondre  à  la  décadence  de  la  grandeur  romaine» 
Ils  avaient  frémi,  lorsqu'un  empereur  chrétien  avait  enloAé 
la  statue  de  la  Victoire  ;  le  ressentiment  de  cette  honte 
avait  armé  les  mains  de  la  plupart  des  soldats  qui  mas- 
sacrèrent Gratien.  Lorsque  Symmaque  demandait,  au  nom 
du  peuple  de  Rome,  la  restauration  de  cette  statue,  cinq 
familles  seulement  parmi  les  familles  sénatoriales,  profes- 
saient la  foi  chrétienne  ;  le  reste  de  la  noblesse  protestait 
pour  le  maintien  de  la  religion  nationale.  C'est  pourquoi 
Thcodose  n'osa  pas  poursuivre  en  Occident  l'exécution  des 
édits  qui  ordonnaient  la  fermeture  des  temples  et  l'expul- 
sion des  pontifes.  Au  commencement  du  règne  d'Honorius 
(395-423),  les  temples  de  Jupiter,  de  Mercure,  de  Saturne, 
de  la  Mère  des  Dieux,  d'Apollon,  de  Diane,  de  Minerve, 
de  l'Espérance,  de  la  Fortune,  de  la  Concorde,  étaient 
restés  ouverts  à  la  célébration  des  fêtes  et  des  antiques 
cérémonies.  Un  édit  promulgué  à  Ravenne  (399)  prohila 
enfin  le  culte,  mais  recommanda  de  conserver  les  temples 
pour  l'ornement  de  la  ville.  L'abolition  officielle  du  paga- 
nisme en  Occident  ne  doit  être  datée  définitivement  que 
de  l'édit  de  déc.  408,  défendant  d'affecter  aucune  portion 
de  Vannone  à  la  célébration  du  vieux  culte  ;  ordonnant 
de  détruire  les  autels,  de  retirer  des  temples  toutes  les 
images,  et  d'assigner  aux  édifices  des  usages  séculiers. 
Cette  proscription  fut  complétée  par  quatre  autres  édits 
d'Honorius,  et  sévèrement  exécutée  parles  officiers  impé- 
riaux, notamment  en  Afrique.  Saint  Augustin  {De  Civitate 
Dei,  XVIII,  54)  y  constate  l'expulsion  de  Carthage  des 
prêtres  païens,  leur  relégation  dans  les  villes  et  les  vil- 
lages où  ils  étaient  nés,  et  la  confiscation  de  tous  les  biens 
affectés  à  leur  culte.  Vers  la  même  époque,  plusieurs  écri- 
vains ecclésiastiques  décrivent  emphatiquement  la  ruine 
honteuse  du  paganisme.  Enfin,  un  édit  de  Théodose  U 
(423)  le  considère  comme  virtuellement  supprimé  :  Pa- 
ganos,  qui  supersunt,  quamquam  jam  nullos  esse  cre- 
DAMUs,  promulgatarum  legum  jamdudum  prœscnpta. 
compescant.  Mais  cette  déclaration  parait  ressembler  à 
celle  par  laquelle  Louis  XIV  motiva  la  révocation  de  l'édit 
de  Nantes.  En  effet,  des  édits  postérieurs  montrent  que 
les  païens  étaient  restés  assez  nombreux,  pour  qu'il  fût 
nécessaire  de  leur  interdire  le  droit  de  plaider,  de  rece- 
voir des  grades  dans  l'armée  et  de  posséder  des  esclaves 
chrétiens. 

Eu  réalité,  le  paganisme  ne  fut  jamais  détruit,  parce 


PAGANISME  —  PAGANO 


790 


qu'il  est  iiidestniclible .  Des  documents,  tiop  nombreux 
pour  que  nous  puissions  les  citer  ici,  indiquent  qu'à 
l'époque  oli  Fédit  de  Théodose  II  le  considérait  comme 
éteint,  et  même  longtemps  après,  le  paganisme  s'est 
maintenu  dans  l'Empire,  kV état  de  résistance  intravsi- 
(Jeante,  non  seulement  partout  parmi  les  paysans,  mais 
en  certaines  contrées  parmi  une  partie  importante  de  la 
population,  parfois  môme  chez  la  population  entière  ;  à 
Rome,  dans  la  préfecture  d'Italie,  notamment  dans  le 
Piémont,  dans  le  pays  napolitain,  en  Sicile,  dans  les  îles 
occidentales  de  la  Méditerranée,  en  Afrique,  dans  l'O.  et 
le  N.  de  la  Gaule.  Même  dans  certaines  contrées  d'Orient, 
on  voit  encore  au  vi^  siècle  des  païens  opiniâtres  persé- 
cutés aussi  cruellement  que  les  chrétiens  l'avaient  été  au 
temps  de  Dioctétien .  —  Ailleurs  ou  plutôt  presque  par- 
tout, le  paganisme  se  maintenait  sous  une  forme  plus 
suhtile,  en  acceptant  le  baptême  et  toutes  les  cérémonies 
du  christianisme,  mais  en  gardant  sa  foi  aux  anciennes 
divinités  ;  sa  confiance  dans  les  dévotions  héréditaires, 
dans  les  divinations,  les  incantations,  les  pratiques  plus 
ou  moins  magiques,  et  sa  piété  pour  la  célébration  de  cer- 
tains jours  et  la  visite  de  certains  lieux.  Un  sermon  de 
saint  Eloi  (598-651),  De  Heciitudine  catholicœ  con- 
versionis  note  bien  l'état  des  âmes  et  des  croyances  en 
notre  pays  au  vu®  siècle.  Cet  évêque  prêche  pour  ses 
ouailles,  on  dirait  qu'il  parle  à  des  païens  qu'il  faut  con- 
vertir. Ceux  à  qui  il  s'adresse  sont  convaincus  de  la  puis- 
sance de  Neptune,  de  Pluton,  de  Diane,  etc.  ;  ils  croient 
devoir  les  invoquer.  Ils  ont  coutume  de  se  rendre  avec  des 
cierges  auprès  des  pierres  dressées  et  des  allées  couvertes  ; 
ils  prennent  part  à  des  cérémonies  auprès  des  sources  et 
des  arbres,  et  aux  carrefours  des  grandes  routes.  Ils 
appellent  le  soleil  notre  Seigneur,  et  la  lune  notre  Dame. 
Les  femmes  portent  à  leur  cou  des  amulettes,  et  quand 
elles  travaillent  à  des  ouvrages  de  tissage  ou  de  tapisse- 
rie, elles  invoquent  Minerve  (Dom  Martin,  la  Religion 
des  Gaulois,  t.  I,  p.  69-71  ;  Paris,  1727,  2  vol.  in-4). 
Parmi  les  Capitulaires  mentionnant  et  condamnant  les 
croyances  et  les  pratiques  païennes,  il  convient  d'indi- 
quer, comme  les  plus  intéressants,  ceux  de  768,  785,  789, 
794,  796,  805.  On  trouvera  de  nombreuses  dispositions 
relatives  au  même  objet,  dans  les  canons  des  ronaV^s  na- 
tionaux ou  provinciaux  que  nous  avons  analysés  sous  le 
nom  des  villes  où  ces  conciles  ont  été  tenus;  et  en  outre, 
dans  le  Glossariitm  mediœ.  et  infimœ  latinitatis  de 
du  Cange,  au  mot  Arisor,  une  longue  liste  des  passages 
des  écrivains  ecclésiastiques  sur  ce  sujet. 
"  Les  habiles  accommodations  de  l'Eglise  opérèrent  ce 
que  les  ordonnances  des  princes  et  les  canons  des  con- 
ciles n'avaient  pu  effectuer.  Tant  que  les  chrétiens  du- 
rent lutter  contre  le  paganisme  dominateur,  et  qu'ils  ne 
purent  propager  leurs  croyances  que  par  la  persuasion, 
en  s'adressant  à  la  conscience  morale  et  à  la  pensée 
religieuse,  ils  s'attachèrent  à  faire  ressortir  les  points 
sur  lesquels  leur  doctrine  et  leur  culte  apparaissaient 
manifestement  supérieurs  au  polythéisme  et  à  l'idolâtrie, 
c.-à-d.  l'unité  de  la  divinité  et  la  spiritualité  de  l'adora- 
tion. Au  sein  même  de  l'Eglise,  lesévêques  etles  docteurs 
s'efforçaient  de  réagir  contre  les  inclinations  héréditaires 
des  païens  convertis  ;  mais  ils  n'y  réussirent  que  fort  im- 
parfaitement. On  ne  se  dépouille  jamais  complètement  de 
ses  croyances  natives.  Les  païens  convertis  en  importèrent 
les  plus  tenaces  dans  leur  religion  nouvelle  ;  et,  quand  ils 
formèrent  la  majorité  parmi  les  chrétiens,  on  put  cons- 
tater dans  les  doctrines  et  les  cérémonies  de  l'Eglise  beau- 
coup de  choses  qui  ne  provenaient  point  des  sources  évan- 
géUques.  Cela,  bien  avant  Constantin.  —  Cette  invasion 
du  paganisme  dans  l'Eglise,  qu'on  pourrait  appeler  la  re- 
vanche du  paganisme,  s'accéléra  et  se  fortifia  lorsque  le 
christianisme  fut  devenu  la  religion  de  l'empire.  Il  s'agis- 
sait aloi's,  moins  de  se  distinguer  et  de  se  séparer  des 
païens,  que  de  les  amener  en  foule  dans  l'Eglise  et  de  les 
y  retenir.  Beaucoup  de  pratiques  et  de  rites  furent  adap- 


tés au  culte  chrétien  ;  les  jours  et  les  époques  célébrés 
par  les  païens  furent  affectés  à  des  fêtes  chrétiennes  ; 
dans  les  pèlerinages  les  plus  fréquentés,  près  des  sources 
et  des  sanctuaires  vénérés,  on  construisit  des  églises  et 
des  monastères  ;  aux  carrefours  des  routes,  on  plaça  des 
images  et  des  chapelles.  La  vénération  qu'on  avait  pour 
les  choses  anciennes  se  transforma  peu  à  peu  en  vénéra- 
tion pour  les  choses  nouvelles.  La  superstition  ainsi  dé- 
placée profitait  à  ce  qu'on  appelait  la  religion  chrétienne. 
Ce  procédé  fut  formellement  recommandé  par  le  pape 
Grégoire  le  Grand  au  moine  Augustin,  qu'il  envoyait  en 
Bretagne  pour  convertir  les  païens.  Boniface  la  pratiqua 
largement  en  Germanie.  Mais  l'infiltration  païenne  se  fit 
partout  et  d'une  manière  continue.  —  Des  effets  qu'elle 
a  produits  et  qu'elle  ne  cesse  point  de  produire,  il  résulte 
que  la  description  sommaire  de  la  religion  catholique, 
telle  qu'elle  est  professée  aujourd'hui,  présente,  au  moins 
pour  les  côtés  extérieurs,  plutôt  l'image  du  culte  ])aie]i 
au  temps  où  Jésus-Christ  mourut,  que  celle  du  culte  chré- 
tien à  l'âge  apostohque.  Il  serait  difiîcilede  né  pas  recon- 
naître les  ressemblances  indiquées  par  A.  Sabatier  dans  son 
Esquisse  d'une  philosophie  de  la  religion  (Paris,  1897, 
in-8)  :  «  Entre  la  terre  et  le  ciel,  on  voit  reparaître  toute 
l'antique  hiérarchie  des  dieux,  demi-dieux,  héros,  nymphes 
ou  déesses,  remplacés  par  la  vierge  Marie,  les  anges,  les 
diables,  les  saints  et  les  saintes.  Chaque  ville,  chaque  pa- 
roisse, chaque  fontaine  a  son  patron  ou  sa  patronne,  son 
gardien  tutélaire,  à  qui  l'on  s'adresse  plus  familièrement 
qu'à  Dieu,  pour  en  obtenir  les  bénédictions  temporelles 
et  les  grâces  de  chaque  jour.  Les  saints  ont  leur  spécialité 
comme  les  petits  dieux  d'autrefois.  L'un  guérit  de  la  fièvre 
et  Eautre  des  maladies  de  la  peau.  Celui-ci  protège  les 
voyageurs  et  celui-là  garde  les  moissons  ou  sauve  le  bé- 
tail ;  un  troisième  est  tout-puissant  pour  faire  retrouver 
les  objets  perdus  ou  donner  des  héritiers  aux  maisons 
menacées  de  déshérence.  Avec  cette  mythologie  renais- 
saient toutes  les  superstitions,  jusqu'au  fétichisme  le  plus 
naïf  :  pèlerinages,  chapelets  et  htanies,  vénération  des 
images  et  des  reliques,  signes  de  croix,  rites  et  sacrements 
conçus  et  célébrés  à  la  mode  des  anciens  mystères.  Et 
tout  cela  s'est  fait  avec  une  sorte  d'inconscience,  par  une 
progression  lente  et,  souvent,  par  l'effet  d'un  zèle  (jui 
se  croyait  chrétien...  A  Rome,  sous  la  basilique  de  Saint- 
Pierre,  se  dresse  une  superbe  statue  du  Prince  des  ;\p:tres. 
Ce  fut  une  statue  de  Jupiter.  L'orteil  du  pied  est  usé  }>ar  les 
baisers  des  pèlerins  et  des  fidèles.  Avant  le  christianisme, 
on  baisait  le  pied  du  maître  des  dieux  ;  on  baise,  de})uis, 
celui  de  Pierre.  Le  culte  est-il  d'ordre  différent,  et  la  dé- 
votion d'une  qualité  supérieure?  »  E.-II.  Vollet. 

Biui..  :  1^1  UGNOT,  J/is/on^e  de  la  dcslrucllon  du  paf/;.- 
nisme  en  Occident;  Paris,  1835,  2  vol. in-8.  —  G  Bor^?^[i  i^, 
la  UelKjion  romuine  d'Amiiiste  aux  Antoniiis  ;  Paris.  187J, 
2  vol  i'n-8.  —  KFAA.yKR.  Hcllenismus  und  ChrhtenUui)})  : 
Cologne,  18(iG.  —  Lasaulx,  Dcr  Untergaruj  des  llcllcuis- 
mus;  iVIunicii,  185t. 

PAGANO  (Erancesco-Maria),  jurisconsulte  et  homme 
politi(jue  itaHen,  né  à  Brienza  (Basilicate)  le  8  déc.  1718, 
mort  à  Naples  le  29  cet.  1798.  Nommé  à  vingt  et  un  ans 
lecteur  de  morale  à  l'Université  de  Naples,  et,  en  1786, 
professeur  de  droit  criminel  à  la  même  université,  il  fut 
chargé  par  le  gouvernement  de  préparer  un  plan  de  ré- 
forme de  la  procédure  criminelle  et  rédigea  à  cette  occa- 
sion ses  Considerazioni  sul  processo  criminale.  Peu 
après,  il  publiait  sesSaggi  politici  (Naples,  1792),  grand 
ouvrage  de  politique  et  de  législation  comparée,  où  il  asso- 
ciait les  idées  de  Vico  à  celles  de  J.-J.  Rousseau,  et  qui 
le  fit  accuser  de  démagogie  et  d'athéisme.  Lors  de  la  réa^^- 
tion  monarchique  de  1794,  il  se  compromit  par  son  ùde 
à  défendre  les  accusés  pohtiques  ;  après  avoir  subi  une  dé- 
tention d'un  an,  il  se  réfugia  à  Rome,  où  il  obtint  la  chaire 
de  droit  public.  En  1799^  les  succès  des  Erançais  lui  rou- 
vrirent les  portes  de  Naples,  et  Cliampionnet  le  chargea  de 
préparer  un  projet  de  constitution.  H  prit  les  armes  pour 
défendre  la  République  Parthénopéenne  ;  à  la  chute  do 


791  — 


PAGANO  ^  PAGES 


<'olle-(*i,il  fut  arrêté,  jugé  sommairement  et  exécuté.  Ses 
oiiivres  principales  ont  été  publiées  par  J.  Massa  {Opère 
/ilosofisehe  edestetirhe  dlF.-M.  Pagano;  Milan,  1800). 
IL  avait  composé  aussi  quelques  œuvres  de  critique  litté- 
raire {Discorso  sitlV  origine  e  la  naturel  délia  poesia) 
et  quelques  tragédies.  A.  Jeanroy. 

BriîL.  :  Elogio  slorico^  en  tote  de  rédition  de  Milan,  — 
]\I.  KERBAKEk,  F. -M.  Pngano,  Dlscorso;  Naples,  1880. — 
M.  d'Ayala,  Vite  clccjli  lùiUan'i  bcnemcrlti  délia  Libéria  e 
delta  Patria;  Ronie/1888. 

PA6AS/E  ou  PAGASA.  Ville  antique  de  Thessalie,  située 
au  N.  du  golfe  qui  lui  emprunte  son  nom  ;  c'était  le 
])ort  de  Plières,  qui  se  vantait  d'avoir  construit  le  navire 
Àrgo.  Pagasae  fut  prise  par  Philippe  lors  de  la  défaite 
<l'()nomarchos.  Restaurée  par  les  Romains,  elle  prit  un 
assez  grand  développement.  Ses  ruines  se  voient  près  de 
la  ville  moderne  d'Angistri. 

PAGE  (Fausse)  (Typog.)  (V.  Fausse  page). 

PAGE.  Depuis  répo]ue  romaine,  Fusage  s'était  conservé 
d'employer  aii  service  domestique  des  enfants  élégants  et 
somptueusement  vêtus  qui  faisaient  ainsi  l'apprentissage 
de  la  vie  noble.  Le  pœdagogianiis  puer  se  retrouve  au 
temps  féodal  dans  les  cours  et  cluitcauxoùilfaitrappren- 
lissage  de  la  vie  de  chevalier.  Dès  la  septième  année  l'en- 
fant noble  commence  ce  service  ;  il  fait  office  de  valet,  et 
ce  nom  lui  est  souvent  donné,  accompagnant  le  seigneur 
à  la  chasse,  en  voyage,  le  servant  à  table,  faisant  fonction 
de  secrétaire  ;  la  châtelaine  lui  enseigne  le  catéchisme,  les 
usages  mondains.  Quand  il  est  en  état  de  porter  les  armes, 
«itre  14  et  18  ans,  il  passe  écuyer.  —  Jus({u'au  temps 
des  Valois,  le  nom  de  page  fut  en  France  appliqué  aussi 
au  servant  de  bas  étage,  aide  de  cuisine,  domestique  d'ar- 
mée. Puis,  dans  les  institutions  militaires  du  xv®  siècle, 
ce  mot  désigne  un  jeune  garçon  (pii  fait  son  apprentis- 
sage guerrier  :  la  lance  de  six  lionnnes  comprend  un  page 
•ou  deux,  à  cheval.  On  trouve  de  ces  pages  des  compagnies 
d'ordonnance,  qui  n'avaient  que  douze  ans.  Ils  devenaient 
imsuite  varlets  deiiîuerre,  puis  hommes  d'armes.  — L'insti- 
lution  des  pages  déclina  avec  la  féodahté,  et  il  en  est  de 
moins  en  moins  question  à  partir  du  xvii"^  siècle.  Cepen- 
dant elle  se  conserva  dans  quehpies  cours.  Les  écoles  de 
{•adets  en  prirent  la  place. 

PAGE  (John),  bourgeois  de  Londres  et  chroniqueur  an- 
glais du  xv^  siècle.  Il  composa  sur  le  siège  de  Rouen  par 
Henri  V  en  1 418  un  poème  en  anglais  qui  fut  publié  d'abord 
il'après  un  manuscrit  incomplet  et  sans  nom  d'auteur, 
dans  VArcheologia  (t.  XXI,  p.  -43),  puis  complété  d'après 
nn  autre  manuscrit  par  sir  Fred.  Mad(len(i/;ifL,  t.  XXII, 
]).  350).  La  seule  édition  intégrale  a  été  donnée  par  James 
{Vàwàn^v  {Uistorical  Collections  of  a  citizen  of  London 
in  the  XP'''  century.  Camden  Society,  1876).  Ce  n'est 
pas,  à  vrai  diï-e,  un  récit  des  opérations  militaires,  mais 
une  peinture  des  souffrances  endurées  par  les  assiégés  et 
un  exposé  des  pourparlers c|ui  aboutirent,  non  sans  peine,  àla 
<*apitulation.  John  Page  écrivit  peu  après  la  reddition  de  la 
ville,  au  moment  oii  venait  de  se  terminer  le  ravitaillement,  et 
il  ne  prit  pas  le  temps,  ce  dont  il  s'excuse,  de  corriger  son 
poème.  Son  témoignage  est  d'autant  plus  précieux.     Ch.  B. 

PAGE   (M'"«  Marie-Anne  Le)  (V.  Boccagk  [M"^«  Fi- 

QUET  du]). 

PAGÉAS.  Com.  du  dép.  de  la  lîaute-Vienne,  arr.  de 
Saint- Yrieix,  cant.  deChâlus;  l.i63  hab. 

PAG  EL.  I.  Ichtyologie.  —  Genre  de  Poissons  osseux 
(Téléostéens),  de  l'ordre  des  Acanthopti'rggiens  Perci- 
formes  et  de  la  famille  des  Sparidœ..  Voisins  des  Pagres 
{y.  ce  mot),  les  Pagels  en  diffèrent  en  ce  ([u'iU  manquent 
de  canines,  que  les  dents  antérieuiTS  sont  toutes  en  cardes 
et  que  les  molaires  sont  plus  petites  cpie  celles  des  Pagres 
et  des  Daurades  surtout  (V.  ce  mot),  auxquelles  ils 
tiennent  de  très  près.  On  en  connaît  sept  foiines  dont  six 
se  trouvent  sur  les  cotes  de  France,  plus  particulièrement 
dans  la  Méditerranée. 

Le  Pagellus  centrodenlus,  appelé  Gros  yeux  sur  le 
marché  de  Paris,  liousseau  sur  les  côtes  de  la  Vendée  et 


Pilonneau  à  La  Rochelle.  e>l  un  animal  dont  la  taille 
dépasse  rarement  oi)  ceutim.  l.e  corps  est  d'un  gris  plus 
ou  moins  foncé,  rosé  sur  le  dos,  argenté  sur  les  flancs,  les 
nageoires  impaires  sont  d'un  jauue  rosé,  les  paires  d'un 
beau  rose,  la  bouche,  large,  est  de  couleur  orangée;  les  yeux, 
très  grands,  occupent  le  tiers  de  la  longueur  de  la  tète.  Sa 
chair  est  ferme  et  recherchée.  On  le  capture  souvent  à  la 
ligne,  principalement  en  été  et  en  automne,  car  l'hiver  il 
quitte  les  côtes.  Rochbr. 

IL  Art  culinaire.  —  Le  pagel  a  une  chair  blanche  et 
assez  agréable  au  goût,  facile  à  digérer,  mais  meilleure 
en  hiver  qu'en  été.  On  l'emploie  dans  la  préparation  de 
la  bouillabaisse  (Y.  ce  mot).  On  mange  aussi  ce  poisson 
grillé  entier  et  ciselé,  comme  la  daurade  (V.  ce  mot)  avec 
accompagnement  d'une  persillade  ou  d'une  autre  sauce. 

BiDL.  :  IcHTvoi.ooii].  —  (kîNTin'R,  Stddy  of  Fishes.  ~ 
Sauvage,  dans  BREH:\r,  éd.  l'r. 

PAGELLO  (Hist.  litléraire)  (V.  Musset  [A.  de]  et 
Sand  [G.]). 

PAGENSTECHER  (Heinrick-Alexander), zoologiste  alle- 
mand, né  à  Llberfeld  le  18  mars  i8'25,  mort  à  Hambourg 
le  4  janv.  1889.  D'abord  privat-docent  d'accouchement  à 
Ileidelberg,  en  18.')6,  il  s'adonna  à  la  zoologie,  remplaça 
Bronn  dans  sa  chaire,  en  ISô'i;  enfin,  en  1882,  il  fut 
appelé  à  prendre  la  direclion  du  musée  d'histoire  natu- 
relle de  Hambourg.  Il  s'est  surtout  occupé  des  Vers  et  des 
Acariens  parasites,  des  animaux  marins  inférieurs  (avec 
Leuckart),  de  la  formation  des  perles,  etc.  Ses  ouvrages  les 
plus  importants  sont  :  Ueber  das  Liifteinblasen  %ur  Ret- 
tung  scheintodter  Neugeborner  {Reiàeiharg,  1856,  in-8)  ; 
Beitrdge  ziir  Anatomie  der  Milben  (Leipzig,  1860-61, 
'2  hvr.)  ;  Die  Trichinen  (Leipzig,  1865)  ;  Allgemeine 
Zoologie  (Berlin,  1875-81,  4  vol.),  etc.         D^L.  Hn. 

PAGENSTECHER  (Alexander),  ophtalmologiste  alle- 
mand, né  à  Wallau  (Nassau)  le  21  avr.  1828,  mort  à 
Wiesbaden  le  31  déc.  1879.  Reçu  docteur  en  1851,  il 
passa  à  Berhn,  où  il  se  lia  avec  Albrecht  de  Graefe,  puis 
devint  médecin  assistant  à  l'hôpital  de  Wiesbaden  et,  en 
1854,  fonda  un  dispensaire  pour  les  maladies  des  yeux, 
cjui  prit  une  grande  importance.  Pagenstecher  fut  un  élève 
de  Desmarres  et  de  Sichel.  à  Paris.  H  a  laissé  la  réputation 
d'un  remarquable  opérateur.  Son  principal  ouvrage  est 
Klinische  Beobachtungen  aus  der  Augenheilanstalt  zn 
Wiesbaden  (Wiesbaden.  1861-67,  3  livr.  gr.  in-8,  dont 
les  deux  premières  avec  Samisch) .  Il  a  laissé  un  grand  nouibre 
de  matériaux  qu'a  ulihsés  son  frère,  Hermann,  né  le 
16  sept.  1844,  et  qui  lui  a  succédé  dans  la  direction  de 
son  dispensaire,  et  s'est  surtout  fait  connaître  par  un  bel 
Atlas  d'anatomie  pathologique  de  Vœil  (avec  Genth  ; 
Wiesbaden,  1875,  in-4,  38  pi.;  trad.  française,  1880). 

PAGES  (Pierre-Marie-François,  vicomte  de),  marin  et 
voyageur  français,  né  à  Toulouse  en  1748,  mort  à  Saint- 
Domingue  en  1793.  Entré  dans  la  marine  en  1767, 
comme  enseigne,  il  s'embarqua  \\\  même  année  pour 
Fx^mérique,  avec  le  projet  de  rechercher  un  passage  N.-O., 
mais  se  borna  à  explorer  la  Louisiane,  le  Texas,  le  Mexique, 
et  revint  en  Europe  par  Manille,  les  Indes  et  le  Liban. 
En  1773,  il  accompagna  Kerguélen  {\ .  ce  nom)  dans  son 
expédition  au  Pôle  Sud  et,  en  1776,  il  partit  de  Hollande 
pour  le  Spitzberg  sur  une  baleinière,  qui  atteignit  80'^  30' 
de  latitude.  Il  se  retira  en  1782  à  Saint-Domingue  et  fat 
égorgé  en  1793,  lors  de  la  révolte  des  esclaves.  Outre 
divers  travaux  de  météorologie,  qui  le  firent  nommer  cor- 
respondant de  l'Académie  des  sciences,  il  a  publié:  Voyages 
autour  du  monde  et  vers  les  deux  pôles  (Paris,  -1782, 
2  vol.). 

PAGES  (Aimée)  (V.  Brune  [M'"<^  Christian]). 

PAGES  (Garmer)  (V.  Garnier-Pagès). 

PAGES  (Eduardo),  sculpteur  espagnol  contemporain, 
originaire  de  Barcelone.  Elève  de  l'Ecole  des  Beaux- Arts 
de  sa  ville  natale,  il  exposait  en  1866  à  Barcelone  une 
statue  de  Charles  VU,  roi  de  France,  et  un  grand  bas- 
relief  représentant  Manne  d'Arc  au  siège  d'Orléans.  En 


PAGES  —  PAGLT 


792  — 


collaboration  avec  son  frère,  Luis  Pages,  il  a  produit  de 
nombreuses  sculptures  religieuses,  soit  pour  les  églises  do 
Catalogne,  soit  pour  l'Amériipie  du  Sud  et  les  colonies  es- 
pagnoles. Quelques  statuettes  pittoresques  de  l'artiste  ont 
figuré  à  l'Exposition  universelle  de  1878,  à  Paris.      P.  L. 

BiBL.  :  Ossoiiio  Y  Bernard,   Galeria  biografîcadc  ar- 
tistas  espanoles  ;  Madrid,  1868. 

PAG  ET  (William),  homme  d'Etat  anglais,  né  à  Wed- 
nesbury  en  doOo,  mort  à  West  Drayton  (Middlesex)  le 
9  juin  4563.  Fils  d'un  officier  municipal  de  Londres,  il 
fut  un  élève  distingué  de  l'Académie  de  Cambridge  et  en- 
tra dans  la  maison  àeGardiner  (V.  ce  nom),  qui  le  char- 
gea de  diverses  missions  à  Paris  et  en  Allemagne.  Nommé 
secrétaire  d'Anae  de  Clèves  (1539),  il  fit  partie,  l'année 
suivante,  du  conseil  privé.  En  1541,  il  était  envoyé  comme 
ambassadeur  en  France  pour  exposer  à  la  cour  les  causes 
de  la  chute  de  Catherine  Howard.  Secrétaire  d'Etat  en 
1543,  Paget  devint  un  des  principaux  conseillers  du  roi 
et  continua  à  s'occuper  surtout  des  affaires  étrangères. 
Après  la  mort  de  Henri  VIH,  il  se  lia  avec  le  protecteur 
Somerset,  qui  le  combla  de  dignités  et  d'emplois  et  qui  le 
chargea  en  4549  de  voir,  à  Bruxelles,  l'empereur  et  de 
tenter  de  l'amener  à  une  alliance  contre  la  France.  11  prit 
peu  de  part  à  l'effroyable  tyrannie  que  les  protestants 
firent  alors  peser  sur  les  catholiques  :  il  conseilla  au  pro- 
tecteur la  modération.  Il  fut  créé  en  4549  baron  Paget  de 
Beaudésert.  Mais  après  la  chute  de  Somerset,  il  encourut 
la  haine  de  W^arwick,  qui  l'accusa  de  conspirer  contre  sa 
vie  et  le  fit  emprisonner  (4554).  Comme  l'absurdité  de 
cette  accusation  fut  vite  démontrée,  on  chercha  d'autres 
motifs  et  on  découvrit  ceitains  faits  de  concussion  dans  sa 
gestion  comme  chancelier  du  duché  de  Lancastre.  Traduit 
devant  la  Chambre  étoilée  en  4552,  il  fut  condamné  aune 
grosse  amende  et  ses  biens  furent  confisqués  ;  mais  Paget 
était  habile  et,  un  an  après  sa  condamnation,  il  s'était  tiré 
d'embarras.  Après  la  mort  d'Edouard  VI,  il  entra  dans  le 
conseil  de  Jane  Grey  et  bientôt  après  dans  le  conseil  de 
Marie  (4553)  et  il  négocia  la  grosse  affaire  de  mariage  de 
la  reine  avec  Philippe  d'Espagne.  Très  en  faveur  à  la  cour, 
il  fut  nommé  lord  du  sceau  privé  en  4556  ;  mais  il  essaya 
en  vain  de  modeler  la  persécution  des  protestants  par  les 
catholiques  et  il  rentra  dans  la  vie  privée  à  Favènement 
d'Elizabeth  (4558), 

Un  de  ses  fils,  Thomas,  fut  impliqué  dans  la  conspira- 
tion de  Throgmorton  (458c),  s'enfuit  en  France,  fut  ré- 
clamé en  vain  par  le  gouvernement  et  mourut  à  Bruxelles 
en  4590.  —  Un  autre,  Charles,  passa  aussi  en  France 
dès  4572,  en  haine  des  protestants,  et  passa  sa  vie  en 
conspirations  contre  Elizabeth.il  entra  au  service  de  l'Es- 
pagne en  4588  et  rentra  en  Angleterre  après  l'avènement 
de  Jacques  I®^  Il  mourut  vers  4642. 

William,  arrière-petit-fils  de  Thomas,  né  en  4637, 
mort  en  4743,  fui  ambassadeur  à  Vienne  en  4689,  am- 
biissadeur  extraordinaire  en  Turquie  en  4673,  et  négocia 
le  traité  de  Carlovvitz  (26  janv.  4699).  Il  acquit  unecon- 
Bsajsçance  approfondie  des  affaires  d'Orient  et  une  influence 
considérable  sur  le  sultan,  et  il  arrangea  divers  différends 
eïftre  la  Tm'quîe  et  l'Autriche,  à  la  satisfaction  des  deux 
parties.  Il  eut  un  fils,  Henry  (mort  en  4743),  qui  fut  lord 
de  la  trésorerie  (4740-44)  et  envoyé  extraordinaire  à  la 
cotiF  de  Hanovre,  en  4744.  Il  fut  créé  comte  d'Uxbridge 
en  4744.  —  Thomas-Caiesby  Paget,  fds  du  précédent, 
fit  partie  du  Pai'lemenf  en  4744  et  en  4721.  Il  a  laissé 
c[Tielques  écrits  :  Essay  on  human  life  (Londres,  4734, 
1(1-4);  An  epistle  toM.  Pape,  in  Ànti-heroics  (Londres, 
473if,  in-4);  Some  reflections  upan  the  administra- 
tion of  govemmevt  (Londres,  4740,  în-8).  Il  mourut 
en  4743.  La  baronnie  s'éteignit  avec  son  fils  Henry,  mort 
célibataire  en  4769.  B.  S. 

PAGET  (Henri- William), général  anglais  (V.Anglksey). 

PAGET  (Lord  Clarence-Edward),  marin  anglais,  né  en 
4844,  mort  à  Brighton  le  22  mars  4895,  fds  du  marquis 
d'Anglesey.  Entré  dans  la  marine  en  1827,  il  figura  à 


Navarin,  participa  à  Texpédhion  de  la  Baltique  (4854), 
au  blocus  et  au  bombardement  de  Sébastopol  (4855). 
Contre-amiral  en  4863,  amiral  en  4870,  il  prit  sa  retraite 
en  4876.  Député  fibéral  de  Sandwich  (4847  à  4852,  puis 
4857-66),  il  occupa  les  fonctions  de  secrétaire  de  l'ami- 
rauté dans  le  cabinet  Palmerston  (4859-66).       B.  S. 

PAGET  (James),  chirurgien  anglais  contemporain,  né 
à  Great-Yarmouth  le  44  janv.  4814.  Il  étudia  à  l'hôpital 
Saint-Barthélémy  de  Londres,  où  il  devint  par  la  suite  chi- 
rurgien consultant.  Il  est  le  chirurgien  du  prince  de  Galles 
et  vice-chancelier  de  l'Université  de  Londres.  Outre  un 
très  grand  nombre  d'articles  dans  les  recueils  périodiques, 
Paget  a  publié  :  Lectures  on  surgirai pathology...  Bev. 
a.  éd.  by  W.  Turner  (Londres,  4853,  in-8;  4^  éd., 
4876)  ;  Ùinical  lecture  and  essays...VA.  by  How  Marsh 
(Londres,  4875,  in-8;  trad.  en  fr.  par  L. -H.  Petit,  4877); 
Theology  and  Science  (Londres,  4884,  in-8)  ;  descrip- 
tive Catalogue  of  the  pathological  spécimens  contained 
in  the  Muséum  (of  the  U.  College-of  Surg.  of  England 
(Londres,  4882,  in-8,  2^^  éd.).  D^' L.  Hn. 

Maladies  de  Pâget .  —  Deux  maladies  portent  le  nom  du 
célèbre  chirurgien  anglais  :  l'une  qui  porte  sur  le  squelette 
constituant  une  ostéite  déformante  ;  l'autre  qui  s'observe- 
rait sur  la  mamelle. 

Maladie  osseuse  de  Paget.  —  Assez  rare,  cette  affec- 
tion débute  souvent  par  des  douleurs  atroces  dans  les  dif- 
férents segments  osseux,  bientôt  suivies  de  déformations 
observées  d'abord  aux  membres  inférieurs  et  envahissant 
peu  à  peu  tout  le  squelette  ;  d'autres  fois,  elle  se  montre, 
sans  douleurs  prémonitoires,  sur  les  os  de  la  tète  dont 
l'hypertrophie  rend  les  coiffures  trop  étroites  et  sur  les  os 
des  membres  supérieurs  où  elle  }  eut  se  cantonner.  Carac- 
térisée par  une  raréfaction  avec  épaississement  considé- 
rable des  os  du  crâne,  des  lames  vertébrales  et  des  dia- 
physes  où  on  n'observe  guère  de  fractures,  elle  paraît  être 
sous  la  dépendance  de  lésions  nerveuses  cantonnées  dans 
les  cordons  postérieurs  de  la  moelle.  Cette  maladie  se  voit 
surtout  chez  les  arthritiques,  et  il  semble,  diaprés  les 
observations  de  Paget,  qu'elle  se  termine  souvent  par  des 
manifestations  carcéreuses.  Le  traitement  général  des  ar- 
thritiques parait  être  de  mise  sans  qu'il  faille  en  attendre 
un  arrêt  notable  dans  la  marche  de  la  maladie. 

Maladie  de  la  mamelle  de  Paget.  —  C'est  une  maladie 
caractérisée  par  une  ulcération  cutanée,  rebelle  à  tous  les 
traitements,  siégeant  sur  le  mamelon  et  l'aréole  qu'elle  ne 
dépasse  qu'exceptionnellement,  offrant  l'aspect  d'un  eczéma 
suintant  ou  d'un  psoriasis,  suivie  précocement  et  fatale- 
ment d'un  cancer  de  la  mamelle  superficiel  ou  profond,  k 
plus  souvent  séparé  de  l'ulcération  par  une  partie  en  ap- 
parence saine..  En  raison  de  cette  marche  de  la  maladif, 
les  chirurgiens  anglais  font  des  amputations  hâtives  dès 
le  diagnostic  établi  et  avant  que  l'ulcération  présente  aucun 
caractère  de  transformation  maligne.  Si  on  tient  compte 
que,  dans  nombre  de  cas,  le  cancer  a  manqué  ou  ne  s'est 
développé  que  tardivement,  comme  on  peut  l'observer  sur 
toute  ulcération  chronique,  on  admettra  que  l'ulcération 
de  Paget  ne  peut  être  tenue  pour  cancéreuse  malgré  la  pré- 
sence constatée  sur  elle  et  sur  le  cancer  de  microorganismes 
(coccidies,  psorospermies)  dont  le  rôle  pathogénique  est 
d'ailleurs  encore  mal  établi.  Dès  lors,  l'association  de  Paget 
(ulcération  et  cancer)  n'est  probablement  qu'une  coïnci- 
dence. On  traitera  donc  Tulcération  par  les  moyens  ap- 
propriés :  solution  de  chlorure  de  zinc  et  emplâtre  de  Vigo 
alternant  avec  une  pommade  à  l'iodoforme  (Darier).  En 
cas  de  non-réussite,  on  fera  l'ablation  de  l'ulcération  et 
on  comblera  la  perte  de  substance  par  une  autoplastie,  ré- 
servant l'amputation  du  sein  au  cas  où  une  tumeur  intra- 
mammaire  ou  adénitique  démontre  la  nature  néoplasique 
de  la  mala*die.  D^'  S.  Morer. 

BiiiL.  :  Simon  DuPLAY  et  Ri-.clus,  Traité  de  chirurgie, 
2«  éd. 

PAGET  (Lord  George-Augustus-Frederick),  général 
anglais,  né  le  4  6  mars  48 1'8,  mort  à  Londres  le  30  juin  4  880, 


793 


PAGET  —  PAGLIA 


sixième  fils  du  marijuis  dWnglesey.  Entré  dans  T ar- 
mée en  1837,  il  servit  en  Crimée,  se  distingua  dans  la 
fameuse  charge  des  six  cents  à  la  bataille  de  Balaklava, 
puis  à  Inkerman.  II  commanda  encore  la  cavalerie  à  Eu- 
patoria  (1855).  Major  général  en  iSQi,  il  rendit  des  ser- 
vices signalés  dans  l'Inde  (4862-65),  d'où  il  revint  avec 
les  fonctions  d'inspecteur  général  de  la  cavalerie.  11 
fut  promu  général  en  1877.  Il'  avait  été  député  libéral 
de  Beaumaris  de  1847ài857.  11  a  laissé  Criniean  Jour- 
naJs  (Londres,  1881),  mémoires  qui  ne  manquent  pas 
d'intérêt.  R.  S. 

PAG  ET  (Sir  Augustus  Berkeley),  diplomate  anglais,  né 
en  18*23,  mort  le  11  juil.  1896.  Entré  aux  affaires  étran- 
gères en  1 841 ,  après  avoir  passé  par  le  département  des 
Postes,  il  fut  attaché  à  Madrid  (18i-3),  à  Paris  (1846),  etc., 
et  devint  en  1852  consul  général  d'Egypte.  Il  occupa 
ensuite  avec  distinction  un  certain  nombre  de  postes  di- 
plomatiques (La  Haye,  Lisbonne,  Berlin,  etc.,  etc.),  fut 
nommé  en  \^QQ  ministre  plénipotentiaire  à  la  cour  du 
Portugal,  puis  à  la  cour  d'Italie  (1867  et  1876)  et  enfin 
ambassadeur  d'Autriche  (1884).  Il  prit  sa  retraite  en  1893. 
Il  avait  épousé  en  1860  le  comtesse  d'Hohenthal,  demoi- 
selle d'honneur  de  la  princesse  royale  de  Prusse.    R.  S. 

PAG  ET  (Violet),  femme  auteur  anglaise,  plus  connue 
S3US  son  pseudonyme  de  Vernon  Lee,  née  au  château 
Saint-Léonard  (Normandie)  en  1856.  Elle  habite  depuis 
longtemps  en  Italie,  où  elle  a  acquis  un  sens  esthétique 
très  raffiné.  Collaboratrice  de  la  plupart  des  grandes 
revues  anglaises,  elle  a  écrit  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages de  critique  artistique  et  philosophique,  des  nou- 
velles, des  romans  qui  se  recommandent  par  la  finesse 
des  aperçus  et  l'élévation  des  idées.  Citons  :  Studies  of 
the  eighteenth  Century  in  Italy  (Londres,  1880)  ;  Bel- 
caro  {\S%^)\  The  Prince  of  a  hundred  Soups  (1883), 
Onilie  (1884),  Eiiphorion  (1884),  Miss  Brown\\%U), 
Hauntings  (1890),  Vanitas  (1893),  Baldiuin  (1886), 
Althea  (1894).  Un  certain  nombre  de  ses  écrits  ont  été  tra- 
duits en  français,  notamment  :  Miss  Brown  (Paris,  1889, 
iîi-12)  ;  Au  Pays  de  Vénus  (1894,  in-12).       R.  S. 

BiBL.  :  G.  Valbert  (Cherbulio/),  un  Critique  d'art  an- 
glais {Vernon  Lee) ^  ses  préférences  et  ses  repetdirs,  dans 
Revue  des  Deux  Mondes,  1887,  t.  V. 

PAG 61  (Giovanni-Battista),  peintre  italien  de  la  seconde 
époque  de  l'école  génoise,  né  à  Gènes  en  1555,  mort  à 
Qènes  en  1627.  De  naissance  noble,  il  s'adonna  de  bonne 
heure,  malgré  l'opposition  de  son  pf're,  aux  beaux-arts  et 
aux  lettres.  Liica  Cambiaso  lui  apprit  le  dessin  et  l'exerça 
surtout  à  exécuter  des  bas-reliefs  antiques  en  clair-obscur. 
Devenu  habile  à  manier  le  crayon,  il  étudia  sans  maître 
la  peinture,  la  perspective  et  l'architecture,  en  n'ayant 
recours  qu'aux  livres.  Il  commençait  à  se  faire  un  nom, 
Isorsqu'il  commit  un  homicide,  et,  pour  échapper  à  la  police 
de  Gènes,  se  réfugia  à  Elorcnce  où  le  duc  François  P^' 
l'accueillit  avec  empressement.  Paggi  resta  vingt  ans  dans 
la  capitale  de  la  Toscane.  Il  y  fit  un  grand  nombre 
d'œuvres  fort  remarquables,  entre  autres  la  Transfigu- 
ration, qui  est  à  l'église  Saint-Marc  et  que  quelques  cri- 
tiques ont  attribuée  à  un  autre  maître.  On  cite  aussi  de  lui 
l'a  fresque  de  Sainte  Catherine  de  Sienne  délivrant  un 
cpndamné,  qui  décore  l'église  de  Santa  Maria  Novella. 
Rappelé  à  Gènes,  vers  1600,  en  faveur  de  son  grand 
talent,  qui  l'avait  fait  connaître  jusqu'à  Paris  et  à  Madrid 
par  les  souverains  de  France  et  d'Espagne,  il  rentra  dans 
sa  ville  natale  et  la  dota  de  ses  plus  beaux  ouvrages.  Ses 
chefs-d'œuvre  sont  deux  tableaux  d'autel  à  Saint-Bar- 
thélémy et  le  Massacre  des  Innocents  qu'on  voit  au 
palais  Doria.  Le  grand  mérite  de  Paggi  consiste  moins 
dans  la  vigueur  du  coloris  que  dans  la  noblesse  des  phy- 
sionomies, dans  un  ensemble  de  délicatesse  et  de  grâce, 
qui  l'ont  fait  mettre  souvent  au  niveau  du  Baroccio  et 
même  du  Corrège.  C'est  au  Paggi  que  revient  la  plus 
grande  part  des  progrès  de  l'école  de  Gènes  ;  il  fit  sentir 
l'importance  du  dessm  et  composa  lui-même  pour  l'ins- 


truction de  jeunes  peintres  qu'il  dirigeait  une  Définition 
ou  division  de  la  peinture  (Definizione  ossia  diuisione 
delta  pitfura),  pubUée  en  1607  et  qui  eut  beaucoup  de 
succès,  même  en  France,  où  cet  ouvrage  fut  longtemps 
connu  sous  le  nom  de  Tablettes  de  Paggi,  Le  principal 
disciple  de  Paggi  fut  Domenico  Fiasella  (appelé  aussi  le 
Sarmna)  qui,  après  la  mort  de  Paggi,  occupa  le  premier 
rang  dans  l'enseignement  à  Gênes.  Ch.  Simond. 

BiBL.  :  Lanzi,  III,  251.  —  Charles  Blanc,  Ecole  génoise. 

PAGGI  (Felice),  éditeur  italien,  né  à  Sienne  en  1823, 
mort  fin  1895,  fils  d'Ange  Paggi,  professeur  de  langues  se- 
mitiques.  Il  vint  à  Florence  en  1835  avec  la  nombreuse 
famille  à  laquelle  il  appartenait,  et  aussitôt  il  entra  dans 
le  commerce  des  livres,  qu'un  de  ses  frères,  plus  âgé  de 
cinq  à  six  ans,  avait  commencé.  Felice  Paggi  se  fit  remar- 
quer par  la  publication  d'œuvres  scolaires  qui  lui  assura 
une  célébrité  méritée.  Il  sut  aussi  s'assurer  le  concours  de 
jeunes  écrivains,  tels  que  Silvio  Pacini,  Pietro  Dazzi,  Ri- 
gutini,  Collodi,  Ida  Baccini,  dont  les  livres  sont  encore 
entre  les  mains  de  tous  les  élèves  de  la  Péninsule.  Il  pu- 
blia de  Collodi  le  fameux  livre  de  lecture,  Giannettino,  qui 
fut  vendu  à  plusieurs  centaines  de  milliers  d'exemplaires. 
Malade,  il  abandonna  le  commerce,  et  finit  sa  vie  dans  la 
retraite. 

PAGHOLO  (V.  Bartolommeo  [Fra]). 

PAGI  (Antoine),  historien  ecclésiastique,  né  à  Rogue^ 
(Provence)  en  1624,  mort  en  1699.  Il  était  cordelieret 
fut  nommé  quatre  fois  provincial  de  son  ordre.  (Euvres 
principales  :  Dissertatio  hypatica  seu  de  consulibus 
cœsareis  (Lyon,  1682,  in-4)  ;  Dissertation  sur  les  con- 
sulats des  empereurs  romains,  publiée  dans  le  Jour- 
nal des  Savants  (nov.  ^  688)  pour  répondre  aux  critiques 
adressées  à  l'ouvrage  précédent;  édition  latine  des  Ser- 
mons inédits  de  saint  Antoine  de  Padoue  (Avignon ^ 
1685);  Critica  historico-chronologica  in  An7iales 
ecclesiasticos  Baronii  (Paris,  1689-1705,  4  vol.  in  fol.  % 
Genève,  1724)  :  rectifications  nombreuses  et  importantes 
des  Annales  de  Baronius.  E.-H.  V, 

PAGI  (François),  cordelier,  né  à  Lambesc  en  1654, 
mort  en  1721,  neveu  du  précédent.  Il  prit  part  aux  ti'a- 
vaux  de  son  oncle  sur  les  Anna/^s  de  Baronius,  et  il  publia 
personnellement  une  histoire  abrégée  des  papes  :  Bre- 
viarium  historico-chronologico-criticum  illustrions 
Pontificum  Bomanorum  gesta,  Conciliorwn  gène- 
ralium  acta  complectens  (Anvers  [Genève]  1717-27,. 
4  vol.  in-4).  E.-H.  V. 

PAGINATION  (Typog.)  (V.  Bibliograwiik,  t.  Vï,p.  629» 
et  Livre). 

PAGIT  ou  PAG  ITT  (Ephraïm),  écrivain  anglais,  né  dans 
le  comté  de  Northampton  vers  1575,  mort  à  Deptford  cfi 
avr.  1647.  Il  fut  recteur  de  Saint-Edmond  de  Londres  et 
il  s'est  distingué  par  la  publication  d'ouvrages  très  spé- 
ciaux sur  les  hérétiques  et  les  sectaires.  Citons  :  Chris- 
tianographie  or  a  description  of  the  sundne  sorts  of 
Christians  in  the  World  (Londres,  1635,  in-4);  Rere- 
siography  or  a  description  of  the  Hereticits  and  Secta- 
ries  of  thèse  latter  Unies  (1645,  in-4);  The  Mystical 
IFo//'(1645,  in-4).  lî.  S. 

PAGLIA  (Francesco),  peintre  italien,  né  à  Brescia  en 
1636,  mort  à  Florence  vers  1707,  ou,  suivant  Zani,  en 
1713.  Il  eut  pour  maître  le  Guerchin  et  se  distingua  par 
une  rare  facilité  d'exécution.  Cependant,  il  se  borna  presque 
exclusivement  à  l'imitation  des  maîtres  du  xv^  siècle,  dont 
il  égale  souvent  la  gracilité  et  l'austérité.  Sa  Charité, 
qu'il  peignit  pour  l'église  de  Brescia,  est  certainement 
une  œuvre  de  grand  caractère,  mais  elle  manque  d'origi- 
nalité et  d'imagination,  et  la  copie  y  est  si  servile  qu'on 
se  croirait  en  présence  d'un  tableau  de  Francia  ou  du 
Giotto.  L'imagination  et  l'originalité  y  font  complètement 
défaut.  Aussi  l'accueil  fait  à  l'artiste  fut-il  tellement  froid 
qu'il  dut  renoncer  à  ce  genre  de  composition  et  se  res- 
treindre au  portrait,  oîi  il  excella  d'ailleurs. 


PAGLIA  —  PAGODE 


791- 


PAGLIA  (Antonio),  peintre  italien,  né  à  P>rescia  en 
4680,  mort  à  Venise  le  9  lev.  J747,ii]s  du  précédent.  Son 
père  lui  donna  les  premières  leçons  de  peinture,  il  alla 
ensuite  étudier  les  Vénitiens,  principalement  le  Titien  et  le 
Bassano,  qu'il  pasticha  au  point  que  les  connaisseurs  con- 
fondirent plus  d'une  fois  la  copie  avec  l'original.  Le  sculp- 
teur Cagliari  le  décida,  vers  1710,  à  faire  des  composi- 
tions dans  le  genre  des  sujets  bibliques  du  Poussin.  Jl  se 
tlt  ainsi  une  assez  grande  réputation,  entre  autres  par 
une  Vie  de  Joseplt.  mais  la  forme  de  ses  tai)leaux  est 
négligée.  Antonio  Paglia  avait  acquis  une  grande  fortune 
qu'il  entassait  avec  avarice.  Tn  de  ses  domestiques,  pour 
s'emparer  de  son  oi',  l'assassina.  Jl  avait  eu  pour  coUa- 
b.u'ateur  son  frère  Angiolo,  qui  mourut  en  il^i,  à  trente- 
deux  ans. 

PAGLIANO  (Eleuterio),  peintre  italien,  néàCasalcMon- 
ferrato,  en  18:27.  Il  fit  ses  études  à  Milan  et  devint  pro- 
fesseur à  l'Académie  de  cette  ville.  Ardent  patriote,  il  prit 
part  aux  campagnes  de  1848-49  et  de  18o9.  Il  se  consacra 
plus  particulièrement  à  la  peinture  de  genre  et  d'histoire. 
Ses  œuvres  se  distinguent  par  l'originalité  de  l'invention, 
la  finesse  de  touche  et  l'harmonie  clés  couleurs.  On  cite  de 
lui  principalement  :  la  Guérison  de  Bayard,  Dcniie.s 
chezVantùiuaire,  Joueur  de  luUi,  Jeune  Fille  coumnl, 
Aldohrani  refusanl  de  danser  avec  Maramoldi,  V Ou- 
verture du  testament.  Napoléon  découvrant  h  José- 
phine le  plan  du  divorce,  (a  Jeune  lille  et  la  Hose. 
Saint  Louis  de  Gonza^jiie  en  prières.  On  a  de  lui  éga- 
lement quelques  gravures  de  valeur  et  la  fresque  de 
l'Afrique  dans  la  galerie  Victor-Kmmanuel  à  Milan. 

'  BiDL   :  l'Art,  1878,  III,  ;2.n.  —  Illustradonc  ^/.'z //;)»,•;,  1^^|, 
n"  9. 

PAGNE  (V.  Co3Tnî;-.  t.  XTl.  p.  ilo2). 

PAGNEY.  Com.  du  dcp.  du  Jura,  arr.  de  Dole,  cant.  de 
C.endrey;  384  Jiab. 

PAGNEY-Deruièrk-Rarixe.  (lom.  du  dép.  de  Meurthe- 
et-Moselle,  arr.  et  cant.  (X.)  de  Tout;   480  hab. 

PAGNINI  (Luca-Antonio),  ])hilologue  italien,  né  à  Pis- 
loie  le  15  janv.  1737.  mort  à  Pise  le  :21  mars  1814.  Issu 
d'une  fiuniile  très  modeste,  son  esprit  vif  et  pénétrant  le 
fit  distinguer  par  quelques  personnes  qui  se  chargèrent 
de  son  éducation.  Il  s'adonna  surtout  h.  l'étude  du  grec  et 
du  latin.  Il  a  traduit  :  le  Phormion  de  ïérence  ;  les  Idylles 
de  Tli'^ocrite;  les  Bucolvjues  de  Virgile;  Anacréon,  Sa- 
pho,  etc.  Il  traduisit  aussi  en  vers  itafiens  V Alidre  de  Vol- 
taire. 
BiHL.  :  TiPALDO.  Bloijrofin  denVillurunil  llUistrlWl.  17(5. 

PAGNINO  (Santé),  domijiicain  et  hélu'ajsant  italien,  né 
à  Lucques  en  1470,  mort  à  Lyon  1<^  44  août  1541.  f^éon  X 
l'appela  d'abord  à  lîome  comuie  professeur  de  langues 
orientales.  En  1541,  il  est  à  Avignon  comme  secrétaire 
du  légat  et  depuis  1544  à  Lyon.  11  travaillait  depuis  149) 
à  traduire,  le  plus  littéralement  possible,  l'Ancien  Testa- 
ment de  ITiébreu  en  latin  (Lyon,  chez  Ant.  du  lly,  154S, 
in-4  ;  Cologne,  1541.  in-fol.  ;  les  éditions  posiérieures 
jnodifient  Famvre  de  Pagnino.  qui  comprenait,  du  reste, 
aussi  le  X'ouveau  Testament).  C'est  le  premier  essai  de  ce 
genre  depuis  Jérôme.  Parmi  ^es  autres  ouvrages,  on  doit 
citer  le  Lexicon  HebraicuWv  {Lyon,  1549).  souvent  réim- 
primé; la  Catena  argentea  in  Pentateuchuni  {\.\m, 
153o,  6  vol.),  etc. 

PAGNIUCG!  Y  ZuMEL  (José),  sculpteur  espagnol,  né  à 
Madrid  en  1841.  mort  à  Madrid  en  18 j8.  Il  suivit  d'abord 
les  cours  de  l'Académie  de  San  Fernando,  diint  sou  }>èj'e 
était  le  mouleur,  puis  il  alla  se  perfectionner  à  Rome,  où 
réminent  sculpteur  Ponzano  le  prit  dans  son  atelier  et  lui 
prodigua  ses  conseils.  Il  revint  ensuite  à  Madrid  pour  y 
concourir  à  une  pension  d'élève  envoyé  par  TAcadémie  à 
Tétranger;  il  l'obtint  et  retourna  à  Home.  Ses  premiei's 
envois  datent  de  18o0  et  1854,  parmi  lesipiels  figuraient 
un  Caïn  et  un  bas-relief  ([ui  furent  très  remarijués.  V.w 
1856,  il  exposait  à  Madrid  deux  statues  en  marbre,  I\'- 


m'iope  et  PéUi'je;  la  slalue  de  Cani  avait  figuré  à  l'Ex- 
position univei'selle  de  1855,  et  fut  ensuite  acquise  ])ar 
le  gouvernement  espagnol.  En  1860,  il  terminait  la  statue 
du  savant  naturaliste  Cavanilles,  placée  dans  le  jardin 
botanique.  Parmi  ses  principales  œuvres,  on  cite  enccu'o 
une  statuette  de  [aune  et  la  statue  iV Isabelle  la  Catho- 
lique (jui  se  trouve  au  (À)ngrès  des  députés,  ainsi  qu'une 
figure  de  la  l^aix.  La  statue  du  moine  Velasquex,  est 
dans  l'église  de  las  (^alatravas.  Il  est  l'auteur  des  bustes 
de  la  duchesse  {VAb)-antès,  du  duc  et  de  la  duchesse  de 
Villahernwsa,  de  Lope  de  Vega  et  de  Calderon,  qui  déco- 
rent la  façade  du  théâtre  de  la  Zarzuela.  En  1859,  l'Aca- 
démie de  San  Fernando  le  reçut  au  nombre  de  ses 
membres.  P.  Lefout. 

PAGNOZ.  Com.  du  dép.  du  Jura,  arr.  de  Poligny,  cant. 
de  Villers-Farlay  ;  177  hab. 

PAGNY-là-Blanche-Côte.  Com.  du  dép.  de  la  Meuse, 
arr.  de  Commercy,  cant.  de  Vaucouleurs;  494  hab. 

PA G N Y-LA- Ville.  Com.  du  dép.  de  la  Cote-d'Or,  arr. 
de  Beaune,  cant.  de  Seurre;  663  hab. 

PAGNY-le-Château.  Com.  du  dép.  de  la  Côte-d'Or, 
arr.  de  Beaune,  cant.  de  Seurre,  dans  la  Bresse  chalon- 
naise  ;  586  hab.  La  baronnie  de  Pagny  a  appartenu,  du 
xiii^  siècle  à  la  fin  du  xv"  siècle,  à  la  famille  de  Vienne, 
d'où  elle  passa  aux  Longvy,  puis  à  l'amiral  Philippe  Cha- 
bot-Charny  et  à  Charles  cle  Lorraine,  au  commencement 
du  xvii^  siècle  ;  Louis  XIV  l'acquit  de  Louis  de  Lorraine. 
Motte  féodale.  Bemarquable  chapelle  de  la  Renaissance, 
dépendant  autrefois  du  château  détruit  en  1768,  bâtie  en 
1536;  tombeau  de  Jean  de  Vienne,  mort  en  1455,  et 
tombeau  de  Jean  de  Longvy  et  de  Jeanne  de  Vienne,  morts 
(Ml  1460  et  1474,  avec  deux  statues  en  albâtre.     M.  P. 

BiiiL.  :  CouRTKPÉE,  DescrijDlioii  duduclulde  Bourf/Ofine, 
Dijon,  1817,  in-8,  t.  III.  p.  438,  2'  éd.  —  Baudot,  daris  Mi^- 
raoires  de  la  Commission  des  Aatiquités  de  la  Côlc-d'Or, 
t.  I,  pp.  305-3(31. 

PAGNY-sur-Meuse.  Com.  du  dép.  de  la  Meuse,  arr.  de 
Commercy,  cant.  de  Void,  sur  la  rive  droite  de  la  Meuse  ; 
810  hab.  Les  marécages  et  tourbières  des  environs  de  Pa- 
gny marquent  l'emplacement  de  l'ancien  confluent  des 
deux  rivières  la  Moselle  et  la  Meuse.  —  Bief  du  canal 
de  la  Marne  au  Rhin,  alimenté  par  des  usines  hydrau- 
liques qui  puisent  l'eau  dans  la  Moselle  près  deToul.  Sta- 
tion de  la  voie  ferrée  Paris-Nancy  (deux  tunnels,  en  amont 
et  en  aval  de  la  station)  ;  embranchement  stratégique  sur 
Neufchàteau  et  Chaum.ont.  Première  mention  :  Paterni- 
cum,  651;  Paterniacum,  88  L  E.Ch. 

PAGNY-si:r-Moselle.  Com.  du  dép.  de  Meurthe-et- 
Moselle,  arr.  de  Nancy,  cant.  de  Pont-à-Mousson,  dans  la 
vallée  de  la  Moselle  (r.  g.),  au  pied  des  coteaux  de  La 
Haye,  couverts  de  vignobles  ;  1.749  hab.  Station  frontière 
de  la  ligne  Nancy-Metz.  Tannerie,  scieries,  moulins.  Pre- 
mière mention  :  Paterniacum,  934  (ch.  de  l'abb.  de  Sainte- 
Glossinde).  Siège  d'une  ancienne  seigneurie  et  d'une  pré- 


vôté royale  jusqu'en  1751. 


E.  Ch. 


PAGO.  Ile  de  la  mer  Adriatique,  baie  de  (Juarnero,  dis- 
trict de  Zara.  l']lle  est  séparée  de  la  côte  croate  par  le  ca- 
nal délia  Morlacca.  488  kil.  q.  ;  6.403  hab.  La  \ille  de 
Pago  en  est  le  chef-lieu  (3.554  hab.).  Port,  château,  sa- 
lines. 

PAGODE.  I.  Architecture.  —  Monument  religi'mx  de 
FInde  et  de  l'extrême  Orient  (hindou  bhaguvali,  maison 
sacrée),  consistant  à  Forigine  en  une  sorte  de  chapelle, 
soit  taillée  dans  le  roc,  soit  construite  à  ciel  ouvert,  mais 
dans  laquelle  la  statue  de  la  di\inité  est  dressée  au  centre 
de  piliers  ou  de  murs,  supportant  une  pyramide  polygo- 
nale. (V.  Inde,  §  Arts,  t.  XX,  p.  705  et  suiv.)  Ces  pagodes 
étaient  souvent  ornées  à  profusion  de  bas-reliefs  et  d'or- 
nements. Par  extension,  ce  nom  de  pagode  fut  donné, 
dans  FInde  surtout,  à  un  ensemble  de  palais,  de  jardins 
et  de  sanctuaires  compris  dans  une  môme  enceinte,  laquelle 
était  souvent  fortifiée.  En  Chine,  les  pagodes  offrent  plu- 
tôt l'aspect  de  tours  polygonales  à  plusieurs  étages,  e)i 


795  — 


PAGODE  —  PAGURE 


retraite  les  uns  sur  les  autres  et  terminés  par  im  toit 
rappelant  la  tente  des  peuples  nomades  (V.  Chine,  t.  \1, 
p.  ii8).  Ces  pagodes  chinoises  sont  recouvertes  de  tuiles 
vernissées  ou  peintes  de  couleurs  vives  et  diffèrent  com- 
plètement des  monuments  religieux  de  Plnde.  Il  existe  une 
pagode  en  France,  construite  dans  le  genre  des  pagodes 
chinoises,  à  Chanteloup  (Indre-et-Loire)  (V.  ce  mot). 

II.  Ameublement.  —  On  a  donné,  en  France,  aux  xvii^ 
et  xviii^  siècles,  le  nom  de  pagode  à  des  objets  de  curio- 
sité ayant  parfois  un  pied  à  un  pied  et  demi  de  hauteur  et 
n'étant  autres  que  des  réductions  en  porcelaine,  en  bois, 
en  métal  et  même  en  carton  et  en  étoffe,  des  pagodes 
chinoises  ;  le  même  nom  fut  aussi  donné  à  des  réductions 
de  divinités  indiennes  et  chinoises  et  aussi  à  des  paravents 
et  à  tous  objets  décorés  de  sujets  imités  de  la  décoration 
indoue  ou  chinoise.  L'engouement,  qui  fut  très  vif  parmi 
les  collectionneurs  pour  les  pagodes,  dura  jusqu'aux  ap- 
proches de  la  Révolution.  Charles  Likas. 

III.  Numismatique.  —  Ancienne  monnaie  d'or  indigène  de 
l'Inde.  Les  premiers  commerçants  portugais  qui  établirent 
des  comptoirs  sur  les  côtes  de  Tllindoustan  prirent  l'ha- 
bitude de  désigner  sous  le  nom  de  pagode,  mot  qui  signi- 
fiait dieu  hindou,  les  monnaies  d'or  qu'ils  firent  frapper 
avec  des  types  indigènes,  c.-à-d.  qui  représentaient  Yicli- 
nou  (  Venkateçvara)  ou  d'autres  divinités.  Ces  pièces  étaient 
les  seules  dont  les  habitants  voulussent  se  servir.  Le  nom 
de  pagode  se  transmit  par  l'usage  aux  monnaies  d'or  in- 
digènes frappées  dans  les  colonies  hollandaises  et  anglaises 
et  dans  les  établissements  français  de  la  Compagnie  des 
Indes.  Il  y  eut  ainsi  dans  les  comptoirs  coloniaux  fran- 
çais deux  catégories  de  monnaies:  celles  aux  types  fran- 
çais qui  étaient  le  fanon  d'argent  (0  fr.  31  )  et  le  cache 
de  cuivre  ;  et  celles  aux  types  indigènes  qui  étaient  la  pa- 
gode d'or  et  la  roupie  d'argent  (V.  Roupie).  La  pagode 
équivalait,  dans  Torigine,  à  26  fanons;  plus  tard,  elle  n'en 
valut  plus  que  24.  11  y  eut  des  demi-pagodes;  on  donna 
aussi  quelquefois,  par  abus,  le  nom  de  pagodes  à  des  mon- 
naies indigènes  en  argent.  La  pagode  d'or  de  Pondicbéry. 
émise  à  partir  de  1705,  répond  à  la  description  suivante  : 
ligure  debout  de  Lalichmî,  la  déesse  des  richesses.  Flan 
convexe  semé  d'asj)érités  qui  représentent  des  grains  de 
riz,  symbole  de  l'abondance.  Au  centre,  un  croissant  et 
un  globule.  Titre  :  815-809  millièmes  ;  module,  1 1  millim.; 
épaisseur,  3  millim.  Poids,  38''\.40,  puis  3^^,34.  Valeur 
intrinsèque,  9  fr.  54,  puis  9  fr.  39.  La  pagode  de  Ya- 
naon,  dite  aux  trois  sivanii,  a  pour  type  la  ligure  de  Vich- 
nou  entre  ses  deux  femmes  Rukmini  et  Padmini.  Le  re- 
vers est  pareil  à  celui  de  la  pagode  de  Pondichéry.  Ces 
pièces  d'or  cessèrent  d'être  frappées  vers  i  786.  E.  Babeuon. 

NuMif?\îATiQrr,.  —  Aiurr  di;  Hazingi:n.  Traité  des  mon- 
jio'ics,^  Y"  Piujode.  —  V-..  /.\\\  Histoire  niODiH^iirc  des  colo- 
nies franraises,  d'opres  les  documents  officiels  :  Paris,  189/. 
iii-8. 

PAGOLLE.  Corn,  du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  arr.  de 
Mauléon,  cant.  de  Saint-Palais  ;  -109  hab. 

PAGOMEN  (Calendr.).  Dans  les  calendriers  égyptiens 
<?t  éthiopiens,  on  donne  ce  nom  au  résidu  de  cinq  jours 
que  présente  Tannée,  ou  de  six,  si  cette  année  est  bissex- 
tile. On  ajoute  ces  jours  au  dernier  mois. 

PAGOPHILE  (Ornith.)  (V.  Mouette). 

PAGOT  (François-Narcisse),  architecte  français,  né  à 
Orléans  le  ?)i  août  1780,  mort  à  Orléans  le  4  déc.  1844. 
Elève  de  De  la  Gardette  et  de  Labarre,  et  grand  prix 
<rardiitecture  en  1803  sur  un  projet  de  port  maritime, 
Pagot,  à  son  retour  d'Italie,  se  fixa  dans  sa  ville  natale 
dont  il  devint  larchitccte  et  le  professeur  d'architecture 
lie  l'Ecole  de  dessin.  Il  fit  élever  à  Orléans  les  édifices 
suivants  :  palais  de  justice  et  bibliothèque  municipale, 
id)attoir  pubhc  et  halle  au  blé,  asile  d'aliénés,  etc.  ;  de 
plus,  il  fit  achever,  en  1829,  le  portail  de  la  cathédrale 
d'Orléans  et  fut  chargé  de  continuel'  les  travaux  de  res- 
tauration de  la  cathédrale  de  Bourges.  On  doit  encore  à 
Pagot  l'hospice  de  Patay,  Thospiceet  le  dépôt  de  men- 
<licité  de  Gien  et  la  restauration  de  Féglise  de  Clérv. 


PAGR/E  (auj.  Qalaa!  lUi  jhr-'is).  FortCî'Cî^se  ruinée  de 
la  Syrie  du  Nord,  citée  par  Sliabon.  Elle  commandait 
Fancienne  route  d'Alexandrette  à  Antioche,  et  constituait 
une  défense  avancée  de  cette  dernière.  Elle  a  joué  unrolo 
important  au  moyen  âge,  où  les  Byzantins,  les  Croisés,  les 
Arméniens  et  les  Musulmans  se  la  disputèrent  tour  à  tour. 

PAGRE.  I.  Ichtyologie.  —  Genre  de  Poissons  osseux 
(Téléostéens),  de  Tordre  des  Acanthoptcrijgieni^  Perci- 
formesetàe  la  famille  des  Sparidœ,  xoisim  des  DaiDwIcs 
(V.  ce  mot),  dont  il  se  distingue  essentiellement  en  ce  (jue 
les  dents  molaires  de  la  mâchoire  supérieure  ne  sont  disposées 
que  sur  deux  rangées.  Jusqu'ici  (juatorze  formes  de  Pagre 
ont  été  décrites  ;  elles  habitent  de  préférence  les  mers  chaudes. 
On  en  connaît  cependant  dans  la  Méditerranée  et  l'Océan. 
Le  Pagnis  vidgaris  do  la  Méditerranée,  péché  quehpie- 
fois  sur  les  cotes  de  Bretagne,  a  le  dos  rosé  et  le  ventre 
argenté.  Toutes  les  nageoires  sont  roses.  Son  poids  peu! 
aller  jusqu'à  8  kilogr.  [1  se  nouiTit  d'algues,  de  petits  ci-us- 
tacés  et  de  molhisîfues.  R'icmiH. 

II.  Pèche.  —  Ce  poisson  vit  en  petites  troupes,  qui  se 
déplacent  fréquemment  ;  pour  faire  sa  pèche,  il  faut  sa- 
voir que  le  Pagre  se  rapproche  des  côtes  pendant  les  cha- 
leurs, mais  (ju'il  gagne  les  fonds  à  l'approche  des  froids. 
qu'il  affectionne  les  fonds  rocheux  et  se  nourrit  de  préfé- 
rence de  mollusques  et  de  rrustacés;  on  amorce  les  hame- 
çons avec  ces  animaux  E.  S. 

BiBL.  :  Ichtyologie.  —  GuntiH'R,  Study  of  Fishes  — 
Sauvage,  clans  Breiim,  od.  h- 

PAGURE  (Crust.).  Les  Pagurides,  désignés  sous  le 
nom  vulgaire  de  Bernard  F  Ermite,  sont  une  famille  de 
Crustacés-Décapodes  Macroures,  remarquables  par  le  dé- 
faut de  symétrie  de  leurs  appendices  et  par  la  conforma- 
tion de  leur  abdomen.  Les  pattes-màchoires  inférieures  ne 
se  distinguent  pas  des  pattes  ordinaires,  et  les  deux  pre- 
mières vraies  pattes  sont  pourvues  de  pinces  le  plus  sou- 
vent inégales.  Les  larves,  grâce  à  leur  symétrie,  en  ont 
imposé  longtemps  pour  des  animaux  adultes  qu'on  décrivait 
sous  le  nom  généi'ique  de  Glaucothoë,  et  qu'on  rangeait 
parmi  les  Thalassicoles.  On  peut  rattacher  aux  Pagurides 
les  Birgides,  qui  alors  forment  une  sous-famille,  à  côté 
des  Pagures,  ou  bien  on  peut  considérer  les  Birges,  avec 
les  Cénobites,  comme  foi'mant  une  famille  distincte  voi- 
sine. Quoi  qu'il  en  soit,  les  Pagures  proprement  dits 
ont  les  antennes  externes  ti'ès  brèves,  le  palpe  des 
pattes-màchoires  inférieures  terminé  par  un  fouet  mul- 
tiarticulé,  l'abdomen  généralement  membraneux,  con- 
tourné sur  lui-même,  indistinctement  anneié,  parfois  plus 
développé  à  droite  qu'à  gauche  (MLdopagurm).  terminé 
par  deux  appendices  grêles,  charnus,  de  dimensions  iné- 
gales, situés  latéralement;  les  femelles  posbèdent  souvent 
des  fausses  pattes  unilatérales,  destinées  à  soutenir  les 
œufs  ;  chez  les  Osfraconolus,  l'abdomen  est  si  court 
que,  pour  soutenir  ses  œufs,  la  femelle  se  sert  des  pattes 
de  la  quatrième  paire,  dont  Tavant-dernier  article  est  élargi 
en  palette.  Pour  protéger  cet  abdomen  mou,  les  Pagures 
se  logent  dans  des  coquilles  vides  de  Mollusques-Gastéro- 
podes, rarement  dans  les  coquilles  tubulaires  des  Dentales  ; 
ils  y  entrent  à  reculons  et  s'y  cramponnent  à  l'aide  des 
quatre  dernières  pattes  et  des  appendices  latéraux.  Tnemème 
espèce  peut  habiter  successivement  des  coquilles  différentes. 
Quelques  espèces,  à  abdomen  très  petit,  comme  les  Caia- 
pagurus,  se  logent  dans  des  coquilles  minuscules.  D'autres 
Pagures,  tels  que  Pylochelcs  Agassizii  A.  M.-lidw.  et 
les  Xyhpagurus,  de  la  mer  des  Antilies  et  du  golfe  du 
Mexique,  vivent  dans  des  trous  creusés  dans  des  morceaux 
de  bois  ou  dans  des  cavités  de  roseaux,  de  jonc,  etc.,  où 
ils  pénètrent  directement. 

Les  Pagures  sont  répandus  dans  presque  toutes  les  mers 
du  globe.  Sur  les  côtes  de  France  (Manche  et  Atlantique), 
on  rencontre  surtout  le  Pagurus  Bernhardus  L.,  logé 
ordinairement  dans  des  coquilles  vides  de  Buccinutu  un- 
daturn;\cs  P.  Clibanariusmisanthivpns  Fiiss  et  ï\r,\e- 
liculosns  Kom.  fréquentent  les  côtes  de  la  Médilcrranée 


PAGURE  —  PAIEMENT 


796 


et  du  S.-O.  ;  le  P.  Lafonli  Fisch.  est  propre  au  golfe  de 
Gascogne  ;  enfin  les  P.  Prideauxii  Leach,  P.  calidus 
Roux,  P.  pictus  M.-Edvv.,  P.  angulatusKiss.,  P.  stria- 
lus  Latr.,  et  Paguristes  maculatus  Riss.,  sont  répandus  " 
dans  la  Méditerranée.  Tous  ces  Pagures  sont  comestibles 
et  leur  chair  est  très  savoureuse.  D^'  L.  Hn. 

PAG  US.  Ancienne  dénomination  des  divisions  territo- 
riales de  la  Gaule,  que  l'on  rencontre  depuis  l'époque  ro- 
maine et  qui  ont  subsisté  jusqu'à  la  fin  du  x^  siècle. 
C'étaient,  au  début,  des  subdivisions  de  la  cité  romaine  qui 
représentaient  plus  ou  moins  exactement  les  circonscrip- 
tions des  peuples  gaulois.  Ces  subdivisions,  d'étendue  très 
variable,  ont  persisté  à  l'époque  mérovingienne  et  à  l'époque 
carolingienne  dans  l'organisation  administrative  et  dans 
l'organisation  ecclésiastique.  Dans  l'organisation  adminis- 
trative, ils  étaient  gouvernés  par  un  comte,  et  lors  de  la 
formation  de  la  féodalité,  un  grand  nombre  de  pagi  sont 
devenus  des  comtés.  Dans  l'organisation  ecclésiastique,  ils 
ont  donné  naissance  aux  archidiaconés,  et  ces  circonscrip- 
tions des  diocèses  ont  très  souvent  fait  persister  jusqu'à 
la  fin  de  l'ancien  régime  les  limites  des  anciens /;a{/z.  Une 
carte  des  pagi  carolingiens  delà  Gaule  a  été  dressée  par 
M.  A.  Longnon,  dans  son  Atlas  historique  de  la  France. 

PAHAN6.  Principauté  musulmane  de  la  presqu'île  ma- 
laise dépendant  des  Straits  seiflements  ;  elle  s'étend  sur 
environ  26.000  kil.  q.  dans  le  bassin  du  petit  fleuve 
Pahang  (3o0  kil.),  le  long  de  la  mer  de  Chine.  La  popu- 
lation est  formée  de  Malais,  de  Sakais,  de  Negritos  et  de 
métis.  La  capitale  est  Pékan. 

PAHARI  (habitant  du  Pahar,  de  la  montagne).  Nom 
générique  donné  par  les  gens  du  Penjab  et  du  Rohilkand 
aux  populations  sédentaires  de  l'Himalaya  occidental. 
Hindous  pour  la  plupart,  mais  plus  forts  que  ceux  des 
plaines  et  parlant  des  patois  spéciaux,  ils  viennent  se 
louer  en  grand  nombre  pendant  l'hiver  dans  les  villes  de 
l'Inde,  et  pendant  l'été  dans  les  «  stations  des  collines  » 
(Mari,  Simla,  Massourie,  etc.).  Ce  nom  de  Pahari  est 
quelquefois  plus  particuhèrement  appliqué  aux  habitants 
des  petites  vallées  montagneuses  situées  à  l'E.  et  au 
S.-E.  de  celle  de  Cachemire,  sur  le  cours  supérieur  du 
Tchinab  et  de  la  Ravi. 

PAHIN  Champlain  de  Lablancherie  (V.  Lablancherir). 

PAR  LE N.  Noble  famille  russe,  originaire  de  Livonie. 
Jean-Kartenson  était  officier  suédois  en  1679  et  obtint 
le  titre  de  baron.  En  même  temps  que  la  province,  la  famille 
entra  au  service  de  la  Russie. 

Pierre-Alexievitch ,  comte  de  Pahlen,  né  le  28  avr. 
i74o,  mort  le  25  févr.  1826.  Il  avait  commencé  par  se 
distinguer  dans  les  guerres  contre  la  Turquie  et  la  Suède 
sous  le  règne  de  Catherine  IL  En  1790,  il  fut  nommé 
ambassadeur  à  Stockholm,  puis  gouverneur  de  différentes 
provinces.  Il  jouissait  de  la  confiance  de  Paul  P^'et  devint 
son  premier  favori.  Le  tsar  lui  conféra  le  grade  de  géné- 
ral de  cavalerie  (1798),  le  titre  héréditaire  de  comte  de 
l'Empire  (1799)  ;  il  fut  nommé  chancelier  de  l'ordre  Saint- 
Jean  de  Jérusalem,  gouverneur  militaire  de  Saint-Péters- 
bourg, ministre  des  affaires  étrangères  et  premier  ministre. 
Malgré  ces  faveurs  et  les  bienfaits  dont  il  fut  comblé,  il 
se  mit  à  la  tête  de  la  révolution  du  palais,  qui  coûta  la 
vie  à  Paul  P^  (1801).  Alexandre  PMe  disgracia,  et  Pahlen 
finit  ses  jours  sur  ses  biens,  à  Mittau. 

Pierre-Petrovitch,  comte  de  Pahlen,  né  en  1778,  mort 
en  1864,  fils  du  précédent,  est  un  des  plus  célèbres  géné- 
raux russes.  Entré  tout  jeune  dans  l'armée,  il  prit  une 
Îart  glorieuse  aux  guerres  d'Asie  (1796)  et  devint  en 
800  général-major.  Il  s'était  particulièrement  distingué 
dans  la  guerre  avec  la  France,  surtout  en  1812,  1813  et 
1814,  de  même  qu'en  1831  contre  les  Polonais.  De  1835 
à  1841,  il  fut  ambassadeur  de  Russie  à  Paris.  Rappelé  en 
Russie,  il  fut  nommé  inspecteur  général  de  la  cavalerie. 
En  1862,  il  se  retira  dans  la  vie  privée. 

FrédériC'Pelrovitch,  comte  de  Pahlen,  diplomate  russe, 
frère  du  précédent  (1780-1863).  Il  sortit  de  la  garde  im- 


périale pour  entrer  dans  la  carrière  diplomatique.  Il  fut 
ministre  de  Russie  à  Washington,  à  Rio  de  Janeiro  et  à 
Munich.  En  1829,  il  signa  avec  le  comte  Orlov  le  traité 
d'Andrinople  et  fut  nommé  gouverneur  de  Kherson  avec 
le  titre  de  membre  du  conseil  d'Empire.  M.  G. 

PAHOUINS  (Anthrop.)  (V.  Fan). 

PAIEMENT.I.  Droit  romain .  —  Mode  d'extinction  des 
obligations  consistant  dans  l'accomplissement  de  la  presta- 
tion due.  C'est  par  conséquent  le  procédé  naturel  et  normal 
destiné  à  mettre  fin  à  une  obligation.  Le  lien  que  crée  Vobli- 
gatio  est  ainsi  dénoué,  solvitur.  Aussi  le  paiement  est-il 
appelé  solîitio,  mot  qui  est  également  employé  dans  une 
acception  plus  large  pour  désigner  tout  acte  ou  fait  entraînant 
libération  du  débiteur  (176  Dig.,  De  verb.  sign.,  L.  16, 
Ulp.  ;  54Dig.,  De  solut.,  XLVI,  3,  Paul).  Ainsi  compris, 
le  paiement  est  un  mode  d'extinction  qui  est  apte  à  s'ap- 
pliquer à  toute  espèce  d'obligation,  puisqu'une  obligation 
n'est  créée  qu'en  vue  de  Texécution  qui  va  précisément 
l'éteindre.  Mais  il  y  a  eu  un  temps  où  cette  exécution  ne 
suffisait  pas  à  produire  ce  résultat  ;  du  moins  pour  les 
obligations  nées  d'un  contrat  formaliste.  Ici,  en  effet,  le 
lien  d'obligation  ne  pouvait  se  dénouer  qu'en  accomplis- 
sant un  acte  formel,  exactement  inverse  de  celui  qui  avait 
servi  à  faire  naître  l'obligation.  Ce  contrariiis  actus  était 
le  complément  indispensable  du  paiement.  Mais  ce  forma- 
lisme exigeant  ne  pouvait  convenir  aux  obligations  nées 
des  déUts,  ni  à  celles,  de  plus  en  plus  nombreuses,  où  la 
forme  n'était  pour  rien  dans  la  création  du  lien  obliga- 
toire. On  finit  par  s'en  dispenser  même  pour  les  obH^a- 
tions  formelles.  Ce  changement  paraît  déjà  accompli  à 
l'époque  de  Gaius  (G.,  III,  168).  Peut-être  remonte-t-il 
plus  haut.  C'est  à  partir  de  ce  moment  que  le  paiement 
est  réellement  devenu  ce  qu'il  est  resté  depuis  :  un  mode 
de  libération  général,  produisant  indistinctement  et  plei- 
nement son  effet  sur  toute  obligation.  Ce  mode  est  d'ail- 
leurs un  de  ceux  que  reconnaît  le  droit  civil  et  qu'il  range 
parmi  les  modi  certi  d'extinction.  Aussi  le  paiement  figure- 
t-il  dans  les  modes  d'extinction  qui  opèrent  ipso  jure, 
sans  le  secours  prétorien  d'une  exception.  Pour  être  libé- 
ratoire, le  paiement  doit  avoir  pour  objet  la  prestation 
due  (sauf  le  cas  de  dation  en  paiement).  Il  faut  qu'il  soit 
fait  par  le  débiteur  ou  par  un  tiers  en  son  nom  (sauf  le 
cas  où  il  est  convenu  ou  sous-entendu  que  le  débiteur  devra 
personnellement  s'acquitter  de  la  dette).  Il  doit  être  fait 
au  créancier  ou  à  une  personne  ayant  qualité  pour  le  re- 
cevoir au  nom  du  créancier.  Enfin  il  faut  le  faire  au  lieu 
et  à  l'époque  convenus.  Le  créancier  qui  refuse  de  recevoir 
paiement  s'expose  à  ce  qu'on  use  envers  lui  de  la  procé- 
dure d'offres.  G.  May. 

II.  Droit  civil  et  commerciaL  —  Accomplissement 
de  l'obligation  à  laquelle  on  est  tenu  en  vertu  d'un  contrat. 
Tel  est  du  moins  le  sens  du  mot  paiement  dans  le  langage  ju- 
ridique, tandis  que  dans  le  langage  usuel  il  désigne  plus  spé- 
cialement une  numération  d'espèces.  Il  suit  de  là  que  tout 
contrat  qui  oblige  les  deux  parties  à  faire  ou  à  donner 
quelque  chose  suppose  un  double  paiement,  chaque  contrac- 
tant devant  faire  ou  donner  ce  qu'il  a  promis.  Inversement, 
il  ne  peut  pas  y  avoir  de  paiement  s'il  n'y  a  pas  une  obliga- 
tion préalable,  et  celui  qui  a  donné  quelque  chose,  alors  qu'il 
n'est  tenu  à  rien,  peut  le  réclamer  par  une  action  ([u'on  ap- 
pelle larépétition  de  Vindu;  mais  une  simple  obligation 
(V.  ce  mot)  naturelle  suffit  pour  servir  de  base  à  un  paie- 
ment régulier.  En  principe,  le  paiement  doit  être  fait  par 
celui  qui  a  contracté  l'obligation  ;  cependant  il  peut  aussi 
être  effectué  par  un  tiers,  parce  que  le  créancier  n'a  pas 
d'intérêt  sérieux  à  recevoir  la  chose  due  de  son  débiteur  ou 
d'une  autre  personne,  et  que,  pour  lui,  le  seul  point  impor- 
tant, c'est  d'être  payé.  Pour  payer  valablement,  il  faut,  dit 
l'art.  1238  du  C.  civ. ,  être  propriétaire  de  la  chose  donnée  en 
paiement  et  capable  de  l'aliéner.  C'est  là  une  application 
particulière  de  la  règle  générale  d'après  laquelle  on  ne  peut 
pas  transférer  plus  de  droits  sur  une  chose  qu'on  n'en  a 
soi-même  :  si  donc,  m'étant  engagé  à  vous  livrer  un  che- 


—  797  — 


PAIEMENT  —  PAIK  TJYEL 


val,  je  vous  livre  celui  de  mon  voisin,  le  paiement  n'est 
pas  valable,  et  la  nullité  peut  en  être  demandée  par  vous, 
par  moi,  et  celui  à  qui  appartient  le  cheval  peut  le  reven- 
diquer. Exceptionnellement,  s'il  s'agit  d'un  paiement  de 
somme  d'argent  ou  d'une  autre  chose  qui  se  consomme 
par  l'usage,  comme  du  vin,  du  blé,  cette  chose  ne  peut 
plus  être  répétée  contre  le  créancier  qui  l'a  consommée  de 
bonne  foi.  La  loi  exige  encore,  pour  que  le  paiement  soit 
valable,  que  celui  qui  livre  la  chose  non  seulement  en  soit 
propriétaire,  mais  encore  ait  la  capacité  de  l'aliéner.  Si- 
non, le  paiement  est  nul,  mais  la  nullité  n'en  peut  être 
demandée  que  par  l'incapable. 

Le  paiement  doit  être  fait  au  créancier  ou  à  quelqu'un 
ayant  pouvoir  de  recevoir  à  sa  place,  par  exemple,  à  son 
tuteur  ou  à  son  mandataire;  s'il  est  fait  à  un  incapable, 
il  n'est  pas  valable,  à  moins  que  le  débiteur  ne  prouve 
que  la  chose  payée  a  tourné  au  profit  du  créancier  qui  l'a 
reçue.  Il  arrive  fréquemment  qu'un  créancier  fait  aux  dé- 
biteurs de  son  propre  débiteur  défense  de  payer  à  celui- 
ci  ce  qu'ils  lui  doivent  ;  c'est  ce  qu'on  appelle  faire  saisie- 
arrêt  ou  opposition  (V.  ces  mots).  Le  paiement  fait  au 
mépris  de  cette  défense  n'est  pas  valable  à  l'égard  du 
créancier  saisissant  ou  opposant,  qui  peut  contraindre  le 
débiteur  à  payer  une  seconde  fois  ;  en  d'autres  termes,  le 
débiteur  est  bien  libéré  vis-à-vis  de  son  propre  créancier, 
mais  non  vis-à-vis  du  créancier  de  son  créancier. 

En  principe,  le  créancier  a  le  droit  d'exiger  la  chose 
même  qui  lui  est  due,  il  n'est  pas  tenu  d'en  accepter  une 
autre,  même  d'une  valeur  bien  supérieure  ;  mais  naturel- 
lement, il  peut  accepter  cette  chose  si  le  débiteur  la  lui  offre. 
Ainsi,  par  exemple,  lorsqu'un  propriétaire  s'est  engagé  à 
payer  son  moissonneur  avec  du  blé,  il  ne  peut  pas  l'obliger 
à  recevoir  une  somme  d'argent  représentant  la  valeur  ou 
même  plus  de  la  valeur  de  ce  blé  ;  mais  si  l'ouvrier  accepte, 
le  paiement  peut  se  faire  ainsi  par  équivalent,  et  il  est 
libératoire.  Réciproquement,  le  moissonneur  ne  pourrait 
pas  contraindre  son  patron  à  lui  verser  une  somme  d'ar- 
gent en  remplacement  de  la  quantité  de  blé  qui  lui  est 
due.  Si  la  chose  due  est  une  somme  d'argent,  le  créancier 
peut  exiger  son  paiement  en  espèces  métalliques,  et  il  est 
en  droit  de  refuser  un  paiement  en  billets,  même  en  billets 
de  la  Banque  de  France,  car  actuellement  ceux-ci  n'ont 
pas  cours  forcé.  Le  paiement  peut  d'ailleurs  être  fait,  soit 
en  monnaies  d'or,  soit  en  monnaies  d'argent  ;  toutefois, 
les  pièces  de  2  fr.,  de  4  fr.  et  de  50  cent,  et  les  pièces 
de  cuivre,  qu'on  appelle  monnaies  de  billon,  et  dont  la 
valeur  réelle  ne  correspond  pas  à  la  valeur  nominale,  ne 
doivent  être  employées  que  comme  appoint,  jusqu'à  con- 
currence de  50  fr.  pour  les  premières,  de  5  fr.  pour 
les  secondes.  Les  parties  peuvent  d'ailleurs  convenir  que 
le  paiement  sera  fait  en  monnaies  étrangères  détermi- 
nées. Le  débiteur  ne  peut  pas  forcer  son  créancier  à  rece- 
voir des  paiements  partiels;  mais  si  le  débiteur  doit  au 
même  créancier  plusieurs  dettes  distinctes,  il  peut  ne  payer 
qu'une  seule  de  ces  dettes  en  une  seule  fois,  ce  n'est  pas 
là  un  paiement  partiel.  Après  avoir  consacré  le  principe 
que  le  créancier  ne  peut  pas  être  obligé  de  recevoir  un 
paiement  partiel,  la  loi  ajoute  que  les  tribunaux  peuvent 
cependant,  en  considération  de  la  position  du  débiteur,  et 
en  usant  de  cette  faculté  avec  une  grande  réserve,  accorder 
des  délais  modérés  pour  le  paiement.  Ce  droit  d'accorder 
des  délais  cesse  quand  il  s'agit  du  paiement  d'une  lettre 
de  change  ou  d'un  billet  à  ordre,  quand  le  débiteur  est 
en  décontiture,  en  faillite,  en  état  de  contumace,  saisi  par 
d]autres  créanciers,  ou  enfin  lorsque,  par  son  fait,  il  a 
diminué  les  sûretés  qu'il  avait  données  par  le  contrat  à 
son  créancier.  Dans  certaines  occasions  exceptionnelles, 
par  exemple  lors  de  la  guerre  de  1870,  des  lois  spéciales 
ont  accordé  des  délais  à  toute  une  catégorie  de  débiteurs. 
Lorsque  la  chose  due  est  un  corps  certain,  c.-à-d.  une 
chose  déterminée  individuellement,  tel  cheval  par  exemple, 
le  débiteur  est  libéré  en  la  remettant  en  paiement  à  son 
créancier  dans  l'état  où  elle  se  trouve,  à  moins  que  les 


détériorations  qu  elle  peut  avoir  subies  ne  proviennent  de 
son  fait  ou  de  sa  faute.  Si,  au  contraire,  il  s'agit  d'un  corps 
incertain,  c.-à-d.  d'une  chose  déterminée  seulement  quant 
à  son  espèce,  tant  d'hectolitres  de  blé  par  exemple,  le  dé- 
biteur n'est  tenu  de  fournir  que  de  la  qualité  moyenne  :  on 
ne  peut  pas  exiger  de  lui  la  meilleure  qualité  et  il  ne  peut 
donner  de  la  moins  bonne.  Le  paiement  doit  être  fait  à 
l'époque  fixée  dans  la  convention,  sauf  ce  que  nous  avons 
dit  plus  haut  des  délais  que  le  juge  est  autorisé  à  accorder 
en  considération  de  la  position  du  débiteur.  Il  doit  être 
fait  au  lieu  indiqué  par  le  contrat.  Si  celui-ci  est  muet, 
et  s'il  s'agit  d'un  corps  certain,  il  doit  être  livré  à  l'en- 
droit où  il  se  trouvait  lors  de  l'obligation  ;  s'il  s'agit 
d'un  corps  incertain,  le  paiement  doit  se  faire  au  domicile 
du  débiteur.  Dans  tous  les  cas,  les  frais  du  paiement  sont 
à  la  charge  du  débiteur. 

Lorsqu'une  même  personne  est  débitrice  de  plusieurs 
dettes  envers  une  autre,  elle  a  le  droit  de  déclarer  au  mo- 
ment du  paiement  quelle  dette  elle  entend  acquitter  :  nous 
avons  dit  plus  haut  que  ce  n'est  pas  là  un  paiement  par- 
tiel. Si  le  débiteur  n'indique  pas  quelle  dette  il  déhire 
acquitter,  le  créancier  peut,  dans  la  quittance,  déclarer 
qu'il  impute  ce  paiement  sur  telle  ou  telle  dette  qui  seule 
se  trouvera  éteinte.  Enfin,  si  le  débiteur  ni  le  créancier 
n'ont  rien  dit,  la  loi  indique  comment  doit  se  faire  l'im- 
putation :  le  paiement  doit  être  imputé  sur  la  dette  que 
le  débiteur  avait  le  plus  d'intérêt  à  acquitter,  si  toutes 
sont  échues  ;  si  une  seule  est  échue,  c'est  celle-là  qui  est 
éteinte  par  le  paiement.  Enfin,  si  toutes  les  dettes  sont 
échues  ou  toutes  non  échues,  et  que  le  débiteur  n'ait  pas 
plus  d'intérêt  à  éteindre  l'une  que  l'autre,  le  paiement 
doit  s'imputer  sur  la  plus  ancienne,  et,  si  elles  sont  toutes 
de  même  date,  il  se  fait  proportionellement  sur  chacune 
d'elles  ;  dans  ce  dernier  cas,  il  y  aura  ainsi  un  paiement 
partiel,  mais  cette  circonstance  se  présentera  rarement, 
car  le  créancier  a  intérêt  à  indiquer  comment  il  entend 
être  payé,  et  dans  quel  ordre  il  impute  les  paiements. 

Lorsque  le  créancier  refuse  de  recevoir  paiement,  la  loi 
donne  au  débiteur  un  moyen  de  se  libérer  :  elle  lui  per- 
met de  faire  des  offres  réelles,  et  si  elles  se  sont  pas  ac- 
ceptées, de  consigner  la  chose  qu'il  doit  et  dont  il  veut  se 
libérer. 

On  appelle  paiement  avec  subrogation  (V.  ce  mot) 
celui  qui,  tout  en  éteignant  la  dette  à  Végard  du  créancier, 
la  laisse  subsister  à  l'égard  du  débiteur  et  donne  à  celui- 
ci  comme  nouveau  créancier  un  tiers  qui  a  fourni  les  de- 
niers pour  faire  ce  paiement.  F.  Girodon. 

Paiement  par  anticipation  (V.  Anticipation). 

III.  Droit  administratif  (V.  Budget,  ^  Exercice 
financier,  t.  YIÏI,  p.  330,  et  Comptabilité,  §  Compta- 
bilité publique,  t.  XII,  pp.  233  et  s.,  243  et  s.,  '1{6 
et  s.). 

BiBL.  :  Droit  romain.  —  Accarias,  Précis  de  droit  ro- 
main ;  Paris,  1891,  t.  II,  u»^  690,  091  ;  2  vol.  iii-J^,  -1«  éd.  — 
Girard,  Manuel  élément,  de  d^'oit  romain  ;  Paris,  lcS98, 
pp.  671-075,  in-8.  2«  éd.  —  G.  May,  Eléments  de  droit  ro- 
main; Paris,  1898,  n°«  196,  198,  iii-8,  5°  éd. 

PAIGE  (A.-F.  Le)  (V.  Bar  [Comte de]). 

PAIGNTON.Ville  de  bains  de  mer  anglaise  (Devonshire), 
sur  la  Tor-Bay  ;  6.783  hab.  (en  1891).  Commerce  de 
fruits  et  légumes. 

PAU  ANE.  Lac  de  Finlande,  gouv.  de  Tavastehus,  qui 
se  déverse  par  le  Kymmene;  siUié  à  78  m.  d'alt.,  il  a 
4.576  kiLq. 

PAÏ-KHOÏ  (Russie)  (V.  Paë-Khoï). 

PAIK  TJYEI.  Ancien  Etat  de  la  Corée  méridionale,  sur 
les  bords  de  la  mer  Jaune,  s'étendant  au  N.  jusqu'à  la 
région  de  Séoul  et  à  FE.  jusqu'aux  montagnes;  cet  Etat 
fut  fondé  vers  le  commencement  de  Tère  chrétienne  par 
des  immigrants  du  Pou  ye,  qui  soumirent  les  indigènes, 
les  Ma  han.  La  capitale  du  Pàiktjyei,  d'abord  située  dans 
les  environs  de  Séoul,  fut  reportée  vers  le  S.,  dans  la 
vallée  du  Keum  kang,  à  mesure  que  le  royaume  de  Ko 
kou  rye  s'étendit  vers  le  S.   Converti  au  bouddhisme  à 


>A1K  TJYFI 


PAILLE 


—  798 


pui'iir  de  08 i,  et  ayant  adopté  récriture  chinoise  vers  la 
iiièmc  époque,  le  royaume  entretint  des  relations  suivies 
avec  les  Japonais  ;  le  patronage  de  ces  derniers  n'empê- 
cha pas  le  Pâik  tjyei  d'être  anéanti  par  les  Chinois  (660) 
et  incorporé  au  Sin  ra  (V.  Trois  Royaumes).  Le  nom  de 
Pàik  tjyei  fut  ressuscité  par  un  rebelle,  ïjin  Houen,  qui 
tint  en  écliec  le  Sin  ra  et  le  Ko  rye  de  89"2  à  935.      M.  C. 

PAIK  TOU  SAN.  Montagne  située  sur  la  frontière  de 
la  Corée  et  oii  les  fleuves  Ton  nian  et  Ap  rok  (Ya  Ion) 
prennent  leur  source  ;  objet  de  nombreuses  légendes,  elle 
est  entourée  de  vastes  forêts  très  redoutées  des  Coréens. 
L'ascensionen  a  été  faite  d'abord  par  le  nord,  par  MM.  James 
et  Fulford,  puis  en  1891  parla  Corée,  par  M.  Cavendish; 
k.  sommet  (environ  3.000  m.)  est  couvert  de  pierre  ponce, 
uoù  vient  la  coloration  blanche  qui  lui  a  valu  son  nom 
(iiionlagno  à  tête  blanche);  cette  montagne  est  un  ancien 
^<dcan,  eî  le  cratère  est  rempli  par  un  lac.         M.  C. 

l'ir.L.  :  Cap  A.-E.-J.  Cavkndish,  Koreo  und  tfie  sn.cred 
W'Iiitc  Mouniciiii;  Londres,  1891,  in-8. 

PAILHAC.  Corn,  du  dép.  des  llautes-Pyrénees,  arr.de 
]>agnères-de-Bigorre,  cant.  d'Ai-reau;  53  hab. 

PAiLHARÈS.  Com.  du  dép.  de  l'Ardèche,  arr.de  Tour- 
non,  cant,  de  Samt-Félicien  ;   1.554  hab. 

PAILHEROLS.  Com.  du  dép.  du  Cantal,  arr.clAurii- 
kic.  cant.  de  Vic-sur-Cère;  507  hab. 

PAiLHÈS.Com.  du  dép.  de  l'Ariège,  arr.  de  Pamiers, 
cant.  du  Fossat;  888  hab. 

PAILHES.  Com.  du  dép.  de  ITlérault,  arr.  de  Béziors. 
ciint.  de  Murviel;  281  hab. 

PAILLART.  Com.  du  dép.  de  fOi^e,  aiT.  de  Ciermont. 
cant.  de  Breteuil;  704  hab. 

PAILLASSE.  L  Ameublement.  —  C'est  un  grand  sac 
eu  toile  rempli  de  paille  ou  d'algues,  ([ui  tient  lieu  de 
sommier  et  qui  môme,  souvent,  chez  les  gens  très  pauvres, 
y  supplée.  Bien(juele  mot  ne  se  rencontre  qu'à  partir  du 
wi^  siècle,  la  paillasse  est  d'un  usage  beaucoup  plus  an- 
cien, il  en  est  question  chez  les  auteurs  du  xv®  siècle 
connne  du  coucher  des  malheureux,  sans  qu'on  sache  exac- 
tement connnent  elle  était  alors  constituée.  Au  xvii®  siècle, 
son  em])loi  se  généralise,  et  les  plus  grands  personnages 
ne  la  dédaignent  pas  pour  y  faire  surtout  la  sieste.  Do 
nos  jours  on  remplit  les  paillasses  avec  la  paille  de  seigle 
ou  de  froment  ;  mais  les  feuilles  de  mais  doivent  être 
préférées.  La  paille  se  dépose  dans  toute  sa  longueur,  en 
plaçant  les  talons  aux  deux  bouts  de  la  toile  de  façon  que 
les  épis  se  croisent  en  leur  milieu.  L'enveloppe  est  de 
grosse  toile  ou  de  couthécru,  et  l'on  ménage,  par-dessus, 
des  ouvertures,  qui  permettent  de  passer  la  main  pour 
remuer  la  paille.  Les  feuilles  de  mais  sont  séchées  et  cm- 
])ioyées  entières  ou  divisées  en  lanières.  Très  élastiques, 
elles  constituent  un  coucher  presque  aussi  doux  que  le 
matelas  de  lahic,  et  leur  durée  est  pour  ainsi  dire  indé- 
iînie  si  on  les  ticai  à  l'abri  de  rhuniidité. 

IL  Archiiectuue.  —  Partie  d'un  fourneau  de  cuisine 
(|ui  supporte  les  réchauds  et  le  carrelage  el  se  compose 
d'un  hourdib  en  plâtre  soutenu  par  une  armature  depetit-^ 
l'ers  appelés  carillon,  fentons  ou  côtes  de  yache  ;  une  cein- 
ture en  fer  méplat  contourjie  la  paillasse  et  est  scellée  à 
ses  deux  extrémités  dans  le  mur  auf[uel  est  adossé  le  four- 
neau. On  appelle  aussi  paillasse  le  massif  en  maçonnerie 
d'une  forge. 

PAILLASSON.  Les  paillassons  sont  des  nattes  do  paille 
dont  libage  le  plus  fréquent  est  aujourd'hui  de  servir  de 
petits  tapis  placés  à  la  porte  des  appartements  et  sur 
les(}uels  on  s'essuie  les  pieds.  Ils  avaient  autrefois  de 
plus  grandes  dimensions  et,  recouverts  de  toile,  servaient, 
sous  le  nom  de  nalles  de  fenêtre,  à  garantir  les  appar- 
tements de  Fardeur  dusoleil  ou  du  refroidissementnocturne. 

On  étend  aussi  pendant  l'hiver  des  paillassons  sur  les 
assises  de  pierre,  au  cours  de  leur  pose,  pour  les  garantir 
de  la  gelée;  des  nattes  déplus  petites  dimensions  servent 
à  prot'''ger  des  écornures  les  morceaux  de  pierre  pendant 
les  (iiib  î'-iifes  opérations  du  bardage  et  de  la  pose.    On 


appelle  encore  de  ce  nom  des  nattes  plus  petites  formant 
un  cercle  que  les  garçons  maçons  portent  sur  la  tête  et 
sur  laquelle  ils  posent  l'auge  dans  laquelle  ils  transport(Mit 
le  plâtre  ou  tout  autre  fardeau. 

Enfin  les  jardiniers  fabriquent,  pour  abriter  les  plantes, 
une  sorte  de  couverture  de  paille  obtenue  en  serrant  les 
unes  contre  les  autres,  à  Faide  de  ficelle,  des  poignées 
de  paille  de  seigle  et  qui  porte  également  le  nom  de  pail- 
lasson. 11  y  en  a  de  dimensions  variées.  On  leur  donne  sou- 
vent 1™,50  ou  '2  m.  de  coté.  On  en  couvre  les  châssis 
vitrés  des  couches,  les  serres  ;  on  les  établit  au-dessus  des 
plantes  à  protéger,  sur  des  piquets  enfoncés  dans  le  sol 
ou  en  toiture  sur  les  espaliers  à  la  floraison. 

PAILLE.  I.  Agriculture.  —  Nom  donné  aux  tiges 
sèches  des  céréales  et  de  certaines  légumineuses  cultivées 
pour  leurs  graines  ;  les  premières,  en  particuUer,  jouent 
un  grand  rôle  dans  l'économie  de  la  ferme  ;  on  les  utilisa 
pour  l'alimentation  du  bétail  et  pour  la  confection  des  li- 
tières ;  elles  servent  aussi  de  matières  premières  pour  l'éta- 
blissement des  toitures,  pour  la  fabrication  des  paillis,  des 
paillassons  et  des  chapeaux,  pour  les  emballages,  etc. 
(V.  Chaume,  Lihère,  Paillis,  Pailiasson,  Tofiure,  etc.). 
Nous  devons  les  étudier  ici  au  point  de  vue  zootechnique. 
Pailles  de  céréales.  Elles  sont  mises  en  granges  ou 
en  meules  immédiatement  après  leur  sortie  de  la  batteuse 
et  entassées  avec  le  plus  grand  soin  afin  de  prévenir  leur 
échauffement  ;  ordinairement  elles  sont  liées,  soit  au  mo- 
ment même  du  battage,  soit  au  moment  de  la  livraison, 
en  gerbes  de  poids  variables  (5'^s,5  ou  11  kilogr.  pour  la 
France)  ;  depuis  quel({ues  années,  la  mise  en  balles  pres- 
sées, du  poids  de  50  à  150  kilogr.,  tend  à  se  répandre 
pour  les  pailles  destinées  à  être  transportées  à  grande  dis- 
tance; quelques  grandes  administrations  françaises  et  étran- 
gères acceptent  ce  mode  de  préparation  qui  présente  de 
sérieux  avantages.  Les  padles  de  blé  et  d'avoine  sont  les 
plus  recherchées  pour  le  bétad,  celles  d'o'ge  et  de  seigle 
renferment  toujours  une  forte  proportion  de  barbes,  les 
dernières  sont  destinées  surtout  à  la  préparation  des  liens, 
des  litières  de  luxe,  des  tresses  pour  chapeaux,  etc.,  et 
se  paient  à  un  prix  élevé.  (Quelle  que  soit  leur  nature,  les 
pailles  n'ont  (pi'une  faible  valeur  alimentaire,  celles  des 
céréales  de  printemps  sont  en  général  les  plus  riches  en 
matières  protéiques.  D'après  Wollf,  la  composition  élémen- 
taire centésimale  de  leur  matière  organi(pie  (81  "/o  en 
moyenne  du  poids  total)  varie  dans  les  limites  sui- 
vantes : 

Protéine  brute ::^,5  à    3,5 

Matières  grasses i,\  k    2,0 

Extractifs  non  azotés 29,8  à  36,7 

Cellulose  brute 40,0  à  48,0 

Le  coefficient  de  digestibilitéest  peu  élevé,  surtout  en  ce 
qui  concerne  la  protéine  et  les  extractifs  non  azotés;  les 
pailles  doivent  donc  être  considérées  comme  des  alimejils 
grossiers,  à  valeur  luitritive  très  faible  et  ne  pouvant  ser- 
vir qu'à  compléter  le  volume  des  rations.  Leur  meilleur 
mode  d'utihsation  pour  le  bétail  est  de  les  hacher  as>ez 
court  et  de  les  mélanger  avec  des  aliments  aqueux  (racines 
concassées,  pulpes,  drèches);  dans  quehfues  exploitations, 
le  mélange  avec  les  pulpes  se  fait  au  moment  même  de 
l'ensilage  ;  avant  la  mise  en  distribution  et  avant  le  pas- 
sage au  hache-paille,  il  est  bon  d'ouvrir  et  de  secouer  les 
gerhes  et  de  les  exposer  pendant  quelques  heures  au  soleil 
et  au  grand  air  afin  de  les  débarrasser  de  leurs  poussières 
et  de  leur  rendre  un  peu  de  fraîcheur;  enfin,  si  les  pous- 
sières étaient  trop  abondantes,  le  passage  du  coupage  dans 
une  bluterie  est  recommandablc. 

Pailles  de  légumineuses.  Leur  richesse  en  éléments 
nutritifs  est  beaucoup  plus  élevée  que  celle  des  pailles  de 
céréales,  soit: 

Protéine  brute 5,9  à  1 1.0 

Matières  grasses 1,0  à     2,0 

Extractifs  non  azotés 27,9  à  34.2 

Cellulose  brute.  , 33,6  à  'i2,0 


799 


PAILLE  —  PAILLKROiN 


Sauf  pour  lo  lupiii,  les  substances  extractives  non  azo- 
tées sont  moins  digestibles,  mais  la  cellulose  l'est  davan- 
tage ;  malgré  leur  valeur,  ces  pailles  sont  souvent  mal 
conservées  et  mal  utilisées.  La  préparation  et  la  distribu- 
tion se  font  de  môme  que  précédemment.       J.  Tkolde. 

PAiLLE-LrriKiu:  (V.  Litière). 

IL  Technologie.  —  Chapeau  de  paille  (V.  Chapeau, 
t.  X,  p.  549). 

III.  Ornithologie.  —  Paille-en-queue.  —  Sous  ce 
nom  vulgaire  ai  sous  celui  à' Oiseau  des  tropiq lies,  ks  ma- 
rins connaissentun  genre  d'Oiseaux  Palmipèdes  que  les  natu- 
ralistes désignent  sous  le  nom  de  Phaeton.  Ces  Oiseaux 
appartiennent  en  effet  au  petit  nombre  de  Palmipèdes  qui, 
comme  la  Frégate,  sont  propres  à  la  zone  intertropicale 
du  globe  et  n'ont  pas  de  représentants  dans  les  zones 
tempérées  des  deux  hémisphères  :  le  nom  de  Paille-en- 
queue  fait  allusion  aux  deux  longues  plumes  de  la  queue 
qui  sont  grêles  et  étroites.  Les  caractères  sont  :  bec  un 
peu  plus  long  que  la  tête,  droit,  comprimé,  pointu,  den- 
telé sur  le  bord,  avec  un  crochet  terminal  très  petit  ; 
tardes  très  courts;  doigt  postérieur  relié  aux  antérieurs 


Paille-on-queue  {Pluicton  ictliereiis). 

par  une  membrane  étroite  {tôt  i palme  s)',  ailes  longues 
et  pointues  (suraigues)  ;  queue  à  douze  ou  quatorze 
recti'ices,  étagée,  les  deux  médianes  1res  longues  et  très 
droites.  On  en  connaît  deux  espèces  :  le  Phaeton  a^Hie- 
reiis  ou  il  queue  blanche,  qui  est  surtout  de  la  zone 
équatoriale  de  l'Atlantique  et  dépasse  peu  la  taille  d'un 
Pigeon,  et  le  Phaelon  phœnicurus  ou  //  queue  rouge. 
(lui  est  plus  grand  et  se  trouve  surtout  dans  le  Paciiî{{ue. 
mais  les  deux  espèces  se  rencontrent  dans  toute  la  zone 
intertropicale,  plus  ou  moins  abondantes  sui^ant  les  lo- 
calités. L'envergure  de  la  grande  espèce  atteint  plus  de 
'2^,30.  Le  plumage  est  blanc  teinté  de  rose  et  \arié  de 
lignes  et  de  taches  noires  avec  le  bec  rouge  et  les  pieds 
jaunes.  Les  Phaétons  sont  des  oiseaux  essentiellement  pé- 
lagiques que  l'on  voit  se  jouer  autour  des  navires  jusqu'à 
de  très  grandes  distances  de  la  terre  ferme.  Leur  vol  est 
aisé  et  gracieux  comme  celui  de  l'Hirondelle  :  il  semble 
({u'ils  nagent  et  se  reposent  dans  les  airs  ;  ils  s'élèvent  sou- 
vent à  des  hauteurs  prodigieuses,  ce  qui  justifie  le  nom 
de  «  fils  du  soleil  »  (Phaeton)  que  Linné  leur  a  donné. 
11  est  rare  de  les  voir  nager.  Pour  pécher  le  poisson  dont 
ils  se  nourrissent,  ils  se  balancent  en  planant  au-dessus 
de  la  mer,  guettant  ce  qui  so  ])a-se  à  la  surface,  fondent 


tout  à  coup  et  ])erpendiculairement  de  manière  à  s'enfon- 
cer de  plus  d'un  mètre  dans  l'eau  et  reparaissent  avec  la 
])roie  qu'ils  ont  saisie.  Ils  font  aussi  la  chasse  aux  Pois- 
sons volants,  lis  nichent  sur  les  îles  et  les  rochers  les  plus 
déserts.,  notannnent  aux  Bermudes,  aux  Bahamas,  sur  les 
récifs  qui  forment  une  ceinture  sur  les  côtes  d'Afrique  et 
d'Australie.  Chaque  couple  ne  pond  qu'un  œuf  d'un  brun- 
chocolat  clair  pointillé  de  taches  plus  foncées.  L'œuf  est 
déposé  simplement  par  terre,  sous  les  buissons,  plus  ra- 
rement dans  les  crevasses  des  rochers.  Mâle  et  femelle  se 
relaient  pour  couver.  Les  petits  ressemblent  à  une  houppe 
à  poudrer  et  n'ont  leur  plumage  d'adulte  que  dans  leur 
troisième  année.  Les  deux  longues  plumes  rouges  de  la 
queue  du  Ph.  phœnicurus,  (jui  ont  de  30  k  40  centim. 
de  long,  sont  très  recherchées  comme  ornement  à  la  Réu- 
nion et  dans  les  archipels  de  la  Polynésie,  et  pour  éviter 
de  détruire  les  Oiseaux,  on  va  les  surprendrai  sur  leurs 
œufs  au  moment  de  la  ponte,  on  leur  arrache  les  deux 
plumes  rouges  et  on  leur  rend  la  liberté.  L.  Tkouessaht. 
PAILLE  (Blas.).  Synonyme  de  Diapré  {Y.  ce  mot). 
PAILLE.  Com.  du  dép.  de  la  Charente-Iiiférieure,  arr. 
de  Saint-Jeaa-d'Angélv,  cant.  d'Aulnay  ;  631  hab. 

PAILLENCOURT.  Com.  du  dép.  du'Xoid,  arr.  et  cant. 
(0.)  de  Cambrai;  1.-146  hab. 

PAILLERON   (Edouard),  auteur  dramatique  français, 
né  à  Paris  le  17  sept.  183i,  mort  à  Paris  le  19  avr.  1899. 
Fils  de  riches  commerçants,  il  débuta,  comme  tant  de  Ut- 
térateurs,  dans  une  étude  de  notaire  qu'il  abandonna  bien- 
tôt pour    donner  libre  carrière  à  ses  goûts  littéraires. 
En  1860,  il  publiait  un  volume  de  vers  les  Parasites 
(Paris,  in-12).  Mal  doué  pour  la  poésie,  car  il  manquait 
d'envolée  et  de  charme,  il  persista  à  donner,  de  1864  à 
1867,  à  la  Jlei'Ue  des  Deux;  Mondes  une  série  de  poèmes, 
Auril.  Amours,  Pangloss,  Décembre,  Juillet,  Octobre, 
llmmortelle.   Histoires  tristes,  etc.,  qui  ne  sortaient 
point  de  l'ordinaire.  Pailleron  avait  épousé,  en  1862,  la 
fille  de  Buloz  ;  il  devint  par  la  suite  un  des  propriétaires 
de  la  Revue  et  il  dut  à  cède  situation  une  influence  con- 
sidérable dans  les  miheux  littéraires  officiels.  C'est  au 
théâtre  qu'il  devait  trouver  sa  véritable  voie.  Dès  1860, 
il  faisait  jouer  à  l'Odéon  une  petite  comédie  le  Parasite 
qui  fut  favorablement  accueillie.  ïl  réussit  davantage  avec 
le  Mur  mitoyen  (Odéon,   1862),  puis  avec  le  Dernier 
Quartier  (Théâtre-Français,   1863),  où  il  déployait  des 
qualités  de  finesse,  de  gaieté,  d'ingéniosité,  d'esprit  et 
une  entente  technique  de  la  scène  que  peu  d'auteurs  ont 
dépassée.  Le  Second  Mouvement  (Odéon,  1865)  parut 
une  pièce  un  peu  froide.  Mais  le  Momie  oit  Von  s'amuse 
(Gymnase,  1868)  et  les  Faux  Mémifjes  (Théâtre-Français, 
1869),  marquèrent  un  progrès  notable  dans  la  manière 
du  dramaturge  et  commencèrent  sa  véritable  réputation. 
Viennent  ensuite  au  Théâtre-Français  :  Hélène  (1872), 
r  Autre  Motif  {\m^l).  Petite  Pluie  (1876)  ;  au  Gymnase: 
l'Age  ingrat  (1879),  comédie  assez  forte  (jui  réussit,  mais 
qui  tomba  vite  dans  Foubh.  pji  1881.  Pailleron  produisait 
au  Théâtre-Français  son  chef-d'œuvre,  le  Monde  oie  l'on 
s'ennuie,  l'une  des  satires  les  plus  amusantes  et  les  plus 
mordantes  que  l'on  ait  données  sur  les  Salons  académiques, 
({ue  l'auteur  connaissait  à  merveille,  car  il  ne  se  présen- 
tait guère  de  candidat  à  l'Académie  française  qui  ne  so 
crût  obligé  à  solliciter  son  appui.  Le  succès  fut  énorme  : 
le  Monde  oit  Von  s  ennuie  fut  joué  des  milliers  de  fois 
sur  les  scènes  de  la  province  et  de  l'étranger.  Il  valut  à 
son  auteur  son  entrée  k  l'Académie  où,  le  7  déc.  1882,  il 
remplaça  Charles  Blanc.  Mais  Pailleron  sembla  avoir  épuisé 
sa  veine  et  il  en  souffrit.  Ses  dernières  pièces,  le  Narco- 
tique (1882),  la  Souris  (1887),  Cabotins  (1894),  n'eu- 
rent qu'un  succès  d'estime.  Citons  encore  de  Pailleron  : 
le  Chevalier  Trumeau  (1880),  ravissante  petite  comédie, 
trop  visiblement  inspirée  de  Marivaux  ;  Pendant  le  bal 
(1881),  comédie  en  un  acte;  des  poésies  :  Amours  et 
Haines  (Paris,  1869,  in-12)  ;  le  Départ  (1870,  in-8); 
Prière  pour  la  France  (1871,  in-8);  la  Poi^/;^'^  (1884, 


PAILLERON  —  PAIMBOEUF 


—  800  — 


in-12)  ;  ses  Discours  académiques  (iSS6,  iii-12)  ;  Emile 
Augier  (1889,  in-8).  R.  S. 

BiuL.  :  Antony,  Edouard  Pailleron,  dans  Revue  inter- 
nationale, 1884-85,  t.  V.  —  L. Lacour,  le  Théâtrede  M.  Puil- 
leron,  dans  Nouvelle  Revue,  1881,  t.  XIII.  —  H.  Parigot, 
le  Théâtre  d'hier;  Paris,  1893,  ia-12. 

PAILLET  (Mar.).  C'est  une  sorte  de  natte  que  Ton  con- 
fectionne avec  du  bitord  ou  avec  des  torons  et  dont  on 
garnit  les  vergues,  les  manœuvres  dormantes,  les  amarres 
en  filin,  pour  les  préserver  du  frottement.  Il  est  dit  lardé 
lorsqu'on  Ta  lui-même  garni  de  petits  bouts  de  bitord, 
qui  forment  sur  sa  face  supérieure  une  sorte  de  peluche 
et  le  rendent  plus  durable.  Les  paillets  de  brassayage, 
les  paillets  de  portage  sont  ceux  qu'on  place  sur  les 
haubans  aux  endroits  exposés  à  des  frottements  du  fait  des 
vergues  brassées  ou  de  tout  autre  contact. 

PAILLET.  Com.  du  dép.  de  la  Gironde,  arr.  de  Bor- 
deaux, cant.  de  Cadillac;  953  hab.  Vignobles  dont  le  plus 
important  est  le  Château  de  Paillet.  Culture  de  petits 
pois.  Port  sur  la  Garonne.  Fabrique  de  barriques  ;  scierie 
de  merrains. 

PAILLET  (Jean-Joseph),  homme  politique  français,  né 
à  Verdun  (Meuse)  le  25  févr.  1748,  mort  à  Verdun  le 
20  avr.  -1836.  Procureur  au  bailliage  de  Verdun,  puis 
juge  de  paix,  il  fut  député  de  la  Meuse  à  l'Assemblée  lé- 
gislative, au  Conseil  des  Anciens  et  au  Corps  législatif 
(4809  à  1815).  Et.  C. 

PAILLET  (Alphonse-Gabriel- Victor),  avocat  et  homme 
^politique  français,  né  à  Soissons  le  17  nov.  1796,  mort  à 
Paris  le  6  nov.  1875.  Fils  d'un  notaire,  il  fit  de  fortes 
études  de  droit  et,  avocat  au  barreau  de  Paris,  conquit 
rapidement  une  réputation  considérable.  Il  plaida  les  causes 
les  plus  sensationnelles  :  Papavoine  (1825),  Lafarge 
(1840),  Quenisset  (1841),  Fieschi,  etc.,  devint  en  1839 
l}àtonnier  de  l'ordre  des  avocats  et  fut  élu  député  de  l'Aisne 
€t  de  la  Charente-Inférieure  en  1846.  Il  opta  pour  l'Aisne 
et  fut  un  des  plus  fidèles  partisans  de  Guizot.  Réélu  à 
l'Assemblée  législative  le  13  mai  1849,  il  s'occupa  exclu- 
sivement des  questions  de  droit  et  siégea  à  droite.  Mais  il 
ne  suivit  pas  la  plupart  des  membres  de  son  parti  dans 
leur  adhésion  à  la  politique  de  Louis-Napoléon  et,  après 
le  coup  d'Etat  du  2  Décembre,  abandonnant  la  poHtique, 
il  reprit  sa  place  au  barreau.  Il  eut  à.  s'occuper  notam- 
ment des  intérêts  de  la  famille  d'Orléans.  Esprit  lucide, 
jurisconsulte  savant,  orateur  éloquent,  Paillet  a  publié  ses 
principaux  plaidoyers  dans  les  Annales  du  barreau  fran- 
çais (1837,  t.  XV)  ou  à  part.  R.  S. 

PAILLETERIE  (Davy  de  La)  (V.  Dumas  [Alex.]). 

PAILLETTE.  I.  Botanique.  —  On  a  donné  ce  nom  à 
de  petites  lames  scarieuses,  de  la  nature  des  bractées,  qui 
hérissent  le  réceptacle  et  séparent  entre  eux  les  fie  lirons, 
dans  quelques  genres  de  la  famille  des  Composées  (Helian- 
thus,  Anthémis,  etc.).  Chez  les  Carduus,  Cii'siwn, 
Lappa,  etc.,  ces  paillettes  sont  divisées  longitudinalement 
en  soies  raides.  Elles  manquent,  probablement  par  arrêt 
de  développement,  dans  les  Bellis,  Chrysanthemum,  Ta- 
raxacum,  etc.  —  L.-C.  Richard  a  désigné  sous  le  nom 
de  paillettes  les  diverses  pièces  de  l'involucre  et  du  pé- 
rianthe  des  Graminées  (V.  ce  mot).  Les  paléoles  sont  de 
petites  paillettes  (glumelles).  D^*  L.  Un. 

IL  Modes.  —  Menu  dis([ue  de  métal  (or,  argent,  cuivre, 
acier)  appliqué  sur  un  tissu  ou  une  broderie  pour  l'orner 
de  points  brillants  et  chatoyants.  On  coud  habituellement 
la  paillette  par  un  trou  foré  au  milieu.  Venue  d'Orient, 
cette  mode  se  répandit  en  Europe  au  xv^  siècle.  On  dessi- 
Jiait  avec  des  paillettes  toute  sorte  d'ornements,  feuilles, 
fleurs,  étoiles  ;  on  les  étirait  ou  bien  les  disposait  en  forme 
de  coquilles.  Cette  fabrication  fut  très  développée  à  Paris 
et  à  Nuremberg. 

PAILLIS  (Hortic).  On  nomme  paillis  du  fumier  peu 
décomposé  ou  même  de  la  paille  qu'on  étale  sur  les  plates- 
bandes  de  fleurs  ou  du  jardin  potager  et  au  pied  des 
arbustes.  Les  paillis  sont  d'un  emploi  avantageux,  ils 
maintiennent  la  fraîcheur  du  sol  en  diminuant  l'évapora- 


tlon  de  Teau  qu'il  contient  et  par  suite  économisent  les 
arrosages  ;  ils  garantissent  les  plantes  et  leurs  fruils  du 
contact  du  sol  et  des  projections  de  terre  qui  les  souillent 
sous  l'action  des  pluies  et  des  arrosages.       G.  Boyer. 

PAILLOLES.  Com.  du  dép.  du  Lot-et-Garonne,  arr. 
de  Villeneuve,  cant.  de  Cancon  ;  279  hab. 

PAILLON  (V.  Etain,  t.  XVI,  p.  447), 

PAILLOT  DE  MoNTABEUT  (Jacqucs-Nicolas),  peintre 
français,  né  à  Troyes  en  1771,  mort  en  1849.  Il  étudia  le 
dessin  sous  Baudement,  puis  il  quitta  la  France  au  début 
de  la  Révolution  pour  parcouru'  les  Pays-Bas,  l'Allemagne, 
les  Etats-Unis  et  visiter  avec  soin  l'Italie.  A  son  retour, 
il  devint  l'élève  de  David,  et  acquit  un  réel  talent,  parti- 
culièrement dans  le  genre  de  la  peinture  d'histoire.  De 
1802  à  1834,  il  exposa  de  nombreuses  toiles  dont  les  plus 
intéressantes  sont:  Stralonice  et  Antiorhus  (1804); 
Juoiter  (1805)  ;  Geneviève  de  Brabant  (1808)  ;  Léda 
(1810);  Diane  et  Endymion  (1817).  Devenu  aveugle,  il 
dut  renoncer  complètement  à  l'exercice  de  son  art,  et  dès 
lors  il  se  consacra  entièrement  aux  curieuses  rechei- 
ches,  très  approfondies,  qu'il  avait  entreprises  sur  la  tliéc- 
rie  des  beaux-arts.  Outre  divers  écrits  traitant  des  Peii.- 
tares  du  moyen  âge  (1812)  ;  de  la  Théorie  du  geste 
dans  Fart  de  la  peinture  (1813),  de  la  Peinture  eu- 
caustique,  il  composa  un  Traité  complet  de  la  peinture, 
en  neuf  volumes,  qui  parut  de  1828  à  1829,  et  qui  est 
aujourd'hui  encore  fort  estimé.  Dans  les  dernières  années 
de  sa  vie,  ce  savant  et  judicieux  théoricien  s'était  retiié 
dans  sa  ville  natale  :  il  habitait  Saint-Martin  de  Troyes, 
l'ancienne  abbaye  du  Primatice.  Gaston  Cougny. 

PAILLY  (Le).  Com.  du  dép.  delà  Haute-Marne,  arr. 
de  Langres,  cant.  de  Longeau;  312  hab.  Fromages.  Châ- 
teau renaissance  construit  de  1563  à  1573,  par  l'archi- 
tecte Langrois  Ribonnier,  pour  le  maréchal  de  Saulx- 
Tavannes,  sur  l'emplacement  d'un  ancien  château  féodal 
dont  subsiste  le  donjon  carré,  du  xv<^  siècle. 

PAILLY.  Com.  du  dép.  de  l'Yonne,  arr.  de  Sens,  cant. 
de  Sergines  ;  315  hab. 

PAILON  (San  Pedrobai).  Port  de  l'Equateur,  accessible 
aux  iiavires  d'im  tirant  de  6™, 70,  au  S.  du  rio  Mira, 
par  le  val  duc^uel  on  monte  dans  l'intérieur. 

PAIMBŒUF  (en  breton,  Pen  bô,  tête  de  bœuf).Ch.-l. 
d'arr.  du  dép.  de  la  Loire-Inférieure,  sur  la  rive  gauche 
delà  Loire;  2.134  hab.  Terminus  de  l'embranchement  du 
chemin  de  fer  (1^'tat)  de  Nantes  par  Sainte-Pazanne  ;  port 
de  commerce  ;  chambre  consultative  d'agriculture  ;  hôpi- 
tal; école  primaire  supérieure;  quartier  d'inscription  ma- 
ritime et  syndicat  ;  prison  ;  bateauxà  vapeur  pour  Nantes, 
Saint-Nazaire  et  Mindin  ;  se])t  traversées  de  Paimba3uf  à 
Donges. 

Port.  Industrie,  Commerce.  —  Le  port  se  développe 
sur  une  longueur  de  2  kil.  devant  la  ville,  parallèle  à  la 
rive.  La  Loire,  qui  a  commencé  à  se  transformer  en  es- 
tuaire au  Pellerin,  à  20  kil.  en  amont  de  Paimbœuf,  se 
montre  encombrée  d'îles  :  notamment  Belle-Ile,  au  milieu 
du  fleuve,  îles  Pipy  et  de  Lavaii,  sur  la  rive  droite  ;  enfin 
île  du  Petit-Carnet,  sur  la  rive  gauche,  la  derniîi e  avant 
Paimbœuf;  il  n'y  en  a  plus  au  delà,  mais  deux  bancs  par- 
tagent le  fleuve  en  trois  sections  entre  ce  lieu  et  Donges, 
à  l'opposé.  La  largeur,  en  ce  point,  est  de  3  kil.  ;  elle 
n'est  que  de  2  kil.  devant  Saint-Nazaire.  Le  chenal  est 
éclairé,  entre  Saint-Nazaire  et  Paimbœuf,  par  trois  feux  ; 
du  côté  de  Nantes,  par  cinq.  Les  mouillages  de  Paimbanif, 
en  amont  ou  rade  des  Quatre-Amarres,  et  en  aval  ou 
Gj'ande  Rade,  se  sont  parfois  modifiés  dans  leurs  profon- 
deurs ;  aujourd'hui  que  la  navigation  s'effectue  plus  aisé- 
ment qu'autrefois  entre  Saint-Nazaire  et  Nantes,  grâce  au 
canal  latéral  qui  s'étend  de  l'entrée  en  amont  du  bras 
profond  du  Carnet  à  La  Martinière,  le  port  intermédiaire  a 
perdu  de  son  importance.  Paimbœuf  reçoit  seulement 
quelques  grands  navires  chargés  de  bois  pour  le  trans- 
bordement en  rade,  et  quelques  autres  chargeant  des  blé 
ou  déchargeant  du  charbon.  —  Les  chantiers  decon^truc- 


—  801  — 


PAIMBOEUF  —  PAIN 


tion,  importants  dans  l'ère  de  prospérité  et  oii  Ton  cons- 
truisait des  frégates,  sous  le  premier  Empire,  ne  servent 
plus  que  pour  de  petites  embarcations.  Citons  toutefois  : 
une  corderie,  deux  minoteries  à  vapeur,  une  sucrerie  de 
betteraves,  deux  presses  à  foin,  une  fabrique  de  biscuits 
de  mer  ;  la  pèche  entière. 

Histoire.  Édifices.  —  La  ville,  qui  a  compté  9.000  hab. 
soas  Louis  XIV,  et  encore  plus  de  4.000  au  commence- 
ment de  ce  siècle,  est  descendue,  depuis  -1866,  à  3.000, 
2.400,  2.100.  Son  origine  fut  une  simple  bourgade  de 
pêcheurs.  Un  château  fort  aurait  été  établi  par  Alain  le  Grand 
à  la  fin  du  ix®  siècle  et  aurait  occupé  l'emplacement  au  S.  de 
la  ville;  il  n'en  reste  plus  de  trace.  Le  prieuré  de  Notre- 
Dame  de  Paimbœuf  fut  fondé  en  1052  par  Grévian,  prince 
de  Bécon,  et  dépendait  de  l'abbaye  de  Saint-Sauveur  de 
Redon  :  c'est  tout  auprès  que  l'église  fut  érigée  en  pa- 
roisse sept  siècles  plus  tard  environ.  Paimbœuf  ne  com- 
mença à  prendre  de  l'importance  que  lors(jue  le  commerce 
de  Nantes  vint  à  se  développer,  importance  qui,  malgré 
les  efforts  des  Paimblotins  et  plusieurs  ouvrages  exécutés 
au  port,  cessa  avec  son  rôle  de  déchargeur.  —  On  re- 
marque :  V église  (1744)  :  maitre-autel  de  marbres  variés, 
provenant  de  l'abbaye  de  Biizay,  et  belle  peinture  moderne  ; 
Vhospice  (1693-1716);  les  quatre  fontaines  en  fonte;  le 
môle;  les  quais  et  la  promenade  du  Calvaire  (statue  de 
Notre-Dame  de  Bon-Secours)  ;  un  menhir.       Ch.  Del. 

BiBL.  :  JoLY,  Port  de  Pain-ibœiif,  dans  Porls  marit.  de 
France,  188.^,  t.  V,  avec  plan  de  la  Loire  entre  Nantes  et 
Saint-Nazaire  (notice  Port  de  Nantes,  p.  2G2). 

PAIMPOL  {Pen  Poull,  tête  d'étang,  en  hreXon).  Chef- 
lieu  de  cant.  du  dép.  des  Côtes-du-Nord,  arr.  de  Saint- 
Brieuc,  port  sur  la  Manche  ;  2.473  hab.  Terminus  de 
l'embranchement  du  chemin  de  fer  de  Paris  à  Brest  : 
Paimpol-Guingamp,  se  continuant  à  Carhaix  et  Rospor- 
den.  Bains  de  mer  ;  hospice  ;  société  de  courses  ;  quar- 
tier d'inscription  maritime  et  syndicat  ;  école  d'hydro- 
graphie. 

Le  port  de  Paimpol  est  situé  au  fond  d'une  crique  di- 
rigée de  l'E.,  où  elle  reçoit  le  ruisseau  de  Quinic,  à  l'O., 
où  elle  s'ouvre  sur  le  côté  occidental  de  l'anse  de  Paimpol, 
elle-même  à  l'extrémité  xN.-O.  de  la  baie  de  Saint-Brieuc  ; 
cette  anse  est  semée  au  large,  au  N.-E.,  d'ilôts  et  d'écueils. 
En  face  de  la  pointe  de  l'Arcouest,  qui  termine  la  pénin- 
sule du  côté  occidental  de  l'anse,  est  l'île  Bréhat,  où  se 
trouve  un  canot  de  sauvetage.  Des  phares  sont  étabhs  au 
N.-E.  de  cette  île  et  à  Porlz-Don.  Paimpol  est  un  des  porls 
de  pêche  de  la  morue  les  plus  importants  de  la  Manche. 
Les  Paimpolais  arment  pour  les  côtes  des  Féroë,  d'Islande 
et  de  Terre-Neuve  :  rude  navigation,  mais  qui  leur  rap- 
porte du  profit,  comme  on  en  peut  juger  à  l'air  d'aisance 
de  leurs  maisons  dans  le  bourg.  La  pèche  du  maquereau 
est  également  fructueuse.  Il  faut  y  ajouter  la  récolte  des 
goémons  et  des  amendements  marins .  Le  port  possède  une 
soixantaine  de  navires  que  montent,  en  moyenne,  une  ving- 
taine d'hommes.  Les  résultats  de  la  pèche  ont  été,  en 
4895,  pour  le  Paimpol  :  pèche  en  bateau,  2.782  hommes; 
valeur  des  produits  péchés,  2.746.443  fr.  ;  pèche  à  pied, 
2.545  pêcheurs,  31.929  fr.  La  grande  pèche  de  la  moiue 
est  représentée  par  les  chiffres  suivants  :  4.918.665  kilogr.; 
2.280.432  fr.  ;  1.491  hommes  ;  76 bateaux;  6.271  tonnes. 
Nombre  de  bateaux  construits,  32;  jauge,  584  t.  Le  mou- 
vement commercial  du  port  est  d'environ  14.000  t.,  à 
peu  près  réparties  également  entre  les  importations  et  les 
exportations.  Celles-ci  consistent  en  chargements  de  pommes 
de  terre  pour  l'Angleterre,  en  céréales,  notamment  avoine  ; 
on  importe:  sel,  bois  du  Nord,  houille,  vin,  cidre.  —  En 
outre  de  la  construction  navale,  citons  une  scierie  méca- 
nique, l'usine  d'éclairage  par  l'électricité,  et,  quant  au 
commerce,  celui  de  l'huile  de  foie  de  morue. 

Paimpol,  hameau  de  pèche,  autour  d'une  chapelle  dédiée 
à  saint  Vincent,  est  mentionné  dans  une  charte  de  la  fin 
du  xii^  siècle,  relative  à  la  fondation  de  l'abbt^ye  de  l'île 
Saint-Riom.  Au  xtv"^  siècle,  on  y  bâtit  une  église.  Le  cliâ- 

GRAxVDE    EXCYCLOPÉOir.    —    XXV. 


teau  fort  dit  de  l'Estang,  dans  le  voisinage,  appartenait, 
en  1370,  à  Ch.  du  Halgoét.  En  1591  (le  22  mai),  2.400 sol- 
dats anglais,  commandés  par  le  général  Norisy,  débar- 
quèrent à  Paimpol,  envoyés  par  la  reine  Elisabeth  à  la 
demande  des  Etats  de  Bretagne  et  de  Henri  IV  comme  se- 
cours contre  la  Ligue,  soutenue  par  les  Espagnols.  Cette 
ville  et  l'Ile  de  Bréhat  leur  avaient  été  octroyées  comme 
lieux  de  sûreté.  Ils  s'y  fortifièrent  et  même  osèrent  réclamer 
au  même  titre  la  ville  de  Brest.  Enfin,  après  quatre  ans 
de  pillages,  ils  se  réembarquèrent.  Les  habitants,  déhvrés 
de  l'étranger,  ne  respirèrent  que  pour  tomber  dans  les 
mains  du  fameux  brigand  Guy-Eder  de  Beaumanoir,  dit  La 
Fontenelte,  qui  mit  tout  à  feu  et  à  sang.  Avant  la  Révo- 
lu  tion,  Paimpol  dépendait  de  la  baronnie  d'Avaugour,  qui 
relevait  du  roi  et  avait  pour  seigneur  le  prince  de  Soubise. 
L'anse  de  Paimpol  fut  souvent  le  refuge  des  braves  cor- 
saires bretons.  Pendant  les  guerres  maritimes  de  la  Hé- 
pubhque  et  de  l'Empire,  le  port  reçut  plus  de  prises  que 
dans  tout  le  reste  du  littoral  depuis  Cherbourg.  Le 
commerce  prospéra  après  la  paix  et  prit  en  1857  une 
importance  exceptionnelle,  grâce  à  la  grande  pêche.  — 
On  remarque  :  Yéglise  (mon.  hist.)  :  piliers  et  arcades  de 
1325  ;  bons  tableaux,  venant  de  l'abbaye  de  Beauport 
(mon.  hist.  du  xiii'^  siècle,  dont  on  voit  les  ruines  près  Ké- 
rity)  ;  l'hôtel  de  la  Grande-Maison,  du  xv^  siècle.  Envi- 
rons pittoresques,  remarquables  par  la  douceur  de  leurs 
hivers  et  leur  fertilité.  Ch.  Delavaud. 

BujL.  :  Le  Rochais,  Paimpol  et  ses  environs.  —  Pe- 
LAUD,  Port  de  Paimpol,  dans  Ports  marit.  de  France, 
t.  III,  1878. 

FAIM  PONT.  Com.  du  dép.  d'Ille-et- Vilaine,  arr.  de 
Montfort,  cant.  de  Plélan  (ou  Plé!an-le-Grand),  dans  la 
forêt  de  Paimpont,  au  bord  d'un  étang  d'où  sort  un  affluent 
de  l'Aff  ;  3.016  hab.  Clouteries  ;  fabrique  d'instruments 
aratoires  ;  scierie  mécanique  ;  tannerie  ;  fabriques  de  toiles. 
Les  forges  de  Paimpont  (400  ouvriers)  sont  situées  à  4  kiL 
vers  le  S.  et  du  côté  de  Plélan  ;  elles  datent  du  xvii^  siècle. 
—  La  forêt  (6.070  hect.),  dite  aussi  de  Brécilien,  était 
connue  jadis  sous  le  nom  de  Brocéliande,  célèbre  dans 
les  romans  de  la  Table-Ronde.  V église,  chapelle  de  l'an- 
cienne abbaye  (portail  S.  et  rose  du  transept  S.,  du 
xiii^^  siècle),  appartient  surtout  au  xv^;  sculptures  riches 
de  l'autel  ;  reliquaire  renfermant  les  rehquesde  saint  Méen. 
L'abbaye  fut,  à  l'origine,  un  prieuré  fondé  par  le  roi  Judi- 
caèl  vers  635;  soumis  d'abord  à  la  juridiction  de  l'abbaye 
de  Saint-Méen,  il  s'en  affranchit  au  xiu«  siècl  (et  devint 
une  abbaye  de  chanoines  réguHers  florissante,  dont  les 
dépendances  délabrées  servent  actuellement  de  presbytère 
et  d'école.  Dans  le  voisinage  (5  kil.  N.-E.),  ruines  de  la 
chapelle  (en  partie  du  xiii*^  siècle)  et  de  la  maison  prio- 
rale  du  couvent  de  Tellouet.  Ch.  Del. 

PAIN.  I.  Boulangerie  (V.  Bojlangkrie  et  Bis}  Pais], 
t.  VI,  p.  924). 

II.  Administration  militaire  (V.  Boulangerie. 
t.  VII,  p.  673). 

III.  Législation.  —  Le  décret  du  22  juin  1863,  re- 
latif à  l'exercice  de  la  profession  de  boulanger,  a  fait  dis- 
paraître le  régime  prohibitif  sous  lequel  était  placée  la 
boulangerie:  limitation  du  nonb.'e  des  boulangers,  auto- 
risation préalable,  obligation  d'avoir  des  réserves  de 
farines  ou  de  grains,  dépôt  de  garantie,  réglementation 
de  la  fabrication,  du  transport  et  de  la  vente  du  pain  ; 
mais  ledit  décret  n'a  pas  touché  au  pouvoir  réglementaire 
des  maires,  surtout  en  ce  qui  se  rapporte  à  la  salubrité 
et  à  la  fidélité  du  débit  du  pain.  Ainsi  les  maires  peuvent 
prescrire  aux  boulangers  d'avoir  leurs  boutiques  garnies 
de  pains  et  notamment  de  pains  taxés,  placés  sur  des  éta- 
gères apparentes  et  d'en  débiter  par  morceaux,  quelque 
faible  quantité  qu'il  leur  en  soit  demandée.  L'autorité  mu- 
nicipale peut  interdire  la  mise  en  vente  du  pain  qui  ne 
serait  pas  entièrement  cuit,  bon,  loyal  et  marchand  et 
de  bonne  qualité.  Elle  peut  déterminer  les  diverses  qua- 
lités de  pains  susceptibles  d'être  mises  en  vente,  mais 

M 


PAIN 


H'n  — 


dans  les  cas,  toutefois,  où  il  a  été  étal)li  une  taxesui'  le  pain. 
Elle  peut  exiger  que  les  pains  aient  un  poids  déterminé, 
eu  que  la  forme  soit  indicatrice  du  poids,  ou  que  le  pain 
soit  vendu  au  poids,  tout  en  réservant,  si  elle  le  juge  à 
propos,  qu'il  sera  admis  une  tolérance  sur  ce  poids  pour 
déchet  de  cuisson. 

Le  boulanger  peut  être  tenu  de  peser  le  pain  à  toute 
réquisition  de  Faclieteur  ;  et,  à  cet  effet,  il  devra  avoir, 
dans  un  lieu  apparent  de  sa  boutique,  une  balance  et  des 
poids  métriques  poinçonnés.  Une  ordonnance  de  police  du 
14  nov.  1867  prescrit  même  que  les  boulangers  doivent 
munir  de  balances  et  de  poids  nécessaires  leurs  porteurs 
de  pain  à  domicile  pour  la  vérification  du  poids  si  elle 
<*.st  requise  ;  et  le  défaut  de  pesage  du  pain  à  la  li- 
vraison doit  être  réprimé  comme  contravention.  Un  rè- 
glement prescrivant  aux  boulangers  de  donner  à  leurs 
pains  un  poids  déterminé,  et  de  vérifier  et  d'indiquer  ce 
pmds  quand  ils  mettent  leur  marchandise  en  vente,  peut 
porter  comme  exception  que  les  pains  d'un  poids  infé- 
rieur étant  réputés  pains  de  luxe  peuvent  être  dis- 
])ensés  de  la  vérification  ;  mais  c'est  à  l'autorité  munici- 
pale seule  qu'il  appartient  d'accorder  cette  dispense.  Les 
boulangers  qui  ont  tenté  de  tromper  l'acheteur  en  mettant 
en  vente  des  pains  dont  le  poids  est  inférieur  à  celui  que 
leur  forme  indique  et  qui  est  prescrite  par  les  règlements, 
sont  passibles  de  peines  correctioinieiles  édictées  par  la 
loi  du  ^7  mars  1851  tendant  à  la  répression  des  fraudes 
dans  la  vente  des  marcbandises. 

Taxe  du  pain.  Elle  a  pour  objet  dVmpècber  que  les 
l)Oulangers  ne  s'entendent  pour  maintenir  le  prix  du  pain, 
denrée  de  première  nécessité,  à  un  taux  trop  élevé  eu 
égard  au  prix  de  la  matière  première,  le  blé  ou  la  farine. 
Le  pouvoir  de  laxcr  le  prix  du  pain  a  été  conféré  à  Tau- 
torité  municipale  par  laloi  des  IB-S'^juil.  1791,  art.  30. 
Depuis,  le  décret  du  22  juin  1863  est  venu  assurer  la 
liberté  de  la  boulangerie,  mais  n'a  pas  entendu  porter 
atteinte  au  pouvoir  des  maires  de  maintenir  la  taxe  dans 
leurs  communes  sous  leur  seule  responsabilité  et  sous  la 
surveillance  de  l'administration  supérieure  quant  aux 
tarifs  de  taxe.  Toutefois,  dans  une  circulaire  du  22  août 
^863,  les  municipalités  ont  été  invitées  à  tenter  la  suppres- 
sion de  la  taxe  officielle.  Dans  les  villes  où  elle  a  subsisté, 
lu  taxe  s'établit,  habituellement  toutes  les  semaines  ou 
tous  les  c{uinze  jours,  d'après  le  prix  moyen  des  blés  ou 
farines  vendus  aux  marchés  de  la  localité  pendant  la  se- 
maine ou  la  quinzaine  précédentes.  Il  faut,  en  outre,  tenir 
compte,  pour  établir  la  taxe,  du  rendement  de  la  farine 
et  du  prix  alloué  aux  boulangers  pour  manutention  de 
diaque  sac  de  farine.  Si,  par  exemple,  les  100  kilogr.  de 
farine  coûtent  30  fr.,  que  la  fabrication  revienne  à  9  fr. 
el  -produise  150  kilogr.  de  pain,  ce  pain  sera  taxé  à 

'^-j j^-^  —  0  fr.  26  le  kilogr. 

]>os  pains  de  luxe  ou  de  finlaisie  sont  gém'raleuienl 
exclus  de  la  taxe. 

*  ÏV.  Physiologie .  ^-  Le  pain  forme  la  base  de  l'alimen- 
tation d'une  grande  partie" des  nations  civilisées,  mais  c'est 
surtout  en  France  que  la  consommation  du  pain  atteini 
son  maximum.  Les  statistiques  générales  indiquent  une  con- 
sommation par  jour  el  par  tête  de  820  gr. ,  mais  ce  chiffre  est 
(considérablement  dépassé  si  nous  chei'chons  à  déterminer 
la  ration  du  pain  des  campagnards  de  la  Beauce  ou  de  la 
Normandie.  On  trouve  alors  facilement  1.700  gr.  par 
travailleur  agricole,  les  femmes  elles-mêmes  consommanl 
plus  d'un  kilogramme. 

•  La  préparation  du  pain  telle  qu'elle  se  fait  en  France 
comprend  plusieurs  opérations  qui  toutes  ont  leur  impor- 
tance au  point  de  vue  de  rhygii^ne.  La  farine  de  blégéné- 
i'alement  employée  provient  soit  du  blé  dur  soit  du  blé 
tendre.  Le  rendement  en  farine  du  blé  varie  suivant  la 
provenance  et  suivant  le  système  employé,  mais  à  l'heure 
actuelle  le  vieux  procédé  des  meules  a  presque  partout 


été  abandonné  pour  être  remplacé  par  celui  des  cylindres. 
On  obtient  aiusi,  après  le  blutage  qui  enlève  \q^  tssues  : 
son,  recoupette,  etc.,  88  *^/o  avec  le  blé  dur,  80  %  ^ivec 
le  blé  tendre.  A  cette  farine  ainsi  obtenue  on  ajoute  en- 
viron son  poids  d'eau  et  une  certaine  quantité  cle  sel.  Il 
est  important  de  noter  en  effet  que  la  farine  ne  contient 
que  des  traces  de  chlorure  de  sodium,  puis  dans  cette  pâte 
déji  malaxée  par  un  premier  pétrissage  on  introduit  le 
levain.  Ce  levain  est  constitué  par  de  la  pâte  préparée 
la  veille,  avec  de  la  farine  et  de  la  levure  de  bière,  ou 
encore  avec  de  la  pâte  ayant  déjà  subi  la  fermentation 
(pâte  aigre).  Les  ferments  du  levain,  en  se  multipliant 
dans  un  milieu  favorable,  transforment  l'amidon  en  dex- 
trine  et  en  glucose,  et  ce  dernier,  subissant  la  fermentation 
alcoolique,  donne  de  l'alcool  et  de  l'acide  carbonique.  Tou- 
tefois, Duclaux  conteste  la  fermentation  de  nature  alcoo- 
li  ;ue,  car,  d'après  lui,  dans  cette  pâte  fermentée,  l'alcool 
n'existe  pas.  L'acide  carbonique,  ea  se  dégageant,  fait 
gonfler  le  pain,  des  bulles  emprisonnées  par  la  pâte,  su- 
bissant ensuite  des  dilatatii)ns  excessives  par  la  chaleur 
de  la  cuisson  forment  les  yeux  du  pain,  lui  donnent  sa 
porosité.  Ce  dégagement  d'acide  se  fait  successivement  au 
détriment  des  hydrates  de  carbone  du  pain;  la  perte  de 
ces  produits  oscille  entre  2  et  4  ^/o.  Pour  éviter  ces 
pelles,  on  a  cherché  à  obtenir  Ja  porosité  du  pain  par  des 
procédés  chimi(fues  autres  :  incorporation  dans  la  pâte 
de  bicarbonate  de  soude  et  d'une  solution  étendue  d'acide 
chlorhydrique  (Liebig)  ou  encore  :  phosphate  acide  de 
chaux  ou  magnésie  avec  bicarbonate  de  soude  (poudre 
de  iïorsford),  enfin  injection  dans  la  pâte  d"acide  carbo- 
nique sous  pression,  aered  bread  (Daughsh).  Le  prix  de 
revient  de  ces  procédés  coûte  en  général  plus  que  la 
valeur  de  la  matière  alimentaire  supprimée  par  la  fermen- 
tation. 

La  cuisson  se  fait  dans  des  fours  de  formes  variables 
et  à  une  température  qui  oscille  entre  200  et  250*^.  Elle 
est  prolongée  pendant  quarante  à  cinquante  minutes.  Mais 
il  faut  remarquer  que  dans  celle  pâte  riche  en  eau  et  pai' 
suite  de  la  formation  rapide  de  la  croûte,  la  température 
à  l'intérieur  du  pain  ne  dépasse  pas  60^.  Ce  fait  a  une 
importance  considérable,  car  il  montre  une,  si  l'eau 
utibsée  pour  l'hydratation  de  la  farine  est  impure,  si  elle 
contient  des  m'croorganismes ,  ces  derniers  résistent 
parfaitement  à  cette  faible  élévation  thermique,  et  le 
pain  peut  être  le  véhicule  des  affections  transmissibles 
par  l'eau,  comme  la  fièvre  typhoïde  on  le  choléra,  par 
exemple.  Il  importe  donc  que  les  oi'îgines  de  l'eau  uti- 
lisée par  les  boulangers  soient  soumises  à  une  surveillance 
sérieuse.  Sous  l'iniluence  de  la  cuisson  le  pain  perd  une 
partie  de  son  eau,  mais  cette  porte  est  très  variable  suivant 
la  forme  même  du  pain  et  son  volume.  Un  pain  rond  de 
1.500  ^Y.  (pain  de  munition  français)  contient  39  ^o 
d'eau,  un  pain  rond  de  750  gr.  seulement,  obtenu  avec 
la  même  pâte,  n'en  contient  que  35  %,  et  enfin  un  pain 
long  du  même  poids  (longueur  0  m.  5())  n'en  renferme  que 
33  *^/o(Balland).  Quand  le  pain  est  sorti  du  four  et  qu'il  est 
i^froidi,  il  prend  le  nom  de  p:iin  /)y?/5.  Au  bout  de  vingt- 
quatre  heures,  il  se  produit  unetransibrmation.il  devient 
rassis.  Le  pain  perd  une  certaine  quantité  d'eau  pendant 
cette  période,  environ  8  7o.  Mais  il  parait  difficile  d'attri- 
buer cette  transformation  du  pain  à  Févaporation  simple- 
ment, puisqu'il  suffit  de  remettre  cepain  quelque  temps  au 
four  pour  lui  voir  reprendre  ses  caractères  de  pain  frais, 
alors  cependant  qu'à  cette  seconde  sortie  du  four,  il  a 
encore  perdu  20  à  25  °/o  de  son  poids.  Cette  transfor- 
mation peut  s'effectuer  plusieurs  fois  par  des  mises  au 
four  succesives. 

Au  point  de  vue  alimentaire  il  y  a  lieu  de  distinguer 
dans  le  pain  :  la  partie  superficielle  exposée  à  une  cha- 
leur plus  forte  et  qui  constitue  la  croûte  et  la  partie  cen- 
trale ou  mie. 

Le  tableau  suivant,  emprunté  à  Barrai,  montre  ces 
différences. 


803 


PAIN 


.Pain  total 

Croate 

Me 

:m,3o 

17,15 

U,/i5 

{y^li 

7,30 

5,92 

iM 

0,70 

0,75 

4,0i 

1,88 

3,79 

.;7,84 

6^2,58 

43,55 

0.81 

\A8 

0,70 

0,9i 

1.21 

0,8  i 

Matières  azotées  insolu- 
bles (gluten) 

Matières  azotées  solubles 

(albumines) 

Minières  non  azotées  solu- 
-  blcs(dextrine, sucres). 

Amidon 

Matières  grasses 

Matières  minérales 

100,00   100,00   100,00 

On  voit  que  la  proportion  de  malières  azotées  dans  la 
<'roùte  (13  "/o)  est  le  double  de  celles  dans  la  mie  (6,7  •'/o). 
.Si  l'on  remarque,  d'autre  part,  qne  la  croûte  est  beaucoup 
plus  soluble  dans  l'eau,  on  conçoit  facilement  combien  la 
oroùle  est  plus  utile  au  ])oint  de  vue  alimentaire  et  doit 
être  préférée  dans  l'alimentation  des  malades,  des  enfants. 

Le  pain  blanc  est-il  plus  nourrissant  (pie  le  pain  bis  ? 
r.etle  (juestion  est  toujours  discutée.  Une  expi'rience  cé- 
lèbre de  Magendie  est  souvent  cilée.  Ce  physiologiste 
nourrissait  deux  groupes  de  cbiens,  les  uns  exclusivement 
avec  du  pain  blanc,  les  autres  avec  du  pain  bis.  Les  pre- 
miers moururent  à  la  fjn  du  deuxième  mois,  los  second 
résistèrent.  Si  importante  ([u'elle  soi(, cette  (expérience  ne 
permet  pas  de  conclure  p}ur  ralimentation  de  l'homme, 
lui  fait,  les  partisans  du  pain  bis  ou,  suivant  une  expres- 
îsion  nouvelle,  du  pain  complet,  fait  par  suite  avec  toutes  les 
parties  constituant  legrain  de  blé,  allèguent  que  les  parties 
périphériques  du  grain,  le  son  par  conséquent,  est  relati- 
vement plus  riche  on  azote,  en  graissée!  en  matières  miné- 
rales, surtout  en  phosphates,  ([ue  l(\s  parties  centrales  re- 
présentées par  l'amande  farineuse.  L'enveloppe  du  grain 
renferme  en  eff(}t  une  substance  azotée,  l'aleurone,  très 
digestible  et  tjn^s  assimilable,  uuus  il  ne  faut  pas  oublier 
également  (pi'on  y  trouve  un  ferment  spécial,  la  céréaline, 
(pti  tîuidifie  l'amidon  et  le  gluten  (H.  ([ui  donne  au  pain  bis 
sa  couleur  grise  et  sa  saveur  aigre.  Il  est  donc  de  toute 
nécessité,  si  on  veut  iuco)'j)orer  au  pain  Taleurone,  de  se 
débari'asser  de  la  céréaline,  ce  (pii  du  resje  est  possible. 

Ce  qu'il  imparte  dans  un  alinu'ui,  ce  n'est  pas  tant  de 
coanaitre  sa  teneur  en  a/.ole  on  en  phosphates  que  de 
.savoir  dans  quelle  proportion  il  est  susce|)tible  d'être  assi- 
milé. Or  les  expériences  faites  tant  enFi'ance  (pi'en  Alle- 
magne sur  les  gains  réahsés  ))arrorganisme  après  alimen- 
tation avec  des  paifis  de  nature  ditf«»rente  :  pain  blanc, 
pain  complet,  pain  de  seigle,  tendent  à  montrer  que  le 
[)lus  p/o'itable  est  encore  le  i)ain  blanc,  llubner  et  Meyer 
foniirment  l'opinion  de  Bouchardat  (pi'une  économie  bien 
enlendue  di^vra  toujours  réserver  le  son  aux  animaux  ru- 
minants, qui  rutdisent  beaucoup  mieux  que  l'homme  et 
jious  le  restituent  ensuite  sous  forme  de  viande  parfaite- 
ment assimilable.  La  cellulose  introduite  dans  le  pain  sous 
forme  de  son  a  cependant  son  utilité.  Par  sa  ])résence 
dans  le  tube  digestif,  elle  excite  à  la  fois  les  sécrétions  in- 
testinales et  provoque  les  contrariions  de  l'intestin.  Elle 
lutte,  par  suite,  (3ont)*o  l'atojiie  du  tube  digestif  et  peut 
être  considérée  comme  laxative. 

Le  pain  seul  pout  ilsii.ïiiv  à  ralimenlalion  de  Thomme  ? 
et,  dans  ce  cas,  quelle  est  la  quantité  (iu"il  doit  ingérer 
par  jour  ?  Si  nous  admettons  pour  le  pain  ia  composition 
ujoyenne suivante  :  aibumijie,  8  gr.; graisse  0,8;  hydrates 
de  carbone,  50  gr.,  100  gr.  de  pani  représentent  240 
ralories.  Mais  les  expériences  de  Uubner  montrent  que, 
même  avec  le  meilleur  pain,  il  faut  compter  un  dixième 
<iu  moins  des  matériaux  utiles  non  assimilés  ;  il  nous  reste 
donc  ])our  100  gr.,  de  pain  215  calories,  et  pour  fournir 
l«,^s  2.500  calories  jiécessaires  par  jour,  1.200  gr.  de  pain 
seraient  indispensables,  et  pour  les  3.500  calories  dépen- 
sées par  un  travailleur,  l.tiOO.  Mais  avec  ces  chiffres,  il 
y  aurait  un  appoint  un  peu  faible  d'albuminoides,  et  ces 
calculs   justifient    radjonclioj  au    p;(in   d'une  substance 


azotée  telle  que  de  la  viande  ou  .sjnrplcuaMh'.  du  lait  on  du 
fromage.  En  fait,  avec  1  kilogr.  de  pain  et  L  litre  de  lait, 
l'alimentation  d'un  individu  ne  travaillant  pas  peut  ètvè 
assurée,  et  on  conçoit  comment^  le  })aysan  de  Beauce  peut 
fournir  un  travail  énorme  sans  acheter  beaucoup  de, 
viande,  grâce  aux  1.700  gr.  de  î)ain  qu'il  consomme 
chaque  jour.  .L-P.  Lânglcis 

V.  Anthropologie.  —  Le  nom  de  pain  s'est  appliqué  à 
l'origine  à  des  produits  bien  différents  do  notre  pain  d'au- 
jourd'hui et  dont  la  grossièreté  nous  rebuterait.  L'homme, 
après  avoir  broyé  entre  deux  pierres  ou  avec  les  petites 
meules  (V.  ce  mot)  primitives  que  nous  connaissons,  des 
graines  de  céiéales  sauvages,  puis  celles  de  ^-éréales  cul- 
tivées, a  counnencé  par  manger  c(nte  farine  grossière, 
sans  autre  préparation,  sinon  en  l'humectant  d'un  peu 
d'eau.  Dans  notre  désert  algérien,  le  Chaambi  en  vovagc 
se  contente  encore  d'humecter  sa  farine  d'eau  salée  pour 
la  manger.  On  a  trouvé  de  très  bonne  heure  !e  moyen  de 
débari-asser  le  grain  d'une  partie  au  moins  <le  son  enve- 
loppe coriace  en  -le  faisant  griller,  et  ce  procédé  s'est 
(M)nservé  jusqu'à  nos  jours  (V.  BoLiLAivîr,f'H[(:  et  Mecle). 
Les  farin(^s  alors  ont  pu  être  cuites  à  l'eau  et  mangées  à 
l'état  de  bouillies.  L'usage-des  bouillies  a  été  longtemps 
très  répandu  malgré  la  connaissance  du  pain,  et  l'est  en- 
core. Les  Hébreux  se  servaient  d'orge  grilléo  et  broyée, 
les  Grecs  d'oi-ge  et  de  fi'oment^  les  Romains  d'orge  et 
d'épeautre.  Il  semble  que  chez  les  Romains  les  bouillies 
étaient  la  base  de  l'alimentation  jusqu'au  ii^  siècle  avant 
notr(}  ère.  Ils  en  préparaient  de  plusieurs  sortes  et  en 
faisaient  frire.  Et  aujourd  hid  les  bouillies  de  sarrasin  en 
Bretagne  et  en  Normandie,  de  châtaignes  dans  le  Centre, 
de  châtaignes  et  de  mais  ou  polenta  dans  le  N.  de 
l'Italie,  (l'avoines  dans  les  Karpates  et  ailleurs,  sont  encore 
la  nourriture  habituelle.  Leur  usage  (îtait  encore  beaucoup 
plus  étendu,  il  y  a  moins  d'un  siècle.  Devaiit  la  pomme 
de  t(U're,  pain  tout  préparé,  il  a  rAculé  plus  cjuedevant 
le  pain.  L(^s  bouilli(^s  ojit  le  défaut  do  s'aigrir  du  jour  au 
lendemain.  De  très  bonne  heure  doiic  et  (Mi  même  temps 
pout-èti'e  ([ne  l'usage  des  bouillies,  on  apprit  à  préparer 
les  grains  concassés  en  les  faisant  cuire  à  s^^c,  après  les 
avoir  réduits  à  l'état  de  pâte  plus  ou  moins  bien  amal- 
gamée par  le  mélange  d'un  pou  d'eau.  C'est  à  cette  pré- 
paration, qui  formait  d'abord  des  galettes  très  grossières, 
mêlées  de  son,  de_  ghnnes,  nvmie  do  gj'aviers,  que  fut 
donné  le  nom  de  pain.  Elle  était  dure  à  cassci'  et  à  màchiT, 
desséchée  ({u'elle  était  d'abord,  plulOt  ([ue  cuite  entre  deux 
pierres  chauffées.  (Cependant  son  invention  tut  regardée 
comme  un  grand  bienfait.  C'est  à  (4!e  que  se  rapportent 
les  légendes  pieuses  qui  survivent  chez  les  Parsis  dans 
l'offramle  du  pain  non  levé,  Darunt  dtvona,  chez  les 
Hébreux  dans  celle  du  pain  azijnie,  chez  'es  çhrétieiis 
([ans  la  déification  de  l'hostie,  syiidjole  do  la  galette  primi- 
tive pour  la  fabrication  de  laquelle  le  levain  était  inconnu. 
Le  nom  hébreu  de  pain  a  le  sens  général  d'aliment.  Et 
il  en  est  de  même  du  radical  du  même  siom  dans  les 
langues  indo-européennes  où  d  signitîe  nouirir,  de  même 
([u'en  extrême  Orient,  on  dit  d'un  village  qu'il  «  a  faim  » 
lorsqu'il  manque  de  riz.  On  a  trouvé  deséchantdlons  tîeci^ 
pain  primitif,  renfermant  des  gi'ains  pf'es({!ie  ^mtiers  et  des 
glumes,  dans  des  stations  lacustres  de  rép(K|;se  de  la  pierre. 
Lorsqu'on  sut  mieux  broyer  le  gi'ain,  il  devint  bien  meilleur 
en  se  rapprochant  de  nos  galettes  et  })iscuits.  Tontes  sortes 
de  farines  furent  enqdoyèes  à  sa  fabrication.  On  mêlait 
ensemble  des  farines  d'orge,  de  millet,  de  froment,  d'avoine, 
de  fèves,  de  lentilles,  de  pois  chicbes,  de  vesces,  même 
de  glands.  Le  gland  est  très  employé  encore  chez  nos 
Kabyles.  Au  témoignage  de  Pline,  le  mélange  le  plus 
j'épandu  de  son  temps  était  celiii  de  farines  de  fève  avec 
des  farines  de  froment  et  de  millet.  Du  temps  d'IIérotlote, 
les  Egyptiens  préféraient  le  millet  au  froment.  Les  Juifs 
ont  appris  à  faire  le  pain  levé,  ie  vrai  pain  de  nos  joai\s, 
en  Egypte.  Celle  connaissance  s'(\st  réfumdue  en  Asie.  Les 
Grecs  l'ont  empj'unlée  à  1'  \s!e,  taidivcment,  et  les  Romains 


PAIN 


80; 


aux  Grecs,  Les  Gaulois,  à  leur  tour,  l'ont  due  aux  Ro- 
mains. Maîs^  de  L\,  elle  s*csl  jk^u  répandue  dans  le  reste  de 
l'Europe.  Encore  au  vi®  siècle  de  notre  ère,  les  petites 
gens  en  France  ne  mangeaient  que  du  pain  sans  levain. 
Plus  au  N.  et  à  l'E.,  on  ne  connut  que  lui  pendant  presque 
tout  le  moyen  âge.  Il  est  d'ailleurs  resté  jusqu'à  nos  jours 
en  usage  dans  bien  des  cantons  de  l'Italie,  de  l'Espagne, 
de  l'Irlande,  de  la  Suède,  de  la  Finlande,  où,  les  années 
de  disette,  on  mange  encore  du  pain  d'écorce  de  sapin,  dans 
l'Inde,  dans  l'Afrique  du  Nord  surtout  parmi  les  nomades. 
Le  pain  levé  une  fois  connu,  on  employa  pour  lui  aussi 
toutes  sortes  de  farines.  Et  en  plein  xvii^  siècle,  d'après 
Vauban,  «  tout  ce  (pii  s'appolait  bas  peuple  ne  vivait  que  de 
pain  d'orge  et  d'avoine  mêlées,  dont  on  n'était  même  pas 
le  son,  de  telle  sorte  qu'il  y  avait  tel  pain  qu'on  pouvait 
tirer  par  les  pailles  d'avoine  dont  il  était  mêlé  ».  Aujour- 
d'hui, la  farine  de  froment  est  préférée  à  toute  autre,  bien 
que  l'usage  du  seigle  l'emporte  encore  dans  le  N.-E.  de 
FEuropo.  Ses  qualités  nutritives,  sa  facile  digestion  et  son 
parfum  expliquent  cette  préférence.  Ef,  si  les  peuples  de 
l'Europe  n  ont  pas  inventé  le  pain,  ni  même  le  pain  levé 
si  anciennement  connu  des  Egyptiens,  ils  triomphent  avec 
le  pain  de  froment  dont,  depuis  les  Romains,  ils  se  sont 
faits  les  propagateurs.  Le  couscous,  de  farine  de  froment 
et  de  millet,  offre  plusieurs  des  avantages  du  pain  et  peut 
S3  conserver  phis  longtemps.  Mais  aucun  produit  alimen- 
taire ne  peut  remporter  sur  la  farine  de  froment,  et  le  pain 
en  est  la  préparation  la  plus  avantageuse.  On  prévoit  donc 
que,  si  grandes  que  soient  les  surfaces  ensemencées  en 
blé,  la  consommation  du  pain  progressant  constamment 
en  Europe,  et  les  peuples  d'Europe,  s'élendant  sans  cesse 
davantage  dans  le  reste  du  monde,  elles  seront,  dans  un 
délai  assez  court,  à  peine  suifisantes  pour  tous  les  be- 
soins. Il  n'y  a  que  prudence  à  ne  pas  chercher  à  restreindre 
les  domaines  encore  d'ailleurs  bien  étendus  du  riz,  du  ma  s, 
du  manioc,  qui  suppléent  au  pain  pour  plus  des  deux 
tiers  du  genre  humain.  Z.vborowski. 

VI.  Histoire  religieuse.  —  Pains  de  proposioon  ou 
d'offrande.  —  Pains  renouvelés  chaque  semaine,  au  jour 
du  sabbat,  et  déposés  en  deux  rangées  égales,  sur  la  ta  de 
d'or  placée  dans  le  sanctuaire.  Il  devait  y  en  avoir  dou7.e, 
suivant  le  nombre  des  tribus,  au  nom  desquelles  ils  étaient 
offerts.  Pour  la  confection  de  chacun  de  ces  pains,  on 
employait  deux  azarons  de  farine  fine,  c.-à-d.  environ 
six  pintes.  On  les  servait  tout  chauds  ;  ils  ne  pouvaient 
être  mangés  que  par  les  prêtres.  L'offrande  de  ces  pains 
étaitaccompagnéed'encensetdesel(L^'tuYiV/U(?,XXlV,  0-9). 

Pains  sans  levain  (Fïae  des)  (V.  Pàque). 

Pain  de  communion  ou  d'autei-  (V.  Agapes,  Azymites, 
EucHARisriE,  EuLor.iE,  Oi'i'^EUTE.  Offertoire,  Offrande). 

Pain  rénh'.  —  L'usage  de  bénir  du  pain,  aux  messes 
paroissiales,  et  de  le  distribuer  à  tous  les  assistants,  se 
trouve  expresséaient  recommandé  dès  le  ix^  siècle  par  le 
pape  Léon  IV  et  par  quelques  évêques  ;  ou  même  dès  le 
VII®,  par  un  concile  qu'on  prétend  avoir  été  tenu  à  Nantes 
en  655  (V.  t.  XXIV,  p.  731).  Ils  ordonnent  aux  fidèles 
de  recevoir  ce  pain  avec  dévotion.  Mangé  dans  l'esprit  de 
l'Eglise,  il  efface  les  péchés  véniels,  par  les  bons  sentiments 
qu'il  inspire  ;  il  peut  même  guérir  les  maladies  du  corps. 
L'origine  de  cet  usage  est  rapportée  par  plusieurs  litur- 
gistes  aux  agapes,  par  d'autres  aux  eulogies.  Il  nous 
semble  qu'elle  doit  être  rattachée  plus  spécialement  aux 
antidores  (V.  Eur.0(us,  t.  XVI).  —  L'offrande  et  la  dis- 
tribution de  ce  symbole  de  la  fraternité  chrétienne  ont 
produit  de  tout  temps  des  effets  peu  conformes  au  senti- 
ment qu'il  représente.  Sous  l'ancien  régime,  les  patrons 
et  les  seigneurs  haut-justiciers  exigeaient,  comme  un  ho- 
norifique, qu'on  leur  présentât  le  pain  immédiatement 
après  le  clergé  en  surplis.  Après  le  patron  et  le  haut-jus- 
ticier, le  pain  bénit  devait  être  offert  aux  moyens  et  bas 
justiciers,  ensuite  aux  gentilshommes.  Les  trésoriers  de 
France  et  les  secrétaires^  du  roi  devaient  le  recevoir  })ar 
morceaux  de  distinction,  avant  les  juges  des  seigneurs. 


Les  anciens  recueils  contiennent  un  grand  nombre  d'arrêts 
particuliers  sur  la  manière  d'offrir  le  pain  bénit  et  les 
préséances  à  observer.  Dans  les  grandes  villes  on  distin- 
guait le  pain  bénii  par  distinction,  d'avec  celui  qui  était 
DONNÉ  PAR  MORCEAUX  DE  DISTINCTION.  Lc  premier  était 
un  honneur,  une  préséance  flatteuse,  mais  commune  à 
tous  les  commensaux.  Le  morceau  de  distinction  était 
particulier  aux  patrons,  aux  seigneurs  haut-justiciers, 
aux  officiers  de  la  couronne  et  aux  commensaux  du  pre- 
mier ordie.  —  Aujourd'hui,  les  traités  spéciaux  destinés 
à  guider  les  ecclésiastiques  se  plaignent  de  l'incrédulité  de 
ceux  qui  refusent  de  donner  le  pain  bénit,  de  la  mauvaise 
grâce  de  beaucoup  de  ceux  qui  n'osent  point  le  refuser, 
des  complications  vaniteuses  introduites  trop  souvent  par 
ceux  qui  le  donnent,  et  enfin  de  la  nécessité  de  veiller  sur 
les  agents  inférieurs  de  l'Eglise,  pour  les  empêcher  de 
prélever  ce  qu'ils  appellent  le  chanteau  de  la  chopine. 
Celui  qui  garde  dans  sa  poche  un  morceau  de  pain  bénit 
le  jour  de  la  Pentecôte  est  assuré  de  gagner  tous  ses 
procès.  Celui  qui  en  mêle  des  miettes  avec  le  grain  donné 
aux  poules  recueUle  beaucoup  d'œufs.  Les  morceaux  dé- 
posés dans  les  greniers  ou  les  granges  chassent  les  souris 
et  les  rats,  ou  les  font  mourir. 

Pain  calendaire.  —  Pain  qu'on  offrait  autrefois,  dans 
certaines  églises,  à  la  fête  de  Noël,  appelée  parfois  îilors 
CaJende, 

Pain  conjuré.  —  Fait  de  farine  d'orge  et  bénit  par  un 
prêtre  avec  des  imprécations  spéciales  ;  il  servait  chez  les 
Anglo-Saxons  à  la  manifestation  des  jugements  de  Dieu. 
On  le  faisait  manger  aux  accusés  :  s'ils  étaient  innocents, 
le  pain  ne  leur  faisait  aucun  mal  :  s'ils  étaient  coupables, 
ils  ne  pouvaient  point  Favaler,  ou,  en  l'avalant,  ils  étaient 
étouffés.  En  effet,  le  prêtre  qui  faisait  cette  cérémonie, 
avait  demandé  à  Dieu  que  les  mâchoires  du  criminel  res- 
tassent raides,  que  son  gosier  se  rétrécit  et  qu'il  ne  pît 
avaler  ou  qu'il  rejetât  le  pain  de  sa  bouche.  E.-II.  V. 
VII .  Tachaologie.  —  Pain  à  cacheter.  —  Petites  ron- 
delles de  pain  sans  levain,  très  minces,  servant  à  fermer  les 
lettres.  Ces  rondelles  opaques  et  cassantes  lors  ju'elks  s  )nt 
sèches,  deviennent  molles  lorsqu'on  les  mouille  de  salive  et 
se  collent  après  le  papier.  Une  fois  sèches,  elles  conservent 
une  adhérence  très  grande  et  on  est,  la  plupart  du  temps, 
obligé  de  déchirer  le  papier  pour  pouvoir  ouvrir  la  lettre. 
Les  pains  à  cacheter  sont  généralement  imprégnés  d'une 
matière  colorante  qui  les  rend  plus  agréables  d'aspect.  Il 
existe  aussi  des  pains  à  cacheter  formés  de  disques  de 
substance  gommeuse  et  translucide.  Ils  ont  une  certaine 
souplesse  qui  rend  leur  maniement  et  leur  collage  i)lus 
facile  ([ue  pour  les  pains  ordinaires.  L'emploi  des  enve- 
loppes goniinées  a  considérablement  réduit  l'emploi  des 
pains  à  cacheter  qui  est  aujourd'hui  à  peu  près  aban- 
donné. E.  M. 

Pain  de  dextrine.  —  On  donnait  ce  nom  à  une  sorte 
de  pain  de  lux3dans  lequel  la pîte  était  additionuée d'une 
solution  de  dextrine  glucosée.  Cette  fai)rication  est  main- 
tenant al)andonnée  ;  toutefois  on  obtient  un  produit  ana- 
logue en  délayant  la  farine  dans  de  l'eau  additionnée  de 
2  à  3  parties  de  sucre  ;  le  pain  ainsi  obtenu  présente  une 
saveur  qui  s'allie  parfaitement  avec  celle  des  mets  sucrés. 
Pain  d'épices.  —  Sorte  de  gâteaux  de  couleur  brune, 
qui  se  fiiit  avec  de  la  farine  de  seigle,  du  miel  et  des 
épices.  On  y  ajoute  souvent  des  morceaux  régulièrement 
découpés  de  fruits  confits  :  cédrat,  angéUque,  prune,  etc., 
tant  comme  ornement  ({ue  pour  modifier  le  goût.  l{n 
France,  le  pain  d'épices  le  plus  renommé  par  sa  finesse 
est  celui  de  Dijon  ;  on  en  fabrique  également  à  Reims  et 
dans  la  région  de  Paris.  E.  M. 

VIII.  Nomenclature  botanique.  —  P.  de  cassave. 
La  fécule  de  Manioc  (V.  ce  mot).  —  P.  de  coucou. 
VOxalis  acelosella  L.  (V.  Surelle).  —  P.  de  crapaud, 
DE  grenouille.  Ij  AU  S  ma  plantage  L.  (V.  Alisma).  — 
P.  de  la  Saint-Jean.  Les  caroubes  de  Ceratonia  Sili/ua 
L.  (V.  Caroubier).  —  P.   di-:  lièvre.   Le  Gouet  (Arum 


805  — 


PAIN  ~  PAINE 


maculatumlj.)  (V.  Arum).  —  P.  de  porj\(:f:.4i.  La  souche 
tubéreuse  du  Cyclamen  europœum  L.  (V.  Cyclamen). 

—  P.  DE  Singe.  Le  Baobab  ou  Adansonia  cligitata  L. 
(V.  Baobab). —  P.  des  Indes.  Les  racines  d'igname  et  de 
manioc.  —  P.  d'oiseau.  L'Orpin  ou  Sediim  acre  L. 
(V.  Sedum).  D""  L.  Hn. 

IX.  Agriculture.  —  Pain  de  créions  (V.  Graisse, 
t.  XIX,  p.  i-23). 

BibL  :  Physiologie.  —  Galippe  et  Barre,  le  Pain,  1896. 

—  Vallin,  le  Pain  complet,  dans  Rev.  d'hyg.,  1896.  —  Ar- 
Novi^T),  Valeur  cilimentaire  du  pain,  dans  Rev.  d'hxjg..  1896. 

PAIN  DE  SUCRE  (Le)  (V.  Haïti,  t.  XIX,  p.  731). 

PAINBLANC.  Corn,  du  dép.  de  la  Côte-d'Or,  arr.  de 
Beaune,  cant.  de  Bligny-sur-Ouclie  ;  435  hab. 

PAINE  ou  PAYNE  (Sir  James),  architecte  anglais,  né 
en  17:25,  mort  en  France  en  nov.  1789.  James  Paine 
fut  successivement  surveillant  des  travaux  de  l'hôpital  de 
Greenwich,  contrôleur  et  architecte  des  bâtiments  royaux, 
architecte  du  roi  et  honoré  des  diverses  charges  à  la  cour. 
Il  fit  en  outre  élever  de  nombreuses  constructions  pu- 
bliques et  privées,  se  partageant  alors  avec  Sir  R.  Tatjlor 
la  clientèle  de  l'aristocratie  anglaise.  Les  principales  rési- 
dences dues  à  Sir  J.  Paine,  et  dont  les  plus  importantes 
sont  Don  caster  Mansion  House,  Worksop  ManorHouse  et 
Wardour  Castle,  ont  été  publiées  par  lui  sous  le  titre  de 
Plans,  etc.,  of  Noblenien  and  Gentlemen' s  Hoiises 
executed  in  varions  Countries,  etc.,  Londres,  1767  et 
1783,  2  vol.  in-fol.,  7  4  et  101  pi.  —Un  fils  de  Sir  J.  Paine, 
James  Paine  junior,  voyagea  en  Italie  en  1774  et  rap- 
porta de  ce  voyage  un  album  gr.  in-fol.  contenant  57  des- 
sins: plans  de  palais,  vues  d'Albano  et  de  Tivoli,  etc., 
conservé  aujourd'hui  à  la  bibliothèque  de  South  Kensing- 
ton  Muséum.  Charles  Lucas. 

PAINE  (Thomas),  écrivain  et  politicien  anglais,  né  à 
Thetford  (comté  de  Norfolk)  le  29  janv.  1737,  mort  à 
New  York  le  8juil.  1809.  Fils  d'un  fabricant  de  corsets, 
quaker  renforcé,  il  fut  élevé  dans  les  principes  les  plus 
rigides.  Son  instruction  fut  assez  négligée,  et  à  treize  ans 
il  commençait  son  apprentissage  dans  la  maison  paternelle. 
En  1756,  il  s'engage  dans  la  marine,  puis  il  revient  à 
Londres  et  y  établit  une  fabrique  de  corsets  qui  périclita. 
En  1761,  il  réussit  à  obtenir  un  emploi  dans  l'excise,  mais, 
fonctionnaire  détestable,  il  était  révoqué  dès  1765.  Après 
avoir  fait  divers  métiers,  il  obtient  d'être  réintégré  dans 
l'excise  à  Grampound,  puis  à  Leeves  (1768).  Il  épouse  dans 
cette  dernière  ville  la  fille  d'un  marchand  de  tabac,  son 
logeur,  et,  s'étant  fait  de  nouveau  révoquer  (1774),  vend 
lui-même  du  tabac  et  de  l'épicerie.  Criblé  de  dettes,  séparé 
d'avec  sa  femme,  il  vient  chercher  fortune  à  Londres.  Sur 
le  conseil  de  Franklin,  il  s'embarque  pour  l'Amérique.  A 
Philadelphie,  il  dirige  une  revue  nouvellement  fondée 
Pennsylvania  Magazine  or  American  Muséum  (1775), 
y  écrit  des  articles  contre  l'esclavage  et  publie  en  faveur 
de  l'indépendance  américaine  une  brochure  Common  Sensé 
(1776),  qui  se  vend  à  des  miUiers  d'exemplaires  et  du 
jour  au  lendemain  le  rend  célèbre.  Il  s'engage  dans  l'armée, 
devient  aide  de  camp  du  général  Greene  et  écrit  The 
Crisis  (1777),  suivie  de  sept  autres  Crises  (1777-78)  pour 
enflammer  le  courage  des  Américains.  Ces  petites  brochures, 
répandues  dans  toute  l'armée,  y  excitèrent  le  plus  vif  en- 
thousiasme patriotique.  Paine,  totalement  dépourvu  de  dis- 
crétion et  de  diplomatie,  ayant  révélé  avant  l'heure  l'en- 
tente qui  existait  entre  le  gouvernement  français  et  le 
gouvernement  américain,  se  vit  désavoué  partons  les  deux 
et  fut  impliqué  dans  de  graves  embarras.  Il  s'en  tira  ce- 
pendant, fut  nommé  clerc  de  l'assemblée  de  Pennsylvanie 
{1779)  et  s'occupa  avec  beaucoup  d'ardeur  à  lancer  une 
souscription  destinée  aux  frais  de  la  guerre.  Il  n'y  réussit 
guère  et  fut  alors  chargé,  avec  le  colonel  Laurens,  d'aller 
contracter  en  France  un  emprunt  (1781).  Il  rapporta  de 
Paris  2.500.000  livres  st.  L'Etat  de  Nw  York  lui  fit  pré- 
sent du  domaine  de  New  Rochelle,  et  Washington  obtint 
pour  lui  des  sommes  assez  importantes.  Paine  s'occupa 


alors  de  différentes  inventions  mécaniques,  conçut  le  plan 
d'un  pont  en  fer  qu'il  vintprésenter  à  l'Académie  des  sciences 
de  Paris  en  1787.  Il  se  lia  avec  le  cardinal  de  Brienne 
qui  le  chargea  de  combattre  à  Londres  la  politique  de 
Pitt  et  d'essayer  d'amener  une  entente  entre  la  France  et 
l'Angleterre.  Paine  échoua  dans  cette  tentative  qui  le  mit 
en  rapport  avec  Burke,  avec  Fox,  avec  le  duc  de  Port- 
land  ;  il  réussit  mieux  dans  ses  essais  scientifiques,  et 
son  pont  en  fer  fut  construit.  Paine,  revenu  à  Paris  en 
1790,  se  lança  corps  et  âme  dans  le  mouvement  révolu- 
tionnaire. A  peine  Burke  avait-il  publié  ses  amères  Re- 
flexions on  the  Révolution,  qu'il  répliquait  par  ses  Rights 
ofman,  apologie  des  principes  de  1789,  qui  eut  en  Amé- 
rique et  en  France  le  plus  vif  succès  et  qui  devint  par  la 
suite  le  catéchisme  des  radicaux  anglais.  Paine  retourna 
à  Londres  et  se  mit  résolument  à  la  tête  des  partisans  de 
la  Révolution  française.  Le  gouvernement  s'effraya,  l'accusa 
de  jacobinisme  et  poursuivit  son  livre.  Paine  s'empressa  de 
passer  en  France,  où  il  reçut  un  accueil  enthousiaste.  Créé 
citoyen  français  par  l'Assemblée  nationale  (1793),  il  fut 
élu  membre  de  la  Convention  le  6  sept,  par  les  dép.  de 
l'Oise,  du  Puy-de-Dôme  et  du  Pas-de-Calais.  Il  opta  pour 
ce  dernier.  Lié  avec  Brissot,  il  refusa  de  voter  la  mort  de 
Louis  XVI,  ce  qui  l'exposa  aux  attaques  de  Marat.  Il  col- 
labora à  la  Constitution,  mais  bientôt  la  chute  des  giron- 
dins lui  enleva  tout  appui.  Arrêté  le  27  déc.  1793,  il  fut 
sauvé  de  la  guillotine  par  la  mort  de  Robespierre  et  par 
les  réclamations  de  Monroe.  Remis  en  liberté,  le  2  nov. 
1794,  il  reparut  à  quelques  séances  de  la  Convention  où 
il  ne  joua  d'ailleurs  qu'un  rôle  effacé.  Durant  sa  détention, 
il  avait  composé  son  Age  ofReason.  Cette  fois  il  s'en  pre- 
nait au  christianisme,  s'emportant  contre  toute  religion 
révélée  et  déclarant  que  c'était  une  duperie  que  la  récom- 
pense promise  aux  bons  dans  une  vie  ultérieure,  et  une 
duperie  plus  dangereuse  encore  que  le  châtiment  réservé 
aux  méchants  dans  un  avenir  hypothétique.  Cet  ouvrage 
fit  scandale  en  Angleterre,  où  il  fut  aussitôt  interdit. 
Erskine  lui-même,  qui  avait  si  éloquemment  défendu  jadis 
les  Droits  de  V homme,  écrivit  contre  l'auteur  une  lettre 
indignée.  Paine,  aigri  par  ces  persécutions,  s'avisa  que  le 
gouvernement  américain  n'avait  pas  avec  assez  d'énergie 
réclamé  sa  mise  en  liberté.  Il  en  accusa  Washington,  le 
traita  de  traître  et  publia  un  abominable  pamphlet  où  toute 
la  carrière  militaire  et  civile  du  grand  homme  était  odieu- 
sement travestie.  Son  ouvrage  suivant,  English  System  of 
finance  (1796),  fut  une  vigoureuse  attaque  contre  les 
finances  anglaises.  Emporté  par  son  ressentiment,  il  alla 
jusqu'à  souscrire  2.500  fr.  pour  le  projet  de  descente  en 
Angleterre  de  Napoléon.  Il  resta  à  Paris  jusqu'à  la  paix 
d'Amiens,  occupant  ses  loisirs  à  fonder  une  secte  de  Théo- 
philanthropes à  laquelle  La  Révellière-Lépeaux  prit  le  plus 
vif  intérêt.  Paine  s'embarqua  enfin  pour  l'Amérique  en  1802. 
Il  y  fut  suivi  par  M"^^  de  Bonneville,  femme  d'un  journaKste 
français,  avec  lequel  il  s'était  lié  à  Paris.  Le  président 
Jefferson  Faccueillit  avec  faveur,  mais  la  bonne  société 
lui  battit  froid.  Ses  nombreux  ennemis  l'attaquaient  sans 
mesure,  incriminant,  sans  raison  d'ailleurs,  à  ce  qu'il 
paraît,  ses  relations  avec  M™^  de  Bonneville.  Il  avait  des 
dettes,  et  fut  forcé  de  vendre  New  Rochelle.  Sa  santé 
s'altéra  et  il  se  mit  à  boire  pour  oublier  ses  ennuis.  Il 
mourut  d'une  attaque  d'apoplexie. 

Ecrivain  vigoureux  et  brusque,  logicien  clair  et  im- 
placable, Paine,  par  ses  écrits,  par  le  rôle  qu'il  joua  dans 
la  guerre  de  l'indépendance  américaine  et  dans  la  révo- 
lution française,  a  exercé  sur  son  temps  une  influence 
considérable.  Des  œuvres  comme  les  Droits  de  l'homme 
et  VAge  de  raison  étaient  de  nature  à  heurter  violemment 
les  sentiments  les  plus  chers  à  l'Angleterre  conservatrice 
et  religieuse.  Tous  les  efforts  qui  furent  tentés  pour  leur 
suppression  ne  firent  qu'accroître  leur  essor.  Ils  devin- 
rent l'évangile  des  radicaux,  qui  en  firent  passer  tous  les 
principes  dans  leur  programme.  Cobbett  ramenait  à  Li- 
verpool  en  1819  les  restes  du  célèbre  pamphlétaire, 


PAINE  —  PAIR 


80G 


au({uel  un  moamnont  fut  érigé  à  Xow  Rochelle  en  1839. 
Outre  les  ouvrages  cités  au  cours  de  cet  article,  Paine  a 
écrit  :  Case  of  officers  of  Excise  (1793)  ;  Epistle  to  ihe 
people  called  Quakers  (1776)  ;  Dialogue  between  gê- 
nerai Monlgomery  and  an  American  delegate  (1776)  ; 
Letter  to  the ùbbé  llaipial  (^IS^)  ;  Thoiiglson  thePeace 
(1783)  ;  Dissertation  on  Government  (1786)  ;  Prospects 
on  the  Rubicon  (1787)  ;  Address  and  déclaration  of 
Ihe  friends  of  Universal  Peace  and  Liberty  (1791)  ; 
Letter  to  the  abbé  Sieyès  (179^2)  ;  Address  io  the  Ue- 
■piiblic  of  France  {ild'i)  ;  Speech  in  Convention  on 
bringing  Louis  Capet  on  trial  (179^2)  ;  lieasons  for 
wisfiing  to  préserve  the  life  of  Louis  Capet  (1793)  ; 
Dissertation  on  tfie  first  principles  of  Govermment 
(1795)  ;  Agrarian  justice  opposed  to  agrarian  law 
(1797)  ;  Letter  to  People  of  France  and  thé  French 
armies(il91)  ;  Letter  to  Erskine  (1797)  ;  Letter  to  Ca- 
mille Jourdan  on  Bells  (1797)  ;  Maritime  compact  : 
on  the  Rights  of  Neutrals  at  Sea  (1801);  Letters  to 
Citizens  of  the  United  States  (1802)  ;  Letter  to  the 
People  ofEngland on  the  Invasion  o f  England  (iSO^)  ; 
On  the  causes  ofYellow  Fever  (1805)  ;  On  constitutions 
Governments  and  Charters  (1805)  ;  Observations  on 
Gunboats  (1806),  etc.  Une  édition  de  ses  œuvres  poli- 
tiques a  été  donnée  en  1792,  et  fut  traduite  en  français 
en  1793,  et  en  allemand  en  1794.  Une  édition  de  ses 
Œuvres  théologûjues  a  été  publiée  par  Carlileenl818  ; 
ses  Lettres  et  Essais  ont  été  réimprimés  en  1819  avec  des 
'parties  inédites  ;  ses  Poèmes  en  1819.  La  meilleure  édi- 
tion de  ses  OEuvres  complètes  est  celle  de  Conway  (189i). 

René  Samuel. 
BinL.  :  John  Gifford,  Pluin  address  to  the  Common 
Sensé  of  the  people  of  England,  contamiiui  an  abstract  of 
Paine' s  life  nnd  \çritinqs  ;  Londres,  1792,  in-8.  —F.  Ol- 
Dvs,  Life  of  T.  Paine)  Londres,  1793,  in-8.  —  W.  Fox, 
Examination  of  Mv  Paine' s  wrlliiigs  ;  Londres,  1793,  in-8. 
—  II. -F.  CiiEETHAM,  Mémoire  o?i  the  life  andwritinqs  of 
T.  Paine;  New  York,  1809,  in-8.  -  Cahlile,  Life  of  T. 
Paine  ;  Londres,  1820,  in-8.  —  G.  Vale,  Life  of  T.  Paine  ; 
New  York,  18  U.  in-8.  —  R.-G.  Lngersole,  Thomas  Paine, 
dans  TJie  North  American  Revlew,  1892.  —  Leslie  Sti:- 
^»HEN,  Thomas  Paine  ^  dans  Fortniylitlij  review,  1893, 
t.  LI V.  —  Moncure  Daniel  Conway,  Life  of  T.  Paine  ; 
Londres,  1893,  2  vol.  in-8.  3"  éd. 

PAINESVILLE.  Ville  manufacturière  des  Etats-Unis, 
Oliio,  sur  le  Grand  River,  à4kil.  dulacErié;  5.000  liab. 

PAIOLIVE  (Bois de).  Situé  dans  le  dép.  de  l'Ardèche,  ce 
bois  s'étend  sur  quatre  communes  du  cant.  des  Vans,  arr.  de 
Largentière  :Casteljau,Chassagnes,Rerrias  et  les  Assions. 
Sa  longueur  est  de  4  à  5  kil.  sur  3  de  largeur.  C'est  une 
foi^êt  de  monolithes  encore  plus  qu'une  forêt  d'arbres, 
4oût.l'ensemble  forme  une  des  trois  cités  de  ruines  calcaires 
taillées  en  France  par  la  nature  dans  Toxfordien,  le  klip- 
penkalk  allemand  (les  deux  autres  sont  Montpellier-le- 
Vieux  et  Mourèze).  Le  naturaliste  Jules  de  Malbos  y  a 
compté  plus  de  soixante  grottes  dont  la  plupart  ont  servi 
d'habitation  à  l'homme  primitif.  A.  Mazon. 

I)iBL.:  Malbos,  Annuaire  del'Ardi'che  do  1850.  —•  Dal- 
.MA<,  Itinéraire  du  (jéologue  dans  l'Ardèche,  1872.  —  Mar- 
tel, les  Céinmncs.,  1890. 

PAIPA.  Ville  de  Colombie,  dép.  de  Boyaca,  à -2.^280  m. 
d'ail.;  10.000  hab.  Sources  thermales  sulfureuses.  Dans 
le  voisinage,  Bolivar  défit  les  Espagnols  à  Pantano  de 
Vargas  (2a  juin  1819). 

PAIR.  I.  Histoire.  — Le  titre  de  pair  qui,  d'après 
l'étymologie,  signifie  égal,  c.-à-d.  homme  de  même 
condition  sociale  et  politique,  se  rencontre  dans  les  docu- 
ments anciens  appliqués  à  des  personnages  de  conditions 
très  diverses.  On  le  trouve  dans  les  lois  barbares,  dans 
les  formules  franques,  dans  les  capitulaires  mérovin- 
giens et  carolingiens  ;  il  y  désigne  les  époux  ;  le  mari 
et  la  femme  sont  pairs  Tun  de  l'autre  ;  des  parents  ou 
simplement  des  amis,  des  voisins,  des  hommes  libres 
liés  par  un  serment  commun;  puis  ceux  qui  sont  unis 
parla  recommandation,  ceux  que  la  féodalité  appellera 
seigneur  et  vassal  ;  plus  tard  les  vassaux  bénéficiaires 
du  souverain  et,  d'une  manière  générale,   les  seigneurs, 


vassaux  communs  cl  immédiats  d'un  même  suzerain, 
assujettis  aux  mêmes  devoirs.  Ces  derniers  seront  dési- 
gnés, lorsque  la  féodalité  se  sera  développée,  sous  le 
nom  de  pairs  de  fiefs  eu  pairs  fieffés,  et  ce  seront  eux 
qui  constitueront  la  cour  féodale  des  grands  fiefs,  tout 
seignem^  ayant  le  privilège  de  n'être  jugé  que  par  S(^s 
pairs.  Au  xi'^  siècle,  ce  terme  généralisé  était  devenu  sy- 
nonyme de  baron.  Les  nobles  ne  furent  pas  seuls  à  re- 
cevoir ce  titre,  les  bourgeois  des  villes  étaient  pairs  les 
uns  des  autres,  et  certaines  communes  eurent  une  assem- 
'blée  de  pairs  qui  composèrent  le  conseil  communal. 

Toutefois,  ce  titre  de  pair  s'est  appliqué  plus  spéciale- 
ment à  une  catégorie  spéciale  de  vassaux  du  roi  de  France 
jouissant  de  prérogatives  spéciales  et  assujettis  à  des  de- 
voirs particuliers.  Mais,  dans  ce  sens  restreint,  le  mot  pair 
était  rarement  employé  seul.  Tandis  que  les  pairs  au  sens 
général  étaient  tous  les  barons  du  royaume,  ceux  qui  for- 
maient un  groupe  distinct  et  privilégié  étaient  les  pairs 
du  royaume  ou  les  pairs  de  France  {pares  Franciœ). 
On  a  beaucoup  et  longuement  discuté  la  question  de  savoir 
à  quelle  époque  remonte  cette  institution  des  pairs  de 
France  et  quelle  en  est  l'origine. 

On  sait  que  les  chansons  de  geste  représentent  Charle- 
magne  sans  cesse  entouré  de  ses  douze  pairs.  Il  est  à 
peine  besoin  de  dire  que  ce  n'est  là  qu'une  légende  poé- 
tique sans  aucune  base  historique  et  qui  dérive  très  pro- 
bablement de  la  mythologie  germanique  où  l'o]!  voit  cer- 
tains héros  entourés  de  douze  compagnons.  Mais,  si  les 
douze  pairs  de  Charlemagne  sont  purement  légendaires,  il 
n'est  pas  impossible  que  cette  légende,  si  populaire,  si 
répandue,  et  tenue  pour  fait  certain  au  xi^  siècle,  ait  réagi 
sur  les  faits  en  donnant  à  penser  que  les  rois  de  Fj'ance, 
successeurs  du  grand  empereur,  devaient  avoir  aussi  leurs 
pairs. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  n'est  pas  cependant  avant  les  pre- 
mières années  du  xiii^  siècle  que  l'on  peut  histori{|uement 
constater  l'existence  des  pairs  de  France.  Tous  les  docu- 
ments allégués  jusqu'ici  pour  les  faire  remonter  au  delà 
sont  faux  ou  ne  disent  rien  de  tel.  Pour  n'en  citer  ici  que 
deux  exemples  frappants,  la  prétendue  ordonnance  do 
Louis  VII  sur  le  sacre  de  Philij)pe-Auguste  où  Ton  verrait 
déjà  les  pairs  exercer  leurs  prérogatives  au  couronnement 
des  rois,  est  un  faux  aujourd'hui  avéré  ;  le  prétendu 
jugement  de  Jean  sans  Terre  par  la  cour  des  pairs  de  France 
en  1202  serait  lui-même,  M.Bémont  a  tenté  de  le  démon- 
trer, une  fable  inventée  par  Louis  VIII  en  1216.  C'est  à 
cette  date  précisément  ([u'un  document  nous  montre  qu'il 
existait  à  la  cour  du  roi  de  France,  indépendamm<Mît  des 
barons,  un  groupe  de  hauts  seigneurs,  spécialement  dési- 
gnés sous  le  nom  de  pairs,  au  nombre  desquels  se  trou- 
vaient plusieurs  évê({ues. 

Depuis  cette  époque,  les  documents  abondent 'qui  mon- 
trent la  cour  des  pairs  constituée,  mais  tandis  que  les 
plus  anciens  font  voir  qu'elle  avait  un  rôle  judiciaire  im- 
portant et  surtout  que  les  pairs  avaient  des  prétentions 
considérables,  ceux  de  la  fin  du  xiu^  siècle  et  du  commen- 
cement du  xiv*^  ne  leur  attribuent  guère  plus  qu'un  rôle 
décoratif  et  des  prérogatives  purement  honorifi'jues. 

Au  milieu  du  xiii^  siècle,  la  cour  des  pairs  se  compose  de 
six  pairs  laïques  (trois  ducs,  ceux  de  Normandie,  de  Bour- 
gogne et  de  Guyenne,  et  trois  comtes,  ceux  de  Flandre, 
de  Champagne  et  de  Toulouse)  et  de  six  pairs  ecclésias- 
tiques :  rarchcvêipie  de  Reims  et  les  évêques  de  Langres, 
de  Laon,  de  Chàlons-sur-Marne,  de  Beauvais  et  de  Noyon. 
Leur  rôle  au  sacre  d(is  rois  paraît  n'avoir  été  définitive- 
ment fixé  qu'à  ravèneinent  de  Philippe  V  en  1316.  Ils  y 
figuraient  en  costume  royal,  la  couronne  en  tête,  et  sou- 
tenaient tous  ensembb^  la  couronne  royale  sur  la  tête  du 
nouveau  monarque.  De  plus  l'archevêque  de  Reims  avait 
le  privilège  de  oindre  et  de  sacrer,  l'évêque  de  Laon  por- 
tait la  sainte  Ampoule,  celui  de  Beauvais  soutenait  le 
manteau  royal,  celui  de  Langres  partait  le  sceptre,  celui 
de  Châlons.  l'anneau,  et  c^lui  de  \ovon,  le  baudrier.  Le 


—  807 


PAIR 


rôle  des  laïques  était  le  suivant  :  le  duc  de  Guyenne  por- 
tait la  première  bannière  carrée,  celui  de  Normandie, 
la  deuxième  bannière  carrée  ;  le  comte  de  Champagne 
portait  la  bannière  royale,  le  comte  de  Toulouse  portait 
les  éperons,  le  comte  de  Flandre  ,  l'épée  que  le  duc  do 
Bourgogne  avait  le  privilège  de  ceindre  au  roi.  Quant  à 
leurs  fonctions  primitives,  elles  s'étaient,  nous  l'avons  dit, 
transformées  en  prérogatives  :  après  avoir  été  les  seuls 
barons  de  la  cour  du  roi,  ils  n'y  eurent  plus  guère  d'autres 
privilèges,  même  dans  les  procès  de  pairie,  que  de  siéger 
sur  des  chaires  plus  élevées  et  d'être  énumérés  en  tête 
des  juges  dans  les  documents  officiels. 

Comment,  entre  tant  de  seigneurs  et  de  prélats  du 
royaume,  s'était  faite  cette  sélection  qui  avait  pronui  à 
une  distinction  particulière  ces  six  vassaux  laïques  et  ces 
six  prélats?  Pour  les  pairs  laïques,  l'explication  est  rela- 
tivement facile  :  ils  ne  sont  autres  que  les  feudat aires  des 
grandes  seigneuries  entre  lesquelles  la  féodalité  avait  mor- 
celé le  royaume  et  qui  constituaient  les  véritables  pairs  de 
fief  du  souverain.  Et  cela  permet  de  dater  approximative- 
ment du  second  quart  du  x  V  siècle  l'époque  à  la([uelle 
l'institulion  a  du  se  constituer.  Pour  les  ecclésiastiques, 
il  faut  remarquer  que  l'archevêque  et  les  évoques  sont  en 
même  temps,  l'un,  duc,  et  les  autres  comtes  de  leurs  cités, 
qu'ils  sont  aussi  par  conséquent  feudataires  du  royaume 
et  vassaux  liges  du  roi  dont  ils  relèvent  directement. 
D'autres  prélats,  il  est  vrai,  ont  été  aussi  seigneurs  tem- 
porels de  leurs  cités,  mais  les  six  évèques  qui  eurent  rang 
de  pairs  sont  certainement  ceux  qui,  les  premiers,  avaient 
pris  pkice  dans  la  hiérarchie  féodale  ;  dès  le  x^  siècle  ils 
avaient  acquis  îa  seigneurie  temporelle  de  leurs  villes  épis- 
copales.  Chose  singulière  !  c'est  au  moment  où  l'institution 
achève  à  peine  de  se  constituer  et  de  devenir  un  rouage 
de  l'état  monarchico-féodal  que  les  pairies  laïques  de  Nor- 
mandie, de  Toulouse,  de  Champagne  cessent  d'être  indé- 
pendantes. Le  duché  de  Guyenne,  d'autre  part,  tombe  aux 
mains  des  Anglais,  en  sorte  qu'au  dél)ut  du  xiv'^  siècle, 
des  six  pairies  laïques  il  ne  subsiste  plus  que  le  duché  de 
Bourgogne  et  le  comté  do  Flandre.  Aussi  les  rois  s'attri- 
buèrent-ils le  droit  de  créer  de  nouveaux  pairs  en  éri- 
geant en  pairies  (comtés  ou  duchés)  des  seigneuries  qui 
n'avaient  pas  ce  rang,  et  comme  c'était  là  unmoven  com- 
mode et  relativement  peu  coûteux  de  distribuer  des  faveurs, 
ils  cessèrent  bientôt  d'avoir  égard  à  l'ancien  chiffre  des 
douze  pairs  et  érigèrent  en  pairie,  même  avec  titre  de  du- 
ché, de  très  petites  seigneuries. 

Les  prérogatives  de  ces  pairs  consistèrent  à  pouvoir 
siéger  au  Parlement  de  Paris  à  partir  de  vingt-cinq  ans, 
à  y  prendre  place  dans  les  lits  de  justice  immédiatement 
après  les  princes  du  sang  et  les  pairs  ecclésiastiques  dans 
l'ordre  d'ancienneté  de  leurs  pairies,  à  assister  au  sacre 
des  rois,  et  enfin  à  ne  pouvoir  être  cités  en  justice  devant 
une  juiidiclion  autre  que  le  parlement  de  Paris.  Certains 
fiefs  érigés  en  pairies  pouvaient  être  possédés  par  des 
femmes,  mais  celles-ci  ne  remplissaient  pas  les  fondions 
de  pairs. 

Voici  par  ordre  chronologique  la  liste  des  seigneuries 
qui  furent  érigées  en  pairies  :  comté  d'Anjou  en  4297. 
puis  duché  en  4360;  duché  de  Bretagne  en  4297  ;  comté 
d'Artois  en  4217  ;  comté  de  Poitou  en  4345  ;  comté  de  la 
Marche  en  4346  et  4327  ;  comté  d'Fvreux  en  1346;  comté 
d'Angouléme  en  4347  ;  comté  d'Ftampes  en  4327  ;  duché 
de  Bourbon  en  4327  ;  comté  de  Beaumont-le-Roger  en 
4328  ;  comté  du  Maine  en  4334  ;  comté  de  Mortain  en 
4335;  comté  de  Valois  en  4344;  duché  d'Orléans  en 
4344;  comtés  de  Nivernais  et  de  Bethel  en  4347;  comté 
de  Mantes  en  4353,  4360  et  4446;  vicomte  de  Breteuil  en 
435i;  duché  de  Normandie  avec  Maine  et  Anjou  (nouvelle 
érection)  en  4355;  comté  de  Maçon  en  4359;  duché  de 
Çerry  en  4360  ;  comté  de  Mantes  en  4  360  et  4446  ;  du- 
ché d'Auvergne  en  4360;  duché  de  Touraine  en  4360  ; 
duchés  d'Anjou  et  du  Maine  (nouvelle  érection)  en  4360; 
duché  de  Bourgogne  (nouvelle  érection)  en  4363;  comté 


de  Poitou  (nouvelle  érection)  en  4369  ;  baronnie  de  Mont- 
pellier en  4374  ;  comté  de  Valois  (nouvelle  érection)  en 
1386,  puis  duché  en  4403  ;  duché  de  Touraine  (nouvelle 
érection)  en  4396  ;  comtés  deBloiset  de  Dunoisén4399; 
comté  de  Périgord  en  4399;  châtellenie  de  Château- 
Thierry  en  4400;  comté  de  Soissons  et  baronnie  de  Coucy 
en  4404;  duché  de  Nemours  en  4404;  châtellenie  de 
Châtillon-sur-Marne  en  4404;  comté  de  Bethel  (nouvelle 
érection)  en  4405;  châtellenie  de  Mortagne  en  4407  ; 
comté  de  Mortain  (nouvelles  érections)  en  4407,  4408  et 
4444  ;  châtellenies  d'Fvry  et  de  Jauy  en  4408  ;  comté 
de  Ponthieu  en  4413;  duché  d'Alençou  en  4444;  duché 
de  Touraine  (nouvelle  érection)  en  1446  ;  duché  d'Anjou 
et  comté  du  Maine  (nouvelle  érection)  en  4424  ;  comté  de 
Saintonge  avec  la  seigneurie  de  Kochefort -sur-Charente  en 
44'?8  ;  comtés  de  Mâcon  et  d'Auxerre  (nouvelle  érection) 
en  4435;  comté  d'Ku  en  4458  ;  comté  de  Foix  en  1-^58; 
comté  de  Nevers  (nouvelle  érection)  en  4 'f59  :  duché  de 
Berry  (nouvelle  érection)  en  4  461  ;  duché  de  Nemours 
(nouvelle  érection)  en  4464  ;  comté  de  Nevers  (confirma- 
tion) en  4464  ;  duché  de  Normandie  avec  le  comté  de 
Mortain  (nouvelle  érection)  en  4465  ;  duché  de  Guyenne 
(nouvelle  érection)  en  4469;  comté  de  Villefranche-de- 
Rouergue  en  4480  ;  duché  de  Valois  (nouvelle  érection) 
en  4498  ;  comté  de  Nevers  (contirmation)  en  4505  ;  ba- 
ronnie de  Coucy  avec  le  comté  de  Soissons  (nouvelle  érec- 
tion) en  4505  ;  duché  de  Nemours  (nouvelle  érection)  en 
4507  ;  duché  de  Vendôme  en  4545;  duché  de  Chatellé- 
rault  en  4545  ;  duché  d'Angouléme  en  4515;  duché  de 
Nemours  (nouvelle  érection)  en  4545;  duché  de  Valois 
(nouvelle  érection)  en  4546;  duché  de  Roannais  (non  en- 
registré) en  4549;  duché  de  Nemours  (nouvelle  érection) 
en  4524  ;  comté  de  Dunois  (non  enregistré)  en  4525  ;  du- 
ché d'Aumale  en  4527  ;  duché  de  Guise  en  4527;  duché 
de  Nemours  (nouvelle  érection)  en  4528  ;  duché  de  Mont- 
pensier  en  4528  ;  duché  de  Nevers  (nouvelle  érection)  en 
4538  ;  comté  de  la  Marche  (nouvelle  érection)  en  4540  ; 
duché  de  Bourbon  (nouvelle  érection)  en  4544;  duché  de 
Montpensier  (nouvelle  érection)  en  4547  ;  duché  de  Mont- 
morencv  en  4551  ;  ducb.é  de  Château-Thierry  en  4566  ; 
duché  d'Enghien  en  4566  ;  duché  de  Nevers  (confirma- 
tion) en  4566;  duché  de  Graville  (non  enregistré)  eii 
1567  ;  duché  de  Bourbon  (nouvelle  érection)  en  1567  ; 
duché  do  Mercœur  en  4569;  duché  de  Clcrmont-Tonnerre 
(non  enregistré)  en  4574  ;  duché  d'Ezès  en  4582;  duché 
de  Rethelois  en  4573  ;  duché  de  Mayenne  en  4573  ;  du- 
ché de  Saint-Fargeau  en  4575;  duché  de  Berry  avec 
l'Anjou  et  le  Maine  en  4576  ;  duché  de  Joyeuse  en  4584  ; 
duché  de  Piney-Luxembourg  en  1582;  duché  d'Fpemon 
en  4581  ;  duché  d'iilbeuf  en  4581  ;  duché  de  Ketz  en 
1584  ;  duché  de  Brienne  (non  enregistré)  en  4587  ;  duché 
d  Halwin  en  4587  ;  duché  de  Montbazon  en  1588  et  1594  ; 
duché  de  Ventadour  en  4589  ;  duché  de  Thouars  en  4595  ; 
duché  de  Beaufort  en  4597  ;  duché  de  Vendôme  (nouvelle 
érection)  en  4598;  duché  de  Biron  en  4598  ;  duché  d'Ai- 
guillon en  4599;  duché  do  Rohaaen4603;  duché  de 
Sully  en  4606;  duché  de  Fronsac  en  4608;  duché  de 
Montpensier  (continué)  en  4608  ;  duché  de  Damvdle  en 
4640  ;  duché  de  Grancey  (non  enregistré)  en  1644  ;' du- 
ché de  Candale  (ancien  duché  d'ilrlwin, nouvelle  érection) 
en  4644  ;  duché  de  Lesdiguières  en  1614  ;  duché  de  Bris- 
sac  en  4614  ;  duché  de  Chevreuse  en  4612  ;  duché  de 
Roannais  (non  enregistré  pour  la  seconde  fois)  en  4642  ; 
duché  de  Châteauroux  en  1 646  ;  duché  de  Luyncs  en  4649  ; 
duché  deBellegarde  en  4649;  duclîé  d'ilalwin  (continua- 
tion) en  4620;  duché  de  La  Roche-Guyon  (non  enregistré) 
en  4624  ;  duché  de  Chaulnes  en  4624  ;  duché  de  La  Va- 
lette en  4622;  duché  de  La  Rochefoucauld  en  4  622;  du- 
ché de  Fontenay  (non  enregistré)  en  4626  ;  duché  d'Or- 
léans (nouvelle  érection)  en  4626  :  duché  de  Valois  (nou- 
velle érection)  en  4630;  duché  de  Richelieu  en  4634  ; 
duché  de  Rosnay  (non  enregistré)  en  4634  ;  duché  d'Au- 
male (nouvelle  érection)  en  4631  ;  duché  de  Montmorency 


PAIR  —  PAIRIE 


—  808  — 


(nouvelle  érection)  en  1633;  duché  de  Retz  (nouvelle 
érection)  en  4634;  duché  de  Fronsac  (nouvelle  érection) 
en  1634;  duché  d'Aiguillon  (nouvelle  érection)  en  4634 
sous  le  nom  de  Puy-Laurens  ;  duché  de  Saint-Simon  en 
4  635  ;  duché  de  La  Force  en  i  637  ;  duché  d'Aiguillon 
(nouvelle  érection)  en  4638  ;  duché  de  Valentinois  en 
4642;  duché  de  Colligny-Châtillon  (non  enregistré)  en 
4643;  duché  de  La  Roche-Guyon  (nouvelle  érection)  en 
4643;  duché  de  Rohan  (nouvelle  érection)  en  4648  ;  du- 
ché de  Cœuvres-Estrées  en  4648  ;  duché  de  Damville  (nou- 
velle érection)  en  1648  ;  duché  de  Tresmes-Gesvres  en 
4648;  duché  de  Gramont  en  46^8;  duché  de  Châteauvil- 
lain-Yitry  (non  enregistré)  en  4650;  duché  de  la  Vieu- 
ville  (non  enregistré)  en  4650;  duché  de  Navailles  (non 
enregistré)  en  4650  ;  duché  de  Noirmoutier  en  4650  ;  du- 
ché de  Séverac  sous  le  nom  d'Arpajon  (non  enregistré)  en 
4650;  duché  de  Lavedan  (non  enregistré)  en  4650;  du- 
ché de  Villemor  (non  enregistré)  en  4650;  duché  de  Mor- 
temart  en  1650  ;  duché  de  Villeroy  en  4654  ;  duché  de 
Bournonville  en  4652;  duché  de  Roquelaure  en  4652 
(non  enregistré);  duché  de  Vemeuil  en  4652;  duché  de 
Poix-Créquy  en  4652;  duchés  d'Alhret  et  de  Château- 
Thierry  en  4652;  duché  de  Villars-Brancas  en  4652; 
duché  de  Béthune-Orval  en  4652;  duché  de  Caumont  de 
Planteage,  sous  le  nom  d'Arpajon  (non  enregistré)  en 
4655;  duché  de  Coulommiers  (non  enregistré)  en  4656; 
baronnie  de  Montmirail  (transfert  du  titre  du  duché-pairie 
d'Enghien)  en  4657  ;  comté  d'Eu  en  4660;  duché  de  Mon- 
tant (non  enregistré)  en  4660;  duché  de  Nev ers  (nouvelle 
érection)  en  4660  ;  duché  de  Bourbon  (nouvelle  érection) 
en  4664  ;  duchés  d'Orléans,  Chartres  et  Valois  (nouvelle 
érection)  en  4664  ;  duché  de  Piney-Luxembourg  (confir- 
mation en  4664  ;  duché  de  Foix-Randan  en  4664  ;  duché 
de  Noailles  en  4663;  duché  de  La  Meilleraye  en  4663; 
duché  de  Coislin  en  4663;  duché  de  Saint-Aignan  en 
4663;  duché  de  Montausier  en  4664;  duché  de  Choiseul 
en  4665;  duché  d'Aumont  en  4665;  duché  de  La  Ferté- 
Saint-Nectaire  en  4635;  seigneurie  de  Vaujours  et  baron- 
nie de  Saint-Christophe  sous  le  nom  de  duché  deLa  Vallière 
en  4667  ;  duché  de  Roannais  (nouvelle  érection)  en  4667  ; 
duché  de  Penthièvre  en  4668  ;  duché  de  Duras  (non  enregis- 
tré) en  4668;  duché  de  Béthune-Charost  en  1672;  duché 
de  Nemours  (nouvelle  érection)  en  4672  ;  duché  de  Saint- 
Cloud  en  4674;  duché  du  Lude  en  4675  ;  duché  de  Nevers 
(nouvelle  érection)  en  1676;  duché  de  La  Roche-Guyon 
(nouvelle  érection)  en  4679  ;  duché  de  Roquelaure  (nouvelle 
érection)  en  4683;  duché  d'Aubigny-sur-Yèvre  en  468i; 
duché  de  Damville  (nouvelle  érection)  en  4  694  ;  duché  de 
Penthièvre  (nouvelle  érection)  en  4695  ;  duché  d'Aumale 
(nouvelle  érection)  en  4695;  duché  de  Chàteauvillain  en 
4703;  duché  de  Bouftlers  en  4708  ;  duché  d'Harcourt  en 
4709;  duché  de  Villars  en  4709;  duché  d'Alençon  avec 
Angoulême  et  Ponthieu  (nouvelle  érection)  en  4740;  du- 
ché de  Fit/-James  en  4740  ;  duché  deChaulnes  (nouvelle 
érection)  en  4744  ;  duché  de  Rambouillet  en  4744  ;  du- 
ché d'Antin  en  4714  ;  duché  de  Rohan-Rohan  en  4744; 
duché  de  la  Baume  d'Hostun  en  4745  ;  duché  de  Valenti- 
nois en  4745;  duché  de  Châtres  sous  le  nom  d'Arpajon  en 
4720;  duché  deLa  Vallière  (nouvelle  érection)  en  4723; 
duché  de  Biron  en  4723;  duché  de  Lévis  en  4723;  du- 
ché de  Châtillon  en  4736;  duché  de  Fleury  en  4736; 
duché  de  Gisors-Belle-Isle  en  4748  ;  duché  de  Duras  (nou- 
velle érection)  en  4755;  duché  de  Choiseul-Stainville  en 
4758  ;  duché  de  La  Vauguyon  en  i  758  ;  duché  de  Choiseul- 
Amboise  (transfert  du  titre  de  la  duché-pairie  de  Choi- 
seul-Stainville) en  4762;  duché  de  Choiseul-Praslin  en 
4762;  duché  de  Clermont-Tonnerre  (nouvelle  érection)  en 
4775  ;  duché  de  Coigny  en  4787  ;  duché  d'Aubigny  en  4787. 
Aumomentde  la  Révolution  la  pairie  comptait  quarante- 
neuf  membres  :  cinq  princes  du  sang,  le  prince  deCondé, 
les  ducs  d'Orléans,  d'Enghien,  de  Bourbon  et  le  prince  de 
Conti,  six  pairs  ecclésiastiques  (les  mêmes  qu'au  moyen 
âge),  puis  les  ducs  d'Uzès,  d'ilbeuf,  de  Montbazon,  de 


Thouars,  de  Sully,  de  Luynes  el  de  Clievreuso,  de  Bris- 
sac,  de  Richelieu,  de  Fronsac,  d'Albret  et  Château-Thierry, 
de  Rohan,  de  Piney,  de  Gramont,  de  Villeroy,  de  Morte- 
mart,  de  Noailles,  d'Aumont,  de  Béthune-Charost,  de 
Saînt-Cloud,  d'Harcourt,  de  Fitz-James,  de  Chaulncs,  de 
Villars-Brancas,  de  Valentinois,  de  Nivernais,  de  Biron, 
d'Aiguillon,  de  Fleury,  de  Duras,  de  La  Vauguyon,  de 
Praslin,  de  La  Rochefoucauld,  de  Clermont-Tonnerre,  de 
Choiseul,  de  Coigny  et  d'Aubigny.  La  pairie  fut  supprimée 
par  la  Révolution. 

Chambre  des  pairs  (V.  Chambre  des  pairs,  t.  X,  p.  324). 

Cour  des  pairs  (V.  Cour,  t.  XIII,  p.  86). 

II.  Mathématiques.  —  On  appelle  nombre  pair, 
en  arithmétique,  un  nombre  entier  divisible  par  2; 
quelques  auteurs  ont  distingué  les  nombres  «  pairement 
pairs  »,  c.-à-d.  multiples  de  4,  et«  impairement  paii's  », 
c.-à-d.  de  la  forme  mult.  4  -h  2.  Ces  appellations 
ne  sont  plus  guère  en  usage.  Quand  une  fonction  f{x) 
jouit  de  la  propriété  indiquée  par  la  relation  f{jc)  = 
/'(  —  œ)  on  l'appelle  une  fonction  paire,  par  opposition 
avec  une  fonction  impaire,  caractérisée  par  la  relation 
f[x)  =  —  /'( — cl').  Par  exemple,  cos  x  est  une 
fonction  paire,  et  sin  x  une  fonction  impaire  de  x.  Ces 
dénominations  sont  justifiées  par  ce  fait  que  si  un  poly- 
nôme en  X  est  une  fonction  paire,  tous  les  exposants 
de  X  sont  pairs  ;  et  si  un  polynôme  est  une  fonction 
impaire,  tous  les  exposants  sont  impairs.  Pour  une  fonc- 
tion quelconque  de  x,  si  elle  est  développable  en  série 
suivant  les  puissances  croissantes  de  la  variable,  tous  les 
exposants  de  ces  puissances  seront  pairs,  dans  le  cas  d'une 
fonction  paire,  et  impairs  dans  le  cas  d'une  fonction  im- 
paire. C'est  ce  qu'on  vérifie,  par  exemple,  sur  les  déve- 
loppements des  deux  fonctions  cos  x,  sin  x  que  nous  avons 
citées  plus  haut.  C.-A.  Laisant. 

III.  Finances  (V.  Opérations  de  Bourse). 

IV.  Jeu.  —  Pair  ou  non.  — Jeu  de  hasard  dans  lequel 
un  joueur  tient  dans  sa  main  fermée  un  certain  nombre  de 
billes,  un  autre  joueur  essaye  de  deviner  si  le  nombre  de  ces 
billes  est  pair  ou  impair.  Ce  jeu  présente  un  certain  intérêt 
et  il  n'est  pas  indifférent,  comme  on  pourrait  le  croire  au 
premier  abord,  de  parier  pour  pair  ou  impair,  si  le  premier 
joueur  a  pris  au  hasard  un  certain  nombre  de  billes  dans 
sa  main.  En  effet,  supposons  le  nombre  total  des  billes 
avec  lequel  on  joue,  c.-à-d.  le  nombre  maximum  de  billes 
que  peut  contenir  la  main  égal  k  2/î.  Le  nombre  de  cas 
favorables  pour  pair  est  n,  il  est  aussi  le  môme  pour  im- 
pair ;  la  probabilité  dans  chaque  cas  est  ^ ,  donc  si  le  nombre 

total  des  billes  que  peut  contenir  la  main  est  pair,  il  est 
indifférent  de  parier  pour  pair  ou  impair.  Mais  si  2/i  -f-  1 
est  le  nombre  des  billes  que  peut  contenir  la  main,  il  y  a 
n  -\-  1  cas  favorables  pour  impair  et  n  pour  pair  ;  la  pro- 

71 

habilité  de  pair  est  donc  r et  la  probabilité  de  im- 

71  +  1      .  '2n-hi  ^ 

pair  - — -7— T  ?  ^^  y  ^  ^^^^^  P^"*^  ^^  chances  pour  le  parieur 

à  impair.  H.  Laurent. 

BiiiL.  :  Histoire.  —  Le  P.Anselme,  Histoire delà 

inaison  royale  de  France,  des  pairs ;  Paris,  1723-33,  t.  II 

et  III.  —  BouLAiNviLLERs,  Hîstoire  de  la  pairie  et  du  par- 
lement de  Paris  ;  Londres,  1740;  2*'  éd.,  1753,  2  vol.  in-8.  — 
Dom  Briai..  Recherches  sur  l'originede  la  pairie  en  France 
et  l'établissement  des  douze  pau's,  préface  du  t.  XVII  du 
Recueil  des  historiens  de  la  France.—  Jacques  FLACH,^es 
Origines  de  l'ancienne  France,  le  Régime  seigneurial, 
ch.  vm,  la  Cour  des  pairs  ;  Paris,  1886,  t.  I,  in-8.  —  A.Ly- 
CHAiRE,  Manuel  des  institutions  françaises  ;  Paris,  1892, 
§  304,  la  Pairie^  in-8.  —  F.  Lot,  Quelques  Mots  sur  Voii- 
gine  des  pairs  de  France,  dans  la  Revue  historique.,  1894, 
t.  LIV,  pp.  34-59  (avec  une  bonne  bibliographie).  —  A.  Lu- 
chaire,  Lettre  sur  l'origine  des  pairs  de  France,  ibia^, 
pp.  382-391.  —  Fr.  Funck-Brentano,  les  Pairs  de  France 
à  la  fin  du  XIII*  siècle,  dans  Etudes  d'histoire  du  moyen 
âge  dédiées  à  Gabriel  Monod  ;  Paris,  1896,  in-8°.  --  P.  Guil- 
iiiERMOz,  les  Deux  Condamnations  de  Jean  sans  Terre^ 
dans  Biblioth.  de  l'Ecole  des  Chartes,  t.  LX,  1899. 

PAIRIE  (V.  Pair). 


—  809  — 


PAIRLE  —  PAÏTAN 


PAIRLE  (Blas.).  Le  pairie  se  compose  d'un  pal.  inoins 
large,  mouivant  de  la  pointe  et  se  séparant  au  milieu  de 
reçu  en  deux  branches  égales  qui  vont  rejoindre  les  deux 
angles  du  chef.  11  forme  ainsi  un  Y.  Palliot  prétend  le 
faire  dériver  du  pallium  des  archevè([ues.  Le  P.  Ménes- 
trier,  dans  son  Abrégé  m''thodique  des  principes  héral- 
diques, le  fait  venir  du  latin  pergula,  qui  signifie  la 
fourche  qui  soutient  les  treilles. 

FAISEURS.  Nom  donné  au  moyen  âge,  dans  le  N.  de 
la  France,  à  certains  magistrats  municipaux  dont  le  rôle 
consistait  à  maintenir  la  paix,  en  jouant  dans  les  diffé- 
rends entre  particuliers  le  rôle  d'arbitres  désignés.  Ils  sont 
nommés  aussi  apaiseurs  et  souvent  jurés  de  la  paix. 

PAISIELLO  (Giovanni).  Paisiello  est  un  des  composi- 
teurs italiens  les  plus  éminents  de  l'époque  qui  précéda 
et  prépara  en  quelque  sorte  la  venue  de  Rossini.  Si  l'appa- 
ri  lion  de  ce  dernier  maître  a  fait  oublier  tous  ceux  qui 
vécurent  immédiatement  avant  lui,  il  convient  cependant 
de  rendre  justice  à  des  musiciens  qui,  dans  un  genre  plus 
brillant  sans  doute  que  solide,  montrèrent  souvent  cepen- 
dant les  plus  belles  qualités.  Paisiello  naquit  à  Tarente  le 
9  mai  4744  ;  il  entra  fort  jeune  dans  un  collège  de  jé- 
suites de  cette  ville,  et  là  commençai  se  faire  remarquer 
par  sa  belle  voix  et  son  intelligence  musicale.  On  con- 
seilla à  ses  parents  de  l'envoyer  à  Naples  étudier  sous 
quoique  maître  habile.  W  fut  admis  au  conservatoire  de 
San  Onofrio  en  juin  1734,  et  il  y  travailla  quelque  temps 
sous  l'illustre  Durante.  Après  neuf  ans  de  séjour  au  Con- 
servatoire, il  se  produisit  pour  la  première  fois  en  public 
avec  un  petit  intermède  exécuté  sur  le  théâtre  de  cet  éta- 
blissement. Cet  ouvrage  plut  beaucoup  ;  il  eut  même  un 
certain  retentissement.  Paisiello  fut  appelé  à  Bologne  pour 
écrire  deux  opéras  bouffes,  la  Pupilla  et  il  Mondo  a 
Rovescio,  qui  inaugurèrent  la  longue  série  de  ses  succès 
sur  tous  les  théâtres  d'Italie,  k  Modène,  à  Parme,  à  Venise, 
ses  opéras,  boufîes  ou  sérieux,  firent  fureur.  Aussi  sa 
réputation  fut-elle  bientôt  assez  bien  établie  pour  qu'on 
lui  f  t  offrir  d'écrire  pour  les  théâtres  de  Rome,  alors 
l'arbitre  de  la  renommée  des  musiciens  d'Italie.  Ce  fut 
pour  celte  ville  que  Paisiello  écrivit  son  célèbre  opéra 
bouffe,  il  Marchese  di  Tulipano,  que  toute  l'Europe 
accueillit  avec  un  égal  enthousiasme. 

Peu  de  temps  après,  Paisiello  allait  à  Naples,  où  il 
savait  trouver  cependant  d'illustres  rivaux  :  Piccinni 
d'abord,  puis,  après  le  départ  de  ce  maître  pour  Paris, 
Cimarosa.  Paisiello  sut  fort  habilement  ménager  le  pre- 
mier de  ces  maîtres  et  se  faire  à  côté  de  lui  une  place 
honorable.  A  l'égard  de  Cimarosa,  comme  pour  Guglielmi 
plus  tard,  il  se  conduisit  d'une  façon  peu  honorable,  pa- 
raît-il, et  ne  craignit  pas  de  recourir  aux  intrigues  les 
plus  perfides  pour  atténuer  les  succès  de  ce  musicien.  Sa 
situation  à  la  cour  de  Naples  était  fort  belle,  et  sa  musique 
plaisait  beaucoup.  De  cette  époque  de  sa  vie  datent  de 
nombreuses  œuvres,  tant  sacrées  que  profanes.  En  4776, 
sur  l'invitation  de  l'impératrice  Catherine,  Paisiello  partit 
pour  la  Russie,  où  un  traitement  magnifique  lui  était  offert. 
Il  devait  y  écrire  d'assez  nombreux  opéras,  notamment  ce 
Barbiere  diSiuiglia,  qui  devait,  parla  suite,  être  opposé 
au  chef-d'œuvre  de  Rossini.  Après  huit  ans  de  séjour, 
Paisiello  revint  en  Italie  après  quelque  séjour  en  Pologne, 
puis  à  Vienne  où  fut  composé  l'opéra  //  Re  Teodoro,  dont 
un  final  en  septuor  fut  longtemps  célèbre.  En  effet,  Pai- 
siello, un  des  premiers,  fit  dans  ses  œuvres  une  large  place 
aux  morceaux  d'ensemble,  combinaison  fort  nouvelle  alors, 
si  l'on  considère  que  l'ancien  opéra,  français  ou  italien,  ne 
comportait  guère  (en  dehors  des  morceaux  à  voix  seule) 
que  des  duos,  fort  rarement  des  trios,  et  que  l'usage  des 
chœurs  était  presque  inconnu  en  Italie.  Aussi  les  morceaux 
d'ensemble  de  Paisiello  surprirent-ils  à  l'excès  les  dilet- 
tantes italiens  que  ces  combinaisons  harmoniques  effrayaient 
un  peu.  Ces  nouveautés  nuisirent  un  peu  à  son  succès  à 
Rome  où  il  vint  se  produire  à  son  retour.  Mécontent  de 
cet  accueil,  en  4785  l'artiste  alla  se  fixer  définitivement  à 


Naples,  ftù  la  faveur  de  la  cour  et  du  public  lui  était 
acquise.  Il  y  passa  treize  années,  marquées  par  la  compo- 
sition de  ses  plus  beaux  ouvrages,  la  Molinara^  Nina, 
la  Zingari  in  fiei^a,  etc.  Pendant  les  révolutions  de 
Naples  en  4799,  Paisiello  perdit  naturellement  ses  places 
de  cour  et  se  compromit,  aux  yeux  des  Rourbons,  avec  le 
nouveau  gouvernement.  A  la  restauration  qui  suivit,  sa 
faveur  sembla  fort  diminuée.  Aussi,  un  peu  plus  lard, 
Paisiello  acceptait-il  les  offres  du  premier  consul  et  par- 
tait-il pour  Paris  où  il  arrivait  en  4802.  Malgré  la  ûiveur 
de  Bonaparte  qui  aimait  beaucoup  sa  musique,  Paisiello 
fut  assez  froidement  accueilli  des  musiciens  français.  Un 
ouvrage  qu'il  mit  en  musique  pour  l'opéra,  Proserfnne, 
ne  réussit  pas,  et  cet  échec  le  détermina  à  demander  sa 
retraite.  De  retour  à  Naples,  Paisiello  reprit  son  service 
auprès  du  roi  et  le  continua,  dans  les  mêmes  conditions, 
quand  Joseph,  frère  de  Napoléon,  monta  sur  le  trône. 
Murât  conserva  au  musicien  son  titre  et  ses  emplois. 
Malheureusement  pour  lui,  Paisiello  devait  revoir  la  se- 
conde restauration  des  Bourbons.  Ferdinand  IV  ne  lui  par- 
donna point  son  attachement  à  la  famille  Bonaparte. 
Privé  de  ses  emplois  et  de  ses  pensions,  le  vieux  maître 
passa  ses  dernières  années  dans  une  situation  d'autant  plus 
pénible  pour  lui  qu'il  avait  jadis  connu  l'opulence.  Il  faut 
dire  qu'il  fit  preuve  d'assez  peu  de  dignité  dans  cette  triste 
position,  mais  tout  fut  inutile.  Aussi  le  chagrin  acheva 
d'abattre  ses  forces,  déjà  chancelantes,  et  Paisiello,  à  l'âge 
de  soixante-quinze  ans,  mourut  le  5  juin  4845. 

Paisiello  fut  d^une  grande  fécondité,  comme  beaucoup 
de  musiciens  de  ce  temps.  Il  écrivit  près  de  400  opéras 
et  beaucoup  d'autre  musique  de  toute  sorte.  Quoique 
toutes  ces  œuvres  soient  bien  oubliées  aujourd'hui,  cet 
artiste  mérite  cependant  d'être  mentionné.  Avec  Guglielmi 
et  Cimarosa,  Paisiello  est  un  des  maîtres  de  cette  époque  ; 
s'il  a  moins  de  verve  que  Guglielmi,  moins  d'abondance 
et  de  grâce  que  Cimarosa,  ses  qualités  n'en  sont  pas 
moins  grandes.  Son  style  est  surtout  expressif,  et  toutes 
ses  mélodies,  remarquables  par  leur  grâce  et  leur  simpli- 
cité, ont  beaucoup  de  charme.  Plusieurs  sont  restées  fort 
longtemps  populaires  ;  il  f\uit  se  souvenir  que  Beethoven 
n'a  pas  dédaigné  d'écrire  des  variations  sur  un  air  de  la 
MoUnara.  H.  Quittard. 

FAI  S  LEY.  Ville  d'Ecosse,  comté  de  Renfrew,  à  40kil.  0. 
de  Glasgow,  sur  le  Cart,  affl.  g.  de  la  Clyde  ;  66.125  liab. 
(en  4894).  Ruines  d'une  abbaye  fondée  en  4463  par 
Walter  Fitz-Alan  ;  bel  hf'tel  de  ville.  Paisley  est  une 
ancienne  ville,  mais  n'a  pris  son  extension  que  depuis  la 
fin  du  xvin^  siècle  en  devenant  un  faubourg  industriel 
de  Glasgow  auquel  la  relient  le  Cart  navigable  et  un 
canal.  On  y  fabrique  surtout  des  fils  de  coton  et  de  laine 
(4.844  ouvriers  en  4894),  des  tissus,  des  châles;  on  y 
construit  des  machines  et  des  navires. 

PAISLEY  (Lord  Claude HâmiltOxN,  abbéde)  (V.Hamilton 
[Famille]). 

PAISSANT  (Blas.).  Se  dit  des  animaux,  tels  que  la 
vache  et  la  brebis,  qui  sont  représentés  la  tête  baissée, 
comme  en  train  de  paître. 

PAISSON  (Droit  forest.)  (V.  Panage). 

PAISSY.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Laon,  cant. 
de  Craonne ;  203  hab. 

PAISY-CosDON.  Com.  du  dép.  de  l'iVube,  arr.  deTroyes, 
cant.  d'Aix-en-Othe,  à  l'entrée  du  vallon  de  la  Nosle,  près 
du  confluent  avec  la  Vanne,  dans  le  paijs  d'Othe;  nom 
breux  hameaux  et  écarts  ;  420  hab.  Paisy  et  Cosdon  étaient 
jadis  deux  villages  distincts,  réunis  vers  le  commencement 
du  xvm®  siècle.  Première  mention:  Paisi  (HHQ,  ch.  de 
l'abbaye  de  Vauluisant)  ;  Pasiacum  (4239,  ch.  de  l'ab- 
baye' de  Dilo).  Relevait  de  la  châtellenie  voisine  de  Ville- 
maur,^  diocèse  de  Troyes.  E.  Ch. 

PAÏTAN.  Ville  ancienne  de  l'Inde,  peut-être  le  Pra- 
tishthâna  ou  capitale  des  Andhrabhrityas  et  la  Baithana 
de  Ptolémée,  aujourd'hui  déchue  (d 0.000  hab.)  et  située 
dans  les  Etats  du  Nizâm,  sur  la  rive  gauche  de  la  haute 


P\ïyAX  —  PAIX 


—  810 


(lodavarl.  à  iSkii.  au  S.  d'Aiirangabàd.  On  y  voit  oncoiM 
(jiiol(ji|os  temples. 

PAITOUR.Cliaine  de  collines  de  l'Inde  méridionale,  si- 
tuée au  S.-E.  de  Salem,  présidence  de  Madras,  et  qui  semble 
uji  chaînon  de  la  ligne  parallèle  à  l'équateur  qui,  dans  le 
haut  bassin  de  la  Caveri,  relie  les  (ihàtes  occidentales  et 
(rien  taies. 

PAIVA  (V.  Pavva). 

PAÏVAR  ou  PAlVAR  Kotal.  Col  de  la  chaîne  du  Safed- 
K(»h  (les  Montagnes  Blanches)  qui  fait  communiquer,  à  une 
ait.  de  3.603  m.,  la  vallée  du  Kouram  et  celle  duKàboul- 
j'oùd.  Il  forme  ainsi  l'une  des  deux  routes  de  Kaboul 
(Tautre  passant  par  PechasNar  et  la  passe  duKhaiber)  qui 
a  été  utilisée  à  deux  reprises  par  les  Anglais  pendant  les 
campagnes  de  l'Afghanistan  de  1878-80.  Il  ouvre  aussi  l'ac- 
cès de  l'Inde  pojr  un  envahisseur  venant  du  N.-O..  et  c'est 
son  impoit^nce  stratégi(pie  qui  a  conduit  les  Anglaisa  s'é- 
tablir dans  la  vallée  du  Kouram  et  à  y  construire  un  fort. 

PAIX.  I.  Sociologie.  —  Le  mot  f^aix  n'a  de  sens 
(jue  relali\einent  à  l'état  social  :  on  ne  peut  guère  désigner 
ainsi,  en  effet,  la  situation  de  l'animal  ou  de  l'homme  qu'on 
supposerait  complètement  isolé,  quand  bien  même  cet  iso- 
lement ne  comporterait  ni  rencontre  ni  lutte  avec  ses  sem- 
blables; qui  dit  paix  dit  relations  sociales,  et  (jui  dit  société 
dit  \ie  pacifique.  En  ce  sens,  si  l'on  a  pu  prétendre  souvent 
([ue  la  guerre  fut  l'état  primitif  de  l'humanité,  et  que  long- 
temps l'homme  fut  un  loup  pour  l'homme,  une  telle  affir- 
mation impli(iue.  plus  ou  moins  consciemment,  la  vieille 
conception  du  \\m^  siècle  selon  laquelle  l'homme  aurait 
vécu  d'abord  d'une  vie  tout  individuelle,  et  la  société 
ne  serait  résultée  <fuo  d'une  convention  ou  d'un  contrat 
plus  ou  moins  tardif.  Si  les  sociologues  modernes,  tout 
en  renonçant  aux  théories  de  ce  genre,  représentent  pour- 
tant encore  crunme  distinctivcs  de  l'état  sauvage  les  luttes 
désordonnées  et  continuelles,  les  rapines  et  les  déprada- 
tions,  sans  règle  ni  répit,  ils  oublient  de  faire  remarquer, 
comme  l'a  bien  montré  M.  Tarde,  qu'il  s'agit  là  de  luttes 
de  familles  à  familles,  ou  de  tribu,  de  horde  et  de  clan  à 
clan,  horde  et  tribu,  et  qu'il  faut  donc  admettre,  comme 
aussi  anciennes  que  ces  continuelles  hoslilités  extérieures, 
au  sein  même  de  la  famille,  du  clan  ou  de  la  tribu,  une 
vie  déjà  sociale  et  par  suite  paciPupie.  S'il  est  vrai  qu'aussi 
loin  qu'on  puisse  remonter  dans  son  passé,  on  ne  ti'ouvc 
nulle  trace  d'une  époque  ou  l'homme  ait  vécu  seul  et  sans 
relations  suivies  et  organisées,  si  diversement  et  grossière- 
ment que  ce  soil.  avec  ses  parents  ou  ^es  congénères,  il  faut 
en  coficlure  que  l'état  de  paix  propremeni  dite  a  été,  dans 
l'humanité,  aussi  primilif  et  nalurel  (fuo  l'état  de  guei're. 

11  suit  de  là  (}u"il  n'y  a  ni  paix  ni  vie  en  société  sans 
un  ensemble  de  traditions  ouirinstitnîions  propres  à  éviter 
ou  à  régler  les  fonllils  entre  parents  ou  citoyens  autre- 
ment (jue  |)ar  le  recours  à  la  force  ouverte,  et  il  n'y  a 
donc  ni  paix  ni  \ie  sociale  sans  un  système  d'arbiti-age 
ou  de  magistrature,  qui  ])eiil  d'ailleurs  se  fondci',  ou  bien 
sur  le  seul  respe(t  instinctif  d'une  autorité  familiale  ou 
religieuse,  ou  bien  sui^  un  pou\oir  coercitif  organisé.  Par 
suite  encore,  là  oîi  ces  autorités  pacifuiues  deviennent 
impuissantes  et  où  Ton  ne  peut  évilei',  au  sein  d'une  cité, 
le  recours  aux  armes,  la  cité  même  est  momentanément 
dissoute,  dissociée  en  deux  groupes  devenus coiume  étran- 
gers l'un  à  l'autre  :  toute  guerre  civile  est  une  suspen- 
sio]i,  plus  ou  moins  durable  et  profonde  de  la  vie  sociale. 
i-.t  il  s'ensuit  enfin  que  l'évolution  même  des  idées  paci- 
iiipies  se  confond  avec  celle  de  la  vie  sociale.  Tant  que 
celle-ci  est  restreinte  au  petit  nom!)i'e  d'hommes  issus 
d'une  même  souche,  ou  unis  par  la  nu^ne  vie  nomade,  ou 
associés  à  la  culture  du  même  champ,  les  relations  extra- 
sOciales  et  guerri'U'es  seront  donc  presque  aussi  fréquentes 
(|iie  les  relations  intra-sociales  et  pacifiques. 

Mais,  si  la  guerre  et  la  paix  peuvent  être  considérées  à 
l'origine  comme  à  peu  près  aussi  primitives  et  naturelles 
Vwna  que  l'autre,  peu  à  peu  la  multiplication  même  des 
h)mmes.  la  substitution  de  la  \i«^  sédentaire  à  la  vie  no- 


made, le  rapproclu'iuent  (1  le  contact  plus  fiequeîit  sans 
cesse  de  familles  ou  de  tribus  diverses  dans  les  régioiis 
abritées  et  fertiles,  l'agglutination  des  hommes  en  groupes^ 
de  plus  en  plus  larges  par  l'effet  soit  de  la  conquête,  soit 
de  l'association  volontaire,  tous  les  progrès  de  la  vie 
sociale,  en  un  mot,  tendent  à  faire  de  la  paix  seule  l'état 
naturel  et  normal  de  l'humanité.  Lorsque  deux  tribus 
établies  dans  la  même  région  sont  condamnées  à  se  ren- 
contrer sans  cesse,  l'habitude  assoupit  bientôt  la  première 
défiance  ou  l'instinctive  hostilité,  la  lutte  a  besoin  d'une 
raison  ou  d'un  prétexte  précis  pour  éclater  ou  renaître  ; 
bien  plus,  dans  les  intervalles  de  répit,  des  relations  paci- 
fifues  s'ébauchent  entre  les  deux  groupes  étrangers, parce 
que  enti'e  l'un  et  l'autre  tend  à  s'ébaucher  aussi  une  sorte 
de  société  idéale  encore,  les  englobant  tous  deux.  — Enfin 
lorsque  aux  petits  groupements  disséminés,  si  favorables 
à  la  guerre,  régimes  de  clans  ou  de  tribus  eu  régimes  de 
féodalités,  se  substituent  les  vastes  groupements  en  peuples 
ou  en  nations,  la  guerre  devient  décidément  une  crise 
passagère  et  anormale,  son  domaine  se  limite  et  dans  le 
temps  et  dans  l'espace.  Dans  le  temps,  parce  que  les  na- 
tions diverses  coexistent  pendant  de  longues  périodes  sans 
se  combattre  et.  de  plus,  qu'il  faut  des  motifs  sérieux  et 
de  longs  préparatifs  et  une  organisation  spéciale  pour 
nourrir  et  transporter  Tune  contre  l'autre  de  grandes  masses 
d'hommes.  Dans  l'espace,  parce  que  la  guerre  ne  peut 
plus  ensanglanter  en  entier  d'aussi  vastes  territoires, 
et,  sauf  les  cas  di^  défaite  ou  d'écrasement  total,  qu'elle 
se  cantonne  aux  frontières  des  enq^ires  ;  parce  (ju'ejjcore, 
en  vertu  de  la  division  du  travail  et  des  nécessités  de  !a 
vie  sociale  grandissaiite,  c?  ne  sont  plus  tous  les  citoyens 
sans  exception  qui  y  prennent  part,  mais,  ou  bien  m\ 
petit  groupe  d'entre  eux  auxquels  les  autres  délèguent  le 
soin  de  les  défendre  (régime  de  milices),  ou  bien  des 
professionnels  soudoyés  dans  ce  but  (régime  de  merce- 
naires), ou  bien  l'ensemble  des  citoyens,  mais  passant 
tour  à  tour  et  pour  un  temps  seulement  sous  les  di-apeaux 
(régime  des  armées  modernes).  L'histoire  de  l'empire 
romain  est  l'histoire  de  dix  siècles  de  guerres  continuelles  ; 
et  pourtant,  à  combien  de  reprises  et  pour  combien  de 
temps  le  territoire  même  de  Rome  ou  de  l'Italie  eut-il  à 
subir  les  effets  directs  de  la  guerre?  Parallèlement  à  sa  vie 
extérieure  de  conquêtes,  ne  poursuit-il  pas  presque  sans 
interruption  une  vie  intérieure  et  pacifique  d'agriculture  et 
de  commerce  ?ll  n'en  va  pas  autrement  pour  tous  les  Etats 
modernes  ;  la  plupart  des  citoyens  ne  ressenteîit  plus  de 
la  guerre  que  les  effets  indirects  :  perte  de  parents  ou 
d'enfants,  impots  ou  indemnités  de  guerre,  ré([uisitions, 
troupes  à  logci-.  etc. 

(>  mouvement  dans  le  sens  d'une  vie  sociale,  et  par  suite 
pacilique,  de  plus  en  plus  large  et  entière,  a  été  dé 
bonne  heure  remarqué,  interprété,  généralisé,  par  les 
utopistes  comme  par  les  philosophes.  Chaf{ue  fois  que  le 
hasard  des  conquêtes,  des  découvertes  ou  des  relations 
commerciales  met  en  contact  suivi  des  civilisations  jusque-là 
étrangères  entre  elles,  l'individuahsme  national  tend  à 
s'émousser,  l'idée  d'une  communauté  de  natui'e  et  de 
droit  se  précise,  cl  se  dessine  aussi  le  rêve  de  relations 
exclusivement  rationnelles  et  pacifiques  d'homme  à  homme. 
Ce  fut  le  cas  du  cosmopolitisme  des  stonuens,  ce  fut  le 
cas  de  rhumanitarismo  du  \\m^  siècle.  Vaguement  pré- 
conisée jusque-là  par  de  purs  rêveurs,  conçue  surtout 
comme  une  alliance  défensive  des  petits  l^tats  contre  les 
grands  par  le  roi  de  Hongrie  Podiebrad  en  Hfii,  et  plus 
tard  par  Henri  IV  et  Sully  dans  le  «  grand  dessein  », 
devenue  avant  tout  peut-être  avec  ce  dernier  un  instru- 
ment politi({ue  et  un  artifice  de  diplomatie,  l'idée  de  la 
paix  perpétue  lie  no  prend  toute  sa  signification  morale 
(ju'au  \viii«  siècle.  Sans  doute,  c'est  à  des  iniluences.phi- 
losophiques  (pi'il  faut  avant  tout  en  faire  honneur;  mais 
le  développement  de  la  civilisation  moderne  et  la  force 
même  des  choses  n'étaient  pas  sans  la  favoriser  :  ressou- 
venirs  de  la  vieille  doctrine  stoïcienne  et  romaine  du  droit 


—  811  — 


PAIX 


Haturel,  et  création  personnelle  anssi  de  Grolius  et  de 
Piiffendorff,  les  règles  du  droit  des  gens  se  précisaient 
alors,  se  codifiaient  et  s'imposaient  de  plus  en  plus  à 
toutes  les  nations  belligérantes,  par  la  force  seule  de  la 
tradition  et  d'une  sorte  d'acceptation  tacite  :  l'espérance 
devenait  donc  toute  naturelle  de  les  élargir  et  de  les 
étendre,  jusqu'à  remplacer  la  lutlq  armée  par  l'arbitrage. 
C'est  l'idée  même  de  Grotius  (16'25),  et  W.  Penn  la 
reprend  dans  son  Essai  sur  la  paix  présente  et  future 
de  r Europe  (i693),  et  Leibniz  ne  la  juge  pas  irréali- 
sable. En  môme  temps,  des  relations  de  tout  ordre  et 
toujours  plus  étroites  tendaient  à  s'établir  entre  les 
diverses  nations  européennes,  plus  ou  moins  fdles  d'ail- 
leurs de  l'ancienne  civilisation  latine  :  et  c'est  déjà  un 
des  grands  arguments  que  fait  valoir,  en  faveur  de  son 
utopie,  l'abbé  de  Saint-Pierre  dans  son  Projet  de 
paix  perpétuelle  (1713).  Tourné  en  ridicule  d'abord, 
ce  traité  fut  critiqué  avec  bienveillance  par  L-L  Rous- 
seau qui  voit  dans  les  intérêts  personnels  des  princes 
le  plus  grand  obstacle  à  sa  réalisation  ;  et  l'on  ne 
peut  nier  qu'il  ne  représente  un  ordre  de  sentiment  et 
d'idées  familières  à  toute  cette  époque.  C'est  la  même 
aspiration  ([ui  se  retrouve,  sans  illusions  sur  son  elTicacité 
pratique  immédiate,  dans  le  traité  de  Kant,  Projet  phi- 
losophique de  paix  perpétuelle  (1795)  :  Kant  ne  croit 
pas  qu'elle  pourra  être  satisfaite  avant  que  soit 
reconnu  aux  nations  le  droit  de  disposer  d'elles-mêmes, 
aux  peuples  le  droit  de  se  gouverner,  et  que  soient 
dissoutes  les  armées  permanentes.  Enfin  c'est  l'esprit^ 
même  de  toute  la  Révolution  française,  qui  promulgue  les 
droits  de  l'homme  sans  acception  de  caste  ni  de  patrie,  qui 
proclame  la  guerre  aux  rois  et  la  paix  aux  peuples,  qui  se 
plait  à  décerner  le  titre  de  citoyens  français  aux  plus 
illustres  enfants  des  nations  qu'à  ce  moment  même  elle 
combat  ;  et  l'on  se  souvient  de  la  cérémonie  du  19  juin  1790 
où  Anaebarsis  Clootz,  «  l'orateur  du  genre  humain  »,  se 
présenta  à  la  barre  de  la  Constituante,  suivi  de  repré- 
sentants de  toutes  les  nationalités,  y  compris,  dit-on, 
l'Arabie  et  la  Chaldée,  pour  qu'à  côté  des  «  ambassadeurs 
des  tyrans  »  se  fissent  aussi  entendre  les  «  ambassadeurs 
des  souverains  opprimés  »,  c.-à-d.  des  peuples.  Les  mêmes 
idées  se  développèrent,  et  en  France  et  dans  tous  les  pays 
d'Europe  et  du  nouveau  monde,  pendant  tout  le  xix^  siècle, 
suscitant  des  hgues,  des  congrès,  et  atteignant  leur  apo- 
gée avec  le  mouvement  de  1848.  Les  noms  de  Rentham, 
deRrougham,  deChanning,  en  Angleterre,  de  Fourier,  de 
Saint-Simon,  de  Pierre  Leroux,  de  Lamartine,  de  Hugo, 
en  France,  doivent  être  associés  au  souvenir  de  cette  pro- 
pagande. A  partir  decettedate,  il  semble  d'ailleurs  qu'un 
revirement  se  produise,  sous  des  influences  théoriques 
peut-être  (en  particulier  celle  de  la  doctrine  transformiste), 
mais  surtout  sous  l'action  des  événements  et  le  démenti 
des  faits.  Il  est  difficile  de  nier  une  éclipse  des  idées  huma- 
nitaires et  pacifiques,  après  que  l'on  a  vu  les  guerres  de 
nationalités  aussi  âpres  et  aussi  farouches  que  jadis  les 
guerres  de  souverains  ;  après  qu'on  a  assisté  aux  cam- 
pagnes de  1866  et  1870,  aux  guerres  turco-grecque  et 
hispano-américaine,  ^et  aux  armements  formidables  sous 
lesquels  est  accablée  toute  l'Europe  contemporaine.  Mais 
il  serait  étrange  pourtant  de  croire  cette  éclipse  définitive 
et  de  désespérer  de  l'idée  pacifique  au  lendcjuain  du  jour 
où  r autocrate  le  plus  absolu  de  l'Europe  \ient  de  con- 
vier toute  les  nations  à  étudier  la  question  du  désarme- 
ment. (Rcscrit  du 'i 4  août  1898.  ~  Conférence  de  La 

Si  telle  a  été  l'évolution  historique  de  l'idée  de  paix, 
il  reste  à  se  demander  ce  qu'on  peut  en  augurer  pour  l'ave- 
nir, et  à  exposer  l'état  actuel  du  débat  tant  au  point  de  vue 
théorique  ou  philosophique  qu'au  point  de  vue  pratique 
et  pohtique. 

On  a  tenté  tour  à  tour  l'apologie  de  la  guerre  et  la 
condamnation  de  la  paix  à  un  point  de  vue  mystique,  à 
un  point  de  vue  moral  et  à  un  point  de  vue  naturaliste. 


1°  La  guerre  apparaît  à  (|Uel([ues-uns  comme  chose  sur- 
naturelle et  sacrée,  d'institution  divine  :  par  elle  se  réa- 
liseraient mystérieusement  les  desseins  providentiels,  par 
elle  s'accompliraient  les  victoires  fécondes  et  les  défaites 
nécessaires  ;  dans  la  souffrance,  les  larmes  et  le  sang  se 
préparent  les  fins  éternelles  ;  autant  qu'Attila,  tous  les 
conquérants  et  tous  les  grands  capitaines  sont  les  fléaux 
de  Dieu.  —  A  ces  impressions  poétiques  ou  mystiques, 
la  raison  ne  peut  répondre  qu'en  en  recherchant  l'origine. 
Et,  d'abord,  elles  ne  découlent  pas  nécessairement  de  la 
conception  providentielle  du  monde  :  si  les  lois  de  Dieu 
sont  inconnues,  comment  décider  si  elles  ne  nous  mènent 
pas  justement,  par  des  siècles  de  lutte  et  de  guerre,  à 
une  paix  définitive  ?  Que  celle-ci  parvienne  seulement  à 
s'établir  en  fait,  et  les  théologiens  if auront  aucune  peine 
à  démontrer  qu'elle  était  dans  les  desseins  de  Dieu  et  pré- 
parée de  toute  éternité.  — La  croyance  au  caractère  sur- 
humain et  sacré  de  la  force  guerrière  triomphante  n'est 
d'ailleurs  que  le  premier  mouvement  de  l'imagination 
enfantine,  lors({ue,  frappé  par  un  grand  désastre  ou  un 
événement  inattendu,  elle  devient  d'instinct  fataliste  :  n'a- 
t-elle  pas  cru  de  même,  chez  pres{|uo  tous  les  peuples 
primitifs,  au  «  Jugement  de  Dieu  »  entre  particuliers,  et 
([ue  l'amitié  d'en  haut  devait  se  révéler  en  rendant  cer- 
tains hommes  invincibles  aux  coups  de  leurs  adversaires  et 
aux  forces  de  la  nature  ?  Longtemps,  au  dire  des  socio- 
logues, on  a  décidé  de  la  vérité  et  du  bon  droit  par  les 
épreuves  ou  le  duel  judiciaire,  avant  de  recourir  aux  en- 
quêtes ou  aux  sentences  arbitrales  :  l'usage  des  ordalies 
est  un  des  plus  généraux  et  des  plus  anciens  qui  soient.  — 
p]nfîn,  si  l'histoire  rationnelle  et  philosophique  ne  se  con- 
tente plus  d'attribuer  les  grands  succès  ou  les  grands 
revers  à  des  causes  insaisissables  et  comme  à  des  inspira- 
tions supérieures,  si,  derrière  le  hasard  des  combats, [elle 
découvre  souvent  l'endurance,  l'habileté,  l'intelligence  du 
chef  ou  des  soldats,  et,  derrière  l'action  même  des  indi- 
vidus, l'influence  plus  générale  des  institutions  et  des 
mœurs,  des  sentiments  et  des  idées,  qui  prédestinent  pour 
ainsi  dire  tel  peuple  à  la  victoire  ou  à  la  défaite,  elle  fait 
rentrer  par  là  même  la  guerre  dans  l'ordre  de  la  nature 
et  la  soumet  à  l'action  de  lois  intelligibles. 

2^  Mais  l'on  a  condamné  encore  la  paix  d'un  point  de 
vue  plus  humain  et,  pour  ainsi  dire,  psychologique.  La 
guerre  serait  moralisatrice  et  bonne,  source  de  vertu  et 
d'énergie  ;  seule,  elle  tremperait  les  âmes  et  leur  donne- 
rait le  courage  et  la  santé  morale  :  virilité,  vigueur  et 
vertii,  vir,  vis  et  virlus,  ne  sont  que  les  trois  aspects 
d'une  môme  idée,  comme  les  trois  formes  d'un  même  mot. 
La  paix,  au  contraire,  qui  déshabitue  du  péril  et  do 
l'effort,  débilite,  énerve,  efféminé  ;  elle  corrompt  aussi, 
par  désœuvrement  et  ennui.  Et  encore,  la  guerre  est  une 
école  de  dévouement  et  de  solidarité,  la  paix  une  école 
d'individualisme  et  d'égoisme  :  dans  les  dangers  où  les 
souffrances  communes,  les  hommes  se  rapprochent  et 
s'unissent,  les  âmes  se  confondent,  les  grandes  idées  col- 
lectives, l'idée  de  patrie  entre  toutes,  deviennent  plus 
vivantes,  plus  actives,  plus  réelles  que  Eindividu  lui-même  ; 
dans  le  repos  et  la  sécurité  au  contraire,  chacun  s'isole, 
se  replia  sur  soi.  délimite  mieux  et  sa  personne  et  sds 
intérêts  ;  les  grandes  associations  et  les  sentiments  généreux 
se  dissolvent  ous'émiettent.  Toutes  les  grandes  décadences 
historiques  se  sont  produites  dans  des  sociétés  raffinées, 
corrompues  et  pacifiques  :  la  Rome  impériale  ouRyzance. 
—  Sur  ce  point,  il  faut  accorder  que  l'habitude  de  la 
guerre  ne  peut  que  développer  en  effet  certaines  vertus, 
et  justement  les  vertus  héroïques.  Mais  l'on  peut  se  de- 
mander d'abord  si  elle  ne  développe  pas  du  même  coup 
certains  vices  qui  lui  sont  propres  aussi,  la  cruauté, 
l'inhumanité,  la  lâcheté  parfois  ;  si  elle  ne  traîne  pas 
après  elle,  comme  son  cortège  nécessaire,  la  débauche,  le 
vol  et  le  pillage  ;  et,  à  moins  d'oublier  tout  à  fait  tout 
ce  qu'elle  entraine  de  souffrance  et  de  ruines,  on  peut  so 
demander  s'il  n'y  a  pas  disproportion  monstrueuse  entre 


PAIX 


812  — 


le  ^ain  et  les  pertes?.  —  D'autre  part,  les  vertus  qu'elle 
favorise  ne  naitraieiit-elles  pas  aussi  naturellement,  avec 
^es  nuances  nouvelles  seulement,  de  toute  lutte,  de  toute 
discipline  sévère,  de  tout  effort  collectif,  qui  s'exercerait 
par  des  voies,  non  plus  brutales  et  \iolentes,  mais  ration- 
nelles et  pacifiques.  La  paix  n'est  pas  le  désœuvrement  et 
l'inaction.  Rien  ne  nous  permet  d'afliimer  que  de  grands 
intérêts  agricoles  ou  industriels,  scientifiques  ou  artis- 
tiques, ne  puissent  pas  inspirer  des  dévouements  aussi 
entiers  et  des  énergies  aussi  tenaces. 

3*^  Si  les  théologiens  voyaient  dans  la  guerre  une 
loi  surnaturelle,  c'est  au  contraire  parce  qu'elle  serait  la 
plus  naturelle  des  lois  que  d'autres  la  défendent  de  nos 
jours  et  condamnent  la  paix  :  tel  est  le  mouvement  d'idées 
qu'ont  inspiré  les  doctrines  de  Malthus  et  de  Darwin,  et 
auquel  on  peut  rattacher  des  penseurs  comme  Nietzsche. — 
La  concurrence  est  la  loi  fatale  et  la  condition  nécessaire 
du  progrès  et  même  de  la  conservation  ou  de  l'existence 
des  êtres  et  des  choses.  Ce  n'est  qu'au  détriment  d'autres 
êtres  que  les  mieux  doués  vivent  et  se  développent  ;  la  guerre 
ost  partout,  dans  le  monde  végétal  comme  dans  le  monde 
animal  ou  humain  ;  par  elle  seule  s'affirment,  triomphent,  se 
fortifient  les  qualités  naturelles,  énergie,  endurance,  cou- 
rage ;  en  ce  sens,  la  force  est  bien  le  premier  et  le  seul  droit  ; 
dans  la  paix,  au  contraire,  où  les  faibles  se  conservent  et 
pullulent,  les  vices  ou  les  tares  peuvent  par  là  même  se 
perpétuer  et  s'accumuler  ;  et  des  qualités  factices  ou  ap- 
parentes s'y  substituent  peu  à  peu  à  toutes  les  supério- 
rités réelles  et  saines.  Il  est  bon  que  l'inévitable  guerre 
vienne  remettre  de  temps  en  temps  les  choses  au  point 
«  comme  l'orage  purifie  l'atmosphère  »,  et  fasse  rentrer 
l'humanité  dévoyée  dans  le  sens  de  la  nature.  —  Cette 
argumentation  et  d'autres  analogues  ont  pu  séduire  ;  il 
semble  qu'on  y  découvre  pourtant  un  triple  sophisme  : 
a.  On  confond  illégitimement  Fidée  de  concurrence  ou  de 
lutte  avec  l'idée  de  guerre  qui  n'en  est  qu'une  forme  par- 
ticulière, la  plus  primitive  et  la  plus  frappante  si  l'on 
veut,  mais  non  la  seule  ;  justement  si  la  lutte  est  la  loi 
universelle  et  suprême  de  toute  vie,  elle  doit  s'exercer 
sous  des  formes  plus  générales  et  plus  permanentes  que 
celle-ci,  dont  l'intermittence  est  le  caractère  propre  ;  elle 
se  vérifie  aussi  bien  par  les  mille  sortes  de  concurrences 
sociale,  économique,  artistique,  etc.,  que  par  la  lutte 
corporelle  et  brutale,  et  celle-ci  pourrait  donc  devenir  plus 
rare  ou  disparaître  sans  que  la  grande  loi  darwinienne  e:i 
fut  démentie.  —  b.  Après  avoir  posé  la  concurrence 
comme  la  grande  loi  de  la  nature,  et  le  triomphe  des 
qualités  naturelles  comme  le  résultat  de  la  concurrence, 
on  se  laisse  aller  à  ne  considérer  comme  naturelles  que  les 
qualités  corporelles  ou  la  force  brutale:  pourtant,  si  l'in- 
leUigence  et  la  raison  interviennent  dans  la  lutte,  elle ^  n'en 
sont  pas  moins  que  les  autres  des  qualités  naturelles,  et 
le  triomphe  en  est  par  suite  aussi  normal  et  aussi  bon.  Or  de 
l'intervention  de  l'intelligence  et  de  la  raison  naissent 
l'association  sociale,  la  vie  pacifique,  les  idées  de  justice 
et  de  droit  absolu,  tout  ce  qui  limite,  ou  tempère,  ou 
transforme  les  conditions  de  la  lutte  primitive,  et  jusqu'au 
rêve  même  de  la  supprimer.  Et  par  là,  si  ceux  qui  sont 
physiquement  plus  faibles  arrivent  à  se  perpétuer  et  à  se 
multipher,  leur  succès  est  aussi  naturel  et  légitime  et 
conforme  à  la  théorie  que  celui  même  des  violents  ou  des 
sanguinaires.  En  d'autres  termes,  c'est  par  Faction  même 
de  cette  lutte  pour  la  vie  que  la  raison  change  les  conditions 
initiales  de  cette  lutte,  et  tend  légitimement  à  en  abolir  les 
formes  les  plus  grossières.  —  c.  Enfin,  à  supposer  même 
qu'il  fût  logique  d'appeler  naturels,  à  l'exclusion  de  tous 
les  autres,  les  avantages  corporels  et  la  force,  il  serait 
faux  que,  dans  l'état  actuel  des  choses,  la  guerre  en  assu- 
rât le  triomphe  et  les  perpétuât  dans  les  races.  Dès  main- 
tenant, en  effet,  l'esprit  de  l'homme  a  si  bien  transformé 
les  instruments  de  la  guerre,  que  là  encore  ce  sont  des 
qualités  intellectuelles  qui  jouent  le  premier  rôle,  et  que 
le  courage  ni  la  vigueur  n'y  sont  plus  une  chance  de  con- 


servation ou  de  succès.  Bien  plus  encore,  on  a  fait  souvent 
remarquer  que,  loin  de  fortifier  et  de  retremper  physique- 
ment les  races,  la  guerre  moderne  tend  à  les  affaiblir  : 
la  sélection  ne  s'y  fait  plus  en  effet  au  détriment  des 
faibles,  mais  des  forts,  puisque  ceux-ci  seuls  sont  com- 
battants ;  les  débiles,  les  infirmes,  les  vieillards  y  sont  au 
contraire  épargnés,  et,  par  suite,  ils  se  reproduiront  et  se 
multiplieront  davantage  grâce  à  elle  :  les  statistiques 
démontrent,  chez  les  vainqueurs  comme  chez  les  vaincus,, 
une  baisse  notable  de  la  nuptialité  et  de  la  natalité  dans 
les  années  consécutives  à  une  grande  lutte  et  la  qualité 
morale  ou  nerveiise  des  générations  de  «  l'année  de  la 
guerre  »  ne  vaut  pas  mieux  que  leur  quantité  :  on  peut 
interpréter  physiologiquement  en  se  sens  lei^^chap.  de  la 
Confession  tVun  enfant  du  siècle  .  —  Ainsi  la  philoso- 
phie de  la  concurrence  n'est  nullement  contradictoire  avec 
le  rêve  d'une  substitution  progressive  de  la  justice  à  la 
force  et  d'une  limitation  toujours  plus  grande  du  rôle  de 
la  guerre  ;  Spencer  est  dans  la  logique  de  la  doctrine  évo- 
lutioniste  lorsqu'il  en  conclut  le  triomphe  final  des  senti- 
ments altruistes  et  de  l'idée  de  justice. 

Il  semble  donc  qu'on  ne  puisse,  au  nom  d'aucun  prin- 
cipe, démontrer  la  nécessité  intrinsèque  et  logique  de  la 
guerre,  et  l'état  de  paix  semble  apparaître  comme  l'état 
social,  rationnel  et  humain  par  excellence.  Tout  revient 
alors  à  se  demander  si  l'on  peut  prévoir  qu'en  fait  les 
hommes  arrivent  jamais  à  subordonner  leurs  rancunes  ou 
leurs  appétits,  leurs  entraînements  ou  leurs  instincts,  aux 
, calculs  de  la  raison,  et  à  préférer  l'intérêt  collectif  et 
lointain  aux  suggestions  de  l'intérêt  personnel  et  immédiat. 
Ainsi  posée,  la  question  ne  comporte  évidemment  aucune 
réponse  générale  et  absolue  :  comment  prévoir  le  sens  et 
la  rapidité  et  la  durée  des  civilisations  et  de  la  «  rationa- 
lisation »  de  l'homme?  C'est  aux  faits  seuls  et  à  la 
situation  du  monde  moderne  qu'on  peut  demander  quebiues 
indications  à  cet  égard. 

Or  le  spectacle  du  monde  nous  montre  partout 
présente  l'image  de  la  guerre.  Sans  parler  des  peuplades 
sauvages,  encore  à  la  période  des  luttes  confuses  et  con- 
tinuelles, toutes  les  grandes  nations  européennes  sont  en 
train  de  conquérir  de  vastes  empires  coloniaux  et  se  pré- 
parent sans  trêve,  par  les  plus  formidables  armements,  à 
des  luttes  possibles  de  l'une  contre  l'autre.  —  Néanmoins, 
dans  cet  état  de  choses  même,  quelques-uns  prétendent  dis- 
cerner certains  signes  favorables  à  l'idée  pacifique. 

Et  d'abord,  par  cela  même  que  les  guerres  deviennent 
sans  cesse  plus  terribles,  et  parce  que  s'aggravent  et  se 
multiplient  les  désastres  qu'elles  ne  peuvent  manquer  de 
produire,  presque  aussi  irréparables  pour  les  vainqueurs 
que  pour  les  vaincus,  elles  sont  plus  redoutées,  par  suite 
évitées,  retardées  ;  nul  n'ose  prendre  sur  soi  de  les  enga- 
ger, tant  on  a  la  vision  nette  de  l'absurdité  et  de  l'odieux 
de  l'entreprise,  et  que  jamais  les  gains  n'en  compenseront 
les  pertes.  —  Aussi  semble-t-il  que  la  guerre  devienne 
comme  honteuse  d'elle-même,  et  que,  tout  en  s'y  prépa- 
rant sans  relâche,  les  peuples  éprouvent  le  besoin  de  pro- 
tester de  leur  amour  de  la  paix  ;  et  cette  hypocrisie  même 
est  un  signe  des». temps  ;  nul  ne  veut  le  rôle  ni  surtout 
l'apparence  d'agresseur,  et  par  des  manœuvres  fraudu- 
leuses s'il  le  faut  on  en  laissera  la  responsabilité  et  le 
désavantage  moral  à  l'adversaire.  C'est  qu'il  se  forme, 
bon  gré,  mal  gré,  une  sorte  d'opinion  publique  internatio- 
nale, de  laquelle  relèvent  toutes  les  nations  ;  et,  dans  bien 
des  conjectures  récentes,  cette  opinion  européenne  semble 
avoir  maintenu  le  concert  des  grandes  puissances  par  le 
seul  lien  de  la  paix  à  conserver,  de  la  guerre  à  éviter  à 
tout  prix.  Sans  compter  que  le  recours  à  l'arbitrage  d'une 
puissance  neutre  pour  toutes  les  difficultés  secondaires 
devient  plus  fréquent  et  plus  général  de  jour  en  jour.  On 
peut  estimer  que  bien  des  événements  se  sont  produits 
dans  ces  dernières  années  qui,  à  toute  autre  époque, 
auraient  déchaîné  vingt  fois  la  guerre.  — Enfin,  la  facilité 
et  la  multiplicité  croissante  des  relations  tendent  à  créer 


—  B13 


PAIX 


da  is  l'Europe  entière  coniinc  des  courants  communs  de 
sentiments,  d'aspirations  et  d'idées,  et  le  cosmopolitisme 
européen,  au  point  de  vue  social,  scientifique,  littéraire, 
devient  de  plus  en  plus  une  réalité,  et  une  force  avec 
laquelle  il  faut  compter.  Par  là  même  encore  se  créent, 
sous  les  rivalités  apparentes  de  peuple  à  peuple,  des 
hostilités  plus  profondes  de  classes  à  classes,  communes  à 
tous  les  peuples,  et  par  lesquelles,  tandis  que  les  divers 
tronçons  d  un  môme  pays  se  séparent  davantage,  les 
mêmes  groupes  sociaux  de  pays  divers  se  rapprochent  et 
se  solidarisent  :  ainsi  Faculté  et  la  gravité  même  des  dis- 
sensions sociales  pourrait  être  comme  un  gage  de  paix 
internationale. 

Mais,  si  peut-être  ces  faits  peuvent  s'interpréter  en  ce 
sens,  d'autres  ne  peuvent  avoir  qu'une  signification  mena- 
çante. Et  d'abord,  si  l'on  hésite  d'autant  plus  àcommencer 
la  guerre  qu'elle  doit  être  plus  terrible,  la  lourdeur, 
d'autre  part,  des  armements  qu'elle  rend  nécessaires  pourra 
forcer  le  premier  Etat  qui  n'en  pourra  plus  supporter  les 
charges  financières  à  «  risquer  le  tout  pour  le  tout  », 
plutôt  que  d'avoir  fait  tant  d'efforts  et  de  dépenses  en 
vain.  —  De  même,  si  les  luttes  sociales  peuvent  créer  des 
solidarités  internationales  bien  vagues  et  douteuses  d'ail- 
leurs, elles  peuvent  aussi  inspirer  aux  gouvernants  le 
dessein  d'éviter  la  révolution  sociale  par  la  guerre  exté- 
rieure et  de  chercher  un  principe  d'union  interne  dans  la 
crainte  ou  la  haine  de  l'étranger.  —  De  plus  encore,  si 
une  sorte  de  cosmopolitisme  européen  semble  en  effet 
se  constituer  au  point  de  vue  artisticjue  ou  scientifique,  il 
semble  d'un  autre  côté  que  chaque  race  prenne  une  cons- 
cience plus  nette  et  plus  jalouse  de  ses  caractères  propres, 
de  ses  droits,  de  ses  prétentions,  de  son  histoire,  et  s'oppose 
plus  profondément  ainsi  à  toutes  ks  races  voisines. 

Enfin,  les  intérêts  commerciaux  des  divers  pays  les 
j  Dissent  fatalement  à  la  conquête  et  au  partage  des  con- 
trées non  encore  exploitées  ou  cultivées.  Les  guerres  colo- 
niales semblent  de  toutes  les  plus  inévitables,  celles  qui, 
même  dans  les  hypothèses  les  plus  optimistes,  doivent 
survivre  à  toutes  les  autres,  parce  qu'elles  résultent  du 
contact  de  races  et  de  civilisations  trop  différentes  pour 
pouvoir  se  comprendre,  concilier  leurs  intérêts,  recon- 
naître leurs  droits  ou  leurs  raisons  récipro(jues  :  le 
recours  à  un  arbitrage  n'a  plus  même  de  sens  ici.  Et  n'est- 
il  pas  inévitable  qu'outre  la  lutte  avec  les  indigènes,  les 
entreprises  coloniales  n'entraînent  de  fréquents  motifs  ou 
prétextes  de  conflit  entre  les  diverses  nations  colonisa- 
trices ?  Si  les  nécessités  économiques  sont  vraiment  les 
plus  urgentes  de  toutes,  ne  pousseront-elles  pas  les  peuples 
à  s'ouvrir  ou  à  s'assurer  des  débouchés  commerciaux  à 
coups  de  canon  ?  Peut-être,  après  les  guerres  de  dynasties 
et  les  guerres  de  races,  est-ce  l'ère  des  guerres  économi- 
ques qui  menace  de  s'ouvrir  devant  nous. 

Ainsi  la  paix  semble,  somme  toute,  bien  instable  et 
Ijranlante  dans  notre  Europe  contemporaine  ;  et  pourtant 
la  prolongation  môme  d'une  telle  instabilité  est  un  signe 
qu'on  ne  saurait  méconnaître.  Toutes  les  probabilités 
historiques  sont  en  faveur  de  luttes  nouvelles  et  violentes  ; 
mais  il  reste  toujours  légitime  d'espérer  (jue  ces  luttes 
pourront  être  indéfmiment  retardées  ou  seront  les  dernières 
peut-être  :  le  rêve  du  progrès  humain  est  impossible  à 
démentir,  parce  qu'il  a  devant  lui  l'avenir  tout  entier.  Le 
problème  de  l'éternité  de  la  guerre  ne  comporte  donc 
aucune  solution  définitive.  Tout  ce  qu'on  peut  dire,  c'est 
qu'il  apparaît  au  philosophe  comme  un  des  aspects  du 
grand  contlit  de  la  nature  et  de  l'humanité,  de  l'instinct  et 
de  la  raison  :  il  marque  un  effort,  qui  peut-être  n'abou- 
tira jamais,  mais  qui  sans  doute  aussi  sera  toujours  tenté, 
pour  transformer  les  conditions  du  contact  des  hommes 
entre  eux  d'après  un  idéal  de  justice  sociale  et  de  droit 
absolu.  La  paix  triomphera  sans  doute  dans  la  mesure  où 
la  volonté  et  les  activités  rationnelles  triompheront  dans 
les  masses  humaines,  des  impulsions,  et  des  appétits  des 
instincts. 


Paix  intérieure.  Toutes  les  morales  et  les  religions 
ont  employé  cette  métaphore  pour  exprimer  l'idéal  de 
sérénité,  d'accord  et  d'harmonie  intime  auquel  l'homme 
aspire  ;  par  elle  se  découvre  ce  parallélisme  profond  entre 
l'individu  et  la  cité  que  les  Platon  ou  les  Hegel  ont  mis  si 
fortement  en  lumière.  Pour  quelques-uns,  cette  paix  doit 
être  cherchée  dans  la  lutte  violente  contre  les  instincts  de 
la  vie  animale,  leur  réduction  absolue  et,  si  possible,  leur 
anéantissement  :  c'est  l'idéal  ascétique  et  chrétien.  Pour 
d'autres,  on  la  trouvera  dans  l'exacte  hiérarchie  et  l'har- 
monie savante  de  toutes  les  puissances  de  l'âme,  et  c'est 
l'idéal  grec  et  rationaliste.  Mais,  ce  que  tous  reconnaissent, 
c'est  que  la  paix  intérieure  ne  saurait  naître  du  relâche- 
ment, de  l'atonie  et  de  l'inertie,  mais  au  contraire  de 
l'effort  volontaire  et  raisonné.  Preuve  nouvelle  que  l'idée 
de  paix  et  l'idée  de  lutte  ou  d'effort  n'ont  riea  d'inconci- 
Hable  ;  et  que,  si  le  choc  discordant,  brutal  et  confus  des 
appétits  correspond  à  ce  qu'est  l'état  de  guerre  dans  la 
vie  sociale,  rien  ne  ressemble  moins  au  relâchement  et  à 
la  lâcheté  que  la  loi  catégorii[ue  et  la  discipline  morale 
par  lesquelles  seules,  dans  la  conscience  comme  dans  la 
cité,  on  peut  tendre  à  la  paix.  D.  Parodi. 

II.  Droit  international  (V.  Traité). 

III.  Histoire  des  institutions.  —  Paix  de  Dieu 
(V.  Trêve  de  Dieu). 

IV.  Archéologie  d'art. —  Ustensile  de  culte,  dans 
l'Eglise  catholique,  consistant  en  une  image  sacrée  que  le 
prêtre  donne  à  baiser  aux  fidèles  qui  vont  à  l'offrande 
pendant  la  messe.  Son  nom  lui  vient  des  mots  pax  tecum 
(Que  la  paix  soit  avec  toi  !),  que  l'officiant  adresse  à  cha- 
cun durant  cette  cérémonie,  qui  a  remplacé,  à  partir  d:i 
V®  siècle,  l'antique  usage  du  baiser  de  paix  (V.  ce  mot) 
mutuel  entre  les  chrétiens  avant  la  communion.  Au  début 
de  cette  nouvelle  coutume  liturgique,  c'est  la  patène 
(V.  ce  mot)  qu'on  donnait  à  baiser,  et  cet  usage  se  con- 
serve encore,  généralement  ou  partiellement,  dans  certains 
pays.  Puis  on  créa  à  cet  effet  l'objet  spécial  dont  nous 
nous  occupons  ici.  Tout  d'abord  la  paix  était  formée  d'une 
tablette  d'ivoire  sculptée  et  enchâssée  dans  une  monture 
en  métal,  qui  était  munie  d'une  poignée  sur  sa  face  pos- 
térieure. Le  plus  ancien  exemple  qui  nous  soit  parvenu  à 
cet  égard  est  la  paix  conservée  à  l'église  collégiale  de 
Cividale,  en  Frioul.  Elle  date  du  mu®  siècle  et  représente 
le  Crucifienienf  de  Jésus-Christ;  la  monture  en  est  en 
argent  doré,  ornée  de  pierreries  et  d'arabesques.  Ensuite 
on  ne  faisait  plus  que  des  paix  en  métal,  gravées  ou 
émaillées.  Le  sujet  de  l'image,  quadrangulaire  ou  cintrée 
par  le  haut,  était  tiré  de  la  vie  de  Jésus  ou  de  celle  de  la 
Vierge.  Cette  plaque  était  entourée  d  un  cadre  architec- 
tural, sculpté  ou  ciselé,  en  or,  en  vermeil,  en  argent  ou 
en  cuivre  doré,  souvent  d'une  grande  richesse  et  d'un 
travail  précieux.  Les  paix  les  plus  intéressantes  au  point 
de  vue  de  l'art  sont  celles  exécutées  en  Italie  au  xn* 
siècle,  par  des  maîtres  nielleurs  :  paix  gravées  sur  pla- 
ques d'argent  et  où  les  traits  du  dessin  sont  remplis  d'un 
émail  noir  appelé  nielle  (V.  ce  mot) .  La  première  place 
à  cet  égard  appartient  au  célèbre  orfèvre  florentin  Maso 
hinigiierra  (V.  cenom),  à  qui  on  attribue,  sans  certitude 
toutefois,  trois  admirables  paix  :  le  Couronnement  de 
la  Vierge  (V.  la  reprojluction  à  l'art.  Gravure,  t.  XIX, 
p.  261)  ;  Jésus  en  croix,  d'après  un  dessin  d'Antonio 
Pollajuolo  (l'une  et  l'autre  sont  conservées  au  musée  du 
Bargello,  à  Florence),  et  la  Vien:e  avec  l'Enfant  Jésus 
entourée  d'anges  et  de  saintes  (Musée  britannique).  Il 
est  bon  de  rappeler  ici  que  c'est  à  Finiguerra  qu'on  a 
attribué,  à  tort,  l'invention  de  l'art  de  graver  en  creux 
les  estampes  et  qu'on  la  fait  dater  de  l'exécution  de  la 
première  des  paix  ci-dessus,  dont  on  possède  une  épreuve 
sur  papier,  tirée  avant  la  niellure  de  la  plaque  d'argent. 
A  côté  de  ce  grand  artiste  se  place  son  compatriote  et 
émule,  Matteo  Dei,  à  qui  certains  critiques  d'ait  décer- 
nent l'honneur  de  la  pateriité  des  deux  premières  paix 
dont   il  vient  d'être  parlé.  C'est  encore  d'un  excellent 


PVÎX  —  PAJOL 


—  814 


molleur  iîoreiitiîi  anonyme,  du  dernier  tiers  du  x\*^  siècle, 
que  sont  les  deux  paix  se  faisant  pendant  :  F  Adorât  ion 
de  l'Enfant  Jésus  (musée  du  Louvre)  et  la  Moj't  et  l'As- 
somption de  la  Vierge,  qui  a  fait  partie  de  la  collection 
Spitzer,  avec  d'autres  paix.  Bologne  conquit  la  seconde 
place  sous  ce  rapport,  grâce  à  Francesco  Haibolini,  dit 
Francia  (V.  ce  nom),  génie  presque  universel  dans  les  arts 
et  dont  on  possède  deux  superbes  paix  niellées  :  Jésus  en 
Croix  et  la  Résurrection  de  Jésus-Christ  (Pinacothèque 
de  Bologne).  Le  Milanais  Ambrogio  Foppa,  dit  Caradosso 
(V.  ce  nom),  est  l'auteur  d'une  paix  niellée  représentant 
kl  yalivité  de  Je  sus-Christ  (ancienne  collection  du 
comte  Cicognara).  Dans  la  cathédrale  de  Modène  est  con- 
servée une  paix  niellée,  le  Rédempteur,  portant  la  signa- 
tui\^  de  Giacomo  Porta,  Modenais,  et  la  date  de  148(3. 
En  dehors  des  paix  niellées,  et  sui'tout  à  partir  du 
xvi*^  siècle,  on  n'a  à  signaler  aucun  exemplaire  digne  de 
retenir  l'attention.  G.  Pawlowski. 

V.  Ordres.  —  Ordre  de  t.a  Paix.  —  Col  ordre  fut  londé 
en  iM^J  par  Amanieu  de  Grisignac,  arclie\èque  d'Auch, 
l'évèque  de  Comminges,  les  autres  prélats  et  seigneurs  de 
Gascogne,  pour  résister  aux  violences  des  J)andes  armées 
qui  désolaient  la  contrée.  C'était  moins  un  ordre  de  cheva- 
lerie qu'une  milice  régionale  en  vue  de  Fintéi-èt  public.  Il 
avait  à  combattre  surtout  les  Albigeois,  c.-à-d.  les  héré- 
tiques qui,  par  haine  religieuse  ou  sous  ce  prétexte,  j'ava- 
geaient  et  pillaient  le  pays.  D'après  Héiyot,  il  était  aussi 
nommé  Ordre  de  la  Foi  et  de  la  Paix.  Il  fui  coniirmé 
en  i^iBO  par  le  pape  Grégoire  IX.  Toutefois,  après  la 
guerre  des  Albigeois,  il  avait  perdu  sa  raison  d'élre  et 
s'éteignit  en  1^61. 

Bil)l.  :  Sociologie,  —  Tarde,  les  Transforma  lions  du 
droit.  —  L'abbé  de  Saint-Piiuire,  Projet  de  paix  perpé- 
tuelle. ~  RoussKAu,  Examen  duprojet  d.e  paix  perpétuelle. 
~  Kant,  Projet  philosophique  de  paix  perpétuelle.  — 
(iouMY.DcMoLiNARi,  VAbbé  de  Saint-Pierre.— Pro\:\)ho:s, 
Uh  (juerre  et  la  Paix.  —  Spj:ackr,  NietzsciU':,  Œuvres, 
])assiin. — Lavis^i-%  la  Coiulamnation  de  la  Paix  année 
{■J^eDue  de  Paris  du  15  sept.  1898).—  Ch.  Riciiet,  les  Guerres 
et  la  Paix. 

Archéologie  d'art.  —  Viollet-le-Duc,  Dictionnaire 
du  Mobilier  français,  1871,  t.  IL—  E.  Dutuit  et  G.  Paw- 
lowski, Manuel  de  Varnateur  d'estampes  ;  introduction 
iscnùmle,  2«  partie  :  Nielles  ;  Paris,  1888,  gr.  in-8  (toutes  les 
paix  niellées  connues  y  sont  décrites,  et  dix  d'entre  elles  y 
sont  reproduites  en  fac-similé).  —  Catalogue  illustré  de  la 
collection  F.  Spitzer  (voir  aussi  la  biblioii-raphie  des  art. 
K.MAiL  et  Orfèvrerie). 

Ordres.  —  IIélyot,  Ilist.  des  ordres  moiiastiqucs,  reli- 
gieux et  militaires  ;  Paris,  1719.8  vol.  in-1.  —F. -F.  Stekxac- 
u'KRS,  Ilist,  des  ordres  dé  chevalerie  et  des  distinctions 
honorifiques  en  France;  18G7,  in-L 

PAIX  (Kivière  de  la)  (en anglais,  Peace  Rirer).Grsi\u]e 
rivière  du  Dominion  du  Canada,  qui  ])rend  sa  source  dans 
la  Colombie.  Elle  est  formée  de  plusieurs  branches  dont 
la  plus  importante  est  la  rivière  des  Panais  (Parsnip  Ri- 
ver) ([ui  prend  naissance  au  N.  du  grand  coude  du  J^'i'aser, 
à  ool)  m.  de  l'un  des  affluents  de  ce  ilcuve.  Cette  rivii-e 
des  Panais  traverse  un  cliapelet  de  petits  lacs  et  coule  du 
S.  au  N.  à  h\  rencontre  du  Finlay  qui  la  double,  et  prend 
le  nom  de  Rivière  de  la  Paix,  puis  fait  un  brusque  détour 
vers  I'l.  Elle  traverse  les  Montagnes  Rocheuses  par  une 
hrèche  grandiose,  encombrée  de  rapides,  puis  coule  len- 
tement à  travers  une  région  fertile,  riclie  en  prairies  et 
en  forêts.  Elle  est  déjà  si  considérable  qu'elle  garde  8  à 
dO  m,  de  profondeur  et  400  à  500  m.  de  largeur  aux 
pliLS  basses  eaux.  Son  principal  afiïuent  de  droite  est  la 
rivière  des  Boucanes  (Smoky  River)  qui  lui  vient  des  Mon- 
tagnes Rocheuses  et  lui  fait  prendre  la  direction  du  N. 
Plus  loin,  les  hauteurs  des  Caribous  la  rejettent  de  nou- 
veau vers  l'E.  Elle  reçoit  encore  à  droite  la  rivière  aux 
Plongeons  (Loon  River)  et  vient  hnir  en  delta  dans  la 
grande  rivière  des  Esclaves  et  dans  le  lac  Athabasca  ;  ce 
clelta  n'est  d'ailleurs  qu'un  vaste  marécage,  et  aux  temps 
des  hautes  eaux  un  lac  boueux  sans  fin.  La  longueur  totale 
de  son  cours  est  estimée  à  1.800  kil.  et  elle  est  navigable 
sur  presque  toute  sa  longueur.  C'est  en  remontant  la  Ri- 
vière de  la  Paix  que  Macken/ie,  guidé  par  des  métis  fran- 


çais, les  Beaulieu,  passa  le  premier,  en  1787,  du  Canada 
dans  la  Colombie  britannique.  R.  G. 

PAIX  (Prince  de  la)  (V.  Godoy). 
PAIZAY-le-Chapt.  Com.  du  dép.  des  Deux-Sèvres,  arr. 
de  Melle,  cant.  de  Brioux-snr-Boutonne  ;  559  hab. 

PAIXHANS  (Henri-Joseph),  général  et  ingénieur  mili- 
taire français,  né  à  Metz  le  "l'I  janv.  1783,  mort  à  Jouy- 
aux-Arches,  près  de  Metz,  le  :20  août  185 i-.  Il  fut  élève 
de  l'Ecole  polytechnique,  en  sortit  dans  l'artillerie  (1803), 
prit  part  à  toutes  les  grandes  campagnes  du  premier  Em- 
pire, se  signala,  lors  de  la  défense  de  Paris,  en  1814,  à 
la  tète  des  batteries  qui  occupaient  les  buttes  Chaumont, 
et,  promu  colonel  après  la  révolution  de  Juillet,  parvint  ; 
en  1848  au  grade  de  général  de  division.  Il  représenta, 
d'ailleurs,  pendant  toute  la  durée  du  règne  de  Louis- 
Phihppe,  le  dép.  de  la  Moselle  à  la  Chambre  des  dép.ulés, 
o:i  il  prit  une  part  assez  active  aux  discussions  concernant 
l'armée  et  la  marine.  Il  est  célèbre  surtout  par  les  per- 
fectionnements importants  qu'il  a  introduits  dans  la  grosse 
artillerie  de  siège  et  de  marine;  11  inventa  notamment  les 
obusiers  qui  portaient  son  nom  et  qui  ont  été  longtemps 
en  service  dans  l'armée  et  dans  la  flotte  françaises.  H 
s'occupa  aussi.de  la  protection  des  navires  et  il  émit  dès 
1825  qnehpies-unes  des  idées  mises  en  application,  trente 
ans  plus  tard,  pendant  la  guerre  de  Crimée,  pour  le  blin- 
dage des  batteries  flottantes.  H  a  laissé  de  nombreux 
ouvrages  :  Considérations  sur  Vartillerie  des  places 
(Paris,  1815);  Nouvelle  force  narilime  (Paris,  18-21);. 
Iwrce  et  faiblesse  militaires  de  la  France  (Piiris,  1830, 
trad.  allemande  par  Kausler  ;  Stuttgart,  1841);  Cons- 
titution militaire  de  la  France  (Paris,  1810),  etc. 

PAIZAY-le-Sec.  Com.  du  dép.  de  la  Vienne,  air.  de 
Montmorillon,  cant.  de  Chauvigny  :  747  hab.  Stat.  du 
chcm.  de  fer  d'Orléans.  Eglise  du  xi^  siècle  avec  taber- 
nacle du  xni^.  , 
PAIZAY-le-Tort.  Com.  du  dép.  des  Deux-Sèvres,  arr. 
et  cant.  de  Melle;  G^'i  hab. 

PAIZAY-Maudouin.  Com.  du  dép.  de  la  Charente,  ai-r. 
de  Ruffec,  cant.  de  Villefagnan  ;  698  hab.  Stat.  du  chcm, 
de  fer  de  l'I^tat.  Château  de  la  fm  du  x\«  siècle. 

PAJARES.  Village  d'Espagne,  prov.  et  à  39  kil.S.-E. 
d'Oviedo  (Asturies),  sur  le  cliem.  de  fer  d'Oviedo  à  Eéon. 
Ce  village  donne  son  nom  au  Puerto  del\ijares{;\  .3J3  ui.  ) 
qui  fait  communiquer,  à  travers  les  Pyrénées  Canlabri^s 
de  rOuest,  la  vallée  du  Xalon,  fleuve  c<Uier,  avec  lo 
Duero,  par  la  Berne.sga,  et  le  Léon  avec  les  Asturie>.  Le^ 
chemin  de  fer  et  une  route,  construite  à  grands  Irais  ])ar 
Charles  IV,  le  traversent. 

PAJAY.  Com.  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  do  Vienne,  cant, 
de  La  Cote-Saint-André;  633  liab. 

PAJEROS  (Zooi.)  (V.  CuAT,  t.  X,  p.  877). 
PAJOL  (Claude-Pierre),  général  français,  né  à  Besan- 
çon le  3  févr.  1772,  mort  à  Paris  le  20  mars  1844.  Eils 
d'un  avocat  au  Parlement  de  Franche-Comté,  il  fut  des- 
tiné au  barreau.  Mais  la  Révolution  vint  changer  les  des- 
seins de  sa  famille.  Pajol  ardent,  épris  de  liberté,  bc  jeta 
dans  le  mouvement,  suivit  toutes  les  réunions  politiques  et 
en  août  1789  s'engagea  dans  le  régiment  national  de  Be- 
sançon. Après  un  court  séjour  à  Paris  (1790),  il  se  tit 
inscrire  comme  volontaire  au  1*^^'  bataillon  du  Doubs  le 
21  août  1791,  partit  à  l'armée  du  Haut-Rhin,  fttlacaui- 
pagne  d'Aflemagne,  entra  à  Mayeiice  (21  oct.  1792),  lit 
partie  de  la  colonne  qui  s'empara  de  Hochheim  (1793), 
entra  dans  l'état-major  de  Custine,  passa  ensuite  à  l'ai^- 
mée  de  Sambre-et-Meuse  et  devint  aide  de  camp  de  Klé- 
ber  (1794),  avec  qui  ilfit  toute  la  campagne  de'Belgique, 
puis  celle  d'Allemagne.  Promu  capitaine  ('1795),  puis  ûieï 
de  bataillon  (1796),  il  continua  d'assister  activement  Klé- 
bcr  dans  ses  opérations  jusqu'à  la  fin  de  1796.  Il  fit  en- 
suite la  campagne  de  1797  sous  Hoche  et  fut  délaché 
auprès  de  Masséna  à  l'armée  d'Helvétie  (1799).  En  1800, 
Pajol  passait  sous  les  ordres  de  Moreau,  il  se  disthigua  à 
Babenhausen  ;  avec  ses  hussards  il  formait  en  1801  la 


—  815  — 


PAJOL  —  PAJOT 


colonne  mobile  de  Molitor.  Ramené  en  France  par  le  traité 
de  Liméville,  il  était  envoyé  en  Hollande  en  4803,  prenait 
part  à  l'organisation  du  camp  d'Ltrecht  et,  nommé  colo- 
nel, était  délégué  en  députation  au  couronnement  de  Na- 
poléon (1804).  En  1805,  il  faisait  la  campagne  d'Autriche, 
commandait  l'avant-garde  à  VVeyer,  entrait  à  Vienne  et 
était  détaché  à  Leobenpour  enlever  l'archiduc  Charles.  Il 
se  distingua  à  Austerlitz,  et  en  4806  il  était  en  Italie.  Promu 
général  de  brigade  en  4807,  il  rejoignit  la  grande  armée 
d'Allemagne,  marcha  sur  Eylau,  puis  sur  Kœrîigsberg  et, 
s'emparant  deMulhausen,  poursuivit  l'ennemi  jusqu'à  Wit- 
tenberg.  Créé  baron  de  l'Empire  (19  mars  4808),  il  fut 
chargé  de  surveiller  la  frontière  autrichienne  en  Silésie. 
Lors'  delà  création  de  l'armée  du  Rhin,  il  fut  mis  à  la  tète 
<le  dix  régiments  de  cavalerie.  En  4809,  sous  Davout,  il 
couvrait  les  débouchés  de  la  Bohème  et  Ratisbonne  dont 
la  défense  lui  fut  confiée,  défendait  le  poste  de  Mautern, 
et  s'occupait  des  préparatifs  pour  franchir  le  Danube.  En 
4840,  il  était  en  congé  et  sa  brigade  était  dissoute,  mais 
dès  le  commencement  de  4844  il  était  mis  à  la  tète  d'une 
nouvelle  brigade  cantonnée  dans  l'arr.  de  Dantzig.  Le 
30  juin  4842,  il  s'empare  d'Ochmiana,  entre  à  Minsk 
le  8  juil.,  surveille  la  Berezina  et  se  transporte  sur  la  rive 
gauche  du  Dniepr.  Nommé  alors  général  de  division,  il 
passe  au  corps  de.  Montbrun,  tombe  malade  à  Elbing  en 
4843  et  est  obligé  de  revenir  à  Besançon.  Au  bout  de  cinq 
mois,  il  rejoint  l'armée  à  Dresde;  il  est  mis  à  la  tête  d'une 
division  de  cavalerie  légère  chargée  de  surveiller  les  dé- 
filés de  la  Bohème.  Il  joue  un  grand  rôle  à  la  bataille  de 
Dresde  (26-27  août).  En  4844,  il  commande  le  corps  nou- 
vellement créé  pour  défendre  contre  l'invasion  des  alliés  les 
vallées  de  la  Seine,  de  l'Yonne  etdu  Loing.  Il  fait  exécuter 
des  travaux  de  fortification  sur  ces  trois  rivières,  con- 
centre son  corps  à  Montereau  et  marche  sur  Sens.  Forcé 
de  battre  en  retraite  devant  Schwarzenberg,  il  doit  aussi 
abandonner  Montereau  et  se  replier  derrière  l'Yères,  à 
Brie-Comte-Robert.  Dès  le  traité  du  3jaiiv.4845,  la  divi- 
sion Pajol  est  dissoute  et  le  général  est  nommé  comman- 
dant à  Orléans.  Au  retour  de  Napoléon,  il  est  nommé  au 
commandement  de  l'armée  de  la  Loire  en  remplacement  de 
Gouvion  Saint-(AT  et  presque  aussitôt  est  envoyé  en  Ven- 
dée pour  y  organiser  la  cavalerie.  Il  est  nommé  le  2  juin 
pair  de  France.  Mais  les  forces  de  la  coahtion  s'avancent 
menaçantes.  Pajol,  mis  à  la  tète  du  4^^'  corps  de  cavalerie, 
va  établir  son  quartier  général  à  LaCapelle.  Placéàl'avant- 
garde  de  l'armée  de  Napoléon,  il  entre  à  Charleroi.  Le 
45  juin  1845,  son  corps  fait  partie  de  l'aile  droite  de  Grou- 
chy.  Le  16,  il  refoule  la  cavalerie  de  Ziethen,  attaque  Boi- 
giiéeet  Balâtre  et  se  rend  au  Point-du-Jour.  Le  47,  il  se 
porte  sur  la  chaussée  de  Namur,  se  rend  à  Saint-Denis. 
Le  18,  il  enlève  Limai  ;  le  49,  il  repousse  Thieimann  après 
une  lutte  extrêmement  vive  et  poursuit  quelque  temps  les 
l^russiens  en  déroute.  Mais  il  apprend  la  nouvelle  du  dé- 
sastie  de  Waterloo,  marche  alors  sur  Namur  et  bat  en 
retraite  sur  Hirson,  Rozoy  et  Chaumont.  Le  28,  il  arrête 
les  Prussiens  à  Villers-Cotterets  qu'il  dégage,  puis  il  re- 
joint l'armée  de  Grouchy  sous  les  murs  de  Paris.  Il  pro- 
posa des  mesures  énergiques  qui  ne  furent  pas  adoptées. 
\'A\  décembre,  il  était  mis  à  la  retraite  sur  sa  demande. 
Trop  actif  pour  se  reposer,  Pajol  crée  en  4846  une  Société 
de  navigation  accélérée  qui  ne  réussit  pas  et  qui  engloutit 
une  partie  de  sa  fortune  (4849).  Il  pose  alors  sa  candi- 
dature à  la  députation  à  Besançon  et,  combattu  à  outrance 
par  le  gouvernement,  échoue.  Il  achète  leParaclet,  le  fait 
restaurer,  y  établit  en  4823  une  fabrique  de  limes  et  d'ou- 
vrages en  acier.  En  4827,  il  se  lance  de  nouveau  dans  la 
•politique,  combat  les  ministères  Villèle  et  Martignac  qu'il 
accuse  de  délaisser  nos  places  fortes.  En  4830,  il  prit  la  di- 
rection du  mouvement  contre  les  ordonnances,  marcha  sur 
Rambouillet.  Nommé  gouverneur  de  Paris,  il  eut  fort  à  faire 
pour  maintenir  l'ordre  dans  la  période  d'agitations  mar- 
ifuée  par  le  procès  des  ministres  de  Charles  X,  et  réprima 
vigoureusement  les  émeutes  de  1831  et  1832.  Nommé  pair 


de  France  (1831),  il  î>'occupa  avec  ardeur  des  questions 
militaires  et  se  signala  par  un  projet  de  mobilisation  fort 
étudié.  Les  dernières  années  de  sa  vie  furent  très  mouve- 
mentées :  les  émeutes  de  4834  et  de  1839,  les  attentats  de 
4835  et  de  4836  nécessitèrent  une  attention  et  des  émo- 
tions continuelles.  Le  29  oet.  1842,  il  était  assez  injuste- 
ment mis  à  la  retraite  et  il  mourait  deux  ans  après.  La 
ville  de  Besançon  lui  a  éle\é  une  statue. 

Son  fils  Charles-Paid-Vieto}\  né  à  Paris  le  7  août  1 842, 
mort  à  Paris  le  3  avr.  4891 .  entré  dons  l'armée  après  avoir 
passé  par  l'Ecole  de  Saint-Cyr,  servit  brillamment  en  Al- 
gérie et  remplit  phisieurs  missions  en  Gvèci,  Angleterre, 
Russie,  etc.  Il  fit  encore  la  campagne  de  Crimée  et  d'Ita- 
lie où  il  était  chef  d'état-major  de  la  cavalerie  de  la  garde. 
En  4870,  il  était  général  de  division.  Envoyé  à  l'armée  du 
Rhin,  il  fut  fait  prisonnier  à  Metz.  Après  la  paix,  il  com- 
manda une  division  à  Versailles,  puis  à  Compiègne,  et  pas^a 
dans  le  cadre  de  réserve  en  4 877.  Remarquablement  doué, 
comme  artiste  et  comme  historien,  il  a  donné,  entre  autres 
ouvrages  de  statuaire,  la  statue  de  son  père  et  celle  de 
Napoléon.  Comme  historien  on  lui  doit  :  Pajol  génJral 
en  chef  (Paris,  4874,  5  vol.  in-8)  ;  Atlas  des  iliné- 
raires  de  Pajol  (Paris,  4874,  in-4);  les  Guerres  sous 
Louis  XV  (Paris,  4881-94,  7  vol.  in-8),  très  importante 
monographie  fort  documentée.  R.  S. 

BiBL.  :  Comte  Pajol,  Pajol  génévcil  en  chef;  Paris,  187  I. 
3  vol.  in-8.  —  Tnou\rAS,  les  Grands  Cavaliers  du  premier 
Empire;  Paris,  1892,  t.  II.  —  Choppix,  Pajol^  dans  Jour- 
nal des  sciences  militaires,  1890. 

PAJON  (Claude),  sieur  de  LaDjre,  théologien  protes- 
tant français,  né  à  Romorantin  en  4626,  mort  à  Carré 
(Orléanais)  le  27  sept.  4685.  De  tendance  libérale,  il  fut 
nommé  professeur  à  Saumur  en  4666,  mais  se  retira  dès 
4668  devant  les  attaques  persistantes  de  ses  adversaires 
dogmatiques,  et  reprit  le  ministère  pastoral.  Ses  disciples 
le  compromettaient  en  exagérant  sa  pensée.  Le  pajonisme, 
comme  on  a  dénommé  son  enseignement,  est  un  rejeton 
de  l'amyraldisme  (V.  Amyraut  [Moïse]).  Les  théologiens 
de  Saumur  insistaient  sur  Félément  moral  et  personnel 
dans  la  conversion,  que  leurs  adversaires  orthodoxes  et 
prédestinatiens  attribuaient  à  un  pur  mouvement  de  la 
grâce.  Pajon  pensait  que  l'assentiment  donné  à  la  parole 
de  Dieu  par  le  pécheur  persuadé  suffisait  pour  expli- 
quer la  régénération  :  ce  qui  fut  condamné  sous  le  nom 
de  concours  de  la  volonté  humaine  dans  l'œuvre  de  la  ré- 
génération. Deux  œuvres  de  controverse  de  Pajon  étaient 
fort  estimées.  F. -H.  Iv. 

HiBL.  :  A.  SciiWErjv.i'R,  Der  Pojonisnius,  dans  le  Theo- 
log.  Jahrhûcher  ;  Tubini^no,  1853.  —  F.  Puaux,  les  Pré- 
curseurs français  de  la  tolérance;  Paris,  1881.  —  MAiLiir.i, 
CL  Pajon;  Paris.  1883. 

PAJOT  (Louis-Léon,  comte  d'O^SEMBUAv),  mécanicien 
et  collectionneur  français,  né  à  Paris  le  25  mars  4678, 
mort. à  Bercy  (auj.  Paris)  le  22  févr.  175  i.  Fils  d'un  di- 
recteur général  des  postes,  il  succéda  à  son  père  en  1708, 
devint  l'un  des  confidents  de  Louis  XIV  et  fut  nommé  au 
début  du  règne  de  Louis  XV  intendant  des  postes,  l! 
imagina  un  grand  Jiombre  de  machijies  nouvelles,  en 
acquit  ou  en  fit  exécuter  beaucoup  d'autres,  parmi  les 
plus  rares  et  les  plus  précieuses,  et  réunit  ainsi,  dajis  sa 
maison  de  campagne  de  Bercy,  la  plus  riche  (ollection  df 
mécanique  de  l'époque.  Il  la  légua  à  TAcadémie  des  sciences 
de  Paris,  qui  l'avait  élu  en  4716  membre  lionoraire.  Il 
est  l'auteur  de  nombreux  mémoires  et  descriptions  de 
machines  insérés  dans  les  recueils  de  cette  so^'iétè 
(4734-50). 

Bir.L.  :  GiiANDJiîAN  de  Fouciiy,  Eloge  de  Pajol  cVOnbein- 
brag^  dans  le  llecaeil  de  VAcad.  des  se,  1753. 

PAJOT  (Charles),  accoucheur  français,  né  à  Paris  le 
48  déc.  4846,  mort  à  Paris  le  25  juil.  4896.  Reçu  agrégé 
de  la  Faculté  en  4853,  il  devint  professeur  d'accouchemeni 
en  4863  et  professeur  de  clinique  obstétricale  en  4883.  il 
avait  débuté  dès  4812  par  un  enseignement  libre  qui  avait 
eu  le  plus  grand  succès.  Pajot  fut  le  modèle  du  profes- 
seur et  un  excc»llent  opérateur.  Parmi  ses  nombreuses  pu- 


PAJOT  —  PALACIO 


—  81G  — 


blications,  citons  ;  la  deuxième  partie  du  Traité  d'accou- 
chements de  P.-A.  Dubois  (1849-60),  devenu  par  la  sute 
le  Iraité  complet  de  Fart  des  accouchements  (Paris, 
4871-75,  2  vol.  in-8);  Iravaux  d'obstétrique,  de  gyné- 
cologie, précédés  d'éléments  de  pratique  obstétricale 
(Paris,  ISS'^,  in-8).  C'est  lui  qui  a  fondé  et  dirigé  les 
Annales  de  gynécologie,  D^  L.  Hn. 

PAJOT  (François-Cliristophe),  homme  politique  fran- 
çais, né  à  Arnay-le-Yieil  (Cher)  le  30  juin  1844.  Méde- 
cin vétérinaire,  il  fut  élu  député  du  Cher  en  1885,  réélu 
à  Saint-Amand  en  1889, 1893  et  1898.  Il  appartient  au 
parti  radical  sociaUste. 

PAJOU  (Augustin),  statuaire  français,  né  à  Paris  en 
1730,  mort  à  Paris  en  1809.  Il  eut,  de  son  vivant,  une 
très  grande  renommée  et  exerça  sur  l'art  français  une 
influence  considérable.  Créateur  de  la  manière  moderne 
dans  laquelle  excellèrent  Rude  et  David  d'Angers,  il  dut 
son  talent  à  lui-même.  Son  père,  ornemaniste  sur  bois 
du  faubourg  Saint-Antoine,  voulait  faire  de  lui  un  ouvrier, 
mais  ses  aptitudes,  qui  se  révélèrent  de  bonne  heure,  lui 
valurent  la  protection  de  quelques  connaisseurs.  Grâce  à 
eux,  il  fut  admis  dans  l'atelier,  alors  réputé,  de  Lemoyne 
et  s'y  appliqua  si  activement  qu'en  1748  l'Académie  lui 
décerna  le  premier  grand  prix  de  sculpture.  Ce  succès  lui 
donna  immédiatement  de  la  vogue,  mais  il  n'en  abusa 
point,  et,  au  lieu  de  gagner  de  l'argent  comme  en  le  lui 
conseillait,  il  partit  pour  l'Italie,  sachant  à  peine  lire  et 
écrire.  X  Rome,  il  étudia  avec  tant  de  zèle  qu'à  son  retour 
à  Paris,  il  possédait  ad  unguem  les  classiques  grecs  et 
latins.  Son  Pluton  qui  tient  Cerbère  enchaîné  fit  évé- 
nement en  1760.  C'était  une  réaction  contre  l'école  ré- 
gnante, et  la  hardiesse  révélée  par  cette  œuvre  détermina 
un  nouveau  courant.  Pajou  fut  bientôt  le  statuaire  à  la 
mode.  Le  roi  et  toute  la  cour  voulurent  avoir  leur  buste 
de  ce  maître.  11  exécuta  le  fronton  de  la  cour  du  Palais- 
Royal,  des  hauts-reliefs  au  Palais-Bourbon  et  à  la  cathé- 
drale d'Orléans,  un  groupe,  Vlmpératrice Elisabeth  dé- 
corant la  princesse  de  liesse,  et  un  très  grand  nombre 
de  statuettes  en  marbre,  bronze  et  argent.  Sous  Louis  XVI, 
il  fut  chargé  des  statues  de  Descartes,  Tarenne,  Pascal, 
Bossuet,  Buffon.  Son  buste  de  i}P''^'  du  i><7/ 77/ passe  pour 
son  chef-d'œuvre.  On  n'en  peut  dire  autant  de  sa  grande 
figure  de  Psyché  qui  fut  très  critiquée,  surtout  parce 
qu'au  lieu  de  rester  dans  la  tradition  mythologique  et  dans 
le  poncif  chissi(|ue,  il  prit  pour  mod'de  une  femme  du 
peuple,  et,  comme  on  le  lui  reprocha,  «  une  fille  à  la 
mode  ».  Son  nom  s'attache  pour  les  Parisiens  à  la  recons- 
truction de  la  Fontaine  des  Innocents,  où  il  ajouta  trois 
figures  aux  cinq  merveilleuses  Naïades  de  Jean  Goujon. 
Ce  fut  le  triomphe  de  Pajou,  mais  aussi  hi  fin  de  sa  car- 
rière. Malgré  les  honneurs  et  la  gloire  —  il  était  direc- 
teur du  Cabinet  des  antiques  et  membre  de  l'Institut  — 
la  Iristesse  raccabhî.  Il  su(;comba  à  ses  infirmités.  Sa 
dernière  œuvre  est  la  statue  de  Démoslhène,  qu'il  fit  pour 
le  palais  du  Sénat.  —  Son  iils,  Jacques- Augustin,  né  à 
Paris  en  1766,  fut  un  peintre  d'histoire  du  premier  Em- 
pire. On  lui  doit  des  portraits  de  VEmpereur  Napo- 
léon J'^^  et  de  plusieurs  de  ses  maréchaux.     Ch.  Simo^u. 

PÂKH  (Albert),  publiciste  hongrois,  né  à  Rozsnyo  en 
18i2o,  mort  à  Budapest  en  1867.  Il  fit  ses  études  de  droit 
à  Debreczen  011  il  se  lia  avec  Petoii.  Rédacteur  du  Pesti 
Hirlap  en  1845,  il  fonda,  en  1854,  le  meilleur  journal 
illustré  hongrois,  Vasdrnapi  Ujsdg,  qu'il  rédigea  pendant 
douze  ans.  Pâkh  est  un  des  meilleurs  humoristes  de  son 
pays.  Il  était  membre  de  l'Académie  et  de  la  société  Kis- 
faludy.  Celte  dernière  a  édité  ses  Tableaux  humoris- 
tiiiues.  J.  K. 

BiiîL.  :  Elo(jcs  de  Paul  Gyulai  et  de  Charles  Szâsz. 

PAK  HOI  (prononciation  cantonaise,  en  langue  man- 
darine Pei  hai).  Ville  chinoise  dans  la  préfecture  de  Lien 
tcheou,  province  de  Koang  tong.  Port  d'entrée  facile,  ti- 
tué  au  fond  du  golfe  du  Tonkin  et  commerçant  depuis  des 
siècles  avec  l'Annam  ;  ouvert  au  commerce  étranger  par 


la  convention  de  Tchi  fou  (1876).  Chmat  salubre.  Popu- 
lation de  25.000  ànies  ;  exportation  :  peaux  de  buffle, 
unis,  indigo,  sucre.  M.  C. 

BiBL.  :  Returns  of  Irade  and  trade  reports  for  China, 
publiés  à  Chang-haV  par  les  Douanes  eliiuoises. 

PAKINGTON  (John  Somerset),  homme  politique  anglais, 
né  le  20  févr.  1799,  mort  à  Londres  le  9  avr.  I88O'.  Fils 
de  William  Russell,  il  hérita  en  1831  du  nom  et  du  titre 
d'un  de  ses  oncles,  le  baronnet  Pakington.  Député  conser- 
vateur de  Droitwich  de  1837  à  1874,  il  ne  tarda  pas  à 
prendre  de  l'influence  à  la  Chambre  des  communes,  s'oc- 
cupant  beaucoup  des  questions  d'affaires  et  attaquant  à 
plusieurs  reprises,  avec  une  certaine  vigueur,  le  gouver- 
nement libéral.  Lord  Derby  le  fit  entrer  dans  son  cabinet 
de  1852  avec  le  portefeuille  de  la  guerre  et  des  colonies 
et  dans  son  cabinet  de  1858  avec  le  titre  de  premier  lord 
de  l'amirauté,  fonctions  qu'il  rempLt  de  nouveau  dans  le 
troisième  cabinet  Derby  de  iS66  et  qu'il  échangea  pour 
celles  de  secrétaire  d'Etat  à  la  guerre,  en  remplacement  du 
général  Peel.  Battu  à  Droitwich  aux  élections  de  1875,  il 
fut  créé  baron  Hampton  et  entra  à  la  Chambre  des  lords. 
Grand  travailleur,  il  s'était  attaché  depuis  1855  à  la  ré- 
forme de  l'enseignement  et  il  fit  preuve,  en  ces  matières, 
de  vues  beaucoup  plus  larges  et  plus  élevées  qu'aucun  des 
hommes  d'Etat  conservateurs  du  temps.  R.  S. 

PAKLUN6  ou  PAKLOUNG.  Cap  du  golfe  du  Tonkin, 
situé  dans  le  voisinage  de  la  frontière  franco-chinoise,  il 
fut  un  instant  occupé  par  des  soldats  détachés  du  poste 
de  Mong-Kaï  et  a  été  rendu  aux  Chinois  par  le  traité 
de  1887. 

PAKPATTAN.  Ancienne  ville  de  l'Inde,  aujourd'hui 
déchue,  district  de  Montgomery,  division  de  Moultan 
(Pendjab);  6.000  hab.  Elle  a  été  désertée  par  le  Sattledj, 
dont  jadis  elle  détenait  le  bac  principal,  celui  par  ou  pas- 
sèrent Mahmoud  de  Ghazni  et  Tamerlan. 
PAKRADOUNI(V.  BAGRAiir.Es). 
PAL.  Peine  DU  pal.  — Supplice  usité  dans  les  pays  oiien- 
taux  consistant  à  embrocher  le  condamné  sur  une  tige  de 
bois  à  pointe  émoussée  que  Ton  enfonce  par  l'anus.  Le  bour- 
reau étend  le  patient  à  terre,  l'assujettissant  sous  un  bât 
d'âne,  et  à  coups  de  maillet  enfonce  le  pal  d'une  cinquantaine 
de  centimètres  ;  puis  on  redresse  le  pal  et  on  le  plante  en 
terre,  le  poids  du  corps  le  faisant  peu  à  peu  pénétrer  jusqu'à 
ce  qu'il  ressorte  par  l'abdomen,  l'aisselle  ou  le  haut  de 
la  poitrine  ;  la  pointe  mousse  déplace  et  comprime  les 
organes  sans  les  percer  et  détermine  d'atroces  souffrances, 
encore  accrues  par  l'exposition  au  soleil.  On  cite  des  pa- 
tients qui  vécurent  trois  jours. 

Blason.  —  Pi' ce  honorable  qui  rappelle  le  pal  ou 
pieu  fiché  en  terre,  ou  encore  celui  ([ui  soutenait  le  fer  de 
la  lance.  Quand  il  est>seul,  il  occupe  le  tiers  et  le  milieu 
de  l'écu,  dans  le  sens  de  la  hauteur.  Quand  le  nombre  des 
pals  augmente,  leur  largeur  est  moindre.  Un  pal  réd,  it 
au  tiers  de  sa  largeur  prend  le  nom  de  vergette. 

PALACIO  (Manuel  del),  poète  espagnol,  né  à  Lérida  le 
24  déc.  1832. 11  fit  quelques  études  littéraires  à  Grenade, 
et,  s'étant  rendu  à  Madrid  très  jeune,  il  s'adonna  au  jour- 
nahsme  poHtique  dans  la  Discusion,  elPueblo,  G  il  Bios, 
et  d'autres  feuilles  radicales.  Ses  attaques  satiriques  contre 
la  cour  et  le  gouvernement  lui  valurent  d'être  déporté  à 
Puerto-Rico,  d'où  il  revint  dans  la  Péninsule  après  la  ré- 
volution de  1868.  Il  a  occupé  depuis  lors  des  emplois 
dans  l'administration  publique  et  dans  la  carrière  diplo- 
matique. En  1892,  il  fut  élu  membre  de  l'Académie  espa- 
gnole. Parmi  ses  compositions  publiées  en  volume,  il  faut 
citer  :  Cabetas  y  Calabazas;  Adriana;  Juan  Bravo  el  Co- 
munero;  De  fetuanà  Valencia;  un  lÂberal  pasado  par 
agita;  Fruta  verde  (1881);  Veladas  de  otono  (1885); 
Melodias  inlùnas  (1884);  Blanca  (1885)  ;  el  Niiïo  de 
nieve  (1889),  la  plupart  en  vers.  Il  a  donné  aussi  des 
traductions  d'ouvrages  dramatiques  français.       R.  A. 

PALACIO  Values  (Armando),  critique  et  romancer 
espagnol,  né  à  Entralgo  (Asturies)  en  oct.  1853.  A  seize 


817 


PALACIO  ~  PALACKY 


ans,  il  se  rendit  à  Madrid  pour  y  étudier  le  droit  avec 
Tuero,  Alas  et  autres  jeunes  gens  de  son  pays  qui,  comme 
lui,  sont  devenus  des  littérateurs  et  journalistes  notables. 
Avec  eux  il  fonda  un  périodique  satirique,  leliahagas,  qui 
dura  peu,  et  en  1872  il  entra  dans  la  rédaction  du  Cro- 
nista,  journal  de  Romero  Robledo.  Il  écrit  aussi  dans  le 
Solfeo,  fondé  par  Sanchez  Ferez  (1875)  et  dirigea  pen- 
dant quelque  temps  l'importante  Revista  europea.  Pen- 
dant toute  cette  époque,  ses  travaux  ont  été  surtout  des 
travaux  de  critique  littéraire,  d'un  caractère  satirique 
très  accentué.  Il  faut  :  citer  los  Novelidas  espanoles 
(1871);  los  Oradores  del  Ateneo  (1878)  ;  yuevo  Viaje 
al  Parnaso  (1879)  et  la  Literatura  en  ISSi  (en  col- 
laboration avecLeopoldo  Alas).  Le  succès  de  son  premier 
roman,  el  Senorito  Octavio  (1881),  Tentraina  à  aban- 
donner le  journalisme  et  la  critique.  Depuis  1881,  il  a  pu- 
blié :  el  Idilio  de  un  enferma,  un  de  ses  ouvrages  les 
plus  réussis;  River  ita;  Maxmina;  Maria  y  Maria;  Ayuas 
fuerles  (recueil  de  nouvelles);  José,  roman  de  mœurs 
maritimes;  el  Quarto poder;  la  Hermana  San Sulpicio ; 
la  Espuma;  la  Fe;  el  Origen  del  pensamiento  ;  el 
Maestrante,  et  los  Majosde  Cadix  (iSdl).  Presque  tous 
ces  romans  ont  été  traduits  en  français,  anglais,  alle- 
mand, suédois,  hollandais,  russe  et  hongrois,  et  même  el 
Origen  del  pensamiento  fut  publié  d'abord  dans  une  re- 
vue des  Etats-Unis,  où  les  livres  de  Palacio  Valdés  ont 
un  public  nombreux.  Il  est  excellent  dans  la  peinture  sa- 
tirique des  mœurs  de  la  bourgeoisie  et  du  monde  aristo- 
cratique (dans  la  Espuma).  Ses  nouvelles,  d'une  finesse 
et  d'un  sentiment  exquis,  valent  ses  romans. —  On  a  com- 
mencé à  publier  une  édition  des  œuvres  complètes  de  Pa- 
lacio Valdés.  R.  Altamira. 

PALACIOS  (Francisco),  peintre  espagnol,  né  à  Madrid 
vers  1640,  mort  à  Madrid  en  1676.  Il  fut  élève  de  Diego 
Velazquez  et  montra  de  bonne  heure  de  remarquables  dis- 
positions pour  la  pei'nture  des  portraits  ;  il  les  exécutait, 
(lisent  ses  biographes,  avec  infiniment  de  goût  et  de  brio 
et  très  ressemblants.  La  mort  de  Velazquez  arriva  trop  tôt 
pour  Palacios  qui  avait  alors  une  vingtaine  d'années.  L'ar- 
tiste, privé  de  son  maître,  échoua  dans  ses  tentatives  d'abor- 
der les  grandes  compositions  religieuses  ou  historiques.  On 
connaît  fort  peu  d'ouvrages  de  lui  ;  Cean  Bermudez  ne  cite 
qu'un  seul  tableau  :  Saint  Onufre,  appartenant  à  l'église 
des  Recogidas;  quelques  autres,  qu'il  ne  décrit  pas,  figu- 
reraient dans  des  collections  particulières.  P.  L. 

PALACIOS  RuBios  (Juan-Lopez  de  Vjvero  6  de),  ju- 
risconsulte espagnol,  né  à  Palacios  Rubios  (petit  village 
de  Salamanque)  en  1447,  mort  en  1523,  conseiller  des 
rois  catholiques  et  un  des  savants  les  plus  considérables 
de  son  époque.  Il  fut  professeur  aux  Universités  de  Sala- 
manque et  de  Valladolid,  et  juge  (Oidor)  dans  la  Cfian- 
cilleria  de  cette  dernière  ville,  puis  conseiller  des  Indes. 
Quand  la  reine  Isabelle  P^,  poussée  par  les  vœux  des 
(Portés,  tacha  de  mettre  un  peu  d'ordre  dans  la  législation 
de  Castille,  Palacios  Rubios  fut  un  des  membres  de  la 
commission  instituée  à  cet  effet,  et  les  Leyes  de  roro,qui 
en  furent  le  résultat,  portent  sur  plusieurs  points  l'em- 
preinte des  doctrines  de  Palacios.  Pour  l'intelligence  de 
ces  lois,  il  écrivit  les  Comentarios,  très  appréciés  par  les 
jurisconsultes.  Son  nom  est  aussi  mêlé  à  la  conquête  du 
royaume  de  Navarre,  pour  avoir  écrit  un  livre  (par  ordre 
du  roi  Ferdinand)  sur  la  justification  juridique  de  cette 
conquête.  Il  publia  encore  un  traité  des  Donaciones  entre 
marido  ij  mujer,  dont  les  avocats  espagnols  ont  profite 
largement  pendant  des  siècles,  et  un  autre  sur  le  Real 
Patronalo,  Deux  études  sur  la  Polit ica  et  el  Principe. 
et  une  troisième  sur  les  Indes  sont  inédites.       R.  A. 

BiBL.  :  La  Fuente,  Palacios  Riiblos  consldanido  bujo  el 
ospecto  de  su  importancia  juridica,  poliilca  y  literuria,  et 
Nuevas  noticias  acerca  de  Palacios  Rabws.  Descabn- 
miento  de  su  libro  sobre  las  Indlas...,  dans  la  Rec.  gen.  de 
Lecj.  y  Jurisp,  vol.  XXXIV  et  XXXVI. 

PALACKY  Frantisek  (François),  historien  tchèque,  né 
à  Hodsiawice  en  Moravie  le  1  i  juin  1798,  mort  le  26  mai 

GRANDE    ENCYCLOeÉ-DIE.    —   XXV. 


1876.  Son  père  occupait  dans  ce  village  le  modeste  emploi 
de  maître  d'école,  et  Palacky  grandit  au  milieu  des  pay- 
sans bohèmes.  11  avait  commencé  ses  études  'supérieures 
à  Presbourg,  au  lycée  évangéliste.  On  y  faisait  les  cours 
en  latin,  mais  Palacky  étudiait  en  dehors  de  l'école  les 
langues  vivantes,  les  littératures  étrangères  et  surtout 
l'esthétique,  seule  partie  de  philosophie,  qui  fut  alors 
cultivée  en  Autriche  avec  une  liberté  complète.  La  con- 
naissance plus  approfondie  de  la  littérature  tchèque,  an- 
cienne et  moderne,  éveilla  en  lui  le  sentiment  national. 
Il  écrivit  pendant  quelque  temps  dans  Tydennik,  que  di- 
rigeait Palkovitch,  mais  celui-ci  était  conservateur  en  lit- 
térature; ils  se  séparèrent.  Le  monde  littéraire  connut 
Palacky  par  sa  traduction  d'Ossian  (1817)  et  par  les  Prm- 
cipes  de  la  poésie  tchèque  (1818),  qu'il  avait  écrits  en 
collaboration  avec  le  célèbre  Safarik.  Palacky  passa  en- 
suite quelcpie  temps  comme  précepteur  dans  de  riches 
familles  et  publia,  dans  le  Krok,  des  articles  sur  l'esthé- 
tique. En  18^23,  il  vint  à  Prague  et  fut  reçu  à  bras  ou- 
verts par  les  savants  et  littérateurs  tchèques.  Dobrovsky 
le  mit  en  rapport  avec  les  comtes  de  Sternberg,  et  c'es'^t 
de  ces  relations  que  sortit  la  fondation  de  la  Revue 
du  musée  de  Bohème,  dont  Palacky  fut  rédacteur  jus- 
qu'en 1838.  En  18:27,  les  Etats  de  Bohème  lui  offrirent 
de  préparer  une  nouvelle  édition  de  V Histoire  de  la  Bohème 
dePubicka  (Prague,  1776-1808,  6  vol.).  Palackv  accepta 
la  tâche,  après  avoir  fait  agréer  un  nouveau  plan.  On  lui 
conféra  le  titre  d'historiographe  de  Bohème  (1829),  titre 
qui  lui  fut  officiellement  confirmé  en  1839.  Après' avoir 
fini  les  travaux  préparatoires  et  visité  les  archives  les 
plus  importantes  de  l'Europe,  il  donna,  en  1836,  le  pre- 
mier volume  de  sa  Geschichte  von  Bôhmen,  qui  fut  con- 
tinuée plus  tard  en  tchèque.  Jusqu'à  sa  mort,  il  en  avait 
cinq  volumes  et  était  arrivé  à  l'année  1526.  U Histoire 
de  la  Bohème  de  Palacky  est  une  œuvre  capitale,  écrite 
d'après  toutes  les  règles  de  la  critique  historique.  Non 
seulement  les  érudits  tchèques  et  étrangers  (excepté  quel- 
ques patriotes  allemands)  reçurent  cet  ouvrage  avec  en- 
thousiasme, mais  aussi  le  peuple  tchèque. 

Au  moment  critique,  en  1848,  Palacky  historien  fut 
reconnu  chef  politique  de  son  peuple.  En  effet,  en  ce  mo- 
ment, la  Bohème  était  en  proie  à  une  agitation  indicible, 
de  même  que  l'Allemagne.  L'Autriche,  après  la  révolu- 
tion de  mars,  adopta  un  gouvernement  constitutionnel,  mais 
les  Tchèques  ne  voulurent  pas  se  perdre  dans  l'assemblée 
des  Chambres  autrichiennes.  La  Bohême  voulait  un  par- 
lement à  elle,  un  gouvernement  à  elle,  un  ministère  res- 
ponsable qui  siégerait  à  Prague  et  (pii  s'occuperait  des  in- 
térêts slaves.  L'âme  de  ce  mouvement  était  Palacky.  Il 
était  membre  du  comité  national,  et  c'est  lui  qui  ouvrit  à 
Prague,  le  2  juin,  le  congrès  général  des  Slaves.  La  con- 
vocation du  parlement  à  Francfort  n'était  pas  favorable 
aux  intérêts  de  la  Bohême.  En  effet,  si  l'Autriche  y  envoie 
ses  députés  et  si  elle  se  fondait  dans  l'unité  de  l'empire 
d'Allemagne,  la  Bohême  y  sombrerait  ;  l'Autriche  devait 
s'organiser,  en  dehors  de  ce  mouvement,  en  Etat  fédératif, 
où  les  Allemands,  les  Tchèques  et  les  autres  Slaves  con- 
serveraient leurs  droits  (déclaration  du  21  mars).  L'Au- 
triche j  trouva  son  compte  et  encouragea  ce  mouvement. 
Le  comité  de  cinquante,  réuni  à  Francfort,  pour  préparer 
la  convocation  du  parlement  national,  avait  cru  devoir 
inviter  Palacky  à  partager  ses  travaux.  Palacky  répondit 
négativement.  «  En  vérité,  disait-il,  si  FAutriche  n'exis- 
tait pas,  il  faudrait  h\  créer  dans  l'intérêt  de  l'Europe.  » 
De  cette  façon  seulement,  son  peuple  et  Jes  autres  Slaves 
de  l'Autriche  pouvaient  être  protégés  ronlre  le  j^erma- 
nisme.  Il  sembla  un  instant  que  ce  beau  rêve  allait  se 
réaliser.  Le  gouvernement  autrichien,  effrayé  dès  desseins 
du  comité  de  Francfort,  se  retrancha,  pendant  quelques 
semaines,  derrière  le  mouvement  tchèque.  Palacky  fut 
appelé  deux  fois  à  prendre  le  portefeuille  de  l'instruction 
publique  dans  le  ministère  Pillersdorf,  qu'il  refusa  pour 
des  raisons  politiques.  Mais  tout  ce  mouvement  échoua. 


PALACKY  —  PALAFOX  —  818 

Dans  la  désorganisation  des  tendances  politiques,  l'Au- 
triche, ébranlée  de  tous  les  côtés,  fit  un  effort  et  établit 
une  centralisation  impérieuse  par  la  constitution  du  4  mars 
1849.  Le  programme  de  Palacky  et  celui  de  Francfort 
furent  également  repoussés.  Après  ces  événements,  Pa- 
lacky se  retira  de  la  politique,  mais  en  1860,  après  le 
diplôme  du  20  oct.,  son  activité  politique  recommence. 
Le  «  diplôme  »  remplacé  par  la  constitution  du  26  févr. 
1861,  Palacky  fut  nommé  par  l'empereur  membre  du  sé- 
nat de  Vienne  {Eerrenhaus) .  Palacky,  comme  historien 
et  homme  politique,  est  un  des  principaux  promoteurs  du 
mouvement  national  en  Bohème.  En  1898,  le  cente- 
naire de  sa  naissance  a  été  solennellement  célébré  dans 
toute  la  Bohème.  Tous  les  peuples  slaves  y  ont  pris  part, 
soit  par  des  délégués  spéciaux,  soit  par  des  adresses. 
Outre  son  Histoire  de  la  Bohème,  Palacky  a  écrit  de 
nombreuses  monographies,  citons  :  Contributions  à  r his- 
toire de  la  Bohême  et  des  pays  voisins,  dans  Fontes 
rerum  Austriacarum  {y ienne,  1860);  Documenta  M.  J. 
Hus  vitam,  doctrinam,  etc.,  illustrantia  (Prague, 
1869),  etc.  M.  GAVRiLovrrcH. 

BiDL.  :  Saint-René  Taillandier,  l'Histoire  et  Vhisiorien 
de  la  Bohême,  Franz  PaUichy,  dans  Revue  des  Deux 
Mondes,  avr.  1855.  —  Pypin  et  Spassovitch  {trad.  Traugott 
Pecli),  Geschichte  der  slawischen  Lïleriiliiren  ;  LeipyAg, 
1884,  vol.  IL—  Dr.  Mathias  Murko, DeutscJie  Einflàsse  aûf 
die  Ànfànger  der  bôhmischen  RomuniUi  ;  Graz,  1897,  etc. 

PALADILHE  (Emile) ,  compositeur  français,  né  à  Mont- 
pellier (Hérault)  le  3  juin  1844.  M.  Paladilhe  fut  une 
sorte  d'enfant  prodige  :  il  donna  de  très  bonne  heure 
les  preuves  d'une  organisation  particulièrement  bien  douée 
pour  la  musique.  Elève  d'abord  de  son  pÎTe  et  de  dom 
Boixet,  organiste  de  la  cathédrale,  il  fut  admis  fort  jeune  au 
Conservatoire  de  Paris  où  il  travailla  avec  un  égal  succès 
l'orgue,  le  piano  et  la  composition  avec  Benoist,  Marmon- 
lel  et  Halévy.  En  1860,  à  l'âge  de  seize  ans,  il  rempor- 
tait le  prix  de  Rome.  C'est  pendant  son  séjour  à  Rome 
qu'il  composa  une  mélodie,  charmante  d'ailleurs,  qu'il  faut 
citer  pour  le  succès  extraordinaire  qu'elle  a  remporté. 
Mandolinata,  tel  est  le  titre  de  cette  petite  pièce,  dont 
la  gloire  est  peut-être  devenue  importune  à  son  auteur. 
Paladilhe  devait  bientôt  se  faire  connaître  par  des  œuvres 
plus  sérieuses  :  une  messe  avec  orchestre,  deux  sympho- 
nies; un  opéra-comique  en  un  acte,  te  Passant  (187^2), 
adaptation  lyrique  de  la  comédie  de  M.  François  Coppée  ; 
r  Amour  africain,  deux  actes  (1875);  Suzanne  (1879), 
charmant  ouvrage  en  trois  actes  donné  à  l'Opéra-Co- 
mique;  Diana,  trois  actes  (1885);  et  enfin  Pairie,  grand 
opéra  en  cinq  actes,  représenté  en  1886  sur  la  scène  de 
l'Opéra  avec  succès.  M.  Paladilhe  a  écrit,  en  outre,  un 
assez  grand  nombre  de  mélodies  pour  chant  et  piano.  Cet 
artiste  est  membre  de  l'Institut  depuis  1892.  H.  Q. 

PALADI N ES  (Louis- Jean-Baptiste  d'AuRELLi^  de),  géné- 
ral français,  né  au  Malzieu  (Lozère)  le  9  janv.  1804,  mort 
le  18  déc.  1877.  Sorti  de  Saint-Cyr,  il  fit  son  servire  en 
Afrique  de  1841  à  1848,  date  à  laquelle  il  devint  colonel 
du  64®  de  ligne.  Après  la  campagne  de  P\.ome,  il  fut  promu 
général  de  brigade  (1851)  et,  après  la  guerre  d'Orient, 
général  de  division  (1855).  Il  exerça  son  commandement 
à  Marseille,  puis  à  Metz,  et  passa  en  1869  au  cadre  de 
réserve.  En  1870,  il  fut  chargé  de  la  9^  division  militaire, 
et,  le  14  oct.,  Gambetta  l'appela  à  commander  la  première 
armée  do  la  Loire  ;  les  hésitations  et  le  manque  d'énergie 
dont  le  général  d'Aurelle  de  Paladines  fit  preuve  firent 
échouer  toutes  les  espérances  qu'avait  inspirées  l'armée 
de  la  Loire  ;  il  débuta  cependant  par  un  succès  à  Coulmiers 
contre  l'armée  du  général  Von  der  Thann,  mais  n'eut  plus 
ensuite  que  des  re\ers  suivis   de  retraites  (V.  Fraxco- 
Allemande  [Guerre]).  Le  6 déc,  Gambetta  lui  enleva  son 
commandement  :  le  général  d'Aurelle  demanda  à  être  tra- 
duit devant  un  conseil  de  guerre  et  refusa  par  la  suite  le 
commandement  que  lui  offrait  Gambetta.  Le  8  févr.  1871, 
le  général  fut  nommé  député  à  l'Assemblée  nationale  dans 
l'Allier,  département  pour  lequel  il  opta,  et  dans  la  Gi- 


ronde. Thiers  le  nomma  commandant  de  la  garde  natio- 
nale le  5  mars,  mais  l'impopularité  de  d'Aurelle  ne  lui 
permit  de  jouer  aucun  rôle.  Dans  l'Assemblée,  il  siégeait 
avec  les  réactionnaires  cléricaux.  En  sept.  1873,  il  reçut 
le  commandement  du  18^  corps,  mais  se  démit  en  janv. 
1874,  atteint  par  la  limite  d'âge.  Le  10  déc.  1875,  il  fut 
élu  sénateur  inamovible  et  questeur  du  Sénat  en  1876. 

Legénéral  d'Aurelle  de  Paladines  a  publié  la  Première 
armée  de  la  Loire  (i^l^),  récit  apologétique  de  son  com- 
mandement, où  il  s'attaque  à  la  Guerre  en  province  de 
M.  de  Freycinet;  il  n'eut  pas  l'avantage  dans  cette  contro- 
verse. Ph.  B. 

PALADI  NI  (Arcangela),  femme  artiste  italienne,  née  à 
Pise  en  1599,  morte  à  Florence  en  iij'l^.  Elle  se  distin- 
gua dans  la  peinture  de  portrait  et  fut  l'élève  de  son  père 
Filippo  (1544-1614).  La  grande-duchesse  de  Toscane, 
Marguerite  d'Autriche,  l'appela  à  sa  cour  et  la  combla  de 
faveurs.  Mariée  à  dix-sept  ans,  elle  fut  enlevée  à  la  fleur 
de  l'âge.  Arcangela  Paladini  ne  brilla  pas  seulement  dans 
la  peinture,  mais  aussi  dans  la  broderie,  créant  avec  son 
aiguille  les  mêmes  prodiges  qu'avec  ses  pinceaux  et  riva- 
lisant dans  cet  art  avec  les  Schiavone.  La  galerie  de  Flo- 
rence possède  d'elle  un  portrait  de  Marguerite  d'Autriche 
que  certains  critiques,  entre  autres  Lanzi,  appellent  un 
chef-d'œuvre.  Le  portrait  à' Arcangela  Paladini,  peint 
par  elle-même,  se  trouve  dans  la  galerie  des  artistes  à 
Florence. 

PALADRU.  Corn,  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  de  La  Tour- 
dii-Pin,  cant.  de  Saint-Geoire  ;  7^25  hab. 

Lac  de  Paladru.  —  Lac  de  5.500  m.  de  long  sur  550 
à  1.000  m.  de  large,  vaste  de  390  bect.,  d'une  profon- 
deur moyenne  de  25  m.,  maxima de  36  m.,  situé  à  501  m. 
d'alt.,  qui  se  déverse  par  laFure  (V.  Lèue  [Dép.]).  Très 
poissonneux,  il  est  parsemé  de  vestiges  d'habitations  la- 
custres. 

PAL/EO-VouMf  (V.  Hélicon). 
PAL.€OBLATTARI/E  (Paléont.)  (V.  Blatte  fossh.e). 
PAL>EPHENIX  (Paléont.)  (V.  Palmier), 
PAL/EOTRAGUS  (Paléont.)  (V.  Girafe). 
PAL.€OZAiyilA  (Paléont.)  (V.  Zâmia). 
PALAFITTES  (Anthrop.)  (V.  Lacustres). 
PALAFOX  DE  i^Ikxdoza  (Jean  de),  évoque  espagnol,  ne 
en  1600  dans  J'Aragoii,  mort  en  1659.   Il  fut^iommé 
en  1639  évèquo  d'Angélopolis  (Puebla  deslos  Angeles)  au 
Mexique,  avec  le  litre  de  juge  de  l'administration  des  trois 
vice-rois  des  Indes  occidentales.   Il  s'appliqua  à  protège]* 
les  Indiens  contre  la  cruauté  et  la  rapacité  des  I^spagiiols 
et  à  ne  point  laisser  employer  pour  leur  conversion  d'autres 
moyens  que  Ja  persuasion.  Les  jésuites,  puissamment  éta- 
blis dans  ces  pays,  lui  résistèrent  et  commirent  des  actes 
portant  atteinte  à  sa  juridiction.   Il  les  mit  en  interdit 
et  porta  plainte  contre  eux    devant  la  cour  de  Rome 
(25  mai  1647).  Un  bref  dlnnocentX  (14  mai  1648)  blâma 
les  jésuites  d'avoir  manqué  de  respect  envers  la  juridic- 
tion  épiscopale,  ]nais  refusa  d'approuver   les    censures 
prononcées  par  l'évêque.  Les  jésuites  feignirent  de  se  sou- 
mettre et  demandèrent  des  pouvoirs  àPalatox;   mais  ils 
dirigèrent  contre  lui  une  guerre  d'embûches  et  de  vexa- 
tions qui  le  força  à  porter  contre  eux  une  nouvelle  plainte 
(8  janv.  1649).   Cet  évêque  écrivait  au  pape  :  «  Quel 
autre  ordre  leligieux,  très  saint  Père,  a  été  aussi  pré_^u- 
diciabic  à  l'Eglise   universelle  et  a  remph  d'autant 'de 
troubles  toutes  les  provinces  chrétiennes!...  (Juel  autre 
ordre  s'est  jamais  si  fort  éloigné  des  véritables  principes 
de  la  religion  chrétienne  et  catholique?...  Leur  puissance 
est  aujourdliui  si  terrible  dans  l'Eglise  universelle,  leurs 
richesses  sont  si  grandes,  leur  crédit  si   extraordinaire, 
qu'ils  s'élèvent  au-dessus  de  toutes  les  dignités,  de  toutes 
les  lois,  de  tous  les  conciles,  do  toutes  les  constitutions 
apostoliques.  En  sorte  que  les  évêques  (au  moins  dans  cette 
partie  du  monde)  sont  réduits  ou  à  mourir  et  k  succomber 
en  combattant  pour  leur  dignité,  ou  à  se  soumettre  à  ce 
qu'ils  désirent,  ou  au  moins  à  attendre  l'issue  douteuse 


—  819 


PALAFOX  —  PALAIS 


d'une  cause  très  juste  et  très  sainte,  en  s'exposant  à  une 
infinité  de  hasards,  d'incommodités  et  de  dépenses,  et  en 
demeurant  en  continuel  péril  d'être  accablés  sous  leurs 
fausses  accusations.  »  Les  jésuites  déférèrent  cette  plainte 
au  roi  d'Espagne,  et  finalement  (1653)  parvinrent  à  faire 
transférer  Palafox  sur  le  siège  d'Osma,  petite  ville  de  la 
vieille  Castille.  —  Il  avait  joui  jusqu'à  Ja  fin  de  sa  vie 
d'un  renom  incontesté  de  science  et  de  sainteté.  En  i694, 
Charles  II  sollicita  sa  canonisation.  Quoique  Thyrse  Gon- 
zalès,  général  de  la  Société  de  Jésus,  fût  vivement  inter- 
venu pour  faire  écarter  cette  demande,  elle  fut  admise  à 
information  ;  elle  suivit  régulièrement  son  cours  jusqu'au 
pontificat  de  Pie  VI  ;  mais,  au  moment  décisif,  les  parti- 
sans des  jésuites  la  firent  rejeter.  —  Œuvres  complètes 
(Madrid,  i76'2,  15  vol.  in-fol.).  L'une  d'elles  a  été  tra- 
duite par  Collé  :  Histoire  de  la  conquête  de  la  Chine 
par  les  Tar tares  {Pans,  1678,  in-8).    E.-H.  Vollet. 

BiBL.  :  Ant.  Gonzalès   de  Résende,    Vie  de  Palafox: 
Madrid,  1666,  in-fol  ;  traduite   en  français  ;  Paris,  1690. 

PALAFOX  Y  Melci  (José  de),  duc  de  Saragosse,  maré- 
chal espagnol,  né  à  Saragosse  en  1776,  mort  à  Madrid 
le  15  févr.  1847.  D'après  un  document  publié  par  un  de 
ses  biographes,  M.  Rodriguez  Solis,  son  nom  vérital)le 
était  José  Kebolledo  de  Palafox.  Très  jeune,  il  aborda  la 
carrière  militaire  dans  les  gardes  de  corps  en  1792;  en 
1808,  il  était  sous-lieutenant.  Il  accompagna  Ferdinand  Vil 
à,Bayonne  où  il  travailla,  d'accord  avec  d'autres  Espa- 
gnols, pour  faire  évader  le  roi;  mais,  n'ayant  pas  réussi 
(on  ne  sait  pas  bien  si  c'est  à  cause  du  refus  de  Ferdi- 
nand), il  retourna  en  Espagne.  Rentré  à  Saragosse  en  mai 
1808,  il  se  mit  à  la  tête  du  peuple  révolté  contre  les 
troupes  de  Napoléon,  et  ayant  été  nommé  Capitan  gêne- 
rai d'Aragon  par  acclamation  populaire,  Palafox  déclara 
la  guerre  à  l'empereur.  Pour  donner  plus  d'autorité  à  ses 
démarches,  il  réunit  les  Cortès  du  royaume  d'Aragon,  qui 
le  confirmèrent  dans  la  charge  de  premier  chef  militaire. 
Aidé  par  toutes  les  classes  sociales  de  Saragosse,  môme 
les  femmes,  il  soutint  ave>i  héroïsme  un  premier  siège  ; 
les  troupes  impériales  durent  se  retirer.  Palafox  sortit 
alors  de  Saragosse  pour  occuper  la  ligne  de  Fl'bre  et  re- 
foula les  Français  jusqu'au  N.  Le  gouvernement  lui  or- 
donna de  se  rendre  à  Ludela  en  perdant  les  avantages  con- 
quis, et  il  dut  résigner  le  commandement  de  son  armée. 
De  retour  à  Saragosse,  où  il  était  toujours  très  aimé,  Pa- 
lafox dirigea  la  défense,  lors  du  second  siège,  contre  les 
maréchaux  Moncey,  Lannes,  Mortier  et  Junot  ;  il  la  pro- 
longea près  de  trois  mois,  presque  sans  ressoin^ces.  Il  re- 
fusa toujours  de  capituler.  Frappé  par  l'épidémie,  que  la 
grande  quantité  de  cadavres  avait  fait  naître  dans  la  ville, 
il  fut  enfin  fait  prisonnier.  Il  fut  amené  à  Vincennes  ou 
il  resta  enfermé  d'avr.  1809  à  déc.  1813.  Libéré  à  la 
suite  du  traité  de  faïence,  il  se  rendit  auprès  du  roi  Fer- 
dinand qui  l'envoya  en  Espagne  pour  préparer  sa  rentrée. 
Il  retourna  pour  peu  de  temps  à  sa  capitania  gênerai 
d'Aragon  et  puis  demeura  éloigné  de  la  cour  et  des  affaires 
politiques  jusqu'à  1 820,  travaillant  àla  Caniara  de  Guerra. 
De  1 820  à  1823,  Palafox  eut  le  commandement  de  la  garde 
royale  ;  mais,  à  cause  d'un  manifeste  pubKé  en  défense 
de  la  constitution  à  l'arrivée  des  troupes  du  duc  d'An- 
goulême  et  de  la  retraite  du  gouvernement  et  des  Cortès 
à  Cadix,  il  fut  dépouillé  de  ses  honneurs  par  le  nouveau 
gouvernement  absolu.  De  nouveau  capitdn  gênerai  d'Ara- 
gon en  1836,  Palafox  occupa  dans  les  années  suivantes 
divers  autres  emplois  dans  l'administration  de  l'armée.  1] 
fonda  enfin  l'Asile  des  Invalides,  dont  il  fut  nommé  direc- 
teur. Il  fut  aussi  membre  de  VEstamento  de  Proceres 
(Sénat  des  Coidès  d'après  la  constitution  de  1834)  et  sé- 
nateur. Son  titre  de  duc  de  Saragosse,  il  le  dut,  soit  à 
Ferdinand  YII,  soit  à  la  reine  Marie-Christine  ;  on  n'est 
pas  fixé  sur  ce  point,  R.  Altamira. 

BiBL.  :  P.  De  Madrazo,  Biografia  de  Palafox,  dans  le 
vol.  IV  de  la  trad.  esp.  de  l'ouvrag-e  de  Thiers,  Historia 
del  Considado  y  del  Jmperio.  ~  Rodriguez-Solis,    los 


Guerrilleros  de  1808,  vol.  I.  —  Toreno,  HisL  del  Icvanla- 
miento,  guerra  y  revolucioa  de  Espana,  liv.  lY,  V  et  YÏI. 

PALAGONIfE  (Pétrogr.).  On  désigne  sous  le  nom  de 
lufpalagonilvjue  un  tuf  basaltique  formé  de  petits  frag- 
ments projetés  de  verre  basaltique  (cendres,  lapilli),  ci- 
mentés par  une  substance  terreuse  très  hydratée,  dite 
palagonite,  en  partie  amorphe  et  en  partie  crypto-cris- 
talline, provenant  de  l'altération,  par  hydratation,  d'élé- 
ments éruptifs  semblables.  C'est  une  roche  de  teinte  va- 
riant du  brun  jaunâtre  au  noir;  sur  sa  cassure  fraîche  se 
voient  les  sections  anguleuses  ou  arrondies  des  lapilli, 
présentant  un  éclat  résineux  et  formés  de  verre  basaltique 
{sidéromélane) ,  et  aussi  de  petits  cristaux  isolés  d'oli- 
vine,  d'augite  et  de  feldspath,  qu'on  peut  facilement  sé- 
parer^, en  dissolvant  le  ciment  très  soluble  dans  l'acide 
chtorhydrique.  Cette  roche,  qui  est  une  roche  sédimen- 
taire  formée  uniquement  de  matériaux  éruptifs  et  qui  peut 
renfermer  des  fossiles,  provient  de  projections  volcaniques 
ayant  eu  lieu,  soit  à  l'air  libre,  soit  sous  l'eau,  et  dont 
les  cendres  les  plus  fines  ont  été  complètement  décompo- 
sées par  l'eau  où  elles  se  sont  stratifiées  et  ont  ainsi  donné 
naissance  au  ciment  ;  certains  tufs  palagonitiques,  moins 
purs,  peuvent  aussi  englober  des  matériaux  étrangers. 
Ces  roches  ne  sont  pas  propres  aux  volcans  actuels  et  ont 
pu  se  former  aux  diverses  époques  géologiques  ;  c'est 
ainsi  qu'on  en  observe  un  grand  développement  :  en  Si- 
cile (le  nom  de  la  roche  dérive  de  celui  de  la  localité  de 
Palagonia),  ou  elles  contiennent  des  fossiles  de  la  fin  du 
pUocène;  en  Islande,  où  ces  tufs  couvrent  de  larges  sur- 
faces et  renferment  quelques  fossiles  du  crag,  c.-à-d.  du 
pliocène  ;  à  Java,  etc.  On  peut,  aussi  leiu^  rapporter  les 
brèches  basaltiques  pliocènes  si  développées  aux  environs 
du  Puy-en-Velay  (rocher  Corneille,  ro^cher  Saint-Michel), 
et  même  certains  tufs  qui  accompagnent  les  éruptions  de 
diabases  de  l'ère  primaire.  L.  Bertrand. 

PALÂ6YI  (Louis),  poète  hongrois,  né  à  6-Becse  en 
1866.  Collaboratetn^  de  plusieurs  jotirnaux,  Palagyi,  dans 
ses  recueils  :  Kiizdebnes  Evek  (Années  de  lutte )*^  et  Ko- 
nwr  napok  (Journées  de  tristesse)  a  exposé  le  premier 
des  idées  purement  socialistes.  Son  poèiue  philosophique, 
le  Jeune  Moine  (1891')  de  même  que  ses  Adaptations 
des  Psaumes,  ont  reçu  un  accueil  chaleureux.     J.  K. 

RALAI RAC  ou  PALAYRAC.  Corn,  du  dép.  de  l'Aude, 
arr.  de  Carcassoime,  cant.  de  xMonthoumet;  136  hab. 

PALAIS.  I.  Anatomie  (V.  Bouche  et  Palatix). 

II.  Pathologie.  —Le  palais  faisant  partie  de  la  bouche, 
puisque  c'est  la  voûte  qui  forme  sa  partie  supérieure  et 
qui  sépare  la  cavité  buccale  des  fosses  nasales,  on  com- 
prend que  toutes  les  inflammations  de  ces  parties  puissent 
s'y  propager.  La  palatite  ou  inflammation  de  la  muqueuse 
du  palais  fait  partie  des  stomatites  (V.  ce  mot). 

Lésions  congénitales.  —  Les  anomalies,  les  difformités 
du  palais,  résultant  d'un  arrêt  de  développement,  ne  sont 
pas  très  rares  ;  on  peut  y  observer  des  adhérences  du 
voile  du  palais  à  la  paroi  du  pharynx,  mais  le  vice  de 
conformation  le  plus  grave  consiste  dans  les  divisions 
et  les  perforations  congénitales,  qui  sont  très  souvent 
accompagnées  de  bec-de-lièvre  (V.  ce  mot)  ;  elles  sont 
unilatérales  ou  bilatérales  ;  ces  lésions  apportent  une 
gène  plus  ou  moins  grande  à  la  déglutition  et  à  la  pho- 
nation. 

Trawmalismes .  Les  plaies  et  les  contusions  de  la  mu- 
queuse offrent  peu  de  gravité  ;  il  n'en  est  pas  de  même 
lorsque  le  squelette  est  intéressé  ;  le  palais  peut  être  per- 
foré (individu  tombant  sur  la  face  avec  une  pipe,  un 
crayon  dans  la  bouche)  ;  parfois  les  délabrements  sont 
considérables  :  coups  de  fusil,  de  revolver,  dans  la  bouche 
(dans  suicides).  On  peut  observer  au  palais  des  polypes, 
kystes,  fibromes,  sarcomes,  qui  n'offrent  rien  de  particulier  ; 
mais  les  lésions  scrofuleuses  et  syphiKtiques  sont  les  plus 
fréquentes  (exostoses  et  gommes  syphilitiques). 

L'ostéo-périostite  est  parfois  consécutive  à  la  propaga- 
tion d'une  périostite  alvéolo-dentaire  ;  mais,  dans  l'im- 


PALAIS 


820  — 


mense  majorité  des  cas,  c'est  la  syphilis  des  fosses  na- 
sales qui  donne  lieu  aux  ostéo-périostites  se  terminant 
par  carie  et  nécrose  et  aboutissant  à  la  perforation  du 
palais,  qui  peut  être  due  également  à  la  syphilis  hérédi- 
taire. Ces  perforations  palatines  sont  moins  fréquentes  que. 
jadis,  où  la  vérole  était  fort  mal  soignée  ;  elles  sont  sur- 
tout ovalaires,  elliptiques  ou  circulaires  ;  on  comprend 
qu'elles  gênent  la  plupart  des  actes  physiologiques  ;  la 
succion  est  impossible  chez  le  nouveau-ne,  la  déglutition 
s'accompagne  de  reflux  des  alimenls  dans  les  fosses  na- 
sales, la  voix  est  nasonéc  et  il  y  a  impossibilité  de  siffler 
<>t  de  souffler.  On  remédie  aux  perforations,  soit  par  une 
pièce  prothétique.  un  obturateur,  ou  mieux,  lorsque  le  cas 
le  comporte,  par  une  opération  :  la  sUiphylorraphie  ou 
vranoplastie.  D^  Pixel  Maisonael-vk. 

PALAIS. I.  Architecture.  — Vasleédilice  ou  ensemble 
d'édilices  reliés  entre  eux  de  façon  à  former  un  tout  et 
caractérisés  par  leur  architecture  monumentale  et  leur 
riche  décoration  e.Ntérieure  et  intérieure.  Ce  mot  palais. 
qui  désignait   au- 
trefois presque  ex- 
clusivement   la 
demeure  du  souve- 
rain, tire  son  ori- 
gine du   mot  latin 
palalbmm ,   nom 
donné  à  l'habitation 
(ju' Auguste   se  lit 
élever  sur  le  mont 
Palatin,   à   Rome, 
habitation  qu'aug- 
mentèrent et  enri- 
chirent ses  succes- 
seurs i  m  médiats 
(V.  Palatin).  Par 
extension,  on  ap- 
pela peu  à  peu 
palais,  chez  pres- 
que tous  les  peu- 
ples   civilisés,   les 
résidences  des  per- 
sonnages placés  eji 
vue  par  leur  haute 
situation  sociale  ou 
par  leur  grande  fortune,  surtout   lorsque  ces  résidences 
approchaient  par  leur  importance  et  paj'  leur  faste  de 
celles  des  souverains,  et,  de   nos  jours,  le  nom  de  palais 
est    appli(|ué,  un  peu   indifféremment   et  en  dehors  de 
leur  affectation,  à  de   nombreux  édifices   d'origine  et  de 
destinations  diverses,  mais  de  grande  et  riche  allure,  c[ue 
ces  édifices  abritent  des  institutions  d'Eiat  ou  d'importants 
services  publics,  et  parfois  même  (|u'ils  renferment  des 
salles  d'exposition  ou  de  diverlisbcment.  Ces  diverses  ac- 
ceptions du  mot  palais  se  retrouveront  au  reste  dans  les 
notes  qui  suivent,  relatives  à  des  palais  élevés  en  divers 
pays,  sous  différentes  civilisations  et  en  vue  de  destinations 
variées. 

Dans  l'antique  Egypte,  d'après  Diodore  de  Sicile,  les 
palais  des  rois  n'étant  considérés  (jue  comme  des  hôtel- 
leries appartenant  successivement  à  lous,  mais  n'étant  la 
propriété  d'aucun,  tandis  que  leurs  tombeaux  étaient  con- 
sidérés comme  leurs  véritables  palais,  leur  demeure  pnqnv, 
tixe  et  i>erpétuelle,  on  ne  saurait,  surlout  en  tenant  compte 
du  peu  de  changement  des  mœurs  et  des  habitiides  des 
peuples  orientauv,  de  la  multiplicité  des  femmes,  des  en- 
Âuits  et  des  serviteurs  de  tous  rangs  qui  vivaient  auprès 
des  princes  et  aussi  du  grand  luxe  des  jardins,  on  ne  sau- 
rait voir  les  ruines  de  palais  royaux  dans  les  restes  de 
constructions  massives,  comprenant  de  grandes  salles 
hypostyles  centrales  et  des  chambres  latérales,  telles  que 
celles  placées  à  l'arrière  des  grands  temples  de  Louqsor  et 
de  Karnak  :  il  faut  plutôt,  pour  se  faire  une  juste  idée  d'un 
palais  égyptien  de  la  XVlïï^  dynastie  (xvn^  et  xvi*^  siècles 


avant  notre  ère),  restituer  ce  palais,  comme  l'ont  fait 
MM.  G.  Perrot  et  Ch.  Chipiez  et  aussi  M.  G.  Maspéro, 
d'après  un  plan  perspectif  (sorte  de  vue  à  vol  d'oiseau), 
emprunté  à  un  hypogée  de  Tell-el-Amarna,  village  arabe, 
relativement  moderne,  formé  à  proximité  des  restes  de  la 
ville  antique  de  Pa-aten.  Cette  dernière  ville,  sorte  de 
capitale  toute  provisoire ,  créée  et  habiiee  par  Aménophis  IV , 
fui  délaissée  par  ses  successeurs,  et,  pour  cette  raison, 
ses  ruines  sojit  beaucoup  mieux  conservées  que  celles  des 
antres  capitales  de  ce  temps.  Le  plan  de  Tell-el-Amarna 
nous  montre  une  vaste  habitation  située  au  fond  d'un 
jardin,  appartenant  à  un  grand  seigneur,  Ai,  gendre  d'un 
])baraon  et  qui  fut  lui-même,  plus  tard,  souverain  de 
l'Egypte.  Un  bassin  oblong,  bordé  d'un  quai  en  pente 
douce  et  coupé  de  deux  escaliers,  s'étend  devant  l'entrée. 
Des  pylônes,  des  cours  intérieures,  entourées  de  portiques 
cou^ertsen  terrasse,  et  sur  lesquelles  s'ouvraient  de  nom- 
breuses chambres,  tout,  dans  cette  habitation,  située  au 
milieu  de  jardins,  devait   ressembler  plutôt  à  une  grande 

villa  de  campa- 
gne qu'au  palais 
d'an  souverain  et 
devait  comporter, 
dans  sa  décoration, 
des  colonnettes 
peintes  de  couleurs 
vives,  des  entre- 
lacs, des  vols  d'oi- 
seaux, des  motifs 
variés  et  gracieux, 
au  miheu  desquels 
il  devait  être  agréa- 
ble de  vivre  et  d'ou- 
blier, entre  deux 
expéditions  mili- 
taires, les  soucis 
du  gouverninnejit, 
les  pompes  de  la 
religion  et  la  pen- 
sée de  la  mort. 

D'un    cai'actère 
tout  différent  de  ce- 
lui de  cette  villa 
royale  pharaonique 
était  le  palais  chaklcen  de  ïello,  tel  que  l'on  peut  essayei' 
de  le  restitue!'  d'après  les  découvertes  de  M.  de  Sar- 
zec  et  l'étude  (|ue  M.  Léon  Heu/ey  a  faite  de  ces  décou- 
vertes. Porté  sur  un  soubassement  de  briques  de  li2  m. 
de  hauteur,  ce  palais  de  TeHo  (V.  le  plan,   fig.    1)   a 
la  forme  d'un  parallèlograuune  de    53   m.  de  long  sur 
ol  m.  de  large,  et  ses  faces  extérieures  ou  intérieures, 
toutes  formées  de  larges  bri(iues  crues  à  joints  de  bitume, 
n'offraient  probablement  pas  beaucoup^  de  motifs  décora- 
tifs liés  à  la  construction  même  ;  mais  des  statues,   des 
bas-ndiefs,  des  stèles,  des  vases,  etc..  ont  été  trouvés  à 
même  les  fouilles,  et  architecture,  sculpture  et  ornemen- 
tation du  palais  de  Tello  semblent  bien  remonter,  en  très 
grande  partie,  à  l'époque  fort  ancienne  (peut-être 2. 800  ans 
avant  notre  ère)  de  Goudéa,  le  gouverneur,   à  la  fois 
prêtre  el  guerrier,  de  la  ville  de  Sirpoula  (auj.  Tello).  Ce 
palais  renferme  encore,  dans  la  partie  reconnue,  quarante- 
six  chambres  ou  salles  réparties  en  trois  corps  de  logements 
distincts  et  groupés  autour  de  trois  cours,  A.  B  et  C,  la 
première  de  beaucoup  la  plus  grande  et  les  deux  autres 
relativement  petites.  Ces  corps  de  bâtiments  ne  commu- 
nijfuaient  entre  eux  que  par  un  couloir  resserré  à  ses  extré- 
mités au  point  de  ne  laisser  passage  qu'à  une  seule  per- 
sonne de  front,  et  on  sent  bien  là  les  habitudes  qui  se 
sont  conservées  chez  les  Orientaux  où,  après  une  pre- 
mière partie  presque  publique  de  l'habitation,  celle  des 
services  accessibles  à  la  foule,  se  trouve  une  seconde  partie 
contenant  les  appartements  de  réception  et  enfin  une  troi- 
sième partie,  plus  retirée  encore,  l'habitation  privée,  ce 


,  1.  —  Plan  du  jJMlaia  de  Tello,  d'après  les  relevés  dcM.de  Sar/ec 
A,  B,  C,  cours  intérieures  :  H,  ancienne  tour  à  étapes  ;  M.  bassin  de  pierre 
ÎN,  fausse  entrée-  X.  X.  partie  de  mur  ])lus  ancienne  que  h'  palais 


nn 


PALAIS 


<jue  les  Orientaux- appelleiiL  <lo  nos  jouis  le  haroii.  Ces 
dispositions  ont  été  également  reconnues  dans  les  ruines  des 
palais  assyriens  découverts  surl'emplacementde  l'ancienne 
Ninive,  dans  les  palais  dits  de  Nirnroud,  de  Koyoundgik 
et  de  Khorsabad.  Dans  ce  dernier  palais,  construit,  lui 
aussi,  sur  une  éminence  artificielle  de  10  m.  de  hauteur,  les 
salles  principales,  éclairées  sur  des  cours  intérieures,  ont 
jusqu'à  35  m.  de  longueur  et  10  m.  de  largeur,  et  des 
massifs  de  briques  crues  en  forment  la  construction  ;  mais 
des  revêtements  de  plaques  couvertes  d'inscriptions  cunéi- 
formes et  des  bas-reliefs  peints  en  formaient  la  décora- 
lion,  pendant  que  des  frises  sculptées,  des  taureaux  et 
des  lions  ailés,  placés  à  l'entrée  des  portes,  décelaient  un 
art  sculptural  ayant  atteint  une  grande  perfection  d'exé- 
cution (V.  Assyrie, 
t.  IV,  §  Art).  C'est 
aussi  sur  des  terras- 
ses étagées  successi- 
vement, et  auxquelles 
on  accédait  par  des 
escaliers  monumen- 
taux, que  s'élevèrent. 
à  une  époque  un  peu 
plus  récente,  les  pa- 
lais des  rois  de  Perse' 
achémenides,  dont 
ceux  des  rois  Xerxès 
et  Darius  à  Persépo- 
lis.,  détruits  par 
Alexandre  en  l'an  331 
avant  notre  ère.  Les 
ruines  de  ces  palais 
montrent  encore  les 
substructions ,  éle- 
vées au-dessus  du  sol  dei 
hypostyles, 


—  Palais  royal  à  PalaliUa  (Macédoine). 


(errasses,  d'importantes  salles 
de  portiques  extérieurs,  sortes  de  propylées 
gi*andioses,  ainsi  que  des  fragments  de  ces  colonnes  can- 
nelées, dites  persépolitaines,  au  chapiteau  à  taureaux 
accouplés  (V.  Chapiteau,  t.  X,  p.  558,  fig.  2)  et  des 
revêtements  de  faïence  peints  et  émaillés,  dont  le  mu- 
sée du  Louvre  possède  de  si  belles  suites  rapportées 
par  M.  et  M™^  Dieulafoy;  tous  éléments  prouvant  assez 
la  splendeur  architecturale  et  la  richesse  décorative  de 
semblables  palais.  Et,  sans  quitter  l'Orient  et  cette  Asie, 
berceau  des  anciennes  civilisations,  il  est  encore  un  palais 
dont  la  description,  qui  nous  a  été  conservée  par  la  Bible 
{Rois,  m,  7),  prouve  bien  tout  le  luxe  des  résidences 
des  monarques  asiatiques.  A  Jérusalem,  dans  le  palais  de 
Salomon  et  dans  la  maison  dite  du  Bois  du  Liban,  cons- 
truits sous  la  double  influence  de  l'Egypte  et  de  la  Chal- 
dée,  mais  avec  le  concours  d'un  architecte  tyrien,  s'éle- 
vaient également  des  salles  hypostyles  et  des  portiques, 
supportés  par  des  colonnes  de  pierre  ou  de  bois,  dont  les 
murs  et  les  plafonds  étaient  lambrissés  de  bois  de  cèdre 
et  dans  lesquels  devait  briller  une  ornementation  de  métal 
doré. 

Malgré  une  certaine  précision  semblant  appartenir  par- 
fois à  un  voyageur  ayant  visité  les  édifices  qu'il  décrit  et 
non  à  un  historien  postérieur  peut-être  de  plusieurs  siècles 
à  ces  édifices  et  aux  événements  dont  ils  furent  les  témoins, 
les  palais  des  héros  de  Vlliade  et  de  VOdyssée  ne  sau- 
raient fournir  à  l'architecte  que  des  prétextes  d'ingénieuses 
restitutions  et,  dans  tous  les  cas,  ne  sauraient  laisser 
supposer  de  telles  masses  de  constructions  et  une  aussi 
grande  richesse  de  décoration.  En  dehors  du  palais  de 
Priam,  à  Troie  —  encore  un  édifice  asiatique  et  qui  ren- 
fermait des  chambres  pour  la  nombreuse  postérité  de  ce 
souverain  —  les  palais  des  chefs  grecs  décrits  dans  Fi //a f/^ 
et  VOdyssée  semblent  proportionnés  aux  royaumes  peu 
étendus  de  ces  chefs,  et  si  ces  palais  témoignent  d'une 
influence  asiatique  ou  égyptienne,  on  est  obligé  de  recon- 
naître qu'ils  semblent  surtout  une  réduction  des  édifices 
grandioses  de  l'Egypte  et  de  la  Chaldée.  On  peut,  au  reste, 


Hssez  bien  se  figurer,  d'après  de  nombreux  passages  de 
VOdyssée,  ce  que  pouvait  être,  sur  le  rocher  d'Ithaque,  le 
palais  d'Ulysse  entouré  d'une  enceinte  irrégulière  au  som- 
met du  mont  Aito.  Un  des  côtés  de  cette  enceinte  avait 
vue  sur  la  mer,  un  autre  sur  la  ville,  et  le  troisième  sur 
la  campagne  ;  un  mouvement  de  terrain  et  peut-être  aussi 
les  préoccupations  de  la  défense  avaient  forcé  de  singu- 
lièrement restreindre  la  largeur  de  l'enceinte  aux  abords 
de  la  porte  d'entrée.  Une  sorte  de  première  cour,  limitée 
à  droite  par  une  tour  carrée,  précédait  et  protégeait  l'accès 
des  bâtiments,  et,  cette  entrée  une  fois  franchie,  une  se- 
conde cour  de  vastes  dimensions  et  entourée  de  portiques 
faisait  suite  à  la  première.  C'était  probablement  dans  cette 
cour  d'honneur  que  se  trouvait  l'autel  de  Zeus,  protecteur 

de  l'enceinte.  Des  bâ- 
timents peu  élevés, 
affectés  aux  étables, 
aux  remises  et  à  l'ha- 
bitation des  hôtes  ou 
des  serviteurs,  entou- 
l'aient  trois  côtés  de 
cette  cour,  au  fond 
de  laquelle  devait  se 
trouver  la  grande 
salle  ou  mégaron, 
salle  où  avaient  lieu 
ces  festins  que  le 
poète  décrit  avec  tant 
de  complaisance; 
puis,  dans  des  parties 
plus  retirées,  à  droite 
et  à  gauche  de  cette 
salle,  étaient  les 
chambres  à  coucher, 
les  appartements  des  femmes,  les  pièces  oîi  l'on  gardait 
les  provisions,  les  armes,  l'or  et  le  fer,  plus  précieux 
à  cette  époque  que  l'or.  Enfin,  une  construction  écar- 
tée, de  forme  circulaire,  et  dont  la  tradition  se  con- 
serva longtemps  en  Grèce,  le  tholos  ou  trésor,  servait  à 
conserver  les  objets  les  plus  précieux,  les  nombreux  ca- 
deaux qu'échangeaient  entre  eux  les  chefs  en  souvenir  de 
leurs  expéditions  communes  ou  de  l'hospitalité  si  large- 
ment exercée  dans  la  Grèce  antique.  Mais,  si  ce  palais 
homérique,  à  la  fois  forteresse  d'un  chef  puissant  et  rési- 
dence d'un  riche  propriétaire  foncier,  tient  de  la  fiction 
autant  peut-être  que  de  l'histoire,  les  ruines  de  Palatitza, 
en  Macédoine,  nous  ont  conservé  les  principales  disposi- 
tions d'une  demeure  souveraine,  celle  des  prédécesseurs 
de  Philippe  et  d'Alexandre  au  beau  temps  de  la  civilisa- 
tion hellénique,  vers  le  v<^  siècle  avant  notre  ère.  M.  Louis 
Heuzey,  archéologue,  et  M.  Daumet,  architecte,  aujour- 
d'hui membres  de  l'Institut,  ont  étudié  ces  ruines,  lors 
d'une  mission  qu'ils  ont  remplie  dans  la  Grèce  septen- 
trionale et  en  Macédoine  avant  1874,  et  ils  n'ont  pas 
hésité  à  reconnaître,  dans  les  substructions  de  la  partie 
antérieure  du  vaste  édifice  déblayé  par  eux,  un  palais  ou 
prytanée  royal.  Le  plan  de  cet  édifice  (V.  fig.  2)  ne 
conserve  plus  des  dispositions  des  palais  de  l'Asie  et  de 
l'Egypte  que  la  situation  des  chambres  et  des  apparte- 
ments privés,  laquelle  est  toujours  éloignée  de  l'entrée  ; 
mais  cette  entrée  spacieuse,  les  vestibules  et  les  portiques 
qui  l'accompagnent,  de  grandes  pièces  et  un  tholos,  ce 
dernier  paraissant  avoir  une  affectation  religieuse,  occupent 
toute  la  partie  antérieure  de  l'édifice  et  présentent  bien, 
avec  le  péristyle  qui  vient  à  leur  suite,  le  caractère  de 
magnificence  qui  se  retrouvera,  par  la  suite,  dans  les 
grands  édifices  du  monde  romain. 

Ainsi  que  le  remarquent  fort  justement  MM.  F.  Tra- 
winski  et  0.  Riemann,  dans  leur  étude  sur  la  maison 
romaine  {Manuel  d'Archéologie, II,  les  Romains,  ch.  iv, 
pp.  93  et  suiv.),  cette  maison  romaine  se  transformait  en 
palais  ou  en  villa  suivant  les  circonstances.  Il  n'y  avait 
pas  de  différence  absolue  entre  ces  deux  genres  de  cons- 


PALAIS 


—  82"2  — 


tractions  :  car,  d'une  part,  les  palais  avec  leurs  immenses 
dimensions  et  leurs  jardins  intérieurs,  nécessitaient  sou- 
vent des  dispositions  propres  aux  villas  ;  et,  d'autre  part, 
les  villas  avaient  souvent,  grâce  au  kixe  effréné  dont  on 
aimait  à  les  parer,  une  grande  analogie  avec  les  palais. 
Au  dernier  siècle  de  la  Képublique,  la  maison  considé- 
rable que  se  fit  construire  sur  le  mont  Palatin  M.  JEmï- 
lius  Scaurus,  beau-fils  de  Sylla,  passait  déjà  pour  un 
modèle  achevé  et  incomparable  de  magnificence  dont 
Mazois  semble  nous  avoir  donné  une  restitution  fort  vrai- 
semblable ;  mais  tout  ce  luxe  de  construction  et  de  déco- 
ration a  été  de  beaucoup  dépassé  par  les  monuments  de 
la  période  impériale.  Grâce  aux  fouilles  entreprises  par 
l'architecte  Rosa  sur  le  mont  Palatin  par  ordre  de  Napo- 
léon lîï  et  de  Pie  IX,  on  peut  suivre  la  filiation  et  la  transfor- 
mation des  édifices  qui  se  sont  succédé  sur  ce  mont  célèbre 
et  jusqu'à  l'Esquilin,  depuis  la  Ronia  Quadrata  des  rois 
jusqu'à  la  Rome  des  Flaviens  et,  parmi  ces  édifices,  les 
agrandissements  successifs  du  palais  des  empereurs  et  la 
reconstruction  de  ce  palais,  sous  le  nom  de  Maison  d'Or, 
par  Néron.  Une  avant-cour,  ceinte  d'une  triple  rangée  de 
colonnes,  longue  d'un  mille  romain  ('i.478"\  50)  renfermait 
une  statue  en  pied  de  l'empereur,  haute  de  37  m.  Les 
différentes  cours  étaient  ornées  de  bassins  aussi  vastes  que 
des  lacs  et  bordées  de  maisons  sans  nombre,  de  paysages 
pittoresques,  de  vignobles,  deprairieset  de  bois,  animés  par 
des  animaux  domestiques  et  des  bètes  féroces.  Les  murs 
des  appartements  étaient  rehaussés  d'or,  de  perles  et  de 
pierres  précieuses.  Le  plafond  d'ivoire,  dans  les  salles  à 
manger,  était  mobile  de  manière  à  pouvoir  déverser  sur 
les  convives  des  fleurs  et  des  parfums  et,  non  content 
d'un  pareil  ensemble,  l'empereur  Otlion  dépensera  enc^^re 
plus  de  10  millions  de  francs  pour  en  poursuivre  l'acliè- 
vement.  Mais  Vespasien  et  Titus  occupèrent,  peu  d'années 
après,  ce  même  emplacement  pour  le  colossal  amplii- 
théâtre  et  les  grands  Thermes  qui  portent  leur  nom.  La 
célébrité  justifiée  de  la  Villa  Advienne,  ensemble  de 

palais  et  d'édi- 
fices de  tous 
genres  que  l'em- 
pereur Adrien 
fit  ériger  à  Ti- 
bur,  au  retour 
de  ses  voyages 
dans  les  diver- 
ses parties  de 
son  empire, 
dispense  de 
toute  énuméra- 
tion,  même  ra- 
pide, des  édifi- 
ces et  des  lieux 
de  plaisance 
constituant  cet- 
te fameuse  vil- 
la ;  mais  il  est, 
vers  la  fin  du 
monde  romain 
proprement  dit, 
un  édifice  encore  assez  bien  conservé  et  qui  peut  donner  une 
idée  des  dispositions  ainsi  que  de  l'architecture  d'une  rési- 
dence impériale  au  commencement  du  iv^  siècle  de  notre  ère  : 
c'est  le  château  que  Dioclétien  s'était  fait  construire  sur  la 
côte  de  Dalmatie,  près  de  Salone,  sa  ville  natale,  et  au  milieu 
des  ruines  duquel  s'élève  aujourd'hui  une  partie  de  la 
ville  de  Spalatro.  Ce  château,  fortifié  à  la  manière  d'un 
camp  retranché  et  dont  le  plan  (V.  fig.  3)  montre  les 
tours  de  défense,  rondes  ou  carrées,  de  l'enceinte  extérieure, 
renfermait,  sur  une  superficie  de  plus  de  2  hect.  et 
demi,  de  nombreux  édiùces,  tels  que  des  temples,  dont 
un  de  forme  hexagonale,  des  casernes,  des  appartements 
de  réception  et  des  appartements  privés,  édifices  reliés 
entre  eux  par  des  colonnades,  et  eux-mêmes  comportant 


ZT 


'  Rli  ii' '' 


CHi 


-  Plan  du  château  de  Dioclétien» 
à  Salone. 


des  portiques  ;  mais,  fait  assez  caractéristique  d'un  véri- 
table palais  ou  mieux  d'un  château  militaire  plutôt  que 
d'une  villa,  il  n'y  avait  pas  de  jardins  propre  ment  dits  à 
l'intérieur,  ces  derniers  se  trouvaient  en  dehors  de  l'enceinte 
fortifiée. 

Les  tragiques  événements  dont  Constantinople  fut  tant 
de  fois  le  théâtre  n'ont  malheureusement  pas  permis  la 
conservation,  même  à  l'état  de  ruines,  qui  en  marque- 
raient le  plan  sur  le  sol,  du  superbe  palais  impérial  bâti 
dans  cette  ville  par  Constantin  le  Grand,  reconstruit  presque 
en  entier  par  Justinien,  embelli  par  plusieurs  empereurs, 
et  auquel  Justinien  II,  Théophile  et  Basile  le  Macédonien 
avaient  ajouté  d'importantes  constructions.  Délaissé  dès 
le  milieu  du  xn^  siècle  par  les  Gomnène,  qui  lui  préfé- 
raient le  palais  des  Bla(}uernes,  le  grand  palais  impérial 
primitif  fut  peu  à  peu  dépouillé  de  ses  richesses  et  défini- 
tivement démoli  avant  même  la  prise  de  Constantinople 
par  Mohammed  II  en  4453.  Il  faut  donc  recourir  à  la  fort 
remarquable  restitution, avec  plan, que  M.Jules  Labarthe 
a  faite  de  ce  grand  palais  impérial  de  Constantinople  et 
de  ses  abords  à  l'époque  de  sa  plus  grande  splendeur,  au 
x®  siècle  de  notre  ère,  pour  se  faire  une  idée  de  cet  édifice 
grandiose  divisé  en  trois  parties  principales  :  la  chalcé  ou 
vestibule,  le  palais  de  Daphné,  ainsi  désigné  d'une  statue 
de  cette  nymphe  qui  avait  été  apportée  de  Rome,  et  le  palais 
sacré,  parties  semblables  à  de  petites  villes  et  décorées  à 
profusion  des  matériaux  les  plus  précieux  et  des  œuvres  d'art 
les  plus  belles,  matériaux  et  œuvres  d'art  dont  on  avait 
dépouillé  les   temples  et  les  forums  du  monde  entier. 

On  conçoit  qu'après  la  maison  d'or  de  Néron,  le  châ- 
teau de  Dioclétien  à  Salone  et  surtout  après  le  palais  im- 
périal de  Constantinople,  le  palais  des  Thermes  qu'habita 
l'empereur  Julien  pendant  son  séjour  à  Lutèce  et  le  pa- 
lais de  Théodoric,  à  Ravenne,  même  en  supposant  ces  édi- 
fices parés  des  richesses  de  la  Gaule  et  de  l'Italie,  tiennent 
peu  de  place  dans  l'histoire  des  résidences  souveraines,  et 
nous  savons  par  les  historiens  des  premiers  siècles  du  moyen 
âge  que  les  rois  mérovingiens  et  carolingiens  habitaient 
de  grandes  villas  comprenant,  comme  les  habitations  de 
ce  genre  de  l'Italie  et  du  S.  de  la  Gaule,  des  corps  de 
logis  divers,  entourant  des  cours  intérieures,  et  affectés, 
les  plus  importants,  au  logement  du  souverain  et  de  ses 
leudes  ou  vassaux,  et  les  autres,  à  des  bâtiments  d'ex- 
ploitation, à  des  magasins  et  à  des  celliers.  C'est  seule- 
ment à  l'époque  des  invasions  des  Normands  que,  dans 
l'Europe  occidentale,  ces  villas  royales  ou  seigneuriales 
furent  transformées  en  forteresses  et  devinrent  des  châ- 
teaux féodaux  dont  le  château  de  Coucy  et  surtout  le 
château  royal  du  Louvre  pouvaient  passer  pour  les  types 
les  plus  complets  (V.  ChAteau,  t.  X,  pp.  882  et  suiv.  :  fig.  4 , 
h  plan  du  i^^^  étage  du  château  de  Coucy  ;  fig.  2,  le  plan 
du  7^eZ'de-chaussée  du  château  du  Louvre  sous  Char- 
les V,  et  fig.  3,  une  vue  cavalière  du  Louvre  au  temps 
de  ce  roi).  Il  y  avait  cependant  deux  édifices  à  Paris  qui, 
sous  les  premiers  Capétiens,  furent  deux  résidences  sou- 
veraines. L'un  de  ces  édifices,  le  Palais,  devenu  cet  im- 
portant ensemble  qui  est  aujourd'hui  le  Palais  de  justice 
et  qui  conserve  encore  des  souvenirs  de  saint  Louis,  sera 
traité  dans  un  article  spécial  (V.  plus  loin),  et  l'autre, 
ïhôtel  Saint-Paul,  fut  élevé  par  ordre  de  Charles  V, 
pour  être,  suivant  Fédit  de  4364,  «  Vhôtel  solennel  des 
grands  ébattements».  Cette  nouvelle  résidence  devant  son 
nom  au  voisinage  de  l'église  Saint-Paul,  et  dépourvue  de 
toute  fortification,  car  la  Bastille  suffisait  à  la  protéger, 
occupait,  avec  ses  dépendances,  un  emplacement  considé- 
rable, sur  le([uel  fut,  au  xvi®  siècle,  percé  tout  un  quartier 
dont  les  noms  des  rues  rappellent  encore  l'ancienne  desti- 
nation. L'hôtel  Saint-Paul  renfermait  de  nombreux  appar- 
tementsdont  la  grande  salle,  hchambrede  Charlemagne, 
longue  de  30  m.  et  large  de  1 2  ;  des  chapelles  ;  des  cours  in- 
térieures, dont  celle  des  joutes,  ouïes  chevaliers  rompaient 
la  lance,  était  la  plus  spacieuse  de  toutes,  et  surtout  des  jar- 
dins de  toute  nature  avec  des  volières  et  une  ménagerie. 


--  823 


PALAIS 


Mais  nous  arrivons  à  l'époque  de  la  Renaissance  dont 
l'influence  se  fit  sentir  presque  simultanément  en  Italie 
et  en  France,  et  ensuite  dans  toute  l'Europe.  En  Italie, 
les  demeures  seigneuriales  à  l'intérieur  des  villes  se  trans- 
formèrent peu  à  peu,  perdirent  de  plus  en  plus  l'appa- 
rence de  forteresses  ({u'elles  avaient  eue  depuis  Finvasion 
des  barbai'cs  et  pendant  les  dissensions  intestines  du  moyen 
âge;  elles  devinrent  toutes,  suivant  le  mot  italien,  des 
palais  consistant  assez  généralem.ent,  comme  le  palaù 
Strazi  à  Florence,  et  comme  le  palais  Farnèse,  à  Rome, 
en  une  cour  intérieure  entourée  de  portiques  et  sur  les 
côtés  de  la(|uelle  s'élevaient  des  bâtiments  comprenant  : 
un  rez-de-cliaussée,  un  bel  étage  et  un  attique  ou  quelque- 
fois plusieurs  étages  presque  égaux  en  importance.  La 
Grande  Encyclopùlie  a  donné  au  mot  Italie,  §  Beaux- 
Arts,  t.  XX,  pp.  1093  et  suiv.,  un  résumé  complet  des 
transformations  de  l'architecture  italienne  dans  lequel  se 
trouvent  indiqués,  avec  les  noms  de  leurs  arcliitcctes,  les 
noms  des  principaux  palais  et  des  grandes  villas  de  ce 


Fig.  4.  —  Plan  du  premier  éta^ 
Luxemboura-,  d'après  Salomon  d 


du  palais  du 
e  Érosse, 


pays,  article  auquel  nous  ne  pouvons  que  renvoyer  le 
lecteur.  De  même,  pour  la  France,  Fart.  Louvre,  J^  Pa- 
lais du  Louvre,  t.  XXÏI,  pp.  692  et  suiv.,  donne,  avec 
les  noms  des  architectes,  toutes  les  phases  de  la  construc- 
tion et  des  reconstructions  successives  de  ce  palais,  depuis 
le  château  fort  avec  la  grande  tour  centrale  ou  donjon  de 
Philippe-Auguste ,  jusqu'aux  dernières  reconstructions  effec- 
tuées sous  la  seconde  République  ;  il  en  est  de  même  pour  les 
autres  palais  ou  châteaux  de  la  Renaissance  habités  par  les 
souverains,  Blois,  Chambord,  Fontainebleau;k\ir  descrip- 
tion avec  figures  sera  trouvée  à  leurs  noms  respectifs.  De 
même  pour  le  Palais-Royal,  l'ancien  palais  du  cardinal  de 
Richelieu,  et  pour  l'ancien  Palais Mazarin,  àeYmuldi  Bi- 
bliothèque nationale,  qui  ne  sont  cités  ici  que  pour  mé- 
moire; mais  il  est  un  édifice,  le  palais  du  Luxembourg 
(V.Luxembourg  [Palais  du]),  construit  par  Marie  de  Médicis 
dans  les  premières  années  du  xvii®  siècle  et  qui,  avant  les 
agrandissements  considérables  qu'il  a  reçus  du  côté  du  jardin 
pour  l'installation  de  la  Choimbre  des  pairs  (aujourd'hui  le 
Sénat),  sous  le  règne  de  Louis-Philippe,  offrait  un  type  ca- 
ractéristique des  palais  français  de  cette  époque.  Le  plan 
du  premier  étage  de  cet  édifice  iV.  fig.  4),  tel  qu'il  se  com- 
portait en  1620,  lors  de  son  achèvement  par  Salomon  de 


Brosse  {\.  De  Brosse  [Les]),  mérite  d'être  examiné.  Il  com- 
prend :  1 ,  un  pavillon  belvédère  au-dessus  du  porche  d'entrée 
entre  les  terrasses,  2,  2,  couvrant  des  galeries  à  rez-de- 
chaussée;  o,  le  grand  escealier  ;  4,  la  chapelle  située  au-des- 
sus d'un  vestibule  circulaire  ouvrant  sur  le  jardin;  5,  5, 
les  terrasses  couvrant  des  portiques  à  droite  et  à  gauche 
de  ce  vestibule;  6,  6,  des  grandes  salles  d'apparat  situées 
au-dessus  des  salles  de  gar'des  à  rez-de-chaussée  ;  7,  7, 
appartement  particulier  et  cabinet  de  réception  de  Marie  de 
Médicis;  8,  grande  chambre  à  coucher  d'apparat;  9,  9,  dé- 
pendances de  cette  chambre;  10,  oratoire;  11,  la  galerie 
d'apparat  peinte  par  Rubcns;  12,  les  archives  au-dessus 
du  logement  du  suisse;  13  et  H-,  appartements  et  gale- 
rie répétant  à  gauche  les  mêmes  pièces  situées  du  côté 
droit  de  la  cour,  mais  restés  inachevés  au  temps  de  Marie 
de  Médicis  et  qui  reçurent  depuis  des  destinations  diverses. 
Dans  la  grande  cour  intérieure  était  une  balustrade  de 
marbre  blanc  séparant  cette  cour  en  deux  parties  inégales, 
dont  la  plus  petite  et  la  plus  rapprochée  du  corps  de  logis 
principal  était  exhaussée  d'environ  1  m.  et  formait  une 
cour  d'honneur.  Louis  XIV  lit  construire  un  véritable 
palais,  le  château  royal  de  Versailles,  et  les  deux  der- 
niers siècles  virent  s'élever  de  noml)reux  châteaux  ou  des 
résidences  seigneuriales  de  grande  importance  qui  furent 
également  des  palais  par  leur  étendue,  parla  diversité  des 
nombreux  services  qu'ils  renfermaient  et  par  le  caractère 
de  leur  architecture  dans  laquelle  les  ordonnances  clas- 
siques jouaient  un  grand  rôle  ;  il  en  fut  de  même,  depuis 
la  Renaissance  jusqu'à  nos  jours,  dans  toutes  les  nations 
de  l'Europe,  et  il  serait  aussi  long  que  fastidieux  de  citer 
les  noms  des  villes  ou  villages  dans  lesquels  sont  indiqués 
ces  palais  des  souverains,  des  princes,  des  seigneurs  ou  des 
financiers  ;  mais  il  est  assez  intéressant  de  montrer,  en  ter- 
minant, comme  ce  mot  Palais  qui,  à  Forigine,  il  y  a  plus 
de  dix-neuf  siècles,  fut  réservé  à  l'habitation  du  souverain 
et  qui,  depuis  la  Renaissanceitahenne,  fut  appliqué  atout 
édifice  remarquable  par  les  grandes  dispositions  de  son  plan 
et  la  beauté  de  son  architecture,  est  souvent  aujourd'hui 
donné  à  toute  construction  importante  affectée  aux  usages 
les  plus  divers,  d^lnsiV ancien  Palais  de  V Industrie  qI\q 
Palais  des  Machines,  à  Paris  ;  le  Palais  du  Peuple,  à 
Londres,  et  le  Palais  de  CrislaL  aux  portes  de  cette  ville  ; 
voire  même  à  des  constructions,  parfois  légères,  qui  ne 
sont  autres  que  des  serres  monumentales  ou  encore  des 
bâtiments  aménagés  pour  recevoir  des  singes  ou  des  rep- 
tiles dans  les  jardins  zoologiques.  Charles  Lucas. 

Palais-Bourbon  (V.  Bourbon). 

Palais  de  Cristal.  —  La  première  Exposition  univer- 
selle internationale,  tenue  cà  Londres  en  1851,  fut  ins- 
tallée sur  les  terrains  de  Hyde  Park,  où  elle  occupait  un 
emplacement  de  plus  de  7  hect.,  dans  un  véritable  palais 
([ui  fut  appelé  Palais  de  Cristal,  parce  qu'il  était  vitré, 
non  seulement  à  la  partie  supérieure,  mais  aussi  sur  les 
parois  latérales,  à  partir  du  premier  étage.  L'architecte 
du  palais  fut  M.  Paxton,  et  les  entrepreneurs  qui  en 
assurèrent  Fexécution  en  moins  de  huit  mois  furent 
MM.  Fox  et  Henderson.  L'effet  produit  et  le  succès 
obtenu  par  cette  masse  de  métal  et  de  verre  furent  con- 
sidérables et  suscitèrent  de  nombreuses  imitations,  au 
moHîs  partielles,  à  Dublin  notamment  ;  à  Paris,  on  appela, 
pendant  sa  construction.  Palais  de  Cristal,  Fancien  palais 
de  l'industrie  aux  Champs-Elysées,  palais  aujourd'hui 
démoli  et  dont  la  couverture  de  la  nef  était  seule  vitrée. 
Le  Palais  de  Cristal  de  Hyde  Park  fut  vendu,  après  Fexpo- 
sition  de  1831,  70.000  F  st.  (1.750.000  fr.),  puis  dé- 
monté et  transporté  aux  environs  de  Londres,  à  Sydenham, 
où  il  fut  réédifié  par  les  soins  de  MM.  Owen  Jones  et  Digby 
Wyatt;  mais  en  recevant  un  heureux  changement  de 
destination.  En  dehors  de  la  grande  nef  convertie  en  jar- 
din d'hiver,  les  bas  côtés  du  nouveau  Palais  de  Cristal 
forment  un  musée  admirable  et  unique  où  toutes  les 
époques  de  l'art  sont  représentées  dans  des  salles  spéciales 
aménagées  à  cet  effet,  Charles  Lucas. 


PALAIS 


SU  — 


PAi.\is  DE  l'Institut.  —  Le  Palais  de  l'Institut,  situé 
à  Paris  entre  le  quai  Conti,  la  rue  de  Seine,  lu  rue  Maza- 
rine  et  des  propriétés  privées,  n'est  autre  que  l'ancien 
Collège  des  Quatre-Nations ,  construit  en  1663,  sur  les 
plans  de  Levau,  à  l'emplacement  d'anciens  hôtels  dont 
l'hôtel  de  Nesle  et  sa  fameuse  tour,  et  en  exécution  du  tes- 
tament du  cardinal  Mazarin,  afin  de  recevoir  les  jeunes 
gens  originaires  d'Alsace,  de  Pignorol.  de  Flandre  et  du 
Houssillon,  territoires  réunis  à  la  Fr-ance  sous  le  minis- 
lère  de  ce  cardinal.  La  chapelle  qui  fui  auumagée,  en  1 80S, 
par  A.-L.  Vaudoyer  pour  servir  de  salle  des  séances  à 
l'Institut  de  France,  renfermait  le  tombeau  du  cardinal 
par  Coyzevox,  tombeau  qui  fut  transporté  en  1792  au 
musée  des  x\Ionuments  français  (ancien  couvent  des  Petits- 
Augustins,  aujourd'hui  l'Ecole  des  beaux-arts),  puis  au 
musée  du  Louvre  dans  la  partie  conservée  à  la  sculpture 
moderne.  La  Bibliothèque  Mazarine  occupe  le  pavillon 
de  gauche  dans  la  première  cour  et  est  accusée  par  un 
avant-corps,  faisant  pendant  à  un  avant-corps  semblable 
du  pavillon  de  droite,  qui  accuse  l'entrée  d'honneur  des 
membres  de  l'Institut,  la  porte  d'entrée  sur  le  quai  res- 
tant toujours  fermée  par  suite  des  gradins  qui  sont  adossés 
en  arrière  de  cette  porte.  Dans  June  seconde  cour,  sont  à 
gauche  les  services  spéciaux  des  diverses  académies,  le 
secrétariat,  la  bibliothèque  propre  de  l'Institut  et  les  salles 
de  séances  ordinaires  des  Académies,  œuvre  de  l'archi- 
tecte IL  Lebas  ;  le  coté  droit  est  divisé  en  appartements 
et  ateliers  concédés  gracieusement  à  des  artistes,  et  les 
secrétaires  perpétuels  des  cinq  académies  ont  leur  habita- 
tion dans  les  deux  pavillons  d'angle  sur  le  quai  Conti,  à 
gauche  et  à  droite  de  la  place  semi-circulaire  décrite  par 
la  façade,  en  face  le  pont  des  Arts  et  le  Louvre.  De  1663 
à  1792,  le  collège  Mazarin,  qui  a  conservé  presque  tous 
ses  bâtiments  comme  ils  furent  construits  il  y  a  plus  de 
deux  siècles,  subit  peu  de  modifications  et  seulement  dans 
son  régime  intérieur;  mais  de  1792  à  1806,  date  du 
décret  par  lequel  Napoléon  P^'  affecta  ce  collège  à  l'Insti- 
tut de  France,  les  bâtiments  en  furent  successivement 
occupés  en  partie  par  une  prison,  une  école  centrale  et 
par  les  ateliers  des  élèves  de  l'ancienne  Académie  (l'Ecole 
des  beaux-arts),  laquelle  y  conserva  des  locaux  jusqu'à 
l'achèvement  des  constructions  élevées  sur  la  rue  Bona- 
parte. Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  vicissitudes,  relativement 
peu  importantes  au  point  de  vue  des  bâtiments,  l'Institut, 
qui  doit  surtout  ce  titre  de  palais  à  ce  qu'il  abrite  une 
institution  des  plus  gh)rieuses  de  l'Etat,  unique  au  monde 
et  jouissant  d'une  réelle  autonomie,  une  sorte  de  corps 
souverain,  offre  à  notre  époque  un  spécimen,  remarquable 
par  sa  conservation,  d'un  grand  édifice  d'enseignement 
construit  sous  le  règne  de  Louis  XIV  et  dans  lequel,  à 
côté  de  parties  n'ayant  qu'un  caractère  utilitaire,  s'en 
voient  d'autres,  l'ancienne  chapelle,  la  bibliothèque  Maza- 
rine et  toute  la  façade  sur  le  quai  Conti,  montrant  ce 
qu'était  l'architecture  française  au  commencement  du  règne 
de  Louis  XIV.  Charles  Lucas. 

Palais  d'Eté.  —  Ce  palais,  retiré  à  2  lieues  en  avant 
de  Peking,  connu  sous  le  nom  de  Youen-ming-ijouen  et 
servant  depuis  plusieurs  siècles  de  résidence  d'été  aux 
empereurs  de  la  Chine,  fut  pillé  et  incendié  le  18  oct. 
1860,  par  ordre  de  lord  Elgin,  lors  de  la  marche  de 
l'armée  franco-anglaise  sur  Peking  (V.  Chine,  §  Histoire, 
t.  XI,  pp.  108  et  109).  Quoique  ce  ne  fût  pas  le  plus 
important  des  édifices  de  ce  genre  et  qu'il  ne  pût  lutter 
pour  le  nombre  des  enceintes  et  des  bâtiments,  ainsi  que 
pour  le  luxe  de  ces  derniers,  avec  le  palais  impérial  pro- 
prement dit,  il  comprenait,  outre  le  bâtiment  principal 
affecté  aux  réceptions  ofTicielles  et  les  bâtiments  d'habita- 
tion du  'souverain,  des  femmes  et  des  nombreux  officiers 
de  service,  des  bâtiments  spéciaux  pour  l'étude,  pour  le 
repos,  étant  bien  entendu  que  ce  mot  bâtiment  indique 
ici,  non  une  construction  plus  ou  moins  importante,  mais 
un  ensemble  de  pavillons  avec  jardins  et  pièces  d'eau  ren- 
fermés dans  des  petites  enceintes  spéciales.  Les  pavillons 


chinois  oui,  au  resle,  et  sauf  les  pagodes,  rarement  plus 
d'un  étage  ;  mais  les  jardins  qui  les  environnent  et  qui 
étaient  disposés  à  profusion  dans  le  palais  d'été,  offraient 
un  luxe  dont  les  plus  belles  résidences  d'Europe  ne  sau- 
raient donner  une  idée.  Charles  Lucas. 

Palais  du  Louvre  (V.  Louvbe  [Palais  du]). 

Palais  du  Luxembourg  (V.  Luxembourg  [Palais   du]). 

Palais  Impérial  (V.  Coisstantinople,  §  Topographie 
de  Comtantinople  an  moyen  âge,  t.  XII,  pp.  617-18). 

IL  Histoire  des  institutions.  —  Durant  le  haui 
moyen  âge  et  plus  spécialement  pendant  la  période  carolin- 
gienne, le  palatiuni  du  monarque  désignait  non  pas  sa  ré- 
sidence, mais  tout  l'entourage  du  prince,  c.-à-d.  ce  qu'on 
appellera  plus  tard  la  cour.  Il  était  composé  des  grands, 
des  officiers  domestiques,  qui  deviendront  plus  tard  les 
grands  officiers  de  la  couronne,  des  conseillers,  des  com- 
mensaux en  titre,  des  clercs  de  la  chapelle  royale  et  de 
nombreux  domestiques  ou  officiers  subalternes.  Le  palais 
se  déplaçait  avec  le  roi  et  le  suivait  dans  ses  diverses  ré- 
sidences. Il  se  transforma  peu  à  peu  sous  les  premiers 
Capétiens  lorsque  les  monarques  eurent  une  capitale  et 
que  les  diverses  administrations  se  séparèrent  peu  à  peu 
de  la  cour  du  roi. 

III.  Administration. —  Palais  nationaux.  —  L'ad- 
ministration des  palais  nationaux  ressortit  au  3^  bureau 
de  la  direction  des  beaux-arts,  au  même  titre  que  celle 
des  bâtiments  civils,  dont  nous  avons  parlé  ailleurs 
(V.  Bâtiment,  t.  V,  p.  773).  Avant  le  4  sept.  1870, 
ce  service  faisait  partie  de  la  dotation  de  la  Couronne. 
Il  comprend  le  Louvre,  les  Tuileries,  le  Palais-Royal,  le 
Luxembourg,  l'Elysée,  les  palais  de  Versailles,  Trianon, 
Compiègne,  Fontainebleau,  Pau,  Rambouillet  ;  les  ma- 
nufactures des  Gobelins,  de  Beauvais,  de  Sèvres.  Il 
s'occupe  des  constructions,  réparations,  travaux  d'entre- 
tien concernant  ces  palais,  et  il  est  guidé  dans  sa  tâche 
par  la  commission  supérieure  des  bâtiments  civils  et 
des  palais  nationaux  et  par  le  conseil  général  des  bâti- 
ments civils.  Il  a  encore  dans  ses  attributions  le  service 
des  eaux  de  Marly,  Versailles,  Saint-Cloud  et  Meudon,  la 
terrasse  et  les  parterres  de  Saint-Germain,  l'hôtel  du  mo- 
bilier national,  l'hôtel  des  écuries  et  les  écuries  de  l'Aima, 
l'école  d'agriculture  de  Grignon,  la  bergerie  de  Rambouil- 
let. Le  service  pourvoit  à  la  garde  et  à  la  régie  de  ces 
bâtiments,  sauf  cependant  en  ce  qui  concerne  le  Luxem- 
bourg, que  le  Sénat  occupe  à  titre  de  locataire,  mais  oii  il 
opère  néanmoins  les  grosses  réparations  qui  sont  d'ordi- 
naire à  la  charge  des  propriétaires.  Il  garde  les  objets 
d'art  que  renferment  les  palais,  pourvoit  à  la  tenue  des 
appartements,  à  l'entretien  du  mobilier,  veille  à  la  sur- 
veillance extérieure,  garde,  police,  des  cours,  jardins, 
parcs  et  avenues.  Chaque  domaine  est  placé  sous  les  ordres 
d'un  conservateur  responsable  nommé  par  le  ministre. 
Le  conservateur  dirige  un  service  civil  et  un  service  mih- 
taire  chargé  spécialement  de  la  surveillance.  Des  inspec- 
teurs s'assurent  que  les  règlements  sont  exécutés  dans 
chaque  palais,  que  les  écritures  y  sont  régulières,  etc.  Le 
conservateur  ne  dirige  pas  le  service  technique  des  bâti- 
ments et  jardins,  qui  est  placé  sous  les  ordres  d'un  archi- 
tecte assisté  d'un  personnel  spécial  d'inspecteurs,  vérifi- 
cateurs, jardiniers,  etc.  Ce  dualisme  de  commandement  et 
de  responsabilité  présente  parfois  des  inconvénients  assez 
graves.  Il  ne  faudrait  pas  croire  que  dans  chaque  palais 
le  service  est  organisé  comme  nous  venons  de  l'indiquer 
brièvement.  Il  ne  fonctionne  avec  cette  régularité  et  sous 
cette  forme  que  dans  les  palais  du  Louvre  et  des  Tuile- 
ries, au  Palais-Royal,  à  Saint-Cloud,  à  Versailles,  Tria- 
non,  Rambouillet,  Fontainebleau,  Compiègne  et  Pau.  Mais, 
par  exemple,  au  Luxembourg,  c'est  l'administration  inté- 
rieure du  Sénat  qui  dirige  tout.  D'autre  part,  dans  les 
manufactures  des  Gobelins,  de  Sèvres,  de  Beauvais,  à 
l'école  de  Grignon,  à  la  bergerie  de  Rambouillet,  c'est 
aussi  le  service  affectataire  qui  s'occupe  de  la  régie  du 
bâtiment.  Il  y  a  un  régisseur  à  l'hôtel  des  écuries  de 


8^0 


PALAIS 


l'Aima.  Le  Garde-Meuble  constitue  un  service  distinct  qui 
a  dans  ses  attributions  à  la  fois  la  conservation  et  l'affec- 
tation. Au  contraire,  à  Saint-Germain,  il  n'existe  qu'un 
service  des  bâtiments  et  pas  de  régie  au  château.  Enfin  le 
service  des  eaux  de  Marly,  Versailles,  Saint-Cloud  etMeu- 
don  a  son  centre  à  Versailles  et  est  dirigé  par  un  direc- 
teur qui  relève  immédiatement  de  l'administration  cen- 
trale. 

Historique.  Comme  lîous  F  avons  dit,  les  palais  na- 
tionaux sont  restés  longtemps  dans  les  services  de  la  Cou- 
ronne. En  1848,  ils  passèrent  avec  les  bâtiments  civils  au 
ministère  des  travaux  publics.  Ils  revinrent,  en  1852,  à 
la  couronne  et  furent  administrés  par  le  ministère  de  la 
maison  jusqu'en  1860  ;  ils  passèrent  ensuite  du  ministère 


ORDRE.  DES  AVOCATS 

l/'7l..|Hiri_J 

«  '•"/Mt»»"''^       COUR       H  s     L». 


de  la  maison  au  grand  maréchal  du  palais,  puis  du  grand 
maréchal  du  palais  au  ministre  de  la  maison  (1860-63), 
Après  le  4  sept.  1870,  ils  rejoignirent  les  bâtiments  civils 
au  ministère  des  travaux  publics  et  ce  n'est  que  le 
30  janv.  188'2  qu'ils  furent  rattachés,  toujours  avec  les 
bâtiments  civils,  au  département  de  l'instruction  publique, 
direction  des  beaux-arts.  R.  S. 

BiBL.  :  Paul  Dui'RK  et  Gustave  Olle.ndouff,  Traité  do 
Infhninislrntioi}  dos  boniix-artf^  ;  Paris.  1K85,  2  vol.  in-S. 

PALAIS  {uK^jLSiu.K  (Architect.).  Cet  édifice,  aujour- 
d'hui entièrement  affeclé  aux  services  judiciaires,  s'élève 
en  partie  sur  l'emplacement  d'anciennes  constructions,  les 
plus  anciennes  peut-être  qui  aient  existé  dans  la  cité  et 
dans  l'ancienne  ville  gallo-romaine  de  Lutèce.  Là,   en 


i^*^**** 


oàC/^J        <         DU         l-«-^-l    1«  Chambre 
^^î::!!/        i  PREMIER   I  i    Cour  d'Appel   r 

^  Wr*H-  jPRESIDENTlfi  ■  Lu 


\/Esubule  Grand  Chambre      1    O 

Ul — ,M^^ 

|^<  COUR      \    \  I  ^  ^ 

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CL  if"  iiiiw  #>*  J>Ai^^<i^ 

COUR  I    . 

\  W  ^  s 

Chambre      Lns^ibid    W^'-''^ 
Criminelle  I         P    ^    ^^^ 


DU 
DÉPÔT 


il  GALERIE        S^   LOUIS     1.4 ^ 


4.PREAU    CELLULAIRE  î 
^1  \ 


W^-* 


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[conciergerie:  [|^  J  > 
■   l-BLÎ*^ 

'  '^^^*^^^^'      r  sa 


I  Bibliothèque 


JChambre  '     H     f: 


Palais  de  Justice  de  Paris  (Plan  du  premier  étage). 


gChambre  '     f^ 


effet,  à  côté  d'autres  édifices,  dont  on  a  retrouvé,  à  diverses 
époques,  les  substructions  et  d'importants  et  nombreux 
motifs  d'architecture  et  de  sculpture,  dut  exister,  aux 
premiers  temps  de  la  conquête  romaine,  une  forteresse 
servant  éventuellement  de  résidence  au  gouverneur 
romain,  et  si  le  césar  Julien,  dans  les  séjours  qu'il  fit  à 
Lutèce,  préféra  habiter  le  palais  des  Thermes,  si  les  rois 
mérovingiens  et  carlovingiens  préférèrent  tenir  leur  cour 
dans  de  grandes  villas  dont  les  emplacements  nous  sont 


connus,  en  revanche,  les  premiers  rois  capétiens  firent  du 
palais  de  la  Cité  le  premier  siège  de  la  monarchie. 
Louis  IX  dut  même  faire  reconstruire  entièrement  ce 
palais,  devenu  trop  étroit  pour  l'habitation  des  nombreux 
officiers  de  tous  rangs  qui  vivaient  dès  cette  époque  à  la 
cour,  et  Phillippe  le  Bel  acheva  l'œuvre  de  son  aieul.  Ce 
n'est  que  lorsque  Charles  V  eut  abandonné  ce  palais  de  la 
Cité  pour  le  château  royal  du  Louvre  que  ce  palais  devint 
entièrement  affecté  aux  services  judiciaires  et  financiers 


PALAIS 


—  826  — 


dont,  au-dessus  de  tous  les  autres,  le  Parlement  et  la  Cour 
des  comptes.  Deux  terribles  incendies,  l'un  en  4618,  qui 
détruisit  l'ancienne  Grande  salle  goîhùiue  (^t  en  amena  la 
reconstruction  ])SiYSalomonde  Brosse(V.  DKBRossE[Les]), 
et  l'autre  en  i776,  qui  fut  suivi  de  la  construction  de  bâti- 
ments autour  de  la  cour  du  Mai,  sur  la  rue  de  la  Barillerie, 
aujourd'hui  boulevard  du  Palais,  moditièrent  considéra- 
blement l'aspect  du  palais,  lequel  fut  remanié  et  agrandi 
depuis  un  demi-siècle  et  Tincendie  de  1871  ;  mais  une 
gravure  de  Guillaumot,  d'après  un  dessin  de  Fichot,  dans 
la  Description  archéologiii'ue  desMomuiievJs  de  Paris 
de  Guilhermy  (Paris,  2^  édit.,  1856,  in-12,  p.  8021) nous 
montre  le  Palais  de  Justice,  dit  le  Palais  en  l'Ile,  tel 
qu'il  était  encore  au  commencement  du  n'^giiede  Louis  XVI 
avec  une  vaste  cour  intérieure,  sur  laquelle  faisait  saillie 
la  Sainte-Chapelle,  d'autres  plus  petites,  les  deux  portes 
ogivales  sur  la  rue  de  la  Barillerie,  l'église  de  Saint- 
Michel,  la  tour  de  l'Horloge  et  les  toitures  des  tours  du 
côté  septentrional  de  la  Seine,  la  salle  des  Pas-Perdus  et 
le  logis  de  la  Chambre  des  comptes.  Depuis  cette  époque, 
des  constructions  de  grande  hauteur  ont  défiguré  cet 
aspect  pittoresque  ;  Louis  XVI  a  fait  bâtir  par  le  sieur 
des  Maisons,  son  architecte,  les  façades  des  bâtiments  de 
la  cour  du  Mai  et,  sous  les  gouvernements  qui  se  sont 
succédé  depuis  un  demi-siècle,  MM.  DucetDommey,  d'abord, 
ont  retrouvé  ou  reconstruit  toute  la  partie  du  palais  avoi- 
sinant  la  tour  de  l'Horloge  ;  M.  Duc  a  fait  élever  les  bâti- 
ments de  la  Police  correctionnelle  entre  la  cour  de  la 
Sainte-Chapelle  et  la  rue  de  ce  nom,  la  (^our  d'assises 
et  la  nouvelle  salle  des  Pas-Perdus  ou  vestibule  de  Harlay, 
sur  la  place  Dauphine  ;  la  (^our  de  cassation  et  la  prison 
cellulaire  sur  le  quai  de  l'Horloge,  pendant  que  M.  Diet 
faisait  élever  le  bâtiment  de  la  Préfecture  de  police  au- 
jourd'hui enclavé  dans  le  palais,  du  côté  du  quai  des 
Orfèvres,  et  que,  de  nos  jours,  M.  Daumet  poursuit  la 
reconstruction  de  la  Cour  d'appel.  Par  suite  de  l'installa- 
tion de  tant  de  services  divers  au  Palais  de  Justice,  il  est 
intéressant  de  noter  que  cet  ensemble  considérable  de 
travaux  de  construction  ou  d'entretien  a  nécessité  et  néces- 
site annuellement  des  crédits  importants  imputables  sur  des 
budgets  différents:  Etat,  département  et  ville  de  Paris,  mi- 
nistères de  la  Justice,  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  pubîi- 
queet  des  Beaux-Arts,  suivant  qu'il  s'agit  de  la  Cour  de  cas- 
sation, de  la  Cour  d'appel,  de  la  Cour  d'assises,  du  Tribunal 
civil  et  correctionnel  ou  de  première  instance,  du  Tribunal 
de  simple  police,  du  Dépôt  des  prisonniers  et  aussi  de  la 
Sainte-Chapelle,  monument  historique  classé  et  restauré 
depuis  un  demi-siècle  par  Lassus,  Viollet-le-Duc,  Duban 
et  Bœswillwald.  La  figure  ci-dessus,  empruntée  à  V Agenda 
de  la  Cour  d'appel  de  Paris  pour  1899  et  qui  n'est, 
avec  quelques  mo  lifications,  qu'une  réduction  du  grand 
plan  dressé  par  Huyot  et  modifié  par  M.  Duc,  lors  du 
commencement  des  travaux  de  reconstruction  du  Palais 
de  Justice,  fait  bien  voir  Tenchevêtrement  de  juridictions 
et  aussi  les  grandes  di^isions  qu'occupent  ces  juridictions 
dans  le  Palais  de  Justice  actuel  et  dispense  d'une  plus 
lan^i^ue  et  trop  spéciale  énumération  de  ces  services.  Ch.  L. 
PALAIS-HoYAL.  Ensemble  réguher  de  constructions 
situées  à  Paris  (P^  arr.)  et  qui  couvrent  une  surface 
de  405  m.  de  long  (du  N.  au  S.)  sur  123  m.  de  large 
(de  l'E.  àl'O.),  entre  la  rue  Saint-Honoré,  la  place  du  Palais- 
Royal  et  celle  du  Théâtre-Français,  la  rue  de  Montpen- 
sier,  la  rue  de  Beaujolais  et  la  rue  de  Valois.  Le  palais 
proprement  dit  s'ouvre  sur  la  place  du  Palais-Royal, 
augmentée  de  plus  du  double  depuis  le  percement  de  la 
rue  de  Rivoli.  Il  comprend,  au  fond  d'une  cour  presque 
carrée  et  flanquée  à  droite  et  à  gauche  de  deux  pavillons, 
un  rez-de-chaussée  et  un  étage  a\ec  mansardes.  Un  por- 
tique de  six  arcades,  avec  grilles,  entablement  et  balus- 
trades, unit  les  pavillons.  Le  rez-de-chaussée  du  corps 
principal  est  d'ordre  dorique,  le  premier  étage  d'ordre 
ionique  ;  les  pavillons  ont  chacun  quatre  colonnes  ioniques, 
avec  frontons  triangulaires.  La  partie  moyenne  comporte 


l'entrée  d'honneur  (triple  porte  avec  huit  colonnes  doriques 
accouplées),  puis  trois  arcades  aboutissant  au  vestibule  du 
palais,  qui  se  compose  d'un  pavillon  central  orné  de  six 
colonnes  ioniques  accouplées,  surmonté  d'un  attique  à 
pilastres  avec  fronton  semi-circulaire.  Toute  cette  partie 
du  palais  est  à  l'exposition  du  midi.  Au  nord,  il  présente, 
sur  une  cour  intérieure,  une  façade  comprenant  un  rez- 
de-(*]iaussée  en  arcades  et  un  premier  étage  distribué 
entre  dix  colonnes  composites.  Les  deux  côtés,  oriental  et 
occidental,  se  prolongent  par  des  constructions  latérales 
sur  portiques,  ([ui  vont  joindre  la  galerie  d'Orléans,  vitrée 
en  partie,  et  surmontée,  d'autre  part,  de  terrasses  à  la 
hauteur  du  premier  étage  du  palais.  C'est  avec  cette  ga- 
lerie (jue  commence  le  «  palais  marchand  »,  c.-à-d.  l'en- 
semble des  constructions  destinées  au  commerce,  enve- 
loppant un  jardin  de  250  m.  de  long  sur  95  de  large 
(207  arcades  ou  portiques).  Le  jardin  est  planté  d'arbres 
en  allées,  orné  de  parterres,  et  d'un  bassin  central  avec 
jet  d'eau. 

Les  premières  constructions,  à  la  place  des  hôtels  de 
Mercœur  et  de  Rambouillet,  furent  commandées  par  le 
cardinal  Richelieu  à  l'architecte  Lemercier  (1629-36)  ; 
elles  prirent  le  nom  de  Palais-Cardinal,  et  Corneille  décla- 
rait, dans  le  Menteur  (1642),  «  que  l'univers  entier  ne 
peut  rien  voir  d'égal  aux  superbes  dehors  du  Palais-Car- 
dinal ».  Louis  XHl  en  hérita  en  vertu  du  testament  de  son 
ministre,  et  il  devint  réellement  «  Palais-Royal  »  par  le 
choix  qu'en  fit,  pour  sa  demeure  habituelle,  la  régente 
Anne  d'Autriche,  mère  de  Louis  XIV.  11  fut  aussi  quelque 
tem])s  l'asile  de  la  veuve  de  Charles  I^^'  d'Angleterre,  Hen- 
riette-Marie de  France.  En  i661i,  Louis  XÏV  l'attribua 
comme  résidence  à  son  frère,  le  duc  d'Orléans,  qui  l'agran- 
dit, le  décora,  en  devint  propriétaire  en  1692  (lettres 
patentes  de  février),  et  le  laissa  en  1701  à  son  fils,  qui, 
devenu  régent  au  nom  de  Louis  XV,  y  fit  procéder  à  de 
nouveaux  embellissements,  et  y  réunit  une  galerie  célèbre 
de  tableaux.  Cette  galerie,  expurgée,  dit-on,  par  Louis, 
fils  du  régent  (1723-52),  prit,  sous  Louis-Philippe,  les 
proportions  d'un  vrai  musée.  Mais  en  1763  brûla  l'Opéra, 
attenant  alors  au  Palais,  qui  fut  aussi  en  partie  consumé  ; 
c'est  d'alors  que  datent  les  trois  corps  de  bâtiment  ac- 
tuels dus  à  P.-L.  Moreau.  En  1780,  Louis-Philippe-Joseph, 
alors  duc  de  Chartres,  fit  édifier  par  Louis  le  palais  mar- 
chand, achevé  en  1784.  Un  second  incendie  de  l'Opéra 
(1781)  donna  occasion  à  la  construction  (1786)  du 
théâtre  des  Variétés  amusantes,  aujourd'hui  Comédie- 
française  (V.  ce  mot).  En  1790,  sur  les  180  arcades  qui 
entouraient  alors  le  j  ardin ,  le  duc  d'Orléans  en  avait  déi  à  loué 
160,  qui  lui  avaient  rapporté  plus  de  10  millions.  Toutes 
les  modifications  de  cette  époque  ne  furent  pas  heureuses. 
Les  superbes  marronniers  de  Richeheu  disparurent  ;  un 
cirque,  en  partie  souterrain  (178^7-99),  fut  construit  au 
centre.  Les  arcades,  le  jardin  et  surtout  la  galerie  de  bois 
devinrent  le  rendez-vous  ordinaire  des  libertins,  des 
filles,  des  joueurs,  des  agioteurs,  et  aussi  des  étrangers, 
qui  iugeaiènt  par  là  de  Paris  et  de  la  France.  Comme 
le  Temple  et  le  Luxembourg,  le  Palais-Royal  était 
encore  un  lieu  privilégié  et  une  sorte  d'asile  pour  les 
délinquants,  à  la  veille  de  la  Révolution;  lel9avr.  1787, 
le  roi  signe  une  lettre  à  l'adresse  du  duc  d'Orléans,  afin 
«  que  les  officiers  de  police  puissent  librement  faire  leurs 
recherches  »  dans  son  palais  «  comme  partout  ail- 
leurs »,  vu  «  la  multiplicité  des  faiseurs  de  fausses 
lettres  de  change  ».  Les  jardins  royaux  (Tuileries,  etc.) 
n'étaient  ouverts  qu'aux  gens  de  la  bonne  société, 
«  bien  vêtus  »  ;  on  redoutait  les  rassemblements  «  illi- 
cites »  et  populaires  ;  c'est  le  duc  d'Orléans  qui,  le  pre  - 
mier,  leur  donna  chez  lui  toutes  facilités,  et  leur  assura 
une  impunité  relative.  Le  Palais-Royal  fut  par  suite  le 
centre  et  le  foyer  des  premières  journées  révolutionnaires 
(V.  Bastille).  Devenu  bien  national  par  la  condamnation 
de  Philippe-Egalité,  il  fut  presque  abandonné  aux  fan- 
taisies déprédatrices  et   mercantiles    de  ses    locataires 


,—  827  — 


PALAIS  -  PALAISEAU 


Après  le  18  brumaire,  le  ïribunaty  fut  installé  jusqu'à  sa 
suppression  (1807),  puis  ce  fut  le  tour  de  la  Bourse  et  du 
Tribunal  de  commerce.  Louis  XVIII,  avec  qui  le  fils 
d'Egalité  s'était  réconcilié,  lui  rendit  son  palais  ;  Louis- 
Philippe  fit  construire  la  galerie  vitrée  dite  d'Orléans  (par 
Fontaine),  dégager  l'aile  gauche  du  palais,  exhausser  d'un 
étage  le  bâtiment  central,  prolonger  l'aile  droite  du  théâtre 
au  jardin,  construire  les  pavillons  qui  relient  les  ailes  de  la 
cour  d'honneur  au  palais  marchand;  enfin,  restaurer  le 
théâtre.  C'est  dans  ce  palais  qu'après  les  journées  de  juillet, 
il  accepta  le  titre  de  roi  des  Français,  mais  il  cessa  de  l'ha- 
biter le  1^^'  oct.  1831.  Sous  la  deuxième  République,  le 
Palais-Royal  fut  la  résidence  du  Comptoir  d'escompte  et 
de  l'état-major  des  gardes  nationale  et  mobile.  D'abord 
seulement  mis  sous  séquestre,  il  fut  ensuite  confisqué  par 
le  décret  présidentiel  du  23  janv.  1852.  Sous  le  second 
Empire,  il  devint  la  résidence  du  «  roi  »  Jérôme  et  de 
son  fils,  le  prince  Napoléon.  La  galerie  des  tableaux  de 
Louis-Philippe  a  été  saccagée  en'' 1848;  celle  du  prince 
Napoléon  (peintures  allégoriques  de  Hédoin,  entre  autres) 
en  1871.  Il  est  actuellement  occupé  par  la  cour  des 
comptes  et,  depuis  1875,  par  le  conseil  d'Etat.  —  Au 
bout  de  la  galerie  Montpensier  et  au  N.-E.  du  palais  mar- 
chand se  trouve  une  petite  salle  de  spectacle  de  800  places 
construite  en  1785  et  qui  a  porté  les  noms  successifs  de 
théâtre  de  Beaujolais  ou  des  Marionnettes,  théâtre  de  M^^^de 
Montansier  (la  directrice)  en  1790,  théâtre  de  la  Montagne 
et  enfin  théâtre  du  Palais-Royal,  célèbre  par  la  gaieté  tra- 
ditionnelle de  son  répertoire.  H.  Mokin. 

Théâtre  du  Palais-RoyaL — Ce  fut  Louis,  l'archi- 
tecte du  duc  d'Orléans  qui  eut  l'idée  d'aménager  une  salle 
de  spectacle  au  Palais-Royal,  à  l'extrémité  de  la  galerie 
de  Beaujolais.  Cette  salle  fut  achevée  en  1783,  et  servit 
d'abord  à  l'exhibition  de  diverses  attractions  de  second 
ordre.  Un  sieur  Delorme  y  montra  des  marionnettes  ;  une 
troupe  d'enfants  y  vint  jouer  de  petits  ballets  et  des  pan- 
tomimes. En  1790,  M^^®  Montansier,  actrice  du  théâtre 
de  Versailles,  étant  venue  s'installer  à  Paris  après  le  dé- 
part de  la  cour,  en  prit  la  direction.  Sous  le  nom  de 
théâtre  des  Variétés,  le  Palais-Royal  se  mit  à  jouer  alors  un 
peu  tous  les  genres.  Mais  en  1807,  un  décret  impérial  attri- 
bua à  la  troupe  le  théâtre  des  Variétés  du  boulevard 
Montmartre.  La  salle  du  Palais-Royal,  restée  vide,  abrita 
quelque  temps  des  marionnettes,  des  danseurs  de  corde 
et  une  troupe  de  chiens  savants  qui  eut  assez  de  succès. 
En  1814,  on  en  fit  un  café  chantant,  le  café  de  la  Paix, 
fameux  pendant  les  Cent-Jours.  A  la  suite  de  divers  scan- 
dales, il  fut  fermé  en  1818  pour  ne  se  rouvrir  qu'en  1830. 
La  salle  fut  alors  entièrement  reconstruite  par  l'architecte 
Guerchy.  MM.  Dormeuil  et  Ch.  Poirson,  qui  en  eurent  le 
privilège,  ouvrirent  leurs  portes  en  1831,  et  depuis  ce 
jour,  le  théâtre  du  Palais-Royal  (ce  fut  désormais  son 
nom)  n'a  pas  cessé  d'être  exploité.  Le  genre  auquel,  jus- 
qu'ici, il  s'est  tenu  de  préférence  est  celui  du  comique  à 
outrance.  Le  vaudeville,  la  pièce  à  quiproquos,  la  comédie 
bouffe  y  ont  été  interprétés  par  une  troupe  d'excellents 
acteurs.  Il  suffira  de  citer  Lepeintre  aîné,  Achard,  Levassor, 
Germain,  Grassot,  M'^^  Leménil,  Dupuis,  Virginie  Déjazet, 
Hyacinthe, Berthelier,Lassouche,  Gil-Pérez,  Luguet, Bras- 
seur, etc.  Les  auteurs  comiques  les  plus  en  vogue  ont  donné 
leurs  meilleures  pièces  au  Palais-Royal.  Qu'il  suffise  à  ce  su- 
jet de  dire  que  la  majeure  partie  de  l'œuvre  de  Labiche  fut 
représentée  sur  cette  scène,  un  des  derniers  refuges  de  ce  que 
l'on  appelle  la  vieille  gaieté  française.        H.  Quittard. 

BiBL.  :  J.  VATOVT^le Palais-Royal, souvenirshistoriques 
jusqu'en  1 8 il  ;  son  histoire  et  sa  description  ;  Paris,  1652, 
in-8.  —  [Divers]  Paris  à  travei^s  les  âges;  Paris,  in-fol., 
2  vol.,  ch.  II  (par  J.  Cousin).  —  V.,  pour  le  détail,  le  Cata- 
logue de  l'histoire  de  France  (Bibliothèque  nationale), 
t.  VIII,  pp.  517-518,  et- Supplément,  t.  XIII,  p.  491. 2« colonne, 
et  p.  499.  —  A,  TuETKY,  Répertoire  général  des  sources 
manuscrites  de  l'histoire  de  Paris  pendant  la  Révolution, 
1894,  t.  II,  in-4;  Introduction  et  passim. 

Théâtre.  —  Hugot,  Histoire  du  théâtre  du  Palais- 
Royal;  Paris,  1886. 


PALAIS.  Rivière  du  dép.  de  la  Gironde  (V.  ce  mot, 
t.  XVIII,  p.  983). 

PALAIS  (Le).  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  du  Morbihan, 
arr.  de  Lorient,  dit  aussi  cant.  do  Belle-Ile,  comprenant 
4  communes;  celle  du  Palais  a  4.931  hab.  Ch.-l.  du 
quartier  maritime  de  Belle-Ile  du  III^  arrondissement,  et 
syndicat.  —  Port  maritime,  sur  la  côte  N.-E.  de  Belle- 
Ile,  rade  foraine  abritée,  sauf  contre  les  vents  de  N.-E. 
Le  port  se  compose  d'un  port  d'échouage  et  d'un  bassin 
à  flot,  celui-ci  séparé  en  deux  par  un  pont  tournant. 
L'entrée  du  port  est  signalée  la  nuit  par  un  fanal.  Le 
Palais  est  aussi  une  véritable  forteresse  :  au  N.,  une  cita- 
delle ;  au  S. ,  une  succession  d'enceintes  ;  à  l'O. ,  un  ouvrage 
dit  de  Beau-Soleil,  qui  ferme  ce  côté.  La  ville,  bien  bâtie, 
ne  peut,  ainsi  enserrée  dans  ses  fortifications,  se  dévelop- 
per. Il  faut  citer  :  la  citadelle,  construite  en  1572  et 
complétée  par  Vauban  ;  elle  est  précédée  de  belles  pro- 
menades ;  les  anciennes  fortifications  appelées  :  la  Vieille- 
Enceinte  ;  la  nouvelle  enceinte  fortifiée  ;  l'Aiguade-Vauban 
ou  Belle-Fontaine  ;  l'hôpital  militaire,  fondé  par  Madeleine  de 
Castille,  femme  de  Fouquet  ;  le  Château- Fouquet  ;  les  grottes 
aux  pigeons  de  Saint-Michel  et  de  Port-Fouquet  ;  les  galeries 
souterraines  de  Kerspern  et  de  Kerdanet.  -—  Dans  la  com- 
mune se  trouvent  :  les  établissements  agricoles  de  Brute 
et  de  la  colonie  des  jeunes  détenus  ;  maison  de  réforme  des 
pupilles  du  dép.  de  la  Seine.  —  Bains  de  mer. 

Le  commerce  du  Palais  importe  les  articles  d'approvi- 
sionnement de  l'île,  entre  autres  la  rogue  ;  il  exporte  : 
hlé,  pommes  de  terre,  poissons  frais,  salés  ou  conservés. 
Le  mouvement  de  la  navigation  est  représenté  en  moyenne 
par  30.000  tonneaux  de  jauge  et  45.000  de  niarchan- 
dises.  Un  service  régulier  de  bateau  à  vapeur  a  lieu  jour- 
nellement pour  Port-Haliguen,  et  toutes  les  semaines  pour 
Auray,  Lorient,  Nantes.  Le  bateau  à  vapeur  de  Lorient 
à  Bordeaux -fait  souvent  escale  à  Belle-Ile.  —  L'industrie 
principale  est  la  pêche  (homards,  soles,  turbots,  anchois, 
sardines,  thons)  et  les  fabrications  qui  en  sont  la  con- 
séquence, telles  que  conserves  de  sardines.  —  Chantiers 
de  construction. 

L'histoire  du  Palais  se  confond  avec  celle  de  Belle-Ile 
(V.  ce  mot)  dont  elle  est  la  capitale.  Les  Anglais  s'em- 
parèrent du  Palais  en  4761  et  ne  l'évacuèrent  que  deux 
ans  après.  L'ile  a  souvent  été  attaquée  par  les  Anglais. 
Patrie  de  l'amiral  VVillaumez.  Ch.  Delavaud. 

BiBL.  :  JozoN,  Port  du  Palais,  dans  Ports  marit,  de 
France,  1879,  t.  IV. 

PALAIS  (Le).  Corn,  du  dép.  de  la  Haute-Vienne,  arr. 
et  cant.  (N.)  de  Limoges,  sur  la  rive  droite  de  la  Vienne  ; 
672  hab.  Usine  de  pâte  à  porcelaine.  Cette  localité,  que 
traversait  la  chaussée  romaine  de  Limoges  à  Bourges, 
semble  tirer  son  nom  du  Palatium  Jocundiacum,  rési- 
dence royale  de  l'époque  carolingienne,  où  se  tint  une 
diète  en  832.  Cependant  il  y  a  quelques  doutes  sur  cette 
identification.  Pierre  le  Scolastique  constate  qu'en  son 
temps  le  palais  n'existait  plus.  L'égfise  actuelle,  avec  clo- 
cher du  style  limousin,  date  du  xii®  siècle.  Devenu  com- 
manderie  du  Temple,  Le  Palais  se  perpétua  sous  l'ordre 
de  Malte  jusqu'à  la  B évolution.  La  juridiction  seigneu- 
riale ressortissait  au  sénéchal  de  Limoges.  —  Le  chemin 
de  fer  de  Limoges  à  Paris  traverse  la  commune  sur  un 
viaduc  de  six  arches,  haut  de  44  m. 

PALAIS-Du-Roi.  Montagne  du  dép.  de  la  Lozère  (S,  ce 
mot,  t.  XXII,  p.  708). 

PALAIS-Notre-Dame  (Le).  Hameau  du  dép.  de  la 
Creuse,  arr.  de  Bourganeuf,  cant.  de  Pontarion,  com.  de 
Thauron.  Jadis  siège  d'une  importante  abbaye  de  l'ordre 
de  Cîteaux,  fondée  en  4462. 

PALAISEAU.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép,  de  Seine-et-Oise, 
arr.  de  Versailles,  sur  l'Yvette;  2.661  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  de  Paris  à  Limours.  —  Doit  son  nom  {Pa- 
latiolum,  Paleisol,  Palesel)  à  un  petit  palais,  qui  exis- 
tait dès  la  première  race,  et  où  séjournèrent  Childebert  I^^' 
et  Clotaire  III.  En  754,  le  roi  Pépin  donna  la  terre  de 


PALAISEAU  —  PALAN 


—  §28  — 


Palaiseau  à  l'abbaye  de  Samt-Germuiii(}ui  la  conserva  jus- 
qu'au x^  siècle,  où  elle  passa  entre  les  mains  de  seigneurs 
laïques  ;  au  xvii*^  siècle,  elle  fut  érigée  en  marquisat.  Palai- 
seau  avait  alors  un  château,  placé  dans  une  admirable 
situation  sur  la  vallée  de  l'Yvette  et  dont  on  voyait  en- 
core, au  siècle  dernier,  plusieurs  tours  à  créneaux.  \ù église 
(parties  du  xii^  siècle),  dédiée  à  saint  Martin,  contient  les 
restes  des  anciens  seigneurs  et,  notamment,  de  la  famille 
des  Arnauld,  dont  les  corps  furent  transportés  là  de  Port- 
Royal,  en  1710.  —  Patrie  du  tambour  Bara.  ïronchel, 
l'un  des  défenseurs  de  Louis  XYÏ,  a  habité  à  Palaiseau; 
George  Sand  y  possédait  une  villa. 

BiiIl.:  AbbéLEDEUF.  llïst.  de  In  ville  et  du  Oàùc  dcl^u- 
vis,  t.  III,  pp.  321  et  suiv.,  de  léd.  de  liS84. 

PALAISEUL.  Coni.  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  arr. 
de  Langres,  cant.  de  Longeau;  i02  hah. 

PALAJA.  Com.  du  dép.  de  l'Aude,  arr.  et  cant.  (E.) 
de  Carcassonne  ;  264  hab. 

PALAKOLLOUouPALKOLE.Petitevillede  8.000  hab.. 
de  la  présidence  de  Madras  (Inde),  située  sur  le  bras  mé- 
ridional du  delta  de  la  Godavari,  et  qui  fut  le  premier 
établissement  fondé  par  les  Hollandais,  vers  le  milieu  du 
XVII®  siècle,  entre  la  côte  de  Coromandel  et  celle  des  Cir- 
cars.  Elle  est  définitivement  revenue  aux  Anglais  en  182o. 

PALALDA.  Com.  du  dép.  des  Pyrénées-Orientales,  arr. 
de  Céret,  cant.  d'Arles-sur-Tech  ;  914  hab. 

PALAM  AS  (Grégoire),  théologien  byzantin  du  xiv^  siècle, 
né  vers  la  fin  du  xiii*^  siècle.  Il  fut  le  principal  défenseur 
de  la  doctrine  des  hésychastes  et  vécut  d'abord  à  Constan- 
tinople,  puis  à  l'Athos.  Devenu  en  1349  archevêque  de 
Thessalonique,  il  ne  put  prendre  possession  de  son  siège  ; 
toutefois,  au  synode  de  1351,  grâce  à  l'appui  de  Jean  Can- 
tacuzène,  il  triompha  de  ses  adversaires  les  Barlaamites. 
Il  mourut  vers  1360,  et  fut  bientôt  honoré  comme  un  saint. 
Fondateur  de  la  théologie  hésy chaste,  il  passa  sa  vie  à 
combattre,  par  toutes  les  formes  de  la  polémique,  vers  ou 
prose,  apologies,  dialogues  ou  citations  des  pères,  ses  con- 
tradicteurs, en  particulier  Barlaam  et  Nicéphore  Grégo- 
ras.  Egalement  hostile  aux  Latins,  il  se  prononça  contre 
les  partisans  de  l'union.  De  ses  nombreux  écrits,  beau- 
coup sont  inédits  encore.  Sa  vie  écrite  par  le  patriarche  de 
Constantinople  Philothéos,  son  contemporain,  se  trouve 
avec  d'autres  documents  dans  Migne  {Pair,  gr.,  t.  CLI) 
(V.  Hésychastes,  Grégoras  [Nicéphore]).  Gh.  D. 

PALAM  ÈDE(naXa{X7i8rjç),  héros  grec  légendaire,  fils  de 
Nauplios  et  de  Glymène,  fille  d'Atrée.  Sa  légende  inconnue 
d'Homère,  paraît  provenir  desCypria  et  servit  de  thème  à 
Euripide.  On  le  regardait  comme  un  sage,  inventeur  des 
phares,  des  mesures,  de  l'alphabet,  du  jeu  d'échecs,  du 
disque,  etc.  Il  avait  un  sanctuaire  sur  la  côte  d'Asie  en 
face  de  Méthymne.  On  contait  que,  parti  pour  la  guerre  de 
Troie  avec  Agamemnon,  il  aurait  été  victime  de  la  jalousie 
d'Ulysse  et  de  Diomède.  Ils  l'accusèrent  de  trahison,  lui 
faisant  écrire  par  une  captive  phrygienne  une  prétendue 
lettre  de  Priam,  et  le  lapidèrent. 

PALAM EDEA  (Ornith.)  (V.  Kamichi). 

PALAM EDES  (Anthoni),  peintre  hollandais,  né  à  Delft 
en  4601,  mort  à  Amsterdam  en  1673.  Son  vrai  nom  était 
Anthoni  Palamedesz  Stevaerts,  mais  il  ne  se  servit  de  ce 
Bom  de  famille  que  pour  des  actes  notariés.  Plus  connu 
comme  un  peintre  élégant  et  spirituel  de  Sociétés  ga- 
lantes et  de  Conversations,  il  a  fait  aussi  de  très  bons 
portraits,  dont  quelques-uns  approchent  de  ceux  de  Ter 
Borch.  Il  a  peint  les  figures  dans  la  plupart  des  tableaux 
d'architecture  de  Dirk  Van  Delen.  Musées  de  Bruxelles, 
Copenhague,  Berlin,  Gotha,  Lille,  Nantes,  etc.     E.  D.-G. 

PALAMEDES  (Palamedes  Palamedesz  Stevaerts,  plus 
connu  sous  le  nom  de),  peintre  hollandais,  né  à  Delft  en 
1607,  mort  à  Delft  en  1638,  frère  du  précédent.  Il  signait 
de  son  vrai  nom  de  charmantes  scènes  militaires  et  ba- 
tailles qui  ont  pu  inspirer  Ph.  Wouwerman.  Musées  de 
Dresde,  Francfort,  etc.  E.  D.-G. 

BiBL.  :  Henri  Havarb,  les  PaUrmodes  :  l'Art  et  les  artistes 
hollandais;  Paris,  in-b. 


PALAM  IN  Y.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Garoiuie,  arr. 
de  Muret,  cant.  de  Cazères  ;  689  hab. 

PALAMKOTTA.  Petite  ville  (20.000  hab.),  située  à 
l'extrême  sud  de  l'Inde,  dans  le  district  de  Tinnevelli 
(présid.  de  Madras)  et  à  4  kil.  au  S.-E.  de  la  ville  de  ce 
nom,  sur  l'autre  rive  de  la  Tamraparni;  c'est  le  siège  de 
l'administration  du  district  ;  plusieurs  missions  chré- 
tiennes s'y  sont  établies  et  comptent  environ  2.000  convertis . 

PALAMOS.  Ville  d'Espagne,  province  et' à  32  kil. 
E.-S.-E.  de  Girone  (Catalogne),  district  delà  Bisbal,sur 
la  rive  d'une  petite  baie  de  la  Méditerranée;  2.323 hab. 
Elle  reçoit  des  caboteurs  et  des  bateaux  de  pèche.  Com- 
merce de  liège  provenant  des  forêts  voisines. 

PALAN.  I.  Mécamque.  —  Appareil  destiné  à  soulever 
les  fardeaux  verticalement  sans  déplacement  latéral. 

Palan  à  corde.  Il  se  compose  de  deux  moufles  con- 
juguées passant  successivement  dans  la  gorge  de  chacune 
des  pouhes  ou  réas  qui  constituent 
chacune  des  moufles.  Les  poulies  d'une 
même  moufle  sont  dites  poulies 
mouflées  ;  elles  sont  indépendantes 
entre  elles.  Chaque  moufle  est  munie 
d'un  crochet  ;  celui  de  la  moufle  su- 
périeure sert  à  suspendre  l'appareil, 
celui  de  la  moufle  inférieure  sert  à 
suspendre  le  fardeau.  La  corde  de 
manœuvre  est  attachée  par  l'une 
de  ses  extrémités  à  un  anneau  que 
porte  l'une  des  moufles.  L'autre  ex- 
trémité est  libre  et  sert  à  la  levée  du 
fardeau.  Les  brins  passant  sur  les  réas 
se  nomment  courants;  celui  (pii  sert  à 
la  levée  est  appelé  gainant. 

L'avantage  de  ce  système  se  com- 
prend de  suite  :  soit  P  la  charge  à 
soulever  et 6,  par  exemple,  le  nombre 
des  courants  ;  chacun  d'eux  ne  sup- 
portera que  1/6  de  la  charge  et  par 
suite,  pour  élever  le  fardeau,  il  suffira 
d'exercer  sur  le  garant  un  effort  de 

P 

traction  ésfal  à  -77-.   En  revanche,    le 
0 

temps  employé  à  la  manœuvre  est  assez  long.  En  effet, 
pour  élever  ce  fardeau  de  1  m.,  il  faut  que  chacun  des 
courants  se  racourcisse  de  cette  quantité  ;  si  donc  nous 
supposons  comme  tout  à  l'heure  six  courants,  il  faudra 
développer  6  m.  de  garant  pour  arrivera  ce  résultat.  Les 
inconvénients  du  palan  à  corde  sont  assez  nombreux  :  en 
premier  heu,  la  résistance  de  la  corde  varie  rapidement 
et  inégalement  avec  l'usure,  et  une  rupture  est  toujours 
à  craindre  ;  en  second  heu,  la  longueur  de  corde  néces- 
saire pour  la  manœuvre  est  toujours  considérable,  ce  qui 
rend  l'appareil  encombrant.  Enfin  on  remarquera  que, 
lorsque  la  charge  est  soulevée  de  terre,  elle  ne  se  main- 
tient en  équilibre  que  sous  l'action  de  l'effort  exercé  par 
l'ouvrier  sur  le  garant  ;  par  suite,  elle  redescendrait  si 
on  lâchait  le  garant  sans  l'avoir  préalablement  attaché  à 
un  point  fixe. 

Palan  différentiel  de  Weston  à  chaîne  sans  fin.  Cet 
appareil  est  basé  sur  le  principe  du  treuil  chinois  ;  l'axe 
supérieur,  passant  dans  la  chape  du  crochet  de  suspen- 
sion du  palan,  supporte  une  double  poulie  à  cône  à  deux 
étages,  portant  des  empreintes  pour  pouvoir  faire  usage 
de  la  chaîne.  L'axe  inférieur,  passant  dans  la  chape  du 
crochet  d'accrochage  du  fardeau,  porte  une  poulie  simple, 
à  empreintes. La  chaîne  du  palan  est  sans  fin;  elle  passe 
dans  la  gorge  d'un  des  étages  de  la  poulie  supérieure,  re- 
descend dans  celle  de  la  poulie  inférieure,  remonte  à 
l'autre  étage  de  la  poulie  du  haut  et  sous  forme  de  brin 
flottant  faisant  l'office  de  garant,  elle  redescend  puis  re- 
monte se  raccorder  à  son  point  de  départ.  En  un  mot, 
lorsqu'on  actionne  l'appareil,  elle  s'enroule  autoiu:*  d'un 


Palan. 


des  étages  de  la  pouîie-cône  et  se  déroule  autour  de  l'autre. 

Ensupposant  qu'il  s'agisse  du  mouvement  ascensionnel, 
""et  en  appelant  R  et  v  les  rayons  des  deux  étages  de  la 
poulie-cône,  nous  voyons  que,  pour  un  tour  complet  de 
celle-ci,  la  chaîne  s'enroule  de  ^tîR  et  se  déroule  de  2::?% 
le  chemin  parcouru  est  donc  2::  (R  —  r);  l'élévation  du 
fardeau  n'est  que  la  moitié  de  cette  quantité  puisque  la 
chaîne  a  deux  brins. 

R  et  r  étant  généralement  très  peu  différents,  il  en  ré- 
sulte que  le  mouvement  ascensionnel  est  très  lent,  mais 
en  revanche  le  rapport  entre  la  puissance  et  la  résistance 
s'abaisse  jusqu'à  4/30^. 

Palan  à  chaîne  et  à  vis  sam  fin.  il  ressemble  comme 
disposition  générale  à  un  palan  différentiel  dans  lequel 
l'un  des  étages  de  la  poulie-cône  serait  remplacé  par  une 
roue  à  denture  hélicoïdale.  Celle-ci  reçoit  son  mouvement 
d'une  vis  sans  fin  maintenue  après  la  chape  par  ses  deux 
extrémités  et  terminée  par  un  volant  de  manoeuvre  à  em- 
preinte. La  chaîne  n'est  pas  sans  fin;  elle  prend  son  point 
d'attache  sur  le  bras  de  la  chape  supérieure,  passe  dans 
la  poulie  du  crochet  inférieur,  remonte  sur  celle  du  cro- 
chet supérieur  et  retombe  librement.  Le  volant  de  ma- 
nœuvre de  la  vis  sans  fin  porte  une  chaîne  au  moyen  de 
laquelle  on  peut,  du  niveau  du  sol,  transmettre  le  mou- 
vement de  la  vis  sans  fin,  qui  actionne  la  roue  hélicoï- 
dale ;  celle-ci,  à  son  tour,  entraine  la  roue  à  empreintes, 
et  la  charge  monte  ou  descend  suivant  que  le  mouvement 
de  la  vis  sans  fin  se  fait  dans  un  sens  ou  dans  l'autre.  Le 
rapport  des  chemins  parcourus  est  de  i/60^  à  i/70^.  — 
Dans  ces  conditions,  les  efforts  de  frottement  développés 
dans  l'appareil  sont  suffisants  pour  équilibrer  l'effort  de 
traction,  de  telle  sorte  que  lorsqu'on  lâche  la  chaîne' de 
manœuvre  la  chaîne  reste  suspendue. 

Crochet  hydraulique.  Cet  appareil  peut,  dans  certains 
cas,  jouer  le  rôle  de  palan.  Il  se  compose  d'un  corps  cy- 
lindrique creux,  de  grande  longueur  et  hermétiquement 
fermé  dans  lequel  se  meut  un  piston  à  tige  creuse  égale- 
ment. Cette  tige  est  terminée  par  une  petite  pompe  aspi- 
rante et  foulante  analogue  à  celle  des  vérins  hydrauliques 
et  au  moyen  de  laquelle  on  refoule  de  l'eau  au-dessous 
du  piston.  L'appareil  placé  verticalement,  le  cylindre  ter- 
miné à  sa  partie  supérieure  par  un  anneau  s'accroche  à 
un  point  fixe  ;  la  petite  pompe  qui  termine  la  tige  du  pis- 
ton porte  également,  à  sa  partie  inférieure,  un  anneau  au- 
quel on  attache  la  charge  à  soulever.  Quand  on  refoule 
de  l'eau  dans  le  cylindre,  à  la  partie  inférieure  du  piston, 
celui-ci  monte  lentement  et,  par  suite,  la  charge  s'élève. 
Pour  redescendre,  il  suffit  de  manœuvrer  un  robinet  à 
pointeau  qui  permet  à  l'eau  de  repasser  au-dessus  du 
piston  qui  redescend  alors  librement  par  son  poids. 

Palan  inverse  dCArmstrong.  Il  se  compose  d'un  corps 
de  presse  hydraulique  dont  la  culasse  porte  un  jeu  de  pou- 
lies mouflées.  L'extrémité  de  la  tige  du  piston  porte  les 
poulies  mouflées  correspondantes;  une  chaîne  s'enroule 
sur  ces  poulies  et  se  termine  par  une  extrémité  libre  ana- 
logue au  garant.  Mais  la  différence  entre  ces  appareils  et 
le  palan  consiste  en  ce  qu'au  lieu  de  tirer  sur  le  garant 
pour  rapprocher  les  moutles  on  écarte  celles-ci  par  la 
pression  hydraulique  et  on  soulève  la  charge  avec  le  ga- 
rant. S'il  y  a  n  brins  de  chaîne,  la  puissance  hydraulique 
nécessaire  pour  soulever  un  poids  donné  sera  7i  fois  supé- 
rieure à  ce  poids,  mais  en  revanche  le  chemin  qu'il  par- 
courra sera  n  fois  supérieur  à  la  course  du  piston. 

En  résumé,  c'est  bien  là  le  problème  invei'se  de  celui 
du  palan  ;  au  Heu  de  soulever  un  poids  considérable  avec 
une  faible  force,  on  soulève  rapidement  un  poids  mé- 
diocre avec  une  force  considérable.  Il  faut  noter  toutefois 
que  le  palan  inverse  peut  être  horizontal,  oblique  ou  ver- 
tical tandis  que  le  palan  ordinaire  doit  toujours  être  dis- 
posé verticalement.  E.  Magltn. 

II.  Marine.  —  On  emploie  à  bord,  dans  la  marine, 
un  nombre  considérable  de  palans,  dont  le  nom  Aa- 
rie  avec  la  force,  la  forme  et  l'usaafe.  Il  v  a  notamment 


8<29  —  PALAN  —  PAf.APRAT 

des  palans  à  fouet,  à  croc,  à  violon,  des  palans  de  charge, 
de  côté,  de  retraite,  de  bouline,  de  roulis,  de  retenue,  de 
bout  de  vergue.  On  donne  plus  spécialement  le  nom  de 
caliorne  (V.  ce  mot)  aux  plus  forts  palans  en  usage  dans 
les  arsenaux  ou  à  bord,  tandis  que  celui  de  palanquin 
est  réservé  à  de  très  petits  palans,  doubles  ou  simples,  qui 
servent  à  soulever  des  fardeaux  de  faible  poids,  à  prendre 
des  ris,  à  amener  le  racage  de  la  gi'ande  vergue,  etc. 

PALAN  Cl  A.  Petit  fleuve  d'Espagne.  Il  naît  dans  la 
sierra  de  E]spina  (prov.  de  Castellon  de  la  Plana)  et  tombe 
dans  la  Méditerranée,  au-dessous  de  Sagunto  (Murviedro), 
après  un  cours  de  75  kil.  On  l'appelle  quelquefois  rio  de 
Murviedro  ;»  il  n'est  ni  navigable  ni  flottable,  mais  fait 
mouvoir  de  nombreux  mouhns. 

PALAN  DER  de  Vega  (Louis),  explorateur  suédois,  né  à 
Carlscrona  le  2  oct.  1842,  officier  de  marine,  compagnon 
de  Nordenskjœld  ;  il  explora  le  Spitzberg  (i 872-73)  et 
dans  la  grande  expédition  de  1878  commandait  la  Vega; 
à  son  retour,  il  fut  anobli. 

PALAN  GU I  (Fleuve).  C'est  le  second  fleuve,  pour  l'abon- 
dance des  eaux,  de  l'île  Mindanao,  bien  qu'il  porte  aussi 
partois  le  nom  de  «  rio  Grande  de  Mindanao  ».  Il  naît 
des  hautes  montagnes  orientales,  par  des  torrents  qui  en 
descendent  dans  le  lac  central  de  Magindanac,  d'où  il  sort 
pour  couler  au  S.-O.  ;  après  avoir  reçu  les  affluents 
d'autres  lacs,  il  se  dirige  au  N.-O.,  puis  se  jette,  en  for- 
mant un  delta,  dans  la  baie  d'Illana,  extrémité  septen- 
trionale de  la  mer  des  Célèbes.  Il  est  navigable  sur  une 
centaine  de  kilomètres.  Ch.  Del. 

PALAN  KA.  Localité  de  Hongrie,  comitatdeBacs-Bodrog, 
riveraine  du  Danube,  comprenant  trois  bourgades  iNemet- 
Palanka,  5,310  hab.,  la  plupart  allemands  ;  0-Palanka, 
5.250  hab.,  la  plupart  serbes;  Uj-Palanka,i  774  hab., 
en  majorité  allemands. 

PALANPOUR.  Ville  du  Goudjerat(présid.  de  Bombay). 
Elle  donne  son  nom  à  une  principauté  et  à  une  agence. 
Celle-ci,  qui  s'étend  sur  20.719  kil.  q.  avec  645.526  hab. 
(en  1891),  ne  comprend  pas  moins  de  deux  districts  et 
treize  principautés.  La  principale  de  ces  dernières  est 
l'état  indigène  de  première  classe  de  Palanpour  qui  a 
une  superficie  de  8.158  kil.  q.  et  234.402  hab.  Le 
pays  est  accidenté  et  arrosé  par  les  rivières  Banas  et 
Sarasvatî.  la  capitale,  nichée  au  creux  des  dernières  col- 
lines des  Aravalhs,  est  entourée  d'une  muraille  et  compte 
21.000  hab.  C'est  une  station  du  Bombay  Baroda  and 
Central  hidia  Railway,  à  140  kil.  au  N.  d'Ahmedabâd, 
avec  embranchement  sur  Dîça.  Le  souverain  appartient  à 
la  tribu  afghane  des  Lohanis  et  a  un  revenu  d'environ  un 
million  de  fr.  Il  paye  tribut  au  gaïkvar  de  Baroda. 

PALANQUE  (Artmilit.)  (V.  Défense,  t.  VIII, p.  1107). 

PALANQUIN.  Sorte  de  chaise  ou  litière  portée  sur  les 
épaules  et  dont  on  fait  usage  pour  voyager  dans  les  pays 
chauds,  particulièrement  en  Chine  et  dans  l'Inde.  Les  pa- 
lanquins sont  généralement  découverts  et  surmontés  d'un 
dais  porté  par  des  domestiques.  Il  y  en  a  de  plusieurs 
sortes,  plus  ou  moins  luxueusement  décorés  ;  leur  usage 
remonte  à  une  haute  antiquité  (V.  Chaise,  t.  X,  p.  21§, 
et  Litière).  —  On  désigne  aussi  sous  le  nom  de  palan- 
quin une  sorte  de  paan  (V.  ci-dessus). 

RALANTE.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Saône,  arr.  et 
cant.  de  Lure;  131  hab. 

PALANTINE.  Com.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Besan- 
çon, cant.  de  Quingey;  52  hab. 

PALAOS.  Iles  de  l'Océanie  (V.  Carolines). 

PALAOUAN.  Ile  des  Philipines  (V.  Philippines). 

PALAPRAT(Jean),  sieur  de  Bigot,  littérateur  français, 
né  à  Toulouse  en  1650,  mort  à  Paris  en  1721.  D'une 
famille  de  robe  de  Toulouse,  il  y  fut  reçu  avocat,  nommé 
capitoul  (1675)  et  chef  du  consistoire  (1680),  se  rendit 
à  Rome,  où  il  se  lia  avec  l'abbé  Brueys  qui  l'amena  à  Pa- 
ris, où  il  devint  secrétaire  du  grand  prieur  de  Vendôme. 
Il  collabora  aux  comédies  de  Brueys  (V.  ce  mot)  dont  la 
meilleure  part  lui  revient  ;  rappelons  le  Grondeur,  Vlm- 


PALAPRAT  -  PALATIN  -  830  - 

portant,  V Avocat  Patelin  ;  Palaprat  donna  ensuite  seul 
le  Quipro'iuo,  Hercule  et  Omphale,  le  IMlet  extrava- 
gant, la  Prude  du  temps.  Ses  œuvres,  réunies  à  celles  de 
Brueys,  ont  été  publiées  en  3  vol.  in-d2  (l  73^5-55) . 

PALÂRIK  (Jean),  pseudonyme  Bc^^'/cz/do!',  prêtre  calho- 
lique,  auteur  dramatique  et  journaliste  slovaque,  né  en 
i822.  Il  fonda  en  4850  à  Scliemnitz  un  journal  ecclésias- 
tique, Cyrille  et  Méthode,  où  il  défendait  la  liberté  de 
l'Eglise  et  du  peuple.  Il  provoqua  ainsi  l'indignation  de  ses 
supérieurs  qui  le  forcèrent  à  renier  quelques-uns  de  ses 
écrits.  Plus  tard,  il  fut  envoyé  à  Pest,  mais  il  y  continua  la 
lutte  séparatiste  en  écrivant  dans  le  Journal  catholique, 
où  il  défendait  surtout  la  langue  slovaque  contre  le  tchèque 
qu'on  voulait  imposer  aux  Slovaques  comme  langue  litté- 
raire. Il  fut  aussi  un  auteur  dramatique  de  grand  talent. 
Ses  comédies,  Incognito,  Drotdr  et  Ueconciliation,  ont 
eu  beaucoup  de  succès  M.  GAVRn.ovrrcfi. 

RALAS  (Le).  Rivière  du  dép.  de  la  Haute-Gfironne 
(V.  Garonne  [Haute-],  t.  XVIlï,  p.  554). 

PALASCA.  Com.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de  Calvi, 
cant.  de  Belgodère  ;  571  hab.  Slal.  du  cliem.  de  fer  de 
Calvi  à  Bastia. 

PALASNE  DE  Champeaux  (Juben-François).  homme  po- 
litique français,  né  à  Saint-Brieuc  (Cùtes-du-Xord)  le 
M  mars  4736,  mort  à  Brest  (Finistère)  le  2  iiov.  4795. 
Avocat,  sénéchal  de  Saint-Brieuc,  ilfLitélu,le  43  avr.  4789, 
député  du  tiers  état  de  sa  sénéchaussée  aux  l^^tats  géné- 
raux. Il  fut  adjoint  au  doyen  des  communes,  prêta  le  ser- 
ment du  Jeu  de  paume  el  devint  secrétaire  de  rassemblée, 
le  24  avr.  4790.  Après  la  session,  il  fut  président  du  tri- 
bunal criminel  des  Côtes-du-Nord.  Le  7  sept.  4792,  il  fut 
élu  député  à  la  Convention  par  ce  département.  Il  vota 
pour  la  réclusion  de  Louis  XYI,  se  montra  favorable  aux 
girondins  et  contribua  à  la  chute  de  Robespierre.  Envoyé 
en  mission  à  Brest,  en  mars  4795,  pour  achever  la  paci- 
tication,  il  y  mourut  subitement.      Etienne  Charâvay. 

BiBL.:  Kerviler,  les  Députés  de  la  Bretcujne  inix  Etnts 
(jénéraiix. 

PALASNE  DE  Cha^u^eaux   (N.)  (V.   Champeaux  |Pa- 

LASNE  de]). 

PALASOL  (Bérenger  de),  troubadour  français,  origi- 
naire du  Roussillon,  mort  en  4194.  Il  vécut  à  la  cour  de 
Raimond  Vde  Toulouse.  On  a  conservé  ses  chants  d'amour 
en  l'honneur  d'Ermesine,  femme  d'Arnaud  d'Avignon. 

PAL  AT.  Village  d'Algérie,  dép.  d'Oran,  arr.  de  Mosta- 
ganem,  com.  mixte  de  Tiaret.  à  47  kil.  au  S.  de  cette 
dernière  ville  ;  729  hab.,  dont  590  Français,  15  israélil;es 
naturalisés  et  85  Européens  étrangers.  H  portait  ancien- 
nement le  nom  de  Mell'ikou  et  a  reçu  depuis  celui  de 
l'héroïque  voyageur  mort  au  Gourara,  Le  village,  qui  date 
de  1888,  est  en  voie  de  prospérité. 

PALATALE  (Ling.)  (V.  Gutturale). 

PALATIN.  Os  palatins.  Ce  sont  deux  petits  os  irréguliers 
situés  à  la  partie  postérieure  des  fosses  nasales  et  do  la  voûte 
palatine.  Us  sont  composés  d'une  portion  verticale  et  d'une 
portion  horizontale.  La  portion  horizontale  complète  la 
voûte  palatine  en  arrière.  La  portion  verticale  fait  partie 
des  fosses  nasoles  par  sa  face  interne,  et  s'articule  par  sa 
face  externe  avec  l'os  maxillaire  supérieur.  A  la  réunion 
des  deux  portions  se  détache  en  arrière  une  apophyse, 
apophyse  pyramidale  ;  sur  le  bord  supérieur  de  la  por- 
tion verticale  on  voit  deux  autres  apophyses  séparées  pai* 
une  échancrure,  ce  sont  Vapophyse  orbitaire  et  Yapo- 
physe  sphénoïdale,  Qiï échancrure  sphéno-palaiine. 

Conduits  palatins.  Il  y  en  a  deux,  l'un  antérieur, 
l'autre  postérieur.  Le  canal  palatin  antérieur  est  creusé 
derrière  l'arcade  alvéolaire,  sur  le  bord  articulaire  des 
deux  intermaxillaires  qui  concourent  à  le  former.  C'est  un 
canal  en  Y,  dont  l'ouverture  simple  s'ouvre  à  la  voûte  pa- 
latine et  l'ouverture  double  dans  la  fosse  nasale  corres- 
pondante. Le  canal  palatin  postérieur  est  creusé  au 
niveau  d«^  l'apposition  de  l'os  palatin  et  de  la  tubérosité 
maxillaire. 


Epine  palatine.  Constituée  par  un  éperon  que  forment 
les  deux  portions  horizontales  du  palatin  au  niveau  le  plus 
reculé  de  leur  articulation  (épine  nasale  postérieure). 

Artères  palatines.  Elles  sojit  distinguées  en  supérieure 
et  injérieure.  La  première  vient  de  la  maxillaire  interne 
au  sommet  de  la  fosse  zygomatique  ;  la  seconde  est  fournie 
par  la  même  artère,  tout  pi'ès  de  son  origine. 

Nerfs  palatins.  On  en  compte  trois  :  le  grand,  le  moyen, 
le  petit.  Tous  les  trois  naissent  du  ganglion  sphéno-palatin, 
annexé  au  maxihaire  supérieur.  Le  premier  passe  par  le 
canal  palatin  postérieur  et  se  ramifie  sur  la  voûte  palatin*^ 
à  sa  sortie  de  ce  canal.  Le  moyen  et  le  petit  vont  se  dis- 
tribuer au  voile  du  palais  et  à  l'amygdale. 

Voûte  palatine.  Voûte  formée  par  l'articulation  des 
apophyses  palatines  des  deux  os  maxillaires  et  des  deux 
portions  horizontales  des  palatins.  Ch.  Debierre. 

PALATIN.  Ce  nom  qui,  à  l'époque  du  Bas-Empire,  dé- 
signait tout  employé  de  la  cour  (palatium)  et  plus  par- 
ticulièrement ceux  des  finances,  fut,  dans  l'empire  caro- 
lingien, appliqué  aux  grands  qui  vivaient  à  la  cour;  sous 
la  forme  de  paladins,  il  s'est  perpétué  pour  qualifier 
1  entourage  de  Charlemagne  (V.  les  art.  Comte  du  palais 
et  Cour).  De  ces  palatins,  le  principal  était  le  comte  du 
palais  {cornes  palatinus  ou  palatii)  qui  assistait  et  sup- 
pléait le  roi  dans  ses  attributions  judiciaires  et  en  eut  sou- 
vent la  délégation  ;  il  statuait  en  dernier  ressort  sur  les 
affaires  secondaires  et  finit  par  avoir  son  tribunal  distinct 
de  celui  du  monarque.  En  même  temps,  il  continuait 
d'être  le  principal  ministre  de  celui-ci  pour  les  affaires 
administratives  et  même  diplomatiques  et  militaires. 
Lorsque  s'organisa  le  royaume  des  Francs  orientaux  ou 
d'iillemagne,  constitué  par  Eunion  de  quatre  ou  cinq 
groupes  de  populations  (Franconic  et  Lorraine,  Saxe, 
Bavière,  Souabe),  on  fut  amené  à  multipher  les  comtes 
palatins.  Otton  I^^'  en  plaça  un  en  face  de  chaque  duc, 
tout  au  moins  en  Bavière,  en  Saxe  et  en  Lorraine,  les 
chargeant  de  lever  les  revenus  royaux  et  d'exercer  l'en- 
semble des  droits  régaliens.  Ces  comtes  palatins  acquirent 
une  assise  territoriale  et  figurèrent  aussi  rarement  à  la 
cour  que  les  autres  grands  seigneurs  allemands.  Les  pa- 
latins de  Souabe  se  localisèrent  à  Tubingue  ;  ceux  de  Ba- 
vière à  Neubourg  ;  ceux  de  Saxe  à  Magdebourg.  Les  plus 
importants  furent  ceux  de  la  région  rhénane  qui  profitè- 
rent de  l'effacement  des  duchés  de  Franconie  et  de  Lor- 
raine (V.  Palatinat).  Ils  partagèrent  avec  ceux  de  Saxe 
(V.  ce  mot)  le  vicariat  de  l'empire  en  l'absence  de  l'em- 
pereur ou  lors  de  la  vacance  du  trône,  et  la  Bulle  d'or  con- 
sacra la  division  delà  fonction  entre  eux.  Le  comte  palatin 
du  Rhin  demeura  le  principal  suppléant  de  l'empereur  dans 
ses  attributions  judiciaires  et  finit  par  acquérir  juridiction 
éventuelle  sur  l'empereur  lui-même.  Sauf  cette  exception, 
les  dignités  palatines  devenues  héréditaires  ne  furent  plus 
que  le  titre  de  principautés  analogues  aux  autres.  Cepen- 
dant, l'empereur  continua  de  nommer  des  employés  dé- 
nommés comtes  palatins  (cornes  palatinus  cœsarius, 
contes  sacri  palatii)  pour  l'exercice  de  ses  droits  réser- 
vés {jwa  reservata  exclusiva  ou  communia)  ;  leur  office 
s'appelait  comitiva;  on  distinguait  le  comitiva  minor, 
qui  pouvait  légitimer  les  bâtards,  nommer  des  notaires, 
couronner  des  poètes,  du  comitiva  major,  qui  pouvait 
conférer  la  noblesse  ;  cette  qualité  était  conférée  à  des 
villes,  à  des  corporations,  à  des  universités. 

En  Pologne,  chaque  gouverneur  de  province  portait  le 
titre  de  palatin.  —  En  Hongrie,  ce  fut  une  dignité  consi- 
dérable (en  magyar  Nddor  et  ur  ispan  ou  cornes  ma- 
gnus)  dont  l'origine  remonte  à  saint  Etienne.  Le  palatin, 
c'était  d'aljord  le  chef  suprême  de  la  justice,  plus  tard 
rintermédiairc  entre  le  roi  et  la  nation.  Cette  dignité  était 
élective,  et  vers  la  fin  du  xv<^  siècle  le  palatin  était  le  repré- 
sentant du  roi  toutes  les  fois  que  celui-ci  était  hors  du 
pays.  A  partir  de  Mathias  Corvin,  le  palatin  regardé  comme 
le  premier  des  magnats  est  désigné  par  le  roi  sur  une  hste 
de  quatre  candidats  présentés  par  la  diète.  Sous  les  Habs- 


831  — 


PALATIN  —  PALATINAT 


bourg,  surtout  depuis  le  xviii®  siècle,  ce  fut  le  plus  souvent 
un  membre  de  la  famille  royale  qui  était  investi  de  cette 
dignité  (Alexandre-Léopold,  Joseph,  Etienne,  le  dernier 
pidatin).  Une  loi  de  1848  conféra  au  «  Nâdor  »  le  droit 
de  nommer  les  ministres.  Après  la  révolution  de  1848-49, 
cette  dignité  fut  abolie,  et  lors  du  rétablissement  de  la  Cons- 
titution (1867)  ses  droits  conférés  aux  diiférents  ministres. 

BiBL,  :  Pfaff,  Gesch.  des  Pfolzgrufenamts ;  Halle,  1847. 
—  Vilmos  Fraiskl,  A  nâdori  es  orszàgbiroi  Incatal;  Buda- 
pest, l8o3. 

PALATIN  (Mont)  (Mons  Palaiinus).  L'une  des  sept 
collines  de  Rome,  la  plus  centrale,  occupée  par  la  cité 
primitive  (V.  Rome).  Elle  a  la  forme  d'un  quadrilatère 
irrégulier  de  1.800  m.  de  tour,  dont  le  sommet  s'élève 
à  51   m.   au-dessus    du  niveau  de   la  mer,   de   30   à 
40  m.  au-dessus  de  la  vallée  ou  se  trouvaient   au  N.  le 
Forum,  à  TO.  le  Vélabre,  au  S.  le  Grand  Cirque.  Le  mont 
Palatin  duquel  on  distinguait  à  l'origine  les  collines  de 
Velia  au  N.  vers  l'Esquilin  (en  face  la  basilique  de  Cons- 
tantin) et  de  Germains  à  l'O.,  confondue  plus  tard  dans 
l'ensemble  des  constructions  qui  revêtirent  et  remanièrent 
la  colline,  possédait  les  monuments  historiques  de  la  Rome 
primitive  et  de  la  Rome  impériale.  On  voit  encore  au- 
jourd'hui les  restes  du  rempart  de  la  lloma  quadrata, 
formés  de  blocs  de  tuf.  On  croit  avoir  retrouvé  vers  l'angle 
N.-O.  la  place  du  Lupercal,  la  grotte  dédiée  au  dieu  que 
les  Grecs  assimilèrent  à  leur  Pan  et  où  se  réfugia  la  louve 
qui,  près  de  là,  sous  le  figuier  sacré  {Ficus  lliiminalis) , 
allaita  Romulus  et  Remus;  un  peu  au  N.  était  la  maison 
du  fondateur  de  Rome  (Casa  liomuli)  que  l'on  montrait 
encore  au  temps  de  Constantin.  On  trouvera  dans  l'art. 
Rome  une  étude  sur  la  Rome  primitive  du  Palatin.  Ab- 
sorbée dans  la  cité  qui  eut  au  Capitole  sa  citadelle  et  son 
sanctuaire,  elle  n'en  fut  plus  qu'un  quartier.  Au  S.-O. 
s'éleva  en  295  le  temple  du  dieu  de  la  Victoire   (Jupiter 
Victor),   plus  près  du  Forum  celui  du  Jupiter  Stator  ;  à 
l'angle  occidental,  celui  de  la  Grande  Mère  (191).  A  Fé- 
poque  républicaine,  le  Palatin  se  couvrit  de  maisons  pri- 
vées et  parait  avoir  été  un  quartier  riche,  par  opposition 
aux  quartiers  commerçants  et  populeux  des  fonds  t[ui  l'en- 
touraient. Cicéron,  liortensius,  Clodius  y  avaient  leurs 
maisons;  de  même  Auguste  et  Tibère,  qui  y  naquirent. 
Aussi,  à  l'époque  impériale,  les  demeures  des  empereurs, 
successivement  agrandies,  finirent,  avec  les  temples  et  les 
annexes  qu'ils  édifièrent,  par  couvrir  la  plus  grande  partie 
de  la  colline.  Le  nom  même  de  maison  palatine  finit  dans 
l'usage  courant  par  devenir  synonyme  de  résidence  impé- 
riale et  donna  notre  mot  de  palais  {palatium) .  Ldi  msiison 
d'Auguste,  embellie  par  les  Flaviens,  occupait  le  centre 
du  Palatin,  ayant  sa  façade  à  l'O.,  du  côté  du  Forum  et  de 
la  Voie  sacrée;  au  N.-E.  s'élevait  le  temple  d'Apollon;  à 
rO.,  la  maison  de  Livie  plus  petite  et  assez  bien  conservée  ; 
puis  au  N.-O.,  dominant  le  Forum  et   les  rues  d'accès 
(clivus  Victoriœ),  la  maison  de  Tibère  qu'une  galerie 
couverte  (a^yptopor tiens)  reliait  à  celle  d'Auguste.  Der- 
rière ce  grand  palais  transformé  par   Domitien  et  dont 
on  peut  admirer  les  proportions  et  la  grandeur  dans  la 
belle  restauration  de  Deglane,  se  trouvait  le  stade,  bordé 
au  S.-E.  parlepalaisdeSeptime  Sévère,  terminé  au-dessus 
du  Cirque  par  les  hauts  étages  du  Septizonium,  qui  faisait 
perspective  au  bout  de  la  voie  Appienne.  Ces  palais  im- 
périaux furent  édifiés  par  les  premiers  Césars,  par  les 
Flaviens  et  par  les  Sévères,  Néron  seul,  rêvant  pour  sa 
majesté  un  cadre  plus  vaste,  étala  sa  Maison  Dorée  entre 
le  Palatin  et  l'Esquilin  ;  le  dernier  empereur  qui  ait  fait 
construire  sur  le  Palatin  fut  Alexandre  Sévère.  A  partir 
du  iii^  siècle,  ces  palais  furent  délaissés  ;  au  v^,  ils  furent 
pillés  par  les  Goths,  les  Vandales  ;  Odoacre  et  Théodoric 
les  habitèrent  encore  quelque  temps,  puis  on  les  laissa 
tomber  en  ruines.  Ils  servirent  de  carrière,   on  y  vint 
puiser  des  morceaux  d'architecture,  des  colonnes,  de  simples 
pierres,  surtout  lors  des  grandes  construction  de  la  Re- 
naissance, si  fatales  aux  édifices  antiques.  Sixte-Quint  fit 


démolir  le  Septizonium  ;  des  couvents,  des  jardins,  des 
vignes  se  partagèrent  le  sommet  et  les  pentes  du  Palatin. 
Au  N.-O.  étaient  les  jardins  Farnèse,  au  milieu  la  villa 
Mills,  Saint-Bonaventure,  Saint-Sébastien,  et  au-dessus 
de  la  Voie  sacrée  la  vigne  Bai'berini.  Pie  IX  racheta  la 
plupart  des  propriétés  privées.  Napoléon  IH  acquit  les 
jardins  Farnèse  et  les  fit  fouiller  par  Rosa.  Le  gouver- 
nement italien  a  continué  ces  fouilles  et  dégagé  la  surface 
à  l'exception  de  la  villa  Mills,  c.-à-d.  du  N.  à  l'O.  et 
au  S.  A.-M.  B. 

BiBL.  :  V.Rome,  §  JBi6L,  et  notamment  Visconti  et  Lan- 
ciANNi,  Guido  del  Palaiino;  Rome,  1^78  (ouvrage  qui  n'est 
plus  au  courant).  —  Deglane,  léPoMis  des  Césars;  Pa- 
ris. 1888. 

PALATI N  AT.  Géographie.  —  Pays  allemand,  ancienne 
principauté  des  comtes  palatins.  On  distinguait  le  HaïU- 
Palatinat,  dît diussi bavarois  elle Bas-Palatinat,  dit  aussi 
rhénan,  lin  1801,  lors  de  la  dissolution  du  Saint-Empire, 
le  Haut-Palatinat  avait  7.158  Idl.  q.  et  5283. 800  hab.  ; 
son  ch.-l.  était  Amberg;  il  correspond  à  la  province  ba- 
varoise actuelle  de  Haut-Palatinat  et  à  une  fraction  de  la 
Haute-Franconie.  Le Palatinat  rhénan  avait  alors  8.260  kil. 
q.,  ses  chefs-heux  étaient  Mannheim  et  Heidelberg.  Il 
avait  été  divisé  en  Palatinat  électoral  situé  surtout  sur  la 
r.  dr.  du  Rhin,  principauté  de  Simmern  sur  la  r.  g.,  du- 
ché de  Deux-Ponts  sur  la  r.  g.,  comté  de  Sponheim,  princi- 
pautés de  Veldenz  et  Lautern  sur  la  r.  g.  Le  traité  deLunéville 
céda  à  la  France  tout  ce  qui  était  à  gauche  du  fleuve;  en 
1802,  la  Bavière  céda  au  grand-duché  de  Bade  936  kil.  q. 
(Heidelberg,  Ladenburg,  Bretton,  Mannheim),  à  la  Hesse- 
Darmstadt  220  kil.  q.  (Lindenfels,  Otzberg,  Umstadt),  à 
Nassau  le  château  impérial  (Pfalz)  de  Kaub.  En  1814-15, 
la  Bavière  recouvre  une  grande  partie  du  Palatinat  rhé- 
nan dont  elle  forme  la  province  de  ce  nom,  sur  la  r.  g. 
du  Rhin  :  5.928  kil.  q.,  765.991  hab.  (en  1895)  dont 
398.870  protestants  et  3 1 4.276  catholiques.  C'est  un  pays 
très  fertile  quoique  les  forêts  en  occupent  39  ^o  surtout 
autour  des  hauteurs  ou  culmine  le  mont  Tonnerre  (687  m.); 
les  eaux  vont  au  Rhin  par  la  Nahe  et  la  Sarre.  La  pro- 
vince a  pour  ch.-l.  Spire  et  comprend  13  cantons  : 
Bergzafern,  Frankenthal,  Germersheim,  liombourg,  Kai- 
serslautern,  Kirchheimbolanden,  Kusel,  Landau,  Ludwig- 
shafen,  Neustadt,  Pirmasens,  Spire,  Z\veibrucken  (Deux- 
Ponts).  On  y  comptait,  en  1892,  environ  35.0i)0  chevaux, 
247.000  bœufs,  26.000  moutons,  106.000  porcs  et 
50.000  chèvres.  On  exploite  la  houille  et  le  fer.  Lesi'MZi" 
du  Palatinat  ou  de  Hardt,  dont  on  récolte  jusqu'à 
600.000  hectol.,  sont  généralement  blancs  et  chargés  de 
matières  grasses,  peu  acides. 

Le  Haut- Palatinat (OherpMz),  qui  occupe  une  partie  de 
l'ancien  Nordgau,  le  long  du  Bœhmervvald,  est  baigné  par 
le  Danube,  la  Regen  et  la  Nab  ;  il  mesure  9.657  kil.  q. 
et  possède  546.834  hab.  (en  déc.  1895);  son  ch.-l.  est 
Ratisbonne  et  il  comprend  18  cantons.  Il  comprend  avec 
l'ancien  Haut-Palatinat  les  territoires  de  la  ville  et  de 
révêché  de  Ratisbonne,  des  fragments  des  duchés  de  Ba- 
vière et  de  Neubourg.  C'est  une  région  montagneuse  et 
boisée  au  N.,  fertile  dans  les  vallées,  oti  l'élevage  du 
bétail,  la  culture  du  blé,  de  l'orge  et  du  houblon  sont 
importants. 

Histoire.  —  La  région  du  Palatinat  rhénan  enlevée 
aux  Alamans  par  Clovis  fut  peuplée  de  Francs  ;  elle  com- 
prit les  comtés  de  Kreichgau  (diocèse  de  Spire),  Gardach- 
gau  (Worms),  Lobdengau  (entre  Elsenz  et  Rhin),  des 
fractions  du  Maingau,  du  Nahgau,  du  Trachgau  (Bacha- 
rach)  do  l'Einrichgau  (Kaub).  Les  résidences  préférées  des 
Carolingiens  et  de  leurs  successeurs  s'y  élevèrent  :  palais 
ou  villas  dlugelheim,  Kreuznach,  Worms,  Spire,  Selz, 
Kaub.  A  partir  du  x^  siècle,  on  trouve  à  Aix-la-Chapelle, 
capitale  nominale  de  l'empire,  un  comte  palatin.  Frédéric 
Barberousse  confère  en  1155  cette  dignité  à  son  frère 
Conrad  qui  avait  en  1147  hérité  des  terres  rhénanes  ;  elle 
conférait  des  droits  territoriaux  sur  Bacharach,  l'avouerie 
de  Trêves  et  de  Juliers.  Conrad  résidait  sur  la  colline  de 


PALATÏNAT  -  PALATINE  ~  83^2  -~ 

.lettenbuhel  au-dessus  d'Heidelberg.  Son  beau-fils,  Henri 
le  Welf,  fils  de  Henri  le  Lion,  lui  succéda,  puis  son  fils, 
Henri  le  Jeune  (4211-44),  à  la  mort  duquel  le  Palatinat 
rhénan  fut  donné  par  Frédéric  H  à  Louis  de  Bavière,  de  la 
maison  de  Wittelsbarh,  dont  le  fils  Otton  épousa  Agnès, 
fille  et  héritière  de  Henri  le  Welf. 

Le  comté  palatin,  fixé  ainsi  dans  la  famille  de  Wit- 
telsbach.  fut  occupé  par  Otton  H  (4228-53),  Louis  H 
(1253-94),  Rodolphe P^'  (4294-1319),  Louis  (4349-29), 
qui  devint  empereur  et,  par  le  traité  de  Pavie  (4  août  4329) , 
céda  le  Palatinat  rhénan  et  une  province  bavaroise  (qui 
devint  le  Haut-Palatinat)  à  ses  neveux,  Rodolphe  et  Robert, 
fils  de  Rodolphe  P^  Le  titre  d'électeur  devait  appartenir 
alternativement  à  la  Bavière  et  au  Palatinat.  Robert,  seul 
l'omteà  partir  de  4353  jusqu'en.4390,  céda  à  l'empereur 
Charles  IV  un  morceau  du  Haut-Palatinat  et  obtint^  ainsi 
la  possession  exclusive  de  la  voix  électorale  (4355)  ;  il 
acquit  Deux-Ponts  (1385)  et  fonda  l'Université  de  Hei- 
delberg  (1386).  Son  neveu  Robert  II  (4390-98),  fils 
d'Adolphe  (t  4327),  décida  que  le  Palatinat  se  transmet- 
trait indivisible  selon  l'ordre  de  primogéniture  ;  son  fils 
Robert  IH  (4398-4440),  élu  roi  des  Romains  en  4400, 
recouvra  le  Haut-Palatinat,  embellit  le  château  d'Heidel- 
berg. Ses  fils  se  partagèrent  ses  possessions  et  fondèrent 
quatre  lignées  :  4«  lignée  électorale  issue  de  Louis  lïl  qui 
reçut  le  Palathiat  rhénan,  Amberg  et  Nabburg  ;  2«  lignée 
du  Haut-Palatinat,  issue  de  Jean;  3Mignée de  Deux-Ponts 
et  vSimmern,  issue d'I^tienne;  i"  lignée  de  Mosbach,  issue 
d'Otton. 

L'électeur  Louis  IH,  protectem'  du  concile  de  Cons- 
tance, régna  de  4440  à  4  436  ;  Louis  ÏV,  de  4  436  à  4449  ; 
Frédériclc  Victorieux  (4449-76)  s'agrandit  aux  dépens 
de  l'électeur  de  Mayence,  du  Wurttemberg  et  de  Bade, 
Philippe  (4476-4508)  disputa  au  duc  de  Bavière-Munich 
le  duché  de  Basse-Bavière  et  obtint  pour  ses  petit^^-fils  le 
duché  de  Neuberg  (4507)  ;  Louis  V  (4508-44),  son  frère, 
et  Frédéric  H  laissèrent  propager  la  Réforme  ;  Othon- 
Hpuri,  fils  de  Louis  V,  embellit  le  château  d'Heidelberg 
et  réforma  l'Université.  11  mourut  en  4559  sans  héritiers 
directs,  ctl'électorat  passa  à  la  branche  de  Simmern.  - 
La  lignée  du  Haut-Palatinat  avait  peu  duré,  car  le  fils  de 
Jean," Christophe,  étant  devenu  roi  de  Danemark  en  4439, 
à  la  mort  de  son  père  (4443),  ses  possessions  allemandes 
revinrent  à  la  lignée  électorale.  —  La  lignée  de  Mosbach 
s'éteignit  aussidèsl^j 99  avec  son  second  comte  Otton  H.  Ce 
fut  donc  la  lignée  de  Deux-Ponts  et  Simmern  qui  perpétua 
seule  à  partir  du  xvi^  siècle  la  maison  palatine.  Elle  était 
ibsue  d'Etienne,  troisième  fils  du  roi  Robert  ;  de  son  aîné, 
Frédéric,  descendit  la  branche  de  Simmern;  du  cadet,  Louis 
le  Noir,' celle  de  Deux-Ponts.  Le  quatrième  comte  de 
Simmern,  Frédéric  le  Pieux,  hérita  en  4559  de  l'élec- 
torat  ;  ce  fut  un  fervent  calviniste.  Son  fils  Louis  VI 
(4576-83)  revint  à  la  foi  luthérienne.  A  sa  mort,  son 
frère  Jean-Casimir  de  Palatinat-Lautern  (t-4592)  restaura 
le  calvinisme  au  nom  de  son  neveu  mineur,  Frédéric  IV 
(4583-46d0),  connu  comme  promoteur  de  l'Union  évan- 
gélique  (4608).  Le  fils  de  celui-ci,  Frédéric  V  (4610-32), 
par  son  acceptation  de  la  couronne  de  Bohème,  déchaîna 
la  guerre  de  Trente  ans  ;  l'empereur  Ferdinand  H  le  défit, 
transféra  la  dignité  électorale  à  son  cousin,  le  ducMaxi- 
milien  de  Bavière  ;  le  Palatinat  fut  effroyablement  dévasté 
par  Spinola,  puis  par  Tilly.  A  la  paix  de  Westphalie, 
CJiarles-Louis  (-1632-80)  recouvra  le  Palatinat  rhénan  et 
In  dignité  électorale  par  la  création  d'un  huitième  élec- 
torat,  mais  il  perdit  le  Ikuit-Palatinat.  Les  armées  fran- 
çaises ravagèrejit  ses  Etats.  Son  fils  Charles,  étant  mort 
sans  héritiers  directs  en  1685,  l'extinction  de  la  lignée 
de  Simmern  semblait  devoir  transmettre  ses  possessions 
à  la  branche  de  Deux-Ponts-Neubourg  ;  mais  le  roi  de 
France,  Louis  XIV,  revendiqua  les  alleux  au  nom  de  la 
princesse  palatine,  Charlotte-Elisabeth,  fille  de  Charles- 
Louis,  mariée  au  duc  d'Orléans.  H  fit  envahir  le  Palatinat 
(]ui  fut  svstématiquenient  i'av;<gé  p(»ur  arrêter  les  armées 


allemandes  ;  le  château  d'Heidelberg  fut  brûlé;  l'électeur 
de  Philippe-Louis  mourut  à  Vienne  (4690)  ;  son  fils  Jean- 
Guillaume  (4690-1746)  garda  pourtant  le  Palatinat,  le 
traité  de  Ryswick  l'obligeant  seulement  à  verser  à  la 
duchesse  d'Orléans  une  indemnité  de  300.000  écus.  Il 
stipulait  aussi  le  maintien  des  mesures  prises  au  profit 
des  catholiques,  ce  que  l'électeur,  catholique  lui-même, 
voulut  accomplir  ;  les  protestants  pei'sécutés  obtinrent, 
par  l'entremise  de  la  Prusse  et  du  Brunswick,  la  tolérance 
(1705).  Charles-Philippe,  frère  et  successeur  de  Jean- 
Cuillaume,  transféra  sa  capitale  à  Mannheim.  Il  mourut 
le  34  déc.  4742  sans  descendants  mâles  et  eut  pour  suc- 
cesseur Charles-Théodore  de  Palatinat-Sulzbach  qui  réu- 
nit presque  toutes  les  possessions  palatines,  plus  Juliers  et 
Berg.  Ce  fut  un  des  princes  les  plus  cultivés  du  xvrii^  siècle. 
En  4777,  il  hérita  de  la  Bavière  (moins  le  quartier  de 
rinn  cédé  à  l'Autriche)  réunissant  à  peu  près  tout  le 
domaine  des  Wittelsbach.  Lui-même  mourut  en  1799 
sans  héritiers  directs  et  eut  [)our  successeur  Maximilien- 
Joseph,  représentant  de  la  ligne  de  Deux-Ponts-Birken- 
feld.  Le  Palatinat,  désormais  uni  à  la  Bavière,  avait  été  en 
grande  partie  annexé  à  la  France  qui  le  reperdit  en  4844. 
La  suite  de  son  histoire  se  confond  avec  celle  de  la  Bavière. 
Il  nous  reste  à  dire  quelques  mots  des  branches  ca- 
dettes de  la  maison  de  Deux-Ponts,  qui  héritèrent  tour 
à  tour  de  l'électorat.  Toutes  descendent  de  Louis  le  Noir 
et  de  son  petit-fils  Louis  H,  mort  en  4532  après  avoir 
adopté  la  confession  luthérienne.  Son  fils  Wolfgang 
(4532-69)  acquit  le  duché  de  xNeuimrg  et  Sulzbach  (1557); 
son  fils  aîné  Philippe-Louis  (4569-1644)  fonda  la  famille 
de  Neuburg  ;  marié  à  une  princesse  de  Clèves.  il  reven- 
diqua pour  son  fils  la  succession  de  Clèves  et  Juliers  ;  le 
jeune  prince  Wolfgang-Guillaume,  afin  de  se  procurer 
Tappui  de  la  Ligue  catholique  et  de  Maximilien  de  Bavière, 
se  convertit  au  catholicisme  (4644).  Un  partage  provi- 
soire, définitivement  confirmé  en  4666,  lui  donna  les  du- 
chés de  Juliers  et  Berg.  vSon  fils  Philippe-Guillaume  hérita, 
d'ailleurs,  également  de  l'électorat  palatin,  comme  il  a  été 
dit.  Le  second  fils  de  Philippe-Louis  de  Neuburg  avait 
en  4644  commencé  la  branche  de  Sulzbach,  convertie  au 
catholicisme  en  4655  et  héritière  à  son  tour  de  l'électoral 
en  4742,  éteinte  en  1799. — La  branche  cadette  de  Deux- 
Ponts  remonte  au  second  fils  de  Wolfgang  (de  Neuburg) 
et  à  l'année  4569  ;  il  s'appelait  Jean  l"^''  et  laissa  à  sa 
mort  (4594)  trois  fils  :  Jean  H,  auteur  de  la  branche  ca- 
dette de  Deux-Ponts  éteinte  dès  4661  en  son  fils  Frédéric  ; 
Frédéric-Casimir,  auteur  de  la  branche  de  Landsberg, 
éteinte  dès  4684  en  son  fils  Frédéric-Louis;  enfin  Jean- 
Casimir,  auteur  de  la  branche  de  Kleeburg,  dite  aussi  sué- 
duoise  parce  que  son  fils  et  successeur,  Charles-Gustave, 
dont  la  mère  était  fille  du  roi  de  Suède  Charles  IX,  fut,  à 
l'abdication  de  Christine  (4654),  appelé  au  trône  de  Suède 
sous  le  nom  de  Charles  X  ;  il  laissa  ses  possessions  alle- 
mandes à  son  cadet  Adolphe-Jean  (-'f  4689),  qui  réunit 
l'héritage  de  la  branche  cadette  de  Deux-Ponts  ;  son  fils 
et  successeur,  Gustave-Samuel-Léopold,  mourut  en  4734 
sans  descendants  mascuHns.  L'héritage  revint  alors  à  la 
branche  de  Birkenfeld  issue  du  plus  jeune  fils  de  Wolf- 
gang (de  Neuburg),  Charles  P^  ;  ce  fut  Christian  III  qui 
recueillit  cet  héritage  et  prit  le  titre  de  Deux-Ponts-Bir- 
kenfeld.  Son  fils  Christian  IV  (f  4775)  eut  pour  succes- 
seurs ses  neveux  Auguste-Christian  (f  4795),  puis  Maxi- 
milien-Joseph,  qui  réunit  le  Palatinat  et  la  Bavière  en 
4799  et  devint  roi  de  Bavière  en  4808.  —  Mentionnons 
encore  une  branche  latérale,  dite  de  Bischweiler,  issue 
de  Charles  1"''  de  Birkenfeld  et  représentée  actuellement 
par  le  duc  (Charles-Théodore  de  Bavière,  bien  connu  comme 
oculiste.  A,-M.  B. 

BiBL.  :  Kocti  et  Willi^  ,  RecftAaii  der  Pfalzyrafen  am 
Rhein,  121k~l30fi  ;  Iniksbriick,"  189 1  et  suiv.  —  FLeussim, 
Gcsch.  der  rhelnischen  Pfalz ;lleidelbcrg^lSl5,  2  vol. 

PALATINE.  ï.  Bibliothèque.—  L'une  des  deux  biblio- 
thèques ofiicielles  créées  à  Rome  par  Auguste;  il  l'établit 


sn^  — 


PALATINE  —  PALEARIO 


sur  le  Palatin,  dans  un  portique  du  temple  d'Apollon;  elle  com- 
prenait une  section  grecque  et  une  section  latine,  fut  classée 
par  le  grammairien  Pompeius  Macer  et  dirigée  par  Hygin. 
Brûlée  lors  de  l'incendie  du  règne  de  Néron,  il  n'en  est  plus 
question  ensuite.  —  Le  nom  de  bibliothèque  Palatine  fut 
appliqué  à  l'époque  moderne  à  la  bibliothèque  des  électeurs 
palatins  très  riche  en  manuscrits  orientaux,  grecs,  latins, 
allemands,  dont  ils  furent  spoliés  en  1623  par  Maximihen 
de  Bavière  qui,  après  la  prise  d'Heidelberg,  en  fit  cadeau 
au  pape  Grégoire  XY  ;  amenée  à  Rome  par  Allatius,  elle 
forme  un  fonds  particulier  de  la  bibliothèque  Vaticane  ; 
(|uelques  manuscrits  (38  classiques,  852  allemands)  apportés 
à  Paris  furent  de  là  réintégrés  àHeidelberg  en  i8i5. 
IL  Ecole  (V.  Ecole,  t.  XV,  p.  368). 
III.  Vêtement.  —  Vêtement  de  fourrure  porté  en  hiver 
par  les  femmes  sur  le  cou  et  les  épaules.  Son  nom  lui 
vient  de  la  femme  du  duc  d'Orléans,  fille  de  l'électeur  de 
Bavière,  qui  mit  cette  fourrure  à  la  mode. 

PALATINE  (Princesse)  (V.  Elisabeth-Charlotte  de 
Bavière). 

PALATINE  (La  princesse)  (V.  Gonzagul  [Anne  de |). 
PALATITE  (Pathol.)  (V.  Palais). 
PALAU.  Com.  du  dép.  des  Pyrénées-Orientales,  arr. 
de  Prades,  cant.  de  Saillagouse  ;  212  hab. 

PALAU-del-Vidre  (Palaliu)ii  VUri,  de  Vitrio,  f4i2). 
Gom.  du  dép.  des  Pyrénées-Orientales,  cant.  d'Argelès- 
sur-Mer,  arr.  de  Céret;  i.137  hab.  Stat.  du  chem.  de 
fer  du  Midi.  Ancien  village  fortitiè.  A  été  jusqu'au 
xvi<^  siècle  le  centre  d'une  importante  exploitalionde  ver- 
rerie, d'où  son  nom.  Dans  l'église  :  un  retable  peint,  une 
Vierge  ouvrante  et  des  ornements  sacerdotaux  anciens. 

BiBL.  :  Alaut,  VAncumnc  IndusU'ie  de  la,  verrerie  eu 
l^oussillon,  dans  Soc.  ug7\  scient,  et  litt.  des  Piir.-Or  ,  XX 
p.  ;^07.  ■'-'' 

P  A  LAVAS  ou  PALAVAS-les-Baixs.  Com.  du  dép.  de 
l'Hérault,  arr.^  et  cant.  (2«)  de^  Montpellier;  932  hab. 
Station  balnéaire.  Source  ferrugineuse  froide. 

Etaxg  de  Palavas  (V.  Hérault,  t.  XIX,  p.  1138). 

PALAVI.  Ile  littorale  de  la  pointe  N.-E.  de  Luçon 
(Philippines);  -40  kil.  q.,  montagneuse  et  boisée. 

PALAZINGES.  Com.  du  dép.  de  la  Corrèze,  arr.  de 
Brives,  cant.  de  Beynat  ;  167  hab. 

P  A  LAZZI  (Giovanni),  historien  italien,  né  à  Venise 
vers  1640  d'une  famille  noble,  mais  pauvre,  mort  vers 
1703.  Il  entra  dans  les  ordres,  fut  nommé  chanoine  de 
l'église  ducale  en  1684,  professa  le  droit  canon  à  Padoue 
et  devint  plus  tard  curé  de  la  collégiale  de  Sainte-Marie- 
Mère-de-Dieu.  Léopold  P^'  le  combla  d'honneui's  et  lui 
donna  la  charge  d'historiographe  impérial.  Palazzi  a  écrit 
en  latin  plusieurs  histoires  médiocres  :  Gesta  Pontificum 
Piomanonnu  (Venise,  1687-90,  3  vol.  in-fol.)  ;  Aristo- 
cratia  ecclesiastlca  cardhuilium  (ibid.,  1703,  in-fol., 
suite  du  précédent  ouvrage).  La  plus  importante  de  ses 
(euvres  est  la  Monarchia  occidentalis  a  Carolo  Magno 
iisqne  ad Leopoldum î'*'  (Venise,  1671-79,  9  vol.  in-fol.). 
Les  huit  premiers  volumes  (en  latin)  portent  des  titres 
particuliers  {Aquila  inter  Lilia,  Aquila  Saxonica,  etc.); 
le  neuvième  (en  itahen)  est  intitulé  Aquila  romana. 

iSiijL.  :  Papadopoli,  Hist.  gymn.  patiiv.  —  Tiradosciii, 
Storia  dell-d  lett.  itaL,  VIII,  181,  411. 

PALAZZOLO  AcREïDE.  Ville  de  Sicile,  sur  l'Anapo,  à 
32  kil.  de  Nolo,  province  de  Syracuse;  11.069 'hab. 
(en  1881).  Elle  est  bâtie  sur  les  ruines  de  l'an- 
cienne Acra*,  forteresse  construite  par  les  Syracusains 
pour  se  défendre  contre  les  tribus  de  l'intérieur.  Remar- 
quables, de  cette  époque,  les  tom])eaux,  les  habitations 
souterraines,  une  voie,  un  puits  très  profond  et  une  pré- 
cieuse collection  d'objets  en  fer,  cuivre,  etc.,  trouvés  dans 
les  fouilles.  Territoire  très  fertile  ;  production  et  commerce 
de  céréales  et  d'huile,  fabriques  de  pâtes  alimentaires. 
BiBL.  :  Le  baron  Judiga.  Antlchliâ  di  Acre. 

PALE  (Blas.).  Se  dit  de  l'écu  ou  d'une  pièce  partagés 
également  et  en  nombre  pair  en  pals  de  métal  et  de  cou- 
leur ;  le  nombre  doit  en  èlre  indiqué. 

grande  encyclopédie.  —  XXV 


PALEA.  Parmi  les  canons  ou  chapitres  du  Décret  de 
Graden,  il  y  en  a  plusieurs  qu'on  appelle  palea,  parce 
qu'ils  sont  inscrits  sous  ce  mot.  Les  canonistes  ont  ima- 
giné diverses  explications  sur  leur  origine.  Voici  la  plus 
vraisemblable  :  les  textes  précédés  du  mot  palea,  et  qui 
sont  pour  Ja  plupart  empruntés  à  Burchard,  à  Ives,  à 
Anselme  ou  au  droit  romain,  ont  été  introduits  dans  le 
corps  de  l'ouvrage  par  Paucapalea,  disciple  de  Gratien, 
et  par  des  copistes  ou  même  par  des  éditeurs.  Ils  n'ont 
m  plus  ni  moins  d'autorité  que  les  autres  parties  du 
Dcrre^,  lesquelles  valent,  non  par  elles-mêmes,  mais 
par  la  source  dont  elles  sont  tirées.  On  a  constaté  que  ces 
paleœ  ne  se  voient  point  dans  les  plus  anciens  manus- 
crits, ou  du  moins  qu'il  y  en  a  fort  peu,  et  que  celles  qui 
s'y  trouvent  ne  sont  point  insérées  dans  le  texte,  mais 
seulement  ajoutées  à  la  marge  :  ce  qui  semble  bien  indi- 
quer qu'elles  avaient  été  omises  primitivement,  soit  par 
oubli,  soit  à  dessein.  E..H.  V. 

PALÉARCTIQuE  (Région  et  Faune).  En  géographie 
zoologique,  on  désigne  sous  ce  nom  la  vaste  région  qui 
comprend  l'Europe  avec  le  N.  de  l'Afrique  jusqu'au  Sahara 
et  le  i\.  et  le  Centre  de  l'Asie  jusqu'au  Japon  et  jusqu'au 
versant  septentrional  de  monts  Himalaya,  qui  la  séparent 
de  la  Picgion  Orieutale.  La  faune  de  la  région  paléarc- 
tique  et  de  ses  sous-régions  a  été  décrite  aux  mots  Eu- 
rope (Faune  de  F),  Asie  (Faune  de  1')  et  Algérie  (Faune 
de  ]').  Sur  les  traits  généraux  qui  distinguent  les  grandes 
régions  zoologiqucs,  V.  Zoolocie.  E.'Trt. 

PALEARIO  (Aonio),  philologue  et  philosophe  italien,  né 
à  Veroli   (prov.  de  Home)   en   1500,  mort  à  Home  le 
8  juil.  1570.  A  peine  âgé  de  dix-sept   ans,  il  suivit  à 
Rome  les  cours  de  l'Université  et  y  passa  six  ans  à  étu~ 
dier  les  lettres  et  l'archéologie.  lient  le  temps  de  s'enfuir 
lors  du  fameux  sac  de  1524  et  il  se  réfugia  dans  sa  ville 
natale.  De  retour  à  Rome,  il  y  demeura  jusqu'en  1529, 
puis  séjourna  successivement  à  Pérouse,  à  Sienne  (oct! 
1530)  et  à  Padoue  où  il  connut  Bembo  et  Lampridio  et 
où  il  suivit  les  érudites  leçons  de  littérature  grecque  de 
ce  dernier  (1533).  Retourné  à  Sienne  pour  défendre  un 
de  ses  amis,  Antonio  Bellanti,  contre  une  grave  accusation 
que  lui  intentait  le  parti  démocratique,  il  réussit  à  faire 
proclamer  l'innocence  de   l'accusé.   H  revint  ensuite  à 
Padoue  où  il  composa  son  poème,  de  Immortalitate  ani- 
marum,  qui  fut   loué  par  Sannazar,  par  Vida  et  par 
Sadolet.  En  1536,  il  voulut  revoir  la  Toscane  ;  il  s'établit 
à  Cecignano,  près  de  Sienne,  et  s\v  maria  (1538).  Il  fut 
alors  en  relation  avec  Bernardine  Ôchino.  Cette  amitié  le 
rendit  suspect  à  la  curie  romaine  et,  étant  allé  à  Rome 
en  1542,  il  y  fut  accusé  d'hérésie.  H  fut  défendu  par 
Sadolet  et  absous  à  la  suite  d'un  plaidoyer  de  celui-ci  et 
d'une  mémorable  apologie  (en  latin).  Poursuivi  de  nou- 
veau par  ses  ennemis,  il  se   réfugia  à  Lucques,   où  il 
accepta  la  charge  de  professeur  de'lettres  à  l'Université 
et  où  il  demeura  jusqu'en  oct.  1555  ;   à  cette  époque,  il 
fut  nommé   à   la  chaire  de   grec  et  de  latin  à  l'Uni- 
versité de  Milan.   L'élection  de  Pic  V  fut  le  signal  de 
nombreuses  persécutions  pour  les  partisans  de  la  réforme 
en  Itahe,  et  Paleario  n'y  put  échapper.  La  publication  de 
ses  Episfoke  le  fit  accuser  d'hérésie  par  l'iuquisiteur 
Angelo  de  Crémone  (1566).  Emprisonné,  il  fut  mandé  à 
Rome  (1568),  demeura  plus  d'un  an  dans  l'affreuse  pri- 
son de  Tordinona,  qui  était  affectée  aux  réformés,  et  enfin 
(19  oct.  1569)  condamné  au  bûcher.  H  y  monta  avec  un 
courage  héroïque.  Il  a  laissé  :  de  Immortalitate  ani- 
marum  (Lyon,  1536);  O/YZ^/mi^s  (Lucques,  1551);  Epis- 
tolanim   libri  III  (Lyon,  1553);  Actio  in  Pontifices 
Pwmanos  eteorum  asseclas  ad  Imperatoremromanum, 
reges,  etc.  (Leipzig,  1606)  ;  Opéra  (Gênes,  1728),  etc. 
.  On  lui  attribue  l'opuscule  :  del  Bénéficia  di  Gesû  Cristo 
hrocefisso  (Venise,  1542),  qui  est  l'œuvre  d'un  moine, 
Benedetto  de  Mantoue.  M.  Mengjiini. 

BiBL.  :  Eckermann,  Dissertalio  de  A.  Paleario;  Upsal. 
17(i;5.  —   Gurlitt,   Leben   des  A.   Paleario;   Hambourii,. 


PALEARIO  —  PALENCIA  —  834  — 

1805.  —  M.  YouNG,  The  Life  and  times  of  a  Paleario  ; 
Londres,  1860.  —  J.  Bonnet,  A  Paleario;  Paris,  1863.  — 
Cantû,  Gli  eretici  in  Itaha  ;  Turin,  1866,  II,  467  — 
G.  SvoKZA.  un  Episodio  poco  noto  delta  vita  di  A.  Palea- 
rio, clans  Giornale  storico  délia  lett.  ital  ,  XIV,  oO  et 
suiv.  —  F.  DiNi,  Aonio  Paleario,  clan.s  ArcJi.  stor.  ital. 

PALÉE  (Archit.).On  désigne  sous  ce  nom  les  rangées 
des  pieux,  enfoncés  souvent  à  iVJde  du  mouton  et  peu 
distants  les  uns  des  autres,  qui  servent  à  donner  de  la 
consistance  à  des  terrains  vaseux  ou  à  former  une  digne 
dans  le  cas  de  constructions  dans  Teau.  On  relie  ensemble 
les  pieux  d'une  palée  par  un  cours  de  moïses  boulonnées 
et  formant  chapeau  ou  plate-forme.  On  appelle  aussi 
palées  les  piles  d'un  pont,  lorsqu'elles  sont  construites  de 
bois  ou  de  métal.  Certains  ponts  môme  consistent  en 
palées  formées  d'une  senle  rangée  de  pieux  enfoncés  dans 
le  sens  du  courant  et  sur  la  tète  desquels  un  chapeau  ou 
cours  de  moises  boulonnées  reçoit  les  abouts  des  fermes 
formant  travées  et  supportant  le  plancher  du  pont.  Dans 
les  cours  d'eau  profonds,  il  est  quelquefois  nécessaire 
d'établir  deux  cours  de  palée,  dont  le  cours  supérieur 
repose  sur  le  chapeau  couronnant  le  cours  inférieur  et, 
dans  les  ponts  métalliques,  les  palées  sont  formées  de 
pieux  de  métal  qui  sont,  de  fait,  des  petites  piles  tubu- 
laires  en  fonte.  ,  Charles  Lucas. 

PALEMBANG.  Capitale  de  l'ancien  royaume  du  môme 
nom  et  de  la  résidence  de  la  région  S.-F^.  de  Sumatra 
(Indes  néerlandaises).  Elle  est  bâtie  sur  les  doux  rives  du 
tleuve  Mousi,  à  environ  100  kil.  de  son  embouchure,  par 
2°  38'  lat.  S.  et  102° 27'  long.  E.,  et  compte  50.000  bai), 
dont  2.500  Chinois,  1.700  Arabes,  et  quelques  centaines 
d'Européens  :  tous  les  autres  sont  Malais  et  pro- 
fessent un  mahométisme  nominal.  On  y  montre  une  belle 
mosquée  et  un  prétendu  tombeau  d'Alexandre  le  Grand. 
Le  commerce  de  la  ville  est  assez  actif  (mouvement  du 
port,  près  de  100.000  tonnes).  D'après  les  commentaires 
d'Albuquerque,  les  Javanais  l'appelaient  Malayo.  Ce  serait 
alors  le  Malajour  de  I^larco  Polo  et  le  Mo-louo-you  des 
écrivains  chinois.  D'intéressantes  découvertes  archéolo- 
giques ont  prouvé  l'existence  d'une  ancienne  civilisation 
hindoue  dans  cette  région,  de  mémo  qu'à  Java. 

PALÉIVION  (Palœmon  Fabr.).  L  Zoologie.  — Genre  de 
Crustacés-Décapodes,  du  groupe  des  Macroures  et  de  la  fa- 
mille des  Caridides,  dont  les  représentants  sont  caractérisés 
par  une  carapace  mince,  qui  se  termine  en  avant  par  un 
rostre  médian  long  et  denté  en  scie  et  par  deux  prolonge- 
ments aigus  latéraux,  par  les  antennes  externes  munies  de 
3  flagellums  multiarticulés,  les  pattes  de  la  deuxième  paire 
pourvues  de  très  petites  pinces,  ra])domen  comprimé  et 
recourbé  en  dessous.  On  trouve  des  Palémons  dans  toutes 
les  mers  du  globe  ;  ils  sont  tous  comestibles  et  bien  plus 
estimés  que  les  Crevetles  (jriseso\\Cra)ig(ms  (V.  ce  mot). 
Sous  lenom  de  Crevelies  roses,  Salicoiiiies,  Bounuels,  e(c. , 
on  vend  sur  nos  marchés  les  P.  sqialla  !..  et  P.  scrra- 
lus  Penn.,  qu'on  pèche  en  grande  quantité  sur  le  littoral 
de  rOcéan  et  de  la  Manche.  Les  P.  Edwardsii  Hall,  et 
P.  Latreillanus  Riss.  sont  propres  à  la  Méditerranée. 
Ouelques  espèces  vivent  dans  les  eaux  douces,  par  ex. 
P.  fluviatilis  dans  le  lac  de  Garde,  P.  uiloticus  Roux, 
dans  le  Nil,  etc. —  Les  Ponlonia  Latr.,  espèce  voisine,  ca- 
ractérisés par  le  corps  non  comprimé  et  les  antennes  l)i- 
lîagellées,  vivent  en  général  dans  les  Lamellibranches.-  -  Les 
représentants  des  genres  voisins  Cryphiops  Dana,  llfiyn- 
chocinetes  M.  Edw.,  Pandahis  Leach,  etc.,  ont  géné- 
ralement les  mœurs  des  Palémons.  D^'  L.  llx. 

IL  Paléoxtoj.ogie.  —  Les  représentants  fossiles  des 
Salicoques  ou  Palémons  ont  été  rangés  par  Boas  dans  sa 
sous-famille  des  Euq/pholes,  subdivision  de  la  famille  des 
Carididœ,  probablement  moins  an;ienne  (jue  les  Pen/tnis 
(V.  ce  mot)  qui  sont  le  type  d'une  autre  sous-famille.  Le 
plus  ancien  représentant  des  Eucyphotes  est  Ï/Eger  cras- 
sipes  de  Broun,  qui  est  du  trias,  et  ne  peut  ètce  laissé 
dans  le  genre  /Eger  appartenant  aux  Penaùnœ.  Les 
genres   Blaculla/ Udom,    Udorella,    Ilefnga,    Elder, 


Pseudocrangon,  Oplophoriis,  etc.,  qui  sont  des  schistes 
lithographiques  et  du  crétacé  d'Allemagne,  appartiennent 
à  cette  sous-famille.  Nous  citerons  Hefriga  serrata,  bieii 
conservé  à  Solcidiofen,  et  Honielys  minor  et  major,  du 
miocène  d'eau  douce  d'OEningen,  très  voisins  du  Palœmon 
fluviatilis  actuel.  Le  genre  Palœmon  proprement  dit  est 
représenté  dansle  tertiaire  de  Bohème  {Pal.  exul  Iritsch). 

PALENCIA.  L  Ville  d'Espagne,  ch.-l.  de  la  prov.  du 
même  nom  (Vieille-Castille),  â  200  kil.  N.-N.-O.  de  Ma- 
drid, sur  le  Carrion,  à  720  m.  d'alt.,  au  point  de  jonction 
de  la  voie  ferrée  de  Madrid  à  la  Corogne  avec  celle  de 
Madrid-Irun;  20.000  hab.  La  ville,  très  ancienne,  Pallan- 
lia  des  Romains,  a  eu  une  importance  au  moyen  âge  et 
conserve  des  moiuunents  do  cette  époque,  portes  et  tours 
de  l'enceinte,  cathédrale,  maison  du  Cid  donnée  par  lui 
pour  en  faire  un  hôpital,  selon  la  légende,  palais  dit  de 
Don  Sanche,  etc.  L'industrie  est  maintenant  encore  très 
active  ;  fabriques  de  lainages,  teintureries,  minoteries,  *etc. 

IL  Province  d'Espagne,  qui  a  fait  partie  jadis  du  royaume 
de  Léon  et  ensuite  de  la  Vieille-Castille.  Séparés  de  la 
prov.  de  Santander,  au  N.  par  la  crête  des  Pyrénées  Can- 
tabriques,  elle  est  com^prise  entre  les  provinces  de  Burgos 
à  l'E.,  de  ValladoHd  au  S.,  et  de  Léon  à  l'O.  Elle  a 
une  superficie  de  8.434  kil.  q.  et  une  population  de 
200.000  hab.  environ  (188.845,  en  1887).  La  partie 
septentrionale  de  la  province  est  couverte  de  montagnes 
élevées  appartenant  k  la  chame  Cantabrique,  mais  le 
reste  est  un  plateau  de  700  à  800  m.  d'alt.,  chaud 
l'été,  glacé  l'hiver,  que  traversent  de  nombreux  rios  et 
qui  est  fertile.  Il  produit  quantité  de  grains  et  du  bétail, 
notamment  des  mulets,  La  province  appartient  tout  ejitière 
au  bassin  du  Douro,  auquel  elle  envoie  le  P/su(3r(/<2,  grossi 
du  Carrion  et  de  l'Arlenzon  ;  cette  rivière  n'est  pas  navi- 
gable ;  mais  elle  alimente  le  canal  de  Caslille,  qui  sert 
à  la  navigation  et  à  l'irrigation.  Traversé  par  les  voies 
ferrées  de  Madrid  à  Irun,  de  Palencia  à  Léon,  de  Venta 
de  Banos  à  Santander,  et  par  des  routes  nombreuses  et 
bien  entretenues,  le  pays  a  un  commerce  assez  actif, 
exporte  des  grains,  des  farines,  des  étoffes  de  laine,  soit 
vers  le  reste  de  l'Espagne,  soit  vers  l'Amérique  (par  San- 
tander). La  province  compte  7  districts  (Astudillo,  Bal- 
tanas,  Carrion  de  los  Conrides,  Cervera  de  Rio-Pisuerga, 
Erechilla,  Palencia,  Saldana)  et250  communes  ou  ayunta- 
mientos.  E.  Cat. 

PÂLENGL^  (Alonso  do),  historien  et  humaniste  espa- 
gnol, né  vers  1423,  mort  après  1492.  Il  passa,  encore 
très  jeune,  en  Italie  ou  il  reçut  les  enseignements  du  car- 
dinal Bessarion  et  de  Georges  de  ïrébi/onde.  De  retour  en 
Castille,  il  se  mêla  aux  luttes  politiques,  prenant  parti 
contre  le  roi  Henri  [V  en  faveur  du  prince  Alphonse,  puis 
de  la  pi'incesse  Isabelle,  qui  fut  reine  après  la  mort  de  Henri. 
Palencia  prit  part,  sur  les  ordres  de  l'archevêque  de  To- 
lède, aux  pourparlers  qui  aboutirent  au  mariage  d'Isa- 
belle avec  le  roi  d'Aragon  Eerdinand.  A  cause  de  ses 
services  et  de  sa  fidélité  à  la  reine,  il  fut  très  en  faveur 
à  la  cour  des  rois  catholiques.  Dans  les  dernières  années 
de  sa  vie,  il  se  rendit  à  Sèvillc,  au  service  du  duc  de  Me- 
dina-Sidonia.  Il  fut  enterré  dans  la  cathédrale  ;  mais  sa 
sépultui'e  a  disparu  au  xvin®  siècle.  Il  écrivit  plusieurs 
ouvrages,  littéraires  et  historiques,  dont  le  plus  connu  est 
la  chronique  latine  intitulée  Alphonsi  Palentini  Ilislo- 
riographi  gesta  Ilispaniensia  ex  annalibus  suorum 
dierum  et  vulgairement  Décades  latines,  qui  comprend 
le  règne  de  Henri  IV.  Palencia,  entraîné  par  ses  antipa- 
thies politiques,  exagère  beaucoup  dans  la  peinture  les 
vices  de  la  cour  du  roi,  et  c'est  à  cause  de  ce  penchant 
satirique  (jue  Gailardo  lui  attribua  (à  tort)  la  paternité  de 
Copias  del  Provi}wial.  On  a  cru  aussi  pendant  longtemps 
({u'une  certaine  ù'onica  castillane,  dite  à'Alfonso  de 
Palencia,  était  due  à  cet  auteur;  mais  il  a  été  démontré 
(pi'elle  n'est  qu'une  mauvaise  traduction  de  la  latine,  faite 
sans  l'intervention  de  Palencia.  Après  le  Gesta  Ilispa- 
niensia, on  doit  citer  encore  deux  ouvrages,  supérieurs  au 


835  - 


PALENCIA  —  PALÉOGRAPHIE 


point  de  vue  littéraire  :  Bellum  luporum  cum  canibus, 
allégorie  des  mœurs  de  son  temps,  d'une  admirable  éner- 
gie, et  le  de  Perfectione  militaris  triumphi,  allégorie 
patriotique.  Palencia  lui-même  donne,  dans  la  lettre-pré- 
face de  son  Vocabulario  en  latin  y  romance  (Séville, 
1190),  la  liste  de  ses  autres  ouvrages,  qui  sont:  Anti- 
qiiitatis  Hispaniœ  gentis  libri  X,  ouvrage  inédit  ;  Vila 
beatissimi  lldephonsi  archiepiscopi  Taletani,  inédit; 
Mores  et  ritus  idolatrici  incolarum  Fortimatariim, 
quas  Canarias  appeltant  ;  De  vera  suficientia  ducum 
atque  legatorum;  De  obliteralis  mutatisqiie  nomini- 
bus  provinciarum  fiuminuinque  Uispaniœ;  et  De  alii- 
daloris  salutalionibus.  Tous  ces  ouvrages  furent  d'abord 
écrits  en  langue  castillane,  et  puis  traduits  en  latin  par 
le  même  auteur.  Palencia  publia  aussi  de  médiocres  tra- 
ductions de  Plutarque  (1491),  de  Josèptie  (1492),  et  du 
livre  italien,  el  Espejo  de  la  criiz  (1486).  R.  Altamira. 
BI13L.  :  CLE?,iENciN,Eto{/io  histovicocle  la.  renia  donalsa- 
bel,  dans  Memorias  de  la  Real  Acad.,  de  la  Hist.,  vol.  Vï. 
])p.  76  et  suiv.  --  Pellicer,  Ensayo  de  una  biblloteca  de 
iraductores.  —  Amador  de  Los  Rios,  Hist  de  la  Ut.  esp., 
vol.  VIÏ.  —  IM.  Fabié  a  publié  en  187G  deux  traités  (Dos 
tratados)  de  Palencia. 

PALENCIA  (Juan  de),  sculpteur  espagnol.  Il  vivait  à 
Séville  vers  le  milieu  duxvi^  siècle  et  s'y  était  acquis  uae 
certaine  réputation.  Il  exécuta,  en  1555,  le  bas-relief  sur 
bois,  représentant  Jésus  lavant  les  pieds  de  ses  disciples, 
(pii  fait  partie  du  grand  retable  de  la  cathédrale.     P.  L. 

PALENCIA  (Gaspar  de),  peintre  espagnol.  H  vivait  à 
Valiadolid  en  1569,  mais  on  ne  connaît  guère  de  lui  d'autre 
particularité  que  celle  d'avoir  peint  en  tons  naturels  les 
ligures  du  retable  de  la  cathédrale  d'Astorga,  en  coUabo- 
tion  avec  Gaspar  de  Hayos.  On  sait  aussi  qu'il  fut  désigné 
comme  arbitre  pour  fixer  le  prix  des  peintures  exécutées 
par  Alonso  Sanchez  pour  le  retable  de  l'église  d'Espinar,  ot 
qu'il  remplit  le  même  office  en  1377  pourétablir  la  valeur 
delà  dorure  et  de  la  peinture  de  ce  même  ret  able .      P .  L . 

PALENCIA  (Fray  Martin  de),  miniaturiste  espagnol  et 
moine  bénédictin,  résidant  à  Avila  dans  la  seconde  moitié 
du  xvi«  siècle.  Il  fut  distingué  par  Philippe  11  et  travailla  à 
l'ornementation  et  aux  écritures  des  livres  de  chœur  du 
palais-monastère  de  TEscurial.  Après  s'être  acquitté  de 
cette  tâche  k  la  satisfaction  du  roi,  qui  lui  allouait  un  trai- 
tement annuel  de  100,  puis  de  150  ducats  et  qui  le  rete- 
nait à  Madrid,  le  frère  Palencia  rentra  à  son  couvent  de 
Suso,  où  il  exécuta  un  très  beau  manuscrit  sur  vélin,  tout 
enrichi  de  précieuses  miniatures  dont  la  plus  importanlo 
représentait  le  Calvaire.  Ce  manuscrit  portait  la  date  de 
1582  et  la  signature  de  l'enlumineur.  P.  L. 

PALENCIA  (Ceferino),  auteur  dramatique  espagnol,  né 
à  Fuente  de  Pedro  Navarre  (Cuenca)  le  26  août  1858.  Il 
étudia  d'abord  la  médecine  cà  l'Université  deMadrid,  mais 
ses  préférences  le  portaient  du  coté  de  la  littérature.  Le 
succès  obtenu  par  sa  comédie,  el  Cura  de  San  Antonio 
(1879),  lui  fit  abandonner  définitivement  les  études  scien- 
tifiques. Il  donna  successivement  au  théâtre  deux  comé- 
dies :  Carrera  deobstaculos  (1880),  et  el  Guardian  de 
la  casa  (1881),  le  plus  réussi  de  tous  ses  ouvrages,  qui 
affermirent  sa  renommée.  Puis  vinrent:  Carinosque  ma- 
/an  (1882);  la  Charra  (1884);  Que  vergiienzal  imm- 
logue  (1885),  et  plusieurs  traductions  du  français  et  do 
l'italien.  Marié  à  l'actrice  dramatique  Maria  Tubau,  il  prit 
la  direction  de  sa  troupe  et  a  fait  de  nombreuses  tour- 
nées artistiques  en  Espagne  et  dans  l'Amérique  espagnole. 
Sa  dernière  traduction  a  été  celle  de  Madame  Sans-Gêne, 
de  Sardou.  R.  A. 

PALENQUÉou  NACHAN.  Localité  du  Mexique,  Etat 
de  Chiapas,  sur  le  Chacamas,  affl.  de  l'Usumacinta  ;  lO.OOO 
hab.  A  11  kil.  sont  les  ruines  de  l'antique  cité  indienne 
do  liuehuetlapallan,  que  l'on  a  proposé  d'identifier  avec 
Xibalba,  la  cité  mythique  des  Olmèques.  Ces  ruines  sont 
les  plus  grandioses  de  l'Amérique  ;  de  vastes  terrasses 
artificielles  ou  des  pyramides  tronquées  en  pierres  taillées 
portent  des  temples  et  des  palais  édifiés  en  pierre  calcaire 


et  revêtus  de  décorations  en  stuc,  figures  en  rehef,  des- 
sins, hiéroglyphes.  Au  centre  est  l'édifice  appelé  palais, 
surmontant  une  pyramide  tronquée  ;  long  de  92"^, 3,  large 
de  58^^,5,  haut  de  8^^\l,il  a  14  portes  sur  la  façade,  11 
sur  chaque  côté,  4  cours  intérieures  ;  les  bas-reliefs  qui 
l'ornent  offrent  des  figures  de  2"\90  à  3"\20.  Les  alentours 
sont  jonchés  de  statues  monolithes;  les  débris  des  ponts 
jetés  sur  la  rivière  attestent  l'ancienne  étendue  de  Pa- 
lenqué.  Découvertes  en  1750,  ces  ruines  ont  été  visitées 
et  décrites  par  D.  Charnay.  A. -M.  B. 

Bibl.  :  Outre  les  ouvrages  de  Cievrn^ay,  V.  La  Rocin^- 
roucAULD,  Palenqiié  et  la  C'wilisation  majja  ;  Paris,  1888. 

PALEOCAPA  (Pietro),  ingénieur  et  homme  politique 
italien,  né  à  Bergame  en  1789,  mort  à  Turin  en  1867.  Il 
étudia  à  l'école  du  génie  et  de  l'artillerie  de  Modène  et 
en  sortit  officier  de  génie  et,  comme  tel,  fut  envoyé  aux 
travaux  des  forts  d'Osoppo  et  de  Mandella.  Il  quitta  le 
service  militaire  à  la  chute  de  l'iimpiro  pour  entrer  dans 
les  ponts  et  chaussées  de  Venise  et  puis  dans  le  corps  des 
ingénieurs  du  royaume  lombardo-vénitiendont  il  fut  direc- 
teur général  en  1840.  Meml)re  du  gouvernement  provi- 
soire de  Venise  en  1845,  ministre  des  travaux  puldics, 
puis  de  l'intérieur,  puis  démissionnaire,  il  se  réfugia  à 
Turin,  et  y  fut  aussitôt  nommé  inspecteur  des  chemins  de 
fer.  En  1849,  il  y  devint  ministre  des  travaux  publics  sous 
D'Azeglio  et  y  resta  sans  interruption  jusqu'en  1859.  En 
1852,  nommé  membre  d'une  commission  internationale  de 
sept  ingénieurs,  il  se  déclara  partisan  du  percement  de 
l'isthme  de  Suez.  En  1858,  fut  pubKée  à  Paris  une  traduc- 
tion de  son  ouvrage  sur  les  Bouches  du  Danube.  En 
1859,  atteint  par  la  cécité,  îl  abandonna  le  ministère  et 
passa  au  Sénat,  ou  il  se  lit  remarquer  dans  plusieurs 
discussions.  E.  Câsaxova, 

PALÉOCÈNE  (Géol.)  (V.  Suessoxien). 

PALÉOGRAPHIE.  La  paléographie  est  l'art  de  con- 
naître et  de  déchiffrer  les  écritures  anciennes.  Son  do- 
maine peut  s'étendre  à  tous  les  genres  de  documents,  à 
tous  les  pays,  à  tous  les  temps.  Toutefois,  les  inscriptions 
font  l'objet  d'une  discipline  spéciale,  Vépigraphie  (V.  ce 
mot)  ;  de  plus,  l'étude  des  Icgendes  des  monnaies  et  des 
sceaux  est  naturellement  comprise  respectivement  dans 
la  numismatique  et  dans  la  sigillographie  (V.  Monnaie  et 
Sceau).  L'usage  a  donc  réservé,  en  général,  l'emploi  du 
mot  paléographie  à  l'étude  des  documents  écrits  sur  des 
matières  autres  que  la  pierre  ou  le  métal. 

La  plupart  des  écritures  orientales  n'ont  point  encore 
été  jusqu'ici  l'objet  d'études  proprement  et  spécialement 
paléographiques  ;  on  s'est  contenté  en  général  de  les  classer 
et  de  déterminer  leur  place  dans  la  série  des  écritures.  On 
trouvera  d'une  part  aux  art.  Alphabet  et  Ecriture  ,  et  d'autre 
part,  soit  aux  articles  concernant  les  peuples  ou  les  langues 
qui  ont  eu  une  écriture  spéciale  (Chine,  Japon,  Arabe,  Iîé- 
BiiEU,  Sanscrit,  Zend,  etc.),  soit  aux  noms  de  celles  de  ces 
écritures  qui  ont  des  dénominations  spéciales  (Hiéroglypue, 
Cunéiforme,  etc.),  les  principaux  résultats  de  la  science. 

La  paléographie,  dans  son  acception  la  plus  usuelle,  s'ap- 
plique donc  le  plus  ordinairement  aux  écritures  grecques 
et  latines,  ces  dernières  comprenant  non  seulement  la 
langue  latine,  mais  aussi  les  langues  modernes  qui  ont  em- 
ployé l'alphabet  latin. 

Dans  ce  domaine,  la  paléographie,  telle  qu'elle  s'est 
constituée,  comme  science  accessoire  do  la  philologie  et 
de  l'histoire,  comprend  non  seulement  l'étude  des  formes 
do  récriture,  mais  tout  un  ensemble  de  matières  sur  les- 
cjuelles  on  trouvera  dans  la  6' r(7Jic^e£?ic?/c/o/j£/c//(2  des  articles 
spéciaux  auxquels  il  nous  suffira  de  renvoyer.  C'est  d'abord 
l'histoire  des  alphabets  grec  et  latin  ainsi  que  l'étude  de 
la  dérivation  de  chaque  lettre,  sur  lesquels  on  trouvera  des 
détails  aux  mots  AupuAREr,  Eckitlke,  et  aux  articles  spé- 
ciaux à  chacjue  lettre  de  l'alpliabet  latin.  C'est  ensuite 
l'étude  des  matières  sur  lesquelles  l'écriture  a  été  tracée, 
qu'on  trouvera  aux  mots  Papyrus,  Cire  (Tablettes  de),  Par- 
chemin, Papier,  Rouleau,  Volume,  Manuscrit,   Palimp- 


l>ALEOGRAPHiE 


—  mQ 


SESTE,  DiPLÔxME,  CfiAKTE  ;  dos  iiiblrumeiits  ({iii  ont  servi  à 
tracerrécriture  qu'on  trouvera  aux  mots  Encre,  Chrysogp.a- 
PHiE, Pourpre,  Calame,  Plume,  Style.  L'étude  des  moyens 
d'abréger  l'écriture,  de  la  rendre  assez  rapide  pour  suivre 
la  parole,  ou  de  la  rendre  secrète,  fait  l'objet  des  art.  Abré- 
viations, Notes  TIRONIENNES,  TaCHYGRAPHIE,  STÉNOGRAPHIE, 

Cryptographie  ;  les  signes  accessoires  de  l'écriture  sont 
étudiés  aux  mots  Accent  et  Ponctuation  ;  les  formes  des 
CHIFFRES  sont  iiidiquées  à  ce  mot  ;  la  partie  exclusivement 
artistique  de  la  paléographie  est  traitée  aux  arl.  Manus- 
crit, Miniature,  ainsi  qu"à  divers  articles  spéciaux  :  Dip- 
tyque, Heures,  Grotesque,  l^^MRLÈME,etc.  ;  l'histoire  du 
manuscrit  au  moyen  âge  est  donnée  aux  mots  Bibliothèque 
et  Livre  ;  enfin  la  critii{ue  et  l'interprétation  des  textes  ainsi 
que  l'art  de  les  publier  sont  duressortde  la  Philologie  et 
de  la  Diplomatique.  Il  ne  nous  reste  donc  à  parler  ici  que 
des  formes  même  de  l'écriture  ainsi  que  de  l'art  de  les  dater. 

L  PALÉOGRAPHIE  GRECQUE.  —  L'étude  de  la  pa- 
léographie grecque,  que  l'on  considère  aujourd'hui  comme 
inséparable  des  études  helléni({ues,  qui  occupent  toujours 
une  place  si  importante  dans  les  études  classiques  (V.  Hel- 
lénisme, Humanisme,  etc.),  a  été  véritablement  fondée  par 
les  bénédictins  français  du  xvii^  siècle,  lorsqu'ils  eurent 
occasion  de  pubHer  une  collection  des  pères  de  l'EgUse. 
Bernard  de  Monlfaucon  (V.  ce  nom)  jeta  les  ])ases  de  la 
paléographie  grecque  (1708).  Les  hellénistes  du  xviii^  siècle 
s'occupèrent  tous,  plus  ou  moins,  de  paléographie,  et,  de 
nos  jours,  Bast  (Eréd.-Jac({.),  liohsonade,  Tischendorf 
(V.  ces  noms),  etc.,  ont  fait  l'aire  de  grands  progrès  aux 
études  paléographiques . 

La  paléographie  grecque  peut  se  diviser  en  deux  pé- 
riodes principales  :  4^^  la  période  antique,  qui  s'étend  jus- 
qu'au iv^  siècle  ap.  J.-C.  ;  2<^  la  période  byzantine,  qui 
comprend  toute  l'époque  du  moyen  âge.  L'antiquité  n'a 
connu  que  trois  sortes  d'écritiu  es  :  la  capitale,  Yonciale 
et  la  cursivc.  La  minuscule  grecque  ne  date  que  de 
répoque  byzantine.  Les  trois  genres  d'écritures  antiques 
ne  sont  pas  aussi  nettement  distincts  les  uns  des  autres 
que  les  écritures  de  l'époque  du  moyen  âge.  On  peut  môme 
dire  que  la  cursive  ne  s'est  réellement  formée,  comme 
écriture  parfaitement  distincte,  que  tout  à  fait  à  la  fin  de 
la  période  antique.  Jusqu'à  une  époque  très  récente,  notre 
principale  source  d'information  pour  la  période  antique 
était  l'épigraphie.  Des  papyrus  originaux  remontant  jus- 
qu'au iii^  siècle  av.  J.-C,  en  capitale,  cursive  et  onciale, 
ont  été  trouvés  dans  les  fouilles  faites  en  Egypte,  soit  dans 
les  soubassements  des  villes  anciennes,  soit  dans  les  mon- 
ticules de  sable  recouvrant  les  amoncellements  de  détri- 
tus. La  nature  du  terrain  et  la  sécheresse  du  climat  de 
l'Egypte  ont  permis  aux  papyrus  de  subsister  dans  un  état 
parfait  de  conservation.  Des  découvertes,  très  nombreuses, 
ont  été  faites  pendant  ces  derriières  années  :  on  a  parfois 
trouvé  des  fonds  entiers  d'archives  locales,  jetées  au  re- 
but après  triage,  sous  les  Ptolémées  ou  pendant  Tadmi- 
nistration  romaine.  La  période  byzantine  ne  connaît  que 
trois  écritures  :  l'onciale,  la  minuscule  et  la  cursive. 

I.  Période  antique.  —  Les  écritures  grecques  de 
l'antiquité  n'otfrent  pas  de  différences  aussi  tranchées  que 
les  écritures  latines.  Les  lettres  dites  onciales  ne  sont  pas 
toujours  caractéristiques  de  l'écriture  onciale  et  se  ren- 
contrent souvent  dans  l'écriture  capitale.  La  cursive  ne  se 
dégage  que  très  lentement  des  formes  de  l'écriture  capi- 
tale, tandis  que,  chez  les  Romains,  les  plus  anciens  do- 
cuments en  cursive  nous  donnent  déjà  cette  éci'iture  avec 
un  alphabet  spécial  qu'il  est  impossible  de  confondre 
avec  d'autres.  La  nature  des  matières  subjectives  de  l'éci'i- 
ture  exerce  aussi  une  grande  influence  sur  le  tracé,  sui- 
^ant  que  les  textes  sont  écrits  sur  le  papyrus,  ou,  à  par- 
tir du  iii^  siècle  environ  av.  J.~(<.,  sur  le  parchemin.  Le 
papyrus  ne  se  prête  pas  bien  au  tracé  de  l'écriture  à 
foi'ines  airondies;  aussi  n'est-ce  (|u"à  parth'  de  l'époque 
ou  le  parchemin  remplace  ce  papyrus  que  Ton  voit  pré- 
dominer l'écritui'e  onciale. 


Capitale.  —  La  capitale  grecque  est  surtout  connue 
par  les  inscriptions.  Elle  n'a  jamais  été  employée  pour 
écrire  des  manuscrits  entiers  dès  le  iii*^  siècle  av.  J.-C, 
car  elle  est  entièrement  remplacée,  à  cette  époque,  par 
l'onciale.  Les  quelques  papyrus  en  capitale  qui  nous  sont 
parvenus  appartiennent  déjà  à  une  époque  de  transition 
et  ont,  pour  une  ou  deux  lettres,  les  formes  onciales,  prin- 
cipalement pour  le  S,  qui  a  déjà  la  forme  du  S  lunaire 
ouG(fig.  1,  l.  I,  H,  etc.). 

Les  formes  des  lettres  de  la  capitale  grecque  n'ont  ja- 
mais beaucoup  varié.  A  l'époque  primitive  de  l'alphabet, 
il  y  avait  trois  lettres  de  jilus,  qui  n'étaient  plus  en  usage 

Fiu-,  1.  —  Capitale  anliffuc.    —  l^apynis  do  l'invocation 
d'Arténiibc  (iii'=  siècle  av.  J.-C). 

dans  les  pa])yrus  de  l'époque  alexandrine  :  le  dicjanuna, 
([ui  se  plaçait  entre  le  E  et  le  Z  (V.  DiG\MMA),le  coppa  ou 
koppa,  ([ui  se  plaçait  entre  le  JI  et  le  P  (V.  Koppa)  et  le 
sa}npi.  dernièi-e  lettre  de  tout  l'alphabet  (Y.  Sampi), 

Le  plus  ancien  papyrus  est  celui  de  riii\ocation  d'Ar- 
témise  (fig.  -J).  conservé  à  la  bibhothèque  impériale  de 
Vienne,  et  contenant  des  imprécations,  adressées  à  Jupi- 
ter Sérapis,  contre  le  mari  de  cette  dame  grecque,  qui 
l'avait  abandonnée  sans  pourvoir  à  la  sépulture  de  leur 
enfant  mort  en  bas  âge.  Ce  papyrus  appartient  au  iii«  siècle 
av.  J.-C.  Un  fragment  du  Phédon  de  Platon  a  été  décou- 
vert sur  un  papyrus  de  la  première  moitié  du  iii°  siècle 
av.  J.-C,  offrant  également  les  caractéristiques  de  la  ca- 
pitale de  transition. 

Cursive.  —  La  cursive  grecque  a  été  répartie  en  trois 
périodes  :  1"  période  plolémaiijue,  s'étendant  sur  l'ère 
chrétienne  ;  ^2^  période  romaine,  comprenant  le  i^'',  le  ii^ 
et  le  iii^^  siècle  de  J.-C.  ;  ^opériode  bijxantine'iwo]^rQmeni 
dite.  La  cursive  ptolémaïquc  et  la  cursive  romaine  sont 
comprises  dans  la  période  antique.  —  La  principale  ca- 
ractéristique de  la  cursive  antique  est  la  conservation  des 
formes  capitales  des  lettres  jusqu'à  une  époque  avancée. 
La  cursive  n'a  été  pendant  longtemps  que  l'écriture  capi- 
tale tracée  rapidement  et  avec  négligence. 

Les  formes  diverses  affectées  par  chacune  des  lettres 
de  l'alphabet  dans  la  cursive  grecque  sont  représentées 
daiîs  la  fig.  2.  L'a  prend  la  forme  d'un  a  minus- 
cule latin  pendant  la  période  romaine.  Le  [3  conserve  très 

l'ig  2.  —  Cursive  antique  —  Papyrus  d'une  circulaire 
administrative  sur  le  recouvrenient  des  taxes  (170  ^ 
av.  J.-C). 

longtemps  sa  forme  capitale  dans  l'écriture  cursive,  en 
même  temps  qu'il  prend  une  forme  simplifiée,  consistant 
à  remplacer  les  deux  panses  par  une  simple  liaie  droite, 
pour  finir  par  avoir  l'aspect  d'un  u  minuscule.  L'ô  est 
d'abord  identique  à  l'E  oncial,  et,  pendant  la  période  ro- 


837 


PALEOGRAPHIE 


maine,  il  se  réduit  à  deux  traits  seulement.  Vr\  a,  dès 
la  période  ptolémaïque,  la  forme  de  l'/i,  résultant  du  tracé 
continu  de  la  traverse  et  du  jambage  de  droite  de  l'H 
(V.  dans  la  fig.  2,  la  4«  lettre  de  la  première  ligne  et 
4^  avant-dernière  lettre  de  la  dernière  ligne) .  La  forme 
cursive  /  le  fait  beaucoup  ressembler  à  la  forme  cursive 
du  (3.  Le  X  peut  se  confondre  quelquefois  avec  le  y  (V.  fig. 
2,  1.  let  II  ,  aux  mots  TaXr,a£ia'.  et  yvwixyjç).  Le  prolon- 
gement du  premier  jambage  du  {x  ne  date  que  de  la  pé- 
riode romaine.  Le  v,  dans  la  forme  à  tracé  continu,  prend 
une  forme  qui  le  fait  ressembler  au  tu.  Le  a  a  toujours  la 
forme  lunaire,  provenant  de  l'onciale  et  qui  se  trouve  déjà 
dans  la  capitale.  Les  autres  lettres,  à  part  l'o)  oncial, 
ont  des  formes  qui  ne  diffèrent  presque  jamais  de  celles 
de  récriture  capitale. 

La  cursive  grecque  était  principalement  consacrée  aux 
usages  administratifs  et  aux  travaux  courants  des  lettrés. 
On  a  retrouvé  un  grand  nombre  de  fragments  de  docu- 
ments officiels,  dont  quelques-uns  proviennent  de  l'admi- 
nistration impériale  elle-même,  consistant  généralement 
en  comptes  ou  documents  relatifs  aux  impôts,  comme  le 
fragment  reproduit  dans  la  fig.  2,  contrats  de  vente,  cir- 
culaires administratives,  pétitions,  etc.  Les  particuliers 
avaient  l'usage  de  placer  leurs  papiers  en  dépôt  dans  les 
archives  publiques,  ce  qui  fait  que  l'on  possède  un  certain 
nombre  de  contrats  privés,  testaments,  rapports  d'inten- 
dants ou  gérants,  horoscopes  astrologiques,  etc.  La  dé- 
couverte la  plus  importante  qui  ait  été  faite  dans  le  do- 
maine littéraire  est  celle  d'un  tragment  du  grand  ouvrage 
d'Aristote  sur  les  constitutions  comparées  des  cités  grec- 
ques, ouvrage  aujourd'hui  entièrement  perdu  :  le  frag- 
ment de  papyrus  en  cursive,  aujourd'hui  au  Musée  britan- 
nique, contientla  partie  relative  à  la  constitution  d'Athènes, 
IIoXiTsfa  Twv  'A8r]vacwv. 

Onciâle.  —  L'onciale  antique  ne  se  distingue  pas  aussi 
nettemment  de  la  capitale  que  l'onciale  définitivement  consti- 

coo^i^>.ç-r  c  VNxe-y^^r^)  x^rpHyTxTsi  ktVi  r^->i 
>JNiî-iMTTH?vfrctfc^e->on'ru3>j>.rNrecô-Ni> 

Via;.  ?).  —  Onciale  antique.  —  Papyrus  Harris  de  l'Iliade 
d'Homère  (i«r  siècle  av.  J.-C). 

tuée  de  la  fin  de  l'époque  romaine.  La  forme  de  l'a  est  inter- 
médiaire entre  la  forme  capitale  et  la  forme  onciale  pure.  L'e 
n'est  pas  toujours  complètement  arrondi  (V.  fig.  3).  Tant 
que  le  papyrus  a  été  la  matière  principale  qui  servait  à 
l'écriture,  les  formes  arrondies  n'ont  pas  pu  se  développer 
librement.  Le  S  lunaire  (C)  paraît  être  la  lettre  onciale 
la  plus  ancienne  et  apparaît  déjà  dans  les  inscriptions  en 
capitale,  comme  dans  les  plus  anciens  papyrus  (V.  fig.  2). 
O  n'est  pas  dans  la  Grèce  proprement  dite  que  l'écriture 
onciale  s'est  formée,  mais  c'est  après  l'époque  classique 
et  principalement  dans  l'école  d'Alexandrie,  sous  les  Pto- 
lémées.  Les  travaux  multiples  des  érudits  alexandrins, 
l'introduction  graduelle  du  parchemin  pour  la  confection 
des  manuscrits,  etc.,  furent  les  causes  principales  qui 
donnèrent  naissance  à  l'écriture  onciale. 

Le  caractère  général  de  l'écriture  onciale  consiste 
dans  l'arrondissement  des  formes  angulaires  de  l'écriture 
capitale.  Sept  lettres  ont  été  principalement  affectées  par 
ces  changements  :A,  A,  E,  M,  S,  S,  Q.  On  peut  re- 
marquer que  quatre  de  ces  lettres  (A,  D,  F,  M)  figurent 
aussi  parmi  les  lettres  caractéristiques  de  l'onciale  latine. 
La  principale  de  toutes  les  lettres,  celle  qui  suffit  à  déter- 
miner le  caractère  oncial  d'une  écriture  est  l'E,  qui  est 
réduit  à  une  courbe  hémisphérique  et  à  une  barre  trans- 
versale. Le  A  a  son  côté  droit  légèrement  prolongé  vers 
la  gauche  (caractère  qui  se  retrouve  aussi  dans  leD  oncial 
latin).  Le  S  a  ses  trois  traits  horizontaux  reliés  les  uns 
aux  autres  par  un  tracé  continu,  ce  qui  donne  quelquefois 


à  cette  lettre  des  formes  très  étranges.  On  a  déjà  remar- 
qué ci-dessus  que  le  S  (G)  est  probablement  la  première 
de  toutes  les  lettres  onciales  par  rang  d'ancienneté.  L'Q 
est  une  des  lettres  qui  ont  subi  la  plus  grande  transfor- 
mation dans  l'écriture  onciale. 

L'onciale  antique  n'était  presque  pa^s  connue  avant  les 
découvertes  de  papyrus  qui  ont  été  faites  récemment  en 
Egypte.  Ces  découvertes  ont  donné,  à  côté  d'un  grand 
nombre  de  documents  administratifs,  tant  en  cursive  qu'en 
onciale,  quelques  textes  littéraires  importants,  tels  que 
divers  fragments  d'Homère  (V.  fig.  3),  de  Thucydide, 
d'iïypéride,  d'Alcman,  du  grammairien  Tryphon,  de  l'iam- 
bographe  Hérodas,  etc.  A  part  l'Egypte,  le  seul  endroit 
où  l'on  ait  découvert  des  papyrus  grecs  est  Herculanum, 
oti  l'on  a  retrouvé  une  partie  des  œuvres  d'Epicure  et  de 
Philo  dème. 

L'onciale  antique  a  encore  pour  caractéristique  le  très 
petit  nombre  d'abréviations  dont  on  y  a  fait  usage 
(V.  Abréviation).  Lsl  ponctuation  est  très  rare  (V.  Ponc- 
tuation). Les  accents  (V.  Accent,  1. 1,  p.  272).  Lesespîifs 
(V.  Esprit),  tous  les  signes  diacritiques  et  les  signes  de 
correction  (V.  §  Paléographie  latine)  ont  été  inventés 
ou  perfectionnés  pou  à  peu  dans  l'école  d'Alexandrie.  On 
trouvera  des  détails  sur  la  manière  dont  les  Grecs  enten- 
daient la  division  matérielle  de  leurs  ouvrages  à  l'art. 
Stichométrie.  Dès  une  très  haute  antiquité,  les  Grecs  ont 
connu  les  systèmes  sténographiques  (V.  Notes  tironiennes 
et  Tachygraphie),  ainsi  qu'un  système  de  numération  par 
les  lettres  de  leur  alphabet  (V.  Chiffres).  Enfin,  les 
Grecs  ont  aussi  employé  les  écritures  secrètes  (V.  Crypto- 
graphie). Quelques  spécimens  des  tablettes  de  cire,  dont 
les  Grecs  faisaient  usage  comme  les  Romains,  ont  été 
découverts  en  Egypte  (V.  Cire  [Tablettes  de]). 

II.  Période  byzantine.  —  La  période  byzantine  de 
la  paléographie  grecque,  que  l'on  peut  faire  commencer 
approximativement  à  l'époque  du  triomphe  du  christia- 
nisme et  de  la  fondation  de  Constantinople,  se  caractérise 
par  la  création  de  Vémiure  minuscule,  qui  devient  l'écri- 
ture exclusive  des  manuscrits  à  partir  du  ix®  siècle.  Avant 
le  ix*^  siècle,  les  Byzantins  ne  connaissent  que  Vonciale 
pour  les  manuscrits  littéraires.  Ni  les  Grecs  de  l'école 
d'Alexandrie  ni  les  Byzantins  n'ont  jamais  employé  la 
capitale  épigraphique  pour  les  manuscrits,  comme  l'ont 
fait  les  Romains  dès  le  début  de  la  littérature  latine.  Ouant 
à  l'écriture  cursive,  elle  a  été  en  usage  dans  la  chancel- 
lerie byzantine  pendant  toute  la  première  moitié  du  moyen 
âge,  et  elle  a  ensuite  subi  l'influence  de  la  minuscule  et  a 
simplifié  considérablement  ses  formes  compliquées. 

Onciale.  — On  peut  dire  que  l'onciale  proprement  dite, 
du  V®  au  vii^  siècle,  constitue  véritablement  l'apogée  de 
l'écriture  grecque.  L'activité  littéraire  était  plus  considé- 
rable à  cette  époque  dans  l'empire  d'Orient,  depuis  Justi- 
nien,  qu'à  Rome  et  en  Itahe,  ravagées  par  les  guerres  et 
les  invasions.  Sans  les  iconoclastes  (V.  ce  mot),  nous 
aurions  aujourd'hui  un  nombre  considérable  des  beaux 
manuscrits  de  cette  époque  (V.  Miniature,  Byzantin  [Art], 
t.  VIII,  p.  536).  L'écriture  onciale  byzantine  présente  plu- 
sieurs variétés  :  à  l'époque  la  plus  ancienne  (iv^  et  v^  siècles), 
l'onciale  se  distingue  par  la  régularité  et  l'harmonie  des 
proportions  (fig.  4)  ;  elle  de  vient  ensuite  plus  massive 
(fig.  5),  caractère  qu'elle  conserve  dans  les  manuscrits 
Hturgiques,  par  lesquels  elle  reste  en  usage  jusqu'au 
xii®  siècle,  après  que  la  minuscule,  au  ix®  siècle,  est  devenue 
l'écriture  des  manuscrits  httéraires.  A  partir  du  vii'^  siècle 
environ,  on  voit  se  développer  X onciale  penchée  ou 
ovale,  qui  n'était  d'abord  usitée  que  pour  les  annotations 
marginales  et  les  commentaires,  et  qui  devient  ensuite  une 
variété  de  l'écriture  des  manuscrits  (fig.  6). 

Les  principales  formes  de  l'onciale  byzantine  se  trouvent 
dans  deux  manuscrits  célèbres  dont  les  fig.  4  et  o  donnent 
des  fac-similés.  Il  y  a  peu  de  chose  à  ajouter  aux  remarques 
faites  ci-dessus  à  propos  de  l'onciale  antique.  Le  C  lunaire 
est  toujours  la  seule  forme  onciale  du  S.  Le  A  a  sa  base 


PALÉOGRAPHIE  —  838 

souvent  prolongée  et  terminée  à  droite  et  à  gauche  par 
deux  petits  appendices  (V.  fig.  5,  lignes  2  et  3).  Le  M  a 
deux  formes,  l'une  dans  laquelle  les  deux  traits  du  milieu 
sont  seuls  arrondis,  l'autre  dans  laquelle  tous  les  traits 
prennent    une    forme 
courbe.  Les  hastes  et 
les  queues  de  plusieurs 
lettres  sont  prolongées 
au-dessus  ou  au-des- 
sous de  la  ligne  (P,  Y, 
(î>,  X,W),  Cette  der- 
nière   modification   a 
pour  effet  de  donner  à 
l'T  l'apparence  de  F  Y 
latin  (V.  ng.  5).  L'am- 
plitude des  formes,  la 
répartition  harmo- 
nieuse des  pleins  et  des 
déliés  caractérisent  en- 
core l'onciale  du  iv^  au 
Yiii^  siècle.  —  L'on- 
ciale ovale  a  ses  lettres 
comprimées  latérale-       Fi,o.  [ 
ment,   de   manière    à 


Pétersbourg;  le 


KXî  AHOpCOTTOCHN 
■  I OYAAI O  ceH  COY 
cor  dTH  Fî  oAej  KAf 
ON  o h4k:Kf  TiVH  Af 

-S>^'.^^v.j^  OX  XI'  o  ,COTO.Y  I  ^  * 

po  yto  Yce  JM  G€  î  oï' 

—  Onciale.  —  Codex  Sinaiticus  de  la  Bible  (commeacemeut 
du  v«  siècle  ap.  J.-C  ). 


prendre  une  forme 

étroite.  Les  lettres  E,  0,  O,  S  (lunaire)  sont  celles  qui 
prennent  le  mieux  la  forme  ovale.  Dans  l'onciale  ovale, 
la  direction  générale  de  l'écriture  est  inclinée  vers  la  droite 
(V.  flg.  6). 

Avec  la  période  d'apogée  de  l'écriture  onciale,  le  nombre 
des  manuscrits  célèbres  devient  très  considérable.  A  celte 


^YAXAeXeiKAPOiÂEÂGîAi 
^Ka>pACJ3CKPAM'l>l-'.C'T''OAC 

CPÙTrepTTP  I  cjj  N-KAyAO  r 

TPITTHXH  •TrApX<|>  YAA.AGÀ 

if<'e<}>AAÂîOMOiÂiMHKajrj 

Fig.  5.  —  Onciale.  —  Manuscrit  de  Dioscoride  de  la  biblio- 
thèque impériale  de  Vienne  (comnicncenicnt  du  vi^  s.). 

époque,  le  papyrus  est  complètement  remplacé,  pour  les 
usages  Mttéraires,  par  le  parchemin.  Les  manuscrits  de 
luxe  se  multiplient  (V.  Miniâturk,  Chrysographie,  Pour- 
i^RE,  etc.).  Des  fac-similés  des  manuscrits  les  plus  célèbres 

y  f  iAjTyp ^  c H ;<à  Y  e ^'  --^ 

np  ocTfKA€  -reojp  v  /s/ey/<^/^  ecTep 


Fig. 


6.  —  Onciale  ovale  ou  penchée.  — 
mathématiques  (vii"  siècle). 


Traité  de 


se  trouvent  dans  les  grandes  collections  de  la  Paléogra- 
phie universelle  (pi.  en  chromolithographie),  do  la  Paheo- 
graphical  Society  (pi.  en  photogravure),  etc.  Les  manus- 
crits bibliques  et  liturgiques  occupent  une  place  très 
importante.  Les  trois  plus  anciens  manuscrits  de  la  Bible 
sont  des  manuscrits  en  onciale  grecque  :  le  manuscrit  dit 
(hdex  Vaticanus  du  i\^  siècle,  conservé  à  la  bibliothèque 
du  Vatican  ;  le  Codex  Sinaiticus,  du  commencement  du 
v'^  siècle,  magnifique  manuscrit  écrit  sur  quatre  colonnes 
par  page  et  dont  la  fig.  4  reproduit  un  fragment,  qui  fut 
trouvé  dans  un  couvent  du  mont  Sinai,  dans  des  circons- 
tances très  romanesques  (V.  Tischentiorf)  et  qui  est  au- 
jourd'hui conservé  à  la  bibUothèque  impériale  de  Saint- 


Codex  Alexandrinus,  du  v^  siècle,  qui 
est  le  manuscrit  considéré  comme  le  plus  précieux  du 
Musée  britannique,  et  qui  fut  apporté  d'Egypte  auxvii*^  siè- 
cle par  un  patriarche  grec  pour  être  offert  au  roi  d'Angle- 
terre, Charles  P''.  Ln 
Pentateuque,  un  Oc- 
tateiique,  etc. ,  se  trou- 
vent à  la  Bibliothèque 
nationale.  Le  plus  an- 
cien document  authen- 
tique de  la  littérature 
chrétienne  primitive 
paraît  être  un  papyrus 
de  la  fin  du  ii®  siècle 
ap.  J .-C. ,  découvert  ré- 
cemment à  Oxyrhyn- 
chus  en  Egypte  et  con- 
tenant les'  Aoyfa  ou 
apophtegmes  du  Christ. 
On  sait  que  la  plupart 
des  textes  chrétiens  des 
premiers  temps  ont  péri 
et  quel'onn'aretrouvé, 
pour  ne  citer  qu'un 
exemple,  le  Aià  isa- 
aàpcov  de  Tatien,  du  milieu  du  ii^  siècle,  que  dans  une 
traduction  arabe,  exhumée,  il  y  a  quelques  années,  de 
la  bibliothèque  du  Vatican.  Les  manuscrits  littéraires 
sont  représentés  par  V Homère  de  la  bibliothèque  ambro- 
sienne  de  Milan,  du  ^^  siècle,  avec  miniatures;  \q Diosco- 
ride de  Vienne  (fig.  5),  exécuté,  au  commencement  du 
vi^  siècle,  par  Julia  Anicia,  fille  d'Olybrius,  un  des  derniers 
empereurs  romains,  et  contenant,  entre  autres  miniatures, 
le  portrait  de  cette  dame  romaine  elle-même,  etc. 

Minuscule.  —  La  minuscule  grecque  est  une  invention 
de  l'époque  byzantine.  De  l'opinion  unanime  des  savants 
versés  dans  la  paléographie  grecque,  la  minuscule  a  été 
inconnue  à  l'antiquité  grecque,  tandis  que,  pour  l'antiquité 
latine,  l'existence  de  l'écriture  minuscule  romaine  est  une 
question  qui  a  été  le  sujet  de  longues  polémiques  entre  les 
paléographes  du  siècle  dernier  et  qui  n'est  pas  même  en- 
core complètement  résolue  de  nos  jours.  La  minuscule 
grecque  offre  encore  ceci  de  particuKer  dans  son  histoire, 
qu'elle  fait  son  apparition  assez  brusquement,  au  viii*^  et 
au  ix^  siècle,  c.-ù-d.  à  peu  près  à  la  même  époque,  oii, 
dans  l'Occident  de  l'Europe,  la  minuscule  carohngienne, 
qui  s'est  formée  sous  Charlemagne,  se  répand  dans  tout 
le  monde  latin  proprement  dit.  Quant  à  l'origine  directe 
de  la  minuscule  grecque,  il  faut  la  chercher,  soit  dans  la 
petite  onciale  penchée  que  l'on  constate  dès  le  vi*^  siècle 
(V.  ci-dessus),  avec  adjonction  de  certaines  formes  tirées 
de  l'écriture  cursive,  soit  au  contraire  dans  l'écriture  cur- 
sive  elle-même,  telle  qu'elle  existe  au  commencement  de  la 
période  'byzantine,  avec  adjonction  de  formes  simplifiées 
empruntées  à  l'onciale  de  la  même  époque.  Pour  résoudre 
cette  question,  on  possède  un  petit  nombre  de  manuscrits, 
principalement  du  viu^  siècle,  qui  représentent  une  phase 
de  transition,  dans  laquelle  l'écriture  est  généralement 
penchée  vers  la  droite,  comme  l'onciale  ovale  (V.  ci-dessus), 
tandis  que  les-iormes  des  lettres  présentent  encore  toutes 
les  apparences  de  lettres  cursives  à  formes  simphfiées  (V.  le 
manuel  de  Thompson,  fac-similé  de  la  p.  460).  L'histoire 
de  la  minuscule  grecque  se  divise  en  trois  périodes  :  1^  du 
viTi®  au  miheu  du  x^  siècle  ;  2<^  du  milieu  du  x^  au  milieu 
du  xiiî^  siècle  ;  3*^  du  milieu  du  xfii®  au  commencement 
du  xv^  siècle  (Thompson).  Une  autre  classification  admet 
quatre  périodes:  l'^ix^^  siècle;  2°  x®-xii^  siècles;  B^xiii*^- 
xTv^  siècles;  5^  xv^  siècle  ou  Benaissance  (Wattenbach). 
En  réalité,  la  raison  pour  laquelle  il  est  difficile  d'assigner 
des  limites  précises  à  chaque  période  est  l'état  stationnaire 
prolongé  dans  lequel  l'écriture  est  restée  pendant  chaque 
période  et  la  lenteur  avec  laquehe  elle  a  passé  d'une  forme 
à  une  autre.  Les  représentants  extrêmes  de  la  série,  la 


—  839 


PALEOGRAPHIE 


minuscule  de  la  Renaissance  (fig.  -11)  et  la  minuscule  du 
ix^  siècle  (fig.  7)  se  différencient  à  première  vue,  mais 
les  nuances  intermédiaires  sont  tout  à  fait  imperceptibles, 
comme  on  peut  l'observer  en  comparant,  par  exemple,  la 
minuscule  du  ix®  siècle  (fig.  7)  avec  le  même  genre  d'écri- 
ture tel  qu'il  s'est  conservé,  intact,  pendant  cinq  siècles, 
jusqu'au  xiv^  siècle  (fig.  10).  Aucune  autre  écriture  occi- 
dentale n'offre  l'exemple  d'aussi  peu  de  changement  au 
moyen  âge.  Tl  n'y  a  que  l'écriture  onciale  latine,  qui,  du 
ifi''  au  ix^  siècle,  soit  restée  pareillement  semblable  à  e!le- 
uième  pendant  une  période  do  plusieurs  siècles. 

La  minuscule  grecque  n'offre  qu'un  très  petit  nombre 
de  particularités  qui  en  rendent  la  lecture  difficile.  L'a  a 
souvent  son  trait  de  droite  prolongé  et  relevé  jusqu'au 
sommet  de  la  ligne  d'écriture  (V.  fig.  7).  Le  [3  a  la  forme 
en  u,  signalée  ci-dessus  à  Tétudede  l'écriture  cursive.  L's 
donne  lieu  à  un  assez  grand  nombre  de  ligatures  :  zi  (fig.  10, 
1.  I,  etc.),  su,  £v,  £p,  etc.  L'y]  a  toujours  la  forme  de  l'/i. 
Le  y.  a  une  forme  très  curieuse,  dont  l'origine  se  trouve 
dans  l'alphabet  de  l'écriture  cursive.  Le  X  offre  une  par- 
ticularité presque  constante,  c'est  que  son  premier  jam- 
bage descend  presque  toujours  au-dessous  de  la  ligne, 
tandis  que  le  second  ne  la  dépasse  jamais  (V.  fig.  10,1.111, 
au  mot  àXrjGsi).  |Le  premier  jambage  du  v  descend  au- 
dessous  de  la  ligne,  comme  le  premier  jambage'du  jx.  Le  11 
a  ses  deux  jambages  verticaux  formés  en  tracé  continu,  ce 
qui  lui  donne  tout  à  fait  l'apparence  d'un  w  surmonté  d'une 
barre  horizontale.  Le  a  donne  lieu  à  diverses  hgatures  : 
at  (fig.  7, 1.  Il),  eaT  (fig.  7, 1.  V),  a:  (fig.  8,1.1),  etc.  L'o.  est 
complètement  fermé  et  a  la  forme  d'un  8  renversé.  — 
C'est  ta  l'époque  de  la  minuscule  que  hponclualion,  Vaccen- 
lualionBtles  abréviations  sq  constituentdéfinitivement. 

La  minuscule  des  ix^  et  x^  siècles  (fig.  7.)  présente 
des  formes  très  soignées  et  très  pures.  Les  mots  sont 

Fig.  7.  —  Minuscule  des  ix^  et  x"  siècles.  —  Euclide 
(Ms.  de  888). 

nettement  séparés  les  uns  des  autres,  les  points  sont 
employés  à  la  fin  des  phrases,  et  les  accents  et  les  esprits 
sont  presque  toujours  marqués. 

La  ]iiinuscule  des  xi^  et  xii^  siècles  (fig.  8)  ne  diffère 
presque  pas  de  celle  de  l'époque  précédente.  Les  traits 
sont  quelquefois  plus  lourds  et  deviennent  parfois  un  peu 

^  I  .cri  cqircaîi  ^  •fijirî  0ir  •  14 
^  ^  / 

1^ ''Tii  0  |i  o  fxjmi  ic  ^éij  Xo  vit 


Fig.  8.  —  Minuscule  des  xi^  et  xii«  siècles.  —  Saint  Jean 
Chrysostome  (Ms.  de  1003). 

plus  cursifs.  Le  papier,  qui  commence  à  être  en  usage, 
exerce  une  influence  sur  le  tracé.  Dans  les  signes  diacri- 
tiques, les  esprits  reçoivent  la  forme  arrondie,  au  lieu  de 
la  forme  carrée  qu'ils  avaient  précédemment. 


La  minuscule  des  xm®  et  xiv®  siècles  (fig.  9)  devient 
plus  compliquée,  plus  tassée,  et  se  surcharge  de  traits 
superflus,  formés  des  prolongements  des  hastes  ou  des 

Fig.  9.  —  Minuscule  des  xiii«  et  xiv»  siècles.  —  Commen- 
mentaire  de  Théophvlacte  Simocatta  sur  les  Evangiles 
(Ms.  de  1255). 

queues  de  certaines  lettres,  et  présente  beaucoup  d'iné- 
gahté  dans  la  hauteur  relative  des  lettres  ou  même  des 
parties  d'une  môme  lettre  (par  ex.  le  cp,  fig.  9,  1.  I, 
II,  etc).  L'e  et  le  v  commencent  à  prendre  la  forme  mo- 
derne. Les  abréviations  se  multiplient.  —  A  côté  de  l'écri- 
ture qui  vient  d'ôtc  décrite,  la  minuscule  subsiste,  presque 


1 


•s 


6 1 CT  ^^n?  UT  OU  cÎ3  p  a 


Fi-.  10. 


■  Minuscule  des  xin'^  et  xiv"  siècles. 
Psautier  (Ms.  de  1301). 


sans  changements,  dans  tous  les  manuscrits  d'une  exécution 
soignée  et  dans  les  manuscrits  liturgiques,  dont  l'écriture 
est  généralement  de  grandes  dimensions,  surtout  dans  les 
psautiers  antiphonaires,  lectiomiaires,  etc.  (V.  fig.  10). 
La  minuscule  du  xv^  siècle  ou  de  la  Renaissance 
(fig.  11)  est  encore  plus  irréguKère  et  disproportionnée 


Fig.  11. 


■  Minuscule  de  la  Renaissance.  - 
(Ms.  de  MUn. 


•  Polybe 


que  dans  la  période  précédente.  C'est  cependant  cette 
forme  de  la  minuscule  grecque,  apportée  en  Occident  par 
les  érudits  byzantins  du  xv®  siècle,  Lascaris,  etc.,  qui 
servit  de  modèle  pour  la  fonte  des  premiers  caractères 
d'imprimerie  grecs,  qui  restèrent  en  usage  pendant  presque 
tout  le  xvi^  siècle. 

Le  nombre  des  manuscrits  en  minuscule  est  très  consi- 
dérable. Outre  les  copies  des  manuscrits  de  l'antiquité 
classique  épargnés  pendant  les  premiôrs  temps  du  chris- 
tianisme ou  par  les  iconoclastes,  les  Ryzantins  nous  ont 
légué  une  littérature  très  riche,  dont  les  ouvrages  forment 
une  collection  qui  occupe  une  place  imposante  dans  les 


PALÉOGRAPHIE 


—  840  — 


bibliothèques  (V.  Byzantine).  On  possède  environ  i.OOO 
manuscrits  en  minuscule  antérieurs  à  Fan  1500.  On  n'a 
guère  qu'une  douzaine  de  manuscrits  qu'on  puisse  attri- 
buer avec  certitude  au  ix^  siècle,  environ  50  sont  du 
x^.' siècle,  près  de  dOO  du  xi^  siècle,  et  seulement  70  du 
xii^  siècle.  A  partir  du  xiii®  siècle,  les  manuscrits  devien- 
nent très  nombreux.  Le  plus  ancien  manuscrit  en  minus- 
cule est  un  évangéliaire  daté  de  l'année  835,  faisant  partie 
de  la  collection  de  l'évèque  Uspensky.  Vient  ensuite  le 
manuscrit  d'Euclide  de  888,  conservé  à  Oxford  et  dont  la 
fig.  7  reproduit  un  spécimen. 
'  CuRsivE.  —  La  cursive  byzantine  s'est  dégagée  peu  à 
peu  des  formes  de  l'écriture  capitale,  que  la  cursive  de 
l'époque  romaine  conservait  encore.   Les  lettres,   au  lieu 


Fiûr.  12.  —  Cursive  byzantine.  —  Acte  de  vente  daté  de 
Panopolis  (599  ap.  J.-C). 


Panopolis  (599  ap 

d'être  isolées  ou  simplement  juxtaposées  les  unes   aux 
autres,  ont  été  reliées  entre  elles  et  ont  commencé   à 


^T^xm^o 


Fig.  13.  —  Cursive  byzantine  de  chancellerie.  —  Lettre  offi- 
cielle d'un  empereur  de  Constantinople,  viiie  ou  ix®  s.). 

former  des  ligatures.  Pendant  la  première  moitié  de  la 
période  byzantine,  on  peut  diviser  la  cursive  en  écriture 


Fig.  14.  —  Cursive  de  la  seconde  moitié  du  moyen  âge.  — 
Commentaire  du  traité  de  Porphyre  sur  Aristote  ^Ms. 
de  1223). 

notariale  (fig.  42)  et  en  écriture  de  chancellerie  (fig.  13). 
La  cursive  subit  ensuite  l'influence  delà  minuscule,  s'épure 
et  se  simplifie,  tout  en  conservant  un  très  grand  nombre 
d'abrévations,  et  prend  la  forme  représentée,  à  partir  du 


XIII®  siècle,  dans  le  spécimen  donné  dans  la  fig.  i4.  Ce 
dernier  genre  de  cursive  est  surtout  en  usage  pour  les 
manuscrits  théologiques,  didactiques  et  scolastiques  ou 
philosophiques. 

Les  formes  des  lettres  dans  la  cursive  byzantine  pren- 
nent un  caractère  plus  expéditif  que  pendant  la  période 
antique.  Aux  remarques  déjà  faites  précédemment,  on 
peut  ajouter  les  suivantes  :  l'a  se  trace  d'un  trait  continu 
et  ne  forme  plus  qu'une  ou  deux  lignes  courbes  ;  |3  garde 
ses  deux  formes,  capitale  et  cursive  ;  l's  se  réduit  géné- 
ralement à  deux  traits,  comme  dans  la  cursive  latine  du 
moyen  âge  ;  le  X  est  prolongé  au-dessous  de  la  ligne  ;  le  p 
a  sa  boucle  supérieure  souvent  ouverte.  Les  ligatures  ne 
se  font  plus  seulement  par  la  partie  supérieure  des  lettres, 
mais  par  leurs  traits  du  milieu  ou  de  la  base,  comme  pour 
l's  ou  pour  lex.  Les  abréviations,  soit  par  le  système  usité 
dans  la  paléographie  grecque,  soit  par  des  signes  spé- 
ciaux, comme  pour  /al  et  Bs  (V.  Abréviations)  ne  sont 
pas  très  nombreuses  dans  la  cursive  diplomatique,  no- 
tariale ou  de  chancellerie,  mais  se  multiphent  considéra- 
blement dans  la  cursive  scolaatique  du  xiii®  siècle. 

Le  grec  a  été  longtemps  étudié  et  écrit  en  Occident, 
surtout  pendant  la  première  partie  du  moyen  âge,  avant 
l'époque  de  la  séparation  des  Eglises  grecque  et  latine. 
Les  manuscrits  gréco-latins  ou  bilingues,  partie  en  grec  et 
partie  en  latin,  sont  assez  nombreux  à  l'époque  de  l'écri- 
ture onciale.  L'écriture  grecque  tracée  par  les  scribes 
occidentaux  se  reconnaît  généralement  à  la  lourdeur  ou 
à  Firrégularité  de  ses  formes.  —  La  paléographie  grecque 
connaît  les  palimpsestes,  comme  la  paléographie  Latine, 
tant  pour  la  période  antique  que  pour  la  période  du  moyen 
âge  (V.  Palimpseste). 

IL  PALiiOGRAPHIE  LATINE  ET  MÉDIÉVALl].  —  La 
paléographie  latine  classique  et  la  paléographie  du  moyen 
âge  comprennent  un  domaine  beaucoup  pins  étendu  et 
beaucoup  plus  varié  que  celui  de  la  paléographie  grecque. 
Les  écritures  de  l'antiquité  {capitale,  onciale,  semi-on- 
ciale,  cursive  romaine)  forment  la  base  de  presque 
toutes  nos  écritures  modernes  et  embrassent  une  période 
qui  remonte  presque  jusqu'aux  origines  de  la  littérature 
romaine.  Cette  période  s'étend  jusqu'à  l'invasion  des  Bar- 
bares. Viennent  ensuite  les  écritures  adoptées  par  les  di- 
vers peuples  barbares  et  auxquelles  on  a  donné  le  nom 
à' écritures  nationales  (mérovingienne,  lombardique,  vi- 
sigothique,  irlandaise  et  anglo-saxonne) .  A  partir  du 
viii®  siècle  et  sous  des  influences  diverses  qui  se  centra- 
lisent toutes  en  France,  on  voit  se  développer  l'écriture 
perfectionnée  qui  a  reçu  la  dénomination  de  carolingienne 
ou  Caroline.  Cette  nouvelle  écriture  produit  elle-même,  du 
X®  au  xii®  siècle,  la  magnifique  écriture  romane,  exclusi- 
vement française,  et  qui  atteint  son  apogée  au  xii®  siècle, 
où  elle  est  adoptée  par  toutes  les  nations  de  l'Europe.  C'est 
la  même  écriture  que  notre  écriture  actuelle  d'impri- 
merie. Du  xii®  au  XVI®  siècle  règne  l'écriture  gothique, 
avec  toutes  ses  variétés  nombreuses  et  compliquées.  Enfin, 
avec  la  Renaissance  et  la  Réforme,  commence  l'époque  des 
écritures  modernes,  qui,  après  une  période  de  confusion 
et  de  mélanges  d'écritures  de  provenances  les  plus  diverses, 
se  termine,  à  partir  de  la  fin  du  xvii®  siècle,  par  la  pré- 
pondérance de  l'écriture  cursive  d'ItaUe.  Celle-ci  est  adop- 
tée par  toutes  les  nations  d'origine  européenne,  à  l'excep- 
tion de  la  Russie,  et  est  aujourd'hui  connue  sous  le  nom 
d'écriture  anglaise.  L'écriture  courante  des  Allemands, 
dernier  dérivé  de  la  cursive  gothique  du  moyen  âge,  pa-' 
rait  disparaître  graduellement  dans  les  usages  pratiques. 

Ecritures  de  l'Antiquité.  -—  Les  écritures  qui  ont 
leurs  origines  dans  l'antiquité  n'ont  été  l'objet  d'études 
systématiques  que  dans  les  temps  tout  à  fait  modernes.  L'his- 
toire du  progrès  des  études  paléographiques,  qui  ont  re- 
nouvelé entièrement  de  nos  jours  toutes  les  études  histo- 
riques, se  rattache,  à  partir  du  milieu  du  xvii®  siècle,  à 
l'historique  de  la  diploïnatique  {Y .  ce  mot).  C'est  princi- 
palement par  des  travaux  fondés  sur  les  études  de  paléo- 


~  841  — 


PALEOGRAPHIE 


graphie  que  les  bénédictins  sont  devenus  célèbres  (V.  l'art. 
Bénédictins).  x\près  l'époque  de  la  Révolution  française, 
l'Ecole  des  Chartes,  par  son  enseignement,  par  ses 
méthodes  et  par  l'intermédiaire  des  savants  qu'elle  a 
formés,  a  donné  à  la  science  de  la  paléographie  une  im- 
pulsion considérable,  qui  s'est  fait  sentir  ailleurs  qu'en 
France.  On  ne  rencontre  pas,  chez  les  écrivains  du  moyen 
âge,  de  sens  paléographique  proprement  dit.  Ils  ne  consi- 
déraient les  textes  des  classiques  latins  que  comme  des 
modèles  de  latinité  grammaticale  sans  valeur  proprement 
littéraire,  et,  pour  eux,  les  œuvres  des  historiens  romains 
ne  devaient  guère  servir  que  d'exemples  destinés  à  illustrer 
la  perversion  produite  par  le  paganisme.  Les  manuscrits 
latins  étaient  simplement  recopiés  ou  conservés  sans  préoc- 
cupation d'étude  critique  d'aucune  sorte.  Ce  n'est  qu'à 
l'époque  des  humanistes,  qui  commence  avec  Pétrarque  et 
ses  contemporains,  que  l'on  voit  apparaître  chez  les  com- 


mentateurs quelques  remarques  de  paléographie  propre- 
ment dite,  mais  sans  ordre  et  sans  méthode.  Le  respect 
des  textes  et  des  manuscrits  était  si  peu  développé  que  les 
éditions  princeps  du  xv'^  siècle  se  faisaient  souvent  sur 
les  anciens  manuscrits,  dont  plusieurs  remontaient  bien 
probablement  à  l'antiquité  classique,  et  qui  étaient  remis 
directement  aux  mains  des  imprimeurs. 

C4PITALE.  —  La  plus  ancienne  forme  de  l'écriture  qui 
est  la  source  de  toutes  les  écritures  modernes  est  l'écri- 
ture capitale  de  l'antiquité.  On  peut  voir,  à  l'art.  Alpha- 
bet, ainsi  qu'aux  articles  consacrés  à  chacune  des  lettres 
de  l'alphabet,  comment  les  lettres  romaines  sont  dérivées 
des  lettres  des  alphabets  grecs  des  colonies  de  la  Grande- 
Grèce  en  Italie.  En  recevant  leur  alphabet  des  Grecs,  les 
Romains  n'ont  pas  tardé  à  lui  imprimer,  en  quelque  sorte, 
la  marque  de  leur  génie.  Le  sens  de  l'écriture  avait  été 
longtemps  incertain  chez  les  Grecs,  qui  écrivaient  tantôt 


ITS  rOSV  HN  Kiy  RAlOtH  SaVOlt  MPOIVI  D/Rl  MV  A\ 

D  tvc.\Lio>JV  A.CVVVI  Ia^i  o  tsi  acx  v^7  ri  i  norbe^ 

VNDlHOMINIESKiVTlDVRVMGtNVSlRGOAGniRRxf 
riNGV ISOLVALCRI M IS EXI I M T LOMI MS I  B  AN N l 

Fifi'.  15.  —  ip  ou  III®  siècle  de  J.-C.  —  Capitale  carrée.  Fragment  d'un  manuscrit  de  Virgile,  dit  fragment  Dionysien 
(Vatic.  3256).  —  Géorgiques,  I,  v.  61-80,  —  Lettres  caractéristiques|:  A,  É,  T. 

Inposuit  natura  locis.  Quo  tempore  primum 
'  Deucalion  vacuum  lapides  jactavit  in  orbem, 
Unde  homines  nati,  durum  genus  :  ergo  âge,  terrae 
Pingue  solum  primis  extemplo  mensibus  anni. 


de  droite  à  gauche,  tantôt  de  gauche  à  droite,  tantôt  al- 
ternativement dans  ces  deux  directions  (V.  Boustrophé- 
DON,  t.  Vil,  p.  854).  Les  Romains  adoptèrent  le  tracé  de 
gauche  à  droite  ;  ils  donnèrent  définitivement  aux  lettres 
la  position  verticale;  les  hastes  transversales  ou  barres  et 
les  courbes  ou  panses  se  rattachèrent  aux  hastes  au  aux 
jambages  verticaux  en  formant  des  angles  droits.  Quatre 
lettres  seulement.  A,  M,  N,  V,  présentent  des  traits  obliques 
ayant  la  longueur  d'un  jambage  entier  et  s' étendant  entre 
la  ligne  de  base,  sur  laquelle  repose  l'écriture,  et  la  ligne 
de  sommet  des  jambages  de  hauteur  moyenne  (tels  que  l'I); 
mais  néanmoins  on  peut  remarquer  que  l'axe  véritable  de 
la  position  de  ces  lettres  est  réellement  vertical  et  non  in- 
cliné, comme  il  l'était  souvent  dans  les  lettres  des  alpha- 
bets grecs.  La  lettre  E  fut  une  de  celles  qui  conservèrent 
le  plus  longtemps  la  trace  de  son  origine  grecque  :  ses 
trois  traverses  sont  tracées  obliquement  tantôt  vers  le 
haut,  tantôt  vers  le  bas,  sur  les  plus  anciennes  inscrip- 
tions latines.  Après  leur  constitution  définitive  dans  l'an- 
tiquité, les  lettres  de  l'alphabet  romain  atteignirent  le 
total  de  23,  nombre  qui  fut  porté,  au  moyen  âge  et  dans 
les  temps  modernes,  à  26,  par  la  création  des  lettres 
J,  V  et  W,  au  moyen  de  dédoublement  des  lettres  I  et  V. 
—  L'appellation  elle-même  d'écriture  capitale  ne  paraît 
pas  remonter  à  l'époque  de  l'antiquité,  mais  semble  ré- 
sulter du  fait  que  son  usage  s'est  conservé,  jusqu'à  une 
époque  avancée  du  moyen  âge,  pour  l'écriture  majuscule 
des  titres  de  chapitres  dans  les  manuscrits. 

L'écriture  capitale,  d'abord  usitée  dans  les  inscriptions 
(V.  Epigraphie),  conserva  dans  les  manuscrits  le  caractère 
épigraphique  qu'elle  avait  acquis,  avec  quelques  légères 
différences  seulement.  L'écriture  des  inscriptions  avait  des 
traits  pleins  et  des  traits  déliés,  comme  dans  l'A,  le  V, 
l'N,  etc.,  et  les  traits  latéraux,  traverses  ou  barres  comme 
pour  la  base  de  VL  ou  la  barre  du  T,  avaient  presque  les 


mêmes  dimensions  que  les  traits  verticaux.  Ce  sont  les 
belles  proportions  des  lettres  de  cette  écriture  qui  leur 
avait  valu  le  nom  de  litterœ  quadratœ.  Dès  que  l'écriture 
épigraphique  fut  appliquée  à  la  transcription  des  manus- 
crits, deux  modifications  caractéristiques  apparaissent. 
D'abord  les  pleins  sont  exagérés  et  deviennent  très  gros 
par  rapport  aux  déliés,  qui  sont  très  fins  (V.  fig.  15,  ligne  1 , 
dans  les  lettres  N,  V,  R,  A,etc.).  Ensuite  les  barres  trans- 
versales sont  très  réduites,  et,  au  lieu  d'être  dans  un  rap- 
port harmonique  avec  les  traits  verticaux,  ne  sont  plus 
que  de  petits  appendices  n'ayant  que  le  quart  ou  le  cin- 
quième de  la  hauteur  des  hastes  verticales.  Cette  seconde 
caractéristique  est  surtout  frappante  pour  les  trois  tra- 
verses de  l'E  et  par  la  barre  du  T,  qui  font  souvent  res- 
sembler ces  deux  lettres  à  un  simple  I  muni  de  petites 
lignes  latérales  et  terminales  presque  insignifiantes  (V. 
dans  les  fig.  45  et  16,  les  lettres  indiquées  en  caractères 
gras  dans  les  transcriptions  des  fac-similés).  L'aspect  gé- 
néral de  la  capitale  des  manuscrits  prend  donc  un  air 
beaucoup  plus  tassé  et  serré  que  dans  les  inscriptions,  ce 
qui  permettait  de  donner  moins  de  largeur  à  l'espace  oc- 
cupé par  les  mots  et  d'économiser  la  place  sur  le  papyrus 
ou  sur  le  parchemin.  L'écriture  capitale  des  manuscrits 
conserva  toujours,  comme  une  tradition  de  son  origine 
épigraphique,  ses  grandes  dimensions,  qui  formaient  une 
de  ses  caractéristiques.  Plante,  dans  sa  comédie  du  Ru- 
dens,  parle,  par  une  exagération  de  rhétorique,  de  lettres 
longues  d'une  coudée  (cubitum  longœ).  Les  lettres  des 
manuscrits  de  Virgile  (V.  fig.  45  et  16)  ont  encore  4  centim. 
de  hauteur.  Lorsque  les  volumina  ou  les  codex  étaient 
écrits  en  colonnes,  les  lignes  ne  contenaient  guère  plus  de 
dix  lettres  et  n'étaient  que  de  deux  ou  trois  mots  (V.  fig.  4  9) . 
Capitale  carrée  et  capitale  rustique.  La  capitale  usi- 
tée dans  les  manuscrits  comprend  deux  espèces,  la  capi- 
tale carrée,  élégante  ou  épigraphique,  et  la  capitale 


PALEOGRAPHIE 


842  - 


rustique.  Ces  deux  écritures  oifrent  chacune  les  deux  ca- 
ractéristiques, pour  les  déliés  et  pour  les  ti\averses  des 
lettres  qui  vieniicnt  d'être  indiquées.  La  fig.  15,  emprun- 
tée à  l'un  des  fragments  qui  subsistent  des  manuscrits  de 


Virgile,  est  un  spécimen  de  \d.  capitale  carrée.  La  fig. -16, 
tirée  de  l'un  des  manuscrits  complets  de  Virgile,  est  un 
spécimen  de  la  capitale  rustique.  L'aspect  de  ces  deux 
écritures,  qui  sont  à  première  vue  tout  à  fait  différentes 


c  A  £  5  nK%  f  $.tKn la-DO  u^uc mmiscimi cokcîi^- 


Fig.  IG.  —  iv  siôcle  de  J.-C.  - 


Capitale  rustique.  —  Virgile  Viiilcojms  (Vatic.  O^gSr»).  ~  Enéide. 
caractéristiques  :  A,  E,  T,  B,  1^,  1^,  V, 

Talibus  insidiis  perjuriique  arte  Simonis 
Crédita  res,  captique  dolis  lacrimisque  coactis, 
Quos  neque  Tydides  necc  (^^^)  Lariseus  Achillis, 
Non  anni  domuere  decem,  non  millae  (*i^)  carinœ. 


Lettres 


l'une  de  l'autre,  ne  tient  qu'à  une  seule  particularité  :  les 
traverses  latérales  viennent  toujours  rejoindre  les  hastes 
à  angle  droit,  môme  lorsque  ces  petites  traverses  sont  lé- 
gèrement ondulées  à  leur  point  de  départ,  dans  l'écriture 
capitale  carrée;  dans  la  capitale  rustique,  au  contraire, 
ces  petites  traverses  offrent  d"a])ord  une  ondidation  beau- 
coup plus  grande,  et  viennent  couper  les  bastes  dans  une 
direction  légèrement  inclinée.  Tracée  avec  le  cakune  (V.  ce 
mot),  la  capitale  rastidue  était  plus  facilement  et  plus 
rapidement  écrite  de  cette  façon,  pour  ainsi  dire,  moins 
posée  et  moins  apprêtée  que  celle  de  la  capitale  carrée. 
.\u3si  l'usage  de  la  capitale  rustique  pour  les  manuscrits 
i'ut-il  beaucoup  plus  répandu  que  celui  de  la  capitale  car- 
rée. Pour  l'exécution  des  manuscrits  de  luxe,  on  ne  fai- 
sait pas  de  distinction  entre  la  capitale  carrée  et  la  capi- 
tale rustique,  comme  c'est  le  cas  pour  le  Virgile  dont  la 
fig.  46  donne  un  spécimen. 

Caractéristiques.  La  simplicité  do  l'écriture  capitale 
antique  et  sa  ressemblance  presque  identique  avec  notre 
majuscule  d'imprimerie  moderne  font  qu'il  n'y  a  presque 
pas  de  différences  à  signaler,  à  part  les  particularités  de 
tj'acé  relatives  aux  pleins  et  aux  déliés  et  aux  traverses 
de  certaines  lettres  (V.  ci-dessus).  Les  lettres  E  et  T  sont 
remarquables  par  la  petitesse  de  leurs  traverses.  La  lettre  A 
n'a  pas  de  traverse  entre  ses  deux  jambages.  La  pajise 
supérieure  du  B,  ainsi  (|ue  celles  du  P  et  de  l'R,  sont  sou- 
vent très  réduites  par  rapporta  la  partie  inférieure  de  ces 
lettres  (V.  par  ex.,  pour  le  B,  fig.  16,  premier  mot  de 
la  1.  1).  Déjà  dans  la  capitale  carrée,  et  presque  toujours 
dans  la  capitale  rusticjue,  le  jambage  de  droite  du  V,  qui 
est  tracé  en  délié,  se  prolonge  au  delà  de  la  ligne  de  base 
(le  l'écriture,  ce  (|ui  donne  souvent  au  V  presque  l'appa- 
l'enced'un  V(V.  fig.  ioeti6).  L'If ,  tpai  a  dans  la  capitale 
carrée  la  forme  actuelle  (fig.  15,1.  3),  a  souvent  dans  la 
capitale  rustique  une  forme  qui  la  fait  ressembler  à  un  K 
(V.  Fart.  Il),  concurremment  avec  la  forme  ordinaire 
(V.  fig.  16,1.  3).  Toutes  les  lettres  caractéristiques  de  la 
capitale  dans  les  deux  premières  lignes  des  transcriptions 
de  (;haque  fac-similé,  sont  imprimées  en  caractères  gras 
(V.  fig.  45  et  16).— Les  abréviations  sont  très  peu  nom- 
])reuses  à  l'époque  de  l'écriture  capitale.  Elles  sont  tou- 
jours très  simples  et  se  bornent  à  l'abréviation  de  în  eln 
(V.  fig.  15,1.  2,  dernier  mot),  à  quelques  signes  spéciaux 
])Our  des  désinences  de  mots  tels  que  us  et  que,  et  à  un 
l]'ès  petit  nombre  de  mots  ai)régés  par  contraction  et  dont 
!a  liste  est  donnée  à  Fart.  Aj)réviations,  t.  I,  p.  126. 

La  principale  caractéristique  des  manuscrits  en  écriture 
capitale,  n'est  pas  dans  la  forme  proprement  dite  des 
lelt]'es,  mais  dans  Fabsence  des  signes  auxiliaires  qui  se 
rencontrent  aux  époques  ultérieures:  ponctuation,  ru- 
J)riques.  pagination,  ornementation,  etc.  La  ponctuation 


n'existe  pas  ;  celle  que  l'on  voit  sur  quelques  manuscrits 
de  Virgile  est  une  addition  moderne.  Dans  les  manuscrits 
les  plus  anciens,  la  séparation  des  mots  n'existe  pas  non 
plus  (lig.  15  et  16).  —  Les  alinéas  ne  se  trouvent  que  pour 
les  divisions  les  plus  importantes  des  ouvrages  et  sont  gé- 
néralement marqués  par  des  espaces  laissés  en  blanc.  Ce 
n'e^t  que  dans  les  livres  liturgiques  et  bibliques  chrétiens 
(V.  fig.  17)  que  la  notion  des  alinéas  et  des  subdivisions 
des  textes  en  général  a  fait  des  pi'ogrès.  Les  initiales  qui 
se  trouvent  au  commencement  des  alinéas  sont  toujours 
placées  en  dehors  de  la  ligne  marginale  de  l'écriture 
(V.  fig.  17).  Quelquefois,  on  trouve  une  majuscule  en  tête 
de  chaque  page,  comme  dans  les  fragments  de  Virgile.  — 
Les  titres  se  bornent  à  deux  ou  trois  lignes  placées  en 
tête  du  texte  des  ouvrages,  rédigées  sous  forme  ô'incipit 
{Incipit  liber  XX} I  féliciter)  et  écrites  en  rouge  ou  al- 
ternativement en  lignes  en  rouge  et  en  noir.  Il  y  avait 
quelquefois  des  titres  courants  au  haut  des  pages,  comme 
dans  certaines  éditions  de  Virgile,  dont  les  pages  portaient 
en  regard  l'une  de  l'autre  aspri,  à  gauche,  et  vergïlius 
à  droite.  —  La  réglure  se  faisait  à  la  pointe  sèche,  qui 
marquait  deux  lignes  en  creux  sur  le  parchemin,  une  pour 
la  ligne  de  base  et  l'autre  pour  la  ligne  de  sommet  des 
lettres  capitales.  —  Le  format  des  manuscrits  était  presque 
toujours  carré  et  l'écriture  était  à  longues  lignes,  s'éten- 
dant  sur  toute  la  largeur  de  la  page,  ou  bien  en  deux  ou 
trois  colonnes  très  étroites.  Les  manuscrits  de  Virgile  sont 
des  in-folios  ou  des  in-quartos  carrés  ou  oblongs.  Pour 
les  manuscrits  destinés  aux  usages  prati([ues,  il  est  pro- 
bable que  Fantiquité  connaissait  les  petits  formats,  car  on 
en  a  des  exemples,  pour  les  manuscrits  juridiques,  au 
moins  pour  le  vni^  siècle,  dans  des  manuscrits  des  Jo's 
des  Lombards.  —  A  mesure  que  la  date  des  manuscrits 
en  capitale  s'éloigne  de  l'époque  classique,  leur  ortho- 
graphe devient  fréquemment  barbare,  et  c'est  même  à  ce 
signe  seulement  qu'on  a  avancé  Fépoque  d'un  des  manus- 
crits de  Virgile  jusqu'au  iv^  siècle.  Les  fautes  d'ortho- 
graphe des  anciens  manuscrits  dont  la  fig.  i6  offre  deux 
exemples  (1.  3  et  4),  sont  corrigées,  dans  les  publications 
de  textes,  soit  dans  des  notes  placées  au  bas  des  pages 
des  éditions,  soit  en  les  indiquant  au  moyen  du  mot  sic 
mis  entre  parenthèses. 

L'antiquité  a  connu  les  manuscrits  à  peintures  (V  Mr- 
xiATLRE,  t.  XXIII,  p.  1049).  Les  miniatures  et  les  des- 
sins antiques  sont  recopiés  à  l'époque  carolingienne 
(V.  fig.  17).  L'écriture  en  lettres  d'or  et  d'argent  (V.  Chrv- 
sograiuiie)  était  très  répandue  pour  les  manuscrits  de  luxe, 
de  même  que  Fusage  du  vélin  pourpré. 

L'ornementation  à  V encre  rouge,  au  cinabre  et  au  ?/i/- 
uhun  (V.  ces  mots),  a  ses  origines  dans  l'antiquité  clas- 
sique. Les  arguments  ou  sommaires  de  certains  ouvrages. 


843  — 


PALEOGRAPHIE 


les  quatre  ou  cinq  premières  lignes  des  grandes  subdivi- 
sions, et  les  citations  de  passages  importants  extraits 
d'autres  ouvrages,  étaient  ordinairement  écrits  à  l'encre 
rouge,  et  quelquefois  en  or  ou  en  argent. 

La  plus  belle  époque  de  l'écriture  capitale  s'étend  de- 
puis le  siècle  d'Auguste  jusqu'au  iv^  siècle  de  l'ère  ciiré- 
tienne.  A  partir  du  v^  siècle,  elle  a  d'abord  cédé  peu  à 
peu  la  place  à  une  écriture  simplifiée,  l'onciale,  et  elle  est 
elle-même  entrée  dans  une  période  de  décadence.  Néan- 
moins ce  n'est  guère  qu'à  l'époque  carolingienne  qu'elle  a 
commencé  à  se  différencier  nettement  de  la  capitale  de 
l'antiquité.  Pendant  plus  de  six  siècles,  l'écriture  capitale 
a  si  peu  changé  que  les  divergences  d'opinion  les  plus 
grandes  ont  existé,  parmi  les  bénédictins  et  les  paléo- 
graphes contemporains,  sur  l'âge  attribué  aux  manuscrits 
les  plus  célèbres.  Les  manuscrits  de  Virgile  (fig.  15)  ont 
été  attribués  successivement  à  l'époque  d'Auguste,  puis  au 
iii'^  ou  au  IV®  siècle.  Le  manuscrit  sur  lequel  les  contes- 
tations ont  été  les  plus  diverses  est  le  Psautier  d'Utrccht 


m. 


y^ , 


frcirfVM'flfilIlSICWfX    '       A.'l.VUA3yHI^'J^lNcM3l 
LA\'Of.NINûM!K£tvJS\.V        C^iXllUKUOSCSPÏW&QÎ 


fAnoyjrsiHPOpvliS  /  ^ 
su.rfro?.uM.:MMAN:i-i/' 

H.\.îC:"ICMNLSV!i'i-ar 


Fig.  17.  — IX®  siècle.  —  Capitale  rustique.  Psautier  d'Utre(?îit 
(Psaume  149,  avec  dessins  servant  d'illustrations  aux 
principaux  versets). 

4^®  colonne  : 

CXLVIIII  :  Alléluia. 
Lantate  Domino 

canticum  novum  :  laus 

ejus  in  ecclesia  sanctorum. 
].aetetur  Israhel  in  eo  qui 

fecit  eum,  et  filii  Sion  ex- 

sultent  in  rege  suo. 
Laudent  nomen  ejus  in 

choro,  in  tympano 

et  psalterio  psallant  ei. 
Quia  beneplacitum  est 

qui  a  été  tour  à  tour  daté  de  toutes  les  époques  comprises 
entre  le  iv®  et  le  milieu  du  ix®  siècle  (Y.  fig.  47),  et  dont 
on  n'a  pu  arriver  à  déterminer  l'âge  véritable  que  par  des 
caractères  empruntés,  non  pas  à  l'écriture  elle-même,  mais 
au  style  des  miniatures  qui  ornent  le  manuscrit. 

A  l'époque  carolingienne,  l'écriture  capitale  a  été  de 
nouveau  remise  en  vogue  et  a  été  en  usage  pour  la  trans- 
cription de  manuscrits  entiers.  Les  formes  de  l'écriture 
capitale  renouvelée  n'ont  pas,  en  général,  l'apparence  ma- 
jestueuse de  la  capitale  antique,"  mais  les  lettres  offrent 
un  aspect  grêle  qui  donne  à  l'écriture  l'apparence  exagérée 
de  la  hauteur  par  rapport  à  la  largeur.  Néanmoins,  on 
peut  toujours  rencontrer  des  manuscrits  qui  reproduisent, 
à  s'y  méprendre,  les  formes  de  la  capitale  antique,  comme 
le  Psautier  d'Utrecht  (V.  %.  47).  A  partir  du  x^  siècle, 


l'écriture  capitale  cesse  d'être  d'un  usage  ordinaire  pour 
la  transciption  des  manuscrits. 

MAxuscRrrs  célèbres  ex  CxVpnALE.  —  Les  manuscrits 
en  écriture  capitale  antique  sont  très  peu  nombreux.  Les 
plus  anciens  remontent  au  i^^'  siècle  de  l'ère  chrétienne  : 
ce  sont  les  fragments  de  papyrus  d'ilerculanum.  Les  ma- 
nuscrits proprement  dits  ne  commencent  qu'au  iv®  siècle 
ou  au  iJi®  siècle  au  plus  tôt,  suivant  la  date  que  l'on  as- 
signe aux  plus  anciens  manuscrits  de  Virgile  et  aux  frag- 
ments de  Cicéron  et  de  Salluste.  Les  causes  de  la  destruc- 
tion des  manus.i^its  antiques  peuvent  se  ramener  à  trois 
principales.  Premièrement,  la  rareté  relative  et  la  cherté 
croissante  du  papyrus  et  du  parchemin  furent  cause,  à 
mesure  que  l'écriture  capitale  était  remplacée  pour  les 
usages  ordinaires  par  des 'écritures  à  dimensions  moindres 
et  à  tracé  plus  rapide,  que  Fou  fit  servir  les  manuscrits 
antiques,  après  en  avoir  gratté  la  première  écriture,  à  de 
nouvelles  transcriptions  :  c'est  l'origine  des  palimpsestes, 
dont  la  plus  belle  époque  fut  le  iv®  et  le  v®  siècle  (V.  Pa- 
limpseste). Secondement,  les  œuvres  du  paganisme  de- 
vinrent l'objet  d'une  persécution  de  plus  en  plus  générale, 
au  fur  et  à  mesure  du  triomphe  progressif  du  christia- 
nisme: à  la  fin  du  iv®  siècle,  le  pape  Grégoire  le  Grand, 
pour  détruire  dans  ses  racines  mêmes  les  restes  des  tra- 
ditions du  paganisme,  ordonna  expressément  la  destruc- 
tion des  manuscrits  de  Tite-Live  et  probablement  aussi 
de  tous  les  autres  ouvrages  historiques  de  l'antiquité,  qui 
ne  nous  sont  parvenus  que  dans  un  état  toujours  plus  ou 
moins  mutilé.  On  sait  dans  quel  état  nous  est  parvenu 
Tite-Live.  Tacite,  qui  devait  être,  sous  l'Empire  romain, 
transcrit  officiellement,  chaque  année,  à  dix  exemplaires, 
pour  être  envoyé  aux  principales  provinces  de  l'Empire, 
ne  survivait,  à  l'époque  de  la  Renaissance,  que  dans  un 
seul  manuscrit  d'une  très  haute  antiquité,  découvert  dans 
un  monastère  de  WestphaUe  et  qui  servit  à  l'édition  de 
4^)43.  L'histoire  romaine  de  Salluste,  à  l'exception  de 
quelques  lignes  qui  ont  été  conservées  par  hasard  (Pal. 
(les  class.  lai.,  pi.  54,  et  Pal.  nniv.,  t.  il,  pi.  du  n°  70), 
a  été  complètement  anéantie.  Une  foule  d'historiens  se- 
condaires, comme  Licinianus,  ont  disparu  totalement  ou 
ne  subsistent  que  dans  ([uelques  fragments  palimpsestes. 
Varron,  Polybe,  Denys  d'Halicarnasse,  etc.,  etc.,  sont  tous 
incomplets.  Même  à  l'époque  do  la  Renaissance  carolin- 
gienne, Alcuin  avait  maintenu  l'interdiction  de  l'étude 
des  œuvres  de  Virgile,  et  une  autorisation  spéciale  était 
nécessaire  dans  les  monastères  pour  pouvoir  lire  les  Bu- 
coliques ou  V Enéide,  ainsi  que  nous  l'apprend  la  biogra- 
phie d' Alcuin.  En  troisième  lieu,  les  manuscrits  de  l'an- 
tiquité, déjà  décimés  par  les  causes  précédentes,  furent 
aussi  exposés,  pendant  tout  le  moyen  âge  et  dans  les 
temps  modernes,  aux  mêmes  causes  de  destruction  qui 
ont  frappé  tous  les  manuscrits  et  toutes  les  chartes, 
c.-à-d.  la  négligence,  l'oubli,  la  destination  à  de  vils  em- 
plois, sans  parler  de  l'extermination  systématique  due  au 
fanatisme  des  diverses  époques  révolutionnaires  qui  se 
sont  succédé  les  unes  aux  autres  dans  presque  toutes 
les  parties  de  l'Europe.  A  l'époque  de  la  Renaissance  ca- 
rolingienne, on  voyait  encore  circuler,  parmi  les  lettrés 
des  monastères,  de  nombreux  manuscrits  de  Cicéron,  de 
Salluste,  etc.  Les  humanistes  du  xiv^  siècle  avaient  cer- 
tainement à  leur  disposition  plus  de  manuscrits  très  an- 
ciens que  les  érudits  du  xvi®  siècle.  Les  progrès  de  la  des- 
truction et  de  la  dispersion  des  manuscrits  ne  se  ralen- 
tirent pas  avec  les  guerres  de  religion  et  les  époques 
troublées  d'une  grande  partie  des  temps  modernes  :  l'un 
des  manuscrits  de  Virgile  du  Vatican,  le  Romamis  on  Dio- 
nysiamis,  ainsi  que  l'un  des  fragments  de  manuscrit 
appelé  également  par  les  philologues  Dionysianiis,  se 
trouvaient,  l'un  au  moyen  âge,  comme  on  le  voit  par  les 
cotes  ou  marques  de  catalogue  inscrites  par  les  bibhothé- 
caires  du  xiii^  siècle,  et  l'autre  encore  au  xvii^  siècle, 
dans  la  bibHothèque  de  l'abbaye  de  Saint-Denis  près  de 
Paris,  d'où  ils  sont  sortis  par  suite  de  dons  et  d'échanges 


PALÉOGRAPHIE 


844  — 


entre  les  érudits  de  l'époqjie,  qui  n'avaient  pas  sur  la  con- 
servation des  bibliothèques  les  principes  qui  se  sont  ré- 
pandus de  nos  jours. 

Les  plus  célèbres  manuscrits  antiques  qui  nous  sont 
parvenus  sont  ceux  de  Virgile.  On  en  possède  quatre  ma- 
nuscrits, plus  ou  moins  incomplets,  et  divers  fragments. 
Les  quatre  manuscrits  sont:  1*^  le  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque du  Vatican  n°  3225,  de  76  feuillets,  en  très  belle 
capitale  rustique  (V.  fig.  46),  qui  possède  cinquante  minia- 
tures ;  ce  manuscrit  est  désigné  en  philologie  classique 
par  le  nom  de  petit  Virgile  du  Vatican  ou  de  Vaticaniis  ; 
—  2°  le  manuscrit  du  Vatican  3867,  en  capitale  rustique 
du  v^  ou  vi^  siècle,  de  309  feuillets  {Uonianus  ou  Dio- 
7iijsianus),  dont  un  très  beau  fac-similé  chromohthogra- 
phique  avec  une  miniature  se  trouve  dans  la  Pal.  univ., 
t.  n,  pi.  du  n°  60,  ainsi  que  dans  VArchivio  paleog. 
ital.,  t.  II,  pi.  42,  etc.,  etc.  ;  —  3^  le  manuscrit  du  Va- 
tican n^  4631,  de  la  collection  Palatine,  de  280  feuillets, 
en  capitale  rustique  (Pakitinns).  Le  premier  et  le  troi- 
sième de  ces  manuscrits  sont  attribués  au  iv®  ou  même 
au  iii^  siècle  ;  —  4^  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  Lau- 
rentienne  de  Florence,  de  220  feuillets  (Mediceus  ou  Lau- 
7mtianus),'^o\ir  lequel  on  a  un  élément  de  date  certaine, 
car  il  a  été  revisé  et  corrigé  par  Asterius,  consul  en  494 
et  amateur  lettré,  qui  a  inscrit  lui-même  une  note  sur  le 
manuscrit,  à  la  fin  des  Bucoliques  où  il  dit  :  leyi  et  dis- 
tinxi  (ponctuer  et  accentuer)  codicem.  Ce  manuscrit 
est  daté  du  v^  au  iv®  siècle,  suivant  ([ue,  d'après  d'autres 
éléments  chronologiques  de  l'apostille  d' Asterius,  on  le 
fait  ou  non  contemporain  de  ce  correcteur.  —  Les  prin- 
cipaux fragments  de  Virgile  sont  ceux  de  la  bibliothèque 
du  Vatican,  qui  fournissent  un  très  bel  exemple  de  la  ca- 
pitale carrée  (V.  fig.  45,  où  l'on  voit  un  exemple  des  di- 
vergences de  texte  des  manuscrits  à  la  dernière  hgne,  où 
la  leçon  définitive,  adoptée  d'après  les  autres  manuscrits, 
est  extemplo  a  mensUms  anni)  et  qui  constituent  peut- 
être  le  plus  ancien  manuscrit,  car  ils  sont  attribués  par 
([uelques  paléographes  au  ii^  siècle  {Pal.  class.  lat., 
pi.  64),  —  de  la  bibliothèque  de  Berlin,  qui  proviennent 
du  même  manuscrit  que  les  fragments  précédents,  —  de 
Ja  bibliothèque  de  Saint-Gall,  —  et  divers  fragments  pa- 
limpsestes de  Paris,  Vérone,  etc.  Ces  manuscrits  et  ces 
fragments  de  Virgile  sont  ceux  qui  nous  donnent  les  plus 
beaux  spécimens  de  l'écriture  capitale  antique,  sous  ses 
deux  formes,  carrée  et  rustique.  Les  premiers  essais  de 
reproductions  intégrales  de  manuscrits  en  fac-similé,  qui 
commencent  à  être  aujourd'hui  l'objet  de  publications  re- 
marquables, furent  faits  sur  les  manuscrits  de  Virgile,  par 
des  fac-similés  en  gravure  et  même  par  des  reproductions 
en  caractères  typographiques  imitant  les  formes  de  la  capi- 
tale antique.  Le  Virgile  du  Vatican  3225  fut  ainsi  reproduit 
par  J.-D.  r,ompiglia  (Rome,  4742,  in-folio),  et  le  Virgile  de 
Florence  par  Foggini  (Florence,  4744,  in-4«).  Horace  a  été 
l'objet  d'une  publication  partielle  tout  à  fait  analogue, 
faite  en  Amérique,  et  consistant  en  extraits  qui  repro- 
duisent non  seulement  les  caractères  de  la  capitale  ro- 
maine rustitjue,  mais  qui  sont  imprimés  sur  un  rouleau 
de  papier  vélin  de  près  de  2  m.  de  longueur,  monté  sur 
un  ombilic  avec  deux  cornes  à  ses  extrémités  (V.  Voi, u:\ie) 
et  enfermé  dans  un  étui  en  carton  {Carmina  octo  Q.  Ho- 
rata  Flacci  edidit  Georoms  Vincent),  publiée  à  New 
York  {Novi  Eboraci,  apud  F. -A.  Stokes)  et  datée  de 
l'an  de  Rome  mmdcxu  (2644,  c.-à-d.  4888). 

A  part  les  quelques  manuscrits  et  les  fragments  de  Vir- 
gile qui  viennent  d'être  cités,  les  auteurs  classiques  ne 
sont  représentés  que  par  un  autre  manuscrit  complet  im- 
portant en  écriture  capitale,  le  Térence  dit  Bembiniis,  du 
nom  du  cardinal  Bembo,  conservé  également  à  la  biblio- 
thèque du  Vatican  et  (}ui  est  daté  du  iv*^  ou  v®  siècle  {Pal. 
class.  lat.,  pi.  b,  Ex.  cood.  latt.,  pi.  8  et  9,  et  un  fac- 
similé  en  couleurs  dans  la  Pal.  iiniv.,t-  H,  pL  du  n'^67). 
Pour  Plaute,  Cicéron,  Salluste,  etc.,  on  ne  possède  que 
des  fragments  peu  étendus,  principalement  palimpsestes. 


De  courts  fragments  d'un  poème  sur  la  bataille  d'Actium 
ont  été  découverts  dans  les  papyrus  d'Herculanum  et  for- 
ment, par  leur  date,  qui  ne  peut  guère  être  postérieure  au 
troisième  quart  du  i^"^  siècle  après  J.-C,  les  plus  anciens 
manuscrits  latins  qui  existent  sous  forme  de  vo lumen  (fac- 
similé  dansfc.  coâd.  lait.,  pi.  4-3).  Un  calendrier  antique 
en  manuscrit,  qu'on  a  daté  du  milieu  du  iv^  siècle,  d'après  le 
nom  d'un  personnage  auquel  il  est  dédié  et  qui  aurait  vécu  à 
cette  époque,  est  conservé  à  la  bibliothèque  de  Vienne. 
Les  manuscrits  juridiques  de  ranti([uité  devaient  être  écrits 
en  capitale  aussi  bien  qu'en  onciale,  mais  on  n'en  possède 
plus  aucun  entier  en  écriture  capitale. 

Les  manuscrits  bibliques  et  liturgiques  les  plus  anciens, 
ainsi  que  les  textes  des  Pères  de  l'Eglise,  ne  nous  sont 
pas  parvenus,  en  général,  dans  des  manuscrits  écrits  en 
capitale.  C'est  à  l'époque  caroKngienne  qu'appartiennent 
la  plupart  des  évangéliaires  et  des  psautiers  en  écriture 
capitale  (V.  ci-dessous.  Minuscule  Caroline).  On  ne  con- 
naît que  quelques  exceptions  antérieures  à  cette  date, 
comme  le  psautier  dit  de  saint  Augustin,  premier  apôtre 
de  l'Angleterre,  écrit  à  Canterbury  au  commencement  du 
vifi®  siècle  {Pal.  soc,  i^'^  sér.,  pi.  49),  et  le  célèbre 
psautier  d'Utrecht,  déj  à  mentionné  précédemment  (V .  fig.  4  7  ) 
et  dont  le  texte  est  antérieur  à  celui  de  saint  Jérôme.  Ce 
magnifique  manuscrit,  qui  est  un  des  exemples  les  pl»« 
remarquables  de  la  continuité  avec  laquelle  l'écriture  ca- 
pitale a  conservé  son  aspect  depuis  l'antiquité  jusqu'à 
l'époque  carolingienne,  est  orné  d'une  miniature  allégo- 
rique à  chacun  des  psaumes,  et  c'est  seulement  par  le  style 
de  ces  miniatures,  attribuées  par  les  uns  à  l'école  anglo- 
saxonne  de  Winchester  (V.  ci-dessous.  Ecritures  natio- 
nales), et  par  les  autres  à  l'école  française  qui  avait  son 
centre  principal  à  Reims,  mais  datées  unanimement  du 
milieu  du  ix®  siècle,  qu'on  a  pu  préciser  l'époque  à  la- 
quelle remonte  ce  manuscrit  'célèbre,  qui  a  été  reproduit 
en  entier  en  fac-similé  et  a  été  l'objet  d'un  ouvrage  spé- 
cial (par  M.  De  Gray-Birch,  en  4876).  Quant  aux  ma- 
nuscrits des  Pères  de  l'Eglise  et  des  premiers  écrivains 
chrétiens,  le  plus  ancien  est  un  manuscrit  de  Prudence, 
du  V®  ou  vi^  siècle  seulement,  conservé  à  la  Bibliothèque 
nationale,  et  dont  un  très  beau  fac-similé  se  trouve  dans 
VAlb.  paleog.  de  VEc.  des  Chart.,  pi.  4.  Cependant 
l'écriture  capitale  était  encore  en  grande  faveur  parmi  les 
chrétiens  vers  le  milieu  du  iv^  siècle,  et  un  scribe  ou  un 
graveur  nommé  Dionysius  Filocalus  se  fit  une  telle  répu- 
tation en  gravant  sur  marbre  les  poèmes  du  pape  Damase 
qu'on  donna  quelque  temps  son  nom  ou  celui  de  ce  pape 
à  l'écriture  des  inscriptions  {lettres  filocaliennes  ou  da- 
masiennes).  Pour  saint  Augustin,  saint  Ambroise,  ainsi 
que  pour  Sedulius,  Isidore  de  Séville  et  le  commentateur 
Eugyppius,  on  a  quelques  manuscrits  en  écriture  capi- 
tale, en  tout  ou  partie  du  vii^  ou  même  du  viii®  siècle, 
qui  se  trouvent  également  à  la  Bibliothèque  nationale,  etc. 
C'est  au  vii^  siècle  qu'on  commence  à  rencontrer  des  ma- 
nuscrits en  capitale  alternant  avec  d'autres  écritures, 
comme  c'est  le  cas  pour  le  manuscrit  de  Sedulius  (biblioth. 
de  Turin),  qui  est  écrit  en  capitale  et  en  onciale. 

OxNCiALE.  —  L'écriture  onciale  latine,  comme  l'écriture 
onciale  grecque,  est  une  modification  de  l'écriture  capitale 


^deçbmi^t: 


u 


Fig.  18.  —  Lettres  onciales. 

ADEGHMftTV 


qui  a  consisté  à'donner  plus  de  rapidité  au  tracé  de  l'écri- 
ture par  l'arrondissement  des  angles  d'un  certain  nombre 
de  lettres,  principalement  A,  D,  E,  M  et  quelques  autres 
(V.  fig.  48).  Les  hastes  (D,  H,  L)  et  les  queues  (F,  G,  P,  Q) 
des  lettres  sont  prolongées  un  peu  au-dessus  et  au-dessous  des 
lignes  de  base  et  de  sommet  de  l'écriture.  Les  queues  sont 
généralement  plus  longues  que  les  hastes,  et  leur  prolonge- 


—  845  — 


PALEOGRAPHIE 


ment  en  dehors  de  la  ligne  est  d'autant  plus  grand  que  l'écri- 
ture onciale  est  plus  moderne.  La  dénomination  uncialis  se 
rapporte  auxdimensions  de  l'écriture  onciale,  quidevait  avoir 
souvent,  surtout  dans  les  manuscrits  les  plus  anciens,  si  nous 
pouvons  en  juger  par  les  fragments  qui  nous  sont  parve- 
nus (V.  fig.  1 9),  près  d'un  pouce  de  hauteur,  c.-à-d.  environ 
0"\027  de  hauteur.  Uiinria  était  la  douzième  partie  de 
la  livre,  comme  le  pouce  était  la  douzième  partie  du  pied. 
Le  terme  uncialis  désignait  couramment  les  écritures 
de  grandes  dimensions  :  les  plus  grandes  étaient,  par 
exemple,  les  écritures  capitales  du  genre  de  celles  dont 
les  plus  anciens  manuscrits  de  Virgile  nous  ont  conservé 
des  exemples  (V.  fig.  15),  et  où  les  lettres  ont  i  centim. 
de  hauteur.  On  trouve  déjà  le  terme  uncialis,  mais  em- 
ployé avec  quelque  obscurité,  dans  saint  Jérôme  (préface  du 
livre  de  Job).  A  l'époque  delà  renaissance  carolingienne, 
une  correspondance  entre  Eginhard  et  Loup  de  Ferrières 
nous  apprend  qu'il  existait,  dans  les  ateliers  de  scribes,  des 
mesures  pour  ainsi  dire  officielles  pour  les  différentes  écri- 
tures capitales  et  pour  les  lettres  maximœ  et  unciales. 
La  moditication  onciale  de  l'écriture  capitale  se  trouve 
beaucoup  plus  tard  dans  la  paléographie  latine  que  dans  la 
paléographie  grecque.  Comme  les  plus  anciens  manuscrits 
en  onciale  ne  remontent  guère  qu'au  iv®  siècle  après  J. -G  , 

qU150MXKie< 

fuixiie'NjecxF 
reUxRèsoicxî 

cjuoôexuuon 

Viix.  11).  —  iv^  siècle.  —  Onciale.  Fragment  d'une  colonne 
du  palimpseste  De  Republica  de  Cicéron.  —  Lettres 
caractéristiques  :  A,  D,  E,  M. 

Qui  bona  nec 
putare  nec  ap- 
pellare  soleat, 
quod  earum 
rerum  vide  [aturj 

on  en  est  réduit  à  des  conjectures  pour  fixer  la  date  de 
son  invention,  quoiqu'il  soit  permis  de  supposer  que  les 
Romains  ont  dû  s'inspirer  de  bonne  heure  de  l'écriture 
des  Grecs  aussi  bien  que  dans  leur  littérature.  Les  graf- 
lites  de  Pompéi,  où  se  trouvent  représentés  tous  les  genres 
d'écritures  en  usage  au  milieu  du  i^^  siècle  de  J.-C.  (V.  ci- 
dessous),  nous  présentent  déjà  des  formes  de  lettres, 
notamment  pour  l'E,  qui  sont  tout  à  fait  onciales.  En  se 
fondant  sur  les  dates  des  documents  et  des  manuscrits  qui 
subsistent,  les  paléographes  les  plus  autorisés  ont  assigné 
au  développement  de  l'écriture  onciale  et  à  son  intro- 
duction dans  les  manuscrits  l'époque  comprise  entre  les 
années  167  et 374après  J.-C.  (Wattenbachet Zangemeister,  j 
Ex.codd.latl.,  p.  5).  Les  progrès  du  christianisme,  par  ; 
la  multiplication  des  exemplaires  des  textes  sacrés,  tra-  ' 
duits  partiellement  en  latin  dès  une  époque  très  ancienne,  '■ 
contribuèrent  puissamment  au  développement  de  l'écri- 
ture onciale.  Son  triomphe  définitif  se  place  à  la  fin  du 
iv^  siècle,  époque  de  la  plupart  des  Pères  de  l'Eglise,  sous 
la  direction  desquels  la  littérature  bibhque  et  théologique 
prit  des  proportions  inconnues  jusqu'alors.  Saint  Augustin, 


à  sa  mort  (430),  recommandait  à  ses  prêtres  de  prendi'e 
soin  de  la  conservation  de  la  bibliothèque  considérable  qu'il 
avait  formée  à  Hippone. 

Caractéristiques.  Dans  l'écriture  onciale,  plus  du  tieris 
du  nombre  total  des  lettres  de  l'alphabet  (9  sur  23)  sont 
modifiées.  La  fig.  48  donne  la  liste  la  plus  complète  des 
lettres  dites  onciales,   telle  qu'elle  a  été  étaWie  dans  le 
grand  traité  de  diplomatique  des  bénédictins  du  siècle  der- 
nier et  adoptée  par  N.  de  Wailly.  Quelques  paléographes 
contemporains,  Wattenbach,  Thompson,  Paoli,  etc.,  ont 
réduit  cette  liste,  principalement  en  n'y  faisant  pas  ren- 
trer le  G,  le  T,  et  même  le  V,  parce  que  ces  dernières 
lettres  se  trouvent  déjà,  avec  une  forme  presque  onciale, 
dans  l'écriture  capitale  (V.  fig.  16),  ou  réciproquement. 
D'autres  paléographes,  au  contraire,  ont  augmenté  la  liste 
des  lettres  onciales  de  T,  L,  P,  et  même  de  B  et  N.  Quatre 
lettres  seulement  sont  vraiment  caractéristiques  dans  l'écri- 
ture onciale  et  s'y  rencontrent  exclusivement  ;  les  autres 
lettres  ne  sont  pas  spéciales  à  l'onciale,  mais  se  trouvent 
aussi  dans  l'écriture  semi-onciale,  ainsi  que  dans  l'écriture 
minuscule.  Les  quatre  lettres  caractéristiques.  A,  D,  E,  M, 
sont  donc  les  lettres  qui  suffisent  à  faire  ranger  une  écri- 
ture dans  la  classe  de  l'onciale  et  sont  celles  qu'il  faut 
immédiatement  chercher  dans  un  manuscrit,  quand  il  s'agit 
de  classification.  Les  lettres  onciales  n'ont  pas  beaucoup 
changé  de  forme  pendant  plusieurs  siècles,  quoiqu'il  soit 
néanmoins  possible  d'y  relever  un  peu  plus  de  différences, 
suivant  les  époques,  que  dans  l'écriture  capitale.  L'A  est 
originairement  formé  d'un  jambage  oblique,  adroite,  sous 
lequel  se  trouve  un  petit  angle,  formé  du  premier  jambage 
et  de  la  traverse,  lesquels  peuvent  être  tracés  d'un  trait 
continu  dans  cette  position  :  c'est  la  forme  la  plus  ancienne 
de  l'A  oncial  et  on  l'appelle  A  triangulaire  (V.  fig.  49, 
1.  I,  etc.).  Les  lignes  qui  forment  l'angle  sont  peu  à  peu 
remplacées  par  des  lignes  courbes,  qui  produisent  la  panse 
de  l'A  (V.  les  fig.  données  à  l'art,  spécial  de  la  lettre  A, 
t.  I).  La  panse  de  l'A  est  quelquefois  double,   formant 
deux  petits  cercles  concentriques,  dans  les  formes  données 
aux  initiales  placées  au  commencement  des  chapitres  ou 
en  tète  des  pages  des  manuscrits.  Dans  le  D,  la  panse  et 
la  haste  sont  réunies,  et  quand  la  partie  supérieure  est 
peu  développée,  la  lettre  prend  presque  complètement 
l'aspect  d'un  0.  L'E  est  réduit,  des  quatre  traits  dont  il 
est  formé  dans  l'écriture  capitale,  à  deux  seulement  :  une 
courbe  et  une  traverse  ou  barre  médiane,  la  traverse  est 
souventplacéeverslehautde  la  courbe  (Y.  fig.  49, 1. 1,  etc.). 
L'M,  composé  de  deux  grandes  lignes  courbes  juxtaposées, 
offre,  suivantles  époques,  une  particularité  paléographique 
qui  est  un  critérium  plus  sûr  que  celui  de  l'A,  car  cette 
particularité  paléographique  de  l'M  n'a  pas  été  repro- 
duite, commecelle  de  l'A,  dans  l'imitation  très  perfectionnée 
des  écritures  de  l'antiquité  qui  a  eu  heu  à  la  renaissance 
carohngienne  :  le  premier  jambage  de  gauche,   au  lieu 
d'être  courbe  et  légèrement  tourné  vers  l'intérieur  de  la 
lettre,  est  un  trait  à  peu  près  vertical  (V.  fig.  49,  l.  IV 
et  V,  dans  les  mots  earum  et  reruni).  C'est  la  forme 
constante  donnée  par  les  palimpsestes  de  Cicéron,  les  ma- 
nuscrits de  Tite-Live,  etc.  Pour  les  autres  lettres,  on 
trouvera  des  détails  sur  leurs  particularités  essentielles 
aux  articles  sur  l'histoire  de  chacune  des  lettres  de  l'al- 
phabet. La  \\%.  49  du  présent  article  offre  des  exemples  de 
toutes  les  lettres  onciales,  à  l'exception  de  G  et  H.  L'écri- 
ture onciale  offre  un  assez  grand  nombre  de  ligatures  pour 
les  groupes  de  lettres  ND,  NS,  NT,  OR,  OS,  RE    UB 
UF,  UM,  UN,  UR,  US,  UT,  UNT,  etc.,  qui  forment  très 
souvent  des  lettres  conjointes,  surtout  à  la  fin  des  hgnes. 
Un  tableau  détaillé  des  lettres  conjointes  ou  enclavées  se 
trouve  dans  le  Bict.  de  diplomatique  de  Dom  de  Vaines 
('2«  éd.,  à  l'art.  Conjomnion  de  lettres,  t.  I,  p.  384). 
La  ligature  AE  est  une  des  plus  curieuses,  parce  qu'elle 
a  été  l'origine  de  la  cédille  moderne.  L'A  triangulaire, 
dont  le  jambage  de  droite  formait  en  même  temps  la  haste 
de  l'E,  a  été  peu  à  peu  absorbé  dans  cette  lettre,  et  il 


PALÉOGRAPHIE 


846 


n'est  plus  resté  qu'un  simple  trait  légèrement  ondulé,  la 
cédille,  comme  dernière  trace  de  la  panse  de  l'A  :  dès 
le  Yn*^  siècle,  œ  est  remplacé  dans  les  manuscrits  par  e, 
et  comme  la  notion  de  l'origine  de  cette  lettre  et  de  son 
signe  caractéristique  allait  se  perdant  avec  le  temps,  on 
ni\  plus  eu,  au  \\V^  siècle  et  pendant  tout  le  reste  du  moyen 
âge,  que  ïe  simple  comme  équivalent  constant  de  l'an- 
tL(}ue  œ,  particularité  qui  est  un  des  principaux  caractères 
de  Tortliograplie  du  latin  dit  du  moyen  âge.  —  L'écriture 
onciale  no  présente  pas  la  même  exagération,  pour  les 
pleins  et  les  déliés  des  lettres,  (|ue  récriture  capitale.  îl 
jrcsl  pas  rare  de  voir  des  lettres,  comme  le  D  et  l'E,  dont 
tous  les  traits  sont  presiiiie  de  la  même  force  (V.  fig.  19). 
i.e  sens  général  de  l'écriture  onciale  est  vertical,  comme 
celui  de  récriture  capitale.  Mais  l'écriture  capitale  n'a 
jamais  été  employée,  d'une  façonusuelle,  à  l'état  incliné,  tan- 
dis que,  des  le  vi^  siècle,  l'écriture  onciale  était  usitée  sous 
une  forme  courante  et  penchée,  pour  l'annotation  des  livres, 
les  mentions  marginales  et  autres  usages  pour  lesquels  le  be- 
soin d'une  écriture  plus  cursive  commençaità  se  faire  sentir. 

Pour  les  autres  particularités  concernant  les  abrévia- 
tions, la  ponctuation,  les  rubriques,  la  pagination,  l'or- 
nementation, etc.,  des  manuscrits  en  onciale,  on  peut  faire 
les  mêmes  remarques  que  pour  les  manuscrits  en  capitale, 
au  moins  pour  les  maimscrits  les  pbis  anciens.  — -  Dans 
les  manusciits  en  onciale  de  la  plus  haute  antiquité,  les 
titres  sont  en  onciale  un  peu  puis  petite  que  l'onciale  du 
texte  même  ;  plus  tard,  les  titres  sont  en  capitale  pour 
les  manuscrits  cnonciaie  et  on  onciale  pour  les  manus-'-rits 
en  capitale  (V.  parex.,!ig.  17,  1^'^'  colonne).  —  L"indis- 
tinction  des  mots  ne  connncnce  guère  à  cesser  avant  la 
lin  duMi^  siècle,  époque  à  laquelle  on  a  commencé  à  séjiarer 
les  uns  des  autres  les  mots  ou  groupes  de  mots  présen- 
tant une  certahie  longueur,  tandis  que  les  petits  mots, 
tels  que  prépositions  et  conjouttions,  restaient  unis  aux 
mots  qui  les  suivaient.  —  L'orthographe  latine  devient 
barbare  à  partir  du  vi^  siècle. 

Les  subdivisions  des  textes  et  des  alinéas  datent  de  l'apph- 
cation  qui  en  a  été  faite  au  texte  de  la  Bible,  surtout  à  partir 
de  saint  Jérôme  qui  fit  adopter  une  division  en  verset  ou 
sliques,  qui  occupent  chacun  sur  les  colonnes  des  manus- 
crits trois  ou  quatre  lignes  de  longueur  inégale  (Y.  fig.  17). 

L'écriture  onciale,  d'abord  usitée  concurrcnnncnt  avec 
l'écriture  capitale,  a  eu  la  prédominance  sur  celle-ci,  prin- 
cipalem.ent  pendant  les  v^  etvi^  siècles,  jusqu'à  l'époque 
du  développement  de  récriture  dite  semi-onciale  (V.  ci- 
dessous).  Son  histoire  a  été  faite,  avec  de  grands  détails, 
par  les  bénédictins,  dans  leur  Nouv.  traiic  dedipl.  (t.  Il) 
et  très  bien  résumée  par  X.  de  AYaiîly  :  «  Lue  élégante  sim- 
plicité appartient  aux  temps  les  plus  reculés.  Du  v^- siècle 
au  commencement  du  mi^\  l'onciale  est  tantôt  plus  né- 
gligée, tantôt  plus  correcte,  mais  aussi  tracée  avec  moins 
de  liberlé  :  ce  dernier  genre  d'écriture  se  rencontre  ordi- 
iuiirement  jusqu'au  commencement  du  mii^  siècle.  Ouand 
le  travail  de  l'écrivain  est  poussé  jusqu'à  la  recherche,  en 
approche  du  temps  on  l'usage  de  l'onciade  sera  bientôt 
abandonné  »  [Ek'inents  de  paU'ogi'apiiie,  t.  I,  ]).  498). 
Lorsqu'elle  est  entrée  dans  sa  période  de  décadence,  l'on- 
ciale est  caractérisée  par  les  signes  suivants  :  «  Une  re- 
cherche, une  régularité  de  dessin  et  une  sorte  de  lourdeur 
qui  empêche  de  la  confondre  avec  l'onciale  des  manuscrits 
plus  voisins  de  l'école  classique  »  (Delisle,  dans  les  J/f^'??/-. 
('e  l'Acad.  des  InseiipL,  t.  XXXlî,  1^'^  part.,  p.  49). 
L'écriture  onciale  n'a  cessé  d'être  complètement  en  usage, 
pour  la  transcription  de  manuscrits  entiers,  qu'à  la  même 
époque  qui  a  vu  la  disparition  définitive  de  l'écriture  capi- 
tale, c.-à-d.  au  x^  siècle.  L'alphabet  oncial  lui-même  n'a 
pas  cessé  d'être  en  usage,  et  c'est  lui  (piia  fourni  la  plu- 
part des  éléments  qui  ont  prédominé  dans  la  majuscule 
des  manuscrits  et  des  inscriptions,   à  répofjue  gothique. 

MAxuscr.rrs  (.rcÈr.aES  nx  oacialk.  -—  Parmi  les  manuscrits 
d'auteurs  classiques,  la  première  place  revient  aux  deux 
manyscrits  de  Tite-Live  des  bibliothèques  de  Paris  et  de 


Vienne,  tous  deux  du  v^  siècle.  Le  Tite-Live  de  Paris 
ligure  parmi  les  manuscrits  exposés  dans  la  galerie  Maza- 
rine  de  la  Bibliothèque  nationale  (arm.  Xlll,  n^  10:2). 
On  a  publié  plusieurs  spécimens  du  lite-Live  de  Vienne, 
notamment  dans  les  Ex.  codd.  lait.,  pi.  18.  Le  De  Repu- 
blicaàc  Cicéro)!,  qui  est  le  palimpseste  le  plus  important 
et  le  plus  célèbre  (V.  Paiumpseste),  donne  peut-être  le 
plus  beau  spécimen  connu  de  l'écriture  onciale  primitive 
(V.  fig.  19).  Vingt-deux  fragments  de  Phne  l'Ancien,  éga- 
lement en  onciale  du  \^  siècle,  ont  été  découverts  dans  des 
reliures  et  se  trouvent  à  la  bibHothèque  de  Vienne  (V.  Pal. 
des  class.  laL,  pi.  137).  On  a  encore  quelques  manuscrits 
de  V Anthologie,  etc.,  d'une  époque  plus  récente. 

Les  manuscrits  bibhqnes  et  liturgiques  prennent  un 
grand  développement  avec  l'époque  de  i'écritui'O  onciale. 
C'est  en  réalité  leur  écriture  propre,  de  même  ([ue  l'écri- 
ture capitale  avait  été  celle  des  manuscrits  des  auteurs 
classiques.  Toute  communauté  religieuse  devait  posséder 
au  moins  trois  manuscrits  liturgiques  :  1°  les  quatre 
Evangiles  complets  ;  2°  un  recueil  de  passages  déta- 
chés ou  leçons  extraits  des  Evangiles  et  destinés  à 
être  lus  aux  différents  jours  do  l'année  :  ce  recueil 
était  appelé  Evangelislarium;  3°  un  manuscrit  contenant 
les  épitres  du  Nouveau  Testament  et  auquel  on  donna  plus 
tard  le  nom  d'épislolier  ou  simplement  à''Aposlolus 
(V.  ]']iUTp.E,  t.  XVI,  p.  108).  Le  livre  des  Evangiles  de- 
meurait toujours  sur  l'autel  de  l'église,  et  il  était  ouvert 
pendant  les  jouis  de  fête  pour  être  vu  par  tous  les  fidèles 
assemblîs.  Depuis  la  publication  de  la  Vulgate  par  saint 
Jérôme,  les  manuscrits  des  Evangiles  contiennent  toujours  en 
tête  l'épitre  de  saint  Jérôme  aupapeDamase,quiravait  chargé 
du  travail  de  revision  de  la  Bible,  et  les  caiions  eusébiens, 
c.-à-d.  les'jtablesde  concordance  des  quatre  Evangiles  inven- 
tées par  l'évêquo  grec  Eiisèbe  (N,CQ  nom)  et  qui  se  recon- 
naissent facilement  dans  tous  les  manuscrits,  parce  qu'elles 
sont  toujours  figurées,  placées  sous  des  arcades  séparées  par 
des  piliers  et  qui  montrent  un  luxe  plus  ou  moins  grand 
d'ornementation.  Les  alinéas  ou  versets  sont  aussi  une 
des  caractéristiques  de  la  vei'sion  de  saint  Jérôme  ainsi 
qu'on  l'a  vu  plus  haut.  Les  textes  des  évangiles  antérieurs 
à  la  Vulgate  se  distinguent,  au  point  de  vue  extrinsèque, 
en  ce  qulls  n'ont  ni  l"é]>îire,  ni  les  canons  eusébiens,  et 
en  ce  (jue  leurs  su])divisions,  faites  suivant  des  systèmes 
divers  (sections  amnionieniies,  etc.)  sojit  toujours  beau- 
coup plus  longues  aiie  celles  étaljlies  j)ar  saint  Jérôme. 
Ces  textes  restèrent  en  usage  et  furent  recopiés  assez 
longtemps  après  la  publication  de  la  Vulgate.  Les  manus- 
crits Uturgiques  proprement  dits  se  constituèrentégalement 
pendant  la  période  de  l'écriture  onciale,  mais  ils  no  de- 
vinrent nombreux  qu'à  partir  de  l'organisation  définitive 
de  la  liturgie  catholique  par  le  pape  saint  Grégoire  le 
Grand,  qui  régla  la  forme  officielle  du  sacrmnenlaire, 
devenu  plus  tard  le  inissel  (V.  ces  mots),  de  Yardipho- 
naire  (V.  ce  mot),  du  bénédicllonnaire  (V.Béxédictiox), 
(le  Vhymnaire  (V.  IIymxe),  du  pastoral,  etc.  Les  ma- 
nuscrits homilétiques  se  multiplièrent  également  avec  le 
développement  que  prenait  la  prédication  :  les  églises  des 
régions  reculées  recevaient  des  prélats  lettrés,  comme 
saint  Césaire  d'Arles,  des  recueils  d'homélies  toutes  faites. 
Ouoique  l'écriture  onciale  prédomine  dans  la  plupart  des 
manuscrits,  on  rencontre  néanmoins  déjà  dos  manuscrits 
)iiixtes,  c.-à-d.  écrits  en  partie  en  onciale  et  en  partie  en 
capitale.  C'est  surtout  aux  époques  suivantes  que  ce  genre 
de  manuscrits  devait  se  multiplier. 

Parmi  les  manuscrits  bibliques  les  plus  célèbres  se 
trouve  le  Penlaleii([ue  de  la  bibUothèque  de  Lyon,  du 
vr  siècle,  qui  donne  une  des  rédactions  do  Xltala  anté- 
rieures à  saint  Jénunc,  et  qui  est  écrite  sans  alinéas,  à 
ti'ois  coloujies  à  la  page  (éditée  en  entier,  avec  quelques 
fac-similés,  par  M.  U.  Bobert,  en  1881),  dont  on  a  pu- 
blié de  très  beaux  fac-similés,  de  la  dimension  do  l'origi- 
nal, dans  VAlb.  paléog.  de  VEc.  des  Char  t.  (pi.  2),  aiubi 
que  des  fac-similés  réduits  (Prou,  la  Gaule  mérovin- 


(jienne,  p.  'HT,  etc.).  Une  autre  Bible,  qui  est  complète, 
est  celle  qui  provient  du  monastère  italien  de  Monte 
Amiata,  près  de  Sienne  et  qu'on  appelle  pour  cette  rai- 
son Codex  Amiatiniis  :  c'est  un  magnifique  manuscrit,  de 
plus  de  1.000  feuillets,  datant  de  la  fin  du  vii^  siècle  et 
écrit  par  ordre  d'un  ab])é  anglo-saxon  pour  être  offert  au 
pape,  qui  se  trouve  aujourd'hui  à  la  bibliothèque  Lauren- 
tienne  de  Florence  (V.'  Pal.  Soc,  2°  sér.,  t.  I,  pi.  60  et 
i)6,  etc.).  Le  plus  ancien  Evangéliaire  est  celai  qui  est 
conservé  à  l'église  de  Verceil  en  Italie  et  qui  remonte  au 
iv^  siècle  :  il  ne  lui  manque  qu'un  certain  nombre  de 
feuillets  pour  être  complet,  et  on  en  attribue  l'exécution  à 
saint  Eusèbe,  évoque  de  Verceil,  mort  en  371  ;  ce  pré- 
cieux manuscrit  contient  une  version  des  Evangiles  an- 
térieure à  celle  de  saint  Jérôme  et  est  écrit,  sans  alinéas, 
sur  deux  colonnes  étroites,  ne  contenant  pas  plus  de  dix  à 
douze  lettres  par  ligne  (V.  Ex.  cocld.   lait.,  pi.   20). 
A  partir  du  \'i^  siècle,  les  évangéHaires  deviennent  moins 
rares  :  la  Bibliothèque  nationale,  le  Musée  britannique, 
les  bibliothèques  de  Saint-Gall,  Vienne,  Stockholm,  Ox- 
ford, etc.,  en  possèdent  un  ou  plusieurs  de  cette  époque, 
parmi  lesquels  quelques  manuscrits  sur  pourpre.  Un  ma- 
nuscrit contenant  les  Actes  des  apôtres,  du  milieu  du 
vi^  siècle,  passe  pour  avoir  appartenu  à  saint  Boniface 
(bibliothèque  de  Fulda  en  Allemagne).   Le  plus  ancien 
psautier  paraît  être  le  psautier  dit  de  Sainl-Gerniain, 
qui  provient  de  la  célèbre  abbaye  parisienne  et  qui  date 
du  vi^  siècle  :  il  est  écrit  en  encre  d'argent  sur  parche- 
min pourpré  et  se  distingue,  en  outre,  par  son  format 
oblong  et  sa  magnifique  écriture  de  très  grandes  dimen- 
sions (V.  Pal.  Univ.,  t.  Il,  pi.  du  n°  77,  qui  est  un  ma- 
gnifique fac-similé  chromoHthographique  donnant  une  idée 
de  la  couleur  du  parchemin   pourpré  des  manuscrits). 
D'autres  psautiers  du  vi^  siècle  se  trouvent  à  Lyon  [Alb. 
pal.,  pi.  3),  etc.,  offrant  les  mômes  caractères  paléogra- 
phiques. La  difficulté  de  distinguer  par  des  signes  certains 
la  date  plus  ou  moins  ancienne  des  manuscrits  en  onciale, 
jointe  à  Timagination  exaltée  et  pieuse   des  lettrés  du 
moyen  âge  et  même  de  la  Renaissance,  a  fait  donner  à 
quelques-uns  de  ces  manuscrits  les  attributions  les  plus 
fantastiques  :  un  evangéliaire  d'Aquilée  (BibUoth.  de  Ve- 
nise), du  vi^  siècle,  a  longtemps  passé  pour  l'autographe 
même  de  saint  Marc.  Dès  l'époque  de  l'antiquité,  l'écri- 
vain chrétien  TertuUien  attestait  avoir  vu  l'autographe 
des  épitres  de  saint  Paul.  On  n'a  pas  de  spécimen  impor- 
tant et  complet  des  manuscrits  liturgiques,  autres  que  les 
psautiers,  en  onciale  primitive.  Les  premiers  sacramen- 
taires  (V.  ce  mot)  qui  nous  soient  parvenus  ne  datent  que 
du  vii^  ou  du  vin®  siècle.  Le  plus  ancien  manuscrit  relatif 
au  comput  et  au  calcul  de  la  date  de  Pâques,  qui  avait  une 
si  grande  importance  pour  l'Eglise,  est  une  table  paschale 
de  la  seconde  moitié  du  v®  siècle,  conservée  à  Berlin  (Ex. 
codd.  latt.,  pi.  23).  Les  manuscrits  des  Pères  de  l'Eglise 
et  des  écrivains  qui  se  rattachent  à  leur  groupe  sont  re- 
lativement assez  nombreux.  On  possède  divers  ouvrages 
d'Origène,  de  Lactance,'  d'Orose,  de  saint  Augustin,  de 
saint  Jérôme,  ainsi  que  de  saint  Hilaire,  saint  Cypricn, 
saint  Prosper,  etc.,  dans  des   manuscrits  du  v®  et  du 
vi^  siècle,  qui  se  trouvent  dans  les  bibliothèques  de  Bo- 
logne, Lyon,  Paris,  etc.  (V.  un  beau  fac-similé  du  Lac- 
tance de  Bologne  dans  la  Pal.  univ.,  t.  ÎI,  pi.  dun°  78). 
Les  manuscrits  de  l'histoire  ecclésiastique  sont  représentés 
par  un  manuscrit  important  du  vi*^  siècle,  contenant  les 
canons  des  premiers  conciles,  en  onciale  et  en  différentes 
autres  écritures  (BibUoth.  nation.),  des  règles  monas- 
tiques du  VI®  siècle  (Oxford)  et  du  vu®  siècle  (Paris),  un 
très  curieux  catalogue  des  papes  du  milieu  du  vi®  siècle 
(V.  Ex.  codd.  lait.,  pi.  37  et  38),  des  manuscrits  do 
Grégoire  de  Tours  et  de  Frédégaire  du  vu®  siècle  (Biblioth. 
nation.),  etc.  Le  droit  romain  possède  un  de  ses  plus  beaux 
monuments  historiques  dans  le  célèbre  manuscrit  des  Pan- 
dectes  de  Florence,  du  vi®  ou  du  vii°  siècle,  grand  in- 
quarto  écrit  à  deux  colonnes,  oii  l'on  a  reconnu,  malgré 


847  —  PALÉOGRAPHIE 

riiomogénéité  générale  de  l'écriture,  douze  écritures  dif- 
férentes, dont  les  nombreux  fac-similés  qui  en  ont  été  pu- 
bliés reproduisent  presque  tous  des  spécimens  appartenant 
à  des  mains  diverses  (V.  Pal.  univ.,  Ex.  codd.  ML, 
Pal.  soc.  Collez,  fiorentina,  pi.  43,  etc.).  On  possède 
également  un  manuscrit  du  code  Théodosien,  du  v®  ou  du 
VI®  siècle  (Biblioth.  nation.).  Enfin,  dans  l'un  des  pays 
où  se  sont  développées  les  écritures  dites  nationales,  en 
.ingleterre,  l'onciale  a  même  été  employée  à  la  transcrip- 
tion des  chartes  et  documents  officiels. 

Une  catégorie  de  manuscrits  qui  se  rencontre  fréquem- 
ment à  l'époque  de  l'écriture  onciale  est  celle  des  manus- 
crits gréco-latins  ou  bilingues,  qui  sont  généralement  des 
portions  du  Nouveau  Testament  en  grec,  avec  leur  traduc- 
tion latine  placée  en  regard  ou  bien  des  glossaires  gréco- 
latins.La  connaissance  du  grec  fut  très  répandue  en  Occi- 
dent, pendant  les  premiers  siècles  du  christianisme,  car 
c'est  par  des  textes  en  grec  que  les  saintes  Ecritures 
avaient  été  d'abord  connues,  depuis  la  version  des  Septante 
jusqu'aux  différents  Evangiles,  et  cette  langue  resta  con- 
sidérée, en  quelque  sorte,  comme  la  langue  sacrée  de  la 
religion  nouvelle.  Le  manuscrit  gréco-latin  le  plus  célèbre 
est  l'Evangéhaire  de  Cambridge,  du  vi®  siècle,  qui  fut  dé- 
robé à  un  monastère  de  Lyon  pendant  les  guerres  de  re- 
ligion et  envoyé  par  Théodore  de  Bèze  à  la  bibliothèque 
de  cette  université  anglaise;  un  manuscrit  gréco-latin  des 
jLpîtres  de'  saint  Paul,  également  du  vi®  siècle,  se  trouve 
à  la  Bibliothèque  nationale  ;  les  Actes  des  Apôtres,  du 
VII®  siècle,  à  Oxford,  etc.  Les  glossaires  sont  nombreux  : 
l'un  des  plus  curieux  est  le  vocabulaire  grec-latin,  du 
IV®  ou  du  V®  siècle,  qui  se  trouve  sur  un  papyrus  égyp- 
tien du  musée  du  Louvre,  et  que  s'était  composé,  pour 
son  usage  personnel,  un  soldat  romain  stationné  en 
Egypte.  La  calligraphie  grecque  perdit  de  sa  pureté  en 
Occident  après  le  vu®  siècle.  Néanmoins,  l'étude  du  grec 
resta  à  la  mode  jusqu'à  la  fin  de  l'époque  carohngienne,  et 
il  n'est  pas  rare  de  rencontrer,  même  encore  après  cette 
époque,  des  souscriptions  de  manuscrits  en  latin  écrites 
en  caractères  grecs,  ou  des  mots  grecs  écrits  en  caractères 
latins,  et  des  signatures  de  personnages  lettrés  du  clergé 
écrites  en  lettres  grecques,  quelquefois  avec  des  apostilles 
gréco-latines  de  ce  genre  :  ousiz  y^apTouXs  aoucy.pi'l'.  (huic 
charlulœ  su\h']scrijm).Vo\\v  le^uot  Chrislus,  l'abrévia- 
tion formée  des  lettres  7,  p,  a,  a  été  conservée  dans  les 
textes  latins  d'Occident,  pendant  tout  le  moyen  âge 
(V.  Abi^éviaïions).  Ce  ne  fut  que  bien  après  l'époque  du 
schisme  de  l'église  byzantine  que  l'étude  du  grec  tomba 
définitivement  en  désuétude  au  moyen  âge. 

Semi-onciale.  —  Cette  écriture  est  une  nouvelle  modi- 
fication apportée  à  la  capitale  antique,  déjà  altérée  dans 
l'onciale,  par  l'introduction  d'un  assez  grand  nombre  de 
formes  empruntées  directement  à  l'écriture  cursive,  qui 
existait  simultanément  avec  l'écriture  capitale  presque  dès 
la  plus  haute  antiquité  (V.  ci-dessous).  Son  nom  lui  vient 
de  ce  que  c'est  encore  une  écriture  de  grandes  dimensions, 
quoique  moindre  que  l'onciale,  et  aussi  de  ce  qu'elle  forme 
un  degré  intermédiaire  entre  l'onciale  et  la  minuscule,  qui 
lui  est  contemporaine  par  ses  origines,  mais  qui  n'a  pris 
un  grand  développement  qu'à  l'époque  carolingienne.  Les 
bénédictins  appelaient  cette  écriture  denii-onciale ;  on 
lui  a  aussi  donné  les  noms  d'écriture  mixte  et  de  minus- 
cule primitive,  mais  cette  dernière  appellation  convient 
mieux  à  une  variété  spécifiée  ci-dessous.  L'écriture  semi- 
onciale  prit  naissance  dans  le  courant  du  v®  siècle,  et  sa 
création  est  entièrement  d'origine  chrétienne  :  elle  per- 
mettait de  transcrire  les  textes  bibliques  et  liturgiques  et 
de  vulgariser  les  ouvrages  des  Pères  de  l'Eglise  plus  ra- 
pidement et  plus  économiquement,  car  elle  occupait  moins 
de  place  sur  le  parchemin  que  l'écriture  onciale.  Les  pro- 
grès de  l'écriture  coïncident  avec  le  développement  des 
monastères,  qui  remontent,  même  dans  les  pays  de  langue 
latine  de  l'empire  romain,  à  une  époque  antérieure  à  saint 
Benoît  (V.  Ordres  monastiques   et   religieux).   On  n'a 


PALEOGRAPHIE 


—  848  — 


pas  un  assez  grand  nomljre  de  manuscrits  en  semi-on- 
ciale  pour  pouvoir  suivre  jusque  dans  toutes  ses  phases 
l'histoire  du  développement  de  cette  écriture,  mais  il 
semble  que  sa  formation  ait  été  progressive  et  non  Fœuvre 
d'un  inventeur  ou  d'un  réformateur  unique.  On  a  rem- 
placé peu  à  peu  certaines  lettres  onciales,  telles  que  VE  ou 
le  T,  par  des  formes  qui  ne  s'éloignaient  que  peu  de  la  forme 
onciale  de  ces  lettres,  puis  on  a  remplacé  telle  lettre,  comme 
le  G,  par  une  forme  toute  différente,  complètement  em- 
pruntée à  la  cursive.  On  a  des  manuscrits  en  scmi-oncialc 
du  VI®  siècle  qui  conservent  ces  lettres  avec  leurs  formes  on- 
ciales, tandis  qu'on  voit  ces  mêmes  lettres  avec  leurs  formes 
semi-onciales  dans  d'autres  manuscrits  du  vii^  siècle. 

Il  y  a  eu  de  grandes  contestations  parmi  les  diploma- 
tistes,  au  siècle  dernier,  sur  la  question  de  savoir  si  les 
anciens  avaient  connu  ou  nom  l'écriture  minuscule.  De 
même  que  l'écriture  capitale  avait  produit  l'onciale,  l'écri- 
ture minuscule  a  été  à  son  tour  considérée  comme  un 
dérivé  de  l'écriture  semi-onciale.  L'existence  d'une  écri- 
ture plus  cursive  que  l'écriture  semi-onciale,  et  cependant 
différente  do  l'écriture  cursive  proprement  dite,   a  été 
néanmoins  constatée,  dès  le  vi®  siècle,  non  pas  à  l'état 
d'écriture  aussi  officielle  que  les  autres,  mais  plutôt  pour 
les  usages  particuliers  des  lettrés.  Cette  écriture  minus- 
cule primitive,   contemporaine  de  la  semi-onciale,  mais 
d'un  usage  beaucoup  moins  général  et  qui  servait  seule- 
ment aux  annotations  marginales  et  aux  notes  de  men- 
tions diN erses  inscrites  fréquemment  sur  les  mamiscrits 
théologiques  et  juridique^,  a  elle-même  son  orighie  dans 
la  moclitlcation  de  l'écriture  onciale  dont  il  a  été  parlé  à 
la  tin  de  l'étude *sur  les  caractéristiques  de  Fonciale.  La 
principale  différence  entre  la  semi-onciale  et  cette  minus- 
cule primitive  consistait  dans  1" inclinaison  plus  ou  moins 
grande  de  cette  dernière  et  dans  le  grand  nombre  de  liga- 
tures de  lettres  quelle  contenait,  principalement  pour  les 
combinaisons  formées  par  les   lettres   e   {ei,    eni,   en, 
er,  es,  etc.),?',  s,  et  les  groupes  de  lettres  é-^/,  e)'i,  ter,  etc., 
ce  qui  lui  a  fait  donner  quelquefois  le  nom  de  semi-cur- 
sive  et  de  înimiscule  cursive.  Le  spécimen  le  plus  re- 
marquable de  la  minuscule  primitive  est  fourni  par  les 
annotations  ou  gloses  qui  se  trouvent  sur  le  célèbre  Té- 
rence  Bembinus  en  capitale,  mentionné  ci-dessus,  et  qui 
date  probablement  du  ^^  siècle.  La  minuscule  primitive 
se  développa  surtout  à  l'époque  des  écritures  dites  natio- 
nales. Ce  fut  de  la  combinaison  de  la  semi-onciale  et  de 
la  minuscule  primitive  que  résulta  l'écriture  minuscule 
de  l'époque  carolingienne.    Les  principales  formes   des 
lettres  de  l'écriture  semi-onciale  et  de  l'écriture  minus- 
cule occupent  les  deux  dernières  colonnes  des  tableaux 
donnés  aux  articles  paléographiques  consacrés  à  chacune 
des  lettres  de  l'alphabet  dans  la  Grande  Encyclopédie. 
Carcictérisliqiies.  Dans  l'écriture  semi-onciale,  il  n'y 
a  guère  (pie  trois  lettres,  l'I,  l'O  et  le  C  qui  n'aient  pas 
reçu  l'empreinte  des  modifications,  apportées  à  cette  nou- 
velle forme  de  récriture.  Ces  moditicalions  sont  de  trois 
sortes  :  1°  les  traits  qui.  dans  l'écriture  onciale,  ne  dé- 
passaient que  très  légèrement  la  ligne  de  sommet  (hastes) 
ou  la  ligne  de  base  (queues)  de  l'écriture,  ont  acquis  un 
grand  développement  et  sont  devenus  les  hastes  desB,  D, 
H,  L,  et  les  queues  des  F,  G,  P,  Q,  Y  ;  les  queues  sont 
généralement  un  peu  plus  longues  que  les  hastes,  surtout 
cà  mesure  que  l'on  se  rapproche  de  l'époque  carolingienne 
(environ  dans  le  rapport  de  i  à  5)  ;  2°  certaines  lettres 
onciales  ont  été  conservées  avec  une  modification  apportée 
à  leur  forme  :  l'A  a  eu  sa  panse  très  développée  et  son 
jambage  de  droite  redressé  verticalement;  E  a  eu  sa  tra- 
verse ou  barre  médiane  rapprochée  de  sa  courbe  supé- 
rieure ;  M  a  eu  ses  trois  jambages  placés  à  égale  distance 
les  uns  des  autres  et  tracés  à  peu  près  parallèlement  ; 
3^  plusieurs  lettres  ont  été  empruntées  à  l'alphabet  do 
l'écriture  cursive  et  n'ont  pas  tardé  à  remplacer  complè- 
tement les  formes  onciales  correspondantes  :  tels  sont  le 
D,  le  G,  Vl\  et  l'S.   Ces  modifications  s'obseivent  éoalo- 


menfc  dans  les  spécimens  de  l'écriture  minuscule  primitive 
qui  nous  sont  parvenus.  Les  lettres  véritablement  carac- 
téristiques et  déterminatrices  de  l'écriture  semi-onciale 
peuvent  se  réduire  à  quatre  seulement,  A,  G,  R,  S,  qui 
sont  indiquées  en  caractères  gras  dans  les  transcriptions 
de  fac-similés  ci-joints.  Il  y  a  une  lettre  qui  doit  être 
Tobjet  d'une  remarque  spéciale,  car  c'est  celle  qui  a  résisté 
le  plus  longtemps  aux  changements  apportés  aux  formes 
onciales  :  c'est  la  lettre  N,  qui  garde  sa  forme  antique 
(V.  fig.  20, 1.  i).  modifiée  seulement  peu  à  peu,  de  manière 
à  permettre  le  tracé  de  la  traverse  et  du  second  jambage 
par  un  trait  continu,  formant  un  angle  droit.  Les  fig.  20 
et  21  fournissent  des  exemples  de  laplupart  des  lettres  de 
l'alphabet,  à  l'exception  de  l'H,  (jui  garde  sa  forme  on- 
ciale avec  une  haste  plus  développée,  du  K,  qui  a  une 
forme  qui  le  fait  ressembler  aux  ligatures  le  et  hc  (V.  art. 
paléographique  de  la  lettre  K),  et  del'X,  de  l'Y  et  du  Z, 
(jui  sont  des  lettres  plus  rares  (|ue  les  autres.  La  fig.  21, 
qui  est  un  exemple  du  vi»^  siècle,  un  peu  plus  récent  tjue 
celui  de  la  fig.  20,  offre  des  exemples  des  ligatures  {gn.eg, 
dans  la  ligne  \  ;  en,  H,  dans  la  ligne  2,  qui  se  multi- 
plièrent dans  la  minuscule  primitive  et  dans  la  minuscule 
des  écritures  nationales.  —Il  n'y  a  guère  à  faire  d'autres 
remarques,  pour  les  signes  caractéristiques  des  manuscrits 
en  semi-onciale,  que  celles  qui  ont  été  faites  précédem- 
ment pour  les  manuscrits  en  onciale.  L'orneuientation 
des  manuscrits  commença  à  prendre  un  grand  dévelop{)c- 
meift  et  beaucoup  d'originalilé  avec  l'école  irlandaise 
(V.  ,^  Ecritures  nalionales,  p.  851). 

L'écriture  semi-onciale  atteignit  son  apogée  au  vi^  et 
au  vii''^  siècle.  Elle  fut  usitée  coiicurremmenl  a>ec  l'écri- 
ture onciale  et  récriture  capitale,  ainsi  qu'avec  l'écriture 
cursive,  et  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  des  manuscrits 
composés  de  plusieurs  parties  écrites  dans  chacune  de  ces 
écritures  différentes.  Les  scribes  se  faisaient  souvent  une 
spécialité  de  tel  ou  tel  genre  d'écriture.  L'écriture  semi- 
onciale,  après  avoir  passé  au  viii^  siècle  par  une  période 
qu'on  a  appelée  précaroUngienne,  servait  de  base  à  l'écri- 
ture Caroline,  qui  date  du  règne  de  Charlemagne  (V,  ci- 
dessous).  La  semi-onciale  pure  resta  néanmoins  en  usage 
pendant  tout  le  cours  du  ix^  siècle,  simultanément  avec 
la  nouvelle  écriture  réformée.  Trois  lettres  peuvent  faire 
distinguer  facilement  la  semi-onciale  Caroline  :  l'A  est 
formé  de  trois  traits  ressemblant  à  un  r'  et  à  un  i  juxta- 
posés ;  G  est  formé  d'une  ligne  de  sommet  ou  tête  hori- 
zontale, d'un  petit  trait  droit  incliné  obliquement  de  droite 
à  gauche,  et  d'une  ([ueue  semi-circulaire  ouverte  à  gauche  ; 
enfin,  le  dernier  jambage  de  FM,  au  lieu  d'être  vertical, 
se  retourne  légèrement  vers  la  gauche. 

MAXUSCRirs  CÉLÈBRES  EN    SE^U-ONCIALE.  —  LcS^  lUaUUS- 

crits  les  plus  célèbres  en  écriture  semi-onciale  ne  sont 
plus  des  manuscrits  d'auteurs  classiques,  mais  des  manus- 
crits bibliques  ou  des  textes  des  Pères  de  FEglise.  Les 
paléographes  ont  l'heureuse  fortune  de  posséder,  pour 
cette  écriture,  deux  des  plus  anciens  manuscrits  portant 
une  date,  ce  qui  est  une  chose  assez  rare  à  toutes  les 
époques  et  surtout  pendant  la  période  des  écritures  de 
Faiitiquité.  Le  plus  ancien  manuscrit  daté  (exception  faite 
des  papyrus  égyptiens)  qui  soit  connu  n'est  ni  un  manus- 
crit grec  ni  un  manuscrit  latin,  mais  un  manuscrit  syriaque 
du  Musée  britannique  de  l'année  411  ap.  J.-C.  (V.  Thomp- 
son, Handbook  of  gr.  and  lai.  pala'ogr.,  p.  64).  Le 
plus  ancieji  des  deux  manuscrits  datés,  en  semi-onciale, 
est  un  recueil  des  œuvres  de  saint  Hilaire,  conservé  dans 
les  archives  de  l'église  de  Saiiit-Pierre  à  Rome,  et  daté, 
dans  une  souscription  i  V.  l'art.  Scriiîe)  d'un  reviseur  du 
texte,  qui  faisait  son  travail  dans  une  petite  localité  de  la 
province  d'Afriijue,  de  la  quatorzième  année  du  règne  du 
roi  vandale  Trasamond,  qui  régna  de  496  à  523,  ce  qui 
fixe  la  limite  extrême  de  l'époque  du  manuscrit  à  l'année 
509  ou  à  l'année  510,  mais  il  est  probable  que  le  manus- 
crit lui-même  remonte  à  une  date  encore  antérieure 
(V.  Pal.  soc,  1'^^'  sér,.  t.  Il,  pi.  136,  et  le  fac-similé 


849  — 


PALKOGHAPHU!: 


donné  dans  la  tig.  :20).  L'autre  manuscrit  daté,  qui  est 
presque  exactement  de  la  même  époque,  est  le  Siilpre 
Sévère  de  Vérone,  écrit  par  un  lerfeiir  do  l'église  do 

dam  HcLrioMem  fnclei  erne 

dpipcopimaMumiNNocehle 
5Lï<3miNOHac|ftilrïlocjiumco6 

Fig.  20.  —  ve  siècle.  --  Scmi-oncialc.  Manuscrit  du  Trailr 
sur  la  Trinité,  de  saint  Hilaire,  antérieur  à  l'année  50^> 
ou  110.  —  Lettres  caractéristiques  :  A,  C,  R,  S.  —  Le  fac- 
similé  ne  donne  que  la  première  moitié  des  lignes;  les 
lettres  abrégées  sont  indiquées  en  itali(|ue. 

damnationem  fidei  esso... 
te  aboletur  per  altora(m)... 
rursus  abolenda  est  cufjus],.. 
opiscopi  manum  innocente  [mj... 
iliiilguam  non  ad  falsiloquium  co(^|gisti  |... 

Vérone  hous  le  c(»nsul;il  d'Agapit  et  sous  la  HVindiiUon 
(V.  ce  mot),  c.-à-d.  en  Tannée  olT  {Ex,  codd.  latL, 
pi.  B'^).  La  Bibliotliè(iue  nationale  possède  un  exemplaire 
de  saint  Augustin,  du  vi*^  ou  du  vu^  siècle,  exposé  dans 
les  vitrines  de  la  galerie  Mazarine.  Un  des  plus  beaux 
spécimens  de  la  semi- 
onciale,  avec  le  manus- 
crit de  saint  Ililaire,  est 
le  manuscrit  contenant 
la  traduction  de  Josè- 
plie.  faite  par  saint  Am- 
broise,  du  vi^-  ou  du 
VIT®  siècle  (ms.  C.  105 
Inf.  de  la  bibliothèque 
Ambrosienne  de  Milan  ; 
PaLsoc.,i''sèi\.i.\\, 
pi.  138).  Diverses  bi- 
bliothèques possèdent  aussi 


M  ci*v>cof^  CCI  p  irnperma-rof.^^-' 

Mg.  2t.  —  vi«  siècle.  ■—  8<;iiii-onciale.  Manuscrit  de  saint  xVugustiii 
^Bibliothèque  d'Orléans,  n«  169).  —  Lettres  caractéristiques  : 
\,  G,  R,  S. 

non  cognovi  nisipcr  b'gom 
uam  concupiscentiam  ne 


autroN  ujanusf-rits  de  sauil  A u- 
gustin  (V.  fig.  8),  de  saint  Ambroise.  de.saint  Sévorin  do  (la- 
baJa,  etc..  du  vi^'  et  du  vn«  siècle.  Les  bibles,  les  évangé- 
liaires  et  les  commentaires  bibliques  en  semi-onciale  sont 
assez  nombi'oux,  surtout  dans  les  pays  irlandais  et  anglo- 
saxons.  L'histoire  ecclésiastique  est  représentée  par  une 
collection  de  canons  des  conciles  du  vi^'  siècle  (Bibliothèque 
nationale).  On  a  retrouvé  également  un  document  impor- 
tant pour  Thistoire  do  l'antiquité,  dos  fragments  de  Fasies 
consulaires  s'étendant  jusqu'à  l'année  i9\,  qui  sont  on 
manuscrit  ce  que  les  Fastes  consulaires,  dont  le  fac- 
similé  se  trouve  à  Fart.  Fasti:s  (t.  XVïLp.  M),  sont  pour 
l'épigraphie  (V,  Ex.  nnld.  latL,  pis.  ^29  et  30).  -  Les 
manuscrits,  qui  sont  écrits  en  plusioucs  gem-es  d'écriture^ 
différentes,  sont  jdus  nombreux  à  l'époque  de  l'écriture 
semi-onciale.  Les  Fastes  consulaires,  par  exeuq)le.  sont 
en  onciale  jusqu'à  l'année  486.  Il  en  est  de  même  pouj'  le 
catalogue  des  papes  mentionné  parmi  bs  manuscrits  on 
onciale. 

CuRSivE  ROMAINE.  —  La  paléogi'aphie  latine  de  Tanti- 
quité  comprend  une  écriture  cursive,  de  même  que  la 
paléographie  grecque  (V.  ci-dessus).  Il  est  probable  que 
l'influence  hellénique  s'est  fait  sentir  dans  le  développe- 
ment, et  peut-être  mémo  la  création,  de  l'écciture  cursive 
latine,  comme  dans  le  développement  de  l'onciale  romaine. 
On  ne  possède  plus  de  documents  latins  en  cursive  aussi 
anciens  que  les  textes  en  grec,  mais  les  découvertes  faites 
à  Pompéi  ont  permis  de  constater  que  l'écriture  cursive; 
était  pleinement  constituée  en  Italie,  au  moins  dès  le 
1^'  siècle  de  J.-C.  L'écriture  cursive  romaine  était  de  plu- 
sieurs sortes,  mais  la  rareté  des  documents  que  l'on  en 
possède,  surtout  })our  les  écritui'os  des  manuscrits  ot  des 

(ÎKANIU:   K\CV(.f,0PF.1UF.. XW. 


chartes,  fait  que  l'on  ne  peut  pas  étabhr  de  classification 
très  sûre  parmi  ces  différentes  espèces.  On  désigne  habi- 
tuellement ces  diverses  espèces  de  cursive  par  le  genre  de 
documents  qui  nous  les  ont  fait  connaître,  qui  constituent 
des  groupes  offrant  chacun  des  caractéristiques  très  dis- 
tinctes et  qui  sont  la  meilleure  base  pour  l'étude  générale 
de  la  cursive  romaine.  Ces  documents  se  répartissent  en 
deux  groupes  :  1^  les  tablettes  de  cire  (fig.  22)  et  les 
(jraffites  (tig.  24).  auxquels  on  peut  rattacher  l'écriture 
des  diplômes  militaires  (V.  ce  mot),  certaines  formes  de 
l'écriture  des  inscriptions  (V.  Epigrai*hie)  et  même  l'écri- 
ture des  fragments  sur  papyrus  provenant  d'Horculanum 
((ig.  23)  ;  2«  les  rescrits  impériaux  (fig.  25),  qui  four- 
nissent quelques  spécimens  très  fragmentaires  de  ce  que 
devait  être  l'écriture  de  chancellerie  de  l'empire  romain, 
(^t  les  chartes  dites  de  Ravenne  (fig.  26),  du  nom  do 
leur  principal  lieu  d'origine,  qui  fournissent  des  spéci- 
mens un  peu  plus  nombreux  de  ce  que  devait  être  l'écri- 
ture notariale  sous  les  Romains  ;  à  ce  dernier  groupe  on 
peut  rattacher  l'écriture  employée  dans  les  quelques  ma- 
nuscrits proprement  dits  écrits  en  cursive,  qui  sont  venus 
jusqu'à  nous.  —  La  minuscule  primitive  on  minuscule 
cursive,  dont  il  a  été  parlé  à  propos  de  l'écriture  semi- 
onciale,  forme  un  groupe  intei*modiaire  entre  la  cursive  et 
la  semi-onciale. 

L  EcRrrURE  des  TvbLETTESIjECIRE  et  UEsGRAFFin>. 

La  nature  de  ces  deux  genres  de  documents  a  déjà  été 
spécifiée  dans  des  articles  spéciaux  (V.  CmE  [Tablettes 
de|  et  GRÂFFrrE).  Les  tablettes  de  cire  sont  écrites  en 

cursive  ;  les  graffites 
sont,  soit  entièrement 
on  cursive  de  la  même 
espèce,  soit  en  capitale 
grecque  toujours  mé- 
langée de  plusieurs  let- 
tres cursives.  Les  al- 
phabets des  écritures 
([ue  ces  deux  groupes 
de  documents  nous  ont 
transmises  sont  à  peu 
prés  identiques,  avec 
cette  dittérence  qu'il  >  u  une  plus  grande  variété  dans  le  tracé 
des  graffites  que  dans  celui  des  tablettes  de  cire.  La  nature 
des  matières  sur  lesquelles  cette  cursive  était  tracée  excluail 
l'usage  des  courbes  et  des  combinaisons  de  lettres  compli- 
(fuées  et  n'admettait  que  des  lignes  droites,  des  angles  ou 
lies  lignes  n'offrant  qu'une  légère  ondulation.  C'est  dans 
l'écriture  des  tablettes  de  cire  que  se  révèle  le  mieux  la 
tendance  à  détacher  les  différents  traits  des  lettres  et  ù 
leur  donner  une  direction  dirigée  de  bas  en  haut.  L'aspect 
général  de  l'écriture  a  l'apparence  d'une  suite  de  traits 
verticaux  isolés,  placés  les  uns  à  côté  des  autres  et  rejoints 
pat'  quelques  petites  courbes  de  distance  en  distance.  C'est 
<(u'on  effet  un  certain  nombre  dos  lettres  les  plus  impor- 
tantes sont  formées  de  deux  ou  plusieurs  traits  droits  et 
parallèles.  La  forme  cursive  de  la  letti'O  L  est  l'oxempl»^ 
le  plus  remarquable  de  ce  mode  do  graphie  (V.  t.  XV. 
}).  '186).  La  fig.  22,  ainsi  que  le  grafîite  reproduit  dans  la 
fig.  24,  en  offrent  des  exemples  à  presque  toutes  les  lignes. 
L'F  a  aussi  une  forme  à  deux  traits  parallèles  dont  le  second 
est  plus  court  que  le  premier.  L'iVl  est  formé  de  quatre 
traits  dont  le  premier  est  un  peu  plus  long  que  tous  les  autres 
(V.  fig.  22.  L  o.  où  se  trouvent  deux  m  à  la  suite  l'un  de 
l'autre  dans  le  mot  nummos).  Trois  lettres.  G,  R  et  S. 
sont  surtout  importautos  pour  la  classification  des  écri- 
tures des  tablettes  de  cire.  R  et  S  ont  toujours  la  forme 
cursive  qui  a  passé  plus  tard  dans  l'écriture  semi-onciab' 
(V.  ci-dessus)  et  dont  do  nombreux  exemples  se  trouvent 
dans  les  fig.  ci-jointos.  Le  G  a  tantôt  exclusivement  la 
forme  onciale  (V.  fig.  22,  1.  2,  tablettes  de  Pompéi  et 
tantôt  la  forme  cursive  (tablettes  de  Transylvanie), 
Comme  les  tablettes  de  Transylvanie  sont  restées  enta=- 
chées  du  soupçon  de  faux  tant  qu'elles  étaient  les  seules 

o4 


\\LÊOGRAPHIF 


S50  — 


de  leur  espèce  et  qu'on  n'avait  pas  fail  la  découverte  des 
nombreuses  tablettes  de  Pompéi,  on  ne  leur  a  accorde 
aucune  valeur  et  l'on  faisait,  du  genre  d'écriture  déjà 
représenté  par  de  nombreux  graflites,  une  espèce  d'écri- 
lure  minuscule  ou  une  écriture  onciale  mélangée  de  minus- 
cule. Mais  la  présence  seule  des  lettres  G,  H,  S.  avec  une 
forme  de   tracé  rapide  si   distincte,  suffirait  poui'  faire 


(V.  t.  XIV,  p.  G33)  montrent,  dans  les  fac-similés  qui 
en  ont  été  donnés,  pour  les  extraits  de  ces  actes  qui 
étaient  gravés  sur  les  côtés  extérieurs  des  tablettes,  un 


^^ s.  u^fi.,., 

^^f  rr€M^>^^•• 


l-'iii'.  22.  —  !'"'■  siècle  ap.  J.-C.  ■ 
de  cire  de  Pompéi.  —  Lettre 
M.R,  S. 


CC/AA  (^?A^^ 


•  Cursive  romaine.    Tablette 
^  caractéristiques  :   B,  E.  G, 


sesterlios  ducentos  arbitria|  rios  ^ 
viginti  et  acc[essione]  hs  xiii  [nec]  minus 
Hs  LU  et  hac  d[ie  reliq]uos  ego 
sesteîtios  tre[centos]  sexsaginta 
nummos. 

Aclum  PoiîipeJs. 

classer  l'écriture  des  tablettes  de  cire  parmi  les  écj'itures 
cursives.  Les  lettres?  (tig.  ^22, 1.  6,  etfig.  42)  etO  (fig.  22, 
1.  i,  etc.)  offrent  encore  des  formes  remarquables.  La 
lettre  B  (fig.  22,  1.  i)  a  également  une  forme  très  cu- 
rieuse et  tout  à  fait  décevante,  car  la  panse  est  placée  à 
gauche  au  lieu  d'être  à  droite  (V.  l'art,  de  la  lettre  B). 
La  lettre  A  de  l'écriture  des  tablettes  de  cire  n'est  qu'une 
modification  de  l'écriture  capitale  où  l'on  reconnaît  déjà 
la  forme  primitive  de  l'A  oncial  (V.  fig.  22, 1.  1 ,  2, 3,  etc.). 
Des  tableaux  très  exacts  des  formes  des  lettres  de  récri- 
ture des  tablettes  de  cire  se  trouvent  dans  le  Corpus 
inscr.  lait.,  t.  IIJ  et  IV.  et  dons  le  manuel  de  Thompson, 
pi.  de  la  p.  210. 

Les  premiers  exemples  dch  ligabwes.  qui  j)i'icent  plus 
lard  un  si  grand  développement  dans  l'écriture  cursivedu 
moyen  âge,  se  rencontrent  dans  l'écrituj'e  des  tablettes  de 
cire,  mais  seulement  dans  la  mesui'e  où  l'instrument  du 
Iracé  de  l'écriture,  le  stileoiisti/Iet  (V.  ce  mot),  pouvait 
le  permettre.  Les  tablettes  de  cire  de  Pompéi  n'en  offrent 
que  peu  d'exemples  (V.  tig.  22.  eL  à  la  1.  3),  mais  les 
graffites  en  ont  souvent  davantage  (V.  fig.  24,  cli  et  et), 
surtout  dans  les  graliites  des  catacombes  de  Home,  tels 
que  les  inscriptions  de  la  crypte  de  saint  Corneille,  et 
enfin  quelques  tablettes  de  cire  de  Transylvanie  nous  ré- 
vèlent tout  un  système  de  lettres  conjointes  et  enclavées 
ayant  pour  but  de  diminuer  lenombre  des  traits  à  tracer 
sur  la  cire  :  c'est  ainsi  que  les  groupes  de  lettres  ea  et  er 
sont  réduits  de  quatre  traits  à  Irois  seulement,  eni,  de  six 
traits  à  quatre,  etc.  (V.  Arndt,  Schrifitafeln,  pi.  \).  — 
De  très  'ueaux  fac-similés  des  tablettes  de  cire  se  trouvent 
dans  la  Pal.  lunu.  (pi.  du  n°  63)  et  dans  la  Pal.  soc. 
(L'^  sér.,  t.  Il,  pi.  459).  La  colledion  complète  des  graf- 
lites a  été  faite  plusieurs  fois,  notamment  par  Garrucci 
{Grajfiti  de  Pompa,  2'^  éd.,  1856,  in-1^^)  et  dans  le 
Corp.  inscr.  kiH. 

Les  diplômes  militair es,  (\m  forment  une  classe  de  do- 
cuments épigraphiques  très  importants  et  assez  nombreux 


l'ig.  2,).  -  1°'' siècle  après  , J.-C.  v'i')'  ~"  Cursive  romaine  ^- 
1  apyrus  d'Herculanum,  contenant  des  fragments  de  dis- 
<'ours.  —  Lettres  caractéristiques  :  R.  8 

...  d('/)iinque  ... 

...  in  qu  . . . 

. . .  cum  est  a  . . . 

. . .  t  vili  nu  . . . 

. . .  d  . . .  sed  p  (?)  i . 

desp(?)er(?)  em... 

...nnius  quo  ... 

m  (?)  c  (?)  eterorum  (?) . . . 

a(?)quilasr(?)e(?)la(?)... 

...d  ...  ts... 

...  cum  gr  (?)ag... 

grand  développement  des  formes  cursives,  procédant  poui' 
ainsi  dire  naturellement  des  formes  de  l'écriture  capitale, 
qui  était  l'écriture  du  texte  même  de  l'acte,  toujours  écrit 
d'une  façon  plus  soignée  que  le  simple  extrait. 

L'écriture  des  inscriptions  ne  montre  qu'un  emploi  rare 
d'écritures  autre  que  la  capitale.  On  connaît  quelques  spé- 
cimens épigraphiques  isolés  d'onciale  pure,  tels  que  la 
célèbre  inscription  de  Makter  du  vi*^  siècle,  dite  du  mois- 
sonneur, découverte  en  Tunisie  (musée  du  Louvre),  doni 
le  fac-similé  offre  absolument  l'aspect  d'une  page  de  ma- 
nuscrit en  écriture  onciale.  Les  lettres  conjointes  et  en- 
clavées ne  sont  pas  rares  même  dans  les  inscriptions  en 
capitale  pure.  Parmi  les  inscriptions  qui  se  rattachent  à 
l'écriture  cursive,  on  possède  un  document  officiel  assez 
important,  l'édit  de  Dioclétien  de  301,  sur  le  tarif  des 
denrées,  qui  se  trouve  à  Athènes,  où  il  servait  de  dalle 
dans  un  édifice,  et  dans  lequel  l'écriture  onciale  est  mé- 
langée de  formes  essentiellement  cursives  (V.  de  Rossi, 
ïnscrl.  christ,  urb.  Pwm.,  l,  43).  Une  inscription  très 
curieuse,  entièrement  en  caractères  cursifs,  découverte  à 
Autun  sur  un  fragment  de  colonne  antique,  montre  que 
certains  usages  des  voyageurs  modernes  sont  fort  anciens, 
car  elle  porte  la  mention  du  passage  de  saint  Germain, 
évèque  de  Paris,  en  l'année  557,  date  qui  est  donnée  en 
chiffres  grecs  :  Germanus  [liic]  fui,  anno  II  M  (pour 
(xa'  =z  46)  régnante  Childeberto  (V.  Cahier  et  Martin. 
Mr'L  d'arch'oL,  t.  I,  pp,  135-137).  Les  formes  des 
lettres  ii,  S,  F,  etc.,  dans  cette  inscription,  font  voir 
que  récriture  des  tablettes  de  cire  antiques  était  encore 
à  cette  époque  l'écriture  journalière  des  letti'és,  exacte- 


ment  comme  au  temps  des  Romains.  Enfin,  suivant  la 
nature  des  matières  subjectives  des  inscriptions  et  suivant 
i(ue  la  pierre  ou  le  métal  se  prêtait  plus  ou  moins  facile- 
ment au  tracé  des  courbes  et  des  ligatures  des  lettres, 


851  --  PALEOGRAPHIE 

on  a  quelquefois  sur  les  documents  épigraphiques  une 
véritable  écriture  cursive  qui  offre  tous  les  caractères  t!i> 
l'écriture  des  chartes  de  Havenne  (V.  ci-dessous)  et  do- 
cuments analogues.  Un  des  spécimens  les  plus  curieux  de 


.^ 


\j  (tY>>^  ^^/ 


/' 


,/ 


^ 


Fig.  21.  —    i»""  siècle  après  J.-C.  ~  Cursive  romaine    —  Graffilc  de  Pompéi,  contenant  des  noms.  —  Lettres 

caractéristiques  :  E,  P,  R,  S. 

G.  Cominius  Pyrrichus  et 


ce  genre  est  un  plat  d'argent  découvert  récemment  dans 
le  Dauphiné  et  portant  à  son  revers  la  mention  de  son 
possesseur,  gouverneur  du  pays  de  Vienne  au  commence- 
ment du  vrii«  siècle,  écrite  en  latin  (Agnerico  som)  avec 


V\^.  25.  —  v»  siècle.  —  Cursive  romaine.  Fragment  d'un 
rescrit  impérial  adressé  à  un  fonctionnaire  de  la  Haute- 
Egypte.  —  Lettres  caractéristiciues  :  A,  B,  E,  M,  N,  P,  R. 
—  Le  fac-similé  est  au  1/4  de  l'original. 

portionem  ipsi  debitam  resarcire 
nec  ullum  precatorem  ex  instrumento 
pro  memorata  narratione  per  vim  con[fecto  | 
sed  hoc  viribus  vacuato 

des  ligatures  cursivos  pour  les  lettres  qn,  eri,  co,  so 
(V.  Le  Blant,  Nom.  rec.  des  insc7\  chrét.  de  la  Gaule, 
1892,  t.  I).  On  a  aussi,  en  lettres  cursives,  des  lames  de 
plomb,  découvertes  en  ItaHe,  contenant  des  formules 
d'exorcismes  chrétiens,  etc.  Enfin,  on  a  découvert  des 
briques  romaines  portant  des  alphabets  cursifs,  accom- 


pagnés de  modèles  tracés  en  cette  écriture,  qui  ne  laissent 
pas  de  doute  sur  le  fait  que  l'écriture  cursive  romaine 
était  enseignée  dans  les  écoles  de  l'antiquité,  pour  les 
usages  journaliers  et  commerciaux. 

Lue  phase  tout  à  fait  ancienne  de  l'écriture  ciu'sive 
antique  nous  est  fournie  par  quelques-uns  des  papyrus 
découverts  à  Herculanum  (fig.  23)  et  où  le  caractère  de  la 
cursive  ne  se  révèle  que  par  les  formes  de  deux  lettres 
seulement,  l'R  (1.  6  et  8)  et  l'S  (1.  3,  6,  et  surtout  1.  7, 
dans  le  mot  fragmentaire  nniiis).  Des  fac-similés  photo- 
graphiques de  ces  fragments  se  trouvent  dans  les  Ex. 
codd.  lait.,  pi.  2. 

IL  EciaxLRE  DES  Rescpjts  et  des  GtiAUTK^  de  IvAvenm:. 
—  Les  caractéristiques  diplomatiijues,  ainsi  que  l'histoire 
des  Resciuïs  sont  indiqués  à  l'article  spécial  consacré  à 
cette  classe  de  documents  importants  de  la  chancellerie 
de  l'administration  romaine  (V.  REscarr).  Le  second 
groupe  de  documents  comprend  les  plus  anciens  spécimens 
existant  de  la  charte  latine  (V.  ce  mot).  Les  rescrits 
que  nous  possédons  ne  sont  que  des  fragments  de  quel- 
ques lignes;  le  groupe  des  chartes  de  Ravenne  est  repré- 
senté par  des  documents  plus  complets  et  relativemenl 
beaucoup  plus  nombreux,  auxquels  le  paléographe  italien 
Marini  a  consacré  un  ouvrage  entier  au  commencement 
de  ce  siècle.  L'écriture  des  rescrits  (fig.  2o)  et  celle  des 
chartes  de  Ravenne  (fig.  26),  forment,  chacune  de  leur 
côté,  par  leurs  caractéristiques  bien  tranchées,  des  groupes 
tellement  distincts,  qu'il  n'est  pas  permis  de  croire  que 
la  variété  d'écriture  représentée  par  les  rescrits  soit  pure- 
ment accidentelle.  Ces  fragments  de  documents  impériaux 
nous  présentent  une  écriture  parfaitement  constituée  et 
qui  était  en  usage,  probablement  depuis  une  époque  an- 
cienne, dans  l'administration  romaine.  De  même  que  nous 
avons  constaté  l'analogie  dé  l'onciale  grecque  et  de  l'on- 
ciale  romaine,  on  peut  faire  une  remarque  semblable  pour 


PALEOGRAPHIE 


Sod 


la  cursive  administrative,  qui  existait,  peut-être  depuis 
les  Lagides,  etc.,  dans  tous  les  pays  de  langue  grecque  de 
l'empire  romain  et  qui  fut  conservée  par  la  chancellerie 
byzantine  (V.  §  Paléographie  grecque).  Quant  à  l'applica- 
tion de  récriture  cursive  à  la  transcription  des  manus- 
crits, son  origine  est  plus  obscure,  car  les  spécimens  (jue 
nous  en  possédons  ne  remontent  pas  à  Fépoque  classique 
proprement  dite.  Il  est  probable  que  ce  fut  une  innovation 
contemporaine  du  développement  du  christianisme,  de 
même  que  la  création  dr  l'écriture  semi-onciale,  car  les 
uianuscrits  qui  nous  en  sont  parvenus  sont  tous  des  ou- 
vrages des  PèrcN  de  l'Eglise  ou  ayant  un  caractère  théo- 
logique. L'écriture  cursive  des  manuscrits  n'a  pas  imité  la 
cursive  des  rescrits,  mais  celle  du  groupe  des  chartes  de 
Ravenne. 

Les  formes  des  lettres  cursives    soni   identiques,  par 
leurs  caractères  essentiels,  dans   l'écriture  des  rescrits  et 


dans  celle  des  chartes  de  Ravenne.  Les  principales  diffé- 
rences se  remarquent  seulement  pour  les  lettres  A  (V.fig. 
-il,  aumot  f/g/?z^«m,etc.),  B  (fig.25,aumèmemot,  etc.), 
P  (V.  fig.  25,  l.'i,  au  mot  precatorem),  R  (fig.  25,  1. 1 , 
au  mot  resarciré),  qui  gardent  dans  les  rescrits  leurs 
formes  primitives,  telles  qu'elles  sont  données  dans  kb 
tablettes  de  cire.  La  lettre  E  (tig.  25,  1.  i  [porUoaciu 
débitant,  etc.],  1.  2  [nec,  etc.]),  dérive  de  i'E  à  deux- 
traits  parallèles,  qui  sont  tracés  ici  d'une  nuuiière  continue, 
de  sorte  que  la  lettre  prend  l'apparence  d'une  boucle 
longue  et  étroite,  terminée  à  sa  partie  supérieure  par  un 
petit  crochet,  qui  tient  lieu  de  la  barre  ou  traverse  de  l'L. 
Les  lettres  0  et  V  (consonne  et  voyelle)  sont  toujours  de 
dimensions  beaucoup  plus  petites  que  les  autres  et  sont 
placées  près  de  la  ligne  de  sommet  de  l'écriture  (tig.  25, 
1.  1.  2-  etc.).  Dans  la  lettre  M,  la  cai'actéristique  de  l'al- 
longement du  premier  jambage  s'est  conservée   (fig.  25. 


'A-TPP^yT 


/^ 

c^^ 


1'^.  20,  —  565  ap.  J.-C\  —  Cursho  rumaino.  (Jhan 

roprlement  de  coniptes  entre  particuliers.  —-  Lntrcs  caractéristiques 
iX  KU,  KD,  EM.  EN,  l^P,  EU.  ES.  (jR,  SI',  TA,  TE.  TI.  TH.  TS 


le  Ravenne,  dite  Cfiartn  pleitariœ  necuritutis,   contenant   un 
G.  R,  S,  et  les  ligatures  AC,  AE. 


Ar;, 


Item  iiolitia  (piod  act-epil  suprasrriplus  Gratianus  de  donuis 
(juae  sunt  inira  ci\i(ale  l^avcnna  seu  ])raedia  rustica 


.1.  etc),  de  même  que  dans  la  lettre  N  (mènu^.  ligne), 
de  sorte  que  ces  deux  lettres  ressemblent  exactement  au 
a  et  au  V  de  la  minuscule  et  de  la  cursive  gi'ecques.  Les 
autres  lettres  (C,  D,  F,  G.  H,  ï,  L.O,  Q,  T)  sont  les  mêmes 
dans  les  rescrits  et  dans  les  chartes  de  Ravenne.  Une 
excellente  table  des  formes  des  lettres  des  rescrits,  avec 
leurs  dimensions  naturelles,  se  trouve  dans  la  Pal.  soc, 
2^  sér..  t.  I,  pi.  29  quater).  Un  autre  caractère  général 
de  la  cursive  antique  est  de  n'avoir  ni  pleins  ni  déliés, 
comme  l'onciale  et  surtout  la  capitale  (V.  ci-dessus).  On 
peut  voir,  dans  les  deux  tig.  25  et  26,  que  tous  les  ti'aits 
de  récriture  sont  toujours  exactement  tle  la  même  force 
ou  de  la  même  grosseur. 

La  principale  différence  entre  les  deux  variétés  de  la 
cursive  antique  ne  se  trouve  pas  dans  les  formes  des 
lettres,  mais  plutôt  dans  l'aspect  général  et  la  direction 
du  tracé  de  l'écriture.  La  cursive  des  rescrits  (fig.  25)  se 
distingue  d'abord  par  ses  dimensions,  réduites  de  plus 
de  moitié  dans  la  tig.  25.  ujais  qui  ont  plus  de  2  centini. 
de  hauteur  moyenne.  C'est  une  écriture  beaucoup  plus 
posée  et  plus  uniforme,  dont  tous  les  traits  offrent  la 
même  inclinaison  réguhère  vers  la  droite  et  qui  n'est 
rompue  que  par  le  développement  des  hastes  et  des  queues, 
notamment  pour  la  lettre  H  (fig.  25,  l.  4.  au  mot  hoc), 
et  par  les  lignes  de  fioriture  qui  forment  les  sommets  d< 


quelques  lettres,  comme  R  et  T  (V.  fig. 


1.3,  au  mot 


iiarratio7ie).  A  première  vue,  cette  écriture  ressemble 
une  série  de  lignes  droites  ou  de  hâtons  d'écriture  tracés 
les  uns  à  la  suite  des  autres  et  accompagnés  de  quelques 
autres  traits  accessoires.  Dans  les  chartes  de  Ravenne,  au 
contraire,  l'écriture  est  interrompue,  à  de  très  courts  in- 
tervalles, par  des  traits  contournés  et  renversés,  tracés 
en  sens  contraire  de  la  direction  générale  de  l'écriture, 
inclinée  vers  la  droite  comme  dans  les  rescrits,  ou  par 
des  hastes  et  des  Ugatures  qui  s'élancent  irrégulièrement 
par-dessus  la  ligne  de  l'écriture  (fig.  26), 

ïjgafnre>^.  Le  tracé  de  IVeriture  an  moyen  du  ralamc. 


sur  le  papyrut5  (m  le  parchemin,  permettait  de  donn<'r  au\ 
traits  une  continuité  qui  ne  pouvait  pas  être  atteinte,  sur 
la  pierre  et  sur  la  cire,  avec  un  instrument  dépourvu  d'un 
bec  àpointe  double.  C'est  pourquoi  les  ligatures  des  lettres 
sont  très  nombi'euses  dans  la  cursive  des  chartes  et  eu 
forment  la  véritable  caractéristique. 

Dans  les  rescrits,  les  ligatures  ne  sont  pas  compliquées 
et  se  font  toujours  par  les  sommets  des  lettres,  dont  la 
position  et  l'aspect  normal  ne  sont  jamais  modifiés,  par 
exemple  pour  PO  (fig.  25,  1.  i,  au  moi  portionon),  PS 
(même  ligne,  au  mot  //;,s/).  TO  (L  2),  TA  (l.  5,  jncnio- 
rata),  Tl  (l.  5),  etc.  Dans  les  chartes  de  Ravenne,  le  prin- 
cipal caractère  des  ligatures  est  de  faire  perdre  souvent 
presque  complètement  aux  lettres  leurs  formes  originaires, 
par  suite  des  changements  de  position  auxquels  les  traits 
des  lettres  sont  soumis  pour  faciliter  la  rapidité  du  trac*'. 
Les  ligatures  les  plus  remarquables  sont  celles  de  ET  et 
TE  (fig.  26,  1.  2,  dans  le  mot  civitatc).  et  TT  (fig.  26. 
1.  I,  premier  //  de  nolUia),  dans  lesquelles  le  T  est  com 
plètement  retounK»,  sa  ligne  de  tète  au  sommet  servant 
de  base  à  sa  haste.  On  sait  que  la  ligature  l-T,  tout  à  faii 
avec  la  forme  qu'elle  a  dans  la  cursive  antique  {&),  s'est 
conservée  et  est  encore  d'un  usage  fi'é([uent  comme  carac- 
tère typographique:  les  deux  panses  du  8  sont  TE,  la  ligne 
oblique  d'en  bas  est  la  barre  du  T  retourné,  et  l'autre 
ligne  montante  est  la  haste  même  du  T.  Les  ligatures  AC 
(fig.  26,  1.  1,  dans  accepit)  et  AT  (l.   1,  dans  Gratia- 
nus) sont  fondées  sur  le  même  principe  du  renversement 
de  la  seconde  des  deux  lettres  qui  composent  chacune  de 
ces  ligatures.  Dans  les  ligatures  otila  lettre  T  conserve  sa 
position  verticale,  la  barre  du  T  se  prolonge  et  se  confond 
avec  la  lettre  qui  le  suit,  comme  dansTI,  en  certains  cas 
(fig.  26,  1.  1,  deuxième // de  no^zi/a,  et  dans  G?'rtfw?zM,v, 
et  Y  2,  dans  rustica)  et  TR  (L  2,  dans  le  mot  intra). 
Il  en  est  de  même  pour  la  traverse  ou  barre  médiane  de 
I'E,  dans  les  ligatures  EM  (fig.  26,  L  4,  dans   Item), 
L\  (L  2.  dans  nnvcona).  EP  (L    I.  dans  urcepit).  ES 


—  8o:i  — 


PALKOGHAPHn: 


(1.  i,  dans  les  mots  ^^it^^^  suid),  etc.  Comme  la  -.'paration 
des  mots  dans  les  textes  n'existe  pas  encore  à  l'époque  de 
l'écriture  des  chartes  de  Ravenne,  les  ligatures  se  font 
aussi  bien  d'un  mot  à  un  autre,  que  dans  l'intérieur  du 
Tnéme  mot,  comme  on  peut  le  voir  par  le  dernier  exemple 
qui  vient  d'être  cité,  ainsi  qu'aux  mots  accepit  supra- 
scriptus  (fig.  ^26,  1.  i),sunt  inira(\.  ^)elprœdla  nis- 
ticci  (1.  2),  qui  présentent  les  ligatures  de  T  à  S,  de  T 
à  l  et  de  A  à  R  entre  ces  différents  mots.  Les  ligatures 
de  la  cursive  antique  sont  surtout  nombreuses  k  l'époque 
la  plus  ancienne  de  cette  écriture.  Elles  y  ont  toujours  sub- 
sisté, en  plus  ou  moins  grand  nombre,  dans  les  modifi- 
cations qu'elle  a  reçues  aux  siècles  suivants. 

Certaines  lettres  se  prêtent  mieux  que  d'autres  à  for- 
mer des  ligatures.  On  verra  dans  le  petit  tableau  suivant, 
(jui  a  pour  base  les  ligatures  des  chartes  de  Ravenne, 
(îlassées  dans  l'ordre  alphabétique  de  leurs  éléments  cons- 
titutifs, que  ce  sont  les  ligatures  avec  les  lettres  E,  F{, 
S  et  T  qui  prédominent  de  beaucoup.  Certaines  lettres  ne 
donnent  jamais  lieu  à  des  ligatures  d'un  usage  ordinaire. 
Ees  ligatures  les  plus  communes  sont  indiquées  en  carac- 
tères gras  ;  ce  sont  également  celles  qui  se  sont  conser- 
vées le  plus  tard  et  qui  ont  même  passé  dans  d'autres 
écritures,  comme  on  le  verra  plus  loin  à  l'éturle  de  l'écri- 
ture minuscule  et  de  l'écriture  gothique. 

Voyelles 
A.  ae;    -  ac,  ad,  ag,  am,  an,  ar,  at. 

E.  ea,  ei,  eo,  eu;  —  ec,  ed,  ef,  eg.  el.  em,  en,  ep, 

er,  es,  et,  ex. 
0.  of,  oh.  on,  or,  os,  ot. 
r.  ue. 

(Consonnes 

C.  ce,  ci.  co:   -  ce,  cl,  cr,  et. 

[).  de,  di;— dr. 

F.  fa,  ti.  fu  ;  —  ff,  11. 

G.  ga,  ge,  gi,  go.  gu  ;  —  gn.  gr. 
L.  le.  li. 

M.  ma,  mi,  mo. 

N.  ne,  nt. 

Q.  qu. 

R.  ra,  re,  ri,  rOj,  ru  ; —  rf,  rr,  rs,  rt. 

S.  se,  so,  su  ;  —  se,  sp,  ss,  st. 

T.  ta.  te.  ti,  to,  tu;  —  tp,  tr,  ts,  tt. 

Ligatures  mi  ltiples 

\^  avec  Irais  lettres: 

Aes,  aen,  ari,  ati,  ato. 

Eri,  est,  ers,  ets. 

Cto.  —  Ges.  —  Leg.  —  Que.  —  Res.  —  lep,  ues. 

Sci.  SCO,  sen.ste.  sti. 

Tra,  ter.  tes. 

"l"^  avec  quatre  lettres  : 
Ettr,  gest,  lect,  reci,  scri,  tate,  test. 

La  principale  caractéristique  à  tirer  des  signes  auxi- 
liaires, pour  la  cursive  romaine,  est  l'indistinction  des 
mots,  comme  dans  les  écritures  précédentes,  avec,  en 
plus,  les  ligatures  des  lettres  d'un  mot  à  un  autre,  et 
l'absence  complète  de  toute  ponctuation.  Les  abréviations 
sont  rares,  ne  consistant  que  dans  les  abréviations  les  plus 
simples  connues  de  l'antiquité  (V.  ABRÉvL\TroNs)  ou  des 
sigles,  simples  ou  composés,  tels  que  sstus  pour  su- 
prasciptus  (Y.  fig.  26,  1.  1). 

La  cursive  romaine  a  été  d'un  emploi  très  général 
jusqu'au  vu®  siècle  et  s'est  conservée  ensuite  plus  ou 
moins  longtemps  suivant  les  différents  pays.  Quoique 
l'usage  des  tablettes  de  cire  ait  subsisté  dans  toute  l'Eu- 
rope pendant  le  moyen  âge  (V.  Cire  [Tablettes  de]),  il 
n'a  pas  entraîné  avec  lui  la  conservation  de  l'écriture  qui 
était  usitée  dans  l'antiquité  pour  ce  genre  de  documents. 
Dans  les  chartes,  la  cursive  romaine  proprement  dite  a 


subi  des  modifications  suivant  chacun  des  pays  où  se  sont 
développées  les  écritures  nationales  et  a  produit  les  dif- 
rentes  variétés  d'écriture  cursive  mérovingienne,  lombar- 
dique,  visigothique,  etc.  C'est  dans  la  Grande-Rretagne 
que  la  cursive  a  cessé  le  plus  tôt  (vii^  siècle),  puis  en 
France  (viii'^  s.).  Elle  s'est  conservée  beaucoup  plus  tard 
en  Espagne  (xi^  s.).  Enfin,  dans  son  pays  d'origine, 
l'Italie,  elle  a  subsisté  encore  plus  longtemps,  sous  les 
trois  formes  principales  qu'elle  a  prises  dans  l'écriture 
lombardique,  l'écriture  de  la  chancellerie  des  pages  et 
l'écriture  des  notaires  de  l'Italie  méridionale,  qui  Font 
conservée  jus(|u'au  milieu  du  xni^  siècle,  en  n'y  intro- 
duisant que  quelques  simplifications  dans  le  système  des 
ligatures,  dont  ils  ont  réduit  gi'aduellement  le  nombre, 
mais  en  conservant  jusqu'à  l;i  fin  les  ligatures  em,  er.es, 
et,  st,  re,  ri.  te,  ti. 

Manuscrits  et  documents  célèbres  en  cursive  romaine. 
—  On  a  vu  qu'aux  manuscrits  pi^oprement  dits  il  faut 
joindre,  pour  l'écriture  cursive  romaine,  deux  autres  caté- 
gories de  documents,  les  tablettes  de  cire  et  les  inscrip- 
tions. Lapins  ancienne  des  tablettes  de  cire  jusqu'à  présent 
découverte  à  Pompéi  est  une  quittance  portant  une  date 
qui  correspond  à  l'année  55  après  J.-C.  Sur  ces  tablettes 
de  cire,  qui  sont  des  comptes  de  banquier,  on  a  non  seu- 
lement l'écriture  cursive  antique  tracée  au  stylet,  mais 
aussi  des  spécimens  de  la  cursive  tracée  à  l'encre  et  au 
pinceau  sur  le  bois,  dans  les  endossements  et  les  listes  de 
noms  de  témoins  qu'elles  portent  inscrits  sur  leurs  revers 
extérieurs.  Les  chartes  comprennent  les  rescrits,  dont 
l'écriture  a  été  étudiée  ci-dessus  (V.  Rescrit).  On  a 
découvert,  également  dans  la  Haute  Egygte,  comme  les 
rescrits,  un  rouleau  de  papyrus  dont  le  texte  est  un  di- 
plôme mihtaire  romain,  écrit  par  exception  sur  une  autre 
matière  que  le  métal,  et  qui  offre  le  même  genre  d'écri- 
ture que  les  rescrits,  avec  des  proportions  moins  régu- 
lières {Pal.  soc,  2^sér.,  t.  II,  pi.  165),  ainsi  qu'une 
vente  d'esclaves  sur  papyrus,  de  l'année  166  après  J.-C, 
où  l'on  retrouve  les  formes  caractéristiques  de  FA  et  de  FR 
(Pal.  soc,  2®  sér.,  t.  Il,  pi.  490).  Le  second  groupe  de 
documents  est  connu  sous  le  nom  de  Cliartes  de  Ravenne. 
Ces  chartes  doivent  leur  dénomination  au  lieu  d'origine  des 
plus  importantes  d'entre  elles,  la  ville  de  Ravenne,  qui  était, 
au  v^  et  au  vi^  siècle,  un  des  centres  de  l'administration  im- 
périale (V.  Exarchat  de  Ravenne).  Elles  sont  toutes  sur 
papyrus,  et  leur  écriture  est  restée  indéchiffrable  jusqu'à 
nos  jours.  La  plus  célèbre  des  chartes  de  Ravenne  a  passé 
longtemps  pour  le  testament  même  de  Jules  César  :  elle 
portait,  en  tête  du  document,  deux  lignes  en  caractères 
cursifs  romains  assez  bien  contrefaits  (à  l'exception  de 
quelques  E,  T  et  V  et  de  quelques  ligatures  incorrectes) 
qui  donnent  pompeusement  à  F  acte  ce  titre  fallacieux. 
Cette  falsification  est  probablement  l'ouvrage  d'un  très 
habile  faussaire,  Hamon,  qui  fut  maître  d'écriture  de 
Charles  IX  et  finit  par  être  pendu  en  1569.  Cette  charte 
était  encore  à  Ravenne  au  commencement  du  xv^  siècle, 
comme  nous  l'apprend  un  érudit  italien  de  cette  époque. 
Pou  tins  Virunius  ;  elle  passa  en  France,  probablement  au 
moment  de  la  prise  de  Ravenne  parles  Français,  en  1512, 
et  fut  placée  à  la  bibliothèque  royale,  alors  à  Fontaine- 
bleau. Au  XVII®  siècle,  un  bénédictin  lui-même,  Mabillon, 
se  laissa  d'abord  tromper  par  l'inscription  du  faussaire, 
et  ce  n'est  qu'en  étudiant  le  contexte  qu'il  découvrit  la 
supercherie.  Cette  charte  est  un  simple  règlement  de 
comptes,  que  l'on  trouve  souvent  mentionné,  dans  les 
ouvrages  de  diplomatique,  sous  le  nom  de  ctiartaplena- 
riœ  securitatis,  qui  lui  est  donné  dans  un  passage  du 
texte  même  du  document,  dès  la  seconde  ligne.  Une  autre 
charte  très  importante,  ayant  la  même  provenance  et  qui 
se  trouve  aussi  à  la  Bibliothèque  nationale,  est  un  acte 
officiel  d'ouverture  de  plusieurs  testaments  de  négociants  de 
Ravenne,  teinturiers,  marchands  desoiriesou  d'étoffes,  etc. , 
fait  en  552.  Le  plus  ancien  des  testaments  que  ren- 
ferme cette  charte,  qui  est  un  rouleau  de    5"^, 90  de 


PALÉOGKAPflIE  -    85i 

longueur  sur  0'^,30  de  hauteur,  et  qui  devait  même  être 
originairement  un  peu  plus  long,  remonte  à  Tannée  474. 
Au  milieu  du  xviii^  siècle,  cette  charte  se  trouvait  en  la 
possession  d'un  orfèvre  de  Paris  nommé  Galle  et  fut 
donnée  par  sa  famdle  à  la  Bibliothèque  royale  dont  l'ad- 
ministration fit  faire  un  fac-similé  du  roaleau,  sur  sept 
planches  de  cuivre,  pour  servir  à  une  édition  qui  ne  put 
être  publiée.  Ces  planches  gravées  furent  retrouvées, 
après  la  liévolution,  à  la  chalcographie  du  Louvre,  par 
ChampoUion-Figeac,  qui  s'en  servit  pour  une  édition  litho- 
graphique de  ces  papyrus  {Chartes  et  manuscrits  sur 
papyrus  de  la  Bibliothè^iiie  royale,  4840,  in-fol.). 
Un  assez  grand  nombre  de  chartes  et  surtout  de  fragments 
se  rencontrent  dans  différentes  l)ibliothèques  et  dans  les 
collections  particulières  (V.  Pal.  soc,  2®  sér.,  t.  I, 
pi.  o4-o3  :  donation  à  l'église  de  llavenne  du  commen- 
cement du  va®  siècle;  A7ic.  charters  Brit.  Mus.,  1878, 
t.  IV;  Archivio  pal.  ital.,  t.  I,  pi.  4-5,  etc.).  Une  des 
pièces  les  plus  curieuses  est  une  charte  émanée  du  roi  des 
Hérules,  Odoacre,  remontant  par  conséquent  jusque  vers 
l'année  476,  et  dont  la  suscription  est  ainsi  conçue  :  Vi7v 
inl.  ac  magnif.  fralri  Pierio,  Odovacar  rex  (Marini, 
Pap.  dipL,  n^  82  et  pi.  6).  On  a  considéré  comme  la  plus 
ancienne  des  chartes  de  Ravenne  un  document  de  l'an- 
née 444,  relatif  à]une  restitution  de  biens  ordonnée  par  un 
tribun  de  l'administration  impériale,  mais  des  décou- 
vertes récentes,  faites  en  Egypte,  ont  fait  connaître  des 
papyrus  latins  qui  remonteraient  à  la  fin  du  i\^  siècle  de 
l'ère  chrétienne,  mais  (|ui  n'ont  pas  encore  été  étudiés 
(Biblioth.  de  Vienne). 

L'application  de  l'écriture  cursive  romaine  aux  manus- 
crits fut  relativement  rare.  On  en  vit  d'abord  apparaître 
l'usage,  comme  pour  l'onciale  penchée  et  la  minuscule 
primitive  (V.  ci-dessus)  dans  les  annotations  marginales 
de  certains  manuscrits,  comme  les  textes  bibhques  et 
Ihéologiques  ou  des  ouvrages  des  Pères  de  l'Eglise,  par 
exemple  dans  les  manuscrits  de  saint  Jérôme  (V.  Fac- 
similés  de  l'Ecole  des  chartes,  pi.  452).  Les  recueils  ju- 
ridiques ou  do  nature  analogue  en  firent  d'abord  un 
emploi  plus  étendu,  comme  un  manuscrit  des  canons  des 
conciles  du  vi®  siècle  (V.  Delisle.  Cah.  des  inss.  de  la 
Biblioth.  nation.,  pi.  2,  3  et  4,  et  de  Bastard,  Peint, 
et  orn.  de  mss.,  pi.  7).  Le  plus  beau  spécimen  de  la 
cursive  dans  un  manuscrit  est  fourni  par  le  manuscrit  des 
homélies  de  saint  Avit,  évèque  de  Vienne  en  Dauphiné, 
du  VI®  siècle  (Biblioth.  nation.),  dont  les  fac-similés  se 
trouvent  dans  la  Pal.  iiniv.,  dans  la  Pal.  soc,  etc.  Les 
homélies  de  saint  Maxime,  évoque  de  Turin,  se  trouvent 
également  dans  un  manuscrit  en  cursive  romaine,  du 
vil®  siècle  (Bi!)lioth.  Ambrosienne  de  Milan),  ainsi  qu'une 
traduction  latine  de  l'historien  Josèphe  (même  bibliothèque). 
Dans  la  Gaule  du  Nord,  la  cursive  romaine  a  produit  une 
variété  spéciale  dans  la  minuscule  mérovingienne. 

EcRiTLUiEs  NAïioxALEs.  —  Ou  désiguc  SOUS  ce  nom  di- 
verses écritures  minuscules  ou  cursives  employées  en  France, 
en  Italie,  en  Espagne,  en  Angleterre  et  en  Irlande  du 
VII®  au  XII®  siècle,  auxquelles  on  a  donné  ce  nom  parce 
qu'on  les  a  considérées  longtemps  comme  des  produits  na- 
tionaux des  différents  peuples  barbares  qui  se  sont  établis 
dans  l'occident  de  l'Europe.  On  sait  aujourd'hui  qu'il 
n'en  est  rien  ;  toutefois,  on  peut  continuer  à  se  servir  de 
cette  dénomination  puisque,  sans  contredit,  ces  diverses 
écritures  se  sont  établies  sur  une  base  commune  chez  les 
différents  peuples  dont  elles  portent  les  noms.  Cette  base, 
c'est  l'ancienne  cursive  romaine  combinée  avec  des  élé- 
ments empruntés  à  l'onciale. 

Lorsque  après  la  constitution  des  divers  royaumes  bar- 
bares eut  lieu  une  sorte  de  première  renaissance  scienti- 
fique, on  renonça  à  l'emploi  peu  commode  de  la  capitale 
ou  de  la  grande  cursive  pour  simplilier  et  perfectionner 
cette  dernière. 

_  Ecriture  lombarde.  Cette  écriture,  formée  de  la  cur- 
sive dégénérée  et  employée  en  Italie  depuis  le  vit®  siècle, 


n'a  des  caractères  bien  tranchés  qu'à  partir  du  ix®  siècle, 
ou  elle  se  développa  surtout  dans  les  monastères  bénédic- 
tins du  Mont-Cassin  ou  de  la  Cava  ;  elle  y  atteignit  son 
apogée  au  xi®  siècle  sous  l'abbé  Didier  du  Mont-Cassin  où 
se  forma  une  école  de  copistes  qui  produisirent  des  manus- 

nc{  î^  Lccttur  nef 
crpScco^n^ln 

Cxcr  nfvn  f%T:«m 

l'iu-  27    — -  Kc.rituro  loiiibacclo   — Lcclionnai!  o   Mariu>^crii 
è.'M^it  au  ?>In]it-Cassiii  eiitro  105S  .  ;  1"^: 

Nos  et  lavit  nos 
a  peccatis  nostris  in 
sanguine  suo  !  et  fe- 
(;it  nostrum  regnum 
sacerdotes  Deo  et... 

crits  richement  ornés  d'initiales  ou  de  peintures.  On  en 
peut  voir  de  nombreux  et  superbes  spécimens  dans  la  Bi- 
bliotheca  Casinensis  et  dans  la  Paleogra/ia  artistica 
di  Monte-Cassino.  Cette  écriture  devint  de  plus  en  plus 
anguleuse  et  prit  l'aspect  d'une  sorte  de  grille,  d'une  lec- 
ture souvent  difficile  ;  c'est  ce  qu'on  appelle  la  lombarde 
brisée.  Elle  fut  surtout  employée  dans  les  principautés 
du  S.  de  l'Italie.  Néanmoins,  elle  ne  fut  pas  inconnue 
dans  le  Nord,  et  fut  même  employée  en  France,  probable- 
ment par  des  copistes  venus  d'Italie.  Une  variété  de 
l'écriture  lombarde  a  été  usitée  dans  les  bulles  ponti- 
ficales, et  y  est  devenue  l'écriture  particulière  de  la  chancel- 
lerie romaine  oii  elle  est  restée  en  usage  jusqu'au  com- 
mencement du  XII®  siècle,  époque  où  elle  fut  remplacée 
par  une  minuscule  romane  élégante  et  claire  d'origine 
française.  Dans  le  S.  de  l'Itahe,  l'écriture  lombarde  de- 
meura plus  longtemps  en  usage  et  s'y  altéra  au  point  de 
devenir  à  peu  près  illisible.  En  4234,  Frédéric  II  en  avait 
décidé  le  remplacement  par  la  minuscule  française,  dans 
le  royaume  de  Naples  ;  néanmoins,  on  en  trouve  encore 
des  vestiges  dans  les  chartes  et  surtout  dans  les  manus- 
crits jusqu'à  l'extrême  fin  du  xiii®  siècle. 

Ecriture  visiyothique.  Le  développement  de  la  cur- 
sive latine  en  Espagne  est  très  analogue  à  celui  qu'elle 
eut  en  Italie,  mais  l'écriture  espagnole  se  distingue  cepen- 
dant de  la  lombarde  par  de  notables  particularités.  On 
trouve  cette  écriture  caractérisée  dès  le  viii®  siècle.  La 
célébrité  de  l'école  calligraphique  de  Tolède  lui  a  fait 
donner  le  nom  de  littera  loletana.  Un  autre  centre  de 
développement  important  fut  la  célèbre  abbaye  de  Silos  ; 
on  l'employa  même  en  France,  par  exemple  dans  le  mo- 
nastère de  Gellone.  Au  xii®  siècle,  l'écriture  castillane  se 
distingue  de  Eécriture  andalouse.  En  outre,  du  viii®  au 
XI®  siècle  s'est  développée  une  écriture,  laide,  pointue, 
difficilement  lisible,  employée  surtout  dans  les  chartes,  à 
laquelle  on  peut  donner  le  nom  de  cursive  visigothique. 
A  en  croire  Rodrigue  de  Tolède,  un  concile  tenu  à  Léon 
vers  4080  et  présidé  par  un  légat  du  pape,  aurait  ordonné 
à  tous  les  scribes  d'abandonner  l'écriture  visigothique  pour 
y  substituer  Eécriture  française.  Néanmoins,  l'ancienne 


8^^» 


PAF.EUGKAPHIi: 


t^criture  ne  disparut  pas  immédiatement;  abandomiée  en 
Catalogne  dès  le  x^  siècle,  elle  se  maintint  dans  les  autres 
parties  de  FEspagne  pendant  tout  le  xii®  sièrle  et  on  en 
trouve  encore  des 
traces  en  Galice  à 
la  fm  du  xiii^. 

Ecrilure  méro- 
vingienne. Cestlsi 
transformation  de 
l'ancienne  cursive 
romaine  telle  qu'on 
la  rencontre  sur- 
tout dans  les  di- 
plômes des  rois 
francs  de  la  dynas- 
tie mérovingienne. 
Elle  présente  des 
formes  surchargées 
de  traits  parasites, 
et  des  caractères 
très  serrés,  ce  qui 
la  rend  difficile  à 
déchiffrer.  Elle  con- 
tinuait à  être  en  usage  dans  les  diplômes  de  Charlemagne, 
lors([iie  la  réforme  de  l'écriture,  qui  eut  lieu  sous  son  règne 
et  par  son  influence,  vint  brusquement  en  interrompre  le 


njM.  "pWiaum  aeuiuatf  afr^uiUa.  aaa<A  . 


Fia-,  28. 


E(;ritLirc  visigothiquo.  —  ('nrtulairo  tla  Saliai^i 

INCIPIVNT  CAPITVEA  LIBRI  SECVNDl 


^ 


t  Placitum  de  postura  de  Villa  Adda 
Il  Carta  de  Martin  Petriz  in  Villa  Adda 


^  lll  Placitum  do  Vineas  de  Villa  Adda 


développement.  L'écriture  mérovingienne  n'a  pas  été  em- 
ployée seulement  dans  les  chartes,  mais  quelquefois  aussi 
dans  les  manuscrits  :  il  suffira  de  citer  comme  exemple 

ie  Grégoire  de 
Tours  de  Paris  (ms. 
lat.  47655). 

Ecriture  irlan- 
daise. Cette  écri- 
ture et  la  suivante 
se  distinguent  des 
précédentes,  parce 
qu'elles  ont  été  for- 
mées, sans  subir 
l'influence  de  la 
cursive,  d'éléments 
empruntés  à  l'on- 
ciale  et  à  la  semi- 
onciale.  Les  Irlan- 
dais (Scotti,  d'où 
knom  lit  teraScot- 
lica  donné  à  leur 
écriture)  ont  em- 
ployé depuis  le 
vi^  siècle  trois  sortes  d'écriture  :  1"  une  écriture  onciale  ; 
2^  une  semi-onciale,  grosse,  ronde,  de  forme  calligra- 
phique achevée  ;  3"  une  petite  écriture  pointue,  qu'on  peut 


illO 


^Wj^  0X4^4^- 


^Cé^ 


! 'iu-.  29. 


-  Cursive  mérovingienne.  —  Manuscrit  do  Grégoire  de  Tours,  dit  de  Corbie  (vu*  siècle), 
XXX       pHLODOVECHUS  VEHO,   CniLPERICI  FILIUS  UE  ToRONICO 


m       Uejectus  Burdigala  abiit.  Denique  cum  apud 
Burdegalensim  civitatem  nullum  prorsus  inquie- 
tantem  resediret  Sigulfus  quidam  a  parte 
Sygiberti  se  super  eum  ohjecit.  Quem  fugiente 
cum  tubis  et  bucinis  (piasi  labentem  cervum... 


appeler  cursive,  mais  sans  rapport  aucun  avec  la  cur- 
sive romaine.  Celle-ci  s'est  maintenue   plus  longtemps 


peac^M«ripsuTn  uoup 
cenDamuucDecRtice— 

THUSa    QDUpdTClUCÏIJO 

bcRô-euîn  siuutadjTocr 

Viix.  HO.  —  Onciale  irlandaise.  —  Evangéliairo  de  Kells. 
(vil'  siècle). 

fecit.  Se  ipsum  non  p[otest  sal-] 
vum  facere  si  rex  Israh[el  est  des] 
cendat  nunc  de  cruce  [et  crede] 
mus  ei.  Confidit  in  Domino  [et  nunc  li  | 
béret  eum  si  vult  dixit. 

que  les  deux  premières  et  demeura  longtemps  en  usage 
pour  écrire  la  langue  irlandaise.  L'Irlande  fut  le  pays 


privilégié  de  la  caUigraphie.  Pour  les  souscriptions,  les 
titres  et  le  début  des  chapitres  dans  les  manuscrits,  les 
copistes  ont  employé  des  majuscules  particulières,  ca- 
ractérisées par  des  point»  -  qui  remplacent  partout  les 
formes  arrondies  ;  ils  ont  affectionné  les  initiales  et  les 
ornementations  peintes  caractérisées  par  des  entrelacs 
et  des  spirales  formés  d'étroites  bandelettes  de  couleur. 
Les  moines  irlandais,  on  le  sait,  se  sont  répandus  dans 
toute  la  chrétienté,  y  ont  apporté  leurs  livres  et  en  ont 
écrit  de  nouveaux.  En  Erance  Luxeuil,  en  Italie  Bobbio. 
en  Allemagne  Wurzbourg  ont  été  des  foyers  de  propaga- 
tion de  l'écriture  irlandaise. 

Ecriture  anglo-saxonne.  Les  Anglo-Saxons,  disciples 
des  missionnaires  romains  et  des  moines  irlandais,  ont  subi 
la  double  influence  des  deux  principales  écoles  d'écriture 
de  l'Occident.  Aussi  leurs  manuscrits  présentent-ils  des 
variétés  qui  les  rapprochent  de  ces  deux  écritures.  Aux 
Irlandais  ils  ont  emprunté  surtout  le  mode  d'ornementa- 
tion de  leurs  initiales.  En  grand  nombre  de  manuscrits 
richement  décorés  en  onciale  et  en  belle  semi-onciale  sont 
sortis  des  atehers  anglo-saxons.  Ils  diffèrent  surtout  des 
manuscrits  irlandais  en  ce  que  l'écriture  y  est  plus  ar- 
rondie, et  a  une  tendance  à  devenir  minuscule.  L'écriture 
anglo-saxonne  ne  survécut  pas  à  la  conquête  normande  ; 
mais  les  moines  anglo-saxons  appelés  sur  le  continent  par 
Charlemagne  avaient  contribué  à  une  profonde  réforme  de 
l'écriture  franque  et  créé  la  minuscule  Caroline  qui  devait. 


PALÉOGl'.APHIK 


K^r^ 


sous  le  nom  d'écriture  française,  se  propager  dans  loute  la 
chrétienté  et  y  remplacer  toutes  les  anciennes  écritures. 

quôîiiocm  ipsi 
?#   cousotobuiKur— 

jE>^     frv.^jf-  Î?i3>r»      J/v^^      \^yyic^^iAy 

:fT|eaii  quiesurauiKT 
GLSiciaiitn.uforaain 

ri;4.  ^1.  —  Semi-oiicial(^  anglo-saxonne.  —  Evangéliaire  de 
Lindisfarne  ix\ec.  gloses  anglo-saxonnes  (v.  l'an  700\ 

eadge  bidon  da  de  gemnenas 

Beati  qui  lugunt 

l'or  (loii  da 

tjuoniam  ipsi 

gefro«;rred  bidon 

consolabuntur. 

endge  bidon  da  île  h\nc^'i';ul 

Beati  qui  esuriunt 

a.nd  dsrstas  sodf.esdii^se 

et  sitiuntjustitiaui 

Minuscule  carolingienne.  —  La  réforme  de  récri- 
ture qui  signala  le  règne  de  Charlemagne  eut  son  berceau 
en  Touraine  et  notamment  dans  T abbaye  de  Saint-Mar- 
tin ;  elle  se  produisit  sous  l'influence  des  moines,  appelés 
par  le  souverain  de  la  Grande-Bretagne,  et  eut  pour  con- 
séquence la  création  d'une  nouvelle  espèce  d'écriture,  la 

VfCtf^f^X*    C^tZxM.rcreptf\UypJk:K:x44*Jt^Ch^i 

l'iu-.  o2.  —  Minuseide  Caroline.  —  Catnloono  (]o  pfi^^o^. 
écril  en  790 

Anastasius  natione  romanus  ex  pa- 
ire xMaximo  sedit  annos  111,  dies  X.  Hic 
constituit  quotienscumque  evangelia 
recitantur  sacerdotes  non  sederent. 
Hic  fecit  ordinationes  II  presbyteros  V.  diaconos  V,  ej)is(opos 
per  loca  XI.  Se  sepultus  est  ad  urso  pilato, 
V  Kalendas  maii.  Cessavil  episcopatus  dies  XXI. 

minuscule  carolingienne  ou  Caroline.  Dès  l'époque  méro- 
vingienne s'était  bien  créée,  pour  l'usage  ordinaire,  une 
sorte  de  minuscule  dérivée  de  la  cursive,  mais  son  déve- 
loppement fut  alors  interrompu,  et  c'est  de  l'onciale  que 
dérive  la  minuscule  Caroline.  Cette  écriture  est  la  forme 
dont  procède  la  minuscule  postérieure,  régulière  et  droite 
qui  s'est  développée  depuis.  D'autres  écoles,  à  Reims,  à 
Saint-Denis,  à  Sens,  à  Metz,  à  Corbie,  pour  ne  parler 
que  de  la  France,  rivalisèrent  alors  avec  l'école  de  Tours 
pour  copier  de  beaux  manuscrits  en  minuscule.  L'écri- 
ture des  chartes,  restée  mérovingienne  pendant  tout  le 


règne  de  Charlemagne,  n'a  subi  la  réforme  qu'à  partir 
du  règne  de  Lous  le  Pieux,. 

MLXf'ScrLE  ROMANE.  —  Comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
l'écriture  franque  n'a  pas  cessé  de  prendre  une  influence 
toujours  plus  grande  et  finit  par  arrivera  une  domination 
exclusive.  Jusqu'au  xn^  siècle,  elle  ne  cessa  pas  d'acquérii' 
s.ins  cesse  plus  de  régularité  :  chaque  lettre  y  a  sa  forme 
déterminée,  demeure  indépendante  des  autres,  a  les  traita 
(h^oits,  dessinés  nettement;  les  abréviations  ne  sont  em- 
ployées qu'avec  mesure  et  la  ponctuation  est  mise  avec 
soin.  Xaturellement  ce  développement  de  la  minuscule  ne 

fwffup&i'  vncubarabi  tMiôc 
afcûcemfbt^mU'immnmi 

Fig.  33.  —  Minuscule  romane.  —  Manuscrit  autogra[)[ie 
du  moino  Iloljaud  (vers  1042), 

bat.  Nam  quodam  tempore  adves- 
perascente  hora  diei  cena  cum 
suis  sumpta,  incumbentibus  jam  ruu— 
tis  tenebris  dum  ad  complenda 
et  que  sunt  Deo  reddenda  cogi- 
taret  ad  domum  Dei  de  more 
f)rocessit.  preeuntibus  ante  se  cleri- 
ris  cum  ceroferariis  non  minimi 
ponderis  :  (fuibus  positis  signifficnvit  | 

fut  pas  partout  uniforme  ;  on  pejt  constater  des  diver- 
gences locales,  mais,  chose  curieuse,  ces  divergences  ont 
été,  somme  toute,  de  peu  d'importance,  et  le  développe- 
ment a  suivi  une  marche  commune  même  dans  les  contrées 
les  plus  éloignées  les  unes  des  autres,  en  sorte  qu'il  est 
possible  à  un  paléographe  exercé  d'arriver  à  dater  approxi- 
mativement une  écriture,  d'après  son  degré  de  développe- 
ment, quel  qu'en  soit  la  provenance.  Il  faut  seulement  ob- 
server qu'en  général  l'Ouest  a  été  en  avance  d'environ  un 
demi-siècle  sur  le  niveau  moyen,  tandis  que  les  pays  orien- 
taux de  la  chrétienté  ont  retardé  d'autant.  Dès  le  xi®  siècle 
il  s'y  rencontre  quelques  éléments  cursifs. 

Ecritures  gothiques.  Vers  la  fin  du  xii^'  siècle  on  com- 
mence à  remarquer  aux  extrémités  des  lettres  qui,  dans  la 
minuscule  romane,  se  terminent  carrément,  des  traits  qui 
se  forment  des  angles.  Cela  ne  tarde  pas  à  donner  un  nou- 
vel aspect  à  l'écriture  et  particulièrement  à  amener  la  con- 
fusion de  ]a  lettre  n  avec  la  lettre  u.  On  écrit  davantage, 
plus  vite,  et  conséquemment  avec  plus  de  négligence  ;  on 
multiplie  jusqu'à  l'abus  les  abréviations;  partout  se  pro- 
duisirent des  diiférences  locales,  il  y  a  des  écritures  de 
Bologne,  milanaises,  arétine,  parisienne,  anglaise,  etc. 
C'est  le  commencement  de  la  décadence.  Au  xiii^  et  sur- 
tout au  xiv^  siècle,  l'écriture  prit  des  formes  toujours  plus 
anguleuses  ;  c'est  ce  qu'on  nomme  l'écriture  gothique  pai- 
analogie  avec  l'art  de  la  même  époque  auquel  on  a  con- 


85: 


PAU-OGhAPHI!; 


^\LlX)LOGli 


ventioniiellemeiit  doiiaé  ce  nom,  qui  uiinplique  bien  en- 
tendu aucune  relation  avec  les  Goths. 

Pendant  cette  période  îa  minuscule  se  fractionne  en  une 
foule  de  variétés  diverses  :  on  dislingue  la  minuscule  car- 
i'ée,  la  bâtarde,  la  brisée,  etc.,  et  l'écriture  notariale  ou 
diplomatique  spéciale  auxcharles.  Dès  lors  les  maîtres  de 
«•alligraphie  s'appliquaient  à  multiplier  les  genres  d'écri- 
ture qu'ils  baptisaient  de  toutes  sortes  de  noms  bizarres. 
La  minuscule  gothique  continua  longtemps  à  être  employée 
pour  les  manuscrits,  elle  atteignit  son  plein  développement 
dans  les  grands  manuscrits  qui  servirent  aux  offices  (go- 
thique des  livres  de  chœur)  où  l'usage  s'en  est  conservé 
jusqu'à  nos  jours;  mais  pour  la  pratique  usuelle,  on  pré- 
férait une  écriture  plus  simple,  plus  commode,  qui  ne  tar- 
dait pas  à  dégénérer  en  une  cursive  rapide,  qui  est  sou- 
vent à  peine  lisible. 

Ecritures  modernes.  Depuis  la  Renaissance,  la  cur- 
sive ne  cesse  de  devenir  toujours  de  plus  en  plus  person- 
nelle; après  s'être  surchargée  d'abréviations,  elle  tendit 
:\s'en  débarrasser  sous  l'intluence  de  l'imprimerie  ;  mais 
en  même  temps  se  créèrent  un  certain  nombre  de  nouvelles 
sortes  d'écriture  dont  il  nous  faut  en  terminant  dire  au 
moins  quelques  mots. 

Les  humanistes  du  xv*^  siècle,  en  recherchant  et  en 
copiant  les  manuscrits  des  auteurs  classiques,  eurent  l'oc- 
casion d'admirer  la  belle  minuscule  de  l'époque  caroHn- 
gienne  et  s'appliquèrent  à  l'imiter.  Celte  rénovation  ar- 
tificielle de  la  minuscule  Caroline  est  ce  qu'on  appelle 
l'écriture  humanistique.  Mlle  fut  alors  copiée  par  les  im- 
primeurs pour  remplacer  les  types  que  les  premiers  impri- 
meurs des  bords  du  Rhin  avaient  empruntés  à  l'écriture 
gothique,  et  c'est  là  l'origine  de  nos  caractères  romains 
d'imprimerie.  Vers  le  même  temps,  on  se  servait  à  la  chan- 
cellerie pontificale  d'une  minuscule  incHnée  à  droite  que 
Francesco  Griffo  de  Bologne  imita  pour  créer  de  nou- 
veaux types  pour  l'imprimerie  des  Aides,  et  c'est  là  l'ori- 
gine de  l'écriture  italique.  D'autre  part,  la  chancellerie 
pontificale  adoptait  pour  les  huiles  V.  ce  mot)  une  écri- 
ture singulière,  lourde,  écrasée,  d'aspect  archaïque,  qui, 
sous  le  nom  d'écriture  des  bulles,  est  restée  en  usage  jus- 
qu'à nos  jours.  Nous  n'avons  pas  à  parler  ici  des  écritures 
modernes  telles  que  la  néo-gothique,  la  ronde,  la  coif- 
lée,  la  bâtarde,  etc.,  qui  n'ont  pas  d'intérêt  paléogra- 
phique. A.  GiRY  et  E.-D.  Grand. 

J^IBL.  :    OuVRXGKfi   GÉNÉRAUX.    —  SvLVESTRE,     Pslêogrh- 

phie  universelle  ;  Paris,  1839-41,  i  vol.  in-fol.;  éd.  anglaise, 
fJniversal  Palœography...  with  corrections  and  notes  by 
sir  Fr.  Madden  ;  Londres,  2  vol.  in-8.,  et  atlas  in-fol.  — 
Palœographical  Society,  Fac-similés  of  mss.  and  ins- 
criptions, l'"^  série,  3  vol.  in-fol.;  Londres,  1873-83,  2«  série, 
en  cours  de  publication.  —  Nouveau  Traité  de  diploma- 
tique, par  deux  religieux  bénédictins  ;  Paris,  1750-65, 
()  vol.  in-4.  —  Kopp,  Palœographia  critica  :  Mannheim, 
1817-29,  4  vol.  in-4.  — Taylor,  The  Alphabet;  Londres, 
1883,  in-8.  —  Ph.  Berger,  Histoire  de  Vécriture  dans  Van- 
tiquité  ;  Paris,  1891,  in-8.  —Ed. -M.  Thompsox,  Handbook 
of  Greek,  and  latin  Palasography  ;  Londres,  1893,  in-8. 

Paléographie  grecque.  -—  B.  de  Moxtfaucon,  Palœ- 
graphia  Grseca;  Paris,  1708,  in-fol  —  W.  Wattexbach, 
Anleilung  zur  Griechischen  Palaeographie  ;  Leipzig.  1877, 
in-8,  2"  éd.  —  V.  Gardthauseix,  Griechische  Palseogra- 
phie;  Leipzig,  1879,  in-8.—  U.  Wilcken,  Tafeln  zur  àlteren 
(Griechische  Palaeographie:  Leipzi.qr  1891,  in-fol.  —  W. 
Wattenbach,  Schrifttafeln  zur  Geschichte  der  Grie- 
rJiischen  Schrnft;  Berlin,  1876.  in-fol.  —  Du  môme,  Scrip- 
lurfleGrœcœ  specimina  ;  Berlin,  1883,  in-8.  —  W.  Wat- 
rr.NBACH  et  A.  von  Velsen,  Exempta  codicum  Grœcorum 
titteris  minusculis  scriptorum  ;  Heidelberg,  1878,  in-fol. 
—  H.  Omont,  Fac-similés  des  manuscrits  grecs  des  xv«  et 
xvi«  siècles...  d'après  les  orig.  de  la  Bibl.  nat.;  Paris,  1887, 
in-4.  —  Du  môme,  Fac-similés  des  manuscrits  grecs  datés 
de  la  Bibl.  nat.  du  ix°  au  xii*  siècle  ;  Paris,  1890,  in-fol.  — 
Du  môme,  Fac-similés  des  plus  anciens  manuscrits  grecs 
en  onciale  et  en  minuscule  de  la  Bibl.  nat.  du  iv»  -au  xii* 
.siècle.  —  A.  Martin,  Fac-similés  des  -manuscrits  grecs 
d'Espagne,  gra,vés  d'après  les  photoqraphies  de  Charles 
Graux;  Paris,  1891,  in-8,  et  atlas.  —  T.-W.  Allen,  Notes 
on  Abbreviations  on  Greek  mss.;  Oxford,  18^9,  in-8. 

Paléographie  latine.  —  N.  de  Wailly,  Eléments  de 
paléographie;  Paris,  1838,  2  vol.  in-4.  —  W.  Wattexbach, 
Anleitung  zur  lateinischen  Palœogravhie ;  Leipzie,  1886, 
in-4,  4«  éd.  — M.  Prou,  Manuel  de  paléographie,  1^2,  in-8, 


2*^  éd.  --  VV.  Arx\ui,  Sclrrifttafeln  zar  Gebraach  bei  Vor- 
lesungen,  1876-78,  2^  éd.,  atlas.  —  W.  Wattenbach  et 
C.  ZANGEMEisTER,E:x;empla  codicunnLatinorum.  litterism.a- 
Jusci'lis  scriptorum  ;  Heidelber^-,  1676-79,  in-fol.  —  E.  Châ- 
telain, Paléographie  des  classiques  latins;  Paris,  1881  et 
années  suiv.,  in-fol.,  en  cours  de  public.  —  Album  paléo- 
graphique publié  par  la  Société  de  l'Ecole  des  chartes; 
'paris,  1887,  in-fol.  —  Recueil  de  fac-similés  k  l'usage  de 
l'Ecole  des  Chartes;  Paris,  1880  (ît  années  suiv.,  in-foL,  en 
cours  de  [)ublic.  —  Musée  des  archives  départementales  ; 
Paris.  1880.  in-fr)l,  et  atlas.  —  Th.  Sickel,  Monumenta 
graphica  ;  Vienne.  1858-82,  4  vol.  in-fol.  —  E.  Monaci_,  Fac- 
simili  di  antichi  manoscritti;  Rome,  1881-83,  in-fol.  — 
E.  MoNAci  et  C.  Paoli.  Arclnvio  paleografîco  italiano ; 
Rome,  1882-90,  2  vol.  in-fol.  —  Paleografia  artistica  di 
Monte-Cassino  ;  Mont-Cassin,  1876  et  années  suiv.,  in-4, 
en  cours  de  public.  —  J.  Alnxoz  y  Rivero,  Paleografia 
Visigoda  ;  Madrid,  1881.  in-S.  ~  P.  Ewald  et  G.  Loewe, 
Exempta  scripturœVisigoticse ;  Heidelberg,  1883,  in-fol.  — 
Fac-similés  of  Jiatlonal  mss.  of  Eiigland;  Southampton, 
1865-68.  4  vol.  in-fol.  —  Fac-similés  of  national  mss.  of 
Scolland;  Southampton,  1867-71,  3  vol.  hi-ïo\ .  — F ac-similes 
of  naXional  mss.  ofireland  ;  Dublin,  1871-81,  5  vol.  in-fol. 
—  Fac-similés  of  Anglo-Saxon  îuss.  ;  Oxford.   1892,  in-4 

PALÉOLITHIQUE  (Epoque)  (V.  Age,  t.  ï,  p.  791). 

PALÉOLOGUE.  Famille  de Taristocratie hyzantine.  Elle 
apparaît  dans  F  histoire  vers  le  milieu  du  xi^  siècle,  avec 
Nicéphore  Paléologue,  et  son  fds,  le  vaillant  Georges  Pa- 
léologue.  qui  aida  puissamment  à  l'avènement  d'Alexis 
Comnène  (1081).  Forthien  en  cour  sous  la  dynastie  nou- 
velle, décorés  des  titres  de  sébaste  et  de  pansébaste,  les 
Paléologues  jouèrent  un  grand  rôle,  comme  administrateurs 
et  comme  généraux,  surtout  sous  Manuel  Comnène,  et  ainsi 
peu  à  peu  ils  s'approchèrent  du  trône.  Alexis  épousa  la 
hlle  de  l'empereur  iVlexis  III  l'Ange  (1195-1203),  qui  le 
désigna  comme  héritier  du  trône  ;  Andronic  fut  au 
xiii^  siècle  le  gendre  de  l'empereur  Théodore  P^  Lascaris 
(1 '204-22);  un  autre  Andronic,  qui  exerça  la  charge  de 
grand  domestique,  épousa  Irène,  fille  de  cet  Alexis  précé- 
demment nommé,  et  de  ce  mariage,  qui  réunissait  deux 
hranches  de  la  famille,  naquit  Michel  Paléologue,  qui  se 
fit  en  1259  proclamer  empereur  à  Nicée,  reconquit  Cons- 
tantinople  en  1261  et  installa  pour  deux  siècles  sa  dynas- 
tie sur  le  trône  impérial.  Successivement  la  famille  des 
Paléologues  fournit  comme  souverains  :  Michel  VIÏI  (1261  - 
1282);  Andronic  11  (1282-1328),  dont  le  fils  fut  associé 
à  l'empire  sous  le  nom  de  Michel  IX  (1295-1320),  mais 
ne  régna  point  seul;  Andro^iic  III  (1328-41),  Jean  l 
(1341-76),  détrôné  par  son  fils  aîné  Andronic  17(1376- 
79),  remonté  sur  le  trône  de  1379  à  1391,  et  auquel  suc- 
céda Manuel  II,  son  second  fils  (1391-1423),  enfin  les  fils 
de  Manuel,  Jean  VIII  (1423-48)  et  Constantin  IX  (iUS- 
53).  A  côté  des  princes  qui  occupèrent  le  trône,  la  famille, 
fort  nombreuse,  des  Paléologues  fournit  des  souverains 
aux  différentes  principautés  entre  lesquelles  s'émiettait 
l'empire  finissant  :  Jean  V  confia  à  son  fils  Jhéodore  le 
despotat  de  Mistra  (1384-1407);  Manuel  II  apanagea 
également  dans  le  Péloponèse  d'abord  son  fils  Jhéodore; 
bientôt  ses  autres  fils,  Thomas,  Constantin,  Démétrius 
(14i8-60),y  furent  également  investis  de  possessions  pai- 
leur  frère  Jean  VIll,  et  le  despotat  de  Mistra  se  maintint 
jusqu'en  1460  indépendant  entre  leurs  mains.  Dès  le 
xrii®  siècle,  le  second  mariage  d'Andronic  II  avec  Irène  de 
Montferrat  avait  donné  naissance  à  une  branche  italienne 
de  la  famille,  qui  fournit  jusqu'au  xyi^- siècle  des  marquis 
de  Montferrat.  La  conquête  turque  dispersa  encore  davan- 
tage les  Paléologues  :  certains  demeurèrent  en  Orient  et  se 
firent  musulmans,  comme  cet  Emmanuel  Paléologue  (Mes- 
sih  Pacha)  qui,  en  1480,  assiégea  Rhodes  pour  Moham- 
med II;  d'autres  allèrent  à  Venise,  à  Rome,  en  France; 
par  des  mariages  ils  s'allièrent  aux  grands  princes  de  Rus- 
sie. Enfin,  dès  l'époque  byzantine,  le  nom  de  Paléologue 
passa  par  des  alliances  parmi  les  surnoms  d'autres  grandes 
familles  de  l'aristocratie  bvzantine.  Ch.  Diehl. 

PALÉOLOGUE  (Jean)  (i332-1390)(V.JEAN  V,  t.  XXI. 
p.  87) 

PALÉOLOGUE  (Jean)  (1360-1410)  (V.  Jean  Vil. 
t.  XXI,  p.  88). 


PALÉOLOGUh]  —  PALÉONTOLOGIE  —  858 

PALÉOLOGUE  (Manuel  II),  empereur  byzantin (1391 - 
1423),  né  en  1350,  et  fils  de  Tempereur  Jean  V,  il  fut 
dès  1371  associé  au  trône,  au  détriment  de  son  frère  aîné 
xVndronic.  Investi  du  gouvernement  de  Thessalonique,  il 
joua  un  rôle  considérable  aux  côtés  de  Jean  V  ;  pourtant 
il  dut,  en  i390,  accepter  de  conduire  un  contingent  à  l'ar- 
mée du  sultan  Bayézid,  et  il  était  retenu  à  la  cour  otto- 
mane de  Brousse  quand  la  mort  de  son  père  l'appela  au 
pouvoir.  Prince  distingué,  d'une  réelle  valeur  intellectuelle 
et  morale,  joignant  à  ses  qualités  chevaleresques  et  mili- 
taires une  habileté  et  une  énergie  d'homme  d'Etat,  il  mit 
toute  son  activité  à  sauver  de  la  ruine  les  débris  qui  cons- 
tituaient l'empire.  Bayé/id  venait  de  lui  arracher  Thessa- 
lonique et  déjà  menaçait  Constantinople  ;  désespéré,  Ma- 
nuel fit  appel  à  l'Occident.  La  malheureuse  croisade  de 
Nicopoli  (1396)  ruina  ses  espérances.  Sans  résistance,  Ba- 
yézid put  envahir  la  Morée,  dévaster  les  plus  riches  pro- 
vinces de  l'empire,  susciter  un  rival  à  Manuel  en  la  per- 
sonne de  son  neveuJean  Vil  (1397).  L'appui  de  Charles  VT 
de  France,  qui  envoya  à  Constantinople  le  maréchal  de 
Boucicaut,  assura  du  moins  quelque  répit  à  la  capitale  et 
permit  à  Manuel  d'entreprendre  en  Italie,  en  Angleterre, 
en  Erane  (1399-1 40î2),  un  grand  voyage  destiné  à  réta- 
blir l'union  et  e\  obtenir  du  secours.  En  réalité,  c'est  de 
l'Asie  que  le  salut  vint  à  l'empire  :  la  grande  victoire  de 
Tamerlan  à  Angora  (1402),  en  ruinant  la  puissance  des 
Turcs,  donna  à  Byzance  un  demi-siècle  de  vie.  Par  une 
habile  diplomatie,  Manuel  réussit  à  établir  un  modus  Vi- 
vendi avec  les  sultans  successeurs  de  Bayézid  ;  il  recouvra 
Thessalonique  (1  'i03),  cessa  de  payer  tribut  aux  Ottomans, 
rétablit  l'autorité  impériale  et  la  paix  dans  le  Péloponèse 
(1415)  et  rendit  quelque  tranquillité  à  l'empire.  La  mort 
de  Mohammed  I^''  (142 1)  remit  tout  en  question.  Imprudem- 
ment, Manuel  provoqua  Mourad  II,  qui  en  1422  parut  de- 
vant Constantinople  :  l'attaque  échoua,  mais  en  revanche 
le  Péloponèse  fui  dévasté  (1423)  et  Manuel  dut  signer  un 
traité  humiliant,  par  lequel  il  se  reconnaissait  tributaire. 
Peu  après  il  se  retira  au  cloître  et  y  mourut  en  1425. 
Placé  dans  des  conditions  étrangement  ditîiciles,  il  fit  tout 
ce  qui  était  humainement  possible  pour  défendre  l'empire, 
et,  en  des  temps  plus  cléments,  il  eût  joué  sans  doute  un 
rôle  éminent.  Au  milieu  de  ses  embarras,  il  trouvait  encore 
le  temps  de  se  consacrer  aux  lettres  :  Bessarion  vante  le 
feu  et  la  richesse  de  sa  parole,  et  ses  écrits  montrent  en 
effet  qu'il  fut  un  dialecticien  habile  et  un  styliste  remar- 
quable. Il  a  laissé  des  ouvrages  de  théologie,  en  particu- 
lier une  curieuse  apologie  contre  l'Islam,  fruit  des  entre- 
tiens qu'il  avait  eus  en  1390  à  la  cour  de  Bajazet,  des 
essais  de  morale  et  de  philosophie,  tels  que  le  livre  intitulé 
Ce  que  Tamerlan  put  dire  à  Bajazet  vaincu; des  dis- 
cours, et  une  série  de  lettres  fort  intéressantes,  pleines 
d'élégance  et  d'humour.  Manuel  II  est  une  des  figures  les 
plus  sympathiques  de  Byzance  finissante.      Ch,  Diehl. 

BiBL.  :  Bfjiger  de  Xivrey.  M(^moire  sur  la  vie  et  les  ou- 
vrciçjes  de  l'empereur  Miiniiel  Poléologiœ,  dans  Mcm.  de 
l'Acad.  des  Inscr..  ibod,  t.  XIX. 

PALÉOLOGUE  (Georges-Maurice),  diplomate  français, 
d'une  famille  d'origine  byzantine,  comptant  plusieurs  des 
grands  bans  de  Valachie  et  se  rattachant  à  Manuel  II,  l'un  des 
derniers  empereurs  d'Orient,  né  à  Paris  le  13  janv.  1859. 
Licencié  en  droit,  il  entra  au  cabinet  du  ministre  des 
affaires  étrangères  le  6  août  1880,  fut  envoyé  à  Tanger 
en  1882  et  nommé  troisième  secrétaire  d'ambassade  à 
Rome  en  1885  ;  en  1886,  il  revint  à  la  Direction  politique 
dans  le  service  intérieur,  qu'il  n'a  plus  quittée  depuis.  Se- 
crétaire de  deuxième  classe  en  1891,  sous-chef  de  cabi- 
net du  ministre,  puis  chef  adjoint  en  1892  et  1893,  il  a 
été  nommé  secrétaire  de  première  classe,  rédacteur  à  la 
Direction  politique  en  1894.  Esprit  délicat  et  cultivé, 
M.  Paléologue  a  fait  diverses  publications  dart  et  de  lit- 
térature. Il  a  publié  VArt  chinois  (1888),  à  la  suite  d'un' 
séjour  à  Peking,  puis,  dans  la  Collection  des  grands  écri- 
vains, Vauvenaryues  {iS90)  et  Alfred  de  Vigny  {iS9i). 


En  1895,  il  adonné  Profils  de  femmes  et  Sur  les  ruines 
(18^7),  roman  d'un  sentiment  délicat  qui  a  obtenu  un 
vif  succès  auprès  du  public  lettré;  nous  mentionnerons 
encore  quelques  articles  de  critique  et  d'histoire  dans  la 
Revue  des  Deux  Mondes  et  dans  la  Revue  de  Paris. 

PALÉONTOLOGIE.  I.  Zoologie.  —  La  paléontologie 
zoologique  ou  Paloiooloçjie  est  l'histoire  des  animaux 
éteints  dont  on  trouve  les  débris,  à  l'état  fossil-^.,  c.-à-d.  en- 
fouis dans  les  couches  géologiques  du  globe.  Au  mot  Eossile 
on  a  indiqué  les  conditions  qui  ont  permis  à  ces  débris  de 
se  conserver  jusqu'à  nos  jours  et  l'aspect  qu'ils  présen- 
tent. Il  nous  reste  à  indiquer  ici  les  rapports  que  ces 
formes  éteintes  présentent  avec  les  animaux  qui  vivent 
actuellement,  les  enseignements  que  l'on  en  peut  tirer  au 
point  de  vue  de  la  zoologie  générale  et  le  secours  que 
l'étude  des  fossiles  peut  prêter  à  la  géologie  proprement 
dite.  La  paléontologie  est  une  science  relativement  mo- 
derne :  nous  dirons  seulement  quelques  mots  de  son  his- 
toire. 

Aperçu  historique.  —  Dès  l'an  614  av.  J.-C,  le  phi- 
losophe grec  Xénophane,  fondateur  de  l'école  d'Elée,  par- 
lant des  coquilles  pétrifiées  que  l'on  trouve  loin  de  la  mer 
et  des  empreintes  de  Poissons  des  carrières  de  Sicile,  en 
conclut  que  la  mer  a  recouvert  autrefois  les  continents. 
Hérodote,  Strabon  et  d'autres  sont  du  même  avis,  mais 
les  ossements  fossiles  des  grands  animaux  étaient  géné- 
ralement attribués  à  une  race  de  géants  disparus.  Le 
moyen  âge  n'ajouta  rien  à  ces  notions  primitives,  sauf 
que  la  présence  de  ces  fossiles  sui'  les  hautes  montagnes 
fut  citée  par  les  théologiens  comme  une  preuve  du  déluge 
universel.  A  la  Renaissance,  Léonard  de  Vinci  (1452- 
1519)  fut  le  premier  à  chercher  à  déraciner  les  ridicules 
légendes  qui  faisaient  naître  les  coquilles  sur  les  montagnes 
«  par  l'opération  des  étoiles  »,  et  à  expliquer  leur  pré- 
sence par  des  causes  géologiques  naturelles.  Mais  les  pré- 
jugés subsistaient  dans  l'esprit  des  philosophes  de  cabinet 
et  l'on  préférait  considérer  les  fossiles  comme  des  jeux  de 
la  nature  (lusus  naturœ)  plutôt  que  d'accepter  une  ex- 
plication raisonnée  et  scientiiique.  Au  xviii®  siècle  en- 
core, à  l'exemple  d'un  écrivain  plus  célèbre  par  sa  verve 
sarcastique  que  par  ses  connaissances  en  histoire  natu- 
relle, on  admettait  volontiers  que  les  coquilles  fossiles 
avaient  été  apportées  par  des  pèlerins  revenant  de  la  terre 
sainte,  ou  <|ue  les  ossements  d'éléphants,  si  communs  dans 
le  N.  de  l'Italie,  étaient  les  débris  de  ceux  qu'Annibal  y 
avait  amenés,  avec  son  armée,  en  l'année  218  avani 
notre  ère. 

Cependant  dès  le  xvii^  siècle  on  peut  citer  Colonna 
(1626)  et  Sténo  (1669)  comme  des  précurseurs  de  la  géo- 
logie et  de  la  paléontologie  modernes  :  tous  deux  distin- 
guèrent les  fossiles  terrestres  et  d'eau  douce  des  fossiles 
marins.  Mais  la  connaissance  des  Vertébrés  fossiles  était 
si  peu  avancée  que  Scheuchzer,  de  Zurich,  put  présenter 
comme  un  honw  diluvii  testis  le  squelette  presque  entier 
d'une  Salamandre  gigantesque  trouvée  à  OEningen.  Buffon, 
mieux  inspiré  dans  ses  Epoques  de  la  nature,  professe 
ouvertement  la  doctrine  des  périodes  géologiques  et  cite 
le  Mastodon  et  d'autres  grands  animaux  comme  des  es- 
pèces éteintes.  G.  Cuvier,  enfin,  fait  pour  les  Vertébrés 
ce  que  Lister,  Knorr,  Walch,  Gessner,  Brongniart  et 
d'autres  avaient  fait  pour  les  Invertébrés,  et  dans  son  ma- 
gnifique ouvrage  sur  les  Ossements  /bs5/7fô  (1812),  dans 
le  Discours  sur  les  révolutions  du  globe,  qui  lui  sert  en 
quelque  sorte  d'introduction,  démontre  la  loi  de  la  cor- 
rélation des  formes  et  fonde  sur  des  bases  solides  la 
paléontologie  stratigraphique.  Avec  lui  commence  l'ère 
moderne  de  cette  science  ;  et  lorsque  nous  aurons  rappelé 
le  nom  de  Darwin  et  l'impulsion  que  la  Théorie  trans- 
formiste a  imprimé  aux  études  spéculatives  des  géologues, 
en  leur  donnant  un  but  philosophique  et  une  portée  in- 
calculable pour  les  progrès  de  la  zoologie,  nous  pourrrons 
aborder  l'examen  des  différentes  questions  que  soulève 
l'étude  des  animaux  fossiles  et  qui  toutes  convergent  vers 


—  859 


P\LEONTOI.OGIi: 


la  solution  de  ce  problème  :  l'évolution  du  règne  animal 
à  la  surface  du  globe  terrestre. 

Relations  des  fossiles  avec  les  animaux  vivants 
dont  ils  se  rapprochent  par  leurs  caractères.  L'étude 
des  espèces  fossiles  est  beaucoup  plus  difficile  que  celle  des 
espèces  vivantes,  en  raison  de  Fétat  fragmentaire  dans 
lequel  se  présentent  ces  fossiles  lorsqu'on  les  découvre 
dans  le  sol  :  les  Mollusques  ne  sont  plus  représentés  (jue 
par  leur  coquille  dont  la  forme  est  souvent  commune  à 
plusieurs  groupes  très  différents  par  l'organisation  de 
l'anîmal  qui  remplissait  cette  coquille,  mais  dont  toutes 
les  parties  molles  ont  disparu.  Chez  les  Vertébrés,  le  sque- 
lette interne  seul  s'est  conservé,  mais  les  os  qui  le  cons- 
tituent sont  le  plus  souvent  dispersés  ou  brisés  de  manière 
à  les  rendre  méconnaissables  :  certaines  parties,  notam- 
ment les  mâchoires  et  surtout  les  dents,  se  conservent 
mieux  que  les  os  des  membi'es  ou  du  tronc.  C'est  sur  cette 
dernière  particularité  que  G.  Cuvier  a  fondé  sa  loi  de  la 
corrélation  des  formes,  en  affirmant  que  «  l'on  peut 
déduire  de  la  forme  d'une  seule  dent  l'organisation  de 
l'animal  entier  »  et  sa  place  dans  les  classifications  mé- 
thodiques. Bien  que  les  progrès  de  la  paléontologie  aient 
montre  que  cette  loi  était  tout  au  moins  prématurée,  elle 
n'en  est  pas  moins  restée  acipiise  à  la  science  moyennant 
ce  corollaire  :  «  lorsqu'il  s'agit  de  formes  très  voisines  de 
celles  qui  sont  déjà  bien  connues  dans  toute  leur  organi- 
sation ». 

La  connaissance  approfondie  des  formes  vivantes  est 
donc  le  fondement  indispensable  de  la  Paléontologie  :  en 
d'autres  termes  le  paléontologiste  doit  être  à  la  fois  ana- 
tomiste  et  zoologiste,  ce  qui  ne  le  dispense  pas  d'être  géo- 
logue. A  ces  connaissances  multiples,  il  doit  joindre  un 
certain  tact  qui  s'acquiert  par  l'habitude  et  lui  permet  de 
faire  de  sa  science  acquise  une  application  judicieuse  aux 
cas  difficiles  qui  se  présentent  dans  la  pratique,  par  exemple 
lorsqu'il  s'agit  de  reconstituer  le  squelette  d'un  animal 
dont  les  os  sont  épars  et  souvent  mélangés  à  ceux  d'autres 
animaux  d'espèces  différentes.  Dans  ce  cas,  il  est  aussi 
dangereux  de  trop  séparer  que  de  trop  réunir,  et  bien  que 
le  premier  procédé  soit  le  plus  généralement  suivi  et  pa- 
raisse au  premier  abord  le  plus  rationnel,  surtout  lors- 
qu'il s'agit  de  types  absolument  nouveaux  pour  la  science, 
des  exemples  récents  ont  montré  qu'il  n'était  pas  toujours 
le  plus  légitime.  C'est  ainsi  que  les  os  des  membres  du 
Macrotherium  de  Sansan  ont  été  longtemps  attribués  à 
un  Edenté  gigantesque,  tandis  que  les  dents  et  le  crâne 
du  même  animal,  trouvés  dans  le  même  gisement,  étaient 
décrits  comme  ceux  d'un  Ongulé  sous  le  nom  A'Anisodon 
jusqu'au  moment  où  un  squelette  presque  complet,  trouvé 
avec  les"  os  en  place,  ait  démontré  que  ces  membres  et  ces 
dents  appartenaient  à  un  seul  et  même  animal,  c.-à-d.  à 
un  Ongulé  ayant  les  membres  conformés  comme  ceux  de 
certains  Edentés. 

Au  premier  abord  il  semble  que  les  espèces  fossiles 
viennent  simplement  remplir  des  vides  depuis  longtemps 
signalés  dans  la  nature  actuelle.  C'est  ainsi  que  les  On- 
gulés, dont  les  débris  abondent  dans  l'éocène  supérieur 
du  gypse  parisien,  et  qui  ont  été  si  habilement  recons- 
titués par  Cuvier  {Palœotherium,  Lophiodon,  Anoplo- 
theriiim,  etc.),  paraissaient  s'intercaler  très  heureuse- 
ment dans  son  ordre  des  Pachydermes,  formé  d'éléments 
hétérogènes,  et  présentant  par  suite  de  nombreuses  la- 
cunes. Mais  bientôt  il  fallut  renoncer  à  cette  notion  trop 
simple  et  par  suite  inexacte  en  face  des  facteurs  multiples 
et  compliqués  dont  se  compose  l'œuvre  de  la  nature.  Sans 
doute  beaucoup  de  formes  ont  disparu  sans  laisser  de  des- 
cendants, mais  il  en  est  d'autres,  non  moins  nombreuses, 
qui  peuvent  et  doivent  être  considérées  comme  les  ancêtres 
des  formes  qui  vivent  actuellement.  La  science  qui  s'oc- 
cupe de  reconstituer,  d'après  l'étude  des  fossiles,  l'arbre 
généalogique  des  formes  animales  porte  le  nom  de  Phi/- 
logénie,  et  les  tableaux  ou  Ton  figure  cette  généalogie 
sont   appelés   tableaux  phylogénétigues.   Fondée    sur 


la  théorie  transformiste,  la  phylogénie  paléontologique 
apporte  à  cette  théorie  un  solide  et  brillant  appui  :  on 
peut  dire  qu'elle  a  régénéré  la  zoologie  en  lui  apportant 
la  démonstration  des  faits  que  l'anatomie  et  l'embryologie 
nous  révèlent  sous  une  forme  concrète,  mais  (|ui  se  sont 
développés  lentement  à  travers  la  longue  période  des  temps 
géologiques. 

Théorie  du  développement  progressif,  opvosée  a  la 
th'orie  des  créations  successives.  La  géologie  nous 
apprend  que  les  animaux  qui  vivent  actuellement  n'ont 
pas  toujours  existé,  au  moins  avec  leurs  caractères  actuels, 
et  que  les  formes  les  plus  élevées  du  règne  animal,  les 
Vertébrés,  par  exemple,  n'ont  apparu  qu'à  une  époque 
relativement  tardive,  les  Mammifères,  qui  sont  les  plus 
parfaits  des  Vertébrés,  se  montrant  après  les  Poissons  et 
les  Amphibiens. 

Les  anciens  naturalistes  expliquaient  ce  fait  simplement 
par  l'hypothèse  des  créations  successives  que  l'on  préten- 
dait faire  accorder  avec  le  texte  même  de  la  Genèse,  mais 
qui  n'a  plus  guère  de  partisans  aujourd'hui,  môme  parmi 
les  théologiens.  La  théorie  du  Développement  progressif 
du  règne  animal,  lorsqu'on  comprend  bien  sa  portée  philo- 
sophique, semble  de  nature  à  satisfaire  toutes  les  croyances, 
et  la  puissance  du  génie,  créateur  du  monde,  n'en  appa- 
raît que  plus  complète,  si  l'on  admet  qu'elle  a  donné  dès 
le  principe,  aux  organismes,  limpulsion  suffisante  pour 
que  ces  organismes  puissent  se  modifier  et  se  perfec- 
tionner en  s'adaptant  aux  conditions  variables  du  milieu 
extérieur,  à  travers  les  époques  géologiques  du  globe. 
Aucun  de  ces  organismes  cependant  ne  peut  jouir  d'une 
durée  indéfinie,  et  c'est  précisément  lorsqu'ils  ont  atteint 
leur  développement  le  plus  parfait  qu'ils  sont  le  plus 
près  de  disparaître,  détruits  ou  supplantés  par  d'autres 
formes  restées  juscju'alors  dans  un  état  d'infériorité  rela- 
tive qui  leur  assurait  une  plus  longue  durée.  C'est  ainsi 
que  les  formes  de  grande  taille,  et  surtout  les  formes 
colossales,  dans  toutes  les  classes  du  règne  animal,  n'ont 
eu  qu'une  durée  éphémère,  tandis  que  beaucoup  d'animaux 
de  petite  taille  qui  se  modilient  plus  lentement,  ont  pu 
traverser  de  longues  périodes  géologiques  et  ne  semblent 
pas  prêts  de  disparaître. 

La  notion  du  développement  progressif,  en  faisant  dé- 
river les  formes  vivantes  des  formes  éteintes  qui  les  ont 
précédées,  semble  au  premier  abord  en  contradiction  fla- 
grante avec  les  faits  sur  lesquels  reposent  nos  classifica- 
tions méthodiques  et  particulièrement  avec  les  données 
sur  les/juelles  se  base  la  définition  de  V espèce  (V.  ce  mot), 
telle  que  l'ont  établie  Cuvier  et  les  naturalistes  de  son 
école.  En  réalité,  cette  contradiction  est  plus  apparente 
que  réelle  :  elle  montre  simplement  que  cette  définition 
elle-même  cesse  d'être  exacte  lorsqu'on  l'applique  aux 
formes  fossiles  envisagées  dans  leurs  rapports  avec  les 
espèces  actuelles.  Darwin  a  démontré  que,  mètne  à  notre 
époque,  l'espèce  est  beaucoup  plus  variable  que  ne  l'ad- 
mettait Cuvier,  de  telle  sorte  que  toutes  nos  classifications 
pèchent  par  leur  base  qui  est  précisément  cette  définition 
de  l'espèce.  —  Ce  que  nous  appelons  espèce,  par  une 
abstraction  de  l'esprit  qui  facilite  l'étude  des  êtres,  n'est 
qu'un  groupe  aussi  artificiel  dans  la  nature  que  les  groupes 
supérieurs  de  genres,  de  familles,  d'ordres,  déclasses,  etc. 
Si  un  paléontologiste  non  prévenu  découvrait,  dans  une 
même  couche  géologique,  le  squelette  d'un  Chien  havanais 
à  côté  de  celui  d'un  Lévrier  ou  d'un  Bouledogue,  il  n'hé- 
siterait pas  à  les  considérer  comme  d'espèces  différentes. 
Pourquoi  dès  lors  refuser  à  la  nature,  agissant  avec  ses 
seules  forces,  sous  l'influence  des  conditions  variables  du 
milieu  ambiant,  ce  que  l'homme  n'a  pu  réaliser,  ne  l'ou- 
blions pas,  qu'en  utilisant  ces  forces  même  de  la  nature? 
Et,  dès  lors,  la  transformation  de  VHipparion  ou  du 
Protohippus  tridactyles  en  Cheval  monodactvle,  est- 
elle  plus  surprenante  que  celle  du  Lévrier  ou  du  Boule- 
dogue en  Chien  de  manchon  ? 

Est-ce  à  dire,  dès  lors,  que  la  notion  de  l'espèce  doive 


PALKONTOf.OGIK 


—  H6i)  — 


disparaître  comme  fausse  ou  inutile.  Aucun  paléontolo- 
giste n'a  jamais  avancé  cette  énormité;  mais  on  j^eut 
dire  que  la  définition  de  l'espèce  doit  être  modifiée  confor- 
mément aux  notions  nouvelles  que  nous  venons  d'esquisser, 
et  nous  formulerons  cette  idée,  sous  forme  de  corollaire,  en 
disant  que  l'espèce  n'a  qu'une  fixité  relative  dans  le 
temps  et  dans  Vespace,  définition  qui  s'appii(jue  aussi 
bien  à  la  paléontologie  {Phijlogénie),  qu'à  la  zoologie 
(formation  des  sous-espèces  et  des  variétés  locales  par 
ségrégation  ou  sélection). 

C'est  au  mot  Transformisme  que  l'oji  exposera  les  points 
par  lesquels  la  théorie  de  Darwin  (V.  ce  nom)  touche  à 
la  paléontologie.  11  suffira  de  rappeler  ici  que  d'après 
cette  théorie  le  développement  de  l'individu  {Ontogénie), 
n'est  que  l'abrégé  ou  la  récapitulation  rapide  de  son 
histoire  paléontologiquc  (Phylogénie).  Si  cette  théorie 
est  exacte,  les  membres  les  plus  anciens  d'une 
souche  en  sont  en  même  temps  les  plus  inférieurs, 
et  la  succession  des  faunes  géologiques  ne  fait  que  repro- 
duire, dans  son  ensemble,  l'échafaudage  de  nos  classifi- 
cations zoologiques.  Un  coup  d'œil  jeté  sur  l'histoire 
paléontologique  du  règne  animal  nous  montre,  qu'en  fai- 
sant la  part  de  certaines  divergences  qui  s'expliquent 
d'elles-mêmes,  il  en  est  réellement  ainsi. 

Evolution  paléontologique  du  règne  animal.  Les 
formes  animales  dépourvues  de  parties  dures  n'ont  pu 
laisser  de  traces  dans  les  couches  géologiques  ;  il  ne  faut 
donc  pas  s'étonner  si  les  Protozoaires  à  corps  mou  (Mo- 
nères,  Amibes)  ne  sont  pas  signalés  dans  les  terrains  les 
plus  anciens.  Par  contre,  les  Foraminifères  à  coquille  cal- 
caire ont  laissé  de  nombreux  débris  dans  les  couches 
paléozoiques  (silurien  et  dévonien).  On  admet  que  les  phé- 
nomènes métamorphiques  qui  ont  modifié  la  structure  des 
roches  primitives  ont  fait  disparaître  les  traces  des  orga 
nismes  qui  vivaient  à  cette  époque  ou  à  une  époque  plus 
ancienne  encore.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  couches  stratifiées 
les  plus  anciennes,  déposées  par  la  mer  et  non  modifiées 
par  la  chaleur  centrale  du  globe,  celles  de  l'époque  cam- 
brienne,  nous  ont  conservé  des  débris  qui  prouvent  que 
tous  les  embranchements  des  Invertébrés  étaient  repré- 
sentés dans  les  océans  de  cette  période  primitive.  On  y 
distingue  des  Annéhdes,  des  Hydroides  (Oldhamia),  des 
Brachiopodes,  des  CnistSicés{Tr Habites),  des  Ostracodes, 
des  Echinodermes,  des  Spongiaires,  enfin  des  Mollusques 
acéphales  {Clenodonta,  Palœarca),  à  côté  des  Proto- 
zoaires déjà  signalés.  L'évolution  de  certaines  de  ces  formes 
a  présenté  par  la  suite  une  inégalité  frappante,  mais  dont 
nous  n'avons  pas  à  rechercher  ici  la  cause  ;  en  effet,  tandis 
que  les  Foraminifères  siluriens  représentent  un  type  inconnu 
de  nos  jours  {Receptaculidœ),  on  constate  que  les  Brachio- 
podes (Lingula,  Discia)  et  les  Mollusques  (Mytilus,^ 
Avicula,  Pleurotomaria)  appartiennent  à  des  genres  qui 
vivent  encore  à  l'époque  actuelle.  D'une  façon  générale, 
on  peut  dire  que  les  Invertébrés  marins  se  sont  beaucoup 
moins  modifiés  que  les  Invertébrés  terrestres  depuis  l'époque 
paléozoïque,  ce  qui  tient,  vraisemblablement,  à  l'unifor- 
mité des  conditions  d'existence,  à  toutes  les  époques,  sur 
le  fond  des  océans. 

Presque  en  même  temps  d'ailleurs  et  dès  la  formation 
des  premiers  continents  qui  n'étaient  d'abord  que  des  îles, 
on  voit  apparaître  les  premiers  Invertébrés  terrestres.  Ce 
sont  des  Arthropodes  du  groupe  des  Scorpions  (Palœo- 
phoneus  nuncius)  puis,  dans  le  dévonien  et  le  carbonifère, 
des  Mollusques  pulmonés  (Strophites,  Dawsonella)  appar- 
tenant même  à  des  genres  encore  vivants  (Piipa,  Zonites). 
Les  Pulmonés  d'eau  douce  [Planorbis]  ne  se  montrent 
que  dans  le  Lias,  lorsque  les  continents  ont  pris  assez 
d'étendue  et  d'élévation  pour  qu'il  s'y  forme  des  cours 
d'eau.  Nulle  part,  avant  le  Trias,  on  ne  trouve  trace  des 
Vertébrés  terrestres.  Par  contre,  à  côté  des  Arachnides  et 
des  Myriapodes  {Acantherpes) ,  on  voit  apparaître,  dès 
le  silurien  et  surtout  dans  le  carbonifère,  des  Insectes  ailés 
(Palœoblattina),  déjà  variés,  mais  fort  différents  des  types 


que  Jious  coimaissons  et  constituant  un  ordre  synthétique 
(Palœodictyoptera),  précurseur  des  hexapodes  actuels  à 
métamorphose  incomplète  (Orthoptères,  Névroptères,  Hé- 
miptères) ;  leur  larve,  souvent  aquatique,  ne  différait  de 
l'adulte  que  par  l'absence  'Failes.  Les  formes  de  grande 
taille  sont  assez  rares  à  cette  époque  :  on  peut  citer,  après 
VAcantherpes,  Myriapodede  lOcentim.  de  long,  le  Tita- 
nophasma  que  l'on  doit  se  figurer  comme  une  Libellule 
gigantesque  de  près  d'un  mètre  d'envergure.  Les  Coléop- 
tères, les  Diptères,  les  Hyménoptères  et  les  Lépidoptères, 
c.-à-d.  les  ordres  à  métamorphose  complète,  signe  de  per- 
fectionnement chez  les  Insectes,  font  leur  apparition  du 
trias  au  jurassique.  Les  formes  de  grande  taille  (notam- 
ment parmi  les  Coléoptères)  ne  sont  connues  qu'à  l'époque 
actuelle  {Dynastes,  Goliathus). 

Les  Vertébrés  ne  se  montrent  pas  d'une  façon  certaine 
avant  le  silurien  supérieur  où  l'on  trouve  des  restes  des 
Poissons  cartilagineux  appartenant,  soità  des  types  presque 
entièrement  dispavus  (Ganoïdes) ,  soit  aux  Placodermes, 
également  en  voie  d'extinction,  soit  aux  Plagiostomes  qui 
ont  encore  de  nombreux  représentants  dans  les  océans.  Les 
Dipnoiques  (Ceratodus)  datent  du  dévonien.  Il  est  à  remar- 
(fuer  que  beaucoup  de  ces  types  primitifs,  marins  à  l'époque 
paléozoique,  ne  se  trouvent  plus  actuellement  que  dans 
les  eaux  douces  (Placodermes,  Dipnoiques).  A  part  cette 
migration  d'un  genre  spécial,  la  classe  des  Poissons  est, 
de  tous  les  Vertébrés,  celle  qui  s'est  modifiée  le  plus  len- 
tement, ce  qui  confirme  ce  que  nous  avons  dit,  en  parlant 
des  Invertébrés,  de  l'uniformité  des  conditions  d'existence 
dans  le  milieu  aquatiipie.  qu'il  s'agisse  de  l'eau  salée  ou 
de  l'eau  douce. 

Les  Poissons  osseux  sont  encore  rares  dans  le  permien 
et  ne  deviennent  prépondérants  que  dans  le  crétacé.  Quant 
aux  types  d'eau  douce  {Cyprinidœ,  etc.),  précédés  par  une 
faune  saumâtre  dans  le  carbonifère,  ils  n'ont  leur  entier 
développement  que  dans  le  miocène  inférieur. 

Les  Amphibiens  ou  Batraciens  sont  généralement  de 
petite  taille  à  l'époque  actuelle,  le  géant  de  la  classe  {Cryp- 
tobranchus  ou  Salamandre  gigantesque  du  Japon)  ayant 
au  plus  i  m.  de  long.  Les  Labyrinthodontes  du  trias, 
au  contraire,  atteignaient  souvent  la  taille  des  plus  grands 
Crocodiles.  On  peut  dire  que  les  Urodèles  sont  actuelle- 
ment en  voie  d'extinction  ou  de  régression,  tandis  que  les 
Anoures,  à  métamorphoses  plus  complètes,  et  qui  ne 
datent  que  du  tertiaire,  constituent  désormais  le  groupe  le 
plus  nombreux  de  cette  classe,  qui  d'ailleurs,  confinée  par 
ces  métamorphoses  même  au  voisinage  des  eaux  douces, 
n'a  jamais  eu  un  développement  comparable  à  celui  des 
deux  autres  classes  de  Vertébrés  à  sang  froid. 

Les  Reptiles  ont  joué,  au  contraire,  un  rôle  considé- 
rable sur  les  continents  avant  l'apparition  des  Mammifères. 
Des  groupes  très  importants  par  leurs  caractères  et  leur 
grande  taille  (Dinosauriens ,  Anomodontes,  Ptérosau- 
riens,  Enaliosauriens,  etc.),  ont  eu  leur  développement 
pendant  la  période  jurassique  et  se  sont  éteints  complète- 
ment avant  le  début  du  tertiaire.  Les  types  actuels  {Lacer- 
tiliens, Crocodiliens,  Chéloniens,  Ophidiens)  sont  rela- 
tivement modernes  et  se  sont  développés,  à  peu  près  dans 
Tordre  ou  nous  les  indiquons,  du  permien  et  du  trias,  mais 
surtout  du  crétacé,  jusqu'à  l'époque  actuelle. 

Les  Oiseaux  (V.  ce  mot)  qui  datent  à  peu  près  de  la 
même  époque  n'ont  leur  entier  développement  qu'à  l'époque 
tertiaire.  Leur  histoire  paléontologique  est  encore  très 
obscure,  faute  de  documents,  et  en  raison  de  la  petite 
taille  de  leurs  os  qui  sont  rares  ou  mal  conservés  dans  les 
couches  géologiques. 

L'évolution  de  la  classe  des  Mammifères  nous  est  beau- 
coup mieux  connue  pour  la  raison  contraire.  Les  premiers 
dont  les  restes  soient  conservés  datent  du  jurassique  et 
ne  sont  représentés  que  par  des  mâchoires  inférieures  de 
petite  taille  {Microlestes,  Dremotherium)  que  l'on  sup- 
pose avoir  appartenu  à  des  animaux  ayant  à  peu  près 
l'apparence  de  nos  Rats  et  de  nos  Souris,  mais  probable- 


861  — 


PALEONTOLOGIE 


ment  Marsupiaux  ou  même  ovipares  comme  les  Mono- 
trèmes  actuels.  Certains  de  ces  types  inférieurs  {Plagiau- 
lacidœ)  paraissent  avoir  eu  une  durée  fort  longue  (du 
jurassique,  à  travers  toute  la  période  crétacée  jusque  vers 
ie  milieude  réocène),cequi  n'a  pas  lieu  de  nous  étonner, 
si  l'on  admet  que  les  Monotrémes,  (pii  vivent  encore  en 
Australie,  sont  les  descendants,  plus  ou  moins  moiiifiés  il 
est  vrai,  des  Proiotheria  primitifs. 

Avec  l'époque  tertiaire  commence  réellement  l'histoire 
du  développement  de  cette  classe,  et  dès  lors  on  peut 
suivre  pas  à  pas  l'évolution  des  types  principaux,  qu'ils 
appartiennent  au  groupe  des  Onguiculés  ou  à  celui  des 
Ongulés.  Les  paléontologistes  ont  pu  dresser  des  arbres 
généalogiques  qui,  selon  toute  apparence,  se  rapprochent 
beaucoup  de  la  réalité.  Dans  tous  les  groupes  on  voit  des 
types  synthétiques  précéder  les  types  spécialisés  plus  mo- 
dernes (ex.  :  les  Ours  et  les  Chiens  ayant  pour  ancêtres 
communs  les  Hijœnarctos,  les  Dinocijon  et  les  Cepha- 
logale  tertiaires)  ;  les  caractères  communs  aux  Carnivores 
et  aux  Ongulés  omnivores  se  confondent  à  l'origine  dans 
les  genres Mioclœnus,  Pteriptlchus,  Chriacus.eU:., qui, 
par  une  autre  branche,  celle  des  P achylemuridœ  de 
Eilhol ,  mènent  aux  Lémuriens  et  aux  Primates  {îhjopsodiis, 
yoiharctus,  Adapis).  Si  Ton  examine  les  dents,  on  voit, 
surtout  chez  les  Ongulés,  le  type  Bunodonte  des  Masto- 
dontes, des  Palœothermm  et  des  Siiidce  passer  peu  i\ 
peu  au  type  Sélénodonte  des  Eléphants,  des  Chevaux  et 
des  Ruminants,  à  juesure  que  la  nourriture  végétale  devient 
plus  dure  et  s'imprègne  de  siHce,que  les  racines  juteuses 
des  marécages  sont  remplacées  par  l'herbe  des  grandes 
plaines  découvertes.  Les  membres  subissent  une  évolution 
parallèle  :  le  pied  plantigrade  à  cinq  doigts,  appuyant 
largement  sur  le  sol  humide,  se  relève  peu  à  peu  et  ré- 
tracte les  doigts  latéraux  en  arrière  lorsque  le  sol  est 
devenu  plus  ferme  :  l'animal  devient  digitigrade.  Ces 
doigts  latéraux  devenus  inutiles  s'atrophient  et  l'on  a 
comme  résultat  ultime  le  pied  fourchu  du  Ruminant  ou 
le  sabot  unique  du  Cheval,  si  bien  adapté  à  la  course. 

Si  l'on  envisage  au  même  ])oint  de  vue  les  organes  in- 
ternes, on  constate  une  évolution  de  même  nature.  Cette 
évolution  est  surtout  manifeste  sur  le  cerveau  des  Vert('- 
brés  dont  on  peut  suivre  le  développemeni,  sur  le?*  ani- 
maux terrestres,  depuis  les  Dinosauriens  jurassiques 
jusqu'aux  Mammifères  tertiaires  et  à  l'Homme  lui-mèjne. 
Ce  cerveau,  d'abord  petit  et  allongé  comme  celui  des  Pois- 
sons, n'occupe  chez  les  grands  Reptiles  de  l'époque  secon- 
ilaij'e  qu'une  place  insignifiante  dans  la  boite  crânienne. 
Les  mammifères  éocènes  montrent  encore  sous  ce  rapport, 
une  infériorité  manifeste,  car  leur  cerveau  e.^t  à  peine 
plus  volumineux  que  celui  des  Reptiles  qui  les  avaient  pré- 
cédés. Mais  bientôt  l'encéphale  grandit  en  changeant  de 
forme  :  les  hémisphères  cérébraux  s'élargissent,  recouvrent 
les  lobes  olfactifs  en  avant,  le  cervelet  et  la  moelle  allon- 
gée en  arrière  ;  des  circonvolutions  plus  ou  moins  nom- 
breuses se  dessinent  à  la  surface  des  hémisphères,  qui. 
dilatant  en  quelque  sorte  la  boite  crânienne,  la  font 
l)omber  au-dessus  des  os  de  la  région  faciale.  C'est  ce 
que  l'on  constate  déjà  sur  les  Mammifères  pliocènes.  et 
re  que  l'on  voit  d'une  façon  plus  manifeste  encore  sur 
l'Eléphant,  sur  les  grands  Singes  de  l'époque  actuelle  et 
surtout  chez  l'homme,  dont  le  crâne  est  moulé  pour  ainsi 
dire,  sur  le  cerveau.  On  a  pu  prendre  Je  moule,  interne 
de  la  cavité  cérébrale  do  la  plupart  des  Mammifères  fos- 
siles et  l'on  peut  suivre  le  perfectionnement  du  cerveau 
en  comparant,  par  exemple,  celui  du  Phenacodiis  ou  celui 
du  Dinoceras  i\  eehû  de  l'Eléphant  actuel.  Il  e^l  difficile 
de  trouver  une  démonstration  plus  manifeste  de  l'évolution 
progressive  des  Mammifères  et  du  règne  animal  tout  entier 
(Pour  plus  de  détails  sur  l'évolution  de  chaque  classe, 
V.  Mammifères,  Oiseaux,  Reptiles,  Poissons,  Insectes, 
Mollusques,  etc.,  §  Paléontologie). 

Développoneiit  7'étrograde  ou  régressif.  L'atrophie 
progressive'  de    certaines  donts.    fonctionnellemenl    sans 


usage,  des  doigts  latéraux,  chez  les  Ongulés,  etc.,  peut  et 
doit  être  considérée  comme  un  signe  de  perfectionnement, 
mais  elle  indique,  en  même  temps,  que  l'évolution  du 
type  considéré  a  atteint  son  apogée  :  on  ne  conçoit  pas, 
en  elfet.  comment  le  pied  des  Solipède's'  (Cheval)  pourrail 
devenir  plus  parfait.  Cependant,  il  est  des  cas  ou  révo- 
lution semble  se  faire  en  sens  contraire  du  perfectionne- 
ment du  type  considéré,  bien  que,  même  alors,  le  chan- 
gement qui  s'opère  no  soit  qu'une  adaptation  nouvelle  au 
milieu  extérieur  a}aat  pour  résultat  la  conservation  de 
l'espèce  sous  sa  forme  moditiée.  On  ])eut  citer  comnn^ 
exemples  les  Cirrhipèdes  et  beaucoup  d'autres  formes  qui, 
Hbres  dans  leur  jeune  âge,  se  fixent  en  devenant  adultes  ; 
les  Tuniciers  dont  les  larves  présentent  l'ébauche  d'une 
colonne  vertébrale  qui  disparaît  chez  l'adulte  ;  les  Au- 
truches dont  l'aile  s'est  atrophiée  par  défaut  d'usage  ; 
et  parmi  les  Mammifères.  lesEdentés,  les  Monotrèmes  et 
les  Cétacés  dont  les  dents,  présentes  chez  le  jeune  ou  à 
l'état  fœtal,  disparaissent  chez  l'adulte  où  sont  remplacées 
par  un  bec  corné  (Ornithorhynque).  ou  par  des  fanons 
(Baleines).  On  dit  alors  que  le  développement  est  rétro- 
grade ou  régressif 

Migrations  des  faunes  paleontologiques.  Ces  migra- 
tions sont  mises  en  évidence  par  la  comparaison  des  faunes 
anciennes  avec  les  faunes  de  l'époque  actuelle  qui  vivent 
sur  les  mêmes  points  ou  sur  des  points  différents  du  globe. 
A  l'époque  paléozoique,  en  raison  du  régime  insulaire  des 
terres  fermes  et  de  causes  géologiques  plus  générales  (cha- 
leur intérieure  du  globe), la  différence  des  climats  était 
beaucoup  moins  grande  entre  les  régions  arctiques  et  les 
régions  tropicales,  de  telle  sorte  que  la  distinction  était  à 
peine  sensible  entre  les  faunes  de  ces  i-égions.  Cette  dif- 
férence est  restée,  comme  nous  Eavons  dit,  beaucoup 
moins  marquée  pour  les  faunes  marines  que  pour  les 
faunes  terrestres.  Mais,  à  mesure  que  les  grands  continents 
se  sont  constitués,  accusant  une  diversité  de  climat  con- 
sidérable suivant  la  latitude  et  la  longitude  des  zones  con- 
tinentales, les  faunes  terrestres  ont  présenté  des  différences 
considérables  dues  à  des  extinctions  partielles  ou  à  des 
mi  g  rat  ions,  qui  ne  sont,  le  plus  souvent  elles-mêmes,  que 
le  résultat  de  ces  extinctions  partielles,  agissant  sur  une 
faune  primitivement  très  étendue  ou  sub-cosmopolitc  : 
c'est  ce  qui  explique  la  formation  des  Colonies  (V.  ce  mot). 
n  en  résulte  que  les  faunes  les  plus  anciennes  de  l'I^u- 
rope,  par  exemple,  présentent,  avec  les  faunes  des  régions 
intertropicales  du  globe,  des  rapports  dont  il  ne  reste  plus 
trace  dans  la  faune  actuelle. 

On  a  pu  dire,  en  poussant  plus  loin  cette  comparaison, 
que  la  faune  de  Madagascai-  avait,  par  ses  Mammifères^ 
un  faciès  éocène;  celle  de  l'Afrique  (région  éthiopienne) 
un  faciès  miocène  et  celle  de  l'xVsie  méridionale  (région 
orientale)  un  faciès  pliocène.  Des  migrations  plus  évidentes 
se  sont  produites,  par  exemple,  dans  l'évolution  géologique 
de  la  classe  des  Mammifères  :  ainsi  les  Chevaux, qui  n'exis- 
tent plus  sur  le  nouveau  continent,  ont  commencé  leur 
développement  dans  TAmérique  du  Nord;  il  en  est  de 
même  des  Chameaux,  qui.  originaires  de  ce  même  conti- 
nent ont  émigré  vers  l'O.  oii  ils  vivent  encore  (en  Asie 
et  en  Afrique),  ou  vers  le  S.  (patrie  desLanias  à  l'époque 
actuelle).  (Pour  plus  de  détails  sur  ce  sujet,  V.  Géogra- 
phie ZOOLOGIQUE  et  Europe.  Asie,  etc.  [Faunes  de  1\ 
§  Paléontologie],  et  Mers  |  Faune  des]). 

Rapports  de  la  paléontologie  avec  la  géologie.  L'étude 
des  fossiles  est  d'un  grand  secours  pour  la  géologie,  car  cette 
étude  complèle  et  confirme  les  résultats  obtenus  par  l'exa- 
men stratigraphique  des  couches  géologiques.  Dans  une 
région  dont  l'étude  géologique  est  achevée,  en  Europe, 
par  exemple,  la  découverte  d'un  seul  fossile  d'espèce  con- 
nue suffit  le  plus  souvent  pour  affirmer  l'existence  en  ce 
point  du  terrain  que  caractérise  cette  espèce,  et  par  suite, 
de  toute  la  faune  qui  lui  est  ordinairement  associée  dans 
les  couches  de  la  même  époque.  Mais  on  conçoit  qu'à  me- 
sure que  l'on  s'éloiorjie  du  point  primitivement  exploré, 


PALÉONTOLOGIE 


—  S6^ 


ces  rapports  deviennent  moins  constants  et  sont  sujets  à 
suspicion,  surtout  si  les  jalons  intermédiaires  font  défaut. 
En  effet,  nous  savons,  par  ce  qui  a  été  dit  précédemment 
des  migrations  et  des  extinctions  partielles,  que  la  con- 
temporanéité  désinformes  animales  ne  résulte  pas  forcé- 
ment, des  ressemblances  que  présente  leur  organisation  : 
ainsi  les  Mollusques  éocènes  d'Europe  ont  leurs  proches 
parents  dans  la  zone  intertropicale  du  Pacifique;  les  Mar- 
supiaux qui  vivaient  à  la  même  époque  en  Europe,  ont  en- 
core des  représentants  dans  rAméricfuedu  Sud,  les  Lému- 
riens (Adapis,  etc.)  à  Madagascar.  C'est  ce  qui  rend  si 
difficile  la  classification  de  certaines  couches  géologiques, 
appartenant  à  l'hémisphère  austral,  notamment  des  couches 
tertiaires  de  Patagonie  ou  l'on  a  découvert  une  faune  mam- 
malogique  d'une  grande  richesse,  mais  relativement  iso- 
lée, et  sans  liens  évidents  avec  les  faunes  de  l'hémisphère 
septentrional.  L'étude  stratigraphique  et  paléontologique 
des  couches  intermédiaires,  c.-à-d.  de  celles  de  la  zone 
ntertropicale,  est  encore  dans  l'enfance.  Il  en  résulte  que, 
tandis  que  FI.  Ameghino  rapporte  cette  faune  au  plus  an- 
cien éocène  ou  même  au  crétacé,  d'autres  paléontologistes, 
frappés  du  faciès  relativement  moderne  que  présentent 
certains  de  ces  fossiles,  la  considèrent  comme  miocène  ou 
même  pliocène.  Cette  question  n'a  pu  encore  être  résolue 
d'une  taçon  précise  (V.  Géologie).         E.  Trouessart. 

II.  Botanique.  —  Nous  n'avons  pas  à  revenir  ici 
sur  les  conditions  de  la  fossilisation  (V.  Fossile).  Rap- 
pelons seulement  que  les  plantes  peuvent  se  rencontrer  dans 
les  couches  paléontoiogiques  soit  sous  formes  d'empreintes 
reproduisant  la  structure  de  leurs  parties  extérieures, 
soit  à  l'état  de  charbon  ne  donnant  qu'assez  rarement  des 
renseignements  utihsables  sur  les  plantes  qui  le  compo- 
sent. D'autres  fois,  les  tissus  végétaux  ont  été  remplacés 
molécule  à  molécule  par  des  particules  inorganiques,  et  ce 
mode  particulier  de  fossilisation  permet  de  déterminer  la 
structure  intime  des  tissus.  Nous  aurons  à  étudier  ici  l'évolu- 
tion du  règne  végétal  dans  son  ensemble  et  à  tracera  grands 
traits  sa  généalogie.  Disons  de  suite,  afin  d'éviter  toute  con- 
fusion, que  lorsque  nous  disons  qu'une  période  géologique  est 
l'ère  d'une  catégorie  spéciale  de  plantes,  nous  n'entendons 
pas  dire  que  ce  groupe  végétal  est  hmité  exclusivement  à 
cette  période,  mais  simplement  qu'il  y  a  eu  son  maximum  de 
développement.  Auparavant,  il  ne  s'était  pas  encore  net- 
tement dégagé  des  groupes  inférieurs  ;  plus  tard,  un  cer- 
tain nombre  des  espèces  qui  le  composent  ont  disparu,  et 
son  importance  générale  ainsi  que  son  extension  ont  dimi- 
nué. Mais  nous  avons  encore  aujourd'hui  des  représentants 
des  principales  classes  de  plantes  :  c'est  seulement  leur 
importance  relative  qui  s'est  modifiée  depuis  les  temps  an- 
ciens. C'est  dans  ce  sens  qu'il  faut  interpréter  le  tableau 
suivant  que  nous  empruntons,  en  le  résumant,  au  savant 
ouvrage  de  MM.  de  Saporta  et  x^arion  :  rEvoîution  du 
règne  végétal. 

PÉRIODES 

Les  chilïrete  entre  parenthèses  iiidifuient.  d'après  II;£('kt>L 
leur  durée  relative  pour  100.)  '       ' 


Quaternaire 

(0,5) 


Ancien. 
Actuel.. 


^^'"^^  Eocène.. 


Secondaire 

ju  mésolithique! 

(11,5) 


Crétacé 

Jurassique. 
Triasique. . 


Primaire  ou 

paléolithique 

(32,1) 


Pernjien 

Carbonifère  . 
Dé\onien. . . . 
Silurien 


Période  végétale 
tertiaire  ou  néophy- 
tique  (ère  des  Angio- 
spermes) . 


Période  végétale  se- 
condaire ou  mésophy- 
tique  (ère  des  Gym- 
nospermes) . 


f  Pér  ode  végétale  pri- 
(  maire  ou  paléophytique 
V, ère  des  Cryptogame?). 


Formations     (  Huronien     (schistes 

archaïques  j       cristallins) \    Ère  archéophytique . 

(58,6)  (  Laurentien  (gneiss). 


Les  plantes  primitives  ont  dû  se  former  par  modifica- 
tion des  êtres  unicellulaires  dans  le  sens  végétal,  c.-à-d. 
par  dépôt  de  chlorophylle  et  développement  de  cellulose  à 
l'intérieur  et  à  la  périphérie  du  corps  cellulaire.  Nous  ne 
pouvons  pas  constater  directement  ce  passage,  cela  tant  à 
cause  de  l'antiquité  et  des  modifications  métamorphiques  des 
couches  correspondantes  que  de  la  fragihté  et  de  la  petitesse 
de  ces  plantes  primitives.  Mais  nous  pouvons  avoir  une 
idée  approchée  de  leur  structure  en  observant  les  végétaux 
unicellulaires  actuels,  encore  largement  représentés  dans 
les  classes  des  Algues  et  des  Champignons.  M.  Castracani 
a  d'aiheurs  trouvé  dans  les  houilles  d'Angleterre  un  assez 
grand  nombre  de  Diatomées,  qui  se  rapportent  toutes  aux 
types  de  la  nature  actuelle.  Ce  fait  remarquable,  dû  à  la 
résistance  des  organismes  inférieurs,  permet  d'inférer  que 
les  protophytes  hypothétiques  ne  devaient  pas  différer  no- 
tablement des  végétaux  unicellulaires  actuels. 

Les  plus  anciens  végétaux  connus  se  rencontrent  dans 
le  silurien.  Ce  sont  des  Algues,  souvent  de  formes  très 
particulières.  Parmi  elles  on  remarque  les  Bilobites  (fig.  1) 
qui,  après  avoir 
donné  lieu  à  bien 
des  discussions 
et  avoir  été  pri- 
ses  pour  des 
traces  d'ani- 
maux rampant 
sur  le  sable,  pa- 
raissent devoir 
être  définitive- 
ment rangées 
dans  le  règne 
végétal.  Les  au- 
tres Algues  an- 
ciennes se  rap- 
prochent, la 
plupart,  des  Si- 
phonées,  Algues 
actuelles,  com- 
posées d'une 

seule  cellule  de  très  grandes  dimensions  et  souvent  rami- 
fiée. Certaines  sont  garnies  d'un  bourrelet  cartilagineux 
épais  (fig.  2).  La  plupart  de  ces  genres  se  sont  éteints  à 
une  époque  plus  ou  moins  reculée.  Quant  aux  autres  Algues 
inférieures,  Ulvacées,  Confervacées,  etc.,  leur  thalle  déli- 
cat ne  leur  a  pas  permis  d'échapper  à  la  destruction.  Les 
Algues  supérieures,  de  leur  côté,  Characées,  Phéosporées, 
Fucoidées  et  Floridées  n'apparaissent  que  plus  tard.  Les 
Algues,  en  s'accommodant  à  la  vie  terrestre,  ont  donné 
naissance  à  un  premier  groupe  de  plantes,  les  Mousses 
et  les  Hépatiques,  celles-ci  encore  très  nettement  algoides. 
Dans  ce  groupe,  le  pro thalle  sexué  l'emporte  de  beau- 
coup sur  le  thalle  agame  ou  sporogone.  Par  suite  de 
cette  sexualité  hâtive,  ces  plantes  ne  sont  pas  suscep- 
tibles de  grands  perfectionnements  dans  leurs  organes  vé- 
gétatifs. Aussi  voyons-nous  leurs  représentants  actuels 
n'occuper  qu'un  rang  infime  dans  la  hiérarchie  végétale. 
Les  espèces  anciennes  de  ce  groupe  n'ont  pas  pu  laisser 
de  traces  dans  les  couches  géologiques. 

Au  contraire,  dans  d'autres  Cryptogames,  le  prothalle 
sexué  tend  à  se  réduire  de  plus  en  plus,  tandis  que  le 
sporogone  ou  thalle  agame  prend  une  importance  de  plus 
en  plus  grande  et  se  caractérise  par  la  diversité  et  la 
complexité  croissantes  de  ses  organes.  Chez  les  Fougères 
(V.  ce  mot),  le  prothalle  n'est  plus  qu'une  lame  verte  por- 
tant des  anthéridies  et  des  archégones.  De  l'œuf  fécondé 
nait  à  son  tour  le  sporogone  diversifié  en  frondes  élégantes 
et  parfois  arborescent.  Les  spores  auxquelles  il  donne 
naissance  reproduisent  le  prothalle.  Il  en  est  à  peu  près 
de  même  chez  les  Equisttacées  (V.  ce  mot).  Ces  deux  fa- 
milles, assez  réduites  de  nos  jours,  sont  magnifiquement 
représentées  à  l'époque  houillère.  Les  Calamariées  (V.  ce 
mot)  notamment,  analogues  à  des  Prêles  sfigantesques, 


Fig.  1.  —  Bilobites  Vilanovae  Sap.  et 
Marion,  provenant  du  silurien  d'Anda- 
lousie. 


863 


PALEONTOLOGIE 


comprenaient  les  genres  Calamités,  Annularia  et  Aste- 
rophyllUes  qui  se  sont  éteints  de  bonne  heure.  Con- 
trairement aux  Equisétinées  (Equisétacées  et  Calama- 
riées)  dont  le  plan  de  structure  ne  se  prête  qu'à  de 
faibles  variations,  celui  des  Filicinées  ou  Fougères  accuse 
une  souplesse  qui  aboutit  à  des  diversités  pour  ainsi  dire 


l^'],i;-,  2.  —  Biiobiles  YilauovcC.  PhysopJiycus  morginatus. 
Sciiimp.,  provenant  du  dévonien  de  Pensylvanie/  d'après 
Saporta  et  Marion.  A,  B  et  C,  représentent  des  phyllomes 
qui  laissent  voir  la  bordure  marginalo,  et  dont  deux,  A 
et  C,  montrent  leur  support. 

infinies.  On  trouve  des  représentants  de  leurs  principales 
tribus  dès  le  carbonifère  ancien  ;  le  genre  Palœopteris 
de  Schimper  a  même  été  rencontré  dans  le  dévonien.  La 
tribu  des  Polypodiées,  pourvues  de  sporanges  individuel- 
lement pédicellés,  munis  d'un  anneau  vertical,  très  petits, 
mais  très  nombreux,  est  certainement  la  plus  évoluée  de 
toutes.  On  n'en  signale  des  traces  qu'après  la  période  pa- 
léolithique et  même  après  le  trias.  En  revanche,  elle  est 
actuellement  la  plus  importante  par  le  nombre  et  la  diver- 
sité de  ses  formes. 

Dans  les  plantes  que  nous  venons  d'examiner,  le  pro- 
thalle, quoique  réduit,  avait  encore  une  existence  indé- 
pendante. Mais  dans  d'autres  végétaux,  il  n'a  mémo  pu 
conserver  ce  rôle  effacé  :  continuant  à  s'atténuer  en  impor- 
tance et  en  durée,  il  a  tendu  à  ne  plus  se  détacher  de  la 
spore  et  à  en  devenir  un  simple  accessoire,  jusqu'au  mo- 
ment où,  demeurant  inclus,  il  s'est  finalement  confondu 
avec  ce  dernier  organe.  Les  Lycopodinées  actuelles  repré- 
sentent ce  slade  transitoire.  Ce  ne  sont  que  des  plantes 
peu  apparentes.  Mais  à  l'époque  carbonifère,  la  famille 
voisine,  actuellement  éteinte,  des  Lépidodendrées  (V.  ce 
mot)  avait  acquis  un  haut  degi^é  de  développement.  Ces 
plantes  arborescentes  portaient,  comme  les  Lycopodinées 
hétérosporées,  des  microspores  et  des  macrospores.  Chez 
les  Hétérosporées  actuelles  ou  Sélaginellées,  les  petites 
spores  donnent  naissance  à  un  prothalle  mâle,  les  grandes 
à  un  prothalle  femelle.  Ces  deux  genres  de  prothalle  se 
forment  en  grande  partie  dans  les  téguments  de  la  spore 
et  la  fécondation  des  archégones  par  les  anthérozoïdes  a 
lieu  sur  place.  On  peut  penser  par  analogie  qu'il  en  était 
de  même  pour  les  Lépidodendrées  de  l'époque  carbonifère. 

Mais  de  très  bonne  heure  un  pas  de  plus  a  été  franchi, 
et  du  stade  cryptogamique  on  est  entré  dans  la  phase 
phanérogamique  par  une  transition  presque  insensible  : 
macrospore  solitaire  fixée  et  germant  surplace  dans  chaque 
macrosporange,  avec  un  prothalle  complètement  inclus,  et, 
d'autre  part,  microspore  dont  l'anthéridie,  au  lieu  de  don- 
ner naissance  à  des  anthérozoïdes,  se  transforme  en  une 


expansion  vésiculaire  dont  le  protoplasma  demeure  dif- 
lluent  (pollen).  Les  premières  plantes  ainsi  constituées  sont 
des  Gymnospermes,  puisque  chez  elles  le  macrosporange 
ou  ovule  n'est  pas  encore  renfermé  dans  une  feuille  mo- 
diiiée  })our  lui  servir  de  tégument  protecteur.  De  plus,  ce 
sont  les  moins  parfaites  des  Gymnospermes,  puisque  chez 
les  Cycadées,  par  exemple,  qui  ont  persisté  jusqu'à  nos 
jours,  les  appareils  reproducteurs  sont  simplement  fixés  à 
des  feuilles  peu  modifiées.  Parmi  les  aulres  types  de  l'étage 
houiller,  il  convient  de  citer  les  Cordaites,  grands  arbres 
au  bois  ressemblant  par  sa  structure  à  celui  d'Araucaria 
et  de  Damniara  ;  l'inflorescence  mâle  est  déjà  analogue 
à  celle  des  Conifères,  tandis  que  les  fleurs  femelles  res- 
semblent à  celles  des  Cycadées  ;  les  Sigillariées,  au  tronc 
couvert  de  cicatrices  foliaires  ;  les  Poroxylées,  les  Calamo- 
dendrées,  les  Dolérophyllées,  les  Cannophylhtées,  dans 
l'organisation  desquelles  nous  ne  pouvons  entrer  ici.  Beau- 
cou[>  de  ces  végétaux  poussaient  sur  un  rhizome  souter- 
rain, et  leur  bois,  très  différent  de  celui  des  végétaux 
actuels,  ne  devait  pas  présenter  une  grande  sohdité.' Leurs 
organes  reproducteurs  sont  caractéiisés  par  une  réduction 
encore  imparfaite  des  prothalles  sexués  ;  aussi  leurs  grains 
de  pollen  sont-ils  remarquablement  gros.  L'ensemble  de 
ces  plantes  constitue  le  stade  progymnospermique  de  Sa- 
porta et  Marion. 

Chez  les  Gymnospermes  véritables,  le  mécanisme  de  la 
reproduction  se  simplifie  encore  davantage  par  accéléra- 
tion et  réduction  des  phénomènes  nécessaires.  Déplus, les 
organes  reproducteurs  tendent  à  se  réunir  de  façon  à  cons- 
tituer de  véritables  inflorescences  et  en  même  temps  à 
s'entourer  de  parties  nouvelles  destinées  à  les  protéger. 
C'est  ce  qu'on  observe  déjà  chez  les  Sahsburiées,  dont  un 
seul  genre,  le  Gingko  (V.  ce  mot)  a  persisté  jusqu'à  nos 
jours,  mais  qui  étaient  largement  représentées  aux  pé- 


Fiii.  3.  —  Types  arcti(|ue  e>  anlarclKjue  de  Salisburia  ]urafe 
si(iue  :  A,  Salisburia  unturctica  Sa|).,  du  lias  inférieur 
d'Australie,  feuille  complète;  B.  Salisburia  integriuscidu 
îlr.,  du  jurassique  du  Spitzberg,  feudle  complète  (l/2gran 
deur  naturelle). 

riodes  anciennes.  On  trouve  de  véritables  Uingko  dans  les 
deux  hémisphères  à  l'époque  jurassique  (fig.  §).  Avec  eux 
se  rencontre  un  genre  actuellement  éteint,  les  Baiera. 
D'autre  part,  les  genres  voisins  des  Trichopitys  et  des 
Ginkgo/jhyllwns  remontent  jusque  dans  le  permien  ;  ils 
ont  des  analogies  très  distinctes  avec  les  Bornia  et  les 
Cycadées  d'une  part,  les  Cordaites  et  les  Nœggerathia  de 
l'autre.  L'organe  mâle  du  Gingko  notamment,  constitué 
par  un  chaton  dont  l'axe  porte  de  courts  pédicellés  avec 
'2  ou  3  logettes  à  pollen,  n'est  pas  sans  analogie  avec  celui 
des  Cordaitées,  dont  les  androphylles  sont  formées  de  5  à 
6  logettes  érigées,  fascicuiées  au  sommet  des  pédicellés. 
L'appareil  femelle  consiste  en  une  l'éunion  de  feuilles  mo- 
difiées, réduites  à  leur  pétiole,  dont  chacune  porte  à  son 
sommet  deux  ovules  qui  tiennent  visiblement  la  place  des 
deux  segments  du  Kmbe.  Ces  parties  n'ont  subi  que  de 
légères  modifications  dans  les  genres  voisins  (V.  Baiera). 
11  y  a  donc  eu  à  un  moment  donné  de  l'évolution  végé- 
tale un  grand  groupe  de  plantes  visiblement  intermédiaire 
entre  les  Progymnospermes  et  les  Gymnospermes  supé- 
rieures. Celles-ci,  c.-à-d.  les  Acicidarîées  (Taxinées et  Co- 
nifères) (V.  ces  mots),  procèdent  visiblement  de  plantes 


PALEONTOLOGIE  —  8t)4  -- 

analogues  aux  Salisburiées  paléozoïques.  Dès  l'origine,  les 
Aciculariées  possédaient  un  type  caulinaire  à  régions 
ligneuse  et  libérienne  distinctes,  doué  de  la  précieuse  fa- 
culté de  s'accroître  par  zones  annuelles  concentriques.  Leurs 
feuilles  consistaient  alors  en  lamelles  planes  atténuées  à 
la  base,  à  nervures  parallèles.  Peu  à  peu  leur  limbe  s'est 
rétréci  et  les  nervures  se  sont  rapprochées  en  se  soudant. 
Dans  certains  genres,  comme  les  Araucana  et  les  Dacrfj- 
diiim,  on  rencontre  toutes  les  formes  de  feuilles  depuis 
les  plus  rigides  et  les  plus  étroites  jusqu'aux  plus  larges. 
Quanta  l'appareil  fructiticateur,  deux  tendances  se  sont 
manifestées  de  très  bonne  heure.  Chez  les  Taxinées,  Taxe 
de  l'inflorescence  s'est  réduit,  et  l'appareil  femelle  n'a  plus 
correspondu  qu'à  une  portion  restreinte  du  rameau  sexué 
et  n'a  plus  présenté  qu'un  nombre  limité  d'ovules  et  de 
bractées.  Déplus,  la  substance  entourant  la  base  de  l'ovule 
s'est  gonflée  de  façon  à  constituer  à  la  graine  adulte  une 
capsule  charnue  ou  membraneuse.  Chez  les  Conifères,  au 
contraire,  le  cône  ou  strobile  est  un  axe  modifié  pour  ser- 
vir de  support  aux  organes  femelles.  Ceux-ci  au  lieu  d'être 
portés  directement  par  des  feuilles  modifiées  ou  carpo- 
phylles,  comme  chez  les  Cycadées,  sont  situés  à  l'aisselle 
de  feuilles  transformées  en  bractées.  Pour  en  finir  avec 
<îette  morphologie  florale,  disons  de  suite  que  chez  les  An- 
giospermes la  fleur  répond  à  un  rameau  contracté  dont  les 
feuilles  supportaient  directement  à  l'origine  les  organes 
de  l'un  et  Fautre  sexe.  Ce.«^  feuilles  se  sont  modifiées  par 
la  suite  pour  constituer  le^.^iepale^.  pétales,  élamines  et 
ovaire  (V.  ces  mots).  Mais  dès  l'origine  les  carpophylles 
ou  organes  femelles  et  les  androphylles  ou  organes  mâles 
occupaient  une  place  déterminée  de  l'inflorescence,  les  pie- 
miers  toujours  situés  au-dessus  des  seconds. 

On  voit  donc  qu'on  passe  par  des  gradations  presque 
insensibles  des  plantes  les  moins  élevées  en  organisation 
aux  plus  parfaites.  Cette  succession  n'est  pas  une  simple 
hypothèse.    Car   on   voit  au   cours  des    âges    les   pre- 
mières disparaître  ou  se  réduire  gradueilemenl,  tandis  que 
les  genres   supérieurs  se  constituent.    C'est  ainsi  qu'à 
l'époque  triasique,  les  Calamariées  ont  complètement  dis- 
paru, sauf  le  genre  Equisetum  encore  vivant,  mais  qui,  à 
cette  époque,  comptait  des  formes  géantes.  Les  Cycadées 
sont  au  maximum  de  leur  développement.  Les  Conifères 
sont  largement  représentées,  notamment  par  le  genre  Vol- 
f.zia.     Mais    elles    avaient    fait    leur    apparition    bien 
auparavant,    dès    l'époque  houillère,    en    même    temps 
que  les  Gnétacées  (Gnetiun,  Welwitschia)  qui  indiquent 
le  passage  vers  les  Angiospermes  (V.  Ovaire).  On  voit 
donc  que  les  diverses  tendances  de  l'évolution  végétale, 
Gymnosperme  et  Angiosperme,  se  sont  fait  jour  de  très 
bonne  heure  et  qu'il  est  impossible  de  ranger  les  plantes 
en  série  linéaire.  On  ne  peut  pas  dire  que  les  Angios- 
pei'mes  procèdent  des  Gymnospermes,  mais  bien  que  ces 
deux  groupes  proviennent  d'ancêtres  communs,  qu'il  faut 
chercher  parmi  les  Cryptogames  hétérosporées.  Les  Gym- 
nospermes ont  seulement  poussé  moins  loin  leur  évolution. 
Le  trias  est  un  vrai  carrefour  où  les  genres  anciens 
achèvent  de  s'éteindre,  tandis  que  les  genres  nouveaux 
deviennent  de  plus  en  plus  nets.  Dans  le  jurassique,  outi'e 
les  Cryptogames  vasculaires  et  les  Gymnospermes,  on  trouve 
de  vraies  Monocofylédones.  C'est  ainsi  que  M.  Gardner 
(Annuaire  géologique  universel,  t.  III)  a  décrit  des  in- 
florescences paraissant  entourées  d'une  spalhe,  des  feuilles 
qui  semblent  avoir  appartenu  à  une  Monocotylédone  aqua- 
tique, un  tronc  qui  doit  être  celui  d'une  Graminéc  arbo- 
rescente. M.  de  Saporta  a  découvert  de  son  côté  des  spa- 
dices  ou  inflorescences  analogues  à  celles  des  Palmiers. 
Pendant  le  crétacé,  ont  apparu  les  premières  Dicotylédones, 
qui  ont  pris  de  suite  une  grande  extension.  On  trouve  en 
Europe  centrale  un  mélange  curieux  de  genres  éteints,  de 
genres  devenus  exotiques  et  tropicaux  et  de  genres  demeu- 
rés septentrionaux.  La  flore  crétacée  est  très  riche  égale- 
ment au  Groenland  et  au  Spitzberg;  on  y  rencontre  no- 
faiument  un^  forme  ancestrale  do  nf>treTulipi«^]'.Ensommp. 


à  cette  époque,  les  Cryptogames  vasculaires  et  les  Cycadées 
ont  perdu  la  prédominance  qu'ils  possédaient  jusqu'alors  ; 
les  Conifères  sont  très  analogues  aux  formes  actuelles: 
les  Monocotylédon  es  se  précisent  et  deviennent  nombreuses  : 
enfin  les  Dicotylédones  apparaissent.  Mais  l'uniformité  de 
la  flore  dans  tout  notre  hémisphère  montre  que,  quoique' 
bien  diff'érentes  sans  doute  de  ce  qu'elles  étaient  pendant 
les  temps  paléolithiques.  les  conditions  météorologiques  de 
chaleur  et  d'humidité  devaient  être  à  peu  près  les  mêmes 
partout  ;  les  zones  climatériques  ne  s'étaient  pas  encore 
constituées. 

Au  début  des  temps  tertiaires  (période  éocène),  le  refroi- 
dissement n'avait  encore  fait  que  peu  de  progrès.  On  trouva 
dans  nos  pays  des  arbres  des  régions  tempérées  :  Chênes. 
Châtaigniers,  Noyers,  Vignes,  etc.,  mêlés  à  des  types  de 
climats  plus  chauds  :  Magnolias,  Camphriers,  Canneliers, 
Myrtes,  etc.  Dans  les  régions  arctiques,  on  rencontie  des 
Noyers,  des  Platanes,  des  Chênes,  des  Peupliers,  du  Lierre. 
Pendant  l'oligocène  (intermédiaire  entre  l'éocène  et  le  mio- 
cène), les  Palmiers  s'avancent  encore  jusqu'en  Bohême. 
Cependant  on  trouve  de  plus  en  plus  de  formes  actuelles. 
Le  miocène  inférieur  présente  le  même  mélange  d'espèces 
subtropicales  et  tempérées;  mais  dans  le  miocène  supérieur 
on  constate  un  déclin  de  plus  en  plus  marqué  des  pre- 
mières et  une  multiplication  croissante  des  secondes,  ce 
qui  indique  un  refroidissement  graduel.  De  plus,  si  on  com- 
pare les  gisements  septentrionaux  à  ceux  du  Sud,  on  cons- 
tate des  diff'érences  indiquant  une  température  plus  bass»' 
dans  le  Nord.  Les  zones  climatériques  commençaient  donc 
à  se  former.  Cependant,  d'une  façon,  générale  le  climat 
était  encore  bien  plus  chaud  qu'aujourd'hui.  On  trouve 
dans  les  régions  arctiques  des  Cyprès,  des  Pins,  des  Ormes, 
des  Tilleuls,  des  Bouleaux,  des  Peupliers  et  des  Noisetiers. 
Quant  à  la  France,  elle  avait  à  peu  près  le  climat  de  l'Eu- 
rope méridionale  actuelle.  La  flore  pliocène  indique  un  re- 
froidissement beaucoup  plus  marqué.  11  y  a  encore  en 
Europe  des  Platanes,  des  Lauriers,  des  Tulipiers,  mais  les 
Chênes,  les  Ormes,  les  Noyers,  les  Peupliers  prédominent 
de  plus  en  plus  ;  les  formes  caractéristiques  de  l'époque 
actuelle  l'emportent  finalement  et  se  montrent  seules  à  l;i 
fin  (lu  pliocène.  En  même  temps,  les  difi'érences  climaté- 
riques entre  le  N.  et  le  S.  de  l'Europe  s'accentuent.  Ainsi 
dans  la  vallée  du  Rhône  la  flore  rappelle  celle  des  îles 
Canaries  d'auqjurd'hui  ;  au  contraire  l'Erable,  le  Peuplier, 
le  Noyer,  le  Mélèze  étaient  abondants  au  centre  de  la 
France,  tandis  qu'il  y  avait  en  Angleterre  des  forêts  de 
Pins  et  de  Sapins.  Au  début  des  temps  quaternaires,  la  tem- 
pérature était,  daus  la  région  parisienne,  encore  un  peu 
plus  élevée  qu'aujourd'hui.  C'est  ainsi  qu'on  trouve  dans 
les  tufs  de  Moret  le  Figuiei'  et  le  Laurier  des  Canaries, 
qui  ne  poussent  plus  librement  sons  cette  latitude.  PIun 
tard, pendant  les  extensions  glaciaires  et  dans  l'intervalle 
de  ces  phénomènes,  la  végétation  a  subi  des  variations 
corrélatives.  Petit  à  petit  le  l'égime  actuel  s'est  établi  par 
élimination  successive  des  espèces  méridionales  et  par  adaj»- 
tation  des  autres  aux  conditions  nouvelles  de  température. 
l']n  résumé,  la  marche  générale  de  l'évolution  végétale 
a  été  la  prédominance  de  plus  en  plus  marquée  du  thalle 
agame  sur  le  prothalle  sexué.  Grâce  à  l'apparition  plus 
tardive  des  phénumênes  de  reproduction,  le  thalle  a  pus<! 
diversifier  de  façon  à  s'adapter  d'une  façon  plus  parfait<> 
au  milieu  ambiant.  De  bonne  heure  se  sont  fait  jour  des 
tendances  diverses  qui,  dps  Cryptogames  vasculaires,  on 
conduit  aux  Gymnospermes  et  aux  Angiospermes.  Le  pre- 
mier groupe,  peu  adaptatif,  n"a  donné  lieu  ([u'à  des  varia- 
tions peu  nombreuses.  Le  second,  au  contraire,  a  produit 
Finfinie  variété  des  plantes  M(mocotylédones  et  Dicotylé- 
dones. La  spécialisation  de  ces  végétaux  en  familles  dis- 
tinctes et  leur  diffusion  sur  de  vastes  étendues  ont  été 
grandement  favorisées  par  les  variations,  au  cours  des 
âges,  de  la  distribution  géographique  du  sol  émergé,  par 
celles  du  relief  orographique,  enfin  par  l'abaissement  de 
la  tempérntuj'P  ot  jps  oscilUitions  Himatériqucs.  En  offet, 


—  865  — 


PALEONrOLOGIE  -  PALÉOSAURE 


grâce  aux  phénomènes  de  connexions  et  de  disjonc- 
tions successives  des  étendues  continentales,  les  espèces 
qui  s'étaient  fixées  et  spécialisées  dans  un  domaine  rela- 
tivement restreint  voyaient  plus  tard,  après  une  période 
de  repos  plus  ou  moins  longue,  l'espace  s'ouvrir  devant 
elles,  disposé  à  les  recevoir  et  les  entraînant  vers  des  sta- 
tions nouvelles.  D'autre  part,  les  limites  opposées  par  les 
mers,  les  montagnes,  les  déserts,  en  parquant  les  formes 
végétales  dans  un  périmètre  donné  et  en  les  soumettant 
à  des  conditions  uniformes  de  sol  et  de  climat,  ont  dû 
amener  l'affermissement  héréditaire  des  caractères  acquis 
en  commun. 

L'orographie  venant  à  varier  a  suffi,  en  l'absence  de  toute 
autre  cause,  à  produire  les  modifications  les  plus  remar- 
quables dans  la  flore.  Les  montagnes  ont  servi  de  centre 
de  cantonnement  pour  toute  une  catégorie  de  plantes  qui 
ont  pris  des  caractères  spéciaux,  dits  alpestres.  D'autre 
part,  des  plantes  venues  de  régions  plus  froides  ont  pu 
s'acclimater  dans  des  pays  chauds  sur  les  pentes  des  mon- 
tagnes. Ou  bien  encore  les  restes  d'une  flore  de  climat 
froid,  correspondant  par  exemple  à  l'époque  glaciaire,  ont 
pu  persister  sur  les  montagnes,  tandis  que  les  plaines 
situées  à  leur  pied  étaient  à  nouveau  envahies  par  une 
végétation  de  climat  tempéré  ou  chaud.  Quant  aux  varia- 
tions climatériques,  caractérisées  en  général  par  un  re- 
froidissement progressif  jusqu'à  la  période  glaciaire,  un 
climat  froid  et  humide  pendant  celle-ci  (faune  et  flore  des 
toundras),  froid  et  sec  après  elle  (faune  et  flore  des  steppes), 
enfin  tempéré,  leur  influence  a  été  énorme  sur  la  flore. 
Nous  l'avons  esquissé  tout  à  l'heure.  Ces  variations  cli- 
matériques ont  du  reste  été  reconnues  surtout  par  celles 
de  la  faune  et  de  la  flore.  A  mesure  que  la  paléontologie 
végétale  progressera,  on  ne  constatera  plus  seulement  des 
variations  générales  de  la  flore,  mais  aussi  des  variations 
locales,  moins  accentuées  sans  doute  que  de  nos  jours, 
grâce  à  l'absence  de  zones  climatériques,  assez  nettes  ce- 
pendant pour  montrer  qu'il  y  eut  dès  les  époques  les  plus 
reculées  des  habitats  caractérisés  par  la  présence  d'une 
flore  spéciale.  L'existence  de  stations  de  ce  genre  est  prouvée 
par  la  rapide  extension  des  Angiospermes  et,  plus  spéciale- 
ment, des  Dicotylées,  à  partir  du  crétacé.  Cette  diff'usion  eut 
lieu  simultanément  dans  l'Amérique  du  Nord,  l'Europe  et 
leGrœnland.  En  aucun  de  ces  pays  on  ne  trouve  d'Angios- 
permes dans  les  âges  immédiatement  antérieurs  au  céno- 
manien.  Ces  plantes  ne  peuvent  donc  y  avoir  pris  naissance  ; 
mais  elles  doivent  avoir  eu  leur  berceau  dans  une  région 
intermédiaire  à  ces  trois  points  et  ayant  des  connexions 
avec  eux.  Il  est  remarquable  que  la  date  de  cette  diffusion 
coïncide  précisément  avec  les  premiers  indices  du  refroi- 
dissement polaire.  C'est  probablement  grâce  à  ce  phéno- 
mène que  les  Angiospermes,  qui  s'étaient  développés  et 
avaient  fixé  leurs  caractères  dans  cette  terre  intermédiaire  à 
l'Europe,  au  Grœnland  et  à  l'Amérique,  ont  pu  se  propager 
dans  ces  trois  pays,  peut-être  à  la  faveur  de  chaînes  de 
montagnes  facilitant  leur  extension. 

Une  fois  le  refroidissement  polaire  établi,  il  s'est  créé 
des  courants  atmosphériques  et  marins,  les  différences 
entre  les  îles  et  les  continents,  les  stations  sèches  ou  hu- 
mides, abritées  ou  soumises  auvent,  etc.,  se  sont  accen- 
tuées et  ont  amené  l'infinie  variété  des  flores  actuelles. 
Mais  il  faut  reconnaître  que  les  Angiospermes  qui,  elles 
surtout,  ont  subi  ces  variations,  ne  diffèrent  entre  elles  que 
par  des  détails  infimes.  Les  grands  traits  de  l'organisation 
végétale  sont  désormais  fixés,  et  si  les  groupes  végétaux 
primitifs  (les  diverses  familles  d'Algues  par  exemple)  dif- 
fèrent entre  eux  par  des  caractères  de  tout  premier  ordre, 
les  variations  des  familles  angiospermiques  portent  sur  des 
points  infiniment  moins  importants,  et  ces  familles  ne 
peuvent  en  aucune  façon  être  mises  en  parallèle,  au  point 
de  vue  de  leur  valeur  systématique,  avec  les  familles  des 
Protophytes.  Les  deux  séries,  Monocotylédone  et  Dicotylé- 
done,  en  lesquelles  se  répartissent  les  Angiospermes,  n'ont 
pas  elles-mè;îies  une  importance  bien  grande.  Les  organes  flo- 

GRANDE  ENCYCLOPÉDIE.    —   XXV. 


raux  ont  la  même  constitution  intime  dans  les  deux  groupes. 
Si  leur  formule  pliyllotaxique  est  différente,  cela  tient  à  ce 
que  le  prototype  des  Monocotylées  devait  avoir  des  feuilles 
alternes  et  dépourvues  de  limbe,  tandis  que  le  prototype 
des  Dicotylées,  déjà  parvenu  à  une  plus  grande  complexité 
organique,  devait  posséder  des  feuilles  rapprochées  géné- 
ralement par  paires,  et  pourvues  d'un  hmbe  en  voie  d'ex- 
tension. Quant  à  la  différence  de  structure  de  la  tige,  on 
Irouve  des  intermédiaires  entre  les  Monocotylées  dépour- 
vues de  cambium  périphérique  et  les  Dicotylées  à  accrois- 
sement ligneux  secondaire.  Elle  n'a  donc  rien  d'essentiel. 
En  somme,  les  Monocotylées  se  rapprochent  davantage  du 
type  angiosperme  primitif,  surtout  par  leurs  feuilles.  Les 
feuilles  des  premières  Angiospermes,  à  en  juger  par  le  dé- 
veloppement ontogénique  de  cet  organe,  étaient  de  simples 
appendices  engainant  la  tige.  Plus  tard,  au  sommet  de 
l'appendice,  s'est  développé  un  limbe  plus  ou  moins  com- 
plexe. Chez  les  Monocotylédones,  la  gaine  a  persisté,  et  le 
limbe  est  en  général  très  simple  et  à  nervures  parallèles. 
Chez  les  Dicotylédones,  au  contraire,  il  revêt  les  formes 
les  plus  variées  et,  en  revanche,  la  gaine  disparaît,  et  de 
l'appendice  primitif  il  ne  reste  plus  que  les  organes  nommés 
stipules,  qui,  eux-mêmes,  peuvent  faire  défaut.  En  somme, 
une  fois  la  transformation  opérée  et  la  gaine  primordiale 
réduite  presque  à  rien,  les  feuilles  des  Dicotylées  ont 
montré  une  souplesse  et  une  amplitude  de  variations  bien 
supérieures  à  ce  qui  existe  chez  les  Monocotylées. 

Si  nous  cherchons  maintenant  à  caractériser  en  quel- 
ques mots  l'évolution  du  règne  végétal,  nous  voyons  qu'à 
partir  du  stade  cryptogamique  hétérosporéles  deux  branches 
des  Phanérogames  ont  divergé  presque  immédiatement  : 
les  Gymnospermes,  caractérisées  par  la  persistance  d'un§ 
portion  appréciable  de  tissu  prothallien  et  par  la  réduc- 
tion précoce  du  nombre  des  macrospores  (V.  Ovule),  n'ont 
donné  lieu  qu'à  des  variations  peu  nombreuses.  Chez  les 
Angiospermes,  les  macrospores  primitives  sont  nombreuses 
et  antagonistes,  et  le  tissu  prothallien  est  tout  à  fait  réduit. 
Ces  plantes  n'ont  pas  eu  une  évolution  aussi  rapide  que 
les  Gymnospermes  ;  mais  une  fois  que,  grâce  à  des  condi- 
tions climatériques  nouvelles,  elles  sont  sorties  de  leur 
obscurité,  elles  se  sont  prêtées  à  des  différenciations 
morphologiques  et  organographiques  bien  plus  variées  que 
ces  dernières.  Elles  se  divisèrent  presque  aussitôt  en 
Monocotylées  et  Dicotylées.  Le  premier  de  ces  groupes, 
d'organisation  plus  primitive,  est  beaucoup  moins  riche  en 
espèces  que  le  second.  C'est  ce  dernier  venu  du  monde 
végétal  qui  constitue  à  lui  seul  la  grande  diversité  de  la 
flore  terrestre  actuelle.  Les  autres  groupes,  bien  plus  im- 
partants aux  points  de  vue  organographique  et  svstématique, 
n'y  jouent  plus  qu'un  rôle  subordonné.       D^'  L.  Laloy. 

BiuL.  :  Zoologie.  —A.  Zittel,  Traité  de  paléontoloqie 
(paleozoologie),  trad.  franc..,  1883-93,  4  vol.  in-8. 

Botanique.  —  A.  Bro.xgniart,  Prodrome  d'une  his- 
toire des  végétaux  fossiles;  Paris,  1828.  —  Du  môme 
Histoire  des  végétaux  fossiles  ;  Paris,  1828-38.  —  A.  Corda, 
Beitr.  zur  Flora  der  VorweZ^- Prague,  1815.— E.  v.  Etting- 
HAUSEN,  Beitrag  zur  Erforschung  der  Phyloqenie  der 
..«..o..fo..  .   v;..„.    iu~^    _   ji-    Gœppert,  Systema 


ma;  Harnsburg,  1879.  -  B.  Renault,  Cours  de  botanique 
fossile;  Pans,  1881.  —  E.  von  Rœhll,  Fossile  Flora  der 
Steinkohlen  Formation  Westfalens;  Cassel.  1869. —G.  de 
Saporta,  Etudes  sur  la  végétation  du  S.-E.  de  la  France  à 
Vépoque  tertiaire;  Paris,  1863-73.  — Du  même  et  A.  Marion, 
Evolution  du  règne  végétal;  Paris,  1881-85.  —  W.  Sciiim- 
PER,  Traité  de  paléontologie  végétale;  Paris,  1869-74.— 
F.  Unger,  Iconographia  plantarum  fossilium;  Vienne, 
1852.  —  Du  même,  Sylloge  plantarum  fossiliuyn;  Vienne, 
1860-66.  —  C.  Weiss,  Aus  der  Flora  der  Steinkohlenfor- 
mation;  Berlin,  1881.  —  Zeiller,  Végétaux  fossiles  du  ter- 
rain houiller  de  France;  Paris,  1888.  —  Zittel  et  Sciiim- 
PER,  Handbuch  der  Palœontologie ;  Munich,  1879. 

PALÉOPHYTOLOGIE  (V.  Paléontologie  [Bot.]). 
PALEOSAURE  (Paléont.).  Fitzenger  a  décrit  sous  ce 
njm  un  batracien  de  Bohême  caractérisé  par  les  côtes 

55 


PALEOSAURE  —  PALEOTFIIlEïLM 


8ati 


1.   ^,G  -,  Pm. 
o        1 


grêles  et  longues,  celles  de  la  vertèbre  sacrée  étalées  en 
une  large  plaque;  les  arcs  supérieurs  des  vertèbres  sont 
larges  et  pourvues  d'apophyses  épijieuses  déprimées.  Le 
genre  est  rapporté  au  sous-ordre  des  Temnosponthjli. 
BiBL.  :  ZiTTEL,  Truite  de  2^!dëontolo<jie. 

PALÉOSTOM.  Lac  du  Ciuicase,  gouv.  de  Koutaïs  (Min- 
grélie),  sur  la  rive  gauclie  du  Rion,  qu'on  suppose  avoir  eu 
autrefois  son  origine  dans  ce  lac.  Superficie,  ^0.000  kil.  (j. 
environ,  très  poissonneux;  ne  gèle  jamais.  Une  légende 
antique  présente  le  Paléostom  (du  grec  :  ancienne  embou- 
chure) comme  l'emplacement  d'une  ville  détruite  par  une 
catastrophe  subite. 

PALEOTHERIUWl  (Paléont.).  Genre  de  Mammifères 
fossiles  créé  par  Cuvier  (1804),  et  appartenant  au  groupe 
des  Ongulés  Périssodactyles,  dans  lequel  il  est  devenu  le 
type  de  la  famille  des  Palœotheridœ  (pii  comprend  deux 
sous-familles:  les  Hi/racotherînœ  avec  les  genres  Hyra- 
cothcriiim,  Protorohippus ,  Orohippiis,  Pachi/nolophus 
et  Epihippiis,  et  les  Palœotherinœ  comprenant  les  genres 
Palœotherium,  Paloplotherium,  Anchilophus,  Meso- 
hippiis,  Anchiiherium  ,  Desmathippiis ,  xinchippiis. 
Hijpohippiis  et  Parahippus.  Ces  derniers  passent  insen- 
siblement aux  Chevaux  {E(iuidœ) ,  si  bien  que  Zittel 
considère  les  deux  sous-familles  précédentes  comme  appar- 
tenant à  la  famille  des  Equidœ  dont  ils  représentent  la 
souche  ancestrale  (V.  Cheval).  Mais  les  différences  qui 
séparent  ces  deux  sous-familles  des  Chevaux  })lus  mo- 
dernes sont  assez  grandes  pour  qu'on  en  fasse  une  famide 
à  part,  très  nombreuse  en  types  généricpies,  comme  on 
vient  de  le  voir.  Cette  famille  présente  les  caractères  sui- 
vants :  os  nasaux  librement  saillants,  pointus  en  avant, 
laissant  les  narines  largement  ouvertes.  Denture  complète 
suivant  la  formule: 

^   ^"^-^I^M.  ?!  X^=:i^  ou  40  dents. 

(00  o)  o 

Incisives  en  forme  de  ciseaux;  prémolaires  plus  simples 
que  les  arrière-molaires  dont  la  couronne  pi'ésente  deux 
tubercules  externes  plus  ou  moins  distincts,  et  deux  tu- 
hercules  internes  avec  deux  tubercules  intermédiaires  de 
forme  variable  suivant  les  genres  et  reliés  aux  internes 
par  des  colhnes.  Molaires  inférieures  à  4  tubercules. 
Patte  antérieure  à  4  ou  3  doigts,  patte  postérieure  à 
3  doigts,  appuyant  tous  également  sur  le  sol  pendant  la 
marche.  Ces  Ongulés  se  sont  développés,  à  l'époque  ter- 
tiaire, dans  le  N.  des  deux  continents. 

La  sous-famille  des  liYHAcoTUERiN.E  est  cai^aclériséc  par 
des  orbites  ouverts  en  arrière  ;  4  prémolaires  aux  deux 
mâchoires,  des  molaires  supérieures  à  4  tul)ercules  prin- 
cipaux opposés  et  2  intermédiaires  plus  petits  ;  des  mo- 
laires inférieures  à  4  tubercules,  coniques  ou  en  forme 
<de  V.  Les  prémolaires  plus  simples  sont  à  3  tubercules. 
Vux  membres,  le  radius  et  le  cubitus  restent  séparés  :  la 
patte  antérieure  a  4  doigts,  la  postérieure  3  seuh^ment. 
Ces  Périssodactyles  primitifs  dérivent  vraisemblablement 
des  CoNDVLARTHRA  (Pheiuicodus)  et  sont  la  souche  pri- 
mitive des  Chevauxmodernes.  Ilsvivaientà  Tépoquc  éocène 
en  Europe  et  dans  l'Amérique  du  Nord.  Les  genres  Eohip- 
piis.  PHolophns,  Propachijnolopfius  et  llijracotheryys 
ne  sont  que  dessous-genres  (ïlIijracolherhu}i.Ç,es  petits 
Onguli3S  avaient  la  taille  d'un  Renard  ou  d'un  Lièvre. 
ilijracotherium  leporUium  et  //.  ciiniculus  sont  de 
l'éocène  inférieur  d'Angleterj'e  et  de  Suisse,  et  les  dents 
décrites  par  Owen  sous  le  nom  de  Mcicacus  ou  Eopilhe- 
cus  eocœnus  appartiennent  à  cette  dernière  espèce. 
D'autres  sont  de  l'éocène  inférieur  du  Wyoming  et  du 
Nouveau-Mexique  {Uyr.  lapirinum,  H,  vasaccicnse, 
H.  index,  etc.),  et  du  Cernaysien  de  l'E.  de  la  Erance 
{[L  gaudryi,  H.  remense,  H.  dir]iobiinflïdes).LG  gmn' 
Proioroliippus  (Wortmann)  a  pour  type  VHymcolh. 
venlicolum  (Cope),  de  l'éGcènc  moyen  du  Wyoming.  Oro- 
hlppus  (Marsh),  àoxïtïlelohippus  n'est  qu'un  sous-genre 
renferme  des  formes  plus  récentes  (éocène  moyen)  appar- 


tenant à  rAniérique  du  Nord  {().  paiiuki^,  0.  major, 
0.  cinclus,  0.  osbornianus,  etc.).  Ce  genre  est  repré- 
senté à  la  même  époque  en  Europe  par  le  genre  PacJupw- 
lophus  (Pomel)  dont  Propaîœotherium  eiLopfitotheriinii 
(Cervais)  sont  des  sous-genres,  et  qui  renferme  une  ving- 
taine d'espèces  (Pach.  vismœi,  P.  diivali,  P.  sideroli- 
thicîts,  —  Propal.  isselanum,  Pr.  parvulum,  —  Lopit. 
cervulum,  etc.),  de  Erance,  de  Suisse  et  d'Allemagjie. 
Un  dernier  genre  (Epihippiis  Marsh)  est  de  l'éocène 
supérieur  du  Wyoming  et  du  Nouveau-Mexique  (E.  ui)i- 
lensis,  E.  gracilis,  E.  ajili^),  et  forme  le  passage  à  la 
sous-fann'lle  suivante. 

Les  Pal.eotherix.e  diff'èrentdes  précédents  par  leurs  mo- 
laires supérieures  dont  la  couronne  porte,  au  lieu  de  tu- 
bercules, une  muraille  externe  en  W  avec  deux  collines 
transversales  obliques  sur  le  bord  interne  ;  les  molaires  in- 
férieures sont  en  W  allongé,  et  les  prémolaires  postérieures 


KobUmratioii  du  l*alcolhcriuin  ina.iiJjuni 

sont  semblables  aux  vraies  molaires  dans  les  deux  mâ- 
choires. Les  radius  et  les  cui)itus  sont  encore  séparés,  et 
les  deux  paires  de  membres  étaient  pourvues  de  3  doigts 
touchant  le  sol.  La  taille  est  supérieure  à  celle  des  précé- 
dents, variant  de  colle  d'un  Mouton  à  celle  d'un  Cheval 
avec  des  proportions  plus  robustes.  Cuvier  a  supposé  que 
ces  Ongulés  étaient  pourvus  d'une  courte  trompe,  comme 
les  Tapirs,  et  c'est  ainsi  qu'il  a  figuré  sa  restauration  du 
Palœotherium  magnum  du  gypse  de  Montmartre  :  il  est 
plus  vraisemblable  que  les  Icvi'es  étaient  simplement  longues 
et  extensibles  comme  celles  des  Chevaux  et  des  Rhinoié- 
ros.  Ces  animaux  sont  de  l'éocène  supérieur  et  du  miocène 
d'Europe  et  de  l'Amérique  du  Nord  ;  ils  vivaient  au  bord 
des  lacs,  des  marais  et  des  rivières,  se  nourrissant  ihs  ra- 
ciiies  et  des  herbes  molles  qui  poussent  dans  un  sol  humide, 
comme  les  Tapirs  de  l'époque  actuelle.  Us  vivaient  proba- 
blement en  troupe  comme  les  Chevaux  actuels.  Le  Pa- 
lœotherium mag]ium,h\m  connu  par  un  squelette  c(un- 
plet  avec  les  os  en  place,  trouvé  récemment  dans  les 
carrières  à  plâtre  de  Montmartre,  est  de  l'éocène  supé- 
rieur de  Erance,  d'Angleterre,  de  Suisse  et  d'Allemagne. 
Sa  taille  était  celle  d'un  Cheval,  el  ses  formes  étaient 
plus  élancées,  son  cou  surtout  plus  dégagé,  que  ne  l'indique 
la  restauration  de  Cuvier  (1822)  que  nous  reproduisons 
ci-dessus.  Les  P.  médium,  P-  hiium,  P.  crassum, 
P.  curtiuu,  P.  gracile,  etc.,  de  la  môme  époque  en  Eu- 
rope, différaient  par  une  taille  moindre  et  des  proportions 
plus  lourdes  ou  plus  grêles  suivant  les  espèces. 

Le  genre  Paloplotherium  (Owen,  i848)  renferme 
de  petites  espèces  qui  vivaient,  à  la  même  époque,  en  Eu- 
rope (PalopL  magnum,  P.  annecteiis,  P, minus,  P.ja- 
valii,  etc.).  Il  en  est  de  même  d'.l  nchilophus  (Gervais),  qin 
comprend  cinq  espèces  [Ànchil.  radeijundensis,  A.  Des- 
■maresli,  etc.),  formant  le  passage  au  genre  suivant. 

Le  genre  Anchiiherium  (V.  ce  mot)  est  du  miocène 
inférieur  et  moyen  dM'^uro])e  et  de  l'Amérique  du  Nord  et 
se  rapproche  davantage  des  Hipparions  et  des  Chevaux. 
Les  genres  Mesohippus,  Miohippus,  Desmalhippus,  An- 
chippus,  Hgpohippus,  Parahippus,  tous  du  miocène  su- 
périeur et  du  pliocène  de  l'Amérique  du  Nord  (à  l'excep- 
tion de  }[esohippus  Bairdi,  dont  la  présence  est  douteuse 


en  Europe) ,  lie  sont  que  des  démembrements  dWnchithe- 
rium  et  prouvent  que  le  type  des  Palœotheridœ  et  des 
Equidœ  a  présenté  un  grand  développement  dans  le  N. 
du  nouveau  continent  vers  la  fm  de  la  période  tertiaire. 
En  résumé,  on  voit  que  les  Palœotheridœ  occupent  une 
position  centrale  dans  l'arbre  généalogique  des  Ongulés 
Périssodactyles  dont  ils  représentent  la  branche  princi- 
pale, reliant  les  Rhinocéros  aux  Tapirs  et  aux  Chevaux 
(V.  Périssodactyle).  E.  Troiessart. 

PALEOTTI  (Gabriele),  cardinal  italien,  né  à  Bologne  le 
4oct.  1524,  mort  à  Rome  le  23  juil.  1597.  Fils  d'un 
juriste  et  professeur  de  droit  à  Bologne  (1548),  il  devint 
chanoine,  auditeur  de  rote,  fut  délégué  au  concile  de  Trente 
par  Pie  IV  qui  lui  donna  la  pourpre  le  12  mars  1565.  Il 
lut  nommé  à  l'évèché  de  Bologne  (1566),  érigé  ensuite 
pour  lui  en  archevêché  (1582).  Ami  de  saint  Charles  Bor- 
romée  et  de  Sixte-Quint,  il  faillit  être  élu  pape  à  la  mort 
de  ce  dernier.  Il  a  laissé  des  notes  sur  le  concile  de  Trente, 
utilisées  par  Pallavicini  et  Regnaud  et  (pielques  écrits 
théologiques. 

PALÉOZOIQUE  (V.  Primaires  [Terrains]). 

PALÉOZOOLOGIE  (V.  Paléontologie  | Zoologie]). 

PMERUiE  {Palenno,  lat.  Panormiis).  Ville!  —  Ville 
de  l'Italie,  capitale  de  la  Sicile,  située  sur  le  golfe  du  même 
nom,  sur  la  mer  Tyrrhénienne  ;  281.000hab.  (en  1896).  Le 
golfe  de  Palerme, 
non  moins  riant  que 
celui  de  Naples,  s'é- 
tend entre  les  côtes 
rocheuses  et  pitto- 
j'csques  du  Monte 
PellegrinoauN.,sur 
lequel  s  'élève  le 
sanctuaire  de  Sain  te - 
Rosalie  et  derrière 
lequel  s'ouvre  la  fa- 
meuse plaine  de  lu 
Conca  d'Oro,  parse- 
mée de  villas,  et  le 
cap  Zaffarano  auS.- 
E.  où  se  termine  ni 
les  collines  de  Ba- 
i^heria  couvertes 
i! 'agréables  maisons 
de  campagne  et  de 
jardins  délicieux.  La 
fertilité  du  sol,  la 
beauté  du  ciel,  la 
richesse  du  com- 
merce et  la  salubrité 
du  climat  ont   fait 

donner  à  Palerme  le  nom  de  Felice.  La  tempéi-ature  moyenne 
de  l'hiver  est  de  4- 12«,  et  les  variations  sont  g^Miéralement 
faibles. 

La  ville  de  Palerme  a  la  forme  d'un  quadrilatère  al- 
longé, coupé  à  angles  droits  par  deux  artères,  le  Corso 
Vittorio  Emanuele,  ancienne  via  di  Toledo,  et  hnia  Mac- 
({ueda  qui  so  croisent  sur  la  place  Yigliena  et  divisent 
la  ville  en  quatre  quartiers.  Les  anciens  remparts  ont  été 
transformés  en  boulevards,  et  au  delà  se  sont  élevées  au 
N.-O.  quantité  de  belles  villas.  Le  long  do  la  mer  s'étend 
au  S.-E.,  depuis  la  jetée  de  l'ancien  p'ort,  la  belle  pro- 
menade de  la  Marina  et  du  Foro  italico  qui  va  jusqu'au 
jardin  public  de  Flora,  ancienne  villa  Giulia.  Les  rues  du 
centre,  distribuées  autour  de  la  place  octogone  Vigliena, 
sont  étroites.  Toutefois,  il  existe  quelques  belles  places  : 
place  Pretoria  ornée  d'une  superbe  fontaine  de  1550; 
place  Marina,  avec  le  jardin  Garibaîdi  ;  place  de  la  Cathé- 
drale, entourée  d'une  balustrade  garnie  de  statues  de 
saints  ;  place  Vittoiia,  à  rextrémité  de  la  rue  Vittorio 
Emmanuele,  devant  le  palais  royal.  On  a  conservé  la 
porta^  Felice,  bâtie  de  1582  à  1637,  la  porta  Xiiova 
(de  1584),  Cil  forme  d'arc  de  triomphe. 


867  —  PALEOTHERIUM  —  PALERME 

Les  principaux  monuments  de  Palerme  sont  ses  palais 
et  ses  295  églises  ou  chapelles  et  ses  70  anciens  couvents. 
Le  palais  royal,  amalgame  de  bâtiments  de  toute  époque, 
depuis  la  Torre  Pisana,  bâtie  par  les  Normands,  jusqu'à 
l'observatoire  de  Santa  Ninfa  de  1787;  on  y  admire  la 
chapelle  de  Roger  P^  (1129-56),  décorée  de  mosaïques 
sur  fond  d'or,  et  la  salle  de  Roger.  Le  palais  Chiaramonte 
(1307-80)  sert  de  palais  de  justice;  l'hôtel  de  ville,  de 
1463,  les  palais  Abbatelli,  Siin  Cataldo,  Forcella,  Aju- 
tamicristo,  Geraci,  Riso  sont  généralement  en  style  ro- 
coco.  —  La  cathédrale  Sainte-Rosalie  est  un  majestueux 
édifice  construit  par  Guillaume  II  (1169-85)  en  style  go- 
thique, mais  remaniée  depuis,  ornée  d'un  beau  portail  du 
XV ^^  siècle  (1426-58),  abîmée  par  une  coupole  du xvni^ siècle; 
à  l'intérieur,  complètement  transformé  à  la  fm  du  xviïi^  siècle, 
senties  tombeaux  de  Roger  II,  de  sa  fille  Constance,  des 
empereurs  Henri  VI  et  Frédéric  II;  une  crypte  renferme 
ceux  des  archevêques.  Une  double  arcade  relie  à  la  ca- 
thédrale son  élégant  clocher  et  le  palais  de  l'archevêque. 
—  L'église  San  Giovanni  degli  Eremiti,  à  cin({  coupoles, 
fut  bâtie  par  les  Normands  en  1132;  l'éghse  Martorana 
date  de  1143,  mais  a  été  tout  à  fait  modifiée;  elle  conserve 
pourtant  sa  tour  normande  et  ses  mosaïques.  A  Santa  Ma- 
ria délia  Catena  (1 392)  on  a  ajouté  un  porche  au  xvi*^  siècle  ; 
San  Domenico  (1458)  a  été  transformé  en  une  sorte  de 

Panthéon;  citons 
encore  :  Saint-Jo- 
>eph,  église  à  co- 
lonnades (1612- 
Ij), somptueuse- 
ment revêtue  de 
marbres,  et  Casa 
professa  (1554- 
1630)  en  style  jé- 
suite. 

L'ancien  port  de 
Palerme,    la    Cala, 
situé   au  centre  de 
b'i  ville,  au  bout  de 
l;i  rue  Vittorio  Ema- 
nuele, n'admettant 
«juc  les  petits  vais- 
seaux, on  en  a  cous  - 
truH   un  nouveau, 
plus  au  N.,  au  pied 
du  montPellegrino. 
Le  mouvement  fut, 
en  1894  :  pour  la 
!',randc  navigation, 
de  173.000 'tonnes 
aux    entrées    et 
488.000  aux  sorties  ;  pour  le  cabotage,   de  1.500.000 
tonnes  aux  entrées  et  1.152.000  aux  sorties,  soit    un 
mouvement  total  de  plus  de  3.300.000  tonnes,  qui  en 
fait  le  troisième  port  d'Italie  (après   Gènes  et  Xaples). 
On  exporte  des  fruits  (14  millions  de  fr.),  du  sumac 
(8.330.000    fr.),    du    vin   (2.330.000  fr.),  du  tartre 
(1.680.000  fr.),    de  l'huile  d'olive    (940.000  fr.),  du 
soufre,  des  peaux,  etc.  On  importe  des  céréales  et  de  la 
farine  (8.050.000  fr.),  de  la  houille  (2.020.000  ir.),  des 
métaux  (1.840.000  fr.),  du  bois_  (1.G90.000  fr.),  des 
lainages,   des  cotonnades,   des  soieries,  du  pétrole,  du 
cuir,  etc.  Par  terre,  des  voies  ferrées  rc'juies  par  une  [".^nc 
de  ceinture  iont  ccffiiumiiciiiec  l-'a'./:";    ..^a)  «u.l...  j   x^l 
Messine,  a\ec  Trane:ii,  eve  î  V'  ■'.'}..-).  ■—  ii  uiad^tixe  coC 
pou  eetive  ;   on  mbiici^o  do  ta  ioate,  ùcs  luacnines,  aes 
i3àtcs  :'"ii:e:'l  lires,  des  c;;<ii.:..rei,   iie3  ïjeLibies,  du  i.a- 


l'ûJilainc  Pretoria,  confeU'uitii  \e.'ns  1550,  à  Paicraie. 


Palerme  est  ï's-n  approvisionnée  (j'earj, grâce  aux  aque- 
ducs des  Arabes.  C'est  une  ville  gaie,  avec  quatre  théâtres 
et  de  nombreux  lieux  de  divertissement.  La  grande  fête 
locale  est  célébrée  du  11  au  15  jud.  en  l'honneur  de  sainte 
Rosalie.  Aux  environs,  il  faut  citer  la  belle  perspectiTC 


l^ALERME  —  PALEKMO  —  SJS 

du  mont  Pellegrino  qui  domino  la  ville  au  N.,  les  vieux 
palais  Zisa  et  Euba  bâtis  en  1164  et  1182  par  les  Nor- 
mands, les  villas  Favorita  (de  style  chinois),  Belmonte, 
Tasca,  Serradifalco  et  leurs  beaux  parcs,  la  fameuse  église 
do  Monreale,  l'ancien  couvent  de  San>larlino,etc.  —  Au 


point  do  vue  administratif,  Palerme  est  préfecture,  siège 
d'une  cour  d'appel  et  de  cassation,  du  commandement  du 
12^  corps  d'armée,  d'un  archevêché.  L'Université  à  quatre 
facultés,  fondée  en  1805,  compte  environ  1 .300  étudiants. 
Ld  bibliotho(}ao  municipale  a  près  de  200.000  volumes 


Cathédrale  de  Palei-u.e. 


et  2,961  manuscrits,  la  bibliothèque  nationale  (jadis  des 
jésuites)  a  170.000  volumes  et  l.oOO  manuscrits.  Les  ar- 
chives (inventoriées  par  Pollaci  Bucci)  sont  importantes. 
Histoire.  —  Palerme  a  pour  origine  une  colonie  phé- 
nicienne, probablement  ajipelée  d'abord  Macfianalh  ;  ce 
fut  le  centre  des  établissements  Sarthaginois  en  cioile. 
Les  Romains  s'en  emparèrent  en  254,  rcpoussoront  les 
Larlhaginois  en  250,  firent  de  Panorme  un  municif>e, 
puis  une  colonia  augnsta.  En  140  les  Vandales  s'en 
emparèrent.  Elle  passa  ensuite  aux  Ostrogoths  (515), 
auxquels  Bélisaire  l'enleva  (535).  En  830,  les  Arabes  s'y 
élabhrent  et  y  restèrent  près  do  200  ans,  jusqu'à  ce  que, 
le  10  janv.,  1072,  Robert  Guiscard  les  en  chassât.  Ce 
fut,  à  partir  de  Roger  II,  la  résidence  des  rois  de  Sicile 
normands,  et  Frédéric  II  y  fut  élevé  et  y  tint  sa  spJen- 
dide  cour.  Elle  passa  ensuite  à  Charles  d'Anjou  et,  en 
1282,  y  eurent  lieu  les  fameuses  Vêpres  siciliennes, 
qui  la  donnèrent  avec  toute  la  Sicile  à  la  maison  d'Aragon. 
Lorsque  la  couronne  d'Aragon  fut  réunie  à  celle  de 
Sicile,  il  ne  resta  plus  à  Païenne  qu'un  vice-roi,  dont  le 
gouvernement  tyrannique  et  fiscal  lui  fit  tout  le  mal 
possible,  malgré  la  présence  du  Parlement  sicilien.  Le 
3  juin  1676  Vivonne  et  Ducpiesnc  y  battirent  la  flotte 
hispano-néeilandaise.  Palerme  eut  beaucoup  à  souffrir 
des  tremblements  de  terre  de  1693  et  de  1726.  Elle 
redevint  résidence  royale  des  Bourbons  durant  Foccupa- 
tion  française  de  Naples  (1799-1815).  De  1806  à  1815, 
Ferdinand  IV  y  tint  sa  cour,  et  les  Anglais  alors  y 
débarquèrent  leur  armée.  Quand  le  roi  fut  reparti  pour 
le  continent,  le  peuple  s'insurgea  en  1820,  mais  après 
des  troubles  graves  le  général  Pepe  reprit  la  ville  le 
5  oct.  De  nouvelles  insurrections  éclatèrent  en  sept. 
1817  et  le  12  janv.  1848.  Celle-ci  réussit  ;  après  de 
sanglants  combats,  le  peuple  emporta  d'assaut  le  palais 
royal  ;  un  gouvernement  provisoire  fut  constitué  le  4  févr 


et  un  parlement  sicilien  convoqué  le  25  mars.  La  révo- 
lution fut  comprimée,  et  Palerme  capitula  le  15  mai  1849. 
L'affranchissement  vint  de  Garibaldi  qui  se  présenta  aux 
portes  avec  les  Mille,  le  26  mai  1860,  et  occupa  la  ville 
le  jour  même  ;  la  citadelle  la  bombarda  mais  dut  se 
rendre  dès  le  30  mai. 

Province.  —  La  prov.  de  Palerme,  sur  la  côte  N.  de 
l'île,  a 5.017  kil.  q.,  eton  évaluaitsa  population  finl895 
à  829.000  âmes,   soit  164  hab.  par  kil.  q.  Le  sol  est 

1  montuoux,  les  plus  hauts  massifs  étant,  à  FE.,  ceux  des 
Madonio  :  de  nombreux  torrents  descendent  vers  la  mer 

i  Tyrrhéjiionne  (Imera,  lorto,  San  Leonardo)  ;  vers  le  S. 
coule  le  Belici,  rivière  de  Corleone.  Le  sol  est  très  fertile 
en  ble  (1.273.000  liectol.  en  1894).  légumineuses,  vin 
(1 .038.000hectol.),  à  fruits  grumes  (585  millions),  figues, 
sumac,  tabac  (4.100  quintaux)  ;  on  y  recueille  beaucoup 
de  canth arides.  Le  bétail  est  assez  abondant,  la  pèche 
fournit  quantité  de  thons,  de  crustacés,  etc.  On  exploite 
le  soufre  (16.730  tonnes  en  1894),  le  S3l,  la  pierre  cal- 
caire, le  plâtre,  le  tuf.  L'industrie  n'existe  guère  que  dans 
la  capitale.  Les  autres  villes  sont  :  Monreale,  faubourg  de 
Palerme  ;  Carini  et  Partinico  plus  à  FO.  ;  Bagheria,  Ter- 
mini,  Gefalu  à  FE.,  le  long  de  la  mer  Tyrrhénienne  ;  Cor- 
leonne  dans  l'intérieur.  — La  province  se  divise  en  quatre 
arrondissements  (circoli)  :  Cefalu,  Corleone,  Palerme,  Ter- 
mini.  E.  Câsakova. 

Bim..  :  Di  Giovanni,  la  Topograftn  antica  di  Pulermo 
chil  secolo  X  ni  XV ;  Païenne,  1890,  2  vol.  —  La  Lumià, 
PrUermo  il  suo  passato,  il  suopreseato,  i  suoimonumenti, 
1891. 

RALER  MO.  Faubourg  de  Buenos  Aires  (Bépublique  Ar- 
gentine), formé  par  une  petite  agglomération  urbaine  et  un 
magnitique  parc  d'une  grande  étendue,  contenant  de  ricbes 
collections  zoologiques  ;  c'est  le  bois  de  Boulogne  de  la 
cajùtale  fédérale 'à  laquelle  il  est  relié  par  des  tramways, 
wjis  lignes  de  chemin  de  fer  et  de  larges  boulevards  pavés 


-.  869  — 


PALERMO  —  PAl.ESTIXE 


on  bois  el  hordes  de  luxueuses  liabitatious.  On  y  a  ins- 
tallé l'Ecole  militaire  et  un  hippodrome  de  courses.  —  On 
désigne  également  sous  le  nom  de  Palermo  un  district 
aurifère  situé  dans  la  vallée  de  Calcliaqui,  dép.  de  Calclii. 
prov.  de  Salta.  C.  L. 

PALERMO  (Antonelloda),  peintre  italien  du  xvi*^  siècle 
et  l'un  des  représentants  de  l'école  napolitaine.  Son  père, 
Antonio-Crescenzio,  était  connu  parmi  les  artistes  peintres 
de  son  temps.  On  ignore  la  date  de  la  naissance  et  de  la 
mort  d'Antonello  da  Palermo.  On  sait  seulement  qu'en 
io27  il  travaillait  dans  l'atelier  du  sculpteur  Gagini  et 
qu'en  lo37  et  4538,  il  fit  des  copies  de  Raphaël,  entre 
autres  du  Spasimo,  qui  sont  dans  l'église  du  couvent  de 
Fabello,  près  de  Sciacca,  et  au  couvent  des  carmélites  de 
Païenne.  Le  seul  tableau  qui  permette  de  juger  de  sa 
manière  est  une  Madone  datée  de  io28  et  qui  se  trouve 
à  la  Gangia  de  Palerme.  Le  dessin  en  est  captivant  et 
d'un  beau  fini,  mais  l'exécution  généi'ale  de  hi  composi- 
tion pèche  par  quelques  fautes. 

BiisL.:  I3i  Marzo,  Belle  AvLl  in  Stciliv.  III.  157 

PALERON  (Aliment.).  Partie  plate  et  charnue  de 
l'épaule  de  bœuf,  de  la  vache,  du  taureau,  du  porc  ;  c'est 
un  morceau  de  seconde  qualité.  En  boucherie,  on  distin- 
gue :  le  derrière  de  paleron,  la  bande  de  macreuse,  la 
boite  à  moelle,  les  deux  jumeaux,  pièce  souvent  vendue 
pour  du  gîte  à  la  noix,  la  queue  de  gîte. 

PALES.  L  Mythologie. —  Divinité  des  anciens  Romains, 
qui  présidait  à  la  vie  pastorale  ;  elle  est  conçue  parfois 
comme  masculine,  plus  généralement  comme  féminine  et 
associée  à  Anna  Perenna  et  Vesta.  C'était  tout  particu- 
lièrement la  divinité  du  mont  Palatin,  et  sa  fête  des 
Palilia  ou  Parilia,  célébrée  le  21  avril,  était  en  même 
temps  la  fête  natale  de  Rome  ;  cette  conception  s'accorde 
avec  le  caractère  foncièrement  animiste  de  la  primitive 
religion  romaine.  La  fête  des  Palilia  était  essentiellement 
une  fête  de  bergers  ;  ceux-ci  se  purifiaient,  eux  et  leur 
bétail,  en  enjambant  un  feu  de  paille  et  offraient  à  Paies 
un  gâteau  confectionné  avec  du  millet  et  du  lait. 

IL  Astronomie  (V.  Astéroïde). 

PALESTINE.  On  donne  communément  le  nom  de  Pa- 
lestine (originairement  :  pays  des  Philistins)  à  la  région 
qui,  au  S.  de  la  Syrie  proprement  dite,  est  limitée  à  l'O. 
par  la  mer  Méditerranée,  à  l'E.  par  le  désert,  au  S.  par 
le  Ouadij  el-Artch  et  le  31*^  delat.  N.  La  frontière  sep- 
tentrionale est  moins  nette.  Nous  admettrons  qu'elle  est 
formée  par  le  Nahr  el-Qdsmiyé  (cours  inférieur  du  Li- 
tûnî)  et  une  ligne  imaginaire  qui  prolongerait  ce  fleuve  et 
passerait  au  S.  de  l'IIermon. 

Géographie  physique.  —  Les  géologues  placent  à  la 
fin  de  la  période  pliocène  ou  au  commencement  de  l'époque 
diluvienne  la  formation  d'une  faille  dans  le  plateau  cal- 
caire qui  s'était  élevé  à  l'E.  de  la  Méditerranée.  Cette 
faille  est  reconnaissable  aux  dépressions  de  la  Reqà  (Cœle- 
Syrie)  de  la  vallée  du  Jom^dain,  ou  el-Gliùr  de  la  mer 
3Ïorte  (V.  ce  mot)  et  du  Ouady  el-Araba.  Les  masses  de 
granit  et  de  gneiss  qui  forment  le  massif  du  Sinaï  et  les 
deux  rives  de  la  mer  Rouge  se  montrent  dans  le  Ouady 
el-Araba,  jusque  vers  la  mer  Morte.  A  cette  roche  pri- 
mitive succède  le  grès  dit  gi'ês  nubien,  qui  constitue  la 
rive  S.-E.  de  la  mer  Morte  et  se  retrouve  à  la  base  du 
Liban  et  de  FAntiliban.  Au-dessus,  et  formant  en  par- 
ticulier le  plateau  palestinien,  s'est  déposé  un  calcaire 
appartenant  au  crétacé  inférieur.  De  formation  plus  ré- 
cente sont  la  vallée  du  Jourdain,  toute  la  région  de  la 
côte  jusqu'au  Carmel,  la  plaine  de  Saron,  celle  delezréel 
ou  à'Esdrelon  (V.  ce  mot).  Des  masses  basaltiques  ont 
surgi  en  maint  endroit.  Les  roches,  d'origine  plutonienne 
du  massif  du  Hauran,  se  prolongent  jusqu'au  lac  de 
Tibériade  aux  montagnes  de  Safed,  et  à  travers  la  plaine 
de  lezréel  jusqu'au  Carmel,  formant  de  leur  poussière  une 
terre  féconde. 

La  Palestine  comprend  en  premier  lieu  une  région 
montagneuse,  montagnes  de  Judée  et  de  Samarie,  dont  le 


point  culminani,  jurs  d'Hebron,  atteint  i. 027  m.  L'alti- 
tude diminue  dans  hi  partie  moyenne  et  affecte  la  forme 
d'un  haut  plateau  ;  elle  se  relève  vers  le  N.  (point  cul- 
minant, 938  m.)  et  se  termine  à  la  plaine  delezréel  en 
poussant  vers  leN.-O.  une  ramification  :  le  Carmel,  dont 
la  crête  ne  dépasse  pas  oo!2  m.  Ces  hauteurs,  où  ne  prend 
naissance  aucun  cours  d'eau  important,  déterminent  une 
ligne  de  séparation  des  eaux  qui,  allant  du  S.  au  N.,  isole 
complètement  le  bassin  du  Jourdain  de  la  Méditerranée. 
Entre  la  région  montagneuse  et  la  côte  s'étend  une  plaine, 
la  Scheféla,  qui  comprenait  la  Philistie  et  la  plaine  de, 
Saron.  —  Au  N.,  au  delà  de  la  riche  plaine  de  Merdj 
ibn-Amir  (plaine  dite  de  lezréel,  d'Esdrelon  ou  de  Me- 
giddo)  qu'arrose  le  Nahr  el-Moqatta  (ancien  Qichon),  s'élè- 
vent les  collines  de  Galilée.  Elles  commencent  vers  le  Dje- 
bel et-Tour  (le  Tabor.  o62  m.),  s'élèvent  à  partir  du 
massif  de  Safed  et  projettent  vers  l'O.  une  crête  qui  forme 
le  cap  dit  Ras  en-Nàqoùra.  —  A  l'E.  de  toute  cette  suite 
de  montagnes  interrompues  seulement  par  la  plaine  de 
Merdj  ibn-Amir  —  dont  le  point  culminant,  dit  le  seuil 
de  Zerin  (lezréel),  a  420  m.  —  le  Jourdain  coule  du 
N.  au  S.  dans  une  profonde  dépression.  Ce  fleuve  com- 
mence à  la  réunion  de  trois  cours  d'eau  :  le  Nahr  Hàs- 
bânî,  le  Nahr  Leddàn  et  le  Nahr  Ràniàs,  qui  sortent  du 
massif  de  l'Hermon.  H  forme  le  lac  de  Hoùlé  (lac  Sema- 
chonitis),  que  l'on  identifie  à  tort  avec  les  eaux  de  Me- 
rom,  passe  ensuite  sous  le  célèbre  pont  des  filles  de 
Jacob  (Djisr  Benât  Yaqoûb),  qui  jalonne  la  route  la 
plus  directe,  très  anciennement  parcourue,  d'Egypte  à 
Damas,  et  constitue  un  point  stratégique  important.  Du 
lac  de  Houle  à  celui  de  Tibériade,  le  Jourdain  parcourt 
16  kil.  en  ligne  droite  et  descend  de  240  m.  Le  niveau 
du  lac  de  Tibériade  est  inférieur  de  208  m.  à  celui  de  la 
Méditerranée.  Les  rives  de  ce  lac  quoique  fertilcb  sont 
presque  désertes.  On  y  rencontre  des  sources  thermales 
et  l'embouchure  d'un  certain  nombre  de  petits  cours  d"eau. 
C'est  l'ancien  lac  de  Kinneret  ou  Gennésaret.  A  sa  sortie, 
le  Jourdain  porte  aujourd'hui  le  nom  de  Cherîa  el-Kebir 
(le  grand  abreuvoir)  et  coule  dans  une  très  large  vallée 
el-Ghôr —  dans  l'antiquité  :  Araba  — qui  représente  le 
lit  d'une  vaste  nappe  d'eau  reliant  le  lac  de  Tibériade  à 
la  mer  Morte.  La  vallée  proprement  dite  du  Jourdain,  que 
les  Arabes  appellent  ez-Zôr,  a  été  creusée  par  le  Jour- 
dain dans  le  Ghôr.  Grâce  à  ses  innombrables  circuits,  le 
fleuve  parcourt  le  triple  de  la  distance  (404  kil.)  qui  sé- 
pare le  lac  de  Tibériade  de  la  mer  Morte.  Dans  ce  par- 
cours, le  Jourdain  se  grossit  de  nombreux  affluents.  Les 
plus  importants  sont  à  gauche,  le  Ouady  el-Menâdire  (an- 
cien Yarmouq  ou  Hiéromax)  et  le  Nahr  ez-Zerqà  (ancien 
Yabboq).  Le  Jourdain  se  perd  dans  la  mer  Morte  (V.  c>3 
mot)  qui  reçoit,  venant  de  l'E.,  le  Ouady  Zerqa -Main  et 
le  Ouady  Môdjib  (ancien  Arnon).  La  dépression  qui.  au  S. 
de  la  mer  Morte,  appartient  à  la  même  faille  que  la  vallée 
du  Jourdoiin,  a  conservé  le  nom  antique  el-Araba. 

n  faut  rattacher  à  la  Palestine  le  pays  à  l'E.  du  Jour- 
dain, depuis  les  derniers  contreforts  de  l'Hermon  jusqu'au 
S.  de  la  mer  Morte,  en  le  limitant  à  l'Orient  par  le  dé- 
sert. Jusqu'au  Yarmouq,  cette  région  est  constituée  par 
des  coulées  de  lave  cpii  se  sont  étendues  sur  le  sol  cal- 
caire, transformant  à  la  longue  une  contrée  aride  en  une 
terre  fertile.  On  distingue  trois  groupes  volcaniques.  Le 
premier  s'étend  de  Panéas  vers  le  S.,  c'est  le  Toloid  el- 
Hîs.  Le  second,  formant  le  Hauran  avec  son  prolonge- 
ment N.-O.  le  Ledjà,  et  le  troisième,  les  montagnes  du 
Safà,  sont  en  dehors  de  notre  région.  Les  eaux  de  l'an- 
cien pays  de  Basan  ou  Batanée,  s'écoulent  en  partie  dans 
le  lac  de  Houle  et  le  lac  de  Tibériade,  en  partie  dans  le 
Jourdain  par  rintermédiaire  du  Yarmouq,  en  partie  enfui, 
se  perdent  dans  des  terrains  marécageux.  Les  sources 
thermales  abondent.  Au  S.  du  Yarmouq  s'étendent  les 
montagnes  de  Galaad  et  le  haut  plateau  de  Moab  (Y.  ce 
mot).  Le  terrain  volcanique  qui  disparait  dans  la  Gaula- 
nitide  se  retrouve  en  masses  importantes  dans  le  pays 


PALESTINE 


870 


de  Moab.  Parmi  les  afrliieiits  du  Jourdain  qui  arrosent 
cette  région,  il  faut  citer  le  Ouady  el-Arab,  au  S.  duquel 
commencent  les  hauteurs  boisées  de  DjebeLVdjloûn  (point 
culminant,  Djebel  Oschéa,  4.096  m.),  le  Ouady  Adjloûn, 
le  Nahr  cz-Zerqâ  (Yabboq)  au  cours  profondément  en- 
caissé. Au  S.  de  cette  dernière  rivière  les  collines  s'élè- 
vent :  le  massif  principal  aux  environs  d'Es-Salt  porle  le 
nom  de  Djebel  Djilaad.  Le  haut  plateau  moabite  com- 
mence au  Ouady  Hesbân  (V.  Moau). 

Climat.  Flore  et  Faune.  —  L'année  en  Palesline  com- 
porte deux  saisons  :  Tété  et  la  saison  des  pluies.  Dans 
l'Ancien  Testament,  pluie  et  hiver  sont  synonymes,  l^ji 
octobre  commencent  les  premières  ondées  qui  permettent 
le  labour  ;  la  pluie  s'installe  en  décembre,  janvier  et  fé- 
vrier. Les  dernières  pluies  tombent  en  mars  et  avril  ;  Tété 
amène  un  ciel  d'une  pureté  remarquable  avec  de  fortes 
rosées  la  nuit.  En  hiver  régnent  les  vents  d'O.  et  du 
S.-O.  ;  en  été,  les  vents  frais  duN.  auN.-O.  ou  les  vents 
secs  et  brûlants  d'E.  (siroco)  et  du  S.-E.  Le  siroco  dé- 
truit les  cultures  et  agit  de  façon  fâcheuse  sur  les  hommes 
et  les  animaux.  Les  variations  de  température  sont  par- 
ticulièrement sensibles  dans  le  pays  à  TE.  du  Jourdain  où 
elles  peuvent  atteindre  25^  C.  de  minuit  à  midi.  La  neige 
tombe  presque  chaque  année  sur  les  points  élevés  comme 
Jérusalem  (790  m.),  et  Damas  (690  m.);  mais  elle  se 
maintient  rarement.  Le  littoral  est  plus  chaud  (jue  la 
contrée  montagneuse.  La  température  moyenne  de  Tan- 
née à  Jérusalem  est  de  17^,2  ;  sur  le  littoral  de  âO'^.o. 
Les  lignes  isothermiques  sont  parallèles  au  rivage  de  la 
Méditerranée.  Dans  le  Ghôr,  elles  forment  des  ovales  con- 
centriques. La  vallée  du  Jourdain  jouit  en  effet  d'un  ré- 
gime spécial  :  le  climat  y  est  tropical.  La  tempér-ature 
mo venue  de  Tannée  sur  les  bords  de  la  mer  Morte 
(—'392  m.)  est  de  24^,1. 

La  végétation  est  caractérisée  dans  le  Ghôr  par  le  dat- 
tier, le  Calob'Gpis  procera,  qu'on  retrouve  dans  le  Sahara 
méridional,  les  acacias  épineux,  le  papyrus  des  bords  des 
lacs  de  Houle  et  de  Tibériade,  etc.  Entre  le  Ghôr  et  la 
crête  des  montagnes  de  Judée,  la  flore  est  celle  des  steppes 
de  TOrient.  Les  fleurs  abondent  au  printemps,  mais  durent 
peu  et  les  plantes  rabougries  qui  leur  donnent  naissance 
se  dessèchent  vite.  En  été,  on  ne  voit  que  de  petits  buis- 
sons gris  et  épineux  (pofrium),  des  plantes  aromatiques, 
dont  l'origan  analogue  à  notre  hysope,  des  chardons  et 
çà  et  là  quelques  bouquets  de  chênes  au  feuillage  épineux 
ou  des  conifères.  Entre  cette  zone  et  la  mer  on  retrouve 
la  flore  de  la  Méditerranée  (olivier,  pin  d'itahe,  myrte, 
laurier-rose,  le  ricin  ou  qiqayon  de  Jonas,  etc.),  avec 
quelques  particularités  qui  annoncent  TEgypte. 

La  faune  est  assez  variée.  Le  lion  a  disparu  ;  la  pan- 
thère ou  once  {nimr)  et  les  chats  sauvages  sont  rares. 
Par  contre,  le  chacal,  le  loup,  la  hyène  abondent.  On 
trouve  le  sanglier  près  du  Jourdain.  La  gazelle  est  assez 
répandue;  le  bouquetin  duSinaivit  près  de  la  mer  Morte. 
Le  lièvre  est  commun,  le  lapin  très  rare,  quelques-uns  en 
nient  l'existence.  Parmi  les  oiseaux  :  la  poule  d'eau  (lac 
de  Houle),  la  perdrix,  le  francoUn  (Carmel),  la  caille,  le 
pigeon,  la  tourterelle,  la  cigogne,  la  grue,  le  pélican  (lac 
de  Houle),  la  bécassine,  Taigle,  le  vautour,  le  corbeau, 
le  rossignol,  les  passereaux,  etc.  Comme  reptiles  :  le  ca- 
méléon, quelques  vipères  et  le  crocodile  presque  introu- 
vable aujourdTiui  dans  le  Nahr  Zerqà  (ancien  CrococUliis). 
Les  poissons  sont  nomlireux  et  d'espèces  très  diverses 
dans  les  cours  d'eau  de  Palestine.  Les  insectes  pullulent  : 
mouches,  moustiques,  punaises,  puces,  etc.  La  sauterelle 
est  toujours  le  fléau  redouté. 

Géographie  politique.  —  Divisions.  Population. 
Religions.  La  Palestine  telle  qu'on  la  conçoit  aujourd'hui 
dépend  de  plusieurs  provinces  ou  vilayels  de  l'empire  otto- 
man: 1^  du  vilayet  de  Beyrouth,  ce  sont:  le  sandjaq 
(district  gouverné  par  un  moutesarril)  d'Akka  (Saint-Jean- 
d'Acre),  comprenant  les  qada  d'Akka,  Caifa,  Tibériade, 
Safed  et  Nazareth  (en  tout:  67.000  liab.);  le  sandjaq  de 


Naplouse,  formé  des  qada  de  Naplouse,  Djenin,  Beni-Saab 
et  Djemmain  (en  tout  :  49.000)  ;  2«  du  vilayet  de  Syrie 
(Damas),  à  savoir  :  dans  le  sandjaq  duHauran,  les  qada  de 
Qoneitra  et  d'Adjloùn  ;  dans  le  sandjaq  de  Maan  (dont  le 
siège  est  aujourd'hui  à  Karak),  les  qada  de  Maan,  Taflleîi, 
Karak  et  Sait  ;  cette  dernière  région  est  à  Ti^].  du  Jourdain  : 
3^  le  sandjaq  autonome  de  Jérusalem  avec  les  qada  de  Jéru- 
salem, Jafl'a,  Gaza  et  Hébron  (en  tout  :  320.000  hab.).  Les 
villes  principales  de  Palestine  sont  :  Jérusalem  ou  el-Qods 
(60.000  hab.),  Jaffa  (35.000  bab.),  Gaza  (35.000  hab.), 
Safed  (25.000  hab.),  Naplouse  (24.000  hab.),  Karak 
(22.000 hab.),  Hébron  (19.000hab.),  Caifa  (12. 000 hab.), 
Acre  (11.000  hab.),  Nazareth  (40.000  hab.),  Es-Sa1t 
(40.000  hab.).  La  population  de  la  Palestine  se  compose  : 
d'un  petit  nombre  d'Européens  dits  Francs  ;  de  Juifs  dont 
une  très  faible  partie  est  indigène;  de  Syriens  descendants 
de  peuples  divers,  caractérisés  comme  établis  de  longue  date 
dans  le  pays  et  ayant  adopté  vers  le  début  de  notre  (re  la 
langue  arainéenne,  juifs  exceptés  ;  d'Arabes  proprement 
dits,  divisés  en  population  sédentaire  (hadari)  et  en  no- 
mades ou  bédouins  (bedawi)  (V.  Syrie)  ;  enfin  de  Turcs 
en  très  petit  nombre  ayant  pour  la  plupart  des  fonctions 
militaires  ou  administratives. 

Au  point  de  vue  religieux,  il  faut  distinguer  :  4°  les 
Musulmans  qui  depuis  peu,  se  sentant  débordes  en  Pales- 
line, y  fondent  de  nombreuses  écoles.  2^  Les  Chrétiens  ap- 
partenant pour  la  plupart  à  TL^glise  grecque.  On  les  désigne 
souvent  sous  le  nom  de  Grecs  orthodoxes,   mais  iis  ne 
parlent  qu'arabe.  Ils  ont  un  patriarche  à  Jérusalem,  et  de 
nombreux  évêques  (matrdné).  Ceux  de  Sebastîyé.  Na- 
plouse, Lydda,  Gazaet  Es-Salt habitent  à  Jérusalem.  Ceux 
d'Acre.  Karak  et  Bethléem,  demeurent  dans  leurs  diocèses. 
Les  Grecs  orthodoxes,  sur  qui  la  Russie  étend  sa  protec- 
tion, sont  les  plus  acharnés  contre  Télément  latin.  L'Eglise 
latine  est  représentée  en  Palestine  par  des  ordres  innom- 
brables groupés  sous  un  patriarche  latin  qui  reconnaît  la 
protection  française  solennellement  affirmée  sur  les  Lieux 
Saints.  Depuis  plusieurs  années,   le  souverain  pontife  a 
porté  ses  efforts  sur  le  développement  des  Eglises  orien- 
tales unies,  ce  (pTon  a  déjà  appelé  des  filiales:  églises 
grecque-unie  (Grecs  catholiques),  syrienne-unie  (Syriens 
catholiques)  et  nestorienne-unie  (nesloriens  catholiques). 
Les  lazaristes,  franciscains,  jésuites  et  pères  blancs  sont 
particulièrement  chargés  de  Torganisation  et  de  la  sur- 
veillance de  ces  l^glises  dont  le  renouveau  est  en  Orient 
un  des  faits  religieux  les  plus  curieux  de  ces  dernières 
années.  L'eictivité  du  clergé  et  des  moines  latins  se  porte 
principalement  sur  les  écoles.   Les  Eglises  arménienne, 
kopte.  jacobite-syrienne,  nestorienne  ou  chaldéenne,  ma- 
ronite (V.  Syrie),  ont  en  Terre  Sainte  quelques  chapelles 
ou  couvents,  mais  n'ont  aucune  action  sur  la  population. 
Les  missions  protestantes  de  Palestine  sont  divisées  en 
allemandes  et  anglaises.   Il  faut  mentionner  à  part  les 
quatre  colonies  allemandes  du  Temple  (Caifa,  Jaffa,  Jéru- 
salem et  Surona,  en  tout  4.200  âmes),  fondées  à  la  suite 
d'un  mouvement  religieux  commencé  en  4  860  dans  le  Wurt- 
temberg,  sous  la  direction  de  W.  et  Chr.  Hoffmann.  3*^  Les 
Juifs.  Par  un  phénomène  assez  étrange,  la  presque  tota- 
lité des  juifs  fixés  aujourd'hui  en  Palestine  sont  étran- 
gers au  pays,  ils  se  divisent  en  deux  grandes  classes  :  les 
Sephardim,  juifs  espagnols-portugais  chassés  d'4'spagne 
sous  Isabelle,  et  les  Aschkenazim,  originaires  de  Russie, 
Galicie,  Hongrie,  Bohème,  Moravie,  Allemagne etHollande. 
Les  persécutions  subies  dans  ces  dernières  années  par  les 
juifs  de  l'Europe  orientale  ont  accentué  le  mouvement 
d'immigration  en  Palestine.   Des  philanthropes  juifs  ont 
cherché  à  soulager  l'effroyable  misère  de  ces  fugitifs. 
L'Alliance  Israélite  poursuit  une  œuvre  très  méritoire  de 
relèvement.  Jérusalem  (44. 000 juifs),  Safed  (43.000  juifs) 
où  le  Messie  doit  établir  son  trône,  Tibériade  (3.000  juifs) 
où  naîtra  le  Messie,  Hébron  (4.500  juifs),  sont  particu- 
lièrement recherchées  par  les  nouveaux  arrivants.  Jaffa 
(7.000  juifs)   est  le   point  de  débarquement.   De  nom- 


breuses  mstalktions  agricoles  et  écoles  juives  ont  été  fon- 
dées. La  dernière  forme  qu'a  i^vctiie  ce  mouvement  est  le 
sionisme  dont  le  l)ut  est  de  reformer  une  nationalité 
juive  en  rachetant  la  Palestine  au  gouvernement  ottoman. 
Jusqu'à  présent,  le  sionisme  ne  semble  devoir  aboutir  qu'à 
créer  un  centre  d'action  européen. 

Géographie   économique.    —   La   Terre  Promise  n'a 
jamais  été  un  pays  riche,  c'est  par  excellence  «  un  pays 
de  montagnes  et  de  vallées  qui  s'abreuve  d'eau  par  la  pluie 
du  ciel  »  {Deiitéivn.,  ii,  il).  La  Scheféla  et  la  plaine 
d'Esdrelon  font  exception  et  conviennent  aux  grandes  cul- 
tures. Les  principaux  produits  du  sol  sont  :  le  froment  qui, 
bouilli,  forme  sous  le  nom  de  bourghoul  l'alimentation 
du  paysan  (vaste  plaine  du  Hauran  dite  la  Nouqra,  plaine 
d'Esdrelon,  environs  d'Acre,  de  Tyr,  etc.),  l'orge  et  le 
seigle  (mêmes  provenances,  plaine  de  la  Scheféla),  puis 
le  mais,  le  coton  (le  plus  réputé  dans  le  district  de  Sa- 
fed),  le  sésame  (plaines  d'Esdrelon  et  de  la  Scheféla),  les 
pois  chiches,  les  fèves,  les  lentilles,  le  riz  (plaine  de  Houle). 
La  viticulture,  florissante  à  Hébron,  à  Bethléem,   etc., 
tend  à  se  développer  grâce  aux  colonies  allemandes  et  aux 
fondations  israélites.  lm])ortant  commerce  deraisins  secs  à 
Es-Salt;  ils  servent  en  particulier  à  fabriquer  une  sorte  de 
sirop  dit  dihs.  Parmi  les  arbres  :  l'olivier,  le  mûrier,  le 
figuier,  le  grenadier,  l'oranger  (Jaffa  et  Sidon),  le  citron- 
nier, le  dattier  (littoral  sud),  même  le  pommier,  le  poi- 
rier, le  pêcher,  l'amandier.  Le  tabac  (Tyr)  a  diminué  d'im- 
portance. Le  cactus,  qui  forme  des  haies  impénétrables, 
donne  des  fruits.  Citons  encore  comme  de  quelque  utilité  : 
le  cyprès,  le  pin,  diverses  variétés  de  chênes   (dont  le 
Quercus  coccifera),  letérébinthe  {Pistacia  ierehinthiis) , 
le  peuplier  blanc,  le  caroubier,  (luant  aux  légumes,  on 
cultive  les  concom!)res,  oignons  (Ascalon),  melons  et  pas- 
tèques, choux-fleurs,  aubergines,  artichauts,  asperges  — 
croissent  à  l'état  sauvage  —  pommes  de  terre  (colonies 
allemandes).  Dans  l'E.  du  Jourdain,  on  trouve  de  vastes 
pâturages,  des  forets  et  des  plantes  dont  les  cendres  (al- 
([ali)  contiennent  une  forte  proportion  de  soude  et  servent 
à  la  fabrication  du  savon.  Il  y  a  des  trufl*esdans  ledéseit. 
Les  flxcurs  les  plus  communes  sont  la  jacinthe,  la  jonquille, 
le  lys,  le  cyclamen  (6\  aleppicum),  la  tulipe,  la  mauve, 
le  narcisse,  la  giroflée,  l'anémone,  la  renoncule  à  fleurs 
rouges  {R.  asmtîcus),  le  géranium,  etc.  Parmi  les  animaux 
domestiques,  le  mouton,  dont  les  troupeaux  constituent 
une  partie  notable  de  la  richesse  du  pays,  abonde  surtout 
dans  laBeh{a,  à  l'E.  du  Jourdain.  Le  lait  de  chèvre,  comme 
celui  de  brebis,  est  fort  estimé.  Le  bétail  est  de  race  dé- 
générée. On  trouve  le  buffle  dans  la  vallée  du  Jourdain. 
Le  chameau  est  élevé  par  les  Bédouins  (jui  le  louent  aux 
paysans  pour  le  travail  des  champs  ou  l'utilisent  dans  le> 
caravanes.  Le  cheval  n'est  vraiment  de  race  que  chez  les 
populations  du  désert,  particulièrement  les  Anézé  (V.  Syrir)  . 
L'àne  est  robuste  et  vif  (grands  ânes  des  Bédouins  Seleih). 
Le  chien  vit  le  plus  souvent  en  bandes,  presque  à  Félat 
de  nature.  On  élève  les  abeilles  dans  toute  la  Palestine. 
Le  système  dos  routes  est  peu  développé  en  Palestine. 
Un  chemin  do  for  à  voie  étroite  relie  Jaft'a  à  Jérusalem 
Un  autre  a  été  commencé  à  Caifa  pour  gagner  le  Hauran. 
région  déjà  reliée  à  Damas  par  une  voie  ferrée.  Le  com- 
merce a  de  l'importance  dans  les  ports  de  la  côte:  Gaza, 
Jatfa  (importation  en  1896  :  11.183.000  fr.,  supérieure 
de  79.400  fr.  à  celle  de  1895  :  tissus  de  coton,  lainages, 
produits  alimentaires,  bois  de  construction,  quincaillerie, 
pétrole,  etc.  La  Erance  figure  pour  1.428.000  fr.  Expor- 
tation :  9.374.000  fr.,  supérieure  de  376.800  fr.  à  celle 
de  1895  :   oranges,  sésame,   vin,  savon,  laine,   etc.); 
Caifa  (impoj'tation,  1.549.600  fr.  en  1896;  exportation, 
1.408.000  fr.  :  blé,  maïs,  sésame,  huile  et  savon).  Acre 
exporte  des  blés  du  Hauran,  maïs,  huile,  laine,  etc.,  mais 
perd  d'importance  au  profit  de  Caifa. 

Archéologie.  —  Histonfjue.  Les  recherches  d'archéo- 
logie palestinienne  remontent  assez  haut  ;  elles  ont  par- 
ticulièrement occupé  l'historien  juif  Josèphe,  Eusèbe  et 


871  —  PALESTINE 

saint  Jérôme.  Les  pèlerins  se  sont  de  tout  temps  attachés 
à  relever  les  noms  de  lieux,  les  légendes,  à  décrire  par- 
fois les  monuments  et  à  provoquer  des  identifications.  11 
faut  citer  l'Anonyme  de  Bordeaux  (333  de  notre  ère), 
sainte  Paule  (386),  sainte  Silvie.  Antonin  martyr  (vers  570), 
Arculfe  (vers  670),  Févêque  Willibald  (723-'''26),  Sea^vulf 
(li02-3),  le  rabbin  Benjamin  de  Tudèle  (1160-73),  Bur- 
chard  de  Mont-Sion  (1283),  etc.  Les  chroniques  franques 
et  arabes  de  l'époque  des  croisades  ne  sont  pas  à  négliger, 
pas  plus  que  les  œuvres  arabes  postérieures  comme  la 
chronique  de  ]V!oudjîr  ed-din  {m.  1521).  Le  xvi^  siècle 
inaugure  les  voyages  d'étude  avec  le  savant  médecin  Pierre 
Belon  du  Mans  et  Jean  Cotwyk  d'Utrecht  que  continuent 
au  xvii^  siècle  Pietro  délia  Valle,  d'Arvieux,  Thevenot, 
Troilo  et  Maundrell.  A  partir  de  1646  paraissent  les  impor- 
tants travaux  du  Normand  Samuel  Bociiart.  Le  xvm^  siècle 
produit  à  côté  de  voyageurs  comme  Richard  Pococke,  Eré- 
déric  Hasselquist  et  Volney,  des  savants  comme  Roland  el 
Le  Union.  Dans  notre  siècle,  les  voyages  scientifiques  en  Pa- 
lestine ont  pris  un  essor  considérable.  Il  faut  se  contenter 
deciter  Seetzen  (à  partir  de  1806),Burckhardt  (1810-12), 
Iby  et  Mangles,  etc.  Mais  les  deux  initiateurs  aux 
recherches  palestiniennes  modernes  sont  le  Suisse  Titus 
Tobler  (à  partir  de  1835)  et  l'Américain  Edward  Robinson 
(à  partir  de  1838).  Les  travaux  de  V.  Guérin  ont  rendu 
des  services.  Parmi  ceux  dont  les  recherches  ont  définiti- 
vement tracé  la  voie  de  l'archéologie  hébraïque,  il  faut 
citer  :  de  Saulcy,  Van  de  Velde,  Furrer,  Tristram,  de  Vo- 
gué, Clermont-Ganneau,  etc.  Deux  sociétés,  la  Palestine 
Exploration  Fund  en  1865,  et  la  Deutsche  Palâstina-Ve- 
reins  en  1877,  ont  été  fondées  pour  les  travaux  de  longue 
haleine.  On  doit  à  la  première  The  Surveij  of  Western 
Palestine  (1884,  7  vol.)  et  The  Siirveij ofEastern  Pales- 
tine (1889,  2  vol.).  Avec  l'établissement  de  la  carte  du 
pays  elle  a  poursuivi  des  fouilles.  La  seconde  a  particu- 
lièrement entrepris  des  relevés  dans  l'E.  du  Jourdain.  La 
Palestine  Exploration  6V:>ci>f?/ américaine  n'a  vécu  qu'un 
an  (1870).  Depuis  1882  il  existe  une  Société  impériale 
russe  de  Palestine.  Les  Dominicains  ont  fondé  depuis 
1892,  à  Jérusalem,  une  Ecole  praticpie  d'études  bibliques 
ayant  pour  organe  la  Ueviœ  biblique  internationale. 

Archéologie  préhistoriqve.  On  trouve  surtout  à  l'E. 
du  Jourdain  des  dolmens,  menhirs,  cromlechs  et  cairns. 


l'iA-.  1. 


■  Dolmen  près  dllesbau. 


Les  menhirs  rappellent  le  bétyle  que  consacra  Jacob  (Ge- 
nèse, xxvni,  18-22)  et  les  matséboth.  Les  cromlechs  peu- 
vent s'identifier  aux  gilgal  {Josiié,  iv,  19-25)  ;  leur  si- 
gnification religieuse  est  indéterminée.  Dans  ces  cercles 
de  pierres  ou  souvent  près  d'eux,  on  trouve  par  centaines 
des  dolmens  (fig.  1).  Quelques-uns  ont  été  reconnus  pour 
avoir  servi  de  sépulture  ;  on  y  a  trouvé  des  cendres,  des 
débris  d'os,  même  des  anneaux  en  fil  de  cuivre.  Parfois 
un  trou  est  percé  au  centre  d'une  des  dalles  verticales  et 
on  y  a  relevé  la  trace  du  ciseau,  (^ionder  a  remarqué  que 
certains  dolmens  ne  peuvent  avoir  servi  de  tombe,  mais 
d'autel,  mizbéah  (ï,  Samuel,  xtv,  33-35).  Dans  ce  cas, 


PALESTINE 


-  Sri 


ils  ne  se  composent  que  de  deux  pierres  levées  qui  sup- 
portent une  troisième  dalle  dont  la  face  supérieure  est 
plus  ou  moins  aplanie.  On  y  remarque  souvent  des  trous 
en  forme  de  godets  qui  quelquefois  communiquent  par 
des  rigoles.  Souvent  aussi  la  dalle  est  inclinée  comme 
pour  permettre  l'écoulement  d'un  liquide.  Il  faut  proba- 
blement rapprocher  de  ces  autels  en  blocs  de  pierre 
brute  la  fameuse  Sakhra  ou  roche  sacrée  qui  était 
comprise  dans  l'ancien  Temple  de  Jérusalem  et  qu'un  édi- 
cule,  la  Qoubbet  es-Sakhra,  recouvre  encore  aujourd'hui. 
La  Sakhra,  qui  porte  une  rigole  pour  l'écoulement  des 
liquides  et  dont  le  dessous  est  évidé,  pourrait  avoir  été 
utilisée  comme  autel  des  sacrifices  bien  avant  la  con- 
sécration de  ce  haut  lieu  au  culte  de  Yawéh.  —  Il 
faut  encore  signaler  des  tell  ou  collines  artificielles  de 
terre  formées  en  partie  de  briques  séchées  au  soleil, 
principalement  dans  la  vallée  du  Jourdain  et  la  plaine 
d'Esdrelon.  On  a  aussi  découvert  en  Palestine  des  silex 
taillés,  principalement  sur  remplacement  de  l'ancienne 
Gilgal.  Ces  derniers  se  rapportent  au  rite  de  la  cir- 
concision (Josué,  V,  2  et  suiv.).  Ces  monuments  sont, 
jusqu'à  présent,  les  plus  anciens  témoins  de  l'humanité 
en  Palestine.  Nous  les  désignons  sous  le  nom  de  préhis- 
toriques, simplement  parce  qu'ils  sont  antérieurs  au  mo- 
ment où  l'histoire  des  Hébreux  telle  qu'elle  nous  est  con- 
nue par  la  Bible  se  dégage  de  la  légende.  Ces  monuments 
nous  reportent,  non  pas  aux  Rephaim  et  aux  Anaqim, 
noms  forgés  après  coup  (Rephaïm=:les  mânes),  mais  peut- 
être  à  ces  Chananéens  que  les  lettres  de  Tell  el-Amarna 
nous  font  connaître  vers  1400  av.  J.-C.  avec  la  mention 
d'un  roi  de  Urusalim  (Jérusalem)  compté  parmi  les  vas- 
saux du  roi  d'Egypte.  —  Dans  un  terrain  calcaire  comme 
celui  de  la  Palestine,  il  se  forme  sous  Faction  lente  des 
eaux  des  grottes  souvent  considérables  —  ainsi  dans  les 
environs  de  Beit  Djibrin  —  qui  ont  certainement  été  ha- 
bitées. Cette  population  est  mentionnée  dans  la  Bible  sous 
le  nom  de  Horim,  sans  qu'on  puisse  dire  si  ce  terme  a 
une  valeur  ethnique. 

Archéologie  judaïque.  Si  faibles  que  soient  les  restes 
de  l'antiquité  hébraïque,  ils  suffisent  cependant,  grâce  au 
secours  que  les  textes  leur  apportent,  pour  nous  permettre 
d'affirmer  que  l'art  judaïque  fut  tributaire,  tantôt  de 
l'Egypte,  tantôt  de  l'Assyrie,  le  plus  souvent  par  l'in- 
termédiaire d'ouvriers  et  d'artistes  phéniciens.  Plus  tard 
—  et  les  témoins  abondent  alors  —  il  subira  complète- 
ment l'influence  gréco-romaine.  La  Palestine,  devenue 
simple  province  sans  roitelet,  passera  de  l'art  byzantin  à 
l'art  gothique,  puis  à  l'art  musulman,  au  gré  du  vainqueur. 
L'art  judaïque  mérite  ce  titre,  parce  qu'il  illustre  parfai- 
tement l'histoire  palestinienne  et  en  retrace  à  chaque  pas 
les  ^  icissitudes .  Après  avoir  uniformément  reporté  à  l'époque 
des  rois  —  sur  la  foi  des  appellations  modernes  —  tous 
les  monuments  rencontrés  en  Palestine,  il  a  fallu  recon- 
naître que  la  plupart  portaient  les  marques  indéniables 
de  l'art  grec  de  basse  époque.  Même  les  constructions 
apparentes  qui  subsistent  de  l'enceinte  du  Temple  de  Jéru- 
salem ne  peuvent  être  antérieures  à  la  reconstruction 
d'Hérode.  Lors  des  sondages  pratiqués  par  MM.  War- 
ren  et  Wilson  pour  le  compte  de  la  Palestine  Explora- 
tion Fiind,  on  a  trouvé  sur  des  pierres  de  l'angle  S.-E,, 
à  une  grande  profondeur,  des  caractères  dont  les  plus 
distincts  se  rapprocheraient  de  l'alphabet  araméen  des 
siècles  voisins  du  début  de  notre  ère.  Il  faut  attribuer 
en  particulier  à  l'époque  d'Hérode  le  mur  en  beaux  blocs 
où  les  juifs  viennent  se  lamenter  chaque  vendredi  et  la 
fameuse  arche  voisine  dite  de  Robinson.  La  construction 
hérodienne,  malgré  son  superbe  appareil,  a  beaucoup  souf- 
fert. On  reconnaît  d'importants  remaniements  de  l'époque 
byzantine  (porte  double,  chambranlede  la  porte  dorée,  etc.) 
et  même  des  temps  postérieurs.  Pour  avoir  une  notion 
réelle  de  l'ancienne  architecture  palestinienne,  il  faut  re- 
courir aux  tombeaux.  De  tout  temps,  les  Israélites  ont 
entouré  les  morts  de  soins  particuliers.  Ils  pratiquaient 


pieusement  rensevelisseinciit  auprès  des  ancêtres  (Goièse, 
XXXV,  29  ;  XLvii,  30  ;  etc.  ;  II,  Samuel,  xvii,  23  ;  xxi, 
14;  etc.),  jamais  l'incinération.  Le  tombeau  de  famille 
était  primitivement  voisin  de  la  maison  ou  même  dans 
celle-ci  (I,  Samuel,  xxv,  l).  On  utilisait  des  excavations 
naturelles  comme  la  caverne  de  Macpéla,  qu'Abraham 
acheta  à  Hébron  pour  400  sicles  d'argent  (Gen.,  xxiii). 
La  nécessité  d'enfouir  un  grand  nombre  de  corps  nécessita 
des  travaux  spéciaux  et  on  adopta  la  disposition  — 
emprunt  phénicien  qui  s'est  perpétué  assez  tard,  comme 
le  prouve  la  nécropole  juive  de   Gamart  près  de  Cai'- 


Fig.  2.  —  Tombe  juive  fplan  et  coupe). 

thage  —  des  (joqim  ou  fours  à  cercueil,  caractérisés 
par  ce  fait  que  le  corps  est  logé  perpendiculairement  à 
la  paroi  (fig.  2).  Ces  tombes  souterraines  étafent  par- 
fois signalées  par  un  arbre  {Gen.,  xxxv,  S)  ou  comme 
en  Phénicie  par  un   monument  de  pierre   ou   mafsc^ah 


Fig.  3.  —  Monolithe  de  Siloe.  Cartouche  avec  inscription. 

(Gen.,  xxxv,  20),  en  somme  un  cippe,  simple  dévelop- 
pement du  menhir.  Le  monument  commémoratif  était 
aussi  taillé  dans  le  rocher  :  le  plus  ancien  exemple  est 


873 


PALESTINE 


le  moiiolilhe  de  Siloé,  près  de  Jérusalem,  lui  des  très 
l'ares  monuments  palestiniens  antérieurs  à  l'exil  (fig.  3). 
Il  est  de  pm'  style  égyptien.  M.  Clermont-Ganneaii  a 
levé  tous  les  doutes  sur  l'antiquité  de   celte  tombe  en 


Fia-.  4.  ■ 


Tombeau  d'Absalon. 


découvrant  deux  caractères  d'écriture  archaïque  dans  un 
cartouche  creux  détruit  presque  en  entier  par  l'exhaus- 
sement ultérieur  de  la  porte.  Les  monuments  de  ce  genre 
se  sont  perpétués  longtemps.  Dans  le  tombeau  dit  d'Ab- 
salon (tig.  4)  et  dans  celui  dit  de  Zacharie  l'influence 
grecque  est  bien  visible,  cependant  on  retrouve  un  sou- 
venir du  type  du  monolithe  de  Siloé,  en  particulier  la 
gorge  d'origine  égyptienne.  La  décoration  grecque  (co- 
lonnes d'ordres  divers,  fronton,  etc.)  fut  souvent  simple- 
ment plaquée  contre  la  paroi  du  rocher  qui  donnait  accès 
aux  chambres  sépulcrales  :  tombeaux  dits  des  rois,  des 
juges,  etc.  L'influence  religieuse  locale  se  trahit  par  l'ab- 
sence complète  de  figures  :  la  décoration  végétale  devient 
envahissante  et  lourde.  —  De  bonne  heure,  on  se  préoc- 
cupa en  Palestine  de  suppléer  à  l'insuflisance  des  cours 
d'eau  en  creusant  des  citernes  et  en  captant  les  sources. 
Dans  certaines  villes  — comme  encore  à  Jérusalem  et  jadis 
à  Qorha  (stèle  de  Mésa,  lignes  24-25)  —  chaque  maison 
avait  sa  citerne.  En  plusieurs  points  on  a  relevé  des  ca- 
naux qui,  comme  l'aqueduc  des  «  vasques  de  Salomon  », 
amenaient  l'eau  des  sources  de  fort  loin.  Taillés  dans  le 
roc  à  fleur  de  terre,  ils  suivent  exactement  la  configura- 
tion du  sol,  presque  parallèles  aux  lignes  de  niveau.  Le 
travail  d'adduction  d'eau  le  plus  remarquable  est  le  tun- 
nel de  533  m,,  par  lequel  la  fontaine  de  la  Vierge 
{ain  Silti  Mariam)  se  déverse  dans  la  piscine  de  Siloé. 
Il  paraît  dater  du  temps  d'Ezéchias  (Il  Rois,  xx,  20). 
Ainsi  que  le  relate  une  inscription  hébraïque  ancienne, 
aujourd'hui  à  Constantinople,  et  comme  en  témoigne  la 
trace  des  outils,  l'attaque  eut  lieu  aux  deux  extrémités  à 


la  fois  et  les  ouvriers  parvinrent,  aprèb  (quelques  détours, 
à  se  rencontrer  pic  contre  pic.  M.  Clermont-G anneau 
pense  que  le  tracé  de  ce  canal  souterrain  a  été  forte- 
ment infléchi  pour  éviter  de  rencontrer  les  tombes  des  rois 
de  Juda  qui  restent  encore  à  découvrir  sur  le  versant 
d'Ophel. 

De  l'ancienne  architecture  hébraïque  civile  ou  religieuse, 
il  ne  reste  absolument  rien  que  des  indications  insuffi- 
santes sur  le  palais  royal,  la  célèbre  «  Maison  du  Liban  » 
et  le  «Temple  ».  Avec  une  louable  persévérance,  d'habiles 
architectes  et  de  savants  archéologues  en  ont  tenté  des  res- 
titutions. Chacune  a  ses  mérites  ;  mais  toutes  pèchent  par 
un  excès  de  fantaisie.  N'ayant  pas  deux  pierres  de  ces  an- 
ciennes constructions  à  placer  Tune  sur  l'autre,  n'ayant 
même  pas  pour  s'aider  le  moindre  vestige  du  plan,  on  est 
réduit  à  suivre,  sans  la  comprendre  souvent,  la  très  in- 
complète notice  du  Livre  des  Uois.  On  y  supplée  par  le 
Livre  des  Chroniques  —  auquel  les  critiques  bibliques 
dénient  toute  autorité  —  et  surtout  par  les  longs  passages 
({u'Ezéchiel  consacre  non  au«  Temple  de  Salomon  »,  mais 
au  Temple  qu'il  rêvait  pour  l'avenir  et  qui  ne  fut  jamais 
construit.  On  puise,  suivant  les  besoins,  dans  ces  documents 
contradictoires,  et  pour  y  ajouter  quelque  couleur  on  em- 
prunte divers  éléments  aux  arts  d'I^gypte  et  de  Mésopota- 
mie, indistinctement.  Le  tout  est  adapté  avec  ce  qu'en 
terme  d'atelier  on  appelle  le  coup  de  pouce.  On  obtient 
ainsi  des  restitutions  agréables,  très  intéressantes  par  l'in- 
géniosité déployée,  mais  absolument  dépourvues  de  valeur 
scientifique.  Un  fait  important  est  à  relever  parmi  les  ren- 
seignements bibliques  sur  la  construction  du  Temple  :  Sa- 
lomon fit  venir  de  Phénicie  des  architectes,  des  artistes  — 
en  particulier  un  fondeur  et  ciseleur  en  bronze  qui  dressa 
ses  fourneaux  dans  la  vallée  du  Jourdain  —  des  ouvriers, 
même  des  matériaux.  Parmi  les  ustensiles  dont  l'usage 
était  consacré  dans  le  Temple  :  la  «  mer  d'airain  »,  les  bas- 
sins mobiles,  etc.,  un  seul,  le  «  chandelier  à  sept  branches  », 
nous  est  connu  avec  assez  de  détails  (fig.  5)  grâce  au  bas- 
relief  de  l'arc  de  Titus  à  Rome  figurant  les  dépouilles  du 
Temple  de  Jérusa- 
lem. Il  est  accom- 
pagné de  la  table 
des  pains  de  propo- 
sition àlaquelle  sont 
attachés  les  trom- 
pettes qui  appe- 
laient les  fidèles  aux 
cérémonies  religieu- 
ses. Comme  point  de 
comparaison  inté- 
ressant pour  ce  qui 
subsiste  de  l'en- 
ceinte extérieure  du 
Temple,  il  faut  men- 
tionner les  ruines 
du  palais  d'Hyrcan 
(construit  entre 
182  et  475  avant 
notre  ère)  à  Araqel 
Emir.  On  y  retrouve 
l'emploi  de  gros 
blocs  et  des  voûtes  qui  rappellent  l'amorce  de  l'arche  de  Ro- 
binson.  A  côté  d'éléments  grecs,  on  voit  une  frise  d'ani- 
maux dans  la  vieille  tradition  orientale.  Pour  la  décoration 
à  cette  époque,  il  faut  consulter  les  façades  des  tombeaux 
dont  nous  avons  parlé. 

La  sculpture  ne  rencontra  jamais  grande  faveur  auprès 
des  populations  pauvres  et  essentiellement  agricoles  de  Pa- 
lestine. Même  après  l'impulsion  donnée  par  Salomon,  l'art 
ne  se  développa  pas  en  Judée  ni  en  Israël.  Les  Phéniciens 
ne  trouvaient  guère  à  importer  que  leur  camelote  d'ob- 
jets religieux  :  fétiches,  amulettes,  idoles  (téraphim,  images 
taillées  ou  fondues).  La  propagande  prophétique  vint  encore 
restreindre  ce  commerce.  Par  une  rencontre  singulière,  le 


Fi.o 


5.  —  Candélabre  de  l'arc 
de  Titus. 


PALESTlXi']  —  87  i  — 

pays  de  Mocîb,  qui  a  fourni  i'iiKscription  palestiiiienDe  la 
plus  ancienne  (Y.  Epigraphik,  t.  XVI,  p.  75),  nous  a  con- 
servé aussi  le  relief  le  plus  ancien  (fig.  6).  Il  nous  re- 
présente un  guerrier  moabite  armé  de  la  lance  comme  les 
Bédouins  do  nos  jours.  Il  porte  une  coiffure,  sorte  de 
casque;  ses  reins  sont  ceints  de  la  srkenfi,  Yctement 
égyptien.  Le  travail,  très  grossier,  indique  une  œuvre  locale. 
'  Dans  la  glyptique,  les  Hébreux  eurent  encore  po'ir 
maîtres  les  Phéniciens,  au  point  qu'il  est  souvent  fort  déli- 
cat de  décider  si  un  cochet  est  plutôt  liél)raique  que  phé- 
nicien. Les  noms  tliéo- 
phores  où  entre  le  nom 
de  Yawéh,  désignent 
clairement  un  posses- 
seur hébreu.  Il  est  à  re- 
marquer que  si  quel- 
ques-uns de  ces  cache: s 
portent  simplement  des 
noms  propres,  la  plu- 
part sont  ornés  d'élé- 
ments phéniciens  (disque 
ailé,  palmette)  et  mémo 
de  figures  humaines.  Tel 
est  le  cachet  «  de  ^clie- 
baniah,  tils  d'O/ziab  » 
(fig.  7).  La  même  re- 
marque s'applique  au\ 
cachets  moabites  (fig.  8  ) . 
Lu  général  les  lignes 
d'écriture  sont  soiguî  u~ 
sèment  séparées  par  des 
traits. 

Les  Hébreux  utili- 
saient les  métaux.  Le  fer.  apporté  sans  doute  de  Mésopo- 
tamie, servait  pour  les  armes  et  les  outils  (l,  Samuel,  xni, 
'i9-'2"2;   xvîi,  7,  etc.);  le  broiïze  était  très  employé.  L'or 


Fig.  6.  —  Guerrier  iiiuaLiti' 


Fil!-.  7.  —  Sceau  de  Sehebauiaii. 

et  l'argeul  étaient  transformés  en  bijoux.  L'argent  elait 
aussi  le  métal-monnaie.  Dans  les  triinsactioiis  commer- 
ciales, il  figurait  en  lingots  qu'on  pesait  à  la  balance.  Cette 
coutume  s;?  prolo]\i:^ea  Irès  tard.  Dans  la  Bible,  il  n'est 
question  que  d'argent  pesé,  jamais  d'ar- 
gent monnayé.  Quand  l'usage  de  la  mon- 
naie commença  à  se  répandre,  les  juifs 
étaient  tributaires  du  roi  de  Perse  et 
ne  pouvaient  frapper  monnaie.  Il  en 
fut  de  même  sous  Alexandre  et  ses 
successeurs.  Ce  n'est  qu'à  l'époque  des 
Maccabées  que  les  juifs  recouvrant 
l'indépendance  politique  purent  avoir 
des  monnaies  autonomes.  Ce  ne  sont 
d'abord  que  des  monnaies  de  cuivre. 
Les  plus  anciennes  portent  une  lé- 
gende hébranpie,  qui  devient  bilingue,  puis  unique- 
ment grecque.  La  révolte  juive  au  i^^  siècle  de  notre  ère 
(66-67)  amène  la  frappe  des  pièces  d'argent  et  réta- 
blit la  légende  hébraïque.  L'exemplaire  que  nous  reprodui- 


Fig.  8.  -  lutaill 
"  moabite. 


Fig.  \).  —  Mounaic  juise. 


sons  (tig.  9)  porte  au  droit  une  coupe  et  Sclieqel  Israël^ 
«  sicle  d'Israël  »  ;  au  revers,  un  lys  à  trois  fleurs  et  \e- 
rouschalaim  Qedoschah,  «  Jérusalem  la  Sainte  ».  Les 
monnaies  juives  montrent  la  même  décoration  végétale  que 
nous  avons  remar([uée  dans  les  motifs  d'architecture  :  la 
feuille  de  vigne,  la  grappe  de  raisin,  le  lis,  le  cédrat,  le 
l^ouquet  de  rameaux,  ces  deux  derniers  portés  par  les  juifs, 
lors  de  la  fête  des  Tabernacles.  Cette  décoration  n'est  ce- 
pendant pas  un  produit  exclusif  de  l'imagination  juive  et 
ne  sutht  ])as  pour  caractériser,  comme  on  l'a  essayé,  un 
monument  juif.  Elle  dérive  de  l'art  des  Séleucides  et  se 
retrouve  dans  toute  bi 
Syrie.  Pour  la  céra- 
mique, les  rares  échan- 
tillons qu'on  en  possède 
permettent  d'établir 
qu'en  dehors  d'une  po- 
terie commune  lisse, 
l'influence  phénicienne 
s'y  fait  sentir  aussi. 

Lart  en  Palestine  depuis  la  prise  de  Jérusafon  par 
Titus  (70  de  J.-C).  Cette  date  historique  si  importante 
n'a  pour  l'art  qu'une  valeur  relative.  L'imitation  gréco- 
romaine  sévissait  dans  toute  la  Palestine  depuis  Hérode. 
Mais,  lorsque  Jérusalem  fut  devenue  colonie  romaine,  il 
s'y  pratiqua,  entre  autres,  de  grands  travaux  de  voirie. 
Les  empereurs,  surtout  Trajan,  et  les  procurateurs  fa- 
vorisèrent largement  la  propagande  de  l'art  des  vain- 
queurs. Toutes  les  villes  qui  furent  fondées  ou  embellies 
eurent  leur  via  recta,  large  voie  à  colonnade  les  traver- 
sant d'un  bout  à  l'autre.  À  l'intersection  d'une  autre  rue 
])rinci])ale  s'éleva  un  tetrapyle  et,  de  part  et  d'autre,  le 
long  do  ces  grandes  artères,  on  construisit  des  théâtres,  des 
bains  publics,  des  temples,  des  naumachies.  L'exemple  le 
mieux  conservé  est  fourni  par  Djerasch,  l'ancienne  Gerasa, 
à  l'E.  du  Jourdain.  L'influence  romaine  développa  l'em- 
ploi de  la  bri({ue  et  de  la  voûte.  Dans  la  fièvre  de  cons- 
truction qui  transforma  la  Palestine,  les  anciens  matériaux 
furent  réemployés  au  hasard,  sans  souci  d'ajustement.  Vers 
la  lin  du  m^  siècle,  on  utilise  la  coupole  avec  pendentifs 
pour  couvrir  un  plan  carré.  La  l)asilique  à  piliers,  puis  à 
colonnes  se  répand  :  c'est  le  type  des  constructions  que 
l'empereur  Constantin  et  ses  successeurs  firent  élever 
en  Palestine.  La  prospérité  du  pays  s'accrut  considérable- 
ment. Les  ruines  d'installations  agiicoles  se  rencontrent 
en  grand  nombre,  même  dans  des  régions  aujourd'hui 
presque  désertes  comme  l'ancienne  ldumée,oùun  système 
bien  entendu  d'irrigations  permettait  de  cultiver. 

Cette  poussée  d'art  se  continue  longtemps;  mais  elle  se 
transforme  i\\\  v^  au  vu®  siècle.  Elle  tend  à  devenir  ori- 
ginale, mais  son  centre  s'est  dépbicé  de  Jérusalem  à 
Antioche.  L'invasion  arabe  n'apporte  d'abord  aucun  chan- 
gement à  rarchitecture  et  à  l'industrie  locales.  Quelques 
églises  sont  converties  en  mos({uées  (mos  luée  el-Aqsa)  ; 
mais  longtemps  encore  les  constructions  nouvelles  son( 
élevées  sur  le  modèle  des  anciennes  ((]oubbet  es-Sakbra 
inspirée  du  Saint-Sépulci-e),  et  la  mosaïque  continue  à 
jouer  un  grand  rôle  dans  la  décoration.  Bien  caractéris- 
ristiques  sont  ces  lampes  en  terre  cuite  portant  une  ins- 
cription arabe  et  dont  la  forme  reste  antique.  Plus  tard, 
l'art  musulman  se  caractérise  par  la  forme  bulbeuse  des 
coupoles,  les  arcs  outrepassés,  les  arcs  brisés,  la  déco- 
ration en  stalactites,  les  arabesques.  Mais  cet  art  n'a 
j>as  eu  en  Palestine  son  plein  épanouissement.  L'art  franc 
y  prit  par  contre,  au  temps  des  croisades,  un  prodi- 
gieux développement.  Il  subsiste  plus  ou  moins  ruinées  et 
l'emaniées  un  grand  nombre  d'églises  identiques  aux  églises 
françaises  de  style  ogival  des  xV  et  xiii^  siècles.  Une  des 
rares  différences  est  l'emploi  de  toits  plats  nécessités 
par  les  conditions  locales.  Nous  en  parlerons  avec  plus 
de  détails,  en  même  temps  que  de  rarchitecture  militaire 
franque  si  remarquable,  à  l'art.  Syrik.  Avec  le  retour 
de  la  domination  musulmane,  l'influenre  de  l'architecture 


8To  — 


^ALfôTiNK  —  PA^.ESTR[^^V 


franqiie  disparait.  Les  mosquées,  les  oiiélis  (pctib  éditieos 
à  coupoles  en  rhonneiir  de  saints  personnages),  les  bains 
comme  les  palais  ou  les  fontaines  nous  ramènent  à  l'art 
musulman  d'avant  les  croisades  ou  à  Fart  musulman  dé- 
veloppé d'Egypte.  On  peut  en  dire  autant  de  la  décoration 
où  l'influence  persane  se  fait  très  vivement  sentir  :  à  la 
mosaïque  on  substitue  les  carreaux  de  faïence  ;  ceux  de 
la  Qoubbet  es-Sakhra  sont  dus  à  Soliman  le  Magnifique 
(1561). 
Musique  (V.  Hébreu,  t.  XIX,  p.  983).     René  Dussauu. 

BiBL.  :  GÉOGRAPHTi:.  —  Le  meilleur  ouvrage  est  Buiil, 
Grundrlss  der  Geonnipliie  Pulasilnas  ;  Fribourg,  189G,  avec 
une  abondante  bibliographie.  —  En  langue  française  il  n'y 
a  que  l'ouvrage  vieilli  de  Victor  Guérin,  Description  f/co- 
(jraphique  de  la  Palestine;  Paris,  1868-80,  7  vol.,  et  LoliTivr, 
la  Syrie  d'aujourd'hui;  Paris,  1886.  —  Comme  carte  :  Fis- 
cher et  GuTiiE,  Karte  von  Palâstina  ;  Leipzig,  1890.  —  Le 
Guide  Syrie^  Palestine  de  Ciiauvet  et  Isambert;  Paris. 
1882,  est  un  peu  vieilli.  —  K.  Bcedeker,  Palestine  et  Syrie: 
2«  édition  française,  1893,  ou  4"  éd.  allemande,  1897,  texte  du 
prof.  Albert  Socin  mis  au  courant  par  J.  Benzinger 

Archéologie.  —  Perrot  et  Chipiez,  Histoire  de  lu  ri 
dans  VantUiuit'l;  Paris,  1887,  t.  IV.  —  Tliéodore  RErNA(  :i. 
les  Monnaies  juives  ;  Paris,  1887.  —  Pour  toute  rechcrclic 
bibliographique  d'ordre  géographique,  historique  ou  ar- 
chéologique, consulter  :  Reinhold  RùiiRicirr,  Bibliolhera 
Geographica  Palœsiince  (de  l'an  t^33  à  1878),  embrassant 
même  la  cartographie;  Berlin,  1890. 

PALESTRE.  ï.  Antiquité.  —  La  palestre  était,  chez 
les  Grecs,  pour  les  jeunes  gens,  l'équivalent  du  gymnase 
des  adultes,  un  local  où  ils  s'exerçaient,  sous  la  direction 
d'un  instituteur  (îraiSoipiS/Qç),  aux  jeux  athlétiques,  en 
particulier  à  la  lutte  (tuocXt,), 

n.  Architecture.  —  Ce  mot  désignait  en  grec  et  a,  depuis, 
désigné,  en  latin,  l'ensemble  des  constructions  où  Ton  s'exer- 
çait aux  luttes  et  aux  combats  gymnastiques.  Yitruve  décrit 
les  palestres  comme  appartenant  surtout  à  là  Grèce  d'où 
l'usage  en  serait  venu  à  Rome  et  aurait  ])ris  place  dans 
les  grands  Thermes  que  l'on  commençait  à  élever  à  son 
époque.  Des  bains  chauds  faisaient  aussi  par  lie  de  la  pa- 
lestre qui  comprenait  encore,  autour  du  jardin,  des  porti- 
ques appelés  cT?/sf ('.s,  sous  lesquels  les  athlètes  s'exerçaient 
à  l'abri  de  la  pluie,  et  un  stade  (V.  ce  mot)  dont  la  piste 
et  les  gradins  longeaient  un  des  côtés  de  la  palestre.  La 
palestre  des  Grecs  était  un  ensemble  de  locaux  divers, 
servant  aux  exercices  du  corps  comme  à  ceux  de  l'esprit  ; 
aux  jeux  des  athlètes  comme  aux  discussions  des  rhéteurs, 
et  dont  les  Romains  s'inspirèrent  dans  la  construction  de 
leurs  Thermes.  Charles  Lucas. 

PALESTRINA  (l'ancienne P?Y^?2(?,s/(^). Ville  d'Italie,  prov. 
de  Rome,  à  36  kil.  E.  de  cette  ville.  Slat.  du  chem.  de 
fer  à  6  kil.  (hgne  Rome-Naples)  ;  pop.  aggl.  5.855  hab.  en 
4884,  ch.-l.  de  l'un  des  sept  diocèses  snburhicaires  à  la 
dépendance  d'un  cardinal-évèque.  La  ville,  entourée  de  mu- 
railles, est  échelonnée  sur  les  pentes  d'une  colline  dominée 
par  le  hameau  de  Castel  S.  Pietro  (752  m.),  bâti  sur  l'em- 
placement de  l'ancienne  «  Arx  Praenestina  »  et  du  château 
desColonna.  Les  édifices  dignes  de  remarque  sont  la  cathé- 
drale, l'église  de  Sainte-Rosahe,  riche  en  marbres  précieux  et 
possédant  un  fort  beau  groupe  de  la  Piété,  attribué  à  Michel- 
Ange,  mais  qui  estprobablementdeBernini,  et  le  palais  Bar- 
})erini  remontant  au  xv°  siècle,  bâti  sur  les  ruines  de  l'ancien 
temple  de  la  Fortune.  Dans  ce  palais  est  conservé  une  très 
remarquable  mosaïque,  ayant  appartenu,  paraît-il,  au  par- 
quet du  temple,  et  remontant  peut-être  au  règne  de  Do- 
mitien.  On  remarque  aussi  les  vestiges  du  temple  de  la 
Fortune  et  des  murailles  cyclopéennes,  dont  quelques  par- 
ties conservent  encore  la  hauteur  de  45  pieds.  Dans  les 
environs,  restes  de  la  villa  d'Adrien  et  d'une  église  chré- 
tienne du  iv^  ou  V®  siècle.  Ensanglantée  dans'  les  luttes 
entre  les  papes  et  les  Colonna,  Palestrina  fut  tour  à  tour 
détruite  (4279  et  4437)  et  réédifiée.  Vendue  enfin  aux 
Barberini,  elle  resta  à  cette  famille  jusqu'cà  nos  jours, 
avec  le  titre  de  principauté.  Industrie  et  commerce  de  cé- 
réales, vins  et  huiles,  carrières  de  pierres  et  de  pu^zo- 
/aîifl.  Palestrina  est  la  patrie  dePier  Luigi  da  Palestrina, 
le  célèbre  compositeur  de  musique  sacrée. 


PALESTRINA  ((iio\anni  Pii:i{LuiGi  da).  Le  grand  ré- 
formateur de  la  musique  sacrée  naquit  dans  une  condi- 
tion fort  humble,  à  Palestrina.  dans  la  campagne  de  Rome. 
La  position  de  ses  parents  était  des  plus  modestes  sans 
doute,  puisque  même  leur  nom  de  famille  est  resté  in- 
connu; ce  musicien  de  génie  n'est  désigné  aujourd'hui^ 
comme  il  le  fut  de  son  vivant,  que  par  le  nom  de  sa  ville 
natale.  La  date  exacte  de  sa  naissance  n'est  pas  connue. 
Certains  le  font  naître  en  4528  ou  4529,  mais  une 
inscription  placée  sous  un  ancien  portrait,  conservé  jadis 
dans  une  salle  de  la  chapelle  pontificale  au  Quirinal, 
dit  qu'il  mourut  en  459i,  à  l'àgc  de  quatre-vingts  ans,  ce 
qui  reporterait  vers  4544  l'année  de  sa  naissance.  L'abbé 
Baini,  qui,  dans  l'ouvrage  monumental  qu'il  a  consacré 
à  Palestrina  {Memorie  storico-critiche  délia  vitae 
délie  opère  di  Giovanni  Pierluigi  da  Palestrina;  Rome, 
1828),  s'est  livré  à  de  minutieuses  recherches  sur  tout 
ce  qui  a  trait  à  la  vie  de  cet  artiste,  se  fonde  sur  la 
dédicace  du  livre  VII  de  ses  Messes  pour  choisir  Tannée 
4524.  Nous  pouvons  donc,  tout  en  signalant  les  diverses 
versions,  accepter  cette  date.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  jeune 
I^ierluigi  arriva  à  Rome  vers  4540  pour  s'y  perfectionner 
dans  l'art  musical,  qu'il  avait  sans  doute  étudié  déjà  dans 
sa  ville  natale.  Pitoni,  dans  sa  Notùia  dei  maestri  di 
capella  si  di  Roma  cheoltramonfani,  assure  que  Pa- 
lestrina ne  dut  d'entrer  dans  une  école  de  musique  ([u'à 
la  faveur  du  maître  de  chapelle  de  Sainte-Marie-Majeure, 
qui  l'aurait  un  jour  entendu  chanter  dans  la  rue.  Cette 
anecdote  semble  bien  peu  vraisemblable.  En  effet,  si  ce 
maître  de  chapelle  eût  juge,  à  la  seule  audition  de  Pales- 
trina, que  ce  jeune  homme  dût  être  un  jour  un  musicien 
de  premier  ordre,  il  est  à  croire  qu'il  eût  tout  fait  pour 
se  l'attacher,  loin  de  favoriser  son  entrée  dans  une  autre 
école  que  la  sienne.  Or,  peu  de  temps  après  son  arrivée  à 
liome,  nous  trouvons  Palestrina  sous  la  discipHne  da 
l^Yançais  Claude  Goudimel  qui,  peu  de  temps  auparavant, 
avait  ouvert  à  Rome  une  école  régulière  de  musique. 
Giovanni  Animuccia,  Stephani  Rettini,  Alessandro  Merh, 
plus  connu  sous  le  noui  d'Alessandro  délia  Viola,  Gio- 
vanni-Maria  Manini  élaient  dans  le  moine  tem[)S  les  con- 
disciples de  Palestrina. 

Si  l'on  s'étonne  de  voir  un  étranger  réunir  ainsi  autour 
de  lui  des  jeunes  gens  qui  devaient  être,  peu  de  temps 
après,  les  plus  illustres  musiciens  de  l'Italie,  il  convient 
de  se  souvenir  que  les  maîtres  de  chapelle  et  les  chanteurs- 
les  plus  connus  en  Ralie  étaient  presque  tous  alors  l!lspa- 
gnols.  Flamands  ou  Français.  La  supériorité  des  musi- 
ciens originaires  du  N.  de  la  France  ou  des  Flandres 
était,  au  précédent  siècle,  incontestable  ;  il  ne  faut  pas 
oublier  ([ue  c'est  à  eux  (pie  revient  l'honneur  d'avoir  per- 
fectionné la  musifpie  harmoni<[ue,  d'en  avoir  établi  les 
règles  et  la  pratique.  Les  Espagnols,  comme  chanleuis, 
avaient  une  grande  réputation,  et  la  plupart  des  chantres 
de  la  chapelle  papale  appartenaient  à  cette  nation. 
L'TtaHe,  qui,  dans  la  deuxième  moitié  du  xvi^  siècle, 
allait  se  placer  au  premier  rang,  dut  sa  supériorilé  à 
l'enseignement  solide  et  disert  de  ces  artistes  étrangers. 
Palestrina,  le  plus^illustre  des  maîtres  transalpins,  (i:'V(^ 
de  Cl.  Goudimel,  né  en  Franche-Comté,  synthétise  donc 
parfaitement  cette  situation  particulière. 

Nous  ignorons  combien  de  temps  Palestrina  passa  dans 
Fécolede  Goudimel.  C'est  vers  4  540  qu'il  y  entra.  Onze  ans 
après,  en  4554,  sous  le  pontificat  de  Jules  lïl,  sa  répu- 
tation était  assez  bien  établie  pour  qu'il  fût  appelé  aux 
fonctions  de  maître  des  enfants  de  c\\mn\7nagister  pue- 
roriim,  de  la  chapelle  Gùilia,  au  Vatican.  Par  un  décret 
spécial  du  chapitre  qui  lui  conférait  cette  dignité,  le 
titre  de«  maître  de  chapelle»,  magistercapellœ,  lui  fut 
attribué,  le  premier  sans  doute  paraissant  indigne  de  son 
mérite  et  de  la  place  qu'il  tenait  déjà  parmi  les  musiciens 
romains.  Il  avait  alors  vingt-sept  ans.  En  4554,  il  publiait 
son  premier  volume,  dédié  au  pape  Jules  HI.  Ce  recueil, 
où  l'on  trouve  quatre  messes  à  4  voix  et  une  à  5,  traitées 


PALESTRINA 


—  876 


dans  le  style  alors  eu  fa\eur,  fut  imprimé  à  Home  par 
les  frères  Dorici  en  looi.  Ce  fait,  (jiie  c'est  le  premier 
livre  de  musi(|iie  dédié  à  un  pape  par  un  Italien,  montrera 
suffisamment  le  rôle  prépondérant  des  musiciens  étran- 
gers, des  Flamands  surtout,  dans  l'art  italien  jusqu'à 
cette  époque.  Palestrina,  d'ailleurs,  dans  cette  première 
œuvre,  n'innovait  l'ien  qu'il  n'eût  appris  directement 
de  ses  maîtres  :  leur  style  y  est  fort  exactement  rejiro- 
duit.  peut-être  avec  un  peu  plus  d'aisance  et  de  facilité. 
Mais  toutes  les  complications  chères  à  l'école  gallo-belge,  les 
recherches  inutdes  des  proportions  de  notation,  les  har- 
monies enchevêtrées  et  dilficiles  y  abondent  :  seule,  la 
première  messe,  Ecce  «sacerdos  magnusy>,  laisse  pres- 
sentir le  futur  génie  du  compositeur. 

C'est  vers  ce  même  temps  que  Palestrina  se  maria. 
Tout  ce  que  nous  connaissons  de  sa  femme  se  réduit  à 
son  nom  de  baptême,  Lucrezia.  Elle  donna  quatre  fds  à 
son  mari  et,  après  une  longue  union  qui  parait  avoir  été 
heureuse,  mourut  en  io80. 

La  publication  de  ce  premier  livre  augmenta  beaucoup 
la  réputation  de  Palestrina.  Ee  pape  Jules  ïll  l'en 
récompensa  en  le  faisant  entrer  dans  le  corps  des  vingt- 
quatre  chantres  de  la  chapelle  pontificale.  Quoique  cette 
place  fût  plus  avantageuse  que  celle  qu'il  occupait,  d'où 
il  ne  tirait  que  6  écus  romains  par  mois,  Palestrina  hésita 
quelque  temps  à  l'accepter.  En  effet,  sa  nomination  était 
contraire  aux  règlements  de  la  chapelle,  règlements 
établis  par  le  pape  lui-même,  quoiiju'il  crut  bon  de  les 
violer  en  faveur  du  talent  supérieur  de  l'artiste.  Pales- 
trina était  laïque  et  marié,  et  les  chapelains  chantres 
devaient  être  tous  ecclésiasti(pies.  De  plus,  si  Palestrina 
était  déjà  un  remarquable  compositeur,  sa  voix  était  mé- 
diocre et  son  talent  de  chanteur  assez  ordinaire.  On  pou- 
vait donc  craindre  (ce  qui  arriva  en  effet)  que  les  col- 
lègues de  Palestrina,  mécontents  de  cette  atteinte  à  leurs 
privilèges,  ne  lui  tissent  mauvais  accueil.  Palestrina  se 
rendait  fort  bien  compte  de  ces  difficultés  ;  mais  la  place 
était  avantageuse,  et  le  compositeur,  pauvre  et  chargé 
de  famille  :  il  accepta  donc.  Le  43  janv.  JSoo,  il  prenait 
possession  de  son  poste,  et  dans  le  procès-verbal  de  sa 
réception,  le  collège  des  chapelains  chantres  prenait  soin 
de  signaler  qu'il  était  admis  «  sans  examen»  par  l'ordre 
de  Sa  Sainteté  et  sans  le  consentement  des  autres  chan- 
teurs. 

Malheureusement  pour  Palestrina,  le  pape  Jules  III,  qui 
eût  pu  le  protéger  contre  la  malveillance  de  ses  confrères, 
mourait  cinq  semaines  après.  Le  pape  Marcel  II  qui  lui 
succédait,  également  bien  disposé  pour  lui,  ne  restait  que 
vingt- trois  jours  sur  le  trône  pontifical.  Paul  IV  qui  vint 
ensuite,  se  résolut  d'opérer  des  réformes  dans  le  clergé  de  la 
cour  de  Rome,  et  son  attention  se  trouva  portée  immédia- 
tement sur  les  chantres  de  sa  chapelle.  Outre  Palestrina, 
deux  chantres  mariés,  Léonard  Rarré  et  Dominico  Ferra- 
bosco,  s'y  trouvaient  alors  :  malgré  les  réclamations  du 
collège  des  chantres  tout  entier,  qui,  bien  que  peu  favo- 
rable à  Palestrina  jusque-là,  prit  fait  et  cause  pour  lui, 
le  pape  exigea  que  ces  trois  artistes  fussent  rayés  des 
contrôles  de  la  chapelle,  où  leurprésence,  disait-il,  faisait 
scandale.  Toutefois,  en  considération  du  préjudice  que 
leur  causait  cette  mesure  sévère,  il  leur  attribuait  une 
pension  de  6  écus  par  mois.  Malgré  cette  compensation, 
Palestrina,  accablé  de  douleur,  tomba  malade  et  souffrit 
plusieurs  semaines  d'atta({ues  de  fièvre  nerveuse.  Il 
s'exagérait  cependant  le  triste  côté  de  sa  situation  :  un 
artiste  de  sa  valeur  ne  pouvait  rester  longtemps  sans 
emploi.  Peu  de  temps  après,  en  effet,  on  lui  offrait  la 
place  de  maître  de  chapelle  à  Saint-Jean  de  Latran,  et  par 
faveur  spéciale  du  pape,  sa  pension,  qui  devait  cesser  du 
jour  oîi  il  trouverait  une  place  nouvelle,  continua  à 
lui  être  payée.  En  oct.  looo,  il  prenait  possession  de 
son  poste.  A  Saint-Jean  de  Latran.  Palestrina  devait  de- 
meurer cinq  années,  pendant  lesquelles  il  composa  quelques- 
uns  de  ses  plus  beaux  ouvrages  :  les  admirables  Impro- 


peria  de  l'office  de  Va  semaine  saijite,  entre  autres, 
datent  de  cette  période.  Toutefois,  comme  son  traitement 
était  assez  modique,  il  se  détermina  à  accepter  les  fonc- 
tions, mieux  rémunérées  (60  écus  par  mois),  de  maître 
de  chapelle  à  Sainte-Marie-Majeure,  qu'il  occupa  du 
i«^'  mars  4o61  jusqu'au  31  mars  1571.  Ce  furent  les  dix 
années  les  plus  heureuses  et  les  plus  brillantes  de  sa  vie. 

Depuis  la  publication  de  son  premier  volume,  sa  répu- 
tation s'était  fort  étendue.  Son  style  s'était  débarrassé,  en 
grande  partie,  des  complications  inutiles  dont  il  avait 
emprunté  l'usage  aux  Flamands  ses  prédécesseurs.  Les 
La}nenf citions  de  Jérémie  à  4  voix,  son  deuxième  ou- 
vrage, laissent  déjà  clairement  pressentir  la  portée  de  son 
génie,  qui  va  se  montrer  tout  entier  dans  les /m/?r^/9^r/«. 
Un  hymne  de  cette  collection,  0  crux  fidelis,  à  8  voix, 
écrite  en  1560,  fut  si  admirée  (jue  le  pape  Paul  ÏV,  le 
même  qui  avait  rayé  Palestrina  du  nombre  de  ses  chan- 
teurs, le  lui  fit  demander  pour  sa  chapelle.  Dans  la  mu- 
sique profane,  d'ailleurs,  son  talent  n'était  pas  moins 
estimé,  et  plusieurs  de  ses  madrigaux  furent  imprimés 
dans  les  recueils  d'œuvres  des  plus  célèbres  musiciens 
du  temps. 

Vers  la  même  épocpie,  les  abus  dont  la  musique  reli- 
gieuse était  infestée  firent  naître  la  pensée  d'une  réforme. 
L'usage  de  composer  des  messes  entières  sur  le  thème 
d'une  antienne  ou  d'une  chanson  profane,  usage  fort  an- 
cien, persistait  encore,  et  ses  inconvénients  étaient  rendus 
plus  sensibles  par  les  progrès  même  de  l'art.  On  prenait 
plaisir  à  combiner  ensemble  les  chants  les  plus  disparates 
et  à  introduire  les  thèmes  les  plus  profanes  dans  les  com- 
binaisons harmoniques  destinées  à  l'église  où  se  portait 
alors  le  principal  effort  des  artistes.  Certaines  mélodies 
vulgaires  avaient  acquis  tant  de  célébrité  qu'aucun  compo- 
siteur ne  pouvait  se  dispenser  de  les  prendre  comme  sujet 
d'un  motet  ou  d'une  messe.  La  chanson  de  ï Homme 
armé,  par  exemple,  servit  de  motif  à  un  nombre  incroyable 
de  compositions  d'église.  Palestrina  ne  crut  pas  devoir 
se  dispenser  d'en  faire  usage,  et  près  d'un  siècle  après 
lui,  Carissimi  suivra,  sur  ce  point,  son  exemple.  Le 
concile  de  Râle  et  celui  de  Trente  avaient  condamné  ces 
abus  inconvenants,  non  pas  peut-être  d'une  façon  pré- 
cise et  directe,  mais  en  proclamant  cependant  la  néces- 
sité de  créer  une  musiijue  d'église  plus  conforme  à  son 
objet.  Ce  n'est  pas  que  les  Pères  du  concile,  et  plus  tard 
les  membres  de  la  commission  nommée  par  le  pa])e 
(1563)  pour  trancher  la  question,  jugeassent  de  ceci 
conune  l'ont  fait  les  modernes.  Ils  sentaient  bien  qu'il 
y  avait  quelque  chose  d'indécent  dans  ce  mélange  de 
musique  profane  (à  supposer  même  que  les  paroles  de 
ces  chansons  fussent  supprimées  dans  l'exécution,  ce  qui 
est  assez  probable)  et  de  paroles  sacrées  ;  mais  l'excès  des 
combinaisons,  les  complications  rythmiques  et  harmo- 
niques de  toute  sorte,  ne  devaient  pas  leur  sembler 
condamnables  en  soi.  Ils  y  voyaient  surtout  l'inconvénient 
d'empêcher  les  textes  sacrés  d'être  entendus  des  fidèles, 
et  il  est  visible  qu'en  dehors  de  toute  idée  artisti(|ue, 
leur  préoccupation  constante  fut  de  remédier  à  ce  défaut. 
Cela  est  si  vrai  qu'd  fut  un  instant  question  de  bannir  de 
l'église  le  style  fugué  et  le  contre-point  d'imitation  :  plu- 
sieurs cardinaux  ne  voulaient  admettre,  dans  le  service 
divin,  que  des  pièces  analogues  aux  Improperia  de 
Palestrina,  c.-à-d.  des  espèces  de  faux  bourdons, 
écrits  note  contre  note  ou  à  peu  près.  Fort  heureusement, 
l'opposition  des  chantres  pontificaux,  qui  siégeaient  dans 
la  commission,  empêcha  cette  idée,  funeste  pour  le 
développement  de  l'art  musical,  de  prévaloir.  Ils  firent 
remarquer  que  ce  style  pouvait  convenir  aux  morceaux 
de  dimensions  restreintes,  mais  que,  par  sa  monotonie 
inévitable,  son  usage  exclusif  rendrait  impossible  la  com- 
position des  messes  et  autres  œuvres  de  grandes  dimen- 
sions. Finalement,  pour  trancher  la  question,  on  convint 
de  faire  écrire,  par  un  maître  incontesté,  une  messe  qui 
put  concilier  les  exigences  de  Fart  et  celles  du  service 


—  877  — 


PALESTRINA 


religieux.  Ce  qui  prouve  combien  le  talent  de  Palestrinu 
était  alors  au-dessus  de  toute  contestation,  c'est  que 
ce  fut  lui  qui  fut  unanimement  choisi.  Palestrin a  composa 
donc  trois  messes  à  6  voix  qui  furent  entendues  chez  le 
cardinal  Vitelozzi  :  les  deux  premières  furent  admirées, 
mais  la  troisième  parut  fort  supérieure  aux  autres. 
D'un  commun  accord,  il  fut  décidé  qu'on  la  prendrait 
pour  modèle  et  que  la  musique,  ainsi  conçue  et  réalisée, 
serait  conservée  dans  les  églises  catholiques,  d'oii  seraient 
bannis,  à  l'avenir,  les  messes  et  motets  composés  sur 
des  thèmes  profanes  et  où  divers  motifs  se  mêleraient 
chacun  avec  des  paroles  différentes.  La  messe  qui  valut  à 
Palestrina  l'honneur  de  servir  ainsi  de  modèle  aux 
compositeurs  sacrés  est  celle  du  deuxième  livre  de  ses 
messes,  qui  porte  le  nom  de  Messe  du  pape  Marcel. 
En  dépit  de  diverses  anecdotes  qui  méritent  peu  de  créance, 
on  ne  sait  pourquoi  elle  fut  mise  sous  le  nom  de  ce  pon- 
tife, mort  assez  longtemps  avant  son  apparition,  et  qui 
n'occupa  le  trône  pontifical  que  quelques  jours.  Peu  de 
monuments  de  l'art  sont  plus  intéressants  que  cette 
oeuvre  :  on  y  voit  la  perfection  de  la  manière  de  son 
auteur  et  l'apogée  d'un  style,  aujourd'hui  aboli  sans 
doute,  mais  qui  eut  ses  heures  de  gloire  et  compta 
d'admirables  chefs-d'œuvre.  Bien  (pie  nous  ayons  pris 
l'habitude  de  chercher  dans  la  nuisique  autre  chose  que 
ce  qu'y  cherchaient  les  contemporains  de  Palestrina,  le 
mérite  de  tels  ouvrages  nous  est  encore  sensible.  iVussi 
bien  pour  la  perfection  singulière  de  la  facture  que  pour 
l'expression  générale,  la  Messe  du  pape  Marcel,  connue 
tous  les  autres  beaux  ouvrages  de  Palestrina  et  de  son 
école,  sera  toujours  comptée  parmi  les  plus  illustres  monu- 
ments du  génie  (V.  Musique  religieuse,  t.  XXIV,  p.  631, 
Motet)  . 

Le  pape  Paul  IV,  après  avoir  entendu  cette  composition 
nomma  Palestrina  compositeur  de  la  chapelle  pontificale. 
Cette  place  avait  été  créée  pour  lui  et,  malgré  les  menées 
des  ennemis  du  grand  musicien,  Palestrina  la  conserva 
toujours,  tant  sous  le  pontificat  de  Paul  IV  et  de  Pie  V  son 
successeur,  que  sous  les  autres  papes  qui  les  remplacèrent 
par  la  suite. 

Durant  son  séjour  à  Saint-Jean  de  Latran,  il  n'avait 
rien  publié  :  ses  œuvres  ne  s'étaient  répandues  que  par  les 
copies  qui  en  furent  faites.  En  1569,  ilpubHait  le  second 
livre  de  ses  messes,  dédié  à  Philippe  II,  roi  d'Espagne  ; 
l'année  suivante,  le  même  prince  acceptait  encore  la 
dédicace  du  livre  IIL  Le  cardinal  Hippolyte  d'Esté,  un  de 
ses  protecteurs,  recevait  aussi  un  Mvre  de  motets.  x\ 
cette  épo((ue  d'ailleurs,  la  publication  des  œuvres  de  Pales- 
trina fut  activement  menée  ;  presque  chaque  année  il  en 
parut  quebju'une. 

La  mort  d'Aiiimuccia,  en  lo7 1 .  tit  entrer  Palestrina  à  la 
chapelle  de  Saint-Pierre  du  Vatican,  et  dans  le  même  temps 
Philippe  de  Néri,  son  ami  et  son  confesseur,  lui  confiait  la 
direction  de  la  musique  de  la  congi'égation  de  l'Oratoire. 
Mais  le  revenu  de  ces  deux  places  ne  compensait  ({u'im- 
parfaitement  les  appointements  qui  lui  étaient  alloués  à 
Sainte-Marie-Majeure.  S'il  accepta  ce  changement,  ce 
fut  en  considération  de  ses  débuts  à  Saint-Pierre  et  par 
déférence  pour  les  volontés  du  pape.  Ce  grand  homme,^ 
accablé  de  charges  de  famille,  se  condamnait  ainsi  à  vivre 
dans  la  médiocrité,  et  c'est  un  trait  peu  honorable  pour 
ses  puissants  protecteurs  (jue  de  l'avoir  laissé  ainsi,  toute 
sa  vie,  se  débattre  au  milieu  des  difficultés  matérielles 
qui  ne  pouvaient  qu'entraver  l'essor  de  son  génie. 

Il  dirigeait  en  même  temps  l'école  de  musique  qu'avait  fon- 
dée Giovanni-Maria  Nanini  et  travaillait  à  la  revision  de  tout 
le  chant  du  Graduel  et  de  V AntipJionaire  romain,  œuvre 
immense  dont  le  pape  Grégoire  III  l'avait  chargé.  Au  mi- 
lieu de  ces  travaux  de  toute  sorte  et  de  ses  chagrins  do- 
mesti(pies  (il  perdit  successivement  trois  de  ses  iils,  Ange, 
Rodolphe  et  Sylla,  tous  trois  musiciens  de  talent  dont 
quelques  anivres  figurent  parmi  celles  de  leur  père),  il 
continuait  cependant  à  produire.  La  liste  de  ses  compo- 


sitions est  immense,  et  si  la  plupart  ne  furent  pas  publiées 
de  son  vivant,  c'est  que  sa  pauvreté  l'empêcha  de  faire 
les  frais  nécessaires.  La  mort  de  sa  femme,  en  1580,  fut 
aussi  pour  le  vieillard  un  coup  terrible  :  il  lui  survécut 
cependant,  et  les  dernières  années  de  sa  vie  semblent 
avoir  été  plus  heureuses  et  plus  paisibles.  Certains  de 
ses  protecteurs,  le  grand-duc  de  Toscane,  le  cardinal 
Aldobrandini,  le  père  abbé  de  Baume,  s'étaient  arrangés 
pour  lui  permettre  de  faire  paraître  une  édition  de  ses 
œuvres,  et  Palestrina  s'occupait  activement  à  la  préparer. 
La  mort  ne  devait  pas  lui  laisser  achever  cet  important 
travail.  Se  sentant  près  de  sa  fin,  Palestrina  dut  laisser  à 
son  dernier  fils,  Hygin  le  soin  de  l'accomplir.  Ce  grand 
homme  mourut  le  !2  févr.  1894.  Ses  contemporains  et  ses 
protecteurs,  après  l'avoir  laissé  toute  sa  vie  dans  une  situa- 
tion proche  de  la  misère,  lui  firent, du  moins,  de  pompeuses 
funérailles;  tous  les  musiciens  présents  à  Rome  voulurent 
s'associer  à  ces  honneurs.  Il  fut  inhumé  dans  la  basilique 
du  Vatican  ;  sur  sa  tombe  fut  gravée  cette  seule  inscrip- 
tion, juste  hommage  dû  à  son  génie  :  Joanxes-Petrvs- 
Aloysivs  Pn.ENESiiNvs  ==  Mvsic.E  Pkinceps. 

On  a  suffisamment  fait  voir  en  de  précédents  articles 
(V.  Musique,  t.  XXIV,  p.  614  ;  Musique  religieuse, 
t.  XXIV,  p.  631,  Motet),  la  place  de  Palestrina  dans 
l'histoire  de  l'art  pour  qu'il  ne  soit  pas  nécessaire  de 
formuler  ici  un  jugement  d'ensemble  sur  cet  artiste. 
Ce  qu'il  convient  seulement  de  redire,  parce  que  le  pré- 
jugé contraire  est  encore  fort  répandu,  c'est  qu'il  ne 
faut  pas  voir  dans  Palestrina  un  réformateur  de  la  mu- 
sique d'église.  Lui  refuser  ce  titre  n'est  point  diminuer  son 
mérite,  ni  son  génie.  Loin  d'avoir  tenté  des  voies  nouvelles, 
Palestrina  s'est  contenté  de  porter  à  la  plus  absolue  perfec- 
tion le  genre  de  musique  pratiqué  de  son  temps,  et  ses 
œuvres  ne  diffèrent  de  celles  de  ses  prédécesseurs  que  par 
leur  admirable  facture,  leur  expression  plus  pure  et  plus 
belle,  nullement  parleur  but,  ni  leurs  moyens.  Si  Palestrina 
a  renoncé  aux  complications,  aux  raffinements  puérils  et 
pédants  de  l'école  flamande,  nous  avons  vu  que  cette  ré- 
forme lui  fut  imposée  :  et  cela,  par  des  considérations,  res- 
pectables sans  doute,  mais  qui  n'ont  rien  d'artisticpie.  La 
preuve  d'ailleurs  (jue  ces  abus  n'avaient  rien  pour  lui  dé- 
plaire, c'est  qu'en  beaucoup  de  ses  ouvrages  il  a  rivalisé, 
sous  le  rapport  de  la  complexité  et  de  la  recherche  des 
proportions,  avec  les  plus  ténébreux  contrapuntistes  de 
l'époque  antérieure.  Et  cela,  non  pas  seulement  dans  bu 
jeunesse,  car  sa  messe  de  YHo)nme  armé,  à  cinq  voix, 
véritable  énigme  musicale,  date  de  1570,  sept  ans  après  la 
réforme  de  1563.  Sans  doute  cette  date  est  celle  de  la  pu- 
blication de  cette  messe;  mais,  fût-elle  antérieure  de  beau- 
coup, on  doit  croire  que  Palestrina,  s'il  l'eût  estimée  in- 
digne de  lui,  ne  l'eût  point  fait  paraître  et  l'eût  retranchée 
de  son  œuvre. 

Palestrina  a  beaucoup  produit  et  le  nombre  de  ses 
ouvrages  est  vraiment  prodigieux.  Jusqu'à  ces  derniers 
temps,  il  était  difficile  d'en  dresser  une  liste  exacte  ;  plus 
encore  de  se  les  procurer.  Son  fils,  Hygin,  n'ayant  pu,  à  la 
mort  de  son  ])ère,  les  faire  paraître,  en  avait  vendu  les 
manuscrits  à  différents  éditeurs  qui  les  publièrent  à  leur 
heure  et  en  plusieurs  villes.  Bien  que  sa  gloire  lui  ait 
survécu  assez  longtemps  et  que  d'assez  nombreuses  réim- 
pressions de  quelques  œuvres  aient  eu  lieu  dans  les  pre- 
mières années  du  xvii^  siècle,  quand  l'art  polyphonique 
eut  passé  de  mode,  cette  musique  fut  oubliée.  Il  y  a  quatre- 
vingts  ans,  bien  peu  de  musiciens  connaissaient  encore 
quelque  chose  de  ce  grand  maître.  La  restauration  de  la 
musi({ue  religieuse,  le  goût  des  études  historiques,  l'ont 
remis  en  honneur.  Différentes  collections  publiées  dans  ce 
siècle  par  Choron,  parle  prince  de  la  Moskovva,  etc.,  con- 
tiennent ses  principaux  chefs-d'œuvre.  Enfin,  les  éditeurs 
Breitkopf  et  Hàrtel  de  Leipzig  en  ont  publié  le  catalogue 
complet  et,  depuis  186:2,  en  font  paraître  une  édition  monu- 
mentale, presque  achevée  aujourd'hui.  Henri  Quittako. 
BiBL.  :  Outre  le  grand  ouvrage  do  l'abbé  Baim,  cité  dMiis 


PALtSTUlNA  —  PALÉTUMi:il 


—  878 


le  corps  do  la  noiice,  on  pourra  coiisuher  sur  L*alestriua 
les  ouvraiies  suivants  :  E.-J.  Delécluze,  Paleslrinu.  ;  Pa- 
ris. 1812,  in-8°  (extrait  do  la  Rente  cie  Paris)  ;  Théodore  Ni- 
SARO,  Gioviimii-Pierluigi  du  Palestr'ma,  in-8»  ;Elogio  di  Gio- 
€onni  PidHuigi  du  Palestrina  detto  Sal  canonico  Agostmo 
BurtoUnl  in  SimcUi  Morhi  in  Vaticelhi  ;  Rome,  1870. 

PALESTRO.  Corn.  d'Italie,  prov.  de  Pavie,  arr.  de 
Mortara,  sur  la  r.  g.  de  la  Scsia  ;  2.529  hab.  aggl.  en 
4881.  Slat.  diichem.  de  fer  de  Mortara  à  Vercelli.  Son 
territoire  est  sillonne  par  de  nombreux  canaux  irriga- 
toires  ;  rizières.  L'élevage  des  bestiaux  et  des  produits 
lactés  sont  les  industries  principales.  Palestro  est  surtout 
célèbre  par  la  victoire  remportée  sur  les  A ulri chiens  par 
les  Français  et  les  Piémontais  (V.  ci-dessous). 

Combat  de  Palestro.  —  Troisième  bataille  de  la 
guerre  de  1859.  Le  30  mai,  l'armée  sarde  qui,  après  la 
victoire  du  général  français  Forey  à  Montcbello,  avait 
passé  le  21  la  Sesia  près  de  Verceil,  attaqua,  sous  le 
commandement  du  roi  même,  les  Autrichiens  qui  s'étaient 
retranchés  à  Palestro,  Casalino  etVinzaglio,  et  les  força  à 
replier  sur  Robbio.  Le  31,  les  ennemis  retournèrent  à 
l'assaut  avec  25.000  hommes  pour  reprendre  Palestro  ; 
mais  la  division  Cialdini  et  le  3^  régiment  de  zouaves  les 
repoussèrent  après  un  combat  qui  avait  duré  de  six  heures 
du  matin  à  deux  heures  de  l'après-midi.  C'est  dans  cette 
journée  que  Victor-Emmanuel  fit  des  prodiges  de  valeur 
qui  lui  méritèrent  les  galons  que  lui  décernèrent  les  zouaves. 
L'ennemi  perdit  1  général,  plus  de  1.000  prisonniers, 
8  canons,  de  nombreux  morts  et  400  soldats  qui  se  noyèrent 
dans  le  canal  Sartirana  en  essayant  de  fuir. 

PALESTRO.  Ville  du  dép.  et  de  l'arr.  d'Alger,  à  79 
kil.  S.-E.  d'Alger,  sur  un  plateau  dont  trois  côtés  sont 
bordés  par  le  cours  sinueux  de  Tisser  et  qui  est  comme  le 
fond  d'uncircpie  formé  par  les  montagnes  des  Beni-Khal- 
foun.  Stat.  du  chem.  de  fer  d'Alger  à  Tunis.  Marché  très 
important  le  mercredi  de  cha([ue  semaine  ;  commerce  de 
bestiaux,  d'huiles,  de  céréales;  vignoble  de  171  hcct. 
donnant  des  vins  estimés.  Palestro  est  le  ch.-l.  d'une  com. 
de  pi.  exercice  de  4.930  hab.  (avec  les  douars),  dont  375 
Français,  82  étrangers,  le  reste  d'indigènes  ;  c'est  aussi 
le  ch!-l.  d'une  justice  de  paix  et  d'une  commune  mixte 
de  67.000  hect.  et  de  40.226  hab.  dont  436  Français  et 
223  étrangers.  Palestro  se  forma  près  de  l'ancien  pont 
turc  ùes  Beni-Hini  par  l'agglomération  d'ouvriers  qui 
ouvraient  la  route  des  gorges  de  Tisser;  peu  après,  en 
1869,  il  y  vint  quelques  colons  français,  et  le  village  fut 
officiellement  créé  en  1870.  Il  fut  le  plus  cruellement 
éprouvé  de  nos  établissements  dans  l'insurrection  de  1871 . 
Le  22  avr. ,  il  fut  assailli  par  des  miUiers  de  Kabyles  ;  les 
habitants  voulurent  se  détendre,  mais  trente  et  un  d'entre 
eux  furent  massacrés  avec  des  raffinements  de  cruauté  ; 
(juarante  furent  épargnés  et  emmenés  en  captivité  par  les 
chois  des  rebelles,  pour  exploiter  plus  tard  cet  acte  de 
clémence.  Le  village  fut  livré  aux  llammes,  et  quand  la 
colonne  Fourchault  y  arriva  le  lendemain,  elle  n'y  trouva 
plus  que  des  cadavres  et  des  ruines  fumantes.  Un  petit  mo- 
nument rappelle  la  défense  des  colons,  à  la  tète  desquels 
moururent  le  curé  et  le  maire.  A  quelques  kil.  de  Palestro, 
gorges  sauvages  de  Tisser,  très  curieuses.        E.  Cat. 

PALET.  I.  Jeu.  —  C'est  une  pierre  plate  et  ronde  ou  un 
petit  disque  de  fer  ou  de  cuivre,  de  la  grosseur  d'une 
pièce  de  5fr.  Un  but  est  déterminé  soit  par  un  palet  sem- 
blable, préalablement  lancé  parle  premier  joueur,  soit  par 
un  bouchon,  et  chaque  joueur,  dans  Tordre  déterminé, 
jette  successivement  son  propre  palet  de  façon  à  le  placer 
ïe  plus  près  possible  du  but.  La  victoire  appartient  à  celui 
qui  y  a  le  mieux  réussi.  Le  jeu  de  palet,  dont  le  jeu  de 
bouchon  n'est  qu  une  variante,  était  très  en  honneur  au 
moyen  âge  et,  dans  beaucoup  de  villes,  un  endroit  spécial 
lui  était  réservé  comme  pour  le  jeu  de  mail. 

II. Gymnastique  (V.  Disque). 

ÎII.  Pêche.  —  Cet  engin,  plus  particulièrement  em- 
ployé dans  le  golfe  de  Gascogne,  se  compose  d'une  enceinte 
circulaire  d'environ  150  m,  de  longueur  formée  de  pieux. 


distants  Tun  de  l'autre  de  près  de  5  m.  ;  au  pied  de  ces 
pieux  on  creuse  un  sillon  dans  lequel  on  descend  un  iilet 
accroché  au  bas  des  pieux;  ce  tilet,  recouvert  de  sable,  est 
relevé  par  les  pécheurs  à  la  marée  baissante.        E.  S. 

PALÈTE  ou  PALLETTE  (AmeubL).  Nom  donné  aux 
deux  derniers  siècles  à  une  foule  de  petits  objets,  à  la 
fois  d'usage  courant  et  de  curiosité,  affectant  la  forme 
d'une  petite  pelle  plate  ou  concave,  munie  d'un  assez  long 
manche  et  tels  qu'un  petit  battoir,  un  bougeoir,  une  cuil- 
lère, une  petite  écuelle  d'argent.  C'est  dans  cette  palète 
que  Ton  recevait  le  sang  provenant  de  la  saignée,  d'où 
l'expression  :  «  tirer  une  ou  deux  pallettes  de  sang.  » 

PALETHNOLOGIE.  Le  nom  de  palethnologie  sï^st  subs- 
titué peu  à  peu  à  ceux  (ï archéologie  préhistorique  et  de 
paléonîohgie  humaine,  trop  longs  et  de  signification 
restreinte,  pour  désigner  les  études  relatives  à  notre  passé 
préhistori(pie.  Les  ])}'Océdés  de  la  paletlniologie  sont  bien 
un  peu  ceux  de  rarchéologie,  mais  encore  davantage  ceu\ 
de  l'ethnographie  comparée,  quand  il  s'agit  d'étudier  les 
indusiries  de  pierre,  d'os,  de  bronze,  de  kv,  d'en  suivre 
les  développements  et  d'en  fixer  les  rapports.  Et  quand 
nous  voulons  caractériser  les  peuples  anciens,  indépen- 
damment de  leiu-  outillage,  ave<î  leurs  débris  osseux,  nous 
avons  recours  aux  procédés  mêmes  de  Telhnologie.  Mais 
la  palethnologie  (Mubrasse  en  (mtre  plusieurs  autres  con- 
iiaissances  accessoires,  telles  que  celle  des  terrains  quater- 
naires et  actuels,  celle  des  espèces  de  maminilëres  de  vi'^ 
terraijis,  et  elle  doime  la  main  à  l'archéologie  proprement 
dite  connue  à  l'ethnographie.  Zauohowsri. 

PALETOT  (V.  CosTU.NiE). 

PALETTE.  ï.  Technologie.  —  On  donne  ce  nom 
aux  parties  plates  et  larges  (|ui  terniinenl  certains  ap- 
pareils ou  insirunients  inécani(jucs  destinés  à  travailler  des 
matières  pâteuses,  li(juides  ou  pulvérulentes.  Tels  sojii 
par  exemple  les  malaxenrvs,  péti'isseurs,  élévateurs,  etc. 
La  palette  peut  aussi  sei'vir  de  propulseur,  soit  en  re- 
cevant son  jnouvement  d'une  chute  d'eau  (roue  de  mou- 
lin), soit  en  transmettant  à  l'eau  !e  mouvement  qui  lui 
est  imprimé  par  une  machine  motrice  (bateaux  à  vapeur  à 
roues).  E.  M. 

II.  Peinture.  —  Petite  ])lanche  fort  mince,  en 
bois  de  pommier  ou  de  noyer,  de  forme  ovale  ou  car- 
rée, dont  se  servent  les  peintres  pour  disposer  leurs 
couleurs.  Elle  se  tient  de  la  main  gauche,  le  pouce  passé 
dans  un  trou  qui  est  percé  en  Tune  de  ses  extrémités. 
Les  couleurs,  industriellement  préparéos,  soîit  rangées 
par  petites  quantités  autour  de  cette  planchette  et  le 
peintre  fait  ses  mélanges  sur  le  miheu  laissé  Ubre.  Cer- 
taijis  peintres  rangent  méthodi({uement  leurs  couleurs  se- 
lon Tordre  de  Tarc-en-ciel  et  la  tiennent  constamment 
propre;  la  palette  de  certains  autres  semble  une  mêlée 
de  juiances.  Les  peintres  flamands  se  servaient  le  plus 
souvent  de  palettes  en  cristal;  celles  des  miniaturistes 
sont  à  l'ordinah'e  en  porcelaine.  La  palette  est,  avec  les 
pinceaux,  l'insigne  du  peintre:  on  voit,  à  la  National 
Gallery,  celle  de  Constable  ;  on  a  vu  celle  de  Delacroix 
à  l'exposition  de  son  œuvre  qui  fut  faite,  en  1883,  à 
i'Ecole  des  Beaux-Arts,  avec  la  position  des  gammes  de 
tons  (ju'il  employail,  indiquée  par  un  de  ses  élèves.  On 
emploie  quelquefois  le  mot  palette  ou  figuré  pour  parler 
de  Tart  (l'un  peintre;  et  l'expression  sentir  la  palette, 
aujourd'hui  peu  usitée,  indique  des  couleurs  qui  demeu- 
rent séparées  sur  la  toileetncs'yharmojiisentpas.    E.  Ba. 

III.  Archéologis  (V.  Lanterne). 

ÏV.  Hydraulique  (V.  Alce,  t.  IV,  p.  359). 

'V.  Médecine  (V.  Pansement  et  Saignée). 

PALÉTUVIER  (Bot.).  Nom  donné  généralement  à  des 
espèces  de  l'ancien  genre  Ilhiwphora  L.  — ^^  Le  P.  ordi- 
naire ou  P.  noir  est  le  llhiiophora  Mangle  L.  ou 
Manglier  (V.  ce  mot)  ;  le  P.  des  Indes  est  le  Bru- 
gniera  gpninorhvM  Lamk  (Rhizophora gyïnnoihixa L.) 
(V.  Bruguiera).  —  Quelquefois  on  désigne  sous  le  nom 


879 


p.vlî:tcvier  —  palguave 


lie  P.  de  montagnes  une  plante  du  genre  Clu.sia  (V.  ce 
mot),  le  CL  venosa  L.  D''  L.  Hn. 

PÂLEY.  Corn,  du  dép.  de  Seine-el -Marne,  aiT.  de  Fon- 
tainebleau, eant.  de  Lorrez-le-Bocage  ;  455  liab.  Menhir 
(mon.  hist.),  connu  sous  le  nom  de  la  Hoche  qui  fuit. 

PALEY  (William),  théologien  anglais,  né  à  Peterbo- 
rough  en  jud.  1743,  mort  à  Bishop-Wearmouth  le25mai 
1805.  Dès  le  début  de  ses  études,  il  se  fit  remarquer  par 
une  intelligence  claire,  souple  et  sèche,  11  fut  professeur 
à  Cambridge  de  1767-76.  Puis  il  passa  par  diverses  cures, 
cumulant  toujours  plusieurs  bénéfices.  La  publication  de 
son  ouvrage  A  view  of  the  Evidences  of  Ckristianity 
(1794,  "i  vol.)  fit  de  lui  un  des  écrivains  théologiens  les 
plus  en  vue  dans  son  pays.  Juscpi' au  milieu  du  xix®  siècle, 
ce  livre  servit  de  manuel  officiel  pour  l'enseignement  théo- 
logi({uc  à  Cambridge.  La  méthode  est  historique,  mais  elle 
est  maniée  à  la  façon  des  scolastiques.  L'auteur  formule 
des  propositions  abstraites,  les  étaie  de  citations  sacrées 
et  profanes  et  les  confirme  par  la  démonstration  de  la 
proposition  contraire.  Nul  souffle  religieux  n'anime  le  dé- 
bat. Les  H  or  œ  Paul  inœ  {il  ^0)  sont  un  peu  plus  intéres- 
santes, tandis  (pie  les  Principles  of  moral  and political 
philosophy  (1785,  2  vol.)  développent  un  vulgaire  utili- 
tarisme. 

PALEYRAC.  Com.  du  dép.  de  la  Dordogne,  arr.  de 
Bergerac,  cant.  de  Cadouin  ;  455  hab. 

PALÉZIEUX.  Village  suisse,  du  cant.  de  Vaud,  sur 
la  ligne  de  chem.  de  fer  Berne-Lausanne,  point  de  bifur- 
cation de  la  ligne  Lausanne-Payerne-Lyss  ;  599  hab.  On 
a  trouvé,  au  commencement  de  ce  siècle,  dans  cette  lo- 
calité, des  mosaïques  et  des  bains  qui  font  supposer  que 
Palézieux  est  d'origine  romaine. 

PÂLFFY.  Une  des  plus  anciennes  familles  hongroises, 
dont  les  membres  se  sont  distingués  dans  l'armée  et  dans 
la  vie  politique.  —  Nuklos  ou  Nicolas  11  (155"2-1600), 
surnommé  hôs  (le  héros),  l'enrichit  par  son  mariage  avec 
Marie-Madeleine  Fugger  et  l'illustra  par  ses  victoires  sur 
les  Turcs,  auxquels  if  prit  Baab  (G yor),  le  29  mars  1598. 
—  Son  fils  Etienne  (f  1646)  lui  succéda  au  gouvernement 
de  Pozsoni  (Presbourg),  fut  surnommé  la  [erreur  des 
Turcs,  et  fait  comte  en  1634.  —  Ses  petits-fils  (Nico- 
las VI  (1657-  1732)  et  Jean  IV  (1663-1751),  palatin 
de  Hongrie,  ont  donné  naissance  aux  deux  branches  aînée 
et  cadette,  la  seconde  subdivisée  elle-même  depuis  1720 
en  trois  autres.  —  Paul  Pâlffy  ayant  épousé  la  fille  de 
Bakocz  ajouta  à  son  nom  celui  d'Erdôd,  que  ses  descen- 
dants ont  conservé.  La  famille  s'est  toujours  montrée  très 
attachée  à  la  maison  des  Habsbourg  et,  pendant  la  Révo- 
lution, Mauricel^alïïy  fut  aide  de  camp  du  général  Haynau. 

PALFFY  (Albert),  romancier  hongrois,  né  à  Gyula  en 
1820.  mort  à  Budapest  en  1897.  11  débuta  en  1845  par 
le  Millionnaire  magyar,  suivi  du  Livre  noir,  qui  accu- 
sent rintluence  de  George  Sand  et  de  Balzac.  En  1847,  il 
devint  rédacteur  du  Pesti  Hirlap,  se  lia  d'amitié  avec 
Petofi,  et  fonda,  en  1848,  le  Quinze  m^ars,  qui,  par  ses 
idées  uitra-révokitionnaires,  scandalisa  les  patriotes,  de 
sorte  que  le  gouvernement  de  Kossuth  se  vit  dans  la  né- 
cessité de  le  supprimer.  Après  la  révolution,  il  se  cacha 
en  province,  mais  il  fut  arrêté  (1853)  et  interné  à  Bud- 
weiss.  Ses  Nouvelles  posthumes  d'un  exilé  datent  de 
1850.  Dans  ses  romans,  tantôt  il  aborde  des  problèmes 
sociaux,  tantôt  il  raconte  des  épisodes  historiques.  Le 
Part'ai  n  du  Pi'ince  (iS'ôS),  la  Maison  paternelle  (1858), 
'Attila,  le  fléau  de  Dieu,  le  Professeur  de^f^""  Esther, 
les  Dernières  Années  de  l'ancienne  Hongrie  (1893) 
"montrent  un  vrai  talent  de  conteur.  Pâlffy  dessine  ses  ca- 
ractères en  quelques  traits  marquants,  les  fait  vivre,  ne 
dédaigne  pas  l'humour.  J.  Koxt. 

BiBL.  :  Charles  Vadxai.  dans  IJucUrpcsU  Szeinlc.  iuiii 
1898. 

PALFIN  ou  PALFIJN  (Johannes),  célèbre  anatomiste 
belge,  né  à  Courtray  le  28  nov.  1650,  mort  à  Gand  le 
21  avr.  1730.   11  exerça  la  chirurgie  successivement  à 


Gand  et  à  >pres,  et  en  1695  revint  à  Gand  où  il  fut 
reçu,  en  1698,  maître  en  chirurgie  et  barbier,  et  fut 
nommé,  en  1708,  professeur  de  chirurgie  et  d'anatomie. 
Palfin  peut  être  considéré  comme  le  créateur  de  l'anato- 
mie  chirurgicale  ;  c'est  aussi  lui  qui  a  inventé  le  forceps 
osbtétrical,  qu'il  présenta  lui-même,  en  1723,  à  l'Aca- 
démie des  sciences  de  Paris.  —  Ouvrages  princi})aux  : 
Nieuwe  Osteologie...  (Gand,  1701,  in-12,  et  nombr. 
édit.,  dont  une  française  en  1731);  Description  anato- 
mique  des  parties  de  la  femme  qui  servent  à  la  géné- 
ration... (Leyde,  1708,  in-4,  et  autres  édit.);  Ueel- 
konstige  ontleeding  des  menschelijk  lichaams... 
(Leyde,  1710,  in-8,  et  nombr.  édit.,  dont  2  franc.,  en 
1726  et  1754);  etc.  D^' L.  Hn. 

PALGHAT.  Ville  du  district  de  Malabar,  présidence  de 
Madras  (Inde),  située  dans  une  brèche  des  Ghàts  occi- 
dentales, haute  de  1.000  m.  et  large  de  40  kil.,  à  la- 
quelle elle  doit  son  nom.  Commandant  la  grande  route 
entre  la  côte  du  Malabar  et  l'intérieur  du  pays,  elle  avait 
jadis  une  grande  importance  stratégique  et  a  conservé  de 
l'importance  commerciale  (env.  40.000  hab.).  Son  fort, 
bâti  par  Haider  Ali,  fut  pris  pour  la  première  fois  par 
les  Anglais  en  1768  et  devint  la  base  des  opérations  contre 
Tippou-Sâheb.  Il  est  aujourd'hui  converti  en  prison.  De- 
venue un  important  entrepôt  de  marchandises,  Palghàtest 
reliée  par  un  embranchement  de  4  kil.  à  la  station  d'Ola- 
vakod,  du  Madras  Bailivay,  à  135  kil.  S.-E.  de  Calicut. 
PALGRAVE    (Sir   Francis),   historien  anglais,    né    à 
Londres  en  1788,  mort  à  Hampstead  le  6  juil.  1861.  Fils 
d'un  commerçant  juif,  Meyer  Cohen,  il  reçut  une  bonne 
instruction,  fut  même  un  enfant  prodige,  et  son  père  édi- 
tait avec  orgueil  une  traduction  de  laBatrachomyomachie, 
qu'il  avait  faite  à  Page  de  huit  ans  d'après  une  version 
latine  :  'Op.rjpou  [ixTpcn'^oirjo^ajJoc,  traduite  de  la  ver- 
sion latine  d'E.  Berglère  par  M.  François  Cohen  de 
Kentish  Town,  âgé  de  huit  ans  (Londres,  1797,  in-4). 
Inscrit  au  barreau  de  Londres  en  1827,  il  ne  pratiqua 
guère,  s'occupant  avec  passion  de  recherches  historiques 
et  archéologiques  et  donnant  de  nombreux  articles  à  la 
Quaterly  Ueview  et  à  VEdinburgh  Review.  Il  fut  chargé 
par  le  gouvernement  de  la  publication  des  Parliamen- 
lary  ivrits,  des  Hotuli  curiœ.  lîegis,  des  Kalendars  of 
the  Treasury  of  Ihe  Exckequer,   des  Documcnls  a)id 
Records  illuslrating  Ihe  history  of  Scotland,  etc.,  et 
en  1838,  fut  nommé  conservateur  adjoint  des  archives 
nationales.  Ses  principaux  ouvrages  :  TheRise  and  Pro- 
gress  of  Ihe  English  commonivealth  (Londres,  1832, 
2  vol.  in-4)  ;   The  Hislory  of  Normandy  and  England 
(Londres,   1851-64,  4  vol.  in-8),  établis  sur  des  re- 
cherches considérables,  lui  ont  valu  la  célébrité.  Ils  ren- 
ferment des  vues  ingénieuses,  mais  ils  manquent  de  cri- 
tique :  aussi  ont-ils  été  assez  sévèrement  jugés,  même  <m) 
Angleterre.  Ils  ont  eu  du  moins  le  grand  mérite  d'attirer 
l'attention  des  érudits  sur  l'histoire  et  la  littérature  du 
peuple  anglais  au  moyen  âge  et  d'ouvrir  un  champ  qui 
devait  donner  de  fécondes  moissons.  Citons  encore  de  Pal- 
grave  :  son  édition  du  Pioman  des  ducs  de  Normandie, 
cle  Wace  (1828,  in-4):  son  Hisiory  of  England  (1831, 
in-12),  dont  il  ne  donna  que  le  premier  volume  ;  A)i  essay 
on  the  Aulhoriti/  of  Ihe  kiiufs  Council  (4834,  in-8); 
Truths  and  Fictions  of  Ihe  Midi  le  Ages  (1837,  in-8)  ; 
Tlie Lord  and  The  \^assal  (1814,  in-8).  Il  s'était  converti 
au  catholicisme  en  1823  et  avait  alors  pris  le  nom  de  sa 
mère.  H.  S. 

PALGRAVE  (Francis-Turner),  littérateur  anglais,  né  à 
Londres  le  28  sept.  1824,  fils  du  précédent.  Vice-prin- 
cipal de  l'école  normale  d'instituteurs  de  Kneller  Hall,  il 
entra  ensuite  dans  les  bureaux  du  département  de  l'ins- 
truction publique,  fut  longtemps  secrétaire  particulier  du 
comte  Gran ville,  et  devint,  en  1886,  professeur  de  poésie 
à  l'Université  d'Oxford.  Il  est  connu  par  ses  travaux  sur 
les  grands  poètes  anglais,  dont  il  a  donné  d'excellentes 
éditions.  Lui-même  a  publié  :  Lhjlls  aiui  Songs  (\SM)  ; 


PALGHAVE  —  PALI 


—  880  — 


Vii  Golden  Treasury  ofEiiglish  Soiijs  (1861);  Esscn/s 
on  Art  (1866)  ;  Hyunu  (1867);  Lijrical  poeïns  {iSl  i)  ; 
Tfie  Visions  of  England  (1881-89,  "2  vol.)  ;  Amenophis 
and otherpoems  (1892)  ;  Journals  and  Memories  (1899, 
iii-8),  etc.  R.  S. 

PALGRAVE  (William  (liiford),  diplomate  anglais,  né  à 
Westminster  le  ^2i  janv.  18'26,  mort  à  Montevideo  le 
30  sept.  1888,  iils  de  l'historien  (V.  ci-dessus).  Ses  dé- 
buts dans  la  vie  furent  assez  romanesques.  11  s'engagea 
d'abord  dans  l'armée  de  l'Inde,  puis  se  convertit  au  ca- 
tholicisme et  se  lit  ordonner  prêtre  à  Madras.  Membre  de 
la  Société  de  Jésus,  il  déploya  la  plus  grande  activité  dans 
les  missions  de  l'Inde,  puis  de  Syrie  et  après  les  mas- 
sacres de  1861,  revenu  sain  et  sauf  eu  Europe,  il  fit  en 
Angleterre  et  en  France  uue  propagande  infatigable  contre 
les  massacreurs.  En  1862,  il  accepta  de  Napoléon  III  uue 
mission  en  pleine  Arabie  et  en  rapporta  un  livre  d'un  in- 
térêt captivant  :  .Y«/"ra^//'^  of  ayear's  Journey  throujh 
central  and  eastern  Arabia  (Londres,  1865,  2  vol. 
in-8  ;  trad.  en  fr.,  Paris,  1866).  Le  gouvernement  an- 
glais, frappé  de  ses  rares  qualités,  résolut  de  l'employer 
dans  le  service  diplomatique.  Palgrave  fut  d'abord  en- 
\oyé  eu  Abyssinie  (1865)  oii  il  obtint  de  Théodore  la  mise 
en  liberté  de  divers  prisonniers  anglais.  Il  fut  ensuite  con- 
sul à  Souklioum  Kalé,  à  Tré])izonde,  d'oii  il  écrivit  un  re- 
marquable Report  on  the  Anatolian  Provinces  of  Tre- 
hizond,Sivas,  Kastemouni  and  Part  of  Angora  (1868)  ; 
à  Saint-Thomas  (Indes  occidentales),  à  Manille,  en  Bulgarie, 
à  Bangkok  (1879).  lùitre  temps,  il  avait  al)andouné  le 
catholicisme  pour  prati([uer  diverses  religions  orientales.  Il 
fit  partie  de  nom])reuses  sociétés  savantes,  entre  autres  de 
la  Société  de  géographie  de  Londres.  Citons  encore  de  lui  : 
Hermann  Agita  (Londres,  1878,  in-8,  3^^  éd.),  roman 
très  intéressant;  Essays  on  Eastern  Questions  (1872); 
Dittcli  Giiiana  (1876)  ;  Ulysses,  or  scènes  and  studies 
in  many  Lands  (1887,  in-8)  ;  A  Vision  of  Life  {iHdi), 
poème  religieux  fort  ennuyeux.  R.  S. 

BiBL.  :  R.  Stuart-Poolp:,  Palgnwe's  Arab'mn  Journey, 
d'd'Aii, Fortnigfitly  Revlew,lSii5^  I.  — II.Duvevrier,  Voyages 
(le  M.  Palgrave  dans  V Arabie,  dans  Annales  des  voyages^ 
1836, 1.  —  JoNVEAUx,  l'Arable  centrale  par  W.-G.  Palgrave^ 
dans  Correspondant,  janv.  et  fé\r.  186G.  —  Lavolléi:, 
nu  Voyage  dans  l'Arable  centrale  :  M.  Palgrace^  dans 
liccae  des  Deux  Mondes,  18o7,  mai. 

PALGRAVE  (Bobert-Harry  Inglis),  financier  anglais, 
né  à  Londres  en  1827,  frère  du  précédent.  Entré  fort 
jeune  dans  la  grande  maison  de  banque  Gurneys  et  G*'  de 
^'arinouth,  il  prit  peu  à  peu  dans  le  monde  financier  une 
situation  prépondérante.  Très  bien  doué,  ils'est  livré  avec 
succès  à  l'étude  des  ({uestions  d'économie  polititpio  les 
plus  ardues  et  a  fourni  des  contributions  importantes  aux 
recueils  des  sociétés  dont  il  fait  partie,  notamment  la  Société 
royale  dont  il  a  été  élu  membre  en  1882.  Citons  de  lui  :  Local 
taxation  ofGreatBritain  and  Ireland  (1870)  et  son  Dic- 
tionary  of  Polit ical  Econoiny  (1891).  Il  publie,  depuis 
1877,  le  recueil  si  renommé  intitulé  TheEcononiist. 

PALGRAVE  (Keginald),  administrateur  anglais,  né  à 
Londres  le  28  juin  1829,  frère  des  précédents.  Il  entra 
dans  les  bureaux  de  la  Chambre  des  communes  en  185!) 
et  succéda  en  1886  à  sir  Thomas  Erskine  May  dans  le  poste 
important  de  clerc  de  la  Chambre  des  communes.  On  lui 
doit  des  ouvrages  de  procédure  parlementaire  qui  font 
autorité  :  The  House  of  comnions,  illustrations  of  ils 
Jdstory  and  practice  (1867);  The  Cliairman  Iland- 
book  (1877),  et  les  tomes  I  et  II  du  grand  travail  d'Erskine 
May  :  Treatise  on  the  law  of  Parlianient  (1893).  Très 
instruit,  comme  tous  ses  frères,  il  a  encore  écrit  des 
articles  d'histoire  dans  la  Quarterly  Pieview  et  donné 
Oliver  Croniwell,  the  Protector,  an  appréciation 
(1890),  etc.  B.  S. 

PALHERS.  Com.  du  dép.  de  la  Lozère,  arr.  et  cant. 
de  Marvejols;  181  hab. 

PALI  est  pour  les  savants  européens  le  nom  de  la 
langue  littéraire  des  bouddhistes  de  Ceylan,  de  Birmanie, 


du  Siam  et  du  Cambodge  :  pour  ces  derniers,  il  désigne 
proprement  leurs  livres  sacrés.  Si  l'on  en  croit  la  tradi- 
tion, le  pâli  serait  l'ancienne  mâgadhî  ou  dialecte  parlé 
en  Magadha  (Bihar)  au  temps'  du  Bouddha.  Kuhn 
veut  y  voir  le  prâcrit  usité  à  Oiijjain,  dans  le  Màlva,vers 
250  avant  notre  ère.  Selon  Oldenberg,  il  aurait  déjà 
été  en  usage  dès  400  av.  J.-C,  dans  le  S.  de  la  pénin- 
sule, d'où  il  aurait  naturellement  passé  à  Ceylan  ;  mais 
il  faudrait  supposer  en  ce  cas  que  l'Inde  méridionale  ne 
parlait  pas  encore  de  langues  dravidiennes  ;  car  s'il  est 
vrai  que  le  tamoul,  langage  de  la  côte  voisine  du  Coro- 
mandel,  fait  aujourd'hui  dans  l'île  même  concurrence  au 
singhalais,  du  moins  n'a-t-il  jamais  eu  de  rapport  avec 
le  pâli.  Il  paraît  donc  plus  vraisemblable  d'admettre  que 
le  pâli  a  été  introduit  à  Ceylan,  en  même  temps  que  le 
bouddhisme,  par  des  immigrants  venus  de  l'Inde  aryanisée 
et  partis,  soit  des  ports  de  l'Orissa,  soit  de  ceux  duKonkan. 
Quoi  qu'il  en  soit  de  la  question  non  encore  élucidée  de 
son  origine,  le  pâli  est  une  langue  étroitement  apparentée 
au  sanscrit.  Comme  on  l'a  souvent  remarqué,  il  présente, 
avec  le  sanscrit  védique,  les  seules  différences  caracté- 
ristiques qui  séparent  l'italien  du  latin.  C'est  le  même 
procédé  d'obhtération  ou  d'assimilation  des  groupes  de 
consonnes  pour  faciliter  ou  adoucir  la  prononciation  des 
sons  trop  difficiles  ou  trop  durs  ;  c'est  aussi  la  même  re- 
cherche des  terminaisons  vocaliques  ou  nasales,  au  point 
qu'un  mot  pâli  ne  peut  se  terminer  par  une  consonne. 
Disons  encore  que  le  pâli  a  deux  voyelles  et  deux  diph- 
tongues de  moins  que  le  sanscrit,  qu'il  n'a  pas  de  duel, 
que  les  lois  de  son  euphonie  sont  irréguhères,  etc.  Il  en 
existe  une  ancienne  grammaire  indigène  sous  le  nom  de 
Kaccâyana.  Les  manuscrits,  selon  leurs  provenances,  sont 
écrits  en  caractères  singhalais,  birmans  ou  cambodgiens. 

Histoire  de  i.a  philolocik  pâlie.  —  Le  premier  Euro- 
péen à  avoir  mentionné  le  pâli  serait  Laloubère,  dans  sa 
Relation  du  Siam,  à  la  fin  du  xvii^  siècle.  En  1824, 
B.  Clough  en  publiait  à  Colombo  une  première  grammaire, 
mais  qui  n'était  pas  encore  parvenue  en  Europe  quand, 
deux  ans  plus  tard,  Burnouf  et  Lassen  publiaient  leur 
fameux  Essai  sur  le  pâli,  complété  l'année  suivante  par 
des  Observations  grammaticales  sur  le  même  sujet. 
C'est  encore  à  Paris  que  parurent,  en  1871,  l'excellente 
étude  de  M.  E.  Senart  sur  Kaccdyana  et  la  littéra'ure 
grammaticale  du  pdli,  et,  en  1874,  la  traduction  fran- 
çaise par  St.  Guyard  de  la  Grammaire  pdlie  de  Minayen. 
De  1867  à  1869,  E.  Muller  avait  publié  à  Vienne  trois 
volumes  de  Beilrdge  zur  Kenntniss  der  Pdli  Sprache, 
et  E.  Kuhn  donnait  k  son  tour  à  Berhn,  en  1875,  ses 
Beilrdge  zur  Pdli  Grammatik.  La  même  année  parais 
sait  enfin  à  Londres  le  Dictioïinary  of  tlie  Pdli  language 
de  B.-C.  Childers,  travail  excellent,  mais  que  les  progrès 
des  études  ont  déjà  rendu  insuffisant.  Depuis  cette  époque 
ne  cessent  en  effet  de  se  multipUer,  en  même  temps  que 
se  publient  les  catalogues  des  manuscrits  conservés  dans 
les  diverses  bibliothèques  européennes,  les  éditions  et  les 
traductions  des  textes  pâlis.  Enfin  la  Pdli  text  Society, 
dont  le  siège  est  à  Londres,  a  été  fondée  sous  les  auspices 
de  savants  appartenant  à  diverses  nationalités  pour  faci- 
Hter  la  publication  intégrale,  en  lettres  latines,  de  toute 
cette  littérature,  dont  il  nous  reste  à  donner  un  aperçu. 

LiTiÉHATURE  pÀLiE.  —  Si  l'ou  cxccptc  quclqucs  chro- 
niques  comme  le  Mahdvamso,  dont  la  publication  en  1837, 
par  (t.  Turnour,  secrétaire  colonial  de  Ceylan,  a  fait  date 
dans  les  études  indiennes,  et  le  Dîpavamso  (éd.  et  trad. 
Oldenberg,  Londres,  1879),  la  littérature  pâlie  consiste 
surtout  dans  le  Tipitaka  ou  ensemble  des  saijites  écri- 
tures de  l'Eglise  bouddhique  du  Sud  et  des  commentaires 
dont  elles  ont  été  l'objet  (V.  Bouddhisme).  Les  opinions 
des  savants  européens  sur  l'âge  et  la  valeur  historique  de 
ces  textes  est  très  partagée.  Quelques-uns,  comme  Max 
Muller,  Oldenberg  et  Bhys  Davids,  acceptant  en  somme 
les  récits  singhalais  sur  les  conciles  et  la  rédaction  du 
canon  pâh,  soutiennent  que  ces  textes  sont  les  plus  an- 


^  :;8i  — 


PA' 


PALii:i{ 


eicns  que  nous  possédions  sur  !o  l)Oudclliismc  et  ceux  qui 
nous  donnent  l'idée  la  plus  approchante  de  l'état  primitif 
de  cette  religion.  De  leur  côté,  MM.  Senart  et  Minayeii  con- 
testent, non  sans  raison,  la  haute  antiquité  de  la  tradi- 
tion singhalaise  et  ses  prétentions  à  représenter  la  parole 
authentique  du  maître  et  la  forme  originelle  de  sa  commu- 
nauté. 11  va  de  soi  que  nous  ne  pouvons  entrer  ici  dans 
C3tte  discussion.  Nous  voudrions  seulement  dresser  un  ta- 
bleau rapide  de  cette  littérature. 

Le  TiPiTAKA  ou  «  les  trois  corbeilles  »  est  divisé,  comme 
son  nom  l'indique,  en  trois  collections,  celle  du  Viiiaj/a 
ou  de  la  discipline,  celle  des  Souttas  ou  prédications  du 
Bouddha,  et  enfin  celle  de  V Abhidhamma  ou  métaphy- 
sique. 

I.  Le  YiNAYA-PiTAKA  est  à  son  tour  divisé  en  cinq  livres  : 
l'^  la  Paràjikd,  qui  traite  des  quatre  péchés  capitaux  en- 
traînant l'exclusion  de  la  communauté;  2°  la  Pdvilti,  ou 
expiation  des  fautes  moins  graves  ;  3*'  le  Mahâ-vagga  ou 
grande  section,  qui  contient  le  recueil  du  Pdtimokklia 
dont  on  a  voulu  faire  le  noyau  de  toute  la  règle  monas- 
tique du  bouddhisme  ;  4^  le  Coulla-vagga  ou  petite  sec- 
tion, qui  renferme  notamment  les  dispositions  relatives  à 
l'ordre  des  nonnes  et  les  notices  sur  les  conciles  de  Ràja- 
i/,aha  et  de  Vesàlî  ;  et  enfin  5*^  le  Parivdra-pdflia,  qui 
n'est  guère  qu'un  résumé  des  précédents.  Le  Vinaya- 
piiaka  a  été  édité  en  entier  par  Oldenberg  (Londres, 
•1879-83,  o  vol.)  et  en  partie  traduit  par  lui,  avec  la 
collaboration  de  Rliys  Davids  dans  les  Sacred  Books  of 
Ihe  East  (vol.  XIII,  XVII  et  XX). 

IL  Le  SouTTA-priAKA  se  divise  également  en  cinq  parties 
à  leur  tour  subdivisées  en  un  très  grand  nombre  de  cha- 
pitres de  dimensions  fort  diverses,  en  prose  ou  en  vers  : 
l*^  le  Digha-nikdya  contient  34  souttas  «  étendus  »  dont 
7  ont  été  traduits  en  français  par  Grimblot  (Paris,  1876)  : 
mentionnons  particulièrement  le  Mahd-parinibbdna- 
soutla,  (pii  raconte  les  circonstances  de  la  mort  du  Boud- 
dha (éd.  Childers  et  trad.  anglaise  dans  les  Sacred  Books, 
vol.  X)  ;  '2«  le  Majjhima-nikdya  renferme  137  souttas 
de  longueur  «  moyenne  »  (jui  ont  fait  rol)jet  de  divers 
travaux;  E.  Neumann  en  a  commencé  une  traduction  alle- 
mande (Leipzig,  1896)  ;  la  Pâli  text  Society  a  entrepris 
la  publication  de  ces  deux  sections  de  même  que  des  sui- 
vantes; 3*'  le  Samyoïitta-nikdya,  dont  l'édition  a  été 
confiée  à  M.  L.  Feer;  et  4^^  V Angouttara-nikdya,  dont 
l'éditeur  est  M.  B.  Morris.  Mais  la  partie  la  plus  intéres- 
sante peut-être  est  la  cinquième,  celle  des  «  petits  »  sont- 
tas,  Je  Rliouddaka-nikdya,  qui  contient  quinze  chapitres 
dont  les  plus  célèbres  sont  le  recueil  de  stances  si  souvent 
édité  et  traduit  du  Dfiammapada  et  la  collection  des 
Jdlakas  ou  récits  des  naissances  antérieures  du  Bouddha 
(éd.  Fausboll  ;  trad.  anglaise  commencée  par  Prof.  Rhys 
Davids  et  reprise  sous  la  direction  de  Prof.  Cowell). 

m.  L'ABHiDHAiiMA-piTAKA,  divisé  OU  Sept  livrcs,  est  la 
partie  la  moins  ancienne  de  l'ensemble  :  c'est  aussi  celle 
dont  la  lecture  est  la  plus  rebutante  et  par  suite  la  moins 
étudiée  :  une  petite  portion  seule  en  a  vu  le  jour.  On  peut 
y  rattacher  un  texte  non  canonique,  mais  qui  "n'en  a  pas 
jnoins  excité  un  intérêt  considérable  en  Europe,  le  fameux 
Milinda-panho  (éd.  Trenckner  ;  trad.  anglaise  de  Rhys 
Davids  dans  les  Sacred  Books,  vol.  XXXV  et  XXXVl), 
sorte  de  dialogue,  à  la  façon  socratique,  entre  le  roi  indo- 
grec Ménandre  et  le  moine  bouddhiste  Nàgasena. 

Disons  pour  finir,  si  l'on  veut  avoir  une  idée  exacte  de 
l'étendue  de  cette  littérature  sacrée,  que  d'après  les  calculs 
de  VàPdli  text  Society,  elle  occupera  de  neuf  à  dix  mille 
pages  in-8,  dont  plus  de  la  moitié  ont  paru.  D'autre  part, 
le  roi  de  Siam,  à  l'occasion  du  25^  anniversaire  de  son 
couronnement,  en  a  fait  exécuter  à  Bangkok  (1893-94), 
une  édition  complète  en  caractères  indigènes  qui  remplit 
39  vol.  in-8  et  a  été  distribuée  à  la  plupart  des  grandes 
bibliothèques  du  monde.  A.  Foucher. 

BuiL  :  Les  indications  (jiii  précèdent  suffisent  pour 
aniorcei' les  recherclies.  On  trouvera  une  bibliographie  gé- 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.  —   XXV. 


néralc  du  |)"di  (caiiilog.ios  denuiiuis..  trraniinaires.  diction- 
naires, éditions,  îraducliiins,  articicîsde  rcn-ues.  etc.)dan>. 
Trubner  and  C\  Cntalofjuc  of  leadinq  books  on  P,]h, 
Prâkrit  and  Buddhist  Literiiturc  ;  Londres,  1881.  - 
O.  Frankfurter,  Ilundbook  of  Pâli:  Londres,  1883.  - 
P.  Pavolini,  Buddismo,  dans  coll.  des  Manuels  IIaM)!i  ; 
Milan,  1898.  ^ 

PALI  ou  PALLL  Ville  de  l'Etat  et  à  65  kil.  au  S.-E. 
de  Jodhpour,  dans  le  pays  de  Marvar,  Bâdjpoutàna  (Inde 
occid.).  C'était  jadis  le  grand  entrepôt  des  marchands 
marvaris  entre  le  Goudjerat  et  le  bassin  du  Gange.  Tou- 
jours florissante  au  milieu  de  ses  remparts  ruinés  (50.009 
hab.),  la  ville  est  à  présent  une  station  sur  la  ligne  du 
Jodhpore-Bick  ineer  Baitway,  sous  le  nom  de  Marvar 
Pâli  (à  30  kil.  de  Marvar  .functioii,  sur  le  Bombay,  Ba- 
rodaand  Centrât  India  liaitiiHui). 

PALIANO  [Fundus  Pottianns).  Ville  dîtalie,  prov.  de 
Rome,  arr.  de  Frosinone,  à  37  kil.  de  cette  ville,  sur  le 
sommet  d  une  coHine  dominant  au  S.  la  vallée  du  Sacco, 
dans  une  position  naturellement  forte.  La  ville  fut  reji- 
forcée  à  plusieurs  reprises  par  des  murailles  et  des  bas- 
tions et  enfin,  au  xvi^  siècle,  par  une  citadelle  ou  clui- 
teau;  4.016  hab.  aggl.  en  1881.  Stat.  du  rhem.  de  ' 
à  Legni.  Produits  principaux  :  hudes,  vins,  céréales. 
Ltablissement  pénitentiaire.  Palais  des  Colonna,  vaste  cl 
bel  édifice  de  roche  calcaire  brune,  d'un  style  élégant  et 
moderne  qui  a  été  restauré  aa  xvii^^  siècle.  Le  pape  Mar- 
tin V  (Colonna)  donna  cet  ancien  fief  des  comtes  de  Segni 
à  ses  neveux.  Les  Colonna  perdirent  temporairement  Pu - 
liano,  quand  le  pape  Paul  IV  en  nomma  duc  son  neveu 
Ciovanni  Caraffa,  q^i  fut  plus  tard  décapité  par  ordre  de 
Pie  IV. 

PALIANO  (Ducs  et  princes  de)  (V.  Colonna). 

PALIBOTHRA  (Archéol.)  (V.Patna  |Archéol.]). 

PALICARE  ou  PALLIKARE.  Ce  mot  désigne,  depuis 
l'époque  byzantine  (vii^  siècle),  les  jeunes  guerriers  et  plus 
particulièrement  les  membres  des  bandes  armées  des  Ar- 
matole  et  des  Kteptes  (V.  ce  mot  et  Grèce,  t.  XLK,  p.  20-') 
et  p.  320-3^21). 

PALI  CE  (.Jacques  de  Chakannf.s,  sieur  de  La)  (V.  Cii\- 
BANNES  [Maison  de|). 

PALICES(lla)a7.o':)  (MythoL).  Divinités  telluriques  on 
démonsvénérés  en  Sicile,  au  pied  de  l'Ltna,  auprès  de  deux 
sources  sulfureuses,  près  de  la  petite  ville  de  Palice  o:i 
un  oracle  s'inspirait  d'eux.  On  venait  près  de  ces  sources 
prêter  serniq^U  pour  se  laver  d'une  accusation  :  si  la 
tablette  siu^  laquelle  on  l'inscrivait  surnageait,  c'était  bien  ; 
si  elle  coulait,  on  était  regardé  comme  parjure  et  exj)ose 
à  la  mort  ou  à  la  cécité.  Des  sacrifices  humains  semblent 
avoir  été  autrefois  oiferts  aux  Paliccs  que  l'on  invoquait 
également  pour  protéger  l'agriculture  et  la  navigation.  On 
en  faisait  tantôt  deux  fils  jumeaux  du  héros  local  Adranos, 
tantôt  d'Héphaistos  et  de  la  nymphe /Etna,  tantôt  di-Zeiis 
et  de  la  nymphe  Thalia,  fille  des  précédents. 
BiBL.  :  Michaelis,  Die  Palihen  :  llnUc.  1S55. 

PALIER.  I.  Architecture.  —   On    appelle    ainsi, 
dans  un  escalier,  les  plates-formes  coupant  la  montée  et 
permettant  de  se  reposer  à  chaque  étage  et  même  une 
ou  deux  fois  pendant  l'ascension  d'un  étage.  Autrefois  ou 
désignait  les  paliers  intermédiaires  par  le  mot  de  repos,  les 
paliers  principaux  étant  ceux  donnant  accès  aux  appar- 
tements avec  les(pTels  ils  sont  de  plain-pied  (V.  Escauku, 
t.  XVI,  pp.  233  et  suiv.).  L'usage  des  paliers  de  repos  est 
recommandé  non  seulement  lorsque  la  montée  excède  une 
vingtaine  de  marches,  mais  même,  pour  les  montées  de  cette 
importance,  toutes  les  fois  que  la  circulation  dans  Lun  et 
l'autre  sens  est  active  et  que  les  personnes  montant  ou 
descendant  en  même  temps  peuvent  être  chargées  de  far- 
deaux, comme  dans  les  fabriques,  les  habitations  ouvri' res, 
les  écoles,  etc.  Dans  les  escaliers  droits,  dits  à  la  fran- 
çaise, construits  aux  deux  derniers  siècles  et  générale- 
ment établis  sur  un  plan  carré  ou  rectangulaire,  les  sur- 
faces murales  des  paliers  de  repos  se  prêtent  bien,  comme 
celles  des  paliers  principaux,  à  recevoir  une  décoration 

o6 


l>ALil!:U  —  PA  Ll  KllIAO 


88':2 


en  peinture,  en  sculpture,  en  tapisserie,  en  glaces,  etc., 
ressource  décorative  que  sont  loin  d'offrir  les  escaliers  à 
(}uartiers  tournants,  dits  a  V anglaise.  On  appelle  demi- 
paliej'  un  palier  formant  un  carré  ayant  pour  côté  la  lon- 
gueur des  marches,  et  Philibert  de  l'Orme  appelait  double 
marche  un  palier  triangulaire  dans  un  escalier  à  vis.  Les 
anciens  connaissaient  lusage  des  paliers  de  repos  qu'ils 
appelaient  prœcincliones  et  qui  servaient,  dans  les  suites 
de  gradins  permettant  d'accéder  aux  différents  étages  des 
amphithéâtres,  à  gagner  sa  place  sans  déranger  un  trop 
grand  nombre  de  personnes  assises.        Charles  Lucas. 

II.  Mécanique.  — Organe  mécanique  destiné  à  sup- 
porter un  arbre  de  transmission  principal  ou  intermédiaire. 
Un  palier  comporte  trois  parties  principales  :  le  palier 
proprement  dit,  le  chapeau  qui  le  recouvre  et  le  coussinet. 
Le  palier  et  son  chapeau  sont  en  fonte,  le  coussinet  est 
généralement  en  bronze,  cpielquefois  en  métal  antifriction. 
L'arbre  à  supporter  étant  de  section  cyhndriqne,  le  cous- 
sinet qui  l'entoure  affecte  la  forme  d'un  cylindre  creux.  Ses 
faces  extérieures  pourraient  être  également  cylindriques, 
mais  on  préfère  leur  donner  une  forme  prismatique  pour 
l'empêcher  de  tourner  en  même  temps  que  l'arbre.  Adrohe 
et  à  gauche,  le  coussinet  est  muni  de  joues,  qui,  venant 
butter  contre  la  fonte  qui  les  supporte,  empêche  tout 
déplacemcnl  latéral  du  coussinet  par  rapport  au  palier.  En 
outre,  on  prend  souvent  la  précaution  de  munir  l'arbre 
de  deux  portées,  l'une  à  droite,  l'autre  à  gauche  du  cous- 
sinet, pour  empêcher  le  mouvement  latéral  de  l'arbre.  Le 
coussinet  est  fendu,  suivant  un  plan  diamétral  passant 
par  l'axe  de  rar])re,  de  sorte  qu'en  réalité  il  se  compose 
de  deux  demi-coussinets  demi-cylindriques.  Cette  dispo- 
sition permet  de  l'emmancher  et  de  le  retirer  facilement. 
Tout  le  travail  de  frottement  s'effectue  entre  l'arbre  tour- 
nant et  le  coussinet  immobile;  le  palier  n'est  en  somme 
qu'un  support  tei'miné  généralement  par  une  assise  plane 
ou  patin.  Le  chapeau,  sorte  de  couvercle,  rehé  au  corps 
du  palier  au  moyen  d'écrous  et  de  prisonniers,  se  retire 
facilement  pour  permettre  le  remplacement  rapide  du 
coussinet  (fuand  Fusure  l'a  ovalisé.  Il  porte  fréquemment, 
dans  les  paliers  ordinaires,  un  ajutage  permettant  d'y 
adjoindre  un  godet  graisseur.  L'huile  aspirée  par  une 
uîêche,  traverse  le  chapeau  et  le  demi-coussinet  supérieur 
percé  d'un  trou  h  cet  effet  et  se  répand  sur  le  pourtour 
de  l'arbre  ;  on  facilite  généralement  cette  répartition  en 
luisant  au  burin  dans  le  demi-coussinet  deux  saignées 
en  X  nommées  pattes  d'araignée,  qui  o])ligent  l'huile  à 
se  répandre  sur  toute  la  longueur  du  contact  et  à  ressortir 
par  les  exti'émités,  entraînant  avec  elle  les  impuretés  et 
petites  limailles  provenant  de  l'usure  des  pièces  en  contact  ; 
on  éYÏte  ainsi  la  production  de  stries  transversales  dans 
l'arbre  et  l'épaississement  de  l'huile. 

Dans  les  patios  graisseurs,  on  procède  d'une  façoii 
différente  ;  c'est  le  corps  même  du  palier  qui,  étant  élargi, 
constitue  le  réservoir  d'huile  ;  une  mèche  en  coton,  en 
rothi  ou  en  métal,  aspire  l'huile  et  vient  déboucher  dans 
le  demi-cousset  inférieur.  L'arbre  est  graissé  par-dessous. 
L'importance  du  coussinet  est  d'autant  plus  grande  que 
la  vitesse  de  rotation  de  l'arbre  est  plus  considérable  ; 
(pielcjuefois,  dans  les  machines  à  faible  vitesse  et  cons- 
truites écon.omi(piement,  on  supprime  le  coussinet  en  métal 
doux.  Ce  procédé  n'est  pas  à  recommander,  car  le  frot- 
tement de  fer  sur  fonte  donne  des  résultats  défectueux 
auxquels  on  n'obvie  qu'avec  un  graissage  très  abondant. 
Pour  les  arbres  tournant  à  très  grande  vitesse  comme 
ceux  des  dynamos  et  des  machines  à  travailler  le  bois 
C'y  à  6.000  tours  par  minute),  il  faut  au  contraire  eju- 
ployer  des  coussinets  en  bronze  phosphoreux  et  très  allon- 
gés. Dans  ce  cas,  on  doit  faire  usage  de  paliers-graisseurs 
parfaitement  établis  pour  éviter  le  grippement.  Lors- 
(ju'il  s'agit  de  soutenir  un  arbre  de  transmission  principale 
de  grande  longueur,  il  ne  suffit  pas  de  metlre  un  palier  à 
chacune  de  ses  extrémités;  il  faut  faire  usage  de  paliers 
intermédiaires  espacés  suivant  les  efforts  de  traction  exer- 


cés sur  Larbi'e  par  les  machines  auxquelles  il  donne  le- 
mou  veulent. 

En  appelant  L  l'espacement  en  mètres  de  deux  paliers 
consécutifs  et  d  le  diamètre  en  millimètres  de  l'arbre  sup- 
porté, on  prend  généralement  : 

L  ~  0,60  ^J- 

Il  est  alors  absolument  nécessaire  que  tous  les  paliers 
soient  rigoureusement  à  la  même  hauteur,  de  façon  que 
l'axe  de  l'arbre  soit  une  ligne  absolument  droite. — Cette 
précaution,  trop  souvent  négligée,  évite  l'usure  et  la  perte 
de  force  due  aux  frottements  inutiles.  On  peut  s'assurer 
de  l'horizontalité  d'un  arbre  au  moyen  d'un  appareil  ana- 
logue au  niveau  des  arpenteurs,  dans  lequel  la  branche 
horizontale  est  remplacée  par  un  long  tube  de  caoutchouc. 
Les  deux  bouteilles  du  niveau  sont  fermées  par  des  bou- 
chons traversés  par  les  pointeaux  gradués  permettant  de 
lire  immédiatement  la  valeur  de  la  dénivellation.  Cet  appa- 
reil, dû  au  capitaine  Lenepveu,  a  été  employé  avec  grand 
avantage  pour  la  vérification  des  transmissions  princi- 
pales de  la  galerie  des  machines  à  l'Exposition  universelle 
de  1889. 

Dans  les  paliers  à  billes  ou  à  rouleaux,  le  coussinet 
est  supprimé  et  ronplacé  par  une  série  de  billes  ou  de 
rouleaux  en  acier  trempé,  hiterposés  entre  l'arbre  et  le 
palier,  de  façoji  à  transformer  le  frottement  de  glisse- 
ment en  frottement  de  roulement.  Cette  disposition  est 
avantageuse  pour  les  machines  agricoles,  car  il  permet 
d'y  supprimer  le  graissage  que  les  poussières  reluiraient 
très  ditlicile. 

Lorsque  les  paliers  reposent  sur  un  mur  ou  sur  des 
corbeaux  en  pierre,  on  interpose  entre  la  maçonnerie  et 
le  patin  du  paUer  une  semelle  eu  fonte  permettant  le 
réglage  à  l'aide  de  coins.  La  plupart  du  temps  dans 
les  atehers,  les  paliers  prennent  leur  appui  sur  des 
consoles  scellées  dans  le  mur  ou  des  chaises  (V.  ce  mot) 
suspendues  aux  poutres  du  plafond,  ou  boulonnées  après 
les  colonnes,  ou  reposant  sur  le  sol.  Dans  le  cas  de  trans- 
missions souterraines,  les  paliers  reposent  sur  des  mu- 
rettes  en  briques,  disposées  transversalement  au  caniveau 
—  On  donne  le  nom  de  palier  de  butée  au  support  de 
l'extrémité  de  l'arbre  d'hélice  d'un  navire.  Ces  pahers  sont 
très  longs,  et  la  partie  de  l'arlue  qui  les  travei'se  est  munie 
de  cannelures  transversales  ;  le  coussinet  porte  des  canne- 
lures cori-espondantcs.  Le  nombre  et  les  dimensions  de 
cejs  cannelures  sont  calculés  en  raison  de  la  puissance  de 
la  machine  et  de  la  vitesse  du  navire,  puiscpie  c'est  de  ces 
deux  éléments  que  dépend  la  poussée  à  laquelle  elles 
doivent  résister.  E.  Ma.glin. 

PALIKAO.  Village  dn  dép.  d'Oran  (Algérie),  arr.  et  à 
20  kil.  0.  de  Mascara,  sur  la  route  de  Tiaret.  L'eau 
abondante  permet  la  culture  des  légumes,  des  primeurs, 
des  fruhs  ;  on  récolte  aussi  des  céréales  et  des  vins  très 
estimés.  Ce  village  fondé  en  4870,  à  l'endroit  appelé  par 
les  Arabes  Terniflne,  est  le  ch.-l.  d'une  corn,  de  pi. 
exercice  de  4.828  hab.  dont  284  Français,  430  Israélites 
naturalisés,  le  reste  d'indigènes.  Il  est  le  siège  d'une  jus- 
tice de  paix  et  la  résidence  de  l'administrateur  de  la 
com.  mixte  de Cacherou  (496.000  hect.  et  34.954  hab.). 

PALIKAO  (Chine)  (V.  Pa  Li  Khiao). 

PALIKAO  (Comte  de),  général  français  (V.  Cousin-Mox- 
tauhân)  . 

PALIKAT.  Petite  ville  maritime  située  sur  la  côte  du 
Coromandel,  un  peu  au  N.  de  Madras  (Inde méridionale), 
au  S.  du  grand  marigot  du  même  nom;  5.000  hab.  Ce 
fut  le  premier  établissement  des  Hollandais  dans  l'Inde 
au  commencement  du  xvii®  siècle.  Repris  pour  la  pre- 
mière fois  par  les  Anglais  en  4784,  il  ne  leur  a  été  défi- 
nitivement acquis  qu'en  4824. 

PA  Ll  KHIAO  (ou  plutôt  Pa  H  tchoang,  appelé  en 
français  Palikao).  Loca,lité  sur  la  route  de  Thong  tcheou 
à  Péking,  à  8  li  (4^»V5)  de  Thong  tcheou,  remarquable 


883 


PA  Lï  KHIAO  -.  PALIiXGÉNÉSIE 


par  un  pont  en  pierre  élevé  en  4446  ;  c'est  là  qu'eut  lieu 
le  27  sept.  1860  le  dernier  combat  après  lequel  la  route 
de  Péking  fut  ouverte  aux  armées  française  et  anglaise. 

PALILIA  (V.  Pales). 

PALIMPSESTE.  On  désigne  sous  ce  nom  les  monu- 
ments écrits  sous  l'écriture  desquels  on  aperçoit  des  ves- 
tiges d'une  écriture  plus  ancienne  effacée  pour  faire  place 
à  l'écriture  nouvelle.  Il  y  a  des  inscriptions  palimpsestes, 
entre  les  caractères  desquelles  on  perçoit  les  vestiges  de 
plus  anciens  caractères  martelés  ;  il  y  a  des  monnaies  pa- 
limpsestes, refrappées  en  surcharge  :  beaucoup  de  mon- 
naies de  Sicile  ont  été  refrappées  dans  les  diverses  colo- 
nies de  la  Grande-Grèce.  Mais  le  terme  palimpseste  s'est 
surtout  appliqué  aux  manuscrits.  Dès  l'antiquité,  on 
effaçait  l'écriture  de  papyrus  pour  les  récrire.  A  Tréba- 
tius  qui  lui  avait  écrit  sur  un  papyrus  gratté,  Cicéron  ré- 
pondait :  «  J'espère  que  vous  ne  grattez  pas  mes  lettres 
pour  récrire  les  vôtres  par-dessus  ».  Le  procédé  pour 
récrire  les  papyrus  consistait,  soit  à  se  servir  de  vieux  pa- 
pyrus écrits  en  les  doublant  de  nouvelles  couches  de  pa- 
pyrus pour  confectionner  ainsi  de  nouvelles  feuilles,  soit 
à  effacer  l'écriture  pour  les  récrire  de  nouveau.  Il  existe 
aux  Archives  nationales  plusieurs  documents  palimpsestes 
sur  papyrus;  ce  sont,  en  général,  de  faux  diplômes  fabri- 
qués à  une  époque  où  le  papyrus  était  devenu  rare,  et 
pour  lesquels  on  a  utilisé  d'anciens  titres  que  l'on  consi- 
dérait comme  dépourvus  de  valeur.  Mais  la  plupart  des 
palimpsestes  sont  sur  parchemin.  Cette  matière  ayant  tou- 
jours été  rare  et  chère,  les  copistes  se  sont  souvent  ser- 
vis d'anciens  manuscrits  pour  en  refaire  de  nouveaux. 
L'ancienne  écriture  était  poncée  et  lavée,  les  feuilles  sou- 
vent recoupées  pour  changer  le  format  du  volume.  Un 
grand  nombre  de  copies  des  œuvres  de  l'antiquité  grecque 
et  latine  ont  été  ainsi  détruites.  On  ne  saurait  dire  toute- 
fois avec  Michelet  qu'il  y  eut  là  une  Saint-Barthélémy  pré- 
méditée des  chefs-d'œuvre  de  l'antiquité  au  profit  de  la 
littérature  ecclésiastique,  car  on  trouve  des  palimpsestes 
où  des  textes  classiques  ont  été  récrits  sur  des  textes  ecclé- 
siastiques ;  un  synode  de  691  dut  même  interdire  de  grat- 
ter les  textes  de  l'Ecriture  et  des  Pères.  Il  faut  ajouter  de 
plus,  que  la  plupart  des  manuscrits  que  l'on  sacrifiait 
ainsi  étaient  déjà  endommagés,  et  que  ces  textes,  qui  se- 
raient aujourd'hui  si  précieux,  étaient  considérés  comme 
pouvant  être  mis  au  rebut.  Il  n'est  pas  douteux  toutefois 
que  nous  ne  devions  à  cette  funeste  coutume  la  perte  de 
beaucoup  de  bonnes  copies  et  d'un  certain  nombre  d'œuvres. 
Naturellement  on  a  fait  effort,  depuis  la  Renaissance, 
pour  utiliser  les  manuscrits  ainsi  récrits,  et  y  retrouver  le 
texte  primitif.  Le  déchiffrement  des  paUmpestes  a  souvent 
donné  de  bons  résultats  et  a  fourni  une  bonne  contribu- 
tion à  la  philologie  classique.  Malheureusement,  nombre 
d'érudits  se  sont  imprudemment  et  maladroitement  servis 
de  réactifs  chimiques  pour  faire  revivre  l'ancienne  écri- 
ture, et  ils  ont  certainement  détruit  ainsi  plus  de  manus- 
crits que  les  copistes  du  moyen  âge.  Tantôt  ils  ont  employé 
l'acide  gallique  qui  colore  le  parchemin  en  brun  jaune,  ou 
même,  lorsqu'on  l'emploie  en  solution  trop  concentrée,  en 
brun  foncé  ou  môme  en  noir.  Un  grand  nombre  de  palimp- 
sestes italiens,  notamment  de  Vérone,  de  Milan  et  de  la 
Bibliothèque  Vaticane,  sont  ainsi  barbouillés  de  brun  et  de 
noir,  au  point  d'être  devenus  illisibles.  En  France,  on  a 
plus  souvent  traité  les  palimpsestes,  et  non  moins  malen- 
contreusement par  la  teinture  de  Gioberti  qui  en  a  coloré 
les  feuillets  en  bleu  plus  ou  moins  foncé.  Le  malheur  est 
surtout  que  l'action  corrosive  de  ces  acides  continue  à 
agir  et  achève  de  détruire  peu  à  peu  les  manuscrits  sur 
lesquels  on  les  a  appliqués.  On  ne  saurait  être  assez  pru- 
dent dans  l'emploi  des  réactifs  destinés  à  revivifier  les 
écritures,  et  le  seul  qui  devrait  être  autorisé  devait  être  le 
suif  hydrate  d'ammoniaque,  à  condition  bien  entendu  qu'il 
ne  soit  pas  appliqué  sur  des  pages  déjà  traitées  avec  d'autres 
réactifs  avec  lesquels  il  pourrait  former  des  combinaisons 
funestes.  Il  a  le  très  grand  avantage  de  ne  laisser  au- 


cune trace  et  le  seul  inconvénient  de  ne  revivifier  les  écri- 
tures que  pour  un  temps. 

Les  principaux  textes  que  les  palimpsestes  nous  ont 
conservés  sont  des  fragments  de  la  Bible  d'Ulphilas,  à  la 
bibliothèque  de  Wolfenbiittel  ;  la  République  de  Cicéron 
et  des  fragments  de  ses  discours  ainsi  que  des  morceaux 
de  Tite-Live,  à  la  Vaticane  ;  les  Insti tûtes  de  Gaius,  à  Vé- 
rone; des  fragments  d'Euripide  et  Granius  Licinianus,  au 
Musée  Britannique  ;  un  très  ancien  texte  de  Plante,  à  Mi- 
lan ;  des  fragments  de  Tite-Live,  à  Vérone  ;  un  Strabon, 
à  Grotta-Ferrata,  etc. 

BiBL.  :  Indépendamment  de  tous  les  traités  de  paléoprra- 
phie,  voir  surtout  W.  Wattenbach,  Schriftwesen  imMit- 
telalter;  3=  éd.,  Berlin,  189G.  pp.  310  et  suiv. 

PALINDROME.  Vers  ou  phrase  offrant  le  même  sens 
({uand  on  les  lit  de  gauche  à  droite  ou  de  droite  à  gauche 
(V.  Anacycliques). 

PALINDROMIE  (Méd.).  Ce  mot,  très  peu  usité,  est 
quelquefois  employé  comme  synonyme  de  récidive. 

PALI N GÉN ÉSI E  (Philos.).  Ce  mot,  formé  de  deux  mots 
grecs,  dont  l'un  signifie  génération  ou  naissance  et  l'autre, 
qui  sert  ici  de  préfixe,  marque  la  répétition  ou  le  retour 
en  arrière,  a  littéralement  un  sens  équivalent  à  celui  des 
mots  renaissance  et  régénération.  Il  n'est  guère  employé 
que  dans  le  langage  de  la  philosophie  mystique  ou  de  la 
théosophie.  Ballanche  en  a  fait  le  titre  d'un  de  ses  prin- 
cipaux ouvrages,  la  Palingénésie  sociale.  L'idée  que  ce 
mot  exprime  est  celle  d'une  rénovation  de  l'être  que  l'on 
doit  considérer  comme  le  but  suprême  et  le  terme  néces- 
saire de  son  évolution,  soit  qu'on  envisage  l'être  dans 
l'individu,  dans  l'humanité  ou  dans  l'universalité  des 
choses.  Cette  idée  est  au  fond  du  christianisme,  dans  les 
dogmes  de  la  chute  et  de  la  rédemption.  La  nature  hu- 
maine est  déchue  de  sa  perfection  primitive  ;  mais  elle 
peut,  elle  doit  y  remonter  avec  le  secours  de  la  grâce  dont 
Jésus-Christ  est  le  souverain  dispensateur.  Le  baptême 
est  le  symbole  et  l'instrument  de  cette  palingénésie  spiri- 
tuelle. D'autre  part,  à  la  fin  des  temps,  «  il  y  aura  de 
nouveaux  cieux  et  une  nouvelle  terre  »,  et  tous  les  élus 
retrouveront,  en  revenant  à  la  vie,  un  corps  glorieux 
désormais  exempt  de  besoins  et  de  souillures  et  une  âme 
inaccessible  à  la  souffrance  et  au  péché.  —  Mais  la  même 
croyance,  sous  des  formes  plus  ou  moins  différentes,  est 
commune  à  beaucoup  de  religions  et  de  philosophies. 
Ainsi,  dans  le  brahmanisme,  tandis  que  Brahma  repré- 
sente la  création  et  Civa  la  destruction,  Vichnou  est  le 
principe  de  la  renaissance  ou  de  la  palingénésie  univer- 
selle. C'est  Vichnou  qui  intervient,  à  certaines  époques, 
pour  sauver  le  monde  menacé  d'une  destruction  complète. 
«  Il  se  fait  lui-même  créature  et  naît  d'âge  en  âge  pour 
la  défense  des  bons,  pour  la  ruine  des  méchants,  pour  le 
rétablissement  de  la  justice.  »  En  Gaule,  les  druides  en- 
seignaient, selon  Diodore,  que  «  les  âmes  sont  immor- 
telles; le  temps  de  l'existence  actuelle  accompli,  elles 
passent  dans  un  autre  corps  et  reviennent  à  la  vie.  »Mais 
elles  ne  renaissent  pas  toujours  dans  .les  mêmes  condi- 
tions. Le  mal  fait  redescendre  l'homme  après  la  mort, 
dans  une  vie  moindre,  dans  le  corps  d'un  homme  infé- 
rieur ou  d'un  animal  déraisonnable  ;  le  bien  peut  ouvrir 
immédiatement  le  cercle  de  la  félicité,  le  monde  lumineux, 
situé  dans  les  étoiles,  où  F  âme  conserve  cependant  son 
identité  personnelle  et  ses  affections.  En  Grèce,  les  initiés 
des  mystères  se  transmettaient  des  doctrines  analogues, 
très  probablement  issues  de  l'Orient.  Platon  qui,  à  l'exemple 
de  Pythagore,  semble  s'être  inspiré  de  ces  traditions  reli- 
gieuses, enseigne  que  l'âme  a  d'abord  vécu  dans  le  monde 
divin  des  idées  où  elle  possédait  toute  science  et  toute  per- 
fection ;  de  là  elle  est  tombée  dans  un  corps,  après  «  avoir 
bu  de  l'eau  du  Lé  thé  »  ;  mais,  dès  cette  vie,  elle  prépare 
son  retour  à  Dieu  par  la  science  et  la  vertu,  et  ce  retour 
se  continue  et  s'achève  après  la  mort.  Plotin,  par  sa 
double  théorie  de  la  procession  et  de  la  conversion,  fait 
aussi  entrer  dans  son  système  cette  idée  d'une  sorte  de 


PALïNGÉNÉSm  —  PALISSAGE 


88-^i 


chute  (les  créatures  hors  du  sein  de  l'unité  absolue  et 
d'une  ascension  qui  les  y  ramène  et  rétablit  l'état  pri- 
mitif. Le  culte  de  Mithra,  qui  parut  balancer  un  moment 
la  fortune  du  christianisme,  était  fondé  sur  le  dogme  de 
la  catabase  et  de  Vanabase  des  âmes.  Essence  divine, 
Fàme  descend  ou  tombe  d'elle-même  dans  le  monde  ter- 
restre, et  les  degrés  de  cette  chute  correspondent  aux  sept 
planètes.  Dans  l'anabase,  l'âme  suit  une  route  inverse  et, 
de  planète  en  planète,  s' allégeant  de  la  substance  prêtée 
par  chacune  d'elles,  se  dépouille  successivement  de  tous 
les  éléments  de  sa  corporalité  jusqu'à  redevenir  semblable 
à  ce  qu'elle  était  dans  sa  condition  première  et  spirituelle 
(A.  Gasquet,  le  Culte  de  Mithra,  dans  Revue  des  Deux 
Mondes,  i^^  avr.  1899).  —  Sans  pousser  plus  loin  cette 
histoire  de  l'idée  de  palingénésie,  il  suffira  d'exposer  très 
brièvement  la  doctrine  de  Ballanche  pour  voir  que  cette 
idée  n'a  guère  varié  depuis  ses  plus  lointaines  origines 
jusqu'à  nos  jours.  Ballanche  remonte  d'abord  à  Dieu,  qui 
est  avant  toutes  choses.  Pourquoi  Dieu  a-t-il  créé  ?«  Avait-il 
besoin  de  rayonner  en  dehors  de  lui  ?  ne  lui  suffisait-il 
pas  d'être  ?  Question  sans  réponse.  «  Il  ne  faut  pas  lui 
demander  compte  de  ses  œuvres  ;  il  lui  a  plu  de  sortir  de 
son  repos.  »  C'est  son  Verbe  qui  crée,  «  sa  parole  est  le 
moule  qui  donne  à  notre  planète  une  forme  sphérique  ». 
Pour  créer  l'humanité,  il  en  détache  l'essence  de  l'intelli- 
gence universelle,  il  lui  communique  un  pouvoir  propre, 
et  de  sa  propre  volonté  il  détache  aussi  des  volontés  indi- 
viduelles. Dès  lors,  ces  volontés  vont  opposer  à  la  Provi- 
dence une  sorte  de  force  des  choses,  un  véritable  destin 
et  introduire  dans  le  monde  le  mal  et  le  désordre.  Mais 
il  y  aura  une  palingénésie  qui  ramènera  tout  à  l'unité. 
Chaque  âme,  après  une  série  d'épreuves  qui  ne  se  termine 
pas  à  la  mort,  mais  qui  doit  se  poursuivre  jusqu'à  l'expia- 
tion définitive,  arrivera  à  la  perfection  de  sa  nature.  Tout 
marche,  tout  aboutit  à  la  bonté  universelle.  V.  les  art. 
Evolution,  Immortalité,  Optimisme,  Progrès,  Résurrec- 
tion. E.  BOIRAC. 

PALINGES  (Pahngiœ).  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  de 
Saône-et-Loire,  arr.  de  Charolles,  sur  la  Bourbince  et  le 
canal  du  Centre  ;  2.254  hab.  Stat.  de  chem.  de  fer  de  la 
ligne  de  Roanne  à  Montchanin-les-Mines.  Carrières  de 
pierre  calcaire.  Fabriques  de  ciment  Portland,  dit  ciment 
du  Charollais.  Tuileries,  briqueteries,  poteries,  produits 
céramiques.  Féculerie.  Eghse  (clocher  roman  octogonal). 
Château  de  Digoine  (xviii<^  siècle)  richement  décoré  à 
l'intérieur,  qui  a  appartenu  aux  Digoine  du  Palais,  aux 
Damas  de  Marcilly  et  aux  Moreton  de  Chabrillant.  La 
terre  de  Fautrières  a  donné  aussi  son  nom  à  une  famille 
seigneuriale  très  importante.  Il  y  a  eu  à  Pahnges  un  cou- 
vent de  l'ordre  de  Picpus  fondé  en  1609  et  supprimé  par 
voie  d'union  à  celui  de  Charolles  en  1774.  L-x. 

PALINODIE  (Litt.)  (V.  Stésichore). 

PALI  NU  RE  (Palînurum  prom.).  Cap  de  l'Italie  méri- 
dionale, prov.  de  Salerne,  sur  la  mer  Tyrrhénienne,  au 
N.-O.  du  golfe  de  Policastro.  La  légende  classique  fai- 
sait dériver  son  nom  de  Palinure,  pilote  d'Enée,  qui  se 
noya  sur  la  côte  de  l'Italie,  au  N.-O.  de  la  Lucanie.  Phare 
dont  la  hauteur  sur  la  mer  est  de  223  m. 

PALINURUS.  I.  Malacologie  (V.  Langouste). 

IL  Paléontologie.  —  Des  restes  mal  conservés  du  cré- 
tacé supérieur  (Pal.  uncinatus,  Pal.  Baumbergicus) 
semblent  bien  appartenir  au  genre  Langouste.  A  la  même 
famille  (Palinuridœ)  se  rattachent  :  Mecochirus,  à  pattes 
antérieures  très  longues  {M.  longimanus)  des  schistes 
lithographiques  de  Bavière  ;  le  genre  date  du  lias  ;  Sca- 
pheus  et  Prœatya  de  la  même  époque;  Palinuria,  Ar- 
chœocarabus,  6anmni(5,  jurassiques  ;  Podocrates,  cré- 
tacé et  éocêne.  Scyllarus  est  signalé  dans  le  crétacé. 
Beaucoup  de  Crustacés  fossiles  signalés  anciennement  sous 
le  nom  de  Palinurus  appartiennent  aux  Glyphœidœ 
(V.  Glyphûeus).  E.  Trt. 

PALIQUES  (Myth.)  (V.  Palices). 


PALIS.  Com.  du  dép.  de  l'Aube,  arr.  de  Nogent,  cant. 
de  Marcilly-le-Hayer  ;  i  .1 26  hab. 

PAL  ISA  (Johann),  astronome  autrichien,  né  à  Troppau 
(Silésie)  le  6  déc.  1848.  Il  a  étudié  d'abord  les  mathé- 
matiques et  la  physique  à  Vienne,  puis  s'est  adonné  à 
l'astronomie  et,  après  avoir  été  attaché  quelque  temps  aux 
observatoires  de  Vienne  et  de  Genève,  est  devenu,  en 
1872,  directeur  du  nouvel  observatoire  de  la  marine  à 
Pola.  Il  est,  depuis  1880,  astronome  à  l'observatoire  de 
Vienne.  Il  a  découvert,  de  1874  à  1892,  quatre-vingt-trois 
petites  planètes  (V.  Astéroïde).  Il  prend  une  part  active 
à  l'établissement  de  la  carte  photographique  du  ciel. 

PAUSE.  Com.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Besançon, 
cant.  de  Marchaux  ;  36  hab. 

PALI  SOT  de  Beauvois  (Ambroise-Marie-Fran(;ois-Jo- 
seph),  naturaliste  français,  né  à  Arras  le  27  juil.  17o2, 
mort  à  Paris  le  21  janv.  1820.  Il  fut  successivement  avo- 
cat au  Parlement  de  Paris  et  receveur  général  des  do- 
maines et  des  bois,  puis,  à  partir  de  1777,  ne  s'occupa 
plus  guère  que  de  botanique.  En  1781,  il  fut  nommé 
membre  correspondant  de  l'Académie  des  sciences.  En 
1786,  il  partit  pour  des  voyages  lointains,  visita  le  pays 
d'Oware,  le  Bénin,  et  en  1788  arriva  exténué  à  Saint- 
Domingue.  En  4790,  il  devint  membre  du  conseil  supé- 
rieur du  Cap-Français,  se  rendit  en  1791  à  Philadelphie 
pour  y  chercher  des  secours  contre  les  noirs  révoltés, 
faillit  être  massacré  à  son  retour,  enfin  revint  à  Phila- 
delphie, en  1793,  réduit  au  plus  extrême  dénuement.  En 
France,  il  était  proscrit  comme  émigré.  Il  voyagea  dans 
l'Amérique  du  Nord  et  enfin  put  rentrer  en  France  en  1798. 
En  1806,  il  remplaça  Adanson  à  l'Institut  et  en  1813 
devint  membre  du  conseil  de  l'-tniversité.  Palisot  de  Beau- 
vois s'est  particulièrement  occupé  des  Cryptogames  et  des 
Graminées.  Principaux  ouvrages  :  Flore  d'Oware  et  de 
Bénin  (Paris,  1804-21,  2  vol.  in-foL,  120  pL):  Insectes 
recueillis  en  Afrique  et  en  Amérûjue  (Paris,  180o-2l, 
in-foL,  90  pi.)  ;  Prodrome  des  cinquième  et  sixième 
familles  de  Vœthéogamie,  les  mousses,  les  lycopodes 
(Paris,  1805,  in-8)  ;  Essai  d\ine  nouvelle  agrostogra- 
phie  (Paris,  1812,  in-4  et  in-8)  ;  Muséologie  ou  Traite 
sur  les  mousses  (Paris,  1822,  in-8);  nombreux  articles 
dans  les  revues  périodiques.  D^  L.  IL\. 

PALISSADE.  I.  Construction.  Les  palissades,  em- 
ployées pour  servir  de  barrière  à  un  chantier  de  cons- 
truction ou  à  un  terrain  vague,  sont  composées  de  deux 
éléments  distincts  :  1*^  une  armature  faite  de  pieux  équar- 
ris,  également  distants  les  uns  des  autres,  enfoncés  et 
scellés  dans  le  sol  et  recevant  deux  cours  de  sablières, 
l'un  à  la  partie  inférieure ,  l'autre  à  la  partie  supérieure  ; 
2<^  de  planches  jointives  clouées  sur  ces  sablières  et  for- 
mant la  clôture  proprement  dite  (V.  Barrière,  1°  Admi- 
nistration,  t.  V,  p.  494).  Ch.  L. 

II.  Génie  rural.  —  Les  palissades  destinées  à  clôturer 
les  cours,  les  jardins  ou  les  pâturages  de  peu  d'étendue 
sont  encore  constituées  le  plus  souvent,  surtout  dans  les 
petites  exploitations,  ,par  des  barrières  de  lattes  ou  de 
fortes  branches  horizontales  clouées,  à  des  hauteurs  va- 
riables, mais  n'excédant  guère  1^^,65,  sur  de  forts  pieux 
en  bois  ;  on  complète  quelquefois  la  fermeture  au  moyen 
de  branchages  ou  de  harts  entrelacés.  Les  palissades  mé- 
talliques avec  pieux  en  fer  à  pattes  et  treillage  métalliques 
se  générahsent  de  plus  en  plus  ;  elles  sont  d'un  achat  peu 
coûteux,  d'une  installation  facile  et  ne  demandent  que  peu 
d'entretien.  Mais  il  est  prudent,  surtout  dans  les  herbages, 
de  les  amarrer  solidement  et  même  de  les  garnir  de  deux 
ou  trois  lignes  horizontales  de  ronces  artificielles.  Les  hor- 
ticulteurs donnent  aussi  le  nom  de  palissades  aux  rideaux 
d'arbres  ou  d'arbustes  touffus  dès  le  pied  et  plantés  en 
lignes;  on  les  rencontre  surtout  dans  les  jardins  potagers 
dans  le  but  de  constituer  des  abris.  J.  T. 

III.  Art  militaire  (V.  Défense). 
PALISSAGE  (Arboric).  Le  palissage  consiste  à  fixer 
sur  un  support,  mur  ou  ti^eillage,  les  arbres  fruitiers  et 


certains  arbres  d'ornement.  Le  treillage  est  en  bois  ou 
métallique.  On  y  fixe  les  branches  charpentières,  le  long 
de  lattes  ou  de  brins  d'osier  refendus,  à  l'aide  d'une  li- 
gature solide  de  raphia  ou  d'osier.  Les  petits  rameaux 
latéraux  sont  attachés  à  l'aide  de  raphia  ou  de  jonc.  Sur 
les  murs  crépis  à  une  épaisseur  suffisante,  on  palisse  sans 
treillage  avec  des  bandelettes  d'étoffe  embrassant  les  ra- 
meaux et  fixées  par  des  pointes  dans  le  crépi.  Tout  en  pa- 
lissant les  branches  on  en  équihbre  la  végétation,  inclinant 
vers  le  sol  ou  redressant  celles  qui  sont  trop  vigoureuses 
ou  trop  faibles,  de  manière  à  conserver  aux  arbres  leurs 
formes  régulières.  G.  Boyer. 

PALISSANDRE  ou  PALIXANDRE.  Le  bois  de  palis- 
sandre, appelé  aussi  bois  violet,  bois  de  violette,  bois 
de  Jacaranda,  n'est  employé  d'une  façon  courante  dans 
Fébénisterie  que  depuis  le  commencement  du  xviii^  siècle. 
Fourni  par  plusieurs  espèces  de  Dalbergia  L.  f.,  notam- 
ment par  le  D.  latifolia  Roxb.  (V.  Dalbergu),  on  l'im- 
porte du  Brésil  et  aussi  de  la  Guyane  hollandaise,  tantôt 
en  billes  non  équarries  ou  fendues  dans  le  sens  de  la  lon- 
gueur, tantôt  en  plateaux.  Sec,  dur,  compact,  il  est  sus- 
ceptible, grâce  à  la  finesse  de  son  grain,  d'un  beau  poli, 
avec  un  aspect  marbré  ou  satiné  et  il  se  travaille  très  bien 
au  tour.  Sa  couleur  qui  est  d'un  rouge  brun,  tirant  sur  le 
violet,  se  fonce  considérablement  à  l'air.  Enfin,  il  répand 
une  agréable  odeur,  qui  rappelle  quelque  peu  celle  de  la 
violette.  Sa  vogue,  au  début  très  grande,  a  nécessaire- 
ment baissé  en  même  temps  que  son  prix,  et,  malgré,  ses 
qualités  de  beauté  et  de  durée,  on  ne  l'emploie  plus  guère, 
dans  l'ameublement,  que  pour  les  mobiliers  bourgeois  ou 
rehaussé  de  bronzes  ciselés.  Sa  grande  sonorité  le  fait 
aussi  rechercher  par  les  luthiers,  pour  les  archets  des  ins- 
truments à  cordes  et  pour  les  coffres  des  pianos.  —  Le  faux 
palissandre,  qu'on  importe  aussi  en  Europe,  a  le  cœur 
dur,  compact,  d'un  beau  brun  moiré  de  blanc  jaunâtre 
ou  d'un  jaune  clair  moiré  d'un  rouge  brun  foncé  ;  il  est 
recouvert  d'un  aubier  tendre  et  blanchâtre. 

PALISSÉ  (Blas.).  Se  dit  de  pals  ou  pieux  aiguisés, 
comme  ceux  employés  pour  la  défense  des  places,  et  réunis 
par  le  bas. 

PALISSE  (La).  Ch.-l.  d'arr.  du  dép.  de  l'Allier,  sur 
laBèbre;  2.941  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  P.-L.-M.  Fa- 
bric^ue  de  cotonnades,  de  tricots  de  laine  et  de  coton,  de 
crochet;  filature  et  carderie  de  kine  ;  imprimeries,  tein- 
turerie ;  minoteries.  Commerce  de  blé,  de  farines,  de  bes- 
tiaux, de  toiles,  de  fil  et  de  coton. 

La  seigneurie  de  La  Palisse,  vassale  du  comté  de  Cler- 
mont,  futacquiseen  4440  par  Jacques  de  Chabannes,  grand 
maître  de  France,  qui  mourut  en  4453  à  la  bataille  de 
Castillon  et  dont  le  fils,  le  maréchal  deLaPafisse,  mourut 
à  Pavie  en  4525.  La  maison  de  Chabannes  possède  encore 
le  château  (mon.  hist.)  qui  date  des  xv®  et  xvi®  siècles, 
mais  a  été  souvent  restauré  et  remanié.  La  chapelle  ne 
renferme  que  des  restes  des  tombeaux  de  la  famille  de 
Chabannes.  Ancienne  porte  gothique.  Eglise  moderne  de 
style  roman. 

PALISSE.  Corn,  du  dép.  de  la  Corrèze,  arr.  d'Ussel, 
cant.  de  Neuvic  ;  923  hab. 

PALISSOT  (Sébastien),  architecte  et  ingénieur  lorrain, 
né  vers  4655,  mort  à  Nancy  en  4734.  Tailleur  de  pierre 
breveté  des  ducs  de  Lorraine  en  4699,  Palissot  fut  nommé 
architecte  en  4704,  puis  premier  architecte  du  duc  et 
anobli  en  4722.  Il  fit  exécuter  de  grands  travaux,  no- 
tamment des  travaux  de  ponts  et  chaussées  sur  divers 
points  du  duché  et,  à  Nancy,  le  grand  corps  de  garde  des 
bourgeois,  le  pont  Mougeart  et  l'église  de  Sainte-Epvre,  ce 
dernier  édifice  reconstruit  complètement  de  nos  jours  sur 
les  dessins  de  Morcy.  Charles  Lucas. 

BiBL.  :  Pelletier,  Nobiliaire^  etc.  ;  Nancy,  1758,  in-8. 

PALISSOT  DE  MoNTENOY  (Charles),  littérateur  fran- 
çais, né  à  Nancy  le  3  janv.  4730,  mort  à  Paris  le  45  juin 
4814.  Fils  d'un  conseiller  du  duc  Léopold,  à  neuf  ans  il 
avait  composé  un  poème  épique  en  vers  latins,  Samson, 


—  885  —  PALISSAGE  —  PALISSY 

auquel  dom  Calmet  faisait  les  honneurs  d'un  article  de  sa 
Bibliothèque.  A  treize  ans,  l'écolier  phénomène  soutenait 
une  thèse  de  théologie.  Destiné  à  l'état  ecclésiastique,  il 
entre  à  l'Oratoire  (4746),  mais  pour  en  sortir  peu  après. 
A  dix-huit  ans  il  était  marié  et  auteur  d'une  tragédie 
inédite,  bientôt  d'une  seconde,  Zarès,  puis  Ninus  II,  qui 
tomba,  d'ailleurs,  à  la  troisième  représentation.  Cet  échec 
engagea  Palissot  à  se  porter  vers  la  comédie.  Si  le  succès 
des  Tuteurs  (4754)  fut  honnête,  c'était  peu  encore  pour 
un  homme  que  tourmenta  toute  sa  vie  la  soif  de  célébrité. 
Le  Cercle  ou  les  (>n'^mrtwj?,  représenté  à  Nancy  (26  nov. 
4755),  en  présence  de  Stanislas,  lui  valut  enfin  un  bruyant 
renom.  Dans  cette  pièce,  un  philosophe  fort  ridicule  per- 
sonnifiait Rousseau.  Des  clameurs  hypocrites  s'élevèrent 
auxquelles  s'opposa  la  noble  attitude  de  Jean-Jacques, 
cette  boutade  de  jeune  homme  décida  de  l'avenir  de  Pa- 
lissot, qui  montra  dès  lors  une  âpreté  extrême  contre  les 
encyclopédistes.  Il  prit  Diderot  à  partie  dans  ses  Petites 
lettres  contre  de  grands  philosophes  (4756),  et  dé- 
chaîna, avec  sa  comédie  des  Philosophes  (4760),  une 
telle  tempête  que  Grimm  écrivait  le  4®^  juin  :  «  Si  la  nou- 
velle d'une  bataille  gagnée  était  arrivée  le  jour  de  la  pre- 
mière représentation  des  Philosophes,  c'était  une  bataille 
perdue  pour  la  gloire  de  M.  de  Broghe,  car  personne  n'en 
aurait  parlé  ».  Dans  l'intervalle,  Palissot  avait  obtenu,  par 
la  faveur  de  Choiseul,  la  recette  générale  des  tabacs 
d'Avignon  (4755),  office  qui  lui  permit  d'acquérir  à  Argen- 
teuil  la  belle  maison  de  campagne  oii  il  vécut  jusqu'à 
la  Révolution.  En  4789,  l'ennemi  des  encyclopédistes 
adhère  avec  ardeur  aux  nouveaux  principes.  Il  s'affilie  à 
la  Société  des  Jacobins  et  prétend  s'y  faire  une  spécialité 
des  questions  religieuses.  Son  zèle  lui  vaut  la  place  d'admi- 
nistrateur de  la  Bibliothèque  Mazarine  et  le  titre  de  cor- 
respondant de  l'Institut.  Il  siégea  en  4798-99  au  Con- 
seil des  Anciens.  Pontife  de  la  secte  des  théophilanthropes, 
il  abjura  cette  croyance  à  son  lit  de  mort.  Ennemi  de 
presque  tous  les  autres  philosophes,  Palissot  resta  l'admi- 
rateur de  Voltaire.  Il  passa  en  vain  une  partie  de  sa  vie 
à  expliquer  cette  contradiction.  Il  ne  put  jamais  apaiser 
les  haines  qu'il  avait  provoquées,  et  ses  attaques  lui  fer- 
mèrent les  portes  de  l'Académie  française. 

Littérateur  facile  et  correct,  Palissot  n'est  pas  un  vrai 
poète.  Il  est  peu  lu  aujourd'hui.  Ses  comédies  l'emportent 
sur  ses  tragédies,  quoique  l'intrigue  y  fasse  aussi  défaut. 
C'est  surtout  comme  critique  qu'il  s'est  marqué  une  place; 
encore  la  passion  Taveugle-t-il  trop  souvent.  Outre  les 
oeuvres  déjà  mentionnées,  il  faut  citer  parmi  ses  très  nom- 
breuses productions  :  Histoire  raisonné e  des  premiers 
siècles  de  Pxome  (4756);  le  Rival  par  ressemblance 
(4762),  comédie  ;  la  Dunciade  ou  la  Guerre  des  sots 
(4764),  poème  en  trois  chants,  que  l'écrivain  flatté  aug- 
menta de  sept  autres  lorsque  Voltaire  eut  qualifié  cet  ou- 
vrage de  «  petite  drôlerie  »  ;  l'Homme  dangereux  (4770) 
et  les  Courtisanes  (illo),  comédies;  Mémoires  pour 
servira  l'histoire  de  notre  littérature  (4774,  2  vol. 
in-8)  ;  Questions  importantes  sur  quelques  opinions 
religieuses  (4794)  ;  le  Génie  de  Voltaire  apprécié  dans 
tous  ses  ouvrages  (4806)  ;  etc.  La  plupart  de  ces  écrits 
ont  eu  plusieurs  éditions.  L'auteur  les  a,  de  plus,  réunis 
successivement  en  recueils  :  Théâtre  et  œuvres  diverses 
(Londres,  4763,  3  vol.  in-42  ;  Liège,  4777,  7  vol.  in-8; 
Londres  et  Paris,  4779,  7  vol.  in-42)  ;  Œuvres  (Paris, 
4778,4  vol.  in-8);  OEuvres  complètes  (Paris,  4809, 
6  vol.  in78).  —  Palissot  a  aussi  édité  les  Œuvres  choi- 
sies de  Voltaire  (4792-98,  55  vol.  in-8)  ;  celles  de  Boi- 
leau  et  celles  de  Corneille.  Pierre  Boyé. 

BiBL.  :  Th.  de  Puymaigre,  Poètes  et  Romanciers  de  la 
Lorraine  ;  Metz,  1848,  in-12.  —  E.  Meaume,  Palissot  et  les 
p/ii/osophes  ;  Nancy,  1864,  in-8.  —  Du  môme,  Etudes  his- 
toriques sur  les  Lorrains  révolutionnaires.  Palissot  ; 
Nancy,  1882,  in-8.  —  E.  Krantz,  Palià^t!  et  son  Cercle^ 
dans  Annales  de  l'Est,  1887,  1,  pp.  160  et  409. 

PALISSY  (Bernard),  céramiste  et  savant  français,  né 
en  4540  à  la  Chapelle-Biron,  prèsAgen,  suivant  quelques- 


Bernard  Palissy. 


-  Plat  à  reliefs  et  à  jaspures  (long.  0'n,31). 
(Musée  de  Sèvres.) 


à  le  but  de  son  ambition,  la  composition  d'un  émail  blanc 
que  l'on  connaissait  partout  en  Italie  aussi  bien  qu'en 
France,  à  Rouen  et  à  Paris.  Il  le  savait  bien  lui-même, 
du  reste,  puisque  dans  sa  dissertation  intitulée  VAii  de 
la  terre,  il  se  fait  dire  par  son  interlocuteur,  Th'Jo- 
rique  ;  «...  le  scay  que  tu  as  enduré  beaucoup  de  pau- 
vreté et  d'ennuis...  et  ce  a  esté  à  cause  que  tu  ne  pou- 
vois  laisser  ton  mesnage  pour  aller  apprendre  ledit  art  en 
quelque  boutique...  »  Mais  dans  quelle  boutique  aurait-il 
pu  apprendre  le  secret  de  ces  émaux  si  purs,  si  vigoureux 
et  si  profonds,  qui  lui  sont  tellement  particuliers  qu'ils 
n'ont  jamais  été  imités  depuis  et  qui  ont  fait  de  ses  oeuvres 
les  merveilles  de  l'industrie  humaine  ?  Après  des  travaux 
-et  des  essais  sans  nombre,  pendant  lesquels,  suivant  son 
-expression,  il  «  cuida  entrer  iusques  à  la  porte  du  sé- 
■pulchre  »,  il  parvint  enfin  à  se  rendre  entièrement  maître 
de  son  art;  il  fabriqua  d'abord  des  faïences,  ou,  pour  être 
plus  exact,  des  terres  vernissées  couvertes  d'émaux  jaspés 
qui  le  firent  vivre  pendant  quelques  années,  puis,  ensuite 
des  plats  ou«  bassins  rustiques,  ornés  de  bestioles  »,  ser- 
pents, grenouilles,  poissons,  coquilles,  lézards,  etc.,  mou- 
lés en  relief,  qui  sont  restés  les  monuments  les  plus  popu- 


PALISSY  —  886  — 

uns  de  ses  biographes,  en  Saintonge,  d'après  quelques 
autres,  mort  à  Paris  en  1590.  Tout  à  la  fois  artiste,  géo- 
logue, physicien,  chimiste  et  agronome,  et  bien  qu'ayant 
laissé  un  livre  {Discours  admirable  de  la  nature  des 
eaux  et  fontaines,  des  métaux,  etc.),  «  qui  le  place,  a 
dit  le  savant  Chevreul,  tout  à  fait  au-dessus  de  son  siècle 
par  ses  observations  sur  l'agriculture  et  la  physique  du 
globe,  en  même  temps  que,  par  la  nouveauté  de  la  plu- 
part de  ses  remarques,  il  témoigne  de  l'originalité  de  ses 
pensées  »,  Bernard  Palissy  est  surtout  célèbre  comme  po- 
tier. C'est,  sans  contredit,  le  plus  connu  et  le  plus  popu- 
laire de  tous  les  hommes  qui  se  sont  adonnés  à  l'art  de 
la  terre  et  c'est  en  lui  que  semble  s'incarner,  pour  ainsi 
dire,  toute  la  céramique  française;  plusieurs  villes  lui  ont 
élevé  des  statues,  la  légende,  le  roman  et  le  théâtre  se  sont 
emparés  de  sa  vie,  et  son  nom,  entouré  d'une  auréole  de 
gloire,  brille  au  premier  rang  des  martyrs  de  la  science. 
Tout  jeune  encore,  il  parcourut  successivement  les  pro- 
vinces du  Midi,  de  l'Est,  la  Basse-AJIemagne  et  les  Flandres, 
exerçant  pour  vivre  plusieurs  métiers,  entre  autres  \2i  vi- 
trerie, qui  comprenait  la  peinture  et  l'assemblage  des 
vitraux,  la  pourtraicture,  l'arpentage  et  la  géométrie. 
Nous  le  retrouvons  à  Saintes  en  154^2  «  chargé  de  femme 
et  enfants  et  déjà  aux  prises  avec  la  pauvreté  ».  C'est  alors 
ainsi  qu'il  le  dit  lui-même,  que,  «  sans  avoir  esgard 
qu'il  n'avoit  nulle  cognoissance  des  terres  argileuses  »,  il 
entra  «  en  dispute  avec  sa  propre  pensée  »  et  se  mit  en 
tête  de  chercher  la  composition  des  émaux  «  comme  un 
homme  qui  taste  en  ténèbres  ».  Là  est  la  cause  des  mi- 
sères que  Pahssy  eut  à  supporter  pendant  quinze  ans, 
mais  aussi,  il  faut  le  dire,  la  raison  de  sa  force  et  de  sa 
supériorité.  Il  «  tastait  en  ténèbres  »  pour  trouver,  c'était 


laires  de  son  génie.  Toutes  les  misères  passées  furent  alors 
oubUées  ;  sa  réputation  grandit  et  ses  «  vaisselles  de  terre  », 
très  appréciées  et  très  recherchées,  lui  apportèrent,  avec 
l'aisance,  des  protections,  entre  autres  celte  du  connétable 
Anne  de  Montmorency,  qui  devaient  bientôt  lui  être  d'un 
grand  secours.  Emporté,  en  effet,  par  son  esprit  ardent  et 
inquiet,  Palissy  n'avait  pas  tardé  à  embrasser  les  nouvelles 
idées  religieuses  :  il  fut  un  des  fondateurs  de  l'Eglise  ré- 
formée de  Saintes,  et  son  atelier  devint  un  Heu  de  réunion 
et  de  conciliabules.  Aussi,  en  4562,  en  exécution  del'édit 
de  Henri  II  qui  punissait  de  mort  le  «  crime  d'hérésie  », 
fut-il  arrêté  et  conduit  de  nuit  dans  les  prisons  de  Bor- 
deaux. Averti  du  danger  que  courait  son  protégé,  le  con- 
nétable lui  fit  aussitôt  décerner  le  brevet  d'inventeur  des 
rustiques  figulines  du  Roy,  l'arrachant  ainsi,  comme 
faisant  partie  delà  maison  du  roi,  à  la  juridiction  du  Par- 
lement de  Bordeaux.  Rendu  à  la  liberté,  Palissy,  après  un 
séjour  de  quelques  années  à  La  Rochelle,  vint  s'établir 


'Si 


Bernard  Palissy.  —  Plat  à  «  Bestioles  »  (haut.  0'",50). 
(Musée  de  Sèvres). 

vers  1565  à  Paris,  où  Catherine  de  Médecis  lui  commanda 
pour  les  jardins  du  palais  des  Tuileries  qu'elle  venait  de 
faire  construire,  une  grotte  rustique  dont  il  a  été  re- 
trouvé quelques  fragments  conservés  au  musée  de  Sèvres. 
C'est  alors  que,  tout  en  continuant  la  fabrication  de  ses 
poteries,  il  publia  ses  Discours  admirables  sur  la  nature 
des  eaux  et  fontaines  dont  nous  avons  parlé  plus  haut, 
et  qu'il  fit  publiquement  des  cours  scientifiques,  véritables 
conférences  auxquelles  étaient  conviés  les  savants  et  qui 
étaient  annoncées  au  moyen  d'affiches  collées  %  dans  tous 
les  carrefours  ».  Dénoncé  par  un  de  ses  anciens  coreli- 
gionnaires, il  fut  de  nouveau  arrête  en  1588,  et,  malgré 
la  protection  du  duc  de  Mayenne  qui  fit  prolonger  son 
procès  mais  ne  put  le  rendre  à  la  liberté,  il  termina  en 
prison,  en  1590,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans,  une  exis- 
tence commencée  dans  la  misère. 

L'œuvre  assez  considérable  de  Palissy  comprend  trois 
périodes  distinctes  correspondant  à  chacune  des  phases 
de  sa  vie.  De  la  première  période,  celle  des  tâtonnements 
et  des  recherches,  datent  les  plats,  «  les  vaisseaux  de  di- 
vers émaux  entremeslez  en  manière  de  jaspe  »  et  le  com- 
mencement des  «  ])assins  rustiques  ».  Au  point  de  vue 
purement  céramique,  ce  sont  les  plus  belles  et  les  plus 
intéressantes  de  ses  œuvres.  Les  «  pièces  rustiques  »  qui 
caractérisent  la  seconde  période  portent  surtout  l'empreinte 
de  son  talent  si  original  et  si  épris  des  merveilles  de  la 
nature.  Elles  se  composent  principalement  de  plats  ou 
«  bassins  »  presque  toujours  ovales  et  dont  quelques-uns 
atteignent  parfois  50  et  même  55  centim.  Les  bouteilles, 


887  — 


PALISSY  —  PALIYAR 


les  gourdes  de  diasse  et  les  aiguières  sont  beaucoup  plus 
l'ares  que  les  plats.  La  troisième  période  comprend  les 
plats  à  ornements  et  à  ligures,  les  corbeilles  délicatement 
tlécoupées  à  jour,  les  vases  d'apparat,  les  aiguières  imitées 
<les  étains  de  Briot,  les  salières,  les  flambeaux,  les  sau- 
cières et  tant  d'autres  pièces  sur  lesquelles  on  retrouve 
toujours  la  marque  du  goût  pur  et  élevé  du  célèl)re  po- 
tier. Mais  Fart  qu'il  avait  créé  avec  tant  de  peine  dispa- 


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Ecole  de  Bernard  Palissy.  —  Le  Sacrifice  d'Abraham 
(haut.  0"',30o).  -  (Musée  de  Sèvres) 

rut  avec  lui  ou,  du  moins,  ne  produisit  sous  ses  succes- 
seurs immédiats  ([ue  des  œuvres  médiocres,  ternes  et  pro- 
venant de  moules  usés.  11  faut  cependant  faire  une  excep- 
tion pour  l'atelier  d'Avon,   près  Fontainebleau,  d'où  sont 


Imitation  moderne  de  Bernard  Palissy.  Plat  de  Serinent 

(vers  18(3'0)  (long.  0"s87).  —  (Musée  de  SèN-res). 

sorties,  à  la  fm  du  xvi^  siècle,  plusieurs  pièces  recouvertes 
tl'un  émail  pur  et  brillant  qui,  pendant  longtemps,  les  a 
fait  attribuer  à  Palissy.  Vers  1845,  un  potier  de  Tours, 
Avisseau{V.  ce  nom),  tenta  avec  succès  d'imiter  le  genre 
de  Palissy  ;  son  exemple  fut  suivi  depuis  par  plusieurs 
céramistes.  Pull,  Barbizet,  Sergent,  Parvilléc  et  autres; 
presque  tous  ont  signé  leurs  œuvres,  mais,  même  quand 
elles  ne  sont  pas  signées,  elles  sont  tellement  loin,  pour  la 
plupart,  des  faïences  du  maître  qu'il  est  difficile  de  s'y 
laisser  tromper.  —  Plusieurs  éditions  des  OEuvres  com- 
plètes, etc.,  de  Bernard  Palissy  ont  été  publiées  :  Paris, 
d777,  in-4  ;  ibicL,  iSU  ;  ibicl,  1880.     Ed.  Garnier. 

BiBL.  :  A.  Dvsmsi^Ua,  Bernard  Palissy .  le  potier  de  lerre; 
Paris,  1851,  in-16.  —  H.  Dela^ge,  Monoffraphie  de  Vœiivre 


de  Bernard  Palissy,  100  1ith.cn  coul.,  texte  i);u-  M.  Sau- 
/AY  ;  Paris,  1862.  —  A.  Tainturier,  les  Terres  émaillées 
de  B.  Palissy,  inventeur  des  Rustiques  figidines  ;  Paris, 
18G3,  in-16.  —  Benj.  Pillon,  VArt  de  la  terre  chez  les  Poi- 
tevins ;  Niort,  1861,  in-4.—  E.  Jouveaux,  Histoire  de  trois 
potiers  célèbres;  Paris,  1874,  in-16.  —  P.Burty,  Bernard 
Palissy;  Paris.  1886,  17  ill.  in-8.  —  Ernest  Dupuy,  Ber- 
nard Palissy  ;  Paris,  189t. 

PALlTANAr  Capitale  d'un  petit  Etat  indigène  de 'i® classe, 
du  Kathiavar,  présidence  de  Bombay  (Inde  occid.);  la 
principauté  a  une  superficie  de  746  kil.  q.  et  30.000  hab. 
La  ville  en  compte  8.000.  Située  à  22  kil.  au  S.  de  la 
station  de  Songad,  sur  le  Bhaimagar-Gondal-Junagad- 
Porbander-Railway  (k  30  kil.  du  Bhaunagar-terminus), 
elle  a  conservé  ses  murailles  et  son  aspect  oriental.  Elle 
est  assise  au  pied  de  la  fameuse  colline  sainte  de  Satroun- 
jaya,  dont  le  double  sommet  est  couronné  d'une  véritable 
cité  de  temples  djainas.  Le  souverain  est  tributaire  du 
gaïkvar  de  Baroda  par  le  navab  de  Djounagar.  Le  pré- 
sent «  Thakore  Sâheb  »,  comme  on  l'appelle,  a  des  écu- 
ries justement  célèbres  dans  FInde. 

PALITZSCH  (Johan-Georg),  astronome  allemand,  né 
à  Prohlis,  près  de  Dresde,  le  44  juin  4723,  mort  à  ProWis 
le  24  févr.  4788.  Eils  d'un  riche  cultivateur,  il  étudia 
seul,  sans  cesser  d'exploiter  ses  terres,  la  philosophie,  la 
botanique,  la  physique  et  surtout  l'astronomie,  aperçut, 
le  premier,  à  l'œil  nu,  le  2o  déc.  ']7o8,  un  mois  avant 
tout  autre  astronome,  la  comète  de  Halley,  calcula,  en 
4783,  avec  Goodricke,  la  durée  de  la  périodicité  de  l'étoile 
Algol  (P  de  Persée),  et  devint  correspondant  de  la  Société 
royale  de  Londres  et  de  l'Académie  des  sciences  de  Saint- 
Pétersbourg.  Il  fabriquait  lui-même  la  plupart  des  instru- 
ments employés  à  ses  observations. 

BiBE.  :  Mercure  de  France^  "29  mars  17b8.  —  F.  Tiieile, 
J.-G.  Palitzsch;  Leipzig,  1878. 

PALIURE  {Paliurus  T.).  I.  I^otaîsique.  —  Genre  de 
Rhamnacées,  composé  de  deux  arbustes  rameux,  épineux,  à 
feuilles  alternes,  semblables  à  celles  des  Jujubiers,  à  petites 
Heurs  jaunes  réunies  en  cymes  axillaires  courtes.  Les  fleurs 
sont  semblables  à  celles  des  Jujubiers  et  des  Ventilago 
(V.  ces  mots),  mais  la  forme  et  l'organisation  du  fruit 
diffèrent.  Il  est  sec,  indéliiscent,  dur,  î-3-loculaire,  avec 
une  graine  à  albumen  petit  dans  chaque  loge,  et  se  dilate 
supérieurement  en  une  aile  horizontale,  orbiculaire,  plus 
ou  moins  sinueuse.  Une  espèce  est  chinoise,  le  P.  Aubletia 
14.  Bn.  (Aubletia  ramosissimaLom\),et  est  employée  en 
Chine  comme  astringent.  L'autre,  le  P.  australis  Rœm. 
et  Sch.  (P.  aculeatus  Lamk,  Pdiauimis  Paliurus  1^., 
Zizyphiis  Paliurus  W.),  ou  Argalon  Porte-chapeau, 
Capelet,  Chapeau  dU'vêque,  Epine  de  Christ,  etc.,  est 
méditerranéenne  et  cultivée  dans  nos  jardins  ;  ses  ra- 
meaux sont  chargés  d'épines  acérées  qui  ne  sont  autre 
chose  que  des  stipules  transformées,  et  l'on  suppose  que 
ce  sont  ces  rameaux  qui  ont  servi  à  former  la  couronne 
d'épines  du  Christ.  Dans  le  Midi  on  en  fait  des  haies,^es 
cannes,  des  crochets,  etc.  On  emploie  la  racine,  les  bran- 
dies, les  feuilles  et  les  fruits  pour  leurs  propriétés  astrin- 
gentes, principalement  en  Allemagne.  Les  propriétés  diu- 
rétiques attribuées  à  la  samare  sont  douteuses.  Enfin,  les 
feuilles  peuvent  servir  au  pansement  des  cautères,  et  les 
graines  à  entretenir  ceux-ci.  D^'  L.  Hx. 

IL  HoRTicuLTLRE.  —  Cet  acbrisscau  doit  à  ses  fruits  secs, 
coquettement  élargis,  le  nom  de  cliapeau  de  bergère.  Il 
est  fort  répandu  dans  le  Midi  sec  et  chaud  et  convient  par- 
faitement pour  faire  des  haies  à  la  fois  défensives  et  déco- 
l'atives,  grâce  à  ses  nombreux  rameaux  épineux  garnis 
d'un  abondant  et  agréalde  feuillage,  et  parés  au  printemps 
el  en  été  de  fleurs  jaunes  en  grappes  pendantes.  Les 
jeunes  plants  sont  très  rustiques.  On  les  met  en  place  au 
printemps  ou  à  Fautomne.  G.  Boyer. 

PALIYAR.  Nom  d'une  tribu  sauvage  du  S.-O.  de  l'Inde 
qui  habite  les  montagnes  d'Anamaleh  et  de  Palni.  D'aspect 
hirsute,  habiles  grimpeurs,  grands  chasseurs  de  miel, 
experts  dans  la  connaissance  des  simples,  fétichistes   et 


PALIYAK  —  PALLADIO 


—  888  — 


luonogames,    ils  sont,  comme  les  Todas,  d'un  caractère 
très  doux  et  inoffensifs. 

PALIZZL  Famille  sicilienne,  une  des  premières  de 
Messine.  Elle  devint  une  des  plus  puissantes  de  toute  l'île 
après  que  Nicolas,  fugitif  au  temps  de  la  domination  des 
Angevins  et  retourné  après  les  Vêpres,  avec  Pierre  P^ 
d'Aragon,  eut,  en  1304,  soutenu,  connne  gouverneur  de 
Messine,  le  siège  qu'y  avait  mis  le  roi  de  Naples.  On  lui 
décerna  pour  ce  fait  le  nom  de  Père  de  la  patrie.  Son 
fds  aîné,  Vinciguerra,  seigneur  de  Camarata,  s'était 
distingué  dans  les  Parlements  et  avait  été  un  des  barons 
qui  avaient  mis  Frédéric  II  sur  le  trône.  —  Darniens,  autre 
de  ses  fils,  qui  avait  embrassé  la  carrière  ecclésiastique, 
devint  grand  chancelier  et  était  réputé  bon  juriste.  —  Ma- 
thieu, troisième  fils  de  Nicolas,  comte  de  Novare,  élevé  avec 
Pierre  II,  en  devint  avec  son  frère  le  favori  (Y.  Pierre  II, 
roi  de  Sicile),  jusqu'au  jour  où  l'infant  Jean  et  le  peuple 
de  Palerme  forcèrent  le  roi  à  les  envoyer  en  exil.  Ils  par- 
tirent pour  Pise,  tandis  que  Franceschello  Palizzi,  leur 
cousin,  tentait  mais  en  vain  de  résister  à  main  armée.  A 
h  mort  de  l'infant  Jean,  vicaire  et  tuteur  du  royaume 
(1348),  la  reine  Elisabeth  les  rappela  pour  les  opposer  à 
Blasco  d'Alagonaetaux  autres  Catalans  qui  s'étaient  subs- 
titués à  elle  dans  la  tutelle.  Mais  Damiens  étant  mort  de 
joie  à  cet  appel,  Mathieu  seul  retourna  en  Sicile.  Il  débar- 
(|ua  à  Patti,  et,  avec  la  famille  de  la  reine,  il  ressaisit  le 
pouvoir  en  se  mettant  à  la  tête  delà  parzialità  latina,  qui 
s'opposait  à  la  catalane.  En  1349,  il  attaqua  Catane  oii 
étaient  ses  adversaires,  mais  il  y  fut  battu.  Ne  pouvant 
abattre  son  rival  Blasco  d'Alagona,  il  traita  avec  lui,  et  tout  le 
royaume  fut  divisé  entre  les  deux  adversaires  (1330).  Cette 
trêve  pourtant  ne  fut  pas  durable.  A  Messine,  Mathieu 
Palizzi,  qui  y  avait  attiré  le  jeune  roi,  régnait  en  tyran.  Mais 
entin,  à  l'approche  des  révoltés  et  des  ennemis  de  Palizzi, 
Messine  tombale  17  juil.  1354,  et  Mathieu  et  toute  sa 
famille  furent  égorgés. —  D'autres  membres  de  la  famille 
Palizzi  se  sont  distingués  dans  les  siècles  suivants. 

E.  Casanova. 

Bibl.  :  Vinc.  Pauzzolo  Gravira  de  Ra.mione,  la  Fami- 
f/lia  Palizzi. 

PALIZZI  (Giuseppe),  peintre  paysagiste  napolitain,  né 
à  Lanciano  (Abruzzes)  en  1813,  mort  à  Paris  le  1^^"  jan- 
vier 1888.  Après  avoir  étudié  le  droit,  il  apprit  la  pein- 
ture à  Naples  et  vint  se  fixer  à  Paris  ou  il  exposa  au 
Salon  dès  1844.  Ses  scènes  pastorales  avec  groupes  d'ani- 
maux et  ses  paysages  furent  remarqués.  Les  connaisseurs 
font  grand  cas  de  plusieurs  de  ses  toiles.  On  lui  doit  de 
nombreux  tableaux  parmi  lesquels  on  cite  généralement  : 
la  Vallée  de  Chevreiise,  le  Hetour  de  la  foire,  les 
Chèvres  ravageant  des  vignes,  qui  figura  à  l'Exposition 
universelle  de  1855;  un  Combat  de  béliers,  V Ane  com- 
plaisant, la  Traite  des  veaux  dans  la  vallée  de  la 
Touques,  qui  fit  sensation  en  1859  ;  les  Ruines  du 
temple  de  Pœstum,  Intérieur  de  la  forêt  de  Fontai- 
nebleau, le  Pont  de  la  Seine  à  Fontainebleau,  les 
Environs  de  Naples,  les  Buffles  dans  la  campagne  de 
Pœstum,  Sangliers  dans  la  mare  verte.  Une  de  ses 
dernières  œuvres  fut  le  Lancer  d'un  relais  de  chiens 
(1887). 

PALIZZOLO  Gravina  de  Râmione  (Vincenzo),  généa- 
logiste et  héraldiste  itaKen,né  à  Trapani  le  29  juin  1831. 
Il  s'est  occupé  presque  exclusivement  de  faire  l'histoire  de 
quelques-unes  des  grandes  familles  delà  Sicile,  entre  autres 
des  familles  Palizzi,  Gravina,  Colonna-Romano. 

PALK.  Golfe  situé  au  S.-O.  de  la  baie  de  Bengale,  à 
l'extrémité  S.-E.  de  la  péninsule  indienne;  il  s'ouvre 
entre  la  pointe  de  Callimere,sur  la  côte  de  Tandjore  et  la 
pointe  Pedro  de  l'île  de  Djafna  (fragment  de  l'extrémité 
septentrionale  de  Ceylan);  au  fond  il  est  fermé  par  les 
îles  qui  forment  le  fameux  pont  de  Râma  et  le  séparent, 
sauf  par  deux  passages,  du  golfe  de  Manâr.  Il  mesure 
56  kil.  à  l'entrée  et  a  environ  140  kil.  de  tour.  La  navi- 
gation y  est  fort  dangereuse. 


PALKONDA.  Montagnes  du  S.-E.  cfc  l'Inde,  qui  forment 
un  chaînon  du  système  des  Ghâts  orientales  ;  elles  se  dé- 
tachent de  la  colline  sainte  de  Tiroupati  (prés,  de  Madras)  et 
s'allongent  dans  la  direction  du  N.-O.,  sur  70  kil.,  aune 
ait.  de  700  à  900  m.  le  long  de  la  rive  droite  du  Panar  sep- 
tentrional. Elles  sont  couvertes  de  pâturages  et  de  belles 
forêts.  ^. 

PALKOVIC  (Georges),  écrivain  tchèque  né  en  1769, 
mort  en  1850.  Après  avoir  fait  ses  études  à  léna,  il 
obtint  en  1803,  au  lycée  (école  supérieure)  de  Pres- 
bourg,  la  chaire  de  langue  tchéquo-slovaque,  dont  il  resta 
titulaire  jusqu'en  1837.  Il  se  distingua  particulièrement 
par  sa  lutte  contre  les  réformes  et  les  néologismes  de  la 
nouvelle  école  tchèque,  surtout  contre  Joseph  Jungmann. 
Il  était  aussi  un  des  principaux  défenseurs  de  l'unité  litté- 
raire et  nationale  tchéquo-slovaque,  et  il  ne  s'associa 
avec  la  nouvelle  école  que  pour  combattre  les  séparatistes, 
qui  voulaient  fonder  une  littérature  slovaque.  Parmi  ses 
œuvres,  on  goûtait  surtout  la  Muse  des  montagnes  slo- 
vaques (1801).  Il  a  dirigé  le  journal  la  Semaine  (1812- 
18),  et  le  périodique  Tatranka,  auquel  avaient  collaboré 
des  patriotes  très  connus,  entre  autres  Stur.  En  1808,  il 
avait  donné  une  nouvelle  édition  de  la  Bible  en  tchèque, 
revue  et  corrigée.  Citons  «ncore  son  Bohmischdeutsch- 
lateinisches  Wôrterbuch,  mit  Beifûgung  der  denSlo- 
vaken  und  Mdhrern  eigenen  Ausdrucke  und  Redens- 
arten  (Prague,  1820,  2  vol.)  et  son  Bestreitung  der 
Neuerungen  in  der  bôhmischen  Orthographie  (Prague, 
1830).  M.  GAVRiLOvircH. 

PALLA  (V.  Costume,  t.  XII,  p.  1157). 

PALLACIDES  (Archéol.  égypt.).  Nom  donné  par  Dio- 
dore  de  Sicile  à  des  femmes  spécialement  consacrées  au 
culte  d'une  divinité  :  Ammon,  Bast,  Isis,  etc.  Les  plus 
célèbres  sont  les  Pallacides  d'Ammon  qui  paraissent  avoir 
exercé  des  fonctions  assez  suspectes  ;  mais  peut-être  a- 
t-on,  sur  la  foi  des  Grecs,  amateurs  du  merveilleux  et  su- 
perficiellement renseignés  sur  les  coutumes  des  nations 
étrangères,  un  peu  exagéré  en  les  accusant  de  prostitution. 
On  a  dit  que  les  plus  jolies  filles  des  familles  nobles  de 
Thèbes  étaient  choisies  pour  être  consacrées  dans  le 
temple  d'Ammon  et  qu'une  fois  vouées  au  dieu,  non  seu- 
lement elles  avaient  le  dioit  de  se  livrer  selon  leur  ca- 
price à  qui  bon  leur  semblait,  mais  qu'elles  gagnaient 
honneur  et  profit  à  ce  métier  et  trouvaient  toujours  à  se 
marier  ricbement  quand  Tàge  les  obligeait  à  prendre  leur 
retraite.  Paul  Pierhet. 

PALLADAS,  écrivain  grec,  auteur  de  nombreuses  épi- 
grammes  de  l'Aîîf/io/o^?^,,  grammairien  alexandrin  du 
v'^  siècle  ap.  J.-C,  contemporain  d'Hypatie,  probablement 
païen  (V.  Anthologie). 

PALLADE  (Saint),  apôtre  des  Scots,  de  la  première 
moitié  du  v^'  siècle.  Fête  le  6  juil.  Suivant  deux  notices 
de  Prosper  d'Aquitaine,  le  pape  Célestin  l'aurait  sacré 
évêque  pour  l'envoyer  chez  les  Scots  d'Irlande  encore  bar- 
bares (V.  Patrice  [Saint]). 

PALLADE  de Galatie,  évêque  d'HellénopoHs (Bithynie), 
né  vers  368,  mort  évêque  d'Aspona  (Galatie)  peu  avant 
431.  Il  avait  passé  sa  jeunesse  au  milieu  des  moines  du 
désert  nitrique  et  s'était  enthousiasmé  pour  la  doctrine 
d'Origène.  Ami  de  Chrysostome,  il  se  dépensa  sans  succès 
pour  le  défendre  durant  les  controverses  origénistes.  Son 
livre  sur  la  vie  cénobitique  en  Egypte,  IIpô;  AaOaov 
\(sxoç)ioL  —  Lausus  était  un  gouverneur  de  Cappadoce  — 
d'où,  en  latin,  Historia  Imiùaca  .(éd.  princeps  latine  à 
Paris,  1570;  texte  grec  par  J.  Meursius  ;  Leyde,  [QiQ; 
réimp.  par  Migne,  Pair,  grœca,  t.  XXXIV)  est  passable- 
ment romanesque.  F.-H.  K. 

Bibl.  :  B.  Butler,  The  LausUic  hystory  of  Palladius  ; 
Cambridge,  1898. 

PALLADIO  (Blosio),  poète  latin  moderne,  né  à  Castel- 
vetro  vers  la  fin  du  xv®  siècle,  mort  à  Bome  en  1550. 
Son  vrai  nom  était  Biagio  Pallai.  Il  le  changea  lors  de 
son  entrée  à  l'Académie  romaine,  dont  il  fut  l'un  des 


—  H^\)  — 


PALLADIO  —  PALLADIUM 


membres  les  plus  illustres.  En  4526,  un  décret  du  car- 
dinal Borgia  le  nomma  citoyen  romain,  en  récompense  des 
efforts  qu'il  avait  apportés  à  la  réforme  du  collège  de  la 
Sapience.  Il  fut  secrétaire  des  papes  Clément  VII  et 
Paul  III,  évèque  de  Foligno  en  1547,  et  entretint  des  rela- 
tions d'amitié  avec  les  hommes  les  plus  illustres  de  son 
temps.  Quelques-unes  de  ses  poésies  ont  été  insérées  dans 
le  t.  Vil  des  ///.  poet.  ital.  carmina. 

BinL.  :  Anecdolii  ronwna,  II,  1()5.  —  DegVi  archmtri 
poniif..  II,  274.— TiRABOSCHi,  Storin  délia  lett.  ital. ^Yll^ 

un. 

PALLADIO  (Andréa),  architecte  et  écrivain  italien,  né 
à  Yicence  le  30  nov.  1508,  mort  à  Vicence  le  15  août 
1580.  Fils  d'un  meunier  du  nom  de  Pierre,  devant  son 
prénom  (ïindrea  au  jour  de  sa  naissance  et  son  nom  de 
Palladio  (un  surnom  tiré  de  Pallas,  déesse  du  savoir)  à 
un  gentilhomme  vicentin,  célèbre  homme  de  lettres,  Jean- 
Georges  Trissino,  qui  fut  pour  Palladio  un  guide  précieux 
et  un  bienveillant  Mécène,  cet  architecte  écrit,  dans  l' avant- 
propos  du  premier  livre  de  son  Traite  d'architecture, 
que,  poussé  par  une  disposition  naturelle,  il  se  livra  dans 
sa  jeunesse  à  l'étude  de  l'architecture  en  prenant  pour 
maître  Vitruve  et  qu'il  se  mit  à  la  recherche  des  anciens 
monuments.  On  sait,  d'autre  part,  de  biographies  dues  à 
des  architectes  italiens,  MM.  Boito  et  x\.  Melani,  que  Pal- 
ladio, d'abord  manœuvre,  puis  tailleur  de  pierre  et  sculp- 
teur d'ornements  d'architecture,  fit  de  nombreux  voyages 
à  Rome  en  compagnie  de  J.-G.  Trissino,  apprit  le  latin  et 
le  grec  et  poursuivit  avec  ce  seigneur  des  études  sur  l'ar- 
chitecture militaire  des  anciens  avant  de  faire  d'autres 
voyages  à  Ancône,  à  Naples,  à  Capoue  et  aussi  à  Nîmes, 
pour  dessiner  les  monuments  anciens  de  ces  villes.  L'œuvre 
de  Palladio,  en  tant  qu'architecte,  est  des  plus  considé- 
rables, et  son  influence  en  Italie,  en  France  et  en  Angle- 
terre, fut  peut-être  plus  considérable  encore  et  durera 
toujours  dans  les  écoles  publiques  et  privées  d'architecture  : 
c'est  à  ses  édifices  et  à  ses  écrits  que  l'on  emprunte  jour- 
nellement les  types  les  plus  châtiés  des  ordres  d'architec- 
ture imités  de  l'antiquité  à  l'époque  de  la  Renaissance 
(V.  OhmE,'^  Architecture,  t.  XII,  pp.  511  et  512,  fig.  7 
à  11).  Parmi  les  constructions  les  plus  célèbres  de  Pal- 
ladio, il  faut  citer  :  \^  la  basiUque,  la  Rotonde  et  le 
Théâtre  Olympique,  ainsi  que  les  palais  Cbiericati  et  Val- 
marana  à  Vicence,  toutes  constructions  qui,  avec  d'autres, 
dues  à  Palladio  dans  les  environs  de  cette  ville,  ont  été 
publiées  ^ar  Scamozzi  dans  un  ouvrage  intitulé  le  Fab- 
hriche  e  i  Disegni di  Andréa  Pa/Z^d^w  (Vicence,  1796); 
2^  les  églises  de  Saint-Georges-Ie-Majeur  et  du  Rédemp- 
teur, la  façade  de  l'église  de  Saint-François-aux-Vignes, 
à  Venise  ,  3^  le  cloître  de  Sainte- Justine,  à  Padoue,  etc. 
Les  deux  principaux  ouvrages  de  Palladio,  qui  eurent  un 
grand  nombre  d'éditions  et  furent  traduits  en  latin,  en 
français,  en  anglais  et  en  espagnol,  sont  :  VAnHchita  di 
lioma  (Venise,  1554,  in-8,  pi.)  et  l  quattro  libri  delV 
Architettura(ym\se,  1570,  in-foL,  pi.).  Cbarles  Lucas. 

PALLADIUM.  Image  mythique  de  Pallas  Athéna,  con- 
servée d'abord  à  Troie  ;  d'après  Apollodore,  ce  serait  une 
effigie  de  Pallas,  fdle  de  Triton  et  compagne  d'Athéna, 
tuée  par  mégarde  par  la  déesse,  et  faite  alors  par  celle-ci 
qui  y  accrocha  l'égide  ;  d'après  d'autres,  Zeus  l'aurait  don- 
née à  Dardanus  ;  cette  statue  qu'on  décrit  haute  de  trois 
coudées,  les  jambes  unies,  une  pique  dans  la  main  droite, 
dans  la  gauche  un  bouclier  ou  une  quenouille  et  une  broche, 
fut  dérobée  à  son  sanctuaire  de  Troie  par  Ulysse  et  Dio- 
mède,  informés  que  tant  qu'elle  serait  dans  la  ville  celle- 
ci  ne  pourrait  être  prise.  Plus  tard,  on  conta  que  ce  palla- 
dium ou  un  second  avait  été  sauvé  par  ]^]née  et  emporté 
en  Italie.  Argos,  Athènes,  Siris,  Luceria,  Lavinium,  Rome 
se  vantaient  chacune  de  posséder  le  vrai  palladium.  Celui 
de  Rome  était  caché  dans  le  temple  de  Vesta.  Le  mot  de 
palladium  passa  dans  le  langage  courant  pour  désigner  les 
choses  sacrées  et  dont  la  conservation  est  d'importance 
capitale.  A. -M.  B. 

BiBL,  :  Chavanne^,  De  Palhid'ti  roptu;  Berlin,  1890. 


DAi  i  Aniiiu    1-  (  Equiv Pd  =  53,25. 

PALLADIUM.  1-onn.  ]  pj.j^  ^j^,,^       Pd  =  106,3. 

Le  palladium  a  été  découvert  en  1803  par  WoUaston 
dans  le  minerai  de  platine  du  Cboco,  qui  en  contient  envi- 
ron 12  ^^0-  Il  accompagne  le  platine  dans  tous  ses  mine- 
rais et  l'or  dans  les  sables  aurifères  du  Brésil,  du  Hartz. 
Une  roche  du  Brésil  a  fourni  un  or  pâle  contenant  jusqu'à 
25  7o  de  palladium.  On  isole  le  palladium  de  ses  solutions 
en  utilisant  l'insolubihté  de  son  cyanure  ou  de  son  iodure 
palladeux,  PdCy  et  Pdl,  en  liqueur  neutre,  ou  bien  en 
passant  par  l'intermédiaire  du  chlorure  de  palladamine, 
PdClAzH^  produit  presque  insoluble  dans  l'eau.  Le  pal- 
ladium des  minerais  de  platine  s'obtient  de  la  façon  sui- 
vante :  dans  la  liqueur  mère  d'où  l'on  a  précipité  la  plus 
grande  partie  du  platine,  on  précipite  par  le  fer  les  mé- 
taux de  la  mine,  le  platine  et  l'iridium  non  entièrement 
précipités,  le  palladium,  le  rhodium  et  le  ruthénium  ;  ils  sont 
ensuite  redissous  dans  l'eau  régale,  et  le  cyanure  de  mercure 
précipite  de  la  solution  préalablement  neutralisée  tout  le 
palladium  sous  forme  de  cyanure.  Ce  cyanure  calciné  fournit 
le  palladium  métallique.  Le  palladium  est  un  métal  d'une 
teinte  intermédiaire  entre  celle  de  l'argent  et  du  platine,  il 
est  très  malléable,  sa  densité  varie  de  11,4  à  12,1,  suivant 
qu'il  est  plus  ou  moins  écroui.  Il  est  le  plus  fusible  de  tous 
les  métaux  de  la  mine  du  platine  et  fond  dans  un  feu  de 
forge  vers  1500«.  On  peut  le  volatiliser  à  l'aide  du  chalu- 
meau à  gaz  oxyhydrique,  il  donne  alors  une  vapeur  verte. 
Quand  on  le  chauffe  à  l'air,  il  prend  une  teinte  bleue  d'acier 
par  suite  d'une  oxydation  artificielle,  mais  une  tempéra- 
ture plus  élevée  lui  rend  sa  teinte  initiale  par  suite  de  la 
décomposition  de  l'oxyde  formé.  L'acide  sulfliydrique  ne 
l'attaque  pas,  il  se  différencie  ainsi  nettement  de  l'argent 
qui  noircit  à  la  longue  en  donnant  un  peu  de  sulfure, 
aussi  le  palladium  est-il  utilisé  pour  la  fabrication  des 
cercles  divisés  des  instruments  de  précision.  Le  cercle 
mural  de  l'observatoire  de  Greenwich  est  en  palladium 
pur,  celui  de  l'observatoire  de  Paris  renferme  un  peu  d'or. 
La  mousse  de  palladium,  résultant  par  exemple  de  la  caL 
cination  du  cyanure,  absorbe  jusqu'à  982  volumes  de  gaz 
hydrogène  dont  600  volumes  forment  avec  le  métal  un 
alhage,  Pd*H  (L .  Troost  et  Hautefeuille),  cet  alliage  absorbe 
donc  328  volumes  d'hydrogène  à  la  manière  du  platine 
(V.  Occlusion).  Le  métal  se  rapproche  beaucoup  de  l'ar- 
gent par  un  certain  nombre  de  propriétés  chimiques. 
L'acide  nitrique  le  dissout  et  forme  lui  azotate  sohible, 
(AzO-^)'^Pd  ;  l'eau  régale  faible  le  transforme  en  un  chlo- 
rure palladeux  déliquescent,  PdCl,  tandis  qu'une  eau  régale 
concentrée  donne  du  chlorure  palladique  peu  stable,  PdCl'', 
que  l'eau  ou  la  chaleur  décompose.  Le  palladium  forme 
aussi  des  chloropalladates  et  des  chloropalladites,  PdClKCl, 
PdCl^KCl.  L'action  de  l'ammoniaque  sur  les  sels  donne 
naissance  à  des  composés  d'où  l'on  peut  retirer  deux  bases  : 
la  palladamine,  PdOAzH^  et  la  palladiamine,  Pd02AzHU0  ; 
elles  cori espondent  aux  deux  bases  deReiset,  dérivées  du 
platine  (V.  ce  mot).  Une  solution  de  chlorure  palladeux 
donne  avec  l'ammoniaque  un  précipité  d'un  beau  rose 
clair,  PdClAzH^  qui  se  redissout  dans  un  grand  excès  d'am- 
moniaque pour  former  le  sel  de  la  seconde  base,  PdCl2AzH'^. 
L'iodure  de  palladium,  Pdl,  est  l'un  des  sels  les  plus  inso- 
lubles que  l'on  connaisse,  aussi  les  sels  de  palladium 
constituent  pour  les  iodures  un  réactif  aussi  sensible  que 
les  sels  d'argent  pour  les  chlorures.  x\insi  une  solution  ren- 
fermant 1/iO.OOO  d'iodure  de  potassium  à  laquelle  on 
ajoute  du  chlorure  palladeux  prend  une  teinte  rouge  qui 
disparaît  à  l'ébullition  en  même  temps  qu'il  apparaît  un 
précipité  floconneux. 

En  dehors  de  son  application  très  limitée  à  la  fabrica- 
tion de  quelques  cercles  divisés,  il  n'a  guère  été  employé 
que  par  les  dentistes  qui  obtiennent  un  amalgame  plas- 
tique en  le  broyant  avec  du  mercure  ;  cet  amalgame  cons- 
titue un  excellent  mastic  dentaire  dont  la  teinte  reste 
blanche.  Bréant  a  préparé  autrefois  des  quantités  relati- 
vement considérables  de  palladium  à  partir  des  minerais 


PALLADIUM 


PALLAS 


890 


de  platine  ;  le  Garde-Meuble  possède  une  coupe  de  ce  mé- 
tal pesant  plus  d'un  kilogr.  et  préparée  par  ce  chimiste. 

C.  M-\TIGNON. 

BiBL.  :  Chêne vix,  Phil  TmnsacL,  1803,  p.  290.  —  Wol- 
LASTON,  ibid.,  1804,  p.  428.;  1805,  p.  316.—  Hugo  Ml'ller, 
Annalcn  der  Chem.  und  Pharm.,t.  LXXXVI,  p.  311. 

PALLADIUS  ou  PALLADE  de  Gaiatie,  évèque  d'Hé- 
lénopolis  (V.  Pallade  de  Galatje). 

PALLADiUS  (Rutilus  Taurus  J^milianus),  agronome 
latin  du  iv^  siècle  ap.  J.-C,  auteur  d'un  De  re  rustica 
en  14  livres,  décrivant  la  vie  agricole  dans  l'ordre  du  ca- 
lendrier (un  livre  par  mois,  plus  un  préambule  (livre  1)  et 
un  poème  sur  la  greffe  (livre  XIV)  en  distiques  élégiaques. 
Très  apprécié  au  moyen  âge,  cet  écrit  a  été  imprimé  dans 
les  diverses  collections  de  Jiei  rusticœ  scriptores  depuis 
Jenson  (Venise,  1472),  et  en  particulier  au  t.  III  de  Schnei- 
der (Leipzig,  1794).  Darcesle  traduisit  en  français  (Paris, 
1553,  in-8). 

PALLADIUS,  médecin  ^rec, snnmmmériatrosophiste, 
vécut  après  Aétius,  Alexandre  de  Tralles  et  Galien,  qu'il 
cite,  et  avant  Razès,  qui  le  cite  ;  il  a  donc  existé  entre 
le  iii^  et  le  ix^'  siècle  de  l'ère  chrétienne.  D'après  son  sur- 
nom, il  est  probable  qu'il  enseigna  la  médecine  à  Alexan- 
drie ;  selon  quelques  auteurs,  il  aurait  professé  à  Antioche. 
Palladius  a  écrit  des  commentaires  sur  plusieurs  livres 
d'Hippocrate,  et  on  lui  attribue  un  opuscule  sur  la  fièvre, 
qui  est  peut-être  de  Théophile  Protospatharius.  On  trouve 
dans  les  Medici  antiqiii  f//rm  (Bàle,  1851)  ses  Scholies 
sur  le  Vl^  livre  des  épidémies  d'Hippocrate  ;  le  texte  grec 
en  a  été  donné  par  Dietz  en  4834;  les  Scholies  sur  le 
traité  des  /?^ackwe5  d'Hippocrate  ont  paru  dans  l'édition 
d'Hippocrate  de  Foés.  Le  Traité  sur  la  fièvre  a  été  pu- 
blié, pour  la  première  fois,  par  J.  Chartier  en  grec  et  en  latin 
(Paris,  1646,  in-4);  le  texte  grec  se  trouve  dans  les  Pliy- 
sici  et  Medici  (jrœ.ci  mi}iores  (Berlin,  184'1,  in-8);  il 
existe  une  édition  latine  récente  de  Florence  (1862, 
in-8).  D^"  L.  Hx. 

PALLADIUS  (Plade),  évéque  danois,  né  en  1503  à 
Piibe,  mort  en  1560.  Après  avoir  étudié  sous  Luther  et 
Melanchton,  il  fut  nommé  professeur  à  l'Université  de  Co- 
penhague, puis  évêque,  et  contribua  de  toutes  ses  forces  à 
faire  prévaloir  en  Danemark  les  doctrines  de  la  Réforma- 
tion. 11  a  traduit  en  danois  le  Catéchisme  de  Luther  (1537) 
et  son  Em^hiridion,  et  a  revu  la  traduction  de  la  Bible, 
dite  Bible  de  Christian  /// (1550).  On  a  de  lui  un  grand 
nombre  de  Sermons,  d'Homélies  et  de  Méditations  reli- 
gieuses, [l  a  composé  aussi  quelques  psaumes  et  cantiques. 
Sa  biographie  a  été  publiée  en  1810  par  A.-C.-L.  Heiberg. 

PAL-LAHARA.  Minuscule  principauté  indienne  sur  les 
confins  du  Chota-Nagpore  et  de  l'Orissa,  dominée  par  la 
Malayagiri  (1.185  m.),  la  plus  haute  cime  de  la  contrée, 
à  125  kil.  auN.  de  Katlàk.  Sup.,  1.200  kiL  q.  Population, 
15.000  hab.  (Hindous,  Ouriyas  ou  Gonds).  Le  chef  se 
donne  comme  radjpoute  et  a  reçu  des  Anglais,  pour  ses 
services,  le  titre  de  Radjah  Bahadour. 

PAL  LAI  N.  (Georges),  administrateur  français,  né  en 
1845.  Avocat  à  la  cour  d'appel  de  Paris,  secrétaire  de 
Picard,  il  fut  nommé  en  1871  sous-préfet  de  Sceaux,  en 
1877  directeur  du  personnel,  en  1880  directeur  du  con- 
tentieux au  ministère  des  finances,  en  1881  directeur  du 
cabinet  au  ministère  des  affaires  étrangères,  en  1885  di- 
recteur général  des  douanes,  en  1 897  gouverneur  de  la 
Banque  de  France.  Il  est  l'auteur  d'ouvrages  estimés, 
entre  autres  :  le  Corps  législatif  jugé  par  lui-même 
(Paris,  1869,  in-1 2),  en colîab.  avec  Hippolyte Rousseau; 
Correspondance  inédile  du  prince  de  Talleyrand  et 
du  roi  Louis  XVIII  (Paris,  1881,  gr.  in-8);  Corres- 
pondance diplomatique  de  Talleyrand,  la  Mission  de 
Talleyrand  à  Londres  en  / 7(^:2  (Paris,  1889,  gr.  in-8)  ; 
le  Ministère  de  Talleyrand  sous  le  Directoire  (1890, 
gr.  in-8)  ;  les  Douanes  françaises,  régime  général, 
organisation,  fonctionnement  (Paris,  1897,  3  vol. 
gr.  in-8). 


PALLANATA.  Chaînon  du  système  des  G hàts  orientales 
(prés,  de  Madras),  qui  court  parallèlement  à  la  côte  de 
Coromandel  sur  une  longueur  de  180  kiL,  immédiatement 
au  S.  de  la  rivière  Kistna  (Krichna). 

PALLANNE.  Com.  du  dép.  du  Gers,  arr.  de  Mirande, 
cant.  de  Marciac;  168  hab. 

PALLANZA  (Pallantia),  Ville  d'Italie,  sur  le  lac  Ma- 
jeur ou  Verbano.  Ck.-l.  d'arr.  dans  la  province  de  No- 
vara,  à  71  kil.  de  cette  ville;  3.254 hab.  aggl.  en  1881. 
Commerce  actif,  favorisé  par  le  chemin  de  fer  qui  se  pro- 
longe jusqu'à  Arona  (ligne  Novara-Domodossola).  Port 
commode,  très  fréquenté  par  les  bateaux  à  vapeur  qui 
parcourent  continuellement  le  lac.  Nombreux  établisse- 
ments industriels,  et  notamment  fabriques  de  cotonnades, 
de  chapeaux  ;  scieries  hydrauliques.  Vaste  église  possé- 
dant un  remarquable  tableau  de  V Annonciation  ;  la  tour 
massive  qui  lui  sert  de  clocher  est  une  curiosité  de  Pal- 
lanza.  Délicieux  environs  avec  les  îles  Borromées,  de  nom- 
breuses villas  ;  route  pour  Intra.  L'histoire  de  Pallanza  est 
peu  connue  :  au  xi®  siècle  elle  appartenait  aux  évèques  de 
Novara  ;  elle  passa  plus  tard  aux  Visconti  de  Milan  et  à 
l'Espagne.  En  1748,  par  le  traité  de  Worms,  elle  fut  in- 
corporée dans  les  Etats  sai'des,  dont  elle  suivit  le  sort. 
Napoléon  l^^  y  retint  prisonnier  les  évèques  qui  avaient 
refusé  d'accéder  au  concordat. 

PALLAS.  I.  Mythologie.  —  Autre  nom  de  la  déesse 
Athéna  (V.ce  nom);  dans  Homère,  ils  sont  constamment 
joints;  dans  Pindare,  Pallas  est  employé  seul  comme  sy- 
nonyme d'Athéna.  Dans  la  légende  du  Palladium,  une 
version  fait  de  Pallas  une  fille  de  Triton.  Une  autre  lé- 
gende en  fait  un  père  d'Athéna,  tué  par  elle  pour  avoir 
voulu  lui  faire  violence;  une  autre,  un  des  géants  (jui, 
dans  la  lutte  contre  les  dieux  olympiens,  fut  tué  par 
Athéna. 

II.  Astronomie.  -—  C'est  la  seconde,  comme  date  de 
découverte,  des  petites  planètes  entre  Mars  et  Jupiter 
(V.  Astéroïde).  Aperçue,  pour  la  première  fois,  par  Olbers 
le  28  mars  1802,  elle  tient  le  milieu,  comme  dimension, 
entre  Cérès  et  Vesta,  avec  un  diamètre  de  440  kil.  (le 
quart  du  diamètre  de  la  Lune) .  Les  autres  éléments  sont  : 
moyen  mouvement  diurne,  768'^, 78  ;  durée  de  la  révolu- 
tion sidérale,  1.686  jours  64;  distance  moyenne  au  So- 
leil, 2.773  (celle  de  la  Terre  étant  1);  excentricité,  0.237  ; 
inclinaison  à  l'écHptiqne,  34°  37^20''.  Elle  est  de  couleur 
jaunâtre  et  apparaît  le  plus  souvent,  dans  les  lunettes,  avec 
un  aspect  nébuleux,  qui  serait  Tindice  d'une  vaste  atmos- 
phère. 

PALLAS.  Affranchi  de  l'empereur  Claude  et  l'un  de  ses 
favoris,  mort  en  63  après  J.-C.  Esclave  d'Antonia,  mère 
de  Claude,  ce  fut  lui  qu'elle  chargea  de  révéler  à  Tibère 
les  menées  de  Séjan  (31  ap.  J.-C).  H  administra  l'em- 
pire au  nom  de  Claude  avec  ses  collègues  Narcisse  et  Cal- 
listus.  Après  la  mort  de  Messaline,  il  se  fit  le  champion 
d'Agrippine  qu'il  fit  épouser  à  son  maître  (50);  il  contri- 
bua cà  faire  adopter  Néron.  Lui-môme,  intendant  du  pa- 
lais, acquit  une  fortune  évaluée  à  300  millions  de  ses- 
terces, et  le  Sénat  lui  décerna  les  insignes  prétoriens  par 
un  décret  de  basse  adulation  qui  fut  gravé  sur  bronze  et 
placé  près  de  la  statue  de  Jules  César.  Il  parait  avoir  coo- 
péré à  l'empoisonnement  de  Claude  et  à  l'avènement  de 
Néron.  Néanmoins,  il  fut  enveloppé  dans  la  disgrâce 
d'Agrippine,  et  Néron,  pour  s'emparer  de  ses  biens,  finit  par 
le  faire  empoisonner.  Sa  fortune  était  proverbiale  et  son 
arrogance  extrême.  —  Son  frère  Antonius  ou  Claudius 
Félix  fut  procurateur  de  Judée. 

PALLAS  (Peter-Simon),  naturahste  et  voyageur  alle- 
mand, né  à  Berlin  le  22  sept.  1741,  mort  à  Berlin  le 
8  sept.  1811.  H  étudia  successivement  la  médecine  et  les 
sciences  naturelles,  et  fut  reçu  docteur  en  1760.  En  1768, 
il  se  rendit  à  Saint-Pétersbourg  où  il  devint  membre 
adjoint  de  l'Académie  des  sciences  avec  le  titre  d'asses- 
seur du  collège.  Peu  après  il  fut  désigne  pour  accompa- 


891  — 


PAIXAViriNl  —  PALLAVICINO 


gner,  comme  naturaliste,  une  expédition  scientitiquc  en 
Sibérie,  chargée  d'observer  le  passage  de  Vénus  sur  le  so- 
leil. Pendant  six  ans  il  explora  le  cours  du  Jaik,les  bords 
de  la  mer  Caspienne,  l'Altai,  la  région  du  lac  Baikal,  le 
Caucase,  etc.,  et  revint  à  Saint-Pétersbourg  en  1774. 
Pallas  a  consigné  les  résultats  de  ses  explorations  dans 
ses  Voyages  à  travers  plusieurs  provinces  de  Vempire 
russe  (Pétersbourg,  1771-76,  3  vol.  in-4;  trad.  fr.,  Pa- 
ris, 1788-93,  T)  vol.  in-4,  avec  atlas).  Ses  magnifiques 
collections  formèrent  le  noyau  du  musée  de  Saint-Péters- 
bourg. Kn  1777,  il  fut  adjoint  à  une  commission  chargée 
de  lever  la  carte  de  la  Russie.  Il  fit  encore  de  nombreux 
voyages  en  Russie  pour  en  étudier  la  flore,  et  publia  : 
Flora  Rossica  (Pétersbourg,  1784-85,  2  vol.  in-fol.  av. 
100  pL);  il  donna  en  outre  :  Recueil  de  documents 
historiques  sur  les  peuplades  mongoles  (Pétersbourg, 
1776-180^2,  "2  vol.  in-4);  Icônes insectorum,  prœsertim 
Rossiœ  Siberiœque  peculiarium  (Erlangen,  1781-83, 

2  vol.  in-4)  et  Linguarum  totius  orbis  vocabularia 
comparativa  (Pétersbourg,  1787-89  ;  2«  édit.,  1790-91, 
4  vol.  in-4),  ouvrage  que  lui  avait  connnandé  Catherine II: 
Spicilegia  zoologica  (Berlin,  1767-1804,  2  vol.) . 
Zoographia  Rossiœ  Asiaticœ  (Saint-Pétersbourg,  1811, 

3  vol.,  etCc).  On  peut  dire  que  Pallas  a  été  l'un  des 
fondateurs  de  la  science  ethnographique.  Ses  travaux 
paléontologi({ues  n'ont  pas  été  moins  remarqua])les.  En 
1785,  il  fut  confirmé  comme  membre  titulaire  de  l'Aca- 
démie, et  en  1787,  il  devint  historiographe  du  collège  de 
l'Amirauté.  En  1793  et  1794,  il  entreprit  un  voyage  en 
Crimée,  et  à  la  suite  pubha  plusieurs  ouvrages  sur  la  Rus- 
sie méridionale,  de  1795  à  1805.  En  1796,  il  s'était  éta- 
bh  à  Simféropol,  mais  il  eut  à  souffrir  des  Tatars  et  fina- 
lement se  retira  à  Berlin.  Outre  les  ouvrages  déjà  cités, 
il  en  a  laissé  d'autres  sur  la  zoologie,  la  géologie,  etc. 

PALLAVACINI  ou  PALLAVACINO  (Pietro  Sforza),  car- 
dinal, historien,  né  à  Rome  en  1607,  mort  en  1667. 
Protégé  par  Urbain  Vlïl,  il  reçut  le  gouvernement  de  Eesi, 
puis  celui  d'Orvieto.  Va\  1638,  il  entra  dans  l'ordre  des 
jésuites.  En  1651-53,  il  fit  partie  de  la  congrégation 
chargée  d'examiner  la  doctrine  de  Jansénius.  Alexandre  VII 
le  choisit  pour  confesseur  et  en  1659  le  créa  cardinal. 
OEuvres  principales  :  Histoire  du  concile  de  Trente 
(Rome,  1656-57,  2  vol.  in-fol.  ;  1664,  4  vol.  in-4)  ; 
Vindicationes  Societatis  Jesu  (Rome,  1649)  ;  Massime 
ed  expressioni  di  civile  ed  ecclesiastica  prudenxa  ; 
Rome,  1713).  hUistoiredu  concile  de  Trente  de  Palla- 
vacini,  hab'lement  composée  et  copieusement  documentée, 
a  pour  objet  principal  la  réfutation  de  V histoire  àw.  même 
concile  par  Ei'u  Paolo  Sarpi.  Elle  a  été  traduite  en  latin 
par  Giattino  (Anvers,  1672,  3  vol.  in-4)  et  en  français 
(Paris,  1844,  3  vol.  in-4). 

PALLAVICINI  (Niccolô-Maria),  théologien  italien,  né 
à  Gênes  en  1621,  mort  à  Rome  le  15  déc.  1692.  Issu  de 
l'illustre  famille  des  Sforza,  il  entra  dans  la  compagnie 
de  Jésus  en  1638  et  fut  membre  de  l'Académie  des  Ar- 
cades. Christine  de  Suède  l'attacha  à  sa  personne  comme 
théologien,  et  Innocent  XI  le  fit  cardinal.  Ses  ouvrages 
les  plus  importants  sont  :  Difesa  del  Pontificato  roma- 
no  e  delta  Chiesa  cattolica  (Rome,  1687,  3  vol. 
n-foL),  œuvre  diffuse,  mais  pleine  d'érudition;  VEvi- 
dente  Merito  delta  fede  cattolica  ad  esser  creduta 
per  vera  (1689);  Difesa  delta  divina  Prowidenza 
contra  i  nemici  di  ogni  Religione.  Ce  dernier  ouvrage, 
qui  contient  surtout  les  louanges  de  Christine  de  Suède, 
avait  été  composé  en  collaboration  avec  le  P.  Erancesco 
Rasponi,  jésuite  de  Ravenne. 

Bn3L.  :  Sorwj:L,  Do  Script.  Soc.  Jesu.  —  Tiradosciii, 
StoriadcUii  Ictt.  iUiL,  VIII.  112. 

PALLAVICINI  OU PELAVlCINO(Oberto,marquis),célèbre 
^'hef  gibelin,  mort  en  mai  1269.  D'une  importante  famille 
•de  Plaisance,  il  prit  parti  pour  Frédéric  II  contre  le  pape, 
fut  expulsé  de  sa  patrie  (1236),  mais  nommé  vicaire  en 
Lunigiane  ;  il  y  guerroya  contre  les  Génois  et  se  consti- 


tua une  petite  armée  à  lui.  Dans  l'anarchie  qui  suivit  la 
mort  de  Frédéric  II,  il  devint  podestat  de  Crémone,  défit 
les  Parmesans  le  18  août  1250,  se  rendit  maître  de  Plai- 
sance (1254-57),  de  Pavie.  Allié  à  Ezzehno  da  Romano, 
il  prit  Brescia  avec  lui,  mais  trahi  par  le  redoutable  tyran, 
il  s'allia  contre  lui  aux  guelfes,  eut  une  grande  part  à  la 
victoire  de  Cassano  où  il  fut  très  gravement  blessé.  Palla- 
vicini  acquit  alors  Brescia,  partagea  avec  les  délia  Torre  le 
protectorat  de  Milan,  prit  Plaisance  (1261)  et  Tortone.  Il 
visait  à  se  faire  une  principauté  de  la  Lombardie,  mais  ses 
plans  furent  anéantis  par  Charles  d  Anjou,  qui  défit  ses 
troupes  (1265).  Les  guelfes  lui  enlevèrent  Brescia  (30  janv. 
1266),  puis  Crémone  ;  les  Parmesans  s'emparèrent  de  sa 
résidence  de  Borgo  San  Domino  (21  oct.  1268).  Il  était 
presque  réduit  à  ses  fiefs  lorsqu'il  mourut.  Son  frère 
iVIanfred  en  hérita. 

PALLAVICINI  (Stefano-Benedetto),  poète  italien,  né  à 
Padoue  le  21  mars  1672,  mort  à  Dresde  le  16  avr.  1742. 
Amené  à  Dresde  par  son  père  à  l'âge  de  seize  ans,  il  fut 
chargé  de  diriger  les  fêtes  de  la  cour.  Georges  III,  élec- 
teur de  Saxe,  le  nomma  poète  ducal,  et  Auguste  III,  roi  de 
Pologne,  le  prit  plus  tard  pour  secrétaire.  Il  a  laissé  des 
satires,  un  poème  sur  l'éducation,  un  opéra  en  trois  actes 
tiré  de  Don  Quichotte,  etc.  Son  œuvre  la  plus  remar- 
quable est  sa  traduction  des  Odes  d'Horace  (Leipzig, 
1736,  in-8).  Ses  œuvres  complètes,  précédées  de  sa  Vie, 
ont  été  publiées  par  Algarotti  (Venise,  1744,  4  vol.  in-8.). 

BiDL.  :  TiPALDo,  Blofj.  (/('{/Il  Ituluini  illasln,  V.  30G. 
PALLAVICINO  (Ferrante),  romancier  et  poète  sati- 
rique italien,  né  à  Plaisance  le  23  mars  1615,  décapité  à 
Avignon  le  5  mars  1644.  Ayant  enlevé  une  jeune  fille, 
quoique  engagé  dans  les  ordres,  il  dut  s'enfuir  à  Venise, 
où  il  écrivit  plusieurs  ouvrages  contre  le  duc  de  Plaisance, 
Odoardo  Farnèse.  La  République  n'ayant  pas  voulu  per- 
mettre l'impression  du  Corriej'e  svaligiato  (1640),  il 
s'enfuit  en  Allemagne  où  il  s'éprit  des  doctrines  réformées. 
Revenu  à  Venise,  il  fut  incarcéré  ;  la  liberté  lui  ayant  été 
rendue,  il  dépouilla  l'habit  religieux  et  publia  des  ouvrages 
contre  Urbain  VIII.  Venu  en  France,  il  y  fut  arrêté  par 
ordre  du  pape,  jugé  et  condamné  comme  hérétique.  On  a 
de  lui  :  Il  Corriere  svaligiato  (Villafranca,  1644,in-12); 
La  Baccinala,  ovvero  Battarella  per  le  Api  berbe- 
rine,eic.  (1642,  in-4),  etc.  A.  Menghini. 

BiiîL.  :  PoGGiALT,  Memorie  per  la  storia  letteraria  dl 
Piiiccnz'à.  —  Albertazzi,  Romonzleri  e  Romanzi  del  sel- 
cento  ;  Boloixne,  1891. 

PALLAVICINO  1)1  Prioi.a  (Emilio,  marquis),  général 
italien,  né  à  Ceva  (Monde vi)  en  1823.  Il  prit  part  à  toutes 
les  guerres  de  l'indépendance.  En  1855,  il  se  distingua  en 
Crimée,  et  en  1859  en  Lombardie  et  dans  les  Marches, 
surtout  à  San  Martino  et  à  Civitella  del  Tronto.  Colonel 
des  bersaglieri,  il  fut  chargé  par  Cialdini  en  1862  de 
s'opposer  à  Garibaldi  qui,  après  avoir  échoué  devant 
Reggio,  s'était  interné  dans  les  monts  de  la  Calabre  avec 
l'intention  de  marcher  sur  Rome.  Il  le  fit  prisonnier  à 
Aspromonte.  Général  de  brigade,  il  reçut  Tannée  suivante 
l'ordre  de  combattre  les  brigands  de  la  Calabre  ;  il  le  fit 
très  énergiquement.  Il  fut  enfin  promu  lieutenant  général, 
sénateur  du  royaume  et  aide  de  camp  du  roi. 

PALLAVICINO-Trïvllzio  (Giorgio,  marquis),  patriote 
et  homme  d'Etat  italien,  né  à  Milan  le  24  avr.  1796, 
mort  en  1878.  D'une  des  plus  ancieiin:^s  et  nobles  fa- 
milles lombardes,  il  apprit  à  aimer  la  liberté  par  sa  mère, 
Anne  Besozzi.  En  janv.  1821,  il  fit  partie  de  la  fédération, 
qui,  fondée  par  Frédéric  Confalonieri,  avait  pour  but  de 
secouer  le  joug  autrichien,  et  comme  tel  il  appela  Charles- 
Albert,  prince  de  Carignan,  pour  qu'il  vînt  délivrer  la 
Lombardie.  A  son  retour,  ayant  su  que  la  police  était  à 
ses  trousses,  il  repassa  en  Piémont,  puis,  après  la  décou- 
verte de  la  conjuration,  en  Suisse  ;  mais  enfin  il  céda  aux 
exhortations  de  sa  mère  et  de  ses  amis  et  revint  à  Milan. 
Le  3  déc,  la  police  arrêta  son  compagnon,  Gaétan  Cas- 
tillia,  et  comme  elle  ne  l'inquiéta  pas,  il  devint  suspect. 
Mortellement  offensé  de  ces  soupçons,  il  alla  lui-même  se 


PALLAVICLXO   —  PALLISEU 


—  81)2  — 


dénoncer.  11  fut  alors  compris  dans  le  célèbre  procès  contre 
(lonfalonieri  et  ses  compagnons.  On  réussit  même  à  lui 
faire  faire  des  révélations,  qu'il  retira  ensuite  énergique- 
ment.  Il  fut  condamné  à  mort,  puis  sa  peine  fut  commuée 
en  vingt  ans  de  prison  au  Spielberg.  Malade,  il  fut  trans- 
porté du  Spielberg  à  Gradisca,  puis  à  Laybach.  A  la  mort 
de  l'empereur  François,  il  fut  relégué  à  Prague.  En  1840 
seulement,  il  put  rentrer  en  Italie  et  à  Milan,  sous  la 
surveillance  de  la  police.  Invité  en  4847  et  en  1848  à 
conspirer  contre  l'Autriche,  il  s'y  refusa,  mais  se  déclara 
prêt  pour  le  jour  du  combat,  et,  en  attendant,  offrit 
oO.OOO  fr.  pour  les  ouvriers  sans  travail.  Pendant  les 
Cinqiie  Giornale,  il  combattit  avec  le  peuple.  Après  le 
retour  des  Autrichiens,  il  reprit  le  chemin  de  l'exil.  Il  alla 
en  France  et  recommanda  l'Italie  au  général  Cavaignac; 
puis  il  fut  député  au  Parlement  piémontais  et  sénateur  du 
royaume.  Après  les  victoires  des  Mille,  il  fut  nommé  pro- 
dictateur par  Garibaldi,  et  il  réussit  à  faire  voter  l'annexion 
des  provinces  méridionales  au  royaume  d'Italie.  On  a  de 
lui  des  Mémoires  qui  rappellent  ce  qu'il  souffrit  pour  la 
cause  italienne.  E.  Casanova. 

PAL  LE.  Dans  l'ancienne  liturgie,  ce  nom  désignait  une 
pièce  de  toile  ou  d'étoffe  de  soie  assez  grande  pour  cou- 
vrir l'autel.  Le  célébranl  la  repliait  sur  les  offrandes  des- 
tinées à  la  consécration.  Dans  le  Sacramentaire  de  saint 
Grégroire,  la  palle  et  le  corporal  sont  appelés  pallœ  cor- 
porales,  pour  les  distinguer  des  nappes  ordinaires  de 
Tautel.  —  Aujourd'hui,  eu  France,  la  palle  est  un  carré 
de  carton  placé  sur  le  calice  et  recouvert  de  linge,  au  moins 
du  côté  qui  doit  toucher  le  calice.  L'autre  cOté  est  ordi- 
nairement recouvert  d'une  étoffe  pareille  à  celle  de  Tor- 
nement,  et  garnie  de  dentelles  sur  les  bords,  souvent 
même  richement  brodée  d'or  ou  de  soie.  Dans  certains 
diocèses,  on  attache  aux  angles  des  glands,  des  olives  ou 
de  petites  houppes  de  soie.  Ces  dispositions,  surtout  en 
ce  qui  concerne  le  carton  et  la  partie  supérieure  de  la 
palle,  sont  réprouvées  en  principe  par  la  Sacrée  Congré- 
gation des  Rites  (22  janv.  ilOi);  mais  en  fait,  elles  sont 
tolérées  par  elle,  à  la  condition  que  la  partie  supérieure 
ne  soit  point  de  couleur  noire  et  qu'elle  ne  porte  aucun 
signe  de  mort  (10  juin  i8o2).  Dans  tous  les  cas,  le  linge 
qui  touche  au  calice  doit  être  de  toile  blanche  et  de  gran- 
deur suffisante  pour  être  placé  et  déplacé  facilement.  Les 
auteurs  liturgiques  ne  sont  j)oint  d'accord  sur  la  néces- 
sité de  bénir  la  palle.  L'usage  général  est  de  la  faire 
bénir.  Cette  bénédiction  ne  peut  être  donnée  que  par 
l'évêque  ou  par  un  prêtre  spécialement  commis  par  lui. 

E.-H.    VOLLET. 

PALLEAU  (Puteolus,  Pulvelhnn,  Paluellum).  Com. 
du  dép.  de  Saône-et~Loire,  arr.  de  Chalon-sur-Saône, 
cant.  de  Verdun-sur-le-Doubs,  sur  la  Dheune  ;  430  hab. 
Moulin.  Eghse  romane.  Prieuré  fondé  en  1006,  réuni  à 
l'église  Saint-Bénigne  de  Dijon  en  1737,  dont  les  bâti- 
ments sont  aujourd'hui  la  maison  d'école.  La  terre  de 
Palleau  a  donné  son  nom  à  une  famille  seigneuriale  qui  a 
joué  un  rôle  important  en  Bourgogne  au  moyen  âge. 

PALLE6NEY.  Com.  du  dép.  des  Vosges,  arr.  d'Epinal, 
cant.  de  Chàtel;  238  hab. 

PALLET  (Le).  Com.  du  dép.  de  la  Loire-Inférieure, 
arr.  de  Nantes,  cant.  de  Vallet  ;  1.463 hab.  Stat.  duchem. 
de  fer  de  l'Etat.  Moulins.  Lieu  de  naissance  de  Pierre  Abé- 
lard,  dont  le  manoir  paternel  occupait  l'emplacement  ac- 
tuel du  cimetière,  où  il  en  reste  quelques  vestiges.  Cha- 
pelle romane,  ancienne  dépendance  du  château,  renfermant 
un  tombeau  du  xvi^  siècle,  avec  deux  statues  agenouillées. 

PALLEVILLE.  Com.  du  dép.  du  Tarn,  arr.  de  Castres, 
cant.  de  Dourgne;  316  hab. 

PALLEZ  (Lucien),  sculpteur  français  contemporain,  né 
à  Paris  en  1853.  Elève  d'Aimé  Millet  et  de  M.  Guillaume. 
Il  a  débuté  au  Salon  de  1873  et  a  obtenu  une  bourse  de 
voyage  en  1883.  On  cite  de  lui  une  Béatrix.  Il  a  fait  un 
certain  nombre  de  bustes,  parmi  lesquels  ceux  de  Litolff, 
de  Leconte  de  Lisle,  de  M.  Franck-Chauveau, 


PALLICE  (Port  de  La)  (Y.  Rochelle  [La]). 

PALLIÈRE  (Louis- Vincent-Léon),  peintre  français,  né 
à  Bordeaux  le  19  juil.  1787,  mort  à  Bordeaux  le  29  déc. 
1820.  Il  fut  élève  de  Vincent,  après  l'avoir  été  d'abord  de 
son  père,  Etienne  Pallière,  qui,  né  à  Bordeaux,  avait 
travaillé  lui-même  sous  l'influence  de  ce  peintre  et  avait 
exposé,  entre  autres  œuvres,  une  Jeune  Femme  assise 
sur  un  morceau  de  rocher  et  se  livrant  à  la  mélan^ 
colie,  au  Salon  de  1798,  et  le  Sacrifice  de  V amour,  au 
Sjalon  de  1801.  Il  remporta  le  prix  de  Rome  en  1812 
avec  Ulysse  et  Télémaque  massacrant  les  poursuivants 
de  Pénélope.  Il  exposa,  au  Salon  de  1819,  Saint  Pierre 
guérissant  un  boiteux,  qui  est  à  l'église  Saint-Séverin  ; 
Tobie  rendant  la  vue  à  son  père,  aujourd'hui  au  musée 
de  Bordeaux,  et  une  Nymphe  chasseresse  sortant  du 
bain,  au  musée  d'Amiens.  A  Rome,  on  voit  de  lui,  à  la 
Trinità  de'  Monti,  une  Flagellation  du  Christ.     E.  Br. 

PALLIÈRES  (Martin  des)  (V.  Martin  des  Pallières). 

PALLIKARE  (V.  Palicare). 

PALLIOT  (Pierre),  imprimeur  et  généalogiste  français, 
né  à  Paris  le  19  mars  1608,  mort  à  Dijon  le  o  avr.  1698. 
D'abord  imprimeur  à  Paris,  il  fut  amené  à  résider  à  Dijon, 
grâce  à  son  cousin  Louvan  GeHot,  avocat  au  Parlement  de 
Bourgogne,  qui  lui  fit  épouser  la  fille  d'un  imprimeur  de 
cette  ville,  auquel  il  succéda.  Très  versé  dans  la  science 
du  blason  et  des  titres  généalogiques,  il  composa  sur  ces 
matières  divers  ouvrages  qui  lui  valurent  les  titres  d'his- 
toriographe du  roi  et  de  généalogiste  des  Etats  de  Bour- 
gogne. Il  était  aussi  graveur  en  taille-douce.  On  a  de  lui  : 
le  Parlement  de  Bourgogne,  son  origine,  son  établis- 
sement et  son  progrès  (Dijon,  1649,  in-fol.),  dont  les 
planches  sont  aussi  de  lui  ;  la  Vrage  et  Parfaite  Science 
des  armoiries  ou  Indice  armoriai,  de  Louvan  Geliot, 
augmenté  considérablement  et  enrichi  de  plus  de  6.000 
écussons  gravés  par  lui-même,  et  qui  est  encore  une  des 
sources  héraldiques  les  plus  estimées  ;  Dessin  ou  Idée 
historique  et  généalogique  du  duché  de  Bourgogne... 
(1664,  in-18),  plan  d'un  grand  ouvrage  qu'il  projetait; 
la  Généalogie  et  les  alliances  de  la  maison  d\\ manxé. . . 
(Dijon,  1659,  in-fol.)  ;  Histoire  généalogique  des  comtes 
de  Chamilly,  de  la  maison  de  Bouton,  au  duché  de 
Bourgogne  (Dijon,  1665,  in-fol.).  11  a  laissé  aussi  des 
ouvrages  manuscrits,  parmi  lesquels  nous  citerons  :  His- 
toria  quatuor  ducum  poslremorum  Burgundiœ  ;  His- 
toire des  chanceliers  de  Bourgogne  sous  la  première 
et  seconde  race  des  rois  de  France  ;  Mémoire  sur  la 
vie  de  Nicolas  Bolin,  chancelier  de  Bourgogne  ;  Généa- 
logie de  Bemond;  les  Eloges  et  blasons  des  chevaliers 
de  la  Toison  d'Or,  dont  les  armoiries  sont  peintes  au 
haut  des  stalles  du  chœur  de  la  Sainte-Chapelle  de 
Dijon  ;  ainsi  qu'un  recueil  de  14  vol.  in-fol.  d'Extraits 
des  titres  et  contrats...  concernant  le  duché  de  Bour- 
gogne, dont  malheureusement  la  plus  grande  partie  fut 
détruite  par  un  incendie,  au  siècle  dernier.     V.  D'Auriac. 

BiBL.  :  J.-B.  MiCHAULT,  Mémoire  sur  (a  vie  et  les  on- 
vra(fes  de  P.  Palliot  ;  Dijon,  1099,  in-12. 

PALLISER  (Iles).  Groupe  d'atolls  de  l'archipel  Toua- 
matou;  71  kil.  q.  ;  Roggeneen  en  découvrit  en  1722rile 
Aroutoua  (Rurik). 

PALLISER  (Sir  Hugh),  amiral  anglais,  né  à  Kirk 
Deighton  le  26  févr.  1723,mortàVach  (Buckinghamshire) 
le  19  mars  1796.  Entré  dans  la  marine  en  1735,  il  com- 
battit à  Toulon  en  1744  et  signa  à  cette  occasion  une 
protestation  contre  la  conduite  peu  courageuse  de  Richard 
Norris,  le  commandant  de  son  vaisseau.  11  servit  aux  Indes, 
avec  Boscawen  (1749),  dirigea  une  fructueuse  croisière 
dans  les  parages  d'Ouessant  (1755),  devint  gouverneur  de 
Terre-Neuve  en  1764  et  fut  promu  contre-amiral  en  1775. 
En  1778,  il  fut  chargé  du  commandement  de  la  flotte  de 
la  Manche,  sous  Keppel.  Dans  le  combat  des  24-27  juil. 
avec  la  flotte  française,  il  conduisit  l'action  contrairement 
aux  ordres  de  l'amiral  qui  s'en  plaignit  à  l'amirauté.  Il 
en  résulta  la  réunion  d'une  cour  martiale  qui  donna  rai- 


893  — 


IULLISER  —  PALLIUM 


son  à  Keppel  dont  la  populace  de  Londres  rélébra  le 
triomphe  en  pillant  la  maison  de  Palliser  et  en  le  brûlant 
lui-même  en  effigie.  Palliser  démissionna  et  réclama  sa 
comparution  devant  une  cour  martiale  qui  l'acquitta.  Il 
fut  pourvu  de  la  sinécure  de  gouverneur  de  l'hôpital  de 
Greenwich  et  fut  promu  amiral  en  1787.  H.  S. 

BiBL.  :  R.-M.  Hu>T,  Life  of  sir  H.  Palliser  ;  Londres, 
1844,  in-8 

PALLISER  (John),  explorateur  anglais,  né  le  29janv. 
i807,  mort  à  Comragh  (comté  de  Waterford)  le  18  août 
1887.  Capitaine  dans  la  milice  de  Waterford,  il  entreprit 
en  1847  une  grande  partie  de  chasse  sur  les  territoires 
0.  et  N.-O.  de  l'Amérique  et  raconta  ses  aventures  parmi 
les  Indiens  dans  un  livre  qui  eut,  dès  son  apparition,  un 
succès  considérable  :  Adventures  of  a  Hunter  in  the 
Prairies  (1853).  En  1857,  il  fut  chargé  par  M.  Labou- 
chère,  alors  secrétaire  d'Etat  aux  colonies,  de  diriger  une 
exploration  dans  l'extrême  Nord  de  l'Amérique  britannique. 
Palliser  explora  en  1857  les  rivières  While  Fish  etKami- 
nistocjuviah  et  le  territoire  compris  entre  la  branche  mé- 
ridionale de  la  Saskatchewan  et  la  frontière  des  Etats- 
Unis.  En  1858,  il  monta  de  la  prairie  de  Buiïalo  aux  mon- 
tagnes Rocheuses,  dont  il  explora  les  passes.  En  1860,  il 
descendit  le  cours  de  la  Red  Deer  et  termina  l'exploration 
de  la  région  des  Prairies.  Il  fut,  à  son  retour,  élu  membre 
de  la  Société  royale  de  géographie.  R.  S. 

PALLISER  (Sir  William),  major  anglais,  né  à  Dublin 
le  18  juin  1830,  mort  à  Londres  le  4  févr.  1882.  Entré 
dans  l'armée  en  1855,  il  parvint  au  grade  de  major  de 
cavalerie  en  1860  et  démissionna  en  1871.  Il  est  l'inven- 
teur des  projectiles  qui  portent  son  nom,  des  canons  for- 
més de  tubes  concentriques  de  métaux  d'élasticité  diffé- 
rente, de  boulons  à  vis,  de  projectiles  de  fer  et  d'acier 
trempé,  etc.,  qui  réahsèrent  des  progrès  importants  dans 
l'armement  moderne.  Il  fut  nommé  baronnet  en  récom- 
pense de  ses  services  (1873).  11  fut  député  conservateur 
de  Taunton  en  1880.  Il  a  écrit  :  The  use  of  earthen 
fortresses  for  the  defence  of  London  and  as  a  préven- 
tive ag  ainsi  Invasion  (Londres,  1871).  R.  S. 

BiBL  :  CoTTiiAU,  Il  ciinnone  PnUiser  da  1G5  rnillimetri^ 
dans  Bivistii  Diiirittima,  1871,  II. 

PALLIUM.  I.  Archéologie  (V.  Costume). 

II.  Liturgie.  —  Bande  de  laine  blanche,  longue  et  étroite, 
qui  se  place  sur  la  chasuble,  contourne  les  épaules,  les 
bouts  pendant,  l'un  en  avant,  l'autre  en  arrière,  retenus 
par  deux  plaques  de  plomb  recouvertes  de  soie  noire.  Sur 
le  fond  sont  disposées,  de  distance  en  distance,  des  croix 
pattées  de  noir.  Lepallium  s'attache  sur  la  chasuble  avec 
trois  épingles  d'or,  dont  la  tête  est  ornée  de  pierres  pré- 
cieuses. —  La  laine  qui  fournit  l'étoffe  provient  d'agneaux 
présentés  et  bénits  avec  une  pompeuse  solennité,  le  21  janv. , 
dans  l'église  du  monastère  de  Sainte-Agnès-hors-les-Murs, 
puis  confiés,  une  année  aux  religieuses  capucines  du  Qiii- 
rinal,  et  l'année  suivante  aux  camaldules  de  Saint-Antoine, 
près  Sainte-Marie-Majeure.  Pendant  la  semaine  sainte,  les 
rehgieuses  tondent  les  agneaux  et  font  présenter  la  laine 
au  pape,  qui  la  remet  au  Premier  Maître  des  cérémonies, 
afin  qu'il  la  fasse  tisser  conformément  aux  règles.  — 
Les  palliums,  apportés  processionnellement  dans  un  bas- 
sin de  vermeil,  sont  bénits  le  28  juin,  après  les  premières 
vêpres  de  la  fête  des  Apôtres,  dans  la  basilique  de  Saint- 
Pierre,  par  le  pape  ou,  en  son  absence,  par  le  cardinal 
officiant.  Puis  ils  sont  portés  dans  la  Confession  de  Saint- 
Pierre.  Avant  d'être  remis  au  destinataire,  ils  sont  placés 
immédiatement  au-dessus  du  tombeau  de  l'apôtre,  au 
moins  pendant  une  nuit  ;  de  sorte  que  saint  Pierre  est 
censé  avoir  dormi  sous  ce  manteau,  qui  devient  ainsi  le 
sien,  et  opère  en  faveur  de  celui  qui  le  reçoit  une  com- 
munication de  vertu  et  de  pouvoir  analogue  à  celle  qui 
résulta  de  la  remise  d'un  manteau  d'Elie  à  Elisée,  son 
successeur.  Cette  idée  est  exprimée  par  la  formule  rituelle  : 
Tradimus  tibi  pallium  de  corpore  heati  Pétri  sump- 
tum,  in  quo  est  plenitudo  pontificalis  officii...  —  Le 
pallium  est  l'insigne  de  la  dignité  archiépiscopale  et  pa- 


triarcale. Cependant  le  Saint-Siège  l'a  accordé  quelque- 
fois à  des  sièges  épiscopaux  privilégiés,  comme  Le  Puy, 
Autun,  Marseille,  Valence,  Arras.  Suivant  la  discipline 
que  la  cour  de  Rome  est  parvenue  à  imposer  à  l'Eglise 
d'Occident,  un  patriarche  ou  un  archevêque  ne  peut 
prendre  son  titre  que  lorsqu'il  a  reçu  le  pallium  ;  s'il  est 
transféré  à  un  autre  siège,  il  doit  demander  un  nouveau 
pallium  ;  et  il  ne  doit  faire  aucune  fonction  pontificale 
avant  de  Lavoir  reçu,  quand  même  il  l'aurait  déjà  pos- 
sédé dans  le  siège  précédemment  occupé  par  lui.  Le  pal- 
lium est  demandé  au  pape  en  consistoire,  par  un  avocat 
consistorial,  qui  sollicite  cette  faveur,  à  genoux  et  trois 
fois  :  instanter^  instantius,  instantissime.  Cet  insïgna 
ne  peut  servir  qu'à  celui  à  qui  il  a  été  donné.  On  Pinhume 
avec  lui  dans  son  cercueil.  Avant  de  recevoir  le  pallium, 
celui  à  qui  il  a  été  accordé  doit  prêter  le  serment  d'obéis- 
sance canonique  au  Saint-Siège.  Une  décrétale  de  Pascal  II 
(1099-1124)  indique  en  termes  énergiques  la  dépendance 
que  le  pape  entend  faire  résulter  de  la  concession  de  cet 
objet  et  du  serment  qui  doit  en  accompagner  la  tradition  : 
Cum  a  Sede  Aposiolica  vestrœ  insignia  dignitatis 
exigitis,  quœ  a  beati  Pétri  tantum  corpore  assumun- 
tiir,  jiistuni  est  ut  vos  qnoguéSedi  Apostotica',  siibjec- 
tionis  debiiœ  signa  solvatis,  quœ  vos  ciun  beaio  Peiro 
tanquam  inembra  de  membro  habere  et  cathoUci  ca- 
pitis  unitatem  servare  déclarant.  —  Le  pape  peut 
porter  le  pallium  tous  les  jours  et  dans  toutes  les  églises 
où  il  se  trouve  :  semper  et  ubique,  quoniam  assump- 
tus  est  in  pleniludinem  ecclesiasticœ  potestatis  quœ 
per  pallium  signiAcatur.  Les  évêques  ne  peuvent  s'en 
servir  que  dans  les  églises  de  leurs  propres  provinces  et 
à  la  messe  seulement,  aux  jours  indiqués  par  le  Ponti- 
fical ROMAIN,  quoniam  vocati  sunt  in  partem  sollicitu- 
dinis,  non  in  pleniludinem  potestatis,  dit  Honoré  I!l 
(1216-23). 

Une  histoire  du  pallium  formerait  un  chapitre  carac- 
téristique de  rhistoire  de  la  papauté,  spécifiant  avec  pré- 
cision un  des  principaux  moyens  que  les  évêques  de  Rome 
employèrent  pour  établir  leur  domination  sur  les  autres 
évêques,  et  montrant  la  merveilleuse  habileté  avec  laquelle 
ils  surent  mettre  en  œuvre  tout  ce  qui  pouvait  servir  à 
ce  dessein.  —  L'origine  de  cet  insigne  est  essentiellement 
laïque.  On  en  chercherait  en  vain  l'indice  dans  l'Eglise 
pendant  les  quatre  premiers  siècles  ;  mais  on  trouve  dans 
leCodethéodosien  àe^  pallia  discolora,  écharpes  attribuées 
à  des  fonctionnaires  de  divers  ordres,  portées  par  eux 
sur  la  pcenula.  Un  dyptique  consulaire  représente  un 
consul,  dans  l'acte  le  plus  solennel  de  son  inauguration, 
au  moment  où  il  va  donner  le  signal  de  laisser  courir  les 
chevaux  dans  l'arène.  Ce  magistrat  porte  sur  ses  vête- 
ments une  longue  écharpe  dont  la  forme  et  les  disposi- 
tions ont  une  analogie  frappante  avec  l'aspect  du  palhum 
pontifical,  tel  que  le  présentent  les  anciens  monuments. 
Quand  le  christianisme  fut  devenu  exclusivement  la  reli- 
gion officielle,  le  gouvernement  se  trouva  amené  à  donner 
le  pallium  aux  dignitaires  de  l'Eglise,  comme  un  insigne 
d'honneur,  qui  les  plaçait  au  rang  des  plus  hauts  fonc- 
tionnaires de  l'empire.  En  le  recevant,  les  dignitaire^ 
ecclésiastiques  lui  attribuèrent  une  signification  '  symbo- 
lique, qui  se  rapportait  à  leurs  fonctions.  Dans  l'Eglise 
d'Orient,  cet  insigne  était  appelé  Oniophorion.  On  le 
donnait  aux  patriarches  et  aux  métropolitains,  peut-être 
même  à  tous  les  évêques.  Isidore  de  Péluse,  qui  écrivait 
vers  440,  le  compare  à  la  brebis  que  le  Bon  Pasteur  porte 
sur  ses  épaules.  Quand  cet  usage  s'établit  en  Orient,  la 
plus  grande  partie  des  contrées  de  l'Occident  avaient  cessé 
de  faire  partie  de  l'empire.  Dès  la  fin  du  v^  siècle,  l'évêque 
de  Rome  portait  le  paUium,  mais  en  vertu  d'une  conces- 
sion de  l'empereur,  ainsi  que  le  reconnaît  encore,  à  la  fin 
du  viii^  siècle,  le  fabricateur  de  la  donaticni  de  Constantin 
(V.  Constantin,  t.  XIV,  p.  890),  ce  faux  cél-'bre  qui  fut 
le  titre  primordial  du  Domaine  de  saint  Pierre.  L'évêque 
d'Ostie  le  portait  aussi,  par  un  privilège  spécial,  comme 


PALLIUM  —  PALM 


8;)-i 


consécrateur  ordinaire  des  papes.  Les  évêqiics  de  Ravenne 
jouissaient  du  même  privilège.  Le  caractère  civil  de  l'au- 
torité dont  émanait  la  concession  du  pallium  ressort,  en 
outre,  de  ce  fait  que,  au  vi®  siècle,  quand  les  papes  l'ac- 
cordaient à  des  évoques  qui  n'étaient  point  sujets  de  l'em- 
pire grec,  ils  demandaient  préalablement  l'autorisation 
de  l'empereur.  Celui-ci  du  reste  conservait  et  exerçait  le 
droit  de  le  conférer  directement.  Il  paraît  bien  évident 
qu'en  tout  cela  le  tombeau  de  saint  Pierre  n'avait  abso- 
lument rien  à  faire,  ni  les  agneaux  bénits  au  couvent  de 
Sainte-Agnès  ;  et  que  pendant  plusieurs  siècles,  l'institu- 
tion resta  complètement  étrangère  aux  rites  que  les 
évèques  de  Rome  y  ont  adjoints,  et  aux  prétentions  qu'ils 
en   ont  déduites  (V.  Eglise  catholique   romaine,  t.  XV, 

p.    620,    col.   2).  E.-H.    VOLLET. 

PALLOTINL  Nom  donné  aux  membres  de  la  congréga- 
tion intitulée  Pieuse  Société  des  Missions.  Elle  a  été 
établie  à  Rome,  en  1835,  par  Vincent  Palloti,  prêtre  ro- 
main, mort  en  i83l.  Cet  institut  dirige  des  paroisses, 
des  écoles,  des  hôpitaux,  non  seulement  à  Rome  et  en 
Italie,  mais  en  Angleterre,  aux  Etats-Unis,  au  Brésil, 
dans  la  République  Argentine,  dans  le  Paraguay  et  l'Uru- 
guay. Il  s'est  affilié  des  religieuses,  dites  Pallotines,  et  un 
tiers  ordre.  Ses  règles  sont  déduites  de  cette  maxime, 
que  la  mortification  de  l'esprit  est  préférable  aux  austé- 
rités corporelles,  pour  l'avancement  dans  les  voies  de 
Dieu.  Le  recteur-général  réside  à  Rome,  où  se  trouve  aussi 
la  maison  d'étude  ;  mais  le  noviciat  est  à  Masio  (Piémont). 

E.-H.  Vollet. 
PALLOY  (Pierre-Erançois),  constructeur  français,  né  à 
Paris  le  19  janv.  175i,  mort  à  Sceauxle  19  janv.  1835. 
Palloy,  qui  s'était  joint  aux  assaillants  de  la  Bastille  le 
14  juil.  1789  et  qui  prit  part  aussi  à  l'attaque  des  Tui- 
leries le  10  août  1792,  reçut  le  titre  d'architecte  de  la 
ville  de  Paris.  C'est  lui  qui  fut  chargé  de  faire  démolir 
l'ancienne  forteresse  et,  avec  les  plus  belles  pierres  de  cet 
édifice,  il  fit  exécuter  des  bustes  de  héros  et  un  certain 
nombre  de  modèles  à  petite  échelle  de  la  Bastille,  lesquels 
furent  offerts  au  roi,  aux  ministres,  aux  membres  de  l'As- 
semblée nationale  et  envoyés  dans  un  certain  nombre  de 
départements  où  quelques-uns  de  ces  modèles  se  retrouvent 
encore  dans  les  musées  des  chefs-lieux.  Les  matériaux  prove- 
nant de  ladémohtion  delà  Bastille  furent  surtout  employés 
à  la  construction  du  pont  de  la  Révolution,  le  pont  de  la 
Concorde,  dont  l'ingénieur  Perronet  dirigeait  les  travaux. 
Palloy  présenta  en  1792  à  l'Assemblée  nationale  un  projet 
de  colonne  monumentale  à  élever  sur  l'emplacement  de 
la  Bastille  et  demanda  qu'on  lui  concédât  une  partie  du 
terrain  de  l'ancienne  forteresse,  ce  qui  fut  fait  par  un  décret 
du  27  juin  1792  :  mais  son  projet  ne  fut  pas  exécuté,  il  ne 
fut  jamais  mis  en  possession  de  son  terrain  et  il  fut  même 
emprisonné  comme  suspect  en  1794.  Palloy,  devenu  malheu- 
reux, se  retira  à  Sceaux  où  il  vécut,  pendant  ses  dernières 
années,  d'une  pension  de  500  fr.  sur  la  liste  civile  du  roi 
Louis-Phihppe  (V.  Bastille).  Charles  Lucas. 

FALLU  (La).  Corn,  du  dép.  de  la  Mayenne,  arr.  de 
Mayenne,  cant.  de  (^ouptrain  ;  433  hab. 

PA  L  LU  .Eamille  française  deTours  dont  les  principaux  per- 
sonnages furent  :  Etienne,  sieur  des  Perriers  (1388-1670), 
avocat  du  roi  (1613)  et  maire  (1629)  de  Tours,  qui  publia 
un  remarquable  ouvrage  sur  les  Coutumes  du  duché  et 
du  bailliage  de  Touraine  (Tours,  1661,  in-4)  ;  —  son 
frère  Victor,  seigneur  de  Ruau-Percil  (1604-50),  auteur 
d'un  manuel  de  médecine  (Stadium  medicuni  ;  Paris, 
1630)  ;  —François,  né  à  Tours  en  1625,  mort  à  Moganv 
(Chine,  prov.  de  Fo-Kien)  le  29  oct.  1684,  fils  d'Etienne"^, 
missionnaire  préparé  au  séminaire  de  Paris,  qui  fut  promu 
évêque  d'Héliopolis,  vicaire  apostoHque  du  Fo-Kien,  se 
rendit  au  Siam  (1667),  entra  en  lutte  avec  les  jésuites, 
obtint  gain  de  cause  près  du  pape,  mais  fut  emprisonné 
par  ses  adversaires  aux  Philippines  (1675),  se  justifia  à 
Madrid  et  revint  en  Siam,  puis  en  Chine  (juin  168i),  où 
il  mourut  bientôt  ;  i^  a  écrit  Relation  abrégée  des  mis- 


sions... aux  royauuies  de  la  Chine,  Cochinchine,Ton' 
qiiinetSiani  (Paris,  1682,  in-S).  — Martin  (1661-1742), 
qui  entra  dans  la  Société  de  Jésus,  prêcha  Pavent  à  Versailles 
(1706),  fut  directeur  de  la  congrégation  de  la  Sainte- 
Vierge  (1711)  et  rédigea  plusieurs  ouvrages  de  dévotion, 
parmi  lesquels:  Du  saint  et  fréquent  usage  des  sacre- 
ments de  la  pénitence  et  d'eucharistie  (1739,  in-12) 
et  les  Quatre  fins  de  lliomme  (1739,  in-12). 

FALLU  de  La  Barrière  (Léopold- Augustin-Charles) , 
marin  français,  né  à  Saintes  le  19  août  1828,  mort  à 
Lorient  le  14  févr.  1891.  Entré  dans  la  marine  en  1846, 
il  fit  la  campagne  de  Crimée,  celles  de  Chine  et  de  Cochin- 
ciiino  oii  il  se  distingua.  Pendant  la  guerre  franco-alle- 
mande de  1870-71,  il  servit  à  l'armée  de  TEst  et  couvrit 
la  retraite  du  18^^  corps  sur  la  Suisse.  Capitaine  devais- 
seau  en  1873,  il  fut  nommé  en  1882  gouverneur  de  la 
Nouvelle-Calédonie.  Rappelé  en  1884,  il  fut  promu  contre- 
amiral  en  1887,  devint  major  général  de  la  flotte  à  Cher- 
bourg et  fut  mis  à  la  retraite  en  1890.  Collaborateur  de 
nombreux  journaux  et  revues,  U  a  laissé  les  ouvrages  sui- 
vants :  Six  mois  à  Eirpatcria  (Paris,  1858,  in-16)  ; 
les  Gens  de  mer  (1860,  in-12);  Relation  de  l'expédi- 
tion de  Cliine  en  1860  (1863,  in-4,  avec  atlas  in-foL), 
pubhcation  officielle  ;  Histoire  de  l'expédition  de  Co- 
chincfiine  en  iSOI  (1864,  in-8). 

PALLUAU.Com.  du  dép.  de  l'Indre,  arr.  de  Château- 
roux,  cant.  de  Chàtillon-sur-Indre  ;  1.644  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  d'Orléans.  Moulins  à  tan  et  à  blé  ;  scierie  ; 
tuilerie.  Château  féodal  du  xii^  siècle,  remanié  au  xv®. 
l'église  des  xiv^,  xv<^  et  xvi"  siècles.  i\ncienne  église  con- 
vertie en  grange  du  prieuré  de  Saint-Laurent,  transept  et 
tour  centrale  de  l'époque  romane.  Pèlerinage  de  Notre- 
Dame  de  Bonne-Nouvelle. 

FALLUAU.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  delà  Vendée,  arr. 
des  Sables-d'Olonne  ;  620  hab. 

FALLUAU D.  Com.  du  dép.  de  la  Charente,  arr.  de 
Barbezieux,  cant.  de  Montmoreau;  504  hab. 

FALLUD.  Com.  du  dép.  de  la  Savoie,  arr.  et  cant. 
d'Albertville;  467  hab. 

PALLUEL.  Com.  du  dép.  du  Pas-de-Calais,  arr. 
d'Arras,  cant.  do  Marquion  ;  570  hab. 

PAL  M  (Cornedle  Van  der),  pédagogue  et  littérateur 
hollandais,  né  à  Bois-le-l)ac  en  1733,  mort  à  Delfshaven 
en  1789.  Il  fut  maître  d'école  dans  cette  dernière  ville 
et  publia  un  grand  nombre  d'excellents  ouvrages  pour 
l'instruction  de  la  jeunesse.  Le  plus  important  est  intitulé 
des  Réfonnes  nécessaires  dans  renseianement  public 
de  la  Néerlande  (en  holl.;  Middclbourg-,  1782,  in-8).  Il 
fut  aussi  l'auteur  de  poèmes  didactiques  en  hollandais  qui 
ne  sont  pas  sans  mérite. 

PALM  (Jean-Henri  Van  der),  littérateur  hollandais,  né 
à  Rotterdam  en  1763,  mort  à  Leyde  en  1842.  Il  devint 
pasteur  et  embrassa  les  doctrines  du  parti  des  patriotes. 
En  1795,  il  fut  élu  membre  du  gouvernement  provisoire 
de  la  Zélande,  et  occupa  en  1799  les  fonctions  de  ministre 
de  l'instruction  publique,  puis  il  abandonna  la  politique 
pour  occuper  une  chaire  de  langues  orientales  à  l'Université 
de  Leyde.  Il  vécut  dans  cette  ville,  partageant  son  temps 
entre  son  enseignement  et  le  culte  des  lettres.  Il  publia 
un  grand  nombre  d'ouvrages,  tous  en  hollandais,  dont  voici 
lesprincipaux  :  Isaie,  traduction  avec  comment  aires  (Leyde, 
1805,  3  vol.  in-8;  2^  éd.,  Rotterdam,  1841);  Etude  sur 
la  connaissance  de  soi-même  (Leyde,  1829,  in-8);  la 
Rible  de  la  jeunesse  (ibid.,  1811-24,  24  vol.  in-12; 
2^  éd.,  Leyde,  1835;  3^  éd..  Gouda,  1845);  Histoire  de 
la  Renaissance  néerlandaise  (Amsterdam,  1816,  in-8; 
souvent  rééd.  et  trad.  en  plusieurs  langues).  Il  est  aussi 
l'auteur  de  plusieurs  études  critiques  sur  l'Ecriture  sainte. 
BiiJL.  :  N  Beets,  Biograj^liic  de  J.-II.  Vnn  der  Polm 
(en  holl.);  Leyde,  1812. 

F  AL  M  (Johann-Philipp) ,  patriote  allemand,  né  à  Schorn- 
dorf  en  1766,  fusillé  à  Braunau  le  26  août  1806.  Il  fit 
son  apprentissage  chez  son  oncle,  J.-J.  Palm,  libraire  à 


Ki'langen,  et  par  son  mariage  avec  la  ilile  du  libraire  Sleiu 
de  Nuremberg  acquit  cette  maison.  Au  printemps  de  4806, 
il  publia  un  pamphlet,  dont  l'auteur  semble  avoir  été  Jo- 
hann Konrad  de  Yelin,  assesseur  à  Ansbach,  et  qui,  sous 
le  titre  Deutschland  in  seiner  tiefen  Erniedrigiing 
(rééd.  cà  Wurzburg  en  4877),  contenait  de  virulentes  atta- 
ques contre  Napoléon  I®^"  et  les  actes  des  troupes  fran- 
çaises. Un  envoi  qu'il  faisait  de  la  brochure  à  un  libraire 
d'Augsbourg  fut  saisi.  Napoléon  fit  emprisonner  Palm  qui 
passa  à  Braunau  devant  un  conseil  de  guerre,  fut  con- 
damné à  mort  et  exécuté  quelques  heures  après.  L'atroce 
violence  dont  Palm  fut  victime  fit  le  plus  grand  tort  mo- 
ral à  l'empereur  ;  le  malheureux  libraire  n'a  cessé  d'être 
célébré  par  les  Allemands  comme  un  martyr. 

BiiîL.:  Biographie  de  F.  Stuui/rnEi'^;  Nuremberg,  1860, 

PALM  (Gustaf-Wilhelm),  peintre  suédois,  né  à  Her- 
relof,  près  de  Kristianstad,  le  4 4  mars  4840,  mort  en  4890. 
i^^lève  de  l'Académie  des  heaux-arts  de  Stockholm,  il  y 
obtint  les  plus  hautes  récompenses  ;  il  voyagea  ensuite  à 
travers  toute  l'Europe,  séjournant  principalement  en  Italie 
et  en  Sicile  de  4833  à  485"2.  A  son  retour  à  Stockholm, 
il  se  consacra  d'abord  à  l'enseignement  privé,  puis  fut 
nommé  en  4859  à  l'Ecole  de  dessin,  et  y  professa  jus- 
qu'en 4880,  année  où  il  prit  sa  retraite.  On  a  de  lui  un 
grand  nombre  de  toiles  répandues  un  peu  partout,  en  Amé- 
rique, en  Angleterre,  en  Russie,  enEinlande,  en  Suède,  etc. 
Les  plus  importantes  sont  :  Il  Canale  grande  a  Venise 
(4860),  \ne  d'Ariccia  (4864),  tapies,  Sélinonte  le 
Colysée,  etc. 

PALM  A.  Ile  du  groupe  des  Canaries  (V.  ce  mot,  pour 
les  généralités,  l'ethnographie,  l'histoire,  etc.);  c'est  avec 
File  de  Fer,  la  plus  occidentale,  et  un  peu  au  N.  de  celle-ci, 
par  28^  de  lat.  N.  et  20°  de  long.  0.  ;  sa  longueur  du  N.  au 
S.  est  de  47  kil. ,  sa  plus  grande  largeur  E.-O.  de  28  kil.  Elle 
a  une  superficie  de  726  kil.  q.  et  une  population  de  39.605 
hab.  L'île  est  d'origine  volcanique  ;  on  y  remarque  au  N. 
un  des  cratères  les  plus  vastes  qui  existent,  la  Caldera 
(la  Chaudière),  cirque  de  45  kil.  de  tour  avec  des  parois 
verticales  de  4.200  m.  de  hauteur,  dominé  par  des  cimes 
imposantes  {Pico  de  los  Muchachos,  2.345  m.  ;  Pico 
de  la  Ci'uz,  2.358  m.  ;  Pico  del  Cedro,  2.272  m.).  A 
ce  cirque  se  rattachent  d'autres  chaînes  moins  hautes  en 
tous  sens,  et  l'île  est  partout  couverte  de  cônes  à  cratères  ; 
pourtant  depuis  4677  il  n'y  a  plus  eu  aucune  éruption, 
i^e  climat  est  doux  et  l'air  humide,  ce  qui  fait  que  Palma 
est  la  plus  riche  du  groupe  aupohit  de  vue  de  la  végéta- 
tion. Il  y  a  notamment  sur  les  cimes  de  belles  forêts  do 
pins,  tandis  que  dans  les  vallons  croissent  la  canne  à  sucre 
(autrefois  très  cultivée),  l'olivier,  le  cotonnier,  la  vigne,  les 
arbres  fruitiers.  L'île  a  8  communes  ;  son  ch.-l.  est 
Santa  Cnii  de  la  Palma;  on  peut  citer  comme  ayant 
une  certaine  importance  les  bourgades  de  Los  Llanos, 
Ma.zo,  Los  Sauces.  Un  service  postal  de  vapeurs  relie 
Santa  Cruz  avec  les  autres  principales  villes  du  groupe 
des  Canaries.  E.  Cat. 

PALMA  (V.  Bai.iUres  [llesj). 

PALMA.  Capitale  de  Fîle  de  Majorque  (Espagne)  et  de 
la  prov.  ou  capitainerie  des  Baléares,  sur  la  côte  sud-ouest 
de  l'île  ;  60.544  hab.  (en  4887).  Elle  se  divise  en  basse  et 
haute  ville,  cette  dernière  avec  des  escaliers  et  des  ruelles 
étroites  qui  lui  donnent  l'aspect  d'une  cité  mauresque.  Dans 
la  ville  haute  on  remarque  l'ancien  palais  royal,  qui  a  un 
air  de  forteresse,  la  cathédrale  de  style  ogival,  commencée  en 
4234,  achevée  en  4604,  la  Lonja  ou  Bourse,  d'une  archi- 
tecture imposante  (xv^  siècle),  l'Hôtel  de  ville  (xvi*^  siècle). 
11  y  a  à  Palma  nombre  d'églises,  de  couvents  et  des  établis- 
sements modernes  d'instruction  publique  et  de  bienfaisance. 
Le  port,  vaste  et  sûr,  reçoit  des  paquebots  des  compagnies 
maritimes  (de  Barcelone),  ïslena  (Barcelone),  Sitgès 
(d'Alger) ,  en  été,  et  de  nombreux  vapeurs  et  voiliers.  Le  mou- 
vement international  y  fut  en  489^-  de  428.000  tonnes; 
celui  du  cabotage  de  320.000  ;  la  valeur  des  impor- 
tations de  23.400.000  fr.,   celle  des    exportations  de 


895  -  PALM  —  PALMA 

3j. 500. 000  fr.  —  La  population  comprend  un  grand 
nombre  de  juifs  convertis,  appelés  Chuetas.  L'Université, 
fondée  en  4503,  a  été  remplacée  en  4836  par  un  institut. 
—  A4  kil.  S.  de  la  ville  est  le  château  de  Bellver.  • 

E.  Cât. 

PALMA  Campania.  Ville  d'Itahe,  prov.  de  Caserte  ou 
Jer)-a  di  Lavoro,  à  7  kil.  de  Nola  et  à  44  kil.  de  Naples  ; 
5.858  hab.  aggl.  en  4884.  Petite  ville  très  bien  exposée 
sur  les  pentes  d'une  colline  aux  pieds  du  Vésuve.  Terri- 
toire très  fertile  et  bien  cultivé  ;  production  de  céréales, 
de  vin,  de  chanvre  et  de  châtaignes.  Belles  églises,  un 
hôpital,  et  un  ancien  palais  construit  par  les  comtes  de 
Nola.  Ruines  remarquables  d'un  grand  château.  Palma 
était  un  fief  des  Saluzzo,  ducs  de  Corigliano. 

PALMA  DI  MoNTECHiARO.  Ville  de  Sicile,  dans  la  prov. 
de  Girgenti,  tout  près  de  la  mer  et  sur  la  r.  dr.  du  petit 
fleuve  Palma,  à  26  kil.  de  Girgenti;  44.702  hab.  aggl. 
en  4884.  La  ville  se  trouve  dans  une  position  très  pitto- 
resque ;  elle  est  entourée  de  palmiers  (d'oti  le  nom  de 
Palma),  d'amandiers,  d'oliviers  et  de  vignes.  Vins  estimés. 
Son  petit  port  est  assez  fréquenté.  Pèche  très  active  des 
sardines,  production  et  commerce  de  citrons.  Source  d'eau 
sultureuse.  Palma  a  été  fondée  par  Thomas,  prince  de  Cam- 
pedusca. 

PALMA  (A.  Cornélius)  (V.  (>)rnelta  IGens]). 

PALMA  (Giacomo),  appelé  aussi  Giacomo  d'Antonio 
Negj'etti,  du  nom  de  son  père,  et  surnommé  Palma  le 
Vieux  pour  le  distinguer  de  son  petit-neveu  né  à  Seri- 
nalta,  dans  la  vallée  de  la  Brembana,  non  loin  de  Ber- 
game,  sans  doute  vers  4480.  Il  fut  l'un  des  plus  grands 
peintres  de  l'école  vénitienne.  On  pense  qu'il  vint  à  Venise 
dans  les  premières  années  du  xvi^  siècle  ;  il  y  peignit 
avant  4540  un  Saint  Jean-Bapliste  entouré  de  quatre 
saints,  pour  l'égUse  San  Cassiano,  et  un  tableau  qui 
fut  détruit  dans  un  incendie,  pour  l'église  San  Mose.  On 
connaît  encore  la  date  approximative  de  quelques-unes  de 
ses  œuvres  ;  mais  on  ignore  tout  do  sa  vie,  sinon  qu'il  eut 
une  fille  d'une  grande  beauté.  Violante,  dont  il  fit  plu- 
sieurs fois  le  portrait,  ([ui  a  été  gravé  par  Vosterman  et 
par  Troyen,  et  que  Violante  devint,  après  la  mort  de  son 
père,  la  maîtresse  de  Titien.  Après  4520  on  ne  trouve  plus 
de  documents  authentiques  sur  Palma  :  aussi  les  érudits 
ne  s'accordent-ils  pas  sur  l'époque  de  sa  mort.  Les  plus 
nombreux  et,  parmi  eux,  le  directeur  du  musée  de  lierlin 
M.  Bode,la  placent  en  4528  et  même  en  jirécisent  la  date, 
entre  le  28  juil.  et  le  8  août  ;  Charles  Blanc  et  quelques 
autres  croient  qu'il  ne  mourut  qu'en  4518,  à  soixante- 
huit  ans.  On  s'appuie  dans  cette  dernière  opinion  sur  ce  qu'on 
connaît  un  portrait  de  Palma  où  il  semble  presque 
un  vieillard,  sur  ce  que  Violante  avait  été  après  la  mort 
de  son  père  la  maîtresse  de  Titien,  elle  très  jeune  encore 
et  Titien,  au  dire  deVasari,  dans  un  âge  déjà  avancé,  et  sur 
ce  que  Paolo  I^ino,  dans  son  Traité  de  la  peinture  imprimé 
en  4548,  cite  Palma  au  nombre  des  grands  artistes  morts 
récemment.  Aucune  de  ces  raisons  n'est  péremptoire  ou,  du 
moins,  n'est  précise,  d'autant  ({u'en  4548,  Titien  avait 
soixante  et  onye  ans  et  que,  même  plus  tôt,  Vasari  aurait 
pu  le  trouver  d'un  âge  bien  avancé  pour  l'âge  de  Violante  : 
il  faut  noter  seulement,  à  propos  d'elle,  qu'elle  fut  peinte 
par  son  père  et  par  Titien  en  des  temps  très  rapprochés. 
Il  est  donc  fort  probable  que  Palma  mourut  avant  4548, 
mais  il  paraît  difficile  de  reporter  à  l'année  4528  sa  mort 
qui  arriva  probablement  entre  ces  deux  dates  à  une  époque 
encore  inconnue.  ()uoi  qu'il  en  soit,  Palma  peignit  un 
grand  nombre  de  tableaux.  On  ne  sait  de  qui  il  fut  l'élève 
en  arrivant  à  Venise,  mais  on  peut  dire  que  sa  première 
manière,  qui  dura  environ  jusqu'en  4542,  se  ressent  de 
l'influence  de  Giovanni  Bellini  et  de  Cima,  et  qu'ensuite, 
dans  la  Sainte  Barbe  et  dans  les  Trois  Sœurs,  il  se 
rapproche  de  Titien.  Par  sa  couleur  chaude  et  dorée  et 
par  sa  peinture  onctueuse  et  caressante  comme  celle  de 
Giorgione,  il  est  séduisant  entre  tous  les  peintres,  et  pas 
un,  dans  les  portraits  de  femmes  où  il  a  excellé,  n'a  appro- 


PALMA  —  8Î)J 

ché  plus  que  lui  de  la  beauté  sensuelle.  H  a  composé  aussi 
beaucoup  de  sujets  religieux,  de  Santé  conversaiioni. 
Tous  les  musées  d'Europe  possèdent  des  tableaux  de 
Palma  le  Vieux.  A  Venise,  qui  en  est  fort  riche,  on  voit, 
à  l'Académie  :  le  Christ  et  la  Veuve  de  Naini,  une 
Assomption  provenant  de  l'église  Santa  Maria  Maggiore, 
Saint  Pierre  dans  une  chaire,  environné  de  saints 
et  de  saintes ,  et  une  Tempête  apaisée  par  saint  Marc, 
attribués  par  le  catalogue  à  Giorgione  ;  dans  les  églises,  en 
outre  du  tableau  de  San  Cassiano,  on  voit  à  Santa  Maria 
Formosa  la  Sainte  Barbe,  qui  est  sans  doute  son  chef- 
d'œuvre;  à  San  Stefano,  une  Madone  entourée  de  saints; 
à  Santa  Maria  Mater  Domini,  une  Cène,  peut-être  de 
Bonifa/io.  Le  musée  Brera  de  Milan  possède  une  Ado- 
ration des  Mages  à  laquelle  assiste  une  sainte  Hélène 
et  qui  provient  d'un  couvent  des  olivétains  dans  File 
Santa  Elena  des  Lagunes;  les  Offices  :  Judith  coupant 
fa  tête  d'Holopherne,  Etude  de  femme  nue.  Portrait 
cVun  géomètre  peint  sur  ardoise,  Jésus-Christ  li  Em- 
mails  et  la  Madone  et  l'Enfant  Jésus;  le  palais  Pitti  : 
une  Sainte  Famille,  dont  il  existe  une  copie  au  musée 
d'Amsterdam,  les  Pèlerins  d'Emmaiis  et  un  Portrait  de 
femme  en  noir;\e  musée  de  Naplcs  :  une  Sainte  famille. 
11  faut  citer  encore  en  Italie  :  un  Portrait  de  femme  au 
palais  Sciarra  Colonna,  un  magnifique  retable  à  l'église  San 
Stefano  de  Vicence,  et  un  autre  retable  dans  l'église  de 
Zerman,  près  de  Trévise.  Le  musée  de  Vienne  est  très  riche 
en  œuvres  de  Palma  :  Une  jeune  et  belle  Vénitienne  à 
la  chevelure  blonde,  en  habits  de  soie  bleue,  portant 
une  viole! te  au  sein,  portrait  de  Violante,  et  quatre 
autres  portraits  de  Vénitiennes,  la  Visitation,  Saint  Jean- 
Baptiste,  Un  jeune  héros  et  Lucrèce  prenant  la  réso- 
lution de  se  ^M(?r.  Le  Louvre  n'a  qu'un  tableau  de  Palma, 
mais  admirable  :  V Adoration  des  Bergers,  qui  porte 
une  fausse  signature  de  Titien  acheté  par  Louis  XIV 
en  1685  pour  la  somme  de  2.!200  livres;  Londres  :  le 
Portrait  d'un  poêle,  peut-être  celui  de  l'Arioste; 
Bruxelles  :  Jésus-Clirist  porté  au  tombeau,  qui  a  fiiit 
partie  de  la  collection  de  Louis  XIV  et  a  été  décrit  par 
Lépicié  et  qui,  peint  sur  bois,  a  été  transporté  sur  toile  ; 
Saint-Pétersbourg  :  une  Sainte  Famille  ;  Madrid  : 
une  Adoration  des  Bergers.  Le  musée  de  Berliii  pos- 
sède :  la  Madone  avec  V Enfant  Jésus,  tableau  signé, 
ce  qui  le  marque  comme  une  œ'uvre  de  jeunesse,  carac- 
tère qui  apparaît  au  surplus  par  la  manière  du  peintre, 
assez  proche  alors  de  celle  de  Carpaccio,  un  Portrait  de 
femme,  la  tête  appuyée  sur  le  bras  gauche,  un  Port  rail 
d'homme  en  noir  et  une  très  belle  étude  de  Tête  de 
femme;  celui  de  Dresde  :  les  Trois  Sœurs,  la  Madone 
et  l'Enfant  Jésus  avec  saint  Jean-Bapliste  et  sainte 
Catherine,  une  Sainte  Famille,  la  Rencontre  de  Jacob 
et  de  Rachel  et  une  Vénus  'couchée  dans  un  paysage; 
celui  de  Gassel  :  la  Toilette  de  Vénus  et  Andromède 
délivrée  par  Persée;  la  Pinacothèque  de  Munich  :  la 
Vierge  et  l'Enfant  Jésus  avec  saint  îioch  et  sainte 
Marie-Magdeleine  et  un  très  beau  Portrait  du  peintre  ; 
la  galerie  de  Brunswick  :  Adam  et  Eve,  tableau  de  sa 
première  manière.  E.  Brico.x. 

Bibl.  :  Vasari,  Vie  des  peintres  illustres.  —  Ridolfi, 
Msii'aviglie  dell'Arte,  1648.  —  Zanetti,  Dellci  Xiittura  vene- 
ziana;  Venise,  1771.  —  Morelli,  Die  Werke  italienischer 
Meister.  ^Ch.BLAi^c,  Histoire  des  peintres.  —  Catalogue of 
the  pictures  in  theNutional  Gallery.  —  CROWEetCAVALCA- 
SELLE,  A  lûstory  ofpaintincj  innorth  Italy  ;  Londres,  1871. 
—  KuGLER,  Hundbooh  of  iia  lia n  pain ting  ;  Londres.  1887. 

PALMA  (Jacopo  ou  Giacomo),  dit  Palma  le  Jeune, 
peintre  vénitien,  né  à  Venise  en  454 i,  neveu  ou  petit- 
neveu  du  précédent.  Il  reçut  ses  premières  leçons  de  son 
père  Antonio,  artiste  sans  importance.  Protégé  par  le  duc 
d'Lrbin,  Guidobaldo  II,  il  fut  envoyé  par  lui  à  Rome 
et  reçu  par  son  frère,  le  cardinal  délia  Rovere  ;  après 
y  avoir  passé  huit  ans  à  étudier  Michel- Ange  et  surtout 
Polidoro,  il  revint  dans  son  pays,  mais,  n'y  trouvant  pas 
de  commandes,  il  repartit  pour  Rome  où  il  ne  fit  alors 


qu'un  court  séjour  et  rentra  à  Venise  vers  1 57:2.  Tandis  que 
Titien,  presque  centenaire,  allait  mourir,  Véronèse  et  Tin- 
toret  brillaient  de  tout  leur  éclat;  mais  Palma  le  Jeune, 
s'étant  lié  avec  le  sculpteur  Alessandro  Vittoria,  dont  l'in- 
fluence était  considérable,  se  lit  pousser  par  lui  pour  arriver 
à  trouver  une  place  auprès  d'eux  :  on  dit  même  que  le 
sculpteur,  mécontent  des  deux  illustres  peintres  et  flatté  de 
la  cour  que  lui  faisait  ce  jeune  homme,  s'efforça  d'élevei' 
sa  gloire  contre  la  leur.  La  lutte  n'était  pas  possible,  car  si 
Palma  le  Jeune  avait  la  prodigieuse  facilité  de  travail  de 
Tintoret,  il  n'avait  ni  sa  véhémence  ni  sa  vigueur.  Cepen- 
dant il  venait  d'être  chargé  de  décorer,  lui  aussi,  le  Palais 
ducal,  et  non  loin  du  Paradis  de  Tintoret,  il  peignit  le  Ju- 
gement dernier,  puis  le  Christ  adoré  par  deux  doges  et, 
au  plafond  de  la  salle  du  Grand  Conseil,  une  Venise  triom- 
phante. Dès  lors,  il  travailla  avec  une  facihté  et  une  ra- 
pidité fâcheuses,  ne  faisant  que  des  esquisses,  comme  le 
lui  reprochait  le  cavaher  d'Arpino  :  il  exécuta  des  tableaux 
pour  soixante-neuf  églises  de  Venise,  parmi  les(piels  on 
doit  retenir  le  Christ  aux  Limbes,  à  San  Xicoletto  dei 
Frari;  toutes  les  villes  de  l'Italie  du  Nord  voulurent  avoir 
de  ses  (euvres,  et  il  fut  encore  recherché  à  l'étranger.  Lanzi 
a  dit  de  lui  «  qu'il  était  le  dernier  des  bons  peintres  et  le 
premier  des  mauvais  »  ;  artiste  de  décadence,  dont  le  nom, 
l'un  des  plus  grands  de  Venise,  était  trop  lourd  pour  lui, 
il  garda  cependant,  dans  son  inépuisable  et  lassante  fé- 
condité, ce  charme  que  Venise  a  donné  à  tous  ceux  qui 
ont  vécu  par  elle.  11  abusa  surtout  de  son  habileté,  qui  lui 
rapportait  des  fortunes,  lorsqu'il  eut  survécu  aux  dernieis 
grands  Vénitiens.  Il  était  fort  riche  et  lié  avec  tous  h  s 
grands  seigneurs  de  so:i  temps;  et,  lorsqu'il  mourut,  oji 
lui  fit  de  magnidques  funérailles  à  l'église  San  Zanipolo. 
Les  plus  grands  graveurs  du  siècle,  les  Sadeler,  les  Golt- 
ziiis,  les  Kilianen,  passant  à  Venise,  avaient  tenu  à  honneur 
de  graver  ses  œuvres.  A  l'Académie  de  Venise,  on  xcr-t  de 
lui  :  un  Ecce  homo,  deux  tableaux  représentant  le  Corps 
du  Christ  porté  par  des  Anges,  l'Enfant  prodigue  et 
le  Retour  de  l'Enfant  prodigue,  la  Chaste  Suzanne 
entre  les  Vieillards,  Saint  trançois,  l'Ange  apparaît 
a  saint  Pierre  dans  son  cachot,  les  Douie  mille  mar- 
ques :  vision  de  T Apocalypse;  aux  Offices  :  Saint  Jean 
dans  le  désert  et  Sainte  Marguerite;  au  musée  de 
Naples,  la  Madone  avec  des  saints;  à  Madrid,  la  Con- 
version de  Saill;  au  musée  du  Belvédère,  à  Vienne  :  le 
Corps  du  Christ  pleuré  par  des  anges,  Hérodiade  arec 
la  tête  de  saint  Jean,  Abel  tu>  par  son  frère  et  iSes 
Anges  pleurant  la  mort  du  Seigneur,  tableau  peint  si.r 
ardoise;  à  Dresde:  S  dint  Sébastien,  le  Martyre  de  saint 
André  et  la  Présentation  de  Marie  au  Temple;  à  Mu- 
nich :  V Adoration  des  bergers,  Ecce  homo,  et  trois  ta- 
bleaux représentant  V Ensevelissement  du  Christ  ;  à 
Cassel  :  Jarquin  et  Lucrèce,  Vénus  et  Cupidon  et  Per- 
sée et  Jindromède;  à  la  galerie  de  Schleissheim,  la  Mort 
de  saint  Sébastien.  E.  Bkicox. 

BiiJL.  :  Ch.  Blanc,  Histoire  des  peintres,  et  la  plupart 
des  auteurs  cités  à  l'article  précédent. 

PALMA-Cayet  (V.  Cayet). 

PALMA  DE  Cesnolâ  (Louis,  comte),  archéologue  ita- 
lien, né  àRivarolo,  près  de  Turin,  le  '29  juin  i83'2.  11  se 
destina  d'abord  à  la  carrière  des  armes  et  entra  à  l'Ecole 
militaire  de  Turin.  Nommé  lieutenant  après  la  bataille  d<^ 
Novare  (1849),  il  démissionna  en  1834,  pour  servir  en 
Crimée  dans  l'armée  anglaise.  Il  s'établit  ensuite  à  Xe.v 
York,  épousa  la  fille  d'un  officier  de  marine  des  Etats- 
Unis,  et  se  fit  naturaliser  Américain  (1861).  Dans  la  guerre 
de  sécession,  il  fut  colonel  d'un  régiment  de  cavalerie 
dans  l'armée  fédérale,  se  distingua  en  mainte  circons- 
tance, fut  fait  prisonnier  à  la  bataille  d'Aldie  en  Virginie, 
et  remis  en  liberté  au  bout  de  quelques  mois.  Nommé 
brigadier  général  par  le  président  Lincoln,  il  fut  bientôt 
après  envoyé  à  Chypre  comme  consul  des  Etats-Unis.  En 
4877,  il  devint  directeur  du  musée  métropolitain  de  New 
York.  Il  est  connu  surtout  comme  archéologue.  De  18ii7 


à  1877,  il  dirigea  des  fouilles  sur  plusieurs  points  de  File 
de  Chypre,  notamment  à  Curium,  oti  il  découvrit  le  trésor 
d'un  temple,  aujourd'hui  conservé  au  musée  de  New  York. 
Il  a  fait  connaître  les  résultats  de  ses  fouilles  dans  plu- 
sieurs ouvrages,  écrits  soit  en  italien,  soit  en  anglais  : 
Scoperta  ciel  Tempio  di  Venere  a  Golgos  (Turin,  1870); 
Le  Ultime  scoperte  neW  isola  di  Cipro  (Turin,  1876); 
Cypriis,  ils  ancient  ciliés,  tombs  and  temples,  with 
mans  and  illustrations  (Lonûvas,  1877;  2^  éd.,  New 
York,  1878)  ;  Metropolitan  Muséum  ofArt  (New  Y'ork, 
-188i).  P-  Monceaux. 

PAL  M  A  m:  Cesxola  (Alexandre),  archéologue  italien, 
né  en  1839,  frère  du  précédent.  Il  servit  d'abord  dans 
l'armée  piémontaise,  prit  pari  à  la  guerre  de  Crimée  et 
aux  campagnes  d'Italie,  fut  nommé  capitaine  d'infanterie 
de  marine.' Il  démissionna  en  1869,  se  rendit  à  Monte- 
video, puis  à  New  York.  Il  fut  envoyé  à  Paphos,  en 
Chypre,  comme  vice-consul  des  Etats-Unis.  Il  y  devint 
archéologue  comme  son  frère,  et  fit  des  fouilles  à  Paphos 
cl  à  Salamis  pour  le  compte  du  gouvernement  anglais.  Il 
a  exposé  les  résultats  de  ces  fouilles  dans  deux  ouvrages  : 
Ckypnis  aiuvjuities  (Londres,  1880);  S  al  ami  nia  (Lm- 
(très,  1881).  Il  a  écrit  aussi  des  romans  et  des  relations 
de  voyages.  P.  Monceaux. 

PALM/^R  (Ilenrik-Bernhard),  auteur  satirique  suédois, 
né  près  de  Calmar  le  21  août  1801,  mort  à  Linkoping  le 
7  juil.  1854.  Sa  paresse,  son  incapacité  à  fournir  aucun 
travail  réguher  l'empêchèrent  de  trouver  jamais  une  posi- 
tion stable  :  il  passe  du  professorat  au  journalisme  et  de 
journal  en  journal  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  Sa  vive  cri- 
tique de  Tegner  et  d'xVskelôf  dans  sa  Lettre  li  la  Minerve 
suédoise  (1834)  attira  sur  lui  l'attention  et  il  sut  garder 
la  faveur  d'un  certain  public  en  attaquant  sans  les  ména- 
ger, et  souvent  d'une  façon  injuste,  plusieurs  personnages 
considérables  de  son  temps  :  le  Dernier  Jugement  à 
Kràkvinkel  (contre  l'évèque  Hedrén),  Lettre  de  Stock- 
holm pendant  le  Pdksdag  de  :f8i7-48,  un  Petit  Voyage 
de  plaisir,  etc.  Th.  Caht. 

PALMAIRE  (Anal.).  Apoxévrose,  Arcades,  Mcscles 
PALMAIRES  (V.  Main,  §  Anatomie). 

PALL-NiALL.  Rue  célèbre  de  Londres  (V.  Londres, 
t.  XXII,  p.  513). 

PALP^ANOVA.  Yills  d'Italie,  ch.-l.  de  district  de  la 
prov.  d'Udine  (Vcnétie),  à  20  kil.  de  cette  ville;  3.5 il  hab. 
aggl.  en  1881.  Stat.duchem.  deferCividale-Portograaro. 
l^hice  forte  couvrant  la  voie  militaire  Tries te-Venise, 
eniouréo  par  un  fossé  très  large  et  profond,  pouvant 
être  facilement  inondé  moyennant  une  série  do  ca- 
naux qui  dérivent  d'un  aqueduc  majestueux,  érigé  au 
xvi"  siècle  par  les  Vénitiens.  La  forteresse  bâtie  par  ceux- 
ci  en  1593  a  été  renforcée  par  ordre  de  Napoléon  I^^'; 
elie  est  remart[uable  par  son  élégante  construction  et  sa 
parfaite  régularité.  Belle  cî  vaste  cathédrale,  et  trois 
portes  de  la  ville  qui  sont  dos  chefs-d'œuvre  d'architec- 
ture. Industrie  de  la  soie.  Occupée  par  les  Français  en 
1797,  c'est  de  cette  ville  que  le  général  Bonaparte  pro- 
nonça la  déchéance  de  la  république  de  Venise.  Elle  fui 
assiégée  par  les  Autrichiens  de  mars  au  25  juin  \^{S  el 
capitula. 

PALIVJARÈS,  On  désigne  sous  ce  nom  la  brochure  qui 
contient  le  programme  de  la  distribution  solennelle  des 
prix,  cérémo)iic'  qui  terminait  l'année  scolaire  dans  les 
collèges  :  les  jésuiles  ne  l'ont  pas  inventé,  mais  savam- 
ment utilisé.  Supprimant  l'action  de  la  famille  sur  la  di- 
rection de  l'enfant,  habiles  par  contre  à  l'amuser  par  la 
llatterie,  portant  ici  comme  partout  leur  goût  de  la  repré- 
sentation et  du  décor,  ils  firent  du  palmarès  une  sorte  de 
journal-réclame.  Indépendamment  du  nom  et  des  titres 
des  vainqueurs  couronnés,  du  rappel  des  ci'oix,  rubans  et 
insignes,  des  œuvres  spécialement  composées  par  les  Pères, 
on  y  trouvait  des  œuvres  d'élèves  —  vers  latins  ou  oraisons 
laudatives  —  le  livret  de  la  pièce  représentée,  le  texte 
donné  comme  authentique  de  compositions  —  joutes  ora- 

CRÂNDE  E'NCYCEOPÉniE  ,  —   XXV. 


8^7  —  PALMA  -  PALMAHÈS 

toires,  réponses  en  des  exercices  solennels,  attribuées  aux 
lauréats  —  bref  tout  ce  qui  pouvait  entretenir  l'amour- 
propre  des  parents  et  des  enfants. 

L'Université,  comme  Lavaient  déjà  fait  les  écoles  cen- 
trales, s'inspira  sur  ce  point  comme  sur  tant  d'autres  des 
errements  des  jésuites;  on  publia  même  parfois  deux  pal- 
marès, celui  des  prix  d'excellence  après  l'examen  du  cin- 
quième mois,  et  celui  de  la  «  distribution  solennelle  des 
prix  faite  aux  élèves  du  lycée  k  la  suite  des  exercices  lit- 
téraires et  publics  qui  ont  terminé  les  cours  ».  Pour  se 
faire  une  idée  de  l'intérêt  que  présentent  encore  ces  bro- 
chures, en  vue  d'une  histoire  des  cérémonies  et  récom- 
penses scolaires,  il  faut  consulter  une  collection  de  pal- 
marès empruntés  à  la  province,  ou  ces  fêtes  prenaient  une 
importance  particulière.  On  y  voit  comment  «  l'assemblée, 
des  plus  nombreuses  et  des  mieux  composées»,  encoura- 
geait «  par  sa  précence  les  heureuses  dispositions  d'une 
jeunesse  infiniment  intéressante  ».  «Les  élèves,  placés  en 
cercle  sur  le  parquet  de  la  salle  »,  forment  «deux  com- 
pagnies armées,  dont  la  musique  «  exécute  des  sympho- 
nies ».  Les  compagnies  «  non  armées  »  occupent  les  plus 
bauts  gradins  :  après  le  discours,  M.  le  censeur  «  fait 
l'appel  nominal  ».  Le  Palmarès  comprend  d'abord  Tordre 
des  exercices  dont  le  programme  est  détaillé  et  rédigé  par 
les  professeurs  :  suit  le  nom  des  élèves  qui  «  répondront  » 
en  mathématiques,  latinité  et  belles-lettres,  et  «  le  profes- 
seur de  belles-lettres  se  voit  forcé  de  rappeler  au  public 
que  toutes  les  compositions  que  liront  les  ;,élèves  leur 
appartiendront. . .  Le  gouvernement,  sage  et  éclairé,  ne  veut 
pas  que  des  professeurs  honorés  deviennent  d'adroits  ba- 
ladins »,  opérant  «  par  des  prestiges  et  des  illusions  ». 
A  la  suite  est  imprimé  le  procès-verbal  du  concert  et  de 
la  distribution  des  prix  aux  lauréats.  Les  classes  sont 
appelées  dans  l'ordre  suivant  :1^'^  classe  de  belles-lettres, 
2'=  classe  de  belles-lettres,  V''\  2«,  3®,  4®,  5®,  6«  classes 
de  latin.  Vient  alors  «  la  série  mathématique  »  avec  la 
classe  do  «  mathématiques  transcendantes  »  et  six  autres 
do  mathématiques  inférieures.  On  termine  par  la  classe 
de  dessin  et  celle  d'écriture.  A  la  fin  de  la  brochure,  aux 
époques  voisines  de  la  fondation  de  l'Cniversitc,  se  trouve 
parfois  une  pièce  couronnée,  par  exemple  en  1806,  «  une 
ode  sur  la  paix  »;  ou  bien  on  apprend  que  la  «  distribu- 
tion sera  précédée  d'un  dialogue  entre  quelques  petits 
élèves  qui  seront  interroges  par  le  proviseur  ».  En  1812, 
époque  où  les  élèves  ont  à  répondre  sur  la  géographie  de 
la  France  divisée  en  142  départements,  le  palmarès  devient 
une  publication  officielle  signée  par  le  proviseur  et  approu- 
vée par  le  recteur;  la  classe  de  belles-lettres  reprend  le 
nom  de  rhétorique  en  1811,  la  philosophie  reparaît  en 
1817.  Deux  ans  après  s'introduit  l'usage,  abandonné  en 
1823,  de  clore  la  séance  par  la  distribution  des  médailles 
d'encouragement  aux  instituteurs.  A  partir  de  1821,  on 
annonce  la  messe  de  rentrée;  en  1832,  on  indique  la 
durée  des  vacances;  en  1834,  le  nom  de  chaque  professeur 
est  inscrit  en  tête  de  sa  classe.  Désormais  la  rédaction 
de  la  brochure  est  fixée  pour  tous  les  établissements  ;  elle 
contient  le  nom  du  président  et  des  assesseurs,  ceux  des 
membres  du  bm^eau  d'administration,  le  rappel  des  prix 
d'honneur  et  lauréats  des  écoles,  l'énumération  du  per- 
sonnel administratif  et  enseignant,  le  tene  du  discours 
d'usage,  les  noms,  prénoms,  lieux  de  naissance,  quahtés 
(internes  ou  externes)  des  élèves  ayant  obtenu  un  prix  ou 
uu  accessit,  h  date  de  l'ouverture  des  cours  de  vacances 
el  de  la  rentrée  de  classes  précédée  de  la  messe  du  Saint- 
l'sprit. 

Le  palmarès  du  concours  général  contient  le  discours 
du  professeur,  qui  parle  en  latin  jusqu'en  1882,  et  la  ré- 
ponse du  ministre  président;  on  y  cite  les  autorités  pré- 
sentes à  la  cérémonie,  les  noms  des  lauréats  avec  celui 
des  établissements  et  des  professeurs  qui  les  ont  envoyés 
au  concours  général  (V.  ce  mot,  t.  XII,  p.  316). 

L'énumération  des  différents  prix  mérite  aussi  quelque 
attention  :  le  nom  de  pi'ix  de  «  cfunposilion  »  en  mathé- 

57 


PALMARÈS  —  PALMB1.AD 


898 


maliques  aurait  clii  être  coiisei'vé.  Le  prix  do  «  préémi- 
nence »  est  devenu  celui  d'excellence.  En  4808  apparaît  le 
prix  de  grec,  en  1813,  celui  de  discours  latin,  avec  mention 
de  prix  d'iionneur,  en  1817  celui  de  discours  français  et 
celui  de  version  grec  {ue,  en  1821  celui  de  dissertation 
française  ;  la  mention  de  prix  d'honneur  est  donnée  à  celui 
de  dissertation  latine  en  1827.  Viennent  ensuite  le  prix 
d'histoire  et  de  géographie  (1829),  de  chimie  (1830),  d'an- 
glais et  allemand  (1832).  Enfin,  par  une  conicidence  très 
suggestive,  en  1853,  en  même  temps  qu'apparaît  en  tète 
du  palmarès  l'instruction  religieuse,  qui  n'y  avait  pas 
figuré  même  sous  la  Restauration,  disparait  la  mention  de 
la  classe  de  philosophie,  réduite  jusqu'en  1868  à  être 
classe  de  logique.  R  y  avait  pourtant  une  compensaiioa  : 
une  rubrique  spéciale  était  désormais  consacrée  à  la 
musique  vocale  ! 

Définitivementim.muabledanssaforme, le  palmarès,  vivace 
comme  tous  les  organismes,  du  même  genre,  tend  à  sé- 
vir partout  :  des  collèges  privés  et  publics  de  garçons  il 
s'étend  à  l'Institut  (distribution  des  prix  de  vertu  et  dis- 
cours d'usage)  pour  redescendre  aux  écoles  primaires  de 
tous  les  degrés,  dont  les  plus  importantes  font  imprimer 
leurs  listes  de  lauréats.  ?\'atur  elle  ment  il  fleurit  dans  les  pen- 
sionnats et  les  nouveaux  établissements  secondaires  pu- 
l)lics  de  jeunes  fdles.  On  en  compose  même  pour  les 
aveugles  et  les  sourds-muets.  On  peut  ainsi,  sans  autre 
peine  que  celle  de  payer  l'imprimeur,  «  développer  l'ému- 
lation et  complaire  aux  familles  ».  Les  «  lauréats  »  ont 
«  leur  presse  périodique  »  —  en  attendant  mieux. 

Eugène  Blvm. 

PAL  M  ARIA.  Ile  de  la  mer  Ligurienne,  prov.  de  Gènes, 
à  rO.  du  golfe  de  la  Spezia;  133  hect.  Marbre,  vin,  oli- 
viers. Son  fort  et  ses  signaux  font  partie  du  système  de 
défense  de  la  Spezia. 

PÂLMAROLA.  Rot  de  la  mer  Tyrrhénieime  (V.  Pox- 

TIENNES  [Res]. 

PÂLIVIAROLI  (Pielro),  peintre  italien,  mort  à  Rome  en 
1828.  11  acquit  une  certaine  réputation  par  son  talent 
tout  particulier  pour  reporter  sur  la  toile  de  vastes  com- 
positions murales  peintes  à  fresque  ou  à  l'huile.  C'est  ainsi 
qu'il  réussit  à  transposer  (1811)  la  Descente  de  croix  de 
Daniel  de  Volterra,  fresque  célèbre  de  l'église  de  la  Trinité 
de'  Monti.  R  fit  subir  la  même  opération  à  la  fiei'fje  de 
Saint-Sixte  de  RapJiael,  l'immortel  chef-d'œuvre  que 
l'on  admire  à  Dresde.  G.  C. 

PALIVIAROLI  (Cayetano),  peintre  et  liïhographe,  né  à 
Fermo  (Ralie)  en  1801,  mort  à  Madrid  en  1833.  Appelé 
en  Espagne  pour  prejidrc  part  à  l'entreprise  formée  par 
j).  José  de  Madrazo,  de  faire  reproduire  en  lithographie 
les  principaux  ta])]eaux  du  musée  de  Madrid,  Palinaroli  se 
chargea  d'exécuter  un  assez  grand  nombre  de  ces  repro- 
ductions, notamment  :  le  Portrait  équestre  de  Ctiarles- 
Qiiint,  d'après  le  Titien  ;  ta  Vierge  soutenant  dans  ses 
f)ras  Je  corps  de  son  fils,  d'après  Van  Dyck;  l' Adoration 
d.es  [lois,  d'après  Yela/^«juez,  etc.  Il  fit  aussi  plusieurs 
autres  Rthographies  (|ui  furent  puljUées  par  le  jouriuil  et 
uirtistaei  quelquesportraits  de  personnages  contemporains  : 
le  duc  de  Bai/len,  Maroto,Bellini,  et'celui  de  D.  lurui- 
çois  d'Assise  de  Bourbon;  ce  dernier  porîrait  est  regardé 
comme  sa  meilleure  œuvre.  P.  LEFOiir. 

t^)iiïL.  :   OssoRio  Y  Bernard.    Galcrin   >lc  urLlstas  cs'oii- 
nolcs;  Madrid,  1868. 

PALMAROLI  Y  GoNzu.Ez  (Vicente),  peintre  espagnol, 
iils  du  précédent,  né  à  Zarzalejo,  province  de  Madrid,  on 
-V'è'à4,  moYl  k  "^V^drkl  ew  V^\^6.  Il  iv\V  Vélèxc  de  Fedevko   ' 
de  '^kvdY.xxo  eV  §,\\\\vl  Vgï,  eovwà  de  V\ei\dé\\\\e  de  ^-OlW  Veï- 
uando;  envoyé  à  Wouie  comme  peiWvomiaive ,  en  iSaS,  ÏV 
y  séjourna  jusqu'en  1862,  revint  à  Madrid  et  présenta  à 
Texposition  de  cette  même  année  une  grande  composition 
religieuse  représenlaiit  Saint  Jacques,  sainte  EtisabeUt, 
saint  François  et  saint  Pie  Y  intercédant  auprès  de 
saint  ItdepJionse  pour  quit  guide  et  protège  le  prince 
des  Asturies,  Ce  tableau  devint  la  propriété  de  la  ]';^i)ie 


Isabelle.  L'artiste  exposait  en  même  temps  une  pittoresque 
peinture  représentant  une  Paysanne  des  environs  de 
Naples.  Puis,  il  retourna  à  Rome  doù  il  envoya  son  re- 
marquable tableau  :  Un  Sermon  à  la  Sixtine,  (pii  parut 
à  EExposition  uiu'versclie  de  18()7,  à  Paris.  La  Prise  de 
Tétuaii,  peinte  pour  le  duc  de  Fernan-Nuùez,  achevée  en 
1868,  motiva  un  ^oyage  de  l'artiste  au  Maroc.  Palmaroli 
fut  admis  au  nombre  des  membres  de  rAcadcmie  des 
])eaux-arts  de  San  Fernando  en  1872;  il  vécut  tantôt  à 
Rome,  tantôt  à  Paris,  et  ce  n'est  qu'après  la  mort  de  Fe- 
derico de  Maclra/o  (ju'ii  se  fixa  déiinitivement  à  Madrid  oii 
il  lui  succéda  à  la  direction  du  musée  du  Prado.  R  est  l'au- 
teur d'un  très  grand  nombre  de  portraits  de  personnages 
espagnols  contemporains;  sa  d>'^rjiière  œuvre  en  ce  genre 
est  un  Portrait  d'Alplionse  XIII.  P.  LEFoirr. 

Bri3L  :  OssoRLO  y  Bernard.  Crolerui  de  ariistas  cspj- 
fioles;  Madrid,  1868. 

PALryiAS  (La.-,)  ou  ClUDAD  i>e  las  Pal.mas.  \ii\e  de 
l'archipel  des  Canaries,  clief-lieu  et  sur  la  côte  N.-E.  de 
la  Grande  Canarie,  à  4  kij.  S.  de  l'isthme  de  Cuanar- 
teme  qui  rehe  Fisleta  à  la  grande  île;  2J  .330hab.  Siège 
du  haut  tribunal  des  Canaries.  Quelque  industrie,  com- 
merce de  vins  et  de  cochenille,  pèche  active,  construction 
d'embarcations.  Las  Palmas,  qui  a  été  la  capitale  de  Far- 
chipel,  en  est  encore  la  viUe  principale.  EReestsituéeàrissue 
de  la  profonde  barranque  de  Guiniguada,  dominée  par  d'assez 
hauts  escarpements;  c'est  une  jolie  ville,  dont  les  mai- 
sons blanches,  à  toits  plats,  s'étagent  en  amphithéâtre  au 
milieu  des  pahnes.  Elle  est  murée,  bien  bâtie  :  la  partie 
i>asse,  la  Triana,  est  haSiitée  parles  négociauts  ;  la  par- 
tie haute,  la  Vineta,  par  les  fonctionnaires.  On  y  remar- 
([iie  quelques  monuments  datant  de  l'époque  où  eUe  éiait 
la  capitale  de  l'archipel,  la  cathédrale  surtout,  dans  le 
sîyle  de  la  Renaissance  espagnole,  qui  domine  le  haut  quar- 
tier de  ses  deux  tours  de  basalte.  Las  Palmas  est  la  capi- 
tale littéraire  et  scientifique  des  Canaries  et  possèdent  de 
]îombreuses  écoles,  des  collections  archéologiques  et  d'his- 
toire naturelle.  Le  cHmat,  superbe  et  tempéré  (max.  29^\ 
min.  10°, 4,  moyenne  20°, 23),  est  quelquefois  un  peu  fati- 
gant. La  ville  est  cependant  un  bon  sanatoire  et  la  pré- 
sence des  sources  thermales  et  sahnes  de  Teror,  Firgaz, 
et  surtout  de  Santa  Catalina  (27°)  ne  peut  que  contri- 
buer à  y  amener  les  personnes  qui  ont  à  se  refaire  d'un 
séjour  dans  la  zone  torride.  Las  Palmas  ne  possède  qu'un 
débarcadère  ;  le  port,  La  Liiz,  esta  3  kil.  N.  sur  l'isthme 
de  Guanarteme.  Autrefois  exposé  aux  vents  d'f].,  il  est 
maintenant  protégé  par  une  longue  jetée  de  1.430  m.  qui 
permet  aux  ])lus  gros  navires  de  mouiller  sans  danger  et 
de  se  ravitailler  aux  entrepots  de  houille.  C'est  un  port 
franc.  Les  câbles  de  Cadix  à  la  côte  occidentale  d'Afrique 
y  prennent  terre.  J.-G.  Kergomard. 

PAL!V!âS  (Cap)  ou  CAP  des  Palmes  (V.  Palmes  [Cap 
des]). 

PALMAS.  Com.  du  dép.  de  l'Aveyron,  arr.  de  MiUau, 
cant.  de  Laissac;  417  hab. 

PALÎVIBLAD  (\Vilhelm-Fredrik),  historien  suédois,  né 
à  Liliestad  près  de  Sfiderkoping  le  16  déc.  1788,  miori 
à  Upsal  le  2  sept.  1832.  Dès  sa  jeunesse  et  comme  étu- 
diant, d  prit  une  part  très  active,  avec  son  ami  Atterbom, 
au  réved  littéraire  de  la  Suède   :  il  est  un  des  membres 
principaux  de  la  Société  Aurora  et  un  des  fondateurs  du 
Plwsplioros  (1810),  du  Calendrier  poétique  (1811,  etc). 
l^iî  1822,  il  est  nommé  professeur  d'histoire  de  Suède 
puis,  en  iSSo,  professeav  de  grec.  Sa  vie  est  toat  entière 
roïi^'àerée  à  ses  tra\avi^i  d-'l\isloire,  de  géograçkie,  de  lii- 
lévaluve  et  de  pe\évTL\v\v\e  ;  très  noïïd^revix  et  très  divevs, 
iiucmi  i\  est  cependant  sans  n  aleuv ,  et  p\us\e\\i'S  n\aYC[e.cnt 
dans  l'histoire  littéraire  de  la  Suède  :  Poétique  suédoise 
(traité  didactique).  Sur  le  Roman  (dialogue),  la  Famille 
Falliensvcird  (recueil  de  nouvelles  de  diverses  époques  réu- 
nies en  1844,  trad.  en  aR.  1846)  ;  Sur  F  Histoire  an- 
cienne des  Perses,  Sur  rilistoire  ancienne  des  Hin- 
dous, Sur  le  Tibet,  la  Palestine  (1823),  Manuel  de 


(jéograpkie  physique  ei  politique,  ancieime  et  moderne 
(Spart.,  48^27-37);  Récits  d'histoire  a) icie une (iS'di}), 
Manuel  d'histoire  moderne  ('1832;  7^  éd.,  1872),  Ma- 
nuel d'histoire  universelle  {\  S i^;  Antiquités  grecques 
(J8i3-4o),  Aurora  liôniqsniark  et  sa  vcœe  {vQm^^  'His- 
torique en  4  parties,  1846-49;  trad.  en  ali.),  et,  outi'e 
de  nombreux  articles  de  polémique  littéraire  et  politique 
dans  les  revues  (ju'il  dirigeait  ou  fondait  {le  Temps, 
•i8i'7-3i),  d'excellentes  traductions  de  Sophocle,  iVE<~ 
chyle,  d'Homère,  de  Tieck,  etc.  Th.  Cxwr. 

PÂLiVlE.  I.  Botanique.  —  Nom  donné  aux  feudles  de 
]\dmiers,  souvent  digiiées-pahnées  comme  daiis  les  Cha- 
mœrops,  et  par  extension  aux  feuilles  pennées  des  Dat- 
tiers, etc.  (V.  PAL>nER).  —  En  réalité,  une  feuille  est 
palmée  lorsqu  elle  est  palminervée  et  -découpée  en  lolîcs 
plus  ou  moins  profonds,  ce  qui  constitue  les  v.u'iélés  pal- 
matilobécs,  palmatiiides,  palmatipartites,  palmatisé([nées. 
—  f.c  beurre  de  palme  et  l'huile  de  palme  sont  l'oaniis 
par  le  Palmier  Avoira  (V.  ce  mot)  ou  Elœis  guinensis 
L.  (V.'El.eis).  Ur.o  matière  grasse  analogue  s'obtient  avec 
le  périsperme,  c-à-d.  l'amande  du  Cocos  nucifera  t.. 
et  du  C.  butJjracea  L.  —  Enfin,  la  cire  de  palme  pro- 
vient d'un  Ceroxylon  (V.  ce  mot).  _  li-  L.  llx.^ 

iluïLK  DE  pALMi:.  —  Elle  provionl  clu  fruit  de  certains 
palmiers.  Le  fruit  est  amoncelé  en  tas,  que  l'on  abandomie 
à  la  surface  du  sol  pendant  un  mois  enviriui  (cotes  de 
Guinée).  Lorsque  la  fermentation  est  suffisamment  avan- 
cée, on  jette  le  fruit  dans  un  cuvier,  où  on  le  fait  bouillir 
avec  de  l'eau.  Le  fruit  est  retiré  et  on  fait  bouidir  à 
jiouveau  la  partie  corticale.  L'huile  qui  surnage  est  ex- 
traite avec  des  cuillers  Corps  sohde,rouge,à  la  tempéra- 
ture de  noschmats  (fond  h.  30^-35«).  Son  odeur  rappelle 
l'iris  ou  la  violette.  Elle  se  saponifie  facilement  par  les 
alcaUs  et  forme  un  savon  Jaune.  Elle  sert  à  la  fabrication 
des  savons,  des  bougies,  de  l'acide  stéariquc,  par  l'actioii 
de  la  vapeur  d'eau  sous  pressioii. 

IL  Architecture.  —  La  palme  ou  branche  de  Palmier 
(^st  un  des  emblèmes  dont  la  représentation  a  été  le  plus 
fréquenté  sur  les  monuments  de  ranti([ullé  et  aussi  sur 
ceux  de  nos  jours.  La  palme,  qui  était  portée  à  Rome  par 
le  général  victorieux  au  cours  de  la  pompe  triomphale, 
était  aussi  placée  aux  mains  de  la  statue  de  la  Victoire 
et  figurait  sur  les  arcs  de  triomphe, _  comme  plus  tard, 
dans'ies  premiers  monuments  du  christianisme,  on  la  rc- 
Irouve  sur  les  tombes  des  martyrs  qui,  on  le  sait,  après 
leur  mort,  appartiennent  à  l'Eglise  triomphante.  De  nos 
jours,  on  sculpte  des  palmes  sur  les  monuments  commé- 
moratifs  et  sur  les  stèles  funéraires  ainsi  qu'on  peut  le 
voir  au  tombeau  de  Eélix  Duban,  œuvre  de  Louis  IHic,  au 
cimetière  du  Montparnasse.  MM.  Duban  et  Eug.  Guillaume 
ont  également  placé  une  palme  dorée  dans  le  soubasse- 
ment'du  petit  monument  à  la  gloire  de  Ligres,  Flandrin 
et  Simart,  élevé  dans  le  vestibule  des  études  à  l'Ecoh^  des 
Beaux- Arts.  Mais  un  des  plus  remarquables  emplois  do  la 
paline  est  celui  qui  fut  fait  de  cet  ornement  symbolique 
par  Constant-Dufeux  dans  les  portes  latérales  du  Pan- 
théon à  Paris,  portes  fondues  en  bronze  en  1851.  Dans 
les  panneaux  supérieurs  de  ces  portes,  des  palmes  se  dé- 
tachent sur  des  branches  do  chênes  ou  do  laurierset  vien- 
nent, par  leur  hommage  symbolique,  compléter  l'inscrip- 
tion rappelée  en  abrégé  :  A.  G.  H.  L.  P.  H.,  Aux  grands 
Hommes,  la  Patrie  reconnaissante.     Charles  Lucas. 

ÎII.  Art  héraldique.  —  Branche  de  palmier.  Elle  est 
le  symbole  de  la  xictoirc.  Les  palmes  servent  aussi  d'or- 
nement extérieur  aux  armes  des  abbesses. 

ÎV.  Ordres.  —  Palmes  àcadémiquks  (V.  Officier 
d'académie). 

V.  Histoire  religieuse.  —  Dimaxcitk  des  Palmes 
(V.  Rameau). 

VI.  Métrologie.  —  Ancienne  mesure  de  longueur,  qui 
était  égale,  en  principe,  au  travers  de  la  rnain  et  qui  a 
beaucoup  varié.  Un  Grèce  et  à  Rome,  à  l'origine,  elle  va- 
lait quatre  doigts  et  était,  par  conséquent,  le  sixième  do 


899  —  PALMBLAD  -  -  i>ALMER 

la  coudée  ou  le  quart  du  pied.  C'était  le  palmus  minor 
(0^\0739).  Le  palmus  major,  plus  récent  et  encore  usité 
dans  l'empire  romain,  valait  doiue  doigts,  c.-à-d.  la  moi- 
tié de  la  coudée  ou  les  trois  quarts  du  pied  (O''\22o).  De 
ce  dernier  est  dérivé  le  palmo  italien,  (uii  valait  0'^\223 
à  Rome,  0"\263  à  ?Naples,  (;"\238  à  Païenne,  0^^\248 
en  Sardaigne,  0'^\2G1  à  Nice,  et  qui  sert  encore  pour  le 
commerce  des  marbres  :  il  est  alors  de  0''^\23,  en  sorte 
qu'il  faut  64  palmes  cubes  pour  un  volume  d'un  mètre. 
En  Erancc,  on  a  employé,  jusqu'en  ces  derniers  temps, 
dans  les  ports  de  mer  et  la  marine,  la  palme  de  0-",29. 
PALIV1E  (La).  Corn,  du  dép.  de  l'Aude,  arr.  de  Xar- 
bonne,  cant.  de  Sigean ;  i.404  hab. 

PÂLIVlEIRlIVi  (Luis-Augusto), poète,  auteur  dramaticpie 
et  littérateur  portugais,  né  à  Lisboime  le  9  août  1823, 
mort  à  Lisbonne  en  1893.  Eils  d'un  général.  Oliicier  du 
génie,  puis  fonctionnaire  au  ministère  des  travaux  pu- 
blics, il  devint  directeur  du  Conservatoire  des  beau?:- 
arts  en  1877.  Il  fut  membre  de  l'Académie  royale  des 
sciences  de  Lisbonne.  11  a  joui  pendant  longtemps  d'une 
grande  popularité  comme  poète  patriote  et  chantre  po- 
pulaire, et  ses  P^)6^s•m  (Lis])onne,  4831),  qui  ont  eu  plu- 
sieurs éditions,  lui  ont  valu  le  surnom  de  «  Bérangcr 
portugais  ».  On  lui  doit  encore  un  roman  de  mœurs 
très  réussi  :  A  familia  do  Sr.  Capitao  mor  (183^)  ; 
plusieurs  comédies  en  vers,  qui  n'ont  pas  eu  un  grand 
retentissement  ;  la  biographie  du  poète  Jodo  Andra 
de  Corvo  (1860)  ;  la  Galeria  de  figuras  portuguexas 
(1878),  etc.  G.  P-i. 

PALlViER  (Terre  de).  Découverte  en  1821  par  Palmer, 
elle  fait  partie  des  terres  australes.  Elle  est  située  entre 
63^34'  nr'  et  63°  10'  de  lat.  S.  et  62«  W  et  6Q'  de 
long.  0.  de  Paris,  c.-à-d.  au  S.  de  rAmériquc  méridio- 
nale. J'dle  est  voisine  de  la  terre  de  Graham  dont  elle  est 
séparée  par  le  détroit  ou  le  golfe  de  Bismarck. 

PALMER.  Ville  des  Etats-Unis,  Massachusetts  ; 
6.320  hab.  (en  1890).  Taids,  na(tes,  voitures. 

PALMER  (Roger),  comte  de  Casilemaixe,  diplomate  et 
écrivain  anglais,  né  à  Doro-cy  Court  (Buckinghamshire)  1" 
3  sept.  1634,  mort  à  Oswestry  le  LM  juil.'  1703.  11  ill 
des  études  de  droit  qu'il  ne  poussa  pas  à  fond,  s'occupant 
passionnément  de  politique  et  participant  à  tous  les  com- 
plots en  faveur  de  la  Restauration.  En  1639,  il  épousait 
Barbara  Viiliers,  duchesse  de  Cleveland,  (pii  devenait 
bientôt  la  maîtresse  du  roi.  Palmer  fut  élevé  à  la  pairie 
avec  le  titre  de  comte  de  Castlemaine  (1661),  mais  il  se 
sépara  violemment  de  sa  femme  en  166:2  et  se  mit  à 
voyager.  Il  entra  dans  la  diplomatie,  Ot  pailic  d'une  mis- 
sion cà  Constantinople.  Revenu  en  Angleterre  en  1677,  i! 
fut  dénoncé  comme  jésuite  parle  trop  fameux  Titus  Oates 
(Y.  ce  nom),  ce  qui  lui  valut  un  emprisonnement  à  la  Tour 
à  deux  reprises.  Acquitté  en  1680,  il  jouit  delà  coufianco 
de  Jacc|ucs  H,  qui  lui  donna  l'ambassade  de  Home  en  1686. 
Cette  mission  avait  une  importance  capitale,  puisqu'elle 
marquait  l'établissement  de  relations  diplomatiques  avec 
la  papauté,  mais  Castlemaine  se  montra  si  tranchant  qu'elle 
échoua.  Le  gouvernement  ht  des  excuses  au  pape,  rappela 
son  ambassadeur  et,  comme  compensation,  lui  donnal'entrée 
au  conseil  privé  avec  de  i'orls  émoluments.  Après  la  fuite 
du  roi,  Castlemaine  fut  arrêté  et  enfermé  à  la  Tour  (1689). 
Traduit  devant  la  Chambre  des  conniiones,  il  eut  à  s'ex- 
plitpier  sur  son  ambassade  de  Rome.  11  fut  réemprisonné 
encore  sons  le  chef  de  complicité  dans  le  complot  jaco- 
bite.  Relâché,  il  passa  en  Eraiice,  puis  en  Elandres  oui! 
iiitrigua  avec  les  ennemis  de  Guillaume.  Aussi  fut-il  ac- 
cusé de  haute  trahison  et  encore  enfermé  à  la  Tour  en 
1696.  Au  bout  de  six  mois,  il  fut  remis  en  liberté  et  )ie 
s'occupa  plus  de  rien.  Catholiijue  prati(|uant,  ce  qui  ex- 
plique suffisamment  les  persécutions  dont  il  fut  victime, 
Castlemaine  était  un  esprit  cultivé,  particulièrement  versé 
dans  la  linguistique  et  les  sciences  exactes.  Il  a  laissé  un 
certain  nombre  d'ouvrages,  entre  autres:  A  short  and 
trueaecountof  Ihe  materials  Passages  inthelate  war 


PALMER  -—  PALMERSTON 


900 


heiween  ihe  Englisfi  anclDutch  (Londres,  4671,  io-8)  ; 
The  Compendium  or  a  short  view  of  ihe  laie  trials 
in  relation  io  ihe  présent  Plot  against  his  Majestij 
and  government  (l.onàves,  iiud,  iii-4};  An  accoilnl  of 
ihe  Présent  war  hetween  the  Venetians  and  Turks 
(1G66,  iii-8)  ;  The  Catholique  Apology  (Anvers,  1674, 
in-8)  ;  The  earl  of  Castleniaines  Manifesta  (1681, 
in-8),  etc.  R.  S. 

Biiu,.  :  M.  Wright.  AccouilI  of  thc  ('inJ)nfiSii  of  R.  etirl 
of  Custlouciine  io  Innocent  XI  frora  Klny  Jiimes  II 
Loiidvea,  luï^^B,  iu-roi.,  avec  portrait. 

PÂLMER  (John),piibliciste  et  philosophe  anglais,  né  à 
Soutliwark,  vers  1729,  mort  à  Islington  le  "li^  juin  4790. 
Entré  jeune  dans  les  ordres,  il  fut  notamment  assistant  de 
.lohn  Alleii,  ministre  presbytérien  de  Londres.  En  1780, 
la  largeur  de  ses  idées  coïncidant  mal  avec  ses  obligations 
religieuses,  il  abandonna  le  ministère.  11  a  publié  des  ou- 
vrages d'une  grande  indépendance  de  vues  entre  autres  : 
Free  Thoiights  on  the  inconsislencg  of  conforniing  to 
any  religions  iesl  as  a  condition  of  loleraïion  (1779, 
in~8);  Observations  in  defence  of  Ihe  liberly  of  Man 
as  a  nun'al  agent  (1779,  in-8);  A)h  Appendix  to  tlie 
Observations,  etc.  (1780,  in-8);  A  Suntmarg  View  of 
Ihe  Grounds  of  ChrisiianBaptism  (1788,  in-8).  Il  a  pu- 
blié les  Conmienlaires  de  John  Alexander.  R.  S. 

PALIVIER  (Christian),  théologien  allemand,  né  à  Win- 
nendcn,  près  de  Stuttgart,  le  27  janv.  1811,  mort  à  Tu- 
bingue  le  29  mai  1875.  Il  fit  ses  études  et  prit  ses  grades 
à  la  faculté  de  tliéologie  de  Tubingue.  11  entra  dans  les 
ordres  et  monta,  par  tous  les  degrés  de  la  hiérarchie  ec- 
clésiastique, jusqu'au  titre  de  doyen  de  l'église  principale 
de  ïubingue.  Il  occupa  aussi  la  chaire  de  prédication  à 
r  Université  de  cette  ville.  Les  leçons  sur  réloquenco  sa- 
crée, la  morale  et  l'instruction  religieuse  furent  publiées  et 
formèrent  des  manuels  (rès  répandus  dans  les  séminaires 
de  théologie.  Les  principaux  sont  :  Evangcl.  Homiletik 
(Stuttga)'t.  18o9;  5«  éd.  1807);  Evangel.  Kalechetik 
(ibid.,  1852;  3«  éd.,  1861);  Evangel.  Pastoraltheo- 
logie  (ibid.,  1860;  2"'  éd.,  1865);  Evangel.  Hynino- 
logie  (ibid.,i86D)  ;  Die  Moral  des  Christenthums {ibid. , 
1864).  Pahner  avait  en  outre  contribué  à  fonder  les 
Jahrbilcher  filr  deulsche  Théologie  (Stuttgart,  1856  et 
suiv.)  et  collabora  kïEncyklopœdie  fur  das  gesammte 
Eri-iehungs-u.  Unlerriciilsiveseu{ibid.,  1859).  On  kii 
doitenfm  un  certain  nombre  de  travaux  estimés  sur  la  uni- 
que d'Eglise  et  l'art  religieux.  Th.  Ruyssen. 

PALIVIER  (Roundeh),  comte  de  Selborne  (V.  ce  nom). 

PALMERSTON.  Ville  d'Australie,  ch.-l.  du  Territoire 
du  Nord,  sur  la  baie  de  Port-Darv,in ;  tète  de  ligne  du 
chemin  de  fer  (fui  mène  à  Pine-creek. 

PALIVIERSTON  (Henry-John  Tkmple,  3«  vicomte  de), 
humnîo  d'Etat  anglais,  néà  Weslminster  le  20  oct.1784. 
iuortàRrockett  Halllel8oct.  1865.  11  descend  d'une  vieille 
ramilîe  anglaise;  son  aiilère-grand-père.  créô  pair  oji 
J727,  était  le  neveu  de  ^^^  Temple,  miiiistje  de  Chai'les  ![. 
I!  commence  son  éducation  à  Harrow.  pa>se  trois  ans  à 
l'Université  d'ijlimbourg  où  il  suh  les  cours  de  Dugald 
Steward,  puis  en  1805  entre  su  Saint- John's  Collège,  à 
Cambridge.  A  peine  majein*,  e!  (mi  même  temps  (fu'il  ob- 
tient le  degré  de  maître  es  ail^,  il  dispute  vainement  à 
bsrd  Althorp  et  à  lord  H.  Petty  l'honiieur  de  l'cprésenter 
rUniversité  au  Parlement.  Xommélordde  l'amh'auté  dans 
le  ]iiinistèi'e  du  duc  de  Portiand.  i!  échoue  une  seconde 
lois  à  Cambridge,  mais  obtient  le  siège  ik' Xewt on  (AVight), 
eî  pronoiice  son  maiden  speech  (1808),  conti'e  la  pro- 
(hirtion  des  pièces  relatives  aux  affaires  «!e  Dauemark  et 
au  bomîiardement  deCopeidiague  demandée  par  Pojisojiby. 
Il  devait  déï^oi'jnais  faire  partie  de  tous  les  ministères  qui 
bc  succédèrent  jusqu'à  sa  mort,  à  Texcepîion  des  deux 
ministères  R.  Peel  et  Derby.  Le  28  oct.  1809.  il  accepte 
tes  fonctions  de  ministre  de  la  guerre  que  lui  oifre  Per- 
ceval,  et  les  conserve  dans  divers  miiii^^ères  justpi'en 
1828:  (bii'anî  <-es  seize  aimées.  Pidmeiston  s'iMifermcibnis 


ses  bmctions.  et  se  livre  obscurément  à  une  sévère  réor- 
ganisation des  ihiances  militaires  et  de  l'armée.  Mondahi, 
fréquentant  l'élégante  société  v.liig,  il  s'écarte  lentement 
du  parti  tory  au(juel  déplaisent  ses  opiniojis  favorables  à 
rémancipation  des  cathoh([ues  anglais,  et  aux  tentatives 
libérales  du  conlijKMit.  et  se  fait  élire  représentant  de 
l'Université  de  Cambridge  dans  des  conditions  telles  qu'il 
y  voit  le  premier  pas  décidé  vers  une  rupture  avec  les 
tories.  Il  abandonne  lui-même  le  ministère  AVeUington 
pour  une  divergence  de  vues  sur  le  disenfranchisement 
de  East  Retford,  et  api',  s  un  voyage  sur  le  continent,  re- 
çoit de  loi'd  Grey  le  ministère  des  affaires  étrangères  qu'il 
conserve  jusqu'à  l'arrivée  au  pouvoir  de  R.  Peel  (1834). 
11  ahait  devenir  avec  lord  RusseU  un  des  leaders  du  parti 
hbéral.  Il  débute  par  les  négociations  relatives  à  la  ques- 
tion belge,  refuse  le  Luxembourg  à  Talleyrand,  ne  vou- 
lant point  que  la  France  obtint  «  un  seul  champ  de  choux  », 
manifeste  ses  grandes  qualités  d'homme  d'Etat,  animé  d'un 
patriotisme  intransigeaot,  d'un(^  animoshé  violente  contre 
tout  ce  qui  est  étranger  à  l'Angleterre,  surtout  contre  la 
France  dmiili  se  défie  et  méprise  les  représentants.  Lord 
Melbourne  lui  rend  en  1855  les  affaires  étrangère^:  ITùi- 
rope  l'ignore  encore,  mais  Talleyrand  l'appelle  dans  sa 
correspoiidaiice  privée  «  le  seul  homme  d'Etat  de  l'Ar- 
gleterre  ».  P  consacre  alors  toute  son  attention  à  la  qu.Ch- 
tion  d'Orient,  et  se  prononce  contre  notre  protégé  Méhé- 
met-Ali;  redoutant  une  alliance  de  la  France  et  de  la 
Russie,  il  négocie  simultanément  avec  les  deux  puissances, 
hésitant  d'aliord  à  lier  partie  avec  l'une  d'elles,  il  propose 
la  réunion  d'un  congrès  descin({  grandes  puissances  pour 
régler  la  question  égyptienne. 

Entin.  certain  de  ne  pouvoir  entraîner  la  monarchie  de 
Juillet  dans  une  guerre  contre  la  Russie,  il  prend  son 
part!  ;  nos  ambassadeurs  à  Londres,  Sébastian!,  Guizot, 
ce  dernier  abusé  par  les  flatteries  de  l'aristocratie  britan- 
nique, ne  démêlent  point  l'entente  que  Palmerston  noue 
avec  le  représentant  de  la  Russie,  et  ceux  de  l'Autriche 
et  de  la  Prusse.  Le  15  juil.  1840,  Palmerston  signe  à 
notre  insu  une  convention  définitive  ;  Thiers  tombe  du  pou- 
voir ;  la  France  se  résigne  et  abandonne  Méhémet-Ali. 
Palmerston,  après  avoir  dénoncé  à  l'Europe  les  tendances 
ambitieuses  du  gouvernement  français,  triomphe  de  notre 
humihation.  Au  lendemain  même  de  sa  victoire,  la  for- 
mation du  ministère  Peel  lui  enlève  le  pouvoir.  Rejeté 
dans  l'opposition,  il  harcèle  le  ministère  tory  dont  il'in- 
crijuine  la  faiblesse  vis-à-vis  des  Etots-Unis"^  au  sujet  du 
traité  d'Ashburtou,  et  vis-à-vis  de  la  France  au  sujet  de 
l'affaire  Pritcbard,  emploie  ses  loisirs  à  un  voyage  sur  le 
cojitinenl  (ISio),  se  rallie  en  18^5  au  principe  de  l'abo- 
lition des  Corn  Laws.  Au  moment  d'entrer  daris  le  minis- 
tère Russell,  et  bien  qu'il  ne  croie  pas  à  l'entente  cor- 
diale, il  vient  à  Paris  où  il  croit  nécessaire  de  faire  oubher 
so]i  insolence  agressive;  il  reprend  enfm  la  direction  des 
affaires  étrangères  (1846),  dirige  les  négociations  des 
mariages  espagnols,  apprend  avec  plaisir  la  chute  de  Louis- 
Philippe,  les  déclarations  pacifiques  de  Lamartine,  con- 
seille à  l'Autriche,  en  pleine  révolution,  d'abandonner  scb 
possessions  italiennes,  et  écrit  :  «  L'empereur  tient  ITtalie, 
mais  ne  la  gardera  (jue  jusqu'au  jour  oii  la  France  ces- 
t^ei'a  de  le  permettre...  Il  tient  la  Hongrie  et  la  Calicie, 
mais  ne  les  gardera  qu'aussi  longtemps  que  la  Russie  le 
permettra  ».  (Lettre  àPon^oiiby.)  La  répressioii  delà  j-é- 
v(»bUion  parles  armées  russes  et  autrichiennes  provoque 
ses  protestations;  il  entraîne  la  F'rance  dans  une  démons- 
traiio)]  eji  faveur  de  la  Tui  quie  à  laquelle  le  tsar  et  l'em- 
pereur prétendaient  arracher  les  réfugiés  hongrois.  L'éner- 
gie avec  laquelle  il  soutient  les  réclamations  de  donPacifico, 
sujet  anglais,  auprès  du  gouvernement  grec,  le  déploiemeiit 
de  forces  qu'il  n  hésite  pas  à  faire  contre  ce  petit  pays  en 
1850,  sans  souci  de  l'opinion  européenne,  lui  attirent  un 
vote  de  blâme  de  la  Chambre  des  lords  (17  juin);  un  dé- 
bat de  quatre  jours  s'engage  aussitôt  à  la  Chambre  des 
communes  ;  Palmerston  pnrie  pendant  quatre  heures  con- 


—  90J 


PALMERSTON  —  PALMIER 


sécutives  et  remporte  le  plus  grand  triomphe  oraioire  île 
sa  carrière  (25  juin)  :  il  justifie  sa  conduite  dans  l'affaire 
Pacifico,  aifirme  hautement  le  droit  du  gouvernement  an- 
glais à  substituer  son  action  à  celle  des  tribunaux  étran- 
gers jugés  insuffisants,  puis  élargit  le  débat,  passe  en 
revue  la  situation  troublée  des  diverses  nations  continen- 
tales, se  défend  avec  une  habile  ironie  d'avoir  précipité 
la  chute  de  Louis-Philippe  en  France,  rappelle  sa  der- 
nière victoire  en  Orient,  et  termine  en  opposant  au  spec- 
tacle des  révolutions  continentales  celui  d'une  Angleterre 
sage,  objet  de  l'admiration  universelle,  et  en  affirmant  le 
droit  du  citoyen  anglais  à  prononcer  à  la  face  du  monde 
le  ciuis  romanus  sinn.  Après  ce  discours,  Peel,  son  adver- 
saire, s'écria  :  «  11  nous  rend  fier  de  lui  ».  De  ce  jour, 
Palmerston  n'est  plus  Thomme  d'un  ministère  ou  d'un 
parti,  mais  le  ministre  de  l'Angleterre,  le  grand  Pam. 
Persuadé  que  la  république  ne  pourrait  durer  en  France, 
Palmerston,  flatté  par  le  prince  Napoléon  se  montre  fa- 
vorable à  ses  ambitions,  approuve  i'«  acte  hardi  et  décisif  » 
du  2  déc,  réprimande  son  ambassadeur  lord  Normanby 
qui  n'a  pas  témoigné  assez  d'empressement  au  héros  de 
la  journée,  raille  les  scrupules  de  lord  Normanby,  lui 
écrit  que  le  respect  dû  à  la  loi  et  à  la  constitution  anglaise 
consacrées  par  les  siècles  ne  peut  s'appliquer  à  l'oeuvre 
«  que  les  tètes  éventées  de  Marrast  et  de  Tocipieville  ont 
inventée  pour  le  tourment  et  la  perplexité  de  la  nation 
française  :  je  puis  dire  qu'on  fait  plus  d'honneur  à  cette 
constitution  en  la  violant  qu'en  l'observant.  Il  était  temps 
de  se  débarrasser  de  cette  Me  puérile  ».  En  même  temps 
qu'il  enjoignait  officiellement  à  lord  Normanby  de  ne 
])oint  intervenir  dans  les  affaires  intérieures  de  la  France, 
Palmerston  informait  directement  le  ministère  français 
qu'il  approuvait  pleinement  la  politique  du  prince  prési- 
dent; placé  dans  une  situation  fausse,  l'ambassadeur  ré- 
cLima  :  la  reine  et  lord  Russell  demandèrent  des  explica- 
lions  à  Palmerston;  celui-ci  riposta  par  une  apologie  (ki 
coup  d'Etat,  exprimant  seulement  des  regrets  au  sujet  de 
«  l'inutile  destruction  de  vies  que  les  soldats  paraissent 
avoir  infligée  au  peuple  de  Paris  ».  Son  incorrection 
lui  coûta  néanmoins  le  ministère  :  il  dut  quitter  ses 
fondions. 

En  4852,  il  accepte  le  ministère  de  l'intérieur  dans  le 
cabinet  de  lord  Aberdeen,  mais  ne  cesse  de  s'occuper  des 
affaires  extérieures ,  conseille  l'alliance  française  et  la 
guerre  contre  la  Russie,  donne  sa  démission  le  45  déc.  et 
ne  la  retire  que  lorsque  ses  collègues  acceptent  les  hosti- 
Htés.  Au  cours  delà  guerre  de  Crimée,  un  irrésistible  mou- 
vement d'opinion  le  porte  à  la  direction  du  ministère  (févr. 
4855).  Il  essaie  de  prolonger  la  guerre  après  la  prise  de 
Sébastopol,  malgré  la  lassitude  de  Napoléon  lïl,  et,  après 
la  paix  de  Paris,  parait  se  relâcher  de  son  amitié  pour  l'em- 
pereur, «le  sphinx  de  la  Seine»,  dont  il  redoute  les  rêves 
ambitieux.  Il  préside  encore  aux  négociations  de  la  guerre 
contre  la  Perse  et  de  l'expédition  de  Chine,  dissout  les 
communes  qui  avaient  blâmé  sa  politique  en  extrême  Orient 
(4857),  retrouve  une  majorité  dans  la  nouvelle  Chambre; 
mais  un  projet  de  loi  contre  les  conspirateurs,  qu'il  dé- 
pose après  l'attentat  d'Orsini,  est  repoussé,  et  il  se  retire 
(4858).  En  juin  4859,  Palmerston  succède  à  lord  Der])y, 
seconde  la  politique  itahenne  de  Napoléon  III  dont  il  se 
fait  le  répondant  devant  ses  collègues,  en  est  récompensé 
par  la  conclusion  de  nouveaux  traités  de  commerce,  mais 
après  l'annexion  de  la  Savoie,  il  écrit  à  lord  Cowley: 
«  Dites  à  l'empereur  qu'entre  lui  et  moi,  c'est  fini  ». 
Palmerston  déploie  encore  une  grande  énergie  dans  les 
affaires  d'Amérique,  mais  la  défiance  qu'il  manifeste  cà 
l'égard  delà  France  isole  désormais  l'Angleterre  et  la  rend 
impuissante  dans  la  guerre  des  duchés  ;  il  s'en  console  en 
voyant  grandir  l'antagonisme  entre  la  France  et  la  Prusse. 
Il  termine  sa  carrière  presque  à  égale  distance  des  con- 
servateurs et  des  libéraux,  hostile  à  la  réforme  électorale, 
préoccupé  d'armements  maritimes,  entouré  néanmoins 
d'éloges,    assez  tôt  pour  ne  point  voir  les  démentis  que 


les  événemenls  allaient  bientôt  appoi'ter  à  ses  plus  chères 
prévisions.  L.  Maurv. 

BiBL.  :  H.  Ia'TTON  Buiavf.r  (lord  Dallino),  The  Life  o/" 
riscount  Palmerslon  ;  L^ondres.  :>  vnl.  --  ]<a-elyx  As^iiley. 
Lifo  of  vlscount  Polmersioii  ;  r.oiiclrcs,  18i(J-65,  2  vol.-~ 
A.  Laugel,  Lonl  Pîilmersion  et  lord  Russell  ;  I^u'is,  1877. 
iîi-lG.  —  Lloyd  C.  Sam3eii^,  îJfe  of  ciscount  Piilnierstoit 
(Statesiiieii  .séries j  ;  Loiicli'es.  1888. 

PÂLIVIES  (Cap  des).  Promontoire  de  la  côte  occidentale 
d'Afrique,  qui  marque  le  commencement  de  la  côte  de  la 
Guinée  septentrionale.  Le  cap  des  Palmes  est  situé  dans 
la  République  de  Libéria,  dans  le  comté  de  Maryland  et 
sépare  la  côte  des  Graines  de  la  côte  d'Ivoire. 

PAL1V1ETTE.I.  Arboriculturk.  — On  donne  ce  nom  à  des 
formes  d'espalier  des  arbres  fruitiers,  pêchers  et  poiriers  sui*- 
tout,  obtenues  parla  taille.  La  palmette  simple  comprend  un 
axe  principal  vertical,  portant  de  chaque  côté,  et  deux  à 
deux,  des  branches  do  charpente  horizontah^s  ou  obliques, 
d'autant  plus  longues  qu'elles  sont  placées  plus  bas  sui" 
Taxe.  Leurs  extrémités  peuvent  être  relevées  verticalement. 
On  forme  chaque  année  un  étage  de  ces  branches  latérales 
en  même  temps  qu'on  élève  la  tige  maîtresse.  On  modiiit' 
aisément  la  palmette  simple  en  bifurquant,  dès  le  principe, 
l'axe  en  deux  branches  maîtresses  relevées  verticalement 
en  U  et  sur  chacune  desquelles  s'effectue  la  taille  annuelle 
pour  obtenir  les  étages  latéraux.  Les  patinettes  à  branches 
secondaires  horizontales  se  dégarnissent  plus  tôt  à  la  base 
que  les  palmettes  obhques.  C'est  un  inconvénient  grave, 
mais,  en  revanche,  leur  charpente  utilise  sans  lacune  l'es- 
pace qu'on  leur  consacre.  G.  Boyer. 

IL  ARCuiiEcirRE.  —  Ornement  rappelant  par  sa  forme 
et  sa  disposition  la  feuille  du  palmier,  mais  composé 
d'un  certain  nombre  de  ces  feuilles  groupées  et  réunies 
dans  un  culot.  L'antiquité  et  l'époque  contemporaine  ont 
fait  grand  usage  des  palmettes  que  l'on  voit  aussi  bien 
décorer  les  angles  au-dessous  du  larmier  de  la  corniche 
dorique  que  le  gorgerin  du  chapiteau  ionique,  la  partie 
supérieure  d'un  fronton  ou  d'une  stèle  funéraire  et  Tabou  t 
d\ine  rangée  de  tuiles  dans  un  chéneau  en  terre  cuite.  La 
palmette  fut  également  très  employée  comme  ornement  cou- 
rant dans  la  décoration  des  vases  peints  et  M.  Coquart  a 
représenté  des  palmettes  a  la  partie  supérieure  des  pein- 
tures de  la  cour  vitrée  précédant  l'hémicycle  et  servant  de 
musée  de  modèles  de  dessins  à  l'Ecole  des  beaux-arts. 

PALMEZZANO  (Marco),  peintre  italien  du  xv'^-xvi^  siè- 
cle, né  à  Forli  (Romagne)  vers  4456,  mort  en  4537  (?). 
Cet  artiste  appartint  à  l'école  de  Melozzo  da  Forli  et  su- 
bit l'influence  de  Jean  BeUini  au  point  de  vue  du  coloris 
et  de  la  manière.  Sans  être  de  premier  ordre,  ses  compo- 
sitions, fort  nombreuses,  renferment  quelques  pages  inté- 
ressantes par  la  fraîcheur  des  tons,  l'exécution  à  la  fois 
élégante  et  consciencieuse  des  détails;  par  maintes  traces 
d'archaïsme  elles  rappellent  l'art  des  Primitifs.  Au  milieu 
d'une  quantité  d'œuvres  de  Palmezzano,  il  faut  citer  un 
Christ  mort,  au  musée  du  Louvre;  au  musée  de  Berlin, 
une  Nativité,  la  Vievfje  trônant,  le  Portement  de 
croix,  etc.;  au  musée  de  Forh,  àciix An noncial ions.  Le 
retable  de  la  Pinacothèque  de  Faenza  est  l'une  des  œuvres 
les  plus  personnelles  de  l'artiste  à  qui  Ton  ne  saurait  dé- 
nier beaucoup  de  conviction  et  quelque  maitiise. 

BiRL,  :  BuRCivifARDT,  le  cicérone.  —  AiùxTz,  Histoire  de 
l'art  pendant  la  Ih'mùssnnce,  -~  Boni-,  Catalogue  du  mu- 
sée de  Berlin. 

PALM!  ou  PÂLfVlE.  Ville  d'Italie,  ch.-l.  d'arr.  dans  la 
prov.  de  Reggio  di  Calabria,  sur  le  golfe  de  Gioja,  mer 
Tyrrhénienne,  à  50  kil.  N.-E  de  Reggio  ;  9.705  haï),  aggl. 
on  1884.  Stat.  du  chem.  de  fer  Battipaglia-Reggio  ;  Pro- 
duction et  commerce  d'huile.  Cette  petite  ville  régulière- 
ment bâtie,  remonte  au  xv<^  siècle.  En  4783  et  4894,  elle 
fut  ravagée  par  des  tremblements  de  terre.  Le  roi  Fer- 
dinand d'Aragon  s'y  réfugia  après  sa  défaite  à  Seminara. 

PALIVllERrî.  Botanique  et  Horticulture.  — -  Les 
Palmiers  (Pahnœlj.)  sontdes  végétauxhgneux,  appartenant 
à  la  classe  des  Monocotylédones  ;  leur  port  majestueux  et 


PALMIER 


—  902 


leur  superbe  feuillage  leur  a  fait  décerner,  par  Liuiié  le 
titre  de  «  princes  du  règne  végétai  ». 

La  tige  des  Palmiers  se  di^esso,  en  général,  sous  forme 
d'une  colonne  simple  appelée  stipe,  qui  peut  atteindre 
80  m.  de  hauteur;  elle  est  fixée  au  sol  par  un  faisceau 
(le  racines  auvcntives,  et  couronnée  par  un  boucjuet  de 
grandes  feuilles  persistant  plusieurs  années.  Chez  quelques 
espèces  Ja  tige  ne  s'allonge  cpje  faiblemeni  et  peut  cons- 
riluer  un  gros  tu])erculc  sur  lequel  sont  insérées  (es  feuilles 
{PhiViàx  acaiilh  Mqj.,  Aslrocarijiun  acaule  L.).D'ail- 
!our^.,  chez  les  P;iimiers  ar])orescenls,la  tige  demeure  très 

courte;  dans  les 
premières  années 
du  développe- 
ment elle  se  ren- 
fle de  façon  à 
atteindre  un  dia- 
mètre considéra- 
ble, qui  est  sensi- 
blement égal  à 
celui  qu'aura  plus 
t  ard  le  tronc. 
Quelques  Pal- 
miers ont  une  tige 
llexiblc  cpji  s'en- 
roule à  la  ma- 
nière dos  lianes, 
tels  sont,  par 
exemple,  les  (ji- 
/«/m^sL.  dont  les 
tiges,  très  grêles, 
enlacent  en  tous 
sens  les  arbres 
des  forêts  tropi- 
cales et  peuvent 
il  c  q  u  é  r  i  r  p  1  u  - 
sieurs  centaines 
de  mètres  de  lon- 
gueur. Las  S abaî 
Ad.  et  les  Jla- 
pJusF.  deB.  ont 
une  souche  ram- 
pante qui  forme 
sous  terre  uq  rhi- 
zome rameux, 
dont  le  sommet 
couronné  par  les 
feuilles  se  trouve 
au  ras  du  sol.  La 
tige  dos  Palmiers 
ne  forme  jamais 
do  tissus  secon- 
daires, aussi 
garde-t-elle  un 
cliamètrc  sensi- 
blement cons- 
tant; le  système 
libéro-ligneux  se 
réduit  à  des  fais- 
ceaux épars,  dont 
chacun, après 
avoir  suivi  un  tra- 
jet rectiligne  vers 
la  périphérie  du  cylindre  central,  se  rapproche  de  l'axe  en 
décrivant  une  courbe,  puis  se  porte  dans  la  feuille  où  il 
va  se  terminer. 

Comme  la  tige  ne  se  ramifie  que  très  rarement,  si  l'on 
supprime  le  bourgeon  terminal,  l'arbre  no  peut  plus 
croître.  La  racine  primaire  se  détruit  de  très  bonne  heure, 
elle  est  remplacée  par  de  nombreuses  racines  adventives 
(jui  naissent  à  la  base  du  tronc  et  forment  une  masse  conique, 
d'un  volume  parfois  considérable;  ce  faisceau  de  racines 
s'élève,  dans  certains  cas.  au-dessus  du  sol  et  entranieJa 


Palmior  {CaJnmiis  rotang  J..] 


ba^e  du  tronc  hors  de  terre.  Les  feuilles,  souvent  énor- 
mes, peuvent  avoir  jusqu'à  40  et  42  m.  de  longueur; 
elles  sont  insérées  en  spirale  sur  le  tronc  et  plus  ou  moins 
engainantes.  Le  pétiole,  convexe  en  dessous,  est  en  général 
très  développé.  Le  limbe  est  entier  dans  le  jeune  âge  et  se 
divise  plus  tard  par  déchirure  en  segments  palmés  ou 
pennés,  de  sorte  que  les  feuilles  semblent  être  composées; 
c'est  ainsi  que  le  Palmier  éventail  ou  Palmier  nain  [Cha- 
niœi'opshiimilis  L.)  a  ses  feuilles  découpées  suivant  le 
mode  palmé  etlcDattier  (Ph'jiiix  daclyUfera  Fr.)  suivant 
le  mode  penné.  Les  segments  ou  folioles  qui  proviennent 
de  la  déchirure  du  limbe  peuvent  être  complètement  dis- 
tincts ou  rester  unis  inférieurement  ;  selon  les  espèces 
de  Palmiers,  ils  sont  ou  dressés  ou  i'abattus,  parfois  ces 
segments  se  subdivisent  à  leur  tour  en  minces  lanières,  ce 
qui  fait  c|ue  les  feuilles  paraissent  être  doublement  com- 
posées. 

La  gaine  des  feuilles  persiste  sur  le  tronc  et  se  décom- 
pose en  un  réseau  fibrilleux  imitant  une  grossière  filasse. 
Les  iieurs,  très  petites,  sont  hermaphrodites  ou  unisexuées 
par  avortement,  monoïques  ou  dioiques;  le  Chamœrops 
huniilis  est  polygame,  c.-à-d.  qu'on  y  trouve  à  la  fois 
des  fleurs  hermaphrodites  et  des  fleurs  unisexuées.  Elles 
sont  groupées  en  grappes  axiîlaires  appelées  régimes,  en- 
tourées prescpe  toujours  d'une  grande  bractée,  simple  on 
composée,  désignée  sous  le  nom  de  spathe.  Assez  souvent 
à  l'intérieur  de  la  spathe  générale  se  trouvent  des  spathes 
secondaires  disposées  comme  les  glumelles  des  Graminées. 
Un  régime  de  Palmier  peut  être  composé  de  200.000  fleurs, 
aussi  atteint-il  parfois  des  dimensions  extraordinaires.  Les 
fleurs  sont  brièvement  pédicellées  ou  sessiles,  quelquefois 
enfoncées  dans  l'axe  du  ré- 
gime ;  leur  périanthe,  de 
coloration  verdàtre,  com- 
prend six  pièces,  disposées 
surdeuxverticilles  alternes, 
ce  qui  permet  de  distinguer 
un  calice  et  une  corolle.  Le 
cahce  est  formé  de  trois 
sépales,  généralement  li- 
bres, la  corolle  est  fré- 
quemment gamopétale.  Les 
sépales  peuvent  être  plus 
longs  que  les  pétales  ou  bien, 
au  contraire,  être  dépassés 
par  eux.  Quelques  Palmiers 
ont  des  fleurs  pourvues  d'un 
péri  a  n  t  h  e  r  iidimentaire . 
L'androcéesecomposedeOétamines  groupées  en  2  verticilles 
alternes  avec  ceux  da  périanthe.  Les  étamines  se  réduisent 
à  3  chez  certains  Dattiers  ;  chez  d'autres,  au  contraire,  elles 
s  e  dédoublent 
do  manière  a  en 
donner  9  [Are- 
ca  m onosta- 
chya  L.),  42 
[Thrinax)  ou 
un  plus  grand 
nombre  tou- 
jours multiple 
de  3.  C'est  ainsi 
que  l'androcée 

àesLodoicea  1-  l^iai^ramme  de  la  fleur  Q  du  Cham.T- 
neut  être  formé  l'op^^  montrant  6  divisions  du  perlant] H^ 
b     ^.    ,        .  et  G  étamines. 

de  -1  etammes  o.  Diagramme  de  la  fleur   Ç-du  Chamnn- 
et  celui  des  Uo-      ^q^^^  montrant  6  divisions  du  périanthe 
rassus   de    oO.       en  deux  rangs  et  trois  cellules  de  l'o- 
Les    anthères,     vaire. 
biloculaires, 

sont  introrsés  et  insérées  soit  sur  le  réceptacle,  soit  à  la  base 
du  périanthe.  Le  pistil  est  composé  de  3  carpelles  fermés, 
hbres  (Dattier)  ou  plus  souvent  concrescents  par  leur  ovaire 
et  leur;style,  les  stigmates  sont  presque  toujours  libres. 


Palmi(U"  :  Inventait  et  fruit) 


—  903 


PALMIER 


Les  carpelles  peuvent  être  couverts  d'une  sorte  de  cui- 
rasse formée  par  des  écailles  imbriquées  (Lépidocaryées)  . 


Noix  de  Coco  (Fruit  entier  et  coupe  luu 
Boutons  et  fleurs  mâles  et  t'euiel] 


iiudiiip 


Chaque  loge  contient  un  ovule  anatrope  ou  orthotrope  or- 
dinairement ascendant.  Le  plus  souvent  un  ovule  seul  se 
transforme  en  graine,  les  autres  ne  sont  pas  fécondés,  ou 
bien  avortent  après  la  fécondation. 

Lo'  fruit  est  une  baie  (Dattier)  ou  une  driipo  (Cocottier), 
entourée  à  sa  base  par  le  périanthe  persistant.  Dans  la 
drupe,  la  zone  externe  du  péricarpe  est  tantôt  fibreuse  ((?o- 
ros),  tantôt  oléagineuse  (Elaeis),  la  zone  interne  est  for- 
tement sclérifiée  et  d'une  grande  dureté,  aussi  prôsente- 


Pahnior  {Liclstonn  Sincnsis  Alart.\ 

t-elle  souvent  un  orifice  destiné  à  laisser  passer  la  radicule 
au  moment  de  la  germination. 

Les  drupes  de  plusieurs  iicurs  peuvent  s'unir  latérale- 
ment en  un  fruit  composé.  Les  fruits  de  certains  Palmiers 
atteignent  dos  dimensions  considérables,  celui  du  Coco  des 
3îaldives  (Lodoiccd  ScchcUarum  Lal)ilL  ),  par  exemple,  n'a 
pas  moins  do  40  centim,  do  diamètre  et  n'arrive  à  maturité 
qu'au  bout  de  dix  années.  La  graine,  dont  le  tégument  est 
fréquemment  uni  au  péricarpe,  contient  vj\  albumen  volu- 
mineux, dans  lequel  est  implanté  latéralement  l'embryon; 
celui-ci,  de  très  petite  taille,  est  conique  ou  cylindricfue. 
L'albumen  est  corné  (Phœnix,  Phytelephas)  ou  bien 
charnu,  parfois  huileux.  Il  est  chez  le  Cocotier  creusé 
d'une  cavité  contenant  un  liquide  laiteux.  A  la  germination  le 
cotylédon  envahit  peu  à  peu  tout  l'albumen,  en  même  temps 
que  son  pétiole  s'enfonce  deplusieurs  centimètres  dans  le 
sol  en  entraînant  avec  lui  la  plantule.  Chez  le  Copernicia, 
VHyphœne  et  le  Phytelephas  l'allongement  du  pétiole  co- 


tylédonaire  peut  atteindre  60  centim.  et  plus,  aussi  ces 
Palmiers  ont-ils  leur  tige  sohdement  fixée.  Le  Dattier 
n'enfonce  que  très  faiblement  son  pétiole  cotylédonaire. 

Classification.  —  La  famille  des  Palmiers  comprend 
environ  4 .400  espèces  réparties  en  432  genres.  Ces  genres 
sont  groupés  en  cinq  tribus  :  4«  Coryphées.  Arbres  ou 
plantes  acaules,  àfeuiHes  palmées,  rarement  pennées  (Dat- 
tier), fleurs  sessiles,  généralement  hermaphrodites,  en- 
tourées d'une  spathe  incomplète  ;  carpelles  hbres  ;  le  fruit 
est  une  baie.  Genres  principaux  :  Corypha  L.,  Livis- 
tona  R.  Br.,  Copernicia  Mart.,  Sahal  Au  ans.,  Chamœ- 
rops  L.,  Rhapis  L.  F.,  Phœnix  L..  Ihrinax  L.  — 
^^  Lepidocaryces.  Plantes  sarmenteuses  ou  arbores- 
centes, à  feuilles  pennées  ou  palmées,  souvent  terminées 
par  un  appendice  muni  de  crochets  ;  fleurs  sessiles,  dioiques, 
entourées  d'une  spathe  formée  de  plusieurs  feuilles,  et 
pourvues  chacune  d'une  bractée  bicarénée  squameuse, 
carpelles  concrescents  ;  le  fruit  est  une  baie  recouverte 
d'écaillcs  imbriquées.  Genres  principaux  :  Calamus  L., 
Sa<jusl\wà\^\\,,  Mauriliah, ,  Raphia  J^'dl.  B.  —  3°  Boras- 
sees.  Arbres  à  feuilles  palmées,  rarement  pennées;  fleurs 
généralement  dioiques,  entourées  d'une  spathe  ligneuse  ; 
carpelles  concrescents  nus;  le  fruit  est  une  drupe.  Genres 
prisicipaux  :  BorassusL,,  Latania  Commers.,  [Hyphœne 
Gaertn.,  Lodoicea  Commers.  —  4^  Cocosces.  xVrbres  ou 
arbustes  à  feuilles  pennées;  tige  souvent  munie  d'aiguil- 
lons; fleurs  sessiles,  dioiques,  au  début  complètement 
enlermées  dans  la  spathe;  carpelles  concrescents  nus,  le 
fruit  est  une  drupe,  dont  le  mésocarpe  est  fibreux  et  l'en- 
docarpe hgneiix  et  percé  d'orifices;  la  graine  est  huileuse. 
Genres  principaux  :  Elaeis  Jacq. ,  Cocos  L. ,  hihœa  H.  B.  K. 
Astrocaryum  Mey.  —  5°  Arécées.  Arbres  ou  arbris- 
seaux, à  feuilles  pennées,  parfois  bipcnnées  ;  fleurs  ses- 
siles, monoïques  ou  dioiques,  entourées  par  une  spathe 
formée  de  plusieurs  feuilles,  pouvant  quelquefois  manquer  ; 
carpelles  concrescents,  nus;  le  fruit,  profondément  trilobé, 
est  une  drupe  à  noyau  dépourvu  d'orifices.  Genres  prin- 
cipaux: Areca  L.,  Kenlia  BL,  Ceroxylon  H.  B.,  Aren- 
ga\.'d\).,  Caryola  L,,  Phytelephas  R.  etPav.,  Mar- 
te a  V^..  etPav. 

Affixités  dfs  Palv.iers.  -—  Les  Palmiers  forment  une 
famille  nettement  circonscrite  qui  ne  présente  pas  d'affi- 
nité bien  nette  avec  les  autres  familles  de  l'embranche- 
ment auquel  ils  appartienneiit.  Par  leurs  fleurs,  pourvues 
d'une  bractée  adossée  à  l'axe,  les  Lépidocaryées  et  parti- 
culièrement les  Raphia  rappellent  les  Graminées,  mais 
cette  affinité  est  loin  d'être  certaine.  Rob.  Brown  consi- 
dère les  Palmiers  comme  voisins  des  Joncacées  qui  ont  un 
peu  leur  organisation  florale  et  offrent  comme  eux  des 
types  arborescents. 

DisïRiiJCTioN  cÉoGFxAPUiQUF.  —  Los  Palmiors  appartien- 
nent presque  tous  à  la  zone  torride  et  aux  régions  les 
plus  chaudes  de  la  zone  tempérée  ;  les  espèces  qui  s'éloi- 
gnent le  plus  de  l'équateur  ne  dépassent  pas  le  44®  degré 
de  lat.  N.  ni  le  39®  degré  de  lat.  S.  Ces  plantes,  en  effet, 
exigent  des  périodes  végétatives  ininterrompues,  réahsables 
seulement  dans  les  chmats  humides  des  tropiques  ;  elles 
abondent  particulièrement  dans  les  régions  qui  n'ont  ni 
hivers  froids  ni  sécheresse  très  prolongée,  c'est  pour  cela 
que  les  Palmiers  sont  tr.'s  nombreux  dans  l'Amérique 
équatoriale,  tandis  qu'ils  sont  en  moins  grande  quantité  en 
Asie  et  en  Océanie  et  comparativement  rares  en  xVfrique. 
Certains  Palmiers  vivent  en  société,  tels  sont  les  Cero- 
xylon IL  B.  K.,  qui  constituent  d'immenses  forêts  dans 
les  Andes;  quelques-uns,  connue  les  Iriartea  R.  et  Pav., 
habitent  dans  les  savanes  inondées,  d'autres  se  plaisent 
sur  les  hautes  montagnes.  Les  zones  de  répartition  des 
divers  genres  de  Palmiers  sont  très  limitées,  car  sur  les  432 
genres  (jui  composent  la  famille,  9  seulement  ont  des  aires 
étendues,  les  autres  ne  sont  répandus  que  dans  une  seule 
région  florale.  Les  limites  géographiques  des  espèces  sont 
encore  plus  restreintes  que  celles  des  genres.  Cette  circons- 
cription des  espèces  do  Palmiers  à  des  régions  peuéten  dues 


PALMIER 


904  — 


tient,  en  grande    partie,  à  ce  que  les  fruits  sont  lourds  I       On  observe  pour  les  Palmiers  quatre  centres  de  déve- 
et  que  les  graines  ont  un  pouvoir  germinatif  très  court.    I   loppement  principaux  :  l*^  Amérique,  entre  les  deux  tro- 


iVire  géographiffue  des  Palmiers. 


piques  ;  2°    Péninsule  indochinoise,   Nouvelle-Guinée   et 
N.-K.  de  l'Australie;  ^^  Madagascar,  Mascareignes  et  Sey- 

clielles  ;  4°  Bas- 
Niger,  Haut-Nd, 
Congo  et  Zambèse. 
Aires  d'exten- 
sion  DE    QUELQUES 

Palmiers.  —  En 
AmériqueleiSa/^rt/ 
mexicaniis  re- 
monte jusqu'au 
^f^.  voisinage  de  Mexi- 
co; les  Phytele- 
phas  sont  caracté- 
ristiques de  l'Amé- 
rique centrale;  le 
Ceroxylon  ancli- 
cola  H.  B.K.,vit 
sur  les  montagnes 
des  Andes,  entre 
1.700  et  3.000 
m.;\ç;Copernicia 
r^n/^ra  croît  dans 
le  Paraguay,  l'U- 
ruguay et  le  Bré- 
sil ;  le  Mauritia 
rinifera  Mart. 
habite  dans  les 
Guyanes  ;  les  Co- 
cos nucifera,  co- 
ronatas  Mart.  et 
yatai  Mart.  se 
trouvent  sur  toute 
la  cote  Atlantique 
du  Brésil  ;  plus  au 
S.,  dans  la  Répu- 
])lique  Argentine, 
ils  sont  remplacés 
par  le  Cocos  aus- 
tralis  Mart.  Un 
seul  Palmier  {Ju- 
bœa  spectabilis 
H.  Bonpl.)  se 
maintient  dans  la 
flore  chilienne.  L'Europe  ne  possède  qu'un  Palmier  indigène 
le  Chamœrops  huniilis  qui  vit  sur  les  bords  de  la  Médi- 


Palmier  cocotier  (Cocos  nuclferah.). 


terranée  :  en  Provence,  en  lilspagne,  en  Italie  et  en 
Grèce.  En  Afrique,  le  Palmier  le  plus  abondamment  ré- 
pandu est  le  Dattier  qui  peuple  les  oasis  du  Sahara  {el 
Bled  ed  djerid)  et  se  rencontre  au  Sénégal,  au  (^ap  Vert 
et  dans  la  vallée 

du   Nil   d'où    il  ,      , 

passe  en  Arabie  ; 
il  est  remplacé  en 
Chine  par  le  Dat- 
tier  silvestre 
{Phœnixsilves- 
tris  Roxb.).  Le 
Dattier  en  Algé- 
rie ne  peut  mûrir 
ses  fruits  qu'au 
S.  de  l'Atlas.  Du 
Tchad  à  la  mer 
Rouge,  on  trouve 
le  D 0 u m  de 
Thèbes  [Ilyphœ- 
ne  thebaica 
Gartn.);  plus 
bas,  entre  le  cap 
Vert  et  le  Congo 
Y  èghtmiV  Elaeis 
guineensis ,  le 
Raphia  vinifera 
P.deB.  elle Bo- 
rassus  d'Ethio- 
pie. La  limite 
australe  des  Pal- 
miers en  Afrique 
est  fournie  par  le 
Phœnix  recli- 
nata   Jacq.   qui 

occupe  la  région  du  Cap.  x\  Madagascar,  on  rencontre,  outre 
V Elaeis  guineensis  et  le  Raphia  vinifera,  les  Dypsis  et  les 
Philippia.  Le  LodoiceaSeychellarum  LahilL  est  étroite- 
ment localisé  dans  les  îles  Seychelles  ;  ses  fruits,  transportés 
au  loin  par  les  courants  de  la  mer  des  Indes,  n'ont  ja- 
mais naturalisé  la  plante  dans  une  autre  région.  Le  Boras- 
sus  flabelliformis  L.  couvre  une  partie  de  l'Inde,  rayonne 
dans  la  presqu'île  de  Malacca  et  s'étend  de  là  sur  Java, 
Bornéo  et  Sumatra;  à  l'O.,  il  occupe  les  îles  africaines 
de  la  mer  des  Indes  et  se  rencontre  du  côté  da  Zanzibar 
avec  le  Borasse  d'Ethiopie.  Le  genre    Corypha  L.  est 


Palmier  à  huile 
[Elaeis  guineensis  Jacq.). 


—  90o 


.f'ê 


limité  à  Malacca,  Java,  Sumatra  et  Bornéo.  Les  Calamus 
abondent  sur  les  deux  versants  de  l'Himalaya,  se  trou- 
vent aux  Philippines  et  occupent  le  N.  de  l'Australie; 
on  en  rencontre  également  au  centre  de  l'Afrique.  Les 
^^v^  Livislonia  R.  Br. 


sont  les  Palmiers 
qui,  en  Océanie, 
descendent  le  plus 
bas  dans  le  S.  Les 
espèces  de  Palmiers 
qui  ont  des  aires 
étendues  sur  plu- 
sieurs continents 
sont  :  le  Cocos  nu- 
ci  fera  (Amérique, 
Afrique,  Océanie), 
le  Borassus  fla- 
belliformis  (Océa- 
nie, Asie,  Afrique), 
le  Phœnix  clactij- 
lifera  (Afrique, 
Asie)  et  V Elaeis 
guineensis  (Afri- 
que, Amérique  où 
il  a  été  importé). 
Usages  des  Pal- 
miers. —  Les  usa- 
ges des  Palmiers 
sont  excessivement 
variés,  car  presque 
toutes  les  espèces 
peuvent  être  utili- 
sées, soit  dans 
l'économie  domes- 
tique, soit  dans 
l'industrie.  La  tige 
des  Palmiers  arbo- 
rescents fournit  des 
bois  de  construction  et  peut  également  donner  des  fibres 
textiles  ;  les  feuilles  servent  à  couvrir  les  habitations  et, 
découpées  en  lanières,  sont  utihsées  pour  la  confection 
de  chapeaux,  de  nattes,  de  paniers,  etc.  Les  Sagoutiers 
(Sagiis  Rumphii,  lœvis  et  genuina  Mart.)  renferment 
dans  leur  moelle  une  fécule  connue  sous  le  nom  de  sagou  ; 
cette  fécule  s'extrait  de  la  façon  suivante  :  l'arbre  abattu 
avant  la  floraison  est  fendu  en  long  ;  la  moelle  est  enlevée 
et  coupée  en  morceaux  que  l'on  place  dans  un  tamis  sous 
un  courant  d'eau  ;  l'eau  qui  s'écoule  entraîne  les  parti- 
cules de  fécule  que  l'on  recueille  dans  de  larges  bassins 
au  fond  desquels  elles  vont  se  déposer.  VArenga  saccha- 
î t/^ra  Labill.,  le  Borassus  flabelliformis  L.,  le  Cocos 
nucifera  L.,  etc.,  possèdent  une  sève  abondante  dont  on 
extrait  du  sucre,  et  qui,  soumise  à  la  fermentation,  se 
transforme  en  une  boisson  alcoolique  appelée  vin  de 
palme.  Le  Calamus  Draco  L.  fournit  une  gomme-résine 
rouge  appelée  sang-dragon  que  l'on  extrait  du  fruit 
chauffé  au  soleil.  Le  sang-dragon  est  employé  en  ébénis- 
terie  pour  la  préparation  de  certains  vernis.  Le  fruit  de 
V Elaeis  guineensis  L.  contient  dans  son  mésocarpe  une 
huile  jaune,  odorante,  nommée  huile  de  palme  que  l'on 
emploie  dans  certaines  parties  de  l'Afrique  à  la  place  de 
l'huile  d'olive  ;  en  Europe,  l'huile  de  palme  sert  à  confec- 
tionner des  savons.  Le  Copernicia  cerifera  Mart.  du 
Brésil  fournit  la  cire  de  Carnauba  (V.  Copernicia  et 
Carnauba).  Les  productions  et  usages  des  Dattier,  Coco- 
tier, Aréquier  sont  donnés  en  détail  aux  articles  consa- 
crés à  ces  Palmiers.  Le  bourgeon  terminal  de  plusieurs 
Palmiers  {Cocos  nucifera,  Chamœrops  humilis,  Eulerpe 
oleracea,  etc.)  constitue  une  sorte  de  légume  très  savou- 
reux désigné  sous  le  nom  de  chou  palmiste. 

La  tige  grêle  des  Palmiers- Joncs  ou  Rotangs  {Cala- 
mus) est  très  employée  en  Europe  pour  la  fabrication  de 
meubles,  de  cannes,  etc.  Le  Palmier  nain  {Chamœrops 


Palmier  dattier  {Phœnix 
dacttjlifcrn   L  ). 


PALMIER 

humilis)  si  abondant  dans  nos  provinces  algériennes,  a 
son  tronc  couvert  de  nombreux  fibres  qui  proviennent  de 
la  dissociation  des  faisceaux  des  feuilles  ;  ces  fibres  consti- 
tuent ce  que  l'on  appelle  le  crin  végétal.  Cette  matière 
est  d'ailleurs  fournie  par  plusieurs  autres  Palmiers.  L'al- 
bumen corné  de  la  graine  du  Phijtelephas,  fournit 
V ivoire  végétal  (V.  Phytelefhas).  Quelques  Palmiers 
donnent  des  substances  utilisées  en  médecine,  tels  sont  les 
Corypha  umbraculifera  L.  et  silvestris  D.  dont  la  sève 
est  emétique  et  VHyphœne  cucifera  Gêertn.  qui  produit 
une  gomme-résine  qui  passe  pour  diurétique. 

Horticulture.  —  La  famille  des  Palmiers  fournit 
quelques  espèces  ornementales  à  nos  jardins  du  Midi.  Le 
Palmier  nain  vit  en  plein  air  dans  la  Provence,  il  en  est 
de  même  du  Palmier  chanvre  {Chamœrops  excelsa)  qui 
est  originaire  de  la  Chine,  et  dont  le  tronc  est  entouré 
d'une  sorte  de  bourre  qui  le  protège  contre  le  froid,  ce 
qui  lui  permet  de  végéter  beaucoup  plus  au  Nord  que  le 
précédent.  D  peut  supporter,  sans  souffrir,  8°  C.  de  froid. 
Dans  la  région  méditerranéenne,  on  cultive  quelques  Pal- 
miers, très  rustiques,  qui  nous  viennent  d'Amérique,  tels 
sont:le  Sabal  (5a/?aL4<ian50?2/zGartn.), espèce  acaule,  et 
le  Chamœrops  hystrix  L.  dont  la  tige  hérissée  de  dards 
très  pointus  atteint  environ  1  m.  de  hauteur.  Parmi  les 
Palmiers  cultivés  dans  les  appartements,  on  trouve,  outre 
le  Palmier  nain  et  le  Palmier  chanvre,  le  Dattier  commun 
et  surtout  le  Dattier  incliné  {Phœnix  reclinataincq.)  origi- 
naire du  cap  de  Bonne-Espérance  ;  ce  Palmier  a  ses  feuilles 
inclinées  vers  h  sol,  ce  qui  lui  donne  un  aspect  très  gra- 
cieux. Le Latanier  delà  Chine  {Latania borbonica  Comm.) 
est  un  Palmier  de  luxe  employé  fréquemment  pour  orner  les 
salles  de  fêtes;  sa  tige,  qui  peut  atteindre  une  grande 
taille,  porte  des  feuilles  palmées  disposées  horizontalement. 
Le  Jubœa  spectabilis  est  un  bel  arbre  importé  du  Chili 
et  qui  résiste  parfaitement  aux  hivers  les  plus  rigoureux 
(__-43o  (]).  Il  est  bien  supérieur  au  Palmier  chanvre  et 
au  Palmier  nain  comme  plante  d'ornement,  mais  il  lui 
faut  des  terrains  frais  et  argilo-calcaires.  Les  Livis- 
tona,  les  Kentia  et  les  Cocos  sont  cultivés  en  caisse  dans 
nos  jardins  publics.  Les /i^^n^/a  sont  en  outre  très  recher- 
chés comme  plantes  d'appartement.  Les  Palmiers  d'apparte- 
ment ont  besoin  d'arrosements  copieux  pendant  la  belle 
saison,  moins  abondants  pendant  l'hiver;  leurs  feuilles 
doivent  être  essuyées  avec  une  éponge  mouillée  afin  d'enlever 
la  poussière  qui  les  recouvre.  H  est  bon  de  ne  pas  les  exposer 
trop  longtemps  en  pleine  lumière.  Les  Palmiers  se  multi- 
plient aisément  par  graine,  à  condition  de  faire  les  semis 
dans  un  terreau  siliceux,  de  préférence  dans  une  serre 
légèrement  chauffée.  Le  marcottage  des  drageons  qui  nais- 
sent à  la  base  des  pousses  donne  de  très  bons  résultats. 

Maladies  des  Palmiers.  —  Les  feuilles  sont  souvent 
envahies  par  un  Hémiptère  du  genre  Aspidiotus  Bouch. 
qui  peut  les  épuiser  et  amener  leur  chute  prématurée.  On 
détruit  ce  parasite  en  projetant  à  l'aide  d'un  vaporisa- 
teur une  solution  de  lysol.  Un  parasite  excessivement 
commun  est  le  Pseudocommis  vitis  Debray,  de  la  classe 
des  Champignons  Myxomycètes  ;  la  présence  de  ce  cham- 
pignon est  révélée  par  l'apparition,  à  l'extrémité  des 
feuilles,  de  taches  brunes  qui  s'étendent  peu  à  peu  du 
sommet  des  folioles  vers  leur  base.  L'attaque  du  Pseudo- 
commis s'effectue  au  moment  de  la  germination,  et  lorsque 
le  parasite  a  pris  possession  d'une  plante,  celle-ci  le  con- 
serve toute  sa  vie.  D'après  les  observations  de  M.  Roze, 
il  est  rare  que  cette  hospitalisation  soit  suivie  d'effets  désas- 
treux, caries  feuilles  envahies  ne  poussent  que  très  lente- 
ment. On  peut  dire  que  le  parasitisme  du  Pseudocommis 
enlaidit  plutôt  les  Palmiers  qu'il  n'entrave  leurs  fonctions. 

Un  champignon  de  l'ordre  des  Ustilaginées,  le  Gra- 
phiola  Phœnicis  Poit.,  cause  de  graves  dommages  dans 
les  cultures  de  Dattier,  il  attaque  également  le  Palmier 
nain.  Le  Dattier  peut  héberger  trois  champignons,  appar- 
tenant à  l'ordre  des  Ascomycètes  :  le  Pestalozzia  Phœ- 
nicis Grev,  le  Chromosporium  entophytum  Corda  et  le 


PALMIER  —  PALMIERI 


-  906 


Sterigmatocystis  Phœnicis  Corda.  Le  premier  attaque 
les  tiges  et  les  feuilles,  les  deux  autres  vivent  dans  les 
fruits.  Un  autre  Ascomycètc,  VAnihostontella  Pisana 
Pass.,  détruit  les  feuilles  du  Palmier  nain.  W.  Russell. 
II.  Paléontologie.  —  L'cxi.stcncc  de  Palmiers  fos- 
siles à  la  période  secondaire  est  doulcuse,  mais  certaine 
à  la  période  tertiaire,  à  partir  du  crélacé  moyen,  et  c'est 
dans  réocène,  avec  son  climat  tropical,  que  ce  groupe  vé- 
gétal a  atteint  son  développement  le  plus  grandiose.  Dès 
la  cra'o,  les  Palmieî's  font  leur  apparition  en  Europe  avec 
le  Flfihelldria  chainicropifoUd  Ga-pp.,  de  Silésie,  et  le 
FlaheUaria  longirhachis  Eng.,  de  Muthenansdorf,  de 
la  craie  d'eau  douce  de  Ftiveau,  les  frondes  de  cette  der- 
nière espèce  marquant  le  passage  du  type  flabellé  avec  le 
type  pinné.  C'est  une  chose  assez  particidière,  cpie  l'on  ne 
l'encontrc  pas  de  vestige  de  Palmiers  à  rintériem*  de  la 
région  arctique,  ni  mèjne  jusqu'ici  dans  le  Dakota,  groupe 
d'Amérique  ;  mais  il  ne  s'ensuit  pas  que  les  Palmiers  de 
la  craie  supéi'ieurc  aient  été  les  premiers  en  Europe;  il 
se  peut  que  les  Phœnico  dées,  longtemps  obscures  et  im- 
pariaiiement  caractérisées,  n'aient  pris  leur  essor,  en  fixant 
ieui's  traits  définitifs,  que  lors  delà  craie  moyenne  au  pins 
tôt.  D'ailleurs  les  formc^^  primitives  ont  été  bien  plus  exi- 
L;acs  (fuc  les  postérieures  et  les  types  de  la  zone  Lorride  ; 
les  proportions  élevées  ne  se  sont  dé\eloppées  que  gra- 
duellement. Lors  de  Ecocène,  on  voit  apparaître  des  formes 
l'entrant  plus  ou  moins  dans  les  genres  actuels  ySdbal, 
irecd,  Iridvird,  OEnocdrims,  Livislowi,  Cluunœroys, 
llwidnjldffris,  Elais,  Asti'ocaiijum,  Qic.;]QsJipa  sont 
[iarticulièrement  abondants  dans  le  bassin  parisien.  Mais 
c'est  l'oligocène,  malgré  la  diminution  déjà  sensilde  de  la 
température  à  celte  époque,  qui  nous  présente  les  plus 
grands  Palmiers  europécus,  comme  le  prouvent  les  espèces 
recueillies  par  Yisiani  et  Xassaîongo  à  Monto-Yegrosi,  et 
]nèmc  les  empi'cintes  du  Sdhdl  nuijor  Ung.,  dont  les 
frondes  égalent  celles  du  S.  lunbrdculifera  Jacq.,  actuel- 
lement indigène  des  Antilles.  ■—  Dans  la  période  du  mio- 
cène, les  Palmiers  se  rctii'cnt  vers  les  régions  chaudes  ou 
exceptionnelleinent  protégées  ;  les  Sabal  et  les  Flabelhi- 
ria  sont  encore  nombreux,  mais  on  voit  se  présenter  à 
leurs  cotés  des  formes,  telles  que  Geonoma,  Chamœrops, 
Pliœnicites,  Cdlainus.etc.  \  l'époque  de  la  molasse,  avec 
son  climat  tempéré,  les  Palmiers  deviennent  bien  moins  nom- 
breux que  les  autres  éléments  do  la  ilore.  La  végétation 
d'OEningen  n'oifreplus  que  Jerares  Palmiers.  Dès  le  pliocène, 
ce  groupe  végétal  a  disparu  de  EEurope.       D''  L.  Hx. 

Bn3L.  :  I.i-:  Maout  ci  Drc  a--:sr,.  Truite  de  boUiiiique, 
p}3  ()28-63î3.  —  V;ii\  TiFGTiiQi,  Tniid'-  de  botanique^  pp.  1502, 
1305.  —  Bextiiaai  et  lîooja-n,  1.  III,  pp  o70-i)!8.  —  Drud]':^ 
Allas  cler  Pflanzen  VerbrcitlUlg,l^^.^'7.  —  E.  Ro/r,,  Du  rôle 
(lu  Pseudocomrnis  rAlis  dnns  les  rnoJadles  des  feuilles  de 
Palmier  {Bidleii II  de  la  Soeiêté  imieoloqiqiie  de  France), 
iSOlt.  XIV,  32-3().  —  Ed.  ¥ir-iiKiiFBeitra(j  znr  Kenntniss 
der  Giittung  Gruplnola  {Bot.  zeil.',  1S83). 

PALlViîÉR  oiiDLXAiaE  nu  roi.  Officier  de  la  maison  du 
roi  (fruiterie),  qui  présentait  au  roi,  à  la  reine,  aux 
princes  et  princesses  du  sang,  la  veille  et  le  jour  des  Ra- 
meaux, les  palmes  que  le  fruitier  du  roi  appoi-iait  ou  fai- 
sait venir  de  Provence. 

PALf/ilERI  (Matteo),  historien  italien,  né  à  Eiorence 
le  \?i  janv.  ii^}Q,  mort  à  Florence  en  1478.  11  exerça 
d'abord  la  profession  d'apothicaire,  puis  remplit  avec  une 
intégrité  remarquable  d'importantes  charges  publiques  ; 
il  fa!  notamment  ambassadeur  à  Xaples  en  1455  et  à 
iloiiîo  en  iiQQ  et  1473.  11  écrivit  en  latin  diverses  (nivsve^i 
bistonques  :  de  Temporibus.  bref  sommaire  d'histoire 
univecselle  remontant  à  la  ci'éationdu  monde;  de  Cdpli- 
vifdle  Pisdnnii,  relation  du  siège  de  Pise  par  les  Vlo- 
renlins  en  1406  ;  VUa  Jicoldi  Accidioli.  Ses  An]iaU 
porenlini  sont  écrites  pour  une  partie  en  latin  el  pour 
l'autre  en  italien.  C'est  en  italien  qu'il  rédigea  deux  autres 
(mvcages  beaucoup  plus  importants  :  Id  Vild  civile  et  la 
Cittii  dî  Vifd.  Le  premier,  en  pj'ose  (Florence,  1529.  et 
Milan,  18:25),  est  une  série  do  dialogues  supposés  entre 
l'auteur,  Luigi  Cuicciardini.  Franco  Sachctti  le  Jeune  (\t 


le  vieil  Agnolo  PandoUini,  où  Palmieri  imite  Aristote, 
Salluste  et  surtout  Cicéron  dans  le  de  Ofjiciis.  Le  dernier 
livre  est  une  imitation  très  directe  du  songe  de  Scipion. 
In  ami  de  Dante,  tué  à  Gampaldino,  est  censé  ressusciter 
pour  (pielques  instants  et  raconter  du  poète  ce  cpi'il  a  vu 
dans  l'autre  ujonde.  Le  second  est  un  poème  allégorique 
en  terzines,  divisé  en  100  chapitres,  imité  de  Dante,  qui 
est  encore  en  grande  partie  inédit.  L'auteur  l'avait  légué 
à  la  corporation  des  notaires  florentins  avec  mission  cle  le 
publier  après  sa  mort  ;  mais  la  censure  ecclésiastique 
l'ayant  jugé  dangereux  n'çn  permit  point  l'impression  ;  le 
i)riiit  s'était  même  faussement  répandu  qu'il  avait  été 
brûlé  avec  l'auteur.  ÏI  en  a  été  publié  récemment  des 
Exlvdits. 

BiDL.  :  Ga^pauy,  coloria  délia  lelt.  ital,  11,  2,  l^-"  part., 
pp.  172  et  SLiiv.  —  iiOTTARi,  Matteo  Palmieri;  Luc<|ues. 
1S85,  extrait  des  Alti  dedV  acendemia  lucliese.  —  E  Fri/zt. 
la  Città  di   Vita,  poema  iiiedito  di  3/.  P.;  Bologne,  K^TN. 

PALIVIIERI  (Matteo),  philologue  italien,  né  à  Pise  en 
1423,  mort  le  19  sept.  1183.  11  obtint  de  nombreuses 
charges  ecclésiastiques,  fut  secrétaire  apostolique  et  prélat 
romain.  Très  versé  dans  la  connaissance  des  langues 
grecque  et  latine,  il  traduisit  en  latin  Vîiisloire  des  sep- 
Idule  interprcle'^  par  Aristée.  Il  continua  en  outre  la 
chronique  du  Florentiii  Matteo  Palmieri  et  la  conduisit 
jusqu'en  1482  (Veiiise,  1183,  in-i). 

BinL.  :  X.  Zv.y-o,  Diss.  Vosilana^  II,  169.  -  Marini, 
/\rchiatri  rjonlif.,  II.  1  !;■!.  —  'i^TRAiio-'CfJi,  Storia  délia  lett. 
Liai.,  VI,  Gin. 

PALIVIIER!  (CiiiSepnc).  peintre  itaHen,  né  à  Gènes  en 
lG7i,  mort  à  Gènes  en  1740.  Peintre  d'histoire  et  d'ani- 
maux, il  excellait  surtout  dans  ce  dernier  genre,  et  si  son 
dessin  ne  fut  pas  toujours  d'u]ie  impeccable  correction,  il 
inontra  de  brillantes  qualités  de  coloriste.  La  Pi  'surrec- 
Pion  qu'il  peignit  pour  l'église  Saint-Dominique  de  CèUiCs 
mérite  également  d'être  citée. 

PALMIER!  (Vincenzo),  orateur  et  théologien  italien,  né 
à  Gènes  en  1773,  mort  en  1820.  Il  professa  l'histoire 
ecclésiastique  à  Pise  et  à  Pavie,  se  montra  partisan  des 
idées  révolutionnaires  et  dut  se  retirer  dans  sa  ville  natale 
en  1797.  L'année  suivante,  il  signait,  avec  quelques  autres 
prêtres,  l'adresse  de  féhcilations  au  clergé  constitutionnel 
do  France.  Il  a  laissé  divers  ouvrages  de  politique  et  de 
théologie. 

PALiVllERi  (Niccolè),  historien  italien,  né  à  Termini 
Imcrese  (Sicile)  en  1778,  mort  à  Termini  en  1837,  pen- 
dant l'épidéniie  cholérique.  Il  étudia  les  mathématiques, 
la  physique  et  le  droit.  Il  fut  député  du  district  de  Ter- 
mini en  18 H'  et  il  en  profila  pour  exposer  ses  idées  sur 
la  réforme  constitutionnelle.  Il  ne  participa  point  à  la 
révolution  de  1820,  n'approuvant  pas  la  constitution  es- 
pagnole que  l'on  voulait  appliquer  en  Sicile,  et  défendit 
toujours  sa  patrie  contre  la  réaction.  On  a  de  lui  :  Saggio 
suUe  cause  ed  i  remedi  délie  angustie  agrarie  délia 
Sicilia  (Palerme,  1820)  ;  Somma  délia  storia  di  Sicilia 
(ibid.,  1834-41,  5  voE);  Saggio  storico  e  poliiico  del 
regno  di  Sicilia  infino  al  Î8i6  con  wi  appendice 
sulla  rivoliizione  del  i8'20  (Lausanne,  1847),  etc. 

PALMIER!  (Luigi),  physicien  et  météorologiste  italien, 
né  à  Faicchio  (prov.  de  Bénévent)  le  22  avr.  1807,  mort 
à  Naples  le  9  sept.  1890.  D'abord  professeur  de  mathé- 
jnatiques  et  de  physitjue  aux  lycées  do  Saîerne  (1828),  de 
(^ampobasso,  d'Avellino,  puis  (juelque  temps  architecte,  il 
devint  en  1845  professeur  de  physi(iue  à  l'Académie 
royale  de  mariiie  de  Naples,  passa  en  1847  à  l'Eniver- 
Aiè  de  cette  ville  et  fut  immmé  en  1848  directeur  de 
l'OJ)servatoire  météorologiifue  du  Vésuve,  mais  ne  fut 
réellement  installé  qu'en  1854,  après  la  mort  do  Mol- 
loni.  Il  s'est  depuis  lors  à  peu  près  exclusivement  con- 
sacré à  Eétude  des  phénomènes  météorologiques  et  il  a 
personnellement  observé  toutes  les  éruptions  du  Vésuve. 
Celle  de  1872,  notamment,  faillit  lui  coûter  la  vie.  En 
1876,  il  fut  nommé  sénateur.  Outre  de  nombreux  mé- 
moires insérés,  pour  la  plupart,  dans  les  Annali  delV  Os- 


—  907 


PALMIKRl  —  PALMOTÏTCH 


servatono  Vesiiviano,  il  a  public  sur  le  Vésiiyo  :  încen- 
dio  Vesiiviano  del  26  apri le  :/§7:2(Naples,  'i872;trad. 
allem.,  Berlin,  1872);  //  Vesiivio  e  la  sua  storia  (Na- 
ples,  'I88J).  On  a  également  clc  lui  une  intéressante 
étude  traduite  en  français  :  les  Lois  el  les  Origines  de 
r électricité  atmospliérique  (1885).  Il  a  inventé  de  nom- 
])rcux  instruments  :  un  sismométre,  un  piuviomclre,  un 
anémograpiio,  \m  électromètre  atmosphérique,  etc. 

PALlVllERl  (Gregorio),  érudit  italien,  né  à  Plaisance  le 
3  avr.  4828.  Reçu  docteur  en  droit  à  Parme  en  1849,  il 
devint  prêtre  en  \K\\,  moine  ])énédictin  en  1855.  ïl  fut 
d'abord  biblioîhécaire  et  archiviste  de  rab])aye  de  Saint- 
Panl  Ilors-Ies-Murs  de  Rome,  dont  la  bibliothèque  lui  doit 
son  organisation,  et  un  catalogue  en  3  vol.  (imprimé  en 
1859).  Il  passa  ensuite  dansFancien  couvent  de  Jarfa  (Sa- 
bine), puis  il  parcourut  plusieurs  Etats  étrangers.  En  1877, 
il  fut  nommé  archiviste  au  Vatican.  On  lui  doit  une  his- 
toire en  latin  des  Archives  rafzca??(?5  qui  est  insérée  dans 
la  préface  du  Uegestum  de  Clément  V  (1884).  ïl  a  été  un 
des  fondateurs  du  Spiciiegio  Vaiicano. 

PALiVllPÈDES  (Zool.) .  Sixième  ordre  des  Oiseaux  dans 
la  classiHcation  de  Cuvior,  qui  lui  donne  les  caractères 
suivants  :  «Pieds  faits  pour  la  natation, c.-à-d.  implantés 
à  l'arrière  du  corps,  portés  sur  des  tarses  courts  et  com- 
primés, et  palmes  enlî'e  les  doigts.  Plumage  serré,  lustré, 
imbibé  d'un  suc  huileux,  garni  près  do  la  peau  d'un  duvet 
épais  c|ui  les  garantit  de  Peau.  Le  cou  dépasse  souvent  la 
longueur  des  pieds,  etc.  »  L'ordre  se  subdivise  en  quatre 
grandes  familles  :  i°   les  Plongeurs  ou  Brachyplères 
(Plongeons,  Grèbes,  Guillemots,   Pingouins,  Manchots); 
2°   les  Longipennés  ou  Grands  Voiliers  (Pétrels,  Al- 
batros, Goélands,  Mouettes,  Sternes,  Becs-en-ciseaux)  ; 
3°  les  To  a  pal  mes  (Pélicans,  Cormorans,  Frégates,  Fous, 
Aniringas,  Paille-eii-queue)  ;  4*^  les  Lamellirostres  (Ca- 
nards, Oies,  Cygnes,   llarles)  (V.  tous  ces  mots).   Les 
Palmipèdes  doGuvier  ne  sont  pas  tes  seuls  qui  présentent 
des  pieds  palmés  :  un  assez  grand  nom'nre  d'Echassiers  de 
rivage  présentent  la  même  particularité  (Flamands,  Foul- 
ques, etc.),  et  l'étude  de  Fostéologie  et  de  l'embryologie 
montre  que  cet  ordre  est  peu  naturel.  DéjàCh.  Bonaparte 
l'avait  scindé  en  ti'ois  ordres  :  Gaviœ  (pour  les  Totipalmes 
et  les    Longipennés  cjui  sont  des    Allrices,;  împennes 
(pour  les  Manchots  qui  sont  également  Allrices)  QlAnseres 
(pour  les  Lamelh'rostres  qui    sont  des    Prcecoces).  Ces 
laits  indiquent  des  origines  très  divergentes  chez  les  Oi- 
seaux réunis  sous  le  nom  de  Palmipèdes.  Dans  les  classi- 
fications récentes,  notamment  dans  celle  de  Fmi^ringer, 
(jiii  s'applique  à  la  fois  aux  formes  vivantes  et  fossiles, 
les  Palmipèdes  sont  répartis  entre  les    sous-ordres   ou 
familles  naturelles  suivantes  :  Aptenodytes  (Manchots)  ; 
Anseri  formes  (Lamellirostres);  Podicip  if  ormes  (Plon- 
geons, Grèbes)  ;  Ciconiijormes  (Flamancîs)  ;   Stegano- 
podes  (ou  Totipalmes)  ;  1  ubinar es  (Pdtroh)  ;  Charadrii- 
f ormes  (Mouettes,  Sternes);  Alcidce  (Pingouins  et  Guil- 
lemots). Certaines  formes  placées  anciennement  parmi  les 
Palmipèdes,  en  raison  de  leurs  pattes  courtes  et  de  leur 
long  cou  {lîeliornis,  par  ex.),    appartiennent  par   leur 
ostéologie  aux  Hallidœ  (Echassiers).    D'autres,   classées 
parmi  les  Echassiers  se  rapprochent  des  Palmipèdes  :  tels 
sont  les  Flamands,   qui   par  leur  bec  sont  de  véritables 
Lamellirostres.  Dans  la  classification  de  Sclater,  adoptée 
par  les  ornithologistes  anglais  et  qui  n'est  qu'une  modifi- 
cation de  celle  de  Fiirbringer,  les  anciens  Palmipèdes  sont 
répartis  entre  les  six   ordres  suivants  :  Sleganopodes 
(placés  entre  les  Rapaces  etles  Hérons),  Gaviœ,  fiilrinares, 
Pi/gopodes   (Plongeons,    Grèbes,  Pingouins),  Impennes 
(Manchots),  et  A^iseres  {N .  Oue\\:.\).  '  E.  Trouessart. 
PALMIQUE  (Y.  Divination,  t.  XÏV,  p.  721). 
PÂLIVIIRA.  Florissante  ville  agricole  des  Etats-Unis  de 
Colombie,  située  dans  le  dép.  de  Cauca,  non  loin  du  fleuve  du 
même  nom,  au  milieu  d'une  des  plus  riches  vallées  do  la 
Cordillère.  Station  d'un  chemin  do  fer  projeté  c|ui  ira  re- 
joindre, près  de  Bnga,  la  ligne  mettant  en  communication 


le  port  de  Buenaventura,  sur  le  Pacitique,  avec  l'entre- 
cordillère  S.  Dans  les  environs  de  la  ville,  on  cultive  un 
tabac  très  odorant  (labaco  de  olor)  cpii  jouit  d'une  grande 
réputation.  C.  L. 

PAL1V11STE  (Bot.)  (V.  Cno-  i>âlv,iste,  t.  XI,  p.  248, 
et  Pauiier). 

PALMITATE  (Chim.)  (V.  Py/iinacE  [Acido]). 

PALMITINE  (Chim.)  (V.  PvunTi.ouE  [Acide]). 

PALMITIQUE  (Ac).  Form.  \  ^^--^  e«Vo'^ 
L'acide  palmitique  a  été  découvert  en  1820  par  Che- 
vreul  qui  Favait  désigné  sous  le  nom  â'acidemargarique, 
expression  qui  a  été  attribuée  depuis  à  l'acide  homologue 
immédiatement  supérieur,  G''''I!'^0^  L'éthertriglycérique 
de  cet  acide  ou  palmitine  constitue  avec  les  éthers  des 
acides  stéarique  et  oléiquelesparties  principales  des  corps 
gras,  animaux  ou  végétaux.  L'huile  de  palme  est  formée 
en  grande  partie  par  son  éther,  de  là  le  nom  d'acide  pal- 
mitique donné  à  cet  acide.  La  cire  végétale  japonaise  est 
la  meilleure  matière  première  pour  le  préparer,  car  elle 
est  encore  plus  riche  en  acide  palmitique  que  l'huile  de 
pahuc.  Les  graisses  d'homme,  do  jaguar,  d'oie,  de  bœuf, 
do  porc,  de  mouton,  d'huile  de  dauphin,  de  morue  con- 
tiennent beaucoup  de  palmitine.  Le  blanc  de  baleine  est 
constitué  par  l'éther  cétyîiquc  de  cet  acide  ;  la  cire  d'abeille 
renferme  du  palmitate  de  Falcool  myricicjue.  Un  excès 
d'alcaH  permet  de  transformer  à  chaud  l'acide  oléique  en 
acide  palmitique  (Warrentrapp)  : 

G3GH340G  4-  2KH02  :=r  C'^^H^iKO^  +  C^H^KO^  +H2. 

On  le  préparc  en  saponifiant  l'huile  de  palme  par  un  al- 
cali. Le  sel  formé  ou  savonétant  décomposé  par  un  acide, 
on  comprime  F  acide  gras  solide  obtenu  et  on  achève  de  le 
purifier  par  des  cristallisations  répétées  dans  Falcool  jus- 
qu'à obtenir  un  point  de  fusion  constant  à  62*^.  Cet  acide 
cristaUise  en  paillettes  minces,  plus  légères  que  l'eau  et 
insolubles  dans  ce  liquide.  On  peut  le  distiller  clans  le  vide 
ou  l'entraîner  par  un  courant  de  vapeur  d'eau  surchauffée 
sans  le  décom])OSor.  La  distillation  de  palmitates  alcalins 
a\'ec  le  formiate  de  chaux  donne  naissance  à  la  palmi- 
tonc,  G'''*H''''0^.  Les  palmitates  alcalins  sont  solubles  dans 
l'alcool,  sans  décomposition;  au  contraire,  l'eau  les  décom- 
pose en  alcali  libre  et  en  sels  acides  ;  comme  ces  sels  font 
partie  de  la  composition  des  savons,  cette  action  de  l'eau 
explic|ue  le  rôle  des  savons  par  la  mise  en  liberté  des  alca- 
lis. L'acide  palmitique  se  trouve  mélangé  à  l'acide  stéa- 
rique dans  la  matière  combustible  des  bougies,  dites  biUi- 
gies  stéariques.  C.  M. 

BiBL.  :  IIeint/,  Journnl  ftii'  pruhl,  Chein..  i.  LX\1.  ~ 
Bi^RTiiF.LOT,  Chimie  orgnnuidc.  fonder,  sur  In  sijntJic'ic 

PALMiTONE  (Chim.)  (V.  Palmitique  [Acide]). 

PALMOTÏTCH  ou  PALMOTTA  Giuono,  poète  ragusais, 
né  en  1600,  mort  en  1637.  Descendant  d'une  famille  noble. 
il  était  cousin  du  plus  célèbre  parjni  les  poètes  ragusais,  le 
fameux  J.  Gundulitch,  (pii  exerça  une  influence  considé- 
rable sur  lui  et  le  décida  à  renoncer  à  la  poésie  latin.e  qu'avait 
d'abord  cultivée  le  jeune  Palmotitch.  Celui-ci  suivit  les 
conseils  de  son  parent,  se  rendit  en  Bosnie,  où  il  appi'iî 
le  serbe  pur  :  car  le  dialecte  de  Bagiise,  sons  l'in- 
fluence italienne,  était  très  ahéré.  Improvisateur  mer- 
veilleux, il  mania  plus  tard  cette  langue  avec  beaucoup 
cFélégance  ;  mais,  malgré  un  talent  réel,  il  montra  peu 
d'originalité  dans  le  choix  de  ses  sujets.  ïl  tira  de  Virgile 
une  Descente  d'Enre  aux  enfers,  d'Homère  un  Achille. 
de  Sophocle  un  OEdipe,  etc.  Les  traditions  populaires  ins- 
pirèrent son  Pavlimir,  et  la  chronique  de  Bouclas  sa 
Zaptislava,  oii  il  célèbre  les  exploits  des  héros  sla^es. 
Son  œuvre  la  plus  importante  et  la  plus  connue  est 
Christ iade.  ïl  avait  aussi  composé  des  satires,  et  sa  poésie 
lyric|ue  s'inspire  surtout  du  sentiment  rebgieux. 

M.  GAVRiLOvrfcif. 
BiBL.  :  A.  Pavi'j'cii.  Jiuiije  Palmotitch,  tlan.s  Rnd  jurjosl. 
dkad.;  Aaram.  t(S<S;-5-8'4,  t'asc   6S  et  70  (en  croate).  —  PvpiM'; 


PALMOTITCH  —  PALMYRE 


908  — 


e(  SpAROviTcri  ftrad.  E.  Dimùs).  Ilisloirc   di'.-^    liUrruturcs 
shivcs;  Paris,  1881.  in-1 

PALMQVIST.  Famille  de  savants  suédois,  dont  le  chef. 
Gustav  Berg,  fut  anobli  en  1660.  Les  principaux  membres 
do  cette  famille  sont  : 

Erik,  soldat  et  dessinateur,  né  en  1650  environ,  mort  en 
1675,  qui  fit,  en  4673,  comme  attaché  militaire,  un  voyage 
en  Russie,  d'oii  il  rapporta  des  esquisses  et  des  documents 
très  intéressants  sur  la  vie  militaire  et  les  mœurs  de  ce 
pays  auxvii^  siècle.  Ces  documents  sont  conservés  aux  Ar- 
chives royales  de  Stockholm. 

?îagniis,  né  en  1660.  mort  en  1729,  militaire,  com- 
mandait l'aile  gauche  à  la  bataille  de  Helsingborg  en  1710, 
et  fut,  à  cause  de  la  valeur  qu'il  déploya  en  cette  circons- 
tance, nommé  général  la  même  année.  Plus  tard,  il  s'oc- 
cupa de  travaux  de  fortifications. 

Fredrik,  né  en  1720,  mort  en  1771,  fils  du  précédent, 
ayant  dû,  à  la  suite  d'une  maladie,  quitter  la  carrière  des 
armes,  consacra  toute  son  activité  à  l'étude  des  mathéma- 
tiques. II  a  publié  plusieurs  ouvrages  et  traités,  importants 
pour  l'époque,  sur  la  géométrie,  l'algèbre  et  la  mécanique. 

Magnus  Daniel,  né  en  1760,  mort  en  1834,  fils  du 
précédent,  après  avoir  servi  dans  la  marine  française,  oii 
il  obtint  le  grade  de  lieutenant  de  vaisseau,  prit  part  à 
plusieurs  campagnes  et  était,  à  sa  mort,  amiral  dans  la 
flotte  suédoise.  Th.  C. 

PALMSKIŒLD  (Elias),  savant  suédois,  né  à  Stockhoîm 
le  18  juil.  1667,  mort  le  7  avr.  1719,  fils  de  l'archiviste 
/iî'iTc  Palmskiœld  (1608-86).  Archiviste  lui-môme  et  col- 
lectionneur, il  a  réuni  sur  l'histoire  de  la  Suède  une  quantité 
de  documents,  dont  plusieurs  inédits  et  c[uelques-uns  uni- 
quement connus  par  les  copies  qu'il  en  a  prises.  Ces  très 
précieux  documents  forment  un  fonds  spécial  à  la  bil)lio- 
thèque  de  l'Université  d'Upsal  (295  volumes). 

PALIVISTIERNA.  Famille  d'hommes  d'Etat  suédois  dont 
les  plus  connus  sont  : 

Mis,  né  en  1696,  mort  en  1766,  un  des  membres  les 
plus  ardents  du  parti  français  ou  parti  des  Chapeaux,  qui 
remplit  en  1738-39  le  rôle  d'intermédiaire  entre  le  maré- 
chal K.-G.  Tessin  et  l'ambassadeur  français,  ce  dont  il 
fut  récompensé  par  le  titre  français  de  «  maréchal  de 
camp  »  et  par  le  poste  de  ministre  de  Suède  à  Copen- 
hague. En  1746,  il  fut  nommé  conseiller  du  royaume; 
mais  il  fit  preuve  alors  et  par  la  suite,  dans  ses  charges 
diverses,  d'une  animosité  telle  contre  ses  adversaires  du 
parti  des  Bonnets,  qu'il  finit  par  indisposer  même  les 
hommes  de  son  propre  parti  et  qu'il  fut  mis  à  l'écart 
en  1761. 

Karl  Otto,  né  en  ^90,  mort  en  1878,  petit-fils  du 
précédent,  arriva  rapidement  aux  charges  les  plus  élevées 
grâce  à  son  activité,  et  Charles  XIV  Jean,  dont  il  défen- 
dait le  système  politique,  le  nomma  gouverneur  de  l'OEster- 
gœtland  (1835).  En  1851,  il  est  conseiller  d'Etat  et  chef 
du  département  des  finances  ;  il  s'occupe  activement,  jus- 
qu'à l'année  1856,  oti  il  prend  sa  retraite,  de  la  création 
de  nouvelles  voies  ferrées,  de  l'extension  du  réseau  télé- 
graphique et  de  la  réorganisation  des  banques  provinciales. 

Èils  Axel  Hjalmar,  né  en  1836,  fils  du  précédent,  mi- 
Htaire,  nommé  général  en  1883,  a  été  ministre  de  la 
guerre  dans  le  cabinet  protectionniste  en  i  888  et  s'en  est 
retiré  en  1892,  le  Riksdag  ayant  rejeté  un  projet  de  loi 
militaire  présenté  par  lui.  Il  fut  nommé  alors  gouverneur 
de  la  province  de  Jœnkœping.  Th.  C. 

PALMYRA.  Ilot  du  Pacifique,  situé  par  5M-9'  V'  de 
lat.  N.  et  I64«  30'  46'^  de  long  0.  Fait  partie  de  la  Po- 
lynésie, quoique  en  dehors  des  grands  groupes  d'îlots.  Au 
N.-O.  de  l'île  Fanning,  c'est  l'îlot  le  plus  important  des 
Sporades  centrales  polynésiennes.  Il  est  de  formation 
madréporique  et  se  compose  d'une  île  de  25  kil.  de  long 
sur  15  kil.  de  large,  entourant  un  triple  lagon  où  se  trou- 
vent de  nombreux  îlots  bas  et  couverts  de  palmiers.  L'en- 
semble est  habité  par  quelques  Havv^aïens  qui  vivent  de 
pèche. 


PALMYRAS  (Poinle  de)  (V.  Ixde,  t.  XX,  p.  673). 

PALMYRE  (en  araméen  Tadmor,  ville  des  palmiers). 
Ancienne  ville  de  Syrie,  située  dans  une  oasis  du  vaste 
désert  qui  sépare  la  Syrie  de  l'Arabie,  par  34°  2  '/  lat.  N., 
36°  long.  E.  Des  passages,  peut-être  interpolés,  du 
icr  lixTc  des  iiois,  ix,  18, 'et  du  ïl^  livre  dQs  Chroniques. 
vni,  4,  en  attribuent  la  fondation  k  Salomon.  Le  premier 
témoignage  historique  est  celui  d'Appien,  qui  raconte 
qu'xVntoine  tenta  de  piller  ce  riclie  entrepôt  commercial  ; 
Palmyre  était  dès  lors  un  centre  du  négoce  entre  les  ré- 
gions du  golfe  Persique  et  de  Rabylonie  et  celles  de  Syrie 
et  des  rivages  de  la  Méditerranée.  Elle  semble  être  de- 
meurée à  peu  près  indépendante  entre  les  empires  romain 
et  parthiquc;  à  partir  du  ni^  siècle,  elle  est  traitée  de 
colonie  latine.  A  l'époque  de  Gallien,  Septimius  Odcnath, 
noble  de  Palmyre  et  chef  des  Sarrasins  riverains  de  l'Eu- 
phrate,  rendit  de  tels  services  dans  la  guerre  contre  les 
Perses  que  l'empereur  lui  donna  le  titre  d'Auguste  et  le 
reconnut  pour  collègue  (264).  11  fut  assassiné  par  son 
neveu  Mieonius  (267),  et,  au  nom  de  leur  fils  Vaballathus, 
intitulé  imperafor,  Zénobie,  veuve  d'Odenath,  régna 
quelc|ues  années,  reconnue  dans  l'empire  romain  comme 
impératrice.  Célèbre  par  sa  beauté  et  ses  talents,  conseillée 
par  Longin,  Zénobie,  qui  prétendait  descendre  des  Ptolé- 
mées,  régna  sur  la  Mésopotamie,  la  Syrie  et  étendit  son 
})Oiivoir  sur  l'Egypte.  Elle  menaçait  la  Bithynie  quand 
.Vurélicn,  vainqueur  des  Goths,  l'attaqua.  L'Egypte  fut 
d'abord  reprise;  Zénobie,  vaincue  à  Antioche  et  Emèse, 
se  défendit  dans  Palmyre  avec  une  grande  énergie;  elle 
finit  par  s'enfuir,  mais  fut  saisie  sur  les  rives  de  l'Eu- 
phrate;  Palmyre  se  rendit  alors,  et  les  principaux  person- 
nages y  furent  mis  à  mort.  Néanmoins,  la  ville  se  révolta 
bientôt  et  fut  détruite  par  Aurélien  qui  égorgea  toute  la 
population  (273).  Elle  ne  se  releva  pas;  on  y  trouve  une 
station  militaire,  oîi  campa  vers  400  la  1^"«  légion  iily- 
rienne  ;  après  Justinien,  il  n'en  est  plus  question. 

Les  ruines  de  Palmyre  ont  été  retrouvées  auxvii*^  siècle 
par  des  marchands  anglais  d'Alep,  explorées  en  1691 


Portique  de  la  Colonnade,  à  Palmyre. 

(Proc.  roij.  Soc),  décrites  par  Wood  et  Dawkins,  puis 
par  V^olney,  et  plus  récemment  par  le  prince  Lazarev.  Elles 
se  trouvent  à  100  kil.  E.  de  Homs,  et  210  kil.  S.-O.  de 
Deir,  sur  FEuphrate,  occupant  une  longueur  de  3  kil.  en- 
viron du  S.-E.  au  N.-O.,  sur  un  sol  artificiellement 
exhaussé,  dont  l'ait,  est  de  400  m.  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer.  L'ensemble  est  très  imposant,  bien  qu'à  un 
.  examen  de  détail  la  valeur  artistique  apparaisse  secon- 
daire. A  l'E.,  on  rencontre  d'abord  le  fameux  temple  du 
Soleil  ou  de  Baal,  carré  de  235  m.  de  côté,  entouré  d'un 
mur  de  16  m.  de  haut  décoré  de  demi-colonnes  corin- 
thiennes; seul  le  côté  N.  subsiste;  à  l'intérieur,  on  trou- 
vait sur  la  façade  une  colonnade  de  45  grosses  colonnes, 
chacun  des  trois  autres  côtés  étant  formé  d  une  double 
rangée  de  60  colonnes,  le  long  desquelles  sont  adossées 
une  cinquantaine  de  huttes  formant  le  moderne  hameau 


1)09  — 


PAIJIYRE  -»  PAl.OMINO 


de  Toiidmour  ou  Tedmor;  au  centre  de  cet  espace,  une 
terrasse  portait  le  temple  proprement  dit,  périptère,  de 
60  m.  sur  31  "',5,  46  colonnes  sur  une  face,  8  sur  l'autre, 
décoré  sur  la  façade  occidentale  d'une  porte  en  forme 
d'arc  de  triomphe  ;  ces  colonnes,  dont  quelques-unes  sont 
encore  debout,  sont  cannelées  ;  on  remarque  à  Fintérieur 
du  temple  les  caissons  des  plafonds,  l'élégance  des  frises 
décorées  de  feuilles  et  de  fruits  ;  l'abside  septentrionale 
est  ornée  des  signes  du  zodiaque.  A  l'angle  N.-O.  du 
temple  s'ouvrait  une  porte  donnant  accès  à  la  quadruple 
colonnade  qui  s'allongeait  sur  i.l3o  m.  à  travers  la  ville  ; 
chacune  des  quatre  rangées  comptait  o7o  colonnes  de  i7  m. 
de  haut,  soit  un  total  de  l.i'jO,  dont  le  dixième  environ 
est  encore  debout;  elles  étaient  surmontées  d'une  autre 
rangée  de  colonnes  plus  petites.  A  l'O.  du  grand  temple, 
on  voit  aussi  les  ruines  de  beaucoup  d'autres  temples, 
colonnades,  et  de  tombeaux.  Ceux-ci  sont  particulière- 
ment nombreux  dans  un  vallon,  qui  servait  de  nécropole 
et  ou  l'on  rencontre,  à  côté  de  sépulcres  creusés  dans  le 
roc,  une  soixantaine  d'autres  sépulcres  en  forme  de  tours 
(comme  plusieurs  de  la  voie  Appienne).  Un  château  arabe 
b.^s  domine.  Les  monuments  de  Palmyre  datent  du  m^'  siècle, 
époque  de  la  splendeur  de  la  ville.  On  y  a  recueilli  de 
nombi'euses  inscriptions  dont  beaucoup  relatives  à  Odeiuitb. 
Zénobieet  leur  famille,  en  langues  grecque  ou  araméenne. 

IkiiL.  :  Woon  et  Dawkin^.  les  Uuines  de  Piiliinjvc  ; 
Paris,  lbl2.  —  Yernoville,  Dix  jours  en  Palmyrèiic.  'i86<S. 
—  Demllf.,  Palmyre,  1894.  —  Sallet,  Die  Furstcn  von 
Piilinyrn  ;  Berlin,  1867.  —  Waddington  et  de  Vogue.  Ins- 
criptions de  Syrie,  1870.  —  Prince  Adamelek-Lazari: v, 
Palmyre  (en  russe);  Saint-Pétersbourg.  1885.  —  Wricht, 
An  account  of  Palmyra  and  Zenohin  ;  Londres,  1895. 

PALN EGA.  Corn,  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  d'.\jaccio, 
cant.  de  Zicavo  ;  i.293  hab. 

PALN  1.  Massif  montagneux  de  l'Inde  méridionale  qui 
se  rattache  au  système  des  Ghâts  occidentales,  et  domine 
à  rO.  le  district  de  Madoura  (prés,  de  Madras).  L'un  des 
sommets,  le  Pernalmali,  dépasserait  2.400  m.  La  face 
méridionale  des  montagnes  est  la  plus  escarpée.  Elles  sont, 
comme  les  Nilgiris,  bien  que  moins  fertiles,  couvertes  de 
pâturages,  de  forêts  giboyeuses  et  de  plantations  àc  café 
et  de  thé.  En  revanche,  le  climat  est  encore  plus  égal  et 
moins  pluvieux,  et  le  sanatorium  de  Kodikanal,  à  T8  kil. 
au  N.-O.  de  Madoura,  semble  avoir  de  l'avenir.  On  estime 
la  population  de  la  montagne  à  environ  20.000  âmes  (Ko- 
ravars,  Vellalars,  Paliyars,  etc.). 

PAL  NATO  KE,  héros  danois  du  x^-  siècle,  qui  est  le  prin- 
cipal personnage  d'un  drame  du  même  nom  d'Ochlenscblà- 
ger.  Partisan  fanatique  du  paganisme,  il  poussa  ïven  Tve- 
skagg,  qu'il  avait  élevé,  dans  une  guerre  parricide  contre 
Harald  Blâtand.  égorgé  en  986.  Palnatoke  mourut  lui- 
même  peu  après  dans  sa  retraite  de  Jomsborg.  --  Une 
autre  légende  fait  de  Palnatoke.  ou  plutôt  de  Toko,  un 
habile  tireur,  dont  les  aventures  rappellent  celles  plus  con- 
nues de  Guillaume  Tell,  dont  elles  sont  peut-être  comme 
une  première  esquisse. 

PALO  (Xomenclaturc  bot.).  Palo  est  le  nom  espagnol 
qui  signitie  Bois.  11  entre  dans  la  désignation  d'un  grand 
nombre  de  plantes,  parmi  lesquelles  :  P.  d'Aglîlta  ou 
d'Aguilam.  Le  bois  d'Aigle  (Y.  Aquilaiue).  —  P.  Ijlanco. 
Le  Cinrlwna  cordifolia  Mutis  (V.  QuixQriNA).  — P.  Boko. 
Nom  mexicain  de  VIpomœa  muriicoides  Hœm.  (V.  leo- 
-m.ea)  et  du  Senecio  pnesox  (V.  Séxesox).  —  P.  dk  Ca- 
i.EXTiJKAs.  Au  Pérou,  les  Quinquinas.  —  P.  delDardo.  Le 
Styrax  ofjicinalls  L.  (V.  SrviiAx).  —  P.  ueMlerto. 
Au  Mexique  Vîpomœa  murucoides  Rœm.  (V.  Ipom.ea). 
—  P.  Dux.  La  réglisse  (V.  ce  mot).  —  P.  Maria  ou 
Bois-Marie.  Le  Calophyllum  Calabah.  (V.  Calophylllai) 
et  aussi  le  suc  balsamique  du  C.  Inophylhim  L.  — 
P.  Matras.  Nom  donné  à  Maracaibo  à  l'écorce  de  Ma- 
lambo  (V.  ce  mot).  —P.  Yerde.  Le  Parkmsonia  lor- 
reyana  (V.  Parkusoxia),  etc.  D^'  L.  Hx. 

PALO  (Alsium).  Localité  à  Tu  kiL  de  Home,  aux 
bords  de  la  mer.  Slat.  du  chom.  de  fer  de  Rome  à  Civi- 


ta-Vecchia.  En  château  du  prince  Odescalchi,  dont  Palo 
était  un  des  fiefs,  une  église  et  quelques  maisonnettes  le 
long  du  rivage  de  la  mer,  forment  ce  petit  hameau.  Palo 
était  très  fréquenté  après  1870;  il  a  été  presque  aban- 
donné après  la  fondation  de  la  localité  voisine,  Ladispoli, 
et  la  clôture  ordonnée  par  le  prince  du  territoire  environ- 
nant dont  il  a  fait  une  réserve  de  chasse. 

PALOCZES.  Peuplade  de  race  magyare,  dont  le  nom 
parait  dériver  de  celui  des  Polovtsi  et  qui  est  regardée 
comme  descendant  des  Cumans  accueillis  par  Koloman  et 
Etienne  H  au  début  du  xii"  siècle  et  cantonnée  dans  les 
monts  Matra.  Elle  s'étend  actuellement  dans  les  comi- 
tats  de  Heves,  Borsod,  Gœmœr  et  Nograd  et  a  un  dia- 
lecte spécial. 

PALOGNEUX.  Corn,  du  dép.  de  la  Loire,  arr.  de 
Montbrison,  cant.  de  Saint-Georges-en-Couzan  ;  280  hab. 

PALOR^BE  (Ornith.)  (V.  Ramjeu). 

PALOMENA  (Entom.).  Genre  dTnsectes  Hé)niptères- 
îlétéroptères,  de  la  famille  des  Pentatomides ,  établi  [)ar 
Mulsant  et  Rey  (Ann.  Soc.  Lin.  de  Lyon,  18:j6,  p.  200), 
pour  des  espèces  à  coloration  verte  ou  biunâtre,  dont 
l'épislome  est  presque  inclus  dans  les  joues.  La  tranche 
abdominale  est  uniformément  marquée  cle  poiuis  noirs  sur 
un  fond  pâle.  Ce  genz^e  comprend  u?ie  dizaine  d'espèces 
d'Europe,  de  Syrie  et  du  Japon.  L'espèce  la  plus  commune 
est  le  P.  viridissima  Poa  ou  Punaise  verte,  que  Ton 
trouve  en  France  sur  une  foule  de  végétaux. 

PALOIVIINO  (Juan-Bernabé),  peintVe  et  graveur  espa- 
gnol, neveu  du  suivant,  né  à  Cordoue  en  1692,  mort  à 
Madrid  en  i777.  Son  oncle  le  fit  venir  de  bonne  heure 
auprès  de  lui  et  lui  enseigna  les  premiers  éléments  de 
l'art.  l\  ne  larda  pas  du  reste  à  donner  des  preuves  de 
talent  et  put  aider  D.  Antonio  dans  ses  travaux.  S'étant 
appliqué  à  étudier  l'art  du  graveur,  il  fit  ses  premières 
preuves  en  gravant  le  frontispice  de  l'ouvrage  de  son  oncle, 
ainsi  que  les  planches  d'anatomio  qui  y  sont  jointes.  Re- 
venu à  Cordoue  après  la  mort  de  D.  Antonio,  il  ne  tarda 
pas  cà  être  rappelé  à  Madrid  sur  l'ordre  de  Phihppe  V  qui 
avait  eu  l'occasion  de  voir  l'estampe  gravée  par  lui  et  re- 
présentant un  portrait  de  Louis  XV.  Palomino  fut  bientôt 
nommé  graveur  de  la  Chambre  et  professeur  d'un  cours 
de  gravure  à  l'Académie  nouvellement  créée.  Parmi  les 
plus  belles  planches  dues  au  burin  de  l'artiste,  on  peut  signa- 
ler principalement  :  Saint  Bruno,  d'après  la  statue  de 
Pcreyra;  le  Miracle  de  saint  Isidor,  d'après  un  tableau 
deCarreno;  Saint  Pierre  en  sa  prison,  d'après  Roèlas; 
ainsi  qu'un  très  grand  iiombre  de  portraits,  parmi 
lesquels  on  relève  ceux  cVLsabelle  Farnèse,  du  nonce  Va- 
lenti  Goinague,  des  médecins  du  roi  Cerbi  et  Martine:., 
du  chirurgien  Legendre,  et  de  D.  Juan  de  Palafox,  en- 
touré de  figures  allégoriques. -—Il  eut  un  fils,  nommé  Juan- 
Fernando,  i\m  fut  aussi  un  graveur  et  que  PAcademie  de 
San  Fernando  reçut  comme  meml)re  de  mérite.  Il  mourut 
en -1793,  à  Madrid.  p.  L. 

PALOMINO  Y  yELAsco(Acisclo-Antonio),  peintre  espa- 
gnol et  historien  de  Fart,  né  à  Bujaîance  en  1653.  moct  à 
Madrid  en  1726.  Comme  ses  parents  étaient  venus  habiter 
Cordoue,  c'est  dans  cette  ville  que  Palomino  ii!  ses  éludes 
classiques  et  suivit  des  cours  de  droit  et  de  tbécdogie.  Mais 
ses  aptitudes  le  portèrent  de  boinie  heure  à  pcéférer  la 
peinture  à  toute  autre  carrière.  Lors  d'un  voyage  (|ue  VaU 
dès  Leal  fit  à  (Cordoue,  le  jeune  ariiste  s'eiiq)ressaii  de  hji 
soumettre  ses  premiers  essais.  Valdès  l'encouragea  et  lui 
donna  des  conseils.  Plus  tard,  ce  fut  un  élève  de  Yelaz- 
quez,  Alfarô,  qui.  de  passage  à  Cordoue,  s'enquit  du  jeune 
peintre,  lui  prodigua  ses  bons  avis  et  l'engagea  à  se  pla- 
cer, au  lieu  de  travailler  seul  et  sans  méthode,  sous  la 
direction  d'un  maître.  Ya\  1678,  il  se  rendit  à  Madrid,  ou 
Alfarô  lui  avait  procuré  quelques  travaux.  Carreilo  de 
Miranda  et  surtout  Claudio  Coéllo  lui  portèrent  de  Finté- 
rêt  et  ce  dernier,  Eadmettant  parmi  ses  aides,  lui  confia 
l'exécution  des  peintures  à  fresque  dont  il  avail  charge  au 
])aKais  du  Paiilo.  Après  Eachèvement  de  cette  décoralion, 


PALOMINO    -    PALPIMANUS 


li'ÎO 


dont  Coello  foimiisïsaii  !es  dessins,  Palonijjio  recul  les  fé- 
licitations du  maître  et  des  connaisseurs,  et  le  roi  le  nomma 
son  peintre,  mais  ad  honorem.  Ce  ne  fut  qu'après  qu'il 
eut  donné  de  nouvelles  preuves  d'ijivention  et  de  talent,  et 
à  l'occasion  de  l'entrée  solennelle  à  Madrid  do  la  seconde 
femme  de  Ciiarles  K,  Marie- Anne  de  Neubourg,  entrée 
pom^  laquelle  il  avait  été  chargé  de  décorer  ia  place  de  la 
Ville,  que  l'artiste  obtint  sa  nomination  comme  peintre  du 
roi,  et,  cette  fois,  avec  les  émoluments  attachés  à  l'em- 
ploi. 

En  1G92,  un  peintre  napolitain,  Luca  G iordaiio,  réputé 
])0ur  son  aisance  et  son  habileté  à  couvrir,  à  l'aide  de 
grandes  compositions,  de  vastes  surfaces,  est  appelé  e]i 
Espagne  et  se  voit  tout  de  suite  l'objet  de  rengouement  gé- 
iiéral.  Coello,  qui  pressent  quelle  funeste  influence  va  exer- 
cer sur  les  jeunes  artistes  Eexemple  de  ce  nouveau  venu, 
meurt  de  chagrin.  Cependant,  il  arriva  que  Giordano. 
chargé  d'exécuter  des  fresques  pour  les  voûtes  de  l'f^scu- 
rial  se  vit  embarrassé  de  réaliser  les  thèmes  tant  soit  peu 
mystiques  qui  lui  étaient  dictés  par  les  moines.  Xe  se 
sentant  pas  grand  clerc  en  matière  de  symbolique  reli- 
gieuse, il  fit  appel  à  Palomino,  mieux  préparé  par  son 
éducation  à  ce  genre  d'érudition.  Cehu-ci  ^e  mil  ù  sa 
disposition  et  lui  fournit  tous  !es  croquis  et  toutes  los 
esquisses  propres  à  préparer  l'exécution  des  sujets  indi- 
qués. Ravi  d'aise,  Giordano  J)aisa  ces  croquis,  s'écriant  : 
«  Voilà  qui  est  déjà  tout  pcinl  I  » 

A  dater  de  1697,  Paiomiiti,  se  vit  charge  de  va^tei  ira- 
vaux  de  décoration,  les  ])li;s  sagement    oidoiiné-^  et  ies 
meilleurs  ([u'alt  produits  celte  époque  déjà  en  si   grainle 
décadence.  Il  peint  d'a])or!l  à  iVeiiiiuc  te  pre^jyîèi'e  el  la 
coupole  de  l'église  de  San  Juan  del  Mercado,  à  Valence. 
puis  les  voûtes  de  la  chapelle  de  Los  ^lesemparados,  tan- 
dis que  Dionis  Vidal,  son  élève,  achève  ^^ur  ses  dessins  les 
grandes  peiiiiures  de  l'église  Saint-Nicolas.  C'est  aussi  vers 
ce  mémo  temps  que  Palomino  décore  les  voûtes  du  saiic- 
tuaire,  dans  la  cathédrale,  et  termine  son  tableau  repré- 
sentant le  Repentir  de  saint  Pierre  ({u'on  y  voit  eiicore. 
En  1705,  il  est  à  Salamanque  et  y  décore  l'abside  de  la 
chapelle  du  couvent  de  San  Estebau  ;  ilytigure,  sous  une 
suite  d'allégories,  l'Eglise  militante  et  l'Eglise  Irioni- 
phante.  En  4712,  il  se  rend  à  Grenade  où,  sur  les  voûtes 
de  la  chapelle  de  la  Chartieuse,  il  peint  Saint  Bruno,  en- 
touré d'une  gloire  d^cnges  et  soutenant  le  ruonde  sur 
ses  épaules.  En  17 M',  à  Madrid,  il  décore  de  sujets  (em- 
blématiques le  catafalque  élevé  à  l'occasion  acs  fiuiérailbs 
de  Marie-Louise  de  Sa\\)ie,  femme  de  Philippe  V.  Ses  pein- 
tures à  fresque,  au  couvent  de  Paular,  sont  ies  derniers  ou- 
vrages de  Partisle.  déjà  gravement  liialado  et  qui,  pour 
les  terminer,  dut  faire  appela  la  collaborai  ion  de  son  hls. 
Sa  femme  étajit  morte  en    17^2,').  Palomino   abandonna 
l'exercice  de  son  art  et  se  fit  ordonner  prèt're.  11  mourait 
lui-même  un  an  après.  Dès  1711,  il  s'était  pj'éparé  à  la 
publicatioii  de  son  grand  ouvrage,  intitulé  El  Museo  pic- 
lorico  g  escala  oplica  dont  le  premier  volume  parut  en 
171o.  Le  second  fut  imprimé  à  Madrid  en   1724.  L'ou- 
vrage est  divisé  en  tî'ois  parties  :  ies  deux  premières  em- 
brassent l'histoire,  la  technique  et  Eenseigneinent  de  l'art 
de  peindre;  la  troisième  qui  a  pour  titre  :  El  Parnaso 
espanol,  est  consacrée  à  la  biographie  des  artistes  espa- 
gnols depuis  Antonio  del  Kincon  jusqu'aux  contemporains 
de  Palomino.  C'est  cet  ouvrage  qui  a  valu  à  son  auteur  le 
surnom  de  Vasari  espagnoL  Souvent  peu  judicieux  dans 
les  jugements  critiques  qu'il  porte  sur  certains  artistes  et 
sur  leurs  œuvres,  acceptant  avec  trop  de  facilité  des  tradi- 
tions et  des  légendes  sans  valeur  histmlquc, Palomino  n'en 
a  pas  moins  eu  ce  mérite  d'avoir  réuni  et  groupé  une 
foule  de  renseignements  et  d'intéressaiiles  noUces,  épars 
jusqu'à  lui  dans  des  manuscrits,  et  r[ui  auraient  été  sûre- 
ment perdus  pour  la  postérité.  Paul  Lefort. 
PÂLOIVliNO  (Francisco)  (V.  Lopez). 
PALOMMIER  (Bot.).  Nom  donné  au  Gaultheria  pro- 
cumbens  L.  (V.  Gaultheria). 


PALONNIER  (Génie  ruj'al).  Pièce  rigide  et  mobile, 
droite  et  renforcée  dans  son  milieu  ou  légèrement 
cintrée,  d'une  longueur  de  60  à  6o  centim.,  jointe 
au  train  des  chariots,  des  instruments  aratoires,  etc.,  et 
à  laquelle  soûl  attachés  les  traits  des  animaux  servant  à 
la  traction  ;  la  liaison  au  train  se  fait  par  bague  avec 
anneau  ou  crochet;  des  bagues  en  fer  placées  aux  extré- 
mités portent  également  des  maillons  recevant  ia  tète  des 
traits  ;  ia  résistance  à  la  tlexion  doit  être  très  grande  ; 
les  palonniers  en  bois  faciles  à  construire  et  à  entretenir 
sont  ceux  les  [)lus  répandus  dans  les  exploitations  rurales 
(préférer  le  frêne  ou  Forme)  ;  les  palonniers  en  fer  forgé 
ou  en  acier  légers,  solides  et  élastiques,  ne  sont  guère 
adoptés  encore  que  par  les  compagnies  do  transports. 
Il  est  bon,  dajis  quelques  cas,  d'opéi'er  la  liaison  au  train 
avec  l'adjonction  d'uu  ressort-amortisseur  iiitermé- 
diairc.  Pour  les  attelages  de  front  à  deux,  on  emploie 
une  volée  ou  balance  d'allelage,  semblable  au  palonnier 
simple,  mais  de  plus  grandes  dimensions  (V'\  10  à 
1  "\  20)  et  portant  à  ses  extrémités  les  maillons  d'attache 
de  deux  palonniers  simples  ;  pour  les  attelages  de  front  à 
trois,  la  volée  porte,  à  l'une  de  ses  extrémités,  un  palon- 
nici'  siinple,  et,  à  l'autre  extrémité,  une  volée  secondaire 
à  deux;  la  bague  do  liaison  au  traiii  est  hxée  au  tiers  de 
ia  lojigueur  de  la  grande  volée  à  partir  de  cette  dernière 
exlrémilé;  ce  mode  d'attelage  est  préférable  à  Eemploi 
d'une  volée  simple  portant  trois  palonoiers.  J.  T. 

PÂLOS  ])']  E.v  EuoxrEuv.  Bourg  d'Espagne,  prov.  de 
lluelva  (Andalousie),  sur  le  canal  de  Palos,  estuaire 
du  rio  Tinto  et  de  l'Odiel,  dans  la  partie  occidentale  du 
golfe  de  Cadix:  l.i22  hab.  (Tesl  une  localité  sans  impor- 
tance et  un  port  env.isé,  mais  Palos  est  célèbre  dans  1  his- 
toire parce  que  c'est  là  que  Christophe  Colomb  s'embarqua 
pour  son  premier  voyage  vers  l'Amériipte  le  3  août  1492. 

PÂLOTÂ.  Deux  villages  hongrois  portent  ce  nom  :  Pai- 
lios-Palota,  dans  le  comiiat  de  Pest,  près  de  Ljpest,  sur 
ia  ligne  de  Vacz-Budapest;  c'est  une  villégiature  très  aimée 
des  habitants  de  la  capitale;  6.'iQ4;  hab.  Ecole  d'agricul- 
ture. "—  Var~Palota,  dans  le  comitat  de  Veszprém,  sur 
la  ligne  de  Fehérvâr-Koszeg  ;  5.161  hab.  ;  ancien  château. 
A  proximité  les  eaux  de  Pét. 

PALOURDE  (MoU.)(V.  Taiou). 

PALPARES  (Entom-).  Genre  d'hi^ectes  Nevr(q)tèrr5,. 
de  la  famille  des  Myrméléonides.  étalili  par  Rambur  (Xe- 
vrop.,  18 i2).  Ces  ins*'c;es.  de  grande  taille,  ont  les  ailes 
larges  et  preyque  toujours  couvertes  de  taches  |)lus  m 
moins  Ufoubreuscs.  Les  larves  i)o  conslruisentpas  d'entoo- 
noirs.  Ou  coiopte  uîic  quarantaine  d'espèces,  principaie- 
iociit  des  Indes,  de  Ceylan  et  d'  \frique.  L'espèce  type  est 
le  P.  libelliiio'ides,  de  120  millhn.  d'ciivergure.  Le  corps 
pui)esceut  est  jaune  avec  des  bandes  longitudhud.es  noires. 
Les  ailes  duveteuses,  jaunâtres  vers  les  extrémités,  sont 
mar(}uées  de  taches  brunes.  Cet  Insecte  vole  lentement  et 
lourdement;  la  larve,  longue  de  4  centim.,  toute  noire  et 
})oilue.  marche  sur  le  sab^e  c!  se  jette  en  avaiit  pour  saisir 
ia  proie  à  sa  portée.  On  trouve  ."elle  espèce  dans  le  midi 
de  ia  !Sra:-'e. 

PALPES  (Ln''o,ji,j.  .\ppeodices  arîiculés  faisant  hadiio 
hors  de  la  boiKdie  et  propres  aux  iiiâchoires  et  à  la  lèvre 
iiilérieure  des  insectes.  Huelqur'S  anciens  auteurs  les  ojjI 
no/-o]]és  a)il ennuies.  On  les  désigjie  sous  les  noms  di^ 
i\  Ipes  maxillaires  et  ôq,  palpes  labiaux,  suivant  qu'ils 
apparlienneiit  aux  màchoii'es  ou  à  la  lèvre.  Leur  rôle  dans 
la  manducation  e^t  de  maintenir  en  place  les  substances 
soumises  à  l'action  des  mandibules.  Cependant  Plateau  les 
considère  comme  des  organes  devenus  iimtiles  ou  à  peu 
près.  Suivant  les  groupes  d'Insectes,  ils  subissejit  des  mo- 
dilicalions  de  dimensions  et  de  formes. 

PAL  PI  IVI  AN  US.  Genre  d'Arachnides,  proposé  par  L.  Du- 
fooj^  et  devenu  le  type  d'une  famille  voisine  de  celles  des 
Drassides  et  desZodariides,  dont  elle  diffère  surtout  par 
les  pattes  très  dissemblables,  les  antérieures  étaiit  beau- 
coup plus  épaisses   que  les  autres,   mais  ayant  un  tarse 


—  911  — 


PALPIMANUS  —  PALUDAN 


petit,  appendiculé,  inséré  sur  le  côté  interne  du  méta- 
tarse et  ne  portant  que  des  griffes  rudimentaires.  Le  Pal- 
pimaniis gibbulus  L.  Dufour,  Araignée  d'un  rouge  sombre, 
remarquable  par  son  céphalothorax  très  bombé,  est  répan- 
due dans  la  région  méditerranéenne  australe,  l'Ethiopie 
et  même  le  N.  de  l'fnde  ;  elle  se  trouve  sous  les  pierres, 
sa  démarche  est  lente  et  elle  ne  lile  point  de  toile  ;  elle 
est  remplacée  par  quelques  espèces  voisines  dans  le  S.  de 
l'Afrique.  Parmi  les  autres  genres  de  la  famille  des  Pal- 
pimanides,  les  plus  connus,  OlhiolhopsM-àc  Leay,  C/ir^- 
(lima  E.  Sim.,  se  trouvent  le  premier  en  Amérique,  le 
second  en  Afrique.  E.  Simon. 

PALPITATION  (Méd.).  Trouble  cardiaque,  caracté- 
risé par  des  battements  précipités,  arythmiques,  intermit- 
tents et  tumultueux  du  cœur  avec  makiise  et  même  an- 
goisse. Les  palpitations  peuvent  être  sumplomatiques 
d'une  maladie  du  cu'ur  et  du  poumon.  Mais  le  plus  sou- 
vent les  palpitations,  en  rapport  avec  un  trouble  de  l'in- 
nervation, sont  fonclionnelles  et  méritent  le  nom  de 
nerveuses  et  à  plus  forte  raison  lorsqu'elles  se  rattachent 
à_Lnie  névrose.  On  en  distingue  plusieurs  formes  ;  Tune 
est  caractérisée  par  une  accélération  des  contractions  du 
cœur  san's  diminution  de  la  tension  artérielle  ni  du  tonus 
vasculaire  ;  une  autre,  survenant  par  accès,  est  caractérisée 
par  cette  même  accélération  avec  hypotension  et  atonie 
vasculaire;  il  semblerait  ici  que  l'accélération,  due  à  une 
parésie  momentanée  du  .centre  modérateur  bulbaire,  s'ac- 
compagne en  outre,  dans  la  seconde  forme,  de  celle  du 
centre  vaso-moteur..  Dans  une  troisième  forme  paroxys- 
tique, signalée  spécialement  par  Huchard,  la  vaso-cons- 
triction  des  vaisseaux  périphériques  (ou  cœur  périphérique) 
détermine  de  Tangiospasme  avec  forcement  du  cœur.  Le 
nervosisme,  Thystérie  et  toute  cause  de  débihtation,  pré- 
disposent aux  palpitations  nerveuses,  aussi  bien  que  le  ta- 
bagisme des  pseudo-angineux.  Comme  causes  détermi- 
nantes, signalons  les  elibrts  exagérés,  les  émotions  vives, 
les  surexcitations  mentales,  etc. 

Sijmplôjnes.  Dans  les  paroxysmes,  le  nombre  des  bat- 
tements du  cœur  atteint  et  dépasse  cent  par  minute  ;  ils 
peuvent  être  visibles  à  l'œil,  perçus  par  la  main  de  l'opé- 
rateur, sentis  douloureusement  par  le  malade,  ce  qui  dis- 
tingue les  palpitations  de  la  tachycardie  (V.  ce  mot).  Le 
choc  de  )a  pointe,  plus  intense,  est  comme  élargi.  On 
observe  avec  une  grande  netteté  les  battements  artériels  ; 
le  pouls  radial  est  inégal,  intermittent,  irrégulier.  A  l'aus- 
cultation, les  bruits  du  cœ^ur  présentent  un  timbre  métal- 
lique, et  s'accompagnent  d'une  sorte  de  bourdonnement 
ou  de  bruissement  intermittent  perçu  également  par  le 
malade.  Très  souvent  les  palpitations  sont  accompagnées 
d'oppression  et  d'angoisse  assez  intense  pour  simuler  une 
angine  de  poitrine,  et  à  ces  symptômes  viennent  se  joindre 
le  refroidissement  périphérique  et  la  syncope.  1^'urine 
rendue  pendant  les  accès  est  claire  et  pâle. 

Traitement.  Généralement  un  malade  qui  ne  se  plaint 
que  de  palpitations  n'a  pas  de  maladie  du  co.nu',  et  s'il 
accuse  en  même  temps  des  troubles  gastriques,  dyspep- 
tiques ou  autres,  il  aura  de  la  fausse  palpitation.  Celle-ci 
s'observe  également  lorsque  le  cœur  frappe  contre  une 
paroi  hyperesthésiée  et  irritée,  en  rapport  avec  une 
névralgie  intercostale  gauche,  et  il  suffira  d'employer 
plusieurs  fois  l'appareil  de  chlorure  de  méthyle  pour 
voir  disparaître  ces  fausses  palpitations  que  Péter  assi- 
milait aux  précordialgies.  Les  migraineux  ont  aussi  de 
faus:ves  palpitations  dont  auront  raison  les  antispasmo- 
diques, les  calmants,  les  bains  tièdes  et  frais,  etc.,  effi- 
caces contre  les  troubles  d'innervation  du  cœ^ur  en  gé- 
néral. Le  traitement  est  donc  purement  symptomatique, 
et  consiste  à  écarter  les  causes  prédisposantes  et  à  traiter 
les  causes  déterminantes  telles  que  l'anémie  et  la  faiblesse 
générale  par  les  ferrugineux,  les  analeptiques  et  les  re- 
constituants. Dans  les  accès  graves  et  persistants,  on  a 
recours  à  l'éther,  à  l'ammoniaque,  à  l'aconit,  aux  bro- 
mures à  doses  élevées,  au  chloral,  etc.         D''.  L.  Hx. 


PALSGRAVE  (Jean),  grammairien  anglais,  néà  Lojidi'es 
vers  1480,  mort  avant  1554.  il  étudia  à  Londres,  Oxford 
et  Paris,  oii  il  vint  prendre  ses  grades  ;  en  1514,  il  fut 
choisi  pour  enseigner  le  français  à  la  princesse  Marie, 
sœur  de  Henri  YIII,  qui  allait  épouser  Louis  XIL  Cette 
princesse,  devenue  veuve  trois  mois  après,  retourna  en 
Angleterre,  ou  elle  emmena  Palsgrave,  qu'elle  donna  plus 
tard  pour  précepteur  aux  enfants  qu'elle  eut  de  son  second 
mari,  le  duc  de  Suffolk  ;  Palsgrave  obtint  ensuite  la  ])rê- 
bende  de  Portpool  et  le  titre  de  chapelain  du  roi.  C'est 
pour  ses  élèves  qu'il  écrivit  V Esclaircissement  de  la 
langue  française  (imprimé  à  Londres  en  1530),  en  deux 
livres,  traitant  le  premier  de  la  prononciation,  le  second 
des  parties  du  discours.  A  la  demande  de  la  duchesse  de 
Suffolk,  il  ajouta  à  son  œuvre  un  troisième  livre,  qui  com- 
mente le  second,  chapitre  par  chapitre,  et  se  termine  par 
un  long  lexique  français-anglais,  distribué  d'aprrs  les 
parties  du  discours.  Cet  ouvrage  est  la  plus  ancienne 
grammaire  complète  de  notre  langue  (puisfjue  celle  de 
Dubois  est  de  1531  et  celle  de  Du  Wez  de  153^).  Elle  Ji'a 
aucune  prétention  scientificine,  et  ce  fut  là  un  mérite  à  une 
époiiue  ou  les  rapprochemejits  arbitraires  avec  les  langues 
anciennes  tendaient  à  fausser  l'étude  du  français  ;  c'est 
une  œuvre  empirique,  mais  fondée  sur  une  observation 
attentive  et  sûre  ;  le  lexique  notamment,  antérieur  de 
soixante-treize  ans  au  plus  ancien  dictionnaire  fr\inçais 
(celui  de  Nicot),  est  un  précieux  répertoire  de  notre  langue 
au  xvi*^  siècle.  V Esclaircissement  de  Palsgrave  a  été 
réimprimé  par  Génin  en  1852  dans  la  Collection  des  do- 
cuments inédits.  '      A.  Jeaxroy. 

BiiiL.  :  GkxXîn,  Introducti un  à  rédiîioii  citée. 

PALSON.  Rivière  des  dép.  de  la  Corrèze  et  du  Lot 
(V.  ces  mots,  t.  Xïï,  p.  1071  et  t.^XXÏI,  p.  577). 

PaLSSON  (Gunnar),  poète  islandais,  né  en  1714,  mort 
en  1791.  Il  fut  d'abord  professeur  à  l'école  de  Holum, 
puis  prêtre  à  Hjardarholt,  s'est  surtout  distingué  dans  la 
traduction  des  vieilles  légendes  i^slandaises  :  Saga  de 
Gnnnlôg,  etc. 

PALTÂ,  Village  bengali,  à  23  kil.  au  N.  de  Calcutta 
(tnde),  sur  la  rive  gauciie  de  l'IlougH.  Pont  sur  l'Hougii 
et  machines  élévatoires  pour  le  service  des  eaux  de  Cal- 
cutta. 

PÂLTRON^ERl  (Pietro),  peintre  itahen,  né  à  Bologne 
en  1673,  mort  en  1741.  Il  parcourut  les  principales 
villes  de  l'Italie  et  séjourna  plusieurs  années  à  Rome.  11 
se  consacra  spécialement  à  la  représentation  pittoresque 
des  monuments  de  I'p;  .hitecture,  tels  que  des  arcs  de 
triomphe,  des  fontaine.^,  des  temples,  auxquels  il  ajoutait 
des  ciels  et  des  vues  de  campagne  heureusement  observés 
et  exécutés.  Pour  les  figures,  il  empruntait  le  pinceau 
d'un  autre  artiste,  Graziani. 

PALUD  (La).  Corn,  du  dép.  des  Basses-Alpes,  arr.  de 
Diiine,  cant.  de  Mou^liers;  467  hab. 

^ALUDAMENTUM  (V.  Costume,  t.  Xlî,  p.  1156). 

PALUDAN-MùLLE.  (Frederik),  poète  danois,  né  à 
Kerteminde  le  7  févr.  1809,  mort  à  Fredensborg  le 
'28  déc.  1876.  Avant  même  d'avoir  achevé  ses  études  de 
droit,  il  s'était  fait  connaître  par  quatre  petits  poèmes 
(1831),  que  couronna  la  Société  des  belles-lettres,  p^ir 
un  drame  romantique  :  l'Amour  à  la  Cour  (1832),  ins- 
piré par  l'étude  à  la  fois  .le  Shakespeare  et  de  Goz/i,  et 
surtout,  par  un  poème  de.  is  la  manière  de  Byron  :  Danse- 
rinden  (1833),  qui  obtinl  le  plus  vif  succès.  En  1834,  il 
publia  un  drame  lyrique  :  Amour  el  Psyché,  qui  semble 
bien  être  son  chef-d'œuvre  au  point  de  vue  de  la  per- 
fection de  la  forme.  Il  fait,  Tannée  suivante,  ses  examens 
de  droit,  mais  ne  pratique  point  et  vit,  après  un  voyage 
assez  long  au  Midi  (1838-40),  d'une  vie  de  plus  en  plus 
retirée  et  pensive,  publiant  coup  sur  coup  des  poésies 
lyi'iqucs,  des  récits  poétiques  {la  Fuite  de  Zuleima,  Béa- 
trice, etc.,  1835-1838),  des  poèmes  mythologiques 
{Vénus,  iSM,  Tiï/ioa.,  1844,  etc.);  des  poèmes  drama- 
tiques   et    philosophiques    {Kalanus,  la  Mort   déAhel, 


>ALlJi)AN 


WLIDISME 


—  l)\ïl  — 


AluMsverus,  elc,  1854),  des  nouvelles  el  romans  {la 
Source  de  la  Jeunesse,  i86o,  VEistoire  d'Ivar  Likke, 
1866,  etc.)-  De  toutes  ses  œuvres,  la  plus  importante  et 
celle  qui  d'abord  fut  le  moins  goûtée  et  le  moins  comprise 
est  son  poème  à'Adam  Homo  (1842-48),  dans  lequel 
il  marque  de  traits  vigoureux  toutes  les  défaillances  et  les 
lâchetés  morales  qui  sont  la  rançon  du  succès  dans  notre 
société  bourgeoise,  dénuée  d'idéal.  —  Son  frère  aine, 
Kaspar  Peler  {480o-8:2),  professeur  à  TUniversité  de 
«'.openhague,  était  un  historien  de  grande  valeur;  il  a  pu- 
blié :  Grevens  Fejde  (i 800-0 4),  Deforste  konger  afden 
oklenborgske slœijl (1874),  etc.  Th.  C. 

PALUDEN  (Port  de).  Hameau  delà  corn,  de  LanniHs 
(Finistère),  au  fond  de  la  rivière  de  l'Aber-Yrach,  au  point 
oii  elle  cesse  d'être  navigable,  à  4  kil.  dans  les  terres,  ame- 
nant jusque-là  les  marchandises  pour  Plouguerneau  et 
Lanniiis.  Pont  suspendu;  une  cale;  chenal  profond  ;  roche 
sur  laquelle  est  une  tourelle  en  maçonnerie.  11  entre  environ 
2.500  tonnes  de  bois  de  sapin,  ardoises,  houille,  noir 
animal  ;  exportations  insigniliantes  ;  douane.  A  l'entrée 
(le  la  rivière  est  le  port  de  l'Aber-Vrach,  mais  il  dépend 
d'une  autre  coîumune,  Landéda.  Néammoins,  il  convient 
de  signaler  les  feux  et  fanaux  de  la  rivière,  et  le  phare 
lie  l'ilc  Vierge,  sur  la  côte.  Ch.  Delavaud. 

B115.  :  Florent.  Puludcn.  (laiis  Paris  miirit.  de  Frnnco, 
1879,  t.  III. 

PALUDICELLE  (Pahidicella  P.  Gerv).  Genre  de 
Bryozoaires,  Ectoproctes,  vivant  dans  les  eaux  douces  et 
courantes.  Ce  sont  des  colonies  ramifiées,  longues  de  2 
à  0  cenlim.  Les  cellules  en  forme  de  massue  qui  les  com- 
posent sont  séparées  les  unes  des  autres  par  des  cloisons 
complètes  et  présentent  chacune,  lattéralement,  un  orifice 
buccal  tubuleiix,  privé  d'épistome  (couvercle),  mais  en- 
touré de  longs  tentacules  insérés  sur  un  lophophore  dis- 
coïde. La  reproduction  est  sexuelle  et  s'opère  par  bour- 
geonnement; les  bourgeons,  statoblasles  (Almann,  Nitzs- 
cho),  sont  externes.  L'espèce  type,  P.  articulata  P.  Gerv, 
est  commune  on  Europe.  D''  L.  Hx. 

PALUDIER.  On  appelle,  sur  les  cotes  de  l'Océan, ;;«- 
ludiers  ou  sauniers  les  exploitants  des  marais  salants 
(V.  Chlorure  de  sodium,  t.  XI,  p.  179).  Le  paludier  n'est 
pas  un  simple  ouvrier,  ni  un  fermier  louant  les  salines; 
c'est  un  colon  partiaire,  qui  fait,  en  général,  tout  le  tra- 
vail pour  le  tiers  ou  le  quart  de  la  récolte,  les  réparations 
cl  les  impôts  fonciers  restant  à  la  charge  du  propriétaire. 
Il  cultive,  entre  temps,  les  lerres  environnantes  ou  fait 
du  commerce.  L'hiver,  il  va  vendre  le  sel  à20el  30  lieues, 
(juelquefois  môme  davantage,  de  son  village.  Son  costume, 
qui  tend  à  disparaître,  se  compose  d'une  blouse  de  toile 
blanche,  d'une  culotte  de  même  étoife  attachée  au-dessus 
des  genoux,  et  do  haules  guèlces  boutonnées  sur  le  côté. 
En  farge  feutre  relevé  d'un  seul  bord  complète  cet  a(;cou- 
tcement.  Les  types  les  plus  curieux  de  paludiers  se  ren- 
contrent aux  environs  de  Guérande,  près  de  l'embouchure 
de  la  Loire,  et  sur  la  côte  de  Sainlonge.  Des  familles  en- 
îièrcs  se  livrent,  de  père  en  nls.  depuis  un  temps  immé- 
morial, à  cette  industrie  el.  comme  elles  s'alUent  presque 
(oujours  entre  elles,  elles  ont  (uii  par  constituer,  à  Bourg- 
de-Batz,  en  particulier  (V.  Baîz).  une  population  à  part, 
grande,  forte  et  au  teint  très  coloré.  Les  paludiers,  (pii  sont 
on  même  temps  cultivateurs,  iouissenl  d'une  certaine  ai- 
sance. Ceux,  au  contraire,  qui  vivent  sur  un  sot  acide, 
sont  plutôt  misérables,  le  peîit  commerce  de  troc  d'oii  ils 
ticaienl  jadis  une  partie  de  leurs  ressources  devenant  de 
moins  en  moins  fructueux, 

PALUDINA.  L  Malacolo*;iu.  —  Genre  de  Mollusques 
Prosobranches  élabli  par  Lauuu'ck  en  18^il,  pour  une 
coquille  plus  ou  moins  conoide,  à  touis  de  spire  arrondis, 
à  (tuvorture  ovale,  à  périslome  continu,  opercule  corné, 
î'ixemple  :  Pal.  hengaJensis  Lam.  Les  espèces  de  ce 
genre  vivent  dans  les  eanns:  douces  du  monde  entier. 

ii.  pATi:o>;TOLO(;iK.  —  Les  Paludines  fossiles  se  montrent 
pour  In    premi'']'C  fois  dans  le  jurassique  moyen ,  mais 


deyiennent  plus  communes  dans  le  tertiaire  d'eau  douce. 
Ce  genre  est  souvent  désigné  par  les  paléontologistes  sous 
le  nom  de  Vivipara  (Lamarck,  4809),  plus  ancien  que 
Paludina  (1821).  Les  formes  les  plus  anciennes,  qui  sont 
du  wealdien,  se  rattachent  au  sous-genre  moderne  Lio- 
plax  (Sandberger)  :  tels  sont  PaL  fhwiorum,  P.  elon- 
gata,  etc.  Dans  le  Crétacé  et  réocène,on  trouve  de  véri- 
tables Vivipara.  Les  Paludines  des  couches  (miocènes)  à 
Paludines  de  Hongrie  sont  célèbres  par  leurs  variations 
considérables  qui  ont  fourni  la  matière  d'un  important 
mémoire  de  Neumayr.  Elles  forment  un  certain  nombre 
de  séries  parallèles  dont  les  plus  anciennes  sont  des  Vivi- 
para, tandis  que  les  plus  jeunes  passent  au  genre  Tulo- 
toma.  Cette  variation  serait  due  à  la  diminution  progres- 
sive de  la  salure  dans  l'estuaire  primitivement  saumàtre 
de  la  Hongrie.  Le  genre  Byihinia,  encore  vivant,  date 
de  wealdien  et  se  continue  à  travers  le  tertiaire  jusqu'à 
nos  jours.  Parmi  les  plus  belles  espèces  de  Paludines  fos- 
siles, on  peut  citer  Vivipara  (Campelo7na)  varicosa  de  la 
molasse  miocène  d'Allemagne  et  Tulolonia  Ilœrnesi  des 
couches  à  Paludines  de  Slavonie.  E.  Tut. 

PALU  DISM  E.  On  donne  le  nom  de  paludisme  aux  acci- 
dents aigus  ou  chroniques  —  fièvre  ou  cachexie  —  qui 
frappent  les  personnes  vivant  d'habitude,  ou  par  occasion, 
dans  les  régions  marécageuses. 

Sous  le  nom  de  fièv}-e  intermitlente  (V.  Extemuttente), 
nous  avons  décrit  le  paludisme  aigu,  et  tout  ce  qui  a  été  dit 
sur  la  géographie  médicale,  l'étiologie,  riiématozoaire  du 
paludisme,  la  pathogénie  de  cette  maladie,  se  rapporte  éga- 
lemi'ut  au  paludisme  chronique  ou  cachexie  palustre. 

Le  ])aludisine  prend  souvent  une  foi'ine  larvée,  insidieuse, 
d'autant  plus  redoutable  qu'on  ne  s'en  méfie  pas,  en  cer- 
taines circonstances.  Il  se  cache  sous  une  forme  chnique 
(}ui  ?i'est  pas  la  sienne  :  la  névralgie  intermittente  est 
dans  ce  cas.  Mais  il  se  manifeste  parfois  par  un  état  chro- 
ni(|ue  grave,  qui  succède  généralement  aux  accès  de  palu- 
disme aigu,  quoiqu'il  puisse  s'établir  d'emblée  ;  cet  état 
est  Ja  cachexie  palustre.  C'est  ainsi  que  les  indigènes  des 
pays  à  fièvres  sont  souvent  cachectiques  sans  jamais  avoir 
eu  à  souffrir  d'accès  de  fièvre  palustre. 

Sijmpldmes.  L'anémie  domine  dans  la  cachexie,  la  des- 
r'jction  des  hématies  s'y  fait  avec  une  rapidité  telle  que, 
par  les  procédés  de  numération  actuels,  on  a  calculé  que 
leur  chiffre  peut  diminuer  de  1.000.000  par  millini.  c,  à  la 
suile  d'un  seul  accès  de  fièvre  palustre,  et  que,  d'après 
Kelsch,  vingt  à  trente  jours  de  fièvre  simple  suffisent  pour 
abaisser  le  chiffre  normal  des  hématies,  qui  estdeo.000.000 
par  millim.  c.  à  oOO.OOO.  Vn  même  temps,  la  peau  pâlit, 
se  h:\ie.  en  se  recouvrant  d'nne  teinte  terreuse,  et  se  sèche. 
Les  miîifaires  ou  les  manns  (|ui,  aux  premières  années  de 
lacon([uéte  indo-chinoise,  faisaient  de  trop  longs  séjours  en 
cette  colonie,  prenaient  cet  aspect  bien  connu  des  méde(ûns 
de  la  marine  sous  le  nom  do  faciès  cochinchinois,  qu'im- 
primaient sur  leur  visage  l'amaigrissement,  la  sécheresse, 
la  coloration  brun  terreux,  qui  sont  la  caractéristique  des 
iiidigènes  de  la  Cochinchine. 

Chez  ces  malades,  les  sclérotiques  sont  d'un  blanc  bleuâtre, 
ce  qui  permet  de  distinguer  facilement  la  teinte  terreuse 
des  cachectiques  de  la  teinte  iclcriffue (L^xersin  elTeissier). 
Le  pouls  est  petit,  dépressible,  ralenti,  le  cœur  bat  fdble- 
ment,  et  l'on  perçoit  des  souffles  anémiques  à  la  base  du 
cfcuc  et  dans  les  vaisseaux  du  cou.  l^a  nostalgie  s'empare 
viti^  de  ces  affaiblis,  qui  se  traînent  péniblement  et  ne  s'in- 
téressent plus  à  ce  ((ui  se  passse  autonr  d'eux  ;  leur  tête 
est  lourde,  leurs  oreilles  bourdonnent;  ils  éprouvent  de 
fré([uents  éîourdissementset  des  insomnies.  En  mêinetem])s, 
on  constate  chez  eux  des  épistaxis,  de  l'hématurie  ;  une  véri- 
table hémophilie  rend  redoutable  la  moindre  solution  de 
continuité  des  tissus.  Bientôt  se  produisent  de  r(edème  des 
paupières,  des  malléoles,  de  l'hydropéricarde,  de  l'ascite. 
Les  fonctions  digestives  sont  en  souffrance  ;  il  y  a  de  l'ano- 
rexie, surtout  pour  la  viande,  et  souvent  des  vomissements 
se  pi'oduisent  à  la  moindre  tentative  faite  pour  s'alimenter. 


913 


PALUDISME  —  PAMARD 


La  rate  est  considérablement  hypertrophiée,  le  foie  éga- 
lement, quoique  à  un  moindre  degré  que  la  rate.  Ces  ca- 
chectiques ont  souvent  des  accès  réguliers  ou  irréguliers  à 
longues  intermittences,  et  c'est  dans  ces  conditions  qu'il 
faut  craindre  de  les  voir  enlevés  par  des  accès  pernicieux.  La 
dysenterie  et  la  pneumonie  sont  les  complications  qui  en- 
traînent le  plus  souvent  la  mort  des  cachectiques,  qui  n'ont 
plus  la  force  de  réagir  ;  ils  meurent  de  pneumonie  de  la 
même  fat:on  (jue  le  vieillard,  sans  le  frisson  initial,  sans 
le  point  de  côté,  sans  ces  crachats  rouilles  qui  révèlent  la 
pneumonie  des  gens  vigoureux.  Parfois  encore,  la  rate  se 
rompt,  lorsqu'un  paroxysme  fébrile  vient  augmenter  de 
nouveau  la  congestion  de  cet  organe  qui  est  hypertrophié. 

C'est  dans  cet  état  que  nous  sont  revenus  beaucoup 
de  malades,  à  la  suite  de  l'expédition  de  Madagascar  ; 
mais  les  ressources  étaient  encore  grandes  chez  la  plupart 
de  ces  jeunes  gens  qui  furent  rapatriés  à  temps,  et  la  gué- 
rison  ne  se  fit  pas  trop  longtemps  attendre,  malgré  la 
misère  physiologique  intense  ou  ils  se  trouvaient. 

Anatomie  'pathologique.  Dans  le  pakidisme  chronique, 
la  rate,  le  foie,  les  reins  présentent  les  lésions  de  la  con- 
gestion et  de  l'inflammation  chroniques.  —  La  rate  peut 
peser  jusqu'à  200  gr.,  et  plus  ;  elle  présente  des  adhé- 
rences avecles  parties  voisines.  La  capsule  fortement  épaissie 
se  présente  sous  l'aspect  d'une  membrane  fdjreuse  très  ré- 
sistante d'un  blanc  nacré  qui  a  parfois  une  épaisseur  de 
1  centim.  (Laveran  et  Teissier).  En  certains  points,  la  ré- 
sistance est  beaucoup  plus  faible  que  sur  d'autres,  d'où 
des  ruptures  possibles  de  cet  organe.  Son  parenchyme  est 
induré  et  ne  présente  pas  la  teinte  brunâtre  uniforme  du 
paludisme  aigu.  La  dégénérescence  amyloide  est  rare.  Le 
foie  est  augmenté  de  volume  et  de  poids  ;  il  présente  les 
altérations  delà  congestion  chronique  et,  à  un  faible  degré, 
celles  de  la  cirrhose  vasculaire.  Les  reins  sont  conges- 
tionnés ou  présentent  les  altérations  de  la  néphrite  chro- 
nique. Les  poumons  sont  (juelquefois  partiellement  cirrho- 
tiques.  Les  autres  organes  sont,  en  général,  profondément 
anémiés. 

Pronostic.  Si  la  fièvre  intermittente  entraîne  rarement 
la  mort  par  ses  accès,  les  accidents  pernicieux,  la  cachexie 
palustre,  sont  fréquemment  redoutables;  celle-ci  tue  même 
plus  souvent  que  les  accidents  pernicieux,.pour  cette  raison 
que  ceux-ci  ne  régnent  que  pendant  quelques  mois,  tandis 
que  la  cachexie  pakistre  est  l'aboutissant  de  toutes  les 
fièvres,  et  survit  à  la  période  endémo-épidémique  (Laveran). 

Prophylaxie.  Traitement.  La  prophylaxie  du  paludisme 
chronique  a  été  développée  dans  cet  ouvrage,  en  même  temps 
que  celle  de  la  fièvre  intermittente  (paludisme  aigu).  Quant  au 
traitement,  bien  que  les  préparations  de  quinquina  en  soient 
la  base,  il  y  a  lieu  de  tenir  un  grand  compte  des  lésions  des 
différents  organes  (pii  peuvent  contre-indiquer  pour  un  temps 
l'usage  de  la  ({uinine,  eri  plaçant  au  premier  pian  des 
complications  plus  graves  encore  que  l'intoxication  pa- 
lustre elle-même.  Toutefois,  il  ne  faut  jamais  désespérer 
de  remettre  assez  rapidement  sur  pied  un  impalude  chro- 
nique, même  dans  un  état  très  avancé,  dès  qu'il  se  trouve 
transporté  en  pays  salubre,  et  surtout  en  Europe.  C'est  dire 
que  l'évacuation,  c.-à-d.  le  départ  du  pays  oiil'on  s'est  im- 
palude, est  la  première  condition  du  traitement.  Puis  l'in- 
dication principale  est  de  rendre  aux  fonctions  digestives 
leur  intégrité,  au  moins  relative.  Il  faut  (|ue  le  malade 
puisse  garder  la  nourriture.  Pour  amener  la  toléi'ance  de 
l'estomac  ou  de  l'intestin,  le  lait  est  un  merveilleux  médi- 
cament-aliment. Si,  lorsque  nos  soldats  expéditionnent  aux 
colonies,  le  lait  conservé  sauve  beaucoup  d'entre  eux  de  la 
mort,  le  lait  frais  achève  souvent  à  lui  seul,  en  France, 
la  guérison.  Quand  le  malade  peut  conserver  les  aliments 
et  absorber  les  préparations  de  quinquina,  la  jeunesse  aidant, 
on  doit  le  considérer  comme  sauvé,  quel  que  soit  le  degré 
de  l'intoxication  palustre. 

Mais  les  hommes  ont  à  se  défendre  surtout  contre  leur 
voracité  ;  c'est  pourquoi  le  lait  doit  être  donné  à  petites 
doses  et  souvent,  coupé  ou  non  avec  des  boissons  gazeuses 

GRANDE  ENCVCLOPÉDIE.   —  XXV. 


(eau  de  Seltz,  eau  de  Vais  ou  de  Vichy),  additionné,  s'il  le 
faut,  de  glace,  pour  dompter  la  révolte  de  l'estomac.  Il  faut, 
à  cette  période  critique  de  la  maladie,  supprimer  le  vin, 
les  préparations  alcooliques  de  quinquina,  pour  permettre 
à  la  muqueuse  stomacale  de  retrouver  ses  propriétés  sé- 
crétantes physiologiques.  Et  lorsque  le  lait  aura  été  toléré 
pendant  quelques  jours,  avant  que  la  répugnance  pour  cet 
aliment  se  manifeste,  en  même  temps  que  l'appétence  pour 
d'autres  mets  renaîtra,  on  reviendra  peu  à  peu  à  l'alimen- 
tation normale,  en  commençant  par  les  viandes  blanches,  les 
œufs,  les  légumes  cuits,  accompagnés  de  boissons  gazeuses, 
alcalines.  Il  faudra  redouter  surtout  l'ingestion  de  légumes 
crus,  dont  sont  très  friands  les  malades  qui  reviennent  de 
pays  tropicaux  où  le  jardinage  est  assez  restreint.  Et  la  meil 
leure  prophylaxie  hygiéni(|ue  des  accidents  du  paludisme 
devra  surtout  consister  à  éviter  les  indigestions,  les 
refroidissements,  la  fatigue,  qui  réveillent,  au  premier 
chef,  les  accès  de  fièvre,  et  appellent  les  accidents  perni- 
cieux. Beaucoup  de  rapatriés  de  Madagascar  ou  d'autres 
colonies  insakibres  sont  morts  dans  leurs  familles,  mal 
surveillés  dans  leur  hygiène,  après  les  repas  multipliés  de 
l'heureux  retour,  qui  n'auraient  pas  succombé  s'ils  s'étaient 
plies  à  la  discipline  thérapeutique  ou  alimentaire  des 
hôpitaux. 

Tout  en  traitant  les  accès  de  fièvre  par  les  sels  de  qui- 
nine, la  cachexie  sera  particulièrement  combattue  par 
V acide  arsénieux,  qui  agit  surtout  comme  tonique.  Le 
quinquina,  conmie  médicament  antipériodique  journalier 
—  en  dehoi*s  des  accès  —  sera  préféré  aux  sels  de  qui- 
nine, sous  forme  de  décoction  ou  de  poudre  (quinquina 
Calisaya),  dans  du  café  noir.  Les  affusions  froides  auront 
un  excellent  effet  contre  l'engorgement  des  viscères  abdo- 
minaux ;  on  se  méfiera  des  douches  froides  qui  réveillent 
souvent  les  accès  de  fièvre.  Des  frictions  sèches  quotidiennes 
sur  tout  le  corps  seront  prescrites.  On  fera,  l'été,  une  saison 
à  la  Bourboule,  et  l'on  évitera  toute  préoccupation  morale 
et  toute  fatigue  corporelle.  D^  A.  Coustan. 

BiHL.  :  A.  I.Avi:iiA.\  et  .1.  Tkis-ikr,  Nouveaux  Éléments 
de  pathologie  inédicale  ;  Paris,  lo9t,  2  vol.,  4«  éd. 

PALUEL.  Com.  du  dép.  de  la  Seine-Inférieure,  arr. 
d'Yvetot,  cant.  de  Cany  ;  487  hab. 

PALUZiE  y  Cântolorella  (Esteban),  archéologue  espa- 
gnol, né  en  1806.  11  prit  une  part  active  au  mouvement 
libéral  de  1820,  combattit  dans  les  rangs  des  constitu- 
tionnels et  fut  plus  d'une  fois  persécuté  par  ses  ennemis 
politiques.  Traduit  à  plusieurs  reprises  devant  les  tribu- 
naux, il  se  vit  condamné,  en  1835,  à  la  déportation  aux 
Philippines  ;  mais  la  milice  nationale  de  Cadix  le  délivra. 
Vers  1840,  Paluzie  renonça  à  la  politique  pour  se  consa- 
crer à  l'étude  de  l'archéologie  et  aux  œuvres  d'enseigne- 
ment. Fondateur  d'une  institution  pédagogique  à  Barce- 
lone, il  fut  nommé  plus  tard  inspecteur  des  antiquités  des 
royaumes  de  Valence,  d'Aragon,  des  îles  Baléares  et  de 
Catalogne.  Membre  de  l'Académie  d'histoire  de  Madrid,  il 
a  publié  un  certain  nombre  d'ouvrages  de  paléographie 
espagnole,  des  traités  de  morale  et  des  livres  d'éducation 
pour  l'enfance  et  la  jeunesse.  G.  C. 

PALVAL.  Ancienne  ville  indienne,  aujourd'hui  en  déca- 
dence, dans  le  district  de  Gourgaon  (Penjâb),  sur  la 
grand  route  de  Delhi  à  Mattra  (Mathourà);  10.000  hab. 
Les  pandits  y  voient  VApelava  qui  faisait  partie  du 
royaume  des  fils  de  Pandou,  les  héros  du  Mahâbhdrata. 

PAMAI  ou  PI  M  Al  (Archéol.  égypt.),  roi  de  la 
XXIP  dynastie  que  l'on  classe  entre  Sheshank  III  et  Shes- 
hank  IV,  mais  sur  le  règne  duquel  on  n'est  pas  encore 
documenté. 

PAMARD  (Pierre-François-Benezet),  chirurgien  fran- 
çais, né  à  Avignon  le  7  avr.  1728,  mort  à  Avignon  le 
2  janv.  1793.  Il  fut  chirurgien-major  à  l'hôpital  général 
de  sa  ville  natale.  On  lui  doit  l'invention  de  Vophtalmos- 
tat,  auquel  il  donnait  le  nom  de  trèfle,  et  qui  sert  à  fixer 
l'œil  pendant  l'opération  de  la  cataracte  ;  c'est  lui  qui  a 
vulgarisé  dans  le  midi  de  la  France  l'opération  par  extrac- 

58 


PAMARD  —  PAMIERS 


~  91^ 


tion.  Très  habile  de  ses  mains,  il  confectionnait  les  par- 
ties du  corps  en  papier  mâché,  carton,  etc.,  et  il  était  en 
outre  dessinateur  distingué.  —  Son  (ils,  Jean-Baptiste- 
Antoine  (1763-1827),  fut  chirurgien  en  chef  de  l'Hôtcl- 
Dieu  d'Avignon  et  un  ardent  propagateur  de  la  vaccine  ; 
il  fut  membre  correspondant  de  l'Académie  de  médecine 
de  Paris.  D^'  L.  Un. 

PAMARD  (Paul-Antoine-Marie),  chirurgien  français, 
né  à  Avignon  le  2  août  1802,  fils  de  Jean-Baptiste- An- 
toine. En  1827,  il  succéda  à  son  père  comme  chirurgien 
de  rtiôtel-Dieu  d'Avignon  et  y  créa  un  cours  de  clinique 
chirurgicale.  Il  acquit  une  grande  réputation  dans  les  opé- 
rations de  la  taille,  de  la  cataracte,  dans  les  amputations 
et  les  ligatures  des  grandes  artères.  Il  a  publié,  de  18i-i 
à  1849,  divers  mémoires  relatifs  à  ces  opérations. 

PAMBA  (nommée  aussi  Anibaca).\i\\(i  de  la  côte  occi- 
dentale d'Afrique,  dans  la  colonie  portugaise  d'Angola  et 
ch.-l.  du  district*  d'Ambaca. 

PAMBAN.  Nom  du  canal  qui,  au  S.-O.  de  la  baie  du 
Bengale,  fait  communiquer  les  golfes  de  Pallv  et  de  Manâr. 
Il  est  situé  entre  l'extrémité  de  la  presqu'île  indienne  de 
Ramnad  et  l'île  sainte  de  Rameçvaram,  et  large  de  2  kil. 
Il  est  pour  la  plus  grande  partie  obstrué  par  les  restes  de 
la  digue  qui,  jadis  reliait  Rameçvaram  à  la  terre  et  qui 
fut  démolie  par* la  tempête  en  1480.  Dans  ce  siècle,  les 
Anglais  ont  aménagé  un  chenal  qui  atteint  4^^,50  de  pro- 
fondeur, et  établi  un  phare  au  village  de  Pamban,  à 
l'extrémité  occidentale  de  l'île  de  Pamieçvaram. 
PANIBÉ  (Afrique)  (V.  BEMm>). 
PAMBOTANO  (ïhérap.).  Petit  arbuste  de  la  famille 
des  Légumineuses  (Calliandra  Housioni  Benth.),  qui 
croît  au  Mexique,  au  Gabon,  au  Sénégal  (V.  Calliandra). 
M.  Villejean  en  a  retiré  du  tanin,  des  matières  grasses  et 
une  résine  soluble  ;  M.  Gab.  Pouchet  y  a  trouvé  un  alca- 
loïde et  une  résine  active  ;  M.  Bocquillon  en  a  extrait  un 
glucoside,  la  calliandrine.  —  Son  écorce  est  employée 
au  Mexique  comme  fébrifuge  ;  le  D^  Valude  (de  Vierzon) 
a  présenté  un  mémoire  à  l'Académie  de  médecine  de  Pa- 
ris, en  1890,  sur  ses  propriétés  antipaludéennes,  mises 
en  relief  dans  des  expériences  pratiquées  en  Sologne.  C'est 
un  excellent  amer  et  tonique,  qui  a  réussi  dans  les  cas 
où  la  quinine  échouait  ;  son  emploi  a  donné  de  bons  ré- 
sultats dans  la  malaria  (Roussel,  de  la  Nouvelle-Orléans), 
dans  les  fièvres  intermittentes  quotidiennes  (Crespin, 
d'Alger),  dans  le  paludisme,  la  fièvre  typhoïde,  la  tubej'- 
culose  (Valude).  Son  action  efficace  et  rapide  l'a  fait  re- 
commander comme  préventif  des  fièvres  paludéennes  et 
contre  les  rechutes  (Dinan).  —  On  l'administre  sous 
forme  de  teinture,  d'éfixir, et  surtout  de  décoction;  celle-ci 
se  prescrit  à  la  dose  de  70  à  80  gr.  d'écorce  à  prendre 
en  une  fois  chez  les  adultes,  40  gr.  pour  les  enfants. 
M.  Crespin  combat  les  nausées  au  moyen  d'acide  car])o- 
nique  ou  d'opium  qu'on  lui  associe.  D^'  V. -Lucien  Hahn. 
PÂMÉ  (Blas.).  Se  dit  d'un  poisson  dont  la  gueule  est 
ouverte. 

PAMEL.  Ville  de  Belgique,  prov,  de  Brabant,  arr.  de 
Bruxelles,  sur  la  Dendre,  affl.  de  l'Escaut,  à  22  kil.  de 
Bruxelles;  4.000  hab.  Importantes  exploitations  houblon- 
nières. 

PAMELE  (Jacques  de)  (en  latin  Panie  lin  s),  \)h\Mogm 
et  théologien  belge,  né  à  Bruges  en  1530,  mort  à  Mons  en 
1387.  Il  étudia  le  droit  et  la  théologie  à  Louvain  et  par- 
courut les  principales  universités  de  l'Europe.  Il  entra  en- 
suite dans  les  ordres  et  venait  d'oire  désigné  par  le  roi 
Philippe  II  d'Espagne  pourl'évèché  de  Saint-Omer  lorsqu'il 
mourut  inopinément.  Son  ouvrage  capital  est  la  Litur- 
gia  Latinorum  (Cologne,  1571-76,  2  vol.  in-4.)  ;  il  est 
l'auteur  d'une  dissertation  très  violente  contre  le  principe 
de  la  tolérance  religieuse  :  De  non  admittendis  una  in 
republica  divei^sannn  religionum  exerciliis  (Anvers, 
1589,  in-8).  On  lui  doit  aussi  de  savantes  éditions  avec 
commentaires  des  Divinœ  leciioncs  de  Cassiodore,  des 


œuvres  de  Saint-Cyprien  (ibid,,  1568,  in-fol.  ;  rééd., 
1589),  et  de  Tertuïlien  {ibid.,  1579,  in-fol.).  Antoine 
de^  Hennin,  évèque  d'Ypres,  mit  la  dernière  main  à  une 
édition  de  Raban  Maur  que  Pamelius  avait  préparée,  et 
la  publia  à  Cologne  en  1627  (3  voL  in-fol.). 
PAMFILI  (OÎimpia)  (V.  Maldachlm). 
PAMIERS  (Fredelas,  Appamiœ),  Ch.-l.  d'arr.  du dép. 
del'Ariège,  sur  la  rive  dr.  del'Ariège;  El.  143  hab.  Stat. 
du  chemin  de  fer  du  Midi.  Siège  d'un  évêché  suffragant 
de  Toulouse.  Source  minérale  de^i  Barraques.  Papeteries, 
minoteries,  forges,  hauts  fourneaux,  scieries.  Commerce 
de  grains,  farines,  foins,  luzernes. 

Histoire.  —  Le  nom  du  premier  groupe  d'habitations 
qui  s'éleva  sur  le  tenitoire  de  la  future  ville  de  Pamiers 
est  Eredelas  et  remonte  à  l'époque  romaine;  le  nom  de 
Pamiers  n'apparaît  qu'en  1111,  et  vient  du  mot  pam  qui 
signifie  quartier  ;  le  bourg  était  en  effet  divisé  en  six  panis. 
Dès  le  commencement  du  x^  siècle  fut  fondée  au  S.  l'ab- 
baye de  Saint- An tonin,  dont  les  abbés  possédèrent  le  pa- 
réage  de  Pamiers  de  moitié  avec  les  comtes  de  Foix  dans 
les  domaines  desquels  la  ville  était  comprise;  le  pre- 
mier paréage  est  de  1111  et  fut  renouvelé  plusieurs  fois 
au  cours  des  siècles,  non  sans  de  longs  et  violents  débats. 
En  1295,  l'abbaye  de  Saint-Antonin  fut  érigée  en  évèché 
par  Boniface  VU!  au  profit  de  l'abbé  Bernard  Saisset  qui 
soutint  contre  le  comte  Roger-Bernard  une  lutte  acharnée. 
Aux  XIV®,  XV®  et  xvi«  siècles,  Pamiers  fut  administré  par 
des  consuls  qui  défendaient  très  jalousement  contre  les  co- 
seigneurs  les  privilèges  de  la  ville.  Lors  de  la  Réforme, 
les  habitants  embrassèrent  le  protestantisme  et  dans  les 
troubles  des  guerres  de  religion,  l'église  Notre-Dame  du 
Mercadal,  l'abbaye  de  Saint-Antonin  et  le  bourg  du  Mas 
furent  tour  à  tour  incendiés  et  détruits.  En  1628,  Pamiers 
fut  pris  d'assaut  et  traité  avec  rigueur  par  le  prince  de 
Coudé,  mais  la  ville  répara  promptement  ses  pertes. 

EvÉQUEs.  — Bernard  Saisset,  1295-1314  ;  Pilfortde  Ra- 
bastens,  1315-17;  Jacques  Fournier,  1317-26;  Domi- 
nique Grenier,  1326-47;  Arnaud  deVillemur,  134S-50  ; 
Guillaume  de  Montespan,  1351-70;  Raymond  d'Accone, 
137 1-79  ;  Bertrand  d'Ornésan,  1380-1424;  Jean  de  Eorto, 
1424-31;  Gérard  de  la  Bricoigne,  1431-35;  Jean  Mel- 
lini,  1435-59;  Barthélémy d'Artiguelouve,  1 459-67  ;Pas- 
chal  du  Four,  1468-87  ;  Pierre  de  Castelbajac,  1488-97  ; 
Gérard  Jean,  1498-1501;  Amanieu  d'Al'bret,  1502-6, 
151 4-20);  Mathieu  d'Artiguelouve,  1506-14;  Bertrand 
de  Lordat;  1524-47;  Jean  de  Luxembourg,  1547-48; 
Jean  de  Barbançon,  1548-57;  Robert  de  Pellevé,  1557- 
79  ;  Bertrand  du  Perron,  1579-1605  ;  Joseph  d'Esparbès 
deLussan,  1608-25;  Henri  de  Sponde,  1626-29,  1643; 
Jean  de  Sponde,  1639-43;  François  Bosquet  (ne  siégea 
pas)  ;  Jacques  de  Montrouge  (ne  siégea  pas)  ;  François  de 
Caulet,  1644-80  ;  François  d'Anglure  de  Bourlemont, 
1680-85;  François  de  Camps,  168l)-93;  Jean-Baptiste  de 
Verthamon,  1 693- 1 735  ;  François-Barthélémy  de  Salignac- 
Fénelon,  1736-41;  Henri-Gaston  de  Lévis,  1741-87;  Jo- 
seph-Mathieu d'Agoult,  1787-90;  N.  Font,  évoque  cons- 
titutionnel, 1791-93;  François  de  Latour-Landorthe, 
1823-35  ;  Joseph  Ortric,  1835-45;  Guy  Alouvry,  18  <  6- 
56  ;  Augustin  Galtier,  1856-58  ;  Auguste  Bélaval,  1858- 
81  ;  Pierre-Eugène  Rougerie,  1881. 

MoNUMiv\TS.  —  Cathédrale  Saint-Antonin  :  tour  octo- 
gonale du  XI v^  siècle  en  briques,  de  style  gothique  tou- 
lousain, surmontant  un  massif  carré  à  créneaux  et  mâ- 
chicoulis qui  enveloppe  lui-même  un  porche  avec  porte 
romane  de  la  fin  du  xni®  siècle  ;  le  reste  de  l'église,  d'un  style 
bâtard,  mi-roman,  mi-gothique,  a  été  bâti  de  1658  à  1689. 
—  Notre-Dame  du  Camp,  église  des  xvii®  et  xviii®  siècles 
avec  façade  du  xiv<^. —  Palais  épiscopal  du  xviii®  siècle.  — 
Al  kil.  au  S.,  quelques  ruines  de  Tabbaye  de  Saint-Anto- 
nin, H.  Courteault. 

Concile  de  Pamiers.  —  Concilium  Apamiense 
(1212),  assemblé  par  Simon  de  Montfort,  chef  de  la  croisade 
contre  les  Albigeois.  On  y  fit  des  règlements  pour  l'extir- 


—  915 


PAMIERS  —  PAMIR 


pation  (le  riiôrésie,   le   l'élaljlibseineiU   île    la   discipline 
€cclésiasti(jiie,  de  la  paix  et  des  bonnes  mœurs. 

BiBL.  :  .].  de  LAlIO^'DES,  Annules  de  Pamiers;  Toulouse, 
1882,  2  vol.  in-8.  —  Ourgaud,  Notice  sur  la  ville  et  le  pays 
de  Pamiers;  Paris,  lb85,  in-8.  —  E.  de  Rozière,  le  Paréage 
de  Pamiers^  dans  Bihl.  de  VEcole  des  Chartes,  année  1871. 

PAMIR.  Vaste  région  montueuse  du  centre  de  l'Asie, 
au  N.  de  Plnde,  et  comprenant  aussi  plusieurs  contrées 
connues  sous  le  nom  de  Darvaz,  Rochan,  Chougnan. 

Etymolocie.  Limites.  —  Le  mot  Pamir,  Pamilo,  du  pre- 
mier voyageur  chinois  Hiuen-Tsang,  proviendrait,  selon  les 
uns,  du  mot  Bami-Ral,  dans  la  langue  indigène  :  «  haut 
toit  ».  Selon  les  autres,  le  nom  primitif  serait  Bam-i- 
douniah  ou  «  toit  du  monde  ».  De  toutes  façons,  le  nom 
Pamir,  employé  à  la  fois  par  les  rares  habitants  du  pays 
«t  dans  la  littérature  européenne,  représente  bien,  au  point 
de  vue  géognostique,  une  sorte  de  toit,  ou  immense  pla- 
teau, hérissé  de  cimes,  nœud  des  principaux  systèmes  mon- 
tagneux du  continent  asiati(|ue  :  Tiaan-chan,  Hindou- 
Kouch,  Kouen-Loun,  Kara-Koroum,  Himalaya.  Le  Pamir 
propre  est  divisé,  un  peu  aibitrairement,  par  divers  ex- 
plorateurs en  différentes  sections  :  Grand  Pamir  ou  Pamir- 
i-Kalan,  Petit  Pamir,  Pamir  Alitchour,  Pamir  Sarez,  Pa- 
mir des  Lièvres,  selonles  termes  dont  s'étaient  servis  leurs 
guides  ou  les  indigènes  rencontrés  sur  leur  route. 

Configuration  physique.  —  Prise  dans  son  ensemble,  la 
région  désignée  sous  le  nom  Pamir  peut  être  assez  nette- 
ment délimitée  au  N.  par  les  monts  Trans-alaï  à  l'O. 
«t  au  S.  pour  le  cours  du  Piandj  (ou  Pandj),  ciîiq^  en  langue 
indigène,  probablement  par  allusion  aux  cinq  rivières  qui 
semblent  former  le  cours  d'eau,  branche  supérieure  de 
rOxus)  et  la  chame  de  l'Hindou-Kouch;  à  l'E.,  par  le 
Kandjout,  une  partie  du  cours  de  FAk-sou  et  par  la 
Kachgarie.  C'est  un  espace  compris  entre  39^  30^  et 
36^  W  lat.  N.,  et  70^20'  et  73«  long.  E.  de  Paris,  d'une 
étendue  d'environ  7.000.000  d'hect.,  soit  les  quatre  cin- 
quièmes du  Portugal  :  270  kil.  du  N.  au  S.  (du  Trans-alai  à 
l'Hindou  Kouch)  ;  240  kil.  de  l'E.  à  l'O.  (du  Moustag-ala  au 
Mourghab).  L'aspect  de  cette  contrée  est  des  plus  caractéris- 
tiques. Séparé  du  reste  du  continent  par  des  abîmes  sans 
fond,  le  terrain  s  abaisse  et  se  relève  contiimellement  pour 
former  une  série  de  hauteurs  et  de  vallées;  cà  et  là,  quel- 
<ques  pics  isolés.  L'élévation  moyenne  du  pays  atteint  la 
hauteur  des  sommets  les  plus  élevés  des  Alpes  bernoises. 
Les  massifs  qui  le  couronnent  s'étendent  presque  exclu- 
siment  du  N.-E.  au  S.-O;  leur  hauteur  générale  est  de 
600  à  900  m.  ;  quelques-uns  dressent  leurs  cimes  cà  2.1 00, 
^.500  m.  et  davantage  au-dessus  du  plateau,  ce  qui  leur 
donne  une  altitude  de  6. 400  à  6.700  m.  au-dessusdu  niveau 
de  la  mer.  Tel  est  le  cas  du  Kangour  des  Russes  (Kachgar 
ou  Dufferin  des  Anglais)  et  du  Moustag-ata,  dans  la  par- 
tie orientale  du  Pamir,  auquel  on  s'accorde  pour  attribuer 
une  altitude  d'environ  7.300  m. 

Hydrographie.  —  A  l'exception  de  quelques  vallées  au 
N.,  qui  vont  au  bassin  de  Tarim,  et  de  celles  à  ri],  de 
la  passe  de  Vakdjir,  également  tributaire  du  bassin  de 
LAsie  centrale,  le  Pamir  proprement  dit  appartient  tout 
entier  au  versant  de  l'Oxus  (Amou-daria),  ou  se  compose 
de  bassins  isolés  sans  déversoir,  comme  celui  du  gi'and 
Kara-koul. 

Le  niveau  inférieur  des  vallées  est  habituellement,  comme 
nous  venons  de  le  dire,  à  une  altitude  variant  de  4.000  à 
o.OOO  m.  Les  neiges  perpétuelles,  dont  la  limite  est  dif- 
ficile à  fixer  exactement,  vu  le  changement  de  latitude,  ne 
descendent  guère  au-dessous  de  5.000  m.  Les  pluies  et  les 
neiges,  presque  inconnues  dans  les  vallées  du  Nord  jusqu'à 
l'Aksou  (rivière  Blanche,  cours  supérieur  de  l'Oxus),  sont 
plutôt  abondantes  dans  les  vallées  du  Sud.  Ces  dernières, 
quoique  plus  élevées,  sont  assez  gazonnées;  les  montagnes 
ont  des  formes  douces,  arrondies,  peu  rocheuses  et  s'élè- 
vent souvent  jusqu'à  6.000  m.  et  au-dessus. 

Le  régime  des  eaux  est  compliqué,  les  lacs  abondent  et 
les  rivières  qui  en  découlent  ou  qui  les  forment  ont  les 
cours  les  plus  capricieux.  Parmi  les  lacs,  les  principaux 


sont  :  le  grand  et  le  petit  Kara-koul  (4.000  et  3.7o0  m: 
environ);  Rang-koul  (3.730  m.),  Bouloum-koul  (3.300), 
Sari-koul  (4.000  m.),  Oi-koul  (3.500  m.). 

L'ensemble  du  plateau,  relevé  dans  l'E.,  où  se  trouve 
le  Moustag-ata,  est  incliné  vers  l'O.  par  une  pente  douce. 
Les  rivières  courent  donc  en  général  de  l'E.  à  l'O.  L'Ak- 
sou, qui  prend  sa  source  dans  les  marais  et  la  plaine  du 
lac  Ghakmakmi,  forme  un  grand  coude  et,  après  avoii' 
coulé  au  N.-E.,  revient  dans  l'O.  former  le  Mourghab. 
Dans  cette  boucle  immense  se  trouvent  plusieurs  vallées  im- 
portantes, entre  autres  celle  de  l' Alitchour  et  celle  du 
Zor-koul  et  de  la  rivière  Pamir,  vallées  orientées  directe- 
ment à  l'O.  A  peu  de  distance  des  sources  de  TAk-Sou 
se  trouvent  celles  de  l'Oxus.  Sous  le  nom  de  Vakhan-Da- 
ria,  ce  dernier  coule  directement  à  l'O., puis  revient  vers 
le  N.  recevoir  successivement  les  divers  affluents  que  lui 
envoient  les  montagnes.  Les  lignes  de  partage  des  eaux  dos 
rivières  ne  sont  pas  constituées  par  les  plus  grandes 
élévations;  arêtes  douces  des  montagnes  et  cours  des 
rivières  sont  parallèles.  L'Ak-sou  court  d'abord  le  long 
de  la  ligne  de  faite  qui  sépare  ses  eaux  de  celles  de  l'Asie 
centrale  ;  l'AUitcour  est  séparé  de  l'Ak-sou  par  une  haute 
chaîne;  une  autre  chaine  importante  le  sépare  de  la  ri- 
vière Pamir  ;  la  chaine  du  grand  Pamir,  parallèle  au  cours 
de  cette  dernière,  l'est  aussi  avec  celui  de  l'Oxus  et  ce 
dernier  longe  toute  la  haute  crête  de  l'Hindou-Kouch. 
A  leurs  sources,  les  différentes  rivières  sont  séparées  par 
de  légers  vallonnements  dans  des  plateaux  gazonnés; 
leurs  premiers  petits  ruisseaux  sont  enchevêtrés  les  uns 
près  des  autres,  et  les  passes  sont  presque  toujours,  non 
pas  à  angle  droit  avec  le  cours  des  rivières  les  plus  im- 
portantes, mais  aux  sources  mêmes  de  ces  rivières.  La 
région  du  Pamir  n'est  donc  pas  un  vaste  désert;  on  y 
trouve  très  fréquemment  des  coins  propres  à  la  culture  et 
surtout  à  l'élevage. 

Cols.  Passages.  —  C'est  sur  le  plateau  du  Pamir  que 
la  légende  asiatique  place  le  berceau  de  l'humanité. 
L'homme  n'a  pourtant  pas  pu  naître  dans  ces  steppes 
en  majeure  partie  déscrti(fues.  L'importance  histori({uc 
du  Toit  du  monde  est  toutefois  incontestable,  puisque  c'e^t 
là  que  commence  l'histoire  des  races  européennes.  Venues 
on  ne  sait  pas  encore  d'où,  elles  ont  escaladé  ces  hauteuis 
qui  les  séparaient  d'un  monde  inconnu.  Pendant  une 
période  plus  ou  moins  longue,  elles  ont  résidé  dans  les 
vallées  et  les  passages  qui,  de  ces  sommets  escarpés, 
conduisaient  dans  les  plaines  voisines,  pour  se  diriger 
ensuite  vers  l'occident  sur  les  plaines  du  plateau  de  l'Iran 
ou  par  la  vallée  de  l'Oxus.  l^es  légendes  et  les  contes  qui 
entourent  habituellement  tout  pays  mystérieux,  les  difti- 
cultés  d'accès  de  cette  région  défendue  de  trois  côtés,  du 
N.,  de  l'E.  et  du  S.,  par  des  hauteurs  prodigieuses,  cou- 
vertes de  glaciers  infranchissables,  devaient  agir  sur 
l'esprit  des  hommes  primitifs.  Quelques  passes  seulement 
d'une  ait.  moyenne  de  4.000  m.,  conduisaient  de  l'Alai 
au  Pamir.  Ce  sont  le  Tahlik  (3.537  m.),  le  Djipptik 
(4.146  m.),  le  Sarik-mogal  (4.300  m.),  le  Tenguis-bai 
(3.850  m.)  et  le  Kara-Kasik  (4.360  m.).  Les  passes  (hi 
Karakaroum  montent  jusqu'à  3.000  m.  A  l'E.,  le  ïerek- 
Davan,  mettant  le  Turkestan  en  communication  avec  la 
Kachgarie,  est  seul  accessible.  Du  côté  de  l'Inde,  diverses 
routes  mènent  au  Pamir  :  route  du  pays  de  Hounza  ou 
Kandjoul,  roule  du  ïassine  et  du  Tchitral.  Mais  ces 
routes  présentent  de  grandes  difficultés  et  ne  sauraient 
être  utilisées,  ni  comme  routes  de  caravanes  commerciales, 
ni  pour  expéditions  mihtaires. 

Historique.  —  Telle  paraît  être  jusqu'à  présent  la 
raison  principale  de  l'oubU  ou  de  l'abandon  dans  lequel 
ce  pays  a  été  laissé  durant  de  nombreux  siècles.  Les 
géographes  grecs  et  arabes  semblent  avoir  présumé 
l'existence  d'une  région  fort  élevée,  sans  toutefois  pou- 
voir en  fixer  l'emplacement.  Seul,  Alexandre  le  Grand 
s'était  avancé  fort  avant  dans  l'intérieur  de  l'Asie,  mais 
les  données  manquent  sur   l'entrée  de   ses  troupes  au 


PAMIR 

cœur  du  Pamir.  On  possède,  par  contre,  des  renseigne- 
ments assez  précis  sur  les  diverses  tentatives  de  péné- 
tration faites  par  les  Chinois.  Déjà,  vers  le  milieu  du 
iii^  siècle,  les  bouddhistes  du  Céleste-Empire  commencè- 
rent une  série  de  pèlerinages  à  la  recherche  de  Uvres  sa- 
crés de  leur  religion,  sur  le  sol  même  qui  l'a  vue  naître, 
rinde.  Quelques-uns  d'entre  eux  ont  mis  un  soin  parti- 
culier à  décrire  la  configuration  exacte  du  pays  qu'ils 
avaient  parcouru  et  font  surtout  ressortir  la  masse  impo- 
sante des  hauteurs  qui  se  dressaient  devant  eux.  Song- 
Yun  et  Hiouen-Tsang  ont  laissé  à  cet  égard  des  docu- 
ments d'une  haute  valeur  historique.  Le  premier 
voyageait  en  50'2  (d'aucuns  placent  ce  voyage  en  l'année 
518),  le  second  vers  630. 

Avec  les  voyages  de  Marco  Polo  (1271-1291)  (V.  ce 
nom),  les  relations  concernant  ce  pays  prennent  une 
forme  plus  concrète,  plus  européenne,  pres(jue  moderne. 
Les  missionnaires  franciscains  furent  les  successeurs  im- 
médiats de  Marco  Polo.  Plus  tard,  au  xvi^  siècle,  les  jé- 
suites parcoururent  à  leur  tour  les  routes  de  l'Asie  cen- 
trale ;  «  ils  ont  eu  ainsi  le  mérite,  dit  M.  Paquier,  de 
renouer  la  chaîne  qui  doit  unir  l'antiquité  classique  et  le 
moyen  âge  aux  grandes  explorations  du  xix^  siècle  ».  Le 
missionnaire  jésuite  dont  les  travaux  sont  particulière- 
ment appréciés  est  Benedict  Coez,  religieux  portugais, 
qui  quitta  Lahore  en  1603  se  dirigeant  sur  Cahoul,  et 
traversa  le  plateau  du  Pamir  pour  arriver  à  Yarkand.  Là 
s'arrêtent  les  explorations  et  études  géographiques  par- 
ticulières au  Pamir.  Cette  région  semble  complètement 
oubliée  durant  trois  siècles,  lors([ue  les  intérêts  politi(|ues 
des  Anglais  et  des  Fvusses  dans  l'Asie  centrale  tirent 
éclore  une  série  de  reconnaissances  et  d'études  qui  font 
également  honneur  aux  explorateurs  des  deux  nations, 
La  première  exploration  scientifu{ue  du  xix^  siècle  com- 
mence avec  \Yoo(l,  en  1837.  Le  cercle  des  explorateurs 
s'élargit  bientôt.  Nous  devons  signaler  surtout  les  voyages 
de  Hayward,  de  Forsyth,  Dalgleish,  Biddulph,  Littledale, 
les  nombreuses  reconnaissances  des  pandits  (Indiens  let- 
trés, instruits  spécialement  en  vue  d'explorations  scien- 
tifiques). Du  côtédes  Russes,  il  convient  de  citer  :  Severtzov, 
Fedchenko,  Venioukov,  ^Mouchketov,  Prjevalski ,  Ko/lov, 
Pievtzov,  Roborovski.  Des  voyageurs  d'autres  nationalités 
sont  venus  joindre  leurs  efïbrts  à  ceux  des  explorateurs 
anglais  et  russes.  Les  Frant^'ais  Bonvalot,  Capus,  Dau- 
vergne,  de  Poncins,  le  Grec  Potages,  le  Suédois  Sven 
Hedin,  Je  Danois  Olufsen,  les  Allemands  Futterer  et 
Holderer  ont,  par  une  série  d'explorations  scientifiques, 
courses  et  chasses,  qui  se  continue  encore  à  l'heure 
actuelle,  notablement  élargi  nos  connaissances  sur  le  Pa- 
mir, qui  semble  ne  plus  avoir  beaucoup  de  secrets  pour 
le  géographe. 

La  situation  politique  du  Pamir  n'est  pas  encore 
définitivement  établie.  La  région  se  trouvait  autrefois, 
comme  le  Turkcstan,  sous  la  domination  de  divers  khans. 
La  partie  septcnti-ionale  appartenait  au  khan  de  Kokhand 
dont  la  puissance  a  été  détruite  par  les  Russes  en  187  i. 
La  partie  orientale  appartenait  aux  Chinois.  Diverses  lo- 
cahtés,  paiticulièrementaux  environs  de  Yachil-Koul,  ren- 
ferment encore  un  grand  nombre  de  ruines  :  anciens 
fortins,  murs,  tours,  provenant  de  la  domination  chinoise 
ou  afghane.  Dans  le  courant  des  dernières  années,  An- 
glais et  Russes  y* avançaient  sensiblement  dans  le  cœur 
du  pays,  les  uns  du  S.  de  l'Inde,  les  autres  du  N.  et  de 
rO.  Ces  derniers  y  ont  même  établi,  en  1893,  un  poste 
militaire  (Pamirsky  poste)  et  se  préparent  à  occuper  la 
région  du  Sarykol',  à  l'E.  du  Pamir,  considérée  jusqu'à 
présent  comme  province  chinoise. 

Clhiaï.  Hauitation.  —  Au  ])oint  de  vue  climatérique, 
la  région  du  Pamir  doit  également  être  divisée  en  plusieurs 
portions.  Malgré  la  rudesse  du  climat,  diverses  parties,  à 
rO.  et  à  l'E,  du  plateau,  sont  parfaitement  habitables. 
Dans  le  N.,  les  nombreux  troupeaux  des  Kirghis  (che- 
vaux, chameiTûx,  brebis,  chèvres)  trouvent  un  pâturage 


9J6  — 

suffisant.  Le  centre  du  Pamir  est,  par  contre,  un  véritable 
désert,  dépourvu  de  toute  végétation  et  où  aucune  habi- 
tation humaine  n'est  possible.  Par  suite  de  sa  haute  élé- 
vation, le  Pamir  est  exposé  à  tous  les  vents,  les  bourras- 
ques de  neige  y  sévissent  à  l'état  presque  permanent  et 
la  température  demeure  constamment  très  basse.  Des 
obserNations  ont  été  faites  au  poste  du  Pamir  (Pamirsky 
poste)  depuis  sa  création.  Ce  poste  est  situé  à  l'ait,  de 
3.700  m.,  au  confluent  des  rivières  Mourghab  et  Ak- 
baîtal,  c.-à-d.  au  cœur  même  du  massif  montagneux  du 
Pamir,  à  38«  8' 30^' 7  lat.  N.,  61°  36' 45"  long.  E.  de 
Pains.  Température  moyenne  de  l'année  —  1<^,1.  La  plus 
basse  ( — 44'^)  a  été  remarquée  en  janvier;  la  plus  haute 
(-f-  27^,5)  en  juillet.  Yents  régnants  :  septembre  à  fé- 
vrier, vents  du  S.-O.;  de  mars  à  août,  ceux  du  N.-E.  Il 
y  a  des  gelées  matinales  durant  tous  les  mois  de  l'année. 
Malgré  la  nébulosité  considérable  de  l'endroit,  la  quantité 
d'eau  qui  y  tombe  est  très  faible.  Une  des  particularités 
caractéristiques  du  climat  pamirien  consiste  dans  l'inten- 
sité de  rami)litude  de  la  température.  On  a  constaté  des 
amplitudes  de  plus  de  60°  entre  le  minimum  et  le  maxi- 
mum absolus,  et  de  plus  de  40°  entre  le  minimum  et  maxi- 
mum à  l'ombre  dans  la  même  journée.  Pour  Tannée, 
cette  amplitude  va  jusqu'à  120°,  soit  70°  en  été,  —  50° 
en  hiver.  Les  écarts  les  plus  généralement  observés  entre 
les  températures  au  soleil  et  à  l'ombre  sont  de  30°  envi- 
ron. Ainsi,  un  filet  d'eau  de  neige  fondue  au  contact  d'un 
objet  de  couleur  sondire  regèle  de  suite  dès  qu'il  arrive 
à  l'ombre  de  ce  même  objet.  Le  voyageur  russe  Severtzov 
rapporte,  d'ailleurs,  avoir  enregistré  une  fois  70°  au  soleil 
et  —  10°  à  l'ombre,  soit  un  écart  de  80°  C.  sur  le  même 
point  et  à  la  même  heure. 

Faune.  —  Dans  de  pareilles  conditions  climatèriques, 
la  faune  et  la  flore  sont  forcément  très  restreintes.  La 
flore  se  réduit  à  quelques  herbages.  La  faune,  par  contre, 
bien  que  peu  variée,  tente  plus  d'un  chasseur  à  la  recherche 
de  VOvis  Poli,  du  cerf,  du  mouflon,  de  l'ours,  du  loup, 
du  renard,  de  la  panthère,  à  la  voracité  desquels  le  mou- 
ton sauvage  sert  souvent  de  proie. 

HABriANTS.  —  Il  a  été  impossible  jusqu'à  présent  d'éva- 
luer, même  approximativement,  le  nombre  des  habitants 
du  Pamir.  La  majeure  partie  des  Kirghis  et  Tadjiks, 
nomades  et  pasteurs,  partagés  en  plusieurs  tribus,  se  dé- 
placent continuellement,  à  la  remorque  de  leurs  trou- 
peaux. Dans  la  partie  russe  du  Pamir,  la  mieux  connue, 
on  compte  environ  1.250  individus  (hommes,  femmes  et 
enfants).  La  partie  occidentale  du  Pamir,  plus  peuplée, 
est  occupée  par  les  ïadjiks,  au  nombre  d'une  trentaine 
de  mille.  Tous  mènent  naturellement  une  vie  semi-sau- 
vage. Les  yourtes,  misérables  huttes  de  quelques  familles 
sédentaires,  sont  encore  clairsemées.  On  constate  toute- 
fois, depuis  la  pénétration  européenne  dans  ces  régions, 
et  spécialement  des  Russes,  une  amélioration  notable  dans 
la  vie  des  indigènes.  Il  y  en  a  même,  à  présent,  qui  font 
preuve  d'une  certaine  aisance,  notamment  parmi  les  Kir- 
ghis-Alitchours  et  les  Kara-Kirghis.  Quelques-uns  sont 
possesseurs  de  trou])eaux  nombreux  d'une  valeur  totale 
de  plus  de  100.000  fr.  L'agriculture  commence  éga- 
lement à  pénétrer  là  où  les  conditions  physiques  du  sol 
et  de  la  température  permettent  de  la  développer.  Dans 
le  S.  et  dans  l'O.  du  plateau  pamirien,  dans  les  vallées 
profondes,  on  rencontre  déjà  des  jardins,  des  potagers, 
des  champs  de  blé,  des  terrasses  herbeuses.  Elle  est  se- 
condée en  beaucoup  d'endroits  par  l'irrigation  artificielle. 

P.  Lemosof. 

BiiiL.  :  De  très  nombreux  ouvrages  ont  paru  durant  la 
ycconde  moitié  de  notre  siècle  sur  les  pays  de  l'Asie  cen- 
trale. Nous  nous  bornerons  à  indiquer  les  publications 
ayant  trait  d'une  manière  exclusive  à  la  réprion  qui  nous 
occupe  :  Hkndrson  et  IIume,  Lahore  to  Yarkand,  expédi- 
tion Porsyth;  I^ondres,  1873.  —  Yale,  Journey  lo  Ihc  Ri- 
ver Oxus\.  ;  Londres,  1872.  —  Paquier,  le  Pamir;  Paris, 
1870.  —  Vax  dex  Giieyx,  le  Plateau  du  Paynir;  Bruxelles, 
1883.  —  LuLLiE^i,  Kenntnis  dcr  Griechen  und  Rômer  vom 
Pamir-Hochlande  :  Konigsberg-,  1887.  —  Ivanov,  le  Pamir; 


—  917 


PAMIR  —  PAMPA 


Saint-Pétersbourg.  —  G.  Capus,  Mctcorologlo  des  Pu- 
mirs ;  Paris,  liS91.  —  Du  môme;  Le  Toit  du  monde  ;  Paris, 
1890.  —  G.  BONVALOT,  Du  Caucase  aux  Indes  à  travers  le 
Pamir;  Paris,  1889.  —  Vicomte  de  Ponci>'S,  Cliasses  et 
Explorations  dans  la  région  des  Pamirs;  Paris,  1897.— 
Nombre  d'articles  et  d'études  dans  les  bulletins  des  so- 
ciétés de  géographie  de  Paris,  de  Londres,  de  Berlin,  de 
Saint-Pétersbourg  (Littledale,  Younghusband,  Severtzov, 
Poutiata,  Ivanov,  Capus,  Sven  Hedin,  Oluf'sen,  Fut- 
terer). 

Les  meilleures  cartes  à  consulter  (en  dehors  des  cartes 
annexées  aux  récits  des  voyageurs)  sont  :  Indian  Trans- 
frontier  Majjs^  publiées  parle  gouvernement  de  l'Inde,  et 
les  cartes  de  la  Russie  d'xVsie  (5  et  10  verstes  au  pouce), 
publiées  par  la  section  topographique  de  l'état-major,  à 
Saint-Pétersbourg. 

PAMMENÈS  ou  PHIMENAS.  Nom  duii  alchimiste 
égyptien,  réputé  le  précepteur  de  Démocrite,  dans  Fart  de 
la  chrysopée.  L'une  de  ses  recettes  existe  dans  le  Papyrus 
de  Leyde.  M.  B. 

BiBL.  :  CollerAion  des  anciens  alchimistes  grecs. 

PAMOISON  (V.  Syncope). 

PAMPA   ou    BAMBA.   ï.   Géographie.  --  Mot    qui- 
chua  signitiant  plaine  (Arjapampa,  plaine  du  mort  ;  Co- 
chabamba,  plaine  du  lac)   et  équivalent,  dans  certaines 
parties  de  la  Cordillère,  au  mot /.uîi<7,  haut  plateau.  Mais 
ce  nom,  aujourd'hui  assez  usité  en  français,  nous  donne 
plutôt  l'idée  de  grandes  étendues  de  terrains  couverts  de 
savanes  vastes  et  plates  alternant  avec  des  terrains  on- 
dulés et  des  régions  montagneuses  (Ouest).  Les  cours  d'eau 
y  sont  rares;  en  revanche,  les  lacs  {Urre Lauqiien)  et  les 
lagunes  y  abondent.  On  y  rencontre  des  millions  de  bœufs, 
de  moutons  et  de  chevaux  qui  vivent  et  se  multiplient  en 
liberté.  Mais  le  mot  pampa  appartient  en  propre  à  une 
des  divisions  administratives  de  l'Argentine  correspondant 
au  pays  ainsi  décrit.  C'est  le  territoire  {gobernacion)  de 
la  Pampa  central  (145.907  kil.  q.  ;  25.965 hab.),  dont 
la  capitale,  General  Acha   (i.500  hab.),   est  située   à 
277  kil.  de  Bahia  Blanca  et  à  986  kil.  de  Buenos  Aires. 
On  tend  en  plus  d'un  point  à  faire  disparaître  l'unifor- 
mité de  cette  région  platéenne  :  sur  les  collines,  la  végé- 
tation ligneuse  prend  l'allure  forestière.  La  forêt  n'est  pas 
touffue,  mais  elle  ressemble  à  de  grands  vergers  ou  à  des 
quinconces.  Le  boisement  des  terrains  couverts  de  pâturages 
naturels  est  poursuivi  avec  succès  depuis  une  vingtaine  d'an- 
nées (campagne  du  général  Roca  contre  les  Indiens).  Des 
essais  de  plantations  d'essences  diverses,  depuis  le  pécher 
jusqu'au  peuplier,  depuis  la  vigne  jusqu'au  caroubier,  ont 
pleinement  réussi  ;  les  rideaux  de  peupliers  atténuent  les 
effets  dvi  pampero  (vent  qui  souffle  du  S.).  Les  arbres  à 
basse  couronne  transforment  la  nature  des  graminées,  et, 
en  faisant  disparaître  le  pasto  amargo,  qui  ne  croît  pas  à 
l'ombre,  favorisent  Félève  de  la  "race  ovine.  —  Les  voies 
de  communication  sont  à  peine  tracées,  les  routes  ne  sont 
guère  que  des  sentes  ou  des  pistes.  —  Le  chemin  de 
fer  de  Bahia  Blanca  et  Noroeste,  construit  d'abord  jus- 
qu'à Epu-Pel,  prolongé  ensuite  à  General  Acha,  atteint 
déjà  Toay,  qui,  relié,  d'une  part,  à  TrenqueLauquen,  met 
la  Pampa  en  communication  directe  avec  Buenos-Ayres, 
et  se  prolongeant,  d'autre  part,  via  Victoria,  jusqu'à  Villa 
Mercedes,  établira  des  rapports  rapides  entre  le  N.,  l'L. 
et  le   S.  de  la  République.  Il  traverse  la  Pampa  sur  une 
longueur  d'environ  204  kil.  Les  principaux  centres  de  po- 
pulation sont  :   General  Acha,  Toay,  Victoria  et  Mari- 
Mamuel.  Les  habitants  s'adonnent  à  l'élevage.  On  compte 
déjà   5.300.000   moutons,   520.000   vaches  et  bœufs, 
221.000  chevaux  et  juments.  Ch.  Laroussie. 

IL  Anthropologie.  — Dans  toute  l'étendue  de  l'immense 
surface  de  la  Pampa,  entre  la  Plata  et  les  Andes  (V.  Répu- 
blique argentine),  au-dessous  de  la  terre  végétale,  on 
trouve  une  couche  de  terrain  rougeâtre,  composée  exclu- 
sivement d'argile  et  de  sable  fin,  avec  quelques  infiltrations 
calcaires,  l^^lle  descend  jusqu'à  une  profondeur  de  30  à 
40  m.  et  présente  partout  la  même  composition  et  le  même 
aspect.  On  attribue  sa  formation  à  des  inondations  répétées 
qui  ont  recouvert  complètement,  par  intervalles,  d'im- 
menses plaines.  Sa  faune  est  caractérisée  par  les  ossements 


d'un  grand  Machairodus,  d'un  Ursus,  de  chevaux  et 
à'Hippidimus,  de  deux  mastodontes,  de  tatous  géants  et 
de  paresseux  colossaux,  comme  le  Mylodon  et  le  Méga- 
therium.  C'est  le  pampéen.  A  sa  surface  se  trouve  une 
série  de  dépôts  lacustres  de  couleur  blanchâtre.  Elle  était 
donc  parsemée  de  grands  lacs  à  la  fin  de  la  i)ériode  de  sa 
formation.  Ces  dépôts  lacustres  renferment  encore  des 
genres  éteints,  mais  aussi  des  espèces  vivantes,  telles 
qu'un  Lagostomus  et  un  renard.  Fouillés  en  sept  endroits 
différents,  ils  ont  fourni  des  débris  de  l'industrie  humaine 
consistant  en  silex  grossièrement  taillés,  en  os  travaillés 
(poinçons,  pointes  de  llèche,  etc.),  en  fragments  de  terre 
cuite. 

La  partie  supérieure  du  pampéen  proprement  dil,  de 
couleur  rougeâtre,  est  un  peu  plus  sablonneuse  que  sa  partie 
inférieure.  Avec  les  animaux  énumérés  ci-dessus,  elle  ne  ren- 
ferme aucun  représentant  certain  d'espèces  de  mammifères 
actuellement  vivantes.  En  un  endroit  de  ce  dépôt,  M.  Ame- 
ghino  a  découvert  une  innnense  quantité  de  charbon  de  bois, 
d'os  striés,  incisés,  fenchis,  deux  petites  pointes  de  llèche 
en  silex,  deux  racloirs  en  silex  et  des  os  de  l'homme  lui- 
même.  En  présence  de  ces  restes,  M.  Ameghino  s'était 
demandé  ou  l'homme,  dans  cette  immense  plaine,  sans  un 
accident,  sans  une  saillie,  sans  un  arbre,  sans  wa  rocher, 
avait  pu  se  mettre  à  couvert  et  se  dérober  à  l'atteinte  des 
animaux  terribles  qui  l'entouraient,  lorsqu'un  jour  il  en- 
treprit l'extraction  d'une  carapace  d'un  de  ces  tatous  géants 
du  groupe  des  Glyptodons.  Elle  était  placée  horizontalement, 
l'ouverture  ventrale  en  bas  et  le  dos  en  l'air,  reposant  sur 
une  couche  de  terre  durcie  qui  était  l'ancienne  surface  du 
sol.  Tout  autour,  il  y  avait  du  charbon,  des  cendres,  des 
os  brûlés  et  fendus  et  quelques  silex.  De  la  terre  rou- 
geâtre du  sol  primitif  avait  été  ramassée  contre  elle  inten- 
tionnellement. Elle  était  vide  ;  le  squelette  de  l'animal  en 
avait  été  enlevé.  A  Fintéricur,  le  sol  avait  été  creusé,  et 
il  était  en  contre-bas  de  la  surface  primitive  de  l'extérieur. 
On  y  trouva  un  instrument  en  silex,  des  os  longs  de  lama, 
de  cerfs  fendus,  des  dents  de  Toscodon  et  de  Mylodon, 
en  partie  travaillées,  des  morceaux  de  bois  de  cerf.  Il  n'y 
avait  plus  de  doute.  L'homme  s'était  fait  un  abri  de  cette 
carapace  en  l'évidant  et  en  la  plaçant  horizontalement  au- 
dessus  d'une  fosse  pour  obtenir  à  l'intérieur  la  hauteur 
nécessaire.  Cette  découverte  très  singuHère  n'est  pas  restée 
unique. 

Le  pampéen  inférieur  se  distingue  de  la  couche  précé- 
dente par  la  présence  d'une  ou  deux  espèces  de  mammi- 
fères plus  anciennes  ou  qui  manquent  à  la  partie  supé- 
rieure. M.  Ameghino  y  a  découvert  des  os  qu'il  croit  avoir 
été  striés,  troués,  polis  par  la  main  de  l'homme. 

Postérieurement  à  ces  deux  couches  du  pampéen  et  aux 
dépôts  lacustres  ([ui  les  surmontent  se  sont  formées,  le 
long  des  rivières,  des  alluvionsde  3  ou  4  m.  d'épaisseur, 
qui  ne  renferment  aucun  mammifère  d'espèce  éteiiite. 
Dans  leur  exploration,  M.  Ameghino  a  recueilli  tout  un 
outillage  en  os  :  poinçons  polis  comme  ceux  de  nos  sta- 
tions néolithiques,  danls,  etc.,  des  armes  de  pierre,  des 
bolas,  pierres  de  fronde  arrondies  avec  rainure  au  pour- 
tour ;  des  poteries  épaisses,  quelquefois  peintes  et  ornées 
de  dessin,  et  une  grande  quantité  d'ossements  brûlés,  de 
charbons  de  bois,  de  cendres  et  d'os  de  lanui,  de  cerf, 
d'autruche,  de  tatou,  de  renard,  etc.  Ijitin,  à  la  surface 
même  de  la  Pampa,  dans  la  couche  végétale,  on  a  récolté 
de  nombreux  restes  disséminés  d'une  industrie  de  pierre 
encore  plus  récente  que  la  précédente  :  haches  poHes  avec 
rainure  pour  les  liens  du  manche,  mortiers  faits  d'un 
morceau  de  granit  creusé  au  centre,  bolas,  pointes  de 
lance  et  de  flèche,  couteaux,  scies,  racloirs,  haches,  poin- 
çons, généralement  en  quartz  et  quartzite,  etc.  ;  pipes 
ornées  de  dessins,  pesons,  poteries  d'argile  fine  peinte  en 
rouge  ou  en  noii'.  Les  peuples  auteurs  de  ces  industries 
sont  les  mêmes  qui  occupaient  la  région  lors  de  la  con- 
quête. Mais  alors  ils  travaillaient  le  métal,  du  moins  l'ar- 
gent et  le  cuivre.  L'influence  de  l'empire  des  Incas  s'était 


PAMPA  —  PAMPERE 


—  918  — 


étoiidiie  sur  eux.  Des  coïKfurrauîs  ou  des  émigrants 
s'étaient  même  établis  dans  l'Ouest  parmi  eux.  On  a  re- 
trouvé les  ruines  de  lem's  villes,  et  dans  leurs  cimetières 
de  grandes  urnes  funéraires  ornées  de  figures  étranges  et 
peintes  de  couleurs  vives.  Dans  ces  cimetières,  avec  Fou- 
liilage  de  pierre,  on  a  récolté  des  armes  et  outils  de  cuivre, 
une  médaille  de  cuivre  couverte  de  hiéroglyphes.  De  la 
même  époque  sont  de  nond)reuses  inscriptions  sur  rochers 
ou  se  révélerait  un  système  complet  d'écriture  idéogi-a- 
[jhique,  composée  en  partie  de  tigur('S  et  caractères  sym- 
boliques et  en  partie  de  caractères  phonéticpies. 

Zaborowski. 

BiiîL.  :  Flor.  AmI'C.jiino.  U)  AntujOcdnd  dcl  lionibre 
en  cl  Plutii  ;  l*aris  et  lUunius  Aires.  I8b0.  2  vol.  gr.  iu-S. 
avec  pi. 

PAMPANGA.  Fleuve  des  Philippines.  Il  appartient  à  la 
région  septentrionale  de  Luçon  et  se  déverse  au  N.  de  la 
baie  de  Manille.  Il  est  foj'mé  par  l'union,  dans  la  plaine 
<le  Pampanga,  de  deux  rivières,  Funeprovenant  de  la  pro- 
vince de  Nueva-Ecija,  Pautre  née  dans  la  montagne  et 
coulant  dans  la  plaine,  comme  le  cours  pri)icipal,  qui  se 
termine,  à  son  embouchure,  en  un  délia  aux  nombreux  ra- 
meaux anastomosés. 

PAiVIPAMGOS.  Peuplade  des  Philippines.  Tribu  de  race 
malaise,  comprenant  environ  200.000  individus,  dont  l'ha- 
bitat est  le  N.-N.-O.  de  Manille,  particulièrement  la  plaine 
de  même  nom.  Leur  domaine  comprend,  avec  la  province 
de  Pampanga,  le  district  de  Tarlac,  le  S.-O.  de  laNueva-   \ 
Ecija  et  le  N.-E.  de  Bataan.  Us  ont,  ainsi  que  les  Pan-    | 
gasinans,  une  taille  plus  élevée  ([ue  les  autres  types,    , 
P^\6i'  environ  en  moyenne  pour  les  hommes  (Monlano),    1 
ce  qui  semble  indiquer  chez  eux.  du  sang  indonésien;  leurs   \ 
caractères  physiques  et  leurs  mœurs  les  rapprochent  des   ; 
Tagals  ;  primitivement  païens,  ils  furent  pour  la  plupart   i 
convertis  au  catholicisme,  depuis  leur  assujettissement,  eu    ' 
1570.  Ils  se  sont  toujours  distingués  par  leur  bravoure.  Le    ] 
dialecte  pampango  perd  de  son  extension  par  les  invasions   ; 
pacitlques  tagalo  et  ilocano  (V.  Phiijppixes).     Ch.  Dfj  .      ; 

PAMPAS.  Hivière  du  Pérou  (afil.  de  FApurimac),  qui   ; 
reçoit  les  eaux  du  lac  Choclococha.   Torrent  impétueux 
tout  le  long  de  son  cours,  il  longe  à  FO.  et  au  N.  le  dép. 
d'Apurimac  qu'il  sépare  de  celui  dMyacucho.  Il  arrose  la 
belle  vallée  de  Ninabamba  (mot  quichua  signifiant  «  plaine 
de  feu  »),  entourée  de  hautes  montagnes  oa  régnent  des   | 
chaleurs  torrides  ;  à  9  kil.  de  Ocros  se  trou\e  un  pont    j 
suspendu  en  fibres  végétales  (jue  les  Indiens  renouvellent 
annuellement  ;  le  système  de  ce  pont  est  dû.  d'après  la 
légende,  à  Fïnca  Yupanqui. 

PAM  FELON  NE,  Vieux  château,  près  de  Rochemaure, 
arr.  de  Privas  (Ardèche),  perché  sur  une  pointe  basal- 
tique, que  domine  le  cratère  volcanique  de  Bergvvise,  où 
M.  Fernand  de  Saint-Andéol  a  cru  reconnaître  les  traces 
d'un  oppidum  gaulois.  • — La  Lamille  des  Guyon  de  Geixde 
Pampelonne  remonte  au  xiv^  siècle.  In  de  ses  membres, 
Jacijues- Antoine,  archidiacre  de  l'église  de  Viviers,  fut 
élu  député  aux  Etats  généraux  de  1789.  En  179"i,  il  aUa 
établir  à  Lyon  une  fonderie  de  canons  qui  fut  ensuite  trans- 
portée à  Valence.  Deux  ans  après,  le  gouvernement  Fen- 
voyait  à  Constantinople  pour  y  établir  une  fonderie  de  ca- 
nons aux  frais  et  pour  le  compte  de  la  Porte.  A  son 
retour,  en  1709,  il  fut  élu  député  au  Corps  législatif  où 
il  siégea  jusqu'en  1804.  Il  était,  eij  180G.  chef  de  la  di- 
vision des  hôpitaux  au  ministère  de  la  guerre,  et,  de  1811' 
à  1819,  administrateur  des  monnaies.  Il  mouiait  en  18:20. 
^  PAIVIPELONNE.  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  du  Tain,  arr. 
d'Albi;  1.742  hab.  Minerai  de  fer;  source  ferrugineuse. 
Filature  de  laine.  Ancienne  bastide  fondée  en  1280,  sur 
le  territoire  de  la  seigneurie  de  Thuriès,  dont  le  château 
féodal  en  ruines  se  dresse  encore  sur  un  promontoire  es- 
carpé dominant  le  Viaur,  par  le  sénéchal  de  Toulouse, 
i'ustache  de  Beaumarchais,  en  pariage  avec  le  roi  de 
l'Vauce,  Philippe  le  Hardi.  Le  nom  de.  Pampelonne  fut 
di)}iiîé  à  la  nouveile  ville  en  souvenir  du  siège  de  la  ville 


navarraise  de  Pampelune  auquel  avait  coopéré  Eustache 
de  Beaumarchais  en  127().  L'église  conserve  un  beau  re- 
table du  xvn*^  siècle.  Eglise  du  xiv^'  siècle  au  hameau  de 
Teillet. 

PAMPELUNE.  Ville  d'Espagne,  ch.-l.  de  la  prov.  de 
Navarre,  à  320  kil.  de  Madrid,  à  une  ait.  de  450  m.,  sur 
un  plateau  qui  domine  F.Vrga,  affl.  de  dr.  de  FAragon  ; 
26.603  hab.  Stat.  du  chemin  de  fer  d'AlsasuaàSaragosse^ 
rattachée  ainsi  à  la  grande  hgne  de  Madrid  àirun.  La  ville 
est  entourée  d'un  cirque  de  montagnes,  ou  les  touristes  vont 
visiter  les  gorges  de  Mayo  et  deKoncevaux,  elle  est  bien 
bâtie  et  assez  animée,  mais  elle  est  surtout  intéressante 
par  ses  vestiges  du  passé  et  le  rôle  qu'elle  a  joué  dans 
Fhistoire  comme  capitale  de  la  Navarre.  On  y  remarque 
de  vieilles  forti(îcatiou>,  une  eiladelie  ancienne,  une  ca- 
tbediale  f()i!ne(\  dil-siii.  (-n  \{)i?>.  inaÏMeiniiiiiee  ^ohvent  et 


l'atliôilralo  de  t'anipeluno. 

qui  a  deux  tours  très  g-racieuses  et  à  l'intérieur  de  curieuses 
boiseries,  Fhotel  de  ville  avec  les  portraits  des  rois  de  Na- 
varre, l'hôtel  de  la  Députation  ou  se  trouvent  d'impor- 
tantes archives.  Parmi  les  monuments  modernes,  on  re- 
marque un  hospice  et  un  hôpital.  Il  y  a  aussi  une  belle 
promenade,  la  Tacouera.  La  ville  est  alimentée  d'eau  en 
abondance  par  un  aqueduc  (pii  va  capter  des  sources  à 
15  kil.  au  S.  dans  les  lianes  du  mont  Francoa  et  qui  fut 
construit  au  siècle  dernier  par  Rodriguez;  à  12  kil.  de 
Pampelune,  il  franchit  la  vallée  de  Noain,  sur  un  pont  de 
97  arches,  long  de  1245  m.  Pampelune,  qui,  dit-on,  se- 
rait l'ancienne  Pompeiopolis,  fut  prise  par  les  Arabes  en 
738,  reprise  en  750  pur  les  Navarrais,  puis  prise  et  dé- 
mantelée par  Charlemagiie,  et  cntin  occupée  par  Ferdi- 
nand d'Aragon,  en  1512.  E.  Cat. 

PAMPELUZE.  Rivière dudép.  de  ïd^Creuse  (V.  ce  mot, 
t.  XIII,  p.  344). 

PAlVlPtRE  (en  espagnol  Pampero,  vent  de  la  pampa). 
Grain  de  vent  très  violent,  souvent  avec  averses  et  ton- 
nerre, (|ui,  surtout  de  juillet  en  septembre,  frappe  les  côtes 
allantijues  de  r.Vinéri((ue  du  Sud,  entre  23°  et  40"  de 
lat.  Il  n'y  a  aucune  différence  e^sentielle  entre  le  pampère 


—  919  — 


PAMPKRE  —  PAN 


et  le  grain,  orageux  ou  non  (V.  Grain  et  surtout  Orage) 
de  l'hémisphère  Nord,  sauf  ({ue  les  changements  de  direc- 
tion et  de  force  du  vent  s'y  produisent,  par  rapport  à 
réquateur,  symétri({uement  à  ceux  de  nos  régions.  Ainsi, 
au  lieu  de  tourner  brusquement  du  S.-O.  au  N.-O.,  le 
vent  du  pampère  tourne  du  N.-O.  au  S.-O.  Sa  durée  aussi 
est  celle  de  nos  grains,  orageux  ou  non. 

PAMPHILE  (Jeu)  (V.  Mistigri,  t.  XXIÎI,  p.  H 30). 

PAIVIPHILE,  peintre  grec,  né  en  390,  mort  en  350  av. 
J.-C.  Il  était  à  Sicyone  et  élève  du  célèbre  Eupompos. 
Or  on  ne  sait  presque  rien  de  ses  œuvres,  mais  il  était 
théoricien  savant  et  enseignait  que  la  peinture  doit  tirer 
un  grand  profit  des  sciences,  surtout  de  l'arithmétique  et 
de  la  géométrie.  Professeur  de  grand  mérite,  il  fit  le  pre- 
mier introduire  le  dessin  dans  l'enseignement  des  écoles  à 
Sicyone,  habitude  qui  se  propagea  bientôt  dans  toute  la 
Grèce.  Il  avait  peint  un  Combat  des  Hcradides  contre 
les  Athéniens  et  un  Ulysse  sur  son  navire,  mais  son 
principal  titre  de  gloire  est  d'avoir  été  le  maître  d'Apelle 
et  de  Mélanthios. 

BiBL.  :  Textes  anciens,  dans  Oveubeck,  Die  antihen 
Sckriftquellen^  n°^  1746-53. 

PAMPHILE,  rhéteur  grec  cité  par  Aristote.  Quintilien 
et  Cicéron.  Il  avait  composé  un  traité  de  l'art  oratoire  et, 
au  rapport  de  Suidas,  imaginé  des  figures  pour  représen- 
ter les  difiérents  arts.  Il  avait  appliqué  cette  méthode  à  la 
rhétorique  et  représenté  les  règles  sur  des  petites  bandes 
d'étoffe  (in  infulis).  C'est  ce  que  Cicéron  appelle  dédai- 
gneusement «  mettre  la  rhétorique  en  jouets  d'enfants  » 
[de  Oratore,  II,  21).  N'avons-nous  pas  de  môme  des  jeux 
géographiques,  historiques,  etc.  ? 

PAMPHILE  ou  PAMPHYLE  (Saint),  Prêtre  et  mar- 
tyr, fondateur  de  la  célèbre  bibliothècpie  chrétienne  de 
Césarée,  né  vers  240  en  Phénicie  (à  Béryte,  suivant  l'in- 
dication peu  sûre  de  Siméon  le  Métaphraste),  mort  en 
309.  Fête  le  4^^^  juin.  Après  avoir  achevé  ses  études  théo- 
logiques à  l'école  catéchétiqae  d'Alexandrie,  sous  la  direc- 
tion de  Piérius,  il  s'établit  à  Césarée,  ou  il  fut  investi  des 
fonctions  de  prêtre.  Il  y  forma  une  collection  de  manuscrits 
de  l'Ecriture  sainte  et  de  livres  relatifs  à  la  religion  chré- 
tienne, dont  l'historien  Eusèbe,  qui  l'avait  aidé  dans  cette 
œuvre,  a  dressé  le  catalogue,  et  dont  saint  Jérôme  parle 
avec  admiration.  On  dit  qu'elle  contenait  30.000  volumes. 
Elle  fut  détruite  au  vu®  siècle,  lorsque  les  Ara])es  s'empa- 
rèrent de  Césarée.  Sous  la  persécution  ordonnée  par 
Maximin,  Pamphile  fut  soumis  à  d'atroces  tortures  (307) 
puis  retenu  en  prison  jusqu'à  son  dernier  supplice  (309). 
Pendant  sa  captivité,  il  écrivit  une  Apologie  d'Origène, 
dont  il  était  le  fervent  admirateur.  Photius  nous  en  a 
transmis  le  sommaire.  Cet  ouvrage  ne  comprenait  que 
cinq  livres  lorsque  Pamphile  mourut,  le  sixième  fut  com- 
posé par  l'Aisèbe.  Ee  premier  livre  seul  nous  est  parvenu 
dans  une  traduction  latine  de  Huffin.  E.-II.  V. 

PAIVI PH I  LE,  grammairien  et  polygraphc  grec  d'Alexan- 
drie, qui  vivait  vers  50  ap.  J.-C.  Disciple  d'Aristarque, 
il  composa  plusieurs  ouvrages  indiqués  par  Suidas,  recueils 
de  faits  et  d'anecdotes  ou  puisèrent  les  scoliastes  et  po- 
lygraphes  ultérieurs,  en  particulier  Athénée.  Le  principal 
était  un  lexique  en  95  livres,  classé  par  ordre  alpha- 
bétique, dont  celui  d'Hésychius  paraît  comprendre  un 
abrégé. 

PAWIPHOS,  poète  grec  mythique,  auquel  on  attribua 
certains  hymnes  d'origine  attique,  en  le  déclarant  antérieur 
à  Homère  et  postérieur  à  Olen. 

PAMPHYLIE  (riafx^uXt'a).  Pays  antique  de  r\sie 
Mineure,  qui  embrassait  la  zone  entière  méridionale  com- 
prise entre  la  Lycie  à  l'O.  et  la  Cilicie  à  l'E.,  le  long  de 
la  merde  Pamphylie,  aujourd'hui  golfe  d'Adalia,  et  s'éten- 
dait à  l'intérieur  jusqu'aux  crêtes  du  Taurus.  Plus  tard, 
les  Romains  y  embrassèrent  la  Pisidie,  située  au  delà  du 
Taurus.  Pline  prétend  que  la  Pamphylie  se  serait  d'abord 
appelée  Mopsopsia,  du  nom  du  chef  grec  Mopsus,  un  des 
assiégeants  de  Troie.  Elle  était  séparée  de  la  Lycie  par 


le  mont  Climax,  de  la  Cilicie  par  le  fleuve  Mêlas.  Les 
principales  vallées  étaient  celles  des  Catarrhactes  (Dou- 
dew),  du  Kestros  (Ak-sou),  del'Eurymédon  (Kœpru-sou), 
du  Mêlas  (Manawgat-sou),  tous  navigables.  Les  habitants 
étaient  un  méLange  d'aborigènes,  de  Cilicienset  de  Grecs. 
Les  principales  villes  furent  Attaleia  (Adaha),  Sidé(Eslvi- 
Adalia)  sur  la  côte;  Pergé  (au  N.-E.  d'Adalia),  Syllion 
(à  l'E.),  Aspendos  (sur  l'Eurymédon)  dans  l'intérieur.  La 
Pamphylie  n'a  guère  d'histoire  à  elle  ;  suivant  le  sort  des 
pays  voisins,  elle  passa  de  la  suzeraineté  lydienne  à  celle 
des  Perses,  puis  des  Macédoniens  et  des  Romains.  Elle 
fournit  à  Xerxès  un  contingent  de  30  navires,  fut  enlevée 
au  royaume  de  Syrie  après  la  défaite  d'Antiochus  et  attri- 
buée par  les  Romains  au  royaume  de  Pergame.  Les  pirates 
y  dominèrent,  comme  en  Cilicie,  jusqu'à  leur  défaite  par 
Pompée.  Les  colonies  grecques  d'Aspendos  et  Sidé  gar- 
dèrent leur  autonomie  à  travers  ces  divers  changements. 
BiRL.  :  Lanckoronpki,  SUidte  Pamphyliens  und  P/si- 
dieris;  Vienne,  WM). 

PAMPLEIVIGUSIER  (Bot.).  Non  d'une  variété  de  tt- 
trus,lQ  C.  decumana  Wild.  (V.  Citronnier),  bel  arbre 
de  rindo-Chine,  dont  les  fruits  ou  pamplemousses, ^  de 
qualité  médiocre  d'ailleurs,  atteignent  des  dimensions 
énormes.  D^  L.  Hn. 

PAMPLICO.  Vaste  lagune  (4.000  kil.  q.)  de  la  côte  de 
la  Caroline  du  Nord  (Etats-Unis),  séparée  de  l'Océan  Atlan- 
tique par  le  cordon  littoral  du  cap  Hatteras  ;  au  N.,  elle 
communique  avec  la  lagune  Albemarle.  Son  principal  tri- 
butaire est  le  Tar  ou  Pamplico. 

PAMPLIE.  Com.  du  dép.  des  Deux-Sèvres,  arr.  de 
Niort,  cant.  de  Champdenicrs  ;  599  hab.  Croix  de  cime- 
tière (mon.  hist.).  Château  restauré  du  xv^  siècle,  dit  de 
Boissoudan. 

PAMPLONA.  Ville  de  Colombie,  ch.-l.  de  la  prov.  du 
même  nom,  dép.  dcSantander,  à  50  kil.  environ  de  Buca- 
ramanga  et  2.309  m.  d'alt.  ;  vieille  cité  très  importante 
sous  la  domination  espagnole  ;  aujourd'hui  complètement 
déchue.  On  y  admire  encore  les  ruines  de  nombreux  cou- 
vents dont  les  chapelles  seules  sont  demeurées  intactes.  A 
citer  aussi  la  cathédrale,  construction  de  beaucoup  d'allure, 
édifiée  par  les  premiers  conquérants  et  renversée  par  le 
tremblement  de  terre  de  1875,  le  palais  épiscopal  et  un 
très  beau  collège  appartenant  à  l'I^tat.        Ch.  Laroussie. 

PAMPLONA  (Pedro  de),  miniaturiste  espagnol,  qui 
vivait  vers  le  milieu  du  xiii^  siècle.  Il  est  l'auteur  des 
enluminures  qui  ornent  les  lettres  initiales  de  la  Bible  en 
deux  tomes  à  l'usage  du  roi  Alphonse  le  Savant.  Par  tes- 
tament, le  roi  légua  cette  Bible  à  la  librairie  de  la  cathé- 
drale de  Séville.  Le  nom  du  miniaturiste,  Pelrus  vora-^ 
tur  Pampilonensis,  figure  dans  une  inscription  latine 
écrite  sur  la  dernière  feuille  du  second  tome.  Les  petites 
compositions  de  Pedro  de  Pamplona  sont  d'un  dessin  sans 
doute  bien  gauche  et  insuffisant,  mais  leur  coloris  ne 
manque  ni  d'éclat  ni  de  fraîcheur.  On  remarque  particu- 
hèrement  quelques  ornements  de  style  mauresque,  des 
colonnes,  des  chapiteaux,  qui  attestent  le  goût  de  l'époque 
pour  l'architecture  et  l'ornementation  importées  par  les^ 
Arabes.      ^  P.  L. 

PAMPRE  (Blas.).  Se  dit  d'un  cep  ou  d'une  grappe  de 
raisin  dont  la  tige  et  les  feuilles  sont  d'émaux  différents. 

PAMPROUX.  Com.  du  dép.  des  Deux-Sèvres,  arr.  de 
Melle,  cant.  de  La  Mothe-Saint-Héraye.  aux  sources  de  la 
rivière  du  même  nom  ;  2.044  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer 
de  l'Etat.  Tissage;  fours  à  chaux.  Commerce  de  graines. 
Clocher  roman.  Grotte  de  la  Roche-Ruffin  renfermant  un 
lac  qui  sert  de  déversoir  à  la  source  du  Pamproux. 

PAN.  Mot  polonais  qui,  à  l'origine,  signifiait  tout  sim- 
plement :  propriétaire  terrien  par  opposition  à  celui  qui 
ne  possédait  rien.  Plus  tard,  ce  terme  fut  appliqué  aux 
seigneurs  de  tout  rang  occupant  une  haute  situation  à  la 
cour  ou  dans  la  région  qu'ils  habitaient  et,  dans  la  suite, 
à  tout  individu  important  par  sa  naissance,  sa  fortune 
ou  son  influence.  Diverses  épithètes   telles  que    Wiel- 


PAN 


—  9^20  — 


mozny,  Jasiiie-Wielmozny,  etc.,  précédant  ce  mot, 
indi(iuent  le  rang  du  personnage  dans  la  société  ou  le  titre 
nobiliaire  qu'il  porte.  F.  ï. 

PAN,  PAN  DE  BOIS,  PAN  de  fer  (Constr.).  En  général, 
on  désigne  par  le  mot  pan  la  face  d'un  ouvrage  quel- 
conque de  construction  :  c'est  ainsi  que  l'on  dit  qu'un 
pilier  a  quatre,  six  ou  huit  pans  ;  que  l'on  appelle  pan 
de  mur,  une  ])artie  de  mur  d'une  certaine  longueur  ;  pan 
coupé,  la  surface  d'une  partie  de  bâtiment  raccordant  les 
extrémités  de  deux  autres  parties  de  bâtiment  et  rempla- 
çant l'encoignure  qui,  de  fait,  a  été  supprimée  pour  mé- 
nager ce  pan  coupé  ;  pan  de  couverture,  une  partie  de 
couverture,  et  longs  pans,  les  parties  les  plus  longues  de 
la  couverture  d'un  comble  de  forme  irrégulière  ;  mais  le 
terme  de  construction,  dans  lequel  ce  mot  pan  a  toujours 
été  le  plus  habituellement  usité,  est  pan  de  bois  et,  depuis 
une  trentaine  d'années,  depuis  les  nombreuses  applica- 
tions faites  du  métal  dans  les  constructions,  on  emploie 
le  mot  pan  de  fer. 

I.  Pan  de  bois.  —  Les  pans  de  bois  sont  formés  de 
pièces  de  bois  équarries  et  assemblées,  les  unes  horizon- 
talcs,  les  autres  verticales,  d'autres  encore  obliques,  et 
constituant  par  leur  réunion  une  sorte  de  grillage  ou  de 
claire-voie  dont  les  intervalles  sont  remplis  d'un  hourdis 
fait  de  moellons,  de  briques  ou  de  garnis  et  de  plâtre, 
donnant  à  toute  la  construction  une  grande  homogénéité 
et  lui  assurant  une  solidité,  qui  permet  d'employer  les 
pans  de  bois  à  la  place  de  véritables  murs  en  maçonnerie. 
Moins  dispendieux  et  plus  légers  que  ces  derniers,  occu- 
pant une  moindre  surface  de  terrain  et  offrant  de  plus, 
quand  le  bois  est  laissé  apparent,  un  aspect  pittoresque, 
les  pans  de  bois  ont  en  revanclie  l'inconvénient  d'offrir  un 
aliment  aux  incendies  :  aussi  la  construction  en  pans  de 
bois  est-elle  absolument  proscrite  en  France  sur  la  voie 
pu])li([ue  et,  dans  les  cours,  prend-on  la  précaution  de 
recouvrir  les  pans  de  l)ois  d'un  enduit.  On  distingue  les 
pans  de  bois  proprement  dits  des  colombages,  pans  de 
bois  grossiers  où  les  pièces,  n'étant  pas  équarries,  ont 
conservé  leur  rondeur  naturelle.  Pour  garantir  les  cons- 
tructions en  pans  de  bois  de  l'humidité  du  sol,  on  fait 
reposer  les  pans  de  bois  sur  un  mur  bas,  fait  de  pierre, 
de  moellon,  de  meulière  ou  de  brique,  que  l'on  appelle 
parpaing  (V.  ce  mot).  Un  pan  de  bois  se  compose  essen- 
tiellement d'une  sablière  basse  reposant  sur  le  parpaing 
et  dans  laquelle  s'assemblent  à  tenon  et  à  mortaise  les 
pièces  verticales  ou  poteaux,  lesquels  sont  assemblés  de 
même,  à  leur  partie  supérienre,  dans  une  autre  sablière, 
dite  sablière  haute  ;  Fensemble  est  consolidé  au  moyen 
de  pièces  obliquemefit  placées,  s'assemblant  également 
dans  les  sablières  haute  et  basse,  et  dites  d'Jcharges  ou 
écharpes.  Sur  ces  décharges  et  sur  les  sablières  s'assem- 
blent de  petits  poteaux  dits  tournisses,  allant  de  la  dé- 
charge à  ces  sablières  et,  quelquefois,  le  rectangle  fourni 
par  deux  poteaux  et  les  sablières  est  occupé  par  deux 
décharges  s'assemblant  à  mi-))ois  et  formant  une  croix  de 
Saint- André.  On  distingue  diverses  sortes  de  poteaux  : 
^eux  placés  aux  angles  de  la  construction,  auxquels  on 
donne  un  plus  fort  équarrissage  et  qui  autrefois  recevaient 
des  motifs  de  sculpture,  comme  à  Paris  l'ancien  arbre  de 
Jess'  à  l'angle  de  la  rue  Saint-ÎVlartin  et  de  la  rue  des 
Prêcheurs,  ce  sont  les  poteaux  corniers;  les  poteaux 
dliuisserie  sont  ceux  qui,  formant  les  jambages  des  baies, 
reçoivent  les  linteaux  fermant  ces  baies  à  la  partie  su- 
périeure et  les  pièces  d'appui  de  ces  baies  à  leur  partie 
inférieure,  quand  il  s'agit  de  fenêtres.  Lorsqu'uii  pan  de 
bois  porte  plancher,  les  solives  de  ce  plancher  reposent 
directement  sur  la  sablière  haute  de  l'étage  inférieur  et  la 
sabUère  basse  de  l'étage  supérieur  repose,  elle,  sur  les 
abouts  de  ces  solives.  La  disposition  du  pan  de  bois  est 
la  môme  pour  chaque  étage  superposé  d'une  construction, 
qu'il  s'agisse  de  façade  sur  rue  ou  de  façade  sur  cour  et 
même,  sauf  quelques  modifications,  des  pans  de  bois  à 
l'intérieur  des  constructions  et  remplaçant  les  murs  de 


refend.  Dans  les  constructions  en  pan  de  bois  élevées  du 
XIII®  au  xvi®  siècle,  les  pièces  de  bois,  disposées  avec  une 
certaine  symétrie,  laissées  apparentes  et  souvent  peintes 
et  sculptées,  accusaient  le  système  de  construction  d'une 
façon  rationnelle,  en  même  temps  qu'elles  fournissaient  un 
fort  intéressant  élément  de  décoration,  et  cette  décoration, 
parfois  si  variée  d'une  maison  à  l'autre,  était  encore  com- 
plétée par  la  coloration  naturelle  des  matériaux,  bri(jue, 
moellon  et  silex,  disposés  en  losanges  ou  en  damiers,  à 
l'intérieur  des  pièces  de  bois.  Malgré  les  prescriptions 
administratives  remontant  en  France  à  I06O,  et  réitérées 
par  de  nombreuses  décisions  justju'en  4897,  lesquelles 
permettent  d'interdire  la  réparation  et  la  construction  de 
pans  de  bois  sur  la  voie  publique  et  même,  par  voie  de 
conséquence  de  la  loi  des  16-24  août  1790,  à  l'intérieur  des 
propriétés,  il  existe  encore  dans  beaucoup  de  ^illes  de  Franco 
une  réelle  tolérance  au  sujet  des  pans  de  bois  élevés  en 
retraite  de  la  voie  publique  et  ne  joignant  pas  un  corps 
de  bâtiment  aligné  sur  cette  voie  ;  mais  il  est  interdit,  par 
arrêt  du  conseil  d'Etat  du  6  juil.  1825,  de  faire  porter 
des  entablements  en  pierre  sur  des  pans  de  bois.  Il  est 
aussi  interdit  par  ordonnance  de  police  d'adosser  contre 
un  pan  de  bois  une  cheminée  ou  un  tuyau  de  fumée  ;  il 
faut  laisser  un  espace  de  0"\16,  dit  tour  de  chat,  entre 
le  mur  dossier  do  la  cheminée  ou  du  tuyau  et  le  pan  de 
bois.  Les  questions  de  mitoyenneté,  qui  peuvent  se  poser 
au  sujet  de  pans  de  bois  employés  comme  murs  mitoyens, 
peuvent  se  résumer  en  ceci  :  un  copropriétaire  a  toujours 
le  droit  de  remplacer,  à  moins  de  conventions  préalables 
contraires,  un  pan  de  bois  par  un  mur  construit  à  ses 
frais  et  dont  le  parement,  du  côté  du  voisin,  restera  le 
même  que  le  parement  du  pan  de  bois,  et  le  propriétaire 
voisin,  le  jour  où  il  voudra  se  servir  du  mur  ainsi  subs- 
titué au  pan  de  bois,  afin  de  lui  faire  porter  charge  ou 
d'y  adosser  des  cheminées,  devra  payer  la  moitié  de  la 
valeur  du  mur  ainsi  que  le  prix  de  la  différence  du  terrain  ; 
la  ligne  mitoyenne  étant  alors  portée  au  milieu  dudit  mur 
(V.  Servitude). 

IL  Pan  de  fer.  —  Le  fer  qui  remplace,  depuis  soixante 
années,  le  bois  dans  la  construction  des  planchers,  tend  de 
plus  en  plus,  depuis  trente  années,  à  remplacer  également 
le  bois  et  même  les  autres  matériaux  dans  la  construction 
des  murs  et  des  façades  des  éditices  :  les  pans  de  fer  se 
substituent  ainsi  aux  pans  de  bois  sur  lesquels  ils  présen- 
tent certains  avantages  tels  que  solidité  plus  grande,  pbis 
grande  résistance  avec  une  moindre  épaisseur  et  absence 
de  chance  d'incendie.  Comme  les  pans  de  bois,  les  pans 
de  fer  sont  susceptibles  de  recevoir  une  décoration  archi- 
tecturale, et  de  nombreuses  constructions  élevées  depuis 
1878,  à  l'occasion  des  expositions,  notamment  le  pavillon 
de  la  Ville  de  Paris,  élevé  au  Champ-de-Mars  en  1878, 
sous  la  direction  de  M.  Bouvard,  puis  démonté  et  réédifié 
aux  Champs-Elysées,  et  enfin  démoli  pour  le  percement 
de  la  rue  des  Palais,  ont  prouvé  que  l'assemblage  du  fer, 
de  la  brique,  de  la  terre  cuite,  de  la  mosai([ue  et  des 
vitraux,  n'offrait  pas  un  champ  moins  vaste  que  tout  autre 
déjà  exploité,  pour  l'union  intime  de  la  construction  et 
de  la  décoration.  Malgré  la  grande  analogie  présentée, 
dans  leur  disposition  générale,  par  les  pans  de  bois 
et  les  pans  de  fer  comme  éléments  de  construction,  la 
différence  dans  la  matière  des  matériaux  et  dans  leur 
mode  d'emploi  fait  que  la  construction  à  l'aide  de  pans 
de  fer  nécessite  des  assemblages  spéciaux  qui  seront 
exposés  au  mot  Serrurerie.  Charles  Lucas. 

PAN  (Myth.  gr.)  (IJàv).  Dieu  grec  des  bergers,  pro- 
tecteur des  troupeaux  et  des  habitants  des  bois  et  des 
prairies.  On  rapproche  son  nom  du  verbe  grec  T^àw,  du 
latin  pasco  (paître).  Le  calembour,  qui  plus  tard  l'assi- 
milant à  10  7:av,  le  tout,  en  fit  un  symbole  de  l'univers, 
ne  peut  être  mentionné  qu'à  titre  de  curiosité  historique 
et  comme  indice  des  déviations  que  le  symbolisme  alexan- 
drin fit  subir  à  la  vieille  religion  grecque.  Pan  était  re- 
gardé comme  fils  d'Hermès  et  d'une  fille  de  Dryops,  sur- 


9ÎÎ1  — 


PAN  —  PANAINOS 


prise  par  le  dieu  tandis  qu'elle  gardait  les  troupeaux  de 
son  père  ;  certains  scoliastes  nomment  sa  mère  Callisto, 
(Eneis  ou  Tliymbris  ;  d'autres  l'appellent  Pénélope,  l'iden- 
tifiant parfois  avec  la  femme  d'L'lysse.  Pan  naquit  avec 
des  cornes,  de  la  barbe,  un  nez  recourbé,  une  queue  et 
des  pieds  de  bouc,  complètement  poilu,  de  telle  sorte  que 
sa  mère,  épouvantée,  s'enfuit.  Son  père  l'emporta  dans 
l'Olympe,  où  il  devint  le  favori  des  dieux,  surtout  de 
Dionysos;  d'après  d'autres,  il  fut  élevé  par  les  nymphes. 

Le  centre  du  culte  de  Pan  était  l'Arcadie,  et  il  est  le 
héros  d'un  des  hymnes  homériques.  C'est  d'Arcadie  que  son 
culte  semble  s'être  propagé  dans  le  reste  de  la  Grèce  ; 
Athènes  ne  Faccueillit  qu'après  la  bataille  de  Marathon. 
C'était  un  dieu  agreste,  qui  vivait  dans  les  bois  et  les 
prés,  s'abritant  dans  les  cavernes,  parcourant  les  som- 
mets des  montagnes,  protégeant  et  fécondant  les  trou- 
peaux, chassant  les  bêtes  sauvages,  péchant  dans  les  cours 
d'eau.  Il  s'ébattait  avec  les  nymphes,  en  particuHer  Echo 
et  Pitys  (nymphe  du  pin).  Amateur  de  musique,  il  avait 
inventé  la  syrinx,  flûte  des  bergers,  et  s'était  fait  d'une 
coquille  une  sorte  de  trompette  avec  laquelle  il  intimida 
les  Titans  durant  leur  combat  contre  les  dieux  olympiens. 
Divinité  des  bois  et  des  solitudes,  il  inspire  parfois  aux 
hommes  une  subite  terreur  (paniqué)  par  ses  apparitions 
inattendues.  Comme  les  autres  esprits  des  bois  et  des 
champs,  en  particulier  Dionysos  et  Cybèle,  dont  il  fut  plus 
tard  rapproché,  son  culte  prend  une  certaine  allure  mys- 
tique. Il  est  l'un  des  premiers  auteurs  de  la  divination 
(V.  ce  mot),  doué  du  don  prophétique  ;  les  Arcadiens  vou- 
laient qu'il  eût  instruit  Apollon.  Le  pin  et  le  chêne  lui 
étaient  consacrés.  On  lui  offrait  des  boucs,  des  agneaux, 
des  vaches,  du  miel,  du  lait.  A  côté  de  lui,  on  vénérait 
les  Panisques,  démons  féminins  et  masculins,  qu'on  re- 
présentait comme  ses  femmes  et  ses  enfants.  Ses  princi- 
paux sanctuaires  étaient  en  Arcadie  à  HerîPa,  sur  leNomion 
(près  de  Lycosoura),  sur  le  mont  Parthénios,  à  Méga- 
lopolis,  à  Acacesion,  où  un  feu  perpétuel  brûlait  dans  son 
temple  auquel  était  annexé  un  vieil  oracle  ;  d'autres  sont 
cités  dans  l'antre  Corycien  du  Parnasse,  à  Trœzen,  sur 
FEresinus,  entre  Argos  et  Tégée,  à  Oropos,  à  Athènes, 
près  de  Marathon,  sur  l'île  de  Psyttalie,  et  en  Thessalie 
à  Homala.  Le  culte  de  Pan  fut  introduit  en  Attique  après 
le  bataille  de  Marathon,  en  souvenir  de  la  terreur  panique 
attribuée  au  dieu,  dont  furent  saisis  les  Perses  et  qui 
détermina  leur  fuite.  Les  Romains  identifièrent  Pan  avec 
leurs  dieux  rustiques  Inuus  et  Faunus. 

Les  artistes  figurent  Pan,  tantôt  avec  des  pieds  de  bouc, 
des  cheveux  crépus,  une  longue  barbe,  des  cornes  de 
bouc,  comme  un  demi-animal,  tantôt  comme  un  beau 
jeune  homme  aux  cheveux  flottants,  signalé  seulement 
par  des  cornes  naissantes,  la  houlette  du  berger  et  la 
syrinx.  Des  bas-reliefs  le  montrent  présidant  paisiblement 
aux  danses  des  nymphes,  près  des  grottes  ou  des  sources. 
Le  type  élégant,  préféré  par  les  monnaies  arcadiennes,  fut 
de  plus  en  plus  effacé  par  l'autre.  On  s'amuse  à  repré- 
senter Pan  ivre,  poursuivant  les  nymphes,  battu  par  les 
satyres  (V.  ce  mot).  Son  effigie  a  fourni  plusieurs  des 
traits  du  diable.  A. -M.  B. 

BiBL.  :  Gkbhard,  Pankultus  ;  Brunswick,  1872.  —  Wel- 
ZEL,  De  Jooe  et  Pane  dis  Arcudicis ;  Breslau,  1879.  — 
WiESELER,  De  Pline  et  Paniscis;  Gœttinguo,  1875.  —  Cf. 
les  grands  traités  ou  lexiques  de  Mythologie  {Y.  ce  mot). 

PAN  ABAT.  Monnaie  d'argent  de  Perse  valant  environ 
0  fr.  50.  , 

PANACÉE  (Bot.).  Nom  donné  à  un  grand  nombre  de 
végétaux  parmi  lesquels  :  P.  antarctique.  Le  tabac.  — 

P.     BÂTARDE,  p.     DE    BaUHIN    Ct    P.    d'IÏERCULE.   VOpopO- 

naxChironiuni(Y.  Opoponax). —  P.  de  Cumo^.V Année 
(V.  ce  mot)  et  V Helianlhenmm  vulgare  L.  (V.  He- 
lianthemum).  —  P.  DE  Montagne.  VHeracleum  Panacus 
L.  (V.  Heracleum).  —  P.  DES  CHUTES.  U Amica  mon- 
tana  L.  (V.  Arnica).  —  P.  d'Esculape.  Le  Thapsia  As- 
clepium  L.  (V.  Thapsia).  —  P.  des  fièvres  quartes. 
VAsarum   Europœum    ou    Cabaret  (V.  Asaret).    — 


P.  des  laboureurs.  Le  Belonica  sylvatica  (V.  Bétoine). 
PANACÉE  (Méd.).  Suivant  la  légende,  Panacée  était 
l'une  des  filles  d'Esculape  et  de  Hygie  (ou  selon  d'autres 
d'Epione),  et  la  sœur  de  Machaon  et  de  Podalire;  elle 
était  très  versée  dans  la  médecine,  comme  ses  frères  et 
sœurs,  et  comme  elle  passait  pour  savoir  guérir  toutes  les 
maladies,  son  nom  fut  donné  à  une  série  de  remèdes  in- 
ternes et  externes  qu'on  croyait  capables  de  guérir,  sinon 
toutes  les  maladies,  du  moins  un  grand  nombre  d'entre 
elles.  Dans  la  médecine  hermétique,  c'est  la  pierre  phi- 
losophale  qui  fut  douée  de  cette  vertu,  en  même  temps 
qu'elle  entrait  dans  l'élixir  de  longue  vie  et  pouvait  chan- 
ger tous  les  métaux  en  or.  Dans  les  temps  modernes,  on 
a  désigné  sous  le  nom  de  panacées  des  médicaments  doués 
de  vertus  extraordinaires  que  le  charlatanisme  a  souvent 
exploités.  En  réalité,  il  n'existe  pas  de  panacée.  —  Ga- 
lion donnait  le  nom  de  panacée  à  une  confection  dont  le 
marrube  formait  la  base  et  qui  était  le  c5'!:lyoç.  L'emplâtre 
épalosique  ou  cicatrisant  d'Andromaque  était  aussi  une  pa- 
nacée ;  il  en  est  do  même  de  VElixir  de  vie  de  Paracelse 
et  de  Félectuaire  catholicum.  Au  xvu^  siècle,  l'alchi- 
miste Borro  préparait  une  pommade  ou  cera  catholica. 
La  panacée  anglaise  est  le  carbonate  de  magnésie,  la 
panacée  antimoniale  le  sulfure  d'antimoine,  la  panacée 
mercnrielle  le  calomel,  la  panacée  de  Glauber  le  sel 
admirable  (sulfate  de  soude),  la  panacée  double  le  sel 
diiobus  (sulfate  de  potasse),  etc.  D'^  L.  Hn. 

PANACHÉ  (Blas.).  Un  casque  ou  un  chapeau  est  dit 
panaché  quand  il  est  surmonté  de  plumes. 

PANACHURE  (Hortic).  On  nomme  panachure  les  taches 
d'une  seule  ou  de  plusieurs  couleurs  que  présentent  les 
organes  des  plantes.  Ces  taches  sont  déformes  très  variées  : 
bandes  longitudinales  ou  transversales,  points,  stries,  etc. 
Elles  font  parfois  tout  le  mérite  horticole  des  plantes  qui 
les  présentent.  Les  organes  ct  plantes  panachés  se  multi- 
plient par  greffage,  bouturage  et  quelquefois  par  semis. 
L'Erable  Negondo,  les  Buis,  Fusains,  Houx,  OEillets,  FAu- 
cuba,  etc.,  sont  souvent  panachés.  G.  Boyer. 

PANADE  (Art  cul.).  Soupe  préparée  en  faisant  bouillir 
pendant  une  heure,  sur  un  feu  doux,  de  Feau  avec  du 
pain,  du  beurre  et  du  sel.  Elle  est  généralement  destinée 
à  l'alimentation  des  enfants.  On  peut  y  ajouter,  au  mo- 
ment de  servir,  du  lait,  des  jaunes  d'aufs,  un  peu  de 
sucre  en  poudre.  Il  faut  veiller  à  ce  que  la  panade  ne 
s'attache  pas  au  fond  du  vase  dans  lequel  se  fait  la 
cuisson. 

PAN>ETIUS  DE  Rhodes  (V.  Panetius). 

PAN  AGE  (Sylvie.)  C'est  le  parcours  des  porcs  dans  les 
bois  où  ils  se  nourrissent  de  glands.  Appli({ué  modéré- 
ment, le  panage  ou  paisson  ne  nuit  pas  aux  forêts  si  les 
bois  sont  défensables,  s'ils  ne  sont  pas  trop  jeunes  ;  dans 
le  cas  contraire,  les  forêts  sont  en  défends  et  l'accès  en  est 
interdit  aux  bestiaux.  0.  B. 

PANAI EV  (Ivan-ïvanovitch)  (pseudonyme  :  le  nou- 
veau poète),  littérateur  russe,  surtout  connu  comme  cri- 
tique, né  en  1812,  mort  en  1862.  Il  a  aussi  laissé  un  ro- 
man :  les  Lions  de  province  (Saint-Pétersbourg,  1852), 
et  plusieurs  recueils  de  nouvelles,  surtout  des  Croquis 
de  la  vie  pétersbourgeoise  (Saint-Pétersbourg,  1860, 
2  vol.).  Il  a  également  composé  des  vers.  Son  influence 
comme  critique  et  directeur  de  revue  se  fit  surtout  sentir 
durant  les  aamèes  cinquante ,  grâce  à  la  revue  le  Contem- 
porain qn  il  HYnitrèor^Sinisée  en  1847,  de  concert  avec  le 
poète  Nekrassov,  et  dans  laquelle  il  accueillit  les  dernières 
productions  de  Bielinski,  ainsi  que  les  débuts  si  pleins  de 
promesses  de  Dobrolioubov.  On  doit  à  Panâiev  de  copieux 
et  intéressants  Souvenirs  sur  la  plupart  des  écrivains  qui 
ont  eu  un  nom  en  Russie,  entre  1840  et  1862.  Œuvres 
com;?/^f^5  (Saint-Pétersbourg,  1888,  2  vol.,  en  russe). 
BîBL.  :  Rotisshi  Arhhii\  18(i4,  n"^  5  et  0  (en  russe). 

PANAINOS,  peintre  grec  du  v^  siècle.  F'rère  et  colla- 
borateur de  Phidias,  iffut  chargé  par  lui  de  la  décora- 
tion peinte  du  trône  de  Zeus  olympien  :  entre  les  colonnes 


PANAINUS  —  PANAMA 


922 


(le  ce  trône  il  représenta  Hercule  et  Allas.  Hercule  et 
le  LiondeNémée,  le  Jardin  des  Hespérides,  Thésée  et 
Pirithous,  Hippodamie,  Prométtiée,  la  Mort  de  Pan- 
Ihésilée,  V Attentat  d'Aiax  contre  Cassandre,  et  les 
ligures  aliégoi'i  iiios  de  ïllellade  et  de  Salamine.  Dans 
le  môme  temple  il  avait  peint  plusieurs  autres  fresques 
dont  on  ignore  le  sujet.  A  Elis,  on  lui  attribuait  les 
peintures  du  bouclier  d'une  statue  d'Athéna,  oanre  de 
Colotès,  disciple  de  Phidias.  Mais  son  œuvre  la  plus  célèbre 
était  la  bataille  de  Marathon,  au  Piecile  d'Athènes,  peinte 
en  collaboration  avec  Micon.  Il  avait  choisi  le  moment  où 
les  Perses  mis  en  déroute  s'enfuyaient  d'un  côté  vers  les 
vaisseaux  phéniciens,  et  de  l'autre  étaient  refoulés  dans 
les  marais.  On  retrouve  un  souvenir  de  cette  peinture  dans 
une  frise  de  Djolbachi.  Plusieurs  des  personnages  étaient 
des  portraits,  Miltiade,  Cynégire,  Callimaque,  du  côté  des 
(rrecs,  Datis  et  Artapherne  du  côté  des  barbares.  Mil- 
(iade,  indiquant  du  doigt  les  barbares,  exhortait  les  sol- 
dats. L'originalité  et  le  mérite  de  Panainos  et  de  Micon  a 
été  d'introduire  la  réalité  dans  les  sujets  historiques,  abor- 
dés rarement  jusque-là  et  d'une  manière  plutôt  idéalisée. 
BiiJL.  :  Textes,  dans  Overbi^ck,  Die  aittihen  Schrifl- 
qiiellen.  —  P.  Girard,  la  Peinture  initlque^  pp.  i83  et  suiv. 

PANAIS  {Pastinaca  T.).L  Botanique.  —  Genre  d'Om- 
bellifères,  voisin  ou  simple  section  du  genre  PeucJdan 
(V.  ce  mot),  dont  il  se  distingue  par  les  sépales  nuls  ou 
rudimentaires  et  l'absence  des  bractées  de  l'involucre  et 
des  involucelles.  L'espèce  type,  le  P.  saliva  L.  (Selinum 
pastinaca  Cr.,  A^ieihum  Paslinara  Wib.),  qui  est  le 
Panais  cultivé,  encore  appelé  liacine  blanche,  Pasïe- 
nague,  Paslenade  cnltivée,  Grand-Chervi,  est  une 
herbe  très  aromatique,  à  feuilles  pennatiséquées,  à  ileurs 
jaunes,  à  fruit  ovale  avec  des  côtes  saillantes.  Le  panais, 
commun  en  Europe,  sur  le  bord  des  chemins,  est  cultivé 
dans  les  potagers  et  dans  les  champs.  Sa  racine  grêle,  fu- 
siforme,  ligneuse  et  acre  dans  la  forme  sylvestris,  de- 
vient épaisse,  charnue,  blanchâtre,  douce  et  aromatique 
dans  la  forme  edulis,  qui  est  le  P.  domestica  Lob.  Cette 
racine  est  riche  en  amidon  et  en  sucre  (12  Vo),  et  on  en 
fabrique,  en  Irlande,  une  boisson  fermentée.  Le  fruit, 
aromatique  et  amer,  est  réputé  excitant,  diurétique,  fé- 
brifuge et  emménagogue.  Les  anciens  prescrivait  un  élec- 
tuaire  d.e  panais  aux  convalescents.  Les  vaches  qui 
mangent  du  panais  donnent  une  plus  grande  quantité  de 
lait.  —  Le  P.  sekakul  Kuss.,  de  l'Asie  orientale,  cons- 
titue, dit-on,  un  aliment  très  nourrissant.  C'est  aussi  un 
aphrodisiaque  très  usité  en  Orient.  — Le  P.  iireus  Reif. 
du  Midi  est  irritant  et  produit  des  ampoules  sur  la  peau. 
On  donne  quelrpiefois  le  nom  de  Panais  de  vache  à  ÏHe- 
racleum  sphondibjnm  L.  (Y.  Beuck). 

IL  Agriculture.  —  Le  panais  {pastenade,  pestenwte 
blanche,  pastenain,  carotte  de  mouton,  etc.)  fournit 
une  excellente  racine  fourragère,  beaucoup  plus  nutritive 
que  celle  de  la  betterave  et  presque  aussi  bonne  que  celle 
de  la  carotte;  les  vaches  la  consomment  avec  avidité  et 
fournissent  avec  elle  un  lait  abondant  et  savoureux,  il  est 
bon  de  la  leur  donner  surtout  après  cuisson;  les  chevaux 
l'acceptent  parfois,  au  début,  avec  assez  de  difficulté,  et 
il  est  prudent  de  la  leur  distribuer  d'abord  par  faibles 
quantités  et  en  mélange  avec  des  grains  entiers  ou  con- 
cassés ;  le  mode  d'emploi  est  le  même  que  pour  les  ca- 
rottes ;  les  feuilles  sont  nourrissantes  et  conviennent  sur- 
tout pour  l'alimentation  des  animaux  (bovidés  et  ovidés), 
à  l'engraissement  des  vaches  non  laitières,  des  veaux  et 
génisses.  La  culture  du  panais  occupe  en  France  environ 
13.000  hect.  ;  plus  de  10.000  hect.  lui  sont  consacrés 
dans  le  Finistère;  la  xManche  sème  environ  i.iOO  hect., 
les  Côtes-du-Xord  et  quelques  départements  du  Centre  et 
de  l'Est  fournissent  le  surplus  ;  la  statistique  générale  de 
1892  accuse  un  rendement  moyen  de  18.300  kilogr.  et 
un  produit  brut  de  616  fr.  par  hectare,  supérieur  ta  celui 
de  toutes  les  autres  cultures  de  racines  fourragères  ;  il  est 
difficile  de  compi'ondre  pourquoi  le  panais  ne  s'est  pas  ré- 


pandu davantage,  surtout  dans  le  Nord-Ouest  et  l'Ouest, 
régions  à  climat  maritime  extrêmement  favorable  pour  sa 
production  ;  cette  dernière  est  d'ailleurs  très  facile  à  con- 
duire et  présente  beaucoup  d'analogie  avec  celle  de  la 
carotte  fourragère.  Le  sol  doit  être  profond,  riche  en  cal- 
caire et  un  peu  frais  ;  on  l'ameublit  parfaitement  et  on 
lui  donne,  de  très  bonne  heure,  une  forte  fumure  au  fu- 
mier de  Ferme  ;  l'emploi  des  engrais  liquides  pendant  l'hi- 
ver est  encore  recommandable.  Le  semis  a  lieu  ordinai- 
rement sur  un  déchaumage  de  céréales  ;  on  l'opère  en 
février  ou  mars  suivant  les  régions,  à  la  volée  (8  à 
10  kilogr.),  ou  en  lignes  (5  kilogr.  environ)  écartées  de 
35  à  oO  centim.  ;  la  semence  perd  rapidement  sa  faculté 
germinative  et  doit  être  employée  en  première  année.  La 
levée  est  assez  longue  ;  un  premier  binage  est  opéré  aus- 
sitôt après;  en  mai  on  éclaircit  à  20  ou  25  centim.  sur 
les  lignes,  on  continue  ensuite  les  sarclages  et  les  binages 
suivant  les  besoins  ;  une  application  de  nitrate  de  soude 
en  avril  (150  à  200  kilogr.  par  hectare)  est  souvent  utile. 
Le  panais  est  peu  sensible  aux  gelées  et  peut  rester  pen- 
dant tout  l'hiver  en  terre,  dans  les  terrains  secs,  de  ma- 
nière à  ne  le  récolter  qu'au  fur  et  à  mesure  des  besoins; 
si  le  sol  est  humide  ou  si  le  climat  est  pluvieux,  d  est  pré- 
férable d'arracher  les  racines  en  novembre  et  de  les  con- 
server en  caves  ou  en  petit  silos  reposant  sur  un  lit  de 
paille.  Les  variétés  de  grande  culture  sont  peu  nombreuses, 
les  plus  répandues  sont  :  1°  Panais  long  commun,  très 
rustique,  à  racine  longue  et  fusiforme,  à  collet  atténué 
ou  conique,  légèrement  incurvé,  à  peau  jaunâtre  et  sou- 
vent fortement  ridée,  à  chair  blanche  très  savoureuse,  et 
à  feuillage  très  abondant  ;  la  sous-variété  dénommée  pa- 
nais long  amélioré  de  Brest  est  plus  productive  et  d'ar- 
rachage plus  facile;  2*^  panais  demi-long  de  Jersey  ou 
de  Guernesey,  à  racine  demi-longue  (20  à  30  centim.), 
fusiforme  et  très  nette,  à  collet  large  et  creusé  légère- 
ment, intermédiaire  pour  la  précocité,  la  forme  et  le  vo- 
lume entre  le  panais  long  commun  et  le  panais  rond  ;  les 
sous-variétés  dites  panais  long  on  géant  de  Guernesey 
et  Sutton's  Stuident  (s.-var.  anglaise)  sont  un  peu  plus 
productives,  mais  réclament  des  sols  plus  légers  et  plus 
profonds;  3^  panais  rond  hâtif  on  panais  de  Metz,  pa- 
nais royal,  etc..  à  racine  courte  et  arrondie,  longue  de 
20  centim.  au  plus,  à  collet  large  de  10  centim.  environ 
et  très  déprimé,  plus  hâtif  et  aussi  plus  rustique  que  le 
panais  commun,  surtout  convenable  pour  les  sols  forts.  La 
culture  des  porte-graines  se  fait  comme  pour  la  carotte 
(sélection  d'après  la  forme,  bains  de  1 ,025  à  1 ,030  de  den- 
sité, plantation  des  mères  à  60  ou  65  centim.  en  tous 
sens);  les  graines  mûrissent  vers  la  fin  d'aoït. 

IL  HoRiTcuLTURE.  —  Le  panais  est  un  excellent  légume 
de  printemps  et  d'été,  très  employé  pour  assaisonner  et 
aromatiser  les  bouillons  et  pour  la  préparation  des  ra- 
goûts; en  Thuringe,  on  confectionne,  avec  lui,  une  pâte 
molle,  sucrée  et  très  saine  que  l'on  consomme  en  guise 
de  confitures;  on  fabrique  aussi  du  sirop  de  panais;  enfin 
le  paysan  irlandais  prépare  souvent,  avec  le  panais  et  des 
cônes  de  houblon  bouilhs  ensemble  dans  de  Feau,  puis 
mis  en  fermentation,  une  boisson  qui  remplace  la  bière 
(J.  Joignaux).  Le  panais  rond  hdiif  est  le  plus  recom- 
mandable pour  la  culture  potagère,  et,  seul,  il  doit  être 
recherché  dans  les  bons  jardins  ;  il  est  bon  d'échelonner 
les  semis  de  la  fin  de  juillet  à  la  fin  de  mai.  A  l'approche 
des  gelées  on  arrache  une  partie  de  la  récolte  que  l'on 
conserve  en  cave  de  façon  à  avoir  toujours  des  racines  à 
sa  disposition.  J.  Troude. 

ni.  Art  culinaire  (V.  Navet). 

PANAMA  (Bois  de)  (Pharm.).  On  désigne  sous  ce  nom 
l'écorce,  et  non  le  bois,  du  Quillaja  saponaria,  arbre 
du  Chili  appartenant  à  la  tribu  des  Spiréacées  (Rosacées), 
Cette  écorce  se  présente  en  plaques  de  6  à  8  millim. 
d'épaisseur,  blanc  sale,  striées  en  long  à  la  face  interne. 
La  cassure  est  fibreuse,  et  Fécorce,  quand  on  la  brise, 
laisse  échapper  une  poussière  cristalline  acre.  Des  prin- 


9-23  — 


PANAMA 


(•ipes  immédiats  spéciaux  existent  dans  cette  écorce.  Ce 
sont  l'acide  quillajique  et  la  sapotoxine,  substances  don- 
nartt  à  l'eau  la  propriété  de  fournir  une  mousse  persistante 
par  agitation.  L'écorce  du  Quillaja  sert  à  faire  une  tein- 
ture (au  4/5  avec  l'alcool  à  80  Wo),  teinture  qui  peut  être 
employée  pour  émulsionner  les  substances  résineuses,  par 
exemple  le  baume  de  Tolu.  V.  H. 

PANAMA.  Au  fond  de  la  baie  du  même  nom,  sur  l'océan 
Pacifique,  cette  ville,  capitale  de  département,  a  été  fondée 
en  ioiS  par  l'Espagnol  don  Pedro  Arias  Davila,  au  pied  du 
mont  Ancon  (:200  m.  d'alt.);  30.000  liab.  l'allé  est  entourée 
de  très  belles  forêts  tropicales,  interrompues  par  dévastes 
savanes.  En  1670,  don  A.  Hernandez  de  Côrdobala  trans- 
féra sur  le  point  où  elle  est  actuellement  (9*^  2'  lat.  N., 
81*^  50'  long.  0.  Paris).  Elle  n'a  pas  de  port:  les  navires 
jettent  l'ancre  à  Gkil.  au  large,  dans  la  direction  du  S.,  en 
face  des  îles  Taboga  et  Taboguilla.  Terminus  du  chemin 
de  fer  transisthmique  aboutissant  à  Colon  (Aspinwal)  et 
construit  par  les  Nord- Américains.  Son  commerce  d'ex- 
portation, qui  consiste  surtout  en  caoutchouc,  nacre, 
perles,  huile  de  coco,  peaux  de  chèvre,  chapeaux  de 
paille,  etc.,  s'est  chiffré,  en  1897,  par  652.887  piastres 
et  par  1.025.826  piastres  en  1898.  —  Siège  épiscopal, 
séminaires,  hôpitaux,  théâtre,  cathédrale,  onze  églises, 
couvents  anciens.  Ch.  Laroussie. 

Canal  de  Panama.  — I.  Historique.  —  L'idée  de  réu- 
nir l'océan  Atlantique  à  Focéan  Pacifique  par  un  canal 
cieusé  à  travers  l'isthme  américain,  est  ancienne.  Dès 
1513,  Vasco  Nuùez  de  Balboa  cherchait  le  détroit  qui, 
pensait-il,  devait  exister  à  travers  l'Amérique  et  donner 
la  vraie  route  d'Europe  aux  Indes.  Plusieurs  voyageurs, 
a])rès  lui,  se  consacrèrent  à  cette  recherche.  Après  la  dé- 
(M)uverte  de  Magellan  et  celles  des  Portugais,  démontrant 
(|ue  l'isthme  américain  ne  possède  pas  de  solution  de  con- 
linuité,  on  abandonna  ces  recherches  désormais  sans  but; 
mais  l'on  songea  presque  aussitôt  à  pratiquer  le  passage 
(jue  la  nature  n'avait  pas  creusé,  en  réunissant  par  un 
canal  deux  rivières  allant  l'une  au  Pacifique,  l'autre  à 
l'Atlantique.  Les  Espagnols,  depuis  la  fin  du  xvi^  siècle, 
(h'cssèrent  des  plans  pour  la  réahsation  de  cette  œuvre. 
Euiin  en  d8l  4,  lesCortèsordonnèrent  l'établissement  d'un 
canal  interocéanique  dans  la  dépression  du  Téhuantépec  la 
plus  proche  de  Mexico.  Mais  les  Espagnols  perdirent  la 
Nouvelle-Espagne.  Le  Mexique,  devenu  indépendant,  con- 
tinua, mais  d'une  manière  très  théorique,  à  s'occuper  du 
percement  de  listhme  du  Téhuantépec.  Par  contre,  des 
.américains  et  des  E^rançais  cherchaient  activement  les 
moyens  pratiques  de  creuser  le  canal  interocéanique.  Quan- 
tité de  projets  bien  étudiés  virent  le  jour.  Nous  mention- 
nerons les  principaux:  1843.  Projet  Napoléon  Garella,  canal 
à  écluses  et  tunnel,  allant  de  la  baie  de  Limon  (Atlan- 
tique) à  la  baie  de  Vaca  de  Monte  (Pacifi([ue);  —  1850- 
51 .  Projet  Cbilds  et  Fay,  canal  par  le  Nicaragua  (V.  ce 
mot);  —  1852.  Projet  Trautwine,  canal  entre  l'Atrato  et 
le  Pacifiifue;  —  1858-59.  Projet  Michler,  canal  entre  la 
baie  de  Humboldt  et  l'Atrato;  —  1870.  Projet  de  canal  à 
écluses,  à  la  suite  d'une  exploration  ordonnée  par  le  gou- 
vernement américain.  Enfin,  la  question  fut  sérieusement 
posée  au  congrès  international  des  sciences  géographiques, 
tenu  à  Paris  en  1875.  On  nomma,  sous  la  présidence  de 
M.  de  Lesseps,  un  jury  international  chargé  de  désigner 
le  meilleur  tracé,  d'étudier  d'aussi  près  que  possible  l'en- 
treprise et  d'émettre  un  avis  motivé  sur  sa  possibilité  ou 
son  impossibilité.  Une  exploration  préalable  fut  décidée. 
Le  24  mars  1876,  un  comité  français  était  constitué  pour 
réunir  les  fonds  nécessaires,  et  à  la  fin  de  l'année,  une 
expédition  internationale,  sous  la  direction  de  Bonaparte 
Wyse,  commençait  ses  travaux  sur  le  terrain  ;  elle  les 
mena  avec  une  grande  activité.  Le  15  mai  1879  se  réu- 
nissait à  Paris  le  congrès  international  d'études  du  canal 
interocéanique.  Il  examina  onze  projets,  dont  six  par 
l'isthme  de  Panama,  et  émit  le  29  mai  le  vœu  suivant  : 
«  Le  congrès  estime  que  le  percement  d'un  canal  inter- 


océanique, à  niveau  constant,  si  désirable  dans  Tintérèt  du 
commerce  et  de  la  navigation  est  possible  ;  et  que  ce  ca- 
nal maritime,  pour  répondre  aux  facilités  indispensables 
d'accès  et  d'utilisation  que  doit  offrir  avant  tout  un  pas- 
sage de  ce  genre,  devra  être  dirigé  du  golfe  de  Limon  à 
la  baie  de  Panama  ». 

II.  Compagnie  UMVERSELLE  du  canal  interocéanique.  — 
Bonaparte  Wyse  ayant  terminé  son  exploration,  avait  ob- 
tenu du  gouvernement  des  Etats-Unis  de  la  Colombie  un 
traité  (28  mai  1878)  lui  accordant  la  concession  d'un 
canal  interocéanique  ;  il  rétrocéda  cette  concession  à  M.  de 
Lesseps  qui  venait  de  former  une  société  de  fondateurs  et 
qui  en  accepta  les  charges  :  savoir  5  millions  en  espèces  à 
verser  au  gouvernement  de  Colombie,  plus  5  millions  d'ac- 
tions libérées  de  la  future  compagnie.  Aux  termes  du  traité 
750.000  fr.  furent  immédiatement  remis  à  la  Colombie, 
et  une  souscription  pubU{|ue,  au  capital  de  400  millions, 
fut  ouverte  les  6  et  7  août  1879.  Elle  ne  réussit  pas  du 
tout,  le  public  ne  connaissait  pas  suffisamment  l'affaire. 
M.  de  Lesseps,  avec  l'activité  et  l'énergie  qu'il  avait  dé- 
ployées jadis  à  Suez,  entreprit  une  véritable  campagne  de 
conférences,  de  presse  et  de  réclame  pour  attirer  l'atten- 
tion du  public.  Il  partit  pour  l'isthme,  avec  une  commis- 
sion technique  et  internationale  d'études.  Cette  commis- 
sion estima  cjue  l'œuvre  coûterait  843  millions  et  durerait 
huit  années.  Un  peu  plus  tard  cette  estimation  fut  réduite 
à  500  millions.  Une  souscription  fut  ouverte  sur  ce  chifiTre 
les  7,  8  et  9  déc.  1880.  Elle  comprenait  590.000  actions 
de  500fr.  et  fut  couverte  plusieurs  fois.  Le31janv.  1881, 
la  Compagnie  du  canal  interocéanique  de  Panama  était  lé- 
galement fondée.  Le  12  mars,  MM.  Couvreux  et  Hersent 
s'engageaient  à  organiser  l'entreprise  du  creusement  du 
canal;  mais  comme  les  études  préalables  n'avaient  pas  été 
poussées  fort  loin,  ils  réservaient  la  question  des  prix  dé- 
finitifs qui  ne  devaient  être  établis  qu'après  une  période 
d'essai  et  d'attaque  des  travaux  sur  plusieurs  points.  Dès 
la  fin  de  1882,  les  résultats  obtenus  parurent  peu  encou- 
rageants, et  ces  entrepreneurs  résilièrent  leur  contrat, 
moyennant  le  versement  qui  leur  fut  fait  à  titre  transac- 
tionnel d'une  somme  de  1.200.000  fr.  Un  peu  aupa- 
ravant la  compagnie  avait  acheté  68.475  actions  (sur 
70.000)  du  chemin  de  fer  de  Panama  à  Colon,  afin  d'avoir 
les  coudées  franches.  Ces  dépenses  et  les  subventions  à 
la  presse  avaient  absorbé  le  capital  disponible.  Il  fallait 
payer  les  intérêts  dus  aux  actionnaires.  Aussi  procéda- 
t-onle  7  sept.  1882  à  une  émission  de  250.000  obligations 
de500fr.  qui  produisit  109.375.000  fr.,  et_  le  3  oct. 
1883  à  une  seconde  émission  de  600.000  obligations  de 
500  fr.  au  prix  de  285  fr.  l'une.  Les  travaux  de  terras- 
sement proprement  dits  ne  commencèi'cnt  qu'en  1883. 
Nous  verrons  comment  ils  furent  conduits  et  leurs  résul- 
tats. Il  importe  auparavant  de  donner  quelques  détails  sur 
le  projet  adopté  par  la  compagnie. 

Ce  projet  est,  sauf  quel([ues  détails,  celui  qui  avait  été 
soumis  au  congrès  de  1879  par  MM.  Wyse  et  Reclus.  Le 
tracé  du  canal  suit  sur  presque  toute  sa  longueur  celui  du 
chemin  de  fer  (V.  le  ci'oquis  ci-dessous),  s'en  écarte  une 
première  fois  entre  Gatun  et  Bohio-Soldado,  afin  d'éviter 
les  hauteurs  de  Lion-Hill  et  de  Tiger-iïill  ;  une  seconde 
fois  à  Corrozal  vers  son  débouc  lié  dans  le  Pacifique.  La 
longueur  totale  est  de  74  kil.  ;  la  largeur  au  plafond,  22  m.  ; 
un  garage  de  5  kil.  de  long,  sur  60  m.  de  large  était  prévu 
dans  la  plaine  de  Tavernilla,  entre  les  kil.  28  et  33. 
D'autre  part,  le  tracé  coupe  le  chemin  de  fer  une  première 
fois  à  San  Pablo,  et  une  seconde  fois  au  pied  de  la  Culc- 
bra.  Le  canal  était  projeté  à  niveau  afin  de  se  conformer 
à  la  décision  du  congrès  de  1879;  le  plan  d'eau  était  éta- 
bh  au  niveau  moyen  de  l'Atlantique  dont  les  marées  ne 
sont  à  Colon  que  de  40  à  50  centim.  Une  écluse  était 
prévue  à  Corrozal  (débouché  dans  le  Pacifique)  pour  em- 
pêcher les  marées  (6  m.)  de  pénétrer  dans  le  canal.  De 
Colon  à  Matachin,  le  terrain  s'élève  de  0  à  23  m.  ;  à  par- 
tir de  Matachin  'd  montejusqu'à  70  m.  au  pied  du  massif 


PANAMA  —  924 

de  la  Culebra,  pour  sauter  ensuite  à  101  et  redescendre 
assez  abruptement  jusqu'au  Pacifique.  Deux  grands  ports 
étaient  prévus  :  l'un  à  Colon,  l'autre  à  Panama.  Une  des 
grandes  difficultés  était  la  dérivation  des  cours  d'eau  cou- 
pés par  le  tracé  du  canal,  notamment  le  Chagres,  qu'on 
devait  barrer  par  un  grand  barrage  de  53  m.  de  haut  et 
de  600  m.  de  large.  Le  cube  total  des  terrassements  fut 
évalué  à  120  millions  de  m. 

On  commença  par  exécuter  un  grand  terre-plein  sur  le 
S.  de  l'île  Manzanillo  devant  l'entrée  du  canal.  Ce  terre- 


plein  se  couvrit  d'une  véritable  ville,  Cliristopbe-Colomb, 
où  furent  installés  tous  les  logements,  bureaux,  magasins 
et  ateliers  de  la  compagnie  du  côté  de  Colon.  Des  wharfs 
et  des  appontements  furent  construits  pour  faciliter  le  dé- 
chargement des  navires,  et  des  voies  ferrées,  raccordées 
avec  le  chemin  de  fer  de  Panama,  desservirent  tous  ces 
établissements.  Les  tracés  du  canal  furent  reportés  sur  le 
terrain,  déboisés  et  débroussaillés.  Deux  hôpitaux  furent 
installés,  l'un  à  Colon,  l'autre  à  Panama;  un  sanatorium 
destiné  à  recevoir  les  convalescents  fut  installé  dans  l'île  de 


Tracé  du  raiial  interocéanique  de  l  isthme  de  Panama. 


Toboga,  dans  le  Pacifique.  Des  ateliers  et  magasins  furent 
élevés  à  Colon,  à  Matachin  et  à  la  Bocca,  sans  compter  ceux 
de  moindre  importance  répartis  sur  toute  la  ligne  ;  des 
bureaux  et  logements  d'employés  et  d'ouvriers  furent  cons- 
truits sur  toutes  les  sections.  On  acquit  un  outillage  con- 
sidérable et  perfectionné,  notamment  7  grandes  dragues 
américaines,  3  puissantes  dragues  marines,  10  clapets  à 
vapeur,  i  débarquements  flottables,  des  excavateurs,  des 


locomotives,  des  wagons  (4.700),  des  wagonnets  Decau- 
ville  (7.000),  des  pompes  d'épuisement,  des  appareils  de 
chargement  et  de  déchargement,  etc. 

De  1883  à  1885  les  travaux  de  déblais  furent  morcelés 
entre  un  certain  nombre  d'entreprises,  travaillant  d'une 
façon  indépendante  les  unes  des  autres,  et  qui  échelon- 
nèrent des  chantiers  sur  toute  la  longueur  du  canal.  Ces 
travaux  avancèrent  avec  une  grande  lenteur,  encore  la  Com- 


Profil  suivant  l'axe  du  canal  montrant  l'état  des  travaux  (1898).  I.a  partie   hachée  indifiue  le  massiC restant  à  enlever. 
(L"échelle  des  hauteurs  est  égale  à  100  l'ois  celle  des  longueurs). 


pagnie  avait-elle  été  obligée  de  fournir  le  matériel.  De 
plus,  le  contrôle  était  mal  fait  et  l'argent  fut  gaspillé.  En 
oct.  1885,  on  avait  enlevé  de  16  à  17  millions  de  m.  c, 
dont  12  seulement  afférents  au  canal  :  on  avait,  par  contre, 
créé  des  routes  inutiles,  installé  des  écuries  luxueuses, 
des  fermes,  des  jardins,  des  habitations  de  plaisance  pour 
le  directeur  et  le  haut  personnel.  La  compagnie,  acculée 
à  une  situation  déjà  presque  désespérée,  appela  125  fr. 
sur  les  actions  et  émit  un  nouvel  emprunt  de  144  miUions 
331.713  fr.  80.  Elle  renonça  au  système  des  petites  en- 
treprises dont  les  résultats  étaient  ruineux  et  elle  partagea 
le  canal  en  cinq  grandes  divisions  dont  chacune  fut  confiée 
à  une  ou  deux  entreprises  générales.  Chacune  des  entre- 
prises générales  prenait  l'engagement  de  mener  à  bonne 
fin,  dans  les  limites  de  la  division  qui  lui  était  attribuée, 
l'achèvement  de  tous  les  travaux  nécessaires  pour  la  cons- 
truction du  canal  à  niveau;  pour  cela,  elle  se  chargeait, 
à  des  prix  fixés  par  les  contrats,  des  installations  prévues, 
du  transport  par  mer  et  par  terre,  du  montage  et  de  la 
mise  en  œuvre  du  matériel,  de  la  construction  des  bâti- 
ments, du  recrutement  des  ouvriers,  en  un  mot  de  tous  les 
travaux,  travaux  de  terrassement  ou  travaux  accessoires. 
La  compagnie  n'intervenait  que  pour  en  surveiller  et  en 
contrôler  l'exécution,  i^  l' American  contracting  and  dred- 
ging  C*^  devait  extraire  14.500.000  m.  c,  dans  un  délai 
de  39  mois  ;  2*^  l'entreprise  Vignaud,  Barbaud  et  Blan- 


leuil  devait  exécuter  12  millions  de  m.  c.  de  dragage  et 
8  millions  de  m.  c.  de  déblais  à  sec  ;  elle  devait  travailler 
dans  la  vallée  du  Chagres  dans  des  conditions  assez  pé- 
nibles; 3^  la  Société  de  travaux  publics  et  constructions 
était  chargée  d'extraire  29  millions  de  m.  c.  de  déblais  et 
faire  en  outre  le  barrage  du  Chagres  et  le  commencement 
de  sa  dérivation  ;  4«  l'entreprise  Cutbill  et  de  Longo  de- 
vait enlever  20  milhons  de  m.  c.  du  massif  de  la  Cidebra; 
5*^  l'entreprise  Baratoux,  LeteUier  et  Lillaz  devait  exécuter 
7  millions  de  m.  c.  de  déblais  à  sec  pour  l'ouverture  du 
canal  et  3  milhons  de  m.  c.  de  dragages  dans  la  baie  de 
Panama  ;  6°  la  Franco  American  trading  C°  devait  enlever 
6  millions  de  m.  c.  dans  la  basse  vallée  du  Rio  Grande. 
Seulement  avec  ce  système,  les  dépenses  devaient  s'élever 
à  1.200  millions.  M.  de  Lesseps  demanda  au  gouverne- 
ment l'autorisation  d'émettre  600  milhons  de  valeurs  à 
lots  (27  mai  1885)  et  fit  appuyer  cette  demande  par  un 
vaste  pétitionnement  des  actionnaires  et  obligataires  à  la 
Chambre  des  députés.  Le  Conseil  des  ministres,  avant  de 
prendre  une  décision,  chargea  un  ingénieur  en  chef  des 
ponts  et  chaussées,  M.  Armand  Rousseau,  de  se  rendre 
dans  l'isthme  afin  de  juger  sur  place  de  la  situation  des 
travaux  (24  déc).  Le  '30  avr.  1886,  M.  Rousseau  remet- 
tait un  rapport  où  il  admettait  la  possibilité  de  mener  à 
bien  le  percement  de  l'isthme  de  Panama,  mais  oii  il  fai- 
sait de  sérieuses  réserves  sur  la  manière  dont  les  travaux 


925 


PANAMA 


avaient  été  conduits  et  sur  Testimation  des  dépenses  que 
leur  entière  réalisation  devait  entraîner  et  qui,  d'après  lui, 
devaient  dépasser  intiniment  les  devis  de  la  compagnie.  Le 
projet  de  loi  fut  néanmoins  déposé  le  17  juin  :  mal  accueilli 
par  la  commission  chargée  de  l'examiner,  il  fut  retiré  le 
10  juil.  M.  de  Lesseps,  passant  outre,  fit  l'appel  du  quatrième 
quart  sur  les  actions  et  résolut  de  lancer  successivement 
trois  émissions  d'obligations,  dites  nouvelles,  qui  devaient 
donner  606  millions.  Les  résultats  furent  loin  de  compte. 
La  première  émission  ne  produisit  que  206.460.900  fr.  et 
ses  frais  dépassèrent  11  millions.  La  deuxième  aboutit  à  un 
échec.  Sur  500.000  obligations  offertes,  il  n'en  fut  sous- 
crit que  258.887,  soit  113.910.280  fr.,  avec  plus  de 
7.600.000  fr.  de  frais.  On  fut  bien  obligé  d'en  revenir, 
pour  tenter  le  public,  à  la  conception  des  valeurs  à  lot. 
Une  demande  en  ce  sens  fut  adressée  à  M.  Rouvier,  mi- 
nistre des  finances,  le  15  nov.  1887  :  il  s'agissait  d'em- 
prunter 565  millions;  265  miUions  restant  sur  les  600 
prévus  en  1885,  et  300  miUions  à  prévoir  pour  les  dé- 
penses nécessaires  jusqu'en  1890.  Le  ministre  des  finances 
ne  répondit  pas  à  la  demande  de  M.  de  Lesseps  qui,  pour 
appuyer  ses  vues  et  frapper  un  grand  coup  sur  l'esprit 
public,  signait,  le  10  déc.,un  traité  avec  M. Eiifel.  C'était 
une  nouvelle  modification  aux  plans  de  la  compagnie.  On 
avait  reconnu,  après  avis  des  plus  hautes  autorités,  que 
le  canal  à  niveau  était  une  utopie.  On  en  venait  au  sys- 
tème à  écluses,  et  M.  Eiifel  se  chargeait  de  tous  les  tra- 
vaux nécessaires  pour  leur  construction.  Les  terrassements 
et  fournitures  métalliques  devaient  être  payés  sur  série 
de  prix.  Les  travaux  accessoires  furent  prévus,  limités  et 
estimés  sur  devis.  Le  nombre  d'écluses  était  fixé  à  dix  et 
l'estimation  des  dépenses  que  leur  construction  entraîne- 
rait s'élevait  à  132.502.885  fr.  Le  concours  du  grand 
constructeur  n'avait  d'ailleurs  été  acquis  qu'au  prix  de  sa- 
crifices onéreux  :  non  seulement  il  avait  fallu  lui  accor- 
der des  conditions  extraordinaires  (33  millions),  mais  on 
avait  dû  payer  des  indemnités  considérables  aux  précédents 
entrepreneurs  (soit  12  millions  environ).  Le  lijanv.  1888, 
M.  de  Lesseps  renouvelait  auprès  de  M.  Tirard,  qui  avait 
remplacé  M.  Rouvier  au  ministère  des  finances,  sa  de- 
mande d'autorisation  pour  l'émission  des  valeurs  à  lots. 
Le  20,  M.  Tirard  la  rejetait  nettement.  La  compagnie  or- 
ganisa alors  un  nouveau  pétitionnement  et  recueillit 
158.287  signatures,  et  le  1^^  mars  plusieurs  députés, 
MM.  iVIfred  Michel  et  Levrey  en  tète,  prenaient  l'initia- 
tive d'une  proposition  «  tendant  à  autoriser  la  Compagnie 
du  canal  interocéanique  de  Panama  à  émettre  en  France 
de  titres  remboursables  avec  lots  ».  Prise  en  considéra- 
tion le  26  mars,  cette  proposition  était  adoptée  par  la 
Chambre  le  28  avr.,  par  le  Sénat  le  4  juin;  et  la  loi  pro- 
mulguée le  9  juin.  La  compagnie  était  autorisée  à  emprun- 
ter 600  miUions;  le  service  des  lots  et  le  remboursement 
des  obligations  en  99  ans  devait  être  assuré  par  un  dépôt 
suffisant,  avec  aftectation  spéciale,  de  rentes  françaises  ou 
des  titres  garantis  par  le  gouvernement  français.  L'émis- 
sion annoncée  pour  le  26  juin  comprenait  2  mihions  d'obfi- 
gations  à  360  fr.  =  720  millions,  dont  600  millions  affec- 
tés à  l'emprunt  projeté  et  120  miUions  à  l'acquisition  de 
rentes  devant  former  le  fonds  de  garantie.  Malgré  des  sa- 
crifices énormes  (plus  de  31  millions)  et  une  extraordi- 
naire campagne  de  presse,  qui  coûta  à  elle  seule  plus  de 
7  millions,  l'émission  échoua.  Sur  les  2  millions  d'obliga- 
tions 849.249  seulement  furent  souscrites,  représentant 
223.347.816  fr.  C'était  insuffisant.  On  fit  un  nouvel  effort 
et  le  12  déc.  on  lançait  une  émission  désespérée  des  litres 
non  placés  en  déclarant  que  si  la  souscription  n'atteignait 
pas  un  minimum  de  400.000  titres  elle  serait  annulée. 
Elle  échoua  encore.  C'était  la  débâcle.  Le  gouvernement 
consentit  encore  à  présenter  un  projet  de  loi  ayant  pour 
objet  de  proroger  à  trois  mois  le  paiement  des  sommes 
dues  par  la  compagnie  (14  déc),  mais  le  15  la  Chambre 
refusa  de  passer  à  la  discussion  des  articles.  La  compagnie 
suspendit  ses  paiements.  Le  président  du  tribunal  civil  de 


la  Seine  désigna  trois  administrateurs  provisoires,  MM.  De- 
normandie,  Baudelot  et  Hue  qui  firent,  en  vain,  les  plus 
grands  efforts  pour  continuer  les  travaux  et  éviter  un  dé- 
sastre. Le  4  févr.  1889  le  tribunal  civil  de  la  Seine  pro- 
nonçait la  dissolution  de  la  compagnie  et  nommait  un  liqui- 
dateur, M.  Brunet,  auquel  fut  adjoint  le  13  févr.  1890 
M.  Monchicourt,  qui  demeura  seul  liquidateur  le  8  mars 
suivant.  M.  Brunet  envoya  dans  l'isthme  une  commission 
d'études  qui  déclara  le  5  mai  1890  qu'il  était  possible 
d'achever  le  canal  en  huit  ans  ;  que  le  matériel  était  dans 
un  état  satisfaisant  ;  qu'il  faudrait  900  millions  pour  ter- 
miner les  travaux.  Le  liquidateur  résilia  la  plupart  des  trai- 
tés onéreux  passés  par  la  compagnie,  et  fit  restituer  3  mil- 
hons  par  M.  Eiffel.  Cependant  les  actionnaires  et  obligataires 
ruinés  s'étaient  ligués  et  avaient  déposé  le  28  mars  1888 
une  plainte  entre  les  mains  du  procureur  général.  Cette 
plainte  étant  demeurée  sans  résultats,  les  intéressés  pré- 
sentèrent une  pétition  à  la  Chambre.  L'affaire  entra  alors 
dans  une  phase  à  la  fois  parlementaire  et  judiciah'e  dont 
nous  exposons  ci-après  les  incidents  les  plus  marquants  et 
les  plus  caractéristiques  ;  il  convient,  pour  éviter  toute  con- 
fusion, de  terminer  d'abord  l'histoire  du  canal.  M.  Eiffel 
avait  rempli  les  engagements  de  son  contrat,  en  ce  qui 
concerne  les  installations  et  le  matériel  nécessaire  pour  la 
construction  des  écluses,  mais  au  moment  où  les  travaux 
furent  suspendus,  il  avait  à  peine  commencé  les  déblais. 
En  sorte  que  le  canal  interocéanique  était,  lorsqu'il  fut 
abandonné,  à  peine  ébauché  et  présentait  l'aspect  chaotique 
de  terres  remuées  et  creusées  sans  plan  apparent.  Quelques 
tentatives  furent  faites  pour  reconstituer  la  Société  et  re- 
prendre les  travaux.  M.  de  Lesseps,  lui-même,  tenta  une 
émission  de  30  jnillions  d'actions  qui  échoua  piteuse- 
ment le  2  févr.  1889.  Les  liquidateurs,  surtout  M.  Mon- 
chicourt, firent  leur  possible.  Le  l^'\juil.  1893,1e  Parle- 
ment vota  une  loi  dans  le  but  de  faciliter  la  liquidation  de 
la  compagnie  en  permettant  aux  obligataires  d'exercer, 
sans  frais  et  par  l'intermédiaire  d'un  mandataire  spécial, 
toutes  actions  en  restitution  ou  en  responsabilité  contre 
qui  de  droit.  Ce  mandataire,  M.  Lemarqiiis  (4  juil.  1893) 
et  M.  Cautron,  coHquidateur  (21  juil.),  essayèrent  de  cons- 
tituer une  «  Société  d'achèvement  ».  Le  capital  fut  fixé 
à  60  miUions.  31  millions  800.000  fr,  purent  être  four- 
nis par  les  anciens  syndicataires,  les  anciens  administra- 
teurs de  la  compagnie,  le  Crédit  lyonnais,  la  Société  gé- 
nérale, le  Crédit  industriel,  M.  Eiffel  et  quebjues-uns  des 
gros  entrepreneurs,  à  titre  transactionnel  relativement  aux 
reprises  qui  pouvaient  être  exécutées  contre  eux,  savoir: 
Crédit  lyonnais,  Société  générale  et  Crédit  industriel, 
10  milhons;  M.  Eiifel,  10  miUions;  les  administrateurs, 
8  millions  ;  M.  Hugo  Oberndtrrffer  et  divers,  3  millions 
800.000  fr.  On  ouvrit  le  22  sept.  d894  une  souscription  à 
300.000  actions  nouvelles  dont  34.843  seulement  furent 
souscrites.  L'écart  de  16  miUions  dut  être  comblé  par  la  liqui- 
dation. Le  21  oct  1894,  cette  Société,  sous  le  nom  de 
«  Compagnie  nouvelle  du  Canal  de  Panama  »,  était  constituée 
au  capital  de  65  miUions,  divisé  en  650.000  actions,  dont 
50. OÙO  entièrement  libérées  devaient  être  remises  au  gouver- 
nement de  Colombie.  En  effet,  le  10  déc.  1890,  ce  gouverne- 
ment avait  prolongé  de  dix  années  sa  concession  primitive, 
et  cette  prolongation  devait  être  caduque  si  une  compagnie 
n'avait  pas  repris  les  travaux  d'une  manière  sérieuse  et 
permanente  avant  le  28  févr.  1893;  délai  prolongé  à  son 
tour  jusqu'au  31  oct.  1894  :  il  devait  recevoir  en  plus 
8  millions  et  les  frais  d'entretien  de  la  force  armée  néces- 
saire à  la  surveillance  et  à  la  sécurité  du  canal.  Malgré  des 
prolongations  ultérieures,  la  Société,  incapable  de  trouver 
les  fonds  considérables  nécessaires  à  une  reprise  sérieuse, 
puis  à  l'achèvement  des  travaux,  se  borna  à  entretenir, 
tant  bien  que  mal,  le  matériel  existant  dans  l'isthme,  ou- 
vrit un  chantier  de  3.500  ouvriers  à  La  Culebra  et  cons- 
truisit un  vharff  à  La  Bocca.  Le  gouvernement  américain 
ayant  décidé  de  construire  lui-même  un  canal  interocéa- 
nique par  le  Nicaragua  (V.  ce  mot),  les  représentants  de 


PANAMA 


9-26 


:  477.387  obligations  de  500  fr. 
i.o8.802  oblicralioiis  de  1.000  fr. 


la  Société  offrirent,  à  la  fnidefévr.  1899,  de  lui  vendre  un 
droit  de  contrôle  sur  la  navigation  du  canal  de  Panama,  et 
s'engagèrent  à  l'achever  en  dix  années.  Si  les  Etats-Unis 
acceptent  ces  propositions,  il  est  possible  que  l'affaire  entre 
dans  une  phase  nouvelle  :  mais  il  faudra  toujours  trouver 
l'argent  nécessaire,  et  le  public  français  est  peu  disposé 
à  le  fournir. 

Il  nous  reste  à  donner  quel([ues  brefs  détails  sur  les 
émissions  de  la  compagnie,  sur  les  sommes  qu'elle  a  en- 
caissées et  sur  celles  qu'elle  a  dépensées  et  enfin,  en  ce  qui 
concerne  ces  dépenses,  à  faire  le  départ  entre  les  sommes 
qui  ont  été  réellement  consacrées  à  la  construction  du  ca- 
nal et  celles  (\m  ont  reçu  d'autres  emplois.  Le  rapproche- 
ment de  ces  divers  chiffres  sera  par  lui-même  assez  élo- 
quent pour  nous  dispenser  d'une  crititpie  qui  n'égalerait 
pas,  en  sévérité,  la  constatai  ion  pure  et  simple  des  faits. 

La  compagnie  a  émis  : 

600.000 actions  de 500  fr.  au  porteur  =  300  millions; 

Le  7  sept.  188|  :  ^250.000  obligations  de  500  fr.  5  «^ 
émises  à  437  fr.  50  ; 

Le  3  oct.  1883  :  600.000  obligations  de  300  fr.  3  «/o 
émises  à  285  fr.  ; 

Le  '^^  oct.  188i 
émises  à  333  fr.  ; 

Le  3  août  1886 
émises  à  450  fr.  ; 

Le26  juil.  1887  :  258.887  obligations  de  1.000  fr.  6  <\  ^ 
émises  à  440  fr.  ; 

Le  14  mars  1888  :  89.802  obligations  de  1 .000  fr.  6  «/o 
émises  à  460  fr.  : 

Le  26  juin  1888  :  2.000.000  d'obligations  à  lots  émises 
à  360  fr.  ; 

Soit  le  chiffre  formidalde  de  4.734.(S78  titres  d'une 
valeur  nominale  de  2.371.184.500  fr.  Il  faut  y  ajouter 
9.000  parts  de  fondateurs  et  513.486  bons  à  lots  émis 
en  1889  à  105  fr.  par  la  liquidation. 

Les  actions  ont  atteint  en  1885  (avant  les  révélations 
du  rapport  Rousseau)  le  cours  de  495  fr.  ;  elles  valent  (en 
mars  1899)  20  fr.  ; 

Les  parts  de  fondateur  ont  atteint  en  1887  le  cours 
de  2.415  fr.  ;  elles  valent  iid.)  220  fr.  ; 

Les  obhgations  1882  ont  atteint  en  1885  le  cours  de 
412  fr.  ;  elles  valent  (id.)  40  fr.  ; 

Les  obligations  1883  ont  atteint  en  1885  le  cours  de 
245  fr.  ;  elles  valent  (id.)  31  fr.  ; 

Les  obligations  1885  ont  atteint  en  1885  le  cours  de 
312  fr.  ;  elles  valent  (id.)  31  fr.  ; 

Les  obligations  1886  ont  atteint  en  1886  le  cours  de 
465  fr.  ;  elles  valent  (id.)  46  fr.  ; 

Les  obligations  1887  ont  atteint  en  1888  le  cour»  de 
441  fr.  ;  elles  valent  (kl)  42  fr.  ; 

Les  obligations  1888  ont  atteint  en  1890  le  cours  de 
138  fr.  ;  elles  valent  (id.)  114  fr.  ; 

Les  obhgations  à  lots  ont  atteint  en  1888  le  coui's  de 
332  fr.  ;  elles  valent  (id.)  :  l*^  libérées  depuis  la  répar- 
tition, 115  fr.;  2«  160  fr.  j)ayés,  300  fr.  ;  3«  110  fr. 
payés,  355  fr.  ; 

Les  bons  1889  ont  atteint  en  1889  le  cours  de  90  i'r.  ; 
ils  valent  (id.)  112  fr. 

Les  obligations  1888  avaient  subi  un  prélèvement  au 
profit  d'une  société  civile  fondée  le  3  mars  et  qui  employa 
ce  prélèvement  à  constituer  le  capital  d'amortissement'  à 
1.000  fr.  en  99  ans  de  toutes  les  obligations  souscrites, 
par  des  placements  en  rentes  françaises  3  "/q. 

Il  en  fut  de  même  des  obligations  à  lots  sur  lespieUes 
un  prélèvement  de  60  fr.  par  chacjuc  titre  émis  servit  à 
constituer  des  dépots  de  rentes  françaises  ou  de  valeurs 
garanties  par  le  gouvernement,  dépôts  servant  de  garantie 
au  remboursement  en  99  ans  du  capital  de  ces  obligations 
et  des  lots  attachés  au  remboursement,  llnim  ces  mêmes 
avantages  furent  assurés  aux  bons  à  lots  J889  par  la  loi 
du  15  juil.  Ces  trois  sortes  de  titres  ont  doac  échappé,  pour 
ces  motifs,  à  la  débâcle  totale  qui  a  frappé  tous  les  autres. 


Les  émissions  divei'ses  ont  apporté  à  la 
sommes  ci-après  : 

1°  1880  1^^"  quart  versé  par  les  action- 
naires sur  590.000  actions  :  égale 

2°   1882,  2«  quart — 

30  1882,  obligations 

4«  1883.        "—        

5«  1884,        —        

6«  1885,  reliquat  des  oblig.  1884 
non  placées 

7-^  1886,  reliquat  des  obhg.  1884 
non  placées. 


8«  1886,  3"  et  4^  quarts  sur  les 

actions 

9«  1886.  obhgations 

10*^  1886,  oblig.   dites    nouveUes, 

1  ^'^  série 

Id^  1887,  oblig.   dites    nouvelles, 

2^  série 

12^  1888,  oblig.   dites    nouveUes, 

3*^  série. 

13*^  1888,  obhgations  à  lots 

Total 


compagnie  les 

Francs 

73.500.000 

-  73.500  000 

-  109.375.000 

-  171.000.000 

-  105.975.585 

7.029.335 

-  12.845.754 

-  157.000.000 

-  19.340.093 

-  206.460.900 

-  113.910.280 

-  35.031.930 

-  305.629.640 

1.390.599.517 


Mais  elle  dut  payer  pour  frais  d'émissions  (syndicats, 
bénéficiaires  d'options,  commissions  de  placement,  alloca- 
tions diverses)  : 

l'^rancs 


1^,2'^  et  8*^ 
sur  les 
actions 


Syndical  li-an- 
çais 

Syndicat  amé- 
ricain. .  . . 

Commissions. 


11.800.000 


3*^  Obliga-f  Syndicat.  . 


tions 

1882 


Options 

Commissions. 


12.000.000 
4.224.958 

5.000.000 

2.000.000 

927 . 282 

sur  les({uels   3.900.000    ïv.   revim'ent    à 
un  syndicat  organisé  par  M.  Lévy-Crémieux 
et    1.100.006    fr.    à   ce     dernier    pour 
rémunérer  son  (-oncours. 

Svndicat. 


Francs 


28.024.958 


7.927.282 


4«  Obliga-i 
lions  < 
1883    ( 

Ôbiiu-a-    ) 
lions  t  0/0) 

188t-188(J  ( 


3.000.000 
Options.....  3.598.300 
Commissions.     1  .  690 . 1 85 


Syndicat .... 

Options 

Commissions. 


2.250.000 
1 .663.555 
3.110.132 


8.288.^85 


7.021.687 


10*^  Oblig.^  Syndicat 5.336.  412  J 

1886  (  Commissions.  2.803.671  S 
sur  lesquels  2.567.817  fr.  passèrent  en 
frais  de  publicité  et  40.000  fr.  à  M.  de 
Reinach. 

11°  Oblig.  {  Syndical ....     3 .  205 .  354 

1887  \  Commissions.     6.365.630 
dont  2.361.006  fr.  pour  frais  de  publicité. 

12<^  Oblig. J  Syndicat. . . .     1 .  175.166 

1888  i  Commissions.         557.549 
avec,  en  plus,  2.474.637  fr.  de  pubhcité. 

i3^0blig.j  Svndicat....  11.000  000  / 
à  lots'   i  Commissions.   12.490.000  ) 

ToTA[ 94.198.194 

C'est  pour  cette  dernière  émission  désespérée  (jue  la 
compagnie  fit  le  plus  de  sacrifices.  Non  seulement  oii  or- 
ganisa un  vaste  syndicat,  mais  on  s'assura  le  concours  des 
principaux  établissements  financiers,  Société  généi-ale  et 
Crédit  lyonnais,  auxquels  on  donna  4  millions  pour  leur 
concours,  plus  une  part  de  2.046.000  fr.  dans  le  syn-iical. 
De  plus,  M.  de  Reinach,  très  répandu  dans  le  monde  (iuan- 
cier,  reçut  pour  ses  soins  ^.940. '575  fr.,  et  un  ban  [uiei*, 


.140.083 


9.570.984 


1.732.715 


23.490.000 


9^27 


PANAMA 


M.  Hugo  Obernd(crffer,  reçut  pour  agir  sur  la  coulisse 
3.877.392  fr.  Enfin  on  distribua  à  toute  personne  capable 
de  faire  de  la  publicité  à  l'emprunt  ou  à  toute  personne 
menaçant  de  le  décrier,  des  sommes  plus  ou  moins  im- 
portantes, sous  forme  de  bons  anonymes. 

On  dépensa  d'autre  part,  pour  le  payement  des  intérêts 
sur  les  actions  et  obligations,  charges  diverses  des  titres, 
amortissements  249.568.055  fr.  Les  frais  d'administra- 
tion s'élevèrent  à  Paris  à  15.604.400  fr.,  et  dans  l'isthme 
à  85.387.082,  soit  100.991.482  fr.,  sur  lesquels  le  con- 
seil d'administration  préleva  1.880.000  fr.  ;  M.  de  Les- 
seps  968.749  fr.,  le  comité  américain  1.581.257  fr. ;les 
frais  de  représentation  228. 11 3  fr.,le  personnel  (à  Paris), 
4.309.300  fr.,  les  frais  de  bureaux  1.210.979  fr.  ;  le 
personnel  (dans  l'isthme)  i0.9l9.66i  fr.  ;  les  hôpitaux 
578.947  fr.  L'hôtel  de  la  Compagnie  à  Paris  et  son  mo- 
bilier avaient  coûté  2.037.965  fr.  ;  les  immeubles,  ter- 
rains, constructions  acqu's  et  édifiés  dans  l'isthme  pour 
les  besoins  des  employés  et  du  haut  personnel  avaient 
coûté  28.934.118  fr.,  etc. 

Enfin  les  dépenses  réellement  faites  pour  le  canal  sojit: 
10.941.000  fr.  (pour  achat  de  la  concession,  avances  au 
gouvernement  de  Colombie,  etc.),  578.923.523  fr.  pour 
travaux  de  construction  du  canal  (dont  443.083.135  fr.  pour 
travaux  et  accessoires  payés  aux  entrepreneurs  et  tâche- 
rons, et  19.337.508  fr.  pour  matériel  et  bâtiments),  soit 
389.864.523  fr.  auxquels  il  faut  ajouter  une  dépense  utile 
et  profitable,  l'achat  des  actions  du  chemin  de  fer  de  Pa- 
nama à  Colon,  93.268.186  fr.  La  Compagnie  de  Panama  a 
donc  gaspillé  à  peu  près  700  mihions.  Au  point  de  vue 
financier,  cette  entreprise  colossale  a  abouti  à  un  désastre  ; 
au  point  de  vue  purement  technique,  elle  a  été,  selon  le 
mot  de  M.  Armand  Rousseau,  «  une  grande  bataille 
perdue  ». 

liï.  Le  Panama.  La  Justice  et  le  Parlement.  —  La 
singulière  gestion  de  la  compagnie,  les  allégations  fausses 
qu'elle  avait  soutenues  pour  attirer  des  souscripteurs  à  ses 
multiples  émissions,  les  révélations  contenues  dans  le  bi- 
lan qu'elle  avait  dû  déposer,  avaient  excité  l'indignation 
des  actionnaires  et  ol)ligataires  indignement  frustrés.  Dès  le 
28  mars  1889,  ils  déposaient  entre  les  mains  du  procureur 
général  une  plainte  contre  les  administrateui'S.  11  y  en  eut 
d'autres  qui,  comme  la  première,  demeurèrent  sans  résul- 
tat. Les  porteurs  de  titres  procédèrent  alors  par  voie  de 
pétitionnement  à  la  Chambre.  Rapportées  dans  la  séance 
du  21  juin  1890,  les  pétitions  furent  renvoyées  au  ministre 
de  la  justice,  par  l'Assemblée  qui  manifesta  la  volonté  que 
les  responsabilités  encourues  dans  l'affaire  fussent  déga- 
gées, et  que  des  poursuites  fussent  ordonnées  s'il  y  avait 
lieu,  lui  conséquence,  le  il  juil.  1891,  M.  Quesnay  de 
Beaurcpaire,  procureur  général,  adressait  au  premier  pré- 
sident près  la  cour  d'appel  de  Paris  un  réquisitoire  pour 
informer  contre  MM.  de  Lesseps,  Fontane  et  Cottu,  pré- 
sident et  membres  du  conseil  d'administration  de  la  (Com- 
pagnie de  Panama.  31.  Prinet,  conseillera  la  cour  d'appel, 
fut  chargé  de  l'information  et  commença  dès  le  22  juin  son 
enquête  qui  ne  devait  aboutir  qu'au  bout  de  dix-sept  mois. 
Impatiente  de  ces  lenteurs,  là  Chambre,  à  propos  du  rap- 
port de  nouvelles  pétitions,  votait  le  5janv.  1892,  à  l'una- 
nimité de  509  votants,  l'ordre  du  jour  suivant:  «  La 
Chambre,  désirant  qu'une  répression  énergique  et  rapide 
ait  lieu  contre  tous  ceux  qui  ont  encouru  des  responsabi- 
lités dans  l'affaire  du  Panama,  invite  le  gouvernement  à 
activer  les  poursuites  commencées.  »  Au  moment  où  l'in- 
formation allait  être  close,  la  Libre  Parole  (sept.  1892), 
pubha  une  série  d'articles  sous  la  rubrique,  «  les  Dessous 
du  Panama  »,  accusant  nettement  un  certain  nombre 
d'hommes  politiques  d'avoir  trafiqué  de  leurs  mandats  lors 
du  vote  de  la  loi  de  1888  autorisant  l'émission  des  oMi- 
gations  à  lots.  M.  Prinet  ouvrit  une  information  supplé- 
mentaire qui  démontra  d'étranges  agissements  de  la  part 
du  baron  de  Reinach  contre  lequel  if  décerna  une  commis- 
sion rogatoire  l'invitant  à  faire  justification  de  3.015.000  fr. 


qu'il  avait  reçus  de  la  compagnie,  soi-disant  pour  frais  de 
publicité  (5  nov.  1892).  Cette  commission  fut  exécutée 
seulement  le  8  nov.  ;  elle  aboutit  à  la  constatation  de  l'ab- 
sence du  baron  de  Reinach.  Aussi  le  10  nov.  trois  de- 
mandes d'interpellation  étaient  adressées  à  la  Chambre. 
Elles  vinreut  à  l'ordre  du  jour  le  19  et  furent  renvoyées 
au  21,  le  garde  des  sceaux  (M.  Ricard),  ayant  déclaré  que 
les  citations  allaient  être  délivrées  aux  prévenus.  Or,  dans 
la  nuit  du  19  au  20,  le  baron  de  Reinach  fut  trouvé  mort 
dans  son  lit.  Dans  la  matinée  du  21,  MM.  Ferdinand  de 
Lesseps,  Marins  Fontane,  Cottu  et  Eiffel  étaient  cités  de- 
vant la  première  chambre  de  la  cour  d'appel  jugeant  cor- 
rectionnellement.  La  séance  du  21  à  la  Chambre  fut  mou- 
vementée. M.  Delahaye  accusa  le  baron  de  Reinach  d'avoir 
reçu  5  millions  de  la  compagnie  pour  acheter  les  cons- 
ciences qui  étaient  à  vendre  ;  3  millions  avaient  été  dis- 
tribués à  plus  de  150  membres  du  Parlement,  400. OJOfr. 
à  un  ancien  ministre,  200.000  fr.  à  un  membre  de  hi 
commission  chargée  d'examiner  la  loi  sur  les  émissions 
des  obligations  à  lots,  etc.  Aussi  l'Assemblée  entière  dé- 
cida-t-elle  une  enquête,  qui  fut  sollicitée  également  par 
le  président  du  Conseil,  M.  Loubet.  La  résolution  suivante 
fut  adoptée  :  «  Une  commission  d'enquête  sera  nommée  par 
la  Chambre  des  députés  avec  les  pouvoirs  les  plus  étendus, 
à  l'effet  de  faire  la  lumière  sur  les  allégations  portées  à 
la  tribune  à  l'occasion  des  affaires  du  canal  de  Panama  ». 
Cette  commission  de  33  membres  fut  nommée  au  scrutin 
de  liste  en  séance  publique  les  22  et  23  nov.  M.  Brisson 
en  fut  élu  président;  M.  Pourquery  de  Boisserin  déposa  une 
proposition  de  loi  ayant  pour  effet  de  conférer  à  la  commis- 
sion tous  les  pouvoirs  résultant  du  code  d'instruction  cri- 
minelle pour  la  constatation  des  crimes  ou  des  délits  ;  eHe 
fut  repoussée  le  15  déc.  par  271  voix  contre  265.  La 
mort  inattendue  du  baron  de  Reinach  avait  stupéfié  tout  le 
monde.  Le  25  nov.,  la  commission  d'enquête  intervient  et 
demande  au  garde  des  sceaux  si  les  mesures  on  t  été  prises  pour 
saisir  les  livres  et  papiers  du  défunt,  et  elle  réclame  l'exhuma- 
tion et  l'autopsie  du  baron  de  Reinach,  afin  d'établir  s'il  est  ou 
non  mort  de  mort  violente.  Le  26,  le  gouvernement  répond 
à  la  coniiiiission  que  légalement  il  n'a  pas  à  intervenir  au 
sujet  de  l'autopsie  du  défunt  qui  ne  concerne  (juo  la  h- 
mille.  Là-dessus,  interpellation  à  la  Chambre  le  28  nov. 
et  adoption  par  374  voix  contre  1  de  l'ordre  du  jour  sui- 
vant :  «  La  Chambre,  s'associant  au  désir  de  la  commis- 
sion d'enquête  pour  faire  la  lumière  sur  les  affaires  du 
Panama,  passe  à  l'ordre  du  jour  ».  Le  ministère  Loubet, 
qui  avait  réclamé  l'ordre  du  jour  pur  et  simple  (rejeté 
par  293  voix  contre  195)  se  retire.  H  est  remplacé  (6  déc.) 
par  le  cabinet  Ribot  dont  font  partie  d'ailleurs  pres(jiie 
tous  les  membres  du  cabinet  précédent,  y  compris  M.  Lou- 
bet. Aussitôt  (8  déc),  le  nouveau  ministère  est  interpellé 
«  sur  les  conditions  dans  les({uellcs  il  entend  prêter  son 
concours  à  la  commission  d'ejii}nête  ».  Le  garde  des  sceaux 
(M.  Bourgeois)  déclare  que  le  gouvernement  accorde  à  la 
commission  l'autopsie  du  corps  du  baron  de  Reinach,  la 
saisie  et  l'examen  de  ses  papiers,  et  la  communication  du 
dossier  de  l'instruction  judiciaire  qui  se  poursuivait  paral- 
lèlement à  l'enquête  parlementaire.  Le  procureur  générai, 
M.  Quesnay  de  Beaurepaire,  ([ui  s'était  opposé  catégori- 
quement à  ces  trois  mesures,  fut  nommé  président  d*' 
chambre  à  la  cour  de  cassation.  Le  10  déc,  le  co)-ps  du 
baron  de  Reinach  fut  exhumé  par  M.  Brouardel  qui  cons- 
tata son  identité,  mais  ne  put  établir,  vu  l'état  de  décom- 
position des  viscères,  s'il  y  avait  eu  ou  non  empoisonne- 
ment. Le  12,  le  Figaro  accuse  le  ministre  des  finances 
(M.  Rouvier)  d'aveir  eu  des  entrevues  compromettanles 
avec  le  baron  de  Reinach.  M.  Rouvier  démissionne,  et  cette 
démission  provoque  ime  nouvelle  interpellation  (13  déc) 
très  violente,  à  la  suite  de  laquelle  le  cabinet  accepte  la 
démission  de  M.  Rouvier.  Le  15,  le  garde  des  sceaux 
donne  ordre  au  procureur  général  d'informer  pour  coi'- 
ruption  de  fonctionnaires  publics; le  16,  M.  Franqueviîie, 
charité  de  l'instruction,  décerne  des  mandats  d'arrêts  cojilre 


PANAMA 


—  928 


MM.  Cil.  de  Lesseps,  Marius  Foatane,  PïenriCottii,  admi- 
nistrateurs du  Panama,  et  Sans-Leroy,  ancien  député.  Des 
saisies  sont  opérées  au  siège  de  la  compagnie,  à  la  banque 
Thévenet  et  chez  M.  Cornélius  Herz.  Les  découvertes  qui 
sont  faites  amènent  le  gouvernement  à  déposer  le  20  déc. 
deux  demandes  en  autorisation  de  poursuites,  l'une  à  la 
Chambre  contre  MM.  Rouvier,  Jules  Roche,  Antonin  Proust, 
Emmanuel  Arène,  Dugué  de  la  Fauconnerie  ;  l'autre  au 
Sénat  contre  MM.  Albert  Grévy,  Léon  Renault,  PaulDevès, 
Béral  et  Thévenet.  Ces  poursuites  sont  autoiisées  à  la 
Chambre  le  20  déc,  au  Sénat  le  23.  Le  20  déc,  Paul  De- 
roulède  interpelle  «  sur  les  mesures  à  prendre  par  le  grand 
chancelier  de  la  Légion  d'honneur   contre  M.  Cornélius 
Herz,  grand  officier  de  l'ordre  ».  M.  Clemenceau,  violemment 
pris  à  partie  par  l'interpeliateur,  a  le  22  déc  un  duel 
avec  lui,  dans  lequel  six  balles  sont  échangées  sans  résul- 
tat. D'autre  part,  l'instruction  du  procès  avait  mis  en 
lumière  ce  fait  que  la  Compagnie  de  Panama  avait  versé 
des  sommes  considérables  à  un  certain  nombre  de  jour- 
naux, et  que  MM.  Rouvier  et  Floquct  avaient  surveillé  la 
répartition  de  ces  fonds  de  manière  à  s'en  servir  comme 
d'une  arme  de  combat  contre  le  boulangisme  aux  élec- 
tions de    4888   et  1889.  Interpellation  sur  ces   faits  à 
la  Chambre  (23  déc),  qui  continue  à  voter  en  faveur  du 
gouvernement.  Des  perquisitions  opérées  au  Crédit  lyon- 
nais font  découvrir  des  faits  importants  qui  nécessiteiit 
l'arrestation  du  fondé  de  pouvoir  M.  P>londin  et  celle  de 
M.  Baihaut  (9janv.  1893),  qui,  en  qualité  demi)iistre  des 
travaux  publics,  avait  déposé  le  projet  de  loi  relatif  à  l'émis- 
sion des  obhgations  à  lots  de  1886,  et  avait  exigé  pour 
cette  complaisance  375.000  fr.  MM.  Loubet  et  de  Frey- 
cinet,  las  des  attaques  de  presse  dirigées  contre  eux  sans 
motifs,  voulurent  se  retirer  du  ministère  qui  démissionna 
collectivement  le  10  janv.  et  fut  remplacé  le  il  par  le 
second  ministère  Ribot.  Le  20  janv.,  Cornélius  Herz,  qui 
avait  joué  le  rôle  le  plus  néfaste  dans  toute  l'aifaire  du 
Panama,  était  arrêté  à  l'hôtel  Tankerville  à  Bournemouth 
(v^ngleterre),  sous  l'inculpation  de  complicité  d'escroque- 
rie et  d'abus  de  confiance.  Le  27,  il  était  rayé  des  cadres 
de  Ja  Légion  d'honneur  pour  faits  portant  atteinte  à  l'hon- 
neur, pour  manœuvres  et  pression  violente  et  faits  de 
chantage,  dans  le  but  d'arracher  à  M.  de  Reinach  le  paye- 
ment de  plus  de  2  millions  appartenant  à  la  Compagnie 
de  Panama.  Le  9  févr.,  la  cour  d'appel  de  Paris  rendait 
enfm  son  arrêt.  MM.  Ferdinand  et  Charles  de  Lesseps  étaient 
condamnés  à  cinq  ans  de  prison  et  3.000  fr.  d'amende 
pour  manœuvres  frauduleuses,  escroquerie,  abus  de  con- 
fiance ;  MM.  Marins  Fontane  et  Cottu  à  deux  ans  de  pi'ison 
et  3.000  fr.  d'amende  pour  manœuvres  frauduleuses,  es- 
croquerie et  abus  de  confiance  ;  M.  Eiffel  à  deux  ans  de 
prison  et  20.000  fv.  d'amende  pour  abus  de  confiance  et 
détournements  s"'élevaiit  à  plusieurs  millions. 

Le  lo  juin  1893,  cet  arrêt  était  cassépar  la  cour  de 
cassation  pour  vice  de  forme,  un  délai  de  plus  de  trois  ans 
s'étant  écoulé  depuis  le  ii)  déc  1888,  jour  où  les  admi- 
nistrateurs du  Panama  furent  remplacés  dans  leurs  fonc- 
tions par  des  administrateurs  provisoires,  jusqu'au  21  nov. 
1892,  date  de  leur  citation  en  justice.  Les  prévenus  furent 
mis  en  l-iberté.  D'autre  part,  le  28  janv.  1893,  M.  Fran- 
queville  avait  renvoyé  devant  la  Chambre  des  mises  en 
accusation  :  MM.  Ch.  de  Lesseps,  Cottu,  Fontane,  Rou- 
vier, Antonin  Proust,  Dugué  de  la  Fauconnerie,  Baihaut, 
Paul  Devès,  Léon  Renault,  xilbert  Grévy,  Béral,  Blondin, 
sous  le  chef  de  corruption  et  de  complicité  de  corruption. 
MM.  Thévenet,  Jules  Roche,  Emm.  Ai'ène  avaient  bénéfi- 
cié d'un  non-heu.  Le  7  févr.,  la  chambre  des  mises  en 
accusation  mit  hors  de  cause  MM.  Cottu,  Albert  Grévy, 
Léon  Renault,  Paul  Devès  et  Rouvier  et  renvoya  devant 
la  cour  d'assises  de  la  Seine  MM.  Ch.  de  Lesseps,  Fon- 
tane, Blondin,  Baihaut,  Sans-Leroy,  Gobron,  Béral,  Proust, 
Dugué  de  la  Fauconnerie  et  Arton.  Ce  dernier,  l'agent  le 
plus  actif  de  la  corruption  parlementaire,  était  en  fuite  de- 
puis le  début  des  poursuites.  Malgré  des  recherches  per- 


sistantes, la  police  n'avait  pu  le  découvrir,  et  on  répétait 
couramment  qu'elle  avait  reçu  l'ordre  de  ne  pas  le  saisir. 
Le  8  févr.,  interpellation  à  la  Chambre  «  sur  la  question 
de  savoir  si,  après  épuisement  des  juridictions  ordi- 
naires, aucun  jugement  n'ayant  été  rendu,  il  ne  reste  pas 
une  sanction  poHtique  à  donner  aux  mesures  dont  M.  le 
garde  des  sceaux  avait  pris  l'initiative  à  l'égard  de  dix 
membres  du  Parlement  ».  M.  Cavaignac  dépose  comme  sanc- 
tion l'ordre  du  jour  suivant  :  «  La  Chambre,  décidée  à 
soutenir  le  gouvernement  dan,  la  répression  de  tous  les 
faits  de  corruption,  et  résolue  à  empêcher  le  retour  des 
pratiques  gouvernementales  qu'elle  réprouve,  passe  à 
l'ordre  du  jour  »,qui  fut  adopté  à  l'unanimité  de  552  vo- 
tants. De  plus,  le  discours  qu'avait  prononcé  M.  Cavai- 
gnac et  dans  lequel  il  avait  flétri,  avec  sa  coutumière  vi- 
rulence, les  faits  de  corruption  qui  se  sont  produits  dans 
l'affaire  du  Panama,  fut  affiche  dans  toutes  les  communes 
de  France. 

Cependant,  MM.  de  Lesseps,  Fontane,  Baihaut  et  Sans- 
Leroy  s'étaient  pourvus  contre  l'arrêt  de  la  chambre  des 
mises  en  accusation.  Ce  pourvoi  fut  rejeté  le  23  févr.  1893. 
Le  procès  pour  faits  de  corruplion  commença  devant  la 
cour  d'assises  de  la  Seine  le  8  mars.  De  nombreux  hommes 
politiques  et  des  plus  importants  (MM.  Floquet,  Clemen- 
ceau, de  Freycinet,  ,Constans)  furent  entendus  comme 
témoins.  Un  incident,  qui  eut  des  conséquences  parlemen- 
taires, se  produisit  le  i6  mars.  M'^^^  Cottu  affirma  qu'un 
agent  de  la  sûreté  lui  avait  proposé,  au  nom  du  ministre 
de  la  justice,  la  mise  en  liberté  de  son  mari,  contre  une 
révélation  compromettant  la  droite.  M.  Bourgeois  démis- 
sionna aussitôt  (12  mars)  et,  cité  à  la  requête  du  procu- 
reur général,  comparut  à  l'audience  du  13  mars.  Il  con- 
fondit facilement  ses  calomniateurs.  Le  même  jour,  trois 
demandes  d'interpellation  étaient  déposées  à  la  Ciiambre, 
relativement  à  cet  incident.  M.  Bourgeois,  au  retour  du 
palais,  prononça  quelques  paroles  indignées,  et  l'ordre  du 
jour  suivant,  accepté  par  le  gouvernement,  fut  voté  j)ar 
253  voix  contre  21 4  :  «  La  Chambre,  résolue  à  laisser  la 
justice  suivre  son  cours  pour  faire  toute  la  lumière  et  approu- 
vant les  déclarations  du  gouvernement,  passe  à  l'ordre  du 
jour.  »  Le  14  mars,  une  interpellation  avait  eu  heu  aussi  au 
Sénat,  relative  aux  mêmes  ûiits.  Le  15  mars,  M.  Bourgeois 
reprenait  son  portefeuille.  Le  21  la  cour  d'assises  rendait 
son  arrêt.  M.  Ch.  de  Lesseps  était  condamné  à  un  an  de 
prison,  M.  Blondin  à  deux  ans  de  prison,  M.  Baihaut  à 
cinq  ans  de  prison,  à  la  dégradation  civique  et  à  750.000  fr. 
d'amende.  Les  trois  accusés  sont  condamnés  solidairement 
à  rembourser  les  375.000  fr.  touchés  indûment  par 
M.  Baihaut,  et  aux  doinmages-in'.érêts.  MM.  Marius  Fon- 
tane, Sans-Leroy,  Béral,  Dugué  de  la  Fauconnerie,  Gobron, 
Proust  étaient  acquittés. 

On  put  croire  un  instant  que  l'agitation  causée  par  l' affaire 
de  Panama  allait  cesser,  mais,  exploitée  par  les  partis,  elle 
allait  encombrer  encore,  pendant  plusieurs  années,  les  déli- 
bérations du  Parlement.  Le  22  juin  1893,  interpellation  à  la 
Chambre  sur  le  point  de  savoir  ou  se  trouve  actuellement  Cor- 
nélius Herz,  sur  l'état  de  sa  santé,  qui  avait  été  opposé  à  une 
demande  d'extradition,  sur  l'attitude  du  gouvernement  an- 
glais et  également  sur  la  situation  d'Arton,  toujours  introu- 
vable. Le  débat  fut  un  des  plus  violents  qui  se  soient  produits. 
M.  Millevoye  déposa  des  documents  qui  parurent  compro- 
mettants pour  l'honorabilité  de  M.  Burdeau.  M.  Paul  Dé- 
roulède  donna  sa  démission  de  député,  se  déclarant  écœuré 
des  excès  du  parlementarisme.  Finalement,  sur  la  de- 
mande du  garde  des  sceaux,  la  Chambre  décida  de  com- 
muniquer à  M.  Atthalin,  juge  d'instruction,  les  documents 
déposés  par  M.  Millevoye,  se  référant  à  l'affaire  suivie 
contre  Norton.  Le  4  juil.,  la  .grande  commission  d'en- 
quête déposait  son  rapport  rédigé  par  M.  Vallé.  La  Chambre 
ne  statua  pas  sur  ce  travail  important  qui  ne  comprend 
pas  moins  de  3  gros  vol.  in-4  et  qui  contient  tous  les 
documents  sensationnels  relatifs  au  Panama.  Le  10  mai 
1894,  nouvelle  interpellation  à  la  Chambre  sur  l'état  de 


9^9 


PANAMA 


la  demande  formée  pour  Texlradition  de  Cornélius  lïerz, 
close  par  l'adoption  de  l'ordre  du  jour  suivant  accepté 
par  le  gouvernement  :  «  La  Chambre,  résolue  à  exiger 
contre  Cornélius  Herz  la  stricte  application  de  la  loi". . .  »  Le 
13  juil.  489o,  interpellation  relative  au  maintien  du  nom 
de  M.  Eiffel  sur  les  cadres  de  la  Légion  d'honneur,  close 
par  l'adoption  de  l'ordre  du  jour  suivant:  «  La  Chambre, 
regrettant  que  le  conseil  de  l'ordre  de  la  Légion  d'hon- 
neur,  dans  des  décisions  récentes,   ait  tenu  si  peu  de 
compte  des  arrêts  de  la  justice,  invite  le  gouvernement  à 
déposer  un  projet  de  loi  réorganisant  le  conseil  de  l'ordre  ». 
Là-dessus  le  conseil  de  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur, 
présidé  par  le  général  Février,  adressa  sa  démission  au 
président  de  la  République  qui  l'accepta.  Arton  était  enfin 
arrêté  le  16  nov.,  et  cette  arrestation  sensationnelle  déter- 
minait :  d^  le  '18  nov.,  une  interpellation  close  par  l'ap- 
probation donnée  par  la  Chambre  aux  actes  et  aux  dé- 
clarations du  gouvernement;  2*^  le  7  déc,  une  seconde 
interpellation  sur  la  manière  dont  le  garde  des  sceaux 
avait  agi  pour  saisir  ses  papiers  ;  elle  fut  close  par  la 
même  approbation  ;   3<^  le  1^2  déc,  une  question  sur  de 
prétendues  compromissions  entre  le  gouvernement  et  Ar- 
ton, révélées  par  un  agent  de  la  police  nommé  Dupas,  à 
laquelle  M.  Bourgeois  refusa  de  répondre,  l'instance  pour 
obtenir  l'extradition  d' Arton  étant  alors  engagée  à  Londres. 
L'extradition  fut  accordée  à  condition  qu'Arton  n'aurait  à 
j'épondre  devant  les  tribunaux  français  que  de  délits  ou 
de  crimes  de  droit  commun.  Le  27  juin  4896,  il  fut  con- 
damné par  la  cour  d'assises  de  la  Seine  à  six  ans  de  tra- 
vaux forcés.  L'arrêt  fut  cassé.  Nouveau  procès  devant  la 
cour  d'assises  de  Seine-et-Marne,  qui  condamna  Arton,  sur 
le  chef  de  détournement,  à  huit  ans  de  réclusion  (6  nov.). 
On  reprit  sur  nouveaux  frais  l'instruction  jadis  confiée  à 
M.  Francqueville.  Arton   s'expliqua  sur  la  fameuse  liste 
des  101-,  c.-à-d.  la  liste  contenant  mention  de  lOi  par- 
lementaires auxquels  le  baron  de  Reinach  aurait  remis 
des  fonds  pour  acheter  leur   vote  en  faveur  de  la  loi 
relative  aux  obligations  à  lois.  Les    104,   suivant  lui, 
devaient  se  réduire  à  26,  et  ces  26  parlementaires  n'avaient 
pas  été  achetés  par  lui,  car  ils  étaient  notoirement  favo- 
rables à  la  loi,  mais  avaient  reçu  des  sommes  variant  de 
40.000  à  100.000  fr.  pour  faire  de  la  propagande  autour 
d'eux.  A  l'appui  de  ses  affirmations,  il  apportait  un  car- 
net plein  de  griffonnages  de  sa  main.  Au  reste,  nombre 
de  députés  visés  parle  document  publié  dans  le  journal  la 
France  avaient  entamé  des  poursuites,  et  les  tribunaux 
condamnaient  à  l'envi  les  diffamateui's.  (Le  premier  pro- 
cès se  terminant  par  la  condamnation  de  MM.Lalou,  Aube 
et  consorts,  est  du  17  févr.  1896.)  Les  mêmes  incidents 
amenaient  une  question  à  la  Chambre  (6  févr.  1896),  à 
laquelle  M.  Bourgeois  répondit  en  flétrissant,  lui  aussi, 
les  diffamateurs  ;  et  l'affaire  du  Panama  suscitait  encore 
le  même  jour  une  autre  question  portant  sur  la  nomina- 
tion dans  la  Légion  d'honneur  d'un  ancien  entrepreneur 
de  la  compagnie,  M.  Baratoux  !  L'instruction  Arton  sui- 
vait son  cours.  Ses  révélations  furent  l'objet  d'une  ques- 
tion posée  au  ministre  de  la  justice  à  la  Chambre,  le 
22  mars  1897.  Peu  après  (27  mars),  une  demande  en  au- 
torisation de  poursuites  fut  adressée  à  la  Chambre  contre 
MM.   Henry  Maret,  Naquet  et  Antide  Boyer,  au  Sénat 
contre  M.  Levrey.  Ces  poursuites  furent  autorisées  à  la 
Chambre  le  29  mars,  au  Sénat  le  1*^^'  avr.  Mais  elles  ré- 
veillèrent toutes  les  passions  qu'avait  suscitées  la  question 
du  Panama  en  ses  plus  beaux  jours   et  qu'on  croyait 
assoupies.  On  fit  remarquer  que  le  rapport  Vallé  n'avait 
été,  sous  la  précédente  législature,  rol3Jct  d'aucune  dis- 
cussion, que  les  exemplaires  tirés  en  1893  étaient  épui- 
sés, que  les  nouveaux  députés  n'avaient  pu  en  prendre 
connaissance,  car  de  tous  les  documents  parlementaires 
ce  rapport  était  le  seul  qui  n'eut  pas  été  inséré  au  Jour- 
nal officiel.  La  Chambre  décida  donc  (ju'une  commission 
de  33  membres  serait  nommée  pour  reprendre  et  com- 
pléter l'enquête  de  1892  (29  mars).  Le  même  jour,  le 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.   —   XXV. 


bruit  ayant  couru  que  d'autres  parlementaires  étaient  vi- 
sés par  les  carnets  d' Arton,  mais  qu'on  n'avait  poursuivi 
que  ceux  à  qui,  prétendait-il,  il  avait  remis  directement 
des  fonds  :  MM.  Emile  Julien,  Clovis  Hugues,  Salis,  Goi- 
rand,  Bouvier,  dont  on  avait  prononcé  les  noms,  firent 
entendre  de  véhémentes  protestations.  Les  membres  de 
la  nouvelle  commission  d'enquête  furent  nommés  au  scru- 
tin de  liste  le  29  juin.  Les  candidats  furent  désignés  par 
les  différents  groupes  et  par  les  indépendants,  de  manière 
que  la  commission  offrit  toutes  les  garanties  d'impar- 
tialité. Elle  se  réunit  aussitôt  et  dirigea  principalement 
ses  recherches  sur  l'arrestation  d' Arton,  la  condamnation 
de  Cornélius  Herz,  la  reconstitution  de  la  Société  de  Pa- 
nama, grâce  aux  transactions  passées  avec  les  entrepre- 
neurs, enfin  les  condamnations  civiles  prononcées  contre 
les  syndicataires.  Le  19  jud.,elle  était  mystitiée  par  Cor- 
néUus  Herz,  qui  avait  offert  de  déposer,  si  elle  e<»nsentait 
à  se  rendre  en  corps  auprès  de  lui  à  Boiirnemouth;  et 
qui,  après  soji  acceptation,  se  déroba  en  exigeant  que  la 
commission  fit  d'abord  la  preuve  «qu'elle  avaît  vcritable- 
ment  pour  but  de  faire  la  lumière  entière  ».  Pour  en  finir 
avec  ce  personnage,  qui  a  joué  dans  toute  l'affaire  de  Pa- 
nama un  rôle  légendaire  et  dans  lequel  la  crédulité  popu- 
laire a  voulu  voir  une  sorte  de  démon  tontaiour,  déposi- 
taire de  mystérieux  secrets  dont  il  abusait  pour  diriger  ù 
sa  guise  les  hommes  politiques  les  plus  qualifies  et  los 
banquiers  les  moins  naïfs,  il  est  utile  de  rappeler  ici  ses 
origines  et  les  différents  épisodes  de  son  odyssée  judiciaire. 
Herz,  né  k  Besançon  le  3  sept.  1845,  d'un  père  bavarois, 
fut  emmené  par  ses  parents  en  Amérique  en  1848  et  fut 
naturalisé  américain.  H  exerça  toutes  sortes  de  profes- 
sions, fut  élève  pharmacien  à  Paris,  médecin  sans  diplôme 
à  San  Francisco,  représentant  de  la  maison  Edison,  etc. 
Puis  il  fonda  à  Paris  le  journal  technique  la  Lumière 
électrique,  créa  une  société  d'éclairage  électrique,  une 
société  d'exploitation  des  téléphones,  organisa  l'exposition 
d'électricité  de  1881  et  se  donna  toute  l'apparence  d'un 
savant  de  premier  ordre,  ce  qui  lui  valut  la  promotion 
de  commandeur  dans  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur,  il 
n'avait  fait  pourtant  qu'acheter  et  tenter  l'exploitation  des 
brevets  d'inventeurs  comme  Carpentier,  C?,b;uiellas,  Hos- 
pitalier et  Marcel  Deprez.  Très  intrigant,  11  s'était  glissé 
dans  le  monde  de  la  presse  et  de  la  politi({ue,  avait'sub- 
ventionné  le  journal  La  Justice  et,  au  courant  des  mal- 
versations de  l'affaire  du  Panama,  trafiquait  au  plus  haut 
prix  de  ses  relations  et  de  son  iniîuence,  avait  exercé  sur 
M.  de  Lesseps  et  le  baron  Beinach  une  pi^cssion  violente, 
liln  1893,  il  avait  été  l'objet  d'une  première  instruction  pour 
chantage,  d'une  seconde  pour  complicité  d'abus  de  confiance 
et  d'escroquei'ie  par  recel,  et  d'une  instance  en  extradition 
introduite  par  le  gouvernement  français,  car  il  avait  pru- 
demment passé  en  Angleterre.  Do  plus,  la  grande  chan- 
cellerie de  la  Légion  d'honneur  fut  saisie  d'une  demande 
de  radiation  cà  son  encontre,  et  IVi.  îmbert,  administrateur 
de  la  succession  de  Reinach,  l'avait  assigné  devant  le  tri- 
bunal civil  pour  obtenir  la  restitution  des  sommes  qu'il 
s'était  fait  verser  à  l'aide  d'un  véritable  chantage.  Le 
29  janv.  1893,  Herz,   grand  officier  do  l'ordre  à  titi'e 
étranger,  était  rayé  pour  faits  portant  atteinte  à  Thon- 
neur.  Le  gouvernement  anglais  opp:jsa  d'abord  une  un  de 
non-recevoir  à  la  demande  d'extradition,  parce  que  Herz 
était  dans  un  état  de  santé  qui  ne  permettait  pas  de  le  trans- 
porter devant  le  juge  de  Bow-Strect,  qui  seul  avait  qualité 
pour  accepter  ou  non  la  demande.  Le  gouYernem.ent  français 
envoya  auprès  de  Herz  les  médecins  Brou ardel  et  Charcot, 
puis  Brouardel  et  Dieulafoy,  qui  conclurent  à  une  mala- 
die grave,  même  désespérée.  Herz  demeura  donc  à  Tan- 
kerville,  sous  la  garde  de  la  police.  Le  15  févr.  1894,  le 
tribunal  de  la  Seine  donnait  gain  de  cause  à  M.  Imbert  ; 
mais  le  11   juin  suivant,  l'instruction  pour   complicité 
d'abus  de  confiance  aboutissait  à  une  ordonnance  de  non- 
lieu,  car  la  prescription  qui  couvrait  les  administrateui's 
du  Panama,  auteurs  principaux  du  délit,  devait  aussi  cou- 

59 


PANAM\  —  PANAMÉRICANISME 


930 


vrir  le  coiiiplice  par  reccL  Par  foiitre.  [o  1  août  1891, 
Herz  était  condamne  par  la  huitième  chambi-e  correctionnelle 
pour  chantage,  à  cinq  ans  de  prison  et  3.000  fr.  d'amende. 
Cette  décision  fut  confirmée  par  la  cour  d'appel  le  22  mai 
4895.  Quant  à  l'extradition,  elle  fut  définitivement  refu- 
sée par  le  juge  de  Bow-Streei.  qui  fut  spécialement  auto- 
risé à  se  déplacer.  Cornélius  Herz  mourut  le  6  juil.  1898 
et  sa  mort  passa  presque  inaperçue.  L'affaire  de  Panama 
a  été  close  au  point  de  vue  judiciaire  ])ar  le  second  pro- 
cès qui  s'est  déroulé  devant  lu  cour  d'assises  de  la  Seine 
du  18  au  30  déc.  1897.  Arton  était  accusé  d'avoir  cor- 
rompu, et  les  inculpés  suivants  de  s'èlre  laissé  corrompre  : 
M.  Naquet,  pour  100.000  fr.  ;  M.  Henry  Maret.  pour 
90.000  fr.  :  M.  Antide  Bover,  pour  10.000  'fr.  ;  M.  Saint- 
Martin,  pour  50.000  fr.;^M.  Planteau,  pour  30.000  fr.  ; 
M.  Gaillard,  pour  12.000  fr.  ;  M.  Rigaut,  pour  12.000  ïr.; 
M.  Laisant,  pour  30. 000  fr.,  etc.  Les  présomptions  étaient 
à  peu  près  uniquement  fondées  sur  les  allégations  d'Ar- 
ton  et  (es  mentions  portées  par  lui  sur  ses  fameux  carnets. 
L'avocat  générai  dut  renoncer  aux  poursuites  contre 
MM.  Laisant,  Antide  Boyer,  Gaillard,  Rigaut.  Quant  aux 
autres  inculpés,  les  accusations  réunies  contre  eux  étaient 
si  mal  échafaudées  qu'elles  s'écroulèrent  lors  des  au- 
diences publiques  et  que  le  jury  acquitta  tout  le  monde. 
M.  Naquet,  qui  s'était  réfugié  à  Londres  pour  échapper 
à  la  prison  préventive  et  aux  tracas  de  l'instruclion.  se 
présenta  devant  le  jury  de  la  Seine  les  2  et  3  mars  1898 
et  fut,  lui  aussi,  acquitté.  Au  point  de  vue  parlementaire, 
Taftaire  de  Panama  fut  terminée  par  le  dépôt  du  rapport  de  la 
commission  d'enquête '(27  janv.  1898),  volumineux  docu- 
juent  rédigé  par  MM.  Yallé,  Guillemet,  Bienvenu-Martin,  de 
Ramel,  Viviani,  Samary,  de  La  Noue,  Lucc  de  Casablanca, 
(^lapot,  Alex.  Bérard,  Théodore  Denis.  Kouanet,  qui  n"a 
rien  à  envier  au  point  de  vue  de  la  clarté  et  de  l'abon- 
dance des  renseignements  recueillis,  au  grand  rapport  de 
1892.  Ses  conclusions  ont  été  discutées  et  adoptées  par 
la  Chambre  des  députés  le  30  mars  1898,  à  l'unanimité 
de  515  votants  :  «  La  Chambre  regret (o  que  dès  le  début 
de  l'affaire  du  Panama  les  défaillances  d(î  certains  niagis- 
Irats  (M.  Quesnay  de  Beaurepaire)  aient  assuré  l'impunité 
aux  coupables  ; 

«  Regrette  également  le  silence  gardé  à  cette  épocjue 
sur  la  découverte  de  faits  délictueux  et  criminels  (pii  fu- 
i-ent  l'objet  de  poursuites  ultérieures  en  1895  (Affaire  des 
chemins  de  fer  du  Sud)  ; 

«  Blâme  les  manœuvres  do  ])oiico  concertées  au  mi- 
nistère de  l'intérieur  (fin  1892  et  commencement  1893), 
qui  ont  eu  pour  conséquence  de  faire  engager  à  Yeiiise 
des  pourparlers  entre  un  émissaire  de  la  sûreté,  envoyé  à 
cet  effet,  et  un  inculpé  de  droit  commun  (Arton)  sous  le 
coup  d*un  mandat  d'arrêt; 

«  Blàtue  aussi  les  immixtions  el  parlicipations  des 
bommes  politicjues  dans  les  négociations  ou  opérations 
iinancièies  ayant  un  lien  avec  les  pouvoirs  pubhcs; 

«  Et  répudie  tout  concours  d'argent  prêté  sous  une 
foi'mc  quelconque  j)ar  des  paiticuliers  ou  des  sociéiés  au 
gouvernement.  » 

De  plus  et  comme  coiollaire,  laCbambre  ordonna  l'af- 
iichage,  dans  toutes  les  conniumes  de  Erance,  d"uii  dis- 
cours de  M.  Benô  Viviani,  ou  se  h'ouvait  cette  phi'ase 
caractéristique  : 

«  M.  Quesnay  de  Beaurepaire,  en  laissant  arrivei'  la 
prescription  dans  l'affaire  do  Panama,  a  souligné  devant 
le  pays  cette  attitude  de  la  magistrature  qui  a  toujours 
double  visag^e  :  un  visage  aimal^le  et  souriant  tourné  du 
côté  des  puissants  et  des  hinn^eux  ;  un  visage  glacé  et 
impitoyable  pour  les  faibles  et  les  misérables.  » 

A  la  suite  de  ces  faits,  le  cas  de  31.  Quesiiay  de  Beau- 
re])aire  fut  soumis  à  la  cour  de  cassation,  constituée  en 
conseil  supérieur  delà  magistrature.  Après  trois  audiences 
(25,  20  et  27  avr.  1898),  la  cour  rendit  un  arrêt  décla- 
rant «  qu'il  n'y  a  pas  heu  à  suivre  sur  les  faits  (jui  lui 
sont  soumis,  tels  qu'ils  sont  dès  à  présent  établis  parlons 


les  docuîuents  de  la  cause  ».  Tel  fut   le  derniei'  épisode 
de  l'affaire  du  Panama.  R.  S. 

BiBL.  :.Miciii:l-Ciiiîvalii:r,  l'Isthme  de  Panamu  ;  Vuri^, 
1814,  iii-8.—  A.Di':naix,  Considérations  sur  les  iutërèis  po- 
litiques et  comiaeixmux  qui  se  rattachent  à  l'istlnne  de  Pa- 
nama ;  Paris.  lSi5.  in-8.  —  V.-N.Mkllkt,  Etude  sur  le^ 
isthmes  de  Suez  et  Panama  ;  Paris,  1859,  in-8.—  N.  Garella,^ 
Projet  d'im  canal  de  jonction  de  l'océan  Pacifique  et  de 
l'océan  Atlantique  à  trdi:ers  l'isthme  de  Panama;  Paris^ 
1816,  in-8.  —  R.-F.  Frj.snel,  Rechcrclies  qui  ont  été  faites 
depuis  Fernand  Cortez  jusqu'à  préserd,  afin  de  découvrir  le 
passage  de  la  jonction  maritime  des  océans  Atlanticpie  et 
Pacifique:  Paris.  18G5,  in-8.  —  Clémence  Hoyer,  Dupevce- 
m.entcle  Vistlime  américain:  Paris.  1865,  in-8.— H.Bionm:, 
le  Percement  de  Vistlime  de  Panama  ;  Paris,  1875,  in-8.  — 
Congrès  international  d'études  du  canal  iîiteroctanique, 
tenu  à  Paris  du  15  au  29  mai  1819.  Compte  rendu  des 
séances;  Paris,  1<S79.  in-l.  —  Brau  de  Saiint-Pol-Lias, 
Percement  de  l  isthme  de  Panama  :  Paris,  1879,  in-8.—  Ca- 
nal  interocéanique.  Rapports  sur  les  études  de  la  commis- 
sion  internationale  d'exploration  de  l'isthme  américain^ 
par  Lucien-N.-B.  Wyse,  A.  Reclus  et  P.  Sosa  ;  Paris, 
1879,  in-l.  —  A.  Ri']ceus,  le  Canal  interocéanique  et  les  Ex- 
plorations^ dans  Vistlime  américain  ;  Paris,  1879,  gr.  in-8. 

—  Ç.-J.  Tacki'LS,  Canal  interocéanique.  Percement  de 
Visthme  de  Panama  ;  Paris,  1880,  in-8.  —  A.  Reclus,  Pa~ 
namaet  Darien;  Paris,  1881,  in-12.—  De  Bizkmont,  VAmé- 
riciue  centrale  et   le  Canal  de  Panama;  Paris,  1881.  in-12. 

—  Paul  l)EScnA?>EL.  la  Politique  française  en  Océan le,  à 
propos  du  canal  de  Panama  ;  Paris,  1884,  in-12.  —  Le  Dos- 
sier du  canal  de  Panama  :  passée  présent,  avenir  ;  Paris, 
1885,  in-8  —  Lucien-N.-B.  Wyse,  le  Canal  de  Panama  ; 
Paris,  1885,  gr.  in-8  —  Le  Canal  du  Panama  et  ses  gaspil- 
lages, lettres  d'un  ingénieur;  Paris,  1886.  in-12.  —  il  Cer- 
MoiSE,  Deux  Ans  à  Panama  ;  Paris,  1886,  in-12.  —  A  Gar- 
çon, Histoire  du  canal  de  Panama  ;  Paris,  1886,  gr.  in-8. 

—  E.  Pa'iois',  le  Canal  de  Panama  et  les  capitaux  françai.^; 
Paris.  Ib8u,  in-8.  —  G.  de  Molinari,  A  Panama;  Paris, 
1887,  in-12  —  Le  Canal  de  Panama  et  sa  situation  actuelle; 
Paris,  1887,  in-12,  —  P.  I^vpo.not,  Aclièvemont  du  canal  du 
Panama  :  Paris,  ]Hb8,  in-8.  —  Levgue,  Notice  sur  Vachèxe- 
ment  du  canal  de  Panama;  Paris.  1889,  iu-8.  —  Paponot, 
Suez  et  Panama.  Une  solution;  Paris,  1889,  in-8.  —  G.  cl<.' 
Belot,  la  Vérité  sur  le  Panama;  Paris,  1889,  in-8.  —  Pa- 
ponot, le  Canal  de  Panama,  étude  7'étros]jective,  Iiisto- 
riciue  et  teclinique;  l^aris.  1890,  in-8.  —  W.  Nelson,  Ciiu{ 
ans  à  Panama;  Paris,  1890,  in-12.  —  F.  Belly,  Visthme 
américain;  Paris,  1890!  in-8.  —  Ponsolle,  le  Tombeau  des 
milliards,  Panama:  Paris.  1890,  in-12.  —  E.  Drumont,  la 
Dernière  Bataille  ;  Paris,  1890,  in-12.—  Zoller,  Der  Pa- 
nama; Stutt.uart,  1882,  —  Rodrigue?,  The  Panama  Canal; 
Londres.  1885.  —  Kœp.  Der Panama;  Dresde,  1887.  —  Gus- 
tave Lejeal.  VAffaire  du  Panama,  dans  Revue  encgclo- 
pédicjue.  WXi  ;  Paris,  in- 1  —  Armand  Rousseau,  L'apport 
présenté  à  M.  le  ministre  des  travaux  publics  sur  sa  mis- 
sion à  Panama  ;  Paris,  ls93,  in-1.  —  Vallé,  Rapport  géné- 
ral sur  lencpu'de  de  Panama;  Paris,  1893,  3  \ol.in-L  — 
Gaston  André,  le  Canal  de  Panama  et  la  nouvelle  Société; 
Paris,  1891.  in'-8  —  P.  Bri  s^olli-;?,  Lùiiudation  de  la 
Compagnie  de  Panama;  l^nrls.  1891,  in-12.  —  J.  Aron,  ht 
Question  du  Panama  ;  l^aris.  1897,  in-1.  —  Rapports  de  icfc 
seconde  commission  d'enquête  de  Panama;  Paris,  1898, 
in-4.  —  Achille  Viallat1'>.  [es  Etats-Unis,  VAngleterre  et 
le  canal  ïnterocéanuiue,  dans  Correspondant,  25  i'évr.  1899. 

—  QuESNAY  DE  Bi' AUREPAiRE,  Ic  Patiaum  et  la  République  : 
Paris.  1899.  in-12. 

PANÂIVIÉRIGANISME.    Doctrine  ])oliti(|ue    tendanl    à 
grouper  tous  les  Etats  de  l'Amérique  en  une  sorte  de  ïé~ 
dération,  sous  rbégémonie  des  Etals-Unis.  —  Vai  1881, 
M.  Rlaine,  sécrétai  ce  d'Etat  (b\s  Elats-L'nis,  envoya  dans 
les  différents  pays  de  rAmérique  du  Centre  et  du  Sud  une 
commission  cbai'gce  de  sonder  h  terrain  en  vue  d'un  cou- 
grès  j)anaméricain.  Ce  congrès  ne  se  réunit  qu'en  4889, 
à  Washington,   et  dans  la  séance  d'ouyertuce,  le  2  oct., 
M.  Rlaine  fut  choisi  comme  président.  La  première  séajice 
effective  n"eut  lieu  que  le  48  nov.,  après  un  voyage  des 
délégués  à  travers  tes  Etats- l'nis.  Les  décisions  du  con- 
grès étaient  d'avance  frappées  de  stérihté  par  cette  con- 
vention préSiminaire  (|ii'  «  aucun  vote,  aucune  décision  no 
pourrait  engager  les  nations  représentées  à  la  conférence  ». 
l)e  plus,  cha([ue  f^îai,  y  compris  les  Etats-Unis,  ne  dis- 
posant que  d'iuie  voix  dans  h^  congrès,  on  pouvait  prévoir 
que  les  grands  Etats  ne  se  tiendraient  pas  comme  mora- 
lement obligés  à  tenir  compte  de  décisions  adoptées  d'après 
ce  mode  de  suffrage.  —  Le  progrannne  du  congrès  conj- 
portait  runilicalion  des  poids  et  mesures,  des  monnaies, 
l'établissemenJ  d'une  union  douanière,  avec  tarifs  et  mé- 
thodes d'évat'jation  communs.,  cnfni  l'adoption  d'un  sys- 
lèiue  d'arbiirage   politi-que.  Oji  ne  put  s'eJitendre  sur  ces 


—  931 


PANAMÉRICANISME  —  PANAT 


([iiehtions,  du  moins  au  point  de  vue  pratique,  et  le  con- 
grès s'ajourna  sine  die,  le  19  avr.  1890. 

BiDL.  :  C.  DE  Variginy,  U7i  Homme  cCEtat  aynéricaii). 
James  G.  Blaine  et  le  congrès  des  trois  Amériques,  dans 
liCDiie  des  Deux  Mondes,  15  jaiiv.  1890. 

PANANTI  (Filippo),  écrivain  italien,  né  à  Honta  (Tos- 
cane) le  19  mars  1766,  mort  le  10  sept.  1837.  Compro- 
mis par  son  attachement  aux  idées  révolutionnaires,  il 
n'attendit  pas  le  rétablissement  du  gouvernement  grand- 
ducal  (1799)  et  passa  à  l'étranger.  Il  séjourna  successi- 
vement en  France,  où  il  enseigna  l'italien  à  l'école  de 
Sorèze  (1799  -1802),  en  Espagne  et  en  Angleterre,  oti  il 
écrivit  des  opéras  et  donna  des  leçons  d'italien  à  un  grand 
nombre  de  membres  de  l'aristocratie.  Ayant  amassé  une 
petite  fortune,  il  faisait  voile  vers  l'Italie  lorsqu'il  fut  cap- 
turé, en  vue  des  côtes  de  Sardaigne,  par  des  corsaires 
barbaresques  et  emmené  prisonnier  à  Alger.  Il  fut  bientôt 
délivré  par  les  bons  offices  du  consul  d'Angleterre,  mais 
il  ne  put  recouvrer  sa  fortune,  qui  lui  avait  été  enlevée 
du  même  coup.  Il  passa  le  reste  de  sa  vie,  soit  à  Florence, 
soit  dans  son  village  natal.  Ses  œuvres  poétiques  les  plus 
importantes  sont,  outre  deux  poèmes  descriptifs  (la  Civelta, 
il  Paretaio),  un  recueil  d'épigrammes  (1803),  qui  le 
plaça  d'emblée  parmi  les  maîtres  du  genre,  et  un  poème 
fort  original,  où  il  retrace  sous  des  noms  d'emprunt  la  vie 
qu'il  mena  à  Londres  dans  la  société  des  compositeurs  et 
acteurs  du  Théâtre  royal  (//  Poeta  di  Teatro).  Son  prin- 
cipal ouvrage  en  prose  (Auventure  ed  osservazioni  sopra 
le  coste  di  Barbmna;  Florence,  1817)  est  écrit  avec  une 
vivacité  et  une  énergie  rares  à  son  époque,  et  qui  l'ont 
fait  placer  parmi  les  rénovateurs  de  la  prose  toscane  ;  on 
ne  saurait  oublier  toutefois  que  son  style  est  souvent  dé- 
paré par  des  gallicismes  et  des  incorrections.  Ses  œuvres 
ont  été  publiées  à  Florence  en  1824  (réimpr.  en  1882). 
BiBL.  :  Mestica,  Manuale  délia  letter.  ital.  nel  secolo 
(lecimonono,  I,p.489.  —  L.  Ai^^urea^i,  Scritti  minori  ine- 
dlti  0  sparsi  diF.  Pananti;  Florence,  18^7,  introcl. 

PANAR.  Nom  de  plusieurs  rivières  de  l'Inde.  L'une  est 
un  affluent  de  gauche  du  Gange  qui  descend  du  Népal, 
arrose  le  district  de  Parnéah  et  se  jette  directement  dans 
le  Gange  après  un  cours  de  250  kil.,  à  la  hauteur  du 
coude  que  fait  celui-ci  vers  le  S.-O.  On  nomme  encore 
Panar  ou  Pennar,  deux  rivières  de  l'Inde  méridionale  qui 
prennent  leur  source  dans  la  même  région  du  Maissour  et 
vont  se  jeter  dans  la  mer  aux  deux  extrémités  opposées 
de  la  côte  de  Coromandel  :  l'un,  le  Panar  du  Nord,  après 
un  cours  de  576  kil.,  au-dessus  de  Nellore  ;  l'autre,  le 
Panar  du  Sud,  après  un  cours  de  394  kil.,  au-dessous  de 
Pondichérv. 

PANARD  (Cheval)  (V.  Aplomjïs,  t.  lîl,  p.  332). 

PANAR  ET  OS  (Michel),  chroniqueur  byzantin  de  la  pre- 
mière moitié  du  xv^  siècle.  Il  a  composé  une  chronique  de 
l'empire  de  Trébizonde,  allant  de  1204  à  1426,  qui,  mal- 
gré le  tour  sommaire  du  récit,  offre  quelque  intérêt.  Ehe 
a  été  publiée  par  Tafel  en  appendice  à  son  édition  des 
opuscules  d'Eustathe,  et  de  nouveau,  avec  un  précieux  com- 
mentaire, par  Fallmerayer  (Acad.  de  Bavière,  1844, 
cl.  III,  t.  IV).  Ch.  D. 

PANARIS  (Méd.).  On  donne  le  nom  de  panaris,  vul- 
gairement mal  blanc,  à  toute  inflammation  aiguè,  phleg- 
moneuse,  des  doigts,  qui,  selon  la  couche  anatomique 
atteinte,  présente  une  gravité  et  une  physionomie  cHnique 
différentes.  La  cause  en  est  toujours  un  traumatisme  des 
doigts,  une  piqûre,  une  coupure,  une  excoriation,  etc., 
avec  contamination  par  des  substances  irritantes,  septiques 
ou  putrides,  etc. 

1*^  Panaris  sous-épidermique  ou  superficiel.  L'in- 
llammation  se  borne  à  une  angioleucite  superficielle,  ca- 
ractérisée par  de  la  rougeur,  du  gonflement,  une  déman- 
geaison douloureuse,  avec  résolution  rapide  ou  formation 
d'une  phlyctène,  étendue  à  tout  le  pourtour  du  doigt,  à 
contenu  séro-purulent,  qui  après  ouverture  laisse  voir  la 
surface  du  derme  excoriée.  Parfois  le  pourtour  de  la  ma- 
trice onguéale  s'enflamme   (tonrniole),  et  alors  l'ongle 


tombe.  Les  bains  antiseptiques  et  les  cataplasmes  suffi- 
sent à  guérir  cette  forme  superficielle  de  panaris. 

2*^  Panaris  sous-cutané  ou  sons- dermique.  C'est  un 
véritable  phlegmon  (V.  ce  mot),  qui  se  développe  dans  le 
tissu  cellulaire  sous-cutané,  surtout  au-devant  des  gaines 
des  fléchisseurs,  et  s'annonce  par  des  élancements  dou- 
loureux, de  la  tuméfaction,  de  la  rougeur,  avec  accom- 
pagnement de  fièvre.  Le  pus  s'évacue  directement  au  de- 
hors ou  ulcère  le  derme  et  s'étend  sous  l'épiderme, 
déterminant  ainsi  ce  que  Velpeau  a  appelé  lepanari  en 
bouton  de  chemise.  Comme  traitement,  on  prescrit  le  re- 
pos et  la  position  élevée  de  la  main,  les  cataplasmes  et 
surtout  Fincision  hâtive,  pour  éviter  la  formation  d'un 
panaris  profond. 

3°  Panaris  de  la  gaine  ou  profond.  C'est  la  syno- 
vite des  tendons  fléchisseurs,  très  douloureuse,  avec 
fièvre  intense  (V.  Synovite),  locafisée  généralement  au 
pouce  ou  au  petit  doigt,  auquel  cas  elle  peut  s'étendre 
jusqu'au  poignet.  Il  y  a  gonflement  et  douleur  vive.  Dès 
que  la  présence  du  pus  est  constatée,  il  y  a  lieu  de  faire 
une  incision.  Il  arrive  souvent  qu'à  la  suite  les  tendons 
se  mortifient,  s'exfolient  ou  se  soudent  dans  leur  gaine  et 
que  le  doigt  atteint  se  déforme  et  s'immobilise. 

4«  Panaris  périostique.  C'est  le  phlegmon  sous-cu- 
tané de  la  troisième  phalange.  Il  est  accompagné  d'une  vive 
douleur  et  entraîne  presque  fatalement  la  nécrose  de  la 
phalangette  qui  s'éfimine  au  bout  de  quelques  semaines 
de  suppuration  ou  détermine  l'inflammation  des  gaines. 
L'incision  hâtive  et  profonde  peut  prévenir  cette  issue  fâ- 
cheuse. 

5*^  Panaris  anthracoïde  ou  furoncle  du  doigt.  Localisé 
à  la  région  dorsale  des  phalanges,  il  est  dû  probablement  à 
l'inflammation  des  foUicules  pilo-sébacés.  En  général,  le 
pus  fait  éruption  au  dehors  par  des  cratères  multiples  ; 
la  lymphangite  du  membre  supérieur  est  à  craindre.  — 
Dans  toutes  les  formes  de  panaris,  des  accidents  graves, 
phlegmoneux,  à  distance,  des  adénites,  des  lymphan- 
gites, etc.,  peuvent  se  produire;  parfois  même  les  os  et 
les  articulations  se  trouvent  atteints.  C'est  pourquoi  l'in- 
tervention chirurgicale  hâtive  est  de  rigueur. 

Le  panaris  analgésique  de  Morvan  (1883)  est  une 
trophonévrose  qui  se  manifeste  aux  mains,  rarement  aux 
pieds,  il  est  toujours  symétrique  ;  il  s'accompagne  de 
troubles  de  la  motilité,  de  la  sensibilité,  de  la  nutrition 
locale  et,  par  le  fait  d'ulcérations  étendues,  peut  néces- 
siter Famputation  des  membres.  D^  L.  Hn. 

PANARD  (Riv.)  (V.  Italœ,  t.  XX,  p.  1039). 

PANAS  (Photinos),  chirurgien  français  contemporain,  né 
à  Céphalooie  (îles  Ioniennes)  le  30  janv.  1832.11a  fait  ses 
études  médicales  à  Paris,  où  il  s'est  fait  naturaliser  Français. 
Interne  en  1855,  prosecteur  en  1860,  il  a  été  reçu  docteur  en 
médecine  la  môme  année  et  chirurgien  des  hôpitaux  et  agrégé 
de  la  Faculté  en  1863.  Chargé  d'un  cours  complémentaire 
d'ophtalmologie  en  1873,  il  est  devenu  titulaire  de  la 
chaire  de  clinique  ophtalmologique  créée  en  1879.  Membre 
de  l'Académie  de  médecine  depuis  1877,  il  a  présidé  cette 
compagnie  en  1899.  M.  Panas  est  l'auteur  de  :  Leçons 
sur  le  strabisme  et  les  paralysies  oculaires  (1873)  ; 
Leçons  sur  Vanalomic,  la  physiologie  et  la  patholo- 
gie des  voies  lacrymales  (1876);  Leçmis  sur  les  kéra- 
tites (1876)  ;  Leçons  sur  les  affections  de  Vappareil 
lacrymal  (1877)  ;  Leçons  sur  les  maladies  inflamma- 
toires des  membranes  de  l'œil  (1878);  Traité  des  ma- 
ladies des  yeux  (1894).  I)''  A.  Dureau. 

PANASSAC.  Corn,  du  dép.  du  Gers,  arr.  de  Mirande, 
cant.  de  Masseube  ;  373  hab. 

P  A N  AT  (Dominique-Samuel- Joseph-Philippe , vicomte  de) , 
homme  politique  français,  né  à  l'Isle- Jourdain  (Gers)  le  21 
mars  1787,  mort  à  Toulouse  le  25  juin  1860.  Auditeur  au 
conseil  d'Etat  (1810),  il  remplit  diverses  fonctions  diplo- 
matiques, se  ralHa  aux  royalistes  en  1814,  fut  secrétaire 
d'ambassade,  puis  chargé  d'affaires  à  Naples  (1817-19), 
sous-préfet  de  Bayonne  (1824),  député  du  Gers  (1827) 


PANAT  —  PANCERI 


—  93-2 


et  simultanément  préfet  du  Cantal  (1828).  Légitimiste 
déclaré,  il  rentra  dans  la  vie  privée  en  1830,  fut  élu  dé- 
puté de  Lombez  de  4839  à  4846,  puis  député  du  Gers  en 
juin  1848.  Fidèle  à  ses  convictions,  il  fut  réélu  à  la  Légis- 
lative, et  il  était  en  1851 ,  avec  Baze  et  Le  Flô,  un  des  ques- 
teurs de  TAssemblée  qui  tentèrent  vainement  de  prévenir 
le  coup  d'Etat.  Enfermé  à  Vincennes  au  Deux-Décembre, 
il  fut  bientôt  relaxé  et  acheva  sa  vie  dans  la  retraite. 

PANATHÉNÉES  (rtavaôrlvaia).  Grande  fête  religieuse 
d'Athènes  en  l'honneur  d'Athéna,  patronne  de  la  cité. 
D'après  la  légende,  elle  remontait  au  roi  Erichthonius  qui 
l'aurait  créée,  au  dire  de  la  Chronique  de  Paros,730  ans 
avant  la  première  olympiade,  pour  commémorer  la  vic- 
toire de  la  déesse  sur  le  géant  Aster.  Thésée,  fondateur 
de  l'unité  attique,en  aurait  fait  la  grande  fête  nationale, 
commune  à  tout  le  peuple  nouveau.  L'archonte  Hippoclide, 
six  ans  avant  l'étabHssement  de  la  tyrannie  de  Pisistrate, 
donc  en  566,  réglementa  la  fête  et  en  accrut  beaucoup 
l'éclat,  surtout  en  y  introduisant  les  jeux  gymniques;  il 
y  fit  une  place  aux  cités  étrangères  ;  enfin  Périclès  y  ajouta 
les  jeux  musiques.  On  distinguait  les  Grandes  et  les  Pe- 
tites Panathénées,  les  dernières  annuelles,  les  premières 
célébrées  tous  les  quatre  ans,  l'année  de  la  3®  olympiade. 
Les  Grandes  Panathénées  duraient  du  25^  au  28^  jour 
du  mois  Hékatombéon.  Elles  débutaient  à  l'Odéon  par  les 
pompes  de  la  musique  et  de  Torchestrique,  récitation  des 
poèmes  d'Homère,  concours  de  chant,  de  cithare  et  de 
îlûte,  danse  de  la  pyrrhique  par  des  éphèbes  nus,  d'autres 
formant  un  chœur  cycli([ue.  Puis  on  se  rendait  au  stade 
pour  les  jeux  gymniques,  lutte,  pugilat,  pancrace,  pen- 
tathle  pour  hommes  et  pour  enfants,  course  à  pied  pour 
hommes  nus  et  pour  hommes  armés,  course  à  pied  avec 
flambeaux  (XapL7:a5r,oco!jL(a,  V.  La.mpadâdromii:),  course 
à  cheval,  course  de  chars  higes  et  quadriges,  de  chars 
ordinaires  et  de  chars  de  guerre  avec  deux  hommes,  dont 
l'un  sautait  en  vitesse,  suivait  en  courant,  puis  remontait; 
ces  luttes  étaient  jugées  par  dix  agonothètes  ou  athlotètes 
choisis  dans  chacune  des   dix  tribus  (phylé);  les  prix 
étaient  des  couronnes  de  rameaux  de  l'olivier  sacré  et  de 
beaux  vases  de  terre  remplis  d'huile  sacrée.  Le  quatrième 
jour,  le  point  culminant  de  la  fête  était  la  grande  pro- 
cession retracée  sur  la  frise  du  Parthénon  ;  toute  la  po- 
pulation y  prenait  part,  y  compris  les  métèques.  En  tète 
de  la  procession  marchaient  les  pontifes,  vieillards  choisis 
parmi  les  plus  beaux,  des  vierges  de  noble  famille,  les 
députations  de  cités  alliées  portant  leurs  offrandes,  des 
métèques  portant  des  vases  et  ustensiles  d'or  et  d'argent 
ciselé,  les  athlètes  à  pied,  à  cheval  ou  sur  leur  char,  les 
sacrificateurs  et  les  victimes,  enfin  le  peuple  en  habit  de 
fête.  L'offrande  essentielle  était  le  voile  ou  tunique  (pé- 
pias) couleur  safran,  tissée  et  brodée  pour  Athéna  par  les 
femmes  attiques.  Elle  était  placée  sur  le  mât  de  la  galère 
panathénaïque,  sorte  de  machine  que  l'on  promenait  du 
Céramique  à  FEleusinion  et  qui,  après  en  avoir  fait  le  tour, 
longeait  l'Acropole  au  N.  et  à  l'E.  (V.  le  plan  d' Athènes) 
et  s'arrêtait  auprès  de  l'Aréopage.  Là  on  détachait  le  voile, 
et  le  cortège  montait  l'immense  escalier  de  marbre,  long 
de  100  pieds,  large  de  70,  qui  menait  aux  Propylées,  ves- 
tibule de  l'Acropole  ;  on  le  portait  à  ri'>echtheion,  sanc- 
tuaire vénéré  où  l'on  gardait  le  palladium  à  côté  du  tom- 
beau de  Céci^ops  et  de  l'olivier  sacré,  père  de  tous  les 
autres.  La  clôture  de  la  fête  était  le  grand  sacrifice,  l'hé- 
catombe, célébrée  en  présence  du  peuple  qui  prenait  en- 
suite tout  entier  part  au  banquet  final.  Les  Petites  Pana- 
thénées, d'une  durée  probable  de  trois  jours,  comprenaient 
aussi  des  jeux  athlétiques,  une  course  aux  flambeaux  et 
une  procession,  mais  sans  le  voile  sacré.        A. -M.  B. 
PANAX  (Bot.)  (V.  Aralie). 
^  PANAY.  Une  des  îles  du  groupe  des  Bisayas  (Philip- 
pines), partie  occicentale  baignée  par  la  mer  de  lolo;  de 
forme  à  peu  près  triangulaire  :  son  côté  0.  regardant  la 
chaîne  des  îles  Palawan,  que  sépare  un  large  détroit;  le 
côté  N.-E.  tourné  vers  les  lies  Tablas,  Sébuyan  et  Mas- 


bate;  le  côté  S.-E.  séparé  de  l'ile  de  Negros  et  plus  près, 
par  un  détroit  resserré,  de  l'île  Guimaras,  que  l'on  com- 
prend dans  son  territoire.  Celui-ci  a  12.560  kil.  q.  dont 
556  pour  cette  île.  Panay  est  entourée  de  nombreux  îlots, 
au  moins  une  vingtaine,  dont  la  superficie  totale  n'est 
guère  que  de  160  kil.  q.  Sa  situation  astronomique  est 
10«20'-11«56'  lat.  N.,  119«  28'-120«  48'  long.  E.  Une 
chaîne  de  montagnes  suit  à  distance  sa  côte  occidentale, 
avec  une  cime  de  81 1  m.,  le  versant  0.  ne  donne  naissance 
qu'à  des  torrents,  le  versant  E.  à  deux  rivières,  l'une  di- 
rigée vers  le  N.,  le  Panay,  l'autre  vers  le  S.,  le  Jalaud. 
Ses  côtes  offrent  trois  havres  principaux  :  d'Ilo-Ilo,  de 
Capiz  et  d'Antique.  Ce  sont  les  noms  de  ses  trois  pro- 
vinces, auxquelles  une  quatrième,  celle  de  la  Concepcion, 
a  été  ajoutée,  toutes  sous  le  régime  militai)  e.  Cette  île 
est  la  plus  populeuse,  proportionnellement  à  l'étendue,  de 
l'archipel,  après  celle  de  Cébu.  Sa  population,  de  Bisayas, 
est  soumise  et  fidèle,  et  a  combattu,  avec  les  Espagnols, 
contre  les  pirates  musulmans.  Elle  cultive  avec  soin  un 
sol,  d'ailleurs  très  fertile,  et  elle  est  fort  industrieuse.  On 
cite  de  remarquables  tissus  d'ananas  fabriqués  dans  l'île, 
d'une  finesse  incomparable.  Le  commerce  y  était  en  pro- 
grès avant  les  dernières  insurrections  et  l'invasion  actuelle 
à  main  armée  des  Américains.  Ceux-ci,  sous  le  général 
Milles,  ont  bombardé  et  pris  llo-Ilo  sur  les  insurgés,  en 
févr.  1899  (V.  Phiuppines).  Ch.  Del. 

PANAZOL.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Vienne,  arr.  et 
cant.  (S.)  de  Limoges,  à  1  kil.  de  la  Vienne  (r.  g.); 
1.662  hab.  —  Eglise  du  xiv^  siècle  avec  portad  du  xv^ 
et  vitraux  du  xvi*^.  Donjon  carré  de  la  Quintaine  (xiv^  s.), 
qui  appartint  aux  Bermondet  de  Crémières.  Domaine  de 
Morpiénas  qui  servit,  jusqu'en  1762,  de  maison  de  cam- 
pagne aux  jésuites  du  collège  de  Limoges. 

PANCARTE  (Diplomatique).  Pour  obtenir  de  la  royauté 
franque  confirmation  authentique  de  titres  perdus  ou 
brûlés,  celui  qui  voulait  obtenir  cette  confirmation  adres- 
sait au  roi,  par  l'intermédiaire  d'un  grand  personnage, 
une  requête  où  il  exposait  la  perte  qu'il  avait  subie  et 
énumérait  les  domaines  dont  il  sollicitait  de  faire  ainsi 
remplacer  les  titres  de  propriétés.  Le  précepte  royal  qui 
lui  était  concédé  en  conséquence  résumait  cette  requête 
et  déclarait  confirmer  en  les  énumérant  les  biens  que 
l'impétrant  était  su  avoir  possédés  justement  et  légalement. 
Ce  précepte  était  appelé  Pantocharta  ou  Pancharla. 
Plus  tard  et  dès  le  x*^  siècle,  ce  nom  s'étendit  à  tous  les 
privilèges  confirmatifs  et  énumératifs  de  propriétés  émanés 
de  l'autorité  pontificale  ou  de  l'autorité  royale.  Les  pri- 
vilèges de  cette  sorte,  émanés  des  papes,  ont  reçu  le  nom 
de  bulles-pancartes  et  sont  expédiés  en  forme  de  grandes 
bulles  (V.  B'Jele)  ;  les  pancartes  des  rois  sont  toujours 
expédiées  en  forme  de  diplômes  solennels  (V.  Diplôme). 
Les  uns  et  les  autres,  que  les  archives  ecclésiastiques  nous 
ont  conservés  en  grand  nombre,  constituent  des  docu- 
ments précieux,  particulièrement  pour  la  géographie  du 
moyen  âge.  On  ne  rencontre  plus  guère  de  documents  de 
ce  genre  à  partir  de  la  seconde  moitié  du  xiv^  siècle. 

PAN  CE.  Com.  du  dép.  d'ilie-ct- Vilaine,  arr.  de  Redon, 
cant.  de  Bain-de-Bretagne,  sur  une  coUine  dominant  le 
Semnon;  1.347  hab.  Eglise  moderne  :  coffret  en  cuivre 
émaillé  du  xii^  ou  du  xiii®  siècle  ;  manoirs  gothi(|ues  du 
Plessis-Godard  (tourelle  du  xv^  siècle)  et  de  Bonabry; 
chapelle  ruinée  de  l'ancien  prieuré  de  Saint- Mélaine, 
sur  le  talus  d'un  camp  romain.  Colline  du  Terlre-Gins, 
gisement  d'ampélites  (schiste  charbonneux,  pierre  noire 
des  charpentiers). 

PANCERI  (Paolo),  anatomiste  et  zoologiste  italien,  né 
à  Milan  le  23  août  1833,  mortàNaples  le  12  mars  1877. 
Il  fut  nommé  en  1861  professeur  d'anatomie  comparée  à 
rUniversîté  de  Naples.  Il  publia,  en  1869,  un  travail  sur 
la  présence  d'acide  sulfurique  libre  dans  la  salive  de  cer- 
tains mollusques  marins  et  fit  imprimer  de  1870  à  1876 
une  série  de  mémoires,  en  particulier  sur  le  sPège  et  la 
nature  de  la  phosphorescence  chez  les  animaux  marins. 


933  — 


PANCERI  —  PANCLASTiTE 


En  4872-73,  il  fit  un  voyage  en  Egypte,  pour  raison  de 
santé,  et  eut  l'occasion  d'étudier  là  l'action  venimeuse  de 
quelques  serpents,  de  la  tarentule,  etc.,  et  d'observer  les 
caractères  de  la  race  nègre  Acca.  D"^  L.  Hn. 

PANCEY.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  arr.  de 
Wassy,  cant.  de  Poissons;  1.054  liab. 

PANCH-Mahal  (V.  Pantgh-Mahal). 

PANCHAIA  ou  PANCHEA(naY/aia).  Ile  légendaire  que 
les  anciens  plaçaient  dans  l'océan  Indien,  au  S.  de  l'Arabie 
heureuse.  Diodore  de  Sicile  la  décrit  (V,  41-46)  d'après 
Evhémère  (V.  ce  nom),  dont  le  récit  paraît  purement 
imaginaire.  Pomponius  Mêla  parle  de  sauvages  Panchœi 
ophiophages  (III,  8,  8). 

PÂNCHALA.  Contrée  de  l'Inde  ancienne  (V.  Pantchala). 

PANCHATANTRA  (V.  Pantchatantra). 

PANCHERACCIA.  Com.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de 
Cor  te,  cant.  de  Piedicorte  ;  350  hab. 

PANCIROLUS  ou  PANCIROLI  (Guido),  jurisconsulte 
et  érudit  italien,  né  à  Reggio  (Emilie)  le  17  avr.  1523, 
mort  à  Padoue  en  mai  1599.  Il  fut  disciple  d'Alciat,  pro- 
fessa à  Padoue  les  Insti tûtes  en  1547  et  les  Pandectes  en 
1556.  Il  fut  nommé  professeur  de  droit  romain  à  Turin 
en  1571  et  revint  à  Padoue,  où  il  occupa  la  même  chaire, 
en  1382.  Les  papes  Grégoire  XIV  et  Clément  VIII  cher- 
chèrent à  l'attirer  à  Rome.  Les  plus  célèbres  de  ses  ou- 
vrages sont  :  Notitia  dignifatum  utriiisqne  Imperii 
(Venise,  1593,  in-fol.),  reproduit  au  t.  VII  du  Thésaurus 
de  Graevius  ;  Thésaurus  variarum  lectionum  utriusque 
juris  (Venise,  1610,  in-fol.);  De  claris  leguni  inter- 
pretibus  (ibicL,  1637,  in-4). 

BiBL.  :  Leickher,  Vitœ  jiirisconsultoriim.  —  Niceron, 
Mémoires.  —  Tiraboschi,  Storia  délia  lett.  ital.,  VII,  78;^. 

PANCKOUCKE.  Famille  de  libraires,  imprimeurs  et 
littérateurs  français.  —  André- Joseph,  né  à  Lille  en  1700, 
mort  à  Lille  le  17  juil.  1753,  fut  libraire-éditeur  dans  sa 
ville  natale  et  auteur  de  plusieurs  manuels  ou  diction- 
naires didactiques,  ainsi  que  d'un  poème  héroïque  envers 
burlesques:  la  Bataille  de  Fonienoy  (UWe,  1743,  in-8), 
critique  et  parodie  du  poème  de  Voltaire  sur  le  môme  su- 
jet. La  seule  production  littéraire  qui  ait  survécu  de  lui 
est  son  écrit  scatologique,  anonyme  et  posthume  :  l'Art 
d.edcsopiler  la  rate  (Lille,  1754,  in-12),  dont  les  édi- 
tions sont  nombreuses.  —  Charles-Joseph,  fils  du  pré- 
cédent, né  à  Lille  le  26  nov.  1736,  mort  à  Paris  le 
19  déc.  1798,  fut  reçu  libraire  dans  la  corporation  pari- 
sienne le  2  déc.  1762.  Il  s'était  déjà  fait  connaître  par 
quelques  écrits  :  Traité  théorique  et  pratique  des  changes 
(1760,  in-12);  Contre-Prédiction  au  sujet  de  la  Nou- 
velle Héloise  (1761,  etc.  Editeur  entreprenant  et  avisé, 
il  s'attacha  progressivement  les  Uttérateurs  et  les  savants 
les  plus  émincnts,  avec  l'aide  desquels  il  put  se  lancer 
dans  d'importantes  opérations  de  librairie.  En  1781,  il 
mit  au  jour  le  Plan  d'une  Encyclopédie  méthodique  et 
par  ordre  de  matières,  destinée  à  renouveler,  sous  une 
autre  forme,  celle  de  Diderot  et  d'Alembert,  et,  dès  l'an- 
née suivante,  il  commença  cette  vaste  publication,  qui  ne 
fut  terminée  qu'en  1832  (V.  les  détails  à  l'art.  Encyclo- 
pédie, t.  XV,  p.  1011).  Il  donna  un  grand  développement 
au  périodique  le  Mercure  de  France,  publia  plusieurs 
grands  recueils  spéciaux  (  le  Voyageur  français,  le  Ré- 
pertoire de  jurisprudence,  les  Mémoires  de  V Acadé- 
mie des  sciences  et  de  celle  des  Inscriptions,  etc.),  et 
fonda,  le  24  nov.  1789,  la  Gazette  nationale,  ou  le  Mo- 
niteur universel.  On  a  encore  de  lui  différents  écrits  po- 
litiques, philosophi({ues  et  scientifiques,  ainsi  que  des  tra- 
ductions de  Lucrèce,  du  Tasse  et  d'Arioste.  —  Sa  sœur, 
qui  épousa  l'académicien  Suard  (V.  ce  nom),  se  fit  aussi 
connaître  dans  les  lettres.  —  Charles-Louis-Fleury,  fils 
du  précédent,  ne  à  Paris  le  26  déc.  1780,  mort  à  Fleury- 
sous-Meudon  (Seine)  le  12  juil.  1844.  Après  avoir  fa^it 
son  droit,  il  devint  secrétaire  de  la  présidence  du  Sénat, 
et  succéda  ensuite  à  sa  mère  dans  la  direction  de  la  mai- 
son paternelle.  Il  édita  une  série  de  publications  collec- 


tives :  le  Dictionnaire  des  sciences  médicales  (1812- 
1822,  60  vol.  in-8),  complété  par  la  Flore  (1814-20, 
8  vol.,  fig.  color.),  et  i^ar  la  Biographie  médicale  (iS^'IO- 
25,  7  vol.);  les  Victoires  et  Conquêtes  des  Français 
(1816-27,  27  vol.  in-8,  fig.)  ;  Description  de  TEgypte, 
réédition  du  grand  ouvrage  publié  par  le  gouvernement 
(1820-30,  26  vol.  in-8,  et  12  vol.  in-foL,  de  pL);  les 
Barreaux  français  et  anglais  (1821  et  suiv.,  19  vol. 
in-8)  et  autres  ouvrages  similaires,  etc.  La  plus  durable 
de  ces  publications  fut  la  Bibliothèque  latine-française 
(1826-39,  178  vol.  in-8,  et  1842-49,  34  vol.),  pour  la- 
quelle il  fit  une  traduction  de  Tacite  (7  vol.),  dont  il  avait 
aussi  imprimé  le  ie\\G  avec  grand  luxe  (1826-28,  4  vol. 
gr.  in-fol.).  La  paternité  de  cette  traduction  lui  a  été  vive^ 
ment  disputée.  On  lui  doit  encore  plusieurs  autres  ou- 
vrages personnels.  —  Ernest,  fils  du  précédent,  né  à  Paris 
le  4  déc.  1808,  mort  à  Onzain  (Loir-et-Cher)  le  4  jany. 
1886,  a  fait  des  traductions  pour  le  recueil  dont  il  vient 
d'être  parlé,  notamment  celles  à' Horace  (1831)  et  celle 
des  fables  de  Phèdre  (1839).  Ha  dirigé  ensuite  pendant 
longtemps  le  Moniteur  universel.  G.  P-i. 

BiBL.  :  Garât,  Mémoires  hist.  sur  Ui  vie  de  M.  Suard  et 
le  xviii'  siècle;  Paris,  1820,  2  vol.  in-8.  —  Quérard,  Ui 
France  littéraire,  t.  VI  (article  passionné  et  partial).  — 
Notice  biographique  sur  M.  Ch.-L.-F.  Panchouche,  et  aussi 
sur  son  père;  Paris,  1812,  in-8.  —  Bourquelot  et  Maury, 
In  TÀttérature  française  contemporaine,  1851,  t.  V. 

PANCLASTITE.  On  désigne  sous  le  nom  de  pandas- 
tites  un  certain  nombre  de  mélanges  explosifs  composés 
par  Turpin  et  dans  lesquels  le  corps  comburant  est  le  per- 
oxyde d'azote,  AzO^.  Le  peroxyde  d'azote  a  une  chaleur 
de  formation  négative,  mais  très  faible,  de  sorte  qu'il  se 
comporte  à  peu  près  comme  un  mélange  d'azote  et  d'oxy- 
gène liquide,  azote  et  oxygène  qui,  au  moment  de  la  réac- 
tion, deviendront,  le  premier  libre,  le  second  susceptible 
d'agir  sur  la  matière  combustible  mélangée.  Dans  l'emploi 
des  panclastites,  on  ne  constitue  le  mélange  qu'au  mo- 
ment de  s'en  servir;  les  matières  combustibles  proposées 
par  Turpin  sont  :  le  sulfure  de  carbone,  le  nitrobenzène^ 
le  nitrotoluène,  le  pétrole,  etc.  Les  panclastites  présentent 
de  grandes  difierences  de  propriétés  suivant  leur  compo- 
sition. La  pujiclastite  au  sulfure  de  carbone,  formée  de 
10  volumes  de  sulfure  de  carbone  et  de  15  volumes  de 
peroxyde,  est  très  sensible  au  choc  ;  l'équation  de  la  com- 
bustion est  la  suivante  : 

2CS2  -f.  3Az04  —  C^O^  +  3Az  +  4S0^. 

Au  contraire,  la  panciastite  formée  dans  la  proportion 
de  10  volumes  de  sulfure  de  carbone,  pour  5  volumes  de 
peroxyde,  ne  détone  pas  sous  le  choc  d'un  mouton  de 
6  kil.  tombant  de  4  m.  de  hauteur. 

En  Allemagne  on  a  cherché  à  appli([uer  la  panciastite 
au  sulfure  de  carbojie  au  chargement  des  obus  torpilles. 
Le  peroxyde  d'azote  liquide  et  le  sulfure  de  carbone  sont 
contenus  dans  des  ampoules  en  verre  placées  dans  l'inté- 
rieur de  l'obus,  dont  les  parois  sont  tapissées  d'une  lame 
de  caoutchouc  pour  éviter  la  rupture  des  tubes  avant 
l'emploi.  Les  tubes  se  brisent  au  moment  de  la  projection 
de  l'obus  et  le  mélange  se  produit,  un  détonateur  conve- 
nable produit  l'explosion  à  l'instant  voulu.  Cette  pancias- 
tite produisait  des  effets  destructifs  remarquables,  on  l'a 
néanmoins  abandonnée  à  cause  des  inconvénients  que  pré- 
sentent la  préparation  et  le  travail  du  peroxyde  d'azote.  La 
panciastite  la  plus  énergique  est  formée  par  un  mélange  de 
10  volumes  de  nitrotoluène  et  de  12  de  peroxyde,  ce  qui 
correspond  à  peu  près  à  la  combustion  du  carbone  sous 
forme  d'oxyde  de  carbone.  Elle  est  beaucoup  plus  puis- 
sante que  la  dynamite.  En  outre,  sa  vitesse  de  détonation 
étant  notablement  supérieure,  elle  produit  des  effets  bri- 
sants qu'il  est  impossible  d'obtenir  avec  la  dynamite. 

Pour  les  raisons  précédemment  énoncées,  on  n'emploie 
les  panclastites  ni  dans  les  mines,  ni  dans  l'art  militaire. 

C.  Matignon. 

BiBL.  :  Berthelot,  Sur  lu  force  des  malières  cxploslccs 
d'après  la  thermochimie. 


PANCORBO  —  PANCRÉAS 


—  934  — 


PANCORBO  ou  PANCORVO.  Bourg  d'Espagne,  prov. 
et  à  60  kil.  N.-E.  de  Burgos,  dans  le  district  de  Miranda, 
près  de  gorges  sauvages,  célèbres  par  leur  pittoresque  ; 
cette  gorge  est  un  des  passages  qui  relient  le  plateau  cen- 
tral hispanique  aux  régions  de  l'Ebrc  ;  elle  était  traversée 
jadis  par  la  route  de  Bayonne  à  Madrid,  et  elle  l'est  au- 
jourd'hui par  la  voie  ferrée  pour  l'établissement  de  laquelle 
il  a  fallu  faire  des  travaux  gigantesques  (remblais,  tun- 
nels, viaducs)  ;  1.304  hab.  E.  Cat. 

PANCRACE  (IlaY/pàx'.ov).  Forme  de  la  lutte  athlé- 
tique chez  les  Grecs  anciens.  Comme  le  nom  l'indique,  elle 
alliait  les  procédés  du  pugilat  à  ceux  de  la  lutte  proprement 
TÎÎte  ou  Paie.  La  main  était  nue  et  à  demi-ouverte,  les 
doigts  simplement  repliés.  Les  blessures  étaient  moins  à 
redouter  que  dans  le  pugilat  (V.  Boxk). 

PANCRACE  (Saint).  Nom  de  deux  personnages  légen- 
daires. 1*^  L'un  passe  pour  avoir  été  envoyé  par  saint 
Pierre  en  Sicile,  comme  évêque  de  Taormina,  où  il  serait 
jnort  martyr.  Fête  le  3  avr.  —  2°  L'autre,  un  des  trois 
saints  de  glace,  doit  être  mort  martyr  à  l'âge  de  quatorze 
ans,  sous  Dioclétien.  Fête  le  12  mai. 

PANCRATIER  ou  PAHGRMS  [P ancr atium L.),  Genre 
d'Amaryllidacées-Narcissées,  composé  d'herbes  bulbeuses, 
à  feuilles  simples,  disti-pies,  radicales,  à  fleurs  odorantes, 
disposées  en  ombelle  simple  entourée  à  sa  base  d'une  spathe 
marcescente.  Le  périanthe  est  infundibuliforme,  à  6  divi- 
sions étroites,  étalées,  et  à  gorge  pourvue  d'une  paraco- 
rolle  di\isée  en  12  lobes,  et  portant  à  sa  face  interne 
G  étamines  alternes  avec  ses  lobes.  L'ovaire,  infère,  sup- 
porte un  style  grêle  terminé  par  un  stigmate  trilobé  sail- 
lant. Le  fruit  est  une  capsule  déhiscente  en  3  valves,  les 
graines,  nombreuses,  renferment  un  gros  albumen  cliarnu. 
i -'espèce  principale,  P.  maritimum  L.,  ou  Lis  de  Mat- 
thiole,  Narcisse  de  Mer,  est  spontanée  dans  les  sables 
maritimes  de  l'Atlantique  et  de  la  Méditerranée;  ses  bul- 
bes, très  gros,  sont  doués  de  propriétés  émétiques  et  figu- 
raient jadis,  dans  les  officines,  sous  les  noms  de  Piadix 
Pancratii  monspessulani  v.  Ilemerocallidis  valentinœ 
V.  Scillœ  minoris.  —  Le  P.  illyricum  L.  se  rencontre 
en  lllyrie,  en  Corse  et  en  Sicile.  On  le  cultive  quelquefois 
dans  les  jardins.  — Le  P.  speciosum  Salisb.,  des  Antilles, 
et  le  P.  amboinense  L.,  de  l'archipel  Indien,  se  cultivent 
en  serre  chaude.  Leurs  bulbes  sont  employés  dans  leur 
pays  d'origine  aux  mêmes  usages  que  ceux  du  Scilla 
niaritima  dans  nos  régions.  D^'  L.  1L\. 

PANCRATIUIV!  (Bot.)  (V.  Pancratieh). 
PANCRAZI  (José-Marin),  antiquaire  italien,  né  à  Cor- 
tone  le  2o  juil.  1701',  mort  à  Florence  le  lajuil.  1760.  11 
se  fit  à  Gênes  moine  théatin  ;  et,  s'étant  proposé  de  publier 
les  médailles  de  la  Sicile,  il  étudia  sur  place  toutes  les 
antiquités  de  cette  lie,  (|u'il  illustra  dans  son  03uvre  ca- 
pitale intitulée  le  Antichita  siciliane  spiegate  (Naples, 
1751-52,  2  vol.  in-foL).  Avant  de  publier  les  Antichita 
(qu'il  ne  put  achever),  il  avait  iuïprimé  deux  Tavole  di 
monete  siciliane  et  collaboré  à  la  2*'  édit.  du  Thésaurus 
de  Gruter. 

P^iBL.  :  Mancini  Girolamo,  il  Coriirlbuto  dei  cortonesl 
ollii  coltum  italiann;  Florence,  1'S9n,  pp.  93-94,  in-8. 

PANCRÉAS.  L  Anatomik.  —  Le  pancréas,  ou  glande 
saliuaire  abdo7ninale  des  Allemands,  est  une  glande  volu- 
mineuse, annexée  au  duodénum,  dans  la  cavité  duquel  il 
déverse  le  liquide  pancréatique  sécrété  par  lui.  D'origine 
endodermique,  il  se  développe  par  trois  bourgeons,  un  dor- 
sal et  deux  ventraux,  situés  de  part  et  d'autre  du  bour- 
geon hépatique  ventral,  et  plus  tard,  par  soudure  de  ces 
trois  bourgeons,  se  constitue  peu  à  peu  dans  sa  forme 
adulte.  — Absent  chez  les  invertébrés  et  quelques  groupes 
de  poissons,  il  existe  plus  ou  moins  développé  chez  tous 
les  autres  vertébrés.  Situé  dans  ra])domen  supérieur,  au- 
devant  des  premières  vertèbres  lombaires,  en  arrière  de 
l'estomac,  entre  la  rate  à  gauche  et  l'anse  duodénale  à 
droite,  il  est  fixe  à  son  extrémité  droite,  puisqu'il  est  uni 
à  la  deuxième  portion  du  duodénum  par  des  brides  con- 


jonctives, des  vaisseaux,  etc.,  et  mobile  à  son  extrémité 
gauche  comme  la  rate  à  laquelle  le  rattachent  des  liens 
conjonctivo-N^asculaires.  Direction  :  courbe  à  concavité  pos- 
térieure. Dimensions  :  longueur, de  14  à  15  cent.;  épais- 
seur, de  2à3centim.;  hauteur maxima,  de 4  à  5  centim. 
Poids  :  oscille  entre  30  et  150  gr.  D'une  coloration  blanc 
grisâtre  à  l'état  de  repos,  plus  ou  moins  rosée  pendant  le 
travail  digestif. 

Conformation  extérieure  et  rapports.  On  distingue 
au  pancréas  :  une  tête,  un  corps  et  une  queue,  rattachés 
à  la  tête  par  le  col  ;  deux  faces,  antérieure  et  postérieure. 
La  face  antérieure,  tapissée  par  le  péritoine  pariétal,  ré- 
pond à  la  face  postérieure  de  l'estomac.  La  face  posté- 
rieure répond  de  droite  à  gauche  à  la  veine  rénale  droite, 
au  tronc  de  la  veine  porte  et  de  la  veine  cave  supérieure, 
aux  vaisseaux  mésenléi'iffues  supérieurs,  à  l'aorte,  à  la  veine 


]\-nu'réas.  A,  i)ancréns.  avec,  a,  Ha  t.'te;  B,  duodénum  ; 
(.',  jéjunum  ;  D,  vé->icule  biliaire  ;  1,  canal  de  Wirsung  ; 
2,  conduit  pancréatiijue  accessoire;  la  flèche  inclicpie  son 
orilicc  en  2',  sur  la  {)ar()i  postéro-intcrne  du  duodénum; 
'■^,  ampoule  do  Vater;  \,  canal  cholédo(|ue  ;  5,  canal  cys- 
tique  ;  G,  canad  hépaticpu^  ;  7,  a.orie  ;  8,  vaisseaux  mésen- 
léririues  sui)érieurs  ;  '».  n-mic  cci  liaijueavec  ses 3 branches. 

mésentérique  inférieure,  à  la  caj)sule  surrénale  gauche 
et  au  rein  gauche.  Le  bord  supérieur  répond,  entre  autres 
au  tronc  cœliaque  (au  niveau  du  col),  à  la  première  por- 
tion du  duodénum  et  au  lobule  de  Spigel  (à  droite  du  col), 
et  à  gauche  aux  vaisseaux  spléni({ues  qui  le  longent.  Le 
bord  inférieur  répond  à  la  troisième  portion  du  duodénum 
qui  lui  est  parallèle,  aux  vaisseaux  mésentériques  supé- 
rieurs et  à  la  veine  mésentérique  inférieure  qui  le  croisent 
de  bas  en  haut.  A  la  partie  postérieure  de  la  tête  (extré- 
mité droite)  répond  le  canal  cholédoque  qui  peut  la  frôler, 
s'y  creuser  ujie  gouttière  ou  même  un  canal  complet  pour 
venir  déboucher  ensuite  dans  le  duodénum,  par  un  orifice 
commun  avec  le  canal  excréteur  du  pancréas  en  formant 
Vanipoule  de  Vater.  Cela  explique  que,  lorsque  le  cho- 
lédoque est  comprimé  par  un  cancer  de  la  tête  du  pan- 
créas, il  y  ait  dilatation  consécutive  de  la  vésicule  biliaire 
(signe  de  Bard-Pic).  La  tête  embrasse  la  deuxième  por- 
tion du  duodénum  en  demi-cylindre,  tandis  que  la  queue 
^'engage  dans  l'épiploon  pancréatico-splénique. 

Canaux  excréteurs.  Le  conduit  principal,  ou  canal  de 
Wirsung,  étendu  d'une  extrémité  à  l'autre  de  la  glande, 
après  avoir  suivi  jusqu'à  la  tête  un  trajet  horizontal,  se 
recourbe  alors  en  bas,  puis  en  arrière,  s'accolle  au  canal 
cholédoque,  pour  s'ouvrir  avec  lui  dans  l'ampoule  de  Vater 
à  7  centim.  du  pylore,  au  sommet  de  la  cariincula  major 


—  935  — 


PANCRÉAS 


lie  vSantorini,  mais  en  restant  toujours  au-dessous  de  lui. 
Le  canal  de  Wirsung  reçoit  dans  son  trajet  intraglandu- 
laire  des  canaux  secondaires,  branchés  perpendiculaire- 
ment sur  lui,  et  un  canal  accessoire  qui  décroit  de  son 
origine  à  sa  terminaison  et  débouche  dans  le  duodénum  un 
peu  en  avant  et  au-dessus  du  conduit  principal  par  la  petite 
caroncule  de  Santorini. 

Structure.  Le  pancréas  est  une  glande  en  grappe  qui 
possède  des  acini  glandulaires  suspendus  aux  canaux  ex- 
créteurs. Bien  que  rappelant  les  glandes  salivaires,  il  en 
diffèi'e  par  des  données  embryologiques  (comme  le  prouve 
sa  structure  fixe  dans  la  série  animale,  variable  pour  les 
glandes  salivaires),  par  des  données  histologiques  (structure 
différente)  et  physiologiques  (constitution  et  propriétés  dif- 
férentes de  la  salive  et  du  suc  pancréatique).  Les  con- 
duits excréteurs  se  composent  :  1"^  d'une  tunique  externe 
conjonctivo-élastique  ;  4'^  d'un  épithélium  d'abord  cyhn- 
drique  (conduits  principaux),  puis  cubique  (petits  con- 
duits), enhn  allongé  et  aplati  (conduits  intercalaires). 
Quant  aux  acini,  ils  possèdent,  outre  la  membrane  basale, 
des  cellules  sécrétantes  spéciales,  volumineuses,  cubo-cy- 
lindriques  à  zone  granuleuse  interne  renfermant  du  zymo- 
gène,  à  zone  moyenne  nucléaire,  à  zone  périphérique  striée; 
à  cela  s'ajoutent  des  cellules  appliquées  au  centre  de  l'aci- 
nus  contre  les  sommets  des  cellules  sécrétoires  et  qu'on 
appelle  cellules  centro-acineuses  ;  on  les  rattache  actuel- 
lement au  conduit  excréteur  dont  elles  représenteraient 
les  prolongements  épithéliaux  empiétant  sur  la  lumière  de 
Lacinus.  Langerhans  et  Saviotti  ont  décrit,  entre  les  cel- 
lules sécrétantes,  des  canaux  intercellulaires  analogues  à 
ceux  des  cellules  hépatiques.  D'après  Dogiel,  ces  canali- 
cules  se  termineraient  sous  forme  d'élargissements  arron- 
dis à  une  faible  distance  de  la  périphérie  des  acini  glan- 
dulaires. —  Le  tissu  conjonctif  sous-jacent  à  l'acinus  est 
réticulé  avec  de  grandes  cellules  conjonctives  et  présente 
les  îlots  de  Langerhans  ou  points  folliculaires  de  Renaut. 
Vaisseaux  et  nerfs.  Les  artères  proviennent,  pour  la 
tète,  de  la  mésentérique  supérieure  et  de  l'hépatique  don- 
nant chacune  une  pancréatico-duodénale;  pour  le  corps  et 
la  queue,  de  la  splénique  et  mésentérique  supérieure.  Les 
veines  vont  dans  la  veine  po)'te  et  ses  tributaires  (mésa- 
r  ai  que  et  splénique).  Les  lymphaticpies  se  divisent  en 
4  groupes,  supérieur,  inférieur,  droit  et  gauche,  se  ren- 
dant dans  4  groupes  de  gangHons.  Les  nerfs,  issus  du 
plexus  solaire,  se  terminent  par  des  extrémités  libres  sous 
la  membrane  basale,  et  dans  l'intervalle  des  cellules,  mais 
ne  pénètrent  jamais  dans  leur  intérieur.  Il  existe  des  gan- 
glions nerveux  intrapancréa tiques. 

n.  Physiologir.  —  Le  pancréas  est  une  glande  mixte 
à  sécrétion  interne  et  externe.  —  a.  La  sécrétion  ex- 
terne a  pour  but  la  formation  du  suc  pancréatique  :  les 
cellules  augmentent  de  granulations  pendant  la  digestion, 
leur  partie  interne  tombe  et  le  zymogène  qu'elles  renfer- 
ment se  transforme  en  Irypsine.  Le  suc  pancréatique 
t[u'on  peut  se  procurer  par  fistule  du  canal  de  AYirsung 
ou  par  macération  du  tissu  du  pancréas,  est  un  liquide 
clair,  légèrement  citrin,  visqueux,  fdant,  de  réaction  al- 
caline, très  putrescible,  renfermant  8  à  10  *^/o  de  matières 
minérales  et  des  matières  albuminoides,  en  particulier  des 
ferments;  outre  une  faible  (pumtité  de  peptone,  de  ca- 
s'îine  et  de  mucine,  on  y  trouve  une  albumine  spéciale 
x{]s]i(AQQ  paner éatine  (V.  ce  mot).  Par  latrijpsine  les 
uiatières  albuminoîdes  sont  transformées  en  poptones,  par 
Vaniijtase  ou  diastase  pancréatique  les  matières  amy- 
lacées sont  transformées  en  sucre:  le  ferment  saponifi- 
cnteur  émulsionne  les  matières  grasses  pour  les  dédoubler 
ensuite  partiellement  en  glycérine.  — b.  Le  pancréas  pos- 
sède également  une  sécrétion  interne.àouWd.  découverte 
€st  due  à  von  Mehring  et  Minkowski,  et  dont  l'existence 
€st  basée  sur  les  modifications  que  semble  subir  le  sang 
au  contact  des  cellules  du  pancréas  ainsi  que  sur  l'influence 
exercée  par  lui  dans  l'évolution  de  la  glycose  organique. 
La  première  constatation  faite  est  celle-ci  :  ta  suppres- 


sion du  pancréas  amène  le  syndrome  diabète  maigre; 
cette  proposition  formulée  hypothétiquement  par  Bright 
(1833),  Claude  Bernard,  Bouchardat  (1875),  a  été  prouvée 
par  les  expériences  de  von  Mehring  et  Minkowski  (1889), 
qui  démontrèrent  que  l'extirpation  complète  du  pancréas 
détermine  chez  les  mammifères  l'éclosion  de  tous  les 
symptômes  du  diabète  sucré  :  glycosurie  très  intense  (dO 
à  45%  de  sucre),  polyurie,  polyphagie,  polydipsie,  amai- 
grissement, azoturic,  perte  de  forces,  et,  si  l'on  n'inter- 
vient pas,  mort  du  vingtième  au  trentième  jour  par  usure 
organique  et  consomption.  Minkowski  etHédon  ont  prouvé 
(expérience  de  la  greffe  pancréatique  sous-cutanée  abdo- 
minale, de  la  suppression  lente)  que  cette  sécrétion  in- 
terne existe  et  s'établit  par  des  relations  vasculaires, 
résultats  en  harmonie  avec  les  données  cHniques  (Lance- 
reaux,  1877).  Mais  une  fois  que  cette  fonction  sécrétoire 
se  fut  trouvée  mise  en  évidence,  plusieurs  théories  pa- 
thogéniques  furent  proposées  pour  en  expliquer  la  nature 
intime  (Lépine,  Gley,  Thiroloix).  «  Lépine,  estimant  que 
le  diabète  provient  d'un  ralentissement  de  la  consomma- 
tion du  sucre  par  les  tissus,  admet  que  le  pancréas  devers»^ 
dans  le  sang  le  ferment  glycolytique  (consommation  du 
sucre  par  glycolyse)  ;  d'autre  part,  Chauveau,  considérant 
que  l'hyperglycémie  et  la  glycosurie  relèvent  toujours  d'un 
excès  de  production  du  sucre  par  le  foie,  regarde  le  pan- 
créas comme  un  régulateur  de  la  fonction  glycogénique  » 
(Hédon).  D'après  Chauveau,  le  pancréas  a  par  sa  sécré- 
tion une  action  inverse  de  celle  du  système  nerveux  sur  la 
formation  de  la  glycose,  puisqu'une  piqûre  du  (piatrième 
ventricule  développe  une  action  fréno-sécrétoire  sur  le  pan- 
créas, avec  action  excito-glycoso-sécrétoire. 

Ajoutons  que,  d'après  Schiff  etHerzen,  le  pancréas  d'ur 
animal  dératé  perdrait  ses  propriétés  digestives,  ce  qc 
prouverait  les  relations  étroites  qui  existent  entre  les  font 
lions  de  la  rate  et  la  digestion.  Enfin,  selon  Neumann, 
le  pancréas  renferme  une  certaine  quantité  de  silice  (plu- 
sieurs miUigr.),  qui  s'y  trouverait  en  réserve  pour  les  be- 
soins de  l'organisme,  comme  (e  fer  principalement  dans 
le  foie,  l'iode  dans  le  corps  thyroïde. 

ïlï.  Pathologie.  —  En  clinique,  les  symptômes  diges- 
tifs d'origine  pancréatique  consistent  en  perturbations 
rares  dans  l'élaboration  des  albuminoîdes,  fréquentes  dans 
celle  des  graisses  (vomissements  graisseux,  stéarrhéc). 
Dans  les  troubles  de  la  sécrétion  interne,  on  o  le  syn- 
drome «  diabète  maigre  »  (V.  plus  haut).  A  part  le  symj)- 
tômestéarrhée,  ou  selles  graisseuses,  et  quelquefois  l'amai- 
grissement, il  n'existe  pas  de  signes  permettant  de  déceler 
d'une  façon  positive  et  exclusive  une  lésion  du  pancréas. 
\  côté  de  la  stéarrhéc  (en  boules  pisiformes,  bulles  sur- 
nageantes du  simple  enduit),  signalons  la  glycosurie,  qui 
constitue  avec  la  première  les  deux  seuls  signes  spécifiques 
de  V insuffisance  pancréatique. 

Affections  inflammatoires  du  pancréas.  A  celle 
catégorie  d'affections  appartiennent  les  pancréatites  ai- 
(jvë  et  cJironiqae.  Il  existe  dans  la  pancréatite  aiguë  des 
formes  secondaires,  consécutives  à  des  maladies  infec- 
tieuses, comme  la  fièvre  typhoïde  (inflammation  et  hyper- 
émie  du  tissu  conjonctif,  hypertrophie  et  dégénérescence 
granulo-graisseuse).  Aux  formes  primitives  se  rattachent 
les  pancréatites  hémorragiques,  suppurées  et  nécrosiques. 
—  Le  rétrécissement  du  canal  de  Wirsung,  sa  compres- 
sion, la  présence  de  calculs,  ainsi  que  la  syphilis  et  l'ar- 
tério-sclérose  peuvent  être  des  causes  de  pancréatite  chro- 
nique, qu'accompagnent  souvent  le  symptôme  stéarrhéeet 
le  syndrome  diabète  maigre,  joint  à  la  sclérose  (organe 
dur,  atrophié).  La  lithiase  pancréatique  est  rare. 

Lésions  traumatiques.  Elles  sont  rares  :  on  signale 
la  contusion  et  les  hernies  traumatiques  par  armes  à  feu. 
Tumeiu'S-.  Les  kystes  du  pancréas  se  forment  pai* 
dilatation  des  conduits  excréteurs,  consécutives  à  la  com- 
pression par  une  tumeur,  ou  à  l'oblitération  par  un  mucus 
opaque  ou  des  concrétions.  Les  symptômes  sont  :  la  dyspep- 
sie, la  stéarrhée,  le  diabète  maigre,  avec  des  névralgies 


PANCRÉAS  —  PANDANACÉES  —  936  — 

cœliaques,  pat'oxytiqiies,  et  des  vomissemeiils,  et  de  plus 
la  perception  d'une  tumeur  à  l'épigastre.  La  marche  est 
lente.  —  \a' cancer  du  pancréas,  dont  létiologie  est  obs- 
cure, peut  revêtir  la  forme  primaire  et  la  forme  secon- 
daire. Dans  les  cixncQvs secondaires,  le  développement  a 
lieu  par  extension  de  tumeurs  voisines,  ou  par  générali- 
sation, et  c'est  presque  toujours  la  queue  qui  est  atteinte. 
Les  cancers  primitifs  portent  sur  la  tète  du  pancréas, 
d'où  obstruction  simultanée  du  canal  de  AVirsung  et  du 
canal  cholédoque  amenant  la  rétention  biliaire  et  la  dis- 
tension (le  la  vésicule  (Bard).  Le  tableau  clinique  débute 
par  ramai<>rissement  rapide,  les  douleurs  épigastriques 
vives  et  continues,  puis  survient  un  ictère  permanent  et 
progressif  avec  troubles  digestifs.  L'anorexie  et  les  vomis- 
senients  se  mcmtrent  des  te  début.  Très  souvent  on  cons- 
tate la  dilatation  chronique  de  la  vésicule  biliaire  et 
habituellement  la  présence  d'une  tumeur  au  creux  de  l'es- 
tomac ou  dans  Fliypocondre  droit.  La  mort  est  rapide. 

Traitement.  Dans  la  pancréatite,  on  traitera  chaque 
symptôme  en  lui-même,  sauf  dans  le  cas  d'abcès  enkysté 
volumineux,  nécessitant  l'intervention  chirurgicale.  Dans  les 
kystes  du  pancréas,  le  traitement  est  chirurgical.  «L'ou- 
verture du  kyste  après  laparotomie,  avec  suture  de  lin- 
cision  kystique  aux  lèvres  de  la  plaie  et  drainage,  est  la 
méthode  de  choix.  »  (Sallard.)  — Dans  le  6Y^nc^r  du  pan- 
créas ,  on  traitera  les  symptômes  ;  Friedreich  conseille 
l'usage  de  la  pancréatine  et  le  pancréas  frais  de  veau. 
D^'  L.  Hahn  et  C.  Hahx. 

PANCRÉAS  n'AsEixi  (V.  Lymphatique). 

PANCRÉATINE.  L  Ghdhe  (V.  Peptoxe). 

IL  Phahmaî-îi:.  —  Le  procédé  inscrit  au  supplément 
du  Codex  (  1895)  pour  la  préparation  de  la  pancréatine 
est  le  suivaiit  :  on  fait  macérer  les  pancréas  divisés  (1  p.) 
dans  de  reau  (2  p.)  légèrement  chloroformée  pour  em- 
pêcher r altération.  Après  quehpie  temps  de  contact,  on 
sépare  le  lésidu  insoluble,  on  exprime  et  on  filtre  le  liquide 
obtenu.  On  Tévapore  rapidement,  dans  un  courant  d'air, 
dans  de  larges  cuvettes  à  photographie,  à  une  tem])éra- 
ture  inférieure  à  45°.  Le  produit  est  une  poudre  jaunâtre, 
à  peu  près  entièrement  soluble  dans  l'eau,  ce  (pii  le  dis- 
tingue des  pancréatines  obtejufcs  par  pulvérisation 
des  pancréas  desséchés.  L'activité  de  la  pancréatine 
est  variable  :  poiu'  avoir  une  pancréatine  active,  il  faut 
employer  des  pancréas  d'animaux  en  état  de  digestion.  La 
panci-i'atinr-  doit  digérer  en  six  heures,  à  oO^,  en  liqueur 
neutre,  ciîiuuante  fois  son  poids  de  fibrine  fraîchement 
essoj'ée. 

IIL  Tni.KAPEUTiQCE.  —  Le  suc  pancréatique  donne  par 
l'alcool  un  précipité  abondant,  soluble  dans  l'eau,  et  lais- 
sant par  évaporation  une  poudre  d'un  blanc  jaunâtre,  la 
pancréatine  médicinale,  qui  est  un  mélange  de  tyrosine 
et  de  diaï^lase.  Dans  les  conditions  normales,  cette  pan- 
créatine doit  dissoudre  et  changer  en  peptone  oO  fois  son 
poids  de  fibrine  et  transformer  en  sucre  réducteur  40  fois 
son  poids  do  fécule  ou  d'amidon.  La  pancréatine  ne  parait 
guère  avoir  d'ellicacité  thérapeutique,  parce  que  la  tyro- 
sine est  trop  rapidement  digérée  par  le  suc  gastrique 
(Evvald).  D'après  Dufresne,  elle  accroît  cependant  les  pro- 
priétés saccharifiantes  du  pancréas.  Son  utilité  la  plus 
évidente  (^sl  de  procurer  des  peptones  pancréatiques  sus- 
ceptibles d'être  introduites  dans  l'organisme  par  les  lave- 
ments, lille  serait  aassi  indiquée  dans  les  cas  de  suppres- 
sion de  la  sécrétion  gastrique  (Boas),  dans  la  dyspepsie 
atonique  et  par  fermentation,  et,  selon  Engesser,  dans  le 
rachitisme,  la  scrofule,  le  diabète  (Manquât).     D^'  L.  Hx. 

PANCRÉATIQUE  (Suc)  (V.  Pancréas  et  Digestion). 

PANCSCVA.  Ville  de  Hongrie,  dans  le  comitat  de  To- 
rontal;  17,918  hab.  Deux  églises  serbes,  hôtel  de  ville, 
lycée  et  hôpital.  Tuileries  et  fabrique  de  soie  appartenant 
à  l'Etat.  eCommerce  de  grains.  La  ville  est  construite  sur 
l'emplacement  du  castrum  romain  Panuca.  Les  Turcs  l'ont 
brûlée  en  15^21  ;  après  la  chute  de  Temesvar,  Pancsova 
resta  entre  b^jrs  mains  jusqu'en  1716.  En  1739  ils  y  furent 


battus  par  WaUis.  Bataille  entre  les  Autrichiens  et  les 
Hongrois  le  2  janv.  1849.  J.  K. 

PANCY.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Laon,  cant. 
de  Crannne ;  82  hab. 

PANDA  (.Eliirus)  (ZooL).  Genre  de  Mammifères  Car- 
nivores classé  dans  la  famille  des  Procyonidœ^  ou  Pe- 
tits-Ours, et  formant  le  passage  aux  véritables  Ours  par 
l'entremise  de  V Ailiiropode  {S .  ce  mot).  Il  serait  peut- 
être  plus  naturel  d>n  faire,  avec  ce  dernier,  sous  le  nom 
à'iElurinœ,  une  sous-famille  des  JJrsidœ.  Le  genre  /Elu- 
rus  présente  la  formule  dentaire  suivante  : 


L  t  C.  !,Pm. 
o         1 


,M.  ^   X  2  =r  38  dents. 


La  première  prémolaire  inférieure  est  très  petite  et  ca- 
duque. Les  molaires  sont  très  larges  et  portent  de  nom- 
breux tubercules.  La  tête  est  ronde,  le  museau  étant  plus 
court  que  chez  les  autres  Procyonidœ,.  Le  crâne  est  élevé, 
comprimé,  très  bombé,  et  la  branche  montante  de  la  mâ- 
choire inférieure  est  très  haute,  presque  aussi  longue  que 
la  branche  horizontale.  Les  oreilles  sont  grandes,  dressées, 
pointues.  Les  membres  sont  robustes  et  les  pattes  pourvues 
d'ongles  semi-rétractiles,  La  queue  presque  aussi  longue  que 
le  corps,  est  cylindrique,  poilue,  annelée.  Le  pelage  est 
long  et  épais.  La  seule  espèce  vivante,  le  Paxda  éclataxt 
{Mliirus  futgens),  est  un  animal  de  la  taille  d'un  Chat, 
ayant  à  peu  près  l'apparence  de  cet  animal,  mais  plus 
ramassé  dans  ses  formes.  Il  habite  la  région  S.-E.  des 
monts  Himalaya,  entre  2.300  et  4.000  m.  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer,  affectionnant  les  contrées  rocheuses  et 
boisées,  et  se  nourrissant  surtout  de  fruits  et  d'autres 
substances  végétales,  quelquefois  d'œufs  et  de  jeunes  oi- 
seaux. Son  pelage  est  d'un  roux  marron  très  vif,  plus  foncé 
en  dessous,  avec  la  face  plus  claire,  et  la  queue  annelée 
de  brun.  Le  Panda  passe  tout  le  jour  dans  un  trou  d'arbre, 
roulé  comme  un  Chat,  avec  sa  queue  rabattue  sur  la  tête, 
ou  quelquefois  accroupi,  avec  sa  tète  enfouie  entre  ses 
pattes  de  devant,  à  la  manière  des  Ratons.  Bien  qu'il  ne 
soit  pas  absolument  nocturne,  il  est  rare  qu'il  cherche  sa 
nourriture  en  dehors  du  crépuscule  du  soir  et  du  matin. 
Les  jeunes,  comme  ceux  des  Ours,  naissent  dans  un  état 
de  développement  très  peu  avancé  et  restent  longtemps  au 
nid.  —  Des  débris  fossiles  provenant  du  crag  pliocène 
d'Angleterre  ont  été  rapportés  au  genre  /Eluriis  et  indi- 
quent un  animal  moitié  plus  grand  que  le  Panda  de  l'Inde 
{.E.  anqticus).  E.  Trouessart. 

PANDANACÉES  (Bot.).  R.Bro^^n  acréé  en  ISlOcette 
famille  sous  le  nom  de  Pandanées;  en  1836,Lindley  lui 
donna  le  nom  de  Pandanacées,  et  elle  comprenait  alors  les 
Pandanus,  Xipa,  PJiyteleplias  ùjctanttius  et  Carlu- 
dovica.  Il  vaut  mieux,  avec  Bâillon,  rattacher  les  ISipa  et 
les  Pliijtelepfias  aux  Patmiers  (V.  ce  mot),  et  faire  avec 
Van  ïieghem.  Bâillon,  etc.,  une  famille  spéciale  des 
Cyctantliées  (V.  ce  mot  et  Carludovica).  La  famille,  ainsi 
restreinte,  est  formée  d'arbres,  d'arbustes  et  de  lianes, 
généralement  ramifiés,  et  à  feuilles  trisériées,  rigides, 
acuminées,  à  inflorescence  en  spadices  terminaux  ou  axil- 
laires.  Les  fleurs  sont  apérianthées,  les  mâles  polyandres, 
les  femelles  pourvues  d'un  ovaire  à  une  loge  ou  de  plusieurs 
ovaires  uniloculaires  groupés  en  phalanges.  Les  loges  sont 
pluriovulées  et  les  ovules  anatropes.  Les  caractères  géné- 
raux de  la  famille  sont  d'ailleurs  ceux  des  PandanusL.  f. 
(V.  ce  mot),  qui  contribuent  à  la  former  avec  les  Freyci- 
netia  Gaud.,  dont  les  seuls  caractères  distinctifs  sont 
d'avoir  les  loges  ovariennes  multiovulées,  et  non  uniovu- 
lées,  et  que  les  fleurs  femelles  offrent  sur  le  gynécée  des 
staminodes  qui  n'existent  pas  chez  les  Pandanus.  — 
L'existence  des  Pandanacées  à  la  période  secondaire  est 
certaine,  car  des  Pandanus  et  des  Freycinetia  ont  été 
trouvés,  avec  d'autres  Spadiciflores,  dans  le  terrain  juras- 
sique de  la  Nouvelle-Calédonie  entre  autres.  Leurs  fruits 
se  rapprochent  de  ceux  des  Goniolina  (V.  ce  mot). 

DM..  Hn. 


PANDAN6  (Monts)  (V.  Java,  t.  XXI,  p.  67). 

PAN  DAN  US  (Pandanus  L.  f.).  I.  Botanique.  —  Genre 
de  Monocotylédones,  de  la  famille  des  Pandanacées,  formé 
d'arbres  et  d'ai^bustes,  souvent  avec  de  nombreuses  racines 
adventives  aériennes,  ou  plus  rarement  d'herbes  à  tige 
couchée  et  radicante,  à  feuilles  presque  toujours  étroites  et 
allongées,  à  fleurs  dioïques.  les  mâles  réunies  en  spadices 
thyrsiformes  et  réduites  aux 
et  aminés  qui  sont  nombreu- 
ses, les  feuilles  étroitement 
rapprochées  en  un  spadice 
simple  et  également  privées 
d'enveloppe  florale.  Le  gy- 
nécée se  compose  d'ovaires 
uniloculaires  distincts  ou  di- 
versement groupés  et  con- 
nés.  Les  ovules  sont  soli- 
taires, ascendants.  Le  fruit 
a  une  cerlame  ressemblance 
avec  celui  de  certaines  Co- 
nifères ou  Broméliacées  ; 
c'est  un  syncarpe  arrondi, 
à  carpelles  ligneux  ou  dru- 
pacés.  La  graine  est  albu- 
minée. —  L'espèce  princi- 
pale est  le  P.  odoratissimus 
L.  f.  ou  Vaquois,  Baquois, 
de  l'Asie  australe  et  orien- 
tale et  de  rOcéanie  tropi- 
cale, bel  arbre  souvent  cul- 
tivé dans  nos  serres;  ses 
racines  adventives  prennent 
un  grand  développement,  et 
ses  feuilles,  dentées  en  scie, 
sont  très  tranchantes.  Ces 
feuilles  servent  à  faire  des 
couvertures  protectrices  et 
à  confectionner  des  nattes, 
pagnes,  liens,  etc.  Dans  nos 
colonies,  les  ballots  de  café 
sont  souvent  enveloppés  de 
feuilles  de  cette  espèce.  — 
Madagascar,  les  habitants 
mangent  les  fruits  du  P.  uti- 
Hs  Boby  et  du  P.  echdis    , 

Dup.-Th,,  dans  l'archipel  Indien  les  bourgeons  du  P.  hu- 
milis  (P.  polycephalus  Lamk),  aux  Moluques  les  fruits 
du  P.  conoideus  Lamk  et  les  feuilles  jeunes  des  P.  bagea 
Miq.  et  P.  sylvestns  Rumph.,  les  bourgeons  cuits  avec 
le  riz  des  P.  ceramtcm  Rumph.,  P.  latifolhis  Rumph. 
et  P.  caricosus  Rumph.,  etc.  Les  fleurs  du  P.  octo- 
ratisstmus  et  de  plusieurs  autres  servent  aux  Malais,  sous 
le  nom  de  Kambong,  à  parfumer  les  appartements.  A 
Java,  le  P.  moschatus  Rumph.  sert  à  parfumer  les 
huiles,  le  linge,  etc.  Les  feuilles  du  P.  umpapillatus 
Deunot.  sont  employées  au  Malabar  comme  astringentes. 
La  racine  du  P.  samak  Hassk.  est  préconisée  à  Java 
contre  les  hydropisi^s  et  les  flux.  D^'  L.  Hn. 

IL  Horticulture.  —  Les  Pandanus  se  cultivent  en 
serre  chaude,  en  terre  franche  additionnée  de  terreau  et 
bien  drainée.  On  les  obtient  de  graines  et  de  boutures  à 
une  température  douce  et  humide,  en  terreau  siliceux. 

PANDARE  ou  PANDARÉE.  Fils  de  Merops  (V.  Panda- 

REUS) . 

PANDAREUS  (Myth.  gr.).Fils  de  Mérops  de  Milet  (en 
Crète  d'après  Paus.,  X,  30),  époux  d'Harmothoé,  père 
d'Aédon,  Kléothéra  et  Mérope.  Il  s'associa  aux  brigandages 
de  Tantale,  vola  le  chien  d'or- du  temple  de  Zeusen  Crète, 
et  le  confia  à  Tantale.  Poursuivi  par  la  vengeance  de  Zeus, 
il  s'enfuit  à  Athènes,  puis  en  Sicile  oti  il  fut  pétrifié  avec 
sa  femme.  Ses  trois  filles  furent  saisies  par  les  Harpies  et 
données  par  elles  pour  servantes  aux  Erinyes  {SchoL 
Hom.  Od.,  XIX,  518,  et  XX,  66;  Anton.,  Lib.  11). 


—  937  —  PANDANG  —  PANDÀVA 

PANDARPOUR  ou  PANDHARPOUR.   Ville  commer- 
çante et  religieuse,  tahsil  du  district  de  Cholapour,  prov. 
du  Dekhan,  présid.  de  Bombay  (Inde)  ;  17.000  hab.  Si- 
tuée sur  la  rivière  Rhhnâ,  à  60  kil.  à  l'O.  de  Cholapour 
(anglais  Sholapur,  stat.  de  la  ligne  de  Bombay  à  Madras), 
elle  réunit  chaque  année  plusieurs  centaines  de  mille  de 
pèlerins  et  de  marchands,  dans  trois  grandes  foires  reli- 
gieuses, autour  d'un  temple 
célèbre  de  Vithoba,  incar- 
nation de  Vichnou. 

PANDATARIA   (V.  Pon- 

TIENNES  [Iles]). 

PÂNDAVA.  LesPândavas 
ou  fils  de  Pandou  sont  les 
héros  d'une  des  deux  grandes 
épopées  indiennes,  le  Ma- 
hdbhdrata.  Leur  généalogie 
et  leurs  aventures  font  l'ob- 
jet des  dix-huit  sections  de 
cet  immense  poème  de  plus 
de  200.000  vers  que  la  tra- 
dition indienne  attribue  au 
seulVyâsa.  Une  rapide  ana- 
lyse de  l'ouvrage  nous  four- 
nira le  meilleur  exposé  de 
la  légende  des   Pândavas. 
1*^  La  première  section 
(ddi-parva)  sert  d'intro- 
duction au  poème  et  nous 
expose  la   généalogie    des 
Pândavas.  De  même  que  leur 
cousin  Krichna,  ils  tiraient 
leur  origine  du  richi  Atri, 
père  du  dieu  de  la  Lune,  et 
appartenaient  à  la  dynastie 
lunaire  ;  la  branche  dont  ils 
étaient  issus  était  celle  des 
Pauravas  ou  descendants  de 
Pourou,  qui  régnaient  à  Has- 
linâpoura,  à  une  centaine 
de  kil.  dans  le  N.-E   de 
Delhi.  Un  des  descendants 
de    Pourou,    Douchyanta, 
époux  de  la  célèbre  Sakoun- 
talâ,  eut  pour  fils  Bharata,  le 
héros  éponyme  du  poème  et  de  l'Inde.  Le  neuvième  roi 
après  celui-ci  fut  Kourou,  de  qui  les  cent  cousins  des 
Pândavas  tiennent  leur  nom  de  Kauravas,  et  le  quator- 
zième après  Kourou  fut  Sântanou,  père  deBhîchma.  San- 
tanou,  en  son  vieil  âge,  désira  de  nouveau  se  marier  et, 
Bhîchma  ayant' renoncé  au  mariage  et   au  trône  pour 
l'amour  de  son  père,  celui-ci  put  épouser  la  belle  Satya- 
vatî  qui  lui  donna  deux  fils,  Tchitrângada  et  Yitchitra- 
vùya.  Ceux-ci  moururent  sans  postérité,  mais  le  plus 
jeune  laissait  deux  veuves,  Ambikâ  et  Ambâlikâ.  Cepen- 
dant Satvavatî  avait  eu  avant  son  mariage  avec  Sântanou 
du  richi  Parâsara  un  fils,  Krichna  Dvaipâyana  Vyâsa,  celui 
qui  devait  composer  le  Mahâbhârata  :  elle  le  fit  venir 
pour  que,  selon  la  loi,  il  engendrât  une  descendance  à 
son  demi-frère.  Mais  Vyâsa  menait  une  vie  ascétique  dans 
la  forêt,  et  ses  austérités  lui  avaient  donne  un  aspect  si 
terrible  qu'à  son  approche  la  première  femme  de  Vitchi- 
travhya  ferma  les  yeux  et  la  seconde  devint  toute  pâlç  : 
aussi  le  iils  d' Ambikâ,  Dhritarâchtra,  naquit-il  aveugle 
et  le  fils  d' Ambâlikâ  reçut-il  à  sa  naissance  le  nom  de 
Pândou,  qui  signifie  «  pâle  ».  Les  deux  enfants  furent 
élevés  par  Bhîchma,  leur  oncle,  et  régnèrent  tour  à  tour. 
Mais  tandis  que  Dhritarâchtra  avait  de  son  épouse  Grân- 
dhârî  cent  fils  et  une  fille,  grâce  à  un  don  de  Yjâsa, 
Pândou,  sous  le  coup  d'une  malédiction,  ne  dut  qu'à  l'in- 
tervention des  divinités  les  cinq  fils  que  lui  donnèrent  ses 
deux  femmes,  KountîetMâdrî.  La  première  mit  au  monde 
le  noble  et  vertueux  Youdhichthira,  fils  de  Dharma  (le 


Port  du  Pandanuy  Sechellarum  Balf.  f. 


Dhritarâchtra  témoigna  la  pins  grande  bonté  à  ses  neveux, 
les  fit  élever  en  même  temps  que  ses  fils  par  le  brahmane 
Drona  et  songea  même  un  instant  à  désigner  comme  hé- 
ritier présomptif  Youdhichtlnra,  l'aîné  des  cinq.  L'oppo- 
sition de  Douryodhana  et  de  ses  autres  fils  le  contraignit 
à  écarter  de  sa  cour  les  Pândavas,  qui  passèrent  même 
un  moment  pour  avoir  péri  dans  un  incendie  traîtreuse- 
ment allumé  par  leurs  cousins  à  leur  nouvelle  résidence  de 
Vâranâvata.  Mais  ils  purent  se  sauver  à  temps  dans  la 
forêt  et  vécurent  d'aumônes  sous  un  déguisement  de 
brahmanes.  Sur  ces  entrefaites,  ils  entendirent  parler  du 
svayamvara  ou  concours,  de  fiançailles  dont  le  prix  était 
la  main  de  Draupadî,  la  fille  de  Droùpada,  roi  de  Pânt- 
châla.  Ils  s'y  rendirent  et  gagnèrent  Draupadî  qui,  par 
un  trait  de  mxurs  polyandriques  étranger  à  l'Inde 
aryenne  et  que  la  légende  est  fort  en  peine  pour  expliquer, 
devint  l'épouse  des  cinq  frères. 

2°-4°.  Le  Sabhâ-parva  ou  section  de  l'assemblée  nous 
raconte  ensuite  comment  les  Pândavas,  sortis  de  leur  re- 
traite, sont  rappelés  à  la  cour  de  Dhritarâchtra  et  reçoi- 
vent de  lui  la  moitié  de  son  royaume  avec  Indraprastha 
(près  de  Dehli)  comme  capitale.  Leurs  succès  ne  font 
qu'exaspérer  la  haine  et  l'envie  de  Douryodhana  qui 
réussit  à  les  attirer  à  Hastinâpoura  et  persuade  à  You- 
dhichthira  de  jouer.  Youdhichthira  perd  bientôt  ses  ri- 
chesses, ^  son  royaume,,  ses  frères,  lui-même  et  jusqu'à 
Draupadî.  L'intervention  de  Dhritarâchtra  lui  rend  tous 
ces  biens,  mais  il  se  laisse  encore  entraîner  à  jouer  sous 
la  condition  que,  s'il  perd,  ses  frères  et  lui  se  retireront 
pendant  douze  ans  dans  la  forêt  et,  rentrés  dans  le  monde, 
passeront  encore  la  treizième  année  incognito.  C'est  ce  qui 
arrive.  Les  douze  années  de  séjour  des  Pândavas  dans  la 
forêt  Kâmyaka  font  l'objet  du  Vana-parva,  ou  section 
du  bois,  l'une  des-  plus  longues  du  poème,  grossie  qu'elle 
est  par  de  nombreux  épisodes  dont  les  plus  célèbres  sont 
celui  de  Nâla  (V.  ce  nom)  et  de  Damayantî,  et  celui  de 
renlèvement  de  Draupadi,  bientôt  reconquise!  Le  Virâta- 
parva  raconte  ensuite  leurs  aventures  a  la  cour  de  Virâta 
ou  ils  passent,  sous  de  faux  noms,  la  treizième  année  de 
leur  exil.  Youdhichthira  prend  service  chez  ce  roi  comme 
brahmane  habile  aux  dés,  Bhîma  comme  cuisinier,  Ard- 
jouna  comme  maître  de  musique  et  de  danse,  Nakoula 
comme  ch^f  des  écuries  et  Sahadeva  comme  berger,  tandis 
que  de  son  côté  Draupadi  devient  une  des  suivantes  de  la 
reine.  Le  frère  de  cette  dernière,  Eîtchaka,.  conçoit  pour 
elle  une  passion  extrêmement  violente  et  est  tué  par 
Bhima.  En  dépit  de  cette  aventure,  les  cinq  frères  n'en 
gagnent  pas  moins  la  faveur  de  Virâta,  qui,  en  appre- 
nant leurs  noms,  à  l'expiration  de  la  treizième'  année,  se 
déclare  leur  allié.- 

5o,j/()o;  j[;  g.?g^gj^,  ^,  présent  pour  eux  de  reconquérir 
leur  royaume;:  des  deux  côtés^  on  se  prépare  à  la  guerre, 
et  le  cinquième  chant  nous-  entretient  de  ces  préparatifs 
{Omhjogoh'p&Fvay  Irichna-,  soHiciûé  par  les  deux  partis, 
offre'  à  ses- cousins  Kauravas  ou  Pândavas  le  choix: entre  une 
grande  armée'  ou  sFas  propre;  personne  sans  armes.  Dou- 
ryodhana accepte  Farmée;  mais<  A^rdjouna-  choisit  Krichna' 
qui'  devient  le' cocher  de  son  char' de  guerre.  C'est  en: 
cette  qualité  qu'il  engage  avec  lui  sur  le  champ  de  ba- 
taille- dU'  EourouMletrav  près,  de-  Thanesar,,le'  fameux  dia- 
logue mystiques  de  la  Bhagavad-Gîtâ.  Le  livre  doit, son  titre 
à'  Bhîchma;  qui  conduit  l'armée  des  Eauravas  {Bhîshma- 
pavva):  Les  trois  chants  suivants  empruntent  leur  nom  aux 


X  v^di/v  jjiuc»  y^\.ixj  tiuicï  ouiJiJ/aLtauto.  xja  uiai\:/iuc  acoiiuil  <  O 

fika-parva)  nous  raconte  le  grand  carnage  que  ces 
guerriers  firent  de  nuit  dans  le  camp  des  vainqueu 
qui  coûta  la  vie  aux  cinq  fils  que  les  Pândavas  av 
eus  de  Draupadî  et  à  tous  leurs  partisans. 

14°-44<^.La  grande  guerre  étant  ainsi  terminée  par 
tinction  des  combattants,  les  trois  chants  suivants 
consacrés  "i  le  premier  aux  lamentations  des  femmei 
pleurent  leurs  morts  (Ctrî-parva),  et  les  deux  a 
(Sânti  et  Anusâsana-parva,  livre  de  la  consolati* 
livre  des  préceptes),  aux  interminables  discours  où  Bhî 
avant  de  mourir  s'efforce  de  consoler  Youdhichthu 
l'amertume  de  son  triomphe  et  expose  les  devoirs 
rois.  Cependant  les  Pândavas,  réconciliés  avec  leur 
Dhritarâchtra,  ont  repris  possession  de  leur  royaur 
Youdhichthira,  couronné  roi,  célèbre  son  avènemen 
un  «  asva-medha  »  ou  sacrifice  du  cheval  {Asvc 
dhika-parva). 

45^-48**.  Les  quatre  derniers  livres  forment  ce 
l'épilogue  du  poème  et  nous  renseignent  sur  la  des 
finale  des  personnages  qui  ont  paru  au  cours  du  i 
UAsrama-parua  ou  livre  de  l'ermitage  nous  apj 
comment  le  vieux  Dhritarâchtra  avec  son  épouse  i 
dhârî  et  Eountî,  mère  des  Pândavas,  se  retirent  dai 
solitude  où  tous  périssent  tôt  a]^rès  dans  un  incendi 
forêt.  Le  sort  non  moins  tragique  de  la  famille  des 
davas  et  de  Krichna  (V.  ce  mot),  fait  ensuite  l'objf 
Mansala-parva  ou  «livre  des  massues».  Bemplide 
grin  et  de  remords  par  ces  calamités  terribles,  Youdhich 
abdique  et  se  met  en  route  avec  ses  frères  et  leur  ( 
mune  épouse  vers  l'Himalaya,  dans  l'intention  de  m< 
au  ciel  d'Indra  sur  le  mont  Mérou  {Mahâprasikdn 
parva,  section  du  grand  voyage) .  Le  récit  de  cette  «  mi 
au  ciel  »  {Svargdrohana-parva)  conclut  dignemei 
poème.  Dans  leur  route  vers  les  cîmes,  leurs  fautes 
successivement  trébucher  les  voyageurs.  Draupadî  t( 
la  première  à  cause  de  la  secrète  prédilection  qu'elle 
pour  Ardjouna.  Puis  c'est  le  tour  de  Sahadeva,  à  ( 
de  son  orgueil,  et  de  Nakoula,  en  cause  de  sa  fatuit 
Ardjouna  sa  vanterie  devient  ensuite  fatale  et  enf 
Bhîma,  sa  cruauté.  Youdhichthira  arrive  ainsi  à  la  ] 
du  ciel  dans  la  seule  compagnie  de  son  chien  fidèle  : 
il  ne'  consent  a  y  entrer  qu'à  la  condition  que  sou  c' 
ses  frères  et  Draupadî  y  seront  admis  en  même  t 
que  lui.  A.  Fouche 

BiBL.  Tels  soïitles  grands  traits  de  la  légende  des 
davas.  Nous  devons  renvoyer  pour  les  détails  soit,  à  d^ 
de  la  traduction  française,  malheureusement  mcomp 
de  Fauche,  à  la  traduction  anglaise  récemment  ach( 
a  Calcutta,  sous  la  direction  de  Pratâp  Chandra  Ray, 
aux  deux  grandes  éditions  indiennes  de  Calcutta  e 
Bombay.  —  Les  derniers  travaux  dont  le  Mahâbhârâti 
l'ait  l'objet  sont  ceux  de  Buhler,  Contribution's  to 
history  of  the  Mâhabliâi^ata  (Sitszungsberiehte^  de  ï. 
demie  de  Vienne,  1892),  —  A.  Holtzmann,  Das  Msihâ 
rata  und  seine  Theile^  1892-95,  4  vol.  —Joseph  Dkhlu 
S.  J.  Das  Mahâbhârata  as-  Epos  und  Reckiisbuch  ;.  Be 
1875,  m-8.  —  Les  résultats  de  ces  diverses  publicatioi 
trouvent  résumés  dans  un  important  article  de  M 
Bartiî,  dans  le  Journal  d&s  Savants,  avril,  luin  et 
let  1897. 

PkHQEClES'  (-Panclectœ).  Expression  tirée  du  gr^ 
désignant  une  sorte  d'anthologie,,  de  compilation.  El 
déjà  été  appliquée  à  des  ouvrages  de  droit  par  Ulpie 
Digeste  contient  des  extraits  de  son  Liber  singUi 
pandectarum,  et  V  index  du  même^  ouvrage  lui  a 
bue  même  des  pandcctes  en  40  livres  dont  nous  n'a 
aucun  extrait)  et  par  Modestin  (12  livres  cités  par  l'i 


—  939 


PANDECTES  ~  PANDORE 


du  Digeste  et  mis  à  coiitrii)ution  clans  ce  recueil)  ;  mais 
elle  est  surtout  célèbre  comme  seconde  dénomination 
donnée  par  Justinien  à  son  Digeste  (v.  Digeste  de  Justi- 

NiEN,  t.  xir.) 

PANÛER  (Christian-Heinrich),  médecin  et  naturaliste 
russe,  né  à  Riga  le  1^2  jud.  1793,  mort  à  Saint-Péters- 
bourg le  10  sept.  1865.  Reçu  docteur  à  Wurtzbourg  en 
1817,  il  fut  désigné  en  1820  pour  accompagner  à-Rokhara 
une  ambassade  russe,  puis  en  1823  devint  membre  ordi- 
imire  de  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg. 
Pander  s'est  rendu  célèbre  par  ses  travaux  d'embryologie, 
qui  ont  inauguré  la  véritable  histoire  du  développement 
des  vertébrés  ;  le  premier,  il  a  étudié  exactement  le  déve- 
loppement du  poulet  à  partir  de  son  incubation.  Rien  que 
Wolff  eût  reconnu,  dès  1768,  les  feuillets  du  blastoderme, 
on  peut  dire  que  Pander  les  a  le  premier  bien  décrits,  et 
de  là  le  nom  de  feuillets  de  Pander  qu'on  leur  a  donné. 
Il  a  acquis  en  outre  de  grands  mérites  comme  géologue  et 
paléontologiste.  Ouvrages  principaux  :  Diss.  sis  t.  histo- 
riam  metamorphoseos  qiiam  oimm  inruhatum  piio- 
ribiis  quinque  dicbus  subit  (^Yurtzbourg,  1817,  in-8); 
Beitr.  zur  EîitivickelunysgesrJiichte  des  Huhnchens  im 
Ei  (Wurtzbourg,  1818  [1817],  in-fol.,  10  pi.);  avec 
d'Alton:  Vergleichende  Osteologie  (Ronn,  1821-31,  in- 
fol.  transv.,  pi.  magnif.)  ;  lieitr.  zur  Geognosie  des 
russischen  Reichs  (Pétersbourg,  1830,  in-i),  etc. 

PANDHARPOUR  (V.  Pandarpour). 

PANDICULÀTION  (Méd.).  Mouvements  à  rythme  va- 
riable qui  se  produisent  au  réveil  et  essentiellement  carac- 
térisés par  la  mise  en  jeu  des  actions  antagonistes  des 
muscles  du  tronc  et  des  membres  ;  généralement  il  y  a 
j'en  versement  du  tronc  et  de  la  tête  en  arrière,  avec  élé- 
vation et  extension  des  membres  supérieurs.  Le  phénomène 
jie  se  produit  pas  toujours  avec  cette  régularité,  et  les 
mouvements  peuvent  être  limités  à  un  groupe  de  muscles 
ou  aux  membres  supérieurs,  par  exemple.  Ces  mouvements 
sont  toujours  accompagnés  ou  même  précédés,  dans  Félat 
de  santé,  d'un  bâillement  qui  indique  que  lesommeiil  n'est 
pas  encore  entièrement  dissipé.  Ils  sont  suivis  d'un  senti- 
ment de  bien^Hre,  parfois  d'une  sorte  de  défaillance  si  le 
sujet  est  debout.  Les  pandiculations  sont  assez  fréquentes 
dans  les  maladies  nerveuses,  dans  les  phases  prodromiques 
des  lièvres,  etc.  D''  L.  Un. 

P  A  N  D 1 0  N .  Nom  de  deux  roi  s  légendaires  d'Athènes,  le  cin- 
(juième  etle  huitième  de  la  liste.  Le  premier  régnait  2oU  ans 
avant  la  prise  de  Troie,  et  accueillit  Déméter  et  Dionysos  ;  fds 
d'Erichthonios  et  de  la  naïade  Praxithéa,  il  eut  de  sa  sœur 
Zeuxippe  deux  fds  jumeaux,  Erechthée  et  Rutès,  et  deux 
iilles,  Procné  etPhilomèle.  —  Le  second,  fds  de  Cécrops  II, 
régnait  25  ans  avant  la  prise  de  Troie  ;  marié  à  Pelia,  fdle 
du  roi  de  Pylas,de  Mégare,  il  en  eut  (piatre  fds,  iEgée,  Pallas, 
Nisus,  Lycus.  Expulsé  par  les  Métionides,  il  se  retira  à 
Mégare  où  il  succéda  à  son  beau-père  ;  on  y  montrait  son 
tombeau  et  il  avait  dans  la  ville  une  chapelle  (herôon). 

PAN  DIT.  Nom  des  savants  ou  plutôt  des  «  lettrés  » 
indigènes  de  l'Inde.  Au  Cachemire,  ce  titre  a  été  usurpé 
par  toute  la  population  brahmanique  sans  distinction.  Mais 
dans  le  reste  du  pays  il  est  toujours  réservé  aux  seuls 
érudits  et  spécialement  à  ceux  qui,  restés  fidèles  à  la  tra- 
dition, sont  surtout  versés  dans  la  connaissance  du  sans- 
crit et  de  son  immense  littérature  —  grammaticale,  poé- 
tique, philosophique  ou  religieuse  —  tandis  que  ceux  qui 
se  sont  particulièrement  adonnés  aux  études  occidentales 
et  anglaises  reçoivent  le  nom  de  baboii.  11  va  de  soi  que 
le  nombre  de  ces  derniers  croît  tous  les  jours  tandis  que 
celui  des  premiers  diminue,  l'étude  de  l'anglais  et  des 
sciences  européennes  assurant  un  plus  bel  avenir  que  celle 
de  la  «  sagesse  indienne  ».  Le  traitement  d'un  bon  pan- 
dit n'est  guère  en  moyenne  que  de  50  roupies  par  mois 
(valeur  de  la  roupie,  de  1  fr.  50  à  1  fr.  70).  Ils  ensei- 
gnent soit  dans  des  écoles  privées,  soit  dans  des  insti- 
tutions fondées  par  les  radjahs  de  l'Inde,  soit  dans  des 
collèges  entretenus  par  le  gouvernement.  Les  meilleurs  qui 


subsistent  actuellement  se  trouvent  à  Rénarès,  h.  Calcutta 
et  à  Pouna.Dans  ces  derniers  temps,  plusieurs  d'entre  eux 
se  sont  initiés  avec  succès  aux  méthodes  occidentales  et 
font  partie  de  diverses  sociétés  asiatiques.  L'un  d'eux,  R.- 
G.  Rhandarkar,  de  Pouna,  est  membre  correspondant  de 
l'Institut  de  France,  Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres.  A.  FOUCHER. 

PANDJAL,  que  lesKachmiris  prononcent  Pantsal,  dé- 
signe proprement  la  moitié  méridionale  de  la  ceinture  de 
montagnes  qui  entoure  la  vallée  de  Cachemire,  depuis  la 
passe  de  Ranihal  (2.804  m.),  par  où  passe  la  route  privée 
du  maharadjah  entre  Djammou  et  Srinagar  jusqu'à  la 
gorge  de  Raramoula  (1.620  m.)  qui  donne  passage  en 
même  temps  à  la  rivière  Vihât  ou  Djilam  et  à  la  nouvelle 
route  carrossable  de  Srinagar  à  Mari  (angl.  Mnrrce) 
et  Rawal-Pindi.  La  chaîne,  qui  s'étend  dans  la  direction 
du  S.-E.  au  N.-O.,  doit  proprement  son  nom  à  la  passe 
du  Pîr-Pandjal  (3.470  m.)  qui  la  coupe  en  son  milieu  et 
qui  était,  depuis  la  conquête  mongole,  la  route  la  plus 
h'équentée  entre  l'Inde  et  le  Cachemire,  par  Rhimber,  oii 
notre  voyageur  Rernier  faillit  mourir  de  chaleur  à  la  suite 
d'Aureng-Zeb.  La  passe  est  fermée  par  les  neiges  de  no- 
vembre à  avrd.  Les  cimes  les  plus  hautes  de  la  chaîne 
sont,  adroite  et  à  gauche,  le  Rrahmasakoul(4.730  m.)  et 
le  Toutakouti  (4.732  m.),  qui  gardent  de  la  neige  tout 
l'été.  La  formation  géologique  est  surtout  basaltique.  La 
faune,  très  abondante  et  variée,  est  celle  de  FHimàlaya 
occidental.  Tandis  que  le  versant  sud,  exposé  ^aux  vents 
chauds  de  l'Inde,  est  dénudé,  !os  pentes  qui  descendent 
vers  le  Cachemire  sont  couvertes  de  magnifiques  forêts  de 
sapins  et  de  cèdres  déodhars  et  d'immenses  margs  ou 
prairies  alpestres  dont  Fun,  Goul-marg  (la  prairie  des 
roses),  est  dcATun  la  station  d'été  à  la  mode  du  Cache- 
mire. A.  Fou CHER. 

PANûOLFINI  (Agnolo),  homme  politique  italien,  né  à 
Florence  en  1360,  mort  en  1446. 11  remplit  des  missions 
diplomatiques  auprès  du  pape  Martin  V,  de  Fempereur 
Sigismond  et  du  roi  Ladislas,  et  fut  trois  fois  gonfaloniei' 
de  la  République  ;  il  contribua  à  faire  rappeler  de  Fexil 
(/une  de  Médicis,  dont  il  était  l'ami.  On  lui  a  atribué 
longtemps  un  Traité  du  gouvcrnemciU  de  ta  famitle 
(Trattato  del  governo  delta  famigtia  ;  imprimé  à  Flo- 
rence en  1731'  et  à  Milan  en  1811),  qui  n'est  autre  chose, 
comme  Fa  démonti'é  récemment  M.  Mancini,  (ju'une  ré- 
daction un  peu  différente  du  troisième  livre  du  traité 
delta  Famigtia,  de  Leone-Rattista  Alberti.         A.  J. 

BiBL.  :  G.  Mancini,  L.-B.  AlbcrU  et  A.  PonrhAfini  ;  An- 
rone,  1882.  —  Iv-C.  Pellkgrtm,.\  Piindolfini  e  il  (ioverno 
dclla  Famwlii'y  dans  Gionuilc  Stonco  dcUii  leil.  itul  , 
VIII.  1. 

PANDORE  (llav^oSpa).  ï.  Mythologie.  —Nom  delà 
première  femme,  d'aju'ès  un  mythe  inséré  dans  la  Tfico- 
gome  hésiodique  et  dans  tes  OEuvres  et  les  Jours.  Y^\m- 
quée  par  Hephaistos  avec  de  la  terre  et  de  l'eau,  elle  fut 
envoyée  aux  hommes  par  /eus,  pour  les  châtier,  quand 
Prométhée  eut  dérobé  le  feu  au  ciel.  Aphrodite,  Peitho  et 
les  Charités  (Grâces)  la  parèrent  de  tous  les  charmes  :  les 
Heures,  des  ileurs  du  printemps  ;  Hermès  lui  donna  la  parole 
et  lui  enseigna  Fart  d'en  user  pour  séduire  et  tromper  ; 
Zeus  lui  donna  un  vase  ou  une  boite  où  étaient  enfermées 
toutes  les  misères.  Ornée  de  tous  ces  dons,  Pandore  vint 
parmi  les  mortels  et  fut  prise  pour  femme  par  Epiméthée, 
(fui  ouvrit  le  vase  fatal  d'oii  sortirent  et  se  répandirent 
tous  les  maux  ;  seule  la  trompeuse  espérance  demeura  au 
fond.  La  naissance  de  Pandore  fut  souvent  représentée  pai' 
les  artistes  grecs,  notamment  sur  le  socle  de  la  statue 
d'Athéna  auParthénon.  A. -M.  R. 

IL  Astronomie  (V.  AsiÉRorac). 

III .  Musique.  —  La  pandore  est  un  instrument  de  la  fa- 
mille du  luth,  qui  fut  en  assez  grande  vogue  au  commence- 
ment du  xvii^  siècle,  surtout  en  Italie  et  en  Allemagne.  En 
France,  le  luth  et  le  théorbelui  furent  toujours  préférés. 
La  pandore,  comme  le  luth,  avait  6  ou  7  paires  de  cordes, 
accordées  à'I'unisson  deux  par  deux;  mais  ces  cordes,  au 


PANDORE  ~  PANDULPHE 


—  940  ~ 


lieu  d'être  de  boyau,  étaient  en  métal,  cuivre  ou  acier,  et  se 
touchaient,  non  pas  à  la  main  nue,  mais  à  l'aide  d'un 
plectre,  aussi  de  métal.  Le  corps  de  l'instrument  différait 
peu  de  celui  du  luth  pour  la  forme  ou  pour  la  grandeur, 
mais  au  lieu  d'être  convexe,  le  dos  de  l'instrument  était 
plat.  A  en  croire  Prœtorius  {Syntagma  Musiciim),  h 
pandore  aurait  été  inventée  en  Angleterre  et  aurait  servi 
surtout  à  l'accompagnement,  tandis  que  le  luth  exécutait 
souvent  des  mélodies  à  titre  d'instrument  solo.  Le  fait 
cependant  de  toucher  les  cordes  à  l'aide  d'un  plectre  de- 
vait plutôt  gêner  dans  l'exécution  des  accords  à  plusieurs 
parties  :  peut-être  ne  s'en  servait-on  pas  toujours,  d'ail- 
leurs. L'accord  de  cet  instrument,  comme  de  tous  ceux  à 
cordes  pincées,  a  varié  beaucoup  :  il  semble  cependant  avoir 
toujours  été  par  quartes  et  tierces  superposées  comme  ce- 
lui du  luth  et  d'un  diapason  généralement  moins  grave. 

PANDOSIA.  Ville  de  l'Italie  antique,  dans  le  Bruttium, 
sur  le  fleuve  Achéron  ;  principauté  œnotrienne,  siège  d'un 
oracle.  On  l'identifie  à  Castelfranco. 

PÂNDOU  est,  dans  l'épopée  indienne,  le  nom  du  père 
des  cinq  Pàndavas,  héros  du  Mahàbhàrata.  Deux  petites 
rivières  indiennes  portent  également  ce  nom  :  l'une  est 
un  affluent  de  droite  du  Gange  et  arrose  le  district  de 
Cawnpour  (i3o  kil.  de  longueur)  ;  l'autre  arrose  le  district 
d'Anantapour  (prov.  de  Bellarv,  prés,  de  Madras)  et  se 
jette  dans  le  Panar  ou  Pennar  septentrional  (rive  droite), 
après  un  cours  de  100  kil.  C'est  aussi  le  nom  d'une 
principauté  minuscule  du  Rajpoutàna  (prés,  de  Bombay). 

PANOOUAH  (angl.  Pundooah).  Bourgade  du  Bengale, 
district  de  llougli,  prov.  de  Bardwan  ;  4.000  hab.  Sta- 
tion de  YEast  Indian  Piailwcnj,  à  60  kil.  N.~0.  de  Cal- 
cutta. An^:ienne  capitale  musulmane  :  tour  et  mosquée. 
Ne  pas  confondre  avec  le  suivant. 

PANDOU  AH.  Site  ruiné  d'une  ancienne  capitale  musul- 
mane du  Bengale,  à  environ  30  kil.  au  N.  des  ruines  de 
Gaur,  district  de  Maldah.  Elle  fleurissait  au  xiv''  siècle. 
Construite  des  débris  des  vieilles  villes  voisines,  elle  a 
partagé  à  son  tour  leur  déchéance.  De  ses  monuments  à 
présent  envahis  par  la  jungle,  le  plus  intéressant  est  la 
mosquée  dite  Adina  Masjid. 

BiBL.  :  Buchanan  IIaimi'ltox,  StullstlcaJ  acconnt  ofBcn- 
f/al,  vol.  YII.  —  J.  Fergusson,  Histonj  of  Indian  ojid  Eus- 
tcrii  Architecture^  p.  547  ot  suiv. 

PANDOUR.  Nom  d'origine  douteuse,  qui  désignait  au 
xv/i^  et  au  xviij^  siècle  les  troupes  iri'égulières  dans  l'ar- 
mée autrichienne,  composée  de  Hongrois,  Serbes,  Croates 
et  Roumains.  Primitivement  ce  furent  les  gens  d'armes  à 
la  solde  des  gouverneurs  chrétiens  ou  des  pachas  turcs  : 
ils  surveillaient  les  chemins  ou  servaient  d'escorte.  Vn 
1T41,  un  aventurier,  François  de  ïrenck,  avec  la  permis- 
sion de  Marie-Thérèse,  avait  armé  un  corps  de  pandours, 
<jui  conquit  une  réputation  terrible  par  ses  cruautés  de 
toute  espèce  en  Silésie  et  en  Bavière.  Ce  corps  fut  trans- 
formé en  régiment  d'infanterie  (1750).  De  nos  jours,  on 
désigne  souvent  par  ce  nom,  en  Hongrie,  en  Serbie  et  en 
Roumanie,  des  agents  subalternes  au  service  des  admi- 
nistrations et  des  municipalités.  M.  GAVPJLOvncH. 

BiBL,  :  Fran/,  von  der  Tri%ngk,  Mcr]i\'v'iirdAfj6  Lebe)isges- 
cJiLchie  des  Freiherrn  Franz  von  dcr  Treach;  Berlin, 
1787-92.  4  parties. 

PANDR16NES.  Com.  du  dép.  de  la  Corrèze,  arr.  et 
cant.  (S.)  de  Tulle;  449  hab. 

PANDROSÉION  (Archit.  gr.).  Le  Pandroséion,  qui 
tirait  son  nom  de  Pandrose,  une  des  trois  fdles  de  Cécrops, 
est  le  sanctuaire  regaiïlant  rOccident  et  juxtaposé  au 
temple  de  Minerve  Polias  dans  l'ensemble  architectural 
qui  constitue  VErechthéion  (V.  ce  mol),  sur  l'Acropole 
d'iVthènes.  Le  remarquable  travail  de  restitution  de  cet 
édifice,  en  dix-sept  feuilles  de  dessins  et  un  mémoire,  en- 
voyé d'Athènes  en  1848  par  M.  Tétaz  et  conservé  à  la 
bibliothèque  de  l'Ecole  nationale  des  beaux-arts,  ainsi  (jue 
l'étude  faite  de  l'Erechthéion  par  M.  Beulé  (V.  Acropole 
d'Athènes;  Paris,  18ii'2,  in-8)  semblent, par  l'interpréta- 
tion du  texte  de  Pausanias  et  le  relevé  des  dispositions 


particulières  aux  diverses  parties  de  l'Erechthéion,  avoir 
fixé  l'attribution  de  ces  parties.  Situé  deri'ière  le  temple 
de  Minerve  Polias  et  à  un  niveau  un  peu  inférieur,  le 
temple  de  Pandrose  était  hypèthre  et  renfermait  une  cour 
intérieure  dans  laquelle  se  trouvaient  l'autel  de  Jupiter 
hercéen  (Jupiter  protecteur  de  l'enceinte),  et  l'olivier  sacré, 
cette  tige  mère  de  tous  les  oliviers  de  l'Attique.  Le  Pan- 
drosion  est  situé  entre  le  portique  N.  avec  le  juel  il  commu- 
nique par  une  porte  richement  ornée  et  le  petit  portique  S. 
ou  tribune  des  Caryatides;  les  quatre  colonnes  engagées, 
qui  décorent  sa  façade,  sont  d'ordre  ionique  et,  entre  les 
colonnes,  s'ouvrent  trois  fenêtres  éclairant  le  vestibule  pré- 
cédant le  temple  et  servant  de  communication  entre  le 
porti([ue  du  N.  et  la  tribune  des  Carvatides.       Ch.  L. 

PAN  DU  LPH  E  ou  PAN  DOL FO,  prêtre  italien,  né  à  Rome, 
mort  à  Rome  le  16  sept.  1226.  11  a  joué  un  grand  rôle 
P'jlili((ue  en  Angleterre  dans  un  moment  trcs  criti({ue  de 
la  lutte  entre  l'Eglise  et  l'Etat,  entre  la  royauté  et  l'aris- 
tocratie. Il  importe  tout  d'abord  de  le  distinguer  d'un  ho- 
monyme, Pandolfo  Masca,  de  Pise,  qui  fut  cardinal  en 
4182  et  mourut  en  1202  dans  un  âge  avancé.  H  était 
sous-diacre  et  agent  particulier  (familiaris)  du  pape, 
quand  Innocent  III  l'envoya  en  Angleterre  pour  surveiller 
la  lutte  engagée  entre  le  roi  Jean  sans  Terre  et  le  Saint- 
Siège,  au  sujet  de  l'élection  archiépiscopale  de  Canterbury. 
Il  devait  porter  au  roi  les  conditions  imposées  par  le  pape, 
ou  le  frapper  d'excommunication  (1213).  11  reçut  d'abord 
la  soumission  de  Jean  sans  Terre  (15  mai),  puis  arrêta 
Philippe-Auguste  qui  menaçait  d'envahir  l'Anglet'-rre. 
Quand  le  roi  Jean  fut  devenu  le  vassal  du  Saint-Siège, 
Pandulphe  fut  maintenu  aupK'S  tlehii  comme  pour  le  con- 
seiller et  l'appuyer  dans  une  nouvelle  lutte  qu'il  entama 
contre  les  barons  anglais.  Son  nom  figure  dans  le  texte 
de  la  grande  charte  après  celui  des  archevêques  et  évèques  ; 
mais  il  faut  croire  que  ses  services  étaient  agréables  au 
roi,  puisque  celui-ci  le  lit  élire  évêque  deNorwich  (1215). 
Quand  Jean  sans  Terre  eut  été  absous  du  serment  qu'il 
avait  prêté  d'observer  la  grande  charte  (24  août),  c'est 
encore  Pandulphe  qui  excommunia  les  chefs  du  parti  aris- 
tocratique et  {[ui  suspendit  même  leur  protagoniste,  l'ar- 
chevêque de  Canterbury,  Etienne  de  Langton.  Dans  toutes 
ces  circonstances,  son  rùh  fut  1res  actif,  mais  toujours 
subordonné  à  celui  des  légats  :  Nicolas,  évêque  de  Tuscu- 
lum  en  1213,  et  Galon  des  Bicchieri  en  1215.  Après 
la  mort  d'Innocent  Itl  et  de  Jean  sans  Terre  (1216),  et 
après  un  séjour  de  quehjues  années  à  Rome  où  il  fut 
nommé  noiaire  apostolique  et  chapelain  du  pape,  il  fut 
renvoyé  en  Angleterre  avec  le  litre  et  les  pouvoirs  de  lé- 
gat; il  y  remplaça  le  cardinal  Galon  (1218).  Peu  après 
son  arri\'ée  (3  déc),  le  principal  conseiller  du  petit  roi 
Heni'i  III,  Guillaume  le  Maréchal,  comte  de  Pembroke. 
vint  à  mourir  (mai  1219),  et  le  premier  rôle  dans  le  gou- 
vernement fut  disputé  par  Hubert  de  Bourg,  comte  de 
Kent,  et  l'évèque  de  Winchester  Pierre  des  Roches.  Leui' 
rivalité  fortifia  Fautorilé  du  légat  qui,  pendant  deux  ans, 
fut  en  Angleterre  connue  un  vice-roi.  Ses  lettres  attestent 
l'étendue  de  son  influence  dans  les  affaires  poUtiques  et 
religieuses  de  ce  royaume.  11  s'employa  surtout  et  avec 
succès  pour  calmer  les  derniers  mouvements  de  la  guerre 
civile  (jui  avait  failU  renverser  le  trône  de  Jean  sans  Teri-e. 
Puis  il  entra  en  conflit  avec  Hubert  de  Bourg  sur  l'admi- 
nistration du  Poitou  et  avec  Etienne  de  Langton  sur  celle 
du  diocèse  de  Norwich,  et,  abandonné  sans  doute  par  le 
pape,  il  résigna  ses  fonctions  te  légat  (19  juil.  1221).  If 
trouva  une  compensation  à  Rome,  où  le  pape  Honorius  UI 
le  consacra  de  ses  propres  mains  évêque  de  Norwich 
(29  mai  1222).  Il  ne  remplit  d'ailleurs  guère  plus  assi- 
dûment ses-  fonctions  épiscopales  que  pendant  les  S(q)t  an- 
nées où  il  avait  été  seulement  évoque  élu,  car  il  continua 
de  remplir  des  fonctions  politiques:  en  1223,  après  la 
moct  de  Philippe-Auguste,  il  fut  chargé  de  réclaiuer  à 
Louis  VIII  les  fiefs  français  qui  avaient  été  eidevés  à  Jean 
sans  Terre  par  la  sentence  des  pairs  en  1202:  en  1225,, 


941 


PANDULPHE  —  PANÉGYRIQUE 


il  était  de  nouveau  à  Rome  o\i  il  combattait  les  intérêts 
français.  A  sa  mort,  son  corps  fat  ramené  en  Angleterre 
et  enseveli  dans  l'église  cathédrale  de  Norwich.  Sa  vie,  très 
agitée,  avait  trouvé  son  unité  dans  un  dévouement  infa- 
tigable aux  intérêts  de  l'Eglise  de  Rome  et  de  la  royauté 
anglaise  vassale  du  Saint-Siège.  Ch.  Bémont. 

PAN  DYNAMOMÈTRE  (Méc.)  (V.  Dynamomètre). 

PANEAS  (V.  Césareede  Philippe,  t.  X,  p.  438). 

PAN  EAU  d'Arty  (L'abbé)  (V.  Arty). 

PANÉGYRIQUE  (Litt.).  On  a  longtemps  appelé  du 
nom  de  panégyriques  des  discours  prononcés  au  milieu 
d'une  assemblée  générale  du. peuple  athénien  (Tïavrlyuptç) 
et  consacrés  à  la  louange  d'un  homme  vivant  ou  mort, 
quelquefois  même  à  la  glorification  d'un  être  de  raison  tel 
que  la  patrie.  C'est  ainsi  que  le  panégyrique  a  pu  se 
trouver  confondu  avec  V éloge  (y.  ce  mot),  et  avec^(?7^a^- 
son  funèbre  (V.  ce  mot).  Périclès  avait  prononcé  le  pané- 
gyrique, ou,  si  l'on  veut,  l'oraison  funèbre  des  guerriers 
morts  pour  la  patrie,  et  l'on  connaît  le  fameux  éloge  ou 
panégyrique  d'Athènes  qui  coûta,  dit-on,  quinze  années 
de  travail  à  Isocrate.  La  confusion  tient  à  ce  fait  que 
les  Grecs,  maîtres  en  l'art  de  bien  parler  et  créateurs  de 
toutes  les  formes  de  l'éloquence,  n'ont  jamais  éprouvé  le 
besoin  de  délimiter  rigoureusement  les  genres  oratoires.  Les 
Romains,  gens  plus  méthodiques,  ont  établi  de  bonne  heure 
des  distinctions  précises  entre  les  différentes  sortes  d'éloges, 
l'oraison  funèbre  demeurant  exclusivement  consacrée  aux 
morts  et  le  panégyrique  aux  vivants.  L'oraison  funèbre  était, 
à  vrai  dire,  le  panégyrique  des  morts,  et  le  panégyrique 
donnait  aux  vivants  un  avant-goût  de  leur  oraison  funèbre. 

Le  plus  célèbre  des  panégyriques  anciens  est  sans  con- 
tredit celui  que  Pline  le  Jeune  prononça  en  plein  Sénat, 
au  début  du  ii®  siècle  de  notre  ère,  et  qui  est  consacré  à 
la  louange  de  l'empereur  Trajan.  D'un  compbment  très 
court,  Phne  fit,  à  force  de  travail,  un  gi^and  discours  à  la 
fagon  des  plus  belles  harangues  de  Démosthène  et  de  Ci- 
céron;  et  s'il  s'attacha  à  transformer  en  actions  héroïques 
les  moindi'es  démarches  de  l'empereur,  il  n'eut  garde  de 
s'oublier  lui-même  un  seul  instant.  Le  Panégyrique  de 
Trajan  est  l'œuvre  d'un  brillant  rhéteur,  et  il  porte  des 
traces  trop  visibles  de  l'irrémédiable  décadence  des  lettres 
latines  à  cette  époque.  Il  a  servi  de  modèle  à  d'innom- 
brables compositions  du  même  genre;  c'est  de  lui  que 
procèdent  les  écrivains  romains  ou  grecs,  car  en  cela,  la 
Grèce  se  fit  l'imitatrice  de  Rome,  qui  composèrent  au 
IV®  siècle  les  ennuyeux  panégyriques  de  Constantin,  de 
Julien  l'Apostat,  de  Théodose,  de  tous  les  empereurs 
enfin.  Ce  sont  des  élucubrations  d'une  lecture  fatigante  ou 
l'historien  cherche  péniblement  la  vérité  au  milieu  des 
flatteries  les  plus  énormes  et  des  mensonges  les  plus  au- 
dacieux, ou  le  littérateur  trouve  beaucoup  à  reprendre  et 
presque  rien  à  admirer. 

La  chaire  chrétienne  s'empara  du  panégyrique  au  mo- 
ment même  où  l'éloquence  laïque  en  faisait  un  si  déplo- 
rable usage;  mais  elle  commença  par  le  transformer  d'une 
manière  complète.  Elle  lui  donna  dès  le  premier  jour  le 
caractère  qu'il  conserve  encore  aujourd'hui;  le  panégy- 
rique chrétien,  c'est  l'oraison  funèbre  d'un  personnage 
appelé  par  l'Eglise  aux  honneurs  de  la  canonisation.  Dès 
le  miheu  du  m®  siècle,  Saint-Cyprien  avait  pris  l'habitude 
de  prononcer  sur  lem'  tombeau  même  l'éloge  des  martyrs 
de  Carthage  ;  les  Pères  grecs  et  latins  suivirent  cet 
exemple.  Ils  louèrent  indifféremment  tous  les  saints,  les 
martyrs,  les  confesseurs,  les  docteurs,  les  anachorètes,  les 
vierges,  ceux  qui'  s'étaient  sanctifiés  dans  le  monde,  et  ils 
cherchèrent  à  tirer  de  ces  éloges  où  la  flatterie  et  l'im- 
posture ne  pouvaient  trouver  place,  des  excitations  à  la 
vertu.  Tantôt  l'orateur  sacré  faisait  à  grands  traits  la 
biographie  du  saint,  et  son  discours  était  alors  comme 
une  suite  des  Actes  des  martyrs  ou  des  Vies  des  saints  ; 
tantôt  il  se  contentait  de  montrer  comment  telle  ou  telle 
vertu  chrétienne  avait  été  pratiquée  d'une  manière  admi- 
rable par  le  bienheiu'eux  dont  il  prononçait  le  panégyrique. 


De  là  deux  façons  de  concevoir  ce  genre  de  discours,  et 
même  deux  sortes  de  panégyriques,  le  panégyrique  histo- 
rique et  le  panégyrique  moral;  tous  deux  tendant  au 
même  but,  mais  cherchant  à  l'atteindre  par  des  voies  dif- 
férentes. Mais  le  plus  ordinairement  les  panégyristes  des 
saints  raisonnent  sur  des  faits  qu'ils  supposent  connus  de 
tous  leurs  auditeurs,  et  dès  lors  ils  s'étudient  à  bien  mettre 
en  lumière  quelques-unes  des  vertus,  quelques-uns  des 
traits  qui  distinguent  de  la  foule  des  élus  celui  dont  ils 
ont  entrepris  l'éloge. 

C'est  même  en  cela  que  le  panégyrique  a  toujours  paru 
d'une  exécution  plus  difficile  que  le  sermon  et  que  Foraison 
funèbre.  «  11  n'y  a  personne,  disait  le  P.  Senault,  l'un 
des  réformateurs  de  la  chaire  au  xvji«  siècle,  qui  ne  sache 
que  le  panégyrique  est  le  chef-d'œuvre  de  l'éloquence, 
et  que  l'orateur  fait  son  éloge  toutes  les'  fois  qu'il  réussit 
à  faire  celui  des  autres.  »  Cent  ans  plus  tard,  un  habile 
homme,  auteur  de  Nouvelles  Observations  sur  les  diffé- 
rentes méthodes  de  prêcher,  consacrait  aux  panégyri- 
ques un  chapitre  entier,  et  il  montrait  en  ces  termes  les 
défauts  dans  lesquels  on  pouvait  tomber.  «  Les  panég}^- 
riques,  disait  l'abbé  Albert,  ont  toujours  été  regardés 
comme  l'éciieil  des  prédicateurs.  Rarement  y  réussit-on... 
Tantôt  c'est  une  naiTation  prolixe  de  la  vie  du  saint  qui 
approche  plus  de  l'histoire  que  du  panégyrique.  Tantôt 
c'est  \ia  éloge  qui  ne  convient  pas  plus  au  saint  que  l'on 
célèbre  qu'à  plusieurs  autres...  ;  on  n'aurait  qu'à  y  chan- 
ger le  nom  pour  s'en  sarvir  aux  jours  de  leur  fête.  Quel- 
quefois on  élève  un  saint  en  déprimant  les  autres...  Ici 
c'est  un  orateur  qui  est  si  attentif  aux  actions  miracu- 
leuses et  à  la  gloire  de  celui  dont  il  fait  l'éloge  qu'il  ou- 
bhe  ses  auditeurs...  Là  c'est  un  prédicateur  qui  donne 
dans  un  excès  tout  contraire  :  uniquement  occupé  de 
l'édification  de  son  auditoire,  il  ne  fait  connaître  qu'im- 
parfaitement le  mérite  des  saints...  etc.  »  Ce  qui  compli- 
que encore  la  difficulté,  c'est  que  le  panégyrique  doit 
toujours  visera  la  grande  éloquence,  etne  se  pas  contenter 
des  quahtés  modestes  du  genre  délibératif  auquel  il  ap- 
partient pourtant.  «  Les  éloges  doivent  être  magnifiques, 
dit  encore  notre  auteur  citant  le  judicieux  Rolîin.  Il  est 
permis  d'y  déployer  toutes  les  richesses  de  l'éloquence  et 
d'en  étaler  toute  la  pompe  :  pensées  ingénieuses,  expres- 
sions frappantes,  figures  agréables,  métaphores  hardies, 
arrangements  nombreux  et  périodiques...  etc.  » 

II  résulte  de  cçs  observations  que  l'histoire  du  pané- 
gyrique chrétien  est  celle  de  l'éloquence  i^eligieuse  elle- 
même.  Cultivé  avec  succès  par  les  Pères  grecs  et  latins, 
il  est  devenu  au  moyen  âge  un  mauvais  sermon,  et  c'est 
seulement  au  xvii®  siècle  qu'on  le  voit  apparaître  dans 
toute  sa  beauté  (V.  Oratoire  [Art]).  Tous  les  prédica- 
teurs en  renom  se  sont  exercés  à  composer  dos  panégy- 
riques, et  l'on  peut  distinguer  dans  la  foule  ceux  du 
P.  Senault,  de  Rossuet,  de  Rourdaloue,  de  Fléchier  et  de 
Massillon.  Le  P.  Senault  et  Fléchier  ont  eux-mêmes  pubUé 
les  leurs.  Ceux  de  Rossuet,  de  Rourdaloue  et  de  Massillon 
n'ont  été  imprimés  qu'après  la  mort  de  leurs  auteurs.  On 
retrouve  dans  tous  ces  discours  les' qualités  et  les  défauts 
ordinaires  des  orateurs  dont  ils  portent  le  nom  ;  la  posté- 
rité semble  élever  au-dessus  de  tous  les  autres,  sans  com- 
paraison possible,  les  panégyriques  composés  par  Rossuet, 
notamment  les  panégyriques  de  saint  Paul,  de  saint  André 
et  de  saint  Rernard,  que  l'on  peut  mettre  en  parallèle 
avec  les  plus  admirables  sermons  de  Rossuet  et  même 
avec  ses  oraisons  funèbres. 

On  voit  par  ce  qui  précède  que  le  nom  de  panégyrique 
appartient  exclusivement,  depuis  le  iv«  siècle  de  l'ère  chré- 
tienne, à  l'éloquence  religieuse;  mais  dans  l'usage  on  le 
donne  à  des  éloges  d'une  tout  autre  nature  que  les  éloges 
des  saints.  Le  panégyrique  se  confond  même  presque 
complètement  avec  l'éloge,  témoin  ces  vers  de  Roileau  : 

Un  éloge  ennuyeux,  un  froid  panégyrique, 
Peut  pourrir  à'son  aise  au  fond  d'une  boutique. 

La  seule  différence  marqué^  par  les  auteurs  de  syno- 


seuls  auxquels  on  puisse  conserver  raisonnablement  le 
nom  de  panégyriques.  A.  Gazier. 

PANÉWIONE  (V.  Moteur,  t.  XXIV,  p.  447). 

PANEMUS  (Calendr.).  Nom  du  neuvième  mois  de  Fan- 
née  dans  l'ancien  calendrier  macédonien.  D'après  Save- 
rien,  on  donna  ce  nom  au  sixième  mois,  à  la  suite  de  la 
conquête  de  l'Arabie. 

PANERAI  (Napoleone),  journaliste  et  auteur  di^amatique 
italien,  né  à  Florence  en  1840.  Il  a  dirigé  la  Domenica 
florentina,  puis  il  est  passé  à  VElettrico,  où  on  peut 
lire  encore  ses  articles  pleins  de  verve.  Il  a  écrit  et  pu- 
blié les  comédies  suivantes:  Non  giuraiy  (Milan,  1872)  : 
Un  marito  vale  un  re  (ibid. ,  1872)  ;  Non  v'ha  peggior 
nemica  d'una innamorata  antica  (ibid.,  1872);  VEre 
dità  di  un  geloso  {ibid.,  1874).  Il  a  écrit  encore  :  Fra 
babbo  e  mamma  [ibid.,  1884);  le  Quattro  stagione 
(Florence,  1896),  etc.  M.Menghini. 

PANETERIE.  1^  Une  des  deux  fonctions  de  l'office  du 
gobelet  du  roi,  qui  consistait  à  préparer  le  couvert  du  roi, 
le  linge  de  table,  le  pain,  etc.  Elle  comprenait  1  chef 
ordinaire,  12  sommiers,  4  aides,  etc. 

2'^  Office  de  la  maison  du  roi,  comprenant  19  sommiers 
et  2  lavandiers.  H.  Monin. 

PANETIER  (Grand).  Grand  officier  de  la  couronne  de 
France,  qui  était  à  la  tête  de  la  paneterie  dans  la  maison 
du  roi.  Au  sacre,  dans  les  cérémonies  et  aux  jours  de 
grandes  fêtes,  il  servait  en  personne  à  la  table  royale  avec 
î'écuyer  tranchant  et  le  grand  échanson.  Jusqu'en  1711, 
il  exerça  une  juridiction  sur  les  boulangers  de  Paris  ;  il 
percevait  encore  sur  les  membres  de  cette  corporation,  au 
xviii^  siècle,  divers  droits  plus  honorifiques  que  lucratifs. 
Le  premier  grand  panetier  connu  se  nomme  Eudes  Arrode, 
mort  en  1217.  L'office,  qui  eut  pour  titulaires  les  plus 
grands  seigneurs  de  France,  entre  autres  deux  Montmo- 
rency, finit  par  se  fixer,  sm  moy en  à^s  survivances  (V.  ce 
nîot)  dans  la  famille  de  Cossc-Brissac,  depuis  1495  jus- 
qu'à la  Révolution.  H.  Monin. 

BiBL.  Le  Père  Anselme  de  Sainte-Marie,  Histoire 
généalogique  et  chronologique  de  la  maison  de  France  et 
des  grands-officiers  de  la  cow^onne;  Pans,  1674,  2  vol. 
in-4.  —  V  surtout  le  t.  VIII  du  même  ouvrage,  continué  et 
augmenté  par  Dufourny  et  les  PP  Simplicien  et  Ange  de 
Samte-Rosalie  ,  Pans,  1726-33,  9  vol.  m-fol.  —  Apres  1733, 
les  Almanacfis  royaux  et  les  Almanachs  de  la]  cour  de 
France.  —  R.  de  Lespinasse,  les  Métiers  de  Pans,  1897, 
m-fol.  {consulter  la  Table  alphabétique  du  t.  III). 

PANETIÈRE  (V.  Costume,  t.  Xïï,  p.  1163). 

PANÉTIUS  DE  Rhodes,  disciple  des  stoïciens  Diogène 
et  Antipater,  né  vers  180  av.  J.-G.  Il  vécut  plusieurs 
années  à  Rome,  commensal  de  Scipion  et  ami  de  Lélius. 
En  143,  il  accompagna  le  premier  dans  son  voyage  en 
Orient  et  a  Alexandrie.  Puis  il  succéda  à  Antipater  dans 
la  direction  de  l'école  stoïcienne  d'Athènes,  où  il  mourut 
vers  110  av.  J.-C.  On  lui  attribue  sept  écrits,  sur  le  De- 
voir, dont  Cicéron  s'est  beaucoup  servi  pour  le  De  offi- 
dis  et  qui  a  ainsi  indirectement  inspiré  le  De  officiis  mi- 
nistrorum  de  S.  Ambroise  ;  sur  les  sectes  philosophiques, 
sur  la  mantique,  que  rappelle  en  certains  endroits  le  De 
divinatione  de  Cicéron  ;  siu»  la  politique,  sur  la  Provi- 
dence, à  propos  duquel  se  sont  élevées  de  nombreuses  dis- 
cussions pour  savoir  si  le  De  natura  Deorum  de  Cicéron 
en  reproduit  les  doctrines  essentielles,  etc.  À  Athènes  et 
à  Rome,  il  eut  de  nombreux  disciples,  qu'énumère  Zeller, 
et  dont  les  plus  célèbres  sont  Q.M.  Scevola,  Sextus  Pom- 
pée, les  Balbus ,  Mnésarque,  son  successeur  à  Athènes, 


universelle,  qui  doit,  selon  les  stoïciens,  ramener  T 
divine,  d'où  sortira  une  nouvelle  variété,  et  il  trouve 
semblable  l'éternité  du  monde  admise  pai^  Aristote.  ] 
être  encore  se  rapproche-t-il  de  certains  disciples  d 
tote,  en  niant  que  l'âme  survive,  même  pendant  un  c( 
temps,  à  ce  que  nous  appelons  la  mort.  En  tout  cas, 
souvenait  du  péripatétisme,  lorsque,  dans  sa  réduct 
SIX  des  huit  parties  de  l'âme  humaine,  il  attribuai! 
nature,  et  non  plus  à  l'âme,  la  faculté  reproductrice  ; 
qu'il  divisait  la  vertu  en  théorique  et  en  pratique, 
serait  encore  rapproché  des  platoniciens  et  surtout  d' 
tote,  s'il  avait,  comme  l'affirme  Diogène  Laërce  (vu,  12 
auquel  Zeller  d'ailleurs  refuse  d'ajouter  foi  —  déclai 
la  vertu  ne  suffit  pas  à  elle  seule,  mais  qu'il  faut  y  je 
la  santé,  la  force,  la  richesse.  La  même  tendance  s 
trouve  dans  l'abandon  de  l'analgésie  et  de  l'apathie; 
l'acceptation  d'un  plaisir  conforme  à  la  nature;  lor 
néglige  le  */.aTdp8w{jt,a  pour  s'attacher  au  xaôfjxov  ; 
s'adresse  non  pas  au  sage,  mais  à  l'homme  qui  m 
pas  (Sénèque,  Ep.  HQ,  4),  etc.  Avec  Parnétius  ! 
blit  à  Rome  une  philosophie  dont  les  tendances  écleci 
atteindront  leur  complet  développement  avec  Plotin, 
le  caractère  unificateur  et  pratique  revivra  dans  le  ( 
tiamsme  romain.  F.  PicAv 

BiBL.  .  Van  Lynden,  De  Pansetio  Rhodio,  Leyde, 
—  Ed.  Zeller,  Die  Philosophie  der  Griechen,  IV,  p. 
suiv.  —  Thiaucourt,  Essai  sur  les  traites  philosopl 
de  Cicéron,  Pans,  1885.  —  L.  Stein,  Die  Psychologi 
Erkenntmstheorie  der  Stoa;  Berlin,  1886-88.  —  Schm 
Die  Philosophie  der  mittlere  Stoa; Berlin,  1892. 

PANETTI  (Domenico),  peintre  italien  de  l'école  d( 
rare  (première  époque),  né  à  Ferrare  en  1460,  n 
Ferrare  vers  1530.  Ses  premières  productions  furen 
faibles,  mais  lorsque  le  Garofalo,  qui  avait  été  son 
et  l'avait  quitté  pour  aller  étudier  sous  Raphaël,  re 
Ferrare,  le  maître  ne  dédaigna  point  de  prendre  des  ] 
de  celui  qu'il  avait  initié  aux  secrets  de  la  peu 
Panetti  fit  alors  des  progrès  rapides  et  si  étonnanti 
ses  derniers  ouvrages  le  disputent  à  ceux  des  mei 
peintres  du  xvi^  siècle.  Son  chef-d'œuvre  est  le  • 
André  du  couvent  des  Augustins,  actuellement  au  i 
de  Ferrare.  Ce  tableau  se  distingue  par  la  grandeur 
majesté  des  figures.  On  a  également  de  lui  :  le  i. 
fnort  et  les  trots  Maries,  qui  est  au  musée  de  Bi 
r  Annonciation  et  la  Visitation,  au  musée  de  Fer 
une  Pie  ta;  au  musée  de  Berlin. 

BiBL.  Vasari,  éd.  Milanesi,  VI,  458.  —  Lubke,  C 
der  ital.  Mâler.,  I,  485. 

PANFILI  (Jean-Baptiste)  (V.  Innocent  X). 

PANGANI.  Fleuve  de  l'Afrique  orientale,  qui 
naissance  dans  les  monts  Moérou  (4.453  m.)  et 
man  Djaro  (5.700  m.).  La  branche  la  plus  ék 
a  son  origine  sur  le  versant  N.-E.  du  premier,  s( 
nom  de  Roufou  ou  Loufou  :  on  la  considère  comn 
branche  mère,  à  laquelle  vient  s'en  joindre  une  se 
qui  sort  des  marécages  au  pied  méridional  du  Moérc 
Roufou  se  grossit  ensuite  des  torrents  descendu 
flancs  au  S.  et  au  S.-E.  du  Kiliman  Djaro,  dont  le 
cipal  est  le  Rombo  ou  Loumi.  Celui-ci  traverse  ] 
Djipé  et  reçoit  à  droite  la  Kiléma.  Le  fleuve  prin 
grossi  d'un  affluent  de  droite,  le  Komau,  et  qui 
coulé  au  S'.,  se  dirige  au  S.-E.  Après  avoir  reçu,  à.ga 
un  nouvel  affluent,  VOurenghéré,  il  descend  entre 
terrasses  coralligènes  ;  mais  ses  rives  se  montrent  gé 
lement  assez  différentes  d'aspect  :  la  rive  septentr 


943  -^ 


PANGANI  —  PANaOLIN 


élevée,  rocheuse  et  aride  ;  la  méridionale,  basse  et  ver- 
doyante. LePangani,  dans  son  cours  supérieur,  offre  mille 
obstacles  pour  la  navigation,  soit  des  rochers  et  des  ra- 
pides, et  ne  devient  navigable  qu'à  une  quarantaine  de  kil. 
de  la  mer  ;  il  débouche  dans  l'océan  Indien,  au  S.  de  la 
baie  et  de  la  ville  du  même  nom,  celle-ci  étant  bâtie  sur 
sa  rive  gauche,  et  se  trouvant  à  88  kil.  N.-N.-O.  de  Zan- 
zibar, à  5°  25^  lat.  S.,  36°  41'  long,  E.  L'embouchure  est 
obstruée  par  une  barre,  mais  surmontée  encore  de  2  m. 
d'eau  aux  basses  mers,  La  longueur  totale  de  ce  cours 
d'eau,  parallèle  aux  deux  autres  grandes  rivières  plus  au 
N.,  le  Sabaki  et  le  Tanna,  est  de  420  kil.  — Le  Pangani 
supérieur  ou  Loufou  ou  Roufou,  sépare  le  Paré  et  le  pays 
de  Massai  ;  plus  bas,  le  fleuve  sert  de  hmite  aux  deux 
protectorats,  allemand  et  britannique.     Ch.  Delavaud, 

PAN 6 AN  L  Ville  de  la  côte  orientale  d'Afrique,  située 
sur  le  littoral  de  l'océan  Indien.  Elle  fait  partie  actuelle- 
ment de  l'Afrique  orientale  allemande. 

PANGANOUR.  Ancienne  principauté  de  l'Inde  méridio- 
nale, aujourd'hui  annexée  et  faisant  partie  du  district 
d'Arcote-Nord,  présid.  de  Madras.  Située  à  l'angle  N.-O. 
du  district,  sur  la  frontière  de  Maïsour,  elle  compte 
4.350  kil.  q.  et  près  de  80.000  hab,  L'ancienne  capitale 
qui  a  donné  son  nom  à  la  principauté  est  à  700  m.  d'alt. 
et  a  8.000  hab. 

PANGASINAN,  Peuplade  qui  occupe  dans  l'île  Luçon 
(Philippines)  la  province  de  ce  nom,  située  à  l'O.  entre 
le  golfe  de  Lmgayen  et  la  baie  de  Manille,  bornée  au  N. 
par  les  provinces  de  Benguet  et  de  la  Union,  et  par  le 
golfe,  àl'O.  par  la  province  de  Zambale,  bande  littorale, 
au  S.  par  la  province  de  Tarlac,  qui  la  sépare  de  celle 
de  Pampanga,  à  FE  par  celle-de  Nueva-Ecija.  La  divi- 
sion administrative  espagnole  fait  partie  du  bassin  de 
TAgno-Grande,  qui  débouche  dans  le  golfe  de  Lmgayen  ; 
c'est  un  pays  plat,  dont  les  bornes  naturelles,  en  outre 
de  la  mer  au  N.,  sont  la  plaine  de  Pampanga  au  S.,  les 
monts  des  Igorrotes  à  TE.,  et  ceux  de  Zambale  à  l'O.  Il 
s'y  trouve  des  volcans  éteints  ou  non  éruptifs.  Le  sol  fer- 
tile produit  surtout  du  riz,  les  eaux  sont  poissonneuses. 
Superficie,  4.366  kil.  q.  ;  population,  252.892  hab.  ; 
densité,  58.  Capitale  Lmgayen,  avec  port  maritime,  Suai. 

Les  Pangasinans  ne  se  rencontrent  pas  ailleurs  dans 
l'archipel,  ils  ont  été  refoulés  et  envahis,  du  côté  de  la 
mer,  parles  Ilocanos,  au  N.  et  à  FE,  par  lesTagals,  aux- 
quels ils  s'assimilent.  Ils  sont  d'origine  malaise,  comme 
les  autres  peuplades,  sauf  les  Negritos  aborigènes,  et  ré- 
sultent d'un  mélange  d'hommes  de  différentes  nations,  de 
même  que  les  autres  «  Indiens  »  christianisés  des  Philip- 
pines, différant  entre  eux  par  leur  idiome  :  soit  Filocano 
pour  les  llocos,  les  Tagals,  etc.,  le  panpango  pour  les  Pam- 
pangos  et  les  Pangasinans.  Ceux-ci  sont  de  bons  agiicul- 
teurs  (V.  Philippines).  Ch.  Delavaud. 

RANGE.  Ville  de  la  Lorraine  annexée,  sur  la Nied fran- 
çaise (r.  g.).  Stat.  sm^  la  voie  ferrée  de  Metz  à  Boulay, 
avant  1874,  ch.-l.  de  cant.,  arr.  de  Metz.  En  patois 
messin,  Painge  ;  première  mention:  Spanges,  4093  (col- 
légiale de  Samt-Sauveur,  arch.).  Terre  lorraine  enclavée 
dans  le  pays  messin.  Le  ban  de  Pange,  avec  ses  annexes 
Mont  et  CoUigny,  fut  cédé  en  toute  souveraineté  à  la  Lor- 
raine par  un  traité  entre  la  cité  de  Metz  et  le  duc  Charles  IIÏ 
(4604).  La  seigneurie  de  Pange  fut  érigée  en  marquisat 
le  6  juil.  4766  par  le  roi  Stanislas.  En  4777,  le  ban  de 
Pange  se  composait  des  villages  de:  Pange,  Ars-Laque- 
nexy,  Domangeville,  Pont-à-Domangeville,  M^izery,  Vil- 
lers-Laquenexy  et  Loixy,  Marsilly  et  Maizeray.  BaiUiage 
de  Boulay,  Château  du  xviii®  siècle.  Armoiries  du  mar- 
quisat :  D'argent  au  chevron  d'azur,  chargé  à  dextre 
d'une  épée  d'argent,  à  senestre  d'un  roseau  d'or  et 
accompagné  de  trois  étoiles  de  gueules.         E.  Ch 

PANGE  (Marie-François-Dems  Thomas  de),  publiciâte 
français,  né  à  Poris  le  9  nov.  4764,  mort  à  Passy  en 
sept.  4796.  Fils  d'un  trésorier  de  l'extraordinaire  des 
guerres,  le  chevalier  de  Pange  appartenait  à  une  ancienne 


et  opulente  famille  lorraine.  Elevé  dans  le  monde  de  la 
finance,  fréquentant  chez  les  Trudaine,  il  s'y  lia  d'amitié 
avec  les  deux  Chénier  et  se  distingua  bientôt  par  ses  vues 
libérales.  Il  collabora  :  avec  Condorcet,  au  Journal  de  la 
Société  de  il 89  ;  au  Journal  de  Pans,  rédigé  par  Suard 
(4792)  ;  puis  aux  Nouvelles  politiques,  nationales  et 
étrangères  (4795).  On  a  au^si  de  lui  :  de  la  Sanction 
royale  (Paris,  4789);  Réflexions  sur  la  délation  et  le 
comité  des  recherches  (Paris,  4790).  Ses  observations 
philosophiques  et  morales  ne  sont  pas  sans  finesse  ;  le 
style  est  sobre  et  nerveux.  Les  écrits  de  Fr.  de  Pange 
ont  été  réunis  et  publiés,  avec  une  Etude  sur  sa  vie  et 
ses  œuvres,  par  L.  Becq  de  Fouquières  (Pans,  4872, 
in-48).   ^       ^  Pierre  Boyé. 

P  A  N  G  ÉO  M  ET  R I  E.On  appelle  ainsi  l'ensemble  de  toutes  les 
géométries  non  euclidiennes,  ou,  si  l'on  veut,  non  classiques 
(V.  Géométrie,  Dimensions,  Mathématiques,  Philosophie). 

PANGERMANISME.  On  désigne  par  cette  expression 
le  système  qui  consisterait  à  rasse^mbler  en  une  confédé- 
ration ou  en  un  'Etat,  toutes  les  nations  d'origine  germa- 
nique, ou  seulement  tous  les  Allemands.  Le  dernier  sens 
est  le  plus  usité.  Il  existe  en  Allemagne  un  Alldeutscher 
Verband,  qui  demande  avant  tout  «  un  étroit  rattache- 
ment économique  et  politique  avec  les  autres  Etats  de  na- 
ture germanique  »,  en  premier  lieu  avec  l'Autriche,  la 
Hollande  et  la  Suisse.  Ce  mouvement,  malgré  que  son  but 
manque  de  précision,  se  développe  en  Allemagne;  il  est 
la  suite  des  mouvements  dits  Einiges  Deutschland  et 
Grossdeutschland  consacrés  parles  succès  de  4  870-74  .Une 
des  dernières  manifestations  du  pangermanisme  militant  fut 
cette  scandaleuse  obstruction  au  Reichsrath  de  Vienne  en 
4897.  Les  journaux  et  les  Universités  de  l'Allemagne,  frater^ 
nisant  avec  «  leurs  frères  d'Autriche  »,  encourageaient  l'op- 
position parlementaire  des  députés  allemands  contre  les 
«  ordonnances  des  langues  »,  qui  accordaient  à  la  majo- 
rité tchèque  en  Bohême  et  en  Moravie  une  partie  des  droits 
que  possédait  la  minorité  allemande.      M.  Gavrilovitch. 

PAN  G  ES.  Com.  du  dép.  de  la  Côte-d'Or,  arr.  de  Dijon, 
cant.  de  Saint-Seme  ;  126  hab. 

PANGIAGÉES  ou  PANGIÉES.  Groupe  de  plantes,  ne 
formant  plus  aujourd'hui  qu'une  section  des  Bixacées 
(Pangieœ),  ayant  de  commun  avec  les  autres  sections  le 
placenta  pariétal  et  les  graines  arillées,  et  essentiellement 
caractérisés  par  les  fleurs  dioïques  à  pétales  pourvus  d'une 
écaille  à  leur  base.  Les  genres  principaux  sont,  outre  Gy- 
nocar^dia  R.  Br.  et  Hydnocarpiis  Gaertn.  (V.  ces  mots), 
le  genre  type  Pangmm  Rumph. ,  qui  a  pour  caractères  : 
calice  valvaire  ;  pétales  5-8,  imbriqués  ;  étamines  nom- 
breuses, et  gynécée  libre  à  un  ovaire  uniloculaire,  à  2-3  pla- 
centas pariétaux  multi-ovulés  ;  fruit  bacciforme;  graines 
albuminées,  grosses  et  oléagineuses.  La  seule  espèce  con- 
nue. P.  edule  Reinw.,  est  un  arbre  originaire  de  Java, 
cultivé  aux  Moluques  et  dans  tout  l'archipel  Indien.  Toutes 
les  parties  de  la  plante  sont  anthelmmthiques  et  narco- 
tiques ;  elle  produit  chez  l'homme  une  intoxication  carac- 
térisée par  la  somnolence,  des  vomissements  et  une  sorte 
d'ivresse  ;  d'après  Blume,  le  suc  des  feuilles  renferme  de 
la  ménispermme  ou  un  alcaloïde  analogue;  Le  suc  des 
feuilles  sert  contre  les  maladies  de  la  peau.  Les  graines, 
broyées  et  macérées  dans  l'eau,  perdent  leurs  propriétés 
toxiques  et  fournissent  une  huile  comestible,  qui  retient 
cependant  plus  ou  moins  ses  propriétés  purgatives.  L'écorce 
et  les  feuilles,  jetées  dans  les  cours  d'eau,-servent  à  étour- 
dir les  poissons,  D^  L.  Un. 

PANGIUWI  (Bot.)  (V.  Pangiacées). 

PANGOLIN  (Manis)  (Zool.).  Genre  de  Mammifères  de 
l'ordre  des  Edentés,  devenu  le  type  d'une  famille  bien  dis- 
tincte (Manidœ),  essentiellement  caractérisée  par  la  na- 
ture de  son  pelage  remplacé,  sur  toute  la  face  dorsale  du 
corps,  par  de  larges  écailles  imbriquées,  avec  quelques 
poils  rares  poussant  dans  les  intervalles.  Ces  écailles,  de 
nature  cornée,  sont  formées  par  la  soudure  d'un  certain 
nombre  de  poils,  dont  la  véritable  nature  est  encore  vi- 


PANGOLIN  —  PANIC  ~  944 

sible  chez  l'embryon.  Chez  T adulte,  les  dents  font  com- 
plètement défaut,  mais  Rose  a  montré  récemment  (1892) 
qu'elles  existaient  à  l'état  rudimentaire  sur  le  fœtus  et 
s'atrophiaient  avant  la  naissance.  La  langue  est  longue, 
vermiforme  et  protactile.  Les  membres  sont  courts,  à 
5  doigts  bien  développés  à  tous  les  pieds  et  munis  de 
fortes  griffes  comprimées,  fouisseuses.  La  queue  est  longue, 
entièrement  couverte  d'écaillés,  dessus  et  dessous.  Les  or- 
ganes internes  présentent  des  particularités  qui  séparent 
nettement  les  Pangolins  des  autres  Edentés  :  l'utérus  est 
franchement  bicorne  s'ouvrant  dans  un  vagin  unique  ;  le  pla- 
centa est  diffus  et  dépourvu  de  caduque,  ce  qui  rappelle  les 
Ongulés.  Le  squelette  et  notamment  le  crâne  ont  une  forme 
très  particulière.  La  bouche  et  les  yeux  sont  très  petits. 
Les  Pangolins  ou  Fourmiliers  écailleux  sont  propres 
à  l'ancien  continent  (Asie  méridionale,  Malaisie,  Afrique) 
et  vivent  dans  les  régions  mter tropicales.  Leur  corps  est 


Pangolin  a  ventre  blanc  (Manis  tricuspis). 

allongé,  bas  sur  pattes,  les  postérieures  étant  planti- 
grades, et  leur  taille  varie  de  30  centim.  à  1  m.  en  y 
comprenant  la  queue  qui  représente  à  peu  près  moitié  de 
la  longueur  totale.  Ils  vivent  généralement  à. terre  et  sont 
fouisseurs,  se  nourrissant  plus  spécialement  de  termites 
qu'ils  engluent  à  l'aide  de  leur  longue  langue  ;  quelques- 
uns  montent  facilement  aux  arbres  et,  s'y  fixant  solide- 
ment à  l'aide  de  leurs  pattes  postérieures  et  des  écailles 
de  leur  queue,  meuvent  le  train  antérieur  dans  tous  les 
sens  pour  y  chercher  les  Insectes.  Ils  peuvent  s'enrouler 
en  cachant  la  tête  et  les  membres  sous  leur  cuirasse  écail- 
leuse,  et  prennent  cette  attitude  lorsqu'ils  sont  menacés 
par  quelque  danger.  Leur  revêtement  d'écaillés  et  la  cou- 
leur d'un  brun  uniforme  que  présente  cette  enveloppe  leur 
donne  une  ressemblance  superficielle  avec  les  Reptiles.  La 
famille  ne  renferme  qu'une  demi-douzaine  d'espèces  que 
Ton  peut  toutes  rapporter  au  genre  Mams,  le  sous-genre 
Pholidotus  renfermant  les  espèces  asiatiques  dont  une  es- 
pèce cependant  est  aussi  d'Afrique. 

Le  sous-genre  Maîiis  proprement  dit  est  d'Afrique  et 
renferme  deux  espèces.  Le  Pangolin  à  longue  queue 
{M.  teti^adactyla  L.)  est  remarquable  par  sa  queue 
énorme,  presque  deux  fois  aussi  longue  que  le  corps  et 
très  large  ;  cette  queue  présente  49  vertèbres,  ce  qui  est 
le  chiffre  le  plus  élevé  que  l'on  connaisse  chez  les  Mam- 
mifères. Il  habite  l'Afrique  occidentale  et  centrale  (du  Sé- 
négal à  Angola,  etdansrintérieurjusqii'aupaysdes  Niam- 
Niam).  Le  Pangolin  à  ventre  blanc  (M.  tricuspis  ^âûn,), 
dont  les  écailles  sont  à  trois  pointes,  a  la  queue  moins 
longue  et  moins  large,  et  les  poils  du  ventre  sont  d'un  blanc 
sale.  Comme  l'espèce  'précédente,  la  face  interne  de  ses 
pattes  antérieures  est  poilue  (et  non  écailleuse  comme  chez 
les  Pangolins  asiatiques).  Tous  deux  montent  aux  arbres, 
comme  l'indique  la  callosité  dépourvue  d'écaillés  que  porte 
l'extrémité  de  la  queue.  Le  M.  tricuspis  grimpe  facilement 
aux  arbres  et  s'y  accroche  aux  moindres  aspérités  en  gon- 


flant son  corps  et  redressant  ses  écailles  de  telle  sorte  que 
même,  après  avoir  détaché  ses  griffes,  il  est  presque  im- 
possible de  l'en  séparer.  Sa  chair  est  très  recherchée  par 
les  indigènes.  Le  Pangolin  géant  (M.  gigantea)  dont 
M.  Temmmckii  n'est  qu'une  sous-espèce,  est  dépourvu 
de  callosité  à  la  queue  et  ne  semble  pas  monter  aux  arbres. 
Il  habite  toute  l'Afrique  équatoriale,  du  Sénégal  au  Kor- 
dofan.  Les  espèces  asiatiques,  au  nombre  de  trois,  sont  : 
Manis  pentadastyla(L.),  de  l'Inde  et  deCeylan;  M.  au- 
rita  (Hodgs.),  de  l'Himalaya,  de  l'Indo-Chine  et  de  la 
Chine  méridionale  jusqu'à  Formose  et  M.  javanica  (Desm.) 
de  rindo-Chine  et  des  îles  Malaises  (Java,  Sumatra,  Bor- 
néo) jusqu'à  Célèbes;  comme  le  31.  gigantea,  elles  ne 
montent  pas  aux  arbres. 

Des  débris  fossiles  de  l'éocène  du  S.  de  la  France  ont 
été  rapportés  par  Filhol  à  cette  famille  sous  les  noms  de 
Necromanis  QtLeptomanis,  D'après  Lydekker,  le  Mams 
gigantea  B.\mssèsQS  débris  dans  les  cavernes  quaternaires 
de  l'Inde  méridionale,  ce  qui  confirme  l'origine  asiatique  de 
cette  espèce  et  de  tout  le  sous-genre  Pholidotus  (V.  Elen- 
TÉs).  E.  Trouessart. 

PANHARWIONICON.  L'invention  de  cet  instrument  de 
musique,  ou  plutôt  de  cette  machine,  est  due  au  mécanicien 
Maëlzel,  l'inventeur  du  Métronome  (V.  ce  mot).  Maëlzel 
était  fort  bon  musicien  et  pianiste  habile.  Son  panharmo- 
nicon  devait  être  sans  doute  une  sorte  d'orgue  mécanique, 
semblable,  avec  plus  de  perfectionnements  peut-être,  à  ces 
orgues  à  cylindres  de  grandes  dimensions  que  l'on  trouve 
souvent  aujourd'hui  à  l'étranger  dans  les  établissements 
publics.  Cependant  il  paraît,  au  dire  des  contemporains, 
que  cet  instrument  reproduisait  très  exactement,  non  seu- 
lement le  timbre  des  diverses  voix  de  l'orchestre,  mais 
aussi  les  forte  et  les  piano,  toutes  les  nuances  d'expres- 
sion en  un  mot.  C'est  en  4805  que  Maëlzel,  ayant  achevé 
sa  construction,  exhiba  le  panharmonicon  à  Vienne.  Deux 
ans  après  il  venait  à  Pans  on  il  fit  fureur.  Cherubini  ne 
dédaigna  pas  de  composer  un  morceau  pour  le  panharmo- 
nicon. A  la  fin  de  4807,  Maëlzel  cédait  son  œuvre,  moyen- 
nant 60.000  fr.,  à  un  amateur.  Aussitôt  après,  il  se  re- 
mettait au  travail  et  construisait  un  second  instrument 
semblable  au  premier,  mais  ou  il  avait  introduit  divers 
perfectionnements.  Ce  dernier  instrument  fut  transporté, 
vers  4823,  en  Amérique  et  vendu,  paraît-il,  400.000  dol- 
lars à  une  société  qui  se  proposait  de  l'exploiter.  On  ne 
sait  aujourd'hui  ce  que  sont  devenus  les  deux  panharmo- 
nicons  de  Maëlzel.  Celui-ci,  qui  passait  volontiers  d'une 
idée  à  une  autre,  n'a  plus  construit  par  la  suite  aucune 
machine  analogue,  et  n'a  laissé  aucune  description  des 
moyens  qu'il  employait  pour  produire  les  effets,  si  variés 
et  SI  puissants,  de  l'instrument  qu'il  avait  inventé.  H.  Q. 

PANL  Tribu  galla  de  l'Afrique  orientale.  Elle  habite 
au  S.  des  Ouébi-Chébli  une  région  qui  fait  partie  des 
possessions  italiennes^ de  l'océan  Indien.  Les  Panis  sont 
musulmans. 

PAN  1  AL  (angl.  Punial).  Nom  que  porte  la  vallée  de 
la  rivière  de  Ghilghit,  affluent  de  droite  de  l'Indus,  entre 
le  fort  anglo-mdien  de  Ghilghit  en  aval  et  le  Yassin  en 
amont,  sur  une  longueur  d'environ  40  kil.  On  y  compte 
quelques  villages  fortifiés  selon  la  coutume  du  pays.  La 
vallée  est  sous  la  suzeraineté  anglaise  par  l'intermédiaire 
du  maharadjah  de  Cachemire,  des  Etats  duquel  elle  occupe 
l'angle  N.-O. 

PANIC  {Panicum  L.).  I.  Botanique.  —  Genre  deGra- 
minées-Panicées,  comprenant  environ  230  espèces  propres 
aux  régions  chaudes  du  globe.  Leur  inflorescence  est  le 
plus  souvent  en  panicules  lâches,  mais  souvent  aussi  les 
épillets  sont  simples  et  disposés  lâchement  sur  l'axe  prin- 
cipal ou  rapprochés  de  son  sommet.  Le  fruit  est  hbre. 
D'après  Bâillon,  il  faut  rapprocher  des  Panics,  comme 
simples  sections,  les  Thrasya,  Bluffa,  Digitaria,  Echi- 
nochloa.  Le  P.  miliaceum  L.,  originaire  de  Fïnde,  est 
bien  connu  sous  le  nom  de  Millet  (V.  ce  mot)  ;  le  P-pi- 
mentorum  Pers.  est  cultivé  en  grand  dans  l'Amérique 


945  ~ 


[>AN1C  —  PÂNINI 


pour  ralimeiitatioii  des  bestiaux.  —  Les  Selaria  Pal.- 
Beauv.  sont  très  voisins  des  Panicum,  dont  ils  se  distin- 
guent surtout  par  leur  inflorescence  en  épi  très  dense.  Le 
S.  italicalinnih  {Panicum  italicum  L.)  fournit  le  mil- 
let des  oiseaux.  D''  L.  Hn. 
IL  Agriculture  (V.  Millï:t,  Moha). 
PAN  1  CALE  (Masolino  di  Cristofano  diFino  da),  peintre 
italien,  né  à  Florence  en  4384,  mort  vers  1440  (?).   Le 
premier  ouvrage  de  cet  artiste  est  la  décoration  d'une 
partie  de  la  chapelle  des  Brancacci,  dans  l'église  du«  Car- 
mine  ».  On  lui  attribue  communément  :   Adam  el  Eve 
chassés  du  paradis,  la  Prédication  de  saint  Pierre,  la 
Guérison  du  paralytique,  la  liésurrection  de  Talnlha. 
Plus  tard,  Masolino  fut  appelé  en  Hongrie  par  uji  de  ses 
compatriotes  qui  y  avait  fait  fortune,  le  fameux  Pippo 
vSpano,  et  y  exécuta  diverses  peintures  qui  ont  disparu. 
Son  ouvrage  le  plus  complet  et  le  plus  authentique  est  le 
cycle  des  fresques  de  Castigiione  d'Olona,  entre  1428  et 
1435  ;  il  a  pour  sujet  la  Vie  de  la  Vierge  et  des  saints 
Etienne  et  Laurent,  et  la  Vie  de  saint  Jean-Baptiste 
et  desévangélisles.  Le  retour,  presque  inconscient  encore 
et  bien  minime  de  Tart,   vers  les  modèles  antiques,  se 
manifeste  dans  les  détails  charmants  de  l'ornementation. 
Le  réalisme  y  pénètre  par  l'étude  approfondie  des  gestes, 
des  attitudes  ;  l'on  y  voit  des  raccourcis  assez  heureux  et 
des  figures  de  femmes  d'une  grâce  piquante.  Masohno 
appartenait  effectivement  à  cette  troupe  d'artistes  géné- 
reux, avides  de  progrès,  dont  les  efforts  ardents  à  vaincre 
la  difficulté  sous  toutes  ses  formes  devaient  amener  l'évo- 
lution du  moyen  âge  ténébreux  à  la  triomphante  Renais- 
sance. Les  critiques  n'ont  pas  réussi  à  se  mettre  d'accord 
sur  l'attribution  à  Masolino  des  fresques  de  l'éghse  Saint- 
Clément    à  Rome   {la  Crucifixion,   la  Vie  de   sainte 
Calherine).  Les  uns  tiennent  pour  Masolino,  les  autres 
pour  Masaccio,  son  élève  favori.  Masolino  exerça  aussi, 
dit-on,  sur  Gentile  da  Fabriano,  une  influence  des  plus 
heureuses.                                               P.  de  Corlây. 

BiBL.  :  Vasari,  ('hI.  Milanesi.  — -  CRO^YE  et  Cavalca- 
SELLE,  Histoire  de  la  peiiif,ure  en  Italie.  —  Burc^khardt. 
le  Cicérone.  —  ^U'ST A.  Histoire  Oe  VArt  pendant  la  Re- 
naissance. 

PANICAUT  (Bot.)  (V.  Eryncium). 
PANICOGRAPHIE.  Procédé  de  gravure  en  relief  sur 
zinc,  inventé  en  1850  par  Firmin  Gillot  (V.  ce  nom),  el 
qui  consiste  à  transformer  un  dessin  à  l'encre  lithogra- 
phique en  un  cliché  sur  zinc,  qui  simprime  sur  la  presse 
typographique.  Ce  procédé  est  plus  connu  sous  le  nom 
de  (jillotage. 

PANICULE  (Bot.)    (V.   LxFLOREbCENCE). 

PANIER.  L  Technologie  (V.  Vannerie). 

IL  Architecture.  —  Anse  de  panier.  L'anse  de  pa- 
nier est  une  arcade  formée  par  une  courbe  à  plusieurs 
centres  (V.  Anse,  t.  III,  p.  1^3,  et  fig.).  En  maçonnerie, 
on  appelle  panier  une  boite  de  forme  cylindrique,  dont  le 
fond  à  claire-voie  est  un  treillis  d'osier  ou  de  métal  et  au 
travers  duquel  on  passe  une  première  fois  le  plâtre,  qui 
est  dit  alors  plâtre  au  panier  et  qui  se  vend  moins  cher 
que  le  plâtre  au  sas,  lequel  est  plus  lin.  On  appelle  aussi 
panier  la  caisse  de  bois,  avec  petits  redonts  intérieurs, 
servant  à  transporter  les  feuilles  de  verre  en  les  isolant 
Tune  de  l'autre. 

m.  Costume  (V.  Costume). 

PAN  1ER I  (Ferdinando),  théologien  italien,  né  à  Pistoie 
le  24  nov.  1759,  mort  à  Pistoie  le  27  janv.  1822.  R 
professa  le  dogme  au  séminaire  de  sa  ville  natale,  adopta 
les  idées  jansénistes  de  son  évcque  Ricci,  et,  après  la 
démission  de  celui-ci,  adressa  une  rétractation  au  pape. 
Il  fut  alors  pourvu  d'un  canonicat.  Il  a  laissé  des  ouvrages 
de  théologie  et  le  catalogue  des  saints  de  Pistoie. 
lliWL   :  AIaiiui.,  AiDUiinre  iiécroL.  1823, 

PANIFICATION  (Techn.)  (V.  Uoulangerje). 

PANIGAROLA  (Francesco),  prédicateur  italien,  né  à 
Milan  le  6  janv.  -1548,  mort  à  Asti  le  31  mai  1594. 
Disciple  de  Pateario  (V.  ce  nom),  il  entra  dans  l'ordre 

GRANDE    ENGYGLOPÉhTE.    —    X\V. 


des  cordeliers.  Nommé  évèque  d'Asti  en  4587,  il  ne  quitta 
plus  désormais  sa  ville  épiscopale  que  pour  faire  un  court 
voyage  à  Paris  en  faveur  de  la  Ligue.  Ami  du  Tasse  et 
du  cavalier  Marin,  il  fut  célébré  par  ses  contemporains 
pour  son  éloquence.  On  a  de  lui:  Lezioni XX contro  Cal- 
joino  (Venise,  1583);  Prediche  speizate  (Asti,  1591)  ; 
Tre  prediche  faite  in  Parigi  {ibid.,  1592);  Seiquare- 
simalifattiin  /ioma(Rome,  1596)  ;  Specchio  di guerra 
(Bergame,  1596);  Eomiliœ  Romœ  habitœ  anno  i580 
(Venise,  1604);  Il  predicatore  (Venise,  1609),  etc. 

PANILLE  (Stanislas)  (V.  Blanchet). 

PANILLEUSE.  Com.  du  dép.  de  l'Eure,  arr.  des  Ande- 
lys,  cant.  d'Ecos;  251  liab. 

PAN  IN  (Nikita-Ivanovitch,  comte),  né  le  27  sept.  1718, 
mort  le  12  avr.  1783,  fils  du  général-lieutenant  IvanVas- 
siliévitch,  qui  s'était  distingué  dans  les  campagnes  de 
Pierre  le  Grand.  Sa  famille  était  originaire  de  la  Répu- 
blique de  Lucques,  d'oti  elle  était  venue  au  xv«  siècle. 
Nikita  entra  tout  jeune  dans  l'armée  et  devint  bientôt  offi- 
cier. Grâce  à  ses  liens  de  famille,  il  fut  nommé  chambel- 
lan de  l'impératrice  Elisabeth  (1741).  En  1747,  il  était 
envoyé  en  qualité  de  ministre  plénipotentiaire  à  Co- 
penhague, en  17i8  à  Stockholm,  et  c'est  là  qu'il  fit  sur- 
tout preuve  de  ses  qualités  de  diplomate.  En  1760,  il  fut 
rappelé  et  nommé  gouverneur  du  grand  duc  Paul  Petro- 
vitch  (plus  tard  Paull^^).  En  1763,  Catherine  II  le  nomma 
ministre  des  affaires  étrangères.  Lorsque  le  grand-duc  se 
maria,  en  1773,  Nikita  fut  comblé  de  dignités  et  de  do- 
nations. Pendant  son  ministère  de  vingt  ans,  il  faut  si- 
gnaler surtout  :  le  traité  de  1764  entre  Catherine  II  et 
Frédéric  II  (11  avr.  1764),  en  vue  de  soutenir  l'élection 
de  Stanislas  Poniatowski  au  trône  de  Pologne  (élu  le 
7  sept.  1764)  ;  la  guerre  contre  la  Turquie  et  le  traité  de 
Kaïnardjii  (1774),  et  la  déclaration  de  la  neutralité  armée 
dirigée  contre  l'Angleterre  (9  mars  1780).  Vers  la  fin  de 
sa^vie,  il  tomba  en  disgrâce  auprès  de  l'impératrice 
(1780),  et  lorsqu'il  mourut,  il  fut  sincèrement  regretté 
par  le  grand-duc  Paul.  Sa  politique  étrangère,  c'était  le 
système  du  Nord,  c.-à-d.  l'alliance  avec  la  Prusse  et 
l'xVngleterre  :  il  est  signalé  par  les  premiers  démembre- 
ments de  la  Pologne  et  de  la  Turquie.  Le  ministre  de 
France,  Durand,  donne  de  lui  ce  portrait  :  «  Bonhomme, 
mais  sans  vigueur  et  sans  courage  d'esprit...  Le  sommeil, 
la  panse,  les  filles  étaient  ses  aflaires  d'Etat».  Le  ministre 
anglais  Marris  dit  que,  par  jour,  il  ne  consacrait  pas  plus 
d'une  demi-heure  au  soin  des  affaires. 

PAN  IN  (Pierre  Ivanovitch,  comte),  né  en  1721,  mort 
en  1789,  frère  du  précédent.  Entré  dans  le  régiment 
Ismailovski  (1735),  il  avait  pris  part  dans  la  guerre  de 
Crimée  (prise  de  Perekop  et  de  Bakhtchisarai  en  1736)  et 
contre  la  Suède  (1742).  Dans  la  guerre  de  Sept  ans,  il 
s'était  particulièrement  distingué.  C'est  à  lui  que  revient 
l'honneur  de  la  victoire  à  Francfort-sur-l'Oder  (1759). 
En  1760,  il  était  général-lieutenant,  avait  pris  part  à  la 
prise  de  Berlin  et  fut  nommé  gouverneur  de  la  Prusse.  En 
1769,  il  était  envoyé  contre  la  Turquie  et  prit  Bender 
(1770).  Proposé  par  son  frère,  alors  ministre  (V.  ci-des- 
sus), il  fut  envoyé  contre  Pougatchev  et  étouffa  le  soulè- 
vement (1775).  Après,  il  se  retira  dans  la  vie  privée.  R 
eut  dix-sept  enfants,  dont  un  seul  fils.  —  Son  petit-fils, 
Victor  NiJdtitch  (né  en  1800,  mort  en  1874),  a  été 
quelque  temps  chancelier  des  affaires  intérieures  (1864-67). 

M.  Gavrilovitch. 
BiBL.  :  P.  Lebedov,  les  Coniles  Nikita  et  Pierre  Panine  ; 
Pétersbourg-,  18G3.  iii-8. 

PANINI  est  le  plus  célèbre  des  grammairiens  sanscrits, 
et  son  nom  fait  encore  autorité  dans  l'Inde  où  il  fut  de 
bonne  heure  con.sidéré  comme  un  richi  directement  ins~ 
juré  par  Siva.  R  serait  né  à  Salâtura,  dans  le  pays  de 
Gandhàra  (aujourd'hui  le  village  de  Lahor,  à  6  kil.  au 
N.-O.  d'Ond  ou  Hund,  dans  le  district  de  Pechavar). 
Comme  il  mentionne  les  Yavanas  et  leur  langue,  on  s'ac- 
corde   généralement    h    jiensor    (fu'il    vécut    au    temps 

60 


PANINI 


—  946  — 


d'Alexandre.  Sa  grammaire  fut  une  révélation  pour  les 
linguistes  européens  du  commencement  de  ce  siècle.  Elle 
a  été  éditée  et  traduite  en  allemand  parO.  Bolitlingk. 

Le  système  grammatical  élaboré  par  Pànini  et  ses  pré- 
décesseurs ignorés  est  une  des  productions  les  plus  origi- 
nales de  l'esprit  indien  et  vaut  la  peine  qu'on  s'y  arrei(4 
un  instant.  Tout  d'abord,  pour  lui,  la  grammaire,  qu'iï  ap- 
pelle «  analyse  »,  n'est  pas  une  méthode  pour  arriver  à 
la  connaissance  d'une  langue,  mais  une  science  en  soi  ;  il 
s'agit,  non  de  faciliter  rélude  du  sanscrit,  mais,  selon  le 
mot  de  Goldsiucker,  «  d'en  faire  l'histoire  naturelle  »  et 
de  dresser  de  façon  tout  empirique  l'inventaire  com.plet 
de  ses  formes  gramm.aticales.  D'autre  part,  cet  inventaire 
devra  être  condensé  sous  la  forme  la  plus  abrégée  qu'il 
sera  possible  pour  répondre  aux  exigences  de  l'ejiseignc- 
ment  purement  oral  des  vieilles  écoles  brahmaniques.  Cette 
])rièveté,  si  chère  au  cœur  des  grammairiens  indiens  que, 
d'après  le  dicton,  «  l'économie  d'une  syllabe  leur  causait 
autant  de  joie  que  la  naissance  d'un  fds  »,  est  réaKsée  de 
deux  manières  :  1^  en  résumant  chaque  règle  dans  une 
courte  formule  en  langage  convenu,  que  l'élève  appren- 
dra d'abord  par  cœur  et  que  les  commentaires  oraux  du 
maître  l'aideront  ensuite  à  comprendre  ;  2°  en  rangeant 
les  formules  ainsi  obteny.es  dans  l'ordre  qui  nécessitera 
le  moins  de  répétitions  de  mots.  Dans  le  premier  dessein, 
Pànini,  au  début  de  son  ouvrage,  convient  d'un  certain 
nombre  d'abréviations  à  employer  par  la  suite  ;  ])ar 
exemple,  ac  servira  à  désigner  toutes  les  voyelles,  nam 
toutes  les  nasales,  liai  toutes  les  consonnes,  ku  toutes 
les  gutturales  muettes,  Hup  toutes  les  désinences  ca- 
suelles,  etc.  Il  arrive  ainsi  à  une  surprenante  concision. 
Prenez  par  exemple  cette  règle  des  grammaires  sanscrites 
européennes  :  «  l'une  quelconque  des  voyelles  aux([uelles 
correspondent  des  semi-voyelles,  qu'elle  soit  brève  ou 
longue,  devant  une  voyelle  de  nature  diifércnte  ou  une 
diphtongue,  se  change  en  la  semi-voyelle  correspondante  »  : 
chez  Pànini,  elle  tient  dans  les  cinq  syllabes  :  iko  y  an 
aci  (Vï,  I,  77).  • —  En  second  lieu,  il  faut  savoir  que  telle 
loi,  énoncée  une  fois  pour  toutes,  commande  un  certain 
nombre  des  règles  immédiatement  suivantes,  que  tel  mot 
doit  être  sous-entendu  sans  avoir  besoin  d'être  répété 
après  toutes  les  formules  qui  suivent  jusqu'à  un  endroit 
déterminé.  Par  exemple,  le  seul  mol  siipas  (ï,  iv,  103) 
veut  dire,  en  raison  de  la  place  où  il  se  trouve,  que 
«  chaque  cas  comporte  trois  sortes  de  désinences,  une 
pour  le  singulier,  une  pour  le  duel  et  une  pour  le  plu- 
riel ». 

Par  l'application  rigoureuse  de  ces  ingénieuses  conven- 
tions, Pànini  est  arrivé  à  assurer  à  la  fois  l'extrême  briè- 
veté des  détails  et  celle  de  l'ensemble  et  à  résumer  toutes 
les  règles  de  la  langue  en  3.996  formules  ou  soufras,  for- 
mant un  total  d'environ  \  .000  clokas  ou  lignes  de  32  syl- 
labes. Son  ouvrage,  VAshiâdhyâiji,  est  divisé,  ainsi  que 
son  nom  Tindique,  en  huit  lectures  de  quatre  chapitres 
chacune.  D'une  façon  générale,  on  peut  dire  que  les 
deux  premières  contiennent  surtout  les  défmitions  ;  les 
affixes,  qui  servent  à  former  les  flexions  vei'bales  et  no- 
minales, sont  énumérés  dans  les  trois  suivantes;  enhn, 
les  trois  dernières  étudient  les  changements  produits  dans 
les  racines  et  les  affixes,  soit  par  l'addition,  soit  par  la 
substitution  d'un  ou  plusieurs  éléments.  Suivent  trois 
suppléments  également  attribués  à  Pànini  et  dont  son 
œuvre  suppose  en  effef  l'existence  :  4°  le  ganapdfha, 
listes  de  mots  tombant  tous  sous  la  même  règle  et  dési- 
gnés par  le  premier  mot  de  chatjue  groupe  ;  2^  le  dhdtu- 
pdtha,  inventaire  des  racines  classées  par  conjugaisons: 
3*^  le  lingdnuçdsana,  très  court  appendice  sur  les  lois  du 
genre  grammatical. 

Empirique,  algébrique,  mnémotechnique,  on  voit  com- 
bien est  curieux  le  syst*  me  de  Pànini.  On  sent  en  même 
temps  quels  l'eproches  on  penl  lui  adresser.  Les  deux 
plus  graves  portent  sur  l'obscurité  de  chaque  formule 
prise  en  soi  pour  les  non  initiés,  et  surtout  sur  la  dis- 


persion dans  tous  les  coins  de  la  grammaire  des  règles 
se  rapportant  au  même  objet,  si  bien  que,  pour  la  for- 
mation d'un  seul  mot,  il  est  parfois  nécessaire  d'avoir 
présents  à  l'esprit  jusqu'à  six  soûtras  différents,  perdus 
dans  autant  de  chapitres.  Des  grammairiens  indiens  mo- 
dernes ont  essayé  de  remédier  à  ce  défaut,  et  le  but  de 
la  Siddhdnta-kaiimudl  est  justement  de  ranger  dans  un 
ordre  méthodique  tous  les  soàtras  de  Pànini.  C'est  ainsi 
que  Fauteur  Bhaitoji  Diksita  groupe  ensemble,  d'abord 
toutes  les  déhnitions,  puis  toutes  les  règles  relatives  à 
l'euphonie,  anx  déchnaisons,  à  la  syntaxe  du  cas,  aux 
conjugaisons,  à  la  formation  ou  à  la  dérivation  des 
mots,  etc.  Cet  arrangement  est  évidemment  préférable  à 
la  confusion  en  apparence  inextricable  de  VAshlddhydyî; 
inais  nous  en  avons  assez  dit  pour  qu'on  devine  que  les 
soûtras  ainsi  détachés  de  l'ensemble  deviendraient  celle 
fois  absolument  inintelhgibles,  s'ils  n'étaient  accompa- 
gnés d'un  connnentaire  qui  rétabht  toutes  les  répétitions 
délibérément  omises  par  Pànini  et  donne  des  exemples 
pour  réclaircisscment  des  règles,  (^est  sous  cette  forme 
ou  sous  la  forme  encore  plus'  simpidiée  de  la  Laifhu-sid- 
dhdnta-kaumudi  par  Yaradaràja  (pie  la  grammaire  de 
i*ânini  est  à  présent  étudiée  dans  l'Inde.       A.  FoucHEa. 

PANINI  (Giovanni-Paolo),  peintre  italien,  né  à  Plaisance 
en  1691 ,  mort  à  Rome  en  4764.  Il  se  forma  à  peu  près  seul, 
dans  sa  ville  natale,  et  s  y  occupa  à  la  fois  de  paysage  et 
d'arcbitectui'o,  se  passionnant  surtout  pour  les  problèmes 
de  la  perspective,  l^ientôt,  impatient  d'apprendre  à  des- 
siner la  figuro,  il  vint  s'éiai)lir  à  liome  où  il  suivit  les 
leçons  du  Florentin  Benedetto  Eutti.  artiste  maniéré  très 
en  vogue  à  l'époque,  et  d'an  peintre  romain  dont  les  ama- 
teurs faisaient  grande  estime,  Andréa  LucateUi.  Pànini 
dut  à  Finlluence  de  ces  maîtres  et  aussi  au  souvenir  de 
Salvator  Rosa,  un  faire  vigoureux  et  un  peu  sévère,  qu'il 
abandonna  plus  tard  pour  peindre  d'un  pinceau  plus  lumi- 
neux et  plus  brillant.  Distingué  par  le  cardinal  de  Poli- 
gnac,  ambassadeur  de  France  auprès  du  pape  Benoît  XI Jl, 
il  se  vit  confier  par  ce  prélat  le  soin  d'organiser  les  fêtes 
qui  furent  données  à  Rome  en  4729,  pour  célébrer  la 
nouvelle  de  la  naissance  du  dauphin,  fils  de  Louis  XY  ; 
tout  le  faux  goût  du  îemps  éclate,  il  faut  le  dire,  dans  la 
décoration  imaginée  par  Pànini  et  dont  deux  tableaux  de 
l'artiste  ont  reproduit,  d'après  nature,  Faspect pittoresque 
et  bigarre  :  le  Concerl  et  la  Vue  de  la  place  Navone. 
qui  font  aujourd'hui  partie  des  collections  du  Louvre, 
montrent  d'ailleurs  de  l'habileté  et  de  l'esprit,  avec  un 
certain  méi'ite  de  coloration.  L'Inîc'rievr  de  Saint-Pierre 
de  Rome  (4730),  que  possède  également  notre  musée, 
est  une  œuvre  d'une  valeur  plus  haute  :  sobre  et  savant 
dans  les  lumières,  adroit  dans  le  dessin  des  figures,  souple 
et  fin  dans  la  touche,  Pànini  a  su  rester  en  même  temps 
scrupuleusement  fidèle  à  la  réalité.  Peu  de  décorateurs, 
au  xvJii^  siècle,  furent  plus  employés  que  lui.  Il  orna  de 
compositions  aimables  le  rez-de-chaussée  du  palais  de 
Carolis  et  la  salle  de  café  du  palais  Quirinal,  enrichit  de 
paysages  le  château  de  Rivoli,  peignit  de  nombreux  décors 
pour  les  directeurs  de  théâtre,  exécuta  des  travaux  consi- 
dérables au  palais  Alberoni,  à  Santa  Maria  de  la  Scala. 
D'autre  part,  il  a  laissé  une  grande  quantité  de  todes, 
parmi  lesquelles  il  faut  citer  encore  :  les  Vendeurs 
chassés  du  temple  (à  Rome,  chez  les  Pères  de  la  Mission); 
nn  Festin,  un  ConcerL  des  Ruines  d'architecture,  un 
Prédicateur  dans  tes  rues  de  Rome  (au  musée  du 
Louvre).  Le  principal  méiite  de  Pànini,  outre  son  dessin 
qui  est  souvent  d'une  distinction  rare,  c'est  la  science  du 
clair-obscur  qu'une  longue  étude  lui  avait  rendu  famiHère  ; 
il  excellait  à  noter  les  caprices  de  la  lumière  et  de  l'ombre, 
les  accidents  variés  du  soleil  qui  se  joue  sur  les  ruines  ou 
sur  les  places  publiques.  Gaston  Cougxy. 

BiBL.  :  Laiszi,  Hist.  de  la  peinture  en  Italie,  t.  II.  — 
Orla>di,  Abecedcîrio  piltorico. —  Mariette,  Notes  ma- 
nnscrites  de  rAbeccdano  déOrlandi  —  Réjouissances  faites 
à  Home  par  le  rardhtal  de  Polninac  (Mercure  de  France. 


—  9-i7  — 


WNIN! 


\VNX 


PAN  I N I  (Giovaniii-Paolo),  peintre  italien  du  xvii^  siècle, 
né  à  Plaisance  en  1695,  mort  à  Rome  en  1768.  Après 
un  long  séjour  à  Rome,  ou  il  reçut  les  leçons  d'Andréa 
Lucateîli,  cet  artiste  se  rendit,  en  1732,  à  Paris,  où  il  est 
agréé  à  l'Académie  royale  de  peinture  et  de  sculpture.  Il 
se  fit  une  spécialité  des  vues  d'architecture  et  surtout  des 
intérieurs.  Le  Louvre  possède  de  kii  neuf  toiles,  dont  la 
plus  célèbre  est  Vlnlérieur  de  la  Basilique  de  Saint- 
Pierre.  Parmi  les  autres,  citons  deux  Festins,  deux  Con- 
certs^, les  Préparatifs  d'une  fête  et  des  Piuines. 

PAN  1  PAT.  Vieille  cité  historique  de  l'Inde,  tahsd  du 
district  de  Karnàl  (Pendjab),  sur  les  bords  de  la  Djamna; 
27.547  hab.  (en  1891),  en  majorité  musulmans.  Etape 
du  Grand  trunk  road  et  statioii  de  la  ligne  de  VEasl 
Indian  Hailway,  à  85  kil.  au  N.  de  Delhi.  C'est  le 
grand  champ  de  bataille  de  l'Inde  septentrionale.  L'his- 
toire retient  notamment  trois  victoires  do  Pànipat,  toutes 
trois  gagnées  contre  des  troupes  bien  supérieures  en 
nombre  :  1°  celle  de  Bàber  en  io26  sur  Ibrahim  Loiii. 
lacfuelle  fonda  l'empire  mongol  ;  2^  celle  de  son  pelit- 
fils,  le  jeune  Akbar,  trente  ans  pins  tard,  sur  îiimou.  le 
général  hindou  de  Mohamed  Adili  (1556),  la((uelle  réta- 
blit ce  même  empire;  3°  celle  d\Vhmed  Chah  le  Donriuii 
qui,  en  écrasant  les  Marathes  (1761),  prépara  les  voies  à 
la  domination  anglaise. 

PANIS  (Etienne-Jean),  homme  politique  français,  né  en 
Périgord  en  1757,  mort  à  Paris  le  22  août  1832.  Avocat 
au  Parlement  de  Paris  en  1782,  il  épousa  la  sœur  du  (uas- 
seur  Santorre  et  adopta  les  principes  de  la  Révolution.  Il 
prit  une  part  active  à  la  journée  du  10  août  1792,  devint 
membre  de  la  municipalité  parisienne  et  administi-ateur, 
avec  Sergent,  du  comité  de  surveillance.  Tl  fut  accusé 
d'avoir  organisé  les  massacres  de  septembre,  mais  il  s'en 
est  toujours  défendu.  Elu,  le  12  sept.  1792,  député  ih' 
Paris  à  la  Convention,  il  fut,  le  25,  accusé  par  Barharoux 
d'avoir  proposé  !a  dictature  de  Robespierre,  et  il  protesta 
énergiquement.  Alta([ué  par  les  Girondins,  il  refusa  avec 
indignation  de  rendre  des  comptes,  vu  que  le  comité  de 
surveillance  de  la  commune  n'avait  jamais  eu  un  seul  denier 
(10  févr.  1793).  Membre  du  comité  de  Sûreté  générale  le 
14  sept.  1793,  il  s'associa  aux  adversaires  de  Robespiei-re 
le  9  thermidor.  Néamnoins,  il  fut  impliqué  dans  l'affaire  de 
prairial  an  IR  et,  malgré  ses  protestations,  décrété  d'accu- 
sation le  8  (27  mai  1795),  pour  avoir  voulu  défendre  son 
collègue  Laignelot.  Il  prohta  de  l'amnistie  du  4  brumaire 
an  IV  (26  oct.  1795)  et  devint  membre  de  l'administration 
des  hospices  civils  de  Paris  en  août  1797.  Pendant  les 
Cent-Jours,  il  signa  l'acte  additioiniel,  mais  il  obtint  ta 
faveur  de  rester  à  Paris.  Etienne  Charavay. 

PANISÉLIEN.  Nom  donné  par  les  géologues  belges  aux 
couches  supérieures  deréocène  inférieur  (V.  Suessomen). 

PANISSAGE.  Com.  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  de  La 
Tour-du-Pin,  cant.  de  Yirieu;  300  hab. 

PANISSIÈRES.  Com.  du  dép.  de  la  Loire,  arr.  de 
Montbrison,  cant.  de  Eeurs  ;  4.71 4  hab.  Ateliers  de  cons- 
tructions mécajiiques;  fabr.  de  hnge  de  table,  de  tissus  à 
bluter.  Culture  doignons.  Patrie  de  Bonnassieux  (V.  ce 
nom). 

PAN  ITZA,  officier  bulgare,  né  à  Trnovo.  Avant  de  rpiitter 
la  Bulgarie  (manifeste  du  7  sept.  1886),  le  prince  Alexandre 
de  Battenberg  avait  constitué  une  régence.  Son  principal 
soutien  dans  l'armée  était  Panitza,  qui  s'était  particuliè- 
r(Mnent  distingué  dans  la  guerre  serbo-bulgare.  Après 
l'élection  du  prince  Ferdinand  de  Saxe-Cobourg-Cotha, 
Panitza  se  ^sépara  de  ses  amis  et  anciens  régents,  Stam- 
boulov,  Moutkourov  et  Zivkov,  c|ui  entrèrent  tous  les  trois 
(huis  le  premier  ministère  du  nouveau  prince.  Le  prince 
Ei^rdinand  était  soutenu  par  les  radicaux  et  les  conserva- 
teurs; mais  les  groupes  de  Radoslavov,  de  Karavelov  et 
de  Zancov  lui  faisaient  une  vive  opposition.  Panitza  poussa 
les  choses  encore  plus  loin  ;  il  organisa  une  conspiration, 
mais  fut  découvert  et  condamné  à  n  ort.  Le  prince  Ferdi- 
nand ne  voulut  pas  être  préseul  en  Bulgarie,  au  mouient 


où  Panit/a  allait  élre  (^véiulé.  Avant  de  partir  à  l'éiranger, 
il  avait,  sur  les  insistances  de  Stamboutov,  ratifié  la  sen- 
tence de  mort.  Stamboulov,  investi  des  pleins  pouvoirs  de 
la  régence,  par  suite  du  départ  du  prince,  ordonna  son 
exécution.  L'exécution  eut  lieu  le  28  juin  1890,  vers  sept 
heures  du  matin,  aux  environs  de  Sofia.  Panitza  tomba, 
percé  de  balles,  criant  :  «  Vive  la  Bulgarie!  »     M,  G. 

PANiX.  Col  des  Alpes  de  Claris  (Suisse),  qui  conduit 
de  la  vallée  du  Rhin  à  celle  de  Senrf,  d'où  l'on  gagne  Cla- 
ris et  la  vallée  de  la  Linth;  partant  d'Ilanz  (ait.  691  m.), 
la  route  s'élève  par  Panix  (ait.  1.300  m.)  à  une  ait.  de 
2. MO  m.  pour  redescendre  à  Elm  (981  m.).  Souvorov 
franchit  ce  col  les  5  et  6  oct.  1799  avec  sa  cavalerie  et 
ses  bagages  au  prix  de  pertes  considérables.  C'est  un  pas- 
sage des  troupeaux  de  Suisse  vers  F  Italie. 

PANIZZA  (Augusto),  écrivain  italien,  né  à  Trente  en 
1838.  Il  partage  son  temps  entre  la  profession  d'avo^-at, 
qu'il  exer/e  dans  sa  ville  natale,  et  les  travaux  historiques 
et  littéraires.  On  a  de  lui  :  Alcune  letlere  di  Ottaviano 
]\ovpretti,precednle  da  cenni  sulla  di  lui  r/te (Trente, 
1867)  ;  ►S'/^//o  siato  delta piibblicaistruiione  primaria 
net  Trentino  {ibid..  1868);  Letlere  inédite  di  Ber- 
nardo  Tassa  a  Ferrante  Sanseverino,  principe  di  Sa- 
Icrno  (ibid.,  1869);  Sut primi  abitatori  det  Trentino 
(dans  V Xrchivio  trentino,  1882),  etc. 

PANiZZI  (Antonio),  liomme  d'Etat  et  savant  italien,  né 
k  Brescello  (Modène)  le  iQ  sept.  1797,  mort  le  8  avr. 
1879.  Après  avoir  été  fait  docteur  en  droit  à  FUniversité 
cle  Parme  (1818),  il  abandonna  les  études  pour  la  poli- 
tique et  prit  part  aux  mouvements  insurrectionnels  de 
1820  et  1821.  A  la  suite  de  ceux-ci,  il  fut  comme  contu- 
mace condamné  à  la  peine  de  mort  par  le  tribunal  de 
Rubiera.  Mais  il  prit  la  fuite  et  demeura  d'abord  en  Suisse, 
puis  il  se  rendit  en  Angleterre  (1823),  ou  il  devint  ami 
d'un  autre  grand  Italien,  Ugo  Foscolo.  Après  un  séjour  de 
cinq  ans  à  Liverpool,  Panizzi  fut  nommé  professeur  de 
langue  et  de  littérature  italiennes  à  l'Université  de  Londres 
(1828).  L'amitié  et  la  protection  de  lord  J^rougham  lui 
ouvrirent  les  portes  du  British  Muséum  (1831),  dont  il 
devint  le  directeur  (1856).  Dans  cette  position,  il  se  fit 
remarquer  non  seulement  par  son  savoir,  mais  par  l'aide 
morale  et  même  matérielle  qu'il  donna  à  ses  compatriotes. 
Jouissant  de  l'amitié  des  plus  grands  hommes  d'Etat  an- 
glais, il  fut  auprès  d'eux  le  défenseur  et  le  patron  des 
Italiens  et  de  la  cause  italienne,  en  même  temps  que  le 
porte-voix  et  le  conseiller  de  ses  concitoyens,  comme  le 
prouve  sa  correspondance  récemment  publiée.  S'étant 
démis  de  la  direction  du  British  Muséum  en  1866,  il  fut, 
le  12  mars  1868,  nommé  sénateur  du  royaume  d'Italie. 

PANJAS.  Com.  du  dép.  du  Gers,  an\  cle  (^ondom, 
cant.  de  Cazaubon;  90 i'  hab. 

PAN  KOTA.  Ville  de  Hongrie,  comitat d'Arad  ;  4^.900  hab. 
roumains,  magyars,  allemands.  Ruines  d'un  château.  Dis- 
tillerie. 

PAN  KOU,  historien  chinois  mort  en  92  ap.  J.-(L,  auteur 
de  l'histoire  des  premiers  llan  (V.  Tsuij-n  iian  chou)  et 
d'un- important  traité  phiîosophi([ue  (Po  hou  thort(j);\m' 
pliqué  dans  une  conspiration,  il  mourut  en  prison.  M.  {]. 

PANKO\¥.  Ville  de  Prusse,  district  de  Potsdam,  sur  la 
Panke;  11.828  hab.  (en  1895).  Villégiature  des  Berli- 
nois; ancienne  résidence  du  margrave  Jean-Cicéron.  Cul- 
tures maraîchères  et  de  fleurs.  Machijies,  carrosserie,  etc. 

PAN  LATTE.  Com.  du  dép.  de  FEui'e,  arr.  d'Evreux, 
cant.  de  Nonancourt  ;  104  hab. 

PANN  (Anton),  littérateur  roumain,  ne  en  1795,  fils 
d'un  chaudronnier  bulgare.  Après  une  jeunesse  tourmenté(>, 
pendant  laquelle  il  avait  servi  comme  musicien  dans  l'armée 
russe,  il  s'établit  à  Bucarest,  ou  il  donnait  des  leçons  de 
musi({ue  religietise.  et  vers  1830  commença  ses  publica- 
tions. Il  fut  le  premier  écrivain  roumain  (pii  gagna  sa  vie 
avec  ses  ceuvres  littéraires.  Il  pu!)lia  en  roumain:  CJian- 
sons  pour  TEtoite  des  Mages,  Poésies,  Calendriers, 
Fables  et  tiistoriettes.  te  Nouvel  Erotocrite,  Collection 


PANN  —  PANNEAU 


~  9i8  — 


de  proverbes  ou  la  morale  de  la  fable  (Bucarest,  i894, 
pet.  in-8,  3^  éd.);  Histoire  de  l'incendie  de  Bucarest; 
les  Souffrances  de  l'amour;  les  Contes  de  l'oncle 
Albu  ;  les  Farces  de  Nastratin  Hodgea  ;  un  Dialogue 
russo-turco-roumain  ;  et  quantités  d'ouvrages  destinés 
au  culte,  comme  VIrmologhion,  VEpilaphe,  le  hhero- 
vicO'Chinonicar ,  l'Ordre  de  la  messe,  etc. 

PANNA  (angl.  Punnah).  Principauté  indigène  du 
Bundelkhand  (Inde)  confinant  au  N.  aux  districts  de  la 
division  d'Allahabad  (prov.  du  Nord-Ouest),  au  S.  à  ceux 
de  la  division  de  Djabalpour  (prov.  centrales),  et  couvrant 
les  derniers  plateaux  avancés  des  Vindhyas  occidentaux. 
Sa  superficie  est  de  6.650  kil.  q.,  et  la  population  de 
230.000  hab.,  dont  environ  8.000  Gonds  et  autant  de 
Kohls.  On  y  exploite  encore  des  mines  de  diamant.  La  ca- 
pitale, Panna,  compte  15.000  hab.  et  est  située  à  350  m. 
d'alt.,  à  la  source  d'un  petit  affluent  de  droite  de  la 
Djamna. 

PANNE.  I,  Technologh:.  —  Pièces  de  bois  faisant  partie 
de  la  charpente  d'un  comble  et  qui,  portées  sur  les  arbalé- 
triers des  fermes  ou  sur  les  murs  pignons,  supportent  à  leur 
tour  les  chevrons  recevant  la  couverture.  Les  pannes  sont 
intermédiaires  entre  le  faîtage  eth  sablière  (\ ,  ces  mots) 
et  sont  maintenues  sur  les  arbalétriers  par  des  tasseaux 
appelés  chantignolles .  La  pression  exercée  par  les  pannes 
sur  les  arbalétriers  est  contrebutée  et  reportée  sur  les 
poinçons  au  moyen  de  contrefiches  ou  sur  les  entraits  au 
moyen  de  jambettes.  Les  pannes  debrisis  sont  celles  qui 
se  trouvent  au  droit  de  la  brisure  du  comble  dans  les 
combles  à  la  Mansard  :  ces  pannes  s'assemblent  avec  l'en- 
trait, et  les  pannes  à  liernes  sont  assemblées  sur  les 
arbalétriers  au  lieu  d'être  portées  par  eux  ;  enfin  le  faî- 
tage est  quelquefois  appelé  panne  faîtière,  et  on  donne 
le  nom  de  cours  de  pannes  à  l'ensemble  des  pannes  pla- 
cées bout  à  bout  à  la  même  hauteur  sur  un  pan  de  comble. 
—  Dans  les  combles  en  fer,  les  pannes  sont  le  plus  sou- 
vent des  solives  en  fer  (I)  s'assemblant  à  l'intérieur  des 
arbalétriers  au  moyen  déquerres  et  de  boulons,  et  c'est 
sur  la  face  supérieure  de  ces  solives  en  fer  que  sont  fixées, 
au  moyen  de  boulons,  les  pièces  de  bois  recevant  la  cou- 
verture. —  Les  tuyaux  de  fumée  traversant  un  comble 
ne  doivent  pas  passer  à  moins  de  0^,16  d'une  panne  ou 
de  toute  autre  pièce  de  bois.  Charles  Lucas. 

Outillage.  Le  marteau  de  forgeron  se  compose  de  trois 
parties  :  la  tête,  généralement  à  section  carrée;  l'œil, 

ouverture  rectangulaire 
dans  laquelle  on  fixe  le 
manche  de  l'outil,  et  en- 
fin la  panne,  partie  op- 
posée à  la  tête.  Cette 
panne  est  généralement 
disposée  perpendiculai- 
rement au  manche,  mais 
dans  certains  cas  elle  peut 
être  mise  dans  le  sens  du 
manche. 

Tissage.  Les  pannes 
rentrent  dans  la  famille 
des  velours  et  sont  tis- 
sées d'après  les  mêmes 
procédés  qu'eux.  Le  tissu 
de  fond  se  fait,  suivant 
les  cas,  en  laine  ou  en 
coton  et  quelquefois  aussi  en  lin,  tandis  que  le  poil  est 
toujours  en  laine  ou  en  poil  de  chèvre.  Ce  poil  est  long 
et  couché  dans  les  tissus  destinés  à  la  confection  notam- 
ment des  gilets  de  livrée,  lesquels  sont  tissés  en  couleur, 
tandis  qu'il  est  court  et  droit  dans  les  pannes  dont  on  fait 
usage  en  sellerie  et  en  carrosserie,  ainsi  que  dans  celles  qui 
servent  à  recouvrir  certains  cylindres  ou  autres  pièces  des 
machines  de  filature.  Ces  pannes  sont  tissées  écrues  et 
teintes  en  pièces. 
ÏI.  AiJMKXTA'iTox  (V.  Charcuterie,  t.  X,  p.  610). 


Marteau  de  iorp^eron. 


IIL  Navigation.  —  On  dit  qu'un  navire  est  en  panne 
lorsque,  une  partie  de  ses  voiles  étant  orientées  au  plus 
près  et  les  autres  brassées  à  culer,  il  se  trouve  porté  à  la 
fois  en  avant  et  en  arrière,  de  sorte  qu'en  définitive  il  se 
tient  à  peu  près  en  place,  dérivant  légèrement,  mais  ne 
faisant  pas  de  route.  Pour  prendre  la  panne,  on  rentre 
d'abord  les  bonnettes,  on  cargue  ensuite  les  basses  voiles, 
puis,  si  la  brise  est  fraîche,  les  petites,  et  on  met  alors  en 
panne  sous  le  grand  ou  sous  le  petit  hunier.  Pour  avoir 
la  panne  sous  le  grand  hunier,  on  amène  la  barre  dessous 
et  on  brasse  au  plus  près  devant,  carré  derrière  ;  on  brasse, 
au  contraire,  carré  devant  et  au  plus  près  derrière,  pour 
avoir  la  panne  sous  le  petit  hunier.  Il  y  a  encore,  outre 
ces  deux  pannes,  qu'on  nomme  pannes  courantes,  la 
panne  sèche,  qui  s'obtient  sans  voile,  par  la  seule  action 
de  la  barre,  mise  dessous.  L'état  de  panne  s'obtient,  du 
reste,  assez  facilement,  quelle  que  soit  la  vitesse  du  navire. 
On  y  recourt  pour  attendre  un  autre  bâtiment,  pour  son- 
der, pour  combattre,  pour  sauver  un  homme  à  la  mer.  On 
dit  qu'un  bâtiment  roule  sur  panne  lorsqu'il  éprouve, 
sur  ses  deux  flancs,  un  rouhs  violent.  On  appelle  guipon 
de  panne  munovcediii  d'étoffe  grossière  qu'on  enroule  autour 
d'un  bâton  et  dont  les  calfats  se  servent  pour  étendre  le 
brai. 

IV.  Art  héraldique.  — ■  Fourrures  ou  doublures.  Elles 
portent  ce  nom  chez  quelques  auteurs  et  sont  au  nombre 
de  deux,  admises  en  armoiries  :  Vhermine  et  le  vair. 

PANNEAU.  I.  Construction.  —  Le  mot  panneau  qui 
vient  de  pan  (V.  ce  mot)  et  qui  s'entend  de  la  surface  vue 
d'un  ouvrage,  reçoit  les  acceptions  les  plus  variées  en  archi- 
tecture et  dans  les  diverses  industries  du  bâtiment.  En  ar- 
chitecture, un  panneau  est  une  surface  généralement  com- 
prise dans  un  encadrement  sculpté  à  même  ou  rapporté  et 
dont  le  champ,  la  partie  intérieure,  est  lisse  ou  décoré  de 
moulures  ou  d'ornements  en  relief  ou  en  creux,  est  peint 
ou  gravé,  ou  seulement  réservé  pour  recevoir  une  ins- 
cription. —  En  maçonnerie,  ou  mieux  en  coupe  de  pierre, 
les  panneaux  sont  des  patrons  flexibles  faits  de  bois  mince, 
de  carton  ou  de  fer-blanc,  servant  à  tracer  sur  les  blocs 
de  pierre  les  figures  étudiées  sur  l'épure  et  suivant  les- 
quelles on  doit  tailler.  On  distingue  les  panneaux  de 
douille,  de  tête  et  de  lits  ou  de  joints,  suivant  que  ces 
panneaux  servent  eà  tracer  les  faces  d'intrados  ou  d'ex- 
trados des  voussoirs,  la  face  de  tête  ou  les  faces  cachées 
dans  les  joints.  —  En  menuiserie  et  en  ébénisterie,  les 
panneaux  sont  le  plus  souvent  des  parties  composées  de 
plusieurs  planches  minces,  assemblées  à  rainure  et  à  lan- 
guette et  formant  remplissage  entre  les  montants  et  les 
traverses  des  lambris,  des  portes,  des  volets,  etc.  Les 
panneaux  de  menuiserie  ont  reçu  un  grand  nombre  de  déno- 
minations suivant  leur  forme,  leur  mode  d'assemblage  et 
la  place  qu'ils  occupent;  leur  décoration  consiste  en  tables 
saillantes,  renfoncées,  moulurées  ou  rehaussées  de  motifs 
sculptés.  Les  panneaux  de  sculpture  sur  bois  ont  souvent 
présenté  pendant  les  derniers  siècles  une  grande  richesse 
de  motifs  décoratifs  joints  à  de  charmants  agencements  de 
moulures  et  méritent  bien  les  fréquentes  imitations  que 
l'on  en  fait  de  nos  jours.  —  En  serrurerie,  les  panneaux 
sont  des  parties  de  tôle,  de  fer  ou  de  fonte,  lisses,  mou- 
lurées ou  garnies  d'ornements  et  qui  entrent  dans  la  com- 
position d'impostes,  de  grilles,  de  balcons,  de  portes,  etc. 

—  En  miroiterie,  les  panneaux  sont  souvent  des  parties  de 
glaces  ou  de  vitres,  substituées  à  des  panneaux  de  menui- 
serie afin  de  refléter  la  lumière  ou  de  la  laisser  passer. 

—  En  marbrerie  ou  en  mosaïque,  les  panneaux  consistent 
en  parties  de  marbre  de  diverses  couleurs  ou  en  motifs 
de  mosaïque  rapportés  à  l'intérieur  de  bandes  de  marbre 
ou  de  mosaïque  formant  encadrement.  —  Enfin,  en  pein- 
ture, ce  sont  des  surfaces  peintes,  encadrées  de  moulures 
également  peintes  à  l'imitation  de  moulures  en  menuiserie 
et  figurant  une  porte  ou  servant  à  décorer  une  surface 
murale.  Charles  Lucas. 

II.  Beaux-Arts.  —  Peinture.  —  Dans  le  langage  de 


—  9i9 


PANNEAU  —  PANNUS 


la  peinture,  un  panneau  est  un  tableau  exécuté  sur  bois 
au  lieu  de  l'être  sur  toile  :  les  tableaux  qui  sont  œuvre 
de  menuiserie  sont  appelés  des  panneaux.  Quant  aux 
panneaux  décoratifs,  ils  appartiennent  à  l'histoire  de 
l'ameublement  et  à  la  fois  à  l'histoire  de  la  peinture  ; 
lorsque  l'usage  des  boiseries,  au  xvii®  et  au  xviii^  siècle, 
fut  devenu  général,  les  panneaux  peints  occupèrent  une 
place  importante  dans  la  décoration  intérieure  des  habi- 
tations. Bérain,  sous  Louis  XIV,  se  montra  particuliè- 
rement ingénieux  et  habile  dans  la  composition  des  pan- 
neaux décoratifs.  G.  C. 

Verrières.  —  Les  fabricants  de  vitraux  ont  appelé  de 
bonne  heure  panneaux  de  verre  ou  simplement  panneaux 
les  compartiments  intérieurs  des  verrières  renfermant  un 
sujet  entier,  et  c'est  même  en  ce  sens  qu'on  trouve  le  mot 
employé,  pour  la  première  fois,  au  xiv^  siècle,  comme 
terme  d'art  ou  d'ameublement.  De  nos  jours,  on  l'applique 
à  toutes  les  pièces  de  verres  encadrées  d'un  châssis  ou 
d'un  tilet  de  plomb  à  rainures,  et  un  vitrail  est  composé 
d'une  série  de  panneaux  juxtaposés. 

PANNECÉ.  Com.  du  dép.  de  la  Loire- Inférieure,  arr. 
d'Ancenis,  cant.  de  Riaillé,  sur  le  Donneau;  1.673  hab. 
Stat.  du  chem.  de  fer  de  l'Ouest.  Eglise  moderne  de  style 
gothique. 

PANNECIÈRES.  Com.  du  dép.  du  Loiret,  arr.  de  Pi- 
thiviers,  cant.  de  Malesherbes  ;  162  hab. 

PANNEQUETS  (Patiss.).  Gâteaux  préparés  avec  du 
beurre  (100  gr.),  des  œufs  (5),  du  lait  (1/2  litre),  de 
la  farine  (200  gr.).  On  mélange  d'abord  le  sucre  avec 
les  jaunes  d'œufs  et  une  pincée  de  sel,  on  y  ajoute  le 
beurre  préalablement  fondu,  puis  la  farine  tamisée.  On 
mouille  avec  le  lait  tiédi  et  on  mélange  de  façon  à  ob- 
tenir une  pâte  liquide  sans  grumeaux,  à  laquelle  on 
ajoute  les  blancs  d  œufs  fouettés.  Pour  la  cuisson,  on 
opère  comme  s'il  s'agisssait  de  crêpes.  Les  pannequets 
sont  servis  ensuite  saupoudrés  de  sucre. 

PANNES.  Com.  du  dép.  du  Loiret,  arr.  et  cant.  de 
Montargis  ;  1.094  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  d'Orléans. 

PANNES.  Com.  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle,  arr. 
de  Toul,  cant.  de  Thiaucourt  ;  330  hab. 

PANNESSIÈRES.  Com.  du  dép.  duJura,  arr.  deLons- 
le-Saunier,  cant.  de  Conliège  ;  467  hab. 

PANNETERIE  (Le  Sot  de  La)  (V.  Lacressonnière). 

PANNETON  (Serrrur.).  Petit  tenon  fixé  sur  la  tige 
d'une  espagnolette  (V.  ce  mot)  et  qui  sert  à  maintenir 
fermés  des  volets  intérieurs  au  moyen  d'une  agrafe  fixée 
sur  ces  volets  et  appelée  contre-panneton,  de  façon  que 
l'on  puisse  à  la  fois  ouvrir  et  fermer  la  fenêtre  et  les 
volets  intérieurs.  —  On  appelle  aussi  panneton  dans  une 
clé  la  partie  découpée  d'entailles  diverses  qui,  à  l'inté- 
rieur de  la  serrure,  laissent  passer  les  pièces,  garnitures 
ou  gardes,  devant  correspondre  aux  entailles  de  ce  pan- 
neton. La  face  du  panneton  opposée  à  la  tige  de  la  clé 
s'appelle  museau,  et  cette  partie  qui,  dans  les  lourdes 
clés  anciennes,  était  souvent  élargie  et  garnie  de  rebords 
entaillés,  est  maintenant  le  plus  souvent  découpée  d'en- 
tailles, mais  sans  aucun  renflement  ni  saillie. 

PAN  NI  eu  LE.  Pannicule  adipeux  ou  graisseux.  Nom 
que  par  analogie  les  anatomistes  ont  donné  au  tissu  cel- 
lulo-adipeux  sous-cutané. 

Pannicule  charnu.  Chez  l'homme  il  est  constitué  par 
le  muscle  peaucier  du  cou.  Chez  les  quadrupèdes,  le  pan- 
nicule chîirnu  (peaucier  du  cou  et  du  tronc)  s'étend  de  la 
face  à  l'encolure  et  se  propage  jusque  sur  la  croupe  et  la 
partie  interne  de  la  cuisse  en  longueur,  et  en  travers  de 
l'épine  dorso-lombaire  à  la  ligne  médiane  de  l'abdomen. 
Le  pannicule  charnu  des  mammifères  est  donc  un  vaste 
muscle  membraniforme  sous-cutané  adhérent  à  la  peau 
de  l'animal  qu'il  fronce  dans  ses  contractions.  Le  peaucier 
du  cou  de  l'homme  en  est  un  dernier  vestige. 

Pannicule  de  la  cornée.  Réunion  de  plusieurs  ptéry- 
giens  sur  la  cornée  qui  est  ainsi  opacifiée.  Ch.DEBiERRE. 


PAN  NON  lE.  Prov.  de  l'empire  romain,  riveraine  du 
Danube  au  N.  et  à  l'E,  séparée  par  le  Wienervvald  {mons 
Cetius)  du  Norique  à  l'O.,  par  les  Alpes  JuUennes  de 
l'Italie  au  S.  ;  elle  correspond  donc  à  la  Hongrie  occiden- 
tale avec  la  Slavonie  et  le  N.  de  la  Bosnie,  et  à  l'E.  de 
l'Autriche,  de  la  Styrie  et  de  la  Carniole.  Les  Pannoniens, 
assez  nombreux  pour  mettre  100.000  hommes  en  ligne 
contre  les  Romains,  étaient  braves  et  guerriers,  mais 
cruels  et  peu  civilisés.  Appien  les  rattache  à  la  race  illy- 
rienne  ;  d'autres  les  rapprochent  des  Péoniens  de  la 
région  balkanique.  A  partir  du  iv^  siècle  avant  J.-C,  ils 
furent  envahis  par  des  peuples  celtiques,  Taurisques,  Carnes, 
Latobices  à  l'O.,  Scordisques  au  S.,  refoulés  delà  région 
bohème  par  les  Boies  et  les  Marcomans.  Vers  l'an  oO  av. 
J.-C,  la  Pannonie  fut  un  moment  annexée  au  royaume 
des  Daces.  En  35,  le  triumvir  Octave  l'attaqua,  s'empara 
de  la  ville  de  Siscia  et  conquit  le  pays  jusqu'à  la  Drave. 
Au  cours  des  grandes  guerres  contre  Marbod,  roi  des 
Marcomans,  les  Pannoniens  se  soulevèrent,  comme  les 
Dalmates  et  les  Illyriens,  et  ce  ne  fut  qu'après  une  lutte  lon- 
gue et  pénible  que  Tibère  acheva,  en  l'an  9  de  l'ère  chrétienne, 
la  conquête  du  pays.  A  partir  de  ce  moment,  la  Pannonie  de- 
meura province  romaine  et  fut  un  des  boulevards  de  l'em- 
pire. Elle  fut  progressivement  latinisée  par  les  garnisons,  les 
colonies,  l'assimilation  de  ses  dieux  à  ceux  de  Rome,  etc. 
Le  pays  fut  mis  en  valeur,  sillonné  de  routes  ;  des  villes 
s'y  élevèrent  :  Vindobona  (Vienne),  Carnuntum  (près  de 
Deutsch-Altenburg),  Savaria  (Szvonbathely),  Arrabona 
(Raab),  Siscia  (Sissek),  Pâetovio  (Pettau),  Aquincum  (Alt- 
Ofen,  près  Rude),  Taurunum  (Semlin),  Mursa  (Essek), 
Sirmium  (Mitrovitza),  qui  jouent  un  grand  rôle  dans 
l'histoire  militaire  de  l'Empire.  Dès  la  mort  d'Auguste, 
l'armée  de  Pannonie  voulut  faire  un  empereur.  Trajan 
divisa  la  province  en  Pannonia  superior  ou  occidentale 
et  inferior,  orientale,  séparées  par  une  ligne  artificielle 
tracée  d' Arrabona  à  Servitium.  Galère,  au  iv^  siècle, 
détacha  la  région  entre  Raab,  la  Drave  et  le  Danube 
dont  il  forma  la  province  de  Valeria;  Constantin,  jugeant 
la  Pannonie  supérieure  trop  diminuée,  lui  annexa  les  vallées 
supérieures  de  la  Drave  et  de  la  Save  distraites  de  la  Pan- 
nonie inférieure  qui  fut  alors  souvent  appelée  Savia.  La 
Valeria  eut  pour  ch.-l.  Savaria  ;  la  Pannonie  première  ou 
supérieure,  Siscia  ;  la  Pannonie  seconde,  Sirmium.  Sept 
légions  stationnaient  dans  l'ensemble  de  la  Pannonie,  ap- 
puyées par  la  flotte  fluviale  de  Vienne.  C'est  au  milieu  du 
v^  siècle  que  les  Huns  enlevèrent  à  l'empire  romain  cette 
grande  région,  que  Théodose  II  leur  céda  formellement. 
Après  la  dissolution  de  l'empire  hunnique,  elle  passa  aux 
Ostrogoths  (V.  ce  mot)  et  aux  peuples  du  même  groupe, 
puis  aux  Lombards  qui  l'abandonnèrent  aux  Avares  en 
568  quand  ils  envahirent  l'Italie.  A. -M.  B. 

PANNUS.  On  donne  ce  nom  à  la  kératite  vasculaire. 
C'est  la  conséquence  de  bien  des  lésions  cornéennes  chro- 
niques qui,  en  irritant  constamment  la  cornée,  la  vascu- 
larise  au  point  de  la  recouvrir  complètement  d'un  réseau 
de  vaisseaux  entrelacés  ;  elle  succède  à  des  conjonctivites 
et  surtout  à  la  conjonctivite  granuleuse,  maladie  grave  et 
très  rebelle.  On  l'observe  également  dans  les  maladies  chro- 
niques des  paupières  :  les  blépharites,  l'ectropion,  l'entro- 
pion,  le  frottement  de  cils  déviés  sur  la  cornée. 

Symptômes.  Dans  les  cas  légers,  on  voit  une  injection 
périkératique  des  vaisseaux  sous-conjonctivaux  {pannus 
tenuis)  ;  dans  les  cas  graves,  la  cornée  est  devenue  un 
véritable  bourgeon  granuleux  rougeâtre  {pannus  crassus) . 
On  l'observe  souvent  en  Egypte  (ophtalmie  d'Egypte)  ;  en 
même  temps,  il  y  a  du  larmoiement,  photophobie  et  perte  plus 
ou  moins  complète  de  la  vue.  Cette  affection  ne  s'observe, 
sauf  exceptions  rares,  que  chez  des  individus  qui  ne  sont 
pas  soignés  ;  il  faut  donc  la  prévenir  en  soignant  les  ma- 
ladies qui  l'occasionnent. 

Traitement.  On  fait  la  tonsure  de  la  cornée,  en  coupant 
tout  autour  les  vaisseaux  qui  l'envahissent  ;  elle  se  fait  aux 
ciseaux  ou  au  thermocautère.     D^  Pinel  Maisonneuve. 


PANOFKA  —  PANORAMA  —  OoO  — 

PANOFKA  (Theodor) ,  archéologue  allemand,  né  à 
Breslaii  le  25  févr.  4801,  mort  à  Berlin  le  20  juin  18o8. 
Elève  de  l'illustre  Boeckh,  à  l'Université  de  Berlin,  il  dédia 
à  son  maître  en  1822  une  savante  thèse  en  latin  sur  les 
Samiens.  Puis  il  partit  pour  l'italie  ou  l'étendue  de  ses 
connaissances  lui  lit  conquérir  rapidement  une  situa- 
tion honorée.  En  1824,  il  visita  Naples  et  la  Sicile,  etpu- 
bha  avec  Gerhard  la  première  description  scientifique  du 
musée  de  Naples.  Il  protita  des  découvertes  qui  se  pro- 
duisaient alors  dans  l'italie  méridionale  pour  étudier  à 
fond  les  vases  peints  et  publia  le  catalogue  des  antiquités 
que  possédait  le  consul  général  Bartholdy.  Présenté  au 
duc  de  Luynes  en  1823,  et  un  pou  plus  tard  au  duc  de 
Blacas,  il  se  rendit  à  Paris  pour  étudier  les  collections  de 
ce  dernier,  en  prépara  la  publication,  qui  est  demeurée  ina- 
chevée, et  accompagna  son  protecteur  et  ami  dans  son 
ambassade  de  Naples,  où  il  prit  part  à  de  nombreuses 
fouilles  exécutées  par  ordre  du  duc.  En  1827,  il  pubUait 
à  Paris  ses  Recherches  sur  les  véritables  noms  des  vases 
(frecs  et,  en  1830,  la  première  livraison  du  Musée  Bla- 
cas. Cependant,  vers  la  fin  de  1828,  des  archéologues 
allemands,  italiens  et  français  avaient  eu  l'idée  de  créer 
une  institution  qui  établit  des  relations  scientifiques  entre 
les  savants  des  diverses  nations.  Ce  ïwtV Institut  de  cor- 
respondance archéologique,  dont  Gerhard  et  Panofka 
furent  les  véritables  fondateurs,  dont  M.  de  Blacas  fut  le 
premier  président  et  à  qui  M.  de  Luynes  assura  l'exis- 
tence par  ses  libéralités.  On  sait  qu'en  1870,  les  Alle- 
mands ont  mis  la  main  sur  l'Institut  qui,  devenu  impérial 
et  germanique,  a  en  grande  partie  perdu  son  caractère  in- 
ternational. Les  publications,  Annales,  Bulletins,  Monu- 
ments, rédigées  en  latin,  en  français,  ou  en  italien,  mon- 
trent assez  combien  fut  féconde  l'initiative  de  ces  savants. 
En  1834,  Panofka  publiait  un  grand  ouvrage,  la  Descrip- 
tion des  Antiques  du  cabinet  de  M.  de  Pourlalès.  Il 
resta  à  Paris  jusqu'en  1848,  puis,  effraye  des  événements 
politiques,  il  partit  pour  Berlin  oti  il  reçut  un  accueil  assez 
froid.  En  185fi  seulement,  il  obtenait  une  modeste  place 
de  conservateur  des  vases  peints  du  musée  de  Berlin.  Yai 
1842,  il  faisait  paraître  l'importante  publication  des 
Terres  cuites  du  musée  de  Berlin,  et  quelques  ouvrages 
de  vulgarisation  classique  bientôt  populaires.  En  184G, 
l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  le  choisit 
comme  correspondant  étranger;  en  1849  ,  l'Académie 
royale  de  Belgique  le  nommait  associé.  Il  mourut  en 
id>^^S,  après  une  vieillesse  précoce  et  attristée  par  sa  mau- 
vaise santé  autant  que  par  le  peu  de  bienveillance  de  ses 
compatriotes.  Panofka  a  beaucoup  écrit  et  connu  un  nombre 
incroyable  de  monuments  ;  il  a  par  son  ardeur  et  son 
exemple  donné,  avec  Gerhard  et  quelques  autres  savants, 
un  grand  élan  à  la  science  archéologique;  il  connaissait  à 
fond  les  textes  anciens  et  en  tirait  beaucoup  pour  l'in- 
terprétation des  monuments.  On  lui  a  reproché  sans  in- 
justice trop  de  subtihté,  des  étymologies  fantaisistes,  une 
interprétation  symbolique  des  vases  peints,  qui  était  celle 
de  ses  contemporains,  mais  dont  il  n'a  pas  su  se  dégager. 
M.  de  Witte  a  dressé,  avec  le  plus  grand  soin,  la  liste 
des  nombreuses  pubUcations  de  Panotka,  livres  et  articles. 
Nous  n'indiquons  ici  que  ses  principaux  ouvrages  :  Bes 
Samiorum  (Berlin,  1822,  in-8);  Letlere  a  S.  E.  il  duca 
di  Serra  di  Falcosopra  una  iscrizione  del  teatrosira- 
cu'sano  (Eiesole,  1826,  in-8);  Vasi  dipremio  (Florence, 

1826,  in-fol.,  6  pL);   il   Museo  Bartoldiano  (Berlin, 

1827,  in-8);  Neapels  anlike  Bildwerke  (av.  Gerhard 
rStuttgard,  1828,  in-8J);  Recherches  sur  les  véritables 
noms  des  vases  grecs  et  leurs  différents  usages  (Pa- 
ris, 1829,  in-fol.,  9  pL);  Musée  Blacas;  vases  peints 
^Paris,  1830  et  1833,  in-fol.,  32  pi.);  Notice  sur  l'Ins- 
titut de  correspondance  arch.  (Paris,  1833,  in-8);  Antiq. 
du  cabinet  du  comte  de  Pourtatês-Goryicr  (Paris, 
1834-,  in-fol. ,  ^i^i±);  BilderantikenLebens  (1843,  in-4, 
20  pL);  Terrakoten  des  kônigl.  Muséums  zu  Berlin  (Ber- 
lin, 18^2.' in-fol.,  (J4  pi.);  Criechinnen  und  (hicchen 


nach  Antiken  (Berlin,  1844,  in-4,  3  pi.);  Verxeichniss 
der  Gijpsabgilsse  im  kônigl.  Muséum  zu  Berlin  (Berhn. 
1844,  in-8j;  etc.,  etc.  André  Baudbillart, 

iJiiîL.  :  De  WiTTE.  A;i/(Hcu'rc  de  rAauU'mlc  roijale  de 
l'cU/ujuc  pour  18.'')0. 

PÂNON.  Corn,  du  dép.  de  la  Sarthe.  arr.  et  cant.  de 
Mamers  ;  o7  hab. 

PÂNON  (Les)  (Y.  Desbassyxs  de  Richemoxï  [barons  |). 

PANOPÉE  (Astron.)  (V.  Astéroïde). 

PANOPÉE.  Ancienne  ville  de  Phocide  (Grèce),  sur  le 
Céphise,  à  l'O.  de  Chéronée.  Citée  dans  Vlliade  (xvii, 
300)  et  V Odyssée  (xi,580),  elle  était  en  ruines  à  Fépoque 
de  Pausanias. 

PANOPLIE  (Ameubl.).  On  appelait  ainsi  au  moyen 
âge,  l'ensemble  des  armes  offensives  et  défensives  d'un 
chevaher.  Aujourd'hui  ce  terme  désigne  un  panneau  de 
bois  recouvert  de  velours,  généralement  en  forme  d'écu, 
sur  lequel  on  accroche  symétriquement,  pour  orner  un 
cabinet  ou  une  salie  quelconque,  des  armes  rares  ou  an- 
ciennes, telles  que  cascjue,  cuirasse,  cuissards,  gantelets, 
hallebardes,  etc.,  etc.  On  peut  également  y  placer  des 
armes  modernes.  Pour  satisfaire  ce  goût  d'ornementation, 
on  est  allé  jusqu'à  fabriquer  des  armures  en  fonte  mal- 
léable ou  en  carton-pàte  métallisé. 

PANOPOLIS  (Archéol.  égypt.).  Chef-lieu  d'un  nome 
de  la  IIaute-f]gypte,  le  neuvième.  Le  nom  égyptien,  le 
nom  sacré  de  cette  ville  était  Khemi,  parce  qu'on  y  ho- 
norait le  dieu  ithyphallique  Khem,  que  les  (irecs  assimi- 
lèrent au  dieu  Pan  ;  le  nom  vulgaire  en  était  Apou. 

PÂNOPTIQUE  (Archit.).  On  a  donné  ce  nom  aux  études, 
faites  d'abord  en  Angleterre  et  dans  d'autres  pays  avant 
d'être  poursuivies  en  Erance,  en  vue  de  tracer  les  plans 
de  divers  établissements  et  surtout  des  étabhssements 
pénitentiaires,  de  façon  à  soumettre  à  la  surveillance  d'une 
seule  personne,  placée  en  un  poste  central,  de  nombreuses 
personnes  réparties  dans  des  bâtiments  rayonnant  autour 
de  ce  poste  central.  L'introduction  de  ce  système  dans  la 
construction  des  prisons  se  lia  en  Erance  avec  l'apphca- 
tion  partielle  du  système  cellulaire,  et  un  des  avantages 
de  ce  système  panoptique  ou  rayonnant  était  observé  à  la 
prison  l\lazas,  à  Paris,  aujourd'hui  démohe,  oii  chaque 
prisonnier  placé  sur  le  seuil  de  la  cellule  dont  la  porte 
était  à  peine  entr'ouverte,  pouvait  suivre  l'office  divin  ou 
entendre  une  communication  d'ordre  général  sans  voir  un 
seul  de  ses  compagnons  de  captivité  et  sans  être  vu  par 
aucun  d'eux,  la  porte  de  sa  cellule  formant  écran.  Avant 
d'être  adopté  en  Erance,  ce  système  panoptique,  dû  à 
deux  Anglais,  les  frères  Bentliam  (Works,  IV,  Panop- 
licon,  or  Ihe  Inspection  tlouse;  Londres,  1787-1791) 
avait  reçu  quelques  applications  en  divers  pays  :  en  Russie, 
où  une  école  des  Arts,  à  Ochto,  près  Saint-Pétersbourg, 
consistant  en  une  partie  centrale  circulaire  de  100  pieds 
de  diamètre  et  en  cinq  bâtiments  rayonnants,  de  100 
pieds  de  longueur,  fut  construite  en  bois  de  1803  à  1807, 
mais  détruite  peu  après  par  un  incendie;  en  Angleterre, 
à  la  prison  de  Dundalk-County  ;  au  château,  à  Chester;  à 
la  prison  de  Dartmoor  ;  à  la  prison-modèle  de  Penton- 
vilie  ;  en  Italie,  aux  grandes  prisons  de  Palerme  et  à  la 
partie  centrale  de  l'Aibergo  des  pauvres,  à  Naples,  etc. 

PANORAMA  (Archit.).  Edifice  tirant  son  nom  du  spec- 
tacle qui  est  représenté  dans  son  intérieur,  \m  panorama 
ou  peinture  circulaire  exposée  de  façon  que  le  spectateur, 
])lacé  au  centre  et  embrassant  tout  son  horizon,  ne  ren- 
contre que  le  tableau  (|ui  l'enveloppe.  Le  premier  pano- 
rama, dû  à  un  peintre  de  portraits  écossais,  Robert  Barker, 
fut  édifié  et  ouvert  à  Edimbourg  d'abord,  puis  transporté 
à  Londres  vers  1792  ;  il  consistait,  au  point  de  vue  de  la 
construction,  qui  devait  être  légère,  en  une  rotonde  de 
43  pieds  de  diamètre  sur  16  pieds  de  hauteur,  couverte 
])ar  un  toit  conique.  Un  fort  poteau  central,  formant  poin- 
çon, recevait  à  sa  partie  supérieure  les  arbalétriers  du 
comble  et,  de  sa  partie  inférieure,  partaient  des  jambes 
de  force  soulageant  la  portée.  En  "1799,  l'Américain  Robert 


Fulion  (V.  ce  nom),  venu  à  Paris,  y  prit  un  brevet  pour 
la  construction  et  l'exploitation  de  panoramas,  brevet  qu'il 
vendit  l'année  suivante  à  M.  et  M'^^^  James  Tliayer,  lesquels 
firent  construire  simultanément  deux  coupoles  presque  en 
bordure  sur  le  boulevard  Montmartre,  à  droite  du  nouveau 
théâtre  des  Variétés,  dont  la  façade  et  les  dispositions  inté- 
rieures du  plan  sout  restées  telles  quelles.  Ces  rotondes, 
séparées  par  un  passage  exist[int  encore  aujourd'hui,  mais 
reconstruit  par  l'architecte  Grisart  et  toujours  appelé 
passage  des  Panoramas,  avaient  17  m.  de  diamètre  sur 
7  m.  de  hauteur.  Berlin,  Vienne,  Amsterdam  eurent  alors 
leurs  panoramas  comme  Londres  et  Paris,  et,  dans  cette 
dernière  ville,  le  peintre  Prévost,  qui  avait  peint  les  pre- 
mières vues  des  panoramas  du  boulevard  ?i/lont martre, 
s'associa  avec  M.  J.  Thayer  pour  l'édification  et  l'exploi- 
tation d'un  nouveau  panorama,  qu'ils  firent  construire 
entre  la  rue  Neuve-Saint-Augustin  et  le  boulevard  des 
Capucines.  C'était  une  rotonde,  à  pilier  central,  mais  de 
32  m.  de  diamètre  sur  16  m.  de  hauteur  et  à  laquelle  on 
accédait  du  boulevard  par  un  corridor  dont  l'entrée  était 
décorée  de  pilastres  ioniques.  Après  la  mort  de  Prévost, 
dont  les  panoramas  furent  détruits,  celui  du  })oulevard 
des  Capucines  vers  1824,  et  les  deux  du  boulevard  Mont- 
martre en  1831,  la  vogue  de  ce  genre  de  spectacle  passa 
quelque  peu,  et  le  public  se  porta  aux  dioramas  (V.  ce 
mot)  de  Daguerrc  et  Bouton,  d'abord  rue  Santon,  der- 
rière le  Château-d'Eau,  puis  boulevard  Bonne-Nouvelle. 
Ces  dioramas  offraient,  au  point  de  vue  de  Faspect  exté- 
rieur et  de  la  construction,  une  différence  notable  avec 
les  panoramas  ;  il  y  avait  bien  encore  une  salle  circulaire 
centrale,  mais  de  peu  d'importance  et  où  se  tenaient  les 
spectateurs  ;  le  poteau,  qui  était  autrefois  l'axe  et  en  partie 
le  support  du  comble  de  cette  salle,  s'arrêtait  maintenant 
au  niveau  du  plancher  et,  véritable  pivot  de  ce  plancher, 
servait  à  le  faire  tourner  pour  mettre  les  spectateurs  en 
face  de  différents  points  de  vue  ;  en  revanche,  de  grandes 
salles  rectangulaires,  à  droite  el  à  gauche  de  la  salle  cen- 
trale, se  terminaient  par  d'autres  salles  en  forme  de  tra- 
pèzes à  bases  parallèles  dont  les  côtés  obliques  recevaient 
les  toiles  peintes  donnant  aux  assistants  des  spectacles, 
avec  jeux  changeants  de  lumières,  qui  firent  alors  la  for- 
tune des  dioramas.  A  cette  même  époque,  Londres  com- 
mençait la  construction  du  fameux  Colosseiun,  panorama 
élevé  à  l'entrée  de  Kegent's  Park,  et  consistant  en  un 
polygone  à  seize  faces,  de  38  m.  de  diamètre  et  couvert 
par  une  coupole  en  plein  cintre  deans  laquelle  s'ouvrait  une 
lanterne  vitrée  de  IP'^SO  de  rayon.  Ln  portique  de  six 
colonnes  d'ordre  dorique  grec,  servant  de  descente  o  cou- 
vert pour  les  personnes  venues  en  voiture,  accusait  l'en- 
trée de  cet  édifice  et  lui  donnait,  avec  la  coupole  haute  de 
34  m.,  un  aspect  architectural  qui,  jusque-là,  avait  manqué 
aux  autres  édifices  de  ce  genre.  Mais  l'édifice,  peut-être  le 
plus  remarquable,  construit  pour  recevoir  des  panoramas, 
parce  qu'il  décelait  de  véritables  progrès  au  point  de  vue 
de  la  construction  en  même  temps  qu'il  revêtait  une  forme 
des  plus  heureuses  au  point  de  vue  de  l'architecture, 
fut  le  panorama  construit  en  4840,  sous  la  direction  de 
L-L  Hittor(f(V,  ce  nom)  dans  le  carré  Marigny  aux  Champs- 
i'^lysces,  pour  recevoir  ï Incendie  de  Moscou,  desshié  par 
le  colonel  Langiois,  Ce  panorama  consistait  en  une  ro- 
tonde entourée  d'arcades  et  dont  le  toit  couique  était  sou- 
tenu par  des  câbles  ou  tirants  fixés  à  des  contreforts. 
Après  avoir  abrité  une  partie  de  l'Exposition  universelle 
de  18oo,  cette  rotonde  fut  détruite  et  remplacée  par  le 
panorama  édifié  en  1860  par  G.  Davioud  (V.  ce  nom) 
près  l'avenue  d'Antin.  Depuis  cette  épocjue,  de  nombreux 
édifices  reçurent  de  fort  intéressantes  compositions  pictu- 
rales à  usage  de  panoramas  ou  de  dioramas,  mais  sans 
que  ces  édifices,  de  construction  légère  et  provisoire,  aient 
un  intérêt  architectural.  Charles  Lucas. 

P  A  N  0  R  M  E  (Géogr.  )  .Ancien  nom  de  Païenne  (Y.  ce  mot) . 

PÂNORMIE.  Titre  de  la  plus  petite  des  deux  compila- 
tions attribuées  à  Yves  de  Chartres  (V.  ce  nom). 


951  —  PANORAMA  —  PANORPE 

PAN  OR  MITA  (Antonio  Beccadelli,  dit),  humaniste  ita- 
lien, néàPalerme  en  1394,  mort  àNaples  le  6janv.l471. 
Pensionné  d'abord  par  Philippe-M;arie  Visconti  de  Milan, 
il  professa  les  lettres  anciennes  à  Pavie,  Plaisance,  Bo- 
logne et  Padoue.  C'est  alors  qu'il  publia  un  recueil  d'épi- 
grammes  obscènes,  VEermaphrodilus,  pour  lequel  il  fut 
pubhquement  couronné  à  Sienne  par  l'empereur  Sigis- 
mond,  mais  qui  fut  bientôt  condamné  par  le  pape  î^]u- 
gène  IV.  En  1435,  il  se  rendit  à  Naples,  oii  il  fut  comblé 
de  faveurs  par  Alphonse,  qui  le  chargea  de  diverses  mis- 
sions diplomatiques,  et  par  son  successeur  Ferdinand  P'". 
Il  y  fonda  l'Académie  qui  devait  s'appeler  plus  tard  de 
Pontano,  et  y  soutint  de  vives  ([uerelles  avec  le  célèbre 
Laurent  Valla.  Ses  œuvres  se  recommandent  par  une  la- 
tinité élégante  et  spirituelle.  Les  principales  sont  cinq  livres 
à^Epilres  (Venise,  1553),  et  un  panégyrique  du  roi  Al- 
phonse (De  dictis  et  factis  régis  Alphonsi  (Pise,  1485). 
\j  Hennaphrodilus  a  été  réimprimé  dans  le  Quinijue  illas- 
Iriuni  poetaruni  lusus  in  Venereni  (Paris,  1791).  A.  J. 
I3iBL.  :  A.  Zeno.  Diss.  Voss.  —  Yoigt,  Wiederhclebuiig 
des  cliisslcJien  AUerthums,  pas.sim. 

PAN0R!\11TANUS  (Nicolas  de  Tudeschis,  dit),  un  des 
canonistes  les  plus  renommés  de  la  dernière  partie  du 
moyen  âge  (ses  contemporains  l'appelaient Ii^c^/'na  juris), 
né  à  Catane  en  1386,  mort  vers  1450.  Il  était  déjà  cha- 
noine de  la  collégiale  de  Catane  en  1314.  Après  avoir  étu- 
dié le  droit  à  Bologne,  il  l'enseigna  à  Sienne,  puis  à  Parme 
et  à  Bologne.  En  1425,  le  pape  Martin  V  lui  donna 
l'abbaye  de  Maniacum,  près  de  Messine,  et  lui  confia  les 
fonctions  d'auditeur  de  la  Rote  et  de  référendaire  aposto- 
lique. En  1434,  Alphonse  de  Castille  le  nomma  arche- 
vêque de  Païenne.  Représentant  de  ce  prince  au  concile 
de  Bàle,  il  soutint  contre  Eugène  IV  les  droits  de  cette 
assemblée,  que  le  pape  prétendait  transférer  à  Ferrare. 
Il  était  parti  lorsque  Eugène  IV  fut  déposé,  mais  il  revint 
pour  reconnaître  l'antipape 
Félix  V,  qui  le  créa  cardinal 
(1440)  et  l'envoya  comme  lé- 
gat aux  diètes  de  Mayence  et 
de  Fi'ancfort.  —  OEuvres  prin- 
cipales :  Commentaires  sur 
les  Décrétâtes  de  Grégoire  IX 
et  sur  les  Clémentines;  — 
Apologie  du  concile  de  Bàle, 
qui  fut  traduite  en  français  par 
(ierbais  (1677).  —  Ce  cano- 
niste  est  aussi  désigné  sous  les 
noms  de  Abbas  Siculus,  Ab- 
bas  recentior,  Abbas  mo- 
dernus.  E.-II.  V. 

PANORPE  (Entom.).  Genre 
d'Insectes  Névroptères,  établi 
par  Linné  {Syst.Nat.,  1748) 
et  qui  a  donné  son  nom  à  la 
famihe  des  Panorpides.  Ils  se 
rapprochent  des  Phryganides. 

A  l'état  adulte,  ces  Insectes  sont  carnassiers.  Les  larves 
vivent  en  terre 
de  substances  en 
putréfaction  ou 
de  mousses.  Les 
principaux  gen- 
res sont  :  Pa- 
norpa  L.,  Bil- 
lacus  Lat.,LV;- 
r(?»sLat. Les  re- 
présentants du 
genre  Panorpa 
présentent  u  n 
aspect  très  sin- 
gulier parla  Panorpa  communis  Lin.  (maie). 
queue  relevée 
des  mâles,  qui  leur  a  valu  le  nom  de   Mouches  scor- 


Panorpe  (larve). 


PANORPE  —  PANSEMENT 


9o2 


pions.  Ils  volent  le  jour,  pendant  la  belle  saison,  sur 
les  haies,  les  buissons,  attaquant  tous  les  insectes,  voire 
même  des  Libellules  de  grande  taille,  se  repaissant  aussi, 
d'après  Bauer,  de  proies  mortes.  Les  larves  vivent  dans 
les  terrains  humides.  Le  genre  compte  une  quarantaine 
d'espèces  d'Europe  et  du  N.  de  l'Afrique,  de  l'Asie  et  de 
l'Amérique  du  Nord.  L'espèce  la  plus  commune  en  Europe 
est  le  P.  communis  Lin. 

PANOSSAS.  Com.  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  de  la  Tour- 
du-Pin,  cant.  deCrémieu;  339  hab. 

PANOUSE  (La)  (V.Lapanouse). 

PAN  OU  SE  (La).  Com.  du  dép.  de  la  Lozère,  arr.  de 
Mende,  cant.  de  Grandrieu;  542  hab.  Fromageries. 

PANSAGE  (Art  vétér.).  C'est  l'ensemble  des  soins  de 
propreté  et  de  toilette  donnés  aux  animaux  domestiques, 
particulièrement  au  cheval,  à  l'âne  et  au  mulet.  Son  action 
est  double  :  il  empêche  que  la  transpiration  et  la  poussière 
mêlées,  en  collant  les  poils,  n'entravent  les  fonctions  éli- 
minatoires de  la  peau,  et  il  active  en  même  temps,  dans 
une  forte  mesure,  la  circulation  du  sang.  Le  jeu  de 
l'étrille,  dit  un  vieux  proverbe,  équivaut  à  un  picotin 
d'avoine.  Bien  pratiqué,  le  pansage  remplace,  en  effet, 
en  quelque  sorte,  une  partie  de  la  nourriture  et  con- 
tribue, à  nourriture  égale,  à  accroître  la  force  produc- 
trice. Il  est,  en  tous  cas,  indispensable  à  l'entretien  de  la 
santé  et,  faute  d'être  régulièrement  pansé,  le  cheval,  no- 
tamment, est  exposé  à  de  graves  maladies.  Les  principaux 
instruments  de  pansage  sont  l'étrille,  la  brosse,  l'éponge, 
le  bouchon  de  foin  ou  de  paiUe,  le  plumeau  à  pansage  ou 
époussette,  le  torchon,  une  pièce  de  laine  ou  de  grosse  fla- 
nelle et  le  cure-pied. 

Pour  panser  un  cheval,  on  le  saisit  par  la  queue  de  la 
main  gauche  et  on  promène  légèrement  Té^'^rz"//^  (V.  ce  mot) 
de  la  main  droite  et  à  rebrousse-poil,  sur  toutes  les  par- 
ties charnues,  en  commençant  par  la  croupe  et  en  évitant 
de  toucher  à  l'épine  dorsale,  à  l'intérieur  des  cuisses  et  des 
avant-bras,  aux  mamelles,  aux  jambes,  à  la  base  de  la 
queue,  au  bord  inférieur  de  l'encolure  et  à  la  tête.  On 
enlève  ensuite  la  plus  grande  partie  de  la  poussière  avec 
le  plumeau  à  pansage  ou  époussette  (queue  de  cheval 
montée  sur  un  manche).  Puis  on  passe  la  brosse  sur  toute 
la  surface  du  corps  en  commençant  par  la  tête  et  en  ayant 
soin,  après  chaque  coup  de  brosse,  de  la  passer  sur  l'étrille, 
tenue  de  la  main  gauche,  les  dents  en  dessus,  pour  enlever 
la  crasse  ;  on  lisse  avec  un  bouchon  de  foin  légèrement 
mouillé,  et  on  termine  cette  première  partie  de  la  toilette 
par  un  bon  coup  de  torchon  ou  avec  un  morceau  de  laine 
ou  de  flanelle,  de  façon  à  bien  lustrer  les  poils.  Pour  les 
chevaux  de  luxe  qui  ont  la  peau  délicate,  on  n'emploie 
l'étrille  qu'avec  beaucoup  de  ménagement;  on  lui  substitue 
même  complètement,  pour  les  chevaux  de  race  qui  ne  la 
supporteraient  pas,  et  dans  la  cavalerie,  pour  tous  les  che- 
vaux qui  ont  le  poil  fin  ou  sont  tondus,  une  brosse  rude 
ou  en  chiendent.  On  donne  alors  chaque  coup  de  brosse, 
d'abord  à  rebrousse-poil,  puis  dans  le  sens  du  poil.  Le 
lavage  et  le  nettoyage  des  jambes  et  des  paturons  s'effec- 
tuent avec  l'éponge,  mais  il  faut  essuyer  et  sécher  avec 
soin  ;  ensuite  on  passe  la  brosse  et  le  torchon.  On  lave 
également  avec  une  éponge  et  de  l'eau  bien  fraîche  les 
yeux,  les  naseaux,  la  iDOuche,  les  oreilles,  l'anus.  Tinté- 
rieur  des  cuisses,  le  toupet,  la  crinière  et  la  queue  ;  on 
frictionne  les  canons  et  les  boulets  en  les  frottant  vivement 
avec  les  deux  mains  à  plat,  en  sens  inverse,  de  haut  en 
*  bas  et  de  bas  en  haut.  On  décrasse  la  sole  avec  le  cure- 
pied.  Enfin,  on  peigne  le  toupet,  la  crinière  et  la  queue,  on 
cire  les  pieds  et  on  graisse  la  paroi  des  sabots.  Quand  un 
cheval  revient  fatigué  et  en  transpiration  ou  lorsqu'il  a 
été  mouillé,  on  le  bouchonne  (V.  Bouchonnement).  Il  y  a, 
du  reste,  intérêt,  même  lorsque  l'animal  n'est  pas  sorti, 
à  pratiquer  chaque  jour  cette  opération,  en  insistant  tout 
spécialement  sur  les  parties  musculaires.  Des  bains  de  mer 
ou  de  rivière,  aussi  fréquents  que  possible,  surtout  l'été, 
complètent  ces  divers  soins  de  propreté  et  d'hygiène  et 


facilitent  beaucoup  le  pansage  (V.  Bain,  t.  V,  p.  12). 
Quant  à  V habillement,  il  se  compose  d'ordinaire  :  de 
guêtres  et  de  genouillères,  principalement  l'hiver  par  temps 
de  neige  ou  de  verglas,  pour  préserver  les  jambes  contre 
les  blessures  ;  d'oreillères  ou  béguins  et  de  filets  ou  vo- 
lettes, principalement  l'été  pour  écarter  les  mouches.  Les 
chevaux  de  race  ont,  en  outre,  un  habillement  complet, 
qui  comprend  un  caniail{\.  ce  mot)  avec  ou  sans  oreilles, 
un  poitrail  et  une  grande  couverture  embrassant  le  reste 
du  tronc.  Ils  ne  le'  revèteni,  du  reste,  que  pour  la  pro- 
menade . 

L'àne  et  le  mulet  sont  pansés  d'une  façon  analogue, 
mais,  en  général,  beaucoup  plus  sommaire.  C'est,  au  sur- 
plus, un  tort.  La  rudesse  de  la  peau  et  la  grossièreté  du 
poil  de  l'àne  et  de  l'ânesse  tiennent,  en  partie,  à  ce  qu'on 
néglige  de  les  bien  étriller  et  de  les  brosser.  En  outre,  la 
malpropreté  fait  pulluler  les  insectes,  qui  les  tourmentent 
et  les  font  se  rouler  par  terre,  à  toute  occasion.  —  Les 
bœufs  et  les  vaches  sont  plus  négligés  encore.  Ils  n'ont 
pas  besoin,  il  est  vrai,  d'un  pansage  aussi  minutieux  que 
celui  du  cheval,  ayant  l'épiderme  moins  sensible  et  moins 
impressionnable;  mais  il  leur  faut,  au  moins  chaque  jour, 
un  coup  d'étrillé  et  un  coup  de  brosse,  qui  contribuent  à 
la  digestion  et  activent  considérablement,  chez  la  vache, 
la  sécrétion  laiteuse.  On  doit  aussi  leur  laver  avec  soin  la 
queue,  les  jarrets,  les  cuisses,  en  abattant,  avec  le  couteau 
de  chaleur  ou  grattoir,  la  bouse  et  le  fumier  frais  dont  ces 
dernières  sont  toujours  salies.  Chez  les  vaches,  le  pis  doit 
être,  en  outre,  entretenu  dans  un  parfait  état  de  propreté, 
tout  en  se  gardant  de  le  laver  immédiatement  avant  de 
traire  ou  à  l'eau  froide  l'hiver.  Enfin,  bœufs  et  vaches 
doivent,  comme  les  chevaux,  être  bouchonnés  lorsqu'ils 
rentrent  mouillés  à  l'étable.  —  La  chèvre  et  le  chien  ont 
besoin  d'être  fréquemment  peignés.  —  Le  porc  lui-même 
devrait  être  très  régulièrement  pansé  avec  la  brosse  et 
l'éponge.  La  graisse  qui  l'enveloppe  n'émousse  pas  com- 
plètement sa  sensibilité,  comme  on  est  porté  à  le  croire, 
il  souffre  beaucoup  des  insectes,  et  c'est  pour  se  soustraire 
à  leurs  morsures  qu'il  se  vautre  dans  toutes  les  mares  qu'il 
rencontre. 

PANSE.  I.  Anatomie  (V,  Estomac). 

IL  Viticulture.  —  La  Panse  noire  ou  Gros-Guillaume  a 
une  souche  vigoureuse,  à  sarments  érigés  ;  les  jeunes 
feuilles  sont  pourpre  clair,  brillantes  ;  la  grappe  est  très 
grosse.  C'est  un  cépage  de  la  région  méridionale;  ses 
fruits  mûrissent  tardivement  (3®  époque  de  maturité).  La 
Panse  demande  la  taille  longue.  Elle  donne  un  vin  d'assez 
bonne  quaUté,  mais  sa  fertilité  est  très  inégale.  Comme  sa 
variété  la  Panse  jaune,  elle  est  peu  cultivée.  — La  Panse 
jaune  ou  Bicane  est  moins  vigoureuse  que  la  Panse  noire. 
Elle  craint  beaucoup  la  coulure,  le  millerandage,  et  son 
fruit  est  très  sujet  à  la  pourriture.  Epoque  de  maturité 
moins  tardive  que  la  Panse  noire  (2^  époque).  Il  existe 
une  variété  précoce,  Panse  précoce,  qui,  surtout  à  cause 
de  la  beauté  de  son  fruit,  est  cultivée  pour  la  production 
des  raisins  de  table. 

PANSELENE  (Astron . ) .  Nom  donné  j adis  par  quelques 
astronomes  à  la  pleine  lune  ;  n'est  plus  usité. 

PANSELINOS  (Manuel),  peintre  et  moine  grec  de 
Thessalonique,  qui  vivait  à  la  fin  du  xi^  et  du  xii^  siècle  ; 
il  est  regardé  comme  le  fondateur  de  l'école  de  peinture 
byzantine. 

PANSEMENT  (Thérap.  chir.).  Le  pansement  est  un  en- 
semble de  moyens  propres  à  mettre  une  plaie  dans  les 
conditions  les  meilleures  pour  'en  assurer  la  guérison  en 
la  protégeant  contre  l'invasion  des  germes  infectieux  et 
contre  les  violences  extérieures.  Le  pansement  est  dit  asep- 
tique lorsque  toutes  les  pièces  qui  le  composent  ont  subi 
une  série  de  préparations  qui  en  ont  sûrement  banni  tous 
les  germes  ;  il  est  dit  antiseptique  lorsque  les  parties 
constituantes,  préablement  rendues  aseptiques,  servent  de 
support  ou  de  véhicule  à  des  substances  microbicides.  Le 
pansement  peut  être  encore  sec  ou  humide,  suivant  que  les 


—  938 


PANSEMENT 


substances  microbicides  lui  sont  incorporées  à  l'état  pul- 
vérulent ou  à  l'état  dissous.  Les  principes  des  pansements 
actuels  qui  découlent  des  travaux  de  Pasteur  ont  été  posés 
par  Lister  et  Guérin. 

Les  matériaux  et  les  substances  microbicides  dont  on  se 
sert  le  plus  habituellement  pour  les  pansements  sont  d'abord 
les  divers  fils  à  suture  (catgut,  soie,  crins  de  Florence, 
crins  de  cheval,  etc.).  La  suture  est,  en  effet,  le  premier 
temps  et  le  plus  important  du  pansement  de  toute 
plaie  non  infectée.  On  recouvre  ensuite  la  plaie  su- 
turée de  gaze  simplement  aseptique  ou  chargée  de  diverses 
substances  (gaze  à  l'iodoforme,  au  salol,  etc.)  ou  enduite 
de  diverses  pommades  (vaselines  iodoformées,  naphto- 
lées,  etc.)  ou  imbibées  de  divers  liquides  antiseptiques 
(acide  phénique,  sublimé,  phénosalyl,  etc.)  plus  ou  moins 
dilués.  Par-dessus  ces  gazes  que  l'on  applique  directement 
sur  la  plaie  ou  après  avoir  saupoudré  la  ligne  de  réunion 
d'une  poudre  antiseptique  (iodoforme,  salol,  dermatol,  etc.) 
ou  l'avoir  recouverte  d'un  vernis  antiseptique  (stérésol, 
kollasine,  etc.),  on  applique  une  couche  plus  ou  moins 
épaisse  d'un  corps  absorbant  (coton  hydrophile  ordinaire- 
ment, ouate  de  tourbe,  de  bois,  etc.).  Par-dessus  le  coton 
hydrophile,  on  placera  une  couche  de  coton  cardé  ordi- 
naire, suffisamment  épaisse  et  suffisamment  tassée  et  main- 
tenue par  des  bandes  pour  ne  laisser  arriver  à  la  plaie 
qu'un  air  convenablement  filtré  et  dépourvu  de  germes. 
Si  le  pansement  est  humide,  on  interpose  aux  gazes  hu- 
mectées de  liquides  antiseptiques  et  au  coton  hydrophile 
absorbant  une  feuille  imperméable  qui  s'oppose  à  l'éva- 
poration  du  liquide  et  maintient  humide  la  gaze  sous-ja- 
cente.  Le  pansement  simplement  aseptique,  dont  le  pan- 
sement ouaté  de  Guérin  est  le  type,  se  compose  des  mêmes 
matériaux,  mais  sans  l'intervention  de  substances  micro- 
bicides. 

Les  pansements  appliqués  suivant  ces  principes  ont  pour 
avantage  de  mettre  la  plaie  au  repos,  de  lui  faire  subir 
une  douce  compression  élastique  qui  aide  à  l'affrontement 
des  parties,  y  régularise  la  circulation  et  y  modère  les 
réactions  nerveuses  en  y  entretenant  une  douce  tempéra- 
ture. A  ce  dernier  point  de  vue,  le  pansement  humide  pré- 
sente une  efficacité  particulière.  Par  le  coton,  l'air  qui  arrive 
à  la  plaie  est  dépouillé  de  ses  germes  et  la  permanence 
de  l'asepsie  est  assurée  ;  d'ailleurs,  l'atmosphère  antisep- 
tique dans  laquelle  la  plaie  est  plongée  corrige  les  menues 
fautes  commises  au  cours  de  l'intervention  et  l'assure  contre 
l'action  nocive  des  germes  qui  pourraient  l'aborder. 

Pour  les  plaies  faites  par  le  chirurgien,  ces  pansements 
peuvent  rester  en  place  souvent  jusqu'à  guérison.  Mais 
pour  les  plaies  non  suturées,  plus  ou  moins  fortement  suin- 
tantes, le  dépansement  doit  avoir  lieu  plus  souvent,  dès 
que  la  souillure  est  un  peu  considérable.  Le  pansement 
humide  qui  ne  colle  pas,  et  partant  plus  facile  à  en- 
lever, doit  dans  ces  cas  être  préféré.  A  chaque  dépanse- 
ment qu'il  faut  faire  sans  violence  et  sans  ces  menues 
effractions  qui  couvrent  la  plaie  de  sang,  on  doit  laver  la 
peau  à  une  certaine  distance  des  abords  de  la  plaie  et  ne 
toucher  qu'exceptionnellement  à  la  plaie  elle-même  ou  à 
la  ligne  de  réunion  dont  on  pourrait  malencontreusement 
troubler  l'évolution. 

(iuant  aux  plaies  suppurantes  infectées,  il  faut  par  une 
désinfection  soignée  (irrigations,  curettage,  attouchements 
antiseptiques)  les  amener  à  l'état  de  plaies  non  infectées  ; 
les  mêmes  modes  de  pansement  leur  sont  alors  applicables. 

Les  principes  qui  doivent  guider  le  chirurgien  et  les 
matériaux  employés  dans  les  pansements  sont  les  mêmes  que 
ceux  que  nous  avons  énumérés  ci-dessus,  et  la  pratique  n'en 
est  pas  différente  dans  les  formations  sanitaires  relative- 
ment tranquilles,  dites  hôpitaux  de  campagne  et  hôpi- 
taux sédentaires.  Mais  dans  la  zone  de  l'avant  qui  subit 
si  directement  les  contre-coups  des  péripéties  de  la  lutte, 
il  n'en  va  pas  de  même,  d'autant  que  l'asepsie  des  inter- 
ventions, quelque  soin  qu'on  y  donne,  sera  le  plus  souvent 
précaire  et  aléatoire.  C'est  ici  surtout  qu'il  y  a  lieu  d'avoir 


toujours  présent  à  l'esprit  ce  précopte  de  Volkmann  :  «  Le 
premier  pansement  tranche  le  sort  du  malade  et  décide 
de  la  marche  ultérieure  de  la  plaie  ».  Aussi,  en  raison  des 
conditions  spéciales  où  on  se  trouve,  est-ce  au  pansement 
antiseptique  qu'il  y  aura  lieu  de  s'adresser  comme  plus 
capable  d'atténuer  autant  que  possible  les  fautes  inévi- 
tables d'asepsie.  De  plus,  en  raison  des  facilités  de  trans- 
port des  matériaux  de  pansement,  des  difficultés  d'appro- 
visionnement en  eau  stérile  que  l'on  devra  réserver  au 
nettoyage  aussi  exact  que  possible  des  abords  de  la  plaie, 
est-ce  au  pansement  sec  qu'il  faudra  avoir  recours  et  en 
particulier  au  pansement  iodoforme  dont  l'agent  constitue 
une  réserve  antiseptique  qui  se  dégage  lentement. 

Les  matériaux  de  pansement  (gaze,  coton  hydrophile, 
coton  cardé,  bandes)  sont,  dans  le  matériel  de  guerre,  pré- 
parés en  petits  paquets  pour  ne  pas  exposer  à  la  souil- 
lure par  leur  ouverture  une  trop  grande  quantité  de  ces 
matériaux.  Ils  sont  enveloppés  d'un  papier  fort,  résistant, 
imperméabilisé.  Ces  paquets  sont  réunis  dans  des  paniers 
désignés  à  l'avance  par  les  mômes  numéros  dans  toutes 
les  formations  sanitaires,  de  sorte  que  l'on  a  ainsi  sous  la 
main  avec  un  de  ces  paniers  tous  les  matériaux  nécessaires 
à  un  certain  nombre  de  pansements  simples.  Dans  d'autres 
paniers  désignés  aussi  par  des  numéros,  toujours  les  mêmes, 
se  trouvent,  à  côté  des  matériaux  de  pansements  simples, 
des  accessoires  dont  l'utilisation  est  commandée  par  la 
complication  de  la  blessure  (attelles,  gouttières,  coussins). 
Ce  mode  d'arrimage  facilite  singulièrement  la  mise  en  main 
du  chirurgien  du  matériel  nécessaire  à  chaque  cas  et  le  lui 
fournit  dans  des  conditions  d'asepsie  aussi  assurées  que 
possible.  Quand  nous  aurons  ajouté  que  d'autres  paniers, 
également  connus  par  leur  numéro,  contiennent  tout  ce 
qui  est  utile  à  l'exacte  aseptisation  du  chirurgien  et  des 
aides  et  aussi  à  la  désinfection  des  plaies,  on  aura  une 
idée  de  l'organisation  ingénieuse  des  pansements  de  ser- 
vice de  santé  militaire  en  France. 

L'importance  des  approvisionnements  de  pansements  est 
considérable.  On  en  peut  juger  par  un  chiffre  fort  sugges- 
tif. Un  corps  d'armée  avec  ses  postes  de  secours,  ses  am- 
bulances, ses  hôpitaux  de  campagne,  son  hôpital  d'éva- 
cuation, traîne  après  lui  plus  de  60.000  pansements,  sans 
compter  le  pansement  individuel  dont  chaque  homme, 
chaque  officier,  sont  munis.  D^  S.  Morer. 

Objets  de  pansement.  —  Les  principaux  objets  de 
pansement  sont  les  gazes,  les  ouates,  les  éponges.  Nous  ne 
nous  occuperons  ici  que  de  ces  trois  catégories  d'objets, 
de  préparation  plus  spécialement  pharmaceutique,  laissant 
de  côté  les  crins  de  Florence,  les  catguts,  les  drains,  etc. 

Les  gazes  sont  des  tissus  de  coton  léger,  à  grandes 
mailles.  On  emploie  comme  gazes  à  pansement  celles  à  onze 
ou  à  quinze  fils  par  centimètre.  La  première  opération  à 
faire  subir  aux  gazes  est  une  purification  ;  on  les  lave  à 
l'eau  chaude,  puis  à  Feau  froide,  puis  on  les  traite  par 
Thypochlorite  de  soude,  et  on  les  soumet  à  un  nouyea.u 
lavage,  suivi  d'un  traitement  à  l'acide  chlorhydrique  dilué, 
puis  d'un  dernier  lavage.  On  exprime  ensuite  et  on  fait 
sécher.  On  obtient  ainsi'la  gaze  hydrophile.  Les  gazes  mé- 
dicamenteuses se  font  en  trempant  la  gaze  hydrophile  dans 
des  solutions  convenablement  faites  de  matières  médica- 
menteuses. Ces  solutions,  alcooliques  ou  éthérées,  con- 
tiennent de  la  térébenthine  ou  de  l'huile  de  ricin,  pour 
permettre  l'adhérence  de  la  substance  médicamenteuse. 
La  quantité  de  substance  médicamenteuse  fixée  sur  la  gaze 
est  stipulée  pour  chaque  sorte  de  gaze  ;  on  obtient  les 
gazes  au  titre  voulu  en  exprimant  la  gaze  imbibée  de  so- 
lution médicamenteuse  jusqu'à  ce  qu'elle  ne  retienne  plus 
qu'une  certaine  quantité  de  cette  solution,  fixée  d'avance. 
Après  cette  expression,  la  gaze  est  mise  à  sécher  dans 
une  pièce  chauffée,  éclairée  par  des  vitres  jaunes,  pour 
éviter  l'action  de  la  lumière  dans  certains  cas  (réduction 
de  l'iodoforme  par  la  lumière)  et  loin  de  toute  flamme. 
Une  fois  sèches,  on  les  conserve  en  paquets  de  1-10-15  m. 
dans  du  papier  parchemin.  —  Le  supplément  du  Codex 


PANSEMENT  —  PANSLAVISME 


—  9U' 


(189o)  indique  cinq  sortes  de  gaze  :  boriqiiée  (1/10  en  poids 
d'acide  borique),  iodoformée  au  i/10,  pliéniquée  au  i/10, 
salolée  au  1/10,  au  sublimé  1  iOOO. 

Les  ouates  médicamenteuses  ont  pour  base  Vouate 
hydrophile;  c'est  du  coton  cardé  dégraissé  par  ébullition 
dans  une  solution  de  soude  à  i  «/o,  lavé  à  l'eau,  blanchi 
par  action  d'une  soin  lion  de  chlorure  de  chaux  ta  ^y  °  ^, 
suivie  d'un  lavage  à  l'acide  chlorhydriiiue  dilué,  puis  à 
l'eau.  Ce  coton,  après  expression  et  dessiccation,  doit 
s'imbiber  spontanément  quand  on  le  dépose  à  la  surface 
de  l'eau.  11  se  distingue  encore  du  coton  cardé  ordinaire 
par  son  toucher  un  peu  rade.  Ainsi  obteiui.  il  sert  à  pré- 
parer les  ouates  médicamenteuses.  Le  mode  de  préparation 
est  identique  à  cekii  des  gazes.  Les  ouates  servent  à  pro- 
téger les  plaies  des  germes  microbiens  contenus  dans  l'air. 
Mais  cà  coté  des  ouates,  il  nous  faut  mentionner  les  éponges, 
qui  s'emploient  dans  les  opérations  chirurgicales  comme 
absorbants.  Les  éponges  que  l'on  doit  choisir  dans  ce  but 
sont  des  éponges  à  pores  tins  (éponges  du  Levant).  On  les 
dél)arrasse  des  concrétions  calcaires  qu'elles  contiennent 
en  les  battant,  puis  en  les  plongeant  pendant  quatre  heures 
dans  une  solution  d'acide  chlorhvdrique  à  4  '^'o-  On  les 
exprime,  on  les  lave  et  ou  les  fait  séjourjier  dans  une 
solution  de  permanganate  de  potasse  à  i/iOOO  jusqu'à  ce 
(ju'elles  aient  pris  une  teinte  brun  chocolat.  On  les  lave 
et  on  les  décolore  complètement  par  action  d'une  solution 
cblorhydrique  de  bisulfite  de  soude.  Après  un  nouveau 
lavage,  pour  éliminer  toute  trace  d'acide  cblorhydrique  ou 
sulfureux,  on  les  exprime  et  on  les  conserve  dans  des 
solutions  de  sublimé  à  l  iOOO  ou  d'acide  pliénique  à  5  100. 

Y.  Harlày. 

liHîL.  :  CiiAvAssr:,  A'oituecaLY  Élcmants  do  petile  clnrm-- 
(jLG,  1889  —  FoR(ajE  et  Reclus,  Traité  de  lo  tlicrapeiituiuc 
(d)iyuT(jicalG,  2'  od. 

PANSERON  (Pierre),  architecte  et  graveur  français,  né 
près  de  Provins  vers  1730,  mort  à  Paris  vers  4790.  Elève 
de  J.-Fr.  Blondel,  Panseron,  qui  fut  professeur  à  l'Ecole 
royale  militaire  et  qui  fut  l'un  des  maîtres  de  J.-N.-L. 
Durand,  était  inspecteur  des  bâtiments  du  prince  de  Conti 
et  a  laissé  de  nombreux  ouvrages  dont  il  dessina  et  grava 
les  planches.  Parmi  ces  ouvrages,  il  faut  citer  :  EhJments 
iCarchiieciure  (Paris,  4772,  in- 4)  ;  Nouveaux  Eléments 
d'arcMtecture  (Paris,  4773-80,  3  vol.  in-8,  et  suppl., 
4787,  in-4);  Etudes  de  lavis  (Paris,  4784,  in-l2); 
Dessins  d'architecture  ;  Lavis  par  feuilles  détachées; 
Plan  général  des  palais  des  Tuileries  et  du  Louvre; 
Recueil  de  jardins  anglais  et  chinois  (Paris,  4783, 
in-4,  o4  pL),  et  surtout,  comme  ouvrage  d'enseignement, 
le  Grand  et  nouveau  Vignole,  ou  Règle  des  cinq 
ordres,  etc.  (Paris,  iu-foL,  s.  d.).  Ch.  L. 

PANSERON  (Auguste-Mathieu),  compositeur  français, 
né  à  Paris  le  26  avr.  4796,  mort  à  Paris  le  29  juil.  4839. 
Fils  d'un  professeur  de  musique,  qui  fut  le  collaborateur 
de  Grétry,  il  entra  en  4804  au  Conservatoire,  y  remporta 
successivement  les  prix  do  solfège  (4806),  d'harmonie 
(4809),  de  violon  (4844),  obtint  en  4843  le  grand  prix 
de  composition,  avec  une  cantate  intitulée  Herminie, 
partit  pour  l'Italie,  comme  pensionnaire  du  gouvernement, 
puis  se  rendit,  toujours  aux  frais  de  l'Etat,  en  Allemagne 
et  en  Russie,  et,  rentré  déiinitivement  à  Paris  en  4848, 
futquelcrue  temps  accompagnateur  à  l'Opéra-Comique,  puis 
se  fit  nommer  en  4824  professeur  de  chant  au  Conser- 
vatoire. En  4829,  il  succéda  à  Halévy  comme  accompa- 
gnateur au  Théâtre-Italien  ;  mais  il  résigna  bientôt  cet 
emploi  pour  se  consacrer  tout  entier  à  son.  enseignement 
et  à  la  composition.  Son  premier  opéra-comique,  la  Grille 
du  Parc  (4  acte,  48J9),  avait  eu  peu  de  succès.  Il  avait 
donné  ensuite  deux  autres  pelits  opéras-comiques,  tes 
Deux  Cousines  (4  acte,  4824)  et  F  Ecole  de  Pw)  ne  (i  acte, 
1827).  Mais  ce  sont  surtout  ses  romances,  au  nombre  de  plus 
de  cinq  cents,  qui  lui  ont  valu  une  réputation  européenne  : 
te  Songe  de  Tartini,  Petit-Blanc,  la  Ballade  du  cor, 
Malvina,  Valsons  encore.  Vogue,  ma  nacelle,  Appelez- 


moi,  je  reviendrai,  Demain  on  vous  marie,  etc.  On 
lui  doit,  en  outre,  deux  cents  nocturnes,  plusieurs  messes 
solennelles,  \mPie  Jesu  très  estimé,  écrit  pour  le  service 
de  Gossec,  des  morceaux  de  cor,  de  hautbois,  de  violon, 
de  flûte,  etc.  Enfm,  il  est  l'auteur  de  nombreux  ouvrages 
didactiques,  qui  ont  contribué,  presque  autant  que  ses 
romances,  à  répandre  son  nom  :  ABC  musical.  Sol- 
fèges (d'artiste,  d'ensemble,  du  pianiste,  du  violon- 
celliste, etc.),  Méthodes  de  vocalisation.  Traité  de 
riiarmonie  praUque  et  des  modulations,  etc. 

PAN  S  1ERE  (ArchéoL).  Partie  du  corps  d'armure,  qui, 
dans  le  hornois  du  xv°  siècle,  protégeait  l'épigastre  do 
1  homme  d'armes  en  s'échancrant  sous  les  pectoraux  pour 
se  dresser  en  une  patte  bouclée  au  droit  du  sternum. 
La  pansière  était,  en  somme,  une  pièce  de  renfort  appli- 
quée sur  le  plastron.  Elle  s'attachait  au  défaut  de  la  cein- 
ture par  deux  agrafes  latérales  ou  par  deux  boutons  tour- 
nants qui  la  fixaient  d'une  façon  inflexible,  tandis  que  le 
bouclage  de  la  partie  supérieure  n'empêchait  pas  tout 
mouvement  de  flexion  du  tronc.  Complément  presque  insé- 
parable de  l'armure  gothique,  la  pansière  est  bien  la  carac- 
téristique du  xv^  siècle.  Une  erreur  générale  est  de  con- 
fondre la  pansière  avec  le  corselet  et  d'avancer  que  cette 
pièce  d'arme  scportait  seule, notamment  chez  les  gens  de 
pied.  La  vérité  est  que  la  mode  fut,  à  cette  éqoque,  de 
maroufler  des  tissus,  fussent  des  brocards  ou  des  feu- 
Ires,  sur  les  corps  d'armure,  sans  habiller  pareillement 
la  pansière,  ou  bien  encore  celle-ci  venait  s'attacher  sur 
la  cotte  ou  saye  juste  passée  par-dessus  l'arm^ure.  C'est 
ce  qui  se  faisait  couramment  encore,  au  commencement  du 
xv!^'  siècle,  pour  les  renforts  de  cuirasse.        M.  Maixdron. 

PANSLAVISME.  Ce  mot  s'est  produit  dans  la  langue 
])olitique  vers  4830.  Il  désignait  la  tendance  qu'auraient  eue 
tous  les  Slaves  à  se  grouper  en  un  seul  corps  politique 
sous  la  tutelle  ou  la  domination  de  la  Russie.  Il  a  été  mis 
en  circulation,  non  point  par  les  Slaves  eux-mêmes,  m^iis 
par  leurs  ennemis,  par  les  peuples  qui  avaient  intérêt  à 
les  maintenir  dans  un  état  de  servitude  ou  de  vasselage, 
les  Hongrois,  les  Allemands,  les  Turcs  et  les  Grecs.  Pen- 
dant de  longues  périodes  historiques,  les  peuples  slaves  — 
sauf  les  Polonais  et  les  Russes  —  les  Tchèques,  les  Slo- 
vaques, les  Croates,  les  Serbes,  les  Bulgares  ont  été  asser- 
vis à  des  peuples  étrangers.  A  partir  de  la  (In  du  xviii^  siècle 
ils  se  sont  efforcés  de  reconquérir  leur  indépendance.  Trop 
faibles  pour  lutter  individuellement  contre  leurs  oppres- 
seurs, ils  ont  songé  à  demander  un  secours  matériel  ou 
plus  souvent  moral  à  des  peuples  congénères.  Ils  se  sont 
consolés  des  misères  du  présent  par  l'idée  de  la  gran- 
deur ou  de  la  gloire  de  leur  race.  Ils  ont  rêvé  d'avoir 
une  littérature,  une  langue  unique.  Les  publicistes,  les 
poètes,  les  hommes  d'Etat  qui  ont  prêché  ces  idées  ou  qui 
les  ont  mises  en  œuvre  ont  volontiers  été  considérés  par 
leurs  ennemis  comme  de  simples  instruments  de  la  poli- 
tique russe,  comme  des  agents  panslavistes.  En  réalité, 
plus  un  peuple  slave  se  croit  assuré  de  l'indépendance, 
moins  il  est  tenté  de  s'absorber  dans  l'ensemble  de  la  race. 
Les  Etats  slaves  récemment  créés,  la  Serbie,  la  Bulgarie, 
s'inspirent  avant  tout  des  intérêts  de  la  nation  et  de  la 
dynastie  et  ne  songent  nullement  à  les  sacrifier  à  l'intérêt 
supérieur  de  la  race  ou  du  peuple  privilégié  qui  la  re- 
présenterait. Parmi  les  écrivains  qui  ont  prêché  avec  le 
plus  d'éloquence  les  doctrines  dites  panslavistes,  on  peut 
citer  au  xvii^  siècle  le  Croate  Krijanitch,  au  xix®  le  Tchèque 
Kollar  (V.  ces  noms).  En  4848,  les  Slaves  d'Autriche 
essayèrent  de  discuter  leurs  intérêts  communs  dans  un  con- 
grès tenu  à  Prague,  (pii  fut  dissous  au  bout  de  quelques 
jours.  En  4867,  quand  le  gouvernement  austro-hongrois 
établit  le  régime  dualiste  qui  sacrifiait  les  intérêts  des 
Slaves  à  ceux  des  Allemands  et  des  Hongrois,  un  certain 
nombre  de  Tchècjues,  de  Slovaques,  de  Croates  et  de  Serbes 
se  rendirent  à  Moscou  pour  prendre  part  à  une  exposition 
ethnographique  et  se  livrèrent  h  des  manifestations  qui 
restèrent  d'ailleurs  purement  platoniques,  Qi-ie  la  Russie 


9o5 


PANSLAVISME  —  PANTCFIALA 


puisse  mettre  à  profit  les  aspirations  naturelles  des  Slaves, 
c'est  son  droit,  et  nal  ne  peut  s'en  étonner.  Chaque  pays 
s'efforce  d'étendre  sa  sphère  d'action  au  gré  de  ses  inté- 
rêts. Ce  qui  est  certain,  d'autre  part,  c'est  que  les  petits 
peuples  slaves  n'ont  aucune  envie  de  se  laisser  absorber, 
môme  par  un  peuple  congénère.  Us  veulent  être  eux- 
mêmes  avant  tout;  toutefois,  si  dans  une  crise  suprême  ils 
étaient  obligés  de  choisir,  ils  aimeraient  évidemment  mieux 
rester  Slaves  en  devenant  Russes  que  de  se  laisser  germa- 
niser (V.  Bohème,  Bulgarie,  Croatie,  Serwe).     L.  Léger. 

BiBL.  :  L.  Léger,  le  Monde  slave.  —  Du  mùiiie,  Etudes 
sliwes  (2°  série,  Essai  sur  Krljanitcli).  et  Russes  et  Slaves 
(l^''^  série,  Essai  sur  Kollar).  ~  C.  Robert,  le  ?i[onde  slave, 
son  passé,  son  étal  présent;  Paris,  1852.  —  Pypin  et  Spa- 
sovicz,  Gesch.  der  stawlschen  Litleraluren,  lb80-1881,  2  vol. 

PANSPERMIE.  C'est. la  doctrine  opposée  à  celle  de  la 
génération  spontanée,  qui  admettait  que  les  organismes 
inférieurs,  algues,  champignons,  etc.,  naissaient  sponta- 
nément dans  les  milieux  propres  à  l'existence  de  chacun 
d'eux.  D'après  la  théorie  do  la  panspermio  au  contraire, 
les  germes  de  tous  ces  êtres  se  trouvent  renfermés  en 
nombre  infmi  dans  l'atmosphère  ;  ils  ne  prolifèrent  qu'en 
tombant  dans  un  milieu  favorable.  Cette  théorie,  fondée 
par  les  remarquables  expériences  de  Pasteur  sur  les  fer- 
mentations et  par  l'étude  microscopique  des  poussières 
atmosphériques,  explique  d'une  part  la  formation  en  ap- 
parence spontanée  des  organismes  inférieurs  dans  les  mi- 
lieux de  culture  en  contact  avec  l'air  atmosphérique  ; 
d'autre  part,  elle  rend  compte  de  l'immunité  que  peut  pré- 
senter un  organisme  donné  contre  Finvasion  des  bacté- 
ries ;  car,  pour  que  leurs  spores  germent,  il  faut  de  toute 
nécessité  que  le  milieu  qu'elles  rencontrent  présente  des 
conditions  favorables  à  leur  développement,  c.-à-d.  soit 
en  état  de  réceptivité.  D^  L.  Laloy. 

PANTAGATO  (Ottavio  Pacato,  connu  sous  le  nom  de), 
érudit  iialien,  né  à  Bresciale  30  juil.  1494,  mort  à  Rome 
le  19  déc.  iool .  Kntré  fort  jeune  dans  Tordre  des  ser- 
vîtes, il  fut  envoyé  à  Paris  pour  y  étudier  la  théologie,  et, 
après  y  avoir  pi'is  le  titre  de  docteur,  il  revint  àPiome,  où 
Léon  X  le  nomma  professeur  au  collège  delà  Sapience.  Le 
cardinal  Giovanni  Salviati,  neveu  de  Léon  X,  le  prit  en 
amitié  et  lui  lit  donner  une  riche  abbaye  en  Sicile.  Pan- 
tagato  quitta  alors  l'habit  religieux  et  le  cloître.  Mais  à 
l'avènement  de  Paul  V,  il  dut  reprendre  son  ancien  genre 
de  vie,  et  se  retira  à  Sainte-Marie  iii  Via.  Son  immense 
érudition  est  attestée  par  tous  ses  contemporains,  mais  il 
n'a  rien  publié.  On  a  de  lui  deux  manuscrits  :  Notitia 
reriim  Uomanarum  et  tiistoria  ecdesiastica. 

BiBL.  :  TiRABOscîii,  Storla  délia  lett.  Ital.,  VII,  870. 

PANTAGRUEL  (V.  Rarelais). 

PANTALEO  (Heinrich),  biographe  et  historien  suisse, 
né  à  Bàle  le  13  juil.  15'2:2,  mort  le  3  mars  1593.  Il  étu- 
dia à  Bàle  et  en  Allemagne  les  langues  anciennes,  les  ma- 
thématiques, la  théologie  et  les  sciences  naturelles,  puis 
plus  tard  la  médecine,  lî  fut  trente-sept  ans  doyen  de  la 
faculté  de  médecine  de  Bàle.  L'empereur  Maximilien  il  le 
créa  comte  palatin.  On  a  de  lui  en  latin  et  en  allemand 
de  très  nombreux  volumes,  poésie,  histoire,  géographie, 
médecine. 

PANTALEO  (Fra  Giovanni),  patriote  italien,  né  àCastel- 
vetrano  (Sicile)  le  6  août  1832,  mort  à  Rome  le  2  août 
1879.  A  seize  ans  il  revêtit  la  tunique  des  réformés  de 
Saint-François,  et  a  vingt-deux,  il  fut  ordonné  prêtre. 
n  était  chfirgé  de  l'enseignement  de  la  philosophie  dans 
le  couvent  de  Salemi,  lorsqu'à  la  nouvelle  du  débarque- 
ment des  «Mille  »  à  Marsala  (11  mai  1860),  il  aban- 
donna l'école  pour  aller  rejoindre  Garibaldi.  Le  général 
le  reçut  à  bras  ouverts  et  le  nomma  son  chapelain  ;  et 
dès  ce  moment  Pantaleo  fut  toujours  à  ses  côtés.  L'auto- 
rité qu'il  avait  conquise  par  son  savoir  et  sa  vie,  son 
éloquence,  convertirent  aux  nouvelles  idées  des  villes  qui 
d'abord  y  étaient  contraires.  R  suivit  Garibaldi  à  la  con- 
quête de  Naples  et,  en  1862,  dans  l'expédition  deCalabre. 
Accusé  en  iS6^i  d''avoir  offensé  la  religion  catholique. 


mais  absous  par  le  tribunal  correctionnel  de  Turin,  il  jeta 
sa  robe  aux  orties.  En  i866,  il  prit  part  à  la  campagne 
du  Tirol,  et  à  Bezzecca  il  fut  nommé  sous-lieutenant. 
En  1868,  il  suivit  Garibaldi  dans  l'expédition  contre  Rome, 
et  à  Moterotondo  (25  et  26  sept.)  il  fut  fait  lieutenant. 
Au  moment  de  la  guerre  franco-allemande  il  était  à  Ilorb 
en  Wurttemberg  ou  il  fut  arrêté  comme  espion  français.  R 
fut  un  des  organisateurs  de  l'expédition  de  Garibaldi  :  ce 
fut  lui  qui,  avec  la  Ville  de  Paris,  alla  chercher  le  gé- 
néral à  Caprera  et  le  conduisit  à  Marseille;  il  fut  attaché 
à  l'état-major  de  Garibaldi;  mais  le  général  Bordone  l'en 
lit  sortir.  Pourtant  il  prit  part  à  la  bataille  de  Dijon.  A 
Lyon,  en  1872,  il  épousa  M^^°  Camille  Vahé,  ce  qui  donna 
lieu  à  des  polémiques  de  la  part  de  ceux  qui  l'avaient 
connu  comme  prêtre.  11  s'établit  alors  à  Naples  et,  en 
1876,  à  Piome.  F.  Casanova. 

BiBL.  :  B  -E.  AIaixeri,  Era  Giovanni  Pantaleo,  ricordl 
0  note  ;  Rouen,  188:^,  in-l(i,  259  pp. 

PANTALÉON,  roi  grec  de  Bactriane  (V.  ce  mot). 

PANTALON  (V.  Costume,  t.  XR,  p.  1168,  1169). 

PANTALONNADE.  R  serait  assez  difficile  de  définir 
exactement  le  sens  précis  de  ce  mot.  A  l'origine,  il  s'ap- 
phquait  à  celles  des  farces  de  la  Comédie-Ralienne  où 
Pantalon,  un  de  ses  personnages  favoris,  joue  le  rôle  prin- 
cipal. Pantalon  est  originaire  de  Venise,  et  parle  le 
dialecte  de  cette  ville  ;  c'est  un  vieux  docteur  pédant, 
avare  et  débauché,  ridicule  et  poltron.  Son  valet  x4rlequin 
le  bafoue  de  toutes  façons  et,  à  chaque  instant,  le  com- 
promet dans  les  aventures  les  plus  burlesques  d'où  il  se 
tire  toujours  à  son  désavantage.  Comme  le  comique  de 
ces  sortes  de  pièces,  assez  grossier  et  poussé  à  la  charge, 
plaisait  beaucoup,  le  nom  de  pantalonnades  passa  natu- 
rellement à  toutes  les  œuvres  analogues,  quand  bien  même 
Pantalon  n'y  figurait  nullement.  A  l'Hôtel  de  Bourgogne,  à 
l'Illustre  Théâtre,  au  xvii^  siècle,  Turlupin,  Gros-Guil- 
îaume,  Gautier-Gargouille  et  leurs  confrères,  jouaient 
souvent  de  véritables  pantalonnades.  Plus  d'une  pièce  de 
Molière,  des  premières  surtout,  n'est  pas  autre  chose. 
Le  mot  certainement  ne  fut  guère  employé  officiellement, 
si  l'on  peut  dire  ;  mais  dans  la  conversation  courante,  il 
s'appliquait  familièrement  à  ce  genre  de  productions  où  le 
comique,  très  franc  et  très  vivant,  n'est  pastoujours  desplus 
fins.  Les  farces  au  gros  sel,  les  plaisanteries  un  peu  lourdes, 
les  gauloiseries,  les  quipro(|uos,  les  coups  de  bâton  sont 
du  domaine  de  la  pantalonnade.  A  ce  titre,  Molière,  tout 
comme  les  auteurs  du  Théâtre  de  la  Foire,  doit  être  cité 
au  premier  rang  parmi  les  auteurs  de  pantalonnades.  Ceci 
doit  suffire  à  donner  à  ce  genre,  (}u'il  ne  faut  pas  mé- 
priser de  parti  pris,  ses  lettres  de  noblesse.  Des  pièces 
comme  la  Jalousie  du  Barbouillé,  les  Fourberies  de 
Scapiii,  bien  des  scènes  du  Médecin  malgré  lui,  de 
M.  de  Pourceaugnac,  du  Malade  imaginaire  ou  du 
Bourgeois  gentilhoni' ne,  pour  être  signées  du  nom  illustre 
de  l'auteur  du  Misanthrope,  sont  d'excellentes  pantalon- 
nades, et  la  plupart  des  pièces,  comiques  des  théâtres  de 
genre,  aujourd'hui,  ne  sont  pas  autre  chose.       R.  Q. 

PANTÀNELLI  (Dante),  géologue  itahen,  né  à  Sienne 
le  4  janv.  1844,  docteur  es  sciences  à  Pise  en  1865,  pro- 
fesseur de  sciences  dans  les  lycées  do  1865  à  1881.  R 
devint  ensuite  professeur  de  géologie  et  de  minéralogie  à 
l'Université  de  Modène.  Son  principal  ouvrage  est  le  Bol- 
letino  della^SocieUÏ  malacologica  italiana. 

PANTGHALA.  Xom  ancien  d'une  région  de  ITnde  qui 
parait  devoir  être  identifiée  avec  la  partie  supérieure  du 
Doab  ou  Mésopotamie,  entre  le  Gange  (Ganga)  et  la 
Djamna  (Yamound).  Les  textes  distinguent  un  Pantchàîa 
du  Nord  {Outtara-pancala)  qui  se  serait  étendu  jusqu'aux 
sources  du  Gange,  y  compris  le  Rohilkhand  actuel  et  un 
Dakshina-pancdla  ou  Pantchàîa  du  Sud,  dont  la  limite 
méridionale  aurait  été  le  cours  du  Tchambal  (Carman- 
vati).  Le  premier  aurait  eu  pour  capitale  Ahicchatra  (près 
Ràmnagar)  et  le  second  Kàmpilya  (aujourd'hui  Kampila, 
sur  le  vieux  Gange,   près  de  Farroukhabàd).  berceau  de 


PANTCHÂLA  —  PANTENIUS 


—  956  — 


la  médecine  indienne.  Le  Pantcliâla  faisait  partie  du  «  pays 
des  sages  brahmaniques  »  {Brahmarshideça),  immédia- 
tement à  FE.  de  la  contrée,  plus  sainte  encore,  du  Brah- 
mâvarta. 

PANTCHANA  ou  PANTCHNAD  (proprement,  Panca- 
nadi,  les  cinq  rivières).  Petite  rivière  du  Piadjpoutàna 
oriental  (Inde)  formée,  comme  son  nom  l'indique,  de  cinq 
ruisseaux,  et  sous-affluent  de  droite  de  la  Djamna  par 
le  Banganga  et  le  Gambliîr.  Ses  eaux  arrosent  les  prin- 
cipautés de  Djaipour  et  de  Bhartpour. 

PAN  TCHAO,  sœur  de  Pan  Kou,  remarquable  par  ses 
talents  littéraires.  Restée  veuve  de  bonne  heure,  elle  écri- 
vit un  livre  de  conseils  aux  femmes,  et  termina  l'histoire 
des  premiers  H  an,  restée  inachevée  par  suite  de  la  mort 
de  son  frère.  M.  C. 

PANTCHATANTRA.  Célèbre  recueil  de  contes  indiens 
attribué  au  brahmane  Vichnouçarman  et  probablement 
composé  vers  la  fin  du  v^  siècle  de  notre  ère.  Comme 
son  nom  l'indique,  il  est  divisé  en  cinq  liYves  (panca-tan- 
tra)  qui  ont  respectivement  pour  titres  :  i^  la  Sépara- 
tion des  amis;  2^  V Acquisition  des  amis;  3^  la  Guerre 
des  hiboux  et  des  corneilles;  ¥  la  Perte  des  biens 
acquis;  5^  le  Faiseur  d'actions  inconsidérées.  Selon  la 
méthode  indienne,  les  contes  sont  insérés  les  uns  dans  les 
autres  au  cours  d'un  long  récit  à  tiroirs.  Une  courte  pré- 
face nous  avertit  que  l'ouvrage  a  été  composé  pour  l'édu- 
cation des  trois  fils  d'un  roi  du  Dekkhan,  trop  bêtes  pour 
comprendre  autre  chose,  sous  promesse  de  leur  donner 
en  six  mois  de  l'esprit  et  l'expérience  du  monde.  Il  suffit 
de  rappeler  ici  que  c'est  l'original  de  Rallia  et  Dimna  et 
des  fables  de  Bidpaï  (V.  ces  mots).  Il  en  existe  une  tra- 
duction française  par  l'abbé  Dubois  (Paris,  4826)  et  par 
Lancereau  (Paris,  1871)  et  une  traduction  allemande  par 
Banfey,  avec  une  célèbre  Introduction  sur  l'histoire  de  la 
fable  (Leipzig,  18o9). 

PAN  TCHHAO,  frère  cadet  de  Pan  Kou,  général  re- 
nommé (32-102).  Il  se  signala  dans  diverses  négocia- 
tions avec  les  rois  de  Chan  chan  (au  Turkestan)  et  de 
Khotan,  qu'il  soutint  ensuite  contre  les  attaques  des  Hioung 
nou;  un  de  ses  lieutenants,  Kan  Ying,  envoyé  en  explora- 
tion (97  ap.  J.-C),  parvint  jusqu'en  Chaldée.      M.  C. 

PANTCHITCH  (Joseph),  savant  serbe,  né  à  Bribir,  en 
Croatie,  le  17  avr.  1814,  mort  à  Belgrade  le  8  mars  1888. 
Il  fit  ses  éludes  à  Agram  et  à  Pest,  où  il  obtint  le  grade 
de  docteur  en  médecine.  Ensuite  il  alla  compléter  à  Vienne 
ses  études  de  sciences  naturelles.  En  1846,  il  vint  en 
Serbie  exercer  la  médecine,  et  en  1853,  on  lui  confia  la 
chaire  d'histoire  natureUe  à  la  faculté  des  sciences  de  Bel- 
grade. En  1884,  il  fut  nommé  conseiller  d'Etat,  et,  en  1887, 
premier  président  de  l'Académie  royale  de  Serbie,  qui 
venait  d'être  fondée.  Outre  de  nombreux  manuels,  il  a  écrit 
des  travaux  originaux  sur  la  botanique,  qui  ont  paru  en 
serbe,  en  latin  et  en  allemand.  Il  a  étudié  surtout  les 
plantes  de  la  presqu'île  des  Balkans,  notamment  de  la 
Serbie,  et  il  en  a  présenté,  pour  la  première  fois,  plusieurs 
spécimens  au  monde  savant.  Parmi  ses  ouvrages,  il  faut 
citer  notamment  :  Flore  des  environs  de  Belgrade  (Bel- 
grade, 1865,  dont  plusieurs  éditions  ont  paru  depuis)  ; 
Contributions  à  la  flore  de  la  principauté  de  Bulgarie 
(Belgrade,  1883  et  1886).  Il  a  écrit  aussi  plusieurs  tra- 
vaux sur  la  zoologie  ;  un  des  plus  importants  est  :  les 
Oiseaux  de  Serbie  {^^ûgvd.àQ,i^Ql).     M.  Gavrilovitch. 

BiBL.  :  M.  MrLiTCHRviTCH,  Po?72e?ii/i;  Belgrade,  1885,  in-8 
(en  serbe). 

PANTCH-MAHAL  ou  PANTCH-MEHAL,  «  les  cinq 
cantons  ».  District  de  la  division  du  Goudjerate,  pré- 
sidence de  Bombay  (Inde).  —  Superficie,  4.177  kil.  q.  ; 
population,  255.000  hab.  (61  hab.  par  kil.  q.).  —  Il 
forme  au  S.-O.  une  plaine  assez  riche,  tandis  que  tout  le 
N.  est  accidenté  et  en  grande  partie  couvert  de  jungle.  On 
y  exploite  beaucoup  de  carrières.  27  7o  de  la  population 
appartiennent  à  la  tribu  des  Bhîls. 


PANTÉ  ou  PANTHAI  (du  birman  Pathi,  Musulmans). 
Nom  donné  aux  populations  musulmanes  du  Yunnan.  Ils 
sont  au  nombre  de  4  millions  environ  et  remontent  à  des 
immigrants  arabes  venus  après  l'hégire  et  aux  soldats 
boukhariens  de  Koubilaï  Khan  (xni^  siècle).  A  la  suite  de 
l'insurrection  de  1855,  ils  fondèrent  en  1863  un  Etat  in- 
dépendant du  Yunnan  reconquis  par  les  Chinois  en  1873 
(V.  Yunnan). 

PANTE 6  [Panteague).  Ville  d'Angleterre,  comté  de 
Monmouth,  à  3  kil.  S.-E.  de  Pontypool;  6.479  hab.  (en 
1891).  Grands  établissements  métallurgiques  (fer). 

PàNTELLARIA  ou  PANTELLERIA  {Cossijra  des  an- 
ciens). Ile  de  la  mer  Méditerranée,  dépendant  de  l'Italie, 
entre  la  Sicile  et  la  Tunisie,  à  96  kil.  S.-O.  du  cap  Gra- 
nitola  et  76  kil.  du  cap  Bon,  entre  38«  45'  et  36^  52'  lat. 
N.,  9°  32  et9«44'  long.  E.  Elle  a  83  kil.  q.,  46  kil.  de 
tour,  et  comptait  7.315  hab.  en  1881.  D'origine  volca- 
nique, principalement  formée  de  trachyte,  son  ancien  cra- 
tère central,  Montagna  Grande,  s'élève  à  836  m.  Le  sol  est 
fertile,  malgré  le  manque  d'eau  douce  ;  il  est  cultivé  en 
vignes,  oliviers,  arbres  fruitiers,  céréales,  coton.  Il  y  a 
plusieurs  sources  thermales.  La  population,  dont  la  moi- 
tié habite  le  chef-lieu,  Pantellaria  ou  Oppidolo,  situé  au 
fond  d'une  petite  baie  durivageN.,  parle  un  dialecte  arabe 
mélangé  de  mots  italiens.  Le  mouvement  du  port  attei- 
gnait 73.400  tonnes  en  1894.  Son  ancien  château  sert  de 
prison  d'Etat.  Cette  île  fut  occupée  par  les  Phéniciens, 
puis  par  les  Carthaginois  auxquels  les  Bomains  succédèrent. 
Les  Sarrasins  en  furent  chassés  par  le  roi  Boger  de  Sicile, 
mais  leurs  pirates  la  ravagèrent  plusieurs  fois  depuis. 

PANTELLÉRITE  (Pétrogr.).  On  désigne  sous  le  nom  de 
pantelléri tes  desroches  éruptivesconnuesseulement  jusqu'ici 
à  l'île  de  Pantelleria  et  formant  un  groupe  très  spécial.  Au 
point  de  vue  de  leur  composition  minéralogique,cesontdes 
roches  porphyriques,  dont  la  teinte  varie  du  vert  au  noir  et 
qui  présentent  de  grands  cristaux  à'anorthose  (feldspath 
sodicopotassique),  d'augite  œgyrinique  (pyroxène  sodi- 
fère)  et  de  cossijrite  (amphibole  ferrifère  et  sodique),  au 
milieu  d'une  pâte  tantôt  vitreuse,  tantôt  trachy tique  à 
microlithes  à'anorthose.  Au  point  de  vue  chimique,  ces 
roches  forment  un  groupe  très  homogène,  caractérisé  par 
l'abondance  de  silice  (67  à  70  ^o),  une  teneur  très  taible 
en  alumine  (6  à  10  ^/o)  et  une  forte  proportion  d'alcalis 
(10  à  12  *^  o),  parmi  lesquels  prédomine  surtout  la  soude 
(6,3  à  7,7^/o).  Malgré  la  proportion  élevée  de  la  silice 
dans  ces  roches,  il  n'y  existe  généralement  pas  de  quartz, 
en  sorte  que  l'excès  manifeste  de  silice  doit  se  trouver 
dans  la  pâte  vitreuse.  Par  leur  forte  teneur  en  soude, 
caractère  très  important  et  caractéristique  d'un  petit 
nombre  de  roches  très  spéciales,  les  pantellérites  se  rap- 
prochent surtout  des  trachy  tes  sodiques  ou  des  phonolithes, 
dont  elles  ne  diffèrent  guère  que  par  l'excès  de  silice, 
plutôt  que  des  porphyres  quartzifères  ou  des  rhyoHthes,  dont 
on  les  rapproche  généralement  parce  qu'elles  présentent 
la  même  teneur  en  siUce,  sans  tenir  compte  de  la  propor- 
tion relative  des  autres  éléments  chimiques.     L.  Bertrand. 

PANTÈNE  (nàvxaivoç),  premier  maître  de  l'école 
d'Alexandrie,  dite  des  Catéchètes  (V.  t.  IX,  p.  821),  mort 
vers  202  ap.  J.-C.  Dès  181,  on  le  trouve  exposant  et  expli- 
quant le  christianisme  à  Alexandrie.  Son  plus  illustre  disciple 
fut  Clément  d'Alexandrie.  Vers  190,  il  fit,  dans  l'intérêt  du 
christianisme,  un  voyage  en  Inde,  c.-à-d.  dans  le  S.  de 
l'Arabie.  De  ses  nombreux  écrits,  il  ne  subsiste  plus  que 
deux  petits  fragments  (Routh,  Reliquiœ  sacrœ;  Oxford, 
1814,  2^  éd.,  t.  I,  pp.  375  et  suiv.).  F.-H.  K. 

PANTENIUS  (Theodor-Hermann),  écrivain  allemand, 
né  à  Mitau  le  12  oct.  1843.  Dans  ses  romans  et  ses  nou- 
velles, M.  Pantenius  décrit  plus  spécialement  la  vie  de  sa 
province  natale,  la  Courlande,  et  les  relations  entre  Ger- 
mains et  Slaves  dans  les  contrées  oti  s'opère  le  contact 
entre  les  deux  races.  —  Principaux  ouvrages  :  W.  Wolf- 
schild  (1873,  2*^  éd.)  ;  Allein  und  fret  (1879,  2«  éd.)  ; 
Im  Gotteslândchen  (Hambourg,  1880-81,  2  vol.)  ;  Bas 


roteGold  (Hambourg.  1881);  Die  von  Relies  (Bielefeld, 
1880);  Kurlâmlische  Geschichten  (Leipzig,  1892-93). 
Ses  romans  viennent  d'être  réunis  en  recueil  sous  le  titre 
de  Gesammelte  Romane  (Bielefeld,  1898,  9  vol.). 

PANTENNE.  L  Marine.  —  On  dit  qu'un  navire  est  en 
pantenne  lorsque,  après  une  tempête,  un  abordage  ou  un 
édiouage,  ses  voiles  sont  déchirées,  sa  mâture  et  ses  vergues 
désemparées.  En  signe  de  deuil,  on  met  les  vergues  en 
pantenne,  c.-îi-d.  qu'on  les  apique  (incline)  l'une  sur  un 
bord,  l'autre  sur  l'autre. 

II.  Pèche.  —  Cet  engin  est  le  verveux  terminal  de 
la  bor digue  (V.  ce  mot),  où  le  poisson  s'amasse  ;  il 
était  en  usage  dans  la  Méditerranée  dès  le  xiv*'  siècle,  ainsi 
que  nous  l'apprend  une  ordonnance  rendue  en  1339  par 
Don  Pedro,  roi  d'Aragon  et  de  Valence.  E.  S. 

PANTENUS  (V.  Pantène). 

PANTHALIS,  servante  d'Hélène,  figurée  dans  un  ta- 
bleau de  Polygnote  à  Delphes  ;  Gœthe  en  fait  un  person- 
nage du  second  Faust. 

PANTHÉE,  femme  à'Abradale  (V.  ce  nom). 

PANTHÉISME.  Les  religions  et  les  pliilosophies  pan- 
théistes sont  nombreuses.  Mais  il  n'y  a  pas  de  système 
type  du  panthéisme,  de  conception  générale  et  imperson- 
nelle, qui  aurait  reçu  dans  l'histoire  des  expressions  par- 
ticulières. Les  rehgions  particulières,  les  philosophies  in- 
dividuelles existaient  d'abord  ;  ensuite  on  les  a  qualifiées 
de  panthéistes.  Aucune,  avant  le  xviii^  siècle,  n'a  pris 
d'elle-même  ce  titre  ;  et  depuis,  aucune  ne  l'a  accepté 
sans  réserves.  Le  mot  àepanlkéiste  a  été  employé  pour 
la  première  fois,  en  4705,  parFAnglais  Toland,  dans  un 
écrit  intitulé  le  Véritable  socinianisme,  exemple  de  bons 
procédés  dans  les  controverses  théologiques,  oit  Vim- 
partialité  dans  la  discussion  est  ici  posée  en  principe, 
recommandé  par  un  pantliéiste  à  un  ami  orthodoxe. 
Il  reparut  dans  le  Pantheisticon  du  même  auteur  en  1720. 
Or  Toland,  esprit  révolté  et  violent,  avait  écrit  d'abord 
contre  la  religion  catholique,  puis  contre  la  religion  pres- 
bytérienne, puis  contre  toutes  les  religions,  inventions, 
disait-il,  de  prêtres  ou  de  rois  qui  comptaient  faire  servir 
les  superstitions  à  leurs  intérêts.  Dans  le  Pantheisticon, 
il  fait  le  portrait  de  gens  délivrés  des  préjugés  rehgieux, 
pour  qui  Dieu  n'est  que  la  force  qui  anime  le  monde,  l'âme 
du  monde,  distincte  de  son  corps  par  abstraction  seule- 
ment. Ce  sont  ces  gens  qu'il api)e\\e des pa^itfiéistes.  Ainsi, 
dès  sa  création,  le  mot  désignait  une  doctrine  qu'un  en- 
nemi de  la  religion  avait  glorifiée  par  bravade.  Théolo- 
giens et  philosophes  orthodoxes  l'appliquèrent  ensuite  à 
tous  les  systèmes  où  ils  découvrirent  des  traces  de  la  môme 
hérésie,  On  s'avisa  ainsi  que  les  stoïciens,  ou  l'école 
d'Alexandrie,  ou  Spinoza  avaient  été  des  panthéistes.  C'était 
une  façon  de  les  réfuter.  Inversement,  Cousin  «  lavait  Xé- 
nophanede  l'accusation  de  panthéisme  ».  Cependant,  des 
contemporains  accueillaient  la  doctrine  suspecte  ;  dénon- 
cés, ils  se  défendaient  d'être  panthéistes,  ou  distinguaient 
entre  leur  panthéisme  et  celui  que  l'on  réprouvait.  «  Je 
n'ai  pas  encore  rencontré  une  personne,  disait  Gœthe,  qui 
sache  ce  que  ce  mot  signifie  »  (Conversations  avec  Eclier- 
niann,  t.  Il,  p.  266).  Schelling  admettait  qu'on  le  traitât 
de  panthéiste,  mais  après  avoir  donné  du  panthéisme  une 
définition  qui  en  faisait  sentir  la  force.  Hegel  montrait 
que  son  panthéisme  dérivait  du  monothéisme,  et  n'en  dif- 
férait pas  beaucoup.  En  réalité,  de  1800  à  1850,  tout 
philosophe  prenait  parti  pour  ou  contre  le  panthéisme, 
qu'il  définissait  selon  la  philosophie  qu'il  voulait  renverser 
ou  épargnef .  Cela  explique  pourquoila  chose  était  si  vague, 
et  le  nom  si  commun. 

Pour  avoir  une  idée  jubte  de  ce  qu'on  appelait  le  ]>aii- 
théisme,  il  faut  passer  en  revue  les  religions  et  les  philo- 
sophies panthéistes.  On  verra  qu'il  est  impossible  d'en 
dégager  une  doctrine  unique;  ce  qu'elles  ont  de  commun, 
c'ek  une  tendance  à  concevoir  entre  Dieu  ou  l'absolu,  ou 
l'universel,  ou  l'infini,  et  l'homme,  ou  le  relatif,  ou  le 
particulier,  ou  le  fini  un  rapport  tel  que  leur  union  soit 


957  —  PANTENIUS  -  PANTHEISME 

possible.  Cette  tendance  apparaît  à  l'occasion  de  trois  pro- 
blèmes, tels  que  la  solution  de  l'un  entraîne  celle  des  deux 
autres:  1^  Comment  faut-il  concevoir  Dieu?  S'il  est  in- 
fini, rien  n'existe  en  dehors  de  lui.  L'infini  est  tout  ce 
qui  est  ;  le  fini  n'a  pas  de  réalité,  si  elle  n'est  comprise 
dans  celle  de  l'Etre  infini.  2°  En  quoi  consiste  la  réalité 
de  l'homme?  Si  elle  n'est  pas  absolue,  éternelle,  capable 
de  s'être  créée  et  de  se  conserver  elle-même,  elle  est  déri- 
vée d'une  essence  supérieure,  qui  est  Dieu.  3^  Quelle  est 
la  relation  de  l'homme  à  Dieu  ?  Ce  problème  se  présente 
sous  deux  formes  :  a.  au  point  de  vue  de  son  existence, 
comment  l'homme  a-t-il  été  créé  par  Dieu?  Et  cette  ques- 
tion elle-même  se  dédouble  :  D'où  vient  son  âme  ?  Et  d'où 
vient  son  corps,  ainsi  que  tous  les  corps  de  la  nature? 
b.  Au  point  de  vue  de  sa  destinée  morale  et  de  sa  vie  re- 
ligieuse, comment  l'homme  peut-il  connaître  Dieu,  con- 
naître la  volonté  de  Dieu,  s'unir  à  lui?  La  création  n'est 
possible  que  si  Dieu  crée  l'homme  de  sa  propre  substance, 
et  la  vie  morale  que  si  l'homme  peut  à  nouveau  s'unir  à 
cet  être  dont  il  est  créé.  Ainsi,  que  l'on  parte  de  l'un  ou 
l'autre  de  ces  problèmes,  on  est  conduit  à  la  même  idée: 
entre  Dieu  et  l'homme,  il  y  a  communauté  d'essence. 

Tous  les  panthéistes  ont  posé  au  moins  l'un  de  ces  pro- 
blèmes, et  par  suite  touché  aux  deux  autres;  bien  peu  les 
ont  traités.  Tous  ont  considéré  l'être  fini  comme  une  ex- 
pression particulière  de  l'Etre  infini  ;  mais  il  y  a  bien  des 
façons  de  concevoir  ce  rapport.  Quelquefois,  fini  et  infini 
sont  près  de  se  confondre;  d'autres  fois,  il  y  a  seulement 
une  tendance  à  expliquer  l'un  par  l'autre;  jamais  ils  ne 
cessent,  si  voisins  qu'ils  soient,  de  se  distinguer  ;  s'il  y 
avait  identité  parfaite  de  l'infini  et  du  fini,  il  n'y  aurait 
plus  panthéisme  ;  le  panthéisme  implique  l'existence  d'un 
seul  être  sous  deux  aspects.  Tantôt  l'infini  est  conçu  à 
l'image  du  fini  ;  tantôt  le  fini  à  l'image  de  l'infini  ;  sou- 
vent fini  et  infini  n'ont,  à  part  l'être,  aucun  attribut  com- 
mun. Tantôt  leur  relation  est  révélée  à  l'homme  par  le 
sentiment  d'une  union  avec  l'absolu  ;  tantôt  elle  est  figu- 
rée dans  son  imagination  ;  tantôt  elle  est  conçue  par  la 
raison.  H  y  a  des  panthéismes  qui  sont  des  rehgions,  et 
d'autres  qui  sont  des  philosophies  ;  mais  tout  panthéisme 
est  religieux,  puisqu'il  fait  dépendre  étroitement  l'homme 
de  Dieu  et  consister  la  perfection  humaine  dans  l'union 
avec  l'être  divin  ;  et  tout  panthéisme  est  philosophique, 
puisqu'il  contient  une  idée  du  principe  des  choses,  et  de 
la  relation  des  choses  à  leur  principe.  Ainsi,  qu'il  soit 
religieux  ou  philosophique  à  l'origine,  il  finit  toujours  par 
réunir  les  deux  caractères.  Religion  et  philosophie  dépen- 
dent si  bien  l'une  de  l'autre,  que  les  religions  panthéistes 
différent  selon  la  maturité  de  la  pensée  contemporaine  et 
les  philosophies  panthéistes  selon  la  religion  du  pays  et 
de  l'époque  où  elles  se  sont  produites. 

Nous  n'essaierons  pas,  pour  tracer  l'histoire  de  ces  doc- 
trines si  variées,  de  les  classer.  L'ordre  chronologique 
montrera  comment  les  mêmes  idées  reparurent  à  des  siècles 
d'intervalle,  bien  que  chaque  panthéisme  diffère  de  tous 
les  autres  et  par  son  origine,  et  par  sa  forme. 

Quelques-uns  des  vieux  mythes  de  l'Inde,  conservés 
dans  le  Rig-Véda  et  antérieurs  d'environ  douze  siècles  à 
l'ère  chrétienne,  sont  des  symboles  de  conceptions  confuses 
sur  l'origine  de  la  vie  et  du  monde.  Selon  l'un  de  ces 
mythes,  le  monde  a  été  formé  du  corps  d'un  être  primitif, 
un  géant,  le  Purusha  (homme)  ;  Varuna  et  les  grands 
dieux  l'ont  dépecé  ;  son  crâne  est  le  ciel,  et  ses  membres 
sont  la  terre.  Un  autre  mythe  est  d'une  pensée  plus  réflé- 
chie :  avant  toutes  choses,  il  existait  la  substance  en  soi. 
Mais  cette  notion  abstraite  est  représentée  par  l'idée  à  la 
fois  plus  concrète  et  plus  mystérieuse  des  Eaux  primor- 
diales. En  la  substance  naquit  le  Désir  (Kàma),  et  alors 
commença  la  création  des  êtres.  Le  premier  créé  est  un 
dieu  personnel  VHiranyagarbha  (Embryon  d'or),  qui,  à 
son  tour,  selon  qu'il  veille  ou  se  replonge  dans  le  som- 
meil, donne  naissance  à  la  création  ou  la  fait  rentrer  en 
lui-même.   Sous  des  formes  naïves,  c'est  l'idée  que  le 


PANTHÉISME 


958 


monde  est  créé  de  la  substance  divine.  Plus  lard,  des  braii- 
manes  instruits  réflécliirent  au  sens  des  mythes;  de  là, 
les  Upanishads,  traités  où  sont  posés  tous  les  problèmes 
de  philosophie  religieuse.  Dans  les  plus  anciennes,  qui  sont 
peut-être  du  yi®  siècle  av.  J.-C,  on  trouve  la  confusion 
de  doctrines,  le  mélange  de  croyances  inconciliables,  ([ui 
sont  le  trait  caractéristique  de  l'Inde  :  un  Hindou  ne  craint 
pas  de  pratiquer  plusieurs  cultes,  ni  de  comprendre  dans 
ses  dévotions  les  dieux  de  plusieurs  religions.  Dans  d'autres, 
plus  récentes,  il  y  a  des  systèmes,  sortis  d'un  effort  pour 
discipliner  la  spéculation,  l^e  système  scuikhija  et  le  sys- 
tème vèddnta  sont  des  panthéismes.  Selon  le  premier,  il 
y  a  une  cause  première  matérielle,  la  Prakrili,  une, 
simple,  éternelle,  source  de  la  vie  intellectuelle  aussi  bien 
([ue  de  la  matière,  il  existe  aussi  des  âmes  individuelles, 
éternelles,  mais  toutes  égales  et  inactives  ;  c'est  pour  s'unir 
à  ces  âmes  que  la  Prakriti  entre  en  travail  et  crée  des 
êtres;  les  âmes  contemplent  ses  créations  et  acceptent  d'y 
être  unies,  jusqu'au  jour  où,  se  reconnaissant  distinctes  de 
la  matière,  elles  reprennent  leur  liberté.   Dans  ce  pan- 
théisme matérialiste,  et  d'ailleurs  imparfait,  puisqu'il  admet 
deux  principes  éternels  distincts,  on  reconnaît  le  mythe 
du  Purusha.  Remarquons  que  le  sentiment  religieux  est 
absent  du  système  sankhya  ;  il  est,  au  contraire,  essentiel 
au  système  vèdànta.  A  l'origine,  ce  système  conserve  un 
caractère  mythique  :  le  principe  de  vie  qui  est  dans  l'honnne 
ehl  ïâtman(soi).  Ce  principe  est  un  petit  être,  un  purusha, 
qui  habite  le  cœur  de  l'homme  et  qui  parcourt  les  artères; 
on  l'aperçoit  dans  l'œil.  On  le  voit  également  dans  le 
soleil,  œil  du  monde  ;  mais  là,  c'esiVdtman  de  la  nature. 
Or  le  purusha  du  soleil  et  celui  de  l'homme  sont  le  même  ; 
par  une  ouverture  invisible,  qui  est  au  sommet  du  crâne, 
il  s'élance  de  l'un  à  l'autre.   Voici  maintenant  la  forme 
savante  de  la  doctiine  :  l'âtman  est  Têtre   un,  éternel, 
intini,  capable  de  toutes  les  formes  et  informe  lui-même, 
cause  à  la  fois  efficiente  et  matérielle  du  monde.  Le  monde 
est  son  corps,  qu'il  crée  de  sa  substance.  De  lui  viennent 
et  à  lui  retournent  les  êtres  finis,  comme  les  étincelles 
jaillissent  d'une  fournaise  et  y  retombent.  11  habite  aussi 
le  cœur  de  l'homme,  où  il  apparaît  comme  limité  ;   mais 
l'homme  peut,  par  une  méditation  intense,  reconnaître  en 
son  âtman  latman  universel  et  s'unir  à  l'unité  suprême. 
11  n'y  a  qu'un  ûtman;  il  voit  qu'il  est  cet  âtman.  Ainsi  le 
fini  est  une  émanation  de  l'infini  ;  il  est  capable  de  re- 
tourner à  la  source  dont  il  émane,  et  ce  retour  est  la  vie 
religieuse  :  idée  qui  est  commune  à  tous  les  panthéismes 
mystiques.  Le   système  sankhya  et  le  système  vêdânta 
furent  tantôt  l'un,   tantôt  l'autre,  la  métaphysique  des 
nombreuses  formes  des  religions  néo-brahmani<]ues  ;  mais 
notons  que  celle  de  Bouddha,  bien  qu'elle  paraisse  facile 
à  concilier  avec  le  vêdânta,  n'est  pas  pantliéistc  :  Bouddha 
dédaignait  toute  espèce  de  théologie  ou  de  philosophie.  Et 
ce  dédain  est  conforme  à  l'esprit  de  la  race  hindoue,  im- 
puissante à  former  des  concepts  logiques,  à  raisonner  sur 
ces  concepts,  à  déduire  des  vérités.  Aussi,  bien  qu'il  y  ait 
dans  presque  tous  les  produits  de  sa  féconde  imagination 
une  tendance  oljscure  au  panthéisme,   cette  tendance  ne 
s'achève  en  système  qu'avec  le  vêdânta  ;  et  encore  le  pan- 
théisme du  vêdânta  n'est-il  qu'une  manière  d'imaginer 
Funion  mystique  de  l'homme  avec  l'être  universel.  —  La 
religion  de  Lao-tseu,  la  plus  ancienne  des  religions  chi- 
noises,  et   celle  de  l'Egypte,   ne  sont  pas  même  allées 
jusque-là.  «  Lliomme,   dit  Lao-tseu,  a  sa  règle  dans  la 
Terre,  la  Terre  dans  le  Ciel,  le  Ciel  dans  le  Tao  (Tout), 
et  le  Tao  en  lui-même.  »  —  «  Le  Tao  qu'on  peut  exprimer 
par  la  parole  n'est  pas  le  Tao  éternel...  Celui  qui  n'a  pas 
de  nom  est   la  cause  première  du  Ciel  et  de  la  Terre  ; 
celui  qui  a  un  nom  est  la  mère  de  tous  les  êtres.  »  Le 
Tao  paraît  être  l'infini,  qui   a  détaché  de  soi,    par  une 
sorte  de  génération,  les  choses  finies.  Il  y  a  une  idée  ana- 
logue dans  ce  vieux  texte  égyptien  :  «  Au  commencement 
était  le  Nun,  l'Océan  primordial,    dans  les  profondeurs 
infinies  duquel  flottaient  les  germes  des  choses.    De  toute 


éternité.  Dieu  s'engendra  et  sï^nfanta  lui-même  de  cette 
masse  sans  forme  encore  et  sans  usage  ».  Il  faut  res- 
pecter Je  vague  de  ces  notions.  Dans  les  religions  primi- 
tives, il  y  a  trop  de  mythologie,  trop  de  mystère,  pour 
que  des  conceptions  nettes  se  îbrmulent;  puis  le  culte  et 
le  besoin  d'adoration  détournent  des  s])éculations.  C'est 
ainsi  que  des  formes  de  panthéisme  ont  existé  sans  les 
concepts  qui  nous  paraissent  essentiels  au  panthéisme. 

IjQ  caractère  de  la  philosophie  grecque  est  au  contraire 
d'avoir  élaboré  des  concepts.  Mais  les  Grecs  ne  sont  pas 
panthéistes;  ils  n'ont  pas  eu  le  sentiment  de  l'infini; 
l'infini,  c'est  pour  eux  le  non-être.  Leurs  dieux  sont  des 
êtres  finis,  à  la  fois  éternels  et  engendrés,  qui  n'ont  pas 
créé  le  monde.  Dans  Homère,  dans  Hésiode,  dans  les 
poèmes  orphiques,  le  Chaos,  l'Air,  la  Nuit,  les  Nuées  ont 
existé  avant  les  dieux  ;  le  monde  est  créé  des  éléments. 
La  philosophie  des  Ioniens  a  son  origine  dans  ces  cosmo- 
gonies,  et  conserve  le  même  caractère.  Thaïes  s'est 
demandé  quelle  était  la  substance  dont  les  choses  sont 
faites  ;  Anaximandre  a  conçu  une  masse  sans  qualités, 
impérissable,  antérieure  aux  êtres,  d'où  ils  seraient  sortis 
par  séparation.  H  y  a  bien  dans  ces  philosophies  quelque 
chose  comme  une  substance  et  des  accidents  ;  il  n'y  a  pas 
d'être  infini,  qui  contiendrait  tout  ce  qu'il  y  a  de  réel 
dans  le  fini,  et  dont  la  relation  au  fini  serait'^le  principe 
d  une  vie  religieuse  ou  morale.  —  Chez  les  Eléates,  on 
trouve  ridée  d'un  être  absolu.  Mais  ce  que  Parménide 
s'était  proposé,  c'était  d'échapper  au  monde  des  appa- 
rences, pour  atteindre  à  la  vérité  éternelle.  Cette  vérité 
ne  se  trouve  que  dans  la  pensée  ;  l'objet  de  la  pensée  est 
l'être  immuable.  Cet  être  est  un  ;  il  est  tout  ce  qui  est. 
Mais  il  n'est  pas  le  monde,  ni  la  substance  du  monde,  car 
le  monde  n'existe  pas  ;  il  n'y  a  pas  de  relation  de  l'an  au 
multiple,  parce  qu'il  n'y  a  pas  de  multiple.  Si  la  doctrine 
des  Eleates  est  panthéiste,  c'est  un  panthéisme  ou  l'ab- 
solu est  accessible  à  la  pensée  humaine,  ou  le  relatif  n'est 
qu'une  illusion,  un  panthéisme,  sans  communauté  d'essence 
entre  l'absolu  et  le  relatif.  —  Des  anciens  philosophes 
grecs,  Heraclite  est  en  réalité  le  seul  panthéiste.  C'est 
qu'il  accueillit  une  idée  qui  a  sa  .place  dans  la  religion 
grecque,  mais  dont  les  symboles  ne  sont  pas  des  divinités 
à  figure  humaine,  l'idée  de  la  nécessité,  de  la  loi  divine 
(Destin,  Sort,  Justice,  Némésis).  11  enseigna  que  le  devenir 
éternel,  loi  des  choses,  engendre  un  monde  harmonieux, 
où  se  révèle  une  raison,  une  sagesse,  Zeus.  Le  monde 
est  lui-même  cette  raison,  car  elle  n'en  est  pas  distincte, 
elle  en  est  l'âme.  Ainsi  l'être  divin  traverse  les  formes 
du  fini,  et  le  fini  n'existe  que  par  le  divin,  cause,  loi  et 
matière  du  monde.  C'est  pourquoi  l'homme  raisonnable 
prend  pour  règle  dans  la  vie  la  soumission  à  l'ordre  uni- 
versel . 

La  conception  stoïcienne  du  monde  et  de  Dieu  dérive 
de  la  même  idée.  Mais  de  plus,  depuis  Heraclite,  un  con- 
cept métaphysique  de  Dieu  s'était  formé  en  dehors  de  la 
religion.  Ce  Dieu,  défini  par  son  rôle  à  l'égard  du  monde, 
c'était  le  Nous  d'Anaxagore,  le  Démiurge  de  Platon,  la 
cause  finale  du  monde  et  le  premier  moteur  d'Aristote.  Les 
stoïciens  firent  du  Dieu  transcendant  d'Aristote  un  Dieu 
immanent  au  monde,  qui  se  confondit  avec  la  Nécessité, 
le  Destin.  Selon  la  philosophie  stoïcienne,  il  y  a  dans  tout 
être  deux  principes,  l'un  passif,  la  matière,  l'autre  actii 
et  raisonnable,  la  cause  ou  la  raison.  La  raison  pénètre 
en  toutes  ses  parties  la  matière,  qui  sans  elle  ne  serait 
rien  ;  mais  elle  n'existe  à  son  tour  que  dans  une  matière. 
Cette  raison  est  corporelle,  car  tout  ce  qui  existe  est  c:>r- 
porel  ;  elle  est  un  feu,  plus  subtil  que  le  feu  qui  dc'truit  ; 
c'est  le  feu  artiste,  qui  engendre.  Mais  la  raison  n'est  pas 
seulement  dans  les  individus  ;  elle  se  manifeste  aussi  dans 
le  Tout  de  l'Univers.  Une  loi  universelle  pèse  sur  tous  les 
êtres,  le  Destin,  qui  détermine  l'enchaînement  des  causes 
et  des  effets.  Cet  enchaînement  a  un  but,  l'unité  et  Fhar- 
monie  du  monde;  il  en  est  la  raison  directrice,  corporelle 
comme  les  raisons  individuelles  :  c'est  le  feu  divin,  cause 


—  959 


^VNT11ÉISMK 


du  monde,  sa  matière.  On  peut  l'appeler  l'àme du  monde, 
ou  la  Providence,  ou  Dieu.  Ainsi  la  raison  humaine  s'ex- 
plique par  la  raison  divine  ;  le  feu  qui  engendre  la  nature 
humaine  est  une  partie  du  feu  qui  engendre  le  monde.  Kn 
quoi  consistera  donc  la  perfection  morale  ?  Le  sage  réalise 
dans  sa  vie  l'harmonie  que  Dieu  réalise  dans  le  monde.  8a 
volonté  se  confond  avec  celle  de  Dieu  ;  il  partage  avec  lui 
l'empire  de  l'univers.  Cette  doctrine  est  un  panthéisme 
complet;  mais  elle  est  hien  grecque  d'esprit,  puisqu'elle 
définit  la  nature  de  Dieu  par  la  raison,  attribut  de  l'homme  ; 
la  raison  du  sage  est  aussi  parfarte  que  celle  de  Dieu.  C'est 
un  panthéisme  anthropomorphique. 

Avec  la  philosophie  alexandrine,  on  quitte  le  monde  grec. 
De  Philon  le  Juif  datent  pour  la  pensée  de  l'Occident  trois 
idées  nouvelles,  dont  l'origine,  plus  ancienne,  est  mal 
éclaircie  :  4°  Dieu,  être  absolu,  un  et  infini,  est  incon- 
naissable et  ineffable.  Mais  il  se  réfléchit  dans  une  image 
plus  accessible  à  notre  contemplation,  le  Verbe,  le  Fils 
aîné  de  Dieu.  Du  Verbe  procède  une  troisième  manifesta- 
tion du  divin,  la  raison  active  répandue  dans  Tunivers. 
''2'^  Tout  ce  qui  existe  est  actif  ;  mais  l'activité  n'appartient 
qu'à  Dieu,  être  incréé  :  ce  qui  est  engendré  est  passif; 
Dieu  est  donc  présent  dans  tout  ce  qui  existe,  présent  par 
les  puissances  émanées  de  lui.  Il  est  lui-même  le  lien 
universel  ;  il  contient  l'univers  ;  Dieu  est  tout  (V.  De 
lingarum  confusione  Sacranun,  legiim allegormium. 
3°  L'âme  doit  s'unir  à  Dieu  par  l'amour  et  l'oubli  de  soi. 
«  Il  faut  qu'elle  se  répande,  comme  une  libation  pure, 
devant  le  Seigneur  ».  —  Dans  Philon,  ces  idées  servent 
seulement,  à  côté  d'autres  rigoureusement  platoniciennes, 
à  interpréter  les  allégories  des  livres  saints.  Plotin  en  a 
fait  un  système  panthéiste.  Le  propre  de  ce  panthéisme, 
c'est  que  la  relation  de  l'infini  aux  formes  inférieures  du 
fini,  de  l'ineffable  au  sensible,  est  conçue  comme  une  éma- 
nation, par  laquelle  l'être  divin  se  réalise  successivement 
sous  des  formes  de  moins  en  moins  parfaites,  jusqu'à  se 
distinguer  à  peine  du  non-ètre.  Dieu  est  d'abord  l'Un, 
puis  rintelligence,  le  Logos,  puis  l'àme  universelle,  qui  se 
disperse  dans  les  âmes  individuelles.  11  semble  que  ces 
âmes  habitent  des  corps  ;  mais  le  corps  n'est  rien  qu'une 
image  affaiblie  de  l'àme,  une  ombre;  c'est  lui  qui  est  dans 
l'àme,  comme  l'effet  dans  la  cause.  Comme  une  lumière 
éblouissante.  Dieu,  par  la  nécessité  de  sa  nature,  répand 
au  loin  ses  rayons,  sans  en  être  lui-même  diminué;  à 
mesure  qu'ils  s'éloignent  de  leur  source,  leur  éclat  s'affai- 
blit; la  clarté  se  dégrade  jusqu'à  devenir  obscurité.  Plotin 
ne  pouvait  pas  expliquer  la  création  d'une  matière  radi- 
calement distincte  de  l'être  immatériel  ;  la  matière  n'est 
pour  lui  que  Féclipse  de  l'être  ;  les  corps  ont  un  commen- 
cement de  réalité,  qu'ils  tiennent,  avec  leur  forme,  de 
l'àme  oii  ils  sont  contenus.  Partout  l'inférieur  dérive  du 
supérieur.  Son  principe  de  vie,  c'est  l'amour,  amour  qui 
le  porte  à  créer  des  formes  inférieures  pour  multiplier  son 
être,  ou  qui  le  meut  vers  les  formes  supérieures,  ou  iï 
contemple  son  archétype  éternel.  Cet  amour  sans  bornes 
no  trouve  que  dans  l'être  absolu  la  substance  capable  de 
le  nourrir;  la  possession  de  l'absolu  est  l'extase,  terme  de 
la  vie  bienheureuse,  où  l'être  retourne  à  sa  source. 

La  philosophie  alexandrine  eut  une  influence  profonde 
sur  les  quinze  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne.  Elle  a 
inspiré  toutes  les  sectes  mystiques;  pour  qui  l'oubli  de  la 
personnalité  dans  Lunion  avec  l'infini  divin  était  le  bonheur 
suprême.  Connue  des  chrétiens,  des  juifs  et  des  Arabes, 
elle  hante  1  esprit  de  ces  penseurs  confus,  superstitieux  et 
hardis;  dans  leurs  conceptions  du  monde,  qui  font  une 
place  aux  souvenirs  de  la  spéculation  grecque,  aux  dogmes 
juifs  ou  chrétiens,  et  aux  superstitions  d'une  époque 
préoccupée  de  mystère  et  de  magie,  on  entrevoit  ces  deux 
idées  qu'il  existe  une  àme  universelle,  et  que  tout  ce  qui 
est  principe  de  vie  est  émané  de  la  substance  divine.  Dieu 
est  distinct  du  monde,  l'esprit  de  la  matière  ;  mais  Dieu 
ne  ci'ée  les  formes  des  êtres  et  n'agit  dans  la  nature  que 
par  l'esprit;  il  se  sert  de  puissances  émanées  de  lui,  in- 


termédiaires entre  l'infini  et  le  fini  ;  ce  sont  les  personnes 
successives  qui  exercent  la  toute-puissance  dans  les  mondes 
du  Père,  du  grand  Archon,  et  de  Jéhovah  pour  les  gnos- 
ivjues,  ou  les  sefirot  de  la  Cabbale,  ou  les  esprits  du 
médecin  et  alchimiste  Paracelse,  êtres  invisibles  dont  le 
travail  produit  les  propriétés  des  corps.  Sous  une  forme 
voilée,  cela  veut  dire  que  tout  ce  qui  est  vraiment  réel 
est  émané  de  Dieu.  —  Parmi  les  savants,  docteurs  et 
philosophes,  la  plupart  ont  eu  la  même  idée  ;  chez  les 
uns,  elle  s'affirme;  chez  les  autres,  elle  se  dissimule.  Les 
Arabes,  comme  Avicenne,  Abubacer,  Avicebron,  Aver- 
roès,  les  Juifs  comme  Maimonide,  qui  ont  commenté  Aris- 
tote  ou  se  sont  inspirés  de  ses  commentateurs,  sont  restes 
fidèles  au  dualisme  aristotélicien  :  Dieu  est  nécessaire  à  la 
création,  puisqu'il  est  cause  de  tout  mouvement  ;  mais  les 
êtres  sont  créés  d'une  matière  ou  puissance,  qui  conte- 
nait leurs  formes  ;  le  mouvement  réalise  seulement  le 
passage  de  la  matière  à  la  forme.  Mais,  d\autro  part,  les 
mêmes  philosophes  ont  adapté  l'idée  de  l'émanation  à  la 
doctrine  d'Aristote  sur  le  mouvement  dans  le  Cosmos. 
Dieu,  être  un  et  inconnaissable,  est  le  principe  universel 
d'intelligence  et  de  mouvement.  Il  a  produit  directement 
la  première  intelhgence,  principe  du  mouvement  des 
étoiles  fixes;  de  celle-ci  en  procède  une  autre,  puis  une 
autre,  dont  chacune  est  Fàme  qui  meut  une  sphère  cé- 
leste. Dans  l'intelligence  humaine,  il  faut  aussi  un  prin- 
cipe de  mouvement  qui  détermine  les  puissances  à  pas- 
ser à  l'acte;  c'est  l'intellect  actif,  identique  à  la  dernière 
des  intelhgences  célestes,  et  qui  agit  sur  toutes  les  intel- 
ligences humaines.  Si  l'une  de  ces  intelligences  devenait 
acte  tout  entière,  elle  serait,  comme  Dieu,  unie  à  tous  les 
intelligibles  ;  et  par  suite  elle  serait,  comme  Dieu,  tous 
les  êtres,  caries  êtres  ne  sont  rien  en  dehors  delà  science 
qu'il  en  a.  C'est,  appliiuée  à  la  science,  la  doctrine  de 
l'extase  :  la  science  parfaite  est  l'union  avec  Dieu.  — 
Chez  les  auteurs  chrétiens,  il  est  rare  que  les  problèmes 
de  la  nature  de  Dieu  et  de  la  création  du  monde  n'em- 
pruntent pas  au  moins  une  partie  de  leur  solution  à  la 
philosophie  alexandrine.  l':ile  exerça  cette  influence  par 
l'intermédiaire  des  livres  faussement  attribués  à  Denys 
l'Aréopagite.  Selon  le  faux  Denys,  Dieu  ne  peut  pas  être 
défim  ;  sitôt  qu'on  en  affirme  un  attribut,  comme  il  est 
infini,  il  faut  en  affirmer  l'attribut  contraire  ;  comprenant 
à  la  fois  toutes  les  formes  de  l'être  et  du  non-être.  Dieu 
est  au-dessus  de  toutes  les  catégories.  Mais  en  même 
temps.  Dieu  est  tout  ce  qui  est  ;  comme  le  soleil  envoie 
ses  rayons,  ou  comme  l'unité  engendre  le  nombre,  il  pro- 
duit de  sa  substance,  sans  être  diminué,  les  esprits  purs, 
les  âmes,  raisonnables  ou  privées  de  raison,  et  jusqu'aux 
êtres  inanimés.  L'âme  humaine,  émanée  de  Dieu,  accom- 
pht  son  retour  à  lui  lorsque,  écartant  toute  conception  de 
sa  nature,  elle  s'unit  à  lui  par  le  sentiment  dans  le  silence 
mystique.  —  Les  écrits  de  Denys  furent  traduits  en  latin 
au  jx^  siècle  par  Scot  Erigène,  qui  en  tira  les  idées  es- 
sentielles d'un  des  systèmes  les  plus  complets  que  la  sco- 
lastique  oit  produits.  Dieu  est  l'être  absolument  simple, 
auquel  ne  convient  aucun  attribut.  Indéterminé  en  soi,  il 
produit  pourtant  la  détermination  dans  les  êtres  particu- 
liers, qui  sont  les  accidents  de  sa  substance.  C'est  ainsi 
qu'il  crée  le  monde,  qui  est  un  reflet  de  Dieu  (theopha- 
nia).  Mais  ce  monde  est  en  lui,  puisque  rien  n'existe  en 
dehors  de  lui  ;  or  Dieu  est  absolument  simple  ;  rien  n'existe 
en  lui  qui  ne  soit  lui  ;  donc  le  monde  est  Dieu.  C'est  l'être 
divisé,  tel  qu'il  se  révèle  sous  une  forme  imparfaite  ;  Dieu  est 
l'être  en  soi,  unité  pure.  L'intelhgence  humaine  est  elle- 
même  une  conception  de  Dieu  ;  elle  contient  en  soi  le 
principe  de  tout  ce  qui  est,  mais  n'aperçoit  l'être  que  di- 
visé entre  toutes  les  natures  intelligibles  et  sensibles  C'est 
la  conséquence  de  la  chute;  mais  toute  la  création  sera 
rachetée  par  Jésus-Christ,  en  qui  coexistent  l'un  et  le  mul- 
tiple.^  Le  salut  nous  amènera  à  contempler  Dieu  dans  sa 
parfaite  unité.  Scot  Erigène  est  le  seul  des  scolastiques 
que  le  panthéisme  n'ait  pas  effrayé.  La  crainte  de  l'héré- 


PANTHEISME 


960  — 


sie  en  a  seule  gardé  les  saint  Anselme,  les  Albert  le 
Grand,  les  saint  Thomas.  Cependant,  il  était  préparé  dans 
saint  Anselme  par  l'idée  que  Dieu,  seul  être  dont  Fexis- 
tence  soit  nécessaire,  est  cause  de  tout  ce  qui  existe,  dans 
Albert  le  Grand  par  l'idée  que  le  monde  est  créé  par  une 
émanation  de  Dieu,  ce  qui  explique  la  connaissance  cjue 
Dieu  a  des  choses,  dans  saint  Thomas  par  l'idée  que  Dieu 
est  l'être  absolu,  par  qui  et  en  qui  toutes  choses  subsis- 
tent ;  il  les  conçoit  par  son  intelligence  et  les  crée  par  sa 
volonté,  mais  en  lui  intelligence  et  volonté  ne  sont  pas 
distinctes  de  l'être  ;  ses  pensées  sont  sa  propre  essence, 
non  pas  en  elle-même,  mais  en  tant  que  des  choses  parti- 
culières peuvent  y  participer  ;  et  ses  pensées  sont  la 
substance  des  êtres.  Il  y  a  encore  une  tendance  au  pan- 
théisme dans  la  thèse  des  réalistes,  selon  laquelle  lesuni- 
versaux  sont  tout  ce  qu'il  y  a  de  réel  dans  les  individus  ; 
car  tout  ce  qui  est  compris  dans  l'essence  universelle  de 
Dieu  n'a  de  réalité  qu'en  lui.  Il  y  en  a  une  aussi  dans  le 
mysticisme  de  Hugues  de  Saint-Victor,  pour  qui  la  vertu 
consiste  à  repousser,  comme  une  illusion  de  la  pensée, 
toute  distinction  entre  la  créature  et  le  créateur.  Les  sco- 
lastiques  n'échappent  au  panthéisme  qu'en  acceptant,  au 
nom  de  la  foi,  la  contradiction  ou  d'un  Dieu  cause  éter- 
nelle et  d'un  monde  créé  dans  le  temps,  ou  d'un  Dieu 
tout-puissant  et  d'une  liberté  humaine;  à  moins  que, 
comme  Hugues  de  Saint-Victor,  ils  ne  posent  pas  les  pro- 
blèmes sous  leur  forme  rationnelle. 

Au  commencement  du  monde  moderne,  Copernic,  puis 
Kepler  énoncèrent  cette  idée  nouvelle  que  le  Cosmos  n'est 
pas  un  système  fermé,  dont  la  terre  serait  le  centre,  et 
les  régions  éthérées  l'enveloppe  ;  le  ciel  est  l'univers 
infini,  où  chaque  étoile  est  un  soleil,  qui  peut  avoir  ses 
planètes.  De  là  sortit  le  panthéisme  de  Giordano  Bruno  : 
Dieu  et  le  monde  sont  également  infinis  ;  mais  il  ne  peut 
y  avoir  deux  infinis.  Dieu  et  le  monde  sont  donc  le  même 
être.  L'Etre  infini.  Dieu  ou  Univers,  est  la  cause  éter- 
nelle du  monde,  qui  produit  en  se  déployant  les  genres, 
les  espèces,  les  individus  et  la  variété  de  leurs  lois.  Il  est 
la  substancede  tousles  êtres,  bien  qu'il  reste  un  et  indivi- 
sible ;  c'est  la  natura  naturans.  Le  monde  des  phéno- 
mènes n'est  que  ce  développement  des  puissances  conte- 
jmes  dans  l'être  universel  ;  c'est  la  natura  naturata. 
La  nature  naturante  et  la  nature  naturée  sont  une  seule 
et  même  chose,  envisagée  tantôt  dans  sa  substance  iden- 
tique sous  les  formes  variées  du  multiple,  tantôt  dans  les 
manifestations  diverses  de  son  être  inépuisable. 

La  distinction  des  deux  natures  se  retrouve  chez  Spinoza. 
Mais  le  panthéisme  de  Spinoza  diffère  profondément  des  con- 
ceptions antérieures,  parce  que  Spinoza  reçut  de  Descartes 
une  méthode  qui  imposait  à  la  spéculation  des  exigences 
nouvelles,  et  une  définition  de  la  matière  qui  la  rendait 
irréductible  à  la  pcnsée.Laméthode  cartésienne,  qui  faisait 
de  l'évidence  la  règle  de  la  vérité,  écartait  toutes  les  rela- 
tions mystérieuses  de  Tinfini  au  fini,  toutes  les  construc- 
tions oii  la  clarté  était  sacrifiée  à  l'harmonie.  La  notion 
de  l'étendue  ne  permettait  plus  de  concevoir  les  êtres  ma- 
tériels comme  émanés  d'un  principe  immatériel.  D'autre 
part,  ridée  cartésienne  de  la  substance  et  du  mode  con- 
duisait au  panthéisme  :  la  substance  est  ce  qui  existe  par 
soi,  ce  qui  ne  dépend  d'aucune  autre  chose. La  substance 
est  cause  de  ses  modes  ;  elle  les  produit  de  son  être  ;  le 
mode  n'existe  qu'en  la  substance.  Il  suffit  que  la  subs- 
^  tance  soit  identifiée  avec  Dieu,  pour  que  Dieu  et  le  monde 
ne  soient  qu'une  seule  essence.  C'est  en  eftét  là  l'idée  de 
Spinoza  ;  mais  ce  qui  est  caractéristique  de  son  pan- 
théisme, c'est  la  force  qu'il  donne  à  cette  idée,  le  souci 
de  la  précision  et  de  la  vérité  avec  lequel  il  en  développe 
les  conséquences.  L'idéal  de  Spinoza  n'était  pas  de  pro- 
duire un  chef-d'œuvre  de  déduction  logique,  mais  un  mo- 
dèle de  clarté.  S'il  a  employé  dans  V Ethique  la  méthode 
géométrique,  c'était  pour  assurer  à  sa  philosophie  la 
clarté  de  l'évidence  mathématique.  Il  a  échoué  parce 
qu'il  a  posé  des  problèmes  trop  complexes  pour  la  fai- 


blesse de  l'esprit  humain.  On  pourrait  se  demander  si 
nous  connaissons  toute  sa  pensée.  Les  deux  seuls  traités 
généraux  qu'il  nous  ait  laissés,  le  Court  Traité  de  Dieu, 
de  rdme  et  de  la  béatitude,  et  V Ethique,  ne  sont  des- 
tinés à  résoudre  que  le  problème  moral  :  connaissant  la 
nature  de  Dieu  et  celle  de  l'àme,  autant  qu'il  est  en  nous, 
nous  comprenons  que  le  bonheur  consiste  dans  l'union 
avec  Dieu  par  Vamour  intellectuel.  Tel  est  le  plan  des 
deux  ouvrages.  Il  est  certain  qu'il  n'a  permis  à  Spinoza 
de  traiter  bien  des  questions  que  dans  leurs  rapports 
avec  celle-là  ;  mais  il  est  précisément  l'exposé  de  son 
panthéisme,  puisqu'il  implique  les  trois  questions  de  la 
nature  de  Dieu,  de  la  nature  de  l'àme,  et  du  rapport  de 
l'âme  à  Dieu. 

La  première  vérité  que  Spinoza  considère  comme  évi- 
dente c'est  que  Dieu  est.  Nous  avons  une  idée  de  Dieu  ; 
or,  une  idée  ne  peut  exister  dans  notre  esprit  que  si  elle  est 
l'idée  de  quelque  chose,  c.-h-d.  l'intuition  d'une  essence  ; 
à  moins  que  ce  ne  soit  l'idée  d'une  fiction.  Mais  l'idée  de 
Dieu  ne  peut  être  que  réelle,  car  plus  il  y  a  de  perfection 
dans  une  idée,  plus  il  y  a  de  réalité  dans  sa  cause  ;  et 
l'idée  de  Dieu  est  celle  d'un  être  absolument  parfait 
{Lettre  à  S.  de  Vries,  n°  xxvii).  Si  Dieu  est,  il  est 
cause  de  soi  ;  car  s'il  avait  une  cause  antérieure  à  lui, 
il  dépendrait  de  cette  cause  ;  ce  qui  est  inconcevable.  S'il 
est  cause  de  soi,  il  est  une  substance,  puisque  le  propre 
de  la  substance  est  de  ne  pas  être  causée.  Or  il  ne  peut 
y  avoir  qu'une  substance,  parce  que  deux  substances  éga- 
lement causes  de  soi  seraient  exactement  semblables;  et 
la  substance  est  nécessairement  infinie,  parce  qu'elle  ne 
pourrait  être  limitée  que  par  une  autre  substance,  ce  qui 
est  impossible,  ou  par  elle-même,  ce  qui  est  absurde. 
Dieu  est  donc  la  substance  une  et  infinie.  Nous  n'en  pou- 
vons dire  qu'une  chose,  c'est  qu'elle  est.  Toute  autre  dé- 
termination de  sa  nature  serait  une  limitation  {Eth.,  I, 
1  à  9).  Mais  la  réaKté  de  Dieu  serait  bien  pauvre,  s'il 
n'était  capable  que  de  se  créer  soi-même  comme  substance 
indéterminée.  Il  est  déplus  cause  de  tous  les  êtres,  car  il 
possède  une  puissance  infinie  d'exister  et  d'agir,  d'agir 
en  se  manifestant  par  une  infinité  de  modes  particuliers, 
d'exister  en  ces  modes  aussi  bien  qu'en  la  substance. 
Seulement  entre  la  substance  et  les  modes,  il  y  a  l'in- 
termédiaire des  attributs.  Tous  les  modes  ont  des  qualités 
déterminées,  formes  particulières  de  deux  natures  simples, 
l'étendue  et  la  pensée,  qui  sont  les  attributs  de  la  subs- 
tance. En  effet,  la  substance  ne  se  révèle  à  nous  que  dans 
les  formes  de  ces  attributs  ;  il  nous  semble  qu'ils  en 
soient  inséparables,  qu'ils  constituent  son  essence  (Ethique, 
I,  défin.  4).  Ainsi  la  substance  est  une  réalité,  la  plus 
vraie  de  toutes,  puisqu'en  dehors  d'elle  rien  ne  peut 
exister  ;  mais  c'est  une  réalité  inachevée,  et  qui  est  con- 
trainte, par  la  nécessité  de  sa  nature,  de  s'achever  éter- 
nellement en  s'exprimant  sous  des  attributs,  qui  se  ma- 
nifestent à  leur  tour  sous  des  modes.  Le  mode  seul  con- 
tient tous  les  degrés  de  la  réalité  :  il  est  à  la  fois  mode, 
détermination  de  l'attribut  et  expression  de  la  substance. 
L'attribut  s'en  distingue  parce  qu'outre  ce  mode,  il  est 
capable  d'une  infinité  d'autres  déterminations  ;  et  la 
substance  parce  qu'outre  les  déterminations  de  cet  attri- 
but, elle  peut  exister  sous  les  formes  d'une  infinité 
d'autres  attributs.  Tout  ce  qui  est,  mode  ou  attribut,  est 
en  la  substance  ;  et  jamais  la  fécondité  de  VEtre  ne  sera 
épuisée.  Or  Dieu  est  VEtre  ;  il  n'est  pas  d'une  part  l'Etre 
universel,  infini,  inaccessible  à  l'intelligence  humaine,  et 
d'autre  part  le  monde  créé  ;  il  est  l'Etre  sous  ses  trois 
aspects  dont  au(;un  n'existe  sans  les  autres,  la  substance 
infiniment  infinie,  l'attribut  infini  dans  son  genre,  et  le 
mode  (|ui  j)ossède,  lui  aussi,  une  essence  éternelle  et 
infinie. 

Car  les  choses  créées  ont  une  double  nature,  infinie  et 
finie,  selon  qu'on  en  considère  l'essence  ou  l'existence. 
Leur  essence,  c'est  ce  qu'elles  sont  en  tant  que  modes  d'un 
attribut  divin  ;  l'essence  d'une  pierre,  c'est  d'être  pierre. 


—  964 


PANTHEISME 


Leur  existence,  c'est  ce  fait  qu'elles  sont  telle  chose,  d'une 
quantité  déterminée,  dont  l'existence  individuelle  a  com- 
mencé à  un  moment  du  temps,  grâce  à  une  cause  parti- 
culière. Pour  la  pierre,  c'est  son  volume,  son  poids,  sa 
forme,  qui  datent  du  moment  où  une  cause  inconnue  a 
brisé  le  bloc  dont  elle  faisait  partie.  Or,  toutes  ces  pro- 
priétés ne  sont  que  des  limites,  entre  lesquelles  se  mani- 
feste l'essence  infinie  de  la  pierre.  Elles  sont  ce  qui  cons- 
titue le  fini.  Et  nous  constatons,  sans  pouvoir  l'expliquer, 
que  l'infini  existe  dans  des  formes  finies  et  qu'il  n'a  pas 
produites,  comme  une  source  éternelle  dont  l'eau  s'écou- 
lerait toujours  dans  de  nouveaux  vases.  La  division  n'existe 
que  par  le  fini  ;  c'est  en  elle  que  consiste  sa  réalité  propre, 
irréductible  à  l'infini. 

L'âme  humaine  possède  cette  double  nature,  infinie  et 
finie.  Mais  elle  n'a  conscience  de  son  être  infini  que  si 
elle  se  saisit  dans  son  essence,  c.-à-d.  si  elle  comprend  de 
quelle  manière  elle  est  un  mode  divin  (Eth.,  V,  36),  si 
elle  se  connaît  en  Dieu.  De  tout  ce  qu'elle  connaît  en  Dieu, 
elle  atteint  l'essence  inlinie  ;  c'est  la  connaissance  du  troi- 
sième genre,  qui  a  deux  caractères  :  l'^  nous  connaissons 
une  chose  en  Dieu  lorsque  sa  nature  nous  paraît  dériver 
nécessairement  de  la  nature  de  Dieu  ;  nous  sentons  alors 
que  cette  chose  est  éternelle  ;  2^^  nous  comprenons  que 
Dieu  en  est  la  cause.  Posséder  cette  vérité,  c'est  pour 
l'àme  une  perfection,  et  le  sentiment  de  cette  perfection 
est  une  joie  d'autant  plus  profonde  que  la  perfection  est 
plus  haute.  Or  nous  ne  pouvons  pas  connaître  la  cause 
d'unejoie  sans  l'aimer;  lorsque  cette  joie  est  la  connaissance 
d'un  d'objet  dont  Dieu  est  la  cause,  nous  éprouvons  pour 
lui  un  amour  infini  ;  c'est  V amour  intellectuel,  en  qui 
consiste  la  béatitude.  La  béatitude  est  donc  le  sentiment 
de  l'union  avec  l'infini  ;  mais  jamais  l'àme  particulière  ne 
se  confondra  avec  l'Etre  universel  ;  il  faudrait  pour  cela 
qu'elle  ne  fût  plus  un  mode  de  cet  Etre,  qu'elle  n'existât 
pas  en  Dieu.  Elle  est  Dieu  en  tant  qu'il  est  mode  ;  mais 
jamais  la  totalité  des  modes  n'égalera  l'infini  divin  ;  ce 
serait  supposer  ([ue  Dieu  n'est  pas  en  même  temps  attri- 
but et  substance,  c.-à-d.  qu'un  nombre  fini  de  modes 
peut  épuiser  la  puissance  de  créer  de  la  substance.  Une 
âme  individuelle  ne  peut  pas  non  plus  se  confondre  avec 
une  autre.  Aucune  ne  connaît  en  Dieu  l'infinité  des  modes, 
puisque  cette  infinité  n'est  jamais  réalisée  ;  mais  chacune 
en  connaît  un  certain  nombre  et  rend  par  cette  connais- 
sance une  partie  d'elle-même  éternelle  {Eth.,  V,  39  et 
Scholie).  C'est  cette  partie  seule  qui  survit  à  l'existence 
finie.  En  résumé,  dans  le  panthéisme  de  Spinoza,  Dieu  est 
à  la  fois  l'un  et  le  multiple  ;  il  s'exprime  sous  les  deux 
attributs  de  retendue  et  de  la  pensée  ;  en  dehors  de  lui 
existe  le  fini,  distinct  du  multiple,  mais  qui  n'est  (|u'une 
limite,  une  négation.  La  perfection  pour  l'âme  humaine 
est  la  conscience  de  l'infini  dans  l'existence  finie. 

Reprouvé  comme  athée  par  le  xvif  siècle,  peu  coimu 
du  xviii^,  Spinoza  fut  vénéré  par  l'Allemagne  du  xix^,  qui 
eut  pour  sa  personne  une  sorte  de  culte.  La  conscience 
qu'il  avait  de  Féternel  et  du  divin  apparut  à  TAllemagne 
comme  la  réalisation  de  son  idéal  religieux  ;  c'est  par  le 
sentiment,  plus  (jue  par  les  concepts,  qu'il  eut  une  in- 
fluence. Gœthe,  esprit  trop  libre  pour  s'asservir  à  une 
doctrine,  admirait  seulement  dans  Spinoza  l'homme  qui  se 
soumettait  à  la  nécessité,  et  qui  avait  su  échapper  à  la 
vanité  de  l'existence,  en  se  formant  des  choses  des  idées 
indestructibles.  Et  lorsqu'il  s'élevait  lui-même  à  une  idée 
générale  de  Dieu  ou  de  la  nature,  il  se  sentait  une  ten- 
dance à  les  concevoir  comme  la  substance  de  Spinoza. 
Dieu  est  infini  ;  il  ne  peut  pas  être  tout  entier  à  l'image 
de  l'homme  ;  il  se  manifeste  aussi  bien  dans  la  nature 
qu'en  nous.  En  étudiant  la  nature,  on  apprend  de  plus  en 
plus  à  la  considérer  comme  une  seule  substance  cpii  tra- 
verse des  formes  multiples  ;  c'est  ce  qui  produit  l'analo- 
gie des  êtres  et  la  propriété  qu'ont  les  organes  d(^  se  mo- 
difier d'espèces  en  espèces.  Le  monde  est  vivant  ;  une 
force  infinie  l'anime  et  crée  sans  s'épuiser  les  formes  suc- 

CRANDK   ENCVCLOPKDIE.    —   XXV, 


cessives  de  l'être  ;  cette  force,  c'est  la  nature  ou  Dieu. 
Ainsi  Dieu  est  la  nature  ;  mais  par  nature,  il  ne  faut  pas 
entendre  le  monde  sensible  ;  c'est  la  vie  du  monde,  la 
puissance  qui  travaille  en  lui.  Cette  idée  que  l'absolu  est 
une  force  et  ne  se  réalise  que  par  la  vie,  idée  à  laquelle 
la  pensée  allemande  a  toujoui's  été  fidèle  depuis  Leibniz, 
^a  modifié  la  conception  spinoziste  de  la  substance  chez  les 
poètes,  les  littérateurs,  les  philosophes.  Selon  Herder, 
Dieu  est  la  force  infinie  qui  agit  en  créant  les  êtres  finis  ; 
le  monde  prouve  ainsi  Dieu,  en  le  manifestant.  Cette  créa- 
tion se  fait  dans  le  temps,  et  l'histoire  du  monde  n'est  que 
la  réalisation  progressive  de  la  raison  divine.  Les  lois  de 
l'histoire  expriment  l'ordre  divin  aussi  bien  que  les  lois 
célestes;  elles  ont  une  fin  immanente  qui  est  la  perfection 
de  la  nature  humaine.  Selon  Lessing,  et  aussi  Schiller 
avant  sa  conversion  au  kantisme,  l'univers  est  une  pen- 
sée de  Dieu.  Dieu  se  pense  éternellement,  et  sa  pensée 
est  créatrice  ;  en  se  pensant,  il  se  crée  ;  mais  il  ne  se  pense 
pas  seulement  dans  l'unité  de  son  absolue  perfection  ;  il 
se  pense  aussi  dans  la  multiplicité  des  perfections  parti- 
culières, et  le  monde  devient  ainsi  peu  à  peu,  selon  l'ordre 
de  ces  perfections.  L'individu  est  capable,  par  une  ré- 
flexion sur  soi-même,  qui  descend  jusqu'à  l'acte  par  lequel 
il  est  créé,  de  prendre  conscience  de  cette  activité  en 
même  temps  que  de  son  propre  être  ;  il  se  sent  ainsi  iden- 
tique avec  elle,  et  se  crée  soi-même.  Tel  est  le  principe 
de  la  vie  morale  et  religieuse.  Cet  acte  par  lequel  l'infini 
donne  l'être  au  fini,  Schleiermacher  enseigne  qu'il  ne  peut 
être  révélé  à  la  conscience  que  par  le  sentiment  rehgieux; 
le  principe  de  la  religion,  c'est  l'intuition  de  ce  rapport  du 
fini  à  l'infini  ;  elle  consiste  de  plus  à  réaliser  par  l'amour 
l'unité  idéale  de  l'humanité,  imitation  de  l'unité  essen- 
tielle des  êtres  en  l'intini.  Enfin,  pour  Novalis  et  les  ro- 
mantiques, le  but  de  l'art  est  de  saisir  le  passage  de  l'in- 
fini au  fini,  de  décrire  cette  naissance  du  fini  à  la  vie,  de 
reconnaître  Dieu  dans  le  monde  créé.  La  réalité  vraie  est 
infinie  ;  tout  ce  qui  n'est  pas  tel  est  illusoire  ;  la  vie  hu- 
maine s'écoule  dans  l'illusion  ;  elle  est  plus  loin  de  la 
réalité  que  le  rêve.  —  Chez  ces  divers  penseurs,  l'idée 
que  l'individu  a  dans  l'être  divin  son  origine,  sa  vie  et  sa 
fin,  a  produit  un  panthéisme  de  sentiment.  Reprise  parles 
philosophes  qui  développaient  la  métaphysique  impliquée 
dans  la  morale  de  Kant,  elle  a  donné  à  l'Allemagne  des 
panthéismes  logi({ues.  L'opposition  dunoumène  et  du  phé- 
nomène rendait  la  doctrine  kantienne  irréductible  au  pan- 
théisme ;  mais  déjà  Fichte  considérait,  d'une  part,  le  relatif 
ou  le  moi  empirique  comme  engendré  par  l'absolu  ou  le 
moi  pur,  dans  l'acte  par  lequeMe  moi  pur,  en  se  limitant, 
crée  à  la  fois  le  non-moi  et  ce  moi  empirique  ;  et,  d'autre 
part,  il  pose  pour  fin  au  moi  empirique  de  réaliser  le  moi 
pur  en  s'aftranchissant  du  non-moi.  Puis  Schelling  trouve 
à  concilier  l'idéalisme  de  Fichte  et  le  spinozisme.  Le  moi 
et  le  non-moi,  l'esprit  et  la  nature,  dérivent  d'un  être  su- 
périeur qui  se  personnifie  dans  le  moi  et  s'objective  dans 
le  non-moi.  L'absolu  n'est  ni  sujet,  ni  objet  ;  indiff"érent 
à  ces  déterminations,  il  est  l'unité  pure.  Le  relatif  ne  peut 
pas  échapper  à  la  dualité  de  la  pensée  et  la  nature  ;  mais 
pensée  et  nature,  idéal  et  réel,  dérivés  d'une  source  com- 
mune, se  correspondent  et  sont  destinés  à  se  confondre. 
Pour  l'humanité  actuelle,  l'idée  et  le  fail  se  contrarient  ; 
cependant  l'idée  devient  peu  à  peu  réalité  ;  l'absolu,  iden- 
tité et  unité  de  l'idéal  et  du  réel,  tend  à  se  révéler.  Mais 
déjà  l'homme  peut  saisir  cette  unité  ;  ce  n'est  ni  par  l'in- 
teÙigence,  ni  par  l'action,  c'est  par  le  sentiment  du  beau, 
dans  lequel  s'efface  la  distinction  de  l'être  (jui  contemple  et 
de  rol>jet  contemplé.  (]e  panthéisme  met  en  lumière  une 
tendance  nouvelle,  née  chez  Herder  et  Lessing,  etcjui  sera 
le  principe  du  système  de  Hegel:  c'est  tpie  non  seulement 
l'infini  est  l'être  du  fini,  mais  qu'il  se  réalise  lui-même  dans 
le  fini  et  par  le  fini.  L'absolu  de  Hegel  est  tout  entier  dans 
les  choses;  il  n'est  que  le  passage  de  l'une  à  l'autre,  l'évo- 
lution qui  les  crée  ;  et  il  est  parfaitement  inteUigible.  Tout 
ce  qui  est  devient,  suivant  une  loi  unique,  la  conciliation 

61 


PANTHÉISME  —  PANTHÉON 


962 


des  contraires,  qui  engendre  les  catégories  de  l'être,  les 
phénomènes  de  la  nature,  les  œuvres  de  Fesprit.  Dieu  est 
l'Esprit  absolu,  ou  l'Idée  absolue,  en  qui  s'opposent  tous 
les  contraires,  et  qui  n'arrive  à  l'existence  que  dans  leurs 
synthèses,  êtres  individuels  et  finis. 

Le  système  de  Hegel  est  le  terme  du  panthéisme  alle- 
mand ;  un  des  caractères  essentiels  de  ce  panthéisme  est 
qu'il  a  transforme  l'opposition  cartésienne  de  la  pensée 
et  de  l'étendue  en  l'opposition  de  la  pensée  et  de  la  na- 
ture, de  l'idée  et  du  fait.  11  échappait  ainsi  à  l'obligation 
d'expliquer  comment  l'esprit  crée  la  matière,  mais  par  la 
négation  de  la  matière.  C'est  un  panthéisme  idéaliste:  or 
il  est  à  remarquer  que  les  philosophes  allemands,  depuis 
Fichte,  se  sont  eux-mêmes  appelés  idéalistes.  Cela  mon- 
trerait que  le  panthéisme  n'est  pas,  à  leur  sens,  l'aspect 
le  plus  important  de  leur  philosophie  ;  en  tout  cas,  qu'il 
n'en  est  qu'un  simple  aspect.  Cependant  ces  philosophes 
sont  de  tous  les  panthéistes  ceux  qui  ont  eu  le  plus  direc- 
tement pour  objet  de  montrer  que  l'infini  est  l'essence  du 
fini.  On  peut  dire  que  tous  les  autres  sont  arrivés  à  cette 
idée  comme  à  un  moyen,  soit  de  donner  un  fondement  à 
la  religion  ou  à  la  morale,  soit  de  concevoir  l'infinité  et 
la  puissance  absolue  de  Dieu,  soit  d'expliquer  la  création 
du  monde.  Le  panthéisme  n'est  pas  un  but,  c'est  une 
conséquence.  M  n'est  pas  un  système  tout  fait,  que  l'on 
adopte;  c'est  plutôt  une  tendance  au  panthéisme  qui  existe 
dans  bien  des  philosophies  ;  elle  détermine  rarement  la 
forme  des  systèmes. 

Si  l'on  voulait  énoncer  les  principes  communs  à  tous 
les  panthéismes,  ce  n'est  pas  de  la  comparaison  de  ces 
systèmes  que  l'on  pourrait  les  dégager.  En  réalité,  les 
théologiens  et  les  philosophes  spirituafistes  ont  appelé 
panthéisme  toute  philosophie  oii  ne  se  trouvaient  pas  les 
trois  notions  d'un  Dieu  personnel,  d'une  âme  conçue 
comme  une  substance,  et  d'une  création  du  monde  (?x  ni- 
hilo.  Ces  trois  idées  sont  l'orthodoxie  sur  les  questions  de 
la  nature  de  Dieu,  la  nature  de  l'àme  et  le  rapport  du 
monde  à  Dieu  ;  elles  forment  un  système  simple,  auquel 
s'opposent  un  très  grand  nombre  d'hérésies.  (Juels  que 
soient  leur  origine,  leur  forme,  leur  but,  ces  hérésies 
sont  panthéistes. 

Elles  contiennent  quelque  chose  de  solide  :  la  critique 
de  la  conception  anthropomorphique  de  Dieu,  et  le  senti- 
ment que  l'être  créé  dépend  de  l'être  incréé,  que  les  phé- 
nomènes de  la  nature  révèlent  k  l'intelligence  finie  une 
puissance  infinie.  On  pourrait  presque  dire  qu'il  existe  un 
panthéisme  critique  ou  positif,  réduit  au  minimum  d'hy- 
pothèse et  de  métaphysique  ;  il  comprendrait  la  notion 
critique  de  l'infinité  de  Dieu,  inconcifiable  avec  des  attri- 
buts déteiminés,  et  le  sentiment  positif  de  l'impuissance 
de  la  nature  humaine  opposée  à  la  puissance  universelle 
([ui  agit  dans  les  choses  et  les  événements. 

Les  adversaires  du  panthéisme  le  réfutent  en  montrant 
qu'il  n'explique  pas  l'existence  du  mal,  et  en  affirmant 
soit  qu'il  transporte  en  Dieu  les  imperfections  des  choses 
créées,  soit  qu'il  nie  la  réalité  des  choses  créées  en  les 
absorbant  en  Dieu.  M  est  vrai  que  si  tout  ce  qui  existe  est 
compris  dans  la  nature  de  Dieu,  le  mal  ne  peut  pas  être 
réel.  Parmi  les  panthéistes,  les  uns  ne  l'ont  considéré 
que  comme  une  privation  ;  les  autres  ont  dit  que  les 
choses  en  elles-mêmes  n'étaient  ni  bonnes  ni  mauvaises  ; 
feon  ou  mauvais  ne  sont  que  des  appréciations  de  leur  uti- 
lité. Quant  à  la  seconde  objection,  elle  n'est  juste  ni  sous 
l'une  ni  sous  l'autre  de  ces  formes.  Dieu  ne  participe  ja- 
îuais  aux  imperfections  du  fini;  il  est,  au  contraire  l'être, 
infini  ;  c'est  par  une  erreur  grossière  que  Cousin  a  cru 
que  pour  les  panthéistes  allemands  le  monde  sensible,  à 
lui  seul,  était  Dieu  (Y.  Voyaçie  en  AUemagne).  D'autre 
part,  il  n'y  a  pas  de  panthéisme  qui  ait  nié  la  réalité  de 
l'individu  comme  individu;  chez  les  stoïciens,  la  vertu 
est,  au  contraire,  la  plus  haute  expression  de  l'individua- 
lité ;  mais  convenons  qu'ils  sont  une  exception.  Cependant 
nous  avons  montré  que  poui*  Spinoza  il  y  avait  dans  la 


nature  du  fini  quelque  chose  d'irréductible  k  l'infini  ;  et 
l'on  peut  dire  que  dans  aucun  panthéisme  l'union  du  fini 
et  de  l'infini  ne  se  réahse  autrement  que  par  le  senti- 
ment ;  le  sentiment  de  l'union  n'implique  pas  l'union 
réelle,  qui  n'est  indiquée  par  aucune  des  métaphores  em- 
ployées par  les  divers  mysticismes.  Mais  maintenir  la  réa- 
lité d'un  fini  en  dehors  de  l'être  infini,  n'est-ce  pas  con- 
traire au  principe  même  du  panthéisme  ?  Les  panthéistes 
ont  cherché  à  faire  la  plus  grande  possible  la  part  de 
l'être  infini,  mais  ils  n'ont  pas  pu  absorber  en  lui  toute 
\à  réalité.  Au  contraire,  c'est  sur  la  distinction  des  deux 
principes,  absolu  et  relatif,  infini  et  fini,  Dieu  et  homme, 
que  repose  le  système;  il  faut  qu'entre  l'un  et  l'autre,  il 
y  ait  communauté  d'essence,  pour  que  le  mouvement  de 
l'un  vers  l'autre  soit  possible  ;  mais  il  faut  en  même  temps 
qu'il  y  ait  opposition  de  nature,  pour  que  ce  mouvement 
soit  nécessaire.  Identifiez,  confondez  Fabsolu  et  le  relatif: 
il  n'y  a  plus  d'aspiration  de  l'inférieur  vers  le  supérieur, 
plus  de  principe  de  vie  dans  l'inférieur,  plus  de  senti- 
ment rehgieux  ni  d'effort  moral.  Ce  qui  engendre  le  pan- 
théisme, c'est  la  contradiction  du  fait  de  la  dualité  et  du 
besoin  de  l'unité.  Cette  contradiction  n'est  résolue  au 
fond  que  par  une  distinction  de  points  de  vue  :  dans  l'être, 
la  dualité  n'estjamais  supprimée,  mais  elle  est  conçue  de 
telle  manière  que  dans  le  sentiment,  l'unité  puisse  se  réa- 
liser. G.  Art. 

BîiiL.  :  1"  Nous  renverrons  aux  art.  ïxde,  Ciiixe,  Iigypti^, 

TnAL]^?:,  ANAXniAXDRE,  AXAXI.MKNE,  XÉXOPHANE,  PARr^JK- 

.MDE,  HiaiACEiTi:,  Stoïcisme,  Nr.o-pEATOxiP:ME,  Piiilon, 
Plotix,  Gnohticis^me,  Caudale,  Paraceepe,  Avtcenne, 
AvERROÈs,  Maimoxide,  DeiXys  l'AréopA(iIte,  Scot  Eri- 
(.!''XE,  Saint  Tiio:\ias,  Bruno  fGiordano),  Spinoza,  Les- 
mng.Herder,  GuyniE,  Sciieeiermaciier,  IIardexberg, 
lacHTE,  Scm.'.LLiNG,  IIi^GEL.  —  V.  en  part'ieulier  :  Ciita- 
pi:i-Li,  le  Panthéisme  de  Platon.  18G2.  —  V.  Delbop,  le 
Problème  moral  dans  la  philosophie  de  Spinoza  et  dans 
Vhistoire  dit  spinozisme^  1898. 

2°  Histoire  des  opinions  sur  le  panthéisme  :  Buhli-:, 
de  Ortu  et  progressa  PanUieismi  {Comm.ent.  Societ.  Goel- 
tin.(7.,X),  1790.— H.  }L\vai.d,  Die  Allgegen-wart  Gottes,  181G. 
—  JAESCHE,  Der  Pantheismus  nacfi  seinen  Hauptformen, 
1827-32,  3  Yol.  —  RiTTER,  Die  Halb  Kantianer  und  der 
Pantheismus....  1827.  —  Schmidt.  Ueber  das  Absoliite  und 
das  Bedingte,  mit  besonderer  Beziehiing  auf  dem  Pan- 
theismus.1  1838  —  Uiciiter,  Ueber  Pantheismus  und  Pan 
theismusfurcht,  einc  histor.  philos.  Abhandlung.  1841.  — 
Haussmaxx,  Dér  moderne  Pantheismus,  1845.  —  Romang, 
Der  neueste  PaMtheismus  oder  die  Jung  hcgelsche  Wel~ 
l'anse  h  auun  g.  ISiS  ~  A.  von  Sciiadex,  Ueber  den  Gegen- 
salz  des  thetslischen  und  panthelslischen  Standpunktes  .  . 
1818.  —  J.-B.  Mayer,  Tliei'imus  und  Pantheismus.,  mit  be- 
sonderer Ruclisicht  aiif  pracldische  Fragen,  1849.  — 
E  Boeiimer,  DePantheismi  nominis  origine  et  usu  et  no- 
lione.  1851.  —  Volkmutji,  Der  dreieinige  Pantheismus 
von  Thaïes  bis  Hegel,  1854  —  Weissexborx,  Vorlesung 
ueber  Theism  und  Pantheism,  1859.  —  Franck,  Philoso- 
phie et  Religion,  18G7.  —  îuxdt,  Histoire  du  panthéisme 
pjopidaire,  1875. 

3"  On  peut  encore  consulter  à  titre  de  curiosité  :  Abbe 
Maret.^c  Panthéisme  dans  les  sociétés  modernes,  1839.  — 
Abbé  Gosciiler,  du  Panthéis7ne,18iO. —  Jouffroy',  Cours 
de  droit  naturel,  1843.  —  Jeanxel,  des  Doctrines  qui  ten- 
dent au  joantJiéisme,  18 IG.  —  Saisset,  Introduction  aux 
œtivres  de  Spinoza  et  Essai  dephil.  religieuse,  1852.  —  Ca- 
Ro,  Vidée  de  Dieu  {ch  vi),  18Gt.  —  Desdouits,  le  Pan- 
théisme, 1897.  —  On  trouvera  dans  ces  ouvrages  la  réfu- 
tation du  panthéisme. 

PANTHÉON  (Généralités).  Ce  mot  désignait,  dans 
l'antiquité  romaine,  un  édifice  consacré  à  tous  les  dieux. 
Le  premier  édifice  ainsi  appelé  fut  probablement  une  grande 
salle  ronde,  précédée  d'un  portique,  et  que  M.  V.  Agrippa, 
l'ami  et  le  gendre  de  l'empereur  Auguste,  fit  élever  sous 
son  troisième  consulat,  en  l'an  27  avant  notre  ère,  par 
l'arcliitecte  Valérius  Ostiensis,  au  centre  du  Champ  de  Mars 
et  à  proximité  des  Thermes  qu'Agrippa  avait  fait  édifier 
en  l'an  33,  pendant  son  édilité.  Les  vicissitudes  qu'eut  à 
subir  ce  Panthéon  d'Agrippa  seront  retracées  plus  loin; 
il  y  a  lieu  seulement  ici  de  rappeler  que,  dans  la  suite, 
on  donna  ce  même  nom  de  Panthéon  à  des  édifices  dans 
lesquels  étaient  conservés  les  restes  des  grands  hommes 
ou  bien  dans  lesquels  était  honorée  leur  mémoire,  et 
que  la  forme  circulaire  n'était  pas  une  condition  obli- 
gatoire de  cette    destination.    L'empereur    Adrien,    qui 


96a  — 


PANTHEON 


probablement  fit  restaurer,  reconstruire  ou  embellir  le 
Panthéon  cFAgrippa  à  Rome,  fit  édifier  à  Athènes,  lors 
d'un  de  ses  voyages  dans  cette  ville,  un  Panthéon,  dont 
les  ruines,  de  plan  rectangulaire,  ont  été  souvent  con- 
fondues avec  les  ruines  du  temple  de  Jupiter  Olympien, 
tandis  qu'Agrippa  avait  fait  ériger  à  Anti([uera  (Es- 
pagne) un  temple  sur  le  modèle  do  son  Panthéon  do 
Rome,  temple  qui  fut  restauré  deux  siècles  plus  tard,  mais 
dont  on  ne  trouve  plus  do  traces  aujourd'luii.  On  peut 
citer  un  certain  nombre  d'édifices  qui,  consacrés  dans 
divers  pays  à  la  sépulture  d'hommes  célèbres,  reçurent 
ce  nom  de  Panthéon.  Les  principaux  de  ces  édifices 
sont  :  l'égUse  Saint-Dominique,  à  Païenne,  vaste  sanc- 
tuaire qui,  élevé  au  xni®  siècle  par  les  dominicains, 
contient  les  tombeaux  de  beaucoup  de  Siciliens  qui  se  sont 
distingués  comme  artistes,  savants,  légistes,  littérateurs, 
hommes  politiques  ou  guerriers;  PégUse  de  l'abbaye  de 
Westminster,  à  Londres,  achevée  dans  son  état  actuel  au 
xin®  siècle  et  qui,  renfermant  de  nombreuses  tombes  de 
membres  de  familles  royales  et  de  longues  rangées  de 
monuments  d'hommes  célèbres,  est  regardée  avec  raison 
par  les  Anglais  comme  un  sanctuaire  national  et  le  véri- 
table Panthéon  de  l'Angleterre  ;  le  Panthéon  ou  caveau  des 
rois,  à  l'Escurial,  près  Madrid,  crypte  de  forme  octogonale 
de  iO  m.  de  diamètre  et  d'un  peu  plus  de  hauteur,  située 
au-dessous  de  la  capilla  mayor,  décorée  des  marbres  les 
plus  précieux  et  d'ornements  de  bronze  doré  et  renfermant, 
en  quatre  rangées  de  niches  superposées,  do  nombreuses 
sépultures  de  souverains  espagnols  depuis  Charles-Quint  ; 
le  Panthéon  de  Paris,  ancienne  éghse  Sainte-Geneviève 
(V.  ci-dessous)  ;  l'église  de  la  Madeleine,  à  Paris,  qui, 
commencée  sous  Louis  XV,  fut  transformée,  par  ordre  de 
Napoléon  P^,  en  temple  de  la  Gloire  dédié  aux  soldats  de 
la  Grande  Armée,  mais  qui,  après  la  chute  de  l'empire, 
fut  terminée  sous  cette  forme  de  temple  antique  et  rendue 
à  sa  destination  primitive  ;  enfin,  la  Walhalla,  temple  érigé 
par  ordre  du  roi  Louis  P^'  de  Bavière,  de  4830  à  1812, 
à  Donaustauf,  près  Ratisbonne,  sur  les  dessins  de  l'archi- 
tecte Léon  de  Klenze,  en  l'honneur  des  grands  personnages 
de  la  Germanie  et  qui,  véritable  sanctuaire  grec  bâti  sur 
le  modèle  du  Parthénon  d'Athènes,  renferme  les  bustes,  en 
forme  d'hermès,  des  hommes  dont  slionore  l'Allemagne, 
depuis  Hermann  ou  Arminius,  le  vainqueur  des  Romains  en 
Pan  21  de  notre  ère,  jusqu'au  grand  écrivain  J.-W.  von 
Gœthe,  mort  en  1832.  Charles  Lucas. 

Panthéon  de  Romk.  —  Différentes  opinions  ont  été 
émises  sur  l'origine  du  Panthéon  de  Rome,  tel  que  cet 
éditice  se  présente  encore  aujourd'hui  à  l'admiration  de 
tous.  Une  des  plus  accréditées,  la  plus  accréditée  peut- 
ètrejusqu'à  ces  dernières  années,  était  que,  dans  le  voisinage 
de  l'emplacement  du  Champ  de  Mars  on  M.  V.  Agrippa 
(V.  ce  nom)  fit  construire  de  vastes  thermes,  exislnit 
déjà  une  grande  salle  circulaire,  couverte  d'un  dùmo  et 
décorée  de  sept  grandes  niches  à  l'intérieur,  et  de  deux 
à  l'extérieur,  l'une  à  droite  et  l'autre  à  gaucho  de  la  porto 
d'entrée.  Agrippa  aurait  fait,  en  l'an  25  avant  notre  ère, 
élever  au-devant  de  cette  salle  le  majestueux  portique  de 
huit  colonnes  corinthiennes  surmontées  d'un  fronton  et, 
deux  siècles  plus  tard,  Septimc-Sévère  et  Caracalla  au- 
raient fait  restaurer  le  portique  d'Agrippa  et  moditier  la 
décoration  intérieure  de  la  salle  en  plaçant  des  colonnes 
au-devant  des  grandes  niches  rectangulaires  et  circulaires 
et  les  petifes  colonnettes  formant  petites  niches  qui  font 
saillie  sur  le  mur  circulaire.  La  figure  ci-contre  indique- 
rait bien  ces  différentes  transformations:  à  gauche,  le 
demi-plan  de  l'état  primitif;  à  droite,  le  demi-plan  mon- 
trant le  portique  d'Agrippa  et  les  remaniements  intérieurs 
de  Septime-Sévère  et  de  Caracalla.  Une  autre  version, 
assez  plausible  aussi,  serait  que  le  Panthéon  ne  fut  autre 
que  la  grande  salle  même  des  thermes  d'Agrippa,  rema- 
niée à  une  époque  postérieure.  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces 
hypothèses,  un  fort  remarquable  travail  de  M.  Chédanne, 
accompli  en  1893  comme  envoi  de  pensionnaire  de  la  villa 


Médicis,  semble  avoir  fait  la  lumière  sur  les  différentes 
transformations  subies  par  le  Panthéon.  D'^après  M.  Ché- 
danne, qui  eut  la  bonne  fortune  de  pouvoir  diriger  quelques 
travaux  de  réparations  à  cet  édifice  et  de  faire  faire  les 
sondages  nécessaires  pour  reconnaître  les  époques  succes- 
sives des  remaniements  qui  y  ont  été  apportés,  la  salle 
ronde,  construction  et  décoration  —  cette  dernière  inti- 
mement liée  à  la  première  —  remonterait  seulement  à 
l'époque  de  l'empereur  Adrien,  ainsi  qu'en  témoignent  les 
marques  des  briques  employées  en  de  nombreux  endroits. 


Plan  du  Panthéon  do  Rome. 


et  le  portique,  qui  serait  bien,  comme  le  portent  les  ins- 
criptions, du  temps  d'Agrippa,  aurait  été  restauré  par 
Septime-Sévère  et,  primitivement  décastyle,  c.-à-d.  à  dix 
colonnes,  aurait  été  ramené  à  l'octostyle,  c.-à-d.  à  huit 
colonnes,  lors  de  la  restauration  par  cet  empereur.  Remar- 
quablement construit,  le  Panthéon  a  su  résister  aux  injures 
du  temps,  et  élève  toujours  dans  l'air  sa  coupole  ajourée 
d'un  si  puissant  effet  dans  sa  masse  extérieure  et  dans 
son  ensemble  intérieur  ;  mais  il  a  cependant  subi  de  nom- 
breuses altérations.  D'abord  consacré  à  Jupiter  Ultor, 
puis  à  Mars,  à  Vénus  et  à  Jules  César,  enfin  à  tous  les 
dieux,  avant  d'être  dédié  par  le  papeBoniface  IV  à  Sainte- 
Marie  des  Martyrs  et  par  le  pape  Grégoire  IV  à  Tous  les 
Saints,  le  Panthéon  a  été  dépouillé  de  ses  riches  orne- 
ments do  bronze  et  des  statues  qui  garnissaient  ses  niches 
intérieures  par  l'empereur  Constant  II  en  663  ;  les  groupes 
de  statues  qui  représentaient  dans  son  fronton  la  lutte  des 
dieux  et  des  géants  ont  été  détruits;  les  poutres  de  bronze, 
qui  supportaient  la  toiture  du  portique,  ont  été  enlevées 
par  ordre  du  pape  Urbain  VIll,  et  jetées  à  la  fonte  pour 
fournir  le  métal  des  colonnes  du  ])aldaquin  de  Saint-Pierre  ; 
enfin  le  temps  a  fait  disparaître  le  revêtement  de  stuc  et 
de  terre  cuite  qui  dissimulait  à  l'extérieur  la  construction 
de  briques  du  corps  de  la  rotonde.  Mais,  plus  imposant 
peut-être  aujourd'hui  dans  sa  nudité,  le  Panthéon,  dont 
la  rotonde  mesure  41"\42  de  diamètre  intérieur  et  dont 
le  portique  a  35  m.  de  largeur  sur  16  m.  de  profondeui', 
est  resté  le  type  desédificesde  ce  genre  et  a  inspiré,  depuis 
dix-neuf  siècles,  de  fort  nombreuses  imitations  qui  sont  loin, 
malheureusement,  d'offrir  aux  regards  sa  majestueuse  sim- 
plicité. Charles  Lucas. 

Panthéon  de  Paris.  —  Un  vœu  fait  par  le  roi  Louis  XV, 
dans  la  grave  maladie  qui  le  mit  en  danger  de  mort  à  Metz, 
passe  pour  avoir  été  la  première  cause  de  la  construction 


PANTHÉON 


964 


à  Paris  de  la  vaste  église  consacrée  à  sainte  Geneviève, 
patronne  de  cette  ville,  et  devenue  anjourd'hui  le  Panthéon, 
édifice  dont  le  marquis  de  Marigny,  directeur  général  des 
bâtiments  du  roi,  fit  confier  la  direction  des  travaux  à 
l'architecte  Soiifflot  (V.  ce  nom).  Les  deux  figures  ci- 
contre,  façade  et  plan  du  Panthéon,  montrent  les  grandes 
dispositions  et  l'aspect  monumental  de  ce  sanctuaire,  ins- 
piré de  Saint-Pierre  de  Home,  quoique  plus  châtié  comme 


slyle,  dont  la  coupole,  élevée  sur  une  colonnade,  est  du 
plus  heureux  effet,  mais  qui  semble  se  prêter  difiicilement 
aux  besoins  du  culte  catholique.  Cette  église  Sainte-Gene- 
viève, dont  le  roi  Louis  XV  avait  posé  la  première  pierre 
en  1764,  fut  transformée  par  la  Révolution,  avant  son 
entier  achèvement,  en  un  Panthéon  consacré  aux  grands 
hommes  ;  puis,  rendue  au  culte  en  4828,  elle  redevint 
Panthéon  après  1830.  pour  être  à  nouveau  une  église, 


^-l-^v. 


\^     ^  ^    I 


^^.    V 


Façade  du  Panthéon  à  Paris. 


siège  d'un  chapitre  de  chanoines,  de  1851  à  1870,  et  semble 
enfin  redevenue  définitivement,  depuis  l'enterrement  de 
Victor  Hugo,  en  1885,  un  Panthéon  consacré  sinon  à  la 
sépulture,  mais  au  souvenir  des  grands  hommes  auxquels 
la  Patrie  veut  rendre  un  reconnaissant  homm^age.  D'une 
grande  simplicité  extérieure,  sauf  pour  la  façade  princi- 
pale, décorée  d'un  péristyle  de  colonnes  corinthiennes, 
surmontées  d'un  fronton,  le  Panthéon  offre  exactement,  à 
l'intérieur,  les  dispositions  d'une  croix  grecque,  et  de  vastes 
parties  murales,  comprises  entre  des  colonnes  engagées, 
reçoivent,  depuis  quelques  années,  des  peintures  dues  aux 
maîtres  de  l'art  français  et  retraçant  les  scènes  héroïques 
de  l'histoire  du  pays  depuis  la  légende  de  sainte  Geneviève, 
par  Puvis  de  Chavannes.  Le  Panthéon  a  110  m.  de  lon- 
gueur, y  compris  le  péristyle,  82  m.  de  largeur  et  près 
de  90  m.  de  hauteur  du  sol  de  la  place  au  sommet  de  la 
croix  qui  surmonte  la  lanterne  du  dôme.  Une  triple  cou- 
pole en  pierre,  dont  celle  intermédiaire  décorée  de  l'apo- 
théose de  sainte  Geneviève  par  le  baron  Gros,  est  un  chef- 


d'œuvre  de  stéréotomie  porté  sur  les  pans  coupés  formés 
à  l'intersection  des  bras  de  la  croix,  et  produit  intérieure- 
ment et  extérieurement  le  plus  bel  effet.  Une  vaste  crypte 
s'étend  sous  la  plus  grande  partie  de  l'édifice  et  renferme 
quelques  tombeaux,  dont  celui  de  Souftlot,  et  un  modèle  à 
1^  80^  de  son  édifice.  Il  ne  saurait  rentrer  dans  le  plan  de 
cet  ouvrage  d'indiquer  les  Français  qui  eurent  les  honneurs 
du  Panthéon,  non  plus  que  les  œuvres  d'art  qui  le  décorent, 
mais  il  peut  être  intéressant  de  rappeler  quelques-unes  de 
ces  œuvres,  en  partie  détruites,  qui  ont  été  liées  aux  chan- 
gements de  destination  de  l'édifice.  C'est  ainsi  que  la 
magnifique  page  sculpturale  de  David  d'Angers,  person- 
nifiant la  Patrie  appelant  à  elle  tous  ses  enfants,  est  le 
quatrième  fronton  occupant  cette  place  ;  à  l'origine,  Cous- 
tou  avait  sculpté  une  croix  entourée  de  rayons  divergents 
et  d'anges  adorateurs;  en  1795,  Moïse,  sousla  direction 
d'Antoine  Quatremère  de  Quincy,  avait  remplacé  cette  croix 
par  une  figure  de  la  Patrie  distribuard  des  couronnes; 
mais  en  1 823,  la  croix  entourée  de  rayons  avait  reconquis  sa 


—  965  — 


PANTHÉON  —  PANTOGRAPHE 


place  primitive.  Les  deux  groupes  du  statuaire  Maindron, 
placés  sous  le  portique  d'entrée  et  représentant  Sainte 
Geneviève  assistant  Attita  et  Ctovis  recevant  te  bap- 
iè)ne  de  saint Jiemi,  datent  de  la  restitution  de  Fédifice 


Plan  du  Pantlicoîi  à  Paris. 

au  culte  sous  le  second  Empire,  tandis  que  les  belles  portes 
latérales  de  bronze,  dessinées  par  Gonstant-Dufeiix  et  rap- 
pelant à  la  fois  le  chiffre  de  sainte  Geneviève  et  l'inscrip- 
tion de  la  façade  :  Aux  grands  hommes,  la  Patrie  lecon- 
naissante,  portent  le  millésime  de  M'JCGGL.  L'imposante 
majesté  du  Panthéon  sonffre  au  reste  assez  peu  de  quelques 
divergences  dans  son  ornementation,  et  i'd'uvro  de  Souf- 
tîot  forme  un  tel  cadre  architectural  que  l'attention  ne 
saurait  être  détournée  de  ses  grandes  lignes  par  les  a^uvres 
de  peinture  ou  de  sculpture  que  le  temps  peut  y  apporter. 

Charles  Lucas. 

PANTHÈRE  (Zool.)  (V.  Chat,  t.  X,  p.  873). 

PANTICAPÉE(  IIavii7.à-:aLov) .  Ancienne  colonie  grecque 
fondée  par  les  Miiésiens  dans  la  Chersonèse  Taurique  (Cri- 
mée), à  rO.  et  à  l'entrée  du  Bosphore  cimmérien  (V.  Cri- 
MÉK,  BospHOHEet  COLONISATION,  t.  XL  p.  'iOTO).  La  ville 
actuelle  de  Kertch  en  occupe  à  peu  près  la  place  ;  elle 
est  bâtie  au  pied  de  la  colline  de  4  Idl.  de  tour  où  fut  la 
ville  antique;  à  VE..  était  le  port  ;  de  nombreux  tumuii 
s'y  voient,  dont  les  principaux  renferment  des  sépultures 
royales;  le  plus  grand  a  30  m.  de  haut  et  i  10  m.  de 
(hamètre.  Ces  monuments  ont  été  fouillés  et  ont  livré  de 
riches  trésors,  ornements  ot  vases  d'or  et  d'argent,  sque- 
lettes royaux,  etc.  Panticapée  fut  la  capitale  des  rois  du 
Bosphore.et  fut  souvent  appelée  Bosphorus  ;  ce  nom  pré- 
valut à  l'époque  byzantine;  Justinien  releva  ses  remparts. 

PANTICOSA.  Bourgad*'  d'Espagne,  prov.  do  iluesca, 
district  de  Jaca,  dans  la  >allée  du  (iallego.  à  !  .o')H  m. 
(Fait.  A  7  kit.  au  X.-E.  dans  un  cirque  do  hautes  mon- 
tagnes, se  trouve  un  établissement  de  bains,  très  fréquenté 
['été.  Alentour,  pays  pittoresques  avec  cascades  d'une 
grande  hauteur. 

]']aux  MixÉuALEs.  —  Ces  eaux,  sulfatées  ou  sulfurées  so- 
diques  moyennes  ou  faibles,  azotées  fortes  ou  carboniques 
faibles,  avec  acide  sulfhydriquo  libre,  sont  thermales  ou 


froides  (H-  "20°  à  +  30*^).  Elles  s'emploient  en  boisson 
et  en  bains  dans  le  catarrhe  bronchique,  la  phtisie,  le 
rhumatisme,  les  affections  intestinales,  etc.,  ainsi  que 
dans  les  anémies  et  la  cachexie  consécutive  à  l'usage 
prolongé  des  mercuriaux  à  haute  dose.  Elles  sont  contre- 
indiquées  chez  les  sujets  irritables,  pléthoriques  et  disposés 
aux  hémorragies  actives. 

PANTIÈRE  (Chasse).  C'est  un  filet  ou  Iramail  (V.  ce 
mot)  de  grande  dimension,  qu'on  tend  verticalement  à  la 
lisière  d'un  bois  ou  à  l'entrée  d'une  gorge  de  montagnes 
et  oii  viennent  se  prendre  tous  les  oiseaux  —  bécasses, 
palombes  ou  autres  —  qui  passent  par  là.  Sa  hauteur 
est  en  général  de  40  à  H  m.  ;  sa  longueur,  qui  varie  avec 
celle  du  passage  à  obstruer,  peut  aller  jusqu'à  40,  50  et 
60  m.  ;  les  mailtes,  carrées,  ont  de  3  à  4  centim.  d'ou- 
verture. On  fait  aussi  la  pantière  contre-maillée,  c.-à-d. 
composée  d'une  nappe  entre  deux  années  (V.  ces  mots)  ; 
il  se  forme  alors  des  sortes  de  poches,  oii  s'empêtre  mieux 
le  gibier.  Un  fort  cordeau,  d'un  demi-centimètre  de  gros- 
seuj',  est  passé  dans  les  mailles  supérieures;  chacune  des 
extrémités  passe  elle-même  dans  une  poulie  suspendue  à 
un  arbre  ou  à  un  pieu,  de  façon  à  pouvoir  descendre  ou 
monter  la  pantière  à  volonté.  —  Les  pantières  sont,  d'ail- 
leurs, parmi  les  engins  de  chasse  interdits. 

PANTIN.  Cli.-l.  de  cant.  du  dép.  de  la  Seine,  arr.  de 
Saint-Penis  ;  "2o..5v86  hab.  Stat.  du  cheni.  de  fer  de  Paris 
à  Avricourt  et  de  Paris  à  Belfort.  —  Pantin  constitue  un 
gi'iind  faubourg  industriel  (surtout  des  fabriques  de 
pouch'ette)  cpii  s'étend  entre  la  plaine  Saint-Denis  et  le 
canal  de  rOarc([  à  l'O.,  et  les  coteaux  plâtreux  de 
Piomainville  :  il  est  traversé  par  la  route  nationale  n^  3, 
do  Paris  à  Metz.  Pantin  {Pentliinani,  d'où  l'ancienne 
oj'thographe  Pentin)  apparaît  dans  des  titres  du  xi^'  siècle  ; 
le  monastère  de  Saint-Martin  des  Champs  et  le  chapitre 
de  Notre-Dame  de  Paris  y  possédèrent  longtemps  des 
fonds  do  terre.  —  im  1806,  la  garde  impériale  revenant 
d'Austerlil/  campa  dans  la  plaine  et  le  village  de  Pantin 
avant  d'entrer  dans  Paris.  Le  30  mars  1814,  Pantin  fut 
le  théâtre  d'un  sanglant  combat  entre  le  corps  du  général 
Compans  et  les  troupes  du  générallvayefski,  qu'arrêtèrent 
l'armistice  et  la  capitulation  de  Paris!!  Le  lendemain,  le 
tsar  et  le  roi  de  Prusse  se  rendirent  à  Pantin  et  y  reçurent 
les  maires  de  Paris;  ils  en  repartirent  à  midi,  pour  faire 
leur  entrée  triomphale  dans  la  capitale. 

l^iBL.  :  Abbé  Pi^iiiajF,  Jhst.  chi  lu  rille  et  du  dioc.  de  Pu- 
ris,  t.  II,  pp.  G17  otsuiv.  de  l'cJ.  de  1;:^^'). 

PANTOGRAPHE.  Appareil  destiné  à  réduire  ou  à  aug- 
menter dans  un  ra[)port  donné  un  dessin.  Il  se  compose 
d'un  parallélogramme  articulé  en  ses  sommets  A,  B,C,  D  ;run 


de  ses  cotés  passe  j>ar  uu  [)oint  (ixe  0,  autour  du'juel 
j)eut  tourne)*  l'appareil.  Supposons  01)  irr  tn.  OA  ;  les 
iriiU)glesO\M.OI)C  étant  semblables,  on  auraOC--//?.  OM, 
et  si  le  point  Cdécj'it  une  (igure,  le  point  M  décrira  une 
autre  tigure  de  dimensions  six  fois  plus  petites.  Si  donc  le 
point  M  porte  un  crayon,  en  faisant  suivre  à  une  pointe  placée 
enCun  certain  dessin,  le  point  M  reproduira  ce  dessin  à 
une  échelle  m.  fols  plus  petite;  si  donc  le  point  M  porte  un 
crayon,  en  faisant  suivre  à  une  pointe  placée  en  G  un  cer- 
tain dessin,  le  poiid  G  reproduira  ce  dessin  à  une  échelle 


PANTOGRAPHE 


'ANTOMiME 


%6  — 


■m  fois  plus  grande.  Tons  les  paiitographes  (et  il  y  en  a  de 
très  soignés)  sont  construits  sur  ce  principe,  ils  ne  diffè- 
rent que  par  des  détails  destinés  à  assurer  avec  plus  ou  moins 
de  soin  dans  la  pratique  les  indications  de  la  théorie.  En 
général,  le  pantographe  ne  donne  de  Ijons  résultats  que  si 
la  figiu^e  à  reproduire  est  plus  petite  que  la  figure  donnée, 
car  en  amplifiant  un  dessin  on  amplifie  ses  défauts,  et  en 
le  réduisant  on  les  atténue.  Ono])tient  avec  le  pantograplie 
des  dessins  d'une  grande  fniesse  quand  on  réduit  le  mo- 
dèle dans  une  forte  proportion.  H.  Laurent. 

PANTOIRE  (Mar.).  C'est  un  bout  de  cordage  très  fort, 
dont  Tune  des  extrémités  est  fixée  à  un  màt,  à  une  vergue, 
et  qui  porte,  à  l'autre  extrémité,  une  cosse  (V.  ce  mot), 
servant  d'ordinaire  à  crocher  la  poulie  d'un  palan.  Des 
pantoires  sont  ainsi  capelées  (bouclées)  :  en  tête  des  bas 
mâts,  pour  crocher  les  candeleltes,  les  calmmes,  etc. 
(V.  ces  mots);  au  bout  des  vergues,  pour  fixer  les  poulies 
des  bras  de  basse  vergue.  Le  palan  de  bout  de  vergue, 
notamment,  est  croche  dans  une  pantoire  très  longue,  qui 
va  du  bout  de  la  basse  vergue  au  capelage  du  bas  mât, 
du  côté  opposé. 

PANTOJA  DE  LA  Cuuz  (Juan),  peintre  espagnol,  né  à 
Madrid  en  1551,  mort  à  Madrid  en  1610.  Ses  dispositions 
pour  la  peinture  le  firent  admettre  très  jeune  dans  l'ate- 
lier de  Sanchez  Coéllo,  l'éminent  peintre  en  titre  de  Phi- 
lippe n,  l'élève  ei  le  collaborateur  du  grand  Antonio 
Moro.  Pantoja  s'assimila  le  style  et  la  facture  de  son 
maître,  qu'il  aidait  dans  ses  nombreux  travaux.  Sancliez 
étant  mort  en  1590,  Pantoja,  qui  possédait  déjà  le  titre 
de  peintre  du  roi,  lui  succéda  dans  l'estime  de  Philippe. 
Aussi,  presque  tous  les  portraits  du  terrible  monarque 
et  des  membres  de  sa  famille,  et  qui  datent  de  cette  époque, 
sont-ils,  à  peu  d'exceptions  près,  sortis  du  pinceau  do 
Pantoja.  Bien  qu'un  très  grand  nombre  aient  été  dé- 
truits dans  les  incendies  de  l'Escurial,  du  Buen  Rctiro  et 
de  Toire  de  la  Parada,  on  peut,  au  musée  du  Prado  et 
à  l'Escurial,  en  étudier  quelques  spécimens  importants  : 
tels  ceux  cVEiisabelh  de  Valois,  de  dona  Maria,  sœur 
de  Philippe  II,  et  de  la  femme  de  Phihppe  lil,  Ma)- 
guerite  dJ Autriche,  conservés  au  Prado,  et  les  portraits, 
tantôt  copiés  par  l'artiste  d'après  des  originaux  dispa- 
rus, tantôt  peints  d'après  nature,  et  qui,  à  l'Escurial, 
reproduisent  les  traits  de  Charles-Quint,  de  PJiilippe  H  et 
de  Philippe  ÏIL 

Pantoja  ne  peignit  pas  uniquement  le  portrait,  et  le 
musée  du  Prado  possède  de  lui  deux  grandes  compositions 
religieuses,  la  Naissance  de  la  Vierge  et  la  N(rissa)ice 
de  Jésns,  provenant  de  la  chapelle  de  la  Casa  del  Tesoro, 
jadis  attenante  au  palais  ;  dans  ces  deux  toiles,  datées  de 
1603  et  de  1605,  Pantoja,  sous  les  traits  des  person- 
nages sacrés,  a  peint  les  portraits  des  membres  de  la 
famille  de  Philippe  tll.  D'autres  peintures  rebgieuses 
existent  également  au  musée  du  Eomento,  et  entre  autres 
un  tableau  de  la  Vierge  avec  saint  ïldenlionse  age- 
nouillé et  une  Annonciation.  Deux  excellents  portraits 
par  Pantoja  se  trouvent  au  musée  de  Munich:  l'un,  daté 
de  1599,  représente  Vlnfanîe  Isabelle,  femme  de  l'ar- 
chiduc Albert  d'Autriche  :  l'autre,  daté  de  1600,  V Archi- 
duc lui-même.  Philippe  III,  après  la  mort  de  son  père, 
avait  continué  ses  bonnes  grâces  et  toute  sa  confiance  à 
Pantoja  ;  on  croit  qu'il  le  chargea  de  fournir  les  dessins 
qui  servirent  à  établir  les  cénotaphes  érigés  à  l'Escurial 
*en  l'honneur  de  Charles-Çluint  et  de  Phihppe  II,  et  c'est 
Pantoja  qui  fit  de  Philippe  III  le  portrait  équestre  qui  fut 
envoyé  en  Italie  et  servit  à  Jean  Bologne  pour  modeler  la 
statue  du  roi,  érigée  sur  la  plaza  Major,  à  Madrid. 

Paul  Lefort. 
PANTO IVI ETR  E.  C'est  un  petit  instrument  qui  peut  servir 
à  la  fois  d'équerre  et  d'instrument  à  mesurer  les  angles.  Il 
se  compose  d'une  boîte  cylindrique  b  b'  b'^  //''^  dont  le  cou- 
vercle bb^  ce'  porte  un  vernier  u  et  la  partie  inférieure  ce'  une 
division  de  360°.  La  boîte  e^t  soudée  à  un  support  cylin- 
drique qui  s'articule  au  mo}'en  d'un  genou  g  (jue  l'on  peut 


Pantomctre. 


serrer  au  moyen  d'une  vis  iv  de  manière  à  pouvoir  fixei' 
l'appareil  dans  toutes  les  positions  sur  une  douille  a  mu- 
nie d'une  vis  de  pression  c»  qui  permet  de  fixer  le  tout  sur 
un  pied  analogue  k  celui  (jui  porte  les  instruments  d'ar- 
pentage (plancJiettes,  graphomètres,  etc.);  la  partie  suj)6~ 
rieure  de  la  boite  porte  :  J"  un  ap])endice  o  sur  lequel  es! 
montée  une  lunette  II'  qui 
peut  tourner  dans  un  plan 
vertical  autour  du  point  o  : 
cette  lunette  astronomi(jue 
est  munie  d'un  réticule  : 
±'  deux  niveaux  d'eau  n 
et  ;;,' .permettant  de  mettre 
le  couvercle  horizontal  ; 
3*^  le  couvercle  est  fermé 
par  une  plaque  de  verre 
(jui  permet  de  voir  l'aiguille 
d'une  boussole  qui  a  son 
centre  en  B  au  centre  du 
cercle  que  l'on  rend  hori- 
zontal. Enfin,  le  couvercle 
supérieur  porte  des  fentes  /' 
et  /'  à  angles  droits  et  deux 
autres  fentes  diamétrale- 
ment opposée^  qui  sont 
cachées  sur  la  figure  ; 
ces  fentes  sont  dispo- 
sées comme  celles  d'une 
équerre  et  l'appareil, 
comme  on  voit,  peut  ser- 
vir d'équeri'e  d'arpenteur. 

Pour  mesurer  un  angle,  (ui  place  le  vernier  au  0  de  la 
diNision;  pour  cela  on  agit  sur  une  vis  t  qui,  au  moyen 
d'un  nucanisiiie  à  engrenage  intérieur,  permet  de  faire 
tourner  le  couvercle  sans  faire  mouvoh'  la  boîte  ;  on  des- 
serre une  vis  placée  en  0  qui  rend  la  boite  mobile  autour 
de  son  support,  et  l'on  place  la  lunette  dans  la  direction 
de  l'un  des  côtés  de  l'angle  à  mesurer  ;  on  agit  sur  la 
vis  0  pour  rendre  la  boite  immobile,  puis  on  agit  sur  la 
>js  /  pour  amener  la  lunelte  dans  la  direction  du  second 
côté  de  l'angle  ;  entin,  on  lit  sur  le  vernier  le  nombre  do 
degrés  et  de  minutes  contenues  dans  l'angle  à  mesurer. 
Bien  (entendu,  pendant  toutes  ces  opérations,  il  faut  avoir 
soin  de  surveiller  les  niveaux  de  manière  à  ce  que  l'axe 
de  l'appareil  reste  veilical,  en  coriigeant,  s'il  le  faut,  la 
position  de  cet  axe  en  agissant  sur  le  genou  g.  Ce  petit 
iiistî  Uiuent  donne  la  minute,  mais  il  faut  pour  cela  effec- 
tuer la  mesure  des  angles  au  moyen  de  la  répétition.  — 
Des  instrumejits  inoins  parfaits  sont  construits  en  rempla- 
çant la  lunette  par  une  alidade.  H.  Laurent. 

PANTOiîi^^E.  La  pantomime  constitue  un  genre  par- 
ticulier de  pièces  de  théâtre,  dans  lequel  les  acteurs 
s'abstenant  du  secours  de  la  parole  traduisent  les  diverses 
péripéties  du  drame  par  les  gestes  seuls.  Quelqu'impar- 
iaite  et  conventionnelle  que  puisse  paraître  et  que  soit  en 
effet  cette  manière  de  s'ex})rimer,  il  faut  convenir  que  les 
mimes  habiles  arrivent  de  la  sorte  à  une  expression  fort 
exacte  des  divers  sentiments  qu'ils  doivent  rendre.  Ajou- 
tons que  la  musique  de  scène  est  indispensable  dans  la  pan- 
tomime :  il  faut  qu'elle  souhgne  continuellement  les  inten- 
tions de  l'acteur,  et  qu'elle  pose  en  quelque  sorte  le  décor 
du  drame  intérieur,  soit  qu'elle  règle  avec  une  extrême 
précision  les  attitudes  et  les  mouvements,  soit  qu'elle  tra- 
duise simplement  le  sentiment  général  de  la  scène. 

Ce  genre,  qui  fut  longtemps  néghgé  ou  relégué  parmi  les 
spectacles  grossiers  des  forains  est  cependant  fort  ancien. 
Si  les  Grecs  semblent  l'avoir  peu  ou  point  pratiqué,  les  Ro- 
mains de  l'époque  impériale  l'appréciaient  fort,  à  ce  point 
que  la  pantomime,  à  Rome,  en  vint  à  supplanter  peu  à  peu 
la  tragédie  et  la  comédie  parlées.  Deux  acteurs  célèbres 
du  temps  d'Auguste  la  portèrent  à  sa  perfection:  Bathylle, 
affranchi  de  Mécène,  qui  excellait  dans  les  pièces  gracieuses 
et  comiques,  et  Pylade,  dont  le  jeu  était,  au  contraire,  grave 


967  — 


WNÏOMIMy.  --  PANTO'JN 


et  pathétique.  On  ne  saurait,  sans  ie  témoignage  des  con- 
temporains, se  douter  du  point  jusqu'où  cet  art  parvint 
alors.  Les  situations  les  plus  délicates  et  les  plus  difficiles 
à  traduire  étaient  figurées  avec  une  vérité  saisissante.  Il  y 
avait  des  acteurs  tragiques  qui  mimaient  la  tragédie  {uil- 
tare  Iragœdiam).  La  mise  en  scène  la  plus  riche  rehaus- 
sait encore  ces  pièces,  qui  devaient  assez  ressembler  aux 
grands  ballets  de  nos  joiu's.  En  effet,  la  danse  était  alors 
inséparable  de  la  pantomime  :  aussi,  quand  beaucoup  plus 
tard,  vers  la  an  du  xvi^  siècle,  les  ballets  de  cour  vinrent  à 
la  mode,  ils  participèrent,  dans  une  large  mesure,  du  carac- 
tère de  la  pantomime  antiiiue  (V.  Ballet).  Toutefois,  ils 
admettaient  aussi  les  récits  et  les  chœurs  chantés,  et  con- 
iribuèrcut  grandement  ainsi  à  préparer  l'avènement  de 
l'opéra  dont  beaucoup  de  ballets  ne  diffèrent  guère,  si  ce 
n'est  que  l'action  y  est  moins  exactement  suivie,  et  que 
l'auteur  s'occupe  plus  de  la  beauté  et  de  la  variété  du 
spectacle  que  de  la  vraisemblance  et  de  l'unité. 

A  mesure  que  le  chant  prenait  plus  d'importance  le 
rOle  expressif  de  la  mimique  diminuait.  Il  semblait  plus 
naturel  de  confier  à  la  voix  les  parties  dramatiques  de 
l'oiuvre.  Quand  l'opéra  est  fondé,  le  rôle  des  mimes  s'est 
entièrement  confondu  avec  celui  des  danseurs  proprement 
dits,  et  cette  danse  elle-même  n'a  plus  rien,  à  vrai  dire, 
d'expressif.  De  belles  attitudes,  des  mouvements  nobles  et 
élégants,  des  tableaux  décoratifs,  vivifiés  par  un  rythme  pré- 
cis, voilà  tout  ce  que  l'on  demande  désormais  auballet  ;  la 
pantomime  n'en  fait  plus  partie.  Le  ballet  dit  d'action, 
que  nous  avons  vu  refleurir  de  nos  jours,  n'est  encore 
qu'une  pantomime  affaiblie.  Les  gestes  y  jouent  sans  doute 
un  certain  rôle:  il  y  a  Là  un  drame  qui,  quoique  fort  sim- 
plifié et  rudimentaire,  veutcependarxt  être  exprimé  ;  mais 
le  caractère  conventionnel  de  cette  mimique  en  ôto  tout 
l'intérêt,  et,  en  somme,  ce  sont  encore  les  ensembles  cho- 
régraphiques, amenés  souvent  un  peu  au  hasard ,  qui  font  la 
part  principale  du  spectacle.  Il  est  à  croire  d'ailleurs  qu'au 
xvii^  et  auxvui*^  siècle  le  talent  des  mimes  était  médiocre.  S'il 
en  eùl  été  autrement,  on  n'auraitpas  eu  besoin  de  com])iner, 
comme  on  le  fit  alors,  des  costumes  qui  étaient  de  véri- 
tables rébus,  commentaires  détaillés  du  personnage  cpii 
les  portait  et  cpii  le  faisaient  reconnaître  du  premier  coup 
d'œil.  Ces  costumes  allégoriques  représentant,  à  grand  ren- 
fort d'attributs,  des  personnages  symboliques  comme 
la  musique,  le  feu,  le  monde,  le  soleil,  etc.,  furent  long- 
temps en  faveur:  souvent  l'usage  du  masque,  incompatible 
avec  la  vraie  pantomime,  s'y  joignit.  Ce  n'est  qu'à  la 
fin  du  siècle  dernier  que  le  chorégraphe  Novcrre  les  fit 
supprimer,  sans  que  d'ailleurs  l'art  du  geste  y  gagnât 
rien. 

De  nos  jours,  toutefois,  la  pantomime  véritable,  expres- 
sive et  apte  à  rendre  toutes  les  passions  et  tous  les  sen- 
timents, a  été  vraiment  remise  en  honneur.  On  a  renoncé 
généralement,  dans  ce  genre,  aux  pièces  à  grand  spec- 
tacle où  apparaît  une  figuration  nombreuse,  pour  donner 
plus  d'importance  au  jeu  de  quelques  acteurs  et  mettre 
en  relief  leur  expression  particulière.  Caspard  Debureau. 
(|ui  fut  un  mime  de  premier  ordre,  contribua  surtout,  vers 
le  milieu  de  ce  siècle,  à  cette  transformation  originale.  Le 
premier,  il  eut  l'idée  d'incarner  en  un  type  nouveau. 
Pierrot,  le  génie  même  de  la  pantomime.  Ce  personnage 
n'était  à  l'origine  cju'un  des  types  traditionnels  de  l'an- 
cienne comédie  italienne,  et  même  l'un  des  plus  effacés. 
Eu  en  faisant  le  personnage  indispensable  de  toute  pan- 
tomime, Debureau  lui  a  donné  une  importance  tout  autre. 
Son  caractère  est  en  quelque  sorte  universel  :  il  repré- 
sente, sous  une  forme  réduite,  riiumanité  tout  entière 
avec  ses  passions,  ses  vices,  ses  faiblesses.  Par  une  con- 
vention ingénieuse,  il  reste  toujours,  c|uel  que  soit  le 
sujet,  l'acteur  principal  ;  son  blanc  costume  se  mêle  aux 
types  de  la  vie  moderne  ou  aux  personnages  plus  ou  moins 
historiques  c|ui  l'entourent,  selon  que  l'auteur  a  conservé 
les  anciennes  figures  de  la  comédie  italienne,  ou  (pi'il  a 
placé  son  sujet  à  une  époque  ou  en  un  lieu  de  fantaisie. 


0.  Debureau,  et  après  lui  Ch.  Debui'eau  et  Paul  Legrand 
ont,  aux  Funambules,  donné  à  Pierrot  son  aspect  détini- 
tif.  La  casaque  blanche  fait  ressortir  les  attitudes  et  les 
gestes;  la  face  rasée  et  enfarinée,  toute  blanche  aussi, 
met  merveilleusement  en  valeur  les  jeux  de  physionomie, 
iuoyen  d'expression  plus  ncccbNairelà  que  partout  aillcjrs. 
C'est  un  trait  caractéristique  de  la  pantomime  moderne, 
que  l'emploi  obHgé  de  cette  figure  singulière.  Le  talent 
remarquable  des  acteurs  que  nous  avons  cités  mit  ce  geni'o 
(le  spectacle  singulièrement  en  vogu.c  :  le  théâtre  des 
j'unambules  où  ils  exerçaient  leur  art  connut  le  succès. 
Des  littérateurs  éminents  y  prirent  un  vif  intérêt:  J.  Ja- 
nin,  Ch.  Xodier,  Th.  Gautier,  Champileury.  Gautier  ne 
dédaigna  pas  d'écrire  un  scénario  de  pantomime  :  PierroL 
posthume;  Champileury  en  a  laissé  un  grand  nombre  : 
Pierrot  valet  de  la  }nort  (18 iG)  ;  Pierrot  perdu 
(1847).  etc. 

Après  la  mort  de  se»  intcr [frètes  favoris,  ce  geiire  fut 
un  peu  délaissé.  3]ais  il  suffit  qu'un  acteur,  avec  quelque 
talent,  s'y  consacre  pour  que  la  pantonume  retrouve  ses 
succès  d'antan.  Ajoutons  qu'aujourd'hui  la  ])artie  nriLji- 
cale  a  pris  une  importance  ])eaucoup  plus  grande  :  les  a; - 
listes  les  plus  en  vue  de  notre  temps  n'ont  pas  dédaigné 
d'écrire  pour  des  pantomimes.  Aussi  certaines  de  ces 
pièces  sont-elles  de  vérita!)le3  œuvres  d'art.  Citons,  en 
particulier,  celles  de  Paul  Margueritte  :  Pierrot  assassin 
de  sa  femme  et  Coloiubine  pardonnée.  l^'Enfant  pro- 
digue, le  Docteur  Blanc,  'Chaud  d'habits  (ces  deux 
dernières  de  M.  Catulle  Mondes)  ont  eu  un  grand  nombre 
de  représentations.  II.  Quittaud. 

P.ANTOPODES  ou  PYGNOGONIDES  (ZooL).  Groupe 
d'animaux,  jadis  rangés  parmi  les  Crustacés,  qu'on  s'ac- 
corde assez  généralement  aujourd'hui  à  placer  entre  les 
Acariens  et  les  Araignées.  Ce  sont  des  Arthropodes  marins, 
dépourvus  d'organe  spécial  de  respiration;  la  tête  se  pro- 
longe en  avant  sous  forme  de  rostre;  le  thorax  se  compose 
de  quatre  segments  distincts  ;  l'abdomen,  inarticulé,  se 
réduit  à  un  simple  tubercule,  i^a  bouche,  située  à  l'exti'é- 
mité  du  rostre,  est  arrondie,  allongée  ou  triangulaire  ;  la 
tète  (céphalotorax)  porte  2  palpes  ;  les  yeux,  au  nombre 
de  4,  sont  portés  sur  des  tubercules  ou  mamelons,  à  la 
face  dorsale.  L'appareil  digestif  est  rectiligne  ;  de  l'esto- 
mac partent  8  ca;cums  ([ui  se  rendent  dans  les  4  paires 
de  pattes  du  thorax,  jusipae  dans  le  dernier  article,  li 
existe  un  cœur  percé  de  2  ou  3  paires  d'orifices  latéraux 
et  pourvu  d'une  aorte  en  avant.  Le  système  nerveux  coiu- 
prend  4  ou  o  ganglions  et  un  cerveau.  Les  glandes  géni- 
tales sont  contenues  dans  les  pattes.  La  femelle  est  munie 
d'une  paire  de  pattes  accessoires,  plus  petites  que  les 
autres,  et  destinées  à  porter  les  o,*afs  jusqu'à  éclohio]i. 
L'œmf  est  centrolecithe,  à  segmentation  totale.  La  lar\e, 
ou  protonyniphon,  possède  un  rostre  et  3  paires  d'ap- 
pendices biarticulés,  ceux  de  la  première  paire  se  termi- 
nant par  une  pince.  Ce  n'est  {ju'après  plusieurs  mues  que 
se  développent  les  4  paires  de  pattes  thoraciques  de 
l'oadulte,  et  les  3  pattes  larvaires  se  modifient,  la  première 
se  réduisant  à  des  antennes,  la  deuxième  perdant  sa  griffe 
et  devenant  palpe,  la  troisième  avortant  chez  le  mâle  et 
se  transformant  chez  la  femelle  en  cet  appendice  qui  porte 
les  œufs.  Chez  IcsPallene,  le  développement  est  abrégé  et 
le  jeune  éclôt  avec  ses  6  ou  7  paires  d'appendices.  —  Ces 
petits  organismes,  protégés  par  un  solide  tégument  chiti- 
neux,  vivent  au  milieu  des  algues  et  des  plantes  marines 
et  se  déplacent  avec  une  grande  lenteur.  Les  genres  prin- 
cipaux sont  :  Pijgnogonuni  Brunn.,  dont  une  espèce, 
P.  littorale  O.-L.  MuIL,  est  propre  à  la  mer  du  Twd  ; 
Syuiplwu  Fab.,  dont  deux  espèces,  X  grassipes  Fabr. 
et  iV.  gracile  Leach,  \ivent  sur  les  côtes  de  l'Europe,  et 
Ammothea  Hodgs.,  représenté  par  A.  pi/gnogonoides 
Quatref.,  à  Saint-Malo.  ^Û^'  L.  Hx. 

PANTOUFLE  (V.  Cilussurk.  t.  X,  p.  970  et  suiv.). 

PANTOUN  ou  PANTOUM.  Poème  malais  introduit  en 
Europe  par  Victor  flugo  dans  les  Oi  ieu laies  (1829),  sou* 


PANTOUN  —  PAXZACCm  —  968  — 

vent  employé  par  Banville  et  avec  le  plus  de  perfection  par 
Leconte  de  Lisle.  La  strophe  a  quatre  vers  dont  les  deux 
premiers  et  les  deux  derniers  traitent  de  sujets  diiférents. 
Jx  deuxième  et  le  quatrième  vers  de  la  première  strophe 
sont  répétés  mot  à  mot  couîme  premier  et  troisième  vers 
de  la  seconde  strophe.  Entin  le  premier  vers  est  répété 
comme  finale  du  poème.  On  a  employé  aussi  le  pantoun 
dans  la  jii'ose  rimée. 

Sous  rarbi'o  on  pend  la  roiii^e  iiifinu-uc 
Ddi's,  lew  maiiib  ckM'rière  le  cou. 
^e  uraiid  python  darde  sa  laiiLruc 
])u  liaut  des  tiges  de  baiul)ou. 

Dors  les  mains  derrière  le  cou, 

I.a  nionsseline  autour  des  hanches. 

Du  haut  des  tiges  de  bambou 

Le  sohjil  hltre  en  larmes  blanches. 

PANU  (Mythol.  fin.)  (V.  Finlande,  t.  XVll,  p.  oOl). 

PANU  (Anastase),  homme  politique  roumain,  né  à  Jassy 
en  1810,  mort  à  Vieinie  (Autriche)  en  1867.  11  fut  em- 
prisonné en  iSil  pour  avoir  soutenu  la  candidature  de 
Lascar  Rosetti  contre  lu  volonté  du  prince  Mihai  Stourdza, 
et  en  -1848  pour  avoir  pris  part  au  mouvement  révolu- 
tionnaire'. Nommé  en  18o"2  par  le  prince  Gliika  directeur 
du  ministère  de  justice  et  plus  tard  ministre  par  intérim 
de  justice,  député  de  Jassy  au  divan  ad  hoc,  malgré  les 
mesures  prises  contre  lui  par  Ladministration  de  Vogo- 
ride,  membre  du  comité  de  Onze  ])Our  l'union  des  princi- 
pautés, membre  du  gouvernement  provisoire  (caimacamat) 
de  Moldavie  et,  comme  tel,  avecYasiie  Stourdza,  défenseur 
des  aspirations  du  parti  national,  contre  les  ambitions  de 
leur  coU'^gue  Stefan  Oatargi  et  les  prétentioiih  des  Turcs, 
Panu  fut,  après  l'union  des  principautés,  élu  pkL^ieurs  fois, 
sous  le  règne  de  Couza,  député  de  Jassy  et  président  delà 
Chambre.  D.  A.  Teouokl. 

PANU  (Georges),  publiciste  et  homme  politique  rou- 
main, né  à  Galatz  en  4848,  Il  ht  ses  études  à  Jassy  et, 
comme  boursier  de  l'I'^tat,  à  Paris,  à  l'Ecole  des  hautes 
études  ;  tour  à  tour  professeur  d'histoire,  magistrat,  il 
finit  par  embrasser  la  carrière  politique.  Elu,  comme 
membre  du  parti  libéral,  député  de  Jassy,  il  quitta  le  par- 
lement et  le  parti  en  '1884  à  l'occasion  de  la  revision  de 
l'art.  !24  constitutionnel,  relatif  à  la  hberté  de  la  presse, 
et  fonda  le  journal  Lupfa  (la  Lutte)  qu'il  fit  paraître  en 
•1886  à  Bucarest,  pour  mener  la  campagne  d'opposition 
contre  le  parti  libéi'al.  Coiidamné  à  deux  années  de  prison 
pour  avoir  attaqué  le  roi  GJiarles  dans  un  article  hititulé 
«  l'Homme  dangereux  »,  il  s'exila  à  Paris,  puis  gracié, 
élu  député,  ])lus  tard  sénateur,  il  siégea  au  parlement 
jus([u'en  189^  comme  chef  du  parti  radical  (ju'il  avait 
réussi  à  former;  enhn  il  se  ralHa  aux  conservateurs. 
Homme  d'une  grande  valeur  intellectnelle,  orateur  mé- 
diocre, polémiste  incomparable,  Panu  peut  être  considéré 
comme  un  des  créateurs  du  journalisme  contemporain  en 
Rounuuiie.  11  a  publié,  en  roumain  :  Portraits  et  ti/pcs 
parlementaires  (Bucarest.  1890.  in-i6)  ;  Eludes  sur  le 
suffrage  universel,  la  Question  agraire,  la  Question 
juive,  la  Question  des  iinfôts  (Bucarest,  1890,  in- 16). 

D,  A.  Teodorl. 
BiJiL.  :  Gi'.-G.  TociLiiscu,  Dc'H.v  insfoy/ena.   G.  Pana  et 
P.  Cenmtescn,  esquisse  criti(|ue  ;  Bucarest.  1891. 

PANUCO.  Ville  du  Mexique.  Etat  de  Vera-Gruz,  sur  le 
Heuve  côtier  de  ce  nom  (475  kil.,  bassin  de  40.000  kil.  q.). 
(>j  fut  un  des  centres  des  Huaxtccs  qui  y  ont  laissé  des 
l'uines  considérables. 

PANUM  (Peler-Ludwig),  pbysiologihte  danois,  né  à 
Konne  (Bornholm)  le  19  déc.  18:^0,  mort  à  Gopenhagu(^ 
le  2  mai  i88o.  Reçu  docteur  à  (]o})enhague,  en  i8oi,  il 
visita  diverses  Universités  allemandes  et,  en  j8o'i.  ti'availhi 
il  Paris  dans  les  laboratoires  de  Wurtz  et  de  Claude 
Bernard.  A  son  retour,  il  fut  aussitôt  nommé  profes- 
seur extraordinaire  de  physiologie  et  de  chimie  médicale 
à  Kiel,  où  il  organisa  un  laboratoire  physiologique,  et 
devint  quelques  années  aprèsprofesseur  ordinaire.  En  i  863, 


à  la  mort  d'Eschricht,  il  passa  à  Copenhague,  oii  il  fonda 
également  un  laboratoire  et  fit  entrer  la  physiologie 
dans  une  voie  féconde.  En  1870,  il  contribua  puissam- 
ment à  la  réforme  des  études  médicales  en  Danemark  et, 
en  1884,  au  (Congrès  médical  international  de  Copenhague, 
il  fut  sans  conteste  le  représentant  le  plus  autorisé  de 
toute  la  science  Scandinave.  Ses  ouvrages  les  plus  remar- 
quables sont:  Phijsiol.  liitersuchungea  iiber  das  Sehen 
mit  zwei  Augen  (Kiel,  d8o8,  in-4)  ;  Haandbog  i  men- 
nesJœts  Pligsiologie  (Copenhague,  1865-72,  in-8)  ; 
Experirn.  Ùntersuchungen  zur  PJujsiologie  und  Pa- 
thologie der  Embolie,  Transfusion  und  Blutnienge 
(Berhn,  1864,  in-8),  et  un  grand  nombre  d'articles  dans 
Virchoivs  Archiv,  Grœfe's  Arehiv,  yord.  nied.  Arkiev, 
Ugeskr.  f  heger,  etc.  D'  L.  iïx. 

PANURUS  (Ornith.)  (V.  Mésange). 

PANVEL.Tahsil  du  district  deThanna,  division  du  Kon- 
kan,  présidence  de  Bombay  (Inde);  i'i.OOOhab.  —  Situé 
à  l'estuaire  de  la  rivière  du  même  nom,  sur  la  c(')te  orien- 
tale de  la  rade  de  Bombay,  Panvel  est  un  des  anciens 
ports  de  ces  parages  et  fait  encore  un  commerce  de  cabo- 
tage assez  actif. 

PANVILLIERS  (De)  (V.  Montalembeut[A.  de],  t.  XXIV, 
p.  193). 

PANViNIO  (Onofrio),  érudit  italien,  né  à  Vérone  en 
1529,  mort  à  Païenne  le  6  avr.  1568.  Il  prit  de  bonne 
heure  l'habit  des  augustins.  Ht  ses  études  à  Rome  et  fut 
chargé  à  vingt-quatre  ans  d'instruire  dans  les  sciences 
les  novices  de  son  ordre.  A\ec  la  pernn'ssion  de  ses  supé- 
rieurs, il  ([uitta  le  cloître  pour  se  livrer  avec  plus  de  fa- 
cilité aux  recherches  histori(fues.  De  Thon  disait  de  lui 
qu'il  était  né  pour  retirer  des  ténèbres  les  antiquités  ro- 
maines et  ecclésiastiques.  îl  introduisit  la  critique  dans 
l'histoire  en  appuyant  ses  récits  sur  des  références  aux 
monuments  et  aux  médailles.  Il  fut  lié  avec  tous  les  sa- 
vants de  son  temps,  et  les  papes  Pie  IV  et  Marcel  II,  les 
empereurs  Eerdinand  et  Maximilien  favorisèrent  ses  re- 
cherches. Panvinio  a  laissé  un  grand  nombre  d'ouvrages 
d'histoire  et  d'érudition  :  Epito)ne pontificum  Pxomano- 
runi  usque  ad  Pautuni  IV  (Venise,  1557,  in-fol.)  ;  Fastt 
et  friuniphi  ïionianoruni  a  tionmlo  usque  ad  Caro- 
luni  V  imp.  (Venise,  d 557-75.  iu-fol.)  ;  de  Sibyllis  et 
carniinibus  Sibgllinis  (Venise,  1567,  in-8)  ;  de  Triuni- 
pho  (ibid.,  1573);  dePiepubliea  Uoniana{ibid.,  i58i)  ; 
In  fastos  consulares  appendix,  etc.         A.  Jeanroy. 

I^iin,.  :  Mafi-j:i.  Vcrona  Kluslniia,  II.  ol(S.  —  Corn.  Cuii- 
Tiu^,  KremiLirani  S  AyuslinL  PJlo{/Ui.  117.  —  Xickkon. 
Mémoires.  XM  et  XX.  --  TiRAno>uiii,  Storki  délia  lett. 
liai,  VU,  811. 

PANYASIS,  poète  épique  grec  d'Hahcarnasse  (Suidas) 
ou  de  Samos,  qui  vivait  au  v^  siècle  av.  J.-C,  ami  et 
prohablement  parent  d'Hérodote.  Connu  dès  489  av.  J.-(L, 
il  fut  tué  par  ordre  du  tyran  Lygdamis  vers  454.  Il  avait 
chanté  les  exploits  d'Héraklès  en  un  poème  de  14  livres 
et  9.000  vers,  puis  l'histoire  des  Ioniens  depuis  Xélée  et 
Codrus  et  la  fondation  des  colonies  ioniennes  en  un  poème  de 
7.000  vers.  Ces  u'uvres  furent  très  admirées  des  Alexandrins 
qui  considéraient  Homère,  Hésiode,  Panyasis,  Pisandre  et 
Aiitinîa({ue  comme  les  cinq  grands  poètes  épiques.  Quelques 
fragments  des  Heraeteia  ont  été  conservés,  on  les  trouve 
dans  Kriskel,  Epirorum  Crœeoruni  fragmenta  (Leipzig, 
1877). 

PANZACCHi  (Enrico),  poète  et  critique  italien,  né  à 
Boloo'n(>  en  4841.  H  ht  ses  études  de  droit  à  Bologne  et 
étudia  les  lettres  à  l'rVole  normale  de  Pise  (1865).  Pro- 
fesseur de  phih)sophie  an  lycée  de  Bologne  (1867),  puis 
cbargé  ii871)  du  cours  d'hisloii'e  à  EAcadémie  des 
beaux-arts,  il  fut  nommé  en  1895  professeur  d'esthé- 
tique à  l'Université  de  Bologne;  en  1897,  il  fut  nommé 
député  au  Parlement  ;  mais  le  nombre  des  députés  fonc- 
tionnaires s'étant  trouvé  supérieur  au  chiffre  légal,  il  dut 
donner  sa  démission.  Eci'ivain  brillant,  esprit  cultivé,  très 
versé  dans  les  littératures  modernes,  il  passa  pour  un  des 


—  969  — 


PANZACCIil  —  PAOLI 


meilleurs  critiques  d'art  de  l'Italie.  Ami  de  Carducci,  il  fit 
connaître  les  Odi  barbare  de  ce  dernier  dans  une  série  de 
remarquables  articles.  Outre  de  nombreux  articles  de  jour- 
naux, il  a  écrit:  BelV  arte  moderna  (Bologne,  1868)  ; 
Brevi  cenni  storici  iniorno  aW  Accad.  di  Belle  Arti  di 
Bologna  (ibid.,  1873)  ;  Uomanzi  e  canzoni  {ibid., 
1878)  ;  Vecchio  idéale  (Ravenne,  1879)  ;  Alvexxo  (Rome, 
1882)  ;  Infedeltà  (ibid.,  1884);  Bacconti  incredibili 
e  credibili  [ibid.,  1885)  ;  .4  mezza  niacchia  {ibid., 
ibid.)  ;  Critica spicciola  (ibid.,  1886)  ;  Lyrica  (Bologne, 
1887)  ;  Nuove  liriche  (Milan,  1888)  ;  /  Miel  racconti 
(Bologne,  1889)  ;  Poésie  (ibid.,  1894) ;iYé?/  mondo délia 
7?ii(6'ic<2  (Florence,  1895)  ;  AV/  cainpo  delV  arte  (ibid., 
1897),  etc.  M.  Menghini. 

PANZER  (Georg-Wolfgang-Franz),  bibliographe  oille- 
mand,  né  à  Sulzbach  (Haut-Palatinat)  le  iQ  mars  1729, 
mort  le  9  juil.  1805.  Il  reçut  une  instruction  très  soignée 
à  l'école  supérieure  d'Alldorf,  devint  pasteur  en  1751,  à 
Ktzelwang,  près  de  Nuremljerg,  et  resta  jusqu'en  1760 
dans  ces  fonctions.  Devenu  diacre  à  Saint-Sébald  de  Nu- 
remberg (1760),  il  parvint  en  1773  à  la  dignité  de  pasteur 
de  cette  église.  Il  fut  enfin  nommé  conservateur  de  la  biblio- 
thèque de  Nuremberg  (1789).  Outre  de  nombreux  articles 
dans  diverses  revues,  il  a  piiljlié  environ  45  travaux  à  part 
dont  les  plus  iuiportants  sont  rekitifs  à  la  bibliographie. 
Son  œuvre  se  divise  en  trois  parties  :  la  première  se  rap- 
])orte  aux  plus  anciennes  éditions  de  laBible  ;  la  deuxième, 
à  Tancienne  littérature  allemande  depuis  Finvcntion  de 
l'imprimerie  ;  la  troisième,  à  l'ensemble  de  la  bibliogra- 
phie jusqu'en  1536.  Son  princi])al  ouvrage  a  pour  titre: 
Annales  typographici  ab  artis  inventœ  origine  iisque 
ad  annum  MDXXXVl  (Nuremberg,  1793-18Ô3,  11  vol. 
in- 4);  pour  les  livres  imprimés  avant  1501,  que  l'on 
nomme  incunables,  il  a  été  dépassé  par  le  Uepertoriwn 
bibliographicum  de  Hain  (1826-1838),  plus  complet  et 
plus  exact  ;  mais  il  est  encore  très  utile  à  consulter  pour 
les  impressions  du  premier  tiers  du  xvi*^  siècle.  Signalons 
encore  entre  autres  ouvrages  les  importants  travaux  sui- 
vants :  Litlerarische  Naclirieht  von  den  allerdllesten 
gedruckten  teiitschen  Bibeln  ans  dem  fànfiehnlen 
Jakrhundert,  welchein  der ôffentlichen Bibliolhekder 
Beichsfadt  Nûrnberg  aufbewahrt  werden  (Nuremberg, 
1777,  in  4);  Geschichfe  der  Nilrnbergisrhen  Ansgaboi 
derBibel  vonErfmdung  der  Buchdrucker Juins t  bis  auf 
unsere  Zeiten  (Nuremberg,  1778,  in-i)  ;  Ausfiihrliche 
Beschreibung  der  âltesten  Augsburgischen  Ausgaben 
derBibel,  mit  literarischen  Anm^r/cwji^gn (Nuremberg, 
1780,  in-4)  ;  Versuch  einer  knrzen  Geschichte  der  rô- 
)nisch  katholischen  teutschen  Bibelâbersetzung  (Nurem- 
berg, 1781,  in-4)  ;  Eniwurf  einer  vollstàndigen  Literâr- 
geschichte  der  lutherisch  teulschen  Bibeliibersetmng 
vom  Jahre  1517-81  (Nuremberg,  1783,  puis  1791 ,  in-8)  ; 
enfin,  Annalen  der  âltern  teutschen  Literatur,  oder 
Anzeige  und  Beschreibung  derjenigen  Biïcher,  welche 
von  Erfindiing  der  Buchdrucker kunst  bis  1526  in 
leutscher  Sprache  gedruckt  worden  sind  (Nuremberg, 
1788-1805,  2  vol.  in-4,  avec  un  appendice  ;  Leipzig, 
1802)  ;  Aelteste  Bnchdruckergeschichte  von  Nûrnberg 
(ibid.,  1789,  in-1).  Yictor  Mortet. 

PANZOULT.  Com.  du  dép.  d'Indre-et-Loire,  arr.  de 
Chinon,  cant.  de  F  fie-Bouchard,  au  pied  du  plateau  du 
Ruchard,  dans  la  plaine  de  la  r.  dr.  de  la  Vienne;  819 
hab.  Eglise  dont  le  chœur  date  du  xii^  siècle,  les  basses- 
nefs  et  le  clocher  du  xv^.  Cinq  ou  six  châteaux  féodaux, 
entiers  ou  en  ruines  se  trouvent  sur  le  territoire  de  la 
commune;  celui  de  Coulaines  a  vu  naître  Claude  de  Craon, 
bénédictin,  savant  helléniste.  Panzoult  est  surtout  connu 
à  cause  de  la  Sibylle  de  Panzoust,  mise  en  scène  par 
Rabelais  (fil,  16,  17,  18).  On  y  montre  une  grotte  dans 
les  rochers,  couverte  de  peintures  grotesques  et  gros- 
sières, et  dout  on  a  fait  F  «  Antre  de  la  Sibylle  ». 

PAO  (Nomenclature botanique).  Nom  portugais  du  bois. 
—  P.  d'arco.  Le  Bignoniapentaphylla  L.  (V.  Bignoma). 


—  P.  DE  coBJxA.  Le  Bois  de  couleuvre  (V.  Vomiquier).  — 
P.  DE  Lacca.  VHypericiim  (Vismia)  Guy anense  Aiihl. 

—  P.  Pereira.  Le  Geissospermmn  lœve  IL  Bn.  (V.  Geis- 
sosperisium) .  —  P.  RosADO.  Lq  bois  de  llhodes  onGenista 
canariensis  L.  —  P.  Seringa  et  P.  Xirynga.  VHevea 
guyanensis  Aubl.  (V.  Hevea).  D^'  L.  Hn. 

PAÔAGARH  (angl.  Pawagarh).  Colline  du  district 
des  Pantchmahals,  division  du  Goudjerate,  présidence  de 
Bombay  (Inde).  Alt.,  850  m.  La  vieille  forteresse  ruinée 
qui  la  couronne  a  passé  successivement,  avec  la  cité  voi- 
sine de  Tchampanir,  des  mains  des  Ràjpoutes  à  celles  des 
Mongols,  puis  des  Mahrattes  et  enfin  des  Anglais.  On 
s'y  rend,  l'été,  de  Baroda,  situé  à  40  kil.  au  S.-O.,  pour 
y  respirer  les  brises  qui  lui  ont  valu  son  nom  de  «Maison 
du  Vent  ». 

PAO  KHING.  Préfecture chhioise  (prov.  du  Hou  nan), 
située  sur  le  Tse  kiang  à  peu  de  distance  des  moutagues  ; 
argent  et  cinabre  dans  les  environs. 

PAOLA  ou  PAU  LE  (Patyces).  Ville  d'Italie,  ch.-l. 
d'arr.  dans  la  prov.  de  Cosenza  (Calabres),  près  de  la 
mer  Tyrrhénienne,  à  43  kil.  N.-O.  de  Cosenza  ;  5.793  hab. 
aggl.  en  1881.  Stat.  du  chem.  de  fer  Battipaglia-Reggio. 
Petite  ville  élégante  dominée  par  un  château  fort  qui  re- 
monte au  moyen  âge.  Production  et  commerce  d'huile  ; 
tirage  de  la  soie  ;  tanneries.  Couvent  des  minimes.  Patrie 
de  saint  François  de  Paule. 

PAOLI  (Sebastiano),  antiquaire  et  érudit  itaUen,  né  à 
Lucques  en  1684,  mort  le  20  juin  1751.  En  1729,  pro- 
cureur général  de  la  congrégation  des  prêtres  réguliers 
de  la  Mère  de  Dieu  à  laquelle  il  appartenait,  puis  recteur 
du  collège  de  Sainte-Brigitte  à  Naples,  où  il  fonda  une 
belle  bibliothèque,  dont  il  compila  et  pubHa  lui-même  le 
catalogue  en  2  vol.  in-fol.  Il  publia  plusieurs  dis- 
sertations relatives  à  la  littérature  grecque,  à  la  numis- 
matique. On  lui  doit,  comme  historiographe  de  l'ordre  de 
Malte,  un  Codice  diplomatico  delsagro  militare  ordine 
gerosoliniitano,  oggi  di  Mal  ta,  raccolto  da  vari 
docmnenti  di  queirarchivio,  per  servire  alla  storia 
dello  stesso  ordine  in  Soria,  cd  illustrato  con  una 
série  cronologicad&  gran  maestri  (Lucques,  1733-38, 
2  vol.  in-fol.),  qui  est  très  estimé  ;  et  en  outre  :  Modi 
di  dire  toscani  ricercati  nella  loro  origine  (Venise, 
1740,  in-4).  Il  laissa,  complètement  terminée,  une  Bi- 
blioteca  GerosoUmitana  ossia  Notizia  degli  scrittori  ed 
uomini  illustri  in  lettere  del  sagro  militare  ordine 
geroso  limitano.  E.  Casanova. 

Bir.L.  :  P. -M.  Pacjiaudi,  De  rébus  gestis  ScbnslinnL 
Paiilil  coynmentarlus  epistohiriti  ;  Na'plcs,  1751.  iu-l; 
Rome,  1755,  in-l. 

PAOLI  (Hyacinthe),  général  corse,  né  à  Stretta  en  1702 
(Morosagha,  piève  deRostino,  Corse),  mort  à  Naples  en  1768. 
H  prit  part  à  Finsurrection  de  1734  et  tailla  en  pièces 
les  troupes  génoises  envoyées  contre  lui  par  le  gouverneur 
Pallavicini.  Au  mois  de  janv.  1735,  Hyacinthe  Paoli  et 
Giaflferi,  élus  généraux  du  peuple,  convo(|uèrent  à  (^orte 
une  consulte  générale  où  la  Corse  fut  déclarée  indépen- 
dante et  à  jamais  séparée  de  la  République  génoise 
(V.  Corse).  Après  la  chute  du  roi  Théodore  de  Neuhoff, 
H}acinthe  Paoli  lutta  sans  succès  contre  les  troupes  fran- 
çaises de  M.  de  Maillebois  et  se  vit  obligé  en  1739  de 
quitter  l'île.  Il  se  retira  auprès  du  roi  de  Naples  qui  le 
nomma  lieutenant-colonel  d'un  régiment  exclusivement 
composé  de  réfugiés  corses.  Colonxa  de  Cesari. 

PAOLI  (Clément),  général  corse,  né  à  Stretta  en  1715, 
mort  eu  1793,  fils  du  précédent  et  de  Denise  Valentini. 
Après  la  mort  de  Gaffori,  le  peuple  nomma  pour  le  rem- 
placer Clément  Paoli,  conjointement  à  quatre  autres  géné- 
raux. Clément,  constatant  combien  ces  ambitions  rivales 
étaient  dangereuses  pour  le  pays,  sut  habilement  désigner 
aux  suffrages  son  frère  Pascal  (V.  ci-dessous),  alors  au 
service  de  Naples.  Clément  Paoli  suivit  la  fortune  de  son 
frère.  Il  mourut  en  1793  au  couvent  de  Morosagiia,  où  i 
s'était  fait  recevoir  tertiaire  de  l'ordre  de  Saint-François 


PAOLI 


970  — 


PAOLI  (Paolo-Aiîtonio),  antiquaire  italien,  néàLucqucs 
en  4720,  mort  en  4790,  neveu  de  Sebastiano  Paoli  (V.  ce 
nom).  Comme  son  oncle,  ilreYètit  Fliabit  de  l'ordre  régu- 
lier des  prêtres  de  la  Mère  de  Dieu.  Il  alla  à  Xaples  pour 
y  étudier  les  antiquités  d'Herculanum  et  de  Pompci.  et  puis 
à  Madrid  pour  y  publier  avec  le  comte  Gallozza  les  anti- 
{juités  de  Po^stimi.  A  la  mort  de  Gallozza  il  continua  seul 
cette  publication.  Déjà  célèbre,  Pic  M  le  nomma  président 
de  F  Académie  ecclésiastique.  Parmi  ses  a^uvres,  citons  : 
Anliquitalum  Pulelis,  Cumis,  Baiis  existenliiuii  reli- 
(juiœ  (4768)  ;  DisserUrJoni  delVorUiine  cd  islilutodel 
mcro  milikirc  ordine  di  Saii-Gio.  Bait.  gerosoUmi- 
lano,  dipoi  di  ]lodd,  o.;jgi  di  Malla  (4784)  ;  Pœsti  quod 
Possidoniam  eliam  dixere  rudera  (4784). 

PAOLI  (Pascal),  général  et  homme  d'Etat  corse,  né  à 
Stretta  le  25  avr.  4723,  mort  à  Londres  le  5  févr.4807. 
frère  de  Clément  Paoli  (Y.  ci-dessus).  ANaples,  où  il  avait 
suivi  son  père  exilé,  il  eut  pour  professeur  l'abbé  Genovesi. 
il  était  âgé  de  vingt-neuf  ans  et  servait  en  qualité  de  lieute- 
nant dans  le  régiment  napolitain  commandé  par  son  père 
lorsqu'il  fut  appelé  par  ses  compatriotes  à  prendre  en  main 
le  pouvoir  suprême  (  1 755),  Il  lutta  avec  succès  contre  les 
Génois  qu'il  chassa  de  la  Corse  et  dota  l'ile  d'une  constitu- 
tion appropriée  à  ses  besoins.  «  Précurseur  de  Washington, 
dit  un  contemporain,  il  eut  la  gloire  d'apprendre  à  TEu- 
rope  comment  on  peut  conserver  l'ordre  le  plus  parfait 
au  miheu  de  la  démocralie  la  plus  étendue.  »  Sa  biogra- 
phie a  été  traitée  à  Eai't.  Cokse.  La  correspondance  de 
Pascal  Paoli  a  fait  l'objet  de  plusieurs  publications  dent 
la  plus  importante  est  ceUe  de  Tommasco.  Ces  derjiièi'cs 
années,  MM.  Blanchi  et  Giovanni  Livi  ont  réuni  et  pu- 
bhé  de  nombreuses  lettres  inédites  de  Pascal  Paoli. 

BinL  :  Arruhii,  Hist  Oe  Pnsc<il  Paoli  ;  18t3,  2  ^  .jl  — 
N.  Tommasco,  Letterech  Pusdinlo  de  Psoli;  Florence,  1810. 
—  r.  Bartoli,  Pascal  i\'.'0?i  ;  ncuv  éd.  1891.  —  Colox:>a 
DE  ('esar[  Rocca,  Histoire  de  la  Corse;  Pariy,lb90.  —  Jcl- 
Livr.T,  la  Corse  iicndant  la  Pëvohition  française:  Paria. 
1891. 

PAOLI  (Betty),  pseudonyme  littéraire  d'Elisabeth  Gluck, 
poète  autrichien,  née  à  Vienne  le  30  déc.  4845,  morte  le 
5  juil.  4894.  Fille  d'un  médecin  militaire  hongrois,  elle 
])erdit  de  bonne  Jieure  son  père,  erra  à  travers  l'J^urope 
avec  une  mère  d'humeur  bizarre  et  changeante,  et  connut 
avec  elle  des  jours  difficiles,  leur  fortune  ayant  été  en- 
gloutie dans  une  faillite.  Après  avoir  perdu  sa  mère  en 
4834,  elle  rentra  à  Vienne  en  4835,  y  mena  pondant 
(juelque  temps  la  dure  vie  d'institutrice,  et  fut  ensuite 
'  pendant  cinq  ans  lectrice  de  la  maréchale  de  Schwarzen- 
berg  (4843-48).  Sa  protectrice  étant  morte,  elle  voyagea 
])endant  quelque  temps,  visita  la  Saxe,  puis  Paris  (4850). 
Enfin,  elle  rentra  à  Vienne,  où,  après  avoir  pratiqué  pendant 
plusieurs  années  le  pénilde  métier  de  journaliste,  elle 
trouva  enfin  l'indépendance  et  fut  accueillie  par  une  amie, 
M"'^"  de  Flaischl,  dans  la  maison  et  la  famille  de  laquelle 
elle  passa  le  reste  de  sa  vie. 

L'œuvre  de  Betty  t^aoli  est  assez  considérable.  Elle 
comprend  plusieurs  recueils  de  poésies  :  Gedichle  (Pest. 
4844  ;  2«  éd.,  4845);  Nach  dem  Ge wîi  1er  {?est,  4843; 
2*^  éd.  4850);  Jiomancero  (Leipzig,  4845);  JS'eue  Ge- 
dichle (Pest,  4850)  ;  Lyrisches  iind  Episches  (Pest, 
4856)  ;  Neues(e  Gedichte  (Vienne.  4869)  ;  des  récits  :  Die 
Welt  und  mein  Auge.  Erznhhingen  (Pest,  4844, 
3  vol.),  et  des  ouvrages  de  critique  :  Wiens  Geniâlde- 
galerien  (Presbourg,  4865)  ;  Grillparier  und  seine 
IE(?/'At  (Stuttgart,  4875).  Un  recueil  de  ses  poésies  choi- 
sies a  paru  récemment,  sous  le  titre  de  Gedichte.  Ans- 
luahl  und  Nachhis.z  (Stuttgart,  4895). 

«  Je  ne  suis  qu'une  âme  qui  a  beaucoup  aimé  et  beau- 
coup souffert,  et  ma  poésie  n'est  qu'un  chant  révélant 
toutes  les  muettes  douleurs  qui  peuvent  remplir  le  cœur 
de  la  femme.  »  Si  ces  vers  modestes  et  xiersdans  les'quels 
Betty  Paoli  définit  la  nature  de  son  talent  ne  disent  pas 
tout  ce  qu'elle  a  été,  ils  indiquent  du  moins  avec  beau- 
coup de  justesse  ce  qui  fait   surtout  la  valeur  de  son 


œuvre.  Sans  doute,  elle  a  connu  les  angoisses  de  l'àme  en 
face  du  problème  de  la  vie;  elle  a,  en  de  beaux  vers 
philosophiques,  chanté  ses  doutes  et  ses  tristesses  ou  son 
invincible  foi  dans  l'idéal,  dans  le  bien  et  le  progrès; 
mais  sa  pensée  est  loin  d'égaler  en  profondeur  et  en  ori- 
ginahté  celle  de  sa  contemporaine  et  rivale  en  poésie.  An- 
nette  do  DiYjstc-Hulshoff,  par  exemple.  C'est  dans  la  pein- 
ture des  joies  et  surtout  des  tristesses  de  l'amour  qu'elle 
excelle.  Il  scmlile  qu'elle  ait  connu  —  peut-être  à  deux 
reprises  différentes  —  la  douleur  d'un  amour  déçu.  On 
trouve  dans  ses  premiers  recueils  quelques  poésies  fort 
belles  où  s'exhale  le  bonheur  de  la  femme  aimée  qui 
s'abandonne,  dans  une  douce  extase,  à  un  sentiment  tout- 
puissant.  Mais  ce  sont  les  accents  de  plainte,  de  regret, 
de  désespoir  qui  dominent  dans  ses  chants.  Elle  s'est  vue 
abandonnée  par  celui  qu'elle  aimait,  elle  a  cruellement 
souffert,  et  la  souffrance  l'a  inspirée:  sa  muse  a  été  «  cette 
sauvage  puissance  qui  a  vaincu  son  camr  et  qui  s'appelle 
la  douleur  ».  Il  n'y  a,  d'ailleurs,  dans  ces  plaintes  ni  mo- 
notonie, ni  étalage  de  sensibilité  larmoyante.  Betty  Paoli 
a  conscience  de  sa  dignité,  elle  sait  ce  qu'elle  vaut,  et  si 
ce  sentiment  ne  diminue  en  rien  ses  souffrances,  il  l'em- 
])èche  du  moins  de  jamais  tomber  dans  la  trivialité.  C'est 
dans  le  renoncement  qu'elle  cherche  un  remède  à  ses 
maux.  «  Je  snis,  dit-elle,  une  morte  qu'on  a  oublié  de 
porter  en  terre,  une  défunte  qu'une  sentence  sévère  a  ex- 
clue delà  peine  et  que  bante,  comme  un  rêve  plein  d'hor- 
reur, le  souvenir  du  bonheur  évanoui  ».  Ou  encore:  «Ce 
qui  m'est  resté  de  mon  amour,  c'est  une  pitié  hautaine, 
et  ce  n'est  que  cela...  Mieux  vaut  renoncer  courageuse- 
ment au  bonheur,  une  fois  pour  toutes,  que  de  porter, 
souillée,  un  idéal  au  rabais  dans  son  cœur  ». 

Henri  Lightenbkrgeu . 
BiiîL.  :  Marchand,  les  Poètes  lyriques  de  VAuirlciie  ; 
Paris,  1881,  pp.  201  et  suiv.  ;  voir  aussi  les  articles  de  : 
il.  LoR'M,  dans  Beilage  der  a.llg.  Zeiiunçj,  n.  167;  H.  Giia.-^- 
lîï'RGER,  dans  Wiener  Zeitung,  n.  IbB;  H.  Klein,  dans 
Presse,  n.  181;  A.  von  WEii.EN.'dans  jionlag.  rev.,  n.  37, 
[)unliés  en  1891,  au  lendemain' de  la  mort  de  Betty  Paoli. 

PAOLI  (Cesare),  historien,  archiviste  et  paléograpbe 
iîahen,  né  à  Eiorence  le  40  nov.  48-40.  Elève  de  l'Ecole 
de  paléographie  de  I^lorence  (48S8-64),  il  obtint,  en 
4864,  le  diplôme  d'archiviste-paléographe.  Archiviste 
•aux  Archives  d'Etat  à  Eiorence,  de  4864  à  4863,  puis 
à  Sienne,  de  1863  à  4874,  et  de  nouveau  à  44orence, 
de  4874  à  4886  ;  il  fut  nommé  professeur  de  paléo- 
graphie dans  le  /L  Jslifulo  di  sludi  superiori  de 
Morencc,  chargé  de  cours  en  4874,  ordinaire  en  4887. 
Merabrc  de  la  députation  toscane  d'histoire,  il  en  de- 
vint secrétaire,  et  en  4888  il  succéda  au  professeur 
(^eUi  comme  directeur  de  VArchivio  storico  italiano. 
C'est  surtout  à  lui  qu'on  doit  en  4talie,  à  Eiorence, 
rrx'olc  supérieure  de  paléographie,  et  par  là,  une  grande 
|?ariie  du  développement  qu'ont  pris  dans  la  pénin- 
sule les  études  de  critique  historique.  41  voulut  don- 
]ier  aux  études  de  paléographie  et  de  diplomatique  une 
direction  vraiment  scientitique  en  profitant  des  résultats 
o!)lenus  à  l'étranger.  Quant  à  V Archivio  storico  italiano, 
\]  a  voulu  le  moderniser  en  lui  conservant  son  caractère 
général,  étranger  au  particularisme  local.  Il  a  collaboré 
et  collabore  encore  à  nombre  de  revues  italiennes,  alle- 
mandes, Irançaises  et  anglaises,  et  ses  publications  di- 
^  erses  sont  au  nombre  de  plus  de  400.  Nous  ne  citerons 
que  les  suivantes  :  Délia  sig noria  di  Gualtieri  diica 
d'Alêne  in  Fir en ze  (Floronco,  4862);  Nuovi  documenti 
(Ivi,  4872)  ;  Le  cavallate  florentine  nei  secoli  xiii- 
XIV  (îvi.  4863)  ;  Del  cinque  cateffi  del  r.  Archivio  di 
stalo  in  Siena  (Ivi,  4866);  La  hatlaglia  di  Monta- 
pei'ti,  menioiia  s lorica  (Sienne,  i  869);  Lettere  volgari 
scritte  da  Senesi  nel  sec.  xiii  fen  collaboration  avec 
ÎLnea  Piccolomini]  (Imola,  4874)  ;  Sludi  suite  fonii  délia 
storia  [lorentina  :  capitoli  cinque  (Florence,  4873-73)  ; 
La  più  anlica  pergamena  del  r.  Aîxhivio  di  stalo  in 
Firenzc,  illustrazione  storico  paleogj-afica  (Ivi,  4873)  ; 


—  974 


PAOLI  —  PAON 


Del  Papiro  specialmente  considerato  corne  materia 
che  ha  servilo  alla  scrittura  (Florence,  4878);  Del  ma- 
gislrato  délia  Balia  nella  liepiibblica  di  Siena  (Sienne, 
4879);  Miscellanea  di  paleografia  e  diplomatica  : 
capitoli  undlci  (Florence,  4880-4883)  ;  Programma 
di  paleografia  latina  6 di  diplomatica,  esposlo  somma- 
riamente  (Florence,  4883).  Traduction  allemande  du  prof . 
Karl  Lohmeyer  (Tnnsbruck,  488o)  ;  Colleùone  fiorentina 
di  facdmili  paleografici  greci  e  lafini,  en  colloboralion 
avec  G.  Yitelli  (Florence  4884-4898);  Documenti  di 
ser  Ciappelletto  (Turin,  4885);  Sopra  gli  statuli  di 
Volterra  del  sec.  xiii  (Florence,  4886);  i  codici  Ash- 
burnhamiani  délia  Biblioteca  Mediceo  Laurenziana 
descritti  e  illustrati  (Florence,  4887-96,  4  livr.)  ;  Ur- 
kiinden  zur  Geschichte  der  deiitschen  Schusterinnung 
in  Florenz  (înnsbruck,  4887);  Programma  scolastico 
di  paleografia  latina  e  di  diplomatica  :  nuoua  reda- 
zione  in  Ire  libri  :  I.  Paleografia.  K.  Materie  scrit- 
torie  e  librarie.  III.  diplomatica  (Florence,  4888-98  : 
la  i2^  partie  du  3^  livre  est  en  ce  moment  sous  presse)  ; 
traduction  allemande  de  M.  K.  Lolimcycr  (înnsbruck, 
4889-4898)  ;  Lo  abbreviature  nella  paleografia  lalina 
del  medio  evo.  Saggio  melodico  pratico  (Florence, 
4891);  traduction  allemande  de  K.  Lohmeyer  (înnsbruck, 
4892);  /  «  Monti  »  nella  Piepiibblica  di  Siena  (Rome, 
4894);  Le  Tavoletle  dipinte  délia  lUccherna  e  délia 
Gabella  neW Archivio  distato  di  Siena  (Sienne,  4894)  ; 
Cosimo  1  dei  Medici  e  i  Fuoruscli  forentini  del  i537, 
en  collaboration  avec  E.  Casanova  (Florence,  4893);  Gli 
scriltoripoHtici  del  cinquecenio  (Milan,  4894);  .fera fo, 
scritta  e  Denaro  di  Dio  (Florence,  4859)  ;  Siena  aile 
fiere  di  Sciampagna  (Sienne,  4898)  ;  Siena,  Firenze 
e  la  Valdelsa  (Gastelfiorentino,  4899)  ;  Siena,  dans  la 
British  Encycl.  F.  Casanova. 

P AOL! NI  (Pietro),  peintre  italien,  né  à  Lucques  au 
début  du  XVII®  siècle,  mort  à  Lucques  en  4682.  Il  vint 
étudier  son  art  à  îlome,  soas  la  direction  d'Angelo  Caro- 
selo  ;  puis  il  se  fixa  à  Lucques,  où  il  forma  à  son  tour  do 
nombreux  élèves.  Doué  de  sérieuses  qualités  de  dessina- 
teur et  de  coloriste,  il  fut  parfois,  non  sans  exagération, 
égalé  à  Titien  et  à  Pordenone.  Son  clief-d'œuvre  parait 
être  le  tableau  représentant  le  Pape  Grégoire  le  Grand 
qui  apporte  un  repas  à  des  pèleinns  (dans  la  biblio- 
thèque de  San  Frediano,  à  Lucques).  Il  faut  encore  citer  : 
le  Martyre  de  saint  André;  l'Assassinat  de  Walstein, 
et  plusieurs  Fêtes  villageoises,  brillamment  exécutées. 

PAOLI  NO  (Pio),  peintre  italien,  né  à  Udine.  Il  vivait 
au  XVII®  siècle.  Elève  de  Pietro  de  Cortone,  il  fut  admis 
en  4678,  au  nombre  des  membres  de  l'Académie  de  Rome. 
On  a  de  lui  plusieurs  tableaux  religieux  qui  dénotent  un 
talent  véritable.  Il  termina  sa  carrière  dans  sa  ville  natale. 
Durant  son  séjour  à  Rome,  il  avait  peint  un  San  Carlo 
al  Corso,  qui  fut  très  admiré  des  contemporains. 

PAOLO  Dall'  Abaco,  mathématicien  itahen,  né  àPralo 
vers  4284,  mort  à  Florence  en  4374.  Son  vrai  nom  était 
Dagomari,  et  il  a  été  également  surnommé  Paolo  Astro- 
logo,  Geometra,  Arismetra.  C'est  le  premier  qui  ait  publié 
en  Occident  un  almanach  (sous  le  titre  de  Tacciiino).  On 
a  imprimé  plusieurs  fois  les  Regolazze  di  Maestro  Paolo 
dall'  Abaco  (en  dernier  lieu  à  Vérone,  4883).  Ce  sont 
des  règles  très  courtes,  au  nombre  de  cinquante-deux,  qui 
se  rapportent  au  calcul  arithmétique.  Taxnery. 

PAOLO  (Gitivanni  di),  peintre  italien  duxv®  siècle.  Il 
appartenait  à  l'école  de  Sienne  et  brillait  d'un  certain 
éclat  dans  la  pléiade  d'artistes  que  le  pape  Pie  II  encou- 
ragea par  ses  libéralités.  On  manque  de  renseignements 
sur  la  vie  de  ce  peintre,  dont  les  ouvrages  datent  de  4427 
cà  4462. 

PAOLO  (Romano) ,  sculpteur  itaHen  qui  vivait  au  xv®  siècle . 
Il  fut  chargé  par  le  pape  Pie  II  de  sculpter  une  figure  de 
Saint  Paul,  qui  demeura  longtemps  dans  la  chapelle  de 
Sixte  IV,  puis  fut  placée,  dit  Vasari,  sur  un  piédestal  de 
marbre  qui  orne  le  commencement  du  pont  de  Sant'  An- 


gelo.  Clément  VII  lui  fit  donner  pour  pendant  un  Saint 
Pierre  de  la  même  dimension.  Paolo  fut  non  seulement 
sculpteur  de  mérite,  mais  encore  habile  orfèvre  :  il  tra- 
vailla, avec  ses  élèves  ÎNiccolô  délia  Guardia  et  Pietro 
Paolo  da  Todi,  aux  douze  apôtres  d'argent  qui  décoraient 
naguère  l'autel  de  la  chapelle  pontificale. 
BiBL   :  MuNTz,  les  Arts  à  lu  Cour  des  Pupcs^  I-III. 

PAOLO  (Giovanni) ,  peintre  itahen.  Il  vivait  auxvi®  siècle 
et  peignait  en  4345  environ.  Contemporain  et  ami  de  Va- 
sari, il  fat  employé  par  lui,  avec  plusieurs  autres  jeunes 
artistes,  à  la  décoration  de  la  salle  de  la  Chancellerie,  dans 
le  palais  de  San  Giorgio  à  Rome,  pour  le  cardinal  Farnèse. 
PAON.  ï.  Ornithologie.  —  Genre  d'Oiseaux  de  l'ordre 
des  Galhnacés,  désigné  en  latin  sous  le  nom  de  Pavo  et 
constituant,  avec  les  genres  Pohjplectron  et  Argus ,  une  sub- 
division de  la  famille  des  Faisans  (Phasianidœ) .  Les  Paons 
sont  caractérisés  par  le  grand  développement  de  leurs  cou- 
vertures caudales,  qui  sont,  chez  les  màlcs,  plus  longues  que 
les  pennes,  à  barbes  lâches  et  soyeuses.  Lorsque  le  Paon 
fait  la  roue,  il  est  facile  de  voir  que  les  longues  et  ])elles 
plumes  qui  constituent  ce  que  l'on  appelle  ordinairement 
sa  queue,  n'appartiennent  pas  à  cette  (jueue  elle-même, 
dont  on  voit  les  rectrices,  de  forme  et  de  longueur  ordi- 
naires et  d'un  brun  clair  en  dessous,  mais  sont  les  couver- 
tures caudales,  exceptionnellement  développées  dans  ce 
genre.  Les  paons  sont  des  Oiseaux  de  forte  taille,  à  corps 
épais,  à  cou  grêle  et  à  tête  petite  ;  les  tarses  sont  élevés 
et  munis  d'un  ergot  chez  le  mâle  ;  les  ailes  sont  courtes. 
Le  bec  assez  épais  est  bombé  en  dessus,  à  pointe  recour- 
bée. La  tête  porte  une  huppe  droite  formée  de  plumes  spa- 
tulées  seulement  à  l'extrémité  ;  la  région  oculaire  est  nue. 
Toutes  les  espèces  connues  sont  du  S.  de  l'Asie  et  de  la 
Malaisie. 

Lo  Paon  VULGAIRE  {Pavo  cristatus),  type  du  genre,  est 
l'espèce  importée  et  domestiquée  en  Europe  depuis  l'an- 
tiquité. Le  plumage  du  mâle  est  trop  connu  pour  qu'il  soit 
nécessaire  de  le  décrire  ici.  On  sait  que  la  femelle  est  moins 
brillante  et  dépourvue  des  longues  couvertures  caudales, 
qui  sont  la  principale  parure  dn  mâle.  Le  plumage  du  Paon 
sauvage  ne  diffère  pas  de  celui  du  Paon  domestique.  Il 
habite  l'Inde  orientale,  Ceylan  et  Flndo-Chine,  où  il  est 
commun.  Son  cri  discordant,  formé  de  deux  syllabes,  imite 
assez  bien  le  mot  Léon  répété  deux  fois.  Il  vit  par  bandes 
de  30  à  40  individus  dans  les  jungles  et  les  forêts  mon- 
tagneuses, jusqu'à  2.000  m.  dans  les  Nilgherris,  mais 
non  dans  l'Himalaya.  Il  est  considéré  par  les  Hindous  comme 
un  oiseau  sacré,  et  on  en  voit  de  grandes  troupes,  demi- 
sauvages,  au  voisinage  des  tem})les,  perchés  sur  les  grands 
arbres  et  étalant  leur  queue  magnihfjue  au  milieu  du  feuil- 
lage. Ils  viennent  à  terre  pour  manger,  grattant  la  terre 
pour  picorer  les  graines,  comme  tous  les  Gallinacés.  Le 
Paon  cherche  son  salut  dans  la  course  et  ne  prend  sa  volée 
que  quand  il  s'est  suffisamment  éloigné  :  son  vol  est  lourd 
et  bruyant,  et  il  se  perche  le  plus  vite  possible  sur  un  arbre 
où  il  se  croit  en  sûreté.  Il  ne  dédaigne  pas  une  nourriture 
animale,  et  c'est  ce  qui  exphque  qu'il  cherche  les  vers 
intestinaux  dans  les  excréments  du  Tigre.  Ce  grand  Carni- 
vore est  son  principal  ennemi  et  les  chasseurs  reconnaissent 
son  approche  à  l'agitation  que  montrent  les  troupes  de 
Paons.  Le  tigre  mange  souvent  du  Paon  et,  par  suite  de 
ces  habitudes,  le  ténia  que  l'on  trouve  dans  l'intestin  du 
tigre  n'accompHt  son  cycle  évolutif  qu'en  passant  par  l'es- 
tomac du  Paon,  de  la  manière  que  nous  venons  d'indiquer. 

Le  nid  du  Paon  est  généralement  placé  à  terre  sous  un 
grand  buisson,  dans  quelque  endroit  élevé.  Il  est  grossière- 
ment construit  et  contient  de  4  à  9  œufs,  ou  plus  encore, 
que  la  femelle  couve  avec  ardeur.  La  chair  des  jeunes  est 
cléUcate  ;  celle  des  vieux  est  dure  et  ne  sert  qu'à  faire  du- 
bouillon. 

Une  seconde  espèce,  très  voisine,  le  Paon  noir  {Pavo 
nigripennis)  ,h.â\nte  le  S.  de  la  Rirmaniect  la  presqu'île 
de  Malacca,  et  ne  diffère  du  Paon  ordinaire  que  par  les 
couvertures  de  ses  ailes  d'un  noir  bleuâtre  et  non  blanches, 


!\VOiN 


—  97^J 


rayées  de  noir,  comme  chez  celui-ci.  Une  iroisièmc  espèce 
plus  distincte,  le  PàOxN  spicifere  {Pavonmticus),  est  plus 
beau  encore  que  le  type  du  genre,  il  est  plus  élancé  et  plus 
haut  sur  pattes  ;  sa  huppe  esl  en  forme  d'épi  ;  son  cou  est 
d'un  vert  émeraude  et  ses  joues  d'un  jaune  d'ocre.  Sa  queue 
est  plus  brillante,  mais  de  mémo  forme  que  celle  du  Paon 
domestique.  La  femelle  est  semldable  au  mâle,  mais  privée 
de  longue  queue. 

Le  genre  PoLVpj.ECTKOx  est  fondé  sur  l'oiseau  que  Linné 
a\ait  nommé  Paon  du  libet,  maib  qui  vient  en  réalité  de 
rindo-Chine,  ou  on  Tappellc  Chinquis.  ù'  genre  forme  la 
transition  àrAuois  (V.  ce  mot),  La  taille  es!  inférieure  à 
celle  des  Paons  ;  les  pennes  caudales  et  leurs  couvertures 
feoni  allongées,  iud)ri(piées,  élargies  à  leur  extrémité,  les 
couvertures  des  ailes  égalemeni  allongées  et  élargies  ;  toutes 
ces  grandes  plumes  de  Laileet  de  la  (pieue  portent,  comme 
chez  LArgus,  de  larges  taches  rondes  en  forme  d\veu\,  mais 
n'ont  pas  Lextremité  décomposée  comme  ciiez  les  Paojis. 

Les  tarses  sont  numis  de  tkux  i\  six  ei'gols.  et  il  liy  a 
pas  de  huppe.  Les  femelles  ont  la  (pieue])luh  courte  elles 
couleurs  moins  brillantes.— -Le  PoEVPLix'iuoxciiiNQLis  est  un 
oiseau  un  peu  plus  gros  qu'un  Faisan,  à  ])hnnage  très  élé- 
gant, brun  varié  de  pourj)re.  avec  le  veinre  hnement  rayé 
de  jaune  clair,  et  les  grandes  ])liimes  de  Taile  et  de  la  queue 
portant  chacune  une  tache  en  œil  d'un  bleu  vert  à  reflets 
(duuigeants.  Il  habite  le  S.  de  la  Chine,!'  Vssam,  h' Tenas- 
serim.  On  en  distingue  quatie  ou  cinq  avitres  esprce^^,  qui 
sont  de  Cochinchine,  de  Malacc.a  et  des  lies  Malaises. 

Paon  DOMEbTJQUR.—  Lïnlriabadion  duPaon cnl'Airope  eut 
lieu  à  la  suite  des  cacapagnes  d'Alexandre.  Aristole  eii  parle 
ih'jà  comme  d'un  Oiseau  bien  connu  de  son  tem])s  en  Orèce. 
On  bait  que,  soub  l'empire  romain,  les  langues  el  les  cer- 
velles de  Paon  étaient  un  mets  très  recherché.  Dans  FEu- 
rope  occidentale,  ces  Gallinacés  étaient  encore  rares  au 
x\^  siècle,  et  c'est  èi  ce  titre  (pi'on  les  servait  rôtis  et  ornés 
de  leurs  plumes  dans  les  festins  d'apparat.  Aujourd'hui  on 
les  mange  rarement,  bien  (pi'ils  soierdplus  communs  qu'au- 
trefois. Il  existe  une  variété  entièrement  blanche,  recher- 
chée comme  la  variété  ordinaire  à  titre  d'oiseau  d'oi'uement. 
Dans  une  basse-cour,  le  Paon  est  un  despote  insupportable, 
jnaJtraitant  sans  cesse  les  autres  oiseaux  plus  faibles  que 
lui  :  le  dindon  seul  lui  résiste  avec  avantage.  Le  Paon, 
d'ailleurs,  est  très  rustifjue  e(  parfaitement  ac(  limaté,  sup- 
por(ajit  sans  peine  nos  longs  hivers.  Quand  on  lui  laisse 
une  certaijie  libei'té,  il  e.-.t  facile  à  nourrir,  acceptaid  tout 
c('  que  l'on  donne  aux  poules  :  il  a  besoin  de  verdure. 

La  Paojuie  ne  couve  ([ue  dans  un  endroit  isolé  où  elle  est 
sûre  de  ne  pas  être  dérajigée.  Cha(jUtU'ouvée  est  de  r  à  5, 
plus  rarement  G  leufs,  et  rincubation  dure  un  mois.  La 
ni're  guide  et  protège  ses  petits  avec  soin,  pourvu  ipion 
ne  la  trouble  pas  trop  souvent  dans  sa  retraite.  Les  jeujies 
croissent  ra])idement  ;  à  trois  mois  0!i  distingue  les  sexes. 
nuus  ce  n'est  (ju'à  trois  ans  (jue  les  mâles  acquièrent  leur 
brillant  plunuige  et  sont  ajites  à  se  r(q)('oduire.     K.  Jni. 

Paox  Dis  ROSES  (V.  Cauralf.). 

ïï.  Economie  rurale.  —  L'élevage  du  paoii,  encore 
très  répandu  dans  l'Europe  méridioiude  et  occidentale  à 
l'époque  de  la  conquête  romaine  et  pendant  le  moyen  âge, 
avait  à  peu  près  disparu  au  xiv^  siècle  ;  il  ne  reprit  quelque 
importance,  tout  au  nmins  en  France,  qu'à  partir  du 
xviî^  siècle  ;  presque  seules  le.-^  basses-cours  d'amateurs 
possédant  des  bois  à  Ubre  parcours  l'ont  conservé  aujour- 
d'hui, cependant  les  jeunes  paonneaux  sont  fort  bons  à 
manger,  et  s'ils  ont  été  l'objet  d'une  bonne  prépai'atioji. 
ils  trouvent  toujours  une  vente  avantageuse.  L'élevage, du 
paon  a  beaucoup  de  rapports  avec  celui  du  dind(m,  il  est 
(dus  facile  à  conduire  ;  on  opère  de  deux  façons  : 

h  Méthode  dite  naturelle,  La  paonne,  qui  est  adulte 
à  deux  ans,  est  abandonnée  à  elle-même  ;  elle  établit  libre- 
ment son  nid  dans  un  endroit  abrité,  parc  ou  bois,  et 
pourvoit  à  la  nourriture  des  jeunes;  la  ponte  est  unique 
et  dépasse  rarement  7  ou  8  (cufs  ;  l'éclosion  a  lieu  au  bout 
de  cinq  semaines;  deux  jours  après.  le>  paonneaux  per- 


chent auprès  de  la  mère  qui  les  protège  et  les  soustrait 
à  l'attaque  des  fouines,  des  putois,  eir.,  en  les  transpor- 
tant sur  des  branches  assez  élevées  ;  il  est  bon  parfois  de 
seconder  son  instinct  en  plaçant  à  la  main,  su./  son  dos, 
les  petits  trop  faibles  ;  au  bout  de  quebfues  joiii  s.  les  ailes 
sont  assez  développées  pour  qu'il  n'y  ait  plus  lieu  de  s'oc- 
cuper de  la  couvée. 

2*^  Melliode  mixte  ou  artijh'ic'le.  Dans  cette  méthode, 
de  beaucoup  la  plus  sûre  et  la  plus  avantageuse,  on  fait 
couver  les  (eufs  par  des  dindes  ;  la  nourriture  des  pre- 
miers jours  est  identiipui  à  celle  que  Ton  donne  aux  din- 
donneaux (pain  rassis,  (eufs  durs  émiettés,  farine  et  viande, 
salade  hachée,  etc.);  au  bout  d'une  semaine  on  adjoint 
à  la  pâtée  du  Inudiis  d'orties  et  un  peu  de  chènevis  pilé, 
puis  on  donne  le  parcours;  la  consommation  peut  avoir 
lieu  après  trois  ou^(juatre  mois.  Quel  (pie  soit  le  mode 
d'élevage,  il  faut  observei'  les  jeunes  lors  de  la  prise  de 
\'ai'j]'elte,  moment  ci'iti([ue  comme  celui  du  vomje  pour 
les  dindonneaux  ;  l'approche  du  mâle  Jie  doit  pas  avoir 
lieu  non  plus  avant  cette  époipie.  Le  mâle  est  très  que- 
relleur ;  il  n'atteint  son  entier  développement  qu'à  trois 
aj]s;  on  lui  donne  ordinairement  quatre  ou  cinq  femelles, 
il  est  très  ardent,  et,  si  ses  cojnpagnes  sont  trop  peu 
nombreuses,  il  peut  les  fatiguer  au  point  de  les  rendi'e 
stériles;  les  insuccès  i'ele\és  fréqueinment  dans  les  éle- 
vages d'amateui's  sont  souvent  dus  uniquement  à  cette 
cause.  J.  Troudi:. 

IN .  Art  héraldique.  -—  Le  paon  peut  être  repré- 
senté de  ])rot!L  mais  plus  souvent  il  est  posé  de  face  et 
la  ([ueue  étalée;  il  est  alors  dit  /7;/((/u/.  Quand  ses  taches 
sont  d'un  émail  dilîêrent.  il  est  dit  niiraille. 

V.  Astronomie.  —  Constellation  de  l'hénnsphère 
austral  comprise  entre  flndien,  le  Télescope.  l'Autel,  le 
Triaiigle  austral.  l'Oiseau  de  Paradis  el  l'Octant.  —  Elle 
l'enferme  neuf  étoiles  de  la  :2^'  à  la  G*^  grandeur. 

VI.  Entomologie.  —  Paon  nu  jour  (V.  Yaxesse). 
Paon  ue  Nurr  (V.  Saturnu:). 

PAON  (Jean-Baptiste  Le),  né  à  Paris  en  1738,  mort 
en  i78o.  fdève  de  Casanova.  Le  Paon  fut  dessinateur  et 
peintre  de  batailles,  et  s'accpiit,  en  ce  genre,  une  certaine 
réputation,  tl  s'était  engagé  dans  un  régiment  de  dragons, 
avait  vu  la  guerre,  avant  dïni  retracer  les  épisodes,  et  fut 
même  bles^é  dans  une  bataille.  Les  Areltives  de  l'art 
français  ont  repi'odiiit  un  docuinent  où  jkhfs  retromons 
ces  détails.  Le  Paon  devint  peintre  en  titre  du  prince  de 
Coiulé  :  nous  avons  d(^  lui.  au  musée  de  Vei'sailles,  (pn^bpu's 
tableaux  ndiitaiii-s  ;  la  coîlection  de  Concourt  i'eîd'erniail 
])lnsieuis  de  ses  dessins.  Edmond  de  Concourt  a  a[)précié 
ainsi  le  talent  de  Le  Paon,  dans  la  Maison  d'un  artiste  : 
«  De  jolis  petits  soldats,  de  jolis  pelhs  canons,  de  jolis 
petits  ('aujpements,  de  jolis  petits  sièges,  ce  sont  là  les 
dessins  de  cet  artiste,  (pii  s'engagea  pour  voir  la  guerre 
de  près,  et  ([ui  n/en  a  jamais  été  que  Eenjoliveur  et  le  bis- 
[vmv  co(j!iet  ».  O.n  ne  saurait  mieux  caractériser  le  faire 
maniéré  de  ce  peintre,  dessinateur  et  gouacheur  à  la  fois, 
qui  se  rapetissait  encoi'e  dans  ses  a<puu'elies  et  (pii  com- 
[)i'emut  parfois  la  peinture  de  bataille  à  la  façon  d'un  mi- 
inatui'iste.  Il  a  aussi  dessiné  et  peint  des  chasses  de 
Cbautilly.  pour  le  [)rince  de  Coudé.  !1  avait  décoré  de  ses 
taideaux  une  partie  de  riiôtel  du  Petit-Dourbon  ou  le  prince 
Louis-Joseph  lui  avait  donne  un  appartement  ;  c'est  dans 
ce  palais  (pi'il  mourut.  Dans  les  dernières  années  de  sa 
vie.  il  avait  dessim'»  quel(pies-uns  des  faits  de  la  guerre 
d'Amérique  ;  il  est  l'auteur  d'ini  portrait  de  Washington 
ipii  a  été  graNé  ])ar  Le  Mire.  Aid.  Valarrècl!  . 

l^iBL.  :  E(l  (l(>  (i()N(  (ji  II  !■.  lu  M,\i8i))i  (Viui  iniisli\  t  J  - 
Dv-'-UA  X.  les  Artistes  ffinirius  ù  VOlrinujcr  —  Ayclnrcs 
(le  }  urt  friin(;;iiH.  t  I.  p.  l.sE  —  Xolice  ludiciiUcc  des  In- 
hlcimx.  dessins,  esUniipes,  elc.,  uprès  le  déeès  do  M  Le 
Piujii,  iieuilve  de  bid,iiiUes  de  S.  A.  S  Mgr  le  prinee  de 
Coudé  Vente  à  Paris  le  '20  avr.  11 SO.—  Notiee  des  lu ~ 
t)le!nix.  dessins.  ete.,Xjrorenant  des  déeès  de  M^^^°  Le  Paon, 
de  Suru(jue,  sculpteur,  elc.  Vente  à  Paris  le  8  mai  HSS. 
—  l'ieinv  (lo  Xolhac  (^t  Andi'é  I^KUA'iT,.  le  Mn-^re  nnlional 
de  Versinlles. 


973  — 


PAONAPOYA  —  PAPANTLA 


PAÔNAPOYA  (angl.  Paunapwja).  Fleuve  du  S.-O. 
de  l'Inde  qui  prend  s,a  source  dans  les  Nîl-Giris  ou 
Montagnes  Bleues,  traverse  la  vallée  d'Ochterlony  (ainsi 
nommée  du  colonel  anglais  qui  l'explora  en  1844-45),  arrose 
le  district  de  Malabar  et  va  se  jeter  à  la  mer  à  Beipour, 
le  port  de  Galicut  et  le  terminus  du  Madras  Railwaij. 
Long.,  i30  kil.  11  sert  à  transporter  lés  thés  et  cafés, 
les  minerais  d'or  et  les  bois  de  la  montagne. 

PAÔNI  (angl.  PG^ini).  Petite  ville  du  district  de 
Bhandara,  division  de  Xàgpour,  Provinces  centrales  (Inde). 
Située  sur  un  haut  aftluent  de  la  Godavarl,  elle  compte 
10.000  hab.  et  fabrique  des  étoffes  renommées. 

PAO  NING.  Préfecture  chinoise  (prov.  du  Seu  tchhoan), 
située  sur  le  Kia  ling  kiang,  affluent  de  gauche  du  Kiang  ; 
])roduction  de  thé  et  de  sel. 

PAO-PEREIRA  (Thérap.)  (V.  Geissospermum). 
PAO  PHI    (Calendr.).  Nom  du  deuxième  mois  de  Tan- 
née dans  le  calendrier  égyptien;  il  commence  le  iS  sept, 
de  la  période  julienne. 

PAO  SEU,*  favorite  du  roi  chinois  Yeou  (781-771), 
issue  miraculeusement  d'une  jeune  fille  et  de  deux  dra- 
gons; en  faveur  de  Pao  seu  et  de  son  fils,  la  reine  et  le 
prince  héritier  furent  dégradés.  Pour  complaire  à  sa  fa- 
vorite, le  roi  alluma  les  signaux  de  feu  qui  annonçaient 
l'approche  des  ennemis,  tous  les  seigneurs  accoururent 
pour  défendre  la  capitale,  et  se  retirèrent  furieux  d'être 
bafoués.  Un  peu  plus  tard,  le  père  de  la  reine  dégradée, 
allié  avec  les  barbares,  attaqua  le  roi  Yeou;  les  seigneurs 
convoqués  ne  vinrent  pas.  Le  roi  fut  tué  et  l'on  mit  sur 
le  trône  le  prince  héritier.  M.  G. 

PAO  TING.  Préfecture  chinoise,  capitale  de  la  province 
du  Tchi  li,  située  entre  deux  petits  affluents  du  Hoen  ho  ; 
le  vice-roi  du  Tchi  li,  depuis  environ  vingt-cinq  ans,  ré- 
side principalement  à  Tien  tsin,  en  raison  de  l'impor- 
tance prise  par  ce  port. 

PAPA  (Simone),  peintre  italien  du  xv^  siècle,  né  à 
Naples,  mort  vers  1488.  L'on  possède  peu  de  renseigne- 
ments sur  cet  artiste,  qui  semble  avoir  pris  à  tâche  d'imi- 
ter les  Flamands  et  qui  est  représenté  au  musée  de  iNaples 
par  un  Saint  Michel. 

PAPA  (Simone)  le  Jeune,  peintre  italien  des  xv®  et 
xvi^  siècles,  né  k  Naples.  On  vante  son  talent  comme  fres- 
quiste. 

PAPA  (Dario),  journaliste  italien,  né  à  Rovereto  (prov. 
de  Trente)  le24janv.  1846,  mort  à  San  Remole  23janv. 
1897.  Monarchiste  dans  sa  jetmesse,  il  devint  plus  tard 
ardent  répubhcain.  Il  fonda  Vltalia  del  Popolo  et  écrivit 
des  articles  violents,  mais  élégants  et  solides,  qui  firent 
estimer  son  talent  même  de  ses  adversaires.  Il  a  écrit  :  // 
giornalismo,  rivista  estera  ed  italiana  (Vérone,  1880)  ; 
et,  en  collaboration  avec  F.  Fontana,  New  York  e  Cali- 
fornia  (Milan,  1886). 

PAPACELLO  (Tommaso  Barnabei,  dit),  peintre  italien. 
Il  vivait  au  xvi®  siècle.  On  sait  qu'il  fut  l'élève  de  Jules 
Romain,  et  que  son  maître  l'employa  dans  plusieurs  de 
ses  travaux.  Il  cultiva  l'histoire  et  le  portrait;  mais  ses 
ouvrages  dans  ces  deux  genres  ne  sont  point  parvenus 
jusqu'à  nous. 

PAPADIAMANTOPOULOS  (V.  Moréas  [J.],  t.  XXIV, 
p.  324). 

P  APA  DO  PO  L-Calimach  (Alexandre) ,  publiciste  et  homme 
poUtique  roumain.  Ancien  ministre  des  affaires  étrangères, 
des  cultes  et  instruction  publique,  membre  de  l'Aca- 
démie roumaine,  il  a  publié,  entre  autres  :  Sur  Alexandre 
Mavrocordat  VEexaporite  {An.  Ac.  roum.,  2^  série, 
t.  VI,  1883-4);  Sur  l'expédition  de  Igor  Sueatoslavici 
{ibid.,  t.  VII,  18-85);  Sur  le  Voiévode  Gheorghe  Stefan 
(ibid.,  1886,  in-8);  le  Danube  dans  la  littérature  et 
les  traditions  (ibid.,  1886)  ;  le  Général  Paul  Kisselev 
en  Moldavie  et  en  Valachie  {ibid.,  t.  IX,  1887);  Notice 
historique  sur  la  ville  de  Birlad  (1889)  ;  Sophie 
Paléologue  {ibid.,  1895).  GoUaborateur  à  plusieurs 
revues,   il  a  publié  dans  les   Convorbiri  Lit er are  en 


1884,  17^'  année  :  la  Carte  de  la  Moldavie  faite  par 
lihigas,  en  1191  ;  dans  la  Picvista  Noua  2^  année, 
en  1889  :  les  Lois  sompluaires  ou  lois  contre  le 
luxe  en  Hoinnanie;  Lettre  sur  la.  ville  de  Tecuci 
(Coiivorb.  Hier.,  XIX);  de  l' Histoire  de  la  législation 
moldave  (Arch.  de  la  Soc.  se.  ci  lit  t.  de  Jassy. 
1^  année).  D.  A.  Teodoru. 

PAPADOPOLI  (Nicolas-Gomnène),  littérateur  italien, 
né  à  Gandie  en  1655,  de  parents  grecs,  mort  en  janv. 
1740.  Elevé  à  Rome,  il  entra  dans  l'ordre  des  jésuites  en 
1()7'2.  En  1680,  il  fut  nommé  recteur  du  collège  de  Gapo 
d'ïstria;  en  1688,  professeur  de  droit  canonique  à  l'Uni- 
versité de  Padoue,  dont  il  écrivit  l'histoire  (Historia 
gymnasii  Patavini;  Venise,  1726,  2  vol.  in-fol.)  de 
1260  à  1724.  (^)uoiqu*elle  soit  assez  défectueuse,  cette 
œuvre  n'est  pas  néghgeable.  Facciolati,  qui  reçut  commu- 
nication de  ses  papiers,  compléta  son  Historia  et  la  mena 
jusqu'en  1756. 

PAPAGOS  (Indiens)  (V.  Pima). 
PAPAÏNE.  Principe  actif,  extrait  du  suc  laiteux  de  la 
tige  du  Carica  papaya  (V.  Papaver).  G'est  un  ferment 
végétal,  de  nature  albuminoide,  découvert  par  Wurtz,  qui 
a  étudié  son  action  physiologique.  La  papame  s'obtient  en 
traitant  le  jus  du  fruit  du  papayer  par  l'alcool  ;  on  des- 
sèche le  précipité  et  on  agite  avec  de  l'eau  à  38^.  Sa  cou- 
leur et  son  pouvoir  protéolytique  varient  suivant  les  es- 
pèces commerciales  ;  moins  elle  est  colorée,  plus  elle  est 
active.  La  papame  blanche  est  amorphe  ;  elle  est  soluble 
dans  moins  de  son  poids  d'eau  froide  et  se  trouble  à  l'ébul- 
lition;  sa  solution  concentrée  a  une  saveur  astringente.  Ses 
propriétés  la  ]'approchent  de  la  trypsine,  l'un  des  trois 
ferments  pancréatiques.  L]lle  dissout  assez  rapidement  la 
fibrine,  même  en  milieu  neutre  ou  faiblement  alcaUn  ;  elle 
eet  inactive  en  présence  de  0,05  7o  d'acide  chlorhydrique  ; 
elle  ne  constitue  pas  un  succédané  de  la  pepsine.  G'est  un 
ferment  digestif  (|ui  ramollit  et  dissout  à  40"  la  viande,  le 
blanc  d'œuf  ou  le  gluten;  eile  émulsionne  les  graisses, 
mais  n'agit  pas  sur  les  féculents.  Donnée  au  moment  des 
repas,  elle  peut  remplacer  la  pepsine  et  la  pancréatine 
dans  les  cas  de  dyspepsie.  Ses  effets  sont  réguliers  et  mieux 
garantis  en  raison  de  son  origine  végétale  que  ceux  de  la 
pepsine,  dont  elle  n'a  pas  le  goût  et  l'odeur  désagréables  ; 
de  plus,  la  pepsine  n'agit  que  dans  un  milieu  acide.  La 
papame  excite  la  sécrétion  gastrique  et  elle  est  inoffen- 
sive à  l'intérieur.  Son  action  tonique  a  été  utilisée  dans 
les  gastralgies,  la  dyspepsie  atonique,  l'hypochlorhydrie, 
dans  les  cas  d'insuffisance  de  suc  gastrique,  l^lle  assure  la 
digestion  pour  la  suralimentation  chez  les  tuberculeux,  les 
anémiques  et  les  convalescents.  Recommandée  dans  les 
entérites,  la  constipation,  la  diarrhée  consécutives  aux 
troubles  digestifs,  elle  n'a  pas  toujours  justifié  les  résul- 
tats que  l'on  en  attendait,  et  ses  indications  ne  sont  pas 
encore  bien  précisées.  Dans  la  tuberculose,  elle  peut  fa- 
voriser la  digestion  de  grandes  quantités  de  viande.  On  l'a 
proposée  en  solution  à  5  °  o  dans  le  traitement  de  la  diph- 
térie pour  dissoudre  les  fausses  membranes  ;  mais  elle  agit 
trop  lentement  pour  être  efficace.  —  On  l'administre  or- 
dinairement à  la  dose  de  0-^05  à  08'",20  sous  forme 
d'élixir,  de  vin,  de  sirop,  de  dragées  ou  de  cachets, 
ou  encore  de  pilules  de  Os'^,06  contre  les  coliques  néphré- 
tiques. On  se  sert  d'une  mixture  de  papame,  de  borax  et 
d'eau  pour  badigeonner  les  cors,  les  verrues,  les  con- 
dylomes,  les  indurations  cutanées.  On  l'a  essayée  dans  le 
traitement  des  taches  furfuracées  du  visage. 

D''  V. -Lucien  Hahn. 
PAPANDAYANG  (Volcan)  (V.  Java,  t.  XXI.  p.  67). 
PAPANTI  (Giovanni),  bibliophile  italien,  néàLivourne 
en  1830.  Il  y  exerce  aussi  le  commerce  de  hbraire.  Sa  spé- 
cialité est  Boccace  et  les  novellieri  italiens  du  moyen 
âge,  dont  il  a  donné  un  catalogue  apprécié.  Il  possède 
les  plus  rares  éditions  du  Décaméron. 

PAPANTLA.  Ville  du  Mexique,  Etat  de  Vera  Gruz,  dans 
la  plaine  de  Nantla;  12.000  hab.  Gommerce  de  Vanille. 


PAPANTLA  -  -  PAPAYER 


974 


A  iO  kil.  est  un  teocalli  (pyramide)   de  porphyre  Jécoré 
de  curieuses  sculptures. 

PAPARRIGOPOULOS  (Constantin),  hisiorien  grec,  né 
à  Constantinoplc  en  1815,  n:ort  à  Athènes  le  26  avr.  1891. 
Il  est  Fauteur  d'une  iniportanle  îiistoirc  de  la  Grèce 
'Jaiopia  tou  'E).Xr]vixou  sOvou;  (S  vol.,  Athènes,  2^éd., 
1887-88),  dont  un  résumé  a  paru  en  français  sous  ce  titre  : 
Histoire  de  la  cioUisalion  hellénique  (Paris,  1878). 
] /ouvrage  est  snrlout  inléressant  par  l'effort  fait  pour  ré- 
habiliter les  empereurs  icouoclastes  et  montrer  l'œuvre 
pohli(]no  et  sociale  que  ri'coovrent  les  dehors  théologiques 
(le  leur  entreprise.  Gh.  DiEin.. 

PAPASOGLU  (i)émèlre),  otilcier  roumain,  né  à  Bucarest 
le  "28  mars  1811,  nnnl  eii  1893.  Tn  des  rares  adversaires 
vala{jues  de  l'union  des  principautés,  collaborateur  au 
Veslilorul  (l'Aniionciateur),  journal  ollicieux,  en  1857; 
lieutenant-colonel  dans  la  milice  en  1873.  Il  employa 
Fimagc  pour  populariser  les  figures  des  princes  régnants 
et  des  homioes  d'Etat  roumains, 
PAPAUTÉ  (V.  Pape). 
PAPAVER  (Bot.)  (V.  Pavot). 

PAPAVÉRACÉES  {Papaveraceœ  h\^^.)  (Bot.).  Grande 
famille  de  plantes  Dicotylécîones,  herbacées  et  plus  rare- 
ment ligneuses,  annuel'es  ou  vivaccs,  à  feuilles  alternes, 
entières,  lobées  ou  disséfiuées,  à  ileurs  solitaires,  ou  réu- 
nies en  grappes  ou  cyme:^  terminales,  plus  rarement  axil- 
hiires.  Lestleurs,  généraleinenthermapbrodites,  régulières 
ou  irréguhères  (Fu mariées),  ont  h  réceptacle  ordinaire- 
ment convexe,  ce  qui  a  déterininé  Jussieu  à  placer  les 
l^apavéracées  dans  Fhypogynie  ;  parfois  cependant  le  ré- 
ceptacle est  concave,  et  alors  les  fleurs  deviennent  péri- 
gynes.  Le  cahce  offre  deux  ou  trois  sépales  libres,  rarement 
cohérenis;  la  corolle,  parfois  absente,  est  constituée  par 
"2  verticilles  de  "2-3  pétales  imbriqués,  d'ordinaire  caducs. 
Dans  les  vraies  Papavéracées  le  nombre  des  étamines  est 
indéhni,  et  elles  sont  libres  et  hypogynes,  rarement  péri- 
gynes  (l^^schscholtziées)  ;  chez  les  Fumariées,  au  contraire, 
le  nombre  des  étamines  égale  celui  des  pétales,  avec  dia- 
delphie  consécutive  dans  le  genre  Funiaria  et  dans  les 
genres  voisins.  Le  gynécée,  libre,  contient  un  ovaire  uni- 
locuîaire,  avec  2  placentas,  sauf  avorioraent  de  l'un  d'eux 
(Bocconia,  quelques  Fumariées).  Dans  les  vraies  Papavé- 
racées, les  colonnes  placentaires  sont  en  nombre  indéfini, 
font  sadiie  dans  la  cavité  ovarieniie.  ci  peuvent  former  des 
cloisons  presque  complètes  en  uoml're  égal  aux  divisions 
du  style  (Pavots).  Le  style  a  en  général  la  forme  d'une 
co!onne  longue  et  étroite,  à  sommet  dilaté,  lobé  et  stig- 
maiihn^e.  Daiis  les  Pavois  on  a  décrit  à  tort,  selon  Bail- 
Ion,  le  stigmate  comme  sossile  ;  la  colonne  est  courte  et 
large.  «  Dans  ce  genre,  en  réalité,  il  n'y  a  de  stigmatiqiie 
qu'un  certain  nombre  de  rigoles  rayonnantes,  dont  la  con- 
cavité et  les  lèvios  porteiit  les  papilles  spéciales  à  cet  or- 
gane» (Bailloii).  Les  ovales  anatropes  sont  le  plus  souvent 
en  nombre  indéfmi,  mais  ne  recouvrent  jamais  la  surface 
entière  des  placentas.  Le  Friiit  sec  est  taiitèt  gloljuleux, 
iadéhisceni  ou  s'ouvrant  à  sori  sommet  par  un  grand 
nombre  de  petits  pores  ou  panneaux,  situés  vers  la  base 
du  court  style  persistant  (Pavots),  tantôt  siliquiforme  et 
à  déhiscence  en  2  valves,  ou  s'ouvrant  suivant  une  série 
d'articulations.  Les  graines,  souvent  très  nood)reases,  sont 
pourvues  d"i;n  al])umen  ''liarna,  huileux  ■—  et  c'obt  là, 
selon  Bâillon,  le  seul  caractère  qui  distingue  d'une  façon 
absolue  les  Papavéracées  des  Crucifères  —  à  la  hase  du- 
quel se  ti'ouve  un  embryon  droit  ou  arqué,  ordinairement 
peu  volumineux.  —  Les  Papavéracées  peuvent  être  divi- 
sées en  quatre  groupes: 

i''  Platvstk.mon]':;:^.  —  Pétales  tous  semblables  entre 
eux.  étamines  libres  en  nombre  indéfini,  divisions  stigma- 
tifères  du  style  lil)res.  distinctes;  à  maturité,  carpelles  se 
séparant  complètement,  et  ])lacentas  unis  aux  valves. 
Genres  :  Plaliislcmon  Benth. ,  Platysiigma  Benth. , 
Uomneya  Haw. 
2*^  Pâpâvfrffs.  —  Corolle  et  androcée  comme  dans  le 


groupe  précédent;  style  épais  et  large,  découpé  en  lobes 
alternes  avec  les  placentas;  fruit  capsulaire  s'ouvrant  par 
des  pores  alternant  avec  les  placentas  qui  supportent  le 
style  persistant;  aillem^s  siliquiforme,  avec  ou  sans  fausse 
cloison.  Genres:  Papaverl.,  Meconopsis  Vig.,  Arge- 
mone  T.,  Sanguinaria  DilL,  Pocconia  Plum.,  Clieli- 
donium  T.,  Glauciiun  T.,  Pœnieria  DC.,  ç.ti'. 

3°  Ls(:iis;:noi;rzn:ES.  —  Corolle  et  androcée  comme  dans 
les  groupes  précédents,  mais  périgynes  ;  gynécée,  partiel- 
le înent  infère,  à  2  carpelles;  4  divisions  stigmaliques  au 
moins  ;  fruit  allongé,  strié  longitudinalement,  à  valves  por- 
tant h^s  placentas  sur  leurs  bords.  Genres  :  Eschsclwltrj'a 
Cham.,  Dendro}}iecon  Bentb. 

4^  FuMAïuEES.  —  Fleurs  dimères,  à  2  corolles  dissem- 
blables ;  étamines  1-6  ;  gynécée  dicarpellé.  (feni-es:  Ihjpe- 
coum  T.,  l)ic entra  fiovkli. ,  Corgdalis  DC. ,  Fuma- 
)ia  L.,  etc. 

j^es  affinités  des  Papavéracées  sont  remar(|uables  :  par 
les  Platgstemon,  elles  se  rattachent  aux  Benonculacées  ; 
par  les  Papaver.  aux  Renonculacées  et  aux  Berbéridées; 
])ar  hs  Eschscholtzia  et  les  Fiunaria,  aux  Crucifères  et 
aux  Capparidacées,  etc.  Ajoutons  qu'oii  trouve  des  Papa- 
véracées dans  les  régions  tempérées,  froides  et  sous- tro- 
picales de  l'hémisphère  boréal;  elles  sont  rares  dans  les 
|)avs  tropicaux  et  exceptionnelles  dans  l'hémisphère  aus- 
U'âl.  D^L.  flx. 

PAPÂVERINE.LCimur.— Form.      ^^l' '  l^2oil>i^l^()4' 

Alcjiloïde  faible,  découvert  par  Merck  dans  l'opium,  oii 
elle  existe  à  coté  d'autres  alcaloïdes,  tels  (}ue  la  morphine, 
la  codéine,  la  narcotine.  Etudiée  par  Hesse  et  Andersen. 
KWe    cristallise  en   aiguilles  incolores,  fusibles  à  147". 

ïï.  TiiÉPxAPEUTu^uE.  ~  Cl.  Bernard  a  étudié  les  pro- 
l^riétés  physiologiques  de  la  papavérine  ;  an  point  de  vue 
de  son  activité,  il  classe  la  papavérine  au  second  rang 
des  alcaloïdes  de  Fopium  comme  convulsivant,  au  troisième 
comme  toxique.  Chez  l'homme  sain,  elle  ne  produit  pas 
d'effet  hypnotique,  même  à  la  dose  de  36  centigr.  ;  Bou- 
;:hut  en  a  donné  1  gr.  à  un  enfant  sans  observer  de 
modification  fonctionnelle  caractéristique.  Cet  alcaloïde 
n'agit  pas  comme  sédatif,  mais  il  a  une  action  convulsi- 
vante  prononcée.  C'est  un  excitateur  réflexe  (Babuteau)  ; 
chez  les  animaux,  qui  en  ont  absorbé  de  hautes  doses,  on 
obtient  des  convulsions  faciles  à  reproduire,  si  l'on  frappe 
sur  une  table  voisine.  Des  convulsions  tétaniques  pré- 
cèdent la  mort  chez  les  grenouilles  qui  en  ont  pris  2  à 
l)  centigr.  Babuteau  considère  la  dose  convulsivante  comme 
la  dose  toxique  ;  elle  est  d'ailleurs  assez  élevée  en  raison 
de  la  faible  activité  de  Falcaloide.  —  On  ne  peut  ])as 
aisément  en  isoler  de  grandes  quantités;  ses  apphcations 
LÎiérapentiques  sont  presque  nulles.  Elle  n'est  ni  sopori- 
fique ni  analgésique;  elle  senfido  pourtant  accroître  l'action 
anesthésique  du  chloroforme.  On  l'a  conseillée  dans  le 
traitement  de  l'insomnie,  au  cours  des  névroses  et  des 
maladies  mentales  ;  les  résultats  obtenus  ne  sont  pas 
concluants.  D^'  V. -Lucien  Haux. 

PAPAVOINE  (Louis-Auguste),  criminel,  né  à  Mony 
(Eure)  en  1783,  gudlotiné  à  Paris  le  25  mars  1823.  Fils 
d'un  fabricant  de  draps,  il  devint  commis  de  la  marine, 
]>rit  sa  retraite  pour  continuer  le  commerce  de  son  père. 
Dans  un  accès  de  folie  meurtrière,  il  assassina  deux  en- 
fants qui  se  promenaient  avec  leur  mère  au  bois  de  Vin- 
cennesle  10  ocL  182'L  II  fut  condamné  à  mort  et  exécuté 
en  place  de  Grève. 

PAPAYAGÉES  (Papagareœ  Lindl.)  (Bot.).  Croupe  de 
plantes  Dicotylédones,  (pj'on  rapporte  actuellement  à  la 
famille  des  BÏxacées,  et  qui  ne  renferme  plus  que  le  seul 
genre  Papaija  T.  (V.  Papaver). 

PAPAYER  (Papaga  T.).  L  Botaxîque.  —  Genre  de 
!^ixacées,  type  du  groupe  des  Papayées,  et  dont  les  repré- 
sentants sont  des  arbres  et  des  arbustes  de  l'Amérique, 
souvent  cultivés  sous  les  tropiques,  dont  la  tige,  simple, 
se  teianine  par  un  boufpiet  de  grandes  feuilles  palmées. 


-  975 


PAPAYER  —  PAPE 


alternes  et  dépourvues  de  stipules  ;  ils  sont  dioïques  ou 
polygames,  à  fleurs  disposées  en  grappes  de  cymes,  axil- 
laires  ou  sur  le  bois,  et  remarquables  en  ce  que  la  corolle 
est  gamopétale  dans  les 
fleurs  mâles,  cl ialy pétale 
dans  les  fleurs  femelles. 
La  gorge  de  la  corolle 
donne  insertion  à  10  éta- 
mines,  bisériées,  dont  les 
anthères  biloculaires  soiit 
introrses.  La  fleur  fe- 
melle renferme  ou  non 
des  staminodes;  l'ovaire, 
uniloculaire,  supère,  esl 
surmonté  d'un  style  quin- 
quéfide,  '^et  ses  loges  ren- 
ferment un  grand  nombre 
d'ovules  fixés  sur  5  pla- 
centas pariétaux.  Le  fruit, 
papaye,  est  une  grosse 
Î3aie  souvent  comestible, 
contenant  une  multitude 
de  graines  albuminées.— 
L'espèce  type,  P.  carica 
GcErtn.  {Carica  papaija 
L.),  VÂlbabaye  des  Ca- 
rad)es,  V Arbre  à  melons, 
le  Figuier  des  /les  on  des 
nègres  des  vVntilles,  four- 
nit des  fruits  comestibles, 
de  saveur  aromatique  ;  les 
graines  poivrées  passent 
p  0  u  r  an  thelminthiques . 
Les  naturels  des  Moluques 
font  entrer  dans  une  com- 
pote, appelée  Aatsjaar, 
les  fleurs  mâles  oiioranlcs, 

préalablement  macéiées  dans  Lcau  liède  el  des^^é^'hées  ira 
soleil.  Enfm,  par  incision  des  tiges,  on  ()])Licnt  un  hihw 
amer,  riche  en  fibrine  et  en  albumine  el  doué  depr-sprié- 
tés  spéciales  (V.  Papâïxe).  — Le  P.digilala  IL  Bn  (Ca- 
rica digitata  Pœpp.),  du?(.  du  Brésil,  le  Chamburuûv^ 


Papaya  c  irica  Gairtn 


Fleur  mâle. 


Graine. 


naturels,  est  éminemment  vénéneux  et  passe  pour  être  aussi 
dangereux  que  les  JJpas  de  Java.  Son  latex  produit  des  pblyc- 
tènes  douloureuses  sur  la  peau,  et  ses  fleurs  mâles  répandent 
une  odeur  excrémentitiello  repoussante,         D"  L.  Hn. 

IL  HoRTicuT/ruRE.  —  Le  papayer  commun  est  un  petit 
ai'bre  fruitier  des  pays^chauds,  que  l'on  cultive  en  serre, 


en  Europe.  On  le  tient  en  pot  toute  l'année,  ou  bien  on 
l'installe  en  pleine  terre  pendant  la  saison  chaude.  En  pot, 
on  le  met  en  terre  de  bruyère  de  consistance  moyenne. 

PAPE.  Papa.  Presque 
tous  les  écrivains  ecclésias- 
tiques rapportent  l'origine 
de  ce  titre  au  mot  grec 
T.dr.Kaç,  ou-àrcaç.  On  dii 
que  dans  l'Eglise  primi- 
tive, les  chrétiens  appe- 
laient ainsi  ceux  qui,  les 
ayant  convertis,  étaient 
devenus  leurs  pères  spi- 
rituels. Vers  le  même 
temps,  et, par  une  exten- 
sion fort  naturelle,  ce  nom 
fut  donné  à  tous  les  clercs . 
Les  Grecs  le  donnent  en- 
core indistinctement  à  tous 
leurs  prêtres;  mais  il  ap- 
partenait, avec  un  carac- 
tère spécial  et  un  génitif 
différent  (izar.r.^  au  lieu 
de  raiTTiaio;)  aux  pa- 
triarches d'Alexandrie, 
d'Antioche,  de  Jérusalem 
etdeConstantinople.  Saint 
Avitus,  évêque  de  Vienne 
(490-525),  le  reconnais- 
sait au  patriarche  de  Jé- 
rusalem, en  des  termes 
qu'il  serait  fort  dilTicile 
d'accommoder  avec  les 
définitions  du  dernier  con- 
cile du  Vatican  sur  la  pri- 
mauté et  i'épiscopat  uni- 
versel de  l'évêque  de  Rome. 
Il  s'adresse  au  patriarche  de  Jérusalem,  comme  au  pape,  à 
l'apôtre  et  au  prince  de  l'Eglise  universelle  :  Papœ  Hieroso- 
l]j]iialo .  Exercet  aposlolalus  rester  concessos  a  Divini- 
taie  pri}iiatus,  et  quod  lociunprinripem  inuniversali 
Ecclesia  teneat,  non  privilegiis  solinii  studet  rdons- 
Irare,  sed  meritis  (Epist.  ^5,  Migne,  P^/fro/.,LIX,239). 
Pareille  constatation  pourrait  être  faite  à  propos  d'une  lettre 
du  mêmxe  évêque  au  pape  de  Constanlinople,  Papa  Constan- 
linopolitamis,  comparant  cet  évêque  et  celui  de  Rome  à 
une  double  constellation  du  ciel  ecclésiastique  :  Veliil  ge- 

minas  apostolorum  principes velut  in  cœlo  posi- 

tum  religionis  signum  pro  gemino  sidère.  —  Dans 
l'EgHsc  d'Occident,  ce  titre  parait  avoir  été  réservé  très 
anciennement  aux  évoques  et  aux  abbés,  mais  il  était 
commun  à  tous.  Saint  Augustin,  écrivant  à  Aurèle,  un 
évêque  d'Afrique,  le  salue  comme  très  saint  pape  et  ho- 
nore seigneur;  de  même  saint  Jérôme,  écrivant  à  saint 
Augustin  ;  Fortanatus,  évêque  de  Poitiers  (vi®  siècle) 
écrivant  à  Félix,  évêque  de  Nantes,  et  à  rjiplii'onius, 
évêque  de  Tours  (Migne,  Mise.  Ilï,  4  ;  Migne,  LXXXVIil, 
119;  III,  1  ;  Migne,  LXXXVnr,  115).  Thomassin,  répéli 
par  PhiUips  [Kirchenrecht,  V,  603)  prétend  que  la  qua- 
lification de  Pape  fut  exclusivement  attribuée  à  l'évêque 
de  Rome,  vers  la  fin  du  vi^  siècle  :  mais  dans  les  actes  du 
VP  concile  général  (Constantinople,  680),  Honorius  est 
désigné  comme  papa  antiquœ  liomœ,  el  Cyrus  comme 
papa  Alexandriœ  (Mansi,  Conc.  XI,  i2'14).  Il  est  vrai- 
semblable que  l'usage  resta  incertain  jusqu'au  xi^  siècle, 
quoique  se  développant  de  plus  en  plus  dans  le  sens  d'une 
limitation  du  titre  en  faveur  des  évêques  de  Rome.  Dans 
un  concile  tenu  en  cette  ville  (1073),  Grégoire  VII  dé- 
fendit formellement  de  le  donner  à  d'autres,  afin  qu'il 
restât  unique  dans  tout  le  monde  chrétien  :  Et  papœ  no- 
men  unicum  sit  in  toto  orbe  christiano,  nec  liceat 
alicui  se  ipsum  vel  alium  eo  nomine  appellare.  Il  ne 
serait  peut-être  pas  exagéré  de  dire  (\w  l'affirmation  du 


PAPE 


—  976 


privilège  réclamé  par  cette  interdiction,  marque  un  des 
points  les  plus  saillants  des  ascensions  de  la  papauté.  — 
f.éon  P'^'  paraît  être  le  premier  qui  prit  le  nom  de  Sou- 
verain pontife.  Dès  7*2^2,  Boniface  appelait  le  pape  Vi- 
caire de  Saint-Pierre.  Grégoire  Vil  et  Alexandre  111  se 
contentèrent  de  ce  titre  ;  Innocent  III  se  donna  celui  de 
Vicaire  de  Jésus-Christ  ou  de  Dieu.  Au  mot  Eglise, 
t.  XV,  p.  621,  nous  avons  indiqué  les  conséquences 
énormes  que  les  canonistes  ultramontains  déduisaient  de 
cette  qualification.  —  Depuis  Jean  XII  (956),  le  pape  élu 
change  de  nom  avant  d'entrer  en  fonctions. 

La  plupart  des  matières  relatives  à  l'histoire  de  la  pa- 
pauté romaine  sont  exposées  dans  des  articles  spéciaux 
de  notre  Encyclopédie.  Nous  renvoyons  tout  simplement 
à  ces  articles,  afin  d'éviter  les  redites  ou  un  résumé  qui, 
omettant  les  particularités  caractéristiques,  aboutirait  à  des 
conclusions  trop  absolues.  Mais  pour  faciliter  les  recherches, 
nous  croyons  devoir  donner  les  indications  suivantes  : 
Origine  et  développement  de  l'autorité  des  papes  en  ma- 
tière dogmatique  et  de  leur  juridiction  en  matière  ecclé- 
siastique; épiscopat  universel;  plénitude  de  puissance; 
infaillibilité:  Eglise  catholique  romalve,  t.  XV,  pp.  751- 
53  ;  Canon,  t.  IX,  pp.  58-66;  Collation  des  bénéfices, 
t.  XI,  pp.  692-93;  Dispenses,  t.  XIV,  p.  671  ;  Appel- 
lations ecclésiastiques,  t.  III;  Vatican  (Concile  du).  — • 
Prétention  à  une  juridiction  suprême  sur  les  puissances 
séculières  :  Rapports  de  l'Etat  et  de  l'Eglise,  t.  XVÏ, 
pp.  491-92.  —  Souveraineté  temporelle  :  Donation  de 
Constantin,  t.  XIV,  p.  890;  Etats  de  l'Eglise,  t.  XVI, 
pp.  527-30;  Italie,  t.  XX,  pp.  1045,  1048,  1081.  — 
Relations  avec  les  puissances  séculières  :  France  ecclé- 
siastique, t.  XVIÏI.  pp.  1053-63  ;  Investiture,  t.  XX, 
Concordat,  t.  XII;  Organiques  (Articles),  t.  XXV; 
Nonce,  t.  XXIV.  —  Résistances  aux  entreprises  de  la 
papauté  et  tentatives  de  réforme  :  Boniface  VIII,  t.  VII; 
Concile  de  Pise  ;  Concile  de  Constance,  t.  XII;  Concile 
DE  Bàle,  t.  V  ;  Pragmatique  sanction  ;  Déclaration  du 
CLERGÉ  DE  France,  t.  XIII,  p.  1075  ;  Gallicanisme, 
t.  XVIII;  Schisme.  —  Agents  associés  à  l'exercice  du 
pouvoir  des  papes  :  Cardinal,  t.  IX;  Congrégations  car- 
dinalices, t.  XII,  p.  423;  Consistoire,  t.  XII,  p.  548; 
(Chancellerie  apostolique,  t.  X,  p.  475  ;  Légat,  t.  XXI. 
—  Matière,  forme,  autorité  et  collections  des  actes  émanés 
des  papes  :  Bref,  t.  VIL  p.  1053;  Bulle,  t.  VIIÏ  ;  Bul- 
LAiRE,  t.  VIII;  Canon,  t.  IX,  pp.  58-66;  Constitution 
pontificale,  t.  XII,  p.  638  ;  Décrétales,  t.  XIÏI  ;  Diur- 
Nus,  t.  XIV;  Liber  ponitficalis,  t.  XXÏI;  Registjies  pon- 
tificaux ;  Corpus  .iuris  canonici,  t.  XII. 

Primitivement,  I'élection  des  évèques  de  Rome  était  faite 
par  le  clergé  et  les  fidèles  de  la  ville,  avec  le  concours  des 
évèques  voisins,  universœ  fralernitatis  suffragio,  epis- 
coporum  judicio,  conformément  à  ce  qui  se  pratiquait 
ordinairement  ailleurs.  Depuis  le  v^  siècle  jusqu'au  viii*^, 
il  semble  qu'elle  fat  réservée  à  un  corps  électoral  composé 
de  tout  le  clergé,  des  magistrats  {judices)  comme  repré- 
sentant les  plus  hautes  classes  (optimates)  et  de  la  milice 
(schola,  generalitas  niilitiœ)  représentant  les  citoyens 
proprement  dits  ;  tandis  que  la  multitude  des  simples  habi- 
tants étaient  réduits  au  rôle  de  spectateurs  ou  d'acclama- 
teurs  {Liber  diurnus,  II,  1-7).  Dans  un  synode  présidé 
en  769  par  Etienne  III,  il  est  mentionné  que  l'élection  du 
pape  doit  être  faite  par  les  principaux  dignitaires  du  clergé 
[proceres  et  optimates  Ecclesiœ).  Thomassin  voit  dans 
cette  mention  l'indication  du  collège  des  cardinaux  ;  mais 
son  hypothèse  est  contredite  par  les  faits,  le  privilège  des 
cardinaux  n'ayant  été  formellement  établi  qu'en  1059.  — 
D'autre  part,  dès  le  règne  de  Constantin,  il  dut  être  sur- 
sis à  la  consécration  de  l'évêque  de  Rome,  jusqu'à  ce  que 
son  élection  eût  été  approuvée  par  l'empereur  ou  par 
l'exarque  deRavenne.  Cette  disposition  permettait  au  pou- 
voir civil  d'intervenir  dans  les  élections,  au  moins  pour  en 
examiner  la  valeur.  Ce  pouvoir,  même  lorsqu'il  était  repré- 
senté par  des  princes  barbares  et  hérétiques,  fut  plus  d'une 


,  fois  invité  à  le  faire,  par  les  partis  rivaux  qui  se  dispu- 
■  talent  le  siège  pontifical,  ordinairement  avec  des  manoeuvres 
et  parfois  avec  des  violences  qui  auraient  déshonoré  les 
comices  les  plus  païens.  Après  l'élection  de  Grégoire  II 
(731-41)  l'on  cessa  de  demander  la  sanction  impériale.  Les 
rois  lûml3ards  ne  ])araissent  point  s'être  mêlés  du  choix 
des  papes.  Les  successeurs  de  Charlemagne  prétendirent 
obhger  les  évèques  de  Rome  à  n'exercer  leur  autorité 
qu'après  avoir  prêté  serment  de  fidélité  à  l'empereur.  De 
leur  côté,  les  papes  etlepeuple,  ou  plutôt  les  factions  qu'ils 
représentaient,  s'efforcèrent  d'éluder  cette  obligation  ;  ils 
ne  l'observaient  guère  que  lorsqu'ils  y  étaient  contraints. 
En  816,  Etienne  IV  succéda  à  Léon  III,  qui  avait  couronné 
Charlemagne.  Il  fut  élu  et  consacré  avant  que  les  officiers 
impériaux,  présents  à  Rome,  eussent  eu  le  temps  de  rece- 
voir les  instructions  de  Louis  le  Débonnaire.  Après  l'élec- 
tion d'Eugène  II  (824),  cet  empereur  envoya  à  Rome  son 
fils  Lothaire,  qui  fit  jurer  par  les  Romains  de  ne  jamais 
permettre  qu'un  pape  fût  consacré  avant  d'avoir  prêté  hom- 
mage en  présence  des  envoyés  impériaux.  Ce  serment  leur 
fut  rappelé  en  844,  après  l'élection  de  Sergius  IL  Néan- 
moins, Léon  IV  fut  consacré  (847)  sans  qu'on  attendît  le 
consentement  de  l'empereur.  Mais  la  consécration  de  Be- 
noit III  (855)  eut  lieu  en  présence  des  officiers  de  l'em- 
pereur, et  celle  de  Nicolas  I®'"  (858)  en  présence  de  Louis  IL 
En  962,  Othonpi'  fit  reconnaître  par  Jean  XII  que  l'élec- 
tion des  papes  restait  soumise  à  la  confirmation  impériale  ; 
en  963,  il  fit  déposer  Jean  XII  par  un  concile,  et  nommer 
Léon  VIII  pour  le  remplacer.  Les  Romains  renouvelèrent 
alors  le  serment  de  ne  jamais  laisser  consacrer  un  pape 
sans  l'approbation  de  l'empereur.  En  965,  Jean  XIIl  fut 
élu  en  présence  des  envoyés  impériaux.  En  999,  OthonlII 
fit  donner  la  papauté  à  son  précepteur  Gerbert,  qui  prit 
le  nom  de  Sylvestre  II.  Ce  fut  le  moment  de  l'union  la  })lus 
intime  entre  le  pouvoir  pontifical  et  le  pouvoir  impérial. 
Mais  après  la  mort  d'Othon  (1002)  et  de  Sylvestre  (1003) 
le  parti  toscan  se  releva  et  parvint  à  rendre  pendant  quelque 
temps  la  papauté  héréditaire  dans  la  maison  de  Toscane. 
En  1046,  le  patriciat  romain  fut  dévolu  à  Henri  III.  Le 
clergé,  le  peuple  et  les  barons  jurèrent,  une  fois  de  plus, 
qu'ils  ne  laisseraient  jamais  sacrer  un  pape  sans  l'aveu  de 
leur  patrice,  qui,  désormais,  était  l'empereur  germanique. 
De  867  à  1048,  on  compte  quarante-quatre  papes.  La 
plupart  étaient  des  hommes  souillés  de  vices  et  ne  recu- 
lant devant  aucun  crime.  Il  serait  difficile  de  trouver  dans 
r histoire  des  dynasties  séculières  une  pareille  série  de 
princes  vicieux  et  criminels.  En  10 48,  dans  une  diète  à 
Worms,  Henri  IIl  fit  proclamer  pape  Brunon,  évêque  de 
Tout.  Brunon,  dirigé  par  Hildebrand,  se  rendit  à  Rome 
comme  pèlerin,  fit  renouveler  son  élection  par  le  clergé  et 
par  le  peuple,  et  prit  le  nom  de  Léon  IX.  Après  sa  mort 
(I05i),  Hildebrand  demanda  à  l'empereur  et  obtint  l'au- 
torisation d'emmener  comme  pape  celui  qu'il  désignerait 
au  nom  des  Romains  qui  lui  aN aient  confié  ce  mandat;  il 
choisit  Gebhard,  évêque  d'Eichstaedt,  qui  devint  Victor  111 
et  mourut  en  1057.  i^tienne  IX,  qui  lui  succéda,  ne  ré- 
gna que  neuf  mois.  Il  avait  envoyé  Hildebrand  en  Alle- 
magne, et  statué  que,  s'il  mourait  pendant  l'absence  de 
son  légat,  le  Saint-Siège  resterait  vacant  jusqu'au  retour 
de  celui-ci.  Mais  après  sa  mort,  un  parti  romain,  hostile 
aux  réformes,  se  hâta  d'éhre  un  des  siens,  Benoît  X.  Ln 
revenant  d'Allemagne,  Hildebrand  s'arrêta  à  Florence, 
réunit  quelques  évèques  et  quelques  nobles,  et  fit  nommer 
pape  l'archevêque  de  cette  ville,  Gérard  (Nicolas  II);  puis 
rentra  à  Rome  et  le  fit  reconnaître  par  le  clergé  et  par  le 
peuple  (1058).  —  Profitant  de  la  minorité  de  Henri  IV, 
Nicolas  II  prit  une  mesure  décisive  pour  soustraire  les 
élections  pontificales  à  l'intervention  des  empereurs  et  aux 
entreprises  des  factions  romaines.  Dans  un  concile  assem- 
blé à  Rome  (1059),  il  fit  adopter  un  décret  que  nous  avons 
relaté  dans  notre  notice  sur  ce  pape  (t.  XXIV,  p.  1060). 
D'après  ce  décret,  l'œuvre  des  cardinaux-évêques  précède 
et  domine  celle  des  cardinaux-clercs.  Ils  sont  les  promo- 


—  977 


PAPE 


teiu's  de  l'élection,  les  autres  doiveQt  les  suivre.  La  part 
du  reste  du  clergé,  de  la  noblesse  et  du  peuple  est  réduite 
ù  un  assentiment  dont  le  refus  est  dépourvu  de  sanction. 
Quant  à  l'intervention  de  l'empereur,  elle  est  limitée  à 
une  sorte  de  formalité  honorifique,  dont  le  privilège  est 
conféré,  non  à  la  couronne,  mais  à  la  personne  de  Henri  IV 
et  éventuellement  à  ses  successeurs  auxquels  le  Saint-Siège 
accorderait  personnellement  (?)  le  même  droit.  Dans  la 
prévision  de  troubles,  toujours  possibles  à  Rome,  et  de 
la  ditficulté  de  trouver  des  candi iats  qualifiés  parmi  le 
clergé  de  la  ville,  le  décret  ajoutait  que  l'élection  pour- 
rait se  faire  ailleurs,  et  qu'il  n'était  pas  indispensable  que 
l'élu  fût  uu  Romain.  A  la  mort  de  Nicolas  II  (1061),  Ilil- 
debrand,  pour  prévenir  les  factions  romaines,  s'empressa 
de  faire  élire  par  les  cardinaux  Anselme  de  Lucques 
(Alexandre  II).  A  cause  de  la  minorité  de  Henri  IV,  on  ne 
demanda  pas  la  confirmation  impériale.  Quand  Alexandre 
mourut  (1073),  Ilildebrand  lui-même  fut  élu,  précipitam- 
ment sans  qu'on  attendit  le  consentement  de  l'empereur; 
mais  afin  d'éviter  la  nomination  d'un  antipape,  il  demanda 
la  confirmation  de  Henri  IV,  avant  de  se  faire  consacrer. 
—  La  confirmation  impériale  aurait  trouvé  fort  difficile- 
ment })lace  dans  la  lutte  acharnée  qui  s'engagea  entre  la 
papauté  et  l'empire.  En  fait,  après  l'élection  de  Gré- 
goire VII,  on  ne  la  voit  plus  guère  demandée  et  reçue  que 
[)ar  des  antipapes.  La  différence  établie  par  Nicolas  II  entre 
la  fonction  électorale  des  cardinaux-évêques  et  celle  des 
cardinaux-clercs  paraît  aussi  être  tombée  rapidement  en 
désuétude.  Elle  est  complètement  omise  dans  un  décret 
qu'Alexandre  lil  porta  en  1179  au  concile  de  Latran, 
exigeant,  à  défaut  de  l'unanimité,  les  deux  tiers  des  voix. 
On  a  vu  précédemment  que  Nicolas  II  avait  réduit  la  part 
(lu  clergé  et  de  la  noblesse  à  un  simple  assentiment,  dont 
le  refus  était  dépourvu  de  sanction.  D'autres  papes  leur 
interdirent  toute  espèce  d'immixtion,  à  cause  des  agita- 
tions et  des  troubles  qui  en  résultaient,  et  ils  prescrivirent 
de  les  tenir  rigoureusement  à  l'écart  du  lieu  où  l'élection 
se  faisait. 

Ce  quïl  était  plus  nécessaire  encore  de  discipliner,  c'é- 
tait la  conduite  des  cardinaux.  Clément  IV  étant  mort  à 
Viterbe  le  29  nov.  1"268,  les  cardinaux  restèrent  dix-sept 
mois  sans  pouvoir  s'accorder  sur  le  choix  de  son  succes- 
seur. Ils  se  disposaient  à  se  séparer  sans  avoir  rien  conclu. 
Saint  Bonaventure,  un  des  membres  du  Sacré-Collège,  révéla 
ce  dessein  aux  habitants  de  Viterbe,  et  les  détermina  à 
tenir  les  cardinaux  enfermés  dans  le  palais  pontifical,  jus- 
qu'à ce  qu'ils  eussent  consommé  l'élection.  Au  bout  d'un  an 
entier  de  séquestration,  les  cardinaux,  réduits  de  dix-huit 
à  quinze,  ne  s'étaient  point  encore  entendus.  On  imagina 
d'enlever  la  toiture  de  l'édifice  ;  et  le  jour  même,  sous  des 
torrents  de  pluie,  Grégoire  X  fut  élu  (1^^'  sept  1271  ).  Telle 
fut  l'origine  du  Conclave,  dont  Grégoire  imposa  l'institu- 
tion au  concile  général  de  Lyon  (1274).  Le  décret  qui  con- 
tient cette  institution  peut  être  ainsi  résumé  :  «  Après  la 
mort  du  pape,  les  cardinaux  s'assembleront  dans  le  palais 
où  il  logeait,  se  contentant  d'un  seul  serviteur.  Ils  loge- 
ront tous  dans  la  même  chambre,  sans  aucune  séparation 
(le  muraille  ou  de  rideau,  ni  autre  issue  que  pour  le  lieu 
secret.  Cette  chambre  aura  néanmoins  une  fenêtre  per- 
uicttant  de  fournir  commodément  aux  cardinaux  la  nour- 
riture nécessaire,  mais  sans  qu'on  puisse  entrer  par  cette 
fenêtre.  Que  si,  ce  qu'à  Dieu  ne  plaise,  trois  jours  après 
leur  entrée  dans  le  conclave,  ils  n'ont  point  encore  élu  de 
pape,  Jes  cinq  jours  suivants  ils  seront  réduits  à  un  seul 
plat,  tant  à  dîner  qu'à  souper.  Après  ces  cinq  jours,  on  ne 
leur  donnera  plus  que  du  pain,  du  vin  et  de  l'eau.  Pen- 
dant le  conclave,  les  cardinaux  ne  recevront  rien  de  la 
Chambre  apostolique,  ni  des  autres  revenus  de  l'Eglise  ro- 
maine. Ils  ne  se  mêleront  d'aucune  autre  affaire  que  de 
l'élection,  sinon  en  cas  de  péril  ou  d'autres  nécessités  évi- 
dentes. Ils  ne  feront  entre  eux  aucune  convention,  ni  ser- 
ment ;  mais  ils  procéderont  à  l'élection  de  bonne  foi, 
n'ayant  en  vue  que  l'utilité  de  l'Eglise.  »  Ce  l'èglement  dé- 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.    —    XXV. 


plut  aux  cardinaux  et  fut  Tobjet  d'une  vi\e  contestation. 
Un  décret  du  concile  général  (le  Vienne,  assemblé  sous  Clé- 
ment V  (1312)  ajouta  que  lorsque  le  pape  serait  décédé 
hors  de  la  ville  de  Rome,  on  procéderait  à  l'élection  de 
son  successeur,  non  à  l'endroit  même  où  le  pape  serait  dé- 
cédé, mais  à  celui  du  diocèse  où  était  le  siège  de  la  jus- 
tice :  Ubi  erat  causarum  audieniia.  Il  renouvela  et  ag- 
grava les  injonctions  adressées  par  le  décret  de  Lyon  aux 
seigneurs  et  magistrats  de  la  ville  où  se  tiendrait  le  con- 
clave, pour  contraindre  les  cardinaux  à  donner  au  plus  tAt 
un  pape  à  l'Eglise. 

Plusieurs  papes  ont  modifié  les  décrets  de  ces  deux 
conciles  généraux.  Les  principales  dispositions  qui  régle- 
mentent aujourd'hui  la  tenue  des  conclaves  et  les  formes 
de  l'élection  résultent  de  la  bulle  Mterni  Pastoris  de 
Grégoire  XV  (15  nov.  1621).  Elle  fut  étendue  par  une 
autre  bulle  du  15  mars  1622.  Urbain  VHI  confirma  ces 
deux  bulles  (27  janv.  1626)  et  en  fit  jurer  l'observation 
par  trente-sept  cardinaux  qui  se  trouvaient  alors  à  Rome. 
■—  Grégoire  X  et  Clément  V  avaient  ordonné  que  le  con- 
clave se  tint  toujours  dans  le  lieu  où  le  dernier  pape  serait 
décédé.  Mais  depuis  longtemps  l'usage  a  prévalu  de  ne  le 
tenir  qu'à  Rome.  C'est  dans  une  des  galeries  du  Vatican, 
que,  dix  jours  après  la  mort  du  pape,  les  cardinaux  entrent 
dans  le  conclave,  dont  l'enceinte  comprend  tout  le  pre- 
mier étage  depuis  la  tribune  des  bénédictions  sur  le  péri- 
style de  Saint-Pierre,  et  depuis  la  salle  royale  et  la  salle 
ducale  jusqu'à  celle  des  parements  et  des  Congrégations. 
On  y  construit,  avec  des  planches,  autant  de  cellules  qu'il 
doit  y  avoir  de  cardinaux.  Chacune  de  ces  cellules  doit 
avoir  douze  pieds  et  demi  de  longueur  sur  dix  de  lar- 
geur. Cet  espace  est  partagé  en  différentes  petites  pièces 
destinées  au  cardinal  et  à  ses  conclavistes.  Toutes  les 
issues  du  conclave  sont  murées,  ainsi  que  les  arcades  du 
portique  ;  de  sorte  qu'il  ne  reste  que  la  porte  conduisant 
du  grand  escaher  à  la  salle  l'oyale.  Cette  porte  se  ferme 
avec  quatre  serrures  :  deux  en  dedans,  dont  le  cardinal 
Camerlingue  et  le  Premier  Maître  des  cérémonies  ont  les 
clefs;  deux  en  dehors,  dont  les  clefs  restent  au  Maréchal 
du  conclave.  On  introduit  le  dîner  et  le  souper  des  cardi- 
naux et  toutes  les  choses  nécessaires,  par  huit  tours  sem- 
blables à  ceux  des  couvents.  Dans  la  grande  porte,  il  y  a 
une  fenêtre,  par  laquelle  on  donne  audience  aux  ambassa- 
deurs à  travers  un  rideau  toujours  fermé.  —  Un  cardinal 
qui  est  sorti  du  conclave,  même  pour  cause  de  maladie, 
n'y  rentre  plus  et  n'a  pas  le  droit  de  concourir  à  l'élec- 
tion. Chaque  cardinal  prend  avec  lui  deux  conclavistes, 
ou  trois,  s'il  est  prince.  Ces  conclavistes  portent  officiel- 
lement le  nom  de  domestiques,  parce  (jue  légalement  on 
ne  doit  souffrir  auprès  des  cardinaux  en  conclave  aucune 
personne,  sinon  avec  cette  qualification  et  pour  leurs 
l)esoins  personnels.  Mais  des  ecclésiastiques,  souvent  de 
haute  condition,  acceptent  cette  quaUfication  pour  suivre 
les  cardinaux  à  Rome  et  être  conclavistes  :  ce  qui  leur 
vaut  plusieurs  privilèges.  Si  le  cardinal  qu'ils  accom- 
pagnent meurt,  les  conclavistes  doivent  rester  jusqu'à  la 
fin  de  l'élection.  On  admet,  en  outre,  des  maîtres  des 
cérémonies,  le  Secrétaire  du  Sacré-Collège,  le  sacristain, 
le  sous-sacristain,  un  confesseur,  deux  médecins,  un  chi- 
rurgien, un  apothicaire,  quatre  barbiers,  trente-cinq  vrais 
domestiques,  un  maçon  et  un  menuisier. 

Le  scrutin  commence  le  lendemain  de  l'entrée  des  car- 
dinaux dans  le  conclave,  et  se  continue  tous  les  jours.  H 
a  lieu  dans  la  chapelle  de  Sixte  IV.  Après  la  messe  du 
Saint-Esprit,  on  remet  à  chaque  cardinal  uue  cédule  sur 
laquelle  il  écrit,  sous  pli  cacheté,  son  nom  et  sa  devise,  et 
sous  un  autre  pli,  son  vote,  de  manière  à  ce  que  le  vote 
puisse  être  lu,  sans  que  le  nom  le  soit.  Ces  cédules  sont 
déposées  dans  un  calice  placé  sur  l'autel.  Quand  le  dé- 
pouillement se  fait,  chaque  cardinal  a  devant  lui  une  liste  sur 
laquelle  il  peut  marquer  les  votes,  à  mesure  qu'ils  sont 
annoncés.  Desquels  ont  été  annoncés, ils  comptent  ;  et  si 
un  cardinal  a  obtenu  Ips  deux  tiers  des  voix,  il  se  trouve 

62 


PAPE 


—  978  — 


élu.  C'est  pom^quoi  le  cardinal  étranger,  qui  s'aperçoit 
qu'un  candidat  que  sa  cour  veut  exclure  est  sur  le  point 
d'atteindre  le  nombre  suffisant,  doit  s'empresser  de  dé- 
clarer son  opposition  avant  que  le  nombre  soit  complet  ; 
sinon,  l'élection  serait  canonique  et  irrévocable.  L'Autriche, 
la  France  et  l'Espagne  jouissent  seules  de  ce  droit  d'ex- 
clusion  ;  mais  chacune  d'elles  ne  peut  l'exercer  que  sur 
une  seule  personne.  Le  cardinal  chargé  du  secret  de  sa  cour 
a  besoin  d'une  constante  attention  et  d'une  extrême  saga- 
cité, pour  ne  pas  être  déconcerté  par  les  intrigues  coutu- 
mières  dans  les  conclaves.  Souvent,  c'est  celui  auquel  on 
pensait  le  moins  qui  finit  par  obtenir  les  deux  tiers  des  suf- 
frages, tandis  que  celui  qui  dans  les  premiers  scrutins  avait 
le  plus  approché  du  but,  en  est  le  plus  éloigné  dans  les 
derniers.  — -  Après  le  scrutin  du  soir,  si  aucun  des  candi- 
dats n'a  recueilli  le  nombre  de  suffrages  nécessaire,  on  es- 
saie d'y  suppléer  par  V accessit  q\\  l'accès,  qui  est  une  suite 
et  une  dépendance  du  scrutin.  Dans  V accessit,  la  forme 
des  bulletins  est  la  même  que  dans  le  scrutin,  avec  la  seule 
différence,  (|u'on  écrit  :  J'accède,  au  lieu  àa  j'élis.  La  voix 
qu'on  donne  dans  Vaccessit  doit  être  différente  de  celle 
qu'on  a  donnée  dans  le  scrutin,  sinon  on  donnerait  deux 
voix  à  la  même  personne.  Quand  un  cardinal  se  tient  à  son 
scrutin,  il  écrit  sur  son  bulletin  :  A  personne.  Si,  en  ajou- 
tant les  suffrages  de  l'acY^sszi^  à  ceux  du  scrutin,  un  can- 
didat réunit  enfin  les  deux  tiers  des  voix,  il  est  déclaré  élu. 
—  Au  lieu  du  scrutin,  on  pourrait  procéder  à  l'élection 
par  compromission  ou  par  acclamation.  La  compromis- 
sion est  un  mandat  donné  unanimement  par  le  corps  élec- 
toral à  un  ou  à  quelques-uns  de  ses  membres  pour  élire 
en  son  nom.  V acclamation  suppose  une  inspiration  du 
Saint-Esprit  ;  mais  les  hommes  en  ont  souvent  fait  un 
moyen  audacieux  d'intrigues  et  de  surprises.  Les  cardinaux 
d'un  même  parti  crient  ensemble  :  Un  tel,  pape!  Pour  peu 
qu'une  faction  bruyante  paraisse  l'emporter,  les  autres 
s'empressent  de  se  joindre  à  elle,  de  peur  de  se  faire,  par 
une  résistance  inutile,  un  ennemi  du  nouveau  pape.  —  Par 
une  bulle  du  6  févr.  1807,  Pie  VII  a  supprimé,  pour  le 
cas  de  perturbations  politiques,  les  formalités  ordinaires,  et 
remplacé  la  garantie  des  deux  tiers  des  voix  par  la  moitié 
plus  une.  —  Régulièrement,  on  ne  doit  élire  pour  pape 
qu'un  cardinal  ;  mais  l'élection  d'une  autre  personne,  même 
d'un  laïque,  ne  serait  point  nulle.  Le  pape  doit  être  âgé 
au  moins  de  trente  ans.  -—  Malgré  l'institution  des  con- 
claves, l'interrègne  dura  plus  de  six  mois  entre  Jean  XXI 
et  Nicolas  III  (1277)  ;  vingt-sept  mois  entre  Nicolas  IV  et 
Célestin  V.  Clément  V  mourut  le  20  avril  1314,  son  suc- 
cesseur ne  fut  élu  que  le  7  août  1316.  Pour  l'élection  de 
Clément  XII,  les  cardinaux  restèrent  enfermés  du  3  raar» 
au  12  juillet  1730. 

Le  premier  cardinal-évêque  déclare,  au  nom  de  tout  le 
Sacré-Collège,  le  résultat  de  l'élection.  Il  met  au  pape 
élu  son  rochet,  le  place  sur  un  siège  paré,  lui  donne 
Vanneau  du  pécheur  (V.  t.  111,  p.  35)  et  lui  fait  dire 
de  quel  nom  il  veut  être  appelé.  Ensuite,  le  premier-car- 
dinal-diacre ouvre  une  petite  fenêtre,  d'où  il  peut  être  vu 
et  entendu  par  le  peuple  qui  attend,  et  il  proclame  l'élec- 
tion en  ces  termes  :  Je  mus  annonce  une  grande  joie  : 
Nous  avons  un  pape.  Le  révérendissime  seigneur  et 
caj'dinal  N.  est  élu  au  souverain  pontificat,  et  il  a 
choisi  le  nom  de  N.  Cela  fait,  on  retire  au  nouveau 
pape  ses  vêtements,  et  on  le  revêt  de  tous  les  habits  pon- 
tificaux, qui  sont  alors  la  robe  blanche  de  laine,  les  san- 
dales rouges  avec  la  croix  d'or  par-dessus,  la  ceinture 
rouge  avec  les  agrafes  d'or  et  le  rochet  blanc.  On  y  joint 
l'amict,  une  aube  longue  avec  sa  ceinture  et  l'élole  ornée 
de  perles.  Après  que  le  pape  a  signé  quelques  suppliques, 
on  le  revêt  du  pluvial  rouge  et  de  la  mitre  très  précieuse  ; 
puis,  on  le  fait  asseoir  sur  Lautel,  ou  tons  les  cardinaux, 
selon  leur  rang,  viennent  lui  baiser  les  pieds,  les  mains 
et  la  bouche.  Du  conclave,  il  est  porté  dans  Fédise  de 
Saint-Pierre,  accompagn<-^  des  chanoines  et  des  cJiantres 
de  cette  église,  chantant  :  Ecre  Sacerdor.  magvus.  11  se 


place  sur  la  chaire  pontificale,  où,  en  présence  de  tout  le 
peuple,  les  cardinaux,  les  évêques  et  d'autres  personnages 
éminents  yiennent  lui  rendre  les  hommages  ordinaires? 

Après  cette  cérémonie,  qui  consomme  l'élection,  viennent 
Vordination  du  pape,  s'il  n'est  point  dans  les  ordres,  et 
la  consécration,  s'il  n'est  point  évêque.  S'il  est  évêque, 
il  ne  reste  plus  qu'à  procéder  au  couronnement,  acte  in- 
dépendant de  l'élection,  qui  regarde  le  pape  plutôt  comme 
prince  temporel  que  comme  souverain  pontife.  Ne  sachant 
pas  exactement  ce  que  la  suppression  du  pouvoir  temporel 
des  papes  et  leur  réclusion  volontaire  dans  le  Vatican  ont 
laissé  subsister  de  cette  cérémonie,  nous  la  décrivons  d'après 
les  documents  anciens,  comme  si  elle  se  pratiquait  encore 
aujourd'hui  de  la  même  manière.  Le  couronnement  suit 
immédiatement  l'zîi /?'o  ?i /5a^/o?2  précédemment  mentionnée. 
La  messe  finie,  le  pape,  revêtu  de  tous  ses  ornements 
pontificaux,  se  rend  sur  les  degrés  extérieurs  de  la  basi- 
lique de  Saint-Pierre,  où  on  a  préparé  un  siège  noblement 
décoré.  Il  s'assied  ;  un  cardinal-diacre,  placé  à  gauche, 
lui  ôte  la  mître;  un  cardinal-diacre,  placé  à  droite, 
lui  met  la  tiare  (V.  ce  mot),  que  les  Romains  appellent 
Règne  {regnu?n).  Le  diacre  de  droite  publie  en  latin  les 
indulgences  pléniêres  ;  le  diacre  de  gauche  les  répète  en 
langue  vulgaire.  Puis  on  se  dispose  pour  la  procession  qui 
doit  aller  au  palais  de  Latran.  Cette  procession  se  fait  (ou 
se  faisait)  avec  une  extrême  magnificence,  à  cheval,  par 
tous  les  cardinaux,  tous  les  prélats,  tous  les  officiers  du 
pape  et  généralement  par  tous  les  seigneurs  et  gentils- 
hommes cj[ui  se  trouvent  à  Rome.  Le  premiei'  d'entre  les 
seigneurs  marche  au  côté  droit,  tenant  les  rênes  du  che- 
val blanc  sur  lequel  le  pape  est  monté.  Un  autre  seigneur 
marche  au  côte  gauche.  Lorsqu'on  arrive  à  Saint-Jean  de 
Latran,  les  chanoines  sortent  et  portent  le  pape  sur  leurs 
épaules  dans  leur  éghse.  Ils  le  placent  sur  un  siège  de 
marbre  fort  bas,  de  sorte  qu'il  semble  assis  parterre.  Les 
cardinaux  le  relèvent,  en  récitant  ce  verset  :  Suscitât  de 
pulvere  egenum  et  de  stercore  pauperem,  ut  sedeat 
cuni  principibus  et  solium  gloriœ  teneat.  Alors  le  pape 
jette  au  peuple  de  la  monnaie,  dans  laquelle  il  n'y  a  ni 
or  ni  argent,  en  prononçant,  au  milieu  de  tant  d'opulences, 
ces  paroles  de  saint  Pierre:  Je  n'ai  ni  or,  ni  argent; 
mais  ce  que  j'ai  je  le  le  donne. 

Maison  du  pape  (V.  Famille  pontificale,  L  XVI, 
p.  llBo). 

Série  chronolocique  des  i>apes.  —  La  liste  qui  suites! 
empruntée  kLa  Gerarchia  catlolica  e  la  Familia  pon- 
te ficia  (anciennement  Ânnuario  ponte flcio)  ;  elle  pré- 
sente-la série  déposée  sur  les  médaillons  de  la  basilique  de 
Saint-Paul-hors-les-Murs  et  qui  est  conforme  à  la  tradi- 
tion romaine.  Elle  contient  des  inexactitudes  dont  on  trou- 
vera les  indications  dans  nos  notices  biographiques  sur  les 
papes.  A  cause  de  son  caractère  officiel,  nous  avons  cru 
devoir  reproduire  cette  série,  malgré  ses  inexactitudes, 
tout  simplement  et  sans  correction  aucune  ;  mais  nous  y 
avons  intercalé  des  mentions  relatives  aux  antipapes  êl 
aux  schismes.  Ces  mentions  sont  imprimées  en  caractères 
italiques.  Les  premiers  nombres  indiquent  l'ordre  des  pon- 
tificats; les  autres,  leur  commencement  et  leur  fin. 

1.  Saint  Pierre,  apôtre  et  martyr,  33-67.  —  2.  Saint 
Lin,  martyr,  67-78.  —  3.  Saint  Clet,  martyr,  78-90.  — 
■4.  — SaintClémentl^^*,  martyr,  90-100.  —-5.  Saint  Anaclet, 
martyr,  100-12.  —  6.  Saint  Evariste,  martyr,  112-21. 
—  i.  Saint  Alexandre  P^  martyr,  121-32.  --  8.  Saint 
Sixte,  martyr,  132-42.  —  9.  Saint  Télesphore,  martyr, 
142-54.  —  10.  Saint  Hygin,  martyr,  154-58.  ~ 
11.  Saint  Pie  ¥\  martyr,  158-67.  —  12.  Saint-Ani- 
cet,  martyr,  167-75.  -—  13.  Saint  Soter,  martyr,  175- 
82.-14.  Saint  Eleuthère,  martyr,  182-93.  — 15.  Saint 
Victor  P^  martyr,  193-203.  —16.  Saint  Séphirin,  mar- 
tyr, 203-20.  —17.  Saint  Calixte,  martyr,  221-27,  — 
18.  Saint  Urbain  F\  martyr,  227-33. —19.  SaintPon- 
tien,  martyr,  233-38.  —"20.  Saint  Anthère,  martvr. 
038_39.    :„  0)4 _    Saint    Fabien,  martvr,    240-53.    — 


9T9  — 


PAPE 


Novatien,  4 Si.  —  '2 "J.  Saint  Corneille,  martyr,  i254-o5. 

—  SaintLuciusP^",  martyr,  2o5~57.— M-.  Saint  Etienne  ï«^\ 
martyr,  257-60,  —  2o.  Saint  Sixte  II,  martyr,  260-61 .  — 
26.  Saint  Denys,  martyr,  261-72.  —27.  Saint  Frl:  ;  P^ 
martyr,  272-75.  —  28.  Saint  Eutycliien,  martyr,  2/5-83. 

—  29.  Saint  Gains,  martyr,  283-96.  —  30.  Saint  Mar- 
cellin,  martyr,  296-301'.  ■ — 31.  Saint  Marcel  I^^^,  martyr, 
304-9.  —  32.  Saint  Eusèbe,  309-11.  —  33.  Saint  Mel- 
ciiiade,  311-14.  —34.  Saint  Sylvestre  P^  314-37.  — 
35.  Saint  Marc,  337-40.  —  36.  Saint  Jules  F',  341-52. 

—  37.  Libère,  352-63.-38.  Saint  Félix  II,  363-65.  — 
39.  Saint  Damase,  366-84.  —  Ursicin  ou  Ursùi, 
366-67.  -™  40.  Saint  Siricc,  384-98.  —  H.  Saint 
Anastase  P^  399-402,  —  42.  Saintinnoccnt  P^  402-17. 

—  43.  Saint  Zozime,  417-18. —44.  Saint  Boniface  P'". 
i-18-23.  —  Eulalius,  418.  —  45.  Saint  Gélestin  V'\ 
423-32.  —  46.  Saint  Sixte  ÏII,  432-40.  —  47.  Saint 
LconPMe  Grand,  440-61.-48.  Saint  Hilaire,  461-68. 

—  49.  Saint  Simplice,  468-83.  —  50.  Saint  Félix  III, 
483-92.  -^  4^84-519  :  Schisîne  d'Acace.  —  51.  Saint 
Gélase^^  492-96.  -  52.  Saint  Anastase  II,  496-98.— 

53.  Saint  Symmaque,  498-514.  —  Laurent,  498.  — 

54.  Saint  Hormisdas,  514-23.  —  55.  Saint  Jean  P^\  mar- 
tyr, 523-26.-56.  Saint  Félix  iV,  526-30.  —57.  Bo- 
niface II,  530-32.  —  Dioscore,  530.  —  58.  Jean  II, 
532-35.  —  59.  Saint  Agapit,  535-36.  —  60.  Saint 
Sylvère,  martyr,  536-38.  —  61,  Vigile,  538-55.  — 
553-698  :  Schisme  des  Trois  Chapitres.—-  62.  Pelage  P^\ 
555-60.— 63.  Jean  m,  560-73.— 64.  Benoitpr(Bonose), 
574-78.-65.  Pelage  II,  578-90.— 66.  Saint  Grégoire  P^" 
le  Grand,  590-604.— 67.  Sabinien,  604-06.— 68.  Boni- 
face  III,  607-7.  —  69.  Saint  Boniface  IV,  608-15.  — 
70.  Saint  Adéodat  P^'ouDieudonné,  615-19.  —  71.  Boni- 
face  V,  619-25.  —  72.  Honorius  P^  625-38.  —  73.  Sévé- 
rin,  640-40.  —  74.  Jean  IV,  640-42.  —  75.  Théodore  P^ 
642-49.  —  76.  Saint  Martin  I,  martyr,  649-55.  — 
77.  Saint  Eusjène  I,  655-56.  —  78.  Saint  Vitalien,  657- 
72.  —  79.  Dieudonné  II  ou  Adéodat,  672-76.  —  80.  Do- 
nus  P^'  ou  Donnus,  676-78.  — 81.  Saint  Agathon,  678- 
82.  —  Saint  Léon  II,  682-83.  —  83.  Saint  Benoit  II, 
684-85.  —  84.  Jean  V,  685-86.  -  85.  Conon,  686- 
87.  —  86.  Saint  Serge  P^ou  Sergius,  687-701.—  Pas- 
chal,  687.  --  Théodore,  687.  —  87.  Jean  VI,  701-05. 

—  88.  Jean  VII,  705-7.  —  89.  Sisinius,  708-8.  — 
90.  Constantin,  808-15.  —  91.  Saint  Grégoire  II,  715- 
31.—  92.  Saint  Grégoire  III,  731-41.  —  93.  Saint 
Zacharie,  74'l-52.--  94.  Etienne  II,  752-52.—  95.  Saint 
Etienne  III,  752-57.  —  Ihèophylacte,  757.  —  96.  Saint 
PaulP^  757-67.  --  Constantin,  767-68.  —97.  Etien^ 
ne  IV,  768-71.  —  98.  Adrien  l^\  771-95.—  99.  Saint 
Léon  III.  795-816,  —  100.  -^  Etienne  V,  816-17.  ■-- 
101.  Saint-PaschalP^  817-24.— Zz:3mÉ^,824.  — 102.Eu= 
gène  II,  824-27.  —  103.  Yalentin,  827.  —  104.  Gré- 
goire IV,  827-43.  -  105.  Serge  II  ou  Sergius,  814-47. 

—  106.  Saint  Léon  IV,  847-55.  —  Anastase,  855.  — 
107.  Benoit  III,  855-58.  —  108.  Saint  Nicolas  P^  dit  le 
Grand,  858-67.  —  858  :  Schisme  de  Photms.  — 
109.  Adrien  II,  869-72.  —  110.  Jean  VIII,  872-82.  — 
111.  Marin,  882-84.  —  112.  Adrien  III,  884-85.  — 
113.  Etienne  VI,  885-91.  —  Sergius.  891.  —  114.  For- 
mose.891-96.— 115.  Boniface  VI,  896-96."^  116.  Etienne 
Vn,  896-97.  —  117.  Bomain,  897-98.  —  118.  Théo- 
dore II,  898-98.  —  119.  JeanIX,  898-900.  —  120.  Be- 
noît IV,  900-3. —121.  Léon  V,  903-3.  — 122.  Christophe, 
903-4.  —  123.  Serge  lïl  ou  Sergius,  904-11.  — 
124.  Anastase  Ilï,  911-13.  —  125.  Landon,  913-14. 

—  126.  JeanX,  915-28.  —127.  Léon  VI,  928-29.  — 
128.  Etienne VIÏI,  929-31.  —  129.  Jean  XI,  931-36.  — 
130.  Léon  VIÏ,  936-39.—  131.   Etienne  IX,  939-42. 

—  132. Marin  II,  943-46.—  133.  Agapit  il,  946-56.  — 
134.  Jean  XII,  956-64.  —  135.  Benoît  V.  964-65.  - 
136.  Jean  XIII,  965-72.  —  137.  Benoît  VI,  972-73.  — 
Francon,  dit  Boniface  VU,  973.— 138.  Bonus  II  ou  Dom- 


[  nus,  973-73.— 139. Benoît VII,  975-84.— 110.  JeanXIV 
•  984-85.  —141.  Boniface  VII,  985-85.  —  142.JeanXv' 
985-96.  —  143.  Jean  XVI,  996-96.  —  144.  Grégoire  v' 
996-99.  —  145,  Jean  XVII,  999-99.  -  146.  Silvestrelf 
999-1003.  — 147.  JeanXVlII,  1003-3.  —  148.  Jean  XIX,' 
-1003-9.-  149.  Serge  IV  ou  Sergius,  1009-12.  —150 
Benoît  VIII,  1012-24.  —  Grégoire,  1012,  —  151. 
Jean  XX,  1024-33.  —  152.  Benoît  IX,  Théophylacte, 
1033-44.  —  Jean,  dit  Sylvestre  III,  1044.  —  153. 
Grégoire  VI,  1044-46.  —  154.  Clément  11,1046-47.  — 
155.  Damase  II  (Poppon),  1048-48.  —  156.  Saint- 
Léon  IX,  1049-54.  —  i054  :  Schisme  définitif  des 
Grecs.  —  157.  Victor  II,  1055-57.  —  158.  Etienne  X 
1058-59. -160. Nicolas  II,  1058-61.  — 161.  Alexandreil', 
1061-73.  —  Cadalons,  dit  Honorius  II,  1061-64.  — 
162.  Saint  Grégoire  VU,  1073-85.  —  Guibert,  dit  Clé- 
ment m,  1080-1100.  —  163.  Victor  III,  1087-87.  — 
164.  Urbain  il,  1088-99.  —  165.  Pascal  II,  1099-1118. 
--  Albert,  PI  00.  —  Théodoric,  1100,  —  Maqinulfc, 
1100,  —  166.  Gélase  II,  1118-19.  -  Maurice  Bour- 
din,  dit  Grégoire  VIU,  1118.  —  167.  Calixte  11,1119- 


168.  Honorius   II,    1124-30. 


Pierre   de 


Léon,  dit  Anaclet  II,  1130-38.  —  169.  Innocent  II, 
1130-43.  —  Gréijoire,  dit  Victor,  1138.  —  170.  Cé-^ 
Icstin  II,  1143-44.  —  171.  Lucius  II,  1144-45.  — 
172.  Eugène  III,  1145-53.  — 173.  Anastase  IV,  1153-54. 

—  174.  Adrien  IV,  1154-59.  —  175.  Alexandre  III, 
1159-81.—  Octavien,  dit  Victor  IV,  1159-64.  —  Guy  de 
Crème,  dit PascalIII,ii64^-6S.  -—Jean,  dit  Calixte  III, 
1168-78.  —  Lando  Sitino,  dît  Innocent  7//,  1178-80. 

—  176.  Lucius  m,  1181-85.  —  177.  Urbain  III,  1185-87. 

—  178.  Grégoire  VIII,  1187-87.  —  179.  Clément  III, 
1187-91.  —  180.  Gélestin  m,  1191-98.  —  isj.  Inno- 
cent III,  1198-1216.  —  182.  Honorius  m,  1216-27.— 
183.  Grégoire  IX,  1227-41.  —184.  Gélestin  IV,  1241-41. 

—  185.  Innocent  V,  1243-54.  —  186.  Alexandre  IV, 
j"254~61.  —  187.  Urbain  IV,  1261-64.  —  188.  Clé- 
ment IV,  1265-68.  —  1S9.  Grégoire  X,  1271-76.  — 
190.  Innocent  IV,  1276-76.—  191'.  Adrien  V,  1276-76. 

—  192.  Jean  XIX  ou  XX  ou  XXI,  1276-77.  —  193 
Nicolas  m,  1277-80.  —  194.  Martin  IV,  12S1-85.  — 
195.  Honorius  IV,  1285-87. —  196.  Nicolas IV,  1288-92. 

—  197.  Saint  Gélestin  V,  1294-96.  —  J98.  Boniface  VIII 
1294-1303.  —199.   Saint  Benoît  XI,  1303-4. —i}g 
1309  à  1377  les  papes  résident  à  Avignon.  —  200. 
Clément  V,  1305-14.  —  201.  Jean  XXH,  1316-34.  — 

Pierre  de  Corbière,  dit  Mcolas   V,  1228-30   20^-^ 

Benoît  Xn,  1334-42.  —  203.  Clément  VI,  1342-52  -^-" 
204.  Innocent  VI,  1352-62.  —205.  Urbain  V,  1372-70 

—  206.  Grégoire  XI,  iSlO-lS.  ~~  1378-1449  :  Grand 

schtsme  d'Occident.  —  207.  Urbain  VI,  1378-89.  

Clément  VII,  1378-94.  —  208.  Boniface  IX,  1389-1404. 

—  Be7ioU  XIII,  1394-1424.  —  209.  Innocent  VII 
1404-6.  —  210.  Grégoire  XII,  1406-9.  —  211.  Alexan- 
dre V,  1409-10.  —  212.  Jean  XXIII,  1410-15.  -  213. 
Martin  V,  1417-31.—  Clément  VIII,  1425-29  —214 
Eugène  IV,  1431-47.  —  Félix  V,  1439-49.  —  215 
Nicolas  V,  1447-55.  —  216.  Calixte  ffl,  1455-58.  — 
217.  Pie  II,  1458-64.  —  218.  Paul  H,  1464-71.  — 
219.  Sixte  IV,  1471-84.  —  220.  Innocent  VHI,  1484-92 
221.  Alexandre  VI,  1493-1503.— 222.  Pie  III  1503-3  — 
223.  Jules  II,  1503-13.   —  224.  Léon  X,   1513-21. 

—  1517  :  Thèses  de  Luther.  —  225.  Adrien  Vf 
1522-23,  —  226.  Clément VH,  1523-34.  —  227. Paul  Hl' 
4534-49.  —  228.  Jules  HI,  1550-55.  —  229.Marcein' 
1555-55.  —  230.  Paul  ÏV,  1555-59.  —  231,  Pie  iv' 
1559-65.—  232.  Saint  Pie  V,  1566-72.—  233.  Gré- 
goire Xm,  1572-85.  —  234.  —  Sixte-Quint,  1585-90. 

—  235.  Urbain  VH,  1590-90.  —  236.  Grégoire  XIV, 
1590-91.  —  237.  Innocent  IX,  1591-91.  ~  238.  Clé- 
ment VHI,  1592-1605.  —  239.  Léon  XI,  1605-5.  — 
240.  Paul  V,  1605-1621.  —  241.  Grégoire  XV,  1621- 
23.  —  242.  Urbain Vm,  1623-44.-243.  Innocent X 


PAPE 


980 


i6UA6ùo.  —  "244.  Alexandre  Yll,  1655-67.  —  "i45. 
Clément  IX,  1667-69.  —  ^246.  Clément  X,  1670-76.  — 
247.  Innocent  XI,  1676-89.  —  248.  Alexandre  Vlll, 
1689-91.  —  249.  Innocent  XII,  1691-1700.  —  250.  Clé- 
ment XI,  1700-21.  —  251.  Innocent  XIII,  1721-24.  ~ 
252.  Benoît  XIII,  1724-30.  —  253.  Clément  XII,  1730- 
40.  —  254.  Benoît  XIV,  1740-58.  —  255.  Clément XIII, 
1758-69.  — 256.  Clément  XIV,  1769-74.  — 257.  Pie  VI, 
1775-99.  —  258.  Pie  VII,  1800-23.  —  259.  Léon  XII, 
1823-29.  —  260.  Pie  VIII,  1829-30.  —  261.  Gré- 
goire XVI,  1831-46.  — 262.  Pie  IX,  1846-78.  —  263. 
i.éon  XIII,  1878. 

Sur  les  263  papes,  78  sont  honorés  comme  saints,  parmi 
lesquels  34  martyrs,  2  bienheureux  et  1  vénérable. 
214  appartiennent  par  leur  naissance  à  Tltalie,  19  à  la 
Grèce  et  à  l'Orient,  17  :à  la  France,  5  à  l'Allemagne,  3  à 
FEspagnc,  3  à  l'Afrique,  1  au  Portugal,  1  à  FAngleteiTc, 
1  à  la  Hollande.  E.-H.  Vollet. 

Pape  des  Fous  (V.  Innocents  [Ecte  des]). 
Chambre  du  Pape-Gai  (V.  Consistoire). 
Bii3L.  :  Lipsius,  Chronologie  der  rômischen  Pàpste  ; 
Kiel,  1869.  —  Watterich,  Ponti/icMm  Romanorum  ab  exe- 
cente  sœculo  IX  ad  finetn  sœcidi  XIII  vitae  ab  œqualibiis 
conscriptm  ;  Leipzig,  1862,  2  vol.  —  Platina,  In  vitas  sum- 
inoruin  2iontificum  ad  èixtiirnlV;  Venise,  1479,  in-foL, 
continué  par  Panvinio  et  traduit  en  français.  —  Panvinio, 
EpitomepontificLunRoynanorumusqiie  ad  PaïUum  V ;  Ve- 
nise, 15G7,  in4.  —  L.  Jacob  de  Saint-Charles.  Bibliotheca 
poiitifîcia  duobus  libris  distincta;  Lyon,  1613,  in-fol.  — 
Artaud  de  Montor,  Histoire  des  souverains  pontif's  ;  Pa- 
ris, 1847-19,  8  vol.  in-8.  —  Papencordt,  Geschichte  der 
Stadt  Rom  im  Mittelalter  ;  Paderborn,  1857,  in-8.  —  Gre- 
GOROvius,  Grabmâler  der  rôynischen  Pàpste  ;  Leipzig, 
1857,  in-8.  —  Du  môme,  Geschichte  der  Stadt  Rom  im  Mit- 
telalter ;  Stuttgâï%  1859-73,  8  vol.  —  De  Reumont,  Ges- 
chichte der  Stadt  Rom;  Berlin,  1867-70,  3  vol.  in-8.  —  Bax- 
AiANiN,  Politik  der  Pàpste,  1868,  2  vol.  in-8.  —  Pflugk  Har- 
ruNG,  Urkimde  der  PapsUchen  Kanzlei  vom  X  bis  XIII 
lahrhiindert;  Munich,  1832.  —  Hôfler,  Die  Deutschen 
Pàpste;  liatisbonne,  1839,  2  vol.  in-8.  —  Olleris,  Vie  de 
Gerbert  (Sylvestre  II),  jpremier  pape  français,  in-12.  — 
O.  Delare,  Saint  Grégoire  VII  et  la  Réforme  de  l'Eglise 
au  xi"  siècle;  Paris,  1891.  —  Baluze,  Vitœ  paparum  Ave- 
nionensium  ;  Paris,  1893,  2  vol.  in-4.  —  André,  Histoire 
politique  de  la  monarchie  pontificale  au  xiv«  siècle  ou  la 
papauté  à  Avignon;  Paris,  1845,  in-8.  —  Christophe,  His- 
toire de  lapapaïUé  pendant  le  xiv=  siècle;  Paris,  1852,  3  vol. 
in-8.  —  Du  môme,  Histoire  de  la  papauté  pendant  le 
xv  siècle;  Lyon,  1863,  2  vol.  in-8.  -~  Ranke,  Die  rômischen 
Pàpste,  ihré  Kirche  und  ihre  Staat  in  XVI  und  XVII 
laltrhundert;  Leii)zig,  1885,  8"  éd.  —  Zopfel,  Die  Papsi- 
wahlen  vom  elfen  bis  vierzehnten  lahrhundert  ;  Gœt- 
tingue,  1872,  in-8.  —  Bayet,  les  Elections  pontificales  sous 
les  Carolingiens,  dans  la  Revue  historique,  1884.  —  Lo- 
RENZ,  Papstwahl  und  Kaiserthum  ;  Berlin,  1874.  —  Mar- 
tenz,  Die  rômische  Frage  unter  Pipïn  und  Karl  der 
Grossen;  Stuttgart,  1881.  —  Gugenheim,  Geschichte  der 
Entsthehimg  und  Ausbildung  des  Kirchenstaats  ;  Leip- 
zig, 1854.  —  LÂMMER,  Nicolaus  I  ;  Breslau,  1857,  in-8.  — 
Ibacii,  Der  Kampf  sxçischen  Papsthum  imd  Kaiserthum 
von  Gregor  VII  bis  Catixtll;  Francfort,  1884.  —  Chevrier, 
Histoire  de  la  lutte  des  papes  et  des  empereurs  de  la  mai- 
sonde  Souabe;  Paris,  1841,  4  vol.  in-8.  —  En  outre,  les  ou- 
vrages indiqués  dans  les  notices  biographiques  sur  les 
papes. 

PAPE  (Gui  de  La)  (V.  (hii-Pape). 
PAPE  (Léon- Jean  de),  jurisconsulte  belge,  né  à  Louvain 
en  1610,  mort  à  Bruxelles  en  168o.  Il  fut  successivement 
avocat  au  Conseil  de  Brabant.  substitut  du  procureur  gé- 
iiéral,  pensionnaire  de  la  ville  de  Bruxelles  et  fiscafdu 
('oiiseil  de  Brabant.  président  du  Conseil  privé  et  membre 
du  (Conseil  d'Etat,  et  il  se  distingua  dans  ces  diverses  fonc- 
ions par  une  grande  science  du  droit  et  une  extrême 
habileté.  Aussi  fut-il  choisi  comme  plénipotentiaire  de  la 
cour  d'Espagne  pour  l'exécution  des  traités  de  Munster  et 
d'Aix-la-Chapelle.  De  Pape  a  publié  des  ouvrages  juridi- 
([ues  qui  font  encore  autorité  aujourd'hui.  Le  principal  est 
intitulé  Traité  dans  lequel  on  voit  à  quoi  le  souverain 
s'oblige  par  la  Joyeuse  Entrée  en  Brabant  (Malines, 
1787,  in-12). 

BiBL,  .  AiTZE.MA,  Sahen  Van  Studc  en  Oorlog.  ;  xVm^ter- 
<iam,  1704,  10  vol  m4  —  Bkitz,  Histoire  de  Ven'-^ien  droit 
celgique,  Bruxelles,  1841,  2  vol.  in-4 

PAPE  (Libert  de),  théologien  et  historien  belge,  né  à 
Louvain  en  1611^),  mort  à  Bruxelles  en  108-2.  Il  entra  dans 


l'ordre  des  prémontrés  et  devint  abbé  du  célèbre  monas- 
tère de  Parc-lez-Louvain.  Il  fut,  à  diverses  reprises,  chargé 
d'importantes  missions,  et,  envoyé  à  la  cour  de  Louis  XiV 
afin  de  défendre  les  immunités  de  son  ordre,  il  obtint  du 
roi  pleine  satisfaction.  Il  refusa  la  dignité  d'évèquc  de 
Ruremonde,  pour  rester  à  la  tète  de  son  abbaye.  Il  mit  en 
ordre  ses  riches  archives  et  rédigea  d'après  leurs  docu- 
ments une  intéressante  chronologie.  Il  ordonna  aussi  la 
transcription  de  tous  les  actes  concernant  Parc.  Sa  chro- 
nologie est  intitulée  Smnniaria  chronologia  insignis 
ecclesiœ  Parchensis,  ordinis  prœuionstratensis  (Lou- 
vain, 1682,  in-8).  Elle  a  été  insérée  dans  la  Chorogra- 
phia  sacra  Brabantiœ  de  Sanderus  (V.  ce  nom). 

BiiM..  :  FoppENS,  Bibliotheca  Belglca;  Malines,  1789, 
'^  vol.,  in-t.  —  Paquot,  Mémoires  pour  servira  l'histoire 
Uttéralre  des  Pays-Bas;  Louvain,  1765-70,  3  vol.  in-lbl. 

PAPE  (Abraham  de),  peintre  hollandais,  né  à  Leyde 
vers  1620,  mort  à  Leyde  en  1666.  Elève  et  assez  bon 
imitateur  de  Gérard  Dou,  il  occupa  plusieurs  fois  les  situa- 
tions les  plus  élevées  dans  la  gilde  de  cette  ville.  Outre  ses 
intérieurs  avec  figures,  il  a  fait  quelques  portraits.  Son 
meilleur  tableau  de  genre.  Intérieur  de  chaumière,  est 
à  la  National  Gallery.  On  voit  d'autres  ouvrages  de  lui  aux 
musées  de  La  Haye,  Londres,  Dublin,  Berlin,  Schwe- 
rin,  etc.  E.  D.-G. 

PAPE  (Alexander-August-Wilhelm  de),  général  prus- 
sien, né  à  Berlin  le  2  févr.  1813,  mort  à  Berlin  le  7  mai 
1895.  Entré  au  service  dans  la  garde  en  1830,11  dirigea 
l'école  des  cadets  de  Potsdam  (1856-60),  était  en  1866 
colonel  du  2®  régiment  de  la  garde  à  pied,  se  distingua  à 
Sadowa  et  fut  promu  général  de  la  2^  brigade  de  la 
garde.  Dans  la  guerre  de '1870-71,  il  commanda  la  1^«  di- 
vision d'infanterie  de  la  garde  dont  le  rôle  fut  considé- 
rable à  Saint-Privat,  Beaumont,  Sedan  ;  durant  la  Com- 
mune, il  occupait  Saint-Denis  et  le  front  N.  de  Paris.  Il 
fut  préposé  en  1880  au  o^  corps  (Posen),  en  1881  au 
3^(Berlin),  puis  à  celui  de  la  garde  (1884)  et  devint  enfin 
colonel  général  de  l'infanterie  et  gouverneur  de  Berlin 
(1888).  Il  fut  retraité  en  janv.  1895. 

PAPE  (Eduard),  peintre  allemand,  né  à  Berlin  le  28  fév. 
1817.  Il  fut  élève  de  Gorst  et  de  l'Académie  de  Berlin 
(1834-39).  Sa  première  œuvre  importante  est  la  décora- 
tion de  la  galerie  romaine  du  nouveau  musée  ;  il  voyagea 
ensuite  en  Russie  et  en  Italie,  fut  nommé  membre,  puis 
professeur  à  l'Académie  de  Berlin  et  fut  plusieurs  fois  lau- 
réat des  expositions  de  Berlin.  Ses  vues  de  Suisse  furent 
assez  recherchées  pour  la  vivacité  du  coloris  et  leur  carac- 
tère romantique,  et  l'on  peut  citer,  parmi  les  plus  con- 
nues :  Vue  du  Lac  des  Quatre- Cantons,  du  Glacier  de 
Grindelwakl,  de  Montreux,  du  Lac  de  Brienz,  des 
Chutes  du  Hfiin,  du  Glacier  de  Ilondeck,  dn  Seelisberg, 
du  Lac  Majeur. 

PAPE-Carpaxtieu  (M"^^  Marie-Olinde),  née  Carpax- 
TiER,  femme  de  lettres  et  éducatrice  française,  née  à  La 
Flèche  le  10  sept.  1815,  morte cà  Villiers-le-Bel  lc31juil. 
1878.  Quatre  mois  avant  sa  naissance,  son  père,  maré- 
chal des  logis-chef  dans  les  armées  de  la  RépubHque, 
avait  été  tué  par  les  chouans.  Se  sentant  mortellement 
atteint  et  porteur  d'un  message  du  maréchal  Moncey,  il 
demanda  du  feu.  brûla  les  lettres  qui  lui  avaient  été  con- 
fiées et  mourut.  M'^^  Carpantier  dut  recourir  aux  travaux 
d'aiguille  pour  élever  ses  enfants.  Marie  mise  en  appren- 
tissage à  onze  ans,  ne  reçut  qu'une  instruction  élémen- 
taire, mais  manifesta  de  bonne  heure  des  dispositions 
pour  la  poésie  :  une  dame,  qui  se  l'était  attachée  comme 
demoiselle  de  compagnie,  fit  publier  son  premier  livre,  un 
volume  devers  intitulé  Préludes  (1841,  in-12).  Dès 
l'âge  de  dix-neuf  ans,  elle  avait  aidé  sa  mère,  chargée 
d'organiser  à  La  Flèche  une  salle  d'asile,  établissement 
d  un  genre  alors  tout  nouveau.  En  1842,  elle  fut  appe- 
lée au  Mans  pour  y  fonder  une  salle  d'asile  modèleV  et 
dès  1845  elle  érrivait  le  livre  qui  devait  devenir  le  ma- 
nuel classique  de  l'institution  nouvelle,  Conseils  sur  la 


1)8-1 


PAPE  —  PAJ>ETIEH 


direction  des  salles  d'asile,  ouvrage  qui  fut  couronné  par 
l'Académie  française  et  qui  attira  sur  l'auteur  l'attention 
de  la  généreuse  organisatrice  des  salles  d'asile,  M'"'^  Jules 
Jlallet  (V.  ce  nom).  M"'^  Mallet  la  signala  à  son  neveu, 
M.  de  Salvandy,  alors  ministre,  qui  Tappela  à  Paris  en 
1847  pour  y  créer  une  école  normale  spéciale,  sous  le 
ministère  Carnot  en  1848.  Cette  école,  nommée  Ecole  nor- 
male maternelle,  est  surtout  connue,  sous  Je  nom  qu'elle 
garda  jusqu'en  1874,  de  Cours  pratique  des  salles  d'asile 
(installé  rue  des  Ursulines,  dans  les  locaux  actuels  du 
Musée  pédagogique).  La  directrice  de  cet  établissement 
épousa  en  1849,  un  olficier,  M.  Léon  Pape,  à  qui  elle 
donna  deux  filles.  Pendant  toute  la  durée  de  l'Empire, 
l'œuvre  pédagogique  de  M'"^  Pape-Carpantier  ne  cessa  de 
s'étendre-:  par  ses  livres  dont  nous  citerons  les  prin- 
cipaux, par  l'action  du  Cours  pratique  qui  attira  de  nom- 
breuses générations  d'élèves  de  France  et  de  tous  les  pays 
d'Europe  et  d'Amérique,  par  les  missions  oflicielles  dont 
elle  fut  chargée,  notamment  sous  le  ministère  Duruy  pen- 
dant l'Exposition  de  1867. 

Après  la  guerre.  M'^^'  Pape,  dont  la  popularité  el  l'au- 
torité personnelle  étaient  très  grandes,  faillit  voir  se  réa- 
liser un  vaste  projet  quelle  avait  conçu  et  qui  devait,  sous 
le  titre  à' Vrimi  scolaire,  grouper  économiquement  toutes 
les  écoles  nécessaires  au  complet  développement  de  l'édu- 
cation populaire,  depuis  la  crèche  jusqu'à  l'école  normale 
supérieure.  Mais  sous  la  réaction  du  24  mai,  k  la  suite 
de  difficultés  administratives,  dont  le  détail  reste  obscur 
et  est,  en  tout  cas,  insignifiant,  M™^  Pape  eut  la  doulenr 
de  se  voir  enlevée  à  son  œuvre  par  une  sorte  de  révoca- 
tion accompagnée  des  éloges  du  ministre,  M.  de  Cumonl. 
Elle  supporta  cette  disgrâce  qui  lui  fut  cruelle,  avec  une 
parfaite  dignité,  et  ne  cessa  de  s'occuper  d'œuvres  d'édu- 
cation, d'écrits  et  de  projets  pédagogiques  jusqu'à  sa  mort. 
Quelques  jours  après,  le  jury  de  la  classe  Yl  de  l'Expo- 
sition de  1878  lui  décernait  pour  l'ensemble  de  son  œuvre 
un  diplôme  d'honneur.  L'Académie  des  sciences  morales 
lui  avait  décerné  dès  1867  le  prix  Halphen.  Son  nom  res- 
tera attaché  à  l'heureuse  transformation  qui  a  fait  de  la 
salle  d'asile,  au  lieu  d'une  garderie  de  charité,  une  pre- 
mière petite  école,  l'école  maternelle.  Son  grand  mérite 
pédagogique  fut  de  réunir  endoctrine  les  éléments  jusque- 
là  épars  de  ce  qu'elle  a  nommé  la  méthode  naturelle  ou 
méthode  française,  c.-à-d.  de  la  méthode  qui  fonde  l'édu- 
cation du  premier  âge  sur  l'affection,  la  hberté,  la  gaieté 
et  rinstruclion  du  même  âge,  sur  l'enseignement  par  les 
yeux,  sur  les  leçons  de  choses.  Parmi  les  nombreux  ouvrages 
d'éducation  ou  cette  méthode  se  trouve  mise  en  œuvre,  il 
tant  citer  :  les  Conseils  sur  la  direction  des  salles 
d'asile  (1845)  ;  l'Enseignement  pratique  dans  les 
écoles  maternelles  (1848)  ;  Histoirrs  et  leçons  de 
choses  (1858):  ces  trois  ouvrages  couronnés  par  l'Aca- 
démie française;  le  Secret  des  grains  de  sable  ou  le  des- 
sin expliqué  par  la  nature  (1863),  où  l'auteur  semble 
un  peu  s'aventurer  en  certaines  rêveries  philosophiques; 
enfin  une  série  de  petits  écrits  pratiques  qui  forment 
un  véritable  manuel  de  l'éducation  du  premier  âge  :  Jeux 
gymnastiques  avec  chants  (1864)  ;  Histoire  du  blé 
(1873)  ;  Lectures  et  travail  pour  les  enfants  et  les 
mères  (1873);  Cours  d'éducation  et  d^ instruction  pri- 
maire (en  20  petits  vol.,  1873);  Conférences  aux  ins- 
tituteurs a  la  Sorbonneen  1861  ;  Manuel  des  maîtres, 
Manuel  de  l'institutrice  (1875);  Collections  dHînages 
pour  les  enfants,  etc.  F.  Buisson. 

PAPEBROCH  ou  PAPEBROECK  (Daniel),  hagiographe, 
né  à  Anvers  en  1628,  mort  en  1714.  Entré  dans  l'ordre 
des  jésuites  en  1645,  il  professa  à  Malines,  à  Bruges  et  à 
Anvers.  Aux  mots  BoLLAND(Jean)  etBoLLANDisxEs  (t.  VII) 
on  trouvera  des  renseignements  précis  sur  l'œuvre  consi- 
dérable {Acta  sanctorum)  à  laquelle  il  prit  une  part  très 
importante.  11  y  rédigea,  avec  Godefroy  Henschen,  les 
volumes  qui  se  rapportent  au  mois  de  mars  ;  seul,  ceux 
qui  concernent  le  mois  d'avril  et  les  trois  premiers  volumes 


de  mai  ;  enfin  aveo  Boei't  el  Jenning  les  derniers  volumes 
de  mai  et  une  partie  de  juin.  Il  avait  provoqué  la  colère 
des  carmes,  en  affirmant  que  leur  ordre  ne  remontait  pas 
au  prophète  Elle,  ainsi  qu'ils  le  prétendaient.  Ils  le  dénon- 
cèrent à  Innocent  XÏI,  comme  hérétique,  en  relevant  des 
centaines  d'erreurs  dans  les  Acta  sanctorum.  Le  pape 
renvoya  la  cause  devant  la  Congrégation  de  V Index.  Les 
carmes  se  tournèrent  alors  vers  l'inquisition  de  Tolède, 
qui  condamna  l'œuvre  des  Boliandistes.  Sur  l'intervention 
de  Léopold  P^  Papebrock  fut  autorisé  à  la  défendre  ;  il 
composa  sa  Responsio  ad  exhibitionem  errorum  (Anvers, 
1696-99,  3  vol.  in-i).  Le  pape  recourut  au  moyen  usité 
par  la  cour  de  Rome,  lorsqu'elle  est  appelée  à  statuer  sur 
les  querelles  agitées  par  des  ordres  puissants  ;  il  ne  con- 
damna personne  et  supprima  les  querelles,  en  défendant 
(20  nov.  1698)  de  discuter  l'origine  de  l'ordre  des  carmes. 
—  Papebrock  a  laissé  en  manuscrit  des  Annales  Antwer - 
pieuses,  dont  le  premier  volume  a  été  imprimé  en  1845. 

E.-II.   YOI.LET. 

PAPEITl  ou  PAPEETE.  Ville  de  l'île  française  de  Taiti. 
sur  une  baie  de  la  côte  N.-O.  ;  3.000  hab.  dont  500  Fran- 
çais. C'est  le  ch.-l,  des  établissements  d'Océanie,  centre 
commercial  des  îles  de  la  Société  ;  ancienne  capitale  des 
rois  insulaires.  C'est  une  très  jolie  ville,  dont  le  port  est 
bon  et  profond. 

PAPELIER  (Pierre-Albert),  homme  politique  français, 
né  à  Nancy  le  5  déc.  1845.  Négociant  en  gj'ains,  il  fut 
élu  député  de  la  2^  circonscription  de  Nancy  en  1889,  réélu 
en  1893  et  1898;  il  appartient  au  parti  progressiste. 

PAPELONNE  (Blas.).  Se  dit  de  demi-cercles,  rangés 
les  uns  contre  les  autres  comme  des  écailles  ou  comme 
les  tuiles  d'une  maison,  dont  la  partie  concave  est  tournée 
vers  le  chef.  Le  plein  de  ces  demi-cercles  forme  le  chamj) 
de  l'écu  et  est  quelquefois  chargé  d'autres  figures. 

PAPELS  (EthnoL).  Un  des  peuples  les  plus  barbares 
de  la  Sénégambie  (V.  ce  mot),  vivant  au  miHeu  de  ma- 
récages à  Fembouchure  du  Ghébo  et  de  la  Casamance.  Les 
Papels  vont  presque  nus,  les  femmes  ne  portant  un  pagne 
qu'après  leur  mariage,  et  les  hommes  qu'une  peau' de 
chèvre  entre  les  jambes.  Ils  chassent  l'hippopotame  et 
l'éléphant,  élèvent  du  bétail,  surtout  des  b(eufs;  ils  cul- 
tivent le  ri^  et  se  circoncisent,  tout  en  ne  connaissant  que 
le  fétichisme  le  plus  grossier.  Les  biens,  chez  eux,  se  trans- 
mettent indivisément  dans  les  familles.       Zaborowski. 

PAPENBUR6.  Ville  de  Prusse,  district  d'Osnabruck 
(Westphalie)  ;  7.010  hab.  (en  1895).  Elle  fut  fondée  paj' 
D.  van  \eelcn  (1675)  sur  les  canaux  qui  asséchèrent  la 
vallée  de  l'Ems  ;  l'ensemble  de  ces  canaux  mesure  34  kil., 
et  Papenburg  est  un  centre  de  navigation  fluviale  (mou- 
vement 60.000  tonnes  en  1894)  et  d'exportation  de 
tourbe. 

PAPENDRECHT  (Hoynck  Van)  (V.Hoyxck). 
PAPETIER  (T.  de  métier).  Les  ouvriers  papetiers  for- 
maient, avant  la  Révolution,  une  corporation  très  fer- 
mée, où  n'étaient  admis  que  leurs  enfants,  et,  si  un  patron 
essayait  d'introduire  dans  son  usine  des  apprentis  étrangers. 
ils  se  mettaient  aussitôt  en  grève  ou  usaient  de  mauvais 
traitements  pour  obliger  ceux-ci  à  partir.  Ils  avaient,  outre  les 
dimanches  et  fêtes  de  l'Eglise,  vingt  et  une  fêtes  parti- 
culières, où  ils  chômaient,  et  quand,  faute  d'eau,  le  tra- 
vail devait  être  interrompu,  ils  exigeaient  quand  même 
leur  salaire.  Les  ouvriers  papetiers  des  diverses  parties 
de  la  France  ne  fraternisaient,  du  reste,  pas  tous  ;  ainsi  ceux 
de  la  Provence  et  ceux  du  Languedoc  acceptaient  bien 
ceux  de  l'Angouuiois,  mais  non  ceux  de  Paris  et  des  ré- 
gions du  Nord.  La  corporation  des  ouvriers  papetiers  sur- 
vécut, de  fait,  avec  ses  diverses  prérogatives,  à  la  Révo- 
lution, et  il  fallut,  pour  qu'elle  disparût,  l'introduction 
de  la  fabrication  mécanique,  vers  1830.  De  nos  jours, 
certains  papiers  de  luxe  se  fabriquent  encore  à  la  main 
(V.  Papier)  et  exigent,  par  conséquent,  des  ouvriers  ayant 
fait  un  sérieux  apprentissage.  Pour  les  autres  sortes,  il  n'est 
guère  besoin  que  de  mécaniciens  et  de  manœuvres,  mais 


PAPKTIER  "^'-^  PAPHOS 


982 


les  directeurs  de  papeteries  doivent  possédei'.  dans  tous 
les  cas,  des  connaissances  étendues  en  chimie  et  en  mé- 
canique. En  France,  les  grandes  fabriques  sont  un  peu 
disséminées  :  Angoulême,  Rives,  Annonay,  Essonnes,  sont 
les  plus  célèbres.  Al'ctranger,  les  rj-t'-'-irs.  r\ngleterre, 
PAllemagne  tiennent  la  tête. 

PÂPETY    (Dominique-Loiiis-I'éj'éol),  peinire  finançais, 
né  à  Marseille  le   H  août  1815,  jnort  à   Marseille    le 
'2!  sept.  48^9.  Elève,  à  Marseille,  d'un  p.Miitre  nommé 
Aubert,  chez  (jui  il  renconlra   liicard.   il  \iiii   itientùt  à 
Paris  suivre  les   leçons    de   Cogniet.    vl  il  remporta  en 
'188G  le  prix  {k  Fiome  avec  }l()'i,^;e  frappant  le  rocher 
[)our  sujet  de  concours.  ])"iine  nature  très  primesauticrc 
et  impressionnable,  il  sulùt.   en   arriva  lit  à  Home,  Tin- 
tluence  dlngres,  alors  directeur  de  l'Académie;  en  -1838, 
il  envoya  un  Moïse  sauvé  des  eaux,  et,  en  1839,  une 
Odalisque  couchée,  qui  fut  très  admirée.  Vers  cette  époqne 
il  s'éprit  de  la  doctrine  fouriériste,  et,  au  Salon  de  4 8 1-3, 
il  exposa  une   grande   composition,   qui  est  aujourd'hi'i 
au  musée  de  Compiègne  :  llève  de  bonheur,  o:i  il  s'effor- 
çait d'en  exprimer  l'avenir.  De  retour  à  Paris,  il  se  laissa 
entraîner  vers  la  peinture  d'Ary  Schellcr,  plus  lard  vei's 
celle  de  Chenavard  ave  qui  il  travailla.  Ses  premiers  ta- 
l)ieaux cependant  annonçaient  un  peintre  important,  et  déjà 
apparaissait  dans  sonienvi'e  cette  coideur  ('e  ["'Màent  <h'-v- 
chée  alors  par  Marilhat.  qui  allait  mourir  pj^bijuc'  aussitôt  ipK^ 
lui.etcpfon  voit  dans  cett'^  Memphis ,  i[\ii  fui  achetée  par 
le  duc  de  Montpensier  et  qui  avait  été  exposée  an  Salon  i}(^ 
48io  en  même  temps  (|ue  Guillaume  de  Cleruionl  défen- 
dant Ptolémaïs  [12di),  (jui  est  au  musée  de  Versailles. 
ïl  exposa  en  \^{è  une   Vierge  console Irl ce  (musée  d-' 
Marseille),  avec  un  Solon  dîclaa[se>  lois,  qui  est  au  con- 
seil d'Etat,  et,  en  4848,  un  portrait  du  ministre  grec  Co- 
l'dli.  On  voit  encore  de  lui  :  des  Types  italieus,  au  mu- 
sée de  Marseille  ;  une  Sérénade  à  la  Madone,  au  musée 
de  Nantes;  lélénia'jue,  au  musée  de   Leipzig;  au  musée 
de  Grenoble,  un  dessin  :  Femuie  ilalienne  jouant  du 
tambourin.  Une  vente  de  son  atelier  fut  faite  après  sa 
mort,  et  ses  dessins  et  ses  études  y  furent  très  fhsputés. 
Papety  avait  voyagé  en  Grèce  et  en  (hnent  et  y  avait  fait  des 
travaux  d'archéologie.  Il  puLdia  dans  la  Revue  des  Deux 
Mondes  au  4^^'  juin  48i7  le  récit  de  son  voyage  au  mont 
Athos,  où  il  avait  peint,  d'après  les  fresques  byzantines  du 
couvent  d'Aghia-Lavra  attribuées  à  Panselinos,  une  suite 
d'aquarelles  représentant  des  Saints  de  l'Eglise  d'Orient, 
qui  furent  exposées  avec  éclat  au   Salon  de  4847  et  qui 
appartiennent  au  musée  du  Louvre.  On  connaît  une  litho- 
graphie originale  de  Papety,  Joannès  Koletlês  (Goupd. 
4847).  Ses  œuvres  ont  été  gravides  par  J.  Lanrejis  et  par 
Loutrel.  Etienne  Bpjcon. 

Bip.L.  :  Ch.  I^LANC.  Histoire  des  peintres.  —  Ri^t'^et,  Ca- 
talogue des  dessins  dn  Louvre. 

PAPHLAGONIE.  Contrée  antique  de  l'Asie  Mineure,  ri- 
veraine de  la  mer  Noire,  comprise  entre  la  Bitliynie  à  l'O., 
le  Pont  à  FE.,  la  Phrygie,  puis  la  Galatie  au  S.  C'est  la 
région  montagneuse  qui.  à  partir  de  l'ilkaz-dagh  (autrefois 
mont  Olgassys?  2.200  m.  d'alt.),  s'abaisse  vers  la  mer; 
les  principaux  cours  d'eau  sont  :  l'ancien  llalys  (Ky/yl- 
Irmak),  son  affluent  l'Amm'as  (Ga^k-lrmak)  et  l'ancien 
Parthenios  (Bartin-tchai).  La  zone  côtière  est  fertile.  On 
vantait  la  qualité  des  chevaux,  des  mulets  et  des  antilopes 
de  Paphlagonie  ;  les  forets  et  la  chasse  fournissaient  des 
ressources  considérables,  ainsi  que  l'élevage  du  mouton. 
On  exportait  ces  produits,  des  bois  de  construction  et  une 
pierre  rouge.  ■ —  Les  Paphlagoniens.  peuple  de  chasseurs 
et  de  bergers,  de  mœurs  sauvages,  étaient  d'excellents  ca- 
vahers.  Ils  sont  nommés  plusieurs  fois  dans  VUiade;  re- 
gardés comme  parents  des  Cappadociens,  on  leur  a  attri- 
bué une  origine  syrienne  ;  ils  étaient  tr\s  différents  des 
populations  voisines  de  race  thrace  ou  celtique.  Il  est  ques- 
tion dans  la  môme  région  desHénèteset  des  \facrones  sur 
lesquels  on  ne  sait  rien  de  précis.  Les  Paphlagoniens 
étaient  autonomes  sous  un  prince  quand  Cro^sus  les  incoi'- 


pora  dans  le  royaume  de  Lydie,  d'où  ils  passèrent  dans 
celui  de  Perso,  et  furent  rattachés  à  la  ti'oisième  satrapie. 
Ils  conservèrent  leurs  princes  que  l'on  retrouve  au  temps 
de  Xénophon  et  d'Alexandre  et  qui  s'y  perpétuèrent,  in- 
dépendants d^  fail,  jusqu'à  l'époque  de  Mithridate.  Le  roi 
de  Pont  partagea  la  ]*ap'dagonie  avec  Nicomède,  roi  de 
Bitbynie,  dont  le  fds  Pabemenes  prit  le  titre  de  roi  de 
Paphlagonie  (04).  Quand  les  Fiomains  eurent  conquis  le 
royaunre  de  ?dithridate,  la  Paphlagonie  fut  annexée  à  la 
province  de  Bitliynie;  toutefois,  dans  l'intérieur,  une  dy- 
nastie princiére  indigcn^^  persista  à  G angra  jusqu'en  l'an  7 
av.  J.-C.,  où  son  extinction  consomma  l'annexion.  La  Pa- 
ohtagonie  fut  jointe  à  la  province  de  Galatie.  Les  princi- 
J)a!es  villes  étaient  les  cohunes  grecques  de  la  côte.  Sinope, 
Amisos  (Sainsoun),  Stepîiane  (istifan),  \mastris;  dansFin- 
îérieui',  Gangra  et  Fompeiopolis.  A.-)L  B. 

PAPHi^iUCE  (Saint),  confesseur,  évèque  de  la  Haute- 
fhébaide,  né  en  l'^gypte,  mort  vers  3()0.  Eête  le  41  sept. 
Il  avait  été  disci})k3  do  saiiiî  \ntoine.  Pemiant  la  persé- 
cution de  Galère,  on  le  condauina  au'^;  mines,  après  lui 
avoir  crevé  un  reil  et  lui  ;ivoir  coupé  le  jarret  gauche. 
W  assistai!  au  concile  de  Xicée  (3^2"))  où  le  martyre  c{u'ii 
avait  enduré  lui  valut  les  témoig^iages  les  plus  caractéris- 
tiques de  la  vénération  de  Fassend)lée.  et  tout  particuliè- 
rement de  rempereurOaiîstantin.  \\  y  com])attit  énergique- 
■-neiU  Farianisnio  ;  mais  il  y  d!  re;)ousser  la  tentative  faite 
|)oiir  conlraitidre  les  prêtres  mariés  à  l'envoyer  leurs 
;Vmmes,  déclarant  que  luoion  conjugah»  est  pure  ethono- 
cable,  et  c[e,e  la  préienlioii  à  ura*  Jiustéi'ité  excessive  ex- 
poserait FF.gtise  à  de  graves  périis,  parce  que  tous  les 
iiomraes  ne  sont  point  capables  de  garder  la  continence. 
\éanmoins,il  send)]e  ^[\\"\\  réprouvait  le nrariage  contracté 
après  Fordinatioii.  .^.n  concile  de  Tyr  (333),  il  soutint  la 
cause  d'Athanase.  E.-H.  V. 

PAPHOS.  Deux  villes  de  Fde  de  Chypre,  dans  F  antiquité 
ont  porté  ce  nom  :  l'ancien  Paphos  ou  Palœo-Paphos, 
aujourd'hui  Kouklia  ou  Covocle  des  Français  du  moyen 
âge,  et  le  nouveau  Paphos  ou  Néo-PapJios,  actuellement 
le  port  de  Bafo  et  le  bourg  voisin  de  Klima.  Ces  localités 
sont  situées  sur  la  côte  sud-occidentale,  la  première  au 
X.-O.  de  la  petite  presqu'île  d'Akrotiri,  les  secondes  dans 
hi  môme  direction,  à  47  kil.  au  delà.  Anciennement,  on 
célébra  dans  les  deuxvdles  do  Paphos  le  culte  d'Aphrodite 
^^urnommée  PapJiia;  mais  elle  avait  aussi  pour  synonyme 
le  nom  de  ùjpris,  car  File  entièi'e  de  Cyprc  ou  Chypre 
(V.  ce  mot  et  Vrxcs)  lui  était  consacrée.  Le  nom  d'Aphro- 
dile  rap])elk^  la  fable  de  la  déesse  née  de  l'écume  de  la 
mer.  En  réalité,  c'était  un.e  autre  divinité,  dont  l'image 
protectrice  ornait  la  ])roue  des  vaisseaux  phéniciens,  fen- 
dant Fonde  écuuieuse,  l'idole  grossière  de  ces  premiers 
colonisateurs,  la  Syrienne  Astarté,  qui  était  portée  par  eux 
à  Cypre  et  à  Cytîiere,  avant  que  le  génie  poétique  des 
Grecs,  les  colons  qui  vinrent  ensuite,  la  transformât  de  si 
gracieuse  façon.  L'omblèino  de  la  reproduction  et  de  la 
régénération  de  la  natui'e.  f.guré  aussi  primitivement  par 
un  simple  cône  de  pieri'O  noire,  devint  avec  FAphrodite 
,^;recque  Femblèine  de  l'amour,  plus  tard  avec  la  Vénus 
l'omaine  celui  de  la  volupté.  Mais,  du  reste,  les  cérémo- 
nies du  culte  ne  changeaient  guère.  Dans  File  de  Chypre, 
a])rès  les  prostitutions  sacrées  de  la  religion  syrienne, 
sinreniles  séductions  des  hiérodales  de  Paphos,  courti- 
sanes attachées  au  sanctuai"e. 

L'archéologie  a  tardivement  ici  confirmé  Fhistoire.  On 
n'a  d'abord  porSé  l'attention  (pie  sur  les  édifices.  Or,  les 
'omplcs  ancien! 5  n'existaient  plus,  leurs  matériaux  avaient 
servi  aux  Lusigiians.  grands  constructeurs,  à  bâtir  des 
foitecesse  féodales  et  des  églises  gothiques,  que  l'on  voit 
encore,  e!  celles-ci  percent  sous  les  mosquées  en  lesquelles 
le  culte  musulman  les  a  transformées.  Quant  aux  statues, 
aux  débris,  aux  objets  antiques,  aux  médailles,  ce  n'est 
que  par  des  fouilles  récentes,  depuis  le  milieu  de  ce  siècle, 
<pie  ces  trésors  ont  été  mis  au  jour.  Il  est  à  remarquer 
.'|ue  ia  plupart  du  temps  les  statues  anti(|ues  ont   été  à 


-  988 


PAPlfOS        PAPIVS 


dessein  décapitées  et  brisées,  puis  leurs  diverses  parties 
disséminées  et  enfouies  par  les  premiers  chrétiens  dans 
leur  zèle  et  leur  indignation  contre  les  païens  idolâtres  et 
leurs  mœurs  licencieuses.  D'une  manière  générale,  ces 
fouilles  ont  révélé  rinfluence  orientale  et  phénicienne  per- 
sistante sur  l'art  grec  à  Chypre,  qui  en  t'ait  un  type  par- 
ticulier, l'art  cypriote. 

^  Palé-Paphosa  été  fondé,  selon  la  tradition,  par  le  Phé- 
nicien Cinyras,  au  x®  siècle  av.  J.-G.  C'est  là  que  se  trou- 
vait le  plus  fameux  des  temples  de  l'île,  célèbre  par  le 
concours  des  indigènes  et  des  étrangers,  et  le  seul  dont 
fassent  mention  les  témoignages  anciens.  Tacite  rapporte 
que  Titus,  non  encore  empereur,  le  visita  durant  la  guerre 
de  Judée.  La  description  que  fait  l'historien  de  ce  sanc- 
tuaire, du  cône  symbolique  occupant  la  place  d'honneur, 
démontre  son  caractère  phénicien  et  nullement  hellénique. 
Dos  fouilles  opérées  dans  ce  dernier  quart  de  siècle  ont 
fait  connaître  son  ordonnance.  Le  péribole,  dont  il  subsiste 
encore  quelques  débris  imposants,  circonscrivait  une  vaste 
cour  entourée  de  portiques  et  au  centre  de  laquelle  était 
le  temple.  Celui-ci  avait  67  m.  de  long  sur  50  de  large 
et  l'enceinte  extérieure  240  m.  sur  464.  Il  y  avait  des 
ombrages  et  des  fontaines,  et  des  colombes  consacrées  à 
la  déesse,  ennemie  des  sanglants  sacrifices.  Ce  temple  fut 
renversé  par  un  tremblement  de  terre  au  iv^  siècle,  pré- 
cisément à  l'époque  où  les  églises  allaient  remplacer,  avec 
le  christianisme,  les  sanctuaires  du  paganisme.  La  ville 
elle-même  avait  été  détruite,  également  par  un  tremble- 
ment de  terre,  sous  Auguste,  qui  la  fit  reconstruire  et  lui 
donna  le  nom  d'Augusta.  Aujourd'hui,  ce  qui  fut  un  sé- 
jour enchanteur  est  devenu  un  lieu  triste  et  abandonné, 
avec  une  population  misérable  et  dégénérée. 

Néo-Paphos  passe  pour  avoir  été  fondé  par  l'Arcadien 
Agapénor,  à  son  retour  du  siège  de  Troie.  C/est  donc, 
malgré  son  nom,  une  ville  fort  ancienne,  mais  elle  n'eut 
le  rôle  de  capitale  qu'après  l'autre  Paplios,  oîi  régnaieiit 
les  successeurs  de  Cinyras,  dits  Cinyrades,  qui  les  com- 
prirent toutes  deux  dans  leur  goiivernemcnt.  Sous  la 
domination  romaine,  la  nouvelle  Paphos  eut  la  suprématie, 
la  première  demeurant  la  ville  sainte.  A  celle-ci,  ville 
grecque  d'origine  phénicienne,  succéda  la  ville  gréco- 
romaine.  Toutes  ces  origines  se  conservèrent,  tous  ces 
éléments  se  mélangèrent,  puis  vint  le  moyen  âge  avec  ses 
monuments  de  la  féodalité  rappelant  l'Eui'ope,  enfin  les 
temps  modernes  et  la  domination  ottomane  laissant  s'accu- 
muler les  ruines.  Ici  le  bourg  de  Ktima,  proche  de  Néo- 
Paphos,  est  d'origine  turque.  Sans  parler  des  modifications 
qu'apportera  dans  Chypre  l'administration  anglaise,  elle 
a,  en  ce  qui  concerne  le  passé,  empêché  ou  réglementé  les 
fouilles.  A  Bafo,  port  très  petit,  on  voit  aussi  les  ruines 
de  diverses  églises  gothiques  et  byzantines,  dont  trois 
servent  encore  au  culte.  Autour  de  l'une  de  ces  dernières 
se  dressent  les  fûts  de  plusieurs  belles  colonnes  de  marbre 
d'époque  romaine.  Là  était  le  temple  romain  de  Vénus,  et 
l'on  prétend  que  saint  Paul  fut  attaché  à  l'une  de  ces  co- 
lonnes lorsqu'il  vint  prêcher  à  Paphos.  Il  convertit  le  gou- 
verneur romain  de  la  ville,  Scrgius  Paulus.  On  a  trouvé 
près  de  la  nouvelle  Paphos  une  nécropole  toute  creusée 
dans  le  roc,  qui,  par  son  ampleur,  rappelle  les  sépultures 
de  l'Asie  Mineure.  On  désigne  le  village  voisin,  Hiéroski- 
pos,  comme  l'emplacement  du  célèbre  bois  sacré  de  la 
déesse.  Bafo  ou  Papho  a  3.000  hab.,  une  poste  et  un 
télégraphe  et  5  maisons  d'importation  et  exportation.  Il 
est  le  ch.-l.  d'une  des  six  provinces  de  l'île  et  se  subdi- 
vise en  cinq  districts  :  Papho,  Avdimou,  Kilani,  Koukb"a 
et  Khrysoko. 

Les  poètes  et  les  artistes  ont  placé  la  naissance  de 
Vénus  Aphrodite,  soit  sur  le  rivage  voisin  de  Paphos,  soit 
à  Cythère.  Or  il  convient  d'admettre  la  première  légende. 
La  déesse  sémitique  a  passé  chez  les  Grecs  de  Cypre,  puis 
plus  loin,  vers  l'O.,  à  Cythère.  Les  rivages  de  Cypre 
furent  les  premiers  où  les  Phéniciens  abordèrent,  leurs 
premières  étapes  étant  les  villes  des  plages  méridionales. 


Citium  (Larnaka),  Amathonte,  Paphos.  «  Les  femmes 
cypriotes,  dit  Reclus,  se  rendent  encore  religieusement, 
une  fois  par  an,  au  bord  de  la  mer  comme  aux  temps  où 
elles  allaient  célébrer  la  naissance  de  la  déesse  ;  récume 
des  flots  n'est  plus  consacrée  à  Vénus,  mais  les  Cypriotes 
y  trempent  encore  pieusement  la  main  :  «  Nous  avons, 
«  disent-ils,  trois  patrons  supérieurs  à  tous  les  autres, 
«  saint  Georges,  saint  Lazare  et  la  sainte  Mer  ».  Ch.  Del. 

BiBL.  :  KiEPERT,  New  origlmil  map  of  the  island  of 
Cyprus,  1878.  —  Perrot,  l'Ile  de  Chypre,  dans  Rev.  des 
Deux  Mondes,  1878-79.  —  Rkclus,  Géogr.  univ.,  Asie  onté- 
Heure,  1881,  t.  IX.  —  Cobham,  An  attempt  of  d,  Blbliogra- 
phy  of  Cyprus  ;  Nicosia  (Lefkosia),  1886.  —  Enlaiit.  Vile 
de  Chypre,  dans  Bull.  Soc.  Géog.,  1897, 

PARI  (Grégoire  de)  (V.  ïnnockxt  II). 

PARI  (Lazzaro),  écrivain  italien,  né  à  Pontito  (prov.  de 
Lucques)  le  23  oct.  4763,  mort  à  Lucques  le  25  déc.  4834. 
Destiné  d'abord  à  l'état  ecclésiastique,  il  fit  des  études  de 
médecine,  puis  s'embarqua  en  quahté  de  chirurgien  sur 
un  bâtiment  en  partance  pour  les  Indes.  Là  il  eut  la  chance 
de  guérir  le  roi  de  Travancor,  allié  des  Anglais,  qui  le  prit 
en  amitié,  et  le  créa  colonel  d'un  régiment  de  Cipayes  àla 
tête  duquel  il  fit  campagne  contre  Tippo-Sahib.  De  retour  en 
ItaUe  (4802),  il  y  perdit  une  fortune  péniblement  acquise 
et  devint  successivement  libraire,  puis  bibliothécaire  delà 
famille  Oaciocchi,  qui  régnait  alors  à  Lucques,  puis  con- 
servateur du  musée  de  Carrare,  enfin  (4833)  précepteur 
du  jeune  Charles,  fils  du  duc  Louis-Charles  de  Bourbon.  Il 
est  l'auteur  de  quelques  poésies,  d'une  traduction  en  vers 
fort  estimée  du  Paradis  perdu  (Lucques,  4844),  et  de 
deux  ouvrages  en  prose  qui  eurent  un  grand  succès.  Le 
premier  (Lettere  sulV  Indie  orientali;  Lucques,  4802, 
2  vol.)  est  un  recueil  de  lettres  réellement  écrites  de  THin- 
doustan,  et  remaniées  par  Fauteur  à  son  retour  ;  il  y  dé- 
crit plus  exactement  qu'on  ne  l'avait  fait  jusqu'alors  les 
mj'urs  et  la  cidlisation  de  ce  pays.  Le  second  (Commen- 
lari  délia  rivohrJone  francese  ;  Lucques,  4830-34, 
6  vol.)  est  une  Histoire  de  la  ilévolution,  écrite  d'un 
style  agréable  et  facile,  qui  est,  par  l'impartialité  des  ju- 
gements et  l'étendue  de  l'information,  la  meilleure  de  toutes 
celles  écrites  hors  de  France.  Les  dix  premiers  livres  de 
l'ouvrage,  relatant  les  événements  do  4789  à  93,  et  pour 
lesquels  l'auteur  craignait  la  sévérité  de  la  censure,  ne  fu- 
rent publiés  qu'après  sa  mort  (Lucques,  4836).     A.  J. 

BiiiL  :  A.  Ranalli,  Elogiu  dl  L.  P.;  Rome,  1835.  —  Ti- 
PA1.B0,  Biografia  degli  Ital'mni  illustri,  V,  410.  — Mestica, 
McLnuale  délia  lett.  ital.  I,  575.  —  Sur  la  valeur  historique 
des  CoinmcntaTi,  V.    Pellet,    Napoléon    à  l'île  d'Elbe, 

p  235. 

PARI  A  Poppafa  (Loi).  Loi  proposée  sous  Auguste, 
l'an  9  ap.  J.-C.,sous  le  consulat  des  Suppléants  M.  Papius 
Mutilus  et  Q.  Poppus  Secundus.  Avec  la  loi  Julia  de 
maritandis  ordinibus,  qu'elle  complétait,  elle  forme  le 
groupe  des  fameuses  lois  caducaires  destinées,  dans  la 
pensée  d'Auguste,  à  encourager  la  natalité  légitime  et  à 
restaurer  les  anciennes  mœurs  (V.  Caducum).  Il  n'est  pas 
facile,  dans  l'état  actuel  des  sources,  de  discerner  parmi 
les  dispositions  qu'elles  rattachent  à  ces  lois,  leges 
novœ.  celles  qui  émanent  plus  particulièrement  de  l'une 
que  de  l'autre. 

BiiîL.  :  V.  les  ouvrages  cites  sur  le  mot  Caducum,  et 
Girard,  Manuel  élém.  de  droit  romain  ;  Paris  1898,  iu-8, 
pp.  49,  307,  852,  934,  2«  éd.  ~  Padeletti  Cogliolo,  Storia  del 
diritto  romano ;  Florence.  188B.  in-8,  p.  488  et  les  notes, 
2«éd. 

PARIAS,  évêqued'Hiérapolis  (Phrygie),  mort  vers  463, 
martyr,  dit  la  légende.  Irénée  {Adv.  hœres.,  V,  34.  {) 
le  nomme  comme  ami  de  Polycarpe  et  auditeur  de  Jean 
l'apôtre  ou  d'un  autre  Jean,  disciple  de  l'apôtre.  Il  a  re- 
cherché avec  beaucoup  de  soin  les  échos  de  la  tradition 
apostolique,  encore  vivante  alors,  et  a  réuni  ce  qu'il  a 
trouvé  dans  sa  Ao^tcov  -/.opiaxwv  l^rjy/]at?,  «  Explication 
des  discours  du  Seigneur  ».  Il  n'en  reste  que  des  frag- 
ments fort  intéressants,  mais  encore  plus  controversés. 
La  plupart  ont  été  conservés  par  Eusèbe,  qui  appelle,  du 


PAP1A.S  —  PAPIER 


98-i 


reste,  Papias  un  «  très  petit  esprit  »,  à  cause   de  ses 
crovances  apocalyptiques.  qu'Eusèbe  ne  partageait  pa^. 

F.-H.  K. 

BiBL.  :  Gehiiardt,  llARNAOKet  Zaiia,  Pat/'ii/n  aposio/t- 
corum  opéra;  Lei})/.ig,  1878.  t.  I.  2.  pp    87-10 i.  2^  éd. 

PAPIAS  d'Aphiiodisias,  sculpteur  grec,  qui  vivait  au 
temps  d'Hadrien.  On  possède  de  cet  artiste  deux  statues 
de  centaures, {voméQs m  1736  dans  les  ruines  delà  villa 
d'Hadrien,  près  de  Tivoli.  La  hase  de  ces  statues  porte  la 
signature  :  Aristéas  et  Papias  d'Aphrodisias.  Toutes  deux 
sont  en  marbre  noir  et  se  font  pendant  au  musée  du  Ca- 
pitule. L'une  représente  un  centaure  âgé,  bacbu.les  mains 
liées  derrière  le  dos,  le  visage  offrant  l'expression  d'une  vive 
souffrance.  Le  cavalier  a  disparu,  mais  une  réplique  du 
Louvre  nous  fait  savoir  que  ce  cavalier  n'était  autre  que 
l'Amour  qui  se  rit  des  souffrances  qu'il  inflige  au  vieillard. 
L'autre  centaure  est  jeune  et  riant,  il  portait  le  même  ca- 
valier, mais  qui  cette  fois  ne  lui  infligeait  aucune  torture. 
L'antithèse  est  assez  claire  pour  n'avoir  pas  besoin  d'ex- 
plication et  révèle  une  origine  alexandi'ine.  Il  est  certain 
qu'Aristéas  et  Papias  n'ont  fait  que  reproduire  avec  talent 
un  motif  déjà  connu. 

BiBL.  :  CoLLiGNON.  Hlst.  di'  lii  sciilpliirc  grcc(pie.  t.  Il, 
pp.  677  et  suiv. 

PAPIEN  (Papianus)  (V.  Burgoxdes,  t.  Vin,  p.  466). 

PAPIER.  I.  Industrie.  —  Le  papier  est  une  substance 
obtenue  en  réduisant  en  pâte  des  matières  fibreuses  qu'on 
laisse  sécher  après  les  avoir  étendues  en  couches  minces. 
Le  papier  de  bambou  est  employé  couramment  en  l^uropc 
pour  la  lithographie  sous  le  nom  de  papier  de  Chine. 
Citons  encore  parmi  les  produits  chinois  le  papier  de 
cocons  de  vers  à  soie,  de  cœur  d'écorce  de  glaïeul,  de 
pin,  le  papier  de  rotin  et  le  papier  de  mûrier  ou  papier 
japonais. 

En  1450,  l'invention  de  l'imprimerie  donna  à  la  fabri- 
cation du  papier  une  extension  considérable  ;  jusqu'au 
xvi^  siècle  on  imprimait  sur  du  papier  collé.  Depuis  cette 
époque,  l'opération  de  l'encollage  a  été  reconnue  inutile. 

Fabrication  du  papier  de  chiffon.  C'est  un  des  pro- 
cédés les  plus  anciennement  connus  ;  il  consistait  à  prendre 
des  étoffes  de  chanvre  ou  de  lin  non  blanchies  et  à  leur 
faire  subir  l'opération  du  pourrissage  qui  consistait  à  les 
mettre  en  tas  pour  les  réduire  en  pâte.  Cette  pâte  subis- 
sait alors  une  trituration  au  moyen  des  moulins  à  mail- 
lets avec  un  lavage  constant  à  l'eau  courante.  Les  mail- 
lets étaient  de  diverses  grosseurs  et  leur  extrémité  frappante 
était  garnie  de  longs  clous.  Le  chiffon  ainsi  trituré  por- 
tait le  nom  de  défilé,  l'opération  durait  de  six  à  douze 
heures  ;  on  portait  alors  le  défilé  dans  les  piles  rafiineuses 
qui  présentaient  une  grande  analogie  avec  les  piles  à 
maillets.  Après  un  séjour  de  douze  à  vingt-quatre  heures 
dans  ces  nouvelles  piles,  suivant  la  nature  des  chiffons 
employés,  la  pâte  avait  atteint  le  degré  de  division  con- 
venable pour  être  retirée  de  la  pile.  Ce  procédé  est  main- 
tenant presque  complètement  abandonné,  c'est  à  peine  s'il 
en  existe  encore  quelques  fabriques  en  Hollande.  C'est  à 
ce  pays  que  sont  dus  les  premiers  perfectionnements  im  - 
portants  tels  que  la  suppression  du  pourrissage  et  la  subs- 
titution aux  piles  à  maillets  de  cyhndres  munis  de  lames 
d'acier  pour  diviser  rapidement  le  chiffon.  Il  faut  recon- 
naître néanmoins  que  les  fibres  de  chiffon  battues  à  l'aide 
de  lourds  maillets  conservent  une  plus  grande  résistance 
(fue  lorsqu'on  fait  usage  des  cyhndres  coupeurs,  mais  ce 
(fermer  procédé  procure  une  économie  de  main-d'œuvre 
et  de  temps  considérable.  Aussi  à  l'époque  actuelle  la  fa- 
brication du  papier  de  chiffon  se  fait-elle  de  préférence 
par  l'emploi  des  procédés  mécaniques.  Après  avoir  opéré 
un  premier  triage  de  chiffons,  on  les  découpe  soit  à  la 
main,  soit  mécaniquement;  puis  on  opère  un  blutage  dans 
des  cylindres  de  toile  métallique.  Pour  les  gros  déchets  : 
lin,  étoupes,  corde,  etc.,  on  emploie  un  cyhndre  de  bois 
garni  de  broches  en  fer  disposées  en  hélice  pour  pouvoir 
les  déchiqueter,  ce  cyhndre  porte  le  nom  de  loup.  On 
procède  ensuite  à  un  lavage  à  l'eau  au  moyen  d'un  appa- 


reil en  forme  de  vis  d'Archimède;  on  effectue  ensuite  un 
lessivage  par  les  alcalis  caustiques  pour  enlever  les  ma- 
tières grasses,  acides  et  la  matière  incrustante  des  tissu  j 
végétaux  qui  donne  de  la  raideur;  l'alcali  employé  est  la 
chaux  caustique  délayée  dans  de  l'eau.  Ce  lessivage  joue 
le  même  rôle  que  le  pourrissage  avant  son  abandon.  Le 
lessivage  à  la  chaux  se  fait  dans  des  cuviers  rotatifs  sphé- 
riques,  hermétiquement  clos,  contenant  de  l'alcali  et  de  la 
vapeur  d'eau  sous  pression  pour  diminuer  la  quantité  d'al- 
cali employé.  L'emploi  de  ces  lessiveurs  rotatifs  a  été 
une  des  inventions  qui  ont  joué,  au  point  de  vue  pratique, 
un  des  rôles  les  plus  considérables. 

Les  chiffons  sortant  des  lessiveurs  sont  transportés 
après  avoir  subi  un  rinçage  dans  les  piles  défileuses,  ces 
piles  ont  la  forme  d'une  baignoire,  cylindrique  à  ses  deux 
extrémités,  qui  mesure  de  3  à  4  m.  de  longueur  sur  '1^,50 
do  largeur  en  moyenne;  elle  est  partagée  dans  le  sens  de 
sa  longueur  en  deux  parties  par  une  cloison  médiane  in- 
complète de  façon  à  former  un  circuit  fermé.  Ces  piles 
défileuses  sont  en  fonte  et  la  paroi  intérieure  est  proté- 
gée au  moyen  d'une  couche  de  peinture.  Au  milieu  d'un 
des  côtés  et  perpendiculairement  est  disposé  un  gros  cy- 
lindre tournant  sur  des  coussinets  et  armé  d'un  certain 
nombre  de  fortes  lames  d'acier  régulièrement  espacées. 
Le  fond  de  la  pile  se  relève  en  pente  douce  jusqu'au  des- 
sous du  cylindre  ;  à  cet  endroit  on  y  encastre  une  pièce 
nommée  platine  formée  de  lames  d'acier  boulonnées  et 
serrées  })ar  des  coins  en  bois  ou  par  un  scellement  de 
plomb.  Ces  lames  au  nombre  de  40  à  12  sont  disposées 
parallèlement  entre  elles  et  légèrement  inclinées  par  rap- 
port aux  dents  du  cylindre.  Après  la  platine  le  fond  de  la 
cuve  se  relève  brusquement  de  façon  à  former  une  por- 
tion de  surface  cylindrique  concentrique  au  cyHndre  ;  il 
redescend  ensuite  rapidement  jusqu'au  niveau  horizontal 
du  second  canal.  L'eau  et  les  chiffons  entraînés  par  le 
mouvement  de  rotation  du  cylindre  remontent  le  plan  in- 
cliné, passent  entre  le  cylindre  et  la  platine  où  les  lames 
fixes  et  mobiles  les  déchirent  plus  ou  moins  suivant  leur 
écartement,  et  redescendent  ensuite  le  second  plan  incliné. 
Par  suite  de  cette  opération,  l'eau  se  charge  de  matières 
grasses  et  boueuses,  elle  est  constamment  évacuée  et  rem- 
placée par  de  l'eau  limpide.  Outre  le  cylindre  dont  nou- 
venons  de  parler,  la  pile  défileuse  est  munie  d'un  autre 
cylindre  qui  porte  le  nom  de  tambour  laveur  et  qui 
tourne  en  sens  inverse  du  premier.  Il  est  formé  de  deux 
cercles  en  cuivre  entre  lesquels  sont  soudés  quatre  pa- 
lettes également  en  cuivre  ;  l'enveloppe  du  tambour  est 
constituée  par  deux  toiles  métalliques  superposées.  C'est 
au  moyen  de  ce  tambour  que  se  fait  l'évacuation  de  l'eau  ; 
le  chiifon  n'est  pas  entraîné  puisqu'il  ne  peut  traverser 
les  toiles  métalliques. 

La  durée  du  dé  filage  varie  de  deux  à  quatre  heures  ;  le 
produit  obtenu  ou  défilé  ressemble  à  une  charpie  longue 
et  fine.  On  emploie  quelquefois  une  batterie  de  deux  piles 
défileuses  dont  la  première  commence  le  travail  qui 
s'achève  dans  la  seconde.  Le  défilé  doit  être  séché  par 
égouttage  ou  à  la  presse  hydraulique  ou  encore  au  moyen 
d'une  essoreuse,  après  quoi  il  est  blanchi  par  un  courant 
de  chlore  gazeux.  Il  faut  éviter  d'employer  une  trop  grande 
quantité  de  ce  chlore  qui  altérerait  les  tissus.  Cette  opé^ 
ration  se  fait  dans  une  chambre  de  blanchiment  qui 
porte  un  certain  nombre  de  planchers  disposés  en  chicane 
et  sur  lesquels  on  étend  le  défilé.  Le  chlore  gazeux  arrive 
par  la  partie  supérieure  après  avoir  été  en  contact  avec 
la  matière  à  blanchir.  On  peut  éviter  cette  opération  en 
mélangeant  à  l'eau  de  la  pile  défileuse  une  certaine  quan- 
tité d'hypochlorite  de  soude,  mais  cette  façon  de  procéder 
a  l'inconvénient  de  détériorer  les  piles.  On  peut  encore, 
au  lieu  de  mettre  riiypochlorite  dans  la  pile  défileuse,  le 
mettre  dans  la  cuve  blanchisseuse  et  brasser  avec  une  spa- 
tule, mais  cette  opération  est  malsaine  et  dangereuse  pour 
les  ouvriers.  Le  blanchiment  joue  un  rôle  très  important 
dans  la  fabrication  du  papier,  car,  suivant  la  façon  dont  il 


a  été  exécuté,  la  valeur  du  produit  obtenu  présente  de  no- 
tables variations.  Le  papier  une  fois  blanchi  passe  dans  la 
pile  raffineuse  qui  est  presque  identique  à  la  pile  défileuse 
que  nous  venons  de  décrire. 

C'est  à  ce  moment  que  l'on  mélange  à  la  pâte,  quand  le 
papier  doit  être  collé,  la  matière  nécessaire  au  collage.  La 
gélatine,  qui  présenterait  l'inconvénient  de  se  sécher  trop 
vite,  ne  peut  être  employée  seule  dans  ce  but;  on  se  sert 
d'un  mélange  de  résine,  de  fécule  et  d'alun  auquel  on 
ajoute  quelquefois  une  petite  quantité  de  gélatine  pour 
donner  de  la  force  et  de  la  sonorité  au  papier.  On  intro- 
duit en  outre  dans  la  pile  raffineuse  un  peu  de  kaolin  pour 
donner  au  papier  un  grain  plus  doux  et  une  plus  belle 
apparence  ;  un  excès  de  kaolin  le  rendrait  cassant.  Enfin, 
toujours  dans  cette  même  pile,  on  met  une  certaine  quan- 
tité de  bleu  d'outremer  pour  obtenir  l'azurage  qui  donne 
une  teinte  plus  blanche  au  produit  lorsqu'il  s'agit  de  pa- 
pier blanc  ;  on  remplace  le  bleu  d'outremer  par  une  autre 
matière  colorante  lorsqu'il  s'agit  de  papier  de  couleur. 

La  pAte  ainsi  traitée  doit  être  transformée  en  papier 
au  moyen  de  la  mise  en  feuilles  :  cette  opération  se  fait 
à  la  main  ou  la  machine. 

Fabrication  du  papier  à  la  main.  La  fabrication  du 
papier  à  la  main  exige  la  coopération  simultanée  de  trois 
ouvriers  :  le  puiseur,  le  coucheur  et  le  leueur  ainsi  que 
d'un  aide  appelé  vireur.  Cette  mise  en  feuilles  se  fait  dans 
des  formes,  sortes  de  cadres  sur  lesquels  sont  tendus  des 
fils  de  laiton  parallèles  nommés  vergeures  et  de  fils  trans- 
versaux aux  premiers  nommées  pontuseaux;  les  fils  de 
vergeure  sont  apparents  à  l'œil  nu  et  ont  donné  leur  nom 
au  papier  vergé.  Lorsqu'il  s'agit  du  vélin,  qui  est  une 
imitation  du  parchemin,  les  formes  employées  sont  faites 
avec  une  toile  métallique  très  fine  et  très  égale.  Un  châs- 
sis ou  frisquette  règle  l'épaisseur  que  l'on  veut  donner  au 
papier.  Le  puiseur  trempe  la  forme  surmontée  de  la  fris- 
quette dans  la  cuve  qui  contient  la  pâte  et  il  en  retire  la 
quantité  de  pâte  nécessaire  pour  une  forme.  Le  coucheur 
reçoit  la  forme  des  mains  du  puiseur  qui  conserve  le  châs- 
sis et  renverse  la  feuille  sur  un  feutre  ;  il  recouvre  cette 
feuille  d'un  second  feutre  qui  reçoit  à  son  tour  une  nou- 
velle feuille  et  ainsi  de  suite.  Le  leveur  prend  les  feuilles 
et  les  feutres  et  fait  égoutter  après  avoir  interposé  des 
planchettes  de  bois  ;  enfin  le  vireur  reprend  les  feutres  et 
les  retourne  pour  s'en  servir  à  nouveau.  La  mise  sous 
presse  se  fait  souvent  par  l'intermédiaire  d'un  cinquième 
ouvrier  nommé  pressier.  Une  équipe  d'ouvriers  ainsi  cons- 
tituée peut  faire,  par  jour,  4  à  5.000  feuilles  à  la  forme. 
Pour  terminer  l'opération,  on  sèche  les  feuilles  ainsi  obte- 
nues dans  des  étendoirs  chauffés  et  on  procède  au  collage 
à  la  gélatine  dans  un  vase  de  cuivre  nommé  mouilleur. 

Mais  les  procédés  que  nous  venons  de  décrire  sont  trop 
longs  pour  les  besoins  actuels,  et  bien  que  le  travail  à  la 
forme  soit  encore  usité  pour  les  papiers  de  luxe,  on  emploie 
maintenant  de  préférence  la  fabrication  du  papier  continu, 
qui  a  été  inventé  en  France  par  Louis  Robert,  ouvrier  de 
la  papeterie  d'Essonnes. 

Fabrication  du  papier  continu.  Dans  ce  procédé,  les 
opérations  préliminaires  sont  semblables  à  celles  que  nous 
venons  de  décrire,  mais  à  la  sortie  des  piles  raffineuses, 
la  matière  arrive  dans  de  grandes  cuves  où  un  agitateur 
la  maintient  en  suspension,  la  pâte  s'écoule  ensuite  par  un 
robinet  régulateur  sur  une  forme  sans  fin  composée  d'une 
toile  métallique  semblable  à  celle  employée  pour  le  vélin. 
Cette  toile  métallique  est  animée  de  deux  mouvements  : 
un  mouvement  de  progression  et  un  mouvement  de  va  et 
vient.  Deux  règles  en  laiton,  disposées  transversalement, 
règlent  l'épaisseur  de  la  pâte  ;  en  outre,  deux  courroies  de 
cuir  bordant  la  toile  métaUique  forment  les  rives.  Pour 
activer  le  séchage,  un  aspirateur  fait  le  vide  au-dessous 
de  la  forme.  La  feuille  de  papier,  au  sortir  de  la  forme 
sans  fin,  est  déversée  sur  un  feutre  également  sans  fin,  qui 
la  conduit  à  la  presse  humide.  Cette  presse  est  constituée 
par  une  série  de  six  à  sept  gros  cylindres  entourés  de 


98r>  —  PAPIER 

feutre,  qui  commencent  à  lisser  la  feuille.  A  la  suite  vient 
Xdi presse  sèche  composée  de  trois  cylindres  en  fonte  chauf- 
fés à  130°.  Au  sortir  de  la  presse  sèche,  la  bande  de  papier 
continu  vient  s'enrouler  sur  un  dévidoir. 

On  donne  au  papier  la  longueur  voulue  au  moyen  d'une 
découpeuse  mécanique  constituée  par  deux  disques  d'acier, 
on  rétend  ensuite  sur  des  tables  à  rainures  et  on  les  coupe 
au  format  voulu;  enfin,  on  examine  les  feuilles  ainsi  obte- 
nues, on  les  glace  ou  satine,  dans  des  calandres;  on  les 
compte,  on  les  met  en  presse  et  on  les  plie.  Dans  les  grande> 
expositions,  on  a  pu  voir  des  exemples  très  frappants  de 
fabrication  du  papier  par  appareil  continu  :  au  début  do 
l'opération,  des  monceaux  de  bois  de  longueur  convenable 
étaient  soumis  à  l'action  d'une  machine  à  disque  munie  de 
lames  d'acier  qui  les  réduisait  en  fragments  ;  ceux-ci  subis- 
saient toutes  les  opérations  que  nous  venons  de  décrire  et 
sortaient  à  l'autre  bout  de  l'ateUer  sous  forme  de  journaux 
tout  imprimés  et  plies. 

Jusqu'au  milieu  du  xviii^  siècle,  le  seul  papier  employé 
fut  celui  fabriqué  avec  des  chiffons,  son  dernier  perfec- 
tionnement fat  la  fabrication  du  papier  vélin. 

C'est  en  1750  que  Rackerville  créa  le  papier  connu  sous  le 
nom  de  vélin,  qui  ne  présentait  plus  les  rugosités  des 
autres  papiers  que  l'on  fabriquait  jusque-là.  Ce  procédé  fut 
importé  en  Angleterre  par  Whatmann,  en  1770,  et  en 
France  par  Réveillon  et  Montgolfier,  en  1782  et  1785.  A 
la  fin  du  siècle  dernier,  la  rareté  du  chiffon  et  son  prix 
toujours  croissant  engagèrent  les  industriels  à  chercher 
d'autres  matières  propres  à  le  remplacer.  Cuetard  et  Gle- 
ditsch  traitèrent  ainsi  un  grand  nombre  de  plantes  telles 
que  la  chêne votte,  les  orties,  les  mauves,  le  coton,  la  filasse, 
l'algue  marine,  les  fucus  et  même  quelques  matières  ani- 
males telles  que  :  cocons  de  vers  à  soie,  coques  de  che- 
nilles, chiffons  de  soie,  etc.  H  existe  au  Muséum  britannique 
de  Londres  un  livre  daté  de  1772  et  imprimé  sur  72  espèces 
de  papier  provenant  toutes  de  matières  différentes.  Dès 
1771 ,  on  avait  fait  à  Bruxelles  des  papiers  de  bois.  Quelques 
années  auparavant,  le  naturaliste  allemand  Scheffer  publia 
un  ouvrage  relatif  aux  différentes  substances  dont  il  avait 
fait  l'essai,  telles  que  :  sciure  de  bois,  copeaux  de  bois, 
de  pin,  de  frêne,  de  hêtre,  de  saule,  tiges  de  houblons, 
sarments  de  vigne,  feuilles  d'arbres,  de  choux  rouges, 
tiges  de  bardane,  pommes  de  pin,  etc.  ;  il  était  même  allé 
jusqu'à  fabriquer  du  papier  avec  des  nids  de  guêpe.  Néan- 
moins, ces  nombreux  essais  n'eurent  pas  de  résultats  pra- 
tiques avant  le  commencementdu  xix^  siècle  ;  après  1815, 
de  très  nombreux  brevets  furent  pris  pour  l'emploi  de  suc- 
cédanés du  chiffon. 

On  fit  des  papiers  de  paille,  de  sparte,  de  cjlza;  on  em- 
ploya les  résidus  de  pommes  de  terre,  la  pulpe  de  bette- 
rave, les  résidus  de  canne  à  sucre,  du  sorgho,  le  ligneux 
des  asperges,  la  réglisse,  le  pavot,  le  tabac,  la  rose  tré- 
mière,  les  fibres  de  racines  de  navet,  le  topinambour,  les 
mauvaises  herbes,  les  fibres  du  tan,  le  tan  épuisé,  les 
déchets  de  cuir,  les  écorces  de  figuier,  acacia,  tilleul,  genêt, 
l'ortie,  les  bois  de  peuplier  et  de  chêne,  la  mousse,  etc. 

Actuellement,  les  succédanés  du  chiffon  couramment 
employés  sont  la  paille,  Valfa  ou  sparte.  On  fait  aussi  du 
papier  de  m  et  du  papier  de  bois. 

La  paille  a  servi  tout  d'abord  pour  les  papiers  jaunes 
d'emballage;  on  l'emploie  actuellement,  après  décoloration 
à  la  soude  et  au  chlore,  pour  les  papiers  communs,  tels  que 
ceux  des  journaux.  Les  lessives  de  soude  sont  évaporées 
dans  un  appareil  nommé  four  Porion.  La  charge,  c.-à-d. 
la  quantité  de  substance  minérale  (kaolin,  plâtre,  etc.), 
ajoutée  au  papier,  est,  pour  les  journaux  français,  de 
12  à  25  ""/o  ;  cette  charge  a  comme  inconvénient  de  rendre 
le  papier  sans  consistance  et  d'user  rapidement  les  carac- 
tères d'imprimerie. 

Valfa  ou  sparte  est  une  plante  qui  provient  d'Espagne 
ou  d'Algérie;  elle  est  très  couramment  employée  en  Angle- 
terre. 

Le  papier  de  riz  est  improprement  nommé,  car  il  ne 


PAPIER 

provient  pas  du  ri/,  mais  d'une  plante  légumineuse  du 
Bengale  à  moelle  blanche  cl  brillante.  Le  papier  de  bois 
obtenu  par  procédé  mécanique  donne  une  pâte  blonde,  non 
(Iccoiorée  au  chlore  ;  ce  bois  est  réduit  en  farine  par  broyage 
dans  une  meule  défibreuse,  et  un  courant  d'eau  la  réduit 
en  une  pâte  qui  arrive  à  l'épurateur,  ne  laissant  passer  que 
la  pâte  finie;  l'eau  en  est  exprimée  au  moyen  d'une  presse 
pâle.  On  peut  également  avoir  recours  pour  la  fabrication 
du  papier  de  bois  à  un  procédé  chimique  qui  le  décolore. 
Nous  avons  parlé  prcccdemment  de  la  mise  au  formai 
du  papier  :  voici  la  nomenclature  de  formats  les  plus  répan- 
dus dans  le  coniinerce.  ainsi  (jue  leiu's  (liuTensions  et  le 
poids  moyen  de  la  rame. 

Ui'XOAUNVrïO.XS  DLMl'^XSIONS  i'OIDS 

(Irand  monde  (qui  sert  lar^  ""auteur  ^^enkiLT 

pour  les  cartes,  les      j,,  ^^^ 

dessins) 1,194  0.87          100  k  1^20 

Grand  aigle 1,014  0,688          6o  à    70 

Grand  soleil -1  0,69            SO  à    r^o 

Grand  colombier OM  OiîO            45  à     r>0 

Grand  Jésus  (impres- 
sions, écrits) 0,72  0,o()            "If}  à     30 

Jésus  (impressions). .  .  0.70  0.5^) 

Grand  raisin  (impres- 
sions)    0,64  0,50            1^  à     15 

Cavalier  (impressions).  0,60  0,45             10  l\     t2 

Double  cloche  (écrits).  0.58  0,39              7  à      8 

Carré      (impressions . 

écrits) 0,5G  0,45              8  à     40 

Coquille  (écrits) 0'.5B  0,44              5  à     10 

Coquille  (sans  colle  pour 

copie  de  lettres)  . . .  0.57  0.^5 

Ecu  (écrits) 0.53  O/iO              8  à     10 

Couronne  (impressions 

écrits). O/S  0,36              4  à      6 

TeUière    (mémoires, 

comptes) ,...  0,45  0,35              4  à      5 

Florette  (écrits) 0,44  0,34              4  à      5 

Pot  (écrits) 0,40  0,31               3  à      5 

Cloche  de  Paris  (écrits).  0,30  0.29              3  k      4 

Petite  cloche  normande 

(écrits) 0.3(i  0,26              2  à      3 

Petit  cà  la  main 0,3'=.  0,21!              3  à      4 

Pelure  (papier  pour  les 

heurs  artificielles),.  0,70  0.50 

Outre  les  papiers  employés  pour  l'écriture  et  l'impres- 
sion qui  ont  subi  tous  les  apprêts  nécessaires,  il  existe 
d'autres  sortes  de  papier  employé  à  des  usages  spéciaux. 
Parmi  ceux-ci,  nous  citerons  le  papier  brouillard  i\m  est 
fait  de  chiifons  colorés  ;  le  papier  à  calquer  qui  est  demi- 
transparent,  il  est  fait  de  iilasse  de  chanvre  ou  de  lin 
écru.  non  blanchi,  qui  est  collé  naturellement,  il  porte 
aussi  le  nom  de  papier  végétal.  Le  papier  à  (2Z^ti?7/(?,*?  qui, 
ainsi  que  son  nom  lïndique,  sert  d'enveloppe  aux  pacjuets 
d'aiguilles  et  est  composé  d'une  pàto  \im  d'un  noir  bleuâtre, 
très  satinée.  Les  papiers  li  bille  h  de  baiiffae  sont  faits 
de  filasse  écrue,  coupée,  lessivée  et  réduite  en  pâte.  Ce 
papier  se  fait  sur  de  petites  formes  spéciales  qui  servent 
à  obtenir  les  filigranes.  Pour  adoucir  le  grain  et  faire  dis- 
paraître les  marques  des  feutres,  chaque  feuille  doit  être 
séchée  entre  deux  buvards.  La  pâte  employée  pour  cette 
fabrication  doit  être  très  pure  ;  les  cuves  sont,  en  outre, 
chauffées  au  bain-marie  pour  éviter  l'introduction  do  ma- 
tières étrangères  dans  la  pâte.  Les  papiers  de  fantaisie, 
marbrés,  gauti'rés,  maroquinés,  etc.,  sont  très  employés 
dans  la  reliure.  On  les  gauffre  et  on  les  moire  en  les  fai- 
sant passer  entre  deux  cylindres  dont  l'un,  en  fonte,  porte 
le  dessin  en  relief  tandis  que  l'autre,  en  papier,  est  uni. 
Le  papier  pelure  sert  pour  l'écriture  et  pour  envelopper 
les  objets  précieux.  Le  papier  serpente  sert  à  la  fabrica- 
tion des  éventails,  Lp  vauier  o  sucre,  destiné  à  l'embal- 


986 


lage  des  pains,  est  très  épais  et  se  fait  de  deux  couleurs  : 
papier  bleu  pour  les  sucres  consommes  en  France,  papier 
violet  pour  les  sucres  d'exportation.  Le  papier  timbré  est 
fabriqué  à  la  forme  et  filigrane  avec  beaucoup  de  soin. 
On  a  recherché  pendant  longtemps  le  moyen  d'obtenir  un 
papier  de  sûreté  permettant  de  reconnaître  facilement 
les  grattages,  surcharges  et  décolorations,  mais  jusqu'à 
présent  on  n'a  pas  obtenu  dans  cette  voie  do  résultats 
satisfaisants.  Les  papiers  à  dentelles  sont  faits  avec  une 
pâte  spéciale  et  découpés  à  l'emporte-pièce.  Les  papiers 
à  filtrer  ne  peuvent  être  collés  puisqu'ils  doivent  laisser 
passer  les  liquides  ;  il  en  existe  de  plusieurs  sortes  :  les 
blancs  (jui  exigent  l'emploi  de  la  pâte  de  chiifon  et  les 
gris  qui  sont  faits  d'un  mélange  de  chiifons,  de  carton  et 
de  chiffons  de  laine.  La  fabrication  des  papiers  à  filtrer  et 
notamment  du  papier  Berzélius,  le  plus  pur  d'entre  eux, 
présente  beaucoup  de  difii cultes.  Nous  citerons  dans  un 
ordre  d'idée  analogue  le  papier  à  réactif,  le  papier  de 
gaiac,  etc. 

Fabrication  du  cartou  (V.  Carte  et  Cârtox). 

Pour  terminer  ce  (pn  concerne  l'industrie  du  papier, 
nous  citerons  une  invention  qui  date  du  milieu  du  siècle, 
c'est  celle  du  papier  parchemin  ou  parchem^in  végétal. 
Ce  iH'oduit,  très  facile  à  obtenir,  ne  demande  que  quelques 
instants  de  préparation.  ït  suffit  de  prendre  un  rouleau  de 
papier  sans  fin,  non  collé,  de  le  faire  passer  dans  une  cuve 
contenant  de  Lacide  sulfurique  à  65^  environ,  puis  dans 
deux  cuves  remplies  d'eau  de  lavage,  puis  dans  une  der- 
nière cuve  renfermant  de  l'eau  additionnée  d'ammoniaque 
pour  saturer  les  dernières  portions  d'acide  sulfurique  que  les 
lavages  n'auraient  pas  enlevées.  Au  sortir  de  cette  cuve,  le 
papier  parchemin  passe  entre  deux  cylindres  revêtus  d'étoffe 
de  laine  oii  il  se  sèche  ;  puis  entre  deux  cylindres  plus 
petits,  chauffés  à  la  vapeur,  qui  lui  donnent  son  glaçage  ;  il 
ne  reste  plus  qu'à  enrouler  sur  un  dévidoir.  Il  est  à  remar- 
quer que  non  seulement  ce  produit  présente  l'aspect  exté- 
rieur du  parchemin  animal,  mais  encore  qu'il  jouit  d'une 
^partie  de  ses  propriétés.  C'est  ce  papier  parchemin  qui 
'sert  à  l'impression  des  diplômes,  actes  importants,  docu- 
ments, etc.  Pour  cet  usage,  il  présente  sur  le  parchemin 
animal  une  supériorité  appréciable,  car  il  n'est  pas  rongé 
à  la  longue  par  les  insectes.  On  l'emploie  également  pour 
la  reliure  des  livres,  certaines  cartes  géographiques,  etc. 
Le  papier  végétal  est  imperm.éable  et  imputrescible  quand 
il  a  été  plongé  dans  l'eau  bouillante,  il  se  prête  aux  expé- 
riences d'endosm.ose  et  d'exosmose,  aussi  a-t-il  été  adopté 
par  l'industrie  sucrière.  On  obtient  avec  le  papier  végétal 
un  produit  très  solide  ([ui  porte  le  nom  de  carton  cuir, 
dont  on  sert  comme  tenture  et  qui  imJte  les  cuirs  repoussés 
si  recherchés  jadis  dans  l'ameublement.  C'est  en  Belgique 
(lue  cette  invention  a  ])ris  naissance,  et  de  là  elle  a  pé- 
néîié  en  France. 

Papiers  ^nixis.  —  On  désign(^  sous  ce  nom  des 
papiers  recouverts  sur  l'une  des  faces  de  motifs  en  cou- 
leur et  destinés  à  Ja  décorai ioji  des  murs  intérieurs  des 
appartements.  Au  moyen  âge,  les  murs  des  riches 
b.abitations  étaient  décorés  de  tapisseries  brodées  à  la 
iuain,  de  tentures  de  soie,  de  cuirs  gaufrés,  dorés,  hro- 
chés  de  dessins  d'or  et  d'argent.  Le  prix  élevé  de  tels  or- 
nemenls  n'en  permettait  l'acquisition  qu'aux  personnes  les 
plus  opulentes,  eî  c'est  le  désir  de  décorer  plus  économi- 
quement les  habitalions  oui  fit  naître  Pindustrie  des  pa- 
piers peints.  En  1620,  Le  François  de  Rouen,  séduit  par 
la  vue  des  papiers  peints  chinois  importés  par  des  mis- 
sionnaires, tenta  d'imiter  les  tapisseries  de  soie  par  des 
moyens  économiques.  Il  répandait  de  la  poupre  de  laine 
de  difierente  conteur  sur  un  dessin  recouvert  de  matière 
collante  dans  les  parties  utiles.  Le  papier  velouté,  dit  ton- 
tisse  de  Le  François,  acquit  de  la  réputation  et  fut  ex- 
porté en  Angleterre.  Notons  cependant  que  les  Anglais 
prétendent  à  la  priorité  de  l'invention  pour  JérémieLanye]' 
qui  aurait  appliqué  en  1634,  sous  Charles  V'^\  les  pro- 
cédés chinois  et  japonais.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  fabrication 


987 


PAPIER 


des  papiers  veloutés  prit  do  roxtension  en  Angle(erre, 
mais  fut  abandonnée  on  France. 

Ce  n'est  que  vers  le  milieu  du  xviii^  siècle  que  l'in- 
dustrie des  véritables  papiers  peints  actuels  prit  nais- 
sance en  France  et  en  Angleterre.  En  1746,  une  première 
fabrique  fut  établie  en  Angleterre.  Mais  la  fabrication  n'y 
prit  de  l'extension  qu'en  1780  avec  Georges  ot  Frédéric 
Echardt:  on  employait  des  planches  gravées,  fort  légères, 
imprégnées  de  couleur  aux  endroits  utiles  qu'on  reportait 
sur  le  papier  avec  une  pression  suiTisante.  En  France,  ce 
ne  fut  c|u'à  la  fin  du  xviii®  siècle  que  l'industrie  prit  nais- 
sance ;  on  se  servait  de  cartons  découpés,  dans  les  vides 
desquels  on  pinceautait  les  couleurs.  La  guerre  avec  l'An- 
gleterre ayant  fait  disparaître  l'importation  des  papiers 
anglais,  Robert,  marchand  mercier  à  Paris,  et  Arthur,  hor- 
loger anglais,  installèrent  une  usine  où  l'on  se  servait  de 
planches  gravées,  ftuelque  temps  après.  Réveillon  établit 
ses  usines  de  papiers  gravés,  ])oints  et  tontisses  qui  firent 
disparaître  du  marché  les  papiers  veloutés  anglais.  A  par- 
tir de  4780,  cette  industrie  prit  un  grand  essor  en  France  ; 
des  améliorations  importantes  y  furent  apportées  ;  au  lieu 
de  planches  et  modèles  découpés  en  métal,  en  papier,  en 
cuir,  etc.,  on  fit  de  véritables  impressions  au  moyen  de 
planches  en  poirier  gravées  en  relief,  appliquées  et  re- 
percées sur  le  papier.  On  multiplia  le  nombre  des  planches 
avec  celui  des  couleurs  en  vue  d'obtenir  des  dessins  de 
bouquets  de  fleurs  et  même  des  tableaux  de  paysages. 

Le  xix^  siècle  vit  le  centre  de  la  fabrication  se  reporter 
en  Alsace.  Des  innovations  nombreuses,  scientifiques  et 
artistiques,  furent  faites  dans  la  fabrique  deRixheim,  près 
Mulhouse,  fondée  en  1790  par  Jean  Zuber.  On  y  fit  l'ap- 
plication de  couleurs  nouvelles  telles  que  le  jaune  de 
chrome,  le  vert  de  Schweinfurt,  le  bleu  minéral,  l'outre- 
mer. L'ex-peintre  de  fleurs  des  Gobclins,  Malaine,  y  des- 
sina de  magnifiques  reproduclions  de  la  nature.  On  y  ap- 
plicfua  les  procédés  aux  teinies  fondues  qu'avait  inventés 
Michel  Sporlin  pour  les  étoffes;  enfin  on  y  transforma  le 
papier  continu  en  papier  peint  continu.  Une  usine  rivale 
fut  éta])lie  à  Mâcon  par  Dufour.  on  y  fit  de  grands  décors 
de  paysages.  C'est  dans  cette  usine  que  l'on  fit  le  premier 
décor  en  grisailles,  les  premiers  décors  en  coloris  ayant 
été  faits  dans  l'usine  de  Zuber.  Dès  lors,  la  fabrication 
s'étendit  et  de  nombreuses  usines  s'établirent. 

Les  grands  perfectionnements  de  cette  période  furent 
l'obtention  de  rouleaux  sans  collage  au  lieu  de  petits  car- 
rés de  papier  collés  bout  à  bout  cjuc  l'on  avait  obtenus  jus- 
qu'alors. Ce  perfectionnement  ne  fut  possible  que  lorsque 
l'industrie  du  papier  put  fournir  du  papier  continu.  L'im- 
pression continue  fut  substituée  aux  planches  lorsque  Zuber 
ht  l'apphcation  aux  papiers  peints  des  cylindres  gravés 
employés  à  l'impression  des  étotfes.  L'ingénieur  anglais 
Newton  perfectionna  et  rendit  pratique  ce  procédé  vers 
4830.  En  4838,  Bissonnet  inventa  la  première  machine  à 
imprimer  en  plusieurs  couleurs.  Dès  lors,  la  fabrication 
prit  une  grande  extension.  L'Anglais  Potter  inventa  une 
machine  à  imprimer  analogue  à  celle  servant  à  l'impression 
des  indiennes  ou  toiles  teintes.  Onmultipha  le  nombre  des 
couleurs,  jusqu'à  employer  o4  tons  difFérenls  à  l'aide  de 
la  morne  machine.  Mais  le  point  de  départ  des  machines  à 
imprimer  en  plusieurs  couleurs  fut  la  machine  de  Bisson- 
net. L'industrie  des  papiers  peints  s'étendit  à  toute  l'Eu- 
rope. 

Fabrication.  Il  existe  deux  méthodes  de  fabrication  sui- 
vant la  qualité  des  produits  à  obtenir  :  on  opère  à  la 
plancke  pour  les  meilleurs,  le  papier  employé  a  8^^^, 50  de 
longueur  pour  une  largeur  de  0^%50  ;  on  opère  à  la  ma- 
chine pour  les  papiers  plus  ordinaires,  les  rouleaux  ont 
jusqu'à  830  m.  de  longueur  pour  une  largeur  variant  de 
0^^,50  à  4'^,oO.  Les  papiers  très  communs  sont  imprimés 
directement  tels  que  l'industrie  les  livre.  Ils  sont  blancs  ou 
colorés  en  gris  ou  chamois  pendant  leur  fabrication  même. 
Ce  sont  généralement  des  papiers  de  paille  ou  de  bois,  les 
premiers  présententcette  particularité  qu'ils  sont  très  lisses, 


satinés  naturellement  et  présentent  une  teinte  jaunâtre  pou- 
vant servir  de  fond.  Les  papiers  de  quahté  moyenne  et 
supérieure  reçoivent  toujours  sur  une  face  une  couche  uni- 
forme de  couleur  servant  de  fond  d'impression,  c'est  Topé- 
ration  du  fonçaçjeqm  comprend  trois  périodes  successives  : 
Isimisc  en  coideiir  ou  fonçcifje  proprement  dit,  le  lissage 
ot  le  satinage  qui  s'exécute  à  la  main  ou  à  la  machine. 

Ponçage  a  la  main.  Le  papier  est  étendu  sur  une  table, 
un  ouvrier  y  répand  la  couleur,  un  autre  Pétale  à  l'aido 
de  deux  grandes  brosses,  un  troisième  l'égalise  avec  dt^s 
brosses  à  longues  soies.  Puis  le  papier  est  porté  à  l'éten- 
doir  oii  il  sèche.  On  le  rouie  ensuite  pour  le  porter  à  Pato- 
lier  de  lissage. 

Fonçage  à  la  machine.  Dans  les  machines  muesàbias 
d'homme,  un  cyUndre  garni  de  poils  répand  la  couleur  sur 
le  papier,  une  grosse  brosse  Pégalise.  Dans  la  fonceuse 
mue  par  la  vapeur,  le  papier  d'une  bobine  de  850  m.  se 
déroule  par  la  machine;  il  passe  au  contact  d'un  drap  sans 
fm  animé  d'un  mouvement  de  rotation  continu  et  plongeant 
dans  une  auge  ou  il  s'imprègne  de  couleur.  Le  papier  ayant 
leçu  la  couleur  s'étale  sur  une  table  où  deux  brosses  animées 
d'un  mouvement  de  va-et-vient  égalisent  la  couche  de  cou- 
leur. Le  papier  passe  ensuite  sur  une  série  de  cordes  mo- 
biles qui  cheminent  au  plafond  de  l'atelier,  il  y  sèche  sous 
l'action  de  la  chaleur  développée  par  des  tuyaux  de  vapeur. 
Arrivé  au  bout  de  F  atelier,  il  revient  sur  une  autre  série 
de  cordes  mobiles  marchant  en  sens  inverse.  Lorsque  tout 
le  chemin  est  parcouru,  le  papier  est  soc.  On  l'enroule  suc 
un  rouleau.  L'opération  est  continue. 

Lissage  à  la  main.  Cette  opération  consiste  à  prome- 
ner sur  le  dos  du  papier  couché  sur  une  table  en  poirier, 
couleur  en  dessous,  un  cylindre  de  cuivre  de  petit  dia- 
mètre produisant  une  pression  suffisante  pour  écraser  la 
couleur. 

Lissage  à  la  machine.  Le  rouleau  reçoit  mécanique- 
ment un  mouvojnent  de  va-et-vient,  le  papier,  engagé 
entre  la  table  et  le  cylindre,  est  hssé  en  passant.  Il  est 
enlevé  continuellement  par  dcsrouleauxd'appol.Lo  papier 
est  alors  uni.  Ce  sont  les  papiers  ordinaires,  les  papiers 
fins  sont  satinés. 

Satinage  à  la  main.  On  répand  du  talc  sur  le  côté 
couleur  clu  papier  couché  sur  une  tablOç,de  marbre.  Un 
ouvrier  frotte  énergiquement  avec  une  brosse  fixée  à  un 
levier  vertical  mobile  jusqu'à  ce  cpi'i!  obtienne  un  ])oli 
brillant. 

Satinage  à  la  machine.  LQ^dii^ïer  légèrement  humecté 
par  un  drap  et  saupoudré  du  talc  tombant  d'un  tamis  est 
frotté  avec  une  force  suffisante  par  deux  brosses  mues 
mécaniquement.  Le  papier  foncé,  lissé  ou  satiné,  est 
prêt  pour  Firaprossion. 

Couleurs  emploi/ées.  Los  couleurs  employées  dans  le 
fonçage  sont  des  matières  terreuses  telles  que  le  blanc  de 
Bougival,  la  craie,  la  céruse,  etc.  Ces  matières,  réduites 
en  poudre  très  fine  et  bien  épurée  par  des  lavages,  sont 
additionnées  d'une  certaine  quantité  de  colle  animale  ou 
d'amidon,  de  fécule,  de  gomme,  etc.,  pour  qu'elles  puissent 
se  fixer  sur  du  papier.  On  utilise  quelquefois  des  mélanges 
des  résidus  des  différentes  couleurs  employées  dans  l'ate- 
lier pour  obtenir  un  fond  bistre.  Les  ocres  fournissent  les 
jaunes.  On  emploie  également  Foutremor,  les  cendres 
bleues  et  vertes,  le  bois  du  Brésil  pour  le  rouge,  la  gaude 
pour  le  jaune,  le  bois  de  campèche  mêlé  à  l'alun  pour  le 
violet,  le  noir  d'os  ou  d'ivoire  môle  au  blanc,  pour  les 
gris,  le  bleu  de  Prusse,  la  garance,  etc. 

Les  différentes  couleurs  d'anihne  si  éclatantes  servent 
aussi,  leur  peu  de  solidité*étant  d'un  inconvénient  moindre 
pour  les  papiers  peints  que  pour  les  étoffes,  car  ils  ne 
doivent  pas  être  lavés  et  ne  subissent  pas  Fardeur  des 
rayons  du  soleil.  Le  vert  de  Schweinfurt,  qui  contient 
un  composé  arsenical  dangereux  pour  la  santé,  tend  à  être 
abandonné.  On  emploie  aussi  pour  cette  nuance  les  verts 
de  Vienne  et  de  Scheele  et  les  mélanges  de  bleu  et  de 


PAPIER 


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Les  couleurs  employées  avec  la  colle  animale  et  séchées 
lentement  sont  meilleures  que  celles  qui  contiennent  l'amidon 
grillé,  la  fécule,  la  gomme,  etc.,  et  qui  sont  séchées  rapi- 
dement. Les  premières  sont  surtout  usitées  en  France  ; 
les  secondes,  plus  économiques,  s(tnt  plus  répandues  en 
Angleterre  et  en  Amérique  ;  elles  offrent  des  difficultés  au 
collage  ultérieur  sur  les  murs  des  habitations.  Toutes 
ces  matières  colorantes  sont  employées  liciuides.  mélan- 
gées à  la  colle. 

Dans  l'impression  à  la  planche,  la  couleur  est  conte- 
nue dans  un  baquet  enbois  de  chêne  recouvert  d'un  châssis 
portant  une  peau  en  basane  ;  l'ouvrier  tireur  étale  la 
couleur  avec  un  gros  pinceau  sur  un  drap  servant  de  pa- 
lette et  étendue  sur  la  basane  ;  l'ouvrier  imprimeur  y 
appuie  la  planche  et  la  pose  sur  le  papier  étendu  devant 
lui.  Il  faut  autant  de  draps  que  de  couleurs  différentes. 
Quelquefois,  au  lieu  de  drap,  on  emploie  un  cadre  mobile 
portant  une  étoffe.  Dans  l'impression  mécanique,  l'ouvrier 
n'a  qu'à  remplir  de  couleurs  les  petites  auges,  le  drap 
sans  fin  qui  s'y  meut  s'imbibe  de  couleur  et  la  dépose  sur 
le  rouleau  imprimeur. 

Impression  à  la  planche.  Cette  opération  se  pratique 
sur  une  table  ou  établi  en  bois  très  solide,  muni  d'une 
traverse  articulée  et  d'un  levier  destiné  à  obtenir  la  pres- 
sion suffisante  de  la  planche  sur  le  papier.  La  planche  a 
0^'\iO  d'épaisseur,  elle  porte  le  dessin  gravé  en  rehef. 
Elle  est  constituée  à  l'aide  d'un  placage  de  deux  planches 
en  sapin  et  d'une  planche  on  poirier  collées  au  fromage 
dit  à  la  pie  en  ayant  soin  de  contrarier  les  fdn^es  longi- 
tudinales du  bois.  Le  papier  étant  dispose  sur  la  table, 
Laide  ou  tireur  étend  laconlenr  snv  h  dY^\),V  imprimeur 
y  appuie  la  planche,  la  pose  sur  le  papier,  y  dispose  un 
tasseau,  rabat  la  traverse  et  exerce  une  pression  par  le 
levier. 

Il  faut  dix-huit  applications  de  la  planche  pour  un 
rouleau  et  autant  d'opérations  que  de  nuances  différentes, 
généralement  quatre  nuances  par  couleur;  on  n'apphque 
une  nouvelle  nuance  que  lorsque  le  rouleau,  entièrement 
imprimé  à  la  nuance  précédente,  est  complètement  sec. 
Si  le  dessin  comporte  un  grand  nombre  de  couleurs,  il 
faut  un  très  grand  nombre  de  planches  ;  quelquefois  on 
peut  imprimer  deux  et  même  tj-ois  couleurs  différentes  à 
la  fois  si  le  dessin  est  tel  que  l'on  puisse  juxtaposer  sur 
le  drap  deux  ou  trois  bandes  de  couleur  différente.  C'est 
de  cette  façon  que  se  fait  l'impression  des  bordures.  Le 
point  délicat  du  travail  est  le  repérage.  A  cet  effet,  les 
planches  sont  munies  àe  picots  ou  points  de  repère,  ayant 
l'épaisseur  de  la  gravure,  prenant  la  couleur  et  s'impri- 
mant  sur  le  papier.  L'ouvrier  doit  veiller  à  ce  que  les 
repères  couicident  avec  les  différentes  planches.  Le  prix 
des  planches,  leur  grand  nombre  pour  un  dessin  un  peu 
compliqué  font  que  ce  procédé  n'est  employé  que  pour  les 
papiers  de  luxe. 

Impression  mécanique.  Les  machines  à  imprimer  les 
papiers  sont  imitées  des  machines  à  imprimer  les  indien- 
nes. Quand  elles  ne  sont  qu'à  trois  ou  quatre  couleurs, 
elles  sont  mues  à  bras  d'homme  ;  pour  un  plus  grand 
nombre  de  couleurs,  on  emploie  les  moteurs  inanimés. 
Lne  machine  se  compose  d'un  gros  cylindre  autour  du- 
(|uel  sont  disposés  une  série  de  rouleaux,  gravés  en  relief, 
fournis  de  couleur  par  autant  de  draps  sans  fin,  tournant 
autour  des  rouleaux  et  plongeant  dans  des  auges  conte- 
nant la  couleur  ;  un  râteau  règle  la  quantité  de  couleur 
prise  par  le  drap.  Le  papier  se  déroule  d'une  façon  con- 
tinue sur  le  gros  cylindre  et  est  imprimé  en  passant  suc- 
cessivement devant  les  rouleau;^  des  différentes  couleurs. 

La  difficulté,  à  la  mise  en  marche,  est  d'obtenir  les 
rentrures  régulières  des  couleurs  à  leur  place  respec- 
tive: on  opère  par  une  série  de  tâtonnements.  En  marche 
normale,  l'ouvrier  n'a  qu'à  maintenir  constants  les  niveaux 
des  couleurs  dans  les  auges.  Les  rouleaux  sont  en  bois  ou 
en  plâtre  recouvert  d'un  cliché  métallique  (alliage  de 
plomb,  d'étain  et  de  nickel)  obtenu  par  la  gravure  au  gaz 


ou  pyrostéréotypie.  Certains  papiers  spéciaux  sont  obtenus 
par  un  travail  spécial.  Nous  allons  en  examiner  quelques- 
uns. 

Papier  tontisse  ou  velouté.  On  fixe,  au  moyen  de  la 
colle,  de  la  laine  en  poudre  sur  certaines  parties  de  la 
surface  du  papier. 

Le  mordant  est  un  mélange  d'huile  de  lin  cuite,  de 
litharge,  destinée  à  rendre  l'huile  siccative,  et  de  blanc 
de  céruse.  11  est  appliqué  à  la  planche  sur  une  certaine 
longueur  de  papier,  lequel  est  porté  ensuite  dans  un 
tambour,  grande  caisse  à  fond  en  peau  de  veau  ou  en 
toile  imperméabilisée  fortement  tendue,  contenant  la  ton- 
tisse ou  poudre  de  laine  lavée,  teintée,  moulue  et  finement 
blutée.  En  frappant  en  cadence  le  tambour  avec  des  ba- 
guettes, la  poussière  de  laine  s'élève  comme  un  nuage  et 
retombe  sur  le  papier  en  adbérant  aux  endroits  recouverts 
de  mordant.  Quand  cette  poussière  est  toute  retombée, 
on  enlève  le  papier  en  faisant  tomber  l'excès  de  tontisse. 
Oji  continue  ainsi  pour  tout  le  rouleau.  Pour  faire  valoir 
les  couleurs,  on  fait  ensuite  le  repiquage  qui  consiste  à 
appliquer  à  la  planche  des  couleurs  figurant  les  ombres 
et  les  clairs  très  brillants.  Quelquefois  on  colore  le  mor- 
dant de  la  couleur  de  la  tontisse  pour  rendre  les  défauts 
moins  visibles.  Cette  opération  est  répétée  autant  de  fois 
qu'il  y  a  de  couleurs  différentes. 

On  fait  des  papiers  entièrement  veloutés  et  l'on  im- 
prime sur  ce  fond  ou  bien  on  leur  donne  l'apparence  des 
tentures  de  Damas,  en  y  posant  des  cartons  découpés  sur 
lesquels  on  passe  une  brosse  ;  les  fils  sont  couchés  par  la 
brosse  et  imitent  le  satin,  les  autres  parties  conservant 
l'apparence  du  velours. 

Les  tontisses  sont  obtenues  par  des  tontures  de  drap 
généralement  blanches;  on  les  dégraisse  au  savon,  on  les 
blanchit  sur  le  pré,  on  les  lave  à  la  solution  d'acide  sulfu- 
reux et  on  les  met  à  sécher.  On  les  teinte  ensuite,  et,  après 
les  avoir  séchées,  on  les  réduit  en  poudre  impalpable  dans 
un  moulin  formé  de  lames  tranchantes  disposées  en  hélice. 
Elles  sont  finalement  blutées  et  la  poussière  est  recueillie 
au  degré  de  finesse  nécessaire. 

Papier  à  ratjures.  Les  papiers  écossais,  quadrillés, 
croisés,  etc.,  s'obtiennent  à  l'aide  d'un  récipient  de  laiton 
nommé  tire-lignes,  de  forme  triangulaire,  divisé  en  com- 
partiments contenant  des  couleurs  différentes  et  dont 
l'arête  inférieure  présente  des  fentes  longitudinales  très 
minces  qui  laissent  échapper  la  couleur  d'une  manièi'e 
continue.  On  place  le  tire-ligne  sur  une  table  et  on  fait 
cheminer  avec  une  vitesse  uniforme  sous  les  fentes  le 
papier  qui  reçoit  ainsi  une  trace  longitudinale.  Les  compar- 
timents cloisonnés  de  l'appareil  permettent  de  diversifier 
à  l'infini  les  rayures.  Ces  rayures  servent  parfois  de  fond 
sur  lequel  on  imprime  soit  des  motifs  transversaux,  ce  qui 
donne  le  papier  écossais,  soit  des  fleurs  ou  autres  orne- 
ments. 

Papiers  dorés.  On  place  une  mince  feuille  d'or  ou  de 
laiton  entre  une  feuille  saupoudrée  de  résine  et  un  plateau 
chauffé  portant  le  dessin  à  reproduire.  La  chaleur  fait 
fondre  la  résine  et  par  la  pression  d'un  balancier  l'or 
adhère  aux  parties  du  dessin  qui  doivent  le  recevoir  ;  ce 
sont  les  papiers  frappés. 

On  dore  aussi  soit  en  faisant  adhérer  par  la  pression 
d'un  rouleau  la  feuille  d'or  sur  le  papier  recouvert  d'un 
mordant  représentant  le  dessin,  soit  en  répandant  sur  un 
vernis  adhésif  de  la  poudre  d'or  provenant  des  déchets  de 
feuilles  d'or  et  en  hrossant  ensuite  le  papier.  V argenture 
se  produit  de  même  avec  des  feuilles  d'argent  pur. 

Papiers  de  couleur.  Ces  papiers  se  fabriquent  en 
feuilles.  Il  faut  de  très  beaux  papiers,  bien  revisés.  On 
commence  par  faire  un  nouveau  collage  du  papier,  puis 
on, étend  la  couleur  avec  une  brosse  ronde  à  longs  poils, 
on  fait  sécher,  on  lisse  et  on  satine  comme  pour  le  fon- 
cage. 

Papiers  jaspés.  On  fait  tomber  avec  une  brosse  brus- 
quement choquée  une  pluie  de  gouttelettes  de  couleur  sur 


—  989 


PAPIER 


le  papier.  On  peut  opérer  ainsi  successivement  avec  plu- 
sieurs couleurs. 

Papiers  marbrés.  Ces  papiers  s'obtiennent  par  l'appli- 
cation directe  de  la  couleur  sur  le  papier  tel  qu'il  est  livré 
par  l'usine  sans  encollage  préalable. 

Les  papiers  peints  terminés  sont  em'oulés  par  une  ma- 
chine spéciale  mue  à  bras  d'homme.  Sans  entrer  dans 
rénumération  complète  de  l'innombrable  variété  des  papiers 
peints  de  l'industrie  actuelle,  nous  en  citerons  quelques- 
uns  à  titre  d'exemple  de  leur  diversité  :  papiers  imprimés 
en  double  nuance,  camaïeux  avec  impression  en  or,  stores 
imprimés  ;  papiers  de  fantaisie  chagrinés  et  maroquinés  ; 
papiers  à  lleurs  imitant  le  damas  à  douze  coulem^s  ;  les 
veloutés  de  reps  et  de  soie  ;  les  chinoiseries  ;  les  papiers 
style  pompéien,  spécialité  anglaise  ;  les  papiers  dits  écos- 
sais ;  les  cuirs  repoussés  et  papiers  frappés  ;  les  papiers 
gaufrés  au  cylindre,  obtenus  avec  laminoir  gravé  ;  les 
cartes  géographiques  sur  papier  pour  tentures  pour  la 
décoration  des  salles  d'étude. 

Bronzage  du  papier  peint  (V.  Bronzage,  t.  Vlll, 
p   13G). 

Papier  à  décalque  (V.  Décalque). 

Papier  à  filtrer  (V.  Filtration,  t.  XVII,  p.  476). 
.  Papier  de  bois  (V.  Bois,  t.  VU,  p.  117) 

Papier  mâché.  —  On  donne  ce  nom  à  un  produit  com- 
posé d'une  pâte  identique  à  celle  du  papier,  mais  addi- 
tionnée de  colle  forte.  Cette  matière  est  susceptible  d'être 
moulée  et  de  prendre  par  conséquent  toutes  les  formes 
que  l'on  veut  lui  donner.  L'addition  de  colle  forte  a  pour 
but  de  lui  donner  une  résistance  que  la  pâte  seule  ne 
pourrait  avoir.  Ses  usages  sont  très  multiples  ;  on  s'en  sert 
pour  la  chapellerie,  pour  la  reliure,  les  tabatières,  plateaux, 
vases,  etc.  Dans  un  certain  nombre  de  cas,  on  recouvre 
l'objet  achevé  d'un  vernis  imperméable.       E.  Maglin. 

II.  Histoire  et  archéologie.  —  Les  notions  que 
l'on  possédait  naguère  sur  l'histoire  du  papier  ont  été 
presque  entièrement  renouvelées  par  des  découvertes  faites 
dans  ces  dernières  années.  C'est  de  Chine,  très  certaine- 
ment, et  par  l'intermédiaire  des  Arabes,  qu'est  venue  en 
Occident  la  connaissance  du  papier.  Dès  une  époque  reculée 
et  qu'on  fait  approximativement  remonter  aux  premières 
années  de  notre  ère,  les  Chinois  avaient  remplacé  les 
lamelles  de  bambou  sur  lesquelles  ils  avaient  écrit  jus- 
qu'alors par  le  papier,  fabriqué  avec  diverses  plantes  et 
dont  ils  avaient  peut-être  emprunté  l'invention  à  la  Corée. 
Les  textes  arabes  nous  apprennent  que  sept  siècles  envi- 
ron plus  tard,  la  ville  de  Samarcande  était  un  entrepôt  où 
les  Arabes  venaient  s'approvisionner  de  papier.  Après  la 
prise  de  cette  ville  par  les  Arabes  en  712,  et  lorsque  les 
Chinois  eurent  été  refoulés  au  loin,  des  prisonniers  ciii- 
nois,  amenés  en  esclavage  à  Samarcande,  y  pratiquèrent 
pour  la  première  fois,  pour  le  compte  de  leurs  vainqueurs, 
la  fabrication  du  papier.  On  ne  peut  savoir  au  juste  ce 
qu'était  ce  produit;  sans  doute  que,  comme  le  papier 
d'origine  chinoise,  il  était  fait  de  plantes,  de  China-grass 
ou  peut-être  d'écorce  de  mûrier  {Broussonetia  papyri- 
fera),  mais  plus  tard,  le  papier,  célèbre  dans  tout  le  monde 
musulman,  de  Samarcande  ou  du  Khoraçan,  fut  fait  de 
chiffons  ;  les  auteurs  arabes  l'appellent  tous  papier  de 
toile,  et  les  analyses  microscopiques  qu'on  en  a  pu  faire  y 
ont  toujours  révélé  seulement  des  fibres  de  lin  ou  de 
chanvre. 

De  Samarcande  et  dès  la  fin  du  viii^  siècle  de  notre 
ère,  l'industrie  du  papier  fut  transplantée  à  Bagdad  et  de 
là  elle  se  répandit  dans  toutes  les  provinces  de  l'Islam  : 
à  Tihàma,  sur  la  cote  S.-O.  de  l'Arabie  ;  à  Sanâ,  dans 
l'Yémen  et  enfin  en  Egypte.  Le  papier  était  une  matière 
si  commune  au  Caire  au  commencement  du  xi®  siècle  que 
les  marchands  du  bazar,  au  témoignage  d'un  auteur  arabe 
contemporain,  enveloppaient  de  papier  toutes  les  marchan- 
dises qu'ils  vendaient.  En  Syrie,  le  papier  de  Damas 
{charta  Dojvascena)  était  célèbre,  même  en  Occident, 
dès  la  fin  du  x^  siècle;  Tibcriad^,  l'anoiejine  ville  gali- 


léenne,  la  ville  phénicienne  de  Tripolis,  Hamâ,  Hiérapolis 
eurent  très  anciennement  des  fabriques  de  papier.  Dans 
le  N.  de  l'Afrique,  la  ville  de  Fez  possédait,  à  la  fin  du 
x^  siècle,  400  meules  employées  à  la  fabrication  du  papier, 
ce  qui  suppose  une  industrie  acclimatée  de  longue  date. 
En  Espagne,  le  papier  était  connu  dès  les  premières  années 
du  X®  siècle,  mais  il  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  eu  des 
fabriques  avant  le  xii^  siècle  ;  ce  fut  la  ville  de  Xativa 
{Sœtabis),  aujourd'hui  San  Felipe,  dans  la  province  de 
Valence,  qui  devint  le  centre  de  cette  industrie. 

Ce  papier  arabe  a  longtemps  passé  ])our  avoir  été  fa- 
briqué avec  du  coton;  c'est  une  opinion  que  l'analyse  mi- 
croscopique de  fragments  empruntés  à  un  grand  nombre 
de  manuscrits  a  complètement  démentie  ;  et  ce  résultat 
est  confirmé  par  les  textes.  Les  plus  anciens  papiers 
arabes  étaient  fabriqués  à  l'aide  de  chiffons  de  lin  et  de 
chanvre,  souvent  avec  de  vieux  cordages.  Un  système  de 
pilons  et  de  meules,  mus  par  des  machines  hydrauliques, 
écrasait  les  chiffons  et  triturait  la  pâte  au  contact  de  l'eau. 
La  pâte  était  coulée  sur  des  formes,  et,  dès  la  fin  du 
viii^  siècle,  des  vergeures,  visibles  sur  les  feuilles  de 
papier,  viennent  témoigner  de  l'emploi  des  châssis.  Le 
papier  ainsi  obtenu  était  peu  compact  et  raboteux  :  aussi, 
avant  de  le  coller  et  de  le  lisser,  lui  faisait-on  subir  un 
traitement  particulier  en  l'enduisant  d'une  sorte  de  gelée 
formée  d'amidon  et  de  farine,  qui  en  remplissait  les  pores, 
rendait  le  papier  compact  et  en  blanchissait  la  surface. 
Après  quoi,  la  feuille  placée  sur  une  table  était  polie  à 
l'aide  d'une  pierre  dure,  puis  collée  généralement  à  la  colle 
d'amidon,  ce  qui  se  faisait  en  trempant  la  feuille  dms 
une  solution. 

Les  premiers  papiers  dont  on  se  servit  dans  la  chré- 
tienté et  notamment  en  Grèce,  en  Sicile,  en  Italie,  dans 
l'Espagne  chrétienne,  furent  d'importation  arabe.  Mais 
peu  à  peu  des  moulins  à  papier  s'établirent  dans  ces  dif- 
férents pays.  En  Italie,  les  plus  anciens  sont  signalés  à 
Fabriano,  dans  la  marche  d'Ancône.  Le  papier  de  Fabriano 
fut  longtemps  célèbre  dans  toute  l'Europe,  et  en  Espagne 
même  il  faisait,  au  xiv^  siècle,  concurrence  aux  anciennes 
fabriques  tombées  en  décadence  depuis  le  déclin  de  la  do- 
mination ai\abe.  D'autres  fabriques  s'établirent  plus  tard 
à  Padoue,  à  Trévise,  à  Venise,  à  Milan  ;  et  ce  fut  pai* 
elles  que  s'approvisionna  l'Allemagne  du  Sud.  En  France, 
l'industrie  du  papier  paraît  avoir  éjé  importée  d'Espagne. 
En  1189,  un  évèque  de  Lodève  autorisa  l'établissement 
de  moulins  à  papier  sur  le  cours  de  l'Hérault  ;  et  c'est  la 
première  mention  qu'on  possède  jusqu'à  présent  sur  l'in- 
troduction en  France  de  l'industrie  papetière.  Du  Lan- 
guedoc elle  se  propagea  dans  la  vallée  du  Rhône  et  en 
Bourgogne.  Plus  tard  apparaissent  les  papiers  de  Lille, 
de  Liège,  de  Bruges,  d'Anvers.  En  Allemagne,  les  pre- 
mières papeteries  furent  établies  près  de  Mayence  en  1320. 
A  Nuremberg,  un  nommé  Ulman  Stromer  construisit,  en 
1390,  le  premier  moulin  à  papier  mù  par  l'eau,  ce  qui 
fut  alors  considéré  comme  quelque  chose  d'extraordi- 
naire. Quant  aux  papeteries  de  Ravensbourg,  signalées 
souvent  comme  les  plus  anciennes,  elles  ne  semblent  pas 
être  antérieures  à  1407,  mais  elles  ne  tardèrent  pas  i< 
devenir  très  célèbres  ;  dès  le  xv*^  siècle,  la  grande  compa- 
gnie commerciale  qui  exploitait  les  papeteries  de  Ravens- 
bourg avait  des  maisons  à  Valence,  à  Alicante  et  à  Sara- 
gosse.  Bâle  eut  une  fabrique  de  papier  en  1440,  où  l'on 
fit  venir  en  1470  des  ouvriers  de  Galice  pour  y  perfec- 
tionner la  fabrication. 

Les  plus  anciens  documents  occidentaux  écrits  sur  pa- 
pier qui  se  soient  conservés  ne  remontent  pas  au  delà  du 
xii°  siècle.  Le  plus  ancien  acte  sur  papier  qui  ait  une  date 
certaine  est  un  diplôme  de  Roger,  roi  de  Sicile,  de  l'an  1102. 
Au  commencement  du  xiii*^  siècle,  plusieurs  actes  de  l'em- 
pereur Frédéric  II  sont  émis  sur  papier  ;  mais  en  1231, 
ce  même  prince  fit  défense  d'employer  le  papier  pour  les 
actes  pubhcs  à  cause  de  sa  destruction  rapide.  Et  pendant 
longtemps  les  notaires  italiens  durent  en  prêtant  serment 


•APIER 


-  990 


s'obliger  à  ne  pas  employer  le  papier  pour  leurs  actes.  Si 
les  actes  originaux  ne  furent  pas  pendant  longtemps  écrits 
sur  papier,  en  revanche  on  en  fit  des  registres,  des  rou- 
leaux, et  on  l'employa  de  bonne  heure  à  la  correspondance. 
A  Venise,  le  Liber  plegionim,  registre  dont  les  plus  an- 
ciennes mentions  sont  de  l'2!23,  est  en  papier.  Les  registres 
du  conseil  des  Dix  sont  en  papier  depuis 4 o^o.  En  France, 
les  plus  anciens  documents  sur  papier  qu'on  ait  mentionnés 
sont  :  les  comptes  crAlfonse  de  Poitiers,  frère  de  saint 
Louis  ;  des  rouleaux  d'enquêteurs  de  la  même  épocpic  ; 
les  coutumes  de  Figeac  éci'ites  en  '130î2  de  la  main  de  Guil- 
laume de  Nogarct  ;  les  interrogatoires  des  Templiers  en 
1307  ;  de  nombreux  registres  de  notaires  provençaux  de- 
puis le  milieu  du  xui*'  siècle.  A  partir  du  second  quart  du 
XIV®  siècle,  Femploi  du  papier  se  propagea  rapidement  et 
s'étendit  à  la  plupart  des  documents  qui  étaient  auparavant 
écrits  sur  parchemin.  Au  siècle  suivant,  la  diffusion  des 
études,  mais  surtout  l'invention  de  l'imprimerie  donnèrent 
à  l'industrie  du  papier  une  extension  et  une  diffusion  con- 
sidérables. 

De  même  que  pour  le  papier  arabe  on  a  longtemps  con- 
sidéré les  plus  anciens  papiers  occidentaux  comme  faits 
de  coton.  On  les  désignait  souvent  en  effet  dans  les  textes 
sous  le  nom  de  charta  bambagina,  papyrus  bombijcma, 
rharta  cuttunea  qui  semblait  désigner  le  coton  comme 
matière  première,  tandis  que  ces  expressions  ne  sont  cer- 
tainement qu'une  allusion  à  l'aspect  cotonneux  ou  soyeux 
qu'avaient  la  plupart  de  ces  papiers.  ïl  est  incontestable 
aujourd'hui  que  tous  étaient  fabriqués  avec  des  chiffons  de 
toile  ou  de  chanvre. 

Les  plus  anciens  de  ces  papiers  d'Occident  ont,  comme 
ceux  d'Orient,  une  surface  plane  et  lisse,  comme  l'ont  eue 
plus  tard  les  vélins.  Mais  bientôt  y  apparaissent  des  ver- 
geures,  coupées  à  intervalles  plus  ou  moins  rapprochés 
par  des  lignes  perpendiculaires,  les  pontuseaux,  les  unes 
et  les  autres  reproduisant  Fempreinte  du  treiUis  métal- 
lique de  la  forme,  sur  lequel  la  pâte  liquide  a  été  étalée. 
Dès  le  xiv^  siècle,  on  eut  l'idée  d'utiliser  cette  reproduc- 
tion en  en  faisant  une  marque  de  provenance  ou  de  fa- 
brique. Pour  cela,  sur  le  treillis  des  formes,  on  broda  en 
tîl  de  laiton  des  initiales,  des  mots,  des  emblèjnes  de  toute 
espèce.  Ce  sont  les  fdigranes.  Toute  feuille  de  papier  fili- 
grane porte  en  elle-même  son  acte  de  naissance,  mais  le 
difficile  est  de  le  déchjjfrcr.  Les  mêmes  marques  se  sont 
en  effet  perpétuées  longtemps  dans  les  mêmes  fabriques 
en  ne  recevant  que  des  modifications  insensibles;  mais 
surtout  les  marques  célè])res  ont  été  partout  contrefaites, 
et  certaines  d'entre  elles,  le  pot,  TaigJe,  la  cloche,  etc., 
ont  fini  par  désigner  des  formats  ou  des  espèces  de  pa- 
pier. Cependant  lorsque  l'étude  des  fihgranes,  commencée 
depuis  longtemps  déjà,  sera  plus  avancée,  il  sera  possible 
d'avoir  recours  à  eux  pour  déterminer,  avec  une  précision 
assez  grande,  l'âge  des  documents  non  datés,  et  aussi, 
mais  sous  certaines  réserves  et  avec  une  grande  circons- 
pection, pour  en  déterminer  la  provenance. 

Les  perfectionnements  apportés  à  la  fabrication  du  pa- 
pier depuis  Fépoque  de  la  Henaissance  ont  été  signalés 
dans  le  paragraphe  précédent  ;  il  suffira  de  dire  que  l'in- 
dustrie ne  subit  guère  de  modifications  avant  le  xviii^  siècle. 
Ce  fut  dans  les  dernières  années  de  ce  siècle  que  fureiit 
faites  à  Essonnes  les  premiers  essais  de  la  machine  à 
papier  continu.  A.  G. 

ÎIÏ.  Administration.  — ■  Papier  timbré.  —  Papier 
spécial,  vendu  par  l'Etat,  et  sur  lequel  doivent  être 
écrits  tous  les  actes  civils  ou  judiciaires,  toutes  les 
écritures  qui  doivent  êîie  produites  en  justice  et  y  faire 
foi.  Le  papier  timbré,  qui  est  vendu  un  prix  bien  supé- 
rieur au  prix  de  revient,  est  un  moyen  de  percevoir 
Fimpôl.  Il  se  fabri(|iio  par  l'industrie  privée,  sous  la 
surveillance  des  agents  de  l'administration  et  porte  dans 
la  pâte  même  une  filigrane  avec  les  mots  «  Papier  tim- 
bré. France  »,  et  la  date  de  fabrication,  entourée  d'une 
couronne  de  feuilles  de  chêne.  En  tète  et  à  gauche,  chaque 


feuille  porte  en  outre  deux  timbres,  l'un  sec,  l'autre  noir 
indiquant  la  valeur  du  papier.  Les  dimensions  des  diverses 
feuilles  de  papier  timbré  sont  fixées  par  la  loi  du  13  bru- 
maire an  YII  et  varient,  suivant  qu'il  s'agit  du  giwid  re- 
gistre, du  grand  papier,  du  moyen  papier,  du  petit 
papier,  de  la  demi-feuille  ou  de  la  moitié  de  demi- 
feuille.  Le  papier  timbré  est  vendu  au  public  d'abord  par 
tous  les  receveurs  de  Fenregistrement,  et  aussi,  pour  plus 
de  commodité,  par  certains  débits  de  tabac  désignés  spé- 
cialement par  le  directeur  général  de  Fenregistrement.  En 
principe,  on  ne  peut  pas  employer  d'autre  papier  timbré 
que  celui  de  là  régie,  cependant  les  particuliers  ont  le 
droit  de  faire  timbrer  à  1  extraordinaire  d'autres  sortes 
de  papiers  avant  d'en  faire  usage.  Les  notaires,  huissiers, 
greffiers  sont  tenus  de  se  servir  exclusivement  du  papier 
timbré  de  l'administration  à  peine  de  20  fr.  d'amende 
par  chaque  contravention  ;  exceptionnellement,  les  avoués 
peuvent,  comme  les  particuliers,  faire  timbrer  à  l'extra- 
ordinaire certains  actes  qu'ils  sont  dans  l'usage  d'imprimer. 
Pour  augmenter  la  consommation  du  papier  timbré,  et  par 
suite  le  rendement  de  Fimpôt,  la  loi  a  fixé  le  nombre  de 
lignes  que  chaque  espèce  de  papier  timbré  peut  contenir 
au  maximum.  L'empreinte  du  timbre  ne  peut  être  ni  cou- 
verte d'écriture,  ni  altérée.  Toute  feuille  de  papier  timbré 
qui  a  été  employée  à  uji  acte  quelconque  ne  peut  plus 
servir  pour  un  autre  acte,  quand  même  le  premier  n'aurait 
pas  été  achevé.  Néanmoins,  il  faut  entendre  cette  règle 
dans  un  sens  raisonnable,  et,  si  quelques  mots  seulement 
ont  été  tracés  sur  une  feuille  de  papier  timbré,  rien  n'em- 
pêche de  les  bà tonner  et  d'y  écrire  un  autre  acte.  Toute 
contravention  à  la  règle  que  nous  venons  de  rappeler  en- 
traîne contre  celui  qui  Fa  commise  une  amende  de  o  fr.. 
si  c'est  un  simple  particulier,  de  20  fr.,  s'il  est  fonction- 
naire, ïl  ne  peut  être  fait  ni  expédié  deux  actes  sur  une 
même  feuille  de  papier  timbré,  sauf  certaines  exceptions. 
Il  est  fait  défenses  aux  notaires,  huissiers,  greffiers,  ar- 
bitres ou  experts  d'agir,  aux  juges  de  prononcer  aucun 
jugement,  et  aux  administrations  pubfiques  de  rendre  aucun 
arrêté  sur  un  acte,  registre  ou  effet  de  commerce  non 
écrit  sur  papier  timbré  de  la  dimension  prescrite,  ou  non 
visé  pour  timbre.  F.  Girodon. 

Papiers  n'AiTAiREb  (Y.  Affranchissement,  1. 1,  p.  701). 

ÏV.  Marine.  —  Papiers  ue  iîord  (V.  Nationalité, 
Navigaxiox,  t.  XXIV,  p.  886). 

V.  Economie  politique.  ~  Papieu-moxnaie.  — 
On  entend  parfois  sous  cette  appellation  toute  espèce  de 
monnaie  représentative  ou  fiduciaire  non  métallique  : 
jetons  en  carton,  en  cuir,  billets  en  papiers,  etc.. 
objets  qui,  i\  Fencontre  de  la  monnaie  métallique,  n'ont 
aucune  valeur  intrinsèque.  Mais  strictement  on  doit  définir 
le  papier-monnaie  :  une  petite  feuille  de  papier  à 
laquelle  les  gouvernements  donnent  conventionnellement 
une  valeur  d'argent  monnayé  et  dont  ils  décrètent  le 
cours  forcé.  Il  ne  faut  pas  confondre,  en  effet,  le 
papier-monnaie  et  la  monnaie  de  papier.  Le  papier- 
monnaie  est  une  création  du  pouvoir  politique  pour  rem- 
placer la  monnaie  métaUique  qui  lui  manque  ;  la  mon- 
naie de  papier  (billets  de  banque,  chèques,  traites,  billets 
à  ordre,  lettres  de  change  et  autres  titres  de  crédit), 
est,  au  contraire,  le  résultat  d'un  contrat,  n'a  pas  le 
cours  forcé  et  peut  toujours,  à  la  demande  du  porteur 
et  à  moins  de  conventions  spéciales,  être  échangée  contre 
des  espèces  sonnantes  ;  on  est  libre  de  l'accepter  ou 
de  la  refuser  dans  les  paiements.  Le  papier-monnaie 
a,  au  contraire,  cours  forcé,  c.-à-d.  qu'il  ne  peut  être 
lég^alement  refusé  et  que  le  porteur  n'a  droit  à  aucun 
échange  contre  espèces  métalli(|ues.  Suivant  les  principes 
exposés  au  mot  Moxxaie,  toute  bonne  monnaie  doit 
avoir  un  caractère  d'équivalent,  faute  de  quoi  elle  en- 
gendre un  malaise  social,  voire  même  une  crise  financière 
qui  peut  conduire  un  Etat  à  la  banqueroute.  Si  donc  un 
gouvernement  est  obligé,  à  un  moment  donné,  d'émettre 
un  papier-monnaie,  il  ne  peut  le  faire  qu'en  s'engageant 


99']  -- 


PAPIER 


à  remplacer,  ii  une  époque  déterminée,  ce  morceau  de  pa- 
pier qui  n'est  pas  un  équivalent,  par  une  monnaie  réelle 
ou  une  marchandise  équivalente.  Le  gouvernement  qui 
recourt  à  l'expédient  du  papier-monnaie  sous  quelque  nom 
que  ce  soit,  monnaie  obsidionale,bons  de  siège,  assignats, 
mandats,  jetons,  billets  de  contiance,  etc.,  et  en  impose 
le  cours  forcé,  avoue  qu'il  manque  de  numéraire,  il  con- 
fesse son  désarroi  et  sa  détresse  ïmnncière;  mais  en  même 
temps,  comme  sa  nouvelle  monnaie  ne  pourrait  inspirer 
confiance  au  public,  il  prend  l'engagement  de  rembourser 
en  bonnes  espèces  d'or  ou  d'argent  celte  mauvaise  monnaie 
de  papier  ou  d'autre  matière  vile,  aussitôt  que  la  crise 
momentanée  qu'il  traverse  sera  conjurée  et  qu'il  aura  pu 
rétablir  ses  finances.  Si  le  public  accepte  ces  /?t>ns  de  pa- 
pier qui  ne  représentent  rien  qu'une  promesse,  c'est  parce 
qu'il  présume  qu'un  jour  viendra  oii  l'Etat  émetteur  sera 
en  mesure  de  faire  face  à  ses  engagements.  Le  gouver- 
nement escompte  l'avenir,  et  le  public  confiant  fait  crédit 
à  l'Etat  dont  il  admet,  suivant  le  mot  populaire,  que  la 
signature  vaut  de  l'or.  Mais  malgré  les  plus  belles  pro- 
messes et  les  plus  solennels  engagements  de  l'autorité  pu- 
blique, la  sécurité  du  porteur  de  bons  ne  saurait  être 
complète,  parce  que  le  crédit  de  FEtat  peut  être  altéré 
par  mille  circonstances  diverses  et  devenir  une  pure  fic- 
tion. Il  en  est  tout  autrement  pour  les  billets  de  la  Banque 
de  France,  par  exemple,  dont  la  valeur  est  garantie  pur 
une  encaisse  métallique.  De  plus,  du  moment  qu'il  a  plu  au 
législateur  d'émettre  du  papier-monnaie,  il  peut  aussi  dé- 
pendre d'une  loi  d'en  modifier,  altérer,  supprimer  la  valeur 
purement  nominale  et  légale,  tandis  qu'il  ne  dépend  nul- 
lement du  législateur  de  modifier  le  cours  d'une  monnaie 
métallique  dont  la  valeur  intrinsèque  est  adéquate  à  sa 
valeur  nominale.  Le  papier-monnaie,  comme  toute  mauvaise 
monnaie,  ne  peut  circuler  que  dans  l'étendue  du  pays  oii 
il  a  été  émis  ;  l'étranger  ne  lui  reconnaît  qu'une  valeur 
dépréciée  et  mobile,  en  rapport  avec  la  confiance  que  lui 
inspire  le  pouvoir  émettear. 

Le  crédit  dont  jouit  le  papier-monnaie  est,  comme  pour 
la  monnaie  d'appoint,  en  relation  directe  avec  la  quantité 
de  ce  papier  qui  a  été  lancée  dans  la  circulation.  Si  cette 
quantité  ne  paraît  pas  exagérée,  mais  normale,  si  le  pu- 
blic a  la  conviction  qu'elle  ne  dépasse  pas  les  ressources 
financières  que  l'Etat  sera  toujours  à  même  de  se  pro- 
curer, pour  effectuer  son  remboursement,  tout  va  bien, 
et  le  papier  circule  sans  obstacle.  Mais  vienne  la  tenta- 
tion à  l'Etat,  gêné  dans  ses  finances,  d'émettre  du  papier 
en  trop  gi'ande  abondance,  la  défiance  s'empare  immédia- 
tement du  public,  et  cette  défiance,  les  lois  coercitives 
qu'on  édicté  pour  l'enrayer,  ne  font,  au  contraire,  que 
l'accentuer,  si  même  elles  ne  la  font  pas  dégénérer  en  pa- 
nique. C'est  là,  en  particulier,  ce  qui  est  arrivé  pour  les 
bons  coloniaux  émis  par  La  Bourdonnais  en  1736  et  qu'après 
de  grandes  catastrophes  linancières,  il  fallut  supprimer 
en  1781.  Il  en  fut  de  même  pour  les  assignats  émis  par 
la  Convention  et  le  Directoire.  Lorsque  le  public  se  douta 
que  le  gouvernement  aux  abois,  et  s' affranchissant  de  tout 
scrupule,  ne  réaliserait  pas  sa  promesse,  qu'il  émettait 
son  papier-monnaie  pour  des  sommes  fabuleuses,  et  sur- 
tout lorsqu'il  le  vit  ne  pas  reculer  devant  la  reconnais- 
sance officielle  de  la  dépréciation  de  sa  propre  monnaie, 
ce  fut  une  débâcle  immense  dans  laquelle  s'engloutit  la 
fortune  de  l'Etat  aussi  bien  que  celle  des  particuliers  (V. 
Assignat)  . 

L'antiquité  a  su  recourir,  comme  les  gouvernements 
modernes,  à  la  monnaie  purement  fiduciaire  avec  pro- 
messe de  remboursement,  seulement  elle  était  en  une 
autre  matière  que  le  papier.  La  monnaie  de  bronze  émise 
en  406  av.  J.-C.  à  Athènes,  pendant  le  siège  de  la  ville, 
eut  ce  caractère  de  monnaie  obsidionale  ;  Conon,  dans  son 
expédition  contre  Olynthe,  fit  aussi  monnayer  du  cuivre 
avec  cours  d'argent,  nous  dit  Aiistote,  et  il  distribua  en 
paiement  à  ses  troupes  et  aux  fournisseurs  de  l'armée 
cette  sorte  de  papier-monnaie,  en  promettant  de  le  retirer 


et  de  rembourser  tous  les  porteurs  en  argent  dés  la  i'm 
de  la  campagne.  La  monnaie  de  fer  que  firent  frapper  mo- 
mentanément les  habitants  de  Clazomène,  de  Byzance  et 
de  quelques  autres  villes,  au  temps  de  la  guerre  du  Pélo- 
ponnèse, les  pièces  d'étain  et  de  plomb  do  Denys,  tyraji 
de  Syracuse,  et  du  roi  numide  Massinissa,  les  monnaies 
de  cuir  des  Lacédémoniens  et  des  Carthaginois,  les  mon- 
naies de  bois  des  Romains,  toutes  pièces  dont  les  auteurs 
anciens  nous  signalent  l'apparition  sporadique  dans  des 
moments  de  crises  financières  ou  à  l'occasion  de  guerres 
calamiteuses,  ne  sont  que  des  formes  variées  du  papier- 
monnaie,  c.-à-d.  de  la  monnaie  fiduciaire  à  cours  forcé  et 
momentané. 

Les  Chinois  connaissaient  le  papier-monnaie  dès  l'anti- 
quité la  plus  reculée.  Marco-Polo,  k  la  fin  du  xiii®  siècle, 
en  décrit  la  fabrication  et  l'emploi  :  «  On  coupe  le  pa- 
pier, (lit-il,  par  morceaux  de  différentes  grandeurs,  carrés, 
mais  plus  longs  que  larges,  et  qui  sont  censés  valoir,  les 
uns  1  denier  tournois,  les  autres  1  gros  de  Venise.  Le 
papier  se  fabrique  avec  autant  de  cérémonie  que  si  c'était 
de  la  monnaie  d'or  et  d'argent  ;  les  divers  ofilciers,  pré- 
posés à  cet  effet,  ont  soin  d'apposer  leurs  noms,  leurs  ca- 
chets, et  finalement,  le  garde  du  sceau  royal  trempe  dans 
du  vermillon  le  scel  qui  lui  est  confié,  en  marque  tous  les 
morceaux  de  papier  pour  achever  de  leur  donner  un  ca- 
ractère authentique.  Quiconque  contrefait  la  marque  de 
ce  sceau  est  puni  de  mort.  Ce  papier  est  ensuite  répandu 
dans  les  domaines  de  Sa  Majesté,  et  personne  n'ose,  sous 
peine  de  mort,  le  refuser  en  paiement.  »  Le  gouverne- 
ment chinois,  trouvant  peu  dispendieux  ce  procédé  pour 
payer  ses  dettes,  ne  manqua  pas  de  répandre  ces  petits 
chiffons  à  profusion,  comme  le  fit  la  Révolution  française 
pour  ses  assignats.  Il  en  résulta  de  terribles  crises  ;  dans 
l'extrême  Orient  comme  en  France,  les  mêmes  causes,  les 
mêmes  abus  provoquèrent  les  mêmes  catastrophes. 

Tous  les  gouvernements  de  l'Europe  moderne  ont  eu 
recours  au  papier-monnaie,  à  cours  forcé  ;  F  Angleterre,  à 
partir  de  1797,  en  usa,  mais  avec  modération  et  sagesse. 
Pendant  la  guerre  1H70-71,  un  grand  nombre  de  villes  de 
France,  autorisées  par  la  loi  du  12  août  1870,  émirent  du 
papier-monnaie  qui  fut  remboursé  aux  porteurs  après  la 
crise.  La  théorie  du  papier-monnaie  est  aujourd'hui  fondée 
aussi  bien  sur  une  expérieiice  cent  fois  renouvelée  que 
sur  la  science  abstraite  :  ce  n'est  qu'un  expédient  dont 
les  gouvernements  dans  la  gêne  ne  doivent  se  servir 
qu'avec  prudence  et  momentanément.  Quant  à  la  monnaie 
de  papier,  librement  acceptée  ou  refusée  dans  les  paye- 
ments,  et  comprenant  tous  les  titres  de  crédit,  c'est  une 
monnaie  représentative  qui,  aujourd'hui,  occupe,  dans  la 
circulation  commcrcicde,  une  place  plus  grande  que  la 
monnaie  métallique  elle-même  (V.  Assignat,  Banque,  Billet, 
BuLLioNisTES,  Câis^e,  Crkdh',  l^onnaie).     E.  Bakelon. 

VI.  Pharmacie.  —  Papiehs  médicinaux.  —  Sous  ce 
nom  se  groupent  diverses  préparations  pharmaceuti({ues,  ou 
le  papier  sert  de  substratum  à  des  substances  emplastiques 
ou  à  des  sels  divers.  Ces  papiers  sont  employés,  soit  comme 
topiques  (papier  épispastique,  papier  chimique,  papiermou- 
tarde,  etc.),  soit  en  fumigations,  par  combustion  (papier  ni- 
tré,  papier  arsenical,  etc.),  soit  pour  obtenir  rapidement  des 
solutions  médicamenteuses  titrées  (papier  au  subhmé,  etc.). 
Les  uns  se  préparent  par  imbibition,  par  exemple  le  papier 
au  sublimé,  préparé  par  imbibitioii  d'une  solution  de  chlo- 
rure de  sodium  et  de  bichlorui'c  do  mercure  ;  il  contient 
par  feuille  0s%2o  de  sublimé  et  sert  à  faire  1  htre  de 
solution  au  1/4000.  Chaque  feuille  porte,  inscrites  avec 
une  encre  au  carmin  d'indigo,  la  nature  et  la  dose  du  mé- 
dicament avec  l'indication  «  poison  ».  Par  ce  moyen,  on 
obtient  une  solution  colorée  en  bleu,  couleur  attirant  l'atten- 
tion et  mettant  en  garde  contre  les  accidents.  Le  pa^rier 
nitré,  pour  fumigations,  se  prépare  par  imbibition  d'une 
solution  saturée  de  nitrate  de  potasse.  Le  papier  arse- 
nical (V,  Cigare riE,  §  Thérapeutiqve)  se  prépai^e  égale- 
ment par  imbibition  et  contient  par  feuille  pour  un  usage 


l'APIËR  —  PAPILLOTAGE 


—  mil 


Osi;05  d'ai'séiiJate  de  soude.  D'autres  papiers  se  préparent 
par  application  d'une  composition  emplastique  au  moyen 
du  sparadrapier  (poix  de  Bourgogne,  cire  et  térébenthine 
de  mélèze  pour  le  papier  à  cautère,  goudron,  colophane 
et  cire  jaune  pour  le  papier  goudronné  ou  emplâtre cla 
pauvre  homtJie),  ou  au  pinceau  (emplâtre  de  minium  sur 
papier  enduit  d'huile  siccative,  ^owrle papier  chimique) ,  ou 
en  faisant  flotter  le  papier  à  la  surface  de  la  matière  emplas- 
tique en  fusion  (pommades  épispastiques,  à  doses  diverses 
de  cantharides.  pour  les  papiers  épispastiques,  n°^  1, 
2,  3).  Un  dernier  type  de  papier  médicinal  est  \e  papier 
})n)utarde  ou  sinapisme  instantané,  où  la  substance  active 
(farine  de  moutarde  dégraissée  par  le  sulfure  de  car])one) 
est  fixée  au  papier  par  une  solution  de  caoutchouc  dans 
la  benzine.  V.  Haulay. 

IhuL.  :  Histoire  et  AiicnLoLOGii;.  —E.  Eggeu,  le  Pa- 
pier dcins  l'antiquité  et  dans  les  temps  modernes  ;  Paris, 
1866,  in-8.  —  WATTE^'BACH,  dans  Schriftwesen  imMittel- 
alter;  Leipzig,  1875,  in-8.  —  C.-M.  Briquet,  Recherches 
sur  les  premiers  papiers  employés  en  Occident  et  en  Orient 
du  x«  au  xiv»  siècle,  au  t.  XLVI  (1886)  des  Mém,  de  la  Soc. 
des  antiquaires  de  France.  —  Du  môme,  Sur  les  pd,piers 
usités  en  Sicile  ;  Palerme,  1892,  in-8.  —  J.  Karabacek,  Das 
aroMsche  Papier  ;  Vienne,  1887,  in-4,  et  Neue  Quellen  zur 
Papiergeschichtc,  ibid.~3.  WiESNER,Dic Mikroshopische 
Untersuchum/  des  Papiers  ;  Vienne,  1887,  ia-i.  —  Sur  les 
filigranes,  V.  notamment  :  Midoux  et  jMatton.  Etude  sur 
les  filigranes  des  papiers  employés  en  France  aux  xiv«  et 
xv«  siècles  ;  Paris.  1868,  in-8.  —  Zonghi,  le  Marche  princi- 
pali  délie  carte  Fabrianesi  ;  Fabriano,  1881,  in-8.  —  C.-M. 
Briquet,  Papiers  et  filigranes  des  archives  de  Génies  ;  Ge- 
nève, 1888.  in-8.  —  J.  Gauthier,  V Industrie  du  papier 
dans  les  hiiiitcs  rallces  franc-comtoises;  Montbôiiard, 
1897,  in-8. 

PAPILIONACÉES  {Papilionaceœ  R.  Br.).  Section 
de  la  grande  famille  des  Légumineuses  et  dont  on  a  fait 
(juelquefois  une  famille  distincte  (V.  Lkglmixeusks). 

PAPILLE  (Anat.).  Les  papilles  sont  de  petites  émi- 
nences  plus  ou  moins  saillantes,  à  forme  conique  qui 
s'élèvent  de  la  surface  de  la  ])eau  et  des  membranes  mu- 
queuses. C'est  Malpighi  qui,  dès  1664,  les  décrivit  pour  la 
première  fois.  Leur  forme  et  leur  dimension  sont  très  va- 
riables. Dans  certaines  régions,  comme  la  mamelle,  le 
pénis,  le  scrotum,  elles  sont  absolument  microscopiques, 
ayant  à  peine  30  à  40  centièmes  de  millim.  de  hauteur, 
alors  qu'à  la  paume  de  la  main,  de  la  plante  des  pieds 
'dles  sont  nettement  visibles  à  l'oeil  nu.  On  divise  suivant 
leurs  formes  les  papilles  eji  deux  groupes,  les  simples  et 
les  composées.  Les  papilles  simples  do  forme  plutôt  co- 
nî({ue,  n'ont  qu'un  sommet,  alors  que  les  papilles  compo- 
sées présentent  plusieurs  extrémités  arrondies  avec  une 
base  commune.  On  rencontre  surtout  des  papilles  compo- 
sées à  la  face  palmaire  des  doigts,  elles  sont  disposées  en 
stratification  régulières,  formant  les  dessins  que  l'on  trouve 
dans  ces  régions  et  qui  sont  si  caractéristiques  que  l'em- 
preinte du  doigt  est  un  des  meilleurs  signes  d'identité  que 
l'on  puisse  avoir. 

Gallon,  qui  s'est  particulièrement  occupé  de  cette  ques- 
tion, montre  que  les  empreintes  papillaires  ne  se  modi- 
fiaient pas  durant  la  vie,  et  que  chaque  individu  présen- 
tait un  groupement  qui  lui  est  propre.  C'est  du  reste  une 
uiéthode  utiUsée  pour  les  troupes  indo-chinoises  :  sur  la 
feuille  sygnalalétique,  on  fait  marquer  an  nouvel  engagé 
l'empreinte  du  pouce. 

Les  papilles  renferment  soit  des  vaisseaux  sanguins 
(papilles  vasculaires),  soit  un  corpuscule  du  tact  (papilles 
nerveuses).  Les  papilles  vasculaires  sont  répandues  à  toute 
ht  surface  du  corps,  alors  rpie  les  papilles  nerveuses  ne 
se  rencontrent  qu'aux  extrémités  :  main  et  pied.  Les  pa- 
pilles de  la  langue  méritent  une  attention  spéciale.  Elles 
sont  très  visibles  à  l'œil  nu  et  présentent  une  variété  de 
formes  considérables.  On  a  pu  les  diviser  en  cinq  groupes  : 
caliciformes,  fongiformes,  hliformes,  foliées,  hémisphé- 
riques. Ce  sont  toutes  des  papilles  composées,  à  l'excep- 
tion des  dernières  (hémisphériques  qui  sont  identiques  à 
celles  de  îa  peau  et  fort  petit'^s).  Seules  les  papilles  calici- 
formes et  les  papilles  fongiformes,  au  moins  chêzrhomme, 


reçoivent  les  corpuscules  du  goût,  les  autres  servent  sans 
doute  au  tact,  mais  non  à  la  gustation.  On  trouve  ces  cor- 
puscules soit  à  la  base  même  de  la  papille,  soit  au  som- 
met de  cette  dernière,  suivant  les  variétés  observées.  En 
fait,  la  papille  a  surtout  pour  objet,  par  sa  disposition 
même  de  favoriser  l'impression  sensitive  en  plaçant  l'ap- 
pareil réce[)teur,  corpuscule  de  Meissner,  ou  corpuscule  du 
goût  dans  les  meilleures  conditions  de  réceptivité  des  exci- 
tations qui  lui  sont  envoyées.  L.-P.  Laxglois. 

PAPILLOME  (Méd.).  Maladie  cutanée  caractérisée  par 
une  induration  et  un  épaississement  mal  délimité  du  derme 
surmonté  de  saillies  papillaires  plus  ou  moins  marquées, 
séparées  les  unes  des  autres  par  des  sillons  quelquefois 
fissurés,  variant  de  volume,  depuis  celui  d'une  tète  d'épingle 
jusqu'à  celui  d"une  pomme  aplatie.  L'affection  qui  donne 
le  mieux  l'idée  du  papillome  est  la  verrue  vulgaire,  et 
d'ailleurs  c'est  à  la  main  et  aux  doigts  aussi  que  cette 
production  siège  de  préférence.  La  verrue  est  seulement  un 
tout  petit  papillome.  Outre  ce  type,  il  existe  des  dégé- 
nérescences papillomateuses  de  la  peau,  secondaires  à  de 
vieilles  inflammations  différant  complètement  comme  ori- 
gine (pemphigus,  lichen,  psoriasis,  syphilis,  etc.)  ou  à  un 
état  cachecti(iue  de  la  peau.  Le  traitement  consiste  dans 
l'abrasion  (avec  ou  sans  ramollissement  préalable  par  des 
topiques)  ou  la  cautérisation  ignée.  L'éruption  cutanée 
papillomateuse  des  rafïineurs  de  pétrole  (Derville  et  Guer- 
monprey),  et  qui  semble  être  le  résultat  d'une  irritation 
naissant  sur  les  mains  des  ouvriers  chargés  du  nettoyage 
des  appareils  à  distillation  de  ce  produit,  est  justiciable 
de  cautérisations  à  l'acide  sulfurique  (mains  et  avant- 
bras)  ou  de  l'excision  au  bistouri  dès  le  début  (face  et 
scrotum). 

PAPILLON.  1.  ExTOMOLOGiE  (V.  Lépidoptères). 

IL  Art  nÉRALDiuLK.  —  Le  papillon  est  représenté  en 
blason  les  ailes  ouvertes.  Il  est  dit  mir aillé  (piand  ses 
taches  sont  d'un  émail  différent. 

PAPILLON  (Almaque),  poète  français,  né  à  Dijon  en 
1487,  mort  en  1559,  valet  de  chambre  de  François  L'^\ 
camarade  de  Marot.  On  a  conservé  de  lui  le  Nouvel  Amour, 
poème  en  vers  de  cinq  pieds,  édité  avec  les  Opuscules 
d'amour  d'Hervet  (Lyon,  1547). 

PAPILLON  (i\larc  de),  seigneur  de  Liaphrise,  poète 
français,  né  à  Amboise  en  15oo.  Il  guerroya  jusqu'en 
1589,  époque  à  laquelle  il  se  retira  en  Gascogne,  son  pays 
natal.  Ses  OEuvres  poétiques  (Paris,  1590  et  1599, 
in-12)  comprennent  des  sonnets,  élégies,  chansons,  épi- 
taphes  de  forme  assez  incorrecte. 

PAPILLON  (Philibert),  biographe  français,  né  à  Dijon 
le  1^''  mai  1666,  mort  à  Dijon  le  23  févr.  1738.  Fils  d'un 
avocat,  il  entra  dans  les  ordres  (1694)  après  des  études 
variées  ;  chanoine  à  Dijon,  il  composa  sa  Bibliothèque  des 
auteurs  de  Bourgogne  (Dijon,  1742,  2  vol.  in-foL),  recueil 
de  1.200  notices  très  précieuses,  qui  fut  pubHé  par  son 
frère.  Le  P.  Lelong  a  beaucoup  utilisé  l'érudition  de  Papil- 
lon, qui,  d'autre  pai't,  a  publié  VHistoirc  de  Franclie- 
Comte  de  Pellisson. 

PAPILLON.  Famille  de  gra\eurs  sur  bois  du  wn^  e( 
du  xviii^  siècle,  parmi  lesquels  on  cite  :  Jean,  né  à  Rouen, 
mort  le  10  août  1710  ;  ses  fils  /mri  (166 1-1723),  inven- 
teur des  papiers  de  tenture  pour  appartements,  et  Jean- 
yicolas  (1663-1714),  tous  deux  nés  à  Saint-Quentin  ; 
Jean- Michel,  fils  du  précédent,  né  à  Paris  le  2  juin  1698. 
mort  à  Paris  en  1776,  qui  fut  très  à  la  mode  comme  pro- 
fesseur de  gra^  ure  des  personnages  de  la  cour  de  Louis  XV, 
et  a  rédigé  un  Traité  historique  et  pratique  de  la  gra- 
vure sur  bois  (Paris,  1766,  2  vol.  in-8),  dont  la  partie 
bislorique  est  détestable,  la  partie  pratique  intéressante. 

PAPILLOTAGE  (Peint,  et  grav.).Le])a/n7/o%^,  dans 
le  langage  des  arts,  s'entend  du  défaut  qui  consiste,  dans 
une  composition,  à  éparpiller  les  effets  de  lumière  sur  des 
surfaces  trop  multipliées.  La  beauté  optique  disparait  si 
fa  loi  de  Lunité  est  méconnue.  Or  elle  1  est  incontesta- 
hlement  quand  un  tableau  offre  plusiems  masses  claires 


~  993 


PAPJLLOTAGE  -  PAPINIEN 


d'une  égale  intensité.  Le  moyen  sur  de  détruire  TefFet 
d'une  lumière,  c'est  de  lui  assimiler  une  seconde  masse  lu- 
mineuse. Il  est  d'ailleurs  aisé  à  comprendre  que,  pour  exci- 
ter vraiment  l'intérêt,  tout  spectacle  pittoresque  doit  pré- 
senter un  point  clair  dominant  dans  l'ensemble  des  clairs, 
sans  quoi,  le  regard  hésite  et  se  fatigue,  l'attention  se  di- 
vise et  se  perd.  La  lumière  doit  être  une,  comme  dans  la 
nature,  ce  qui  ne  signifie  pas  qu'elle  doit  être  unique. 

PAPIN  (Denis),  physicien  français,  né  à  Blois  le  22  août 
1647,  moit  en  Angleterre  vers  1714.11  était  fils  d'un  mé- 
decin et  neveu  d'un  autre  médecin,  Nicolas  Pxn^i,  auteur 
de  quelques  ouvrages  sans  grande  valeur.  Il  étudia  lui- 
même  la  médecine,  à  Paris,  s'y  fit  recevoir  docteur  et  y 
exerça  quelque  temps  ;  mais,  passionné  pour  les  sciences 
mathématiques  et  physiques,  il  ne  tarda  pas  à  leur  consacrer 
la  plus  grande  partie  de  son  temps  et  suivit  assidûment  les 
leçons  de  Huygens,  que  Colbert  avait  fait  venir  en  France. 
En  1680,  Denis  Papin,  qui  était  calviniste,  dut,  pour  se 
soustraire  aux  persécutions,  se  rendre  en  Angleterre.  Il  fut 
accueilli,  à  Londres,  par  Robert  Boy  le  (V.  ce  nom),  qui 
l'associa  à  ses  expériences  sur  la  nature  de  l'air  et  qui  le 
fit  admettre  à  la  Société  royale.  La  même  année,  il  publia, 
en  anglais,  l'opuscule  intitulé  Manière  d'amollir  les  os 
et  de  faire  cuire  toutes  sortes  de  viandes  en  fort  peu 
de  temps  et  à  peu  de  frais,  avec  une  description  de  la 
marmite  dont  il  faut  se  servir  à  cet  effet,  etc.  (trad. 
franc.,  Paris,  1682,  et  Amsterdam,  1688,  in-12),  ou  il 
annonce  l'invention  de  l'appareil  connu  sous  le  nom  de 
digesteur  ou  marmite  de  Papin  et  remplacé,  depuis, 
par  les  autoclaves  (V.  Digesteur).  En  1681,  il  partit 
pour  Sarotti,  près  de  Venise,  puis  revint  à  Londres 
en  1684  et  y  demeura  jusqu'à  la  fin  de  1687,  pour  se 
rendre,  cette  fois,  à  Marbourg,  où  le  landgrave  Charles 
de  Hesse  venait  de  lui  offrir  une  chaire  de  mathématiques 
et  de  physijue.  Il  l'occupa  brillamment  et  la  conserva 
jusqu'en  1707.  C'est  au  début  de  son  séjour  à  Marbourg 
qu'il  semble  avoir  réalisé  ses  premières  expériences 
concluantes  sur  l'application  de  la  force  motrice  de  la 
vapeur  d'eau  ;  mais  l'origine  de  ses  recherches  remonte 
à  quelques  années  auparavant,  vers  1684  ou  1685. 
La  machine  qu'il  construisit  et  qui  confirmait  pra- 
tiquement le  principe  émis,  soixante-dix  ans  plus  tôt,  par 
Salomon  de  Caus  (V.  Cals),  se  composait,  comme  les  cy- 
lindres des  machines  actuelles,  d'un  piston  comprimé  alter' 
Hâtivement  au-dessus  et  au-dessous.  Il  avait  d'abord 
eu  l'idée  de  faire  le  vide  sous  ce  piston  au  moyen  d'une 
pompe  aspirante  mise  en  mouvement  par  une  chute  d'eau 
et  reliée  au  corps  de  pompe  de  la  machine  par  une  suite 
de  tuyaux.  Il  avait  tenté  ensuite  de  l'obtenir  en  brû- 
lant de  la  poudre  à  canon  dans  le  corps  de  pompe.  Il  avait 
enfin  reconnu  que  l'eau,  changée  par  le  feu  en  vapeur,  fait 
ressort  comme  l'air  et  se- détend  ensuite  par  la  condensa- 
tion. Il  transforma,  peu  après,  le  mouvement  rectiligne 
du  piston,  au  moyen  d'une  sorte  de  bielle,  en  mouvement 
de  rotation,  puis  imagina  la  soupape  de  sûreté.  Il  voulut 
appliquer  industriellement  son  invention,  mais  il  se  laissa 
intimider  par  les  contradicteurs  et  il  se  borna  à  apporter 
à  la  machine  construite,  vers  le  même  temps,  par  Savery 
(V.  ce  nom),  plusieurs  perfectionnements  essentiels.  Il  eut 
l'idée  ensuite  de  l'employer  à  la  propulsion  des  bateaux 
et,  tout  au  commencement  du  xviii^  siècle,  il  la  monta 
hur  un  petit  bâtiment  muni  d'une  roue  hydraulique,  avec 
palettes  faisant  fonctions  de  rames  ;  la  machine  élevait 
l'eau  et  celle-ci,  en  retombant  sur  la  roue,  la  faisait  tour- 
ner. Il  s'embarqua,  en  1707,  à  Cassel,  sur  ce  premier 
navire  à  vapeur  (V.  Bateau,  t.  V,  p.  706),  avec  l'idée 
de  gagner  l'Angleterre  par  la  Fulda,  la  Weser  et  la 
mer  du  Nord  ;  mais,  près  de  Miinden,  des  bateliers  stu- 
pides  l'assaillirent  et  mirent  son  bâtiment  en  pièces. 
Lui-même  ne  dut  la  vie  qu'à  la  fuite.  Il  se  rendit  néan- 
moins en  Angleterre,  où  il  arriva  dénué  de  toutes  res- 
sources et  complètement  découragé.  Il  y  mourut  quelques 
années  plus  tard,  dans  une  profonde  misère.  Des  biographes 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.  —  XXV. 


l'ont  fait  finir  ses  jours,  sans  aucune  vraisemblance,  soit 
à  Marbourg,  soit  en  France,  où  il  serait  retourné.  Il  n'a 
pu  mourir,  en  tout  cas,  en  1710,  comme  on  Fa  aussi  écrit, 
car  en  1712  il  était  encore  en  correspondance  avec  Leib- 
niz. Il  avait  été  nommé  en  1699  correspondant  de  l'Aca- 
démie des  sciences  de  Paris.  Outre  l'opuscule  déjà  cité,  il 
a  publié  :  Expériences  du  vuide,  avec  la  description 
des  machines  servant  à  les  faire  (Paris,  1674)  ;  A  con- 
tinuation ofthenew  Digestor  ofbones  (Londres,  1687)  ; 
Augmenta  quœdam  et  expérimenta  nova  circa  antliam 
pneumaticam  (Londres,  1687)  ;  Recueil  de  diverses 
pièces  touchant  quelques  nouvelles  machines  (Cassel, 
169o);  Manière  pour  lever  Veau  par  la  force  du  feu  (Cas- 
sel, 1707).  Il  a  donné  enim  dans  les  Philosophical  Tran- 
sactions Ji61^-il0^),  dans  le  Journal  des  Savants 
(1684-8o),  dans  les  Acta  eruditorum  de  Leipzig  (1686- 
91),  de  nombreux  mémoires  et  articles  sur  les  propriétés 
de  l'air  et  de  la  vapeur  d'eau,  sur  la  machine  pneumatique, 
le  mouvement  perpétuel,  la  poudre  à  canon,  les  baro- 
mètres, etc.  Sa  correspondance  avec  Leibniz  et  Huygens  a 
été  réunie  par  E.  Gerland  sous  le  titre  :  Leibnizens  und 
Huygen's  Briefwechsel  rnit  Papin  (Berlin,  1881).  Une 
statue,  due  à  David  d'Angers,  lui  a  été  élevée  à  Blois  en 
1859,  une  autre  au  Conservatoire  des  arts  et  métiers,  ù 
Paris,  en  1887.  L.  S. 

BiBL.  :  D.-F.  WuRZER,De  Papino  et  machina Papiniano  ; 
Marbourg,  1809.  —  Bannisti:re,  Notice  sur  Pupin  ;  Bloifc>, 
1854.  —  La  Saussaye  et  Péax,  la  Vie  et  les  ouvrages  de 
Denis  Papin  ;  Lyon,  1869.  —  Ernouf,  Denis  Papin,  sa  vie 
et  son  œuvre  ;  Paris,  1871. 

PAPIN  (Léger),  homme  poh tique  français,  né  à  Paris 
le  2  oct.  1742,  mort  à  Paris  le  2  févr.  1821.  Curé-prieur 
de  Marly-la-Ville,  il  fut  élu,  le  2  mai  1789,  député  du 
clergé  aux  Etats  généraux  par  la  prévôté  et  vicomte  de 
Paris.  Il  embrassa  les  idées  libérales  et  prêta  le  serment 
ecclésiastique  le  27  déc.  1790. 

PAPIN  (Jean-Baptiste),  homme  politique  français,  né  à 
Aire  (Landes)  le  10  déc.  1756,  mort  à  Paris  le  3  févr. 
1809.  Avocat,  député  des  Landes  au  Conseil  des  anciens, 
il  se  rallia  à  Bonaparte.  Député  des  Landes  au  Corps  lé- 
gislatif, il  entra  au  Sénat  le  1^^'  févr.  1805  et  fut  créé, 
en  1808,  comte  de  Saint-Christau. 

PAPINIEN  (iEmilius  Papinianus),  le  plus  célèbre  des 
jurisconsultes  romains,  né  probablement  sous  Antonin  le 
Pieux,  préfet  du  prétoire  sous  Septime  Sévère,  et  mort  en 
l'an  212  ap.  J.-C.  D'après  une  allégation  delà  vie  deCa- 
racalla  encore  souvent  reproduite,  il  aurait  été  l'élève  de 
Q.  Cervidius  Scœvola  en  même  temps  que  Septime  Sévère, 
et  aurait  succédé  à  ce  dernier  dans  les  fonctions  à'advo- 
catus  flsci,  vers  le  temps  de  Marc-Aurèle.  Mais  M.  Mom- 
sen  a  démontré  que  cette  allégation  vient  d'une  interpo- 
lation du  manuscrit  du  Vatican  de  V Histoire  Auguste 
(Pal.  899).  On  sait,  au  contraire,  d'une  manière  certaine 
qu'il  a  été  assesseur  des  préfets  du  prétoire,  qu'il  a  été 
(probablement  ensuite)  magister  libellorum,  et  qu'il  a 
été  nommé  préfet  du  prétoire  par  Septime  Sévère,  proba- 
blement après  la  mort  de  Plautianus,  au  plus  tard  en 
l'an  20o.  Il  parait  avoir  accompagné,  en  cette  qualité,  Sep- 
time Sévère  dans  son  expédition  de  Bretagne  en  l'an  208. 
Caracalla  le  fit  mettre  à  mort  en  l'an  212,  à  la  suite  du 
meurtre  de  Géta,  dans  des  circonstances  sur  lesquelles  il 
existe  plusieurs  versions.  —  Les  principaux  ouvrages  de 
Papinien  sont  30  livres  de  Quœstiones,  publiés  sous  le 
gouvernement  exclusif  de  Septime  Sévère  (193-198),  et 
19  livres  de  Picsponsa,  publiés  au  moins  en  partie  sous  le 
gouvernement  commun  de  Sévère  et  Caracalla  (198-211), 
peut-être  achevés  seulement  après  la  mort  de  Septime 
Sévère.  On  connaît  en  outre  de  lui  des  Defînitiones  en 
2  livres  ;  deux  traités,  deAdulteriiSy  l'un  en  2  livres,  l'autre 
en  un  seul  ;  enfin  un  ouvrage  en  langue  gre;!que  intitulé 
'Aa:uvo(jL'y.dç  et  concernant  les  fonctions  exercées  en  ma- 
tière de  voirie  par  des  autorités  incertaines.  Des  extraits 
assez  nombreux  de  ses  divers  écrits  nous  ont  été  trans- 
mis indirectement  dans  le  Digeste,  les  Fragments  du  Va^ 

63 


PAPLMEN  —  PAPIRIA 


994 


tican,  la  Collatio  et  la  loi  romaiiio  des  Visigullib.  Le  texte 
original  do  quelques  passages  des  livres  Y  et  IX  de  ses 
Responsa  est  en  outre  connu  depuis  quelques  années  par 
des  débris  retrouvés  en  l'.gypte,  et  achetés  par  les  mu- 
sées de  Paris  et  de  Berlin,  d'un  manuscrit  en  date  du 
IV®  ou  du  v^  siècle.  L'admiration  presque  excessive  qu'il 
a  inspirée  à  ses  contemporains  et  surtout  à  la  poslérilé 
se  traduit  encore  plus  qu'aux  épithètes  clogicuscs  doni 
son  nom  est  perpétuellement  accompagné  chez  les  auteurs 
et  dans  les  constitutions  impériales,  à  des  faits  législatifs 
concrets,  tels  que  la  constitution  de  Constantin  de  l'an  32i 
enlevant  toute  autorité  aux  notes  écrites  sur  lui  par  Paul 
VI  Ulpien,  et  que  la  prépondérance  qui  est  attribuée 
à  ses  opinions,  en  cas  de  partage,  dans  la  célèbre  loi  des 
citations  de  Tan  426.  On  Ta  considéré,  peut-être  avec  un 
peu  d'exagération,  comme  le  plus  grand  des  juriscon- 
sultes romains,  parce  que  ses  travaux  sont,  dans  la  forme 
et  le  fonds,  le  type  de  la  conception  qu'on  se  faisait  à 
Home  de  la  science  du  droit.  Pas  plus  que  les  autres  ju- 
risconsultes de  son  temps,  il  ne  s'essaie  aux  constructions 
d'ensemble  qui  paraissent  aujourd'hui  la  forme  nécessaire 
d'une  exposition  scientifique.  Mais,  s'il  peut  avoir  eu  des 
égaux,  il  ne  paraît  pas  avoir  été  dépassé  dans  Fart  d'ap- 
pliquer un  principe  à  une  espèce  concrète,  en  dégageant 
des  détails  secondaires  le  point  essentiel,  comme  dans  celui 
do  conclure  d'une  solution  admise  à  une  solution  nouvelle 
qu'elle  entraîne.  Le  souci  qu'il  a  de  donner  à  sa  pensée 
l'expression  la  plus  simple  et  la  plus  concise,  et  ses  pré- 
occupations réelles  d'équité,  ont  aussi  certainement  coji- 
Iribué  à  la  progression  constante  de  sa  popularité  dans  la 
période  byzantine.  P. -F.  Gjbabu. 

RiiîL.  :  [.es  fragnioiits  connus  de  Papinicn  se  trou  vont 
i^assonibiés  et  roiiiiis  dans  le.ur  ordre  primitir,  dans  Lenf.l, 
iUdiiigenesiajuris  civilis^  1880,î,i)p.  b0;'-9 1(3  (ajouter  le  frag- 
ment des  Qt(cesiio?iey,  reproduit  dans  Giîix\iiî>,  Textes  de 
droit  romain,  1896,  p.  311,  2°  éd  ).  l^our  sa  biographie,  les 
notices  les  plus  récentes  sont  celles  de  von  Rohdkn  et 
JoPS.  dans  Pauly-Wissoava,  Reidencyclopàdie  der  hlns- 
sischen  Alterlximsx^isscnschaft,  1893,  I,  pp.  172-176,  et  tie 
Kr.EDS.  Prosopogrdphio  imperii  liomani,  1897  et  suiv..  1, 
pp,  ;>t-35,  à  corriger  l'une  et  l'autre  d'après  Mommsk.n,  Zeits- 
clu'ift  der  Savigny  Sliflung,  1891,  XI,  pp.  30-33.  Une  dfs 
jucilleures  appréciations  de  Papinien  comme  jurisconsulte 
est  encore  celle  de  Bruas.  dans  la  1'"''  éd.  de  Pauly,  RetiJ- 
encyclojjcidie,  1848,  V,  pp.  111-141.  Le  travail  lourd  et  cons- 
ciencieux d'OTTO,  Papi//iii?u{S  seu  de  vitastudiis  scripl'n; 
honore  et  morte  JEm.  Piijnnioni,  Lugd.  Bat.,  1718_,  reste 
utile  à  consulter  ;  celui  de  M.  Emilîo  Costa,  Papiniano, 
studio  di  storioL  interna  del  diriito  rommio,  Bologne. 
1894-94,  I-IV,  a  déjà  3  vol.  et  n'est  })as  encore  terminé. 
Autres  indications"  d'ins  P.  KnuvGER.  Histoire  des  sources 
dn  droit  romain^  trad.  Brissaud  1894,  pp,  263-268,  et  Girard. 
Textes  de  droit  ro7nain  1895,  pp.  30u-3U7,  2"  éd. 

PÂPION  (Zool.)  (V.  Cynockphale,  t.  XIIÏ,  p,  703). 

PAPIRIA  {Gens).  Célèbre  famille  romaine  patricienne  et 
])lébéienne.  Cicéron  retrace  son  histoire  dans  une  lettre  à 
PapiriusPsetus,  disant  que  jusqu'cà  Lucius  Papirius  Crassus, 
consul  en  336,  la  forme  du  nom  était  Papisms.  La  frac- 
tion patricienne  appartenant  aux  7/ii?jor(?6'^(?a/6^5  compre- 
nait les  familles  distinguées  par  les  surnoms  de  Crassus, 
Cursor,  Maso,  Mugillanus;  la  fraction  plébéienne,  celles 
des  Carbo,  Ptetus  et  Turdus.  La  gens  citait  parmi  ses 
ancêtres  le  premier  rex  sacrifiai  lus,  nommé  après  l'expul- 
sion des  rois,  et  le  grand  pontife  auquel  on  attribuait  la 
collection  des  lois  religieuses.  Son  premier  personnage 
historique  fut  Lticius  Papirius  L.  /.  Mugillamis,  consul 
en  444  et  427  ;  les  mêmes  nom  et  surnom  furent  portés  por 
ua  tribun  consulaire  de  422,censeiu'en418;  puis  vint  un 
Mardis,  consul  en  411,  et  un  Lucius,  consul  en  326. 
—  Parmi  les  Papirius  Crassus,  on  trouve  :  un  Lucius. 
consul  en  436,  censeur  en  4'i  i  ;  un  Caius,  consul  en  430  ; 
un  Lucius,  dictateur  en  340,  consul  en  336  et  en  330 
où  il  conquit  Priverne,  maître  de  la  cavalerie  (de  L. 
Papirius  Cursor)  en  32o,  censeur  en  318;  son  frère 
Marcus,  dictateur  en  332. 

Dans  la  famille  des  Papirius  Ciu'sor,  on  peut  citer  un 
Lucius,  (^m^Quv  en  393,  et  surtout  son  petit-fils  Lucius. 
qui  fut  l'un  des  grands  hommes  de  la  république  romaine,    | 


cinq  fuis  coiiaul,  deux  ibis  dictateur,  le  type  du  Romain 
de  vieille  roche,  dur  à  lui-même  et  aux  autres,  le  héros  de 
la  seconde  guerre  samnite.  Il  apparaît  en  o'tO,  où  son  pa- 
rent, L.  Papirius  Crassus,  dictateur,  le  prit  pour  maître  de 
la  cavalerie.  En  333,  il  fut  consul.  En  323,  on  le  nomme 
dictateur  pour  diriger  la  guerre  du  Samnium  avec  Q.  Fa- 
bius Maximus  comme  maître  de  la  cavalerie  ;  obligé  de 
revenir  à  Home  pour  chercher  do  nouveaux  auspices,  les 
premiers  étant  irréguliers,  il  laisse  le  commandement  à  Fa- 
iîius,  avec  ordre  d"é\iter  tout  engagement.  En  son  absence, 
l' abius  livre  bataille  et  la  gagne  près  d'imbrinium  ;  Papi- 
rius veut  le  punir,  les  soldats  se  mutinent,  et  à  Iiome,  on 
le  maître  delà  cavalerie  s'est  réfugié,  le  peuple  intercède. 
Forcé  de  pardonner,  Papirius  regagne  la  faveur  des  troupes 
en  promettant  de  leur  abandonner  le  butin  ;  il  remporte 
une  victoire  signalée,  impose  aux  Samnites  une  trêve  d'un 
an,  durant  laquelle  ils  doivent  entretenir  l'armée  etrevieni 
célébrer  le  triomphe  à  Piomo.  En  320,  il  est  réélu  consul 
(quelques  annalistes  prétendent  qu'd  l'avait  été  une 
seconde  fois  des  326),  et  fait  campagne  en  Apulie  devani 
Lucérie;  réélu  consul  en  319,  il  continue  les  opérations  e( 
s'empare  de  Lucérie.  Les  Frentans  sont  soumis  ;  une  offre 
de  médiation  des  Tarentins  avait  été  repoussée  avec  hau- 
teur. L.  Papirius  Cursor  triomphe  pour  la  seconde  fois. 
En  314,  il  est  pour  la  quatrième  fois  consul  et  pour  h 
cinquième  en  313.  En  309,  on  le  nomme  dictateur  poui' 
réparer  le  désastre  de  Caudium  et  secourir  l'armée  d»^ 
C.  Marcius  très  menacée  en  Apulie;  la  nomination  fui 
faite  par  son  ancien  lieutenant  Q.  Fabius,  alors  consul;  le 
dictateur  détruisit  l'armée  samnite  et  célébra  son  troisième 
triomphe.  Il  mourut  peu  après.  C'était  un  homme  d'une 
grande  vigueur,  mangeant  et  buvant  sans  mesure,  très 
dur  pour  ses  soldats,  d'une  sévéïité  poussée  jusqu'à  la 
cruauté,  mais  le  plus  énergique  et  le  meilleur  chef  d'armée 
de  son  époque  en  Italie.  —  Son  fils  Lucius  fut  nommé 
consul  en  293,  lors  de  la  troisième  guerre  samnite,  avec 
Sp.  Carvihus  xMaximus  ;  il  remporta  d'éclatants  succès, 
célébra  le  triomphe,  dédia  un  temple  à  ftuirinus  et  l'orna 
de  la  preniDre  horloge  solaire  qu'il  y  ait  eu  à  Rome. 
De  nouveau  consul  en  272  avec  CarVilius,  il  termina 
la  guerre  samnite  en  obtenant  la  soumission  des  Samnites, 
Lucaniens  Bruttiens  et  Tarentins  et  célébra  un  second 
triomphe. 

Dans  la  famille  des  Papirius  Maso,  on  peut  citer  un  Lu- 
cius, édile  de  312,  puis  Catus  Papirius  6.  f.  L.  n.,  consul 
en  231 ,  qui  conquit  la  Corse,  et  n'ayant  pu  obtenir  du  sé- 
nat le  triomphe,  le  célébra  sur  le  mont  Albain,  inaugu- 
rant ainsi  un  nouveau  système  qui  trouva  des  imitateurs  ; 
il  mourut  en  213.  Sa  hlle  Papiria  épousa  Paul-Emile  et 
fut  mère  du  second  Scipion  V Africain. 

Dans  la  fraction  plébéienne  de  la  gens  Papiria.  les  ser.ls 
personnages  importants  sont  ceux  de  la  famille  Carbo. 
Les  principaux  furent  :  Caïus,  préteur  en  Sardaigne 
(170)  ;  Caïus  C.  f.,  tribun  de  la  plèbe  en  131  ;  partisan 
résolu  des  Gracques,  il  Ut  voter  une  loi  assiu^ant  Tindé- 
pendance  du  vote  et  M  élu  avec  Cauis  Gracchus  et  Ful- 
vius  Flaccus  triumvir agris  dividendis  pour  rexécutioii 
de  la  loi  agraire.  On  leiu^  imputa  la  mort  subite  et  mys- 
léricuse  de  Scipion,  qu'i's  combattaient  violemment.  Car- 
bon fut  élu  préteur  (125),  puis  consul  (120),  et  à  cette 
occasion  trahit  complètement  ses  anciens  amis,  faisan) 
réloge  des  meurtriers  do  Caius  Gracchus  ;  il  n'en  fut  pas 
moins  impliqué,  sur  l'accusation  de  Crassuâ,  dans  lespour- 
suites  contre  les  démocrates  et  obligé  de  s'empoisonne]' 
(Cic,  Ad  Fam.,W,  21,  3).  Cicéron  vante  son  éloquence. 

—  Son  frère  Cneius,  consul  en  113,  fut  vaincu  par  les 
Teutons  àNoreia;  il  fut  mis  en  accusation  et  s'empoisonna. 

—  Caïus  Papirius  Carbo  Arvina,  fils  du  consul  de  420. 
fut  tribun  de  la  plèbe  en  89  ;  le  jeune  Marius  le  fit  tuei- 
comme  aristocrate  (85).  —  Cneiùs,ûhà\i  consul  Cneius, 
fut  tribun  en  96,  préteur  en  90,  ardent  m arianiste.  Cinna 
le  choisit  pour  collègue  au  consulat  (87)  ;il  empêcha  toute 
enlente  avec  Suila  ;  Cinna  et  lui  renouvelèrent  Iciu'spou- 


-  995 


PAPIRÏA  —  PAPOUS 


Yoii'S  pour  S6  et  préparèrent  mic  expédition  en  Grèce  cuiUre 
Sulla.  Cinna  ayant  été  tué  par  ses  soldats,  Carbon  rebia 
seul  consul.  En  83,  il  était  proconsul  en  Gaule  cisalpine. 
A  Farrivée  de  Sulla,  il  organisa  la  résistance,  ut  procla- 
mer les  aristocrates  ennemis  publics;  ceux-ci  lui  inspu- 
tèrent  rincendie  du  Capilole.  Uefoiilé  an  ?n..  il  ii\ra  à 
Sulla  la  bataille  indécise  de  Clusium,  mais  fui  i)at[u  par 
Pompée  et  Grassus  à  Faventia.  il  réunit  une  nouvelle 
armée  en  Etrurie,  ne  put  déblo(|uer  Prœneste  et  fut 
abandonné  par  sa  proviîice  de  Gaule,  il  s'enfuit  alors 
dans  Fiie  de  Cosvra,  fut  livi'é  à  Pomnée  ei  mis  à  morl  à 
Lllybee.  "  A.-fd,  D. 

PÂPiPilUS  (Caius  ou  Sexlus),  grand  pontife  romain 
''\ai,  d'après  Denys  (III,  3li),  aurait,  après  l'evpulsion  des 
Tarquins,  fait  une  collection  des  lois  religieuses  de  "'suma. 
gravées  sur  des  ta^ilettes  de  bois  par  onirc  dWncus  Aiar- 
cius.  Ce  recueil  est  perdu,  et  on  n'a  rien  conservé  d" 
précis  et  d'authenti  pie  du  jus  papiiiaiuiiii,  à  })eiii>:  rnic 
citation  du  commentaire  qu'en  nt,  à  la  i'ii  de  la  Kèva- 
blique,  Granius  Flaccus. 

PARI  RI  US  Ju.vius,  jurisccùîsuUe  ignoré  pour  le  sur- 
plus, de  vpii  le  uigosîe  amis  à  coulrd)ui.ion  un  recueil  de 
constitutions  en  "20  livres,  ilonlil  cite  le»  livres  1,  2  et  8. 
Les  constitutions  re])]'oduiies  vont  do  l'an-lG^i  à  Fan  475 
(d  l'ouvrage  a  été,  pour  ce  motif,  assimilé  sans  preuves 
par  ïïuschke  aux  Semeslria,  recueils  semestriels  de  cons- 
titutions de  Marc-Aurèle,  mentionnés  à  plusieurs  reprises 
flans  la  littérature  juridique.  La  date  de  ces  coîistiiutions 
et  la  place  occupée  par  Papirius  Justus  dans  ï Index  auc- 
iorum  du  Digeste  ont  porté  à  le  supposer  contemporain 
de  Marc-Aurclo  et  de  Commode. 

BiBL.  :  Fragments  coiiservéy  dans  Lenel,  Pallr.çjeacsin 
jnris  civills,  188;),  I,  pp.  947-952.  Blog-rajjliie,  dans  p'.  Kiiri;- 
cs.R,  Histoire  des  sources  du  droit  vomaiii,  1891.  pp.  li?, 
r."  1,257,  et  dans  von  Roiiden  et  IJi^ssAu,  Prosopogrophir 
iiiipcrii  Romani,  1897-98,  Ili,  p.  11. 

PAPIU-Ilâuian  (Alexandre),  publiciste  roumain,  î'é  en 
Transylvanie  en  'Î828,  mort  le  17  oct.  1878.  H  inter- 
rompit ses  études  pour  prendre  part  à  la  Révolution  de  1848 
et  partit  en  1850  pour  Padoue  oa  il  acquit  en  1855  le  doc- 
t'jrat  en  droit  ;  nommé  par  le  prince  moldave  Gr.  Ghika 
professeur  à  la  faculté  do  droit  de  Jassy  et,  plus  tard. 
jurisconsulte,  il  occupa  après  1850  le  poste  de  procu- 
reur à  la  Cour  de  cassation.  Meml)re  de  l'Académie  rou~ 
juaine  en  iS68,  il  légua  à  cette  institution  sa  grande  bi- 
bliothèque et  une  grande  partie  de  ses  manuscrits.  Ses 
études  sont  plutôt  d'ordre  historiipie.  Il  a  publié  en  rou- 
main :  r Histoire  des  Roumains  de  la  Dacie  supérieure 
(1852,  2  vol.)  ;  V Indépendance  constitutionnelle  de 
Transylvanie  (1851)  ;  Trésor  de  monuments  histo- 
riques concernant  la  Roumanie  (1832-64,4  vol.)  ;  la 
Vie,  les  OEuures  et  les  Idées  de  Georges  Sincai  (Bu- 
carest, 18oi))  ;  discours  de  réception  à  l'Académie. 
BiDL.  :  J.  Blvnu,  a.  Pirpiu  Iloi'ian. 

PâPKOUNDRA.  Chaîne  de  collines  longue  dVinir^n 
200  kil.  et  haute  de  500  à  800  m.,  située  dans  le  l)as- 
sin  supérieur  et  sur  la  rive  gau  lie  de  la  Codavcrî,  et 
qui  forme  le  rebord  occidental  du  plateau  du  GondN-.ana 
ou  «  pays  des  Gonds  y>  dans  i'Iiido  ce;itr;de. 

PAPLEUX.  Com.  du  dép.  de  FAisne,  arr.  de  Vcv\io.:., 
cant.  de  La  Capelle  ;  157  liab. 

PaPON  (Jean-Pierre),  littérateur  cthistoiicn,  né  àPu- 
get-ihéniers  en janv.  1734,  mort  à  Paris  le  15  janv.  1803. 
Il  a  pallié  :  Histoire  gén  raie  de  Provence,  dédiée 
aux  Etats  (Paris,  1777,  4  vol.  in- 4)  ;  Vvyaje  lillértnrc 
en  Provence  (1780,  in- 12). 

PAPOUÂSIE  (Occanio)  (V.  NoLVELLE-GiDf.L). 

PAPOUS  (lies  des).  Archipel  de  lacùtcN.-O.  de  la  Non- 
\elle-Guinée,  dépendant  de  la  résidence  de  Ternate  (colo- 
nie hollandaise)  ;  il  comprend  7.783  kil.  q.  et  iS.OOO  hab. 
Les  principales  îles  sont:  Waigen  (2.632  kil.q.),Salwati 
(1.960  kil.  q.),  Misol  (1.740  kil.  q.)  et  douze  plus  pe- 
tites ;  toutes  sont  montagneuses,  boisées,  peuplées  :  à  Fin- 


térieur,  de  Papous;  sur  le  rivage,  de  Malais  qui  relè-\e]d 
du  sultan  de  Tidor. 

PAPOUS  ou  PAPOUA.  Nom  collectif  des  peupiade,:,  de 
race  mélanésienne,  habitant  la  IVouvellc-Guinée.  Le  mot 
Papou  ^ient  du  malais  papouiuali,  qui  signifie  «  crépu  ». 
Les  Papous  eux-mêmes  n'ont  dans  leur  langue  aucune 
appellation  spéciale  commune  ;  la  population  de  chaque 
village  a  un  nom  propre.  Au  physique,  les  Papous  appar- 
tiennent, en  majorité,  à  la  variété  dite  «  papoue  »  de  la 
race  mélanésienne;  CLdievaiiété  '_^4  caractérisée  par  le  Jie/ 
consexe,  à  pointe  épaisse,  par  la  face  plus  allongée  que  chez 
les  vrais  Mélanésiens  et  par  qucFjues  autres  traits.  Les  carac- 
tères communs  aux  deux  variétés  sont  la  couleur  foncée  de  la 
peau,  les  cheveux  frisés  ou  crépus,  la  taille  moyenne,  la 
dolichocéphalie,  etc.  Dans  certaiiies  régions,  par  exemple 
dans  le  S. -F.  de  la  Nouvelle-Guinée,  les  Papous  semblent 
être  fortement  mélangés  aux  Mélanésiens  (lladdon)  et  peut- 
être  aux  PolvriCsichs  (Finsch).  De  même,  che.^  les  Papaa^ 
de  Fembonchure  du  llcuve  Fly  (cote  S.  de  la  Non  •.elle- 
Guinée),  on  peut  déceler  la  présence  des  caractère^ 
])ropres  aux  ?ségritos  :  bra:'h}cépiialio,  petite  taille,  etc. 
Parmi  les  nom'areuses  tribus  entre  les({uelles  se  parta- 
gxmt  les  Papous,  les  plus  connues  sont  les  suivantes  :  les 
Vandessa  ou  Vardamen  de  la  lîaie  Geelvdnk  (X.  de  la 
Guinée)  ;  les  Arfak,  leurs  voisins  de  l'intérieur  ;  les  Ka- 
7'ons,  sur  la  côte  N.;  le?  Onimes,  sur  le  pourtour  du  golfe 
de  Mac-FJure  ;  les  Koviaï,  au  S.  de  la  baie  de  Triton 
(côte  0.);  lesKiwaï,  àFembouchurc  duFly;  ks  Daoudaï, 
à  l'O.  des  précédents  ;  les  Toaripi,  les  Motou,  les  Kere- 
pounade  la  presqu'île  S.-E.;  les  Dalionnis  et  les  Massim, 
de  l'extrémité  de  cette  presqu'de,  et  des  lies  de  laLouisiade 
qui  la  prolongent  au  S.-E.  Le  costume  papou  est  fort 
simple  ;  un  morceau  d'écorce  battue  (à  la  mode  polyiic- 
sienne)  autour  des  reins  et  entre  les  cuisses,  ou  bien 
une  ceinture  en  fibres  du  cocotier  avec  un  fourreau  do 
bambou  ou  une  feuille  de  pandanus,  pour  cacher  les 
organes  génitaux.  Connue  ornement,  des  colliers  de  dents 
d'animaux,  une  bague! te  csi  os.  longue  parfois  de  15 
à  20  centim.,  passée  à  travers  la  cloison  du  nez,  etc.  La 
coiifure  est  très  compliquée  ;  le  plus  souvent  les  cheveux 
sont  «  en  vadrouille  ».  Dans  le  N.  de  File,  les  Papous  ha- 
bitent par  groupes  de  familles  dans  de  grands  phalans- 
tères à  long  corridor  central  dans  lequel  s'ouvrent  les 
nombreuses  chambres  familiales.  Ces  maisons  sont  bâties 
sur  pilotis  et  recouvertes  d'un  toit  en  forme  de  bateau  ren- 
versé. Sur  la  cote  Sud-Ouest  on  se  contente  de  petites 
huttes  en  branchages. 

La  plupart  des  Papous  du  N.  el  de  FF,  de  la  ?souvello- 
Guinée  fojit  de  Fagriculture  à  la  houe,  culli^antle  mais,  le 
bananier,  les  patates,  le  tabac.  Les  tribus  côtières  s'adonnent 
aussi  à  la  pèche,  et  prennent  le  poisson  surtout  en  empoi- 
sonnant les  eaux  des  lagunes.  Les  Papous  ont  une  poterie 
primitive.  Plusieurs  tribus  préparent  le  A^^m,  boisson  eni- 
vrante si  répandue  parmi  les  Polynésiens.  D'autres  chi~ 
cpientlc  bétel  comme  les  Malais.  On  prétend  que  Fanthro})o- 
phagie  est  pratiquée  par  plusieurs  tribus,  mais  des  preuves 
sérieuses  n'ont  étédonnées  que  pourlapeuplade  ÔQsKaron.-^. 
Le  mariage  parait  être  individuel;  la  polygamie  est  ]ieu 
pratiquée.  Les  lites  funéraires  varient  suivant  les  tribus  : 
enterrement  chez  les  mis  ;  dessé'diement  du  cadavre  on 
ensevelissement  et  exhumation  des  os  au  bout  d'un  certaiii 
temps  cîiez  les  autres.  Souvent,  après  la  mort  d'un  indi- 
vidu, on  procède  à  la  fabrication  du  Korvar,  image  gros- 
si ^re  de  «  Fcsprit  »  du  défunt,  que  l'on  conserve  dans  la 
hutte.  La  religion  est  vca  pur  animisme.  Les  Papous  sont 
pasïîionnés  pour  les  arts  graîshiques  ;  ils  ornent  leurs  armes, 
comme  les  ustensiles  les  plus  communs,  de  dessins  à 
motifs  pour  la  plirpart  «  zoomorphes  ».  Des  dessins  com- 
mémoratifs  des  batailles,  fêtes  ou  chasses,  sur  planchettes 
de  bois  ou  sur  feuille,  sont  conservés  dans  chaque  vil- 
lage. Les  fêtes  sont  fréquentes  ;  souvent  les  habitants  de  plu- 
sieurs villages  se  réunissent  à  plusieurs  centaines  et  passent 
trois  ou  quatre  nuits  de  suite  eu  ripailles,  danses,  chants 


PAPOUS  —  PAPROCKI 


—  996  — 


et  libations.  Les  Papous  n'ont  pas  de  chefs.  Toutes  les 
aifaires  touchant  les  intérêts  communs  sont  débattues  dans 
des  réunions  formées  de  l'ensemble  des  hommes  adultes 
de  la  tribu.  La  justice  est  basée  sur  la  loi  de  talion  avec 
l'admission  des  épreuves  (ordalies).  Très  belliqueux,  les 
Papous  sont  constamment  en  escarmouches,  rapts,  em- 
bûches, de  tribu  à  tribu.  La  chasse  aux  crânes,  c.-à-d. 
l'usage  (si  répandu  en  Malaisie)  de  couper  la  tête  à  un 
ennemi  el  de  la  porter  comme  trophée,  est  aussi  pratiquée 
dans  la  pknart  des  tribus.  J.  Deniker. 

PAPPADOPOU  LOS  (Grégoire-Georges),  savant  grec,  né 
à  Salonique  le  12  févr.  1818,  mort  à  Athènes  en  déc.  1873. 
Archéologue  et  professeur,  il  accomplit  des  voyages  et  des 
naissions  en  France,  en  Angleterre,  en  iVllemagne,  et  fut 
directeur  de  l'Ecole  normale  hellénique.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  Etudes  de  linguistique  grecque  (Athènes, 
1840,  in-8);  Critiques  historiques  {ibid.,  1845,  in-8); 
Description  de  pierres  gravées  (ibid.,  1855,  in-4);  ElJ- 
ments  helléniques  de  la  nation  roumaine  (1859,  in-8); 
Chants  populaires  des  Grecs  de  la  Corse  (i864,  in-8)  ; 
Excursion  de  Madame  Dora  distria  enlioiun  7/(?(1861', 
ïn-i):,  Pièces  historiques  sur  le  patriarche  Grégoire  V 
{iS6D-66,  in-8);  Eludes  sociales  sur  les  femmes 
grecques  (1866,  in-8);  Vocabulaire  des  arts  architec- 
toniques  (1867,  gr.  in-8)  ;  Etude  sur  le  sentiment  re- 
ligieux (1868,  in-4).  Tous  ces  écrits  sont  en  grec  mo- 
derne. 

PAPPENHEIM.  Ville  de  Bavière ,  prov .  de  Fr anconie 
moyenne,  sur  l'AUmulil;  1.624  hab.  (en  1895).  Château 
ruiné,  ancien  couvent  d'augustins.  C'est  le  centre  du  comté 
de  Pappenheim,  issu  de  l'ancien  comté  do  Kalden  (près 
Donauwerth)  et  cité  dès  le  xi^  siècle.  Les  Kalden  furent 
de  fidèles  serviteurs  des  Hohenstaufen  et,  avec  Henri  de 
Kalden,  devinrent  maréchaux  d'empire  à  titre  héréditaire; 
en  1334,  Rodolphe  de  Pappenheim  se  voit  confirmer  ce 
litre.  La  Bulle  d'or  le  constate,  ajoutant  que  c'est  l'élec- 
teur de  Saxe,  vice-maréchal,  qui  rempHt  la  fonction.  Ce- 
pendant, en  1618,  les  comtes  de  Pappenheim  se  laissent 
inscrire  dans  le  collège  comtal  de  Souabe.  La  seigneurie 
do  Pappenheim,  vaste  de  i83  kil.  q.,  fut  médiatisée  et 
amiexée  à  la  Bavière  en  1806;  les  comtes  indemnisés  en 
1815  par  des  domaines  de  l'ancien  dép.  français  de  la 
Sarre  qu'ils  vendirent  à  la  Prusse.  Des  quatre  branches 
de  la  maison  de  Pappenheim  au  xv^  siècle,  Grœfenthal, 
Algœw,  Treutlingen,  Altzheim,  la  dernière  seule  subsisb-; 
elle  est  protestante. 

PAPPENHEIM  (Gottfried-Heinrich,  comte  de),  géné- 
l'al  allemand,  né  à  Pappenheim  le  29  mai  1594,  mort  à 
Leipzig  le  17  nov.  1632.  De  la  branche  de  Treutlingen, 
il  lit  ses  études  àAltdorf  et  Tubingue,  voyagea  en  France, 
Angleterre,  Espagne  et  Italie,  se  convertit  au  catholicisme 
(1614)  et  fut  nommé  par  Mathias  conseiller  impérial.  11 
servit  dans  l'armée  deSigismond,  roi  de  Pologne,  fit  cam- 
pagne en  Russie  avec  le  faux  Dmitri,  passa  au  service  du 
duc  Maximilien  de  Bavière,  dans  le  régiment  des  cuiras- 
sieis  de  son  beau-père,  le  comte  Adam  d'Herbersdorf.  Il 
le  commandait  en  1620,  dans  la  campagne  de  Bohème,  où 
sa  brillante  charge  décida  le  succès  à  la  bataille  de  la 
Montagne  Blanche;  percé  de  vingt  blessures,  il  ne  fut 
relevé  sur  le  champ  de  bataille  que  le  lendemain.  L'em- 
pereur lui  conféra  lui-même  la  chevalerie  à  la  diète  de 
Ratisbonne  (1623),  lui  donna  un  régiment  de  cuirassiers 
qui  devint  légendaire  dans  la  guerre  de  Trente  ans  et  l'ex- 
pédia d'abord  en  Lombardie  ou  il  commanda  la  cavalerie 
espagnole  (1623-26).  Rappelé  en  Bavière,  il  écrasa  l'in- 
surrection des  paysans  de  la  Haute- Autriche  (15-30  nov. 
1621)  et  commanda  la  cavalerie  sous  Tilly.  Il  figura  au 
premier  rang  dans  l'assaut  qui  emporta  Magdebourg 
(20  mai  1631),  mais  sa  fougue  inconsidérée  contribua  à 
la  perte  de  la  bataille  de  Leipzig  ou  Breitenfeld.  Il  se  re- 
tira à  Magdebourg  d'où  if  escarmoucha  contre  Baner  et 
Guillaume  de  \\^eimar,  puis  reforma  son  armée  en  West- 
phali*  el  sur  le  Rhin  inférieur,  et  amena  à  Mersebourg 


9.000  cavaliers  à  Wallenstein  (oct.  1632).  Détaché  vers 
le  Rhin,  il  était  à  Halle  quand  il  reçut  l'ordre  de  rallier 
l'armée  principale  ;  il  arriva  au  cours  de  la  bataille  de 
Lutzen  le  16  nov.  1632;  sa  charge  rétablit  un  moment 
les  aifaires  des  Impériaux,  mais  il  tomba  mortellement 
blessé  de  deux  balles  et  mourut  le  lendemain. 
BiBL.  :  Hess,  G.-H.  Graf  zu  Pappenheim  ;  Leipzig,  1855 
PAPPUS  d'Alexandrie,  mathématicien  grec  qu'il  faut 
probablement  placer  vers  300  ap.  J.-C,  quoique  Suidas 
le  fasse  vivre  sous  Théodose  I^'^  à  la  fin  du  iv^  siècle.  Il 
lui  attribue  des  écrits  géographiques,  un  ouvrage  sur  les 
présages  à  tirer  des  songes  et  un  commentaire  sur  la  6'//?^- 
taxe  de  Ptolémée,  qui  a  été  certainement  compilé  par 
Théon  d'Alexandrie.  Dans  la  Collection  des  alchimistes 
grecs,  il  y  a  sous  son  nom  un  Serment  qui  indique  des 
croyances  chrétiennes  ou  au  moins  gnostiques.  Mais  son 
oeuvre  capitale  fut  une   Sgnagogé  (Recueil)  mathéma- 
tique en  huit  livres  (le  premier  est  perdu,  ainsi  que  la 
moitié  du  second)  qui,  comme  importance,  pour  notre 
connaissance  de  la  science  grecque,  atteint  les  œuvres  qui 
nous  restent  d'Euclide,  d'Apollonius  et  d'Archimède.  Sa 
traduction  par  Commandin  (Pesaro,  1588)  a  exercé  la 
plus  heureuse  influence  sur  la  renaissance  de  la  géométrie 
au  xvii^  siècle.  Sans  rappeler  les  nombreux  travaux  qu'elle 
a  provoqués,  il  suffit  de  mentionner  que  l'objet  de  la  Géo- 
niétrie  de  Descartes  est,   en  grande  partie,  la  solution 
d'un  problème  de  Pappus  qu'on  peut  énoncer  coninn^ 
suit  :  «  Etant  donné  2?2  droites  (dont  deux  peuvent  sp 
confondre),  trouver  le  lieu  des  points,  tels  que  le  produit 
des  distances  de  chacun  d'eux  à  n  de  ces  droites  soit  dans 
un  rapport  donné  avec  le  produit  de  ses  distances  aux  n 
autres  ».  Ce  n'est  pas  que  Pappus  soit  un  mathématicien 
de  premier  rang,  et  l'intérêt  de  son  œuvre  est  surtout 
qu'il  nous  a  conservé  des  extraits  ou  des  analyses  de  tra- 
vaux perdus.  Mais  il  est  profondément  versé  dans  l'étude 
des  écrits  anciens  ;  il  a  l'esprit  juste,  très  suggestif  et  très 
généralisateur  (comme  on  peut  le  voir  par  l'exemple  cité) . 
Le  plus  important  des  énoncés  qu'il  revendique  person- 
nellement est  celui  du  théorème  dit  de   Guldin  (V.  ce 
nom).  —  Le  texte  grec  de  Pappus  est  resté  longtemps 
inédit;  on  en  a  aujourd'hui  une  excellente  édition  par 
Hultsch  (Berlin,  1876-78).  Ce  qui  reste  du  deuxi?me  livre 
est  consacré  à  l'arithmétique  (travaux  d'Apollonius)  ;  h^ 
livre  HI,  au  problème  des  deux  moyennes  proportionnelles, 
aux  médiétés,  aux  paradoxes  d'Erycinos  et  aux  polyèdr.-s 
réguliers  ;  le  livre  IV,  à  diverses  questions  de  géométrie 
(écrits  perdus  d'Archimède,  conchoide,  quadratrice,  hélices, 
trisection  de  l'angle,  etc.).  Le  livre  V  comprend  la  théori-' 
des  isopérimèlres,  celle  des  solides  semi-réguHers  d'Archi- 
mède, la  comparaison  des  polyèdres  réguliers.  Le  livre  \T 
étudie  les  ouvrages  dits  à\x  Petit  Astronome;  le  livre  VII, 
ceux  de  l'analyse  géométrique  ;  le  livre  VIII  traite  de  la 
Mécanique.  Ces  divers  livres  sont  dédiés  à  des  person- 
nages diiférents,  Pandrosion,  Megethion,  Hermodore  (soii 
fils)  ;  l'ouvrage  n'a  pas  été  conçu  suivant  un  plan  régu- 
lier, et  ce  n'est  qu'à  partir  du  livre  V  que  s'accuse  l'idée 
de  traiter  méthodiquement  un  sujet  spécial  au  lieu  (h* 
juxtaposer  des  questions  curieuses.  C'est  surtout  le  livre  Vil 
qui  est  précieux  pour  l'histoire  de  la  science  et  qui  a  élè 
le  plus  approfondi,  mais  les  autres  peuvent  encore  offrir, 
même  aux  géomètres  contemporains,  des  questions  inté- 
ressantes, et  en  fait,  de  tous  les  monuments  de  la  mathé- 
matique grecque,  l'anivre  de  Pappus  est  le  seul  dont  l'étude 
directe  reste  toujours  utile.  Paul  Tanneiiy. 

PAPROCKI  (Barthélemi)  (Bartosz),  écrivain  polonais, 
né  en  1550,  mort  en  1614.  Il  appartient  également  à 
l'histoire  de  la  littérature  tchèque.  Il  s'occupait  surtout  de 
généalogie  et  d'héraldique  polonaises.  Il  raconte  souvent 
des  épisodes  très  intéressants  de  son  temps,  mais  ce  qui 
manque  le  plus  à  ses  ouvrages,  c'est  l'unité  et  la  critique. 
Quelques-uns  de  ses  éciits  sont  de  véritables  pamphlets, 
surtout  contre  les  femmes.  Ses  travaux  les  plus  importants 
sont  :  les  Armes  de  la  noblesse  polonaise  (Cracovie,  1581, 


997  — 


PAPROCKI  —  PAPYRUS 


en  polonais)  ;  Miroir  du  margraviat  de  Moravie  (Olmiitz, 
4593),  et  Ordre  de  succession  des  princes  et  des  rois 
de  BoJiéme  (Prague,  d602),  tous  deux  en  tchèque. 

PAPS(Les).Montsd'Mande(V.lRLANDE,t.XX,p.948). 

PAPULE  (Méd.).  Lésion  élémentaire  primitive  de  la 
peau,  constituée  par  une  petite  élevure  solide  et  résis- 
tante, produite  par  des  infdtrats  de  la  couche  superficielle 
du  derme,  de  grosseur  variable,  allant  du  volume  d'une 
tète  d'épingle  à  celui  d'une  lentille,  à  évolution  plus  ou 
moins  rapide  suivant  l'affection  {prurigo,  lichen,  pitij- 
riasis  rubra,  kératose  pilaire,  syphilis,  etc.)  qu'ils 
caractérisent  et  ne  laissant  presque  jamais  de  traces 
de  leur  passage,  la  plupart  aboutissant  à  la  résolution 
totale.  La  coloration  varie  du  rose  au  brun  foncé  en 
passant  par  des  nuances  intermédiaires  (rouge,  jaune,  jaune 
cuivré).  Henri  Fournier. 

PAPWORTH  (Les),  architectes  anglais  du  xix®  siècle. 
Le  plus  anciennement  connu,  John  Papworth,  fils  d'un 
stuccateur  habile,  naquit  à  Londres  le  44  janv.  4775  et 
mourut  à  Little  Paxton,  prèsSaint-Neot(Hunt),  le  46  juin 
1847.  Elève  de  sir  W.  Chambers,  John  Papworth  exécuta 
de  nombreuses  œuvres  dans  le  style  de  la  Renaissance  ita- 
lienne et  exerça  ainsi  une  réelle  et  grande  influence  sur 
l'architecture  anglaise  de  la  première  moitié  de  ce  siècle. 
Il  publia  la  4^  édit.  de  Y omvdigQàQ  Chambers,  Décorative 
Part of  civil  Architecture,  qu'il  annota,  et:  i^Essayof 
Ihe  Causes  of  the  Dry  Rot  in  Buildings  (Londres,  4803, 
in-4)  ;  2**  Select  Viewsin  London(iSiQ,  in-8,  76  pi.)  ; 
3°  Rural  Résidences,  a  Séries  of  villas  (4846-49-22, 
in-8); 4°  Ornemental  Gardening  (4823,  in-8),  etc.  — 
John-  Woody  Papworth,  fils  aîné  du  précédent,  né  à  Londres 
le  4  mars  4820,  mort  à  Londres  le  6  juil.  4870,  fit  cons- 
truire l'Albert  Institution,  dans  Gravel-Lane,  et  contribua 
puissamment,  par  sa  constante  collaboration,  au  succès  du 
Dictionary  of  Architecture,  édité  par  V Architectural 
Publication  Society  (Londres,  demi-fol.,  XXIV  parts, 
pj.  et  gr.).  —  Un  frère  cadet  du  premier  John  Papworth, 
George  Papworth,  né  à  Londres  le  9  mai  4784,  mort  à 
Dublin  le  44  mars  4855,  fit  élever  de  nombreux  édifices 
pubhcs  et  privés  par  toute  l'Irlande  et  fut  réellement  le 
rénovateur  de  l'architecture  de  ce  pays  pendant  la  première 
moitié  du  xix^  siècle.  — Enfin,  un  fils  de  ce  dernier,  John- 
Thomas  Papworth,  né  à  Dublin  le  47  déc.  4809,  mort  à 
Paris  le  6  oct.  4844,  fut  l'auteur  des  modifications  et  des 
agrandissements  de  Leinster  House,  à  Dublin,  en  vue  d'y 
créer  le  Musée  industriel  de  l'Irlande  avec  grande  salle  de 
conférences.  Charles  Lucas. 

PAPYRIER  (Bot.)  (V.  Broussonétie). 

PAPYRUS  (du  \alm paptjrus,  dugrec7ua7ïUGo<;).  I.  Bo- 
tanique.—  C'est  le  souchetà  papier,  belle  lÀRute  mono- 
cotylédone  de  la  famille  des  Cypéracées,  qui  croit  dans  les 
marais  de  l'Abyssinie,  de  l'Egypte,  de  la  Sicile  et  de  la  Ca- 
labre.  C'est  le  Cyperus  papyrus  ou  Papyrus  antiquorum 
des  botanistes.  Ce  souchet  vivace  a  un  rhizome  féculent  dont 
les  anciens  Egyptiens  se  nourrissaient,  et  une  tige  triangu- 
laire, haute  de  2  m.  à  2"^, 50,  sans  feuilles,  et  terminée 
par  une  large  ombrelle  des  plus  élégantes  que  rendent  très 
gracieuse  la  légèreté  et  la  ténuité  de  ses  rayons  et  de  ses 
ombellules.  C'est  avec  la  tige  du  papyrus  que  les  anciens 
fabriquaient  leur  papier.  Ils  découpaient  celle-ci  entranches 
minces  qu'ils  superposaient  en  les  entre-croisant  à  angle 
droit.  Ensuite  ils  battaient  le  tout,  l'aplatissaient  et  en 
lissaient  la  surface  avec  un  instrument  d'ivoire  ou  avec  la 
pierre  ponce,  l'agate.  Pour  préserver  de  l'humidité  et  des 
insectes  le  papyrus  ainsi  préparé,  on  le  plongeait  ensuite 
dans  l'huile  de  cèdre.  Les  anciens  réussissaient  à  fabri- 
quer, avec  cette  substance,  de  très  grandes  feuilles  de  papier 
qui  leur  servaient  pour  écrire,  soit  qu'ils  disposassent  ces 
feuilles  en  livres,  soit  qu'ils  en  fissent  des  rouleaux. 

il.  Histoire.  —  On  sait  que  le  papyrus  a  été  employé 
en  Egypte  dès  une  haute  antiquité.  L'Iigypte,  et  spécia- 
lement la  ville  d'Alexandrie,  continua  longtemps  à  appro- 
visionner de  papyrus  tout  le  monde  antique.  Des  diplômes 


impériaux  grecs  et  latins  sur  papyrus  ont  été,  à  diverses 
reprises  découverts  en  Egvpte  et  particulièrement  au  Fa- 
youm.  Un  grand  nombre  d'actes  privés  étaient  également 
écrits  sur  papyrus.  Les  chartes  de  Ravenne  en  ont  con- 
servé de  nombreux  spécimens.  La  chancellerie  pontificale 
employa  le  papyrus  pour  y  expédier  les  bulles  des  papes 
jusqu'au  milieu  du  xi*^  siècle.  Les  diplômes  des  rois  méro- 
vingiens furent  écrits  également  sur  papyrus  pendant 
tout  le  vil®  siècle,  et  l'on  trouve  en  France  des  documents 
sur  papyrus  jusqu'à  la  fin  du  viii®.  Généralement,  le  pa- 
pyrus était  disposé  en  rouleau  {volumeii).  Les  rouleaux, 
tels  qu'on  les  fabriquait  en  Egypte,  avaient  plus  de  44  m. 
de  longueur  sur  une  largeur  qui  ne  dépassait  pas  20  à 
25  centim.  Les  rouleaux  calcinés  trouvés  à  Herculanum 
donnent  une  idée  de  ce  qu'étaient  ces  volumina.  Mais  à 
l'époque  mérovingienne,  on  découpa  aussi  le  papyrus  en 
feuillets  pour  en  former  des  livres,  parfois  en  intercalant 
entre  chaque  cahier  de  papyrus  un  feuillet  de  parchemin 
pour  donner  à  l'ensemble  plus  de  soUdité  et  de  consis- 
tance. Le  papyrus  dont  on  se  servait  en  Occident  fut  d'im- 
portation égyptienne  jusqu'à  la  fin  du  x®  siècle.  La  fal>ri- 
cation  constituait  un  monopole,  et  chaque  feuillet  devait 
être  marqué  d'une  estampille.  Lorsque  les  fabriques 
d'Egypte  eurent  cessé  de  fonctionner,  remplacées  par  des 
fabriques  de  papier,  on  fabriqua  pendant  quelque  temps 
encore  du  papyrus  en  Sicile,  mais  les  dernières  bulles 
pontificales  qui  ont  cette  provenance  montrent  combien  ce 
papyrus  de  Sicile  était  un  produit  inférieur. 

Le  papyrus  était  désigné  en  latin  par  les  mots  charta, 
tomus,  chartarum  tomuSy  et  plus  tard  papyrus,  d'oii 
nous  avons  fait  papier.  Les  mêmes  expressions  furent 
naturellement  appliquées  au  papier  lorsque  celui-ci  eut 
remplacé  le  papyrus  complètement  disparu,  et  lorsque,  au 
XVI®  siècle  et  depuis,  les  savants  retrouvèrent  des  docu- 
ments sur  papyrus,  ils  crurent  qu'ils  étaient  écrits  sur 
un  papier  fait  avec  de  l'écorce  d'arbre  et  les  désignèrent 
sous  le  nom  de  papier  d'écorce.  En  réalité,  on  ne  fabri- 
qua jamais  de  papier  en  Occident  de  cette  manière,  et,  véri- 
fication faite,  tous  les  documents  désignés  comme  écrits 
sur  papier  d'écorce  sont  des  papyrus. 

III.  Alchimie.  —  Papyrus  de  Leyde.— Ce  papyrus  est 
le  plus  ancien  manuscrit  connu  relativement  à  l'alchimie. 
C'est  Fun  de  ces  vieux  traités,  dont  les  pareils  ont  été  brûlés 
par  Dioctétien  vers  l'an  290  de  notre  ère,  afin,  nous  disent 
les  chroniqueurs,  que  les  Egyptiens  ne  pussent  s'enrichir 
par  cet  art  et  en  tirer  des  richesses  qui  leur  permissent  de  se 
révolter  contre  les  Romains.  Le  papyrus  en  question  a  été 
trouvé  à  Thèbes  dans  un  tombeau,  et  il  a  fait  partie  d'une 
collection  d'antiquités  égyptiennes  réunies  par  d'Anastasi. 
vice-consul  de  Suède  àAlexandrie,  et  vendues  par  lui  en  4828 
au  gouvernement  des  Pays-Bas.  J'ai  donné  une  traduction 
avec  commentaire  de  ce  Papyrus  dans  mon  Introduction 
à  la  chimie  des  anciens  et  du  moyen  âge.  C'est  le  carnet 
d'un  orfèvre,  renfermant  des  formules  pour  composer  des 
alliages  métalliques,  pour  dorer  les  métaux  et  pour  teindre 
les  étoffes  en  pourpre.  Ces  alliages  étaient  destinés  à  imiter 
For  et  l'argent  et  à  les  falsifier  :  Vasem  ou  argent  artificiel 
y  joue  un  rôle  très  important.  Ces  recettes,  purement  tech- 
niques et  faciles  à  reproduire,  senties  mêmes  qui  figurent 
dans  le  traité  de  chrysopée  du  pseudo-Démocrite,  point 
de  départ  des  textes  alchimiques  grecs,  et  de  toutes  les 
pratiques  et  théories  des  transmutateurs  :  c'est  là  ce  qui 
fait  la  grande  importance  du  Papyrus  de  Leyde,  qui  a 
donné  la  clef  des  procédés  alchimiques,  au  moins  à  leur 
origine.  Les  mêmes  recettes  se  sont  conservées  textuelle- 
ment dans  de  vieux  manuscrits  latins  du  viii®  et  du  x®  siècle, 
renfermant  les  pratiques  des  arts  et  métiers,  suivies  depuis 
le  temps  de  l'empire  romain  ;  elles  figurent  textuellement 
dans  la  Mappœ  clavicula,  traité  fort  étendu  du  x®  siècle, 
et  dans  plusieurs  autres  manuscrits.      M.  Bertheloï. 

BiBL.  :  Alchimie.  — Berthelot.  Ovigine&de  l'Alchimie, 
1885.  —Introduction  à  l'alchimie  des  anciens^  1889. —  Col- 
lection des  alchimistes  grecs,  1887.  — Histoii^e  de  la  chimie 
au  moyen  âge,  1893,  t.  1. 


PAQUE  —  098 

PAQUE.  Ce  nom  dosigiic  ù  la  foi^  mw  fV4«^  juivoriuno 
ÏHq  clirclieime. 

PAque  juive.  —  La  Pàque  juive  est  iiiic  des  trois  fèlcs 
solennelles  pour  lesquelles  les  m.îles.  parmi  les  enfants 
(Flsrael,  devaient  se  présenter  devant  TEtornel  avec  des  of- 
randes  [Exode,  XXlil,  -14-1")).  îl  semble  que  c'était  celle 
(jui  amenait  à  Jérusalem  le  plus  grand  nom'ire  de  pèlerins. 
Idle  est  célébrée  au  moment  do  la  pleine  lune,  le  qua- 
torzième jour  du  mois  deiV/ssa:-?,  le  premier  mois  de  1  an- 
Fiée  des  Israélites,  correspondant  à  la  lin  de  mars  et  au 
commencement  d'avril.  Nous  empruntons  au  livre  de 
Vllxode  le  récit  des  faits  auxcpiels  la  Bii)le  rapporte  l'ori- 
gine do  cette  institution.  L'Eternel  voulant  contraindre, 
par  main  fe/rtc,  Pharaon  à  permettre  aux  israé.'iios  de 
sortir  do  ri*>vpte,  dit  à  Moïse:  «  Vers  minuit,  je  passe- 
rai à  travers  FEgvpte,  et  tout  premier-né  mourra,  depuis 
le  premier-né  de  Pharaon,  qui  devait  être  assis  sur  le 
trône,  jusqu'au  premier-né  do  Lesciave,  qui  travaille  au 
moulin,  môme  le  pi'emier-né  des  hètes.  Lt  il  y  aura  un 
grand  cri  au  pays  d'i']grpto.  loi  qu'il  n'y  en  ejt  et  n'y 
aura  jamais  de  somMable.  Mais,  parmi  les  enfants  d'îs- 
raid,  un  chien  ne  remuera  poijit  sa  langue,  depuis  Thommo 
jusfu'au'^  bôtôs,  afin  que  vous  sachie':  que  Dieu  aura  mis 
de  la  différence  entre  les  Egyptiens  et  les  Israéliî:es  (Xi, 
i-7)  ».  Pour  bénéîcier  de  cette  ditférence  et  empêcher  le 
dévastateur  d'entrer  dans  leurs  maisons,  les  enfants  d'Is- 
raël devaient  immoler,  cnt:re  les  deux  \ épiées,  un  agneau 
ou  un  chevreau  de  l'année,  mâle  et  sans  défaut.  Le  sang 
était  reçu  dans  un  bassin,  et  on  devait  y  tremper  un  bou- 
quet dhysope,  pour  en  arroser  le  linteau  et  les  deux 
poteaux  de  la  porte  de  chaque  maison.  Il  arriva  donc  qu'à 
minuit  F  Eternel  frappa  tous  les  premiers-né»  du  pays 
d'Egypte  ;  et  il  y  eut  un  grand  cri  cii  Egypte,  parce  qu'il 
n'y  avait  aucune  maison  on  il  n'y  eut  un  mort.  Pharaon 
se  lova,  il  appela  Moïse  et  Aaron  et  leur  dit  :  «  Sortez 
(kl  milieu  de  mon  peuple  et  serve.  r!''ternel  »  (XII,  5,6, 
7,  13,  22,  3J,  31).  Pour  perpétuer  le  souvenir  de  cotte 
délivrance  et  en  reproduire  les  principales  circonstances, 
l'Eternel  ordonna,  par  décret  perpétuel,  aux  Israéhtos  d'ins- 
tituer, lorsqu'ils  seraient  entrés  dans  le  pays  qu'il  leur 
avait  promis,  une  fête  solennelle.  IlUo  devait  être  célébrée 
chaquô  année  et  durer  sept  jours.  Au  premier  et  au  sep- 
rîèmo,  il  y  aurait  une  sainte  coiivocation  et  on  ne  ferait 
aucune  œuvre.  Dès  le  premier  jour,  on  retirerait  le  levain 
de  toutes  les  maisons;  et  quiconiue  mangerait  du  pain 
levé  pendant  les  sept  jours  de  la  fête,  serait  retranché  de 
rassemblée  d'Israil,  tant  celui  qui  h.i!»iLiil  comme  étran- 
ger que  celui  qui  était  né  au  pays.  De  là,  le  nom  de  Fcn: 
DES  PAINS  SANS  LEVAIN  dounô  à  la  pà  [UO.  En  la  première 
nuit,  l'agneau  ou  le  chevreau  rôti  au  feu  avec  sa  tète, 
ses  jambes  et  ses  entrailles,  devait  être  mangé  avec  des 
herbes  amères.  Ce  qui  en  resterait  au  matin  serait  brûlé. 
Quand  les  enfants  demanihiient  ce  que  signi  lait  cette  cc- 
î-émonie,  on  leur  répondait  :  «  C'est  le  sacriilce  de  la 
pûque  à  l'Eternel,  cpii  passa  par-d'^ssus  les  maisons  des 
enfants  d'Israël,  lorsqu'il  frappa  l'Egypte  et  qu'il  pré- 
serva nos  maisons  »  (XII,  4  4,  2o,  lo-i9,  8-10,  26-27). 
L'agneau  ou  le  chevreau  devait  être  mangé  dans  la  même 
maison  ;  il  était  interdit  d'en  emporter  la  chair  dehors  et 
d'en  briser  les  os.  Les  incirconcis  ne  pouvaient  prendre 
part  à  ce  repas  (46-48).  —Le  livre  des  Nombres  (XXVÎIl, 
16-23)  complète  ces  prescriptions  par  l'indication  des  sa- 
crifices et  des  offrandes  qui  devaieiit  avoir  lieu  pendant 
les  sept  jours  de  la  fête  :  chaque  jour,  outre  les  sacri- 
fices ordinaires,  un  holocauste  compi^enant  deux  jeunes 
taureaux,  un  bélier,  sept  agneaux  d'un  an  et  un  bouc 
expiatoire.  On  y  joignait  un  gâteau  de  ^im  farine  pétrie 
à  Fhuile.  Primitivement,  le  p^u'e  de  famille  immolait  lui- 
même  Fagneau  pascal  ;  mais  peu  à  peu  l'usage  s'établit 
de  charger  les  lévites  de  ce  soin  (2,  Chroni ii-'es,  XXX, 
47;XXKV,  il). 

Voici  les  renseignements  complémentaires  qu'on  trouve 
dans  le  lalmiid  :  Dès  le  moi'^  précédent,  on  prenait  des 


précauttojis  mliuitienscs  pour  être  en  état  de  jHUvté  à 
Fépoque  de  la  fête.  L'agneau  pascal  devait  être  choisi  le 
dixième  jour  du  mois  de  Nissan  ;  mais  cette  règle  n'était 
point  observée  par  les  étrangers,  dont  la  plupart  n'arri- 
vaient à  Jérusalem  qu'un  jour  ou  deux  avant  la  Pilque  : 
ils  achetaient  un  agneaudans  la  courduTemple.  Le  14  riissan 
était  consacré  à  des  purFlcations  corporelles  et,  plus  dili- 
gennnont  encore,  à  la  recherche  du  pain  fermenté.  Pour  le 
découvrir,  chaque  père  de  famille  preiuiit  une  chandelle  et 
inspectait  tous  les  recoins  de  la  maison.  Le  pain  qu'on 
trouvait  étail  placé  sur  un  plat,  puis  brûlé  dans  un  feu 
allumé  à  ciel  ouvert.  L'eau  et  la  farine  destinées  à  la  fabri- 
cation des  pains  azymes  étaient  exaininées  soigneuseaienî. 
Ces  pains  étaient  cuits  da'is  la  matinée.  A  midi,  tant  qu<' 
le  temple  exista,  la  fête  était  annoncée  au  son  des  trom- 
pettes, et  chaque  chef  de  famille  portait  son  agneau  au 
temple.  Après  le  sacrifice  du  soir,  les  agneaux  étaient  égor- 
gés par  les  prêtres,  qui  en  répandaient  le  sang  sur  l'autel. 
Chacun  alors  emportait  son  agneau  en  sa  maison,  oti  il  était 
rôti.  Quand  tout  était  prêt  pour  le  souper  pascal,  le  père 
de  famille  faisait  circuler  une  coupe  de  vin,  en  prononçant 
une  prière.  Une  seconde  coupe  circulait  pendant  qu'il  rap- 
peh.i!  aux  enfants  la  sigiiiticationde  la  cérémonie.  Ensuite 
on  chantait  les  psaumes  (CXIII-CX.VIIÏ)  pendant  que  circu- 
lait pour  la  troisinne  fois  la  coupe,  qu'on  appelait  en  ce 
moment  coupe  de  bénédiction.  La  coupe  circulait  une  qua- 
trième fois,  parfois  même  une  cinquième,  et  on  charnail 
les  psaumes  CXX  et  suivants.  A  minuit,  les  portes  du 
temple  s'ouvraient,  et  le  peuple  ariivait  en  foule  pour  hs 
sacrifices  d'action  de  grâce.  —  Le  16  nissan,  on  allait  en 
procession  solennelle  couper  la  premi  u'e  gerbe  et  on  l'appor- 
tait au  temple,  ou  elle  était  oiferte  suivant  les  rites  pres- 
crits. Cette  cérémonie  a  fait  supposer  qu'une  fête  agri- 
cole, une  fête  de  printemps,  avait  été  adjointe  à  la  Pâque, 
et  même  que  la  Pàquo  n'était  qu'une  transformation  de 
cette  fête. 

Paque  cHRi'TiENNE.  —  Los  pôros  apostoliqucs  ne  men- 
tiojinent  nulle  part  des  fêtes  annuelles  qui  auraient  été 
célébrées  de  leur  temps,  mais  de  l'attachement  que  les  pre- 
miers Ciirétiens  appartenant  à  la  nation  juive  proicssaieni 
pour  l'observance  de  la  loi  et  du  culte  mosaïques  (V.  Cmus- 
TivNisMR,  t.  XI,  pp.  273  et  suiv.)  on  peut  induire,  avec 
vrai-eaiblance,  qu'ils  restèrent  fidèles  à  la  Pàque.  Aux  sou- 
venirs qu'elle  devait  perpétuer  pour  les  israclites,  ils  ajou- 
tèrent le  souvenir  de  la  mort  de  Jésus-Christ.  En  effet, 
contrairement  aux  indications  contenues  dans  les  Evangiles 
selon  saint  Blattbica,  saint  Marc  et  saint  Luc,  l'Evan.3:i}e 
selon  saint  Jean  raj)porte  que  Jésus  mourut  le  ii  nissan. 
précisément  à  Fheure  où  l'on  immolait  Fagneau  pascal. 
Cette  tradition  fut  accepîée  près  pie  unanimement  par  les 
Eghses  psimitives,  et  elle  dut  servir,  dans  les  Eglises  de 
l'Asie  Mineure,  de  base  pour  la  fixation  de  la  fête.  Les 
anciens  documents  ne  fournissent  aucun  renseignement  cer- 
tain sur  ce  qui  se  faisait  dans  les  autres  Eglises.  Il  est 
di'iicilo  de  préciser  le  moment  où  elles  commencèrent  à 
célé')rer  l'anniversaire  de  la  mort  de  Jésus.  Mais  quand  on 
trouve  Fu:,age  établi  en  Occident,  on  peut  y  constater  aussi 
que  la  célébration  a^ait  lieu,  non  le  14  nissan  invariable- 
ment, quel  que  lût  le  jour  sur  le  luel  cette  date  tom')ait, 
mais  le  vendre  H  le  pins  rapproché.  En  160,  cette  diffé- 
rence provoqua  une  contro\erse  entvQ  Polycarpe,  évoque 
de  Smyrne,  et  Anicet,  évoque  de  Home.  Cette  controverse 
ne  troubla  point  leurs  bonnc-j  relations,  ni  celles  de  leurs 
Eglises.  Mais  Victor  (18o-l 9-1),  un  des  premiers  évê  pies 
de  Ttome  qui  prétendirOiit  faire  prévaloir  la  suprématie  de 
leur  siège,  s'irrita  de  ce  que  d'autres  Eglises  avaient,  rela- 
tivement à  la  fête  de  Pàque,  un  usage  qui  se  disait  apos- 
tolique et  qui  diil'érait  de  Fusage  romain.  Il  entreprit  ('193) 
d'imposer  l'usage  de  Rome  à  toute  la  chrétiejité.  fl  y 
réussit  presque  partout.  Les  ^'g]ises  de  l'Asie  Mineure  lui 
opposèrent  une  inviiiciblo  résistance.  Poiycrate,  évoque 
d's'phèse,  lui  répondit  que  ces  Eglises  ne  pouvaient  point 
se  dépai'tir  d'une  coutiune  consacrée  pai'  les  apôtres  Phi- 


~  099  — 


PAQUE  —  PAQUES 


lippe  et  Jean,  parPolycarpe,  Papyrius,  Méliton,  Ions  ôa  èqiies, 
saints  et  martyrs,  qui  avaient  constamment  célébré  la  Pâqiie, 
le  44mssan,  conformément  à  l'Evangile  ;  il  fut  soutenu  par 
tous  ses  collègues  (concile  d'Ephèse,  497).  Victor  rompit 
la  communion  avec  eux,  et  il  essaya  d'indnire  les  autres 
Eglises  à  faire  de  môme.  Mais  beaucoup  d'évêijues,  même 
de  son  parti,  réprouvèrent  ce  procédé.  Parmi  eux,  ïrénée, 
évoque  de  Lyon,  qui  Texhorta  à  imiter  la  modération 
d'Anicet.  La  question  resta  ouverte  et  l'entreprise  des 
évoques  de  Home,  pour  imposer  l'uniformité  du  culte  et 
la  suprématie  de  leur  siège,  fut  tenue  en  échec  pendant 
près  de  cent  trente  années.  En  32o,  le  concile  de  Xicée 
décida  que  désormais  la  Pàque  serait  célébrée  partout  le 
môme  jour  qu'à  Rome,  et  non  le  14  nissan.  Cependant,  plu- 
sieurs communautés  asiatiques  restèrent  fidèles  aux  anciens 
usages.  A  cause  du  nombre  14,  on  appelait  quauto- 
DKciïïANS  ceux  qui  les  observaient.  On  tlnit  môme  par  étendre 
ce  nom  à  tous  ceux  qui  n'obéissaient  point  à  la  prescrip- 
tion du  concile  de  Nicée,  quels  que  fussent  le  jour  adopté 
par  eux  pour  la  Pàque  et  les  motifs  de  ce  choix.  On  les 
traita  indistinctement  comme  hérétiques.  Plusieurs,  comme 
les  montanistes,  les  novatiens,  les  audiens,  l'étaient  sur 
d'autres  points. 

La  Pàque  consacrée  primitivement  à  Fanniversaire  de 
la  mort  de  Jésus,  ruiay  a  arau'.o'ja'.ij-ov,  était  une  fête  de 
deuil  et  de  jeûne.  Elle  était  suivie  immédiatem.ent  d'une 
autre  Pàque,  ~aa/a  àvoGiâcrtu-ov,  célébrant  la  résurrec- 
tion, ras;ension  de  Jésus  et  l'effusion  du  Saint-Esprit  sur 
les  disciples;  c'était  une  fête  joyeuse,  qui  durait  cinquante 
jours,  et  qu'on  appelait  Pentecôte  dans  son  ensemble 
(ïertullien,  De  Baptismo,  49;  Ori^ène,  Contra  Celsum, 
Vin,  22).  Cette  période,  commençant  aussitôt  après  la 
Pàque  funèbre,  appelait  spécialement  sur  ce  commence- 
ment l'idée  de  la  résurrection.  Cette  idée  prévalut  et  dé- 
termina le  dédoublement  de  la  Pentecôte,  dont  la  lin  et  le 
nom  furent  affectés  au  souvenir  de  l'effusion  du  Saint- 
Esprit,  et  dont  le  commencement,  sous  le  nom  spécial  de 
Pàque,  fut  voué  au  souvenir  de  la  résurrection.  D^s  lors, 
cette  dernière  fôte,  changeant  de  caractère  et  d'objet,  dut 
aussi  changer  de  jour,  le  vendredi  restant  réservé  au  sou- 
venir de  la  mort.  En  effet,  l'Evangile  rapporte  que  Jésus 
ressuscita  le  premier  jour  de  la  semaine  juive,  lequel  cor- 
respond au  dimanche  des  chrétiens.  Il  fut  donc  établi  que 
la  fête  aurait  lieu  toujours  un  dimanche,  et  que  ce  dimanche 
serait  celui  qui  suit  immédiatement  le  quatorzième  jour 
de  la  lune  de  mars.  Il  est  réglé,  non  d'après  le  cours 
astronomique  de  la  lune,  mais  suivant  des  calculs  déter- 
minés par  l'Eglise.  Ils  sont  indiqués  aumotEpACTE,  t.  XVI, 
et  CoMPUT,  t.  XIî,  et  font  mouvoir  la  fête  dans  un  espace 
de  trente-cinq  jours,  s'étendant  ju  24  mars  au  2o  avr., 
ce  qu'on  appelle  les  trente-cinq  journées  pascales.  La 
fixation  de  cette  fête  a  une  grande  importance  dans  la 
répartition  de  l'année  ecclésiastique,  parce  que  c'est  à  elle 
que  se  rapporte,  suivant  des  intervalles  précis,  l'indication 
des  fêtes  mobiles  et  des  observances  qui  y  sont  attachées  : 
(barème,  Semaine  sainte,  Ascension,  Pentecôte,  Trinité, 
Fête-Dieu.  —  On  appelait  Epîtres  pascales  des  instruc- 
tions adressées  par  les  patriarches  et  les  métropolitains 
aux  évoques  soumis  à  leur  juridiction,  pour  leur  indiquer 
le  jour  où  la  fête  de  Pàque  devait  être  célébrée.    Elles 
étaient  portées  par  des  messagers  spéciaux.  Baronius, 
Binius,  Dupin  et  beaucoup  d'autres  historiens  ecclésias- 
tiques allirment  que  le  concile  de  Nicée  investit  les  pa- 
triarches d'Alexandrie  de  l'office  d'annoncer,  chaque  année, 
à  toute  l'Eglise  catholique,  le  jour  de  la  fête.  Il  est  incon- 
testahle  cju'ù  une  certaine  époque  ces  patriarches  faisaient 
iMia  notification  aux  évoques  de  Rome  aussi  bien  qu'aux 
évoques  d'Egypte.  Mais,  cymmele  décret  en  vertu  duquel 
ils  agissaient  ainsi  ne  peut  être  produit,  les  ultramontains 
attribuent  le  tait,  quils  ne  peuvent  nier,  non  à  une  dispo- 
sition canonique,  mais  à  l'autorité  qu'on  reconnaissait 
alors  au  siège  d'Alexandrie,  en  matière  de  computation 
mutiiématique  ou  astronomique.  — ■  Pour  notions  acces- 


soires, V.  Carême,  Cierge  pascal,  OEufs  de  Pàque,  Qua- 
SJMODO,  Eucharistie,  (Commandements  de  l'Eglise,  pour  la 
communion,  E.-H.  Vollet. 

Pâques  fleuries.  —  Nom  populaire  donné  au  dimanche 
des  Hameaux. 
Pâques  Véronaises  (V.  Vérone). 
BiBL.  :  IIiLGE.NFELD,  De/'  Paschastroit  und  das  Evange- 
Uum  Johnnnis  ;  Tlieol.  Jahrh.^  Iôt9.  — îSteîz.  Dm  Dijf"- 
renz  der  Occidentalen  und  der  Klcinashiien  ;  Tlieol  Stud.. 
IBôî) 

PAQUEBOT  (V.  Bateau  a  vapeur,  t.  V,  p.  706  et 
suiv.,  Bateau-poste,  pp.  742  et  suiv.). 

PÂQUELIN  (Claude-André),  médecin  français,  né  à 
Avignon  le  30  déc.  1836.  Pharmacien  interne  des  hôpi- 
taux de  Paris  (1861),  il  étudia  ensuite  la  médecine,  devint 
interne  de  Saint-Lazare  (i8ô8),  médecin  en  chef  des 
postes  avancés  durant  le  siège  de  Paris  (1870).  lia  publié 
d'intéressantes  recherches  de  chimij  bi  )b)giquc  présentées 
à  rAc.:démie  des  sciences,  sur  la  constitution  chimique 
des  globules  sanguins  et  le  fer  du  sang,  sur  l'origine,  le 
r<île  physiologique  des  phosphates  (187  J-78)  qu'il  a  beau- 
coup contribué  à  éclaircir.  D'autre  part,  il  a  créé  une  série 
d'ingénieux  instruments  dont  le  plus  célèbre  est  le  thenno- 
caiithère  (V.  ce  mot),  qui  lui  valut  une  notor'été  univer- 
selle. {\  a  poursuivi  l'appiication  de  sa  méthcd  •  non  seu- 
lement aux  opérations  chirurgicales,  mais  à  l'industrie 
par  son  fer  à  souder  à  foyer  do  platine  (1876),  ses  appa- 
reils automatiques  à  jet  forcé  (1880),  son  éolipyle  (1886), 
son  pyrophore  (1890)  et  en  in  ses  pyrographes  et  pyro- 
chromes (1892),  qui  fournissent  un  nouveau  et  très  cu- 
rieux procédé  de  gravure.  Ses  carburateurs  ont  ouvert  à 
l'éclairage  une  voie  où  l'on  s'engage  de  plus  en  plus.  Le 
\y  Paquelin  a  pris  une  place  marquante  dans  le  journa- 
lisme scientifique  comme  rédacteur  en  chef  de  la  Tribune 
médicale  (181  ^2),  rédacteur  scientifique  àah  Libre  Parole 
(18^2)  et  coliaborateur  de  plusieurs  périodiques. 

PÂQUERETTE  {Bellis  L.).  L  Botakiqje.  —  Génie 
de  Composées-Astéréos,  formé  de  petites  herbes,  dont  le 
capitule  présente  un  ifivolucre  hémisphérique,  formé  de 
deux  rangées  de  folioles  égales  et  un  réreptacle  nu,  conique  ; 
les  fleurs  du  disque  sont  hermaphrodites,  tubulôuscs  à 
4-5  dents,  les  fleurs  liguléos  do  la  circonférence  femelles. 
Les  akènes  sont  obovales-comprimés.  L'espèce  type,  le 
B.  perennis  L.,  est  bien  connue  de  tout  le  monde:  elle 
est  extrêmement  commune  dans  les  pi-airies,  sur  les 
pelouses,  au  bord  des  chemins  ;  c'est  la  «  petite  consoude  » 
(Consolida  minor)  des  anciennes  pharmacopées,  empioyéj' 
autrefois  comme  astringente  et  vulnéraire.  D^'  L,  Hx. 
IL  Horticulture.  —  On  cultive  les  pâquerettes  en 
hordures,  en  touffes  ou  en  pots.  Les  variétés  semi-doubles 
peuvent  se  multiplier  do  graines,  en  août.  Les  jeunes  plants 
se  mettent  en  place  en  automne.  On  renouvelle  les  pâque- 
rettes d'éclats  du  pied  quand  leur  végétation  faiblit. 

PAQUES  (Ile  de)  ou  RAPA  Nui.  Ile  du  Pacifique  sud- 
oriental,  vers  27«  8'  %V\  lat.  S.  et  111»  45'  W'  long. 
0.  de  Paris.  L' le  a  été  découverte  en  1687  par  le  bou- 
canier anglais  Davis;  en  1726,  le  navigateur  hollandais 
Hoggeween  y  débarqua  le  jour  de  Pâques  et  donna  ce  nom 
à  l'île.  Behrens,  Cook,  La  Pérouse  et  d'autres  visitèrent 
depuis  l'île  de  Pâques.  Mais  la  plupart  des  récits  qu'on 
a  eus  jusqu'à  présent  étaient  empreints  d'un  peu  d'imagi- 
nation. 

L'île  de  Pâques,  de  forme  triangulaire  avec  la  ligne  de 
base  vers  le  S.,  a  une  superiicie  d'environ  8.000  hect.  ; 
elle  est  formée  de  cratères  éteints  et  de  hancs  de  laves 
souvent  de  grandes  dimensions.  La  végétation  herbacée 
est  très  puissante,  mais  il  n'y  a  pas  d'arbres,  sauf  des 
buissons  de  mûriers  dont  les  tiges  n'ont  que  quelques 
pouces  de  diani'tre.  Toutes  les  roches  sont  volcaniques,  et 
les  éruptions  ont  été  successives  ;  des  cavernes  naturelles 
sont  nombreuses  dans  l'île  et  montrent  qu  elles  servirent 
de  refuge  à  des  hommes  à  diverses  époques.  Le  sol  est 
formé  de  collines  dont  les  plus  élevées  ne  dépassent  pas 
"00  m.  Dans  le  sud,  l'île  est  plus  élevée  et  on  y  remarque 


PAQUES  —  PARA 


iooa  — 


un  cratère  dont  les  parois  sont  verticales  sur  une  hauteur 
de  plus  de  120  m.  Les  plaines  sont  recouvertes  d'une 
grande  quantité  de  pierres  qui  semblent  provenir  de  l'éner- 
gie dernière  des  volcans.  La  côte  est  bordée  de  falaises  et 
de  pics  de  300  à  600  m.  d'élévation  et  d'un  abord  très 
difiicile  ;  les  navires  jettent  donc  l'ancre  en  se  guidant  sur 
la  direction  du  vent;  au  S.  se  trouvent  de  bons  ancrages 
avec  les  vents  du  N.  ou  d'O.  ;  avec  les  vents  d'E.,  l'en- 
crage est  bon  dans  la  baie  de  Cook  ou  HangaRoa,  à  l'O. 
de  l'de. 

L'eau  douce  se  rencontre  au  fond  des  cratères,  mais 
elle  est  saumâtre  dans  les  puits.  Les  vents  alises  soufflent 
d'octobre  à  avril  ;  d'avril  à  octobre  le  temps  est  variable  avec 
vent  d'O.  fréquent  et  beaucoup  de  pluie.  Le  tonnerre  et 
les  éclairs  semblent  inconnus.  Il  n'y  a  actuellement  que 
150  liab.  dansl'ile,  un  grand  nombre  ayant  été  emmenés, 
en  4878,  par  les  missionnaires  aux  îles  Gambier.  Ce  sont 
des  Polynésiens  qui  ne  paraissent  pas  être  originaires  de 
l'île  même.  En  1770,  don  Philippe  Gonzalès  prit  posses- 
sion de  l'île  de  Pâques  au  nom  du  roi  d'Espagne  ;  mais 
depuis  1888  elle  appartient  au  Chili  dont  elle  est  distante 
d'environ  3.700  kilom. 

Le  principal  intérêt  de  cette  terre  consiste  dans  le  nom- 
bre et  la  variété  des  monuments  qu'on  y  rencontre.  Sur 
tous  les  points  de  File  on  trouve  des  rochers  sculptés  pré- 
sentant des  visages  humains,  des  oiseaux,  des  poissons, 
des  hiéroglyphes  et  une  espèce  d'animal  ayant  une  tète 
de  chat  et  une  forme  se  rapprochant  de  celle  de  l'homme. 
Le  long  de  la  cote  sont  exposées,  face  à  la  mer,  des  sta- 
tues colossales,  quelques-unes  de  plus  de  20  m.  de  haut 
et  d'un  poids  de  250  tonnes;  500  de  ces  statues  ont  été 
comptées  dans  l'île  ainsi  que  plus  de  100  grandes  plates- 
formes  atteignant  plus  de  100  m.  de  long  et  près  de  3  m. 
en  hauteur  et  en  largeur. 

«  Les  statues,  dit  M.  H.  Vere  Barclay,  quia  fait  partie, 
en  1897,  d'une  mission  spéciale  chargée  de  l'étude  de 
cette  île,  sont  à  tous  les  degrés  de  fabrication,  les  unes 
encore  attachées  à  la  carrière  où  on  les  construisait,  en- 
tourées des  éclats  enlevés  par  les  travailleurs  ;  d'autres 
ont  été  abandonnées  pendant  qu'on  les  conduisait  à  la 
plate-forme  qu'elles  devaient  orner.  Tout  semble  prouver 
qu'il  y  eut  une  cessation  soudaine  de  travail  probablement 
(lue  à  une  grande  catastrophe  volcanique  ;  plusieurs  d'entre 
elles  sont  verticales,  mais  ont  leurs  pieds  enterrés  dans 
la  boue  volcanique  et  les  scories.  D'autres  statues  qui 
gisent  sur  le  sol  ont  dû  être  arrachées  de  leur  piédestal  : 
l'énergie  volcanique,  qui  arrêta  soudainement  les  travaux, 
lit  disparaître  l'étrange  race  qui  bâtissait  ces  énormes 
constructions.  Toute  l'île  n'est  d'ailleurs  qu'un  vaste  sé- 
pulcre, on  trouve  des  restes  humaing  partout  où  l'on 
creuse  le  sol,  et  j'ai  recueilli  une  collection  complète  de 
crânes  sous  les  statues  tombées  ou  dans  les  cavités  des 
plates -formes.  L'examen  de  ces  crânes  indique  chez  cette 
race  disparue  une  taille  moyenne,  mais  une  assez  grande 
intelligence;  toutefois,  il  faudrait  faire  des  recherches 
plus  étendues,  car  les  crânes  que  j'ai  recueiUis  ne  sont 
peut-être  pas  ceux  de  l'ancienne  race...  »  Ces  travaux 
gigantesques  n'ayant  pu  être  accomplis  que  par  une  popu- 
lation fort  nombreuse,  on  se  trouve  en  présence  de  deux 
hypothèses  :  ou  bien  l'île  de  Pâques  était  autrefois  beau- 
coup plus  étendue  et  a  eu  une  partie  de  son  terrain  en- 
gloutie dans  l'Océan,  ou  bien  elle  faisait  partie  d'un 
archipel  disparu  ou  d'un  continent  qui  se  rehait  à  l'Amé- 
rique du  Sud.  On  trouve  en  effet  une  grande  ressemblance 
entre  les  inscriptions  de  la  péninsule  de  Maya,  récemment 
explorées  et  déchiffrées,  et  celles  des  rochers  et  des  sta- 
tues de  Vile  de  Pâques.  P.  Lemosof. 

BiBL.  :  C.  U.  des  bêances  de  la  Soc.  de  Géogr.,  avr.  1890. 

PAQUET  (^létallurgîe)  (V.  Fer,  t.  XVÏI,  p.  237). 

PAQUETAGE  (Art  milit.).  On  appelle  paquetage  le 
mode  de  disposition  des  effets  d'habillement  du  soldat  dans 
le  havresac  (infanterie)  ou  le  porte-manteau  (cavalerie), 
ou  encore  sur  les  planches  à  bagages  des  chambres  de 


caserne.  Les  moindres  détails  du  paquetage  doivent  être 
rigoureusement  uniformes,  et  des  instructions  spéciales 
affichées  dans  toutes  les  chambres  donnent,  à  cet  égard, 
de  nombreuses  indications  complétées  parles  prescriptions 
spéciales  des  chefs  de  corps. 

PAQUOT  (Jean-Noël),  historien  belge,  né  à  Florennes 
en  1722,  mort  à  Liège  en  1803.  Il  entra  dans  les  ordres 
et  fut  nommé  professeur  d'hébreu  au  collège  des  Trois- 
Langues  à  l'Université  de  Louvain.  Il  occupa  successive- 
ment les  fonctions  d'historiographe  de  l'impéralrice  et  de 
bibliothécaire  de  FUnivcrsité.  En  1771,  il  fut  jeté  en  pri- 
son, à  la  suite  d'une  accusation  d'immoralité  qui  ne  fut 
pas  complètement  établie,  mais  qui  laissa  la  réputation  de 
Paquot  quelque  peu  entamée.  Mis  en  liberté  au  bout  de 
quelques  mois,  il  dut  abandonner  sa  chaire,  et  obtint  la  place 
de  bibhothécaire  du  duc  d'Arenberg.  En  1787,  le  prince- 
évèque  de  Liège,  François  de  Hoensbroeck,le  nomma  pro- 
fesseur d'écriture  sainte  à  son  séminaire;  après  une  courte 
suspension  motivée  par  son  refus  de  serment  aux  autorités 
révolutionnaires,  Paquot  reprit  ses  cours  et  les  continua 
jusqu'à  la  chute  détinitive  du  gouvernement  épiscopal. 
C'était  un  homme  d'une  vaste  érudition  et  d'une  remar- 
quable activité.  Son  ouvrage  capital  est  l'excellent  recueil 
biographique,  intitulé  Mémoires  pour  servir  à  l'his- 
toire littéraire  des  dix-sept  provinces  des  Pays-Bas, 
delà  principauté  de  Liège  et  de  quelques  contrées  voi- 
sines (Louvain,  1763-70,  18  vol.  in-8  ou  3  vol.  in-foL). 
On  lui  doit  aussi  de  bonnes  éditions  de  Y  Histoire  géné- 
rale de  l'Europe  de  Robert  Macqucreau  (Louvain,  1765, 
in-4)  ;  de  Molanus  :  de  Historia  sanctorum  imaginuni 
et  piciurarum  {ibid.,  1771,  in-4)  et  d'autres  moins  im- 
portants. La  bibliographie  complète  des  œuvres  de  Paquot 
se  trouve  dans  VAnmuiire  de  la  bibliothèque  royale  de 
Belgique  de  1841. 

PARA.  Ville.  —  Ville  du  Brésil,  cap.  de  l'Etat  de  ce 
nom,  aussi  nommée  Nossa  Senhora  de  Belem  ou  simple- 
ment Belem  (V.  ce  mot). 

Etat.  —  L'Etat  de  Para  ou  Grâo  Para  est  le  plus 
septentrional  des  Etats-Unis  du  Brésil  ;  il  occupe  1  million 
149.712  kil.  q.  peuplés  en  1890  de  859.821  hab.  (0,7 
par  kil.  q.)  sur  les  deux  rives  de  l'Amazone,  dont  il  com- 
prend essentiellement  la  vallée  et  le  bassin  inférieurs.  Il 
est  compris  entre  les  Guyanes  au  N.,  l'Etat  d'Amazonas 
à  rO.,  ceux  de  Mato  Grosso  et  Goyaz  au  S.,  Maranhâo 
au  S.-E.  et  l'océan  Atlantique  au  fs'.-E.  La  plus  grande 
partie  appartient  à  la  plaine  alluviale  de  l'Amazone  ;  le 
long  de  la  rive  N.  s'étend  le  renflement  argileux  et  gré- 
seux de  la  sierra  de  Ereré(280  m.)  ;  la  frontière  septen- 
trionale du  Para  est  formée  par  les  monts  Tumuc-Humac, 
dont  les  contreforts  et  notamment  les  monts  Acaray 
(1.250  m.)  accidentent  cette  région.  x4uS.  de  l'Etat  nous 
trouvons  la  serra  de  Graudans.  L'Amazone  reçoit  du  S. 
trois  de  ses  principaux  affluents,  le  Tapajoz,  le  Xingu,  le 
Tocantins  dont  le  cours  inférieur  appartient  à  l'Etat  ;  le 
rio  Para  est  le  bras  méridional  du  fleuve,  qui,  confondu 
avec  le  Tocantins,  s'évase  en  un  vaste  estuaire  au  S.-E. 
de  l'île  Marajo  ;  le  port  de  Para  ou  Belem,  débouché  prin- 
cipal du  commerce  fluvial,  est  accessible  en  tout  temps 
aux  navires  tirant  6^^,80.  —  L'intérieur  du  pays,  couvert 
par  la  forêt  vierge,  sauf  à  l'E.  où  commencent  les  sa- 
vanes, est  mal  connu.  La  frontière  vis-à-vis  de  la  Guyane 
française  n'est  pas  encore  définie,  un  vaste  territoire  de- 
meurant contestéentve l'Oyapok  et i'Araguary  (V.  Guyaîse) . 
Le  climat  est  tropical,  tempéré  par  les  vents  de  mer  d'E. 
et  N.-E.  ;  la  température  moyenne  annuelle  de  Para  varie 
entre  26°  et  28°  ;  les  nuits  sont  fraîches  etla  rosée  abondante. 

La  population  est  en  majorité  de  sang  indien;  le  grand 
commerce  est  aux  mains  des  Européens,  Anglais,  Allemands 
et  Français  ;  les  Portugais  forment  la  classe  des  grands 
propriétaires  et  la  classe  des  petits  connnerçants  ;  il  n'y 
a  guère  de  nègres  qu'au  voisinage  de  la  côte.  L'agricul- 
ture est  délaissée  et  on  importe  la  majeure  partie  des 
vivres  consommés  dans  les  villes  :  seule  la  capitale  a  un 


—  1001 


PARA  —  PARABOLE 


peu  d'industrie,  scieries,  constructions  et  réparations  na- 
vales, bougies.  Elle  vit  surtout  du  commerce  des  produits 
tirés  des  forêts  amazoniennes  :  caoutchouc,  cacao,  noix  de 
para,  peaux  ;  les  deux  compagnies  de  vapeurs  de  l'Ama- 
zone et  du  Tocantins  transportent  la  plus  grande  partie 
de  ces  denrées.  Une  seule  route  de  terre  de  171  kil. 
existe  entre  Para  et  Braganca,  sur  l'Océan.  Des  télégraphes 
relient  Para  à  Maranhâo  et  Pernambouc.  La  seule  grande 
ville  est  la  capitale,  Belem  ou  Para  (65.000  hab.  enl892)  ; 
on  peut  encore  citer  Cameta  sur  le  Tocantins,  Macapa  sur 
l'estuaire  N.  de  l'Amazone,  Santarem  au  confluent  du 
Tapajoz  et  Obidos  un  peu  plus  haut.  On  trouvera  des 
détails  complémentaires  à  l'art.  Amazone.      A. -M.  B. 

PARA  DU  Phanjas  (François),  philosophe  et  mathéma- 
ticien français,  né  à  Chabottes  (Hautes-Alpes)  lelo  janv. 
1724,  mort  à  Paris  le  7  août  1797.  Il  entra,  ses  études 
terminées,  dans  l'ordre  des  jésuites  et  fut  professeur  de 
mathématiques  et  de  philosophie  à  Grenoble,  d'abord, 
puis  à  Marseille  et  à  Besançon.  Dans  cette  dernière  ville, 
ses  leçons  eurent  un  succès  considérable  et  il  compta  jus- 
qu'à trois  cents  élèves.  Il  vint  à  Paris,  après  la  suppres- 
sion de  son  ordre,  y  vécut  d'une  pension  que  lui  fit  la 
princesse  Adélaïde,  prêta  en  1791  le  serment  civil,  mais 
le  rétracta  dès  la  publication  des  brefs  pontificaux  et  finit 
ses  jours  aux  Madelonnettes,  sans  avoir  été  inquiété  sous 
la  Terreur.  Ses  ouvrages  de  philosophie  et  de  mathéma- 
tiques, dont  quelques-uns  furent,  à  l'époque,  l'objet  des 
plus  grands  éloges,  ont  beaucoup  perdu  de  leur  intérêt. 
Citons  parmi  les  principaux  :  Eléments  de  métaphysique 
sacrée  et  prof  ane  ou  Théorie  des  êtres  insensibles  (Be- 
sançon, 1767  :  2«  éd.,  Paris,  1779,  3  vol.  ;  trad.  allem., 
Manheim,  1781  et  1788),  «livre  incomparable»,  de  l'avis 
de  Feller  ;  Théorie  des  êtres  sensibles  (Paris,  1774, 
A'  vol.  ;  2®  éd.,  1788)  ;  Principes  du  calcul  et  de  la 
iféométrie  (Paris,  1773  ;  3®  éd.,  1783),  ouvrage  jugé 
fondamental  par  Legendre  ;  Théorie  des  nouvelles  dé- 
couvertes en  phijsique  et  en  chimie  (Paris,  1786).  On 
lui  doit  encore  un  recueil  à' Odes,  chants  lyriques,  etc. 
(Paris,  1774),  et  une  édition  annotée  et  augmentée  du 
Traité  du  nivellement  de  Picard. 

PARAeANIQUE(Acide).Form.  j  S^'^eSSô^. 

L'acide  par abanique  a  été  découvert  par  Liebig  et  Wôhler, 
dans  leurs  célèbres  recherches  sur  le  groupe  unique  par 
une  oxydation  convenable  de  l'acide  urique.  On  l'appelle 
aussi  oxalvlurée,  car  il  dérive  de  l'oxalate  acide  d'urée  par 
élimination  de  ^RW. 

C4H208  +  G^H^Az^O'-  —  C^H'Az^O^  -H  ^H^O^ 

Acide  Urée  Acide 

oxalique  parabanique 

L'oxydation  de  l'alloxane  donne  aussi  de  l'acide  para- 
i>a nique  : 

C^H^AZ-^OS  -4-  02  rrr  G^O^  +  C^Hllz^O^. 

La  déshydratation  de  l'acide  oxalurique  par  l'oxychlo- 
rare  de  phosphore  engendre  de  l'acide  parabanique  (Gri- 
maux).  Cet  acide  cristallise  en  prismes  clinorhombiques  in- 
colores, transparents,  fort  solubles  dans  l'eau.  Les  alcalis 
le  décomposent  et  le  transforment  successivement  en  acide 
oxalurique,  en  acide  oxahque  et  urée  : 

C^H^Az^O^  -H  H202  zzz  C^H^Az^O^ 
C^H^Az^Os  H-  RW  =  C^H^O^  +  C^H^Az^O^. 

Les  solutions  d'argent  précipitent  le  sel  argentique, 
C^Az^O^Ag^.  H^O^,  qui  se  transforme  par  l'action  de 
1  iodure  de  méthyle  en  acide  diméthylparabanique.    C.  M. 

PARA  BASE.  Sorte  d'intarmède  qui,  dans  la  comédie 
grecque  ancienne,  se  plaçait  au  milieu  de  la  pièce  ;  c'était 
une  sorte  de  discours  du  chœur  au  public,  sans  lien  avec 
le  sujet. 

PARABEL  Rivière  de  Sibérie,  affl.  de  g.  de  l'Ob  ; 
cours,  direction N.-E.,  environ  300  kil.,  tout  entier  dans 


le  gouvernement  de  Tomsk.  Rives  habitées  par  des  Sa- 
moyèdes. 

PARABÈRE  (Marie-Magdeleine  de  La  Vieuville,  com- 
tesse de),  née  en  1693,  morte  vers  1750.  Elle  épousa  en 
1711  César  de  Baudéan  de  Parabère,  fut  dame  d'atours 
de  la  duchesse  de  Bourgogne.  Veuve  en  1716,  elle  devint 
la  maîtresse  en  titre  du  régent,  qui,  fatigué  de  son  arro- 
gance —  elle  renvoyait  parfois  ses  lettres  sans  les  lire  — 
la  remplaça  en  juin  1721  par  M"^®  Ferrand  d'Averne.  Elle 
termina  sa  carrière  galante  par  le  duc  d'Antin  (1739). 

BiBL.  rJoitrnai  de  Barbier  (éd.  SocMeVHist.de  France), 
t.  I,jpp.  90  et  I0i5.— Journal  du  marquis  d'ARGENSON  (ibid.i. 
t.  II,  p.  202. 

PARABLASTE  (EmbryoL).  Cette  expression  s'oppose  à 
celle  d'archiblaste  ou  blastoderme  ou  neuroblaste.  Tandis 
que  cette  partie  de  l'embryon  donne  naissance  aux  sys- 
tèmes nerveux,  musculaire,  épithélial  et  glandulaire,  le 
parablaste,  né  d'une  partie  du  vitellus  blanc,  formerait  le 
sang  et  les  tissus  conjonctifs.  Le  blastoderme  serait  donc 
la  masse  principale  du  germe,  tandis  que  le  parablaste, 
dit  aussi  hœmoblaste,  n'en  constituerait  qu'une  partie 
accessoire  (V.  Embryogénie).  D^  L.  Laloy. 

PARABOLAINS.  Primitivement,  le  soin  de  leurs  ma- 
lades et  la  sépulture  de  leurs  morts  étaient  considérés  et 
accomplis  par  tous  les  chrétiens  indistinctement  comme  un 
des  offices  nécessaires  de  la  charité  qui  devait  les  unir.  La 
révolution  impériale  qui  fit  du  christianisme  la  religion 
officielle,  c.-à-d.  la  religion  d'une  multitude  très  peu 
christianisée,  obligea  de  recruter  des  fonctionnaires  spé- 
ciaux pour  y  pourvoir.  On  organisa  dans  ce  but  des  cor- 
porations, dont  les  membres  furent  appelés  parabolains 
(nom  précédemment  donné  aux  bestiaires),  vraisemblable- 
ment à  cause  des  dangers  auxquels  ils  étaient  exposés  en 
temps  de  peste  et  généralement  dans  tous  les  cas  de  ma- 
ladies contagieuses.  Les  textes  du  Code  Théodosien  in- 
diquent qu'ils  étaient  considérés  comme  faisant  partie  du 
clergé,  d'une  partie  prise  dans  les  plus  basses  classes. 
A  Alexandrie,  ils  étaient  six  cents,  placés  sous  la  juridic- 
tion de  Févêque  ;  mais  il  était  interdit  aux  personnes  de 
bonne  condition  d'entrer  dans  leur  corporation.  Ils  devin- 
rent et  firent  ce  qu'on  devait  attendre  de  confréries  ainsi 
composées  :  Ex  charitate  offîcium  transivit infactionem , 
écrit  Baronius.  Ils  commirent  des  désordres  dans  les  spec- 
tacles, qu'on  dut  leur  interdire  ;  dans  les  rues,  ils  firent 
des  émeutes  contre  le  pouvoir  civil,  qui  fut  forcé  de  prendre 
contre  eux  des  mesures  répressives  et  préventives  ;  mais 
surtout  ils  fournirent  aux  factions  ecclésiastiques  le  se- 
cours, toujours  prêt,  des  violences  qui  constituaient  si  sou- 
vent les  arguments  les  plus  efficaces  de  leurs  contro- 
verses. E.-H.  V. 

PARABOLE.  I.  Géométrie.  —  C'est  une  conique  (V.  ce 
mot)  obtenue  en  coupant  un  cône  de  révolution  par  un  plan 
parallèle  à  l'un  de  ses  plans  tangents.  La  propriété  ca- 
ractéristique qui  définit  le  plus  simplement  la  parabole 
consiste  en  ce  que  cette  courbe  est  le  lieu  géométrique  des 
points  également  distants  d'un  point  fixe  et  d'une  droite 
fixe  ;  ce  point  fixe  est  le  foyer,  et  la  droite  fixe  est  la  di- 
rectrice. La  courbe  est  symétrique  par  rapport  à  la  per- 
pendiculaire abaissée  du  foyer  sur  la  directrice  ;  elle  a 
deux  branches  infinies  et  pas  d'asymptotes.  L'équation  la 
plus  simple  de  la  parabole,  rapportée  à  son  axe  et  à  la 
tangente  au  sommet,  est  y^  z=z  ^px;  on  appelle  2/?  le 
paramètre  de  la  courbe;  rapportée,  en  coordonnées  po- 

P 
laires,  à  l'axe  et  au  foyer,  elle  a  pour  équation  01=- — - —  . 
'  "^  ^  ^  1 — COSa) 

La  parabole  jouit  d'innombrables  propriétés  géométriques. 
Lorsque,  dans  l'équation  générale  d'une  conique, 

ax'^  -+-  ^bxy  4-  cy"^  -h  Mn  -4-  'ley  -\-  f=0, 
on  a  b^  —  ac  1=  0, 

la  ligne  est  du  genre  parabole  ;  c'est  une  parabole  propre- 
ment dite,  ou  exceptionnellement  un  système  de  deux 
droites  parallèles  ou  de  deux  droites  confondues.  On  ren- 


PARABOLE  -    PARACELSE 


1002  — 


coîîlre  la  parabole  dans  un  gi'and  iionihre  (l'apidications. 
C'est  ainsi  par  exemple  qu'on  assimile  à  clés  paraboles  les 
orbites  des  comètes  non  périodi  jues,  orbites  qui  affectent 
sans  doute  la  forme  d'ellipses  très  allongées,  mais  qui  se 
déforment  ensuite  lorsque  ces  astres  ont  disparu  des  li- 
mites de  notre  système  solaire  pour  être  soumises  à  de 
nouN'clles  forces  attractives.  C.-A.  Laisant. 

II.  LmÉRATUPiE.  —  Récit  didactique  qui  met  en  valeur 
une  idée  générale  en  imaginant  un  événement  qui  la  sug- 
gère comme  conclusion.  Elle  ditlere  de  la  fable  parce  (|UC 
cell.^-ci  énonce  un  exemple  qui  met  en  action  le  principe 
ou  le  précepte  moral  et  insiste  particulièrement  sur  l'effet 
bon  ou  mauvais  de  son  application  ou  de  sa  trangresbion  ; 
tandis  que  la  parabole,  de  forme  plus  symbolique,  pro- 
cède par  analogie;  et  cette  analogie  entre  lerécit  et  Fidée 
qu'il  est  destiné  à  suggérer,  doit  être  saisissante  ;  parmi 
les  paraboles  les  plus  célèbres,  on  peut  citer  celle  de  Me- 
ncniiis  Agrippa  sur  les  membres  et  Festomac  par  laquelle 
il  convainquit  les  plébéiens  de  la  solidarité  nécessaire  des 
différentes  classes  sociales  ;  ou  encore  dans  l'Evangile  celles 
de  Fenfant  prodigue,  des  vierges  sages  et  des  vierges  folles. 

liï.  TlltOLOGlC  (V.  Si-'iutcde). 

PARABOLIQUE  (Géom.).  On  appelle  ainsi  les  éléments 
qui  se  rapportent  à  la  parabole  ou  qui  ont  avec  cette 
courbe  quelque  chose  de  commun.  C'est  ainsi,  par  exemple, 
qu'on  appelle  branches  paraboliques  les  branches  infinies 
fie  courbes  planes  qui  sont  dépourvues  d'asymptotes  rec- 
ti  lignes. 

^  MouvEMExr  PARABOLIQUE.  —  Lorsqu'uu  poiut  maté- 
riel animé  d'une  vitesse  initiale  est  soumis  à  Faction 
unique  d'une  force  cojistantc  et  constamment  parallèle  à 
elle-même,  la  trajectoire  que  décrit  ce  point  est  une  pa- 
rabole. C'est,  par  exemple,  le  cas  d'un  corps  pesant  dans  le 
vide.  Le  mouvement  parabolique  des  projeililcs  rentre  dans 
ce  cas,  et  se  trouve  traité  dans  tous  les  cours  do  mécanique  ; 
c'est  une  question  d'une  extrême  importance  en  balistique  ; 
le  mouvement  parabolique,  en  effet,  ne  donne  pas  la  solu- 
tion complète  du  probEme,  puisque  les  projectiles  se  dé- 
placent dans  l'air,  et  non  dans  le  vide  ;  mais  il  fournit 
une  approximation  fort  précieuse.  C'est  à  celte  théorie  que 
se  rattache  la  parabole  de  sûreté,  qui  limite  la  région  hors 
de  laquelle  ne  peut  atteindre  un  projectile  dont  on  con- 
naît en  grandeur  la  vitesse  initiale.  La  parabole  de  sûreté 
est  l'enveloppe  de  toutes  les  trajectoires  paraboliques  parti- 
culières que  décriraient  des  projectiles  lancés  du  môme  point , 
avec  la  même  vitesse  initiale,  mais  avec  des  inclinaisons 
ilifférentes  données  à  cette  vitesse  initiale.        C.-A.  L. 

PARABOLOÏDE  (Géom.).  Parmi  les  quadriques  (V.  ce 
mot)  ou  surfaces  du  deuxième  ordre,  on  donne  le  nom  de 
paraiioloïdes  à  deux  surfaces  dont  l'étude  analytique  pré- 
sente de  frappantes  analogies,  bien  que  leur  ap])arencc  ex- 
térieure soit  complètement  différente.  Ce  sont  le  parabo-  j 
îoïde  elliptique  et  le  paraboîode  livperbolique.  Elles  offrcrjt , 
Fune  et  Fautre,  deux  plans  de  symétrie  ;  et  si  on  les 
rapporte  à  ces  deux  plans,  Forigine  étant  au  sommet, 
en  coordonnées  rectangulaires,  l'équation  de  la  sui-face 

est—  -j —   =   2x'  pour  le   paraboloide  elliptique,    et 

• "  %v  pour  le  paraboîode  hyperbolique.  -~  Le 

paraboloide  elliptique  est  coupé  suivant  des  para])oles  par 
tous  les  plans  passant  par  Faxe,  ces  paraboles  ayant  toutes 
leurs  branches  infinies  dirigées  dans  un  même  sens.  Des 
plans  perpendiculaires  ft  l'axe  donnent  comme  sections  des 
ellipses  ;  si  p  =  a,  ces  ellipses  deviennent  des  cercles,  et 
le  paraboloide  de  révolution  peut  être  alors  engendré  par 
une  parabole  tournant  autour  de  son  axe.  Le  plan  per- 
pendiculaire à  l'axe,  au  sommet  cFun  paraboloide  ellip- 
tique, est  tangent  à  la  surface,  laquelle  est  tout  entière 
située  d'un  même  coté  de  ce  plan.  —  Dans  le  parabolo.de 
hyperbolique,  le  plan  perpendiculaire  à  Faxe,  au  sommet, 
est  encore  tangent  à  la  surface,  mais  il  coupe  celle-ci  sui- 


vant deux  droites  ;  et  la  surface  s'étend  à  Finhni  de  part 
et  d'autre  de  ce  plan  tangent  au  sommet.  On  peut  y  placer 
une  infinité  de  droites,  ou  Génératrices  rectilignes  ;  et 
toutes  ces  droites  sont  parallèlej  à  l'un  ou  Fautre  de  deux 
plans  fixes  passant  par  Faxe  et  qu'on  appelle  les  plans 
directeurs.  En  paraboloide  hyperbolique  peut  être  consi- 
déré comme  engendré  par  une  droite  qui  se  déplace  en 
s'appuyant  sur  deux  droites  fixes  (D)  (D')  et  restant  pa- 
rallèle à  un  plan  fixe  (P).  Naturellement,  les  droites  (D) 
(D'j  ne  sont  ni  Fune  ni  Fautre  parahèles  au  plan  (P)  ;  et 
ce  dernier  est  parallèle  à  ïiin  des  pians  directeurs.  La 
f)rme  d'une  selle  de  cheval  ou  duii  col,  en  topographie, 
donne  une  idée  assez  exacte  d'un  paraboloide  hyperbolique 
dans  le  voisinage  de  son  sommet.  C.-A.  LAiiANT. 

PARA  BOSCO  (Girolamo),  écrivain  italien,  né  à  Plai- 
sance vers  4500,  mort  à  Venise  vers  4otiO.  Il  est  Fau- 
teur d'un  recueil  de  Nouvelles  mêlées  de  vers  et  de  prose, 
divisé  en  trois  journées,  où  les  narrateurs  supposés  sont 
des  personnages  connus  de  Fépoque  :  S.  Sp^roni,  FAré- 
tin,  etc.  (i  Diporti,  Venise,  vers  4550;  réimprimé  par 
L  Corradini,  Venise,  1S69).  Il  a  composé,  en  outre,  un 
poème  mythologique,  rAdone,  qui  paraît  avoir  été  imité 
en  quelques  parties  par  le  cavalier  Marin  (Venise,  4558), 
une  tragédie,  l'rocne  (Venise,  4548),  et  des  comédies 
d'intrigue,  en  prose,  imitées  pour  la  plupart  du  théâtre 
latin,  VErmafrodiio,  i  Content i,  la  hantesca,  H  Pelle- 
grino,  il  Viluppo  (imprimées  à  Venise  en  4558). 

BinL.  :  Gaspary,  S/cria  delUi  lett.  ital.^  "II,  S*»  partie, 
passim. 

PARAGATU.  Ville  du  Brésil,  à  FO.  de  l'Etat  de  Minas 
Geracs;  45.000  hab.  Grand  marché  de  sucre,  de  café, 
de  peaux.  Elle  est  située  sur  le  Paracatu,  rivière  de 
450  kil.,  afil.  g.  du  Saô  Francisco.  Ses  lavages  aurifères, 
importants  au  xvni^  sic'cle,  sont  délaissées. 

PARACELSE  (de  son  vrainom Philippus-Aureolus-Theo- 
phrastus  Bo^mAsr  vox  llonENHEiii) ,  célèbre  médecin  et 
alchimiste  suisse,  né  près  d'Einsiedeln,  cant.  de  Schwyz, 
le  47  déc.  4493,  mort  à  Salzbourg  le  24  sept.  4544.  Sa 
famille  était  originaire  du  château  deliohenheim,  près  de 
Stuttgart,  et  celui-ci  avait  dès  4  409  passé  en  des  mains 
étrangères.  Le  père  de  Paracelse  était  médecin  deFabbaye 
d'iinsiedeln,  etsa  mère,  avant  son  maiiage,  était  surveiE 
lante  à  l'hôpital  annexé  au  couvent.  Quant  au  nom  de 
Paracelse,  il  n'est  probaîdement  que  la  traduction  de 
liolienheim.  plutôt  que  d'indiquer  une  vaniteuse  préémi- 
nence au-dessus  de  Celso.  Le  plus  souvent,  d'ailleurs,  il 
signait  Iheophrastus  ex  Ilohenlieim  Eremita  (épithèie 
indiquant  son  lieu  de  naissance).  Ehielqiicfois  le  prénom 
à'Aureolus-Philippus  lui  est  attribué  En  4502,  le  p^re 
de  Paracelse  émigra  avec  sa  famille  à  Villach,  en  Carinthie, 
et  c'est  là  qu'il  lui  inculqua  les  premières  notions  de  mé- 
decine, d'alchimie  et  d'astrologie.  En  4  506,  Paracelse  alla 
étudier  à  Bàle,  ou  il  eut  pour  maître  Tritheim,  puis  il  fit  un 
assez  long  se  our  auprès  de  Sig.  von  Fugger,  dans  le  Tirol. 
11  visita  ensuite  les  plus  célèbres  Enivcrsités  d'Allemagm', 
do  France  et  dltalie,  puis  étudia  la  métallurgie  en  Saxe, 
visita  l'Espagne  et  l'Angleterre,  se  fit  enlever  par  les 
Ta  tares  en  Pologne  et  pratijua  Falcliimie  chez  eux,  par- 
courut l'Egypte,  se  fit  initier  à  divers  mystères  à  Cons- 
tantinople,  etc.  Il  demanda  leurs  secrets  aux  barbiers, 
baigneurs,  bonnes  femmes,  magiciens,  astrologues,  zin- 
/ares,  bourreaux,  etc.,  aussi  bien  qu'aux  plus  savants 
médecins.  Il  servit,  paraît-il,  dans  l'armée  danoise  sous 
Christian  IL  Ces  pérégrinations  ont  dû  beaucoup  nuire  à 
bcs  lectures;  aussi  détCitait-il  cordialement  les  classiques, 
tels  que  Galien,Avicenne,  etc.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  fut  nommé 
"Il  1526  médecin  pensionné  àBiUcgràceà  son  compatriote 
Ifaasscbein  (OEkolampadius),  et  l'année  suivante  devint 
p:'.-fcsseur  à  FEniversité  de  cette  ville.  ïl  inaugura  s  ni 
crscignement  en  langue  allemande,  après  avoir  fait  un  iVu 
d;' ji  ie  des  ouvrages  d'Avicenne,  d'Averroès,  de  Ra^è-.. 
de  (ialien,  etc.  ;  il  imitait  Luther  qui,  quelques  années 
auparavant,  avait  brûlé  la  bulle  du  pape  sur  la  place  pu- 


1003  — 


PARACELSE 


PAHACfilTR 


l)lii[i!0  lie.  Witteiubcrg.  Hippocraie,  sur  les  apliorismes 
duquel  il  publia  des  commenlaires,  avait  sans  douio  trouvé 
^Tàcc  dovajit  Pc''raf'o!"^e,  cpû  so  posait  on  rAforinatour  «Je 
ia  médecine. 

Des  cures  heureuses  et  la  guerre  qu'il  lit  à  bien  des 
iduis  lai  attirèrent  l'inimitié  de  scscoirgues  et  confrères, 
et  il  dut  quitter  sa  chaire  au  pi  intemps  de  4528.  Il  finit 
par  se  retirer  à  EssUngen,  prîs  de  Stuttgart;  là  aussi  il 
fut  en  hiiltc  à  des  persécutions  et,  menacé  de  prison,  il 
s'enfuit  et  commença  une  vie  errante  et  misérable,  qu'il 
termina  à  Salzbourg,  tué  par  ses  ennemis,  suivant  que'- 
(jues  auteurs.  On  a  dit  beaucoup  de  mal  de  Paracclse,  et 
d'autres  l'ont  exalté.  On  lui  a  reproché  d'avoir  mené  un'-» 
vie  de  libertinage,  mais  il  faut  tenir  compte  d.:s  mœuîb 
do  son  époque.  Sans  doute,  il  était  d'un  aboi'd  un  peu 
rude,  mais  avait  une  haute  idée  de  sa  digniiéde  médecin  ; 
il  n'était  pas  aussi  cliarlatan  que  l'ont  dit  ses  ennemis; 
il  faisait  môme  la  guerre  aux  charlatans  aussi  i)ieu  qu'aux 
pédants  et  aux  ignorants,  et  il  les  eut  naturellement  tous 
contre  lui.  On  l'a  accusé  de  sorcellerie  et  d'atliéisme  ;  ici 
encore  on  est  allé  trop  loin;  clans  ses  éciits authentiques, 
il  s'est  montré  croyant  et  ennemi  des  œuvressoi-disant  dia- 
boliques. Celan'empêche  qu'il  a  cru  à  lamagie,  à  ralchiiuio 
etài'astroîo:^ûe  ;  il  était  dcson  temps,  et  il  était  néoplato- 
nicien en  philosophie  De  là  ses  idées  sur  le  microcosme  et 
le  macrocosme,  etc.,  sur  l'existence  dans  le  corps  liumain 
de  Varch'!e,  qui  est  en  somme  l'analogue  de  la  force 
vitale  des  vitalistes.  Abstraction  faite  des  propriétés  oc- 
cultes qu'il  prêtait  à  certaines  substances,  on  peut  dire 
(fuo  Paracclse  a  pour  ainsi  dire  créé  la  doctrine  moderne 
des  sp{'cifî{jues.  Do  môme,  il  préluda  aux  théories  humo- 
i-alcs  de  l'avenir,  et,  en  somme,  il  a  ouvert  à  la  médecine  des 
\oios  nouvelles.  Les  magnétiseurs  le  considèrent  également 
comme  l'un  de  leurs  précurseurs,  et  non  sans  quebjue 
raison.  Il  croyait  au  surnaturel  et  s'efforçait  de  le  prou- 
ver par  des  argmiients  d'ordre  naturel  ;  bref,  il  s'était 
fait  le  vulgarisateur  du  monde  métaphysique. 

Paracelse  une  fois  mort,  le  nom'jro  des  parlibaub  do 
^es  doctrines  médicales  s'accrut  de  jour  en  jour,  smdoul 
en  Allemagne,  et  méjuo  eu  France.  Paré  et  Fernel  adop- 
tèrent cpielques-unes  de  ses  iflées.  La  Faculté  de  Paris, 
cependant,  ne  voulut  pas  entendre  parler  des  préparations 
chimiques  qu'il  avait  introduites  dans  la  thérapeutique,  et 
particuh;Temenl  de  rantimoinc,  —  L'énumération  de  ses 
ouvrages  n'aurait  pas  grand  iiitérôt;  il  a  écrit  sur  les  pré- 
parations médicamenteuses,  la  médecine  pratique  en  géné- 
ral, la  syphilis,  la  chirurgie,  les  impostures  des  médecins. 
la  nature  des  choses  (où  il  est  question  do  Vhominv^ulm), 
la  peste,  la  philosophie  et  l'astrologie,  etc.  Mais  plusieurs 
de  ces  ouvrages  ne  sont  pas  authentiques,  on  est  même 
loin  d'être  d'accord  sur  ce  sujet.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  a  ét;'^ 
])Uî)lié  une  série  d'éilitions  des  œuvres  complètes  de  Para- 
'•else,  depuis  l'édition  de  Bàle  de  1575-89  en  10  voL 
jusqu'à  celle  de  Genève  de  IfioS  en  3  vol.  En  général, 
les  ouvrages  non  authentiques  sont  caractérisés  par  un 
style  extravagant  et  en'xs  c|ui  a  fait  adopter  par  les  An- 
glais le  mot  bombasl  comme  synonyme  de  pathos,  d'en- 
flure, etc.  ^  D''  L.  IIn. 

I^iijl.  :  }J.vRx.  Zur  Wûvdic/iwg  d^'.s  Thcofihruslns  von 
Jîohenhelm;  GottinA""ie,  1812, 'iu-4,  —  Mook,  Tiiooplirastiis 
Paracelsiis.  Fine  krltische  Stndie;  Wurtzbourg,  1876,  in-8. 
-  F ERGU SOS , Bibliographia.  ParaceUica...;  Glasgow,'  1877, 
iii-B. —  RoHLFs,  dans  Deutsch.  ArcJdv.  f.  Gesch.  cler  Me- 
fUf'in,  1862,  pp.  213,  241,  273.  -  L.  Hahn.  dans  Dlct.  encycl. 
'/ey  se.  méd.,  188t.  —  IIaboulbènk,  dans  /?ep?ie  scieiûlf., 
1885,  t.  XXXVI,  pp.  6i5,  681.  --  Hartmann,  Life  of  P.  T. 
Paracelsns;  t.ondrcs  1887.  —  Schuoert  elSur3Hr)FF,  Para- 
celsns-Forschnncjen;  Franc fort-sur-Main,  1887-o9.  2\^ol.  — 
SuDHOFF,  Versuck  einer  Kritik  cler  Echtheit  der  Para- 
celslschen  Schrilten;  Berlin,  1891  et  suiv.  —  Schlegel,* 
Paracelsische  Studien  ;  Dresde,  1898,  in-8. 

PARÂCELSES.  Groupe  de  récifs  situé  dans  la  mer  de 
Chine,  au  large  de  liai  nan  et  de  la  côte  d'Annam,  entre 
15  et  il<>  de  lat.  N.,  109  et  11 3^  de  long.  E.     M.  C. 

PARACENTÈSE  (Chirur.).  Opération  qui  consiste 
h  ponctionner  un  organe  ou  une  cavité    séreuse   pour 


en  l'étirer  le  liquide  qu'ils  contiennent.  Ce  mot  s'emploie 
surtout  pour  désigner  la  ponction  ahdominale  ;  mais  il 
sert  aussi  à  dénommer  les  ponctions  du  péricarde,  de 
la  vessie,   des  'milieux  de  rœil,  d'un  k^^ste,  etc.  Nous 
lîe  nous  occuperons  ici  qiio  de  la  ponction  ahdominale. 
Zlle  était  connue  et  prati([uée  de  toute  antiquité,  mais  la 
i   méthode  opérai loire  laissait  beaucoup  à  désirer.  Aujour- 
i   d'hui  elle  se  fait  à  l'aide  d'un  trocart  (V.  ce  mot).  On 
I   s'assure  par  la  percussion  qu'il  n'existe  au  point  d'élec- 
I   tion  ni  anse  intestinale  soudée  à  la  paroi,  ni  tumeur  so- 
I   lido  ;  le  point  d'élection  se  trouve  sur  le  milieu  d'une 
ligne  droite  c{ui  descend  de  Fombilic  à  l'épine  iliaque  an- 
îéro-supérieure.  Naturellement,  la  région  et  lesinstrumeids 
ont  été  antiseptiscs.  Le  trocart  est  enfoncé  assez  hi'us- 
qucment,  puis  on  le  retire  en  laissant  la  canule  en  place. 
Quand  le  liquide  est  sorti  par  la  canule,  on  la  retire,  et  h' 
pansement  consiste  en  un  moi'ceau  de  diachylon  ou  un 
peu  d'ouate  recouverte  de  collodion  ;  un  bandage  de  corps 
et  de  l'ouate  maintiennent  le  ventre.  Ost  une  opéra- 
tion peu  grave,  mais  qui  parfois  peut  s'accompagner  de 
quelques  accidents,  tels  que  siincope,  péritonite,  h'Jmor- 
rcijies,  ftstule  péritonéo-cuianée.  D-'  Martha. 

PABACENTRIQUE  (Géom.).  On  appelle  eourbe  iso- 
chrone paracentri me  ou  simplement  para'^entriqve 
la  courbe  décrite,  en  tombant,  par  un  corps  pesant,  (uii 
s'approche  également,  dans  dos  temps  égaux,  d'un  centre 
ou  d'un  point  donné.  Le  problème  de  la  courbe  paracen- 
trique  a  été  proposé  par  Leibniz  aux  antagonistes  dii 
calcul  dillerentiel,  qui  ne  parvinrent  pas  à  le  résoudre.  Il 
n'est  que  la  généralisation  du  problème  de  la  courbe  aiir 
apiiroches  éijales  {V.  Approcuf.?). 

PARÂGÉPHALÎENS  (Terat.)  (V.  Monstre,  t.  XXIV. 
p.  173). 

PARACHUTE.  î.  Aérostatiox.  —  Le  parachute  pa- 
raît avoir  été  connu  de  toute  antiquité.  Pourtant  la  pre- 
mière description  qu'on  en  rencontre  remonte  à  Léonard 
de  Vinci.  V\\  siècle  et  demi  plus  tard,  Fausti  Veran/io, 
de  Venise,  donnait,  à  son  tour,  le  dessin  d'un  appareil  qui 
aurait  été  expérimenté  en  loi 7  et  qui  permettait  l\  un 
homme  de  se  j  eter  sans  danger  du  haut  d'une  tour.  En  1 7S') , 
un  physicien  français,  Sébastien  Lenormand,  c|ui  a  long- 
temps passé  pour  l'inventeur  des  parachutes,  commença 
une  série  d'expériences,  d'abord  en  se  laissant  tomber,  un 
parapluie  ouvert  à  chaque  main,  de  la  hauteur  d'un  premier 
étage,  puis  en  lançant,  du  haut  de  ia  tour  de  l'observatoire 
de  Montpellier,  différents  animaux  suspendus  à  un  appa- 
l'eil  également  en  forme  de  parapluie,  mais  beaucoup  plus 
grand,  eniin,  en  se  jetant  lui-même  du  haut  de  la  tour, 
en  présence  de  Montgolfier.  La  machine  dont  il  fit  usage 
dans  cette  dernière  circonstance  consistait  en  un  cercle  d*' 
4  m.  1,2  de  diamètre,  supportant  un  cùne  de  toile  doublé 
de  papier  de  2  m.  de  hauteur,  J.~L.  Blanchard  {V .  ce  nom) 
rejeta  dans  ses  nombreuses  ascensions  publiques  les  exfié- 
l'ieiices  de  Lenormand,  mais  seulement  sur  des  animaux 
et  sans  jamais  s'aventurer  lui-même.  Ce  ùivent  les  frères 
Garnerin  (V.  ce  nom),  élèves  du  physicien  Charles,  qui 
eurent,  les  premiers,  Fidée  de  faire  du  parachute  un 
apfiareil  de  sauvetage  pour  les  aéronautes.  Celui  qu'ils 
construisirent  ditférait  peu  de  ceux  encore  en  usage.  Il  se 
composait  essentiellement  de  trente-six  fuseaux  d'étoffe 
cousus  ensemble  et  formant,  développés  et  gonflés,  une 
sorte  de  calotte  sphéri  pie  de  8  m.  environ  de  diamètre, 
figurant  assez  bien  un  vaste  parasol  ouvert  (V.  la  fig.). 
Autant  de  fortes  ficelles,  partant  du  centre,  suivaient  les 
coutures  et  venaient  se  rattacher,  10  à  12  m.  au-dessous, 
à  la  nacelle.  Pendant  l'ascension  le  parachute  était  sus- 
pendu plié,  soit  à  la  partie  iiiférieure  de  l'aérostat,  soit  à 
un  point  quelconque  de  son  équateur,  et  dès  «pf  on  coupait 
la  corde  ([ui  le  retenait,  la  nacelle,  séparée  en  même 
temps  du  ballon,  était  lancée  dans  le  vide,  précipitée 
d'abord  avec  une  vitesse  croissante,  puis  retenue  par  le 
parachute,  qui  se  déployait  de  plus  en  plus  sous  l'elfort 
de   la   résistance   de    l'air.    Le  Tl  oct,   1797.  Jacquec; 


PARACHUTE 


1004  — 


Garnerin  s'éleva  en  ballon,  au-dessus  du  parc  Monceau, 
à  Paris,  jusqu'à  une  hauteur  de  plus  de  i.OOO  m.  et, 
s'étant  alors  confié  à  son  parachute,  arriva  à  terre,  sain 
et  sauf,  mais  non  sans  avoir  subi,  durant  la  descente,  do 
nombreuses  et  violentes  secousses.  Il  remédia  lui-même  à 
cel  inconvénient  en  ménageant,  au  sommet  de  Taj^parei!. 


Parach'ite. 

une  ouverture  circulaire  pour  l'écoulement  de  l'air.  Son 
frère  et  sa  nièce,  Elisa  Garnerin,  firent,  durant  les  années 
qui  suivirent,  de  nouvelles  et  nombreuses  descentes,  puis 
l'Anglais  Cocking,  à  Londres,  lequel  imagina  de  renverser 
tout  le  système,  la  face  concave  regardant  le  ciel,  et, 
le  24  juil.  1837,  se  tua  net  en  se  lançant  d'une  hau- 
teur de  1.800  m.  Jusqu'en  1886,  où  l'Américain  Balduin 
s'en  servit  à  nouveau,  il  ne  fut  plus  guère  question  du 
parachute.  A  la  même  époque,  un  autre  aéronaute, 
Leroux,  tué  au  cours  d'une  expérience  en  1889,  le  modi- 
fia quelque  peu,  réduisant  son  diamètre  total  à  3  m.  et 
n'en  faisant  plus  qu'un  auxiliaire  de  la  descente  de  l'aé- 
rostat au-dessus  duquel  il  se  développe  et  dont  il  permet 
de  modérer  à  volonté  la  vitesse  de  chute.  Lorsqu'au 
contraire  il  doit  fonctionner  à  part  et  porter,  à  lui  seul, 
le  poids  d'un  homme,  il  lui  faut  un  diamètre  d'au  moins 
4"^, 40,  porté  à  9  ou  10  m.,  s'il  s'agit  d'une  nacelle  avec 
plusieurs  aéronautes.  —  On  a  aussi  essayé  de  faire  du 
parachute  une  machine  dirigeable  en  le  munissant  de 
deux  grandes  ailes  fixées  à  la  nacelle  et  faisant  office  de 
rames  (V.  Aviation). 

II.  Mines.  —  On  désigne  sous  le  nom  de  parachutes 
des  appareils  divers  employés,  dans  les  puits  d'extrac- 
tion des  mines,  pour  empêcher  la  cage  d'être  préci- 
pitée au  fond,  lorsque  le  câble  qui  la  supporte  vient  à 
se  rompre.  Ces  appareils  reposent  tous  sur  un  principe 
commun  :  déterminer,  par  la  rupture  même  du  câble,  la 
mise  en  action  d'un  appareil  de  coincement,  qui  accroche 
et  suspend  la  cage  aux  guidages,  le  long  desquels  elle 
circule  habituellement  comme  sur  des  rails  Y^rticaux.  Les 
difficultés  du  problème  se  conçoivent  aussitôt  :  il  faut,  en 
effet,  pour  que  l'appareil  remplisse  convenablement  son 
office,  qu'il  fonctionne  efficacement  dans  tous  les  cas  de 
rupture  et  ne  fonctionnejamais  sans  nécessité.  Si,  en  vue 
de  déterminer  le  meilleur  type  de  parachutes,  on  cherche 
d'abord  à  analyser  les  conditions  dans  lesquelles  se  pro- 
duit une  rupture,  on  voit  qu'elle  a  lieu  souvent  à  une 


grande  distance  au-dessus  de  la  cage,  dans  la  partie  qui 
tatigue  le  plus,  puisqu'elle  a  à  supporter,  outre  le  poids 
de  la  cage,  celui  du  câble  lui-même,  souvent  considérable  : 
il  y  a  donc  lieu  de  prévoir,  un  moment  après  la  rupture, 
la  chute,  au-dessus  de  la  cage,  de  toute  la  portion  du 
câble  rompu,  et  il  est,  par  suite,  nécessaire  que  la  cage 
soit  très  solidement  accrochée  aux  guidages  par  le  para- 
chute pour  résister  à  un  pareil  choc.  En  second  lieu, 
si  nous  nous  plaçons,  comme  on  doit  toujours  le  faire, 
dans  les  conditions  les  plus  défavorables  (qui  sont  heu- 
reusement les  plus  rares)  et  si  nous  imaginons  une 
rupture  pendant  la  descente,  dans  l'intervalle  de  temps 
qui  s'écoule  entre  la  rupture  du  câble  et  l'accrochage 
désiré,  la  cage  commence  par  tomber  en  chute  libre 
avec  une  vitesse  croissante,  et  la  force  à  neutraliser 
devient  rapidement  énorme  :  il  est  donc  nécessaire  que  io 
parachute  fonctionne  le  plus  vite  possible.  Néanmoins, 
il  est  mauvais  de  déterminer  un  arrêt  trop  absolu  et 
trop  brutal,  comme  on  avait  cherché  à  le  faire  dans 
certains  systèmes  anciens,  au  moyen  par  exemple  de  ver- 
rous, venant  s'introduire  subitement  dans  les  dents  d'un<^ 
crémaillère  ;  car  on  a  toutes  les  chances  de  briser  ainsi 
l'appareil  le  jour  où  il  doit  servir.  Ajoutons  encore  que  le 
parachute  doit  se  fixer  au  guidage,  ce  qu'il  ne  peut  faire 
qu'en  s' appliquant  contre  lui  avec  un  frottement  de  plus  en 
plus  énergique  ;  mais,  comme  ce  guidage  n'est  pas  abso- 
lument rigide,  on  a  à  craindre,  si  on  le  pousse  d'un  seul 
coté,  qu'il  ne  se  déplace  et  cède  à  la  pression  du  parachute, 
mis  ainsi  dans  l'impossibilité  de  fonctionner  :  d'où  l'idée, 
fréquemment  adoptée,  de  faire  prendre  ce  guidage  entre 
(!eux  mâchoires  et  deux  griffes.  On  conçoit,  d'ailleurs,  que 
les  moyens  à  employer  pour  réaliser  cette  suspension,  cet 
accrochage  de  la  cage  à  ses  guides,  dépendent  essentiel- 
lement de  la  nature  de  ceux-ci,  qui  peuvent  être  en  fer, 
en  bois,  ou  en  câbles.  Quant  à  la  crainte  de  voir  fonctionner 
le  parachute  hors  de  propos,  elle  est  très  motivée  par  le 
fait  que  le  câble  porteur  de  la  cage  a  une  élasticité  sen- 
sible et  détermine,  par  suite,  en  marche  normale,  dans 
le  mouvement  de  la  cage,  une  série  d'oscillations  ;  il  y  a 
des  moments  où  la  descente  peut  s'accélérer  assez  pour 
produire  les  mêmes  résultats  qu'une  chute  après  une  rup- 
ture; le  parachute  fonctionne  alors  inutilement,  détériore 
le  guidage,  entrave  le  service  et  peut  même  occasionner 
des  accidents.  Dans  certains  appareils,  on  remédie  à  ce 
défaut  par  l'introduction  d'un  ressort  spécial,  nommé  ten- 
deur compensateur,  qui  doit  neutraliser  ces  oscillations  do 
faible  amplitude  et  ne  laisser  fonctionner  le  parachute 
qu'en  cas  de  rupture  réelle.  Le  plus  souvent,  on  emploie 
un  moyen  beaucoup  plus  radical,  qui  consiste  à  n'utiliser 
le  parachute  que  pour  la  circulation  des  ouvriers  et  à  le 
caler  pendant  toutes  les  manœuvres  d'extraction  de  char- 
bon. Il  est  alors  indispensable  que  le  calage  et  le  déca- 
lage puissent  se  faire  aisément  et  qu'un  système  très  vi- 
sible permette  de  savoir  immédiatement,  au  premier  aspect 
de  la  cage,  ^si  le  parachute  est  ou  non  en  état  de  fonc- 
tionner. On  voit  donc,  en  résumé,  qu'un  bon  parachute 
doit,  à  la  fois,  agir  très  vite  et  pourtant  progressivement, 
en  embrassant  le  guidage  et  non  en  le  poussant,  lorsque 
le  câble  se  rompt  et  non  lorsqu'il  oscille,  et  produire  sur 
le  guidage  une  prise  très  énergique,  en  évitant  pourtant 
de  le  détériorer  trop  gravement.  Toutes  ces  conditions 
réunies  sont  tellement  difficiles  à  remplir  que  le  parachute 
idéal  n'est  pas  encore  trouvé  et  que,  dans  beaucoup  de 
districts  miniers,  on  discute  encore  pour  savoir  si  les 
avantages  des  parachutes  actuellement  connus  surpassent 
leurs  inconvénients.  En  tout  cas,  il  est  indispensable  que 
la  présence  d'un  parachute  n'entraîne  pas  une  fausse  sé- 
curité et  ne  dispense  pas  de  la  surveillance  minutieuse 
et  constante  du  câble,  qui  est,  en  réalité,  la  meilleure  ga- 
rantie contre  les  accidents. 

Ces  remarques  faites,  si  l'on  entre  un  peu  plus  dans  le 
détail,  on  voit  que  le  principe  de  nombreux  parachutes 
consiste  à  faire  porter  la  cage,   non  directement  par  le 


1005 


PARACHUTE  ~  PAI{ACYANOGÈNE 


câble,  miiis  par  un  appareil  tixé  au  câble,  buv  lequel  le 
poids  de  la  cage  s'applique  par  l'intermédiaire  des  res- 
sorts. En  cas  de  rupture,  les  ressorts  se  détendent  brus- 
quement, puisque  le  câble  tend  alors  à  tomber  avec  la 
cage  et  non  plus  à  la  porter  ;  la  détente  de  ces  ressorts 
actionne  alors  le  système  d'arc-boutement  ou  de  coince- 
ment, plus  ou  moins  ingénieux,  qui  fonctionne  comme  un 
véritable  frein.  Tel  est  le  cas  des  anciens  parachutes  Fon- 
taine et  du  parachute  Micha,  dans  lequel  des  griffes  ten- 
dent â  pénétrer  dans  le  guidage  et,  une  fois  entrées  légè- 
rement, sont  enfoncées  à  fond  par  le  choc  même  de  la 
cage  tombant  sur  leur  tête.  Ailleurs,  des  coins,  mis  en 
mouvement  par  le  ressort,  viennent  s'intercaler  entre  le 
guidage  et  des  pièces  inclinées  portées  par  la  cage,  dé- 
terminant un  frottement  d'autant  plus  énergique  que  ces 
coins  sont  striés  ;  ou  encore,  le  coincement  est  produit 
(type  des  mines  de  Lens)  par  des  roues  excentrées,  striées 
sur  leur  surface  de  contact;  dans  d'autres  cas  par  une 
courte  fourche  (système  Hypersiel),  dont  les  faces  inté- 
rieures cannelées  viennent  mordre  sur  les  joues  latérales 
des  guides,  etc..  Enhn,  dans  ces  derniers  temps,  on  a  ima- 
giné de  mettre  les  parachutes  en  prise  par  un  interrupteur 
électrique,  fonctionnant  automatiquement  lors  de  la  rupture 
da  câble.  Mais  l'emploi  de  l'électricité,  dans  un  cas  où  la 
vie  humaine  est  en  jeu,  a  tous  les  inconvénients  d'une  force 
aussi  irréguUère  et  capricieuse.  L.  De  Launay. 

BiBL.  :  Mines.  —  Nitzsch,  Sur  les  parachutes  dans  les 
puits  des  mines;  Berlin,  in-4.  —  Reumaux,  Sur  les  para- 
chutes dans  Bidl.  Ind.  Min.^  3%  I  ^I,  1680).  —  Haton  de  la 
GoupiLLiÈRj-,  Cours d' exploitât Lo'^  des  rnines/Z^  éd.,  1897, 
t.  II,  pp.  52  à  64  et  bibl.  citée  dans  les  notes. 

PARACIN.  Ville  de  Serbie,  cercle  de  Morava,  sur  la 
Zrnitza  ;  o.500  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  Belgrade 
'1  IVissi 

PARÀcLASE  (Pétrogr.)  (V.  Diaclase). 

PARACLET  (Le).  Hameau  de  la  corn.  deQuincey,  dop. 
de  l'Aube,  arr.  de  Nogent-sur-Seine,  cant.  de  Romilly, 
sur  les  rives  de  l'Ardusson,  affl.  de  la  Seine  (r.  g.),  dans 
le  Sénonais.  Il  se  compose  d'un  petit  château  avec  une 
exploitation  agricole.  C'est  l'emplacement  d'une  ancienne 
abbaye  de  religieuses,  fondée  au  diocèse  de  Troyes  par 
Abailard  et  Héloïse,  approuvée  le  23  nov.  1131  parle 
pape  Innocent  II,  et  érigée  canoniquementlel^^'nov.  1147 
par  le  pape  Eugène  III.  Le  monastère  qui  s'appela  d'abord 
tout  à  la  fois  Oratorium  sancte  Trinitatis,  Paraclitus, 
inonasterium  sancti  spiritus,  oratorium  sancli  spiri- 
tus,  porte  invariablement,  à  partir  de  1195,  le  nom  de 
Paraclitus  ou  Paracletus  (le  Consolateur).  C'est  à  la  date 
de  l'année  1147  que  nous  voyons  Héloïse  désignée  sous 
le  nom  d'abbesse.  L'abbaye  et  toutes  les  maisons  de  sa 
filiation  ont  toujours  suivi  la  règle  de  Saint-Benoît  ;  mais 
cette  règle  était  modifiée  au  Paraclet  par  quelques  cou- 
tumes particulières  établies  par  Abailard  et  Héloïse.  Jus- 
qu'au xvii*^  siècle  les  affaires  temporelles  de  l'abbaye  étaient 
gérées  par  un  administrateur  laïque  qui,  dans  les  titres, 
est  appelé  administrator,  porveor,  porveeur,  procureour. 
L'abbaye  était  placée  avec  tous  ses  biens  sous  ia  protec- 
tion et  juridiction  du  Saint-Siège  ;  elle  payait  tous  les 
ans,  au  palais  de  Latran,  en  signe  de  dépendance,  une  re- 
devance désignée  diversement  sous  les  noms  de  sex  nmn- 
vws,  obolus  aureus,  'maille  d'or.  L'évêque  de  Troyes 
possédait  le  droit  de  visite  et  de  procuration  au  Paraclet, 
dans  les  limites  fixées  par  la  jurisprudence  canonique.  Dès 
le  XII®  siècle,  les  biens  du  Paraclet  se  groupaient  autour 
de  dix  granges  ou  centres  d'exploitation,  situés  sur  le 
territoire  des  villages  voisins  de  Marcilly-le-Hayer,  Soli- 
gny-les-Etangs,  Saint- Aubin  (Aube),  et  jusque  sur  le  ter- 
ritoire des  villages  plus  éloignés  de  Sourdun  et  Nangis 
(Seine-et-Marne).  L'abbaye  du  Paraclet  avait  sous  sa  dé- 
pendance une  abbaye  et  plusieurs  prieurés.  Le  prieuré  de 
Sainte-Madeleine  de  Trainel  (Auhe)  fondé  en  1142  ;  le 
prieuré,  plus  tard  abbaye  de  La  Pommeraye,  fondé  en 
1147  (Yonne,  arr.  de  Sens,  cant.  de  Sergines,  corn,  de  la 
Chapelle-sur-Oreuse)  ;  le   prieuré  de   Laval  (Seine-et- 


Marne,  arr.  de  Provins,  cant.  et  com.  de  I)onnemarie-en- 
Montois),  mentionné  dès  1154  ;  le  prieuré  de  Noëfort 
(Seine-et-Marne,  arr.  de  Meaux,  cant.  de  Dammartin, 
com.  jie  Saint-Pathoz),  ainsi  que  celui  de  Saint-Flavit 
(Aube,  arr.  de  Nogent,  cant.  et  com.  de  Marcilly-le- 
Hayer),  tous  deux  mentionnés  dès  1157;  le  prieuré  de 
BoranoviSaint-Martin-auX'Nonnettes  (Oise,  arr.  de  Seii- 
lis,  cant.  de  Neuilly-en-Thelle,  com.  de  Boran),  mentionné 
dans  une  bulle  de  1163.  L'abbesse  du  Paraclet  présentait 
aux  cures  de  Quincey  et  de  Saint-Aubin.  C'est  dans  une 
bulle  du  pape  Eugène  IIÏ  (1^^  nov.  1147)  que  sont  énu- 
mérés  les  biens  de  l'abbaye  provenant  des  libéralités  des 
évêques  de  Troyes  et  de  Meaux,  des  archevêques  de  Sens, 
des  rois  de  France,  des  comtes  de  Champagne,  des  sei- 
gneurs de  Nogent  et  de  Trainel.  Dans  la  seconde  moilié 
du  xiii^  siècle,  le  temporel  de  l'abbaye  périclite,  et,  par 
suite  d'embarras  financiers,  le  Paraclet  est  réduit  à  con- 
tracter des  emprunts  onéreux.  Au  xiv®  et  surtout  au 
XV®  siècle,  l'abbaye  eut  à  souffrir  des  dévastations  des 
gens  de  guerre.  Le  2  mai  1497  eut  lieu  la  translation 
des  corps  d' Abailard  et  Héloïse,  de  la  chapelle  Saint-De- 
nis ou  Petit-Moustier,  dans  l'église  de  l'abbaye.  Depuis 
1593,  l'abbaye  eut  pour  abbesses  des  princesses  apparte- 
nant toutes  à  la  famille  de  La  Rochefoucault.  En  1756,1e 
personnel  de  l'abbaye  se  composait  de  24  religieuses  de 
chœur,  10  converses,  5  religieux;  le  revenu  de  l'abbaye 
était  évalué  à  16.000  ou  17.000  livres.  La  dernière  abbesse 
fut  Marie-Charlotte  de  La  Rochefoucault  de  Roucy,  ins- 
tallée en  janv.  1778,  décédée  à  Reims  le  6  juil.  1829.  Le 
Paraclet  fut  vendu  le  14  nov.  1792  pour  le  prix  de 
78.000  fr.  ;  il  devint  plus  tard  la  propriété  du  général 
Pajol.  Une  belle  vue  de  l'abbaye,  alors  qu'elle  avait  été 
encore  épargnée  par  le  marteau  des  démolisseurs,  a  été 
publiée  enl793parJ.La  ValléeetBrion(cf.  Voyage  dam 
les  départements  de  France  :  dép.  de  l'Aube,  p.  20). 
Aujourd'hui,  la  plupart  des  bâtiments  claustraux  ont  dis- 
paru ;  les  parties  les  plus  anciennes  des  constructions  ac- 
tuelles remontent  au  xvii®  siècle  ;  de  l'église,  seuls  les 
caveaux  subsistent  ;  dans  un  bâtiment  qui  dépend  de  la 
ferme,  il  faut  peut-être  reconnaître  le  celher  dej'abbaye. 
Au  moment  oîi  l'abbaye  fut  vendue,  les  corps  d' Abailard 
et  d'Héloïse  furent  transportés  dans  l'église  de  Nogent- 
sur-Seine  ;  sept  ans  plus  tard,  par  les  soins  de  Lenoir, 
administrateur  du  musée  des  monuments  français,  ils 
furent  transférés  à  Paris  et  déposés  au  Père-Lachaise.  Le 
cartulaire  du  Paraclet  (parchemin  du  xiv®  siècle,  Mss  à 
la  bibliothèque  de  Troyes,  n"  2284)  a  été  publié  avec 
d'autres  pièces  complémentaires  tirées  des  archives  de 
l'Aube,  par  l'abbé  Lalore  (Collection  des  principaux 
cartulaires  du  diocèse  de  Troyes  ;  Paris,  1878,  t.  Il, 
in-8).  E.  Chantrioï. 

PARACLET  (Théol.)  (V.  Esprit  [Saint],  t.  XVI,  p.  373, 
2^  col.). 

PARACOROLLE  (Bot.).  Nom  donné  à  la  couronne  péta- 
loïde  insérée  à  la  gorge  du  périanthe  dans  le  genre  Nar- 
cissuSy  et  qui  résulte  non  d'un  dédoublement,  mais  d'une 
multiplication  des  pièces  du  périanthe.  Chez  le  Narcissus 
pseudo-narrissus,  elle  forme  un  tube  campanule  d'un 
beau  jaune,  composé  de  6  pièces  comme  le  périanthe,  et 
dont  la  longueur  égale  celui-ci.  Dans  le  N.  taxetta,  N.jon- 
quilla  et  iV.  poeticus,  la  couronne  est  cyathiforme  où  cu- 
puliforme,  avec,  dans  la  dernière  espèce,  un  bord  rouge 
qui  tranche  sur  le  périanthe  blanc.  D^  L.  ÏL\. 

PARACOUSIE.  La  paracousie  s'observe  dans  nombre 
d'affections  auriculaires  ;  elle  est  de  plusieurs  sortes. 
Tantôt  un  malade  entend  un  son  différent  de  celui  auquel 
il  est  soumis.  Tantôt  l'audition  est  plus  facile  au  milieu 
du  bruit  (paracousie  paradoxale  de  Wilis),  ou  bien  le  ma- 
lade entend  un  son  différent  pour  chaque  oreille  (V.  Oreille, 
§  Pathologie,  t.  XXV,  p.  519). 

PARACYANOGÈNE.Form.  S  fjuiv....  (C^Az^ 

{  Atom (CAz)^. 

Le  paracyanogènc  est  un  polymère  du  cyanogène  qui 


PAUACYANOGÈNE        PAHADIN 


4006  — 


prend  toujours  naissance  dans  la  décomposition  par  ia  cha- 
leur du  cyanure  de  mercure.  La  quantité  de  paracyano- 
gène  formée  est  d'autant  plus  grande  que  la  tempéralurv^ 
est  plus  basse.  A  4i0^,  eiio  est  d'environ  42  7o  ?*  fj"'^!^! 
on  opère  en  vase  clos  de  mani.'rc  que  ic  cyanogène  formé 
exerce  une  pression,  on  peut  obtenir  40  7o-  Le  cyamu-e 
d'argent  se  comporte  comme  celui  de  mercure.  li  csl  coiis- 
(itiîé  par  mie  poudre  brune,  soluble  dans  facidc  suiiïi- 
rique  concentré.  MM.  ïroost  el  llauteFeuille  ont  étudie  ia 
transformation  du  cyanogène  en  parocyanogène,  ils  oïd 
montré  quelle  Cat  tout  à  fait  analogue  à  la  transformation 
allotropique  du  pliospliore  rouge  en  })hospliore  biùrs, 
A  8.,0''  le  paracyanogèno  se  transforme  iîitégralemeut  v\: 
cyanog'ne.         "  C.  Matignon. 

PAHAD.  Station  minérale  de  Hongrie,  comitat  de  llevcs. 
au  pied  des  monts  Matra  ;  2.000  hab.  Sources  ferrugi- 
neuses, sulfureuses  et  d'alun.  Llle  expédie  600.000  bou- 
teitles  d'eau  sulfureuse  par  an.  Château  de  la  famille 
Karolyi. 

PARADE.  I.  Équitation.  —  On  appelle  parade,  en 
termes  de  manège,  le  temps  d'aii'ct  d'uii  cheval.  Un  che- 
val sûr  à  la  parade  est  celui  qu'on  arrête  faiilemcnl  dans 
^;a  course  et  il  y  a  parade  manqiice  lorsque,  au  momeni 
011  Fou  veut  l'arrêter,  le  cheval  s'arme  de  la  bride  et 
hausse  le  dos.  Sous  Charles  iX,on  donna  le  nom  de  parade 
à  la  (igure  de  carrousel  auparavant  appelée  comparse 
(Y.  Carrousel).  De  là  l'expression  passa,  avec  sa  signifi- 
cation actuelle,  dans  les  corps  de  troupes  (Y,  ci-après). 
n.  Art  militaire.  —  La  parade  Cbl  la  réunion  des 
troupes  qui  vont  monter  ia  garde.  Eilis  sont  comluites  des 
diverses  casernes  au  lieu  du  rendez-vous  général,  sur  la 
place  d'armes  ordinairement,  par  l" officier  de  service  le 
plus  élevé  en  grade,  et  elles  détiient,  au  commandement 
du  commandant  do  place  ou  d'un  oOicier  de  son  état-ma- 
jor, devant  le  corps  des  olliciers  de  la  garnison,  en  tète 
desquels  se  sont  placés  les  officiers  supérieurs  et  qui  ont 
derrière  eux  les  sous-olliciers  et  les  caporaux  de  semaine. 
Le  cercle  est  ensuite  formé  et  les  ordres  do  service  sont 
communiqués.  Pour  les  grandes  parades,  qui  ont  lieu  à 
certains  jpurs  déterminés  et  à  certaines  fêtes,  des  déta- 
chements de  toutes  armes  sont  ajoutés  aux  fractions  de 
garde  et  les  officiers  généraux  y  assistent.  En  France,  la 
parade,  limitée   déjà  depuis  longtemps  aux  gardes  do 
chaque  corps  de  troupes  dans  leurs  quartiers  respectifs,  est 
aujourd'hui  complètement  supprimée  et  les  gardes  sont 
simplement  iospectécs,  avant  leur  déj)art,  par  le  chef  do 
bataillon  ou  Ladjudant-major  de  semaine,  sans  détikr. 
Dans  plusieurs  arniées  étrangères,  au  contraire,  cette  cé- 
rémonie a  conseivé  toute  son  iiuportance  et,  à  Berhn  no- 
tamment, c'est  fréquemment  l'empereur  qui  ]à  commande. 
IIÏ.  Théâtre  —Dans  les  spectacles  en  ])le]n  vent,  la  pa- 
l'ade  n'est  pas  autre  chose  que  ces  scènes  houîlbnncs  accom- 
)>agnées  de  plaisanteries  grossiîrcs,  de  quiproquos,  de  co;p 
à-1  àne  et  de  coups  de  bâton  que  les  acteurs  exécuteiii  hur 
des  tréteaux  dosant  la  porte.   Son  but  est  d'arrêter  les 
badauds,  de  les  lairo  lire,  pour  les  décider  à  venii'  (">:i- 
templer  à  l'intérieur,  moyennant  tlnances,  ce  que  savent 
i'aire  des  artistes  aussi  plaisants.  Les  parades  sont  géné- 
ralement improvisées  ;  d'ordinaire,  sur  un  canevas   très 
libre,  les  personnages  brodent  à  qui  mieux  mieux  les 
vaiiations  ingénieuses  q-ue  leur  suggère  leur  verve  co- 
nrique.  C'est  ainsi  qu'il  en  était  autrefois  alors  que  les 
parades   forahies   étaient  de  véritables    scèncb   à   deux 
ou  plusieurs  personnages.  Aujourd'hui,  les  beaux  jours 
des  spectacles  forains  sont  linis.  Ceux  (pii  subsistent  encore 
végètent  misérablement;  à  moins  qu'ils  n'aient  pris,  au 
contraire,  une  importance  telle  qu'elle  leur  pei'mette  de 
rivaliser  souvent  heureusement  avec  les  théâtres  établis. 
Des  entreprises  aussi  importantes  ne  sauraient  admettre 
la  libre  fantaisie,   et  les  directeurs  n'iraient  pas  com- 
promettre leur  dignité  dans  les  farces  de  la  parade.  Au 
xvii^  et  au  xviii^  siècle,  la  parade  connut  ses  meilleurs 
jours  :   elle  eut  ses  virtuose^  el  ses  artistes.  Turlupin. 


Gros-Guiîiaume,  Gautier  Gargudie,  Brioché  avec  son  singe 
et  ses  marionnettes,  Tabarin,  le  plus  illustre  de  tous, 
excellaient  dans  ce  genre  ;  leurs  plaisanteries,  pour  n'être 
pas  toujours  d'un  comique  très  lin,  n'en  charmaient  pas 
moins  le  populaire.  Il  n'y  avait  pas,  au  xvii®  siècle,  un 
charlatan  du  Pont-Xeuf,  un  marchand  d'onguents,  un 
arracheur  de  dents  qui  ne  se  crût  obligé  d'attirer  le  public 
autour  de  ses  tréteaux  par  des  parades  ingénieuses  et  co- 
miques, Auxviii^  siècle,  ce  n'est  plus  au  Pont-Neuf,  c'e^l 
aux  foires  Saint-Germain  et  Saint-Laurent  que  se  trans- 
portent les  amateurs  de  ces  .spectacles  en  plein  vent.  Ni- 
colet  el  son  singe  y  font  fureur,  Quand  celui-ci  passa  au 
bfiuknard,  oail  îlt  construire  la  salle  de  la  Gaieté,  la  pa- 
rade l'y  suivit.  Exécutée  sur  des  tréteaux  à  la  porte  du 
théâtre,  la  mode  s'en  conserva  longtemps.  Ch.  Nodier,  au 
commencement  ih\  siècle,  goùîait  foi't  les  parades  de  Bo- 
bèche et  de  Galimafré  qui  opéraient  devant  les  DélasbC- 
ments-Comiques. 

Bien  que,  comme  nous  l'avons  dit,  ces  spectacles  fussenl 
improvisés  presque  entièrement,  plusieurs  auteurs  ont  pris 
la  peine  d'écrire  des  parades,  sans  doute  pour  aider  Fimagi- 
lialion  paresseuse  des  pitres  de  second  ordre.  11  existe  un 
iTV'ueil  en  4  volumes  intitulé  le  Tlicdlre  des  Parades,  ei 
les  meilleures  farces  de  Bobèche  se  trouvent  réunies  dans  une 
Collection  choisie  de  farces  el  parades  nouvelles  (483;]). 
Mais  (0  n'est  pas  dans  les  livres  qu'on  peut  juger  ces  plai- 
santeries, souvent  fort  drôles  :  il  y  laut  le  jeu  et  les  gesîes 
de  l'acteur.  Certaines  s  eues  qu'exécutent  aujourd'hui  nos 
clowns  dans  les  cirques,  bien  que  généralement  d'un  co- 
mique plus  renfermé,  moins  expan^if,  anglais  plutôt  que 
français,  certains  boniments  des  camelots  vendant  hwv 
marchandise  sur  la  voie  pubii(pie  peuvent  nous  donner  une 
idée  de  ce  que  furent  jadis  les  parades  fameuses  duPonl- 
Neuf  et  de  la  Foire.  H.  Quiitaud. 

ÏV,  Escrime  (V.  Escrime,  t.  XVI,  p.  290). 
PARADE  (La).  Coin,  du  dép.  de  la  Lozère,  arr.  de  VU- 
rac,  cant.  de  Meyrueis;  -i42  hab. 

PARADlAIVIIDOPHÉNYLACRlDiNE  (Chim.)  (V.  Cur,^- 
sAxitivE.  §  Thérapeutique). 

PÂRAD!DYf)^E.  C'est  le  corps  innominé  deGiraldè^i. 
Encore  appelé  Parépididpme,  il  coirespondau/;<2/ï;o/;/i(7r(' 
de  la  femelle,  et  est  composé  de  tubes  ampuîliformcs  dé- 
tachés de  la  portion  urinaire  du  corps  de  Wolff  (Y.  Reln. 
Gïhaldès).  La  transformation  kystique  de  ces  tubes  est 
le  point  de  départ  des  kystes  de  l'épididyme  (V.  Fpim- 
dyme).        ^  Ch.  Deiuerue. 

PARADIÈRE  (Pêche).  Ce  filet  sédentaire,  en  usage  dans 
la  Médilerranée,  se  compose  de  hautes  nappes  tendues  au 
moyen  de  pieux  ;  il  forme  un  Lvairage  qui  part  perperuli- 
culairement  à  la  cteet  conduit  le  poisson  clans  une  demi- 
enceinte,  terminée  par  un  long  verveux,  dans  lequel  il 
s'amasse.  E.  S. 

PÂRAOIGP/IE.  «L(vs  grannnairiens,  iViiV Encijclopedie. 
se  sont  appropri(î  le  mot  paradMjine  pour  désigner  h-^ 
exemples  de  déclinaisons  et  de  conjugaisons  qui  peuvenf 
servir  de  modî^es  aux  autres  mois,  ([ue  Fusage  et  Fan.a- 
logie  onl  soumis  aux  mêmes  variations  de  Fu.ne  et  l'aulrr 
espèce.  Les  paradigme^  sont  des  exemples,  des  modèles 
pour  d'autres  mots  analogues,  et  c'est  le  sens  littéral 
du  mot.  »  Ainsi,  en  grammaire  latine,  rosa  est  le  para- 
digme dt^  la  première  déclinaison,  amo  est  le  paradigme 
de  lo  première  conjugaison,  et  ainsi  de  suite.  Les  para- 
digm_es  étant  priiîcipalcment  destinés  à  inculquer  la  règle 
générale  par  l'image  sensible  d'une  application  }-urti- 
culièrc  proposée  comme  un  o!)jet  d'imitation,  on  doit  les 
choisir  aussi  clairs,  aussi  exacts,  aussi  déterminés  que 
possible  :  c'est  à  cette  seule  condition  qu'ils  pourront  ser- 
vir de  types  et  d'exemplaires.  A  ce  point  de  vue,  la  no- 
tion de  para'dgme  qu'on  pourrait  sans  doute  généraliser 
et  étendre  de  la  grammaire  à  la  philosophie  est  voisine  des 
notions  de  schème  et  àHdéal  (V.  ces  mots).  E.  BouiAc. 
PAR  AD  IN  (Claude),  historien  français  du  xvi^  siècle, 
né  à  Cuiseaux  (SaOnc-et-Loire),  mort  après  1561  à  Beau- 


1007 


PARADLN  -~  PARADISii:K 


jeu  (iUiôiie),  dont  il  était  cliuiiuiiic.  Se^  priiuipaux  ou- 
vrages sont  :  Quatrains  historiques  de  ta  Bibte  (Lyon, 
1333,  in-8)  ;  Devises  hc'roïques  (Lyon,  4337,  in-8)  ; 
Alliances  généalogiques  des  rois  de  trance  et  princes 
des  Gaules  (Lyon,  1361,  in-fol.).  L~x. 

PARADIN  (Guiilaïune) ,  historien  français  du  xyi*^  siècle, 
né  à  Cuisseaux  vers  1310,  mort  à  Cuiscaux  en  1300. 
(ioyen  du  chapitre  de  Boaujeu,  frère  du  préi-édont,  Ses 
])rjncipaux  ouvrages  sont:  de  Ântiquo Statu Burgundiœ 
(Lyon,  1342,  in-4)  ;  de  Picbus  in  Belgio  gestis  a  duce 
Andegavensi  anno  i 543  [Vàiis,  1344,  in-8);  Anglicœ 
descrïptionis  conipendium  et  hisloria  (Paris,  13^3, 
ia-8);  Meniorice  nostri  temporis  (Lyon,  1348,  in-foL; 
(racL  en  franc,  sous  ie  i'itr g  àa  Histoire  de  noire  temps, 
(Lyon,  1330,  in-12);  Chronique  de  Savoie  (Lyon,  133'i. 
in~4)  ;  Ajjlictœ^  Britannicœ  religionis  acdenuo  resti- 
tulœ  exegema  (Lyon,  1333,  in-8);  Traité  de  concorde 
publique  (Beaujeu,  1336,  in-8);  le  Blason  des  danses, 
oii  se  voient  les  malheurs  et  ruines  venant  des  danses 
(Beaujeu,  1536,  in-8)  ;  de  Motibus  Galtiœ  (Lyon,  1338, 
in-4)  ;  Annales  de  Bourgogne  (Lyon,  1366,  in-fol.)  ; 
Mémoires  de  tliistoire  de  Lyon  en  lîl  livres  (Lyon, 
1373,  in-fol.).  ^  L-x. 

PARADIS.  Séjour  des  bienheureux.  Ce  mot,  qui  parait 
dériver  du  ^ers^ii  pardes  (parc),  est  employé  trois  fois 
dans  le  Nouveau  Testament  {Ev.  de  Luc,  xxiii,  A3  ;  11  Cor., 
xïi,  4  ;  Apocal.,  ii,  7)  sans  qu'il  soit  déiini.  Mais  il  désigne, 
comme  le  mot  ciel  ou  cieux,  le  séjour  de  Dieu,  le  lieu  où  le 
Christmort  et  ressuscité  s'est  rendu,  où  vont  les  justes.  Plu- 
sieurs cieux  sont  distingués,  sans  explication,  dans  la 
L^'^  épUre  aux  Corinih.,  xii,  2  (cf.  Ephcs.,  iv,  10). 
L'Eglise  catholique  place  le  purgatoire  (V.  ce  mot)  entre 
la  mort  et  le  séjour  des  bienheureux,  idle  défend  de  se 
représenter  celui-ci  autrement  que  comme  une  contem- 
plation delà  divinité*  La  fantaisie  des  talmudistes  se  com- 
plaît dans  la  description  des  jouissances  du  paradis,  mais 
sans  tomber  dans  les  écarts  de  Mohammed,  qui  peuplait 
sju  paradis  de  houris  (V.  ce  mot,  t.  XX,  p.  329). 

Paradis  terrestre.  —  Voici  comment  la  Lible  le  dé- 
ciil  :  l'Eternel  Dieu  avait  planté  un  jardin  en  Eden,  du 
côté  de  rOriont,  et  il  y  avait  mis  l'homme  qu'il  avait 
formé.  Et  l'Eternel  avait  fait  germer  de  la  terre  tout  arbre 
désirable  à  la  vue,  et  bon  à  manger;  elïarbre  de  viam 
milieu  du  jardin  et  Varbre  de  la  connaissance  du  bien 
et  du  mal.  —  Un  fleuve  sortait  d'Eden  pour  arroser  le 
jardin;  et  de  là  il  se  divisait  en  quatre  ileuves.  Le  nom 
du  premier  est  Pisçon;  c'est  celui  qui  coule  autour  de 
tout  le  pays  d'Avila,  ou  l'on  trouve  l'or,  le  bdellion  et  la 
pierre  d'cnyx.Le  nom  du  second  fleuve  est  Guihon;  c'est 
celui  qui  coule  autour  de  tout  le  pays  de  Cus.  Le  nom  du 
troisième  est  Hiddekel;  c'est  celui  qui  coule  vers  l'orient 
de  l'Assyrie.  Et  le  quatrième  fleuve  est  VEuphrate.  — 
L'Eternel  Dieu  prit  donc  Lhommeet  le  plaça  dans  le  jar- 
din d'Eden,  pour  le  cultiver  et  pour  le  garder  (Genèse,  L 
8-13).  Ce  texte  fait  le  bonheur  ou  le  désespoir  des  théo- 
logiens, car  il  a  permis  et  permet  toujours  eaux  uns  de 
composer,  pour  la  locahsation  des  fleuves  et  des  contrées 
(ju'il  nomme,  des  traités  qui  ne  satisfont  guère  que  ceux 
qui  les  écrivent,  et  aux  auti'cs  de  tenter  l'entreprise  à 
leur  tour.  —  Sur  les  conditions  du  séjour  d'Adam  et 
dlLve  dans  ce  paradis  et  sur  les  causes  de  leur  expulsion, 
V.  Ardre,  t.  IlI,  p.  387,  !''«  col.  E.-H.  V. 

PARADIS  (Mont  du  Guaxd)  (V.ImiE.t.  XX,  p.  1036). 

PARADIS  (Boniface),  homme  poUtiquc  français,  né  à 
Aoxerre  (Yonne)  ie  8  sept.  1731,  mort  à  Auxerrc  le 
31  mars  1823.  Avocat,  député  de  F  Yonne  au  Conseil  des 
anciens  (23  vendém.  an  ÎV),  président  de  cette  assem- 
blée le  1^'^  niv.  an  V,  membre  du  parti  clichien,  il  fut 
déporté  au  18  fructidor,  il  devint  président  de  la  cour 
criminelle  de  l'Yonne  sous  le  Consulat,  fut  créé  cheva- 
lier de  Joncreux  le  18  juin  1809  et  nommé  substitut 
du  procureur  général  de  Paris  on  1811.  îl  fut  destitué 
en  [Hi6,         ^  Et.  C. 


PARADIS  (Dej  (V.  Mo.nckif  IFiançois-AugUblinP viu- 

DIS  de]). 

PAR  AD  i  SI  (Agostino),  écrivain  itaHen,  né  à  Yignola 
(duché  de  Modène)  le  23  avr.  1736,  mort  à  Keggio 
(Lmilie)  le  19  févr.  1783.  Il  fut  successivement  secrétaire 
des  Académies  de  Parme  et  de  Mantoue,  puis  nommé  par 
Frani^'ois  lII,  duc  de  Modène,  professeur  d'économie  civile 
à  1  Université  de  cette  ville,  récemment  fondée,  il  colla- 
bora avec  Albergati  aux  traductions  du  Polyeucle  et  ih 
Nicomède  de  Corneille,  du  Mahomet,  du  Tancrède,  de 
la  Mort  de  César  de  Voltaire  (1761),  et  composa  diverses 
poésies  lyriques,  Versi  scioltiei  Liriche  varie  {Bologne . 
1762).  En  prose,  il  écrivit  des  dissertations,  et  discours 
ncnàémiquQs  :  xiteneo  delV  uomo  nobile;  Saggio  sopra 
Ventusiasmo  dette  Belle  Arii,  etc. 

BiiJL.  :  TiRABO?-ciir,  B'ibl.  modcn  ,  IV.  33.  ~  L.  C\g>,u!.!. 
EllogG  du  Pnradisi,  Gu  iC'Ae  (Iq  ÏOdltion  des  Pocsle  sctdic  : 
l^cggio.  tb27.  —  Sur  récolc  de  Modonc  en  i;éjiér^d,  (Jak- 
DUcci,  ïiitrod.  aux  Lirici  dcl  sec.  XVIil:  FloreiiC(\  18T1. 

PARADISI  (Giovanjii),  éciivain  et  homme  politique  Ita- 
lien, né  à  Keggio  d'Emilie  le  19  nov.  1760,  mort  à  iicg- 
gio  le  23  août  1826,  fds  du  précédent.  D'abord  professeus' 
à  l'Université  de  Modène  (1790),  il  se  ht  remarque)'  par 
son  attachement  aux  idées  révolutionnaires;  en  1797,  il 
fut  l'un  des  directeurs  de  la  Uépublique  cisalpine;  bien 
qu'il  se  fût  déndsdeses  fonctions  Fannée  suivanie,  il  fut, 
cjuand  les  Autrichiens  rentrèrent  à  Milan,  inquiété  et  même 
emprisonné.  Lors  de  la  création  du  royaume  d'Italie,  il 
fut  comblé  d'honneurs  et  nommé  conseiller  d'Etat,  membre 
du  Sénat  italien  et  président  de  cette  assemblée  (1809). 
En  1813,  il  fut  privé  de  tous  ses  emplois  et  passa  obs- 
curément le  reste  de  sa  vie  dans  sa  ville  natale.  Il  est  auteur 
de  diverses  dissertations  scientifiques,  d'une  comédie  et  do 
poésies  lyriques  qui  ont  été  publiées  après  sa  mort  {Poé- 
sie édite  ed  inedile  ;  Florence,  1827). 

Bir.L.  :  CahduccI;  introd.  aux  Lirici  dcl  secolo  XVllI  . 
Florence,  1881. 

PARADISIER. L  Ornou.  —  LesParadisiersou(//èr//i;.^' 
de  Paradis  appartiemient  à  l'ordre  des  Passereaux  el 
sont  très  voisins  des  Corbeaux  par  la  forme  du  bec  ci  des 
pattes,  mais  très  diflërents  par  le  luxe  de  plumes  d'orne- 
ments qui  distingue  les  mâles  des  femelles  et  des  jeunes. 
ils  constituent,  dans  le  groupe  des  Coracirostres  ou  Co- 
liimorphes  (V.  PxVssereaux),  une  famille  à  part  {Para- 
diseida^),  qui  se  distingue  surtout  des  Corbeaux  par  hi 
proportion  relative  des  doigts:  le  quatrième  (externe)  est 
plus  petit  que  le  troisième  qui  est  plus  long  que  le  deuxième; 
le  premier  (pouce)  est  très  grand,  plus  long  mrme  que  le 
troisième.  Les  genres  Seleucides,  Ptilorhis,Epimaclius, 
Prepanornis,  Astrapia,  Paradigalla,  Paradisœa,  Ci- 
cinnurus,  Diphjllodes,  Pihipidornis,  Parotia,  Pie- 
ridophora,  Semioptera,  Lophorhina,  Phonygcnna , 
Manucodia  et  Lycocorax  constituent  celte  famille  qui 
renferme  en  tout  30  espèces  environ,  originaires  pour  la 
plupart  de  la  Nouvelle-Guinée  et  des  îles  voisines  ;  trois 
genres  sont  de  l'Australie  septentrionale.  Comme  chez  les 
Corbeaux,  la  longueur  et  les  proportions  du  bec  varieid 
beaucoup  d'un  genre  à  l'autre;  les  plumes  d'orneaicjit, 
qui  sont  l'apanage  du  mâle  adulte  en  robe  de  noces,  allée  lent 
aussi  des  formes  très  varices  et  sont  situées  sur  toutes 
les  parties  du  corps,  présentant  souvent  des  reflets  irisés 
du  plus  riche  effet,  ou  formant  des  panaches  d'une  grande 
légèreté.  Un  certain  nombre  de  genres  ont  déjà  été  décrits 
et  figurés  à  leur  ordre  alphabétique  (V.  Astrapia,  Cicix- 
KURUs,  Epimaque,  Lophoruixa).  îl  nous  reste  à  parler  des 
autres. 

Le  genre  Paradisier  {Paradisea),  type  do  la  famille, 
comprend  les  espèces  dont  le  mâle,  en  plumage  de  noce^, 
a  les  plumes  du  dessous  des  ailes  et  des  côtés  de  la  poi- 
trine très  longues,  étroites,  à  barbes  décomposées  et  la 
paire  de  rectrices  médianes  très  allongée  et  dépourvue  de 
barbes  ;  les  plumes  de  la  tète  et  de  la  gorge  sont  veloutées, 
écailleuses  et  d'un  vert  à  relie t  métallique.  Le  bec  est 
plus  court  que  la  tète.  Le  PAis.vmsirjî  (.ram)  hMi:RAn)iv 


PARADISIER 


4008  — 


{Paradisea  apoda)  a  reçu  de  Linné  ce  nom  latin  pour 
rappeler  les  légendes  que  les  naturalistes  du  moyen  âge 
ont  gravement  reproduites  en  parlant  de  cet  oiseau.  Comme 
il  n'était  connu,  à  cette  époque,  que  par  les  dépouilles 
mutilées  grossièrement  préparées  par  les  chasseurs  papous, 
et  recherchées  surtout  pour  les  longues  plumes  des  flancs, 
on  croyait  naïvement  que  c'était  un  Oiseau  sans  pieds, 
volant  sans  jamais  se  reposer  si  bien  que  la  femelle  pon- 
dait et  couvait  ses  œufs  sur  le  dos  du  mâle.  Pigafetla 
cependant,  le  premier  Européen  qui  vit  de  ces  oiseaux 
vivants,  avait  affirmé  qu'ils  avaient  des  pieds  comme  tous 
les  oiseaux  ;  on  refusait  de  le  croire.  Ce  n'est  que  vers 
4820  que  des  dépouilles  complètes  de  cet  Oiseau  furent 
apportées  en  Europe.  Il  est  un  peu  plus  petit  que  la  Cor- 
neille ;  le  mâle  en  habit  de  noces  a  le  dessus  de  la  tète 
et  du  cou  d'un  jaune  d'or,  le  devant  d'un  vert  émeraude 
à  reflets  métalliques,  les  plumes  des  flancs  d'un  jaune 
citron  à  extrémité  teintée  de  rouge  ;  le  reste  du  plumage 
d  un  brun  rouge.  Cette  dernière  couleur  est  celle  des 
femelles  et  des  jeunes.  Il  habite  exclus! vemeot  les  îles 
Arou,  d'où  ses  dépouilles  étaient  transportées  à  Java  et 
dans  l'Inde  dès  le  moyen  âge  pour  servir  de  parure  aux 
princes  malais  et  hindous  qui  en  ornaient  leur  coiifure. 
C'est  de  l'Inde  que  ces  brillants  panaches  ont  été  im- 
portés plus  tard  en  Europe  pour  servir  à  la  parure  des 
dames.  Les  mœurs  de  ces  magnifiques  Oiseaux  sont  encore 
mal  connues.  On  sait  seulement  qu'ils  sont  omnivores,  se 
nourrissent  de  fruits  et  d'insectes  (sauterelles,  phasmes, 
chenilles).  Ils  sont  arboricoles,  leurs  longues  plumes  les 
empêchant  de  se  poser  à  terre,  et  grimpent  aux  arbres 
à  la  manière  des  Pics.  A  l'époque  de  la  reproduction,  les 
mâles  se  réunissent  par  bandes  de  vingt  ou  trente  sur  un 
même  arbre  et  se  livrent  à  ce  que  les  indigènes  appellent 
leur  danse,  déployant  à  l'envi  toutes  les  beautés  de  leur 
plumage,  en  présence  des  femelles  qui  sont  simples  spec- 
tatrices. Ils  font  la  roue  en  gonflant  et  relevant  les  pa- 
naches de  leurs  flancs,  qu'ils  agitent  d'un  mouvement 
vibratoire  comme  font  les  Paons  :  l'Oiseau  semble  alors  au 
centre  d'un  jet  d'eau  ou  d'un  feu  d'artifice,  surtout  lorsque 
le  soleil  fait  miroiter  les  brillantes  couleurs  de  son  plu- 
mage; il  saute  de  branche  en  branche,  et  toute  la  bande 
est  dans  un  mouvement  continuel.  La  femelle  pond  deux 
œnifsdans  un  trou  d'arbre.  Ces  œufs,  dans  les  rares  espèces 
où  on  les  connaît,  sont  roses  avec  des  taches  rouge  brun 
ou  grises.  Le  cri  des  Paradisiers  est  un  croassement  assez 
rauque.  Leur  vol  est  léger  et  facile  lorsque  le  temps  est 
calme  ;  mais,  lorsque  l'air  est  agité,  ils  restent  cachés  dans 
le  feuillage,  évitant  de  s'exposer  au  vent  qui  éparpillerait 
et  briserait  les  plumes  délicates  de  leurs  flancs.  En  capti- 
vité, ils  ont  le  plus  grand  soin  de  cette  parure,  passant 
beaucoup  de  temps  à  la  peigner  et  à  la  lisser.  D'ailleurs, 
passé  le  temps  de  la  reproduction,  ces  panaches  tombent 
rapidement,  et  les  mâles  sont  alors  peu  difl'érents  des 
femelles  et  des  jeunes.  Les  indigènes  les  chassent  au  moyen 
de  flèches  à  plusieurs  pointes,  ou  bien,  après  avoir  remar- 
qué les  arbres  où  les  Oiseaux  se  perchent  pendant  la  nuit, 
ils  y  grimpent  et  les  surprennent  pendant  leur  sommeil 
en  jetant  sur  eux  une  toile  en  guise  de  filet.  Ils  les  pré- 
parent simplement  en  vidant  le  corps  et  arrachant  les 
pattes  auxquelles  ils  substituent  une  longue  baguette  en- 
foncée jusqu'au  crâne  ;  puis  ils  font  sécher  cette  dépouille 
en  la  fumant  au-dessus  du  feu.  Ce  procédé  primitif  tend 
à  être  abandonné  depuis  que  les  Papous  ont  reconnu  que 
les  peaux  entières  et  bien  préparées  étaient  payées  plus 
cher  par  les  Européens. 

Sm^  le  continent  de  la  Nouvelle-Guinée,  le  Grand  Para- 
disier est  remplacé  par  une  espèce  plus  petite,  le  Paradi- 
sier pETiT-É:\iERÂUDE  {Pavadisea  papuana  ou  minor), 
dont  le  mâle  adulte  aies  longues  plumes  des  flancs  blanches 
à  l'extrémité;  le  jaune  d'or  du  dessus  du  cou  s'étend 
jusque  sur  le  dos  et  les  couvertures  de  l'aile.  —  Une 
troisième  espèce,  le  Paradisier  rouge  (Paradisea  rubra), 
un  peu  plus  petite  que  la  précédente,  a  les  plumes  des 


flancs  d  un  beau  rouge  sang  ;  la  face  et  le  devant  du  cou 
sont  d'un  noir  pourpré  ;  le  dessus  de  la  tête  est  d'un  vert 
métallique,  les  plumes  de  cette  région  figurant  uno  paire 


^'êM^Ê^^S 


t'aradisior  petit  émeraude  (mâle  faisant  la  roue;, 

de  cornes  au-dessus  des  yeux.  Il  habite  les  îles  de  \Yai- 
giou,  Ghemien  et  Batanfa  sur  la  côte  occidentale  de  la 
Nouvelle-Guinée. 

Le  Manucode  royal  (Cicinnurus  regius),  figuré  mais 
non  décrit  au  mot  Cicinnurus  (V.  ce  mot),  est  une  petite 
espèce  de  la  taille  de  l'Alouette,  et  dont  l'ongle  du  pouce 
est  crochu,  comprimé  et  creusé  en  gouttière  en  dessous. 
Chez  le  mâle,  la  queue  est  très  courte,  mais  les  deux 
pennes  médianes  sont  très  longues  et  dépourvues  de 
barbes,  sauf  à  l'extrémité  qui  est  élégamment  contournée 
en  spirale  ;  les  plumes  des  flancs  sont  courtes  et  figurent 
deux  petits  éventails  argentés  bordés  de  vert  métallique  ; 
la  couleur  générale  est  d'un  beau  rouge  cramoisi,  sauf 
une  bande  veloutée  d'un  vert  foncé  formant  plastron  ;  les 
plumes  écailleuses  du  front  se  prolongent  jusqu'aux  na- 
rines. Cette  espèce  est  très  répandue,  car  elle  habite  toute 
la  Nouvelle-Guinée  et  les  îles  voisines  ainsi  que  l'archipel 
Arou. 

Le  Magnifique,  type  du  genre  Diphyllodes  (7).  spe- 
ciosa),  est  une  espèce  de  la  taille  de  l'Etourneau,  à  bec 
de  la  longueur  de  la  tête.  Le  mâle  porte  sur  le  dessus 
du  cou  un  large  écusson  de  plumes  allongées  d'un  jaune 
doré,  et  dessous  un  plastron  pectoral  qui  s'étend  jusqu'au 
ventre.  Les  pennes  de  la  queue  sont  étroites,  allongées, 
d'un  vert  métallique.  La  femelle  et  le  mâle,  en  dehors  du 
temps  de  la  reproduction,  ont  un  plumage  brun  dessus, 
rayé  dessous,  d'une  grande  simplicité.  L'espèce  habite  les 
îles  de  Mysol  et  Salwatty  et  le  continent  voisin  de  la 
Nouvelle-Guinée.  Une  seconde  espèce  (/).  Wilsoni), 
de  la  taille  de  l'Alouette,  a  le  dessus  de  la  tète  revê- 
tue d'une  peau  nue  et  bleue,  mais  divisée  en  six  com- 
partiments par  des  bandelettes  emplumées.  Le  dessus  du 
dos  est  d'un  rouge  vermillon,  l'écussondela  nuque,  d'un 
jaune  citron  et  le  plastron  pectoral  vert  :  les  pennes  allon- 
gées de  la  queue  sont  d'un  bleu  d'acier.  Elle  habite  les 
îles  de  Batanta  et  Waigiou. 

Le  SiFiLET,  type  du  genre  Parotia  {P.sexpennis),e^l 
remarquable,  chez  le  mâle  adulte,  par  les  trois  longues 
plumes  qu'il  porte  de  chaque  côté  de  la  tète  et  qui  sont 
aussi  longues  que  l'aile,  en  forme  de  palette.  Chez  la  fe- 
melle ces  plumes  sont  plus  courtes  et  d'apparence  nor- 
male. Le  mâle  a  les  plumes  des  flancs  très  larges,  relevées 
en  éventail  jusque  près  de  l'origine  de  la  queue;  il  porte 
un  plastron  vert  doré,  et  le  reste  du  plumage  est  d'un 
noir  velouté  avec  un  bandeau  d'un  blanc  argenté  sur  le 
devant  du  front.  Lorsque  le  mâle  fait  la  roue,  il  gonfle 
son  plumage  ou  l'aplatit  alternativement  en  étalant  les 


1009  — 


PARADISIER  —  PARADOXE 


longues  plumes  de  sa  (ète.  Il  pousse  en  même  temps  son 
cri  d'appel,  comme  pour  faire  admirer  sa  beauté.  Pies  de 
ce  genre  vient  se  placer  le  nouveau  genre  Pieridophorà 
(P.  Albei'ti),  récemment  découvert  près  de  la  baie  Gecl- 
winck  (Nouvelle-Guinée  N.),qui  est  aussi  la  patrie  du  Si- 
tilet.  Dans  cette  espèce,  il  n'existe  qu'une  seule  paire  de 


Pteridophora  Alberli  (mâle  en  plumage  do  noce^). 

longues  plumes  insérées  entre  l'œil  et  l'oreille,  mais  ces 
plumes,  comme  le  montre  notre  figure,  sont  deux  fois  plus 
longues  que  l'oiseau  et  portent,  au  lieu  de  barbes  et  d'un 
seul  côté,  des  lamelles  quadrangulaires  d'un  blanc  nacré 
à  reflets  d'azur.  Le  reste  du  plumage  n'a  rien  de  remar- 
quable. Ces  deux  longues  plumes  doivent  singulièrement 
gêner  l'oiseau  dans  ses  mouvements,  mais,  comme  chez 
tous  les  Paradisiers,  le  mâle  ne  les  porte  que  pendant  les 
quelques  semaines  de  la  saison  des  amours,  et  le  reste  de 
l'année  diffère  peu  de  sa  femelle  qui  en  est  dépourvue. 

Le  Séleucide  éclatant  {Seleiicides  nigricans) ,  ?cp^e\è 
aussi  le  Magnifique,  est  le  type  d'un  autre  genre  où  le  bec 
est  plus  long  que  la  tète,  un  peu  recourbé  et  la  queue 
courte;  chez  le  mâle  en  plumage  de  noces,  les  plumes  des 
flancs  sont  allongées,  d'un  jaune  d'or,  floconneuses  seule- 
ment dans  leur  première  moitié,  puis  se  terminant  par 
une  longue  tige  dépourvue  de  barbes  comme  les  brins  de 
la  c[ueue  des  Paradisiers  proprement  dits.  Le  reste  du  plu- 
mage est  d'un  noir  velouté,  mais  relevé  par  un  plastron 
pectoral  à  reflets  métalliques.  Cette  espèce  habite  la  côte 
occidentale  de  la  Nouvelle-Guinée,  notamment  les  envi- 
ron de  la  baie  Triton.  EUe  se  plaît  sur  les  Pandanus  dont 
elle  suce  les  fleurs  ;  ses  mouvements  sont  rapides  quand 
l'oiseau  passe  d'un  arbre  à  l'autre  en  poussant  son  cri  : 
keh!  keh.  Le  mâle  en  amour  étale  son  plastron  et  les 
touffes  des  plumes  des  flancs  de  telle  sorte  que  les  voya- 
geurs comparent  cette  parure  à  un  éventail  splendide.  Le 

GRANDE  ENCYCLOPÉDIE.    XXV. 


genre  Seleiicides,  par  son  bec  long  et  recourbé,  forme  la 
transition  des  Paradisiers  typiques  aux  genres  Ptilorhis, 
Ëpimachiis,  Drepanornis,  Astrapia,  qui  ont  généralement 
la  queue  plus  longue. 

Le  genre  Lycocouax,  qui  termine  cette  famille,  tranche 
avec  les  genres  précédents  par  Fabsence  de  parures  et  le 
peu  de  différences  qui  séparent  le  plumage  des  mâles  de 
celui  des  femelles.  Mais  par  leurs  caractères,  notamment 
par  la  forme  du  bec  et  des  pattes,  ils  appartiennent  bien 
à  la  même  famille.  Dans  les  deux  sexes,  le  plumage  est 
simple  comme  celui  des  femelles  des  Paradisiers,  et  rap- 
pelle aussi  celui  des  Corbeaux.  Il  est  brun  varié  de  gris 
et  do  roux  avec  des  reflets  métalliques  peu  prononcés.  On 
en  connaît  trois  espèces  {Lycocoraxpi/rrhopterus,  L.  mo- 
îvtensis,  L.  obiensis),  toutes  de  l'archipel  de  Halmahera, 
près  de  la  Nouvelle-Guinée,  et  chacune  d'elles  paraît 
propre  à  une  ile  ou  à  un  groupe  d'îles  bien  délimité  dans 
ce  petit  archipel  (Pour  les  autres  genres,  V.  Astrapia, 
Epimaqle,  Lopiioriuna).  E.  Trouessart. 

PARADJIKÂ  (V.  Pratimokcua). 

PARA  DOS  (Fortif.).  Les  parados  sont  des  massifs  de  terre 
servant  à  couvrir  les  fortifications  contre  le  tir  â  revers  ou 
à  dos.  Ils  sont  établis  parallèlement  aux  crêtes  qu'ils  doi- 
vent couvrir  et  assez  rapprochés  de  celles-ci  pour  leur 
assurer  une  bonne  protection.  Leur  épaisseur  au  sommet 
est  d'au  moins  4  m.  Leur  distance  minima  au  pied  du  pa- 
rapet qu'ils  protègent  est  déterminée  d'après  les  bouches 
à  feu  qui  forment  l'armement  du  terre-plein.  Leur  hau- 
teur doit  être  telle  qu'ils  protègent  les  crêtes  qu'ils  cou- 
vrent contre  des  coups  tombant  sous  un  angle  de  chute 
de  i/4  cà  l/ij.  Les  talus  des  parados  qui  font  face  aux 
pièces  sont  revêtus  ou  maçonnés  pour  les  raidir.  On  éta- 
blit quelquefois  des  locaux  sous  les  parados.  Dans  les  forts 
à  cavaliers,  ces  derniers  forment  parados.  Les  parados  ont 
l'inconvénient  de  tenir  beaucoup  de  place  et  de  projeter 
sur  les  défenseurs  les  éclats  des  projectiles  qui  viennent 
frapper  leur  talus  extérieur. 

P>uji.  :  XouvcDU  nidiiiic!  de  forlLjicuUoa  permo.nentc  ré- 
dujc  d'ijprès  k'S  pro(/ra}nmes  officiels  des  diverses  écoles 
millUiires,  })ai'  un  ollicier  supérieur,  1895.  —  Général  Tri- 
)>iKR,  In  Forllflciitlon  déduite  de  son  histoire^  18G(j.  —  Plks- 
.-IX,  Mir.iuel  complet  de  fortification.  —  Conrs  de  l'Ecole 
d'application  de  l'artllleyne  et  du  génie;  Fortification  per- 
manente. 

PARADOU.  Com.  du  dép.  des  Bouches-du-Rhône,  arr. 
d'Arles,  cant.  de  Saint-Remy;  616  hab. 

PARADOXE.  I.  Philosophie.  —  L'Encyclopédie  de 
Diderot  définit  ainsi  le  paradoxe  :  «  C'est  une  proposition 
absurde  en  apparence,  à  cause  qu'elle  est  contraire  aux 
opinions  reçues,  et  qui,  néanmoins,  est  vraie  au  fond, 
ou  du  moins  peut  recevoir  un  air  de  vérité  »,  et  elle  ajoute 
que  ce  mot  est  formé  du  grec  7:apa,  contre,  et  de  ho^y, 
opinion.  Le  caractère  essentiel  du  paradoxe,  en  effet,  c'est 
qu'il  contredit  les  opinions  généralement  adoptées  dans 
un  pays  ou  à  une  époque,  ou  même  par  la  majorité  des 
hommes  dans  tous  les  lieux  ou  tous  les  temps,  sans  qu'on 
ait  cependant  le  droit  de  le  considérer  comme  une  erreur, 
ou  même  alors  qu'il  est  au  fond  une  vérité.  Peut-être 
éclaircirait-on  la  notion  du  paradoxe  en  distinguant  deux 
sortes  de  paradoxes  :  4^  ceux  qui,  malgré  leur  opposition 
avec  les  idées  régnantes  ou  plutôt  à  cause  de  cette  oppo- 
sition même,  expriment  des  vérités  plus  ou  moins  impor- 
tantes, encore  cachées  aux  yeux  du  vulgaire  sous  les 
fausses  apparences  qui  les  recouvrent,  et  pour  cette  raison 
méconnues  et  niées  par  la  plupart  :  à  ceux-là  convien- 
drait en  quelque  sorte  l'appellation  de  paradoxes  légitimes  ; 
2^  ceux  qui  ne  représentent  (|uc  des  opinions  individuelles 
fausses  ou  du  moins  douteuses,  imaginées  par  leurs  par- 
tisans pour  se  séparer  du  reste  des  hommes  par  vanité, 
par  subtilité,  par  esprit  de  contradiction,  et  ceux-là  se- 
raient les  parado?{es  illégitimes.  Hâtons-nous,  d'ailleurs, 
d'avouer  qull  est  souvent  foi  tdiflîcile,  dans  la  pratique,  de 
savoir  à  laquelle  de  ces  deux  classes  appartient  un  paradoxe 
donné.  L'histoire  des  sciences  abonde  en  exemples  de  ces 

64 


PARADOXE 


—  1010  — 


paradoxes  de  la  veille  qui  sont  devenus,  comme  on  l'a 
dit,  les  vérités  du  lendemain.  Ainsi  l'existence  des  anti- 
podes passait  chez  les  anciens  pour  un  paradoxe,  et  saint 
Augustin  a  expressément  démontré  qu'ils  ne  pouvaient  pas 
exister.  Paradoxe,  l'opinion  du  mouvement  de  la  terre, 
comme  on  le  fit  bien  voir  à  Galilée  !  Paradoxe,  la  circula- 
tion du  sang  découverte  par  liarvey,  mais  ignorée  par  Aris- 
tote  et  niée  par  toutes  les  écoles  de  médecine  jusqu'au 
milieu  du  xvii^  siècle  !  Paradoxe,  la  pression  atmosphérique 
substituée  par  les  cartésiens  à  l'horreur  du  vide  !  Para- 
doxe, les  phénomènes  d'électricité  que  Galvani  a  le  premier 
observés  et  qui  lui  ont  valu  auprès  de  ses  contemporains 
le  titre  ironique  de  maitre  à  «  danser  des  grenouilles  !  » 
Mesmer  prétend  avoir  découvert  une  nouvelle  force  par 
laquelle  deux  êtres  humains  peuvent  exercer  l'un  sur 
l'autre,  même  à  distance,  une  action  incompréhensible 
mais  certaine  :  paradoxe  !  Napoléon  ne  vit  qu'un  paradoxe 
dans  l'invention  des  bateaux  à  vapeur,  et  Thiers  en  fit  au- 
tant --ou  peut  s'en  faut  —  pour  celle  des  chemins  de 
fer.  Le  grand  savant  Lavoisier  déclara  en  pleine  Aca- 
démie des  sciences  que  tout  ce  qu'on  racontait  des  aéro- 
lithes  n'étaient  que  des  fables  :  «  Tl  ne  peut  pas,  disait-il, 
tomber  des  pierres  du  ciel,  par  la  bonne  raison  qu'il  n'y 
a  pas  de  pierres  dans  le  ciel.  »  On  sait  que  lorsqu'on  pré- 
senta, pour  la  première  fois,  à  l'Institut,  le  phonographe, 
un  des  membres  présents,  le  D^' Bouillaud,  refusa  obstiné- 
ment de  croire  à  la  réalité  de  l'invention  d'Edison,  pi'éfé- 
rant  attribuer  à  la  ventriloquie  une  si  merveilleuse  imita- 
tion de  la  voix  humaine.  Tous  ces  exemples,  que  l'on 
pourrait  multipher  encore,  doivent  nous  rendre  très  cir- 
conspects toutes  les  fois  qu'il  s'agit  de  décider  si  un  phé- 
nomène encore  inconnu  est  possible  ou  ne  l'est  pas.  Nous 
devons  nous  rappeler  le  mot  d'Arago  :  «  Celui  qui,  en  de- 
hors des  mathématiques  pures,  prononce  le  mot  impos- 
sible manque  de  prudence  ».  Du  reste,  comme  nous  avons 
essayé  de  le  montrer  ailleurs  [les  Phénomènes  cryp- 
toïdes,  Revue  philosophique,  l*^^janv.  1899),  la  science 
contemporaine  a  appris  à  élargir,  en  quelque  sorte,  indé- 
finiment sa  conception  des  possibilités  naturelles,  depuis 
qu'elle  a  vu  surgir  de  toute  part  des  phénomènes  incon- 
nus, insoupçonnés,  dans  les  régions  de  la  réalité  qu'on 
pouvait  croire  entièrement  explorées  et  pour  ainsi  dire 
percéag  à  jour.  C'est  ainsi  que  la  composition  de  l'air  a 
révélé  dans  ces  derniers  temps  des  gaz  jusqu'alors  abso- 
lument ignorés,  l'argon,  le  crypton,  le  néon,  etc.  La  dé- 
couverte des  rayons  Rœntgen  a  aussi  grandement  contribué 
à  cet  élargissement  des  idées  scientifiques.  On  sait  d'ail- 
leurs que  les  philosophes  avaient  depuis  longtemps  récusé 
l'autorité  des  croyances  populaires,  même  lorsqu'elles  se 
couvrent  du  nom  imposant  de  sens  commun.  Que  fait  Pla- 
ton dans  sa  célèbre  allégorie  de  la  Caverne,  sinon  exposer 
et  justifier  ce  paradoxe  fondamental,  que  les  prétendues 
réalités  sensibles  ne  sont  que  des  apparences  illusoires  et 
que  les  idées  seules  existent  réellement  ?  La  vérité  peut 
donc  être  paradoxale,  mais  il  ne  faut  pas  en  conclure  que  tout 
paradoxe  soit  nécessairement  vrai.  Mn  esprit  qui  aime  le 
paradoxe  pour  lui-même  est  un  esprit  faux;  l'esprit  juste 
accueille  et  soutient  un  paradoxe,  non  parce  qu'il  est 
contraire  à  l'opinion  courante,  mais  malgré  cela,  et  lors- 
qu'il recouvre  une  vérité.  E.  Boirac. 

II.  Mathématiques.  —  Sans  dévier  de  son  sens  gé- 
néral, cette  expression  de  paradoxe  se  rencontre  assez 
souvent  dans  les  sciences,  et  dans  la  science  mathématique 
en  particuKer.  On  donne  ce  nom,  ou  celui  de  propositions 
paradoxales,  à  des  affirmations  qui  semblent  résulter  rigou- 
reusement d'une  démonstration  à  l'abri  de  tout  reproche, 
et  qui  pourtant  sont  notoirement  fausses.  Nous  en  donnons 
ici  seulement  deux  exemples  des  plus  simples  empruntés 
aux  premiers  éléments  de  l'algèbre  et  de  la  géométrie  : 
1^  Tous  les  nombres  sont  égaux  entre  eux.  Soient 
a,b  deux  nombres  et  c  leur  différence  ;  on  a  «  —  b  znc; 
multiphant  par  a  —  b,  a^  -—  ^ab  -f-  b^  r=;  ae  —  bc,  ou 
rt-  —  ab  -^  ae  rrr  ab  —  b"^  —  bc,  ce  qui  peut  s'écrire 


a  {a  —  b  —  c)  ~b(a  —  b-~  c)  ;  divisant  par  a—b~  c, 
il  vieflt  a  ^=z  b. 

2«  Si  un  quadrilatère  ABCD  a  deux  côtés  opposés  égaux 
AB,CD,  les  deux  autres  AD,BC  sont  parallèles  (fig.  1). 
Sur  les  milieux  E,  E 
de  AD  et  de  BC,  éle- 
vons des  perpendi- 
culaires qui  se  ren- 
contrent en  0.  Alors 
OA=OD,OB  — OC, 
et  les  deux  triangles 
OAB,  OCD  sont 
égaux.  Donc  AOB 
~  DOC  ;  en  outre 
EOA  —  EOD,  EOB 
:=z  EOC;  donc  la 
somme  des  angles 
EOA,  AOB,  BOE est 

égale  à  celle  de  EOD,  DOC,  COF,  si  bien  que  chacune  est 
égale  à  deux  angles  droits.  Les  droites  EO,  OF  sont  en  pro- 
longement l'une  de  l'autre  et  AD,  BC,  perpendiculaires  à 
une  même  droite,  sont  parallèles. 

L'intérêt  d'un  paradoxe  mathématique  réside  tout  entier 
dans  la  recherche  de  la  fissure  que  présente  la  démons- 
tration. Dans  le  premier  des  exemples  cités,  cette  fissure 
est  des  plus  visibles  ;  elle  est  moins  facile  à  deviner  dans 
le  second.  Les  explications  sont  les  suivantes  :  1^  En  di- 
visant par  a  ~  b  —  c,  on  divise  par  zéro,  puisqu'on  a 
supposé  a  —  b  =:  c  ;  et  c'est  là  une  transformation  non 
permise,  qui  peut  conduire  à  toutes  les  absurdités;  S^en 
supposant  que  les  droites  EO,FO  se  rencontrent  en  0,  à 
l'intérieur  du  quadrilatère,  on  a  tracé  une  figure  impos- 
sible ;  et  c'est  cette  impossibilité  qui  engendre  la  fausseté 
de  la  conclusion. 

On  aurait  tort  de  considérer  les  paradoxes  comme  simples 
jeux  de  l'esprit,  en  matière  mathématique,  et  de  nier  leur 
utilité.  Cette  utilité  est  double  ;  au  point  de  vue  de  l'en- 
seignement, un  paradoxe  permet,  en  h^appant  l'esprit  de 
l'élève,  d'attirer  son  attention  sur  la  nécessité  de  certaines 
précautions  auxquelles  il  n'avait  jusqu'alors  porté  son  at- 
tention que  d'une  manière  superficielle  et  insufiîsante  ; 
c'est  le  cas  de  l'exemple  1°  ci-dessus.  En  dehors  de  cela, 
un  paradoxe,  une  fois  l'explication  découverte,  peut  être 
la  source  d'une  proposition  nouvelle,  à  laquelle  on  n'aurait 
pas  songé  autrement;  l'exemple  2^  nous  en  fournit  la 
preuve,  car  ce  paradoxe  permet  d'énoncer  le  théorème 
suivant,  parfaitement  exact,  celui-là  :  «  Si  un  quadrila- 
tère a  deux  cotés  opposés  égaux  sans  présenter  la  forme 
d'un  trapèze  isoscèle,  les  perpendiculaires  élevées  sur  les 
milieux  des  deux  autres  côtés  ne  se  rencontrent  jamais  à 
lïntérieur  de  ce  quadrilatère  ;  et  s'il  présente  la  forme 
d'un  trapèze  isoscèle,  ces  perpendiculaires  sont  évidem- 
ment confondues  ». 

Les  débuts  du  calcul  infinitésimal  ont  été  l'occasion  de 
nombreux  paradoxes  mathématiques.  On  pourrait  égale- 
ment citer  celui  d'Achille  et  de  la  tortue,  tendant  à  établir 
que  le  plus  rapide  coureur  ne  rejoindra  jamais  une  tortue 
qu'il  poursuit,  celle-ci  conservant  toujours  sur  lui  une 
avance,  si  faible  soit-elle.  Mais  ceci  est  trop  connu  pour 
que  nous  puissions  penser  à  y  insister.      C.-A.  Làisaxt. 

ParxVdoxe  de  Fergusson.  ~  Considérons  un  train  d'en- 
grenage formé  par  trois  roues  dentées  (réduites,  dans  la 
figure  2  ci-dessous,  à  leurs  circonférences  primitives) .  Soient 
A,  B,  C  leurs  centres;  co,  w^^,  ojg  leurs  vitesses  angu- 
laires; n,  7i|,  7i>  leurs  nombres  de  dents.  On  a  les  rela- 
tions connues  :  w?i  =  oô^n^  zrz  Wg^^i-  ^i  maintenant  on 
imprime  à  tout  le  système  une  rofation  —  w  autour  du 
point  A,  la  roue  A  se  trouve  ramenée  à  l'immobilité,  la 
ligne  AC  tourne  avec  la  vitesse  —  w  et  la  roue  C  tourne 


/n  —  nA 


avec  la  vitesse  O  : 

buant  successivement  à  n^  les  valeurs  :  n 


En  attri- 

i,  n  et 


—  1011  — 


PARADOXE  —  PARAFE 


,  -f-  1,  on  obtient  pour  O  les  valeurs  -f-  ; 


—  1' 


et —r. 

n  H-  1 

Cela  posé,  imaginons  qu'on  empile  trois  roues  C  ayant 
précisément  les  nombre  de  dents  n  —  1  al  n  -\-  i,  et 
que  ces  trois  roues  engrènent  simultanément  avec  une 
même  roue  B  et  avec  une  même  roue  A.  Si,  laissant  cette 
dernière  fixe,  ou  ol)lige  la  ligne  AG  à  tourner  autour  du 


Fig.  2. 

point  A,  il  résulte  de  ce  que  nous  venons  de  dire  que 
l'une  des  roues  C  se  transportera  parallèlement  à  elle- 
même,  tandis  que  les  deux  autres  tourneront  en  sens 
contraire.  Or,  quand  le  nombre  n  est  assez  grand,  les 
trois  roues  C  semblent  identiques  ;  on  obtient  donc  alors 
ce  résultat  curieux  que  trois  roues  pareilles,  engrenant 
dans  les  mêmes  conditions,  avec  la  même  roue  B,  sont 
animées  de  mouvements  fort  différents.  C'est  en  cela  que 
consiste  le  paradoxe  de  Fergusson.  L.  Lecornu. 

III.  Physique. —  Paradoxe  hydrostatique..  —  Les 
pressions  que  les  liquides  exercent  sur  les  fonds  des  vases  qui 

les  contiennent  peuvent 
être  plus  grandes  ou  plus 
petites  que  les  poids  de 
CCS  mêmes  liquides  ;  ce- 
pendant ces  vases,  placés 
dans  une  balance,  le  fond 
reposant  sur  l'un  des  pla- 
teaux ,  n'exigent  pour 
être  équilibrés  qu'une 
somme  de  poids  représen- 
tant le  poids  du  vase  vide 
et  le  poids  du  liquide  con- 
tenu. Ces  deux  faits, 
en  apparence  contradictoires,  s'expliquent  facilement  en 
remarquant  qu'un  vase  plein  de  liquide,  placé  sur  le  pla- 
teau d'une  balance,  transmet  à  ce  plateau  les  actions 
que  le  liquide  exerce  non  seulement  sur  le  fond  du  vase, 
mais  aussi  sur  ses  parois.  Ces  dernières  s'ajoutent  aux 
premières  ou  s'en  retranchent,  suivant  la  forme  du  vase, 
mais  toujours  la  résultante  de  toutes  ces  pressions,  sur 
le  fond  et  sur  les  parois,  est  égale  au  poids  du  liquide 
contenu  dans  le  vase.  C'est  lorsqu'on  néglige  ces  actions 
sur  les  parois  autres  que  le  fond  que  l'on  arrive  à  ce  ré- 
sultat paradoxal  que  l'ensemble  des  pressions  d'un  liquide 
contenu  dans  un  vase  peut  avoir  une  valeur  différente  de 
son  poids.  Prenons  comme  exemple  un  vase  de  forme 
simple,  tel  que  celui  qui  est  représenté  fig.  3.  Soient  S 
la  surface  du  fond  et  s  la  section  de  la  partie  étroite,  H 
la  hauteur  du  liquide  au-dessus  du  fond,  et  h  la  hau- 
teur de  la  partie  plus  étroite.  Le  volume  du  liquide  con- 
tenu dans  ce  vase  est  la  somme  de  deux  cylindres  qui  ont 
pour  mesure  respectivement  /iX^  et  (H  —  /i)  S,  de  sorte 
que  le  poids  de  ce  liquide  est,  en  désignant  par  D  sa  den- 
sité, 

Ihs  -f-  (H  —  h)  S]  D  ou  [HS  ---  /i  (S  —  s)']  D, 

tandis  que  la  pression  que  le  liquide  exerce  sur  le  fond  est 
plus  grande  et  égale  à  H  X  S  X  D.  Mais  calculons  main- 
tenant la  résultante  verticale  des  pressions  exercée  sur 
toat  le  vase.  Remarquons  tout  d'abord  que  les  parois  cy- 
lindriques étant  verticales,  ces  portions  ne  seront  soumises 


qu'à  des  actions  horizontales,  sans  composantes  verticales 
par  conséquent.  Nous  n'avons  donc  à  considérer  que  le 
fond  du  vase  et  la  surface  ABCD,  sorte  de  couronne  com- 
prise entre  les  deux  cercles  concentriques  de  surface  s  et 
S.  Sur  le  fond  du  vase  la  pression  est  verticale,  dirigée 
vers  le  bas  et  égale  à  HSD  d'après  les  lois  de  l'hydrosta- 
tique. Sur  la  couronne  ABCD,  de  surface  S  —  s,  située  à 
une  distance  h  du  niveau  du  liquide,  la  pression  est 
h  (S  —  s)  D  ;  elle  est  dirigée  vers  le  haut,  elle  est  donc 
de  sens  contraire  à  la  première,  et  ces  deux  forces  paral- 
lèles de  direction  opposée  ont  une  résultante  égale  à  leur 
différence  HSD  —  /i  (S  —  s)D  ou[HS  —  /i  (S  —  s)]  D 
et  dirigée  deans  le  sens  de  la  plus  grande,  c.-à-d.  dans 
le  sens  de  la  première.  La  résultante  des  pressions  sur 
les  parois  est  donc  bien  égale  au  poids  du  liquide  calculé 
plus  haut.  Il  en  est  de  môme,  quelle  que  soit  la  forme  du 
vase,  le  calcul  seulement  peut  être  plus  compliqué. 

A.  JOANNIS. 

BiBL.  :  Mathématiques.  —  A.  de  iNIoiigan,  A  budget  of 
paradoxes  ;  Londres,  1872. —  Bolzano  (trad.  en  allemand)  : 
Die  Paradoxien  des  Unendlichen.  —  A.  Rebière,  Matlic- 
matiques  et  mathématiciens;  Paris,  1893.  —  Ed.  Luca?;, 
Récréations  m.athémidiques  ;  Paris,  1883,  t.  Il,  pp.  152-151. 

PARADOXIDIEN.  Nom  donné  par  quelques  géologues 
au  terme  moyen  du  système  canihrien  (V.  ce  mot). 

PARADOXURUS  (Zool.)  (V.  Civette,  t.  XI,  p.  509). 

PARAFE  ou  PARAPHE.  On  désigne  sous  ce  nom  un 
trait  de  plume  ou  un  ensemble  de  traits  de  plume  dont 
beaucoup  de  personnes  accompagnent  leurs  noms  pour 
bien  l'individualiser,  le  distinguer  d'un  nom  semblable  et 
empêcher  leur  signature  d'être  contrefaite.  Cette  dernière 
considération  a  amené  le  législateur  à  exiger  des  notaires 
l'emploi  du  parafe.  La  loi  du  :25  ventôse  an  XI  (art.  49) 
porte  à  cet  égard  qu'avant  d'entrer  en  fonction  les 
notaires  devront  déposer  au  greffe  de  chaque  tribunal  de 
leur  département  et  au  secrétariat  de  la  municipalité  de 
leur  résidence,  leurs  signature  et  parafe.  Les  notaires  à 
la  résidence  des  cours  d'appel  devront  cffectLier  ce  dépôt 
au  greffe  de  tous  les  tribunaux  du  ressort  de  la  cour.  Il 
importe,  en  effet,  que  la  signature  des  notaires  soit  con- 
nue dans  ces  différents  endroits.  La  loi  du  2  mai  1861, 
ayant  donné  aux  juges  de  paix  ne  siégeant  pas  au  chef- 
lieu  où  se  trouve  le  tribunal  civil  le  droit  de  légaliser 
les  signatures  des  notaires  des  cantons,  a  exigé,  comme 
conséquence,  le  dépôt  de  la  signature  et  du  parafe  de  ces 
notaires  au  greffe  de  la  justice  de  paix.  Dans  le  cas  où  un 
notaire  se  trouverait  dans  la  nécessité  de  modifier  ce  pa- 
rafe primitivement  adopté  par  lui,  à  la  suite  d'un  acci- 
dent par  exemple,  il  aurait  à  se  pourvoir  de  l'autorisa- 
tion du  président  du  tribunal  et  devrait  effectuer  le 
dépôt  du  nouveau  parafe  dans  tous  les  endroits  qui  vien- 
nent d'être  indiqués.  Le  droit  à  un  parafe  déposé  comme 
il  vient  d'être  dit  constitue,  au  profit  du  notaire,  un  droit 
exclusif,  et  il  serait  recevable  à  faire  interdire  à  un  con- 
frère d'employer  un  parafe  semblable.  La  ressemblance 
pourrait  en  effet  donner  lieu  à  des  confusions  très  regret- 
tables. 

Le  dépôt  de  la  signature  et  du  parafe  au  greffe  n'est 
pas  imposé  aux  officiers  de  l'état  civil.  Cela  se  conçoit. 
Ln  exemplaire  des  registres  de  l'état  civil  étant  déposé 
au  greffe,  il  sera  toujours  facile  de  voir  quel  est  le  pa- 
rafe de  l'officier  de  l'état  civil  dont  il  s'agit  de  légaHser 
la  signature.  Mais  la  loi  du  4  mai  1861,  déjà  citée,  ayant 
autorisé  les  juges  de  paix  à  légaliser  la  signature  des 
officiers  de  l'état  civil  de  leur  canton,  il  devenait  néces- 
saire de  prescrire,  ainsi  que  l'a  fait  cette  loi,  le  dépôt  au 
greffe  de  la  justice  de  paix  de  la  signature  et  du  parafe 
de  ces  officiers  pubhcs.  L'absence  du  parafe  n'a  pas  pour 
effet  de  vicier  la  signature  elle-même,  et  cela  alors  que 
le  signataire  aurait  eu  l'habitude  constante  de  joindre  un 
parafe  à  son  nom.  C'est  la  solution  qui  est  généralement 
admise  en  ce  qui  touche  la  signature  du  testament  olo- 
graphe. 

Bien  souvent  ce  parafe  est   apposé  seul  et  se  trouve 


PARAFE  —  PARAFFINE 


~  1012  — 


ainsi  isolé  de  ]a  signature  à  laquelle  il  se  trouve  d'ordi- 
naire adjoint.  Il  remplace  en  pareil  cas  cette  signature; 
non  pas  assurément  celle  qui  doit  figurer  à  la  fin  de  l'acte, 
laquelle  ne  saurait  être  suppléée,  mais  celle  que  la  rigueur 
du  droit  commanderait  d'apposer  au  bas  des  renvois  faits 
en  marge  de  l'acte.  Au  lieu  de  signer  un  renvoi  en  toutes 
lettres,  on  se  borne  à  y  apposer  son  parafe.  La  loi  du 
25  ventôse  an  XI  a  consacré  cette  pratique  pour  les  actes 
notariés  (art.  15).  Il  est  bien  évident,  d'ailleurs,  qu'en 
pareil  cas  le  parafe  approbateur  du  renvoi  devra  être 
identique  à  celui  qui  accompagne  la  signature  placée  au 
bas  de  l'acte;  autrement,  en  efjfet,  il  serait  impossible  de 
savoir  à  qui  appartiendrait  ce  parafe  isolé.  Un  acte  (et 
nous  prenons  ce  mot  dans  le  sens  à'  inslrumentum),  au 
bas  duquel  les  parties  n'auraient  apposé  que  leur  ])arafe, 
sans  leur  signature,  n'aurait  aucune  valeur  juridique  et 
ne  constituerait  même  pas  un  commencement  de  preuve 
par  écrit. 

Le  parafe  isolé  de  la  signature  est  employé,  en  dehors 
du  cas  cité  plus  haut  de  l'approbation  d'un  renvoi,  dans 
un  assez  grand  nombre  d'hypothèses.  Dans  la  plupart 
d'entre  elles,  le  parafe  est  celui  d'un  fonctionnaire,  ma- 
gistrat de  l'ordre  administratif  ou  judiciaire,  et  il  est 
apposé  sur  chaque  feuillet  des  registres  dont  la  loi  pres- 
crit la  tenue  à  certaines  catégories  do  personnes.  En  pa- 
reil cas.  ce  parafe  est  toujours  accompagné  du  numéro 
du  feuillet.  On  dit  alors  que  les  registres  dont  il  s'agit  sont 
coliS  et  parafes.  11  y  a  là  une  mesure  de  précaution  prise 
pour  empêcher  la  suppression  d'un  feuillet  ou  la  substitu- 
tion d'un  feuillet  à  un  autre.  Dans  certains  cas  aussi,  le 
})arafe  isolé  de  la  signature  doit  être  apposé  par  un  fonc- 
tionnaire ou  un  ofiicier  public,  sur  des  pièces  détachées.  11 
en  est  ainsi  notamment  des  papiers  trouvés  au  cours  d'un 
inventaire.  L'art.  963  du  L.  do  procéd.  impose  au  notaire 
l'obligation  de  les  coter  et  de  les  parafer.  La  cote  indivi- 
dualise la  pièce  et  le  parafe  empêche  la  substitution  d'une 
pièce  à  une  autre.  Nous  ne  citons  ce  cas  qu'à  titre  d'exemple. 
Les  personnes  qui  n'ont  pas  de  parafe  y  suppléent  en  met- 
tant leurs  ietires  initiales.  C'est  le  parafe  par  lettres  con- 
sacré parla  doctrine  et  la  jurisprudence.  Paul  ?\achbâlk. 
PARAFFINE.  La  paraffine  proprement  dite  a  été  dé- 
couverte, en  4830,  par  Reichenbach ,  dans  le  goudron  de 
hêtre.  Comme  elle  est  très  résistante  aux  agents  chimiques, 
on  lui  a  donné  un  nom  rappelant  celte  stabilité  (paruni 
affinis).  On  l'a  retirée  ensuite  des  produits  de  la  distilla- 
lion  des  autres  bois,  du  boghead,  du  lignite,  de  la  tourbe, 
des  schistes  bitumineux  et  du  pétrole,  linfin,  elle  seren- 
conire  dans  la  nature,  où  elle  constitue  une  substance  qui 
a  reçu  le  nom  à'ozokcrile  (cire  fossile),  abondante  en 
Gahcie,  dans  la  presqu'île  des  Ralkans,  au  Caucase,  au 
Texas,  dans  l'Utah.  Ou  reconnut  bientôt  que  la  paraffine 
ne  constitue  pas  un  produit  unique,  car  ses  propriétés 
physiques  sont  variables,  son  point  de  fusion  en  particu- 
lier oscillant  entre  i5"  et  90».  Rapprochons  ces  corps  de 
composés  prenant  naissance  dans  un  grand  nombre  de 
réactions,  et  notamment  dans  le  traitement  des  acides  de 
la  série  grasse  par  l'éther  iodhydrique  et  le  phosphore 
rouge  ;  Krafi't  a  obtenu  par  cette  méthode  un  grand  nombre 
d'hydrocarbures  saturés,  dont  le  terme  inférieur  est  l'un- 
décane,  C^^H-^-,  et  dont  les  termes  supérieurs  sont  les  com- 
posés, G^-ÎF''*,  C^^H^*^,  C^^^IF^.  Les  premiers  sont  liquides 
au-dessous  de  zéro,  le  tétradécane  fond  à  4^,5,  elles  autres 
de  10^  jusqu'à  74^,7.  Le  point  d'ébuUition,  sous  la  pres- 
sion de  0"\015,  croit  de  3-i"  pour  le  premier,  à  331^ pour 
le  dernier  Ces  caractères  pliysiques  sont  précisément  ceux 
présentés  par  les  paraffines  commerciales,  et  MM.  Krafft  et 
Lutzelschwab  ont  retiré  d'une  paraffine  commerciale  fu- 
sible à  53°  (par  distillations  fractionnées)  deux  hydrocar- 
bures, C'^^U'*^  et  C^^'H^",  identiques  à  deux  des  hydrocar- 
t)ures  artiticieis,  de  la  série  précédente.  D'ailleurs,  pour 
des  hydrocarbures  de  coiidcnsation  aussi  élevée,  il  est  dif- 
ficile de  déterminer  leur  formule  par  l'analyse  élémentaire 
seule,  la  proportion  de  carbone  étant  de  beaucoup  supé- 


rieure à  celle  de  l'hydrogène  (85  7o  de  carbone  environ), 
et  leur  densité  de  vapeur  n'étant  pas  connue.  Mais  comme 
on  ne  peut  obtenir  de  dérivés  substitués  par  le  brome  ou 
l'iode,  on  doit  les  considérer  comme  des  hydrocarbures 
saturés,  la  paraffine  en  étant  un  mélange  complexe.  On  est 
même  arrivé  à  donner  le  nom  générique  de  paraffines  à 
cette  classe  d'hydrocarbures.  Il  y  a  des  sources  principales 
de  paraffines  que  nous  rattacherons  :  1«  à  l'exploitation 
de  l'ozokérite;  :2«  au  traitement  du  lignite,  boghead, 
tourbe,  schistes  bitumineux,  etc. 

I.  TKArrK.MENT  i)K  l'ozokéuiti:.  —  Il  y  a  en  Europe  deux 
exploitations  principales  de  l'ozokérite,  en  Gahcie  (Roris- 
law)  et  à  l'île  de  Svàtoi-Ostrov,  près  de  la  presqu'île  de 
l'Apchéron,  sur  la  mer  Caspienne.  On  traite  la  matière 
brute,  mélangée  de  terre,  ou  l'ozokéj'ite  fondue,  divisée 
par  la  sciure  de  bois,  au  moyen  d'huiles  minérales  légères, 
ou  filtrée,  la  solution  sur  le  noir  animal,  on  entraîne  le  dis- 
solvant par  de  la  vapeur  et  on  distille  le  produit  ainsi  pu 
riiié.  La  cire  fossile  est  d'abord  lavée,  broyée,  tamisée, 
de  façon  à  la  séparer  du  sable,  de  l'argile  et  de  la  marne 
avec  lesquels  elle  est  mélangée  dans  le  sol,  et  c'est  ensuite 
qu'on  la  soumet  successivement  aux  traitements  précé- 
dents. La  distillation  est  opérée,  sous  l'action  de  la  vapeur 
d'eau  surchauffée,  dans  des  cornues  en  fonte,  munies  de 
serpentins  et  de  réfrigérants  ;  il  passe  des  huiles  ayant 
0,75  à  0,85  de  densité  qu'on  laisse  reposer,  puis  la  pa- 
raffine distille,  entraînant  encore  des  huiles,  dont  on  la 
débarrasse  par  l'action  des  turbines  et  des  filtres-presses. 
Les  premières  huiles,  abandonnées  au  refroidissement, 
laissent  déposer  de  la  paraffine  qu'on  sépare,  et  sont  en- 
suite distillées  de  façon  à  pouvoir  en  utiliser  les  parties 
les  plus  légères,  soit  au  traitement  ultérieur  des  paraffines, 
soit  pour  l'éclairage,  et  les  parties  plus  denses  au  grais- 
sage. Cette  paraffine  brute  [beurre  de  paraffine)  est  trai- 
tée vers  475°  par  5  %  de  son  poids  d'acide  sulfurique 
concentré  ou  même  d'acide  de  Saxe  ;  il  y  a  dégagement 
de  gaz  sulfureux  absorbé  par  des  solutions  alcahnes.  La 
paraffine  est  traitée  par  l'eau,  la  chaux,  puis  distillée  et 
comprimée  dans  des  filtres-presses  ;  c'est  alors  que  le  pro- 
duit jaune  et  encore  odorant  ainsi  obtenu  est  chauffé  avec 
le  quart  de  son  poids  des  huiles  légères  précédentes,  et 
abandonné  au  refroidissement,  séparant  une  masse  blanche 
et  dure,  fusible  vers  60°  et  dont  le  point  de  fusion  est 
d'autant  plus  élevé  que  les  traitements  précédents  ont  été 
plus  parfaits.  L'ozokérite  brute  rend  environ  25%  de  pa- 
raffine et  i5  7o  d'huiles  légères.  L'action  de  l'alcool  amy- 
li({ue  chaud  sur  l'ozokérite  fournit  des  cristaux  nacrés,  ce 
qui  paraît  montrer  qu'elle  est  constituée  partiellement  par 
de  la  paraffine  cristalHsée,  et  il  est  vraisemblable  qu'elle 
est  mélangée  à  de  la  paraffine  molle,  ou  à  d'autres  cofioïdes. 
IL  0ri(;ine  de  la  paraffine.  —  La  fabrication  de  la  pa- 
raffine par  la  distillation  du  lignite,  de  la  tourbe,  du  bog- 
head, des  schistes  bitumineux,  du  pétrole,  est  très  active  en 
fxosse,  en  Amérique,  en  Russie  et  en  Autriche.  —  L'opé- 
ration est  variable  dans  les  détails,  suivant  les  matières 
premières,  mais  elle  comporte  toujours  deux  opérations  : 
1°  la  préparation  d'un  goudron  brut  par  distillation,  opé- 
]\ation  très  délicate  et  sur  laquefie  on  donne  des  détails  à 
l'art.  Pétrole,  et  2°  le  traitement  de  celui-ci  pour  en  re- 
tirer les  huiles  d'éclairage  et  de  lubrification  ainsi  que  la 
paraffine,  qui  est  le  produit  le  plus  cher. 

Schistes  bitumineux.  La  distiUation  de  ces  schistes 
faite  dans  des  cornues  horizontales  en  fonte,  chauffées  à 
la  vapeur  d'eau,  donne  un  produit  formé  d'eaux  ammo- 
niacales et  d'un  goudron  qu'on  en  sépare.  La  partie  dure 
obtenue  est  introduite  dans  des  vases  en  fer-blanc,  en- 
tourés d'eau  froide,  et  abandonnée  à  la  cristallisation  peu 
dant  huit  à  dix  jours.  Les  pains  soumis  à  l'action  des 
filtres-presses  sont  introduits  dans  des  appareils  hydrau- 
liques ou  ils  subissent  une  pression  extrêmement  forte, 
fournissant  ainsi  une  paraffine,  fusible  vers  50°-o4°.  Après 
avoir  été  fondue  à  la  vapeur,  mélangée  de  45  à  20  % 
d'huile  légère,  on  la  coule  dans  l'eau  froide  en  couches  de 


1013 


PARAFFINE  —  PAKAGRAPHE 


:2  ceiitim.  Les  plaques  qui  en  résultent  sont  comprimées 
à  150-200  atm.;  l'huile  s'écoule  et  on  chauffe  les  pains, 
(le  dix-huil  à  vingt  heures  à  la  vapeur,  puis  ces  pains 
sont  décolorés;  la  paraffine  ainsi  obtenue  fond  à  56*^-60". 
li  existe  plusieurs  variantes  de  ce  procédé,  ayant  pour  ca- 
ractère de  soumettre  le  goudron  et  les  produits  impurs  à 
plusieurs  distillations,  comme  pour  l'ozokérite.  Mais  on  a 
remarqué  que  la  distillation  apporte  des  modifications 
profondes  dans  la  structure  de  la  paraffine,  et  à  cause  de 
cela  M.  Hubner,  à  Rehmsdorf,  emploie  un  procédé  à  froid, 
consistant  à  traiter  le  goudron  lui-même  par  l'acide  sul- 
iïïrique  et  à  distiller  le  produit  lavé,  en  présence  de  la  chaux 
éteinte,  et  à  purifier  ensuite  la  paraffine  par  refroidissement 
et  compression  ;  on  n'a  ainsi  qu'une  seule  distillation. 

Distillation  du  boghead  d'Ecosse.  En  réahté,  cette 
industrie  introduite  en  Ecosse,  en  1847,par  Young,  sefait 
avec  les  carmel-coal,  le  schiste  et  la  tourbe,  car  les  bog- 
heads  y  sont  épuisés.  L'opération  est  exécutée  dans  des 
cornues  semblables  à  celles  des  usines  à  gaz;  les  vapeurs 
passent  dans  un  barillet  et  sont  condensées  dans  des  ser- 
pentins entourés  d'eau  froide.  L'eau  ammoniacale  étant 
séparée,  il  reste  une  huile  brune,  dont  on  enlève  par  dis- 
tillation des  huiles  et  de  la  paraffine  qu'on  purifie  par  des 
traitements  analogues  aux  précédents,  auxquels  vient  se 
joindre  la  réfrigération  artificielle.  Un  appareil  de  distil- 
lation très  perfectionné  consiste  dans  une  chaudière  très 
longue,  formée  de  compartiments  dans  lesquels  l'huile  est 
successivement  dirigée  et  d'où  part  un  tube  d'écoulement 
spécial,  communiquant  avec  un  condensateur  tubulaire, 
maintenu  à  une  température  variable  avec  la  volatilité  de 
l'huile  qu'il  doit  retenir,  le  plus  refroidi  étant  au  premier 
compartiment.  La  condensation  se  fait  suivant  l'ordre  de 
volatihté,  et  il  sort  du  dernier  compartiment  (le  plus 
chauffé)  une  huile  de  paraffine  solide  vers  SO**.  Elle  est  fil- 
trée à  chaud  et  traitée  successivement  à  l'acide  sulfurique, 
à  l'eau  et  à  la  chaux  éteinte.  La  paraffine  est  congelée  dans 
des  caisses  plates  en  tôle,  autour  desquelles  circulent  de 
l'air  et  un  liquide  incongelable  refroidi.  La  matière  soli- 
difiée est  passée  au  filtre-presse  et  raffinée  par  compres- 
sion, mélangée  avec  de  l'huile  légère  minérale,  et  par  un 
traitement  semblable  cà  celui  qu'on  a  vu  plus  haut,  puis 
traitée  par  la  vapeur  d'eau  surchauffée.  On  a  la  paraffine 
après  filtration  sur  le  noir  animal. 

Iraitement  des  huiles  lourdes  de  pétrole.  \l\i  An- 
gleterre, on  les  traite,  après  les  avoir  débarrassées  des 
produits  lampants.  On  lave  ces  résidus  à  l'acide,  à  la  soude, 
et  on  les  soumet  au  refroidissement  naturel,  puis  artifi- 
ciel, dans  des  cuves  entourées  de  liquide  incongelable  et  re- 
froidies à  — 10°  ou  —  15°.  La  purification  en  est  opérée 
comme  plus  haut,  en  utihsant  parfois,  avec  avantage,  l'aspi- 
ration pour  enlever  l'huile  dans  la  paraffine  congelée.  En 
Amérique,  cette  industrie  est  également  très  florissante.  En 
France,  elle  n'a  pas  beaucoup  de  succès,  à  cause  des  droits 
sur  les  huiles  lourdes.  C'est xV.Buchner  qui,  le  premier,  a 
reconnu  la  présence  d'une  substance  solide,  d'aspect  gras 
dans  le  pétrole,  et  ce  n'est  qu'en  1836  qu'on  a  commencé 
à  faire  une  exploitation  industrielle  de  ce  corps,  en  pre- 
nant comme  matière  première  le  pétrole  de  Rangoon  qui  en 
contenait  jusqu'à  10  °/o.  Le  naphte  de  Java  et  celui  de 
Tajakeina(Inde)en  renferment  environ  40  °/o.  H  convient 
de  remarquer  que  la  séparation  de  la  paraffine  des  huiles 
lourdes  est  très  difficile,  et  qu'elle  s'opère  très  différem- 
ment, suivant  leur  viscosité;  dans  une  huile  lourde, 
épaisse,  la  séparation  est  beaucoup  plus  difficile  et  moins 
complète.  Les  paraffines  sont  essayées  par  différents  pro- 
cédés, parmi  lesquels  le  suivant  semble  donner  de  bons 
résultats  pratiques  (MM.  Paulewki  et  Folemonovvrez).  Il 
repose  sur  la  très  faible  solubilité  de  la  paraffine,  dans 
l'acide  acétique  cristallisable  dont  il  faut  1.688  parties, 
pour  dissoudre  1  partie  de  paraffine,  tandis  qu'il  suffit  de 
8  à  'lO  volumes  de  cet  acide,  pour  1  vol.  d'huile  brute 
du  commerce,  1,5  à  16  vol.  de  cet  acide  pour  1  vol.  de 
pétrole  purifié,  et  de  1  à  60  vol.  de  cet  acide  pour  1  vol. 


des  autres  huiles  minérales  légères  ou  lourdes.  On  prend 
alors  10  à  20^^  d'huile  à  essayer  et  on  les  agite  vivement 
dans  un  flacon,  avec  100  à  IW'^-'à'^dà^  acétique  cristal- 
lisable. On  jette  sur  un  tiltre  taré,  on  lave  le  flacon  et  le 
filtre  trois  fois  avec  l'acide  cristallisable,  puis  avec  l'al- 
cool étendu  vers  70°.  On  sèche  et  on  pèse. 

Applications.  —  La  paraffine  est  employée  directement 
à  l'éclairage,  sous  forme  de  bougies,  peu  estimées  dans 
notre  pays,  très  estimées  dans  la  Grande-Bretagne.  En 
France,  la  bougie  stéarique  est  à  peu  près  seule  employée, 
tandis  qu'en  Angleterre  la  bougie  stéarique  est  reléguée 
au  deuxième  plan.  Cette  différence  tieiit  à  plusieurs  causes  : 
s'il  est  certain  (jue  la  bougie  de  paraffine  brûle  avec  une 
flamme  très  brillante,  il  est  difficile  d'arriver  à  ce  que  la 
flamme  ne  soit  pas  un  peu  fufigineuse.  D'autre  part,  elle 
dégage  au  moment  de  l'extinction  une  odeur  plus  forte 
que  la  bougie  stéarique,  et  nous  n'avons  pas  pris  l'habi- 
tude de  faire  éteindre  les  bougies  en  retournant  la  mèche 
dans  le  bain  de  paraffine  fondue,  dès  qu'elles  sont  souf- 
flées. D'autre  part,  nous  demandons  à  la  bougie  d'être, 
avant  tout,  mate  et  blanciie,  tandis  qu'en  Angleterre,  on 
tient  à  ce  qu'elle  soit  brillante  et  transparente.  Mais  la 
principale  raison  tient  à  ce  que,  en  Angleterre,  les  ma- 
tières premières  de  la  paraffine  sont  libres  de  tout  droit, 
tandis  que  l'huile  lourde  de  pétrole  paie  des  droits  élevés 
en  pénétrant  en  France.  D'ailleurs,  depuis  quelques  années, 
les  Anglais  atténuent  les  défauts  de  la  bougie  de  paraffine 
en  mélangeant  celle-ci  à  15  ou  môme  20  °/o  d'acide  stéa- 
rique. Donc,  la  paraffine  constitue,  au  point  de  vue  de 
l'éclairage,  un  corps  très  important.  Mdis  la  fabrication 
des  bougies  n'est  pas,  à  beaucoup  près,  le  seul  emploi  de 
la  paraffine.  D'abord  l'ozokérite,  médiocrement  purifiée, 
sert  à  falsifier  la  cire  d'abeille,  et  son  emploi  est  consi- 
dérable pour  fabriquer  les  cires  à  parquet.  On  s'est  in- 
génié à  trouver  des  mélanges  de  substances  colorées, 
gomme-gutte,  etc.,  et  de  matières  odorantes,  poivre,  etc., 
qui  lui  donnent  l'aspect  do  la  cire  d'abeilles  naturelle. 
Elle  sert  à  enduire  le  bois,  le  liège,  les  métaux,  en 
vue  de  les  protéger  de  l'humidité,  de  l'action  des  acides 
et  d'autres  corps  corrosifs,  à  fabriquer  des  allumettes  de 
prix,  des  vernis  hydrofuges,  à  préparer  la  vasehne  artifi- 
cielle, à  empeser  le  linge,  à  imperméabiliser  des  tissus,  le 
plâtre,  et  surtout  à  préparer  des  enveloppes,  des  car- 
touches de  dynamite  et  des  poudres  de  mine  et  de  guerre. 
—  On  a  indiqué  son  emploi  pour  purifier  les  alcools,  la  pa- 
raffine ne  dissolvant  pas  l'alcool  et  dissolvant  certaines 
impuretés,  telles  que  les  éthers  dont  la  présence  aug- 
mente la  nocivité  des  alcools  du  commerce.  On  s'en  sert 
aussi  dans  les  laboratoires  de  physique  j)our  construire 
des  isolateurs  électriques.  F.  Bouriox. 

BiBL  :  ScHERTiiAUER,  Die  FiihrUu)tLùn  (Ut  Mino.vlœle 
uncl  des  Para f fuis  ;  Brunswick,  1^05. 

PARÂFOUDRE  (Télégr.)  (V.  Télégraphe). 

PAR  AGE  (Ane.  dr.).On  appelait  ^/'ara^^,  dans  l'ancien 
droit,  un  mode  de  tenuredu  fief  en  possession  indivise,  oii 
l'aîné  rendait  seul  foi  et  hommage  au  seigneur,  et  recevait 
lui-môme  l'hommage  des  puînés  pour  la  portion  d'héritage 
qu'il  leur  assignait  (V.  CosEniXEUR).  L'aîné,  ou.  parager, 
s'appelait  aussi  chemier  ;  les  puînés  étaient  les  para- 
geanx.  Par  extension,  on  appela  également  parage  une 
espèce  de  tenure  dans  laquelle  l'un  des  conquéreurs  d'un 
fief  était  chargé  par  les  autres  de  faire  seul  foi  et  hom- 
mage. C'était  le  parage  conventionnel,  par  opposition 
au  précédent,  qui  constituait  le  para'je  légal. 

PARAGLOSSES  (Eiitom.)  (V.  Insectes,  t.  XX,p.  824). 

PARA606E  (Gratnm.).  Allongement  d'un  mot  par  ad- 
dition d'une  ou  plusieurs  lettres  à  la  suite  de  la  dernière  ; 
par  exemple  :  l'addition  du  t  final  aux  adverbes  en  men  : 
étonnamment 

PARAGONITE  (Miner.)  (V.  Mica). 

PARAGRAPHE.  Signe  employé  par  les  anciens  gram- 
mairiens et  exégètes  pour  séparer  dans  les  drames  les 
phrases  prononcées  par  chaque  personnage,  ou  encore  pour 


PARAGRAPHE  -™  PARAGUAY 


—  101 i  — 


signaler  les  interpolations.  Cette  appellation  servit  ensuite 
à  désigner  les  divisions  introduites  dans  les  textes  juri- 
diques et  écrits  de  toute  nature  pour  en  faciliter  la  lec- 
ture en  séparant  d'une  manière  très  visible  les  groupes 
de  phrases  qui  se  réfèrent  à  des  objets  différents. 

PARAGRAPH lE  (Pliysiol.)  (Y.  Aphasie,  §^  Agraphie). 

PARA6UA.  Rivière  du  Venezuela,  prov.  de  Guyane, 
affl.  g.  du  Caroni.  tributaire  de  l'Orénoque,  issue  de  la 
sierra  de  Pacaranna;  elle  a  700  kil.  de  long. 

PARAGUANA.Presqu'Ilede  la  cote  du  Yenezuela,  longue 
de  60  ki].,  large  de  'io  kil.,  reliée  au  continent  par 
risthme  de  Medanos  c|ui  n'a  que  4  à  T)  kil.de  large.  C'est 
un  massif  de  porphyre  dioritique  (jui  s'élève  à  700  m. 
(Corre  de  Santa  Ana). 

PARA6UARI.  Ville  du  Paraguay,  ch.-l.  de  dép.  entre 
Asuncionet  Pirapo  ;  3.000  hab.  Tabac. 

PARAGUASSU.  Fleuve  du  Brésil,  Etat  de  Baliia,  qui 
reçoit  à  Cachoeira  le  Jacuîiype  et  débouche  dans  la  baie 
de  ïous-les-Saints. 

PARA6UATAN  (Bot.)  (Y.  Coàdaminea). 

PARAGUAY  (en  guarani  Para-cua~Juj.  source  de  la 
mer).  Grande  rivière  de  TAmériquc  du  Sud,  affl.  dr.  du 
Parana,  l'un  des  trois  grands  cours  d'eau  qui  forment 
le  rio  de  la  Plata.  Son  bassin  occupe  1.450.000  kil.  q,, 
son  cours  est  de '2.200  kil.  q.  Il  naît  dansl'E.tat  brésilien 
de  Mato  Grosso,  sépare  le  Brésil  de  la  Bolivie,  traverse 
l'Etat  de  Paraguay  et  le  sépare  enfin  de  la  République 
Argentine  jusqu'à  son  confluent  avec  le  Parana.  Son  cours 
est  à  peu  près  exactement  dirigé  du  N.  au  S.  ;  c'est  une 
rivière  de  plaine,  puisque  sasource  n'est  qu'à  809  m.  d'alt. 
et  dès  la  plaine  de  Xarayes.  à  4.000  kil.  de  la  mer,  ses 
eaux  n'ont  plus  que  100  m.  à  descendre  pour  y  arriver. 
Aussi  son  cours  est-il  lent,  son  lit  encombré  d'iles,  assez 
large  (200  à  500  m.)  et  très  profond,  iO  à  50  m. ,  à  42  kil. 
en  aval  du  confluent. 

Le  Paraguay  naît  sur  le  plateau  de  Diamantino,  où  les  sete 
lagoas  (sept  petits  lacs),  dorment  entre  les  palmiers,  par 
J  4°  36'  lat.  S.  et  58"  27'  long.  0.  ;  ses  sources  sont  enchevê- 
trées avec  celles  du  Tapajoz  (Arinos) .  Il  descend  vers  le  S.  -0. 
par  quelques  rapides  jusqu'à  Yilla  Maria,  grossi  du  Seputuba 
(dr. ,  200  kil.  dont  1 50  navigables) ,  utilisé  pour  l'exploitation 
des  bois  et  de  la  salsepareille.  Un  peu  plus  bas,  le  Paraguay  re- 
çoit le  Jauru  (dr .  ) ,  limitrophe  de  la  BoHvie ,  dont  les  sources  se 
confondent  presque  avec  celles  du  Guapore  (Madeira)  et  du 
Juruena,  affluent  du  Tapajoz.  Au  S.  du  confluent  est  la 
borne  du  Jauru,  érigée  en  1754  à  la  limite  des  posses- 
sions espagnoles  et  portugaises.  Le  Paraguay  entre  ici 
dans  la  vaste  plaine  connue  sous  le  nom  de  Marais  de 
Xarayes,  où  viennent  aboutir  les  eaux  de  son  grand  tri- 
butaire de  gauche, la  Sào  Lourenço  (600  kil., grossi  de  la 
rivière  de  Cuyabà).  La  plaine  de  Xarayes  n'est  pas  un  ma- 
rais permanent,  mais  une  plaine  submersible,  tout  à  fait 
plate,  asséchée  dans  la  saison  sèche,  couverte  d'eau  de 
février  en  août,  à  l'époque  de  l'inondation;  en  grande 
crue,  la  nappe  y  atteint  4^^\50;  les  années  humides  elle 
persiste  durant  la  saison  sèche;  mais,  d'ordinaire,  elle  dé- 
couvre de  septembre  à  janvier  et  offre  alors  l'aspect  d'un 
magnifique  tapis  de  gazon,  de  graminées  et  de  plantes 
aquatiques,  sillonné  en  tous  sens  de  canaux  et  d'étangs, 
bordé  de  superbes  forêts.  Les  cours  d'eau,  et  en  particu- 
lier le  Paraguay,  ont  des  rives  très  basses  et  n'existent 
discernables  qu'à  la  saison  sèche.  Les  marais  de  Xarayes 
ont  de  100  à  250  kil.  de  large  sur  plus  de  600  kil. ^ de 
long  (dont  les  150  premiers  appartenant  au  véritable  ma- 
rais de  Xarayes),  entre  le  confluent  du  Jauru  et  le  Ferro 
de  Moros  (verrou  de  montagne)  ou  môme  jusqu'au  con- 
fluent de  l'Apa.  Sur  tout  ce  parcours,  la  rive  droite  ou 
bolivienne  est  bordée  par  le  talus  de  la  Serra  Dourada, 
qui  ne  lui  envoie  d'autre  affluent  que  l'Otuquis;  il  passe  à 
Corumba,  au  fort  de  Coïmbra:  sur  la  rive  brésilienne,  se 
déversent  dans  le  marais  de  Xarayes,  qu'ils  traversent  par 
un  dédale  de  canaux,  le  Taquary  (500  kiL),  le  Mondego, 
grossi  de  TAquidauana  et  du  Capivari,  plus  bas  le  Nabi- 


leque,  le  Branco,  ancience  limite  septentrionale  de  la  ré- 
pubhque  du  Paraguay,  vis-à-vis  du  Brésil  ;  en  face  du  con- 
lluent,  se  dresse  la  forteresse,  aujourd'hui  bolivienne, 
d'Olympo.  Le  Paraguay  reçoit  ensuite  le  Teneyry,  au  S.  du- 
c|uel  la  rivière  fi'anchit  une  sorte  de  défilé,  entre  le  Pâo  de 
Assucar  (507  m.)  à  V\L  et  le  Fecho  de  Morros  à  l'O.;  à 
75  kil.  de  là,  elle  reçoit  de  l'E.  l'Apa,  hmite  actuelle  du 
Paraguay  et  du  Brésil.  Son  cours  appartient  alors  à  la  ré- 
publique qui  a  pris  son  nom  durant  ses  derniers  800  kil. 
Il  y  arrose  la  colline  d'Ytapucumi,  la  Yilla  de  Salvador, 
Conception,  Ilayes  (autrefois  Yilla  occidental),  Rosario, 
Villa  Asuncion,  en  face  du  confluent  du  Pilcomayo.  La 
rive  occidentale  est  la  région  de  savanes  du  Gran  Chaco, 
parsemée  de  palmiers;  la  rive  orientale  est  découpée  en 
vallées  transversales  par  les  serras  ;  do  ce  côté,  le  bassin 
a  200  kil.  de  large  justpi'à  la  hgne  de  partage  des  eaux 
du  Parana,  de  l'autre  plus  de  700  jusqu'aux  Andes.  Les 
grands  affluents  sont  donc,  pour  la  longueur,  ceux  de 
droite,  le  Pilcomayo  et  leBermejo,  longs  d'environ 2. 000  kil. 
chacun,  mais  perdant  une  partie  de  leur  eau  dans  la  tra- 
versée du  Chaco  ;  les  affluents  de  gauche  sont  :  le  Bar- 
riego,  l'Aquidaban,  l' Y  pane  qui  passe  à  Tacuaty  et  Be- 
len,  le  Jejuy.  Au  S.  d'Acuncion,  le  Paraguay  passe  le  long 
des  marais  d'Ypoa,  à  Yilla  Cliva,  reçoit  le  Tepicuary, 
puis  de  l'O.  le  Bermejo,  en  face  de  Villa  del  Pilar,  et  se 
joint  au  Parana  qui  arrive  de  TE.  par  une  triple  embou- 
chure; le  bras  central  est  la  Boca  de  Humaita;  le  con- 
fluent est  surveillé  par  le  fort  dTtapuru,  à  25  kil.  N.  de 
la  cité  argentine  de  Corrientes. 

Le  Paraguay  est  navigable  pour  les  grands  vapeurs  jus- 
qu'à Corumba,  à  1.500  kil.  d'Itapuru;  les  petits  remon- 
tent jusqu'à  Yilla  Maria,  à  1.900  kil.,  et  Cuyabà  sur  son 
aflluent. 

PARAGUAY.  I.  Géographie.  — République  de  l'Amé- 
rique du  Sud  située  à  cheval  sur  la  rivière  de  ce  nom,  au 
centre  du  continent,  entre  le  Brésil  au  N.  et  à  l'E.,  laRé- 
publi<pie  Argentine  au  S.  et  à  l'O.,  la  Bolivie  au  N.-O. 
Comprise  entre  22°  et  27«  22'  lat.  S.,  56^52'  et  G3«  40' 
long.  0.,  elle  est  séparée  :  du  Brésil,  par  le  rio  Apa,  une 
hgne  conventionnelle  tracée  sur  la  serra  Estrella  et  le  pla- 
teau d'Am ambaya,  jusqu'au  Parana,  qui  forme  ensuite  la 
frontière  jusqu'au  territoire  argentin  ;  de  la  République 
Argentine,  par  le  Parana,  le  Paraguay  et  le  Pilcomayo  ;  de 
la  Bolivie,  par  une  ligne  provisoire  suivant  le  22°  lat.  N. 
—  La  superficie  du  Paraguay  est  évaluée  à  253.100  kil.  q., 
sa  population  à  environ'SOO.OOO  âmes  (en  1898). 

Géographie  physique.  —  Le  Paraguay  comprend  deux 
régions  distinctes,  le  Paraguay  proprement  dit,  entre  le 
Parana  et  le  rio  Paraguay, %t  le  Gran  Chaco  à  l'O.  de  ce 
dernier.  Dans  la  première,  la  seule  qui  soit  bien  connue, 
entre  les  deux  grandes  vallées  s'étendent  des  hauteurs  qui 
atteignent  000  m.  dans  la  cordillerade  los  Montes,  ligne 
de  faîte  boisée,  d'où  descendent  les  rivières  séparées  par 
des  collines  et  plateaux  qui  s'abaissent  vers  la  plaine.  La 
partie  la  plus  élevée  est  celle  du  N.-E.  :  plateau  d'Amara- 
l)ay,  au  S.  de  la  serra  brésilienne  de  Maracaju  ;  elle  est 
couverte  de  bois  où  l'on  recueille  le  maté  ;  la  région  du 
N.-O.  est  la  plaine  paraguayenne  accidentée  de  petites 
collines  ou  lomas,  dont  la  principale  est,  entre  les  rios  Apa 
et  Barriego,  la  serra  de  las  Siete  Puntas  ;  de  même,  celle 
du  S.-O.  où  Yilla  Rica  n'est  qu'à  175  m.  d'alt.  —  Au 
point  de  vue  géologique,  les  plaines  du  Parana  et  du  Pa- 
raguay sont  formées  d'alluvions  quaternaires  et  de  sédi- 
ments tertiaires  ;  les  hautes  terres  intermédiaires  le  sont 
de  grès  ou  s'intercalent  en  forme  tabulaire  des  mélaphyres 
que  l'on  date  de  répo(fue  crétacée  ou  même  triasique;  au 
N.  apparaissent  les  sédiments  carbonifères  et  dévoniens, 
et,  sur  quelques  points,  sous  ceux-ci,  les  roches  cristal- 
lines. Le  minerai  de  fer  brun,  rouge  ou  magnétique  se  trouve 
en  particuher  dans  les  grès  ;  on  exploite  aussi  le  cuivre. 
Sur  le  Gran  Chaco,  Y.  (Îhaco.  Sur  l'hydrographie,  Y.  les 
art.  consacrés  aux  rivières  Paraguay  et  Parafa. 

Le  climat  du  Paraguay  est  relativement  tempéré,  carac- 


—  4015 


PARAGUAY 


térisé  par  l'alternance  rapide  des  vents  du  N.  et  du  S., 
les  premiers  humides  et  chauds,  les  seconds  secs  et  frais; 
les  variations  de  température  sont  brusques,  surtout  en 
été.  La  moyenne  à  Asuncion  est  de  -|-  30,9  en  janvier, 
-I-  IT*^  7^  en  juin.  Il  tombe  plus  de  1  m.  d'eau  par  an, 
la  majeure  partie  dans  la  saison  chaude  ;  la  moyenne  des 
beaux  jours  est  de  440  à  Asuncion,  celle  des  jours  de 
pluie  de  85,  des  jours  d'orage  de  46. 
Flore  et  Faune  (V.  Amérique  du  Sud). 
Géographie  politique.  —  La  population  du  Paraguay 
était  en  1887  évaluée  à  330.000  ômes  dont  47.000  étran- 
gers (800  Français)  ;  il  y  faut  ajouter  60.000  Indiens 
demi-civilisés  et  70.000  sauvages.  Cette  population  était, 
sur  un  territoire,  il  est  vrai,  plus  étendu,  évaluée  par  Lopez 
à  1.337.441  hab.  au  recensement  de  1857  ;  mais  on  le 
soupçonne  d'avoir  majoré  les  chiffres,  la  population  civi- 
lisée n'eût  pas  alors  dépassé  700.000  âmes,  car  il  ne  put 
mettre  en  ligne  que  70.000  combattants  par  la  levée  en 
masse.  Après  la  guerre  de  1864-70.  on  prétend  que  la 
population  était  tombée  à  115.000  âmes;  toutefois  l'éva- 
luation de  4873,  qui  parait  exacte,  est  de  224.079;  sur 
ce  total,  on  ne  comptait  que  28.746  hab.  du  sexe  mas- 
culin âgés  de  plus  de  quinze  ans  ;  tous  les  autres  avaient 
péri  dans  la  lutte.  L'élément  dominant  est  celui  des  métis, 
qui  se  rapprochent  du  type  européen  ;  ils  sont  de  belle 
constitution,  hospitaliers,  nobles,  d'humeur  vive  et  légère, 
très  braves  et  patriotes.  Les  Indiens  civilisés  sont  en  ma- 
jorité des  Guaranis  ;  citons  aussi  :  les  Payaguas,  plus  grands 
de  taille  et  dejneurés  fidèles  à  leur  rehgion  propre  ;  les 
Guyanas  peu  soumis  des  rives  du  Parana,  et,  au  N.  du 
Paraguay,  les  beaux  sauvages  Mbayas  et  Guanas  venus 
du  Chaco;  dans  ces  steppes  occidentaux  errent  et  vivent 
de  chasse,  d'élevage,  de  brigandage,  les  Indiens  sauvages 
des  tribus  Toba,  Lengua,  Enimanga,  Guaycuru.  L'immi- 
gration européenne  et  australienne,  qu'on  a  tenté  de  sti- 
muler, varie  de  500  à  1.500  têtes  par  an.  —  La  langue 
officielle  est  l'espagnol,  mais  on  parle  beaucoup  plus  le 
guarani,  qui  est  usuel,  même  dans  les  villes.  La  religion 
catholique  est  officielle  ;  les  autres  sont  tolérées, 

La  constitution  du  Paraguay  date  du  24  nov.  1870.  Le 
président  de  la  République,  élu  pour  quatre  ans  par  une 
assemblée  électorale  spéciale,  exerce  le  pouvoir  exécutif 
avec  le  concours  de  cinq  ministres,  secrétaires  d'Etat. 
Quant  au  pouvoir  législatif,  il  réside  dans  une  Chambre 
des  députés  et  un  Sénat,  élus  par  le  vote  direct  de  la 
population.  Le  code  de  commerce  argentin  a  été  introduit 
au  Paraguay  en  1870. 

Le  budget  était  en  1894  d'environ  3.500.000  fr.  aux 
recettes  dont  2.930.000  fournis  par  les  douanes,  et  de 
3.850.000  fr.  aux  dépenses.  La  situation  financière  se 
ressent  encore  de  la  guerre  de  1864-70  ;  la  dette  exté- 
rieure s'élevait  au  1^^'  janv.  1894  à  27.850.623  pesos 
(valant  0  fr.  77),  soit  à  environ  21.440.000  fr.  dont 
environ  7.600.000  dus  au  Brésil  et  9.540.000  fr.  à  la 
République  Argentine  ;  le  reste,  en  bons  ;  on  n'en  sert  pas 
l'intérêt.  —  L'armée  permanente  compte  4.314  fantas- 
sins, 347  cavaliers,  20  canons.  Le  service  est  universel 
et  obligatoire  dans  la  garde  nationale  en  cas  de  guerre. 
Le  Paraguay  possède  deux  petits  vapeurs  de  guerre.  —  La 
capitale  est  Asuncion  ;  la  répubHque,  divisée  en  70  dépar- 
tements. —  Les  armes  sont  un  bouclier  bleu  ovale  avec  à 
droite  une  palme,  à  gauche  une  branche  de  laurier,  au- 
dessus  une  étoile  d'or  ;  dans  le  champ  du  bouclier  un  lion 
assis  devant  un  pal  surmonté  du  bonnet  phrygien  ;  la 
devise  Paz  y  Justicia  y  est  inscrite.  Le  drapeau  est  rouge, 
blanc,  bleu,  avec  les  armes  au  centre. 

Les  poids  et  mesures  sont  ceux  de  l'ancienne  Castille  : 
vara,  de  0™, 83856  ;  sino,  de57"^'î,8;  légua  quadrada,  de 
3.470  hect.  ;  barril,  de  96i\928,  divisé  en  32  frascos  de 
4  cuartos  ;  quintal,  de  46'^s,008,  divisé  en  4  arrobas  de 
25  livres  chacune.  Commemonnaie,  le  peso  divisé  nominale- 
ment en  8  reaies  de  10  decimos  ou  de  100  centavos  ;  c'est 
du  papier-monnaie  inconvertible  ;  sa  valeur  en  1894  était   ' 


d'environ  0  fr.  77.  On  admet  que  le  peso  or  de  5  [fr. 
vaut  environ  6  pesos  papier.  La  monnaie  de  cuivre  est  le 
1/24  de  real  du  poids  de  5  gr.  Outre  le  papier-monnaie 
des  billets  de  banque,  il  circule  des  bons  hypothécaires. 
Pour  tout  paiement  de  plus  d'un  demi-peso,  l'Etat  exige 
le  tiers  en  monnaie  métallique. 

Géographie  économique.  —  Le  Paraguay  est  un  pays 
de  forêts  et  de  savanes;  l'agriculture  y  est  médiocrement 
développée.  En  1870,  on  évaluait  la  superficie  adminis- 
trée à  193.000  kil.  q.  dont  70.000  de  bois  et  montagnes, 
43.000  occupés  par  le  yerba  maté  et  110.000  par  les 
terres  arables.  Sur  ce  total,  environ  40.000  kil.q.  étaient 
propriété  privée.  Avant  la  guerre,  220.000  hect.  étaient 
effectivement  cultivés  ;  en  1891,  on  n'en  comptait  que 
91.000.  On  tire  des  forêts  des  bois  très  durs  et  d'excel- 
lente qualité,  des  produits  tinctoriaux,  des  gommes  et  ré- 
sines, du  tanin  (extrait  du  quebracho).  La  grande  res- 
source est  le  maté  (Y.  ce  mot)  ou  thé  du  Paraguay,  fourni 
par  un  houx  sylvestre  et  consommé  en  guise  de  thé  par 
plus  de  20  minions  d'Américains  du  Sud;  on  en  récolte 
par  an  12.000  tonnes  valant  de  3  à  3  millions  1/2  de  fr., 
dont  5.000  tonnes  sont  exportées.  —  L'alimentation  est 
fournie  surtout  par  le  manioc  ou  yuca  et  par  le  maïs  ;  on  cul- 
tive aussi  le  riz,  le  tabac,  la  patate,  les  cucurbitacées,  les 
melons  d'eau,  la  canne  à  sucre,  la  vigne  et  les  arbres  frui- 
tiers, orangers,  citronniers,  bananiers,  ananas,  figuiers.  On 
exporte  ces  fruits,  surtout  les  oranges,  quelques  légumes, 
du  colon  et  du  tabac.  — La  culture  du  tabac  est  importante. 
L'élevage  se  développe;  dès  1890,  on  comptait  93.000  che- 
vaux, 4.600  mulets  et  ânes,  862,000  bœufs,  63.000  mou- 
tons, 15.000  chèvres,  11.000  porcs.  —  L'industrie  est 
très  faible  ;  le  Paraguay  n'a  ni  houille,  ni  sel  ;  il  n'ex- 
ploite pas  ses  gisements  de  fer,  de  cuivre  et  d'or.  On  fait 
des  cotonnades  pour  l'usage  domestique,  ponchos,  man- 
teaux, couvertures,  de  la  sellerie,  du  vin,  des  liqueurs,  de 
la  cire,  des  bougies,  du  savon,  des  allumettes,  des  cigares, 
du  sucre,  des  meubles  en  vue  de  la  consommation  locale. 
—  Le  commerce,  paralysé  par  le  manque  déroutes,  se  fait 
surtout  par  la  voie  du  JParaguay.  En  4894,  on  importait 
pour  2.200.000  pesos  d'or,  soit  44  millions  de  fr.  de  farine, 
huile  d'olive,  péirole,  sel,  sucre,  spiritueux,  tissus,  objets 
métallurgiques,  et  on  exportait  pour  1.800.000  pesos  or, 
soit  9  millions  de  fr.  de  maté,  de  tabac,  de  bois,  d'oranges, 
de  peaux,  etc.  Le  mouvement  des  entrées  du  port  d'Asun- 
cion  dépasse  à  peine  100,000  tonnes.  Un  chemin  de  fer 
de  252  kil,  mène  d'Asuncion  à  Pirapo;  il  transportait  en 
1894  51,000  tonnes  et  390.000  voyageurs.  Les  70  bu- 
reaux de  poste  ont  transmis  1,344.000  messages.  Une 
ligne  télégraphique  suit  la  voie  ferrée,  une  autre  va  au 
Paso  de  la  Pâtira  se  raccorder  avec  le  réseau  argentin  de 
la  prov.  de  Corrientes;  c'est  par  elle  que  depuis  1884  le 
Paraguay  communique  avec  le  reste  du  monde.  Il  fut 
transmis,  en  1894,  39.323  dépêches,  A. -M.  B. 

II.  Histoire.  —  Vicente  Yanez  Pinzon  et  JuanDiazde 
Solis,  partis  d'Espagne  le  29  juin  1508,  découvrirent  l'em- 
bouchure du  rio  de  la  Plata,  la  prirent  pour  un  golfe, 
mais  observèrent  que  ses  eaux  étaient  douces  et  l'appelè- 
rent mar  dulce.  En  1515,  Solis  revint  seul,  trouva  l'em- 
bouchure du  fleuve  auquel  il  donna  son  nom,  mais  en 
août  1516,  il  fut  massacré  parles  Indiens  Charmas,  et  ses 
compagnons  levèrent  l'ancre.  Sébastien  Cabot,  parti  d'Es- 
pagne en  1525,  remonta  le  premier  le  Parana,  fonda  au 
confluent  du  rio  Carcarana  le  fort  San  Espiritu  ou  Tour 
de  Cabot,  remonta  ensuite  le  rio  Paraguay,  puis  le  rio 
Bermejo.  C'est  lui  qui  donna  au  rio  de  Solis  son  nom 
définitif  de  rio  de  la  Plata  (rivière  de  l'Argent),  dans  l'idée 
que  le  fleuve  menait  aux  riches  contrées  du  Pérou.  Ca])ot 
redescendait  le  fleuve  lorsqu'il  rencontra  Diego  Garcia,  de 
Moguer,  investi  par  Charles-Quint  de  la  capitainerie  du 
rio  de  Solis.  Un  accord  se  fit  entre  les  deux  explorateurs. 
Des  secours  furent  demandés  à  l'empereur.  Après  cinq  ans 
de  vaine  attente,  Cabot  retourna  en  Espagne.  Il  laissa  au 
fort  San  Espiritu  170  hommes  avec  Nuno  de  Lara,  mais 


PARAGUAY 


1016 


ce  poste  dut  être  évacué  par  la  suite.  La  première  expé- 
dition sérieuse  fut  celle  de  YadelantadoVadvo  deMcndoza. 
Il  emmena  2.650  hommes  et  72  chevaux.  Le  2  févr.  lo3o, 
il  fonda  Buenos  Aires,  puis  son  lieutenant  Ayolas,  remon- 
tant le  Parana,  établit  sur  ses  bords  le  fort  Corpus  Christi. 
Mendoza,  malade  et  découragé,  s'en  retourna  bientôt  en 
laissant  le  commandement  à  Ayolas.  Celui-ci  continua  à 
remonter  le  rio  Paraguay,  remporta  une  victoire  signalée 
sur  les  Indiens  le  io  août  looô,  jour  de  l'Assomption.  A 
peu  de  distance,  il  fonda  un  fort,  origine  de  la  future 
capitale  du  Paraguay,  et  lui  donna,  en  commémoration  de 
son  succès,  le  nom  d'Asuncion.  Ayolas  continua  son  explo- 
ration du  fleuve  jusqu'à  Puerto  Candelaria  (2  févr.  1537). 
Il  laissa  là  Domingo  Martinez  de  Irala  et  partit,  à  travers 
le  Grand  Chaco,  pour  essayer  d'atteindre  le  Pérou.  Il  n'y 
réussit  pas,  et  au  retour  fut  massacré  par  les  Indiens 
Payaguas  et  M' Bayas. 

irala  fut  élu  chef  de  la  petite  colonie  d'Asuncion,  qui 
se  grossit  de  quelques  renforts  venus  d'Espagne  et  des 
garnisons  qui  évacuèrent  Corpus  Christi  et  Buenos  Aires. 
La  ville  fut  tracée,  des  terres  distribuées  aux  occupants, 
enfin  des  unions  entre  Espagnols  et  Indiennes  assurèrent 
le  peuplement  et  préparèrent  l'assimilation  des  races.  Le 
dl  mars  1542  arriva  à  Asuncion  Alvar  Nunez  Cabeza  de 
Vaca,  investi  des  pouvoirs  d'adelantado.  îl  avait  débarqué 
sur  la  côte  avec  une  partie  de  ses  hommes,  en  face  de  l'Ile 
Santa  Catalina,  et  fait  plus  de  400  lieues  en  pays  inconnu. 
Il  conserva  Irala  pour  lieutenant,  l'envoya  à  la  découverte 
pour  essayer  de  gagner  le  Pérou  par  le  Grand  Chaco,  et,  après 
l'échec  d'Irala,  renouvela  lui-même,  et  sansy  mieux  réussir, 
cette  tentative.  Son  insuccès,  ses  sévérités,  amenèrent  une 
révolte.  Fait  prisonnier,  Cabeza  de  Yaca  fut  onze  mois 
après  renvoyé  en  Espagne.  Irala,  choisi  pour  chef,  réus- 
sit enfin,  à  la  tète  de  350  Espagnols  et  de  2.000  Indiens, 
à  atteindre  les  frontières  du  Pérou.  De  1549  à  1555,  Irala 
eut  à  lutter  contre  toutes  sortes  de  compétitions;  des  dis- 
cordes sanglantes  déchirèrent  la  colonie.  Lui-même,  à  son 
retour  du  Grand  Chaco,  avait  été  un  moment  destitué. 
Enfin,  en  1555,  le  premier  évêque  du  Paraguay,  un  fran- 
ciscain, D.  Juan  de  Barrios  y  Toledo,  arriva  à  Asuncion 
et  lui  apporta  le  titre  d'adelantado.  Irala  put  encore  tra- 
vailler deux  ans  à  l'organisation  du  Paraguay.  Quand  il 
mourut,  à  Ita,  en  1557,  les  conquistadores  avaient  reçu 
chacun  leur  part.  Les  territoires  et  la  population  indigène 
avaient  été  répartis  pour  eux  en  encomiendas  de  deux 
sortes  :  les  encomiendas  de  Yanaconas,  concessions 
exploitées  par  des  Indiens  réduits  en  sei^itudepar  la  force, 
et  les  encomiendas  de  Mitayos,  territoires  sur  lesquels 
les  Indiens,  soumis  pacifiquement,  ne  devaient  le  service  à 
Vencomendero  que  de  dix-huit  à  cinquante  ans,leshommes 
seulement,  pendant  deux  mois  chaque  année.  Théorique- 
ment, ces  encomiendas  n'étaient  données  que  pour  deux 
générations.  Après  quoi,  les  Indiens  redeviendraient  Hbres. 

Sous  les  successeurs  d'Irala,  les  discordes  recommen- 
cent. Ortiz  de  Yergara  eut  à  lutter  non  seulement  contre 
des  révoltes  des  Guaranis  et  des  Indiens  Guayras  en 
1560-61,  mais  contre  Nuflo  de  Chaves,  qui  avait  fondé, 
en  1560,  sur  le  territoire  des  Chiquitos,  Santa  Cruz  de 
la  Sierra.  Saisi  par  Chaves,  puis  délivré  sur  l'ordre  de  l'au- 
dience de  Charcas,  il  fut  destitué  par  celle-ci  en  1565. 
Tandis  que  son  remplaçant,  Juan  Ortiz  de  Zarate,  allait 
chercher  l'investiture  en  Espagne,  son  heutenant,  Felipe 
de  Caceres,  entrait  en  lutte  avec  1" évêque,  était  pris  par 
des  conjurés  en  1572,  et  expédié  en  Europe.  Zarate,  à 
son  tour,  rencontra  les  mêmes  résistances  et  mourut  en 
1575,  emprisonné  par  les  ennemis  de  Caceres,  devenus 
les  siens.  Son  gendre  et  successeur,  Juan  de  Torres  de 
Y'eray  Aragon,  jalousé  par  le  vice-roi  du  Pérou  et  retenu 
par  lui  en  prison  pendant  plusieurs  années,  gouverna 
d'abord  par  ses  lieutenants,  Juan  de  Garay  et  Alonso  de 
Yera  y  Aragon.  Le  premier  fit  fonder,  par  Ruy  Diaz  de 
Melgarejo,  Yilla  Rica  del  Espiritu  Santo,  releva  Buenos 
Aires  en  1580,  et  fut  tué  par  les  Minuanes  en  revenant 


à  Asuncion.  Alonso  de  Yera,  (fui  le  remplaça,  fonda  en 
1585,  sur  le  rio  Bermejo,  la  ville  de  Concepcion  (détruite 
en  1631  par  les  Indiens).  Pendant  son  absence,  un  sou- 
lèvement eut  lieu  à  Asuncion  contre  Tévèque  Juan  Alonso 
de  Guerra,  que  les  colons  embarquèrent  de  force  pour 
l'Europe.  Ce  ne  fut  qu'en  1587  que  Juan  de  Torres  de 
Yera  y  Aragon  put  prendre  possession  de  son  gouverne- 
ment d'adelantado.  En  1588,  son  neveu,  Alonso  de  Yera 
el  Tupi,  fonda,  au  confluent  du  Paraguay  et  du  Parana. 
San  Juan  de  Yera,  appelé  plus  tard  Corrientes.  Juan  de 
Torres  se  démit  de  son  commandement  en  1591.ïlernando 
Arias  deSaavedra  lui  succéda.  Ce  fut,  après  Irala,  un  des 
gouverneurs  qui  eurent  le  plus  d'action  sur  les  destinées 
du  Paraguay.  11  conduisit  une  expédition  jusque  dans  les 
Pampas,  y  subit  un  échec  qu'il  ne  tarda  pas  à  venger  et 
tourna  ensuite  ses  armes  contre  les  Indiens  du  Grand 
Chaco  qu'il  défit.  Il  réussit  moins  complètement  à  répri- 
mer un  soulèvement  des  indigènes  du  Guayra.  Il  eut  alors 
l'idée  de  renoncer  à  la  force  et  de  confier  à  des  mission- 
naires le  soin  de  conquérir  pacifiquement  les  Indiens.  Ce 
fut  le  principe  des  missions.  Les  franciscains  et  les  Pères 
de  la  Merci  avaient  déjà  fait  des  tentatives  d'évangélisa- 
tion;  parmi  les  premiers,  le  bienheureux  Francisco  Solano, 
qui  vint  à  Asuncion  en  1589,  avait  opéré  parmi  les  Indiens 
un  grand  nombre  de  conversions.  Ce  fut  aux  jésuites  que 
Philippe  III  assigna  en  1608  la  tâche  indiquée  par  Arias 
de  Saavedra.  En  1610,  les  RR.  PP.  Maceta  et  Cataldino 
fondèrent  les  premiers  des  étabhssements  appelés  réduc- 
tions :  Nuesira  Senora  de  Loretto  et  San  Ignacio  Mini,  à 
l'E.,  chez  les  Guayra-Guaranis.  Les  RR.  PP.  Lorenzana 
et  François  de  Saint-xMartin  entreprirent  d'évangéhser  les 
tribus  hostiles  des  Guaranis,  au  S.,  entre  Asuncion  et  le 
Parana.  En  1610,  ils  bâtirent  la  réduction  de  San  Igna- 
cio Guazu.  Leur  œuvre  prospéra  rapidement,  s'étendit  au 
bas  Parana  et  au  rio  Paraguay,  sur  le  territoire  de  Cor- 
rientes. En  1620,  le  R.  P.  Gonzalez  de  Santa  Cruz  péné- 
trait parmi  les  Indiens  de  l'Uruguay.  Une  tentative  chez 
les  Guaycourous,  en  1610-11 ,  eut  un  succès  moindre.  Pen- 
dant ce  temps  les  discordes  civiles  renaissaient  à  Asun- 
cion, sous  le  successeur  d'Arias  de  Saavedra,  D.  Manuel 
de  Frias.  Un  des  gouverneurs  suivants,  D.  Luis  de  (>'^s- 
pedes  Xerày,  suspect  de  complaisance  à  l'égard  des  Por- 
tugais de  Sào  Paulo,  au  moins  inhabile  à  leur  résister, 
lafssa  les  chasseurs  d'esclaves,  les  Mamelucos,  pénétrer 
dans  les  provinces  limitrophes  de  Guayra,  Villa  Rica  et 
Ciudad  Real.  Les  premières  incursions  eurent  heu  en 
1628.  Trois  ans  plus  tard,  les  jésuites  durent  abandonner 
leurs  réductions  de  Loretto  et  autres  dans  cette  région  ; 
12.000  Indiens  les  acxtompagnèrent  et  se  fixèrent  avec  eux 
sur  les  territoires  de  l'Uruguay  et  du  Parana,  qui  ont  été 
désignés  depuis  sous  le  nom  de  Misiones.  A  la  suite  de 
ces  faits,  Céspedes  fut  destitué,  les  jésuites  obtinrent  du  roi 
catholique  un  décret  les  rendant  indépendants  du  pouvoir 
civil  du  Paraguay,  et  leur  donnant  le  droit  d'armer  leurs 
Indiens,  ce  qui  leur  permit  d'écarter  les  chasseurs  d'es- 
claves. L'influence  de  l'Ordre  ne  s'exerça  pas  sans  rencon- 
trer des  résistances  violentes.  Un  de  leurs  partisans,  le 
gouverneur  D.  Gregorio  de  Hinostrosa,  entra  en  conflit 
avec  l'évêque  du  Paraguay,  un  franciscain,  D.  Bernardino 
de  Cardenas,  et  l'exila  deux  fois  (1644  et  1646).  En 
1648,  l'évêque  se  fit  nommer  gouverneur  par  le  peuple, 
et  prit  sa  revanche  :  le  collège  des  jésuites,  à  Asuncion, 
fut  pillé.  Révoqué,  l'évêque  suscita  une  émeute  qui  fut 
vaincue.  Lui-même  fut  saisi,  exilé,  et  ne  reprit  posses- 
sion de  son  siège  qu'en  1662.  On  voit  alors  se  succéder 
une  série  de  gouverneurs,  les  uns  impuissants  à  maintenir 
les  Indiens,  les  autres  d'une  violence  excessive  à  leur 
égard.  Un  seul  eut  une  administration  ferme  et  bienfai- 
sante, Juan  Diaz  de  Andino  (1663-71  et  1681-84).  Les 
cruautés  de  l'un  d'eux,  Diego  de  los  Reyes  Balmaceda, 
motivèrent  l'envoi  d'un  juge  enquêteur,  José  de  Antequera, 
qui  s'installa  à  sa  place,  s'empara  de  Balmaceda,  quoique 
acquitté  par  le  vice-roi  du  Pérou,  et  se  maintint  par  la  force. 


1047 


PARAGUAY 


Il  fallut  rintervention  armée  du  gouverneur  de  Buenos 
Aires,  D.  Mauricio  de  Zavala,  pour  le  réduire  (1725). 
Antequera  fut  exécuté  à  Asuncion  le  o  juil.  I7bl.  Les 
jésuites,  qu'il  en  avait  chassés  en  1728,  y  rentrèrent  en 
1730.  Mais  bientôt  éclatait  la  révolte  dite  des  Comune- 
ros.  Une  discorde  affreuse  déchirait  le  pays,  les  Indiens  se 
soulevaient.  Le  49  févr.  4732,  les  jésuites  furent  de  nou- 
veau expulsés  d' Asuncion.  Le  gouverneur,  Manuel-Agus- 
tin  de  I^uiloha,  installé  en  4733,  gnlce  à  des  mesures 
énergiques,  était  aussitôt  tué  par  les  rebelles  qui  se  don- 
naient pour  chef  l'évéque  de  Buenos  Aires,  Juan  deArre- 
gui.  Ce  fut  encore  le  gouverneur  de  Buenos  Aires.  Zavala. 
qui  rétablit  l'ordre,  après  avoir  enlevé  au  Paraguay  son 
ancien  droit  d'éhre  son  gouverneur  (4733).  Une  ère  de 
tranquillité  suivit.  Elle  ne  fut  troublée  que  par  l'expulsion 
des  jésuites,  en  4767.  L'ordre  en  arriva  d'Espagne  à  Bue- 
nos Aires  le  7  juin  et  Bucareli  fut  chargé  d'en  assurer 
l'exécution.  En  un  siècle  et  demi  les  missions  s'étaient 
multipliées  jusque  parmi  les  Indiens  Chiquitos.  Dans  le 
Paraguay  seul  et  sur  le  territoire  des  Misiones  on  en 
comptait  au  moins  une  ([uarantaine,  chacune  administrée 
au  temporel  par  le  cura,  et  au  spirituel  parle  vice-cura 
ou  conipahero.  L'Ordre  se  soumit  sans  résistance.  433  jé- 
suites furent  expulsés  de  la  Plat  a,  du  Tucuman  et  du 
Paraguay.  Leurs  établissements  furent  ruinés,  et  les  Indiens 
rendus  à  eux-mêmes,  mais,  peu  capables  de  se  conduire, 
perdirent  en  civilisation  ce  qu'ils  regagnaient  en  indépen- 
dance. La  province  retomba  dans  sa  tranquillité  jusqu'en 
4840.  A  cette  époque,  Buenos  Aires  se  sépara  de  la  mère 
patrie.  Le  Paraguay,  isolé,  resta  indifférent  au  mouvemepit 
révolutionnaire  et  même  y  résista  lorsque  la  junte  de  Buenos 
Aires  envoya  Belgrano  pour  l'y  entraîner  par  la  force.  Bel- 
grano  fut  d'abord  victorieux  àParaguary  (I9janv.4844), 
fut  ensuite  battu  et  dut  capituler  (42  mars).  Mais,  à  son 
contact,  les  idées  de  liberté  s'éveillèrent  parmi  les  officiers 
paraguayens.  Dans  la  nuit  du  44  au  43  mai,  ([uelques-uns 
d'entre  eux  tirent  un  pronunciamiento.  Une  junte  fut  élue, 
composée  du  gouverneur  espagnol  Bernardo  de  Velasco, 
de  Juan  Zevallos  et  du  D^'  José-Gaspar  Rodriguez  de  Eran- 
cia.  Au  début,  cette  junte  reconnut  encore  l'autorité  de 
h'erdinand  VII,  mais  Velasco  ne  tarda  pas  à  en  être  éU- 
miné;  il  fut  jeté  en  prison,  oi^i  il  mourut  quehfues  années 
après,  et  l'indépendance  fut  proclamée.  Un  congrès  institua 
alors  une  junte  de  gouvernement  composée  duD'"  Erancia, 
de  Pedro-Juan  Caballero,  de  Erancisco  Bogarin,  de  Fer- 
nando de  la  Mora  et  de  Eulgencio  Yegros.  Le  29  sept. 
1841,  une  tentative  de  contre-révolution  en  faveur  de 
Velasco  échoua.  En  même  temps,  la  junte  négociait  avec 
le  gouvernement  de  Buenos  Aires.  Depuis  4776,  le  Pa- 
raguay dépendait  du  vice-roi  de  la  Plata.  Après  la  révo- 
lution, il  n'entendit  plus  être  inféodé  au  gouvernement 
argentin  et  en  obtint  une  reconnaissance  d'indépendance 
le  42  oct.  4844 .  En  dépit  de  cet  acte,  une  hostilité  sourde 
divisa  longtemps  les  deux  nouveaux  l'itats,  et  le  Paraguay 
s'isola  de  plus  en  plus.  Un  second  congrès  (4^^' oct. 4843) 
l'emplaça  la  junte  de  gouvernement  par  deux  consuls  an- 
nuels ;  le  D^'  Erancia  et  Yegros  furent  nommés.  Réuni  de 
nouveau  le  3  mai  4844,  le  congrès,  inspiré  par  Erancia, 
décida  de  remplacer  les  cojisuls  par  un  dictateur  unique 
élu  pour  trois  ans.  Moitié  par  persuasion,  moitié  i)ar  inti- 
midation, Erancia  emporta  le  vote  en  sa  faveur.  Il  entre- 
prit alors  d'organiser  l'armée  etl'achninistration,  s'ai*rogea 
le  droit  de  choisir  les  alcaldes  et  les  municipalités,  et  ainsi 
appuyé  par  ses  créatures,  se  fit  décerner,  en  mai  4847. 
la  diclature  à  vie.  Il  adopta  alors  un  système  de  gouver- 
nement absolu,  réprimant  par  la  terreur  toute  tentative 
d'opposition.  La  découverte  d'une  conspiration  de  Yegros 
fut  suivie  d'une  quarantaine  d'exécutions  (4820-22).  Il 
mit  la  même  rigueur  à  préserver  le  Paraguay  du  contact 
de  ses  voisins,  et  à  cette  époque  de  luttes  sanglantes  dans 
les  pays  de  la  Plata,  cette  politique  eut  l'avantage  d'as- 
surer la  paix  au  Paraguay.  A  l'intérieur,  Erancia  admi- 
nistra l'Etat  comme  sa  chose,  mais  en  propriétaire  actif 


et  soucieux  des  moindres  détails.  L'agriculture  et  l'éle- 
vage se  développèrent  considérablement  ;  grâce  à  la  sécu- 
rité, la  population  augmenta,  mais  le  dictateur  la  laissa 
systématiquement  sans  instruction.  Peu  respectueux  du 
clergé,  Erancia  persécuta  l'évéque  et  sécularisa  les  moines. 
Il  niourut  le  20  sept.  4840.  L'alcalde  Ortiz,  Vrroyo,  (k- 
nete,  Maldonado,  Pereyra  et  le  secrétaire  de  Erancia, 
Pohcarpo  Patines,  formèrent  aussitôt  une  junte  provisoire. 
Patines  voulut  prendre  la  dictature,  fut  jeté  en  prison  et 
se  tua.  Le  23  janv.  4844,  à  la  suite  du  pronunciamiento 
des  sergents  Duré  et  Ocampos,  une  junte  nouvelle  était 
installée,  composée  de  l'alguazil  mayor  Médina,  de  Be- 
nitez  et  d'Ocampos.  Le  7  févr.,  le  commandant  Mariano- 
Roque  Alonzo  chassait  cette  junte,  prenait  le  titre  de 
commandant  général  et  s'adjoignait  comme  secrétaire  un 
I  neveu  de  Prancia,  D.  Carlos-Antonio  Lopez.  Ce  dernier, 
très  habile,  se  fit  nommer  consul  pour  trois  ans,  ainsi 
qu  Alonzo,  par  le  congrès  réuni  le  12  mars  1841,  puis,  au 
congrès  du  43  mars  4844,  il  lit  adopter  une  constitution 
instituant  un  président  de  la  république  élu  pour  dix  ans. 
l\  n'eut  pas  de  peine  à  se  faire  attribuer  la  présidence.  En 
mars  4834,  un  autre  congrès  lui  renouvela  ses  pouvoirs, 
mais,  à  sa  demande  expresse,  pour  trois  ans  seulement. 
En  4857,  il  fit  mine  de  vouloir  se  retirer,  quoique  réélu 
à  l'unanimité.  Le  congrès  choisit  alors  son  iils,  Solano 
Lopez,  qui  refusa.  (Carlos  Lopez  avait  voulu  ainsi  le  faire 
désigner  pour  son  successeur  éventuel.  Ce  résultat  obtenu,  il 
se  laissa  réélire  président  pour  sept  ans,  et  le  45  août  1862, 
en  vertu  d'une  loi  de  1836,  il  prit  son  fds  comme  vice- 
président.  Lui-môme  mourut  le  40  sept.  4862.  En  4845, 
Lopez  avait  dû  déclarer  la  guerre  contre  le  tyran  argen- 
tin Rosas,  qui  menaçait  l'indépendance  du  Paraguay.  Lopez 
soutint  contre  lui  les  révoltés  de  la  province  de  Corrientes. 
Ses  troupes,  d'abord  vaincues,  rentrèrent  sur  le  territoh^e 
paraguayen,  mais  le  général  argentin  Urquiza  ne  profita 
pas  de  cet  avantage.  Il  méditait  déjà  sans  doute  sa  révolte 
contre  Rosas.  Le  Paraguay  fut  sauvé  de  l'invasion,  et,  à 
la  chute  de  Rosas,  la  République  Argentine  reconnut 
défmitivement  son  indépendance  (45  juil.  4852).  La  situa- 
tion difficile  faite  aux  étrangers  au  Paraguay  amena  plu- 
sieurs incidents  diplomatiques  avec  le  Brésil,  les  Etats- 
i  Unis,  l'Angleterre  et  la  Erance;  il  fallut  des  menaces,  et 
I  même  un  commencement  d'exécution ,  pour  faire  céder  l.ope/ . 
Plus  ouvert  aux  idées  modernes  que  Erancia,  il  avait  fait 
adopter  le  code  commercial  espagnol  de  4829,  donné  une 
organisation  à  la  justice,  rendu  l'instruction  primaire  gra- 
tuite et  obHgatoir'e,  favorisé  un  commencement  d'industrie, 
enfin  créé  une  armée  et  une  flotte,  construit  un  arsenal  à 
Asuncion  et  fortifié  les  passes  de  lîumaità. 

Francisco- Solano  Lopez,  général  à  dix-neuf  ans  (cl  (jc~ 
neralito),  vice-président,  remplaça  son  père  à  la  prési- 
dence. Au  heu  de  maintenir  l'isolement  du  Paraguay 
comme  ses  prédécesseurs,  il  s'alUa  avec  le  président  de 
l'Uruguay,  A guirre,  en  hostilité  avec  le  Brésil.  Désireux 
de  garantir  son  autonomie  en  s'assurant  un  débouché 
vers  la  mer,  il  voulait  occuper  l'ile  Martin-Garcia,  au 
confluent  du  Parana  et  de  l'Uruguay,  et  empêcher  à  tout 
prix  ranne\ion  de  la  républi(fue  de  l'Uruguay  par  le 
BrésU.  La  guerre  éclata  en  4864.  Le  Mato  Grosso  fut 
ravagé  par  les  Paraguayens,  tandis  que  les  Brésiliens  blo- 
quaient Montevideo  ;  mais  Aguirre  renversé,  son  succes- 
seur, porté  au  pouvoir  par  les  Brésiliens,  fitcausecommune 
avec  eux  (40  févr.  4865).  Solano  Lopez  se  trouva  avoir  à 
lutter  contre  le  Brésil  et  l'Uruguay.  Trop  confiant  dans  les 
ressources  accumulées  par  son  père  et  par  lui-même,  il 
ne  craignit  pas  de  provoquer  en  même  temps  les  Argen- 
tins en  bombardant  Corrientes.  Le  I^'^  mai  4865,  une 
triple  aUiance  se  forma  contre  le  Paraguay.  La  lutte  dura 
cinq  ans,  soutenue  avec  énergie  par  Lopez.  Presque  tout  le 
poids  en  retomba  sur  le  Brésil.  Le  24  mai  4866,  Lopez 
fut  battu  à  Estero-Velhaco  ;  en  juil.  4867,  l'armée  brési- 
lienne de  Caxias  parut  devant  lîumaità,  malgré  les 
attaques  répétées  de  Lopez,  la  forteresse  fut  bloquée  et. 


PARAGUAY  —  PARALDEHYDE 


—  4018 


le  3  août  1868,  la  garnison  aôaméo  capitula.  L'armée 
paraguayenne  se  replia  au  N.  et  se  fortifia  clans  le  camp 
de  Lomas  Yalontinas  qui  fui  enlevé  après  six  jours  de 
combats,  le  2o  déc.  suivant.  Asuncion  était  occupée  en 
janv.  4869.  La  lutte  continua  cependant,  épuisant  les 
dernières  ressources  de  la  population  terrorisée  par  le 
président.  Défait  par  le  comte  d'Eu  à  Piritebu  et  à  ('ara- 
guatay  les  42  et  45  août,  après  un  dernier  combat,  Lopez 
fut  tué  le  i*^^'  mars  4870,  sur  les  bords  de  t'Aquidaban. 
Le  Paraguay  sortit  de  cette  guerre  très  affaibli.  Les 
quatre  cinquièmes  des  habitants  avaient  péri  dans  la 
guei-re  ou  par  suite  de  ses  conséquences.  L'ar])itrage  du 
président  des  l'tats-Unis,  Hayes,  lui  attribua,  le  42  nov. 
1878,  la  Yilla  Occidental  (E.  du  Grau  Chaco),  objet  de 
litige  entre  lui  et  l'Argentine,  mais  les  traités  successifs 
d'avr.  4872  avec  le  Brésil  et  de  4876  avec  le  gouverne- 
ment de  Buenos  Aires  lui  ont  fait  perdre  au  N.  une 
bande  de  territoire  entre  le  Parana  et  le  plateau  d'Amam- 
baya,  à  l'O.  la  partie  du  Gran  Chaco  comprise  entre  les 
rios  Bermejo  et  Pilcomayo,  au  S.  le  territoire  des  Mi- 
siones. 

Un  gouvernement  provisoire  fut  établi  à  la  mort  de  Lo- 
pez et  une  constituante  convoquée.  Cette  année  même, 
Cirilo-Antonio  Rivarola  fut  élu  président  provisoire.  Il  a 
eu  pour  successeurs  :  Salvadoi'  Jovelianos,  président  défi- 
nitif (4874)  ;  Juan-Bautista  Gill  (25  nov.  4874)  élu  par 
les  gens  de  couleur,  parti  démocratique,  assassiné  le 
42  avr.  4877,  et  remplacé  par  le  vice-président  Higinio 
Uriarte  ;  Candido  Bareiro  (4878).  qui  rétalilit  l'ordre  et 
commença  le  relèvement  du  pays,  mais  mourut  dès  sept. 
4880;  Bernardino  Cabaîlero,  président  provisoire  à  la 
place  de  Barreiro,  puis  président  (1882)  ;  Fabricio 
Escobar  (4886);  Juan  Gonzalez  (4890);  Marcos  A.  Mori- 
nigo  (4894)  ;  Emilio  Aceval  (4898).       H.  Lï:oxarbox. 

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Paraguay  ;  Paris  etBruxelles,  188  !.  broch.  in-8  —  Guevara, 
Historiade  la  conqulsta  de  Paraguay  ;  Buenos  Aires,  1885. 

—  J.  Pfoteniiauer,  Die  Missionen  der  Jcsuiien  in  Para- 
guiuj  ;  Gùtersloh,  1891-93,  3  vol.  in-8  —  VxVn  Bruyssel, 
la  Républiciue  du  Paraguay  ;  Bruxelles.  1893.  ~  Parmi  les 
cartes,  on  peut  citer  celles  de  Mouchez  (1861-62),  du  rio 
Paraguay,  du  S.  de  la  républiipie  et  du  Parana;  celle  de 
Wisner'de  Morgenstern  au  355  0U0«  en 8  feuilles  (Vienne, 
1878),  levée  de  1846  à  1858  ;  celle  do  Bi:yER  (Buenos  Aires. 
1880). 

PARAHYBA.  Nom  de  deux  fleuves  du  Brésil:  le  Para- 
hijba  doNorte,  long  de  370  idl.,  arrose  H'^lal  de  Para- 
11} La  ;  son  vaste  estuaire,  borde  de  marais  et  de  mangliers, 
offre  des  fonds  accessibles  aux  grands  navires.  Son  cours 
supérieur  est  obstrué  de  rapides,  et  son  régime,  irrégulier. 

—  Le  Parahyba  do  Sitl,  long  de  9n0  kil.,  naît  dans  la 
serra  do  Mar,  Etat  de  Sào  Paulo,  descend  au  S.-O.,  puis 
tourne  au  N.,  traverse  la  serra  Gérai  et  arrose  l'Etat  de 
Rio  de  Janeiro;  il  finit  à  (^ampos.  A. -M.  B. 

PARAHYBA.  Ville.  —Ville  du  Brésil,  cap.  de  l'Etat 
de  ce  nom,  sur  le  Paraliyba  do  Norte.  à  ^20  kil.  de  FOcéan  ; 
40,000  hab.  Commerce  de  coton. 

Etat.  —  Etat  du  Brésil,  riverain  de  L  Atlantique  ; 
7-4.731  kil.  q.;  496.618  hab.  Il  touclie  aux  Etats 
de  Pernambuco  au   S,,   Ceara   à  l'O.,   Rio  Grande  do 


Norte  au  N.  La  zone  littorale  est  plate  ;  en  avançant 
vers  l'intérieur,  on  trouve  des  collines  sablonneuses,  chauves 
ou  boisées  de  maigres  catingas  ;  les  vallées  des  petits 
fleuves  entiers,  Parahyba,  Camaratuba,  Guaju,  sont  fer- 
tiles et  renferment  de  belles  forêts  ;  à  l'O.  on  trouve  des 
montagnes  revêtues  de  bois  et  de  pâturages.  Les  séche- 
resses presque  périodiques  paralysent  l'agriculture  ;  on 
récolte  les  produits  tropicaux  brésiliens  dans  la  région 
littorale  surtout,  qui  exporte  du  sucre,  du  coton,  du  cacao, 
du  riz,  du  tabac;  sur  les  hauteurs,  sont  des  caféiers;  des 
forêts  on  tire  des  bois  de  construction  et  de  teinture,  des 
gommes  et  résines.  A. -M.  B. 

PARAISON  (Technol.)  (V.  Verre). 

PÂRAJD.  Village  hongrois,  dans  le  comitat  d'Udvar- 
bely,  en  Transylvanie;  ^.093  hab.  (en  1890).  Scieries 
et  importantes  mines  de  sel.  A  8  kil.  se  trouve  une  mon- 
tagne de  sel  de  60  m.  de  hauteur  qui  est  traversée  par  le 
ruisseau  Korond.  A  proximité,  le  château  Rabsonné  dans 
un  site  romantique. 

PARALACTIQUE  (Acide)  (V,  Lactique  [Acide]). 

PARALDÉHYDE.L  Chimie. 


r.  ^Equiv.C^2Hi2  0G 


L'aldéhyde  se  polymérise  avec  la  plus  grande  facilité 
en  présence  de  faibles  traces  de  certaines  substances  qui 
paraissent  agir  à  la  façon  des  ferments.  Additionné  de 
([uolques  gouttes  d'acide  sulfurique  concentré,  il  se  trans- 
forme en  un  polymère,  leparaldéhyde,  C^^H^^O*^,  en  déga- 
geant de  la  chaleur  et  en  donnant  naissance  à  une  véri- 
iable  explosion  ;  les  acides  étendus  agissent  moins  énergi- 
quement.  L'oxychlorure  de  carbone,  F  anhydride  sulfureux, 
Fiodure  d'éthyle,  le  cyanogène,  le  chlorure  de  zinc,  etc., 
produisent  la  même  transformation.  On  sépare  le  paral- 
déhyde  de  l'aldéhyde  en  refroidissant  le  mélange  à  0°,  et 
séparant  par  compression  la  partie  solide,  leparaldéhyde, 
de  la  partie  restée  liquide.  C'est  un  liquide  incolore, 
bouillant  à  124«,  de  densité  0,998  à  15°  ;  il  se  solidifie 
par  le  froid  et  fond  ensuite  vers  10°.  100  parties  d'eau 
dissolvent  12  parties  de  paraldéhyde.  Il  ne  présente  pas 
les  réactions  caractéristiques  de  l'aldéhyde,  ne  réduit  pas 
l'azotate  d'argent  ammoniacal,  ne  se  résinifie  pas  en  pré- 
sence de  la  potasse  ou  de  la  soude.  Distillé  avec  Facide 
sulfurique,  il  régénère  l'aldéhyde  : 

Ci2Hi206  :::::  aC^H^O^. 

On  emploie  le  paraldéhyde  en  médecine  comme  narcotique . 

IL  Thérapeutique.  —  Ce  corps  jouit  des  mêmes  pro- 
priétés hypnotiques  que  les  aldéhydes;  Cervello  (1883), 
Morselli,  bujardin-Beaumetz  et  Audigé,  Hénocque,  Quin- 
quaud,  etc.,  ont  étudié  ses  effets  thérapeutiques.  —  On 
doit  contrôler  son  degré  de  pureté,  duquel  dépend  sa 
toxicité,  à  cause  de  Facide  valérique,  poison  qu'elle  pour- 
rait renfermer  sous  forme  de  gouttelettes  insolubles  dans 
ses  solutions  aqueuses  saturées. 

Ses  effets  physiologiques  se  manifestent  rapidement  ; 
son  absorption  a  lieu  instantanément  et  son  élimination 
s'effectue  sans  modification,  par  la  voie  pulmonaire  ou 
par  les  urines.  Elle  donne  à  l'haleine  une  odeur  désa- 
gréable et  persistante,  rappelant  celle  des  ivrognes.  Sa 
toxicité,  expérimentée  chez  le  chien,  se  caractérise  par 
une  anesthésie  généralisée,  la  perte  des  réflexes,  leralen- 
lissement  du  pouls,  la  diminution  de  la  tension  artérielle 
et  des  mouvements  respiratoires;  la  mort  survient  par 
asphyxie  ou  paralysie  du  centre  respiratoire.  A  dose  élevée, 
elle  détermine  une  éruption  scarlatiniforme,  une  vaso- 
dilatation périphérique  Le  cerveau  est  anémié  ;  elle  pro- 
voque le  sommeil  après  une  période  d'agitation  assez 
intense.  A  dose  excessive,  ce  sommeil  devient  plus  pro- 
fond et  peut  se  transformer  en  coma  ;  la  sensibilité  dimi- 
nue graduellement  jusqu'à  Fanesthésie.  A  faibles  doses, 
il  ne  se  produit  ni  analgésie  ni  anesthésie.  Chez  l'homme, 
on  a  pu  donner  5  gr.  et  même  progressivement  jusqu'à 
10  gr.  (de  Vicente),  dose  qui  peut  être  considérée  comme 
dangereuse.  A  doses  thérapeutiques  (2  à  5  gr.),elle  pro- 


—  1019  — 


PARALDÉHYDE  —  PARALLAXE 


cure  rapidement  un  sommeil  calme  de  plusieurs  heures, 
analogue  à  celui  du  chloral,  avec  des  rêves  agréables;  le 
réveil  s'effectue  normalement,  sans  céphalalgie.  Elle  semble 
être  inoffensive  à  l'égard  des  mouvements  cardiaques  ; 
cette  innocuité  vis-à-vis  du  cœur  constitue  une  supério- 
rité sur  le  chloral  (Desnos).  La  respiration  se  ralentit  un 
peu  par  suite  de  la  diminution  du  réflexe  respiratoire. 
Pas  d'action  sur  l'appareil  digestif. 

Ses  propriétés  thérapeutiques  résultent  de  son  action 
hypiK)  tique.  Elle  est  prescrite  pour  provoquer  le  sommeil; 
mais  elle  n'est  pas  analgésique,  et  ne  calme  pas  la  dou- 
leur, comme  le  chloral  ou  la  morphine.  Le  paraldéhyde 
est  r hypnotique  de  choix  pour  les  cardiaques  et  les  sujets 
atteints  d'angine  de  poitrine.  Dujardin-Beaumetz  la  re- 
commandait au  cours  des  maladies  nerveuses  et  mentales, 
dans  les  insomnies  alcooliques,  la  paralysie  agitante,  la 
neurasthénie,  les  névroses.  Elle  a  été  employée  comme 
antidote  dans  l'empoisonnement  par  la  strychnine,  en 
raison  de  son  antagonisme  avec  cet  alcaloïde;  dans  le 
traitement  de  la  morphinomanie,  elle  peut  être  substi- 
tuée aux  injections  de  morphine.  Elle  a  quelques  incon- 
vénients, tels  que  son  goût  désagréable,  son  odeur  répu- 
gnante, son  accoutumance  rapide  qui  oblige  à  élever  trop 
vite  la  dose,  et  les  nausées,  les  vertiges  ou  la  céphalalgie 
qu'elle  occasionne.  Elle  est  contre-indiquée  dans  les  affec- 
tions dyspnéiques,  en  raison  de  son  influence  sur  les 
mouvements  respiratoires. 

On  l'administre  :  sous  forme  d'élixir  (Yvon)  ou  de  potion 
à  la  dose  de  2  à  o  gr.  (on  masque  son  goût  avec  du  rhum 
ou  de  la  teinture  de  vanille)  ;  ou  bien  en  capsules  de 
0,25  centigr.  ;  en  lavement  dans  un  mucilage  épais  avec 
de  l'eau  de  guimauve  ;  ou  encore  en  injections  sous-cuta- 
nées, d'ailleurs  très  rarement,  parce  que  ces  injections 
sont  douloureuses  et  peuvent  provoquer  des  inflammations 
ou  des  abcès.  D'^  V.-Lucien  Hahn. 

PARALDOL.  L'aldol  distillé  dans  le  vide  se  condense 
en  lui  liquide  mobile  qui  se  transforme  rapidement  en 
une  masse  épaisse  pour  aboutir  flnalement  à  un  corps 
cristallisé,  le  paraldol  polymère  du  premier  (C^H^O^)''^, 
qui  fond  à  85«. 

PAR  AL  E  (Antiq.  grecque).  1«  Nom  par  lequel  on  dési- 
gnait les  matelots,  tous  citoyens,  qui  composaient  l'équi- 
page de  la  galère  paralienne  (V.  Paralos).  —  2°  Habi- 
tant du  httoral  de  l'Attique  (par  opposition  avec  Pediaios). 

PARALI IVI N I  (Tréphia).  Lac  de  Grèce  (prov.  de  Boétie- 
et-Attique),  à  d4  kil.  de  Thèbes.  Ce  lac  (ancien /farma) 
s'étend  sur  une  longueur  de  8  kil.  et  une  largeur  moyenne 
de  1.600  m.  de  ]'0.~S.-0.à  l'E.-N.-E.,  entre  le  Messa- 
pion  (675  m.)  et  le  Ptaôn  (730  m.).  Son  ait.  est  de  30  m., 
et  il  n'est  séparé  de  la  mer  que  par  un  isthme  de  2  kil. 
de  large.  Cela  n'empêche  pas  le  Paralimni  d'être  sans 
émissaire  apparent  :  probablement  il  communique  avec  la 
mer  par  quelque  couloir  souterrain,  conme  le  fait  le  Copais. 

PARALIPOIVIÈNES  (Livres  des)  ou  des  Chroniques 
(V.  Chronique,  §  Histoire  religieuse,  t.  Xî,  p.  299). 

PARALLAXE.  ^Soit  A  (fig.  1)  le  point  de  la  surface  de 
la  terre  où  est  placé  l'observateur,  0  le  centre  de  la  terre, 
S  un  astre.  L'angle  ASO,  formé  par  les  deux  rayons  vi- 
suels AS  et  OS,  menés  des  deux  extrémités  du  rayon  ter- 
restre AO,  sera  la  parallaxe  de  l'astre  S.  On  appelle  donc 
parallaxe  d'un  astre  l'angle  formé  par  le  rayon  visuel 
mené  d'un  point  de  la  surface  de  la  terre  à  l'astre  avec  le 
rayon  visuel  mené  du  centre  de  la  terre  au  même  astre, 
ou  encore  l'angle  sous  lequel  serait  vu  de  cet  astre  le 
rayon  terrestre  à  l'extrémité  duquel  est  placé  l'observa- 
teur. C'est  aussi  la  différence  (;T:apâXAo(?tç,  diversité  d'as- 
pect) entre  la  position  de  l'astre  tel  qu'il  est  vu  par  l'ob- 
servateur et  celle  qu'il  aurait  vu  du  centre  de  la  terre. 
AZ  étant,  en  effet,  la  verticale  du  point  A,  la  distance 
zénithale  observée  est  l'angle  SAZ  ;  si  maintenant  l'obser- 
vation est  faite  au  centre  de  la  terre,  en  0,  ce  sera  l'angle 
SOZ,  ou,  en  menant  ks  parallèle  à  OS,  son  égal  ^AZ;  or 
l'angle  SAZ  excède  justement  l'angle  5AZ  de  l'angle  SA5, 


lequel  est  lui-même  égal,  par  rapport  aux  deux  parallèles 
OS  et  As,  à  l'angle  ASO,  c.-à-d.  à  la  parallaxe. 

Lorsque  l'astre  est  au  zénith,  la  parallaxe  est  évidem- 
ment nulle,  les  deux  rayons  visuels  se  confondant  suivant 
OZ.  Au  fur  et  à  mesure  qu'il  se  rapproche  de  l'horizon, 

2^ 


Fig.  1. 

elle  grandit,  et  elle  atteint  son  maximum  au  moment  de 
son  lever  ou  de  son  coucher,  lorsqu'il  est  exactement  à 
l'horizon,  en  Sj,  par  exemple.  On  lui  donne,  dans  ce 
dernier  cas,  le  nom  de  parallaxe  horizontale.  Elle  est 
dite,  au  contraire,  parallaxe  de  /laitfewr  pour  toutes  les 
autres  positions  de  l'astre.  La  parallaxe  de  hauteur  et  la 
parallaxe  horizontale  d'un  même  astre  sont  liées  entre 
elles  par  une  relation  très  simple,  qui  permet  de  passer 
aisément  de  l'une  à  l'autre.  Appelons  p  la  parallaxe  de 
hauteur  ASO,  p^  la  parallaxe  horizontale  AS^O,  r  le  rayon 
terrestre  OA,  d  la  distance  OS  du  centre  de  la  terre  à 
l'astre,  z  la  distance  zénithale  SAZ,  supposée  corrigée 
de  la  réfraction  astronomique.  Dans  le  triangle  A  OS,  on  a  : 


sin  ASO 
s  in  SAZ 

sin  p 

sin  z  ~ 


_  OA 

"OS 

''d' 


Cl) 


Dans  le  triangle  rectangle  AS^O,  on  a  : 

•     .en         ^A 

sm  AS^O  z=  -^ 


sin  p^  = 


d' 


En  rapprochant  (1)  et  (2),  il  vient   -.— ^^rsin^}^, 

sin  % 

ou 

sin  /;  =  sin  p^  \  sin  %, 

ou  encore,  p  et  p^  étant  toujours  assez  petits  pour  être 
pris  pour  leurs  sinus, 

p  —  p^  sin  z.  (3) 

La  parallaxe  de  hauteur  est  donc  égale  à  la  parallaxe 
horizontale  multipliée  par  le  sinus  de  la  distance  zéni- 
thale. D'autre  part,  d'après  la  formule  (1), 


r   . 
:-7  sm 
d 


sin  p 

ou,  p  étant,  nous  venons  de  le  dire,  toujours  très  petit, 
r  sin  z  ,,. 

Supposons  maintenant  que  deux  observateurs  se  por- 
tent en  deux  stations  éloignées  choisies  sur  un  même  mé- 
ridien, A  et  B,  de  latitudes  ^  et  /',  par  rapport  à  l'équa- 
teur  EE'.  A  l'instant  du  passage  de  l'astre  au  méridien, 


PARALLAXE 


lOâO 


en  S,  ils  prendront  les  distances  zénithales  z  et  z' ,  sup- 
posées corrigées  de  la  réfraction  astronomique.  Soient 
/;  et  ])'  les  parallaxes  de  hauteur  ASO  et  BSO.  On  aura, 
d'après  la  formule  (4), 


r  sm  V         ,        r  sin 
p  =   r- .  -7-„  et  //  — 


(hinV 


dsmV" 


d'où 


p-i-p'  =^ 


r  (sin  ' 


ds'm  V' 


Additionnons  les  quatre  angles  du  quadrihitère  .\SBO. 
Leur  somme  est  égale  à  quatre  droits  ou  à  360*^. On  peut 
donc  écrire,  en  remarquant  que  SAO  est  le  supplément 
de  ,o  et  SBO  le  supplément  de   ■,'  : 


d'oii  p  -]-  y'  z=:  (z  +  V 

r  (sin  z  +  sin  z') 


d'oii 


d'oii 


sin  1" 


180" 
-(/ 

(.+  -)- 


z=z  B60« 


-4-/'), 


(,  +  ,0„(,_^O,,,. 


sin  z  -1-  sni  : 


(3) 


Or  -  n'est  autre  chose,   d'après  la  formule  (2),  que 

sin  ;;^,  et,  p^  étant  toujours  très  petit,  ({ue  ;j^  lui-même, 
c.-à-d.  que  la  parallaxe  horizontale.  De  celle-ci  on  déduit, 
suivant  la  formule  (3),  la  parallaxe  de  hauteur,  sans  avoir 
eu  besoin  de  connaître,  à  aucun  moment,  la  distance  cl  de 
la  terre  à  l'astre,  et,  suivant  la  formule  ("2),  cette  distance 
elle-même.  C'est  même  là  le  principal  intérêt  pratique  du 
calcul  des  parallaxes.  Elles  servent  aussi  à  ramener  au 
centre  de  la  terre  les  observations  faites  en  un  point  de 
sa  surface. 

Lacaille  et  Lalande  ont  déterminé,  par  la  méthode  qui 
précède,  en  se  plaçant  respectivement  au  cap  de  Bonne - 
Espérance  et  à  Berlin,  la  parallaxe  de  la  lune,  celle  de 
Vénus  et  celle  de  Mars.  La  même  méthode  a  été  appliquée, 
par  la  suite,  aux  autres  planètes,  quoiqu'il  soit  préférable 
de  déduire  leurs  parallaxes  de  celle  du  soleil (V.  ci-après). 
Il  n'est  pas  indispensable,  au  surplus,  que  les  deux  sta- 
tiims  soient  exactement  sous  un  même  méridien,  mais  les 
observations  n'étant  plus  alors  simultanées,  on  doit  tenir 
compte  de  la  variation  de  déclinaison  de  l'astre  en  passant 
de  l'un  à  l'autre  méridien.  D'après  les  dernières  observa- 
tions, la  parallaxe  horizontale  é(fuatoriale  de  la  lune  varie 
entre  54^  et  6i'  ;  sa  parai laxe  horkontalc  eqiiatoriale 
moyenne,  Q,.-ii-(\,vÇ'\\(i  qui  répond  à  sa  dislance  moyenne 
de  la  terre,  est  de  57':2^^7. 

D'autres  méthodes  ont  encore  été  employées  pour  la 
détermination  de  la  parallaxe  de  la  lune  :  celle  des  plus 
grandes  latitudes,  dont  Ptolémée,  Tycho  Brahé  et  lîalley 
(uit  fait  usage  ;  celle  des  parallaxes  d'ascension  droite, 
qu'on  trouve  exposée  dans  l'ouvrage  de  Begiomontanus 
sur  les  planètes  et  qui  a  successivement  servi  à  Digges 
(1573),  à  Kepler  (1619),  à  Flamsteed  (1672),  à  Cassini 
(1681):  enfm  celle  des  écHpses. 

Pour  le  soleil,  l'observation  directe  ne  donnerait,  eu 
égard  à  son  éloignement.  qu'une  approximation  insuill- 
sante.  On  doit  donc  avoir  recours  à  d'autres  méthodes, 
soit  à  celle  des  quadratures  de  la  lune,  soit  à  celle  des 
passages  (V.  ce  mot)  de  Véiuis  ou  de  Mercure.  Les  pas- 
sages de  Mercure  ne  donnent  pas.  d'ailieurs,  des  résultats 
suiïisamment  concluants  et  la  préférence  doit  être  donnée 
à  la  méthode  des  passages  de  Vénus.  Soit  (fig.  2)  ï  le 
centre  de  la  terre,  S  le  centre  du  soleil,  V  le  centre  de 
Vénus.  Supposons  deux  observateurs  postés  en  deux  points 
de  la  surface  de  notre  planète,  A  et  B,  tels  que  la  corde 
AB  soit  perpendiculaire  à  réciiptique.  Pour  l'observateur 
placé  en  A,  Vénus  traversera  le  disque  du  soleil  suivant  aa 
et  en  un  certain  temps,  qu'il  relèvera  exactement.  Comme 
il  sait,  du  reste,  d'après  la  vitesse  connue  de  la  planète, 


le  temps  qu'elle  aurait  mis  à  traverser  le  soleil  suivajit 
son  diamètre,  il  déduira  de  ces  deux  durées  le  rapport 
de  aa  au  diauiètre,  conséquemment  sa  distance  SA'  au 
centre.  L'observateur  placé  en  B  déterminera  de  même  la 


distance  SB'.  AB  étant,  par  hypothèse,  paraUèle  à  A'B', 
dans  les  deux  triangles  semblables  AVB  et  A'VB',  on  aura  : 


^B 


^  A'V" 


AV 


Mais  le  rapport  -t^  se  déduit  facilement  du  rapport 

des  distances  de  la  terre  et  de  Vénus  au  soleil,  lequel 
est  donné  par  la  troisième  loi  de  Kepler  (V.  ce  nom). 

On  connaîtra  donc  le  rapport  -y^,  et,  en  évaluant  l'angle 

sous  lequel  la  corde  A'B'  est  vue  de  la  terre,  l'angle  sous 
lequel  la  corde  AB  serait  vue  elle-même  du  soleil.  Il  ne  res- 
tera plus  qu'à  calculer  cette  corde  AB  au  moyen  des  coordon- 
nées géographiques  de  A  et  de  B  et  à  en  déduire,  à  l'aide  d'une 
simple  proportion,  l'angle  sous  lecfuel  le  rayon  terrestre 
serait  vu  de  la  même  distance,  c.-à-d.  la  parallaxe  hori- 
zontale du  soleil.  Pour  d'aussi  longues  distances,  en  effet, 
les  angles  sous  lesquels  sont  vues  deux  longueurs,  relati- 
vement très  petites,  sont  sensiblement  proportionnels  à 
ces  longueurs.  Ouant  à  la  parallaxe  de  hauteur,  elle  sera 
fournie  ensuite  par  la  formule  (3).  Il  n'est,  du  reste,  pas 
indispensable  que  les  deux  stations  soient,  comme  nous 
l'avons  supposé,  aux  extrémités  d'une  même  corde  perpen- 
diculaire à  l'écliptique.  On  peut  les  prendre  ([uelconques. 
en  faisant,  s'il  y  a  lieu,  les  corrections  nécessaires.  Il 
faut  seulement  éviter  (|ue  les  deux  traces  de  la  planète 
sur  le  disque  soient  trop  petites  ou  trop  rapprocliées.Ct^tte 
méthode  a  été  imaginée  en  1691  par  l'Anglais  Halley,  qui 
l'a  publiée  en  1691.  Elle  a  été  appHquée,  pour  la  pre- 
mière fois,  aux  passages  de  1761  et  1769,  et  la  parallaxe 
moveiuie  horizontale  du  soleil  avait  d'abord  été  hxé(\ 
d'après  ses  résultats,  à  S'^^)7.  Mais  Le  Verrier,  après  de 
nouveaux  calculs,  l'avait  portée  à  8 '',86.  Depuis,  de  nou- 
velles observations  ont  éié  faites  durant  les  passages  de 
1874  et  de  1882,  et  leur  discussion  a  indiqué,  en  tenant 
compte  de  la  valeur  de  l'aberration,  8", 798  d'après 
M.  Cornu,  8", 794  d'après  M.  Newcomb.  En  simple  écart 
de  0'^01 ,  Cil  plus  ou  en  moins,  dans  cette  évaluation,  pro- 
duit, d'ailleurs,  une  diminution  ou  une  augmentation  de 
170.000  kil.  dans  la  distance  du  soleil  à  la  terre.  Aussi 
les  idées  des  anciens  étaient-elles,  à  cet  égard,  très  gros- 
sières. Aristarque  de  Samos,  (iui,vers  264  av.  J.-C., avait 
voulu  calculer  la  parallaxe  du  soleil,  avait  trouvé  3'  et  il 
en  avait  conclu  une  distance  de  1.146  rayons  tei-restres 
seulement.  On  en  devait  rester  là  pendant  plus  de  dix-huit 
siècles. 

Pour  les  étoiles,  il  n'y  a  pas  de  parallaxes  proprement 
dites.  Elles  sont,  en  eifet,  h  de  telles  distances  que  la 
terre  ne  leur  apparaît  que  comme  un  point  sans  dimen- 
sions. Mais  on  est  parvenu  à  calculer,  dans  ces  derniers 
temps,  l'angle  sous  lequel  on  voit,  de  quelques-unes  d'entre 
elles,  le  demi-grand  axe  de  Eorbite  terrestre.  C'est  ce  qu'on 
appelle  la  parallaxe  annuelle  de  rétoile  ou  parallaxe 
stellaire.  On  opère  de  la  façon  suivante.  Soit  E  (fig.  3) 
l'étoile  considérée,  S  le  soleil,  T  et  T'  les  positions  occu- 
pées par  la  terre  sur  son  orlùte,  aux  deux  époques  de  l'an- 
née où  sa  longitude  diffère  de  90"  de  celle  de  l'étoile. 


c.-à-d.  où  TSE  et  T'SE  sont  des  angles  droits.  On  déter- 
mine les  angles  STE  et  ST'E  formés  par  les  rayons  visuels 
menés  de  la  terre  au  soleil  et  h.  l'étoile  ;  on  en  déduit,  dans 
les  triangles  rectangles  TES  et  T^ES,  les  angles  TES  et  T^ES, 
égaux  l'un  et  l'autre  à  la 
parallaxe  annuelle  de  Eétoile. 
La  distance  de  la  terre  à 
l'étoile  est  donnée  ensuite 
par  les  hypoténuses  TE  et 
T'E  des  mômes  triangles.  On 
n'a  trouvé  jusqu'à  présent 
aucune  parallaxe  d'étoile  qui 
atteigne  V^.  C'est  dire  que 
la  détermination  des  paral- 
laxes stell  aires  est  particu- 
lièrement difficile  et,  dans  le 
tableau  suivant,  qui  réunit 
les  étoiles  les  plus  rappro- 
chées de  la  terre,  les  cen- 
tièmes de  seconde  ne  doivent 
pas  être  considérés  comme  des  valeurs  absolues,  les  incer- 
titudes pouvant  dépasser  un  ou  même  parfois  plusieurs 
dixièmes  de  seconde. 

Parallaxes  ste Havres 


Fip 


NOM 

DE  l'Étoile 

D 

W 

Q 

< 
o 

< 

< 
ai 

< 

Distance  à  la 
terre  (en  mil- 
liards de  ki- 
lomètres).      1 

Temps  mis   par   la 
lumière  pour  par- 
courir la  distance 
(en  années).          ! 

a  Centaure 

21185  Lalande • 

0,7 
6,8 
5,1 

8,2 

7,9 

7,5 

0,5 

9,0 

6,5 

8,5 

4,7 

3,6 

0,2 

9 

1,0 

5,2 

4,5 

2,4 

1,0 

7 

4,1 

0,2 

2^2 

0'',72 
0,48 
0,44 
0,37 
0,35 
0,31 
0,28 
0.27 
0^26 
0,25 
0,24 
0,24 
0,21 
0,21 
0,20 
0,20 
0,20 
0,17 
0,16 
0,15 
0,15 
0,15 
0,15 

6,*Ô7 

43.000 
64.000 
70.000 
83.000 
88.000 
99.000 
109.000 
113.000 
118.600 
123.000 
128.000 
128.000 
146.000 
146.000 
153.000 
153.000 
153.000 
180.000 
191.000 
204.000 
204.000 
204.000 
201.000 

438'.  ÔÔÔ 

4,5 
6,8 
7.4 
8,8 
9,3 
10,5 
11,6 
12,1 
12,5 
13,0 
13,6 
13,6 
15,5 
15,5 
16,3 
16,3 
16,3 
19,1 
20,3 
21,7 
21,7 
21,7 
21,7 

46',5 

Sirius., • 

18609  Arg-Œltzen.. 
34  Groombridge  . .  • 

9352Lacaille 

ProcYon. . 

11677  Arg-Œltzen.. 
1643  Fedorenko.... 

21258  Lalande 

a  Dracon 

7)  Cassiopée 

a  Cocher 

17415  Arg-Œltzen. . 
a  Ai2:Ie 

£  Indien 

0^  Eridan 

P  Cassiopée 

a  Taureau 

1831  Fedorenko.... 

p'  Ophiucbus 

Véga 

Etoile  polaire 

PARALLÈLE.  L  Mathématiques.  —  Deux  droites  sont 
dites  parallèles  quand,  situées  dans  un  môme  plan,  elles 
ne  se  rencontrent  pas  quand  on 
les  suppose  indéfiniment  pro- 
longées. 

Deux  plans  sont  parallèles 
quand  ils  ne  se  coupent  pas,  ou, 
si  l'on  veut,  quand  ils  n'ont  pas 
de  points  communs. 

Deux  courbes  planes  c  et  c' 
sont  parallèles  quand  toute  nor- 
male à  l'une  AB  est  aussi  nor- 
male à  l'autre.  On  démontre 
que,  dans  ce  cas,  la  portion  AB 
de  normale  limitée  aux  deux  courbes  est  constante.  Les 
cercles  parallèles  ont  même  centre  et  sont  des  figures  sem- 
blables, mais,  en  général,  deux  courbes  parallèles  ne  sont 
pas  semblables. 


(Uîe 

'•es 


lO^il  —  PARALLAXE  —  PARALLÈLE 

Deux  surfaces  sont  parallèles  quand  toute  normale  à 
l'une  est  normale  à  l'autre  ;  la  portion  de  normale  com- 
mune limitée  aux  deux  surfaces  est  constante. 

On  a  dit  quelquefois  que  des  courbes  tracées  sur  u 
surface  étaient  parallèles,  quand  elles  étaient  trajectoir 
orthogonales  d'une  famille  de  géodésiques. 

On  appelle  parallèles  d'une  sphèi'e,  et  plus  généralement 
d'une  surface  de  révolution,  les  cercles  dont  les  plans  sont 
perpendiculaires  à  l'axe.  H.  Lauhknt. 

IL  Astronomie  (V.  Latitude). 

III.  Littérature.  —  Tiré  du  grec  TrapàÀÀriXoç  (7:apà, 
le  long  de;  àXXrjXo^,  l'un  l'autre),  le  mot  parallèle  sert 
à  désigner  une  comparaison  d'une  espèce  particulière  ; 
l'auteur  d'un  parallèle  cherche  toujours  à  mettre  en  lu- 
mière les  analogies  et  les  différences  des  personnes  ou  des 
objets  qu'il  étudie  comparativement.  C'est  un  genre  de 
composition  qui  a  toujours  tenté  les  gens  de  lettres,  poètes, 
orateurs,  historiens,  philosophes  même,  d'autant  plus  qu'il 
leur  permet  de  montrer  leur  perspicacité,  leur  ingéniosité, 
et  qu'il  les  oblige  à  employer  constamment  deux  des 
ligures  de  rhétorique  les  plus  brillantes  :  la  similitude  et 
l'antithèse.  Ainsi  les  célèbres  Vies  dePlutarque,  appelées 
avec  raison  Vies  parallèles,  sont  toujours  gi'oupées  deux 
à  deux.  L'historien  a  fait  connaître  successivement  des 
personnages  comme  Lycurguc  et  Numa,  Alcibiade  et  Co- 
riolan,  Alexandre  et  César,  Démosthène  et  Cicéron,  et 
toujours  il  a  accompagné  ces  monographies  successives 
d'un  parallèle  suivi  qui,  dans  sa  pensée,  devait  leur  donner 
tout  leur  prix.  Chez  les  modernes,  surtout  à  dater  du 
XVII®  siècle,  où  les  portraits  étaient  si  fort  à  la  mode 
(V.  Portrait),  le  parallèle  a  toujours  été  en  grande  faveur. 
On  a  même  fini  par  en  abuser,  si  bien  qu'aujourd'hui  on 
n'ose  plus  en  faire.  Si  les  écrivains  y  sont  absolument 
forcés,  ce  qui  est  parfois  le  cas  des  historiens,  ils  tâchent 
à  tout  le  moins  de  les  faire  simples,  naturels,  et  de  les 
débarrasser  de  tout  ce  qui  pourrait  ressembler  à  de  la 
phraséologie. 

Parini  les  parallèles  les  plus  admirés,  on  cite  en  pre- 
mière ligne  celui  de  Turenne  et  du  prince  de  Condé  par 
Bossuet  ;  celui  de  Corneille  et  de  Racine  par  La  Bruyère  ; 
les  parallèles  de  Mohère  et  de  La  Fontaine  par  Chamfort, 
de  Charles  XII  et  de  Pierre  le  Grand  par  Voltaire,  de 
Socrate  et  de  Jésus-Christ  par  J.-J.  Rousseau,  sans  oublier 
les  parallèles  non  moins  célèbres  d'Athènes  et  de  Sparte 
par  Bossuet,  de  Rome  et  de  Carthage  par  Bossuet  et  par 
Montesquieu.  Mais  celui  qui  a  tente  le  plus  grand  nombre 
d'écrivains,  celui  qui  en  tous  cas  fait  le  mieux  ressortir 
les  qualités  et  les  déHiuts  du  genre,  c'est  le  parallèle 
de  Corneille  et  de  Racine,  réédité  cent  fois  sous  les 
formes  les  plus  différentes.  Longepierre,  un  poète  tragique, 
l'avait  fait  avant  La  Bruyère,  Laniotte-Houdard  le  fit  à 
nouveau  en  vers  agréables  dont  voici  les  derniers  ; 

L'un  pluspur,  l'autre  plus  sublime, 
Tous  deux  i)artagent  notre  estime 
Par  un  mérite  ditïerent. 
Tour  à  tour  ils  nous  font  entendre 
Ce  que  le  cœur  a  de  plus  tendre, 
Ce  que  l'esprit  a  de  plus  grand. 

Ce  même  parallèle  tenta  le  P.  Porée,  jésuite,  professeur 
de  rhétorique  de  Voltaire  ;  Corneille  fut  comparé  à  l'oiseau 
de  Jupiter  qui  s'élance  dans  les  nues  et  paraît  se  jouer  au 
milieu  des  éclairs  et  des  tonnerres.  Racine,  c'était  le 
tendre  oiseau  de  Cypris,  voltigeant  autour  des  myrtes  et 
des  roses L'aigle  foudroya,  la  colombe  gémit,  et  l'em- 
pire fut  divisé.  Beaucoup  de  parallèles  ont  été  faits  sur 
le  patron  de  celui-là,  et  l'on  comprend  sans  peine  que  le 
parallèle  soit  considéré  aujourd'hui  comme  un  genre  usé. 

A.  Gazier. 

IV.  Fortification.  —  On  appelle /;â;ra//^/^5  les  trois  lignes 
de  tranchées  qui  servent  de  base  aux  opérations  d'un  siège 
(V.  Attaque,  t.  IV,  p.  429).  La  première  parallèle  con- 
siste, le  premier  jour,  en  un  fossé  de  1  m.  de  pro- 
fondeur et  de  d  m.  de  largeur,  dont  on  rejette  les  terres 


PARALLÈLE  —  PARALOGISME 


102^ 


du  côté  de  la  place.  La  seconde  nuit,  on  l'achève,  en  don- 
nant au  fond  de  la  tranchée  3  m.  de  largeur  et  en  dispo- 
sant des  gradins,  soutenus  par  des  fascines,  qui  permet- 
tent aux  assiégeants  de  monter  sur  la  banquette  et  de  faire 
le  coup  de  feu  par-dessus  le  parapet,  élevé  de  1^^,30  en- 
viron au-dessus  du  sol  (2^^\30  au-dessus  du  fond  de  la 
tranchée).  La  deuxième  et  la  troisième  parallèle  ont  des 
dimensions  analogues,  mais  l'épaulement  est  soutenu  par 
des  gabions,  et,  dans  la  dernière,  les  gabions  sont  eux- 
mêmes  couronnés  de  fascines. 

PARALLÉLÉPIPÈDE.  ï.  Géométrie.—  Un  parallé- 
lépipède est  un  polyèdre  à  six  faces,  lesquelles  sont  deux 
à  deux  parallèles  ;  ces  faces  sont  toutes  des  parallélo- 
grammes ;  l'une  quelconque  d'entre  elles  peut  être  consi- 
dérée comme  base  du  parallélépipède.  Celui-ci  a  huit 
sommets  et  douze  arêtes.  Son  volume  est  mesuré  par  le 
produit  de  la  base  par  la  hauteur  correspondante  (distance 
de  la  base  à  la  face  parallèle).  Pendant  de  longues  années, 
beaucoup  d'auteurs  ont  employé  la  locution  vicieuse  «  paral- 
lélipipède  »  ;  c'est  à  peine  si  l'on  commence  à  s'en  débar- 
rasser vers  la  fm  du  xix^  siècle. 

IL  Physique.  ^ — Parallélépipède  .de  Fresnel.  —  La 
théorie  de  la  réflexion  de  la  lumière  polarisée  (V.  Pola- 
risation et  Réflexion)  permet  de  calculer  l'intensité  d'un 
rayon  lumineux  polarisé  dans  un  certain  plan  quand  ce 
rayon  se  reflète  sur  un  miheo  plus  dense  que  celui  dans 
lequel  il  chemine.  Ces  formules  s'appliquent  à  tous  les 
cas  ;  mais,  lorsque  la  réflexion  se  fait  au  contraire  sur 
un  milieu  moins  dense  que  celui  où  se  propage  la  lumière, 
ces  mêmes  formules  ne  sont  plus  applicables  que  lorsque 
l'angle  d'incidence  ne  dépasse  pas  l'angle  limite.  Dans 
ce  dernier  cas,  les  formules  contiennent  des  expres- 
sions imaginaires.  Fresnel  en  conclut  qu'une  des  hypo- 
thèses faites  devait  être  fausse  dans  le  cas  de  la 
réflexion  totale,  et  il  fut  conduit  à  admettre  que  lorsqu'un 
rayon  polarisé  rectilignement  se  réfléchit  totalement,  il 
donne  naissance  à  deux  rayons  polaiisés  à  angle  droit 
(l'un  dans  le  plan  d'incidence,  l'autre  dans  un  plan  per- 
pendiculaire) ayant  l'un  sur  l'autre  une  certaine  différence 
de  phase  qui  varie  suivant  l'angle  d'incidence  et  la  na- 
ture du  milieu.  Cette  différence,  nulle  quand  l'angle  d'in- 
cidence est  égal  à  90*^  ou  à  l'angle  Hmite,  est  maxima 
et  voisine  de  i/8  de  longueur  d'onde  pour  le  verre  étu- 
dié par  Fresnel  ;  cette  valeur  maxima  correspondait  à  un 
angle  d'incidence  de  o4''  30'.  Avec  ce  verre,  Fresnel  fit 
construire  un  parallélépipède  rectangle  inchné  de  M°  30' 
sur  sa  base.  En  recevant  un  rayon  lumineux  normalement 
sur  l'une  des  bases,  le  rayon  venait  frapper  l'une  des  faces 
inclinée  du  parallélépipède  sous  un  angle  de  o4^  30',  s'y 
réfléchissait  totalement  en  se  divisant  en  deux  rayons  po- 
larisés à  angle  droit  et  d'égale  intensité  lorsque  la  lumière 
incidente  était  polarisée  dans  un  plan  faisant  un  angle  de 
4o^  avec  le  plan  d'incidence  ;  ils  présentaient  une  diffé- 
rence de  phase  de  ^.  Ces  rayons  venaient  ensuite  frapper 

la  face  du  parallélépipède  opposée  à  celle  sur  laquelle  ils 
venaient  de  se  réfléchir  ;  là  ils  éprouvaient  un  nouveau 

,    ,    X       .    À 
retard  de  ^r,  soit  -j  en  tout  et  rencontraient  ensuite  nor- 

ô  4 

malement  la  base  opposée  à  la  base  d'entrée,  ils  sortaient 
polarisés  à  angle  droit  avec  un  retard  de  y.  Un  pareil 
système  de  deux  rayons  égaux  présentant  une  différence 
de  marche  de  -  constitue  un  faisceau  de  lumière  polarisée 

circulairement  (V.  Polarisation  circulaire). En  employant 
des  parallélépipèdes  d'un  angle  différent  de  54"  30',  la  dif- 
férence de  marche  n'était  plus  de  y-.  Dans  ce  cas,  au  Heu 

de  lumière  polarisée  circulairement,  on  obtenait  de  la  lu- 
mière polarisée  elliptiquement.  Le  parallélépipède  de  Fres- 


nel sert  donc  à  transformer  un  rayon  polarisé  rectili- 
gnement en  rayon  polarisé  circulairement  ou  elliptique- 
ment. A.  JOANNIS. 
Equilibre  des  Parallélépipèdes  élémentajres,  (V.  EiAb- 

TICITÉ). 

PARALLÉLISME  (Astr.)  (V.  Terre). 

PARALLÉLOGRÂWliVIE  (Math.).  Un  parallélogramme 
est  un  quadrilatère  dont  les  côtés  opposés  sont  parallèles  ; 
on  démontre  que  ces  côtés  sont  égaux.  L'aire  du  parallé- 
logramme est  mesurée  par  le  produit  d'un  côté  par  la 
hauteur  correspondante  (distance  au  côté  parallèle  opposé). 
En  mécanique,  la  célèbre  proposition  du  parallélogramme 
des  forces  consiste  en  ce  que  la  résultante  de  deux  forces 
appliquées  au  môme  point  est  la  diagonale  du  parallélo- 
gramme construit  sur  les  deux  forces.  Dans  un  enseigne- 
ment rationnel,  cette  proposition  ne  devrait  pas  être  consi- 
dérée comme  un  théorème  démontrable-  Le  dispositif  si 
ingénieux  et  si  connu  sous  le  nom  de  parallélogramme 
de  Watt  a  pour  effet  de  transformer  un  mouvement  cir- 
culaire alternatif  en  un  mouvement  qui  est  presque  recti- 
ligne.  La  solution  rigoureuse  de  la  transformation  en  un 
mouvement  rectiligne  a  été  donnée  par  le  parallélogramme 
de  Peaucelher,  et  par  quelques  autres  systèmes  articulés 
qui  ont  fait  l'objet  de  nombreux  treavaux.  Il  est  à  remar- 
quer que  le  parallélogramme  particulier  en  usage  dans 
l'appareil  Peaucellier  doit  être  un  losange  (V.  aussi  Arti- 
culé [Système]).  C.-A.  L, 

PARALOGISME.  Du  grec  TrapaÀoY^tscrôai,  raisonner  de 
travers.  C'est  le  nom  dont  se  sert  Aristote  dans  son  livre 
des  Arguments  sophistiques  pour  désigner  les  raisonne- 
ments incorrects.  On  confond  souvent  les  paralogismes  et 
les  sophismes,  et  même  la  plupart  des  logiciens  (Port- 
Royal,  Stuart  Mill,  etc.)  substituent  entièrement  ce  second 
nom  au  premier.  Cependant,  on  a  quelquefois  essayé  de 
les  différencier  en  disant  que  le  sophisme  est  un  raisonne- 
ment fallacieux  et  captieux  que  l'on  fait  k  dessein  de 
tromper  autrui  et  dont  on  n'est  pas  dupe  soi-même,  au  lieu 
que  le  paralogisme  est  un  raisonnement  faux,  mais  que 
l'on  fait  de  bonne  foi.  Il  y  aurait  donc  entre  l'un  et  l'autre 
la  même  différence  qu'entre  l'erreur  et  le  mensonge.  — 
Kant  a  fait  un  emploi  particulier  du  mot  paralogisme. 
Dans  la  partie  de  la  Critique  de  la  raison  pure  qu'il 
intitule  Dialectique  transcendantale,  Kant  étudie  ce 
(ju'il  appelle  les  raisonnements  dialecti([ucs  de  la  raison 
pure,  et  voici  ce  qu'il  en  dit  :  «  Il  y  a  des  raisonnements 
qui  n'ont  pas  de  prémisses  empiriques,  et  par  le  moyen 
desquels  nous  concluons  de  quelque  chose  que  nous  con- 
naissons à  quelque  chose  dont  nous  n'avons  aucun  con- 
cept, et  à  quoi  nous  accordons  néanmoins  une  réaUté 
objective  par  l'effet  d'une  apparence  inévitable.  Ces  sortes 
de  raisonnements  doivent  donc  plutôt  s'appeler,  par  ra])- 
port  à  leur  résultat,  paralogismes  que  raisonnonents... 
Ce  sont  des  sophistications  non  des  hommes,  mais  de  la 
raison  pure,  dont  les  plus  sages  ne  peuvent  s'affranchir  : 
peut-être  à  la  vérité  éviteront-ils  l'erreur  après  bien  des 
peines,  mais  ils  ne  pourront  jamais  se  délivrer  de  l'appa- 
rence qui  les  joue  sans  cesse.  »  (Kant,  Critique  de  la 
raison  pure,  trad.  Tissot,  t.  Il,  p.  39).  Il  n'y  a,  selon 
Kant,  que  trois  sortes  de  ces  raisonnements  dialectiques, 
autant  qu'il  y  a  d'idées  auxquelles  les  conséquences  de 
ces  raisonnements  aboutissent,  idée  de  l'âme  ou  du  moi, 
idée  du  monde,  idée  de  Dieu.  Mais  c'est  particulièrement 
à  la  première  classe  de  ces  raisonnements  qu'il  réserve  le 
nom  de  paralogisme,  les  deux  autres  étant  désignés  par 
les  noms  d'antinomie  et  à' idéal.  Les  paralogismes  de  la 
psychologie  transcendantale  sont  au  nombre  do  quatre  : 
4°  L'àme  est  substance;  2*^  l'âme  est  simple  ;  3°  elle  est 
numériquement  identique  dans  le  temps  ;  4°  elle  existe 
par  rapport  aux  objets  possibles  dans  l'espace.  Toutes  ces 
propositions  sont  déduites  de  l'analyse  du  concept  :  je 
pense;  et  elle^  concluent  abusivement  de  ce  concept  pure- 
ment formel  à  une  réalité.  La  psychologie  rationnelle  doit 
son  origine  à  un  simple  malentendu.  L'unité  de  la  cons- 


—  1023 


PARALOGISME  —  PARALYSIE 


cience  ou  une  pensée  est  prise  pour  Lunité  dn  sujet  pen- 
sant, et  regardée  comme  Tintuition  d'un  objet  (V.  So- 
phisme). E.  BOIRAC. 

PARA  10 S  (Antiq.  grecque).  Nom  de  l'une  des  deux 
trirèmes  sacrées  qui  étaient  toujours  prêtes  à  Aliiènes  pour 
le  service  de  l'Etat.  L'autre  s'appelait  la  Salaniinienne. 
Toutes  deux  servaient  à  transporter  les  théories  ou  am- 
bassades, à  rapporter  les  tributs  des  cités  soumises  à 
Athènes,  à  ramener  les  criminels.  En  temps  de  guerre, 
elles  étaient  souvent  montées  par  les  amiraux.  L'équipage 
devait  se  tenir  toujours  prêt,  et  les  hommes  étaient  payés 
à  raison  de  quatre  oboles  par  jour,  qu'ils  fussent  ou  non 
en  service. 

PARALYSIE.  La  paralysie  est  une  abolition  complèlc 
ou  diminution  de  la  contractilité  des  muscles  de  la  vie 
de  relation  ou  organiques  avec  ou  sans  lésions  apparentes 
des  nerfs  ou  des  centres  nerveux.  On  peut  constater  le 
plus  souvent,  au  début,  la  conservation  de  la  contractilité 
dans  les  muscles  paralysés,  contractilité  qui  disparaît  par 
la  suite  dès  que  des  troubles  de  nutrition  apparaissent 
dans  ces  muscles.  La  parésie  est  une  diminution  de  la  mo- 
tricité, la  paralysie  proprement  dite  en  est  l'abolition.  Por- 
tant généralement  sur  les  muscles  volontaires,  la  paraly- 
sie peut  atteindre  également  les  muscles  involontaires  ;  mais 
ajoutons  qu'il  est  exceptionnel  d'observer  la  perte  absolue 
du  mouvement  dans  tout  le  système  musculaire,  à  cause 
de  l'imminence  de  mort  cà  laquelle  elle  expose. 

Caractères  généraux  (dans  le  cas  de  paralysie  totale 
des  muscles  d'un  membre)  :  «  L'immobilité,  la  flaccidité, 
l'impuissance  motrice  volontaire,  la  chute  lourde  et  brusque 
du  membre  qui  en  est  atteint  par  la  pesanteur  quand  on 
le  soulève,  sans  que  la  tonicité  conservée  atténue  son  effet 
(Mayet)  ».  A  côté  de  ces  caractères,  on  signale  divers 
troubles  de  la  parole,  de  la  motiHté,  tels  que  contracture, 
athétose,  tremblement,  puis  des  troubles  de  la  sensibilité, 
des  réflexes,  de  la  trophicité.  Ajoutons  également  que 
h  flaccidité ,  non  accompagnée  de  contracture  musculaire, 
peut  faire  place,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  à  la  con- 
tracture de  la  paralysie  appelée  alors  spasmodique.  La 
contractilité  électrique  que  l'on  constate  à  l'aide  del'élec- 
trisatiou  locaHsée  peut  être  conservée  dans  les  muscles 
alors  que  le  mouvement  volontaire  y  est  aboli  ;  dans 
d'autres  cas,  il  peut  y  avoir  perte  au  même  degré  ou  à  dos 
degrés  différents  des  deux  sortes  de  contractions,  élec- 
triques ou  volontaires.  On  peut,  de  plus,  observer  dans  la 
paralysie,  la  perte  ou  la  conservation  des  mouvements  ré- 
flexes que  provoquent  la  piqûre,  le  pincement,  le  chalouil- 
lement,  etc. 

Modes  de  constatation  de  la  paralysie.  Elle  peut  se 
faire  avec  des  instruments  tels  que  le  dynamomètre  (Féré) , 
ou  sans  instruments  par  la  mise  en  œuvre  des  excitants 
physiologiques  normaux.  Aucun  des  muscles  involontaires 
n'est  excitable  directement  (sauf  les  muscles  du  voile  du 
palais  et  du  pharynx  excitables  directement  par  titillation, 
sous  l'action  des  corps  étrangers  et  par  l'acte  d'avaler 
un  liquide).  Pour  les  muscles  de  la  vie  de  relation,  l'exci- 
tant de  choix  est  la  volonté  (exécution  do  mouvements 
divers  pour  s'assurer  du  siège,  de  l'étendue  et  du  de- 
gré de  paralysie),  que  complète  la  vue  de  l'observateur, 
le  toucher  qui  donne  une  sensation  toute  particulière  de 
mollesse  élastique,  et  le  défaut  de  perception  par  le 
malade,  du  raccourcissement  et  du  durcissement  mus- 
culaires. 

Division.  V hémiplégie ^^i  une  paralysie hmitée  aune 
moitié  latérale  du  corps,  et,  suivant  les  cas,  complète  ou 
incom'plète  (atteignant  alors  un  des  segments  supérieurs 
ou  inférieurs),  directe  ovi  croisée,  alterne  (lorsque  la  face 
est  paralysée  d'un  côté  et  les  membres  de  l'autre)  ou 
transverse  (stauroplégie)  dans  les  cas  où  le  membre 
inférieur  est  paralysé  d'un  côté  et  le  membre  supérieur 
de  l'autre.  Dans  la  triplégie,  l'hémiplégie  s'accompagne 
de  la  paralysie  d'un  seul  membre  de  l'autre  côté.  —  Ac- 
compagnée souvent  de  déviation  conjuguée  de  la  tète  et 


des  yeux,  l'hémiplégie  épargne  les  muscles  respiratoires. 
On  nomme  paraplégie  (V.  ce  mot)  la  paralysie  qui 
affecte  la  moitié  inférieure  du  corps,  avec  ou  sans  atteinte 
des  muscles  abdominaux  et  du  diaphragme,  monoplégie, 
celle  qui  se  limite  à  un  membre,  à  une  moitié  de  la 
face,  à  un  bras,  une  jambe,  ou  même  à  une  fraction 
d'appareil  ou  d'organe,  et  enfln  diaplegie  celle  qui  est 
diffuse. 

^  Pathogénie.  Etiologie.  Les  paralysies  peuvent  surve- 
nir par  perte  d'intégrité  du  neurone  moteur  cérébral, 
bulbaire  ou  médullaire  (on  sait  que  le  fllet  moteur  part 
du  neurone,  traverse  successivement  le  centre  ovale,  la 
capsule  interne,  le  pédoncule  cérébral,  la  protubérance 
annulaire  pour  se  rendre,  soit  aux  cellules  du  bulbe,  soit 
aux  cellules  de  la  moelle  dont  le  filet  moteur  constitutif  du 
nerf  moteur  se  rend  au  muscle).  Une  atteinte  portée  au 
neurone  moteur  ou  à  son  fdet  nerveux,  telle  qu'une  solu- 
tion de  continuité,  cause  une  paralysie.  On  observe  la 
paralysie  dans  les  affections  organiques  du  système  ner- 
veux, dans  les  névroses,  dans  des  maladies  infectieuses,  la 
syphiHs,  etc.  L'hémorragie  cérébrale,  médallairc  par  ar~ 
tinite,  les  tumeurs,  ieramoUissement  par  thrombose  peuvent 
la  provoquer  indirectement.  On  peut  classer  les  paralysies 
selon  qu'elles  sont  dues  soit  à  une  lésion  des  muscles^  dos 
nerfs,  de  la  moelle,  de  l'encéphale,  soit  à  une  névrose, 
une  intoxication.  Ne  pouvant,  faute  de  place,  établir  sé- 
méiologiquement  une  classification  des  diverses  pai'alysies, 
fondée  sur  leurs  caractères  propres  et  différentiels,  nous 
nous  contenterons  de  suivre  un  ordre  alphabétique.  Disons 
cependant  qu'on  peut  distinguer  les  paralysies  en  orga- 
niques ^^i  en  fonctionnelles,  ces  dernières  à  lésions  in- 
déterminées (hystérie)  et  paraissant  dépendre  d'un  trouble 
de  nutrition  du  système  nerveux  ou  de  fonctionnement 
par  inhibition. 

Paralysie  agitante  ou  maladie  de  Parkinson  (Parkin- 
son,  4817),  bien  étudiée  par  l'école  de  Gharcot,  se  déve- 
loppe de  cinquante  à  soixante  ans,  surtout  chez  les  Anglo- 
Saxons  et  les  névropathes  héréditaires,  et  dans  l'hérédité 
des  rhumatisants,  alcooliques,  ahéii.'>s.  Las  émo lions  mo- 
rales vives,  i'irritation  par  traumatisine  des  nerfs  péri- 
phériques, le  froid  humide,  etc.,  peuvent  la  déterminer. 
Symptômes  et  nmrche.  Le  début  peut  être  brusque, 
ou  lent  et  insidieux  par  rigidité  ou  tremblement  d'un 
segment  de  membre.  Le  tremblement  (oscillation  ryth- 
mique de  faible  amplitude)  est  d'abord  léger,  localisé  aune 
main,  ou  un  pied,  puis  il  s'accroît  en  se  généralisant  à  un 
côté  du  corps  et  aux  membres  inf<nneurs  ;  il  se  produit  au 
repos,  se  suspend  pendant  les  mouvements  volontaires, 
cesse  pendant  le  sommeil.  Par  trémulation  des  lèvres  et  de 
la  langue,  la  parole  est  saccadée.  Le  pouce  est  fléchi  sur 
les  autres  doigts,  et  le  poignet  sui'  F  avant-bras  quand  il 
n'est  pas  étendu.  Tout  le  membre  supérieur  tremble  ;  de 
même  pour  le  membre  inférieur,  altoi'natives  de  flexion  et 
d'extension  du  pied.  La  rigidité  musculaire,  par  pseudo- 
contracture, porte  sur  les  membres,  le  tronc,  le  cou  (surtout 
fléchisseurs),  avec  déformation  des  mains,  flexion  de  la 
tête,  des  avant-bras  et  des  membres  inférieui'S.  Par  suite 
de  l'altération  de  la  fibre  musculaire  qui  la  détermine,  il 
y  di  ralentissement  des  mouvemenls.  Propulsion  en  avant 
du  corps  pendant  la  marche,  ainsi  que  rétropuision,  laté- 
ropulsion  avec  attitude  penchée  en  avant  et  faciès  figé  de 
la  peur.  Réaction  électrique  normale,  réflexes  normaux, 
quelquefois  exagérés.  Sensibilité  subjective:  besoin  de  dé- 
placement, sensation  de  chaleur  générale,  surtout  épigas- 
trique,  avec  élévation  de  température  périphérique.  Crampes 
douloureuses.  Changement  de  caractère  vers  la  fin,  ainsi 
qu'aflaiblissement  et  paresie  musculaire.  La   durée   de 
l'affection  est  longue  (quinze  à  vingt  ans),  d'où  pronostic 
grave,  pas  d'espoir  deguérison  ;  morti^àv  dépérissement  ou 
pneumonie. 

Traitement.  Massage,  suspension,  électrisation,  fau- 
teuil trépidant,  bains  sulfureux,  belladone,  iodure  de  po- 
tassium, bromure  de  camphre,  borate  de  soude. 


PARALYSIE 


4024 


Paralysie  alterne  ou  dlmiuiee  (V.  Hémipléc.ie). 

Paralysie  amyotrophique  (V.  Atrophie  musculaire  pro- 
gressive, t.  IV,  p.  488). 

Paralysie  ascendante  due  à  une  lésion  de  la  moelle 
s'étendant  de  bas  en  haut,  avec  propagation  des  extrémi- 
tés inférieures  aux  supérieures  et  au  thorax. 

Paralysie  ascendante  aicuë,  appelée  encore  maladie 
de  Landry  (Landry,  1839),  est  une  paralysie  à  marche 
rapide  qui  débute  dans  les  membres  inférieurs  pour  ga- 
gner de  là  les  membres  supérieurs,  puis  les  muscles  bul- 
baires. C'est  une  affection  de  Page  adulte,  plus  fréquente 
dans  le  sexe  masculin,  qui  semble  liée  à  un  processus  toxique 
dû  à  une  maladie  infectieuse  antérieure  (fièvre  typhoïde, 
variole)  et  à  la  tuberculose. 

Analomie pathologie.  Désintégrations  protoplasmiques 
des  cellules  motrices  des  cornes  antérieures  de  la  moelle, 
exsudats  périceilulaires  peut-être  par  thrombose  hyaline 
des  artères  centrales  de  la  moelle. 

Symptômes,  Début  par  des  fourmillements  et  engour- 
dissements dans  les  membres  ou  par  un  affaiblissement 
subit  des  membres  inférieurs  qui  aboutit  au  bout  d'un  ou 
deux  jours  à  une  paralysie  complète,  avec  troubles  plus 
ou  moins  grands  des  sphincters.  La  paralysie,  progressant 
de  bas  en  haut  (tronc,  thorax,  membres  supérieurs), peut 
atteindre  le  larynx,  la  langue,  le  pharynx  (aphonie,  dys- 
phagie,  troubles  respiratoires) ,  l'œil  quelquefois.  La  sen- 
sibilité est  intacte,  abolition  des  réflexes  tendineux.  Mort 
par  paralysie  du  diaphragme  au  bout  de  cinq,  douze  jours; 
fjitérison  rare,  mais  alors  rapide.  Diagnostic  :  à  faire 
avec  la  myélite  ascendante  subaigiië  (évolution  plus 
lente)  ;  avec  la  paralysie  infantile  (début  fébrile)  ;  avec 
ks  polynévrites  (douleurs  le  long  du  trajet  des  nerfs),  la 
paraplégie,  etc. 

Pronostic:  très  grave,  la  guérison  est  exceptionnelle. 

Traitement.  Immobilité  la  plus  complète,  antiphlogis- 
ti^iues,  révulsifs,  onctions  à  la  pommade  stibiée. 

Paralysie  asphyxique.  —  «  Suspension  des  facultés  intel- 
lectuelles, des  mouvements  volontaires,  de  la  sensibilité 
cutanée,  des  mouvements  de  la  respiration,  de  ceux  de 
l'iris,  enfin  de  ceux  du  cœur,  qui  détermine  successivement 
l'asphyxie»  (Littré).  Le  retour  à  l'activité  normale  s'opère 
en  sens  inverse. 

Paralysie  atrophique  (V.  Atrophie  musculaire,  t.  IV, 
p.  488). 

Paralysie  bulbaire  (V.  Bulbe,  Ji  Pathologie). 

Paralysie  choréique.  —  Parésies  à  forme  limitée  à 
un  côté  du  corps,  ou  paraplégiques,  ou  généralisées 
(V.  Chorée). 

Paralysie  de  l'enfance  (Poliomyélite  aiguë)  est  une 
myélite  systématique  des  cornes  antérieures;  elle  a  été  l'objet 
(ie  nombreux  travaux  depuis  Underwood  (1784)  jusqu'à 
Charcot  et  Joffroy  (1870),  qui  ont  montré  que  la  lésion 
fondamentale  de  la  maladie  consistait  en  des  foyers  de 
ramollissement  au  niveau  de  la  racine  des  cornes  anté- 
rieures dont  les  cellules,  altérées,  puis  disparues,  sont 
alors  remplacées  par  une  hyperplasie  scléreusc.  Les  cor- 
dons antéro-latéraux  sont  altérés,  sclérosés,  et  les  racines 
antérieures  le  siège  d'une  atrophie  dégénératrice  avec 
diminution  du  nombre  et  du  volume  des  tubes  nerveux 
(sclérose  périfasciculaire).  On  constate,  en  cas  de  pro- 
cessus assez  avancé,  des  altérations  atrophiques  dos  nerfs, 
des  os,  de  la  peau,  des  muscles  (lipomatose  ou  hyperplasie 
conjonctive,  consécutive  à  Tatrophie).  C'est  une  affection 
de  la  première  enfance,  fréquente  surtout  entre  deux  et 
neuf  ans,  d'origine  infectieuse  (Marie).  La  dentition,  le 
refroidissement  y  prédisposeraient. 

Symptômes.  Généralement,  le  début  est  brusipie  et 
s'accompagne  d'une  température  élevée  pendant  plusieurs 
jours  (39''  à  40*^),  de  convulsions  généralisées  ou  par- 
tielles avec  ou  sans  coma,  angine,  diarrhée,  vomissements. 
(Quelquefois  la,  fièvre  est  le  seul  symptôme  observe.  La  \ 
température  s'amende,  mais  alors  l'enfant  est  paralysé  ' 
d'emblée,  souvent  dans  l'espace  d'une  demi-journée,  avec   : 


localisation  à  un  membre,  ou  avec  paraplégie,  ou  excep- 
tionnellement hémiplégie,  paralysie  des  quatre  membres. 
La  régression  s'effectue  au  bout  de  quelques  semaine^ 
avec  fixation  définitive  de  la  paralysie  sur  certains  muscles 
(aux  membres  inférieurs,  biceps,  fessiers Jambier  anté- 
rieur, extenseur  commun  des  orteils,  extenseur  du 
■gros  orteil  et  péroniers;  aux  membres  supérieurs,  del- 
toïdes, dont  la  paralysie  peut  être  précédée  de  celle  des 
muscles  des  gouttières  vertébrales).  Diminution  ou  abo- 
lition des  réflexes,  absence  de  contracture  ;  la  paralysie 
est  flasque.  La  sensibibté  est  respectée,  ainsi  que  les 
sphincters.  La  réaction  de  dégénérescence  s'observe  tou- 
jours. 

Paralysie  des  aliénés  (V.  ci-dessous  paralysie  géné- 
rale). 

Paralysie  des  porteurs  d'eau  (V.  Radial). 

Paralysie  diphtérique.  —  Sans  rapport  avec  la  locali- 
sation spéciale  de  la  diphtérie,  survenant  par  la  seule 
action  de  la  toxine,  les  paralysies  sont  généralement  con- 
sécutives aux  angines  diphtériques,  et  rarement  constituent 
le  symptôme  révélateur  de  la  diphtérie.  Apparaissent  géné- 
ralement du  huitième  au  quinzième  jour  après  l'angine, 
mais  rarement  un  mois  et  demi,  deux  mois  après. 

Anatomie  pathologique.  Névrite  segmentaire,périaxile, 
portant  sur  les  palatins,  par  exemple  (Gombault)  ;  lésions 
spinales  (Déjerine). 

Symptômes.  Dans  la  forme  limitée,  après  un  début 
lent  et  insidieux,  c'est  généralement  le  voile  du  palais  qui 
est  atteint  —  voile  flasque,  pendant,  luette  déviée  par- 
fois —  d'où  troubles  de  la  phonation  (voix  faible  et 
nasonnée),  de  la  respiration,  de  la  déglutition  (reflux 
des  liquides  par  le  nez,  pénétration  de  parcelles  dans  le 
pharynx  par  abolition  du  réflexe  pharyngien)  ;  il  y  a 
dysphagie.  La  paralysie  peut  alors  se  généraliser,  si  elle 
ne  l'est  déjà  d'emblée.  Dans  la  forme  généralisée,  après 
le  voile  du  palais,  sont  pris  successivement  :  les  yeux,  les 
membres  inférieurs,  tronc,  cou,  face,  rectum,  vessie.  Les 
yeux  sont  atteints  de  paralysie  des  muscles  accommoda- 
teurs  (amblyopie,  mydriase)  et  quelquefois  moteurs  (stra- 
bisme, ptôse);  aux  membres  inférieurs,  paraplégie, ;?5ez(- 
dotabès,  paralysie  ataxiqne;  aux  membres  supérieurs, 
tremblement,  maladresse  des  mains,  impotence.  Syndrome 
labio-glosso-laryngé  (cou,  face,  langue,  lèvres,  joues). 
Paralysie  des  muscles  de  la  vie  organique  :  les  troubles 
cardiaques  (arythmie,  accès  de  suffocation)  et  respira- 
toires (essoufflement,  accès  d'oppression),  généralement 
isolés,  peuvent  s'unir  et  donner  lieu  à  des  crises  bul- 
baires. Dans  cette  forme,  la  guérison  est  possible. 

Pronostic  assez  grave  :  il  y  a  guérison  dans  les  8/10  des 
cas  au  moins;  dans  les  autres,  mort  par  cachexie,  asphyxie, 
suffocation,  paralysie  cardiaque,  etc. 

Traitement  :  a,  prophylactique  par  injections  de  sérum 
de  Roux;   /;,  symptomatique  (toniques,  sonde  œsopha- 
gienne, préparations  de  noix  vomique,  sulfate  de  strjTh- 
nine,  frictions  aromatiques,  hydrothérapie,  électrisation). 
D;  L.  Hahn  et  C.  Hahn. 

Paralysie  faciale.  —  Abolition  plus  ou  moins  com- 
plète de  la  contractilité  des  muscles  ou  de  quelques-uns 
des  muscles  innervés  par  le  nerf  facial.  Elle  ne  doit  donc 
pas  être  confondue  avec  la  perte  de  la  sensibilité  ou 
Panesthésie  de  la  face  due  à  une  lésion  du  trijumeau. 
C'est  Charles  Bell  (18'2o)  qui,  un  des  premiers,  a  étudié 
avec  soin  cette  paralysie. 

Causes.  Fréquente  à  tous  les  âges,  ses  causes  sont 
centrales  ou  périphériques.  Les  causes  centrales  siègent 
dans  l'encéphale  entre  le  noyau  originel  du  nerf  dans  le 
bulbe  et  la  couche  corticale  de  Phémisphère  cérébral  ;  les 
effets  de  ces  causes  centrales  sont  croisés  ;  la  paralysie 
est  du  côté  opposé  à  la  lésion.  Les  causes  périphériques 
atteignent  le  facial  dans  un  point  de  son  trajet  jusqu'à 
ses  expansions  terminales;  elles  sont  :  \^  intra-cra- 
niennes  (de  l'origine  du  nerf  jusqu'au  conduit  auditif 
interne,  sclérose  du  bulbe,  tumeurs  de  la  base,  exsudats 


1025  — 


PARALYSIE 


méningés)  ;  1^  interstitielles  ;  elles  atteignent  le  nerf 
dans  son  parcours  à  travers  le  rocher  (otite  interne,  os- 
téite et  carie  du  rocher,  hémorragies  dans  l'aqueduc  de 
Fallope,  fractures  du  temporal);  3*^  superficielles;  elles 
intéressent  directement  les  rameaux  terminaux  (tumeurs 
de  la  parotide,  traumatismes,  froid,  syphiUs). 

Symptômes.  La  maladie  débute  brusquement,  lors- 
qu'elle résulte  d'une  lésion  traumatique  du  nerf,  d'un 
refroidissem.ent,  ou  progressivement  quand  elle  se  rattache 
à  une  lésion  envahissant  secondairement  le  facial.  Le  pre- 
mier symptôme  est  un  défaut  remarquable  de  symétrie 
entre  les  deux  côtés  du  visage  ;  le  côté  paralysé  est  tlasque, 
pendant;  ses  plis  naturels,  ses  sillons  et  ses  saillies  sont 
effacés  :  il  a  un  aspect  lisse  et  uni  qui  contraste  avec  l'âge 
de  l'individu.  Si  le  malade  cherche  à  froncer  le  front,  il 
ne  détermine  de  contractions  que  du  côté  sain,  et  les  rides 
de  ce  côté  contrastent  avec  l'immobilité  de  la  partie 
affectée  ;  l'œil  parait  plus  volumineux,  la  paupière  supé- 
rieure étant  relevée  et  restant  immobile  ;  souvent  il  y  a 
un  écoulement  constant  de  larmes.  Les  yeux  jouissent  de 
leur  mobilité  normale,  leurs  muscles  moteurs  n'étant  pas 
pris.  Le  buccinateur  est  paralysé,  la  joue  est  flasque.  Le 
nez  est  entraîné  du  côté  sain  ;  l'angle  de  la  bouche  est 
déprimé  et  rapproché  de  la  Hgne  médiane.  Les  plis  natu- 
rels du  côté  sain  sont  plus  marqués,  par  suite  d'une  ten- 
sion involontaire  des  muscles.  Gomme  les  muscles  du  côté 
sain  ne  trouvent  plus  de  résistance  de  la  part  des  muscles 
paralysés,  les  téguments  sont  entraînés  du  côté  sain.  Le 
contraste  entre  les  deux  côtés  devient  encore  plus  marqué 
si  on  essaye  de  faire  parler,  rire,  siffler  le  malade.  On 
peut  encore,  selon  le  siège  de  la  lésion,  observer  de  la 
déviation  de  la  luette  et  de  la  langue,  de  l'exaltation  de 
l'ouïe,  de  l'altération  du  goût. 

Marche.  Le  début  est  assez  rapide  ;  en  deux  ou  trois 
jours,  la  paralysie  arrive  à  son  complet  développement, 
et  n'offre  jamais  ces  alternatives  d'intensité  et  ces  inter- 
mittences qu'on  peut  observer  dans  certaines  névroses.  La 
durée  est  subordonnée  à  la  nature  de  la  cause  qui  l'a  pro- 
duite ;  elle  guérit  en  trois  à  cinq  semaines  ;  le  retour  de 
la  contractilité  est  successif  et  débute  par  le  buccinateur. 
Quelquefois,  la  paralysie  peut  persister  toujours  ;  jamais 
elle  ne  compromet  la  vie  du  malade.  Enfin,  dans  certains 
cas,  elle  peut  être  double  et  donner  lieu  alors  à  des  symp- 
tômes beaucoup  plus  graves.  Le  diagnostic  est  facile  ;  il 
est  seulement  important  de  déterminer  si  son  origine  est 
centrale  ou  périphérique. 

Traitement.  L'électrisation  seule  donne  de  bons  résul- 
tats, mais  il  ne  faut  pas  y  recourir  dès  le  début,  car  il  y  au- 
rait inconvénient  à  diriger  le  courant  sur  un  nerf  enflammé. 
La  paralysie  due  à  la  destruction  du  nerf  dans  les  maladies 
du  rocher  ou  à  une  dégénérescence  plus  ou  moins  profonde 
est  au-dessus  des  ressources  de  l'art.  D^'Mahtha. 

Pâiulysie  générale.  —  La  paralysie  générale  est  une 
méningo-encéphalite,  c.-à-d.  une  inflammation  des  mé- 
ninges et  de  l'encéphale.  Elle  est  caractérisée  anatomique- 
ment  par  le  ramoUissement  superficiel  de  l'encéphale  au- 
quel adhère  la  pie-mère  sclérosée  et  chniquement  par  la 
coexistence  de  troubles  mentaux,  de  troubles  de  la  parole 
et  d'ataxie  ou  incoordination  des  mouvements  volontaires. 
C'est  dire  que  la  dénomination  de  paralysie  convient  bien 
mal  à  cette  affection,  et  l'impropriété  manifeste  de  cette 
appellation  explique  la  nombreuse  synonymie  que  nous 
relevons.  L'affection  a,  en  effet,  été  dénommée  par  divers 
auteurs  :  paralysie  musculaire  chronique,  arachnitis  chro- 
nique, périencéphalite  chronique,  paralysie  progressive, 
démence  paralytique.  Il  n'est  pas  jusqu'à  l'unité  même  de 
la  maladie  qui  n'ait  été  mise  en  question,  et  les  recherches 
les  plus  récentes  tendent  à  démontrer  qu'en  réalité  la 
paralysie  générale  doit  être  considérée,  non  absolument 
comme  une  entité  morbide,  mais  beaucoup  plutôt  comme 
un  syndrome,  résultat  d'infections  et  d'auto-intoxications 
diverses. 

Il  est  fort  probable  que  la  paralysie  générale  a  existé 

GRANDE   ENCYCLOPÉDIE.    -^   XXV. 


de  tout  temps,  mais  la  première  description  un  peu  nette 
qui  en  ait  été  donnée  remonte  seulement  à  1798,  où  elle 
fut  tirée  du  chaos  des  vésanies  par  Haslani,  pharmacien 
de  Bedlam.  Esquirol  en  1814,  Georget  en  iS^lO  établirent 
la  valeur  clinique  de  cette  première  description,  mais  sans 
arriver  à  préciser  la  nature  de  l'affection.  Cet  honneur 
était  réservé  à  Bayle  qui,  dans  sa  thèse  de  1822  sur 
l'arachnitis  chronique,  et  consécutivement  dans  divers 
Mémoires,  fit  connaître  les  symptômes  complets  de  la 
maladie  et  les  lésions  qui  en  sont  l'origine.  Delayle,  vers 
la  même  époque,  plus  tard  Calmeil,  lalret,  Baillarger, 
Voisin,  apportèrent  un  contingent  important  à  l'étude 
anatomo-pathologique  et  surtout  clinique  de  la  paralysie 
générale. 

C'est  en  une  série  de  périodes,  de  durée  variable,  que 
l'on  voit  I évoluer  la  paralysie  générale.  L'état  confirmé 
de  l'affection  est  d'habitude  précédé  par  des  prodromes  de 
valeur  et  de  nature  variables,  prodromes  dont  la  connais- 
sance est  capitale  pour  le  médecin  légiste.  Il  est  très  dif- 
cile  de  dire  exactement  à  quelle  date  débute  la  maladie. 
Les  premiers  phénomènes  morbides  passent,  en  effet,  le  plus 
souvent  inaperçus,  et  il  faut  qu'une  circonstance  exception- 
nelle vienne  attirer  l'attention  du  côté  de  l'état  mental, 
pour  qu'une  présomption,  plutôt  qu'une  certitude,  entraîne 
le  médecin  à  diagnostiquer  la  paralysie  générale.  Le  malade 
se  plaint  depuis  quelque  temps  de  migraines,  de  névral- 
gies, de  douleurs  vagues  dans  tous  les  membres,  d'insom- 
nies. Ces  phénomènes  sont  en  eux-mêmes  fort  banaux, 
mais  si  l'on  étudie  de  plus  près  l'état  mental  du  malade, 
il  est  habituel  de  constater  que  déjà  il  est  marqué  d'un 
certain  nombre  de  stigmates.  De  lui-même,  il  se  plaint 
souvent  de  perte  de  la  mémoire  ;  son  entourage  remarque 
que  les  sentiments  moraux  et  affectifs  sont  plus  ou  moins 
pervertis.  L'excitation  génitale,  dans  ses  modes  normaux 
et  anormaux,  est  habituelle,  et,  jointe  à  la  diminution  des 
sentiments  moraux,  efle  entraîne  le  malade  à  commettre 
des  actes  déhctueux.  De  môme  les  idées  n'ont  plus  ni  leur 
netteté  ni  leur  suite  habituelles.  Le  malade  est  déjà  atteint 
plus  ou  moins  de  délire  ambitieux  ;  il  cherche  à  réaliser 
de  grandes  entreprises  et  emploie  pour  cela  de  pauvres 
moyens,  qui  souvent  font  contraste  avec  sa  prudence  habi- 
tuelle. D'autre  part,  son  honnêteté  paraît  profondément 
atteinte,  et  souvent  il  se  livre  au  vol,  sans  le  moindre  scru- 
pule, mais  aussi  sans  la  moindre  précaution  et  sans  la 
moindre  utilité.  Dès  ce  moment,  l'on  constate  souvent  de 
l'embarras  de  la  parole,  embarras  encore  peu  marqué, 
mais  qui  rend  déjà  difficile  et  confuse *la  prononciation  des 
mots  polysyllabiques.  Les  mouvements  n'ont  plus  la  pré- 
cision habituelle,  et  les  actes  qui  exigent  une  certaine 
habileté  deviennent  diflîciles  à  accomplir,  tels  le  dessin  et 
la  peinture  pour  les  artistes.  Dans  d'autres  cas,  cette  pé- 
riode de  début  est  marquée,  soit  par  de  la  mélancolie,  soit 
par  de  l'hypocondrie,  mais  cela  est  assez  rare  ;  le  para- 
lytique général  est  habituellement  un  optimiste. 

L'attention  est  enfin  éveillée  par  un  acte  de  délire  bien 
caractérisé,  souvent  aussi  par  une  attaque  apoplectiforme 
ou  épileptiforme,  et  l'examen  permet  alors  de  constater 
tous  les  symptômes  de  la  maladie  confirmée.  Ces  symptômes 
peuvent  être  divisés,  pour  la  commodité  de  l'étude,  en 
symptômes  physiques  et  symptômes  psychiques. 

Ldiinotilité  est  particulièrement  atteinte  non  par  la  pa- 
ralysie, comme  l'avaient  cru  les  premiers  observateurs, 
mais  par  de  l'ataxie,  par  de  l'incoordination  des  mouve- 
ments volontaires  et  par  un  tremblement  fibrillaire  des 
muscles.  Si  l'on  fait  tirer  la  langue  à  un  paralytique,  il 
ne  la  projette  que  difficilement  hors  de  la  bouche,  et  l'on 
aperçoit  alors  sur  toute  la  surface  de  l'organe,  mais  prin- 
cipalement sur  les  côtés,  une  série  de  petites  contractions 
partielles,  de  petites  vibrations,  une  sorte  de  trémulation^ 
Les  muscles  des  lèvres  sont  également  atteints  des  mêmes 
tremblements.  Ces  tremblements  rendent  la  parole  diffi- 
cile. La  parole  est  hésitante,  le  bégaiement,  le  balbutie- 
ment, le  bredouillement  en  sont  les  caractères  principaux 

65 


PARALYSIE 


4026 


Souvent  il  y  a  interversion  des  syllabes,  abréviation  du 
mot  par  suppression  d'une  ou  de  plusieurs  syllabes.  Au 
début,  ces  phénomènes  sont  surtout  faciles  à  constater 
lors  de  la  prononciation  des  mots  un  peu  longs.  Le  timbre 
de  la  voix  est  lui-même  altéré,  le  malade  parle  habituel- 
lement du  nez.  Le  tremblement  existe  avec  les  mêmes  ca- 
ractères dans  les  muscles  des  membres  ;  c'est  un  trem- 
blement à  vibrations  rapides,  de  six  à  huit  par  seconde. 
En  même  temps,  les  mouvements  sont  incoordinés  et  ma 
ladroits.  L'écriture  est  déformée  par  le  tremblement  et 
l'ataxie  ;  elle  est  habituellement  lourde  et  grasse,  les  traits 
en  sont  tremblés.  Les  mots  écrits  sont  souvent  altérés 
eux-mêmes  de  la  même  fe^çon  que  les  mots  parlés.  La 
marche  est  très  difficile  et  irrégulière  ;  elle  présente  dans 
une  certaine  mesure  des  ressemblances  avec  la  marche 
propre  au  tabétique.  Beaucoup  de  malades  peuvent  à 
peine  se  tenir  debout  ;  ils  oscillent  à  droite  et  à  gauche, 
ne  peuvent  marcher  qu'en  écartant  les  jambes  et  en 
appuyant  fortement  sur  les  talons  ;  le  changement  de  di- 
rection est  difficile,  et  si  le  malade  vient  à  s'asseoir,  il  le 
fait  lourdement,  maladroitement.  Dans  la  période  termi- 
nale de  la  maladie,  la  marche  devient  complètement  impos- 
sible. Cependant  l'examen  dynamométrique  montre  que  la 
force  musculaire  est  conservée.  En  un  mot,  il  n'y  a  pas 
de  paralysie  véritable.  Les  muscles  de  la  vie  organique 
sont  également  touchés,  ainsi  que  le  prouvent  l'inconti- 
nence d'urine,  etc.  La  sensibilité  générale  et  spéciale  est 
également  atteinte.  Il  est  fréquent  de  constater  de  l'anes- 
thésie  et  la  diminution  du  goût  et  de  l'odorat.  Une  men- 
tion toute  spéciale  doit  être  faite  des  troubles  pupillaires 
qui  se  montrent  de  très  bonne  heure  et  qui  fournissent 
ainsi  un  élément  important  au  diagnostic  précoce.  Ce  qui 
domine,  c'est  V inégalité pupillaireîiicÀlQ  à  constater.  On 
note  en  outre  des  troubles  divers,  portant  même  sur  le 
fond  de  l'œil. 

L'état  des  organes  reste  habituellement  assez  bon, 
Fappétit  est  conservé,  les  digestions  et  les  sécrétions  nor- 
males. On  constate  cependant  de  temps  en  temps  de  la 
fièvre,  au  moment  où  il  se  produit  des  poussées  encépha- 
liques. Les  troubles  trophiques  de  la  peau,  particuhère- 
ment  l'eschare  sacrée,  sont  habituels,  mais  seulement  dans 
la  période  terminale  de  l'affection,  dans  le  marasme  qui 
vient  clore  la  scène. 

Les  symptômes  psychiques  occupent  une  place  très  im- 
portante. L'affaibhssement  atteint  toutes  les  facultés  intel- 
lectuelles, mais  d'une  façon  non  systématique.  Les  hallu- 
cinations, niées  par  quelques  auteurs,  sont  rares,  mais 
elles  existent,  sans  former  un  des  traits  habituels  de  la 
maladie.  L'intelligence,  quelquefois  surexcitée  au  début 
de  la  maladie,  va  ensuite  en  s'affaibhssant  d'une  manièie 
défmitive.  La  mémoire,  la  volonté,  sont  profondément 
atteintes,  le  malade  fait  mihe  projets  sans  suite  et  sans 
lien,  et  ne  fait  aucun  effort  réel  pour  les  réahser.  A  une 
minute  de  distance,  il  se  contredit.  Le  plus  souvent,  il  est 
atteint  de  délire  ambitieux,  il  se  croit  pape,  roi,  riche  à 
millions  ;  il  estime  que  son  corps  est  en  or,  etc.  Il  ne 
parle  que  par  millions  et  milliards.  S'il  veut  évaluer  la 
fortune  qu'il  croit  posséder,  il  fait  suivre  une  unité  quel- 
conque de  plusieurs  pages  de  zéros.  Il  se  croit  d'une 
beauté,  d'une  force  surhumaines.  Il  énumère  le  tout  sans 
suite,  sans  lien,  sans  logique.  Dans  d'autres  cas  beau- 
coup plus  rares,  le  paralytique  général  est  un  mélanco- 
lique et  un  hypocondriaque.  Il  est  persuadé  que  son 
corps  est  en  verre,  qu'il  n'a  plus  d'estomac,  plus  d'intes- 
tins, etc.  On  note  encore  chez  certains  une  alternance  de 
phénomènes  d'excitation  et  de  phénomènes  de  dépression, 
une  sorte  de  paralysie  à  double  forme. 

Les  sentiments  et  le  caractère  sont  également  atteints. 
Le  paralytique  général  est  profondément  égoïste,  parfai- 
tement immoral,  ou  plutôt  amoral.  Aussi  est-il  capable  de 
tout.  Ses  colères  de  peu  de  durée,  faciles  à  apaiser,  sont 
terribles.  Ses  actes  peuvent  être  insignifiants  ou  très  dan- 
gereux. Les  incendies,  les  vols,  les  attentats  divers  à  la 


morale,  le  tout  marqué  au  coin  de  l'absurdité  et  du  cynisme 
le  plus  éhonté,  peuvent  se  succéder  dans  la  vie  du  paraly- 
tique général,  s'il  est  laissé  en  liberté.  Les  exhibitionnistes 
ne  sont,  le  plus  habituellement,  que  des  paralytiques  gé- 
néraux. S'il  est  atteint  de  mélancolie,  le  paralytique  général 
recourra  facilement  au  suicide.  On  divise  parfois  la  para- 
lysie générale  en  trois  périodes,  de  monomanie,  de  manie 
et  de  démence  ;  mais  ces  divisions  n'ont  rien  de  tranché, 
et  il  existe  quelquefois  des  périodes  de  rémission.  Le  cours 
de  l'affection  est  souvent  interrompu  par  des  comphcations, 
telles  que  les  attaques  apoplectiformes  et  épileptiformes. 
Puis,  après  une  période  plus  ou  moins  longue,  qui  peut 
aller  de  plusieurs  mois  à  plusieurs  années,  les^  troubles  phy- 
siques et  psychiques  allant  toujours  en  s'aggravant,  le 
malade  tombe  dans  un  état  complet  de  démence  et  de  ma- 
rasme. La  parole  devient  inintelHgible,  les  mouvements 
sont  presque  impossibles,  et  l'intelligence  est  complètement 
éteinte.  Bien  que  l'appétit  persiste^  l'amaigrissement  ap- 
paraît et  se  prononce  de  plus  en  plus  ;  les  eschares  sont  ha- 
bituelles à  cette  période.  I^ntin  Li  terminaison  mortelle  sur- 
vient. 

Le  pronostic  de  la  paralysie  générale  est  extrêmement 
grave.  Cependant  on  aurait  constaté  quelques  cas  de  gué- 
rison  qui  n'étaient  peut-être  que  des  rémissions  de  très 
longue  durée.  A  côté  de  la  paralysie  générale  vraie,  on  a 
décrit  des  pseudo-paralysies  générales,  d'origine  alcoo- 
lique, arthritique,  syphilitique,  etc.,  dont  la  connaissance 
est  encore  trop  incomplète  pour  que  nous  puissions  y  in- 
sister ici. 

Le  diagnostic  de  la  paralysie  générale  est  habituelle- 
ment très  facile  dans  la  période  confirmée,  l'inégalité  pu- 
pillaire,  les  tremblements  et  les  troubles  de  la' parole  la 
distinguent  nettement  des  autres  vésanies,  telles  que  la 
manie  aiguë  simple  et  la  folie  à  double  forme  (V.  Alié- 
nation mentale).  Le  délire  alcoolique  aigu,  le  délire  épi- 
leptique  seront  également  faciles  à  distinguer  par  la  con- 
naissance des  antécédents  et  par  la  marche  même  de  la 
maladie  toute  différente.  Dans  sa  première  période,  la  pa- 
ralysie générale  pourrait  être  confondue  avec  la  neu- 
rasthénie cérébrale,  si  l'on  ne  s'attachait  à  rechercher 
l'inégalité  pupillaire,  les  troubles  de  la  parole  et  de  l'in- 
telligence, qui  font  défaut  dans  la  neurasthénie.  D'ailleurs, 
le  neurasthénique  est  le  plus  haiiituellement  un  triste  et 
un  pessimiste,  le  paralytique  général  un  optimiste.  La 
pseudo-paralysie  générale  syphiliti(|ue  ou  plutôt  parasyphi- 
litique  (Fournier)  doit  éveiller  l'attention,  car  elle  est  cu- 
rable par  le  traitement  spécifique. 

La  paralysie  générale  est  une  maladie  qui  frappe  beau- 
coup plus  les  hommes  que  les  femmes  chez  lesquelles  elle  est 
rare.  Quant  à  ses  Ceauses  réelles,  elles  sont  encore  inconnues. 
On  a  invoqué  le  surmenage,  l'alcoolisme,  les  excès  de  tout 
genre,  qui  sont  sans  aucun  doute  prédisposants  par  la 
congestion  cérébrale  qu'ils  pi^ovoquent  et  entretiennent 
Quant  à  la  cause  profonde,  il  faut  sans  doute  la  chercher 
dans  les  auto-intoxications  et  les  infections,  ainsi  que  Klip- 
pel  s'est  attaché  à  le  démontrer.  L'affection  débute  ordi- 
nairement entre  trente-cinq  et  quarante-cinq  ans,  rare- 
ment plus  tard. 

A  l'ouverture  du  crâne  d'un  paralytique  général,  on 
constate  habituellement  que  la  dure-mère  est  injectée  ;  à 
sa  face  interne  on  constate  assez  souvent  la  présence  d'hé- 
matomes. Après  une  longue  durée  de  l'affection,  la  dure- 
mère  est  souvent  ratatinée,  comme  appliquée  sur  le  cer- 
veau. L'arachnoïde  et  la  pie-mère  sont  épaissies,  œdé- 
matiées,  laiteuses  et  opalescentes.  La  pie-mère,  sur  des 
surfaces  plus  ou  moins  étendues,  adhère  à  la  substance 
grise  sous-jarente,  et,  si  l'on  détruit  l'une  de  ces  adhérences, 
on  voit  qu'elle  ne  peut  s'enlever  qu'en  laissant  sur  la  sur- 
face cérébrale  une  véritable  ulcération  due  au  ramollis- 
sement de  cette  substance  sur  ce  point.  Les  ventricules 
sont  distendus  souvent  par  de  la  sérosité,  et  leurs  parois 
sont  amincies.  L'encéphale  dans  son  ensemble  est  diminué 
de  volume.   Au  microscope,  les  cellules  nerveuses  ont 


i027  — 


PARALYSIE  —  PARAMÈTRE 


perdu  leur  forme  angulaire,  elles  sont  arrondies  et  ont 
subi  la  dégénérescence  graisseuse.  Les  prolongements  du 
neurone  sont  fragmentés  et  dégénérés.  Les  parois  des 
vaisseaux  sanguins  sont  épaissies,  et  les  espaces  lympha- 
tiques remplis  de  globules  blancs.  Le  traitement  de  la  pa- 
ralysie générale  est  actuellement  presque  entièrement  di- 
rigé contre  les  symptômes.  Cependant,  toutes  les  fois 
qu'il  y  a  lieu  de  soupçonner  la  syphilis,  le  traitement 
mercuriel  et  ioduré  doit  être  prescrit.  Les  injections  de 
sels  mercuriels  sont  même  employés  systématiquement 
dans  tous  les  cas  par  certains  médecins.  Les  antispasmo- 
diques et  les  calmants  seront  employés  dans  la  période 
d'excitation,  mais  l'hydrothérapie  semble  n'avoir  donné 
que  de  mauvais  résultats.  Le  traitement  hygiénique  a  une 
grande  importance.  Le  malade  doit  être  de  suite  soustrait 
à  toutes  les  causes  d'excitation  morales  et  physiques.  Le 
séjour  dans  une  maison  de  santé  sera  prescrit  de  bonne 
heure,  et  le  malade  n'en  pourra  sortir  qu'après  une  amé- 
lioration bien  et  di'iment  constatée.  Nous  voulons  espérer 
avec  Khppel  que  Tavenir  permettra  d'entreprendre  une 
médication  plus  hardie,  mais  plus  rationnelle,  de  cette  ter- 
rible affection,  par  une  action  directe  sur  le  siège  du  mal. 

D^    M.'  POTEL. 

Paralysie  glosso-labio-laryngée  (paralvsie  bulbaire) 
(V.  Bulbe). 

PAR4LYsn<:  psi:udo-hypertrophiqi:e  (V.  Atrophie  muscu- 
laire, t.  IV,  p.  489).  — Le  traitement  consistera  ici  dans 
des  applications  de  courants  faradiques  au  niveau  des 
muscles  et  de  courants  galvaniques  le  long  de  la  colonne 
vertébrale.  On  peut  employer  à  l'intérieur  la  strychnine 
et  le  phosphore.  La  maladie,  rarement  curable,  a  d'au- 
tant plus  de  chances  de  rétrocéder  que  l'on  intervient 
plus  tôt.  D^'  L.  Hahn  et  C.  Hahn. 

PARA  M.  La  cyanamide,  C^Az-H^,  se  transforme  peu  à 
peu  quand  on  Fabandoime  à  elle-même  en  un  polj^mère 
(C^Az^i^F)^  qu'on  appelle  le  param. 

PARAMACAS  (Ethn.)  (V.  Guyane,  t.  XIX,  p.  6:^3). 

PARAM ALÉIQUE  (Acide)  (V.  Fumarique). 

PARAMARIBO  on  SURINAM.  Capitale  de  la  Guyane 
hollandaise,  sur  le  fleuve  de  ce  nom,  à  20  milles  de  la 
mer.  La  population  urbaine  (30.000  hab.)  représente  à 
peu  près  la  moitié  de  la  population  totale  de  la  colonie. 
Paramaribo  est  située  à  un  coude  du  fleuve  Surinam,  sur 
la  rive  gauche,  à  32  kil.  de  l'embouchure  ;  elle  est  pro- 
tégée par  le  fort  Zeclandia,  qui  domine  la  ville,  et  par  le 
fort  Nieuw  Amsterdam,  un  peu  en  amont,  au  confluent 
du  Comewyne.  La  ville,  construite  en  damiers  sur  un 
rocher,  est  très  salubre  ;  son  aspect  est  celui  des  cités  hol- 
landaises d'Europe.  C'est  un  port  de  commerce  important 
OLi  se  concentrent  toutes  les  affaires  de  la  colonie.  La  pro- 
fondeur de  la  rade,  à  marée  haute,  est  de  20  pieds  anglais. 

PARAM É.  Com.  du  dép.  d'Ille-et-Vilaine,  arr.  et'cant. 
de  Saint-Malo,  sur  la  Manche  ;  4.826  hab.  On  distingue 
le  bourg  primitif  ou  Vieux  Paramé,  situé  sur  une  col- 
line, à  700  m.  environ  de  la  grève  :  là  se  trouvent  les 
habitations  splendides  des  anciens  corsaires  malouins  ;  et 
le  Nouveau  Paramé,  au  bord  même  de  la  mer,  aux 
riches  et  élégantes  villas.  C'est  la  mode  des  bains  de  mer 
qui  créa  ce  dernier,  en  faisant  descendre  par  un  superbe 
boulevard,  dit  de  Rochebonne,  vers  la  plage,  l'ancien  lieu 
de  villégiature  qui  s'en  écartait  toujours  ;  cette  impulsion 
ne  date  que  de  1879.  C'est  vers  l'O.  et  tendeant  à"  s'unir 
à  Saint-Malo  que  la  ville  s'avance.  A  3  kil.  N.-N.-E. 
existe  une  autre  station  de  bains  de  mer,  celle  de  Rothe- 
neuf,  qui  fait  partie  de  la  commune,  et  qui  domine  sur 
un  coteau  le  havre  du  même  nom.  Ch.  Delavaud. 

PARAM ÈSE  (Musique).  Nom  d'une  des  huit  cordes 
fixes  de  l'échelle  musicale  grecque.  La  paramèse  a  son 
histoire  —  ou  sa  légende  —  qui  nous  a  été  rapportée 
par  plusieurs  auteurs,  notamment  par  Xicomaque  de  Gérase 
(Manuel cV harmonique,  p.  9,  Meibom,  p.  244,  C.  de  Jan), 
et  dans  un  texte  pubUé  par  l'auteur  du  présent  article 
(Deux  textes  anonymes  concernant  le  canon  musical, 


Annuaire  desétudes  grecques,  1878).  On  a  vu  (V.  Musique, 
§  Antiquité)  que  l'échelle  grecque  se  composait  de  cinq 
tétracordes  que  Hmitaient  des  sons  fixes,  identiques  dans 
tous  les  genres,  savoir  :  deux  tétracordes  conjoints,  suivis 
tantôt  d'un  troisième  tétracorde  conjoint,  tantiit  de  deux 
autres  tétracordes  conjoints  entre  eux,  mais  séparés  des 
deux  premiers  par  l'intervalle  d'un  ton,  appelé  pour  cette 
raison  ton  disjonctif.  Or,  voici  comment  Nicomaque  expose 
l'origine  do  cette  disjonction  :  «  Pythagore  est  le  premier 
qui,  pour  éviter  que  dans  la  conjonction  (de  deux  tétra- 
cordes) le  son  moyen  (la  mèse)  comparé  aux  deux  sons 
extrêmes,  offrit  l'unique  consonance  de  quarte  (comme 
par  exemple  mi-la;  la-re),  d'une  part  avec  l'hypate  (des 
moyennes),  d'autre  part  avec  la  nète  (des  conjointes),  et  pour 
obtenir  que  nous  puissions  envisager  une  théorie  plus 
variée,  et  que  les  extrêmes,  produisant  en  eux  la  conso- 
nance la  plus  satisfaisante,  c.-à-d.  celle  d'octave,  qui  ne 
pouvait  avoir  lieu  avec  les  deux  tétracordes  existants  (celui 
des  moyennes  et  celui  des  conjointes),  intercala  un  huitième 
son,  qu'il  agença  entre  la  mèse  et  la  paramèse  (cette  para- 
mèse primitive  était  la  note  si  bémol,  deuxième  note  du 
tétracorde  aigu).  Et  il  le  fixa  à  la  distance  d'un  ton  entier 
de  la  mèse,  à  un  demi-ton  de  la  paranète  (des  conjointes). 
De  cette  façon,  la  corde  qui  représentait  antérieurement 
la  paramèse  dans  la  lyre  (ou  échelle)  heptacorde  est  encore 
appelée  trite  (troisième  en  descendant)  à  partir  de  la  nète 
(des  disjointes)  et  occupe  néanmoins  cette  (nouvelle)  posi- 
tion, tandis  que  la  corde  intercalée  se  trouve  la  quatrième 
à  partir  de  cette  nète  et  sonne  la  quarte  avec  elle  (à  l'aigu). 
Le  ton  placé  entre  ces  deux  sons,  la  mèse  et  la  corde  inter- 
calée, qui  reçut  le  nom  de  l'ancienne  paramèse,  selon  qu'il 
est  adjoint  à  l'un  ou  à  l'autre  des  deux  tétracordes,  tan- 
tôt plus  nétoide  (plus  aigu)  adjoint  au  tétracorde  du  côté 
de  l'hypate  (des  moyennes),  tantôt  plus  hypatoïde  (plus 
grave),  adjoint  à  celui  du  côté  de  la  nète  (des  disjointes), 
fournira  la  consonance  de  quinte  qui  constitue  des  deux 
côtés  un  système  formé  du  tétracorde  lui-même  et  du  son 
additionnel.  » 

Cette  longue  citation  nous  dispense  d'entrer  en  plus  de 
détails.  Il  en  ressort  que  la  paramèse  serait  une  innova- 
tion de  Pythagore  et  une  conséquence  pratique  de  ses 
beUes  expériences  sur  les  rapports  mathématiques  des 
consonances.  Ainsi  aurait  donc  été  constituée  l'échelle 
diatonique  ortacorde  : 

Mi,  fa,  sol,  la;  —  si  bécarre,  ut,  ré,  mi. 

L'ordre  alphabétique  observé  dans  la  notation  vocale  prouve 
que  cette  notation  est  postérieure  à  l'établissement  de 
la  paramèse.  Mais,  dira-t-on,  la  quinte  était  déjà  obte- 
nue au  moyen  du  son  «  ajouté  »  le  7upo(jXafj(,6avdfj(,£voç 
(cpOdyyo;).  Nous  essaierons  de  répondre  à  cette  objection 
dans  l'art.  Proslambanomène.  A  l'origine  de  la  paramèse 
se  rattache  un  point  d'histoire  musicale  qui  mérite  au 
moins  une  mention  ici.  Nous  avons  montré  ailleurs,  après 
bien  d'autres  (Historique  de  notre  gamme,  Revue  et 
(jaz.  musicale,  4878,  n««i9,  22,  25,  26),  comment  la 
tonalité  moderne  est  issue  du  système  diatonique  des  an- 
ciens Grecs.  On  pourrait  dire  que  le  si  bémol  est  un  ves- 
tige de  leur  musique  primitive  et  que  Pythagore  ou  son 
école  a  donné  naissance  à  notre  si  naturel.  Remarquons 
enfin  que  le  moyen  âge  n'a  jamais  connu  d'autre  note 
accidentelle  que  le  si,  nouvelle  preuve  de  cette  filiation. 

C.-E.  Ruelle. 
PARAiVIÈTRE  (Math.).  Ce  mot  de  paramètre  joue  un 
rôle  considérable  dans  la  science  mathématique,  et  s'em- 
ploie dans  une  foule  de  circonstances  avec  des  acceptions 
qui  sont  plus  différentes  en  apparence  qu'en  réalité.  Ainsi 
on  dit  le  paramètre  d'une  parabole  pour  représenter  le 
coefficient  '2p  de  son^  équation  y^  =  ^px  ;  les  paramètres 
directeurs  d'une  droite  ayant  pour  équations  : 


:  etc. 


PARAMÈTRE  —  PARANA 


4028 


En  général,  on  applique  ce  nom  de  paramètre  à  un  élé- 
ment qui  devra  entrer  dans  le  calcul  sans  qu'on  lui  as- 
signe une  valeur  tixe.  et  dont  la  variation  ne  porterait 
pas  atteinte  à  Tespèce  de  la  chose  représentée,  à  sa  na- 
ture propre.  En  géométrie  analytique  par  exemple,  l'éli- 
mination des  paramètres  ainsi  compris  se  trouve  être  du 
secours  le  plus  précieux  pour  la  recherche  des  lieux  géo- 
métriques. Pour  prendre  un  exemple  des  plus  simples  dan.s 
sa  généralité,  soit  une  équation  f{x,  ijj)  z=i(},  t  étant  un 
paramètre  variable  ;  en  donnant  à  t  une  valeur  particu- 
lière, on  aura  une  courbe,  tandis  qu'en  supposant  que 
t  prenne  toutes  les  valeurs  possibles,  on  aura  une  famille 
de  courbes  (/)  ;  de  mèmecp(x\  //,  ^)=:  0  représenterait  une 
famille  de  courbes  (cp)  ;  pour  une  valeur  particulière  de  t, 
l'ensemble  des  deux  équations  f(x,  y,  t)  ~  0,  o{x,  y,  t)  —  0 
représenterait  les  points  d'intersection  des  deux  courbes 
particulières.  Si  donc  on  élimine  t  entre  ces  deux  équa- 
tions, on  aura  une  nouvelle  relation  F(.r,  y)=:  0  qui  con- 
viendra aux  coordonnées  des  points  dont  il  s'agit,  quelles 
que  soient  les  valeurs  particulières  de  t.  Ce  sera  donc  celle 
du  lieu  géométrique  des  points  communs  à  deux  courbes 
correspondantes  {f)  et  (9)  pour  toute  valeur  qu'on  attri- 
buerait au  paramètre  t. 

D'une  façon  plus  générale,  on  peut  dire  que  la  solu- 
tion d'un  problème  quelconque,  dont  la  nature  est  déter- 
minée, dépend  des  valeurs  qu'on  attribuera  aux  éléments 
donnés  ou  paramètres  de  la  question.  La  complexité  et  la 
difficulté  d'une  question  abordable  par  le  calcul  dépen- 
di'ont  pour  une  grande  part  du  nombre  des  paramètres.  Et, 
comme  dans  la  nature,  il  n'est  pas  une  question,  si  simple 
qu'elle  nous  paraisse,  qui  ne  comporte  un  nombre  énorme 
(on  pourrait  même  dire  une  inlinité)  de  paramètres,  il  en 
résulte  que  jamais  on  ne  peut  se  llatter  d'arriver  à  une 
solution  rigoureuse.  L'application  des  moyens  mathéma- 
tiques n'en  est  pas  moins  précieuse,  parce  qu'à  défaut  de 
la  solution  rigoureuse,  elle  fournit  des  solutions  appro- 
chées, qu'on  obtient  en  négligeant  les  paramètres  ne  pou- 
vant influer  sur  les  résultats  que  dans  une  faible  mesure, 
mférieure  à  l'approximation  qu'on  poursuit. 

Cette  distinction  entre  les  paramètres  négligeables,  sui- 
vant le  but  à  atteindre,  et  ceux  qu'il  importe  de  conserver, 
est  l'un  des  problèmes  les  plus  délicats  (pie  présente  l'ap- 
plication de  la  science  mathématique  à  l'étude  des  phé- 
nomènes de  la  nature.  G.- A.  Laisa>;t. 

PARÂMITÂ.  Vertu  bouddhique  (V.  Bouddhisme,  t.  YIl, 
p.  598). 

PARAMO.  Ce  mot  sert  à  désigner  les  hauts  plateaux 
dans  le  centre  de  la  Cordillère  du  Pérou  et  de  l'Equateur  ; 
son  emploi  est  moins  fréquent  en  Colombie.  Ce  sont  de 
vastes  solitudes  balayées  par  les  vents  et  les  tempêtes  de 
neige,  presque  sans  eau  et  où  ne  croissent  guère  que  des 
herbes  et  des  buissons  à  feuilles  persistantes,  myrtes, 
lauriers,  etc. 

PARAMONGA.  Petit  village  du  Pérou,  situé  dans  le 
dép.  de  Lima,  à  moins  de  3'kil.  du  bord  de  la  mer,  entre 
les  rios  Supe  et  Santa.  A  une  demi-lieue  au  N.-E.  se 
trouve  une  des  phis  grandes  sucreries  du  pays.  Ruines  de 
huit  forteresses  incas  comprises  dans  le  domaine  de  la 
ferme  de  Pativilca.  Lors  du  passage  de  la  mission  Wiener 
(1876),  il  y  avait  dans  l'une  de  ces  tours  des  peintures 
murales  en'^bon  état.  Ces  fortifications  (le  Parniunca  des 
anciens)  couronnent  les  mamelons  et  coUines  qui  s'élèvent 
non  loin  de  la  côte  ;  le  point  le  plus  haut,  le  Cerro  de 
la  Horca  (montagne  du  supplice),  est  une  espèce  de  roche 
tarpéienne  construite,  d'après  une  légende  qui  court  parmi 
les  Cholos,  par  les  habitants  vaincus  du  G?'and  Chimu, 
A  proprement  parler,  il  n'y  a  jamais  eu  là.  dans  l'anti- 
quité, une  ville,  mais  un  poste  mditaire  de  première  im- 


portance . 


Ch.  Lâroussu:. 


PARAMORPHINE  (Chim.)  (V.  Tiïébâink) 
PARAMOUSIR  (lie)  (V.  Kouriles). 
PARAMYLÈNE  (Chim.)  (V.  Diamylène). 


PARAÎYIYLON.  Le  paramylon  est  un  polyglucoside  con- 
tenu dans  un  infusoire,  VEuylena  viridis.  Il  est  consti- 
tué par  des  granules  plus  petits  que  ceux  de  l'amidon. 
L'eau  ne  le  dissout  pas,  l'iode  est  sans  action  sur  lui  ; 
l'amylase  ne  lui  fait  éprouver  aucune  transformation, 
mais  Eacide  chlorhydrique  concentré  le  dédouble  en  glu- 
cose fermentescible. 

PARANA.  Fleuve  de  l'Amérique  du  Sud,  principal  tri- 
butaire du  grand  estuaire  dit  rio  de  la  Plata.  Son  bassin 
s'étend  sur  ^i. 880.000  kil.  q.  d'après  Klœden,4.'250.000 
d'après  d'autres  estimations  ;  son  cours  est  d'environ 
4.700  kil.;  son  débit  moyen,  de  43.000  m.  c.  par  seconde: 
c'est  donc  un  des  plus  grands  fleuves  de  la  terre.  Il  naît, 
sous  le  nom  de  rio  Grande,  dans  FEtat  brésilien  de  Minas 
Geraes,  aux  confins  de  la  province  de  Rio  de  .laneiro,  à  80  kil. 
seulement  de  rAtiantiiiue,  sur  le  versant  occidental  de  la 
sierra  de  Mantiqueira,  près  de  Eltatiaya,  point  culminant 
du  Brésil.  Il  se  dirige  vers  EO.  à  travers  l'Etat  de  Minas 
Geraes  qu'il  sépare  longtemps  de  celui  de  Sào  Paulo  ; 
grossi  du  Sapucahy  (g.)  et  du  Mosy-Guassu  (g.),  il  reçoit 
du  N.  le  Paranahyba  quelquefois  regardé  comme  la  branche 
principale  parce  qu'il  occupe  l'axe  du  bassin;  celui-ci,  qui 
sépare  les  Etats  de  Minas  Geraes  etdeGoyaz,  naît  sous  le 
nom  de  Sao  Marcos  dans  la  serra  dos  Pireneos,  reçoit  de 
rO.  le  rio  das  Velhas,  duN.  le  Coruraba,  venu  des  envi- 
rons de  Meia  Ponte  où  ses  sources  s'enchevêtrent  avec  celles 
du  Tocantins.  C'est  d'ailleurs  le  plus  long  et  le  plus 
abondant  des  cours  d'eau  qui  forment  le  Paranahyba  ; 
celui-ci  roule  plus  d'eau  ([ue  le  rio  Grande,  mais  n'a  que 
860  kil.  de  long.  A  partir  du  confluent,  le  fleuve  prend 
le  nom  de  Parana  ;  il  adopte  la  direction  S.-S.-O.,  con- 
tinuant de  traverser  le  plateau  brésilien  que  ravinent  ses 
aftluents  ;  les  roches  obstruent  leur  lit  et  celui  du  Parana 
de  nombreux  écueils  et  de  rapides  ;  en  aval  du  confluent 
du  rio  Grande  et  du  Paranahyba,  se  trouve  le  saut  de  Erubu- 
punga;  de  Sào  Paulo,  le  Parana  reçoit  à  gauche  le  Tiéké 
(l.dOO  kil.)  et  le  Parana-Panema  (750  kil.),  il  franchit 
les  barrières  des  serras  do  Diabo  et  dos  Dourados  (en  aval 
du  confluent  de  l'Irrahy)  et  forme  la  grande  île  de  Salto 
Guaira,  longue  de  90  kil.,  enlevée  au  Paraguay  par  le 
Brésil  ;  aussitôt  après,  il  franchit  le  rapide  de  Settc  Gue- 
das  ou  Salto  Guaira  (^24° 5  lat.  S.),  oj  le  fleuve  divisé  en 
vingt  et  un  bras  descend  15  m.;  il  forme  ensuite  frontière 
entre  Brésil  et  Paraguay.  On  regarde  cette  chute  comme 
marquant  le  terme  du  cours  supérieur  du  Parana(2  .!200  kil.  ) , 
le  cours  moyen  s'étendant  du  Salto  Guaira  au  confluent  du 
Paraguay  (Ï.IOO  kd.),  le  cours  inférieur  de  là  à  la  mer 
(1.4Ô0  kil.).  Le  Parana,  qui  atteint  4.000  m.  de  large, 
n'entre  pourtant  en  plaine  qu'après  le  confluent  de  Tlguassu 
ou  Yguassu  (dr.),  qui  forme,  à  26  kil.  du  fleuve,  une  ma- 
gnifique cataracte  comparable  à  celle  du  Niagara.  Le  Parana 
s'infléchit  vers  FO.  formant  les  ilesd'Yacireta  (Paraguay) 
et  d'Apipé,  après  laquelle  il  franchit  son  dernier  rapide.  11 
se  creuse  un  Ht  profond  dans  la  grande  jdaine  argentine, 
comme  son  grand  tributaire  de  droite,  le  Paraguay,  qu'il 
absorbe  à  Itapiru  ;  il  adopte  alors  de  nouveau  la  direction 
du  S. ,  appartenant  désormais  complètement  à  la  République 
Argentine  dont  il  baigiie  les  villes,  Corrientes,  Goya,  La 
Paz,  Santa  Eé  et  Parana,  Rosario.  La  pente  est  presque 
nulle  (V.  Paraguay  [Rivière])  ;  dans  le  sol  très  meuble  de 
la  plaine,  le  fleuve  ronge  ses  berges  et  remanie  inces- 
samment son  lit  ;  le  niveau  varie  à  Parana  de  3™, 70,  entre 
les  basses  eaux  (juil.  à  sept.)  et  les  hautes  eaux  (fév. -mars); 
des  bancs  apparaissent  ou  disparaissent  selon  la  saison  et 
après  les  crues.  Sur  la  rive  occidentale,  plusieurs  bras 
latéraux  accompagnent  le  fleuve,  s'y  reliant  par  un  dédale 
de  canaux  qui  enserrent  des  îles  innombrables,  en  grande 
partie  submergées  à  l'époque  des  pluies.  Cet  aspect  est 
particulièrement  frappant  vers  le  confluent  du  Salado, 
longue  et  maigre  rivière  delà  pampa.  En  contre-bas,  com- 
mence le  delta,  vers  Diamante,  long  de  350  kil,,  large  de 
20  à  50  kil.  ;  le  bras  de  gauche  s'appelle  Paranacito  ou 
Pabon;  le  bras  de  droite  prend,  en  le  rejoignant,  celui  de 


1029 


PARANA  —  PARAPHRASE 


Parana-Guazu,  sous  lequel  il  débouche  dans  l'estuaire  du 
rio  de  la  Plata,  à  côté  de  l'Uruguay. 

La  navigation  du  Parana  est  importante  jusqu'à  Ro- 
sario,  à  245  kil.  de  rembouchure,  qui  admet  les  navires 
de  4.000  tonnes;  elle  est'possible toute  l'année  pour  ceux 
d\in  tirant  de  2  m.  jusqu'au  continent  du  Paraguay,  et, 
seulement  auxhautes  eaux,  jusqu'au  conlluentderiguassu. 
—  Le  nom  de  Parana,  emprunté  aux  indigènes,  désigne 
les  rivières  et  particulièrement  les  canaux  navigables  qui 
forment  la  corde  des  grands  méandres. 

BiBL.  :  HuTCHiNPON,  The  Pavaiia  ;  Loudi-es,  1868. 

PARANA  (Bajadadel).  Ville  de  la  République  Argentine, 
prov.  d'Entre  Rios,  sur  la  r.  g.  du  Parana;  18.000  liab. 
(en  1890).  Fondée  en  1730,  elle  fut  capitale  fédérale  de 
1852  à  1861.  Evêché.  C'est  une  jolie  ville  aménagée  à  la 
moderne  avec  tramways,  téléphone,  reliée  par  chemin  de 
fer  à  Concepcion.  Elle  fabrique  de  la  chaux,  des  poteries, 
prépare  des  cuirs  et  des  viandes.  Le  port  est  bon. 

PARANA.  Etat  du  Brésil  méridional  liverain  de  l'Atlan- 
tique; 221.819  kil.  q.;  18T.548  hab.  (en  1888).  Il  est 
séparé  de  l'Etat  de  Sâo  Paulo  au  N.par  le  rio  îtarare  et  le 
iîeuve Parana-Panema,  du Mato  Grosso  et  du Para^ua}  à  l'O. 
par  le  iîeuve  Parana,  de  l'Etat  de  Santa  Catarina  au  S. 
par  riguassu.  Sur  sa  cote  se  creuse  la  belle  baie  de  Para- 
nagua  dominée  de  1.700  m.  par  la  serra  do  Mar,  à  l'O. 
de' laquelle  le  sol  s'abaisse  vers  le  bassin  du  Parana;  l'al- 
titude au  pied  de  la  serra  est  d'un  millier  de  mètres  ;  c'est 
un  haut  plateau  sillonné  par  les  affluents  du  Parana  que 
leurs  rapides  rendent  innavigables;  entre  les  vallées,  les 
bois  d'araucarias  alternent  avec  les  savanes.  Le  littoral 
est  très  pittoresque  et  fertile,  mais  insalubre,  hanté  par 
la  fièvre  jaune  ;  à  l'intérieur,  la  température  est  très  cons- 
tante (moyenne  annuelle  -4-17«,  hiver  H- 14°,  été  -f-18'^); 
les  pluies  sont  abondantes  :  1.800  millim.par  an;  il  gèle 
la  nuit  en  hiver.  Sur  le  plateau,  on  cultive  les  céréales  eu- 
ropéennes, la  pomme  de  terre,  le  poirier,  le  ponnnier;  on 
y  recueille  beaucoup  de  maté.  Sur  le  littoral,  on  cultive  le 
manioc,  le  mais,  le  coton,  le  café.  Les  mine^^  de  fer.  Je 
mercure,  les  lavages  aurifères  sont  peu  exploités.  L'inté- 
rieur est  peuplé  de  Guaranis  ;  la  montagne  littorale  et  ses 
vallées,  de  blancs,  parmi  lesquels  des  colons  allemands  et 
italiens.  Un  chemin  de  fer  et  une  voie  carrossable  vont  du 
port  de  Paranagua  à  la  capitale  Curytiba. 

BiBL.  :  V.  Brésil. 

PARANA  (iï.-H.-G.-L.  marquis  de),  homme  d'Ktat 
brésilien  (V.  Carneiro  Leâo). 

PARANAGUA.  Ville  maritime  du  Brésil,  port  de  l'Etat 
de  Parana,  sur  l'océan  Atlantique,  au  S.  de  Santos  ; 
bonne  rade  bien  abritée  ;  tète  des  lignes  des  chemins  de 
fer  (construits  avec  des  capitaux  français)  allant,  l'une  sur 
Curytiba  et  Ponta  G  rossa,  l'autre  sur  le  port  d'Antonina  ; 
3.000  à  4.000  hab.  Commerce  très  important  de  maté 
(Eexportation  moyenne  est  de  50.000  tonnes  par  an). 

PARANAHYBA.  Rivière  du  Brésil,  affl.  g.  du  Parana 
(V.  ce  mot),  longue  de  860  kil.  Elle  naît  sur  la  limite  des 
Etats  de  Goyaz  et  Minas  Geraes,  qu'elle  sépare  durant 
tout  son  cours,  reçoit  à  g.  le  rio  das  Velhas  et  le  Tepico, 
à  dr.  le  Corumba  et  le  MeiaPonte,  forme  plusieurs  rapides 
et  cascades. 

PARANG-La  (ou  passe  de  Parany)  est  une  grande 
brèche  rocheuse  qui  s'ouvre  dans  la  chaîne  médiane  de 
l'Himalaya  duN.-O.  et  fait  communiquer,  à  une  ait.  de 
5.500  à  5.800  m.,  le  Spiti,  sur  le  cours  supérieur  du 
Sattledje,  aveo  le  Roupchou.  l'un  des  plus  hauts  pays 
habités  de  la  terre,  dans  le  bassin  de  Flndus.  Elle  ouvre 
ainsi  une  route  entre  l'Inde  et  le  Ladàkh.  On  la  dit  pra- 
ticable aux  yaks  et  aux  poneys  de  juin  à  octobre. 

PARANGO  (ArchéoL).  Sorte  de  marbre  noir  d'Egypte 
et  de  Grèce  dans  lequel  les  anciens  taillaient  principale- 
ment des  sphinx  et  des  figures  d'animaux. 

PARANG0NNA6E  (Typogr.).  Opération  qui  consiste  à 
aligner  dans  une  même  ligne  plusieurs  caractères  de  dif- 


férents corps,  au  moyen  de  cadrais,  d'espaces,  d'inter- 
lignes, etc.  Les  lettres,  ditThéotiste  Lefèvre  dans  son  Guide 
du  compositeur,  doivent  s'aHgner  par  le  pied,  et,  pour 
aligner  d'une  manière  convenable,  on  place  préalablement 
dans  le  composteur  le  mot  ou  la  ligne  qui  est  la  plus  forte  du 
corps,  puis  l'on  place  à  sa  droite  plusieurs  m  minuscules 
du  caractère  qui  doit  s'aligner  avec  elle  et  on  les  élève 
successivement  avec  des  interlignes  ou  des  cadrais  jusqu'à 
leur  parfait  alignement  dont  on  s'assure  en  présentant  une 
interligne  par  un  de  ses  côtés  à  la  base  de  ces  lettres.  On 
remplace  ensuite  les  m  par  les  lettres  convenables,  puis 
on  complète  le  parangonnage  en  ajoutant,  s'il  est  néces- 
saire, le  blanc  par-dessus  l'un  ou  l'autre  des  caractères 
parangonnés;  enfin,  dans  les  parangonnages  pour  lesquels 
on  est  obHgé  de  faire  usage  de  plusieurs  pièces  ,^  soit  en 
dessus,  soit  en  dessous  du  corps  parangonné,  on  doit  mettre 
la  plus  forte  par-dessus,  afin  qu'elle  soit  moins  suscep- 
tible de  s'échapper  de  sa  place.  Les  parangonnages  sont 
très  fréquemment  employés  dans  la  composition  de  l'al- 
gèbre. 

PARANHOS  (Joseph-Marie  da  Silva,  baron  de  Rio- 
Brinco  (V.  Rio-Branco). 

PARANYMPHE  (V.  Eâculté,  §  rhéologie,  t.  XVI, 
p.  1075). 

PARA0XYBEN20IQUE  (V.  Oxyrenzoioue  [Acide]). 

PARAPECTINE  (Chim.)  (V.  Pectine). 

PARAPET.  I.  ARCHn-ECTURE.  —  Petit  mur  bas,  plein  ou 
ajouré,  tablette  soutenue  à  hauteur  d'appui,  balustrade  ou 
barrière  faite  de  bois  ou  de  métal,  servant  de  garde-fou  afin 
d'empêcher  la  chute  de  personnes  passant  sur  un  quai,  un 
ponton  une  terrasse.  La  hauteur  des  parapets,  autrefois 
de 3 pieds,  ne  varie  guère  entre  0'^,95  et  1  m.;  mais  les 
parapets  offrent  les  modes  de  construction  et,  par  suite,  de 
décoration  les  plus  divers.  (Quelquefois,  comme  au  Pont- 
Neuf,  à  Paris,  des  exèdres,  portés  en  encorbellement  sur 
les  piles,  rompent  la  monotonie  de  la  ligne  continue  du 
parapet;  d'autres  fois,  des  piédestaux  ou  des  socles, plus 
élevés  (|ue  le  parapet,  supportent  des  statues  ou  des  can- 
délabres, comme  au  pont  de  Prague  (Bohème)  ou  au  pont 
de  Buda-Pest  (Hongrie).  Les  parapets  des  ponts  métal- 
liques peuvent,  eux  aussi,  recevoir  une  intéressante  déco- 
ration se  reliant  à  la  construction  et  faisant  corps  avec 
elle,  comme  au  futur  pont  Alexandre  III  de  Paris,  pour 
lesquels  de  remarquables  motifs  d'ornementation  ont  été 
dessinés  et  modelés  sous  la  direction  des  architectes, 
MM.  Camin-Bernard  et  Cousin.  Il  en  est  de  même,  toute 
proportion  gardée,  dans  les  ponts  rustiques,  entièrement 
faits  de  bois,  les  parapets,  faisant  souvent  corps  ou  se  re- 
liant avec  les  maîtresses  pièces  du  pont,  peuvent  concou- 
rir à  l'effet  pittoresque  cherché  dans  ce  genre  d'ouvrage 
(V.  Balustrade).  Charles  Lucas. 

IL  FoRTiFicATiox.  —  C'est,  à  proprement  parler,  la  par- 
tie de  la  masse  couvrante  d'un  ouvrage  de  fortification 
comprise  entre  les  deux  plans  verticaux  qui  passent,  l'un 
par  la  crête  intérieure,  l'autre  par  la  crête  extérieure 
(V.  Crète  et  Profil).  Mais  le  nom  est  aussi  donné^  à  la 
masse  tout  entière,  de  forme  généralement  prismatique. 
La  surface  supérieure,  en  pente,  est  alors  appelée  talus 
de  plongée  ou  plongée;  la  surface  intérieure  et  la  surface 
extérieure,  talus  intérieur  et  talus  extérieur.  L'épaisseur 
du  parapet  varie  beaucoup  avec  la  nature  et  le  but  de 
l'ouvrage.  Elle  peut  aller  de  0'^\80  pour  de  simples  tran- 
cbées  de  tirailleurs  à  l'épreuve  des  balles  ou  des  éclats 
d'obus  jusqu'à  12  et  15  m.  pour  de  grands  ouvrages  de 
fortafication  devant  résister  à  l'artillerie  de  siège  (V.  Fort, 
Olvrage,  Retranchement,  Ta ancrée). 

PARAPHASIE  (Physiol.)  (V.  Aphasie,  t.  III,  p.  309). 

PARAPHE  (V.  Parafe). 

PARAPHERNAL  (V.  Dot,  t.  XIV,  pp.  961  et  suiv.). 

PARAPHIWIOSIS  (Méd.)  (V.  Phimosis). 

PARAPHRASE  (Litt.).  ].di  paraphrase  {en  grec  r.a- 
pdvpoLaiq)  est,  comme  l'indique  son  nom  même,  un  com- 


PARAPHRASE  —  PARAPLUIE 


1080  — 


mentaire  ou  une  explication  d'un  genre  très  particulier. 
Son  objet  n'est  pas  d'éclaircir  les  difficultés  d'un  texte  ou 
de  le  rendre  plus  intelligible  grf^ce  à  des  notes  historiques 
ou  philologiques;  elle  a  plutôt  les  allures  d\mc  traduction 
libre,  accompagnée  de  développements  littéraires,  moraux 
ou  religieux.  C'est  dans  Bossuet  peut-être  qu'on  trouve 
les  plus  admirables  paraphrases,  et  l'on  pourrait  citer 
entre  autres  celle  que  le  grand  orateur  a  consacrée,  dans 
le  sermon  sur  l'Ambition,  à  la  comparaison  bibUque  d'As- 
sur  et  d'un  grand  chêne.  Beaucoup  de  poêles  ont  para- 
phrasé les  textes  sacrés,  notamment  les  Psaumes  de  Da- 
vid, les  hymnes  du  Bréviaire ,  Vlniitalion,  le  Dies  irœ.,(itc. 
Parmi  eux  se  trouvent  Malherbe,  Racan,  Godeau,  P.  Cor- 
neille, La  Fontaine,  Le  Franc  de  Pompignan,  J.-B.  lions- 
seau,  Piron,  Gilbert  enfin.  Les  ])eaux  cantiques  de  Racine 
sont  des  paraphrases  en  vers  de  (juelques  versets  de  saint 
Paul,  et  l'on  peut  citer  comme  le  modèle  du  genre  la 
Paraphrase  morale  de  plusieurs  psaumes  en  forme  de 
prières,  qui  est  une  des  plus  belles  œuvres  de  Massilion. 
Comme  le  dit  fort  bien  le  premier  éditeur  do  cet  ouvrage, 
l'auteur  avait  pour  but  de  fournir  aux  chrétiens  des  mo- 
dèles de  prières,  et  dès  lors  la  lettre  du  psaume  était  en 
quelque  sorte  comme  le  texte  de  son  discours,  dans  lequel 
ensuite  il  faisait  entrer  tout  ce  qui  pouvait  convenir  à  son 
sujet.  Voilà  bien  le  type  de  la  paraphrase,  qui  ne  saurait 
être  confondue  ni  avec  les  commentaires,  les  explications 
et  les  gloses,  ni  avec  les  méditations  ou  élévations,  ni 
enfin  avec  les  autres  développements  du  uième  genre. 

A.  Gazier. 
PARAPLÉGIE.  La  paraplégie  est  la  paralysie  des 
membres  inférieurs,  avec  ou  sans  participation  des  muscles 
de  l'abdomen  et  du  diaphragme.  Ses  caractères  généraux 
sont  ceux  de  la  paralysie  (V.  ce  mot)  :  abolition  com- 
plète ou  presque  complète  de  la  motililé,  analgésie,  ânes- 
thésie  ou  hyperesthésie  au  lieu  de  la  sensibilité  cutanée 
normale,  augmentation  ou  diminution  de  la  sensii)ilité 
musculaire.  La  paraplégie  peut  être  flasque,  si  elle  ne 
s'accompagne  pas  de  contracture  musculaire,  (pi'il  y  ait 
abolition  ou  maintien  des  réfiexes  ;  elle  peut  être  spasmo- 
dique,  lorsque  la  perte  des  mouvements  volontaires  s'ac- 
compagne d'une  contracture  plus  ou  moins  accusée,  et 
d'une  exagération  des  réflexes  tendineux.  La  seconde  va- 
riété est  ordinairement  consécutive  à  la  première.  —  La 
paraplégie  se  rencontre  :  i°  dans  les  affections  médul- 
laires (traumatisme,  compression  de  la  moelle  aiguë  ou 
lente,  myélite  diffuse,  sclérose  en  plaques,  tabès  dorsal 
spasmodique,  maladie  de  Little,  paralysie  spinale  aiguë)  ; 
2«  dans  les  affections  cérébrales;  3°  dans  les  polyné- 
vrites aiguës  et  subaigues  ;  ¥  dans  les  névroses  (hysté^^ 
rie,  etc.);  5"  dans  les  diathcses  iûles  que  le  diabète; 
6*^  à.'ànûe^  intoxications  (plomb,  alcool,  mercure,  etc.)  ; 
7^  dans  les  infections  (diphtérie,  syphilis,  pneumonie, 
fièvres  éruptives,  etc.)  ;  8°  dans  les  affections  intesli- 
nales  (entérite,  etc.)  ;  9°  dans  les  affections  ulérines  ; 
et  10^  dans  les  afjeclions  des  voies  nrimiires  (paraplé- 
gie urinaire  et  blennorrhagique).  —  La  paralysie  de  la 
vessie  et  du  rectum  est  surtout  fréquente  dans  les  para- 
plégies médullaires,  paraplégies  que  peuvent  expliquer 
soit  des  épanchements  racliidiens  séreux,  sanguins  ou  pu- 
rulents, ou  des  tumeurs,  luxations  et  fractures  de  la  co- 
lonne vertébrale.  Dans  toutes  les  autres  sortes  de  para- 
plégie, il  n'existe  pas  d'altération  appréciable  des  centres 
nerveux.  —  La  paraplégie  donne  lieu,  lorsque  l'impuis- 
sance motrice  n'est  pas  absolue,  à  des  démarches  particu- 
lières (rigide  avec  trépidation  des  pieds,  helcopode  ou 
hélicopode,  etc.).  —  La  durée  varie  selon  la  cause  et 
l'importance  des  lésions.  —  Beaucoup  de  paraplégies  sont 
curables  :  telles  les  paraplégies  urinaire  et  blennona- 
gique  à  forme  légère,  produites  par  action  toxi-infectieuse, 
et  celles  par  compression  médullaire  légère.  Les  para- 
plégies totales  aiguës  ou  se  rattachant  à  des  maladies 
graves  par  leurs  causes  et  leurs  symptômes  sont  naturel- 
lement les  plus  graves;  elles  peuvent  s'accompagner  de 


cystite  purulente  avec  décubitus  aigu,  et  alors  entraînent 
le  plus  souvent  la  mort.  ™  Le  traitement  sera  celui  de 
la  cause  ou  s'adressera  à  la  paraplégie  elle-même  (fric- 
tions, massages,  électricité).  D^'  L.  Hx. 

PARAPLUIE.  On  désigne  ainsi  un  petit  pavillon  en 
étotfc  dont  on  se  sert  pour  se  ])réserver  de  la  pluie  en  le 
tenant  ouvert  au-dessus  de  sa  tète.  Par  extension,  il  sert 
à  désigner  également  l'abri  destiné  à  garantir  de  la 
])luie  fes  plantes  délicates,  la  planche  abritant  le  fondeur 
des  éclaboussures  de  métal  fondu,  etc.  L'origine  du 
parasol  et  du  parapluie  semble  remonter  à  l'antiquité 
la  plus  reculée  et  paraît  avoir  pris  naissance  chez  les 
Chinois,  les  Egyptiens  et  les  Assyriens,  chez  lesquels 
ils  étaient  réservés  à  l'usage  des  piinces  et  des  souve- 
rains. Ln  grand  nombre  de  documents  anciens  font,  en 
eftêt,  mention  de  cet  ustensile  ou  en  reproduisent  la 
forme.  On  peut  citer  :  le  Tcheoii-Li,  écrit  au  xi^  siècle  av. 
J.-C.  ;  les  bas-reliefs  provenant  des  ruines  de  Ninive  et 
de  Java  ;  les  fresques  des  palais  et  tombeaux  de  Memphis 
et  de  Thèbes  ;  les  vases  ornés  de  peintures  provenant  de 
l'ancienne  Grèce  et  de  l'Etrurie.  On  a  donc  des  rensei- 
gnements assez  précis  sur  le  dessin,  la  forme  et  les  di- 
mensions des  parasols  anciens. 

Le  parapluie  des  régions  septentrionales  dérive  directe- 
ment du  parasol  des  pays  tropicaux,  qui  paraît  avoir  été 
importé  de  l'Afrique  et  des  Indes  par  les  navigateurs  por- 
tugais, mais  ce  ne  fut  guère  que  dans  la  seconde  moitié  du 
xvV  siècle  qu'il  fut  coiniu  en  France,  importé  d'Italie,  sui- 
vant les  uns,  de  Chine,  suivant  d'autres. 

La  corporation  des  boursiers  en  avait  la  fabrication. 
Les  statuts  de -1750  en  fou!  mention  pour  la  première  fois. 
De  Fi'ance,"'le  parapluie  passa  en  Angleterrre  vers  le  com- 
mencement du  XVI i*^  siècle. 

La  fabrication  du  parapluie  a  beaucoup  varié  depuis  son 
importation.  Vers  lÔ 40,  les  parapluies  français  aveaientun 
manche  en  bois  d'essence  variable.  On  employait  le  pa- 
lissandre, le  frêne,  l'aune,  le  chêne.  Il  avait  une  longueur 
de  'L^,20,  possédait  10  baleines  de  0"\80  avec  des  four- 
chettes en  cuivre  de  0^'%'16  à  0"\3(i  et  un  coulant  très 
fort  également  en  cuivre.  11  pesait  de  3  à  4  livres  (i^=,5  à 
â  kiiogr.),  et  coûtait  de  45  à  60  fr.  C'était  un  véritable 
meuble  de  famille  se  transmettant  de  génération  en  géné- 
ration. Les  extrémités  des  baleines  étaient  recouvertes 
par  un  chapeau  de  cuivre  iixé  à  un  anneau  de  même  métal 
(jui  servait  à  le  porter.  La  céurasse  était  recouverte  de 
matières  diverses  :  cuir,  toile  cirée,  soie  huilée,  papier 
verni  au  début;  plus  tard,  on  employa  le  gros  de  Tours 
et  le  gros  de  Naples  uiu*  ou  chiné,  ^'ers  4789,  la  mode 
fut  aux  tafïêtas  rose,  jaune,  vert-pomme,  uni  ou  chiné. 
Plus  tard  encore  ce  fut  la  couleur  rouge,  vert  clair  ou 
bleue  qui  prédomina.  Enfin  vers  1825,  on  adopta  les 
couleurs  foncées  :  vert-myrte,  marron,  noir.  Ce  sont  encore 
les  couleurs  les  plus  en  usage  aujourd'liui. 

Une  des  aj)plica tiens  les  plus  singulières  du  parapluie 
a  été  faite  à  la  fin  du  siècle  dernier  par  Barben-Dubourg. 
A  cette  époque,  le  paratonneire,  tout  nouvellement  inventé 
par  Franklin,  jouissait  d'une  vogue  extraordinaire,  à  ce 
point  que  l'on  fit  des  paratonnerres  portatifs.  C'est  pré- 
cisément le  parapluie  qui  fut  adopté  pour  cet  usage  en  le 
surmontant  d'une  tige  de  fer  reliée  au  sol  parmi  fil  con- 
ducteur. Le  porteur  de  l'appareil  le  tenait  au  moyen  d'un 
manche  en  })ois  isolant,  et  s'abritait  sous  le  dôme  de  soie 
constituant  le  parapluie. 

Le  parapluie-parasol  ])our  dames  suivit  également, 
durant  cet  intervalle,  les  fluctuations  de  la  mode  ;  il  se 
transiorjna  peu  à  peu  en  ombrelle  et  devint  bientôt  presque 
un  objet  d'art  ;  en  même  tem])s  qu'on  le  diminuait  suc- 
cessivement de  poids,  la  couverture  se  modifiait  suivant 
le  caprice  du  jour.  L'ombrelle  fut,  tour  à  tour,  couverte 
de  soie  blanche  unie,  ou  rayée,  ou  chinée,  ou  brochée, 
avec  ou  sans  bordures,  avec  ou  sans  franges.  La  couleur 
fut  claire  ou  foncée,  ou  noire.  On  la  recouvrit  de  dentelles 
blanches  ou  noires,  à  médaillons  ou  à  dessins  spéciaux, 


—  1031  — 


PARAPLUIE  —  PARASITISME 


elle  fut  brodée  de  verroterie  ou  garnie  de  marabouts  ; 
enfin,  on  suivit  toutes  les  fantaisies  qu'il  plut  aux  élé- 
gantes de  lui  imposer.  Le  parapluie  fut  aussi  successivement 
perfectionné  surtout  depuis  soixante  ans,  et,  par  une 
bonne  division  du  travail  et  une  i'abrication  de  plus  en  plus 
intelligente,  on  arriva  à  le  livrer  à  des  prix  de  plus  en 
plus  modérés,  malgré  l'augmentation  du  prix  de  la  main- 
d'œuvre.  Les  perfectionnements  ont  porté  sur  le  manche 
qui  a  été  raccourci  à  des  proportions  raisonnables,  sur 
les  baleines  qui  ont  été  remplacées  par  des  tiges  d'acier, 
sur  le  poids  qui  avait  atteint  vers  1816  jusqu'à  2^s^500 
et  qui  a  été  réduit  jusqu'à  moins  de  300  gr.  Une  élégance 
de  bon  goût  a  succédé  aux  formes  massives,  et  le  prix  a 
baissé  de  40,  50  fr.  à  5,  6  fr.  pour  les  formes  cou- 
rantes. 

Jusque  vers  1815,  il  n'y  eut  pas  de  fabriques  sérieuses 
en  France,  il  y  avait  seulement  à  Paris  des  ateliers  où 
l'on  assemblait  les  manches  appelés  mâts  et  les  carcasses 
que  l'on  expédiait  ensuite  dans  les  départements,  où  chaque 
marchand  les  complétait  en  les  munissant  d'une  couver- 
ture d'étoffe  appropriée  aux  goûts  de  sa  clientèle.  Les 
Auvergnats  s'étaient  créé  une  spécialité  de  cette  industrie. 
La  première  véritable  fabrique  fut  fondée  à  Paris  vers  1815 
par  M.  Gruyer;  on  y  fit  pour  la  première  fois  le  parapluie 
tout  entier.  Les  perfectionnements  successifs  furent  appor- 
tés :  par  M.  Pierre  Duchamp,  mécanicien  de  Lyon,  qui, 
en  1846,  remplaça  les  baleines  par  des  tubes  en  acier 
creux  et,  l'année  suivante,  y  substitua  des  gouttières  ou 
demi-tubes  en  acier  plus  ou  moins  creux;  par  M.  iiolland, 
de  Birmingham,  qui,  à  l'exposition  de  1851,  présenta  des 
branches  faites  en  tubes  en  acier  rectangulaires,  très 
flexibles  et  très  résistants  ;  par  M.  Samuel  Fox,  de  Dee- 
par,  près  Sheffield,  qui  fit  breveter  sous  le  nom  de  paran- 
gon un  système  tombé  depuis  dans  le  domaine  public, 
dont  les  branches  présentent  des  gouttières  profondes.  Dès 
lors,  la  fabrication  prit  tout  son  essor,  et,  par  de  nom- 
breux perfectionnements  de  détail,  on  arriva  au  parapluie 
actuel,  dit  aiguille,  dont  le  manche  formé  d'un  tube  en 
acier  creux  est  surmonté  d'une  poignée  en  matière  va- 
riable :  bois,  celluloïd,  corne,  etc.,  recouvert  souvent 
de  placage  d'or  ou  d'argent  ou  de  figurines  de  diverses 
matières  coûteuses  :  corozo,  celluloïd,  corne,  ivoire,  etc. 
Les  baleines  sont  remplacées  par  de  minces  tiges  d'acier 
très  résistantes,  et  la  couverture  est  de  soie  de  couleur 
foncée.  L'industrie  s'étendit  peu  à  peu  en  France  et  en 
Angleterre  d'abord  pour  se  répandre  ensuite  sur  l'Europe 
entière. 

Durant  toute  cette  période,  la  Chine  ne  cessa  de  fabri- 
quer ses  parasols  couverts  de  papiers  peints  ou  vernis, 
dont  les  bras  ou  fourchettes  taillés  dans  un  seul  morceau 
de  bambou,  ainsi  que  les  branches,  ont  de  0*^,90  à  1^^,20 
de  longueur.  Ces  parasols,  qui  ne  pèsent  que  500  à 
900  gr.,  sont  d'un  bon  marché  exceptionnel  ;  ils  ne  coûtent 
actuellement  que  de  0  fr.  60  à  1  fr. 

L'usage  du  parapluie  tend  de  plus  en  plus  à  se  géné- 
raliser parmi  les  peuples  civilisés  et  à  être  employé  indis- 
tinctement par  les  hommes  et  par  les  femmes.  L'usage 
de  l'ombrelle  est  plus  restreint  parmi  les  hommes,  du 
moins  dans  les  pays  septentrionaux,  où  il  est  presque 
exclusivement  employé  par  les  femmes.      E.  Mac  lin. 
PARAPTÈRE  (Entom.)  (V.  Insectes,  t.  XX,  p.  824). 
PARASAN6E  (Métrol.)  (V.  Farsakh). 
PARASITAIRE  (Térat.)  (V.  Monstre,  t.  XXIV,  p.  174). 
PARASITE.  ï.  Biologie  (V.  Parasitisme). 
IL  Mathématiques.  —  On  emploie  quelquefois  l'ex- 
pression parasite  en  algèbre,  concurremment  avec  celle  de 
solutions  étrangères,  pour  indiquer  des  solutions  qui  ne  ré- 
pondent pas  directement  à  la  question  que  l'on  se  proposait, 
et  qui  ont  été  introduites  par  les  opérations  du  calcul,  et 
notamment  en  multipliant  par  des  facteurs.  De  même,  en 
géométrie,   et  surtout  en  géométrie  analytique,  s'intro- 
duisent aussi  de  semblables  solutions,  qui  s'imposent,  mais 
qu'on  ne  recherchait  point.  Dans  la  théorie  des  courbes, 


par  exemple,  on  appelle  souvent  branches  parasites  les  par- 
ties d'une  courbe  qui  ne  rentrent  pas  dans  la  proposition, 
la  définition  ou  le  problème  qu'on  s'était  posé  tout  d'abord, 
et  que  la  solution  comprend  néanmoins.  C.-A    L. 

Branche  parasiie.  —  On  appelle  ainsi  en  géométrie 
descriptive  les  portions  de  courbe  qui  ne  font  pas  partie 
intégrante  de  la  projection  de  l'intersection  de  deux  sur- 
faces, mais  qui  sont  cependant  le  prolongement  analytique 
de  la  projection  trouvée.  Par  exemple,  quand  on  considère 


"V" 


y-- 


^T 


B 


cy 


^~a" 


deux  cylindres  de  révolution  ayant  leurs  axes  xx^  et  y\f 
dans  le  plan  de  la  figure  supposée  horizontale  et  ayant  les 
génératrices  <2a^  hh\  ce' ,  dd'  dans  ce  plan,  la  projection 
de  leur  intersection  se  compose  des  diagonales  BC,  AD  du 
quadrilatère  ABCD,  les  prolongements  de  ces  diagonales 
forment  alors  la  partie  parasite  de  l'intersection.  Le  phé- 
nomène du  parasitisme  est  très  fréquent.      H.  Laurent. 

PARASITISME.  1.  Biologie  générale.  —  Dans  le  vaste 
ensemble  que  constituent  les  règnes  végétal  et  animal,  il 
est  bien  peu  d'êtres  qui  n'aient  besoin  de  l'aide  ou  de  la 
substance  d'autres  êtres  vivants  pour  entretenir  leur  exis- 
tence propre.  C'est  ainsi  que  tous  les  animaux  vivent  di- 
rectement ou  indirectement  aux  dépens  du  règne  végétal, 
et  la  plupart  des  plantes  utilisent  les  débris  organiques 
qui  constituent  l'humus.  On  ne  peut  cependant  pas  dire 
que  les  animaux  herbivores  sont  parasites  des  plantes  qu'ils 
mangent  ou  les  carnivores  parasites  des  herbivores.  Les 
uns  et  les  autres  sont  des  prédateurs,  parce  qu'ils  détrui- 
sent l'être  qu'ils  utilisent  ;  quant  aux  plantes,  elles  sont 
holophytes  si  elles  puisent  directement  leur  nourriture 
dans  la  matière  inorganique,  ou  saprophytes  si  elles  uti- 
lisent les  détritus  d'autres  êtres  organisés.  On  appelle  pa- 
rasite un  être  qui  vit  aux  dépens  d'un  autre  être  sans  le 
détruire,  ou  tout  au  moins  sans  le  détruire  rapidement. 
Car  il  y  a  bien  des  cas  où  les  parasites  finissent  par  pro- 
duire sur  l'animal  ou  la  plante  attaquée  des  lésions  telles 
que  la  vie  devient  impossible. 

Le  parasitisme  est  beaucoup  plus  répandu  dans  la  na- 
ture qu'on  ne  le  croit  généralement.  Il  n'est  pas  de  grand 
groupe  végétal  ou  animal  dont  quelques  membres  ne  soient 
dégradés  par  le  parasitisme  et  cela  même  parmi  les  ani- 
maux ou  les  plantes  les  plus  élevés  en  organisation.  D'autre 
part,  il  est  des  groupes  inférieurs  voués  en  entier  à  la  vie 
parasite.  Enfin,  il  n'est  pas  une  espèce  animale  ou  végé- 
tale qui  ne  donne  asile  à  une  ou  plusieurs  espèces  para- 
sites. Il  y  a  même  des  parasites  vivant  sur  des  parasites  : 
ils  peuvent  être  utilisés  pour  détruire  ceux-ci  lorsqu'ils 
sont  nuisibles  à  l'homme.  Parmi  les  parasites,  les  uns  sont 
voués  exclusivement  à  la  vie  sur  une  espèce  déterminée  : 
ils  périssent  s'ils  ne  la  rencontrent  pas.  D'autres  sont 
moins  exclusifs  dans  leur  choix  et  peuvent  vivre  indiffé- 
remment sur  deux  ou  plusieurs  espèces  voisines.  Enfin, 
dans  le  règne  végétal  comme  dans  le  règne  animal,  nous 
rencontrons  des  parasites  à  transmigrations,  qui  ont  besoin 
de  séjourner  aux  différentes  phases  de  leur  existence  sur 
deux  ou  plusieurs  hôtes  distincts. 

Le  parasitisme  détermine  chez  tous  les  êtres  qui  y  sont 
adonnés  des  déformations  analogues.  Tous  les  organes 
inutiles  disparaissent  :  l'animal  vivant  fixé  dans  un  milieu 
gorgé  de  sucs  nutritifs  perd  ses  organes  de  mouvement  et 


PARASITISME 


1032 


de  préhension,  la  plante  absorbant  des  produits  organiques 
(îarbonés  n'a  plus  besoin  d'extraire  le  carbone  de  l'air  : 
elle  perd  sa  chlorophylle  et  ses  feuilles  et  prend  un  aspect 
jaunâtre  caractèristicpie.  En  revanche,  des  organes  nou- 
veaux, crampons,  suçoirs,  elc,  se  développent  souvent  et, 
par  une  sorte  de  balancement  organique,  à  l'atrophie  des 
organes  végétatifs  correspond  souvent  une  hypertrophie 
des  organes  reproducteurs,  de  sorte  que  cerlaijis  champi- 
gnons, ou  certains  animaux,  les  rhizocéphales  par  exemple, 
sont  finalement  transformés  en  de  simples  sacs  à  œufs. 

\)'  L.  LvLOv. 
11.  Botanique.  —  Il  s'agit  ici  du  ])arasilibme  chez  les 
végétaux,  et  non  des  végétaux  parasites  sur  l'homme  ou 
sur  les  animaux   (Y.    Bacïériks,   i\hcR0Hh   et  Micuobio- 
i,()Gie).  Nous  n'insisterons  pas  non  plus  siu'  K-s  parasites 
animaux  qui  attaquent  les  plantes  et  déterminent  chez  elles 
des  maladies,  comme  par  exemple  le  phUloxera  siu*  la 
vigne,  le  doryphora  sur  les  pommes  de  terre,  etc.,  vu  que 
des  articles  spéciaux  sont  consacrés  à  ces  ariimaux.  Ainsi 
hmité,  le  parasitisme  nous  apparaît  non  nu-iins  général 
chez  les  plantes  que  chez  les  animaux,  et,  comme  chez 
ceux-ci,  présente  le  caractère  d'une  lutte  lente,  mais  con- 
tinue, pour  l'existence,  les  faibles  vivant  aux  dépens  des 
forts  sans  les  détruire  ou  ne  les  détruisant  qu'après  en 
avoir  extrait  tout  ce  qui  doit  sei'vir  à  leur  propre  déve- 
loppement.—  J^es phanérogames,  ainsi  que  les  cryptogames, 
fournissent  des  parasites,  mais  la  puUulation  extraordi- 
naire des  cryptogames  donne  au  parasitisme  des  plantes 
une  universalité  et  une  gravité  bien  supérieures  à  ce  qui 
s'observe  chez  les  animaux.  Les  plantes  (épidendrées . 
aroidées,  fougères,  lichens,  hépatiques,  etc.)  qui  ne  de- 
mandent à  leui'  porteur  qu'un  soutien,  sont  des  faux  pa- 
rasites ou  des  cpiphytes.  Les  vrais  parasites  sont  ou 
ectophyles  (radicicoles,   caulicoles,   foliicoles,   etc.),   ou 
enlophytes,  ces  derniers  toujours  cryptogames.  La  divi- 
sion la  plus  logique  est  la  suivante  :  1*^  Parasites  végé- 
taux vasculaires  ;  2"^  Parasites  végétaux  cellulaires. 
1"   Parasites  vasculaires  ou  phanérogames.  Parmi 
ceux-ci,  mentionnons  la  Cuscute  y  une  convolvulacée  ;  le 
Gui,  une  loranthacée  ;  les  Mekuupyrum,   des  rhinan- 
tacées,  parasites  temporaires;  les  Orobancliées,  les  Mono- 
tropa,    le    Limodorum  ahortivum  (une    orchidacée)  ; 
puis  des  Rafflesia,  des  Cytinées,  etc.  Les  uns  ont  des 
feuilles  vertes  (mélampyres),  les  autres  sont  décolorés  et 
n'ont  pas  de  véritables  feuilles  (orobanche,  monotropa,etc.). 
2"^  Parasites  cellulaires  ou  cryptogames.  Le  parasi- 
tisme des  cryptogames  est  presque  universel  ;  tel  est  le 
cas  des  champignons  qui  sont  les  uns  ectophytes  (E71/- 
siphe  ou  Oïdium.,   Erineum,  Rhizocionia,  etc.),    les 
autres  entophytes,  la  plupart  appartenant  aux  discomy- 
cètes,  pyrénomycètes,  hyphomycètes,  urédinées,  ustila- 
ginées  ;  il  en  est  de  môme  de  certaines  algues  inférieures, 
les  végétaux  se  trouvant  par  exemple  envahis  par  les  bac- 
téries tout  comme  les  animaux.  Les  urédinées  sont  toutes 
parasites  et  envahisseni  toutes  les  parties  des  plantes, 
mais  chaque  espèce  se  développe  sur  un  organe  de  prédi- 
lection. VUstilago  inaidisQt  lapuccinie  des  graminées  se 
développent  indifféremment  sur  toutes  les  parties  aériennes 
des  plantes.  Le  polymorphisme  des  œcidiées,  des  urédi- 
nées,   des  ustilaginées,  etc.,  est  particulièrement  inté- 
ressant ;  nous  renvoyons  pour  sa  description  aux  articles 
spéciaux.  — Citons  en  particulier  les  érijsiphées  (Oïdium 
de  la  vigne,  Erysiphe  des  plantes  potagères  et  d'orne- 
ment, E^rgot  de  seigle  des  cérérales),  les  uir'diu/es,  ])o- 
lymorphes,  et  les  pucciniées,  qui  alternent  leur  sporiti- 
cation  avec  les  urédinées,  de  même  que  les  œcidiées  ; 
les  r>nicorinées,  plutôt  saprophytes,  c.-à-d.  vivant  sur  des 
plantes  mourantes  ou  mortes  ;  les  péronosporées,  dont 
une  espèce  constitue  le  mildew  de  la  vigne,  d'autres  les 
maladies  des  pommes  de  terre,  etc.,  une  entin  la  maladie 
des  vers  à  soie;  les  m,ucédinées  [Mucor,  Aspergillus,et(-.). 
occasionnant  les  moisissures  ;  les  ustilaginées,  produisant 
chez  les  céréales  le  charbon,  la  rouille,  etc.     D^'  L.  Hn, 


III.  Zoologie.  —  Avant  de  paider  du  parasitisme  pro- 
prement dit,  il  importe  de  dire  quelques  mots  du  commen- 
salisme  et  du  mutualisme.  Ces  phénomènes,  qui  ne  sont 
pour  ainsi  dire  iju'un  premier  degré  de  parasitisme,  sont 
très  répandus  dans  le  règne  animai.  On  n'en  trouve,  au 
contraire,  guère  d'exemple  che:.  les  végétîuix,  sauf  peut- 
être  chez  les  lichens,  s'il  est  vrai  que  ces  plantes  consis- 
tent en  une  association  d'une  algue  et  d'un  champignon 
(jui  se  rendent  des  services  réciproques. 

Comme  son  nom  l'indique,  le  commoisal  est  celui  qui 
s'installe  à  la  table  d'un  autre  èti-e.  pour  avoir  le  superflu 
de  ses  aliments  et  en  même  temps  un  gite.  Mais  le  com- 
mensal ne  rend  aucun  service-  à  son  hôte.  Il  ï^'iustalle 
tantôt  en  croupe  sur  son  dos,  tantôt  à  l'entrée  de  la 
bouche,  au  passage  des  vivres,  ou  bien  à  la  sortie  des  dé- 
chets. D'autres  fois,  il  se  met  à  l'abri  du  manteau  d'un 
mollusque,  dont  il  reçoit  aide  et  protection.  Tel  est  le  pois- 
son nommé  fierasfer,  qui  se  loge  dans  le  tube  digestif 
d'une  holothurie.  D'autres  petits  poissons  de  la  famille 
des  scombéroides  se  fixent  dans  les  cavités  de  physalies. 
Le  rémora  se  fait  transj>orler  par  le  re(|uin.  et  vit  des 
déchets  de  .-,a  table.  Parmi  les  insectes,  le  commensalisme 
est  très  fréquent  :  il  y  a  toute  une  faune  vivant  dans  les 
fourmilières  sans  rendre  de  service  ni  être  réellement  nui- 
sibles aux  fourmis.  Mais  c'est  parmi  les  crustacés  qu'on 
rencontre  le  plus  fréquemment  le  commensalisme,  comme 
du  reste  les  autres  formes  de  parasitisme.  Nous  citerons  seu- 
lement le  pinnothère,  qui  vit  dans  les  moules  ;  les  dromies 
qui  se  logent  sur  une  colonie  de  polypes  ;  les  petits  crabes 
qui  se  font  trans])orter  par  les  tortues  marines.  Parmi  les 
décapodes  macroures,  il  y  a  un  palémonquivitsur  le  corps 
d'une  actinie,  un  autre  dans  la  cavité  branchiale  d'un  pa- 
gure, un  autre  encore  dans  Veuplectella  aspergillum, 
une  éponge.  A  côté  du  pagure  et  dans  la  même  coquille 
se  loge  souvent  une  annéUde  du  groupe  des  néréides,  en 
même  temps  que  des  peltogaster,  des  lyriopes  et  d'autres 
crustacés  ;  la  coquille  est  souvent  recouverte  d'une  colo- 
nie d'hydractinies,  de  sorte  qu'elle  représente  une  vraie 
nichée  de  pirates.  D'autres  crustacés  logent  dans  la  cavité 
buccale  de  poissons,  d'autres  sur  la  peau  des  baleines.  Les 
mollusques  ne  comptent  que  peu  d'espèces  commensales  : 
notons  les  entoconches  et  les  eulimes  qui  logent  dans 
certains  échînodermes,  les  stylines  qui  s'installent  dans 
un  des  rayons  d'une  étoile  de  mej*.  La  classe  des  vers  ne 
renferme  pas  seulement  des  parasites,  mais  aussi  de  vrais 
commensaux,  (jui  vivent  sur  des  crustacés,  des  mollusques, 
des  vers,  des  échinodermes  et  des  polypes.  En  revanche, 
chez  les  échinodermes  et  les  polypes,  b^  commensalisme 
est  fort  rare. 

Tous  les  animaux  dont  nous  venons  de  parler  conser- 
vent leur  pleine  et  entière  indépendance  ;  même  lorsqu'ils 
ont  renoncé  à  leur  liberté,  ils  gardent  tout  leur  attirail 
de  voyage  et  de  pêche.  D'autres,  au  contraire,  libres  dans 
le  jeune  âge,  se  font  plus  tard  choix  d'un  hôte,  s'y  ins- 
tallent et  perdent  souvent  une  grande  ])artie  de  leurs  or- 
ganes. Tels  sont  certains  cirrhipèdes  qui  couvrent  la  peau 
des  baleines,  d'autres  qui  vivent  sur  des  langoustes,  des 
pagures,  etc.,  en  ne  leur  empruntant  que  le  support. 
Mais  il  y  a  dans  cette  famille  toutes  les  gradation^  entre 
la  vie  libre  et  le  plus  extrême  parasitisme  représenté  par 
le  groupe  des  rhizocéphales. 

bans  la  catégorie  des  mutualistes,  il  y  a  échange  de 
services  entre  les  êtres  en  présence.  On  peut  dire  que  les 
insectes  qui  favorisent  la  fécondation  croisée  des  fleurs  et 
qui  en  reçoivent  en  échange  du  nectar  vivent  avec  les  pha- 
nérogames dans  des  rapports  de  mutualisme.  On  peut  éga- 
lement ranger  dans  ce  groupe  les  animaux  qui  vivent  dans 
la  fourrure  des  mammiïères  ou  dans  le  duvet  des  oiseaux 
pour  enlever  aux  poils  ou  aux  plumes  les  débris  épider- 
miques  ([ui  les  ent;ombrenl.  Les  oiseaux  qui  nettoient  les 
mâchoires  des  crocodiles  ou  ceux  qui  débarrassent  le  bé- 
tail de  ses  parasites  cutanés  rentrent  au^i  dans  cette  caté- 
gorie. Les  poissons  hébergent  des  crustacés  qui  vivent  du 


1033 


PARASITISME  ~  PARATARTRIQUE 


produit  de  leurs  sécrétions  cutanées.  D'autres  animaux, 
d'ordinaire  des  vers  ou  des  protozoaires,  vivent  dans  le 
rectum  des  êtres  les  plus  divers  et  contribuent  à  le  pu- 
rifier. On  conçoit  qu'il  y  ait  là  tous  les  degrés  possibles 
entre  le  commensalisme,  le  mutualisme  ou  le  parasitisme 
vrai,  suivant  que  les  matières  absorbées  sont  plus  ou 
moins  utiles  ou  nuisibles  à  l'hôte  sur  lequel  vit  le  parasite. 
Enfin  on  pourrait,  outre  ce  mutualisme  biologique ,  considérer 
un  mutualisme  social  :  tels  sont  les  rapports  qui  s'établis- 
sent entre  les  fourmis  et  les  pucerons  ou  entre  les  fourmis 
guerrières  et  leurs  esclaves.  Mais  là  aussi,  suivant  l'im- 
portance des  services  demandés,  le  mutUeilisme  peut  se 
transformer  en  un  vrai  parasitisme.  Des  phénomènes  ana- 
logues s'observent  dans  les  sociétés  humaines. 

^Nous  en  arrivons  enfin  au  parasitisme  vrai.  Disons  tout 
de  suite  qu'il  n'existe  pas  de  classe  de  parasites  ;  les  vers,  et 
à  un  moindre  degré  les  crustacés,  ne  se  distinguent  que 
par  un  plus  grand  nombre  d'espèces  soumises  à  ce  ré- 
gime. D'autre  part,  ce  ne  sont  pas  les  classes  les  moins 
élevées  en  organisation  qui  tournissent  le  plus  de  parasites  : 
il  y  en  a  en  effet  très  peu  chez  les  zoophytes,  les  mollus- 
ques et  les  échinodcrmes.  Enfin  le  parasitisme  n'existe 
souvent  que  dans  un  seul  sexe,  de  préférence  le  féminin, 
ou  à  une  époque  déterminée  de  la  vie.  C'est  ce  dernier 
caractère  qui  nous  ser\ira  à  classer  les  parasites  : 

1^  Parasites  libres  ii  tout  âge.  Cette  première  caté- 
gorie comprend  tous  ceux  qui  ne  sont  pas  séquestrés  et 
qui  vivent  aux  dépens  des  autres  sans  perdre  les  attri- 
buts et  les  avantages  de  la  vie  vagabonde.  Ils  se  distinguent 
souvent  avec  difficulté  des  prédateurs  (carnassiers,  oiseaux 
de  proie,  etc.);  néanmoins  on  peut  ranger  parmi  eux  les 
vampires,  ces  chauves-souris  de  l'Amérique  méridionale 
qui  sucent  le  sang  des  mammifères  endormis.  Les  hiru- 
dinées  (sangsues)  sont  encore  plus  nettement  parasites. 
Enfin  un  autre  groupe  comprend  des  articulés  :  cousins, 
puces,  poux,  mouches  diverses,  punaises,  acariens  de  la 
gale,  etc.  Tous  ces  animaux  pillent  leur  proie  au  passage, 
se  nourrissent  de  son  sang,  mais  ne  songent  à  aucun  mo- 
ment à  s'installer  dans  ses  organes  à  demeure.  Ils  sont 
presque  aussi  carnassiers  que  parasites  et  ne  diffèrent  des 
premiers  que  parce  qu'ils  laissent  la  vie  sauve  à  leurs  vic- 
times. 

î^*^  Parasites  libres  dans  le  jeune  âge.  Ces  animaux 
commencent  par  présenter  tous  les  caractères  de  leur 
classe  ;  puis,  arrivés  à  l'âge  adulte,  ils  se  fixent  sur  l'hùte 
qu'ils  ne  doivent  plus  quitter,  se  dégradent,  perdent  leurs 
organes  de  mouvement  et  deviennent  souvent  méconnais- 
sables. Nous  citerons  dans  ce  groupe,  parmi  les  insectes, 
la  puce  chique  {pulex  penetraiis),  parmi  les  arachnides, 
la  tique  (ixocles  riciniis)  et  Vargas  reflexus  qui  vivent 
sur  divers  animaux  à  sang  chaud.  Parmi  les  crustacés 
isopodes,  on  trouve  les  bopyres,  les  jones,  les  cèpes,  les 
gyges,etc.,qui  vivent  à  l'état  adulte  dans  la  cavité  bran- 
chiale d'autres  crustacés.  D'autres  attaquent  les  poissons. 
Tous  subissent  les  modifications  les  plus  variées  ;  mais  ceux 
où  la  dégénérescence  atteint  son  plus  haut  degré  appar- 
tiennent au  groupe  des  cirrhipèdes  :  ce  sont  les  sacculines 
et  autres  animaux  analogues,  de  la  famille  des  rhizocé- 
phales.  Le  corps  finit  par  n'être  qu'un  appareil  reproduc- 
teur armé  de  racines  qui  plongent  dans  le  corps  de  la  vic- 
time pour  y  puiser  des  sucs  nutritifs.  Les  lernéens  subissent 
des  dégradations  analogues. 

3*^  Parasites  libres  dans  leur  vieillesse.  Ces  parasites 
appartiennent  surtout  à  la  classe  des  insectes.  Ce  sont,  par 
exemple,  les  ichneumons,  dont  la  femelle  pond  ses  œufs 
dans  le  corps  d'une  chenille  vivante  ;  les  jeunes  larves  s'en 
nourrissent  et  ne  sortent  de  la  peau  de  la  chenille  qu'à 
l'état  d'insecte  parfait.  Citons  encore  :  les  scohes,  dont  les 
larves  vivent  dans  le  corps  du  grand  scarabée  [oryctes 
nasicornis);  les  ophioneures,  qui  en  font  autant  pour  l'œuf 
du  papillon  du  chou  ;  le  polyneîna,  un  liyménoptère,  qui 
pond  les  siens  dans  ceux  de  Vagrion  virgo  ou  demoiselle  ; 
le  sphex,  autre  hyménoptère,  qui  enlève  des  araignées 


pour  nourrir  sa  progéniture  ;  le  méloé,  parasite  des  abeilles  ; 
les  cynips  qui  vivent  à  l'état  larvaire  dans  les  galles  des 
végétaux,  etc.  Un  autre  groupe  comprend  les  œstres  (dip- 
tères), dont  les  larves  vivent  dans  les  fosses  nasales  ou  le 
tube  digestif  des  mammifères;  à  l'état  adulte,  ce  sont  des 
mouches  très  élégantes. 

4*^  Parasites  à  transmigrations  et  à  métamorphoses. 
Ces  animaux,  en  général  très  dégradés,  s'établissent  dans 
deux  ou  plusieurs  hôtes  successifs  ;  le  premier  est  souvent 
un  herbivore,  et  c'est  au  moment  où  il  est  mangé  par  un 
Carnivore  que  le  parasite  passe  dans  l'organisme  de  celui- 
ci  et  y  prend  une  nouvelle  forme.  Il  y  a  parfois  dans  l'in- 
tervalle, surtout  chez  les  douves,  une  phase  où  l'animal 
vit  librement  dans  l'eau.  Tous  ces  animaux  appartiennent 
à  la  classe  des  vers.  Tels  sont  :  parmi  les  vers  plats,  des 
trématodes  et  notamment  les  douves  (distomes)  formées 
d'un  seul  anneau  ou  méride,  et  les  cestoides  (taenia,  bo- 
thriocéphales,  etc.),  dont  le  premier  anneau  prolifère  une 
fois  que  le  parasite  est  arrivé  dans  son  hôte  définitif  et 
donne  à  sa  suite  toute  une  série  d'autres  anneaux;  parmi 
les  vers  ronds,  les  trichines  et  peut-être  les  ascarides.  Les 
migrations  de  tous  ces  animaux  obéissent  à  la  même  loi  : 
dans  leurs  premiers  hôtes,  ils  sont  asexués  et  habitent  des 
tissus  clos  de  toutes  parts;  au  contraire,  une  fois  qu'Us 
sont  devenus  capables  de  se  reproduire  et  qu'ils  ont  atteint 
leur  hôte  définitif,  ils  se  logent  dans  des  cavités  ouvertes, 
notamment  dans  le  tube  digestif,  ce  qui  rend  possible  la 
dissémination  des  œufs. 

0°  Parasites  à  toutes  les  époques  de  leur  vie.  Ne  se 
distinguent  des  précédents  que  par  l'absence  de  transmi- 
grations. On  peut  citer,  parmi  les  nématodes,  les  oxyures 
qui  vivent  sur  l'homme  et  une  quantité  d'autres  vers  habi- 
tant les  animaux  les  plus  divers.  Un  certain  nombre  d'entre 
eux  sont  peut-être  sujets  à  des  transmigrations  qu'on  n'a 
pas  encore  observées.  Des  insectes,  cochenille,  pucerons, 
phylloxéra,  rentrent  également  dans  cette  catégorie. 

tenfin,  on  pourrait,  au  parasitisme  biologique  que  nous 
venons  d'étudier,  opposer  le  parasitisme  social  :  animaux 
divers  parasites  des  fourmilières  et  des  ruches,  parasi- 
tisme dans  les  sociétés  humaines,  etc.,  et  le  parasitisnjie 
sexuel  :  mâles  des  abeilles  entretenus  par  celles-ci  uni- 
quement en  vue  de  la  fécondation  de  la  reine  ;  mâles  d'autres 
articulés  très  petits  par  rapport  à  la  femelle  et  même 
parasites  organiques  de  celle-ci,  comme  chez  les  lernéens. 
^     ^  DM..  Laloy. 

BiBL.  :  Zoologie  —  Van  Benedk-n,  Coimncnsaux  et  Pa- 
î-asiies;  Paris,  1878.  —  Massart  et  Van  dcr  Veede,  Para- 
sitisme organique  et  Parasitisme  social  :  Pariy,  1898. 
—  MoNiEz,  Traité  de  parasitolocjic  animale  et  végétale: 
Paris,  1896. 

PARASNÂTH.  Colline  sacrée,  qui  porte  le  nom  d'un  des 
grands  saints  du  djamisme  et  (jui  est  située  aux  confins 
N.-O.  du  plateau  de  Chota  Nagpour,  district  de  Hazari- 
bâgh ,  Bengale,  Inde .  Alt . ,  1 .  368  m.  Son  sommet  couvert  de 
temples  est  un  grand  lieu  de  pèlerinage  pour  les  Djainas. 

PARASOL  (Y.  Parapll-ie). 

PARASSY.  Com.  du  dép.  du  Cher,  arr.  de  Bourges, 
cant.  des  Aix-d'Angillon  ;  644  hab. 

PARATA.  Com.  du  dép.  de  la  Corse,  arr.  de  Corte, 
cant.  de  Piedicroce;  140  hab. 

PARATARTRIQUE  (Acide).  Form.  )  ^^^[^^  ^^mH^^)k 
L'acide  paratartrique,  appelé  aussi  acide  raeémique  et 
plus  rarement  acide  thannique,  a  été  découvert  en  ^822 
par  Kestner.  Pasteur  a  démontré  qu'il  devait  être  considéré 
comme  la  combinaison  à  molécules  égales  des  acides  tar- 
triques  droit  et  gauche  : 

C^H^O^^  droit  -f-  C8H^0^2  gauche  ^  (C^H'^O^^)^. 

On  l'obtient  cristallisé  par  le  mélange  des  deux  acides 
pris  en  solutions  concentrées  ;  l'union  de  ces  deux  acides 
dégage  4'^^\4  à  partir  de  l'état  solide.  L'action  de  la  cha- 
leur sur  l'un  quelconque  des  trois  autres  acides  tartriques 


PARATARTRÏQUE  —  PARATONNERRE 


4034 


droit,  gauche  ou  inactif  les  transforme  partiellement  en  acide 
racémique,  aussi  cet  acide  a-t-il  été  découvert  dans  une 
fabrique  d'acide  tartrique  où  il  s'était  formé  sous  l'influence 
de  la  chaleur. 

M.  Jungtleisch  l'a  préparé  synthétiquement  à  partir  de 
l'éthylène;  celui-ci  fixe  le  brome  pour  donner  du  bromure 
d'éthylène  : 

C^H^  4-  Br2  =ir.  C^H^Br^, 

que  le  cyanure  de  potassium  transforme  en  nitrile  succi- 
nique  : 

C4H4Br2  +  2C^AzK  =  ^2KBr  +  C'^H^  {C^Xzf, 

à  l'aide  duquel  il  est  facile  d'obtenir  un  acide  succinique 
synthétique,  CM"^  (C^O^H)^ 

Le  passage  de  l'acide  succinique  aux  acides  tartriques 
se  fait  par  l'intermédiaire  du  dérivé  bibromé  de  l'acide 
et  saponification  de  celui-ci  par  l'oxyde  d'argent  : 

CWBr^O^  +  2AgO  +  H^O^  z=:  C^H^O^^  +  2Ag  Br. 

L'acide  tartrique  ainsi  préparé  est  constitué  en  grande 
partie  par  de  l'acide  inactif;  si  on  le  chauffe  maintenant 
en  présence  d'un  peu  d'eauài7o°,  on  peut  le  transformer 
en  grande  partie  en  acide  paratar trique  qui  est  lui-même 
inactif. 

Pasteur  a  donné  le  moyen  de  dédoubler  l'acide  racémique 
en  ses  deux  constituants  droit  et  gauche.  Le  racémate 
double  de  soude  et  d'ammoniaque,  en  cristallisant  dans 
l'eau,  donne  deux  séries  de  cristaux  à  facettes  hémiédriques 
déposées  de  telle  sorte  que  les  cristaux  d'un  groupe  sont 
les  images  dans  un  miroir  des  autres  cristaux.  Ces  cris- 
taux séparés  mécaniquement  donnent,  les  uns  le  sel  de 
l'acide  droit,  les  autres  ceux  de  l'acide  gauche.  Cette  mé- 
thode de  dédoublement  appliquée  à  l'acide  tartrique,  pré- 
paré à  partir  de  l'éthylène,  a  permis  à  M.  Jungfleisch 
d'obtenir  des  corps  doués  de  pouvoir  rotatoire,  en  dehors 
de  phénomènes  vitaux  et  par  conséquent  indépendamment 
de  tout  phénomène  physiologique.  La  barrière  que  Pas- 
teur avait  cru  étabhr  entre  les  corps  formés  dans  les  or- 
ganismes et  ceux  préparés  synthétiquement  s'est  évanouie 
à  la  suite  de  ces  recherches  importantes. 

L'acide  racémique  cristallise  avec  quatre  équivalents 
d'eau  (C'^H^O^^)^',  21P0-  ;  il  forme  des  prismes  volumi- 
neux efflorescents,  solubles  dans  5,8  parties  d'eau  à  45^.  Il 
est  moins  soluble  dans  Teau  que  l'acide  tartrique.  Les 
racémates  s'obtiennent  facilement  ;  ils  diffèrent  des  tar- 
trates  pour  leurs  formes,  qui  ne  sont  point  hémiédriques, 
et  pour  les  quantités  d'eau  de  cristallisation  qu'ils  renfer- 
ment. Le  racémate  de  calcium  est  encore  beaucoup  moins 
soluble  que  le  ta^-trate  correspondant,  ainsi  une  solution 
de  sulfate  de  chaux  précipite  l'acide  racémique  et  reste 
sans  action  sur  l'acide  droit.  Les  éthers  de  cet  acide 
bouiUent  à  la  même  température  que  les  éthers  de  l'acide 
ordinaire,  mais  ils  s'en  différencient  par  leurs  points  de 
fusion.  Les  racémates  de  potasse  et  d'ammoniaque,  de 
potasse  et  do  soude  se  comportent  dans  leurs  solutions 
aqueuses  comme  celui  de  soude  et  d'ammoniaque  ;  ils  se 
dédoublent  en  sels  droit  et  gauche. 

Pasteur  a  donné  deux  autres  méthodes  pour  séparer 
l'acide  racémique  en  ses  constituants.  L'acide  racémique 
combiné  avec  une  base  active,  la  cinchonine,  laisse  déposer 
dans  ses  solutions  successivement  ?le  tartrale  gauche  et  le 
tartrate  droit  dont  les  solubilités  sont  différentes.  Le  se- 
cond procédé  consiste  à  faire  agir  sur  la  solution  d'un  sel 
racémique  certains  organismes  inférieurs  qui  vivent  et  se 
développent  en  détruisant  d'abord  l'un  des  constituants 
actifs.  Le  penicillmmglauciim,  au  contact  d'une  solution 
de  racémate  d'ammoniaque,  fait  disparaître  l'acide  droit,  et 
si  l'on  arrête  à  temps  le  développement  de  la  moisissure, 
il  ne  reste  dans  la  solution  que  le  tartrate  gauche. 

C.  Matignon. 

BiBL.  :  Pasteur.  A /maies  de  chiniie  et  de  physique. 
t  XXVIII,  p.  56,  73^  série.  —  Dessaigkes,  Comptes  rendais', 
t.  XLII,  pp.  495-524  —  Jungfleisch,  Bidletin  de  la  Société 
chimique,  t.  XVIII,  p.  201,  et  t.  XLI,  p.  222. 


PARATÎ.  Petite  rivière  himalayenne,  qui  descend  des 
glaciers  de  la  passe  de  Parang  (V.  Parang-La)  et,  après 
avoir  dans  son  cours  de  430  kil.,  arrosé  le  Roupchou  et 
le  Tibet  chinois,  se  jette  dans  la  rivière  de  Spiti,  affluent 
du  Sattledjc. 

PARATONNERRE.  1.  Physique.  —  Les  paratonnerres 
ont  un  double  effet  :  prévenir  dans  le  plus  grand  nombre 
des  cas  la  chute  de  la  foudre  sur  les  édifices  qui  en  sont  pour- 
vus, et,  dans  le  cas  où  le  tonnerre  tombe,  éviter  les  dégâts 
qu'il  produit  d'ordinaire.  Ces  appareils,  imaginés  par  Fran- 


A.  Tige  verticale  du  paratonnerre.  —  B.  Pointe  conique 
de  cuivre  rouge  de  la  tige.  —  C.  Soudure  de  la  tige  ver- 
ticale et  du  conducteur. 

klin,  reposent  sur  \e/JOiivoir  des  pointes.  Les  corps  conduc- 
teurs qui  présentent  des  arêtes  vives  et  surtout  des  pointes 
fines  ne  peuvent  être  électrisés  ;  ils  perdent  aussitôt  leur 
électricité  par  suite  de  la  grande  tension  qu'elle  acquiert 
en  ces  points.  Si  l'on  considère  un  nuage  orageux  s'éten- 
dant  au-dessus  d'une  certaine  région,  son  électricité  agit 
par  influence  sur  le  fluide  neutre  de  la  terre,  repousse 
l'électricité  de  même  nom  dans  la  terre  et  attire  dans  les 
points  les  plus  voisins  du  nuage,  cimes  d'arbres,  toits, 
clochers,  etc.,  Télectricité  de  nom  contraire.  Si  la  diffé- 
rence des  tensions  électriques  du  nuage  et  de  ces  divers 
points  est  sufllsante,  un  coup  de  foudre  éclatera  entre  le 
image  et  le  point  où  la  tension  est  la  plus  forte.  Les  points 
les  plus  exposés  sont  donc  ceux  qui  par  leur  hauteur  ou 
par  la  bonne  conductibilité  des  corps  qui  les  reUent  au  sol 
peuvent  se  charger  le  plus  fortement  d'électricité.  Mais  si 
en  ces  points  on  dispose  des  pointes  métalliques  fines,  ils 
ne  pourront  conserver  la  tension  électrique  qu'ils  auraient 
sans  cela,  et  ils  risqueront  moins  d'être  atteints  par  la 
foudre.  En  même  temps,  l'électricité  qu'ils  auront  perdue 
pourra  aller  neutraliser  celle  du  nuage  orageux  et  agir  de 
cette  nouvelle  façon  pour  rendre  moins  probable  une  dé- 
charge électrique.  Ce  flux  d'électricité  qui  s'échappera  par 
la  pointe  sera  d'autant  plus  considérable  que  celle-ci  sera 
fine  et  entretenue  dans  cet  état,  et  en  outre  qu'elle  sera 
reliée  au  sol  par  un  meilleur  conducteur.  D'un  autre  côté, 
on  a  constamment  observé  dans  les  coups  de  foudre  que 
les  plus  grands  dégâts  se  produisaient  aux  points  où  le 


—  1035 


PARATONNERRE—  PARAVIA 


fluide  avait  circulé  dans  les  corps  mauvais  conducteurs  et 
principalement  aux  points  d'entrée  et  de  sortie  de  ces 
corps.  Il  faut  donc,  pour  se  mettre  le  plus  possible  à  l'abri 
des  dégâts  de  la  foudre,  lorsque  celle-ci  n'aura  pu  être 
évitée,  lui  offrir  un  chemin  bon  conducteur,  sans  solution 
de  continuité  entre  les  parties  les  plus  élevées  des  édifices 
et  la  terre.  Il  résulte  de  ces  remarques  préliminaires  qu'il 
y  a  lieu  de  considérer  trois  parties  dans  l'établissement 
d'un  paratonnerre  :  la  pointe,  le  conducteur,  la  jonction 
avec  la  terre. 

La  pointe  doit  être  fine  et  rester  fine  ;  elle  doit  donc 
être  en  un  métal  inoxydable;  comme  les  décharges  élec- 
triques peuvent  la  fondre,  et  cela  d'autant  plus  facilement 


Installation  d'un  paratonnerre. 

qu'elle  serait  plus  fine,  il  ne  faut  pas  exagérer  la  finesse, 
et  il  est  bon  de  la  faire  en  un  métal  peu  fusible.  Le  pla- 
tine est  le  métal  qui  répond  le  mieux  à  ces  conditions; 
toutefois,  son  prix  élevé  le  fait  souvent  remplacer  par  le 
cuivre  rouge,  meilleur  conducteur,  d'ailleurs,  que  lui.  La 
tige  du  paratonnerre  est  en  fer  ;  elle  doit  avoir  de  5  à 
6  centim.  de  diamètre  selon  sa  hauteur,  elle  se  termine 
par  un  cône  d'un  angle  de  30°  en  cuivre  rouge  ou  en  pla- 
tine vissé  à  l'extrémité  de  la  tige.  Perrot  a  proposé  l'em- 
ploi d'une  couronne  de  pointes  pour  augmenter  l'action 
du  paratonnerre  et  étendre  la  zone  qu'il  protège. 

Le  conducteur  est  formé  par  des  tiges  de  fer  qui  doivent 
avoir  un  diamètre  de  15  à  18  milhm.  ou  par  des  fils  de 


cuivre  de  6  à  8  millim.  de  diamètre.  Ce  conducteur  peut 
être  scellé  dans  le  mur  sans  précautions  spéciales;  le 
point  le  plus  important  consiste  à  assurer  la  bonne  conduc- 
tibilité des  joints  des  tiges.  Il  ne  faut  pas  se  contenter  pour 
cela  de  serrer  les  tiges  bout  à  bout  ;  il  faut  en  outre  les 
souder  largement  à  l'étain  de  façon  à  ce  que  le  contact 
soit  parfait  et  l'étendre  sur  une  surface  d'au  moins 
30  centim.  q. 

La  jonction  de  la  ligne  à  la  terre  est  le  point  le  plus 
délicat;  la  terre  sèche  étant  mauvaise  conductrice,  il  ne 
suffit  pas  de  faire  aboutir  à  la  terre  l'extrémité  du  con- 
ducteur ;  il  faut,  pour  avoir  un  bon  contact,  aboutir  à  un 
puits  ne  tarissant  jamais,  faire  plonger  la  tige  dans  l'eau 
par  la  plus  grande  surface  possible,  par  exemple  en  la 
soudant  à  une  plaque  de  tôle  ou  en  la  subdivisant.  A  dé- 
faut de  puits,  on  creuse  un  trou  profond  que  l'on  emplit 
de  coke  ou  de  braise  de  boulanger  et  on  y  fait  arriver  le 
conducteur  en  ayant  soin  de  le  ramifier  en  plusieurs 
branches.  Une  citerne  en  maçonnerie  ou  en  ciment  ne  peut 
être  employée  parce  que  les  matériaux  ci-dessus  ne  sont 
pas  conducteurs.  Une  bonne  disposition,  souvent  adoptée 
dans  les  villes,  consiste  à  mettre  le  paratonnerre  en  com- 
munication avec  les  conduites  d'eau  et  de  gaz.  A  BerUn, 
moyennant  une  légère  redevance,  les  propriétaires  des  pa- 
ratonnerres peuvent  les  reher  aux  conduites  d'eau  ou  de 
gaz  de  la  ville,  mais  les  paratonnerres  doivent  être  en 
outre  directement  reliés  au  sol  par  un  conducteur  et  une 
])laque  dont  on  mesure  la  résistance  ;  tous  les  deux  ans 
on  vérifie  la  conductibilité  du  système.  On  recommande, 
pour  la  protection  des  édifices,  qui  contiennent  de  grosses 
masses  conductrices  comme  des  cloches,  des  réservoirs 
d'eau,  des  toitures  métalliques,  etc.,  de  toujours  relier 
ces  masses  avec  le  conducteur  du  paratonnerre.  Quand  il 
s'agit  de  protéger  un  grand  édifice,  un  seul  paratonnerre 
n'est  pas  suffisant;  les  règles  à  adoptera  ce  sujet  sont  na- 
turellement difficiles  à  établir  expérimentalement.  On 
admet  toutefois  qu'un  paratonnerre  protège  tous  les  objets 
situés  dans  un  cône  ayant  ce  paratonnerre  pour  axe  et 
pour  demi-angle  au  sommet  60°  ;  autrement  dit  un  pa- 
ratonnerre protège  les  objets  situés  à  une  distance  de  sa 
tige  moindre  que  deux  fois  la  hauteur  do  la  pointe  du  pa- 
ratonnerres au-dessus  de  ce  point.  L'utilité  des  paraton- 
nerre, a  été  contestée  au  début;  il  résulte  de  l'enquête  à 
laquelle  s'est  livré  Arago  qu'on  a  des  exemples  certains 
d'éghses  frappées  autrefois  presque  annuellement,  et  tou- 
jours avec  grands  dégâts,  qui  n'ont  plus  essuyé  que  de 
rares  coups  de  foudre,  insignifiants,  en  outre,  par  leurs 
effets,  dès  qu'on  eut  installé  des  paratonnerres  sur  leurs 
clochers.  A.  Joannis. 

IL  Télégraphie  (V.  Télégraphia). 

PARATSGHÎN.  Ville  de  Serbie,  dans  le  cercle  de  Mo- 
rava,  sur  la  Tcheinitza;  5.965  hab.  (au  31  déc.  1895). 
La  ville  est  située  dans  une  plaine  fertile,  et  son  commerce 
de  produits  agricoles  est  très  important.  Une  fabrique  de 
drap,  un  collège,  quelques  écoles  primaires.  Stat.  de  chem. 
de  fer  de  Belgrade  à  Nisch.  M.  Gavrilovitch. 

PARATUOb  ou  PÂRATODO.  Nom,  au  Brésil,  de  plu- 
sieurs plantes  qui  passent  pour  être  des  sortes  de  pana- 
cées ;  tels  sont  le /i(;r^m  rt?"/;o7'é?aEngl.,uneRutacée  Zan- 
thoxylée,  et  surtout  les  Gompfirena  offlcinalis  Mâvt.  et 
G.  Macrocephala  A.  S.  IL  (V.  Gomphrène).  Le  P.  aro- 
matico  est  le  Cinnamodendron  axillare  Endl.  (V.  Cix- 

NAMODEXDROX).  D^'  L.  Hn. 

PARATVARA.  Petite  ville  de  l'Inde  centrale,  distr.  d'El- 
hchpour,  Bérar  oriental,  sur  un  sous-aftiuent  delaTaptî, 
au  pied  des  collines  de  Cxarilgarh  ;  10.000  hab.  Petit  can- 
tonnement militaire. 

PARAVIA  (Pier-Alessandro),  écrivain  italien,  né  à  Zara 
le  17  juin  1797,  mort  à  Turin  en  1857.  Professeur  d'élo- 
quence à  l'Université  de  Turin  (1832),  puis  d'histoire  et 
de  mythologie  à  l'Académie  des  beaux-arts  de  la  même 
ville,  il  est  l'auteur  de  divers  travaux  d'histoire  et  de  cri- 
tique littéraire:  Lezioni  di  letteratura  (Turin,  J852); 


PARA  VIA  —  PARC 


—  1036  — 


Lezioni distoria subalpina (Turin,  iSo A)  ;  Discorsi acca- 
demici  ed  altre  prose  {Turin,  J843)  ;  Me^norie  piemon- 
tesi  di  letteratiira  e  storia  (Turin,  1853). 

BiBL  -.Revue  des  Deux  Mondes.  V:>  août  1851  —  Ber- 
?;ardi,  Vt/a  c  docmuentï  letterandi  P. -A.  Puniviu;  Tu- 
rin. VS7ib. 

PARAVENT  (Ameubl.).  Meuble  destiné  à  abriter 
contre  les  courants  d'air  ou  les  vents  coulis  et  composé 
de  plusieurs  châssis  légers  ou  feuilles,  se  pliant  les  uns 
sur  les  autres.  Sa  hauteur  varie  de  1"^,60  à  2^^,25,  le 
nombre  des  châssis  de  quatre  ou  cinq  jusqu'à  huit,  dix  et 
même  douze.  D'une  largeur  moyenne  de0"\50,  ces  der- 
niers sont  faits  de  bois  léger,  recouvert,  sur  les  deux 
faces,  de  papier  entoilé,  de  damas,  de  moquette,  de  tapis- 
serie, etc.,  en  harmonie  avec  le  style  général  de  l'ameu- 
blement. On  en  fabrique  aussi  en  bois  de  noyer,  de  palis- 
sandre, d'acajou,  avec  la  partie  supérieure  vitrée.  Meuble 
de  parure  autant  que  d'utihté,  le  paravent,  dont  il  est 
fait  mention  dès  le  xvi^  siècle,  a  eu  une  grande  vogue  dès 
le  xvii^  siècle,  et  on  en  fit  alors  d'une  grande  richesse. 
Sous  l'Empire  et  la  Restauration,  l'usage,  bien  que  dimi- 
nué, s'en  était  conservé.  Dans  nos  appartements  modernes, 
de  dimensions  ordinairement  exiguës,  il  n'a  plus  qu'une 
utiHté  relative,  et  on  ne  l'emploie  plus  guère  que  dans  les 
salons  à  titre  de  cloison  mobile,  pour  déterminer  de  pe- 
tites enceintes,  qui  se  prêtent  merveilleusement  aux  con- 
versations intimes.  —  On  fabrique  encore  aujourd'hui, 
dans  les  campagnes,  des  paravents  dits  de  cheminée, 
constitués  par  un  cadre  de  bois  recouvert  de  papier  épais 
ou  de  toile  peinte,  qu'on  applique  dans  l'embrasure  de  la 
cheminée,  lorsqu'il  n'y  a  pas  de  feu,  afm  de  cacher  le 
foyer  et  d'empêcher  l'air  de  pénétrer  par  les  tuyaux  dans 
l'appartement.  Dans  les  villes,  les  tabliers  ont  remplacé 
avantageusement  et  à  peu  près  partout  ces  paravents. 

PARAVICINO  Y  Arteagà  (V.  Arteaga). 

PARAY.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Oise,  arr.  de  Cor- 
])eil,  cant.  de  Longjumeau;  48  hab. 

PARAY-DouAviLLE.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Oise, 
arr.  de  Rambouillet,  cant.  (S.)  de  Dourdan  ;  296  hab. 
Stat.  du  chem.  de  fer  d'Orléans. 

PARAY-le-Frésil.  Com.  du  dép.  de  l'Alher,  arr.  de 
Moulins,  cant.  de  Chevagnes  ;  1.202  hab. 

PARAY-le-Monial  (Paredmn).  Ch.-l.  de  cant.  du  dép. 
de  Saône-et-Loire,  arr.de  Charolles;  4.088  hab.  Stat.  de 
chem.  de  fer  des  Hgnes  de  Mâcon  à  Mouhns  et  de  Montcha- 
nin-les-Mines  à  Roanne  ;  tète  de  la  hgne  de  Paray  à 
Lozanne.  Moulins,  filature  de  laine,  fabrique  de  produits 
céramiques,  tuileries,  poteries,  fours  à  chaux,  tanneries, 
huileries.  La  ville,  qui  était  fortifiée,  fut  occupée  par  des 
écorcheurs  en  1-^39,  prise  par  les  Français  en  1471,  pil- 
lée par  les  protestants  en  1562,  et  assiégée,  mais  en 
vain,  par  les  ligueurs  en  1589.  Les  principaux  monu- 
ments sont  :  la  basihque,  ancienne  église  du  prieuré 
(mon.  hist.)  des  xi^etxii^  siècles,  avec  chapelle  funéraire 
d'un  Damas  de  Digoine(xv^s.)  ;  la  tour  de  l'église  Saint- 
Nicolas,  affectée  au  service  de  hi  justice  de  paix  (com- 
mencement du  XVI®  s.)  ;  la  maison  l3âtie  de  1525  à  1528 
par  un  riche  fabricant  de  serge,  Pierre  Jayet,  et  qui 
est  aujourd'hui  l'hôtel  de  ville  (mon.  hist.)  ;  les  bâtiments 
du  prieuré,  actuellement  presbytère  (xv®  etxviii^  s.).  Les 
institutions  religieuses  dont  l'histoire  se  lie  à  celle  de  la 
ville  sont  :  un  prieuré  de  l'ordre  de  Saint-Benoît,  fondé 
en  973  par  Lambert,  comte  de  Chalon,  qui,  d'ailleurs, 
affranchit  les  habitants  de  Paray  en  990,  uni  à  l'abbaye 
de  Cluny  en  999,  supprimé  en  1790  ;  un  couvent  de  vi- 
sitandines,  étabh  en  1626  et  devenu  célèbre  dans  toute  la 
chrétienté  par  suite  des  apparitions  que  prétendit  y  avoir  eues 
Marguerite-Marie  Alacoque  à  la  fin  du  xvii^  siècle;  un  couvent 
d'ursulines,  établi  en  1644;  un  collège  de  jésuites,  institué 
en  1618,  sécularisé  en  1763  ;  enfin  un  hôpital,  qui  date 
également  du  xvii®  siècle.  Armes  :  D'argent  au  paon 
rouant  d'azur,  becqué  et  patte  de  gueules.  Lex. 

BiBL.  :  Abbé  Cucherat,  Premières  Origines  de  Paray- 
le-Mquial,   1877,   in-8  ;    Fondation   du  monastère    béné- 


dictin de  Paray -le- Monial.,  1878,  iii-8  ;  te  Guide  histo- 
rique et  archéologique  du  pèlerin  à  Paray-le-Monial,  1885, 
in-12.  ~  Eug  Lefèvre-Pontalis,  Etude  historique  et  ar- 
chéologique sur  l'église  de  Paray-le-MoniaL  1886,  iii-8  — 
Chartulariuri  prioratus  de  Paredo  Monachorum.  publié 
parla  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Chalon-sur- 
Saône,  1891.  in-8. 

PARAY-sous-Briailles.  Com.  du  dép.  de  l'Alher,  arr. 
de  Gannat,  cant.  de  Saint-Pourçain  ;  891  hab. 

PARAZA.  Com.  du  dép.  de  l'Aude,  arr.  de  Narbonne, 
cant.  de  Ginestas  ;  715  hab. 

PARAZONIUM  (Antiq.  rom.).  Courte  épée  attachée  à 
un  ceinturon  que  les  tribuns  et  officiers  supérieurs  de  l'ar- 
mée romaine  portaient  du  côté  gauche,  moins  pour  en 
faire  usage  que  comme  marque  de  distinction  (Martial, 
XIV,  32). 

PARBATIYA  (Ling.)  (V.  Inde,  t.  XX,  p.  702). 

PARBAIZE.  Com.  du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  arr. 
d'Oloron,  cant.  de  Monein;  303  hab. 

PARC.  I.  Sylviculture.  —  On  donne  ce  nom  aux  sur- 
faces ornées  avec  art  d'arbres  et  d'arbustes.  Les  plantes  y 
sont  distribuées  en  tenant  compte  de  la  disposition  du  ter- 
rain. Des  parcelles  régulières,  bordées  d'allées  rectihgnes, 
des  alignements  d'arbres  caractérisent  la  disposition  qui 
peut  convenir  aux  terrains  plats.  Des  groupements  en  bos- 
([uetset  des  allées  sinueuses  se  prêtent  mieux  à  orner  un 
milieu  accidenté.  Les  bassins  ou  pièces  d'eau,  les  gazons  ou 
pelouses  sont  un  élément  important  de  beauté  des  parcs. 
On  leur  donne  une  disposition  en  harmonie  avec  le  type 
de  décoration  adopté.  Le  choix  des  plantes  ({ui  doivent 
décorer  le  parc  dépend  évidemment  du  miUeu,  sol  et  cli- 
mat. On  clôt  souvent  les  parcs  de  haies  vives  composées 
d'espèces  à  la  fois  défensives  et  décoratives.      G.  Boyer. 

II.  Génie  rural.  —  Le  parc  est  une  enceinte  découverte 
et  mobile  destinée  à  retenir,  sur  des  champs  déchaumés 
ou  sur  des  prairies,  pendant  un  laps  de  temps  variable, 
des  animaux  domestiques,  ovidés,  bovidés,  etc.,  dans  le 
but  de  leur  procurer  un  simple  couchage  avec  parcours 
dans  le  voisinage,  ou  de  leur  faire  paitre  l'herbe  sur 
laquelle  ils  demeurent  ;  dans  les  deux  cas,  on  obtient  une 
.  fumure  directe  du  sol;  l'emploi  des  litières,  la  manipula- 
tion du  fumier  et  son  transport  sur  les  champs  sont  évités 
par  le  fait  même  ;  tout  en  tenant  compte  des  frais  de 
garde,  il  en  résulte  une  économie  notable,  surtout  lorsque 
les  terrains  soumis  au  parcage  —  tel  est  le  nom  donné 
à  la  pratique  étudiée  ici  —  sont  éloignés  de  l'exploitation 
ou  sont  situés  dans  une  région  accidentée.  La  pratique  du 
parcage  remonte  à  une  époque  très  ancienne,  elle  est  sur- 
tout courante  dans  l'élevage  du  mouton  ;  elle  débute  avec 
les  nuits  chaudes,  dès  le  mois  d'avril  dans  le  Midi,  et 
vers  le  milieu  ou  la  fin  de  mai  dans  les  autres  régions, 
et  se  prolonge  justju'aux  premières  pluies  abondantes 
d'automne;  dans  la  belle  saison,  on  rentre  les  bêtes  au 
parc  une  heure  après  le  soleil  couché  et  on  les  y  laisse 
jusqu'à  huit  ou  neuf  heures  du  matin  ;  en  automne,  les 
moutons  prennent  le  parc  avant  le  coucher  du  soleil; 
on  doit  avoir  soin  de  harrier,  c.-à-d.  de  faire  lever  les 
animaux  plusieurs  fois  pendant  la  nuit  et  au  moins  une 
demi-heure  avant  leur  sortie  afin  qu'ils  se  vident  et 
laissent  leurs  déjections  dans  l'enceinte.  Au  moment  du 
départ,  le  berger  déplace  et  reforme  le  parc  pour  le  soir  ; 
ordinairement' Fenceinte  est  double  et  fermée  avec  des 
claies  en  bois  de  1  m.  à  1^^,50  de  hauteur  sur  2"\50  à 
3"^, 50  de  longueur,  disposées  les  unes  au  bout  des  autres 
sur  quatre  lignes  en  carré  et  soutenues  sur  moyen  de 
crosses  fixées  sur  le  sol  par  une  cheville  de  bois  ou  de  fer  ; 
la  surface  doit  varier,  suivant  la  taille  de  l'animal,  entre 
0'^,80  et  1  m.  q.  par  tète  et  il  est  bon  de  ne  pas  dépasser 
le  nombre  de  250  à  300  tètes  par  parc.  Si  la  terre  est 
découverte,  on  laboure  aussitôt  que  possible  après  le  par- 
cage afin  de  réduire  au  minimum  les  pertes  d'azote  par 
volatihsation  et  de  prévenir  l'entraînement  de  l'engrais 
par  les  eaux  pluviales.  Le  déplacement  des  parcs  ou  coup 
de  parc  se  fait  à  intervalles  bien  réguliers,  de  six  ou  de 


—  1037 


PARC 


douze  heures  ;  dans  le  premier  cas,  on  obtient  une  fumure 
correspondant  à  un  apport  de  10.000  kilogr.  de  fumier 
de  ferme,  c.-à-d.  à  une  très  faible  fumure  ;  la  fumure 
peut  être  regardée  au  plus  comme  moyenne  dans  le  second 
cas  ;  les  idées  que  l'on  se  fait  généralement  sur  le  parcage 
au  point  de  vue  de  la  fertilisation  du  sol  sont  donc  exa- 
gérées ;  ajoutons  que,  dans  cette  pratique,  l'animal  est 
exposé  à  toutes  les  intempéries  et,  par  suiie,  à  certaines 
affections,  coup  de  sang,  cachexie,  etc.,  toujours  graves  ; 
de  plus  sa  laine  est  fréquemment  souillée  par  le  contact 
immédiat  du  corps  avec  le  sol  recouvert  par  les  déjec- 
tions. Ces  inconvénients  sont  à  prendre  en  grande  consi- 
dération ;  on  les  atténuera  dans  la  mesure  du  possible  en 
proscrivant,  pour  le  parcage,  tous  les  sols  froids,  com- 
pacts et  mouillants,  et  en  confiant  la  garde  du  trou- 
peau à  .un  berger  consciencieux  et  vigilant.  —  Le  parcage 
des  bovidés  sur  les  herbages  est  souvent  très  recom- 
mandable;  il  est  suivi  dans  le  pays  de  Bray  (Seine- 
Inférieure)  où  10  vaches  peuvent  parquer  chaque  jour 
1  are  50  ;  la  fumure  ainsi  obtenue  produit  des  effets  sen- 
sibles pendant  deux  ans.  En  xVngleterre  et  dans  certaines 
régions  de  l'Amérique  du  Nord,  on  parque  assez  fréquem- 
ment les  bœufs  à  l'engrais  sur  des  chaumes  où  on  leur 
apporte  un  supplément  de  nourriture  (turneps,  bette- 
raves, etc.)  ;  des  vaches,  des  moutons  et  des  porcs  les 
remplacent  successivement,  de  sorte  que  rien  do  man- 
geable n'est  perdu  et  que  le  terrain  se  trouve  fortement 
fumé  ;  cette  pratique  est  très  avantageuse  pour  Famé- 
lioration  des  sols  légers,  et  elle  serait  recommandable  dans 
nos  provinces  du  Midi.  J.  Troude). 

III.  Pêche.  —  Les  parcs  sont  des  engins  de  pêche  qui 
peuvent  être  établis  ou  perpendiculairement  à  la  côte  ou 
parallèlement  à  celle-ci  :  dans  le  premier  cas,  ils  ont  pour 
but  de  capturer  les  poissons  qui,  nageant  par  bancs,  se 
tiennent  là  où  l'eau  a  peu  de  profondeur;  dans  le  second, 
de  retenir  les  espèces  qui  se  rapprochent  du  rivage  à  chaque 
flot.  Ces  engins  sont  étabhs  en  pierres,  en  clayonages  ou 
en  filets,  en  nappes  ou  en  trameux  ;  ces  derniers  se  di- 
visent en  bas  et  en  hauts  parcs.  Les  bas  parcs  sont  ceux 
dont  les  filets,  tendus  au  moyen  de  pieux,  ont  leur  extré- 
mités reposant  sur  le  sol,  la  raUngue  inférieure  étant  en- 
foncée au  pied  des  piquets  ;  l'ouverture  de  l'engin  doit 
avoir  150m.  au  maximum  et  un  développement  inférieur 
à  300  m.  Les  hauts  parcs  destinés  à  capturer  des  poissons 
de  passage,  tels  que  harengs,  sardines,  ont  la  rahngue  in- 
férieure du  filet  à  0"^,20  au  moins  du  sol  ;  les  pieux  doivent 
être  distancés  de  2°i,50;  ces  engins  sont  établis  en  hgnc 
droite  ou  courbe  de  la  plage  à  la  mer  ;  leur  développement 
maximum  est  de  300  m.  Les  parcs  fermés  sont  une  en- 
ceinte close  de  toutes  parts,  excepté  en  un  endroit  tourné 
du  côté  de  la  terre  ;  de  cette  ouverture  part  une  ligne  de 
filets  ou  de  clayonnages  qui  se  dirige  perpendiculairement 
à  la  côte  ;  le  poisson  vient  se  rendre  dans  un  long  verveux  ; 
ce  dernier  engin  est  particulièrement  en  usage  dans  la  Mé- 
diterranée. E.  S. 

IV.  Art  militaire.  — C'est  la  réserve  d'approvisionne- 
ment en  matériel  et  munitions  qui  suit  les  armées  en  cam- 
pagne, ou  est  étabhe  temporairement  à  proximité  de  celles-ci 
en  vue  de  pourvoir  au  ravitaillement  en  munitions  (V.  ce 
mot)  ainsi  qu'au  remplacement  et  aux  réparations  du  ma- 
tériel. On  désigne  également  sous  ce  nom  l'emplacement 
occupé  par  le  matériel  d'une  ou  de  plusieurs  unités  d'ar- 
tillerie au  cantonnement  ou  au  bivouac.  Suivant  la  place 
dont  on  dispose,  on  peut  établir  le  parc  sur  un  nombre  va- 
riable de  lignes  ;  il  faut  autant  que  possible  que  la  dis- 
tance entre  deux  lignes  soit  assez  grande  pour  qu'on  puisse 
atteler  commodément  et  que  l'intervalle  entre  les  voitures 
soit  suffisant  pour  permettre  leur  nettoyage,  leur  charge- 
ment et  leur  déchargement.  Les  armées  en  campagne  pos- 
sèdent des  parcs  d'artillerie,  des  parcs  de  génie  et  des 
parcs  aérostatiques. 

Parc  d'artillerie  de  coups  d'armée  (V.  Artillerie, 
t.  IV,  p.  23). 


Grand  parc  ou  parc  d'artillerie  d'armée.  —  Le  grand 
parc  a  pour  but  de  pourvoir  au  ravitaillement  des  parcs 
de  corps  d'armée.  Chaque  armée  en  campagne  dispose 
d'un  grand  parc  commandé  par  un  colonel  ou  un  heutenant- 
colonel  d'artillerie,  directeur  du  grand  parc.  Cet  otïicier 
supérieur  est  assisté  de  chefs  d'escadrons  et  de  capitaines 
en  nombre  variable,  suivant  l'importance  du  grand  parc 
qu'il  commande.  Le  grand  parc  comprend  un  certain 
nombre  de  divisions  de  grand  parc  et  une  réserve  de  grand 
parc  pour  l'entretien  du  matériel.  A  un  grand  parc  sont 
attachés  :  des  sections  de  parc  en  nombre  variable  ;  des 
troupes  d'artillerie  à  pied  ;  un  détachement  d'ouvriers 
d'artillerie  ;  un  détachement  d'artificiers. 

Les  divisions  de  grand  parc  ne  sont  pas  entièrement 
sur  roues  ;  il  est  affecté  à  chaque  division  de  grand  parc 
un  équipage  de  transport  attelé  par  une  section  de  parc. 
Les  munitions  sont  transportées  dans  des  caisses  blanches. 
Les  munitions  du  grand  parc  sont  échelonnées  à  l'arrière 
de  l'ai'mée  et  réparties  en  cinq  échelons.  Le  premier  éche- 
lon établi  aux  tètes  d'étapes  de  guerre  comporte  les  équi- 
pages de  transport  et  les  sections  de  parc.  La  totahté  des 
munitions  de  cet  échelon  peut  être  transportée  par  ces 
moyens.  Les  quatre  autres  échelons  sont  établis  en  arrière, 
le  cinquième  et  le  quatrième  dans  les  arsenaux,  le  troi- 
sième dans  les  stations-magasins,  le  deuxième  en  avant  des 
stations-magasins.  Leurs  munitions  peuvent  être  trans- 
portées vers  l'avant,  soit  à  l'aide  des  chemins  de  fer,  soit 
à  l'aide  de  voitures  de  réquisition. 

Section  de  parc.  —  Unité  d'artillerie  commandée  en 
principe  par  un  capitaine  et  formée  du  personnel  (hommes 
et  chevaux)  nécessaire  pour  atteler  et  conduire  le  matériel 
des  parcs  de  corps  d'armée  ou  du  premier  échelon  du 
grand  parc. 

Parc  d'artillerie  de  siège.  —  litablissement  tempo- 
raire devant  une  ville  assiégée,  où  l'on  réunit  tout  le  ma- 
tériel des  équipages  de  siège  et  le  personnel  de  l'artillerie, 
qui  doivent  concourir  à  la  construction,  à  l'armement  et 
au  service  des  batteries  de  siège. 

Parc  léger  de  siège.  —  Première  section  du  demi- 
équipage  léger  de  siège. 

Capitaine  directeur  du  parc.  —  Capitaine  en  second 
d'artillerie,  chargé  en  temps  de  paix  de  la  comptabifité 
et  de  l'entretien  du  matériel  et  des  munitions  et  artifices 
divers  mis  à  la  disposition  des  régiments  d'artillerie  pour 
leur  instruction.  Chaque  régiment  d'artillerie  possède  un 
capitaine  directeur  du  parc. 

Parc  de  compagnie  du  génie.  —  Equipage  de  transport 
d'une  compagnie  divisionnaire  du  génie,  composé  de  deux 
voitures  de  sapeurs  mineurs,  avec  outils  et  agrès,  deux 
mulets  de  bât  pour  le  transport  des  explosifs  et  deux  four- 
gons à  vivres  et  à  bagages. 

Parc  DU  GÉNIE  DE  corps  d'armée.  -—  Réserve  d'outils  et 
d'explosifs,  attelée  par  une  compagnie  de  sapeurs-conduc- 
teurs (V.  ce  mot).  La  composition  de  ce  parc  varie  sui- 
vant que  le  corps  d'armée  est  à  deux  ou  trois  divisions.  Avec 
lui  marche  en  général  Véquipage  de  pont  de  corps 
d'armée.  Leur  ensemble  est  placé  sous  les  ordres  d'un 
capitaine  de  génie.  Le  parc  de  corps  d'armée  marche  avec 
le  train  de  combat  du  corps  d'armée. 

Parc  du  génie  d'armée.  —  Destiné  au  ravitaillement 
du  parc  de  corps  d'armée,  sa  composition  varie,  suivant  la 
force  de  l'armée,  de  57  à  71  voitures  ;  il  est  commandé 
par  un  colonel  ou  un  lieutenant-colonel,  directeur  du  parc 
du  génie  d'armée.  Il  marche  à  l'arrière  des  armées  et, 
comme  le  grand  parc  d'artillerie,  ressort  du  service  des 
étapes. 

Parc  aérostatique.  —  En  temps  de  paix,  on  désigne 
sous  le  nom  de  parc  aérostatique  l'ensemble  du  matériel 
d'aérostation  mis  à  la  disposition  des  écoles  du  génie  poui' 
l'instruction  des  sapeurs  aérostiers.  —  En  temps  de  guerre, 
des  parcs  aérostatiques  sont  mis  à  la  disposition  des  gé- 
néraux commandant  les  armées,  ou  des  gouverneurs  de 
places  fortes,  pour  le  service  d'observation.  Ces  parcs 


PARC  -  PARÇAY 


—  1038  — 


comprennent,  comme  personnel,  des  sapeurs  aérostiers 
commandés  par  un  lieutenant  ou  un  capitaine  ;  comme  ma- 
tériel :  i*^  des  ballons  avec  nacelles  pour  ï  ou  2  obser- 
vateurs, et,  suivant  les  parcs  ;  2°  des  voitures-tubes  compo- 
sées de  8  tubes,  renfermant  chacun  36  m.  c.  d'hydrogène 
comprimé  à  200  kilogr.  ou  des  appareils  générateurs  d'hy- 
drogène. Deux  voitures-tubes  suffisent  au  gonflement  du 
ballon  normal;  l'opération  du  gontlcmcnt  dure  un  quart 
d'heure,  l'accrochage  de  la  nacelle  un  quart  d'heure  éga- 
lement ;  3*^  une  voiture-treuil  pour  les  ascensions  en  bal- 
lon captif.  Los  parcs  aèrostatiques  de  campagne  sont  di- 
visés en  plusieurs  échelons  ;  le  premier,  appelé  échelon  de 
combat,  marche  en  général  avec  le  commandant  de  l'armée. 
Biiii  :  PÈCHE. —^H.  de  La  Bla>ciierïï,  ^^i  Pcclic  et  les 
Poissons. 

PARC-aux-Cerfs.  Enclos  de  Versailles  existant  autre- 
fois dans  l'espace  circonscrit  par  les  rues  de  Satory,  des 
Rosiers  et  Saint-Martin.  Louis  XIII,  quand  il  acquit  Ver- 
sailles, étabht  dans  cet  enclos  une  remise  de  gibier.  Isolée 
du  reste  des  jardins  et  du  parc,  elle  fut  abandonnée  et 
vendue  ;  on  y  construisit  un  quartier  nouveau  cà  la  fm  du 
xvii^  siècle  et  au  xvni'^  ;  ce  quartier  conserva  le  nom  de 
Parc-aux-Cerfs.  Le  25  nov.  1755,  Louis  XV  y  acheta,  par 
rintermédiaire  de  Fhuissier-priseur  Vallet,  une  petite  mai- 
son située  rue  Saint-Médéric  (auj.  n^  4).  Dans  cette  mai- 
son, son  pourvoyeur  Lebel  tenait  à  sa  disposition  de  jolies 
filles,  de  naissance  obscure,  qu'il  payait  aux  parents  ou 
même  faisait  enlever.  Ces  pratiques,  admises  par  M^^®  de 
Pompadour,  furent  abolies  par  M"^®  du  Barry,  qui  ferma 
le  Parc-aux-Cerfs  ;  le  roi  fit  vendre  la  maison  en  1771. 
Ces  faits  ont  été  grossis  par  la  légende,  cjui  a  transformé 
le  Parc-aux-Cerfs  en  un  immense  palais  consacré  aux 
débauches  du  roi,  évalué  à  des  sommes  fantastiques  les 
dépenses  qu'il  occasionnait  pour  l'éducation,  à  partir  de 
l'enfance,  et  ensuite  la  dotation  des  fdles  livrées  aux 
plaisirs  du  roi. 

PARC-D'ANXTor  (Le).  Com.  du  dép.  de  la  Seine-înfé- 
rieure,  arr.  du  Havre,  cant.  de  Bolbec  ;  366  hab. 

PARC-LEz-LouvAîN.  Abbaye  belge  de  l'ordre  de  Pré- 
montré, située  à  2  kil.  de  Louvain.  Elle  fut  établie  en 
1128  dans  une  propriété  offerte  par  Godefroy  le  Barbu, 
duc  de  Brabant,  à  Walther,  abbé  de  Saint-Martin  de  Laon, 
et  ne  tarda  pas  à  recevoir  des  donations  considérables. 
L'abbé  de  Parc  portait  la  mitre  et  la  crosse  depuis  le  pon- 
tificat de  Pie  II,  et  siégea  de  bonne  heure  aux  Etats  do 
Brabant.  Joseph  II  supprima  l'abbaye  en  1789  ;  rétablie 
l'année  suivante,  après  la  révolution  brabançonne,  elle  fut 
de  nouveau  supprimée  en  1797  par  les  Français,  et  vendue 
comme  bien  national.  Elle  fut  restaurée  en  1836.  Les 
bâtiments,  très  remarquables,  datent  du  xvii^  et  du 
xviii^  siècle.  L'église  a  été  construite  vers  la  fm  du  xnî*^ 
et  maladroitement  modernisée  vers  1725.  Elle  renferme 
de  beaux  tableaux  de  Quellyn,  de  Philippe  de  Champaigne, 
d'Herryns,  de  Yerhaghen  ;  le  splendide  mausolée  des  abbés, 
en  marbre  de  Carrare,  est  l'œuvre  de  Berger,  ainsi  que 
les  belles  boiseries  de  l'église  et  de  la  sacristie,  exécutées 
vers  1730.  Le  quartier  abbatial  contient  aussi  des  œuvres 
d'art  remarquables,  notamment  des  tableaux  de  Jean 
Coxie.  La  bibliothèque  est  riche  en  manuscrits  et  en  livres 
anciens;  on  y  voit  une  Bible  écrite  à  Parc  en  1263. 

BiBL  :  Van  Evex,  Louvain  dans  le  passé  et  dans  le  pré- 
sent ;  Louvain,  1891,  in-4. 

PARC  NATIONAL  {Yellowstone  National  Park).  Partie 
du  territoire  américain,  comprise  principalement  dans  le 
Wyoming  et  qui  a  été  réservée,  par  un  act  du  Congrès 
en  1872,  pour  être  «  un  parc  public  et  un  lieu  de  diver- 
tissement pour  le  peuple  ».  C'est  une  enclave  de  forme 
quadr angulaire,  d'une  superficie  de  9.000  kil.  q.  (105  kil. 
de  longueur  du  N.  au  S.  et  86  de  largeurdel'E.  à  l'O.), 
accrue  depuis  1890  d'environ  5.000  \i\[.  q.  de  forêts,  ce 
qui  constitue  au  «  Park  »  une  étendue  plus  grande  que 
celle  de  la  Belgique.  Située  dans  l'angle  N.-O.  du  Wyo- 
ming, l'enclave  déborde  c{uelque  peu  sur  Fldaho  à  l'O.  et 
sur  le  Montana  au  N.  Elle  se  compose  d'un  magnifique 


amas  de  montagnes,  de  lacs,  dégorges  (canons),  de  sources 
d'eau  chaudes  (geysers),  qui  fut  signalé,  il  y  a  une  tren- 
taine d'années,  à  l'admiration  publique  par  un  rapport 
de  M.  Hayden,  savant  géologue  au  service  des  Etats-Enis 
Le  Parc  est  traversé  du  S.  auN.  par  la  rivière  Yellow- 
stone, qui,  vers  le  centre  de  l'enclave,  constitue  le  lac 
Yellowstone,  situé  à  2.360  m.  d'alt.,  d'une  étendue  de 
350  kil.  q.,  encadré  de  hautes  montagnes.  L'ensemble  de 
la  réserve  se  compose  d'un  plateau  ondulé  d'une  ait. 
moyenne  de  2.400  m.,  coupé  de  vallées  profondes  et  en- 
touré de  massifs  de  3.000  à  3.500  m.  se  rattachant  à  la 
chaîne  principale  des  Rocky  Mountains.  Les  sommets  du 
Park  restent  le  plus  souvent  couverts  de  neige  ;  on  n'a 
point  cependant  trouvé  de  glaciers. 

Une  grande  partie  de  la  région  est  couverte  d'épaisses 
forêts  d'essence  résineuse,  oii  ont  été  réunis  de  nombreux 
spécimens  de  bêtes  sauvages,  les  derniers  troupeaux  de 
buffles  (500  têtes),  des  élans,  des  ours,  etc.  Il  est  inter- 
dit de  chasser  dans  toute  l'étendue  de  la  réserve.  Parmi 
les  curiosités  naturelles,  les  plus  célèbres  sont  les  geysers, 
sources  thermales,  fumerolles,  et  autres  foyers  volca- 
niques en  activité,  au  nombre  de  5  ou  6.000.  Tout  le 
territoire  se  compose  de  rhyalithe,  roche  volcanique,  for- 
mant des  dépôts  de  plus  de  300  m.  sur  des  strates  cal- 
caires, traversées  de  fissures  d'où  montent  des  vapeurs 
chaudes,  qui  se  réunissent  à  Feau  de  pluie  filtrant  à  tra- 
vers la  terre,  délitent  le  calcaire  de  la  roche  primitive  et 
se  font  jour  sous  forme  de  sources  thermales.  Ces  sources, 
les  concrétions  siliceuses,  les  jets  puissants  des  geysers, 
les  terrasses  calcaires,  les  roches  obsidiennes,  arbres  pé- 
trifiés, collines  de  soufre,  attestent  l'activité  volcanique 
intense  dont  tout  le  plateau  a  été  le  théâtre  à  une  époque 
géologique  récente.  Les  touristes  visitent  égalemeiit  les 
lacs,  les  cascades  et  surtout  le  canon  du  Yellow^stone, 
dont  les  roches  sont  d'une  coloration  étonnante. 

La  saison  pour  la  visite  du  Yellowstone  Park,  la  «  Terre 
merveilleuse  du  Nord  »,  par  opposition  à  la  «  Terre  mer- 
veilleuse du  Sud  »  des  géographes  anglais,  qui  désignent 
sous  ce  nom  une  région  très  pittoresque  de  la  Nouvelle-Zé- 
lande, dure  du  1®^' juin  au  1^^'  oct.  Les  règlements  pour 
la  protection  des  curiosités  naturelles  et  de  la  faune  du 
parc  (la  pêche  à  la  ligne  est  seule  autorisée),  sont  affichés 
dans  les  hôtels,  et  toute  infraction  aux  clauses  qu'ils  con- 
tiennent est  punie  avec  rigueur.  La  foule  est  surtout 
grande  en  juillet  et  en  août.  La  chaleur  est  très  forte 
dans  la  journée,  le  froid  souvent  intense  la  nuit.  La  visite 
du  Parc  est  exploitée  par  une  société  dont  le  siège  est  à 
l'hùtel  Mammouth  Ilot  Springs,  le  plus  grand  de  la  réserve, 
situé  à  1.916  m.  d'alt.,  sur  la  rivière  Gardiner. 

A.    MOIREAU. 

BiDL.  :  F,-V.  HAYDEiX,  Twelftli  Annual  U.  S.  Geological 
Pteport,  1878.  —  Arnold  Hague,  Geological  History  of  the 
Yellowstone  Park^  1887.  —  Richardson,  Wonders  of  the 
Yellowstone. 

PARC-Saint-Maur  (Le).  Localité  du  dép.  de  la  Seine, 
com.  de  Saint-Maur;  3.387  hab.  Observatoire  météoro- 
logique. 

PARC  (Du)  (V.  Du  Parc  et  Duparc). 

PARCAGE  (Ane.  dr.).  On  appelait  droit  de  parcage 
une  redevance  qu'en  certaines  localités  les  seigneurs  pré- 
levaient sur  les  habitants  possédant  un  parc  à  troupeaux. 
Elle  s'acquittait  quelquefois  en  deniers,  mais  le  plus  sou- 
vent en  nature. 

PARÇAY.  Com.  du  dép.  de  Maine-et-Loire,  arr.  de 
Baugé,  cant.  de  Noyant  ;  1.455  hab. 

PARÇAY-Meslay.  Com.  du  dép.  d'Indre-et-Loire,  arr. 
de  Tours,  cant.  de  Vouvray  ;  586  hab. 

PARÇAY-sur-Vienne.  Com.  du  dép.  d'Indre-et-Loire, 
arr.  de  Chinon,  cant.  de  l' Ile-Bouchard,  dans  la  vallée  de 
la  Vienne,  sur  la  rive  g.  ;  777  hab.  Débris  d'un  dolmen 
très  important  près  du  château  de  la  Brèche.  L'église  est 
intéressante  :  bâtie  au  xu®  siècle,  elle  est  restée  inache- 
vée ;  les  voûtes  n'ayant  pas  été  construites,  les  colonnes, 
incomplètes,  se  terminent  sans  chapiteaux.  Le  portail, 


1039  — 


PARÇAY  —  PARCHEMIN 


«  charmant,  unique  dans  la  province»,  est  curieux  comme 
appareil  et  comme  sculptures.  Les  pierres,  taillées  en 
écailles  de  poisson,  sont  unies  par  un  mortier  épais  et  coloré. 
Il  est  couvert  de  moulures  et  d'ornements  de  toute  espèce. 

PARCE.  Com.  du  dép.  d'Ille-et-Vilaine,  arr.  et  cant. 
(S.)  de  Fougères  ;  896  hab. 

PARCE.  Com.  du  dép.  de  la  Sarthe,  arr.  de  La  Flèche, 
cant.  de  Sablé,  sur  la  rive  gauche  de  la  Sarthe  ;  1.89o  hab. 
Fours  à  chaux,  huilerie,  minoterie,  tannerie,  briqueterie 
et  tuilerie.  Eglise  du  xvi«  siècle,  avec  un  clocher  roman. 

PARCERISA  (Franciso-Javier),  peintre  et  lithographe 
espagnol  contemporain,  né  à  Barcelone  en  1803.  Après 
avoir  étudié  les  éléments  de  son  art  à  Barcelone,  Parce- 
risa  conçut  le  projet  d'un  vaste  ouvrage  où  figureraient, 
reproduits  parla  lithographie,  les  monuments  historiques 
conservés  en  Espagne  et  qu'accompagnerait  un  texte  cri- 
tique et  descriptif.  Malgré  les  difficultés  énormes  que  pré- 
sentait une  telle  entreprise,  il  parvint  à  la  mener  à  bien, 
grâce  au  concours  que  lui  prêtèrent  divers  écrivains  et  ar- 
chéologues distingués.  L'ouvrage  est  intitulé  Reciierdos 
y  Bellezas  de  Espana,  et  les  principaux  monuments  de 
chaque  province  y  sont  soigneusement  décrits  et  lithogra- 
phies. Chaque  province  forme  un  volume.  Bien  que  cet 
ouvrage  ait  absorbé  tous  les  efforts  de  ce  vaillant  artiste, 
il  ne  délaissait  pas  pour  cela  la  peinture,  et  on  peut  citer 
de  lui  plusieurs  vues  intérieures  ou  extérieures  de  monu- 
ments religieux  qui  ont  paru  à  Paris  et  à  Madrid  aux 
expositions  de  1835  à  1866.  Le  gouvernement  espagnol 
acheta,  en  1860,  sa  Vue  extérieure  de  la  cathédrale 
de  Burgos,  qui  fait  partie  du  musée  moderne.        P.  L. 

BiBL.  :  OssoRio  Y  Bernard,  G<ilenii  biografica,  de  artis- 
tas  espiinoles  ;  Madrid,  1866. 

PARCEY.  Com.  du  dép.  du  Jura,  arr.  et  cant.  de  Dole; 
595  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de  Lyon. 

PARCHAPPE  (Charles- Jean-Baptiste) ,  général  et  homme 
politique  français,  né  à  Epernay  (Marne)  le  4  avr.  1787, 
mort  le  6  janv.  1865.  Sorti,  en  1806,  de  l'école  de  Fon- 
tainebleau, il  fit,  dans  l'infanterie,  toutes  les  campagnes 
de  l'Empire,  fut  mis  en  demi-solde  en  1814,  avec  le  grade 
de  chef  de  bataillon,  reprit  du  service  en  1823,  fut  promu 
colonel  quelques  jours  avant  la  révolution  de  Juillet,  et 
aida  en  1834  à  la  répression  de  l'insurrection  de  Lyon. 
Général  de  brigade  en  1837,  il  alla  en  Afrique  de  1839 
à  1841,  devint  en  1848  général  de  division,  fut  mis  en 
1849  à  la  tête  de  l'administration  de  la  guerre  et  en  1851 
fut  nommé  inspecteur  général  de  l'infanterie.  Aux  élec- 
tions de  1852,  il  fut  envoyé  au  Corps  législatif,  comme 
candidat  officiel,  par  le  dép.  de  la  Marne,  et  eut  son  man- 
dat renouvelé  en  1857  et  en  1863. 

PARCHAPPE  DE  ViNÂY  (Jean-Baptiste-Maximien),  mé- 
decin français,  né  à  Epernay  en  1800,  mort  le  12  mars 
1866.  Reçu  docteur  à  Paris  en  1827,  il  exerça  pendant 
dix-huit  mois  la  médecine  aux  Andelys,  puis  se  fixa  cà  Rouen 
oti  il  devint,  en  1833,  professeur  à  l'Ecole  secondaire  de 
médecine.  De  1835  à  1848,  il  fut  le  médecin  en  chef  de 
l'asile  de  Saint- Yon  à  Rouen,  puis  fut  nommé  inspecteur 
général  de  première  classe  des  asiles  d'aliénés  et  du  ser- 
vice sanitaire  des  prisons.  C'est  lui  qui  a  fourni  les  plans 
des  asiles  de  Niort,  d'Evreux  et  de  (Juatre-Mares  (près 
de  Rouen)  ;  ilfutle  créateur  de  ce  dernier  asile.  Il  fonda  et 
présida  la  Société  médico-psychologique.  Ouvrages  prin- 
cipaux :  Recherches  sur  Vencéphale,  sa  structure,  ses 
fonctions  et  ses  maladies  {Rouen,  1836-38,  in-8)  ;  lYaiié 
théorique  et  pratique  de  la  folie  (Rouen,  1841,  in-8); 
du  Cœur,  de  sa  structure  et  de  ses  mouvements  (Paris, 
1844,  in-8,  av.  atlas  de  9  pi.)  ;  de  la  Folie  paralytique .. . 
(Paris,  1859,  in-8)  ;  des  Principes  à  suivre  dans  la 
fondation  et  la  construction  des  salles  d'asile  (Paris, 
1851-53,  in-8);  Etudes  sur  le  goitre  et  le  crétinisme 
(Paris,  1874,  in-8,  publ.  parle  D''  Lunier)  ;  Galilée,  sa  vie 
et  ses  découvertes  (Paris,  1866,  in-18).       D'  L.  Hn. 

PARCHEMIN.  I.  Technologie.  —  On  nomme  ainsi  une 
feuille  d'une  certaine  épaisseur  préparée  au  moyen  de 


peau  de  mouton.  Le  parcheminier  se  sert  de  la  peau  que 
le  mégissier  lui  livre  débourrée  ou  épilée.  11  la  racle,  il 
la  polit,  la  saupoudre  de  chaux  éteinte  et  la  fait  sécher. 
Quelquefois,  en  outre,  il  la  passe  à  la  pierre  ponce.  On 
sait  que  le  parchemin  était  très  employé  pour  les  manus- 
crits lorsque  le  papier  n'était  pas  encore  répandu  en  Eu- 
rope; que  Ton  s'en  sert  aujourd'hui  pour  les  actes  impor- 
tants et  que  les  peaux  de  tambours  sont  en  parchemin. 
Il  existe  encore  le  papier  parchemin  ou  parchemin  vé- 
gétal. On  le  prépare  en  plongeant  du  papier,  non  collé, 
dans  de  l'acide  sulfurique  qu'on  a  amené  au  degré  voulu, 
en  prenant,  pour  4  parties  d'acide  sulfurique  fumant,  une 
quantité  d'eau  qui  peut  varier  entre  1  et  2  parties.  On 
laisse  le  papier  dans  cet  acide  sulfurique  pendant  quel- 
ques secondes  ;  le  laps  de  temps  devant  être  d'autant  plus 
long  que  l'acide  est  moins  concentré.  On  retire  ensuite  le 
papier  et  on  le  lave  dans  de  l'eau  constamment  renou- 
velée, on  le  plonge  dans  une  solution  faible  d'ammoniaque 
ou  de  carbonate  de  soude  pour  saturer  ce  qui  peut  rester 
d'acide  sulfurique  et  on  le  lave  encore  une  fois  à  grande 
eau.  Ce  dernier  lavage  entraîne  le  sulfate  de  soude  ou 
d'ammoniaque  qui  s'est  formé  dans  l'opération  précédente, 
si  le  papier  retenait  encore  l'acide  sulfurique.  Le  papier 
parchemin  reçoit  parfaitement  l'écriture.  Il  est  très  so- 
lide, aussi  en  fait-on  des  enveloppes  pour  expédition  de 
valeurs.  Quand  on  veut  l'employer  pour  fermer  des  fla- 
cons, des  pots,  etc.,  on  commence  par  le  ramoUir  dans 
de  l'eau  tiède.  Il  devient  alors  très  souple  et  s'apphquc 
exactement  sur  les  objets  à  recouvrir.  On  obtient  ainsi 
une  fermeture  hermétique.  Le  papier  parchemin  possède 
des  propriétés  osmosantes  qui  sont  utilisées  dans  des  appa- 
reils appelés  osmomètres  pour  séparer  les  sels  des  disso- 
lutions salines.  E.  M. 

IL  Archéologie.  ™  La  peau  des  animaux,  apprêtée  de 
diverses  manières,  servit  de  bonne  heure  à  recevoir  l'écri- 
ture. Les  auteurs  grecs  parlent  des  rouleaux  ou  diphtères 
royaux,  des  Perses,  qui  étaient  formés  de  bandes  de  cuir. 
Les  Septante  envoyés  par  les  Juifs  à  Ptolémée  lui  présen- 
tèrent une  copie  de  l'Ecriture  transcrite  sur  des  peaux  ; 
et  l'usage  s'est  perpétué  chez  les  Juifs  de  transcrire  leurs 
livres  sacrés  sur  des  bandes  de  peaux  simplement  tannées. 
Mais  c'est  seulement  au  ii^  siècle  av.  J.-C,  à  Pergame, 
que  fut  inventé  le  mode  de  préparation  spéciale  de  la  peau, 
qui  constitue  le  parchemin  :  d'où  le  nom  qui  fut  donné  aux 
peaux  ainsi  préparées  (pergamenum,  parchemin).  L'im- 
portation du  papyrus  étant  devenue  difficile  par  suite  des 
différends  d'Eumène  avec  l'Egypte,  on  y  suppléa  par  le 
nouveau  produit,  qui  devait,  à  la  longue,  complètement 
détrôner  le  papier  d'Egypte.  Toutefois,  longtemps  encore, 
on  préféra  le  papyrus  au  parchemin.  Les  peaux  de  plu- 
sieurs animaux  servirent  à  sa  fabrication  :  la  peau  de 
veau  donna  le  vélin,  celle  de  mouton,  la  basane,  celle  de 
l'agneau,  l'aignelin,  celle  de  l'agneau  mort-né,  le  parche- 
min vierge  ;  on  se  servit  encore  de  peaux  de  bœufs, 
d'ânes,  de  chèvres,  etc.  Au  temps  de  Pline,  le  parchemin 
était  d'un  jaune  sale,  les  procédés  pour  le  blanchir  étant 
encore  inconnus;  mais  déjà  on  le  teignait  en  couleur 
pourpre  ou  azurée  pour  rehausser  les  caractères  d'or  et 
d'argent  des  manuscrits  somptueux  ;  cette  teinture  fut,  à 
l'époque  chrétienne,  réservée  au  parchemin  des  livres  saints, 
et  l'usage  s'en  continua  jusqu'au  x^  siècle. 

Les  plus  anciens  manuscrits  sur  parchemin  qui  nous 
soient  parvenus  remontent  tout  au  plus  au  ni®  siècle,  et 
les  plus  anciens  actes  ne  sont  pas  antérieurs  à  la  fin  du 
vil®  siècle.  Depuis  cette  époque,  le  parchemin  tendit  à  rem- 
placer partout  le  papyrus.  Du  v®  auxv®  siècle,  la  presque 
totalité  des  manuscrits,  et  depuis  le  viii®  la  presque  tota- 
lité des  chartes,  sont  écrits  sur  parchemin.  Naturellement, 
la  consommation  toujours  croissante  de  ce  produit  le  ren- 
dait très  rare  et  très  cher  ;  aussi  utifisait-on  le  parchemin 
ayant  déjà  servi  (V.  Palimpseste),  et,  sauf  pour  les  livres 
de  luxe,  s'appliquait-on  à  donner  de  plus  en  plus  de  finesse 
à  l'écriture  et  à  multiplier  les  abréviations.  Dans  la  plu- 


PARCHEMIN  —  PARDESSUS 


1040  ~ 


part  des  abbayes,  on  fabriquait  da  parchemin  ;  à  Paris,  le 
grand  marché  du  parchemin  était  la  foii'e  du  Lendit  qui  se 
tenait  dans  la  plaine  de  Saint-Denis,  et  s'ouvrait  le  mer- 
credi de  la  deuxième  semaine  de  juin.  L'Université  et  ses 
suppôts,  ainsi  que  les  parcheminiers  du  roi,  avaient  le 
privilège  d'y  choisir  et  de  prélever  d'abord  leur  part,  et 
ce  n'est  qu'ensuite  que  les  débitants  ordinaires  étaient 
admis  à  s'approvisionner.  Les  privilèges  de  l'Université  à 
cet  égard  étaient  encore  confirmés  par  Louis  XIII  en  1633. 

La^  préparation  du  parchemin  a  beaucoup  varié  au 
moyen  âge  suivant  les  époques  et  les  pays.  Les  manuscrits 
jusqu'au  x^  siècle  sont  généralement  faits  de  parchemin 
très  poli,  très  tin  et  très  blanc  ;  plus  tard,  il  est  de  qua- 
lité fort  inégale,  souvent  rugueux,  épais,  mai  dégraiscé 
et  transparent. 

Les  feuilles  de  parchemin  ont  été  généralement  disposées 
en  cahiers  de  quatre  feuilles  (quaterniones),  dont  un  plus 
ou  moins  grand  nombre  assemblés  formaient  un  codex, 
tout  à  fait  analogue  à  notre  livre  moderne.  Le  format  en 
a  toujours  été  très  variable.  Pour  les  actes,  au  contraire, 
lorsqu'une  seule  feuille  de  parchemin  ne  suffisait  pas,  on 
les  ajoutait  bout  à  bout  en  les  cousant  les  unes  aux  autres. 
Certains  rouleaux  formés  de  cette  façon  sont  d'une  lon- 
gueur extraordinaire.  L'interrogatoire  des  Templiers  par 
un  inquisiteur  de  la  foi  en  1307  est  formé  de  io  peaux 
de  parchemin  et  n'a  pas  moins  de  ^1^  m.  de  longueur. 

Parchemin  végétal  (V.  Papier). 

PARCHEMINIERS.  Ce  corps  de  métier,  qui  était  su- 
bordonné à  VV Hivers ité  de  Paris  (V.  ce  mot),  faisait 
partie  de  la  même  <,<  confrairie  »  que  les  libraires,  écri- 
vains, enlumineurs  et  relieurs,  comme  le  témoignent  le 
règlement  en  1^2  articles  du  30  oct.  1291  et  les  statuts  de 
]uin  1467,  qui  régissent  Fensemble  de  ces  spécialités. 
Après  comme  avant  l'invention  de  rim.primerie,  ils  de- 
meurent exempts  de  toutes  taiiks,  aides  et  gabelles,  de  tous 
guets  de  ville  et  gardes  de  porte  (déclaration  du  9  avr. 
1513).  Au  xvi^  siècle  (statuts  de  févr.  1582),  le  brevet 
coûtait  36  Hvres  et  la  maîtrise  600.  Les  derniers  statuts 
sont  de  1728.  Le  patron  de  la  corporation  était  saint 
Jean  l'Évangéhste.  H.  Monin. 

BiBL.  :  IsAMiîERT,  RccucU  (Ic's  iiucienues  lois  françaiscj, 
t.  XXIX  f'table).  au  Oiot  Llbruirc  —  R.  de  Li-^spixas^se,  leb 
Métiers  de  Paris;  Paris.  1897.  t  I,  yjp.  11,  54.  95,  105.  188  ; 
t.  II,  p.  158;  t.  III,  pp.  689,  701,  lu-t'ol.  --V.  Corpohation:> 

et  U.XIVERSITF. 

PARGHIIVI.  Ville  d'Allemagne,  grand-duché  de  Meck- 
lembourg-Schwerin,  sur  l'Elde  ;  10.268  hab.  (en  1895). 
Vieille  cité  qui  possède  son  enceinte,  FégHse  gothique 
Saint-Georges,  du  xiv®  siècle,  Léglise  de  Marie  (xiii®  siècle, 
baptistère  de  bronze),  un  hôtel  de  ville  gothique.  Patrie 
du  maréchal  de  Moltke.  On  y  fa])rique  de  la  chicorée,  du 
papier,  de  la  cellulose,  de  la  toile,  etc.  Fondée  au  début 
du  xiii^  siècle,  elle  fut,  à  deux  reprises,  capitale  d'une 
branche  de  la  maison  de  Mecldemboiirg  (V.  ce  mot).  Elle 
fut  ruinée  par  la  guerre  de  Trente  ans. 

PARCIEUX.  Corn,  du  dép.  de  E Ain,  arr.  et  cant.  de 
Trévoux  ;  367  hab. 

PARCIEUX  (De),  mathématicien  français  (V.  Depar- 

CIEUX). 

PARCOUL,  Com.  du  dép.  de  la  Dordogne,  arr.  de 
Kibérac,  cant.  de  Saint-Aulaye  ;  691  hab, 

PARCOURS  (Ane.  dr.  et  dr.  actuel)  (V.  Pacage). 

PARCQ  (Le).  Ch.-l.  de  cant.  du  dép.  du  Pas-de-Calais, 
arr.  de  Saint-Pol  ;  655  hab. 

PARCY-ET-TIGNY.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de 
Soissons,  arr.  d'Oulchy-le-Chàteau  ;  272  hab. 

PARDAILLAN.  Com.  du  dép.  de  EHérault,  arr.  et 
cant,  de  Saint-Pons;  778  hab. 

PARDAILLAN.  Com.  du  dép.  de  Lot-et-Garonne,  arr 
de  Marmande,  cant.  de  Duras  ;  629  hab. 

PARDAILLAN.  Vieille  famille  de  EArniagnac qui  acquit 
dès  le  xii^  siècle  la  seigneurie  de  Goudrin,  dont  plusieurs 
de  ses  membres  prirent  le  nom.  Parmi  les  personnages 
marquants  de  cette  famille,  il  faut  citer  :  Arnaud  de  Par- 


daillan,  vicomte  de  Castillon,  guerroya  en  1514  contre 
les  Espagnols  et  fut  envoyé  par  François  P^'  au  secours 
du  roi  de  Danemark  en  1517;  Antoine,  son  fils,  prit  part 
aux  guerres  d'Itahe,  fut  fait  prisonnier  à  Pavie  et  assista 
au  siège  de  La  Rochelle  ;  il  fut  le  premier  à  porter  le  titre 
de  baron  de  Montespan  ;  Antoine- Arnaud,  mort  en  1624, 
servit  dans  le  parti  catholique  jusqu'à  l'abjuration  de  Henri  IV 
(juTl  accompagna  en  Franche-Comté  et  au  siège  de  La  Fère, 
fut  nommé  maréchal  de  camp,  blessé  devant  Amiens  et 
commanda  ensuite  eu  Savoie  ;  les  seigneuries  de  Montes- 
pan  et  d'Aiitin  furent  érigées  en  marquisats  en  sa  faveur 
en  1612  et  1615  ;  un  de  ses  lils,  Louis-Henri,  de\int 
archevêque  de  Sens  (V.  Goxdkix);  L^zr/V/Z^nri,  son  petit- 
fils,  mort  en  1702,  fut  le  mari  de  M"^^  de  Montespan  et 
eut  pour  fils  Louis- Antoine,  duc  d'Antin.  La  famille 
s'éteignit  en  1757  en  la  personne  de  Louis,  duc  d'Antin 
et  pair  de  France,  maréchal  de  camp  et  gouverneur  de 
rOrléanais.  IL  C. 

BiBL.  :  Y.  la  généalogie  très  détaillée  donnée  par  ^SIo- 
réri  au  mot  GonOnn. 

PARDAILLAN  (Louis  II  de),  duc  d'Antin  (V.  Antin, 
§  Histoire). 

PARDAILLAN  (Louis-llemi), archevêque deSens(V.GoN- 

DRIX). 

PARDALOTE  (ZooE).  Genre  d'Oiseaux  de  Tordre  des 
Passereaux  et  de  la  famille  des  Dicées  (V.  ce  mot),  carac- 
térisé par  un  bec  très  court,  robuste,  échancré  et  courbé 
à  la  pointe,  des  ailes  allongées  et  pointues,  une  queue 
moyenne,  assez  large,  et  des  tarses  minces  un  peu  plus 
longs  que  le  doigt  médian.  Ces  Oiseaux,  de  petite  taille, 
semblent  remplacer  nos  Mésanges  en  Australie.  Ils  vivent 
en  petites  bandes  de  cinq  ou  six  individus  au  printemps, 
de  vingt  ou  ti-ente  à  l'automne,  lorsque  les  petits  sont  sor- 
tis du  nid,  volant  d'arbre  en  arbre,  surtout  sur  les  Euca- 
lyptus, et  se  suspendant  dans  toutes  les  positions  pour 
chercher  les  petits  insectes  dont  ils  se  nourrissent.  Leur 
chant  est  faible,  mais  assez  agréable.  Ils  font  leur  nid 
dans  des  trous  d'arbre  ou  même  en  terre.  Les  œufs  d'un 
blanc  pur  sont  presque  ronds  et  très  gros  pour  la  taille 
de  l'Oiseau.  Le  Pardalotus punctaius  (Latham),  EOiseau- 
Diamant  des  colons,  est  de  la  taille  d'une  Mésange,  à  plu- 
mage noir  varié  de  rouge  et  de  jaune  et  remarqual)lement 
tiqueté  de  petits  points  blancs  ou  rouges,  qui  lui  donnent 
un  aspect  tout  particuher.  Il  niche  à  terre.  En  y  compre- 
nant le  genre  Smicrorins  de  Gould,  les  Pardalotes  com- 
prennent une  douzaine  d'espèces  toutes  australiennes. 

PARDESSUS  (Jean-Maiie),  jurisconsulte,  historien, 
éi'udit  français,  né  à  Blois  Je  ïi  août  1772,  mort  à  Pim- 
peneau  (Loir-et-Cher)  le  27  mai  1853.  Il  fut  élevé  au 
collège  des  oratoriens  de  Vendôme.  Avocat,  puis  juge 
suppléant  près  le  tribunal  de  Blois  (1802),  maire  de  cette 
ville  (1805),  il  lit  paraître  en  1806  son  Traité  des  ser- 
vitudes ou  services  fonciers,  qui  commentait  et  éclairait 
un  des  titres  les  plus  importants  du  Code  civil,  à  peine 
promulgué.  La  réputation  de  cet  ouvrage  le  fit  entrer  au 
Corps  législatif  en  1807  ;  il  en  sortit  dès  1811  ;  il  avait 
été  nommé  professeur  de  droit  commercial  à  la  faculté  de 
Paris  (1810).  D'opinions  royaUstes,  il  montra  de  la  mo- 
dération à  la  Chambre  de  1815,  et  de  1820  à  1830.  En 
1821,  il  avait  été  appelé  comme  conseiller  à  la  Cour  de 
cassation.  Outre  le  Traité  des  servitudes,  il  a  publié  : 
Traité  des  contrats  et  des  tettres  de  change  (1809); 
Cours  de  droit  commerciat  (1813-17);  Collection  des 
lois  maritimes  antérieures  au  xviii^  siècle  (1828-45); 
Tableau  du  commerce  antérieurement  ci  la  découverte 
de  éA)n'rique  (183i);  une  édition  de  la  Loi  salique 
(1843)  ;  Us  cl  coutumes  de  mer  (1847).  Membre  de  l'Ins- 
titut (Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres)  en  1829, 
il  a  rédige  pour  rA'^adémie  les  t.  I  et  II  des  Diplômes 
méïovingiens,  les  t.  IV  à  VI  de  la  Table  chronologique 
des  chartes  et  diplôïnes,  le  t.  XXI  des  Ordonnances  des 
rois  de  France.  Il  a  lu  de  nombreux  Mémoires,  insérés 
pour  la  plupart  dans  les  recueils  académiques  ou  dans  le 


iOlJ   — 


PAH  DESSUS  —  PAR  DO 


Journal  des  savants;  les  plus  importants  concernent  «  la 
juridiction  de  la  cour  féodale  du  roi  sur  les  grands  vassaux  » 
(1847-48),  et«  l'administration  de  lajustice  depuis  Hugues 
Capet  jusqu'à  Louis  XI  »  (1846-31).  H.  Monin. 

BiBL.  :  H.  Eloy,  m.  Pardessus,  sa  oie  et  ses  œuvres; 
Paris,  1808,  iii-8  (avec  une  liste  générale  d^s  travaux  de 
M.  Pardessus,  pp.  213  à  216). 

PARDI  AC.  Petit  pays  de  Gascogne,  compris  aujourd'hui 
dans  le  dép.  du  Gers,  borné  à  l'O.  par  l'xirros,  affl.  de 
l'Adour,  à  TE.  par  l'Osse,  affl.  de  la  Garonne.  LePardiac 
forma  au  moyen  âge  un  comté  qui  en  1025  fut  donné  à 
Bernard,  fils  d'Arnaud,  comte  d'Astarac;  Augcr,  son  fils, 
fut  le  septième  aïeul  de  Jean,  dixième  comte  de  Pardiac, 
mort  sans  postérité  en  1380.  Anne  de  Monlezun,  sa  sœur 
ethéritière,  épousa  Gérard  d'Armagnac,  vicomte  de  Fezen- 
saguet,  dont  le  fils  Jean  II  d'Armagnac  fut  le  douzième 
et  dernier  comte  de  Pardiac;  le  connétable  d'Armagnac 
fit  sur  lui  la  conquête  de  ce  comté  qui  suivit  depuis  le  sort 
du  comté  d'Armagnac  et  fut  réuni  par  Henri  lY  à  la  cou- 
ronne de  France.  H.  C. 

PARDI  ES.  Com.  du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  arr. 
d'Oloron,  cant.  de  Monein  ;  737  hab. 

PARDI  ES.  Com.  du  dép.  des  Basses-Pyrénées,  arr.  de 
Pau,  cant.  (0.)  de  Nay;  484  liab. 

PARDIES  (Le  P.  Ignace- Gaston),  géomètre  français, 
né  à  Pau  en  1636,  mort  à  Paris  en  1673.  Fils  d'un  conseil- 
ler au  parlement  de  Pau,  il  entra  tout  jeune  dans  l'ordre 
des  jésuites,  professa  d'abord  les  beiles-lettres,  puis 
s'adonna  à  la  philosophie  et  aux  mathématiques,  qu'il 
enseigna  brillamment  au  collège  de  Clermont,  (auj.  Louis- 
le-Grand).  L'un  des  meilleurs  disciples  de  Descartes,  il  a 
laissé,  sur  les  mathématiques  et  la  philosophie,  plusieurs 
écrits  très  appréciés,  qui  ont  été  réunis  après  sa  mort 
sous  le  titre  :  Œuvres  du  P.  Pardies  (Lyon,  4725).  On 
lui  doit  aussi  un  Atlas  céleste,  pubhé  et  mis  à  jour  par 
le  P.  de  Fonte  ne  Y  (Paris,  167-4). 

PAR  DIEU  (Gui-Félix,  comte  de),  homme  politique 
français,  né  à  Saint-Domingue  en  1758,  mort  au  château 
de  Yadancourt  (Aisne)  le  13  nov.  1799.  Député  de  la 
noblesse  aux  Etats  généraux  par  le  bailliage  de  Saint- 
Quentin  le  10  mars  1789,  il  se  réunit  au  tiers  état  le 
27  juin  suivant,  devint  commandant  de  la  garde  nationale 
de  Saint-Quentin  et  fut  élu  secrétaire  de  l'assemblée  le 
6  juin  1790.  îl  fut  nommé  administrateur  du  dép.  de 
l'Aisne  le  12  sept.  1791.  Et.  C. 

PARDINES.  Com.  du  dép.  du  Puy-de-Dôme,  arr.  et 
cant.  d'Issoire  ;  307  hab. 

PAR  -)J  N  YÂ-PARÂMirA.  Compilation  bouddhique  (V.Pkad- 
jnâ-Pâramita). 

PARDO.  Rivièredu  Brésil,  Etat  de  Matto  Grosso,  affl.dr. 
du  Parana  ;  navigal>lepour  les  barques,  malgré  ses  rapides  ; 
il  est  relié  commercialement  au  Taquary  et  au  Paraguay 
par  le  portage  de  Camapua. 

PARDO  (El).  Bourg  dl^^spagne,  prov.  et  à  10  kil. 
N.-N.-O.  do  Madrid  (Xouv'elle-Castille),  sur  la  route  de 
l'Escurial,  baigné  par  le  Mançanarès  ;  1.800  hab.  11  s'y 
trouve  un  palais,  entouré  de  boismagnifi(|ues,  ou  la  cour, 
sous  le  règne  de  Charles  III,  séjournait  plusieurs  mois  de 
l'année,  mais  qui  ensuite  fut  abandonné  ;  les  rois  d'Es- 
pagne y  allaient  surtout  chasser.  Le  palais  renferme 
quelques  œuvres  d'art,  tableaux  et  tapisseries.     E.  Cat. 

PARDO  (Grcgorio),  sculpteur  espagnol.  Il  travaillait  à 
Tolède  au  milieu  du  xvi^  siocle,  et,  d'après  le  caractère 
de  ses  ouvrages,  exécutés  dans  le  style  de  la  Renaissance, 
parait  avoir  étudié  son  art  en  Italie  ou  peut-être  encore 
auprès  de  Berruguete  ou  de  Vigarny.  Pardo  est  l'auteur, 
comme  le  constatent  des  documents  conservés  aux  archives 
du  chapitre,  de  la  sculpture  décorative  du  plafond  de 
l'antichambre  capitulaire  d'hiver,  k  la  cathédrale  de  To- 
lède, plafond  dont  chaque  caisson  est  orné  d'un  capricieux 
fouilhs  de  feuillages,  de  festons  et  de  jeux  d'enfants.  Des 
pilastres  d'ordre  dorique  forment  la  division  des  caissons 
ou  compartiments,  et  à  leurs  bas^s.  de  même  que  sur  la 

GRANDE    EXCVCLOPKbJE,    —    XXV. 


corniche,  l'artiste  a  sculpté  d'élégantes  figures  symbo- 
liques, soutenant  des  écussons  aux  armes  du  roi,  de  l'évèqiie 
Siliceo,  qui  fit  la  dépense  de  ce  travail,  et  de  la  cathé- 
drale. Les  pièces  de  paiement  constatent  que  cette  déco- 
ration, commencée  en  1549,  s'acheva  en  1551  et  coûta 
10.450  réaux  et  10  maravédis.  P.  Leforï. 

PARDO  (Arthur),  pubhciste  italien,  né  à  Florence  le 
9  sept.  1861,  fils  d'un  oculiste  distingué.  Il  a  écrit  des 
romans  qui  ont  eu  quelque  succès.  En  1889,  il  a  donné 
des  conférences  sur  l'histoire  de  France.  Il  a  été  rédac- 
teur et  directeur  de  plusieurs  journaux  modérés. 

PARDO  Bazàn  (Emilia),  femme  de  lettres  espagnole, 
née  à  La  Coruna  en  1852.  Mariée  très  jeune,  elle  voyagea 
beaucoup  en  Europe.  C'est  en  1876  que  parut  son  premier 
travail,  le  Estudio  critico  de  las  obras  del  Padre 
Feljoo  ;  mais  ce  ne  fut  qu'en  1879,  à  l'occasion  de  son 
premier  roman,  Pascual  LopeX;et  plus  encore  du  second, 
Un  Viaje  de  novios  (1881),  qie  le  pubHc  et  la  critique 
commencèrent  à  s'occuper  de  M^"^  Pardo  Bazân.  En  1882, 
un  livre  sur  San  Francisco  de  Asis,  qui  ne  renferme 
pas  de  nouveautés  historiques,  mais  qui  est  écrit  avec 
talent,  attira  plus  vivement  la  curiosité.  Un  an  plus  tard, 
le  succès  devint  éclatant  avec  la  Question  palpitante 
(1883),  publié  d'abord  dans  le  journal  la  Epoca,  et  qui 
est  une  exposition  de  la  thèse  du  réalisme  et  un  éloge  des 
écrivains  naturalistes  contemporains,  surtout  Français  : 
Balzac,  Stendhal,  Zola,  Daudet,  etc.  M'^^^  Pardo  Bazàn  a 
affirmé  ses  doctrines  naturalistes,  dans  le  roman  la  Tri- 
buna  (1883).  Le  faible  de  l'école  naturaliste  pour  les 
sujets  erotiques  est  marqué,  non  seulement  dans  cet  ou- 
vrage, mais  aussi  dans  los  Pazos  de  Ulloa  (peinture  de 
la  vie  rurale  en  Galice)  et  dans  la  Madré  Nattiraleza 
(1887),  qui  en  est  la  suite  ;  enfin  dans  Insolacwn  et 
Morrina.  Les  nouvelles  que  M'"®  Pardo  Bazân  a  publiées 
pendant  cette  période  {la  Dama  joven,  el  Indulto,  et 
plusieurs  autres)  annoncent  sa  seconde  manière.  En 
1888,  la  publication  de  Mi  romeria,  oii  M"'°  Pardo 
Bazân  raconte  son  voyage  à  Rome  et  sa  visite  (à  Venise) 
au  prétendant  don  Carlos,  fit  grand  bruit  dans  le  monde 
delà  pohtique  et  précipita  une  scission  entre  les  éléments, 
assez  hétérogènes,  ([ui  pendant  les  premières  années  de 
la  restauration  bourbonnienne  avaient  formé  le  parti  car- 
liste. En  1889,  un  recueil  d'études  sur  le  pays  natal  de 
î^juie  ParJo^  D0  })ii  tierra,  accusa  de  nouveau  «  la  richesse 
de  couleur,  le  sentiment  de  la  patrie  locale,  et  la  vision 
exacte  des  mœurs  et  des  paysages  »,  qui  sont  les  carac- 
tères les  plus  saillants  de  la  littérature  de  M'"*^  Pardo.  De 
cette  môme  année  sont  :  un  bref  essai  sur  los  Pedaqogos 
del  Renacimieiito  (Erasme,  Rabelais,  Montaigne),  lu  au 
musée  pédagogique  de  Madrid,  et  un  livre  de  touriste,  Al 
pie  de  la  torre  Eiffel,  Crônicas  de  la  Exposiciôn,  qui 
renferme  des  considérations  politiques  sur  la  France.  Au 
même  genre  appartient  Par  hrancia  y  par  Alemania 
(1890).  Depuis  qu'elle  a  fixé  sa  résidence  à  Madrid, 
^pne  Pardo  écrit  des  romans  à  thèse,  Una  cristiana,  la 
Prueba  et  la  Piedra  anyiilar  (1892),  qui  révèlent  de 
nouvelles  tendances,  fort  éloignées  du  naturalisme  de 
adis.  En  même  temps,  se  développait  le  côté  critique  àe 
son  talent  (représenté  dans  la  période  précédente  par 
les  études  sur  Feijoé,  sur  los  Poetas  epicos  crislia- 
nos,  etc.),  avec  la  publication  de  la  revue  Mttéraire, 
Nuevo  teatro  critico,  (pi'elle  rédigea  seule  pendant  quel- 
ques années  (1891-93),  et  qui  renferme  de  nombreuses 
études  sur  les  livres  nouveaux,  le  théâtre  et  les  questions 
littéraires  du  jour  ;  avec  la  publication  d'une  Biblioteca 
de  la  mujer,  dont  les  divers  volumes  contiennent  des 
ouvrages  de  Maria  de  Agreda,  Luis  Vives,  Stuart 
Mill,  Bebel,dona  Maria  de  Zayas,  etc.  ;  pardes  essais  bio- 
graphiques comme  ceux  du  P.  Coloma  (1891),  de  P^c//v; 
Antonio  de  Alarcôn,  des  Concourt  et  de  Tourguénev 
(dans  la  traduction  castillane  de  Humo,  1892),  et,  enfin, 
par  une  série  de  conférences  faites  à  l'Ateneo  de  Madrid 
sur  la  Pievohicion  tj  la  novela  en  Piusia  (1891). 

m 


PARDO  -  PAREATIS 


1042 


A  l'occasion  du  centenaire  de  la  découverte  de  l'Amé- 
rique (1892),  elle  aborda  même  le  terrain  historique, 
avec  sa  conférence  sur  los  Franctscanos  y  Colon,  dont 
le  but  est  de  prouver  que  la  découverte  du  nouveau 
monde  est  due,  bien  avant  Colomb,  à  Raimond  Lulle  ; 
et,  la  même  année,  ses  études  pédagogiques  et  ses 
études  féministes  la  conduisirent  au  Congrès  pédagogique 
espagnol-portugais-américain.  Dans  ces  dernières  années, 
Vimo  Pai.jo  a  fait  paraître  quelques  romans,  AdanyEva, 
Los  très  arcos  de  Cirilo,  el  Saludo  de  las  briijas; 
plusieurs  nouvelles,  et  diverses  études  critiques,  dont  la 
Sueva  Question  palpitante,  où  sont  discutées  les  théo- 
ries modernes  sur  le  génie  et  la  folie.  Pendant  Faniiée 
académique  1896-97,  i>P"«  Pardo  a  donné  à  l'Ateneo  de 
Madrid  (école  d'études  supérieures)  une  série  de  lectures 
sur  les  Littératures  modernes  de  VEurope.  Plusieurs 
de  ses  livres  ont  été  traduits  en  diverses  langues,  notam- 
ment en  suédois.  R.  ALTAMmA. 

BiBL.  :  Plusieurs  biographies  de  M'»''  Pardo  Bazân  ont  été 
publiées  dans  des  revues  d'Espagne  et  de  Tctranger.  On 
trouvera  des  renseignements  utiles  dans  :  Blanco  Garcia, 
Literatiira  espanohi  en  el  sic/lo  XIX,  vol.  II.  —-  Hillman, 
biographie,  dans  Svensh  TidscJirift,  Ibdb.  —  Pinheiro  CiiA- 
GAS,  Galiicia  y  los  Gallegos.  Dofm  Emilia  Pardo  Bnzàn 
(dans  le  journal  de  Madrid  el  Libéral,  28  mars  1893). 

PARDOE  (Juiia),  femme  auteur  anglaise,  née  à  Beverlcy 
(Yorkshire)  en  18U6,  morte  à  Londres  le  26  nov.  1862. 
Fille  à\m  major,  elle  débuta  dès  quatorze  ans  dans  la  lit- 
térature. En  183a,  elle  s'établit  à  Constantinople  et  elle 
étudia  de  près  les  mœurs  turques  qui  lui  fournirent  la  ma- 
tière d'un  livre  du  plus  vif  intérêt  :  The  City  ofthe  Sul- 
tan and  domestic  manners  ofthe  Turks  (Londres,  1837, 

2  vol.,  plus.  édit.).  Spirituelle  et  bonne,  elle  n'eut  que  des 
amis.  En  1860,  le  gouvernement  la  gratifia  d'une  pension 
pour  ses  trente  années  de  services  littéraires.  Ses  œuvres 
sont  très  nombi'euses.  Elles  consistent  en  romans  et  nou- 
velles, dont  beaucoup  ont  eu  un  grand  et  légitime  succès, 
entre  autres  Lord  Morcar  of  Hereward{iS^9,  4  vol.), 
et  en  essais  historiques  presque  tous  relatifs  à  la  France. 
Citons  :  Louis  XIV  and  the  Court  of  France  in  the  Se- 
veuteenth  Ce^itury  (1847,  3  vol.);  The  Life  and  Me- 
moirs  of  Marie  de  Medici  (1852,  3  vol.);  The  Hiver 
and  the  Desert{  1 838, 2  vol.);  The  Romance  ofthe  Harem 
(1839,  2  vol.);  Ttie  Beauties  ofthe  Bosphorus  (1839); 
The  City  of  ttie  Magyar  (1810,  3  vol.);  Confessions  of 
a  pretty  luoman  (1846,  3  vol.)  ;  The  Jealoua  wife  (1847, 

3  vol.);  Lady  Arabella  (1856);  Pilgrimages  in  Paris 
(1857);  Episodes  of  firnch  Ilistory  during  theconsul- 
(ite  and  the  first  Empire  (1859,  2  vol.),  etc.       R.  S. 

PARDON  (Indulgence dl)  (V. FaAjNr.oLs d'AssisE, t. X Vili. 
p.  45). 

PARDUBICE.  Ville  de  Bohème,  au  confluent  del'Elbeel 
de  la  Chrudimka  ;  12.367  hab.  (en  1890),  presque  tous 
Tchèques.  Quatre  faubourgs  ;  château  bastionné  du 
xvio  siècle  ;  «porte  veite  »  de  1538.  Sucre,  bière,  alcool, 
vinaigre,  raffinerie  de  pétroles,  scieries,  machines.  Grandes 
f  lires  à  chevaux  et  bestiaux.  Ruines  du  château  de  Ku- 
nëtic.  Pardubice  est  une  des  plus  anciennes  villes  de 
Bohème  où  se  consolida,  vers  1300,  une  puissante  famille 
imbihaire  qui  fournit  le  premier  archevêque  de  Prague. 

PARDUBICE-Flaska  (De)  (V.  Flaskà  [Smil-JeanJ). 

PARÉ.  Contrée  montagneuse  de  l'Afrique  orientale  alle- 
mande, au  S.  du  Kihmandjaro.  Elle  est  habitée  par  la 
tribu  des  Ouaparés,  qui  vit  d'agriculture  (maïs,  haricots, 
bananes,  patates,  sucre,  tabac)  et  d'élevage;  bœufs  au  S., 
Jibeilles  au  N.,  chèvres  et  volaille  partout;  le  travail  du 
Ter  est  très  répandu  chez  les  indigènes. 

PARÉ  (Anthropol.)  (V.  Bornéo,  t.  VIL  p.  433). 

PARÉ  (Ambroise),  célèbre  chirurgien  français,  né  à 
Hourg-lïersent,  près  de  Laval,  en  1509  ou  i5i0,  mort  à 
Paris  le  20  déc.  1590.  R  étudia  la  chirurgie  à  Laval  sous 
^'ialot,  puis  vint  à  Paris  vers  l'âge  de  ^ingt  ans  et  suivit  les 
leçons  d'U.  Larbalestrier,  de  Bruneil,  S.  Pineau,  etc.,  et 
^issista  aux  opérations  dei'flôtel-Dieu.  Il  prit  part  ensuife 


à  la  campagne  de  Piémont  (1637)  et  s'y  distingua  par  les 
innovations  qu'il  apporta  dans  le  pansement' des  plaies 
par  armes  à  feu.  En  1542,  il  rentra  au  service  de  Henri 
de  Rohan  et  assista  à  l'aifaire  de  Perpignan,  où  il  guérit 
le  maréchal  Ch.  Cessé  de  Brissac,  blessé,  puis  en  1544, 
il  assista  au  siège  de  Guise,  en  1545  à  celui  de  Boulogne- 
sur~Mer.  Cette  même  année,  il  publia  son  premier  "^ou- 
vrage :  la  Méthode  de  traicter  les  playes  par  hacque- 
buteSy  et  aultres  basions  de  feu,  et  celles  qui  sont 
faictes  par  flèches,  dards  et  semblables  (Paris,  in-12; 
1552,  in-8);  en  1549,j*l  mit  au  jour:  Briefe  Collection 
de  r  administration  anatomique,  avec  la  manière 
de  conjoindre  les  os  et  d'extraire  les  enfants^  tant 
morts  que  vivants,  du  ventre  de  leur  mère.  En  1553, 
il  se  trouva  enfermé  dans  Metz,  inutilement  assiégée  par 
les  troupes  de  Charles-(iuint,  puis  assista  cà  la  prise  de 
Thérouanne  que  l'ennemi  mit  à  sac,  et  en  1554  fut  admis 
au  collège  de  chirurgie  de  Sai)it-Cosme.  En  1558,  il  assista 
à  la  désastreuse  bataille  de  Saint-Quentin,  puis  revint  à 
Paris  pour  être  appelé,  peu  après,  au  camp  d'Amiens.  En 
1559,  il  fut  compté  parmi  les  chirurgiens  ordinaires  de 
Henri  II,  puis  remplit  les  mêmes  fonctions  sous  François  II 
et  sous  Charles  IX,  dont  ïï  devint  le  premier  chirurgien, 
ainsi  que  de  Henri  lit  ensuite.  Dans  cette  période,  if  pu- 
blia :  la  Méthode  curative  des  playes  et  Iractiires  de 
la  teste  humaine  (Paris,  1561,  in-8);  Traité  de  la  peste, 
de  la  petite  vérole  et  rougeollei^ms,  1568,  in-8); deux 
livres  de  chirurgie  :  \^  De  la  génération  de  llioiame, 
et  manière  d'extraire  les  enfants  hors  du  ventre  de 
la  mère;  2^  Des  monstres  tant  terrestres  que  marins 
(Paris,  1573,  in-8);  De  la  mumie;  des  venins;  de  la 
licorne;  de  la  peste  (Paris,  1582,  in-8).  11  fut  ausbi  actif 
à  la  bataille  de  Dreux  (1562)  et  à  celle  de  Moncontour 
(1569).  On  a  prétendu  qu'Ambroise  Paré  était  hugucuolet 
qu'il  fut  sauvé  par  Charles  IX  du  massacre  de  la  SaiiU-Bar- 
thélemy;  M.  P.  Valet  a  étabh  qu'il  était  en  réalité  catho- 
lique ;  c'est  ce  que  prouvent  son  mariage  à  l'église  Sahit-Sé- 
verin  et  le  fait  qu'il  rempht  l'office  de  parrain  à  Saint- 
André  des  Arts. 

La  Faculté  de  médecine  de  Paris  fit  une  guerre  acharnée 
à  Ambroise  Paré,  le  soumettant  à  l'humihation  du  serment, 
cherchant  à  entraver  la  pubhcation  de  ses  œuvres,  etc. 
Celles-ci  ont  eu  un  grand  nombre  d'éditions,  depuis  la 
première  publiée  en  1575;  en  1840-41,  Malgaigne  en  a 
donné  une  belle  édition  en  3  vol.  gr.  in-8.  Pour  un  coin- 
plément  d'appréciations  sur  Paré,  nous  renvoyons  à  l'arl. 
CHmuRGiE  (Histoire),  1.  XI,  p.  i36.  D''  L.  llv. 

BiBL.  :  La  préface  de  Malg-ai.u-nc  aux  Œuvres...  (iSiO- 
4ij.  — CiiHRKAu,  art.  Ambroise  Paré,  dans  Dict.  encyclop- 
se.  mëd.,  2'"  sér.,  t.  XXI,  ISbo.  —  Le  Paulmier,  Ambroise 
Paré  d'après  de  nouveaux  documents  découverts  aux  Ar- 
chives nationales  et  des  papiers  de  famille;  Paris,  1885, 
in-8.  —  G.  Desclosièrks,  Rapports  sur  l'Etude  sur  Am- 
broise  Paré,  par  le  D""  Le  Paulmier;  Paris  1886,  iu-8.  — 
P.  Valet,  Autour  de  Saint-Severin.  Ambroise  Paré,  dans 
Bullet.  du  Comité  d'études  hisior...:  la  Montagne  Sainte- 
Geneviève...  189D. 

PAPiÉ  (Jules-François\  homme  poUtique  français,  né  i'w 
Champagne,^  mort  à  Paris  le  29  juil.  1819.  Maître  clerc 
de  Danton,  il  devint  président  du  district  des  Cordeliers, 
président  du  tribunal  de  Saint-Germain  et  membre  du 
conseil  de  justice  auprès  du  ministère  de  la  justice  le 
21  ao;.t  1792.  Secrétaire  du  Conseil  exécutif  provisoire, 
il  fut  élu,  le  20  août  1793,  ministre  de  l'intérieur  en 
remplacement  de  Carat  par  118  voix  sur  233  volants 
contre  Hébert  et  François  de  Neufchâteau.  Il  fut  dénoncé 
au  club  des  Cordeliers  par  Hébert  (4  mars  1794)  et  il 
démissionna  le  \Q  germinal  an  II  (5  avr.  1794).  En  l'an  IV 
il  devint  commissaire  du  Directoire  exécutif  près  le  dép. 
de  la  Seine  el  exerça  ensuite  les  fonctions  d'administrateur 
des  hôpitaux  mihtaires.  Etienne  Chai^avay. 

PARÉAC.  Com.  du  dép.  des  Hautes-Pyrénées,  arr. 
d'Arf>'elès,  cant.  de  Lourdes;  132  hab. 

PAREATIS  (Lettres  de).  On  désignait  sous  ce  nom  en 
France,  jusqu'à  la  fm  de  l'ancien  régime,  des  lettres  pa- 


4043  — 


PAHEATIS  —  }>A[{1:JA 


tentes  du  roi  debliuees  îi  reiulre  exécatoire  dans  un  res- 
sort un  jugement  rendu  dans  un  autre  ressort.  Elles  étaient 
expédiées  sous  forme  de  mandement  «  au  premier  huissier 
ou  sergent  sur  ce  requis  »,  en  attache  au  jugement  à  exé- 
cuter. 

PARECIS.  Tribu  du  BrésH  (V.  ce  mot,  t.  Ylï,  p.  i089). 

PARE  DÈS  (Garcia  y),  général  espagnol  (V.  Garcia 
V  Paredes). 

PAREDES  Y  ARRiixAr.A(Mariano),  président  du  Pérou, 
né  à  Mexico  le  6  jajiv.  1797,  mort  en  sept.  1849.  Entré 
comme  cadet  dans  l'armée  espagnole  le  6  janv.  4812, 
capitaine  en  mars  1821,  Paredes  se  rallia  à  ïturbide  et 
en  févr.  1823  proclama  l'indépendance,  à  Pucbla,  avec  le 
marquis  de  Yivanco.  En  188"2,  il  fut  promu  brigadier  général 
et  peu  après  général  de  division.  Depuis  483,)  il  avait  pris 
parti  en  politique  pour  la  cause  de  la  centralisation.  Aussi, 
en  4839,  réprima-t-il  avec  vigueur,  dans  le  département  de 
Jalisco,  une  insurrection  fédéraliste.  En  4844 ,  il  s'associa  au 
]H'onunciamien(o  qui  porta  Santa-Anna  à  la  présidence,  sons 
le  réglma  àas  Bases  (icordados  de  Tacuham.  Paredes  fut 
nommé  alors  commandant  général  du  département  de  Ja- 
lisco, où  il  se  rendit  odieux  par  son  despotisme.  Il  avait 
espéré  mieux  de  Santa-Anna.  ])eut-èlre  la  vice-présidence. 
Pour  apaiser  son  mécontentement,  Santa-Anna  le  fit  entrer 
au  conseil  des  Nota'oles,  le  «-céa  commandant  général  de 
Mexico,  enfin  sénateur.  Le  dissentijnent  continua  cepen- 
dant à  s'accentuer  entre  eux.  Suspect  et  relégué  à  Toluca, 
Paredes  lança,  le  2  nov.  484  4,  un  manifeste  contre  Santa- 
Anna,  en  ce  moment  gêné  par  l'insmcection  du  Texas.  Le 
mouvement  s'étendit.  Le  14  sept.  48ir>,  José  Joaquin  de 
ITerrera  remplaça  à  la  présidence  Santa-Anna  exilé.  Le 
nouveau  gouvernement  ayant  paru  disposé  à  régler  par 
un  compromis  avec  les  Î'iats-Lnis  l'affaire  du  Texas,  Pa- 
redes, chargé  do  la  conduite  des  opérations  au  Texas,  se 
posa  en  champion  intransigeant  des  droits  nationaux, 
soutint  le  pronunciamiento  de  San  Luis  Potosi,  entra  à 
Mexico  le  2  janv.  4841)  et  s'y  fit  élire,  le  3,  président  in- 
lérimaire.  Malgré  l'opposition,  en  dépit  de  la  difficulté  do 
préparer  la  résistance  contre  les  Etats-lnis,  Paredes  et 
ses  ministres  réussirent  à  remettre  les  fi]iances  dans  un 
état  inespéré.  Mais  le  4  août  il  y  eut  contre  lui  un  pro- 
nunciamiento cà  Mexico.  fViredes  s'enfuit.  Pris  par  le  gé- 
néral Avalos,  enfermé  dans  un  couvent,  il  fut  exiJé  le 
2  oct.  4846  et  vint  en  France.  Trompant  le  blocus,  il 
retourna  au  Mexique,  à  Tulancijigo,  lorsque  l'armée  des 
Eiats-Unis  eut  occupé  Mexico.  A})pelé  par  le  gouverne- 
Hient  à  Qucretaro,  û  fut  empêché  par  la  maladie  de  s'y 
rendre.  îlostile  à  la  paix,  il  fit  cause  commune  avec  les 
opposants  Cosio  et  Jarauta:  vaincu  avec  eux  à  Guana- 
juato,  le  48  juil.  4  848,  il  léussit  à  s'échapper  et  gagna 
l'Europe.  Il  fut  comprib  dans  rainnistie  d'avr.  1849,  mais 
il  mourut  cinq  mois  après.  D'un  caractère  difficile  et, 
semble-t-il,  assez  médiocre  politique,  Paredes  avait  donné 
les  preuves  d'un  courage  intrépide,  et  sa  pauvi'Cté  témoi- 
gna de  son  honnêteté  lors  de  son  passage  à  la  présidence. 
BiiiL.  :  BAxcROFr,  Ilistonj  of  Mexico:  San  Francisco, 
1SS5,  iii-8,  t    V.  '   , 

PARE-ÉCLATS.  Traverse  de  dimensions  l'estreintes 
destinée  à  arrêter  les  éclats  de  projectiles.  Les  pare-éclats 
sont  établis  perpendiculairement  aux  crêtes  des  masses 
cou^'rantes  et  ne  dépassent  pas  le  niveau  de  ces  crêtes. 
Pour  qu'ils  tiennent  mo<ins  de  place,  on  les  revêt  de  fas- 
cinages  et  on  ne  leur  donne  qu'une  épaisseur  juste  suffi- 
sante (4'", 50  à  2  m.)  pourarrêtei'  les  éclats  de  projectiles. 

PARÉGORIQUE  (Eiixir)  (V.  Opilm,  t.  XXV,  p.  424). 

PAREID.  Com.  du  dép.  de  la  Meuse,  arr.  de  Verdun, 
cant.  de  Fresnes-en-Wocvre  :  243  hab. 

PAREIN  (Pierre-Mathieu),  général  français,  néauMes- 
nil-Aubry  (Seine-et-Oise)  le.  43  déc.  4755,  mort  au 
Mesnil-Aubry  le  24  mai  1831.  Employé  chez  un  procu- 
reur à  Paris,  il  coopéra  à  la  piise  de  la  Bastille  et  entra 
dans  la  compagnie  des  volontaires  de  la  Baistillo  en  sept. 
1789  ;  il  y  remplit  le»  fonctions  de  quartier-maître.  Au 


mois  de  janv.  1790,  il  publia  une  pièce  d'actualité,  inti- 
tulée la  Prise  de  la  Bastille.  Le  5  mai  4794,  il  reçut 
de  l'Assemblée  constituante  une  gratification  de  42.000 
livres  pour  avoii'  dénoncé  une  fabrication  de  faux  assi- 
gnats. Le  29  août  4792,  il  fut  au  nombre  des  30  commis- 
saires chargés  de  réquisitionner  des  soldats,  et  se  rendit 
dans  les  dép.  de  la  Seine-Inférieure  et  de  l'Oise.  Chef  de 
bureau  de  la  4*^  division  du  ministère  de  la  guerre,  com- 
missaire des  guerres  le  29  juil.  4793,  il  remplit  une 
mission  en  Vendée  avec  Ronsin  et  fut  nommé  général  de 
hrigade  le  2  oct.  4793.  11  fut  attaché  à  l'armée  révolu- 
tionnaire et  coopéra  au  siège  de  Lyon.  11  devint,  le  29  nov. 
4793,  président  de  la  commission  révolutionnaire  chargée 
de  juger  les  rebelles  lyonnais  et  il  fut,  le  3  mars  i79i', 
nommé  général  de  division  provisoire  par  les  représen- 
tants louché,  Méaulle  et  î^a  Porte.  Chef  de  Eétat-major 
de  l'armée  des  Côtes  de  Brest  en  juin  4794,  il  fut  destitué 
le  48  oct.  suivant  et  réintégré,  le  25  oct.  4  795,  pour  ha 
participation  à  la  journée  du  43  vendémiaire.  Compromis 
dans  la  conspiration  de  Babeuf,  ac([uitté  par  la  haute  cour 
de  Vendôme  le  26  mai  4797,  réformé  le  4*-'^  sept,  et  re- 
mis en  activité  le  9,  il  commanda  le  dép.  de  la  Nièvre, 
fut  définitivement  réformé  le  29  mars  4801  et  retraité  le 
6  juin  4841.  Devenu  suspect,  il  fut  interné  à  Caen  h 
i^"^  févr.  4812  et  y  resta  jusqu'en  1845.  Il  a  publié  di- 
vers ouvrages  :  le  Massacre  des  innocents  (1789)  ;  VEjl'- 
terminatenr  des  Parlements  (4789)  ;  la  Girouette  fran- 
çaise (4789);  les  Crimes  des  Parlements  (4791). 

Etienne  Charavay. 
BinL,  :  Arcli.  adm.  du  ministère  de  la  £*iierre.  —  Cha-- 
.^iN,  Isi  Vendée  ■patriote,  t.  I,  pp.  550  ù  557. 

PAREIRA.  Nom  de  plusieurs  drogues  d'origine  végé- 
tale, toutes  produites  par  des  plantes  de  la  famille  des  Mé- 
nispermacées.  Sous  la  désignation  de  Pareira  brava,  on 
décrit  une  racine  hgneuse,  tortueuse,  sillonnée,  à  écorcc 
brune,  jaunâtre  à  l'intérieur,  à  cassure  fibreuse  et  offrant 
sur  une  coupe  transversale  nn  grand  nombre  do  cercles 
concentriques  de  faisceaux  fibro-vasculaires.  On  l'a  crue 
longtemps  fournie  par  le  Cissampelos  pareira  L.  ;  mais 
elle  provient  en  réalité  du  Choivlodendron  tomeniosu))i 
]{.  et  I\\v.  (Cocciiliis  cliondodendron  DC),  ai-brissean 
grimpant,  de  la  famille  des  Ménispermacécs,  propre  nti 
Brésil  et  au  Pérou.  La  racine  de  Pareira  brava  est  dure, 
de  saveur  nauséeuse,  d'abord  douce,  puis  amère;  elle 
contient  une  résine  douce,  de  la  fécule,  un  principe  jaune 
amer,  la  pélosine,  une  matière  azotée  et  divers  sels. 
Wiggers  en  a  extrait  un  alcaloïde,  la  cissampéline.  Cet((^ 
racine,  le  Butua  des  indigènes,  fut  apportée  à  Paris  sous 
Louis  XIV.  Elle  est  tonique,  apéritive  et  diurétique,  et 
rend  des  services  incon testantes  dans  là  leucorrhée,  le 
catarrhe  de  la  vessie,  les  lithiases,  la  goutte,  le  rhuma- 
tisme, l'ictère,  etc.  On  l'administre  sous  forme  de  décoc- 
tion, d'infusion,  de  teinture  au  5^  (dose  :  4-5  gr.), 
d'extrait  aqueux  (Os'^',50  à  ls'\5^),  d'extrait  fluide  (2  à 
4  gr.).  —  Le  Pareira  brava  bhinc  est  un  jibuta,  de 
même  que  le  jaune  (V.  A  buta).  D^  L.  II.v. 

PAREJA  (Juan  de),  peintre  espagnol,  né  à  Séville  vers 
4606,  mort  à  Madrid  en  4670.  Ses  père  et  mère,  dérape 
mauresque,  étaient  esclaves,  et  lui-même  appartint  c-omme 
tel  et  presque  durant  toute  sa  vie  à  Velaz(|uez.  Lorsqut^ 
le  grand  artiste  fut  appelé  à  Madrid,  en  4623,  par  le 
comte  duc  d'Olivarès,  Pareja  accompagnait  son  maiire. 
Très  intelligent  et  adroit,  c'est  à  lui  qu'incombait  la  tâche 
de  broyer  les  couleurs,  d'assemlder  les  châssis  des  toiles 
et  de  préparer  la  palette.  Une  véiitablc  vocation  pom* 
l'art  de  son  maître  se  déclara  chez  l'esclave  qui,  en  ca- 
chette, commença  de  s'exercer  à  peindre.  A  chacim  des 
voyages  que  Velazqnez  fit  en  Italie,  Pareja  était  auprès 
de  lui.  Il  est  constant  qu'avant  d'aborder  l'exécution  du 
j)ortrait  du  }>ape  Innocent  X,  Velazqnez  c{ui,  do  quelque 
temps,  n'avait  pas  touché  un  pinceau,  voulut  se  faire  la 
main  et,  comme  essai,  fit  poser  i^areja;  il  improvisa  en 
quelques  séances  un  poî'trait  qui  fut  exposé  publiquement 


PAREJA  —  PARENT 


lOi 


cl  trouvé  superbo  de  caractère,  de  i'L*iiei'  cl  de  vie.  K 
appartient  aujourd'hui  au  comte  de  Kaduor,  à  Longford 
('.astle,  et  a  figuré  à  l'Exposition  de  1873,  à  la  Royal 
Academy.  Après  le  retour  en  Espagne,  Pareja  fut  pris  du 
désir  de  se  découvrir  à  son  mailre,  tt  il  eut  recours  pour 
en  arriver  là  à  un  subterfuge»  Ayant  achevé  avec  soin 
une  peinture  de  petite  dimension,  il  la  plaça  dans  l'atelier 
de  Yelazquez  prenant  soin  de  retourner  la  toile  face  au  mur. 
Philippe  IV,  lorsqu'il  venait  visiter  son  peintre,  avait 
l'habitude  de  fureter  parmi  les  toiles,  achevées  ou  ébau- 
chées ;  il  avisa  un  jour  celle  do  Vareja  et  se  la  fit  mon- 
Irer.  A  ce  moment,  Pareja  se  jeta  aux  genoux  du  roi, 
implorant  son  pardon  pour  Paudace  dont  il  avait  osé  faire 
preuve  en  se  cachant  ainsi  de  son  maître.  «  Celui  qui  a 
ac(iuis  un  pareil  talent,  dit  le  roi  à  Yelaz(iuez,  ne  saurait 
demeurer  en  esclavage.  Avise  à  cela  ».  Dès  ce  moment, 
Pareja,  devenu  homme  libre,  fut  admis  parmi  les  élèves 
(kl  maître  qu'il  continua  d'ailleurs  de  servir  comme  par 
io  passé,  jusqu'à  sa  mort.  Il  conserva  la  même  fidéUtô 
envers  sa  fille  et,  dans  le  tableau  représentant  la  Famille 
lie  Yekaquex,,  peint  par  Mazo  et  qui  est  au  musée  de 
Menue,  Pareja  figure  à  côté  du  gendre  do  Yelazquez.  Le 
musée  du  Prado  conserve  le  seul  tableau  bien  authentique 
(jue  l'on  connaisse  de  Pareja  ;  ii  représente  la  Vocalion 
(le  saint  Mathieu,  et  l'artiste  s'y  est  peint  lui-même, 
louant  à  la  main  un  papier  sur  lequel  on  lit  :  Juan  de 
Pareja.  avec  la  date  de  1G61 .  Cean  Rermudez  dte  cepen- 
( huit  encore  quelques  iiguresde  saints  qui  auraient  appar- 
lonu  au  couvent  des  Récoliels  de  Madrid,  et  un  Baptême 
de  Jéms,  peint  pour  l'église  de  la  Trinité,  à  Tolède,  et 
daté  de  1667.  Le  même  auteur  ajoute,  dans  son  Diccio- 
nario,  que  Piœcj.t  exécuta  do  nombreuses  copies  de  por- 
traits, d'après  Yôla>;qae/,  et  r^u'ii  est  fort  difficile  de  les 
distinguer  des  originaux.  Paul  Lefori. 

PARELLE  (Rol.^  (Y.  P.vur.i^- s), 

PARELLÔ  (Miguel),  sculpteur  espagnol,  né  à  Palmade 
Majorque  en  1674,  mort  en  1730.  C'est  à  Barcelone  qu'il 
lit  son  apprenlissdge  ;  ses  ouvrages  pour  les  couvents  et 
les  éghses  de  Catalogne  sont,  par  suite  de  la  suppression 
(k^s  oVdres  religieux,  à  peu  près  inconnus  de  nos  jours  et 
ont  disparu.  On  cite  cependant  comme  son  œuvre  les 
ligures  qui  décoreat  le  retable  de  l'église  de  Bisbal.  Parellè 
iiU  un  praticien  plutôt  qu'u/i  altiste  d"une  véritable  va- 
h'ur  ;  tel  est,  du  moins,  le  jugement  que  porte  sur  lui 
Cean  Rermudez.  P-  C. 

PAREWi  ENTJ.  Ai.aiiTEGT>j>..':.  —  Surfaceapparented'un 
ouvrage  de  maçojtnwic,  de  menuiserie  ou  de  pavage.  En 
maçonnerie,  de  nos  jOurs  comme  assez  IréLiaemment  dans 
rantiquité,  les  pierre^  sont  lo  plus  souvent  posées  à  pare- 
ment brut  etensaitôretai!iée.ietrdva:éessurtctas,  tandis 
que.  pendant  certaines  périodes  du  moyen  âge  et  de  nos 
jour.-,  dans  les  chantiers  dos  édifices  clashés  comme  monu- 
menls  liistoriques  et  comme  édifices  diocésains,  les  pierres 
.sont  pobées  à  par^meiit  ragréé  ou  ravalé,  tel  que  ce  pa- 
rement doit  rester  définitiveuient.  Les  parements  de  meu- 
hère,  de  moellon  ou  do  pierre  reçoivent  différents  noms, 
suivant  le  travail  d'achèvement  qu'ils  ont  subi,  travad 
entraîmuit  parfois  une  certaine  décoration  et  toujours  cer- 
laiiK'  plus-value  daps  le  pri\,  laquelle  peut  s^Hever  de 
moitié  au  double  suivant  la  Dilurc  de  ce  travail  et  aussi 
suivant  la  dureté  de  la  matière  mise  en  œuvre.  En  effet, 
\t  marbre,  la  pierre,  le  moellon,  la  bri([ue  ne  se  tra- 
vaillent pas  de  la  même  manière,  et  le  ravalement  ou  le 
polissage,  ainsi  que  certaines  décorations  de  leurs  pare- 
ments, entraînent  des  opérations  différentes,  comme  façon 
et  comme  outillage,  les([ueîies  sont  indiquées,  avec  tes 
prix  qu'il  convieat  de  leur  appliquer,  dans  les  Séries 
des  prix  du  bàiimeni.  —  En  menuiserie,  les  ou- 
vrages, vus  d'un  seul  ccté  ou  de  deux  côtés,  sont  dits 
à  un  seul  ou  à  deux  parements,  suivant  qu'ils  sont 
blanchis  ou  ornés  de  moulures  d'un  seul  ou  des  deux 
eotés.  —  En  pavag-,  on  appelle  parement  la  face  unie 
d'un  pavé,  celle  sur  '^quelle  o=i  pose  le  pied.  —Enfin,  en 


couverture,  on  appelle  parement  l'enduit  déplâtre  que  Ton 
dispose  sur  le  lattis  ou  sur  la  volige  devant  recevoir  la 
couverture  proprement  dite  afin  de  donner  à  ce  lattis  ou 
à  cette  volige  la  pente  qui  est  nécessaire  à  récoulemenl 
des  eaux.  Charles  Lucas. 

IL  LiTuiiGTE.  —  Les  parements  sont  des  devants  d'au- 
tel en  étoffé  brodée  ou  galonnée,  que  l'on  change  suivant 
la  couleur  prescrite  pour  la  liturgie  du  jour.  —  La  Salli: 
DES  PAREMENTS  est  la  salle  où  sont  préparés  les  ornements 
que  le  pape  doit  revêtir  pour  les  chapelles  papales,  et 
qui  lui  sont  présentés  à  genoux  par  les  prélats  Yotants  do 
la  Signature,  en  leur  qualité  d'acolytes  apostoliques.  Ces 
ornements,  toujours  de  couleur  rouge  ou  blanche,  sont  : 
l'amict,  l'aube,  le  cordon,  l'étole,  le  pluvial.  l\  y  ajoute 
la  tiare  ou  la  mitre  de  drap  d'or.  —  Dans  les  sacristies, 
on  appelle  Table  des  parements  la  table  sur  laquelle  sont 
déposés  les  or nements  sacerdotaux  (Y.  cqs  mots,  X.  XXY, 
p.  602)  pour  le  prêtre  qui  va  dire  la  messe. 

PAREMPUYRE.  Com.  du  dép.  de  la  Gironde,  arr.  de 
Bordeaux,  cant.  de  Blanquefort  ;  1.200  hab.  Stat.  du 
chem.  de  fer  du  Médoc.  Yigno])les  renommés. 

PARENCHYME.  1.  Anatojiie.  —  (Etymologiquement, 
effusion  du  sang  hors  des  vaisseaux,  et  concrète  ensuite, 
d'après  les  idées  anciennes,  pour  former  la  substance  propre 
du  foie,  de  la  rate,  des  reins,  etc.).  Le  sens  de  ce  mot 
a  beaucoup  varié  au  cours  des  âges.  D'une  façon  générale, 
on  l'applique  aujourd'hui  au  tissu  propre  de  chaque  or- 
gane, à  ce  qui  eji  fait  la  caractéristique,  indépendamment 
des  fibres  musculaires,  conionctives  et  nerveuses  qui  lui 
sont  surajoutées,  et  des  canaux  d'excrétion,  des  vai^^seaux 
sanguins,  etc.,  plus  ou  moins  intricpiés  dans  ce  tis.su  lui- 
même.  On  peut  distinguer  des  parenchymes  de  diverses  sortes. 
Les  uns  sont  glandulaires  et  sécrètent  des  produits  divers 
(mamelle,  pancréas,  foie,  etc.)  ;  d'autres  servent  à  excréter 
des  substances  nuisibles  :  rein,  poumon,  etc.  D'autres, 
enfin,  sont  le  siège  du  développement  d'éléments  anato- 
miques  spéciaux:  ovaire,  testicule.  Par  extension,  on  peut 
|)arler  du  parenchyme  de  l'utérus,  du  cœur,  etc.,  bien 
([ue  ces  organes  n'aient  pas  un  tissu  qui  leur  soil  tout  à 
fait  spécial,  mais  simplement  pour  désigner  !e  corps  même 
de  l'organe.  La  structure  partijuUère  de  chaque  paren- 
(hyme  est  étudiée  avec  l'organe  correspondant. 

II.  Botanique,  —  C'est  un  ti^su  végétal  formé  (exclusi- 
vement de  phytocystes-cellules,  c.-à-d.  de  plntocystes 
dont  aucun  dos  diamètres  ne  l'emporte  notablement  sur 
les  autres.  Les  tissus  jeunes  sont  d'oidinaire  excki>ive- 
ment  parenchymateux  :  ce  n'est  que  plus  lu  rit  (pie  leurs 
cellules  se  transforment  en  libiec,  sclérides,  vaisseaux  de 
diverses  sortes.  Mais  on  trouve  aussi  des  parencbymes  dans 
certains  organes  adultes.  Les  plus  importants  bont  ceux 
de  la  feuille,  de  Vecorce,  de  la  moelle  de  la  li/fe  (Y.  ces 
mots).  D''  L.  Lalov. 

PARENNES.  Com.  du  dép.  de  la  Sarthe,  arr.  du  Mans, 
cant.  de  Sillé-le-Guillaiime  ;  865  hab.  Stat.  du  chem.  de 
fer  de  l'Ouest. 

PARENT.  Com.  du  dép.  du  Puy-de-D(Jme,  arr.  de 
Clermont,  cant.  de  Yic-le-Yicomte  ;  525  hab. 

PARENT  (Antoine),  physicien  et  mathématicien  fran- 
çais, né  à  Paris  le  46  sept.  1666,  mort  le  26  sept.  1746. 
Il  étudia  le  droit,  puis  les  mathématiques  et  la  mécanique, 
pratiqua  aussi  l'art  des  fortifications  et  fut  admis,  quelques 
mois  avant  sa  mort,  à  l'Académie  des  sciences  de  Paris. 
Outre  de  nombreux  mémoires  insérés  dans  le  recueil  de 
l'Académie  des  sciences,  le  Journal  des  savants,  etc.,  il 
a  publié  :  Elcnienls  de  mécanique  et  de  physique  (Pa- 
ris, 4700)  ;  Uecherches  de  physique  et  de  mathéma- 
tiques (Paris,  4705,  2  vol.  ;  2^^  éd.,  4743,  3  vol.).  On 
trouve  notamment  dans  ces  divers  écrits  de  précieuses 
remarques  sur  les  roues  à  aubes,  sur  la  théorie  des  mou- 
lins à  vent  et  sur  cehe  des  pompes. 

PARENT  (Les).  Eamille  d'archit(H'tes  français  contempo- 
rains, dont  le  plus  connu,  lîenri-Aubert  Parent,  est  né  à  Ya- 
lencieiines  le  12  u^r.  1849  et  mort  à  Paris  le  1 8  sepi .  1895. 


—   101 


PARENT 


PARENTHi:si: 


Fils  et  élève  à\iaheii  Paroat,  lui  vénLable  artiste, 
qui  fut  peintre,  sculpteur,  architecte  et  professeur  d'ar- 
chitecture aux  écoles  acadcmi.iues  de  Valenciennes,  Henri 
Parent  vint,  au  sortir  de  ces  mêmes  écoles,  compléter  son 
éducation  d'architecte  auprès  d'Antoine  Frœlicher,  qui 
avait  alors  une  fort  riche  chentèle  d'architecte  privé.  Puis 
il  s'associa,  avec  les  fils  de  son  maître,  MM.  Henri  et 
Arthur  Frœlicher,  et  avec  son  frère  cadet.  Clément  Parent, 
et  tous  quatre  construisirent  de  nombreux  hôtels  à  Paris 
et  de  ])eaux  châteaux  en  province.  Henri  Parent  seul  fit 
ensuite  élever,  entre  autres  somptueuses  résidences,  Fhôtel 
Mcnior,  au  parc  Monceau  ;  Fhôtel  André,  rue  Rabelais  ; 
rhôtel  Le  Marois,  avenue  d'Antin;  Fhôtel  Edouard  André, 
boulevard  Haussmann,  hôtel  appartenant  aujourd'hui  à  la 
grande  artiste  qui  fut  Nélie  Jacquemart  ;  les  châteaux  de 
Ronnétable,  d'Avrincourt,  de  Noisiel,  de  Schilde,  près 
d'Anvers,  etc.  De  cette  vaillante  pléiade  d'artistes,  qui 
eut  une  très  grande  influence  sur  l'architecture  privée 
en  France  pendant  les  deux  derniers  tiers  de  ce  siècle, 
restent  aujourd'hui  M.  Arthur  Frœlicher,  M.  Lozn'cS  Parent, 
fils  de  Clément,  et  M.  Antonij  Parent,  iils  d'Henri,  tous 
trois  architei^tes.  Charles  Lucas. 

PARENT  (Ulysse),  dessinateur  et  peintre  français,  né 
à  Paris  en  1828  et  mort  à  Veulettes  (Seine-Inférieure)  le 
18  août  1880.  Il  est  moins  connu  par  ses  œuvres  d'art 
(jue  par  ses  opinions  politiques  et  sa  participation  au 
mouvement  républicain  dans  les  dernières  années  du  second 
iùnpire.  Arrêté  illégalement,  le  4  juin  1867,  au  moment 
oti  l'on  poussait  le  cri  de  Vive  la  Pologne  !  que  l'on  a 
attribué  à  FIo:jiiet  (V.  ce  nom),  puis  mis  en  liberté,  il 
intenta  un  procès  en  correctionnelle  à  la  police.  Ce  procès 
fit  beaucoup  de  bruit  et  ne  fut  terminé  qu'à  la  fin  d'avril 
1869.  Pendant  la  guerre,  Ulysse  Parent,  chef  de  bataillon 
de  la  garde  nationale,  se  battit  vaillamment.  Adjoint  au 
maire  du  IX^  arrondissement,  il  y  fut  élu  membre  de  la 
Commune  et  attaché  cà  la  commission  des  relations  exté- 
rieures. H  donna  sa  démission  lorsqu'éclata  la  guerre  civile, 
mais  il  n'en  fut  pas  moins  arrêté  et  traduit  avec  Asse, 
Courbet,  Ferré  et  d'autres  devant  le  conseil  de  guerre  de 
Versailles  qui  Facijuitta.  H  fut  ensuite  nommé  membre  du 
wnscil  municipal  de  Paris  dans  le  XP  arrondissement.  On 
;i  de  lui  une  brochure  ayant  pour  titre  :  Uiie  Arreslation 
en  mai  1871 .  Quant  à  ses  dessins  ou  taldeaux,  ils  ne 
sont  connus  que  de  quelques  amateurs.       Ch.  Si'.îonu. 

PARENT  DE  Chassv  (Louis-Nicolas),  liomme  politique 
français,  né  à  Vignol  (Nièvre)  en  1728,  décapité  à  Paris 
le  2  févr.  1794.  x\ vocal  aux  conseils  du  roi,  maire  de 
Vignol,  député  du  tiers  état  aux  Etats  généraux  par  le 
])ailliage  de  Nivernais  (25  mars  1789),  il  prêta  le  ser- 
ment du  Jeu  de  paume.  Suspect  de  modérantisme,  il  fut 
arrêté  et  condamné  à  mort.  Et.  C. 

PÂRENT-DucHATELET  (Alexandrc-Jean-Baptiste),  hy- 
i^iéniste  français,  né  à  Paris  le  29  sept.  1790,  mort  à 
Paris  le  7  mai  1836.  Reçu  docteur  en  ^814,  il  fut  nommé 
médecin  de  la  Société  philanthropique  et  du  bureau  do 
charité,  puis  agrégé  à  la  Faculté  lors  de  la  réorganisation 
des  études.  Il  se  consacra  exclusivement  à  l'hygiène  à 
partir  de  1821,  et  fut  nommé  successivement  membre  ad- 
joint du  conseil  d'hygiène,  médecin  de  la  Pitié,  puis  membre 
titulaire  du  même  conseil.  C'est  grâce  à  son  initiative 
que  furent  fondées  les  Annales  d'hygiène  publique  et 
(le  médecine  légale.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Essai 
s}ir  les  cloaques  ou  égouts  de  la  ville  de  Paris  (Paris, 
1824,  in-8)  ;  le  Rouissage  du  chanvre....  (Paris,  1832, 
in-8)  ;  les  Chantiers  d'équarrissage  de  la  ville  de  Paris,.. 
(Paris,  1832,  in-8)  ;  Rapport  sur  les  améliorations  à 
introduire  dans  les  fosses  d'aisances  et  les  voiries  de 
la  ville  de  Paris  (Paris,  1835,  in-8);  de  flnfluence  et 
de  r assainissement  des  salles  de  dissection  (Paris, 
1835)  ;  de  la  Prostitutio7i  dans  la  ville  de  Paris, 
publ.  par  Leuret  (Paris,  1836,  2  vol.  in.8;  1837,  1857)  ; 
Mémoires  d'hygiène  publique,  réuni  par  Leuret  (Paris, 
1836,  2  voL  in-8).  IK  L.  Hn. 


PAR E NT-Rlal  (^Nioolas-Joseph-Honoré-Marie), homme 
politique  et  avocat  français,  né  à  Ardres  (Pas-de-Calais) 
le  30  avr.  1768,  mort  à  Paris  le  28  avr.  1834.  Avocat, 
juge  de  paix  à  Ardres  (4794),  président  de  Fadministra- 
tion  départementale  du  Pas-de-Calais  (4797),  député  de 
ce  département  au  Conseil  des  Cinq-Cents  (15  avr.  1799), 
il  approuva  le  coup  d'Etat  du  48  brumaire  et  entra  au 
Tribunat  le  4  nivôse  an  Vîîl.  H  en  sortit  en  1802  et  de- 
vint, en  1803,  avoué  à  la  Cour  de  cassation  et  avocat  au 
Conseil  d'Etat  en  1806.  En  4819,  il  entra  au  barreau  de 
Paris  et  s'y  fit  remarquer.  Daunou  a  publié,  en  1839,  une 
notice  sur  lui.  Et.  C. 

PARENTÉ.  I.  Sociologie  (V.  Famille). 

II.  Droit  romain  (V.  Agnation  et  Cognatîo). 

III.  Droit  civil  actuel  —  La  parenté  est  le  lien  qui 
unit,  soit  les  ascendants  aux  descendants,  soit  entre  elles  les 
personnes  qui  descendent  d'un  auteur  commun  sans  descendi'c 
les  unes  des  autres.  La  parenté  est  légitimée  ou  naturelle 
suivant  qu'elle  résulte  ou  non  de  légitimes  mariages.  A  un 
autre  point  de  vue,  on  distingue  la  parenté  naturelle  ré- 
sultant de  la  communauté  d'origine  ou  de  la  filiation,  {U\ 
la  parenté  civile  résultant  de  l'adoption.  La  parenté  est 
plus  ou  moins  proche.  La  proximité  de  la  parenté  entre 
deux  membres  d'une  même  famille  se  compte  par  le  nombre 
de  degrés  qui  les  séparent.  Chaque  degré  correspond  aune 
génération.  En  ligne  directe,  c.-à-d.  entre  ascendants 
et  descendants,  il  y  a  autant  de  degrés  qu'il  y  a  de  géné- 
rations entre  les  personnes  ;  entre  personnes  qui  descen- 
dent d'un  auteur  commum,  sans  descendre  les  unes  des 
autres,  c.-à-d.  en  ligne  collatérale,  les  degrés  se  comptent 
depuis  Fun  des  parents  jusques  et  y  compris  Fauteur  com- 
mun et  depuis  celui-ci  jusqu'à  Fautre  parent.  On  appelle 
ligne  paternelle  Fensemble  des  parents  du  côté  du  père, 
ligne  maternelle  l'ensemble  des  parents  du  côté  de  la  mère. 
La  filiation  naturelle  ne  crée  à  proprement  parler  de  pa- 
renté qu'entre  les  père  et  mère  et  leurs  enfants  naturels 
et  entre  les  frères  et  sœurs  naturels  (non  entre  les  enfants 
naturels  et  les  parents  légitimes  de  leurs  père  et  mère). 
L'adoption  ne  crée  de  lien  de  parenté  qu'entre  l'adoptant 
et  l'adopté,  mais  non  entre  enfants  adoptifs  ou  fmtrc 
l'adopté  et  les  parents  deFadoptant.  Ces  observations  sont 
faites  toutefois  sous  réserves  de  ce  qui  a  été  édicté  par  la 
loi  sur  les  prohibitions  de  mariage  (V.  ce  mot).  La  pa- 
renté crée  des  obligations  et  confère  des  droits.  —  Effet 
de  la  parenté  :  1^  les  parents  sont  appelés  à  succéder  à 
leurs  parents  (art.  731,  C.  civ.).  Les  successions  sont  dé- 
férées aux  enfants  et  aux  descendants  du  défunt,  à  ses 
ascendants  et  à  ses  parents  collatéraux,  dans  l'ordre  et 
suivant  les  règles  fixées  parle  code  civil  au  titre  des  sur- 
cessions  (V.  ce  mot).  Les  parents  au  douzième  degré  ne 
succèdent  point.  L'enfant  naturel  a  des  droits  sur  les 
biens  de  ses  père  et  mère  (il  n'est  pas  héritier  proprement 
dit,  mais  successeur  irrégulier  (V.  Succession)  ;  il  n'a  au- 
cun droit  sur  les  biens  des  parents  de  ses  père  et  mère. 
La  succession  de  l'enfant  naturel  décédé  sans  postérité 
est  dévolue  à  ses  père  et  mère,  à  leur  défaut  à  ses  fi'èrcs 
et  sœurs  naturels  ou  aux  descendants  de  ceux-ci.  — 
2°  Les  descendants  doivent  des  aliments  à  leurs  ascen- 
dants dans  le  besoin.  Cette  obligation  est  réciproque.  — 
3°  La  puissance  paternelle,  la  tutelle  légale  des  père  et 
mère  et  des  ascendants,  le  droit  et  l'obligation  de  siéger 
dans  le  conseil  de  famille  du  parent  mineur  ou  interdit 
sont  des  conséquences  de  la  parenté.  —  A^  Enfin  la  proche 
parenté  est  un  obstacle  au  mariage.  —  5^  Les  parents 
jusqu'à  un  certain  degré  de  l'une  des  parties  en  cause  ne 
peuvent  être  cités  comme  témoins  dans  une  instance  civile 
ou  criminelle  ;  d'autres  parents  peuvent  être  reprochés 
comme  témoins  dans  une  enquête  civile.         Bouchon. 

IV.  Droit  canon.  —  Parentés  spinra'ELLES  (V.  Com- 
mère et  Inceste). 

PARENTHÈSE.  ï.  Rhétorique.  —  On  appelle  pa- 
renthèse un  mot  ou  une  réunion  de  mots  intercalés  au 
juilieu  d'une  phrase  d'mt  ils  ne  font  pas  grammaticalement 


^\RENTiiÊSK 


PAROUl 


lOlO 


]>artie,  et  au  cours  de  laquelle  jis  iuU'rhjiiipent  lu  siiiie 
(les  idées  par  quelque  remarque  Ibrmant  uti  sens  distinct 
et  isolé. 

Je  croyais,  moi  (jupe/,  de  iiiu   siiiipliciiô;, 
Quo  l'on  dcvraii  i'ougii*  cic  la  duplu'iit'". 

Db '-TOUCHE?^. 

!.e  uioi  parenthèse  vieil (,  du  grec  jcapevOcaiç,  intercala- 
lion,  de  Tuapdc  à  côté  de,  ev  dans  et  tiOsva'.,  placer. Il  dé- 
signe, non  seulement  les  mots  intercalés  dans  la  phrase, 
le.ais  encore  les  deuK  signes  de  ponctuation  en  forme  de 
ciocliets  (  )  entre  lesquels  Ofi  les  enfcnue.  On  dit  ouvrir 
Il ae ]iarenlhèi>e  i{\x'A\\&Q\\  se  sert  du  premier,  et  ia/6'/7^'^^r 
(juand  on  se  sert  du  second.  Par  extension,  l'expression 
ouvrir  une  parentlièse  s'emploie  en  pa.rlant  d'une  digres- 
sion faite  au  cours  d'un  déyeloppemenl  et  par  laquelle  on 
s'écarte  du  sujet.  P.  Giqukaux. 

IL  Mathématiques.  ™  l/emploi  des  parenthèses  e-U 
fréquent  en  mathématiques;  on  place enire  parentJièses  les 
qiianiités  qui  forment  un  facteur,  ainsi  {a  -f-  h  -h  c){p  -f-  q) 
veut  dire  que  la  somme  a  -^  b  ~\~  c  doit  éti-e  nudtipliée 
j>ar  p  ~\-  q.  Les  notations  /""(j;),  /'(.r.?/)  expriment  (jue  f{x), 
l'ixjf).  sont  fonctions  de  ,t.  de  .r  et  de  y.  eîc.  (V.  Fox(.- 
•iio>) 

Log  (x  -h  y)  est  le  logariilime  (!(>  ,c4-  //.  {a  -|-  h)'^  est 
!a  puissance  m  de  u  -{-  /^  etc. 

MHUtMU  î-ai*  la 


^ÂKENTHÈSES  Ï)E  PoïSSON,   —  Ou  dés 

liolalion  (/,  g)  rexpression 

llL  ÛIL  __  ^L  EL _j-  ^^L  '^y 
ou .  si  Pou  veut 

(a's  parenthèses  iouenl  un  iule  iiUpuriani,  soi!  en  jjiéca- 
niuuc  ou  en  aslcoimiriic,  S(»'.b  en  malhéiUidicpu^s  paies  dads 
la  théorie  des  équations  auv  déri\écs  pailielies.  (>  (jui 
donne  une  grande  import^iuco  à  ces  expi-essions,  cY^sl  une 
propriété  découverte  par  Dojdvin  et  qui  conhisîe  en  c*.*  ([ue 
si  a,  [3,  y  sonl  fonctions  do  oc^,x,...:r^.'i^jj>,.jj^^,v\  ^^i 
Voa  a  : 

a  =  (P,  y),  h  zrs  (y,  a),  c  :==z  (a.  [-.). 

OU  a  identiquement  : 

La  condiiion  nécessaire  et  su[Tisain(^  poiir  qui'  hs  \a- 
leuis  de  2/jt  ?/2«.-Vh  tirées  des  équaîi-.)!^ 

reudent  rexprossion 

intégrab'sc  est  que  toutes  les  parentlièbes  {/].  /^)  soiiMâ 
nulles.  Ce  beau  tlièorcmc  do  Jacolii  sert  de  base  à  um^ 
théorie  de  l'intéxcatlcn  dos  é.iUaSii-p.s  aux  dérivée.^  par- 
liclles  du  pienitec  ordre. 

Je  signalerai  encore,  paiiiii  uwv.  inliiiité  d'antre^,  Uin' 
propriété  remartjuable  des  parealh'/ses  découverte  par 
Poisson. 

Si  a  r=r  constante,  '^  ~- constauîesiJiU  des  iolégraii  -  d;-N 
équations  (ditc.^  (aLioniqaos) 

ri^^         ()U     di'o  ___  ()i\ 
d^   '"~o%''   lit  "'"^ôn.r" 

di  oM'i'    dl  dx>"" 

où  u  est  une  foneiion  donnée  des  x  et  des  y  (a.  [•.)  zz;  eons- 
tantesera  en  général  une  nouvelle  intégi'alc  des  mènu's 
équations.  Toutefois,  cette  équation  (a,  p)  zn  constant!' 
[)eut  se  réduire  à  une  identité  ou  ne  pas  faire  connaître  de 
nouvelle  intégrale,  {^,p,)  =  constante  se  réduisant  à  wiM' 
combinaison  d'intégrales  déjà  connues.       H.  Laurent. 

Equs,lions  eux  dtrivi-v:  jiurtunlcs.  Traités  Cio 


lUOL. 

ÎOURSAT.  MÂn^ION.  LMSniIENKT/! 


V,    O'Jl 


>\S   (1.^  J,\( 


PARENTIGNAT,  Com.  du  dcp.  du  Puy-de-Dôme,  arr. 
d'Issoire,  cant.  de  Sauxillanges  ;  159  hab. 

PARENTINO  (Bernardo),  peintre  italien,  né  ta  Parenzo 
en  Istrie  en  Uiol,  mort  en  1531.  S'étant  f^nt  religieux 
augustin,  il  prit  le  nom  de  frère  Lorenzo,  et  produisit  un 
certain  nombre  d'ouvrag(\s  recommandables  par  une  com- 
position savante,  qui  rappelle  le  style  de  Mantegna.  \a' 
musée  de  Berlin  a  de  lui  une  Adoration  des  Deniers. 

PARENTIS-EN-l]oa>/.   Ch.-L   de  cant.    du    dùp.  des 
Landes,  arr.  de  Mont-de-Marsan  ;  i  .9-^1.  S(al.  (hi  chem. 
de  fer  d'Ychonx  à  Parenlis.  Pins  et  résines  ;   îiiijierai  ds^ 
fer;  tourbières.  Fabrique  d'essence  de  térébenthine  ;  scie- 
I   ries  mécaniques.  Counnorce  de  biines  et  de  peaux. 
i        PARENTLJCELL!  (Thomas)  (V.  NmocAS  V.  ])apeV 
I        PARENTY.  Com.   du  dép.  du  l\is~de-Calais.   arr.  ih 
Montieuih  cant.  d'Hucijueliers  ;  ()07  hab. 

PARENZO.  Viiie  d'Autricho.  prov.  distrie,  bâtie  sus' 
une  presqu'île  de  ]'.\d!'iati;pie;  H.1^2(i  iiab.  (aggl.).  Siègo 
de  la  Diète,  évèché,  tribunal,  basih  ^ue  du  vi^  siècle  avec  dcb 
mosarpms.  antiquités  l'oujaines.  Institut  agronomique,  mu- 
sée, bibliotiièque.  Port  qui  a  reçu  environ  100.000  tonnes 
en  4894,  pèche  et  constructions  navales.  La  ville,  qui 
remonte  à  l'antiquité  e(  fut  une  colonie  romaine,  appartiiil 
à  Venise  depuis  4207  jusqu'à  la  chute  de  la  rcpubliqne. 

Bt];[..  :  l.oiini:,  U,"?'  Dom  zu  l^urcnzo  ;  lîerlin,  liS5U. 
PAREPA-UosA(Luphrosyne  Paueca  de  BoYEsxr,  dite), 
cantatrice  anglaise,  née  à  ]^dim!)0urgie  7  mai  183(),morle 
à  Londres  le  *26  janv.  1874.  Fille  du  baron  valaque  Geo)'- 
giades  de  Boyesku  et  de  la  cantalrice  l'disid)L'th  Sé^i^uiii, 
elle  reçut  les  leçons  expcrijnejitécs  de  sa  mère  et  débuta 
à  Malte  dans  la  Somnmnhule,  en  4853.  Llle  parut  suc- 
cessivement sur  les  scènes  de  Naples,  FUnne,  lMoie!ic{\ 
Gènes,  Madrid,  Lisbonne.  Douée  d'une  jolie  voix  de  so- 
prano et  de  remarquul)!es  taients  scénicpies,  elle  oiniot  de 
graPid.s  srtcc(\s.  iJlc  apparaît  piniv  ia  première  ibis  à  LiM\- 
dres,  au  Lueuiu,  dans  les  PurHams  (1837),  ])uis  à  Lo- 
vent Gaî'den  dans  Zaïiioa.  l-.lle  eut  de  plus  grands  succès 
encore  dans  les  conccrt.s.  Llîe  épousa,  ei»  secondes  noces, 
en  4867,  le  chanteur  Larl  Bo^a,  avec  knpiei  elle  fonda  à 
New  York  la«I-^arepa-Bosa  english  lapera  Company»  qui 
eut  une  influence  marquée  sur  ia  diifusio]i  delà  musi(pie 
en  Américpie.  B.  S. 

PARÈRE.  Atte.^tation  d'autoriîés  éîrangères,  de  cer- 
tains corps,  de  fonctimmaires.  de  jurisconsultes  ou  de  m»- 
tables  commerçants  établissant  un  usage. 

Les  parères  renlrent  dans  la  tiuHuie  des  preuves.  Le 
législateur  a  établi  un  ensendde  de  règles  auxquelles  1rs 
plaideurs  j^oiU,  soumis,  lors  'u'iis  veuient  établir  !e  droiî 
qu'ils  invoïpient  ou  le  fait  qu'ils  allèguent.  Dans  les  légis- 
lations qui  admettejît  la  force  légale  des  coutumes  locales, 
Ja  preuve  des  usages  a  une  grande  importance.  Aussi,  dans 
I    l'ancienne  moiuircliie.  hs  autorités  judiciaires  déUvraiejit- 
I   elles  fré(piemment.  à  la  demande  des  parties,  des  cieles 
'   de  notoriélê,  qui  constataient  un  point  de  droit  en  usage. 
I   Dans  neti'e  Ltat  moderne,  les  coutumes  sonl  abrogées,  ei 
i   le  droit  écril,  considérablement  développé,  a  restreint  en 
i   proportion  le  domaine   de  l'usage.  Cependant,  il  sérail 
I    inexact  de  dire  quo    la  valeur   quasi  légab,^  de  rusag(^ 
!   ou  de  la  coutume  a  complètement  disparu.  Le  code  civil 
i    (en  matière  de  voisinage  et  de  location,  notamment)  ci 
un  grand  nombre  de  lois  spéciales,  ont  maintenu,  dans 
certains  cas,  les  usages  locaux  et  les  règlements  particu- 
liers. Un  ministre  de  l'intérieur,  en  4814,  signalait  dans 
une  circidaire   l'intérêt  que  présenterait  un  recueil,  réu- 
nissant toutes  ces  coutumes,  et  il  conviait  les  autorités 
départementales  à  le  faire  rédiger.  Depuis  lors,  la  ques- 
tion en  est  restée  là.  La  j)reuve  de  l'existence  d'un  usage 
n'est  donc  pas  toujours  faite  et  il  faut  bien  reconrir  aux 
témoignages.   D'autre  part,  la  rapidité  des  communica- 
tions et  la  fréquence  croissaiite  des  rapports  internatio- 
naux, en  donnant  au  droit  international  privé  une  grande 
extension,  augmentait  le  nombre  des  cas  où  un  tribuna 
peut  être  app'elc  à  appliquer  un  point  de  droit  en  vigueur 


à  Fctranger  ou  à  en  tenir  compte.  Ici  encore,  les  parères 
seront  utiles. 

C'est  en  matière  commerciale  que  l'usage  a  conservé 
la  plus  grande  force.  Notre  droit  commercial  vient  en  par 
tie  dltalie  et  des  régions  méditerranéennes.  Los  parères 
ont  la  même  origine.  Ils  ont  joué,  anciennement,  un  rôle 
important,  sur  les  places  en  relations  d'affaires  avec  ces 
régions,  principalement  à  Lyon. 

Quelle  est  la  valeur  légale  du  parère?  A  la  différence 
de  notre  ancien  droit,  où  il  avait  un  caractère  ofiicieî,  et 
pouvait  émaner  des  corps  judiciaires,  le  parère  n'a  plus 
aujourd'hui,  dans  la  théorie  des  preuves,  que  la  valeur 
d'un  certificat  sur  un  point  de  fait.  En  d'autres  termes, 
sa  force  probante  est  toute  subordonnée  à  l'appréciation 
du  tribunal  auquel  il  est  présenté.  Judiciairement,  c'est  un 
élément  de  décision  dépourvu  d'autorité  légale.  Morale- 
ment, il  vaut  d'aprrs  lacon  ance  qu'inspirent  la  collecti- 
vité ou  l'individualité  qui  délivre  ce  certificat. 

En  pratique,  de  cui  émanent  les  parères?  Des  autorités 
étrang'^res,  là  où  le  droit  d'en  délivrer  existe  ;  de  ce)*- 
tains  fonctionnaires,  comme  les  consuls  ;  des  juriscon- 
sultes; des  notables  commerçants.  Devant  la  juridiction 
commeiciale,  on  invoquera  surtout  des  attestations  de  ces 
derniers,  et  le  caractère  des  juges  consulaires,  qui  sont 
eux-mêmes  négociants,  facilitera  la  constatation.  Cepen- 
dant, des  textes  ont  rangé  au  nombre  des  attributions  do 
certains  corps  la  faculté  de  délivrer  des  certificats  ou  pa- 
l'èrcs.  Le  décret  du  3  sept.  4 Soi,  sur  Torganisation  des 
chambres  de  commerce,  art.  -11,  porte  que  «  Favis  des 
chambres  de  commerce  est  demandé  spécialement...  svr 
les  usages  connnejriaux,  les  tarifs  et  les  règlements  de 
courtage  maritime  et  de  courtage  d'assurances  de  marchan- 
dises, de  change  et  d'effets  publics  ».  La  loi  du  2i  mars 
'1884,  sur  les  syndicats  professionnels,  art.  6,  alinéas  6 
et  7,  dispose  que  ces  syndicats  «  pourront  être  consultés 
sur  tous  les  différends  et  toutes  les  questions  se  rattachant 
à  leur  spécialité.  \)um  les  affaires  contentieu.ses,  les  avis 
des  syndicats  sciont  tenus  à  la  disposition  des  parties. 
qui  pourront,  en  prendre  communication  et  copie  ».  Il  a 
été  bien  spécifié,  dans  les  travaux  préparatoires,  que  ces 
avis  ne  constituaient  qu'un  mode  d'information  facultatif 
pou)'  les  tribunaux. 

(]ui  a  qualité  pour  dem.ander  un  parère?  Le  gouver- 
nement, une  administiation,  les  tiibunaux,  les  plaideurs, 
enfui.  Ceux-ci  en  feront  le  plus  fiéquent  usuge,  et  Fesprit 
de  chicane  aidant,  on  pourra  voii'  produire,  à  la  même 
bane,  les  parères  les  plus  contradictoires,  entre  lesquels 
le  trii)unal  appréciera.  Félix  Rousskl. 

PARÉSIE  (iVléd.)  (V.  Pakalysîe). 

PARESSEUX  (Zool.)  (V.  BRADveE). 

PAR  ET  Y  A  [XA7ÂR  (Luis),  peintre  espagnol,  né  à  Madrid 
eu  1717,  mort  à  Madrid  en  1799.  îl  suivit  d'abord  les 
cours  de  dessin  et  de  peinture  de  l'Académie  de  San  Fer- 
nando, placés  alors  sous  la  direction  d'Antonio  Gonzalez 
Velazquez,  puis  il  obtint  d'un  peintre  français,  Charles 
de  la  Traverse,  alors  établi  à  Madrid,  qu'il  lui  donnât  des 
conseils.  Celui-ci,  qui  avait  été  l'élève  de  Boucher,  initia 
Paret  à  Fart  des-  maîtres  français  du  xvni®  siècle,  pour 
lesquels  il  montrait  d'ailleurs,  dans  ses  études,  une  pré- 
férence marquée.  H  devint  un  charmant  coloriste,  et  quel- 
(pies-uns  de  ses  tableaux,  ayant  été  vus  par  Charles  IIL 
lui  plurent  infiniment.  Des  commandes  du  roi  et  des  infants 
furent  faites  à  Fartiste  qui,  après  un  voyage  en  Italie  et 
en  France,  revint  à  Madrid  où  l'attendaient  de  nouvelles 
commandes  de  la  cour.  Il  fit  alors  pour  le  roi  des  Vues 
(les  ports  iVEspwjne,  dans  le  goût  de  Joseph  Yernet,  la 
Prestation  de  serment  du  prinee  des  Astiiries,  en 
l'cgUse  de  San  Geronww,  et  une  sorÊe  de  Canvusel, 
où,  sur  une  place  d'Aranjuez,  au  milieu  d'une  assistance 
parée  et  nombreuse,  figurent,  cavatkadaiit  par  couples,  les 
personnes  de  l'a  famille  royale.  Ce  derniei'  tableau,  con- 
servé au  musée  du  Prado,  porte  la  signature  de  Fartiste 
et  dut  être  exécuté,  (omme  la  Prestation  de  serment. 


1047  —  PAHÈUE  —  PARFAICT 

en  1789  ou  1790.  Paret  fut  en  grande  vogue  à  Madrid 
et  peignit  beaucoup  pour  les  particuliers.  On  connaît  d(* 
lui  plusieurs  gracieux  sujets  de  genre  ;  une  Vue  de  la 
Puerta  del  Sol,  animée  d'un  monde  de  passants  et  four- 
millante de  cavaliers  et  de  carrosses  ;  V Intérieur  d'un, 
magasin  de  soieries,  à  Ma^hid,  et  encore  une  Prome- 
nade dans  un  parc,  qui  ont  jadis  fait  partie  de  la  galerie 
Salamanca.  Paret  composa  des  dessins,  dont  la  plupart 
ont  été  gravés,  et  qui  oiment  l'édition  du  Parnasse  de 
Quevedo  ;  il  en  avait  préparc  également  pour  les  Nouvelles 
de  Cervantes,  qui  restèrent  inédites.  Il  avait  été  nommé 
membre  de  l'Académie  des  beaux-ai'ts  de  San  Fernando 
dès  1780.  P.  Lf.fort. 

PAR  EUS  (David  Wakxgler),  théologien  allemand,  né 
à  Franckenstein  (Siîésie)  le  30  déc.lD48,  mort  à  ïleidel- 
berg  le  12  juin  1622.  Venu  k  Heidelberg  en  1584,  il  y 
rxquit  en  1598  le  grade  de  docteur  en  théologie  et  devint 
en  1598  professeur  de  la  faculté  de  tîïéologie  qui  était, 
.'iprès  tant  de  luttes  acharnées,  définitivement  gagnée  au 
-'ite  réformé.  Bien  qu'ayant  commiencé  tard,  il  publia  un 
nombre  considérable  d'ouvrages,  en  particulier  de  contro- 
verse. Pour  unir  les  deux  confessions  luthérienne  et  ré- 
formée (Irenicmn,  siue  de  Pnione  et  synodo  evange- 
Ucoriim  liber  votiims  ;  Heidelberg,  1614),  il  proposa  un 
synode  général  qui  serait  convoqué  par  les  princes  et  les 
V.Uts  protestants  d'Allemagne  et  par  les  rois  d'Angleterre 
et  de  Danemark.  îl  publia  une  nouvelle  traduction  de  la 
înble,  mais  qui  n'est  autre  chose  que  celle  de  Luther,  accom- 
nmdée  au  goût  réformé.  Le  catalogue  complet  de  ses  ou- 
vrages, même  de  ceux  qui  se  sont  perdus,  se  trouve  dans 
une  édition  de  ses  oaivres  préparée  par  son  fils  Philippe, 
mais  qui  ne  renferme  que  ses  omvres  exégétiques  et  une 
biographie  très  détaillée  (Francfort,  1647',  in-foL). 

PAREY-Saint-Césaiue.  Coin,  du  dép.  de  Merrthe-el- 
Moselle,  arr.  de  ^ancy,  cant.  de  Vézelise  ;  305  hab. 

PAREY-sous~Mo>;iî'ORT.  Corn,  du  dép.  des  Vosges,  arr. 
de  Neuf( bateau,  caîit.  de  Bulgnéville  ;  213  hab. 

PARFAICT  (François)  et  PARFAICT  (Claude),  littéra- 
teurs français,  étaient  frères  :  François  naquit  k  Paris  le 
10  mai  1698  ety  mourut  le  25  cet.  1753;  Claude  naquit, 
(lit-on,  vers  1701,  et  moui-ut  à  Paris  le  26  juin  1777.  Le 
principal  ouvrage  dû  à  leur  collaboration  est  VUistoire 
gcWrale  du  thcâlre  françois  depuis  son  oriijine  jus- 
,)U'(i  présent,  avec  ta  vie  des  plus  célèbres  joèles  dra- 
matiques, un  Catalogue  exact  de  leurs  pièces  et  des 
Notes  historiiîues  et  critiques  (Paris,  1745-4!),  15  vol. 
in-12).  Les  premiers  volumes  avaieut  paru  chc  Morin  (1734 
el  suiv.)  ;  ils  furent  tirés  à  nouveau  en  1745.  L'oiivrage 
parut  sans  nom  d'auteur.  Il  conduit  le  sujet  jusqu'à 
Fannée  1721.  Outre  \(i^  matières  indiquées  dans  le  titre, 
il  donne  des  notices  biographiques  sur  les  principaux 
acteurs,  et  des  extraits,  parfois  étendus,  des  pièces  cata- 
ioguées.  Les  frères  Parfaict  ont  profité,  en  les  critiiiuant 
et  contredisant  souvent,  des  Rechercties  sur  les  th' aires 
de  France  àe¥.-¥r.  Godard  de  Beauchamps  (Paris,  1735. 
in-4,  ou  3  vol.  pet.  in-8).  Il  y  a  bien  des  erreurs  et  des 
lacunes  dans  leur  travail  ;  en  pai-ticulier.  la  chronoloi>;ie 
des  pièces  de  théâtre  de  1550  à  1630  ou  1635  est  sou- 
vent très  contestable;  beaucoup  de  dates  proposées  sont 
hypothétiques,  et  les  hypothèses  obtenues  par  une  m.é- 
ihode  peu  SiU'o.  11  ne  faut  donc  pas  s'en  fier  aveuglément 
aux  frères  Parfaict.  Malgré  ces  léserves.  leur  recueil  est 
un  guide  nécessaire  dans  l'étude  du  théâtre  des  xvi^  et 
xvii^'  siècles  :  ils  ont  travaillé  consciencieusement  et  four- 
nissent un  tr<s  grand  nombre  de  rens-eignements  exacts. 
Leur  goût  est  médiocre,  mais  il  fait  connaître  le  juge- 
ment des  esprits  moyens  vers  le  milieu  du  xvïii®  siècle 
sur  notre  théâtre  classique.  Outre  cette  considérable  iîis- 
toire,  les  deux  frères  ont  publié  deux  autres  ouvrages, 
également  utiles  :  Mémoires  pour  servir  à  lliistoire  des 
yiectacles  de  la  foire  par  un  acteur  /bram  (Paris,  1743, 
2  vol.  in-12)  et  Histoire  de  l'ancien  théâtre  italien, 
depuis  son  origine  jusqu'il  sa  suppression  en  1697 


PARFAÏCT  —  PARFUM 


1048 


(Paris,  il  où,  in-i:2).  Un  autre  ouvrage  du  à  leur  colla- 
boration a  été  publié  par  Q.  Godin  d'Abguerbe  :  le  Die- 
lionnaire  des  thJcUres  de  Paris  (1756  et  1767,  7  vol. 
in-12.  Le  7^  vol.  est  un  volume  dWdditions  et  supplé- 
ments). —  François  Parfaict  a  collaboré  un  moment  avec 
Marivaux;  il  fit  le  divertissement  de  la  Fausse  Suivante 
(Théâtre-Italien,  8  juil.  1724)  et  dégrossit  quelques  scènes 
du  Dénouement  imprévu  (Comédie-Française,  2  déc. 
1724).  Il  a  composé  seul  :  le  Quart  d'heure  amusant, 
journal  qui  parut  de  janvier  à  mai  1727;  Etrennes 
calotines  par  le  sieur  Perd-la~Raison  (1729);  Aurore 
etPhébus,  histoire  espagnole  (Paris,  1732,  in-12)  ;  Agemla 
historique  et  chronologvjue  des  théâtres  de  Paris  (Paris, 
1733,  1736,  1737,  3  vol.  in-12).  Cet  ouvrage,  attribué 
par  Favart  à  l'abbé  de  La  Porte,  a  été  réimprimé  de  nos 
jours  par  J.  Bonnassies.  On  doit  encore  à  Fr.  Parfaict 
les  notes  de  l'édition  des  Bains  des  Thermopyles  par 
M^^^ de Scudéry  (Paris,  1730, in-12)  ;  l'édition  des '0Eîiwt^5 
de  Boindin  (1753,  2  vol.  in-12)  ;  Atrée,  tragédie  lyricfue 
en  vers,  non  jouée  et  non  imprimée,  et  le  ballet  de  Pa- 
nurge,  arrangé  par  Morelen  opéra-comique  (publié  cà  Paris 
an  Xî,  in-8).  Endn  il  avait  fait  une  Histoire  de  F^ica- 
démie  Royale  de  musique  depuis  son  établissement 
jusqu'à  présent  (1645-1741),  non  imprimée  ;  le  manus- 
crit en  est  perdu,  mais  une  copie  faite  par  Beffara  se 
trouve  à  la  Bibl.  Nationale  {mss  fr.,  12353).  —  Claude 
Parfaict  avait  entrepris,  paraît-il,  une  Dramaturgie  gé- 
nérale, dictionnaire  dramatique  qui  ne  fut  jamais  imprimé, 
il  a  publié  une  Lettre  d'Eippozrate  sur  la  prétendue 
folie  deDémocrite,  traduite  du  grec  (Paris,  1730,  in-12). 

G.  Lanson. 

Bibl.  :  Fréron,  VAnnéelitiéraive,  1754,  t. III.  —  Moréri, 
Dictionnaire  historique,  éd.  de  1759.  —  Le  chevalier  A.-?, 
du.  Co\JD RAY,  Lettre  au  public  sur  la  mort  de  Crébilloii. 
Gresset  et  Parfaict  ;  Paris,  1777,  iii-8. 

PARFAIT.  I.  Philosophie  (V.  Perfection). 

ÏI.  Grammaire  (V.  Temps). 

lîl.  Arithmétique.  —  Nombres  parfaits.  — On  ap- 
pelle nombre  parfait  un  nombre  égal  à  la  somme  de  ses 
diviseurs.  Par  exemple,  6  est  un  nombre  parfait,  parce  que 
6  =:  1  -f  2  -I-  3,  et  que  1,  2,  3  sont  les  diviseurs  de  6. 
La  formule  2?  —  *(2^  —  1  ),  due  à  Euclide,  donne  des  nom- 
bres parfaits  lorsque  le  second  facteur  est  un  nombre 
premier.  On  n'obtient  ainsi  que  des  nombres  parfaits  pairs, 
et  on  démontre  qu'il  n'en  peut  exister  aucun  en  dehors  de 
cette  formule.  Mais  bien  qu'on  ne  connaisse  aucun  nombre 
parfait  impair,  l'impossibilité  de  l'existence  d'un  tel  nombre 
n'est  pas  démontrée  jusqu'ici.  C.-A.  L. 

IV.  Alchimie.  —  Corps  parfait.  —  L'idée  du  corps 
parfait  chez  les  alchimistes  était  corrélative  de  la  stabilité 
et  résistance  aux  agents  de  toute  nature  :  l'inaltérabilité 
résultant,  d'après  Geber,  d'un  équilibre  complet  entre  les 
(jualités  contraires.  Voilà  comment  l'or  a  paru  le  terme 
accompli  des  métamorphoses  :  non  seulement  à  cause  de 
son  éclat,  mais  parce  qu'il  résiste  mieux  que  tout  autre  à 
la  chaleur  et  aux  réactions  naturelles  ou  arliiiciellcs  de  la 
(himie.  M.  B. 

BiDL.  :  M.  Berthelot,  Histoire  de  la  Chimie  ini  moyen 
ô(je,  t.  III  :  Alchimie  arabe. 

PARFONDEVAL  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de 
Laon,  cant   de  Bozov;  405  hab. 

PARFONDEVAL.  Com.  du  dép.  de  l'Orne,  arr.  de  Mor- 
tagne,  cant.  de  Pervenchères  ;  195  hab. 

>ARFONDRU.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  et  cant. 
de  Laon;  316  hab. 

PARFONDRUPT.  Com.  du  dép.  de  la  Meuse,  arr.  de 
Verdun,  cant.  d'Etain;  183  hab. 

PARFOURU-l'Eclin.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr. 
de  Bayeux,  cant.  de  Caumont;  245  hab. 

PARFOURU-sur-Odon.  Com.  du  dép.  du  Calvados,  arr. 
de  Caen,  cant.  de  Villers-Bocage  ;  178  hab. 

PAR  FOU  RU  (Désiré-Paul,  dit  Porel),  acteur  et  direc- 
teur de  théâtre,  né  à  Lessay,  près  de  Coutances  (Manche), 


en  184i2.  11  entra  assez  jeune  au  Cunser\uluiie  ou  il  rem- 
portait un  prix  de  comédie,  en  1862.  Il  fut  ensuite  engagé 
à  rOdéon  où  s'est  faite  toute  sa  carrière  dramatique,  assez 
courte  d'ailleurs,  sauf  un  séjour  de  trois  ans  au  Gymnase, 
de  1867  à  1870.  Outre  le  répertoire  classique,  il  s'est  fait 
remarquer  surtout  par  un  sentiment  exact  de  la  vie  con- 
temporaine dans  diverses  créations  ou  reprises  de  pièces 
modernes.  Depuis  un  certain  temps  directeur  de  la  scène 
à  rOdéon,  il  devint,  en  1882,  l'assoc'é  de  M.  de  La  Rou- 
nat,  directeur  de  ce  théâtre.  A  la  mort  de  celui-ci  (1885), 
il  resta  seul  directeur.  Il  a  gardé  cette  entreprise  jusqu'en 
1892,  et  son  administration  fut  assez  généralement  heu- 
reuse, il  sut  maintenir  les  traditions  classiques  du  second 
Théâtre-Français,  tout  en  donnant  à  son  répertoire  plus 
de  variété  qu'il  n'en  avait  autrefois.  Il  a  fréquemment 
monté  des  pièces  à  spectacle  et  s'est  surtout  fait  une  spé- 
cialité de  celles  où  la  musique  joue  un  l'ôle  important;  elle 
est  toujours  exécutée  à  FOdéon  par  un  excellent  orchestre 
et  des  artistes  de  talent.  En  1892,  M.  Porel  a  pris  à  ses 
risques  et  périls  la  direction  de  TEden,  qu'il  consacra  aux 
spectacles  les  plus  variés  :  drame,  comédie,  genre  lyrique, 
adaptations  de  toute  sorte.  Il  faut  citer,  parmi  ces  der- 
nières, une  de  ses  plus  heureuses  découvertes  :  Lysistrata, 
imitation  spirituellement  modernisée  d'Aristophane,  par 
M.  Maurice  Donnay,  dont  cette  pièce  a  consacré  le  talent 
(1892-93).  Cependant,  cette  entreprise  dura  peu.  Quelque 
temps  après,  le  mariage  de  Porel  avec  une  célèbre  actrice 
du  Vaudeville,  M^^^  Uéjane,  le  détermina  à  prendre  la 
direction  de  cette  scène  concurremment  avec  celle  du 
Gymnase  et  en  collaboration  avec  M.  A.  Carré.  Depuis  que 
ce  dernier  est  passé  à  la  tête  de  l'Opéra-Comique,  M.  Porel 
est  resté  seul  responsable  de  cette  entreprise.       Il   Q. 

PAR  PU  [VI.  HiSTOiuQCE.  —  On  désigne  généralement 
sous  le  nom  de  parfums  les  matières  qui  produisent  une 
impression  agréable  sur  notre  odorat.  Le  premier  parfum 
fut  la  fleur  odorante.  Mais  le  désir  de  remplacer  l'odeur 
passagère  des  fleurs  par  une  impression  plus  durable  fit 
bient(3t  découvrir  que  certains  arbres  produisaient  des 
essences  odorantes.  Elles  servirent  d'abord  aux  rites  reh- 
gieux,  et,  comme  leurnom  V indique  {per  fumum),  furent 
d'abord  obtenues  par  la  combustion  de  substances  aroma- 
tiques en  nombre  plus  ou  moins  grand.  L'encens  fuma 
sur  les  autels  de  Jérusalem  et  de  Memphis,  et  il  figure 
dans  les  prescriptions  liturgiques  des  Vedas  ainsi  (|ue 
dans  celles  de  Zoroastre. 

L'industrie  des  parfums  parait  avoir  eu  en  Egypte  son 
premier  développement;  elle  y  fit  de  grands  progrès,  et, 
du  temps  de  Plolémce,  le  monde  entier  faisait  usage  des 
produits  égyptiens.  A  Alexandrie,  notamment,  existaient 
d'importantes  fabriques,  dont  les  produits  étaient  si  pré- 
cieux que  les  ouvriers  ne  pouvaient  sortir  sans  être  fouillés. 
Le  nombre  des  parfums  s'accrut  considérablement.  Les 
prêtres  furent  d'abord  les  premiers  parfumeurs,  connaissant 
seuls  le  secret  des  aromates  et  ayant  le  privilège  de  préparer 
les  substances  odoriférantes  qui  servaient  à  l'embaumement 
des  corps.  Ils  les  vendaient  à  prix  d'or  aux  riches  particuliers 
qui  voulaient  savourer  ces  jouissances  jugées  dignes  des 
dieux.  Les  femmes  en  firent  un  très  grand  usage,  se  faisant 
frotter  le  corps  d'onguents  parfumés,  se  teignant  le  visage 
et  la  chevelure.  C'est  ainsi  que  les  parfums  occup^Tcnt 
une  place  importante  dans  la  séduction  exercée  par  Cléo- 
pàtre  sur  son  ennemi  Marc-Antoine.  C'est  à  cette  reine 
d'Egypte  que  serait  due,  d'après  Pline  et  Galien,  l'inven- 
tion de  la  pommade  à  la  graisse  d'ours. 

X  leur  retour  d'Egypte,  les  Hébreux  avaient  aussi  com- 
mencé à  employer  des  parfums,  et  Moise  reçut,  dit-on,  du 
Seigneur  l'ordre  de  confectionner  l'encens  sacré  destiné  à 
être  brûlé  sur  l'autel  du  temple  et  l'huile  sainte  qui  devait 
servir  à  oindre  le  grand  prêtre,  le  tabernacle  et  les  vases 
sacrés.  L'encens,  rigoureusement  réservé  aux  cérémonies 
religieuses,  était  une  gomme -résine  {olibanum).  Les 
femmes  Israélites  employaient  beaucoup  de  parfums  et  de 
cosmétiques  et  se  teignaient  le  visage  comme  les  Egyp- 


tiennes.  Plusieurs  prophètes  lounèrent  contre  l'abus  des 
parfums.  Enfin  les  Hébreux  embaumaient  aussi  leurs 
morts. 

Chez  les  Grecs,  ce  fut  également  de  haute  antiquité  que 
s'établit  l'usage  de  la  parfumerie.  Homère  en  fait  mention. 
Hippocrate  sauva  Athènes  de  la  peste  en  faisant  ])rûier 
dans  les  i^ues  des  bois  aromatiques  et  en  faisant  suspendre 
partout  des  paquets  de  fleurs  parfumées.  L'abus  des  par- 
fums devint  môme  si  grand  à  Athènes  que  Solon  en  interdit 
Tusage  qui  fut  également  combattu  par  Socrate.  Ces  pros- 
criptions n'eurent  pas  grand  succès. 

Les  Romains  exagérèrent  l'emploi  des  parfums,  s'endui- 
sant  le  corps  d'huiles  parfumées,  se  servant  du  savon  des 
Gaules  pour  les  mains,  se  teignant  les  cheveux  en  noir. 
Les  femmes  faisaient  usage  de  divers  fards,  et  Ton  cite  le 
masque  au  mari  dont  Poppée,  femme  de  Néron,  faisait 
usage  pour  se  tenir  le  teint  frais.  Elle  s'appliquait  sur  le 
visage  une  pâte  de  farine  de  seigle  délayée  dans  de  l'hailc 
parfumée,  qu'elle  conservait  toute  la  journée  et  dont  elle 
ne  se  débarrassait  que  le  soir  par  un  lavage  au  lait. 

Les  Phéniciens  et  les  Carthaginois  furent  à  cette  époque 
ks  grands  commerçants  en  parfums.  Au  moyen  âge,  les 
Arabes  d'a])ord,  pui^s  les  Vénitiens  et  les  Génois  reprirent 
leurs  traditions  ;  enfin  vinrent  les  Elorentins  qui  acquireni:, 
sous  les  Valois,  une  sorte  de  supériorité  en  l'art  de  la  par- 
fumerie. 

L'usage  des  parfums  en  France  et  dans  l'Europe  occi- 
dentale ne  date  guère  que  des  croisades.  Au  xv^  et  au 
xvi^  siècle,  il  alla  jusqu'à  l'abus.  Pais  il  subit  une  réac- 
tion passagère  sous  le  règne  du  roi  Henri  ÏV  et  reprit 
avec  la  belle  et  coqueîtc  Anne  d'Autriche  pour  atteindre 
son  apogée  à  la  cour  de  Louis  XIV  et  surtout  à  celle  do 
Louis  XV,  qui  fut  surnommée  la  cour  parfumée.  Ces 
goûts  se  perpétuèrent  sous  Louis  XVI  et  ne  trouvèrent  un 
tenue  que  dans  les  sanglantes  scènes  de  la  Révolution.  Ils 
reparurent  avec  le  Directoire,  sous  l'impulsion  de  la  belle 
;\{me  Xallien,  et  se  continuèrent  sous  le  Consulat  avec  José- 
phine de  Beauharnais.  Depuis,  l'usage  des  parfums  s'est 
maintenu  dans  des  proportions  raisonnables. 

Techxologie.  —  Origine  du  parfum  des  fleurs.  Le 
problème  du  mode  de  formation  et  de  l'origine  du  par- 
fum des  fleurs  n'est  pas  complètement  résolu.  D'après  les 
études  au  microscope  dues  à  M.  Mesnard,  les  huiles  essen- 
tielles qui  dégagent  les  odeurs  ont  leur  siège  d'élection 
à  la  surface  interne  du  calice  et  de  la  corolle.  Sur  la  face 
externe,  on  ne  trouve  d'ordinaire  que  quelques  rares  glo- 
bules d'essence  ;  par  contre,  les  pigments  colorés  et  le  ta- 
nin qui  a  servi  à  les  former  abondent.  Dans  le  développe- 
ment des  tleurs,  la  chlorophylle  se  transforme  d'abord  en 
glucosides,  substances  analogues  au  tanin.  Mais,  tandis  que 
vers  la  surface  externe  exposée  à  la  lumière  et  à  l'air,  les 
glucosides  se  transforment  en  pigments  et  tanin,  sur  la  sur- 
face interne,  protégée  par  lebouton,  elles  donnent  des  huiles 
(essentielles,  qui,  s'oxydant  énergiquement  au  moment  de 
Féclosion,  font  naître' le  parfum,  et  cekii-ci  est  d'autant 
plus  fin  que  rhuile  essentielle  est  plus  débarrassée  des 
produits  secondaires  dérivés  de  la  chlorophylle.  Ceci  ex- 
plique pourquoi  les  lilas  blancs  artificiels  et  les  roses 
forcées  ont  une  odeur  plus  fine  et  pourquoi  les  fleurs  vertes 
ne  sentent  rien. 

Classification  des  odeurs.  Les  classifications  sont  nom- 
breuses et  aucune  n'est  admise  d'une  façon  générale.  On 
peut,  avec  le  D^  Bain,  les  grouper  en  trois  classes  :  J^les 
odeurs  fraîches,  qui  stimulent  et  activent  les  fonctions 
des  organes  respiratoires  ;  2*^  les  odeurs  suffocantes,  qui 
n'ont  d'action  que  sur  Pappareil  olfactif  et  qui  se  subdi- 
visent en  odeurs  suaves  et  en  odeurs  puantes  ;  3°  les  odeurs 
nauséabondes,  qui  ont  une  action  antipathique  sur  Fes- 
tomac,  tendant  à  produire  des  nausées  et  des  vomisse- 
ments ;  elles  se  subdivisent  en  odeurs  piquantes,  étJiérées, 
acres  et  appétissantes. 

Nous  donnons  dans  le  tableau  ci-après,  emprunté  à 
M.  Rimmel,  la  classification  des  odeurs  mères  types  aux- 


H)i9  —  PAUFIJ3I  —  PARFUMERIE 

quelles  se  raltachent  toutes  les  autres,  soit  àl'état  naturel, 
soit  à  celui  de  combinaisons  : 


ODEURS  SECONDAIRES 

SÉRIES 

TYPES 

A14»ARTEXANT 
A    LA    MÊME    SÉRIE 

lloscc. 

Rose. 

i.éranium,  cglantine,  rho- 
dium, palissandre. 

Jasmiucc. 

Jasmin . 

Muguet,  ylang-ylang. 

Orangée. 

Fleur  d'oi'aiîgcr. 

Araria,  seringa,  fenille 
d'oranger. 

Tubérosée. 

Tubéreuse. 

!.is,  Jonquille,  narcisse, 
jacinthe. 

Violacée . 

Violette . 

Cassic,  iris,  réséda. 

Balsamique. 

\'aniiJe. 

Baumes  du  Pérou  et  de 
tolu,  benjoin,  storax. 
fève  tonka,  héliotrope. 

Epicée. 

Cinnamomo. 

T'annelle,  muscade,  maeis, 
tout,  épices. 

Caryophyllée. 

Girofle. 

Of'jllCl. 

('amphree. 

Camphre. 

Romarin,  patchouli. 

Santalce. 

Santal. 

Vétiver,  cèdre. 

Cilrino. 

Citron . 

Orange,  bergauîole.  cédrat,  ! 
linicttc. 

Herbacée. 

Lavande. 

Lsp:c  tiiy m,  serpolet,  mar- 
jolaine. 

Menthacée. 

MenUie  poivrée. 

Aîcnlhc  sauvage,  basilic, 
sauge. 

Aniséc. 

A  ni  s. 

Partiane,  carvî,  anctb,  fe- 
nouil, coriandre. 

Amandce. 

Anmndc  amcre. 

Laurier,  noyer,  mirbane. 

Musquoc. 

\îus.^. 

Civette,  ambrette.               i 

Ambrée. 

Anibvc  gris. 

Mousse  de  chône.                1 

Fruit  00. 

Poire. 

l^omme.  ananas,  coing.        | 

J 

jj.  Magux. 

BiBL.  :  \.  PARFLAirinr, 

PARFUMERIE.  La  parfumerie  est,  à  proprement, 
parler,  Fart  de  préparer  les  diverses  substances  qui  ren- 
ferment des  principes  odoriférants  et  qui  sont  employées, 
soit  pour  riiygiène  de  la  peau,  soit  pour  les  autres  soins 
de  la  toilette.  Ainsi  limitée,  elle  embrasse  déjà  un  nombre 
considérable  de  produits.  L'usage  a  encore  étendu  son 
domaine,  et  le  commerce  de  détail  vend,  de  nos  jours, 
sous  le  nom  d'articles  de  parfumerie,  une  foule  de  menus 
objets  qui  n'ont  avec  les  parfums  d'auîre  rapport  que  de 
servir  également  à  la  toilette  et  qiti,  de  fait,  sont  fournis 
par  des  industries  distinctes  :  tels  les  éponges,  les  brosses, 
les  peignes,  etc.  Nous  ne  nous  en  occuperons  pas. 

L'Egypte  paraît  avoir  été  le  berceau  et,  durant  toute 
l'antiquité,  le  principal  centre  de  fabrication  de  la  parfu- 
merie (V.  Parfum).  Chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains, 
on  faisait  une  consommation  considérable  d'odeurs,  de 
cosmétiques,  de  fards,  mais  on  les  tirait,  pour  la  plus 
grande  partie,  de  l'Orient,  et,  après  la  chute  de  l'empire 
d'Occident,  l'art  et  le  commerce  de  la  parfumerie  dispa- 
rurent complètement,  pour  quelques  siècles,  de  nos  pays. 
Les  croisades  les  y  ramenèrent.  En  France,  ce  fut  sous 
forme  de  peaux  odoriférantes  destinées  à  faire  des  bourses, 
des  pourpoints,  des  ceintures  etprincij^alemcnt  des  gants, 
que  les  parfums  pénétrèrent,  importés  d'Espagne  et  d'Ita- 
lie. C'est  ce  qui  explique  que  leur  trafic  s'y  trouva  à 
l'origine  entre  les  mains  des  maîtres  gantiers  (  V.  Gaxt, 
t.  XVIII,  p.  456)  et  non,  comme  on  serait  tenté  de  le 
croire,  entre  celles  des  barbiers-perruquiers  ou  des  bar- 
biers-barbants. En  1190,  Philippe-Auguste  octroya  di^s 
statuts  à  la  corporation.  Les  gantiers  achetaient  leur  mé- 
tier 39  deniers  et  ne  pouvaient  rien  colporter,  la  vente 
devant  se  faire  chez  eux  ou  à  leurs  étaux  des  halles.  Le 
20  déc.  1357,  le  roi  Jean  confirma  leurs  privilèges  et, 
au  début  du  xv®  siècle,  leurs  armes  furent  enregistrées 
en  l'armoriai  général  :  D'azur  à  un  gant  d'argent  frangé 
d'or  posé  en  pal,  accosté  de  deux  hesanfs  d'argent. 
Leur  industrie  ne  commença  toutefois  à  prendre  un  déve- 
loppement appréciable  que  sous  Henri  IL  Catherine  de  Mé- 
dicis  amena  à  la  cour,  entre  autres  Italiens,  quelques 
habiles  parfumeurs,  et  l'un  d'eux,  René  le  Florentin, 
établit  sur  le  pont  au  Change  une  boutique,  oit  l'on  venait 


PARFUMERIE  —  1050 

acheter,  du  resie,  dos  poibuiis  aulaiil  que  des  parfiimb. 
Henri  Ilï  en  1582,  Louis  XIII  en  4614,  Louis  XIV  eu 
1636  renouvelèrent,  par  patentes  enregistrées  au  Par- 
lement, la  charte  des  maîtres  gantiers,  qui,  après  une 
série  d'interdictions,  avaient  été  autorisés  à  s'intitulof 
parfumeurs,  et  qui,  dans  les  derniers  de  ces  statuts,  se 
trouvent  dénommés  pour  la  première  fois  mallres  ci 
marchands  gantiers  parfumeurs.  Défense  continua, 
(!';iiileurs,  de  leur  être  faite  de  débiter  aucuns  autres 
j)ai'rums  que  ceux  qu'ils  avaient  eux-mêmes  confectionnés 
ri  de  les  vendre  en  dehors  de  leur  échoppe.  De  là,  pour 
eux.  rimpossibilité  d'arriver  à  constituer  une  industrie  ou 
uîi  commerce  important.  Leur  métier,  restreint  aux  besoins 
de  la  vente  on  détail,  consistait  dans  la  préparation  des 
{)eaux  pour  les  parfumer  et  dans  la  fabrication,  suivant 
recettes  venues  d'Orient,  des  mélanges  de  musc,  de  civette, 
d'ambre  et  d'aromates,  dont  on  garnissait  les  barillets  on 
les  pomandres.  Ils  débitaient  aussi  des  eaux  de  senteur, 
ainsi  que  des  cosmétiques  pour  la  barbe  et  le  visage.  En 
1689,  le  monopole  de  la  poudre  leur  fut  accordé.  En 
]706,  ils  rachetèrent  des  ofOces  royaux  de  jurés  imposés 
à  la  corporation  par  un  droit  temporaire  portant,  entre 
autres  choses,  sur  la  pommade,  Ehuile  de  senteur,  l'eau 
de  tleurs  d'oranger.  La  fabrication  des  gants  constituait 
encore,  cependant,  la  partie  principale  de  leur  métier. 
l'ai  1713,  ils  commencèrent,  avec  Bailly,  à  coiifectiojinci' 
des  savonnettes  moulées  et,  en  4776,  lors  de  la  réor- 
ganisation des  communautés,  leur  corporation  fut  con- 
fondue avec  celle  des  boursiers  et  des  ceinturieis,  moyen- 
nant un  droit  de  réunion  de  183  livres  6  sous  8  deniers. 
En  même  temps  la  maîtrise  nouvelle  fut  fixée  à  400  livrer. 
On  comptait  alors  ^230  maîtres. 

Ea  RéNolution,  en  débarrassant  de  ses  entraves  le  coni- 
hierce  de  la  parfumerie,  allait  lui  permetirc  do  prendre 
enfin  son  essor.  K  la  fin  de  l'empire  et  sous  Einfluence 
taîit  de  nouvelles  conditions  économiques  que  des  travaux 
scientifique^  do  Leblanc  et  de  Chevreul  sur  la  soude  et  lu 
saponiiication,  une  première  transformation  s'opère.  Les 
anciennes  maisons,  au  nombre  d'une  quinzaine,  qui 
ont  survécu  aux  événements  des  vingt  années  précé- 
dentes, se  développent  et  de  nouvelles  se  créent.  Devenue, 
à  partir  de  <'elte  époque  seulement,  une  industrie  véri- 
table, la  parfumerie  a  désormais  sa  place  distincte  dans 
les  expositions,  et,  en  181'2,  ou  évalue  à  13  millions  de 
francs  son  chilïre  d'affaires  annuel.  De  1830  à  1850,  une 
si'conde  transformation  se  produit,  due,  celle-ci,  à  l'inti'o- 
liiK'lion  des  machines  à  va])eur.  L'ouiillage  ne  cesse  en- 
>iiite  de  s'accroître  et  de  s'améliorer.  Les  mélangeurs  à 
pOiumade,  les  agitateurs  à  extraits,  les  bro\ cases,  les  ue- 
chiqueteuses,  les  boudineuses  à  savon,  les  peloteiises 
(1855),  les  séchoirs  automatiques  (186-E)  font  successi\e- 
laont  leur  apparition.  En  même  temps,  les  méthodes  d'ex- 
traction des  parfums,  elles  aussi,  se  perfectionnent,  ei, 
l'outil  s'introduisant  peu  à  peu  dans  toutes  les  opérations, 
la  fabrication  devient  exclusivement  mécanique.  Le  chiffre 
d'affaires  passe  ainsi  de  18  millions  de  fr,  environ,  en 
1856.  à  26  millions  en  1866,  à  40  millions  en  1876.  En 
1859,  il  atteignait  73  millions  et,  à  l'heure  actuelle,  il 
approche  do  100  millions.  Le  principal  facteur  de  la  pro- 
gression a  été,  d'ailleurs,  dans  ces  vingt-cinq  dernières 
années,  l'accentuation  du  caractère  scientifique  de  la  fa- 
brication. Parvenue  à  former  une  branche  importante  de 
la  chimie  appliquée,  la  parfumerie  a  naturellement  profité 
de  tous  les  progrès  de  cette  science.  Elle  lui  a  em})runté, 
outre  ses  méthodes  analytiques  et  synthétiques,  un  grand 
nombre  de  ses  récentes  découvertes',  et  elle  se  trouve  être 
aujourd'hui  l'une  des  industries  les  plus  complexes,  en 
même  temps  que  l'une  des  plus  considérables. 

Les  produits  de  la  parfumerie  peuvent  se  diviser  en 
deux  Classes  principales,  correspondant  à  deux  fabrications 
bien  distinctes  :  les  matières  premières  et  les  produits  con- 
fectionnés.^ Nous  n'avons  pas  à  entrer  ici  dans  le  détail 
des  (tpératioris  propres  à  chacun  de  ces  j>rodiiit'^  :  des  ar- 


liclcb  spéciaux  y  sont  consacrés  (V.  Alloouis,  Aldéhydes, 
Ambre,  Benjoin,  Bergamote,  Castoréum,  Coumarine,  Den- 
tifrice, Eau  de  Cologne,  Epilatoire,  Essence,  Exirai7', 
Fard,  Girofle,  Héliotrope,  Musc,  Opoponax,  Pommade, 
Poudre,  Sachet,  Savon,  Teinture,  Toilette, Vinaigre,  etc.  ) . 
Mais  nous  devons  faire  connaître  les  conditions  générales 
des  deux  fabrications. 

Les  matières  premières  comprennent  les  essences,  les 
infusions  de  fleurs  dans  des  corps  gras,  les  parfums  con- 
centrés obtenus  par  divers  dissolvants,  les  eaux  dis- 
tillées, etc.,  en  un  mot  tous  les  corps  parfumés  simples 
qui  doivent  être  utilisés  ensuite  par  le  parfumeur  et  par 
lui  seul  pour  la  fabrication  des  produits  composés.  Le 
nombre  des  substances  d'où  on  les  extrait  ou  qui  entrent 
dans  leur  préparation  est  considérable.  La  plupart  sont 
d'origine  végéiale  :  racines  diris,  do  patchouli,  d'angé- 
lique,  de  vétyver,  de  gingembre,  de  glaïeul,  de  cèdre,  elc; 
bois  d'alors,  de  santal ,  de  cèdre,  de  palissandre,  de  rose, etc.  ; 
écorces  de  cannelle,  de  cassia,  de  cascarille,  etc.  ;  feuilles 
de  thym,  de  lavande,  de  serpolet,  de  romarin,  do  ver- 
veine, de  badiane,  de  valériane,  de  gentiane,  de  menthe, 
d'anis,  de  basilic,  de  camomille,  de  genièvre,  etc.  ;  fleurs 
de  roses,  d'oranger,  de  jasmins,  de  violettes,  do  cassie, 
de  seringa,  de  lis,  d'œillets,  de  lilas,  d'héhotropes,  de  ver- 
veine, de  muguet,  de  réséda,  de  tubéreuse,  de  jonquille, 
de  géraiiium,  etc.;  fruits  et  graines  d'orange,  de  citron. 
de  cédrat,  de  bergamote,  d'amande  amère,  de  badiane, 
de  cumin,  de  vanille,  de  girolle,  etc.  ;  résines  et  baumes 
de  myrrhe,  de  benjoin,  d'opopanax,  de  tolu,  etc.  Quelques- 
unes  sont  d'origine  animale  :  l'ambre  gris,  le  musc,  la 
civette,  le  castoréum,  etc.  Quant  aux  substances  chimiques, 
naguère  encore  assez  pou  employées,  elles  tiennent  main- 
tenant, nous  l'avons  dit,  Uiie  place  chaque  jour  plus 
grande  dans  la  préparation  dos  matières  odorantes.  Non 
seulement  elles  servent  à  leur  extraction,  comme  l'éther, 
le  chloroforme,  la  benzine,  le  sulfure  de  carbone,  le  tétra- 
chlorure de  carbone,  etc.  ;  mais  on  en  compose  de  toutes 
pièces,  synthétiquement,  des  parfums  artificiels  qui  — 
malheureusement,  d'après  quelques-uns  —  tendent  de 
plus  en  plus  à  rivaliser  avec  les  parfums  naturels  et  même 
à  les  supplanter.  C'est  ainsi  que  la  vanilline,  tirée  autre- 
fois de  la  vanille,  s'o'> tient  au:oard'hui  par  oxydation  de 
l'iseugénol  acétylé,  du  benzyliseugénol,  du  phényliseu- 
géiiol,  Fhéhotropine  parcelle  du  safrol  ou  de  l'isosafrol. 
l'aubép'ne  par  celle  de  l'anéthol.  La  coumarine  (odeur  de 
foin  coupé)  est  le  produit  de  la  réaction  de  l'anhydride 
acétique  sur  l'aldéhyde  salicyliquc  sodé.  L'essence  de  Win- 
tergrecn  se  prépare  en  chauffant  ensemble  de  l'alcool  mé- 
thylique,  de  l'alcool  salicylique  et  de  l'acide  sulfurir|iio. 
L'essence  d'amandes  amères  n'est  (;ue  de  l'aldéhyde  ben- 
zoique,  l'essciice  de  cannelle  de  l'aldéhyde  cinnamiciue, 
l'essence  de  jacinthe  de  l'aldéhyde  phényl-acétique,  Ees- 
sence  de  reine  des  prés  de  l'aldéhyde  salicylique,  l'essence 
de  mirbane  de  la  nitrobenzine.  Les  alcools  terpiniques  et 
cinnamyliques,  la  plupart  des  éthers  fournissent  égale- 
ment nombre  d'odeurs  :  lavande  et  bergamote  (acétate 
de  linalol),  fraise  écrasée  (cinnamate  de  mélhyle  et  cin- 
namale  d'éthyîe),  yara-yara  (naphtolate  d'éthyle),  peau 
d'Espagne  (benzoates  d'éthyle  et  de  méthyle),  etc.  Enfin, 
le  musc  artificiel  ou  musc  Baur,  dont  la  découverte, 
en  1888,  fit  grand  bruit  et  qui,  sans  représenter  chimi- 
quement le  musc  naturel,  en  possède  toutes  les  qualités, 
est  actuellement  l'objet,  non  plus  d'un  seul  brevet,  mais 
de  toute  une  longue  série,  qui  prennent,  comme  point 
de  départ,  autant  de  substances  différentes,  trinitrées 
ou  dinitrées  (isobutyKoluène,  isobutylxylèae,  méthyl- 
crésol,  méthylisobutylbenzaldéhyde,  etc.),  et  dont  neuf 
au  moins  sont  susceptibles  de  donner  un  rendement 
intéressant.  Au  reste,  l'envahissement  des  parfums  chi- 
miques ne  fait  pas  négliger  l'extraction  des  parfums 
naturels.  Les  procédés,  il  est  vrai,  demeurent,  d'une 
façon  générale,  à  peu  près  les  mêmes  et  en  môme  nombre  : 
ex])ression,  distillation,  macération,  enfleurage,  dissolu- 


~   {{K)\ 


PAHFiMEKIE 


tlon.  Maisciiucuii  d'eux  l'oçoil  d'iiJCCîsr^auLes  uuK'lioraiiou^. 
Pour  la  dissolution  nolamiiient,  la  Société  des  parfums  de 
Cannes  a  fait  breveter,  en  4890,  toute  une  installation 
nouvelle,  qui  comporte,  dans  la  disposition  de  l'évaporateur 
et  de  l'épurateur,  plusieurs  modifications  ingénieuses  ; 
plus  récemment,  MM.  Egrot  et  Grange  ont  construit  un 
appareil  qui  réalise  l'e^xtraction  continue,  et  jusqu'à  épui- 
sement complet,  des  essences  par  les  dissolvants,  et  un 
autre  appareil,  également  fort  ingénieux,  imaginé  par 
M.  Laurent  Naudin,  permet  d'effectuer  toutes  les  opéra- 
tions en  vase  clos,  dans  le  vide  et  à  très  basse  tempéra- 
ture. Pour  l'cnPteurage,  M.  Alphonse  Pivcr  a  fait  breveter 
en  1871'  et  M.  Lucien  Piver  a  perfectionné  en  4884  une 
méthode  dite  pneumatique,  qui  consiste  à  transporter  le 
parfum  de  la  tleur  sur  la  graisse  par  un  courant  d'air  ou 
de  gaz,  et,  en  4897,  M.  Jacques  Passy  a  préconisé,  dans 
une  communication  à  l'Académie  des  sciences,  l'immersion 
des  lîcurs  dans  l'eau,  où  elles  continuent  à  vi^re  et  où 
leur  parfum,  dissous  au  fur  et  à  mesure  de  sa  formation, 
est  ensuite  recueilli  en  épuisant  à  Péther.  M.  Passy  a  pu 
ainsi  isoler,  le  premier,  le  parfum  du  muguet. 

Les  produits  confectionnés  constituent,  par  leur  en- 
semble, ce  qu'on  appelle  quelquefois  encore,  d'un  mot 
générique,  la  cosmétique.  Ils  s'obtiennent,  soit  en  diluant 
les  matières  premi>  res  que  fournissent  l'extraction  et  la 
synthèse,  soit  en  mariant  ces  matières  premières  avec 
d'autres  substances  et  en  les  colorant,  de  façon  à  les 
transformer  en  de  nouveaux  produits,  d'odeur  et  d'aspect 
agréables,  qui  sont  livrés  au  consommateur.  Le  nombre 
en  est  considérable  :  extraits  d'odeur  et  eaux  de  senteur, 
parfums  soiidiiiés  en  tablettes,  vinaigres  et  eaux  de  toi- 
lette, savons  et  bains  savonneux,  pommades,  huiles  et 
essences  parfumées,  teintures  et  autres  préparations  capil- 
laires, dentifrices,  poudres  parfumées,  sachets,  pâtes 
molles  ou  dures  odoriférantes,  crèmes,  émulsions,  fardb,  cte. 
Les  procédés  et  le  matériel  do  leur  falirication,  analogues, 
sous  beaucoup  de  rapports,  à  ceux  de  la  pliarmacie,  de 
la  grasse  savonnerie  et  de  la  distillation  <!es  liqueurs, 
offrent  autant  de  variété  et  de  multiplicité  que  les  pro- 
duits eux-mêmes.  Il  y  a  bien  de  prétendus  secrets  de 
fabrication,  mais  ce  ne  sont,  pour  la  plupart,  que  (ies 
tours  de  main,  sans  valeur  scientifique,  et  le  nombre  en 
diminue  chaque  jour,  grâce  aux  travaux  des  chimistes. 
La  composition  du  bouquet  exige  le  plus  d'ex])érience  et 
d'habileté.  Les  lois  suivant  lesquelles  les  odeurs  s'exaltejit 
ou  se  détruisent  ne  sont  pas  connues.  li  faut  que  le  par- 
fumeur corrige  les  unes  par  les  autres  les  essences  dont 
il  dispose,  et,  pour  en  opérer  le  dosage,  il  doit  procéder 
le  plus  souvent  par  tâtonnement,  «  comme  le  peintre  qui 
cherche  un  ton  sur  sa  palette  ».  Vient  ensuite  la  colora- 
tion, qui  présente  aussi  une  grande  importance.  On  y 
emploie,  de  préférence,  des  matières  végétales  macérées 
dans  l'alcool  (cochenille,  garance,  rocou,  safran,  quer- 
citron,  indigo,  véronique,  morelle,  ortie,  etc.).  On  com- 
mence aussi  à  se  servir  des  couleurs  dérivées  de  l'aniline 
et  de  ses  homologues.  Enfin,  dans  un  but  d'hygiène, 
nombre  de  fabricants  introduisent  maintenant,  dans  cer- 
tains de  leurs  produits,  des  antiseptiques  \ariés  :  acide 
salicylique,  acide  borique,  phénol,  saloî,  thymol,  etc. 

Voutillage  d'une  usine  de  parfumerie  est  considérable. 
Nous  avons  dit  que  les  machines  ont  remplacé,  dans  la 
plupart  des  opérations,  la  main  de  l'ouvrier.  Les  princi- 
pales et  les  plus  employées  sont  les  agitateurs  à  extraits, 
les  appareils  à  infusion,  les  machines  à  concasser,  à  pul- 
vériser, à  déchiqueter,  les  presses  hydrauliques  et  à  va- 
peur, les  alambics  de  modèles  divers,  les  mélangeurs  à 
pommades  et  à  savons,  les  broyeuses,  les  pcloteuses  bou- 
dineuses,  les  détoupoh's  à  savons.  Le  matériel  comprend 
des  récipients  de  toute  sorte  :  bacs,  cuves,  étuves,  mor- 
tiers, séchoirs,  etc.  Enfin,  l'empaquetage  du  produit,  sa 
décoration,  jouant  dans  la  parfumerie  un  grand  rôle  et 
celle-ci  fait  une  consommation  prodigieuse  de  pots,  fiacons, 
étuis,  rubans,  étiquettes,  enveloppes,  prospectus,  etc.. 


qui  entrent  pour  10  "-^  o  en  moyenne  dans  ie  prix  des  articles 
et  pour  lesquels  elle  met  à  contribution,  en  même  temps 
que  de  nombreux  dessinateurs,  plusieurs  industries  di- 
verses. 11  y  a  même,  dans  quelques-unes  de  ces  industries 
(verrerie,  impression,  cartonnage,  etc.),  des  maisons 
importantes  qui  ne  travaillent  que  pour  la  parfumerie. 

Quelques  grandes  maisons  traitent  elles-mêmes  les  fleurs 
et  distillent  les  bois  ou  plantes  dont  elles  emploient  ensuite 
les  extraits  à  confectionner  les  produits  parfumés  qu'elles 
livrent  à  la  consommation.  Mais,  le  plus  généralement,  les 
deux  fabrications  sont  exploitées  par  des  industriels  diffé- 
rents.  Grasse,  Cannes  et  leurs  environs,  forment,   pour 
la  production  des  matières  premières,  un  centre  unique 
au  monde.  Le  plus  grand  nombre  des  fleurs  usuelles  : 
la  rose,  la  violette,  les  fleurs  d'oranger  et  de  cassie,  le  jas- 
min, la  jonquille  et  la  tubéreuse,  y  croissent  en  abondance, 
et  une  quarantaine  de  fabricants,  dont  quelques-uns  sont 
universellement  célèbres  (Chiris,  lloure-Bertrand,  Lautier 
fils,  etc.),  ont  élevé,  sur  les  lieux  mêmes,  de  florissantes 
usines,  qui  occupent,  tant  pour  la  cueillette  que  pour  les 
manipulations,  près  de  500  ouvriers  et  un  millier  d'ou- 
vrières, gagnant,  en  moyenne,  les  hommes  2  fr.  50  par 
jour,  les  femmes  1  fr.  25.  Plus  de  5  millions  de  kilogr. 
de  fleurs  v  sont  annuellement  traitées  :  fleurs  d'oranger, 
2.500.00(3  kilogr.  (0  fr.  70  le  kilogr.)  ;  roses.  2  millions 
de  kilogr.  (0  fr.  65)  ;  jasmins,  200.000  kilogr.  (2  fr.  50)  ; 
violettes,  150.000  kilogr.  (4  fr.)  ;  tubéreuses,  150.000 
kilogr.  (5  fr.)  ;  cassie,  150.000  kilogr.  (4fr.).  Elles  pro- 
duisent, par  Peruleurage,  400.000  kilogr.  de  pommades 
parfumées,  lOG.OOO  kilogr.  d'huiles  parfumées,  et  parla 
distillation,  i. 000. 000  de  litres  d'eau  de  rose  et  de  fleur 
d'oranger,   2.000  kilogr.  de  néroli,  50  kilogr.  d'essence 
de  rose.  Il  se  fait  aussi,  dans  le  dép.   des  Alpes-Mari- 
times,  un  grand  commerce   d'essences  de  labiées  (la- 
vande, 1001)00  kilogr.  ;  thym,  40.000  kilogr.  ;  roma- 
i   rin,  25.000  kilogr.  ;  aspic,  2f;.00;)  kilogr.),  m\is  10.000 
I   kilogr.  seulement  sont  produits  à  Grasse;  le  reste  estdis- 
!   tillé  dans  les  départements  voisins  (Basses-7\lpes,  Drôme, 
j   Var)  et  aussi  dans  l'Hérault  et  dans  le  Gard.   On  cultive 
j    i)eaucoup,  en  effet,  dans  la  caïupagne  de  Nîmes,  le  thym, 
i    le  romarin  et  la  lavande.  Après  Grasse  et  Cannes,  les 
j    principaux  lieux  de  fabrication  des  matières  premières 
i   sont  :  l'Algérie,  notamment  les  cnviî'ons  d'Alger  (Staouéfi, 
i   Boufarik),  où  l'on   exploite    de   grandes  plantations  de 
I   géranium  et   de   cassie;    l'Italie,   qui   nous    en^^oie   de 
i   Florence  et   de  Vérone  les  rhi/omes  d'iris,  de  Calabre 
■[   et  de  Sicile  les  essences   d'auriantacées  ;   la  Bulgarie, 
[   qui  cultive  la  rose  en  grand  à  Kezanlik  et  dans  toute  la 
I   vallée  de  la  Tourdja,  ;  l'Extrême-Orient  (Chine,  Indes, 
;   Manille).  A  signaler  encore  comme  centres  importants  de 
I   production  de  parfums  naturels  :  le  canton  de  Surrey,  en 
;   Angleterre,  Leipzig,  en  Allemagne,  Krasnoyé,  en  Russie. 
Pour  les  parfums  artificiels,  la  distinction  d'avec  les  autres 
produits  chimiques  est  fort  diibcile,  et  aussi,  conséquem- 
ment,  l'établissement  d'une  statistique.  Pendant  longtemps, 
cette  industrie  est  restée,  en  France,  le  privilège  d'une 
seule  maison,  en  Allemagne  de  deux  ou  trois.  Leur  nombre 
s'est  beaucoup  accru,  depuis  quatre  ou  cinq  années  surtout. 
et,  par  Peffet  aussi  bien  de  la  concurrence  que  de  la  décou- 
verte de  préparations  nouvelles,  les  prix  ont  considéra- 
blement baissé.  Ainsi,  la  vaniliiiie  qui  se  vendait,  au  début, 
en  1876,  8.750  fr.  le  kilogr.,  ne  coûtait  plus  que  875  fc 
en  1881).  que  135  fr.  en  1897  ;  le  prix  de  l'héliotropine 
a  passé,  de  môme,  de  3.790  fr.  en  1879  à  45  fr.  en  1897. 
Pour  les  produits  confectionnés,  les  principaux  pays  de 
fabrication  sont,  dans  l'ordre  de  leur  iiuportance,  la  France 
(Paris  principalement),  l'Angleterre,  FAmérique,  laPtUSsie, 
'Autriche,  l'Allemagne.  La  France  produit  à  elle  seule 
plus  que  tous  les  autres  pays  réunis.  En  1848,  elle  comp- 
tait déjà  26  fabricants  ayant  un  chiffre  annuel  d'affaires 
dépassant  100.000  fr.  ;  elle  en  a  aujourd'hui  au  moins  30 
faisant  plus  de  500.000  fr.  Au  total,  le  nombre  des  fabri- 
cants dépasse  300,   employant  plus  de  6.000  ouvriers, 


PARFUMERIE  —  V\Rl 


—  I05i> 


et.  à  Paris  seulemeiil,  il  y  a  plu&  de  r^.OOO  laai'chaiiJh  de 
parfumerie  au  détail,  dont  beaucoup  revendent  sous  leur 
nom  des  produits  confectionnés  à  leur  intention  par  de 
grandes  usines.  D'une  façon  générale,  l'industrie  fait  vivre 
plus  de  20.000  personnes,  en  y  comprenant  celles  em- 
ployées par  les  industries  annexes.  Dans  les  usines,  le 
personnel  se  compose  surtout  de  femmes,  payées,  soit  à  la 
journée  (2  fr.  75),  soit  aux  pièces.  Le  salaire  moyen  des 
hommes  est  de  4  fr.  aO.  La  fabrication  parisienne  a  ses 
usines  dans  la  banlieue,  surtout  en  raison  des  droits  d'oc- 
troi ;  les  maisons  de  vente  seules  sont  à  Paris.  Ce  sont, 
du  reste,  les  grandes  marques  parisiennes  (Gellé,  Guer- 
lain, Legrand,  Lubin,  Pinaud,  Piver,  Uoger-Gallet. 
Violet,  e'c.)  qui  continuent  à  fournir  de  parfumerie  fine 
le  mordî  entier.  D'importantes  usines  se  sont,  il  est  vrai, 
créées  dins  les  autres  pays,  particulièrement  dans  ceux 
que  nous  avons  plus  haut  mentionnés,  mais,  outre  qu'elles 
sont,  en  grande  partie,  tributaires  de  la  France  pour  les 
matières  premières  autres  que  les  essences  artificielles, 
leurs  produits  sont  en  général  ordinaires  et  ne  s'adressent 
guère  qu'à  la  consommation  indigène.  Ils  sont  peu  exportés. 

En  défmitive,  la  parfumerie  est  l'une  des  rares  indus- 
tries qui  soit  demeurée  essentiellement  française.  Le.> 
importations  sont  à  peu  près  nulles  (500.000  fr.  à  peine 
chaque  année).  Le  chiffre  des  exportations  est,  au  con- 
traire, très  élevé,  quoique  plutôt  stationnaïj'e.  ]^]n  1897,, 
8i7.053  kibgr.  de  savons  parfumés,  1.012.122  litres  de 
parfumeries  alcooliques,  963.823  kilogr.  de  parfumeries 
non  alcooliques,  évalués,  au  total,  par  la  statistique  des 
douanes,  à  12  millions  de  fr.,  mais  représentant  une  valeur 
réelle  à  peu  près  triple,  ont  été  expédiés  par  nos  fabri- 
cants sur  les  places  étrangères,  principalement  en  Angle- 
terre, en  Belgique,  aux  Etats-Unis.  C'est,  du  reste,  après 
la  France,  en  Angleterre  et  aux  Etats-Unis  qu'il  se  con- 
somme le  plus  de  parfumerie.  L'Espagne,  la  République 
Argentine,  le  Brésil,  FAllcmagne,  FAutricbe,  la  Hongrie 
ont  ensuite  les  plus  grands  marchés. 

L'industrie  de  la  parfumerie  (matières  premières  et 
produits  confectionnés)  est  représentée,  en  France,  par  le 
Syndicat  de  la  Parfumerie  française,  13,  rue  d'En- 
ghien,  cà  Paris.  Il  existe,  en  outre,  une  Société  de  secoui  s 
mutuels  de  la  Parfumerie  et  de  la  Savonnerie  fran- 
çaises, approuvée  par  arrêté  du  23  déc.  1890. 

J3iBL.  :  Statuts  des  go.i}ticrs  et  parfumeurs  de  mars  lOJG 
et  déclarations  subséquentes  jus(iu  a  faiinée  JlOO  ;  Pa'is. 
1718  {onvrâ'^Q  réimprimé  en  171t)  avec  lettres  patentes  de 
Henri  V,  roi  de  France  et  d'Angleterre,  du  20  juil.  1 126).  — 
A.  Fra:<'klin,  les  Corporations  ouvrières  -.gantiers  et  par- 
fumeurs; Paris,  1884.— D.-A.-B.  Lu  m-l,  Guide  pratique  de 
parfumerie;  Paris.  1884  —  W.  A.skinsox,  (hiide  duparfn- 
oieur;  Paris,  i«87.  —  L.  L'Hotk,  Exposition  iiniverselle 
de  1880.  Rapports  du  Jury  int-jrnational.  Parfumerie 
Celasse  28)  ;  Paris,  1890.  —  S.  Piepse,  Chimie  des  parfuma 
et  fabrication  des  savons,  odeurs.,  etc.  ;  Paris,  1890.  —  Du 
même,  Histoire  des  pa,rfams  et  hygiène  de  la  toilette  ;  Pa- 
ris, 1890.  —  Deite.  Ilandbuch  der  Parfumerie  ;  Berlin. 
1891.  —  HiRZEL,  Toilettcnchemic ;  Lei|)zig,  1892  (4«  éd.).  — 
J.-P.  Di  lis  ELLE,  Fabrication  des  essences  et  des  parfums: 
Paris,  189:).  —  U.  de  Leseina^^se,  ^'8  ?Jéii.crs  de  Paris; 
Paris,  1897  (t.  IIÎ,  ])p.  Gll-615).  —  .1  lioi:cHÉ,  VFAat  actunl 
de  Vindustrie  de  la  Parfumerie  en  France,  dans  Revu" 
génér.  des  sciences,  1897,  pp.  B'iO,  G2t  et  65H.  —  Ciiatiadot 
et  PiLLET,  Vindustrie  des  huiles  essentielles,  dans  Reviuj 
génér.  de  chimie  pure  et  a.ppliquée.  1899,  pp.  58, 111  et  157 
'—  Dupont  et  Charadot,  Agenda  du  chimiste  (annuel). 

PARFUMEUR  (T.  de  métier)  (V.  Gant  etPARFUMERu:). 

PARGA.  Yiîle  maritime  de  Turquie,  vilayet  de  Janina 
(Epire),  sur  l'Adriatique,  en  face  l'Ile  de  Paxos  ;  5. 000 ha b. 
Beaux  vergers.  Citadelle.  I"]lle  a  succédé  à  Fantique  ciié 
de  Toryne,  qui  occupait  l'emplacement  de  PaLi^oparga,  à 
FO.  de  la  ville  moderne  où  les  habitants  se  réfugièrent 
lors  de  l'invasion  turque.  Ils  y  maintinrent  leur  indépen- 
dance, sous  le  protectorat  vénitien,  à  partir  de  1401.  Ew 
Ï797,  ils  demandèrent  une  garnison  française,  puis,  afin 
de  résister  à  Ali  Pacha,  sollicitèrent  leur  incorporatioi! 
h  la  république  des  îles  Ioniennes.  Ees  Anglais  occupèrent 
Parga,puis  la  livrèrent  à  Ali  Pacha  (1811)).  Les  habitants 
émigrèrent  alors  dans  les  Iles  Ioniennes. 


PARGNÂN.  Corn,  du  dép.  de  IWlsne,  arr.  do  Laon, 
cant.  de  Craonne  ;  179  hab. 

PARGNY.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr.  de  Reims, 
cant.  de  Ville-en-Tardenois  ;  283  hab. 

PARGNY.  Com.  du  dép.  de  la  Somme,  arr.  de  Pcronue, 
cant.  de  Xesle  ;  238  hab. 

PARGNY-FiLAiN.  Com.  du  dép.  de  F  Aisne,  arr.  do 
Soissons,  cant.  de  Vailly;  24i  hab. 

PARGNY-ia-Dhlys.  Com.  dn  dép.  de  FAisne,  arr.  de 
Château-Thierry,  cant.  de  Condé-en-Brie  ;  315  bob. 

PARGNY-les-Bois.  Com.  du  dép.  de  FAisne,  arc.  de 
Laon,  cant.  de  Ci'écy-sur-Sei-re  ;  20()  hab. 

PARGNY-Ressox.  Com.  du  dép.  des  Ardennes,  arr.  H 
cant.  de  Rethel  ;  222  hab. 

PARGNY-sous-Mcreau.  Com.  du  dép.  des  Vosges,  an'. 
et  cant.  de  Neufchàteau  ;  321  hab. 

PARGNY-sltr-Saulx.  Com.  du  dép.  de  la  Marne,  arr. 
de  Vitry-le-François,  cant.  de  Thiéblemont,  sur  la  r.  g. 
de  la  Saulx,  à  la  lisière  de  la  foret  de  Trois-Fontaines  ; 
681  hab.  Stat.  du  cliem.  de  fer  de  Paris-Nancy,  port  sur 
le  canal  de  la  Marne  au  Rhin.  Moulins  ;  argilières  qui 
alimentent  d'importantes  tuileries  dans  les  environs. 

PÂRGUES.  Com.  du  dép.  de  FAnb%  arr.  de  Ikr-snr- 
Seine,  cant.  de  Chaource  ;  366  hab. 

PARHÉLIE  (xAsIr.)  (V.  Huo). 

PARL  1.  Logique.  —  «  La  pierre  de  louche  ordinaire,  dit 
Kant  (Crilique  de  la  raison  pnre,  Mélhodologie  irans- 
cendanlale,  ch.  n,  sect.  III,  trad.  Tissot,  X.  II,  p.  408), 
pour  savoir  si  ceqiFaffirme  qnsdquunest  simplement  une 
persuasion  ou  une  foi  ferme,  c'est  le  pari.  Souvent  il 
arrive  que  quebprun  alllnne  ce  qu'il  dit,  d'un  ton  si 
confiant  et  si  imperturbable  qii"il  semble  avoir  déposé  toute 
crahite  d'erreur.  Fn  pari  cependant  l'ombarrasse.  Quel- 
(juefois,  à  la  vérité,  il  montre  assez  de  persuasion  pour 
qu'on  puisse  l'estimer  1  ducat,  mais  non  pas  10.  Car  il 
en  mettra  bien  un  en  jeu,  mais  s'il  s'agit  iVm  mettre  dix, 
il  remarquera  à  la  tbi  ce  qu'il  n'avait  pas  remarqué 
d'abord,  savoir  (fu'il  est  cependant  possi])le  qu'il  ait  tort. 
Si  l'on  s'imaginait  qu'il  s'agit  de  parier  le  i)onbenr  de 
toute  une  vie^  alors  notre  suinsance  diminuerait  très  sen- 
siblement ;  alors  on  serait  rempli  de  crainte,  et  l'on  trou- 
verait enfin  que  notre  foi  ne  va  pas  si  loin  ».  On  voit 
comment  la  question  des  pnris  peut  avoir  une  signiiication 
et  un  intérêt  plnlosopbiquos.  Il  semble  que  ce  soit  Pascal 
qui  Fait  pour  la  pnnnièrc  fois  envisagée  à  ce  point  de 
vue.  On  sait,  en  effet,  qu'il  s'est  un  des  premiers  occupé 
du  calcul  des  probabilités  et  que  le  point  de  départ  de  ses 
réflexions  sur  ce  sujet  a  été  dans  les  jeux  de  hasard  aux- 
quels il  s'était  momentanément  intéressé.  Il  crut  avoir 
trouvé  une  règle  qu'il  appela  la  règle  des  partis  pour 
calculer  avec  exactitnde  ce  qui  devrait  revenir  à  chacun 
des  joueurs,  si  on  interrompait  la  partie  et  si  on  répar- 
tissait  entre  eux  l'en/u  total  en  tenant  compte  des  chances 
de  gain  que  chacun  d'eux  pourrait  avoir  à  ce  moroent 
même.  Ainsi,  dans  Fart.  5,  §  9  bis,  des  Pensées,  il  est 
question  de  l'usage  du  triangle  arithmétique  pour  déter- 
miner les  partis  (au  sens  de  parts)  ([non  doit  faire  entre 
deux  joueurs  qui  jouent  en  plusieui's  parties.  —  Mais  ce 
qui  n'était  d'abord  chez  lui  qu'une  invention  ou  une  spé- 
culation de  mathématicien  est  devenu  finalement  un  moyen 
de  résoudre  la  plus  haute  et  la  plus  difficile  des  questions 
morales,  celle  de  la  destinée  humaine.  Comme  le  dit  Ilavet, 
dans  son  Commentaire  des  Pensées,  «  parce  qu'en 
essayant  de  déterminer  quelques  chances  du  jeu,  Pascal 
avait  créé  une  science  nouvelle,  celle  des  hasards,  ou, 
comme  nous  disons  aujourd'hui,  des  probabilités,  le  vodà 
maintenant  qui  prétend  résoudre  par  cette  invention  le 
mystère  de  sa  destinée.  L'homme  est  pour  lui  un  joueur 
qui  joue  sur  une  carte  inconnue,  laquelle  porte  avec  elle 
ou  le  ciel  ou  l'enfer  ou  le  néant,  et  Pascal  sait  s'il  faut 
demander  rouge  ou  noire  ».  Voici,  avec  quelques  retran- 
chements, le  passage  des  Pensées,  oh  se  trouve  exposé 


1053  — 


PARI  —  PAR[EÏAIRE 


ce  qu'on  appelle  d'ordinaire  le  pari  de  Pascal  :  «  Exami- 
nons donc  ce  point  :  Dieu  est  ou  il  n'est  pas.  Mais  de  quel 
côté  pencherons-nous  ?  La  raison  n'y  peut  rien  déterminer. 
11  y  a  un  chaos  infini  qui  nous  sépare.  11  se  joue  un  jeu 
à  l'extrémité  de  cette  distance  infinie  où  il  arrivera  croix 
ou  pile...  Ne  blâmez  donc  pas  de  fausseté  ceux  qui  ont 
pris  un  choix,  car  vous  n'en  savez  rien.  —  Non,  mais  je 
les  blâmerai  d'avoir  fait  non  ce  choix,  mais  un  choix..., 
le  juste  est  de  ne  point  parier.  —  Oui,  mais  il  faut 
parier  :  cola  n'est  pas  volontaire,  vous  êtes  embarqué. 
Lequel  prendrez-vous  donc  ?  Voyons  ce  qui  vous  intéresse 
le  moins.  Vous  avez  deux  choses  à  perdre,  le  vrai  et  le 
bien,  et  deux  choses  à  engager,  votre  raison  et  votre 
volonté,  votre  connaissance  et  votre  béatitude;  et  votre 
nature  a  deux  choses  à  fuir,  l'erreur  et  la  misère.  Votre 
raison  n'est  pas  plus  blessée  en  choisissant  l'un  que  l'autre, 
puisqu'il  faut  nécessairement  choisir.  Voilà  un  point  vidé, 
mais  votre  béatitude?  Pesons  le  gain  et  la  perte  en  pre- 
nant croix  que  Dieu  est.  Estimons  ces  deux  cas  :  si  vous 
gagnez,  vous  gagnez  tout;  si  vous  perdez,  vous  ne  perdez 
rien.  Gagez  donc  qu'il  est  sans  hésiter.  »  Ainsi,  la  foi 
religieuse,  la  foi  chrétienne  devient,  dans  ce  raisonne- 
ment, la  conséquence  d'un  pari.  Pascal  prévoit  d'ailleurs 
les  objections  ou  plutôt  les  résistances  de  son  interlocu- 
teur supposé,  car  il  lui  fait  dire  :  «  Oui,  mais  j'ai  les 
mains  liées  et  la  bouche  muette  ;  on  ne  me  relâche  pas  et 
je  suis  fait  d'une  telle  sorte  que  je  ne  puis  croire.  Que 
voulez-vous  donc  que  je  fasse?  »  Et  alors  vient  cette  amère 
réplique  :  «  Il  est  vrai,  mais  apprenez  au  moins  votre 
impuissance  à  croire,  puisque  la  raison  vous  y  porte,  et 
que  néanmoins  vous  ne  le  pouvez.  Vous  voulez  aller  à  la 
foi  et  vous  n'en  savez  pas  le  chemin  ;  vous  voulez  vous 
guérir  de  l'infidélité  et  vous  n'en  savez  pas  le  remède  ; 
apprenez  de  ceux  qui  ont  été  fiés  comme  vous  et  qui 
parient  maintenant  tout  leur  bien,  ce  sont  gens  qui  savent 
ce  chemin  que  vous  voudriez  suivre  et  guéris  d'un  mal 
dont  vous  voudriez  guérir.  Suivez  la  manière  dont  ils  ont 
commencé  ;  c'est  en  faisant  tout  comme  s'ils  croyaient, 
en  prenant  de  l'eau  bénite,  en  faisant  dire  des  messes,  etc.; 
naturellement  même  cela  vous  fera  croire  et  vous  abêtira. 
—  Mais  c'est  ce  que  je  crains.  —  Et  pourquoi?  Qu'avez- 
vous  à  perdre  ?  »  Bayle  a  rappelé  à  ce  propos  un  passage 
de  Lactance  où  l'auteur  chrétien  affirme  que  «  le  parti  le 
plus  raisonnable  entre  deux  opinions  douteuses  et  dans 
l'attente  d'un  événement  incertain,  c'est  d'adopter  celle 
qui  nous  donne  des  espérances  plutôt  que  celle  qui  n'en 
donne  pas  »,  et  il  en  conclut  qu'il  faut  croire  aux  pro- 
messes de  la  religion  chrétienne  bien  (ju'il  n'y  ait  pas  de 
preuve  possible  de  leur  vérité.  Il  aurait  pu  aussi  rappeler 
le  xocAo;  x''v8uvo;  de  Platon  au  sujet  de  l'immortahté  de 
l'àme.  Mais  c'est  surtout  de  notre  temps  que  l'on  a  repris 
l'argument  du  pari,  sinoji  sous  la  forme  que  Pascal  lui 
avait  donnée,  du  uioias  dans  son  fond  essentiel,  et  on  Fa 
fait  servir  à  démontrer  (si  toutefois  on  peut  employer  ce 
mot  en  telle  circonstance)  non  plus  une  religion  positive, 
mais  certaines  théories  métaphysiques  ou  morales,  telles 
que  la  liberté,  l'existence  de  Dieu,  la  réalité  du  devoir, 
la  vie  future,  etc.  M.  Renouvier,  M.  William  James  et 
d'autres  encore  ont  vu  là  toute  une  méthode  nouvelle,  la 
méthode  morale,  seule  capable  de  mettre  un  terme  aux 
énervantes  oscillations  du  scepticisme.  — Ainsi  la  question 
du  pari  intéresse  non  seulement  la  logique,  mais  encore 
la  métaphysique  et  la  morale.  Peut-être  serait-elle  aussi 
susceptible  d'intéresser  la  psychologie;  on  remarque,  en 
effet,  chez  certains  individus,  peut-être  même  chez  cer- 
taines races,  une  extrême  propension  naturelle  à  faire  des 
paris,  et  il  y  aurait  sans  doute  lieu  d'en  rechercher  la 
nature  et  l'origine.  On  la  verrait,  croyons-nous,  se  ré- 
soudre dans  ces  deux  éléments  principaux  :  amour  du 
risque  ou  du  danger,  amour  de  la  contradiction  et  de  la 
lutte.  E.  BoiRÂC. 

IL  SociOLor.n:  (V.  j!:u,  t.  XXI,  p.  i  18,  et  Couiise.  l.  XÏIL 
pp.  139  et  160). 


iil  Diiou  CIVIL.  —  Le  pari  est  un  contrat  aléatoire 
entre  deux  ou  plusieurs  personnes  qui,  se  trouvant  en  désac- 
cord sur  l'existence  ou  la  possibilité  d'un  événement  ou  d'un 
fait,  s'engagent  mutuellement  à  payer  une  somme  déter- 
minée à  celle  d'entre  elles  dont  la  prévision  aura  été  réalisée. 
La  loi  ne  donne  pas  d'action  pour  la  dette  née  du  pari 
(art.  1905  du  C.  civ.),  ce  n'est  même  pas  une  obhgation  na- 
turelle pouvant  être  l'objet  d'une  novation  ou  d'un  caution- 
nement. Cependant  le  perdant  ne  peut,  dans  aucun  cas,  ré- 
péter ce  qu'il  a  payé  volontairement,  à  moins  qu'il  n'y  ait 
eu  de  la  part  du  gagnant  vol,  supercherie  ou  escroquerie 
(art.  1967  du  C.  civ.).  Le  pari  est  l'objet  de  la  même 
défaveur  que  les  jeux  de  hasard.  Les  ieiixà'adîesse,  au 
contraire,  encouragés  par  le  législateur,  donnent  naissance 
à  une  obligation  civile.  Il  en  est  de  même  du  pari  sur  les 
courses  de  chevaux  quand  il  intervient  entre  propriétaires 
et  éleveurs  ;  mais  cette  faveur  ne  saurait  être  étendue  aux 
témoins  de  la  course.  Le  pari  qui  intervient  entre  eux  est 
assimilable  à  un  jeu  de  hasard  au  point  de  vue  du  droit  civil, 
sans  préjudice  des  dispositions  de  l'art.  410  du  C.  peu. 
et  de  Fart.  2  de  la  loi  du  2  juin  1891  sur  la  tenue  des 
agences  de  paris  aux  courses.  Boucîion. 

PARIA  (V.  Inde,  t.  XX,  p.  679). 

PARI^.  Presqu'île  sise  au  N.-E.  du  Venezuela  et  sépa- 
j'ant  de  la  mer  des  Antilles  au  N.  le  golfe  de  Paria  au  S. 
Elle  est  formée  par  une  pittoresque  chaîne  de  montagnes 
qui  s'avance  d'O.  en  E.  vers  l'Ile  de  la  Trinité,  en  face  de 
laquelle  elle  projette  le  cap  de  Punta  Panas.  Entre  ce  cap 
et  File,  le  détroit  des  Bocas  de  Dragos  joint  à  la  merdes 
Antilles  le  golfe  de  Paria,  lequel  communique  au  S.  de 
File  avec  l'Océan  par  la  Boca  del  Soldado  ou  Bouche  du 
Serpent. 

PARIAGE  (Ane.  dr.)  (V.  Coseigneur). 

PAR  ICI  NE  (Chim.)  (V.  Béréérine). 

PARIÉTAIRE  (Bot.).  Genre  d'Urticacées-Pariétariées, 
conq}osé  dlierbes  ou  d'arbrisseaux  à  feuilles  alternes, 
triphnerves,  à  fleurs  axillaires  polygames,  propres  aux 
régions  froides  et  tempérées  du  globe.  Dans  les  Heurs  her- 
maphrodites, le  réceptacle  est  convexe  avec  4  sépales  et 
i  étamines  superposées,  à  anthères  biloculaires,  introrses: 
l'ovaire,  supère, 
est  uniloculaire  et 
uniovulé  et  sur- 
monte d'un  style 
grêle,  à  sommet 
en  goupillon,  ca- 
duc; dans  les 
fieurs  femelles,  le 
calice  est  gamo- 
sépale; dans  les 
fleurs  mâles,  il  est 
dialysépale  Le 
fruit  est  un  akène 
droit  ovoïde,  con- 
tenant une  graine 
orthotrope.  L'es- 
pèce type,  jP.  of- 
ficinalis  L.  (P. 
diffusa  M.  K., 
ment  Pariétaire , 


l*ariclaire  (Porictaria  officinaUs  L. 
Rameau  ilorifùrc  et  fruit. 


*.  jiidaica  DC),  appelée  vulgaire- 
Opératoii'e,  Cassepierre,  Epiiiard 
de  muraille,  Espargoule,  Perce-muraille,  etc.,  est 
une  mauvaise  herbe  vivaco ,  velue ,  commune  sur  les 
vieux  murs,  dans  les  décombres,  le  long  des  haies,  dont 
les  anciens  faisaient  un  grand  usage  comme  dépurative 
et  surtout  diurétique  et  qu'ils  considéraient  comme  une 
panacée  des  chutes  ou  plutôt  de  leurs  effets.  Elle  ren- 
ferme une  forte  proportion  de  nitre,  et,  selon  Blanche, 
plus  de  soufre  qu'aucune  autre  plante  ;  elle  est  dépour- 
vue d'odeur,  mais  a  une  saveur  âpre  et  saline.  La  Pa- 
riétaire est  laxative,  sudorifique  et  diurétique,  et  ses 
propriétés  sont  utilisées  dans  les  phlegmasies,  les  épan- 
chements  séreux,  la  lithiase,  les  catarrhes  des  voies  uri- 
jiaires,  etc.  Le  suc  se  prescrit  à  hi  dose  de  80  à  100  gr., 


PARiÉÏAIRi:  —  PARJNI 


U)U  — 


mais  il  est  préférable  de  se  servir  d'une  iiii'iibioa  à  la  ",  oo- 
Avec  la  plante  triturée,  on  fait  des  cataplasmes  émoliients 
bons  contre  les  brûlures,  les  fissures  à  l'anus,  les  phleg- 
mons, fiu'oncles,  etc.  —  Le  P.  arborea  est  devenu  le  type 
du  genre  Gesmoninia  et  le  P.  Soleirolii  de  Corse,  le 
type  du  genre  îîelxine.  —  La  Pariétaire  d'Espagne 
n'est  autre  que  la  Pyrèthre  (V.  ce  mot).      D^'L.  Un. 

PARIÉTAL.  Os  pariétal.  Os  pair,  quadrilatère,  placé 
sur  les  parties  latérales  du  crâne,  articulé  par  son  bord 
supérieur  avec  son  congénère  avec  lequel  il  forme  la  su- 
turc  interpariétale,  par  son  bord  inférieur  avec  l'écaillé 
<fu  temporal  et  la  grande  aile  du  sphénoïde,  par  son  ])ord 
antérieur  avec  le  frontal  et  par  son  bord  postérieur  avec 
roccipital.  Sa  face  externe  est  bombée  et  fait  saillie  en 
bosse  à  son  centre  [bosse  pariétale)  ;  sa  face  interne  est 
concave  {fosse  pariétale)  et  traversée  par  des  sillons  vas- 
<  ulaires  dont  l'ensemble  a  été  comparé  aux  nervures  d'iîiie 
feuille  de  figuier. 

Trou  pariétal.  Petit  trou  creusé  près  defangle  postéi-o- 
supérieur  de  l'os  pariétal.  Il  donne  passage  à  une  veiiic 
émissaire. 

Fontanelle  pariétale,  ronlanelle  exceptionnelle  qu'on 
a  rencontrée  entre  les  ileux  irons  pariétaux.  Chez  les  qua- 
(h'upèdes,  les  deux  os  pariétaux  sont  soudés  de  bonne 
heure  en  une  pièce  unique  for/nant  la  ('ab}lle  du  crâne  qui 
a  la  forme  d'une  carène.  Ch.  Deiîikrr!:. 

PA.RIEU  (Marie-Louis-'Pierre-FélixEsuuu^ou  de),  homme 
politique  et  économiste  français,  né  à  Aurillacle  13  avr. 
1815,  mort  à  Paris  le  9  avr.  189B.  Fils  àa  Jean-llippo- 
lyte  (1791-1876),  qui  le  remplaça  comme  député  bona- 
partiste du  Cantal  de  18o'2  à  18G9,  il  devint  avocat  à 
Riom,  fut  élu  député  à  la  Constituante  de  1818,  oii  il 
vota  avec  la  gauche  modérée;  réélu  à  la  Législative,  il 
fut  ministre  de  l'instruction  publique  du  31  oct.  1819 
au  13  févr.  ISai,  au  moment  oii  fut  votée  la  fameuse 
loi  du  15  mars  1850,  qui  abolit  le  monopole  universitaire 
au  profit  du  clergé.  Rallié  au  parti  clérical  et  bonapartiste, 
il  fut  après  le  Deux  Decem])re  nommé  président  de  la  section 
des  (inances  du  Conseil  d'Etat  et,  de  1855  au  2  janv.  1870, 
vice-président  de  cette  assemblée  ;  dans  le  ministère  01- 
livier,  il  eut  rang  de  ministre  présidant  le  Conseil  d'Etat. 
En  1870,  il  reparut  comme  sénateur  du  Cantal;  mais  ne 
fut  pas  réélu  en  1885  ;  il  avait  voté  avec  le  parti  bona- 
partiste. Les  principaux  ouvrages  de  Parieu  sont  :  Traité 
des  ùnpôls  (18o"2-64,  5  voL  in.8  ;  :2^  éd.,  1860-07, 
4  vol.)  ;  Principes  de  la  science pohiy;ne  (1870  ;  2®  éd., 
1875);  la  Poliliijue  monélaire  en  France  et  en  Aile- 
inaijne  (\^'i'il)  \  Histoire  de  Gustave- Adolphe  (1875, 
in--i8),  11  fut  élu  en  1850  mcnd)re  de  l'Académie  des 
sciences  morales. 

PARI  G I  (Jules),  architecte  et  graveur  florentin,  mort 
en  1035.  Admis  dans  l'intimité  du  grand-duc  de  Toscane, 
Cosmc  n,  il  lui  donna  des  leçons  de  dessin  et  d'architec- 
lure  mihtaire,  et  acquit  bientôt,  comme  professeur,  une 
brillante  renommée  :  sa  maison  était  une  véritable  acadé- 
mie où  l'on  venait  apprendre  de  lui  les  mathémati^iies,  la 
perspective,  l'architecture  et  le  dessin.  Comme  architecte, 
on  lui  doit  plusieurs  beaux  édifices  de  Florence,  la  vilia 
Poggio  impériale,  le  palais  Manetti  et  le  couvent  des 
Augustins.  Habile  graveur,  il  exécuta  à  l'eau-forte,  avec 
un  rare  bonheur,  diverses  planches  qui  furent  très  admi- 
rées, telles  que  la  Vue  de  la  flotte  des  Argonautes  et 
les  cinq  Intermèdes  de  la  comédie  de  la  Flora.  W  s'oc- 
cupa aussi  de  sculpture,  non  sans  succès.  ---  Son  iils, 
Alfonso,  mort  en  1656,  fut,  lui  aussi,  un  architecte  de 
mérite;  il  se  rendit  principalement  célèbre  par  les  travaux 
de  réfection  du  palais  Pitti.  G.  C. 

PARIGNARGUES.  Corn,  du  dép.  du  Gard,  arr.  de 
Ximes,  cant.  de  Saint-Mamert  ;  "251  hab. 

PARîGNÉ.Com.  du  dép.  d' [Ile-et-Vilaine,  arr.  et  cant. 
(N.)  de  Fougères;  1.140  hab. 

PÂRIGNÉ.  Corn,  du  dép.  de  la  Mayenne.  <irr.  et  cant. 
0.)  de  Mayenne  ;  476  hab. 


PÂRIGNÉ-i'Evkqll.  Corn,  du  dep.  du  la  Sarihc,  [ur. 
et  cant.  (3^)  du  Mans  ;  3.213  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer 
du  Mans  à  la  Chartre.  Carrière  de  pierre,  meulière  et  de 
tuffeau.  Source  ferrugineuse.  Four  à  chaux  ;  briqueterie. 
Fabrique  de  toile.  Eghse  romane.  Dans  le  cimetière,  cha- 
pelle sépulcrale  et  lanterne  des  morts  du  xii^  siècle. 

PARIGNÉ-LE-PùUN.  Corn,  du  dép.  de  la  Sartbe,  ai'r. 
du  Mans,  cant.  de  La  Suze  ;  624  hab. 

PARIGNY.  Com.  du  dép.  de  la  Loire,  arr.  de  Roanne, 
cant.  de  Perreux  ;  335  hab. 

PARIGNY.  Com.  du  dép.  de  la  Mancbe,  arr.  de  Moc- 
tain,  cant.  de  Saint-Hilaire-du-Harcouët  ;  1.192  hab. 

PAR!6NY-LA-HosE.  Com.  du  dép.  de  la  Nièvre,  arr. 
de  Clamecy,  cant.  de  Varzy  ;  110  hab. 

PARI GNY-LES- Vaux.  Com.  du  dép.  de  la  Nièvre,  la-i'. 
deNevers,  cant.  dePougues;  1.002  hab.  \ins  rouges  re- 
nommés. Commerce  de  bois.  Eglise  du  xii^  siècle.  Châ- 
teau de  Rizy  du  xviu^  siècle. 

PARIMA  (Sierra).  Ce  nom,ctendujadis  à  tout  le  mas- 
sif montagneux  qui  s'élève  au  S.  de  la  (Uiyane  et  qiie 
contournent  l'Orénoque,  lerio  Negro  et  l'Essequibo,  a  été 
hmité  aux  montagnes  du  S.-O.  de  ce  massif  riveraines 
du  cours  supérieur  de  l'Orénoque  :  Sierra  Maragnaca 
(2.508m.),Duida(2.475m.),  Massichi  (2.258  m.);  elles 
se  prolongent  au  N.-E.  par  la  sierra  de  Pacaraima  à  l'extré- 
mité orientale  duquel  culmine  le  Roraima  (2.600  m.).  Les 
sierras  Parimas  et  Pacaraima,  qui  séparent  le  Venezuela 
du  Rrésil,  occupent  remplacement  du  fabuleux  Eldorado. 

PARINARI  (ParinariXiibl.).  Genre  de  Rosacées-Chry- 
sobalanées,  composé  d'une  trentaine  d'arbres  des  pays 
tropicaux  de  l'Afrique,  de  l'Amérique  et  de  l'Australie,  à 
feuilles  alternes,  persistantes,  à  ileurs  gi'oupées  en  cymes 
composées  et  pourvues  de  bractées.  Les  ileurs  sont  hermn- 
phrodites,  irrégulières,  à  réceptacle  concave,  dont  les  bords 
portent  4-5  sépales  et  10  étamines  ou  des  étamines  en 
nombre  indéfini.  L'ovaire,  uniloculaire  et  biovulé,  est  par- 
tagé en  2  logettes  par  une  fausse  cloison  centripète.  Le 
fruit  est  une  drupe,  les  graines  sont  exalbuminées  et  l'em- 
bryon est  charnu.— Les  fruits  du  P.  montana  Aubl. .  du  P. 
campestris  Aubl.,  de  la  Guyane,  et  du  P.  excelsa  Sab.  (les 
Roiigh-skinned  on  Gray  Pliims  des  Anglais)  sont  comes- 
tibles, et  en  même  temps,  plus  ou  moins  laxatifs.  Au  Séné- 
gal, on  extrait  de  l'embryon  du  P.  Senegalensis  Pcrr. 
une  huile,  exceUente  à  l'état  frais,  mais  qui  a  l'inconvé- 
nient de  vite  rancir.  D^'  L.  Hx. 

PARINi  (Giuseppe),  poète  italien,  ne  à  Bosisio,  près  du 
lac  de  COme,  le  23  mai  1729,  mort  à  Milan  le  15  aoiU 
1799.  Destiné  à  l'état  ecclésiastique,  il  fut,  à  l'âge  de 
douze  a  as,  placé  dans  un  séminaire  dirigé  par  les  barna- 
bites.  Sa  jeunesse  fut  pénible  ;  il  dut,  pour  vivre,  donner 
des  leçons  et  même  copier  des  actes  notariés.  S'étant  fait 
connaître  par  quelques  vers,  il  fut  introduit  par  Passeroni 
dans  l'Académie  des  Trasformati,o\ii\ml  pour  collègues 
Verri  et  Beccaria.  Ordonné  prèti-e  en  1754,  il  exerça  les 
fonciions  de  précepteur  dans  plusieurs  familles  nobles  de 
Milan,  notamment  chez  les  Borromeo,  Serbelloni,  Imbonati 
et  d'Adda.  Ya\  1769,  ri'niversité  de  Parme,  réorganisée 
par  du  Tillot,  chercha  à  l'attirer  dans  son  sein;  mais  il 
fut  retenu  à  Milan  par  la  protection  du  ministre  Firmian, 
qui  lui  oifrit  de  collaborer  à  la  Gazette  (olf  cielie)  de  Milan. 
Il  ne  conserva  que  peu  de  temps  ces  fonctions;  vers  1770, 
Firmian  le  fit  uommer  professeur  d'éloquence  aux  écoles 
j)alatincs  dirigées  par  les  jésuites;  puis,  l'ordre  ayant  été 
suppj'imé,  on  lui  conha  (1773)  la  chaire  d'éloquence  et  des 
beaux-arts  à  l'Académie  do  Brera.  Lors  de  la  création  de 
la  Répuldique  Cisalpine  (1797),  il  lit  parlie  de  la  com- 
mission municipale  présidée  parle  général  Despiuoy;  mais, 
froissé  par  les  allures  arrogantes  de  celui-ci,  il  ne  tarda 
pas  à  se  démettre  de  ses  fonctions.  La  restauration  autri- 
chienne lavr.  1799)  allait  peut-être  le  priver  de  sa  chaire 
quand  il  mourut. 

L'œuvre  capitale  de  Parini  est  le  ponne  du  Jour  {il 
Giorno),  divisé  en  quatre  parties  publiées  séporément. 


105: 


PARINl  —  PARIS 


L'auteur  s"y  représente  coiumc  le  précepteur  d'un  jeiuie 
aoble  milanais,  auquel  il  enseigne  l'art  de  vivre  selon  la 
mode.  Cette  fiction,  heureusement  vite  perdue  de  vue,  est 
assez  peu  réussie,  car  ce  personnage  apparaît  moins  comme 
conseiller  que  comme  spectateur;  le  poème  consiste,  en 
somme,  en  une  série  de  tableaux  où  sont  représentés,  avec 
un  sérieux  atfecté,  les  principaux  moments  de  la  vie  oisive 
et  frivole,  qui  était  alors  celle  de  l'aristocratie  italienne, 
le  lever,  la  toilette,  le  diner,  la  promenade  au  Corso,  la 
soirée.  La  monotonie  de  cette  description  est  atténuée  par 
l'introduction  d'épisodes  spirituellement  traités  :  l'inven- 
tion du  tric-trac  et  de  la  poudre  de  riz,  l'allégorie  de  l'Hy- 
men et  de  l'Amour,  la  grandeur  et  la  décadence  du  canapé, 
kl  Chienne  battue,  etc.  Par  le  contraste  entre  la  frivolité 
du  sujet  et  l'élévation  du  style,  le  /oiir  rappelle  le  Lutrin 
ou  la  Boucle  de  cheveux  enlevée;  par  l'àpreté  de  l'ironie, 
il  serait  plus  comparable,  au  moins  en  certains  passages, 
aux  pamphlets  de  Swift  et  de  Voltaire.  Les  critiques  ita- 
liens y  louent  la  parfaite  élégimce  du  style,  une  absolue 
luaîtrise  de  la  langue  et  de  la  versification,  insulïisaiite 
parfois  à  tempérer  la  fatigue  qui  naît  de  la  monotonie  du 
sujet  et  de  l'emploi  trop  constant  de  l'ironie;  néanmoins, 
quelle  que  soit  la  valeur  littéraire  de  l'œuvre,  celle-ci  a 
surtout  une  importance  capitale  dans  l'histoire  morale  et 
sociale  de  l'Italie.  De  Sanctis(lYwoi'Z  saggi  crUici,i^.  202), 
qui  l'appelle  «  le  premier  homme  de  l'ItaHe  nouvelle*», 
Guerzoni,  qui  fait  de  lui  le  principal  moteur  du  ter.zo 
rinascimento,  vont  peut-être  un  peu  loin;  il  faut  recon- 
naître toutefois  que  Parini  a  été  l'un  des  premiers  à  pro- 
tester contre  l'abaissement  moral  de  l'Italie  d'alors  et  à 
essayer  de  l'en  relever  :  ce  ne  sont  pas  seulement,  en  eflet, 
les  travers  des  Sigisbées  et  des  petits-maîtres  qu'il  ridi- 
culise, c'est  toute  la  frivolité,  le  vide,  la  corruption  de  la 
vie  aristocratique  qu'il  met  à  nu  ;  il  y  a  même  çà  et  là, 
comme  dans  l'épisode  de  la  Veryine  cuccia  ^nr  exemple, 
des  accents  amers  que  Beaumarchais  n'eût  pas  désavoués. 
—  Parmi  les  autres  œuvres  en  vers  de  Parini  {Canwnelle, 
cantates,  pastorales,  etc.),  les  Odes  sont  seules  dignes 
d'être  mentionnées  :  elles  traduisent,  avec  moins  de  verve 
mais  plus  d'élévation,  les  mômes  préoccupations  que  le 
Giorno  ;  elles  nous  montrent  en  Parini  un  poète  honnête 
homme  qui  fait  de  la  prédication  de  la  morale  civique  le 
but  suprême  de  son  art.  Ces  Odes,  savamment  construites, 
fortement  et  élégamment  écrites,  sentent  parfois  un  peu 
l'effoit;  Parini  ne  s'y  montre  point,  comme  on  l'a  sou- 
tenu, un  précurseur  des  romantiques,  dont  il  n'a  ni  la 
poignante  mélancolie,  ni  les  grands  coups  d'ade  ;  il  marque 
[)lutût  un  retour  aux  traditions  classiques,  à  l'imitation 
d'Horace,  de  Pétranjue  et  des  grands  modèles  du  f^wa/^/'O- 
ceiito,  trop  négligés  par  les  Arcadiens  et  les  disciples  de 
FrugonL— Parini  a  laissé,  en  outre,  d'assez  longs  ouvrages 
en  prose  qui  n'ajoutent  rien  à  sa  globe  :  ce  sont  des  Elo:jes 
académiques,  un  Dialogue  sur  la  noblesse,  qui  est  comme 
l'exposition  théorique  des  idées  dont  le  Giorno  est  la  mise 
en  a'uvre  dramatique,  et  un  traité,  Dei  principii  délie 
belle  Leltere,  où  on  est  étonné  devoir  sous  la  plume  d'un 
si  grand  puète  des  idées  si  surannées  et  si  banales.  — 
Parini,  qui  avait  publié  isolément  les  deux  premières  par- 
ties de  son  poème  {il  Matlino,  Milan,  1763  ;  il  Mezzo- 
giorno,  ibid.,  4765),  refusa  de  pubber  lui-môme  les  deux 
dernières,  auxquelles  les  événements  politiques  avaient 
enlevé  toute  actuahté  ;  elles  parurent  après  sa  mort  dans 
l'édition  complète  de  ses  œuvres,  donnée  par  Reina  (Milan, 
1801-6,  6  vol.  in-8).  Depuis,  les  éditions  du  Giorno  et 
des  Odes  ont  été  nombreuses  ;  il  faut  citer  notamment  celles 
de  Bramieri  (Parme,  1805),  de  Colonnetti  (Mdan,Classici, 
1841),  de  Cantù  (V.  Bicl.);  de  Giusti  (Florence,  1856); 
de  Salveragiio  (Bologne,  1881),  de  Finzi  (Turin,  188i), 
doBorgognoni  (Vérone,  i  892),  de  Valmaggi  (Turin,  1897)  ; 
mais  il  faut  accorder  une  mention  spéciale  à  l'édition  ré- 
cente, la  seule  vraiment  critique,  de  G.  Mazzoni  (Florence, 
1"897).  A.  Jeanroy. 

BiBL.  :  Rkina,  Vitv.^^  dans  l'édition  citée  plus  haut.    — 


C'Ar^TU,  iAbiiic  Puniil  e  la  Lo rahardia  îicl  secolo  pnssato 
(avec  édition  du  Giorno;  Milan,  lb5t).  —  De  Saxcti?^, 
G.  Parini,  dans  Nuovi  saggi  crltici  ;  Napîes,  1870.  ~  G. 
Guerzoni,  Il  terzo  rinascimento  ;  Palermo,  1874,  et  Padoue, 
1876.  —  R.  Dumas,  Pariai,  sa  vie,  ses  œuvres,  son  temps  ; 
Paris,  1878.  ~  D.  Gnoli,  Questioni  pariniane,  dans  Studi 
letterari  ;  Bologne,  1882.  —  Agîs'elli,  Precursori  ed  imi- 
tatori  del  Giorno  ;  Bologne,  1888,  —  G.  Carducci,  Storia 
del  Giorno  ;  Bologne,  1872.  ~  Del  Lungo,  Parini,  dans 
Pagine  leiierarie  ;  Florence,  1893.  —  Butti,  Sludi  Pari- 
niànl;  Turin,  1895.  —  E.  Bertana,  Il  Parini,  trai  poeti 
giocosi  del  settecento,  dans  Giornale  Storico^  Supplc- 
mento  1, 1898. 

PARIS  (Lutetia,  Parisii,  Parisius).  I.  Données  géo- 
graphiques. —  Capitale  de  la  France  et  ch.-l.  dudép.  de 
la  Seine.  11  est  situé  par  48"^  50'  49"  N.  de  lat.  et  0'^  de 
long,  (ou  2*^  20'  lo"  E.  du  méridien  de  Greenwich),  sur  les 
deux  rives  de  la  Seine,  à  372  kil.  en  amont  de  son  embou- 
chure, et  son  ait.  varie  entre  23  m.  (au  niveau  delà  Seine, 
pris  au  Point-du-Jour)  et  129  m.  (à  la  hutte  Montmar(re). 
Après  la  hutte  Montmartre,  les  principales  hauteurs  de  la 
^ille  sont:  auN.,  celles  de  Charonne  et  Ménilmontant  (Père- 
Lachaise),deBelleville  et  la  ViUetle  (parc  des  Buttes-Uiaii- 
mont,  101  m.)  et  de  Passy  (Trocadéro)  ;  au  S.,  celles  de 
ia  montagne  Sainte-Geneviève  (Panthéon»,  de  la  Maison- 
Blanche  (butte  aux  Cailles)  et  de  Montsouris;  on  y  remarque 
comme  dépressions  les  plaines  de  Vaugirard  et  de  Grenelle 
dans  la  partie  méridionale.  Au  point  de  vue  de  la  conslitu- 
lion  géologique  du  sol,  il  est  à  noter  tout  d'abord  qu'une 
grande  partie  de  la  ville,  soit  une  zone  de  2  kil.  et  demi 
à  3  kd.  occupant  les  deux  rives  du  fleuve,  a  été  bâtie  sur 
unsold'alluvions  modernes,  de  sables  et  graviers  anciens. 
Dans  cette  zone,  les  terrains  tertiaires  pén'trent  au  S. 
comme  au  N.  ;  le  calcaire  grossier  moyen  et  inférieur  cons- 
titue l'étage  principal  de  tout  le  terrain  tertiaire  parisien. 
Il  faut  signaler  ensuite  le  calcaire  grossier  supérieur  (no- 
tamment à  Vaugirard),  l'argile  plastique  (à  Vaugirard  éga- 
lement, à  Passy  et  Auteuil),  le  travertin  de  Saint-Ouen, 
les  sables  de  Fontainebleau  (dout  est  formée  la  hutte 
Montmartre),  les  sables  et  grès  de  Beauchamp  et  le  gypse 
et  ses  marnes  (au  N.);  les  collines  qui  s'él  v.jnt  au-dessus 
de  la  ville  renferment  le  meilleur  plâtre  connu,  et  la  fa- 
cilité avec  laquelle  les  carri  l'es  ])arisiennes  ont  pu  cîre 
exploitées  a  été  uiie  des  grandes  causes  de  la  magniiiceiic-' 
architecturale  de  Paris. 

Climatologie.  —  Paris  se  trouve  placé  i\  la  limit(-  de 
deux  climats,  le  climat  continental  avec  pression  élevée  «mi 
hiver  et  basse  en  été  et  le  chmat  maii/i  où  les  conditionN 
sont  inverses  ;  le  premier  régime  prédomine  à  Pa?'is  'Mt 
hiver,  le  second  en  été.  Depuis  près  d  un  srde  d"obser\  .i- 
tions,  lapins  haute  température  a  été  de  -+-  38*^,  4,  le  9  juif. 
1874,  et  la  plus  basse  de  — 23^9,  le  10  déc.  1879,  ce  qui 
il onne  un  écart  de  Gîl'^ ,  3 .  Mais  la  tempéralure  nio}  enne  est  de 
10^,7.  Les  congélations  importonlos  de  la  Seine  ne  sont  pas 
rares  et  l'on  en  peut  compter  vingt  environ  en  un  siècle  ; 
avec  celui  de  1879-80,  au  cours  duquel  la  Seine  fut  pri^e 
pendant  vingt-cinq  jours,  l'hiver  de  1890-91  aétéparticuliè- 
rement  remarquable,  puisque  dans  le  voisinage  de  la  ville 
la  gelée  a  pénétré  dans  le  sol  jusqu'à  1  m.  de  profondeur  ; 
en  lS9o,  pour  la  première  fois,  un  embâcle  s'est  produi! 
sur  la  Seine  à  la  fm  de  l'hiver,  du  10  au  24  févr.  A  Paris, 
on  constate  l'existence  de  brouillards  pendant  1/6^  du 
temps  des  mois  d'hiver,  les  gelées  blanches  s'observent  dès 
septembre  et  jusqu'en  juin,  la  neige  est  surtout  fréquente 
en  janvier  et  les  orages  intenses  en  juin  principalemenl. 
Des  brumes  flottantes  recouvrent  assez  souvent  Paris  d'un 
voile  ayant  de  400  à  600  m.  d'épaisseur  ;  la  banlieue 
N.-E.  étant  occupée  par  de  très  nombreuses  usines, 
lorsque  soufflent  les  vents  N.-E.,  la  majeure  partie  de 
la  ville  est  chargée  de  brumes  épaisses  ;  mais  on  compte 
chaque  année  une  centaine  de  jours  durant  lesquels  latmos- 
phère  est  très  claire.  La  moyenne  bai'ométrique  est  de 
755  miUim.  ;  les  extrêmes  se  sont  produits  en  1821  : 
7l3mm20(ie  24  déc.)  et  780^^90  (le  6  févr.). Pour  la  pluie, 
la  moyenne  de  la  hauteur  annuelle  est  de  565  miUim. 
au  point  de  xiic^  pluviométri  jue,  Tannée  se  divise  en  deux 


>ARIS 


—  lOoG 


piM'iodes  :  Tune,  de  décembre  a  uvi-il,  daiiN  Liqueiie  lu  quan- 
tité de  pluie  est  plus  petite  que  la  proportion  régulière  ;  T  au- 
tre, de  mai  à  novembre,  où  c'est  l'inverse;  il  pleut  près  de  deux 
cents  jours  par  an.  Les  observations  météorologiques  sont  re- 
cueillies par  l'Observatoire  de  Paris  et  par  ceux  de  Montsou- 
l'is ,  de  la  tour  Eiffel ,  de  la  tour  Saint- Jacques  et  du  parc  Saint- 
Maur  ;  et  elles  sont  consignées  dans  les  Annuaues  de  la  So- 
ci ('té  météorologique  de  Franr^  (jusqu'en  1880),  puis  dans 
les  Annales  du  Bureau  central  me  le  orologique  et  les 
Annuaires  de  Montsouris.  De  son  côté,  le  service  liydromé- 
jrique  du  bassin  de  la  Seine  publie  annuellement  ses  observa- 
tions. Depuis  un  siècle,  la  plus  forte  crue  de  la  Seine  a  été  celle 
de  Tannée  1807  (le  3  mars)  :  G'", 70  au  pont  de  la  Tour- 
nelle  et,  par  contre,  les  eaux  sont  descendues,  le  7  sept. 
1Sj8,  à  0"\80  au-dessous  du  zéro  du  pont  d'Austerlitz. 


En  résumé,  le  climat  parisien  est  fort  agréable  et,  malgré 
sa  variabilité,  il  est  très  sain. 

SuPEUFiciE.  —  Elle  est  de  7.802  Iiect.  bien  moins  t-dji- 
sidérable  que  celle  de  Londres  (comté)  dont  elle  n'est  que 
le  quart  environ.  Son  périmètre  a  36  kil.  ;  la  longueur 
est  d'environ  12  kil.  (de  l'E.  à  TO.)  et  la  largeur  (du  N. 
au  S.)  d'environ  9  kil. 

II.  Histoire  politique  et  générale.  —  Des  origines 
au  v^  siècle.  La  première  mention  qu'on  trouve  de  Paris 
est  dans  les  Commentaires  {[q  César  qui  le  désigne  sous  le 
nom  de  Luletia.  Lutèce  était  lacivitas  des  Parisii,  dont  le 
territoire  dépassait  un  peu  les  limites  du  dép.  actuel  de  la 
Seine,  etl'ile,  dite  maintenant  de  la  Cité,  ou  elle  existait, 
était  alors  plus  petite,  des  îlots  voisins  n'y  ayant  pas  encore 
été  rattachés.  A  l'arrivée  de  César,  les  Parisiens  ctaient 


Phâi  indiquant  les  agrandissements  de  Paris:  1,  enceinte  de  Pbilippe-Augiiste  (1190);  2,  enceinte  de  Chai  les  ^' 
(1370  environ)  ;  3,  enceinte  bastionnée  des  xvi®-xvip  siècles  ;  4,  mur  d'enceinte  de  la  fm  du  xyiii"  siècle  ; 
5,  enceinte  fortifiée  du  milieu  du  xix**  siècle. 


depuis  peu  devenus  absolument  ijidepejidants  des  Sérions. 
César,  en  33  av.  J.-C,  réunit  dans  Lutèce  la  première 
assemblée  générale  des  Gaules.  Lors  du  soulèvement  de 
l'an  52,  ce  fut  dans  la  bataille  livrée  près  de  cette  ville 
que  périt  le  chef  gaulois  Camulogène.  On  sait  mal  quel 
fut  le  régime  munici])al  de  Lutèce  sous  la  domination 
remanie  ;  c'est  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine  que  les  fau- 
boiu^gs  se  développèrent  d'abord.  Le  plus  ancien  monu- 
ment de  Paris,  les  arènes  (Y.  Arène,  %.  1),  dont  on  a 
retrouvé  les  restes  rueMonge,  date  du  i^^'ou  du  ii®  siècle. 
A  la  fm  du  iii^  siècle,  Constance  Chlore  se  fit  construire 
dans  CCS  faubourgs  un  palais  qui  fut  son  séjour  de  prédi- 
lection :  le  palais  dit  des  Thermes  (peut-être  à  tort)  que 
l'empereur  Julien  agrandit.  Un  camp  permanent,  entouré 
de  murs  très  épais,  occupait  l'emplacement  actuel  du  bas 
de  la  rue  Soufflet.  Vers  Pan  400,  la  ville,  qui  faisait  partie 
de  l'ancienne  province  de  Celtique,  fut  englobée  dans  la 
A^  Lyonnaise.  C'est  au  iii*^  ou  iv°  siècle  que  le  nom  du  peuple 


fut  substitué  au  nom  de  la  ville  même  etcjue  Lutèce  divijil 
Paris.  Un  concile  important  se  tint  à  Paris  en  360. 

La  première  enceinte  {A06[?T\-i00{)[??j).  On  assigne 
généralement  comme  date  l'année  406  environ  à  Teii- 
ceinte  fortifiée  que  les  Gallo-Romains  établirent  tout  au- 
tour de  File  de  la  Cité  et  dont  on  a  plusieurs  fois  retrouvé 
des  restes,  notamment  en  1898.  Vers  le  milieu  du  v®  siècle, 
sans  doute,  le  siège  de  l'église  de  Paris  fut  établi  dans  lo 
temple  de  Jupiter  de  l'île  de  la  Cité,  et  bientôt  deux éj^lise.'? 
s'élevèrent  sur  son  emplacement,  Saint-Etienne  et  Noire- 
Dame,  qui  possédèrent  successivement  la  chaire  épiscopale. 
C'est  à  cette  époque  que  se  place  dans  Phistoire  de  Paris 
la  légende  de  sainte  Geneviève  dont  on  a  fait  la  patronne 
de  cette  ville.  Ciovis  n'entra  dans  Paris  qu'en  497  ;  il  en 
fit  sa  capitale  en  508,  comme  il  résulte  d'un  texte  do 
Grégoire  de  Tours  que  l'on  a  bien  des  fois  cité.  Les  rois 
mérovingiens  qui  se  succédèrent  à  Paris  résidèrent,  tantôt 
dans  le  palais  de  Jidien,  tantôt  dans  celui  de  la  Cité,  ancien 


—  1057 


PAULS 


palais  procoiisulaire.  Lors  du  partage  de  oOT,  Paris  tut 
laissé  dans  l'indivision  et  servit  de  limite  entre  plusieurs 
pagi  dont  un  est  le  pagus  Pan'siacus  ou  Parisis.  Deux 
abbayes,  devenues  rapidement  célèbres,  furent  fondées  sur  la 
rive  gauche,  l'une,  Saint-Pierre  et  Saint-Paul,  (pii  s'appela 
bientôt  Sainte-Geneviève,  par  Clovis  l^^\  l'autre,  Saint- 
Vincent,  peu  après  dénommée  Saint-Germain  des  Prés,  par 
Childebert  P^'.  On  attribue  une  assez  haute  antiquité  éga- 
lement à  l'établissement  de  l'Hôtel-Dieu.  Mais  Paris  qui 
avait  grandi  en  même  temps  que  le  pouvoir  des  Mérovin- 
giens participa  à  leur  décadence  ;  de  la  fm  du  vu®  siècle 
à  celle  du  ix®  siècle,  il  est  assez  délaissé,  et,  sous  les  pre- 
miers Carolingiens,  il  n'est  souvent  que  la  capitale  d'un 
tief,  le  comté  de  Paris.  Mais  ses  comtes  devinrent  rois  ;  il 
n'y  eut  plus  que  des  vicomtes.  Paris  eut  à  souffrir  des 
ravages  des  Normands  en  84o,  856  et  861.  Le  siège  qu'ils 
lui  firent  subir  en  885-86  est  le  premier  qui  soit  célèbre. 
(V.  NoRMAKDS,  t.  XXV,  p.  51).  Dès  le  ix®  siècle,  les  écoles 
de  la  cathédrale  Notre-Dame  étaient  très  célèbres.  Aussi- 
tôt que  furent  passés  les  dangers  des  invasions  normandes, 
les  faubourgs  de  Paris  se  développèrent  définitivement. 

La  deuxième  enceinte  {WOÙ[^!l]-[  190},  La  date  de 
la  deuxième  enceinte  est,  elle  aussi,  très  incertaine  ;  elle 
appartient  au  xi<^  ou  même  au  \^  siècle  ;  on  la  place  par- 
fois vers  l'année  1020.  Cette  enceinte,  dite  souvent  des 
Capétiens,  se  composait  de  deux  demi-cercles  partant  de 
l'extrémité  orientale  de  l'de  de  la  Cité  et  aboutissant  un 
peu  en  avant  de  l'extrémité  occidentale.  Mais  on  en  recule 
parfois  aussi  la  construction  jusqu'au  règne  de  Louis  VI, 
soit  jusqu'au  commencement  du  xii®  siècle.  Ce  fut  Louis  VI 
qui  fonda  l'abbaye  de  Saint- Victor,  et  l'on  sait  à  quel  point 
Guillaume  de  Champeaux,  qui  professa  dans  cette  abbaye, 
son  disciple  Abélard  et  leui's  successeurs  contribuèrent  à 
donner  alors  à  Paris  un  éclat  littéraire.  Saint-Germain- 
l'Auxerrois  était  de  même  un  foyer  d'études.  Le  prieuré 
de  Saint-Martin  des  Champs  avait  été  fondé  au  siècle  pré- 
cédent par  le  roi  Henri  P'".  Paris  participe  en  même  temps 
au  mouvement  architectural,  puisque  sa  cathédrale  fut 
reconstruite  vers  1M5  et  que  l'église  actuelle  fut  com- 
mencée sous  le  règne  suivant,  en  1163,  grâce  à  l'initia- 
tive de  l'évoque  Maurice  de  Sully.  Louis  VI  est  également 
le  roi  qui  éleva  l'église  de  Saint- Jacques  la  Boucherie. 
Les  marchands  de  l'eau  de  Paris  sont  pour  la  première 
fois  mentionnés  dans  un  document  certain  sous  le  règne 
du  même  roi  qui  leur  abandonna  un  droit  de  60  sous 
levé  au  moment  des  vendanges  sur  chaque  bateau  chargé 
de  vins  venant  à  Paris  (1121).  L'administration  mu- 
nicipale n'était  représentée  alors  que  par  des  confré- 
ries marchandes  qui  défendaient  les  intérêts  du  peuple. 
11  y  avait  déjà  un  agent  du  roi  qui  portait  le  nom  de 
prévôt  de  Paris  ;  le  premier  qu'on  connaisse  est  Etienne, 
prévôt  en  1060  ;  on  ne  trouve  plus  alors  de  vicomtes  de 
Paris,  et  la  prévôté  et  la  vicomte  de  Paris  apparaissent 
réunies  ;  l'expression  «  prévôté  et  vicomte  »  subsista  jus- 
qu'à la  fin  de  l'ancien  régime  ;  elle  s'appliquait  à  Paris  et 
à  sa  banlieue  et  à  une  partie  des  territoires  actuels  des 
dép.  de  Seine-et-Oise  et  Seine-et-Marne  ;  le  prévôt  de 
Paris  avait  rang  de  premier  bailli.  Sous  Louis  VII  (1170), 
la  corporation  des  marchands  de  Paris  ou  hanse  parisienne 
obtient  la  confirmation  de  ses  privilèges,  notamment  du 
monopole  des  transports  entre  Paris  et  Mantes  et  du  droit 
de  justice  sur  les  gens  qu'elle  emploie.  C'est  lentement, 
grâce  à  la  bienveillance  qui  lui  est  témoignée  par  le  roi, 
que  cette  corporation  se  transforme  en  municipalité.  Paris 
n'eut  cependant  jamais  de  charte  communale  ;  il  rentre 
dans  le  groupe  des  villes  dites  de  bourgeoisie. 

La  troisième  enceinte  (1190-1370).  Dans  l'histoire 
de  la  ville  de  Paris,  le  nom  de  Philippe-Auguste  est  atta- 
ché à  plusieurs  grands  travaux.  De  1190  à  1210  pour  la 
rive  droite  et  de  1211  à  1220  pour  la  rive  gauche,  ce 
roi  fit  établir  une  nouvelle  enceinte  fortifiée  flanquée  de 
100  tours  rondes  et  percée  de  20  portes  ou  poternes; 
partant  du  château  du  Louvre,  elle  englobait  l'église  actuelle 

GRANDE   ENCYCLOPLDli:.    —    XXV. 


de  Saint-Eustache,  coupail  en  deux  le  quartier  du  Marais, 
puis  la  Seine  entre  File  Notre-Dame  et  l'île  aux  Vaches, 
englobait  aussi  Sainte-Geneviève,  traversait  la  rue  Saint- 
Jacques  et  laissant  en  dehors  l'abbaye  de  Saint-Germain 
des  Prés  revenait  aboutir  en  face  du  Louvre.  Ses  tours 
les  plus  connues  sont  la  tour  Hamelin,  dite  ensuite  tour 
de  Nesle  (V.  Nesle  [Tour  de],  t.  XXIV,  p.  970),  qui 
était  située  là  où  s'élève  l'Institut,  et,  à  l'autre  extrémité 
de  la  rive  gauche,  la  Tournelle.  On  a  retrouvé  des  ves- 
tiges de  cette  enceinte,  et  il  en  subsiste  encore  des  tours, 
notamment  dans  une  cour  du  Mont-de-Piété,  dans  la  cour 
du  Commerce,  rue  Dauphine  et  rue  Guénégaud.  Paris 
renfermait  au  xiii®  siècle  33  paroisses  et  220  rues  ;  il  se 
subdivisait  en  Outre-Grand-Pont  ou  Ville  au  N.,  Cité  au 
centre,  Outre-Petit-Pont  ou  Université  au  S.  Philippe- 
Auguste  fit  commencer  les  premiers  travaux  de  pavage, 
construire  des  halles,  ainsi  qu'un  grand  cimetière  (celui 
des  Innocents)  et  installer  des  fontaines  publiques.  En  120  i, 
il  fit  édifier  aux  portes  de  la  ville  un  château  fort,  le 
Louvre.  L'Université  obtint  de  lui  d'être  désormais  sou- 
mise, non  plus  à  la  juridiction  du  prévôt  de  Paris,  mais  à 
celle  de  l'Eglise.  De  nombreux  collèges  furent  fondés  dès 
le  xiii^  siècle.  Paris  avait  déjà  une  population  d'environ 
100.000  hab.  Sous  saint  Louis,  la  prospérité  de  la  capi- 
tale s'accrut  encore.  De  son  règne  datent  l'édification  de 
la  Sainte-Chapelle,  la  fondation  de  l'hospice  des  Quinze- 
Vingts  et  des  églises  des  Franciscains  ou  Cordeliers  et  des 
Dominicains  ou  Jacobins,  enfin  la  création  de  laSorbonne. 
D'après  une  théorie  récente,  le  remplacement  du  prévôt- 
fermier  de  Paris  par  un  garde  royal  de  la  prévôté  ne  serait 
pas  une  innovation  due,  vers  1258,  à  saint  Louis  ;  la 
réforme  ne  consista  qaa  dans  la  suppression  de  l'after- 
mage.  C'est  dans  les  dernières  années  du  mêmi3  règne,  en 
1263,  qu'on  trouve  la  première  mention  d'un  prévôt  des 
marchands,  lAreux  de  Valenciennes.  Ce  prévôt,  sorte  de 
maire,  était  assisté  de  1  échevins  (V.  Bureau  de  la  ville, 
t.'  yill,  p.  -155)  et  de  2i  conseillers,  tous  électifs.  La  corpo- 
ration desmarchands  de  l'eau,  qui  jouait  un  rôle  commercial 
prépondérant,  paraît  s'être  transformée  en  nmnicipafilé  ^ 
au  commencement  du  xiii^  siècle,  en  1220.  Mais  la  pré-  ' 
voté  des  marchands  était  surtout  alors  une  juridiction.  On 
possède  un  recueil  de  ses  sentences  remontant  à  1268. 
Cette  juridiction  n'était  pas,  du  reste,  uniquement  com- 
merciale; le  prévôt  de  Paris  la  reconnaissait  compétent!' 
pour  toutes  les  matières  visées  par  la  coutume  de  Paris. 
Enfin  les  actes  de  dojiation  pouvaient  aussi  être  enregis- 
trés parla  prévôté.  Les  intérêts  du  pouvoir  central  étaient 
représentés  auprès  d'elle  par  un  officier  appelé  clerc  ou 
procureur  du  roi.  En  tant  que  municipalité,  la  prévôté 
s'occupe  des  fortifications,  des  fontaines  et  distributions 
d'eau,  des  ponts,  du  pavage,  des  hôpitaux  et  des  établis- 
sements de  bienfaisance.  Tandis  que  le  prévôt  ou  les  prévôts 
de  Paris,  car  jusqu'à  Etienne  Boileau  il  y  en  eut  souvent 
deux  à  la  fois,  siégeaient  au  Grand-Châtelet  (V.  Châtelet 
[Grand]),  la  municipalité  de  Paris  se  réunissait  dans  ce 
(ju'on  appelait  le  Parloir  aux  bourgeois.  Très  vraisembla- 
blement, le  premier  parloir  municipal  fut  situé  près  de 
Saint-Leufroy  el  du  Cliàtelet  et  ne  doit  pas  être  confondu 
avec  la  maison  de  la  Marchandise  de  la  Vallée  de  Misère, 
bureau  de  perce])tion  des  bourgeois  hanses.  Quant  à  la 
tour  carrée  qui,  depuis  le  milieu  duxiii*^  sîèrle  sans  doute, 
s'élevait  où  se  trouve  maintenant  la  rue  Soufflot,  elle  occu- 
pait l'emplacement  du  premier  siège  présumé  de  la  hanse 
parisienne,  et  elle  ne  servit  tout  au  plus  que  d'annexé  au 
Parloir  des  bourgeois.  Sous  Philippe  le  Bel,  Paris  vit  princi- 
palement la  réunion  des  premiers  Etats  généraux  à  Notre- 
Dame,  le  supplice  des  Templiers  au  terre-plein  du  Pont-Neuf, 
les  scandales  de  l'hôtel  de  Nesle.  La  royauté,  en  excellents 
termes  avec  la  municipalité,  s'habitue  à  compter  sur  elle 
pour  assurer  la  marche  des  services  publics  et  lui  de- 
mande des  subsides.  En  constatant  combien  les  habitants  de 
Paris  durent  avoir  à  souffrir  de  l'administration  financière 
des  rois  pendaiU  la  première  moitié  dt^  \i\^  siècle   on 

67 


rkMS 


—  1058 


s'expHfae  mi^x  les  éyéiieiuents  qui  se  rattaclicnt  à  la 
jMériEê  .f  Etiefiaii  Mariîel  {V,  M.vuckl  |  Ktienne J).  A  ne  con- 
sidérer-que  &oa  rôle  d'adininistratcuj',  il  faut  rappeler  que 
ce  faiiejux  préyôt  lit  munir  de  fossés  et  de  mâchicoulis  les 
remparjts  de  k  rive  gauciie  en  1350  et  1358,  qu'il  veilla 
au  l)on  ^eatî'eUen  àe  la  wIq  publique,  prévint  les  famines 
el  Aclieta,  pour  j  installer  la  municipalité,  place  de  Grève, 
riiôtel  du  Dauphin  ou  Maison  aux  piliers  (1357).  C'est 
j)onda3it  sa  préyôté  qu'on  yoit  apparaître  pour  la  première 
ï(m  des  quartimers,cinquanteniers  et  dizainiers  préposés  à 
l'administration  de  subdivisions  territoi  iales.  Les  quartiers 
étaient  alors  sans  doute  au  nombre  de  huit  :  Cité,  Univei'- 
sité,  i^rève,  Saint-Jacques-la-Boucheiûe,  Sainte-Opportune, 
Saint-11  ermain-l'Auxerrois,  Saint-André-des-Arts,  plaee 
Maub^rt. 

La. quatrième  enceinte  {Vài^l-wV^  siècle.).  Charles  V 
ht  rdbâtir  «n  i'agriindissant  la  partie  septentiionale  de 
l'encani^  fortiiiée*  Construite  entre  13G7  et  1383,  la  nou- 
\dh  aaceinte  englobait  le  Louvre  et  ajoutait  à  Paris  le 
fîourg-FAbbé,  le  lemple,  ie  Bourg-Saint-Eloi  et  une  partie 
(hi  faubourg-  Saint- Antoine  ;  il  n'en  l'CSte  (fu'un  fragment 
l'ue  de  Valois-  La  forteresse  construite  devant  la  porte 
Sâintc-Aîitoine  fut  la  Bastille,  Charles  Y  construisit  aussi 
le  couvent  des  Cclestins  et  riiùtel  Saint-Paul  dont  il  ht  sa 
lésideace  de  prédilection.  On  lui  doit  de  nombreux  tra- 
vaux d'atihté  publique,  pour  lesquels  il  fut  remar(|uable- 
uicnt  secondé  par  son  ])révùt  de  Paiis,  liugiu^s  Aubriot  : 
I  "élabiissenient  du  premier  égoutcouvert,  de  nouveaux  ponts, 
de  nouveaux  ports.  Par  suite  delà  prépondérance  du  prévit 
du  rm,la  |3révôt'é  des  marchands  ne  jouait  alors  (jii'un  rôle 
<^ftacé.  En  4382,  i''élablissemenl  de  nouveHes  taxes  auicua 
Li  vhsiÀX^  ûiiedii^MaiUotins  (V.  ce  mot),  dont  le  résultat 
fut  îudisparition  des  libertés  uiunicipah's  qui .  suppj-imées  cii 
1 383,  furent  seulemeiJt  rcstituée:>ban.s  (Jouleeu  l  i09,  en  fait 
et  légalement  €nl412.  Pemfant  vingt-six  ans,  la  prévdté 
des  marchands  fut  tenue  en  garde  par  un  agent  du  roi 
et  même,  d<i  4383  à  1389,  réunie  à  la  prévôté  de 
Paris.  Peu  après  la  fin  de  ce  régime,  la  gi'îuule  ordon- 
nance de  février  4416  codifiait  en  700  articles  les  rè- 
i^loments  de  lu  juridiction  de  la  pré\ôté  des  marchands, 
l/histàfi de  Paris,  aucomuwncement  du  xv^  siè{lt%  est  sur- 
toutdaus  le  récit  des  luttes  des  Armagnacs  et  des  Boucgui- 
i^noas,  dans  cekii des  excès  desCabochiens.  Une  épidémie  ht 
un  ivm  grand  nnmbi^e  de  victimes  en  1418.  En  1420,  Paris 
cojnmeaça  à  mhk  la  domination  anglaise.  L'assaut  donné 
par  Jeanne  d'Are  an  1429  échoua,  et  Henri  VI  d'Angle- 
terre fut  couronné  roi  de  France  à  Notre-Dame  en  1431. 
Paris  fut  reconquis  sur  les  Anglais  en  1430  et  Charles  \ll 
y  rentra  au  mois  de  novembre  e'e  rainiée  suivante.  C'est 
an  palais  des  Tournellcs  qu'il  s'installa.  Une  réforme  de 
rUniversité  eut  lieu  sous  son  règne.  Une  ordonnajice  parue 
(n\  1450  est  relative  au  mode  d'élection  du  prévôt  des 
marchands^  des  échevins  et  doscojiseillers.  Des  lettres  de 
Cliarles  Vlï,  de  1450  également,  confu-mées  par  Louis  XI 
<!!  146! ,  mirent  fin  à  des  désaccoids  qiu  étaient  perpé- 
tuels entre  la  prévôté  des  marchamls  et  les  marchands  de 
Boueaiau  sujet  de  leurs  privilèges.  Louis  XI  est  te  dernier 
roi^iii  fit  encore  de  Paris  son  séjour,  ordinaire,  résidant 
h'  plus  souvent  aux  Tourjielles.  L'imprimerie,  dont  il 
permit  Pintroductien  à  Paris  eii  li70,  ne  tarda  pas  à  y 
prendre  un  grand  développemenl .  Suits  Louis  XII,  en  1 499. 
les  prévôt  et  échevins  furent  pour  quehjues  mois  remplacés 
d'i)lïice  par  des  personnes  (jue  désii^na  le  roi,  à  la  suite  de 
récr^ement  du  pont  Notre-Dajne. 

Aa  x¥i«  .siècle,  Paris  fut  le  théàtie  des  guerres  de  reh- 
i>i0n.  Les  supplices  de  Berquin,  d'Etienne  Dolel,  d'Anne 
éx  Bourg eareatîieu,  comme  des  spectacles,  place  de  Grève 
oïi|>iaee  Maubert.  La  Renaissan^'e  se  ht  sentir  dans  la  capi- 
laic,  particulièrement  par  la  création  du  Collège  de  France, 
la  reconstruction  de  riiôtel  de  Ville  et  celle  du  Louvre. 
La  f)remière  pierre  du  nouvel  Hôtel  de  Ville  fut  posée  en 
1533;  on  n'a  pas  encore  éelairci  définitivement  le  point 
de  savoii'  si  ie  principal  arcihlecle  rn  fut  Le  Boccador  ou 


Pierre  Chambiges  ;  il  ne  fut  achevé  qu'en  1028  (V.  Hôtel 
DE  Ville  de  Pakis,  t.  XX,  p.  296). 

La  cinquième  enceinte  (du  milieu  du  xvi^  siècle  aunn- 
lieudu  xvn*^  siècle, puis  à  1 784) .  Des  travaux  de  fortihcations 
et  d'agrandissement  de  Paris  furent  entrepris  au  miheu  du 
xvi^  siècle.  L'enceinte  de  la  rive  droite  fut  reculée  au 
N.-O.,  à  partir  de  la  porte  Samt-Dcnis,  de  façon  à  englober 
les  Tuileries,  la  butte  des  Moulins  et  la  butte  Saint-Koch  ; 
mais  le  mur  bastion  né  commencé  sous  Henri  H  et  conti- 
nué sous  Charles  IX  ne  fut  repiis  qu'en  1633  et  terminé 
en  1636.  Au  S.-O,  une  tranchée  fut  creusée  sous  Henri  II, 
Charles  IX  et  Henri  III:  mais  on  en  connaît  mal  le  tracé; 
elle  semble  avoir  suivi  à  peu  ])rès,  les  touchant  presque, 
les  rues  actuelles  du  Bac,  de  Sainte-Placide  et  de  Notre- 
Dame  des  Cbamps.  A  la  suite  de  la  mort  tragique  deHenri  H 
(1559),  Catherine  de  Médicis  abandonna  le  palais  des  Tour- 
nellcs qui  fut  démoli  et  ht  construire  les  Tuileries,  puis 
l'hôtel  de  Soissons  (1572).  Après  les  journées  delà  Saint- 
Barthéiemy  (24,  25  et  26  août  1572)  et  la  formation  de 
la  Ligue,  la  capitale  est  organisée  militah'ement  ;  il  y  a 
dans  la  ville  5  circonscriptions  ayant  chacune  un  colonel 
et  quatre  capitaines  et,  au  point  de  vue  municipal,  la  direc- 
tion supérieure  est  confiée  à  un  conseil,  dit  conseil  des  16, 
à  cause  du  nombre  des  quartiers,  qui  ont  alors  aussi 
leurs  comités.  Paris,  qui  refuse  enhiî  de  donner  de  l'ar- 
gent à  Henri  111,  acclame  le  duc  de  Guise  et  se  révolte; 
c'est  la  journée  des  Barricades  (12  mai  1588).  En  fait,  la 
municipalité  est  vaincue  avec  te  roi,  parce  que  déjà  à 
cette  époque  elle  était  passée  sous  sa  dépendance.  Le 
premier  siège  de  Paris,  par  Henri  111,  ne  dura  (|ue  quelques 
jours  (30  juil.-16  août  1589),  ayant  été  levé  après  l'as- 
sassinat de  ce  prince.  Le  secoiul,  connnencé  par  Henri  ÏV 
ie  8  mai  1590,  un  coup  de  main  sur  les  faubourgs  de 
la  rive  gauche,  le  1^"^' nov.  1589,  n'ayant  pas  abouti,  dura 
jUS(|u'au  30  août.  Paris  que  défendait  le  duc  de  Nemours 
reçut  des  renforts,  et  le  siège  fut  encore  une  fois  levé. 
Il  est  célèbre  par  les  privations  extrêmes  que  durent  subij' 
les  assiégés  et  même  par  ses  horreurs;  on  aurait  fait  une 
sorte  de  pain  avec  les  os  des  cadavres,  et  des  mères  en 
auraient  été  réduites  à  manger  leurs  enfants  morts  de 
faim.  Henri  IV,  qui  ne])ut  surprendre  Paris  ni  le  10  sept. 
1590,  ni  le  20  janv.  1591,  à  la  journée  dite  des  Farine:?, 
n'entra  dans  la  capitale  que  le  22  mars  1594  à  la  suite 
d'une  convention.  Pendaiit  qu'il  luttait  contre  les  protes- 
tants, Paris  n'avait  pas  cessé  d'èlre  agité  par  la  faction  des  1 G 
et  par  les  dissensions  des  i)artis  politiques.  Sous  Henri  IV,  il 
connut  une  période  de  paix.  La  place  Royale,  aujourd'hui 
place  des  Vosges,  et  la  place  Dauphine  datent  de  son  règne, 
comme  aussi  rachèvement  du  Pont-Neuf  et  celui  de  l'Hôtel 
de  Ville  commencé  sous  Henri  1!L  Les  prévôts  des  mar- 
chands, François  Miron  et  Jac(|ues  Sanguin,  prêtèrent  au 
roi  une  aide  précieuse  pour  les  travaux  d'édihté.  Margue- 
rite de  Valois  fonda  le  couvent  des  Petits-Augustins  ; 
Marie  de  Médicis,  l'hôpital  de  la  Charité.  Henri  IV  lui- 
môme  crée  l'hôpital  Saint-Louis  et  les  Gobehns.  Sous 
Louis  XIII,  avec  rachèvement  de  l'enceinte  remaniée  par 
Henri  H,  il  faut  signaler  surtout  les  travaux  de  l'ile  Saint- 
Louis,  formée  de  deux  des.  de  Notre-Dame  et  île  aux 
Vaches,  que  l'higénieur  Marie  eiitreprit  de  réunir  (1614). 
Le  Palais  du  Luxembourg,  le  Palais-Cardinal,  puis  Boyal 
datent  do  cette  époque  ;  les  travaux  de  reconstruction  de  l'an- 
cienne Sorbonne  également  ;  puis  des  établissements  hospi- 
taliers, rinstitutdeshiles  de  la  Charité  (1634),  les  Incu- 
rables ;  des  établissements  scientifiques,  l'Imprimerie  royale, 
le  Jardin  des  Plantes,  l'Académie  française  ;  des  églises, 
Saint-Paul-Saint-Louis,  Notre-Dame  des  Victoires.  Le 
faubourg  Saint-Jacques  se  couvre  de  monastères  devenus 
bientôt  fameux,  ie  Val-de-Grâce,  Port-Royal,  les  Ursulines, 
les  Feuillantines.  Louis  XIll  mort,  la  FVonde  commence  peu 
après  (V.  Froxde,  §  Uistoiré)  ;  Paris,  qui  veutsoulejiir  les 
droits  du  Parlement  et  les  siens,  connaît  une  seconde  jour- 
née des  Barricades  (26  août  1618)  ;  la  cour  s'enfuit  et 
renti*e  dans  Paris  sf^ulement  le  18  août  1649.  Mais  la 


1059  — 


PARIS 


bVoiîde  se  continue  par  ia  révolte  des  grands  seigneurs. 
En  4650,  c'est  Turennoqui  amène  les  Espagnols  presque 
aux  portes  de  la  capitale.  En  4652,  c'est  Condc  qui,  fai- 
sant  la  guerre  au  roi,  pénètre  dans  Paris,  le  jour  du 
combat  du  faubourg  Saint- Antoine,  grâce  au  secoiu^s  que 
lui  apporte  le  canon  de  la  Bastille,  tiré  par  ordre  de 
W^^  de  Montpensier  (2  juil.  4652).  Des  émeutes  san- 
glantes y  ont  lieu  ;  l'Hôtel  de  Ville  est  pris  d'assaut  le 
4  juil.,  et  les  désordres  durent  jusqu'au  retour  du  roi 
(24  oct.  4652).  De  cette  époque  à  la  Révolution,  Paris, 
que  les  souverains  délaissent  presque  toujours,  ne  joue 
plus,  au  point  de  vue  municipal,  qu'un  rôle  assez  effacé  ; 
le  roi  amoindrit  du  reste  considérablement  la  municipalité 
parisienne  en  rendant  ses  charges  vénales.  Mais  en  même 
temps  Paris  prend  encore  plus  d'éclat  comme  capitale  de  la 
France.  Il  avait  reçu  dès  4646  un  notable  agrandissement 
et  était  devenu  une  ville  ouverte  par  le  déclassement  de 
ses  remparts.  Des  boulevards  furent  tracés  sur  les  glacis 
de  l'ancienne  enceinte  au  N.,  puis  au  S.,  mais  sans  rap- 
port avec  le  périmètre  des  remparts.  Une  autre  suppres- 
sion, celle  des  justices  particulières  qui  furent  rattachées 
au  Châtelet,  simplifia  beaucoup  l'administration  judiciaire 
(4674).  D'autre  part,  la  police,  jusque-là  confondue  avec 
l'administration,  fut  organisée  ;  elle  forma  un  service  àpart, 
la  lieutenance  de  police  (4667).  L'édit  dedéc.  4672,  qui 
contient  une  confirmation  nouvelle  des  ordonnances  et 
coutumes  de  la  prévôté  des  marchands,  est  resté  en  vi- 
gueur jusqu'en  4789.  En  1702,  Paris,  qui  formait  tou- 
jours sous  le  rapport  de  l'administration  purement  muni- 
cipale 46  quartiers,  fut  divisé  en  20  quartiers  de  police. 
Le  service  de  la  voirie  fut  organisé  ;  on  construisit  des 
quais  et  des  ports  nouveaux  ;  on  pourvut  à  l'éclairage  des 
rues  par  l'établissement  de  6.500  lanternes.  Trois  portes 
reconstruites  devinrent  de  véritables  arcs  de  triomphe  : 
les  portes  Saint-Denis,  Saint-Martin  et  Saint-Bernard.  Les 
jardins  des  Tuileries  et  des  Champs-Elysées,  les  places 
Vendôme  et  des  Victoires,  la  colonnade  du  Louvre  (V. 
fig.  à  l'art.  Louvre,  t.  XXII,  p.  694),  l'hôtel  des  Inva- 
lides (V.  fig.  à  l'art.  BitUÂND,  t.  VIII,  p.  204  ;  Arciii- 
■lECTURE,  fig.  3,  t.  m,  p.  734;  Dôme,  fig.  4,  t.  XIV, 
p.  854  :  Coupole,  fig.  2,  t.  XIII,  p.  69),  l'Observatoire, 
le  Val-de-Grâce,  le  collège  des  Quatre-Nations  (ensuite 
Palais  de  l'Institut),  le  pont  Royal,  prouvent  l'activité 
artistique  de  cette  période  ;  plusieurs  académies  sont 
instituées  ;  l'administration  hospitalière  s'organise  ;  les 
séminaires  des  Missions  étrangères  et  de  Saint-Sulpice 
et  l'Abbaye-aux-Bois  sont  fondés  ou  établis  à  Paris.  La 
capitale  fut  aussi  le  centre,  comme  on  sait,  d'un  mou- 
vement littéraire  des  plus  remarquables.  Comme  événe- 
ments, il  y  a  lieu  de  rappeler  surtout  que  l'année  4709 
vit  à  la  fois  un  hiver  rigoureux  entre  tous,  une  épidémie  et 
une  famine,  et  que  les  (}uerelles  du  jansénisme  marquèrent  les 
derniers  temps  du  règne  de  Louis  XIV.  Sous  la  Régence 
(4745-22),  Paris  fut,  au  contraire,  le  théâtre  de  toutes  sortes 
de  fêtes,  puis  de  la  surexcitation  causée  par  la  banque  de 
Law.  Les  scènes  des  convulsionnaires  de  Saint-Médard 
datent  de  4727.  On  commença  en  4728  à  user  d'inscriptions 
indiquant  le  nom  des  rues,  on  numérota  les  maisons  et  on 
substitua  aux  lanternes  des  réverbères.  Pendant  le  règne  de 
Louis  XV,  on  bâtit  l'Ecole  militaire,  l'Hôtel  des  Monnaies,  la 
Halle  au  blé  (V.  fig.  à  l'art.  Bélanger,  t.  V,  p.  4478), 
et  l'on  entreprit  la  construction  du  Panthéon  et  de  l'église 
de  la  Madeleine  en  même  temps  que  celle  de  l'Ecole  de 
droit  ;  on  ouvrit  aussi  la  place  de  Louis  XV,  dite  ensuite 
de  la  Concorde.  Le  théâtre  de  l'Odéon  fut  construit  sous 
LouisXVIen4782.  Le  roi  entretenait  de  bons  rapportsavec 
la  municipalité  parisienne  ;  les  fêtes  données  en  son  honneur 
à  PHotel  de  Ville  en  4782,  comme  sous  Louis  XIV  en  4  687, 
méritent  d'être  rappelées.  A  lafinduxviii®  siècle,  l'élection 
du  prévôt  et  des  échevins,  par  une  assemblée  générale  for- 
mée du  corps  de  ville  et  de  deux  notables  par  quartier, 
n'est  plus  qu'un  simulacre  ;  en  réalité,  la  nomination  est 
faite  par  le  roi.  Le  prévôt,  qui  doit  être  né  à  Paris,  est 


nommé  pour  deux  ans,  mais  il  est  maintenu  trois  fois;  les 
échevins  sont  nommés  pour  deux  ans  avec  renouvellement 
annuel  par  moitié.  Les  26  conseillers,  dits  conseillers  du 
roi  en  l'Hôtel  de  Ville,  sont  hiérarchiquement  subordonnés 
au  Bureau  de  Ville  ;  on  les  réunit  dans  les  grandes  cir- 
constances; 40  sont  des  officiers  de  cours  souveraines  et 
46  sont  des  bourgeois.  Les  quartiniers,  qui  sont  conseil- 
lers du  roi  depuis  4684,  se  réunissent  au  bureau  et  aux 
conseillers  pour  composer  le  corps  de  Ville.  La  surveil- 
lance des  services  municipaux  est  répartie  entre  les  éche- 
vins et  le  procureur.  En  tant  que  juridiction,  l'Hôtel  de 
Ville  ne  connaît  pas  seulement  des  différends  entre  mar- 
chands pour  faits  concernant  des  marchandises  arrivées 
par  eau,  il  connaît  aussi  des  rentes  constituées  sur  la  Ville 
et  au  criminel,  des  délits  commis  par  les  marchands  en 
matière  commerciale  et  par  les  officiers  de  police  dans 
l'exercice  de  leurs  charges.  Ses  appelsvont  au  Parlement. 
Le  prévôt  de  Paris  n'a  plus  personnellement  que  des  fonc- 
tions honorifiques  ;  il  est  chef  de  la  noblesse  de  toute  la  pré- 
vôté et  vicomte  et  conservateur  des  privilèges  de  l'Univer- 
sité. Entre  le  chef  réel  de  la  pohce,  le  heutenant  général 
de  police  et  le  prévôt  des  marchands,  il  y  a  parfois  rivalité 
d'attributions  ;  c'est  en  vain  qu'on  a  réglé  par  exemple  que 
le  lieutenant  a  l'inspection  de  tout  ce  qui  concerne  l'ap- 
provisionnement de  la  ville  par  terre,  tandis  que  la  pré- 
vôté des  marchands  a  la  môme  inspection  pour  Tapprovi- 
sionnement  par  eau.  Mais  le  lieutenant  est  juge  dans  la 
générahté  de  Paris  de  la  partie  du  contentieux  adminis- 
tratif dont  les  intendants  connaissent  en  province  ;  il  est 
devenu  comme  un  intendant  de  Paris.  Interviennent  aussi 
dans  l'administration  municipale  le  secrétaire  d'Etat  de  la 
maison  du  roi,  le  Parlement  de  Paris,  le  bureau  des 
finances  de  la  généralité.  Le  secrétaire  d'Etat  de  la  mai- 
son du  roi,  qui  a  Paris  dans  son  département,  transmet  à 
la  prévôté  des  marchands  les  arrêts  du  conseil  qui  la  con- 
cernent en  particulier,  voit  et  autorise  ses  déhbérations, 
contrôle  son  administration  courante  ;  il  laisse  aux  soins 
du  contrôle  générai  les  grandes  affaires  financières  qui 
intéressent  le  Trésor  royal  (emprunts,  loteries,  rentes  sur 
l'Hôtel  de  Ville)  et  la  vérification  des  comptes  :  c'est  le 
ministre  de  Paris.  Le  Parlement  conserve  dans  l'admi- 
nistration parisienne  une  influence  permanente.  Il  a  dans 
Paris  ce  qu'on  appelle  alors  la  grande  police,  c.-à-d.  la 
surveillance  de  F  administration.  Les  principaux  objets  de 
la  grande  police  sont  la  religion  et  les  mœurs,  Tinstruc- 
tion,  les  idées,  la  santé  publique,  Tapprovisionnement  de 
Paris.  Il  veille  particulièrement  aussi  au  régime  hospita- 
her.  Cela  ne  veut  d'ailleurs  nullement  dire  que  le  Parle- 
ment ait  une  action  administrative  prépondérante,  car  les 
détails  d'exécution  lui  échappent,  et  son  initiative  est  d'un 
caractère  très  vague.  Le  bureau  des  finances,  a  lui  aussi, 
des  attributions  municipales  sous  le  rapport  de  la  voirie, 
et  ces  attri Initions,  quoique  restreintes,  font  double  em- 
ploi avec  celles  de  la  pohce  au  point  de  vue  delà  surveil- 
lance, avec  celles  de  la  ville  au  point  de  vue  des  ques- 
tions financières.  H  ne  pouvait  résulter  de  cette  mauvaise 
répartition  des  attributions  que  de  perpétuels  conflits  entre 
les  divers  corps  administratifs. 

La  sixième  enceinte  (4786-4860).  L'étaWissement de 
cette  enceinte  fut  proposé  au  roi  par  les  fermiers  géné- 
raux chargés  de  la  perception  de  l'octroi  ;  les  limites 
étaient  en  effet  devenues  indécises,  et  les  fraudes,  par  con- 
séquent, plus  faciles.  Le  mur  d'octroi,  commencé  en  4786, 
suivit  la  ligne  des  boulevards  extérieurs  ;  plusieurs  des 
pavillons  d'entrée  construits  par  l'architecte  Ledoux  sub- 
sistent encore,  notamment  ceux  de  la  barrière  d'Enfer, 
de  la  Villette,  de  Charenton,  du  Trône  (V.  fig.  à  l'art. 
BA.RRIÈRE,  t.  V,  p.  498)  et  de  Bercy.  L'assemblée  pro- 
vinciale de  l'Re  de  France  avec  ses  42  départements  (dont 
deux,  ceux  de  Saint-Germain  et  de  Corbeil,  pour  l'élec- 
tion de  Paris)  venait  d'être  créée  (4787),  quand  la  Révo- 
lution éclata.  Il  suffira  de  rappeler  ici  les  principales 
journées  de  cette  période  si  remplie  d'événements,  qui 


PARIS 


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ne  comprend  cependant  qu'une  dizaine  d'années,  et  c'est 
le  côté  plus  pai'ticulièrement  municipal  de  cette  histoire 
que  l'on  doit  se  borner  à  considérer.  En  vue  des  élections, 
Paris  fut  divisé  en  60  districts  (15  avr.  1789),  ces 
districts  correspondant  aux  paroisses.  Précédée  par  les 
troubles  du  faubourg  Saint-Antoine  (27-28  avr.),  et 
ceux  qu'occasionnèrent  l'emprisonnement  des  gardes  fran- 
çaises et  la  nouvelle  du  renvoi  de  Necker,  la  Révolution 
commença  en  réalité  le  13  juil.,  lorsque  l'assemblée  gé- 
nérale des  électeurs  de  Paris  établit  à  l'Hôtel  de  Ville  un 
comité  permanent.  Le  lendemain,  la  Bastille  était  prise; 
le  15,  l'ancienne  municipalité  disparaissait  et  Bailly  succé- 
dait au  prévôt  avec  le  titre  de  maire.  Paris  eut  une  admi- 
nistration provisoire  jusqu'en  oct.  1790.  L'assemblée  gé- 
nérale des  représentants  de  la  commune  de  Paris,  qui  suc- 
céda le  30  juil.  à  l'assemblée  des  451  électeurs,  comprenait 
2  membres  par  district,  soit  120  membres,  mais,  aug- 
mentée de  60  représentants  le  5  août,  elle  fut  renouvelée 
le  18  sept.,  et  comprit  dès  lors  300  membres,  5  par  district. 
,Le  conseil  de  ville,  qui  prit  l'administration  le  8  oct.,  était 
composé  de  60  des  représentants  et  chargé  d'exécuter  les 
décisions  de  l'assemblée;  un  bureau  de  ville,  comprenant 
le  maire  et  20  autres  membres,  devait  établir  l'hainnonie 
entre  les  commissions  ou  départements  du  conseil  et  nom- 
mer à  tous  les  emplois.  Un  procureur  syndic  avait  pour 
fonctions  d'assurer  l'exécution  des  décisions  de  la  munici- 
palité et  de  remplir  en  même  temps  le  rôle  de  ministère  • 
public  devant  le  tribunal  municipal.  Les  districts  qui  d'as- 
semblées électorales  devinrent  des  corps  administratifs 
eurent  chacun  un  comité  comprenant  de  16  à  24  membres 
ou  commissaires  dont  un  président  ;  ces  comités  étaient 
chargés  avant  tout  de  faire  exécuter  les  ordres  de  la  mu- 
nicipalité et  exerçaient  aussi  des  attributions  de  police  ; 
les  districts  continuèrent  à  délibérer  chacun  dans  des  as- 
semblées générales,  et  l'on  y  trouvait  à  côté  du  comité 
proprement  dit  ou  comité  civil  un  comité  miK taire.  Pen- 
dant que  l'administration  s'organisait  ainsi,  Paris  assis- 
tait le  30  juil.  au  retour  de  Necker,  le  6  oct.  à  celui  de 
la  famille  royale.  La  journée  du  12  janv.  1790  fut  mar- 
quée par  une  mutinerie  de  soldats  au  Champ-de-Mars, 
celles  des  24-25  mai  par  des  désordres  dans  divers  quar- 
tiers. Le  14  juil.  suivant  eut  lieu  la  fête  grandiose  de  la 
fédération  nationale;  le  20  sept., une  autre  fête  fut  don- 
née en  l'honneur  des  soldats  de  Chàtcauvieux.  C'est  le 
9  oct.  1790  qu'entra  en  fonction  la  municipalité  défini- 
tire  et  légale  instituée  par  la  loi  des  21  mai-27  juin  de  la 
même  année.  Elle  se  composa  d'un  maire,  de  16  admi- 
nistrateurs, de  32  conseillers,  de  96  nota})les,  d'un  pro- 
cureur de  la  commune  qui  reçut  plus  tard  le  nom  d'agent 
national  et  de  ses  deux  substituts.  Les  16  administrateurs 
et  les  32  conseillers  formèrent  le  corps  municipal  (48  mem- 
bres), subdivisé  en  conseil  composé  de  32  conseillers  et 
en  bureau  formé  par  le  maire  et  les  1 6  administrateurs 
répartis  en  5  départements.  Le  corps  municipal  réuni  aux 
96  notables  constitua  le  conseil  général  de  la  commune 
(144  membres).  48  sections  remplacèrent  les 60  districts, 
et  il  y  eut  dans  chacune  d'elles  16  commissaires  de  sec- 
tion et  un  commissaire  de  police.  Les  commissaires  de  sec- 
tion eurent  à  surveiller  et  à  seconder  au  besoin  les  com- 
missaires de  police,  à  veiller  à  l'exécution  des  ordonnances 
et  arrêtés,  à  donner  tous  renseignements  à  l'administra- 
tion municipale.  Ces  16  commissaires  choisissaient  parmi 
eux  un  président  et  se  réunissaient  en  comité  tous  les  huit 
jours  et  toutes  les  fois  que  les  circonstances  l'exigeaient. 
Chaque  jour,  l'un  d'eux,  à  tour  de  rôle,  était  de  service  à 
son  domicile,  et  le  commissaire  de  police  devait  lui  adresser 
quotidiennement  un  compte  rendu.  Comme  les  districts, 
les  sections  tinrent  aussi  des  assemblées  générales.  Divers 
comités,  particuhèrement  des  comités  militaires  et  des  co- 
mités de  surveillance  ou  révolutionnaires,  se  formèrent  dans 
les  sections  à  côté  du  comité  civil.  C'est  la  municipalité  de 
Paris  (Paris  étant  d'ailleurs  un  district  du  département, 
décret  des  26  févr.-4  mars  1790,  mais  sans  administra- 


tion de  district,  décret  des  3-5  nov.  1790)  qui  fit  régu- 
lièrement fonction  d'administration  départementale  à  partir 
du  décret  des  8-18  juin  1790  jusqu'à  la  constitution  de 
cette  administration  qui  ne  fonctionna  qu'à  dater  de  févr. 
1791  ;  comme  dans  les  autres  départements,  le  conseil 
général  comprit  36  membres,  le  directoire  en  comprit  8. 
A  la  fin  de  l'année  1790  se  présentèrent  l'affaire  du  pil- 
lage de  l'hôtel  de  Castries  (13  nov.),  l'affaire  de  l'autel 
de  la  patrie  au  Champ-de-Mars  (6  déc).  L'année  1791 
fut  particulièrement  marquée  par  la  tentative  de  départ 
de  Monsieur,  frère  du  roi  (22  févr.),  par  celle  du  roi 
(18  avr.),  par  le  retour  de  la  famille  royale  à  Paris  après 
son  arrestation  à  Varennes  (27  juin),  par  la  cérémonie 
de  la  translation  des  restes  de  Voltaire  à  Sainte-Gene- 
viève (11  juil.),  par  la  sanglante  émeute  du  Champ-de- 
Mars  (17  juil.),  puis  par  la  fête  de  la  proclamation  de  la 
Constitution  (25  sept.).  Quelques  jours  après  la  fête  en 
l'honneur  du  maire  d'Etampes,  Simonneau  (3  juin  1792), 
survint  la  journée  du  20  juin,  où  la  royauté  fut  définiti- 
vement ébranlée  ;  le  6  juil.,  Pétion,  maire  de  Paris,  est 
suspendu  par  le  département  ;  le  22,  la  proclamation  de 
«  la  patrie  en  danger  »  est  faite  dans  Paris  pendant  que 
des  troubles  ont  lieu  (15-31)  ;  en  face  du  département 
qui  se  désorganise  se  dresse  le  pouvoir  de  la  commune 
dont  les  sections  deviennent  permanentes  (loi  des  25-28 
juil.),  et  le  iO  août  se  produit  la  chute  de  la  royauté.  Ce 
même  jour,  les  commissaires  nommés  par  les  sections 
viennent  prendre  à  l'Hôtel  de  Ville  la  place  des  membres 
de  la  commune  légale  qui  n'opposent  pas  de  résistance  et 
dont  plusieurs  même  se  joignent  à  eux  ;  le  conseil  général 
ainsi  formé  se  donne  d'abord  le  titre  de  conseil  général 
des  commissaires  des  48  sections.  Le  2  déc,  après  une 
longue  période  d'élections,  la  commune  insurrectionnelle 
est  remplacée  par  une  commune  légale  (V.  Commune, 
§  Histoire  de  la  Révolution,  t.  XII,  p.  138).  Des  jour- 
nées tragiques  se  succèdent:  celles  de  sept.  1792,  du  21 
janv.  1793,  date  de  l'exécution  de  Louis  XVI,  les  désoidres 
du  26  févr.  suivant,  les  insurrections  des  10  mars,  31  mai, 
l^^  et  2  juin,  le  meurtre  de  Marat  et  l'exécution  de  Char- 
lotte Corday,  au  milieu  de  toutes  les  autres  exécutions.  En 
même  temps  sont  célébrées  des  fêtes  de  tout  ordre  :  la 
pompe  funèbre  de  Lepclletier  de  Saint-Fargeau  et  des 
anniversaires  des  grandes  dates  de  la  Révolution.  A  partir 
de  la  loi  des  14-16  frimaire  an  II  (section  3,  art.  11),  le 
département,  faisant  fonction  de  district,  prit  le  premier 
rôle,  et  les  événements  de  Thermidor  amenèrent  la  sup- 
pression même  de  l'administration  municipale  qui  n'a 
jamais  été  vraiment  rétablie.  Par  la  loi  du  14  fructidor 
an  II,  la  ville  fut  placée  entre  les  mains  des  commissions 
ministérielles  de  la  Convention  et  de  deux  commissions 
spéciales,  ces  dernières  fonctionnant  sous  la  surveillance 
du  département  :  celle  de  police  administrative  composée 
de  20  membres  et  celle  des  contributions  publiques  dont 
les  15  membres  furent  réduits  à  5  par  la  loi  du  23  frimaire 
an  lU  ;  le  24  thermidor  an  HI  la  commission  de  police  fut 
réduite  aussi  à  3  membres.  Avec  la  journée  du  9  thermidor, 
il  y  aurait  surtout  à  citer  comme  dates  de  faits  se  ratta- 
chant à  la  chronologie  parisienne  de  cette  période  l'exé- 
cution de  Danton  et  de  Desmoulins,  la  journée  du  13  vendé- 
miaire an  IV  et  diverses  fêtes. 

Conformément  à  la  constitution  de  l'anlH  et  aux  lois  des 
21  fructidor  an  III  et  19  vendémiaire  an  IV,  Paris,  for- 
mant à  lui  seul  un  canton,  eut  un  bureau  central  pour  les 
ob;ets  d'administration  jugés  indivisibles  :  la  police  et  les 
subsistances.  Ce  bureau  était  composé  de  3  membres  dits 
commissaires.  Les  municipalités  d'arrondissement  ont  leur 
origine  en  partie  dans  les  12  comités  révolutionnaires  orga- 
nisés par  la  loi  du  7  fructidor  an  II  dans  les  sections  grou- 
pées 4  par  4;  mais  ils  l'ont  surtout  dans  les  12  bureaux 
d'état  civil  de  l'an  Hl.  Ces  municipalités  au  nombre  de  1 2,  qui 
succédèrent  aux  comités  civils  des  sections  dont  les  membres 
avaient  été  réduits  à  1 2  par  décret  du  28  vendémiaire  an  HI, 
se  composaient  chacune  de  7  membres  dont  1  président. 


106J  — 


PARIS 


Le  bureau  central  et  les  administrations  municipales  dai- 
rondissement  comprenaient,  de  plus,  1  commissaire  du  Di- 
rectoire, représentant  de  l'autorité  centrale.  Des  conférences 
étaient  tenues  d'une  part,  au  moins  trois  fois  par  mois, 
au  bureau  central,  entre  ses  membres  et  les  présidents  des 
municipalités  d'arrondissement,  et,  d'autre  part,  entre  le 
bureau  central  et  les  membres  du  département  au  nombre 
de  5.  Le  bureau  central  était  placé  sous  l'autorité  immé- 
diate du  département  ;  il  pouvait  déléguer  aux  municipa- 
lités d'arrondissement  l'exécution  des  mesures  arrêtées  par 
lui.  A  ces  administrations  remplacées  momentanément, 
pendant  5  jours,  par  les  commissaires  du  gouvernement, 
au  18  brumaire,  succédèrent  le  préfet  de  la  Seine  et  le 
préfet  de  police  et  les  mairies  d'arrondissement,  d'après  la 
constitution  de  l'an  VIIL  Cette  période  plus  longue  vit  trois 
conspirations,  celle  de  Babeuf,  celle  de  l'affaire  du  camp 
de  Grenelle  (1796),  celle  de  La  Villelieurnois  (i797),  trois 
coups  d'Etat,  le  18  fructidor  an  V,  celui  qui  porte  les 
dates  des  27  floréal  et  30  prairial  an  Yll,  et  le  18  brumaire 
an  YIII,  enfin  toute  espèce  de  fêtes. 

Le  caractère  principal  de  l'organisation  donnée  à  Paris  et 
au  dép.  de  la  Seine  par  Bonaparte,  organisation  qui  subsiste 
encore  dans  toutes  ses  grandes  lignes,  réside  dans  la  répar- 
tition des  attributions  préfectorales  entre  deux  préfectures  : 
à  côté  du  préfet  delà  Seine  est  un  autre  préfet  qui  réunit  les 
attributions  de  police.  Les  administrations  des  arrondisse- 
ments municipaux  continuent  à  n'avoir  que  des  attribu- 
tions restreintes  :  dans  chacun  d'eux,  1  maire  et  2  adjoints 
sont  chargés  «  de  la  partie  administrative  et  des  fonctions 
lelativesà  l'état  civil  ».  Le  conseil  de  département,  com- 
posé seulement  de  24  membres,  bientôt  réduits  à  16  par 
arrêté  du  25  vendémiaire  an  IX,  remplit  les  fonctions  de 
conseil  municipal  de  Paris  ;  les  conseillers  avaient  pour 
attribution  unique  de  délibérer  et  de  voter  sur  les  questions 
qui  leur  étaient  soumises,  sans  aucune  initiative  et  sans 
droit  de  contrôle  des  actes  de  l'administration.  Conseillers, 
maires  et  adjoints  étaient  nommés  par  le  chef  du  pouvoir 
exécutif.  Cette  organisation  ne  fut  modifiée,  et  dans  un  sens 
libéral,  comme  d'ailleurs  pour  les  autres  corps  adminis- 
tratifs de  France,  que  sous  Louis-Philippe,  kwx  termes  de 

11  loi  du  20  avr.  183i, les  conseillers  furent  nommés  par 
élection.  Le  conseil  général  comprit  44  membres  dont 
3(5  élus  par  les  arrondissements  municipaux,  à  raison  de  3 
pour  chacun,  composaient  le  conseil  municipal.  Seulement 
le  î  président  et  vice-présidents  étaient  nommés  annuelle- 
m\nt  parle  roi.  Les  maires  et  adjoints  étaient  choisis  par 
le  roi  pour  trois  ans,  mais  sur  une  liste  de  12  candidats 
élu 5.  La  loi  spéciale  pour  Paris,  promise  dans  la  loi  du 
18  juil.  1837,  ne  fut  pas  faite  ;  mais  les  dispositions  de  la 
loi  du  10  mai  1838  sur  l'administration  départementale 
furent  appliquées  dans  la  Seine.  Napoléon  P"^  ne  mit  à 
exécution  qu'une  partie  de  ses  projets  relatifs  à  Fembel  - 
lissement  de  Paris.  Pendant  le  demi-siècle  qui  s'étend  de 
l'an  VIlï  à  1848,  les  événements  les  plus  saillants  furent 
le  siège  de  1814  et  les  quatre  révolutions  qui  commencent 
et  qui  terminent,  les  unes  la  période  dite  des  Cent-Jours, 
les  autres  l'histoire  de  la  monarchie  de  Juillet.  En  dehors 
de  la  fête  du  couronnement  de  Napoléon  P''  à  Notre-Dame 
le  2  déc.  1804  et  de  la  tenue  du  concile  réuni  à  Paris 
de  juin  à  août  1811,  les  autres  événements  sont  des 
attentats  ou  des  émeutes  :  le  24  déc.  1800,  explosion 
de  la  machine  infernale  dirigée  contre  le  premier  consul  ; 
le  23  oct.  1812,  conspiration  du  général  Malet;  en  1831, 
plusieurs  émeutes,  notamment  celle  qui  fut  marquée  le 
14  févr.  par  le  sac  de  l'église  de  Saint-Germain-l'Auxer- 
rois  et  de  l'archevêché;  en  1832,  émeute  des  5  et  6  juin 
et  combat  du  cloitre  Saint-Merri;  en  1834,  émeute  des 
13  et  14  avr.;  le  28  juil.  1835,  attentat  de  Fieschi;  le 

12  mai  1839,  insurrection  de  Barbes  et  de  Blanqui.  Le 
siège  de  1814  (29-31  mars)  mérite  surtout  d'être  célèbre 
parce  que  les  troupes,  cependant  peu  nombreuses,  et 
les  gardes  nationaux  tirent  une  belle  résistance  qui  se 
concentra  au  N.  et  au  N.-R.,  principalement  à  la  bar- 


rière de  Clichy  et  à  la  place  du  Trône.  Les  alliés  pé- 
nétrèrent dans  Paris  le  31  mars;  l'entrée  solennelle  de 
Louis  XVIII  eut  lieu  le  3  mai.  En  1815,  la  rentrée  de  Na- 
poléon est  du  20  mars,  celle  de  Louis  XVIII  du  8  juil.  C'est 
ta  Paris  que  furent  signés  les  traités  qui  suivirent  les  coa- 
litions, les  30  mai  1814  et  20  nov.  1815.  La  révolution  de 
1830  avait  duré  3  jours,  du  27  au  29  juil.  ;  celle  de  1848 
en  dura  3  également,  les  22,  23  et  24  févr.  La  mairie  cen- 
trale de  Paris  fut  rétablie  par  la  deuxième  république.  Gar- 
nier-Pagès  fut  nommé  maire  le  24  févr.  1848  et  il  eut  2  ad- 
joints, mais  ils  tenaient  leur  nomination  du  pouvoir  central, 
et  les  membres  de  la  commission  provisoire  à  la  fois  muni- 
cipale et  départementale,  dont  l'établissement  fut  décidé 
par  le  décret  du  3  juil.  1848,  furent  nommés  par  le  pou- 
voir exécutif  également.  Le  département  sans  préfet  depuis 
février  en  eut  un  nouveau;  de  même,  à  partir  de  juillet, 
il  n'y  eut  plus  de  mairie  centrale.  En  ce  qui  concerne 
la  distinction  des  conseils  du  département  et  delà  ville,  on 
en  revint  par  le  décret  des  8-16  sept.  1849  au  régime  de 
la  loi  de  1834  ;  le  département  eut  une  commission  provi- 
soire de  44  membres,  et  Paris  une  commission  provisoire 
de  36  membres,  mais  nommés  par  le  pouvoir  exécutif; 
une  réorganisation  de  ces  commissions  fut  faite  par  décret 
du  27  dec.  1851.  Confiée  d'abord  au  maire  de  Paris,  la 
police  redevint,  dès  le  13  mars  1848,  une  administration 
ayant  à  sa  tête  un  préfet  et  relevant  d'une  façon  directe 
du  ministre  de  l'intérieur.  Ce  régime  d'exception  resta 
appliqué  jusqu'à  la  fin  du  second  Empire  ;  la  loi  du  5  mai 
1855  ne  fit  que  le  confirmer;  elle  décida  que  les  conseil- 
lers municipaux  seraient  nommés  pour  5  ans.  De  1848  à 
1852,  Paris  eut  à  souffrir  encore  de  plusieurs  journées  ré- 
volutionnaires. Après  les  sanglantes  journées  de  juin  (23- 
28),  pendant  lesquelles  la  lutte  fut  particulièrement  vive 
dans  le  faubourg  Saint-Antoine,  vinrent  l'insurrection  du 
13  juin  1849,  puis  le  coup  d'Etat  du  2  déc.  1851  et 
la  journée  du  4  de  ce  mois,  où  le  représentant  du  peuple, 
Baudin,  fut  tué  sur  une  barricade  de  la  rue  Sainte-Mar- 
guerite. D'autre  part,  l'attentat  d'Orsini  est  du  14  janv. 
1858.  L'Exposition  internationale  tenue  à  Paris  en  1855 
et  le  traité  signé  à  Paris  en  1856  à  la  suite  de  la  cam- 
pagne de  Crimée  ne  rappellent,  au  contraire,  que  des  dates 
glorieuses.  Alors  aussi  la  transformation  de  Paris  par  les 
soins  du  baron  Haussmann,  préfet  de  la  Seine,  de  1853  à 
1870,  commence  ;  on  sait  coml^ien  son  administration  s'est 
signalée  par  la  percée  de  grands  boulevards  et  de  larges 
rues.  En  1818,  l'enceinte  avait  été  modifiée,  sur  un  point, 
par  la  réunion  à  Paris  du  village  d'Austerlitz,  situé  der- 
rière le  boulevard  de  l'Hôpital. 

Par  la  loi  du  16  juin  1859,  tous  les  territoires  qui  se 
trouvaient  compris  entre  les  barrières  de  l'octroi  et  l'en- 
ceinte bastionnée,  construite  de  1841  à  1845,  furent 
annexés  à  la  ville,  c.-à-d.  4  communes  :  la  Ville tte,  Bel- 
le ville,  Vaugirard  et  Grenelle,  en  totalité,  7  communes 
pour  la  plus  grande  partie,  Auteuil,  Passy,  Batignolles- 
Monceau,  Montmartre,  la  Chapelle,  Charonne  et  Bercy 
(le  reste  des  territoires  de  ces  communes  ayant  été  ratta- 
ché aux  communes  voisines)  et  une  partie  des  territoires 
de  13  communes  non  supprimées,  Neuilly,  Clichy,  Saint- 
Ouen,  x4ubervilliers,  Pantin,  les  Prés-Saint-Gervais,  Saint- 
Mandé,  Bagnolet,  Ivry,  Gentilly,  Montrouge,  Vanves  et 
Issy.  Paris,  où  la  division  en  arrondissements  fut  complète- 
ment remaniée,  eut  dès  lors  20  mairies  au  lieu  de  12  et 
le  nombre  des  membres  du  conseil  municipal  s'éleva,  en 
conséquence,  de  36  à  60  ;  2  au  moins  durent  être  pris 
dans  chacun  des  arrondissements,  et  avoir,  dans  l'arron- 
dissement qu'ils  représentèrent  leur  domicile  ou  y  posséder 
un  établissement.  Les  administrations  d'arrondissement 
devinrent  plus  étroitement  encore  les  auxiliaires  de  l'ad- 
ministration préfectorale  ;  le  personnel  des  mairies  se  con- 
fondit par  son  recrutement,  par  les  conditions  de  nomina- 
tion, avec  celui  des  bureaux  de  la  préfecture.  En  même 
temps  qu'il  poursuivait  ses  immenses  travaux  de  voirie, 
Haussmann  s'attachait  à  doter  Paris  de  grands  jardins 


PARIS 


I0f>2 


publics;  il  U-aiisfoi'mail  le  parc  do  x\loiiccuii,  cl  créait  W 
parc  des  Battes-Chaumoiit.  Le  bois  de  Vinceiines,  ac(;ins 
par  la  ville  de  Paris,  reçut  toute  espèce  d'embellisse- 
ments, comme  quelques  années  auparavant  le  bois  de  Bou- 
logne. L'Exposition  univei'selle  de  1867  fut  beaucoup  plus 
importante  que  celle  de  l855.Maispeu  après,  la  guerre  de 

1870  (V.  Franco-Allemande  [Guerre])  amena  le  siège  dePa- 
ris  et  tout  d'abord  la  révolution  du  4  sept.  L'administra- 
tion préfectorale  disparut  et  aussi  les  2  commissions, 
départementale  et  municipale.  Un  décret  du  gouverne- 
ment de  la  Défense  nationale  nomma,  le  4  sept.  1870, 
un  maire  de  Paris  qui  fut  assisté  de  4  adjoints  (7  sept.)  : 
un  membre  du  gouvernement  était  délégué  près  le  dé- 
partement (6  sept.);  celui-ci  fut  délégué  également  à  la 
mairie  centrale,  par  décret  du  15  nov.  4870,  lorsque 
le  maire  de  Paris  eut  donné  sa  démission.  Les  maires 
d'arrondissement  d'abord  nommés  par  le  gouvernement 
furent^  en  nov.  1870,  élus  par  le  suffrage  univerel. 
Le  siège  que  Paris  eut  à  soutenir  dura  du  18  sept.  1870 
au28  janv.1871  ;  on  sait  avec  quel  héroïsme  il  fut  soutenu 
pendant  si  longtemps  ;  l'émeute  du  31  oct. ,  qui  avait  été 
précédée  par  la  manifestation  du  6  de  ce  mois,  fut  provo- 
quée par  ceux  qui  réclamaient  l'établissement  d'une  com- 
mune; le  bombardement  commença  le  5  janv.  Quand  le 
1^^  mars  1871  des  soldats  prussiens  entrèrent  dans  Paris 
et  occupèrent  le  quartier  des  Champs-Elysées  pour  trois 
jours,  cette  prise  de  possession  de  la  ville,  en  quelque 
sorte  purement  symbolique,  fut  dépourvue  de  tout  caractèi'c 
triomphal. Pendant  deux  mois,  du  1 8  mars  à  la  fin  de  mai  187 1 
îa  ville  eut  un  gouvernement  insurrectionnel,  celui  delà  Com- 
mune(y,  ce  mot,  t.  XII,  p.  139);  après  avoir  forcé  l'enceinte 
fortifiée  le  24  mai,  le  gouvernement  reprit  au  bout  d'une  se- 
maine la  capitale  et,  par  décret  du  5  juin,  un  nouveau  pré- 
fet de  la  Seine  fut  nommé.  La  loi  d'organisation  municipale, 
qui  donna  à  Paris  un  conseil  municipal  émané  du  suffrage 
universel  et  reçut  son  application  dès  que  la  Commune  fut 
terminée,  date  de  la  période  môme  de  la  Commune,  du 
14  avr.  1871  ;  la  nouvelle  loi  relative  au  conseil  géné- 
ral est  un  peu  postérieure  (16  sept,  de  la  mémo  année). 
Sous  la  troisième  République,  les  faits  les  plus  remarqua- 
bles à  signaler  dans  la  chronologie  plus  exclusivement  pa- 
risienne sont  :  l'Exposition  universelle  de  1878,  l'institu- 
tion de  la  fête  annuelle  du  14  juillet  (1880),  la  visite  du 
roi  d'Espagne  à  Paris  en  sept.  1883,  les  manifesLitions  des 
1*^^  et  2  déc.  1887,  qui  aboutirent  à  la  démission  du  pré- 
sident Grévy,  l'élection  du  général  Boulanger  le  27  janv. 
1889  en  qualité  de  député  de  la  Seine,  l'Exposition  uni- 
verselle de  1889  qui  dépassa  en  éclat  les  précédentes, 
les  émeutes  du  quartier  la  lin  provoquées  par  les  rap- 
ports entre  la  police  et  les  étudiants  en  "iiil.  1893,  l'at- 
tentat anarchiste  dont  la  Chambre  des  députés  môme  fut 
le  théâtre  le  9  déc.  suivant.  Mais  à  la  même  époque,  du  17  au 
24  oct. ,  Paris  fêtait  magnifiquement  l'amiral  russe  Avellan  et 
les  otfîciers  de  sa  mission,  et,  en  1896,  la  réception  qu'il  fit 
au  tsar  Nicolas U,  pendant  trois  jours  (6-8  oct.)  fut  plus 
grandiose  encore.  11  faut  rappeler  aussi  les  journées  des 
grandes  funérailles  faites  à  Thiers,  à  Gambetta,  à  Victor 
Hugo,  à  Mac-Mahon,  à  Carnot,  à  Félix  Faure.  Toute  l'an- 
née 1898  a  été  marquée  par  les  manifestations  des  adver- 
saires ou  des  partisans  de  la  revision  du  procès  Dreyfus.  De 
très  importantes  opérations  de  voirie  ont  été  faites  depuis 

1871  :  l'ouverture  de  l'avenue  de  l'Opéra,  du  boulevard 
Henri  IV,  de  la  rue  Soufflet,  de  la  rue  Etienne-Marcel,  l'achè- 
vement du  boulevard  Saint-Germain  et  de  l'avenue  de  la 
Républi({ue.  On  a  créé  le  parc  de  Montsonris,  édifié  l'Opéra, 
le  palais  du  Trocadéro,  reconstruit  l'Hôtel  de  Ville,  l'Ecole  de 
médecine,  la  Sorbonne,  FHotel  desPostcs,  l'Opér a-Comique, 
agrandi  l'Ecole  de  droit,  bâti  surtout  de  nombreuses  écoles 
et  exécuté  des  travaux  considérables  d'assainissement. 

Armoiries  de  Paris.  —  Elles  remontent  au  moins  au 
xm^  siècle  et  sont  ainsi  composées  :  De  gueules  au 
navire  équipé  d'argent,  voguant  sur  des  ondes  de 
même,  au  chef  cousu  d'az-ur,  à  un  semé  de  fleurs  de 


Armes  de  Paris. 


lis  dur  qui  est  de  France  ancien;  le  navire  est  le  sym- 
bole des  marchands  de  l'eau,  les  fleurs  de  lys,  ajoutées 
après  13o8,  sont  celui  de  la  royauté.  La  devise  Fluctuai 
nec  m.ergilur  (il  est  ballotté,  mais  non  submergé)  com- 
plète ce  blason. 

Historiens  de  Paris.  —  Paris  a  eu  de  nombreux  his- 
toriens, depuis  l'opus- 
cule deCorrozet  (1532). 
augmenté  par  N.  et  P. 
Bonfons,  et  la  disserta- 
tion de  Fauchet  (1590) 
sur  les  causes  pour  les- 
quelles les  rois  ont  choisi 
cette  ville  comme  capi- 
tale. Les  auteurs  dos 
histoires  ou  des  descrip- 
tions de  Paris  les  plus 
importantes  ont  été  :  au 
xvii^  siècle.  Du  Breul 
(1612),Malingre(1640), 
Colletet  (1664),  Le 
Maire  (1685);  au  xvm^ 

siècle  :  De  La  Mare  (1705),  complété  par  Le  Clerc  du 
Brillet,  Piganiolde  La  Force  (1718),  Sauvai  (1724),  Féh- 
bien  et  Lobineau  (1725),  Labarre  et  Desfontaines  (1735), 
Duplessis  (1753),  Lebeuf  (1754),  Saint-Foix  (1754),  Pon- 
cet  de  La  Grave  (1771),  Jaillot  (1772),  BéguiUet(1779), 
Hurtaut  et  Magny  (1779),  Mercier  (1782)  ;  au  xix^  siècle, 
Saint-Victor  (1808),  Dulaure  (1820),  Touchard  Lafosse 
(1833),  Mariés  (1838),  J.  de  Gaulle  (1839),  Th.  Laval- 
lée  (1852),  Meindre  (1854),  Guilhermy  (1855),  La  Bé- 
dolUère  (1860),  Gabourd  (1863).  Plus  récemment,  de 
nombreux  érudits  ont  fait  de  Paris  le  principal  objet  de 
leurs  publications  :  A.  Berty,  A.  Bonnardot,  M.  Du  Camp, 
V.  Fournel,  Ed.  Fournier,  les  frères  Lazare,  Lefeuve,  Le 
Roux  de  Lincy,  Ménorval,  etc. 

Prévôts  de  Paris  et  gardes  de  la  prévôté.  —  Etienne 
(1060-67),Pierre(1082),Jean(?),BaudoinleFlamandetRc- 
naud  (1152-56  ;  avec  Guillaume  de  Gournay  en  1154  env.), 
Anseau  de  Garlande  (1192),  Etienne  (?)  Hugues  de Meulan 
(1196),  Jean  (1196),  Thomas  (1200),  Robert  de  Meulan 
et  Pierre  de  Theillay  (1200-1  ),  Renaud  de  Cornillon 
(mars  120 1-2),  Robert  de  Meulan  (1202-3),  Eudes  Po- 
pin  et  Eudes  Arrode  (1205),  Phihppe  Hamelin(1207),  Ni- 
colas Arrode  (Neuholet)  ctLambequin  de  Montlhéry  (121 4), 
Nicolas  Arrode  et  Philippe  Hamehn  (1217, 1219  etl223), 
Jean  des  Vignes  (févr.  1224,  1226  et  1227-28),  Ihillov 
(Pierre  de  Theillay?)  (1229),  Raoul  Dessus  rt:au  (1230), 
Guillaume  Barbette  (I2;j4),  Eudes  Popin  et  Simon  Bar- 
bette (1241),  Eudes  Popin  et  Raoul  de  Pacy  (1242-44), 
Guernon  de  Verberieet  Gautier  Le  Maître  (1245),  Renaud 
dit  Le  Comte  (1246),  Guernon  de  Verberie  et  Gautier  Le 
Maître  (12  47),  Nicolas  Barbette  et  Gautier  Le  Maître  (1248- 
49),  Eudes  Popin  et  Eudes  Le  Roux  (sept.  1249-50), 
Eudes  Popin  et  Hervé  d'Yère  (sept.  [?]  1250-51),  Guer- 
non de  Verberie  et  Etienne  Tàtesaveur  (1252-53),  Jean 
Bigue  et  Pierre  Gonthier  (1253-54),  Eudes  Le  Roux  et 
Hervé  d'Yère  (1254-58),  Jean  de  Chambaudon  et  Pierre- 
Gonthier  (1258-60),  Etienne  Roileau  (févr.  ou  mars  1261- 
21  déc.  1269),  Renaud  Barbou  (mai  1270-75),  Jean  Le 
Saulnier(l275etl276), Mathieu deMorriers  (1277),  Nico- 
las de  Rosoy  (1277),  Guy  du  Mez  (nov.  1277-79),  Gilles 
de  Compirgne  (1281- juil.  1284),  Oudard  de  La  Neuville 
(1284-déc.  1286),  Renaud  Le  Gras  (1287),  Pierre  Say- 
mcl  (1287-16  avr.  1289),  Jean  de  Montagny  (1289-oct. 
1290),  Jean  de  Marie  (févr.  1231),  Guillaume  d'Hangest 
(17  avr.  1291-96),  Adam  Alati  (1296),  Jean  de  Saint- 
Léonard  (1296-97),  Robert  Maugier  (1297-5  févr.  1298), 
Guillaume  Thiboust  (déc.  1298-11  juil.  1302),  Pierre  Le 
Jumeau  (1302-30  juin  1304),  Pierre  de  Dicy  (1304- 
16  déc.  1305),  Pierre  Belagent  (1306),  Fréminde  Coque- 
rel  (1306-8),  Guillaume  de  Gourmont?  (14  juin  1308). 
Pierre  Le  Féron  (10  oct.  1308-7  juin  1309),  Jean  Ploie- 


—  1033  — 


PAHIS 


baut  (1399-2*  levr.  1310).  Pierre  Le  Fenm  ?  (1313), 
Simon  de  Courceaux  (!i7  mars  1316),  Guill.  do  La  Made- 
leine (1316),  Henri  d(>  Tapcrel  (1316-20),  Jean  Robert 
<1317),  Gilles  Haquin  (mai  1320-22),  Jean  Robert  (min 
1321-22?),  Jean  l'Oncle  (1322-18  août  1324),  Pierre  de 
Javoux (1325),  Hugues  de  Crusy  (févr.  1326-19nov.  1330), 
Jean  Milon(19  nov.  1330-13  avr.  1334),  Pierre  Belagent 
(13  avr.  1331-29  nov.  1339),  Guillaume  de  Gourmont 
(29  nov.  1339-6  avr.  1349),  Alexandre  de  Crève  cœur 
(6  avr.  1349-12  janv.  1354),  Guillaume  Staise(12féYr. 
13o4-30  mars  1339),  Jean  Le  Bâcle  de  Meudon  (30  mars 
1359-18  mai  1361),  Jean  Dernier  (18  mai  1361-3  sept. 
1367),  Hugues  Aubriot  (3  sept.  1367-17  mai  1381), 
Guillaume  de  Saint-Germain  (17-31  mai  1381),  Audouin 
Chauveron  (31  mai  1381-25  janv.  1389),  Jean  de  Fol- 
leville  (27  janv.  1389-6  juin  140i),  Guillaume  de  Ti- 
gnonville  (6  juin  110-1-5  mai  1408),  Pierre  POrfèvre  [r] 
(1407),  Pierre  des  Essarts  (5  mai  1408-8  nov.  1410), 
Bruneau  de  Saint-Glair  (8  nov.  1410-19  sept.  1411). 
Pierre  des  Essarts  (19  sept.  1411-16  mars  1  ilS),  Robert 
de  La  Heuse  {ÏQ  mars  1413-22  sept.  1413),  André  Mar- 
chant (22  sept.  1413-24  oct.  1414),  Tanneguy  du  Cliâtel 
(24  oct.  1414),  André  Marchant  (25  oct.  1414-20  févr. 
1415),  Tanneguy  du  Cbàtel  (20  févr.  1415-1418),  Guy 
de  Bar  (29  mai  1418-19  août  1418),  Jacques  Lamban 
(19  août  1418),  Guy  de  Bar  (3  oct.  1418-19),  Robert  de 
Montjeu?  (1419),  Gilles  de  Clamecy  (3  févr.  1419-20), 
Jean  du  Mesnil  (17  déc.  1 420).  Vacance  de  la  prévoté.  Crau- 
cher  Jayer  (1 1  -1 3  mars  1 421  ) ,,  Jean  de  La  Baume  (1 4  mars 
1421),  Pierre  de  Marigny  (5  mai  1421),  Hugues  Restore 
(1 421  ) ,  Pierre  Le  Verrat  ou  BaiTat  (31  juil.  i  421  ) ,  Simon  de 
Ghampluisant  (3  févr.  1422),  Jacques  de  Luxembourg 
(1422),  SimonMorhier  (1^^'dée.  1422-13avr.l436),  Gilles 
de  Clamecy  (1430-juin  1432),  Philippe  de  Ternant  (19  avr. 
1436),  Boulainvilliers  (1436  ?),  Ambroise  de  Loré  (23 févr. 
1437-22  nov.  1440),  Jean d'Estouteviile  (4  juil.  1446), 
Robert  d'Estouteville  (28  mars  1447-16  déc.  1448), 
Jacques  de  Villiers  (l*^''sept.  1461-65),  Robert  d'Estoute- 
ville  (7  nov.  1465),  Jean  de  Saint-Romain  (4  juin  1479), 
Jacques  d'EstouteviUe  (21  juin  1479-3  juin  1484),  Guil- 
laume Roger  (11  sept.  1509),  Jacques  de  Coligny  (22  oct. 
1509),  Guillaume  Roger  (5  juin  1512),  Gabriel  d'Alègre 
(févr.  151H),  François  Roger  (5  mai  1526),  Jean  de  La 
Barre  (2  juin  1526-24' mai  1531),  Nicole  Thibault  (2  mars 
1533-34),  Jean  d'EstouteviUe (7  mars  1534),  Noèl  Brulart 
(1540),  Antoine  ¥'  du  Prat  (mars  1447-53),  Antoine  H 
du  Prat  (18  juil.  1553-89),  Jacques  de  La  Guesle  (nov. 
1589-90),  Edouard  Mole  (oct.  1590-92),  Charles  de  Neu- 
ville (12déc.  1592-94),  Jacques d'Aumant(l^^-  oct.  1 594- 
1612),  Louis  Séguîer  (1612-8  nov.  1653,  Nicolas  Fou- 
quet  (1653)^  Pierre  Séguier  (déc.  1653-70),  Armand  du 
r^mboust  (juin  1670-83),  Achille  de  Harlay  (1683-85), 
Charles  Denis  de  Bidlion  (1685-20  mai  1721),  Gabriel 
Jén)medeBullion  (30janv.  1723-21  déc.  1752),  Alexandre 
ile  Ségur  (7  févr.  1755-66),  Anne-Gabriel-Marie  Bernard 
de  Boulainvilliers  (29  juil.  1766-21  janv.  1791). 

Prévôts  des  marchands.  —  Evreux  de  Valenciennes 
(1263),  Jean  Augier  (1268),  Guillaume  Pisdoé  (1276), 
Guillaume  Bourdon  (1280),  Jean  Popin  (1289),  Jean 
Arrode  (1291),  Jean  Popin  (1293),  Jean  Popin  (1296, 
f  18  juil.),  Guillaume  Bourdon  (1296),,  Etienne  Barbette 
(1298-1304),  Guillaume  Pisdoé  (1304),  Guillaume  Pisdoé 
(1305),  Etienne  Barbette  (1312),  Jean  Gentien  (1321), 
Hugues  Le  Coq  (1345-54),  Etienne  Marcel  (1354- 
31  juil.  1358),  Gencian  Tristan  (1358),  Jean  Desmarets 
(1359),  Jean  Fleury  (1371),  Guillaume  Bourdon  (1381), 
Andouin  Chauveron  (27  janv.  1383),  Jean  de  Folleville  (??) 
(1389),  Jean  Jouvenel  des  Ursins  (27  janv.  1389-92), 
Charles  Culdoé  (1404),  Pierre  Gentien  (20  janv.  1411), 
AmM  d'Espernon  (16  mars  1412),  Pierre  Gentien 
(9  sept.  1 413),  Philippe  deBrébant  (10  oct.  1415),  Etienne 
ëe  Bonpuis  (7  sept.  1417),  Guillaume  Ciriasse  (12  sept. 
1417),  Noël  Marchant  (6  juin  i418-19),  Hugues  Le  Coq 


(1420).  Gartiier  de  Saiulyon  (1422),  Guillaume  Sanguin 
(1429-30),  Hugues  Rapioult  (4431-33),  Hugues  L&  Coq 
(juil.  1434),  Michel  de  Lallier  (13  fév. '1436-37), Pierre 
des  Landes  (23  juil.  1438,-43),  km  Baillât  (1M4-49), 
Jean  Bureau  (17  août  1450),  Dï'eux  Budè  (i9  août  1452- 
55),  Mathieu  de  Nanterre  {iQ  aoiit  1450-^)^  Henïi  de 
Livres  (16  août  1460-65),  Michel  de.  La  Sran^  ^1466- 
67),  Nicolas  de  Louviers  (1468-69)^.  Denis HessëifttJ:470- 
72),  Guillaume  Le  Comte  (4474-75),.  Henri  ë'e  Livres 
(1476-83),  Guillaume  de  La  Havc  (1484,-^5)^  Jean  du 
Drac  (1486-89),  Pierre  Poignant  (1490-94),  Jacques Pié- 
defer  (1492-93),  Nicolas  Viole  (1494-95),  Jeaa  de  Mont- 
mirel  (1496-97),  Jacques  Piédefer  (1498-99)^  Niicolas 
Potier  (oct.  1499-1501),  Germaiife  de^  Mark  (lS02-3\ 
Eustache  Luillier  (1 504-5)  „  Dreux  Raguier  (1506-7), 
Pierre  Le  Gendre  (W  août  150^-9),,  Robfiert  Turquain 
ou  Turquant(16  août  15l0r-ll)„Rog,erBarme(15i2-13|, 
Jean  Brulart  (16  août  1514-15),  Pierre;  Qeutin!  (16 
août  1516-17),  Pierre  Lescot  (16  août  1^18-1^),  An- 
toine Le  Viste  (16  août  152(^-21)^  GuiHaume  Budé  (li) 
août  1522-23),  Jean  Morin  (16  août  1524-2^),  Ctermain 
de  Marie  (16  août  1526-27),  Gaillart  Spifamo:  (16  août 
1528-29),  Jean  Luillier  (i6  août  1530-31)^  Piei^re  Viole 
(16  août  1532-33),  Jean  Tronson  (16  août  1534-37), 
Augustin  de  Thou  (  1 538-39) ,  Etienne  de  Mantmirel  (1 540- 
41),  André  Guillard  (1542-43),  Jean  Mario  (1544-45), 
Louis  Gayant  (1546-47),  Claude  Guyot(lti48'"5.1), Chris- 
tophe de  Thou  (1552-53),  Nicolas  daLivrea  (1554-55), 
Nicolas  Perrot  (1556-57),  Martin  de  Bragelongue  (1558- 
59),  Guillaume  de  Marie  (1560-63)^  Guillaume,  Guyot 
(1564-65),  Nicolas  Le  Gendre  (î566-6D),Clatide:lai'cel 
(1570-71),  Jean  Le  Charron  (157^-75),  Nicolas  luillier 
(1576-77),  Claude  Daubrav  (157 8-79) ^Augustin  de- Thou 
(1580-81),  Etienne  de  m\^  (1582-86),  Nicolas-Hector 
dePerreuse  (1586-14  mai  1588),  Michel  Maçteaii  (20 
mai  1588-90),  Charles  Boucher  (18  oct,  159Q-^4k  Jean 
Luillier  (9  nov.  1592-94),  Martin  Langlois  (15M-17 
août  1598),  Jacques  Danès  (1598-99),  Anî^iaii  Guiot 
(1600-2),  Martin  de  Bragelongue  (1602.-4),  François 
Miron  (1604-6),  Jacques  Sanguin  (160642),  Gaston  do 
Grieu  (1612-14),  Rohert  Miron  (1 61 4-16)» Antoine  Bou- 
chet  (1616-18),  Henri  de  Mesmes  (1618-22),  Nicolas  de 
Bailleul  (1622-28),  Clu^istophc^  Sanguin  (1628-32),  Mi- 
chel Moreau  (1632-oct.  1637),0udartL^  Féron  (2(i  oct. 
1637-fév.  1641), Christophe  Perrot  (25fé¥.-^  a¥J641), 
MacéLe  Boulanger  (22  av.  1641-44),.  Jean  Scaroû  (1644- 
46),  Jérôme  Le  Féron  (26  fév.  1646-50)^  Antoine  Le 
Febvre  (1650-5  juil.  1652),  Pierre  dft  Bi'oussel  (6  juil.- 
24  sept  1652),  Antoine  Le  Fehvre  (14  ©et.  16521-17  aoù( 
1654),  Alexandre  de  Sève  (17  août  1654-62)^  Daniel 
Voisin  (1662-68),  Claude  LePeletier  (1668-76),  Auguste 
Robert  de  Pommereu  (1676-84),  Henri  de  Fourcy  (1684- 
92),  Claude  Rose  (1692-1700),  Charles  Boncto  (1700- 
1708),  Jérôme  Bignon  (1708-16)»  Charly  Trudaine 
(1716-4  juil.  1720),  Pierre-AntoinQ  dô  Castagnère  (4 
juil.  17i0-25  aoûtl725), Nicolas  Lambert  (^1  août  1725- 
10  juil.  1729),  Etienne  Turgot  (14  juiL  l7^B-40),Féhx 
A ubery  (1740-20  juil.  1743),Louis-Basilo  de  Bernage 
(26  juil.  1743-58),  Jean-Baptiste-Elie-Camns  d^  P^nt- 
carré  (1758-64),  Armand-Jérôme  Bignon'  (1764-8  mars 
1772),  Jean-Baptiste  de  La  Michodière  (17  mars  1772- 
78),  Antoine-Louis  Le  Febvre  de  Caumartia  (1778-84), 
Louis  Le  Peletier  (1784-28  av»  1789),  lae^jnes  de  Fies- 
selles  (28  av. -14  juil.  1789), 

Maires  de  Paris.—  Bailly  (15juiL  17894t gôyJ791), 
Pétion  de  Villeneuve  (16  nov.l79M7  septl70t),Bc>ucher 
René  (par  intérim), Chambon  (3ônov.  179M  fév.n93), 
Pache(14fév.  1793-10 mai  17 94), Fleuriot-L^scol  (lOïuai 
1794-27  juil.  1794),  Garnier-Pagès  (24fév.  4848-5 mars 
1848),  Armand  Marrast  (9  mars  1848-19iiiil,ia48).  — 
Etienne  Arago  (4  sept.  1870-15  nov.  187u), 

Préfets  de  la  Seine.  —  Frochot  (3  mars  lEOO),  de 
Chabrol  (23  déc.  1812),  deBondy  (20  mars   1815),  de 


'M\IS 


—  1064 


Chabrol  (7  jiiii.  1815),  de  LaLorde  (30juii.  1830),  Odilon 
Barrot  (20  août  1880),  deBondy  (21  fév.  4831),deRam- 
biiteau  (22  juin  1833-24  fév.  1848),  Trouvé-Chauvel(19 
jiiil.  1848),  Recurt  (27 cet.  1848),  Berger  (20  déc.  1848), 
flaussmann  (22  juin  1853),  Chevreau  (5  janv.-6  sept. 
1870),  Léon  SaY(o juin  1871),  Calmon  (7  déc.  1872-25 
mai  1873),  Ferdinand  Duval  (28  mai  1873),  Hérold 
(25janv.  1879-1^^  janv.  1882),  Floquet  (5  janv.  1882), 
Oustry  (31  oct.  1882),  Poubelle  (19  oct".  1883),  de 
Selves(23  mai  1896). 

III.  Administration  générale  actuelle.  —  Le 
régime  administratif  de  la  ville  de  Paris  est  sur  presque 
tous  les  points  un  régime  d'exception.  On  a  pensé  que  Paris 
ne  pouvait  être  administré  dans  les  mêmes  conditions  que 
les  autres  villes,  et  l'on  a  voulu  que  le  pouvoir  s'y  trou- 
vât plus  divisé  et  que  le  gouvernement  y  fût  plus  maître. 
Le  préfet  de  la  Seine,  représentant  de  l'Etat,  administra- 
teur du  dépai'tement,  est  le  maire  central  de  Paris,  bien 
que  ce  titre  ne  lui  soit  donné  nulle  part,  mais  il  n'a  pas 
(•ependant  les  attributions  de  police  confiées  à  un  préfet 
spécial  (V.  Police)  ;  il  réside  à  l'Hôtel  de  Ville.  De  classe 
exceptionnelle,  il  reçoit  un  traitement  annuel  de  50.000  fr. 
Au  point  de  vue  municipal,  le  préfet  de  la  Seine  a  comme 
attributions,  exception  faite  pour  la  police  et  l'état  civil, 
celles  mêmes  que  les  lois  des  18  juil.  1837  et  24  juil. 
1867  et  le  décret  du  25  mars  1852  conféraient  avant 
1884  à  tous  les  maires.  Il  n'est  pas  du  reste  dépouillé  de 
toute  intervention  en  matière  de  police.  Un  décret  du 
10  oct.  1859  a  réglé  des  conflits  d'attributions  qui  se  pro- 
duisaient assez  fréquemment  entre  les  deux  préfectures, 
notamment  en  matière  de  petite  voirie  et  de  perception 
de  droits  dans  les  halles  et  marchés,  et  il  a  réduit  les  at- 
tributions municipales  du  préfet  de  police  au  profit  du 
préfet  de  la  Seine.  Pour  administrer  la  ville  de  Paris, 
celui-ci  est  secondé  par  les  20  maires  d'arrondissement 
nommés  par  décrets  et  assistés  tantôt  de  3,  tantôt  de  5  ad- 
joints, suivant  que  le  nombre  des  habitants  est  inférieur 
ou  supérieur  à  120.000  (loi  du  9  août  1882).  Ces  maires 
et  adjoints  ne  peuvent  être  en  même  temps  conseillers  muni- 
cipaux. Leurs  fonctions  principales  sont  celles  d'officiers  de 
l'état  civil  (V.  Maire).  L'administration  préfectorale  de  la 
Seine  comprend  l'administration  centrale  ou  intérieure,  des 
services  annexes  et  des  commissions  se  rattachant  à  l'admi- 
nistration centrale  et  des  directions  spéciales. 

L'administration  centrale  ou  intérieure  se  subdivise  eu 
18  groupes:  1^  cabinet  du  préfet,  divisé  en  2  bureaux, 
bureau  du  visa  et  de  l'enregistrement  général  (personnel 
uiiministratif,  Légion  d'honneur,  visa  et  signatuie  du  pré- 
fet, réception,  dépouillement  et  enregistrement  des  dé- 
pèches, introduction  des  mémoires  au  conseil  municipal 
cl  au  conseil  général), et  bureau  des  bibliothèques  ;  le  bu- 
reau du  secrétariat  particulier  du  préfet  se  rattache  au 
cabinet;  —  2°  direction  du  personnel  comprenant  un  se- 
<rétarial  et  6  sections  (personnel  intérieur;  personnel 
extérieur;  personnel  technique;  personnel  de  service,  exa- 
mens et  concours;  comptabilité;  pensions  et  secours);  — 
3'^  inspection  générale  des  services  administratifs  et  finan- 
ciers (1  inspecteur  général,  4  inspecteurs,  2  inspecteurs 
adjoints)  ;  —  4°  service  des  beaux-arts,  placé  sous  l'au- 
torité immédiate  du  préfet  de  la  Seine  ;  —  5^^  secrétariat  gé- 
néral divisé  en  3  bureaux,  bureau  du  visa  et  de  la  sta- 
tistique générale,  bureau  des  élections,  brevets  d'invention, 
légalisations  et  notifications,  bureau  de  la  vérification  des 
mémoires  de  fourniture  et  des  comptabilités  en  matières  ; 
le  chef  du  premier  bureau  a  le  titre  de  chef  du  secréta- 
riat général,  et  un  employé  du  même  bureau,  le  titre  de 
secrétaire  particulier  du  secrétaire  général  ;  le  secrétaire 
général  étant  le  chef  direct  des  archives,  les  archives  de 
la  Seine  sont  rattachées  à  ce  groupe  ;  —  5°  secrétariats  du 
conseil  municipal  et  du  conseil  général  divisés  en  2  bu- 
reaux et  ayant  à  leur  tête  un  chef  des  secrétariats  et  un 
chef  adjoint  ;  les  présidents  des  2  conseils  ont  chacun  un 
chef  de  cabinet  ;  ce  groupe  comprend  de  plus  le  service 


de  l'imprimerie  municipale,  du  bulletin  municipal  et  de  la 
bibliothèque  des  conseils  ;  —  6^  service  du  matériel  dirigé 
par  un  conservateur  du  mobilier  de  la  ville  et  du  dépar- 
tement, et  divisé  en  service  du  matériel  proprement  dit 
(matériel  et  départ,  comptabilité  des  magasins  et  récole- 
ment  du  mobilier  communal  etdu  mobilier  départemental, 
mobilier  scolaire  et  récolement,  magasins,  inspection  du 
matériel,  service  télégraphique)  et  régie  ou  caisse  inté- 
rieure de  la  préfecture,  dont  le  chef  a  le  titre  de  régis- 
seur-comptable ;  — 7^ service  du  contentieux;  —  8<^  greffe 
du  conseil  de  préfecture  dirigé  par  un  secrétaire-greffier 
et  divisé  en  2  bureaux  (affaires  contentieuses  et  affaires 
administratives,  puis  contributions  directes  et  comptes  de 
gestion)  ;  —  9°  direction  des  affaires  municipales,  com- 
prenant 6  bureaux,  secrétariat  et  bureau  central,  assai- 
nissement de  l'habitation,  travail  et  établissements  sani- 
taires et  charitables,  domaine  de  la  ville,  approvisionnement, 
inhumations  ;  le  service  de  la  statistique  municipale  est 
rattaché  à  cette  direction  ;  —  10*^  direction  des  affaires 
départementales  comprenant  un  secrétariat,  5  bureaux  :  bu- 
reau central  (administration  départementale,  domaine, 
questions  d'intérêt  général,  affaires  intercommunales),  bu- 
reau de  l'administration  des  communes,  bureau  des  aliénés 
et  des  enfants  assistés,  bureau  des  travaux  publics  du  dé- 
partement et  des  communes,  bureau  des  travaux  d'archi- 
tecture de  l'Etat  et  du  département  ;  2  services  :  recette 
des  asiles  publics  d'aliénés  de  la  Seine,  contrôle  des  comp- 
tabilités administratives  du  département  et  des  communes 
de  la  Seine,  et  une  division  dite  des  affaires  mihtaires,  di- 
visée en  2  bureaux,  recrutement  et  mobilisation  ;  — 11°  di- 
'  rection  de  l'enseignement  primaire,  ayant  à  sa  tète  un 
inspecteur  d'académie  et  comprenant  7  bureaux  ou  ser- 
vices: bureau  du  secrétariat  et  du  personnel,  bureau  des 
examens  (administration  du  budget  départemental  de  l'ins- 
truction publique,  examens,  concours,  surveillance  des 
établissements  libres),  service  du  musée  pédagogique  et 
des  bibHothèques  scolaires,  puis,  sous  le  nom  de  services 
administratifs  de  la  direction,  dirigés  par  un  même  chef, 
service  du  contrôle  des  services  administratifs  et  financiers 
des  écoles  primaires  supérieures,  des  écoles  profession- 
nelles et  des  enseignements  auxiliaires,  service  de  l'ins- 
pection des  internats,  bureau  central,  bureau  de  la  comp- 
tabilité du  personnel,  du  matériel  et  de  la  comptabiHté 
du  matériel  ;  —  12^'  direction  administrative  des  services 
de  la  voie  pubUque,  des  plantations,  d'alignement  et  de 
l'éclairage,  des  eaux  et  égoutset  des  carrières  sous  Paris, 
divisée  en  4  bureaux  :  bureau  central  et  secrétariat,  voie 
publique  et  éclairage,  eaux,  canaux  et  égouts,  comptabilité, 
contrôle  et  revision  des  travaux  d'ingénieurs;  —  13*^  di- 
rection administrative  des  services  d'architecture  et  des 
promenades  et  plantations  divisée  en  6  bureaux,  bureau 
central  et  secrétariat,  bureau  administratif  des  travaux 
d'architecture  de  la  ville,  contrôle  et  revision  de  ces  tra- 
vaux, comptabilité,  traités  et  acquisitions,  alignements, 
promenades  et  plantations;  —  14°  direction  des  finances 
divisée  en  7  bureaux,  bureau  central  et  secrétariat, 
comptabilité  départementale,  ordonnancement  des  dépenses 
municipales,  comptabilité  municipale,  recouvrement  des 
contributions,  contentieux  des  contributions,  domaine  de 
l'Etat  et  dépenses  des  ministères  ;  —  15^  commission  des 
contributions  directes,  dont  le  président  a  auprès  de  lui 
un  secrétariat;  —  16^  contrôle  central  près  la  caisse 
municipale,  dirigé  par  un  contrôleur  ;  —  17*^  caisse  mu- 
nicipale, ayant  à  sa  tète  un  receveur  qui  touche  un  traitement 
de  20.000  fr.  et  une  indemnité  égale,  et  comprenant  8  bu- 
reaux ou  services,  bureau  central,  caisse  et  portefeuille,  re- 
couvrements et  recettes,  dépenses  budgétaires,  dette  muni- 
cipale, titres  et  transferts,  comptabiHté,  oppositions.  —  Les 
20  mairies  forment  un  dix-huitième  groupe,  les  secrétaires 
chefs  des  bureaux  et  les  autres  employés  de  ces  mairies 
faisant  partie  du  personnel  intérieur  de  la  préfecture. 

En  plus  des  8  directeurs,  du  receveur  municipal  et  du 
contrôleur  central,  le  personnel  de  cette  administration 


1063  — 


PARIS 


centrale  se  compose  de  197  chefs  et  soiis-cliefs,  3"2T  com- 
mis principaux  et  commis  rédacteurs,  650  commis  expé- 
ditionnaires, 249  commis-auxiliaires,  147  stagiaires,  52  ré- 
partiteurs des  contributions,  54  employés  du  personnel 
technique  détachés  au  service  intérieur,  49  agents  divers 
et  480  agents  du  personnel  de  service,  garçons  décaisse, 
huissiers,  appariteurs ,  concierges,  garçons  de  bureau, 
hommes  de  peine.  Le  total  est  ainsi  de  2.452  emplois  dont 
340  du  service  de  la  caisse  municipale  et  662  du  service 
des  20  mairies. 

Divers  services  extérieurs  ou  simplement  annexes  se  rat- 
tachent aux  différents  bureaux  de  la  Préfecture  :  au  per- 
sonnel, le  service  médical  ;  au  matériel,  le  service  de  véri- 
fication des  mémoires  et  fournitures  ;  au  secrétariat  des 
affaires  municipales ,  Tinspection  générale  du  service  de 
l'assainissement  et  de  la  salubrité  de  l'habitation  et  le  ser- 
vice des  médecins  de  l'état  civil  ;  au  bureau  de  l'assainis- 
sement, les  services  techniques  de  l'assainissement  de  l'habi- 
tation ;  au  bureau  du  travail,  les  établissements  charitables 
municipaux  ;  au  domaine  de  la  ville,  le  service  du  con- 
trôle des  voitures  et  des  concessions,  la  régie  des  propriétés 
communales  et  le  bureau  de  la  conservation  du  Champ- 
de-Mars  ;  à  l'approvisionnement,  le  service  d'inspection  ; 
au  bureau  des  cimetières,  Finspeetion  du  service  des  inhu- 
mations, celle  de  la  vérification  des  décès  et  celle  des  inci- 
nérations: au  bureau  central  des  affaires  départementales, 
le  contrôle  des  régies  et  du  matériel  des  cours  et  tribu- 
naux de  la  Seine,  le  service  de  surveillance  du  Palais  de 
Justice,  l'inspection  du  service  des  sapeurs-pompiers  des 
communes  du  département,  la  chaire  départementale  d'agri- 
culture, l'orphelinat  Prévost  à  Cempuis,  l'école  Lepelletier 
de  Saint-Fargeau  à  Montesson,  l'hospice  Favier  à  Bry-sur- 
Marne  ;  au  bureau  des  travaux  publics  du  département, 
les  services  des  ponts  et  chaussées  et  des  chemins  vicinaux, 
de  la  navigation,  du  contrôle  des  tramways  et  des  chemins 
de  fer;  au  bureau  des  travaux  d'architecture  du  départe- 
ment, les  services  permanent  et  temporaire  d'architecture; 
à  la  direction  de  l'enseignement,  les  diverses  inspections  ; 
à  la  direction  de  la  voie  publique,  les  services  techniques 
des  eaux,  de  l'assainissement,  de  la  voie  publique,  de 
l'éclairage,  des  carrières  ;  à  la  direction  d'architecture,  les 
services  techniques  d'architecture  permanent  et  temporaire, 
puis  des  promenades,  de  la  voirie,  du  plan  de  Paris.  Il  n'y 
a  pas  moins  d'une  trentaine  de  commissions,  conseils  ou 
comités  :  le  conseil  de  direction,  le  comité  technique,  le 
comité  consultatif  pour  les  affaires  contentieuses,  la  com- 
mission de  statistique,  la  commission  d'assainissement  et 
de  salubrité  des  habitations,  la  commission  supérieure  de 
voirie,  etc.  Les  divers  grands  étabhssements  qui  dépen- 
dent de  la  ville,  musées,  bibliothèques,  écoles,  asiles,  sont 
surveillés  par  des  commissions. 

Les  diàmimstraiimis  deV  Assistance  publique,  diiMont- 
dc-Piété  et  de  Vociroi  (V.  ces  mots)  constituent  trois 
grandes  directions  qui  sont  à  mentionner  tout  à  fait  à  part. 

Conformément  à  la  loi  d'organisation  du  44  avr.  4874, 
le  conseil  municipal  de  Paris  est  composé  de  80  conseillers 
élus  à  raison  de  4  par  arrondissement,  4  par  quartier  ; 
les  incapacités  et  les  incompatibiHtés  établies  par  l'art.  5 
de  la  loi  du  22  juin  4833  sur  les  conseils  généraux  sont 
applicables  aux  conseillers  municipaux  de  Paris,  indépen- 
damment de  celles  qui  sont  édictées  par  la  loi  en  vigueur 
sur  l'organisation  municipale.  Les  2  préfets  ont  entrée  au 
conseil  ;  ils  sont  entendus  toutes  les  fois  qu'ils  le  deman- 
dent. Le  renouvellement  de  la  convocation  des  conseillers 
est  fait,  s'il  y  a  lieu,  non  pas  à  trois  jours,  mais  à  huit 
jours  d'intervalle.  Au  commencement  de  chaque  session 
ordinaire,  le  conseil  nomme  au  scrutin  secret  et  à  la  ma- 
jorité son  président,  2  vice-présidents,  4  secrétaires  et 
un  syndic,  qui  constituent  le  l)ureau  ;  en  fait,  le  bureau 
est  maintenu  pendant  un  an  ;  il  forme  avec  les  2  préfets 
ce  qu'on  appelle  la  municipalité  de  Paris  et  il  est  chargé 
de  représenter  le  conseil  dans  les  cérémonies  publiques. 
Les  conseillers  sont  élus  pour  quatre  ans  depuis  la  loi  du 


2  avr.  4896.  Depuis  celle  du  5  juil.  4886,  les  séances  du 
conseil  municipal  sont  publiques  à  Paris  comme  dans  les 
autres  communes.  Il  est  voté  au  scrutin  secret  toutes  les 
fois  que  3  des  membres  présents  le  réclament  (loi  du  5  mai 
4855,  art.  48).  Si  le  conseil  a  délibéré  sur  des  matières 
qui  ne  rentrent  pas  dans  l'administration  communale,  les 
annulations  de  délibérations  de  cette  nature  sont  prononcées 
par  décret.  Les  conseillers  forment  6  commissions  perma- 
nentes ;  c'est  après  avoir  été  répartis  par  voie  de  tirage  au 
sort  en  quatre  bureaux  qu'ils  sont  distribués  par  élections 
faites  dans  les  bureaux  entre  ces  commissions  :  la  pre- 
mière s'occupe  des  finances,  du  contentieux,  des  taxes, 
de  l'examen  des  traités,  monopoles  et  services  publics  mu- 
nicipaux ;  la  deuxième,  de  l'administration  générale  (per- 
sonnel, matériel,  mairies,  halles,  marchés,  abattoirs),  de 
la  police,  des  sapeurs-pompiers,  du  domaine  ;  la  troisième, 
de  la  voirie  de  Paris,  des  travaux  affectant  la  voie  publique  ; 
la  quatrième,  de  l'enseignement  et  des  beaux-arts  ;  la  cin- 
quième, de  l'assistance  publique  et  du  mont-de-piété  ;  et 
la  sixième,  de  l'hygiène,  des  eaux,  des  égouts,  de  la  na- 
vigation. Elles  comptent  chacune  42  membres,  excepté  la 
troisième  et  la  quatrième  qui  en  comptent  46.  Un  conseiller 
ne  peut  faire  partie  de  2  commissions.  Le  comité  dit  du 
budget  et  du  contrôle  est  composé  de  tous  les  conseillers  ; 
il  a  son  bureau  distinct  du  bureau  du  conseil  numicipal 
auquel  se  joignent  les  présidents  des  6  commissions  per- 
manentes pour  former  une  commission  dite  de  centrali- 
sation. En  dehors  de  ces  commissions,  il  y  en  a  qui  sont 
chargées  d'études  particulières  :  celles  du  travail,  d'examen 
des  enfants,  des  économies,  d'assainissement  et  de  salu- 
brité des  habitations,  etc.  La  tâche  du  conseil  municipal 
est  à  ce  point  considérable  que  les  sessions  extraordi- 
naires se  multiplient  et  qu'il  siège  pour  ainsi  dire  en  per- 
manence. Il  y  a  lieu  de  distinguer  parmi  les  délibérations 
du  conseil  municipal  de  Paris:  4*^  les  délibérations  régle- 
mentaires aux  termes  de  l'art.  47  de  la  loi  de  4837  et 
qui  portent  sur  les  objets  suivants  :  mode  d'administration 
des  biens  communaux,  conditions  des  baux  à  ferme  ou  à 
loyer  dont  la  durée  n'excède  pas  dix-huit  ans  pour  les 
biens  ruraux  et  neuf  ans  pour  les  autres  biens.  La  déli- 
béreition  est  exécutoire  si  dans  les  trente  jours  le  préfet 
ne  Ta  pas  annulée,  soit  d'office  pour  violation  d'une  dis- 
position de  loi  ou  d'un  règlement  d'administration  pu- 
blique, soit  sur  la  réclamation  de  toute  partie  intéressée. 
Toutefois,  le  préfet  peut  suspendre  l'exécution  de  la  déli- 
bération pendant  un  autre  délaide  trente  jours  (même  loi, 
art.  48)  ;  2^  les  délibérations  réglementaires  d'après  la 
loi  de  4867,  art.  4^''  :  acquisitions  d'immeubles,  lorsque 
la  dépense  totalisée  avec  celle  des  autres  acquisitions  déjà 
votées  dans  le  même  exercice  ne  dépasse  pas  le  dixième 
des  revenus  ordinaires  de  la  commune  ;  conditions  des  baux 
à  loyer  des  maisons  et  bâtiments  appartenant  à  la  com- 
mune, pourvu  que  la  durée  du  bail  ne  dépasse  pas  dix- 
huit  ans  ;  projets,  plans  et  devis  de  grosses  réparations  et 
d'entretien,  lorsque  la  dépense  totale  afférente  à  ces  pro- 
jets et  aux  autres  projets  de  la  même  nature  adoptés  dans 
le  même  exercice  ne  dépasse  pas  le  cinquième  des  revenus 
ordinaires  de  la  commune  ni,  en  aucun  cas,  une  somme  de 
50.000  fr.  ;  tarif  des  droits  de  place  à  percevoir  dans  les 
halles,  foires  et  marchés  ;  droits  à  percevoir  pour  permis 
de  stationnement  et  de  location  sur  les  rues,  places  et 
autres  lieux  dépendant  du  domaine  public  communal  ; 
tarif  des  concessions  dans  les  cimetières  ;  assurances  des 
bâtiments  communaux  ;  affectation  d'une  propriété  com- 
munale à  un  service  communal,  lorsque  cette  propriété 
n'est  encore  affectée  à  aucun  service  public,  sauf  les  règles 
prescrites  par  des  lois  particulières  ;  acceptation  ou  refus 
de  dons  ou  legs  faits  à  la  commune  sans  charges,  condi- 
tions ni  affectation  immobilière,  lorsque  ces  dons  et  legs 
ne  donnent  pas  lieu  à  réclamation.  Les  délibérations 
prises  sur  ces  objets  ne  sont  exécutoires,  en  cas  de  désac- 
cord entre  le  préfet  et  le  conseil  municipal,  qu'en  vertu 
d'une  approbation  donnée  par  décret  ;  3°  les  délibérations 


PARIS 


1066 


proprement  dite*  éimuiéree»  dans  l'art.  10  de  la  loi  de 
1837  :  budget  de  la  commune  et,  eo  général,  toutes  les  re- 
cettes et  dépenses  soit  ordinaires,  soit  extraordinaires  ; 
tarifs  et  règlements  de  perception  de  tous  les  revenus  com- 
munaux ;  acquisitions,  aliénations  et  échanges  des  pro- 
priétés communales,  leur  affectation  aux  différents  services 
publics  et,  en  général,  tout  ce  qui  intéresse  leur  conserva- 
tion et  leur  amélioration  ;  condition  des  baux  à  ferme  ou 
à  loyer  dont  la  durée  excède  dix-huit  ans  pour  les  biens 
ruraux  et  neuf  ans  pour  les  autres  ])iens,  ainsi  que  celles 
des  baux  des  biens  pris  à  loyer  par  la  commune,  (juelle 
({u'en  soit  la  durée  ;  projets  de  constructions,  de  grosses 
réparations  et  de  démolitions  et,  en  général,  tous  les  tra- 
\  aux  à  entreprendre  ;  ouverture  des  rues  et  places  publiques 
et  projets  d'alignement  de  voirie  municipale  ;  aj^ceptation 
des  dons  et  legs  faits  à  la  commune  et  aux  établissements 
communaux  ;  actions  judiciaires  et  transactions  ;  et  tous 
les  autres  objets  sur  lesquels  les  lois  et  règlements  appel- 
lent les  conseils  municipaux  à  délibérer,  notamment  l'éta- 
blissement de  marchés  d'approvisionnement  (même  loi, 
art.  li).  Ces  délibérations  sont  exécutoires  sur  l'appro- 
bation du  préfet,  sauf  les  cas  où  l'approbation  par  le  mi- 
nisire compétent  ou  par  décret  est  prescrite  par  les  lois  ou 
par  les  règlements.  Comme  les  autres  conseils  municipaux, 
le  conseil  municipal  de  Paris  émet  des  avis  (loi  de  4837. 
art.  21)  et  des  vœux  (même  loi,  art.  24). 

Le  conseil  général  de  la  Seine  est  régi  par  les  lois  d'or 
ganisation  des  22  juin  4833,  46  sept.  4874  et  49  mars 
4873  et,  au  point  de  vue  de  ses  attributions,  par  les  an- 
ciennes lois  générales  des  40  mai  4838  et  48  juil.  4866. 
Il  se  compose  des  80  membres  du  conseil  municipal  de 
Paris  et  de  24  membres  élus  dans  les  cantons  ruraux  (loi 
du  42  avr.  4893)  à  raison  d'un  membre  par  canton.  Comme 
les  conseillers  parisiens,  les  conseillers  généraux  sont  élus 
pour  quatre  ans  (loi  du  2  avr.  4896).  Leurs  séances  sont 
devenues  publiques  par  la  loi  du  5  juil.  4886.  Ils  ne  peu- 
vent se  réunir  qu'après  convocation  faite  par  le  préfet  en 
vertu  d'un  décret  qui  détermine  l'époque  et  la  durée  de  lu 
session  ;  les  votes  sont  recueillis  au  scrutin  secret  toutes 
les  fois  que  4  des  conseillers  présents  le  demandent.  Il  n'y 
a  pas  de  délibération  soumise  à  suspension,  et  le  conseil 
ne  nomme  pas  de  commission  départementale  ;  il  a,  lui 
aussi,  son  bureau  composé  de  la  même  façon  que  celui  du 
conseil  municipal  ;  son  syndic  est  le  même  (pie  le  syndic 
de  ce  dernier  conseil.  Il  y  a  7  commissions  permanentes  : 
la  première  est  celle  des  immeubles  départementaux  ;  la 
deuxième,  des  routes  et  chemins,  des  eaux  et  égouts  et 
de  l'assainissement;  la  troisième,  de  l'assistance  publique  ; 
la  quatrième,  des  vœux  et  affaires  diverses;  la  cinquième, 
de  l'instruction  publique  ;  la  sixième,  des  tinances,  et  la 
septième,  de  la  préfecture  de  police  et  des  prisons.  Les 
membres  de  chacune  sont  au  nombre  de  12,  sauf  pour  lu 
troisième  qui  est  de  24  membres  et  pour  la  septième  (jui 
est  de  47.  La  commission  du  budget  est  composée  des 
membres  du  bureau  et  de  2  membres  élus  par  les  diffé- 
rentes commissions  permanentes.  Il  y  a  de  même  plusieurs 
commissions  spéciales,  entre  autres  celle  du  travail,  l^nfin 
des  commissions  mixtes  sont  composées  de  conseillers  gé- 
néraux et  de  conseillers  municipaux,  ainsi  celle  des  omni- 
bus et  tramways.  La  ville  de  Paris  n'a  pas  de  conseil 
d'arrondissement.  Le  conseil  de  préfecture  de  la  Seine  est 
soumis  à  quelques  règles  particulières  (V.  Conseil  de  pré- 
fecture, t.  XII,  p.  469). 

Les  procès- verbaux  des  séances  du  conseil  général  ont 
fait  l'objet  d'une  publication  à  partir  de  4838,  ceux  du 
conseil  municipal  à  partir  de  4874  ;  Ladministration  publie 
également  un  recueil  des  actes  administratifs  de  la  pré- 
fecture depuis  4844.  Depuis  4882,  le  conseil  municipal 
fait  paraître  un  bulletin,  dit  Bulletin  municipal  officiel 
de  la  Ville  de  Paris. 

Divisions  administratives. —  Paris  est  divisé  depuis  4860 
en  20  arrondissements  subdivisés  en  4  quartiers  chacun. 
La  liste  insérée  ci-dessous  donne,  en  même  temps  que  les 


noms  do  ces  arrondissements  et  de  ces  quartiers,  les  chiffres 
de  la  superficie,  de  la  population  et  de  la  densité  de  la 
population  pour  chaque  quartier.  On  remarquera  que  le 
nom  d'un  arrondissement  n'est  jamais  le  même  que  celui 
de  l'un  des  quartiers. 


9. 
10. 
44. 
12. 


13. 

4;, 


46. 


47. 

48. 
49. 
20. 


24, 

22, 
23, 

24, 


23, 

26, 
27. 
28. 


29. 
30. 

34. 

32, 


oo. 
34, 
33. 
36. 


/^'"  arrondissement  (Louvre). 

Superficie  Population 

en  hect.  de  fait, 

Saint-Cermain-rAuxorrois.      93,33  8.33^^ 

Halles 41,00  30.090 

Palais-Roval 28,45  44. 0  47 

Place  Vendôme. ........      27,90  13. 462 


490,00    66.433 
//^  arrondissement  (Bourse). 


Densité 
par  hect. 

94 

734 
498 
499 

"348 


Caillou 19,20 

Vivienne 23,30 

Mail 27,00 

Bonne-Xouvelle 28,00 


8.436  424 
41.836  309 
48.024  667 
29.434  4.042 

97;30    67.467     690 


/i/^'  arrondissement  (Temple). 

Arts-et-Métiers 30,63  24 .  690 

Enfants-Rouges 27,83  20.962 

Archives 36,00  20.688 

Sainto-Avove 24,50  24  277 


806 
733 
374 
990 

116,00    87.647    "736 


}]''  ajr<}ndisse)nenl  (Hotel-de-Ville). 


Saint-Merri 32,00 

Saint-Cervais 40,83 

Arsenal 48,43 

Notre-Dame 33.30 


24.349  766 

40.639  993 

49.343  404 

43.474  374 

436.30    97.674  623 


L*^  arrondissement  (Panthéon). 

Saint- Victor 39,70  26.914 

Jardin-des-Plante.s 80,00  27 .  943 

Val-de-Grâce 67,00  33 .  264 

Sorbonne 42,30  27.993 

249,00  416.413 

rP  arrondissement  (Luxembourg). 

28,80  18.383 

70,20  24.843 

84,40  44.034 

27,60  46.373 

244,00  400.804 


Monnaie 

Odéon 

Notre-Dame-des-Champs .  . 
Saint-Germain-dcs-Prés. .  . 


]  U^  arrondissement  (Palais-Bourbon). 

Saint-Thomas-d"  Aquin ....  78,00  27 .  675 

Invalides 107,00  15.076 

Ecole-Militaire 82,00  49.634 

Gros-Caillou 136,00  35  447 

'  403,00   '97.832 
r///"  arrondissement  (Elysée). 

Cbamps-Elvsées 444,60  44.636 

Faubourg-du-Roule 75,60  24.405 

Madeleine 79,00  25  844 

Europe 444,80  37.208 


384,00  402.410 
/A'«  arrondissement  (Opéra). 

Saint-Georges 74 ,20  36 .  549 

Chaussée-d'Antin 55,30  22. 490 

Faubourg-Montmartre 42,05  23.624 

Roehechouai^t 44,45  37 .  352 


434 

349 
497 

662 


646 
344 
522 
504 

479 


333 
444 
239 
264 

243 

434 

327 
324 

268 


343 
407 
562 
840 


213,00  449.985    364 


1067 


>AHIS 


Superficie      Population  Densité 
en  hect  défait,    par  he3t. 

V-  anviidissenient  (iLiiclos-Saint-Laiirent). 

37.  Saml-Vinceiit-de-PauI  .. ..      90,40    40. 116  Ui 

m.  Porte-Saint-Denis 47,20     28.424  G02 

39.  Porte-Saint-Mai'tin 58,20     39.297  676 

iO.  Hôpital-Saint-Louis 90,20    43.931  487 

286,00  451.768  532 
X/^  arrondissement  (Popinconrt). 

41.  Folie-Méricourt 70,15     56.201  802 

42.  Saint-Ambroisc 81,75     46.386  568 

43.  Roquette 117.20     72.497  619 

41.   Sainte-Marguerite 91,90     46.925  J)10 

361.00  222.009  ^61 6 


'il, 


49. 
50. 
51 . 

52. 


Superficie    Pupulatit 
en  hect,        fie  fait, 

.Vy/^'  (irrondisbemeitt  (Keuiliy). 

Bel-xVii' 99,00    12.536 

Picpus 183,50    48.673 

Berey 165,50       9.637 

Quinze-Vingts 120,00    46.869 

568,00  117.715 
XIIF  arrondissement  (Gohelins). 

Salpètrière 1 16,90     23 .  520 

Gare 262,20     40.426 

Maison-Blonehe 173,80     34.648 

Croulel)ar})e 72,10     16.117 

625.00  114.711 


Dei'Sité 
par  hect, 

126 
265 

58 
391 

2Ô7 

201 
15^ 
199 
224 

783 


53, 
54. 
55, 
56. 


58 
59 
60, 


61. 
62. 
63, 

64. 


65. 

m, 

67. 
68. 


lîmite  des  Ârrond*-.'^ 
Limite    des   Quartiers 


\n 


IM.'iii  indiquant  la  division  de  Paris  on 


Superficie         Population    Densité 
en  hect.  de  fait,    par  hect. 

arrondissement  (Observatoire). 


28.321 
10.091 

26.659 
57.055 


Montparnasse 109,00 

Santé 102,15 

Petit-Montrouge 105,40 

Plaisance 147,45 

464,00'     122.126 
XV^  arrondissement  (Vaugirard). 

Saint-Lambert 239,00  ^       30 .  564 

Necker 154,00        43.602 

Grenelle 150.00        38.886 

Javel 178,00        20.236 


721,00  133.288 
XVl^  arrondissement  (Passy). 

Autcuil 249.00  ^22.071 

Muette 167,35  26.961 

Porte-Dauphine 144-, 45  21 .043 

ChuiUot 148,20  31.502 

709,00'  101.577 
X F//^  arrondissement  (BatignoIIes-Monceau) . 

Ternes ^   109,65  40 .  351 

Plaine  de  Monceau 1 21 ,45  32 .  600 

BatignoIIes 111,60  56.121 

Epinettes 102,30  52.999 

445,00  182.071 


260 

99 
233 

387 

263 

128 
283 
259 
114 

T85 

89 
161 
145 
213 

T44 

368 
269 
503 
518 

409 


rrondisseiuciiîs  (M   (>n  (juar.icrs 

Superficie      Po;..':ti/i     I)..'i-i-té 
en  hect.        de  iàit      par  hect' 

XVIll''  arrondis>,ement  (Butte-Montmartre) . 

69 .  Grandes-Carrières 1 67 ,35        56 .  360  337 

70.  Clignancourt 148,45        98.337  663 

71.  Goutte-d'Or 95,00        45.503  479 

72.  La  Chapelle 108,20        24.805  230 

519,00      225.005     434 
X7X^  arrondissement  (Billes-Chaumont). 

73.  LaVillette 125,30  50.757  i05 

74.  Pont-de-FIandre 170,60  14.793  87 

75.  Amérique 143,70  24.407  169 

76.  Combat 126,40  44.171  350 

56;6Ô5      134.128  237 
XX^  arrondissement  (Méniimontant). 

77.  Belleville 82,10        52.1o2  634 

78 .  Saint-Fargeau 11 5,60        12 .  480  1 08 

79.  Père-Lacliaise 162,20         46.340  287 

80.  Charonne 161,10        40.624  252 

521,00      151.796    292 

Total  général  :  7.802.000  hect.,  2.511.629  liab., 
densité  :  322  par  hectare. 

IV.  Statistique  générale.  —  La  statistique  pari- 
sienne ne  date  vraiment  que  du  conmiencement  du  xix^  siècle . 
Mais  on  a  toutefois  quelques  rensêigEements  ou  quekpies 


PARIS 


1068 


évaluations  pour  des  époqui'»  aiitéiieiires.  Lu  population 
do  Paris  aurait  été  ainsi  en  13^28  de  250.000  hab.  envi- 
ron, en  1700  de  720.000,  en  1762  de  600.000,  en  1784 
de  620.000,  en  1791  de  631.000.  Voici  les  chiffres  don- 
nés par  les  dénombrements  officiels  qui  ont  été  faits  à 
partir  de  1801  : 


Habitants. 

Habitants. 

1801.... 

5^7.756 

1861 .... 

..     1.696.141 

1817.... 

713.966 

1866.... 

. .     1.825.274 

1831.... 

785.812 

1872.... 

..     1.851.792 

1836.... 

899.313 

1876..., 

..     1.988.806 

1841.... 

955.261 

1881.... 

..     2.269.023 

1846.... 

..     1.053.897 

1886.... 

..     2.344.450 

1851 . . . . 

..     1.053.262 

1891.... 

..     2.424.705 

1856.... 

.     1.171.346 

1896.... 

..     2.536.834 

Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  si  Ja  population  a  quin- 
tuplé au  cours  du  xix^  siècle,  plusieurs  communes  ont,  du 
reste,  été  annexées  à  Paris.  Tandis  que  le  centre  s'est  dé- 
peuplé, par  suite  des  travaux  de  voirie,  l'augmentation 
s'est  produite  surtout  dans  la  partie  annexée  ;  les  troupes 
de  garnison  ne  figurent  pas  dans  ces  totaux,  où  ne  sont  pas 
compris  non  plus  tous  ceux  qui  sont  logés  dans  des  hospices, 
des  couvents,  des  prisons,  des  collèges  et  lycées  ou  des  sémi- 
naires; toute  cette  population  comptée  à  part  ne  fait  pas 
partie  de  la  population  municipale  et  constitue  les  2,  5  ^  o 
du  chiffre  total,  particuHèrement  dans  les  VP  et  VII^  arron- 
dissements. La  densité  la  plus  forte  se  remarque  dans  les 
quartiers  de  Bonne-Nouvelle,  de  Saint-Gervais  et  de  Sainte- 
Avoye,  qui  comptent  respectivement,  par  hectare,  1.042, 
995  ou  990  hab.  ;  les  quartiers  de  Bercy,  du  Pont-de- 
Flandre  et  d'Auteuil  sont,  d'autre  part,  ceux  oii  elle  est  la 
plus  faible  (58,  89  ou  91  hab.  par  hectare).  On  compte 
953.644  ménages,  dont  291.771  d'individus  isolés  ;  ils  sont 
composés  d'un  grand  nombre  de  personnes,  particulièrement 
dans  les  XIX^  et  XX^  arrondissements  ;  mais  partout,  à  Pa- 
ris, le  nombre  des  familles  comprenant  5,  6  et  7  enfants  est 
très  peu  élevé.  En  1896,  sur  2.511 .629  hab. ,  909.091  per- 
sonnes de  nationalité  française  et  1 6. 049  de  nationalité  étran- 
gère y  sont  nées,  de  sorte  que  la  proportion  des  immigrés 
est  des  deux  tiers  ;  c'est  dans  les  quartiers  riches  que  cette 
proportion  est  la  plus  forte.  A  cause  de  la  faiblesse  de  la 
jiatalité  et  de  la  fréquence  de  l'envoi  en  nourrice,  les  jeunes 
enfants  sont  peu  nombreux  ;  les  trois  arrondissements  les 
plus  riches,  les  l^^,  VIII^  et  IK^,  possèdent  le  moins  d'en- 
fants ;  les  vieillards,  eux  aussi,  sont  en  général  relativement 
en  nombre  un  peu  moindre  dans  les  arrondissements  du 
centre.  D'après  le  dénombrement  de  1 896,  il  y  a  1 .190.597 
individus  du  sexe  mascuhn,  dont  629.197  célibataires, 
503.830  mariés,  50.951  veufs  et  6.619  divorcés,  et 
1.321.032  du  sexe  féminin,  dont  630.255  célibataires, 
506.101  femmes  mariées,  174.433  veuves  et  10.243 
divorcées.  Les  étrangers  sont  au  nombre  de  156.813,  dont 
77.716  hommes  et  79.127  femmes,  parmi  lesquels  on 
remarque  les  Belges,  ouvriers  pour  la  plupart  (33.126, 
à  Montmartre,  aux  Buttes-Chaumont  et  à  Popincourt),  les 
Allemands  (27.407,  aux  Batignollcs  et  pareillement  aux 
Buttes-Chaumont  et  à  Popincourt),  les  Suisses  (21.344, 
dans  les  arrondissements  de  FElysée,  de  l'Opéra,  de  l'En- 
clos-Saint-Laurent  et  desBatignolles),  IcsItaHens,  presque 
toujours  ouvriers  ou  modèles  (18.503,  à  Reuilly,  à  Popin- 
court, aux  Buttes-Chaumont  et  à  Montmartre).  Les  Anglais 
au  nombre  de  11.951,  comme  aussi  les  Américains  du 
Nord,  sont  cantonnés  plutôt  dans  les  environs  des  Champs- 
Wysées  et  du  bois  de  Boulogne;  les  Russes  (9.200)  sont 
assez  souvent  étudiants,  mais  ils  habitent  surtout  les  arron- 
dissements de  l'Hôtel-de-Ville,  de  Popincourt,  de  Mont- 
martre et  des  Batignolles. 

Sous  le  rapport  dos  professions,  on  peut  donner  les 
chiffres  suivants  dans  lesquels  sont  englobés  tous  ceux  qui 
vivent  du  travail  du  chef  de  ménage  (dénombrement  de 
1891)  :  i. 070.554  industriels,  560.066  commerçants, 
253.563  rentiers,  157.788  personnes  exerçant  une  pro- 


fession libérale,  138.690  employés  aux  transports,  42.926 
agents  de  la  force  publique,  37.798  fonctionnaires,  8.158 
agriculteurs,  plus  104.623  personnes  sans  profession  dé- 
finie ou  non  classées  et  50.539  de  profession  inconnue. 

On  évalue  la  superficie  des  bâtiments  et  constructions  à 
4.800  hect.  et  à  1.000  hect.  celle  des  terrains  vagues, 
jardins,  vergers  et  potagers.  Par  hectare  de  la  propriété 
bâtie,  on  compte  523  hab.  et  un  peu  moins  de  16  mai- 
sons. De  26.801  en  1817,  le  nombre  des  maisons  s'est 
élevé  en  1896  à  74.829  (35.332  dans  les  mêmes  limites 
qu'en  1817).  Presque  partout,  excepté  dans  les  quartiers 
pauvres,  les  maisons  sont  hautes  et  sur  74.829,  29.426 
ont  plus  de  4  étages  (particulièrement  daus  l'arrondisse- 
ment de  l'Hôtel-de-Ville);  les  locaux  d'habitation  sont  au 
nombre  de. 81 0.000;  en  moyenne,  chaque  maison  contient 
33  hab.  et  chaque  local  d'habitation  3  personnes.  Si 
dans  la  superficie  on  considère  seulement  les  rues,  on 
constate  que  les  plus  peuplées  sont  celles  de  l'arron- 
dissement de  Popincourt  ;  les  maisons  les  plus  habitées  se 
trouvent  dans  l'arrondissement  de  l'Hôtel-de-Ville  (40  hab. 
environ).  La  valeur  locative  des  locaux  d'habitation  est 
de  452  millions  et  celle  des  locaux  industriels  de  308  mil- 
lions ;  285  propriétés  bâties  ont  une  valeur  locative  qui 
dépasse  100.000  fr.  ;  comme  valeur  vénale,  ces  maisons 
et  usines  représentent  peut-être  plus  de  11  milliards. 
Le  chiffre  du  loyer  est  par  tète  d'habitant  de  1.024  fr. 
dans  le  quartier'  des  Champs-Elysées  et,  par  contre,  de 
55  fr.  seulement  dans  celui  de  la  Gare.  405.000  locaux 
d'habitation,  soit  la  moitié,  sont  d'une  valeur  de  loyer 
inférieure  à  300  fr.  Dans  2.450  locaux  d'habitation, 
la  valeur  du  loyer  est  supérieure  à  10.000  fr.  (F arron- 
dissement de  l'Elysée  en  contient  à  lui  seul  1.150).  Le 
revenu  moyen  par  mètre  carré  varie  de  73  fr.  (11*^  arr.), 
à  1  fr.  84  (XllF  arr.). L'arrondissement  le  plus  riche  est 
celui  de  l'Elysée;  vient  ensuite,  mais  à  une  assez  grande 
distance,  celui  de  l'Opéra.  Les  plus  pauvres  sont  ceux  du 
Xin^  et  du  XX^  arrondissement.  On  a  construit  un  cer- 
tain nombre  de  maisons,  dites  habitations  ouvrières,  qui 
sont  divisées  en  petits  logements  modèles,  composés  cha- 
cun de  deux  à  trois  pièces  et  d'une  cuisine  ;  les  premières 
furent  élevées  par  l'Etat  en  1852,  boulevard 'Diderot;  plu- 
sieurs sociétés,  notamment,  se  sont  formées  pour  la 
construction  de  maisons  semblables,  à  cinq  étages,  et  il  en 
existe  aujourd'hui  dans  tous  les  quartiers  excentriques. 

Le  service  de  statistique  de  la  ville  de  Paris  fait  impri- 
mer depuis  1865  un  Bulletin  (mensuel  jusqu'en  1880, 
ensuite  hebdomadaire),  un  Annuaire  depuis  1880,  et 
depuis  1885  des  Tableaux  mensuels;  de  plus,  depuis 
1881,  les  résultats  des  dénombrements  sont  publiés  tous 
les  cinq  ans  en  un  volume.  Antérieurement  à  1865,  six  vo- 
lumes intitulés  Recherches  statistiques^  et  contenant  des 
renseignements  pour  la  période  de  1817  à  1856  (et  par- 
fois aussi  des  renseignements  très  rétrospectifs)  avaient 
paru  en  1821,  1823,  1826,  1829,  1844  et  1860. 

Etat  civil.  —  Comme  annexe  à  la  statistique  générale, 
quelques  détails  sont  à  donner  sur  l'état  civil  parisien. 
Les  actes  reçus  à  partir  de  la  loi  du  3  ventôse  an  III  dans 
les  douze  bureaux  d'état  civil,  devenus  en  l'an  IV  les  mu- 
nicipalités d'arrondissement  et  en  l'an  VIII  les  mairies,  ont 
été  brûlés  avec  ceux  des  époques  antérieures  et  ceux  des 
communes  annexées  en  1859,  dans  les  incendies  de  la 
Commune  à  la  fois  aux  archives  municipales  et  au  greffe 
du  tribunal  de  première  instance  où  ils  se  trouvaient  cen- 
tralisés; 2.696.000  seulement,  soit  principalement  ceux 
de  1830  environ  à  1860,  ont  été  reconstitués  par  les  soins 
d'une  commission  spéciale  qui  a  siégé  jusqu'en  1896.^ 

On  possède  des  renseignements  sur  la  statistique  de  l'état 
civil  parisien  depuis  1670.  11  y  eut  16.816  baptêmes, 
3.930  mariages  et  21.46f  décès  cette  année-là.  La 
moyenne  actuellement  est  de  61.000  naissances  par  an 
(c.-à-d.  25  pour  1.000  hab.),  23.000  mariages  (9  pour 
1.000  hab.),  et  55.000  à  58.000  décès  (22  à  23  pour 
1.000  hab.);  la  moyenne  des  divorces  est  de  1.300  à 


Gveaide  Enc>'clopédLe-TomeXKV^. 


PARIS. 


.  (hamùv  de^r. 

E  éH  ses. 

2    S^  Ootilde. 

*K    Sf  Etienne. -At^JnanV. 


6  S^  Germaxny-des-R'éa. 

7  Sf^  Gervmainy-VAudXiawvis. 

8  S^  GemaiaSf Ratais. 

11  Sf^Jeany^Sap^de^BeBeoOlk 

12  SfJuH^eny-lo'-Paum^. 

\ifS^Zeuy-S^  Gilles: 

15  Sfld€niis  d.'Antùny. 

16  jfZouii'  dBsMoaUdes: 


17  S*ZouÙF-en  -l'Jle 

20  Sf^Merv^. 

21  S*^  ]Moolas-dev-(hanmpe. 

22  Sf' McokuFtht^Chardonnet. 

23  Zrotre^JfoTne.fCatkécbfUe') 
2%  Wr-Df^de^^r'JVbtuH-Jl^ 

25  ïiZ'.   desChamps. 

26  ^ià^.  ôLe^la^ûrwûO'. 

27  M^.  cL&'LoretUi/. 


28  Jf^ J?" de^- BC^JfantPOuao 

29  ï«^.  ile'lhais^- 

30  ïi;^.    desVictoires- 

31  J?"  JPauL-jf'Ii€na\F- 

32  J?  Pierre,  de.  CFudSoù. 

33  Tii^.     de^Monimartre.. 
ZW          id/.     de.JUantrou^e.- 

35  irf^.     duASfos^inUmiy. 

36  St^Soch.. 

37  dziAyacrè.-(ieicr.(BcunJiçue'/ 

38  de^lcuSa^èb'œre.- 


Z^  S.*'  Séaer-t'n.. 
40  de-IcLSoT'iomve. 

't-2  J?'^  Thomas  d^/l^dn'. 

*3  efe  layTnmtéy. 

h\  du/  VaL- de.- Grâce.'. 

Wh  S*:  Tirtcent.-dey.PauL. 


Temples. 

Ve    de^MOette^-. 
Kl   de.  VJi'eoiley 


«h8  .r^"  ^»«/... 

49  rtfe    l'Oratoa-e 

Sy  n  ag"o  gu  e  s  • 

50  R.d^Su//îtuty. 

51  B,.]V^-Pfd0'^tUXJxrediy. 

52  ^.  dnslbumjellfa. 

53  R.d^lalïeloir^. 


Palais. 

54-  ^rcM^ifvopdl/. 


55  de'la.Ov'^  desDèpuU'^ 

56  de^VEhjsev.. 

57  rfe-  l'fiistitut.. 

58  de.  Justices  ei.^(^^V>^S^. 

59  dR.UuL^ùtTvd!^onneicr'. 

60  du.JjtncoT'e/. 

61  dwSénnt/- 

62  du/'BHlfunal.de.Gfntm^.^ 

63  de^Cfuin^js-Jebi/sdes. 
^W  Motel  de.Vaie. 

65  Ptavdvè^m.- 


Miiiisières. 

66  cfe    l'A^T'icultur-e. . 

67  de^.^^azrvsEtr'an^ères. 

68  de^Coùtnies. 


69  du^GxnirSf^de-Vhubufé^ÏKftof.  78    desFoh'esJ>rcunftti^u 

70  de^PÎTUxnceA- .  ~ 

7 1  <:fe^  L'Bt^ffmAclionl^ibTiqu». 

72  «fe/  IfL/du^tice. 

73  «&'  lcL.JIamve.. 
71-  desJhaoauxJc-RtiUiis. 


75  «fe    l'ArtdiùftC'. 

76  «^^ï^-  OtAteZet. . 

77  ôfe   Chtny . 


79  Pr^anfM^. 

80  de^  la.  Gatlé. . 

8 1  cfeif^  GumncLse  . 

82  clesJVatioTur.  Bem/wrc/r  i 

83  rfc/  la.Poj-tR.Si JUca-tiri 


^W  de  Liv SenaiSi^ajwi' 
Zh    du  Vaud^dle 
des  Vecne^eAf. 


Musées. 

87  rf  '  Artaierne.  (aua:.SaKi&ilaS> 

88  </e  ^ie<«y. 

89  ^//  Loiuore.  ■ 


Instruction  Piil^l? 

90    Collège  de.Phanee,  • 


91  Fticullé  de  DroU 

92  Fcuxdte'  de^Iéde^vie.. 

93  SoT^OTUve/. 

g'K  Fcvle.  desJfttn&f. 

95  ^ii.    desBfnts-et'Chaus. 

96  /iZ.   CentrcOe.desà'ùfetMn^ 
9  7  Lycée  Camot . 

98  zia^    ffen-i.W. 

99  «f^.  stZoïiùe. 

100  j!^f-.  Xoias-Te.-Gr'and 

101  .Bd>l'P^'S*!^Geneoièz>ey. 


102  .W^<?V 

Hôpitaux,  &. 

103  Coehùn-. 

104  desJJi/anùfMxlMle^-. 

105  ^£>V^  -Z'ïfe//.. 

106  de.l(LMatemUey. 

107  S f  Martin.  .{MOitaiT'ii./ 

108  delaPÙiey. 

109  JUcord . 

110  de^ Qtunxe, -Vingts- 


111  des-En/ànt^-ÂRPÙftes: 

1 1 2  i/eunes-AoeuÂifles-. 

113  Sourds-JUiuits'. 


1 1*  SÎ^Anne-(ami^ue.d:é£^nÀfJ  121    Statue.  de.EenriyW- 

xd..     de.Jea7me.d2dnc/. 


Etal)lis*.*  divers. 

1 15  Sotel  de  la.JHonnaiey. 

116  Ccdsfe.  d'Epar^gm^. 

1 1 7  Jlecm^'^des-Teiheuuf. 

118  Boitnse.  du.  Comnter'CB.. 

119  AM-istanceyFhiiliqtœ.. 


Statues,  &. 

120  AfoTvujnent.deGaml>eita 


123  i*     de.la.Bépuhlique.. 

124  rif-,    duyJfardcAalJS'i^. 

125  T«?^.    «fe'  Œappe.. 

126  Jn^deiewmphe.ae.aStmlR 
\7n  id..  id.  du.Ccu'nouaA 
128  (hloTme.dexTidIlety. 


Echelle  du  :  io.ooo? 


J 


E.JVixm.twvt/fdeLi' 


GrHMi»d^etJh^.parM*<UHilj^^"3S^,ltue.Jfa^èrt  Sachereajuy-  Pari^. 


3ooo 


Sooo  Mètres. 


Société  aTionyme  de  la G^ Encyclopédie. 


1069 


PARIS 


4.400.  La  natalité  est  très  faible  à  Paris  et  la  nuptialité 
presque  autant;  les  chiffres  extrêmes  sont  pour  les  nais- 
sances :  13  (pour  1.000  hab.)  dans  le  VIII*^  arrondisse- 
ment et  31  dans  le  XX°  ;  pour  les  mariages  :  8  dans  le  VIP 
et  11  dans  le  XVII®;  pour  les  décès  :  11  dans  le  VHP  et 
32  dans  les  XÎIP  et  XIV«. 

V.  Description  générale.  —  Si  Ton  examine  un 
plan  de  Paris  suffisamment  net,  on  remarque  tout  de  suite 
que,  divisé  en  deux  parties  par  la  Seine  qui  décrit  une 
courbe  au-dessous  de  son  centre,  la  place  du  Carrousel, 
il  est  traversé  entièrement  par  deux  grandes  lignes  per- 
pendiculaires Tune  à  l'autre,  se  croisant  au  Châtelet,  et  que 
ces  lignes  aboutissent  à  deux  grands  arcs  de  cercle  formant 
comme  une  ellipse,  à  l'intérieur  desquels  deux  autres  arcs 
de  cercle  se  trouvent  marqués  :  ces  voies  sont  de  l'E.  à 
rO.  la  rue  du  Faubourg-Saint- Antoine,  la  rue  Saint- An- 
toine, la  rue  de  Rivoli  et  l'avenue  des  Champs-Elysées, 
puis  du  N.  au  S.  le  boulevard  de  Strasbourg,  le  bou- 
levard de  Sébastopol  et  le  boulevard  Saint-Michel,  les- 
quels coupent  d'abord  les  grands  boulevards,  ensuite  les 
boulevards  Saint-Germain  et  Henri  IV  ;  les  unes  et  les 
autres  rencontrent  finalement  les  boulevards  extérieurs  ou 
les  approches  de  ces  boulevards. 

La  Semé,  large  à  son  entrée  dans  Paris  de  165  m.  et 
de  136  m.  à  sa  sortie,  a  sa  plus  grande  largeur  après  le 
Pont-Neuf,  263  m.  ;  31  ponts  réunissent  ses  rives  l'une  à 
l'autre  et  aux  îles  Notre-Dame  et  Saint-Louis,  les  seules 
îles  importantes  qui  subsistent  depuis  la  suppression  de 
l'île  Louviers  en  1843.  Il  faut  citer  successivement  parmi 
les  ports  de  Paris  dont  chacun  a  son. affectation  et  par 
suite,  sa  physionomie,  les  ports  de  Bercy,  de  la  Râpée,  de 
la  Gare,  Saint-Bernard,  de  la  Tournelle,  des  Ormes,  de 
l'Hôtel-de- Ville,  Saint-Nicolas,  d'Orsay,  de  Javel. 

La  ligne  des  grands  boulevards,  qui  se  déroule  de  l'église 
de  la  Madeleine  à  la  place  de  la  Bastille,  est  longue  d'en- 
viron 4.400  m.  «  Le  Boulevard  »  est  particulièrement 
la  partie  comprise  entre  la  Madeleine  et  la  rue  de  Riche- 
lieu ;  elle  est  une  des  plus  animées  de  Pans  et  surtout 
une  de  celles  qui  fascinent  le  plus  l'étranger  ;  c'est  bou- 
levard des  Capucines  (entre  la  place  de  l'Opéra  et  la  rue 
Caumartin)  que  se  trouvent  réunis  le  Grand- Hôtel,  le  café 
de  la  Paix  et  le  Grand-Café  ;  la  place  de  l'Opéra,  d'où  l'on 
aperçoit  à  la  fois  la  colonne  Vendôme  (V.  fig.  à  l'art. 
Colonne,  t.  XI,  p.  1129)  et  la  place  du  Théâtre-Français, 
jouit  d'une  réputation  universelle  ;  le  passage  dit  de  l'Opéra 
s'ouvre  boulevard  des  Italiens,  et  l'Opéra-Comique,  recons- 
truit, s'élève  presque  en  face  ;  boulevard  Montmartre, 
sont  situés  le  théâtre  des  Variétés  et  le  musée  Grevin,  les 
passages  des  Panoramas  et  Jouffroy,  le  célèbre  café  de 
Madrid  ;  du  boulevard  Poissonnière  à  la  Bastille,  ce  sont 
surtout  des  théâtres  qu'on  peut  citer  avec  les  portes  monu- 
mentales Saint-Denis  (V.  fig.  aux  art.  Arc,  t.  III, 
p.  600,  et  Anguier,  t.  II,  p.  1175)  et  Saint-Martin. 
(V.  fig.  à  l'art.  BuLLET,  t.  VIII,  p.  420).  Le  boulevard 
du  Temple  est  déchu  de  la  réputation  qu'il  avait  au  temps 
où  on  l'appelait  le  beau  boule.vai'd,  puis  le  boulevard  du 
crime  (à  cause  de  tous  les  théâtres  de  drame  qui  s'y  trou- 
vaient réunis). 

Le  boulevard  Saint-Germain  s'étend,  au  S. ,  du  pont  de  la 
Concorde  au  pont  de  Sully  et,  par  le  boulevard  Henri  IV, 
se  relie,  place  de  la  Bastille,  à  la  ligne  des  grands  boule- 
vards. La  Chambre  des  députés  (V.  fig.  à  l'art.  Bourron 
[Palais],  t.  VII,  p.  714etleplan  à  l'art.  Parlement),  la  vieille 
église  de  Saint-Germain  des  Prés  et  le  musée  deCluny  (V.  fig. 
à  l'art.  Cluny,  t.  XI,  p.  727),  à  l'intersection  du  boulevard 
S^iint-Michel,  se  remarquent  sur  ce  parcours.  Le  boulevard 
Saint-Germain  traverse  une  région  caractéristique  qui  a 
gardé  le  nom  de  faubourg  Saint-Germain  et  qui  forme  un 
quadrilatère  constitué  à  peu  près  par  une  ligne  allant  du 
ministère  des  affaires  étrangères  au  Pont-Neuf,  une  autre- 
du  Pont-Neuf  à  l'Odéon  et  deux  autres  suivant  la  rue  de 
Vaugirard  et  le  boulevard  des  Invalides  ;  c'est  le  Paris  de 
la  vieille  noblesse,  aussi  paisible  que  les  grands  boulevards 


sont  animés  ;  le  quai  d'Orsay  est  particulièrement  remar- 
quable par  sa  sévérité;  seuls  les  magasins  du  Bon  Marché 
interrompent  vraiment  le  calme  du  grand  faubourg. 

D'autres  régions  très  dissemblables,  celles  qui  montrent 
le  mieux  la  diversité  des  aspects  de  Paris,  se  rencontrent 
précisément  sur  les  lignes  qui  donnent  ainsi  en  quelque  sorte 
l'ossature  de  la  ville.  II  en  est  souvent  de  ces  régions  comme 
du  faubourg  Saint-Germain  ;  elles  portent  des  noms  qui  ne 
correspondent  à  aucune  division  administrative.  Le  milieu  du 
boulevard  Saint-Michel  est  aujourd'hui  le  centre  de  ce  qu'on 
appelle  le  quartier  Latin,  si  souvent  célébré,  notamment 
par  Murger;  le  quartier  Latin  participe  des  quartiers 
Saint-Victor,  de  la  Sorbonne,  de  l'Odéon  et  de  la  Mon- 
naie. C'est  en  somme  ce  qu'on  appelait  l'Université,  vé- 
ritable fouillis  de  rues  et  de  ruelles  ou  le  boulevard  Saint- 
Michel  n'a  fait  sa  trouée  qu'en  1857-62.  Presque  rien 
d'ancien  n'y  subsiste,  mais  il  est  toujours  le  quartier  des 
Ecoles,  et  cela  suffit  pour  que  certaines  traditions  au  moins 
y  soient  conservées.  La  place  Maubert,  qui  en  fut  longtemps 
le  point  central,  a  gardé  aussi,  sous  un  autre  rapport, 
quelque  chose  des  mœurs  qui  en  faisaient  comme  la  cour 
des  miracles  de  la  rive  gauche. 

Entre  le  boulevard  de  Sébastopol  et  les  grands  boule- 
vards, longeant  la  partie  de  la  rue  de  Rivoli  où  s'ouvre 
la  place  de  l'Hôtel-de- Ville,  puis  la  rue  Saint- Antoine, 
s'étend  le  quartier  du  Marais,  qui  n'est  pas  un  des 
80  quartiers  de  la  ville,  mais  toute  une  région  de  vie 
industrielle.  Le  quartier  des  Archives  correspond  cepen- 
dant au  Marais  proprement  dit.  Le  Conservatoire  des  arts 
et  métiers  et  l'Ecple  centrale  des  arts  et  manufactures 
symbolisent  le  caractère  de  cette  région  où  ne  se  trouvent 
pas  trop  déplacés  les  Archives  nationales,  la  Bibliothèque 
et  le  Musée  de  la  ville  de  Paris,  établissements  voués  en 
grande  partie  aux  travaux  d'érudition,  forme  particulière 
de  la  production  scientifique. 

Au  delà  de  la  rue  Saint- Antoine  et  de  la  place  de  la 
Bastille  (V.  fig.  à  l'art.  Bastille,  t.  V,  p.  671  et  suiv.) 
commence  le  faubourg  Samt-Antome  ;  c'est  le  quartier  de  la 
Roquette,  celui  de  Samte-Mar guérite,  pour  une  portion  aussi 
celui  des  Quinze- Vingts  ;  la  rue  du  Faubourg-Saint-An- 
toine en  est  la  partie  la  plus  active.  Toutes  les  industries 
du  meuble  y  ont  reçu  le  plus  grand  développement.  Aussi 
la  ville  y  a-t-elle  placé  l'école  d'ébénisterie  à  laquelle  eUe 
a  donné  le  nom  de  Boulle.  A  l'autre  extrémité  de  Paris, 
entre  l'immense  place  de  la  Concorde  et  la  place  de 
l'Etoile  autour  de  laquelle  rayonnent  12  avenues,  s'allon- 
gent les  Champs-Elysées,  à  la  fin  desquels  se  dresse  l'Arc 
de  Triomphe  (V.  fig.  aux  art.  Blouet,  t.  VI,  p.  1177 
et  France,  t.  XVH,  p.  1131).  C'est  la  plus  aristocratique^ 
des  promenades.  Les  cafés-concerts  qui  y  sont  ouverts 
l'été  ont  pour  mérite  principal  de  contribuer  le  soir  à  leur 
illumination.  Dans  le  quartier  dit  administrativement  des 
Champs-Elysées,  on-  en  distingue  deux  au  point  de  vue 
mondain,  le  quartier  François  I®^'  dont  la  place  du  même 
nom  est  le  centre,  et  le  quartier  Marbeuf,  à  l'O.  du  pré- 
cédent, tous  deux  également  somptueux  par  leurs  hôtels. 

Tout  à  fait  au  milieu  de  la  ville,  il  faut  mentionner  à 
part  l'île  de  la  Cité  et  l'ile  Saint-Louis  qu'on  pourrait  dé- 
signer sous  le  nom  de  quai^tier  des  Iles  :  l'une,  qui  ne  pré- 
sente d'animation  que  dans  sa  partie  occidentale,  où  s'élève 
le  Palais  de  Justice  et  qui,  autrefois  couverte  d'églises, 
n'en  renferme  plus  que  deux,  mais  les  plus  belles  de  Paris, 
la  cathédrale  et  la  Sainte-Chapelle  (V.  fig.  à  l'art. 
Chapelle,  t.  X,  p.  559  ;  Fenêtre,  fig.  6,  t.  XVH,  p.  185  ; 
Art,  fig.  7,  t.  IH,  p.  1150);  l'autre,  que  l'on  cite  comme 
le  quartier  le  plus  tranquille  et  le  plus  solitaire,  et  qui 
possède,  quoique  petite,  plusieurs  édifices  intéressants  : 
l'église  Saint-Louis  en  l'Ile  et  deux  hôtels  du  xvii^  siècle, 
l'hôtel  Lambert  et  l'hôtel  de  Lauzun  ou  Pimodan. 

Reste  une  vaste  région  pour  laquelle  il  n'existe  au- 
cune dénomination  ni  officielle  ni  traditionnelle,  mais  qui 
n'en  présente  pas  moins  une  certaine  unité;  comprise 
entre  la  rue  de  Rivoli,  les  grands  boulevards  et  le  boule- 


PAlilS  —  1010 

yard  de  Sébast^pol,  e'êst  avaat  tout  le  grand  <|uartier  des 
affaires,  le  quartier  de  ia  Bdui^je,  On  y  trouve  à  la  fois, 
avec  le  Palais  de  h  Bomsù  (V.  Boubse,  fig.  B,  t.  VII, 
p.  329),  la  Banque  de  France,  l'Hôtel  des  Postes,  le 


Palais-Royal,  les  Halles  GenU^ales  et  le  plus  grand  liôtei 
de  Paris,  l'flétel  Goatiaental,  î)rèsydes  m^asîûs  du  Louvre. 
Une  différence  assez  notal>le  existe  en  ^omme  entre  la 
rive  droite  et  la  rive  gauche,  et  l'on  pourrait  presque  dire 


Place  de  la  Concorde. 


qu'aujourd'hui  encore  les  trois  vieilles  divisions  subsistent  : 
Ville,  Cité,  Université.  Après  les  anciens  faubourgs  de  Paris, 
dont  quelques-uns  ont  laissé  leur  nom  à  des  quartiers  de 
Pans,  entre  les  boulevards  extérieurs  et  les  fortifications, 
sont  les  communes  annexées  ;  elles  n'ont  pas  encore  subi 
de  transformations  profondes,  excepté  à  l'O.  dansi'arr.  de 
Passy-Auteuil  et  dans  la  plaine  de  Monceau,  oii  se  voient 
en  grand  nombre,  à  côté  de  hautes  constructions,  de 
petits  hôtels  très  élégants  ;  beaucoup  d'artistes  y  ha- 
bitent. Pour  ne  rien  omettre  d'essentiel  dans  l'indication 
de  ce  qui  constitue  l'aspect  général  de  la  ville,  il  faut 
compléter  l'aperçu  qui  précède  en  passant  en  revue,  d'une 
façon  sommaire,  les  divers  quartiers  administratifs. 

P^  Arrondissement  (Le  Louvre).  —  Le  quartier  Saint- 
Germain-l'Auxerrois  a  plusieurs  aspects  très  différents  : 
ici  le  Palais  de  Justice  et  la  place  Dauphine,  autrefois  des 
plus  vivantes,  aujourd'hui  silencieuse  ;  là  les  magasins  de 
confections,  plus  loin  le  palais  du  Louvre  avecle  ministère  des 
finances,  le  square  du  Carrousel  et  le  jardin  des  Tuileries. 
La  Sainte-Chapelle,  l'église  de  Saint-Germain-l'Auxer- 
rois  et  le  théâtre  du  Châtelet  en  sont  les  autres  monu- 
ments. Le  Pont-Neuf,  commencé  en  4578  et  actuellement 
le  plus  ancien  pont  de  Paris,  en  fait  partie  ;  c'est  le  premier 
qui  n'ait  pas  été  chargé  de  constructions.  —  Les  Halles 
donnent  leur  nom  au  deuxième  quartier;  près  d'elles 
s'élèvent  l'église  de  Saint-Eustache  et  plus  loin  l'église 
de  Saint-Leu,  puis  le  temple  de  TOratoh^e.  On  trouve  dans 
ce  quartier,  à  côté  de  trois  hôtels  de  date  récente,  la  Bourse 
du  commerce  (V.  Bourse,  fig.  4,  t.  VII,  p.  826)  avec  la 
colonne  qu'il  a  conservée  du  xvi®  siècle,  l'Hôtel  des  postes 


et  l'Hôtel  des  téléphones,  plusieurs  vieilles  constructions 
intéressantes  :  quelques  maisons  des  xvi®  et  xvii^  siècles 
(notamment  le  n^  24)  rue  Saint-Denis,  une  du  xv^  siècle 
avec  un  arbre  de  Jessé,  rue  des  Prêcheurs  (n«  83),  celle 
du  n°  54  de  la  rue  de  l'Arbre-Sec,  l'ancien  hôtel  Cléram- 
bault,  rue  Jean- Jacques-Rousseau,  n°  20,  l'hôtel  Thoinard  de 
Vougy,  occupé  par  la  Caisse  d'épargne  de  Paris,  rue  du  Lou- 
vre, n^  49,  l'hôtel  Hurault  (commencement  du  xvii^  siècle), 
rue  du  Jour,  n^^  2  et  4,  et  les  immeubles  des  n°^  25, 
27,  l'hôtel  du  Haume,  la  dernière  des  maisons  à  piliers, 
rue  Pirouette,  n^  5.  Une  inscription  apposée  sur  l'Hôtel 
des  postes  rappelle  que  La  Fontaine  est  mort  à  l'hôtel 
d'Hervart,  qui  s'élevait  sur  cet  emplacement.  —  Le  quar- 
tier du  Palais-Royal  manque  aujourd'hui  d'animation,, 
excepté  aux  abords  de  la  place  du  Théâtre-Français  et  dé 
la  place  du  Palais-Royal.  Les  galeries  du  jardin  et  les 
arcades  de  la  rue  de  Rivoli  lui  donnent  un  cachet  parti- 
culier. Le  palais  est  occupé  par  le  Conseil  d'Etat,  la  Cour 
des  comptes  et  l'Administration  des  Beaux- Arts.  L'église 
de  Saint-Roch,  le  théâtre  du  Palais-Royal  et  les  magasins 
du  Louvre  se  trouvent  situés  dans  ce  quartier.  Place  des 
Victoires,  les  hôtels  dont  J.-H.  Mansart  a  dessiné  les 
façades  subsistent  à  peu  près  tous.  La  Banque  de  France  est 
installée  dans  un  hôtel  dû  à  François  Mansart  et  cons- 
truit en  4635,  mais  très  modifié.  Au  no  45  de  la  rue  des 
Petits-Champs  se  voit  l'ancien  hôtel  de  LuUy.  Molière  est 
mort  au  n^  40  de  la  rue  de  Richelieu.  —  La  partie  prin- 
cipale du  quartier  de  la  place  Vendôme  est  la  place  de  ce 
nom  qui  a  conservé  ses  grandes  constructions  symétriques 
du  temps  de  Louis  XIV,  dont  les  façades  sont  l'œuvre  de 


—  lOTJ  — 


PARIS 


J.-H.  Mansart  ;  le  îi°  7  est  celui  que  Maiisart  avait  cons- 
truit poui*  lui-même  ;  le  ministère  de  la  justice  occupe 
deux  de  ces  listels.  Sont  à  mentionner  aussi  :  l'iiôtei  d'Ar- 


genson,  rue  des  Bons-Enfants,  n®  19  ;  Tliôtelde  la  Vi-illière 
de  Saint-Florentin  (l'ue  Saint-Florentin,  n^  â), construit  pai' 
Chalgrinen476T  ;  les  jolis  hétels  du  xvii®  siècle  delà  rue 


Église  S aint-  Germam-l'Auxerrois . 


Gambon  (notamment  n°^  37,  41 ,  43)  ;  ceux  du  xyiu'^  siècle 
de  la  rue  des  Petits-Champs  (n^^  87-99)  ;  ceux  du  Crédit 
foncier  et  l'église  de  l'Assomption. 

Il®  Arrondissement  (La  Bourse).  —  C'est  le  plus  petit 
de  Paris.  Le  quartier  Gaillon  est  ainsi  appelé  à  cause  d'un 
ancien  hôtel  et  d'une  ancienne  porte  de  ce  nom.  Sa  prin- 
cipale rue,  la  rue  àe  la  Paix,  une  des, plus  belles  de  Paris, 
est  particulièrement  celle  des  grands  couturiers  et  des 
grandes  mndistes.  L*^ncienne  salle  Ventadour  est  devenue 
la  succursale  de  la  Banque  de  France.  L'établissement  du 
Crédit  lyonnais  y  est  aussi  situé.  Le  passage  €hoiseul  est 
Fune  des  deux  issues  du  théâtre  des  Boufifes-Parisiens,  et 
sa  porte  d'accès  du  mté  de  la  rue  Saint-Augustin  est  le 
portail  qui  décorait  l'hôtel  du  duc  de  Gesvres  au  commen- 
cement ^u  xviu®  siècle.  Un  bel  hôtel  de  ce  même  siècle 
subsiste  au  n°  13  delà  rue  de  Grammont.  —  Le  quartier 
Yîvîenne  renferme  à  la  fois  la  Bourse,  la  Bibliothèque 
nationale,  l'église  de  Notre-Dame  des  Yictoires,  objet  d'une 
ferveur  particulière,  et  le  théâtre  de  TOpéra-Comique.  Il 
possède  des  hôtels  assez  nombreux  :  rue  de  Richelieu, 
l'hôtel Talaru  aux  n°«  60-62  ;  l'hôtel  de  Villarceaux,  n^  75  ; 
celui  qui  fut  construit  pour  Voltaire  en  1774,  n<*  104  ; 
rhôtel  de  ra])bé  Terray,  n°  101  ;  rue  Vivienne,  l'hôtel  de 
Torcy,  n^  16  ;  l'hôtel  Desmarais,  n^  18.  Le  théâtre  des 
Variétés  touche  au  passage  des  Panoramas,  qui  s'ouvre 
par  un  portail  provenant  de  l'hôtel  de  Montmorency- 
Luxembourg.  —  Un  jeu  de  mail  a  donné  son  nom  au  troi- 
sième quartier.  La  rue  du  Croissant  mérite  d'être  men- 
tionnée à  part,  parce  que  là  se  sont  centralisées  la  Tente 
en  gros  et  la  distribution  des  journaux.  Les  hôtels  y  sont 
assez  nombreux  :  restes  de  l'hôtel  du  maréchal  de  La 
Feuillade  (rue  de  la  Feuillade,  n°  4)  ;  hôtel  construit  pai^ 
M*^®  du  Barry,  rue  de  la  Jussienne,  n^  6  ;  restes  d'un  hôtel 
du  XYii®  siècle,  rue  du  Mail,  n'^  7  ;  hôtel  Masson  de  Meslay, 
rue  du  Sentier,  n^  32  ;  hôtel  de  Montholon,  boulevard 


Poissonnière,  n^  23;  rue  Paul-Lelong,  n^^  3  et  5,  sont 
deux  maisons  contemporames  de  Henri  IV.  — Le  quartier 
de  Bonne-Nouvelle  tire-^  sa  dénomination  de  l'église  de 
Noti^e-Dame  de  ce  nom.  Un  reste  curieux  de  l'hôtel  de 
Bourgogne,  la  toui^  de  J«an  sans  Pem'  (xv^  siècle)  se  voit 
au  n°  22  de  la  rue  Etienne-Marcel.  Le  n°  43  de  la  rue 
Grenéta  est  l'ancien  hôtel  de  Coislin.  Rue  Sainte-Foy  se 
sont  conservées  quelques  constructions  de  Tannée  1500 
environ. 

III^  Arrondissement  (Le  Temple).— Le  quartier  des  Arts- 
et-Métiers,  ainsi  appelé  à  cause  du  Conservatoire  situé 
dans  sa  circonscription,  est  manufacturier  par  excellence; 
la  fabrication  y  est  souvent  spécialisée  à  un  point  extrêmo; 
l'industrie  de  la  métallurgie,  celle  de  l'horlogerie  et  de  la 
bijouterie  sont  a  signaler  ici.  Le  théâtre  de  la  Gaîté  avec 
le  square  des  Arts-et-Métiers,  FFcoie  centrale  et  l'Ecole 
Turgot  égayent  un  peu  cette  région.  Elle,a  poui'  églises  Saint- 
Nicolas  des  Champs  et  Sainte-Elisabeth.  A  l'angle  de  la 
rue  du  Vert-Bois  se  dresse  une  tour  restaurée  de  l'enceinte 
du  prieuré  de  Saint-Martin  des  Champs;  il  y  a  rue  Volta, 
n°  16,  une  maison  du  xvi^  siècle^  et  boulevard  Saint-Mar- 
tm,  n°^  31-33«  un  hôtel  Louis  XV.  —  Dans  le  quartier 
des  Enfants-Rouges  (nom  d'un  ancien  hôpital),  le  marché 
du  Temple  est  d'abord  à  signaler,  haute  construction  en 
fer  qui  comprend  2.400  boutiques  de  revendeuses,  et,  dans 
sa  partie  supérieure,  le  «  caiTeau  »,  où  les  articles  sont 
tous  étalés  sur  le  plancher.  Ce  quartier  est  dans  .son  en- 
semble un  de  ceux  où  il  y  a  le  plus  de  petits  boutiquiers. 
Plusieurs  hôtels  sont  intéressants  :  l'hôtel  de  Tallard  avec 
son  bel  escalier  du  xviu®  siècle  au  n°  78  de  la  rue  des 
Archives  ;  les  hôtels  du  xviii®  siècle  également  de  la  rue 
Portefoin,  et  surtout  ceux  de  la  rue  Chariot,  particulière- 
ment l'hôtel  Bayard  (n°  58.)  et  l'hôtel  de  Iflascaranî  du 
xviii^  siècle  et  très  bien  conservé  |n*^  83).  Rue  de  Sain- 
tonge,   11°   45,  est   à   remarquer  une  construction    du 


PARIS 


—  107^2  — 


xvu^  siècle.  —  Dans  le  quartier  tics  Archives,  qui  depuis 
longtemps  donne  un  peu  l'idée  d'une  ville  de  province, 
habitent  en  grand  nombre  les  petits  fabricants  en  chanibrc, 
entre  autres  les  fabricants  d'antiquités.  Quatre  établisse- 
ments scientifiques  y  sont  groupés  deux  par  deux  :  les  Ar- 
chives nationales  (V.  Archive§,  t.  III,  p.  75î2)  et  l'Imprimerie 
nationale,  d'une  part  ;  le  musée  Carnavalet  et  la  Bibliothèque 
de  la  ville  de  Pans,  de  l'autre.  Après  ces  monuments,  il 
convient  de  signaler  l'hôpital  Andral,  l'ancien  cloître  des 
Minimes  de  la  rue  de  Béarn  (caserne  aujourd'hui)  et  les  hôtels 
des  XVII®  et  xvni®  siècles  des  rues  des  Archives,  Chariot;  de 
Samtonge  et  de  ïurenne  ;  la  maison  delà  fin  du  xv**  siècle, 
située  au  n°  54  de  la  rue  Vieille-du-Temple,  dont  la  jolie 
tourelle  a  été  faussement  attribuée  à  l'hôtel  Barbette  ;  le 
somptueux  hôtel  SaléoudeJuigné,dûàLevau(1656),  rue 
de  Thorigny,  n*^  5  ;  l'hôtel  de  Choisy,  rue  Barbette,  n°  8  ; 
l'hôtel  de  Brissay,  rue  Saint-Gilles,  n°  18  ;  l'hôtel  des 
Fusées  du  commencement  du  xvii«  siècle,  rue  du  Parc- 
Royal,  n*'  4.  La  rue  des  Francs-Bourgeois  est  bordée  de 
maisons  anciennes.  —  Le  quartier  Sainte- Avoye  (nom  d'un 
ancien  couvent)  est  le  centre  de  la  petite  industrie  pari- 
sienne, de  l'article  de  Paris.  Rue  Saint-Martin,  aux  n»^  447, 
160  et  194  se  voient  de  jolies  façades  du  xviii®  siècle.  Rue 
de  Montmorency,  n^  5,  sont  encore  des  restes  du  grand 
hôtel  de  Montmorency;  aun°  51  de  la  même  rue,  subsiste 
l'inscription  d'une  maison  de  1407,  celle  de  Nicolas  Fla- 
mel.  Des  constructions  anciennes  sont  à  signaler  aussi 
rue  Chapon  et  rue  du  Temple,  surtout  l'hôtel  de  Montho- 
lon  auno  79  de  cette  dernière  rue,  puis  rue  de  Braque  et 
rue  des  Archives. 

IV®  Arrondissement  (L'Hôtel-de- Ville).  —  Le  quartier 
Samt-Merri  est  un  des  plus  populeux,  c'est  celui  qui  pos- 
sède l'Hôtel  de  Ville  (V.  tig.  à  l'art.  Barrias,  t.  V, 
p.  491;  Cheminée,  fig.  3;  fig.  à  l'art.  Boccador, 
t.  VII,  p/ll).  Avec  la  place  de  l'Hôtel-de-Ville,  dite 
autrefois  de  Grève,  qui  vit  tant  d'exécutions  et  de  révolu- 
tions, l'église  de  Samt-Merri,  le  théâtre  des  Nations,  le 
square  de  la  Tour-Samt-Jacques  et  les  bâtiments  de  l'As- 
sistance publique  doivent  y  être  mentionnés,  comme  aussi 
le  petit  musée,  dit  des  Accidents  (rue  de  Lutèce).  On  y 
trouve  des  maisons  des  xiv®,  xv®  et  xvi®  siècles,  rues  du 
Renard,  Taillepain,  Brisemiche,  de  Venise,  Pierre-au-Lard 
et  des  Etuves;  d'autres  vieux  logis  subsistent,  assez  nom- 
breux, rue  de  la  Verrerie  et  rue  Saint-Merri.  Au  n^  34 
de  la  rue  Quincampoix  est  l'hôtel  de  La  Reynie  (xvii®  s.) 
et  au  n®  60  l'hôtel  de  Sémonville  (xvm®  s.).  La  maison, 
dite  des  Goths,'à  cause  de  son  curieux  bas-relief,  est  le 
n*^  HQ  de  la  rue  Samt-Martm.  — Dans  le  quartier  Saint- 
Gervais,  très  populeux  également,  après  Samt-Gervais  et 
son  charnier,  puis  les  églises  de  Notre-Dame  des  Blancs- 
Manteaux  et  de  Saint-Paul-Saint-Louis,  le  Mont-de-Piété  et 
le  lycée  Charlemagne,  il  faut  citer  :  lejoli  cloître  du  xv®  siècle 
de  la  rue  des  Archives  (n®  24);  l'hôtel  des  ducs  de  Ven- 
dôme, rue  Bourg-Tibourg  (n«  33);  l'hôtel  de  Hollande, 
rue  Vieille-du-Temple  (n°47);  Fancien  hôtel  d'Havès,  rue 
Aubriot  (n®  10);  les  maisons  n^^  4  et  10  de  la  rue  des 
Blancs-Manteaux,  l'ancien  hôtel  de  Quincy,  rue  de  Sévi- 
gné  (n*^^  7  et  9);  l'hôtel  Lamoignon(de  la  fin  du  xvi®  siècle), 
rue  Pavée  (n^  24);  les  maisons  de  la  rue  Geoffroy-Las- 
nier,  âgées  presques  toutes  d'au  moins  trois  siècles 
(n°  26,  particulièrement,  hôtel  de  Chalon-Luxembourg);  les 
constructions  anciennes  de  la  rue  François-Miron,  surtout 
le  magnifique  hôtel -^e  Beauvais  (n«  68),  la  maison  à  pi- 
gnon du  n®  13  et  l'hôtel  Hénault  (n°  82);  la  maison  du 
XV®  siècle,  sise  rue  Saint-Antoine,  n®  126,  et  celle  du  104 
de  la  même  rue  ;  l'ancien  hôtel  d'Aumont,  rue  de  Jouy, 
n^  7  ;  les  maisons  du  xvii®  siècle  de  la  rue  Eginhai't  ; 
l'ancien  hôtel  de  Graville  (commencement  du  xvi®  siècle), 
qui  a  gardé  le  surnom  d'hôtel  des  prévôts,  passage  Char- 
lemagne; l'ancien  hôtel  des  archevêques  de  Sens  (du 
XV®  siècle),  oîi  habita  Marguerite  de  Valois,  à  l'angle 
des  rues  du  Figuier  et  de  l'Hôtel-de-Ville  ;  une  maison 
du  xvu®  siècle  avec  son  escalier  très  curieux  ainsi  que 


sa  grille,  quai  de  l'Hôtel-de-Ville,  n°  34.  Ce  quartier 
est  donc  particulièrement  riche  en  anciens  hôtels.  —  Du 
quartier  de  l'Arsenal  (ainsi  dénommé  à  cause  de  l'arsenal 
que  possédait  la  ville),  il  faut  savoir  surtout  qu'il  occupe 
l'emplacement  de  deux  séjours  royaux,  l'hôtel  des  Tour- 
nelles  et  le  palais  Saint-Paul  et  le  sol  d'une  île,  l'île ^Lou- 
viers,  qui  fut  presque  jusqu'au  milieu  du  xix®  siècle  un 


La  Tour  Saint- Jacques. 

grand  chantier  de  bois.  La  place  des  Vosges  (ancienne  place 
Royale  du  temps  de  Louis  XIII),  avec  ses  35  pavillons, 
la  bibliothèque  de  l'Arsenal  et  les  xArchives  de  la  Seine  y 
sont  à  mentionner.  Les  hôtels  de  la  place  des  Vosges,  du 
commencement  du  xvii®  siècle,  ont  gardé  leur  aspect  pri- 
mitif. Rue  des  Tôurnelles  (n°  28)  et  boulevard  Beaumar- 
chais (n«s  21  et  23),  se  trouve  un  bel  hôtel,  dit  hôtel  de 
Ninon  de  Lenclos  et  construit  par  J.-H.  Mansart  pour  lui- 
même.  Rue  Saint-x\ntoine  sont  deux  hôtels  dessinés  par 
les  Ducerceau,  aux  n««  i43  (hôtel  Sully)  et  212  (hôtel 
d'Ormesson);  quai  des  Célestins  (n^  2),  l'ancien  hôtel 
Fieubet,  dit  de  La  Valette,  édifié  par  J.-H.  Mansart.  Rue 
des  Lions,  des  constructions  anciennes  sont  à  noter  aussi. 
—  Le  quartier  Notre-Dame,  qui  comprend  la  partie  orien- 
tale de  l'île  de  la  Cité  et  l'île  Saint-Louis,  renferme  avec 
la  cathédrale  le  Tribunal  de  commerce,  l'Hôtel-Dieu  et  la 
Morgue,  l'église  de  Samt-Louis,  puis  les  marchés  aux  Fleurs 
et  aux  Oiseaux.  Ses  quais  ont  conservé  un  assez  grand 
nombre  de  vieux  hôtels  :  ceux  du  quai  d'Orléans,  ceux  du 
quai  de  Bourbon  (particulièrempnt  les  n°^  29  et  31);  quai 
de  Béthune,  les  hôtels  des  n®120  et  24;  quai  d'Anjou, 
à  l'angle  formé  par  la  rue  Poulletier  (n°  20),  l'ancien 
hôtel  de  Tessé,  mais  surtout,  au  n®  17,  l'hôtel  de  Lauzun 
ou  de  Pimodan,  de  1657  (acquis  par  la  Ville),  et,  à 
l'angle  de  ce  quai  et  de  la  rue  Saint-Louis,  l'hôtel 
Lambert  (V.  Lambert  [Hôtel]).  Rue  Saint-Louis  (n^  51), 
on  remarque  la  façade  de  l'hôtel  Cheniseau  (xviii®  siècle). 
On  peut  noter  aussi  l'arcade  de  la  rue  de  Bretonvilliers 
(xvii®  siècle).,  Dans  la  com'du  n®  18  de  larueChanoinesse, 
il  y  a  encore  une  haute  tour  carrée,  sans  doute  du 
xv^  siècle,  et  rue  des  Ursins,  n®  19,  des  restes  d'une 
chapelle  du  xii®  siècle. 


1073 


PARIS 


V^  Arrondissement  (Le  Panthéon).  —  Le  souvenir  de 
l'abbaye  Saint-Victor,  dont  le  terrain  est  occupé  aujour- 
d'hui par  l'entrepôt  Saint-Bernard  ou  Halle  aux  vins, 
s'est  conservé  dans  la  dénomination  du  premier  quartier 
de  cet  arrondissement.  On  y  remarque  surtout  ses  places 
et  squares  :  place  Jussieu,  centre  de  ruelles  hal)itées  par 
toute  une  colonie  de  modèles  italiens  ;  place  Maubert,  square 
Monge,  square  des  Arènes;  il  possède  aussi  l'Ecole  po- 
lytechnique, l'église  de  Saint-Nicolas  du  Chardonnet  ;  on 
peut  y  distinguer,  de  plus,  des  restes  des  anciens  collèges, 
ainsi  dans  les  bâtiments  de  l'Ecole  polytechnique  et  rue  de 
Poissy  où  le  réfectoire  du  collège  des  Bernardins  (de  4346) 
a  été  converti  en  caserne  de  sapeurs-pompiers.  Au  n^  37 
du  quai  de  la  Tournelle  est  un  vieil  hôtel  bien  conservé, 
au  n^  47  l'ancien  couvent  des  IVliramiones,  et  aux  n'^"  55-57 
l'hôtel  de  Nesmond.  —  Dans  le  quartier  du  Jardin-des-Plan- 
tes,  peuvent  attirer  l'attention,  après  le  Jardin  du  Muséum 
ou  des  Plantes,  l'église  de  Saint-Médard,  la  gare  d'Orléans, 


rfr 


Église  Saint-Etienne  du  Mont. 

l'hôpital  de  la  Pitié,  la  prison  de  Sainte-Pélagie  et  l'am- 
phithéâtre d'analomie.  Un  petit  pavillon  de  la  fin  du 
xviii^  siècle  subsiste  rue  Daubenton  (n^  3);  au  coin  de  la 
rue  Scipion  et  de  celle  du  Fer-à-Moulin,  la  boulangerie  cen- 
trale de  l'Assistance  publique  occupe  un  hôtel  du  xvi^  si'^^cle. 

—  Le  quartier  du  Val-de-Grâce  est  resté  tranquille  comme 
au  temps  où  il  était  rempli  de  monastères,  mais  de  larges 
voies  maintenant  le  traversent.  iVvec  le  Val-de-Grâce, 
l'Ecole  normale  et  l'Institut  agronomique  y  sont  situés. 
Une  rue  a  gardé  son  caractère  ecclésiastique  :  la  rue  Lho- 
mond.  Rue  des  Irlandais  (n**  5)  sont  des  vestiges  du  collège 
des  Irlandais;  rue  de  l'Estrapade  (n°  5),  une  maison  du 
xviii*^  siècle  à  remarquer;  rue  Lhomond  (n<*  10),  les  an- 
ciens bâtiments  de  la  communauté  des  Eudistes.  Il  y  a  des 
constructions  intéressantes,  rue  Broca  (n*^'  31 ,  35, 44  et  48) 
et  rue  Saint- Jacques,  et,  de-ci  de-là,  des  restes  de  couvents. 

—  Le  quartier  de  la  Sorbonne  est  un  des  plus  vieux  que 

GRANDE  ENCYCLOPÉDIE.    —   XXV. 


la  percée  de  voies  nouvelles  a  transformés.  On  y  trouve,  en 
plus  de  la  Sorbonne,  le  palais  des  Thermes  et  l'hôtel  de 
Cluny,  les  vieilles  églises  de  Saint- Julien  le  Pauvre,  de 
Saint-Séverin  et  de  Saint-Etienne  du  Mont,  mais  aussi  le 
Collège  de  France,  l'Ecole  de  droit,  le  lycée  Louis-le-Grand 
et  le  lycée  Henri  IV,  avec  ses  restes  de  l'abbaye  de  Sainte- 
Geneviève,  particuHèrement  sa  tour,  dite  deClovis,  qui  re- 
monte en  partie  peut-être  au  xi°  siècle,  puis  le  collège 
Sainte-Barbe,  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève.  Cependant 
la  deuxième  section  du  quartier,  du  côté  de  la  place  Maubert, 
est  encore  encombrée  de  ruelles,  et  sa  population  est  bien  dif- 
férente de  celle  de  la  première  section  où  dominent  les  profes- 
sions libérales.  On  y  retrouve  plusieurs  maisons  à  pignons.  Il 
y  a,  quai  de  Montebello,  un  reste  de  constructions  de  l'an- 
cien Hôtel-Dieu.  Au  n°  3  de  la  rue  des  Prêtres-Saint-Séve- 
rin,  le  cloître  gothique  de  l'ancidn  cimetière  Saint-Séverin 
existe  encore  ;  de  vieilles  maisons  sont  à  examiner  rue 
Saint- Jacques  et  rue  du  Petit-Pont,  et  de  même  le  n°  14 
de  la  rue  Saint-Julien-le-Pauvre.  A  l'angle  de  la  rue  de 
l'Hôtel-Colbert  et  de  la  rue  de  la  Bùcherie  se  voient  les 
bâtiments  non  encore  utilisés  de  l'ancienne  Ecole  de  mé- 
decine. Il  y  a  dans  ce  quartier  aussi  des  restes  d'anciens 
collèges,  et  aux  n^^  2  et  4  de  la  rue  Valette  des  vestiges 
de  l'église  de  Saint-Hilaire  du  Mont. 

VP  Arrondissement  (Le  Luxembourg).  —  Le  quartier 
delà  Monnaie,  avec  tous  ses  industriels  du  livre,  ses  libraires 
des  quais,  ses  marchands  d'estampes  et  d'antiquités,  qui 
sont  des  commerçants  d'un  type  spécial,  plus  désintéres- 
sés qu'on  ne  croirait,  est  un  des  plus  littéraires  de  Paris. 
La  Monnaie  et  l'Institut  sont  les  monuments  de  ce  quar- 
tier; on  y  trouve  également  l'hôtel  des  Sociétés  savantes. 
Uy  a,  rue  Hautefeuille,  n*^  5,  une  jolie  tourelle  du  xvi^  siècle  ; 
au  n*^  9  est  l'hôtel  de  Miraulmont  qui  date  de  la  fin  du 
XV®  siècle.  Des  maisons  anciennes  se  remarquent  rue  et 
place  Saint-André-des-Arts,  des  restes  d'anciens  collèges 
subsistent  aussi  ;  la  façade  de  l'hôtel  des  archevêques  de 
Rouen  (xvi®  siècle),  cour  de  Rohan,  le  petit  hôtel  Fey- 
deau,  rue  Gît-le-Cœur,  n'*  35,  l'hôtel  de  la  rue  Séguier, 
n^  18,  les  restes  de  l'hôtel  de  Sancerre,  du  xv®  siècle  (rue 
des  Grands-Augustins,  n^  7),  sont  les  autres  curiosités  à 
énumérer.  —  Tout  en  présentant  les  mêmes  caractères, 
le  quartier  de  l'Odéon  est  cependant  plus  exclusivement 
littéraire,  moins  bourgeois,  plus  vivant.  Il  renferme  le 
théâtre  de  l'Odéon  et  ses  galeries  où  sont  établies  des  bou- 
tiques de  libraires,  l'Ecole  des  mines,  l'Ecole  de  médecine, 
l'Ecole  de  pharmacie,  les  lycées  Saint-Louis  et  Montaigne, 
puis  le  Sénat  et  le  jardin  du  Luxembourg  (V.  Luxe^i- 
BOURG,  t.  XXII,  p.  796).  L'église  de  Saint-Sulpice  en 
est  le  monument  religieux.  Rue  de  l'Ecole-de-Méde- 
cine,  n*^  5,  l'Ecole  nationale  des  arts  décoratifs  est  ins- 
tallée dans  l'ancien  amphithéâtre  de  Saint-Côme  (fin  du 
xvii*^  siècle)  ;  au  n^  13,  le  musée  Dupuytren  occupe 
l'ancien  réfectoire  du  couvent  des  Cordeliers  (xv®  siècle). 
Sont  à  signaler  :  l'hôtel  de  l'Estoille  (1545),  rue  de 
Tournon,  n'*  10  ;  les  restes  du  couvent  des  Filles-du- 
Calvaire  (V.  Luxembourg,  t.  XXII,  p.  796),  rue  de  Vau- 
girard,  à  côté  du  Sénat;  l'hôtel  du  xvii®  siècle,  situé 
rue  Garancière  (n^  8).  —  Dans  le  quartier  Notre-Dame- 
des-Champs  dominent  les  couvents  et  les  maisons  d'ar- 
ticles de  piété.  La  prison  militaire  de  la  rue  du  Cherche- 
Midi  est  établie  dans  les  locaux  précédemment  occupés  par 
le  couvent  du  Bon-Pasteur,  et  le  bâtiment  de  l'Institut 
catholique  est  une  partie  de  ceux  d'un  ancien  couvent  de 
Carmes  (du  xvii®  siècle).  Plusieurs  hôtels  sont  intéres- 
sants :  rue  d'Assas  (n**  28),  un  pavillon  du  xvii®  siècle  ;  rue 
du  Montparnasse,  Ehôtel  du  Silène  (dépendance  du  collège 
Stanislas)  ;  rue  du  Regard  (n«  17),  l'hôtel  de  laGuiche,  de 
1701,  transformé  en  succursale  du  Mont-de-Piété  ;  rue  du 
Cherche-Midi,  l'hôtel  du  Conseil  de  guerre,  et  les  maisons 
des  n°^  11  et  18.  —  Le  quartier  Saint-Germain-des-Prés, 
se  distingue  principalement  par  ses  librairies  d'art,  ses 
marchands  de  meubles  anciens  ou  de  curiosités.  C'est  le 
quartier  de  l'Ecole  des  beaux-arts.  Il  possède  l'Académie 

6$ 


PARIS 


~  1074  — 


de  médecine,  placée  à  côté  de  l'hôpital  de  la  Charité,  et  en 
fait  d'hôtels  anciens  :  quai  Malaquais,  celui  du  n°  i  ;  ce- 
lui du  n«  9,  rue  Visconti;  l'hôtel  de  1609,  sis  au  n°  24  ; 
rue  de  Seine,  n^  6,  un  pavillon  de  la  reine  Margot.  Rue  de 
FAbbaye  (n*^  3)  subsiste  l'ancien  palais  abbatial  de  Saint- 
Germain  des  Prés  (xvii^  siècle).  11  y  a  rue  Bonaparte, 
n"16,  desrestes  ducouventdesPetits-Aogiistins(xYii^' siècle) 
et  rue  Jacob,  n^  j9,  des  restes  de  l'abbaye  de  Saint-Ger- 
main des  Prés  (V.  Abbaye,  hg.  I,  t.  ï,  p.  37). 

VIP  x\rrondissement  (Le  Palais-Bourbon).  — Essentielle- 
ment aristocratique,  le  quartier  Saint-Thomas-d'Aquin  est 
celui  qui  renferme  le  plus  d'hôtels:  rue  des  Saints-Pères, 
l'hôtel  de  Fleury  (1768),  occupé  par  l'Ecole  des  ponts  et 
chaussées  ;  rue  de  Lille,  l'hôtel  de  Bernages  (n*^  2),  oti  est 
installée  l'Ecole  des  langues  orientales;  rue  de  Grenelle,  77, 
rh(Uel  de  Caumont,  actuellement  de  l'ambassade  de  Rus- 
sie ;  il  faut  citer  ensuite:  l'hôtel  du  n*^  25  bis  du  quai  d'Or- 
say ;  quai  Voltaire,  l'hôtel  de  Tessc  (n^  1),  l'hôtel  dos 
j|Os  9./[4  (xvii^ siècle);  rue  des  Saints-Pères,  Fhôtel  de  Gossé- 
Brissac  (n°  56);  rue  du  Bac,  le  vaste  hôtel  Samuel  Ber- 
nardin ou  de  Boulogne  (n'^  46)  ;  le  magnifique  hôtel  de 
Chateaubriand  (n»  420);  rue  de  Lille,  l'hôtel  du  n^  4 
(xviF  siècle)  ;  rue  de  l'Université,  n*^  3,  l'hôtel  iVrselot 
(xvii®  siècle)  ;  n*^  34,  l'hôtel  de  Soyecourt  (xviii®  siècle); 
rue  de  Varennes,  n°^  47  et  53,  les  beaux  hôtels  de  La 
Rochefoucauld-Doudeauville  et  de  Matignon  (remanié  sous 
Louis-Philippe),  etn°66,  l'élégant  hôtel  Boucher  d'Orsay 
(xviii^  siècle);  boulevard  Saint-Germain,  l'hôtel  de  Chevreuse 
ou  de  Luynes  (n^  202),  de  4640  environ,  et  dont  il  n'y  a  plus 
({u'une  partie.  Au  n^  85  de  la  rue  du  Bac  est  l'ancienne 
église  du  couvent  des  Récollettcs,  et  au  n^  4b  de  la  rue 
do  Varonne  subsiste  le  portail  d'une  éghse  de  4500  environ  ; 
rue  de  Bellechasse,  il  y  a  maintenant  une  caserne  dans  les 
bâtiments  de  l'abbaye  de  Pentemont  (4755),  et  rue  de  Gre- 
nelle, un  temple  protestant  dans  ha  chapelle  de  cette  ab- 
baye ;  le  ministère  des  travaux  publics  est  sur  le  territoire 
de  ce  quartier  où  se  trouvent  également  l'hôpital  I^aennec  et 
les  magasins  du  Bon  Marché.  —  Le  quartier  des  Invahdes  a 
de  grandes  analogies  avec  le  précédent.  La  Chambre  des 
députés  y  est  située  (V.  Bourbon  [Palais]),  comme  aussi 
le  Musée  social,  de  fondation  récente.  L'esplanade  des 
Invalides  y  constitue  une  belle  promenade.  L'église  de 
Sainte-Clotilde  en  est  la  paroisse.  A  la  suite  des  bâtiments 
du  ministère  de  la  guerre,  boulevard  Saint-Germain,  est 
l'hôtel  de  Brienne  qui  sert  de  résidence  au  ministre.  Plu- 
sieurs hôtels  anciens  se  succèdent  rue  Saint-Dominique. 
Rue  de  Varenne  (n^  77),  le  bel  hôtel  de  la  duchesse  du 
Maine,  construit  par  Gabriel  (4729),  est  occupé  par  le 
couvent  du  Sacré-Cœur.  Rue  de  Lille,  doivent  èire  nom- 
més aussi:  l'hôtel  de  Torcy  (n^^  70-72),  de  4716  ;  l'hôtel 
du  Maine  (n°^  78-80),  de  4728,  qui  est  celui  de  l'am- 
bassade d'Allemagne.  L'hôtel  de  Brissac,  rue  de  Gre- 
nelle (n"  446),  est  aujourd'hui  la  mairie  du  VII^  arron- 
dissement ;  Fhôtel  de  Noirmoutiers  ou  de  Sens  (n'^  440), 
le  dépôt  cartographique  de  l'armée.  Les  ministères  de  l'agri- 
culture, du  commerce,  de  Finstruction  publique  etFarche- 
vèché  de  Paris  occupent  également  d'anciens  hôtels.  L'hôtel 
du  ministère  des  affaires  étrangères  est  du  milieu  du 
xix^  siècle,  celui  du  ministère  des  postes  est  de  même  ré- 
cent; celui  enfin  de  la  i^égion  d'honneur  a  été  reconstruit 
dès  4874,  mais  sur  les  plans  primitifs.  —  Le  quartier 
de  l'Ecole  militaire,  dont  cette  école  occupe  une  grande 
partie,  est  d'aspect  assez  froid.  On  y  rencontre  l'insti- 
tution des  Jeune n-Aveugles,  et  la  maison  des  frères  de 
Saint-Jean-de-Dieu ,  puis  l'église  de  Saint-François- 
Xavier.  On  a  donné  aux  maisons  de  ce  quartier  relative- 
ment neuf  le  style  architectural  de  Louis  XIV,  de  Louis  XV 
et  de  Louis  XVI.  Rue  de  Sèvres  (n^  86),  la  maison  des 
Oiseaux,  de  4773,  est  devenue  le  couvent  des  Oiseaux.  Un 
hôtel  de  la  rue  Monsieur  (n°  42)  renferme  de  remar- 
quables bas-reliefs  décoratifs  de  Clodion.  —  Plus  animé, 
le  quartier  du  Gros-Caillou  était,  avant  4860,  un  faubourg 
de  ce  nom.  Aujourd'hui  c'est  le  quartier  des  palais  de 


l'Exposition  universelle  et  de  la  tour  de  300  m.  (V.  Champ- 
de-]\}ars),  non  loin  desquels  est  situé  l'édifice  du  garde- 
meuble.  11  y  existe  encore  une  maison  du  xvii^  siècle  (4675), 
rue  de  l'Université  (n°  437). 

VHP  Arrondissement  (L'Elysée) .  —  C'est  entre  les  deux 
magnifiques  places  de  la  Concorde  (V.  ce  mot,  §  Histoire) 
et  de  V Etoile  que  s'étend  le  quartier  des  Champs-Elysées 
\.^^  Champs-Elysées  (V.  ces  mots)  constituent  la  plus  belle 
des  promenades  de  Paris.  Entre  eux  et  la  Seine,  le  Cours- 
la-Reine  forme  une  promenade  spéciale.  On  a  vu  plus 
haut  que  ce  quartier  se  subdivise  en  deux ,  le  quartier 
François  I^^'et  le  quartier  Marbeuf.  On  remarque  au  Cours- 
la-Reine  (n^  46)  la  très  johe  maison,  dite  de  François  P^\ 
pavillon  de  chasse  datant  de  4572  et  apporté  de  Moret  à 
Paris  en  4826.  —  Le  quartier  du  faubourg  du  Roule  a 
pour  territoire  le  village  du  Roule  ;  l'aristocratie  de  l'ar- 
gent y  habite.  l\  a  pour  édifices:  l'éghse  de  Saint-Philippe, 
Féghse  russe  et  l'hôpital  Beaujon.  Les  principaux  de  ses 
nombreux  hôtels  sont  celui  de  la  rue  de  Bercy  (n^  2),  dû  à 
Chalgrin,  et  l'hôtel  de  Saint-Priest,  rue  du  Faubourg-Saint- 
Honoré,  n°  470.  —  Le  quartier  de  la  Madeleine  (du  nom 
de  la  grande  éghse  qui  s'y  trouve  située)  est  des  phis  élégants. 
11  renferme  le  palais  de  Fii;///5é/^  (V.  ce  mot),  les  ministères 
de  l'intérieur  et  de  la  marine  et  la  chapelle  expiatoire  ;  les 
commerçants  qui  n'exercent  pas  un  commerce  de  luxe  se 
sont  groupés  dans  la  cité  Berryer.  L'édifice  qui  fait  le  coin  de 
gauche  de  la  rue  Royale,  amvre  de  Gabriel  comme  Fhôtel  du 
ministère  de  la  marine,  a  été  divisé  en  4  hôtels  (l'hôtel  de  Cril- 
lon,  etc).  Rue  des  Mathurins  sont  Fhôtel  de  Beauharnais 
(n*^  32)  et  Fhôtel  de  Lagrange  (n^  44),  tous  deux  du  miheu 
du  xvm^  siècle;  rue  Boissy-d'Anglas,  n«  5,  l'hôtel  de  la 
Reynière;  rue  du  Faubourg-Saint-ïIonoré,  n*^  39,  l'hôtel 
Borghèse,  qui  est  actuellement  celui  de  l'ambassade  d'An- 
gleterre, et  Fhôtel  Pontalba  (n«  44),  œuvre  de  Visconti; 
rue  d'Anjou,  Fhôtel  de  Contades,  occupé  par  la  mairie  du 
VHP  arrondissement,  les  hôtels  de  Bauffremont  et  de  Boissy 
(n««  42-44),  Fhôtel  de  la  Bellinaye  (n«  46);  rue  Tron- 
chet,  no  7,  Fhôtel  Pourtalès.  —  Toutmoderne  est  le  quartier 
de  l'Europe  avec  ses  rues  portant  des  noms  de  capitales,  et 
rayonnant  autour  de  la  phu-e  de  l'Europe.  Il  est  construit 
luxueusement  et  apour  promenade  le  joh  parc  de  Monceau, 
œuvre  de  Carmontelle  (4778),  transformé  par  l'adminis- 
tration municipale  en  1864.  La  gare  Saint-Lazare  en  est  le 
principal  édifice,  mais  l'église  de  Saint-Augustin  (V.  Bal- 
tard,  fig.  4,  t.  V,  p.  474),  le  collège  Chaptal  elle  musée 
Coruuschi  sont  aussi  à  rappeler.  Dans  le  square  de  Messine, 
Fhôtel  de  Villeneuve  a  reçu  des  décorations  du  xviii^  siècle 
provenant  d'autres  hôtels. 

W^  Arrondissement  (L'Opéra).  —  L'origine  du  nom  du 
(iuartier  Saint-Georges  est  incertaine.  Ce  quartier  littéraire 
et  artiste  était  déjà  surnommé  la  Nouvelle  Athènes  sous 
le  premier  Empire.  Sa  place  Pigalle,  fréquentée  par  des 
modèles. itahens,  est  restée  curieuse.  Ses  cafés  littéraires 
et  politiques  ont  été  remplacés  par  des  cabarets  soi-disant 
artistiques.  Le  «  quartier  Bréda  »  n'est  plus  qu'un  souvenir. 
V:n  hôtel  du  xviu^  siècle,,  fort  intéressant,  est  à  signaler 
au  n^'  9  de  la  rue  Victor-Masse.  L'église  est  celle  de  la 
Trinité  (V.  fig.  à  Fart.  Bàllu,  t.  V,  p.  465).  —  Le 
quartier  de  la  Chaussée-d'Antin  n'a  pas  de  caractère  bien 
particulier,  mais  les  constructions  anciennes  y  sont  plus 
nombreuses  que  dans  le  précédent.  Le  lycée  Condorcet  y 
occupe  le  couvent  des  Capucins,  construit  par  Brongniart 
en  4780.  Il  y  a  rue  de  la  Chaussée-d'Antin,  no24,  un  joli 
hôtel  du  xYiii*^  siècle  ;  le  n*^  44  de  la  rue  Taitbout  est  une 
«  petite  maison  »  du  même  siècle.  Notre-Dame  de  Lorette 
et  l'Opéra  (V.  Académie  nationale  de  musique,  fig.  4,  3, 
4  et  5,  t.  l,  p.  224;  fig.  à  Fart.  Baudry,  t.  V,  p.  886; 
Carreaux,  fig.  2,  t.  IX,  p.  545),  sont  les  monuments  de  ce 
quartier,  avec  la  synagogue  de  la  rue  de  la  Victoire,  les 
théâtres  du  Vaudeville  et  des  Nouveautés.  —  L'anima- 
tion est  beaucoup  plus  grande  dans  le  quartier  du  fau- 
bourg Montmartre,  oti  se  trouvent  Fhôtel  des  ventes  mo- 
bilières, le  théâtre  des  Fohes-Bergère,  le  Conservatoire 


—  1075  — 


PARIS 


de  musique  et  de  déclamation,  dont  l'église  de  Saint-Eu- 
gène est  voisine,  le  Comptoir  d'escompte,  l'hôtel  du  Grand- 
Orient  de  France,  centre  de  la  franc-maçonnerie.  La  mai- 
rie est  installée  dans  un  bel  hôtel  du  xviii^  siècle  ;  un  autre 
de  cette  époque  est  à  noter  rue  G-range-Batelière,  n°10  ;  sont 
à  mentionner  encore  :  rue  du  faubourg  Montmartre,  n*^  21 , 
une  maison  de  1720  environ  ;  rue  Bergère,  n"  7,  une  «  petite 
maison  »,  et  n°  20,  l'hôtel  Le  Normand  de  Mézières,  siège 
de  l'imprimerie  Chaix  ;  rue  de  Trévise,  n°32,  l'hôtel  Mar- 
tinet (du  premier  Empire)  ;  rue  Cadet,  n^  9,  l'hôtel  de  Cour- 
mont,  etn^  24,  la  «  petite  maison  »  du  comte  d'Artois.  — 
Le  quartier  Roehechouart  (du  nom  d'une  abbesse  de  Mont- 
martre) a  davantage  une  population  ouvrière.  Il  renferme 
le  square  Montholon  et  le  collège  Rollin. 

X®  Arrondissement  (Saint-Laurent).  —  Le  quartier  au^ 
quel  l'église  Saint- Vincent  de  Paul  donne  son  nom  est 
celui  où  se  tenait  la  foire  Saint-Laurent.  Deux  gares, 
celles  du  Nord  et  de  l'Est,  y  ont  leurs  embarcadères.  Aussi 
y  compte-t-on  un  grand  nom])re  de  petits  employés.  Les 
autres  grandes  constructions  sont  l'hôpital  Lariboisière, 
la  Maison  Dubois  et  l'école  Colbert.  —  Dans  le  quartier 
de  la  Porte-Saint-Denis  domine  le  commerce  des  commis- 
sionnaires en  marchandises  et  des  fabriques  de  cristaux  et 
de  porcelaines.  Le  boulevard  de  Strasbourg,  avec  ses  ca- 
fés-concerts, le  passage  Brady,  les  abords  de  la  prison 
de  Saint-Lazare,  sont  les  côtés  curieux  de  ce  quartier. 
Le  théâtre  du  Gymnase  y  est  situé.  Un  charmant  pavillon, 
construit  au  xviii^  siècle,  porte  le  n*'  44  de  la  rue  des 
Petites-Ecuries.  —  Le  quartier  de  la  Porte-Saint-Martin 
a  des  aspects  assez  divers,  mais  c^est  néanmoins  avant 
tout  un  quartier  industriel  et  commerçant  ;  il  renferme 
l'Hôtel  des  Douanes  et  les  Magasins  Généraux,  la  Bourse 
du  travail,  la  mairie,  monumentale  et  toute  récente, 
oeuvre  de  Rouyer,  l'église  de  Saint-Laurent,  les  théâtres 
de  la  Renaissance,  de  la  Porte-Saint-Martin,  de  l'Am- 
bigu, des  Folies-Dramatiques,  le  théâtre  Antoine  et 
quel([ues  maisons  intéressantes,  particulièrement  un  hôtel 
Louis  XY,  rue  Pierre-Builet  et  les  maisons  n^^  52  et  ai- 
de la  rue  de  Bondy.  —  Le  canal  Saint-Martin  traverse  le 
quartier  de  l'Hôpital-Saint-Louis  rempli  d'usines  et,  par 
suite,  très  populeux,  oU  l'on  n'a  à  signaler  que  l'Hôpital 
qui  sert  à  sa  dénomination  et  un  autre  établissement  hos- 
pitalier, l'hôpital  militaire  Saint-Martin. 

XI®  Arrondissement  (Popincourt).  —  Le  quartier  delà 
Folie-Méricourt  est  ainsi  appelé  à  cause  d'une  de  ces  an- 
ciennes folies  ou  petites  maisons,  comme,  dans  tout  l'ar- 
rondissement, du  reste,  on  en  bâtit  beaucoup  au  xviii® siècle. 
Il  est  essentiellement  industriel,  de  même  que  le  quartier 
Saint- Ambroise.  C'est  sur  l'emplacement  de  l'église  de  Saint- 
Amljroise  que  se  trouvait  la  maison  bâtie  .sous  Charles  VI 
pour  Jean  de  Popincourt  et  qui  devint  le  centre  d'un  vil- 
lage. —  Ce  qui  caractérise  le  quartier  de  la  Roquette,  ce 
sont  ses  deux  prisons,  Grande  et  Petite  Roquette,  et  le 
développement  qu'y  a  pris  l'industrie  funéraire  à  cause 
du  voisinage  du  Père-Lachaise.  Rue  de  la  Roquette  se 
remar({uent  un  pavillon  de  la  fm  du  xviii®  siècle  (n°  57) 
et  des  vestiges  de  la  Folie-Regnault  (n^^  188  et  190),  rue 
de  Charonne,  l'ancien  hôtel  de  Mortagne  du  xvii®  siècle 
(n«  51)  et  les  bâtiments  du  prieuré  de  Notre-Dame  de 
Bon-Secours  (n*^^  97-101).  —  Le  quartier  Sainte-Margue- 
rite n'est  qu'une  partie,  du  faubourg  Saint-Antoine,  le 
faubourg  du  meuble.  On  y  voit  l'église  de  Sainte-Marguerite 
avec  son  ancien  cimetière,  où  fut  enterré  Louis  XVII,  puis 
l'ue  du  Faubourg-Saint-Antoine,  une  jolie  statue  de  la 
Vierge  du  xiv®  siècle  (n^lOl),  et  rue  de  Montreuil,  d'an- 
ciennes portes  (n°^  31  et  96)  et  les  bâtiments  du  couvent 
de  la  Madeleine-de-Trainel,  transformés  en  habitations 
particulières  (n^^  100-102). 

XII®  Arrondissement  (Reuilly  ;  nom  du  bourg  qui  s'était 
formé  autour  d'une  résidence  royale  remontant  à  Dago- 
bert).  —  Du  quartier  de  Bel-Air,  resté  très  peu  peuplé, 
il  n'y  a  rien  à  dire.  — Le  quartier  de  Picpus,  qui  porte  un 
nom  dont  l'origine  est  incertaine,  est  encore  peu  vivant. 


Rue  de  Reuilly,  une  caserne  a  remplacé  la  manufacture 
de  glaces  fondée  au  xvii®  siècle,  et  le  n«  210  de  la  rue  du 
Faubourg-Saint-Antoine  était  occupé  par  la  brasserie  de 
Santerre.  —Le  commerce  des  vins  et  spiritueux  a  consti- 
tué le  quartier  de  Bercy  (V=  ce  mot).  L'entrepôt  seul  y 
est  à  signaler.  ~-  Le  quartier  des  (Juinze-Vingts  participe 
du  faubourg  Saint- Antoine  et  de  Bercy.  Il  renferme  uti 
hospice,  les  (Quinze- Vingts,  2  grands  hôpitaux.  Trousseau 
et  Saint- Antoine,  et  2  gares,  celles  de  Lyon  et  de  Vin- 
cennes,  plus  l'importante  gare  d'eau  de  l'Arsenal. 

Il  n'y  a  que  très  peu  de  chose  à  dire  des  8  derniers 
arrondissements. 

XIIP  Arrondissement  (Les  GobeKns).  —  Le  premier 
quartier  est  celui  de  la  Salpètrière,  cat  hospice  qui  est 
toute  une  ville  ;  on  y  trouve  aussi  le  marché  aux  che- 
vaux, les  abattoirs  de  Villejuif  et  la  cité  Dorée,  village 
de  chiffonniers.  —  Le  nom  du  deuxième  quartier,  celui 
de  la  Gare,  lui  vient  d'un  bassin  creusé  sous  Louis  XVÏ 
pour  servir  de  gare  d'eau  et  autour  duquel  un  village 
s'était  formé.  La  cité  Jeanne-d'Arc.  qu'on  y  peut  voir, 
est  étrange.  —  Maison-Blanche  est  le  nom  d'un  cabaret; 
Croulebarbc,  celui  d'un  moulin.  C'est  dans  le  quartier 
Crouîebarbe  que  soni  situés  les  Gobelinset  aussi  les  hôpi- 
taux Broca  et  Péan.  Dans  ce  dernier  quartier,  deux  hôtels 
intéressants  occupent  les  n^^  3  et  17  de  la  rue  des  Gobe- 
lins.  Dans  le  quartier  de  la  Maison-Blanche  se  voient  le 
cours  pittoresque  de  laBièvre  et  la  butte  aux  Cailles. 

XÏV®  Arrondissement  (L'Observatoire).  —  Le  quartier 
du  Montparnasse  renferme,  outre  le  cimetière  oli  sub- 
siste une  vieille  tour  de  moulin,  Fancien  château  d'eau  de 
l'Observatoire,  du  ivii®  siècle,  à  l'angle  de  la  rue  Cassini, 
la  Maternité,  qui  occupe  les  bâtiments  de  Port-Royal,  2 
autres  grands  hôpitaux,  Ricord  et  Cochin,  l'hospice  des 
Enfants- Assistés,  l'Observatoire  et  la  prison  de  la  Santé. 
Sont  à  rappeler  :  dans  le  quartier  de  la  Santé,  l'asile 
Sainte-Anne  (appelé  de  la  Santé  autrefois)  et  le  parc  de 
Montsouris  qui  date  de  1878  ;  dans  le  quartier  du  Petit- 
Montrouge,  l'hospice  de  La  Rochefoucauld  ;  dans  celui  de 
Plaisance,  l'hôpital  Broussais,  et  au  n«  142  de  la  rue  du 
Château,  l'ancien  rendez-vous  de  chasse  du  duc  du  Maine. 

XV<^  Arrondissement  (Vaugirard;  nom  d'une  ancienne 
commune).  —  La  culture  maraîch'TC  est  restée  importante 
dans  le  quartier  Saint-Lambert.  —  Le  quartier  Necker  est 
encore  en  grande  partie  l'ancien  Vaugirard.  Les  hôpitaux 
y  dominent  :  Necker,  les  Enfants-Malades,  l'Institut  Pas- 
teur, Saint- Jacques,  l'hôpital  International  ;  y  sont  situés 
également  le  puits  artésien  de  Grenelle  et  le  lycée  Buf- 
fon.  Les  quartiers  de  Grenelle  (V.  ce  mot)  et  de  Javel 
sont  des  centres  d'usines.  Quelques  vestiges  de  l'ancien 
château  de  Grenelle  subsistent  dans  une  caserne  de  la  place 
Dupleix  ;  le  second  de  ces  2  quartiers  a  l'hôpital  Bouci- 
caut. 

XVP  Arrondissement  (Passy).  ~  H  suffit  d'en  dire  ici 
que  l'on  remarque  dans  le  quartier  d'Auteiiil  (V.  ce  mot) 
le  monumental  viaduc  d'Auteuil  {i866),  le  groupe  des 
trois  maisons  de  retraite  de  Sainte-Périne,  Chardon-La- 
gache  et  Rossini,  puis  l'ancien  petit  château  de  la  Tuilerie, 
occupé  par  un  couvent,  rue  de  l'Assomption  ;  dans  le  quar- 
tier de  la  Muette,  le  château  de  la  Muette,  propriété  par- 
ticulière reconstituée  avec  son  caractère  du  xviii®  siècle, 
et,  rue  de  la  Tour  (n«  86),  une  tour  restaurée  du 
XIV®  siècle.— Le  palais  du  Trocadéro  est  situé  à  la  limite 
de  ce  quartier  et  de  celui  de  Chaillot,  où  se  trouvent  la 
Manutention  militaire,  sur  l'emplacement  de  l'ancienne 
Savonnerie,  et  les  musées  Guimet  et  Galbera.  —  La 
maison  mortuaire  de  Victor  Hugo,  avenue  Victor-Hugo, 
est  dans  le  quartier  de  la  Porte-Dauphine. 

XVIP  Arrondissement  (Batignolles-Monceau).  —  Pour 
cet  arrondissement,  on  peut  signaler  dans  le  quartier  des 
Ternes  (nom  d'un  ancien  hameau),  au  n°  19  de  la  rue 
Demours,  l'ancien  château  des  Ternes  (V.  Batignolles). 

XVIII®  Arrondissement  (Montmartre).  —  Le  quartier 
des  Grandes-Carrières  possède  un  petit  obélisque  de  1736 


PARIS 


1076 


(rue  Girai'don,  n'^  1),  puis  rtiùpital  Bicliat  ;  le  quartier 
de  Clignancourt  (nom  de  l'ancienne  seigneurie),  une  cha- 
pelle du  xvi^  siècle  (rue  Marcadet)  et  une  maison  intéres- 
sante du  XVII®  siècle  (même  rue,  n*^  Ti).  —  Les  dénomi- 
nations des  2  autres  quartiers,  la  Goutte-d'Or  et  la 
Chapelle,  sont  celles  d'un  vignoble  et  d'un  ancien  village 
(V.  Chapelle  [La]).  Dans  le  second  sont  conservés  un  pa- 
villon du  temps  de  Henri  IV  (rue  de  Torcy,  n°  38)  et 
rue  de  la  Chapelle,  n^  '12!2,  une  maison  du  temps  de 
Louis  XIII  (V.  Montmartre). 


XIX®  Arrondissement  (Les  Buttes-Chaumont).  —  On  y 
doit  signaler  le  très  important  bassin  de  la  Villette,  dans 
le  quartier  de  la  Villette  (nom  d'une  ancienne  commune)  : 
les  Abattoirs  généraux,  dans  celui  du  Pont-de-Flandre  ; 
réglise  de  Saint-Jean-Baptiste  dans  celui  d'Amérique, 
ainsi  dénommé  à  cause  des  anciennes  carrières  dites  d'Amé- 
rique ;  et  le  curieux  parc  des  Buttes-Chaumont,  créé  en 
1864  dans  le  quartier  du  Combat. 

XX®  Aukondissement  (Ménilmontant.  nom  d'une  an- 
cienne commune). —  Le  (juartierde  Bellevifle  (\.  ce  mot) 


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ï.v.  Tru(;adéro. 


est  des  plus  populeux  ;  celui  de  Saint-Fargeau  est  appelé 
ainsi  du  nom  de  son  petit  lac  ;  ceux  de  Charonne  (Y.  ce 
mot)  etduPère-Lachaise,  oii  l'hôpital  Tenon  et  l'église  de 
Saint-Germain  sont  situés,  sont  encore  remplis  de  jardins 
et  de  cultures  maraîchères.  Dans  les  quartiers  de  Belleville 
et  de  Saint-Fargeau  sont  à  remarquer  les  anciens  regards 
de  la  rue  des  Cascades  et  celui  de  la  rue  de  Belleville 
(n^  231),  et  dans  le  quartier  de  Charonne,  l'hospice 
Debrousse,  dont  la  direction  occupe  un  petit  pavillon 
Louis  XV,  reste  du  château  de  Bagnolet. 

VI.  Voirie,  eau,  assainissement.  —  Le  service  de 
la  voirie  était  réparti  sous  l'ancien  légime  entre  le  prévôt 
des  marchands,  le  lieutenant  de  police,  le  Bureau  des 
finances  et  la  Chambre  des  bâtiments.  Le  premier  pavage 
exécuté  à  Paris  l'a  été  en  1485,  sur  l'ordre  de  Philippe- 
Auguste.  En  160o,  le  roi  prit  à  sa  charge  toute  la  dépense 
du  pavé  de  Paris.  Sous  Louis  XIU,  plus  de  la  moitié  de 
la  ville  était  encore  sans  pavage.  Le  développement  du 
pavage  en  bois  date  de  4881,  mais  il  est  encore  l'excep- 
tion ;  par  contre,  il  n'y  a  presque  plus  de  chaussées  en 
terre.  L'usage  des  trottoirs,  qui  commença  en  1782,  ne 
se  généralisa  qu'à  partir  de  1823;  des  refuges  ont  été 
étobli$  au  milieu  des  chausséee  pour  faciliter  la  traversée 


des  rues  les  plus  fréquentées.  En  4830  encore,  le  service 
de  la  voirie  était  si  insuffisant  que,  pour  vous  faire  fran- 
chir les  ruisseaux  que  formaient  les  eaux  s'écoulant  dans 
les  rues,  parfois  des  porteurs  vous  prenaient  sur  leur  dos 
ou  vous  plaçaient  dans  une  hotte.  Par  décret  de  4856, 
les  frais  relatifs  à  l'entretien  des  chaussées  devaient  être 
supportés,  moitié  par  l'Etat,  moitié  par  la  municipalité  : 
Paris  dépense  aujourd'hui  pour  entretenir  ses  chaussées 
près  de  47  millions  par  an  en  plus  de  la  subvention  de 
l'Etat  qui  est  de  4  millions  et  d'une  contribution  du  dépar- 
tement, de  400.000  francs.  Par  des  règlements  relatifs 
au  balayage  et  à  l'arrosage,  la  propreté  de  la  voie  pu- 
blique est  assurée  ;  aussi  le  nettoiement  coùte-t-il  annuel- 
lement 40  millions.  Malgré  le  paiement  d'une  taxe  de 
balayage,  les  propriétaires  riverains  des  voies  publiques 
ne  sont  pas  dégagés  de  toute  obligation,  du  moins  en 
hiver.  Pour  faciliter  l'enlèvement  des  neiges,  on  fait  usage 
fréquemment  du  chlorure  de  sodium  qui  les  dissout.  Le 
nombre  des  édicules  et  concessions  sur  la  voie  publique, 
bureaux  de  voitures  de  place,  kiosques,  colonnes-affiches, 
locations  d'emplacements  pour  dépôt  de  tables  ou 
chaises,  etc.,  s'est  de  plus  en  plus  multiplié. 
Paris  possède  plus  de  3,200  voies  dont  on  doit  cher- 


—  1077  _ 


PARIS 


cher  la  liste  dans  une  publication  officielle  intitulée  :  Ville 
de  Paris.  Nomenclature  des  voies  publiques  et  privées 
(Paris,  1898,  in-4)et  qui  énumère  aussi  toutes  les  voies 
ayant  existé.  Deux  autres  publications  officielles  sont  à 
consulter  pour  leur  histoire  administrative  :  Recueil  des 
lettres  patentes,  etc.,  concernant  les  voies publii [lies 
[de  Paris],  dressé  sous  la  direction  d'Alphand  (Paris. 
1886-89,  2  vol.  in-4)  et  Inventaire  sommaire  de  la 
collection  Laxare-Montassier,  par  L.  Lazard  (Paris,  1899, 
in-8).  Il  y  a  2.345  rues,  82  boulevards,  11  o  avenues, 
166  places,  42  quais,  31  ponts,  etc.,  couvrant  une 
longueur  de  972  kil.  et  une  surface  de  1.647  hect.  Les 
plus  longues  de  ces  voies  sont  :  la  rue  de  Vaugirard 
(4.3o0  m.),  la  rue  de  Rivoli  (3.340  m.),  le  boulevard 
Saint-Germain  (3.150  m.),  la  rue  Lafayette  (2.980  m.), 
le  boulevard  Malesherbes  (2.600  m.).  Toute  voie  apparte- 
nant au  domaine  public  est  bordée  d'arbres  si  elle  a  plus 
de  20  m.  de  largeur.  Les  premières  inscriptions  indica- 
tives des  noms  des  rues  furent  apposées  en  1729.  Le  nu- 
mérotage des  maisons,  qui  existait  en  partie  auxviii^  siècle. 
devint  général  à  l'époque  de  la  Révolution,  mais  il  lui 
fait  alors  par  section.  !^^n  1805,  on  l'établit  par  rue,  les 
luiméros  se  suivant  dans  le  sens  du  cours  de  la  Seine  pour 
les  rues  parallèles  au  tleuve,  et  partant  du  fleuve  pour  les 
rues  perpendiculaires  ou  obliques.  Depuis  quelques  années, 
les  luiméros  et  même  des  noms  de  rue  sont  parfois  lumi- 
neux. Bien  ([ue  des  essais  d'éclairage  des  rues  remontent 
au  xui^  siècle,  les  rues  de  Paris  ne  furent  véritablement 
éclairées  qu'à  partir  de  1667  ;  les  réverbères  datent  de 
1757  seulement;  on  commença  l'éclairage  au  gaz 
en  1819,  à  l'électricité  en  1878;  un  petit  nombre  jus- 
({u'ici  ont  été  éclairées  par  ce  dernier  mode.  En  plus  des 
bois  de  Boulogne  et  de  Vincennes  dont  il  est  propriétaire, 
Paris  a  75  promenades,  qui  ont  une  superficie  totale  de 
près  de  200  hect.  :  jardins  publics,  squares,  parcs,  etc. 
J.es  principales  et  les  ])lus  considérables  par  leur  super- 
ficie sont  :  le  parc  des  BuUcs-(^!iaumont  (231.000  m.(j.), 
le  jardin  du  Luxembourg  et  le  jardin  des  Plantes  (230.000 
m.  q.  chacun). le jardiji des  Tuileries  (226.000),  puis  le  parc 
de  Montsouris  (154.000),  le  parc  du  Trocadéro  (102.000), 
le  parc  du  Champ-de-Mars  (91.000)  et  le  parc  de  Mon- 
ceau (84.000). 

Service  des  eaux.  —  V.n  dehors  de  l'aqueduc  romain 
de  Chaillot  mal  connu,  le  plus  ancien  établissement  hydrau- 
lique parisien  est  l'aqueduc  romain  d'Arcueil  encore  exis- 
tant et  construit  au  iii*^  ou  iv®  siècle  pour  amener  au 
palais  des  Thermes  les  eaux  de  Rungis  et  de  Chilly;  son 
rétabhssement,  entrepris  au  commencement  du  xvii^  siècle, 
fut  achevé  sous  Louis  XIV.  Jusqu'au  xvii^  siècle,  les 
aqueducs  du  Pré-Saint-deryais  et  de  Belleville  ont  été 
l'unique  ressource  des  habitants,  et  seulement  pour  lari\e 
droite  ;  ils  avaient  été  établis  au  moyen  âge  à  une  époque 
inconnue.  Dès  le  xn^  siècle,  on  voit  réduire  le  nombre  des 
concessions  d'eau  gratuites,  mesure  qui  par  la  suite  fut 
prise  plusieurs  fois.  A  partir  de  Henri  IV,  on  eut  le  souci 
d'alimenter  Paris  en  eau  convenablement.  La  pompe  du 
Pont-Neuf  ou  de  la  Samaritaine  date  de  cette  époque  ;  une 
seconde  machine  hydraulique  fut  élevée  en  1670  au  pont 
Notre-Dame.  A  partir  de  1782  fonctionnèrent  pour  le 
quartier  Saint-Honoré  deux  machines  à  vapeur  ou  pompes 
à  feu,  celles  de  Chaillot  et  du  Gros-Caillou  ;  elles  étaient 
dues  aux  frères  Périer,  mécaniciens  représentants  d'une 
société  ffnancière.  Admniistrées  par  cette  société,  elles 
furent  réunies  en  1788  aux  eaux  de  la  ville  sous  le  nom 
d'administration  royale  des  eaux  de  Paris  et  sous  la  sur- 
veillance de  la  prévoté  des  marchands.  Les  eaux  delà  vilh^ 
ou  du  Nord  comprenaient  les  aqueducs  du  Pré-Saint-Ger- 
vais  et  de  Belloville,  les  pompes  du  pont  Notre-Dame  el 
l'aqueduc  d'Arcueil  en  partie,  tandis  que  k^s  eaux  du  roi 
ou  du  3Iidi  étaient  celles  de  Taqueduc  d'Arcueil  en  pcU'ti'» 
et  du  Pont-Neuf,  dont  le  bureau  des  finances  a^ait  la  sui- 
veillance.  La  loi  des  9-15  sept.  1792  remit  les  pompes  de 
la  compagnie  Périer  au  département.  Par  l'arrêté  consu- 


laire du  6  prairial  an  XI  et  le  décret  du  4  sept.  1807,  la 
propriété  des  eaux  du  Midi,  avec  celle  des  ponqies  de  la 
compagnie  Périer,  fut  cédée  à  la  ville,  représentée  par  le 
pi'éfet  de  la  Seine  qui  devint  ainsi  l'administrateur  de  tout 
l'ensemble.  La  distribution  était  alors  de  14  lit.  par  habi- 
tant. Les  travaux  de  dérivation  de  FOurcq,  auxquels  on 
avait  songé  depuis  le  xvi^  siècle,  furent  commencés  en 
l'an  XI  et  déffnitivement  terminés  eu  1839.  Les  canaux 
Saint-Denis  et  Saint-Martin  qui,  de  part  et  d'autre,  relient 
celui  de  l'Ourcq  à  la  Seine,  ont  été  ouverts,  le  premier 
en  1821,  le  second,  tout  entier  parisien,  en  1825,  mais 
rétabhssement  de  son  bas  port  de  l'Arsenal  est  plus  récent. 
Un  puits  artésien  fut  entrepris,  après  un  parcours  sou- 
terrain correspondant  au  boulevard  Richard-Lenoir,  dans 
la  plaine  de  Grenelle  en  1833. 

Le  service  des  eaux  fut  réorganisé  par  Belgi'and  sou>5 
le  second  Empire.  Les  anciennes  eaux  furent  réservées  au 
service  public  ;  des  eaux  de  source  furent  affectées  au  ser- 
vice privé  :  celles  delà Dhuis  (1863)  et  celles  de  la  Vanne 
(  1 868)  ;  des  usines  et  des  réservoirs  en  grand  nombre  et 
le  puits  artésien  de  Passy  furent  établis,  et  l'œuvre  de 
Belgrand  a  été  activement  complétée.  L'eau  de  l'Avre  a 
été  amenée  en  1891  ;  on  construit  actuellement  l'aqueduc 
du  Loing  et  duLunain.  La  longueur  totale  de  la  dérivation  de 
la  Dhuis  est  de  131  kil.,  celle  de  la  Vanne  de  173  kil.,  celle 
de  l'Avre  de  100  kil.  Comme  volume  maximum,  la  cana- 
lisation du  service  domestique  ou  des  eaux  de  source  peut 
fournir  245.000  m.  c.  ;  la  canaUsation  du  service  public 
et  industriel  ou  des  eaux  de  la  Seine,  de  la  Marne,  de 
l'Ourcq  et  diverses,  473.000  m.  c.  Il  y  a,  en  somme,  à 
Paris,  287  lit.  par  habitant,  dont  98  d'eau  de  source;  ces 
chiffres  seraient  assez  élevés  s'il  ne  se  produisait  pas  des 
insuffisances  de  débit  et  surtout  des  excédents  de  consom- 
juation  à  l'époque  des  chaleurs.  Le  drain  de  Saint-Maur 
fournit  un  appoint  au  débit  de  la  Dhuis  et  les  ffltres  de 
l'usine  élévatoire  de  Saint-Maur  également  peuvent  com- 
[  léter  en  temps  de  consommation  exceptionnelle  l'appro- 
^isionnement  du  service  domestique.  Les  eaux  du  service 
public  proviennent  des  puits  artésiens  de  Passy,  de  la 
Gliapelle,  de  la  butte  aux  Cailles  et  de  Grenelle,  de  l'aque- 
(kic  d'Arcueil  qui  n'a  presque  plus  d'importance  (conim- 
d'ailleurs  le  quatrième  de  ces  puits),  des  six  usines  élé- 
vatoires  de  la  Seine  (à  Ivry,  Maisons-Alfort,  au  quai 
d'Auslerlitz,  à  Bercy  principalement,  puis  à  Chaillot  et  à 
Javel)  et  des  trois  \isine-.  de  la  Marne  (à  Saint-Maur), 
enfui  du  canal  de  l'Ourcq.  Ce  canal,  qui  a  une  grande 
importance  aussi  au  point  de  vue  de  la  navigation,  amène 
les  eaux  de  l'Ourcq  au  bassin  de  laVillette  après  un  par- 
coiu's  de  107  kil.  Les  canaux  Saint-Denis  et  Saint-Martin 
mettent  le  bassin  de  la  Villette  en  (communication  ?vec  la 
Seine  eji  amont  et  en  aval  de  Paris.  Chaque  zone  di  ser- 
vice privé  ou  du  service  public  a  ses  réservoirs  de  listri- 
biition.  Des  usines  de  relais,  installées  sur  divers  points, 
desservent  les  zones  les  plus  élevées.  Ces  usines  refdulent 
les  eaux  dans  de  hauts  rései'voirs  qui  font  presque  tous 
un  service  mixte  au  moyen  de  bassins  distincts.  La  ca- 
pacité totale  des  réservoirs  d'eau  de  source  dépasse 
500.000  m.  c.  ;  celle  des  réservoirs  d'eau  de  rivière, 
165.000.  La  longueur  totale  des  deux  canalisations  est  de 
2.300  kil.  Les  conduites  sont  généralement  placées  dans 
les  égouts;  les  interruptions  de  service  sont  réduites  au 
minimum,  grâce  à  ce  fait  qu'en  chaque  point  de  la  cana- 
lisation, l'eau  arrive  par  deux  côtés  différents.  Les  75.000 
prises  d'eau  qui  desservent  les  maisons  particulières,  les 
5.100  bouches  d'incendie,  les  900  bornes-fontaines  de  pui- 
sage et  les  100  fontaines  Wallace  (V.  Fontaine,  fig.  6, 
t.'XVll,  p.  732)  sont  branchées  sur  l'une  des  deux  cana- 
lisations ;  les  prises  d'eau  branchées  sur  l'autre  assurent 
l'alimentation  des  appareils  publics  qui  sont  au  nombre 
de  plus  de  20.000.  11  y  a  plus  de  80.000  compteurs 
pour  desservir  les  abonnés  du  service  public.  L'eau  est 
payée  à  raison  de^O  fr.  35  le  mètre  cube.  La  vente  des  eaux 
est  faite  par  l'intermédiaire  de  la  Compagnie  générale  des 


PARIS 


—  iOlS 


eaux  et  la  recette  brute  du  service  atteint  annuellement 
46  millions  de  francs. 

Assainissement.  —  Au  commencement  du  siècle,  la 
longueur  totale  des  égouts  ne  dépassait  pas 26  kil.,  et  tous 
se  déversaient  dans  le  ruisseau  de  Ménilmontant,  aussi 
appelé  égout  de  ceinture,  qui  avait  été  couvert  en  4 750. 
Quant  aux  fosses  d'aisances,  l'obligation  d'en  établir  se 
trouve  déjà  dans  la  coutume  de  Paris  ;  mais  elle  dut  être 
rappelée  plusieurs  fois  et  les  prescriptions  relatives  au 
transport  des  matières  étaient  assez  mal  observées.  Vn 
certain  nombre  de  travaux  d'assainissement  furent  exé- 
cutés après  4832,  et  de  4840  à  4849  on  supprima  la  voirie 
de  Montfaucon  et  on  la  remplaça  par  le  dépotoir  muni- 
cipal de  la  Villette  et  la  voirie  de  Bondy.  En  4856,  Bel- 
grand  fit  adopter  le  plan  du  réseau  des  égouts  collecteurs 
actuellement  existants,  et  dès  4868  le  réseau  des  collec- 
teurs généraux  était  achevé.  Depuis  4865  on  s'est  préoc- 
cupé d'épurer  les  eaux  d'égout  par  l'irrigation  du  sol.  Les 
égouts  reçoivent  à  la  fois  les  eaux  des  rues  et  celles  des 
maisons  ;  dans  les  vastes  galeries  souterraines  qu'ils  cons- 
tituent, on  a  pu  placer  les  conduites  d'eau,  les  tubes  pneu- 
matiques de  la  poste,  les  canalisations  pour  distribution 
de  la  force  motrice,  les  fils  télégraphiques  et  télépho- 
niques ;  on  y  évacue  également  les  matières  provenant  du 
balayage,  et  en  grande  partie  déjà  les  matières  provenant 
des  fosses  d'aisances.  Dans  la  traversée  de  la  ville,  les 
déversements  en  Seine  ne  se  produisent  plus  que  très 
exceptionnellement,  en  temps  d'orage  (huit  à  dix  fois  par 
an)  et  toutes  les  eaux  sales,  qui  représentent  iOO.OOO  m.  c. 
par  jour,  ne  sont  déversées  dans  le  fleuve  que  bien  après 
sa  sortie  de  Paris.  Les  collecteurs  généraux  sont  au  nombre 
de  quatre  ;  ils  aboutissent  à  Asnières,  à  Clichy  et  à  Saint- 
Denis  ;  l'eau  y  coule  avec  une  vitesse  supérieure  à  0^^,50 
par  seconde.  Des  pompes  élévatoires  ont  dû  cire  établies 
pour  certains  quartiers  bas.  Les  égouts  ont  près  de 
4.000  kil.  ;  on  y  accède  par  quelques  escaliers,  mais  sur- 
tout par  46.000  regards.  Les  eaux  de  la  voie  publique 
y  sont  reçues  par  44 .500  bouches  ouvertes  dans  les  bordures 
des  trottoirs  et  celles  des  maisons  par  des  canalisations 
particulières  ;  le  curage  en  est  fait  plusieurs  fois  par  jour. 
Déjà  plus  de  la  moitié  des  eaux  d'égout  sont  amenées  dans 
des  champs  d'épuration  où  elles  servent  à  l'exploitation 
agricole,  dans  la  presqu'île  de  Gennevilliers  et  dans  la 
presqu'île  Saint-Germain,  à  Achères.Le  système  de  l'écou- 
lement des  vidanges  dans  les  égouts,  qu'on  a  appelé  sys- 
tème du  tout  à  T égout,  est  appliqué  dans  une  partie  de 
Paris;  40.000  immeubles  environ  le  possèdent;  pour  cet 
écoulement,  les  égouts  ont  dû  être  pourvus  d'un  système 
de  canalisation  spéciale,  dit.  système  Berlier.  J^es  anciens 
modes  d'enlèvement  continuent  donc  à  fonctionner.  L'in- 
dustrie de  la  vidange  est  libre,  mais  réglementée  et  con- 
trôlée. L'enlèvement  est  fait  la  nuit  pour  les  fosses  fixes, 
les  plus  nombreuses,  qui  sont  vidées  au  moyen  de  pompes 
à  vapeur  ;  les  voitures  qui  transportent  les  tonneaux  des 
fosses  mobiles  ou  les  tinettes  filtrantes  circulent  le  matin. 
Les  matières  sont  transportées  dans  divers  dépotoirs  ou 
voiries  et,  pour  un  tiers,  au  dépotoir  municipal  de  la  Vil- 
lette d'où  elles  sont  envoyées  à  la  voirie  de  Bondy  ou  voirie 
de  l'Est  par  une  conduite  de  44  kil.  Le  service  de  l'assai- 
nissement coûte  à  Paris  une  somme  annuelle  de  plus  de 
5  millions.  Un  recueil  officiel  de  Pièces  concernant  les 
eaux,  les  canaux  et  V assainissement  à  Paris  a  été 
publié  en  4880-86  (Paris,  in-8). 

VII.  Moyens  de  communication.  —  Les  carrosses 
et  calèches  de  louage  et  un  peu  plus  tard  aussi  les  chaises 
roulantes  succédèrent  aux  chaises  à  porteur  vers  le  milieu  du 
XVII®  siècle.  Après  une  période  de  liberté  complète,  de  4790 
à  1800,  des  règlements  intervinrent,  et  le  prix  des 
courses  fut  fixé  par  la  police .  A  partir  de  4  847 ,  nulle  voiture 
publique  ne  put  circuler  sans  autorisation  spéciale.  La 
Compagnie  impériale  des  voitui^es  instituée  en  4855  se 
transforma  en  4866  en  Compagnie  générale  des  petites 
voitures,  après  que  le  gouvernement  eut  proclamé  la  liberté 


des  voitures.  Le  nombre  des  stations  est  aujourd'hui  de 
205  et  celui  des  fiacres  de  45.000  environ  (voitures  de 
place  et  de  remise).  La  principale  compagnie  avec  la  Com- 
pagnie générale  (3.446  voitures)  est  celle  de  l'Urbaine 
(4750).  Le  nombre  des  voyageurs  en  voitures  de  place 
est  évalué  à  près  de  30  millions  par  année.  Quant  aux 
voitures  dites  de  grande  remise,  elles  se  louent  de  gré  à 
gré.  Il  y  a  près  de  95.000  cochers  ;  le  permis  de  conduire 
leur  est  délivré  par  la  Préfecture  de  police. 

Les  tentatives  d'établissement  de  voitures  publiques  à 
itinéraire  fixe,  dites  carrosses  à  5  sols,  échouèrent  en  somme 
depuis  celle  de  4662  et  les  autres  de  l'époque  révolution- 
naire jusqu'en  4828,  où  deux  services  furent  établis.  En 
4854,  les  diverses  compagnies  se  fondirent  en  une  seule, 
la  Compagnie  générale  des  omnibus,  en  faveur  de  laquelle 
l'administration  municipale  institua  un  monopole.  Les 
30  lignes  d'omnibus  qui  fonctionnaient  avant  4870  sont 
remplacées  aujourd'hui  par  plus  de  400  lignes  :  omnibus, 
tramways  à  traction  de  chevaux  ou  à  traction  mécanique 
(vapeur,  électricité  ou  air  comprimé),  funiculaire.  On  dis- 
tingue les  tramways  de  la  Compagnie  générale  des  omnibus, 
les  anciens  tramways-nord,  les  anciens  tramways-sud, 
auxquels  s'ajoute  le  chemin  de  fer  sur  route  de  Paris- 
Arpajori. 

Près  de  300  millions  de  personnes  sont  transportées 
chaque  année  par  les  omnibus  et  tramways.  La  Compagnie 
générale  des  omnibus  et  tramways  a  500  voitures  (omni- 
bus et  tramways)  et  plus  de  46.000  chevaux.  Les  lignes 
les  plus  fréquentées  sont  celles  de  Madeleine-Bastille  et 
de  Montrouge-Gare  de  l'Est.  Les  compagnies  de  chemin 
de  fer  ont  aussi  organisé  un  service  d'omnibus  de  famille 
et  de  coupés,  et  deux  d'entre  elles  ont  môme  un  service 
d'omnibus  à  itinéraires  fixes.  Un  certain  nombre  de  voi- 
tures de  courses  et  de  tapissières,  pouvant  contenir  parfois 
jusqu'à  40  ou  50  voyageurs,  sont  employées  comme  voi- 
tures d'excursions. 

La  circulation  est  exceptionnelle  sur  certains  points,  tels 
que  les  boulevards  ;  près  de  60.000  véhicules  et  de 
70.000  chevaux  et  plus  de  400.000  personnes  se  croi- 
sent en  une  journée  place  de  l'Opéra.  De  cette  circulation 
intense  il  résulte  qu'il  y  a  annuellement  à  Paris  450  per- 
sonnes tuées  et  4.200  blessées. 

Chemins  de  fer.  —  Paris  est  le  centre  de  tout  le  réseau 
des  chemins  de  fer  de  lap>ance,  et  toutes  les  grandes  compa- 
gnies, excepté  celle  du  Midi,  rayonnent  autour  de  ce  centre  : 
chemin  de  fer  du  Nord  (gare  du  Nord),  chemin  de  fer  de 
l'Ouest  (ligne  de  Normandie:  gare  Saint-Lazare,  et  ligne 
de  Bretagne  :  gare  Montparnasse),  chemin  de  fer  d'Orléans 
(gare  d'Orléans),  chemin  de  fer  de  Paris-Lyon-Méditer- 
ranée (gare  de  Lyon),  chemin  de  fer  de  l'Est  (gare  de  l'Est); 
ceux  de  l'Etat  n'ont  pas  de  gares  qui  leur  soient  propres. 
De  la  Compagnie  d'Orléans  dépend  la  petite  ligne  dite  de 
Sceaux,  prolongée  par  voie  souterraine  jusqu'au  Luxem- 
bourg, et  de  la  Compagnie  de  l'Est  dépend  la  petite  ligne 
dite  de  Vincennes  qui  aboutit  à  la  Bastille  ;  la  petite  ligne 
dite  des  Moulineaux,  de  la  gare  Saint-Lazare  à  celle  du 
Champ-de-Mars,  est  une  annexe  de  la  Compagnie  de  l'Ouest. 
Mais  au  pohit  de  vue  exclusivement  parisien,  la  principale 
\oie  ferrée  est  le  chemin  de  fer  de  Ceinture  qui  fait  en 
35  kil.  tout  le  tour  de  Paris,  et  dont  le  premier  tiers,  la 
section  du  Bois  de  Boulogne,  date  de  4854.  Il  y  a,  au  total, 
à  Paris,  24  gares  et  30  stations  de  la  Ceinture,  et  l'on  pro- 
cède actuellement  (4899)  à  la  construction  d'un  chemin 
de  fer  métropolitain,  qui  mettra  en  communication  par 
voie  souterraine  les  principaux  points  de  Paris.  Par  voie 
souterraine  également,  la  tête  de  ligne  du  chemin  de  fer 
d'Orléans  sera  prochainement  reportée  quai  d'Orsay  (ancien 
emplacement  de  la  Cour  des  comptes) .  Le  mouvement  des 
voyageurs  dans  les  gares  est  d'environ  455  millions  par  an 
et  celui  des  marchandises  de  près  de  40  millions  de  tonnes. 

Bateaux-Omnibus.  —  Les  premiers  bateaux-omnibus 
datent  de  1867  ;  ils  portent  les  noms  de  mouches  ou  hi- 
rondelles  et  dépendent  d'une   seule   compagnie  ;    leur 


1079 


PARIS 


nombre  est  de  106,  et  leurs  stations  dans  Paris  de  ê>2  ; 
ils  transportent  annuellement  environ  25  millions  de  voya- 
geurs et  3  millions  et  demi  de  tonnes  de  marchandises. 

Postes,  Télégraphes  et  Téléphones.  —  Le  service  des 
postes  a  son  origine  dans  le  service  des  grands  et  petits 
messagers  formé  vers  le  milieu  du  xii®  siècle  dans  l'inté- 
rêt des  étudiants.  Au  milieu  du  xviii®  siècle  fut  créé  le 
service  pour  l'intérieur  de  Paris  désigné  sous  le  nom  de 
petite  poste.  L'établissement  du  télégraphe  à  Paris  date 
de  1854  et  celui  du  téléphone  de  1881.  Il  y  a  lOo  bu- 
reaux de  poste,  48  bureaux  auxiliaires  et  environ  2.000 
boites  aux  lettres.  Les  bureaux  télégraphiques  sont  au 
nombre  de  416  et  les  cabines  téléphoniques,  de  120. 
L'Hôtel  des  postes  (rue  du  Louvre)  est  le  siège  de  la  di- 
rection des  postes,  télégraphes  et  téléphones  du  dépar- 
tement de  la  Seine. 

VIII.  Commerce  et  industrie.  Approvisionne- 
ments. —  L'histoire  de  l'industrie  et  du  commerce  à 
Paris  avant  la  Révolution  doit  être  cherchée  avant  tout 
dans  celle  des  corporations  et  de  la  hanse  parisienne  et 
dans  l'œuvre  de  Henri  IV  et  celle  de  Colbert.  Le  Liut'e 
des  métiers  de  Paris,  composé  au  xiii®  siècle  (V.  Boileau 
[Etienne],  t.  VII,  p.  91),  fournit  le  premier  tableau  d'en- 
semble de  la  vie  industrielle  et  commerçante  d'une  grande 
ville  telle  que  Paris. 

Actuellement,  il  y  a  à  Paris  environ  300.000  patrons, 
dont  27.000  étrangers  ;  on  y  compte  1  patron  étranger 
pour  11  patrons  français,  1  employé  étranger  pour  15  em- 
ployés français,  1  ouvrier  étranger  pour  12  ouvriers  fran- 
çais. Parmi  les  étrangers,  les  Belges  dominent.  A  eux 
seuls  l'industrie  et  le  commerce  du  vêtement  emploient 
plus  de  300.000  personnes.  Pour  l'industrie  du  bâtiment, 
très  importante  également  à  Paris,  à  partir  de  1855,  il 
faut  noter  l'existence  d'une  série  officielle  des  prix  qui 
existe  depuis  le  commencement  du  siècle.  Toutes  les  in- 
dustries de  luxe,  en  somme,  sont  particulièrement  dévelop- 
pées à  Paris,  entre  toutes,  l'orfèvrerie  et  la  bijouterie,  et 
l'on  sait  combien  sont  réputés  les  articles  dits  de  Paris,  pro- 
duit d'un  certain  nombre  d'industries  spéciales,  celles  de  la 
bimbeloterie,  de  la  maroquinerie,  des  fleurs  artificielles,  des 
coiffures,  des  éventails,  des  parapluies  et  ombrelles,  etc. 
La  librairie,  elle  aussi,  joue  à  Paris  un  rôle  considérable.  Le 
caractère  dominant  de  l'industrie  parisienne  réside  dans  la 
multiplicité  des  petites  entreprises  ;  le  travail  est  très  di- 
visé, et  les  grandes  usines  ou  manufactures  sont  peu  nom- 
breuses. Mais  le  commerce  de  ce  qu'on  appelle  les  grands 
magasins  administrés  par  des  sociétés,  le  Louvre  (22  mil- 
lions de  capital),  le  Bon  Marché  (20  millions  de  capital) 
atteint  les  plus  hauts  chiffres  connus  enjnatière  commer- 
ciale ;  le  principal  fait  pour  160  millions  d'affaires,  chiffre 
que  dépasse  seule  une  maison  de  Chicago  qui  vend,  de 
plus,  des  produits -alimentaires.  A  ne  considérer  que  les 
objets  fabriqués,  l'exportation  de  Paris  représente  le  cin- 
quième de  l'exportation  française.  Une  mention  est  due 
ici  à  l'hôtel  des  ventes  mobilières  ou  hôtel  Drouot,  non 
pas  tant  à  cause  de  l'importance  des  ventes  auxquelles  on 
y  procède  que  parce  qu'il  y  a  là  comme  un  spectacle  per- 
manent. 

En  1832,  Paris  eut  des  entrepôts  de  la  douane  :  celui 
de  la  place  des  Marais  et  celui  de  l'île  des  Cygnes;  il  n'a 
plus  aujourd'hui  que  Fentrepôt  de  la  Villette;  le  stock 
moyen  annuel  y  est  de  3  millions  de  kilogr.  La  douane  de 
Paris  dispose  aussi  de  cabinets-entrepôts,  où  sont  déposés 
des  assortiments  de  marchandises  dont  la  conservation 
exige  des  soins  particuhers.  La  compagnie  dite  des  entre- 
pôts et  magasins  généraux,  qui  est  concessionnaire  de 
l'entrepôt  de  la  douane  à  la  Villette,  possède  en  outre, 
i6  autres  entrepôts  spéciaux  et  magasins  généraux,  entre 
autres  celui  du  pont  de  Flandre.  En  dehors  de  cette  com- 
pagnie, il  existe  un  certain  nombre  d'entreprises  damème 
genre,  ainsi  la  Halle  aux  cuirs  ou  entrepôt  de  Saint-Mar- 
cel. La  chambre  de  commerce  de  Paris  remonte  au  xvii^  siècle. 
upprimée  en  1791  et  rétaWie  en  l'an  II,  elle  se  compose 


de  36  membres  élus  par  environ  3.300  notables  commer- 
çants. Elle  s'est  toujours  monti'ée  fort  active,  et  elle  en- 
tretient à  Paris  trois  écoles  supérieures  de  commerce  ;  son 
hôtel  de  la  place  de  la  Bourse  renferme  une  belle  biblio- 
thèque ouverte  au  public.  Paris  possède  de  plus  cinq  cham- 
bres de  commerce  étrangères  :  britannique,  italienne,  aus- 
tro-hongroise, belge,  américaine.  Il  ne  faut  pas  confondre 
avec  la  chambre  de  commerce  la  Bourse  de  commerce, 
fondée  par  le  conseil  municipal  et  inaugurée  en  1889 
(V.  Bourse  de  commerce,  VII,  p.  825).  Une  autre  institution 
est  due  également  au  conseil  municipal  :  la  Bourse  du  tra- 
vail, qui  a  pour  but  de  suppléer  aux  bureaux  de  place- 
ment. Installée  d'abord  rue  Jean-Jacques-Rousseau  (1887) , 
puis  dans  un  bâtiment  spécial  (1892),  dû  à  M.  Bouvard, 
et  fermée  peu  après  (1893),  elle  a  été  rouverte  en  1895 
(V.  Bourse  du  travail,  t.  VIL  p.  826).  Les  grèves  ne  sont 
pas  rares  à  Paris  ;  la  dernière,  celle  des  terrassiers  et 
d'autres  ouvriers  en  1898,  a  été  particulièrement  impor- 
tante. 

Quant  à  l'alimentation,  les  principaux  de  ses  organes 
sont,  avec  les  Halles  (V.  ce  mot,  t.  XIX,  p.  766),  les 
marchés,  les  abattoirs,  les  entrepôts  de  liquides.  Le  marché 
aux  bestiaux  de  la  Villette,  où  entrent  annuellement  près 
de  3  millions  d'animaux,  couvre  une  superficie  de  près 
de  22  hect.  Les  Abattoirs  (V.  ce  mot,  1. 1,  p.  26)  sont  au 
nombre  de  4  à  Paris.  Pour  les  liquides,  les  2  entrepôts  sont 
ceux  de  Bercy,  le  plus  grand,  et  de  la  Halle  aux  vins  ou  entre- 
pôt Saint-Bernard,  ce  dernier  étant  plus  particulièrement 
affecté  aux  eaux-de-vie  ;  ils  peuvent  contenir  chacun  plus 
d'un  miUion  d'hectohtres.  La  ville  de  Paris  a  29  marchés 
alimentaires  régis  par  elle  :  12  seulement  sont  couverts. 
Les  marchés  concédés  et  surveillés  par  l'administration 
sont  au  nombre  de  20,  tous  couverts  ;  4  marchés  enfin 
constituent  des  propriétés  particulières  en  vertu  de  tolé- 
rances ou  d'autorisations  anciennes.  On  compte  de  plus 
o.OOO  à  6.000  marchands  ambulants  ou  des  quatre-saisons. 
Des  deux  foires  qui  subsistent  encore,  la  foire  aux  jambons 
et  la  foire  au  pain  d'épices,  la  seconde  surtout  a  bien 
peu  de  chose  à  voir  avec  l'alimentation.  Depuis  1881  la 
circulation  des  marchandises  par  eau  est  libre,  sous  le 
contrôle  des  ingénieurs  et  agents  des  ponts  et  chaussées. 
Le  port  de  Paris,  qui  comprend  les  parcours  de  la  Seine, 
des  canaux  Saint-Martin  et  Saint-Denis  et  de  l'Ourcq,  pré- 
sente un  développement  de  plus  de  23  kil.;  il  y  a  sur  la 
Seine  21  bas-ports,  dont  9  sur  la  rive  gauche.  Le  trafic 
du  port  de  Paris  dépasse  sensiblement  celui  de  tous  les 
autres  ports  de  France  et  s'élève  à  7  miUions  de  tonnes. 
Paris  a  des  sources  minérales  :  celles  de  Passy  et  d'Au- 
teuil,  ferrugineuses  froides  ;  celles  de  Batignolles  et  de 
Belleville,  sulfatées  calciques  avec  production  d'acide  sul- 
fhydrique.  Les  sources  de  Passy  (V.  ce  mot),  découvertes  au 
milieu  du  xvii^  siècle,  sont  devenues  sans  importance  ;  celles 
d'Auteuil  sont  au  nombre  de  2  :  la  source  Quicherat,  dont 
le  débit  est  de  2.000  Htres  par  heure  et  la  source  commu- 
nale ou  Montmorency,  non  e^iploitée.  La  source  des  Bati- 
gnolles donne  ce  qu'on  appelle  essentiellement  des  eaux 
sulfurées  accidentelles.  La  source  de  Belleville,  dite  source 
de  l'Atlas,  est  analogue;  son  débit  est  de  20.000  litres 
par  vingt-quatre  heures  (V.  Belleville).  D'autres  eaux, 
découvertes  sur  divers  points,  ne  sont  pas  exploitées. 

ÏX.  Finances.  —  On  no  peut  exposer  ici  Fhistoire 
financière  de  Paris  sous  l'ancien  régime,  histoire  assez 
confuse.  Les  recettes  de  la  ville  se  composaient  déjà  avant 
tout  du  paiement  de  différents  droits  et  des  revenus  de 
ses  domaines  ;  mais  il  faut  dire  au  moins  que  les  contri- 
butions annuelles  perçues  à  Paris  à  la  veille  de  la  Révo- 
lution étaient  de  78  millions,  dont  36  d'octroi,  sur  les- 
quels 30  revenaient  au  trésor  royal,  et  rappeler  que  les 
fameuses  rentes  sur  l'Hôtel  de  Ville,  origine  des  rentes  sur 
l'Etat,  datent  de  1522.  Du  ministère  des  finances  dépendent 
VHôtel  des  Monnaies  (V.  fig.  à  l'art.  Antoine,  t.  III, 
p .  251  )  et  les  deux  manufactures  de  tabac  sises  à  Paris.  Paris 
possède  aussi  un  grand  nombre  d'établissements  financiers 


PARIS 


—  4080 


relevant  de  l'Etat  entièrement  {Caisses  d'amortissement  et 
des  dépôts  et  consignations),  ou  en  partie  (Banque  de 
France,  Crédit  foncier),  ou  bien  ayant  le  caractère  privé 
{Comptoir  d'escompte.  Crédit  lyonnais.  Société  géné- 
rale, Crédit  industriel),  enfin,  le  plus  ancien  de  tous,  la 
Bourse,  dont  le  palais  appartient  à  la  ville  de  Paris.  Au 
point  de  vue  de  l'administration  financière  parisienne,  il 
faut  distinguer  le  service  départemental  et  le  service  mu- 
nicipal. Les  recettes  sont  encaissées  dans  le  dép.  de  la 
Seine,  non  par  un  trésorier  payeur  général,  mais  par  un 
receveur  central,  conformément  à  l'ordonnance  des  5-i2i  mai 
1832  qui  a  supprimé  la  recette  générale  de  Paris  et 
les  recettes  particulières  de  Sceaux  et  de  Saint-Denis 
pour  créer  une  recette  centrale  du  département.  Pour  com- 
pléter le  recouvrement  des  contributions  de  chaque  exer- 
cice, il  lui  a  été  accordé  un  délai  plus  long  qui  va  jusqu'au 
30  juin  de  la  troisième  année.  En  ce  qui  touche  les  dépenses, 
les  attributions  de  comptable  départemental  dans  la  Seine 
sont  confiées  au  caissier  payeur  central  du  trésor  (loi  du 
18  juil.  1892). 

Le  service  des  contributions  directes  est  organisé  à 
Paris  sur  des  bases  spéciales.  Depuis  la  loi  du  14  fructidor 
an  II,  la  répartition  est  faite  par  une  commission  spéciale 
de  45  membres  en  l'an  II,  de  5  d'après  la  loi  du  23  fri- 
maire an  III,  de  7  d'après  celle  du  24  juin  4880;  l'arrêté 
consulaire  du  5  messidor  an  VIII,  qui  porte  que  cette  com- 
mission des  contributions  directes  «  tiendra  lieu  de  répar- 
titeurs »,  donne  la  nomination  de  ses  membres  au  préfet  de  la 
Seine.  Le  nombre  des  commissaires  répartiteurs  adjoints 
créés  en  4849,  et  alors  de  49,  est  aujourd'hui  de  4G.  Les 
répartiteurs  titulaires  et  les  adjoints  sont  distribués  entre 
les  arrondissements  de  Paris,  suivant  l'importance  de  la 
matière  imposable  et  le  nombre  des  cotes  portées  aux 
rôles,  et  ce  classement  est  déterminé  chaque  année  par  un 
arrêté  préfectoral.  Après  avoir  été  de  40,  puis  seulement 
de  20,  le  nombre  des  percepteurs-receveurs  est  mainte- 
nant de  36  (loi  du  7  avr.  4879).  A  Paris  on  tient  compte 
dans  la  répartition  de  l'impôt  des  portes  et  fenêtres,  de 
la  valeur  locative  des  immeubles  (loi  du  47  mai's  4852, 
art.  40)  ;  sauf  exception,  les  personnes  habitant  des  locaux 
d'une  valeur  matricielle  inférieure  à  400  fr.  (500  fr.  de 
loyer  réel)  sont  considérées  comme  ne  devant  pas  l'iui- 
position  personnelle  (art.  42,  48   et  20  de  la  loi  du 
24   avr.  4832)  ;    quant  aux   patentes,    le  tarif   a    été 
rehaussé    sur  certains  points    (loi  du  45  juil.   4880)  ; 
et  les  diverses  taxes  sont  plus   élevées.  Le  produit  des 
quatre  contributions  directes  est  pour  la  ville  de  Paris  de 
34  millions.   En  même  temps  que  les  percepteurs-rece- 
veurs de  Paris,  le  receveur  central  surveille  les  24  per- 
cepteurs et  les  receveurs  des  arrondissements  de  Saint- 
Denis  et  de  Sceaux,  le  receveur  des  amendes  et  condam- 
nations pécuniaires,  le  receveur  des  droits  universitaires 
et  le  receveur  des  asiles  publics  d'aliénés.  La  direction 
des  contributions  directes  du  département  comprend  un 
directeur  assisté  de  3  premiers  commis,  5  inspecteurs  et 
66  contrôleurs  dont  48  pour  Paris.  L'enregistrement  et 
le  timbre  d'une  part,  les  domaines  de  l'autre,  forment 
dans  la  Seine  deux  directions  distinctes.  A  la  direction 
de  l'enregistrement  il  y  a  4  directeur  assisté  de  2  receveurs- 
rédacteurs,  4  inspecteurs,  35  sous-inspecteurs  et  d'un 
contrôleur  de  la  comptabilité  ;  cette  administration  com- 
prend de  plus  3  conservateurs  des  hypothèques  et  84  re- 
ceveurs. 

La  direction  des  domaines  a  comme  pei'sonnel  4  diretî- 
teur,  4  inspecteur,  40  sous-inspecteurs,  4  receveur-ré- 
dacteur, puis  4  receveurs  des  domaines  à  Paris  et  8  hors 
Paris.  L'atelier  général  du  timbre  dépend  de  cette  direc- 
tion. La  direction  des  douanes  de  Paris  comprend  1  di- 
recteur assisté  de  2  inspecteurs,  1  receveur  principal  et 
8  sous-inspecteurs  ;  les  gares  et  ports  de  Paris  et  de  la 
banlieue  occupent  44  receveurs  particuliers  ;  celle  des 
contributions  indirectes,  4  directeur  assisté  de  4  sous- 
directeur,  4  receveur  principal  et  6  inspecteurs  ;  Paris  a 


4  entreposeurs  de  tabac  et  4  service  de  la  garantie  des 
matières  d'or  et  d'argent  complètement  distinct  qui  est 
composé  d'un  sous-directeur,  4  inspecteur,  4  receveur 
principal. 

Budget  de  la  ville  de  Paris.  —  Ce  budget  qui  dépasse 
actuellement  celui  de  la  Belgique,  lequel  est  de  350  mil- 
lions, n'était,  il  y  a  un  siècle,  que  de  7  millions  environ. 
L'obligation  de  dresser  un  budget  remonte  pour  la  ville 
de  Paris  au  règlement  du  23  août  4783.  Un  état  de  pré- 
vision des  dépenses  de  l'année,  présenté  par  la  prévôté  des 
marchands,  devait  être  arrête  par  le  roi,  dont  l'autorisa- 
tion devenait  nécessaire  pour  qu'on  put  augmenter  ou  dé- 
passer les  crédits.  Dès  l'an  YII,  c'était  l'octroi  à  lui  seul 
qui  représentait  presque  la  recette  totale  figurant  au  bud- 
get ;  les  dépenses  de  police  et  d'assistance  publique  étaient 
les  deux  principales.  A  partir  de  l'organisation  de  l'an  Ylll, 
le  gouvernement  ayant  autorisé  ou  régularisé  la  perception 
de  divers  revenus,  droits  de  voirie,  droits  de  location  dans 
les  marchés,  concessions  de  terrains  dans  les  cimetières, 
taxes  d'inhumation,  les  recettes  atteignirent,  dès  4805. 
22  millions,  en  1820,  32  millions  (plus  8  millions  de  re- 
cettes extraordinaires),  en  4850,  50  millions.  Mais  depuis 
cette  époque,  le  budget  extraordinaire  qui  n'était  que  de 
2  millions  prend  des  développements  considérables  ;  ali- 
menté par  des  fonds  d'emprunts,  des  subventions  extraor- 
dinaires du  Trésor,  il  acquiert  en  quekjues  années  une  im- 
portance presque  égale  à  celle  du  budget  ordinaire.  Le 
budget  total  des  recettes  s'élève  en  4860  à  458  millions 
(404  +  54),  en  4869  à  335  millions  (468  -h  467).  Sous 
la  troisième  République,  les  recettes  et  les  dépenses  n'ont 
cessé  de  s'accroître  ;  mais  le  budget  extraordinaire  affecté 
alors  surtout  à  tous  les  grands  travaux,  maintenant  ratta- 
chés pour  la  plupart  au  budget  ordinaire,  a  été  considé- 
rablement réduit.  De  245  millions  en  4875,  246  en  4885, 
293  et  demi  en  4895,  le  budget  des  recettes  ordinaires  est 
en  4899  de  304.372.669  fr.  ;  de  54  millions  et  demi  en 
1895,  les  recettes  extraordinaires  sont  inscrites  au  budget 
de  4899  pour  une  somme  de  54.303.000  fr.,  ce  qui  porte 
le  budget  total  de  cette  année  à  358.675.669  fr.  On  cons- 
tate que  si  elles  représentent  encore  la  moitié  des  recettes 
ordinaires,  les  recettes  de  l'octroi  ont  relativement  diminué 
d'importance  dans  l'ensemble  du  budget  depuis  le  second 
Empire.  La  recette  des  contiibutions  indirectes,  bien 
(pie  la  plus  forte  après  celle  de  l'octroi,  est  cinq  fois 
moins  importante. 

Les  droits  d'entrée  ayant  été  supprimés  par  le  décret 
du  49  janv.  4794,  et  les  finances  de  la  ville  en  étant  ar- 
rivées à  un  état  fâcheux,  la  loi  du  27  vendémiaire  an  VII 
institua  un  octroi  pour  l'acquit  des  dépenses  locales 
(Y.  Octroi,  t.  XXV,  p.  240  ).  Il  y  a  43  bureaux  d'en- 
trée. Pour  prévenir  la  fraude  dans  l'étendue  du  département, 
un  octroi  de  banlieue  a  été  établi,  et  l'administration  de 
l'octroi  de  Paris  a  été  clk^rgée  du  service  de  la  perception 
(ordonnance  du  44  juin  1847). 

Les  recettes  de  l'année  4898  se  répartissent  de  la  façon 
buivante  en  39  chapitres  :  contributions,  35.464.900  fr.  ; 
intérêts  de  fonds  placés  au  Trésor  et  recouvrement  sur 
les  porteurs  d'obligations  nuuiicipales  des  droits  avancés 
pour  leurcompte,  6. 749.000 fr.  ;  octroi,  455.825.848  fr.  ; 
droits  d'expédition  d'actes  et  prix  de  vente  d'objets  mobi- 
liers, 284. 500  fr.  ;  halles  et  marchés,  9.465.036  fr.  ;  poids 
public,  359.400  fr.  ;  abattoirs,  3.756.835  fr.  ;  entrepôts, 
2.602.000  fr.  ;  produits  des  propriétés  communales, 
2.144.026  fr.  ;  taxes  funéraires,  948.040  fr.  ;  concessions 
de  terrains  dans  les  cimetières,  2.484.945  fr.  ;  legs  et  do- 
nations pour  des  œuvres  de  bienfaisance,  48.884  fr.  ;  loca- 
tions sur  la  voie  pubfique  et  dans  les  promenades  publiques, 
1.127.950  fr.  :  voitures  publiques,  7.624.800  fr.  ;  droitb 
de  \oirie,  1.1 00 ..000  fr.  :  vente  de  matériaux  provenant 
du  service  des  travaux,  cessions  de  parcelles  de  terrains 
retranchés  de  la  voie  publique,  449.500  fr.  ;  contribu- 
tions dans  diverses  dépenses  de  voirie,  d'architecture,  de 
pavage,  de  nettoiement,  d'éclairage,  etc.,  4.244.688  fr.  ; 


1081  — 


PARIS 


contribution  de  VVÂnt  et  du  dép.  de  la  Seine  dans  les 
frais  d'entretien  du  pavé  de  Paris,  4.400.000  fr.  ;  taxe  du 
balayage,  3.120.000  fr.  ;  redevances  diverses  payées  par 
la  Compagnie  parisienne  d'éclairage  et  de  chauffage  par  le 
gaz,  14.350.000  fr.  ;  abonnements  aux  eaux  de  la  ville, 
et  produit  des  canaux  et  de  divers  immeubles  dépendant 
des  établissements  hydrauliques,  17.427.405  fr.  ;  exploi- 
tation des  voiries,  vidanges,  et  égouts,  4.086.763  fr.  ; 
recettes  et  rétributions  perçues  dans  divers  établissements 
d'instruction  publique,  legs  et  donations,  4.628.107  fr.  ; 
contributions  de  l'Etat  dans  les  dépenses  de  la  police  mu- 
nicipale et  recettes  de  la  préfecture  de  police  ,11. 565 .  585  fr .  ; 
recettes  diverses  et  imprévues,  1.898.291  fr.  ;  produits  de 
l'exercice  1897  et  des  exercices  antérieurs  non  constatés 
au  compte,  100.000 fr.;recettesextraordinaires,  3  millions 
197.990  fr.  (ventes  d'immeubles  et  de  matériaux  de  dé- 
molition, 2.141.550  fr.,  etc.),  et  recettes  de  fonds  spé- 
ciaux (ventes  d'immeubles  et  de  matériaux  de  démolition, 
provenant  d'opérations  de  voirie  créditées  sur  fonds  d'em- 
prunts, 1.100.000  fr.  et  produits  d'emprunts,  50  millions 
576.715  fr.)  ;  au  total,  353.729.119  fr. 

Voici,  d'autre  part,  quelles  ontétéles  affectations  (43  cha- 
pitres) :  dette  municipale,  105.717.814  fr.  ;  charges  île 
la  ville  envers  l'Etat,  frais  de  perception  par  les  agents  du 
Trésor  et  restitution  de  sommes  indûment  perçues,  6  mil- 
lions 896.830  fr.  ;  octroi,  10.696.482  fr.;  administra- 
tion centrale  de  la  préfecture,  caisse  municipale  et  mai- 
ries d'arrondissement,  9.720.085  fr.  ;  pensions  et  secours, 
emploi  de  dons  et  legs  pour  des  œuvres  de  bienfaisance, 
2.524.729  fr.  ;  dépenses  des  mairies  d'arrondissement, 
858.150  fr.  ;  frais  de  régie  et  d'exploitation  du  domaine 
de  la  ville,  des  halles,  marchés,  etc.,  1.795.245  fr.  ;  tra- 
vaux sanitaires,  exploitation  des  voiries,  assainissement 
de  l'habitation,  482.465  fr.;  inhumations,  1.295.662fr.; 
affaires  militaires,  sapeurs-pompiers,  postes  de  sûreté, 
corps  de  garde  et  casernes,  1.045.410  fr.  ;  garde  répu- 
blicaine, 2.624.500  fr.  ;  travaux  de  Paris  (personnel  et 
matériel  de  la  direction),  5.044.353  fr.  ;  architecture  et 
beaux-arts,  3.275.602  fr.  ;  voirie,  1.057.915  fr.  ;  voie 
publique,  23.052.430  fr.  ;  promenades  et  plantations, 
éclairage,  voitures,  etc.  ;  12.945.735  fr.  ;  eaux  et  égouts, 
9.747.735  fr.  ;  collège  Rollin,  bourses  dans  les  lycées  et 
dans  divers  étabHssements  spéciaux,  subventions  à  des  éta- 
blissements d'enseignement  supérieur,  1.569.880  fr.  ; 
instruction  primaire  et  écoles  supérieures  cl  profession- 
nelles, 27.635.389  fr.  ;  assistance  publique,  ahénés,  en- 
fants assistés,  établissements  de  bienfaisance,  29  millions 
141.202  fr.  ;  dépenses  diverses,  575.134  fr.  ;  dépenses 
de  la  préfecture  de  police,  32.664.415  fr.  ;  fonds  de  ré- 
serve du  service  ordinaire,  1.237.621  fr.';  réserve  spéciale 
non  disponible,  1.604.500  fr.  ;  autres  réserves  spéciales, 
5.545.126  fr.  ;  provision  pour  les  dépenses  des  exercices 
clos  non  constatées  au  compte,  100.000  fr.  ;  dépenses 
extraordinaires,  3.197.990  fr.  (travaux  de  voirie,  1  mil- 
lion 686.000  fr.  ;  architecture,  575.000  fr.,  etc.);  et 
dépenses  de  fonds  spéciaux  (emplois  de  produits  de  vente 
d'immeubles  et  de  matériaux  de  démolition  provenant 
d'opérations  de  voirie  créditées  sur  des  fonds  d'emprunts, 
1.100.000  fr.,  et  emplois  de  produits  d'emprunts,  50  mil- 
lions 576.715  fr.)  ;  au  total  (centimes  compris),  353  mil- 
lions 729.119  fr. 

11  ne  faudrait  pas  croire,  du  reste,  que  le  budget  munici- 
pal représente  d'une  façon  absolument  complète  toutes  les 
dépenses  des  services  de  la  ville  ;  par  suite  de  la  confusion 
instituée  parla  loi  entre  l'administration  de  la  ville  et  celle 
du  département,  le  budget  départemental  offre  au  point  de 
vue  municipal  également  un  grand  intérêt  ;  plusieurs  ser- 
vices de  la  préfecture  sont  mixtes.  En  1H19  le  budget  dé- 
partemental était  déjà  de  38  millions,  des  dépenses  qui 
sont  devenues  municipales  figurant  alors  au  département. 

Les  recettes  départementales  de  l'année  1898  se  répar- 
tissent de  la  façon  suivante  en  16  chapitres  :  centimes 
additionnels  ordinaires,  14.701.319  fr.  ;  revenus  et  pro- 


duits des  propriétés  départementales,  879.059  fr.  ;  pro- 
duit des  expéditions  d'anciennes  pièces  ou  d'actes  de  la 
préfecture  déposés  aux  archives,  7.860  fr.  ;  produit  des 
droits  concédés  au  département,  145.000  fr.  ;  subven- 
tions pour  les  dépenses  du  budget  ordinaire,  9.279.538  fr.  ; 
ressources  éventuelles  du  service  des  chemins  de  fer  d'in- 
térêt local  et  des  tramways  départementaux,  47.400  fr.  ; 
remboursements  d'avances,  1.783.044  fr.  ;  recettes  extra- 
ordinaires (centimes  additionnels  extraordinaires,  il  mil- 
lions 530.461  fr.  ;  produit  des  biens  aliénés,  1.004.656  fr.  ; 
dons  0t  legs,  4.800  fr.  ;  recettes  accidentelles,  19.355  fr.)  ; 
au  total  (centimes  compris),  39.402. 493  fr.— Les  dépenses 
inscrites  pour  lamêmeannéesontlessuivantes  :  dépensesobh- 
gatoir es,  1.086. 908 fr.;  pro])riétés  départementales  immo- 
bilières, 1 .198.659 fr.;  mobilier  départemental,  18.960  fr.  ; 
routes  départementales,  2.000.479  fr.  ;  chemins  vicinaux, 
1.740.431  tr.  ;  chemins  de  fer  d'intérêt  local  et  tramways 
départementaux,  47.400 fr.;  enfants  assistés,  maltraités  ou 
moralement  abandonnés,  7.970.936fr.  ;  aliénés,  5  millionî> 
567.471  fr.;  assistance  et  hygiène  publiques,  3.838.658  fr.; 
archives  départementales  (matériel)  et  archives  de  la  préfec- 
ture de  police,  19.260  fr.  ;  encouragements  aux  lettres,  aux 
sciences  et  aux  arts,  113.558  fr.  ;  agricdture,  commerce 
et  industrie,  67.095  fr.  ;  subventions  aux  communes, 
121.500  fr.  ;  instruction  publique,  759.815  fr.  ;  dépenses 
diverses,  2.292.087  fr.  ;  dépenses  extraordinaires,  im- 
putables sur  le  produit  des  centimes  extraordinaires  ou 
sur  les  produits  éventuels,  12.559.272  fr.  ;  au  total  (cen- 
times compris),  39.402.493  fr. 

Les  règles  de  comptabilité  posées  dans  l'instruction  géné- 
rale du  20  juin  1859  et  le  décret  du  31  mai  1862  ayant 
paru  insuffisantes  pour  Paris,  un  décret  du  28  déc.  1878 
a  doté  cette  ville  d'un  règlement  spécial  qui  forme  un 
véritable  code  de  comptabilité  en  275  articles  (modifié  sur 
un  point  par  le  décret  du  21  févr.  1895).  Le  4  avr.  1878 
une  loi  avait  institué  près  la  caisse  municipale  un  con- 
trôle central,  la  recette  centrale  des  finances  n'ayant 
jamais  en  fait  exercé  la  surveillance  qui  lui  revenait.  La 
comptabiUté  départementale  est  soumise  au  règlement  du 
12juil.  1893. 

Dette  MuxiciPALE.  —  Les  dettes  de  la  ville  étaient  déjà 
nombreuses  avant  1789.  Depuis,  la  dette  municipale  a  beau- 
coup augmenté  encore,  surtout  dans  la  seconde  moitié  du 
xix<^  siècle,  les  grands  travaux  de  Paris  ayant  été  faits 
généralement  avec  de  l'argent  provenant  d'emprunts, 
ainsi  sous  le  premier  Empire,  les  halles  et  marchés,  la 
Bourse,  des  lycées,  le  canal  de  l'Ourcq.  Les  événements 
de  1814  et  1815  et  la  disette  des  années  1815  et  1816 
obUgèrent  la  ville  à  contracter  7  emprunts,  montant  en- 
semble à  57  millions.  Une  somme  de  près  de  11  millions 
prêtée  sous  la  Restauration  et  en  1830  par  le  Mont-de- 
Piété,  la  Banque  de  Franco  et  le  Trésor,  fut  remboursée 
au  moyen  d'un  emprunt  de  40  millions  contracté  en  1832. 
Plusieurs  des  emprunts  contractés  depuis  sont  amortis 
également.  La  dette  municipale  comprend  les  annuités 
d'emprunts  et  les  diverses  autres  annuités,  la  dette  immo- 
bilière et  la  dette  flottante.  Depuis  1817,  les  emprunts 
ont  comporté  des  obligations  à  lots.  Celui  de  1865  a  été 
de  300  miUions.  Les  derniers  datent  des  années  1869, 
1871,  1875, 1876,  1886,  1892,  1894-96  et  1898.  Les 
autres  annuités  résultent  principalement  du  rachat  par 
la  ville  de  différentes  entreprises  d'utilité  publique,  par 
exemple  les  canaux.  Les  dettes  immobilière  et  flottante 
sont  peu  importantes  relativement,  n'atteignant  qu'au 
chiffre  de  quelques  millions.  L'ensemble  de  la  dette  est 
aujourd'hui  de  4.941  miUions,  dont  4.135  milhons  pour 
les  emprunts  proprement  dits. 

X.  Assistance  —  On  trouvera  aux  mots  Assisiaxle 
PLBLIQLE,  t  IV,  p.  271.  BuiiLAu,  t.  VÎII,  p.  454  et  Hô- 
i'HAL,  t.  XX,  p.  ii53,  tous  les  renseignements  relatifs 
à  l'assistance  publique  à  Paris,  excepte  toutefois  en  ce 
qui  concerne  le  service  des  aliénés  (la  gestion  de  ce  ser- 
vice passa  de  l'administration  spéciale  de  l'Assistance  pu- 


PARIS 


—  1082  — 


])lique  à  l'administration  centrale  de  la  préfecture  de  la 
Seine  en  1867,  et  définitivement  en  1874,  après  avoir  fait 
retour  à  l'Assistance  publique  de  1870  à  cette  date).  Un 
seul  des  o  asiles  ou  établissements  départementaux  d'alié- 
nés de  la  Seine  est  situé  dans  Paris,  1  asile  Sainte-Anne. 
Il  date  de  1864.  A  cet  asile  est  annexé  un  bureau 
d'admission  qui  reçoit  tous  les  aliénés  eiivoyés  par  les 
familles,  la  Préfecture  de  la  Seine  ou  la  Préfecture  do 
police;  au  bout  de  quelques  jours,  les  malades  sont  ré- 
partis entre  les  asiles  ou  quartiers  d'hospice. 

L'assistance  privée  joue  aussi  un  grand  rôle  à  Paris.  11 
y  a  dans  cette  ville  un  nombre  considérable  de  sociétés 
protectrices  de  l'enfance  et  de  radolesconce,  entre  autres, 
l'œuvre  de  l'Enfant-Jésus  qui  remonte  à  175 'i-,  la  Société 
de  charité  maternelle  de  1784,  l'œuvre  des  Enfanis  dé- 
laissés de  1803;  puis  des  sociétés  pour  l'assistance  des 
adultes  plus  nombreuses  encore,  ainsi  l'œuvre  des  Pauvres 
malades,  qui  date  de  16^29,  celle  du  Bon-Pasteur  du  xvii^  siècle 
également,  la  Société  philanthropique  de  1780.  A  côté  de 
quelques  œuvres  publiques  d'assistance  par  le  travail  (refuge 
municipal  P.  Roland,  refuge  municipal  Nicolas  Flamel),  des 
œuvres  analogues  d'assistance  privée  fonctionnent  dans 
divers  arrondissements,  notamment  celle  des  YIII^  el  XVIÏ^ 
arrondissements,  qui  associe  intentionnellement  un  arron- 
dissement riche  avec  un  arrondissement  pauvre  ;  le  prin- 
cipe de  ces  œuvres  est  de  ne  jamais  fournir  qu'un  travail 
temporaire  et  rémunéré  par  un  salaire  réduit. 

En  plus  de  ses  hôpitaux  publics,  Paris  possède  un 
grand  nombre  aussi  d'hôpitaux  privés  :  Péan,  Interna- 
tional, Rothschild,  Boucicaut.  Saint-Jacques,  des  Dames 
Françaises,  Saint-François,  Saint-Joseph;  puis  12  dis- 
pensaires privés  également,  notamment  le  dispensaire  Fur- 
tado-Heine. 

XI.  Hygiène  et  prévoyance.  —  Des  commissions 
techniques  sont  chai'gées  de  proposer  à  l'administration  les 
mesures  ayant  pour  but  de  maintenir  l'hygiène  et  la  salu- 
brité :  le  conseil  d'hygiène  du  département,  les  commis- 
sions d'hygiène  des  arrondissements  municipaux,  le  comité 
départemental  des  épidémies,  la  commission  municipale 
d'assainissement  des  habitations  et  celle  des  logements  in- 
salubres. 

Le  Conseil  d'hygiène  du  dép.  de  la  Seine,  créé  en  1802, 
sous  le  nom  de  Conseil  de  salubrité,  est  le  premier  qu'on 
ait  eu  en  France.  A  l'origine  il  n'était  composé  que  de 
4  membres  ;  il  en  comprend  aujourd'hui  42,  dont  24  titu- 
laires qui  sont  nommés  par  le  préfet  de  police  sur  une 
liste  de  présentation  établie  au  scrutin  et  sont  presque 
toujours  des  médecins  et  des  savants  des  plus  marquants,  et 
18  qui  en  font  partie  à  raison' de  leurs  fonctions  ;  ce  sont  : 
le  préfet  de  police,  président,  le  secrétaire  général  de  la 
Préfecture  de  police,  le  doyen  de  la  Faculté  de  médecine,  le 
professeur  d'hygiène  et  celui  de  médecine  légale  de  la  Fa- 
culté, le  directeur  de  l'Ecole  de  pharmacie,  le  président 
du  Conseil  de  santé  des  armées,  le  directeur  du  Service  de 
santé  du  gouvernement  militaire  de  Paris,  les  ingénieurs 
en  chef  des  mines  et  des  ponts  et  chaussées,  le  directeur 
technique  des  eaux  de  Paris,  Farchitecte  en  chef  de  la 
Préfecture,  le  chef  du  service  vétérinaire  du  département, 
trois  conseillers  généraux,  le  chef  de  la  2®  division  et  le 
chef  du  bureau  sanitaire  à  la  Préfecture.  Les  attribu- 
tions consultatives  de  ce  conseil  embrassent  notamment 
l'hygiène  publique,  l'examen  sanitaire  des  halles  et  mar- 
chés, des  cimetières,  et  généralement  des  étabhssements 
insalubres,  la  statistique  médicale,  les  mesures  à  prendre 
contre  les  épidémies,  les  recherches  pour  assainir  les  lieux 
pubhcs  et  perfectiomier  les  procédés  des  professions  qui 
peuvent  compromettre  la  salubrité.  Il  donne  son  avis  sur 
toutes  les  demandes  en  autorisation  d'ouvrir  des  établisse- 
ments dangereux,  insalubres  ou  incommodes.  Ses  réunions 
ont  lieu  deux  fois  par  mois,  et  ses  travaux  ont  été,  à  partir 
de  1808,  rassemblés  en  des  publications  administratives; 
depuis  1895  le  compte  rendu  en  est  même  immédiate- 
ment publié  dans  un  bulletin  spécial. 


Les  commissions  d'arrondissement  sont  les  auxiliaires 
du  Conseil  d'hygiène;  elles  datent  de  1851.  Elles  sont 
chargées  de  recueillir  toutes  les  informations  qui  intéres- 
sent 1a  santé  publique,peuvent  appeler  l'attention  du  pré- 
fet de  police  sur  des  causes  d'insalubrité,  visitent  les  mai- 
sons dans  lesquelles  se  produisent  des  cas  d'affection 
contagieuse.  Chacune  de  ces  20  commissions  est  composée 
de  9  membres  nommés  par  le  préfet  de  police  sur  la  pré- 
sentation du  maire  qui  en  est  le  président;  ces  membres 
sont  choisis  parmi  les  habitants  notables,  mais  2  méde- 
cins, 1  pharmacien,  1  vétérinaire,  1  architecte  et  1  in- 
génieur doivent  toujours  être  compris  dans  leur  nombre: 
ils  sont  nommés  pour  six  ans  el  renouvelés  tous  les  deux 
ans  par  tiers.  Le  maire  peut  appeler  à  les  seconder  un 
certain  nombre  de  membres  adjoints.  La  commission  se 
réunit  à  la  mairie.  Le  résumé  des  travaux  de  ces  commis- 
sions fait,  chaque  année,  de  la  part  du  Conseil  d'hygiène, 
l'objet  d'une  étude  spéciale. 

Définitivement  organisé  en  1892,  le  service  des  épidé- 
mies se  compose  essentiellement  d'un  comité  permanent 
formé  de  membres  pris  dans  le  sein  du  Consed  d'hygiène, 
au  nombre  de  5,  d'un  service  de  médecins  inspecteurs  des 
épidémies  au  nombre  de  6,  d'un  bureau  de  renseignements 
placé  à  la  Préfecture  de  poHce,  des  services  de  transport  des 
malades  assuré  par  voitures  spéciales  réparties  à  Paris  dans 
o  stations,  et  des  étuves  de  désinfection  de  Paris  (4)  et  de  la 
banlieue  (21).  La  désinfection  est  gratuite  pour  ceux  dont 
le  loyer  est  d'une  valeur  matricielle  inférieure  à  800  fr.  à 
Paris,  à  400  dans  les  communes  du  département;  elle  est 
gratuite  également  pour  les  chambi'es  faisant  partie  d'hô- 
tels garnis.  Les  services  de  transport  et  les  étuves  dépen- 
dent de  la  Préfecture  de  la  Seine.  Le  conseil  municipal 
a  créé  de  plus  un  laboratoire  de  diagnostic  des  affections 
contagieuses,  et  un  service  de  vaccination  gratuite  à  do- 
micile a  été  organisé  à  Paris  et  dans  la  banlieue. 

La  commission  municipale  d'assainissement  et  de  salu- 
brité des  habitations  instituée  par  le  préfet  de  la  Seine  en 
1892  se  compose,  sous  sa  présidence,  de  45  membres, 
dont  plusieurs  conseillers  municipaux  et  l'inspecteur 
général  de  l'assainissement.  La  création  d'un  casier 
sanitaire  des  immeubles  de  Paris  eut  lieu  à  la  même 
époque  (1893)  ;  il  est  aujourd'hui  presque  terminé. 
Depuis  la  loi  du  25  mai  1864  la  commission  des  loge- 
ments insalubres  à  Paris  est  composée  de  30  membres, 
nommés  par  le  conseil  municipal  lui-même,  plus  le  préfet 
de  la  Seine,  président,  un  conseiller  de  préfecture  et  le 
chef  du  bureau  des  logements  insalubres  qui  sont  membres 
de  droit  ;  parmi  les  membres  choisis  doivent  figurer  :  un 
médecin,  un  architecte  ou  un  ingénieur,  un  membre  d'un 
bureau  de  bienfaisance  et  un  membre  du  conseil  des  pru- 
d'hommes. Il  y  a  renouvellement  par  tiers  tous  les  deux 
ans.  Les  membres  de  la  commission  se  partagent  les  dif- 
férents quartiers  de  la  ville.  L'inexécution  des  travaux 
prescrits  par  l'administration  à  la  suite  de  leurs  rapports 
est  constatée  par  les  commissaires-voyers. 

La  surveillance  de  la  salubrité  des  voies  privées  est 
confiée  au  service  des  architectes  de  la  Préfecture  de  police, 
celle  des  garnis  a  été  organisée  dans  le  dép.  de  la  Seine  à 
partir  de  1878,  principalement  par  Fordonnance  du  25  oct. 
1883  ;  le  service  d'inspection  sanitaire  des  logements  loués 
en  garni  se  compose,  pour  Paris,  de  10  médecins  et  8  ar- 
chitectes ;  5  autres  inspecteurs  (2  médecins  et  3  archi- 
tectes) sont  chargés  des  communes  du  département.  Quant 
à  l'inspection  des  établissements  dangereux,  incommodes 
ou  insalubres,  elle  est  exercée  dans  le  ressort  de  la  Pré- 
fecture de  police  par  un  service  d'inspection  composé  de 
12  inspecteurs;  ce  service  est  aidé  par  l'inspection  vété- 
rinaire sanitaire. 

L'inspection  médicale  des  écoles  existe  dans  le  dép.  de 
la  Seine  depuis  1879;  il  y  a  dans  ce  département  114  mé- 
decins inspecteurs  nommés  par  le  préfet  de  la  Seine  sur 
une  liste  de  présentation  dressée  par  la  délégation  canto- 
nale ;  ils  doivent  visiter  au  moins  une  fois  par  mois  toutes 


1083 


PARIS 


les  écoles  de  leur  circonscription.  Les  maires  adressent  au 
préfet  un  rapport  trimestriel  sur  le  fonctionnement  de  ce 
service  et  à  l'inspecteur  général  du  service  d'assainisse- 
ment un  rapport  annuel. 

Le  laboratoire  municipal  de  chimie,  qui  fonctionne  de- 
puis 1879  et  n'était,  à  l'origine,  chargé  que  de  l'étude 
des  falsifications  des  denrées  ahmentaires,  a  pris  un  grand 
développement;  son  personnel  ne  comprend  pas  moins 
de  67  personnes.  Un  service  d'inspection,  divisé  en  dix 
sections,  à  chacune  desquelles  sont  préposés  deux  experts- 
inspecteurs,  procède  à  la  visite  de  tous  les  étabHssements 
de  vente  de  denrées  ahmentaires.  Le  laboratoire  inspecte 
aussi  les  établissements  d'eaux  minérales  et  les  depuis 
ou  débits  de  pétrole  et  d'essences  minérales.  Un  service 
spécial  a  pour  attribution  l'examen  des  engins  explosifs. 
Les  inspecteurs  font  annuellement  près  de  50.000  visites 
et  les  chimistes  plus  de  20.000  analyses.  Ce  laboratoire 
est  contrôlé  depuis  1899  par  un  comité  permanent  formé 
de  14  membres  du  Conseil  d'hygiène.  —  H  y  a  de  plus 
dans  la  Seine  un  service  d'inspection  vétérinaire  sani- 
taire, divisé  en  8  sections,  qui  s'assure  de  la  qualité  des 
viandes;  un  laboratoire  de  micrographie  est  installé  aux 
Halles  Centrales  ;  un  autre,  aux  marchés  aux  bestiaux  de 
La  Yillette. 

Un  dispensaire  de  salubrité  a  été  institué  pour  la  sur- 
veillance de  la  prostitution  ;  les  filles  inscrites  à  la  Préfec- 
ture de  pohce  sont  tenues  de  se  présenter  au  dispensaire 
au  moins  une  fois  par  semaine;  deux  fois  par  semaine,  ce 
service  médical  visite  sur  place  les  filles  des  maisons  de 
tolérance  ;  il  y  a  dans  Paris,  à  ce  point  de  vue,  douze  cir- 
conscriptions, et  un  médecin  du  dispensaire  est  attaché  à 
chacune  d'elles. 

Il  existe  à  l'hôpital  Saint-Louis,  au  marché  Saint-Honoré 
et  rue  Caulaincourt  des  stations  de  voitures  spéciales,  dites 
voitures  d'ambulance  urbaine,  pour  le  transport  des  blessés  ; 
elles  peuvent  être  requises  par  téléphone.  Des  postes  do 
secours  spéciaux  pour  les  noyés  ont  été  instahés  sur  les 
bords  de  la  Seine  et  des  canaux  parisiens.  Un  service  de 
secours  médicaux  de  nuit  fonctionne  depuis  1873.  On  a 
dans  chaque  poste  de  police  la  liste  des  médecins,  sages- 
femmes  et  pharmaciens  qui  font  partie  du  service  ;  le  re- 
couvrement des  frais  avancés  par  la  ville  est  fait  par  les 
percepteurs  des  contributions. 

Les  animaux  trouvés  errants  sur  la  voie  publique  sont 
envoyés  à  la  fourrière  de  la  Prélecture  de  pofice  ;  les  chiens 
y  sont  abattus  trois  jours  après,  s'ils  n'ont  pas  été  récla- 
més ;  les  autres  animaux  sont  vendus  au  profit  de  l'Etat 
au  bout  de  huit  jours. 

Insiitutions  I)E  prévoyance.  "—  Il  suffira  de  signaler  ici 
les  établissements  et  institutions  de  prévoyance  qu'on 
trouve  à  Paris.  Leur  nombre  est  remarquable.  La  Caisse 
nationale  d'épargne  ou  Caisse  d'épargne  postale  est  une 
institution  d'Etat  qui  remonte  à  1881  ;  la  Caisse  d'é- 
pargne de  Paris  qui  date  de  1818  est  privée;  elle  a  dans 
Paris  et  dans  le  département  39  succursales  ;  le  montant 
des  soldes  dus  aux  déposants  est  aujourd'hui  de  160  mil- 
lions et  le  nombre  des  livrets  de  près  de  650.000.  Il  y  a 
à  Paris  plus  de  150  sociétés  de  secours  mutuels,  !243  insti- 
tutions de  prévoyance  ont  été  en  outre  créées  par  les  syn- 
dicats professionnels  et  les  unions  de  syndicats,  particuliè- 
rement des  bureaux  de  placement.  Quelques  sociétés  de 
prévoyance  n'ont  rien  de  professionnel,  entre  autres  la 
Fourmi.  La  Caisse  nationale  des  retraites  pour  la  vieillesse 
(1850)  et  la  Caisse  d'assurances  en  cas  de  décès  (1868)  sont 
des  créations  de  l'Etat.  Les  premières  assurances  sur  la 
vie  et  contre  l'incendie  datent  de  1787  et  1788.  Aujour- 
d'hui on  compte  principalement  18  compagnies  d'assu- 
rances contre  l'incendie  et  17  d'assurances  sur  la  vie; 
sont  à  signaler  ensuite  environ  30  compagnies  d'assurances 
maritimes,  20  d'assurances  contre  les  accidents  et  5  d'as- 
surances agricoles.  Le  Mont-dc-Piété,  qui  date  de  1777, 
est  à  m'ientionner  enfin  avec  les  trois  succursales  et  les 
22  bureaux  auxiliaires  qu'il  a  dans  Paris  (V.  Mont-de- 


PiÉTÉ,  t.  XXIV,  p.  213).  Des  agences  non  ofticielles  de 
prêts  sur  gages  existent  en  très  grand  nombre. 

XII.  Instruction  publique.  —  L'histoire  de  l'ins- 
truction pubhque  à  Paris  se  confond,  dès  l'origine,  avec 
celle  de  l'Université  de  Paris  (V.'Sorbonxe  et  Université). 
L'Université  prospéra  si  vite  qu'elle  donna  son  nom  à  tout 
le  quartier  de  la  rive  gauche.  Les  premiers  collèges  furent 
souvent  des  sortes  d'hôtelleriespour  les  étudiants,  surtout 
les  étudiants  étrangers  :  ainsi  au  xiii^  siècle  celui  de  Dace 
pour  les  Danois,  celui  de  Constantinople  pour  les  écoliers 
d'Orient.  11  faut  signaler  les  collèges  des  Bons-Enfants 
(1209),  des  Bernardins  (1244),  de  Calvi  (1252),  de 
Sorbonne  (1257),  ceux  du  Trésorier  (1268),  de  Cluny 
(1269),  des  Dix-Huit  (1280),  des  Cholets  (1294),  du 
Cardinal-Lemoine  (1302),  puis  le  collège  de  Navarre  fondé 
par  la  reine  et  dans  lequel  tous  les  enseignements  étaient 
représentés  (1304),  ceux  de  Baveux  (1309),  d'Harcourt 
(1312),deMontaigu(1314),dePresles  et  deLaon(1314), 
du  Plessis  (1316),  de  Narbonne  (1317),  de  Cornouaille 
(1317),  des  Ecossais  (1325),  de  Tréguier  (1325),  de 
Bourgogne  (1331),  d'Arras  (1332),  des  Lombards  (1333), 
de  Tours  (1334),  de  Lisieux  (1336),  de  l'Ave  Maria  ou 
de  Hubant  (1339),  d'Autun  (1341),  de  Boncourt  (1353), 
de  Mignon,  puis  de  Grandmont  (1353),  de  Boissy  (1358), 
de  Justice  (1356),  de  la  Marche  (1362),  de  Dormans- 
Beauvais  (1370),  de  Maître-Gervais  (1371),  de  Dainville 
(1380),  de  Eortet  (1393),  ceux  de  Reims  (1412),  de 
Séez  (1428),  de  Sainte-Barbe  (1460),  le  collège  Coqueret 
(1463).  Du  XVI®  siècle  datèrent  les  collèges  du  Mans  (1519), 
de  la  Merci  (1522),  de  Clermont,  puis  de  Louis-le-Grand 
(1564),  des  Grassins  (1569);  au  xvii®  siècle,  fut  fondé  le 
collège  de  Mazarin  ou  des  Quatre-Nations  (1661).  En 
1T63,  furent  réunis  au  collège  Louis-le-Grand,  devenu 
chef-lieu  de  l'Université,  28  petits  collèges  qui  avaient 
cessé  de  fonctionner  régulièrement.  En  1789,  il  y  avait  à 
Paris  10  collèges  de  plein  exercice,  comptant  3.000  élèves. 

L'enseignement  élémentaire  était  donné  par  les  petites 
écoles  sous  la  direction  du  chantre  de  Notre-Dame,  qui 
fut  pendant  tout  l'ancien  régime  le  grand-maître  de  ces 
écoles,  puis  par  les  écoles  de  charité  et  aussi  par  la  cor- 
poration des  maîtres-écrivains  étal^lie  en  1570.  Pour  des 
enseignements  spéciaux  furent  fondés  successivement  le 
Collège  de  France  (1 530) ,  le  Jardin  du  roi  (ensuite  le  Muséum , 
1626),  l'Académie  d'architecture  (1671),  l'Ecole  des 
ponts  et  chaussées  (1747),  l'Ecole  militaire  (1751),  l'Ecole 
de  dessin  (1767),  l'Ecole  des  aits  décoratifs  (1768),  le 
Collège  de  pharmacie  (1777),  l'Ecole  des  mines  (1783), 
l'Ecole  de  chant  et  de  déclamation  (1784),  puis  des  so- 
ciétés libres,  entre  autres  le  Lycée  (1781). 

La  Révolution  n'établit  à  Paris  que  3  écoles  centrales  : 
Panthéon,  Quatre-Nations  et  Saint- Antoine  ;  3  écoles  d'en- 
seignement supérieur,  l'Ecole  polytechnique,  l'Ecole  nor- 
male et  l'Ecole  des  langues  orientales  sont  des  créations 
de  la  (Convention  ;  2,  l'Ecole  des  beaux-arts  et  l'Ecole  des 
chartes,  ont  été  créées  par  la  Restauration  ;  1,  l'Ecole  des 
hautes  études,  parle  second  Empire  ;  1 ,  l'Ecole  des  sciences 
poU tiques,  par  la  troisième  République. 

En  môme  temps  ont  été  fondés,  à  Paris,  depuis  le 
XVII®  siècle,  plusieurs  autres  établissements  d'enseignement 
plus  spéciaux  :  l'Imprimerie  nationale  (1640),  l'Observa- 
toire (1667),  le  Conservatoire  des  arts  et  métiers  (1794). 
le  Conservatoire  de  musique  et  de  déclamation  (1795), 
l'Ecole  centrale  des  arts  et  manufactures  (1829),  l'Insti- 
tut agronomique  (1848),  l'Ecole  de  médecine  et  de  phar- 
macie militaires  (1850),  l'Ecole  de  guerre  (1878),  l'Ecole 
du  Louvre  (1881),  l'Ecole  coloniale  (1888);  et  aussi  plu- 
sieurs établissements  libres  :  l'Institut  catholique  (1875). 
l'Ecole  d'anthropologie  (1875),  l'Institut  Pasteur  (1889), 
l'Ecole  des  sciences  sociales  (1895),  l'Union  coloniale 
française  (1896).  Paris  renferme  une  centaine  de  sociétés 
particulières  qui  méritent  d'être  appelées  savantes. 

L'administration  de  l'instruction  publique  comprend  les 
services  centraux  du  ministère,  ceux  de  Vacadémie  de 


PARIS 


4084 


/Vzr/i',  ceux  du  dépurtemeiit  et  de  la  ville.  Un  des  8  ins- 
pecteurs d'Académie  en  résidence  à  Paris  est  chargé  de 
diriger  les  services  d'enseignement  primaire  du  départe- 
ment et  de  la  ville,  sous  l'autorité  du  préfet.  Dans 
la  Seine,  le  conseil  départemental  de  l'enseignement  pri- 
maire se  compose  de  8  conseillers  généraux,  4  inspecteurs 
primaires,  14  instituteurs  et  institutrices.  Chacun  des 
maires  d'arrondissement  est  assisté  des  délégués  canto- 
naux, d'une  commission  scolaire  et  d'un  comité  de  la 
caisse  des  écoles. 

Pour  donner  Fenseigiienient  secoiidaire,  il  y  a,  à  Paris, 
lo  lycées  de  l'Etat  :  l.ouis-lc-Grand,  le  seul  qui  reste  de 
Tancien  régime  (a  été  aussi  appelé  Lycée  impérial  et  Des- 
cartes), (-harlemagne  (180ïi),  Condoi'cet  (1803,  a  été 
iippelé  aussi  Bonaparte  et  Fontanes),  Henri  lY  (1804,  a 
été  appelé  aussi  Napoléon  et  Corneille),  Saint-Louis  (18^0, 
a  été  aussi  appelé  Monge).  puis  le  petit  lycée  Condorcet 
pour  les  classes  élémentaires  (1883),  Janson-de~Sailly 
(1884),  Montaigne  ou  petit  lycée Louis-le-Grand  (1885), 
Buffon  (1889),  Voltaire  (1890)  et  Carnot  (ancienne  école 
Monge,  1894).  2  autres  lycées  parisiens,  Michelet  (1864) 
et  Lakanal  (188o),  sont  situés,  l'un  à  Vanves,  l'autre  à 
Sceaux.  Les  collèges  Rollin  (18^27)  et  Chaptal  (18i4),  qui 
appartiennent  à  la  ville,  sont,  en  fait,  des  lycées.  Le 
nomhre  total  des  élèves  de  ces  différents  établissements 
est  d'en^iron  1^.000,  et  la  plupart  sont  des  externes. 
(Jn  n'y  fait  irs  dans  tous  à  la  fois  les  cours  de  l'ensei- 
gnement classique,  ceux  (ie  l'enseignement  moderne  et 
les  cours  préparatoires  aux  grandes  écoles.  L'établisse- 
ment le  plus  complet  à  ce  point  de  vue  et  celui  (jui 
compte  les  élèves  les  plus  nombreux  est  le  lycée  Janson- 
de-Sailly.  Les  5  lycées  de  filles,  Fénelon,  Racine,  Molière, 
Lamartine  et  Yict or-Hugo  sont  tout  récents,  ayant  été 
ouverts  entre  1883  et  1893.  L'enseignement  secondaire 
lil)re  se  donne  dans  3  établissements,  dont  les  professeurs, 
iuembres  de  FUniversité,  sont  considérés  comme  étant  au 
service  de  l'Etat  :  le  collège  Sainte-Barbe,  qui  date  du 
x^  ^  siècle,  le  collège  Stanislas,  établissement  religieux  fondé 
sous  la  Restauration,  l'Ecole  alsacienne  (1873),  puis  dans 
quelques  écoles  catholiques,  dont  la  principale  est  l'école 
Sainte-Geneviève  ou  de  la  rue  des  Postes  (ancien  nom  de  la 
rue  Lhomond).  Pour  les  filles  existent  les  cours  de  l'associa- 
tion de  l'enseignement  secondaire  des  jeunes  filles  qui 
remontent  à  1869  et  le  collège  Sévigné. 

L'enseignement  primaire,  enfin,  est  organisé  fortement, 
car  il  n'y  a  pas  moins  de  141  écoles  maternelles  (trans- 
formation des  salles  d'asile  de  18'26),  17  écoles  enfan- 
tines, 369  écoles  primaires  élémentaires,  et  les  règlements 
en  ont  été  très  étudiés.  La  ville  a  développé  les  cours 
d'enseignements  spéciaux,  institué  les  cours  du  soir  et  les 
classes  de  vacances,  elle  a  inscrit  à  son  budget  des  sommes 
considérables  pour  les  classes  de  garde,  les  cantines  et  les 
colonies  scolaires  et  pour  le  placement  d'élsves  dans  des 
internats  primaires  laujues  libres,  elle  a  subventionné  les 
caisses  des  écoles,  les  caisses  d'épargne  scolaires,  et  créé  le 
certificat  d'études  complémentaires  et  des  écoles  primaires 
supérieures  :  Tiirgot  (1839),  Colbert  (1869),  Lavobner 
(1872),  Jean-Baptiste-Smj  (iSlû)  et  Airigo  (1880)  pour 
les  garçons;  Sophie-Germain  (1882)  et  Edgar-Quiiiel 
(1892)  pour  les  filles;  elle  a  fondé,  de  plus,  des  écoles 
professionnelles  et  des  cours  professionnels  du  soir,  une 
école  départementale  d'instituteurs  (1872),  une  d'institu- 
trices (1873),  et  des  cours  normaux  pour  son  personnel 
enseignant,  puis  des  cours  d'enseignement  supérieur  po- 
pulaire professés  pour  la  plupart  à  l'Hôtel  de  Vilb^  même, 
et  une  école  pratique  des  langues  vivantes  (1893)  qui 
vient  d'être  su])primée. 

BiBUoiHLQL'Ks  et  AiujiivLs.  —  Paris  renferme  un  trè.^ 
grand  nombre  de  bibliothèques  :  bibliotheijues  de  TEtatou 
bibliothèques  de  radmniistratiun  parisienne  (V.  Biblio- 
iHLQUE,  tig.  6.  t.  VI,  p.  667.  et  Bn^uorHtQLT.  rsAiioi'.xUx, 
iig.  et  plan,  t.  VI,  pp.  679  et  680).  L'administration 
parisienne  a  3  bibliothèques  centrales  :  la  bibliothèque 


historique  séparée  du  musée  (kuiiavalet  en  1897  et  ins- 
tallée dans  l'hôtel  Lepelletier  de  Saint-Fargeau(Y.  Câk- 
,\AVALET  [Hôtel]),  la  bibliothèque  administrative  du  préfet 
de  la  Seine  (3().000  vol.,  catalogue  publié  en  1898),  et 
la  bibliothèque  du  conseil  municipal  (16.000  a'oL,  cata- 
logue de  1898  égoalement),  auxquelles  on  peut  ratta- 
cher les  bibliothèques  annexées  aux  archives  de  la  Pré- 
fecture de  police  et  à  celles  de  l'administration  de 
l'Assistance  publique.  Après  les  Archives  nationales  et 
leurs  succursales  des  ministères,  le  principal  dép(»t  d'ar- 
chives conservées  à  Paris  est  celui  des  archives  départe- 
mentales et  municipales  réunies  sous  le  nom  d'Archives 
de  la  Seine.  Incendiées  avenue  Victoria  en  1871,  ces  ar- 
chives, installées  aujourd'hui  dans  un  bâtiment  spécial, 
constituent  de  nouveau,  par  suite  de  réunions,  de  dons  ou 
d'achats,  un  dépôt  d'un  grand  intérêt.  Si  la  plus  ancienne 
pièce  est  de  1112,  les  séries  historiques  y  sont  cependant 
plutôt  des  séries  modernes,  commençant  au  xvi*^  ou  au 
xvn"  siècle  ou  appartenant  au  xvui^  siècle  :  celles  de 
la  juridiction  consulaire,  des  administrations  de  l'enre- 
gistrement et  des  domaines,  des  actes  de  l'état  civil  re- 
constitué, puis  celles  des  administrations  de  la  période 
révolutionnaire.  Les  fonds  antérieurs  à  1800  compren- 
nent environ  5.000  carions  et  11.000  registres.  Une 
bibliothèque  technique,  particulièrement  riche  en  inven- 
taires, fait  partie  de  ce  dépôt.  Deux  inventaires  d'un 
caractère  général  sont  à  consulter  pour  la  partie  histo- 
rique :  l'inventaire  des  fonds  municipaux  de  la  période 
révolutionnaire  (1892)  et  l'état  d'accroissement  des  séries 
anciennes  publié  en  1896  dans  la  Correspondance  kis- 
tnriqiie;  des  états  spéciaux  complètent  ces  inventaires. 

Les  arcbives  de  l'administration  générale  de  l'Assis- 
tance publique  et  celles  de  la  Préfecture  de  police  restées 
à  part,  et  dont  une  grande  partie  a  disparu  de  même  dans 
les  incendies  de  1871,  méritent  d'être  signalées,  les  unes 
à  cause  de  leur  fonds  du  moyen  âge,  les  autres  à  cause 
de  leui's  registres  des  prisons  et  de  leurs  documents  de 
l'époque  révolutionnaire  principalement  (V.  les  volumes 
de  l'inventaire  des  archives  de  l'Assistance  publique  parus 
de  1866  à  1889  en  les  rapprochant  de  l'ouvrage  de 
Bordier  et  Brièle.  intitulé  les  Archives  hospitalières  de 
Paris  (1877),  etVEtat  des  Archives  de  la  Préfecture  de 
police  iijséré  dans  le  Bibliographe  moderne  en  1898. 

A  côté  de  sa  bibliothèfpie  et  de  ses  archives,  la  ville 
de  Paris  a  placé  en  1860  un  service  de  travaux  historiques, 
aujourd'hui  réuni  au  premier  de  ces  2  établissements  ;  16 
ouvrages  formant  37  volumes  ont  déjà  paru  sous  sa  di- 
rection, comme  aussi  un  atlas  reproduisant  les  principaux 
des  anciens  plans  de  Paris.  Ce  service  surveille  de  plus  la 
publication  d'une  collection  de  documents  relatifs  à  l'époque 
de  la  Révolution  ;  il  existe  3  séries  de  ces  documents  qui 
comprennent  au  total  12  ouvrages  et  34  volumes.  Une 
commission  formée  d'érudits,  de  conseillers  municipaux 
et  d'administrateurs,  en  tout  18  membres,  a  été  appelée  à 
diriger  les  travaux  historiques  (1881)  ;  2  autres  commis- 
sions ont  le  titre,  l'une  de  commission  des  recherches  sur 
l'histoire  de  Paris  pendant  la  Révolution  (1886),  l'autre 
de  commission  de  contrôle  pour  la  publication  de  docu- 
ments de  l'époque  révolutionnaire  (1887).  Au  service  des 
ti'avaux  historiques  se  rattache  le  comité  des  inscriptions 
parisiennes  créé  en  1879.  Une  commission  enfin  a  été 
instituée  pour  la  l'echerche  des  voies  romaines  au  X.  de 
Paris. 

XIII.  Beaux-arts.  —  Sans  rappeler  ici  les  palais, 
les  églises,  les  théâtres,  les  anciens  hôtels  que  Paris  ren- 
ferme (Y.  ci-dessus,  î^  Description  générale  et  aux  diffé- 
rents mots),  il  faut,  pour  donner  une  idée  suffisamment 
exacte  de  toute  la  place  qu'il  tient  dans  l'histoire  de  l'art, 
enumérer  les  principaux  autres  monuments  et  œuvres  d'art 
qu'il  possède  et  dire  tout  le  mou\-cment  artistique  dont  il 
est  Lame. 

Paris  possède  4  arcs  de  triomphe  :  l'arc  de  triomphe 
de  ri^toile  et  celui  du  Carrousel  (Y.  Arc,  fig.  6,  t.  Ill, 


—   1085 


PAHIS 


p.  601),  la  porte  Samt-Denis  et  la  porte  Saint-Marliu  ; 
Î2  tours  :  la  tour  Saint- Jacques  et  la  tour  Eiffel  (V. 
%.  à  l'art.  Eiffel,  t.  XV,  p.  712)  ;  3  colonnes  monu- 
mentales :  la  colonne  de  Juillet,  la  colonne  Vendôme  et 
l'Obélisque;  un  très  grand  nombre  de  statues  d'hommes 
célèbres  ou  de  monuments  commémoratifs  érigés  dans  ses 
rues,  et  ses  jardins  ou  dans  des  cours  d'édifices  publics  : 
les  statues  de  François  Arago,  boulevard  Arago,  par  Oliva; 
d'Eug.  de  Beauharnais,  à  THùtel  des  Invalides,  par  Du- 
mont;  de  Beaumarchais,  rue  Saint- Antoine,  par  Claussade; 
de  Déranger,  au  square  du  Temple,  par  Doublemard  ;  de 
Berlioz,  au  square  Vintimille,  par  Alfred  Lenoir  ;  de  Claude 
Bernard,  rue  des  Ecoles,  par  E.  Guillaume  ;  de  Bichat, 
à  l'Ecole  de  médecine,  par  David  d'Angers;  de  Louis 
Blanc,  place  Monge,  par  Delliomme  ;  du  sergent  Bobillot 
(V.  fig.  à  l'art.  Bobillot),  boulevard  Richard-Lenoir, 
par  A.  Paris  ;  de  Broca,  au  terre-plein  de  l'Ecole  de  mé- 
decine, par  Choppin;  de  Guillaume  Budé,  au  Collège  de 
France,  par  L.  Bourgeois  ;  de  Chappe,  boulevard  Saint- 
Germain,  par  Damé  ;  de  Charcot,  boulevard  de  rilô- 
pital,  par  Ealguière;  de  Cbarlemagne,  place  du  Parvis- 
Notre-Dame,  par  les  frères  Hochet  ;  d'Alain  Chartier,  rue 
de  Tocqueville,  par  Moncel  ;  de  Condorcel,  quai  (Àmti, 
par  Perrin;  de  Cuvier,  au  Jardin  des  Plantes,  par  Mer- 
lieux;  de  Dante,  rue  des  Ecoles,  par  Aube;  de  Danton, 
boulevard  Saint-Germain,  par  A.  Paris  ;  de  Maria  De- 
raismes,  au  square  des  Epinettes,  par  Barrias  ;  de  Dide- 
rot, boulevard  Saint-Germain,  par  Gautherin,  et  square 
Trudaine,  par  Lecointe  ;  de  l'abbé  de  l'Epée,  rue  Saint- 
Jacques,  par  F.  Martin;  de  Frédérick-Lemaître,  au  square 
des  Ecluses-Saint-Martin,  par  P.  Granet  ;  de  Gribeauval, 
aux  Invalides,  par  Bartholdi  ;  de  Gutenberg,  à  l'Impri- 
merie nationale,  d'après  David  d'Angers  ;  de  Valentin  Hany, 
à  l'institution  des  Jeunes-Aveugles,  par  Badion  de  la  Tron- 
clière;  de  Henri  IV,  au  Pont-Xeuf,  d'après  Jean  de  Bo- 
logne ;  de  Jeanne  d'Arc,  place  des  Pyramides,  par  Fi'é- 
miet,  et  rue  Jeanne-d'Arc,  par  Chatrousse  ;  du  berger  Ju- 
pille,  à  l'institut  Pasteur,  par  Truffot;  de  Lamartine, 
avenue  Henri-Martin,  par  Marquet-Vasselot  ;  de  Larrey, 
au  Val-de-Gràce,  par  David  d'Angers  ;  de  Nicolas  Le- 
blanc, au  Conservatoire  des  arts  et  métiers,  par  Hiolle; 
de  Jean  Leclaire,  square  des  Epinettes,  par  Dalou  ;  de 
Ledru-HoUin,  avenue  Parmentier,  par  Steiner;  de  Le  Sueur, 
au  Luxembourg,  par  Husson;  de  la  Liberté  éclairant  le 
monde,  au  pont  de  Grenelle,  d'après  Bartholdi  ;  de  (a  Loi, 
place  du  Palais-Bourbon,  par  Feuchère;  de  Louis  XIII, 
place  des  Vosges,  par  Dupaty  et  Cortot  ;  de  Louis  XIV, 
place  des  Victoires  (V.  la  fig.  à  l'art.  Bosio,  t.  VIL  p.  4o5), 
par  Bosio;  d'Etienne  Marcel,  dans  le  jardin  de  l'Hôtel  de 
Ville,  par  Idrac  et  Marqueste  ;  dé  Meissonier,  au  jardin 
du  Louvre,  par  Mercié  ;  de  Napoléon  P"^,  aux  Invalides, 
par  Bartholdi;  de  Neuville,  place  V\^agram,  par  Saint- 
Vidal;  du  maréchal  Ney,  boulevard  Saint-Michel,  par 
Rude  ;  de  Bernard  Palissy,  square  Saint-Germain-des- 
Prés,  par  Barrias  ;  de  Papin,  au  Conservatoire  des  arts  et 
méliers,  par  Aimé  Millet;  de  Parmentier,  à  l'Ecole  de 
pharmacie,  par  Hébert;  de  Pascal,  à  la  tour  Saint- Jacques, 
par  CaveUer  ;  de  Pinel,  place  de  l'Hôpital,  par  L.  Durand; 
de  Raspail,  au  square  de  la  place  Denfert-Rochereau, 
par  les  frères  Morice  ;  de  Rollin,  au  collège  RoUin,  par 
Début;  de  la  République,  place  de  l'Institut,  par  Soitoux  ; 
de  Ricord,  boulevard  de  Port-Royal,  par  Barrias  ;  de 
J.-J.  Rousseau,  place  du  Panthéon,  par  Berthet  ;  de 
Sainte-Beuve,  au  Luxembourg,  par  Puech  ;  de  Sedaine, 
square  Trudaine,  par  Lecointe  ;  de  Shakespeare,  boule- 
vard Haussmann,  par  Knighton  ;  de  Vauquelin,  à  l'Ecole  de 
pharmacie,  par  P.  Habert;  de  Velasquez,  square  du 
Louvre,  par  Frémiet  ;  de  Villon,  square  Monge,  par 
Etcheto  ;  de  Voltaire,  square  Monge,  d'après  Houdon, 
([uai  Malaquais,  par  Caillé,  à  la  mairie  du  IX<^  arrondisse- 
ment, par  Lambert;  —  les  monuments  d'Augier,  place  de 
rOdéon,  par  Barrias  ;  de  Théodore  de  Banville,  au  Luxem- 
bourg, par  Roulleau  ;  de  Barye.  boulevard  Henri  IV,  par 


Marqueste  ;  de  Boucher,  au  jardin  du  Louvre,  par  Aube  ; 
de  Charlet,  au  square  de  la  gare  de  Sceaux,  par  A.  Char- 
pentier ;  de  Coligny,  au  temple  de  l'Oratoire,  parCrauk; 
de  Daubenton,  au  jardin  des  Plantes  (colonne);  de  De- 
lacroix, au  Luxembourg,  par  Dalou  ;  des  bienfaiteurs  de 
l'Ecole  polonaise,  rue  Lamandé,  par  Godebski  ;  d'Etienne 
Dolet,  place  Maubert,  par  Guibert  ;  de  Ducheime.  à  la 
Salpétriêre,  parDesvorgne  et  Debrie  ;  d'Alexandre  Dumas, 
place  Malesherbes,  d'après  Gustave  Doré  ;  de  Flachat, 
rue  Eugène  Flachat,  par  Alfred  Boucher;  de  la  mission 
Flatters,  au  parc  de  Montsouris,  parSingery  (pyramide); 
de  Gambetta  (V.  fig.  à  l'art.  Boilkal,  t"^,  VH,  p.  99), 
place  du  Carrousel,  par  Aube  ;  de  Francis  Garnier,  ave- 
nue de  l'Observatoire,  par  Puech;  de  l'indépendance  amé- 
ricaine, place  des  Etats-Unis,  par  Bartholdi  ;  dTngres, 
à  l'Ecole  des  beaux-arts,  par  E.  Guillaume;  de  La  Fon- 
laijie,  au  Ranelagh,  par  Dumilàtre  ;  do  Leconte  de  Liste, 
au  Luxembourg,  par  Puech  ;  de  Le  Verrier,  à  fOhser- 
vatoire,  par  Magne  et  Chapu;  du  Lion  de  Belfort,  place 
Denfert-Rochereau,  d'après  Bartholdi;  de  Guy  de  Mau- 
passant,  au  parc  de  Monceau,  par  Verlet;  dû  maréchal 
Moiicey,  place  de  Clichy,  par  Doublemard  ;  de  Murger,  au 
Luxembourg,  par  Bouillon;  de  Raffel,  au  jardin  du 
Louvre,  par  Frémiet;  d'Henri  Regnaull,  à  l'Ecole  des 
beaux-arts,  par  Chapu;  de  Kenaudot,  ruedeLutèce,  par 
Altred  Boucher;  de  la  République,  place  de  la  Répu- 
bli([ue,  par  les  frères  Morice  (la  statue  a  9'-', 50  de  hau- 
teur) ;  des  soldats  morts  pour  la  patrie  ou  de  la  Défense 
nationale,  place  de  Fontenoy  (pyramide):  de  Watteau,  au 
Luxembourg,  par  Gauguié. 

C'est  dans  ce  siècle  et  dans  cette  lin  de  siècle  surtout 
que  Paris  s'est  ainsi  couvert  de  monuments  commémo- 
ratifs et  de  statues.  Pour  les  fontaines  publiques,  intéres- 
santes au  point  de  vue  artistique,  il  y  a  lieu,  au  contraire, 
de  distinguer  les  époques.  Il  faut  signaler  comme  fontaines 
du  xvi'^  siècle  celles  de  l'Arbre-Sec  (15^29),  dont  l'inté- 
rieur a  été  réédifié  en  i77o  sur  les  dessins  de  Soufïlot,  et 
des  Innocents  (1530),  dessinée  par  Pierre  Lescot  et  sculptée 
par  Jean  Goujon  (V.  fig.  à  l'art.  France,  t.  XVH, 
p.  M 10  ;  AucHiiECTiiRE,  lig.  5,  t.  III,  p.  734).  puis  com- 
plétée à  la  fin  du  xviii^  siècle  par  Pajou.  Mézières.  Danjou 
etLhuillier;  pour  le xvii^  siècle,  la  fontaine  de  Médicis  ;  j)our 
le xviii*^, les fontainesdela  rue  de  Grenelle  (V.  fig.  à  l'art. 
BoucHARBON,  t.  VII,  p.  5^26),  œuvre  remarquable,  cons- 
truite par  Bouchardonde  1739  à  17 lo.  des  Haudrieltes 
(de  1770  environ),  où  l'on  peut  voir  une  jolie  naïade  (ie 
Mignot,  et  de  la  Poissonnerie  ou  de  Jarente  (V.  Fontaine, 
fig.  3,  t.  XVH,  p.  731),  petit  édicule  de  1783,  construit 
sur  les  dessins  de  Caron.  Les  fontaines  à  citer  pour  le 
xix^  siècle  sont  assez  nombreuses  ;  ce  sont  celles  :  de  la 
Victoire  ou  du  Palmier  ou  du  Châtelet  (1806),  par  Bralle. 
Boizot  et  Jacquemart  (V.  fig.  à  l'art.  Boizot)  ;  Saint- 
Georges  (1824),  par  Constantin  ;  Caillou  oud'/uitin  {i8'28), 
par  Jacquot,  Derre  et  Combette,  d'après  Visconti  ;  de  la 
Concorde  (1836-46)  (V.  Foniaine,  fig.  7,  t.  XVH. 
p.  734);  Cuvier  (1840),  construite  sur  les  dessins  de 
Vigoureux  et  sculptée  par  Feuchère  et  Pomateau  ;  Molière 
(1841-44),  dessinée  par  Visconti,  etcù  la  statue  de  Molière 
est  l'œuvre  de  Seurre  aîné,  les  autres  figures  étant  de 
Pradier;  de  l'Archevêché  ou  Notre-Dame  (1843),  édifiée 
sur  les  dessins  de  Vigoureux  et  sculptée  par  Merlieux  ; 
Louvois  (1844),  dessinée  par  Visconti  et  sculptée  par 
Klagmann  ;  Saint-Sulpice  ou  des  Prédicateurs  (1847),  des- 
sinée par  Visconti,  représentant  les  quatre  grands  maîtres 
de  la  chaire  :  Bossuet  par  Feuchère,  Fénefon  par  Lanno, 
Fléchier  par  Desprez,  Massillon  par  Fauginet  (le  reste  de 
l'ornementation  est  dû  à  Derre)  ;  Saint-Michel  (1858-60), 
par  Davioud,  la  statue  du  saint  étant  de  Duret,  les  dra- 
gons de  Jacquemart,  le  reste  de  Barre,  E.  Guillaume, 
Robert  et  Gumery  ;  du  Théâtre-Français  (1872-74),  dues 
à  Davioud  et  ornées  de  nymphes,  œuvres  de  Carrier-Bel- 
leuse  et  de  Mathurin  Moreau  ;  de  l'Observatoire  (1875), 
dessinée  par  Davioud  et  représentant  les  quatre  parties  du 


PARIS 


—  1086 


monde  (ciief-d 'œuvre  de  Carpeaiix)  ;  les  animaux  sont  dus 
à  Frcmiet,  le  reste  est  de  Legrain  et  de  Yilleminot  (V. 
fig.  à  Fart.  Carpeaux,  t.  IX,  p.  515).  La  dernière  fon- 
tame,  celle  du  Trocadéro  (1878),  n'est  pas  encore  ter- 
minée ;  elle  est  l' œuvre  de  Falguière,  Frémiet,  Gain,  etc. 
On  sait  que  les  musées  de  Paris  sont  nombreux,  musées 
d'un  caractère  général  et  musées  spéciaux  (Y.  Musée, 
t.  XXIV,  p.  592)  :  le  Louvre  pour  l'histoire  de  Fart  tout 
entière,  le  Luxembourg  pour  l'art  contemporain,  le  musée 
de  Cluny  consacré  particulièrement  au  moyen  âge  et  a  la 
Renaissance,  le  musée  Guimet  ou  musée  des  religions  et 
de  l'antiquité  asiatique  (V.  Guimet,  t.  XIX,  p.  594),  les 
quatre  musées  appartenant  à  la  ville  de  Paris  (Carnavalet, 
Galliera,  Gernuscbi  et  Champs-Elysées),  le  musée  de  sculp- 
ture comparée  du  Trocadéro  ou  musée  des  moulages  (1882) , 
le  musée  des  Arts  décoratifs  (1877),  qui  est  la  propriété  de 
ITnion  centrale  des  arts  décoratifs,  et  ceux  qui  font  partie 
de  divers  établissements  publics  :  Bibliothèque  nationale 
(cabinets  des  estampes  et  des  médailles),  Garde-Meuble 
(V.  Garde,  t.  XVIlï,  p.  507,  et  ARcmTEciuRE,  t.  lïl,  fig.  6, 
l^.loQ),  Théâtre-Français  (Y.  Comédie-Française,  t.  XIÏ, 
p.  1),  Opéra,  Gobelins  (Y.  ces  mots).  Ecole  natioïiale 
des  beaux-arts  (Y.  Ecole,  fig.  1  et  2,  t.  XY,  p.  307). 
Le  musée  Carnavalet  (\ .  ce  mot)  est  le  musée  historique 
de  la  ville  de  Paris  ;  le  musée  G  alhera  (1 895) ,  particulière- 
ment riche  en  vieilles  tapisseries,  contient  des  œuvres  d'art 
de  tous  genres  appartenant  à  la  ville,  tandis  que  le  musée  de 
.  Champs-Elysées  (1888)  est,  en  quelque  sorte,  le  musée  de 
l'art  municipal;  par  suite  de  la  démolition  du  palais  des 
Champs-Elysées,  ses  collections  viennent  d'ailleurs  d'élve 
transportées  dans  des  dépôts;  il  était,  à  roriginc,  ins- 
tallé à  Auteuil.  Le  musée  Cernuschi(  1895) occupe,  (omme 
le  musée  Galliera,  un  hôtel  légué  à  la  ville  ;  û  con- 
tient des  collections  d'objets  delà  Chine  et  du  Japon,  entre 
autres  une  très  grande  statue  en  bronze  du  Bouddha.  La 
société  du  Yieux-Montmartre  a  entrepris  la  constitution 
d'an  musée  de  Montmartre.  Mais  bien  des  œuvres  d'art 
peuvent  se  trouver  ailleurs  que  dans  les  rues  ou  les 
musées  (Y.  Archives  nationales,  t.  Iïï,p.  752),  Biblio- 
thèque nationale,  Banque  de  France,  Yal-de-GrAce, 
Panthéon,  Bourbon  [Palais],  Hôtel  de  Yille,  Sorbonne, 
Palais  de  Justice,  Lambert  [Hôtel]). 

En  dehors  de  l'administration  centrale  des  beaux-arts, 
en  dehors  des  musées  et  des  écoles  où  sont  enseignés  les 
arts,  il  existe  d'autres  manifestations  de  la  vie  artistique 
do  Paris,  qui  sont  de  véritables  institutions  :  d'abord  le 
Salon  annuel  (Y.  Exposition,  t.  XYI,p.  969),  qui  fut  dé- 
doublé de  1890  à  1898  par  suite  de  la  scission  qui  se 
produisit  parmi  les  membres  de  la  Société  des  artistes 
français  (fondée  en  1881  et  reconnue  d'utihté  publique), 
dontun  groupe  forma  la  Société  nationale  des  beaux-arts, 
moins  conservatrice  des  traditions  ;  puis  les  expositions  an- 
nuelles aussi  de  l'Association  des  artistes  indépendants 
(1881)  et  d'associations  mondaines,  le  Cercle  de  l'union  ar- 
tistique qui  remonte  à  1860,  le  Cercle  artistique  et  litté- 
raire, précédemment  des  Beaux-Arts  (1864).  D'autres  so- 
ciétés l'ont  aussi  des  expositions  :  la  Société  des  aquarelbstes 
français  (1878), l'Union  des  femmes  peintres  et  sculpteurs 
(1881),  reconnue  d'utilité  publique  ;  la  Société  des  artistes 
graveurs  au  burin  (1882),  celle  des  pastellistes  français 
(1884).  D'autres  encore  ont  plus  spécialement  pour  but  non 
d'exposer,  mais  d'entretenir  le  goût  des  arts  et  de  favo- 
riser leur  développement  :  la  Société  française  des  amis 
des  arts  (1885),  la  Société  libre  des  beaux-arts  (1830), 
la  Société  de  Saint-Jean  (ou  de  l'art  chrétien,  1872),  re- 
connue d'utihté  pubUque  ;  la  Société  populaire  des  beaux- 
arts  (1894),  la  Société  des  amis  de  l'eau-forte  (1897), 
celle  des  artistes  lithographes  français  (1884),  l'Union 
centrale  des  arts  décoratifs  (1863),  reconnue  d'utilité 
publique;  la  Société  des  amis  du  Louvre  (1897),  celle  des 
iconophiles  (1895),  Les  sociétés  archéologiques,  qui  se  sont 
proposé  d'étudier  l'histoire  de  l'art  ou  d'assurer  la  conser- 
vation des  monuments,  ne  doivent  pas  être  oubliées  ici  : 


la  Société  de  l'histoire  de  l'art  français  (1872).  celle  des 
amis  des  monuments  ou  comité  des  monuments  français, 
fondée  en  1885  sous  le  nom  de  Société  des  amis  des  mo- 
numents parisiens.  Six  autres  du  même  genre  ont  un 
caractère  exclusivement  parisien  et  même  n'ont  trait  eha- 
cune  qu'à  une  région  de  Paris  :  le  Yieux-Montmartre 
(1886),  la  Société  d'Auteuil  et  de  Passy  (1892),  la  Mon- 
tagne Sainte-Geneviève  (1895),  Le  Faubourg  Saint-Antoine 
(1899)  et  celles  des  YF  (1897)  et  YIll^  arrondissements 
(1899).  On  remarquera  que  presque  toutes  ces  sociétés  sont 
très  récentes  et  datent  de  la  troisième  RépubUque. 

L'administration  municipale  s'est,  de  son  côté,  occupée  des 
questions  artistiques  avec  solhcitude.  Un  service  spécial 
des  beaux-arts  fonctionne  à  l'Hôtel  de  Yille  sous  la  direc- 
tion d'un  chef  qui  porte  le  titre  d'inspecteur  des  beaux- 
arts  de  la  ville  de  Paris.  La  ville  a  depuis  1816  à  son 
budget  un  crédit  pour  commandes  de  travaux  de  peinture, 
sculpture  et  gravure  et  pour  acquisitions  d'œuvres  d'art  ; 
elle  dépense  actuellement  pour  cet  objet  plus  de  200.000  fr. 
par  an.  La  commission  administrative  des  beaux-arts,  créée 
en  1881,  est  appelée  à  donner  son  avis  sur  les  commandes 
de  travaux  d'art,  à  proposer  au  choix  de  Fadministration 
les  artistes  auxquels  il  conviendrait  de  les  confier,  à  en  sur- 
veiller l'exécution  et  à  procéder  à  la  réception  définitive  des 
travaux.  Vue  commission  dite  de  décoration  de  FHôtel  de 
Yille  se  transforme  enjury  des  concours  pour  cette  décoration 
par  l'adjonction  d'un  certain  noml^re  de  membres  pris  parmi 
les  artistes  et  un  comité  techniijue,  institué  en  1896,  exa- 
mine, sous  le  rapport  artistique,  les  questions  de  travaux 
publics  à  exécuter  dans  Paris.  Vwe  commission  aussi  est 
préposée  à  la  surveiUance  des  musées  municipaux.  Déjà,  en 
1875,  l'administration  municipale  avait  entrepris  l'inven- 
taire des  (euvres  d'art  de  la  ville  et  du  département,  qui  a 
été  terminé  en  1889.  En  1897,  une  grande  commission  a 
été  instituée  sous  le  nom  de  Commission  du  vieux  Paris 
et  chargée  de  rechercher  les  vestiges  du  vieux  Paris,  de 
constater  leur  état  actuel,  de  veiller,  dans  la  mesure  du 
possible,  à  leur  conservation,  de  suivre  au  jour  le  jour  les 
fouilles  et  les  transformations  et  d'en  conserver  des  preuves 
authentiques  ;  elle  est  composée  à  la  fois  de  conseillers, 
d'administrateurs  et  d'érudits  et  publie  les  procès-verbaux 
de  ses  séances. 

Au  point  de  vue  musical,  le  rôle  de  Paris  n'est  pas 
moindre.  On  sait  que  les  grands  concerts  qu'il  possède  ne 
sont  pas  assimilables  aux  entreprises  théâtrales  et  que  le 
but  qu'on  s'y  propose  est,  avant  tout,  artistique  ;  ce  sont 
d'ailleurs  des  sociétés  d'amateurs  qui  les  administrent.  Les 
plus  anciens  et  les  plus  fameux  sont  les  concerts  de  la 
Société  du  Conservatoire  de  musique,  qui  ont  lieu  au  Con- 
servatoire ;  à  côté  d'eux  ont  brillamment  réussi  les  concerts 
de  F  Association  artistique,  dits  aussi  concerts  Colonne,  au 
théâtre  du  Châtelet  et  au  Nouveau-Théâtre,  et  ceux  de  la 
Société  des  nouveaux  concerts  ou  concerts  Lamoureux,  au 
cirque  des  Cliamps-Elysées  (Y.  Concert,  t.  XÏI,  p.  297).  Les 
concerts  de  FOpéra  n'ont  duré  que  de  1896  à  1898.  Les  con- 
certs d'Harcourt,les  quatrièmes  de  Paris,  n'ont  pas  heu  tous 
les  ans.  Comme  sociétés  musicales,  il  convient  d'indiquer  à 
celte  place  la  Société  des  chanteurs  de  Saint-Gervais,  vouée 
à  l'exécution  de  l'ancienne  musique  et  la  Société  des  grandes 
auditions.  En  1875,  Fadministration  municipale  a  institué 
un  prix  de  10.000  fr.  à  décerner  chaque  année  à  la  meilleure 
symphonie  avec  soli  et  chœurs,  les  œuvres  composées  pour 
le  théâtre  et  celles  qui  présentent  un  caractère  rehgieux 
étant  exclues  du  concours  ;  la  partition  récompensée  est 
ensuite  exécutée  aux  frais  et  par  les  soins  de  la  ville. 

XIV.  Spectacles  et  divertissements.  —  Le  plus 
ancien  heu  de  spectacle  (Y.  aux  différents  noms  des  théâtres) 
qu'on  ait  à  mentionner  dans  l'histoire  de  Paris  est  l'am- 
phithéâtre de  la  rue  Monge  (Y.  plus  haut),  qui  existait 
encore  au  temps  du  roi  Chilpéric  l®''  ;  c'était  peut-être  un 
théâtre  en  même  temps  qu'un  cirque.  On  donnait  en  tout 
cas  des  représentations  théâtrales  à  Paris  lorsque  l'em- 
pereur Juhen  y  habitait.  H  faut  descendre  jusqu'au  xv®  siècle 


1087 


PARIS 


pour  constater  l'existence  à  Paris  d'un  théâtre  permanent , 
celui  des  Confrères  de  la  Passion  qui  jouèrent  successive- 
ment à  l'hôpital  de  h  Trinité  (1402-1539),  à  l'hôtel  de 
Flandre  (1539-43)  et  à  Fhôtel  de  Bourgogne  (1543-48). 
Des  représentations  étaient  données  aussi  par  les  Clercs 
de  la  Basoche  et  les  Enfants-Sans-Souci,  puis  par  les 
foires  Saint-Germain,  Saint-Laurent  et  Sainte-Ovide.  On 
voit  successivement  apparaître  le  théâtre  des  Comédiens 
ordinaires  du  roi  à  l'hôtel  de  Bourgogne  (1588),  le  théâtre 
du  Marais  (1600),  l'IUustre-Théâtre  (1643),  la  Comédie- 
Italienne  (1653),  le  théâtre  du  Palais-Royal  (1660),  où 
s'installa  Molière,  TOpéra  (1671),  la  Comédie-Française 
(1681),  F  Opéra-Comique  (1752),  le  théâtre  de  Nicoletou 
des  grands  danseurs  du  roi  (1759),  puis  de  la  Gaîté, 
rAmbigu-Comique(1769),  les  Variétés-Amusantes  (1778), 
ensuite  théâtre  du  Palais-Royal,  l'Odéon  (1782),  les  Beaujo- 
lais (1783),  ensuite  théâtre  Montansier,  Palais-Royal, 
Variétés,  les  Délassements-Comiques  (1785),  le  théâtre 
de  Monsieur  ou  théâtre  Feydeau  (1789).  Plusieurs  théâtres 
furent  ouverts  pendant  la  Révolution,  le  théâtre  Molière 
(1791),  le  théâtre  Louvois  (1791),  celui  de  la  Cité  (1792), 
d'abord  appelé  Henri  IV  et  théâtre  du  Palais,  celui  du 
Vaudeville  (1792),  puis  le  théâtre  National  (1793).  Le 
décret  du  8  août  1807,  qui  réduisit  à  8  le  nombre  des 
théâtres.  Opéra,  Comédie-Française,  Opéra-Comique,  Odéon 
ou  théâtre  de  l'Impératrice,  Gaîté,  iVmbigu,  Variétés  et 
Vaudeville,  supprima  quinze  théâtres,  notamment  ceux  de 
la  Cité,  de  Molière,  du  Marais,  de  la  Porte-Saint-Martin, 
des  Jeunes-Elèves,  des  Jeunes-Artistes,  des  Jeunes-Comé- 
diens, des  Nouveaux-Troubadours,  de  la  Victoire,  de  la 
rue  Vieille-du-Temple.  Malgré  quelques  tentatives  de  ré- 
tabhssement,  Paris  perdit  définitivement,  en  1879,  son 
théâtre  Italien,  installé  alors  dans  la  salle  Ventadour.  Le 
Gymnase,  un  théâtre  des  Nouveautés  aujourd'hui  détruit, 
le  théâtre  de  la  Porte-Saint-Martin  et  le  premier  théâtre 
de  la  Renaissance  datent  de  la  Restauration  ;  les  Folies- 
Dranieatiques  et  le  théâtre  du  Palais-Royal  (en  tant  que 
théâtre  consacré  aux  vaudevilles),  de  1831.  Le  régime  de 
la  liberté  des  théâtres,  qui  remonte  à  1791  et  fut  supprimé 
en  1807,  n'a  été  rétabli  qu'en  1864.  Avec  les  quatre 
théâtres  subventionnés,  la  Gaîté,  l'Ambigu,  les  Variétés, 
le  Vaudeville,  le  Gymnase,  la  Porte-Saint-Martin,  lesFo- 
hes-Dramatiques  et  le  Palais-Royal,  les  théâtres  actuelle- 
ment existants  sont  les  suivants  :  les  Bouffes  (1857),  le 
théâtre  Déjazet  (1859),  le  Chàtelet  (1862),  les  Nations 
(1862),  le  théâtre  de  Cluny  (1864),  les  Nouveautés  (1878L 
1  Athénée-Comique  (1894),  ou  Comédie-Parisienne,  le 
théâtre  de  la  République,  ou  du  Château-d'Eau,  le  plus 
grand  de  Paris,  le  théâtre  Antoine,  précédemment  des 
Menus-Plaisirs,  le  théâtre  lyrique  de  la  Galerie-Vivienne, 
le  Nouveau-Théâtre,  les  RoulFes-du-Nord,  le  théâtre  Mon- 
cey,  puis  les  théâtres  de  l'ancienne  banlieue,  salles  des 
BatignoUes,  de  Montmartre,  de  Belleville,  des  GobeUns, 
de  Montparnasse,  de  Grenelle  et  des  Ternes.  Le  théâtre 
de  la  Gaîté  et  les  2  théâtres  de  la  place  du  Chàtelet, 
Chàtelet  et  Nations,  ou,  depuis  1899,  théâtre  Sarah- 
Bernhardt,  appartiennent  à  la  ville  de  Paris.  Parmi  tant 
d'entreprises  très  récentes  et  qui  tendent  à  renouveler 
l'art,  quelques-unes  ont  particuUèrement  réussi  :  le  théâtre 
Libre  (1887),  le  théâtre  d'Application  (ou  la  Bodinière, 
1887)  et  l'OEuvre  (1892).  Le  succès  du  cabaret  du  Chat- 
Noir  (1882-97)  a  fait  surgir,  principalement  à  Mont- 
martre, de  nombreux  cabarets  analogues,  se  quahfiant 
d'artistiques  et  dont  la  vie  n'est  jamais  qu'éphémère.  Le 
cabaret  Bruant  en  est  un  des  types.  Le  nouveau  théâtre 
des  Funambules  (1898)  est,  comme  l'ancien,  un  théâtre 
de  pantomimes. 

Une  salle  est  consacrée  à  des  séances  de  prestidigita- 
tion, de  magie  :  le  théâtre  Robert-Houdin.  Trois  ont  un 
genre  mixte,  à  la  fois  théâtres,  cirques,  cafés-concerts  : 
les  FoHes-Bergère,  l'Olympia  et  le  Casino  de  Paris.  Les 
cirques  que  Paris  possède  actuellement  sont  au  nombre 
de  4  (V.  CiRQCE,  t.  XI,  p.  458).  H  y  a  près  de  300  cafés- 


concerts  (V.  (afé-Concert,  t.  Vni,  p.  737)  et  beaucoup 
d'entre  eux  jouent  de  véritables  pièces.  Les  principaux  bals 
publics  (V.  Bal,  t.  V,  p.  44)  joignent  à  leur  programme 
une  partie  de  café-concert.  Un  spectacle  à  mentionner  à 
part  est  celui  qu'offre  le  musée  Grévin  (V.  Grévin,  t,  ilX, 
p.  399).  Malgré  tant  de  spectacles,  Paris  a  gardé  ses 
fêtes  foraines  tenues  successivement  trois  semaines  environ 
dans  chaque  arrondissement  ;  la  fête  de  la  barrière  du 
Trône,  ou  foire  au  pain  d'épices,  conserve  une  grande 
vogue,  de  même  qu'une  autre  foire  tenue  aux  portes  de 
Paris,  à  Neuilly. 

A  Paris,  c'est  au  ministère  des  beaux-arts  et  à  la  pré- 
fecture de  police  que  tout  individu  qui  veut  ouvrir  ou 
exploiter  un  théâtre  ou  établir  un  spectacle  doit  faire  sa 
déclaration,  et  c'est  le  ministre  des  beaux-arts  qui  autorise 
les  représentations  des  pièces  de  théâtre. 

Tous  les  théâtres  et  autres  spectacles  sont  ouverts 
chaque  soir,  excepté  l'Opéra  qui  ne  joue  que  trois  ou  quatre 
fois  par  semaine,  et  presque  tous  donnent  des  matinées 
pendant  la  plus  grande  partie  de  l'année,  le  dimanche  ;  le 
jeudi,  en  matinée,  des  représentations,  dites  classiques,  ont 
heu,  en  outre,  au  Théâtre-Français  et  à  l'Odéon;  elles  sont 
précédées  d'une  conférence  dans  ce  dernier  théâtre,  qui, 
donne  même,  le  samedi,  à  cinq  heures,  des  séances  de  lec- 
ture de  poésies,  exemple  que  le  théâtre  Sarah-Bernhardt 
a  suivi.  L'Opéra  et  le  Théâtre-Français  sont  les  seuls 
théâtres  qui  restent  ouverts  toute  l'année.  Dans  ceux  oii  la 
représentation  commence  par  un  lever  de  rideau,  il  est 
de  mode  de  ne  pas  jouer  la  pièce  principale  avant  neuf 
heures.  Le  total  de  la  recette  des  théâtres  de  Paris,  qui 
dépassait  à  peine  8  milhons  par  an  en  1850,  est  aujour- 
d'hui de  près  de  30  millions. 

Aux  spectacles  et  divertissements  on  peut  rattacher 
quelques  renseignements  sur  les  sports,  les  cercles  mon- 
dains, les  dîners.  Les  premières  courses  de  chevaux  régu- 
lièrement organisées  à  Paris  eurent  heu  au  Champ-de-Mars, 
à  partir  de  1833  (V.  Course,  t.  XIII,  p.  163).  C'est  dans  les 
champs  de  course,  situés  aux  portes  de  Paris,  que  sont 
courus  le  grand  prix  de  Paris  en  juin  et  le  prix  du  Con- 
seil municipal  à  l'automne.  Le  concours  hippique  de  Paris, 
qui  a  Heu  annuellement,  constitue  un  spectacle  mondain. 
Une  société  hippique,  ri]trier,  est  curieuse  parce  qu'elle 
est  ouverte  seulement  à  la  société  parisienne  élégante  et 
se  propose  d'entretenir  les  traditions  de  l'équitation  nationale . 
Tous  les  autres  sports  ont  aussi  leurs  sociétés,  qui  don- 
nent de  grandes  fêtes:  la  société  du  Polo,  la  société  des 
Guides  oli  des  Drags,  l'Union  des  sociétés  françaises  de 
sports  athlétiques,  dont  une  société,  l'Union  athlétique  du 
I^^'  arrondissement,  a  souterrain  de  courses  à  Paris  même: 
les  terrasses  de  TOrangerie  aux  Tuileries  ;  uneautre,  lasociété 
de  Longue  Paume  de  Paris,  a  son  terrain  de  jeu  au  Luxem- 
bourg ;  d'autres  encore  disposent  à  Paris  de  terrains  pour 
le  tennis  ou  le  croquet.  Parmi  les  sociétés  d'escrime,  celle 
d'Encouragement  à  l'escrime,  joue  un  rôle  analogue  à  celle 
de  l'Etrier  pour  l'art  hippique;  la  Société  des  maîtres 
d'armes  de  Paris  organise  des  assauts  payants.  Le  sport 
du  patinage  a  pris  un  développement  tout  récent  ;  les  éta- 
blissements du  Pôle-Nord  et  du  Palais  de  Glace  datent  de 
1892  et  1893.  Les  sociétés  nautiques  sont  particulière- 
ment nombreuses  et  surtout  les  sociétés  cyclistes  ;  il  y  a  à 
Paris  jusqu'à  63  sociétés  d'amateurs  pratiquant  exclusi- 
vement le  cyclisme  et  comptant  plus  de  8.000  membres. 
Un  particulier  avait  fondé,  il  y  a  quelques  années,  un 
cirque  mondain  où  ne  paraissaient  que  des  amateurs  et 
dont  la  réputation  fut  vite  établie  sous  le  nom  de  son  fon- 
dateur :  le  cirque  Moher. 

Les  cercles  proprement  dits,  c.-à-d.  les  établissements 
oîi  l'on  joue,  sont  au  nombre  de  15,  principalement  l'Union 
de  1828,  le  Jockey-Club  et  le  Cercle  agricole,  tous  deux 
de  1835,  le  cercle  de  la  rue  Royale  (1852),  le  cercle  des 
Chemins  de  fer  (1854)  et  le  cercle  de  l'Union  artistique, 
surnommé  d'abord  cercle  des  Mirlitons,  puis  l'Epatant 
(1860).  Parmi  les  réunions  qui  portent  le  titre  de  dîners, 


PARIS 


4088  — 


il  en  est  de  célèbres,  d'abord  le  piejiiier  eti  date  :  le  dîner 
du  Bout-du-Banc,  auquel  prirent  part,  chez  M^^""  Qninault 
du  Théâtre- Français,  Voltaire,  Marivaux,  François  Boucher  ; 
puis  le  dîner  de  la  Soupe  à  l'Oignon  sous  la  Restauration  ; 
le  dîner  Magnysous  le  second  Empire. 

XV.  Justice.  —  Sous  l'ancien  régime,  un  très  grand 
nombre  de  juridictions  siégeaient  à  Paris  :  les  différents 
conseils  royaux,  les  quatre  grandes  cours  souveraines  ou 
supérieures,  les  requêtes  de  V Hôtel,  \di  prévôté  de  l' Hôtel 
du  roi,  la  chambre  des  t)dliments,  les  tables  de  inarbre, 
puis,  au  point  de  vue  plus  spécialement  parisien,  le  Chd- 
telet,  juridiction  de  la  prévôté  des  marchands  et  la 
juridiction  consulaire  qui  avaient  assez  souvent  des 
conflits  d'attributions,  soit  entre  eux,  soit  avec  le  Parle- 
ment. On  a  vu  comme  les  attributions  de  la  prévôté 
des  marchands  étaient  à  la  fois  administratives  et  judi- 
ciaires. La  juridiction  consulaire  datait  de  1563;  elle  se 
composait  d'un  juge  et  de  quatre  consuls  élus  chaque  an- 
née par  les  corps  de  métiers,  mais  avec  nécessité  de  la 
sanction  royale  ;  elle  avait  pour  ressort  Paris  et  sa  ban- 
lieue. La  chambre  des  bâtiments  détenait  d'ailleurs  aussi 
une  partie  de  la  juridiction  commerciale.  A  la  Révolution, 
Paris  eut,  au-dessous  du  tribunal  de  cassation,  6  tribu- 
naux civils  d'arrondissement,  le  ressort  de  chacun 
d'eux  comprenant  une  partie  de  la  ville  et  du  départe- 
ment, 48  justices  de  paix  (i  par  section  ou  division 
d'arrondissement),  un  tribunal  de  police  correctionnelle 
composé  de  9  des  juges  de  paix  servant  par  tour,  un 
tribunal  criminel,  quelque  temps  remplacé  par  6  tribu- 
naux, pour  l'ensemble  du  département,  sans  parler  des 
tribunaux  criminels  extraordinaires  et,  de  plus,  un  tribunal 
de  police  municipale  (jusqu'en  l'an  II)  formé  de  9  officiers 
municipaux  et  un  tribunal  d'appel  de  6  juges,  enfui  un 
tribunal  de  commerce.  Le  tribunal  municipal  juxtaposé  en 
1789-91  au  tribunal  de  police  était  spécial  et  représen- 
tait l'ancienne  juridiction  de  la  prévôté  des  marchands. 
Paris  fut  ensuite  le  siège  également  du  tribunal  des  con- 
flits et  de  tribunaux  administratifs  (le  Conseil  d'Etat,  le 
Conseil  de  Préfecture  de  la  Seine  et  la  Cour  des  Comptes) , 
créés  sous  le  Consulat  et  l'Empire. 

Dans  l'organisation  établie  par  le  Consulat,  le  tribunal 
de  première  instance  de  la  Seine,  civil  et  correctionnel, 
se  composait  de  24  juges  et  le  tribunal  d'appel  de  33  ; 
Paris  n'eut  pas  de  tribunaux  d'arrondissement;  les  juges 
de  paix  furent  réduits  à  12  (1  par  arrondissement).  l]n 
1810,  le  nombre  des  juges  du  tribunal  de  première  ins- 
tance fut  porté  à  48,  celui  des  conseillers  de  la  cour 
d'appel  à  60  au  plus  et  40  au  moins.  Le  tribunal  de  1^'^  ins- 
tance comprend  aujourd'hui  i  président,  12  vice-prési- 
dents, 71  juges,  dont  7  présidents  de  section  et  25  juges 
suppléants;  21  des  juges  et  5  des  suppléants  sont  spé- 
cialement chargés  de  l'instruction  ;  le  parquet  comprend 
4  procureur  de  la  République,  30  substituts  et  1  des 
juges-suppléants  ;  le  greffe,  1  greffier  en  chef  et  45  com- 
mis-greffiers. Il  y  a  11  chambres  dont  7  civiles,  subdi- 
visées en  15  sections,  et  4  correctionnelles.  Le  bureau 
d'assistance  judiciaire  placé  auprès  de  ce  tribunal  est  divisé 
en  6  sections  de  5  membres.  2.000  avocats  environ  sont 
inscrits  au  tableau  de  l'ordre  des  avocats  du  barreau  de 
Paris.  Leur  bibliothèque,  fondée  en  1708,  est  particuliè- 
rement riche.  La  cour  d'appel  de  Paris  a  7  départements 
dans  son  ressort  :  Aube,  Eure-et-Loir,  Marne,  Seine, 
Seine-et-Marne,  Seine-et-Oise  et  Yonne  (Y.  Cour  d'ap- 
pel, t.  XIII,  p.  75).  Chaque  arrondissement  de  Paris  a  un 
juge  de  paix  et  2  suppléants  qui  siègent  à  la  mairie  ;  les 
affaires  de  simple  police  sont  jugées  par  chacun  d'eux  à 
tour  de  rôle  au  Palais  de  Justice  (Y.  ce  mot),  1  commis- 
saire de  police  et  2  suppléants  faisant  fonction  de  minis- 
tère public.  Le  tribunal  de  commerce  delà  Seine  comprend, 
depuis  1889, 1  président,  21  juges  titulaires  et  21  sup- 
pléants, jugeant  annuellement  plus  de  50.000  affaires.  Au- 
dessous  du  tribunal  de  commerce  se  trouvent  placés  des 
conseils  de  prud'hommes  ;  il  y  en  a  4  actuellement,  pour 


^  les  métaux  et  industries  diverses,  le  bâtiment,  les  tissus, 
les  produits  chimiques  ;  le  plus  ancien  date  de  1844.  Paris 
a  enfin  123  notaires,  150  avoués,  150  huissiers,  82  com- 
missaires-priseurs  (Y.  ces  mots).  Avec  le  dépôt  de  la 
Préfecture  de  police,  les  prisons  parisiennes  sont  encore 
au  nombre  de  6,  celle  de  Mazas  venant  d'être  démolie;  la 
Conciergerie,  Sainte- Pélagie  (1665),  Saint-Lazare 
(1681),  hxqrandeai  la  petite  Hoquette  (1831-36)  et  la 
Santé  (1868)  ;  mais  les  prisons  autres  cpe  la  Santé  près 
de  laquelle  doivent  avoir  lieu  les  exécutions  capitales,  la 
Conciergerie  et  le  Dépôt,  vont  disparaître  (1899).  Ce  ser- 
vice dépend  depuis  1891  de  la  direction  générale  des 
services  pénitentiaires. 

XVI.  Cultes.  —  L'histoire  de  Paris,  au  point  de  vue 
ecclésieistique,  commence  avec  l'apostolat  de  saint  Denis, 
dont  le  martyre  passe  pour  avoir  eu  lieu  à  Montmartre,  sans 
doute  au  milieu  du  iii^  siècle.  La  première  cathédrale  fut,  jus- 
qu'au milieu  du  v®  siècle,  située  dans  le  bourg  ([ui  prit  le  nom 
de  l'évèque  saint  Marcel.  Paris  n'eut  qu'un  évèché  dépendant 
de  l'archevêché  de  Sens  jusqu'en  1622,  année  ou  fut  for- 
mée une  province  ecclésiastique  comprenant  les  diocèses 
de  Paris,  Chartres,  Orléans,  Meaux  auxquels  fut  ajouté 
celui  de  Blois,  créé  en  1697.  Avant  1802,  les  limites  du 
diocèse  de  Paris  correspondaient  à  celles  du  territoire  des 
Parisii  et  comprenaient  le  Parisis  et  une  partie  de  la  Brie 
française  et  du  Hurepoix,  ces  trois  régions  formant  trois  ar- 
chidiaconés,  la  troisième  sous  le  nom  d'archidiaconé  de 
Josas.  Paris  et  sa  banlieue  constituaient  deux  archiprêtrés: 
la  Madeleine  et  Saint-Séverin.  48  conciles  ont  été  tenus 
à  Paris,  le  premier  au  u^  siècle,  le  dernier  en  1811.  En 
1802,  par  le  Concordat,  les  limites  du  diocèse  ont  été  ra- 
menées à  celles  du  département  ;  celles  de  la  province 
ecclésiastique  ont  été  changées  plusieurs  fois.  Aujourd'hui 
l'archevêque  de  Paris  a  pour  suffragants  les  évoques  de 
Blois,  de  Chartres,  de  Meaux,  d'Orléans  et  de  Yersailles. 
Les  paroisses  de  Paris  sont  au  nombre  de  70,  réparties  entre 
deux  archidiaconés,  ceux  de  Notre-Dame  et  de  Sainte- 
Geneviève,  les  paroisses  de  la  banlieue  formant  un  troisième 
archidiaconé,  celui  de  Saint-Denis.  Il  y  a  une  cure  de 
première  classe  par  arrondissement  municipal.  Les  princi- 
pales églises  de  Paris  sont  ou  ont  été  les  suivantes  : 

Notre-Dame  (Y.  fig.  aux  art.  Jugement,  t.  XXÏ, 
p.  254  ;  France,  t.  XYII,  p.  1101  et  Architectlue,  fig.  3, 
t.  III,  p.  728),  la  cathédrale  et  l'une  des  plus  célèbre:; 
églises,  occupe  à  ce  qu'on  croit  l'emplacement  du  temple 
pri]icipal  de  Lutèce,  puis  de  deux  églises,  qui  furent  suc- 
cessivement cathédrales  du  v^  au  xii''  siècle,  Saint-Etienne 
et  Sainte-Marie  ou  Notre-Dame.  L'église  actuelle  fut  com- 
mencée en  1163  pour  remplacer  celle  qui  avait  été  cons- 
truite de  1115  à  1130  environ,  et  elle  ne  fut  terminée  qu'au 
xiv^  siècle.  La  nef  a  sans  doute  été  achevée  vers  1200  et 
la  façade  vers  1240.  Le  nom  du  seul  architecte  connu  de 
Notre-Dame  est  Jean  de  Chelles.  Après  avoir  subi  pendant 
le  xviii^  siècle  des  modifications,  des  réparations,  puis  des 
destructions,  ce  monument  fut  enfin  restauré  au  xix^  siècle 
sous  la  direction  de  Lassus  et  de  Yiollet-le-Duc  ;  cette  re- 
marquable restauration,  entreprise  en  1845,  n'est  pas  en- 
core complètement  achevée.  La  longueur  de  l'église  est  de 
130  m.,  la  largeur  de  50,  la  hauteur  des  tours  de  68. 
Dans  ce  magnifique  monument,  les  trois  façades,  surtout 
la  façade  occidentale ,  et  la  partie  sculpturale  sont  particu- 
lièrement dignes  d'admiration.  —  Saint-Germain  des  Prés, 
reste  du  monastère  de  ce  nom,  est  la  plus  ancienne  des 
églises  de  Paris  et  la  seule  romane;  elle  date  des  xi^  et 
xii^  siècles  et  a  été  remaniée  au  xvii^  siècle  ;  au  xix®  siècle, 
elle  a  reçu  les  belles  décorations  picturales  d'Hippolyte 
Flandrin.  —  Saint-Pierre  de  Montmartre,  qui  va  être 
restauré  (1899),  remonte  à  1137.  —  Pour  Saint-Martin 
des  Champs,  V.  Conservatoire  nâtiOxNAl  des  arts  et 
MÉTIERS,  t.  XII,  p.  540,  fig.  à  l'art.  Chaire,  t.  X, 
p.  215;  Architecture,  fig.  1,  t.  III,  p.  727.  — 
Les  églises  du  xiii®  siècle  sont  :  la  Sainte-Chapelle 
(Y.  Chapelle,  t.  X,  p.  558);  Saint- Julien  le  Pauvre,  qui. 


—  1089 


PARIS 


peut-être  un  peu  antérieur  à  Notre-Dame,  poss''de  de  très 
beaux  chapiteaux,  a  été  fort  remanié,  et  sert  d'église  du 
rite  grec,  puis  deux  églises  disparues  ;  Saint-Jacques  la 
Boucherie,  dont  il  ne  subsiste  que  la  tour  terminée  en  1508, 
et  Saint-Paul,  et,  d'autre  part,  Saint-Germain  de  Cha- 
ronne,  des  xiii^^  et  xv^  siècles.  —  Une  église  est,  pour  la 
plus  grande  partie,  du  xiv®  siècle  :  Saint-Leu  (tableaux  de 
Ph.  de  Champagne  et  de  Le  Brun).  —  Il  n'y  a  pas  moins 
de  7  églises  qui  datent  du  xv^  siècle  :  Saint-Nicolas  des 
Champs  ;  Saint-Séverin  (avec  des  parties  des  xiii®  et 
xiv^  siècles)  ou  l'on  remarque  un  trilbrium  ogival  et  près 
de  laquelle  sont  les  restes  d'un  charmer;  Saint-Germain- 
FAuxerrois,  plusieurs  fois  reconstruit  et  ([ui  renferme  des 
parties  de  diverses  époques  ;  Saint-Laurent,  qui  appartient 
aussi  aux  xvi^,  xvii^  et  xix*^  siècles  ;  Saint-Gervais  (\. 
fig.  à  l'art.  Franck,  t.  XVII,  p.  ii'J4,  et  ARCHrrECTUiu:, 
tig.  2,  t.  m,  p.  734),  sans  doute  de  la  fin  du  xv^  siècle, 
église  tr?s  riche,  qui  possède  notamment  de  splendides 


Eglise  Saint-Paul-Saint-Louis. 

vitraux,  dont  un  certain  nombre  sont  attribués  à  Jean 
Cousin,  et  beaucoup  de  tableaux  ;  Saint-Jean  en  Grève 
dont  l'Hntel  de  Ville  recouvre  en  partie  l'emplacement  ; 
l'église  des  Billettes,  oti  subsiste  un  cloître  du  xv^'  siècle. 
—  4  églises  seulement  représentent  le  siècle  suivant  : 
Saint-Merri  (V.  Bénitier,  tig.  i,  t.  XI,  p.  187),  remanié 
au  xviii^  siècle,  où  se  trouvent  de  précieux  vitraux;  Saint- 
Médard,  Saint-Etienne  du  Mont,  au  sommet  de  la  montagne 
Sainte-Geneviève,  une  des  églises  les  plus  curieuses,  élevée 
de  J  517  à  16^4,  et  qui  possède  seule  encore  un  jubé,  extrê- 
mement remarquable;  les  reli(]ues  de  sainte  Geneviève  y 
sont  maintenant  déposées  ;  on  y  voit  aussi  de  nombreux 
tableaux  de  maîtres  ;  puis  Saint-Eustache,  église  très  origi- 
nale, presque  aussi  grande  que  iXotre-Dame  et  construite  sur 
les  plans  de  Pierre  Lemercier  à  partir  de  1532  ;  le 
portail  et  la  tour  unique  sont  du  xviii®  siècle;  là 
aussi  se  trouvent  plusieurs  fresques  ou  tableaux  de 
grands  peintres.  —  Les  églises  du  xvii^  siècle  sont  au 
nombre  de  19  :  Saint-Joseph  des  Carmes  (1613),  qui  fait 
partie  des  bâtiments  de  l'Institut  catholique  ;  l'église  de  l'Oi  a- 
toire  (16"21-30),  construite  sur  les  plans  de  Jacques  Lemer- 
cier ;  Saint- Jean-Saint- François  (1623)  ;  l'église  Sanit- 
Paul-Saint-Louis,  bâtie  pour  les  jésuites  de  1627  à  1641 
(tableaux  de  Philippe  de  Champagne  et  autres  maîtres)  ; 

GRANDE    ENCVCLOPÉDU-..   —    XXV. 


Sainte-Elisabeth  (1628-46);  Notre-Dame  des  Victoires 
(1629-1740),  lieu  de  pèlerinage;  Saint-Jacques  du  Haut- 
Pas  (1630-85);  les  églises  de  h  Sorbonne  et  du  Val-de- 
Grâce  (V.  ces  mots)  ;  Sainte -Marie  ou  de  la  Visitation,  due  à 
Fr.  Mansart  (1632-34);  Saint-Roch,  commencé  en  1653 
sur  les  dessins  de  Jacques  Lemercier,  et  où  sont  conser- 
vées de  nombreuses  peintures  et  œuvres  d'art  ;  Saint-Sulpice, 
autre  église  peu  inférieure  par  ses  dimensions  à  Notre- 
Dame,  la  plus  importante  de  cette  époque,  commencée  en 
1655  et  dont  la  façade  du  xvui^  siècle  est  l'œuvre  de  Servan- 
doni  (elle  renferme  des  fresques  de  Delacroix  et  des  orgues 
célèbres)  ;  Saint-Nicolas  du  Chardonnet,  construit  de  1656 
à  1690  sur  les  dessins  de  Le  Brun  et  resté  sans  façade, 
renfermant  notamment  un  tableau  de  Corot  ;  Saint-Louis- 
en-l'Ile  (i  664-1726).  avec  son  curieux  clocher  ;  l'église  des 
Invalides  (V.  ce  mol,  t.  XX,  p.  918)  ;  l'Assomption 
(1670-76);  Saint-Thomas-d'Aquin,  bâti  en  1683,  excepté 
la  façade  qui  date  de  1770,  et  possédant  des  peintures 
intéressantes  ;  Notre-Dame  des  Blancs-xManteaux,  recons- 
truite à  partir  de  1687  ;  Sainte-Marguerite,  rebâtie  presque 
entièrement  après  1712.  —  Il  n'y  a  que  4  églises  princi- 
pales du  xvm^  siècle  :  Sainte-(ienevièA'e  (V.  Eglise,  fig.  9. 
t.  XV.  p.  613  et  Panthéon);  la  Madeleine,  commencée 
en  1764'  et  construite  sur  les  plans  définitifs  de  Vignon, 
en  forme  de  temple  romain,  pour  être,  comme  le  voulait 
Napoléon,  le  temple  de  la  Gloire  ;  Saint-Philippe  du 
Roule,  bâti  de  1769  à  1784,  puis  agrandi  au  miheu  du 
xix^'  siècle;  Notre-Dame  de  l'Abbaye-aux-Bois  (1718), 
qui  fait  partie  d'un  couvent  de  chanoinesses  ;  l'église  de 
Pentemont,  Saint-Pierre  de  Chaillot  et  Saint-Louis  d'An- 
tin  sont  secondaires.  —  Un  assez  grand  nombre  d'égUses 
datent  du  xix^  siècle  :  la  Chapelle  expiatoire  (V.  Cha- 
pelle, t.  X,  p.  558),  Notre-Dame  de  Loi*ette  (1823-36), 
Saint-Vincent  de  Paul  (1824-44)  où  l'on  admire  les  pein- 
tures d'Hippolyte  Flandrin,  et  Sainte-Clotilde  (1846-56), 
édifiée  dans  le  genre  gothique  allemand  du  xiv^  siècle  ; 
puis ,  de  la  période  du  second  Empire  :  Saint-Eugène 
(1854-55)  ;  Saint-Jean-Baptiste  de  Belleville  (1854-59), 
imitation  du  xui*^  siècle;  Saint-Bernard  de  la  Chapelle 
(1858-61),  imitation  du  xv^  siècle;  Saint- Augustin  (1860- 
71),  œuvre  de  Baltard,  d'un  style  byzantin;  Saint-François- 
Xavier  (1861-75),  construit  dans  le  style  de  la  Renaissance  ; 
la  Trinité  (1 863-67),  imitation  aussi  de  la  Renaissance,  (cu- 
vre  élégante  et  d'une  grande  richesse  de  décoration  due  à 
Ballu,  et  Saint-Ambroise  (1865-69),  vaste  église  romane, 
œuvre  de  BaUu  également.  Comme  édifices  secondaires  du 
même  siècle,  peuvent  être  indiqués  :  Notre-Dame  de  Bonne- 
Nouvelle  et  Notre-Dame  des  Carmélites,  églises  du 
xvii^  siècle,  refaites  au  xix^',  Saint-Pierre  du  Gros-Caillou 
(1823),  Saint  Denis  du  Saint-Sacrement (1823-35),  Saint- 
Jacques-Saint  -  Christophe  (1 841  -44) ,  Saint  -  Ferdinand 
des  Ternes  (1844-47),  Notre-Dame  de  Passy  (1848), 
Saint-Lambert  (1848-56),  Saint-Honoré  d'Evîau  (1852- 
82),  Notre-Dame  de  la  Gare  (1855-65),  Notre-Dame  de 
Clignancourt  (1859-63),  Notre-Dame  de  la  Croix  (1863- 
74),  Saint-Pierre  de  Montrouge  (1864-72),  Notre-Dame 
des  Champs  (1865-70),  Saint-Joseph  (1867-75),  Notre- 
Dame  d'Auteuil  (1877-80),  Saint-Anne  de  la  Maison- 
Blanche  (1 894) .  Il  faut  rappeler  enfin  la  basiHque  du  Sacré- 
Cœur  ou  du  Vœu-National  qui  domine  Paris  du  haut  de  la 
coUine  de  Montmartre  ;  commencée  en  1876,  elle  a  déjà  coûté 
plus  de  24  milHons  et  n'est  pas  encore  terminée  (V.  Aradie, 
t.  I,  p.  13).  En  plus  de  ses  paroisses,  Paris  possède  une 
vingtaine  de  chapelles,  dites  de  secours,  qui  sont  affectées 
le  plus  souvent  à  des  œuvres  de  patronage  ou  à  des  colo- 
nies d'étrangers.  On  y  trouve  aussi  32  congrégations  et 
91  maisons  religieuses  d'hommes,  surtout  les  frères  des 
écoles  chrétiennes  (55  maisons),  98  congrégations  et  215 
maisons  religieuses  de  femmes,  surtout  les  sœurs  de  Saint- 
Vincent  de  Paul  (60  maisons),  un  Institut  catholique, 
le  grand  séminaire  de  Saint-Sulpice  et  5  autres  séminaires, 
et  environ  20  établissements  ecclésiastiques  d'enseigne- 
ment secondaire. 

69 


PARIS 


1090 


Les  protestants,  les  Israélites,  les  orthodoxes  sont  re- 
lativement nombreux  ù  Paris.  Si  le  faubourg  Saint-Ger- 
main mérita  dès  le  xvi^  siècle  le  nom  de  petite  Genève, 
les  calvinistes  ne  possédèrent  cependant  pas  de  temple  dans 
Paris  avant  4790.  L'Eglise  calviniste  de  Paris,  qui  fait 
partie  de  la  troisième  circonscription  synodale,  forme  un 
consistoire  siégeant  au  temple  de  FOratoire  et  composé 
de  8  paroisses  :  Oratoire,  Saint-Esprit,  Sainte-Marie,  Pen- 
temont,  BatignoUes,  Plaisance,  Passy,  Belleville;  elle  a 
10  temples  et  plusieurs  cliapelles.  L'Eglise  hitliéi'ienne 
forme  un  consistoire,  siégeant  au  temple  de  la  Rédemp- 
tio]i  ou  se  réunit  le  synode  particulier  de  Paris  ;  elle  a 
6  temples  et  plusieurs  chapelles.  Les  temples  de  l'Oratoire, 
de  Sainte-Marie,  de  Pentemont  et  des  Rillettes  sont  d'an- 
ciennes» églises  catholiques  ;  celui  de  la  Kédemplio]i  date  de 
-1 843. 11  y  a  à  Paris  environ  50.000  calvinistes  et  40.000  lu- 
thériens. La  faculté  de  théologie  protestante  et  beaucoup  de 
sociétés,  de  publications,  sont  communes  aux  deux  Eglises. 

Le  culte  anglican  est  célébré  dans  4  églises  dont  la 
principale  est  celle  de  la  rue  d'Aguesseau.  Les  chapelles 
et  lieux  de  réunion  des  autres  cultes  protestants,  métho- 
diste, baptiste,  etc.,  sont  nombreux.  Les  4  lieux  du 
culte  grec  ou  orthodoxe  sont  :  l'église  russe  de  la  rue  Daru 
(i 859-61)  et  la  chapelle  de  Fambassade  de  Piussie,  l'église 
hellène,  construction  très  riche  (1890-95),  et  la  chapelle 
roumaine  qui  est  l'ancienne  chapelle  du  collège  de  Beau- 
vais  (1370).  Les  Israélites  avaient  à  Paris,  depuis  long- 
temps déjà,  au  moins  1  synagogue,  avant  les  mesures 
prises  contre  Lnix  par  Louis  iX  et  Philippe  le  Bel.  Le 
consistoire  de  Paris  a  été  créé  en  1809.  La  population 
Israélite  à  Paris  est  mahitenant  de  50.000  hal).  Il  y  a 
3  synagogues  du  rite  allemand,  principalement  celle  th^ 
la  rue  de  la  Victoire  (1865-74),  ctl  du  rite  portugais. 

EvÊQUEs,  puis  AncdEVÈQUES.  —  EvÈQUES  :  S.  Bionysius 
(vers  250?),  Mallo?  Massus?  Marcus?  et  Adventus?  Vic- 
torinus   (344-346),  Paulus   (360  av.  oct.),   Prudentius 
(env.  376-env.  400),  s.  Marcellus  (fl^^  nov.436),  Vivia- 
ims,  Félix ,  Eiavianus,  Ursici(a)nus ,  Apedemius ,  Hérachus 
(10  juil.  511-env.  525?),  Probatus,  Amelius  (23  juin 
533-541),  Saffaracus  (oct.  549-env,  552),  Eusebius  (552- 
env.   555),  s.  Germanus  (555-28  mai  576),  Ragnemo- 
dus    (577-591),  Eusebius  II  (env.   592),    Faramundus. 
Simplicius  (601),  s.   Ceraunius   (oct.  614),    Leudeber- 
tus  (625-626),   Audobertus   (644-650),  j.    Landericns 
(653-10  juin  env.  656),  Chrodobertus  (656-663),  Sigo- 
baudus  ou  Sigebrandus  (f  664),  Importunus  (26  juin  606), 
s.  Agilbertus  {666-ii  oct.  680),  Sigefredus  (690-1^^' nov. 
692),  Turnoîildus  (28  févr.  693-env.  698),  Adolphus,  Rer- 
necharius  (f  env.  722),  s.  Hugo  (726  [?J  9  avr.  730  [?J), 
Merseidus,  Fedolus,  Ragnecaptus,  Madalbertus,  Deodefre- 
dus  (757-env.  775),  Erchenradus  (28  juil.  775-7  mars 
env.  795),  Ermenfredus  (809  ?),  Inchacîus  (811-10  mars 
83J),  Erchenradus  II  (avr.  831-9  mai  env.  857),  /Eneas 
(nov.  858-27  déc.  870),  Engehvinus  (août  871 -fin  883), 
Gauzlenus  (884-env.  mai  ou  18  avr.  886),  Anschericus 
(886-env.  juin  911).  Theodulfus  (17  mai  911-24  avr. 
922),  Fulradus(922-env.926),  Adelelmus(927-env.  935), 
Gualtherius   (937-5   juin  941),  Albericus,   Constantius 
(8  juin  env.  954),Garinus  (f  13  mars),  Raynaldus(979- 
980),  Elisiardus  ou  Lisiernus  (987-19  avr.  989),  Gisle- 
bertus  ou  Engelbertus  (f  4  févr.  992),   s.  Raynaldus 
de  Vendôme  (31  mars  992-12  sept,  ou  6  janv.  ?  1016), 
Ascelinus  de  Fruninis,  Franco  (1020-25  juil.  env.  1030), 
Imbertus  ou  Hezehnus  de  Vergy  (1030-22  nov.  1060), 
Gaufridus  de  Boulogne  (1061-l^i'  mai  1095),  Guilielmus 
de  Montfort-FAmaurv  (28  sept.   1096-27  août  1102), 
Fulco  (t  8  avr.  llOi),  Galo  (juil.  1104-23  févr.  1116), 
Gilbertus  (1117-29  janv.    1124),  Stephanus  de  Senlis 
(1121-6  iuin  1142),  ïheobaldus  (1144-8  janv.  115B), 
Pierre  Lombard  (1158-59-22  juil.  1160),   Maurice  de 
Sully  (12oct.  1160-11  sept.  1196), EudesdeSullv  (1196- 
13  juil.  1208),  Pierre  de  Nemours  (1^08  19),  Guillaume 
deSeignelay  (27  avr.  1220-23  nov.  1223),  Barthélémy 


(1224-19  oct.  1227),  Guillaume  d'Auvergne  ;(10javr. 
1228-30  mars  1249),  GautieJ'  de  Ehâteau-ThieiTy  (juin 
1249-23  sept.  1249,  Renaud  Miguou  de  Corboil  (iOjuil. 
1250-6  juin  1268),  Etienne  Tempier  (7  oct.  1208- 
3  sept.  Î279),  Jean  de  Allodio  (23  mars  1280),  Ke- 
noldus  ou  Ranulfus  de  llombioneria  (17  juin  1280- 
12  nov.  1288),  Adenulfus  de  Anai^nia  (env.  1289),  Simon 
Matifas  de  Bucv  (févr.  1290-22  juin  1304),  Guillaume 
de  Baufet  (d'Aurillac)  (17  janv.  1305-30  déc.  1319), 
Etiemie  deBourret(Borest)(20  août  1320-2 4 nov.  1325), 
Hugues  Micliel  de  Besançon  (14  janv.  1326-29  juil.  1332), 
Guillaume  de  Chauac(13août  1332-nov.  1342),  Foulque 
de  Chanac  (28  nov.  1342-25  iuil.  1349),  Andouin  Aubert 
(11  sept.  1349-déc.  1350),  Pierre  de  La  Foret  (20  déc. 
1350~févr.  1352),  Jean  de  Meulan  (8  févr.  1352-22  nov. 
1363),  Etiemie  do  Paris  (11  déc.  1363-sept.  4368),  Ai- 
meri  de  Maignac  (25  sept.  1368-janv.  '138i),  Pierre 
d'Orgemont(19janv.  1384-46juil.  1409),  Gérard  de  Mon- 
taigii  (24  juil.  1409-25  sept.  1420),  Jean  Courtecuisse 
(IOjuil.  1421 -juin  1422),  Jean  de  La  Rochetaillée  (12  juin 
1422-juin  1423),  Jean  de  Nanton  (26  juin  1423-7  or  t. 
1426),  Jacques  du  Cliâtelier  (17  fév.  1 127-2  nov.  1138), 
Denis  du  Moulin  (i  l  févr.  1439-15  ou  25  sept.  1447).  GuiF 
laume  Chartier  (4 déc.  1447-1®^^ mai  1472),  Louis  de  Beau- 
mont  de  La  Foret  (7  févr.  1473-5  juil. 'i  492).  Jean  Simon 
de  Champigny  (20  déc.  1492-23  déc.  1502),  Etiemie  de 
Pencher  (3  févr.  1503-mars  4519),  François  de  Poncher 
(14  mars  1519-l^•^sept.  1532),  Jean  du  Bellay  (25  nov. 
1532-15  mars  1551),  Eustachedu  Bellay  (18  mars  1551- 
63),  Guillaume  Viole  (20  oct.  1564-4  mai  1568),  Pierre 
de  Gondi  (8  mai  1568-98),  Henri  deGondi  (1^''  avr.  1598- 
22  août  1622).  —  Archevêques  :  Jean-François  de  Gondi. 
(14  nov.  1622-21  mars  1654),  Jean-François  JPaul  de  Gondi, 
cardinal  de  Retz  (21  mars  1654-15  févr.  1662),  Pierre 
de  Marca  (26  févr.  1662-29  juin  1662),  Hardoin  dePé-- 
rétixede  Beaumont  (30  juil.  16()2-l^''janv.  d 671).  Fran- 
çois de  Harlay  de  Champvallon  (2  janv.  1671-6  août 
1695),  Louis- Antoine  de  Noailles  (19  août  1695-4  mai 
J729),  Charles-Gaspard-Guillaume  de  Vintimille  du  Lac 
(12  mai  1729-13  mars  1746),  Jacijues  Bonne  Gigault  de 
Bellefonds  (2  juin  1746-20  juil.  1716),  Christophe  de 
Beaumont  du  Repaire  (49  sept.  174(M2  déc.  1781),  An- 
toine-Eléonore-Lcon  Le  Clerc  deJuigné  (23déc.  1781-90), 
Jeaii-Baptiste-JosephGobel  (27  mars  ^91-7  nov,  1793), 
Jean-Baptiste  Rover  (15  août  1798 -sept.  1801).  Jean- 
Baptiste  de  Belloy  (9  avr.  1802-10  juin  4808),  Jean-Siffrein 
Maury  (14  oct.  1810-13  mai  1814),  ;4exaiidre-Angélique 
de  Talleyrand-Périgord  (l^^oct.  ^1817-20oct.  1821),  Hva- 
cinthe-Louis  de  Ouélen  (28  oct.  i8i\~?y\  déc.  1839),  i)e- 
nis-Auguste  A  lire  (26  mai  1840-27  juin  1818),  Marie- 
Dominique-Auguste  Sibour  (15  juil.  1848-3  janv.  1857), 
François-Xicolas-Madeleine  Morlot  (24 janv.  1857-29  déc. 
4862),  Georges  Darboy  (10  janv.  4863-21  mai  1874). 
Joseph-Hippolyte  Guibert  (IOjuil.  4874-8  juil.  1886). 
François-Marie-Benjamin  Richard  (8  juil.  4886). 

XVÎI.  Organisation  militaire!  ~  Le  gou\crne- 
ment  militaire  de  Paris  comprend  les  deux  dép.  de  la  Seine 
et  de  Seine-el-Oise.  Le  gouverneur  militaire  a  sous  son 
autorité  un  commandant  supérieur  de  la  défense  du  camj) 
retranché,  du  grade  de  général  de  division,  et  dans  chacun 
des  deux  départements  un  commandant,  du  grade  de  gé- 
néral de  brigade.  L'armée  dite  de  Paris  se  compose  de 
3  divisions  d'infanterie,  4  division  de  cavalerie,  2  bri- 
gades d'artillerie  (à  Versailles  et  à  Mncennes),  4  brigade 
du  génie;  trois  corps  spéciaux  font,  de  i^lus,  partie  de  cette 
armée  :  la  légion  de  la  gendarmerie  de  Paris,  la  légion  de 
la  (tarde  rJ/mblicaine  (î.  Guide  de  I^^ius  t.  XVH, 
p.  549)  et  le  régiment  des  mpeim-pompievs  de  Paris 
(V.  PoMi-M.Eu).  La  légion  de  gendarmerie  de  Paris  est 
divisée  en  2  compagnies  :  Seine  et  Seine-et-Oise  ;  à  Paris 
même,  les  gendarmes  iFont  guère  que  les  fonctions 
d'auxib Dires  du  recrutement;  sur  les  7  sections  de  la 
compagnie  de  la  Seine,  2  sont  parisiennes 


~  i09J  -^ 


PARIS 


Il  y  a  dans  la  ville  10  casernes  et  2  hôpitaux  militaires, 
leVal-de-Grâce  et  l'hôpital  Saint-Martin,  qui  contiennent  en- 
semble i.360  lits,  dont  64 d'officiers  et  140  de  sous-of- 
ficiers. La  prison  du  Cherche-Midi,  oii  se  réunissent  les  2 
conseils  de  guerre,  sert  à  la  fois  de  maison  de  justice  et  de 
maison  d'arrêt.  Paris  était  depuis  longtemps  sans  fortifica- 
tion, le  mur  d'octroi  de  la  fin  du  xviii^  siècle  n'en  étant  pas 
une,  quand  fut  entreprise  en  4840  celle  qui  existe  encore 
maintenant  ;  l'enceinte  fortifiée  compte  70  ouvertures,  soit 
57  portes  et  9  passages  de  chemins  de  fer,  les  4  antres 
étant  représentées  par  la  Seine,  le  canal  Saint-Denis  et  le 
canal  de  l'Ourcq.  Les  forts  qui  furent  construits  au  rniheu 
du  siècle  n'ont  presque  plus  d'importance,  et  Paris  est  de- 
venu, depuis  1870,  le  centre  d'un  vaste  camp  retranché. 
Antérieurement  à  1870,  16  forts  placés  de  2  à  6  kil.  en 
avant  de  l'enceinte  défendaient  la  ville  ;  18  autres,  plus 
en  avant  et  à  une  distance  de  6  à  20  kil.,  forment  au- 
jourd'hui une  nouvelle  ceinture  de  défense  en  Seine-et- 
Oise  et  Seine-et-Marne. 

XVIII.  Cimetières.  ™-  Les  plus  anciens  cimetières 
dont  on  ait  conservé  mention  sont  ceux  de  Saint-Magloire 
sous  Clotaire  î^^^  et  de  Saint-Paul  sous  Dagobert  P^",  et 
plus  tard,  au  x^  siècle,  celui  des  Innocents  ou  des  Cham- 
peaux,  l'ji  plus  de  leur  cimetière  presque  toutes  les  pa- 
roisses eurent  leur  charnier  (V.  iig.  à  l'art.  ChaRxXieii, 
t.  X,  p.  766).  Ce  fut  seulement  au  xvni®  siècle,  quand  les 
abus,  résultant  do  la  façon  dont  on  les  tenait,  devinrent 
trop  évidents,  que  le  Parlement  prescrivit  de  transporter 
hors  de  la  ville  tous  les  cimetières  (arrêt  de  1763).  Mais 
ses  prescriptions  furent  assez  mal  exécutées.  Le  cime- 
tière des  Innocents,  qui  recevait  les  morts  de  22  paroisses, 
ne  fut  fermé  qu'en  1783.  En  1785,  enfin,  les  ossements  des 
charniers  furent  transportés  aux  catacombes. Après  avoir 
affecté  principalement  aux  inhumations  les  cimetières  de 
Sainte-Catherine  et  de  Vaugirard  pour  la  rive  gauche,  et 
ceux  de  Montmartre  et  de  Sainte-Marguerite  pour  la  rive 
droite,  la  municipalité  ouvrit  de  nouveaux heux  de  sépulture, 
le  cimetière  de  la  Madeleine  de  la  Yille-rEvêque  bientôt 
fermé,  qui  reçut  les  corps  de  Louis  XVI  et  de  Marie- An- 
toinette, de  Charlotte  Corday,  des  Girondins,  le  cimetière 
de  Mousseaux  ou  Monceau,  oîi  furent  inhumés  Danton, 
Camille  Desmoulins,  Robespierre,  et  le  cimetière  de  Picpus. 
Ces  cimetières  révolutionnaires  n'eurent  (ju'un  carac- 
tère provisoire.  En  1804,  4  cimetières  furent  affectés 
aux  inhumations,  ceux  de  Sainte-Catherine,  du  Champ  du 
repos,  de  Vaugirard  ou  de  l'Ouest  et  de  Mont-Louis  ou 
du  Père-Lachaise  ;  mais  le  premier  fut  fermé  en  1806,  le 
second  en  1820,  le  troisième  en  1824;  ils  furent  rem- 
placés par  ceux  du  Montparnasse  ou  du  Sud  (1824)  et  de 
Montmartre  ou  de  TEst  (1823),  encore  existants,  comme 
aussi  le  cimetière  du  Père-Lachaise  ou  de  l'Est.  L'annexion 
de  1839  donna  à  Paris  plusieurs  nouveaux  cimetières  com- 
munaux. Paris  possède  actuellement,  en  plus  de  ses  3  grands 
cimetières,  10  petits  cimetières  dans  ses  murs  et  6  autres 
en  dehors  ;  ceux  du  premier  groupe  sont:  les  cimetières 
d'Auteuil,  de  Relleville,  de  Bercy,  de  Charonne,  de  Gre- 
nelle, du  Calvaire  ou  de  Saint-Pierre  de  Montmartre,  de 
Saint-Vincent  à  Montmartre  également,  de  Passy,  de  Vau- 
girard et  de  la  Villette  ;  les  cimetières  de  Bagneux,  des 
Batignolles,  de  la  Chapelle,  d'Ivry,  de  Pantin  et  de  Saint- 
Ouen  composent  le  second  groupe.  Le  cimetière  de  Picpus, 
qui  n'est  pas  public,  a  été  fermé  en  1880.  Depuis  1879,  les 
cimetières  intérieurs  sont  affectés  exclusivement  aux  conces- 
sions perpétuelles.  \  Paris,  le  tarif  de  ces  concessions  est 
progressif,  suivant  le  nombre  des  mètres  de  terrain  deman- 
dés, et  va  de  330  fr.  (premier  mètre  carré)  à  2.000  fr. 
Les  concessions  trentenaires  (317  fr.  63)  et  les  conces- 
sions quinquennales  (30  fr.)  sont  indéfmnnent  renouve- 
lables. Les  inhumations  accordées  gratuitement  pour  cinq 
ans  sont  faites  dans  des  parties  réservées.  Chaque  cime- 
tière est  administré  par  un  conservateur.  On  a  étabU  en 
1890,  dans  ceux  de  l'Est  et  du  Nord,  un  dépôt  mortuaire 
où  les  corps  peuvent  être  provisoirement  transportés  avant 


ou  après  constatation  du  décès  par  le  médecin  de  l'état 
civil.  Il  y  a  au  Père-Lachaise,  depuis  1887,  un  four  cré- 
matoire avec  columbarium  qui  reçoit  les  urnes,  lorsque 
celles-ci  no  sont  pas  déposées  dans  quelque  concession 
(V.  Père-Lachaise).  Le  cimetière  de  l'Est  est  celui  qui 
renferme  le  plus  grand  nombre  de  tombes  de  personnes 
célèbres  et  de  beaux  monuments  funéraires  ;  il  y  a  lieu 
de  signaler  cependant  au  cimetière  du  Montparnasse  les 
tombes  des  quatre  sergents  de  La  Rochelle,  d'Hégésippe 
Moreau,  de  Proudhon,  de  Rude,  de  M"^°  Agar,  de  Guy  de 
Maupassant,  et  la  pyramide  qui  indique  la  sépulture  des 
sapeurs-pompiers  de  Paris  ;  au  cimetière  de  Montmartre, 
le  monument  de  Baudin  (statue  de  Millet)  et  les  tombes 
de  M™^  Récamier,  d'Ampère,  Henri  Beyle,  Greuze,  Alfred 
de  Vigny,  Paul  Delaroche,  Murger,  Berlioz,  Théophile 
Gautier,  Renan  ;  au  cimetière  d'Auteuil,  la  sépulture  de 
Gounod. 

Service  mîs  lnhumations.  —  Les  88  médecins  de  l'état 
civil  qui  vérifient  les  décès  sont  contrôlés  par  6  médecins 
inspecteurs.  Depuis  1878,  le  service  des  pompes  funèbres 
n'est  plus  concédé  à  un  adjudicataire,  mais  exploité  di- 
rectement par  les  fabriques  et  consistoires  de  Paris  que 
représente  un  conseil  d'administration  composé  de  membres 
élus  et  d'un  vicaire  général  délégué  de  l'archevêque.  Un 
service  municipal  d'ordonnateurs  contrôle  cette  adminis- 
tration et  il  est  contrôlé  à  son  tour  par  une  inspection. 
La  recette  des  pompes  funèbres  est  annuellement  d'environ 
6  millions,  et  le  produit  net,  de  2  milhons. —  Il  y  a  Heu 
de  rattacher  à  cette  division  les  Catacombes  et  la  Morgue 
(V.  ces  mots). 

XIX.  Usages.  —  On  peut  grouper  sous  ce  mot  un 
certain  nombre  de  renseignements  assez  divers  relatifs  à 
la  vie  de  Paris.  Il  faut  bien  remarquer  que  si  l'animation 
est  à  Paris  incessante,  si  l'on  y  parie  toujours  spectacle,  si 
l'on  a  pu  quelquefois,  sans  qu'une  telle  injustice  fût  trop  évi- 
dente, signaler  cette  ville  comme  la  Babylone  moderne,  ces 
caractères  qui  frappent  de  prime  abord  résultent  en  réalité 
surtout  de  la  présence  du  très  grand  nombre  d'étrangers, 
au  sens  large  du  mot,  qu'on  y  rencontre.  A  mieux  re- 
garder, on  s'apercevrait  souvent  que  l'on  prend  pour  des 
manifestations  de  mœurs  parisiennes  de  simples  modes 
suivies  du  plus  petit  nombre  et  des  manières  de  se  com- 
porter qui  sont  de  toute  façon  essentiellement  temporaires. 
Par  les  usages,  les  coutumes  des  Parisiens,  il  conviendrait 
d'entendre  quelque  chose  de  plus  stable,  les  habitudes  qu'on 
peut  relever  chez  ceux  qui  représentent  la  population  fixe  de 
Paris,  la  seule  véritablement  parisienne  et  qui  soit  capable 
de  conserver  des  traditions.  La  vie  des  habitants  de  cette 
ville,  pour  active  qu'elle  soit,  ne  présente  pas  l'agitation  et 
le  caractère  assez  factice  de  celle  de  la  partie  flottante  de  la 
population.  11  est  seulement  vrai  que  les  Parisiens  se  par- 
tagent peut-être  plus  et  mieux  qu'on  ne  le  fait  dans  les 
autres  grandes  villes  entre  le  travail  et  le  plaisir.  —La 
fidélité  avec  laquelle  ils  conservent  les  usages  du  jour  de 
l'an,  du  jour  des  rois,  du  vendredi  saint  est  à  citer. 
Pendant  le  carême,  les  sermons  ])rèchés  par  les  orateurs 
en  renom  sont  très  courus.  Le  mois  de  mai  voit  s'ouvrir 
les  salons  de  peinture  ;  le  premier  semestre  de  l'année  est 
d'ailleurs  l'époque  d'expositions  artistiques  de  tous  genres. 
La  foire  au  pain  d'épices,  précédée  de  la  foire  aux  jam- 
bons et  de  la  foire  à  la  ferraille,  continue  toujours  de  se 
tenir  àPâques.En  juin,lafête  des  fleurs  et,  le  lendemain, 
la  journée  du  grand  prix  de  Paris  aux  courses,  ont  tous 
les  ans  beaucoup  de  succès.  Le  2  nov.,  par  la  foule  qui  se 
presse  dans  les  cimetières,  il  est  facile  de  se  rendre 
compte  que  le  peuple  de  Paris  pratique  à  un  haut  degré 
le  culte  des  morts.  Le  22  du  même  mois,  la  messe  de 
Sainte-Cécile  est  dite  d'une  façon  particuhèrement  bril- 
lante dans  l'éghse  de  Saint-Eustache.  A  la  Noël,  les  pe- 
tites baraques,  restes  d'un  autre  âge,  ne  manquent  jamais 
de  venir  s'aligner  sur  les  boulevards,  interceptant  la  cir- 
culation. On  sait  que  les  magasins  ne  sont  pas  tous  fer- 
més les  dimanches  et  qu'il  y  en  a  d'importants  qui  ces 


PARIS 


■—  mn 


jours-là  restent  ouverts,  particulièrement  le  matin.  —  Les 
petits  termes,  c.-à-d.  ceux  des  logements  dont  le  prix 
n'est  pas  supérieur  à  400  fr.,  sont  à  échéance  du  8  du 
1^''  mois  de  chaque  trijnestre  ;  les  grands  loyers,  àéchéancc 
du  io. 

Cakactèke  du  Parisien.  —  Beaucoup  des  traits  du 
caractère  qu'on  attribue  aux  Gaulois  se  retrouvent  chez 
les  l^arisiens.  Le  Parisien  possède  à  un  haut  degré  ce  que 
les  philosophes  appellent  l'esprit  de  sociabilité  ;  très  obli- 
geant, très  ouvert,  tolérant  et  d'une  grande  politesse  de 
mœurs,  il  est  gai  et  aime  les  arts  et  tout  ce  qui  lui  pa- 
rait décoratif;  parlant  avec  facilité,  se  plaisanta  élonner 
('eux  qui  récoutent,  il  est  spirituel  sans  méchanceté,  et 
Ton  a  pu  comparer  aussi  la  «  blague  ;>  parisienne  àPironie 
des  Athéniens.  Sérieux  en  dépit  souvent  de  l'appareiice, 
jamais  non  plus  il  ne  semojitre  positif;  remarquablement 
équilibré,  il  fait  vite  ce  qu'il  fait,  et  en  toute  chose  il  fait 
toujours  preuve  de  goût.  Badaud,  ayant  besoin  d'être 
amusé,  il  se  lasse  hient()t  de  ses  plaisirs,  mais  s'amuse  de 
peu  ;  généreux  et  peu  défiant,  quoique  sceptique,  il  se  laisse 
entraîner  pour  des  idées,  mais  un  temps  seulement.  Il  a 
beaucoup  plus  de  hardiesse  dans  l'esprit  que  dans  le  carac- 
tère malgré  sa  liberté  d'allure,  ce  qui  ne  l'empêche  pas  de 
se  montrer  fort  brave  et  bien  décidé,  (piand  il  le  faut  ;  il 
accepte  avec  docilité  la  réglementation,  et  l'on  pourrait  lui 
re{)rocher  pre!^(jue  de  paraître  souvent  routinier .  Sans  perdre 
cependant  jamais  le  sens  des  réalités,  il  est  doué  de  l'es- 
prit de  générahsation,  s"intéi*essant  plus  aux  ensembles 
(ju"à  des  détails  et  même  à  la  théorie  qu'à  rai)plication, 
11  a  confiance  en  lui,  et  sa  nature  pleiiu.^  de  ressources 
offre  une  grande  ibrce  de  résistance.  Somme  toute,  ei 
comme  on  se  l'explique  aisément,  étant  donnée  l'unité  de 
sa  patrie,  le  Parisien  résume  assez  bien  en  sa  persomie 
les  diverses  qualités  des  Français. 

XX.  Parisiens  célèbres. —  Leur  nombre  e^t  si  grand, 
burtout  à  partir  du  xvn*^  siècle,  qu'on  n'en  peut  citer  ici  que 
quelques-uns:  pour  le  moyen  âge,  le  prévôt  Etienne  Mar- 
cel et  les  portes  (Charles   d'Orléans  et  Villon  ;  pour  le 
xvi^  siècle,  les  sculpteurs  Jean  Goujon  et  Germain  Pilon, 
l'architecte  Pierre  Lescot.    le  poète  Jodelle  ;   pour  le 
xvii^  siècle,  les  ministres  H icbeHeu  et  Louvois,  leshommes 
de  guerre,  Condé,  Luxembourg.  Catinat,  Tourville,   les 
philosophes  et  moralistes  Arnauld,  La  Rochefoucauld,  Male- 
l)ranche,  les  littérateurs  Molière,  Boileau,  La  Bruyère. 
Hegnurd  et  M"^*"-  de  Sévigné,  les  peintres  Le  Sueur  et  Le 
Brun,  les  deux  Mansart  et   les  deux  Perrault  ;  pour  le 
xv!!!""  siècle,  les  ministres  Mulesherbes  et  Turgot,  le  gé- 
iiéral  Augereau.  les  philosophes  Hclvétius  et  d'Alembert, 
le   philanthrope  Montyon,  les  savants  Cassini  de  Thury 
et  Liivoisier,  le  navigateur  Bougainville.  les  littérateurs 
Saint-Simon,  Marivaux.  Voltaire,  Beaumarchais. lespeijitres 
lYançois  Bouclier,  Lagieiiéc,  David,  le  scul})teur  Pigalle, 
M"''-'  Roland,  l'actrice  MJ''' Contât  ;  pour   le  xix'^  siècle, 
les  philosophes  Saint-Simon  et  Victor  Cousin,  les  savants 
L.  Burnouf,  Littre.  Quicherat.  Viollet-le-Duc,  les  littéra- 
teurs Paul-Louis   Courier,  Béranger,  Auguste  Barbier, 
Alfred  de  Musset  et  Baudelaire,  Michelet  et  Fustel  de  Cou- 
langes,  Lugène  Sue,  Mérimée,  Mucger,  M™^  de  Stacl  et 
George  Sand,  Alexandre  Dumas  fils,  Labiche  et  Meilhac. 
les  peintres  Gros,  Delaroche,   H.  Vernet,  Corot,  II.  Ré- 
gnault,  le  ^sculpteur  Barye.  les  compositeurs  Hérold,  Ha- 
lévy,  Gounod  et  Bizet,  les  artistes  dramatiques  Talma, 
M^^*^  Mars,  3P"^  Mahbran,  l'oi-ateur  Berryer,  le  médecin 
Charcot,  les  administrateurs  Haussmann  et  Duruy. 

La  proportion  du  nombre  des  habitants  nés  à  Paris 
comparé  au  chiffre  total  de  la  population  est  d'un  peu 
plu;  du  tiers.  Marius  Barhoux. 

Traités  de  Paris-  -  Les  fraiteb  d'aliianre.  de  trè^e, 
de  limites,  d'échange,  de  comm.erce,  etf  .  qui  ont  ^^te  si- 
gnés à  Paris,  ne  peuvent  donner  lieu  ici,  pour  la  plupart, 
qu'à  une  simple  énumération  chronologique.  Le  lecteur 
se  reportera,  soit  aux  noms  des  souverains  signataires 
ou  des  puissances  contractantes,  soit  aux  articles  consacrés 


aux  grandes  guerres  européennes.  —11  est  probable,  mais 
rien  ne  démontre  que  le  traité  de  o(i7,  déclarant  Paris 
indivis  entre  les  trois  fils  survivants  de  Clotaire  I^^'(Sige- 
bert,  Chilpéric  et  Gontran),  ait  été  conclu  à  Paris.  Il  faut 
ensuite,  pour  signaler  un  acte  important,  franchir  plus 
de  six  siècles.  En  4229  (12  avr.),  le  comte  de  Toulouse, 
Raymond  Vil,  cède  à  Louis  IX,  placé  sous  la  tutelle  de 
sa  mère,  la  partie  basse  du  Languedoc.  —  En  1286 
(2o  juiL),  une  trêve  est  signée  entre  l'Aragon  et  Phi- 
lij)pe  IV.  —  En  1302  (o  mars),  trêve  entre  la  France  et 
l'Angleterre.  —  En  1303  (20  mai),  ligue  défensive  de  la 
France  et  de  l'Angleterre  contre  l'empereur  d'Allemagne, 
Albei't  P-''  ;  le  roi  d'Angleterre  prêtera  hommage  au  roi 
de  France  pour  le  duché  de  Guyenne.  —  En  1309  (mai), 
paix  entre  Philippe  IV  le  Bel  et  Robert,  comte  de  Bé- 
lliuiie.  —  En  1310  (2()  juin),  ligue  entre  Philippe  IV  et 
l'empereur.  —En  1310  (sept.),  traité  entre  Philippe  V 
le  Long  et  la  Flandre  (autres  clauses  signées  le  4  nov. 
1317  et  le  5  mai  1320).  —En  1325  (31  'mai),  paix  entre 
Charles  IV  le  Bel  et  Edouard  II  d'Angleterre  (renouvelée 
avec  Edouard  III  le  31  mars  1327).  —  Le  9  mars  1331, 
paix  entre  Philippe  VI  de  Valois  et  j^louard  III.  —  Le 
io  janv.   1356,  traité  d'échange  entre  Jean  II  le  Bon  et 
le  comte  de  Savoie  Amédée  VI.  —  Le  31  août  1395, 
alliance  entre  Charles  VI  et  Jean  Galéas  Visconti,  seigneur 
de  Milan.  —  Le  11  mars  1397,  Richard  II,  roi  d'Angle- 
terre, s'engage  à  épouser  Isabelle,  tille  de  Charles  VI.'  — 
Le  12  juil.  1400,  Louis  II,  comte  de  Provence  et  roi  de 
Sicile,  conclut  une  trêve  de  dix  ans  avec  la  Savoie.  En 
1476  (17  avr.),  Louis  XI  fait  alliance  avec  l'empereur 
Frédéric  lll  contre   le    comte  palatin   du  Rhin.   —   Le 
2  août  1498,  traité  entre  Louis  XI  et  Frédéric  d'Autriche 
concernant  l'hommage  des  comtés  de  Flandre  et  d'Artois, 
hets  de  la  couronne  de  France. —  Le  20  mars  1515,  traité 
entre  François  P^\  roi  de  France,  et  le  roi  de  Navarre. 
—  Le  11  janv.  1590,  traité  entre  le  roi  d'Espagne  Phi- 
lippe II  et  la  Sainte-Ligue  (les  «  Seize  »),  contre  Henri 
roi  de  Navarre  (Henri  IV).  — Le  12  oct.  1604,  le  24  févr. 
1606,  traités  de  commerce  entre  Henri  IV,  d'une  part, 
l'Espagne  et  l'Angleterre  de  l'autre.  —  Le  6  sept.  1617, 
médiation  entre  la  République  de  Venise  et  l'Empire.  — 
Le  7  févr.  1623,  Louis  XIH  traite  avec  la  Savoie  et  Ve- 
nise concernant  la  restitution  de  la  Valteline  (V.  Ricm:- 
LiEL).  —  Le  28  août  1627,  le  même  roi  accorde  des  sub- 
sides aux  Provinces-Unies  de  Hollande.  —  Le  1^"^'  nov. 
163i,  il  se  ligue  aux  divers  princes  protestants  de  l'Em- 
pire. —  Le  8  févr.  1635,  il  se  ligue  avec  la  Suède  contre 
l'empereur  Ferdinand  IL  —  Le  17  avr.  1637,  il  signe 
une  convention  avec  le  duc  Bernard  de  Saxe-Weimar.  — 
En  1637  (17  déc.)  et  1639  (24  mars),  il  s'alhe  avec  les 
Provinccs-Lnies,   moyennant  subsides  de  la  France.  — 
Le  29  mars   1641,  il  traite  avec  le   duc  de  Lorraine, 
Charles  VI,  qui  redevint  neutre  et  céda  au  roi  plusieurs 
places  fortes.  —  En  [6il  (1^^'  juin),  il  s'aUie  avec  le  roi 
de  Portugal,  Jean  VI,  récemment  établi.  —  Pendant  la 
minorité  de  Louis  XIV  furent  signés,  à  Paris  :  une  conven- 
tion^ commerciale  avec  le  duché  de  Courlande  (30  déc. 
\i\VA\'   iiii   traité   protégeant  le  duc  de   Wurttemberg 


16 


(25  janv.  1644);  uu  traité  de  commerce  avec  la  Hollande 
(18  avr.  1646);  un  traité  avec  les  treize  cantons  (29  mai 
1619);  un  traité  avec  le  duc  de  Bouillon  pour  l'échange 
de  Sedan,  de  Bouillon,  etc.  (20  mars  1651).  —  Aucun 
traité  important  du  règne  personnel  de  Louis  XIV  n'a  été 
signé  à  Paris. 

Sous  la  Régence  et  sous  Louis  XV,  on  peut  citer  : 
un  traité  de  commerce  et  de  navigation  avec  les  villes 
de  la  Hanse  teutonique  (28  sei)t.  1716)  ;  un  traité  avec 
h^  duc  de  Lorraine  Léopold  (21  janv.  1718);  une  (on- 
\ention  a^ec  la  ?avoie.  concernant  l'exécution  du  traite* 
d'Utrecht,  suivie  d'un  article  secret  (4  avr.  1718)  ; 
une  convention  avec  la  Grande-Bretagne,  touchant  l'ulti- 
matum des  conditions  de  paix  entre  l'empereur,  l'Espagne, 
et  les  Deux-Siciles  (18  juil.  1718);  les  préliminaires  de 


ami  — 


PARIS 


la  paix  entre  l'Espagne  et  rAngleterre  (3i  mai  1727);  le 
Pacte  de  famille  (V.  Famille,  t.  XVI,  p.  1 184)  du  15  août 
'176i  ;  le  traité  de  paix  entre  l'Angleterre,  d'une  part, 
la  France  et  l'Espagne,  d'autre  part,  qui  termine,  le 
10  févr,  1763,  la  guenr  de  Sept  ans  (V.  Sept  ans 
[Guerre  de])  :  trois  conventions  annexes  avec  ]'Es])agiie 
et  la  Sardaigne  (10  juin  1763);  la  convention  avec  l'Au- 
triche concernant  trois  prieurés  situés  en  Alsace  (l  1  juin 
4774). 

Sous  Louis  XVI,  le  6  févr.  1778,  sont  signés  deux 
traités  avec  les  Etats-Unis  d'Amérique,  l'un  d'amitié  et 
de  commerce,  l'autre  d'alliance  ofiensive  et  défensive  ; 
le  21  mai  1786,  une  convention  avec  le  Wurttemberg, 
à  l'effet  de  délimiter  le  comté  de  Montbéliard. 

Pendant  la  Révolution,  en  dehors  des  décrets  de  réunion 
ou  autres  que  les  assemblées  votèrent  à  Paris  et  qui  inau- 
guraient un  nouveau  droit  des  gens,  on  peut  citer  deux 
conventions,  l'une  avec  le  prince  de  Salm,  l'autre  avec 
le  prince  de  Lœwenstein,  les  indemnisant  de  la  perle 
de  leurs  droits  féodaux  en  France  (29  avr.  1792).  — 
Le  9  févr.  1795,  la  Toscane,  qui  se  détacha  la  pre- 
mière de  la  première  coalition,  signe  avec  la  République 
française,  à  Paris,  un  traité  de  paix  et  de  neutralité.  C'est 
à  Paris  (14  avr.)  qu'est  ratifié  le  traité  du  5  avr.  1795 
signé  à  Bâle  avec  la  Prusse;  il  en  est  de  môme  (22  juil.) 
de  celui,  signé  à  Bâle  également,  avec  l'Espagne. 

Sous  le  Directoire,  après  l'armistice  de  Cherasco,  la  Sar- 
daigne traite  k  Paris  le  15  mai  1796,  et  nous  cède  la  Savoie 
et  le  comté  de  Nice.  Viennent  ensuite  des  traités  avec  le 
Wurttemberg  (7  août),  Bade  (22  août),  Naples  (10  oct.), 
Parme  (5  nov.),  le  Portugal  (21  août  1797),  et  la  conhr- 
mation  du  traité  de  Campo-Formio  (27  oct.).  La  Répu- 
blique cisalpine,  créée  par  ce  traité,  fait  alliance  avec  la 
République  française  par  le  traité  signé  à  Paris  le  22  févr. 
1798.  Le  19  août,  traité  d'alliance  de  la  France  et  de  la 
République  helvétique  (articles  secrets);  le  30  mai  1799, 
traité  de  commerce  entre  ces  deux  puissances. 

Le  Consulat  signe  à  Paris  un  traité  en  partie  secret  avec  la 
République  batave  (5  janv.  1800)  ;  un  traité  de  paix,  de 
commerce  etdenavigationaveclesEtats-Unis(30sept.)  ;  un 
Concordat  (V.  ce  mot)  avec  le  saint-siège  (15  juil  1801); 
un  traité  avec  la  Bavière  (24  août)  ;  la  paix  avec  la  Russie 
(8  oct.),  avec  le  Wurttemberg  (20  mai  1802),  avec  la  Tur- 
quie (25  juin);  avec  les  Etats-Unis  auxquels  est  cédée  la 
Louisiane  (30  avr.  1803);  avec  la  République  batave  con- 
cernant sa  coopération  à  la  guerre  contre  l'Angleterre 
(25  juin). 

Sous  le  premi  ,r  Empire,  sont  signés  à  Paris  une  con- 
vention avec  r  dlemagne  concernant  l'octroi  de  la  navi- 
gation du  Rh'A  (15  août  1804),  un  traité  de  neutrahté 
avec  les  DeFx-Siciles  (21  sept.  1805),  le  traité  concer- 
nante conversion  de  la  République  batave  en  royaume  de 
Hollande  pour  le  prince  Louis-Napoléon  (24  mai  1806)  ; 
la  convention  sur  le  payement  des  contributions  de  guerre 
de  la  Prusse  (8  sept.  1808)  ;  le  traité  de  paix  avec  la'Suède 
(6  janv.  1810)  ;  le  traité  pour  la  réunion  du  Hanovre  au 
royaume  de  Westphalie  (14  janv.),  pour  la  formation  du 
grand-duché  de  Francfort  (16  févr.)  ;  pour  l'interdiction  du 
commerce  entre  la  Hollande  et  l'Angleterre  (Blocus  con- 
tinental) et  la  cession  à  la  France,  par  la  Hollande, 
de  la  rive  gauche  du  Rhin  (16  mars),  un  traité  avec  le 
royaume  de  Westphalie  pour  le  partage  du  Hanovre 
(10  mai  1811);  les  traités  d'alliance,  contre  la  Russie, 
avec  la  Prusse  (24  févr.  1812)  et  avec  l'Autriche  (14  mars)  ; 
la  capitulation  de  P«77*s  (V.  ci-dessus,  Paris  [Histoire  de]), 
du  31  mars  1814;  le  traité  de  l'Autriche,  de  la  Prusse  et 
de  la  Russie  «  concernant  l'abdication  de  Napoléon  P^'  et 
la  position  future  de  lui  et  de  sa  famille  (11  avr.)  ». 

Le  traité  du  30  mai  1814,  dit  «  premier  traité  de  Paris  », 
entre  la  France,  l'Autriche,  la  Russie,  la  Prusse,  l'An- 
gleterre :  la  France  rentrera  dans  ses  limites  du  1^^'  janv. 
1792,  avec  l'addition  de  quelques  cantons  aux  dép.  de  l'Ain, 
du  Bas-Rhin,  de  la  Moselle  et  des  Ardennes,  et  d'une 


partie  de  la  Savoie.  Elle  recouvre  également  les  colonies 
qu'elle  avait  à  cette  même  date,  sauf  Tancienne  moitié 
espagnole  de  Saint-Domingue  (indépendante),  les  îles  Ta- 
l)ago,    Sainte-Lucie   et  nie  de  France  (Maurice),  cédées 
aux  Anglais.  Malte  était  atdibuée  à  l'Angleterre  ;  la  liberté 
de  la  navigation  du  Rhin   proclamée.   La  Hollande  était 
replacée  sous  la  domination  de  la  maison  d'Orange  avec 
promesse  d'un  accroissement  territorial  ;  les  Etats  alle- 
mands devaient  être  indépendanls  et  um's  par  un  lien  fédé- 
ratif;  la  Suisse  absolument  indépendante;  la  partie  de 
l'Itahe  qui  n'écherrait  pas  à  l'Autriche  serait  composée 
d'états  souverains.  Le  traité  avec  l'Espagne  fut  également 
signé  à  Paris  le  20  juil.  Apj'ès  les  Cent-Jours  (V.  ce  mot), 
furent  tenues  à  Paris  des  conférences  entre  les  cinq  puis- 
sances, sur  les  bases  des  arrangemenls  pécuniaires  avec 
la  France   (procès-verbal,  13  oct.)  et  fut  signé  le  «  se- 
cond traité  de  Paris  (20  nov.)  »  :  Talleyrand,  qui  repré- 
sentait la  France   au  congrès  de    Vienne  (V.  ce  mot), 
s'était  appuyé  sur  les  Etats  secondaires  menacés,  sur  l'An- 
gleterre, qui  voulait  l'équilibre  continental,  sur  l'Autriche, 
rivale  de  la  Prusse,  et  avait  ébauché  avec  ses  deux  puis- 
sances la  convention  secrète  du  3  juil.  1815.  Les  Cent- 
Jours  nous  firent  perdre  ces  avantages  diplomati(|ues.  Les 
alhés  considérèrent  la  France  comme  «  complice  »  de  Na- 
poléon :  r  Autriche,  la  Prusse  surtout,  parlent  de  la  dé- 
membrer. Le  tsar  et  l'Angleterre  enrayèrent  les  ambi- 
tions allemandes.   Mais   la  France  perdit  Phibppeville, 
Marienbourg,   Bouillon,  Sarrelouis,  Landau,  la   Savoie. 
Huningue  fut  démantelé.  L'indemnité  de  guerre,  fixée  à 
700  millions,  dépassa  en  réalité  un  milliard  par  suite  des 
revendications  particulières.  Pendant  cinq  ans,  150.000 
étrangers  devaient  occuper  à  nos  frais  les  départements 
de  l'Est,  où  près  d'un  million  d'hommes  exerçaient  depuis 
cinq  mois  leurs  exactions  et  leurs  vengeances.  Le  20  nov. 
1815  furent  également  signées  à  Paris  quatre  conventions 
spéciales  :  l'une,  sur  le  payement  de  l'indemnité  par  la 
France;  la  deuxième,  concernant  l'occupation  d'une  ligne 
militaire  en  France  par  les  armées  alliées,  suivie  d'un 
article  additionnel  et  d'un  tarif;  la  troisième,  relative  aux 
réclamations  des  sujets  des  puissances  aUiées;  la  qua- 
trième (avec  l'Angleterre  seulement),  concernant  la  liqui- 
dation des  créances  anglaises  sur  la   France.   Enfin  les 
quatre  grandes  puissances  et  le  Portugal  signèrent  une 
déclaration  portant  reconnaissance  et  garantie  de  la  neu- 
tralité et  de  l'intégrité  de  la  Suisse.  Tous  ces  actes  font 
d'ailleurs  partie  de  l'instrument  diplomatique  qui  les  en- 
veloppe et  les  complète,  les  traités  de  Vienne  (V.  ce  mot). 
Le  27  oct.  1816,  convention  pour  indemniser  la  banque 
de  Hambourg  des  perles  éprouvées  en  1813  et  1814.  — 
Le  28  févr.  1817,  convention  pour  l'abolition  des  privi- 
lèges des  Français  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles.  -— 
Le  10  juin,  traité  concernant  la  réversion  des  duchés  de 
Parme,  Plaisance  et  Guastalla.  —  Le  28  avr.,  traité  avec 
le  Portugal  pour  la  remise  de  la  Guyane  française  et  la 
fixation  des  limites.  —  Les  25  avr.  et  4  juil.  1818,  con- 
ventions prépai'atoi]*es  à  l'évacuation  anticipée  du  territoire 
français  (décidée  le  9  oct.  suivant  à  Aix-la-Chapelle).  — 
Le  9  août  1820,  convention  avec  la  Sardaigne  pour  Tex- 
tradition  réciproque  des  déserteurs.  —  Le  2  oct.  1821, 
convention  identique  avec  les  Pays-Bas.  —  Le  30  avr. 

1827,  convention  pour  le  payement  des  créances  françaises 
sur  l'Espagne.  —  Le  10  mars  1827,  convention  avec  la 
Bavière  pour  l'extradition  réciproque  des  déserteurs.  — 
Le  8  mai,  déclai'ations  échangées  touchant  les  relations 
commerciales  de  la  France  et  du  Mexique.  —  Le  25  juil. 

1828,  convention  avec  la  Prusse  pour  l'extradition  des 
déserteurs. 

Sous  le  gouvernement  de  Juillet,  convention  entre  la 
France  et  la  Grande-Bretagne  pour  la  suppression  de  la 
traite  des  noirs  par  l'établissement  de  croisières  commîmes 
(30  nov.  1831),  complétée  le  22marsl833  (V.  Tuahe).  — 
Le  19  juil.  1836,  traité  de  commerce  et  de  navigation  avec 
leMecklembourg-Schwerin.  —  Le  27  juil.  1838.  convention 


PARIS 


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postale  avec  la  Sardaigne.  —  Le  10  mai  1839,  coiivention 
postale  (additionnelle)  avec  l'Angleterre.  —Le  "i  août,  con- 
vention avec  l'Angleterre  pour  fixer  les  limites  des  pêcheries 
sur  les  côtes.  —  Le  2o  sept.  1839,  traité  d'amitié  et  de 
commerce  avec  le  Texas.  —  Le  "25  juii.  1840,  traité  de 
commerce  avec  les  Pays-Bas.  -  Le  l(i  août,  convenlion 
postale  (additionnelle)  avec  Genève,  et,  le  lo  sept.,  avec 
la  Belgique.  —  Le  9  févr.  1842,  convention  (addition- 
nelle) au  traité  de  commerce  signé  avec  le  Danemark.  - 
Le  30  nov.  1843,  convention  postale  avec  l'Autriche.  — 
Le  11  sept.  1844,  avec  Tour-et-Taxis  (Allemagne).  —  Le 
'21  juin  1845,  convention  d'extradition  ;ivec  la  Prusse. 
—  i^e  26  juil. ,  conventions  postales  avec  les  cantons  suisses 
de  Neuchàtel,  Berne.  Genève,  Zurich,  Vaud.  — Le  13  déc, 
convention  commerciale  avec  la  Belgique.  Le  23  mars 
iS46,  convention  d'extradition  avec  le  royaume  de  Ba- 
vière. —  Conventions  postales  avec  Tour-et-Taxis,  4  avr.; 
avec  Bâle,  J5  sept.  ;  avec  Saint-Gall,  13  oct. 

Pendant  la  seconde  Républi({ue  furent  négociés  à  Paris 
une  convention  postale  avec  la  Grande-Bretagne,  30  août 
1848  ;  un  traité  d'amitié  avec  Saint-Domingue  (non  ratifié), 
22  oct.  ;  un  traité  de  commerce  et  de  navigation  avec  la 
Belgique,  17  nov.  18^9;  une  convention  postale  avec  la 
Suisse,  25  nov. 

Sous  le  second  Empire,  furent  signés  une  déclaratioi] 
pour  régler  le  mode  de  partage  des  trophées  et  du  butin 
dans  la  guerre  d'Orient,  entre  la  France  et  l'Angleterre. 
10  juil.  1855  (accession  de  la  Sardaigne  et  de  la  Tur- 
quie, 15  nov.);  un  traité  d'amitié,  de  commerce  et  de  na- 
vigation avec  le  Honduras,  22  févr.  1856;  les  protocoles 
du  congrès  tenu  à  Paris  pour  le  rétablissement  de  la  paix 
en  Orient  (26  févr.)  et  le  traité  do  paix  (30  mars)  qui 
termina  la  guerre  de  Crimée  (V.  Question  d'Orient). 

Le  cinquième  traité  de  Paris  est  celui  du  30  mars  1856, 
qui  a  mis  fm  à  la  guerre  de  Crimée  entre  la  rrance,la 
Grande-Bretagne,  la  Sardaigne  et  la  Turquie,  d'une  part, 
la  Russie,  d'autre  part  ;  l'Autriche  et  la  Prusse  avaient 
été  conviées  par  les  belligérants  à  prendre  part  aux  con- 
férences, et  elles  ont  signé  le  traité  avec  les  intéressés 
directs.  Ce  traité  est  fort  important,  moins  quant  à  ses 
conséquences  géographiques  —  car  on  lui  a  donné  pour 
base  à  cet  égard  VuH  possidelis  ante  hélium  —  que 
par  les  principes  qu'il  a  fait  entrer  dans  le  droit  public 
européen.  Les  règles  générales  de  ce  droit  ont  été  éten- 
dues aux  relations  internationales  avec  la  Porte  ;  le  res- 
pect de  l'indépendance  et  de  l'intégrité  de  l'Empire  otto- 
man a  été.  formellement  sanctionné;  il  a  été  convenu  que 
toute  puissance  ayant  des  démêlés  avec  cet  empire  com- 
mencerait, avant  de  recourir  aux  armes,  ])a]^  soumettre 
son  différend  à  la  médiation  des  autres  signuiaiiTs;  les 
droits  civils  et  politiques  des  sujets  chrétiens  du  sullan 
ont  été  reconnus,  sous  les  auspices  des  puissances,  par 
un  firman  proclamant  l'égalité  de  conditions  de  tous  les 
sujets  ottomans,  sans  distinction  de  religion,  ni  de  race; 
et,  en  échange  de  ces  déclarations  solennelles,  les  puis- 
sances ont  promis  de  ne  pas  s'immiscer  dans  l'adminis- 
tration intérieure  de  la  Turquie.  D'autre  part,  le  traité  a 
consacré  le  principe  de  la  libre  navigation  du  Danube  et 
de  la  neutrahsation  de  la  mer  Noire;  il  interdit,  en  con- 
séquence, l'accès  dans  la  mer  Noire  de  tous  navires  de 
guerre  autres  que  les  garde-côtes  russes  ou  ottomans.  ïl 
confirme  l'indépendance  administrative  des  principautés 
vassales  de  Vaîachie  et  de  Moldavie,  sous  la  garantie  col- 
lective des  puissances,  et  place  la  principauté  de  Serbie 
dans  une  situation  analogue,  tout  en  réservant  sur  ces 
divers  Etats  la  suzeraineté  de  la  Porte.  A.  ce  traité  de 
Paris  de  1856  se  rattachent  directement  trois  autres  actes, 
dont  le  second  surtout  a  une  portée  considérable.  D'une 
part,  par  une  convention  du  15  avr.,  signée  également  à 
Paris,  la  France  et  l'Angleterre  s'engagèrent  à  garantir 
ensemble  l'indépendance  et  l'intégrité  de  l'Empire  otio- 
man  et  à  regarder  comme  un  castis  belli  toute  infraction 
au  traité  du  30  mars.  D'autre  part,  les  plénipotentiaires 


des  sept  puissances,  réunis  en  conférence  a|)rès  la  signa- 
ture du  traité  de  paix  proprement  dit,  ont  signé,  le  1()  avr. , 
la  cclèDre  déclaration  stipulant  les  quatre  points  suivants  : 
1^  la  course  est  et  demeure  abolie  ;  2^'  le  pavillon  neutre 
couvre  la  marchandise  ennemie,  à  l'exception  de  la  con- 
trebande de  guerre  ;  3"  la  marchandise  neutre,  à  l'excep- 
tion de  la  contrebande  de  guerre,  n'est  pas  saisissalde 
sous  pavillon  ennemi  ;  4*^  les  blocus,  pour  être  obliga- 
toires, doivent  être  effectifs.  Tous  les  Etals  de  l'Europe 
ci  (ic  r  Vmérique  ont  successivement  adhéré  à  cette  décla- 
ration, sauf,  en  ce  qui  concerne  le  premier  article,  l'Es- 
pagiie,  les  Etats-Lnis  et  le  Mexique  ;  encore,  dans  la 
récente  guerre  hispano-américaine,  les  belligérants  ont- 
ils  expressémeiîi  jonoîicé  à  recourir  à  la  course.  Enfin,  le 
19  août  1858.  les  plénipotentiaires  des  sept  mêmes  puis- 
sances ont  signé  une  convention  réglant  l'organisation 
des  principaulés  de  Moldavie  et  Je  Valachio,  dont  le  traité 
de  1856  avait  disputé  l'autonomie  sous  la  suzeraineté  de 
la  Porte. 

Citons  ensuite  le  traité  qui  abolit  les  droits  de  sou- 
veraineté de  la  Prusse  sur  la  principauté  de  Neuchâtei 
et  le  comté  do  Valangin  (26  mai  1857)  ;  le  traité 
relatif  à  la  délimiiation  de  la  Bessarabie  et  au  delta  du 
Danube  (19  juin)  ;  les  pr(ttocoles  (22  mai  1858)  et  la 
convention  (19  août)  pour  l'oi'ganisation  des  principautés 
de  Moldavie  et  de  V.daciii<',  suivie  de  stipulations  électo- 
rales; le  traité  de  commerce  avec  la  Grande-Bretagne 
(22  fé\r.  1860);  les  protocoles  des  conférences  tenues 
entre  les  grandes  puissances  et  la  P'orte  pour  le  retabhs- 
sement  de  la  paix  (^n  Syrie  (3  août)  et  pour  l'occupation 
t(Mnporaire  de  ce  ])ays  (.-)  sept.  LS60  et  19  févr.,  15  mars 
18G1),  la  conveiition  (la  23  août  1860  réglant  diverses 
(luestions  relatives  ;i  la  réunion  de  la  Sa\oie  et  (îe  Nice  à 
\-\  France;  —  le  ti-ailé  ^aï  2  it*v.  1861,  entre  Eempereur 
des  Français  et  le  prince  de  Monaco,  par  lequel  ce  dernier 
a  cédé  à  la  France,  moyennant  4  milhons  de  francs,  les 
communes  de  Menton  et  de  Roquebrune  et  conclu  avec  elle 
une  uïiion  douanière;  la  convention  du  4  avr,  1861  avec  la 
Pi'usse  pourFétablissement  d'une  ligne  navigable  entre  le  ca- 
nal de  la  Marne  au  llhin  et  les  houillères  du  bassin  de  Sarre- 
bruck:  le  traité  de  commerce  du  1^^'  mai  avec  la  Belgique; 
à  la  même  date  et  avec  le  même  Etat,  la  convention  pour 
la  garantie  réciproque  de  la  pi'Opriété  littéraire,  artistique 
et  iîidustrielle  ;  la  convention  du  15  févr.  1862  concer- 
nant le  règlement  de  la  dette  espagnole,  et  les  séquestres 
el  prises  maritimes  opérés  en  1823  et  1824;  les  articles 
additionnels  du  l^^evr.  1863  modifiant  le  traité  de  com- 
mei-ce  du  2.')  juil.  avec  les  Pays-Bas;  la  convenlion  du 
15  sept.,  entre  la  France  et  Fltalie,  poui'  l'évacuation  des 
Etals  pontificaux  par  les  Français  ;  la  convention  du 
23  déc.  1865  pour  l'union  monétaire  de  la  France,  de  la 
Belgique,  de  ITtalie  et  de  la  Suisse  ;  les  protocoles 
(  10  mai's)  des  conférences  tenues  à  Paris  relativement  aux 
affaires  des  principaulés  danubiennes  et  à  la  navigation  du 
Danube;  la  convention  du  7  déc.  1866  avec  l'Italie  pour 
e  règlement  de  la  dette  pontificale;  le  traité  avec  le  Siam, 
relatif  au  Cambodge,  !5  juil.  1867  ;  la  convention  sur  les 
pêcheries  de  la  Manche,  avec  la  Grande-Brelagne  (1 1  nov.); 
les  protocoles  des  conférences  tenues  entre  les  gi'andes 
puissanres  poui'  aplanir  le  différend  turco-grec  (f>  janv. 
1869). 

Sous  la  troisième  République,  le  pren^ier  acte  signé 
à  Paris  fut  rarrangement  entre  la  France  et  l'Allemagne 
modifiant  l'indemnilé  d'alimentation  et  le  tarif  de  rations 
à  fournil'  à  l'armée  d'occupation  ahemande  (10  nov.  1871): 
\iennent  ensuite  le  procès-verbal  d'échange  des  ratifica- 
tions de  la  convention  additionnelle  du  M  déc.  1871  au 
traité  de  Francfort,  le  11  janv.  1872;  l'arrangement  pour 
l'admission  réciproque  des  actes  de  l'état  civil  concernant 
LAlsace-Lorraine  (14  juin  1872);  la  convention  relative 
au  partage  de  la  commune  d'Avricourt  enti'e  l'Allemagne  et 
la  France  (28  août)  ;  le  protocole  du  7  oct.  1874  pour  déter- 
miner les  circonscriptions  diocésaines  entre  ces  deux  pays. 


—  1095  — 


PARIS 


Le  -10  août  i87T,  par  un  «  traité  de  Paris  »,  la  Suède 
a  rétrocédé  à  la  France  File  de  Saint-Barthélémy  (An- 
tilles), qui,  après  avoir  appai-teira  à  la  France,  avait  été 
cédée  par  elle  à  ia  Suède  en  1784  ;  (Ciie  r'Hroc.-^ssion  a 
été  confirmée  p'^ir  un  plébiscite. 

Fnnn,  c'est  à  Pinis  qu'a  été  sigiié,  le  10  déceniiue  1898, 
le  traité  qui  a  uns  (in  à  la  guerre  entre  les  Etats-Unis  et 
l'Espagne  relativement  à  Cuba.  Ce  iraité  comporte,  outre 
l'abandon  de  la  souvei'aiiieté  espagnole  sur  cette  lie,  la 
cession  complète  et  sans  conditions,  aux  l]tats-Unis,  do 
Porto-Fiico,  de  File  de  Guam  dans  Farcijipel  des  Lar- 
rons, et,  enlin,  de  tout  Farchipel  des  Philippiiii's  moyen - 
nanil  un  ^ersem«^nt  de  W  millions  de  dollars. 

Dans  le  dernier  quarl  du  xix^  siècle,  les  conventions 
de  l(mte  soi-te,  souvenî  sur  des  points  de  détail,  eL 
d'autre  part,  les  questions  coloniales  ont  pris  un  tel  déve- 
loppement, qne  nous  sommes  oljligé  (le  renvoyer  le  lecteur 
aux  Tables  alphahéthiiies  :  'V'  du  t  XX  du  Soliveau 
ïiecueil  général  des  Iraitês  (commencé  |)ar  G.  Fi'.  de 
Marlejis  et  continué  par  Fii.  vSamver  et  Jules  Kopt;  Gol- 
tingue,  187^]);  T  des  vin^^i  et  un  t(îmes  annuels  de  ia 
même  publication,  ^2^' sério.  par  Samwer  et  Hopf  jusqu'au 
ireizième,  pnc  l'\'lix  Sta-rk  (iepuis  le  qiiatoi'/.ième;  Got- 
tingue.  1876  à  i8;07.  IL  Mikxin. 

Conciles  de  Paris.  —  La  C>allia  Clirisliana,  Wbi 
de  vérifier  les  dates,  les  Mémoires  du  clergé  et  les  recueils 
spéciaux  indiqueiit  soixante-sept  conciles  tenus  à  Paris  de 
360  à  1811.  Nous  ne  mentionnerons  que  ceux  dont  les 
décisions  sont  importantes  pour  l'histoire  générale  de 
FEglise,  de  FFtat  et  des  mœurs  cléricales.  —  360.  Les 
évoques  qui  firent  partie  de  ce  concile  s'étaient  assemblés 
sur  la  demande  d'IJilaire  de  Poitiers,  qui  se  trouvait  alors 
en  Orient  ;  ils  réprouvèrent  la  formule  arienne  de  Rimini 
(Y.  Apjaxisme,  t.  llï,  p.  893,  1^'"  col.)  et  excommunièrent 
Saturnin,  évèque  d'Arles.  Cette  excommunication  fut  con- 
firmée en  362.  —  o37.  Canons  destinés  à  em.pêcher  le 
roi  de  disposer  des  biens  de  FFglise  et  de  nommer  les 
évêques.  Le  concile  déclare  nulle  l'ordination  d'an  évèque 
nommé  par  le  roi,  malgré  les  fidèles  et  contrairement  à 
la  volonté  du  métropolitain  et  des  évèques  de  la  province. 

—  573.  Sur  la  demande  de  Papolus,  évèque  de  Chartres, 
quatre-vingt-deux  évèques  déposentPromotus,  sacré  évèque 
par  ordre  de  Sigebert,  en  violation  des  règles  canoniques. 

—  o77.  Quarante-cinq  évèques.  Dans  ce  concile,  Gré- 
goire de  Tours  prit  la  défense  de  Prétextât,  évèque  de 
Rouen,  contre  le  roi  Chilpéric.^ — 18  oct.  615.  Soixa)ite- 
neuf  évèques.  Le  roi  Clotaire  assistait  à  ce  concile.  R  y 
fut  décrété  que  pour  remplacer  un  évèque  décédé,  on 
ordonnerait  celui  <[ai  aurait  été  choisi  par  le  métropolitain 
assisté  de  ses  suffragants,  avec  l'assentiment  du  clergé  et 
du  peuple  de  la  ville.  Si  on  ])rocédait  autremeiît,  sous  la 
pression  de  quelqu'un,  Félection  serait  nulle.  Défense  aux 
juges  de  faire  arrêter  et  de  condannicr  un  clerc  à  l'insu 
de  son  évèque.  Défense  aux  juifs  de  demander  aucune  au- 
torité sur  les  chrétiens.  Si  un  juif  a  obtenu  cette  autorité, 
il  sera  baptisé  avec  toute  sa  famille.  Par  édit  du  même 
jour,  Clotaire  approuva  tous-  les  canons  de  ce  concile, 
mais  il  y  introduisit  des  modifications  importantes,  notam- 
ment dans  le  premier,  à  l'égard  duquel  il  staiua  que 
Févêque  élu  par  les  évoques,  le  clergé  et  le  peuple  serait 
ordoimé  par  ordre  du  roi,  si  le  roi  V estimait  capable, 
--8^24.  Renouvellement  et  confirmation  des  décisions  du 
concile  de  Fraîicfortsur  les  images  (V.  C\RorL\s  |  Livres]) 
réprouvant  ceux  qui  brisent  les  images,  mais  blâmant  le 
pape  Adrien  d'avoir  recommandé  de  les  adorer.  Ce  concile 
proclama  la  supériorité  de  l'autorité  des  prêtres  sur  celle 
des  princes.  -™  829.  En  cette  année,  Louis  le  Pieux  et 
son  fds  Lothaire  tirent  assembler  quatre  conciles  pour 
la  réforme  des  Eglises  de  l'empire.  Ces  conciles  eurent  lieu 
à  Mayence,  à  L3^on,  à  Toulouse  et  à  Paris.  Il  ne  nous 
reste  que  les  canons  du  concile  de  Paris,  qui  était  composé 
des  évèques  des  provinces  de  Reims,  de  Sens,  de  Tours 
et  de  Rouen.  Il  s'ouvrit  le  6  iuhi.  Ses  décisions  consti- 


tuèrent une  sorte  de  code  ecclésiastique  divisé  en  trois 
parties.  La  première  regarde  la  discipline  ecclésiastique 
et  contient  54  canons,  dont  le  IH^  enseigne  que  l'Eglise 
comporte  deux  puissances  :  la  sacerdotale  et  la  royale. 
La  deuxième  partie  comprend  13  canons.  Le  ¥^,  le  ïï^ 
et  le  V^  déclarent  aux  princes  que  leur  principal  devoir 
est  de  défendre  l'Eglise.  La  troisième  partie  est  formée 
de  décisions  empruntées  à  de  précédents  conciles,  parmi 
lesquelles  se  trouve  la  décision  déjà  mentionnée  sur  le 
culte  des  images.  La  plupart  des  réformes  disciplinaires 
décrétées  par  ce  concile  sont  relatées  dans  les  notices  de 
notre  Encyclopédie  affectées  aux  matières  qu'elles  con- 
cernent. — ^846.  Le  prince  donnera  aux  évêques  des  pou- 
voirs signés  de  son  sceau,  afin  qu'ils  puissent  accomplir 
leur  divin  ministère,  lorsqu'ils  auront  besoin  de  Faction 
de  la  puissance  royale. 

1021'.  Le  titre  d'ap(;tre  est  décerné  à  saint  Maîlial.  — 
1050.  Condamnation  de  la  doctrine  de  Rérenger  et  de  Jean 
Scot  sur  Fl'jicharistie.  Ce  concile,  composé  d'un  grand 
nombre  d'évèqu.es.  par  ordre  et  en  présence  du  roi,  décida 
que  si  Bérenger  et  ses  partisans  ne  se  rétractaient  point, 
toute  l'armée,  ayant  le  clergé  en  tête,  irait  les  assiéger 
en  quelque  lieu  qu'ils  fussent,  et  les  punir  de  mort.  — 
1074.  Paris  ou  les  environs.  Ce  concile  réprouva  le  dé- 
cret de  Grégoire  VR,  interdisant  l'entrée  des  églises  aux 
clercs  coupables  de  fornication,  expression  qui  désignait 
le  mariage  aussi  bien  que  le  concubinage  (V.  Célibat, 
t.  IX,  p.  lOi'3).  Gauthier,  abbé  de  Pontoise,  y  fut  fort 
maltraité,  parce  qu'il  soutenait  ce  décret.  —  1104.  Con- 
cile composé  des  trois  [U'ovinces  de  Sens,  de  Tours  et  de 
Reims.  Lambert,  évèque  d'Arras,  y  avait  été  délégué  pour 
donner  l'absolution  au  roi  Philippe.  Ce  prince  vint  dans 
Fassemblée,  nu-pieds,  avec  de  grandes  démonstrations 
d'humihté;  il  jura  sur  les  Evangiles  de  n'avoir  plus  de 
i;ommerce  avec  Rerthrade  et  de  ne  la  voir  qu'en  présence 
de  témoins  non  suspects.  Rerthrade  lit  un  serment  ana- 
logue. —  1120,  Réforme  de  plusieurs  monastères.  Les 
rehgieuses  d'Argenteuil  sont  remplacées  par  des  moines 
de  Saint-Denis.  Elles  avaient  pour  prieure  Héloïse,  femme 
d'Abélard.  Plusieurs  se  retirèrent  avec  elle,  dans  le  dio- 
cèse de  Troyes,  au  Paraclet,  récemment  fondé.  —  1147. 
Saint  Rernard  y  accuse  d'hérésie  la  doctrine  de  Gilbert 
de  la  Porée,  évèque  de  Poitiers,  sur  la  Trinité.  —  1188. 
Philippe-Auguste  y  établit  la  Dime  saladine.  — 1196.  Con- 
cile présidé  par  deux  légats  et  formé  des  évêques  et  des 
abbés  de  tout  le  royaume.  On  devait  y  examiner  la  vali- 
dité du  mariage  de  Philippe-Auguste  avec  Ingelburge  de 
Danemark.  On  n'y  décida  rien.  — -  1210.  Concile  présidé 
par  le  cardinal-légat  Pierre  de  Courçon.  On  y  condamna 
la  doctrine  d'Amaury  et  quatorze  de  ses  disciples,  qui 
furent  brûlés.  On  condamna  pareillement  au  feu  les  livres 
de  la  Métaphysique  cFAristote.  —  1213.  Concile  par  le 
même  légat.  Règlements  sur  les  mœurs  des  ecclésiastiques, 
donnant  sur  ces  mouirs  des  indications  caractéristiques. 
!ls  sont  divisés  en  quatre  parties.  La  première,  conte- 
jiant  20  canons,  concerne  les  clercs  séculiers.  I.  Ils  s'ab- 
tiendront  des  conversations  trop  fréquentes  ou  dangereuses 
dans  les  églises  et  dans  le  chœur,  et  des  promenades  inu- 
tiles. III  etïV.  Ils  n'auront  ni  chiens,  ni  oiseaux  de  chasse, 
ni  femmes  chez  eux.  XVL  On  ne  souffrira  point  dans  les 
cloitres  d'assemblées  de  jeu  ou  de  débauche.  La  deuxième 
partie  regarde  les  cbanoines  et  les  réguliers  :  27  canons. 
IR.  Les  évèques  feront  boucher  les  petites  portes  qui  se 
trouvent  dans  les  abbayes  et  les  prieurés.  X.  Défense 
aux  religieux  d'avoir  des  chambres  hors  des  dortoirs,  de 
recevoir  des  femmes  dans  des  Keux  suspects,  de  jouer  à 
des  jeux  défendus  et  d'aller  à  la  chasse.  XXL  De  coucher 
deux  dans  le  même  lit.  Troisième  partie  (religieuses, 
abbés,  abbesses)  :  21  canons.  I.  On  ne  souffrira  point 
auprès  des  religieuses  des  serviteurs  et  des  clercs  suspects. 
ïï.  Elles  coucheront  seules.  IV.  Elles  ne  doivent  point 
danser  dans  les  cloîtres.  VIL  Les  évêques  leur  donneront 
des  confesseurs  sages  et  discrets.  XIL  Les  abbés  et  les 


PARIS 


—  1096  — 


prieurs  n'auront  point  do  jeunes  laquais.  XIV.  Us  ne 
laisseront  point  entrer  dans  leurs  monastères  des  jeunes 
filles  ou  des  femmes  suspectes.  Quatrième  partie  (arche- 
vêques et  évêques)  :  21  canons.  I.  Recommandation  d'être 
sages  et  modestes  dans  leur  conduite.  II.  Ils  n'entendront 
point  matines  dans  leur  lit,  et  ne  causeront  point  pendant 
les  offices.  IV.  Ils  n'iront  point  à  la  chasse  et  ne  joueront 
point  aux  dés.  XVI.  Us  aboliront  la  fête  des  fous.  XX, 
XXL  Us  extirperont  le  crime  qu'il  est  défendu  de  nommer, 
et  le  feront  punir  selon  l'ordonnance  du  concile  de  La- 
tran.  —  Août  1215.  Robert  de  Courçon  y  lit  recevoir  un 
règlement  embrassant  toute  la  discipline  de  Fécolc  de 
Paris.  C'est  le  plus  ancien  document  de  ce  genre  c[ue  l'on 
connaisse.  Il  ordonne  d'expliquer  ordinairement  la  Dialec- 
tique d'Aristote  ;  mais  il  défend  de  lire  sa  Métaphysique 
et  sa  Physique.  — 1223, 1 224,  1226, 1229 .  Les  conciles 
assemblés  en  ces  années,  à  Paris,  concernent  les  Albi- 
geois et  Raymond,  comte  de  Toulouse.  — 4255.  Dans  ce 
concile,  on  nomma  des  arbitres  pour  juger  le  différend 
entre  l'Université  et  les  frères  prêcheurs.  Leur  sentence 
exclut  les  frères  prêcheurs  du  corps  des  maîtres  et  écho- 
liers  de  Paris,  à  moins  que  ces  derniers  ne  les  rappelassent 
volontairement.  Elle  fut  confirmée  par  un  concile  tenu 
Tannée  suivante.  Mais  les  frères  prêcheurs  firent  appel 
au  pape,  qui  prononça  entièrement  en  leur  faveur.  — 
Dec.  1281  :  Quatre  archevêques,  vingt  évêques.  L'Uni- 
versité se  joignit  à  eux.  Ils  se  plaignirent  des  religieux 
mendiants  qui  prêchaient  et  confessaient  malgré  eux  dans 
leurs  diocèses.  Une  bulle  de  Martin  IV  (iO  janv.  1282) 
confirma  aux  frères  mineurs  le  pouvoir  de  prêcher  et 
d'entendre  les  confessions,  mais  avec  cette  clause  :  «  Nous 
voulons  que  ceux  qui  se  confesseront  à  ces  frères  soient 
tenus  de  se  confesser  à  leurs  curés  au  moins  une  fois 
l'année,  suivant  l'ordonnance  du  concile.  »  Cette  ordon- 
nance est  un  décret  du  IV *^  concile  de  Latran. 

10  avril  1302,  12  mars  et  13  juin  1303.  Ces  dates  se 
rapportent  aux  premières  assemblées  des  Etats  généraux. 
Mais  ces  assemblées  peuvent  être  considérées  comme  des 
conciles,  parce  que  les  questions  dont  elles  s'occupèrent 
appartiennent  essentiellement  à  l'histoire  ecclésiastique. 
Elles  résultaient  du  conflit  survenu  entre  Philippe  le  Bel 
et  Boniface  VIII,  relativement  aux  droits  de  la  puissance 
pontificale  et  aux  droits  de  la  puissance  royale,  aux  droits 
des  Eglises  nationales  et  aux  prétentions  de  la  papauté. 
Sous  la  pression  du  roi,  des  seigneurs,  des  représentants 
des  universités  et  des  communes,  le  clergé  prit  parti  pour 
le  roi  (V.  Boniface  VIII,  t.  VIII,  pp.  294  et  suiv.).  ~ 
16-28  mai  1310.  Concile  présidé  par  Philippe  de  Mari- 
gny,  archevêque  de  Sens.  On  y  fit  le  procès  des  Tem- 
pliers, plusieurs  furent  absous,  "d'autres  furent  condamnés 
a  la  prison  perpétuelle,  cinquante-neuf  furent  brûlés  dans 
les  champs,  près  de  l'abbaye  Saint-Antoine.  Tous  protes- 
tèrent de  leur  innocence.  — 1328-29,  Assemblées  de  pré- 
lats et  de  seigneurs  tenues  à  Vincennes,  en  présence  du 
roi  Philippe  de  Valois,  pour  fixer  les  limites  de  la  juridic- 
tion ecclésiastique  et  de  la  juridiction  laïque  (V.  Juridic- 
tion, t.  XXI,  p.  335,  1^^  col.).  —  13  mars  1447.  Con- 
cile présidé  par  l'archevêque  de  Sens  :  13  canons.  I.  Plainte 
contre  les  usurpations  de  la  justice  laïque,  et  revendica- 
tion de  l'immunité  des  clercs.  III.  On  tiendra  pour  sus- 
pects d'hérésie  ceux  qui  demeureront  plus  d'un  an  dans 
l'excommunication.  IV.  Sont  excommuniés  les  seigneurs 
et  les  magistrats  qui  n'arrêtent  point  les  gens  suspects 
d'hérésie  ou  qui,  après  les  aA^oir  arrêtés,  ne  les  livrent 
point  aux  évêques. 

Les  conciles  ou  assemblées  qui  suivent  ont  été  tenues 
pendant  le  grand  schisme  d'Occident.  —  y*^l  nov.  1378. 
Une  assemblée  convoquée  à  Vincennes,  par  Charles  V,  se 
prononce  en  faveur  de  Clément  VIL  L'année  suivante,  cet 
antipape  fixa  sa  résidence  à  Avignon.  —  1395.  Concile 
réuni  par  Charles  VI.  UArt  de  vérifier  les  dates  le 
classe  comme  Premier  concile  Nxitional  de  France.  Cin- 
quante-cinq patriarches,   archevêques  et  évêques,   neuf 


abbés,  beaucoup  de  doyens  et  des  docteurs  y  assistèrent. 
L'objet  de  la  convocation  était  l'extinction  du  schisme.  On 
convint  que  le  moyen  le  plus  convenable  pour  y  parvenir 
était  d'obtenir  la  démission  des  papes  rivaux.  Benoît  Xlil 
(Pierre  de  Luna)  qui  résidait  à  Avignon,  refusa  la  sienne. 
—  Juil.  1398.  IP  Concile  national  :  11  archevêques, 
60  évêques,  70  abbés,  60  procureurs  de  chapitres,  le 
recteur  de  l'université  de  Paris,  les  députés  des  univer- 
sités d'Orléans,  d'Angers,  Montpellier,  Toulouse,  un  grand 
nombre  de  docteurs  en  théologie  et  en  droit.  Une  résolu- 
tion promulguée  par  lettres  patentes  du  roi  (27  juil.)  dé- 
clara que  le  roi,  les  princes  du  sang  et  plusieurs  autres 
et  avec  eux  toute  l'Eglise  du  royaume,  tant  le  clergé  que 
le  peuple,  se  retiraient  entièrement  de  l'obéissance  de  Be- 
noît XIII  et  de  ses  adversaires.  D'autres  édits  pourvurent 
au  gouvernement  del'Eghse  de  France,  à  défaut  de  pape. 
Cette  soustraction  dura  jusqu'au  30  mai  1403.  Le  roi  la 
révoqua  alors  et  rendit  pour  lui  et  pour  son  royaume  l'obéis- 
sance à  Benoît  XIII,  parce  qu'il  avait  consenti  à  donner  sa 
démission,  tandis  que  Boniface  JX  s'obstinait  à  refuser  la 
sienne.  —  1406-7.  Deux  assemblées  du  clergé  décident 
de  se  soustraire  de  nouveau  à  l'obéissance  de  Benoit  Xt[ 
et  demandent  la  convocation  d'un  concile  général.  — 
11  aoùt-15  nov.  Ii08.  III^  Concile  national.  Il  déclara 
les  adhérents  de  Benoît  XIII  fauteurs  d'hérésie,  et  nomma 
les  prélats  et  les  députés  qui  devraient  se  rendre  au  con- 
cile de  Pise.  — 1429.  Mesures  sévères  décrétées  contre  la 
fête  des  fous  et  la  fête  de  l'âne. 

3  fév.-9  oct.  1528.  Concile  présidé  par  le  cardinal  Du 
Prat,  archevêque  de  Sens.  11  avait  pour  objet  la  condam- 
nation de  la  doctrine  de  Luther  et  la  réformation  de 
l'Eglise  dans  la  discipline  et  dans  les  mœurs.  On  y  fit 
16  décrets  pour  affirmer  les  points  de  foi  attaqués  :  unité, 
infaiUibilité  et  visibilité  de  l'Eglise  ;  autorité  des  conciles, 
des  livres  canoniques,  de  la  tradition,  des  constitutions 
et  des  usages  ecclésiastiques;  jeûnes  et  abstinences,  céli- 
bat des  prêtres,  vœux  monastiques,  sacrements,  sacrifice 
de  la  messe,  satisfaction,  purgatoire  et  prière  pour  les 
morts,  culte  des  saints,  culte  des  images,  libre  arhitre, 
nécessité  des  bonnes  œuvres.  Les  règlements  sur  la  disci- 
pHne  et  les  mœurs  sont  contenus  en  40  articles,  qui  n'at- 
teignent sérieusement  aucun  des  abus  qui  fournissaient 
aux  Réformateurs  leurs  arguments  les  plus  puissants.  — 
13  mars  1612.  Sur  les  instances  du  cardinal  Du  Perron, 
ce  concile  condamna  le  traité  De  ecclesiastica  et  politica 
potestate,  dans  lequel  Edmond  Richer,  syndic  de  la  fa- 
culté de  théologie  de  Paris,  formulant  logiquement  les 
conclusions  du  galUcanisme,  enseignait  que  la  juridiction 
appartient  essentiellement  à  l'Eglise  et  éventuellement  au 
pape  et  aux  évêques.  Cette  condamnation  déclarait  que  le 
livre  de  Richer  contenait  plusieurs  propositions  fausses, 
schismatiques  et  hérétiques,  mais  sans  citer  ces  proposi- 
tions et  en  réservant,  pour  la  forme,  les  droits  du  roi  et 
de  la  couronne  de  France,  droits,  immunités  et  libertés 
de  l'Eglise  gallicane.  Richer  appela  comme  d'abus;  mais 
la  reine  mère  défendit  au  Parlement  de  recevoir  son  appel, 
et  le  fit  déposer. 

1811.  Concile  national  assemblé  par  Napoléon.  Le  pape 
Pie  VII,  prisonnier  à  Savone,  avait  refusé  l'institution 
canonique  aux  évêques  nommés  par  l'empereur.  En  pré- 
sence de  ce  refus,  il  s'agissait  de  trouver  un  moyen  de 
pourvoir  à  ce  que  l'institution  ne  fut  suspendue  par  au- 
cune autre  cause  que  les  empêchements  canoniques.  Le 
25  avr.,  l'empereur  convoqua  les  évêques  de  la  France, 
de  l'Italie  et  de  la  portion  de  l'Allemagne  comprise  dans 
ses  Etats.  Le  concile  se  réunit  le  9  juin  ;  il  se  composait 
de  6  cardinaux,  9  archevêques,  80  évêques,  9  prêtres 
nommés  à  des  évêchés,  mais  non  encore  institués  canoni- 
quement.  Le  cardinal  Fesch  en  fut  le  président.  —  Le 
11  mai,  Pie  VII  avait  accepté  quatre  propositions  écrites 
sous  ses  yeux,  en  forme  de  note  ;  mais  il  ne  les  avait  pas 
signées.  Sa  Sainteté  promettait  d'accorder  l'institution 
canonique  aux  sujets  nommés  par  l'empereur,  en  la  forme 


1097 


PARIS 


convenue  par  les  concordats.  Elle  consentait  à  ce  qu'il  fût 
inséré  dans  ces  concordats  une  clause,  par  laquelle  elle 
s'engageait  à  faire  expédier  aux  évoques  nommés  une 
bulle  d'institution,  dans  un  temps  déterminé,  que  Sa  Sain- 
teté estimait  ne  pouvoir  être  moindre  que  six  mois.  Dans 
le  cas  où  elle  différerait  plus  longtemps,  pour  des  raisons 
autres  que  l'indignité  des  sujets,  elle  investirait  du  pou- 
voir de  donner  l'institution  en  son  nom,  après  les  six 
mois  expirés,  le  métropolitain  du  siège  vacant  ou,  à 
son  défaut,  le  plus  ancien  évéque  de  la  province.  — Cette 
note,  apportée  de  Savone,  fut  présentée  au  concile,  comme 
devant  supprimer  toutes  les  hésitations.  Le  9  juil.,  la 
commission  chargée  du  rapport  proposa  au  concile  de  se 
déclarer  compétent  pour  statuer  sur  le  mode  de  l'institu- 
tion que  le  métropolitain  devrait  donner  dans  le  cas  prévu 
par  la  note.  L'assemblée  ne  décida  rien  ce  jour-là.  Dans 
la  nuit,  |un  membre  de  la  commission,  où  la  proposition 
du  rapport  n'avait  obtenu  que  la  majorité  d'une  seule 
voix,  passa  au  parti  des  opposants,  qui,  dès  lors,  devint 
majorité.  Le  11  juil.,  la  commission,  retirant  ses  pre- 
mières conclusions,  proposa  au  concile  de  se  déclarer 
incompétent  :  1  ^  parce  que  la  note  n'était  point  signée  ; 
2«  parce  que  l'addition  relative  à  l'institution  que  le  mé- 
tropolitain aurait  à  donner  n'était  point  textuellement 
exprimée.  Cette  proposition  fut  adoptée.  Le  jour  même, 
Napoléon  prononça  la  dissolution  du  concile.  —  Néan- 
moins, la  plupart  des  évêques  restèrent  à  Paris.  Après 
plusieurs  conférences  avec  eux,  le  concile  fut  de  nouveau 
convoqué  en  congrégation  générale,  le  5  août.  Il  se  dé- 
clara compétent  pour  statuer  sur  l'institution  canonique 
des  évêques,  et  il  statua  :  1°  que,  après  six  mois  écou- 
lés sans  que  le  pape  eût  accordé  cette  institution,  le  mé- 
tropolitain y  procéderait  à  son  défaut  ;  '2^  que  le  décret 
serait  soumis  à  Tapprobation  du  pape.  Pie  VII  l'accepta, 
par  bref  du  ^20  sept.;  mais  en  y  ajoutant  que  l'institution 
serait  donnée  en  son  nom.  Il  envoya  des  bulles  aux 
évoques  déjà  nommés.  Mais  Napoléon  ne  permit  pas  qu'elles 
leur  fussent  remises,  nique  le  bref  fût  publié  ;  parce  que 
le  conseil  d'Etat  lui  avait  fait  observer  que  dans  ce  bref 
le  pape  n'avait  considéré  le  concile  que  comme  une  simple 
assemblée.  —  Pour  notions  complémentaires,  V.  Nomina- 
tion. 

\6  août-15nov.  4797,  l^'' concile  national  de  V Eglise 
constitutionnelle;  i29  juin- 16  août  1801, IP  concile  na- 
tional de  cette  Eglise  (V.  Organique,  t.  XXV,  p.  538). —  Le 
20  ou  25  mai  1559,  les  Eglises  réformées  de  Finance 
tinrent  à  Paris  leur  I®^  Synode.  On  y  rédigea  leur  Con- 
fession de  foi  et  on  y  arrêta  les  articles  fondamentaux  de 
leur  Discipline,  E.-H.  Vollet. 

Géologie  (V.  Parisien  et  Tertiaire). 

BiBL.  :  On  ne  trouvera  indiqués  ici  ni  les  ouvrages  rela- 
tifs ù  des  parties  de  l'histoire  de  Paris  traitées  sous  d'autres 
mots  que  le  mot  Paris,  ni  les  publications  administratives 
déjà  mentionnées  au  cours  du  présent  article.  —  Les  Iji- 
bliographies  relatives  à  Paris  publiées  en  1847  par  Giraiilt 
DE  Saint-Fargeau  et  en  1882  par  V.  Dufour  sont  insulii- 
santes,  et  l'on  se  sert  plus  souvent  du  Catalogue  des  lirrcs 
de  l'abbé  Bossuet  ;  Paris,  1888,  in-8. 

I.  E.  Belgrand,  la,  Seine,  le  bassin  parisien  aux  âges 
préhistoriques  ;  Paris,  1883,  2  vol.  in-4.  —  J  -L.  de  LAxXÊs- 
sAis,  Flore  de  Paris:  Paris,  188  l,in-12.  —  J. -T.  Dunkel,  To- 
pographie  et  consolidation  des  carrières  sous  Paris  avec 
urîe  description  géologique  et  hydrologique  du  sol;  Paris, 
1885,  in-4.  —  J.  Jaubert,  Climatologie  de  la  région  deParis; 
Paris,  1898,  in-8. 

II.  J.  DU  Breul,  le  Théâtre  des  antiquités  de  Paris; 
Paris,  1639,  in-4.  —  H.  Sauval,  Histoire  et  recherches  des 
antiquités  de  la  ville  de  Paris  ;  Paris,  1724,  3  vol.  in-fol.  — 
Félibien  et  Lobineau, Histoire  de  Paris;  Paris,  1725,  5vol. 
in-fol.  —  Jaillot, iîec^erc/ies  sur  Paris;  Paris,  1782,  5  vol. 
Ju-8.  —  S.  Mercier,  Paris  pendant  la  Révolution  ou  le 
Nouveau  Paris,  éd.  L.  Lacour;  Paris,  1862,  2  vol.  in-12.  — 
A.  DE  Laborde,  Paris  inunicipe  ;  Paris,  1833,  in-8.  — 
M.  JoLLOis,  Mémoire  sur  les  antiquités  romaines  et 
gallo-romaines  de  Paris,  dans  Mém.  de  l'Ac.  des  inscr.^ 
Antiquités  de  la  Fr.,  1813.  t.  I,  pp.  1-178.  —  Le  Roux  de 
LiNCY,  Histoire  de  l'H.  de  V.  de  Paris,  suivie  d'un  essai 
sur  l'ancien  goiwernemoMt municipal  de  cette  ville;  Paris, 
1846,  in-4.  —'[F.  et  L  Lazare],  laRevue  municipale  ;  Paris, 
1848-62,  5   vol.  in-4.  —  A.  Bonnardot,  Etudes  archéolo- 


giques sur  les  anciens  plans  de  Paris  et  dissertations  ar- 
chéologiques sur  les  anciennes  enceintes  de  Paris;  Paris, 
1851-52,  in-4,  avec  supplément  de  1877.  —  Journal  d'un 
bourgeois  de  Paris  sous  le  règne  de  François  P";  Paris, 
1854,' in-8,  éd.  Lalanne.  —  L  IIxza.re,  Bibliothèque  muni- 
cipale. Publications  administratives;  Paris,  1862-68,  12  vol. 
in-12  —  E.  DE  Barthélémy,  Journal  d'un  curé  ligueur  de 
Paris {1557-90);  Paria.  1865,  in- 12.— L  -M.  Tisserand.  J?i,tro- 
ducllon  à  l'histoire  générale  de  Paris  ;  Paris,  1866,  in-L  — 
Le  Roux  DE  LiNCY  et  Tisserand.  Paris  et  ses  historiens 
aux  xîV  et  x\^  siècles  ;  Paris,  1867,  in-L—  J.  Le  Berquier, 
Administration  de  la  ville  de  Paris  et  du  département 
de  la  Seine  ou  traité  pratique...  :  Paris,  1868,  in-12.  — 
C. -A.  Dauban,  la  Démagogie  en  1193  à  Paris;  Paris.  1868, 
în-8.  ~  Du  même.  Paris  en  119^  et  en  1195;  Paris,  1869, 
in-8.  —  AL  BoREL  d'Hauterive,  les  Sièges  de  Paris;  Paris, 
1871,  in-12.  —  G.  Picot,  Recherches  sur  les  c[uarilniers., 
cinquantenicrs  et  dizainlers  de  la  ville  de  Paris,  dans Mé?n. 
Soc.  Hlst  de  Paris,  1875,  t.  I.  —  De  Coëtlogon  et  Tisse- 
rand, les  Armoiries  de  la  ville  de  Paris;  Paris,  1875,2  vol. 
in-(.  —  IL  1Î0U.SSAYE,  le  Premier  Siège  de  Paris.  A7i  52 
avant  Vère  chrétienne  ;  Paris,  1876,  in-16.  —  Fr.  Lecaron, 
Essais  sur  les  travaux  publics  de  la  ville  de  Paris  ait 
moyen  âge,  dans  Mém  H.  de  P.,  1877.  t.  III.  —  R.  de  LA,=i- 
TEVRiE,  Fragments  de  comptes  relatifs  aux  travaux  de 
Paris  en  1 36H.ibld..  ISlii.t  IV.  —A.  Franklin,  les  Anciens 
Plans  de  Paris;  Paris,  1878.  2  vol.  in-L  —  H.  Gourdon  de 
Genouillac.  Paris  à  travers  les  siècles  ;  [Paris,  1879-81], 
5  vol.  gr.in-8.  —  Fr.  Lecaron,  les  Origines  de  la  mimicipa- 
lité  parisienne,  dans  Mém.  H.  de  P."  1879,  t.  VI,  et  1881, 
t.  VIIL—  P.  Robiquet,  Histoiremunicipale  de  Paris  juscpiâ 
l'avènement  de  Henri  III  ;  Paris,  1880,  in-8.  —  A.  Sciimidt, 
Paris  pendant  la  Révolution  française,  trad.  VioUet  ;  Paris, 
1880-85.2  vol.  in-8.  —Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  {1W5- 
4.9),  éd.  Tuotey  ;  Paris,  1881,  in-8.  —  Bonnardot,  etc..  Re- 
gistres des  délibérations  du  bureau  de  la  ville  de  Paris 
'{1^99-1516);  Paris,  1883-96.  8  vol.  in-l.  -  P.  Robiquet. 
Paris  et  la  Ligue  sous  le  règne  de  Henri  III ;  Paris,  18<s6. 
in-8.  —  F.  BoÛrnon,  Paris  ;  Paris.  1887,  in-8.  —  R.  de  Las- 
teyrie,  Cartulaire  général  de  Paris  [528-1680]  ;  Paris,  1887, 
in-L  —  Ch.  Delon.  Notre  Capitale  Paris;  Paris,  1888,  ,ar. 
in-8.-  H.  MoNiN,  l'Etat  de  Paris  en  1189;  Paris.  1889,  in-8. 

—  E.  DE  MÉNORVAL,  Paris  [des  origines  à  1115]  ;  Paris, 
1889-97, 3  vol.  in-12.  —  P.  Robiquet,  le  Personnel  municipal 
de  Paris  pendant  la  Révolution.  Période  constitutionnelle; 
Paris,  1890.  in-8.  —  M.  Tourneux,  Bibliographie  de  l'his- 
toire de  Paris  pendant  la  Révolution  française  ;  Paris, 
1890-91,  2  vol.  gr.  in-8.  —  A.  Tuètev,  Répertoire  général 
des  sources  manuscrites  de  l'histoire  de  Paris  pendant  la 
Révolution  française;  Paris,  1890-91.  3  \ol.  gr.  in-8.  — 
L.-M.  Batiffol,'^<')  Prévôté  des  marchands  de  Paris  à  la 
fin  du  xiv«  siècle,  dans  Bibl.  de  VEc.  des  Ch.,  1891, 
pp.  269-84.  —  M.  Le  Mansois-Duprey,  l'Œuvre  sociale  de 
la  municipalité  parisienne,  1811-91  :  Paris,  1892,  in-8.  — 
Souviron  et  DE  Pontich,  Recueil  annoté  de  lois  eï  décrets 
sur  l'administration  communale  et  départementale  com- 
prenant les  textes  spéciaux  à  l'administration  de  la  ville 
de  Paris  et  du  département  de  la  Seine;  Paris,  1893,  in-8.  — 
M.  Tourneux,  Procès-verbaux  de  la  Commune  de  Paris 
{1192-93);  Paris,  1894,  in-8.  —  S.  Lacroix,  les  Actes  de  la 
Commune  de  Paris  pendant  la  Révolution.  1189-90; 
Paris,  1891-98,  7  vol.  in-8.  —  E.  Gay,  Nos  Ediles  [depuis 
1811]  ;  Paris,  1895,  gr.  in-8.  —  A.  des  Cilleuls,  le  Parloir 
aux  bourgeois,  dans  Mém.  H.  de  P.,  1895,  î.  XXII.  — 
BoRRELLi  de  Serres,  la  Réforme  de  la  prévôté  de  Paris, 
dans  Recherches  sur  dii'>ers  services  publics  du  xiii^  au 
xvir  siècle;  Paris,  1(S95,  pp.  529-572,  in-8.  —  L.  Batiffol, 
Le  Châtelet  de  Paris  vers  l'kOO,  dans  Revue  historique, 
1896,  pp.  232-241  (Le  préviH  de  Paris).  —  Halem,  Paris  en 
1190,  trad.  Cluiquet  ;  Paris.  1896,  in-8.  —  G.  Isambert,  la 
Vie  à  Paris  pendant  une  année  de  la  Révolution  ;  Paris, 
1896,  in-12.  —  G.  Lenotre,  Paris  révolutionnaire  ;  Paris, 
1896^  in-12  --  A.  Aulard,  l'Organisation  municipale  de 
Paris  pendatit  la  réaction  thermidorienne,  dans  Révo- 
lution française,  1897,  pp.  253-260.  —  Commandant  Palat, 
Bibliographie  générale  de  la  guerre  de  1810-11;  Nancy 
et  Paris,  1897,  in-8.  —  P.  Lehautcourt,  Siège  de  Paris; 
Paris,  1898-99,  3  vol.  in-8.  —  E.  Mellié,  les  Sections  de 
Paris  de  1190  à  l'an  IV ;  Paris,  1898,  in-8. 

III.  M.  Bl(3Ck  et  IL  DE  Pontich,  Administration  de  la 
ville  de  Pans  et  du  département  de  la  Seine  ;  Paris,  1884, 
in-8.  —  Dalloz  et  Vergé,  Code  des  lois  politiques  et  admi- 
nistratives ;  Paris,  1887,  in-L  t.  I,  sect.  IX,  Département  de 
la  Seine  et  ville  de  Paris,  pp.  820-881. 

IV.  M.  Barroux,  les  Sources  de  l'ancien  état  civil  pari- 
sien; Paris.  1898,  in-8. 

V.  A.  du  Pradel,  le  Livre  commode  des  adresses  de 
Paris  pour  1692  (éd.  E.  Fournier)  ;  Paris,  1878,  2  vol.  in-12. 

—  G.  Brice,  Desc?^iptio7i  nouvelle  de  Paris;  Paris,  1752, 
4  vol.  in-12.  — [Jèze],  Tableau  de  Paris;  Paris,  1765,  in-8.  — 
PiGANioL  DE  La  Force,  Descripiio?!  de  Paris  ;  Paris,  1765, 
10  vol.  in-12.  —  [Alletz],  le  Géographe  parisien;  Paris, 
1769,  2  vol.  in-8.  —  Hurtaut  et  Magny,  Dictionnaire  his- 
toriciue  de  la  ville  de  Paris  ;  Paris,  1779,  4  vol.  in-8.  — 
[S.  Mercier],  Tableau  de  Paris;  Amsterdam,  1783-88, 
12  vol.  in-8.  —  Thiéry,  Guide  des  amateurs  et  des  étrangers 
et  voyageurs  à  Paris;  Paris,  1787,  2  vol.  in-12. ~H.  Géraud, 


PARIS 


—  1098  — 


Paris  sous  Philippe  le  Bel;  Paris,  1837,  in-8.--- Gihault  bk 
Saint-Fargeau,  les  Qunrante-huit  Quartiers  de  Paris  ; 
Paris,  1850,  in"r2.  —  Bonxefons,  les  Hôtels  historiques  de 
Paris;  Paris,  1852,  gr.  in-(S.  •—  F.  et  L.  Lazare,  Diction- 
naire  des  rues  de  Paris  et  de  ses  -monuments;  Paris,  1855, 
jn-4.  -—  F.  DE  GuiLiiERMY,  Description  archéologique  des 
monuments  de  Paris/Paris,  1856,  in-12.  —  A.  Bonnardoi, 
Iconographie  du  vieux  Paris,  dansi  Revue  universelle  des 
aiHs,  1855-59.  — x\ui)iGANNE,  etc.,  Pans  dans  sa  splendeur  \ 
Paris,  1858-63,  3  vol.  gr.  in-fol.  — Fr.  l.ociv.  Dictionnaire  de 
l'ancien  Paris:  Paris,  [1800],  in-12  —  A.  Springer,  Paris 
au  xiii«  siècle;  Paris,  18G0,  pet.  in-8  —A.  BERTY,Gtc.,  Topo- 
graphie historique  du  vieux  Paris;  Paris,  18G()-97,  G  vol. 
in-4.  — Paris-guide  par  les  principaux  écrivains  et  artistes 
de  la  France)  Pail's  1867,  2  vol.'* in-12.  —  A.  Lenoir,  Sta- 
tisticpie  monwiienlaJe  de  Paris;  Paris,  1867,  2  vol.  in-fol. 
et  1  vol.  in-4.  —  Lefeuve.,  les  Anciennes  Mai.sons  de  Paris; 
Paris,  1875,  5  vol.  in-8.  ~  ]M.  du  Camp,  Paris,  ses  organes, 
ses  fonctions  et  sa  vie;  Paris,  1876,  6  vol.  in-18.  —  F."  Nar- 
joux,  Moniunents  élevés  par  la  vûle  {1850-1880);  Paris, 
1877-81,  5  vol.  in-fol.  —  V.  Dufour,  Collection  des  an- 
ciennes descriptions  de  Paris  (Isaac  de  Bourges,  Da- 
vity,  etc.)  ;  Paris,  1878-83,  10  vol.  in-12.  —  Atlas  des  anciens 
-plans  de  Paris  ;  Paris,  1880,  3  vol.  in-fol.  —  Mémoire  de  la 


néiffdité  de  Paris,  publié  par  A. -M.  de  BoiSLiSLEi  Paris, 
1881,  7fi-l.  —  F.  Hoffbauer,  Paris  à  travers  les  âges  (texte 
d'E.  Fournier,  etc.)  ;  Paris,  1882, 2  vol.  in-fol,  —  Ch.  Yriarte, 
Histoire  de  Paris,  ses  transformations  successives  ;  Paris, 
1882],  in-4.  —  A.  de  Ruble,  Paris  en  1572,  dans  Mém. 
H.  P.,  1886,  t,  XIII.  —A.  ViTU,  Paris;  Paris,  1889,  gr.  in-4. 

—  Ch.  Normand,  Nouvel  Uinéraire-guide  artistique  et 
archéologiciue  de  Paris;  Paris,  1889-94,  2  vol.  in-16.  —  Comte 
d'Aucourt,  les  Anciens  Hôtels  de  Paris  ;  Paris,  1890,  in-16. 

—  Saint-Juirs,  ^a  Seine  à  travers  Paris;  Paris,  1890,  gr. 
in-8.  —  A.  Babeau,  Paris,  en  1189;  Paris,  1892.  gr.  in-8.— 
H  MoxiN,  l'Etat  de  Paris  en  1189,  Paris,  1789;  in-8.  — 
P.  Strauss,  Par?s  ignoré;  Paris  [1892],  gr.in-î.  —  Alexis 
Martin,  Promenades  dans  les  vingt  arrondissements; 
Paris,  1894-95,  3  vol.  in-12.— A.  de  Charipeaux,  les  Monu- 
^nents  de  Paris;  Paris,  1896,  in-8.  —  G,  Lenôtre,  les  Quar- 
tiers de  Paris  pendant   la  Révolution;  Paris,  1896,  in-fol. 

—  L.  Sieber,  Description  de  Paris  par  Th.  Platler  {1599), 
dans  Mém.  H.  P.,  1»96,  t.  XXÏÏI.  —  Rapport  sur  le  service 
d'architecture  du  département  [de  la  Seine]  dressé  à  l'ap- 
pui du  compte  départemental  de  1895;  Paris,  1896,  in-1.  — 
G.  Montorgueil,  la  Vie  des  boulevards  ;  Paris,  1896, 
in-8.   —   P.   Joanne,  Paris;  Paris,  1898,  gr.  in-8. 

Yl.  Ed.  Fournier,  les  Lanternes.  Histoire  de  l'éclairage 
à.  Paris  ;  Paris,  1854,  in-8.  —  Alphand,  les  Promenades  de 
Paris  ;  Paris,  1867-73,  3  vol,  in-f.  —  E.  Belgrand,  les  Tra- 
vaux souterrains  de  Paris  ;  Paris,  1873-82,  4  vol.  gr.  in-8  et 

1  atlas.—  A.  Franklin,  Estât...  de  toutes  les  rues  de  Paris 
en  1636...  précédé  dune  étude  sur  la  voirie  et  l'hygiène 
publique  à  Paris  depuis  le  xii^  siècle;  Paris,  1873,  in-8.  — 
P.  Lacombe,  les  Noms  des  rues  de  Paris  sous  la  Révolu- 
tion; Nantes,  1886,  in-8  (extr.  de  laRevue  de  la  Révolution). 

—  S.  Dupain,  Notice  historiciue  sur  le  pavé  de  Paris; 
Paris,  1881,  in-8.  —  Alpiiand,  etc.,  les  Travaux  de  Paris 
1189-1889;  Paris,  1889,  atlas.  —  Ed.  Fournier.  Enigmes 
des  rues  de  Paris  ;  Paris,  1892,  in-18.  —  P.  Wery,  As- 
sainissement des  villes  et  éqouts  de  Paris  ;  Paris,' 1898. 
in-16. 

VII.  A  Martin,  Etude  historiciue  et  statisticpie  sur  les 
moyens  de  transport  dans  Paris  ;  Paris,  1894,  in-8. 

VIII.  L.  Courajod,  Livre  journal  de  La  zareDuv  aux,  mar- 
chand bijoutier  ordinaire  du  roi  {11^^8-58]  ;  Paris,  1873, 

2  vol.  in-B.  —  Cn.  Desmaze,  Les  métiers  de  Paris...  ;  Paris, 
1874,  in-8.  —  A.  Husson,  les  Consoinmations  de  Paris; 
Paris,  1875,  in-8.  —  G.  Fagniez,  Etudes  sur  l'industrie  et  la 
classe  industrielle  à  Paris  au  xiii^  et  au  xiV  siècle;  Paris, 
1877,  in-8.  —  G.  Saint-Joanny,  Registre  des  délibérations 
et  ordonnances  des  marchands  merciers  de  Paris  ;  Paris, 
1878_,  in-8.  —  A.  Franklin,  les  Corporations  ouvrières  de 
Pains,  dans  Mém.  H.  P.,  1883,  t.  X.  —  R.  de  Lespinasse, 
les  Métiers  et  Corporations  de  la  ville  de  Paris  ;  Paris, 
1886-97,  3  vol.  in-1.  —  J.  Guiffrey.  les  Manufactures  pa- 
risiennes de  tapisseries  au  xvtp  siècle,  dans  Mém.  LI.  P., 
1892,  t.  XIX. 

IX.  Godefrov  de  Paris,  Chronique  -^nétrique  suivie  de 
la  taille  de  Paris  en  1313  ;  Paris,  1827,  in-8,  éd.  Buchon.  — 
F.-L.  Martin  Saint-Léon,  Résumé  statistique  des  recettes 
et  des  dépenses  de  la  ville  de  Paris  de  1101  à  18^0,  puis 
de  IS^il  à  1850;  Paris,  1843-56,  2  vol.  in-4.  -  A.  d'Affry 
de  la  Monnoye,  Les  Jetons  de  l'échevinage  parisien  ; 
Paris,  1874, in-4.— A.  de  Barthélémy, Essai  sur  i!a  ?7io?i- 
naieparisis,  dans  Mém.  H.  P.,  1876,  t.  II.  —  A.  des  Cilleuls, 
le  Domaine  de  la  ville  de  Paris  ;  Paris,  1885,  in-4.  —-  De 
Saint-Julien  et  Bienaymé,  [es  Droits  d'entrée  et  d'oc- 
troi à  Paris  depuis  le  xii"  siècle  ;  Paris,  1886,  in-8.  —  A.  des 
Cilleuls,  Organisation  et  mouvement  des  finances  pari- 
siennes sous  l'ancien  régime  et  jusqu'à,  nos  jours  ;  Paris, 
1894,  in-8  (extr.  du  Bulletin  du  comité  des  travaux  histo- 
riques, section  des  sciences  économiques).  —  P.  Cauwès, 
les  Commencements  du  crédit  public  en  France.  Les 
rentes  sur  VHôtel  de  Ville  au  xvi»  siècle  (extr.  de  la  Revue 
d'économie  politique,  1895-96).  —  A.  Lévy,  Etudes  sur  les 
emprunts  de  la  ville  de  Paris;  Paris,  1896,  in-8. 


X.  Lr,  Houx  or  i.ixcv.  llecliercJuis  s)ii'  la  grande  con- 
frérie Notre-Daina  ;  Paiis,  18  y,  in-8  (cxti-  dos  A  ntiquaircs 
de  France).  ~-  M.  du  Caafp,  la  Charité  privée  à  Paris; 
Parip,  18S5,  iu-l'?.  —  On  m^me,  Paris  bienfaisant  :  Piwis, 
1888,  in-12.  —  A,  DES  CiLLircLs,  des  Secours  u  domicile 
clans  la  ville  de  Paris;  Paris, '1892,  in-8.  —  A,  Tuetey, 
r  Assistance  publique  à  Paris  pendant  la  Révolution,  1189- 
a»Zy;  Paris,  1895-97,  1  vol.  in-8.—  [Anon.],  Paris  chari- 
table  cl  prévoyant.  Tableau  des  œuvres  et  institutions  du 
département  de  la  Seine;  Paris,  1897,  in-8. 

XI.  A  CiiERî-^Au,  les  Ordonnances...  pour  éviter  la  peste, 
précédées  d'une  étude  sur  les  épidémies  parisiennes  ;  Paris, 
187'!,  in-16.  —  L.  Colin,  Paris,  sa  topographie,  son  hygiène, 
ses  maindies  ;  Paris,  1885,  in-18. 

XII.  V.  Chauvin,  Histoire  des  lycées  et  collèges  de  Paris  ; 
Paris,  1866,  in-12.  —  E  Michaud,  Guillaume  de  Champeaux 
et  les  écoles  de  Paris  au  xii^  siècle;  Paris,  1867,  in-8.  •— 
A.  Franklin,  les  Anciennes  bibliothèques  de  Paris  ;  Paris, 
1867-71.  3  vol.  in-1.  —  Paguelle  de  Follenay,  Notice  his- 
torique sur  Vécole  épiscopaJe  de  Notre-Dame  de  Paris; 
Paris,  1878,  in-8.  —  J.-M.  Richard,  l'Instruction  pri- 
maire à  Paris  au  milieu  du  xvip  siècle,  dans  la  Revue  tri- 
mestrielle, 1880,  ])p.  900-927.  —  L.-M.  Tisserand,  les  Pe- 
tites écoles  de  Paris  axant  1189,  dcxns  Revue  des  sciences 
et  des  lettres,  1888,  pp.  145-156  et  288-301.  (Cf.  Sor- 
]i0NNE  et  Université). 

XIII.  Inventaire  des  richesses  d'art  de  la  France.  Paris; 
Paris,  1876-89,  4  vol.  in-8.  —  A.  de  Champeaux,  l'Art  dé- 
coratif dans  le  Vieux  Paris  ;  Paris,  1898,  in-8. 

XIV.  N.  Brazier,  Chronicpies  des  petits  théâtres  de 
Paris,  éd.  d'Hoylli;  Paris,  1883,  2  vol.  in-16.  —  M,  E.  Dru- 
mont,  ïes  Fêtes  nationales  à  Pa^is;  Paris,  1879,  in-fol.  — 
M.  E.  Neukom,  Fêtes  et  spectacles  du  vieux  Paris; 
Paris,  1886,  in-12.  —  V.  Fournel,  le  Vieux  Paris.  Fêtes, 
jeux  et  spectacles;  Paris,  1887.  gr.  in-8.  —  Ch.  Normand, 
les  Arènes  de  Lutèce  ou  le  Premier  Théâtre  parisien; 
Paris  [1897],  gr.  in-8  et  1  atlas,   (cf.  Almanach). 

XV.  N,  de  La  Mare,  Traité  de  la  police;  Paris,  1722-38, 
4  vol.  in-fol.  — B.  Maurice,  Histoire  desprisons  de  la  Seine; 
Paris,  1840.  in-8.  —  Altioy  et  Lurine,  les  Prisons  de 
Paris.  Histoire,  types,  mœurs,  mystères  ;  Paris,  1846,  gr. 
in-8.  —  M. -G.  Deniere.  la  Juridiction  consulaire  de  Pans; 
Paris,  1872,  in-8.  —  A. -M.  Casenave,  Etude  sur  les 
tribunaux  de  Paris,  de  1189  A  1800;  Paris,  1873,  in-8.  — 
L.  Tanon,  Histoire  des  justices  des  anciennes  églises  et 
communautés  monasticpies  de  Paris;  Paris,  1883,  in-8.  — 
A.  Guillot,  Paris  qui  souffre  ;  Paris,  1888-90,  2  vol.  in-8.  — 
G.  Bonneron,  les  Prisons  de  Paris;  Paris  [1898],  in-8. 

XVI.  G.  Dubois,  Historia  ecclesiœ  parisiensis ;  Paris, 
1690-1710, 2  vol.  in-fol. -Ga^ia  christiana,  t.  VII,  1744.— Abbé 
Lebeuf,  Histoire  de  la  ville  et  de  tout  le  diocèse  de  Paris; 
Paris,  1754-58,  15  vol.  in-12;  éd.  Cocheris,  Paris,  1863-75, 
4  vol,  in-8  ;  éd.  de  1883,  Paris.  6  vol.  in-8  ;  rectifications  et 
additions  par  F.  Bournon.  Paris,  1890-95,  in-8.  — H.  Fisquet, 
La  Finance  pontificale...  Paris;  Paris,  1861-66,  2  vol.  in-8.— 
A.  DE  Coppet,  Paris  protestant;  Paris,  1876,  in-8  —  Vicomte 
G.  d'Avenel,  les  Evècpies  et  archevôciucs  de  Paris;  Paris, 
1878,  2  vol.  in-8.—  A  Longno:n,  V Ancien  Diocèse  de  Paris  et 
ses  subdivisions,  dans  Bull,  du  comité  d'hist.  et  d'archéol. 
dudiocèse  de  Paris,  1883,  pp.  10-19.  —  P.  Laco^h^e,  Essai 
d'une  biblioqraphie  des  ouvrages  relatifs  à  l'histoire  re- 
ligieuse de  Pans  pendant  la  Révolution;  Paris,  1884,  in-8. 
—  V.  MoRTET,  Etude  sur  la  cathédrale  et  le  palais  épisco- 
pal  de  Paris  du  vr  au  xii»  siècle  ;  Paris,  1888,  in-8.  —  Abbé 
Delarc.  l'Eglise  de  Paris  pendant  la  Révolution  fran- 
çaise ;  Paris  [1895-97],  3  vol.  in-8.  —  D''  Robinet,  le  Mou- 
vement religieux  à  Paris  pendant  la  Révolution  :  Paris, 
1896-98,  2  vol.  in-8.  —  L.  Kahn,  les  Juifs  de  Paris  pendant 
la  Révolution  ;  Paris,  1899,  in-8'. 

XVIII.  D'-  Gannal,  les  Cimetières...  avant  la  Révolution; 
Paris  [1884],  in-8.  —  Notes  sur  les  cimetières  de  la  ville  de 
Paris;  Paris,  1889,  in-4.  (Cf.  ci-dessus  (IV).) 

XIX-XX.  [Baron  J.  Pîchon],  le  Ménagier  de  Paris.  — 
Traité  de  morale  et  d'économie  domestique  composé  vers 
1393  par  un  bourgeois  parisien  ;  Paris,  1847,  2  vol.  gr. 
in-8.  —  F.  PaTïiEz,  l'Hôtel  de  Ville  et  la  bourgeoisie 
de  Paris.  Origines,'  mœurs,  coutumes  et  institutions 
municipales,  depuis  les  temps  les  plus  reculés  jusqu'à 
1189;  Paris,  1862,  in-8.  —  A.  de  Ponthieu,  les  Légen- 
des du  vieux  Paris  ;  Paris,  1867,  in-i8  —  A.  Fran- 
klin, Journal  du  siège  de  Paris  en  1590,  précédé  d'une 
étude  sur  les  mœurs  et  coutumes  des  Parisiens  au  xvi«  siè- 
cle ;  Paris,  1876,  in-8.  —  A.  Tardieu,  Dictionnaire  icono- 
grapfiiciue  des  Parisiens:  Ilerment,  1885,  in-8.—  P.  La- 
combe, Bibliographie  parisienne.  Tableaux  de  mœurs 
{1600-1880)  :  Paris,  1887,  in-8.  —  A.  Franklin,  la  Vie  pri- 
vée d'autrefois.  Mœurs  des  Parisiens  du  xip  au  xyiii^  siè- 
cle ;  Paris.  1887-97.  22  vol.  in-12.  —  M.  du  Seigneur, 
Paris- Voici  Paris;  Paris.  1889,  in-8.  —  Concourt,  Dau- 
det, etc.,  les  Types  de  Paris,  avec  dessins  de  Ralïaëlli; 
s.  1.  n.  d.  [Paris,  1889],  in-1. —Le  MANSOis-DupREY,De  Mont- 
martre à  Montrouqe.  Etude  d'ethnographie  parisienne  ; 
Paris,  s.  d.  [1894];  in-8.  —  G.  Montorgueil,  Paris  au 
hasard  ;  Paris,  1895,  in-B. 

PARIS  (Bassin  de)  (Géol).  (V.  P.\risiex  et  Tfrtiaire). 


—  1099 


PARIS  —  PARIS 


PARIS.  Ville  des  Etats-Unis,  Illinois,  sur  la  fron- 
tière E.;  o.OOO  hab.  (en  1890).  Fabriques. 

PARIS.  Ville  des  Etats-Unis,  Kentiicky;  {MO  bah. 
(en  1890).  Whisky,  marché  agricole. 

PARIS.  Ville  des  États-Unis'.  Texas;  8.^2:'>i  hnb.  (en 
1890).  Cotonnades,  labac,  minotinae.  scieries;  marcbé 
agi'icole. 

PARIS-L'HôpriAi,.  Cotn.  du  dép.  de  Saùne-et-Loire. 
arr.  d'Autnn,  cant.  de  Couches-les-Mines;  551  hab. 

PARIS  ou  ALEXANDRE.  Personnage  de  la  mvtholooi(^ 
grecque,  second  fils  de  Priam  et  d'Hécube.  Sa  mère,  avani 
ha  naissance,  rêva  qu'elle  accouchait  d'un  tison  qui  brû- 
lait la  ville;  Priam  Ht  exposer  l'enfanlpar  un  berger  sur 
le  mont  Ida  où  une  ourse  l'allaita  ;  le  berger  le  retrouvant 
au  bout  de  cinq  jours  l'cleva  ;  il  se  fit  remarquer  par  sa 
beauté  et  sa  bravoure  et  épousa  OEnone,  fdle  du  dieu  de 
la  rivière  Cebren,  douée  du  don  prophétique.  Il  gardait 
ses  troupeaux  sur  le  mont  Ida,  lorsque  lui  apparurent  les 
trois  déesses  entre  lesquelles  il  eut  à  choisir  la  plus  belle. 
Voici  la  version  la  plus  répandue  sur  ce  Jugement  de  Pa- 
ris. Aux  noces  de  Thétis  et  de  Pelée,  on  avait  invité  tous 
les  dieux,  sauf  Eris  (la  Discorde)  :  elle  se  présenta  et  jeta 
aux  convives  une  pomme  d'or  avec  cette  inscription  :  «  A 
la  plus  belle  »  ;  îléra,  Atbéna  et  Aphrodite  se  la  dispu- 
tèrent, Zeus  ordojjna  à  Hermès  de  conduire  les  trois  déesses 
sur  le  mont  Gargarus,  contrefort  de  l'Ida,  au  beau  berger 
Paris,  lequel  déciderait  :  Héra  lui  promit  la  puissance  et 
la  richesse,  la  souveraineté  de  l'Asie  ;  Athéna,  la  gloire  et  la 
sagesse;  A^phrodite,  la  plus  belle  des  femmes.  11  remit  la 
pomme  àx4phrodite.  Avant  ou  après  ce  jugement,  il  avait 
été  reconnu  pour  fils  de  Priam  à  l'occasion  d'un  sacrifice 
et  de  jeux  funéi^aires  célébrés  à  Troie  ;  il  y  fut  vainqueur, 
et  sa  sœur  Cassandre  proclama  sa  qualité.  Bientôt  après, 
à  l'instigation  d'Aphrodite,  et  malgré  l'avis  de  sa  femme 
OEnone,  il  partait  en  voyage  pour  la  Laconio,  où  il  enle- 
vait la  belle  lielène,  épouse  de  i\1énélas;  d'après  VîUade, 
(die  le  suivit  de  son  plein  gré  ;  leur  union  fut  consommée 
danslMot  de  Crante,  llevenant  par  l'Egypte  et  la  Phéni- 
cie,  Paris  rapporta  à  Troie  Hélène  et  les  trésors  ravis  au 
roi  de  Sparte.  Ce  rapt  fut  l'occasion  de  la  guerre  de 
Troie.  Paris  y  soutint  contre Ménélas  un  combat  singulier 
où  il  eut  le  dessous,  mais  refusa  de  rejuh'e  Hélène,  enjeu 
de  ce  duel.  Il  tua  x\chille  d'une  flèche  au  talon  ;  mais  lui- 
même  fut  blessé  par  Philoctète  d'une  flèche  empoisonnée  ; 
sa  première  femme  OEnone  refnsa  de  le  guérir,  et  il  mou- 
rut à  Troie.  Homère  le  représente  comme  beau  et  sédui- 
sant, joueur  de  lyre,  se  plaisant  à  la  société  des  femmes, 
médiocrement  brave  et  de  caractère  peu  sur.  Les  artistes 
le  figurent  ordinairement  comme  un  beau  jeune  homme  im- 
berbe, coiffé  du  bonnet  phrygien  et  tenant  une  pomme  à 
la  main.  ^  A. -M.  B. 

PARIS.  Xom  de  deux  célèbres  mimes  romains.  L'aîné, 
favori  de  Néron,  était  affranchi  de  sa  tante  Domitia  ;  reini)e- 
reur  s'étant  fait  instruire  par  lui  dans  son  art,  le  regarda 
bientôt  comme  un  rival  et  le  fit  tuer.  —  Le  jeune  Paris,  con- 
temporain de  Domitien,  était  d'origine  égyptienne;  ses  danses 
mimées  lui  valurent  une  immense  réputation  ;  adoré  de 
toutes  les  dames,  il  eut  le  malheur  d'inspirer  une  passion 
à  l'impératrice  Domitia.  Domitien  divorça  avec  sa  femme 
et  tua  l'histrion  dans  la  rue. 

PARIS  (Domenico  dt),  peintre  et  sculpteur  itahen  du 
x\^  siècle.  Cet  artiste,  originaire  de Padoiie,  exécuta,  pour 
le  maître-autel  de  la  cathédrale  de  Ferrare,  deux  belles 
statues  enbroîize,  très  poussées.  Saint  Maurù'e  ci  Saint 
Georges,  dans  lesquelles  se  manifeste  l'influence  de  Dona- 
teilo  (4453-66).  D.  di  Paris  se  distingua  dans  l'art  spé- 
cial du  stucage  en  couleur.  La  décoration  de  Tune  des 
salles  du  palais  Schifanoja,  à  Ferrare,  en  est  un  spécimen 
des  plus  heureux.  P.  de  Corlay. 

BiBL   :  BuRcr.HARDT.  le  Ciceronc. 

PARIS.  Famille  de  financiers  français  du  x\m^  siècle. 
Originaire  de  Charnècles  (Dauphiné),  sa  fortune  date  des 


quatre  fils  d'un  aubergiste  de  Moirans  :  Antoine,  né  le 
9  fév.  1668,  mort  à  Sampigny  le  29jun.  4733;  Claude, 
dit  La  Montagne,  né  le  7  août  4670.  mort  en  Dauphiné 
vers  4145;  Joscpli.  surnommé  Duverney,  né  le  9  avr. 
4684,  mort  le  47  juil.  !770;  Jean,  [Wt'de  Montmariet. 
plus  tard  marquis  de  Brunoy,  né  le  4^'"  août  4690,  mon 
le  40  sept.  4766.  Ils  débutèrent  par  une  spéculation  sur 
les  blés  au  moment  d'une  famine  en  Dauphiné  et  furent 
obligés  de  quitler  le  pays  pour  venir  à  Paris;  Joseph 
entra  diuis  les  gardes  françaises  ;  ses  trois  frères  devinrent 
{Miiployés  d'un  muni tionnaire  aux  armées  d'Italie  qu'ils 
avaient  connu  en  Dauphiné.  Antoine,  chargé  de  ravitailler 
farmée  de  Flandre,  s'y  fit  remarquer.  Les  frères  Paris, 
commandités  par  Samuel  Bernard,  avaient  une  grosse 
situation  financière  au  moment  des  réformes  de  Law.  Paris - 
Duveriiey  le  combattit  dans  un  mémoire  au  régent,  ce  qui 
les  fit  exiler  en  Dauphiné.  Mais  à  la  débâcle,  on  fit  appel 
à  eux.  Ils  furent  chargés  d'apph([uer  la  solution  proposée 
par  eux,  de  payer  les  dettes  effectives  et,  à  cet  effet,  de 
soumettre  au  visa  tous  les  })apiers  émis  à  l'occasion  du 
«  système  ».  Cette  colossale  opération  fut  conduite  par 
eux  avec  assez  d'habileté  pour  redonner  une  base  solide 
à  la  dette  publique  et  ménagei*  les  influences  poUtiques 
prépondérantes.  Duverney,  qui  ;ivait  le  rôle  dirigeant,  fut 
ensuite  chargé  de  combattre  la  peste  qui  désolait  le  midi 
de  la  France.  Mais  il  se  fit  disgracier  en  se  joignant  aux 
ennemis  de  Fleury  (4726)  ;  exilé  avec  ses  frères  et  un 
moment  enfermé  à  la  Bastille,  il  en  sortit  en  4728,  revint 
aux  affaires  en  1730.  En  4754,  il  contribua  à  la  création 
de  l'Ecole  inilitaii-e  dont  il  fut  le  premier  intendant  avec 
titre  de  conseiller  d'Etat.  Son  neveu,  Jean-Baptiste 'PAvk 
de  Meyzieu  (f  6  sept.  4778),  lui  succéda  dans  cette 
charge.  Le  général  Grimoard  a  pubhé  la  correspondance 
de  Paris-Duverney  avec  le  maréchal  de  Richelieu,  le  comte 
de-  Saint-Germain  et  le  cardinal  de  Bernis  (4789,  in-8). 
—  Jean  Paris  de  Montmartel,  nommé  en  4722  garde 
trii^nnal  du  trésor  royal,  puis  banquier  de  la  cour,  jouit. 
pendant  tout  le  règne  de  Louis  X^  .  d'une  influence  con- 
sidérab.le  ;  il  fit  ériger  en  marcjuisat  sa  terre  de  Brunoy  : 
son  flls,  du  même  nom,  mort  à  Villers-sur-Mer  le  40  ayr. 
1781,  n'est  connu  que  par  les  excentricités  ou  il  gaspilla 
sa  fortune,  au  point  ([ue  sa  famille  le  fit  interdire.  C'est 
ainsi  qu'il  ht  prendre  le  deuil  de  son  père  non  seulement 
à  tous  les  habitants  du  village,  mais  aux  animaux  cpii 
furent  teints  en  noii',  au\  statues,  aux  arbres  qu'on  voila 
de  crêpe,  à  la  rivière  ou  l'on  jeta  des  flots  d'encre. 

BiBL.  :  Marquis  (h;  }j:rvi  i\  'lîi^L  de,  MM.  Pûris;  Pans. 
177G,  in-8. 

PARIS  (François  de),  ordinairement  désigné  sous  le  nom 
de  diacre  Paris,  né  à  Paris  en  4690,  mort  en  4727.  Fils 
d'un  conseiller  au  Parlement,  on  le  destinait  à  la  magis- 
trature, afln  qu'il  succédât  à  son  père;  mais  une  vocation 
irrésistible  l'attirait  vers  l'état  ecclésiastique.  Au  séminaire 
de  Saint-Magloire,  il  s'appliqua  à  l'étude  du  grec  et  de 
l'hébreu,  consacrant  ses  loisirs  à  suivre  les  leçons  de  l'abbé 
Asfeld  sur  Flxriture  sainte  et  à  instruire  les  enfants  pauvres. 
On  voulait  le  nommer  curé  de  Saint-Côme  et  même  cha- 
noine de  Reims  ;  mais  après  avoir  été  sacré  diacre,  il  s'abs- 
tint de  demander  la  prêtrise,  et  se  voua  à  la  vie  solitaire. 
Il  se  logea  d'abord  au  troisième  étage  d'une  maison  de  la 
rue  de  l'Arbalète,  dans  le  faubourg  Saint-Marcel,  puis_  au 
faubourg  Saint-Jacques.  Ne  s'y  trouvant  point  assez  retiré, 
il  retourn.a  au  faubourg  Saint-Marcel,  rue  des  Bourgui- 
gnons. Il  y  partageait  sa  vie  entre  l'étude,  l'exercice  de 
la  charité  et  le  travail  manuel,  donnant  tout  son  bien  aux 
pauvres  et  faisant  des  bas  pour  vivre,  c.-à-d.  pour  ne  pas 
mourir  immédiatement  de  faim,  car  il  réduisait  au-dessous 
du  nécessaiie  la  part  qu'il  se  réservait,  et  il  abrégea  sa 
vie  par  les  excès  de  son  austérité.  Quoiqu'il  soit  mort  à 
l'âge  de  trente-sept  ans,  il  a  laissé  des  ouvrages  d'une 
sérieuse  valeur.  Ils  ont  été  publiés  après  sa  mort  :  Expli- 
cation de  Vépitre  aux  Gâtâtes  (Paris,  4733,  in-42)  ; 
Analyse  de  répitre  aux  Hébreux  (sans  lieu,  4733,  in-1 2)  ; 


PARIS 


1100 


Explication  de  l'épitre  aux  Hoinains  (sans  lieu,  iTo'i, 
in-i2)  ;  Plan  de  la  Religion  (en  France,  1740,  in-42)  ; 
Science  du  vrai  (en  France,  sans  date,  in-1'2). 

Le  diacre  Paris  était  mort  le  1^^'  mai  ilTl,  .Janséniste 
fervent,  appelant  et  réappelant  contre  la  bulle  Unigeni- 
tus,  il  avait  renouvelé  sa  protestation  jusqu'au  dernier  jour 
de  sa  vie.  On  l'enterra  dans  le  petit  cimetière  de  l'église 
Saint-Médard.  Les  pauvres  du  quartier,  qui  avaient  été  les 
témoins  de  sa  sainteté  et  les  objets  de  sa  charité,  s'habi- 
tuèrent à  venir  prier  sur  son  tombeau.  De  même,  de  pieux 
jansénistes,  qui  l'honoraient  comme  un  fidèle  confesseur  de 
la  vérité.  Ils  devinrent  plus  nombreux,  à  mesure  que  la 
persécution  multiplia  ses  rigueurs  contre  eux.  Cette  dévo- 
tion devait  engendrer  des  miracles,  surtout  en  un  moment 
o(i  il  ne  semblait  plus  rester  aux  jansénistes  d'autre  espé- 
rance en  la  fm  des  maux  de  l'Eglise,  c.-à-d.  dans  le  suc- 
cès de  leur  cause,  que  celle  que  les  croyants  placent  dans 
l'attente  du  secours  céleste.  Le  io  juil.  1731,  Vintimille, 
archevêque  de  Paris,  leur  ennemi  acharné,  publia  un  man- 
dement contre  un  miracle  attribué  à  l'intercession  du  diacre 
Paris.  Ce  mandement  provoqua  ou  fit  découvrir  d'autres 
miracles.  Le  43  août,  vingt-trois  curés  de  Paris  présen- 
tèrent à  leur  archevêque  une  requête  concluant  à  la  recon- 
naissance de  cinq  nouveaux  miracles.  Cette  requête  fut 
renouvelée  le  4  oct.,  avec  les  relations  de  treize  autres 
miracles,  dont  les  curés  offraient  les  preuves.  Bientôt, 
chaque  jour  en  vit  de  nouveaux,  plus  merveilleux  que  les 
précédents.  On  en  distribuait  les  relations  à  Paris  et  dans 
les  provinces.  Souvent,  ces  miracles  étaient  accompagnés 
de  convulsions,  plusieurs  même  ne  s'opéraient  que  parce 
moyen.  Ce  furent  ceux-là  qu'on  remarqua  davantage.  De 
là,  le  nom  de  convulsionnaires  communément  donné  aux 
miraculés  du  cimetière  de  Saint-Médard.  Ce  cimetière  devint 
un  lieu  de  pèlerinage  ou  la  foule  afflua  et  où  se  produisirent 
les  phénomènes  qui  se  produisent  dans  les  lieux  où  se 
pressent  les  hommes  et  surtout  les  femmes  amenés  par 
leur  souffrance  et  par  leur  espérance.  Les  adversaires 
obtiiu^ent  du  pape  un  décret  et  un  bref  contre  une  Vie 
du  diacre  Paris,  contrôles  miracles  qui  lui  étaient  attri- 
bués et  contre  un  mandement  deColbert,  évêque  de  Mont- 
pellier, qui  en  attestait  l'authenticité.  Le  Parlement  ordonna 
la  suppression  du  décret  et  du  bref;  et  la  réprobation  du 
pape  augmenta  la  foi  des  jansénistes. 

Le  27  janv.  1732,  une  ordonnance  du  roi  prescrivit  la 
fermeture  du  cimetière.  Cette  mesure  écarta  la  foule,  mais 
redoubla  la  ferveur  des  adeptes.  On  s'organisa  en  vue  des 
miracles,  qui  dès  lors  prirent  généralement  des  formes 
classées  par  la  pathologie  moderne,  et  furent  souvent  ex- 
ploités par  le  fanatisme  ou  le  charlatanisme.  Il  se  forma 
une  secte  qui  eut  ses  chefs,  ses  règlements,  ses  exercices 
méthodiques  et  son  trésor.  Cette  caisse  commune  s'appe- 
lait la  boite  à  Perrette,  du  nom  de  la  servante  de  Nicole, 
qui  en  fut  la  première  dépositaire.  Constamment  entrete- 
nue, elle  s'élevait  en  1778  à  1.100.000  livres,  comme  le 
révéla  un  curieux  procès.  Dans  les  assemblées  secrètes,  on 
faisait  profession  de  découvrir  le  secret  des  cœurs  et  les 
plus  intimes  pensées;  on  improvisait  sur  la  grâce,  sur  les 
maux  de  l'Eglise,  sur  la  fm  du  monde  et  sur  des  sujets 
analogues,  des  discours  qu'on  prétendait  inspirés  par  le 
Saint-Esprit.  A  ces  révélations  on  ajoutait,  les  femmes 
surtout,  les  manifestations  d'une  merveilleuse  insensibi- 
lité physique.  Elles  se  soumettaient  à  d'effrayants  sup- 
plices, appelés  secours  dans  le  langage  de  la  secte.  Il  y 
avait  les  grands  secours  et  les  secours  meurtriers.  x\la 
demande  du  patient  ou  plus  généralement  des  patientes, 
des  garçons  vigoureux,  qualifiés  secouristes,  les  frap- 
paient à  coups  de  poing,  à  coups  de  bûche;  leur  tordaient 
les  chairs,  principalement  les  mamelles,  avec  des  pinces  ; 
les  ratissaient  [ivec  des  peignes  de  fer,  et  leur  labouraient 
le  corps  avec  un  bâton  pointu,  appelé  sucre  d'orge.  Le 
biscuit  était  une  pierre  de  50  livres,  soulevée  par  une 
poulie  et  retombant  de  tout  son  poids  sur  la  poitrine.  Des 
femmes  se  firent  crucifier  plusieurs  fois  ;  d'autres,  percer 


d'épées.  Ces  pratiques  durèrent  jusqu'à  l'époque  de  la  Ré- 
volution. Même  après  cette  époque,  on  trouve  des  choses 
analogues,  aggravées  d'obscénité,  chez  les  fareinistes  fla- 
gellants (Y.  Bonjour,  t=  VII,  p.  303);  mais  nous  n'avons 
pas  pu  constater  de  relation  entre  eux  et  les  convulsion- 
naires issus  du  jansénisme,  E.~H.  Vollet. 

t^iBL.  ;  Baiibi:au  di^  La  I^jil  v'i':r]\  Vie  de.  M.  Fvaiiçcjt^ 
(le  l^âris,  diacre;  Paris.  1731,  iu-12.  —  Barthélémy  Dovj:.n, 
Vie  de  M.  de  Paris,  diacre:  Paris,  1731,  in-12  ;  augmentée 
par  GouJET,  1733,1713.  —  Boykr,  Vie  de  M.  François  de 
/^â?is  ;  Bruxelles-Paris,  1731,  in-12.  —  Montgerox,  la.  Vé- 
rité des  miracles  opérés  A  l'intercession  de  M.  de  Pinns  ; 
Paris,  1737,  in-t.  —  Dom  La  Taste,  Lettres  théolorjiques 
sur  les  commlsionnaires  ;  Paris,  1733-40.  —  P. -F.  Matthieu, 
Histoire  des  Miraculés  et  des  Convulsionnaires  de  Saint- 
Médard. 

PARIS  (Pierre-Adrien),  architecte  français,  né  à  Be- 
sançon en  1747,  mort  à  Besançon  le  1^^  août  1819.  Elève 
de  son  père,  qui  était  intendant  des  bâtimeiits  de  l'évèque 
de  Bâle,  et  de  Trouard,  architecte  du  roi,  Paris  remporta 
deux  années  de  suite  (1768  et  1769)  le  troisième  grand  prix 
à  l'Académie  d'architecture,  obtint  en  177:2  un  brevet  de 
pensionnaire  de  Rome  et  fit,  à  partir  de  cette  époque,  plu- 
sieurs voyages  en  Italie  où  il  releva  de  nombreux  monu- 
ments antiques  pour  V Histoire  de  VArt  de  d'Agincourt 
et  le  Cotisée  (monographie  demi-fol.,  45  pi.).  De  1775 
à  1788,  Paris  fit  élever  de  nombi'cux  et  remarquables 
édifices  publics  et  privés,  parmi  lesquels,  à  Paris,  rhùtel 
de  Chastenoix,  rue  Saint-IIonoré;  à  Bourges,  l'hôtel  de 
mendicité;  à  Xeuchàtel  (Suisse)  un  remarquable  hùtel 
de  ville,  etc.;  de  plus,  il  continua  les  travau.\  des  tours 
de  la  cathédrale  d'Orléans.  Devenu  dessinateur  du  cabi- 
net du  roi  et  entré  à  l'Académie  royale  d'architecture  en 
remplacement  de  Soufftol  (V.  ce  nom),  Paris  dirigea, 
comme  architecte  des  économats,  la  pliqiart  des  fêtes 
pubhques  de  Versailles  et  de  Paris  pendant  les  dernières 
années  du  règne  de  Louis  XYI,  et  forma  quelques  bons 
élèves,  au  nombre  desquels  l'illustre  Percier  (V.  ce  nom). 
Sous  l'Empire,  et  malgré  son  refus  de  prêter  serment  à  Na- 
poléon F^,  Paris  fut  directeur  de  T Académie  de  France  à 
Rome  où  il  disposa  de  son  traitement  en  faveur  de  ses 
pensionnaires  et  ménagea,  pour  le  musée  du  Louvre, 
l'acquisition  de  la  collection  d'antiques  de  la  villa  Borghèse. 

PARIS  (Aimé),  professeur  de  musique  français,  né  à 
Quimper  (Finistère)  en  1798,  mort  à  Paris  en  1866. 
M.  Paris  s'occupa  d'abord  de  sténographie  et  de  mnémo- 
technie  :  il  apporta  à  cette  dernière  science  plusieurs  mo- 
difications heureuses  dont  il  usa  plus  tard  avec  succès  en  les 
adaptant  à  son  enseignement  musical.  S'étant  lié  de  boime 
heure  avec  le  musicien  Galin  (V.  ce  nom),  il  devint  un  en- 
thousiaste adepte  de  sa  méthode  de  notation  nouvelle.  Il 
résolut  de  s'en  faire  le  propagateur.  Aussi,  dès  1828,  se 
mit -il  à  voyager  assidûment,  en  France  et  à  l'étranger,  pour 
en  démontrer  les  avantages  dans  des  sortes  de  confé 
rences  où  il  conviait  les  amateurs  et  les  professeurs  de 
musique.  Publiciste  plein  de  verve,  il  écrivit  en  même 
temps  d'innombrables  brochures,  souvent  assez  violentes, 
en  réponse  aux  objections  et  aux  attaques  dont  le  système 
était  l'objet.  Il  finit  par  se  fixer  à  Rouen,  où  il  fit  paraître 
un  journal,  la  Pié forme  musicale,  pour  défendre  ses 
idées.  M.  A.  Paris  fut  un  professeur  fort  habile,  et  ses 
efforts,  joints  à  ceux  de  M.  Chevé,  son  beau-frère,  ont 
fini  par  faire  adopter,  dans  la  limite  du  possible,  et  pen- 
dant quelque  temps  du  moins,  le  système  Galin- Paris- 
Chevc\  dont  les  quelques  avantages"  ne  peuvent  faire  ou- 
blier les  imperfections  résultant  de  sa  nature  même. 

PARIS  (Alexis-Paulin),  érudit  français,  né  à  Avenay 
(Marne)  le  25  mars  1800,  mort  à  Paris  le  lofév.  1881'. 
Employé  au  département  des  manuscrits  de  la  Bibho- 
thèque  nationale,  il  se  consacra  à  mettre  en  lumière  la 
vieille  littérature  française  et  en  particuKer  les  épopées, 
chansons  de  geste.  Il  fut  élu,  le  2  juin  1837,  à  l'Aca- 
démie des  inscriptions,  à  la  place  de  Raynouardet  professa  la 
httérature  française  du  moyen  âge  au  Collège  de  France 
(1853-72).  Parmi  ses  ouvrages,  il  faut  citer  une  Apolo- 


1101  — 


PAHIS  —  PARIS 


ijie  de  l'école  romantique  (1824,  in-S)  el  une  traduction 
des  œuvres  complètes  de  Byron  (1830-3'2-36,  13  vol. 
iii-8)  qui  est  un  travail  de  jeunesse:  puis  les  }laniis- 
crits  français  de  la  bibliothèque  du  roi  (1836-48,  7  vol. 
in-8),  catalogue  scientifique  inestimable,  qui  servit  de  base 
à  tous  les  travaux  ultérieurs  sur  la  vieille  littérature 
française;  GarinleLoherain,  précédé  d'un  Examendes 
romans  carolingiens  (1833-35,  2  vol.  gr.  in-12)  ;  Berte 
ans  grands  pies,  précédé  d'une  Dissertation  sur  le  ro- 
man des  doiixe  pairs  de  France  (1836,  in-12)  ;  des 
éditions  des  Grandes  Chroniques  die  France  (1836-40, 
6  vol.  in-8)  de  Yilleliardouin(1838,  in-8),  delà  Chanson 
d\intioche  (1848,  '2  vol.  in-8),  des  Historiettes  de  lal- 
lemant  des  Piéaiix  (1860,  9  vol.  in-8)  ;  des  traductions 
des  Aventures  de  Maître  Renart  et  d'Ysengrin  (1861) 
et  des  Jiomans  de  la  Table  ronde  (1868-77,  i  vol.  in-18), 
etc.  ;  quantité  de  notices  de  ï Histoire  littéraire  de  la 
France,  d'articles  insérés  dans  les  Mémoires  de  F  Acadé- 
mie des  inscriptions,  de  la  Société  des  antiquaires  de 
France,  le  Journal  des  Savants,  la  Bibliothèque  de 
l'École  des  chartes,  etc.  Après  sa  mort,  on  pu])lia  ses 
Etudes  sur  François  [^^'  (188o,  2  vol.). 

BiBL.:  Gaston  Vaiu?^,  Notice  sur PduHnPâris^au  L.  XXIX 
de  Vlhst.  nu. 

PARIS  (François-Edmond),  amiral  et  savant  français, 
né  à  Paris  le  2  mars  1806,  mort  à  Paris  le  8avr.  1893. 
Il  entra  dans  la  marine  en  1820,  fit  presque  coup  sur 
coup  trois  grands  voyages  de  circumnavigation  et  de  décou- 
vertes, le  premier  à  bord  de  V Astrolabe  (1826-29),  sous 
les  ordres  deDumont  d'Urville,  les  deux  autres  à  bord  de 
la  Favorite  (1829-32)  et  de  VA?iémise  (1837-40),  sous 
le  commandant  Laplace.  Marin,  hydrographe  et  dessina- 
teur habile,  il  concourut  très  activement  aux  résultats 
scientifiques  de  ces  trois  expéditions.  Celles-ci,  d'ailleurs, 
lui  fournirent  les  matériaux  d'un  ouvrage  également  im- 
portant au  point  de  vue  ethnographique  et  nautique, 
V Essai  sur  la  construction  navale  des  peuples  extra- 
européens. Cependant,  en  1833,  le  ministre  de  la  marine 
r avait  chargé  d'étudier  en  Angleterre,  auprès  des  ingé- 
nieurs et  des  constructeurs  les  plus  renommés,  la  question 
des  machines  et  de  la  navigation  maritime  à  vapeur,  alors 
beaucoup  plus  avancée  dans  ce  pays  qu'en  France.  Le 
succès  de  cette  mission,  qui  ouvrait  à  sa  carrière  un  nouvel 
horizon,  lui  valut,  à  vingt-lmit  ans,  l'honneur  de  com- 
mander l'un  des  premiers  bâtiments  à  vapeur  de  notre 
flotte.  Les  commandements  du  Castor  (1834-36),  àeïln- 
jernal  (1843),  de  VArchimède  (1844-46)  (le  premier 
vapeur  qui  ait  doublé  le  cap  de  Bonne-Espérance),  du  yacht 
royal  le  Comte  d'Eu  (1846-47),  du  Gomer  (1848),  de 
XÙréno<iue  (1850),  du  vaisseau  le  Fleurus  (1854),  de 
la  frégate  \  Avdacieuse  (1856),  construite  par  Dupuy  de 
Lomé,  enfin  de  la  deuxième  division  de  l'escadre,  à  bord 
(ie  r  A/^mras  (1860-61  ),  lui  furent  l'occasion  de  recherches 
expérimentales  et  d'études  fort  remarquables,  car  elles  lui 
])ermirent  d'exposer  les  principes,  alors  ignorés,  de  l'uti- 
lisation économique  et  du  fonctionnement  du  nouveau 
moteiu*  et  des  différents  propulseurs,  et  de  fixer  sur  des 
bases  certaines  les  règles  de  la  conduite  des  machines  ma- 
rines et  des  navires  à  vapeur.  La  plupart  des  ouvrages 
qu'il  publia,  notamment  de  1845  à  1860  devinrent  aus- 
sitôt classiques  non  seulement  en  France,  mais  à  l'étranger, 
et  le  mirent  au  premier  rang  des  initiateurs  de  la  nou- 
velle marine.  Membre,  à  quatre  reprises  différentes,  du 
Conseil  des  travaux,  il  prit  une  part  active  et  immédiate 
au  développement  de  la  flotte  à  vapeur  rapide  et  cuirassée, 
créée  ^d^rDupug  de  home  (V.  ce  nom).  Enseigne  en  1826, 
lieutenant  de  vLusseau  en  1832,  capitaine  de  frégate  en 
1840,  capitaine  de  vaisseau  en  1846.  il  commanda  la 
division  du  Dniepr  après  la  prise  de  Kinburn  (hiver  1855- 
56);  contre-amiral  en  1858,  vice-amiral  hors  cadre  en 
1864,  il  fut  pendant  sept  ans  directeur  général  du  Dépôt 
des  cartes  et  plans.  —  Admis  en  1871  au  cadre  de  ré- 
serve et  nommé  conservateur  du  musée  de  marine,  au 


f.ouvre,  l'amiral  Paris  consacra  les  vingt -deux  dernières 
années  de  sa  vie  à  enrichir  ces  collections,  au  point  d'en 
former  un  ensemble  unique  au  monde.  —  Ses  importants 
travaux  l'avaient  fait  élire,  en  1863,  membre  de  l'Aca- 
démie des  sciences  de  Paris  (section  de  géographie  et  de 
navigation)  en  remplacement  de  Bravais,  et,  deux  ans 
après,  membre  du  Bureau  des  longitudes. 

Ses  écrits  comprennent,  outre  un  nombre  considérable 
d'articles  et  de  mémoires  parus  dans  les  Annales  mari- 
times et  coloniales,  la  Bévue  maritimeet  coloniale,  etc. , 
les  ouvrages  suivants  publiés  à  part  :  Essai  sur  la  cons- 
truction navale  des  peuples  extra-européens,  etc.  (texte 
et  pi.  ;  Paris,  s.  d.  [1843],  in-foL);  Navigation  de  la 
corvette  VArchimède  de  Brest  cl  Macao  (extr.  des 
Annales  maritimes;  Paris,  1845,  in-8)  ;  Dictionnaire 
de  la  marine  ci  voiles  et  à  vapeur,  en  collaboration  avec 
son  beau-père  le  baron  de  Bonnefoux  (Paris,  1848, 2  vol. 
in-8;  2®  éd.,  1856-59);  Catéchisme  du  marin  et  du 
mécanicienci  mj^ewr  (Paris,  1850,  in-8;  2^  éd. ,1857); 
Traité  de  l'hélice  propulsive  (Paris,  1855,  in-8)  ;  Nos 
Souvenirs  de  Kil-Boroun  pendant  l'hiver  passé  dans 
le  Liman  du  Dnieper  i8o5-56  (pi.  lith.  col.  ;  Paris, 
s.  d.,in-fol.);  Utilisation  économique  des  navires  ci 
vapeur,  etc.  (Paris,  1858,  in-8)  ;  Vocabulaire  (en  sept 
langues)  des  termes  de  la  marine  à  vapeur  (Pdivis,  1859, 
7  vol.  in-8);  Souvenirs  de  Jérusalem  (pi.  lith.  col.  ; 
Paris,  1862,  in-fol.);  l'Art  naval  à  T Exposition  uni- 
verselle de  Londres  en  i862,  avec  supplément  (Paris, 
1863-64, in-8  et  atlas);  Mancmwrier complet,  en  colla- 
boration avec  de  Bonnefoux  (Paris,  1865,  in-8,  2®  éd.); 
l' Art  navalciV  Exposition  universelle  de  Paris  en  i867 
(Paris,  1867-69,  3  part,  in-8)  ;  Souvenirs  de  marine 
(Paris,  1877-93,  7  athis  in-fol.)  ;  le  Musée  de  marine 
du  Louvre  {Faris,  1883,  in-fol.)  ;  Deux  Notes  relatives 
à  la  conservation  des  torpilleurs  (Paris,  1885,  in-4)  ; 
Note  sur  un  auxiliaire  de  bateau  de  sauvetage  (Le 
Mans,  1890,  in-8).  H.  B. 

BiBL.  :  J.  Bertrand,  Notice  liistor.  sur  la  vie  et  les  tra- 
D8UX  de  F  -E.  Paris  (lue  dans  la  séance  publique  annuelle 
du  23  déc.  1895.  —  E.  Guyou,  Not.  hist.  sur  la  vie  et  les 
trav.  de  l'am^ir.  Paris  (Mém.  de  l'Acad.  des  se).  —  Bou- 
qup:t  de  la  Grye,  Lq^wy  et  Fleuriais,  Discours  prononces 
aux  obsèques  de  Vamir.  Paris  [Annuaire  du  bureau  des 
longit.,  1891).  —  Général  Derrécagaix,  Id.  {Bull.  Soc. 
géogr.  ;  Paris,  1893). 

PARIS  (Auguste-Joseph),  homme  politique  français, 
né  à  Saint-Omer  le  12  nov.  1826.  Avocat  renommé  à  Ar- 
ras,  il  fut  élu  député  du  Pas-de-Calais  à  l'Assemblée  na- 
tionale le  8  févr.  1871,  vota  avec  la  droite  monarchiste, 
fut  un  moment  rapporteur  des  lois  constitutionnelles,  prit 
une  part  remarquée  aux  débats  sur  la  Hberté  de  l'ensei- 
gnement supérieur.  Elu  sénateur  du  Pas-de-Calais,  il  fut 
un  des  chefs  de  la  droite  dans  la  haute  Assemblée  ;  ministre 
des  travaux  publics  dans  le  cabinet  de  Broglie,  dit  du 
16  mai  1877,  il  ne  fut  pas  réélu  en  1882,  mais  le  fut 
sans  concurrent  à  l'élection  partielle  du  25  janv.  1885  ; 
ne  se  représenta  pas  en  1891.  Il  a  laissé  une  Histoire  de 
Joseph  Lebon  et  des  tribunaux  révolutionnaires  d' Ar- 
ras  et  de  Cambrai  (1864,  2  vol.). 

PARIS  (Louis-Phihppe- Albert  d'Orléans,  comte  de), 
né  à  Paris  le  24  août  1838,  mort  à  Sto\\e-House  le  8  sept. 
1894.  Fils  aine  du  duc  d'Orléans,  fils  et  héritier  du  roi 
Louis-Philippe,  la  mort  de  son  père  en  fit  dès  l'enfance  l'hé- 
ritier de  la  dynastie  orléaniste.  Il  fut  élevé,  à  partir  de  l'ex- 
pulsion de  son  grand-père,  à  Eisenach  où  résidait  sa  mère, 
ayant  pour  précepteur  le  savant  Adolphe  Régnier.  Il  fixa 
ensuite  sa  résidence  en  Angleterre.  D'intelligence  moyenne, 
mais  bien  cultivée,  il  s'efforça  d'occuper  convenablement 
son  existence.  Il  voyagea  en  Orient  avec  son  frère  le  duc 
de  Chartres  et  retraça  ses  impressions  dans  un  fivre  [Da- 
mas et  le  Liban;  Londres,  1861,  in-8);  puis  tous  deux 
prirent  du  service  aux  Etats-Unis  (sept.  1861),  dans  l'ar- 
mée fédérale  (nordiste),  où  ils  firent,  comme  aides  de  camp 
de  Mac  Clellan,  la  campagne  de  1862.  Rentré  en  Europe, 
le  comte  de  Paris  publia  divers  articles  dans  la  Bévue  des 


PARIS 


—  1402  — 


Deux  Mondes,  à  partir  defévr.  1863,  puis  un  livre  sur 
les  Associations  ouvrières  en  Angleterre  (i869,  in-8). 
Lors  de  la  déclaration  de  guerre  de  1870,  il  demanda 
avec  ses  oncles  et  frères  à  servir  dans  l'armée  française; 
le  Corps  législatif  refusa  le  11  août.  Rentré  en  4871,  il 
vit  ses  espérances  de  restauration  contrariées  par  Thiers 
(V.  ce  nom  et  Assemi^lée  nationale  de  1871)  et  se  rési- 
gna à  la  fusion;  par  sa  visite  à  Frohsdorf  auprès  du 
comte  de  Chambord,  il  renonçait  aux  prétentions  do  la 
branche  d'Orléans  au  profit  de  la  branche  ainée,  se  ré- 
servant de  revondicpier  l'héritage  de  celle-ci  dont  le  der- 
nier représentant  n'avait  pas  d'enfants  et  de  fusionner 
ainsi  les  partis  orléaniste  et  légitimiste.  Après  ce  désaveu 
de  la  politique  de  son  grand-père  et  du  testament  de  son 
père,  il  se  trouva  condamné  à  la  retraite  jusqu'à  la  mort 
de  son  cousin  qu'il  retourna  voir  à  son  lit  de  mort.  11 
n'assista  pourtant  pas  aux  funérailles,  où  le  primaient  de 
plus  proches  parents.  Les  légitimistes,  en  grande  majo- 
rité, le  reconnurent  cependant  pour  successeur  aux  pré- 
tentions royalistes.  Renonçant  au  prudent  effacement  qu'il 
avait  observé  à  Paris  ou  dans  son  château  d'Eu,  il  saisit 
l'occasion  des  fiançailles  de  sa  fdle  Marie-Amélie  avec  le 
prince  royal  de  Portugal  pour  donner  à  Paris,  dans  son 
hôtel  de  la  rue  de  Varennes,  une  réception  officielle,  con- 
voquant les  princes  et  ambassadeurs  étrangers  (mai  1880). 
Le  gouvernement  républicain  riposta  par  le  dépôt  d'un 
projet  de  loi  pour  l'expulsion  des  prétendants,  princes 
ayant  régné  sur  la  France  et  leurs  héritiers  directs  ;  la  loi 
fut  votée  le  11  juin,  et  le  comte  de  Paris  dut  s'exiler. 
A  partir  de  ce  moment,  il  publia  divers  manifestes,  d'un 
intérêt  plus  anecdo tique  que  politique  :  protestation  lors 
de  son  expulsion  ;  apologie  de  la  monarchie  traditionnelle 
pubHée  en  déc.  1886  dans  le  limes;  manifeste  aux  maires 
de  France  (fni  juin  1888);  manifeste  électoral  en  faveur 
de  l'alhance  avec  les  boulangistes  en  1889. 11  a  publié  une 
Histoire  de  la  guerre  civile  en  Auiérhiue  (1874-89, 
7  vol.  in-8  avec  4  atlas).  —  Marié  le  30  mai  1864  à  sa 
cousine  Mario-Isabelle,  fille  du  duc  de  Montpensier,  il  en 
eut  deux  fils,  Louis- Philippe-Robert,  dit  Philippe,  duc 
d'Orléans,  né  à  York-house  le  6  févr.  1869;  Ferdinand- 
François,  né  à  Eu  le  9  sept.  1884;  quati'e  filles  :  Marie- 
Amélie,  née  à  Twickenham  le  22  sept.  1865,  reine  de 
Portugal;  Louise-Hélène,  née  le  \Q  juin  1871;  Marie- 
IsabeUe,  née  à  Eu  le  7  mai  1878;  Louise- 1' r an çoise, 
née  à  Cannes  le  24  févr.  1882. 

PARIS  (Gaston-Biuno-Paulin),  philologue  et  écrivain 
français,  né  à  Avenay  (Marne)  le  9  août  1839,  fils  do 
Pâiûin  Paris  (V.  ci-dessus).  Ses  études  classiques  termi- 
nées, il  suivit  les  cours  des  Lniverbités  de  Bonn  (1856-57) 
et  de  Gœttingen  (1857-58),  puis  ceux  de  H'>olo  des  chartes 
(1858-61)  ;  'sa  thè^e  de  sortie  {Elude  sur  le  rôle  de  Vac- 
cent  latin;  Paris,  1862),  où  il  |)récisait  une  des  lois  ca- 
pitales de  la  phonétique  romane,  faisait  déjà  pressentir  ce 
que  la  science  devait  attendre  de  lui.  Après  quelques  années 
de  travail  solitaire,  il  présenta  à  la  Sorbonne  (déc.  1 865)  une 
thèse  de  doctorat,  moins  mémorable  encore  couune  eâort 
d'érudition  que  comme  modèle  accompli  de  la  métliode 
scientifique  appliquée  à  l'étude  des  traditions  héroïques 
(Histoire  poétique  de  Cfuwlonagne  ;[^'àvm,  1865).  Chargé 
d'un  cours  libre  à  la  rue  Gerson  (1866-68),  répétiteur, 
puis  directeur  des  conférences  de  langues  romanes  à  l'Ecole 
des  hautes  études  récemment  fondée  (1868),  suppléant 
de  son  père  au  Collège  de  France  (1868-69),  il  y  fut 
nommé  titulaire  de  la  chaire  de  langue  et  littérature  fran- 
çaises du  moyen  âge  le  26  juil.  1872.  Dans  l'intervalle,  il 
avait  fondé  avec  P.  Meyer,  Ch.  Morel  et  H.  Zotenberg 
h  Revue  critique  (18(56)  el  avec  P.  Meyer  (1872)^1 
R.omania.  Membre  de  l'Académie  des  inscriptions  (12  mai 
1876),  président  de  la  section  philologique  et  historique 
de  l'Ecole  des  hautes  études  (1885),  membre  de  l'Acadé- 
mie française  (28  mai  1896),  il  a  remplacé  G.  Boissier, 
lorsque  celui-ci  lut  nommé  secrétaire  perpétuel  de  l'Aca- 
démie française  (mai  1895),  comme  administrateur  du  Col- 


lège de  France.  —  Comme  rédacteur  de  la  fi É?m6^  critique, 
comme  directeur  de  la  Romania,  aussi  bien  que  par  son 
enseignement,  M.  G.  Paris  a  eu  une  part  prépondé- 
rante dans  le  relèvement  des  études  scientifiques  en 
France.  Ce  qui  fait  son  originalité,  c'est  moins  encore 
d'avoir  acclimaté  chez  nous  la  méthode  de  la  philologie 
romane,  telle  que  Diez  venait  de  la  iixer  définitivement, 
que  d'avoir  manié  cette  méthode  avec  une  rigueur  par- 
ticuhère  et  de  l'avoir  appliquée  avec  un  égal  succès  et 
des  résultats  également  surprenants  aux  études  de  linguis- 
tique et  d'histoire  littéraire  :  aussi  n'est-ce  point  sans 
raison  que  tous  les  romanistes  français  et  étrangers  le 
reconnaissent  aujourd'hui  pour  leur  maître.—  G.  Paris  est 
certainement  l'un  des  écrivains  scientifKjues  les  plus  fé- 
conds de  notre  épo([ue.  Parmi  ses  ouvrages  (ou  disbcrta- 
tions  publiées  à  part),  nous  citerons  :  De  Pseudo-Turpino 
(1865)  ;  la  Vie  de  saint  Alexis  (1872),  véritable  mo- 
dèle d'érudition  critique,  «  (pii  fut,  dit  fort  bien  M.  Thomas, 
dans  le  domaine  de  la  philologie  pure,  ce  qu'avait  été 
r Histoire  poétique  dans  le  domaine  de  l'histoire  litté- 
raire »  ;  la  Dissertation  critique  sur  le  poème  latin 
appelé  LigurinusiiSTS);  le  Petit  Poucet  et  la  Grande 
Ourse  (1875)  ;  la  Légende  de  Trajan  (Mélanges  de 
l'Ecole  des  hautes  études,  1878)  ;  le  juif  errant  (1880)  ; 
le  Lai  de  VOiselei  (1884)  ;  la  Littérature  française  au 
moyen  âge  (1888;  2®  éd.,  1890),  première  partie  d'un 
Manuel  déancien  français,  dont  on  souhaiterait  vive- 
ment de  voir  paraître  la  suite)  ;  le  Haut  Enseignement 
historique  et  philologique  en  France  (1894).  Malgré 
l'importance  scientifique  de  tous  ses  articles,  nous  devons 
nous  borner  à  énumérer  ici  les  principaux,  que  nous  clas- 
sons, pour  plus  de  brièveté,  d'après  les  recueils  où  ils 
ont  paru.  Il  a  publié  dans  la  Romania:  Romani,  Ro- 
mania; la  Vie  de  saint  Léger  (1872)  ;  la  Passion  du 
Christ  (1873)  ;  Lais  inédits  (1878-79)  ;  la  Chanson 
du  pèlerinage  de  Charlemagne  (1880)  ;  0  fermé  en 
ancien  français  içi^M)  ;  les  Romans  de  la  Table  ronde 
(1881-83-86);  le  Carmen  de  prodicione  Guenonis  el 
la  Légende  de  Roncevaux  (1882)  ;  un  Poème  inédit 
de  Martin  Le  Franc  (1887)  ;  la  Chanson  d'xintioche 
provençale  et  la  Gran  Conquista  de  L'trainar  (1888- 
90-93)  ;  le  Conte  de  la  Rose  dans  Perce  forêt,  le  Pro- 
nom neutre  de  la  o®  personne  en  français,  les  accu- 
satifs en  ain  (1894)  ;  te  Donnei  des  Amants  (1896)  : 
le  Roman  de  Richard  Cœur  de  Lion  (1897)  ;  dans 
VHistoire  littéraire  de  la  France  :  Galien  ;  Lohier  et 
Mallart  ;  Jakenioi  Sakesep  (t.  XXVIIl)  ;  Chrétien  Le- 
gouais  et  autres  imitateurs  d'Ovide  (t.  XXIX)  ;  les  Ro- 
uuuis  en  vers  du  Cycle  de  la  Table  ronde  (t.  XXX)  ; 
le  Philosophe  Sidrac  ;  Girart  d'Amiens  (t.  XXXI)  ;  le 
Roman  de  Fauvel;  Joinville  (t.  XXXII)  ;  dans  le  Jour- 
naldes  Savants  :  les  Fabulistes  latins  (1885)  ;  les  Pu- 
blications de  ta  Société  des  anciens  textes  français 
(1886)  ;  la  Vie  des  mois  (1887)  ;  les  Cours  d'amour 
(1888);  tes  Chants  populaires  du  Piémont  (1889); 
le  Dictionnaire  géiiéral  de  la  langue  française  (1890)  ; 
le  Juif  errant  en  Italie,  les  Origines  de  la  poésie  ly- 
rique en  France  (1891)  ;  les  Origines  du  théâtre  ita- 
lien (1892)  ;  la  légende  de  Saladin{i8dD);  les  Sources 
du  roman  de  Renart  {iS9i)  ;  la  Nouvelle  française  aux 
xv^  et  xvi^  siècles  (1895)  ;  Dernières  poésies  de  Margue- 
rite de  Navarre;  l'Anneau  de  Fastrada  (1896)  ;  les 
Enfants  de  Lara  (1898)  ;  dans  les  Mélanges  Pxenier  : 
l'Appendix  Probi  (1885)  ;  dans  la  Revue  historique  : 
Jaufré  Rudel  (1893)  ;  dans  V  Annuaire  de  r  Ecole  des 
hautes  études  :  F  Altération  romane  du  C  latin  (1893)  ; 
dans  les  Mélanges  J.  Havet  :  la  Légende  de  Pépin  le 
B?'e/'(1895).  Il  a  publié  enfin,  seul  ou  en  collaboration, 
un  grand  nombre  de  textes  français  du  moyen  âge  :  Au- 
cassin  et  Nicolette(iSlS)  ;  le  Mystère  de  la  Passion  àe 
Gréban  (1878)  ;  une  dizaine  d'ouvrages  dans  la  Société 
des  anciens  textes  (1875-86)  ;  VEstoire  de  la  guerre 
sainte  par  Ambroise,  dans  la  Collection  des  documents 


—  1103  — 


PARIS  —  PARISH 


inédits  (1897).  M.  G.  Paris,  qui  longtemps  n'avait  guère 
écrit  que  pour  les  spécialistes  ou  n'avait  publié  (ou  réim- 
primé) pour  le  grand  pu])lic  qae  des  leçons  ou  leciures 
académiques  (la  Poésie  au  moijeiiàge,  4^'°  série.  1883; 
^^  série,  1895),  s'est  lévélé,  en  ces  derniers  lemps, 
psychologue  profond,  écrivain  vigourenxet  délicat,  par  une 
bérie  d'essais  parus  dans  diverses  revues  (dans  la  Jlevue 
de  Paris  :  Tiistaii  et  Iseult,  James  Daimestelcr,  F.  Mis- 
Iral,  1894;  Sulbj  Prud'lioiiiDie,  î89o;  le  ParwUs  de 
la  Sibylle,  1897  ;  la  Légende  des  InjcDils  de  Lara, 
1898  ;  dans  Cosmopolis  :  les  Romans  dUwenlure,  1898), 
dont  quelques-uns  onl  été  réunisdansle  volnme  Penseurs 
el  roèlcs  (1897).  A.  JioAnhoy. 

iiiBL.  :  Va^'  Hamel,  Cuisto)i  Pciris  en  Zijne  Ixerllngen. 
dans  la  llevue  (liollantltiiyo)  Do  Gids,  1^95.  r«  6.  —  A.  Trio- 
-MAs.  Essuis  (te  pJiiloloijic  française,  1897,  p.  i'Jo. 

PARIS  (Camille),  peintre  français  contemporain,  né  èi 
Paris,  élève  d'Ary  SchefFer  et  de  Picot.  Ses  principales 
œuvres  sont  :  Après  l'orage  dans  la  campagne  ro- 
maine, Chapelle  à  Palerme  (1865)  ;  laureau  de  la 
campagne  (1874), au  Luxembourg;  le  Temple  de  Nep- 
tune dans  le  Latium(iS16)  ;  V Automne  dans  la  forêt 
de  Fontainebleaa.  (1878),  au  musée  de  Boyonne  ;  la 
Vieille  Porte  de  Tibur  a  Home  (1801)). 
BiBL.  :  Bkllieu,  1   III.  )>.  ;.*02. 

PARlS-DuvERNKY  (V.  Paris  [FamilleJ). 

PARI  S  EAU  (Pierre-Germain),  écrivain  français,  né  à 
Paris  en  1733,  guillotiné  à  Paris  le  10  juil.  1794.  Il  fut 
tour  à  tour  clerc  de  procureur,  agent  d'affaires,  banquier, 
acteur  et  directeur  du  théâtre  des  Oèves  de  l'Opéra,  fit 
jouer  avec  succès  des  pièces  légères  et  des  parodies  :  le 
Prix  académifjue  (J  acte,  1780)  ;  Adélaïde  (3  actes, 
1780);  Richard  (1781);  la  Soirée  d'été  (1782);  les 
Deux  Rubans  (1784)  ;  Julien  et  Colette  (1788),  Jean 
de  La  Fontaine  (3  actes,  1790),  etc.  Il  coml>attit  les 
hommes  de  la  Révolution  avec  vivacité  dans  la  Feuille 
du  jour  (1789);  ses  presses  furent  brisées  par  le  peuple 
le  soir  du  10  août.  Il  poursuivit  ses  polémiques  dans  des 
nouvelles  à  la  main,  fut  emprisonné  an  Luxembourg,  im- 
pliqué dans  la  conspiration  des  prisons  et  condamné  à  mort. 

PARISET.  Corn,  du  dép.  de  l'Isère  (V.  Paruet). 

PARI  SET  (Etienne),  médecin  français,  né  à  Grand 
(Vosges)  le  8  août  1770,  mort  à  Paris  le  3  juil.  1847. 
Reçu  docteur  à  Paris  en  1803,  il  de  vin  (  successivement 
aide-bibliothécaire  à  la  Faculté  de  médecine,  inédecin  de 
Bicètre  et  de  la  Salpètrièrc  (division  des  aliénés),  membre 
du  comité  de  salubrité,  membre  du  conseil  général  des 
prisons  (1818),  de  l'Académie  de  médecine  (1820),  associé 
libre  de  llnstitut,  etc.  Lu  1821,  il  alla  observer  dans  l'Oise 
une  épidémie  de  (i'vrc  miliaire,  puis  à  Barcelone  Tépidé- 
mie  de  fièvre  jaune;  en  1838,  il  partit  en  l'-gypte  pour 
rechercher  la  véritable  origine  de  la  peste.  Ses  brillantes 
qualités  d'écrivain  le  désignaient  tout  naturellement  pour 
les  fonctions  de  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  de 
médecine  et  pour  écrire  et  prononcer  les  Eloges  ihs  acadé- 
miciens décédés.  —Pariset  a  beaucoup  écrit  :  le  Moniteur,  le 
Journal  de  l'Empire,  le  Journal  des  Débats,  le  Journal 
général  de  France,  le  Grand  Dictionnaire  des  sciences 
médicales,  etc. ,  renferment  beaucoup  d'articles  de  lui.  Citons 
encore  :  Histoire  des  membres  de  r Académie  royale 
de  médecine  ou  Recueil  des  Eloges  (Paris,  'J850,  2  vol. 
in-S)  ;  Aphorismes  d'Hippocrate  (Paris,  1816,  in-18, 
2®  éd.),  avec  Bally  et  François;  Histoire  médicale  delà 
fièvre  jaune  observée  en  Espagne,  en  1821  (Paris, 
1823,  in-8)  ;  Pronostics d' Hippocrate ,\vi\à.  nonv.  (Paris, 
18J7,  in-32),  etc.  IF  L.  Hn. 

PARISETTE  (P^/r/5  L.).  Genre  de  Lihacées-Aspa- 
ragées,  composé  de  4-5  herbes  propres  aux  régions  tem- 
pérées de  l'Europe  et  de  l'Asie,  vivaces,  à  rhizome  ram- 
pant, à  tige  llorale  portant  une  fleur  solitaire  à  son  extré- 
mité et  offrant  au-dessous  un  verticillo  de  3-4  ou  d'un 
plus  grand  nombre  de  feuilles  entières,  trinerves.  Les  'ver- 
ticilles  floraux  sont  construits  en  général  sur  le  type  tétra- 
mère  ;  le  réceptacle  est  convexe,  le  périanthe  double,  vert 


juaclrifolia  I-. 


OU  coloré,  et  les  étamines  bisériées;  le  gynécée  supère  est 
composé  d'un  ovaire  renfermant  un  nombre  de  loges  plu- 
riovulées,  égal  à  celui  des  sépales.  Le  fruit  est  une  baie, 
les  graines  sont  al- 
buminées ,  avec  un 
petit  embryon  excen- 
trique. —  L'espèce 
type,  P.  quadrifo- 
lia  L.,  appelée  vul- 
gairement Raisin  de 
renard ,  est  com- 
mune en  Europe  dans 
les  bois  humide  s. 
C'est  ÏHerba  Pari- 
dis  s.  Solani  qua- 
drifolii  s.  Uvœ  ver- 
nœ  des  anciennes 
pharmacopées. Le 
fruit  est  vénéneux  ; 
en  Angleterre,  il  était 
employé  jadis,  sous 
le  nom  de  True  love, 
à  préparer  des  phil- 
tres d'amour.  Le  rhi- 
zome renferme  de  la 
paristyphnine ,  une 
glycoside  et  jouit  de 
propriétés  nauséeu- 
ses ;  à  haute  dose,  il 
est  vénéneux.  Les 
feuilles  contiennent 
également  une  gly- 
coside, la  paridine  ; 

elles  passent  pour  être  purgatives  et  ont  été  prescrites 
contre  les  toux  convulsives  et  comme  sudorifiques.  Ces 
propriétés  ne  sont  pas  toutes  nettement  établies.  La  seule, 
bien  constatée  de  la  Parisette,  c'est  qu'elle  calme  les  pal- 
pitations nerveuses  et  régularise  les  battements  du  cœur 
(Heim,  Recherches  médicales  sur  le  genre  Paris  ;  Paris, 
1892,  in-8).  '  D^'  L.  Hn. 

PARISETTI  (Ludovico),  poète  lathi  moderne,  né  à 
Reggio  (E^milie)  en  1503,  mort  à  Reggio  en  1370.  Il  fit 
ses  études  à  Pise  sous  Decio  et  Alciat,  rempht  diverses 
charges  municipales  dans  sa  ^  ille  natale,  et  consacra  presque 
toute  sa  vie  aux  lettres  et  à  la  poésie.  Il  a  laissé  deux 
poèmes  :  De  hnmorlalitate  animœ {Reggio,  1341,  in-4)  ; 
Iheopeia  ou  la  Création  du  inonde  (Venise,  1550). 
BiBL  :  ïiKUiOsciii,  Storia  dclhi  lelt.  ilal..  VII,  1391. 

PÂRISH-AnvARS  (EHas),  harpiste  célèbre  et  bon  com- 
positeur pour  son  instrument,  né  à  Teignmouth  (Angle- 
terre), en  J  816,  d'une  famille  Israélite,  mort  à  Vienne,  le 
23  janv.  1849.  Dizi,  Labane  et  Bochsa  furent  ses  maîtres 
de  harpe,  et  il  se  distingua  de  bonne  heure  parmi  les 
artistes  qui  se  consacrent  à  ce  difficile  instrument.  En 
1832,  il  visita  FAllemaf^ne  ;  trois  ans  plus  tard,  l'Italie, 
Vienne  enfin  en  1836.  Partout  l'originalité  de  ses 
compositions,  la  force  et  l'élégance  de  son  jeu,  les  res- 
sources nouvelles  d'une  virtuosité  inépuisable  et  toujours 
sûre  lui  assurèrent  le  succès.  Après  un  voyage  en  Orient 
où  il  était  allé  étudier  les  thèmes  populaires  de  la  mu- 
sique orientale,  Parish-Alvars  reprit  ses  tournées  de  con- 
cert en  Europe.  L'exécution  de  Parish-Alvars  fut  d'au- 
tant plus  remarquée  (pi'il  fut  un  des  premiers  qui  aient 
étudié  sérieusement  les  moyens  et  les  effets  nouveaux  que 
les  harpes  d'Erard,  à  double  mouvement,  mettaient  à  la 
disposition  des  artistes.  Il  a  fait  dans  ce  genre  des  décou- 
vertes nombreuses  et  a  révélé  aux  harpistes  tout  le  parti 
que  l'on  pouvait  tirer  désormais  de  l'instrument  ainsi 
transformé.  La  musique  qu'il  écrivit  pour  la  harpe  est 
intéressante  et  bien  faite  :  ceux  de  ces  morceaux  qui  sont 
construits  sur  quelques-uns  des  thèmes  qu'il  avait  rap- 
portés d'Orient  restent  curieux  à  plus  d'un  titre  et  méritent 
d'être  sigralés.  H.  Qittard. 


PARISIEN 


4104  — 


PARISIEN.  La  déiiumiuatioii  d' «  étage  parisien»  fut 
proposée  en  18!i2  par  A.  d'Orbigiiv  pour  désigner  la  partie 
supérieure  des  couches  éocènes,  la  partie  inférieure  cons- 
tituant l'étage  suessonien  du  mémo  auteur.  On  peut  con- 
server au  parisien  son  acception  primitive,  en  en  détachant 
toutefois  le  gypse  des  environs  de  Paris  et  ses  équivalents, 
qu'il  convient  de  placer  à  la  base  de  Foligocène  ;  on  peut  le 
diviser  en  deux  sous-étages  :  le  lutétien  (de  LiUetia,  Paris) 
et  le  bartonien(deBarton,  en  Angleterre).  Le  lutétien  com- 
prend le  calcaire  grossier  du  bassin  de  Paris,  et  nous 
rangerons  dans  le  bartonien  les  sables  ïnoijens  des  anciens 
auteurs,  aussi  appelés  sables  de  Beaucluuii/),  le  calcaire 
de  Saiïit-Ouen,  les  sables  de  Cresnes  et  les  marnes  II 
Pholadomya  ludensis,  asbise  que  MM.  Munior-Chalmas  el 
de  Lapparent  réunissent  au  gypse  sous  le  nom  d'étage  Indien. 
Nous  étudierons  d'abord  les  diftërents  termes  du  luté- 
tien et  du  bartonien  dans  le  bassin  de  Paris,  nous  indique- 
rons ensuite  sommaii*ement  les  caractères  de  l'étage  pari- 
sien en  Belgique,  dans  le  S.  de  l'Angleteri'c  et  dans  l'O.  de 
la  France,  l'envoyant  pour  l'étude  du  parisien  dans  les 
régions  méditerranéennes  à  l'art.  Nummulhioui!:  et,  pour  ce 
qui  concerne  son  extension  en  dehors  de  l'Europe  et  les 
faunes  terrestres,  à  l'art.  Tektiaire. 

LuTÉTiEx  nu  EÂSsiN  DE  pARis.  —  La  mcr  qui  avait  dé- 
posé les  sables  de  Cuise,  constituant  l'yprésien  ou  suesso- 
nien supérieur,  occupait  une  grande  partie  des  dép.  de 
l'Oise  et  de  l'Aisne,  connnuniquait  librement  vers  le  N. 
avec  la  mer  belge,  mais  ne  s'étendait  ver  s  le  S.  que  jusqu'à 
Saint-Denis.  Le  début  du  lutétien  est  marqué  par  une  trans- 
gression assez  importante,  la  mer  déborde,  à  FO.,  au  S. 
et  à  l'E.,  au  delà  des  limites  qu'elle  possédait  à  l'époque 
yprésienne,  de  sorte  que  le  lutétien  repose  sur  les  bords  du 
bassin,  sur  les  couches  lagunaires  du  sparnacien  ou  sues- 
sonien moyen.  Le  lutétien  moyen  déboi'de  sur  le  lutétien 
inférieur  et  la  transgressivité  atteint  son  maximum  au  lu- 
tétien supérieur,  mais  la  profondeur  des  eaux  a  beaucoup 
diminué,  et  il  se  forme  de  nombreuses  lagunes,  souvent  en- 
tièrement dessalées  par  les  cours  d'eau  qui  s'y  jettent.  De 
plus,  dans  les  régions  oii  le  lutétien  fait  suite  à  Typrésien, 
les  sables  et  les  grès  yprésiens  ont  été  ravinés  et  quel- 
quefois remaniés,  puisque  les  couches  inférieures  du  lutétien 
renferment  des  blocs  empruntés  à  l'étage  sous-jacent.  Il 
existe  même  des  points  où,  d'après  M.  Munier-Chalmas, 
le  lutétien  repose  en  discordance  angulaire  sur  Typrésien. 
Les  assises  lutéiiennes  contiennent  un  grand  nombre  de 
formes  nouvelles  qui  ne  se  rencontrent  pas  dans  l'éocène 
inférieur:  Turritella  lerebellata  et  imbricataria,  Ceri- 
thium  serratum,  Polamides  lapidant,  P.  cristattis, 
Cardita  planicosla,  Eupsanmiia  trochiformis.  iXion- 
niuliles  lœvigata,  Alveolina  Bosci,  etc. 

Le  caractère  équatorial  que  présentait  la  faune  ypré- 
sienne va  encore  en  s'accentuant  au  lutétien.  Les  Nuni- 
mulites,  les  Zoanthaires,  les  grands  Cardimn,  les  Ovules, 
les  Volutes,  les  Cérithes  de  grande  taiUe  proviennent  évi- 
demment delà  région  méditerranéenne,  li  est  probable  que 
la  communication  avec  les  mers  (ki  Sud  se  faisait  par  la 
Manche  et  par  le  bassin  de  l'Aquitaine.  Les  calcaires  zoo- 
gènes prédomhient  essentiellement,  ils  ont  subi  toutefois 
en  beaucoup  d'endroits  une  diagénèse  qui  a  oblitéré  leurs 
caractères  primitifs.  En  certains  points  ils  ont  été  trans- 
formés en  dolomie  pulvérulente  par  des  eaux  magné- 
siennes. Les  sables  ne  font  pas  entièrement  défaut,  ils  sont 
calcaires  ou  glauconieux,  plus  rarement  sihceux. 

Le  lutétien  présente,  d'après  MM.  Munier-Chalmas  et  de 
Lapparent,  les  subdivisions  suivantes  : 

Lutélien  inférieur,  i""  Saljles  glauconieux  de  Chau- 
mont-en-Vexin,  à  Cardita  aciilicosta,  avec  yummuliies 
planulata  remaniée.  Ce  niveau  est  local  et  fait  défaut,  par 
exemple,  à  Issy  et  à  Meudoji.  —  3*^  Couches  à  \ummu- 
lites  lœvigata,  Eupsanimia  Irochiformis,  Jrirritella 
carinifera.  Ces  assises  reposent  souvent  directement,  soit 
sur  l'yprésien,  soit  sur  le  sparnacien.  —  3°  Assises  du 
Soissonnais  à  Ditrupa  sirangulata. 


lAiiélien  moyen,  i^  Couches  à  Cerithium  gigan- 
leinn,  Turritella  imbricalaria,  Voluia  cithara,  Èchi- 
lUDilhus  issiavensis,  Echinolampas  calvimontanum . 
etc.  —  2*'  Couche  de  la  ferme  de  l'Orme  et  calcaire  àmilio- 
lites  ;  c'est  dans  ces  assises  que  VOrbitolites  complanala 
atteint  son  maximum  de  développement  et  que  l'on  ren- 
contre surtout  les  Algues  calcaires  du  groupe  desSiphonées. 
Lutétien  supérieur,  i^  Calcaires  saumàtres  à  Po- 
tamides  lapiduni,  P.  crislatus,  P.  ci}ictus,  Cerithium 
Gravesi.  —  ï2"  Marnes  blanches  et  calcaires  à  Potanvides 
lapidum,  P.  cris  talus.  —  o'^  Couches  à  Potamides  He- 
ricarti,  Faunus  clavatus,  etc.  Cette  succession  est  sou- 
mise à  de  grandes  variations  locales  portant  sur  les  carac- 
tères lithologiques  et  sur  l'association  des  espèces.  Les 
bancs  de  calcaire  grossier  exploités  se  rencontrent  à  plu- 
sieurs niveaux  et  sont  connus  sous  des  noms  locaux  don- 
nés par  les  carriei's.  J^e  niveau  à  Ceritlmun  gigaittemn 
est  appelé  «  banc  à  vérins  »  ;  c'est  à  la  partie  supérieure 
du  calcaire  à  miliolites  que  se  trouve  le  «  banc  royal  »  ; 
le  «  banc  vert  »  occupe  la  base  du  lutétien  supérieur,  qui 
est  souvent  représenté  par  des  calcaires  à  cérithes  (gri- 
gnards)  constituant  le  «banc  franc  »,  tandis  que  d'autres 
fois  ce  sont  des  calcaires  d'eau  douce  qui  prédominent. 
En  général,  la  dessalure  des  eaux  ne  se  produit  qu'au  lu- 
tétien supérieur,  mais,  à  Villiers-Neauphle,  on  voit  appa- 
raître dès  le  lutétien  inférieur  de  nombreux  Mollusques 
saumàtres,  tels  que  Potamides  cristatiis,  Lain/jauia 
ecJiidnoides,  que  l'on  ne  rencontre  d'ordinaire  que  dans 
le  lutétien  supérieur.  En  revanche,  dans  les  environs  de 
Chambo]'s-en-Yexin,  le  lutétien  est  marin  du  haut  en  bas 
de  la  série. 

Bautoxiex  du  iJAbSix  nE  PAKih.  —  Les  relations  paléoji- 
tologiques  du  lutétien  el  du  bartonien  sont  très  étroites, 
beaucoup  d'espèces  sont  communes  aux  deux  termes  du 
parisien;  nous  citerons  avec  M. Munier-Chalmas:  Lampania 
Bouei,  Fiisusficulneus,  Voluta  labrella,  Corbula  gal- 
lica,  Cytherea  lœuigata,  Cardita  planicosta,  Lucina 
gigantea.  On  peut  cependant  signaler  un  certain  nombre 
de  formes  propres  au  bartonien:  Turritella  suie  if  er  a, 
Fusus  minax,  F.  scalaris,  F.  subcarinatus,  Voluta 
stromboides,  \ .  athleta,  ISuinmulites  variolaria.  Tan- 
dis que  dans  le  lutétien  ce  sont  les  calcaires  qui  prédo- 
minent, dans  le  bartonien  ce  sont  les  sables.  On  con- 
naît plusieurs  intercalations  de  calcaires  d'eau  douce, 
formés  dans  des  lagunes.  Le  terme  supérieur  est  en  gé- 
néral marneux. 

Le  bartonien  i)iférieur,  plus  particulièrement  cojjiui 
sous  le  nom  de  salAes  de  Beauchamp,  comprend,  d'après 
MM.  Munier-Chalmas  et  de  Lapparent,  les  termes  sui- 
vants :  4°  Zone  du  mont  Saint-Martin  (Aisne),  alter- 
nant à  sa  base  avec  les  marnes  lutétiennes  à  Potamides 
lapidum  et  caractérisée  par  Fusus  minax,  F.  scalaris, 
Turritella  sulcifera,  Voluta  digitalina,  Amputlina 
ponderosa.  —  "2"  Zone  du  Guépelle,  où  dominent  Den- 
taliiim  grande,  Lampania  Bouei,  Turritella  Heberti, 
Cytherea  lœvigata,  Corbula  galtica.  —  (l'^  Zone  d'Er- 
menonville, avec  prédominance  des  Potamides  mixtus, 
Cerithium  mutabile,  etc.  —  ¥  Zone  de  Beauchamp 
(type  des  sables  de  Beauchamp),  avec  nombreux  Cerithiwn 
mutabile,  Cer.  tuberculosum ,  La)npania  Bouei. 
Cyrena  deperdila.  —  5"  Zone  d'Ezanville,  où  les  Pota- 
mides perditus.  Pot.  scalaro ides  prennent  leurmaximum 
de  développement.  —  6*^  Calcaire  d'eau  douce  de  Ducy  à 
Limnea  arenaria. 

La  zone  d'Ermenonville  est  transgressive  par  rapport 
aux  deux  zones  inférieures  ;  elle  renferme,  par  exemple 
à  Auvers,  des  galets  et  des  fossiles  remaniés  de  la  craie, 
des  sables  de  Cuise,  du  calcaire  grossier  et  du  bartonien 
inférieur,  résultant  probablement  du  démantèlem.ent  du 
dôme  du  Bray  (Munier-Chalmas). 

On  peut  ranger  dans  le  bartonien  moyen  les  assises 
suivantes:  4^  Zone  de  Mortefontaine,  avec  prédominance 
de    Fusus  sulfcarinatus,   Lampania  pteurotomoides , 


—  d405  — 


PARISIEN  —  PARISIS 


Cerithium  Cordieri,  Cer.  Hoissyi,  Cytherea  anieata, 
Cardium  impeditum.  — 2^' Calcaire  saumâtre  et  lacustre 
de  Saint-Ouen  à  Hydrobia  pusilla,  Limnea  longiscata, 
Planorbis  goniobasis  et  couches  saumâtres  ou  marnes 
correspondantes.  —  3°  Zone  de  Marines  et  de  Cresnes, 
caractérisée  par  une  riche  faune,  analogue  à  celle  de  l'ar- 
gile de  Barton:  Voluta  atklefa,  JSatica  (unbulacrum, 
Cerithium  Depontallieri  ;  cette  dernière  espèce  très  abon- 
dante. Cette  zone  supérieure  a  été  confondue  avec  les 
sables  de  Beauchamp.  Dans  plusieurs  points  du  bassin  de 
Paris,  elle  est  représentée  par  un  faciès  laguno-lacustre 
analogue  au  calcaire  de  Saint-Ouen. 

Enfin,  nous  attribuons  au  bartonien  supérieur  les 
marnes  et  calcaires  marneux  de  Ludes  caractérisés  :  {•'par 
des  espèces  spéciales:  Pholadomya  ludensis,  Turritella 
aff.  cormnunis,  Voluta  Fabrei,  Corbula  aulacophora  ; 
2°  par  des  formes  franchement  bartoniennes  :  Lampania 
pleurotomoides,  L.  aff.  concava,  Potmnides  Iricari- 
natus,  JSatica  aff.  parisiensis,  Cardium  granulosum, 
CrassateUa  îvstralis,  Mylilus  lligaulii '/d''  par  quelques 
rares  espèces  tongriennes,  telles  que  Psammobia  stam- 
pinensis. 

L'ÉTAGE  PARISIEN  EN  BELGIQUE. —  Lc  lutéticu  ct  le  bar- 
tonien  de  Belgique  sont  presque  entièrement  formés  de 
dépôts  sableux,  beaucoup  moins  fossilifères  que  dans  le 
bassin  de  Paris.  Les  divisions  que  l'on  a  établies  dans  la 
série  sont  bien  plutôt  basées  sur  des  caractères  litholo- 
giques locaux  que  sur  des  caractères  paléontologiques,  aussi 
est-il  difficile  de  les  paralléliser  avec  celles  que  l'on  distingue 
dans  la  région  parisienne.  Chaque  zone  de  graviers  un 
peu  importante  est  envisagée  par  les  géologues  belges 
comme  une  limite  d'étages.  Le  bruxellien  parait  corres- 
pondre à  la  fois  à  l'yprésien  supérieur  des  géologues  fran- 
çais et  à  la  zone  inférieure  du  lutétien.  Le  laekenien  dé- 
bute par  la  zone  à  Nummuliies  lœvigata  et  comprend 
en  outre  tout  le  lutétien  moyen  et  supérieur.  A  notre  bar- 
tonien correspond  une  succession  de  sables  dont  on  a  fait 
les  étages  Jedien  (à  Nummulites  variolaria),  wemme- 
lien  (à  Nummulites  wemmelensis)  et  asschien. 

L'étage  parisien  en 'Angleterre.  —  Dans  le  S.  de 
l'Angleterre  on  peut  distinguer  deux  bassins  éocènes  dis- 
tincts, le  bassin  de  Londres  et  le  bassin  du  Hampshire, 
séparés  par  l'axe  anticlinal  du  Weald  et  dépourvus  de 
communication  directe.  Dans  le  bassin  de  Londres,  qui 
n'est  autre  chose  que  la  continuation  occidentale  de  la  ré- 
gion belge,  le  parisien  tout  entier  semble  représenté  par 
les  sables  et  les  argiles  de  Bagshot;  dans  le  bassin  du 
Hampshire,  qui  communiquait  directement  avec  le  bassin 
de  Paris,  les  couches  de  Bracklesham,  constituées  par 
des  argiles  et  des  sables  lignitifères,  représentent  le  luté- 
tien, tandis  que  le  bartonien  est  formé  par  la  puissante 
série  d'argiles  connue  sous  le  nom  de  Barton-clay,  qui  a 
servi  de  type  au  sous-étage.  Les  argiles  de  Barton  se  sont 
déposées  dans  des  eaux  plus  profondes  que  les  sables  de 
Beauchamp,  d'où  la  plus  faible  proportion  d'espaces  tro- 
picales et  le  caractère  tempéré  de  la  faune  ;  néanmoins, 
les  deux  formations  contiennent  un  assez  grand  nombre 
d'espèces  communes.  On  rencontre,  en  outre,  dans  le  Hamp- 
shire et  dans  l'île  de  Wight,  des  dépôts  formés  dans  des 
estuaires  et  renfermant  des  Mollusques  saumâtres  et  des 
débris  végétaux. 

Le  PARISIEN  DANS  l'ouest  DE  LA  France.  —  Abstractiou 
faite  de  la  région  pyrénéenne,  l'éocène  inférieur  manque 
complètement  dans  l'O.  de  la  France,  et  des  deux  termes 
qui  constituent  le  parisien,  le  lutétien  seul  est  représenté 
par  des  dépôts  marins  dans  le  Cotentin,  dans  le  S.  de  la 
Bretagne  et  en  Vendée,  ainsi  que  dans  la  Gironde,  tandis 
que  le  bartonien  manque  ou  est  à  l'état  de  formations  la- 
custres et  fluviatiles.  La  communication  de  la  mer  luté- 
tienne  du  bassin  de  Paris  avec  la  région  atlantique  ne 
pouvait  avoir  lieu  que  par  remplacement  actuel  de  la 
Manche.  Dans  le  Cotentin,  il  existe  aux  environs  de  Va- 
lognes   quelques  lambeaux  calcaires,  témoins  d'un  petit 

GRANDE   encyclopédie.  —  XXY. 


bassin,  occupé  par  la  mer  à  l'époque  du  lutétien  moyen 
et  supérieur.  Dans  la  région  de  la  basse  Loire,  un  fjord 
étroit  s'étendait  par  Saint-Nazaire,  Pont-Château,  Saint- 
Gildas  et  Cambon  jusqu'à  Saffré,  et,  plus  au  S.,  la  mer 
formait  plusieurs  petits  golfes,  que  M.  Vasseur  a  désignés 
sous  les  noms  de  golfe  d'Arton,  de  baie  de  Machecoul,  de 
baie  de  Challans,  et  y  déposait  des  calcaires  et  des  sables 
coquilliers.  C'est  à  l'époque  du  lutétien  supérieur  que  les 
eaux  avaient  la  plus  grande  extension.  Les  sables  du  Bois- 
Gouèt,  près  Saffré,  renferment  une  faune  extrêmement 
riche  qui  a  été  étudiée  par  M.  Vasseur  et  par  M.  Coss- 
mann;  on  y  trouve,  à  côté  d'espèces  du  bassin  do  Paris, 
un  grand  nombre  d'espèces  spéciales.  Dans  le  Bordelais,  le 
lutétien  présente  déjà  des  affinités  méditerranéennes. 

Emile  Haug. 
BiBL.  :  MuMi' Pw-CiiALMAs  ot  DE  Lapi'Arent,  Notc  sur  la 
nomenclature  des  terrains  sédimentaires  daiiy  le  Bull.  Soc 
gêol  Fr.,  3"  sér.,  t  XXI,  p.  475;  Paris.  1894.  -  G.  Vapskur, 
Recherches  géologiques  sur  les  terrains  ierliaire-i  de  la 
France  occidentale,  dans  les  Ann.  Soc.  Géol...  t.  XIII  ;  P;i- 
ris,  1881. 

PARISIEN,  peintre  allemand  (V.  Barisien). 
^  PARISIÈRE  (M.-F.  de  La),   littérateur  français  (V. 
Faulgon  de  La  Parisière). 

PARISII.  Peuple  gaulois  de  la  Celtique  transligérine, 
qui  primitivement  parait  avoir  formé  une  seule  et  môme 
cité  avec  lesSenones  (cf.  Ces.,  VI,  3).  Leur  territoire,  si- 
tué au  S.  des  Bellovaci  et  des  Suessiones,  au  N.-O.  des 
Senones,  au  N.-E.  des  Carnutes  et  à  l'E.  des  Velio- 
casses,  fut  annexé  sous  Auguste  à  la  provincia  Lugdu- 
nensis  et  forma  plus  tard  le  diocèse  de  Paris.  Les  Parisii 
avaient  deux  villes  :  Lutetia,  dans  une  île  de  la  Seine  (la 
Cité)  et  Lucototia,  Lucotecia,  AouxoToxta  (butte  Sainte- 
Geneviève,  quartiers  Saint-Jacques  ct  Saint- Victor).  La 
ville  de  Lutetia,  en  52  avant  J.-C,  pendant  la  septième 
campagne  de  César  dans  les  Gaules,  fut  incendiée,  à  rap- 
proche de  Titus  Labienus,  par  l'Aulerque  Camulogène. 
Reconstruite  et  fortifiée  par  César,  elle  devint,  après  la 
pacification  du  pays,  urbs  vectigalis.  L.  W. 

BxBL.  :  J.  Ql'iciikrat.  du  Lien  de  la  bataille  entre  La- 
bienus et  les  Parisiens.  dans3Ici.  d'archéol.  et  d'hist.  :  Pa- 
ris, 1885,  I,  207-42. 

PARISIS  (Monnaie).  On  a  désigné  sous  ce  nom  au 
moyen  âge  la  monnaie  royale  de  Paris.  Bien  que  l'ateher 
monétaire  de  Paris  soit  fort  ancien,  le  nom  de  monnaie 
parisis  ne  semble  pas  antérieur  au  règne  de  Philippe  1®'". 
C'est  seulement  vers  cette  époque  que  les  pièces  d'un  cer- 
tain nombre  d'ateliers  royaux  étant  soumises  aux  mêmes 
règles  que  la  monnaie  de  Paris,  il  y  eut  un  système  pa- 
risis. La  monnaie  parisis  eut  une  ^aleur  supérieure  d'un 
quart  à  celle  de  la  monnaie  tournois  :  ainsi  un  sou  pari- 
sis équivalait  à  15  deniers  tournois.  On  trouve  dans  les 
documents  mention  de  livres  et  de  sous  parisis,  mais  ce 
n'était  là  qu'une  monnaie  de  compte  ;  la  seule  monnaie 
réelle  était  le  denier  et  l'obole.  Sous  Philippe- Auguste,  la 
frappe  des  deniers  parisis  fut  restreinte  au  seul  domaine 
royal  qui  forma  ce  que  l'on  appela  le  «  serment  de  France»  ; 
partout  ailleurs  et  dans  toutes  les  nouvelles  possessions 
on  ne  frappa  que  des  tournois. 

PARISIS.  Ancien  pays  de  la  France,  démembré  en  567 
de  la  civitas  Parisiorum  ;  ce  fut  une  circonscription  ad- 
ministrative aux  époques  mérovingienne  et  carolingienne, 
dont  le  nom  a  passé  à  l'un  des  archidiaconés  du  diocèse 
de  Paris,  et  s'est  ainsi  conservé  jusqu'à  nos  jours.  Jus- 
qu'au milieu  du  vi^  siècle,  l'ancien  pays  des  Parisii,  devenu 
la  civitas  Parisiorum,  n'ixxiiit  formé  qu'une  circonscrip- 
tion unique,  affectée  depuis  la  conquête  de  Clovis  à  celui  des 
monarques  qui  avait  Paris  dans  son  lot.  Mais  après  la 
mort  de  celui  des  fils  de  Clotaire  qui  avait  été  roi  de  Pa- 
ris, Charibert  (567),  ses  trois  frères  ne  purent  se  mettre 
d'accord  sur  le  partage  de  ses  Ltats  qu'en  morcelant  plu- 
sieurs cités;  celle  de  Paris  fut  du  nombre.  La  Seine  et  la 
Marne,  qui  se  réunissent  un  peu  à  l'E.  de  la  ville,  divi- 
saient la  cité  en  trois  parties  sensiblement  égales  ;  la 
partie  septentrionale,  située  sur  la  rive  droite  de  la  Marne 

70 


PARISIS  —  PARK 


—  1106  — 


et  de  la  Seine,  retint  le  nom  de  Parisis,  et  fut  le  pagits 
Parisiacus  qui  s'agrandit  plus  tard,  probablement  au 
commencement  du  ix^  siècle,  de  la  partie  située  au  S.  de 
la  Marne.  La  ville  de  Paris,  laissée  en  dehors  du  partage  de 
567,  parait  être  demeurée  également  étrangère  au  Parisis, 
qui  eut  pour  localités  principales  Saint-Denis,  Louvres, 
Ecouen,  Luzarches,  Beaumont-sur-Oise,Moisselles,  Saint- 
Brice,  Montmorency,  Cormeilles  et  Argenteuil.  A  la  diffé- 
rence de  la  plupart  des  autres  yagi,  le  Parisis  ne  devint  pas 
un  comté  à  l'époque  féodale  :  le  comté  de  Paris  comprit  la 
cité  tout  entière,  mais  il  persista  seulement  comme  divi- 
sion ecclésiastique,  l'archidiaconé  de  Parisis,  ayant  Saint- 
Denis  pour  chef-lieu.  Il  faut  observer  toutefois  que  cet 
archidiaconé  correspondait  seulement  au  pagus  mérovin- 
gien, car  la  partie  située  au  S.  de  la  Marne  formait  l'ar- 
chidiaconé de  Brie. 

PARISIS.  Pseudonyme  d'Emile  Blavet  (V.   ce  nom). 

PARISOT.  Com.  du  dép.  du  Tarn,  arr.  de  Gaillac, 
cant.  de  Liste,  804  hab. 

""PARISOT,  dit  le  père  Norbert  (V.  Norbert,  t.  XXIV, 
p.  4198). 

PARISOT  (Jac([ues),  homme  politique  français,  né  aux 
Riceys  (Aube)  le  22  mai  1747,  mort  à  Paris  le  30  avr. 
1816.  Avocat  au  Parlement  de  Paris,  capitaine  de  la 
garde  constitutionnelle  de  Louis  XVI,  il  fut  blessé  à  la 
défense  du  château  des  Tuileries  le  10  août  1792.  Dé- 
voué à  la  famille  royale,  émigré  en  1793,  rentré  en 
France  après  le  9  thermidor,  il  fat  élu  député  de  la  Haute- 
Marne  au  conseil  des  Cinq-Cents  le  13  vendémiaire  an  IV 
et  siégea  parmi  les  modérés.  Il  fut  exclu  après  le  18  bru- 
maire. Et.  C. 

PARIZET  ou  PARISET.  Com.  du  dép.  de  Tlsère,  arr. 
de  Grenoble,  cant.  de  Sassenage;  904  hab.  Carrières  de 
pierres  à  bâtir  ;  chaux;  tuileries.  Vignobles.  La  Tour- 
sans-Venin,  célèbre  dans  les  légendes  du  Dauphiné,  dont 
elle  était  Tune  des  «  merveilles  »,  était  un  donjon  carré  du 
xiii^  siècle,  dont  ne  subsiste  qu'un  pan  de  mur  qui  se 
dresse  sur  une  colline  d'où  l'on  découvre  un  magnifique 
panorama  de  montagnes.  Château  de  Beauregard  du 
XVIII®  siècle. 

PARITÉ  (Fin.).  Deux  titres,  rentes,  actions  ou  obhga- 
tions,  peuvent,  bien  que  donnant  des  intérêts  identiques, 
ne  pas  être  cotés  au  même  cours  :  l'un  offre  un  placement 
plus  sûr  que  l'autre,  ou  bien  il  y  a  affluence  plus  ou  moins 
grande  de  num'éraire  sur  les  deux  places  ou  sont  cotés  les 
titres  considérés.  On  appelle  j^anYé/  la  valeur  relative  de 
l'un  de  ces  titres  par  rapport  à  l'autre.  Soit  a  la  cote 
d'un  titre  produisant  un  certain  intérêt  annuel,  b  la  cote 
d'un  autre  titre  donnant  le  même  intérêt,  ou  si,  en  fait, 
l'intérêt  servi  n'est  pas  le  même,  ramené  au  même  inté- 
rêt. Le  rapport  j  est  la  parité  du  premier  par  rapport  au 

second  et,  lorsque  ce  rapport  est  égal  à  1,  c.-à-d.  lorsque 
a  est  égal  à  /?,  on  dit  que  les  deux  titres  sont  à  la  parité. 
Par  extension,  on  appelle  aussi  parité  l'évaluation  d'un 
titre,  d'une  annuité,  au  même  taux  qu'un  autre  titre, 
qu'une  autre  annuité,  àmt  la  valeur  est  connue.  Lorsqu'il 
s'agit  de  rentes  perpétuelles,  ou  de  toutes  autres  annuités 
de  même  durée,  les  deux  valeurs  sont  toujours  propor- 
tionnelles aux  rentes  servies.  Si,  par  exemple,  le  3  °/o 
français  cote  100  fr.,  la  parité  sera,  pour  un  3  1/2  ^/o 
non  exposé  à  conversion,  116  fr.  66.  Si,  au  contraire,  les 
deux  titres  sont  amortissables  à  des  époques  différentes, 
le  calcul  est  plus  comphqué,  car  il  nécessite  la  recherche 
préalable  de  la  valeur  actuelle  ou  la  réduction  à  la  même 
durée.  En  matière  de  change  (V.  ce  mot),  la  parité  est 
également  la  valeur  relative  de  l'unité  monétaire  d'un  pays 
par  rapport  à  une  unité  monétaire  étrangère,  de  même 
valeur  intrinsèque.  Lorsque  cette  parité  est  égale  à  1, 
c.-à-d.  lorsque  le  change  de  deux  unités  correspond  exac- 
tement au  rapport  de  la  quantité  de  métal  fm  entrant  dans 
la  fabrication  de  l'une  et  de  l'autre,  on  dit  qu'elles  con- 


servent leur  parité  tfiéorique.  On  dit,  de  même,  que 
deux,  que  trois  places  sont  à  la  parité,  lorsque  la  valeur 
de  la  monnaie  de  compte  de  chacune,  exprimée  dans  la 
monnaie  de  l'autre  ou  des  deux  autres,  est  la  même  sur 
l'une  et  l'autre  ou  sur  toutes  trois  :  la  somme  des  agios 
est  alors  égale  à  zéro  (V.  Change,  t.  X,  p.  490).  Il  s'éta- 
blit ainsi  des  cours  de  parité,  l)ases  des  arbitrages,  et, 
pour  faciliter  ces  opérations,  les  calculateurs  spéciahstes 
ont  construit  des  Tables  de  parité,  entre  deux  ou  trois 
places,  qui  fournissent  directement  le  cours  de  parité  cor- 
respondant à  des  cours  donnés  et  qui  permettent,  consé- 
quemment,  de  se  rendre  compte  immédiatement  des  opé- 
rations à  effectuer  lorsqu'on  reçoit  par  télégraphe  la  cote 
des  places  étrangères.  L.   S. 

PARIZOT  ou  PARISOT.  Com.  du  dép.  du  Tarn-et- 
Garonne,  arr.  de  Montauban,  cant.  de  Saint-Antonin  ; 
1.366  hab.  Sources  ferrugineuses.  Ruines  romaines. 

PARJANYA.  Divinité  védique  du  tonnerre  et  de  la  pluie. 
C'est  la  vivante  personnilication  de  l'orage  que  décrit  fort 
pittoresquement  l'un  des  trois  hymnes  du  Rig-Veda  qui 
lui  sont  adressés.  Son  nom  fut  plus  tard  appliqué  à  Indra. 
Les  linguistes  le  rapprochent  du  lithuanien  Perkunas  et 
du  Scandinave  Fjôrgyn. 

PARJURE.  Le  mot  parjure  s'applique  tout  à  la  fois 
au  faux  serment  et  à  celui  qui  l'a  prêté.  Dans  notre  an- 
cien droit,  le  faux  serment  et  le  faux  témoignage  étaient 
punis  des  peines  du  parjure.  Aujourd'hui  les  deux  délits 
sont  absolument  distincts,  et  notre  code  pénal  prononce  des 
peines  différentes  contre  ceux  qui,  appelés  comme  témoins, 
après  avoir  prêté  serment  de  dire  la  vérité,  font  une 
déclaration  mensongère  (V.  Témoignage)  et  ceux  qui  font 
un  faux  serment  en  matière  civile  dans  un  procès  où  ils 
sont  parties  :  ce  sont  ces  derniers  seuls  que  désigne  le  mot 
parjure,  qui  n'est  d'ailleurs  pas  employé  par  le  code.  Il 
y  a  parjure  lorsqu'au  cours  d'une  instance  devant  la  ju- 
ridiction civile  la  partie,  à  qui  le  serment  a  été  déféré, 
fait  une  déclaration  fausse  et  qu'elle  sait  telle.  Il  y  a  deux 
sortes  de  serments  (V.  ce  mot),  le  serment  décisoire  et 
le  serment  supplétoire  ;  l'art.  366  du  C.  pén.  ne  distingue 
pas  entre  eux.  Il  y  a  pourtant,  au  point  de  vue  qui  nous 
occupe,  une  profonde  différence.  Dans  le  premier  cas,  la 
prestation  de  serment  par  celui  à  qui  il  a  été  déféré 
tranche  définitivement  le  Htige,  et  la  partie  adverse  n'est 
jamais  admise  à  en  contester  la  véracité.  En  posant  ce 
principe  dans  l'art.  1363  du  C.  civ.,  le  législateur  a  eu 
pour  but  d'empêcher  la  partie  qui  succombe  de  perpétuer 
le  procès  en  le  faisant  revivre  par  une  accusation  de  faux 
contre  la  parole  de  son  adversaire,  à  laquelle  elle  avait 
tout  d'abord  déclaré  s'en  rapporter.  Celui-ci  ne  peut  donc 
être  poursuivi  que  par  le  ministère  public.  Bien  plus,  la 
condamnation  pour  faux  serment  ne  portera  pas  atteinte 
au  jugement  qui  ne  pourra  être  attaqué  que  par  la  voie 
de  la  requête  civile  (V.  Requête)  dans  les  cas  et  par  les 
moyens  indiqués  dans  l'art.  380  du  C.  de  procéd.  civ.  Il  n'en 
est  pas  de  même  du  serment  supplétoire.  Les  parties  ne 
sont  pas  liées  par  leurs  déclarations  réciproques,  et  celui 
au  préjudice  duquel  le  serment  a  été  prêté  peut  en  établir 
le  caractère  mensonger.  Il  peut,  soit  poursuivre  directe- 
ment le  parjure  devant  le  tribunal  correctionnel,  soit  se 
porter  partie  civile  à  l'instance  intentée  par  le  parquet, 
soit  poursuivre  au  civil  la  réparation  du  préjudice  qui  lui 
a  été  causé.  Le  code  pénal  considérait  primitivement  le 
parjure  comme  un  crime  et  le  punissait  de  la  dégradation 
civique.  Il  a  été  correctionnalisé  par  la  loi  du  13  mai 
1863.  Aujourd'hui  le  coupable  est  passible  d'un  emprison- 
nement de  un  à  cinq  ans  et  d'une  amende  de  100  à  3.000  fr.  ; 
il  peut,  en  outre,  être  privé  de  certains  droits  civils,  ci- 
viques et  de  famille  et  mis  en  état  d'interdiction  de  séjour 
pendant  une  durée  de  cinq  à  dix  ans.     L.  Levasseur. 

PARK  (Mungo),  célèbre  voyageur  britannique,  né  à 
Fowlshiels,  près  Selkirk,  le  10  sept.  1771,  noyé  dans  le 
Niger  à  la  fin  de  1805.  Après  avoir  étudié  la  médeoine 
et  embarqué  comme  chirurgien  sur  le  Worcester  {il^^), 


—  1107 


PARK  —  PARKER 


il  offrit  à  la  Société  africaine  de  Londres  de  continuer  en 
Afrique  les  explorations  de  Houghton  et  partit  ]e  "2"2  mai 
1795  pour  la  Gambie  ;  du  comptoir  de  Pisania,  il  s'en- 
gagea dans  le  pays  nègre,  visita  le  Moullé,  le  Bondou,  le 
Kaarta,  fut  arrêté  par  les  Maures  ;  prisonnier  de  leur 
chef  Ali,  il  s'échappa,  parvint  cà  Ségo,  et,  continuant  au  mi- 
lieu de  périls  et  de  fatigues  inouïes,  remonta  le  Niger 
jusqu'à  Kamilia,  chez  les  Mandingues,  oîi  il  fut  sept  mois 
malade.  11  regagna  Pisania  en  compagnie  d'un  convoi 
d'esclaves  (juin  1797)  et  rentra  en  Angleterre,  où  il  publia 
la  relation  de  ce  voyage  :  Travels  in  theinterîor  districts 
of  Africa  (Londres,  1799  ;  trad.  fr.  de  Castéra,  1800, 
2  vol.  in-8).  La  sincérité  et  l'exactitude  des  descriptions 
furent  très  remarquées,  d'autant  que  l'ijitérét  des  décou- 
vertes faites  dans  la  région  du  haut  Niger  était  considé- 
rable. Mungo  Park  repartit  le  30  janv.  1805  avec  une 
mission  officielle,  toucha  à  Goréc,  d'où  il  gagna  Bammako, 
construisit  à  Sansanding  un  bateau  pour  descendre  le  Niger  ; 
il  parvint  jusqu'à  Boussa,  mais  fut  attaqué  par  les  llaoussas 
et  se  noya  avec  tous  ses  compagnons.  On  a  publié  les 
notes  qu'il  avait  fait  parvenir  sur  la  première  partie  de  ce 
voyage  jusqu'au  IGnov.  1803  :  The  Journal  ofa  mission 
to  the  interior  of  Africa  (1815;  trad.  fr.  in-4). 

BiBL.  :  ïiio.MSOx,  Mungo  Park  and  the  Niger  ;  Londres, 
1890. 

PARKANY.  Ville  de  Hongrie,  r.  dr.  du  Danube,  en  face 
de  Gran  (V.  ce  mot)  dont  c'est  une  sorte  de  faubourg; 
3.000  hab.  Produits  chimiques. 

PARKE  (Robert),  architecte  irlandais  de  la  fin  du 
xviii^  siècle,  qui  fut  l'auteur  d'importants  édifices  à  Du- 
blin parmi  lesquels  :  la  colonnade  ionique  ajoutée  de  1787 
à  1794  au-devant  de  la  façade  occidentale  de  la  Chambre 
des  communes,  aujourd'hui  la  Banque  d'Irlande;  le  col- 
lège royal  irlandais  de  chirurgie,  construit  en  -1806,  mais 
modifié  en  1825  ])ar  W.  Murray  ;  l'infirmerie  avec  refuge 
et  école,  élevée  en  181G  porir  hi  marine  irlandaise,  etc. 

PARKE  (Henry),  architecte  anglais,  né  en  1790,  mort 
à  Londres  le  5  mai  1835.  Elève  de  Sir  John  Soane 
(V.  ce  nom),  professeur  d'architecture  à  l'Académie  royale 
de  Londres,  pour  les  cours  duquel  il  prépara  de  nom- 
breux dessins  qui,  comme  les  remar(|uables  portefeuilles 
de  dessins  de  Henri  Parke,  appartiennent  aujourd'hui  à 
l'Institut  royal  des  architectes  britanniques.  Cet  architecte 
s'est  surtout  distingué,  dans  ses  nombreux  voyages  en 
Egypte  et  en  Italie,  par  ses  relevés  des  monuments  de 
l'île  de  Philœ  (Egypte)  et  d'un  plan  de  la  Nubie  et  par 
ses  vues  d'édifices  de  la  Rome  antique.  Henry  Parke  com- 
posa la  médaille  offerte  à  sir  John  Soane  par  ses  élèves 
et  par  ses  amis,  médaille  décernée  chaque  année  en  récom- 
pense par  l'Institut  royal  des  architectes  britanniques. 

PARKER  (Mathew),  archevêque  de  Cantorbery,  né  à 
Norvv'ich  le  6  août  1501,  mort  à  Londres  le  17  mai  1575. 
Toutes  les  fluctuations  de  la  réforme  religieuse  en  Angle- 
terre se  reflètent  dans  sa  vie;  finalement,  c'est  lui  qui  fut 
chargé  de  réorganiser  l'Eglise  anglicane  sous  l'^hsabeth.  11 
fut  ordonné  prêtre  en  1527,  avant  qu'il  lut  question  d'au- 
cun schisme.  Cependant  il  s'occupait,  avec  quelques  amis, 
des  progrès  de  la  réforme  en  Allemagne,  vers  laquelle  il 
inchnait.  Aussi  Cranmer  (V.  ce  nom)  l'autorisa-t-il,  en 
1533,  à  prêcher  dans  tout  le  royaume.  Il  déploya  ensuite 
de  belles  qualités  d'administrateur  comme  principal  du 
collège  do  Stoke-Clare,  à  Cambridge.  Pendant  la  réaction 
de  Marie  «  la  Sanglante  »  (1553-58),  il  perdit  tous  ses 
bénéfices  et  dut  se  cacher.  Quand  Elisabeth  chercha  un 
homme  capable  de  piloter  l'Eglise  anglicane  à  égale  dis- 
tance (le  Rome  et  de  Genève,  on  lui  signala  Parker  qui, 
en  dépit  de  ses  protestations,  fut  sacré  archevêque  de 
Cantorbery  et  primat  d'Angleterre  le  17déc.  1559.  L'acte 
de  suprématie,  qui  faisait  du  souverain  le  chef  ou  «  gou- 
verneur V  de  FEglise,  avait  été  établi  en  1558,  ainsi  que 
l'acte  de  conformité  qui  astreignait  tous  les  Anglais  à  se 
coiifoimer  aux  ^(2  articles  (VEdouard  Yl  et  aux  riles  fixés 
par  le  Praijer-book  de  1552.  La  situation  était  des  plus 


difficiles.  La  masse  du  peuple  demeurait  attachée  à  Rome  ; 
Oxford  encourageait  cette  attitude.  D'autre  part,  la  bour- 
geoisie de  Londres,  guidée  par  les  victimes  de  la  réaction 
(le  Marie,  qui  revenaient  maintenant  de  Genève  et  de 
Strasbourg,  demandait  une  réforme  radicale  et  une  orga- 
nisation presbytérienne.  La  reine  indifférente,  au  fond,  et 
diversement  influencée  par  ses  courtisans,  se  tira  d'affaire 
en  chargeant  Parker  de  faire  exécuter  l'acte  de  conformité. 
L'archevêque  crut  pouvoir  se  contenter  d'abolir  des  abus, 
mais  l'opposition  à^s  puritains  (V.  ce  mot)  elles  menaces 
du  Parlement  (1565)  le  forcèrent  à  recourir  à  des  me- 
sures de  rigueur.  Il  précipita  ainsi  la  consommation  du 
schisme  des  puritains,  qui  divise  en  deux  le  peuple  anglais 
jusqu'à  ce  jour.  Il  est  certain  que  Parker  a  été  un  fonction- 
naire honnête  plutôt  qu'un  habile  diplomate,  mais  il  est 
douteux  que  même  un  prélat  de  grande  envergure  eût 
réussi  à  éviter  Eexode  des  non-conformistes.  Il  reste  à  Par- 
ker le  mérite  d'avoir  été  l'initiateur  des  études  archéolo- 
giques dans  son  pays  ;  il  fit  collectionner  par  ses  agents 
d'innombrables  manuscrits,  parmi  lesquels  surtout  de 
vieilles  chroniques  saxonnes.  F. -H.  K. 

lîiBL.:  GooDwiN,  jRiics  and  cérémonies  \çJilcli  tooJi place 
at  the  consécration  o['  Archbishop  Parker;  Londres,  1811. 
—  Strvpe,  Life  of  archbishop  Parker;  Londres,  1872.— 
F.-O.  WiiiTE,  Llves  of  the  Elizabethan  bishops  ;  Londres, 
1898. 

PARKER  (Sir  Hyde),  marin  anglais,  né  en  1739,  mort 
le  16  mars  1807.  Il  était  fils  de  sir  Hyde  Parker,  amiral 
du  pavillon  bleu,  qui  gagna  le  5  août  1781,  sur  l'amiral 
hollandais  Zoutman,  la  bataille  du  Doggerbank,  et,  qui, 
préposé  à  la  flotte  des  Indes  orientales,  périt  dans  un 
un  naufrage  (1782).  Il  débuta  jeune  dans  le  service, 
sous  les  ordres  de  son  père.  Durant  la  guerre  d'Amé- 
rique (1776),  il  fut  mis  à  la  tête  de  l'escadre  chargée 
d'occuper  la  North  River,  défendue  par  de  formidables  ou- 
vrages inventés  par  Franklin.  Parker  f^rça  le  passage, 
non  sans  subir  de  fortes  pertes.  Il  participa  à  l'expédition 
de  Savannah  (1779),  à  l'occupation  de  Toulon  et  à  la  ré- 
duction de  la  Corse  (179-1)  et  promu  vice-amiral  (1794), 
fut  nommé  commandant  en  chef  à  la  Jamaïque  (1796).  En 
1800,  il  était  mis  à  la  tête  de  la  flotte  de  la  Raltique. 
Avec  Nelson  il  réduisit  Copenhague,  mais  il  n'osa  pousser 
à  fond  ses  avantages  et  fut  rappelé,  probablement  à  l'ins- 
tigation de  Nelson  qui  avait  son  plan  (V.  Nelson).  —  Son 
fils  aine,  Hyde,  né  vers  1781,  mort  en  1851-,  participa  à 
la  campagne  de  1815  contre  les  Etats-Unis,  devint  vice- 
amiral  en  1852  et  fut  lord  de  l'amirauté  en  1853.    R.  S. 

PARKER  (James),  graveur  anglais,  né  en  1750,  mort 
à  Londres  le  2.6  mai  1805.  Elève  du  graveur  Jacques 
Rasire,  il  fut  un  des  illustrateurs  anglais  les  plus  féconds 
de  la  fin  du  xviii^  siècle.  Il  collabora  à  la  fameuse  édition 
des  œuvres  de  Shakespeare,  pu])liée  par  John  Roydell, 
avec  illustrations  d'après  les  tableaux  des  plus  célèbres 
peintres  anglais  de  l'époque  ;  la  Ucvolulion  de  J688 
(d'après  Northcote),  les  gravures  de  l'Iliade  (d'après 
Flexman),  du  Vicaire  de  Wakefield  (d'après  Stothard) 
Gt  du  Naufrage  de  Falconer,  comptent  parmi  ses  planches 
les  plus  célèbres.  Parker  fut  l'un  des  fondateurs  de  la  So- 
ciété des  graveurs. 

PARKER  (Sir  Wilfiam),  amiral  anglais,  né  le  1*^''  déc. 
1781,  mort  le  13  nov.  1866.  Entré  dans  la  marine  en 
1793,  il  se  distinguait  en  1805,  sous  Nelson,  dans  la 
poursuite  jusqu'aux  Indes  de  l'amiral  Villeneuve  (V.  Nel- 
son) et  dans  le  combat  du  14  mars  1806  où  il  s'empara 
de  la  frégate  la  Belle-Poule.  Mis  en  non-activité  en  1812, 
il  mena  pendant  quinze  ans  la  plantureuse  vie  de  gentle- 
man campagnard.  Ayant  repris  du  service  en  1827,  il  fut 
promu  contre-amiral  (1830)  et  chargé  de  protéger  les 
intérêts  anglais  sur  les  côtes  de  Portugal  (1831-34'),  tache 
ennuyeuse  et  difficile  dont  il  s'acquitta  aNCclaplus  grande 
habileté.  Lord  de  l'amirauté  en  1835,  il  fut  nommé  en 
1841  commaïKlant  en  chef  en  Chine.  Il  prit  Amoy,  Ning- 
Po,  Wousung.  Chang-hai,  surcivs  rapides  qui  obligèrent  les 
Chinois  au  traité  de  Nankiiig  (27  août  1842).  Parker  fut 


PARKER  -  PARKIA 


—  4108 


créé  baronnet  en  récompense  de  tels  services;  en  1845, 
il  fut  mis  à  la  tète  de  l'escadre  de  la  Méditerranée  à  la- 
quelle fut  adjointe  l'escadre  de  la  Manche  en  1846.  11  s'oc- 
cupa spécialement  de  surveiller  les  affaires  portugaises, 
alors  fort  troublées  et  dont  il  avait  une  grande  expérience. 
La  révolution  de  1848  le  rappela  dans  la  Méditerranée  : 
homme  de  devoir,  il  imposa  à  l'escadre  une  discipline 
stricte  et  en  obtint,  au  point  de  vue  technique,  des  résul- 
tats qui  n'ont  plus  été  atteints  après  lui.  Promu  amn\al  en 
1851,  il  fut  commandant  en  chef  à  Devonport  de  1854  à 
1857,  et  devint,  à  l'ancienneté,  amiral  du  Royaume-Uni 
en  186^2.  Parker  a  laissé  dans  la  marine  anglaise  les  plus 
vifs  souvenirs.  t^-  ^• 

BiiîL.    :   Au£?.  PiiiLiAMORV,  Life  of  sir  Willwm  Vvrhvr. 

PARKER  (Théodore),  pasteur  unitaire  américain,  né  à 
Lexington  (Massachusetts),  le  U-  août  1810,  mort  à 
Florence  (Italie)  le  10  mai  1860.  Il  fut  prédicateur  à 
West-Roxbury  à  partir  de  1837  et  depuis  1845  à  Boston. 
Il  évolua  et  entraîna  avec  lui  une  grande  partie  des 
unitaires  (V.  ce  mot)  américains,  de  l'ancienne  concep- 
tion supranaturaliste  vers  un  théisme  fort  vague,  que  l'on 
présente  comme  le  christianisme  de  l'avenir.  Ses  œuvres 
(Boston,  1862,  14  vol.)  sont  des  discours,  des  essais  et 
une  autobiographie. 

PARKERIA  (Paléont.).  Genre  de  Foraminifères {Y .  ce 
mot),  devenu  le  type  de  la  famille  des P«r/l:^7'ûte  (Brady) , 
qui  présente  les  caractères  suivants  :  Coquille  de  grande 
taille,  sphérique,  discoïde  ou  fusiforme,  silico-calcaire, 
formée  de  couches  concentriques  ou  en  spirale  ;  loges  rem- 
plies ordinairement  de  spicules  ou  lamelles  réticulés  ou  en 
labyrinthe.  Deux  genres  (Parkeria  et  Lofiusia),  dont  la 
classiiication  reste  douteuse.  Le  genre  i\«7c^rw,  repré- 
senté par  des  coquilles  sphériques  à  surface  muriforme, 
est  du  cénomanien  d'Angleterre  :  la  coquille  à  près  de 
6  centim.  de  diamètre.  Le  genre  Loftmki,  dont  la  coquille 
est  lisse  et  atteint  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule,  est  du 
calcaire  éocène  de  Perse  (L.  persica  Brady).   E.  Trt. 

PARKERSBURG.  Ville  des  Etats-Unis,  Virginie  occi- 
dentale, sur  rOhio  au  confluent  de  la  Petite  Kanavvha, 
en  face  de  Bel  pré  (pont  de  2.146  m.);  8.408  liab.  (en 
1890).  Important  port  fluvial  et  nœud  de  voies  ferrées; 
raffineries  de  pétrole,  fonte,  tanneries,  distilleries,  etc. 

PARKES(Sir  Henry),  homme  d'Etat  australien,  né  à  Slo- 
neleigh  (Warwickshire)  en  1815.  Fils  d'un  fermier,  il  en- 
tra en  apprentissage  à  Birmingham  et  émigra  en  Australie 
en  1839.  En  1848,  il  fonde  à  Sydney  un  journal,  The 
Empire;  en  1854,  il  est  élu  membre  du  Conseil  législatif, 
et  de  1861  à  1872  remplit,  à  Londres.  les  fonctions  de 
commissaire  de  la  colonie  pour  l'émigration.  Réélu  àl'As- 
seuiblée  législative  en  1862,  il  entre  dans  le  gouverne- 
ment comme  secrétaire  colonial  (1866)  et  fait  passer  les 
lois  sur  l'enseignement.  Président  du  conseil  d'éducation 
publique  (1867-70),  premier  ministre  (1872-75),  puis  de 
nouveau  en  1877  et  en  1878,  il  opéra  de  grandes  réformes 
et  ht  adopter  notamment  la  loi  relative  à  l'instruction  pu- 
blique (1880)  et  une  nouvelle  loi  électorale.  Très  fatigué 
parle  climat,  Parkes  voyagea  en  Amérique  et  en  Europe, 
dès  la  fin  de  1881  :  il  reçut  partout  un  accueil  enthou- 
siaste, et  à  son  retour  à  Sydney  une  foule  énorme  se  porta 
à  sa  rencontre.  En  1887,  il  formait  un  nouveau  ministère 
qui  demeura  au  pouvoir  jusqu'en  janv.  1889,  et  se  signala 
par  les  lois  importantes  sur  les  chemins  de  fer  et  les  tra- 
vaux publics.  Il  occupait  encore  le  pouvoir  de  mars  1889 
à  octobre  1891,  et  travaillait  ardemment  à  la  cause  de  la 
fédération  australienne.  II  fut  élu  président  de  la  conven- 
tion chargée  de  voter  la  constitution  fédérale  (1892).  Par- 
kes a  publié  ;  Speedies  on  varions  occasions  connected 
with  the  public  affairs  of^ew  South  Wates  (Melbourne, 
1876);  Speeches  on  tlie  fédéral  governrnenl  of  Aiis- 
tralia  (1890);  Fifty  years  in  the  makimj  of  Anstralian 
history  (Londres,  1892,  2  vol.  in-8).  R.  S. 

BiBL.  :  Mârik  La  Meslée,  U a  hommit  d'Etat  nustralieii, 
sir  Henry  Parkes  et  la  fédëvation  des  colonies  iiustra- 
Hennés,  dans  Reçue  des  Denx  Mondes,  1892,  t.  111. 


PARKES  (Sir  Harrv-Smith) ,  diplomate  anglais,  no 
près  de  Wasall  (comté  de  Staiford)  le  24  févr.  1828,  mort 
le  22  mars  1885.  En  1841,  il  s'étabht  à  Macao,  étudia 
avec  succès  la  langue  chinoise  et  entra  dans  les  bureaux 
du  premier  interprète  du  ministre  plénipotentiaire  anglais 
à  Hong-kong.  Il  assista  aux  négociations  qui  aboutirent  à 
la  paix  de  Nanking  (1842).  Nommé  en  1844  interprète  au 
consulat  dMmoy,  il  acquit  rapidement  une  remarquable 
expérience  des  hommes  et  des  affaires  de  la  Chine  ([ui  le 
mirent  en  haute  estime  auprès  du  Foreign  Office,  En  1845, 
il  réprimait  énergiquement  des  insultes  faites  au  consulat 
de  Fou-tchéou ,  et  fut  transféré  en  \  8  46  à  Chang-hai ,  ou  il  exi- 
gea, avec  ténacité,  la  j)unition  et  la  réparation  d'insultes 
et  de  mauvais  traitements  infligés  à  trois  missionnaires.  Il 
fut  nommé  interprète  à  Canton  en  1852,  et  avec  son  tact 
et  son  habileté  ordinaires,  il  sut  arranger  de  sérieuses  dif- 
ficultés survenues  entre  la  colonie  française  et  la  colonie  an- 
glaise. Consul  à  Amoy  (185 i),  il  négocia  le  premier  traité 
conclu  par  une  puissance  européenne  avec  le  Siam,  et  cette 
négociation  lui  ht  grand  honneur  dans  les  cercles  diplo- 
matiques. Il  était  consul  à  Canton  (1856),  lorsque  survint 
la  rupture  avec  la  Chine.  Après  le  bombardement  de  cette 
ville  (28  déc.  1857),  il  fut  attaché  à  l'état-major  de  lord 
Elgin,  puis  il  fut  un  des  membres  de  la  commission  euro- 
péenne chargée  de  contrôler  le  gouvernement  de  Canton 
(9  janv.  1858).  Il  fut  le  gouverneur  eff'ectif  de  Canton  pen- 
dant près  de  quatre  ans  ;  les  Chinois  avaient  mis  sa  tète  à 
prix,  mais  il  réussit  à  rétablir  l'ordre  et  à  se  tirer  de  toutes 
les  diflicultés.  Survint  la  campagne  de  Chine  de  1859-60. 
Parkes  aida  de  ses  précieux  conseils  les  chefs  miMtaires,  et, 
en  pleine  période  de  négociation,  il  fut  traîtreusement 
arrêté  et  emmené  prisonnier  à  Peking,  où  il  subit  les  plus 
odieux  traitements.  Remis  en  liberté  après  ia  prise  du  Pa- 
lais d'Eté,  il  prit  part  aux  diverses  négociations  qui  sui- 
virent. 11  s'occupa,  à  partir  de  1861,  à  consolider  les 
avantages  obtenus  par  le  traité  de  Tien-tsin.  En  1864,  il 
prit  possession  du  consulat  de  Chang-haï,  où  il  eut  fort  à 
faire  à  cause  de  la  révolte  des  Tai-ping  et  où  il  eut  des 
difficultés  avec  Li  Hung  Chang.  Il  devint  ministre  au  Ja- 
pon (1865),  où  il  obtint,  non  sans  peine,  la  ratification 
des  traités  de  1858  et  où  il  contribua,  plus  que  personne, 
à  introduire  toutes  les  améliorations  de  la  civilisation  eu- 
ropéenne. En  1871,1e  mikado  le  remerciait  solennelle- 
ment de  l'aide  qu'il  lui  avait  apportée  dans  la  reconstitu- 
tion de  son  l^tat.  Sauf  deux  séjours  en  Angleterre,  il  resta 
à  Yokohama  juscju'en  1883  ;  il  y  occupait  une  situation  pré- 
pondérante et  il  était  fort  aimé  de  tous  les  résidents  étran- 
gers qui  avaient  souvent  recours  à  ses  bons  offices.  Promu 
ministre  en  Chine,  il  fut  froidement  accueiUi  par  legouver- 
ment  qui  ne  lui  pardonnait  pas  ses  anciens  succès.  Il  né- 
gocia avec  la  (^orée  un  traité,  considéré  comme  un  admi- 
rable instrument  diplomatique  (1883-84).  Après  quoi,  il 
fut  très  absorbé  par  les  multiples  difficultés  que  suscita  la 
conquête  du  Tonkin  par  la  France,  les  autorités  en  ayant 
profité  pour  exciter  la  populace  contre  les  étrangers  de 
toutes  nationalités.  Il  obtint  notamment  le  retrait  d'une 
abominable  proclamation  invitant  tous  les  Chinois  à  em- 
poisonner les  Français  qu'ils  pourraient  surprendre 
(sept.  1884).  Très  affaibli  par  des  années  de  surmenage, 
il  succomba  prématurément  à  la  suite  d'un  accès  de  fièvre. 
Son  corps  fut  ramené  en  Angleterre.  R.  S. 

BiBL.  :  Stanley  Lane-Poole   ot  F,-V.   Dickins,  Life  of 
sir  Hurry  Parkès;  Londres,  1891,  2  vol. 

PARKHOUSE  (Hannah)  (V.  Cowlfa'  [M"^«]). 

PARKIA  (Parkia  R.  Br.).  Genre  de  Légumineuses-Mi- 
mosées,  formé  de  7  ou  8  arbres  asiatiques  ou  africains, 
à  feuilles  bipinnées,  à  fleurs  polygames  en  capitules  sphéri- 
ques, piriformes  et  claviformes,  agglomérés  ;  les  infé- 
rieures sont  neutres  avec  de  longs staminodes  colorés; les 
supérieures  possèdent  10  étamines  et  sont  dépourvues  de 
staminodes  ;  le  fruit  est  une  gousse  bivalve.  Les  semences 
du  P.  biglobosa  (P.  africana  R.  Rr.)  fournissent,  après 
grillage,  fermentation  dans  l'eau  et  pulvérisation,  une 


1109 


PARKIA  —  PARLEIMENT 


farine  alimentaire,  toni(iiie,  qui,  sous  forme  de  tablettes, 
sert  de  condiment  aux  viandes  cuites.  La  graine  est  en- 
tourée d'une  matière  féculente  alimentaire  ;  c'est  un  des 
cafés  du  Soudan  et  un  aphrodisiaque.  Dans  l'archipel 
Indien,  le  P.  speciosa  Hassk.  est  utilisé  comme  alimen- 
taire, et  le  P.  intermedîa  Hassk.  est  employé  à  Java 
pour  ses  graines  toniques  et  amères.  D'^'  L.  Hn. 

PARKINSON  (Maladie  de)  (V.  Paralysie). 
PAR  KM  AN  (Francis),  littérateur  américain,  né  à  Bos- 
ton le  16  sept.  1823,  mort  à  Jamaïca  Plain  (Massachu- 
setts) le  11  nov.  1893.  Elève  d'Harvard,  il  consacra  toute 
son  existence  à  la  littérature  et  publia  des  récits  de  voyages 
et  des  études  historiques  qui  ont  eu  le  plus  grand  succès. 
Citons  :  Prairies  and  rocky  mountains  life  (New  York, 
1852,  in-12)  ;  History  of  the  conspiracy  of  Pontiac 
(Boston,  185J,  in-8)  ;  les  Jésuites  dans  V Amérique  du 
Nord  au  xvii^  siècle  (1867,  trad.  en  fr.,  Paris,  1882. 
in-12);  Discoveryof  the  Great-West  (1869);  The  Old 
Régime  in  Canada  (1874)  ;  Count  Frontenac  and  New 
France  under  Louis  A7F(1878)  ;  Montcahn  and  Wolfe 
(1884)  ;  les  Pionniers  français  dans  V Amérique  du 
Nord{{ràà.  fr.,  Paris,  1874,  in-12);  The  Cqlifornia 
and  Oregon  trait  (New  York,  1849,  in-8),  etc.  Mention- 
nons aussi  un  roman,  Vassalt  Moreton  (Boston,  1856, 
in-12)  et  un  livre  sur  les  ?\0ses  (1866),  singularité  qui 
s'expUque,  Parkman  ayant  été,  de  1871  à  1872,  professeur 
d'horticulture  à  l'école  d'agriculture  d'Harvard.    R.  S. 

PAR  LAN.  Corn,  du  dép.  du  Cantal,  arr.  d'Aurillac, 
cant.  de  Saint-Mamet,  910  hab. 

PARLANTE  (Machine),  Cette  machine,  imaginée  par 
Faber  peu  de  temps  avant  la  découverte  du  phonographe, 
excita  alors  un  assez  grand  intérêt.  Elle  se  compose  d'un 
soufflet  analogue  à  ceux  des  orgues,  de  quatorze  touches 
disposées  comme  celles  d'un  piano  et  de  l'appareil  produc- 
teur de  sons  qui  consiste  en  une  anche  en  ivoire  commu- 
niquant avec  des  cavités  analogues  à  celles  de  la  bouche 
et  des  fosses  nasales  ;  une  languette  jouant  un  rôle  ana- 
logue à  celui  de  la  langue  pouvait  être  mise  en  vibration.  La 
cavité  correspondant  aux  fosses  nasales  pouvait  être  ou- 
verte ou  fermée  en  appuyant  sur  une  touche.  L'auteur  de 
cette  machine  avait  étudié  avec  soin  les  phénomènes  qui 
accompagnent  l'émission  des  consonnes  et  des  voyelles  et 
avait  cherché  à  les  reproduire  le  mieux  possil)le  :  les 
voyelles  s'obtenaient  en  variant  les  dimensions  et  l'orifice 
de  la  cavité  buccale,  tandis  que  les  diverses  consonnes 
étaient  reproduites  par  la  façon  plus  ou  moins  brusque, 
continue  ou  intermittente  dont  l'air  était  envoyé  ;  toutes 
ces  manœuvres  se  faisaient  en  appuyant  sur  diverses 
touches.  L'émission  des  sons  était  nette,  on  pouvait  recon- 
naître facilement  les  paroles  que  l'on  faisait  prononcer  à 
la  machine  et  l'on  pouvait  même  distinguer  un  accent  spé- 
cial ;  construite  par  un  Américain  pour  parler  en  anglais, 
cette  machine  reproduisait  principalement  les  sons  habi- 
tuels de  cette  langue;  pour  parler  français  avec  cette 
machine,  on  devait  utiliser,  non  les  véritables  sons,  mais, 
parmi  les  sons  anglais,  ceux  qui  s'en  rapprochaient  le  plus  ; 
c'est  justement  ce  que  font  les  étrangers  qui  connaissent 
mal  la  prononciation  d'une  langue  :  la  machine  de  Faber 
parlait  le  français  avec  l'accent  anglais.      A.  Joannis. 

PARLEBOSCQ.Com.  du  dép.  des  Landes,  arr.  de  Mont- 
de-Marsan,  cant.  de  Gabarret;  1.215  hab. 

PARLEMENT.  France.  — L  Le  parlement  de  Paris.  -- 
Pour  connaître  l'origine  et  la  filiation  de  nos  parlements,  il 
faut  remonter  à  la  cour  du  roi  de  l'époque  franque,  qui  est 
la  source  directe  du  parlement  de  Paris.  Dans  cette  cour,  le 
roi  franc  exerce  en  personne  la  justice  dont  il  est  le  chef 
et  avec  l'assistance  des  membres  de  son  Conseil.  En  cas 
d'empêchement,  il  se  fait  remplacer  le  plus  souvent  par  le 
comte  du  palais,  quelquefois  aussi  par  un  optimale,  mais 
le  jugement  n'en  est  pas  moins  rendu  en  son  noîn.  Aussi 
certains  historiens  ont  pensé  que  les  assistants  du  roi 
avaient  simple  voix  consultative  et  que  le  roi  seul  pro- 
nonçait ;  d'autres  estiment,  au  contraire,  qu'il  avait  seu- 


lement la  présidence  de  l'assemblée,  la  direction  de  la 
procédure  et  l'exécution  de  la  sentence,  mais  que  les 
membres  de  la  cour,  tFailleurs  choisis  par  le  roi,  instrui- 
saient et  jugeaient  seuls  l'affaire.  Il  paraît  préférable  de 
dire  que  le  roi  avait  droit  de  juger  seul,  mais  qu'il  pou- 
vait conférer  voix  délil)érative  aux  assistants.  Ce  tribunal 
royal  tenait  ses  séances  en  public  et  formait  une  véritable 
juridiction  d'équité  où  fonctionnait  une  procédure  spéciale. 
Sa  compétence  était  très  étendue  et  ne  fut  jamais  soumise 
à  des  règles  bien  précises.  Le  tribunal  du  roi  jugeait  no- 
tamment l'homme  libre  qui,  assigné  au  mail  local,  n'y 
avait  pas  comparu  ou  qui,  après  avoir  comparu,  avait 
refusé  de  se  soumettre  à  la  sentence  ;  s'il  continuait  sa 
contumace  devant  la  cour  du  roi,  il  était  mis  hors  la  loi  ; 
on  confisquait  ses  biens,  et  sa  vie  était  à  la  discrétion  du 
premier  venu.  C'est  aussi  devant  cette  cour  qu'on  tradui- 
sait les  rachimbourgs  coupables  d'un  déni  de  justice  ou 
d'un  jugement  frauduleux,  et  le  comte  en  fut  également 
justicial)le  pour  les  mêmes  causes  à  partir  du  jour  oii  il 
devint,  lui  aussi,  un  véritable  juge.  La  cour  du  roi  con- 
naissait encore  des  procès  ordinaires  des  comtes  ou  autres 
hauts  fonctionnaires  et  de  ceux  descenteniers,  vicaires,  etc. , 
soit  qu'ils  fussent  des  plaideurs  ordinaires,  soit  qu'on  leur 
reprochât  des  abus  de  pouvoir  dans  l'exercice  de  leurs 
fonctions.  Le  roi  jugeait  aussi  les  évêques,  comme  cela  ré- 
sulte de  plusieurs  récits  de  Grégoire  de  Tours.  Sa  cour  était 
encore  compétente  pour  toutes  les  questions  de  propriété 
qui  intéressaient  le  fisc  et,  d'une  manière  générale,  pour 
tous  les  procès  dans  lesquels  la  royauté  était  intéressée. 
Le  roi  était  aussi  juge  d'appel  des  juridictions  inférieures, 
mais  cet  appel  n'était  pas,  comme  on  l'a  dit  à  tort,  ouvert 
d'une  manière  générale,  et  il  se  ramenait,  à  vrai  dire,  à 
une  véritable  prise  à  partie  dirigée  contre  le  comte  ou  les 
rachimbourgs  auxquels  on  reprochait  d'avoir,  avec  inten- 
tion, mal  jugé  en  droit.  Mais  si  les  juges  s'étaient  trom- 
pés en  fait  ou  n'avaient  commis  aucune  fraude,  l'appel 
n'existait  pas.  D'ailleurs,  la  cour  du  roi  n'était  pas  néces- 
sairement juge  du  second  degré  ;  elle  pouvait  connaître 
directement  de  tous  les  procès  civils  ou  criminels,  et  il 
arrivait  parfois  aussi  au  roi  d'évoquer  devant  lui  une 
affaire  déjà  pendante  devant  une  autre  juridiction.  Mais, 
lorsque  certaines  personnes,  d'un  commun  accord,  vou- 
laient soumettre  directement  leurs  contestations  au  tribunal 
du  roi,  celui-ci  n'était  pas  obUgé  de  juger,  à  moins  qu'il 
ne  s'agit  de  personnes  placées  sous  le  mundium  royal. 
Il  ne  faut  pas  non  plus  oublier  que  le  roi  exerçait  assez 
souvent  la  juridiction  gracieuse;  on  faisait  devant  lui  des 
donations,  des  affranchissements,  des  partages  ou  autres 
actes  juridiques  qui  acquéraient  ainsi  une  force  particu- 
lière et  dont  l'existence  était  sérieusement  assurée. 

Malgré  tout,  cette  cour  du  roi  était,  sous  les  premiers 
Mérovingiens,  plutôt  une  juridiction  d'exception  qu'une 
juridiction  de  droit  commun.  C'est  dans  la  suite  seulement 
qu'elle  prit  ce  second  caractère,  et  à  mesure  que  le  pou- 
voir royal  se  fortifia,  sa  compétence  devint  plus  large  et 
même  universelle.  Toutefois,  même  sous  les  Carolingiens, 
elle  supposait  certaines  conditions  qui  s'imposaient  non 
pas  au  prince,  mais  aux  parties.  En  d'autres  termes,  le 
prince  pouvait  toujours  juger  une  affaire,  s'il  y  consen- 
tait, et  quoique  les  conditions  prescrites  par  la  loi  ne  fussent 
pas  réunies  ;  mais  c'était  alors  une  faveur  et  non  un  droit. 
En  fait,  les  plaideurs  affluaient  à  la  cour  du  roi  et  re- 
cherchaient cette  faveur.  A  plusieurs  reprises,  lesCapitu- 
laires  répétèrent  que  la  cour  du  roi  ne  jugeait  pas  direc- 
tement les  procès  des  personnes  de  condition  ordinaire, 
mais  la  nécessité  même  de  rappeler  cette  règle  prouve 
qu'elle  n'était  pas  rigoureusement  observée.  En  droit  et 
sous  les  Carolingiens,  cette  juridiction  suprême  était  surtout 
établie  pour  juger  toutes  les  affaires  dans  lesquelles  l'in- 
térêt du  roi  était  directement  engagé.  On  portait  aussi 
devant  cette  juridiction  les  procès  des  grands  fonction- 
naires, dignitaires  ou  autres  du  royaume  et  ceux  des  per- 
sonnes placées  sous   le  mundeburdium  du  roi.  C'était 


PARLEMENT 


1110 


aussi  à  la  cour  suprême  qu'on  s'adressait  si  un  iiiissiis 
dominicus  commettait  un  déni  de  justice.  Mais  do  sem- 
blables faits  commis  par  des  tribunaux  inférieurs  auraient 
été  maintenant  déférés  aux  missi  dominici. 

Sous  les  premiers  Capétiens,  comme  sous  les  Carolin- 
giens, la  justice  était  restée  le  principal  devoir  du  roi. 
Le  tribunal  du  comte  du  palais  établi  par  les  Carolingiens 
disparut  avec  leur  dynastie.  Mais  les  Capétiens  conti- 
nuèrent à  tenir  des  assemblées  féodales  do  diverses  natures 
dans  lesquelles  la  justice  était  rendue.  Les  grandes  assem- 
blées statuaient  rarement  sur  les  différends  ;  lopins  sou- 
vent, les  procès  étaient  portés  à  la  curia  régis  que  le  roi 
composait  à  son  gré  de  vassaux  et  de  fidèles.  Cette  cour 
du  roi  s'appelait  plus  spécialement  ^/«^z7ifm  onaudientia 
toutes  les  fois  qu'elle  jugeait  les  procès.  Ses  membres  avaient 
voix  délibérative  sous  la  présidence  du  roi  ou  de  celle  d'un 
des  grands  officiers.  Mais  c'était  bien  le  roi  (pii  rendait  la 
justice  avec  sa  cour  et  non  pas  par  voie  de  délégation. 
Aussi  cette  cour  était-elle  ambulatoire  et  n'avait  aucune 
résidence  fixe  :  elle  suivait  le  roi  partout  oj  il  se  rendait. 
Elle  jugeait,  bien  entendu,  les  procès  qui  s'élevaient  entre  le 
roi  et  tel  de  ses  vassaux,  ou  bien  les  procès  de  ses  vassaux 
entre  eux,  ou  ])ien  encore  ceux  des  vassaux  ou  arrière-vas- 
saux, pour  infraction  au  lien  féodal,  enfui  les  appels  des 
tribunaux  inférieurs  dans  les  cas  rares  et  dans  la  forme 
où  ils  étaient  alors  admis.  A  vrai  dire,  il  s'agissait  moins 
d'appel  proprement  dit  que  de  supplique  au  roi.  Quant 
aux  grands  vassaux  de  la  couronne,  ils  contestèrent  long- 
temps la  compétence  delà  cour  du  roi  et  ne  s'y  soumirent 
guère  que  vers  le  commencement  du  xiii^  siècle.  A  la 
suite  de  l'organisation  de  la  pairie,  la  cour  ordinaire  du 
roi,  renforcée  par  les  pairs,  devint  compétente  pour  tous 
les  procès  qui  concernaient  cette  pairie.  Un  peu  plus  tard, 
cette  cour  du  roi  fut,  en  fait,  sédentaire  à  Paris.  Sous  le 
règne  de  saint  Louis,  elle  siégeait  au  palais  du  roi  dans  la 
chambre  aux  plaids  et  commençait  à  porter  le  nom  de 
parlement.  Dès  ce  moment  et  depuis  quelque  temps  déjà, 
elle  était  donc  sédentaire  en  fait,  et  lorsque  plus  tard 
Philippe  le  Bel  déclara  le  parlement  sédentaire,  il  ne  fit 
que  confirmer  en  droit  ce  qui  existait  depuis  un  certain 
temps  déjà.  En  introduisant  l'appel  ordinaire  tel  que  nous 
le  comprenons  aujourd'hui,  saint  Louis  élargit  singulière- 
ment la  compétence  du  parlement.  Jusqu'alors  cette  cour 
n'avait  connu  que  des  dénis  de  justice  et  des  faux  juge- 
ments des  seigneurs,  vassaux  directs  du  roi.  Mais  il  ne 
s'agissait  pas  là  d'un  appel  véritable  :  dans  le  premier 
cas,  le  plaignant  soutenait  que  son  soigneur  avait  violé  un 
devoir  féodal  en  refusant  de  juger  ;  dans  le  second  cas,  il 
le  prenait  à  partie  en  lui  reprochant  d'avoir  commis  une 
véritable  fraude  ;  dans  les  deux  cas  il  le  provoquait  au  com- 
bat judiciaire.  L'abolition  de  ce  combat  judiciaire,  tout  au 
moins  dans  les  domaines  duroi,  et  l'intluence  de  la  procédure 
canonique  eurent  pour  effet  l'admission  de  l'appel  ordinaire 
par  l'ordonnance  de  1260.  Bientôt  ces  appels  furent  si  nom- 
Î3reux,  qu'il  se  produisit  à  la  cour  duroi  un  véritable  encom- 
brement. Il  fallut  augmenter  le  nombre  de  ceux  qui  ren- 
daient la  justice  et  leur  imposer  certaines  conditions.  A  l'ori- 
gine de  la  féodalité,  la  cour  du  roi  ne  comprenait  que  de  hauts 
personnages  auxquels  le  roi  adjoignait  certains  palatins. 
Ces  dignitaires  du  palais  formèrent  de  bonne  heure,  dès  le 
règne  de  Philippe  P^,  l'élément  permanent  de  la  cour  du 
roi.  Au  milieu  du  xiii®  siècle,  les  cbevaliers,  gens  de 
petite  noblesse  et  en  même  temps  hommes  de  loi,  firent  leur 
apparition  ;  c'était  parmi  eux  que  le  roi  choisissait  ses 
baillis  et  sénéchaux,  et  en  cette  qualité  même  ils  pouvaient 
avoir  entrée  au  parlement.  Mais  c'est  seulement  sous 
PhiHppe  le  Bel  qu'apparut  l'élément  des  légistes  bour- 
geois. 

On  a  souvent  dit  et  répété  que  ces  légistes  bour- 
geois avaient  pris  la  place  des  seigneurs,  mais  c'est  là 
une  erreur  aujourd'hui  reconnue  de  tous.  Prélats  et  nobles 
sont  encore  convoqués  au  parlement  et  viennent  aux  au- 
diences. A  sa  tète  figurent  même   deux  hauts  barons  et    I 


deux  prélats.  Le  règlement  do  l'année  1596  nomme  un 
certain  nombre  (W  présidents  ou  souverains  choisis  parmi 
les  hauts  barons  et  les  prélats  ;  il  veut  ({ue  deux  d'entre 
eux,  un  baron  et' un  pi-élat,  restent  continuellement  au 
parlement;  il  désigne  dix-huit  laïques  et  seize  clercs  aux- 
quels est  également  im[)oséo  l'obligation  de  demeurer  en 
permanence.  D'ailleurs,  le  roi  choisit  encore  les  membres 
de  son  parlement  et  les  révoque  à  son  gvk.  Les  affaires 
se  multipliant  à  l'infini  avec  l'extension  du  royaume  et 
du  domaine  royal,  la  cour  du  roi  a,  depuis  quelque  temps 
déjà,  perdu  son  unité  pour  former  trois  conseils.  Le  pre- 
mier est  chargé  des  affaires  politi([ues  et  administratives 
et  deviendra  le  conseil  du  roi  ;  le  second  est  la  cour  de 
justice  à  laquelle  on  donne  le  nom  de  parlement  dès  les 
années  1238  et  1239;  le  ti'oisième  est  la  chambre  des 
comptes.  Par  l'effet  même  do  ce  sectionnement  la  cour  de 
justice  acc[uiort  plus  d'indépendance.  Jusqu'alors  le  roi 
avait  rendu  les  arrêts  do  juslice,  (jn'il  fût  piésent  à  la 
cour  ou  absent;  désormais,  c'est  le  parlement  qui  est  juge 
en  son  nom  propre.  Cette  cour  de  justice  se  subdivise 
elle-même  en  un  certain  nombre  de  sections  ou  de  cham- 
bres. L'ordonnance  de  1278  fait  allusion  à  cette  division 
et  la  mentionne  moins  comme  une  innovation  qu'à  titre 
de  fait  accompli.  Los  procès  arrivaient  directement  et 
en  premier  lieu  à  la  grand'chambre,  qui  était  la  princi- 
pale représentation  du  parlement.  A  vrai  dire,  elle  fut, 
pendant  un  certain  temps,  le  parlement  tout  entier,  les 
autres  sections  n'en  formant  que  des  émanations  ou  des 
accessoires.  Aussi  portait-elle  parfois  le  nom  de  parlement, 
mais  on  l'appelait  plus  volontiers  chambre  aux  plaids, 
parce  qu'en  principe  (outos  les  affaires  civiles  ou  crimi- 
nelles s'y  plaidaient,  et  il  n'y  avait  lieu  à  renvoi  devant 
une  autre  section  (fu'aulant  qu'il  s'élevait  des  incidents 
contentieux.  L'affaire  s'entamait  à  la  grand'chambre  par 
un  très  bref  exposé  oral  des  prétentions  des  deux  parties. 
Pour  les  affaires  les  plus  simples,  la  grand'chambre  or- 
donnait un  appoinlement  au  conseil,  après  dépôt  préalable 
des  pièces  ;  mais  le  plus  souvent  la  cour  ordonnait  aux 
plaideurs  do  donner  leurs  raisons  par  écrit,  soit  que  la 
difficulté  portât  sur  un  point  de  droit,  soit  cpi'une  des  par- 
ties offrit  de  prouver  par  témoins,  c.-à-d.  par  enquête, 
des  faits  contestés  par  l'autre.  La  cour  chargeait  des  com- 
missaires pris  dans  son  sein  ou  parmi  dos  magistrats  des 
pays,  où  l'enquête  devait  se  faire,  de  recevoir  les  déposi- 
tions des  témoins.  L'en([uête  terminée,  si  les  enquêtes 
l'acceptaient,  elles  faisaient  connaître  leur  rapport  au 
greffe;  si,  au  contraire,  l'une  d'elles  demandait  la  nullhé, 
on  reproduisait  dos  moyens  écartés  par  les  commissaires. 
La  grand'chambre  avait  le  droit  ou  de  statuer  tout  de 
suite  après  plaidoirie,  ou  de  transmettre  l'incident  à  la 
chambre  des  enquêtes.  Cette  chambre  jugeait  aussi  les 
causes  instruites  par  écrit  dans  les  juridictions  inférieures; 
mais  elles  ne  pouvaient  lui  être  transmises  qu'après  avoir 
été  admises  à  jugement  à  la  suite  d'un  débat  contradic- 
toire devrant  la  grand'chambre.  D'ailleurs,  pendant  long- 
temps, la  chambre  des  enquêtesne  fut  qu'une  section  d'ins- 
truction et  devant  laquelle  on  ne  plaidait  pas;  toutes  les 
fois  qu'une  plaidoirie  était  nécessaire,  même  pour  un 
simple  incident,  il  fallait  revenir  devant  la  grand'chambre. 
Dans  la  suite  on  admit,  au  profit  de  la  chambre  des  en- 
quêtes, un  droit  de  juridiction  propre  :  elle  put  pronon- 
cer sur  les  appellations  verbales  et  sur  les  incidents  des 
affaires  appointées.  Mais  les  plaidoiries  n'y  furent  pas 
admises  avant  le  xvi*^  siècle. 

La  troisième  chambre,  celle  des  requêtes,  date  de 
l'époque  où  le  parlement  devint  sédentaire  à  Paris. 

Suivant  un  ancien  usage  féodal  qui  s'était  perpétué, 
tout  plaideur  devait  adresser  une  requête  au  roi  à  l'effet 
d'être  autorisé  à  plaider  devant  sa  cour.  Lorsque  l'appel 
fut  admis  comme  voie  de  recours  de  droit  commun, 
il  fallut  bien  examiner  s'il  était  formé  réguhèrement  et 
dans  les  délais  de  la  loi.  Aussi  la  partie  dut,  pour  intro- 
duire l'appel,  adresser  une  requête  à  laquelle  il  n'était 


—  lidl 


PARLEMENT 


répondu  par  lettres  de  justice  qu'après  vérification  de  la 
régularité  de  Tappel.  Parfois  l'affaire  était  de  nature  à  être 
poVtée  directement  devant  le  parlement,  mais  alors  il  fallait 
encore  une  vérification  de  titres  pour  être  autorisé  à  intro- 
duire l'instance.  Enfin,  des  lettres  de  justice  étaient  encore 
nécessaires  pour  se  faire  autoriser  à  plaider  par  procu- 
reur. Le  parlement  imita  l'exemple  du  roi.  Celui-ci  faisait 
examiner  par  des  suivants  et  poursuivants  qui  devinrent 
plus  tard  les  maîtres  des  requêtes  de  l'hôtel,  les  requêtes 
qui  lui  étaient  adressées,  notamment  pour  les  affaires 
qu'il  continuait  à  juger  en  personne,  môme  depuis  qu'il 
s'était  séparé  de  son  parlement.  De  même,  celui-ci  com- 
mença par  déléguer  quelques-uns  des  membres  de  la  grand- 
chambre  pour  recevoir  et  juger  sommairement  les  requêtes 
qui  lui  étaient  adressées.  Ce  fut  l'oi'igine  de  la  chambre 
des  requêtes  qui  fut  définitivement  organisée  dès  le  com- 
mencement du  xiv^  siècle.  Sous  le  règne  de  Charles  V, 
sa  compétence  fut  singulièrement  élargie,  notamment  par 
un  édit  de  nov.  4364.  Cette  chambre  devint  juge  immé- 
diat en  matière  personnelle  et  possessoire  de  tous  ceux 
qui  jouissaient  du  privilège  de  commitiimus,  qu'ils  fus- 
sent demandeurs  ou  défendeurs.  La  chambre  des  requêtes, 
comme  celle  des  enquêtes,  avait  son  style  et  sa  procédure. 
Les  documents  du  xiii^  siècle  nous  parlent  aussi  d'une 
chambre  ou  auditoire  de  droit  écrit.  Cet  auditoire  avait  les 
attributions  de  la  grand 'chambre  et  de  la  chambre  des 
requêtes.  Après  le  règne  de  Philippe  le  Long,  il  n'appa- 
raît plus  que  très  rarement.  On  ne  le  constituait  que  de 
temps  à  autre,  au  moyen  de  magistrats  pris  dans  la  grand' 
chambre  et  lorsque  les  appels  du  Midi  devenaient  trop 
nombreux.  Puis  il  disparut  complètement.  De  même,  pen- 
dant les  vacances,  on  constituait  une  chambre  de  vaca- 
tions pour  juger  les  procès  urgents.  Enfin  dans  les  affaires 
importantes,  on  réunissait  parfois  deux  chambres  :  la 
grand'chambre  et  celle  des  enquêtes  ;  parfois  aussi,  les 
trois  chambres  étaient  convoquées.  Ces  deux  ou  trois 
chambres  réunies  formaient  alors  le  conseil  qui  statuait  à 
huis  clos  sur  les  questions  les  plus  diverses.  Le  parlement 
envoyait  aussi  une  délégation  tenir  l'Echiquier  de  Nor- 
mandie, devenu  juridiction  royale,  mais  non  souveraine, 
car  il  statua  à  charge  d'appel  au  parlement  de  Paris  jus- 
qu'au jour  où  il  obtint  la  qualité  de  tribunal  souverain. 
Les  Grands  Jours  de  Champagne  étaient  aussi  présidés  par 
des  commissaires  du  parlement.  Après  la  réunion  du  Midi 
à  la  couronne,  les  affaires  qui  avaient  été  portées  à  la  cour 
du  comte  de  Toulouse  et,  en  dernier  lieu,  au  parlement 
d'Alphonse  de  Poitiers,  furent  déférées  au  parlement  où 
elles  étaient  attribuées  à  l'auditoire  de  droit  écrit.  Pour 
donner  satisfaction  aux  réclamations  des  habitants  du  Tou- 
lousain, des  commissions  semblables  furent  envoyées  à 
plusieurs  reprises  jusqu'au  jour  où  Philippe  le  Bel  créa  un 
second  parlement  à  Toulouse.  Mais  ce  parlement  ne  fut 
pas  organisé,  et  pendant  la  guerre  de  Cent  ans,  probable- 
ment à  cause  des  troubles  du  temps,  on  envoya  très  rare- 
ment des  commissaires  dans  le  Midi.  C'est  peut-être  pour 
ce  motif  qu'on  vit  reparaître  de  temps  à  autre  un  auditoire 
de  droit  écrit  à  Paris.  La  guerre  de  Cent  ans  fut  aussi  un 
obstacle  au  développement  des  Grands  jours,  véritables 
délégoations  du  parlement  qui,  sur  l'ordre  du  roi,  allaient 
siéger  pendant  quelque  temps  dans  une  ville  importante. 
Paris  étant  tomlié  entre  les  mains  des  Anglais  en  1417, 
le  dauphin  de  France,  régent  du  royaume,  pendant  la 
démence  de  son  père,  établit  à  Poitiers  un  parlement  com- 
posé des  membres  du  parlement  de  Paris  révoqués  par 
les  Bourguignons  et  qui  s'étaient  sauvés  de  la  capitale. 
Ce  parlement  rendait  ainsi  inutiles  les  Grands  Jours  du 
Berry  et  du  Poitou.  11  ne  comprenait  que  deux  chambres 
et  faisait  assez  triste  figure  ;  il  jugeait  peu  d'affaires, 
soit  à  cause  du  trouble  général  qui  empêchait  les  procès 
de  naître,  soit  à  cause  de  la  difficulté  des  communications. 
Les  Anglais,  maîtres  de  Paris,  y  avaient  installé  un  par- 
lement qui  rendait  la  justice  au  nom  de  leur  roi  pendant 
que  le  parlement  de  Poitiers  jugeait  les  procès  au  nom  du 


roi  de  France.  Lorsque  le  connétable  reprit  possession  de 
Paris  au  nom  de  Charles  Yll,  les  membres  du  parlement 
anglais  lui  demandèrent  des  ordres  ;  le  connétable  leur  ré- 
pondit d'écrire  à  Charles  VJl  pour  connaître  ses  volontés 
et  de  continuer  à  rendre  provisoirement  la  justice,  mais 
au  nom  du  roi  de  France.  En  même  temps  la  ville,  l'Eghse 
et  l'Université  envoyaient  des  députés  auprès  du  roi  pour 
obtenir  la  confirmation  de  leurs  privilèges  et  le  règlement 
do  l'ordre  judiciaire.  Le  roi  leur  donna  satisfaction  sur  le 
premier  point,  mais  quant  à  la  justice,  il  leur  déclara 
qu'elle  était  rendue  par  son  parlement  de  Poitiers,  et  qu'il 
allait  incessamment  le  transférer  à  Paris.  En  même  temps, 
il  envoyait  des  ordres  pour  fermer  et  sceller  les  chambres 
du  parlement  anglais.  Il  avait  d'ailleurs  déjà  reconnu  au- 
paravant que  les  arrêts  de  ce  parlement  seraient  respectés 
dans  la  mesure  où  ils  ne  nuisaient  pas  aux  intérêts  de  ses 
fidèles  sujets.  Le  5l2  mai  t436,  le  roi  constitua  une  com- 
mission provisoire  de  douze  membres  pour  expédier  les 
causes  les  plus  urgentes  ;  ce  fut  seulement  au  mois  d'août 
que  des  lettres  patentes  datées  de  Tours  réablirent  à 
Paris  le  parlement  qui  siégeait  à  Poitiers.  La  séance  de 
rentrée  n'eut  pourtant  lieu  que  le  14  déc.1436,  et  le  nou- 
veau parlement  ne  comprit  pendant  quelque  temps  qu'une 
seule  chambre.  Le  parlement  ayant  voulu  reprendre  le 
système  de  l'élection  de  ses  membres,  qui  s'était  intro- 
duit dans  la  seconde  partie  du  moyen  âge,  un  ordre  du 
roi  du  2  mars  ^437,  adressé  au  chanceher  de  France,  lui 
défendit  d'instituer  à  l'avenir  les  officiers  élus  par  le  par- 
lement ou  par  les  chambres  des  comptes.  Charles  Yll  y 
déclarait  qu'il  entendait  à  l'avenir  retenir  le  don  des  offices 
de  cette  nature.  On  relève  cependant  à  la  même  époque  de 
véritables  élections  au  parlement,  et  certains  historiens  en 
ont  conclu  qu'en  fait  le  système  électif  avait  continué  à 
être  appHqué  sauf  à  exiger  la  confirmation  de  chaque 
élection  par  le  roi.  Mais,  à  vrai  dire,  ces  élections  n'étaient 
plus  que  de  simples  présentations  qui  ne  fiaient  pas  le  roi, 
et  celui-ci  nommait  même  directement  aux  charges  de 
création  nouvelle.  La  grand'chambre.  seule  maintenue 
provisoirement,  déléguait  quelques-uns  de  ses  membres 
pour  constituer  les  enquêtes  au  civil  et  la  Tournelle  au 
criminel;  comme  chacune  de  ces  deux  délégations  avait 
à  sa  tête  un  président,  la  plupart  des  historiens  en  ont 
conclu  que  dès  le  rétablissement  du  parlement  royal  à  Paris 
la  Tournelle  avait  formé  une  chambre  spéciale.  Mais  c'est 
là  une  erreur;  elle  n'eut  ce  caractère  que  sous  François  P^ 
en  1515.  La  délégation  des  enquêtes  se  transforma  plus 
rapidement,  et  efie  devint  de  nouveau  une  chambre  parti- 
culière à  la  demande  même  du  parlement,  dès  l'année  4439. 
La  chambre  des  requêtes  ne  fut  rétablie  qu'en  4453.  Cette 
reconstitution  complète  de  l'ancien  parlement  est  consta- 
tée et  exposée  dans  la  célèbre  ordonnance  de  Montils-les- 
Toiirs  de  la  même  année.  Elle  veut  qu'ily  ait,  à  l'avenir  :  à  la 
grand'chambre,  l  o  conseillers  clercs  et  4  5  conseillers  laïques, 
non  compris  les  présidents;  à  la  chambre  des  enquêtes, 
24  clercs  et  46  laïques  ;  aux  requêtes  du  palais,  5  clercs, 
3  laïques,  y  compris  le  président.  Un  des  premiers  actes 
du  roi  Louis  XI  fut  de  régler  de  nouveau  le  nombre  des 
membres  du  parlement  qui  devait,  suivant  les  anciens 
usages  et  comme,  dit  La  Roche-Flavin,  à  l'exemple  du  Sé- 
nat de  Rome,  comprendre  400  membres  dont  42  pairs, 
8  maîtres  des  requêtes  de  l'hôtel  et  80  conseifiers,  tant 
clercs  que  laïques.  D'ailleurs  Louis  XI  lui-même  ne  res- 
pecta pas  le  nombre  des  membres  du  parlement  qu'il  avait 
fixé,  et  on  verra  ses  successeurs  créer  des  chambres  en- 
tières dans  la  seule  intention  de  procurer  des  ressources 
au  Trésor.  Il  maintint  le  système  de  l'élection  sous 
forme  de  présentation  de  trois  candidats  au  roi  et  de 
la  manière  prescrite  par  une  déclaration  du  42  nov.  4465. 
11  fit  mieux  que  ses  prédécesseurs  en  proclamant  pour  la 
première  fois,  en  termes  formels  et  précis,  le  principe  de 
l'inamovibilité,  par  ses  lettres  du  24  oct.  4467.  Aucun 
magistrat  ne  pouvait  être  privé  de  ses  fonctions  si  ce  n'est 
par  mort,  par  résignation  volontaire  ou  par  forfaiture 


PARLEMENT 


111^2  — 


«  préalablement  jugée  et  déclarée  judiciairement  et  selon 
les  termes  de  justice  par  juge  compétent  ».  Dans  cette  or- 
donnance Louis  XI  reconnaît  franchement  que  les  fréquents 
changements  de  magistrats  leur  avaient  retiré  toute  indé- 
pendance. 

Cependant  Louis  XI,  après  avoir  pris  cette  sage  mesure, 
fut  le  premier  à  n'en  pas  tenir  compte  :  il  lui  arriva  plus 
d'une  fois  de  révoquer  d'office  des  magistrats  du  parlement, 
sous  prétexte  qu'ils  manquaient  à  leurs  devoirs  ;  c'est  ce  qu'il 
fit  notamment  à  l'occasion  du  procès  du  duc  de  Nemours. 
De  même,  dans  maintes  circonstances,  il  al)usa  du  droit  de 
nominal  ion  directe  qui  lui  appartenait  seulement  en  cas 
de  création  d'une  charge  nouvelle.  Mais  en  sept,  il'74,  il 
accorda  un  important  privilège  au  parlement  de  Paris  en 
décidant  que  ses  arrêts  seraient  exécutoires  dans  tout  le 
royaume  sans  aucune  formalité  de  visa  ou  pareatis.  Cette 
mesure  fut  motivée  par  certains  actes  du  parlement  de  Bor- 
deaux, qui  tendaient  à  empêcher  l'exécution  d'un  arrêt  de 
Paris.  Comme  son  prédécesseur  Louis  XI,  le  roi  Charles  Ylll 
fit  aussi  une  grande  ordonnance  sur  l'administration  de 
la  justice  par  le  parlement,  mais  ce  fut  seulement  sur  la  hn 
de  son  règne.  Cette  ordonnance  de  juil.  1493  confirma 
le  système  de  l'élection,  c.-à-d.  de  la  présentation  par  le 
parlement,  mais  elle  ajouta  (art.  88)  que  dans  tous  les 
cas  où  un  office  vaquerait  au  parlement,  les  avocats  et  les 
procureurs  auraient  le  droit  d'indiquer  à  la  cour  les  per- 
sonnes qui  leur  ])araissaient  les  plus  aptes  aux  fonctions 
vacantes  pour  que  les  membres  du  parlement  y  aient 
égard  en  faisant  leurs  élections.  L'ordonnance  n'a}ant  rien 
dit  au  sujet  du  premier  président,  on  se  demanda,  à  la 
mort  du  premier  président  de  la  Vacquerie,  si  son  suc- 
cesseur devait  être  élu  ou  s'il  était  à  la  nomination  directe 
du  roi.  Après  bien  des  hésitations,  le  parlement  présenta 
trois  candidats  au  roi,  mais  Charles  VIIT  les  écai-ta  et 
nomma  directement.  Le  parlement  se  soumit,  et  il  fut  dé- 
sormais acquis  que  cette  charge  de  premier  président  pou- 
vait être  déférée  par  le  roi  sans  présentation.  Sous  Louis  XII, 
l'ordonnance  de  1498  maintint  en  principe  la  présentation 
au  roi  pour  toutes  les  autres  charges,  mais  en  l'entourant 
de  certaines  garanties.  C'est  ainsi  que  l'élection,  au  heu 
de  se  faire  de  vive  voix  et  publiquement,  dut  avoir  lieu 
désormais  au  scrutin  secret.  Le  roi  nommait  ensuite,  parmi 
les  candidats  présentés,  mais  le  nouveau  pourvu  devait, 
avant  d'être  reçu  et  institué,  être  soumis  à  un  examen  que 
lui  faisaient  subir  les  présidents  de  la  cour,  assistés  d'un 
certain  nombre  de  conseillers.  Une  ordonnance  de  juin 
1499  ajouta  qu'au  parlement  de  Paris,  des  trois  candi- 
dats présentés  par  le  parlement,  un  seul  pourrait  être 
natif  de  la  capitale.  En  fait,  Louis  XII  observa  assez  sou- 
vent les  ordonnances,  mais  parfois  cependant  et  à  l'exemple 
de  ses  prédécesseurs,  il  se  permit  des  nominations  directes. 
On  peut  donc  dire  que  les  deux  systèmes  fonctionnèrent 
à  la  fois.  Un  des  premiers  actes  de  François  P>'  fut  d'or- 
ganiser définitivement  laTournelle  comme  juridiction  per- 
manente et  indépendante.  La  Tournelle  ne  se  borna  plus, 
comme  auparavant,  à  instruire  les  affaires  criminelles  : 
elle  les  jugea  aussi,  tandis  qu'avant  François  I^^",  c'était 
la  grand'chambre  seule  qui  rendait  les  anêts.  Toutefois, 
la  Tournelle  criminelle  continuera  à  rester  incompétente 
pour  les  crimes  des  gentilshommes  et  autres  grands  per- 
sonnages de  l'Etat  ;  ces  affaires  él aient  rapportées  à  la 
grand'chambre.  D'un  autre  côté,  François  I^*\  irrité  des 
résistances  du  parlement  au  sujet  du  concordat,  attribua 
au  Grand  Conseil  compétence  pour  les  affaires  qui  résul- 
taient de  la  nomination  par  le  roi  aux  bénéfices.  Il  songea 
même  à  réorganiser  sa  cour  de  parlement,  mais  en  réalité 
l'édit  de  juil.  1519  ne  fit  que  reproduire  les  dispositions 
de  l'ordonnance  antérieure.  Le  mandement  d'août  1520 
fut  beaucoup  plus  sérieux:  il  limita  les  prétentions  du  par- 
lement vis-à-vis  de  la  chambre  des  comptes  en  lui  inter- 
disant de  prendre  connaissance  des  appels  relevés  contre 
cette  chambre,  à  moins  qu'il  ne  s'agit  de  revision,  auquel 
cas  l'affaire  devait  être  portée  en  chambre  du  conseil.  Le 


parlement  s'irrita  lorsque  le  roi,  pour  procurer  des  res- 
sources au  Trésor,  créa  une  nouvelle  chambre  des  enquêtes 
de  20  conseillers.  Le  parlement  ne  l'enregistra  qu'après  de 
longues  résistances  et  avec  la  clause  du  très  exprès  com- 
mandement du  roi.  Il  fit  ensuite  toutes  sortes  de  difficultés 
aux  nouveaux  magistrats,  et  le  roi  dut  rendre  un  édit  en 
juil.  1523  pour  constater  que  ces  magistrats  avaient  les 
mêmes  droits  que  leurs  collègues. 

Ce  que  Louis  XII  s'était  reproché,  même  à  titre  exception- 
nel et  de  circonstance,  la  vente  des  offices  de  judicature  de 
création  nouvelle  devint  sous  François  I^^  un  moyen  perma- 
nent et  régulier  de  faire  monnaie.  Pour  comprendre  à  quel 
point  ces  créations  irritaient  les  magistrats  déjà  en  charge,  il 
faut  se  rappeler  qu'à  cette  épo(|ue  les  juges  ne  recevaient  du 
roi  que  des  gages  peu  élevés;  ils  tiraient  surtout  profit  des 
épices  que  leur  devaient  les  plaideurs  et  qui  étaient  entrées 
en  taxe  depuis  le  commencement  du  xv®  siècle.  Ces  épices 
étaient  plus  particuhèrement  importantes  au  profit  des  rap- 
porteurs. On  comprendra  sans  peine  que  rauginentation 
du  nombre  des  magistrats  diminuait  celui  des  affaires  at- 
tribuées à  chacun  d'eux,  et  réduisait  par  cela  même  sen- 
siblement leurs  épices.  En  outre,  le  système  de  la  vente 
des  charges  eut  d'autres  résuhats  bien  plus  graves  encore: 
il  était  incompatible  avec  celui  de  l'élection,  c.-à-d.  delà 
présentation  parle  parlement.  Ces  présentations  cessèrent 
peu  à  peu.  Comme  il  fallait  être  ridie  pour  acheter  un 
oTice  de  judicature,  nombre  d'avocals  durent  renoncer  à 
se  présenter,  et  le  personnel  des  parlements,  au  heu  de  se 
renouveler  sans  cesse  par  l'élite  des  avocats,  se  constitua 
peu  à  peu  en  familles  parlementaires  (jui  conservaient  les 
charges.  Mais  à  côté  de  ces  graves  inconvénients,  il  faut 
cependant  relever  un  certain  avantage  :  la  vénafité  des 
charges  de  judicature  consolida  le  principe  de  l'inamovi- 
bilité. Il  est,  en  effet,  encore  plus  difficile  de  priver  un 
magistrat  de  la  charge  qu'il  a  achetée  à  un  prix  plus  ou 
moins  élevé,  que  s'il  l'avait  reçue  gratuitement.  En  mai 
1543,  François  P^"  créa  encore  une  nouvelle  chambre  au 
parlement  de  Paris,  la  chambre  du  domaine,  ainsi  appe- 
lée parce  qu'elle  devait  connaître  des  affaires  concernant 
le  domaine  et  les  eaux  et  forêts.  Enfin,  il  établit  une 
chambre  du  conseil  et  augmenta  le  nombre  des  prési- 
dents. Le  personnel  des  autres  parlements  avait  aussi  été 
sensiblement  augmenté.  Les  plaintes  devinrent  si  géné- 
rales, qu'un  éditd'oct.  1546  dut  promettre  que  le  nombre 
des  offices  de  judicature  dans  les  cours  de  parlement  se- 
rait, par  voie  d'extinction,  ramené  à  ce  qu'il  était  au  com- 
mencement du  règne.  Le  même  édit  voulut  qu'à  l'avenir, 
pour  être  nommé  conseiller,  on  eût  atteint  l'âge  de  trente 
ans.  Le  nouveau  magistrat  était  soumis  à  une  enquête  sur 
sa  vie  et  ses  mœurs  et  à  un  examen  qui  fut  réorganisé. 
Sous  Henri  II,  les  mêmes  besoins  d'argent  produisirent  les 
mêmes  résultats.  Par  un  édit  d'avr.  1554,  le  roi  Henri  II 
rendit  le  parlement  de  Paris  semestre,  c.-à-d.  le  divisa 
en  deux  sections  dont  l'une  exerçait  pendant  les  six  pre- 
miers mois,  et  l'autre  pendant  les  six  derniers  mois  de 
l'année. 

En  compensation  de  la  diminution  des  épices  résuhant 
de  ces  créations,  les  gages  des  conseillers  furent  portés  à 
800  livres  par  an  et  la  dépense  du  trésor,  Umitée  jusqu'alors 
à  48.000  livres  par  an,  s'éleva  désormais  à  87.000 livres. 
En  outre,  cette  nouvelle  organisation  favorisa  les  abus  de 
la  royauté.  Le  l'oi  prévoyait-il  qu'un  semestre  refuserait 
l'enregistrement  d'un  édit  bursal,  il  attendait  l'entrée  en 
fonction  de  l'autre  semestre.  De  leur  côté,  les  plaideurs 
recherchaient  quel  était  celui  des  deux  semestres  qui  leur 
serait  le  plus  favorable  et  évitaient  l'autre  par  toutes  sortes 
de  chicanes  de  procédure.  Aussi,  au  bout  de  trois  ans,  en 
1557,  on  dut  renoncer  à  ce  nouveau  système  ;  le  parle- 
ment reprit  son  ancienne  organisation  et  le  roi  décida 
que,  par  voie  d'extinction,  le  nombre  des  membres  du  par- 
lement serait  ramené  à  celui  qui  existait  à  l'avènement  de 
François  I^^'.  Poiii'  le  moment,  on  se  borna  à  créer  une 
chambre  du  conseil  afin  de  vider  les  procès  de  la  grand'- 


1113  — 


PARLEMENT 


chambre  appointée  eu  conseil,  l^n  d'autres  termes,  il  y  eut 
deux  grand'chambres  :  l'une,  pour  la  plaidoirie  et  la  pu- 
blication des  édits;  l'autre,  du  conseil;  mais  celle-ci  dis- 
parut lorsque  les  cliarges  de  ses  magistrats  furent  éteintes 
par  mort  ou  par  démission  de  leurs  titulaires.  Le  premier 
acte  de  Charles  IX  à  sa  majorité  fut  un  témoignafife  de 
méfiance  envers  le  parlement  de  Paris  auquel  il  préféra  le 
parlement  de  Rouen,  précisément  pour  la  déclaration  de 
cette  majorité.  C'est  à  cette  occasion  que  le  chancelier 
L'Hôpital  prononça  son  mémorable  dis(!Ours  sur  les  devoirs 
du  magistrat.  Le  parlement  de  Paris,  profondément  froissé, 
refusa  net  l'enregistrement  du  premier  édit  qui  lui  fut 
présenté  et  qui  était  l'édit  de  pacification.  Deux  ordon- 
nances générales  portèrent,  sous  ce  règne,  sur  l'adminis- 
tration de  la  justice,  celle  de  janv.  1553,  qui  concerne  sur- 
tout la  procédure  et  celle  de  févr.  1566,  plus  généralement 
connue  sous  le  nom  d'ordonnance  de  Moulins.  Cette  seconde 
ordonnance,  pour  mieux  assurer  la  discipline  dans  les 
parlements,  veut  qu'à  l'avenir  les  mercuriales  soient 
tenues  de  trois  mois  en  trois  mois,  et  elle  impose  aux 
maîtres  des  requêtes  de  l'hôtel  l'obligation  de  faire  exac- 
tement leurs  tournées  dans  tout  le  royaume.  Elle  promet 
aussi  qu'à  l'avenir  les  Grands  Jours  seront  tenus  plus  fré- 
quemment; enfin,  elle  détermine  les  conditions  d'entrée 
dans  la  magistrature,  tout  en  maintenant  au  parlement  le 
droit  de  présentation  sous  forme  d'élection,  mais  sous  des 
conditions  qu'elle  détermine. 

C'est  aussi  sous  ce  règne,  en  1568,  que  fut  créée  une  cin- 
quième chambre  des  enquêtes,  pour  utiliser  les  services 
d'un  certain  nombre  de  magistrats  qui  occupaient  des 
charges  nouvelles  étabhes  dans  les  quatre  autres  chambres. 
Deux  ans  après  son  avènement,  le  roi  Henri  II  créa  des 
chambres  mi-parties  ou  chambres  de  l'édit  dans  différents 
parlements.  De  tout  temps  les  protestants  s'étaient  plaints 
de  ce  que  le  jugement  cle  leurs  procès  entre  eux  ou  avec 
des  catholiques  était  soumis  à  des  magistrats  exclusive- 
ment ou  tout  au  moins  en  majorité  catholiques.  Déjà  la 
paix  de  Saint-Germain  avait  essayé  de  leur  donner  une 
certaine  satisfaction  en  leur  conférant  un  droit  de  récusa- 
tion particulièrement  large.  Mais  ce  moyen  était  manifes- 
tement insuffisant.  Aussi  lorsque  la  paix  fut  signée  pour 
la  cinquième  fois  au  commencement  du  règne  de  Henri  III, 
on  admit  qu'il  y  aurait  dans  chaque  parlement  une  chambre 
mixte  chargée  de  juger  les  procès  des  réformés  et  appelée 
chambre  tri-partie  ou  mi-partie,  suivant  qu'elle  contiendrait 
un  tiers  ou  moitié  de  magistrats  protestants.  En  fait,  on  ne 
constitua  que  des  chambres  mi-parties  afin  de  donner  plus 
de  garanties  aux  protestants.  Ces  chambres,  dites  aussi  de 
l'édit,  furent  notamment  étabhes  à  Bordeaux,  à  Grenoble, 
à  Aix,  à  Dijon,  à  Rouen,  à  Rennes.  Au  parlement  de  Pa- 
ris, cette  chambre  devait  comprendre  deux  présidents  et 
seize  conseillers  par  moitié  catholiques  et  protestants.  Une 
déclaration  du  iO  mai  1579  apporta  aussi  quelques  chan- 
gements à  l'organisation  du  parlement  de  Paris  en  lui  at- 
tribuant d'une  manière  nouvelle  et  spéciale  la  connais- 
sance des  affaires  du  domaine  de  la  couronne.  C'est  dans 
cette  même  année  que  fut  rendue  la  célèbre  ordonnance 
de  Blois  qui  consacrait  de  nombreuses  réformes  judiciaires. 
Elle  ramenait  par  voie  d'extinction  le  nombre  des  offices 
de  judicature  à  ce  qu'il  était  anciennement  et  ne  procla- 
mait rien  moins  que  la  suppression  de  la  vénalité  des 
charges,  tout  en  maintenant  les  parlements  dans  leur  droit 
de  présentation.  Pour  que  ces  dispositions  ne  restassent 
pas  à  l'état  de  lettre  morte,  l'ordonnance  fixait  elle-même 
quel  serait  à  l'avenir  le  nombre  des  membres  de  chaque 
parlement,  même  du  parlement  de  Paris.  Malgré  tout,  ces 
dispositions  ne  furent  jamais  observées,  mais  bien  au  con- 
traire la  royauté,  pour  faire  face  aux  nécessités  de  la 
guerre,  ne  fit  qu'augmenter  le  nombre  des  offices.  On 
commença  par  un  édit  de  juin  4580  qui  autorisa  le  roi,  sans 
tenir  compte  des  dispositions  de  l'ordonnance  de  Blois,  à 
pourvoir  à  tous  les  offices  de  judicature  vacants,  et,  au  mois 
de  juin  de  la  même  année,  un  autre  édit  créa  une  seconde 


chambre  des  re([uétes  au  parlement  de  Paris.  D'autres 
édits  semblables  furent  rendus  au  mois  d'août  pour  les 
parlements  de  Toulouse,  Rouen,  Bordeaux,  Dijon.  L'an- 
née suivante,  un  édit  dejuin  1581  créa,  au  parlement  de 
Paris,  vingt  charges  déconseillées  pour  former  une  sixième 
chambre  des  enquêtes.  Cette  fois  le  parlement  fit  des  re- 
montrances et  obtint  que  la  sixième  chambre  ne  serait  pas 
étabUe.  Mais  les  charges  nouvelles  furent  maintenues  et 
leurs  titulaires  répartis  entre  les  cinq  chambres  des  en- 
quêtes qui  existaient  déjà. 

En  1587,  le  parlement  sut  montrer  plus  d'énergie  en  pré- 
sence d'un  danger  encore  plus  grave.  Le  roi  ne  lui  pré- 
sentait pas  moins  de  quatre  édits  dont  il  pressait  la  pubhca- 
tion  pour  obtenir  des  ressources.  Le  premier  créait  encore 
une  fois  une  sixième  chambre  des  enquêtes  ;  le  second  éta- 
bhssait  une  troisième  chambre  des  requêtes  ;  le  troisième 
ahénait  certains  biens  du  domaine  de  la  couronne  jusqu'à 
concurrence  cle  300.000  écus  et  sans  réversion;  le  quatrième 
établissait  une  chandjre  du  domaine  au  biu-eau  des  généraux 
de  France  où  devaient  être  jugés  les  appels  interjetés  contre 
les  jugements  rendus  par  la  chambre  du  trésor.  Le  parle- 
ment rejeta  net  les  quatre  édits.  Les  autres  modifications 
que  subit  dans  ce  temps  le  parlement  de  Paris  tinrent  aux 
circonstances  pofitiques  et  n'eurent  par  cela  même  ni  longue 
durée  ni  conséquences  graves.  Lorsque  le  roi  Henri  IH  quitta 
Paris  en  1589,  certains  membres  du  parlement  le  suivirent, 
tandis  que  d'autres  restèrent  dans  la  capitale.  Le  parlement 
de  Paris  fut  ainsi  divisé  en  deux  corps  :  l'un  siégea  à 
Tours  par  ordre  du  roi;  l'autre  resta  à  Paris,  où  il  devint 
le  parlement  de  la  Ligue  à  partir  du  jour  où  il  prêta  ser- 
ment à  la  Sainte-Lnion.  Henri  III  ayant  été  assassiné  quel- 
que temps  après,  le  parlement  de  'Fours  enregistra  la  dé- 
claration de  Henri  IV  du  mois  d'août  1589;  les  autres 
parlements  se  prononcèrent  contre  le  prince  huguenot,  et 
le  parlement  de  Paris  proclama  même  le  cardinal  de  Bour- 
bon roi  de  France.  Bientôt  six  parlements  se  scindèrent, 
comme  l'avait  déjà  fait  le  parlement  de  Paris,  et  les  parle- 
ments ligueurs  se  déclarèrent  en  état  d'union  avec  celui 
de  la  capitale.  Cette  anarchie  des  parlements  et  des  anti- 
parlements, comme  on  disait  alors,  dura  jusqu'au  jour  où 
le  roi  Henri  IV,  ayant  proclamé  une  amnistie  générale, 
réunit  de  nouveau  les  parlements  de  Tours  et  de  Paris  en 
un  seul  corps.  D'ailleurs  Henri  IV,  absorbé  par  les  affaires 
de  pohtique,  intérieures  ou  extérieures,  ne  songea  pas  à 
modifier  l'organisation  du  parlement  de  Paris  ;  il  s'attacha 
bien  plutôt  à  l'assujettir  à  la  monarchie  absolue  qu'il  en- 
tendait inaugurer  pour  assurer  la  paix  intérieure.  Il  éta- 
blit à  Lyon,  en  1596,  des  Grands  Jours  qui  devaient  réta- 
blir le  règne  de  la  justice  en  même  temps  que  l'autorité 
royale  dans  cette  partie  lointaine  et  troublée  du  ressort  du 
parlement  de  Paris.  Une  autre  mesure  d'une  nature  plus 
générale  consista  dans  la  régularisation  du  droit  annuel 
qui  s'appela  désormais  la  paillette,  du  nom  du  financier 
Paulet,  premier  fermier  de  ce  droit.  Tout  titulaire  d'office 
devait  payer  chaque  année  une  somme  représentant  la 
soixantième  partie  de  la  finance  de  sa  charge  et,  moyen- 
nant ce  payement,  cette  charge  à  son  décès  se  transmet- 
tait à  ses  héritiers  ;  à  défaut  de  paiement,  elle  retournait 
au  roi.  Toutefois,  les  charges  de  premier  président,  de 
procureur  général,  demeuraient  en  dehors  de  cette  mesure 
et  restaient  à  la  nomination  du  roi.  Sous  le  règne  de 
Louis  XIII,  le  parlement  reprend  des  forces  pendant  la  mi- 
norité. Aussi  Richelieu  songe  moins  à  améliorer  une  orga- 
nisation qu'à  briser  ses  résistances.  II  ne  reculera  même 
pas  devant  les  mesures  les  plus  violentes,  et  désormais  les 
atteintes  à  l'inamovibilité  de  la  magistrature  devinrent  de 
plus  en  plus  fréquentes.  En  1618,  le  roi  avait  supprimé  la 
paulette  pour  donner  satisfaction  aux  réclamations  des 
derniers  États  généraux.  Mais  dès  le  22  févr.  1621,  la 
paulette  était  rétablie.  C'était  un  moyen  si  commode  de 
créer  des  ressources  que  la  royauté  ne  put  se  décider  à 
y  renoncer  sérieusement. 

Le  parlement  de   Paris  commençait   aussi  dès   cette 


PARLEMENT 


1414 


époque  à  se  méfier  de  la  royauté  qu'il  croyait  disposée 
à  l'affaiblir.  La  chambre  do  l'édit  y  avait  reçu  des  modi- 
fications très  sérieuses,  et  le  chancelier  songeait  à  en 
introduire  de  nouvelles,  mais  il  dut  y  renoncer  devant  la 
résistance  du  parlement.  L'établissement  à  Poitiers  et 
pour  une  durée  de  six  mois  de  Grands  Jours,  dont  le  res- 
sort s'étendait  sur  la  Sainlonge,  le  Limousin  et  le  Péri- 
gord,  inquiéta  singulièrement  le  parlement.  11  craignait 
que  cette  mesure  ne  fût  le  j)réliminaire  de  la  création  d'un 
nouveau  parlement  à  Poitiers.  Des  observations  énergiques 
furent  adressées  au  chancelier  qui  consentit  seulement  à 
limiter  la  durée  des  Grands  Jours  à  trois  mois.  La  querelle 
fut  encore  bien  plus  vive  au  sujet  des  parentés  et  alliances 
des  magistrats.  Le  chancelier  voulait  faire  observer  les 
dispositions  des  ordonnances  qui  défendaient  au  père  et 
au  fils,  aux  frères,  à  l'oncle  et  au  neveu  d'appartenir  au 
même  parlement.  Le  parlement  résista  et  obtint  même  gain 
de  cause  :  une  déclaration  du  14  janv.  16^9  permit  aux 
présidents  et  conseillers  du  parlement  de  Paris  de  faire 
pourvoir  un  de  leurs  fils  d'un  office  à  ce  parlement,  à  la 
condition  que  le  père  et  le  fils  n'exerceraient  pas  dans  la 
môme  chambre  et  ne  participeraient  pas  aux  mêmes  déli- 
bérations. Cette  mesure  n'en  contribuait  pas  moins  à  faci- 
liter la  formation  d'une  véritable  noblesse  de  robe,  com- 
posée d'un  nombre  très  limité  de  familles.  En  faisant  cette 
concession  au  parlement  de  Paris,  le  roi  espérait  qu'il  le 
déciderait  à  enregistrer  la  célèbre  ordonnance  générale 
de  cette  même  année  1629  préparée  par  le  chancelier  de 
Marillac  qui  s'était  inspiré  des  vœux  des  derniers  États 
généraux.  Mais  le  parlement  de  Paris  refusa,  comme  la  plu- 
part des  autres,  de  l'accepter.  Cette  ordonnance  contenait 
cependant,  tout  spécialement  sur  l'organisation  de  la  jus- 
tice, un  certain  nombre  de  dispositions  très  sages,  et  c'est 
peut-être  pour  ce  motif  ([u'elle  n'eut  aucun  succès  auprès 
des  cours  de  justice.  L'ordonnance  voulait  notamment 
qu'en  cas  de  difficultés  dans  une  cour  souveraine  sur  son 
organisation  ou  sur  les  attributions  de  ses  chambres,  la 
compagnie  eût  pleins  pouvoirs  pour  décider,  à  moins  que 
le  conflit  ne  s'élevât  entre  la  grand'chambre  et  les  en- 
quêtes, ou  entre  les  présidents  et  les  conseillers  ;  dans  ces 
derniers  cas,  il  fallait  en  référer  au  roi.  11  était  prescrit 
aussi  aux  chambres  des  vacations  de  s'en  tenir  aux  affaires 
de  leur  compétence  propre  et  de  ne  pas  s'emparer  de 
celles  qui  étaient  déjà  déférées  aux  autres  chambres.  Le 
parlement  fat  mieux  inspiré  lorsqu'il  fit  des  difficultés  pour 
l'enregistrement  de  la  déclaration  qui  reconnaissait  at- 
teintes du  crime  de  lèse-majesté  les  personnes  sorties  du 
royaume  avec  le  duc  d'Orléans,  mais  le  parlement  paya 
sa  résistance  par  l'exil  de  plusieurs  de  ses  magistrats. 

La  nomination  d'une  commission  extraordinaire,  dite 
chambre  do  l'Arsenal,  fut  la  source  de  nouvelles  diffi- 
cultés, et  le  roi  répondit  aux  remontrances  du  parlement 
par  l'interdiction  de  cin([  de  ses  membres.  Richelieu  n'hé- 
sitait pas  à  ne  tenir  aucun  compte  de  l'inamovibilité  des 
magistrats  lorsqu'elle  se  heurtait  à  la  raison  d'Etat.  Mais 
dans  les  autres  circonstances,  il  cédait  assez  volontiers  au 
parlement.  Ainsi  l'usage  était  de  composer  la  chambre  de 
l'Edit  de  deux  conseillers  de  chaque  (*hambre  et  d'autres 
magistrats  choisis  par  le  chancelier,  mais  seulement  pour 
deux  ans.  Il  était  parfois  arrivé  au  chancelier  de  ne  pas 
observer  telle  ou  telle  de  ces  dispositions,  et  c'est  ainsi 
qu'en  1633  la  chambre  de  l'Edit  comptait  au  parlement 
huit  conseillers  de  la  quatrième  chambre  des  enquêtes, 
alors  qu'il  n'y  en  avait  aucun  de  la  cinquième.  On 
promit  au  parlement  qu'à  l'avenir  la  loi  serait  mieux 
observée.  Mais  le  parlement  fut  profondément  froissé- 
lorsque  Richelieu  en  revint,  pour  la  composition  des  assem- 
blées générales,  au  système  inauguré  par  Henri  IV  et  qui 
consistait  à  ne  composer  ces  assemblées  générales  où  il 
était  procédé  à  l'enregistrement  des  actes  royaux  que  de 
trois  chambres,  la  grand'chambre,  la  Tournelle  et  la 
chambre  de  FEdit;  on  en  excluait  les  enquêtes  et  les 
requêtes,  composées  de  magistrats  plus  jeunes  et  récalci- 


trants. Le  parlement  se  révolta  tout  à  fait  lorsqu'on  lui 
présenta  en  1635  treize  édits  de  création  d'offices  nouveaux 
parmi  lesquels  vingt-quai  re  charges  de  conseillers  au  parle- 
ment. Le  roi  dut  tenir  un  lit  de  justice,  mais  le  22  déc,  phi- 
sieurs  conseillers  des  enquêtes  répondirent  par  une  sorte 
de  coup  d'Etat  :  ils  demandèrent  l'assemblée  générale  de 
toutes  les  chambres  pour  délibérer  sur  les  édits.  Le  roi 
rappela  au  procureur  général  et  au  premier  président  qu'il 
avait  interdit  ces  assemblées,  et  le  premier  président,  en 
effet,  ne  convoqua  que  les  trois  chambres  ordinaires  à 
l'exclusion  des  enquêtes.  Certains  conseillers  des  enquêtes 
ayant  renouvelé  leurs  prétentions,  le  roi  fit  arrêter  et 
emprisonner  plusieurs  magistrats.  En  fait,  le  cours  de  la 
justice  fut  suspendu.  Pour  rétablir  la  paix,  le  chancelier 
consentit  à  réduire  le  nombre  des  charges  nouvelles  à  dix- 
sept,  et  le  roi  rappela  les  magistrats  exilés  ou  emprisonnés. 
Bientôt  la  création  de  nouveaux  offices  de  conseillers  pro- 
voqua un  nouvel  orage,  mais  cette  fois  de  la  part  des 
chambres  qui  composaient  régulièrement  les  assemblées 
générales,  la  grand'chambre,  la  Tournelle  et  la  chambre 
de  l'édit.  Le  roi  ne  voulut  pas  céder  et,  de  son  coté,  le 
parlement  refusa  de  délibérer  avec  les  nouveaux  venus. 
Un  arrêt  du  conseil  de  mars  1638  intima  l'ordre  au  parle- 
ment de  laisser  aux  nouveaux  magistrats  l'exercice  de  leurs 
fonctions.  On  les  admit  aux  délibérations,  mais  ils  furent 
l'objet  de  toutes  sortes  de  tracasseries  jusqu'au  jour  oii, 
pendant  la  guerre  de  la  Eronde,  ils  apaisèrent  enfin  leurs 
collègues,  en  consentant  à  payer  chacun  15.000  livres.  Cet 
état  de  malaise  se  perpétua  jusqu'à  la  fin  du  règne  de 
Louis  XllI,  de  la  part  de  la  royauté  par  des  atteintes  nou- 
velles à  l'inamovibilité  et  par  la  création  de  charges  de 
judicature,  de  la  part  du  parlement  par  des  tracasseries 
dirigées  contre  des  magistrats  nouveaux  ou  protestants,  par 
des  abus  de  dispense  d'âge  ou  de  parenté  qui  provoquaient 
des  observations  de  la  part  du  chanceUer. 

En  1640,  la  création  de  seize  maîtres  des  requêtes  fut  la 
cause  d'une  véritable  tempête  qui  se  termina  par  l'exil  de 
plusieurs  magistrats.  De  leur  côté,  les  maîtres  des  requêtes  de 
l'hôtel  soulevaient  une  prétention  nouvelle,  celle  d'assister 
aux  délibérations  relatives  aux  lettres  de  jussion.  Les  en- 
quêtes voulurent  encore  une  fois  entrer  en  lice.  Il  fallut  rap- 
peler que  les  actes  royaux  ne  devaient  être  vérifiés  que  par  la 
grand'chambi'e,  la  Tournelle  et  la  chambre  de  l'Edit,  sans 
le  concours  des  enquêtes  et  des  requêtes.  La  déclaration 
d'avr.  1640  relève  que  cette  mesure  a  déjà  été  prise  par 
Henri  IV  en  mai  1597,  que  sans  doute  ce  roi  avait  ensuite 
consenti  à  surseoir  à  l'exécution  dans  l'espoir  que  les  con- 
seillers des  enquêtes  et  des  requêtes  se  montreraient  plus 
réfléchis,  mais  que  l'expérience  avait  prouvé  le  contraire. 
En  même  temps,  d'autres  lettres  patentes  réglementèrent  le 
droit  de  remontrance,  et  un  édit  de  févr.  1641  supprima 
les  offices  de  six  membres  des  enquêtes  qui  s'étaient  fait 
remarquer  par  leur  violence.  Ces  magistrats  furent  en 
môme  temps  exilés,  et  ils  ne  rentrèrent  au  parlement 
qu'après  la  mort  de  Louis  XÏII.  Ce  fut  un  des  premiers 
actes  de  la  régente  qui  voulait  s'assurer  l'appui  du  par- 
lement. C'est  aussi  dans  cette  intention  qu'elle  rendit  en 
juil.  1644  un  édit  qui  conférait  la  noblesse  aux  membres 
du  parlement.  Loin  de  produire  l'effet  qu'on  en  attendait, 
cette  mesure  fut  mal  accueillie  :  les.  magistrats  observèrent 
qu'ils  jouissaient  de  ce  privilège  de  temps  immémorial,  et 
ils  ne  consentirent  à  accepter  l'édit  qu'à  titre  de  conser- 
vation de  leur  ancien  privilège.  Ajoutons  tout  de  suite 
qu'en  1649  et  à  raison  des  troubles  de  la  Fronde  un  autre 
édit  retira  aux  membres  du  parlement  le  privilège  de  la 
noblesse.  Mais  ce  second  édit  ne  fut  pas  plus  exécuté  que 
le  premier,  en  ce  sens  que  l'ancien  état  des  choses  ne 
fut  pas  modifié  et  qu'en  fait  les  membres  du  parlement 
furent  toujours  considérés  comme  jouissant  de  la  noblesse. 
Pendant  la  Fronde,  ce  furent  encore  les  conseillers  des 
enquêtes  qui  soulevèrent  les  plus  nombreuses  difficultés, 
même  à  l'intérieur  du  parlement.  C'est  ainsi  qu'en  1644 
ils  soutinrent  que  l'assemblée  générale  des  chambres  était 


—  1115  — 


PARLEMENT 


de  droit  toutes  les  fois  qu'une  quelconque  des  chambres 
la  demandait  ;  le  premier  président  prétendait,  au  con- 
traire, qu'aucune  assemblée  ne  pouvait  avoir  lieu  sans  la 
délibération  de  la  graijd'chambre. 

J.e  20  mars  1643,  les  membres  des  enquêtes  et  des 
requêtes  tentèrent  un  nouveau  coup  en  demandant  l'assem- 
blée générale  pour  délibérer  sur  l'édit  du  toisé.  Le  parle- 
ment reçut,  le  '27,  ordre  formel  de  ne  plus  s'assembler.  Il 
répondit  en  demandant  audience  à  la  reine.  Celle-ci  l'ac- 
corda, mais  ensuite  plusieurs  magistrats  furent  exilés  ou 
emprisonnés  ;  le  parlement  protesta  en  vain  et  à  plusieurs 
reprises  au  nom  de  l'inamovibilité  de  la  magistrature. 

Le  2  juil.  1646,  les  députés  des  enquêtes  et  des  re- 
quêtes, plus  disposés  à  la  lutte  qu'à  la  conciliation,  de- 
mandent encore  une  fois  l'assemblée  générale  pour  délibérer 
sur  certaines  questions,  notamment  sur  la  création  d'une 
chambre  du  domaine.  Le  roi  protesta  contre  cette  illégalité 
et  rappela  au  parlement  que  les  membres  des  enquêtes 
n'avaient  pas  le  droit  de  venir  à  la  grand'chambre  sans  y 
être  appelés.  Cette  lettre  ayant  été  lue  en  plein  parlement, 
les  gens  du  roi  invitèrent  ensuite  les  membres  des  enquêtes 
et  des  requêtes  à  se  retirer  dans  leurs  chambres  respec- 
tives ;  ils  n'en  tinrent  aucun  compte  et  demandèrent  qu'une 
conférence  eut  lien  au  sujet  de  l'organisation  des  assemblées 
générales.  Cette  conférence  se  tint  en  effet  et  décida  qu'à 
l'avenir,  quand  les  députés  des  enquêtes  et  des  requêtes 
demanderaient  l'assemblée  générale,  il  en  serait  délibéré  à 
la  cour,  c.-à-d.  aux  trois  chambres  assemblées,  et  que,  si 
elles  repoussaient  la  demande,  on  formerait  une  commission 
au  moyen  de  députés  pour  entendre  les  raisons  de  part  et 
d'autre.  D'ailleurs,  le  parlement  ne  dissimulait  plus  ses 
aspirations  à  l'indépendance.  Aussi  toutes  les  mesures  que 
la  royauté  proposait  ou  prenait  à  l'occasion  de  son  orga- 
nisation avaient  pour  résultat  de  l'exaspérer,  surtout  si 
elles  portaient  atteinte  à  ses  intérêts  pécuniaires.  Le 
surintendant  des  fuiances  avait  fait  observer,  avec  quelque 
apparence  de  raison,  que  les  charges  de  judicature  ayant 
sensiblement  augmenté  de  valeur  depuis  le  commencement 
du  siècle,  il  conviendrait  de  prendre  cette  valeur  actuelle 
pour  la  fixation  du  droit  de  la  paulette  ;  il  consentait 
cependant  à  maintenir  l'ancienne  assiette  de  l'impôt,  à  la 
condition  que  les  titulaires  d'office  renonceraient  à  quatre 
années  de  leurs  gages.  Pour  mieux  assurer  encore  le  succès 
de  son  édit,  le  surintendant  en  dispensait  les  magistrats 
du  parlement.  On  espérait  qu'ainsi  cet  édit  aurait  un  meil- 
leur sort  que  celui  récemment  proposé  de  la  création  de 
douze  charges  de  maîtres  des  requêtes.  11  n'en  fut  rien  : 
le  parlement  se  joignit  à  la  chambre  des  comptes  et  à  la 
cour  des  aides  au  moyen  d'un  arrêt  d'union,  et  pour  mieux 
résister  à  l'autorité  royale.  La  couronne  répondit  en  exi- 
lant plusieurs  magistrats  et  c'est  ici  que  se  place  l'épisode 
bien  connu  de  l'arrestation  du  conseiller  Broussel.  Le  par- 
lement reçut  ordre  de  se  transporter  à  Montargis  ;  il  y 
répondit  en  signifiant  à  Mazarin  de  quitter  le  royaume. 

Ce  n'est  pas  le  Ueu  d'exposer  les  luttes  politiques  qui 
se  prolongèrent  entre  le  gouvernement  et  le  parlement  jus- 
qu'au jour  où  Louis  XIV  prit  en  main  les  affaires  de 
l'Etat.  Louis  XIV  et  son  ministre  Colbert  entreprirent  une 
réforme  générale  de  la  justice  :  on  multiplia  les  Grands  Jours 
pour  amener  la  paix  à  l'intérieur  et  réprimer  les  excès  des 
fonctionnaires  ;  la  procédure  civile  et  les  autres  parties  de 
la  législation,  sauf  le  droit  civil,  furent  codifiées.  Tout 
rôle  politique  fut  enlevé  aux  parlements  dont  les  remon- 
trances, sans  cependant  disparaître  complètement,  comme 
on  l'a  dit  à  tort,  ne  produisirent  plus  aucun  effet.  Le  par- 
lement de  Paris  savait  qu'il  fallait  obéir  au  maître,  et  il  reçut 
plusieurs  mesures  relatives  à  son  organisation  sans  jamais 
opposer  une  résistance  sérieuse.  Un  édit  du  18  avr.  1667 
établit  au  parlement  de  Paris  une  audience  spéciale  pour 
les  causes  les  moins  importantes.  Un  autre  édit  d'avril  de 
la  même  année  créa  une  TourneJle  civile,  mais  pour  un  an 
seulement  et  à  titre  d'essai.  Toutefois,  cette  Tournelle  civile 
fut  rétablie  par  une  déclaration  dul^^'  août  1669,  et  en- 


suite elle  fut  prorogée  d'année  en  année  jusqu'en  1691. 
En  janv.  1669  les  chambres  de  l'édit  disparurent  des  par- 
lements de  Paris  et  de  Rouen.  Un  édit  de  févr.  1672  im- 
])osa  des  conditions  d'âge  et  de  capacité  fort  sérieuses, 
mais  qui  ne  furent  guère  observées.  On  en  arriva  à  s'oc- 
cuper des  moindres  détails.  Un  édit  d'avr.  1684  'rappela 
les  magistrats  du  parlement  de  Paris  à  l'exécution  d'un 
règlement  de  ce  même  parlement  qui  invitait  les  officiers 
de  cette  cour  de  justice  à  porter  au  palais,  dans  l'exercice 
de  leurs  fonctions,  des  robes  fermées,  et  dans  les  lieux  par- 
ticuliers des  habits  noirs  avec  manteau  et  collet.  On  leur  in- 
terdisait aussi  de  se  rendre  en  tous  lieux  où  leur  présence 
même  auraitpu  compromettre  la  dignité  de  leur  caractère. 
Nous  arrivons  à  l'époque  du  règne  de  Louis  XIV  où  l'ex- 
tension de  la  guerre  multiphe  les  besoins  d'argent.  Aussi 
reprend-on  les  procédés  déjà  précédemment  imaginés  pour 
se  procurer  des  ressources.  En  1690,  le  roi  créait  au  par- 
lement de  Paris  seize  charges  de  conseillers,  deux  charges 
de  présidents  à  mortier  et  une  troisième  charge  d'avocat 
général.  En  même  temps,  il  établissait  un  grand  nombre 
de  charges  de  même  nature  dans  les  autres  juridictions 
et  il  empruntait  aux  pays  flamands  l'institution  des  che- 
valiers d'honneur,  magistrats  de  robe  courte  et  d'épée 
qui,  sous  prétexte  de  resserrer  les  liens  entre  la  noblesse 
d'épée  et  la  noblesse  de  robe,  furent  établis  d'abord  auprès 
des  présidiaux  et  des  sénéchaussées  et  ensuite  auprès  de 
toutes  les  cours  souveraines.  Cette  institution  restera  ce- 
pendant tout  à  fait  étrangère  au  parlement  de  Paris,  peut- 
être  parce  qu'il  était  déjà  cour  des  pairs.  D'ailleurs,  il  est 
maintenant  facile,  pour  ce  règne  et  pour  les  règnes  sui- 
vants, de  connaître  la  composition  du  parlement  en  se  re- 
portant à  un  des  nombreux  documents  du  temps  c[ui  en 
contiennent  l'indication,  par  exemple  aux  mémoires  des 
intendants,  ou  bien  encore  et  plus  simplement  à  l'almanach 
royal. 

A  la  fin  du  règne  de  Louis  XIV,  le  parlement  de  Paris 
ne  comprenait  pas  moins  de  240  membres  répartis  en 
9-chaml3res,  la  grand'chambre,  5  chambres  des  enquêtes, 

2  des  requêtes  et  la  Tournelle.  A  la  suite  de  la  révo- 
cation de  l'édit  de  Nantes,  la  chambre  de  l'Edit  avait  été 
supprimée,  et  un  arrêt  du  conseil  du  23  nov.  1685  avait 
enjoint  aux  conseillers  protestants  de  se  démettre  de  leurs 
charges.  La  grand'chambre  comprenait  le  premier  pré- 
sident, 9  présidents  à  mortier,  20  conseillers  laïques  et 
12  conseillers  clercs.  Le  premier  président  et  les  4  prési- 
dents à  mortier,  les  plus  anciens  étaient  spécialement  atta- 
chés à  cette  chambre  ;  les  cinq  autres  présidents  à  mortier 
présidaient  la  Tournelle.  De  leur  coté,  les  conseillers  laïques 
de  la  grand'chambre  servaient  six  mois  à  cette  chambre 
et  six  mois  à  la  Tournelle  ;  mais  les  conseillers  clercs  de 
la  grand'chambre  n'allaient  à  la  Tournelle  qu'autant  que 
la  grand'chambre  s'y  assemblait  et  qu'il  s'agissait  d'af- 
faires dont  l'instruction  n'était  pas  interdite  aux  clercs 
par  le  droit  canonique.  Chaque  chambre  des  enquêtes 
comptait  'd  présidents  et  30  conseillers.  Ces  présidents 
portaient  le  titre  de  président  des  enquêtes,  celui  du  pré- 
sident du  parlement  étant  réservé  aux  présidents  à  mortier. 
Chacune    des  deux   chambres  des  requêtes    comprenait 

3  présidents,  mais  la  seconde  n'avait  que  9  conseillers, 
tandis  que  la  première  en  comptait  12.  La  Tournelle  cri- 
minelle était  composée  de  o  présidents  et  de  17  conseillers 
empruntés  à  la  grand'chambre  auxquels  on  adjoignait 
2  conseillers  de  chacune  des  chambres  des  enquêtes  ;  ces 
derniers  siégeaient  pendant  trois  mois  à  la  Tournelle,  et 
les  autres  pendant  six  mois.  Le  ministère  public  était  re- 
présenté pari  premier  avocat  général,  1  procureur  général, 
2  avocats  généraux  et  17  substituts.  Le  greffe  ne  compre- 
nait pas  moins  de  36  greffiers  ordinaires  et  4  greffiers 
en  chef.  Il  y  avait  4  secrétaires  'du  roi  pour  la  grand'chambre 
et  2  pour  chacune  des  chambres  des  enquêtes  et  des  re- 
quêtes. Ce  personnel  considérable  n'était  pourtant  pas  trop 
nombreux  à  cause  de  l'étendue  extraordinaire  du  ressort 
du  parlement  de  Paris  qui  comprenait  l'Ile  de  Erance,  la 


PARLEMENT 


—  1116 


Beauce,  la  Sologne,  le  Berry,  l'Auvergne,  le  Lyonnais,  le   ; 
Forez,  le  Beaujolais,  le  Nivernais,  le  Bourbonnais,  l'Anjou, 
l'Angoumois,  la  Picardie,  la  Champagne  la  Brie,  le  Maine, 
la  Touraine,  le  Poitou,  l'Aunisetle  Rochellois. 

Le  parlement,  réduit  à  son  rôle  judiciaire,  depuis  la  ma- 
jorité de  Louis  XIV,  reprit  une  partie  de  sa  puissance  poli- 
tique sous  la  régence  du  duc  d'Orléans  qui  s'attira  son 
appui  en  lui  rendant  le  droit  de  remontrance  ;  il  ne  tarda 
pas  à  en  user  au  risque  de  compromettre  le  cours  de  la 
justice.  x\ussi  fut-il  soumis  à  deux  restrictions  en  17! 8  et 
1725.  La  résistance  du  parlement  aux  expédients  financiers 
de  Law  lui  valut,  en  1720,  un  exil  à  Pontoise,  et  les  diffi- 
cultés de  la  bulle  Unigenitiisle  menacèrent  d'une  translation 
à  Blois.  On  constata  de  nouveau  que  l'abus  du  droit  de 
remontrance  était  surtout  le  fait  des  magistrats  les  plus 
jeunes.  Aussi  une  déclaration  du  5  juin  1723  n'accorda 
pour  les  remontrances  voix  délibérative  qu'aux  magistrats 
qui  comptaient  au  moins  dix  années  d'exercice.  On  enleva 
ainsi  le  droit  de  délibération  à  une  centaine  de  conseillers. 
C'était  aller  trop  loin.  Aussi  dès  le  mois  de  décembre  de 
la  même  année,  un  édit  n'exigea  plus  que  cinq  années 
d'exercice.  Le  parlement  ne  subit  ensuite  aucune  modifi- 
cation pendant  une  dizaine  d'années.  Une  déclaration  du 
42  janv.  1733  rétablit  pour  la  troisième  fois,  mais  à  titre 
provisoire,  une  Tournelle  civile,  afin  d'accélérer  l'expédi- 
tion des  affaires.  Plus  tard,  de  véritables  bouleversements 
se  produisirent  au  sein  du  parlement,  mais  par  des  causes 
purement  politiques  et  notamment  à  l'occasion  de  la  bulle 
IJnigenitus.  Les  choses  en  vinrent  à  ce  point  que,  par  un 
arrêt  du  3  mai  1733,  le  parlement  décida  qu'il  suspen- 
dait ses  séances,  et  il  prescrivit  à  toutes  les  juridictions 
de  son  ressort  de  suivie  son  exemple.  Le  roi  répondit  par 
un  coup  d'Etat  et  fit  exiler  ou  emprisonner  un  certain 
nombre  de  magistrats.  Ces  mesures  n'ayant  pas  suffi,  le 
roi  transféra  la  grand'chambre  à  Pontoise.  Quelque  temps 
après,  il  créa  à  Paris,  sous  le  nom  de  chambre  des  vaca- 
tions, une  juridiction  souveraine,  composée  de  7  conseillers 
d'Etat  et  de  20  maîtres  des  requêtes  pour  statuer  souve- 
rainement en  dernier  ressort.  On  appelait  cette  juridiction 
chambre  des  vacations  pour  mieux  simuler  que  le  parle- 
ment était  en  vacances.  En  même  temps,  on  voulait  montrer 
au  parlement  qu'il  était  possible  de  se  passer  de  ses  ser- 
vices afin  de  l'amener  à  soumission.  La  résistance  continua 
néanmoins;  la  grand'chambre  fut  exilée  à  Soissons;  la 
chambre  des  vacations  prit  le  nom  de  chambre  royale 
et  reçut  une  organisation  plus  complète.  Puis  le  conflit  se 
termina,  comme  toujours,  par  le  rétablissement  du  parle- 
ment, avec  injonction  pour  tous  de  ne  plus  s'occuper  des 
querelles  religieuses.  Ce  conflit  eut  cependant  des  traces 
durables,  et  c'est  de  ce  jour  que  la  royauté  songea  sérieu- 
sement au  moyen  de  supprimer  les  parlements,  d'autant 
plus  que  ceux  de  province  s'unissaient  de  plus  en  plus 
à  celui  de  Paris.  Pour  le  moment  cependant  on  s'en  tint 
à  des  mesures  qui  avaient  surtout  pour  objet  d'affaiblir 
ces  grands  corps  judiciaires.  Dans  un  lit  de  justice  tenu  le 
13  déc.  1736,  le  roi  fit  enregistrer  un  édit  relatif  à  la 
discipline  intérieure  du  parlement.  Désormais  la  grand'- 
chambre devait  seule  connaître  des  questions  de  police 
générale;  seule  aussi  elle  pouvait  autoriser  l'assemblée  des 
chambres.  Tous  les  édits  devaient  être  enregistrés  immé- 
diatement après  la  réponse  du  roi  aux  remontrances.  On 
exigeait  de  nouveau  dix  années  d'exercice  de  la  part  de  tout 
magistrat  pour  qu'il  obtînt  voix  délibérative  dans  l'assemblée 
générale.  En  même  temps,  on  supprima  deux  chambres 
des  enquêtes  et  plus  de  60  offices  du  parlement.  Au  sortir 
de  ce  lit  de  justice,  129  membres  des  enquêtes  et  des  re- 
quêtes adressèrent  leur  démission  au  roi,  et  les  jours  sui- 
vants, plusieurs  magistrats  de  la  grand'chambre  suivirent 
le  même  exemple,  si  bien  que  le  nombre  total  des  démis- 
sions s'éleva  à  1 80  ;  les  présidents  à  mortier  et  1 9  conseillers 
de  la  grand'chambre  conservèrent  seuls  leurs  fonctions. 
Mais  les  avocats  refusèrent  de  plaider  devant  eux  et  de 
son  côté  le  Châtelet  ferma  ses  portes.  L'attentat  de  Damiens 


s'étant  produit  quelque  temps  après,  les  magistrats  démis- 
sionnes des  enquêtes  et  des  ,  requêtes  offrirent  de  re- 
prendre leurs  fonctions  pour  juger  l'assassin,  mais  le  roi 
refusa  et  l'affaire  fut  portée  à  la  grand'chambre.  Le  roi 
exila  même  3  conseillers  de  cette  chambre  qui  avaient 
donné  leur  démission  et  leur  fit  offrir  le  remboursement 
de  leurs  charges.  Puis,  la  résistance  des  parlementaires  se 
perpétuant,  le  gouvernement  se  décida,  à  partir  du  1^'^  sept. 
1737,  à  les  rappeler  successivement  dans  leurs  fonctions  ; 
deux  chambres  des  enquêtes  restèrent  définitivement  sup- 
primées, mais  leurs  membres  furent  répartis  dans  les 
autres  chambres.  Cet  édit  de  suppression  du  10  déc.  1736 
laisse  entrevoir  d'autres  réformes,  réduction  du  nombre 
des  charges,  fixation  du  prix  des  offices,  etc. 

Peu  de  temps  après,  en  effet,  le  roi  supprima  d'un  seul 
coup  64  conseillers  ainsi  que  les  charges  devenues  va- 
cantes depuis  quatre  ou  cinq  ans  par  suite  de  décès.  Ces 
mesures  ne  modifièrent  en  rien  l'attitude  du  parlement 
qui  multiplia  ses  remontrances  contre  les  abus  de  toutes 
sortes,  et  surtout  contre  les  lits  de  justice.  Les  parlements 
de  province  n'étaient  pas  moins  violents  ;  aussi  le  gou- 
vernement songea  de  nouveau  à  une  mesure  qu'il  médi- 
tait depuis  un  certain  temps,  la  suppression  pure  et  simple 
de  tous  les  parlements.  Ce  n'était  plus  de  réformes  ordi- 
naires qu'il  s'agissait  ;  on  voulait  une  révolution,  Mau- 
pcou  s'en  chargea. 

En  arrêt  du  conseil  du  20  janv.  1771  déclara  vacants 
et  confisqués  les  offices  du  parlement,  en  même  temps  que 
des  lettres  de  cachet  envoyaient  un  certain  nom])re  de  ma- 
gistrats en  exil  ;  à  tous  on  interdisait  le  titre  de  membre 
du  parlement.  Le  conseil  avait-il  le  pouvoir  de  supprimer 
ainsi  cette  cour  de  justice?  On  l'a  nié  de  nos  jours  en  di- 
sant que  le  conseil  n'avait  pas  juridiction  sur  le  parlement. 
Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  le  conseil  c'était  le  roi,  et 
le  roi  avait  la  plénitude  du  pouvoir  législatif,  du  moins 
suivant  une  doctrine  politique  qui  fut  toujours  celle  du 
gouvernement  sous  l'ancien  régime.  Les  autres  parlements 
ne  furent  pas  supprimés,  mais  plusieurs  centaines  de  leurs 
membres  furent  envoyés  en  exil.  Pour  remplacer  le  parle- 
ment de  Paris,  des  lettres  patentes  de  janv.  1761  commi- 
rent à  l'administration  de  la  justice,  et  à  titre  purement 
provisoire,  des  conseillers  d'Etat  et  des  maîtres  des  re- 
quêtes du  conseil.  Puis  un  édit  du  23  févr.  porta  réorga- 
nisation du  parlement  de  Paris  ;  il  relevait,  non  sans  rai- 
son, les  abus  qui  résultaient  de  la  vénalité  des  offices  et  les 
lenteurs  qui  avaient  pour  cause  l'étendue  exagérée  du  res- 
sort du  parlement  de  Paris,  fui  conséquence,  la  vénalité  des 
offices  était  supprimée,  et,  tout  en  conservant  le  parlement  de 
Paris  avec  ses  droits  et  prérogatives,  l'édit  démembrait  son 
ressort  en  étabhssant  6  conseils  supérieurs  à  Arras,  Blois, 
Chàlons,  Clermont-Ferrand,  Lyon  et  Poitiers.  Ces  conseils 
avaient  la  même  compétence  ({ue  le  parlement  et  étaient, 
comme  lui,  juges  souverains.  On  ne  réservait  au  parle- 
ment que  les  causes  des  pairs  et  quelques  autres  affaires 
privilégiées.  Les  nouveaux  luagisti-ats  étaient  inamovibles 
comme  leurs  prédécesseurs,  mais  ils  recevaient  leurs 
charges  gratuitement,  sans  être  propriétaires  ;  en  outre, 
les  épices  étaient  supprimées  et  les  traitements  augmentés. 
Ces  réformes  étaient  tout  à  fait  sages,  et  la  meilleure  preuve 
qu'on  en  puisse  donner,  c'est  qu'eUes  ont  été  reprises  et 
réalisées  dans  la  suite  d'une  manière  définitive.  Mais  elles 
avaient  le  tort,  comme  la  suppression  de  la  cour  des 
aides  et  celle  du  grand  conseil,  d'avoir  été  inspirées  par 
la  haine  de  la  magistrature  et  par  le  désir  d'augmenter 
encore  le  despotisme.  En  outre.  Maupeou,  obligé  de  prendre 
un  grand  nombre  de  magistrats  nouveaux,  ht  des  choix 
maliieureux.  Aussi  toute  cette  nouvelle  magistrature  fut- 
elle  impopulaire,  et  la  désignation  du  nouveau  parlement 
sous  le  nom  de  parlement  Maupeou  a  été  employée  comme 
terme  de  mépris.  Après  la  mort  de  Louis  XV,  un  des  pre- 
miers actes  du  nouveau  roi  fut  d'exiler  Maupeou  et,  sur 
les  conseils  de  Maurepas,  d'annuler  sa  réforme  et  de  rap- 
peler d'abord  les  membres  du  parlement  de  Paris,   puis 


—  1117 


PARLEMENT 


ceux  des  parlements  de  province.  Toutefois,  les  requêtes 
ne  furent  rétablies  qu'un  peu  plus  tard,  en  1775,  et  dans 
la  même  année  on  établit  une  Tournelle  civile  provisoire. 
Les  conseils  supérieurs  furent  supprimés  et  le  droit  de 
remontrance  rétabli  tel  qu'il  avait  existé  sous  Louis  XV. 
On  vit  alors  se  dérouler  de  nouveau,  dans  le  même  ordre, 
avec  les  mêmes  procédés  et  les  mêmes  effets,  mais  dans 
un  espace  de  temps  beaucoup  plus  court,  toutes  les  que- 
relles qui  avaient  divisé  le  parlement  et  le  gouvernement 
sous  le  règne  précédent.  Ce  parlement  reprend  tout  de 
suite  ses  habitudes  de  résistance;  il  commence  par  se 
rendre  populaire  en  attaquant  certains  abus,  en  protégeant 
le  peuple  contre  les  financiers,  en  sollicitant  l'abolition  des 
lettres  de  cachet  ;  puis,  cifrayé  des  projets  de  Turgot  et 
de  Necker  et  des  autres  réformes  qu'on  agitait  déjà,  le 
parlement  se  jeta  du  côté  de  la  réaction  au  point  de  résis- 
ter à  la  couronne,  même  pour  les  mesures  libérales  qu'elle 
proposait.  C'est  ainsi  qu'il  condamna  l'abolition  des  maî- 
trises et  jurandes,  l'établissement  des  assemblées  provin- 
ciales. En  même  temps,  il  enregistra  désormais  sans  re- 
montrance desédits  bursaux  très  oppressifs  pour  le  peuple. 
Aussi  devint-il  rapidement  impopulaire.  Quant  à  la  royauté, 
elle  résista  au  parlement  par  ses  moyens  ordinaires  :  exils 
de  magistrats,  lits  de  justice  et  même  translation  du  par- 
lement à  Troyes  pour  rappeler  celle  qui  avait  eu  lieu  à 
Pontoise  sous  le  règne  précédent.  Ces  moyens  n'ayant  ob- 
tenu aucun  succès,  comme  il  fallait  bien  s'y  attendre,  on 
reprit  le  projet  non  plus  de  supprimer  les  parlements, 
mais  de  leur  enlever  toute  participation  aux  pouvoirs  poli- 
tiques et  même  de  limiter  leur  autorité  judiciaire.  Dans 
son  ordonnance  de  mai  1788,  le  roi  reconnaît  la  nécessité 
de  réformer  l'ensemble  des  lois  civiles  et  criminelles  ;  mais 
auparavant  il  faut  réorganiser  la  justice  pour  mettre  un 
terme  à  des  abus  devenus  intolérables  et  qui  ont  tous  leur 
cause  dans  le  trop  grand  nombre  des  degrés  de  juridiction. 
Les  plaideurs  obligés  de  parcourir  jusqu'à  5  ou  6  instances 
sont  ruinés  avant  d'arriver  à  une  sentence  définitive.  Il 
n'y  aura  plus  désormais  que  deux  degrés  de  juridiction  en 
matière  civile.  A  cet  eiîct,un  certain  nombre  de  bailliages 
et  de  sénéchaussées  sont  érigés  en  grands  baiUiages,  juri- 
dictions nouvelles,  auxquelles  on  donne  un  ressort  assez 
étendu,  mais  cependant  moins  vaste  que  celui  d'un  parle- 
m'Hit.  Ces  autres  bailliages  et  sénéchaussées  sont  ou  sup- 
primés, ou  érigés  en  présidiaux,  ou  réunis  à  des  présidiaux 
voisins.  Il  n'y  a  plus  désormais  au-dessous  des  parlements 
que  les  présidiaux  et  les  grands  bailliages.  Ces  présidiaux 
doivent  juger  en  matière  civile  sans  appel  jusqu'à  la  somme 
de  i'.OOO  livres;  l'affaire  ne  comporte  donc  aloi's  qu'un 
degré  de  juridiction.  Au  delà  de  i.OOO  livres,  l'appel  est 
admis,  mais  il  est  porté  au  grand  bailliage  si  ratîaii'c  ne 
dépasse  pas  20.000  livres  ou  au  parlement  dans  le  cas 
contraire  ;  elle  ne  comporte  jamais  un  troisième  degré  de 
juridiction.  On  voit  ([ue  les  parlements  ne  devaient  plus 
connaître  que  des  affaires  civiles  les  plus  importantes, 
celles  qui  dépassaient  20.000  livres.  On  leur  réservait 
aussi  les  causes  de  la  couronne,  celles  des  pairies,  les 
séparations  de  corps  ou  de  biens,  les  procès  relatifs  à 
l'état  des  personnes,  à  la  qualité  d'héritier,  d'associé,  de 
femme  commune  ou  séparée,  les  partages,  les  mouvances, 
les  droits  seigneuriaux,  les  retraits  seigneuriaux  ou  ligna- 
gers,  etc.  En  matière  criminelle,  les  présidiaux  ne  de- 
vaient plus  connaître  d'aucun  crime  ou  délit  qu'à  charge 
d'appel,  lequel  était  porté  au  grand  bailliage.  Le  parle- 
ment ne  devenait  compétent  à  la  place  du  grand  bailliage 
qu'autant  que  l'accusé  était  clerc,  noble  ou  personne  pri- 
vilégiée. En  même  temps,  un  grand  nombre  de  juridictions 
d'exceptions  étaient  supprimées,  bureaux  de  finances,  élec- 
tions, juridictions  des  traites,  chambres  du  domaine  et  tré- 
sor, maîtrise  des  eaux  et  forêts,  greniers  à  sel.  Mais  il  est 
bien  entendu  que  ces  juridictions,  supprimées  comme  tri- 
bunaux, étaient  maintenues  comme  corps  administratifs.  Ces 
réformes  nécessitaient  la  suppression  d'une  grande  partie 
du  personnel  des  parlements,  maintenant  réduits  à  juger 


un  nombre  très  limité  d'affaires.  La  création  de  ces  tri- 
bunaux de  grand  bailliage  qui  enlevaient  aux  parlements 
toutes  les  affaires  dont  la  valeur  ne  dépassait  pas 
20.000  livres  et  aussi  la  suppression  partielle  du  droit  de 
committimus  permirent  d'opérer  de  nond)reuses  réduc- 
tions dans  les  parlements  de  France.  Des  édils  furent  expé- 
diés à  cet  effet  aux  parlements  de  Paris,  Toulouse,  Gre- 
noble, Bordeaux,  Dijon,  Rouen,  Aix,  Pau,  Rennes,  Metz, 
Besançon,  Douai,  Nancy  et  aux  conseils  supérieurs  d'Al- 
sace et  duRoussillon.  Au  parlement  de  Paris  on  supprima 
la  seconde  et  la  troisième  chambre  des  enquêtes,  ainsi 
que  celle  des  requêtes  du  palais,  de  sorte  que  ce  parlement 
ne  comprenait  plus  que  trois  chambres,  la  grand'chambre, 
la  Tournelle  et  une  chambre  des  enquêtes. 

Mais  la  réforme  la  plus  grave  qui  fut  dirigée  contre  les 
parlements,  ce  fut  la  création  d'une  cour  plénière  dans  le 
but  de  retirer  à  ces  hautes  cours  de  justice  toute  partici- 
pation au  pouvoir  législatif  et  aux  affaires  politiques.  Déjà 
une  mesure  analogue  avait  été  prise  en  177  4,  mais  sans 
aucun  succès.  L'édit  de  mai  1788  rétablit  la  cour  plénière, 
spécialement  chargée  d'enregistrer  les  lois  communes  à  tout 
le  royaume  et  de  juger  les  contraventions  des  autres  tri- 
bunaux aux  ordonnances.  Elle  comprenait  les  plus  hauts 
dignitaires  et  devait  siéger  à  Paris  dans  la  grand'chandire 
du  parlement  ou  dans  une  des  maisons  royales  au  choix 
du  roi,  tous  les  ans,  depuis  le  1^^'  déc.  jusqu'au  1^^  avr. 
Les  membres  de  la  cour  plénière  étaient  inamovibles  et  à 
vie.  La  cour  était  présidée  par  le  roi  ou,  à  son  défaut,  par 
le  chancelier,  et  en  dernier  heu  par  le  garde  des  sceaux. 
Elle  avait  le  droit  de  remontrances  avant  l'enregistrement, 
à  la  condition  de  les  présenter  dans  les  deux  mois  à  par- 
tir du  jour  oîi  elle  avait  reçu  l'acte  royal.  Pour  atténuer 
l'effet  de  la  mesure  vis-à-vis  des  parlementaires,  l'édit 
contenait  deux  dispositions  curieuses.  Il  déclarait  de  plein 
droit  membres  de  la  cour  plénière  tous  les  magistrats  delà 
grand'chambre  du  parlement  de  Paris  et  il  avait  soin  de 
relever  que,  grâce  à  cette  marque  de  distinction  et  de  con- 
fiance, tous  les  membres  du  parlement  de  Paris  entreraient 
successivement  à  la  cour  plénière  à  mesure  que,  par  droit 
d'ancienneté,  ils  siégeraient  à  la  grand'chambre.  Quant 
aux  autres  parlements,  ils  étaient  représenlés  à  la  cour  plé- 
nière par  un  délégué,  président  ou  conseiller.  En  second 
lieu,  l'édit  laissait  à  chaque  parlement  le  droit  d'enregis- 
trer tous  les  actes  royaux  qui  n'intéressaient  que  son  res- 
sort. Malgré  tout,  ces  mesures  ii'ritèrent  profondément  les 
parlements  qui  se  sentirent  menacés  dans  leur  existence 
même.  Celui  de  Paris  protesta  vivement,  et  l'édit  ne  fut 
enregistré  qu'en  lit  de  justice.  Ce  ne  fut  pourtant  pas  de  ce 
côté  que  vint  le  danger  pour  les  parlements.  Dès  le  8  août 
suivant,  un  arrêt  du  conseil  fixait  au  1®>'  mai  1789  la  te- 
nue des  Etats  généraux  et  suspendait  jusqu'à  cette  époque 
le  rétablissement  de  la  cour  plénière  qui,  en  réalité,  n'avait 
siégé  qu'une  fois.  Ce  furent  les  Etats  généraux,  si  souvent 
réclamés  par  les  parlements  au  xviii^  siècle  et  plus  parti- 
cuUèrement  par  le  parlement  de  Paris,  qui  donnèrent  le 
coup  de  grâce  à  ces  hautes  cours  de  justice.  Par  suite  de 
ses  résistances  aux  mesures  les  plus  libérales,  le  parle- 
ment de  Paris,  qui  avait  été  le  seul  et  dernier  représentant 
des  vieilles  libertés  remontant  à  l'époque  de  la  monarchie 
limitée,  était  devenu  rapidement  in) populaire  et  avait  perdu 
toute  influence  poHtique.  Pour  sauver  son  existence,  il  se 
fit  l'allié  de  la  noblesse  qu'il  avait  toujours  combattue  et 
participa  à  l'élaboration  d'un  plan  qui  avait  pour  objet  la 
dissolution  de  l'Assemblée  nationale.  Mais  il  était  tombé 
dans  un  tel  état  d'impuissance  qu'une  loi  ne  fut  même  pas 
nécessaire  pour  le  supprimer  avec  les  autres  parlements. 
Les  vacances  judiciaires  avaient  naturellement  suspendu 
les  travaux  des  parlements  au  mois  de  sept.  1789.  Les 
chambres  de  vacation  seules  continuaient  àsié^^er.  Lorsque 
l'époque  de  la  rentrée  arriva,  l'Assemblée  nationale,  pour 
en  finir  avec  les  parlements  et  sur  la  proposition  de  La- 
meth,  décréta  «  qu'en  attendant  l'époque  peu  éloignée  oîi 
elle  pourrait  s'occuper  de  la  nouvelle  organisation  judi- 


PARLEMENT 


1H8 


ciaire,  tous  les  parlements  du  royaume  continueraient  à 
rester  en  vacances  et  que  ceux  qui  seraient  déjà  rentrés 
reprendraient  l'état  de  vacation  ».  La  chambre  des  vaca- 
tions du  parlement  de  Paris  signa  une  protestation,  mais 
qui  devait  rester  secrète.  D'autres  parlements  imitèrent 
cet  exemple,  d'autres  parlèrent  plus  haut  et  en  général 
avec  une  grande  dignité.  Mais  c'en  était  fmi  des  parlements. 
La  chambre  des  vacations  du  parlement  de  Paris  n'en  con- 
tinua pas  moins  à  expédier  avec  un  véritable  dévouement, 
auquel  l'Assemblée  nationale  rendit  hommage,  toutes  les 
affaires  civiles  ou  criminelles  qui  lui  furent  déférées  jus- 
qu'à l'établissement  du  nouvel  ordre  judiciaire. 

IL  Les  parlements  dp.  puomnce  et  les  Graxds  Jours. 
—  Pendant  toute  la  période  qui  prit  tin  avec  la  guerre  de 
Cent  ans,  le  parlement  établi  à  Paris  fut  toujours  la  seule 
juridi('tion  royale  souveraine  du  royaume  ;  la  tentative 
d'établir  un  secojul  parlement  à  Toulouse  n'avait  pas  réussi. 
Mais  après  la  guerre  de  Cent  ans  la  situation  se  modifia 
singulièrement.  Les  limites  du  royaume  tendirent  de  nou- 
veau à  s'élargir  en  même  temps  que  les  derniers  grands 
vassaux  de  la  couronne  disparurent  les  uns  après  les  autres. 
Il  n'était  plus  possible  ({uo  le  parlement  établi  à  Paris  fut 
le  seul  juge  souverain  de  ce  vaste  territoire  :  le  temps  lui 
aurait  manqué  pour  expédier  toutes  les  affaires,  et  sa  jus- 
tice aurait  été  d'un  accès  trop  difficile  pour  les  habitants 
des  pro^inces  les  plus  éloignées  de  la  capitale.  Aussi  la 
royauté  nliésita  pas  à  créer  successivement  des  parle- 
ments ;  mais  parfois  aussi  elle  se  borna  à  donner  cette  qua- 
lité aux  anciennes  cours  souveraines  des  grands  vassaux  de 
la  couronne,  de  sorte  que  les  habitants  de  ces  duchés  ou 
comtés  conservèrent  à  peu  près  U\  justice  teilo  qu'elle 
avait  existé  auparavant.  Pendant  les  premiers  temps,  le 
parlement  de  Paris  essaya  de  résister  à  ces  créations  qui 
mettaient  un  terme  à  l'extension  de  son  ressort  cependant 
déjà  très  vaste.  Mais  ces  résistances  ji'eurent  aucun  suc- 
cès. On  a  déjà  vu  que  Philippe  le  Bel  avait  ordonné  la 
création  d'un  parlement  à  Toulouse,  mais  que  cette  me- 
sure n'avait  jamais  été  réahsée.  En  1420,  à  la  suite  delà 
translation  du  parlement  de  Paris  à  Poitiers,  le  dauphin 
Charles  établit  à  Toulouse  une  seconde  cour  souveraine 
qui  fonctionna  en  effet  jusqu'en  1425.  A  celte  date,  la  peste 
ayant  éclaté  à  Toulouse,  ce  second  parlement  fut  trans- 
féré àBéziers.  Puis,  à  la  demande  des  Etats  généraux,  des 
lettres  royales  d'oct.  1428  réunirent  le  parlement  de  Bé- 
ziers  à  celui  de  Poitiers  et  ainsi  disparut,  pour  la  seconde 
fois,  la  juridictioii  suprême  du  midi  de  la  Eraiice.  Mais  en 
1437  les  Etats  de  Languedoc  réunis  à  Montpellier  deman- 
dèrent le  rétablissement  de  leur  parlement.  Le  roi  accéda 
à  cette  prière,  et  dès  le  mois  de  janv.  4i38  il  institua 
une  sorte  de  conseil  souverain,  en  attendant  la  création 
définitive  du  parlemejit.  Cette  création  fut  réalisée  par 
un  édit  d'oct.  1433,  et  désormais  il  fut  bien  établi  que  le 
parlement  de  Paris  n'était  plus  la  seule  cour  souveraine  de 
droit  commun  de  tout  le  royaume.  Mais  c'est  surtout  sous 
le  règne  de  Louis  XI  que  le  nombre  des  parlements  se  mul- 
tiplia singulièrement.  Alors  qu'il  était  encore  dauphin, 
Louis  XI  transforma  en  juin  '14o3  le  conseil  delphinal 
créé  par  Humbert  II  au  xiv^  siècle  en  cour  souveraine  de 
parlement.  Devenu  roi,  il  créa  le  parlement  de  Bordeaux 
en  4460  et  l'organisa  en  1462,  malgré  les  protestations 
du  parlement  de  Toulouse  dont  le  ressort  était  singuhère- 
ment  réduit.  Après  la  mort  du  duc  de  Bourgogne,  Louis  XI 
prit  possession  du  duché  et  érigea  en  4477  les  Grands 
Jours  de  Bourgogne  en  parlement.  Puis  vint  la  réunion  de 
la  Bretagne  à  la  France  par  le  mariage  d'Anne  de  Bre- 
tagne avec  Charles  YIII.  Le  roi  rendit  presque  immédiate- 
ment une  ordonnance  portant  que  nul  ne  pourrait  appeler 
des  Grands  Jours  de  Bretagne,  et  tous  les  parlements,  y 
compris  celui  de  Paris,  reçurent  défense  de  recevoir  ses 
appels.  En  peu  plus  tard,  une  ordonnance  du  27  nov. 
4495  érigea  en  paclement  Tajuieu  tribunal  des  ducs  do 
Bretagne.  Sous  Louis  XI 1  ce  fut  le  tour  de  l'Echiquier  de 
Rouen  qui  fut  érigé  en  parlement  en  4499  :  en  même  tenq)s 


qu'il  perdit  son  nom,  il  devint  juridiction  souveraine.  Le 
même  prince  convertit  en  parlement  le  conseil  de  Provence 
et  le  fixa  à  Aix  en  4  504 .  Le  parlement  de  Trévoux  fut  créé  en 
1538  par  François  ^^  et  Henri  II  fixa  à  Rennes  le  parle- 
ment de  Bretagne.  Dans  la  suite,  d'autres  parlements  fu- 
rent étal)lis  à  mesure  qu'on  réunissait  des  provinces  à  la 
France.  C'est  ainsi  que  furent  successivement  créés  le  par- 
lement de  Pau  en  4620,  le  parlement  de  Metz  en  4633, 
le  parlement  de  Besançon  en  4676,  le  parlement  de  Tour- 
nai en  1686^  transféré  à  Douai  en  4709,  le  parlement  de 
Nancy  en  4775.  On  organisa,  dans  certaines  provinces 
frontièj'es,  plusieurs  conseils  supérieurs  ou  souverains. 
Parmi  ces  conseils,  quelques-uns  disparurent,  comme  celui 
de  Pignerol  qui  fut  supprimé  en  4696  quand  cette  ville 
fut  rendue  à  la  Savoie.  D'autres  furent  transformés  en 
parlements,  comme  le  conseil  de  Béarn  qui  devint  le  par- 
lement de  Pau,  le  conseil  de  la  Bresse  ((ui  fut  érigé  en 
parlement  en  4661  et  n'eut  qu'une  courte  existence,  le 
conseil  de  Nancy  qui  devint  presque  immédiatement  par- 
lement. Quatre  conseils  gardèrent  toujours  ce  titre  :  ce 
furent  ceux  d'Alsace,  d'Artois,  de  Roussillon  et  de  Corse; 
les  trois  premiers  créés  sous  Louis  XIV,  le  quatrième 
sous  Louis  XV.  11  arriva  à  certains  de  ces  conseils  de 
n'être  pas  immédiatement  ou  toujours  une  juridiction  sou- 
veraine. C'est  ce  qui  eut  lieu  notamment  au  conseil  d'Ar- 
tois, et  de  même  pendant  un  certain  temps  le  conseil  d'Al- 
sace releva  dii  parlement  de  Metz.  Mais  ce  furent  là  des 
faits  transitoires  ou  de  courte  durée,  et  à  la  fin  de  l'ancien 
régime  les  quatre  conseils  précités  étaient  tous  souverains. 

Pour  rapprocher  la  justice  des  justiciables  ou  pour  sur- 
veiller les  administrations  locales,  ou  encore  pour  rétablir 
la  sécurité  dans  certaines  contrées  profondément  troublées, 
les  rois,  comme  les  graiuls  vassaux  de  la  couronne  à 
Tépoque  féodale,  organisèrent,  de  très  bonne  heure,  sous 
le  nom  de  Grands  Jours,  de  véritables  assises  chargées  de 
rendre  la  justice  sur  place  dans  certaines  parties  du  ressort 
d'un  parlement.  Ces  commissions  étaient  ordinairement 
composées  de  magistrats  de  ce  parlement  auquel  on  adjoi- 
gnait des  magistrats  locaux.  Elles  jugeaient  les  causes 
criminelles  et  certaines  afïiiires  civiles  et  réprimaient  les 
abus  commis  par  les  ofliciers  de  justice  de  la  contrée. 
C'était  surtout  dans  le  ressort  du  parlement  de  Paris  que 
ces  Grands  Jours  étaient  de  temps  à  autre  organisés  pré- 
cisément pour  reinédier  aux  inconvénients  qui  résuUaient 
de  rétendue  de  son  ressort.  C'est  tainsi  qu'il  y  eut  des 
Grands  jours  de  Champagne,  de  Bretagne,  d'Anjou,  de 
Poitou,  de  Guyenne.  Ces  Grands  Jours  ne  pouvaient  se 
tenir  qu'en  vertu  de  lettres  patentes  qui  fixaient  leur 
ri'ssort,  leur  siège  et  leiu'  compétence  souveraine  ou  à 
charge  d'appel.  Ils  employaient  la  procédure  du  parlement 
auquel  ils  se  rattachaient  et  siégeaient  assez  souvent  pen- 
dant les  vacances.  L'ouverture  des  Grands  Jours  était  la 
cause  de  solennités  imposantes  dans  la  ville  où  ils  se 
tenaient.  Au  xv^  siècle,  une  série  d'ordonnances  les  mul- 
tiplièrent et  leur  donnèrent  généralement  la  compétence 
(jui  ai)partenait  aux  chambres 'de  vacation  des  parlements. 
Aux  xvij®  et  xvm^  siècles,  les  Grands  Jours  devinrent  de 
plus  enplus  rares,  et  cela  pour  plusieurs  causes.  D'abord 
on  avait  remanjué  que  les  plaideurs  n'acceptaient  pas 
comme  définitifs  les  arrêts  des  Grands  Jours  et  en  interje- 
taient appel  devant  le  parlement  toutes  les  fois  que  les  lettres 
patentes  de  création  de  ces  Grands  Jours  ne  portaient  pas 
en  termes  exprès  qu'ils  statueraient  souverainement  et  en 
dernier  ressort.  D'un  autre  côté,  les  parlements,  et  surtout 
le  parlement  de  Paris,  voyaient  ces  Grands  Jours  avec  une 
certaine  jalousie  ;  ils  craignaient  toujours  que  leur  création 
ne  fût  une  mesure  préliminaire  destinée  à  préparer  l'érec- 
tion d'un  nouveau  parlement,  et  ils  s'efïbrçaient  de  déter- 
miner le  roi  à  ne  pas  recourir  à  ces  assises  locales. 

III.  ComjmViexce  des  paju.emknts.  —  Les  parlements 
étaient,  en  principe,  juges  en  dernier  ressort  et  souverains 
de  tous  les  aj)pels  des  juridi(;tions  iuimédiatement  infé- 
rieures, que  ces  juridictions  fussent  de  droit  commun  ou 


—  4419  — 


PARLEMENT 


d'exception.  Toutes  les  affaires  armaient  donc  en  général 
aux  parlements  pour  y  être  jugées  une  dernière  fois.  Tou- 
tefois, pour  empêcher  les  petites  affaires  d'être  la  cause  de 
frais  trop  élevés,  un  édit  de  Henri  II  de  4551,  en  créant 
les  présidiaux,  décida  qu'à  l'avenir  cette  juridiction  sta- 
tuerait en  dernier  ressort  et,  par  conséquent,  sans  appel 
au  parlement,  jusqu'à  ^oO  livres  de  capital  ou  40  livres 
de  rentes  ;  c'est  donc  seulement  au-dessus  de  ces  sommes 
qu'à  partir  de  cette  époque  les  appels  purent  aller  jus- 
qu'au parlement.  On  leur  déférait  aussi  les  appels  des 
jugements  des  juridictions  d'exception,  à  moins  que  celles-ci 
n'eussent  obtenu,  par  privilège  spécial,  le  droit  de  juger 
en  dernier  ressort.  C'est  ainsi  que  les  prévôts  des  maré- 
chaux, les  maréchaux  eux-mêmes,  les  intendants,  k^s 
cours  des  aides,  les  chambres  des  comptes,  jugeaient  en 
dernier  ressort  sans  appel  possible  au  parlement.  Les  juges 
consuls  statuaient  sans  appel  jusqu'à  concurrence  de 
500  livres,  mais  au  delà  de  cette  somme  leurs  sentences 
pouvaient  être  déférécîs  au  parlement.  Les  sièges  généraux 
des  amirautés  établis  à  Paris  et  à  Rouen  jugeaient  en  appel 
des  sentences  des  sièges  particuliers,  mais  dans  le  Midi, 
ces  appels  étaient  portés  aux  parlements  d'Aix,  do  Tou- 
louse ou  de  Bordeaux.  De  même,  le  parlement  de  Rennes 
jugeait  les  appels  particuliers  de  Bretagne.  Si  l'on  met  à 
part  ces  particularités,  on  constate  que  les  appels  des  autres 
juridictions  d'exception  allaient  au  parlement.  Tels  étaient 
ceux  dirigés  contre  les  jugements  de  la  connétablie,  ceux 
des  juges  des  universités,  ceux  dirigés  contre  certaines  sen- 
tences des  généraux  des  monnaies,  etc.  Les  appellations 
faites  contre  les  sentences  arbitrales  devaient  être  portées 
devant  les  juges  ordinaires  des  parties,  à  moins  qu'il  n'y 
eût  déjà  entre  elles  procès  devant  la  cour. 

Certaines  affaires  arrivaient  aux  parlements,  non  plus 
par  voie  d'appel,  mais  directement.  Les  parlements  per- 
mettaient volontiers  d'assigner  devant  eux,  sans  autre 
instance  préalable,  et  de  supprimer  les  degrés  inférieurs  de 
juridiction.  Ce  procédé  avait  sans  doute  l'avantage  de 
diminuer  les  lenteurs,  mais  loin  d'économiser  les  frais, 
il  coûtait  fort  cher,  parce  ([ue  les  frais  étaient  toujours  très 
élevés  au  parlement.  Déjà  au  moyen  âge,  on  s'était  plaint 
de  ces  substitutions  et  de  ce  que  le  parlement  ne  tenait  pas 
compte  des  demandes  en  renvoi  formées,  soit  parles  par- 
ties elles-mêmes,  soit  par  les  juges  inférieurs,  et  dans  la 
suite,  des  ordonnances  royales  défendirent  ces  irrégula- 
rités, ainsi  que  les  appels  omisso  medio  qui  déféraient 
directement  les  décisions  d'un  juge  inférieur  au  parlement 
en  supprimant  les  degrés  intermédiaires  de  juridiction. 
Toutefois,  les  parlements  jugeaient  nécessairement  et  direc- 
tement les  propositions  d'erreur  et  les  requêtes  civiles  for- 
mées contre  leurs  propres  arrêts.  La  proposition  d'erreur, 
comme  son  nom  même  l'indique,  permettait  de  revenir 
devant  le  parlement,  sous  prétexte  qu'il  s'était  trompé  ou 
avait  été  trompé.  Une  ordonnance  de  Louis  XI  exigea 
qu'elle  fût  formée  dans  les  deux  ans  de  l'arrêt  ;  l'ordon- 
nance de  mars  4499  (art.  88)  la  supprima  au  possessoire 
et  au  criminel  ;  puis  elle  disparut  ou  plutôt  se  confondit 
avec  la  requête  civile.  Nombre  de  personnes  jouissaient  du 
privilège  de  n'être  justiciables  ([ue  du  parlement  de  leur 
ressort.  Tels  étaient  certains  prélats,  chapitres,  comtes, 
barons,  villes,  communautés.  Les  registres  de  chaque 
parlement  contenaient  les  listes  de  ces  personnes.  Les  par- 
lements jugeaient  aussi  directement  tous  les  crimes  et 
délits  commis  dans  l'enclos  du  palais,  de  même  que  les 
procès  relatifs  aux  salaires,  émoluments  ou  honoraires  des 
huissiers,  concierges,  avocats  et  procureurs  postulant 
devant  eux.  Ces  affaires  allaient  d'abord  devant  une  cham- 
bre des  requêtes  et,  sauf  appel  au  parlement,  toutes  cham- 
bres réunies.  11  va  sans  dire  que  tout  parlement  connaissait 
aussi  directement  des  ditlicultés  relatives  à  l'interprétation 
ou  à  l'exécution  de  ses  arrêts.  Nul  ne  pouvait,  si  ce  n'est 
le  roi,  par  raison  d'Etat,  em])ècher  cette  exécution.  De 
même  le  roi,  par  son  droit  d'évocation,  enlevait  certaines 
affaires  aux  parlements,  le  plu  s  souvent  pour  les  déférer 


au  conseil.  Mais  s'il  abusait  de  ce  droit,  les  Etats  généraux 
et  les  parlements  ne  manquaient  pas  de  protester.  Ces 
récriminations  étaient  au  moins  aussi  fréquentes  de  la 
part  des  parlements  que  de  la  part  des  parties  elles-mêmes, 
parce  que  les  évocations  les  privaient  d'importantes  épices. 
Les  parlementaires  soutenaient  volontiers  contre  la 
royauté  le  principe  de  l'unité  et  celui  de  l'égalité  de  tous 
les  parlements  ;  ils  rappelaient  ce  qui  s'était  passé  au  mo- 
ment delà  création  du  parlement  de  Toulouse.  Charles  VII, 
et  plus  tard  l^ouis  XI  déclarèrent  que  les  membres  du 
parlement  de  Toulouse  pourraient  siéger  à  Paris  toutes 
les  fois  qu'ils  se  trouveraient  dans  la  capitale  et  que,  réci- 
proquement, les  membres  du  parlement  de  Paris  auraient 
entrée  à  celui  de  Toulouse  toutes  les  fois  qu'ils  se  rendraient 
dans  cette  ville.  Mais,  dans  la  suite,  cette  clause  ne  fut  pas 
admise  au  profit  des  membres  du  parlement  de  Bordeaux 
qui  essayèrent  en  vain  de  se  faire  admettre  à  celui  de 
Paris.  \[\  xvi^'  siècle,  le  parlement  de  Paris  fut  sur  le 
point  de  compromettre  à  son  profit  cette  unité  :  il  soutint 
([u'il  avait  entrée  dans  les  autres  parlements,  mais  que 
ceux-ci  n'avaient  pas  entrée  à  Paris,  Ce  fut  une  source  de 
scandales  qui  amenèrent  les  autres  parlements  à  proclamer 
l'égalité  de  tous  en  autorité  et  en  juridiction.  Mais  le  prin- 
cipe de  l'unité  était  compromis.  Ouant  à  celui  de  l'égalité, 
il  fallut  bien  aussi  reconnaître  qu'il  comportait  de  graves 
et  nombreuses  exceptions  au  profit  du  parlement  de  Paris. 
Ce  parlement  n'avait-il  pas  été  et  ne  continua-t-il  pas 
à  être  seul  juge  en  dernier  ressort  des  cours  des  grands 
vassaux  du  roi  tant  que  leurs  hefs  ne  furent  pas  réunis 
à  la  couronne.  C'est  ainsi  que  le  duc  de  Bourgogne  recon- 
naissait compétence  suprême  au  parlement  de  Paris  vis- 
à-vis  de  ses  chambres  de  Dijon,  Gand,  Bruges  et  Ypres. 
Lorsqu'un  de  ces  grands  fiefs  était  réuni  à  la  couronne, 
l'ancienne  juridiction  seigneuriale  du  duc  ou  du  comte, 
tout  en  passant  aux  mains  du  roi,  ne  devenait  cependajit 
pas  souveraine  et  jugeait  au  contraire  à  charge  d'appel  au 
parlement  de  Paris," à  moins  qu'elle  ne  fût  transformée 
en  parlement.  C'est  ainsi  que  l'échicfuier  de  Normandie, 
après  la  réuuion  de  ce  duché  à  la  couronne,  continua  à 
juger  avec  l'adjonction  de  commissaires  du  parlement,  à 
charge  d'appel  à  ce  parlement  jusqu'au  jour  où  il  fut  érigé 
en  juridiction  souveraine.  De  même,  lorsque  la  pairie  fut 
organisée,  on  admit  tout  de  suite  et  sans  peine]({uele  par- 
lement, renforcé  par  les  pairs,  était  aussi  seul  juge  des 
causes  des  pairs  relatives  à  la  pairie.  Seul  aussi,  il  devait 
connaître  des  causes  des  princes  du  sang  et  des  grands 
ofliciers  de  la  courojuie-  Il  avait  même,  comme  cour  des 
pairs,  pouvoir  de  déclarer  un  prince  imligne  du  trône  : 
c'est  ce  qui  eut  lieu  en  4457  en  présence  du  roi  Charles  Vif 
pour  le  duc  d'Alençon.  Comme  cour  des  pairs,  le  parlement 
était  composé  non  seulement  des  magistrats  ordinaires, 
mais  encore  des  pairs  laïques  ou  ecclésiastiques  et  des 
autres  hauts  dignitaires  qui  avaient  entrée  au  parlement. 
Il  suffisait  d'ailleurs  que  les  pairs  eussent  été  convoqués  ; 
s'ils  ne  venaient  pas,  on  pouvait  juger  sans  eux.  De  ce  que 
les  érections  des  duchés,  marquisats  et  comtés  étaient 
nécessairement  vérifiés  au  parlement  de  Paris,  on  avait 
conclu  que,  seul  aussi,  il  pouvait  connaitre^  des  procès 
relatifs  à  ces  duchés,  marquisats  et  comtés.  Mais  s'il  s'agis- 
sait de  vicomtes  ou  de  baronnies,  chaque  parlement  deve- 
nait compétent  pour  celles  qui  étaient  situées  dans  son 
ressort.  D'après  plusieurs  ordonnances  (4453, 4543,  1579, 
4585),  les  procès  relatifs  au  domaine  de  la  couronne  étaient 
portés  directement  en  premier  et  dernier  ressort  au  parle- 
ment de  Paris.  Les  causes  de  la  régale  étaient  aussi  de  la 
compétence  exclusive  de  ce  parlement.  Certains  parle- 
ments, après  leur  érection,  avaient  essayé  de  connaître 
aussi  de  ces  affaires,  mais  ils  durent  renoncer  à  ces  pré- 
tentions. L'Université  de  Paris  ne  relevait  que  du  parle- 
ment de  Paris  ou  du  prévôt  à  son  choix  pour  tous  les 
procès  (\m  la  concernaient.  C'était  un  de  ses  anciens  privi- 
lèges qui  furent  plusieurs  fois  confirmés  par  des  ordonnances 
royales,  notamment  par  un  édit  de  sept.  4654.  De  même, 


PARLEMENT 


—  1120 


en  dernier  lieu,  des  lettres  patentes  de  Louis  XYl  d'août 
1777  attribuèrent  compétence  à  la  grand'cliamhre  du 
parlement  de  Paris  pour  tous  les  procès  qui  concernaient 
les  biens,  revenus,  droits,  privilèges,  exemptions  et  immu- 
nités de  l'hôtel  royal  des  Invalides.  Dès  l'année  1474,  nne 
ordonnance  royale  voulait  (pie  les  arrêts  du  parlement  de 
Paris  fussent  exécutoires  dans  tout  le  ro\aume,  sans  au- 
cune formalité  de  visa  ou  pareatis.  C'était  encore  là  un 
privilège,  car  les  arrêts  des  autres  parleuients  n'étaient 
exécutoires  hors  de  leurs  ressorts  qu'après  avoir  été  dé- 
clarés tels  par  le  parleuienl  local.  Mais  aucun  parlement, 
pas  même  celui  de  Paris,  ne  pouvait  prendre  aucune 
mesure  j'clative  au  ressort  d'un  autre  parlement.  C'est  en 
ce  sens  qu'on  disait  (pie  les  arrêts  d'un  parlenKMit  n'avaient 
force,  autorité  et  vigueur  (pie  dans  l'étendue  de  son  terri- 
toire. Ainsi  le  parlement  de  Paris  ayant,  sous  le  régne  de 
Henri  IV,  rendu  un  premier  arrêt  qui  prononçait  l'expul- 
sion des  jésuites  de  France  et  ayant,  par  un  autre  arrêt, 
enjoint  au  comte  de  Tournonde  leur  faire  vider  cette  ville 
dans  les  deux  mois,  le  parlement  de  Toulouse  intervint 
et,  par  un  arrêt  rendu,  toutes  chambres  assemblées,  il 
interdit  au  comte  de  Toiirnon  d'obtempérer  à  l'arrêt  du 
parlement  de  Paris  par  la  raison  que  la  ville  de  Tournon 
faisait  partie  du  ressort  de  Toulouse.  Indépendamment  de 
leurs  attributions  de  juridiction  contentieuse,  les  parle- 
ments exerçaient  une  très  large  juridiction  gracieuse.  C'est 
devant  eux  ([ue  la  plupart  des  fonctionnaires  et  des  magis- 
trats des  divers  tribunaux  prêtaient  serment  et  se  faisaient 
recevoir  avant  d'entrer  en  charge.  Lors(|u'une  nomination 
paraissait  irrégulière,  il  était  permis  à  tout  intéressé  de 
former  opposition  au  gretfe  du  parlement  (|ui  devait  rece- 
voir le  serment,  et  ce  parlement  jugeait  l'opposition.  C'est 
aussi  en  vertu  de  sa  juridiction  gracieuse  (jue  cha(jue  par- 
lement procédait  à  l'enregistrement.  xV  l'origine,  l'enre- 
gistrement des  actes  l'oyaux  avait  été  une  simple  mesure 
(le  précaution  destinée  à  assurer  la  conservation  de  ces 
actes  et  à  leur  donner  une  certaine  publicité.  On  s'ex- 
plique ainsi  que  les  actes  les  plus  divers  aient  été  soumis 
à  cette  formalité  et,  d'un  autre  côté,  que  celle-ci  n'ait  pas 
été  né(îessaire  pour  l'exécution  des  ordonnances  royales. 
On  s'explique  aussi  de  la  même  manière  que,  pour  certains 
actes,  les  parlements  se  soient  montrés  assez  négligents; 
c'est  ainsi  ([ue  le  règlement  relatif  aux  examinateurs  du 
Chàtelet,  rendu  en  sept.  1483,  ne  fut  enregistré  qu'en 
août  1609.  Mais  au  xvi®  siècle,  l'enregistrement  prit  un 
caractère  tout  nouveau,  et  les  parlements  acceptèrent  avec 
enthousiasme  la  doctrine  hardie  que  Tenregistrement  leur 
donnait  un  droit  de  contrôle  et  de  surveillance  sur  les 
actes  royaux. 

Indépendamment  de  la  juridiction  contentieuse  ou  gra- 
cieuse, les  parlem(}nts  exerçaient  des  droits  de  police  (l'au- 
tant  plus  étendus  qu'ils  furent  toujours  mal  définis.  Sous 
prétexte  de  police,  le  parlement  de  Paris,  en  particulier, 
se  permit  les  actes  les  plus  hardis.  C'est  ainsi  (|u'cn  1606 
il  établit  un  impôt  au  profit  des  pauvres  avec  menace  de 
saisie  sur  ceux  qui  ne  le  paieraient  pas  et  qu'en  1753  il 
rendit  un  règlement  de  police  pour  l'exécution  des  articles 
de  la  fameuse  déclaration  de  1682  du  clergé  de  France. 
De  même,  le  parlement  défendait  les  pièces  de  théâtre 
qui  lui  paraissaient  dangereuses  ;  il  ordonnait  la  suppres- 
sion totale  ou  partielle  des  ouvrages  et  brochures  de 
même  nature  ;  il  prenait  les  mesures  les  plus  diverses  pour 
assurer  l'ordre  sur  la  voie  publique,  réglementant  le  guet, 
réformant  le  port  d'armes,  interdisant  les  assemblées.  Ce 
droit  de  police  s'étendait  bien  entendu  sur  les  foires  et 
marchés,  et  c'est  ainsi  que  les  parlements  pouvaient  les 
interdire  provisoirement  pour  cause  grave,  par  exemple 
de  maladie  contagieuse.  Tout  ce  qui  concernait  les  corpo- 
rations de  métiers,  leur  organisation,  relevait  aussi  des 
parlements.  Ceux-ci  veillaient  avec  soin  à  la  répression 
de  toutes  les  fraudes,  interdisaient  les  coalitions,  aussi 
bien  de  la  part  des  patrons  que  de  la  part  des  ouvriers. 
Tout  parlement  avait  des  droits  de  police  particuliers  et 


nécessaires  sur  la  ville  où  il  siégeait.  Le  parlement  de 
Paris  prenait  part  à  l'administration  municipale  et  notam- 
ment autorisait  la  ville  à  contracter  des  emprunts.  Dans 
certaines  épo({ues  de  troubles,  il  fut  même,  à  vrai  dire, 
le  maître  de  Paris.  Les  droits  de  chaque  parlement  étaient 
aussi  particulièrement  importants  sur  les  prisons  de  leur 
ressort  qui  devaient  être  visitées  plusieurs  fois  par  an  par 
quelques-uns  de  leurs  membres. 

A  ces  droits  déjà  si  nombreux,  il  faut  ajouter  ceux  de 
discipline,  de  contrôle  et  de  surveillance,  non  seulement 
sur  leurs  propres  membres,  mais  aussi  sur  ceux  des  juri- 
dictions inférieures.  Tout  parlement  pouvait  délimiter  les 
bailliages  de  son  ressort  et  modifier  la  composition  de  leur 
territoire.  C'est  à  raison  de  ce  même  pouvoir  que  les 
parlements  ne  se  bornaient  pas  à  recevoir  les  serments 
des  magistrats  des  présidiaux ,  des  baillis  et  des  séné- 
chaux ;  ils  devaient  aussi  leur  faire  subir  un  examen 
comme  aux  nouveaux  conseillers  et  rechercher  s'ils  avaient 
les  connaissances  juridiques  nécessaires  pour  exercer 
leurs  fonctions.  Ce  qui  était  plus  grave,  c'était  la  partici- 
pation des  parlements  au  pouvoir  législatif.  Tous  devaient 
observer  les  ordonnances  royales  ;  en  outre,  parmi  eux, 
les  uns,  comme  ceux  de  Paris,  Normandie,  Bretagne,  Bour- 
gogne, appliquaient  le  droit  coutumier,  tandis  que  les 
autres,  en  général  ceux  du  Midi,  se  servaient  surtout  du 
droit  romain.  Celui-ci  pouvait  d'ailleurs  être  cité  à  titre 
subsidiaire  dans  les  parlements  des  pays  de  coutume,  et 
tous  devaient  tenir  compte  de  l'équité.  Lorsque  ces  lois 
étaient  insuffisantes  et  que  les  besoins  de  l'administration 
de  la  justice  l'exigeaient,  les  parlements  rendaient  des 
arrêts  de  règlement.  Ces  arrêts  n'avaient  pas  seulement 
autorité  de  chose  jugée  s'ils  intervenaient  à  l'occasion  d'un 
procès  ;  on  leur  reconnaissait  en  outre  et  toujours  force 
législative  pour  l'avenir  et  dans  l'étendue  du  ressort  du 
parlement  qui  les  avait  rendus,  soit  qu'ils  eussent  été  faits 
spontanément,  soit  (pi'ils  eussent  été  donnés  à  l'occasion 
d'une  affaire.  Pendant  un  certain  temps,  ces  arrêts  de  rè- 
glement portèrent  sur  des  questions  de  procédure  ou  sur 
des  points  qui  touchaient  à  des  intérêts  communs  à  toutes 
les  juridictions  inférieures  du  ressort.  Mais  ensuite  enhar- 
dis par  leur  puissance,  les  parlements  tranchèrent  de  vé- 
ritables questions  de  pur  droit  public  ou  civil.  On  leur 
avait  aussi,  de  tout  temps,  reconnu,  à  l'exclusion  des  autres 
juridictions,  le  droit  de  créer  des  peines  ou  de  les  modi- 
fier et  même,  au  nom  de  l'équité  et  sous  prétexte  d'atté- 
nuer la  rigueur  des  lois,  d'accorder  de  véritables  grâces. 
Les  parlements  en  arrivin'ent  à  entrer  en  conflit,  soit  avec 
les  autres  juridictions  qui  voulaient  leur  disputer  la  sou- 
veraineté, soit  même  avec  la  royauté.  C'est  encore  le  par- 
lement de  Paris  qui  joua  le  rôle  principal  dans  cette  lutte 
dont  la  durée  fut  égale  à  celle  de  l'ancienne  monarchie. 
Dés  le  moyen  âge,  le  parlement  contesta  la  juridiction  sou- 
veraine à  la  chambre  des  comptes,  et  la  querelle  durajus- 
({u'à  l'ordomiance  de  févr.  1569,  qui  régla  les  pouvoirs 
respectifs  des  deux  cours.  De  son  ccté,  la  cour  des  aides 
se  disait,  elle  aussi,  souveraine,  et  cependant  le  parlement 
recevait  les  appels  dirigés  contre  les  arrêts  de  cette  cour; 
les  froissements  ne  cessèrent  qu'à  la  suite  d'un  édit  de 
1559,  (}ui  détermina  comment  devaient  être  réglés  les 
conflits  de  ces  deux  juridictions.  Mêmes  difficultés  avec 
les  maîtres  des  monnaies  jusqu'au  jour  oti  une  ordonnance 
de  janv.  1 495  admit  qu'on  pourrait  appeler  au  parlement 
de  Paris  des  jugements  des  généraux  des  monnaies,  mais 
seulement  au  criminel.  Il  arriva  même  au  parlement  de 
Paris,  au  xvi^  siècle,  de  recevoir  des  appels  dirigés  contre 
des  arrêts  du  grand  conseil;  mais  ces  empiétements  furent 
rares  et  ne  durèrent  pas  longtemps,  et  ce  fut,  au  contraire, 
dans  la  suite,  le  parlement  qui  eut  à  se  défendre  des  attaques 
du  grand  conseil.  On  sait  (ju'en  matière  politicjue,  le  par- 
lement de  Paris  fut  toujours  en  guerre  même  avec  le  con- 
seil du  roi.  Quant  aux  commissions  extraordinaires  dont 
la  royauté  abusa  si  souvent,  pour  savoir  si  elles  étaient  des 
juges  souverains,  il  suffisait  de  consulter  les  termes  d 


leur  coiistitatiuii.  On  essaya  plus  d'uue  fois  de  pro lester 
contre  les  sentences  de  ces  commissaires  à  cause  des  ini- 
quités qu'elles  consacraient,  d'en  appeler  au  parlement 
comme  le  fit  Semblançay,  et  bien  que  les  commissaires 
eussent  été  constitués  juges  souverains.  Mais  ces  appels 
n'eurent  pas  de  succès,  le  parlement  étant  obligé,  en  pré- 
sence des  termes  jirécis  de  la  commission,  de  se  déclarer 
incompétent. 

IV.  Rôle  politique  des  parlemeims.  —  Les  luttes  des 
parlements,  et  surtout  du  parlement  de  Paris,  contre  le 
pouvoir  royal,  eurent  le  plus  souvent  leurs  causes  dans 
la  prétention  de  ces  cours  de  justice  de  participer  au 
pouvoir  politique  et  au  pouvoir  législatif.  Pendant  tout  le 
moyen  âge  et  jusque  sous  le  règne  de  Charles  YI,  le  par- 
lement s'en  était  très  généralement  tenu  à  l'exercice  de 
ses  attributions  judiciaires  ;  dans  des  circonstances  mé- 
morables, il  refusa  même  franchement  de  s'associer  à  d«s 
manifestations  politiques,  rappelant  qu'il  était  uniquement 
cour  de  justice.  Mais  par  l'effet  des  circonstances  et  par 
Je  fait  môme  de  la  royauté,  il  s'attribua  ensuite  un  pou- 
voir politique  de  plus  en  plus  important.  Les  rois  ne  lui 
reconnaissaient-ils  pas,  en  effet,  une  sorte  d'autorité  de 
cette  nature  en  maintes  circonstances  :  à  chaque  instant 
ils  le  consultaient  sur  les  affaires  intérieures  ou  exté- 
rieures; tels  de  ses  membres  étaient  chargés  de  missions 
diplomatiques  ou  autres  de  la  plus  haute  importance;  en- 
tin  il  était  devenu  d'usage  que  tout  acte  royal  fût  enre- 
gistré, et  que  tout  enregistrement  fût  précédé  d'un  arrêt 
(jui  l'ordonnait.  Or  un  arrêt  suppose  nécessairement  une 
discussion  préalable.  Les  parlements  furent  ainsi  naturel- 
lement amenés  à  discuter  ou  même  à  critiquer  les  actes 
qui  leur  étaient  adressés.  D'ailleurs,  le  pouvoir  royal  re- 
<<>nnut  spontanément  le  droit  de  remontrance  à  son  par- 
lement, mais  il  ne  tarda  pas  à  essayer  de  le  rendre  à  peu 
j>rès  inotfensif  au  moyen  de  lettres  de  jussion.  Ces  lettres  se 
multiplièrent  sous  les  règnes  de  Charles  Yll  et  de  Louis  XL 
(-li.arles  YIII  parait  avoir  été  moins  impérieux  ;  il  lui  est 
même  arrivé  de  tenir  compte  des  observations  du  parle- 
ment de  Paris.  Mais  dès  que  la  cour  de  justice  se  sentait 
un  peu  fortifiée,  elle  avait  le  triple  tort  d'adresser  trop 
souvent  des  remontrances  sur  des  points  secondaires,  d'y 
persister  avec  une  opiniâtreté  exagérée  et  enfin  de  man- 
quer du  véritable  sens  politique.  Louis  XII  en  revint  à 
l'usage  fréquent  des  lettres  de  jussion.  Sous  François  1*^^", 
le  Concordat  fut  la  cause  d'un  grave  conflit  entre  le  roi 
et  le  grand  conseil  d'une  part  et  le  parlement  de  l'autre, 
et  l'autorité  du  parlement  fut  constamment  conteiuie  par 
C3  prince  absolu.  Puis  vint  le  temps  des  guerres  civiles  et 
religieuses,  pendant  lequel  la  royauté  accepta  mieux  les 
remontrances  et  traita  les  magistrats  avec  moins  de  sévé- 
rité. Henri  lY  évita  aussi  de  recourir  aux  mesures  de 
rigueur,  aux  exils  et  emprisonnements  de  magistrats  qui 
avaient  été  fréquents  sous  Louis  XI  et  François  1°^',  mais 
il  fit  comprendre  au  parlement,  surtout  à  l'occasion  de 
certains  subsides  et  de  l'édit  de  Nantes,  qu'il  entendait 
être  le  maître,  et  le  parlement  usa  peu  du  droit  de  remon- 
trance. Pendant  les  premières  années  du  règne  de  Louis  XIII, 
il  ne  modifia  pas  son  attitude.  Mais  en  4615,  un  différend 
s'éleva  entre  les  trois  ordres  des  Etals  généraux,  à  l'occa- 
sion d'un  article  du  tiers  état  ;  le  roi  évoqua  l'affaire  de- 
vant lui,  parce  qu'il  avait  api)ris  que  le  parlement  avait 
rinlention  de  s'en  emparer.  Le  parlement  n'en  décida  pas 
moins  des  remontrances  sur  le  mauvais  état  de  l'adminis- 
Irationdu  royaume.  De  semblables  remontrances  avaient 
déjà,  quelque  temps  auparavant,  été  rédigées  par  les 
Etats  généraux  ;  mais  le  roi  n'y  avait  attaché  aucune  im- 
portance. L'entreprise  du  parlement  était  donc  à  la  fois 
nouvelle  et  hardie.  11  se  substituait,  dans  une  certaine  me- 
sure, aux  Etats  généraux.  La  reine,  ayant  mandé  des  dé- 
putés du  parlement,  les  chargea  de  faire  savoir  à  la  cour 
qu'elle  devait  renoncer  à  cette  entreprise.  Le  parlement 
répondit  à  cette  injonction  en  rendant  un  arrêt  qui  con- 
viHfuuit  les  paij's  h  l'offK  de  délibérer  sur  l'état  du  royaume. 
(;f;A>f)j;  k.nxh  lopi'.kik    —  XXV. 


1121  —  PARLEMENT 

On  fit  venir  tout  le  parlement  pour  lui  reju'ocher  d'a\oir 
entrepris  sur  l'autorité  du  roi.  Le  parlement  n'en  persista 
pas  moins  à  préparer  ses  remontrances  et  il  finit  par  en 
donner  lecture.  Ces  remontrances  demandent  qu'on  pro- 
cède à  des  réformes,  qu'on  ne  compromette  pas  nos  rela- 
tions extérieures  en  plaçant  des  étrangers  à  la  tète  des 
affaires  (allusion  au  maréchal  d'Ancre),  qu'on  inter- 
dise aux  seigneurs  et  aux  officiers  du  roi  de  recevoir  des 
pouvoirs  de  l'étranger,  aux  agents  du  roi  d'en  toucher 
du  clergé  ou  de  la  noblesse,  qu'on  supprime  la  véna- 
nalité  des  charges  militaires,  qu'on  respecte  les  libertés  de 
l'Eglise  gallicane,  que  les  bénéfices  ecclésiastiques  soient 
attribués  aux  plus  dignes  et  non  aux  plus  intrigants,  qu'on 
réforme  complètement  les  finances.  Le  gouvernement  vit 
dans  ces  remontrances  un  grave  empiéteme/it,  et  un  aiTêt 
du  conseil  rappela  au  parlement  qu'il  n'avait  pas  le  droit 
de  s'occuper  de  l'administration  ni  de  la  i)olitique  du 
royaume,  à  moins  d'y  cire  invité  par  le  roi.  Si  ces  pré- 
tentions du  parlement  avaient  pu  réussir,  il  serait  devenu 
un  corps  politique  important  ;  mais  il  ne  tarda  pas  à  se 
heurter  à  Richelieu  qui  sut  le  contenir  en  recourant  sans 
hésitation  aux  mesures  les  plus  arbitraires  :  enlèvement, 
exil,  emprisonnement. 

A  la  mort  de  Louis  XQl,   le  parlement  était  singu- 
lièrement affaibli,  mais  la  Régence  lui  permit  de  repa- 
raître sur  la  scène  politique,  et  l'époque  de  la  Fronde 
est  même  celle  où  le  parlement  cessa  de  s'occuper  de  h\ 
justice  pour  se  jeter  dans  la  guerre  civile.   Les  faits  de 
cette  époque  sont  trop  connus  pour  qu'il  soit  nécessaire 
de  les  rappeler.  Lorsque  Louis  XI Y  s'occupa  de  la  réorga- 
nisation du  royaume  et  de  l'établissement  d'une  monar- 
chie absolue,  un  de  ses  ])remiers  soins  fut,  non  de  sup- 
primer  les  remontrances,  mais  de  les  rendre  inoffensives. 
L'ordonnance  d'avr.  W61  (tit.  P^')  distingue  deux  sort<\s 
d'ordonnances  :  celles  qui  ont  été  publiées  en  présence  du 
roi  ou  portées  par  des  commissaires  spéciaux  seront  gar- 
dées et  observées  du  jour  môme  de  leur  publication  ;  quant 
à  celles  qui  seront  envoyées  aux  cours  pour  y  être  enre- 
gistrées, elles  pourroîit  être  l'objet  de  remontrances,  mais 
seulement  dans  la  huitaine  de  la  délibération  ou  dans  les 
six  semaines,  suivant  que  les  cours  se  trouvent  ou  non  dans 
le  lieu  du  séjour  du  roi  ;  ces  délais  expirés,  les  ordon- 
nances seront  tenues  pour  publiées,  de  sorte  qu'elles  de- 
vront être  envoyées  parles  procureurs  généraux  aux  bail- 
liages, sénéchaussées,  élections  et  autres  sièges  de  leur 
ressort,  pour  y  être  gardées  et  observées.  11  faut  croire 
que  ces  mesures  parurent  insuffisantes,   car  le  ïî4  févr. 
1673,  le  roi  rendit  des  lettres  patentes  pour  se  ])laindro 
de  ce  que  les  cours  souveraines  étaient  trop  lentes  à  en- 
registrer les  actes  royaux.  Ces  lettres  établissent  à  cet  effet 
une  procédure  particuUèrement  rapide.  Désormais,  les  re- 
montrances ne  pouvaient  plus  être  faites  qu'après  l'enre- 
gistrement et  dans  la  huitaine  ou  dans  les  six  semaines, 
suivant  la  distinction  établie  plus  haut.  Cette  déclaration, 
comme  Ta  dit  d'Aguesseau,  réduisit  les  parlements  à  ne 
pouvoir  faire  éclater  leur  zèle  par  leurs  remontrances, 
qu'après  avoir  prouvé  leur  soumission  par  l'enregibtre- 
ment  pur  et  simple.  Aussi  les  remontrances  furent-elles 
fort  rares  et  presque  toujours  bans  importance  jusqu'à  l;i 
mort  de  Louis  XIY.  Mais  le  parlement  j'ecouvra  le  droit 
de  remontrance  avant  l'enregistrement,  en  paiement  du 
service  qu'il  rendit  au  régent  parla  cassation  du  testamiMil 
de  Louis  XIY.  Les  difficuKésne  tardèrent  pas  à  reparaître 
entre  le  gouvernement  et  le  parlement.  Le  régent  soute- 
nait que  le  droit  de  remontrance  n'impliquait  aucure  par- 
ticipation au  pouvoir  législatif;  il  reprocha  au  parlement 
ses  efforts  pour  partager  son  autorité  souveraine,  ses  in- 
terventions dans  l'administration  des  finances  et  l'oubli 
complet  des  délais  dans  lesquels  les  remontrances  devaient 
être  présentées  d'après  la  déclaration  de  sept.  i7i5. 
Celle-ci  voulait  que  les  remontrances  eussent  lieu  dans  la 
huitaine  de  h  présentation  de  l'acte  royal.  Des  lettres  pa- 
tentes de  1748  rappelèrent  le  parlement  à  ^obser^afion 

71 


PARLEMENT 


ii^li  — 


(le  cette  dihposition,  en  nièiue  temps  qu'elles  lui  iiilerdireiil 
Ir^s  expressément  d'interpréter  les  ordonnances  sous  forme 
législative,  de  délibérer  sur  les  affaires  do  l'Etat  et  sur  les 
finances,  entin  de  former  des  unions  avec  les  autres  cours. 
iVlais  c'est  surtout  pendant  la  seconde  partie  du  xviii^  siècle 
([ue  les  parlements  usèrent  plus  fréquemment  et  parfois 
même  abusèrent  du  droit  de  remontrance.  Ils  en  protitèrent 
pour  renouveler  d'anciennes  prétentions  et  soutenir  qu'ils 
avaient  le  droit  de  modiiier  le  texte  des  ordonnances  avant 
de  l'enregistrer.  Rien  n*est  plus  curieux  que  la  lecture  de^ 
remontrances  du  parlement  de  Paris,  sous  le  règne  de 
Louis  XV,  et  c|ui  ont  été  récemment  publiées  par  M.  Flam- 
mermont.  Elles  contiennent  à  maintes  reprises  un  exposé 
doctrinal  de  la  constitution  politique  de  la  France.  Le 
|)arlement  n'admet  pas  que  la  monarchie  française  soit 
despotique  ni  même  absolue.  H  y  a  des  lois  fondamentales 
auxquelles  le  roi  n'a  pas  le  droit  de  déroger,  et  qui  ne 
peuvent  être  modifiées  que  par  les  Etats  généraux.  C'est 
parmi  ces  lois  fondamentales  que  le  parlement  place  les 
j'ègles  relatives  à  la  succession  à  la  couronne,  l'organisa- 
lion  des  Etats  généraux  dont  les  parlements  sont  les  re- 
présentants, l'inamovibilité  de  la  magistrature,  le  droit 
d'enregistrement  et  de  remontrance  par  lequel  les  pai^le- 
ments  participent  au  pouvoir  législatif.  Dans  la  seconde 
partie  du  xviii"  siècle,  les  parlements  se  montrent  plu^ 
hardis  et  inspirés  soit  par  les  doctrines  philosophiques  du 
lemps,  soit  par  l'exemple  des  institutions  anglaises  ;  ils 
commencent  à  reconnaître  à  la  nation  un  droit  de  souve- 
raineté et  prétendent  qu'aucun  impôt  nouveau  ne  peut 
être  établi  qu'avec  le  consentement  de  la  nation  représen- 
tée dans  ses  Etats  généraux. 

A  cette  doctrine  de  la  monarchie  limitée,  le  gouverne - 
uement  a  toujours  répondu  par  celle  de  la  monarchie 
absolue  :  toute  la  souveraineté  réside  dans  le  roi  et  dans 
le  roi  seul  qui  la  tient  de  Dieu  ;  les  parlements  ne  sont 
que  des  corps  judiciaires  ;  le  roi  peut  sans  doute  les  con- 
sulter, s'il  le  veut  bien,  sur  les  affaires  les  plus  diverses, 
comme  ils  ont  le  droit  par  les  remontrances  de  l'éclairer, 
mais  leurs  avis  ne  sont  pas  des  ordres,  car  autrement  le 
roi  serait  soumis  aux  parlements.  Ces  deux  doctrines  si 
opposées  se  sont  maintenues  jusqu'à  la  fin  de  l'ancien 
j'égime  :  les  parlements  n'ont  jamais  capitulé,  malgré  les 
suspensions,  les  exils,  les  emprisonnements;  la  monarchie 
a'a  pas  non  plus  faibli,  même  alors  qu'on  entendait  déjà 
forage  de  la  Révolution.  Dans  la  suite,  l'application  du 
principe  de  la  séparation  des  pouvoirs  a,  tout  au  moins 
au  point  de  vue  législatif,  donné  raison  à  la  royauté 
contre  les  parlements.  Leur  résistance  au  pouvoir  royal 
n'a  pas  d'ailleurs  eu  de  bien  sérieux  résultats  et,  à  vrai 
dire,   les  parlements  n'avaient  à  leur  disposition  ni  la 
force,  ni  les  moyens  nécessaires  pour  résister  sérieusement 
à  la  royauté.  Parfois  il  leur  arriva,  comme  on  dirait  au- 
jourd'hui, de  se  mettre  en  grève  et  de  suspendre  le  cours 
de  la  justice.  Mais  c'était  là  un  moyen  révolutionnaire  qui 
avait  pour  résultat  direct  de  mettre  les  plaideurs  dans 
l'embarras  et  de  ruiner  les  gens  de  loi.  Aussi  son  emploi 
était-il  d'une  durée  très  limitée,  et  le  môme  parlement,  (pii 
avait  brusquement  fermé  les  portes  de  son  prétoire,  cher- 
(;hait  dès  le  lendemain  à  les  ouvrir  de  nouveau  en  entrant 
en  négociation  avec  le  roi.  A  plusieurs  reprises,  les  par- 
lements ont  aussi  essayé  de  se  coaUser.  Ils  ont  affirmé 
leur  unité  et  en  ont  conclu  qu'ils  avaient  le  droit  d'adresser 
des  remontrances  collectives.  Ces  jonctions  de  paidement 
furent  toujours  interdites  et  ne  donnèrent  jamais  aucun 
résultat  sérieux.  Les  remontrances  elles-mêmes  ne  pro- 
duirent  que  des  effets  très  médiocres  ;  elles  avaient  d'abord 
le  tort  fort  grave  de  ramener  l'examen  des  affaires  poli- 
tiques, administratives  ou  financières  aux  formes  judiciaires 
d'une  procédure  ordinaire.  Or  ces  formes  judiciaires  s'ac- 
commodent mal  aux  affaires  publiques.  Le  parlement  le 
comprenait  si  bien  que,  fort  souvent,  il  s'abstenait  de  dis- 
cuter les  remontrances  en  assemblée  générale  ;  les  chambres 
adopl aient  le  projet  préparé  par  leurs  commissaires,  et 


ceux-ci  à  leur  tour  s"en  rapportaient  volontiers  au  premicj* 
président.  On  redoutait,  au  parlement  même,  l'assemblée 
des  chambres  que  la  jeunesse  des  enquêtes  rendait  for( 
souvent  tumultueuse,  au  risque  de  scandaliser  les  con- 
seillers plus  réfléchis  de  la  grand'chambre.  Mais  de  tous 
les  défauts  des  remontrances,  le  plus  grave  tenait,  sans 
aucun  doute,  à  ce  qu'elles  manquaient  complètement  de 
sanction  sérieuse.  Le  roi  n'était  pas  lié  par  les  observa- 
tions du  parlement  qui  étaient  de  simples  avis.  11  en  tenail 
volontiers  compte  s'il  s'agissait  d'affaires  de  l'ordre  judi- 
ciaire ou  de  ch'oit  privé,  mais  dès  que  les  remontrances 
touchaient  à  la  pohtique,  à  l'administration,  aux  finances 
et  paraissaient,  par  cela  mémo,  former  des  tentatives 
d'empiétement  contre  l'autorité  royale,  ou  les  écartait.  Le 
parlement  persistait-il  dans  sa  résistance,  on  en  venait  à 
bout  par  un  lit  de  justice.  Il  avait  plus  d'action  sur  l'opi- 
nion publique  et  cela  même  alors  que  les  remontrances 
furent  secrètes,  car,  malgré  ce  secret  imposé  aux  délibé- 
rations, elles  ne  tai'daient  pas  à  être  connues,  et,  en  der- 
nier lieu,  pour  agir  encore  davantage  sur  l'opinion  en  les 
répandant  partout,  le  parlement  permit  de  les  imprimer. 
Cette  pubhcilé  augmenta  sa  popularité,  et,  par  cela  même, 
sa  force  contre  Fautorité  royale.  Mais  il  eut,  lui  aussi,  le 
tort  de  sacrifier  parfois  les  vrais  intérêts  de  l'Etat  au 
désir  de  se  rendre  populaire,  et  ce  qu'il  avait  acquis  de 
popularité,  boit  par  les  vrais  sei'vices  qu'il  avait  rendus  à 
la  nation,  soit  même  parfois  par  des  concessions  fâcheuses, 
il  le  perdit  en  un  instant  le  jour  où,  voulant  arrêter  le 
progrès  des  idées  nouvelles,  il  résista  aux  mesures  libé- 
rales du  gouvernement  de  Louis  XVÏ.  U  put  alors  cons- 
tater qu'il  était  abandonné  de  tous  et  qu'il  était  réduit  à 
la  dernière  impuissance. 

Le  clergé  n'avait  pas  oublie  sa  lutte  contre  les  parle- 
ments, notamment  à  l'occasion  de  la  bulle  Unigenitiis ; 
la  noblesse  partageait  contre  les  hommes  de  robe  la  haine 
de  Richeheu.  La  monarchie  et  le  gouvernement  voulaient 
à  tout  prix  en  finir  avec  des  corps  judiciaires  qui  pré- 
tendaient exercer  une  partie  du  pouvoir  législatif  et  se 
mêler  aux  affaires  politiques;  le  tiers  état,  irrité  des 
résistances  des  parlements  aux  mesures  nouvelles,  de- 
mandait leur  suppression.  L'Assemblée  constituante,  en 
proclamant  la  séparation  des  pouvoirs,  reconnut,  comme 
le  gouvernement  du  roi,  que  les  corps  judiciaires  devaient 
rester  étrangers  aux  affaires  politiques  ou  législatives.  Mais 
pour  écarter  les  parlements,  il  lui  suffil,  connue  on  Fa 
vu,  de  prolonger  indéfiniment  leurs  vacances  ;  ceux-ci 
étaient  tellement  affaiblis  (ju'ils  n'osèrent  pas  tenter  hi 
moindre  résistance  et  ne  tinrent  pas  d'audience  de  ren- 
trée. Ainsi  finirent  ces  grands  corps  judiciaires  qui  occu- 
pèrent une  place  si  considérable  dans  notre  ancienne  France 
et  qui  n'eurent  pas  de  rivaux  dans  les  autres  pays  de  FEu- 
rope  pour  ki  justice  et  la  science  du  droit.  Nos  anciens 
parlements  faisaient,  comme  cour  de  justice,  l'admirât ioji 
de  tous  les  autres  Etats  et,  plus  d'une  fois,  certains  princes 
étrangers  choisirent  le  parlement  de  Paris  comme  arbitie. 
Ce  qu'on  admirait  surtout  en  euv.  c'était  l'indépendance 
et-la  chgnité  de  leiu'  caractère,  leur  profonde  connaissance 
du  droit  allié  à  un  sage  esprit  d'équité.  Partout  ils  firent 
aimer  la  justice  du  roi  et  assuraient  sa  prépondérance  et 
son  l'espect.  Lorsque  le  roi,  sous  ju'étexte  de  raison  d'Etal, 
voulait  obtenu'  des  services  et  non  des  arrêts,  il  avait 
bien  soin  de  ne  pas  s'adresser  aux  parlements  ou  même 
de  les  dessaisir  pour  constituer  des  commissions  extraor- 
dinaires composées  de  juges  disposés  à  se  soumettre  à  la 
volonté  souveraine.  C'était  reconnaître  indirectement  l'im- 
partialité des  parlements.  Ces  grands  corps  judiciaires 
préparèrent  aussi  pour  l'avenir  l'unité  de  législation  par 
leurs  arrêts  de  règlement.  Enfin,  il  ne  faut  pas  oublier  la 
part  considérable  qu'ils  prirent  directement  ou  par  l'in- 
termédiaire de  quelques-uns  de  leurs  membres  à  la  rédac- 
tion des  coutumes,  c.-à-d.  à  l'œuvre  législative  la  plus 
considérable  qui  ait  été  jamais  accomplie  en  aucun  temps 
et  en  aucun  pays;  car  les  conipilations  des  commissaires 


1123  — 


PARLEMENT 


de  Justiiiicii  dcMeiuieiil  lUie  eiitiepii^ie  bci'-jiduir."  el  san^ 
fn'iginalité,  si  on  les  coiiipare  à  la  rédaction  ('e  plusieurs 
centaines  de  nos  coutumes.  Comme  cour  de  justice,  uos 
vieux  parlements  resteront  toujours  dans  l'histoire  une 
institution  vraiment  incomparable.  E.  Glasson. 

Angleterre.  —  Le  Parlement  anglais  au  moyen  âge 
procède  à  la  fois,  mais  à  des  degrés  différents,  des 
assemblées  politiques  qui  fonctionnaient  auprès  des  rois 
anglo-saxons  et  de  la  cour  féodale  que  les  ducs  de  Nor- 
mandie amenèrent  avec  eux  après  la  conquête. 

Nous  ignorons  si  l'on  a  le  droit,  comme  l'a  fait  J.  Kcmble 
{The  Saxons  in  England,  t.  U,  cli.  vi),  d'appliquer  à 
l'Angleterre  la  description  des  assemblées  populaires  donnée 
par  Tacite  dans  la  Germania.  Dans  les  royaumes  de  ITiep- 
larcbie,  les  rois  étaient  assistés  des  grands,  laïques  et 
ecclésiastiques  {majores  nain,  principes,  sapienles, 
wi'can)  ;  c'est  ce  que  les  historiens  modernes  ont  appelé 
d'un  nom  qui  est  rare  dans  les  documents  authenliv|ues, 
le  witenagemot.  Ces  assemblées  comprenaient,  outre  le 
l'oi,  la  reine  et  les  membres  de  la  fainillc  royale,  les  ar- 
chevêques et  évèi[ues,la  plupart  des  abbés,  les  principaux 
dignitaires  (eaklormen),  des  shérifs  (mais  non  pas  tous 
les  shérifs),  des  serviteurs  de  la  maison  du  roi  {minislri 
Ihanes).  Aucune  trace  d'élection  ni  de  représentation.  Le 
roi  les  assemblait  quand  et  où  il  lui  plaisait  ;  vers  la  lin 
de  la  période  anglo-saxonne,  c'était  de  préférence  aux  trois 
L>i'andes  fêtes  religieuses  de  l'année  :  Noël,  Pâques  et  Pen- 
lecôte.  Leur  compétence  était  illimitée;  elles  donnaient 
leur  avis  en  matière  de  législation,  de  finances,  quand  il 
fallut  établir  des  taxes  extraordinaires  pour  combattre  \ç.^ 
Danois  {shipgeld,  danegeld),  d'administration  générale 
(affaires  militaires  et  ecclésiastiques),  de  justice.  Elles 
avaient  une  part,  il  est  vrai  mal  déîinie,  à  l'élection  du 
souverain,  mais  jamais  on  ne  voit  avec  certitude  qu'elles 
aient  eu  ni  initiative  ni  indépendance.  Les  textes  disent 
seulement  qu'elles  présentaient  des  observations  au  roi, 
qu'elles  approuvaient  ses  projets  ou  ses  actes.  Parfois 
même  leur  consentement  be  réduit  à  iinebinq)Ie  attestation 
de  témoins.  Quant  au  peuple,  sa  présence  est  souvent 
constatée  ;  les  grands  du  royaume,  les  évèques  et  a])bés, 
!es  personnages  de  la  cour  étaient  accompagnés  d'une 
suite  nombreuse  à  laquelle  venait  se  joindre  la  «  multi- 
tude »  quand  l'Assemblée  se  tenait  dans  une  -ville.  Loue 
consentement  consistait  dans  l'approbation  bruyante  qu'ils 
donnaient  aux  décisions  prises  par  le  roi  et  l'Assemblée . 

Après  la  conquête,  les  choses  changent  de  nom  et  d'as- 
pect. Le  nom  le  plus  employé  sous  Guillaume  l^^'  et  sis 
tils  est  celui  de  c«m,  qui,  d'ailleurs,  s'applique  à  deux 
assemblées  différentes  :  1^  celles  qui  se  réunissaient,  comme 
à  l'époque  anglo-saxonne,  aux  trois  grandes  fêtes  de 
l'année  ;  2"  les  assemblées  poU tiques  t>roprement  (htes, 
réunies  quand  il  plaisait  au  soîiverain.  On  n'y  retrouve 
plus  les  fonctionnaires  m  les  serviteurs  de  la  maison  du 
roi  comme  précédemment,  mais  seulePiient  les  prélats 
(archevêques  et  évêques,  des  abbés  et  parfois  des  prieurs) 
et  les  principaux  des  vassaux  directs  do  la  couronn;^ 
(comtes  et  barons);  tous  sont  convoqués  par  le  roi  à  rai- 
son des  liefs  qu'ils  tiennent  de  lui  et  obligés  de  venir  à 
raison  même  de  leur  tenure.  L'assemblée  des  seigneur- 
laïques  et  ecclésiastiques  des  premiers  rois  normands  n'est 
que  hcuria  agrandie  des  ducs  de  Normandie.  Ellechang-a 
peu  sous  les  rois  angevins.  On  peut  cependant  déjà  signa- 
ler quelques  actes  de  résistance  à  l'arbitraire  royal,  et  c'est 
le  clergé  qui  les  osa.  Les  refus  d'impiU  qui  furent  opposés 
à  Henri  II  et  à  Richard  par  Thomas  Becket  et  par  l'évêque 
de  Lincoln,  Hugues  d'Avalon,  sont  des  faits  controuvés; 
mais  l'action  de  ces  prélats  fut  efficace,  en  rappelant  h 
plus  despotique  des  rois  au  respect  de  la  loi  et  de  la  cou- 
tume. Ces  rois  fortifient  d'ailleurs  leur  pouvoir  en  conceji- 
trant  dans  la  curia  les  principaux  services  administratifs  ; 
l'assemblée  politique  prend  alors  le  nom  de  eonsiliiun, 
que  l'on  trouve,  par  exemple,  dans  la  grande  charte.  Le 
mot  de  Parlement  apparaît  un  peu  plus  tard  et  seulement 


d'abord  dans  les  chroniqueurs  ;  Mathieu  de  Paris  remploie 
pour  la  première  fois  à  l'année  1239. 

Trois  faits  dominent  l'histoire  du  Parlement  au  xin«  siè- 
cle :  la  convocation  fréquente  do  ces  assemblées,  la  for- 
mation d'une  opposition  parlementaire  et  l'admission  de 
l'élément  représentatif.  A  partir  de  Henri  IH,  il  est  rare  que 
le  Parlement  n'ait  pas  été  convoqué  unelbis  par  an,  et  souvent 
il  l'a  été  plusieurs  fois.  H  en  est  de  mémo  sous  le  règne  des 
Edouard.  Mais  ce  n'est  plus  un  instrument  docile  entre  les 
mains  de  la  royauté.  Il  est  d'ordinaire  unanime  pour  la 
contraindre  à  l'observation  de  la  grande  charte  ;  la  guerrt^ 
des  barons  (V.  Montfort  [Simon  de])  a  un  caractère 
nettement  parlementaire.  Les  grands,  qui  n'avaient  pas 
craint  d'enlever  la  couronne  à  Jean  sans  Terre,  s'attaquent 
maintenant  aux  ministres  de  la  couronne,  et  le  Parlement 
prétend  imposer  au  roi  ses  consedlcrs.  Son  opposition 
obligea  Henri  III  à  traiter  avec  la  France  en  1259  et  en- 
trava la  politique  guerrière  d'Iulouard  1^^'  en  1297.  Mais 
le  fait  vraiment  nouveau,  c'est  Téclosion  du  régime  repré- 
sentatif. 

C'était  une  maxime,  officiellenient  admise  f)ar  Henri  11! 
en  1225  et  par  Edouard  P^  en  1295,  que  le  roi  rie  pou- 
vait régler  seul  une  affaire  qui  intéressait  tout  le  monde, 
et  il  était  conforme  à  l'espiit  du  régime  féodal,  d'une 
part,  que  le  roi  lut  tenu  de  réclamer  T'aide  et  le  conseil 
dont  il  avait  besoin;  d'autre  [)art,  que  ses  fidèles  fussent 
tenus  de  les  accorder  selon  la  coutume.  Avant  le  xiu^^  siècle, 
on  ne  parle  que  de  décisions  prises,  de  consentement 
donné  au  roi  par  les  prélats  et  [)ar  les  grands  du  royaume. 
Mais  cette  «  nudtitude  »,  dont  les  chroniqueurs  signaleiil 
la  présence  autour  des  Parlements,  avait  aussi  des  intérêts 
que  les  prélats  et  les  grands  ne  représentaient  pas  direc- 
tement. Il  était  naturel  que  le  souverain  voulût  la  plier 
à  son  service.  Le  régime  représentatif  a  en  effet  son  ori- 
gine dans  une  idée  féodale,  et  c'est  la  royauté  qui  s'en  est 
emparée  d'abord  comme  d'un  moyen  de  gouvernement. 
Elle  commença  de  l'employer  pour  la  foi-mation  des  jurys 
d'enquête,  que  l'on  voit  fonctionner  depuis  Henri  il  en 
matière  judicuiire  et  ilnancière,  puis  pour  la  répartition  et 
la  levée  des  impôts  extraordiniii-es  consentis  par  le  Par- 
lement, enfin  pour  rendre  plus  efficaces  les  résolutions  du 
Parlement  lui-même. 

Le  Parlement  de  -1295  comprit  [>onr  la  première  foi  s 
tous  les  éléments  qui  l'ont  constitué  jusqu'au  temps  de  'a 
Réforme.  Eurent  en  effet  somraés  individuellcjnent  à  com- 
paraître :  parmi  le  clergé,  les  2  archevê:[ues,  tous  les 
évoques,  8  chefs  d'ordre  religieux,  53  abbés  et  prieurs  ; 
parmi  les  laïques  :  il  comtes  et  53  ba-rons,  le  chef-juge 
et  38  autres  Ibnctionnoires.  îji  outre,  des  wiits  royaux 
enjoignirent  à  chaque  archevêque  de  faire  prévenir  (clause 
Prœmunientes)  le  prieur  de  chaque  chapitre  elles  archi- 
diacres de  venir  en  personne,  les  chapitres  et  les  prêtres 
des  paroisses  de  s'y  faire  représenter  par  des  procureurs 
munis  de  pleins  pouvoirs.  Entiji  les  sliérifs  reçurent  l'ordre 
de  faire  élire  deux  chevaliers  pour  chaque  comté  et  deux 
boui'geois  pour  chaque  xllla  i;i;- portante,  avec  pleins  pou- 
voirs de  leurs  commettants.  Les  writs  étaient  rédigés  sous 
la  forme  la  plus  irapérative;  ils  énonçaient  en  termes  géjié- 
raux  le  motif  de  la  con>ocation,  en  termes  précis  la  date 
et  le  lieu  de  l'assemblée.  Persojuie,  à  moins  d'excuse  valable, 
ne  pouvait  se  dispenser  d'assisior  au  Parlement  ni  se  retirer 
sans  une  autorisation  expresse  du  roi.  Jamais  encore  le  ca- 
ractère de  l'obligation  n'avait  été  formulé  aussi  nettement. 

Maiiilcs  Parlements  organisés  sur  le  modèle  do  1295 
contenaient  des  éléments  trop  disparates  pour  former 
longtemps  un  corps  unique.  Le  xiv°  siècle  vit  en  eiîet  se 
former  d'autres  groupements,  soit  dans  le  sein  du  Parle- 
meut,  soit  en  dehors.  H  arriva,  d'une  part,  que  les  affaires 
.  propres  au  clergé  et  en  particulier  les  taxes  que  la  royauté 
lui  demandait  furent  renvoyées  à  l'examen  d'une  assemblée 
particulière,  et,  de  l'autre,  que  les  députés  élus  dans  les 
comtés  et  dans  les  villes  formèrent  bientôt  un  corps 
séparé  sous  le  nom  de  C.hamhre  des  communes. 


PARLEMENT 


—  11^24  — 


Le  clergé,  qui  avait  d'ordinaire  pris  la  tète  de  l'oppo- 
sition parlementaire  au  xiii^  siècle,  éprouvait  néan- 
moins la  plus  vive  répugnance  à  s'acquitter  de  l'obligation 
parlementaire.  La  plupart  des  lettres  d'excuse  adressées  à 
la  chancellerie  royale  au  commencement  de  chaque  session 
émanaient  des  ecclésiastiques,  et  c'est  parmi  les  abbés  que 
l'on  trouve  les  premières  protestations  contre  ce  service 
imposé.  La  résistance  de  ces  derniers  fut  si  grande  que  le 
roi  dut  céder;  le  nombre  des  abbés  convoqués  au  Parle- 
ment ne  cessa  de  décroître  jusqu'à  ce  qu'à  partir  de  1330 
il  fût  tombé  au  chiffre  désormais  invariable  de  25  à  27. 
En  même  temps,  et  par  un  mouvement  inverse,  Fusage 
s'était  établi,  surtout  depuis  Edouard  P^\  de  convoque]', 
en  même  temps  que  le  Parlement,  un  concile  pour  chacune 
des  deux  provinces  de  Cantorbery  et  d'York.  Ces  assem- 
blées furent  appelées  Convocations.  Réunies  parfois  aussi 
en  dehors  des  sessions  parlementaires,  elles  se  composaient 
des  mêmes  personnes  à  peu  près  qui  étaient  appelées  au 
Pai'lement  par  semonce  individuelle  ou  par  élection,  mais 
les  abbés  étaient  aussi  nombreux  là  qu'ici  ils  étaient 
rares. 

Quant  à  la  séparation  du  Parb^ment  en  deux  Chambres, 
ell(i  s'opéra  par  une  évolution  graduelle  dans  la  première 
moitié  du  xiv®  siècle.  \i]h  apparaît  déjà  clairement  en 
4332  ;  elle  était  accomi)lie  à  la  lin  du  règne  d'Edouard  lll. 
Elle  eut  pour  cause  le  double  mouvement  qui  aboutit,  d'une 
part,  à  transformer  les  barons  laitjues  en  lords  héréditaires, 
et,  de  l'autre,  à  remettre  aux  députés  élus  la  discussion 
et  le  vote  de  la  plus  grosse  part  des  subsides  extraordi- 
naires réclamés  par  la  royauté. 

A  quel  titre  pouvait-on  faire  partie  de  la  [)remièro 
Chambre  ou  Chambre  des  lords?  Tout  d'abord  il  fuUait 
posséder  un  fief  mouvant  de  la  couronne  et  qualitié  de 
baronnie.  Edouard  P^',  en  même  temi)s  qu'il  restreignit  le 
nombre  des  barons  convoqués,  [)rit  l'habitude  d'appeler 
toujours  à  peu  près  les  mêmes.  Cet  usage,  appliqué  à  un 
petit  nomhre  de  seigneurs  pris  parmi  les  plus  notables, 
sembla  une  faveur,  et  la  réception  d'un  lurit,  après  avoir 
été  considérée  par  eux  comme  une  charge,  fut  bien  lot 
revendiquée  comme  un  privilège  ;  enfin,  les  Laronnies 
laïques  étant  héréditaires,  ce  privilège  devint  héréditaii'e 
aussi.  Edouard  III  et  ses  successeurs  créèrent  ensuite  des 
lords  héréditaires  par  lettres  patentes.  Les  lords  furent 
a])pelés  pairs,  à  l'imitation  de  la  France,  mais  il  n'y  eut 
pas  de  pairies  ecclésiastiques. 

La  Chambre  des  communes  a  cette  originalité  qu'elle 
comprend  des  députés  élus  par  la  petite  noblesse  des  comtés 
et  par  la  bourgeoisie  des  villes.  Avant  l'annexion  adminis- 
trative de  tout  le  pays  de  Galles  à  l'Angleterre,  ce  royaume 
comprenait  37  comtés,  en  dehors  de  Chesteret  deDurham, 
qui  étaient  comtés  palatins.  Chacun  de  ces  37  comtés  dé- 
putait deux  chevaliers.  Quant  aux  villes,  la  détermination 
en  a  toujours  été  arbitraire,  surtout  à  l'origine.  Les  villes 
épiseopales  ou  cités  étaient  presque  toutes  désignées,  mais, 
jusqu'en  1382,  les  bourgs  furent  choisis  arbitrairement 
par  le  roi  ou  le  shérif.  Le  nombre  n'avait  cessé  d'en 
décroître  depuis  Edouard  I'^^',  quand  Henri  YI  commença 
de  le  relever  en  créant  (1445)  huit  bourgs  parlementaires 
j)ar  charte  royale.  Chaque  ville  désignée  députait  un  ou 
deuK  bourgeois,  suivant  son  importance.  A  la  iin  du 
xv^  siècle,  le  nombre  des  députés  boiu^geois  s'élevait  à 
300  environ. 

Les  chevaliers  étaient  élus  dans  les  cours  de  comté.  Au 
xiv^  siècle,  il  fallait  qu'ils  eussent  réellement  pris  les 
armes  de  la  chevalerie  [miliies  cjladio  cincti),  puis  on 
admit  les  écuyers;  enfin,  en  1430,  l'éligibilité  fut  étendue 
à  tout  propriétaire  libre  (freeholder)  d'une  terre  donnant 
un  revenu  annuel  de  40  shillings.  Dans  les  villes,  sans 
({u'on  puisse  générahser,  il  fallait  y  posséder  un  domicile 
et  participer  aux  droits  et  aux  charges  de  la  bourgeoisie. 
N'étaient  donc  éligibles  à  la  Chambre  des  communes  que 
les  propriétaires.  Les  députés  issus  de  cette  double  origine 
étaient  égaux  en  droit  ;  en  fait,  les  chevaliers  exercèrent 


pendant  longtemps  une  intluence  pieponderante. C'est  dans 
leurs  rangs  qu'était  toujours  pris  l'orateur  chai'gé  de  por- 
ter la  parole  au  nom  de  la  Chambre  {speaker).  Le  premier 
connu  est  le  chevalier  Pierre  de  la  Mare,  qui  joua  un  si 
grand  rôle  au  «  Bon  Parlement  »  de  1376.  Au  regard  de 
ces  nobles,  les  bourgeois  faisaient  mince  figure,  d'autani 
que  les  marchands,  au  moins  au  xiv^  siècle,  étaient  sou- 
vent convoqués  à  part  et  que  les  légistes  furent,  à  plusieurs 
re])rises,  déclarés  inéligibles.  Ils  étaient  de  petite  condition, 
et  leur  responsabilité  était  lourde  ;  pour  les  empêcher  })lus 
sûrement  d^échapper  à  la  contrainte  du  Parlement,  on  les 
obligea  de  fournir  des  cautions  {manucaptores).  A  la  fijj 
de  chaque  session,  les  députés  recevaient  une  indemni(<> 
journalière  qui  devait  à  peine  couvrir  leurs  frais  personnels 
de  déplacements. 

Considéré  à  la  fin  du  moyen  âge,  le  Parlement  parait 
très  différent  de  ce  qu'il  était  à  l'origine.  Il  a  perdu  en 
partie  son  caractère  féodal  depuis  que  l'assistance  au  Par- 
lement est  devenue  un  privilège  héréditaire,  convoité  par 
les  grands,  et  la  députation  un  avantage  concédé  à  cer- 
taines villes.  Son  autorité  n'en  reste  pas  moins  suboi-- 
donnée  à  celle  du  roi.  Il  peut  toucher  à  tout  :  afPairos 
étrangères  et  administration  intérieure,  législation  ecclé- 
siastique et  civile,  économie  politique  et  nomination  des 
fonctionnaires.  Son  droit  d'initiative  n'est  limité  j)ar  aucune 
barrière  légale,  mais  il  ne  l'exerce  que  par  voie  de  pétition, 
el  la  loi  ne  vaut  que  i)ar  le  consentement  du  souverain. 
Celui-ci  n'a  pas  de  scrupule  à  intervenir  dans  les  élections  ; 
le  premier  exemple  de  pression  administrative  a  été  donne 
par  le  duc  de  Lancastre  ])our  le  «  Mauvais  Parlement  » 
(1377).  La  parole  el  les  votes  n'étaient  pas  libres  et,  phrs 
d'une  fois,  le  roi  punit  comme  d'ujie  violation  à  la  foi 
jurée  des  avis,  des  décisions  qui  lui  déplaisaient.  Tant  que 
le  Parlement  était  demeuré  le  centre  d'action  des  grandes 
forces  sociales  liguées  contre  la  royauté,  celle-ci  n'avait 
éprouvé  que  des  échecs  ;  elle  recouvra  une  partie  de  son 
autorité  en  face  d'un  Parlement  divisé.  Quand  le  clerg*' 
eut  pris  l'habitude  de  régler  ses  affaires  en  Convocation  et 
que  la  plupart  des  prélats  furent  recrutés  dans  l'aristo- 
cratie (seconde  moitié  du  xiv^  siècle);  quand,  à  son  tour, 
l'aristocratie  eut  été  plus  que  décimée  pendant  la  guerre 
des  Deux  Roses,  il  n'y  eut  plus  d'esprit  public:  le  Parle- 
ment approuva  toutes  les  révolutions,  de|mis  la  déposition 
de  Richard  II  jusqu'à  l'usurpation  de  Henri  YIL  Celui-ci 
crut  presque  pouvoir  se  passer  du  Parlement  qui  fut  con- 
voqué seulement  sept  fois  pendant  son  règne.  Ce  grand 
corps,  qui  avait  résisté  victorieusement  aux  Plantagenets, 
était  mûr  pour  le  despotisme  des  Tudors.     C.  Bémoxt. 

De  Henri  VIII  à  nos  jours.  Réduits  à  un  rôle  politique 
insignifiant,  privés  de  leur  indépendance  par  une  royauté 
toute-puissante,  les  Parlements  assistent  en  témoins  asservis 
aux  règnes  de  Henri  YIII  et  de  ses  successeurs  immédiats. 
Toutefois,  l'absolutisme  de  Mt  des  souverains  n'altère  point 
les  principes  ;  les  institutions  conservent  leurs  formes  ;  les 
privilèges  des  Chambres  ne  cessent  d'être  théoriquement 
reconnus  ;  les  princes  font  consacrer  par  les  Parlements 
les  pouvoirs  qu'ils  s'arrogent.  Sous  Henri  YIII,  les  Assem- 
blées se  soumettent  aux  exigences  fiscales  du  roi,  consa- 
crent sa  réforme  religieuse  (Réformation  P.),  vont  jusqu'à 
reconnaître  (1539)  aux  proclamations  royales  la  valeur  lé- 
gale des  statuts  (mesure  rapportée  sous  Edouard  VI).  La 
réforme  religieuse  a  pour  conséquence  la  transformation 
de  la  Chambre  des  lords  :  les  monastères  supprimés,  ab- 
bés et  prieurs  sont  éliminés  de  la  haute  Chambre  ;  les 
lords  spirituels,  réduits  aux  deux  archevêques  et  aux 
évêques  de  l'Eglise  établie,  cessent  de  former  la  majorité, 
et  ne  représentent  plus  que  le  tiers  de  la  Chambre.  L'A^ ^ 
for  placing  of  the  lords  règle  définitivement  l'ordre  des 
préséances.  Lorsque  Marie  la  Catholique  monte  sur  le 
trône,  il  ne  se  trouve  dans  les  Communes  que  deux  membres 
pour  combattre  l'abohtion  des  actes  hostiles  au  pape,  un 
petit  groupe  seulement  pour  protester  contre  l'abohtion  de 
la  législation  ecclésiastique  de  Henri  YIII.  Mais  sous  Eli- 


■^  Ihiîj 


PARÎ.EMENT 


sal)eth,  les  Parlemcnls  détiiiiti veinent  prol estants  jnani- 
festent  des  tendances  nouvelles  en  rapport  avec  les  trans- 
formations de  la  société  anglaise  contemporaine.  L'esprit 
d'indépendance  de  l'aristocratie  terrienne  qui  a  succédé  à 
l'aristocratie  féodale,  et  des  habitants  des  villes  et  ports 
enrichis  par  le  commerce,  la  haine  du  clergé,  l'attache- 
ment aux  droits  civils  et  politiques  qui  caractérisent  les 
puritains  sont  représentés  à  des  degrés  divers  dans  les 
(Communes.  Les  députés,  bien  qu'ils  reçoivent  périodique- 
ment défense  de  s'occuper  de  tout  ce  qui  concerne  la  sou- 
veraine et  l'Eglise,  ne  cessent  d'affirmer  leur  droit  de  trai- 
ter de  toutes  les  affaires  de  l'Etat,  adressent  à  la  reine  de 
\  éritables  sommations  en  vue  de  son  mariage,  discutent  la 
loi  de  succession  ;  chacun  d'eux  doit  servir  non  des  inté- 
rêts locaux  et  particuliers,  mais  les  intérêts  généraux  du 
royaume  (1571)  ;  la  Chambre  des  communes  pose  son  droit 
d'infliger  des  pénalités  à  ses  membres  (cas  d'A.  Hall).  Les 
ministres  Hatton,  Cecil,  Knollys  prennent  part  à  ses  dis- 
cussions. 

Le  règne  des  Stuarts  n'est  qu'un  long  conflit  entre 
les  Parlements  et  les  souverains.  Jacques  I®^'  prétend  ne 
voir  dans  les  deux  Chambres  que  le  grand  conseil  du  roi. 
Les  Communes  protestent,  revendiquent  le  droit  exclusif 
de  vahder  les  élections  contestées  (1604),  recouvrent  leur 
ancien  droit  àHmpeachment,  votent  la  célèbre  protesta- 
lion  de  1621,  demeurée  l'un  des  monuments  de  l'histoire 
constitutionnelle  de  l'Angleterre.  Ce  document  affirmait 
notamment  le  droit  des  Communes  d'examiner  toutes  les 
aff'aires  de  l'Etat  et  dans  l'ordre  qu'il  leur  plaisait  d'adop- 
fer,  et  leur  privilège  exclusif  d'ordonner  l'arrestation  de 
leurs  membres.  Jacques  l^^  déchira  la  page  du  journal  des 
Communes  qui  portait  ces  décisions  et  jeta  en  prison  sir 
Ed.  Coke,  sir  Rob.  Philipps.  Pym,  et  même  le  comte  d'Ox- 
ford. Dans  la  Chambre  des  pairs  elle-même,  où  le  roi  avait 
fait  entrer  de  nombreux  pairs,  un  parti  s'éleva  contre 
hii.  J.  Eliot,  J.  Pym,.  Dusdey,  Pigges,  Hampden  conti- 
nuent la  lutte  sous  Charles  l^^',  et  amènent  le  Parlement 
de  1628  à  voter  la  Pétition  ofrights,  document  d'une 
importance  capitale  qui,  sous  forme  de  protestation  contre 
la  violation  des  lois  et  privilèges,  embrasse  l'ensemble  des 
droits  politiques  et  civils  du  peuple  anglais.  Quand,  après 
onze  ans  de  gouvernement  sans  contrôle,  Charles  P^'  con- 
voque le  Court  puis  le  Long  Parliament,  le  conflit  dé- 
génère en  guerre  civile.  Au  cours  de  la  période  révolu- 
tionnaire, les  évêques  sont  exclus  de  la  haute  Assemblée 
(1640),  puis  les  Communes  assument  tout  le  pouvoir  lé- 
gislatif. Cromwell  revient  en  1657  au  principe  des  deux 
Chambres.  Le  Parlement-Convention  de  1660  comprend 
deux  Chambres,  mais  les  évoques  ne  reprennent  leur  siège 
que  dans  le  Parlement  de  1661  (Pension,  ou  Cavalier  P.), 
lequel  renoue  la  tradition  des  Assemblées  régulièrement 
constituées.  Cette  Assemblée  s'écarte  rapidement  du  roi  et 
reprend  la  politique  de  revendication,  refuse  au  roi  le  droit 
de  suspendre  l'application  des  statuts  par  simple  déclara- 
tion royale  (1673),  à  la  Chambre  des  lords  celui  d'amen- 
der les  lois  de  finance  (1671-78).  Les  Parlements  suivants 
inaugurent  les  termes  de  ivhig  et  tory,  votent  Vhabeas 
corpus,  luttent  contre  les  ministres  de  Charles  II  et  de 
Jacques  IL  Quand  celui-ci  perd  la  couronne,  les  Anglais, 
en  dépit  des  écrits  de  Filmer  et  de  Hobbes  en  faveur  du 
dogme  du  pouvoir  absolu,  considèrent  comme  nécessaires 
l'union  indissoluble  et  le  mutuel  contrôle  de  la  couronne 
et  du  Parlement,  les  Communes  constituant  l'élément  pré- 
pondérant dans  le  Parlement. 

Ces  principes  triomphent  avec  Guillaume  III  ;  le  Parle- 
ment-Convention de  1688  se  livre  à  d'intéressants  débats 
constitutionnels,  vote  le  Bill  of  îights  qui  contient  une 
énumération  des  actes  illégaux  du  dernier  règne  et  dé- 
termine ainsi  les  limites  du  pouvoir  confié  au  nouveau  roi. 
Il  n'est  plus  désormais  de  question  importante  qui  ne  soit 
dibcutée  au  Pc^rlement  dont  l'histoire  se  confond  de  plus  en 
plus  avec  celle  de  la  nation  et  des  partis  poHtiques.  Nous 
signalerons  seulement  les  lois   en  usage  qui  affectent  le 


rôle  ou  la  composition  des  Cliambres.  Le  Triennal  bill 
proposé  par  les  lords,  voté  avec  difficulté  par  les  Com- 
munes, ratifié  tardivement  par  le  roi  (1694),  fixe  à  trois 
ans  la  durée  des  Assemblées.  Les  rivalités  de  partis  s'accen- 
tuent, accompagnées  d'incessants  conflits  dans  les  Chambres 
et  de  nombreux  cas  de  corruption  électorale.  Sur  les  con- 
seils de  Sunderland,  Guillaume  prend  l'habitude  de  choisir 
ses  ministres  dans  la  majorité  des  Communes,  usage  qui 
donne  naissance  au  cabinet.  Toutefois,  et  pendant  plus 
d'un  siècle  encore,  le  Parlement  conservera  le  droit  de 
mettre  en  accusation  les  ministres  sans  se  reconnaître  celui 
de  les  renverser.  Plusieurs  points  de  droit  constitutionnel 
sont  fixés  dans  les  premières  années  du  xvui®  siècle  :  l'union 
de  l'Angleterre  et  de  l'Ecosse  (1707)  supprime  le  Parle- 
ment écossais.  Les  pairs  écossais  (tous  temporels)  devien- 
nent pairs  de  Grande-Bretagne,  conservent  leurs  titres  et 
privilèges,  élisent  iQ  d'entre  eux  pour  les  représenter  à 
chaque  session  du  Parlement  de  Grande-Bretagne.  La 
Chambre  des  communes  reçoit  45  députés  écossais  dont  les 
deux  tiers  élus  par  les  comtés,  un  tiers  par  les  bourgs. 
Quatre  ans  plus  tard,  le  Property  qualification  act  exige 
300  livres  de  revenu  foncier  annuel  des  représentants  des 
bourgs,  600  des  chevaliers  de  comté,  assurant  ainsi  la  ma- 
jorité aux  grands  propriétaires.  Le  Septennial  act  porte 
à  sept  ans  la  durée  des  Parlements.  Les  lords  essaient  de 
limiter  le  pouvoir  que  possédait  le  roi  de  modifier  par  des 
nominations  de  pairs  la  majorité  de  la  haute  Chambre, 
mais  le  Peerage  bill  échoue  devant  les  Communes. 

Bien  que  les  débats  parlementaires  offrissent  un  inté- 
rêt grandissant,  leur  publication  demeura  longtemps  inter- 
dite ;  sous  Guillaume  III,  les  Communes  assignent  à  leur 
barre  Dyer  coupable  d'avoir  résumé  les  débats  dans  ses 
News  Letters.  La  publication  des  discours  prononcés  en 
séance  est  déclarée  illicite  en  1729,  de  nouveau  en  1738. 
Certains  écrivains  réussissent  seulement  à  pubUer  des 
comptes  rendus  incomplets,  pendant  les  intersessions,  en 
remplaçant  par  des  initiales  les  noms  des  députés  (Boyer, 
Political  State  of  Great  Britain,  Historical  Register; 
R.  Raikes,  Gloucester  Journal ;Cacve,  Gentleman' s  Ma- 
gazine;  Gordon,  London  Magazine).  Mais,  bien  que  le 
Parlement  ait  toléré  la  publication  des  débats  à  partir  de 
1671,  on  vit  encore  des  écrivains  poursuivis  pour  ce  mo- 
tif en  1801. 

Le  règne  de  Georges  III  inaugure  une  période  nouvelle 
dans  l'histoire  du  Parlement  ;  l'agitation  politique  est  mul- 
tipliée sous  des  formes  diverses  :  la  création  d'une  presse 
active  et  agressive,  de  grandes  associations  politiques, 
l'usage  des  meetings  pubHcs  et  du  droit  de  pétition,  la 
publicité  donnée  aux  débats  parlementaires  accroissent  la 
responsabilité  des  députés  en  face  de  leurs  électeurs.  Un 
vaste  mouvement  se  dessine  en  faveur  de  la  réforme  d'un 
système  électoral  caduc  et  corrompu  dont  les  traits  princi- 
paux sont  les  suivants  :  inégale  répartition  du  droit  de 
vote  (franchise)  considéré  comme  un  privilège,  accordé 
dans  les  comtés  à  certains  freeholders,  dans  les  bourgs 
parfois  aux  seuls  membres  de  la  corporation  municipale, 
parfois  aux  freeholders  et  même  aux  potwallopers,^  exis- 
tence de  nombreux  bourgs  de  poche  et  bourgs  pourris  dans 
lesquels  un  nombre  d'habitants  très  restreint,  sinon  réduit 
à  l'unité,  possède  la  franchise,  enfin  libre  pratique  de  la 
vente  des  sièges  parlementaires.  Ce  système  favorisait  l'in- 
fluence de  l'aristocratie  et  aussi  l'omnipotence  des  gou- 
vernements énergiques  ;  nombre  de  députés  pour  lesquels 
l'achat  d'un  siège  était  une  spéculation  financière  vendaient 
leurs  votes  aux  ministres  (Walpole  achète  en  quelques 
jours  une  majorité  favorable  à  la  paix,  1762).  Dès  1770, 
Chatham  demande  une  réforme  de  la  représentation  des 
bourgs,  «  la  partie  pourrie  de  notre  constitution  ».  Les 
désastres  de  la  guerre  d'Amérique  continuée  en  violation 
des  sentiments  de  la  nation  par  un  gouvernement  tout- 
puissant  sur  les  Communes  ont  pour  conséquence  le  Couniy 
movement  de  1779-80,  les  propositions  de  réforme  électo- 
rale du  duc  de  Richmond(1780),  de  W.  Pilt  (1782)  ;  des 


PARLEMENT 


am 


tentatives  analogues  sont  faites  par  Flood  (1790),  (irey 
(1793-97).  Des  sociétés  démocratiques  {Soc.  for  Cons- 
litutional information,  London  rorresponding  Soc), 
ou  modérées  (Soc.  of  the  friends  ofthe  people)  i^oi^nh- 
risent  la  cause  do  la  réforme  ;  la  Révolution  society  fon- 
dée originairement  pour  commémorer  la  révolution  de  1688 
se  mêle  à  l'agitation  politique.  Tout  le  mouvement  radi- 
cal est  arrêté  par  la  sévère  législation  qu'inspire  au  Par- 
lement le  spectacle  de  la  révolution  française. 

A  défaut  de  réforme  électorale,  TUnion  de  l'Angleteire 
et  de  l'Irlande  (1800)  apporte  une  modification  nouvelle 
dans  la  composition  des  Assemblées  ;  le  Parlement  irlan- 
dais est  supprimé  :  4  évéques  désignés  annuellement,  el 
^i8  pairs  temporels  élus  à  vie  par  les  lords  irlandais  siè- 
gent à  la  Chambre  des  lords  ;  100  députés  irlandais  siè- 
gent à  la  Chambre  des  communes  dont  le  nombre  se  trouve 
[)orté  à  658  membres.  C'est  au  milieu  des  troubles  liid- 
dites,  des  réclamations  en  faveur  des  catlioliques,  en  pleine 
agitation  radicale,  que  la  question  de  la  réforme  électo- 
rale est  replacée  devant  le  Parlement  par  Burdett  (1817, 
18-19).  Le  leader  whig  J.  Russell  présente  ou  fait  pré- 
senter de  nombreux  projets;  secondé  par  les  radicaux,  il 
dirige  la  campagne  qui  aboutit  à  la  réforme  de  1832,  ré- 
forme partielle,  conforme  au  programme  des  \vbigs,  aussi 
liostiles  que  les  tories  à  l'idéal  démocratique,  et  destinée 
surtout  dans  l'esprit  de  ses  auteurs  à  affrancbir  les  Com- 
jiumes  de  l'influence  du  gouvernement  et  de  l'aristocratie 
tory.  143  sièges  étaient  enlevés  aux  bourgs  et  redis- 
tribués; 65  étaient  attribués  aux  comtés;  22  villes  déplus 
de  25.000  hab.  obtenaient  chacune  deux  sièges,  21  villes 
de  plus  de  12.000  hab.  1  siège,  le  pays  de  Galles  8, 
l'Irlande  5.  Le  droit  de  vole  (franchise)  est  uniformément 
accordé  dans  les  bourgs  aux  locataii^es  d'une  maison  de 
10  livres  de  revenu,  dans  les  comtés  aux  propriétaires  d'une 
maison  de  10  livres  de  revenu  et  aux  tenanciers  d'une  mai- 
son de  50.  Des  actes  spéciaux  sont  votés  pour  l'Irlande  et 
l'Ecosse.  Le  nombre  des  députés  ne  change  pas,  celui  des 
électeurs  s'élève  en  Angleterre  de  435.000  à  656.000, 
mais  sans  bénéfice  pour  la  classe  ouvrière  ;  plus  de 
40  bourgs  de  poche  demeurent  à  la  discrétion  de  patrons. 

Les  conséquences  de  cette  réforme  dépassèrent  vite  les 
prévisions  des  whigs  qui  la  déclaraient  d'abord  définitive. 
Les  Assemblées  font  triompher  les  usages  du  véritable 
gouvernement  parlementaire,  obtiennent  la  démission  des 
ministres  par  des  votes  de  non  confiance  (Peel,  1835),  dé- 
veloppent considérablement  leur  œuvre  législative,  publient 
leurs  listes  de  division  (votes).  Les  radicaux  ne  ces- 
sent de  réclamer  une  nouvelle  réforme  et  sont  bientôt  sui- 
^  is  par  les  whigs  et  même  les  conservateurs  :  l'agitation 
chartiste  échoue,  mais  depuis  1833  des  projets  sont  pré- 
sentés chaque  aniiée  par  Grote,  Ward,  Berkeley,  Locke, 


attribués:  30  aux  comtés,  19  à  des  villes  ou  universités. 
9  à  l'Ecosse.  Sont  déclarés  électeurs  dans  les  comtés  les 
habitants  d'une  maison  de  12  livres  de  revenu,  dans  les 
bourgs  les  habitants  d'une  maison  inscrite  au  rôle  de 
hpoortax,  et  les  locataires  payant  un  loyer  de  10  livres. 
—  Si  incomplète  que  fat  cette  reforme,  elle  augmentait  le 
nombre  des  électeurs  de  50  «/odans  les  comtés,  200  «/o 
dans  les  bourgs,  accordait  le  suffrage  à  de  nombreux  ou- 
vriers, inaugurait  le  régime  démocratique.  Elle  fut  complé- 
tée par  diverses  mesures,  notamment  le  Ballot  Art  (1872). 
qui  établissait  le  vole  secret,  le  Corrupt  practices  Ad 
(1883),  qui  hmite  d'après  le  nombre  des  électeurs  la 
somme  des  dépenses  électorales  des  candidats.  Les  libé- 
raux ont  enlinoltenu  la  réforme  d'ensemble  de  1884-85; 
le  nombre  des  députés  est  alors  élevé  à  670  ;  une  redis- 
tribution assigne  aux  bourgs  et  aux  comtés,  subdivisés  en 
circonscriptions  électorales,  un  député  par  50.000  hab.  : 
le  scrutin  uninominal  est  imposé  à  presque  toutes  les  caté- 
gories d'électeurs,  le  régime  de  franchise  des  bourgs  étendu 


aux  comtés.  Cette  l'éforme  a  établi  un  système  de  suOrage 
très  rapproché  du  suffrage  universel,  mais  sans  faire  dis- 
paraître toutes  les  inégalités,  ni  mettre  fin  à  la  complica- 
tion de  la  législation  en  matière  de  droit  électoral. 

Les  progrès  de  la  Chambre  des  communes,  ses  transfor- 
mations successives  ont  gravement  modifié  le  rôle  respec- 
tif des  deux  Assemblées  au  xix®  siècle.  La  classique  et 
toujours  orthodoxe  théorie  de  la  balance  des  trois  pouvoirs 
a  cessé  de  correspondre  à  la  réalité.  La  Chambre  des 
communes,  représentant  réellement  la  nation,  est  deve- 
nue, en  fait,  la  véritable  dépositaire  de  l'autorité  suprême. 
Des  conflits  ont  éclaté  entre  les  deux  Chambres,  de  vio- 
lentes campagnes,  au  cours  desquelles  J.Morley  formula 
(1884)  la  sommation  célèbre  «  Mend  or  end  »,  se  sont 
produites  contre  l'existence  de  la  haute  Assemblée.  Les 
partis  avancés  réclament  maintenant  l'extension  du  droit 
de  vote  à  tous  les  adultes  (pauvres,  femmes),  rindemnité 
parlementaire  pour  les  députés,  la  suppression  de  la 
Chambre  des  lords.  Sur  le  Pouvoir  administratif  et  cous- 
iituant  du  Parlement,  Y.  l'art.  Constitution,  §  Anqlc- 
terre,  t.  XIÎ,  p.  670.  L.  Maurv. 

BiBL.  :  I.  Les;  Vxnï.T.^ivs'v:^  nx  oénéral.  -—  Girard  ot 
JoLv,  Trois  Livres  des  offices  de  France,  des  parleraeni-^ 
et  chanceliers,  des  bciilUs,  dos  sûnêchniix  ;  Paris,  103^, 
2  vol.  iii-lWi.  —  Bernard  do  La  ilocur  Fi.avin,  TfeA:>- 
Livres  des  parlements  de  France  ;  Bordeaux,  1617,  iii-fol.; 
Genève,  1661,  in-fol.  ~  Dp.  Boulainvilltebs,  Lettres  sur  les 
onciens parlements  de  France;  Londres,  1753, 8  vol.  in-12.  — 
Tableau  hi storiciiie,  généalogiciue  et  chronoloçjïque  des  trois 
cours  souveraines  de  France;  La  Haye,  17'72.  —  Dufey, 
Histoire,  actes  et  remontrances  des  parlements  de  France, 
chambres  des  comptes,  cours  des  aides  et  autres  cours 
souvera ines  depuis  ikùl  jasquà  leur  suppression  en  1100; 
Paris,  1826,  2  vol.  in-8.  —  Pardessus,  Essai  historique  sur 
l'organisation  judiciaire  et  l'administration  de  la  justice 
depuis  Hugues  Capet  juscpTà  Louis  XII  ;  Paris,  1851. 
in-8.  ~  Bastard,  les  Parlements  de  France,  1858,  2  vol. 
in-8.  — Desmaze,  Curiosités  des  parlements  de  France; 
Paris,  1863,  in-12.  —  Mérilhou,  les  Parlements  de  France; 
Paris,  ls63,  in-8  --  Bataillard,  les  Mœurs  judiciaires  de 
la  France  du  xvi^  au  xix«  siècle;  Paris,  1878,  in-12.  — 
Fi.AMMERMONT,  le  Chancelier  Maupeou  et  les  parlements  ; 
Paris,  in-8.  —  Lespinasse,  les  Parlements  de  France.  — 
Encyclopédie  méthodique,  article  Parlement  (par  Boucher 
d'Argis),  1790.  —  Sr.MOXNET,  des  Parlements  sous  l'an- 
cienne monarchie,  dans  Revue  historiciue  de  droit  fran- 
çais et  étranger,  t.  iV,  p.  359.  —  Durédat,  le  Parlement  de 
Maupeou,  dans  Recueil  do  l'Académie  de  législation  de 
Toulouse,  t.  XXV,  p.  19.  —  Martin  Sarzeaud,  Recherches 
Instoriques  sur  l'inamovibilité  de  la  magistrature  (Cf. 
Recueil  de  l'Académie  de  législation  de  Toulouse,  t.  XXX, 
)).  325.)  —  Dareste,  le  Rapj'pel  des  parlements  par  Mau- 
repas  en  illk,  dans  Séances  et  travaux  de  l'Académie 
des  sciences  morales  et  politiques,  t.  LXXXIX,  p.  323.  — 
Arthur  Dksjardins,  les  Parlements  du  roi  de  1589  à  1596, 
dans  Séances  et  travaux  de  l'Académie  des  sciences 
morales  et  politiques,  t.  CXII,  pp.  478  et  614.  —  Du  mémo, 
Henri  IV  et  les  parlements,  discours  prononcé  à  Faudienco 
de  rentrée  de  la  cour  de  cassation  le  3  nov.  1879.  —  Bloch. 
Meaupeou,ses  tribunaux  et  ses  ré  formes,  discours  prononco 
n  l'audipnce  de  rentrée  de  la  cour  d'appel  do  Paris  le 
17  cet.  1887. 

IL  Le  Parlement  dj:  Paris.  —  >vÏiraulmont  (les  Mé- 
moires de)  sur  l'Origine  el  institution  des  cours  souve- 
raines et  justices  royales  étant  dans  l'enclos  du  palais  ; 
Paris,  1593  et  1612,  in-8.  —  Blanchard,  les  Présidents  ù 
mortier  du  parlement  de  Paris,  leurs  emplois,  leurs 
charges,  etc.,  depuis  1331  j2isqu'à  présent;  Paris,  1647. 
in-fol.  —  Le  Paige,  Lettres  'histo7nc^ues  sur  les  fonctions 
essentielles  du  parlement,  sur  le  droit  des  pairs  et  les  lois 
fondamentales  du  royaume;  Amsterdtxm  (Paris),  1753-54. 
2  part,  en  1  vol.  in-i2.  —  Clos,  Histoire  de  l'ancienne 
cour  de  justice  de  la  maison  de  nos  rois,  dcpids  l'établis- 
sement de  la  monarchie,  de  l'époque  où  elle  a  été  connue 
sous  le  nom  de  prévôté  de  l'hôtel  et  grande  prévôté  de 
France,  et  depuis  ce  temps  jusqu'à  nos  jours  ;  Paris,  1790, 
in-8.  —  Fourxel,  Histoire  des  avocats  an  parlement  de 
Paris  depuis  saint  Loids  jusqu'au  15  oct.1190;  Paris,  1813, 
2  vol.  in-8.  —  Beugxot,  les  Olim  ou  registre  des  arrêts 
rendus  par  la  cour  du  roi  sous  les  règnes  de  saint  Louis, 
Philippe  le  Hardi,  etc.  ;  Paris,  1810-48,4  vol.  in-4.  —  Des- 
MAZE.  Histoire  du  parlement  de  Pains;  Paris,  1860,  2  vol. 
in-8,  2"^  éd.  —  Lot,  Essai  sur  l'authenticité  des  Olim;  Paris, 
1863.  broch.  in-8.—  Rittiez.  Histoire  du  palais  de  justice 
dePaiHsetdu  parlement  {868-1789);  Paris,  1860,  in-8. — 
Babeau,  le  Parlement  de  Paris  à  Troues  en  1187  ;  Troyes, 
1871,  broch.  in-8.  —  Fayard,  Aperçu  historique  sur  le  par- 
lement de  Paris;  Paris,  1876,  3  vol.  in-8.  —  Delachenal, 
Hisloire  des  avocats  au  parlement  de  Paris  {1300-1600)  ; 
Paris,  1885.  in-8.  —  Aurert,  le  Parlement  de  Paris  de  Phi- 


—  1157  -- 


PARLEMENT 


lippe  le  Bel  ù  C/uîc/c.s  V//,  son  orgaiùsollon  ;  Vail-^,  1^87, 
in-^.  ~  Du  mènio,  le  l'arUnnent  de  Paris  de  Philippe  le  Bel 
ù  Charles  VJI  {131^-1^22),  sa  compétence,  ses  aitrihutlons; 
Paris,  1890,  in-8.  —  GuiLHiimMOz,  Enquêtes  et  procès. 
Etude  êurla  procédure  et  lé  fonctionnement  du  parlement 
;ni  xiv«  siècle,  suivie  du  style  de  la  chambre  des  enquêtes, 
du  style  des  commissaires  de  la  chambre  du  parlement 
et  de  plusieurs  autres  textes  et  documents;  Paris,  1892, 
in-i.  —  AuBÉRT,  Histoire  du  parlement  de  Paris;  Paris, 
189t,  2  vol.  iii-8.  —  CouGNY,  Etudes  historiques  et  litté^ 
raires  sur  le  parlement  de  Paris.  -*  Flammermont,  Re- 
montrances du  pvjHement  de  Paris  au  xviii«  siècle  (en 
cours  de  publication,  collection  des  documents  inédits).  — 
Klimraïh,  de  la  Composition  du  parlement^  dans  ses 
Travaux  sur  Vhistoire  du  droit  français^  t.  II,  pp.  104  et 
suiv.  —  Du  même,  Mémoire  sur  les  Oliyn  et  le  parlement, 
dans  ses  Travaux  sur  Vhistoire  du  droit  français,  t.  II, 
p.  87.  —  Callery,  des  Attributions  financières  du  parle- 
ment et  de  la  chambre  des  comptes,  dans  France  judi- 
ciaire, t.  ÏV,  p.  287.  —  BoRDiER,  Commentaire  sur  im 
document  inédit  relatif  à  la  cotUume  de  Paris  et  à  la  juris- 
prudence du  parletnent  au  XIV6  siècle,  dans  Bibliothèque 
de  VEcole  des  chartes,  t.  I,  p.  396,  2"  série.  —  Pardessus, 
de  la  Juridiction  exercée  par  la  cour  féodale  du  roi  sur 
les  grands  vassaux  de  la  couronne  pendant  les  xi",  xii«  et 
xrii«  siècles^  dans  Bibliothèque  de  VEcole  des  chartes, 
1817-18,  t.  II,  p.  281,  2^  série.  —  Beugnot,  Mémoire  sur 
Varrét  de  la  cour  des  pairs  de  France  qià  condamne  Jean 
sans  Terre,  roi  d'Angleterre,  dans  Bibliothèque  de 
VEcole  des  chartes^  1.  V,  p.  1,  2»  série.  —  AtinERT,  les  Hids- 
s ier s  du  parlement  de  Paris  {1300-1^^20}.  dans  Biblio- 
thèque de  l  Ecole  des  chartes,  t.  XLVII,  p.  370.  —  Lan- 
GLois,  Roideaux  cVarrêts  de  la  ccnir  du  roi  au  xiii«  siècle., 
dans  Bibliothèque  de  VEcole  des  chartes,  année  1887, 
pp.  177  et  535.  —  Aubert,  le  Parlement  et  les  Prisonniers^ 
danfi  Bulletin  de  la  Société  de  Vhistoire  de  Paris  et  de  Vile- 
de-France,  année  1893.— Du  même,  le  Parlement  de  Pans  à 
la  fin  du  moyen  âge,  dans  Nouvelle  Revue  historique  de 
droit  français  et  étranger,  année  1888.  t.  XII,  p.  432.  —  Du 
munie,  le  Ministère  public  de  saint  Loids  à  François  /"■•, 
dans  Nouvelle  Revue  historique  de  droit  français  et 
étranger,  année  1894,  t.  XVIII,  p.  487.  —  Beaudoltin,  la 
Procédure  dii  parlement  au  xiv^  siècle,  d'après  Guilhier- 
moz,  dans  Revue   des  questions  historiques  d 'cet.  1893. 

—  Lefort,  tes  Avocats  au  parlement  de  Paris  au  moyen 
âge.  dans  Rhvue  générale  de  droit,  année  1887,  t.  Xî, 
p.  308.  —  Neuville,  le  Parlement  royal  à.  Poitiers,  dans 
Revue  historiciue,  t.  VI,  pp.  1  et  272.  —  Bé>(Ont,  de  la 
Condamnation  de  Jean  sans  Terre  par  la  cour  des  pairs 
de  France  en  1202,  dans  Revue  historique.^  t.  XXXII. 
— -  Langlois,  les  Origines  du  parlement  de  Paris  ;  Paris, 
broch.  in-8  (Extrait  de  la  Revue  historiciue,  1890,  t.  XLII). 

—  Gibert,  Recherches  historiques  sur  les  cours  cpii  exer- 
çaient la  justice  souveraine  de  nos  rois,  sous  la  première 
et  la  seconde  race  et  au  commencement  de  la  troisième, 
dans  Mémoires  de  V ancienne  Académie  des  inscrip- 
tions, t.  XXX.  p.  587.  —  Gauthier  de  Sibert,  Recherches 
historiques  sur  le  nom  de  cours  plénières  et  sur  les  diffé-^ 
rentes^  acceptions  données  à  cette  dénomination,  dans 
Recueil  des  Mémoires  de  Vancienne  Académie  des  inscrip- 
fio'is,  t.  XLI,  p.  583.  —  AuBEXAB,  Fragment  d'ime  histoire 
du  parlement  de  Paris  sous  la  Ligue,  dans  Séances  et 
travaux  de  V Académie  des  sciences  ynorales  et  politiciues, 
t.  XI,  p.  147.  —  Lot,  Essai  sii,r  Vhistoire  de  Vorganisation 
du  greffe  au  parlement  de  Paris,  depuis  les  origines  jus- 
qu'au xvr  siècle,  dans  Positions  des  thèses  de  VEcole  des 
cJiartes,  année  1857-58.  —  BovTjS.pac,  Recherches  archéolo- 
giques sur  le  palais  de  justice  de  Paris,  principalement 
sur  la  partie  consacrée  au  parlement,  depuis  Vorigine  jus- 
qu'à la  mort  de  Charles  VIL  dans  Mémoires  de  la  So- 
ciété des  antiquaires  de  France,  t.  XXVII. 

III.  Le  Parlement  de  Toulouse.  —  Dubédat,  Histoire 
du  parlement  de  Toulouse  ;  Toulouse,  1885,  2  vol.  in-8.  ~ 
Lapierre,  le  Parlement  de  Toulouse;  Paris,  1875,  broch. 
in-8  (Extrait  de  laLievue  de  législation  française  et  étran- 
gère). —  Sacaze,  Aperçu  sur  Vhistoire  de  la  chambre  de 
V ("'dit  clans  le  ressort  du  parlement  de  Toulouse,  dans 
Recueil  de  V Académie  de  législation  de  Toulouse^  t.  II, 
p.  282.  —  Du  même.  Mémoire  sur  la  baillée  des  roses  au 
parlement,  dans  Recueil  de  V Académie  de  législation 
de  Toulouse,  t.  VI,  j).  7.  —  Fons,  Mémoire  sur  l'es  parle- 
ments du  Languedoc,  dans  Recueil  de  VAcadémie  de 
législation  de  Toulouse,  t.  VU,  p.  17.  —  Du  même,  Entrée 
dans  Toxdouscdes  premiers  présideiits  duparlement, dans 
Recueil  de  VAcadémie  de  législation  deToulouse,t.  XXV, 
p.  75.  —  Lapierre,  VOffice  de  concierge  buvctier  au  parle- 
ment de  Toidouse,  ûauii  Recueil  de  VAcadémie  de  légis- 
lation de  Toulouse,  i.  XXV,  p.  101.  — Ca:mbon  de  Lava- 
j.ette,  la  Chambre  de  Védit  de  Languedoc;  Paris,  18G2, 
broch.  in-8.  (Cr.  unrapport  de  Molinièr,  dans  Recueil  de 
VAcadéinie  de  législation  de  Toulouse,  année  1873,  p.  279.; 

IV.  Le  Parlement  de  Grenoble.  —  Brun-Durand, 
Essai  Instorique  sur  la  chambre  de  Védit  de  Grenoble; 
Valence,  l;s73,  broch.  in-8.  —  PAGÈ?i,  Mémoire  sur  un  enre- 
gistrement forcé  au  parlement  de  Grenoble  (V.  sur  ce  Mé- 
moire un  rapport  dans  Recueil  de  VAcadémie  de  législa- 
tion de  Toidouse,  t.  VIII.  p.  220  ) 


V.  Le  Parlement  di:  Bordeaux.  —  J.  de  Métimer, 
Chronique  du  parleynènt  de  Bordeaux,  publiée  par  Arthur 
de  Brézel  et  Jules  Delpit  ;  Bordeaux.  —  Burone,  les  Avo- 
cats généraux  du  parlement  de  Bordeaux,  dans  Revue 
catholique  de  Bordeaux,  année  1886.  —  Nicolaï,  Histoire 
de  Vorganisation  judiciaire  à  Bordeaux  et  en  Guyenne  et 
du  barreau  de  Bordeaux  du  xui^ au  xix"  siècle;  Bordeaux, 
1892,  broch.  in-4.  (V.  Revue  historique^  t.  LU.  p.  141.) 

VI.  Le  Parlement  de  Di.ion.  —  Pallïot  et  Petitôt,  le 
Parlement  de  Bourgogne,  son  origine,  son  établissement 
et  son  progrès;  Dijon,  KilQ  et  1733,  2  vol.  in-i.  —  Des- 
marche, tîistoire  du  parlement  de  Bourgogne  de  1113  à 
1190,  in-fôl.  —  Lamisine,  le  Parlèment'de  Bourgogne; 
Paris,  1864,  3  vol.  in-8,  2«  éd. 

VIL  Le  Parlement  de  Rennes.  —  Carré,  le  Parlement 
de  Bretagne  après  la  Ligue  ;  Paris,  broch.  in-8.  —  Saul- 
NiRR,  le  Barreau  du  parlement  de  Bretagne  au  xViii^  êiéc/e, 

VIII.  Le  Parlement  de  Rouen.  —  Floquét,  Histoire 
duparlement  de  Normandie  ;  Rouen,  1840-49,7  vol.  in-8. 

IX.  Le  Parlement  d'Aix.  —  Cabasse,  Llisloire  du  parle- 
ment de  Provence  ;  Paris,  1826, 3  vol.  in-8.—  Giraud.  du  Par- 
lement et  du  barreau  dans  Vancienne  Provence;  Aix,  1812, 
in-8.—  RiBBE,  V Ancien  Barreau  duparlement  de  Provence. 

X.  Le  Parlement  de  Pau.—  Dupont-Larey,  Curiosités 
judiciaires  du  parlement  de  Pau,  1623-1132  ;  Pau,  1773, 
broch.  in-8.  -^  De  Lagrèzr,  le  Parlement  de  Navarre,  1873, 
broch.  in-8. 

XL  Le  Parlement  de  Metz.  —  Michel,  Histoire  duparj- 
lement  de  Metz  ;  Metz,  1845,  in-8. 

XII.  Le  Parlement  de  Besançon.  — Estignard,  [e  Par- 
lement de  Franche-Comté,  1892,'in-8. 

XIII.  Le  Parlement  de  Flandre.  —  Pîllot,  Histoire  du 
parlernent  de  Flandre;  Douai,  1819,  2  vol.  in-8. 

XIV.  Le  Parlement  be  Nancy.  —  Organisation  judi-- 
ciaire  en  Lorraine  sous  Léopold,  et  les  réformes  de  ce 
prince  [1691-1120),  discours  prononcé  à  l'audience  de 
rentrée  de  la  cour  d'appel  de  Nancy,  le  3  no  v.  1883.— J.  Krug- 
Basse,  Histoire  du  parlement  de  Lorraine  et  du  Barrois, 
dans  Annales  de  VEst,  année  1897. 

.  XV.  Les  Grands  Jours.  —  Brives-Caze.s,  les  Grands 
Jours  du  dernier  duc  de  Guyenne  [1^60-12);  Bordeaux, 
1867,  broch.  in-8.  —  Pasquier,  les  Grands  Jours  de  Poi- 
tiers ;  Toulouse,  1875,  in-8.  —  Ciievreux,  Recherches  sur 
les  Grands  Jours  de  Troyes  sous  Charles  V  et  Charles  VI 
(thèse  de  l'Ecole  des  chartes,  année  1880). 

XVI.  Les  Conseils  souverains.  —  V.  la  bibliographie  à 
l'art.  Conseil  souverain.  Ajouter  Pillot  et  De  Nerey- 
MAND,  Histoire  du  conseil  .-souverain  d'Alsace;  Paris,  1860. 
Angleterre.  —  1°  Documents.  Les  writs  de  con- 
vocation ont  été  analysés  ou  publiés  dans  les  recueils  sui- 
vants :  W.  PRYNNE,  À  brief  register,  kalendar  and  survey 
of  the  several  kinds  and  forms  of  ail  parliamentai^y  writs, 

203-1483  j  4  parties,  1661  (la  2°  partie  souvent  désignée  par 
le  sous-titre  :  Brevia  parliamentaria  rediviva).  —  W.  Dug- 
DALE,  A  perfect  copy  of  ail  summons  of  the  nobility  to 
the  great  councils  and.  parliaments  of  this  realm,  1685.  — 
Reports  on  the  dignity  of  a  peer  of  the  realm,  5  vol.  dont 
un  de  textes  (collection  des  Élue  books),  1814.  -^  Fr.  Pal- 
grave,  Parliamentary  writs  and  writs  of  parliamentary 
summons;  Londres,  1827,  1834,  2  vol.  en  4  tomes.  —  Pour 
les  procès-verbaux  des  parlements  :  Rotuli  Parliamento- 
rum,  id  et  petitiones  in  Parliamento,  1770,  0  vol.  plus  un 
index  (1832).  —  W.  Ryle y, Placita  parliamentaria,  or  Plead^ 
ingsiîi  Parliament;  Londres,  1661.  —  Fr.  Maitland,  iîe- 
cords  of  parliament  holdenat  Westminster  28  febr.  1305, 
{Rolls  seîies,  1893;. — Sur  la  manière  dont  devaient  être  tenus 
les  Parlements,  on  peut  consulter,  mais  avec  précaution, 
le  ^[odus  tenendi  Parliamentum  in  Anglia,  qui  a  été  écrit 
vers  1380  (Stubbs,  Select  Charters). 

2"  Ouvrages  divers.  A  J.  Kemble,  nommé  en  tète  de  l'ar- 
ticle JI  suffira  d'ajouter  :  Ch.-H.  PARRY,T/}ePa?'/îamenis  and 
councils  of  Engiand  chronologically  arrangea  1066-1688, 
1839. —  W.  Stubbs,  Constitulionalhistory,  passim.  —  Frée- 
MAN,  Historical  essays,  4"  ^érle.  —  Rud.GNEiST.  E/îgf^isd/ie 
Verfassungsgeschichte,  lSo8,  et  Bas  englische  Parlament., 
1886,  2"  éd.  — il.  Coy.,  Ancient parliamentary  élections,  1868, 
et  L.  RiESs,  Geschichte  des  Wahlrechts  zum  englischen 
Parlament  1205-I(i06, lHii5.  —  A-ssoyi,  Law  and  customof  the 
Constitidion,  l'«  part.  :  Parliament.—  Pike,  A  Constitutio- 
nal  history  of  the  House  of  lords,  189L  —  Medley,  A  Stu- 
denVs  manual  of  english  constitulionalhistory,  1898,  2°  éd. 

8»  De  Henri  \  III  à  nos  jours.  V.  Bibl.  de  l'art.  Consti- 
tution, §  Grande-Bretagne,  t.  XIÏ,  p.  731.  — -  Andrew  Bis- 
set,  A  short  history  ofthe  English  Parliament  ;  Londres, 
1882.  —  R.  Gneist,  Das  englische  Parlament  in  tausend- 
jahrigen  Wandelunqen  vom  9  bis  zum  Ende  des  19.  Jahr- 
'huncierls;  Berlin,  1886,  2»  éd.  —  W.-R.  Anson,  The  Law 
and  Custoyn  of  the  Constitidion,  t.  I,  Parliament  ;  Lon- 
dres, 1886.  —  De  Franqueville,  le  Gouvernement  et  le 
Parlementbrilanniques ;  Paris,  1887, 3  vol.— SÀfiTti (G.  Bar- 
nett),  History  of  the  English  Parliament  togethef  with  an 
account  of  tiie  Parliamentsof  Scotland  and  Ireland;  Lon- 
dres, 1892,  2vol.  — Luke-Owen  Pike,  Constitulionalhistory 
of  the  House  ofthe  lords;  Londres,  18Ù4.  --  T.-A.  S^aL-* 
DiNG,  The  House  of  lords;  Londres,  1894.  —  Lowes  Dig- 
KiNSON,  The  Development  of  Parliament  during  the  nine- 
teenth  centur y  ;  Londrefi,  1895. 


PAR[.EMKNTAIRE  —  PARLEMENTARISME  —  H28  — 


PARLEMENTAIRE  (Dr.  internat.).  On  désigne  sous  ce 
nom  les  personnes  qui,  en  temps  de  guerre,  sont  envo3'ées 
en  mission  par  l'un  des  belligérants  vers  une  place  ou  un 
corps  de  troupes  ennemies,  dans  le  but  de  négocier  avec 
le  commandant  de  la  place  ou  le  chef  de  corps.  Les  par- 
lementaires sont  accompagnés  jusqu'aux  avant-postes  par 
un  trompette  portant,  en  signe  de  reconnaissance  de  leur 
caractère,  un  drapeau  blanc.  Placés  sous  la  protection 
spéciale  du  droit  des  gens,  les  parlementaires  sont  invio- 
lables, à  la  condition,  bien  entendu,  qu'ils  n'abusent  pas  de 
leur  privilège  pour  espionner  ou  provoquer  des  trahisons. 
Il  n'est,  d'ailleurs,  pas  contraire  au  droit  international 
que  certaines  précautions  soient  prises  pour  les  empê- 
cher de  faire,  môme  accidentellement,  aucune  constata- 
tion dans  les  lignes  ennemies  ;  ainsi,  il  arrive  fréquemment 
qu'on  leur  bande  les  yeux  ou  qu'on  les  transporte  dans 
une  voiture  aux  stores  baissés.  Mais  ils  ne  peuvent  être 
faits  prisonniers  ni,  à  plus  forte  raison,  maltraités,  sans 
une  violation  formelle  des  lois  de  la  guerre,  et  on  leur 
doit  le  moyen  de  s'en  retourner  librement  et  sans  danger. 
S'ils  étaient  blessés  ou  tués  involontairement,  cet  événe- 
ment ne  pourrait  donner  lieu  à  réclamation  :  le  fait  d'ar- 
borer un  drapeau  parlementaire  n'impose  pas  à  l'ennemi 
l'obligation  de  suspendre  le  feu.  Un  chef  militaire  n'est 
pas  tenu  de  recevoir  dans  ses  lignes  tout  parlementaire 
qui  se  présente  à  lui  ;  et  il  est  libre  de  retenir  momenta- 
nément celui  qu'il  a  reçu,  si  une  circonstance  imprévue 
l'y  contraint  dans  l'intérêt  d'une  opération  en  cours  ;  mais 
cet  arrêt  doit  être  aussi  court  que  possible.  —  On  nomme 
aussi  parlementaire  ou  vaisseau  parlementaire  le  navire 
chargé  d'aller  porter  des  propositions  à  une  flotte  ou  un 
port  de  l'ennemi.  Ernest  Lehr. 

PARLEMENTARISME.  Dans  ses  Essais  de  politique, 
Herbert  Spcncor  s'est  livré  à  une  critique  amère  du  par- 
lementai isme,  qu'il  a  reprise  avec  une  vigueur  plus  grande 
encore  dan^  son  ouvrage  intitulé  Vlinlividu  contre  l'Etat. 
Le  système  représentatif  lui  apparaît  comme  une  machine 
mal  construite,  aux  rouages  compliqués  et  mal  ajustés 
qu'il  faut  changer  fréquemment,  sans  qu'il  en  résulte 
d'ailleurs  aucune  amélioration  dans  la  marche  de  l'orga- 
nisme qui  est  affecté  d'un  vice  fondamental  :  chacun  de 
ses  rouages  ne  peut  bien  fonctionner  qu'au  détriment  du 
rouage  voisin  et  de  l'ensemble  du  mécanisme.  A  dire  vrai, 
le  philosophe  anglais  démontre  lui-même  que  le  système 
opposé,  le  despotisme,  a  des  inconvénients  encore  plus 
graves. 

Il  conclut  de  ces  deux  thèses  inconciliables  que  le  ré- 
gime représentatif  est  du  moins  particulièrement  apte  au 
maintien  de  l'équité  dans  les  rapports  des  citoyens  entre 
eux.  Il  est  né,  en  général,  de  la  nécessité  pour  les  peuples 
de  tenir  en  échec  l'injustice  d'un  monarque  ;  et  les  faits 
prouvent  qu'il  est  favorable  à  l'établissement  et  au  main- 
tien de  justes  lois.  Mais  là  doit  se  borner  son  rôle.  Avec 
la  complexité  des  sociétés  modernes,  il  deviendrait  la  pire 
des  institutions  s'il  tentait  —  comme  c'est  malheureuse- 
ment son  inclination  —  de  sortir  des  étroites  Mmites  du 
domaine  du  législateur. 

Ln  résumé  rapide  de  l'histoire  des  origines  du  gouver- 
nement parlementaire  confirmera,  en  partie,  les  théories 
«l'Herbert  Spencer.  Dans  les  premières  phases  de  l'évolu- 
tion des  sociétés,  on  trouve  partout  en  germe  le  fonction- 
nement du  régime  parlementaire,  dans  la  plupart  des  cas 
avec  des  formes  très  rudimentaires,  parfois  avec  des  formes 
déjà  savantes  :  par  exemple,  à  Carthage  ou  dans  les  am- 
phictyonies  grecques.  Puis  partout  il  disparaît  avec  l'éta- 
blissement de  la  monarchie.  Il  reparaît  d'assez  bonne  heure 
chez  les  peuples  anglo-saxons  avec  F  «  assemblée  des 
sages  »,  issue  de  l'assemblée  des  hommes  libres  des  Ger- 
mains. Les  barons  normands  pour  résister  aux  rois  leur 
imposent  un  parlement  régulier  qui,  une  fois  créé,  se 
pei-fectionne  et  devient  en  1264  la  Chambre  des  communes. 
I*]n  France,  c'est  le  roi,  qui  pour  obtenir  des  subsides,  con- 
voque des  Etats  généraux,  lesquels,  une  fois  établis,  déve- 


loppent invinciblement  toutes  leurs  conséquences,  abou- 
tissent à  la  Révolution  et  se  transforment  en  assemblées 
législatives.  On  en  pourrait  dire  autant  des  autres  parle- 
ments du  monde  qui  ont  tous  pour  origine  une  conquête 
de  la  collectivité  des  citoyens  sur  l'absolutisme  royal. 

Une  autre  évolution,  non  moins  caractéristique,  s'est 
lentement  opérée.  Les  assemblées  législatives,  une  fois 
créées,  ont  poursuivi  une  lutte  ininterrompue  contre  les 
prérogatives  du  gouvernement.  Le  temps  est  déjà  loin  ou. 
en  France,  les  Chambres  étaient  obligées  de  s'entourer  de 
fortes  garanties,  d'édifier  tout  un  arsenal  de  procédure, 
pour  lutter  avec  quelque  efficacité  contre  l'intervention 
du  gouvernement  dans  leurs  actes.  «  Aujourd'hui,  écrit 
M.  Eugène  Pierre,  la  situation  est  retournée.  Il  ne  s'agil 
plus  de  chercher  dans  la  collection  des  précédents  des  tac- 
tiques capables  d'empêcher  un  gouvernement  de  faire  le 
siège  d'une  Chambre.  Les  Chambres  sont  le  gouvernement 
lui-même.  Avant  d'agir,  les  ministres  s'efforcent  de  pé- 
nétrer les  intentions  des  majorités  ;  ils  n'ont  pas  pour 
programme  de  conduire  ceux  que  les  électeurs  ont  dési- 
gnés, et  tout  le  secret  de  leur  durée  se  rencontre  dans  le 
degré  de  leur  habileté  à  saisir  les  leçons  des  votes.  » 

L'exposé  qui  va  suivre  de  la  procédure  parlementaire 
dans  les  diftérentes  nations  montrera  que  cette  transfor- 
mation s"est  accomplie  dans  le  monde  entier.  Elle  peut 
suggérer  des  réflexions  philosophiques,  elle  peut  donner 
lieu  à  de  hautes  considérations  sur  les  effets  et  l'avenir 
du  parlementarisme.  «  On  peut,  ajoute  en  effet  M.  Pierre, 
trouver  révolution  rapide  ;  on  peut  plaindre  les  gouver- 
nements amoindris;  on  peut  se  demander  où  aboutiront, 
dans  les  destinées  du  monde,  ces  formes  nouvelles  de  la 
civilisation  qui  enlèvent  aux  subtils  calculs  des  hommes 
d'Etat,  pour  les  livrer  à  l'impulsion  subite  des  collectivi- 
tés, tous  les  ressorts  de  la  puissance  publique.  C'est  un 
fait  que  l'on  ne  saurait  nier,  qui  grandit  d'heure  en  heure, 
et  qu'il  faut  savoir  observer  si  l'on  veut  qu'il  serve  au 
progrès  des  nations.  »Ilne  nous  appartient  pas  d'aborder 
ici  cette  étude  spéculative,  quelque  intérêt  qu'elle  puisse 
d'ailleurs  présenter,  car  elle  est,  en  somme,  du  domaine 
de  l'hypothèse,  et  nous  devons  nous  borner  aux  faits. 

Appliquant  à  la  monographie  du  parlementarisme  la 
méthode  scientifique,  nous  avons  considéré  chacune  des 
assemblées  législatives  des  principaux  Etats  du  monde 
comme  un  organisme  animé  d'une  vie  propre,  et  nous 
avons  essayé  de  montrer,  le  plus  clairement  possible,  com- 
ment il  se  forme,  comment  il  ibnctionne  et  comment  il  se 
dissout.  Le  parlementarisme  étant  essentiellement  le 
gouvernement  d'une  nation  au  moyen  d'un  accord  établi 
entre  des  assemblées  parlementaires  composées  de  délégués 
élus  par  le  peuple  à  des  degrés  plus  ou  moins  directs  — 
lesquelles  légifèrent  —  et  un  président  de  la  République 
ou  un  monarque,  assisté  de  divers  ministres  —  lequel  exé- 
cute les  lois  votées  par  le  Parlement  et  dirige  l'adminis- 
tration —  le  lecteur  devra  se  reporter  à  l'art.  CoiNStitution, 
où  l'on  a  exposé  en  quelque  sorte  la  théorie  de  ce  système 
de  gouvernement,  et  où  l'on  a  défini  les  rapports  qui  doi- 
vent exister  entre  les  pouvoirs  publics.  En  rapprochant 
les  deux  articles,  on  aura  une  vue  d'ensemble  du  système 
tel  qu'il  est  déterminé  par  les  diverses  chartes  constitution- 
nelles et  tel  qu'il  fonctionne  dans  la  réalité. 

FRANCE.  —  Chambre  des  députés.  —  I.  Consti- 
tution DE  l'Assemblée.  —  L'Assemblée  n'est  réellement 
constituée  qu'après  l'élection  de  son  bureau  définitif.  C'est 
à  ce  moment  seulement  que  son  président  fait  connaître 
au  Sénat  et  au  président  de  la  République  qu'elle  existe, 
qu'elle  est  née  pour  ainsi  dire  à  la  vie  parlementaire.  Il 
faut  qu'elle  passe,  comme  tout  organisme  vivant,  par  une 
phase  embryonnaire  obscure.  Dès  leur  première  réunion, 
fixée  par  le  décret  de  convocation  (V.  Constitution,  t.  XII, 
p.  661),  les  députés,  sous  la  présidence  du  plus  âgé  d'entre 
eux,  assisté  des  six  plus  jeunes  membres  présents,  nomment 
au  scrutin  un  président  et  deux  vice-présidents  provisoires. 
Après  son  installation,  le  président  provisoire  divise,  par 


Ih29 


PARLEMKiNTARlSME 


un  liiMge  ati  s(»il,  la  Cliunibre  en  onze  bureaux  qui,  aus- 
sitôt procèdent,  à  l'examen  des  procès-verbaux  d'élection. 
Ces  procès-verbaux  sont  répartis  par  ordre  alphabétique 
de  départements,  et  autant  que  possible  proportionnelle- 
ment au  nombre  total  des  électeurs.  Ils  sont  examinés  par 
des  commissions  de  cinq  membres  au  moins,  formées  dans 
chaque  l)ureau  par  la  voie  du  sort.  Les  députés  chargés 
de  faire  les  rapports  sont  nommés  par  le  bureau.  Ces  rap- 
ports sont  lus  en  séance  publique,  et  la  Chambre  prononce 
souverainement  sur  la  validité  des  élections.  Le  président 
proclame  les  noms  des  députés  dont  les  pouvoirs  ont  été 
déclarés  valides.  Quand  les  pouvoirs  de  la  moitié  plus  un 
dos  membres  de  la  Chambre  ont  été  vérifiés,  il  peut  être 
procédé  à  l'élection  du  bureau  définitif.  On  ne  nomme  de 
président  et  de  vice-présidents  provisoires  qu'au  début 
d'une  nouvelle  législature.  A  l'ouverture  d'une  session 
ordinaire,  c'est  le  bureau  d'fige  qui  fonctionne  jusqu'à 
l'élection  du  bureau  définitif. 

Ce  bureau  définitif  comprend  :  i  président,  4  vice- 
présidents,  8  secrétaires  et  3  questeurs,  qui  sont  nommés 
par  scrutin  séparé  et  à  la  majorité  absolue.  Après  deux  tours 
de  scrutin  et  en  cas  do  ballottage,  la  majorité  relative  suffit. 
Les  vice-présidents,  secrétaires  et  questeurs  sont  nommés  au 
scrutin  de  liste.  Les  pouvoirs  du  bureau  sont  valables  jus- 
qu'à l'ouverture  de  la  session  ordinaire  qui  suit  celle  pour 
laquelle  il  a  été  élu. 

L'organisme  est  créé.  Pour  qu'il  fonctionne,  il  faut  le 
pourvoir  d'organes  intérieurs  :  les  bureaux  et  les  com- 
missions qui  élaboreront  les  matériaux  qui  leur  seront 
apportés  :  d'une  part,  par  le  gouvernement,  sous  forme 
de  projets  de  loi;  d'autre  part,  par  l'initiative  parlemen- 
taire, sous  forme  de  propositions.  Ces  projets  ou  ces  pro- 
positions seront  ensuite  l'objet  de  rapports,  qui  seront 
discutés,  amendés  et,  s'il  y  a  lieu,  votés  par  la  Chambre. 

Le  travail  parlementaire  comprend  ainsi  deux  phases 
bien  distinctes  :  le  travail  intérieur,  le  travail  en  séance 
publique. 

IL  Travail  int-krieur.  —  Bureaux  et  commissions. 
Dès  le  début  d'une  session,  comme  nous  l'avons  vu,  la 
Chambre  est  divisée  en  onze  bureaux.  Ces  bureaux  se 
renouvellent  chaque  mois  par  la  voie  du  sort.  Ils  élisent 
au  scrutin  leurs  présidents  et  leurs  secrétaires.  Ils  discu- 
tent sommairement  les  propositions  et  projets  de  loi  qui 
leur  sont  distribués  et  nomment  chacun  un  commissaire. 
La  réunion  de  ces  onze  commissaires  constituera  la  com- 
mission qui  examinera  à  fond  les  projets  et  propositions. 
De  plus,  pour  simplifier  le  travail,  les  bureaux  nomment 
au  commencement  de  chaque  session  ordinaire  et  pour 
l'année  entière  une  commission  de  onze  membres,  dite 
commission  de  comptabilité,  chargée  de  la  comptabilité 
des  fonds  alloués  pour  les  dépenses  de  la  Chambre; 
tous  les  mois,  une  commission  de  22  membres,  dite  com- 
mission d'initiative  parlementaire,  chargée  d'examiner 
les  projets  émanant  de  l'initiative  parlementaire  et  de 
donner  un  avis  sur  leur  prise  en  considération  ;  une  com- 
mission dedi  membres  chargée  de  l'examen  des  projets 
de  loi  relatifs  aux  intérêts  communaux  et  départementaux, 
dite  commission  d'intérêt  local;  une  commission  de 
11  membres  chargée  de  l'examen  des  pétitions,  dite  com- 
mission des  pétitions;  une  commission  de  il  membres 
chargée  de  donner  son  avis  sur  toute  demande  de  congé, 
dite  commission  des  congés  ;  enfin  plusieurs  grandes 
commissions  de  33  membres,  dites  commission  du  bud- 
get, commission  d'administration  départementale  et 
communale,  commission  de  l'armée,  commission  des 
chemins  de  fer,  commission  de  V enseignement,  com- 
mission de  la  marine,  comynission  des  colonies,  com- 
mission du  commerce  et  de  Vindustrie,  commission 
de  législation  criminelle,  commission  de  législation 
fiscale,  commission  des  économies  administratives,  etc. . 
mais  il  faut  remarquer  que  ces  grandes  commissions  ne. 
peuvent  être  nommées  qu'en  vertu  d'une  résolution  spé- 
ciale de  la  chambre. 


Les  commissions  nomment  chacune  leur  président  el 
leur  secrétaire.  Puis,  après  avoir  délibéré  sur  les  matières 
soumises  à  leur  examen  et  toutes  les  pièces  relatives  à 
ces  matières  qui  leur  sont  transmises  par  les  soins  du 
président  de  la  Chambre,  elles  désignent  un  rapporteur 
chargé  de  rendre  compte  à  l'Assemblée  du  résultat  de 
leurs  travaux.  Le  secrétaire  rédige  un  procès-verbal  des 
séances  de  la  commission  qui  mentionne  le  nom  des  mem- 
bres présents.  Ces  procès-verbaux  et  les  pièces  annexes 
sont  déposées  aux  archives  de  la  Chambre  après  le  vote 
des  projels.  Les  députés  peuvent  en  prendre  communica- 
tion sur  place  et  de  manière  à  ce  que  les  travaux  des 
commissaires  ne  puissent  être  entravés. 

Les  délibérations  de  la  commission  du  budget  sont,  ù 
cause  de  son  importance,  soumises  à  des  règlements  spé- 
ciaux. Elle  est,  en  effet,  chargée  non  seulement  de  l'exa- 
men de  la  loi  des  recettes  et  des  dépenses,  mais  de  tous 
les  projets  de  loi  portant  demande  de  crédits  supplémen- 
I  aires  ou  extraordinaires  afférents  aux  exercices  courants, 
clos  ou  périmés,  et  de  tous  projets  de  loi  ou  propositions 
qui  peuvent  avoir  pour  etfet  cîe  modifier  les  recettes  ou 
les  dépenses  de  l'Etat.  Ses  membres  ne  peuvent  faire  par- 
tie que  d'une  seule  autre  grande  commission  tant  que  les 
rapports  n'ont  pas  été  distribués.  La  présence  de  17  mem- 
bres au  moins  est  nécessaire  pour  la  validité  des  votes. 
Le  lendemain  de  chaque  séance,  les  noms  des  membres  pré- 
sents, excusés  ou  absents,  sont  insérés  au  Journal  officiel. 
Enfin  cette  commission  désigne  un  rapporteur  général  et 
autant  de  rapporteurs  qu'il  y  a  de  grands  services  publics. 

La  commission  de  comptabilité  vérifie  et  apure  les 
comptes  relatifs  au  service  spécial  de  la  Chambre.  Elle 
examine  le  budget  de  la  Chambre  préparé  par  les  ques- 
teurs et  qui  est  réglé  par  exercice,  comme  le  budget  de 
l'Etat.  Elle  soumet  ce  budget  à  l'approbation  de  l'Assemblée 
et  à  la  fin  de  chaque  exercice  lui  rend  compte  de  l'exécu- 
tion du  mandat  qui  lui  a  été  confié.  Les  membres  du  bu- 
reau ne  peuvent  faire  partie  de  cette  commission. 

Les  commissions  d'initiative  parlementaire  doivent, 
dans  la  quinzaine,  présenter  un  rapport  sommaire  sur 
chacune  des  propositions  renvoyées  à  leur  examen. 

Les  commissions  des  congés  donnent  leur  avis  sur  cha- 
que demande  de  congé  qui  leur  est  soumise.  Ces  avis  sont 
portés  par  le  président  à  la  connaissance  de  la  Chambre. 

La  commission  des  pétitions  classe,  après  examen, 
les  pétitions  dans  l'ordre  suivant  :  celles  qu'elle  juge  à 
propos  de  renvoyer  à  un  ministre;  celles  qu'elle  juge  de- 
voir être,  indépendamment  de  ce  renvoi,  soumises  à  l'exa- 
men de  la  Chambre  ;  celles  qu'elle  ne  juge  pas  devoir 
être  utilement  soumises  à  cet  examen.  Avis  est  donné  au 
pétitionnaire  de  la  résolution  adoptée  à  l'égard  de  sa  pé- 
tition. Tout  député  peut  prendre  communication  des  pé- 
titions en  s'adressant  au  président  de  la  commission  chargée 
de  leur  examen.  Un  feuilleton,  distribué  aux  députés, 
mentionne  le  nom  et  le  domicile  du  pétitionnaire,  l'indi- 
cation de  l'objet  de  sa  pétition,  le  nom  du  rapporteur  et 
la  résolution  adoptée  par  la  commission.  Tout  député, 
dans  le  mois  de  la  distribution  de  ce  feuilleton,  peut  de- 
mander le  rapport  d'une  pétition  en  séance  publique. 
Après  l'expiration  de  ce  délai,  les  résolutions  de  la  com- 
mission deviennent  définitives  à  l'égard  des  pétitions  qui 
ne  doivent  pas  être  l'objet  d'un  rapport  public,  et  elles 
sont  mentionnées  au  Journal  officiel.  Les  pétitions  qui 
sont  relatives  à  une  proposition  soumise  à  l'examen  d'une 
commission  spéciale  peuvent  être  renvoyées  à  cette  com- 
mission qui  doit  les  mentionner  dans  son  rapport.  De 
m*'^me,  et  dans  un  délai  de  six  mois,  les  membres  doivent 
faire  connaître  la  suite  donnée  par  eux  aux  pétitions  qui 
leur  ont  été  renvoyées. 

D'autres  commissions  très  spéciales  peuvent  être  nom- 
mées dans  des  cas  déterminés  et  qui  ne  se  présentent  que 
rarement.  Ce  sont  :  la  commission  chargée  de  faire  un 
rapport  sur  une  nouvelle  déhbération  demandée  par  un 
message  motivé  du  président  de  la  République  dans  le  dé- 


pakij:mfntarisme 


1130 


lai  fixé  pour  la  promulgation  dos  lois;  —  la  cominission 
chargée  d'examiner  des  ordres  du  jour  motivés  ;  —  la  com- 
mission chargée  de  s'entendre  avec  une  commission  du 
Sénat,  dans  le  cas  oii  un  projet  voté  par  la  Chambre  au- 
rait été  modifié  par  le  Sénat  et  où  l'accord  entre  les  deux 
assemblées  n'aura  pu  se  faire. 

La  Chambre  consacre  ordinairement  deux  jours  par 
semaine  aux  travaux  des  commissions  (le  mercredi  eî  le 
samedi).  C'est  un  usage  plutôt  qu'une  obligation.  La 
commission  du  budget  siège  plus  fréquemment  et  se  réu- 
nit même  pendant  les  vacances  parlementaires. 

Projets  et  propositions  de  loi.  L'activité  des  com- 
missions s'exerce  sur  les  projets  et  propositions  de  loi. 
Par  des  discussions  serrées  otl  les  spécialistes  apportent 
leur  expérience  et  leur  entente  des  affaires,  elles  les  trans- 
fornient,  en  cpielque  sorte,  en  aliments  capables  d'être  di- 
gérés par  l'Assemblée.  Les  projets  de  loi,  présentés  au 
jiom  du  gouvernement,  sont  déposés  par  un  des  ministres 
sur  le  bureau  de  la  Chambre.  Ils  sont  aussitôt  imprimés 
et  distribués  aux  députés.  En  même  temps,  le  président 
les  transmet,  soif  aux  bureaux  qui  nommeront  une  com- 
mission spéciale  chargée  de  leur  examen,  soit  à  une  com- 
mission déjà  existante,  c.-à-d.  à  la  commission  d'intérêt 
local  s'il  s'agil  de  projets  d'intérêt  local,  à  la  commission 
du  budget  s'il  s'agit  d  une  loi  de  finances,  à  la  commis- 
sion de  la  marine  ou  de  l'armée  s'il  s'agit  d'un  projet  in- 
téressant la  marine  et  l'armée,  etc.  Cependant  cette  pro- 
cédure n'est  pas  absolue,  la  Chambre  ayant  touiours  le 
droit  do  nommer  une  commission  spéciale  pour  l'examen 
d'un  projet  quelc'onque. 

Quant  aux  propositions  faites  par  les  députés,  elles 
doivent  être  formulées  par  écrit  en  articles  de  loi  et  pré- 
cédées d'un  exposé  (b^s  motifs.  Remises  au  président.  eHes 
sont  cFahord  renvoyées  à  la  commission  d'initiative  par- 
lementaire qui  décide  si  elles  doivent  être  prises  en  con- 
sidération, ou  rejetées  purement  ou  simplement,  ou  encore 
si  elles  doivent  être  soumises  à  la  question  préalable.  Dans 
le  premier  cas,  cl! es  sont  renvoyées  à  l'examen  des  bu- 
reaux. 11  est  procédé  ensuite  comme  pour  les  projets  de 
loi. 

Rapports.  Tout  le  travail  des  commissions  a  pour  ré- 
sultante un  rapport.  Un  rapport  est  souvent  une  œuvre 
de  grande  valeur,  traitant  de  haut  la  question,  la  suivant 
dans  ses  moindres  détails,  l'examinant  au  point  de  vue  de 
la  législation  com.parée,  prévoyant  ou  commentant  les  cir- 
constances les  plus  lointaines  auxquelles  la  loi  future  pourra 
s'adapter.  Il  doil  tenir  compte  des  opinions  diverses  qui 
se  sont  manifestées  dans  la  commission,  et  motiver  sur 
les  points  importants  le  sentiment  de  la  minorité.  11  est 
terminé  par  une  rédaction  précise,  disposée  par  articles, 
du  projet  qui  sera  soumis  aux  délibérations  de  la  Chambre. 
Les  rapports  sont  déposés  en  séance  publique.  Us  sont  im- 
primés et  distribués  vingt-quatre  heures  au  moins  avant 
l'ouverture  de  la  discussion,  a^in  que  les  députés  aient  le 
temps  matériel  de  les  examiner.  En  cas  d'urgence,  les  dé- 
bais  de  distribution  ne  sont  pas  exigés. 

IIL  Travail  en' séance  publique.  —  Comme  on  l'a  vu, 
le  travail  très  important  accompli  dans  les  bureaux  et 
les  commissions  a  eu  pour  résultat  de  mettre  les  projets 
et  propositions  de  loi  en  état  d'être  discutés  utilement  par 
la  Chambre.  Pour  qu'ils  arrivent  devant  l'Assemblée,  il 
fuit  cfu'ils  soient  d'abord  inscrits  à  Yordre  du  jour.  Cet 
ordre  du  jour,  établi  par  le  président,  d'accord  avec  les 
i-apporteurs  ou  les  présidents  des  commissions,  est  pro- 
posé à  chaque  fin  de  séance  parle  président  à  la  Chambre, 
qui  peut  y  apporter  telle  modification  qui  lui  semble  con- 
venable. Une  fois  approuvé  par  l'Assemblée,  il  est  affiché 
dans  l'enceinte  du  palais  législatif,  publié  au  Journal 
officiel,  inséré  dans  des  publications  appelées  Feuilleton, 
qui  sont  distribuées  à  chaque  député.  C'est  en  quelque  sorte 
le  programme  des  travaux  qui  seront  accomplis  en  séance, 
et  toutes  les  précautions  sont  ainsi  prises  pour  que  tout 
député  soit  averti  du  jour  et  presque  de  l'heure  auxquels 


un  projet  auquel  il  s'intéresse  particulièrement  viendra  en 
délibération.  Le  président  ouvre  la  séance  à  l'heure  fixée. 
Aussitôt  un  des  secrétaires  donne  lecture  du  procès-ver- 
bal de  la  séance  précédente.  Cette  lecture  faite,  le  prési- 
dent donne  connaissance  à  l'Assemblée  des  communica- 
tions qui  la  concernent  (dépôts  de  rapports,  annonce  du 
décès  d'un  député,  etc.).  Puis  il  ouvre  la  délibération  sur  le 
premier  projet  porté  à  l'ordre  du  jour.  Une  discussion  géné- 
rale s'engage  sur  l'ensemble  de  ce  projet  de  loi.  Lorsque  tous 
les  orateurs  inscrits  ont  fait  valoir  leurs  arguments,  le 
président  consulte  l'Assemblée  sur  le  point  de  savoir  si 
elle  entend  passer  à  la  discussion  des  articles  et,  si  la 
Cliambre  s'y  refuse,  il  déclare  que  le  projet  n'est  pas 
adopté.  Si  elle  y  consent,  la  discussion  reprend,  portant 
successivement  sur  chaque  article  et  sur  les  amendements 
qui  s'y  rattachent.  Après  quoi,  la  Chambre  doit  décider  si 
elle  entend  passer  à  la  seconde  délibération.  Au  coiu'S  de 
cette  seconde  déli])ération,  qui  ne  peut  avoir  lieu  que  cinq 
jours  après,  il  est  procédé  au  vote  de  chaque  article  et 
des  amendements  qui  s'y  rapportent,  iinfin,  avant  le  vote 
définitif  du  projet,  toiU  député  a  encore  le  droit  de  pré- 
senter des  considérations  générales  sur  l'adoption  ou  sur 
le  rejet. 

Il  est  procédé  de  même  pour  les  propositions  de  loi. 
Mais  en  ce  qui  concerne  le  budget  de  l'Etat,  les  lois  des 
comptes,  les  lois  relatives  à  des  crédits  spéciaux,  les  lois 
d'intérêt  local,  une  seule  délibération  suffit. 

En  cas  d'urgence,  on  conçoit  que  toutes  ces  formalités 
ne  puissent  être  suivies.  L'urgence  en  faveur  d'un  projet 
ou  d'une  proposition  de  loi  peut  être  demandée  par  le 
gouvernement,  par  la  commission,  par  la  commission 
d'initiative  parlementaire,  par  l'auteur  de  la  proposition 
votée,  partout  membre  de  la  Chambre.  Si  l'Assemblée  ac- 
corde cette  demande,  qui  doit  être  précédée  d'un  exposé 
des  motifs,  il  n'est  plus  question  des  deux  délibérations  ; 
et  quoiqu'on  procède  pour  le  reste  comme  dans  les  cas 
ordinaires,  il  peut  arriver,  si  l'urgence  est  extrême,  qu'une 
proposition  ou  qu'un  projet  ne  soit  pas  renvoyé  à  l'exa- 
men des  bureaux,  qu'on  se  contente  cran  rapport  verbal, 
ou  même  qu'on  discute  sans  rapport. 

Interpellai  ions  et  questions.  Ce  ne  sont  ])as  seule- 
ment les  projets  et  propositions  de  loi  qui  alimentent  les 
discussions  de  l'Assemblée.  Ce  sont  encore,  et  dans  une 
large  mesure,  les  interpellations  et  les  questions.  Tout 
député  possède  le  droit  imprescriptible  d'interroger  le 
gouvernement  sur  sa  politi(|ue  générale,  et  chaque  mi- 
nistre individuellement,  sur  ses  actes  personnels.  Ce 
contrôle  incessant  est  une  garantie  contre  l'arbitraire  du 
pouvoir  exécutif.  Le  vote  de  la  Chambre  est  la  sanction 
de  la  responsabilité  ministérielle.  En  théorie,  l'Assem- 
blée devrait  se  borner  à  manifester  par  un  ordre  du  jour 
de  défiance  sa  désapprobation  de  tel  ou  tel  acte  de  poli- 
tique intérieure  ou  extérieure.  Mais,  par  une  pente  natu- 
relle, elle  s'est  habituée  à  s'immiscer  dans  le  gouverne- 
ment, en  dictant  ses  volontés  aux  ministres,  au  moyen 
du  même  ordre  du  jour  motivé.  11  y  a  là,  sans  doute,  une 
grave  atteinte  au  principe  de  la  séparation  des  pouvoirs. 
Mais  c'est  un  fait,  et  ce  fait  se  reproduira  déplus  en  plus, 
les  peuples  ayant  une  tendance  de  plus  en  plus  marquée 
à  se  passer  d'intermédiaires  dans  le  domaine  politique 
comme  dans  le  domaine  économique. 

Tont  député  qui  veut  faire  des  interpellations  doit  en 
remettre  par  écrit,  et  en  en  mentionnant  sommairement 
rob;et,  la  demande  au  président  qui  en  donne  lecture  à  la 
(Chambre.  Un  do.^  ministres  ayant  été  entendu,  la  Chambre 
fixe  le  jour  ou  l'interpellation  sera  faite  ;  mais  elle  ne  peut 
renvoyei'  à  plus  d'un  mois  les  interpellations  sur  la  politique 
intérieure.  Le  débat  a  pour  conclusion  un  ordre  du  joiu-. 
Si  l'ordre  du  jour  pur  et  sim.ple  est  demandé,  il  a  la  priorité  ; 
s'il  est  écarté,  la  Chambre  se  trouve  d'ordinaire  en  présence 
de  plusieurs  ordres  du  jour  motivés,  qui  doivent  avoir  été 
rédii^^éspar  écrit  et  déposés  sur  le  bureau  du  président. 
La  Chambre  doit  donc  statuer  sur  le  rang  à  attribuer  à 


-  1131 


PAPJ.EMENTARISME 


cliarun  (Feux.  \j^  prcsidoni  les  si>iiiiu;i  ali)i'.>  ai!  v.>!;'.  <'!i 
suivant  le  rang  ainsi  iixé.  Los  demandes  d'interpellation 
qui  sont  retirées  par  ceux  qui  les  ont  faites  peuvent  être 
reprises  par  d'autres  députés.  Quant  aux  questions,  elles 
peuvent  être  adressées  par  les  députés  aux  membres  du 
gouvernement,  au  commencement  ou  à  la  fin  de  chaque 
séance,  à  condition  bien  entendu  que  les  ministres  com- 
pétenls  aient  consenti  à  les  accepter.  Il  ne  peut  s'engager 
de  dé])ats  à  propos  d'une  question,  le  député  qui  l'a  posée 
ayant  seul  le  droit  de  répliquer  sommairement,  à  moins 
(jue  la  Chambre  ne  décide  que  la  question  sera  transfor- 
mée en  interpellation. 

Amendements.  Dans  le  système  parlementaire  tout  a 
dû  être  calculé,  de  manière  que  l'opinion  d'un  représen- 
tant du  peuple  puisse  être  exprimée  librement  et  à  tout 
moment.  Le  droit  d'amendement  est  une  des  prérogatives 
les  plus  importantes  du  parlementaire  qui  peut  l'exercer 
sur  toutes  les  parties  d'une  proposition  ou  d'un  projet  de 
loi  et  non  seulement  avant  l'ouverture  de  la  première  dé- 
libération, mais  encore  au  cours  de  celte  délibération, 
pendant  l'intervalle  qui  sépare  les  deux  délibérations,  et 
enfin  au  cours  de  la  seconde  délibération  ;qui  peut  l'exercer 
enfin  sur  un  texte  quelconque  soumis  à  l'approbation  de 
la  Chambre,  comme  un  ordre  du  jour,  un  projet  de  réso- 
lution, etc.  Aussi  insisterons-nous  un  peu  sur  les  règles 
de  procédure  parlementaire  relatives  aux  amendements. 
Les  amendements  peuvent  être  individuels  ou  collectifs.  Ils 
doivent  indiquer  l'article  do  loi  ou  le  chapitre  du  budget 
auquel  ils  se  rapportent.  Ils  sont  rédigés  par  écrit  et  dé- 
posés entre  les  mains  du  président  qui  les  transmet  à  la 
commission  saisie  de  l'objet  auquel  ils  se  réfèrent.  Si  leurs 
auteurs  en  font  la  demande,  ils  ont  le  droit  d'être  enten- 
dus dans  cette  commission.  Lorsque  la  cjuestion  vient  de- 
vant la  Chambre,  les  amendements  sont  mis  aux  voix  avant 
la  cpiestion  principale.  Lorsqu'ils  sont  présentés  au  cours 
de  la  première  délibération,  ils  sont  immédiatement  dis- 
cutés et  mis  aux  voix  sans  être  soumis  à  la  formalité  de 
la  prise  en  considération,  et,  si  le  rapporteur  le  demande, 
ils  sont  de  droit  renvoyés  à  la  commission.  S'ils  sont  pré- 
sentés entre  les  deux  délibérations,  ils  doivent  être  com- 
muniqués à  la  commission,  imprimés  et  distribués  un  jour 
au  moins  avant  l'ouverture  de  la  seconde.  S'ils  sont  pré- 
sentés dans  le  cours  de  cette  seconde  délibération,  ils  doi- 
vent être  motivés  sommairement  k  la  tribune,  le  débat, 
s'il  y  a  lieu,  étant  alors  restreint  entre  les  membres  de  la 
commission  et  l'auteur  de  l'amendement.  Si  la  Chambre 
les  prend  en  considération,  ils  sont  renvoyés  à  l'examen 
de  la  commission  :  en  tout  cas,  ils  no  peuvent  être  votés 
le  jour  même  où  ils  ont  été  présentés.  Lorsque  la  déli- 
bération est  unique  par  suite  d'une  déclaration  d'urgence, 
les  amendements  présentés  au  cours  de  cette  délibération 
sont  soumis  à  la  formalité  de  la  prise  en  considération  ; 
ils  sont  renvoyés  de  droit  à  la  commission  si  un  ministre 
ou  le  rapporteur  le  demande,  et  ils  peuvent  être  votés  le 
jour  même  oti  ils  ont  été  présentés.  Lorsque  la  délibéra- 
lion  est  unique  hors  le  cas  d'urgence,  c.-à-d.  lorsqu'il 
s'agit  du  budget,  des  lois  des  comptes  ou  relatives  à  des 
crédits  spéciaux,  et  de  lois  d'intérêt  local,  les  amende- 
ments présentés  au  cours  de  cette  délibération  sont  sou- 
mis à  la  formalité  de  la  prise  en  considération  ;  mais  ils 
ne  peuvent  être  votés  le  jour  même  oti  ils  ont  été  présen- 
tés. Il  n'y  a  qu'un  cas  où  il  ne  peut  être  présenté  d'amen- 
dement :  c'est  lorsqu'il  s'agit  du  texte  d'un  traité  conclu 
avec  une  puissance  étrangère.  Mais  un  député  peut  de- 
mander le  renvoi  à  la  commission  des  clauses  du  traité 
qu'il  n'approuve  pas.  Si  la  Chambre  prononce  ce  renvoi, 
la  commission  conclut,  soit  à  l'adoption,  soit  au  rejet  ou  à 
rajournement.  L'ajournement  est  motivé  en  ces  termes: 
«  La  Chambre,  appelant  de  nouveau  l'attention  du  gouver- 
nement sur  telle  ou  telle  clause  du  traité,  surseoit  à  don- 
ner l'autorisation  de  ratifier  ». 

Votes.  Après  avoir  exercé  tous  ses  droits,  soit  en  con- 
trôlant les  projets  qui  lui  sont  soumis,  soit  en  les  appuyant 


(le  rauloi'ité  de  >a  [iai'oic.  soil  en  proposant  à  leurtexte-les 
modifications  qui  lui  semblent  convenables,  soit  on  ju'o- 
posant  lui-même  des  mesures  législatives,  soit  en  deman- 
dant compte  au  gouvernement  de  sa  politique,  le  parle- 
mentaire en  possède  un  encore,  le  plus  efficace  de  tous: 
le  droit  de  transformer  en  acte  sa  volonté  au  moyen  d'un 
vote  d'approbation  ou  de  désapprobation. 

La  Chambre  peut  procéder  au  vote  sur  les  lois  de  deux 
manières  diiférentes  :  par  assis  et  tevé  ou  à  mains  levées  ; 
par  la  scrutin 'public  ;  —  [q  scrutin  secret  a  été  supprimé 
en  i88o,  saul  en  matière  d'élections. 

Le  vote  par  assis  et  levé  est  de  droit  sur  toutes  les 
questions.  Le  président,  en  mettant  aux  voix  une  de  ces 
questions,  prononce  les  paroles  suivantes:  Que  ceux  qui 
veulent  adopter...  veuillent  bien  se  lever,  et  comme  con- 
trôle :  Que  ceux  qui  sont  d'un  avis  contraire  veuillent 
bien  se  lever.  Assisté  des  secrétaires,  il  constate  l'épreuve. 
S'il  y  a  doute,  cette  épreuve  est  recommencée.  S'il  y  a 
encore  doute,  on  passe  au  scrutin  public.  —La  Chambre 
vote,  par  assis  et  levé,  sur  les  questions  de  rappel  au  règle- 
ment, sur  la  question  de  savoir  si  la  parole  sera  interdite- 
à  un  orateur,  sur  les  cas  de  censure.  On  procède  au  vote 
à  mains  levées  de  la  même  manière. 

Le  vote  au  scrutin  public  est  de  droit  :  1*^  comme  il  a 
été  dit  ci-dessus  après  deux  épreuves  douteuses  ;  2°  sur 
tous  les  projets  de  loi  portant  ouverture  de  crédits  autres 
que  ceux  d'intérêt  local  et  sur  les  projets  établissant  ou 
modifiant  les  impôts  et  contributions  publics.  Il  peut  être 
demandé  en  toute  matière,  excepté  dans  les  questions  de 
rappel  au  règlement,  d'interdiction  de  parole  et  de  cen- 
sure. Une  demande  de  scrutin  public  doit  être  rédigée 
par  écrit,  signée  de  2  J  membres  au  moins  et  déposée  entre 
les  mains  du  président,  sauf  s'il  s'agit  de  remédier  à  une 
épreuve  douteuse.  En  ce  cas,  la  demande  peut  être  faite 
oralement  par  un  seul  membre.  Le  scrutin  public  affecte 
deux  formes  différentes  :  A.  Le  président  invite  les  dé- 
putés à  prendre  leurs  places.  Chaque  député  a  deux  bul- 
letins de  vote  sur  lesquels  son  nom  est  imprimé  :  l'un. 
titane,  signifie  adoption;  l'autre,  bleu,  non  adoption.  Les 
huissiers  parcourant  les  rangs  présentent  à  chaque  membre 
de  la  Chambre  une  urne  dans  laquelle  il  dépose  un  de  ses 
bulletins.  Lorsque  tous  les  votes  sont  recueillis,  le  prési- 
dent déclare  le  scrutin  clos.  Aussitôt  on  apporte  les  urnes 
sur  la  tribune.  Les  secrétaires  font  le  dépouillement  des 
bulletins  et  le  président  proclame  le  résultat  du  vote  en 
disant  :  Nombre  de  votants,  tant.  Majorité,  tant.  Pour 
l'adoption,  tant.  Pour  la  non  adoption,  tant.  La  Chambre 
a  adopté  ou  n'a  pas  adopté.  B.  Si  40  membres,  dont  la 
présence  à  la  séance  est  dûment  constatée  par  un  appel 
nominal,  en  font  la  demande  écrite  et  signée,  le  scrutin 
pubhc  a  lieu  à  la  tribune.  Les  députés  défilent  à  la 
tribune.  Chacun  d'eux  reçoit  des  mains  d'un  secrétaire  une 
boule  de  contrôle,  il  dépose  son  bulletin  blanc  ou  bleu 
dans  une  urne  placée  sur  la  tribune,  puis  remet  sa  boule 
dans  une  autre  urne  placée  sur  le  bureau  des  secrétaires 
de  droite.  Il  est  procédé  ensuite,  comme  précédemment 
pour  le  dépouillement  et  la  proclamation  du  vote.  Si  l'appel 
nominal  est  réclamé,  la  Chambre  prononce  sans  débats. 
Cet  appel  est  fait  par  un  des  secrétaires,  et  il  est  immé- 
diatement suivi  d'un  réappel  pour  les  députés  qui  n'ont 
pas  encore  voté. 

Le  scrutin  secret,  qui  pouvait  être  anciennement  réclamé 
en  matière  législative,  s'applique  seulement,  depuis  1885, 
cà  Télection  de  membres  du  bureau  de  la  Chambre  et  des 
membres  de  certaines  commissions  extra  parlementaires. 
Pour  exprimer  son  vote,  chaaue  député  dépose  dans  une  urne 
placée  sur  la  tribune  un  bulletin  inséré  sous  enveloppe  non 
cachetée  et  portant  le  nom  du  candidat  dont  il  désire  le  suc- 
cès. Il  a,  comme  dans  le  cas  du  scrutin  public,  une  boule 
de  contrôle  qu'il  remet  en  passant  dans  une  autre  urne 
déposée  sur  le  bureau  des  secrétaires  de  gauche.  Le  dé- 
pouillement se  fait  par  les  soins  de  scrutateurs  dont  les 
noms  sont  tirés  au  sort  à  raison  de  trois  par  chaque  table 


1»ARLEMENTARÏSME 


iim  ~- 


de  dépouillement.  Les  nominations  faites  dans  les  bureaux 
ou  les  commissions  ont  lieu  au  scrutin  secret. 

Pour  que  les  votes  soient  valables,  il  est  nécessaire 
qu'ils  soient  exprimés  au  moins  par  la  majorité  absolue 
des  membres  de  la  Chambre,  c.-à-d.  par  la  moitié  plus 
un  du  nombre  légal  des  députés.  C'est  ce  qu'on  appelle  le 
quorum.  Le  bureau  est  chargé  de  constater  le  nombre 
des  membres  présents.  S'il  n'est  pas  unanime,  on  procède 
au  scrutin  public  à  la  tribune.  Si  le  quorum  n'est  pas 
atteint,  un  second  tour  de  scrutin  sur  le  même  objet  est 
porté  à  l'ordre  du  jour  de  la  séance  suivante,  et  à  ce  se- 
cond tour  le  vote  est  valable  quel  que  soit  le  nombre  des 
votants.  En  théorie,  le  vote  devrait  être  personnel.  En 
pratique,  il  est  d'usage  que  les  députés  qui  ont  à  s' absen- 
ter fassent  voter  pour  eux  leurs  amis  politiques,  auxquels 
ils  confient,  à  cette  intention,  leurs  boîtes  de  bulletins.  Il 
arrive  assez  fréquemment,  par  suite  d'excès  de  zèle,  que 
les  noms  de  députés,  d'ailleurs  absents,  se  trouvent  cinq 
ou  six  fois  dans  le  même  scrutin,  ou  que  le  même  dé- 
puté vote  à  la  fois  pour  et  contre,  ou  encore  deux  ou  plu- 
sieurs fois  pour  et  une  ou  plusieurs  fois  contre  et  vice 
versa.  Dans  le  premier  cas,  on  défalque  les  bulletins  en 
trop  ;  dans  le  second,  le  vote  est  annulé  et  équivaut  à  une 
abstention  ;  dans  le  troisième,  le  sens  du  vote  est  indiqué 
par  celui  du  bulletin  qui  reste  après  qu'on  a  enlevé  les 
jjulletins  pour  et  contre  de  même  nombre  et  s'annulant 
par  conséquent. 

Dans  les  bureaux  et  les  commissions,  la  présence  du 
tiers  des  membres  estnécessairepour  la  validité  des  votes. 

Conséquences  des  votes.  Les  résultats  des  scrutins 
étant  insérés  au  Journal  officiel,  les  citoyens  ont  ainsi 
un  moyen  efficace  de  se  rendre  compte  de  la  conduite  de 
leurs  mandataires.  L'analyse  des  scrutins  permet  égale- 
,  ment  aux  ministres  de  connaître  avec  précision  les  élé- 
ments de  la  majorité  qui  approuve  leur  politique  et  de 
surveiller  attentivement  les  déplacements  de  voix  qui 
\  iennent,  soit  consolider  cette  majorité,  soit  lui  porter  at- 
teinte. Il  est  assez  rare  qu'un  ministère  tombe  brusque- 
ment à  la  suite  d'im  vote  de  défiance  inattendu  :  une  étude 
attentive  des  scrutins  permet  le  plus  souvent  de  constater 
la  désagrégation  lente  et  progressive  d'une  majorité. 

Que  deviennent  maintenant  les  choses  votées  définiti- 
vement par  la  Chambre?  Les  projets  de  loi  sont  transmis 
par  le  président  au  ministre  qui  en  a  fait  la  présenta- 
tion ;  les  propositions  de  loi  sont  transmises  directement 
])ar  le  président  de  la  Chambre  au  président  du  Sénat,  sui- 
vant ainsi  leur  évolution  nécessaire  avant  de  devenir  des 
lois  (V.  Constitution,  t.  XIIÏ,  p.  QQ\).  Quant  aux  propo- 
sitions ou  projets  votés  par  le  Sénat,  si  la  Chambre  les  a 
adoptés  sans  modifications,  le  président  les  transmet  au 
président  de  la  République  par  Tintermédiairc  du  mi- 
nistre compétent. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  —  Evidemment  une  as- 
semblée, comme  celle  dont  nous  venons  d'examiner  l'orga- 
nisation compliquée,  peut  produire  un  travail  utile  et 
créer  de  bonnes  lois.  Mais  elle  peut  aussi  n'engendrer  que 
trouble,  désordre  et  confusion.  Tout  dépend  de  la  disci- 
pline que  ses  membres  voudront  s'imposer  et  que  saura 
maintenir  le  président  qu'ils  ont  élu.  Les  volontés  diverses 
qui  se  font  jour  finissent  par  se  grouper  en  deux  forces 
antagonistes,  dont  la  plus  puissante,  c.-à-d.  celle  qui  se 
composera  des  éléments  les  plus  nombreux,  s'appelle  la 
majorité,  dont  la  plus  faible,  composée  d'un  moins  grand 
nombre  d'éléments,  s'appelle  la  minorité.  La  majorité 
est  naturellement  oppressive  et  tyrannique  ;  il  faudi^a  donc 
défendre  les  droits  de  la  minorité  contre  ses  abus  pos- 
sibles. La  minorité  est  naturellement  disposée  à  user  et  à 
abuser  de  toutes  les  armes  que  lui  fournit  le  règlement, 
afin  d'entraver  le  vote  des  lois  auxquelles  la  majorité  tient 
le  plus.  Il  faudra  donc  protéger  la  majorité  contre  les 
effets  de  ces  tentatives  obstructionnistes."  Tel  est  le  devoir 
essentiel  du  président.  Il  dirige  les  délibérations,  fait  ob- 
server le  règlement  et  maintient  l'ordre.  Aussitôt  qu'il  a 


déclaré  la  séance  ouverte,  il  donne  connaissance  à  ia 
Chambre  des  communications  qui  la  concernent.  Puis  il 
passe  à  l'ordre  du  jour.  Aucun  député  ne  peut  parler 
qu'après  avoir  demandé  la  parole  au  président  et  l'avoir 
obtenue  :  il  doit  parler  à  la  tribune  à  moins  que  le  pré- 
sident ne  l'autorise  à  parler  de  sa  place.  Les  secrétaires 
inscrivent  les  députés  qui  demandent  la  parole,  suivant 
l'ordre  de  leur  demande.  Dans  les  discussions,  les  ora- 
teurs parlent  alternativement  pour  et  contre.  Les  mi- 
nistres, les  commissaires  du  gouvernement,  c.-à-d.  les 
hauts  fonctionnaires  désignés  par  décret  du  président  de 
la  République  pour  assister  les  ministres  dans  les  délibéra- 
tions importantes,  les  rapporteurs  chargés  de  soutenir  la 
discussion  des  projets  de  loi  ne  sont  point  assujettis  au 
tour  d'inscription,  et  obtiennent  la  parole  quand  ils  la 
réclament.  Un  député  peut  toujours  obtenir  la  parole  après 
un  orateur  du  gouvernement  ou  s'il  la  demande  pour  un 
fait  personnel.  L'orateur  ne  peut  être  interrompu  avant 
la  fin  de  son  discours  ;  mais  il  doit  se  renfermer  dans  la 
question.  S'il  s'en  écarte,  le  président  l'y  rappelle.  Si 
l'orateur,  rappelé  deux  fois  à  la  question' dans  le  même 
discours,  persiste  à  s'en  écarter,  le  président  consulte  la 
Chambre  pour  savoir  si  la  parole  ne  sera  pas  interdite  à 
l'orateur  pendant  le  reste  de  la  séance,  sur  le  même 
sujet.  La  décision  a  lieu,  sans  débats,  par  assis  et  levé; 
en  cas  de  doute,  la  parole  n'est  pas  interdite  à  l'orateur. 
D'autre  part,  comme  il  faut  assurer  à  l'orateur  toute 
liberté  d'exposer  avec  calme  ses  arguments,  toute  inter- 
ruption, toute  personnalité,  toutes  manifestations  sont  in- 
terdites. Dans  la  pratique,  les  interruptions  sont  tolérées. 
Certains  orateurs  les  provoquent.  Elles  donnent  du  piquant 
à  la  discussion  et  le  Journal  officiel  les  mentionne  com- 
plaisamment;  cependant  les  comptes  rendus  ne  peuvent  en- 
registrer que  celles  qui  ont  été  entendues  par  le  président. 

En  général,  la  discussion  est  close  lorsque  tous  les  ora- 
teurs inscrits  pour  et  contre  ont  échangé  leurs  vues.  Mais 
il  peut  arriver  que  l'opposition  ait  pour  tactique  d'éter- 
niser les  délibérations.  Les  membres  de  la  majorité  ré- 
clament alors  la  clôture.  Dans  un  cas,  comme  dans  l'autre, 
avant  de  prononcer  la  clôture  de  la  discussion,  le  prési- 
dent consulte  la  Chambre.  Les  opposants  demandent  alors 
la  parole  contre  la  clôture  ;  mais  pour  éviter  une  nou- 
velle forme  d'obstruction,  le  règlement  stipule  que  la  pa- 
role ne  peut,  en  cette  circonstance,  être  accordée  qu'à  un 
seul  orateur.  On  procède  ensuite  au  vote.  S'il  y  a  doute, 
après  une  seconde  épreuve,  la  discussion  continue.  Si  la 
clôture  est  prononcée,  la  parole  n'est  plus  accordée  que 
sur  la  position  de  la  question. 

Lorsque  la  Chambre  devient  tumultueuse  et  que  le  pré- 
sident échoue  dans  ses  tentatives  pour  la  calmer,  il  se 
couvre  de  son  chapeau,  et  si  cette  manifestation  n'a  pro- 
duit aucun  effet,  il  annonce  qu'il  va  suspendre  la  séance. 
Si  alors  le  calme  ne  se  rétablit  pas,  il  suspend  la  séance 
pour  une  heure,  et  les  députés  se  retirent  dans  leurs  bu- 
reaux respectifs  où  ils  délibèrent  sur  l'événement  qui  a 
causé  le  tumulte  et  sur  la  conduite  à  tenir.  L'heure  étant 
expirée,  la  séance  est  reprise,  mais  si  le  tumulte  renaît, 
le  président  lève  la  séance  et  la  renvoie  au  lendemain. 

Pour  réprimer  les  infractions  graves  au  règlement,  le 
président  dispose  de  diverses  peines  disciplinaires  qui 
sont  :  le  rappel  à  Tordre  ;  le  rappel  à  l'ordre  avec  ins- 
cription au  procès-verbal  ;  la  censure  ;  la  censure  avec 
exclusion  temporaire. 

Le  rappel  à  V ordre  est  applicable  à  tout  orateur  qui 
s'écarte  de  l'ordre,  à  tout  député  qui  trouble  l'ordre,  soit 
par  des  interruptions,  des  personnalités  ou  des  manifes- 
tations quelconques. 

Le  rappel  à  l'ordre  avec  inscj^iption  au  procès-ver- 
bal est  applicable  à  tout  député  qui,  dans  la  môme 
séance,  aura  encouru  un  premier  rappel  à  l'ordre.  Cette 
peine  emporte,  de  plein  droit,  la  privation  pendant  quinze 
jours  de  moitié  de  l'indemnité  allouée  aux  députés.  Seul 
le  président  a  le  droit  de  rappeler  à  l'ordre.  La  parole 


—  4133  -- 


PARLEMENTARISME 


est  accordée  à  tout  orateur  qui,  rappelé  à  Tordre,  se 
soumet  à  l'autorité  présidentielle  et  demande  à  se  justi- 
fier. Tout  député  qui,  n'étant  pas  autorisé  à  parler,  s'est 
fait  rappeler  à  l'ordre,  n'obtient  la  parole  pour  se  justifier 
qu'à  la  fin  de  la  séance,  à  moins  que  le  président  n'en 
décide  autrement.  Lorsqu'un  orateur  a  été  rappelé  deux 
fois  à  l'ordre  dans  la  môme  séance,  la  Chambre,  peut,  sur 
la  proposition  du  président,  lui  interdire  la  parole  pour 
le  reste  de  la  séance.  La  Chambre  prononce,  par  assis 
et  levé,  sans  débats. 

La  censure  est  applicable  :  1^  à  tout  député  qui, 
iq)rès  le  rappel  à  l'ordre,  avec  inscription  au  procès- 
verbal,  n'est  pas  rentré  dans  le  devoir;  2^  à  tout  député 
qui,  dans  l'espace  de  trente  jours,  a  encouru  trois  fois  le 
rappel  à  l'ordre;  3'^  à  tout  député,  qui,  dans  la  Chambre, 
a  donné  le  signal  d'une  scène  tumultueuse,  ou  d'une  abs- 
tention collective  de  prendre  part  aux  travaux  législatifs  ; 
1*^  à  tout  député  qui  a  adressé  à  ses  collègues  des  injures, 
provocations  ou  menaces.  La  censure  simple  est  prononcée 
par  la  Chambre,  sans  débats  et  par  assis  et  levé,  sur 
la  proposition  du  président.  Le  député  censuré  a  toujours 
le  droit  d'être  entendu  ou  de  faire  entendre  en  son  nom 
un  de  ses  collègues.  La  décision  de  la  Chambre  est  ins- 
crite au  procès-verbal.  La  censure  simple  emporte  de 
droit  la  privation  pendant  un  mois  de  moitié  de  l'indem- 
nité législative,  l'impression  et  l'affichage  à  200  exem- 
plaires, aux  frais  du  député  censuré,  de  l'extrait  du 
procès-verbal  mentionnant  la  censure.  Les  affiches  sont 
apposées  dans  toutes  les  communes  de  la  circonscription 
j)ar  laquelle  le  député  a  été  élu. 

La  censure  avec  exclusion  temporaire  du  palais  de 
l'Assemblée  est  applicable  :  1"  à  tout  député  qui  résiste 
à  la  censure  simple  ou  qui,  dans  le  cours  de  la  session, 
a  subi  deux  fois  la  censure  simple  ;  2^  à  tout  député  qui, 
en  séance  publique,  fait  appel  à  la  violence,  provoque  à 
la  guerre  civile  ou  à  la  violation  des  lois  constitutionnelles  ; 
3"  à  tout  député  qui  outrage  la  Chambre  ou  une 
partie  de  la  Chambre,  ou  le  président  ;  4*^  à  tout  député 
i[ui  adresse  à  un  ou  plusieurs  membres  du  Gouverne- 
ment des  injures,  provocations  ou  menaces;  5*^  à  tout 
député  qui  outrage  le  président  de  la  République,  le  Sé- 
nat ou  le  Gouvernement.  La  censure  avec  exclusion  tem- 
poraire a  pour  conséquence  l'interdiction  de  prendre  part 
aux  travaux  de  la  Chambre  et  de  reparaître  même  dans 
le  Palais  législatif  jusqu'à  l'expiration  du  jour  de  la  quin- 
zième séance  qui  suit  celle  où  la  mesure  a  été  appliquée. 
La  peine  est  prononcée  par  la  Chambre,  sans  débats  et 
par  assis  et  levé,  sur  la  proposition  du  président,  le  dé- 
puté censuré  ayant  le  droit  d'être  entendu  ou  de  faire 
entendre  en  son  nom  un  de  ses  collègues.  Dès  que  la 
Chambre  a  prononcé,  le  président  enjoint  au  député  cen- 
suré de  sortir  aussitôt  de  la  salle  des  séances.  S'il  résiste 
à  cette  injonction,  la  séance  est  levée.  Si  le  député  repa- 
raît dans  le  palais  législatif  avant  l'expiration  du  délai 
d'exclusion,  il  est  arrêté  par  l'ordre  des  questeurs,  con- 
duit dans  un  local  préparé  à  cet  effet  et  y  est  retenu 
pendant  trois  jours  au  plus.  S'il  réussit  à  pénétrer  dans 
la  salle  des  séances,  sa  présence  est  constatée  par  le 
bureau  et  aussitôt  le  président  lève  la  séance  et  donne 
l'ordre  d'arrêter  le  député  récalcitrant  que  les  questeurs 
font  enfermer  dans  le  «  petit  local  ».  De  plus,  le  délai 
d'exclusion  est  prolongé  à  trente  séances;  cette  prolon- 
gation d'exclusion  s'applique  aussi  au  cas  oii  le  député  a 
encouru  deux  fois  la  censure  avec  exclusion  temporaire 
dans  le  cours  de  la  même  session.  La  décision  de  la 
Chambre  prononçant  la  censure  avec  exclusion  temporaii'e 
est  inscrite  au  procès-verbal.  Cette  peine  emporte  de 
droit  la  privation  de  moitié  de  l'indemnité  législative 
pendant  deux  mois  et,  de  plus,  l'affichage  à  200  exem- 
plaires, aux  frais  du  député  censuré,  de  l'extrait  du  pro- 
cès-verbal mentionnant  la  censure.  Les  affiches  sont 
apposées  dans  toutes  les  communes  de  la  circonscription 
par  laquelle  le  député  a  été  élu. 


Si  un  deht  est  commis  par  un  député  dans  l'enceinte 
du  palais  législatif,  toute  déhbération  est  aussitôt  sus- 
pendue. Le  président  porte  le  fait  à  la  connaissance  de 
la  Chambre.  Le  député  est  admis  à  s'expliquer  s'il  le 
demande.  Sur  l'ordre  du  président,  il  est  tenu  de  quitter 
la  salle  des  séances  et  de  se  rendre  dans  le  «petit  local». 
En  cas  de  résistance  du  député  ou  de  tumulte  dans  la 
Chambre,  le  président  lève  à  l'instant  la  séance.  Le  bu- 
reau informe  le  procureur  général  qu'un  délit  vient  d'être 
commis  dans  le  palais  de  la  Chambre  des  députés. 

Congés,  11  importe  que  le  plus  grand  nombre  possible 
des  membres  d'une  assemblée  prenne  part  à  ses  délibéra- 
tions et  aux  scrutins.  Aussi  le  règlement  spécifie-t-il  que 
nul  député  ne  peut  s'absenter  sans  un  congé  de  la  Cham- 
bre ou,  en  cas  d'urgence,  sans  autorisation  du  président 
qui  en  rend  compte  ensuite  à  la  (<hambrc.  L'indemnité 
législative  cesse  de  droit  pour  tout  député  absent  sans  congé 
ou  qui  prolonge  son  absence  au  delà  du  terme  du  congé 
qui  lui  a  été  accordé.  C'est  la  questure  qui  relève  et  constate 
les  circonstances  établissant  l'absence.  Est  réputé  absent  sans 
congé,  le  député  qui,  pendant  six  séances  consécutives, 
n'aura  pas  répondu  aux  appels  nominaux  ou  n'aura  pris 
part  ni  aux  travaux  des  bureaux  et  des  commissions,  ni, 
en  séance  publique,  aux  discussions  de  tribune  et  aux 
scrutins.  Les  députés  peuvent  réclamer,  devant  le 
bureau,  contre  la  suppression  de  leur  indemnité.  En  fait, 
les  commissions  des  congés  exercent  un  contrôle  très  peu 
rigoureux  sur  les  demandes  de  congés  et  il  est  extrèmemcni 
rare  qu'elles  rejettent  une  de  ces  demandes.  Comme  l'appel 
nominal,  qui  fait  perdre  un  temps  considérable  aux  assem- 
blées, n'a  pas  Heu  très  fréquemment,  les  députés  ne  se 
font  pas  faute  de  s'absenter  sans  congé,  en  confiant  sim- 
plement leurs  boîtes  de  bulletins  à  des  amis  qui  votent 
pour  eux  et  masquent  parce  procédé  leur  absence  réelle. 
Et,  jusqu'ici,  rien  n'a  prévalu  contre  cet  usage  qui  d'ail- 
leurs, étant  pratiqué  par  tous  les  partis,  maintient  leurs 
forces  égales  au  nombre  de  leurs  sièges. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Si  parfaite  ou  si  per- 
fectionnée que  soit  la  machine  parlementaire,  il  laut, 
pour  qu'elle  produise  un  effet  utile,  que  les  partis  politi- 
ques qui  la  mettent  en  mouvement  soient  fortement  or- 
ganisés. C'est  en  Angleterre  que  nous  trouverons  l'orga- 
nisation la  plus  parfaite  des  partis.  En  France,  il  semble 
que  le  tempérament  national  s'accommode  mal  delà  disci- 
pline et  de  l'abnégation  nécessaires  et  penche  vers  une 
exagération  de  l'individualisme  dont  les  manifestations 
répétées  ont  souvent  empêché  la  Chambre  de  légiférer  et 
les  ministres  de  gouverner.  M.  Georges  Graux,  rappor- 
teur d'une  commission  chargée  d'élaborer  pour  la  Cham- 
bre des  députés  un  nouveau  règlement  (1899),  écrit  fort  jus- 
tement: «  Si  chaque  député  a  des  droits,  la  Chambre  a  des 
prérogatives.  Il  ne  faut  pas  que  l'action  individuelle  d'un 
membre  d'une  assemblée  puisse  entraver  l'action  collec- 
tive de  l'Assemblée  elle-même  II  ne  faut  pas  que  chaque 
député,  «  se  croyant  un  abrégé  du  pays  tout  entier  »,  ait 
des  droits  égaux  à  ceux  de  la  souveraineté  nationale.  La 
Chambre  ne  peut  être  entravée  dans  l'accomplissement 
de  ses  devoirs  et  de  ses  fonctions,  par  le  droit  que  peut 
prétendre  avoir  chacun  de  ses  membres  à  remplir  son 
mandat  à  sa  guise.  »  Seulement,  «  reuiplir  son  mandat 
à  sa  guise  »  paraît  être  l'idéal  de  tout  député  français,  et 
la  réalisation  de  cet  idéal  mène  à  l'abus  des  interpella- 
tions, aux  querelles  tracassiè)*es  et  oiseuses,  aux  attaques 
personnelles,  aux  débats  stériles,  à  limpuissance  tumul- 
tueuse; elle  fait  surgir  les  ambitions  les  moins  justifiées, 
elle  aboutit  enfin,  non  seulement  à  l'amoindrissement  du 
Parlement,  mais  à  la  destruction  même  du  parlementa- 
risme. 

•  Les  groupements  de  députés  ayant  les  mêmes  opinioiis 
et  le  même  programme  politiques  —  ce  qu'on  appelle  l(>s 
groupes  --  pourraient  réunir  en  faisceau  toutes  ces  vo- 
lontés individuelles,  et  c'est  dans  ce  but  même  qu'ils  se  seul 
constitués.  Ils  ont  une  organisation  sulïisante  :   un  pie- 


PARLEMENTARISME 


1134 


siderit,  des  vice-présidents,  un  secrétaire,  un  questeur, 
un  comité  de  direction.  Ils  délibèrent  sur  toutes  les 
([ueslions  importantes  et  déterminent  le  sens  dans  lecpiel 


leurs  membres  voteront  dans  des  cas  donnés,  lis  ont  une 
action  très  marquée  sur  les  élections  pour  le  bureau  do 
la  Cîioiiibre  ou  uuv  1rs  v(,'tes  qn']  influeront  sur  la  rluUo 


C'.Jâi     d"Gri:a.y 


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iianif^  ç^È^f^Mmi^^ 


Rus  de  rUniversilé 

Plan  du  Palais-Bourbo.n, 


A.  Corps  de  ^arde. 

B.  Salle  d'attente  du  publn 

C.  Parloir. 

D.  Rédacteurs  en  clief. 

E.  Galerie  du  Péristyle. 

F.  Salle  de  la  Paix. 

G.  Salle  des  Conférences 
H.  Salon  Delacroix. 

I.  Salle  Casimir-Perier. 

.7.  Salon  Pujol. 

K.  Salle  des  Quatre-Colunue.^ 

T,.  Bibliothèque, 

L'.  xVunexes  de  labibliothcqu*- 


M.  b'uiiioir. 

N.  Commission  du  bucli^'it. 

O.  Cabinet  des  ministres. 

P.  Cour  du  Petit-Hôtel. 

Q.  Dépôt  des  arcliivGS. 

R.  Cour  Colbert. 

S.  Téléphone. 

T.  Cabinet  des  questeurs. 

U.  Cour  d'Aguesseau. 

V,  Secrétaire  général  de  la  questure 

X.  Bureaux  de  la  questure. 

Y.  Commission  de  comptabIlui\ 

Z.  Appartements  des  quesfe.n - 


HuIJJL  DE  LA   PllLblDEIsCL 

1.  Boudoir. 

2.  Grands  salons  de  réceptiuJi. 

3.  Cabinet  du  président. 

4.  Grande  galerie  des  Fêles. 

5.  Cabinet  du  chef  de  cabinet. 
G.  Salle  des  huissiers. 

7.  Grand  vestibule. 

8.  Salle  à  manger. 

0.  Secrétariat  général   de   la    } 
dence. 


KoiA. 


■  Le  n'tvcé  leprcsenté  en  pointillé  dans  la  cour  principale  indique  1  euqjlacement  qu'occupait  la  isallé  provisàoiic 
construite  pour  1  Assemblée  nationale  de  1818. 


OU  leaiamlicn  d'un  ministère*  Mais  s'il  s'agit  des  travaux 
soumis  aux  délibérations  de  l'Assemblée,  leur  action  ne  se 
fait  pour  ainsi  dire  pas  sentir.  Pour  qu'elle  s'exerce  en  ces 
matières,  il  faudrait  que  chaque  groupe  eût  un  programme 
bien  défini  et  que  chacun  de  ses  membres  sacrifiât  à  la 
réalisation  de  ce  programme  ses  idées  pei'sonnelles.  H 
faudrait  ensuite  que  le  président  ou  le  comité  de  direc- 


tion eut  assez  d'abnégation  et  de  persévérance  poUi'  sur^ 
veiller  les  débats  de  l'Assemblée,  les  délibérations  des 
bureaux  et  des  commissions  et,  par  la  continuité  de  ses 
efforts,  manifestât  partout  la  volonté  du  groupe  :  dans 
les  élections  des  membres  des  commissions,  dans  le  choix 
des  rapporteurs,  dans  la  désignation  des  orateurs  chargés 
de  soutenir  ou  de  comiialtre  un  projet,  etc.  Et   quajid 


—  il3o 


PARLEMENTARISME 


!)ieii  même  ces  conditions  seraient  l'éaliséeîs,  les  groupes 
seraient  encore  impuissants,  car  ils  sont  trop  nombreux 
et — rindividualisme  reprenant  encore  le  dessus  —  ils  repré- 
sentent des  opinions  trop  diverses.  Les  élections  de  1898, 
par  exemple,  ont  eu,  au  point  de  vue  de  la  classification 
des  partis,  les  résultats  approximatifs  suivants  : 

Républicains,  226;  x^épublicains  progressistes,  9;  ral- 
liés (c.-à.-d.  conservateurs  ralliés  à  la  République),  35  ; 
radicaux,  98  ;  radicaux-socialistes,  82  ;  socialistes,  45  ; 
socialistes  révolutionnaires,  42;  réactionnaires  (monar- 
chistes, bonapartistes,  conservateurs,  socialistes  chrè- 
liens,  etc.),  58. 
Les  groupes  parlementaires  sont  les  suivants  : 
Républicains  progressistes,  228  membres;  radicaux 
socidistes,  104  membres  ;  gauche  démocratique,  97 
membres;  union  progressiste,  95  membres;  républicains 
indépendants,  58  membres  ;  socialistes,  37  membres  ; 
antisémites,  23  membres.  Il  y  a,  en  outre,  un  grou- 
l>oment  d'après  les  intérêts  matériels  qui  consiste  en  un 


groupe  agricole  (223  membres),  en  un  groupe  colonial 
(117  membres)  et  un  groupe  vitieole  (63  membres). 
Cette  seule  et  encore  incomplète  énumération  suffit  à 
démontrer  que,  dans  les  conditions  actuelles,  aucun 
grand  courant  politique  ne  peut  être  créé  et  canalisé 
par  les  groupes. 

VI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  La 
Chambre  des  députés  occupe,  à  Paris,  le  Palais-Bourbon. 
La  salle  des  séances  se  compose  d'un  hémicycle  où  les 
sièges  des  députés  sont  disposés  en  rangées  symétriques 
qui  s'élèvent  en  gradins  et  sont  coupées  de  travées  qui 
facilitent  la  circulation.  Chaque  député  a  à  sa  disposition 
un  fauteuil  et  une  sorte  de  petit  bureau  fermant  à  clef, 
oti  il  peut  ranger  ses  boites  de  bulletins  de  vote  et  les 
documents  qui  lui  sont  nécessaires.  Chaque  place  est  numé- 
rotée et  porte  une  étiquette  oii  est  inscrit  le  nom  du 
député.  En  face  de  l'hémicycle  se  dresse  la  tribune  et 
surmontant  la  tribune  le  fauteuil  Jdu  président  et  les 
bureaux  des  secrétaires  de  la  Chambre.  La  partie  de  la 


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Salle  des  séances  de  la  Chambre  dos  Députés,  à  Paris. 


o.ilie  qui  e&t  a  la  gauche  du  président  s'appelle  la  gau- 
che, elle  est  occupée  par  les  députés  républicains  ;  la 
partie  de  la  salle  qui  est  à  la  droite  du  président  s'appelle 
la  droite,  elle  est  occupée  par  les  députés  réactionnaires  ; 
en  face  s'étend  le  centre,  où  siègent  les  députés  d'opi- 
nions modérées,  se  subdivisant,  suivant  leurs  tendances 
respectives,  en  centre  droit  ou  centre  gauche.  Les  par- 
lis  d'opinions  très  accentuées,  soit  dans  un  sens,  soit 
dans  un  autre,  occupent  Vexirême  droite  ou  Vexlrênie 
gauche.  Cette  classification  matérielle  des  partis,  exacte 
jadis,  n'a  plus  guère  de  raison  d"etre.  Faute  de  sièges 
vacants  parmi  ceux  des  députés  de  leur  nuance  poh tique, 
beaucoup  de  membres  de  la  gauche  siègent  à  di'oite.  Les 
députés  ont  le  droit  de  choisir  leur  place  et  se  font  ins- 
crire à  cet  effet  à  la  questure.  Au  premier  rang  de  l'hémi- 
cycle, en  face  et  près  de  la  tribune,  se  trouvent  les  bancs 
des  ministres.  Contre  la  tribune  et  sur  les  deux  côtés,  sont 
établis  les  bureaux  des  secrétaires-rédacteurs  et  des  sté- 
nographes. En  face  du  président  et  fermant  l'hémicycle, 
se  troiivent  les  tribunes  réservées  au  pubhc.  Les  séances 
ouvrent  en  général  à  deux  heures  de  l'après-midi  pour 
se  terminer  à  six  heures  ou  sixheures  et  demie.  Les  séances 
de  nuit  ou  du  matin  sont  exceptionnelles. 


Les  députés  ont  à  leur  disposition  des  nulles  de  réunion, 
de  lecture,  de  correspondance,  une  très  riche  bibliothèque, 
une  buvette  où,  moyennant  une  retenue  de  5  fr.  par  mois 
sur  leur  indemnité  législative,  ils  trouvent  des  rafraî- 
chissements variés,  des  lavabos,  des  saltes  d'audiences 
où  ils  reçoivent  leurs  électeurs,  etc.  Le  président,  les 
questeurs,  les  secrétaires  généraux  et  les  principaux  em- 
ployés sont  logés  dans  le  palais  législatif. 

Le  président  a  un  cabinet  politique.  En  séance  il  est 
assisté  d'un  secrétaire  général,  avec  le  concours  duquel  il 
dirige  les  services  législatifs  ;  les  questeurs  dirigent  les  ser- 
vices administratifs.  Les  services  législatifs,  administrés  par 
le  secrétaire  général  de  la  présidence,  comprennent  :  la  sec- 
tion des  travaux  législatifs  et  précédents,  chargée  de  pré- 
parer le  travail  du  président  ;  la  section  des  déhbérations 
du  bureau,  correspondance  et  personnel  des  services  légis- 
latifs, dont  l'intitulé  exphque  suffisamment  les  attribu-- 
tions  ;  la  rédaction  du  compte  rendu  analytique  qui 
fournit  à  la  presse,  dès  le  soir  même  d'une  séance,  le 
compte  rendu  abrégé  de  cette  séance  et  qui  rédige  un 
autre  compte  rendu  sommaire  transmis  par  voie  télégi'a- 
phique  au  président  de  la  RépubHque,  au  Sénat  et  au 
Syndicat  de  la  Presse  ;   In    sténographie   qui    rédige  le 


PARLEMENTARISME 


1136  — 


compte  rendu  m  extenso  inséré  dès  le  iendemaiii  inatiii 
dans  le  Journal  officiel  (les  orateurs  sont  admis  à  cor- 
riger la  sténographie  manuscrite  de  leurs  discours  jusqu'à 
minuit  et  les  épreuves  imprimées  jusqu'à  deux  heures 
du  matin);  le  bureau  de  l'expédition  des  lois  et  des  procès- 
verbaux. 

Les  services  administratifs,  gérés  par  le  secrétaire 
général  de  la  questure,  comprennent  :  la  section  du  per- 
sonnel et  comptabilité,  la  section  du  matériel,  le  service 
des  bâtiments,  la  caisse,  la  bibliothèque,  les  archives,  le 
service  intérieur.  Le  service  des  huissiers,  le  service 
médical,  le  service  militaire  dépendent  à  la  fois  de  la 
présidence  et  de  la  questure. 

La  Chambre  possède  un  budget  spécial  sur  lequel  elle  a 
toute  autorité  et  qui  n'est  pas  soumis  au  contrôle  de  la 
r.our  des  comptes.  Ce  sont  les  questeurs  qui  préparent  ce 
budget.  La  commission  de  comptabihté  l'examine  et  le 
soumet  à  l'approbation  de  la  Chambre  en  séance  publique. 
Après  cpoi,  la  dotation  affectée  aux  dépenses  annuelles  est 
portée  au  budget  général  de  l'Etat  et  votée  par  la  loi  de 
tinances  de  chaque  exercice  (V. ,  pour  les  détails  et  les  chiffres, 
Chambre  des  Députés,  t.  X,  p.  378).  Un  des  gros  cha- 
pitres de  ce  budget  est  celui  des  impressions.  Chaque 
député  devant  être  pourvu  en  effet  de  tous  les  documents 
(|ui  lui  sont  nécessaires  pour  l'exercice  de  son  mandat 
reçoit  :  unexemplaire  àQS  Annales  parlementaires,  c.-à-d. 
la  réimpression,  pourvue  de  tables  des  matières,  des  débats 
et  documents  parlementaires  insérés  in  extenso  à  V Offi- 
ciel ;  un  exemplaire  du  Journal  officiel;  un  exemplaire 
du  Compte  rendu  analytique  des  débats  ;  un  exem])laire 
des  projets  de  loi,  des  propositions  de  loi,  des  amende- 
ments, du  rôle  général  des  pétitions,  du  feuilleton  des 
pétitions,  au  fur  et  à  mesure  qu'ils  sont  imprimés  ;  un 
feuilleton  qui  contient  les  objets  qui  doivent  être  discutés 
à  chaque  séance.  Il  reçoit  en  outre—  mais  les  frais  d  im- 
pression sont  alors  supportés  par  l'Etat  —  un  exemplaire  de 
toutes  les  publications  statistiques  provenant  des  minis- 
tères (divers  comptes  de  la  guerre  et  de  la  marine,  situa- 
tion financière  des  communes  et  des  départements,  (che- 
mins vicinaux,  chemins  de  fer,  statistiques  graphiques, 
navigation  intérieure,  tableau  du  commerce,  documents 
statistiques  des  douanes,  compte  général  des  finances, 
rapports  sur  la  gestion  de  la  Cour  des  comptes,  sur  les 
opérations  des  sociétés  de  secours  mutuels,  sur  F  admi- 
nistration de  la  justice  civile,  commerciale  et  crimi- 
nelle, office  du  travail,  etc.,  etc.) 

Le  président  est  chargé  de  veiller  à  la  sûreté  intérieure 
et  extérieure  de  la  Chambre.  Il  fixe,  dans  ce  but,  l'impor- 
tance des  forces  militaires  qu'il  juge  nécessaires.  Il  peut 
adresser  directement  ses  réciuisitions  à  tous  otïiciers,  com- 
mandants ou  fonctionnaires  qui  sont  tenus  d'y  obtempérer 
iiumédiatement.  Il  peut  déléguer  ce  droit  aux  questeurs 
ou  à  l'un  d'entre  eux.  La  police  intérieure  est  exercée 
aussi  par  le  président.  Nul  étranger  ne  peut,  sous  aucun 
prétexte,  pénétrer  dans  la  salle  des  séances.  Mais  comme 
les  séances  sont  public[ues,  il  est  délivré  à  chaque  député, 
à  tour  de  rôle,  des  cartes  qui  donnent  droit  d'entrée  dans 
les  tribunes.  Les  personnes  admises  dans  ces  tribunes 
doivent  s'y  tenir  assises,  découvertes  et  en  silence.  Des 
Jniisbiers  sont  chargés  de  maintenir  l'ordre  (Unis  les  tri- 
])imes  et  d'en  exclure  toute  personne  qui  doniierait  tles 
marques  d'approbation  ou  d'improbalion. 

Un  règlement  intérieur,  arrêté  par  le  bureau  de  la 
Chambre,  détermine  les  règles  relatives  au  service  inté- 
rieur, l'organisation  et  la  marche  des  différents  travaux, 
les  di'oits  et  devoirs  des  fonctionnaires,  leurs  attributions, 
le  mode  de  leur  nomination,  les  conditions  de  leur  avan- 
cement, leur  disciphne,  leurs  traitements  et  leurs  re- 
traites. Les  députés  sont  pourvus  d'une  médaille  portant 
leur  nom  et  la  date  de  leur  nomination  et  d'insignes  qui 
(consistent  en  une  décoration  ornée  des  faisceaux  de  la 
République  sunnontée  de  la  main  de  Justice  et  en  une 
écharp  tricolore  à  franges  d'or  portée  en  sautoir. 


Yll.  Rappokis  de  l  AbsEMBLÉE  avec  la  SECO.NDE  CllAMMU: 
ET  AVEC  LE  GOUVERNEMENT  —  Jusqulci  uous  avous  Consi- 
déré la  Chambre  des  députés  en  elle-même  comme  si  elle 
était  assemblée  unique.  Il  reste  à  dire  cjuelques  mots  de, 
ses  rapports  avec  le  Sénat  et  le  pouvoir  exécutif.  Tout** 
proposition  de  loi  votée  par  la  Chambre  est  transmise 
directement  par  son  président  au  président  du  Sénat. 
Tout  projet  de  loi  est  transmis  au  ministre  qui  l'a  présenté 
et  doit  être  porté  par  celui-ci  au  Sénat.  Si  le  ministre 
tardait  plus  d'un  mois  à  faire  ce  dépôt,  le  président  de  la 
Cliambre  transmettrait  directement  le  projet  au  président 
du  Sénat.  La  Chambre  peut  même  exiger  que  la  transmis- 
sion ait  lieu  d'urgence,  c.-à-d.  dans  le  délai  de  tro.'s 
jours. 

En  ce  qui  concerne  les  propositions  votées  par  'e 
Sénat  et  transmises  au  président  de  la  Chambre,  elhs 
suivent  la  procédure  ordinaire  applicable  aux  projets 
présentés  par  le  Gouvernement.  Si  la  Chambre  les  adopte 
sans  modification,  le  président  les  remet  au  ministre  com- 
pétent pour  être  promulguées  parle  président  de  la  Répu- 
bhque.  Si  la  Chambre  les  adopte  avec  modifications,  elles 
sont  renvoyées  au  Sénat.  Lorsqu'un  projet  de  loi  voté  par 
la  Chambre  a  été  moditîé  par  le  Sénat,  la  Chambre  peut 
nommer  une  commission  chargée  de  se  réunir  à  une 
commission  du  Sénat  pour  s'entendre  sur  un  texte  com- 
mun. Si  les  commissions  ne  s'entendent  pas  et  si  la 
Chambre  persiste  dans  sa  première  résolution,  le  projel 
ne  peut  plus  être  remis  à  l'ordre  du  jour  avant  le  délai 
de  deux  mois,  sauf  sur  l'initiative  du  Gouvernement. 
Lorsque  le  Sénat  a  rejeté  les  projets  ou  propositions  de 
loi  votés  par  la  Chambre,  ces  projets  ou  propositions  ne 
peuvent  être  repris,  avant  le  délai  de  trois  mois,  que  sur 
l'initiative  du  gouvernement. 

Le  Ministère.  -  -  Le  cabinet  français,  ou  Conseil  des 
ministres,  se  compose  de  tous  les  chefs  des  départements 
exécutifs,  nommés  par  le  président  de  la  République,  qui, 
d'après  un  usage  constant,  les  choisit  parmi  les  membres 
du  Parlement,  en  attribuant  à  la  Chambre  des  députés  la 
grande  majorité  des  portefeuilles.  En  théorie,  le  présideni 
de  la  République  doit  nommer  tous  les  ministres.  Enfail. 
il  se  contente,  se  basant  sur  la  majorité  parlementaire,  (]e 
désigner  un  premierministre,  ou  président  du  Conseil,  lequel 
se  guidant  sur  la  même  majorité  choisit  ses  collègues.  Le 
ministère  ainsi  formé  est  responsable  devant  les  Chambres 
(V.  CoNSTifUTioN,  t.  Xlï,  p.  661).  Il  se  réunit  en  Conseil 
des  ministres  deux  fois  par  semaine  (le  mardi  et  le  samedi) 
au  palais  de  l'Elysée,  sous  la  présidence  du  président  de 
la  République,  et  tous  les  jeudis  en  Conseil  de  cabinet. 
sous  la  présidence  du  président  du  Conseil.  En  ces  déli- 
bérations, qui  n'ont  d'ailleurs  entre  elles  qu'une  diffé- 
rence de  pure  forme,  il  examine  non  seulement  les 
affaires  de  politique  générale  et  les  questions  relatives  aux 
rapports  du  gouvernement  avec  les  Chambres,  mais 
encore  les  affaires  de  l'ordre  administratif  (nominations 
des  hauts  fonctionnaires,  etc.).  Sur  les  solutions  à  donner 
à  ces  affaires,  les  ministres  doivent  se  mettre  d'accord, 
car  le  cabinet  ne  peut  se  maintenir  que  par  l'union  de 
tous  ses  membres,  et  cette  union  ne  peut  s'établir  - 
surtout  dans  un  cabinet  de  concentration  •—  que  par  une 
série  de  compromis  et  de  concessions  réciproques.  Le  ca- 
binet est  presque  indépendant  du  président  de  la  Répu- 
blique qui  se  contente  d'émettre  des  avis  et  de  proposer 
des  conseils  qui  ne  sont  pas  toujours  suivis  ;  par  contre, 
il  est  très  dépendant  des  Chambres  qui  surveillent  ses 
actes  avec  un  soin  jaloux,  très  dépendant  des  groupes 
et  de  certaines  commissions  spéciales  qui  traitent  avec 
lui  d'égal  à  égal,  et  toujours  à  la  merci  d'un  vote  de  blâme 
ou  de  défiance  dont  la  conséquence  est,  dans  la  plupart  des 
cas,  d'amener  sa  chute,  puisque  tous  ses  membres  sont 
considérés  comme  solidaires.  En  résumé,  le  Ministère, 
émanation  des  Chambres  et  surtout  de  la  Chambre  des  dé- 
putés, est,  en  quelque  sorte,  une  commission  parlementaire 
pouj'vue  de  pouvoirs  et  de  responsabilités  plus  considé- 


il61 


PARLEMENTARISME 


l'ables  que  ceux  qui  sont  dévolus  aux  autres  commissions, 
mais  formée  comme  elles  d'éléments  assez  disparates, 
délibérant  corn  me  elles,  se  décidant  comme  elles  à  la 
majorité  des  voix  et  soumise  comme  elles  à  la  volonté  du 
Parlement  (V.  Ministère,  t.  XXII,  p.  1062). 

VIII.  Fin  de  l'Assemblée.  —  La  durée  de  la  Chambre 
est  celle  de  son  mandat  légal,  qui  expire  au  bout  de 
quatre  années  comptées  jour  pour  jour  à  dater  du  décret 
de  convocation.  Cette  durée  peut  être  abrégée  par  la  dis- 
solution, à  la  suite  d'un  accord  entre  le  gouvernement  et 
le  Sénat  (V.  Constitution,  t.  XII,  p.  661).  Mais  en  France 
le  gouvernement  s'est  montré  jusqu'ici  fort  sobre  dans 
l'application  de  ce  droit,  et  une  seule  Chambre  depuis  1875 
est  morte  de  mort  violente,  celle  de  4877. 

Sénat.  —  L'organisme  de  la  haute  Assemblée  a^i 
construit  sur  le  même  plan  que  celui  de  la  Chambre  des 
députés.  Il  y  a  cependant  quelques  différences  de  struc- 
ture qu'il  convient  d'étudier. 

I.  Constitution  de  l'Assemblée.  —  Le  Sénat  se  renou- 
velant par  tiers  est  toujours  constitué,  en  quelque  mesure, 
à  l'ouverture  de  chaque  session.  Néanmoins,  comme  à  la 
(Chambre,  cette  constitution  n'est  régulièrement  établie 
que  par  l'élection  du  bureau  définitif.  Au  début  de  chaque 
année,  le  doyen  d'âge  préside  le  Sénat;  il  est  assisté  par 
les  six  plus  jeunes  sénateurs  qui  remplissent  les  fonctions 
de  secrétaires.  L'Assemblée  fixe  aussitôt  la  séance  où  aura 
lieu  rélection  du  bureau  définitif  et  peut  même  procéder 
immédiatement  à  cette  élection.  Le  bureau  définitif  se 
compose  de  :  I  président,  de  4  vice-présidents,  de  6  secré- 
taires, 3  questeurs.  Les  procès-verbaux  des  élections  des 
sénateurs  sont  répartis  entre  les  bureaux  ;  comme  à  la 
Chambre,  elles  sont  vérifiées,  rapportées,  discutées,  vali- 
dées ou  invalidées,  suivant  la  même  procédure. 

IL  Travail  intérieur.  —  Bureaux  et  Commissions. 
Le  Sénat  se  partage  en  neuf  bureaux  renouvelés  chaque 
mois  en  séance  publique  par  la  voie  du  sort.  Ces  bureaux 
élisent  des  commissions  mensuelles  ou  spéciales  qui  ont 
les  mêmes  attributions  et  les  mêmes  dénominations  que 
celles  de  la  Chambre.  Le  Sénat  est  même  entré  dans  la 
pratique  des  grandes  commissions  annuelles.  Autrefois,  il 
ne  possédait  que  celle  des  finances;  il  a  maintenant  les 
commissions  de  l'armée,  des  douanes,  etc.  ;  de  plus, 
comme  il  possède  des  attributions  judiciaires  (V.  Con^h- 
TurioN,  t.  XIl,  p.  ^^)),  il  nomme  tous  les  ans  au  scrutin 
de  Este,  en  séance  publique  et  sans  dé  bal  s,  une  commission 
de  9  sénateurs  chargée  de  l'instruction  des  personnes 
qui  seraient  inculpées  d'attentats  commis  contre  la  sûreté 
de  l'Etat,  et  élit,  de  la  même  manière,  5  membres  sup- 
pléants. 

Projets  et  propositions  de  loi.  liapports.  Ils  suivent 
(kms  les  bureaux  et  commissions  la  même  marche,  et  sont 
soumis  au  même  contrôle  et  aux  mêmes  formalités  qu'à 
la  Chambre. 

III.  Travail  en  séance  publique.  —  Les  discussions  pas- 
sent, elles  aussi,  par  des  phases  identiques,  soit  que  les  pro- 
jets soient  soumis  à  deux  déHbérations,  soit  qu'ils  soient 
votés  d'urgence.  Il  en  est  de  même  des  questions  et  des 
interpellations;  cependant  au  Sénat  le  renvoi  aux  bureaux 
d'un  ordre  du  jour  motivé  est  de  droit  s'il  est  demandé 
par  le  gouvernement,  tandis  (|u'à  la  Chambre,  ce  renvoi 
ne  peut  être  demandé  que  par  un  député.  Quant  aux  amen- 
dements et  aux  votât  ions,  on  procède  à  peu  près  de  même 
dans  les  deux  Assemblées.  Au  Sénat,  il  suffit  qu'une  de- 
mande de  scrutin  public  et  même  de  scrutin  public  à  la 
tribune  soit  signée  de  10  membres;  mais,  dans  ce  dernier 
cas,  l'Assemblée  slatue.  La  présence  de  454  sénateurs, 
majorité  absolue  du  nombre  légal,  est  nécessaire  pour  la 
validité  des  votes. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  —  Les  peines  discipli- 
naires, qui  sont  les  mêmes  qu'à  la  Chambre,  ont  des  con- 
séquences un  peu  différentes.  Ainsi  la  censure  simple  s'ap- 
plique au  sénateur  qui  par  l'apport  d'une  pétition  se  sera 
t  onstitué  intermédiaire  entre  le  Sénat  et  un  rassemblement 
grande  encyclopédie,  —  XXV. 


formé  sur  la  voie  publique,  et  elle  frappe  aussi  le  séna- 
teur qui  aura  adressé  à  un  ou  plusieurs  membres  du  gou- 
vernement des  injures,  provocations  ou  menaces.  De  plus, 
aucune  des  peines  disciphnaires  n'emporte  de  retenue  pé- 
cuniaire sur  l'indemnité  législative.  La  censure  simple  et 
la  censure  avec  exclusion  temporaire  emportent  seulement 
l'impression  et  l'affichage  à  mille  exemplaires,  aux  frais 
du  sénateur  censuré,  de  l'extrait  du  procès-verbal  men- 
tionnant la  censure.  Enfin  la  censure  avec  exclusion  tem- 
poraire n'impose  au  membre  contre  lequel  elle  a  été  pro- 
noncée que  l'obhgation  de  sortir  immédiatement  du  Sénat 
et  de  s'abstenir  d'y  reparaître  pendant  les  trois  séances 
suivantes. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Les  groupes  ont  une 
influence  beaucoup  plus  marquée  que  ceux  de  la  Chambre. 
Ils  sont  en  eô'et  moins  nombreux,  et  cette  seule  circons- 
tance empêche  l'éparpillement  excessif  d*s  opinions.  Le 
centre  gauche  compte  environ  i26  membres,  la  gauche  ré- 
publicaine 94,  l'union  républicaine  4*20,  la  gauche  démo- 
cratique 89  et  la  droite  i20.  Il  y  a  aussi  un  groupe  agri- 
cole (467  membres).  Mais,  comme  nous  l'avons  déjà 
remarqué,  la  faculté  laissée  à  tout  sénateur  de  se  faire 
inscrire  à  la  fois  à  plusieurs  groupes  fausse  le  principe 
même  qui  a  présidé  à  la  formation  des  groupes  et, comme 
à  la  Chambre,  leurs  bureaux  respectifs  s'occupent  avec 
moins  d'activité  des  travaux  législatifs  proprement  dits 
que  des  questions  relatives  à  des  élections  ou  à  des  inter- 
pellations ministérielles. 

D'autre  part,  le  mode  de  renouvellement  du  Sénat,  qui 
ne  porte  que  sur  un  tiers  de  ses  membres,  tous  les  trois 
ans,  a  eu  pour  effet  de  créer  parmi  ses  membres  une  tra- 
dition, des  habitudes  de  travail,  une  connaissance  plus 
étendue  des  rouages  parlementaires  qui  sont  éminemment 
favorables  à  l'étude  sérieuse  des  affaires  et  à  la  confection 
de  bonnes  lois. 

VI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  Le 
Sénat  est  installé  dans  le  palais  du  Luxembourg.  La  salle 
des  séances,  plus  petite  et  plus  ornée,  présente'les  mêmes 
dispositions  que  celle  de  la  Chambre.  Ses  annexes  (salons, 
bibhothèque,  buvette,  etc.)  sont  analogues.  Même  répar- 
tition des  services  intérieurs  en  législatifs  et  administra- 
tifs. Le  secrétaire  général  de  la  présidence  a  sous  ses  ordres 
le  bureau  du  secrétariat,  la  rédaction  du  compte  rendu  analy- 
tique, la  sténographie,  le  bureau  des  procès-verbaux,  pé- 
titions et  distribution.  Le  secrétaire  général  de  la  questure 
a  sous  sa  direction  la  section  du  personnel  et  de  la  comp- 
tabilité, la  section  du  matériel,  le  service  des  bâtiments 
et  jardins,  la  caisse,  la  bibliothèque,  les  archives,  le  sf.>r- 
vice  intérieur,  le  service  des  huissiers.  Le  service  militaire, 
d'ordre  et  de  sûreté  et  le  service  médical  dépendent  à  la 
fois  de  la  présidence  et  de  la  questure.  Le  Sénat  a  toute 
autorité  sur  son  budget  qui  n'est  soumis  qu'au  contrôle  de 
sa  commission  de  comptabilité.  Les  impressions  parlemen- 
taires sont  les  mêmes  ([u'à  la  Chambre.  Les  mêmes  me- 
sures de  sûreté  intérieure  et  extérieure  sont  prises  sous 
les  ordres  du  président,  avec  le  concours  de  la  questure 
et  du  bureau  militaire.  Quant  au  règlement  intérieur,  il 
est  l'œuvre  d'une  commission  spéciale  comprenant  :  le  pré- 
sident du  Sénat,  2  vice-présidents  et  2  secrétaires  délé- 
gués par  le  bureau,  les  3  questeurs,  3  membres  de  la 
commission  de  comptabilité  délégués  par  cette  commis- 
sion. Les  insignes  des  sénateurs  diffèrent  de  ceux  des  dé- 
putés en  ce  que  la  main  de  justice  qui  surmonte  la  déco- 
ration portée  à  la  boutonnière,  est  double  et  en  ce  que 
l'écharpe  n'a  pas  de  franges  et  se  termine  avec  un  insigne 
sur  la  rosette.  La  médaille  d'identité  est  en  vermeil.  Ces 
insignes  ne  sont  en  usage  que  dans  les  céi-émonies  pu- 
bliques. Le  dernier  article  du  règlement  interdit  à  tout 
sénateur  de  prendre  ou  de  laisser  prendre  sa  qualité  par- 
lementaire dans  des  entreprises  financières,  industrielles 
ou  commerciales. 

VIL  Rapports  de  l'Assemblée  avec  l'autre  Chambre  et 
AVEC  LE  gouvernement.  —*  Toute  proposition  de  loi  votée  par 

7^^ 


PARLEMENTARISME 


—  Id38 


le  Sénat  est  transmise  directement  par  son  président  au  pré- 
sident de  la  Chambre  des  députés,  lout  projet  de  loi  voté  est 
transmis  au  ministre  qui  l'a  présenté.  Si  le  gouvernement 
ne  le  présente  pas  à  la  Chambre  dans  le  mois  qui  suit,  un 
membre  du  Sénat  peut  reprendre  le  projet  que  le  prési- 
dent du  Sénat  transmet  alors  au  président  de  la  Chambre. 
Les  propositions  de  loi  émanées  de  l'initiative  parlemen- 
taire  votées  par  la  Chambre  sont  examinées  comme  s'il 
s'agissait  de  projets  émanés  du  gouvernement.  Les  pro- 
jets ou  propositions  votés  par  la  Chambre  et  adoptés  sans 
modifications  par  le  Sénat  sont  transmis  alors  à  Fétat  de 
lois,  par  le  président  du  Sénat  au  président  de  la  Répu- 
blique, par  l'intermédiaire  du  ministre  compétent.  Si  un 
projet  voté  par  le  Sénat  a  été  modifié  par  la  Chambre,  le 
Sénat  peut  :  ou  mettre  de  nouveau  le  projet  en  délibéra- 
tion, ou  le  soumettre  aux  bureaux,  ouïe  renvoyer  à  l'an- 
cienne commission.  Il  peut  également,  sur  la  proposition 
d'un  sénateur,  décider  qu'une  commission  de  il  membres 
sera  chargée  de  s'entendre  sur  un  texte  commun  avec  une 
commission  ad  hoc  de  la  Chambre  (V.  ci-dessus).  Lorsque 
dans  aucun  des  cas  précédents,  l'accord  ne  peut  se  faire, 
le  projet  ne  peut  plus  être  remis  à  l'ordre  du  jour  avant 
le  délai  de  deux  mois  que  sur  l'initiative  du  gouverne- 
ment. Les  projets  et  propositions  votés  par  le  Sénat  et 
rejetés  par  la  Chambre  ne  peuvent  être  repris  avant  le 
délai  de  trois  mois  que  sur  l'initiative  du  gouvernement. 
YIÏÏ.  Fin  de  l'Assemblée.  —Le  Sénat  ne  peut  être  dis- 
sous. Une  meurt  que  partiellement  tous  les  trois  ans  pour 
renaître  généralement  dans  la  première  quinzaine  de  jan- 
vier, l'usage  ayant  prévalu  de  calculer  la  durée  de  ces  trois 
ans  non  d'après  le  nombre  de  jours,  mais  d'après  le  nombre 
de  sessions  ordinaires  pendant  lesquelles  les  sénateurs  ont 
siégé.  Mais  il  y  a  lieu  de  remarquer  que  le  Sénat  ne 
pourrait  siéger  en  l'absence  de  la  Chambre  des  députés, 
fut-elle  disWite,  la  loi  du  16  juil.  1875  portant  que 
«  toute  assemblée  de  l'une  des  deux  Chambres  qui  serait 
tenue  hors  du  temps  de  la  session  commune  est  illicite  et 
nulle  de  plein  droit  ». 

ALLEMAGNE.  —  Reichstag.  ■—  I.  Constitution  m 
l'Assemblée.  •—  Le  Reichstag,  comme  les  Assemblées  fran- 
çaises, est  constitué  après  l'élection  de  son  bureau  définitif 
et  sa  notification  à  l'empereur.  A  l'ouverture  de  sa  pre- 
mière session,  le  député  le  plus  âgé  préside,  et  désigne 
pour  l'assister  quatre  secrétaires  provisoires.  Au  début  de 
chaque  session  suivante,  et  pendant  les  cinq  législatures 
que  le  Parlement  a  à  remplir,  c'est  le  président  de  la 
session  précédente  qui  demeure  en  charge  jusqu'à  ce  que 
son  successeur  ait  été  désigne.  Après  son  installation,  le 
président  provisoire  divise,  par  un  tirage  au  sort,  l'As- 
semblée en  onze  sections  comprenant  chacune,  si  possible, 
le  même  nombre  de  députés.  Les  dossiers  d'élections  sont 
répartis  entre  ces  sections  qui  les  examinent  et  les  ren- 
voient à  un  comité  spécial,  si  elles  donnent  lieu  à  quelque 
difficulté.  Quand  les  pouvoirs  de  la  moitié  plus  un  des 
membres  du  Reichstag  ont  été  vérifiés,  on  procède  àl'élec- 
tioH  du  bureau  définitif.  Ce  bureau  comprend  :  1  prési- 
dent et  2  vice-présidents,  élus  à  la  majorité  absolue  (à 
la  majorité  relative  au  second  tour  de  scrutin),  et  8  se- 
crétaires élus  à  la  majorité  relative.  Le  président  nomme 
lui-même  2  questeurs.  Les  pouvoirs  du  bureau  sont  va- 
lables pour  la  session  entière. 

IL  Travail  intérieur.  —  Sec-lions  et  commissions. 
Comme  nous  l'avons  vu,  le  Reichstag  est  divisé  dès  le  dé- 
but d'une  session  en  onze  sections.  Ces  sections  sont  per- 
manentes pendant  toute  la  durée  de  la  session  ;  elles  ne 
sont  renouvelées  que  si  l'Assemblée  le  décide,  sur  la  pro- 
position de  50  députés.  Elles  élisent  leurs  présidents  et 
leurs  secrétaires.  Ce  sont  ces  mêmes  sections  qui  nomment 
les  commissions  spéciales,  k  cet  effet,  chacune  d'elles  dé- 
signe, au  scrutin  secret  et  à  la  majorité  absolue,  un  même 
nombre  de  commissaires  choisis,  soit  dans  son  sein,  soit 
dans  le  Parlement  tout  entier.  Si  plusieurs  sections  dési- 
gnent à  la  fois  le  même  député,  c'est  la  section  à  laquelle 


il  appartient  qui  l'emporte.  Les  commissions  nomment  leur 
président,  leur  secrétaire  et  leur  rapporteur.  Les  unes 
sont  temporaires,  étant  instituées  pour  un  but  déterminé, 
Tétude  de  questions  techniques  par  exemple,  ou  en  cas 
de  circonstances  majeures.  Les  autres,  au  nombre  de  six, 
sont  permanentes  :  i^  commission  du  règlement  d'ordre 
intérieur;  2^  commission  des  pétitions;  3^  commission  du 
commerce  et  de  l'industrie  ;  4°  commission  des  finances  et 
impôts  ;  5*^  commission  de  la  justice  ;  6°  commission  du 
budget  de  l'empire.  En  dehors  de  ces  commissions,  il  existe 
ce  qu'on  appelle  les  commissions  libres,  c.-à-d.  des 
commissions  formées  sans  mandat  de  leurs  collègues,  de 
la  manière  la  plus  indépendante  du  monde,  par  des  dé- 
putés qui  s'intéressent  particulièrement  à  une  affaire.  Ces 
commissions  composées  généralement  des  spécialistes  les 
plus  compétents,  examinent  plus  à  fond  les  questions  que 
ne  le  peuvent  faire  les  commissions  parlementaires.  Elles 
ont  un  président  et  un  secrétaire,  et  l'un  de  leurs  membres 
est  désigné  pour  soutenir  devant  l'Assemblée  leurs  réso- 
lutions. 

Les  sections  nomment  encore,  au  début  de  chaque  ses- 
sion, un  comité  permanent  qu'on  appelle  le  Conseil  des 
anciens  {Seniorenconvent).  Le  rôle  de  ce  comité  est  de 
déterminer  le  nom-bre  proportionnel  de  membres  revenant 
à  chaque  groupe  politique  au  sein  des  commissions,  de 
fixer  l'ordre  du  jour  et  d'assurer  l'expédition  régulière 
des  affaires. 

Enfin  le  président  nomme,  au  début  de  chaque  période 
législative  et  pour  toute  la  durée  de  cette  période,  un  co- 
mité de  six  membres  chargé  d'administrer  et  de  surveil- 
ler la  bibliothèque  du  Reichstag. 

Ces  commissions  discutent  les  affaires  qui  leur  sont  sou- 
mises selon  les  modes  en  usage  dans  tous  les  Parlements 
et  en  font  l'objet  de  rapports  qui  sont  imprimés  et  sou- 
mis aux  déhbérations  de  l'Assemblée. 

IIL  Travail  en  séance  publique.  —  L'ordre  du  jour 
arrêté,  à  la  suite  d'un  accord  entre  le  président  et  le  Con- 
seil des  anciens  est  soumis  à  l'Assemblée  par  le  président 
à  la  fin  de  chaque  séance,  puis  il  est  imprimé  et  distribué 
aux  députés.  Un  jour  par  semaine  est  consacré  à  l'exa- 
men des  motions  présentées  par  les  députés  et  des  péti- 
tions. Les  projets  de  loi  passent  par  trois  délibérations 
ou  lectures.  La  première  a  Heu  trois  jours  au  moins  après 
la  distribution  du  rapport.  La  seconde  a  lieu  trois  jours 
après  la  fin  de  la  première  lecture,  et  porte  uniquement 
sur  les  articles  et  les  amendements  qui  s'y  rattachent.  La 
troisième  a  lieu  deux  jours  après  la  seconde,  et  elle  porte 
à  la  fois  sur  les  principes  et  sur  les  détails.  On  peut  en- 
core présenter  des  amendements  lors  de  la  troisième  lec- 
ture, mais  il  faut  qu'ils  soient  appuyés  par  30  signatures. 
Enfin  il  est  procédé,  après  la  clôture  de  la  discussion,  à 
un  vote  sur  l'adoption  ou  la  non-adoption  delà  loi. 

En  cas  d'urgence,  le  temps  qui  doit  réglementairement 
s'écouler  entre  la  première  et  la  seconde  lecture  peut  être 
abrégé,  ou  bien  on  peut,  si  EAssemblée  y  consent,  réunir 
les  deux  lectures  en  une,  mais  l'intervalle  entre  les  autres 
lectures  ne  peut  être  abrégé  si  15  membres  s'y  opposent. 

Questions  et  interpellations.  Toute  demande  de  ques- 
tion ou  interpellation  adressée  au  Conseil  fédéral  doit 
être  signée  par  30  membres.  Une  copie  de  cette  demande 
est  adressée  au  chanceher  de  l'Empire  qui,  à  la  séance  sui- 
vante, déclare  s'il  veut  ou  non  y  répondre.  S'il  y  consent, 
un  jour  est  fixé  pour  la  discussion.  L'interpellateur  expose 
ses  idées,  le  chancelier  répond,  et  pour  que  la  discussion 
continue,  il  faut  qu'une  motion  signée  par  50  membres  au 
moins  soit  présentée  à  ce  sujet.  Une  liste  des  décisions 
prises  parle  Conseil  fédéral  à  la  suite  des  résolutions  adop- 
tées par  l'Assemblée  est  imprimée  et  distribuée.  Dans  les 
quatre  jours  de  cette  distribution,  chaque  député  a  le  droit 
de  rédiger  les  objections  qu'il  peut  avoir  à  présenter  à  ces 
décisions.  Le  chanceher  répond  à  ces  objections  qui  sont 
mises  à  l'ordre  du  jour.  Mais  ce  second  débat  ne  peut 
donner  lieu  à  aucune  résolution  de  l'Assemblée. 


4439 


PARLEMENTARISME 


Amendements.  Comme  on  Ta  vu,  ies  députés  ne  peu- 
vent présenter  d'amendements  que  lors  de  la  seconde 
lecture.  Les  amendements  ainsi  présentés  n'ont  pas  besoin 
d'être  appuyés,  tandis  que  ceux  qui  sont  présentés  dans 
l'intervalle  entre  la  seconde  et  la  troisième  lecture,  ou 
au  cours  de  la  troisième  lecture,  doivent  être  signés  par 
80  membres. 

Votes.  Il  est  de  règle  que  les  résolutions  du  Parlement 
doivent  être  prises  à  la  majorité  absolue  des  suffrages  et 
que  la  majorité  des  membres  soit  réunie.  Mais,  dans  la 
pratique,  des  résolutions  sont  adoptées  quel  que  soit  le 
nombre  des  membres  présents  lorsqu'il  s'agit  de  congés,  de 
l'ajournement  d'une  affaire,  de  la  fixation  de  l'ordre  du 
jour,  et  même  lorsqu'il  s'agit  d'objets  plus  sérieux  pour 
lesquels  on  vote  par  assis  et  levé. 

Avant  de  procéder  à  un  vote,  le  président  donne  lec- 
ture de  la  question  qu'il  s'agit  de  résoudre.  Le  vote  a  lieu 
par  assis  et  levé.  Si  le  président  ou  l'un  des  secrétaires 
estime  que  le  résultat  est  incertain,  on  procède  à  la 
contre-épreuve.  Si  la  contre- épreuve  n'est  pas  décisive, 
on  a  recours  au  comptage.  Sur  l'invitation  du  président, 
tous  les  députés  quittent  la  salle  des  séances  dont  toutes 
les  portes  sont  fermées  sauf  deux  :  l'une  située  à  l'E.  de 
la  salle,  l'autre  à  l'O.  Deux  secrétaires  se  tiennent 
dans  l'embrasure  de  cliacune  de  ces  portes.  Le  président 
donne  un  coup  de  sonnette,  et  les  députés  qui  approuvent 
entrent  par  la  porte  de  l'est,  dite  porte  des  oui  {Ja~ 
ttiiir),  ceux  qui  rejettent  entrent  par  la  porte  de  l'ouest, 
dite  porte  des  non  {Nein-thiir) ,  pendant  que  les  se- 
crétaires comptent  à  haute  voix  les  passants.  La  ferme- 
ture du  scrutin  est  annoncée  par  un  nouveau  coup  de  la 
sonnette  présidentielle.  Après  quoi,  le  président  et  les  se- 
crétaires font  connaître  publiquement  leurs  suffrages. 

Lorsque  le  président,  ou  un  des  secrétaires  en  fonc- 
tion, exprime  un  doute  sur  le  point  de  savoir  si  le 
Reischtag  est  en  nombre  légal  pour  délibérer,  on  com- 
mence par  faire  compter  les  chapeaux  pendus  au  vestiaire. 
Si  le  nombre  des  chapeaux  est  suffisant,  le  doute  est  dissipé. 
Sinon,  on  procède  à  l'appel  nominal  qui  peut  être  réclamé 
par  un  député.  Le  vote  par  appel  nominal  peut  toujours 
être  demandé  lors  de  la  clôture  de  la  discussion,  mais 
cette  demande  doit  être  signée  par  50  membres.  Si  elle 
est  admise,  il  est  procédé  à  l'appel  nominal  qui  est  suivi 
d'un  réappel  par  récapitulation  alphabétique.  Sauf  en  cas 
de  vote  par  appel  nominal,  chaque  député  a  le  droit  de 
remettre  au  président  un  court  exposé  des  raisons  qu'il  a 
de  voter  contre  la  majorité  et  de  demander  son  insertion 
dans  les  Annales  parlementaires.  Mais  il  n'est  pas  donné 
lecture  à  l'assemblée  de  cet  exposé  des  motifs. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  —  Aucun  député  ne 
peut  prendre  la  parole  sans  l'avoir  demandée  et  obtenue 
du  président.  Mais  au  Reischtag  il  n'y  a  rien  qui  ressem- 
ble à  notre  tour  d'inscription.  Le  président  règle  l'ordre 
de  la  discussion,  d'accord  avec  les  partis  politiques  qui 
désignent  ceux  de  leurs  membres  qui  prendront  la  parole 
en  leur  nom.  Le  président  du  groupe  auquel  appartient 
l'orateur  désigné  appelle  sur  le  nom  de  cet  orateur  l'at- 
tention du  président  de  l'assemblée,  qui  lui  accorde  la 
parole  après  les  rapporteurs  ou  les  auteurs  des  proposi- 
tions. Le  président  s'arrange  ~  mais  sans  qu'il  y  soit 
obligé  par  le  règlement  —  pour  que  tous  ceux  qui  lui  ont 
été  recommandés  ou  les  membres  dont  il  coniiait  les 
aptitudes  spéciales,  soient  entendus  alternativement  pour 
et  contre.  11  procède  ainsi  tant  que  la  discussion  n'est  pas 
épuisée.  Il  faut  remarquer,  à  ce  sujet,  qu'il  n'est  pas  dé- 
fendu au  même  orateur  de  prendre  plusieurs  fois  la  pa- 
role sur  la  loi  en  discussion  et  que  la  durée  de  ses  dis- 
cours n'est  pas  limitée.  Les  membres  du  Conseil  fédéral 
obtiennent  la  parole  à  quelque  moment  qu'ils  la  deman- 
dent. Tout  député  peut  obtenir  immédiatement  la  parole 
pour  un  rappel  au  règlement.  Les  orateurs,  sauf  les 
rapporteurs,  parlent  rarement  à  la  tribune  :  ils  ont  cou- 
tume de  se  tenir  sous  la  tribune  ou  de  restera  leur  place; 


chacun,  en  somme,  parle  de  l'endroit  qu'il  préfère  et  d'où 
il  pense  qu'on  l'entendra  mieux.  Lorsqu'un  orateur  s'é- 
carte de  l'objet  en  discussion,  le  président  peut  l'y  rappe- 
ler. iVprès  deux  rappels  sans  résultat,  le  président  peut 
proposer  de  lui  enlever  la  parole  sur  ladite  question. 
L'Assemblée  statue  sans  débats.  La  clôture  de  la  discus- 
sion peut  être  demandée  par  écrit,  pourvu  que  cette  de- 
mande porte  30  signatures.  Le  président  met  la  clàture 
aux  voix,  sans  qu'aucun  des  membres  signataires  de  la 
demande  ait  le  droit  de  faire  valoir  des  arguments 
et  sans  que  le  moindre  débat  accessoire  soit  auto- 
risé. L'Assemblée  décide  à  mains  levées.  S'il  y  a  doute, 
la  discussion  continue.  La  clôture  est  très  rarement  de- 
mandée au  Reischtag.  Lorsque  la  discussion  est  terminée, 
soit  naturellement,  soit  par  la  clôture,  le  président  pose 
la  question  :  tout  député  peut  alors  demander  la  parole 
sur  la  manière  dont  il  l'a  posée  et  l'Assemblée  décide. 
Tout  député  peut  aussi  réclamer  la  division  que  l'Assem- 
blée accepte  ou  refuse. 

Si  le  Reischtag  devient  tumultueux,  le  président  peut 
interrompre  la  séance  pour  un  temps  déterminé  ou  la 
lever.  S'il  ne  parvient  pas  à  se  faire  entendre,  il  se 
couvre.  La  séance  est,  par  cela  même,  suspendue  pour 
une  heure. 

Il  n'y  a  pas  d'autre  mesure  disciplinaire  que  le  rappel 
à  l'ordre,  appliqué  à  tout  membre  qui  trouble  l'ordre.  Le 
président  doit  nommer  le  député  qu'il  frappe  de  cette 
peine.  Celui-ci  a  le  droit  de  protester  par  écrit,  et  l'As- 
semblée décide,  sans  débats,  à  la  séance  suivante,  si  le 
rappel  était  ou  non  justifié.  Il  est  interdit  de  faire  inter- 
venir dans  les  discussions  la  personne  du  souverain. 
Quant  aux  interruptions,  prohibées  en  théorie,  elles  sont 
admises  en  fait. 

Congés.  Chaque  membre  du  Reischtag  peut  obtenir  un 
congé  de  huit  jours,  en  le  demandant  au  président.  Si 
son  absence  doit  être  plus  longue,  la  permission  doit 
être  accordée  par  l'Assemblée.  Les  permissions  pour  un 
temps  indéterminé  sont  interdites.  Les  congés  de  toute 
nature  sont  portes  sur  un  registre.  11  y  a  toujours  beaucoup 
d'absents  au  Reischtag,  surtout  au  commencement  et  à 
la  fm  des  sessions.  Aussi,  pour  combattre  le  mal,  l'Assem- 
blée a  parfois  refusé  les  congés  les  plus  régulièrement 
demandés. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Les  groupes  parle- 
mentaires sont  très  nombreux  ;  ils  sont  fondés,  non 
sur  de  vagues  nuances,  mais  sur  des  idées  rehgieuses,  so- 
ciales ou  politiques,  et  ils  sont,  d'autre  part,  admirable- 
ment disciplinés,  en  sorte  qu'ils  ont,  sur  les  délibérations 
du  Reischtag,  une  action  forte  et  constante  ;  nous  avons 
montré  comment  cotte  action  s'exerçait  par  le  moyen  du 
Seniorenconvent  pour  la  fixation  de  l'ordre  du  jour  et 
par  l'entremise  des  chefs  de  groupe  pour  la  marche  à  suivre 
dans  les  délibérations.  Ils  ont  des  traditions  et  un  pro- 
gramme nettement  arrêté.  Ces  groupes  comprennent  (4  899)  : 
ï^  Les  conservateurs,  au  nombre  de  5i,  subdivisés  en 
conservateurs  allemands  et  en  conservateurs  libéraux  ou 
membres  du  parti  de  l'Empire.  Les  Deutschconservative 
résultent  de  la  fusion  des  anciens  groupes  des  Aîtconser- 
vative  et  des  Neuconservative,  fusion  opérée  pour  ré- 
sister plus  efficacement  aux  libéraux.  Quant  aux  Fret- 
conservalive  ou  Deutsche-reischspariei  ("23),  ils  forment 
la  transition  entre  les  conservateurs  proprement  dits  et 
les  nationaux  libéraux.  2*^  Les  nationaux  libéraux,  au 
nombre  de  47,  ont  joué  un  grand  rôle  au  temps  du  prince 
de  Bismarck  et  du  fameux  Kulturkampf.  Depuis,  ce  groupe 
n'a  fait  que  s'affaiblir  aux  dépens  d'un  nouveau  groupe, 
les  libéraux  progressistes  (50),  qui,  eux-mêmes,  se 
subdivisent  en  trois  groupes  :  celui  du  parti  du  peuple 
(30  membres),  celui  de  l'union  libérale  (42  membres)  et 
celui  du  parti  démocratique  allemand  (8  membres). 
3*^  Les  socialistes,  au  nombre'deoG,  nouveaux  venus  dans 
la  pohtique,  mais  très  en  progrès  depuis  quelques  années. 
4^  Le  centre,  comptant  440  membres,  composé  de  cathoh- 


PAULEMENTARISME 


._.  1140 


qiies.  5*^  Les  groupes  moindres,  comprenant  65  mem- 
bres et  se  composant  des  Polonais  (44  membres),  des 
Alsaciens-Lorrains  (8  membres),  des  Danois  (1  membre), 
des  Guelfes  ou  particularistes  hanovriens  (9  membres), 
des  antisémites  (10  membres),  et  enfin  des  indépen- 
dants. Ce  dernier  groupe,  oii  figurent  des  progressistes, 
des  libéraux,  des  conservateurs,  s'appelle  plus  communé- 
ment le  groupe  des  Sauvages  (Wilde)  et  il  com})te  14 
membres.  Comme  on  le  voit,  c'est  le  centre  qui  est  au 
Heischtag  l'arbitre  de  la  situation,  soit  qu'il  s'allie  avec 
les  conservateurs  pour  combattre  la  gauche,  soit  qu'il 
s'allie  avec  la  gauche  pour  empêcher  les  conservateurs  de 
faire  œuvre  de  réaction.  Bismarck  avait  longtemps  gou- 
verné grâce  à  l'union  des  libéraux  nationaux  avec  les 
conservateurs.  C'est  ce  qu'on  appelait  le  Cartel  :  il  a  dis- 
paru avec  le  grand  chancelier. 

VL  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  Le 
Reischtag  siège  à  Berlin,  dans  le  même  palais  (inau- 
guré en  1895)  que  le  Conseil  fédéral,  dans  le  quartier 
voisin  du  Thiergarten,  qui  renferme  les  grands  mi- 
nistères. La  salle  des  séances  est  demi-circulaire,  les 
gradins  sur  lesquels  siègent  les  députés  sont  en  hémi- 
cycle. La  plate-forme  où  se  tiennent  le  président  et  les 
secrétaires  fait  face  au  demi-cercle,  ainsi  (jue  la  tribune. 
Chaque  siège  de  député  est  numéroté  et  occupé  par  le 
même  membre  pendant  tonte  la  durée  de  la  session.  Les 
])artis  sont  groupés  autant  (jue  possible  :  les  conserva- 
teurs siégeant  à  droite  ;  les  membres  du  parti  de  l'Empire 
et  les  nationaux  libéraux,  à  l'extrême  droite  ;  les  libéraux 
el  autres  groupes  occupant  l'extrême  gauche.  Les  sièges 
des  membres  du  Buiidesrath  sont  placés  à  gauche  et  à  droite 
de  celui  du  président.  Des  tribunes  sont  réservées  au 
public.  Les  séances  ouvrent  en  général  à  onze  heures  du 
matin  pour  se  terminer  vers  ijuatre  heures  de  l'après- 
midi.  Le  président  a  la  police  de  la  salle  et  peut  faire 
évacuer  les  tribunes  s'il  s'y  produit  du  désordre.  Il  a 
sous  ses  ordres  tous  les  services  intérieurs  de  l'Assemblée, 
nomme  et  révoque  les  fonctionnaires,  contrôle  les  dé- 
penses. Les  questeurs  sont  nommés  aussi  par  lui  et  ont  le 
rôle  de  comptables  et  de  trésoriers.  Le  Reischtag  publie 
un  compte  rendu  sténographique  des  séances  et  des  im- 
pressions parlementaires  analogues  aux  nôtres. 

Vil.  Rapports  de  l'Assemblée  avec  l'autre  Chamrre 
VA  AVEC  le  Gouvernement.  —  Les  motions  provenant  du 
(Conseil  fédéral  suivent  la  même  procédure  que  les  autres 
lois,  mais  cependant  on  abrège  beaucoup  les  formalités. 
Elles  sont,  par  exemple,  dispensées  de  l'impression  si 
personne  ne  s'y  oj)pose.  Elles  peuvent  être  retirées,  mais 
rien  ne  s'oppose  à  ce  qu'un  membre  du  Reichstag  les 
reprenne.  Chaque  membre  du  Conseil  fédéral  a  le  droit 
de  paraître  au  Reichstag,  soit  au  nom  de  l'Etat  qui  le  dé- 
lègue, ce  qui  est  l'exception,  soit,  ce  qui  est  plus  usuel, 
comme  délégué  du  chancelier,  lien  est  de  même  des  com- 
missaires de  cette  Assemblée  et  de  leurs  assistants.  Comme 
nous  l'avons  vu,  ils  peuvent  parler  à  quelque  moment 
de  la  discussion  que  ce  soit  et  même  après  la  clôture  ; 
ils  peuvent  aussi  assister  aux  travaux  des  commissions, 
mais  ils  n'ont  que  voix  consultative. 

Le  Ministère.  —  Le  chancelier  de  Tfjnpire  est  le  seul 
ministre  impérial.  Ses  collègues,  secrétaires  d'Etat,  chefs 
des  divers  départements  ministériels  (V.  Ministère, 
t.  XXlll,  p.  lOGâ)  ne  sont  que  ses  subordonnés.  R  est 
l'intermédiaire  entre  l'Empereur  et  le  Bundesrath  et  le 
Reichstag.  Nommé  par  l'Empereur,  il  n'est  soumis  au 
contrôle  d'aucun  autre  pouvoir.  Il  préside  le  ministère 
d'Etat.  R  est  donc  absolument  indépendant  des  assemblées 
législatives  qui  n'exercent  sur  ses  actes  (pi'un  contrôle 
purement  nominal. 

VIR.  EiN  DE  L'AssEMiîLbh,  —  La  durée  du  Reichstag 
est  celle  de  son  mandat  légal  qui  expire  au  bout  de  cinq 
années.  Cette  durée  peut  être  abrégée  par  la  dissolution, 
à  la  suite  d'un  accord  entre  ri^upereiu'  et  le  Bundesrath 
(V.  Constituttox,  t.  XIL  p.  i)\M^).  Le   Reichstag  ne  peut 


pas  siéger  en  l'absence  du  Bundesrath,    tandis  que    le 
Bundesrath  peut  siéger  seul. 

Bundesrath.  —  Le  Bundesrath  ou  Conseil  fédéral  est, 
en  somme,  la  réunion  des  plénipotentiaires  des  26  Etats 
de  la  CiOnfédération  germani([ue.  Ses  membres  sont  les 
ministres  ou  les  principaux  fonctionnaires  de  ces  Etats, 
les  bourgmestres  des  trois  villes  libres,  les  commissaires 
de  l'Alsace-Lorraine.  11  est  présidé  par  le  chancelier  de 
l'Empire.  Comme  cette  assemblée  ne  peut,  en  aucune  manière, 
être  considérée  comme  une  assemblée  parlementaire,  nous 
n'en  parlerons  pas  davantage. 

Il  sutïit  de  savoir  que  dans  le  jeu  des  institutions  poli- 
tiques de  l'Allemagne,  elle  représente  la  part  faite 
au  fédéralisme  :  part  bien  illusoire,  puisque  les  votes  ont 
lieu  par  Etat  et  que  la  Prusse  dispose  de  17  voix  qui 
lui  assurent  la  prépondérance  (V.  Constitution,  t.  XÏI, 
p.  696). 

Chambre  des  députés  de  Prusse.  —  Cette  Assemblée, 
qui  siège  à  Berlin  dans  un  palais  peu  éloigné  du  Reichs- 
tag, ne  présente  pas,  au  point  de  vue  de  son  règlement 
intérieur,  des  particularités  bien  caractéristiques.' Comme 
au  Reichstag,  l'orateur  peut  parler  de  sa  place,  si  bon  lui 
semble,  et  la  tribune  n'est  guère  usitée  que  pour  les 
grands  discours.  Les  députés  qui  désirent  prendre  la 
parole  doivent  se  faire  inscrire  par  le  secrétaire  chargé 
de  tenir  la  liste  des  orateurs  {Uedner  Liste)  et  de  con- 
trôler l'ordre  dans  le({uel  ils  parleront.  Rs  doivent  dire 
s'ils  veulent  parler  pour  ou  contre.  On  tire  ensuite  au 
sort  l'ordre  des  orateuj's.  Dans  les  discussions,  c'est  le 
rap]»orteur  qui  pai'le  le  {)remier,  ensuite  le  premier 
député  inscrit  pour,  puis  le  premier  inscrit  contre,  et 
ainsi  de  suite.  Les  orateurs  ont  la  faculté  d'échanger 
entre  eux  leur  tour  de  parole  ou  de  le  céder  à  d'autres. 
Quant  aux  députés  (jui  demandent  la  parole  pendant  le 
cours  de  la  discussion,  ils  sont  inscrits  à  la  suite  de  la 
liste  dressée  comme  nous  avons  dit  ci-dessus.  Si  plusieurs 
membres  se  présentent  à  la  fois  pour  être  inscrits  au 
début  d'une  discussion,  c'est  le  sort  qui  décide  entre  eux. 
La  durée  des  discours  n'est  pas  limitée,  (iuandla  liste  de^^ 
orateurs  est  épuisée,  le  président  prononce  la  clôture  de 
la  discussion.  Si  30  membres  demandent  la  clôture  avant 
la  fin  du  débat,  la  Chambre  décide  sans  débats  sur  cette 
proposition,  mais,  avant  de  la  mettre  aux  voix,  le  prési- 
dent donne  lecture  des  noms  des  orateurs  encore  inscrits. 
Quand  un  député  demande  la  parole  pour  un  fait  per- 
sonnel, elle  ne  lui  est  accordée  qu'à  la  thi  de  la  discus- 
sion en  cours,  ou  à  la  fm  de  la  séance. 

Les  mesures  disciplinaires  sont  très  douces.  Elles  con- 
sistent dans  le  rappel  à  la  question  et  dans  le  rappel  à 
l'ordre.  Après  deux  rappels  infructueux,  au  cours  du 
même  discours,  la  Chambre,  consultée  par  le  président, 
peut  décider,  sans  débats  que  la  parole  sera  enlevée  à 
l'orateur.  Tout  député  qui  trouble  l'ordre  y  est  rappelé 
nominativement  par  le  président.  S'il  estime  que  ce 
rappel  à  l'ordre  est  immérité,  ce  député  peut  déposer  une 
protestation  par  écrit  ;  à  la  séance  suivante,  la  Chambre 
décide  sans  débat  si  le  rappel  était  justitié.  En  cas  de 
tumulte,  le  président  peut  se  couvrir,  et  par  là  même 
suspendre  la  séance.  Le  rappel  à  l'ordre  est  même  pré- 
cédé d'une  sorte  d'avertissement  que  le  règlement  n'avait 
pas  prévue.  Le  président  a  coutume,  en  effet,  s'il  n'exige  pas 
une  rétractation  formelle,  de  ({ualifier  les  paroles  répré- 
hensibles  de  l'orateur  d'  «  unparlamentarisch  »  ou  de 
«  nicht  parlamentaiisch  ».  Et  la  plupart  du  temps  cet 
avertissement,  qui  ne  comporte  pas  d'autres  suites,  suffit. 
Entin,  même  avant  d'enlever  la  parole  à  un  orateur,  le 
président  l'avertit  des  consé((uences  de  sa  conduite. 

Le  Miuislcre.  —  Les  chefs  des  divers  départements 
administratifs  de  la  Prusse  sont  nommés  par  le  roi  qui  se 
guide  sur  leurs  aptitudes  et  nullement  sur  les  désirs  du 
Parlement,  et  qui  les  choisit,  à  son  gré,  soit  en  dehors, 
soit  parmi  les  membres  des  Chambres.  La  réunion  des 
ministres  en  conseil  forme   le  ministère  d'Etat,  (jui  n'est 


—   1141  — 


parlemi:ntarisme 


aucunement  responsable  devant  le  Parlement  et  qui  n'en- 
court qu'une  responsabilité  judiciaire,  fort  restreinte  devant 
la  Cour  suprême  du  royaume  (pour  concussion,  trahison, 
violation  de  la  Constitution).  11  n'existe  aucune  solidarité 
entre  les  ministres.  Le  roi  peut  en  révoquer  un  sans  que 
le  ca])inet  soit  autrement  modifié.  Ils  se  réunissent  une 
fois  par  semaine  sous  la  présidence  du  roi  ou  du  président 
du  ministère  d'Etat.  Leurs  décisions  prises  à  la  majorité 
des  voix  sont  de  simples  conseils  présentés  au  souverain 
(jui  estliJDre  de  les  suivre  ou  non.  Ils  ont  le  droit  d'entrer 
dans  chacune  des  deux  Chambres  pour  y  défendre  les 
intérêts  de  la  Couronne.  Ils  peuvent  même  assister  aux 
séances  des  commissions  et  y  développer  leurs  vues.  Les 
Chambres  n'ont  aucune  action  sur  eux  :  ils  peuvent,  si 
bon  leur  semble,  refuser  de  répondre  à  une  demande  dïn- 
terpellation. 

Chambres  de  divers  Etats  allemands.  —  Les 
règlements  des  Assemblées  parlementaires  des  Etats  alle- 
mands secondaires  ne  présentent  qu'un  intérêt  restreint. 
Notons  qu'en  Bavière,  un  député  perd  son  siège  lorsqu'à 
la  suite  d'une  troisième  convocation,  accompagnée  d'une 
menace  d'exclusion,  il  a  négHgé  d'assister  aux  délibéra- 
tions ou  de  justifier  son  absence  ;  —  qu'en  AYurttemberg, 
les  députés  passibles  de  mesures  disciplinaires  sont  tra- 
duits devant  une  espèce  de  cour  de  justice  d'Etat  {Staats- 
genrhtshof),  qui  peut  prononcer  contre  eux  la  censure, 
l'amende,  la  suspension,  l'exclusion  temporaire  et  même 
))erpétuelle  ;  le  président  de  l'assemblée  possède  en  outre 
le  droit  d'infliger  les  peines  suivantes  :  blâme,  censui'e, 
rétractation  ou  amende  honorable  ;  —  qu'en  Oldenbourg, 
les  peines  disciphnaires  sont  extraordinairement  rudes, 
le  Landtag  pouvant  exclure  un  député  s'il  néglige  d'assis- 
ter aux  séances  de  la  Chambre  et  des  comités,  s'il  profère 
en  séance  des  paroles  délictueuses,  si  surpris  en  flagrant 
délit  il  a  été  arrêté  et  condamné  à  plus  de  trois  jours 
d'arrêt  ;  —  qu'enfin  le  Brunswick  a  encore  renchéri  sur 
ees  sévérités  en  disposant  qu'un  député  qui  porte  atteinte 
à  la  dignité  de  l'empire  allemand,  des  membres  du  Bun- 
desrath,  du  Parlement  ou  des  gouvernements  amis  peut 
être  rappelé  à  l'ordre  ;  que  s'il  persiste  dans  sa  conduite, 
il  peut  être  éloigné  immédiatement,  puis  puni  de  la  cen- 
sure ou  de  l'exclusion,  et  que  les  mêmes  pénalités  peuvent 
frapper  le  député  qui  abuse  si  gravement  de  la  liberté 
de  la  parole  que  le  rappel  à  l'ordre  ou  la  réprimande 
présidentielle  sont  insuflîsants;  qu'enfin  le  député  qui 
s'absente  sans  raison  pendant  trois  séances  consécutives  et 
s'abstient  de  comparaître  dans  les  huit  jours  sur  l'invita- 
tion écrite  du  président  est  considéré  comme  démissionnaire 
et  perd  son  droit  à  l'indemnité. 

ANGLETERRE.  —  Chambre  des  communes.  — 
I.  Constitution  de  l'Assejujlée. —  Au  début  d'un  nouveau 
Parlement,  au  jour  fixé  par  une  proclamation  royale,  les 
membres  de  la  Chambre  des  communes  se  réunissent  et 
comparaissent  devant  la  Chambre  des  lords  où  siègent  les 
commissaires  représentant  le  souverain.  Le  lord-chance- 
lier informe  les  deux  Chambres  qu'aussitôt  que  leurs 
membres  auront  prêté  serment,  le  souverain  fera  con- 
naître la  cause  de  leur  réunion.  Les  députés  se  retirent 
alors  dans  leur  salle  des  délibérations  et  élisent  leur 
])résident  [speaker)  en  suivant  une  étrange  procédure. 
Le  clerc  de  la  Chambre  se  lève  et  désigne  du  doigt  un 
député,  puis  se  rassied  sans  avoir  prononcé  un  mot.  Le 
membre  désigné  se  lève  et  propose  qu'un  de  ses  collègues 
prenne  place  au  fauteuil  présidentiel.  Un  autre  membre 
appuie  cette  motion  ;  le  président  désigné  annonce  son 
acceptation,  et,  une  fois  la  motion  adoptée,  prend  place 
au  fauteuil  et  remercie  l'Assemblée.  Bien  entendu,  tous 
ces  rôles  sont  tracés  d'avance.  S'il  y  a  compétition  pour 
la  présidence,  les  titres  des  compétiteurs  donnent  lieu  à 
un  débat  et,  s'il  est  nécessaire,  on  procède  au  vote  par 
division.  La  masse  d'argent,  insigne  du  pouvoir  du 
speaker,  avait  jusqu'alors  été  reléguée  sous  la  table.  Après 
l'élection,  elle  figure  sur  la  table,  et  on  l'y  voit  pendant 


toutes  les  séances  lorsque  le  président  occupe  le  fauteuil. 
Le  lendemain  de  cette  cérémonie,  le  speaker,  à  la  tête  des 
Communes,  se  rend  à  la  Chambre  des  lords  où  les  com- 
missaires royaux  approuvent  son  élection  au  nom  du 
souverain  ;  il  prononce  un  discours  dans  lequel  il  réclame 
tous  les  droits  et  privilèges  des  Communes.  C'est  deux  ou 
trois  jours  après  seulement  que  le  Parlement  est  formel- 
lement ouvert  par  un  discours  de  la  Couronne. 

L'office  de  ce  que  nous  appelons  en  France  le  bureau 
est  rempli  par  un  fonctionnaire  qu'on  appelle  le  clerc  de 
la  Chambre  des  communes,  ayant  sous  ses  ordres  deux 
clercs-assistants.  Le  clerc  est  assis  à  la  table  dont  nous 
avons  parlé,  il  lit  à  haute  voix  les  documents  communi- 
qués à  l'Assemblée  ;  il  renseigne  les  membres  sur  les  tra- 
ditions et  les  précédents,  il  s'occupe  de  la  rédaction  des 
procès-verbaux  et  de  l'ordre  des  travaux  de  la  Chambre. 
Il  est  nommé  par  la  Couronne  ainsi  que  ses  assistants. 

IL  Travail  intérieur.  —  Comités  et  Commissions. 
La  procédure  anglaise  ne  comporte  pas  la  division  métho- 
dique du  travail.  Il  faut  donc,  pour  la  bien  comprendre, 
se  défaire  de  cette  idée  qui  est  la  base  des  règlements 
des  Chambres  françaises  et  de  la  plupart  des  Chambres 
étrangères  :  que  la  discussion  publique  doit  être  pré- 
cédée de  travaux  préparatoires  qui  ont  lieu  dans  des 
bureaux  ou  des  commissions.  Les  comités  de  la  Chambre 
des  communes  ne  sont  rien  autre  que  cette  Assemblée 
elle-même  délibérant  non  plus  sous  la  présidence  du 
speaker,  mais  d'un  président  [chairman)  élu,  comme  le 
speaker,  au  début  de  chaque  session.  Les  organes  qui  se 
rapprocheraient  le  plus  de  nos  commissions  seraient  les 
Standing  Committees,  nommés  pour  examiner  les  bills 
relatifs  aux  cours  de  justice,  à  la  procédure,  au  com- 
merce, à  la  marine,  aux  manufactures,  à  l'agriculture,  à 
la  pêche.  Ils  comprennent  60  membres  au  moins,  80 
au  plus.  Ils-  sont  nommés  par  un  comité  de  sélection 
qui  indique  aussi  les  bills  qui  doivent  leur  être  renvoyés. 
Ce  seraient  aussi  les  Select  Committees,  chargés  des 
enquêtes  qui  sont  si  fréquemment  ordonnées  par  le  Parle- 
ment  anglais.  Ils  comprennent  rarement  plus  de  20  mem- 
bres. Ils  examinent  aussi  les  travaux  qui  demandent  des 
informations  spéciales,  certains  bills,  des  pétitions,  etc. 
Ils  ont  le  droit  de  citer  des  témoins  et  de  leur  déférer  le 
serment,  l.es  Standing  et  Select  Committees  ixàmetimi 
à  leurs  séances  des  journalistes  et  des  étrangers. 

III.  Travail  en  séance  publique.  —  Comme  on  l'a  vu, 
l'Assemblée  siège  tantôt  entant  que  Chambre,  tantôt  en  tant 
que  comité  de  la  Chambre  entière.  Dans  le  premier  cas, 
le  speaker  occupant  le  fauteuil,  on  dépo.^e  les  projets  de 
bills  et  l'on  en  discute  le  principe  :  c'est  en  quelque  sorte 
notre  discussion  générale.  Un  membre  ne  peut  parler 
qu'une  seule  fois  sur  la  même  question.  Dans  le  second 
cas,  sous  la  présidence  du  chairman,  on  discute  les  clauses 
ou  articles  des  bills  et  les  amendements  qui  s'y  rattachent. 
Un  député  peut  alors  prendre  la  parole  plusieurs  fois  sur 
le  même  point.  Comme  on  examine  alors  les  détails,  il  im- 
porte en  effet  que  cet  examen  soit  fait  minutieusement. 
Les  discours  n'ont  plus  ni  les  développements  ni  l'envolée 
de  ceux  qu'on  prononce  devant  la  Chambre  :  ce  sont  des 
conversations  entre  hommes  d'affaires.  Pour  l'examen  des 
lois  de  finances,  la  Chambre  siège,  soit  sous  le  nom  de 
comité  des  subsides  {Co)nmitlee  of  supply),  soit  sous  le 
nom  de  comité  des  voies  et  moyens  (Committee  of  waijs 
and  means). 

1*^  Comité  des  snt)sides.  Il  discute  toutes  les  motions 
présentées  par  le  premier  lord  de  la  Trésorerie,  relative- 
ment aux  dépenses  publiques.  Cette  discussion  dure  toute 
la  session,  et  elle  a  lieu  généralement  le  vendredi.  Les 
dépenses  de  chaque  service  ministériel  donnent  lieu  à  des 
débats  qui  s'enchevêtrent  les  uns  dans  les  autres  jusqu'au 
dernier  mois  de  la  session  où  la  discussion  a  lieu  minis- 
tère par  ministère. 

2"  Comité  des  voies  et  moyens.  Il  s'occupe  des  recettes 
de  l'Etat.  Tous  les  emprunts,  droits,  taxes,  perceptions. 


PARLEMENTARISME 


1142  — 


revenus,  impôts  sont  d'abord  examinés  en  un  comité  de 
toute  la  Chambre  ;  l'imposition  de  taxes  pour  le  service 
de  l'année  est  réservée  au  comité  des  voies  et  moyens. 
Le  comité  fait  son  rapport  à  la  Chambre  qui  le  discute  en 
seconde  lecture,  peut  l'amender,  l'ajourner,  le  renvoyer 
au  comité  ou  le  rejeter.  Lorsqu'elle  a  adopté  ses  conclu- 
sions, elle  ordonne  de  rédiger  un  bill  de  fonds  consolidés. 
Les  résolutions  finales  des  comités  des  subsides  et  des 
voies  et  moyens  forment  la  base  du  bill  d'appropriation 
qui  détermine  les  chiffres  affectés  à  chaque  service  public, 
indique  les  recettes  correspondantes  et  autorise  le  paye- 
ment. 

Enfin  il  existe  un  comité  de  onze  membres,  dit  comité 
(les  comptes  pubUcs  {Commit tee  of  public  accounts), 
nommé  au  commencement  de  chaque  session  et  qui  a 
pour  rôle  de  contrôler  l'appropriation  des  sommes  votées 
aux  dépenses  effectuées.  Ce  comité  a  le  droit  de  mander 
par  devers  lui  tous  les  hauts  fonctionnaires,  et  il  adresse  à 
la  Chambre  des  rapports  sur  sa  gestion,  sur  les  conflits 
auxquels  elle  a  pu  donner  lieu  et  sur  les  solutions  qui 
sont  intervenues. 

Projets  de  loi  (bills).  Les  projets  de  loi  émanent  du 
gouvernement  et  de  Tinitiative  des  membres  des  deux 
Chambres.  Il  y  a  deux  sortes  de  bills  :  les  projets  d'in- 
térêt général  (public  bills)  qui  sont  introduits  par  les 
membres  des  Chambres  ou  par  le  gouvernement  ;  les  pro- 
jets d'intérêt  privé  [privale  bills)  fondés  sur  les  pétitions 
des  parties  intéressées. 

^  4"  Public  bills.  Pour  déposer  un  bill  de  ce  genre  de- 
vant la  Chambre,  il  faut  d'abord  en  obtenir  l'autorisation. 
On  fait  connaître  dans  ce  but  le  titre,  l'objet  et  les  mo- 
tifs, sans  le  moindre  développement,  et  il  faut  que  le  pro- 
jet soit  appuyé  par  un  membre.  Si  l'autorisation  est  ac- 
cordée, trois  ou  quatre  membres  sont  désignés  pour  pré- 
parer et  rédiger  dans  les  règles  le  bill  qui  est  alors  lu 
pour  la  première  fois.  Sans  débats,  un  jour  est  désigné 
pour  la  seconde  lecture  ;  et  dans  l'intervalle  le  bill  est 
imprimé  et  distribué  à  tous  les  députés.  Après  la  seconde 
lecture,  il  est  renvoyé  à  la  Chambre  siégeant  en  comité, 
ou  bien  à  un  comité  spécial.  Il  est  alors  critiqué,  large- 
ment amendé  ou  bien  il  passe  tel  quel.  S'il  n'a  pas  été 
amendé,  il  passe  en  troisième  lecture;  s'il  a  été  amendé, 
il  doit  être  soumis,  k  un  jour  fixé,  à  la  prise  en  considé- 
ration. A  la  troisième  lecture,  la  Chambre  fait  connaître 
sa  résolution  définitive. 

^°  Private  bills.  Ce  sont  des  projets  présentés  par 
des  particuliers  pour  la  construction  de  chemins  de  fer 
ou  d'autres  travaux  d'utilité  publique  entrepris  à  leurs 
risques  et  périls  et  souvent  à  leur  propre  bénéfice.  Ce 
sont  encore  des  demandes  de  naturalisation,  de  change- 
ment de  nom,  de  divorce,  etc.  Les  promoteurs  de  bills  de 
cette  nature  doivent  payer  des  droits  parlementaires  qui 
sont  assez  élevés.  Des  fonctionnaires  de  la  Chambre  [Pri- 
vate bill  Office)  font  une  enquête  préalable  relative  aux 
formalités  qui  ont  dû  être  accompfies  afin  que  l'intérêt  de 
tous  ne  puisse  être  lésé.  Après  la  seconde  lecture,  un  pri- 
vate bill  est  renvoyé,  suivant  sa  nature,  soit  au  comité 
de  sélection,  soit  à  un  comité  des  chemins  de  fer  et  ca- 
naux, soit  au  comité  des  divorces.  Le  comité  de  sélection, 
composé  du  président  du  comité  des  ordres  du  jour  et  de 
cinq  députés,  classifie  les  bills  et  nomme  un  comité  et  un 
président  chargés  d'examiner  chacun  d'eux.  Lorsqu'ils  ont 
été  ainsi  passés  au  crible  et  ont  réussi  à  ne  pas  rencontrer 
d'opposition,  ces  bills  viennent  devant  une  commission 
composée  du  président  du  comité  des  voies  et  moyens  et 
de  deux  autres  membres.  Enfin  ils  suivent  devant  l'Assem- 
blée la  procédure  des  public  bills,  mais  il  y  a  plus  d'in- 
tervalle entre  les  formalités  par  lesquelles  ils  doivent  suc- 
cessivement passer. 

Motions  et  questions.  Chaque  député  a  le  droit  défaire 
une  motion,  c.-à-d.  de  présenter  une  proposition.  Pour 
cela,  il  inscrit  son  nom,  au  début  d'une  séance,  sur  une 
feuille  {notice  paper)  déposée  sur  la  table  de  la  Chambre 


et  indique  le  jour  où  il  désire  présenter  cette  motion.  Le 
texte  en  est  imprimé.  Au  jour  fixé,  si  l'auteur  d'une  mo- 
tion n'est  pas  appuyé  par  un  autre  membre,  il  ne  peut  la 
développer.  La  motion  appuyée,  puis  développée,  est  mise 
aux  voix.  Si  elle  est  adoptée,  elle  devient,  soit  un  ordre. 
c.-à-d.  une  direction  pour  les  comités,  pour  les  fonction- 
naires de  la  Chambre,  pour  la  distribution  des  tra- 
vaux, etc.,  soit  une  résolution  qui  règle  les  ordres  du 
jour,  ou  qui  témoigne  la  défiance  de  l'Assemblée  à  l'égard 
du  ministère  ou  son  intention  de  rejeter  un  bill. 

Chaque  député  a  encore  le  droit  d'adresser  des  ques- 
tions, soit  aux  ministres,  soit  à  des  collègues  chargés 
d'examiner  un  bill  ou  de  faire  un  travail  parlementaire 
quelconque.  Avis  des  questions  est  inséré  en  tête  du  feuil- 
leton de  la  séance  du  jour  que  le  membre  a  choisi.  Au  début 
de  cette  séance,  le  membre  développe  sommairement  sa 
question  ou  le  plus  souvent  se  contente  de  lire  le  texte  de 
l'avis  imprimé  au  feuilleton.  La  réponse  est  de  même  or- 
dinairement très  brève.  Une  réplique  est  parfois  auto- 
risée. 

Amendements.  Le  droit  de  présenter  des  amende- 
ments peut  s'exercer  à  toutes  les  phases  de  la  discussion. 
Lors  de  la  première  lecture  —  qui  n'est,  comme  nous 
l'avons  vu,  qu'une  formalité  —  un  amendement  ne  peut 
être  qu'une  demande  de  renvoi.  C'est  même  la  forme 
qu'emploie  l'opposition  pour  essayer  de  faire  rejeter  un 
bill.  Elle  propose  tout  simplement  le  renvoi  à  une  époque 
qui  dépasse  la  durée  probable  de  la  session.  Les  amende- 
ments proprement  dits  se  présentent  entre  la  première  et 
la  seconde  lecture,  lors  de  la  discussion  en  comité  de  la 
Chambre  entière.  Généralement  ces  amendements  sont 
imprimés  dans  le  feuilleton  de  l'ordre  du  jour,  en  regard 
des  projets  auxquels  ils  se  réfèrent.  Leurs  auteurs  les 
développent  le  plus  brièvement  possible.  Le  chairman  les 
met  aux  voix  de  la  manière  suivante  :  il  lit  l'article  dans 
les  termes  où  Userait  rédigé  si  l'amendement  était  adopté, 
puis  si  l'amendement  est  écarté,  dans  les  termes  de  la 
rédaction  première.  En  seconde  lecture,  les  amendements 
redeviennent  de  simples  demandes  de  renvoi  à  trois  ou 
six  mois  et  ne  sont,  en  somme,  qu'une  arme  d'opposition. 
En  troisième  lecture,  les  amendements  de  toute  nature 
se  représentent,  soit  qu'ils  soient  nouveaux,  soit  qu'ils 
aient  déjà  été  repoussés  antérieurement. 

Le  roulement  du  travail  est  assez  compliqué.  Les  lundis, 
jeudis,  vendredis  et  samedis  sont  réservés  aux  propositions 
du  gouvernement.  Les  mardis  et  mercredis  sont  consacrés 
aux  propositions  d'initiative  privée. 

Le  vote.  A  la  Chambre  des  communes,  les  scrutins  ont 
lieu,  soit  par  ow/oupar  non,  soit  par  division.  1^  Dans 
le  premier  mode,  le  speaker  pose  ainsi  la  question  :  «  Que 
ceux  qui  sont  d'avis  d'adopter  disent  oui  (aye).  —  Que 
ceux  qui  sont  d'un  avis  contraire  disent  non  (no).  »  Il 
apprécie  de  quel  côté  est  la  majorité  et  déclare  :  «  Je 
pense  que  les  oui  —  ou  les  non  —  l'emportent  ».  Si  celte 
appréciation  est  contestée,  on  a  recours  au  vote  par  divi- 
sion. Mais  il  se  peut  que  le  président  estime  que  son  ap- 
préciation est  contestée  à  tort  ou  dans  un  but  d'obstruc- 
tion. Il  a  alors  le  droit  de  consulter  par  assis  et  levé  les 
membres  qui  appuient  et  ceux  qui  combattent  son  appré- 
ciation. S'il  résulte  de  cette  consultation  qu'il  s'est  trompé, 
il  est  procédé  à  la  division;  mais  s'il  est  ainsi  prouvé 
qu'il  n'y  a  pas  lieu  à  division,  le  speaker  ou  le  chairman 
déclare  à  la  Chambre  ou  au  comité  qu'il  préside  le  chiffre 
de  la  minorité  qui  a  combattu  son  appréciation,  et  les  noms 
des  membres  qui  forment  cette  minorité  sont  imprimés. 
—  2"  Il  est  procédé  au  vote  par  division  lorsque  le  vote 
par  oui  ou  par  non  n'a  pas  donné  de  résultats  et,  de  plus, 
dans  toutes  les  circonstances  importantes.  Le  clerc  de  la 
Chambre  tourne  un  sablier,  une  cloche  est  mise  en  mou- 
vement et,  pendant  les  deux  minutes  que  dure  l'écoule- 
ment du  sable,  il  est  permis  aux  députés  qui  se  trouvent 
dans  les  diverses  parties  du  palais  d'entrer  dans  la  salle 
des  séances  pour  voter.  Les  deux  minutes  écoulées,  les 


-  1143  — 


PART.EMENTARISME 


portes  de  la  Chambre  sont  fermées  par  les  soins  du  ser- 
gent d'armes.  Le  président  pose  la  question.  Les  portes 
sont  rouvertes  et  les  députés  se  rendent,  les  uns  dans  un 
couloir  (lobby)  qui  longe  la  salle  du  côté  droit  (adoption), 
les  autres  dans  un  couloir  qui  longe  la  salle  du  côté 
gauche  (rejet).  A  l'extrémité  de  chacun  de  ces  couloirs  se 
tient  un  clerc,  devant  une  barrière.  Un  à  un  les  députés 
passent  devant  lui  par  une  ouverture  de  la  barrière  et  au 
fur  et  à  mesure,  il  pointe  au  crayon  leurs  noms  sur  une 
liste  imprimée  qui  contient  ceux  de  tous  les  membres  de 
la  Chambre.  Derrière  le  clerc,  deux  députés  désignés  par 
le  président  comme  ^^//^?^s  (compteurs)  comptent  le  nombre 
de  votants  qui  rentrent  dans  la  salle  des  séances  par  le 
bout  opposé  à  celui  par  lequel  ils  sont  sortis.  Les  quatre 
tellcrs  sont  choisis,  deux  parmi  les  «  oui  »,  deux  parmi 
les  «  non  »  et  répartis  de  manière  qu'un  «  oui  »  con- 
trôle un  «  non  ».  Tous  les  votants  ayant  passé,  les  tôl- 
iers s'approchent  de  la  table  de  la  Chambre,  et  l'un  d'eux 
fait  connaître  les  chiffres  du  vote  au  président  qui  les  pro- 
clame. Si  les  voix  sont  en  nombre  égal,  le  président  dé- 
cide en  donnant  la  sienne.  Les  noms  des  votants  sont  im- 
primés et  distribués. 

Ce  que  deviennent  les  choses  votées.  Lorsqu'un  bill  a 
été  adopté  par  les  Communes,  il  est  porté  par  le  clerc  de 
cette  Assemblée  à  la  barre  de  la  Chambre  des  lords,  re- 
vêtu de  cette  formule  rédigée  en  vieux  français  :  «  soit 
baillé  aux  seigneurs  ».  Si  les  lords  l'acceptent,  il  est 
converti  en  un  acte  du  Parlement,  grâce  à  l'assentiment 
de  la  Couronne.  Cet  acte  est  alors  imprimé  sur  vélin  et 
conservé  à  la 'Chambre  des  lords.  S'il  est  rejeté,  aucun 
avis  de  ce  rejet  n'est  donné  à  l'Assemblée.  S'il  est  adopté 
avec  modifications,  il  revient  aux  Communes  qui  doivent 
délibérer  sur  les  amendements,  les  accepter  ou  les  rejeter, 

IV.  Discipunî:  de  l'Assemblée.  —  Le  speaker,  habillé 
d'une  robe  noire,  la  tête  couverte  d'une  vaste  perruque 
poudrée,  se  rend  à  la  séance  précédé  du  sergent  d'armes, 
([ui  porte  la  masse,  énorme  sceptre  doré  surmonté  de  la 
couronne  royale.  Toute  séance  s'ouvre  par  des  prières  que 
lit  le  chapelain  de  la  Chambre.  Après  quoi  le  speaker 
s'assied  sur  sa  chaise  gothique  et  la  masse  est  placée  sur 
la  table.  Le  speaker  ne  peut  quitter  son  fauteuil  que  si  la 
Chambre  le  lui  permet.  Son  premier  soin  est  de  compter 
les  députés  présents.  S'ils  sont  moins  de  40,  une  fois 
quatre  heures  sonnées,  et  si  ce  nombre  n'est  pas  complété 
au  bout  de  deux  minutes  marquées  par  le  sabHer  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  la  séance  est  remise  au  lendemain.  Les 
députés  ne  demandent  pas  la  parole  ;  ils  se  lèvent  pour  la 
prendre.  Si  plusieurs  se  lèvent  à  la  fois,  le  président  dé- 
signe celui  qu'il  a  vu  debout  le  premier.  Si  la  Chambre 
estime  qu'il  se  trompe,  elle  nomme  elle-même  le  membre 
à  qui  la  parole  doit  appartenir  d'abord.  Si  parmi  les  con- 
currents se  trouve  un  nouveau  membre  qui  n'a  pas  encore 
parlé,  il  est  d'usage  que  ses  collègues  lui  cèdent  la  parole 
par  courtoisie.  Il  est  bien  entendu  d'ailleurs  qu'un  membre 
peut  toujours  présenter  une  motion  pour  que  tel  ou  tel 
orateur  soit  entendu  le  premier.  L'orateur  parle  debout  à 
sa  place  ;  en  se  levant  il  ôte  son  chapeau  et  le  remet  lors- 
qu'il a  terminé  son  discours.  Il  doit  s'adresser  au  speaker. 
Il  est  interdit  de  lire  un  discours.  Il  est  d'usage  lorsqu'on 
s'adresse  à  un  membre  de  ne  pas  l'appeler  par  son  nom  : 
on  le  désigne  le  plus  souvent  par  le  nom  du  collège  élec- 
toral qu'il  représente.  Le  speaker  n'appelle  pas  non  plus 
ses  collègues  par  leur  nom,  sauf  par  mesure  disciplinaire. 
Bien  que  les  marques  d'inapprobation  et  d'approbation 
soient  défendues,  elles  sont  fort  usitées.  L'interruption 
Hear  !  hear  !  (Ecoutez,  écoutez  !),  qui  est  approbative,  est 
très  fréquente,  de  même  les  applaudissements  bruyants. 
Lorsque  va  avoir  lieu  un  vote  par  division,  le  tumulte  est 
à  son  comble,  et  il  n'est  pas  rare  d'entendre  les  rumeurs 
les  plus  diverses,  des  sifflets,  des  imitations  de  cris  d'ani- 
maux. Il  en  va  de  même  quand  la  Chambre  siège  en  co- 
mité sous  la  présidence  du  chairman  ;  mais  la  masse  est 
alors  placée  sous  la  table  et  le  chairman  occupe  le  siège 


du  clerc,  à  la  table  de  la  Chambre.  Le  respect  des  droits 
des  minorités  a  longtemps  empêché  la  Chambre  des  com- 
munes de  faire  usage  de  la  clôture.  Mais  à  la  suite  de 
l'obstruction  savante  organisée  par  le  parti  irlandais,  qui 
avait  allongé  les  débats  d'une  manière  démesurée,  et  rendu 
impossible  l'accomplissement  des  réformes  les  plus  indis- 
pensables, qui  avait  réussi  à  faire  durer  les  séances  pen- 
dant quarante  et  une  heures  consécutives  (quatre  heures 
de  l'après-midi  le  31  janv.  4881,  jusqu'à  neuf  heures  du 
matin  le  2  févr.),  il  fut  décidé  que  lorsqu'il  apparaîtra  au 
président  {speaker  ou  chairman)  que  la  matière  a  été 
discutée  d'une  façon  adéquate  et  que  le  sentiment  évident 
de  l'Assemblée  est  que  l'on  peut  passer  au  vote,  il  peut 
en  faire  part  à  l'Assemblée'qui  décide:  Mais  une  telle  dé- 
cision ne  peut  être  prise  que  si  la  majorité  en  sa  faveur 
est  d'au  moins  100  voix. 

Les  mesures  disciplinaires,  mises  à  la  disposition  du 
président  pour  réprimer  de  tels  abus,  sont  cependant  très 
nombreuses.  C'est  d'abord  Vadmonition,  admonestation 
qu'il  inflige  à  un  député  qui  enfreint  l'ordre,  et  seulement 
dans  le  cas  où  un  membre  de  la  Chambre  s'en  plaint  ; 
c'est  ensuite  le  rappel  à  l'ordre  (call  to  order),  qui  con- 
siste à  nommer  celui  qui  se  livre  à  un  désordre  persis- 
tant. Si  le  délinquant  ne  fait  pas  d'excuse,  il  est  soumis 
par  l'Assemblée  à  la  réprimande.  Un  membre  nommé 
peut  être  suspendu  du  service  de  la  Chambre  :  la  première 
fois,  pour  une  semaine  ;  la  seconde  fois,  pour  une  quinzaine  ; 
la  troisième  fois  et  les  suivantes,  pour  un  mois.  Lorsque 
le  désordre  est  particulièrement  grossier,  le  délinquant 
reçoit  l'injonction  de  quitter  immédiatement  la  salle  et  de 
n'y  pas  rentrer  pendant  toute  la  durée  de  la  séance.  Le 
sergent  d'armes  est  chargé  de  l'exécution  de  cette  me- 
sure. Le  président  peut  encore  enlever  la  parole  aux  ora- 
teurs qui,  dans  un  but  d'obstruction,  prononcent  des  dis- 
cours qui  n'ont  aucun  rapport  avec  l'affaire  en  discussion 
ou  qui  se  livrent  à  la  fastidieuse  répétition  de  leurs  propres 
arguments  ou  des  arguments  qui  ont  été  présentés  par 
d'autres  orateurs  dans  le  cours  du  débat.  Comme  les  cours 
de  justice,  la  Chambre  des  communes  a  le  droit  de  punir 
toutes  atteintes  à  son  autorité  et  de  réprimer  toute  entre- 
prise sur  ses  droits  et  privilèges.  Un  député  qui  injurie 
ses  collègues,  ou  la  Chambre  des  lords,  qui  emploie  le  nom 
de  la  reine  d'une  manière  irrévérencieuse,  etc.,  s'il  n'a 
pas  retiré  ses  paroles  après  trois  sommations  du  speaker, 
peut  être  condamné  à  la  détention  et  aux  frais  qui  sont 
considérables.  Il  est  remis  le  plus  souvent  à  la  garde  du 
sergent  d'armes  et  relâché  peu  après,  à  la  demande  d'un 
collègue.  Bien  plus,  la  Chambre  des  communes  peut  ex- 
pulser un  de  ses  membres  s'il  a  offensé  gravement  l'hon- 
neur, s'il  est  coupable  de  rébellion,  faux,  fraude,  malver- 
sation, corruption,  libelle,  etc.  L'expulsion  a  pour  consé- 
quence la  vacance  immédiate  du  siège. 

Congés.  Les  congés  ne  sont  admis  que  pour  des  motifs 
graves,  impérieux.  Ceux  qui  en  sollicitent  doivent,  en 
adressant  leur  demande  à  la  Chambre,  indiquer  la  durée 
probable  de  leur  absence.  Cependant,  les  députés  ne  se 
font  pas  faute  de  s'absenter  sans  autorisation  ;  lorsque  des 
questions  importantes  sont  en  jeu,  comme  les  partis  sont 
fortement  organisés,  un  député  qui  a  besoin  do  s'absenter 
a  coutume  de  se  coupler  avec  un  député  de  nuance  poli- 
tique opposée  à  la  sienne  ayant  également  besoin  de  s'ab- 
senter; de  cette  façon,  le  résultat  d'un  vote  n'est  pas 
changé.  Lorsqu'il  devient  évident  que  la  Chambre  est  vrai- 
ment trop  peu  nombreuse,  on  procède  à  l'appel  nominal. 
Mais  on  a  soin  d'annoncer,  huit  ou  dix  jours  à  l'avance, 
le  jour  où  cet  appel  aura  lieu  do  manière  à  permettre  aux 
députés  d'arriver  de  tous  les  points  du  territoire  ou  de 
l'étranger  où  ils  se  sont  disséminés.  Les  noms  de  ceux  qui 
ne  se  présentent  pas  sont  marqués  par  le  grefher  et  appe- 
lés une  seconde  fois.  Ils  sont  excusés  s'ils  paraissent  dans 
le  cours  de  la  soirée,  même  après  le  rappel.  S'ils  font 
itérativement  défaut  et  ne  présentent  aucune  excuse,  in- 
jonction leur  est  faite  d'être  présents  au  jour  suivant.  Ils 


PARLEMENTARISME 


—  au  — 


sont  encore  excusés  s'ils  se  présentent  ce  jour-là  ou  s'ils 
font  valoir  un  motif  plausible.  Si  un  député  s'obstine  dans 
son  absence  sans  prendre  la  peine  de  s'excuser  valable- 
ment, il  est  remis  à  sa  première  apparition  à  la  garde  du 
sergent  d'armes  et  condamné  aux  frais  que  cette  peine 
entraîne.  —  Cn  député  ne  peut  donner  sa  démission.  S'il 
veut  se  retirer,  il  doit  recourir  à  un  artifice  et  solliciter  de 
la  Trésorerie  les  fonctions  appointées  d'intendant  des  Chil- 
tern-Hundreds  ou  du  manoir  de  Northstead  (ce  sont  des 
domaines  de  la  Couronne) ,  le  mandat  de  député  étant  in- 
compatible avec  l'exercice  de  cette  fonction. 

V.  Organisation  des  partis.  —  En  Angleterre  les  par- 
tis politiques  se  rattachent  à  des  programmes  nettement 
définis  :  l'un  est  le  programme  des  conservateurs  (tories), 
l'autre  celui  des  libéraux  {whigs)  et  libéraux  et  toi^'jies  sont 
en  lutte  constante  pour  l'application  de  ces  programmes. 
A  la  tête  de  chacun  de  ces  partis  est  un  chef  (leader^)  et 
si  le  parti  auquel  il  appartient  obtient  la  majorité,  c'est 
ce  leader  qui  sera  désigné  pour  former  un  cabinet  qu'il 
composera  uniquement  d'hommes  appartenant  à  son  groupe. 
Les  députés,  membres  de  ce  groupe,  l'appuieront  cons- 
tamment, faisant  abnégation,  quand  il  le  faut,  de  leurs 
préférences  personnelles.   La  même  discipline  s'observe 
dans  le  parti  qui  ne  sera  pas  au  pouvoir.  Son  leader,  assisté 
d'un  état-major  qui  constituera  le  gouvernement  de  de- 
main, poursuit  dans  les  comités  et  dans  la  Chambre  tous 
les  moyens  de  faire  prévaloir  l'influence  de  son  groupe 
sur  celle  du  groupe  adverse,  répond  au  chef  du  cabinet, 
désigne  ceux  de  ses  collaborateurs  qui  prendront  la  pa- 
role sur  tel  ou  tel  sujet,  arrête  le  sens  de  leurs  votes,  etc. 
11  a  des  chefs  de  file  qui  sont  chargés  de  stimuler  le  zèle 
des  députés  du  parti  et  de  les  rassembler  pour  les  votes 
(whips).  En  somme,  les  groupes  sont  tout  et  les  person- 
nalités ne  sont  que  des  instruments,  dont  la  valeur  est 
strictement  appréciée  et  qui  sont  adaptés,  suivant  cette  va- 
leur, aux  multiples  travaux  du  parlementarisme.  Telle  est 
la  théorie  et  telle  a  été  très  longtemps  la  pratique  au 
Parlement  anglais.  Mais  on  peut  observer  depuis  un  cer- 
tain nombre  d'années  un  mouvement  de  scission,  qui  va 
en  s'accentuant,  et  qui  fait  que  les  deux  grandes  divisions 
des  tories  et  des  whigs  se  sont  subdivisées  et  que  la  ma- 
jorité ne  peut  être  assurée  que  par  des  coahtions  et  des 
aUiances.  On  distingue  maintenant  (1899):  1^  les  conser- 
vateurs (340)  :  c'est  l'ancien  parti  tory  ;  c'est  aussi  celui 
qui  a  été  le  moins  entamé,  ses  leaders  ayant  su  faire  les  plus 
grandes  concessions  aux  idées  libérales,  notamment  en  ce  qui 
concerne  la  question  ouvrière  ;  2*^  les  libéraux  unionistes 
(71),  c.-à-d.  les  libéraux  qui  rejetent  l'autonomie  parle- 
mentaire de  l'Irlande  et  qui  se  sont  séparés,  jadis,  à  cause 
de  cette  question,  du  parti  gladstonien,  pour  s'allier  aux 
conservateurs;  3^  les  gladstoniens  (177)  om  radicaux  : 
c'est  ce  qui  reste  de  l'ancien  parti  whig  ;  et  encore  ce 
groupe  comporte-t-il  une  subdivision,  celle  des  néo-radi- 
caux, dont  le  programme  est  encore  plus  avancé;  4^  le 
parti  irlandais,  subdivisé  en  deux  fraction3  ennemies, 
suivant  que  ses  membres  sont  ou  non  restés  fidèles  à  la 
mémoire  du  grand  Parnell  :  les  antiparnelhstes  (70)  et 
les  parnellistes  (12);  ^^  le  parti  du  travail  {iO  libéraux 
et  2  antiparnelhstes)  ;  6^  les  socialistes  (très  peu  nom- 
breux). Les  élections  de  1895  qui  ont  amené  ces  résul- 
tats ont  marqué  un  recul  considérable  pour  le  parti  libé- 
ral. Dans  le  Parlement  de  1892,  la  majorité  radicale  était 
de  43  voix;  dans  h  Parlement  actuel,   le  gouvernement 
conservateur  dispose  d'une  majorité  unioniste  de  152  voix. 
VI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  La 
Chambre  des  communes  occupe,  depuis  1850,  l'aile  N.  du 
palais  de  Westminster.  La  salle  des  séances  est  rectangu- 
laire et  très  petite,  car  elle  ne  contient  guère  que  200  places 
pour  670  membres.  Des  bancs  sont  afignés  dans  le  sens 
de  la  longueur.  Les  deux  bouts  sont  fibres  :  à  l'un,  se 
dresse  le  fauteuil  du  speaker,  siège  gothique,  à  dossier 
haut  de  2  m.  Devant  le  fauteuil,  la  table  où  sont  assis 
les  defcs  de  la  Chambre  portant  la  perruque  blanche  et 


la  robe  noire.  X  l'autre  bout,  la  barre,  barrière  fermant 
la  salle  à  hauteur  d'appui  et  oti  se  présentent  les  députés 
qui  viennent  déposer  un  bill,  où  se  pressent  ceux  qui  n'ont 
pu  trouver  de  place  sur  les  bancs,  où  viennent  déposer  les 
députations  ayant  quelque  communication  à  faire  devant 
les  comités  ou  les  fonctionnaires  mandés  pour  fournir  des 
renseignements,  etc.  Au-dessus  du  siège  du  speaker  s'élève 
une  galerie  où  sont  placés  les  reporters  parlementaires. 
D'autres  galeries,  en  face,  sont  réservées  aux  pairs,  aux 
ministres  étrangers,  aux  visiteurs  démarque,  et  au  pubfic 
qui  peut  assister  aux  séances  en  présentant  des  cartes 
délivrées  par  le  secrétaire  du  speaker.  Les  femmes  sont 
théoriquement  exclues  de  la  Chambre,  mais  il  leur  est 
réservé  une  galerie  grillée  et  incommode  qui  surmonte 
celle  des  reporters.  Toutes  ces  galeries  ne  sont  ouvertes 
qu'au  moment  où  le  président  occupe  son  fauteuil. 

Aucune  place  particulière  n'est  attribuée  aux  députés. 
Cependant  le  banc  à  droite  du  fauteuil  présidentiel  est  ré- 
servé (non  par  droit,  mais  par  coutume)  aux  membres  du 
gouvernement  :  on  l'appelle  communément  le  banc  de  la 
Trésorerie.  Le  premier  banc  à  gauche  du  fauteuil  est  occupé 
par  les  leaders  de  l'opposition.  Quant  aux  autres  bancs, 
ils  sont  aux  premiers  occupants.  Sur  le  dos  de  chaque  siège 
est  une  carte  où  le  député  inscrit  son  nom  quand  il  veut 
s'assurer  ce  siège  jusqu'à  la  fin  de  la  séance  :  encore  cette 
faculté  ne  lui  est-elle  reconnue  que  s'il  se  trouve  aux 
prières  qui  ouvrent  la  séance.  Les  séances  se  sont  ouvertes 
longtemps  à  quatre  heures  moins  le  quart;  depuis  1888, 
elles  débutent,  en  général,  à  trois  heures,  excepté  les  mer- 
credis et  samedis.  La  première  demi-heure  est  consacrée 
aux  affaires  privées  et  aux  pétitions  ;  l'examen  des  lois 
d'intérêt  général  commence  ensuite  lorsque  les  membres 
du  gouvernement  sont  à  leur  banc.  Le  mercredi,  la  Chambre 
s'assemble  à  midi  et  se  sépare  à  six  heures.  Jadis  il  n'y 
avait  pas  de  règle  pour  la  levée  des  séances,  et  elles  se 
prolongeaient  jusqu'à  deux  ou  trois  heures  du  matin.  De- 
puis 1888,  les  séances  sont  généralement  closes  à  une 
heure  du  matin.  Le  samedi,  il  n'y  a  pas  séance  la  plu- 
part du  temps,  ou  bien  elle  commence  à  midi  pour  se  ter- 
miner de  bonne  heure.  Au  début  des  sessions,  il  y  a  sou- 
vent des  séances,  dites  du  matin,  ouvrant  à  deux  heures 
après  midi  et  terminées  à  sept  ou  neuf  heures  du  soir.  — 
Les  députés  ont  à  leur  disposition  une  vaste  bibliothèque, 
ouvrant  sur  la  Tamise,  une  salle  des  pas  perdus,  magnifi- 
quement décorée,  des  salles  de  réunion,  un  restaurant  et 
autres  commodités.  Le  speaker  a  ses  appartements  au  pa- 
lais. Il  a  la  police  de  l'assemblée  qu'il  exerce  par  l'inter- 
médiaire du  sergent  d'armes  et  ses  deux  assistants.  Le 
sergent  d'armes  a  un  siège  près  de  la  barre  de  la  Chambre  ; 
il  dirige  toutes  les  mesures  d'ordre  intérieur  et  extérieur 
nécessaires  à  la  sûreté  de  l'Assemblée.  Jusqu'à  1875  les 
étrangers  pouvaient  être  expulsés  des  galeries  où  ils 
avaient  été  admis  si  un  simple  député  faisait  remarquer 
leur  présence.  Aujourd'hui,  c'est  le  président  qui  décide 
de  l'opportunité  de  cette  exclusion,  et  encore  consulte-t-il 
la  Chambre. 

Il  n'existe  pas,  à  proprement  parler,  de  règlement.  Il 
est  remplacé  par  des  ordres  permanents  {standing  orders) 
qui  sont  des  règles  et  formes  de  procédure,  adoptées  de 
loin  en  loin,  quand  la  nécessité  s'en  fait  sentir,  et  restent 
en  vigueur  tant  qu'ils  ne  sont  pas  rapportés.  Il  y  a  en- 
core des  ordres  de  session  (sessionnal  orders),  qui  sont 
des  règlements  renouvelés  chaque  session  et  qui  n'ont 
qu'une  médiocre  importance. 

Les  services  intérieurs  de  l'Assemblée  sont  administrés 
par  le  clerc  de  la  Chambre  des  communes.  Ils  figurent  au 
budget  pour  une  somme  de  55.576  livr.  sterl.  Ils  consistent 
en  :  service  des  clercs,  comprenant  le  clerc  de  la  Chambre 
des  communes  et  deux  clercs  assistants;  des  clercs  prin- 
cipaux, des  senior  clercs,  des  clercs  assistants,  des  junior 
clercs,  etc.  Ils  sont  chargés  du  bureau  des  bills  pubHcs 
et  taxes  afférentes  aux  bills,  du  bureau  des  comités,  du 
bureau  des  procès-verbaux,  du  bureau  des  bills  privés, 


—  1145 


PARLEMENTARISME 


du  bureau  de  la  comptabilité,  du  bureau  des  votes.  Les 
autres  fonctionnaires  sont  le  sergent  d'armes  et  ses  deux 
assistants,  le  chapelain,  le  conseil  et  le  secrétaire  du  spea- 
ker, le  bibliothécaire  et  son  personnel,  etc.  Les  documents 
législatifs  sont  très  importants  et  très  nombreux.  Le  gou- 
vernement fait  distribuer  aux  Chambres  ce  qu'on  appelle 
les  livres  bleus  (rapports,  enquêtes,  statistiques,  etc.,  sur 
toutes  les  matières  administratives).  Les  documents  pro- 
venant du  Parlement  sont  imprimés  par  ordre  du  speaker 
assisté  d'un  comité  particulier.  Ils  sont  mis  en  vente  au 
prix  d'un  sou  la  feuille.  — Le  clerc  tient  un  procès-verbal 
sommaire  des  résolutions  et  des  votes  relatifs  à  chaque 
séance.  Ce  ^^rocQS-Yerhïd  {l otes and Proceedings)  est  hn- 
primé  et  distribué  à  tous  les  députés.  Il  sert  ensuite  à  la 
rédaction  dn  Journal  de  la  Chambre  des  communes,  dont 
la  collection  forme  les  annales  historiques  du  Parlement. 
Quant  aux  comptes  rendus  in  extenso  des  débats,  non  seu- 
lement la  Chambre  ne  s'en  occupe  pas,  mais  leur  publica- 
cation  est  théoriquement  considérée  comme  un  breach  oj 
privilège,  c.-à.-d.une  atteinte  aux  prérogatives  du  Par- 
lement. Mais  depuis  1835  la  Chambre  a  toléré  l'appro- 
priation de  galeries  destinées  aux  reporters  de  la  presse,  et 
cette  tolérance  est  devenue  un  droit.  Il  s'ensuit  que  les 
grands  journaux  pubUent,  à  leurs  frais,  deux  comptes  ren- 
dus des  débats  parlementaires  :  l'un,  sommaire,  qui  peut 
être  comparé  à  notre  compte  rendu  analytique  ;  l'autre, 
très  étendu,  mais  qui  n'est  pas  un  compte  rendu  in  ex- 
tenso; les  discours  des  grands  orateurs  y  sont  bien  repro- 
duits en  entier,  mais  ceux  des  petits  ou  ceux  que  le  jour- 
nal juge  ennuyeux  sont  analysés  en  quelques  phrases. 

VIL  Rapports  de  l'Assemblée  avecl4.  seconde  Chambre 
ET  avec  le  Gouvernement.  —  Nous  avons  montré  plus 
haut  comment  se  faisait  la  transmission  des  bills  entre 
les  deux  Chambres.  Il  peut  arriver  qu'à  ce  sujet  on 
ait  recours  à  une  conférence.  On  appelle  ainsi  une  né- 
gociation qui  se  poursuit  entre  délégués  désignés  par  les 
deux  Chambres  pour  résoudre  un  conflit.  C'est  une  pro- 
cédure solennelle  à  laquelle  le  Parlement  n'a  pas  eu  recours 
depuis  1851.  Lorsqu'une  des  Chambres  diffère  d'avis  avec 
l'autre  sur  le  texte  d'un  bill  ou  sur  tout  autre  objet,  elle 
fait  connaître  ses  raisons  à  cette  autre  Chambre  par  la 
voie  d'un  message.  Les  deux  Chambres  siègent  toujours 
ensemble.  La  durée  habituelle  de  leur  session  est  de  février 
à  août. 

Le  Ministère,  En  Angleterre  les  mots  ministère  et 
cabinet  n'ont  pas  une  signification  identique.  Le  mi- 
nistère comprend  tous  les  chefs  des  divers  départements 
exécutifs,  que  ces  chefs  soient  des  ministres  de  premier 
rang  ou  des  ministres  de  second  rang,  et,  déplus,  les  minis- 
tres sans  portefeuille  et  les  ministres  dont  le  titre  ne  répond 
pas  à  des  fonctions  effectives,  comme  le  chancelier  du  duché 
de  Lancastre,  le  premier  lord  de  la  Trésorerie,  etc.  Le 
cabinet,  au  contraire,  ne  comprend  que  dix  ministres 
(premier  lord  de  la  Trésorerie,  lord  chancelier,  président  du 
Conseil  privé,  premier  lord  de  l'Amirauté,  chancelier  de 
l'Echiquier  et  les  secrétaires  d'Etat),  puis  les  présidents 
du  bureau  du  Commerce,  du  bureau  de  l'Intérieur  et  le 
directeur  général  des  postes;  parfois  le  lord  du  sceau 
privé  et  le  chancelier  du  duché  de  Lancastre.  C'est  le 
cabinet  qui  dirige  toutes  les  affaires  et  donne  l'impulsion 
à  la  politique  du  ministère.  Tous  les  ministres  doivent  faire 
partie  nécessairement  de  l'une  ou  de  l'autre  Chambre  et 
aucun  d'eux  ne  peut  pénétrer  dans  l'Assemblée  dont  il  ne 
fait  pas  partie.  C'est  le  souverain  qui  doit  choisir  ses  mi- 
nistres, mais,  en  réalité,  ce  choix  lui  est  imposé  par  la  ma- 
jorité de  la  Chambre  des  communes  ;  il  se  contente  de 
confier  au  leader  de  cette  majorité  le  soin  de  recruter  ses 
collègues,  celui-ci  les  prend  uniquement  dans  son  parti. 
Il  s'ensuit  que  le  cabinet  est  absolument  homogène  et 
soHdaire.  Il  est  bien  responsable  devant  le  souverain, 
mais  cette  responsabilité  n'est  plus  qu'une  fiction  consti- 
tutionnelle, et  il  ne  se  retire  guère  que  devant  une  mani- 
festation de  blâme    du   Parlement  ;  encore  peut-il  avec 


Fassentimeit  du  souverain  dissoudre  les  Communes  et 
appeler  les  électeurs  à  trancher  les  différends  qu'il  a  avec 
elles.  Sa  retraite  entraîne  nécessairement  un  changement 
complet  de  politique,  puisqu'il  ne  peut  être  remplacé  que 
par  les  membres  du  parti  adverse  :  aussi  les  Cham- 
bres hésitent-elles  à  l'exiger,  à  moins  de  raisons  tout  à 
fait  sérieuses,  et  ne  voit-on  pas  en  Angleterre  les  crises 
ministérielles  fréquentes  (|ui  se  produisent  en  d'autres 
pays.  Le  premier  ministre  (le  leader  de  la  majorité)  est  le 
(îhef  du  cabinet  qu'il  convoque  à  sa  résidence  habituelle  ; 
il  jouit  sur  ses  collègues  d'une  grande  autorité.  Il  dirige 
le  travail  parlementaire,  se  rend  maître  de  l'ordre  du  jour, 
accapare  le  droit  d'initiative,  si  bien  que  tous  les  projets 
importants  viennent  des  ministres.  Les  parlementaires,  loin 
de  se  plaindre  de  cet  accaparement,  le  considèrent  généra- 
lement comme  indispensable  à  la  bonne  marche  des  Xv\\- 
vaux  législatifs. 

Viïl.  Fin  de  l'Assemblée. — La  Chambre  des  communes 
ne  peut  prendre  fin  que  par  la  dissolution.  La  dissolution 
peut  être  eftectuée  selon  le  bon  plaisir  de  la  couronne.  Si 
la  couronne  n'use  pas  de  son  pouvoir,  le  Parlement  doit 
cesser  d'exister  sept  ans,  jour  pour  jour,  à  dater  du  décret 
de  convocation. 

Chambre  des  lords.  — La  procédure  parlementaire  y  est 
à  peu  près  identique  à  celle  de  la  Chambre  des  communes.  — 
Cette  Assemblée  siège  dans  le  palais  de  Westminster  et  n'est 
séparée  des  Communes  que  par  des  couloirs  et  des  vesti- 
bules. La  salle  des  séances,  très  grande,  est  magnifiquement 
décorée,  éclairée  de  douze  grandes  fenêtres  ogivales  or- 
nées de  vitraux.  Au  centre  de  la  salle  se  trouve  le  tradi- 
tionnel sac  de  laine  (woolsack),  où  prend  place  le  prési- 
dent qui  est  le  lord  chancelier  :  c'est  un  coussin  placé  sur 
un  large  divan  rouge.  Puis  viennent  les  tables  de  chêne  des 
secrétaires.  Les  sièges  des  lords  sont  disposés:  les  uns,  de 
chaque  côté,  sur  des  rangées  en  amphithéâtre;  les  autres, 
en  travers  de  la  salle  faisant  face  au  trône.  Ces  derniers 
sont  considérés  comme  un  terrain  neutre  et  servent  aux 
princes  quand  ils  assistent  aux  séances.  Les  lords  se  met- 
tent à  droite  ou  à  gauche,  selon  qu'ils  sont  du  parti  du 
gouvernement  ou  du  parti  de  l'opposition.  Les  évêques  se 
placent  toujours  sur  un  banc  qui  est  à  la  droite  du  trône.  Ce 
trône  occupe  la  place  oii  se  trouve  le  fauteuil  du  speaker  à  la 
Chambre  des  communes.  L'extrémité  N.  de  la  salle  est  ré- 
servée aux  Communes  lorsqu'elles  sont  mandées  devant  la 
Chambre  des  lords  pour  y  entendre  le  discours  du  trône. 
Au-dessus  des  commonerss'éXhyml  les  galeries  des  repor- 
ters et  des  étrangers.  Les  lords  ont  une  splendide  salle 
des  pas  perdus,  par  où  ils  communiquent  avec  une  salle 
à  manger,  une  buvette,  une  bibliothèque,  un  vestiaire. 

La  Chambre  siège  presque  tous  les  jours.  Si  elle  agit 
comme  Cour  d'appel,  ses  séances  ont  lieu  dans  la  journée. 
Si  elle  agit  comme  Assemblée  législative,  ses  séances  com- 
mencent d'ordinaire  à  quatre  heures  et  quart  et  le  mardi  à 
cinq  heures  et  demie,  La  présence  de  trois  membres  suffit 
pour  que  la  Chambre  puisse  délibérer.  L'orateur  s'adresse, 
non  pas  au  chancelier,  mais  à  la  Chambre  tout  entière.  Les 
lords  peuvent  présenter  et  disposer  les  projets  de  bills 
sans  autorisation.  Lorsqu'un  vote  a  Heu,  la  question  est 
posée  en  ces  termes  :  «  Que  ceux  qui  sont  d'avis  d'adop- 
ter disent,  content  !  puis  que  ceux  qui  sont  d'un  avis  con- 
traire disent,  not  content  !  »  On  répond  content  et  not 
content,  et  le  chancelier  proclame  le  résultat  du  vote  d'après 
son  appréciation.  Jusqu'en  1868  les  pairs  absents  purent 
voter  par  procuration.  Le  président  n'a  d'autre  préroga- 
tive que  de  poser  la  question.  Il  n'est  ni  le  juge  ni  le  gar- 
dien de  l'ordre.  C'est  l'assemblée  qui  décide  du  rang  dans 
lequel  les  orateurs  devront  parler  si  plusieurs  se  sont  le- 
vés ensemble  ;  d'autre  part,  et  contrairement  à  ce  qui  se 
passe  aux  Communes,  le  président  peut  participer  aux  dé- 
bats. Le  clerc  des  Parlements  remplit  des  fonctions  ana- 
logues à  celles  du  clerc  des  Communes.  Il  est  nommé  par 
la  Couronne,  tandis  que  son  assistant  et  le  clerc  lecteur 
sont  nommés  par  le  chancelier. 


PARLEMENTARISME 


4446  — 


AUTRICHE-HONGRIE.  -  i«  AUTRICHE— Reichs- 
rath.  -—  Le  Parlement  autrichien  ou  Reichsrath  com- 
prend deux  Chambres,  la  Chambre  des  députés  (Abgeord- 
netenhaiis)  et  la  Chambre  des  seigneurs  (Herrenhaiis). 

Chambre  des  députés.  —  I.  Constitution  de  l'As- 
semblée. —  La  Chambre  des  députés,  qu'on  appelle  plus 
communément  le  Reichsrath,  bien  que  ce  nom  s'apphque 
en  fait  aux  deux  fractions  du  Parlement,  ne  peut  être  re- 
gardée comme  définitivement  constituée  qu'après  l'élection 
de  son  bureau  définitif.  Or  cette  élection  —  contrairement 
à  ce  qui  se  passe  dans  les  autres  parlements  —  n'a  heu 
(fue  fort  longtemps  après  la  première  réunion  des  députés. 
Dès  le  début  d'une  session,  le  fauteuil  est  occupé  par  le 
doyen  d'âge,  sur  la  proposition  d'un  membre  du  gouver- 
nement. Puis  le  Parlement  est  ouvert  par  un  discours  du 
trône,  et  l'on  passe  aussitôt  aux  vérifications  d'élections. 
Lorsqu'un  nombre  suffisant  de  députés  sont  admis,  la 
Chambre  procède  à  l'élection  au  scrutin  d'un  bureau  com- 
posé de  :  1  président,  2  vice-présidents,  42  secrétaires 
et  2  officiers  chargés  spécialement  du  maintien  de  l'ordre. 
Le  président  et  les  vice-présidents  ne  sont  nommés  qu'à 
titre  provisoire,  ils  exercent  une  espèce  de  stage,  et  une 
nouvelle  élection,  celle-ci  définitive,  a  lieu  au  l30ut  de 
quatre  semaines.  On  n'observe  ce  stage  qu'au  début  d'un 
nouveau  Parlement.  Dans  les  différentes  sessions  d'un 
môme  Parlement,  le  président  et  les  vice-présidents  sont 
élus  pour  toute  la  dorée  de  la  session.  Les  secrétaires  sont 
chargés  du  contrôle  des  procès-verbaux,  de  la  surveil- 
lance des  scrutins,  etc. 

.  H.  Travail  intérieur.  — -  Sections  et  commissions. 
La  Chambre  se  divise  en  neuf  sections  tirées  au  sort  au 
début  de  la  session.  Ces  sections  examinent  les  dossiers 
d'élections.  Les  élections  donnant  lieu  à  des  contestations 
sont  renvoyées  à  une  commission  spéciale.  Des  commis- 
sions permanentes  ou  spéciales  sont  chargées  de  l'examen 
préparatoire  des  lois.  Elles  sont  nommées,  soit  par  les  sec- 
tions, soit  par  l'Assemblée,  soit  partie  par  les  sections, 
partie  par  l'Assemblée.  Sections  et  commissions  nomment 
leur  bureau,  composé  de  :  4  président,  4  vice-président  et 
2  secrétaires.  Elles  peuvent  s'adjoindre  les  députés  con- 
nus par  leurs  aptitudes  spéciales.  Le  président  de  l'as- 
semblée peut  assister  à  leurs  travaux,  mais  il  n'a  pas  le 
droit  d'y  voter.  Les  séances  des  commissions  spéciales 
nommées  directement  par  la  Chambre,  celles  des  grandes 
commissions  du  budget,  des  lois  de  finances,  etc.,  peuvent 
être  suivies  par  tous  les  députés  qui  le  désirent.  Les  mem- 
])res  des  commissions  sont  tenus  d'assister  aux  séances. 
S'ils  s'abstiennent  sans  motif  légitime  pendant  trois  séances 
consécutives,  ils  sont  immédiatement  remplacés  par  la 
Chambre.  Il  en  est  de  même  lorsqu'ils  sollicitent  un  congé 
qui  doit  être  de  quelque  durée.  Les  commissions  peuvent 
mander,  par  l'intermédiaire  du  président  de  la  Chambre, 
les  ministres  et  hauts  fonctionnaires  dont  elles  désirent 
obtenir  des  renseignements  ;  elles  peuvent  aussi  appeler 
devant  elles  des  experts,  des  témoins  et  se  faire  remettre 
des  avis  ou  témoignages  écrits. 

Projets  et  propositions,  motions.  Les  projets,  propo- 
sitions, motions,  émanés  du  gouvernement  ou  de  l'initia- 
tive parlementaire,  sont  soumis  à  l'examen  des  commis- 
sions qui  ont  elles-mêmes  la  faculté  de  présenter  des 
propositions,  pourvu  qu'elles  soient  relatives  aux  matières 
renvoyées  à  leur  examen. 

Rapports.  Les  commissions  nomment  un  rapporteur 
qui  est,  comme  partout  ailleurs,  l'organe  de  la  majorité. 
Mais  elles  peuvent  aussi  nommer  un  second  rapporteur, 
qui  sera  l'organe  de  la  minorité,  pourvu  que  cette  mino- 
rité se  compose  de  3  membres  au  moins. 

ni.  Travail  en  séance  purlique.  —  Les  projets  et  pro- 
positions, inscrits  dans  un  ordre  du  jour,  arrivent  devant 
la  Chambre  en  état  d'être  discutés.  La  délibération  s'en- 
gage sur  le  principe  général  qui  est  développé  par  son 
auteur  si  le  projet  émane  de  l'initiative  privée.  C'est  ce 
qu'on  appelle  la  première  lecture.  Il  n'est  pas  alors  per- 


mis de  présenter  d'autre  motion  que  celle  de  savoir  si  le 
projet  doit  être  renvoyé  à  une  commission.  Si  la  réponse 
de  la  Chambre  est  négative,  le  projet  est  rejeté.  Si  la 
réponse  est  affirmative,  ou  bien  si  le  projet  émane  du 
gouvernement  ou  de  la  Chambre  haute,  il  est  renvoyé 
aux  sections,  puis  à  une  commission  qui  l'examine  elle 
rapporte .  Il  vient  alors  en  seconde  lecture  qui  ne  doit 
avoir  lieu  au  minimum  que  vingt-quatre  heures  après  la 
distribution  du  rapport.  Le  rapporteur  ouvre  le  débat  qui 
ne  porte  que  sur  les  généralités.  A  la  clôture  de  la  discus- 
sion générale,  la  question  se  pose  de  savoir  si  la  Chambre 
entend  examiner  les  détails,  et  les  députés  peuvent  alors 
proposer  de  repousser  le  projet  par  un  ordre  du  jour,  de 
l'ajourner,  de  l'envoyer  à  la  commission  pour  plus  ample 
examen.  Si  la  discussion  des  détails  est  admise,  elle  com- 
mence aussitôt  et  elle  porte  sur  les  amendements  présen- 
tés. La  troisième  lecture  a  lieu,  le  plus  souvent,  au  lende- 
main de  la  seconde.  Elle  ne  consiste,  en  réalité,  qu'en  un 
vote  sur  l'ensemble,  sans  débats,  et  sans  qu'il  soit  per- 
mis de  présenter  de  nouvehes  propositions.  Seules  sont 
admises  des  modifications  de  rédaction  ou  de  concor- 
dance. 

En  cas  d'urgence,  cette  procédure  peut  être  abrégée, 
mais  il  faut  qu'un  député  le  propose.  La  Chambre,  pour 
hâter  ses  travaux,  peut  aussi  :  —  à  la  majorité  des  deux 
tiers  —  décider  qu'un  objet  sera  mis  en  discussion  bien 
qu'il  ne  figure  pas  k  l'ordre  du  jour  et  qu'il  n'ait  pas  été 
examiné  par  une  commission  ;  —  à  la  simple  majorité  — 
fixer  à  la  commission  une  heure  pour  le  dépôt  du  rap- 
])ort,  commencer  le  débat  immédiatement  après  la  distri- 
bution du  rapport,  ou  décider  que  le  rapport  ne  sera  pas 
imprimé.  Quand  la  Chambre  le  juge  nécessaire,  elle  se 
transforme  en  comité  de  la  Chambre  entière.  Le  prési- 
dent clôt  la  séance,  quitte  le  fauteuil  pour  quelques  ins- 
tants, et  toutes  les  personnes  qui  n'appartiennent  pas  à 
la  députationet  les  membres  du  gouvernement  sortent  de 
la  salle.  Le  président  reprend  son  siège,  et  le  comité  dé- 
libère tant  que  20  députés  sont  présents. 

Interpellcitions  et  questions.  Tout  député  a  le  droit 
d'adresser  des  questions  au  président  de  la  Chambre  ou 
aux  présidents  des  sections  et  des  comités.  S'il  désire  in- 
terpeller un  membre  du  gouvernement  ou  un  haut  fonc- 
tionnaire, il  doit  adresser,  par  écrit,  une  demande  au 
président  et  la  faire  contresigner  par  4o  de  ses  collègues. 
Le  président  communique  cette  demande  aux  intéressés 
qui  doivent  répondre,  soit  immédiatement,  soit  à  un  jour 
qu'ils  désignent  ou,  s'ils  refusent,  doivent  indiquer  leurs 
raisons.  La  Chambre  décide,  sans  débats,  la  suite  que 
comportent  les  interpellations. 

Amendements.  Tant  qu'une  commission  délibère,  les 
députés  peuvent  présenter  des  amendements  que  la  Cham- 
bre renvoie  à  cette  commission.  Mais  quand  elle  a  procédé 
à  un  vote  définitif,  il  faut  attendre  à  la  seconde  lecture 
pour  représenter  des  amendements,  encore  doivent-ils, 
pour  être  pris  en  considération,  être  appuyés  par  20  mem- 
Î3res.  Chacun  de  ces  amendements  peut  être  alors  renvoyé 
à  la  commission,  et  le  débat  peut  être  suspendu  jusqu'à  ce 
qu'elle  ait  fait  un  rapport.  Après  la  clôture  de  la  deuxième 
lecture,  les  députés  peuvent  encore  présenter  des  amende- 
ments. Ils  les  déposent  par  écrit  entre  les  mains  du  pré- 
sident qui  en  donne  lecture  et  demande  s'ils  sont  appuyés. 
S'ils  le  sont,  la  Chambre  décide,  sans  débats,  si  la  discus- 
sion sera  rouverte.  Si  elle  est  rouverte,  elle  doit  être 
sommaire,  et  le  rapporteur,  l'auteur  de  l'amendement  et 
un  ou  deux  orateurs  désignés  peuvent  seuls  y  prendre 
part. 

r  Votes.  Lorsqu'un  débat  a  été  clos,  le  président  met  aux 
voix  la  question.  Tout  député  peut  présenter  des  objec- 
tions sur  la  manière  dont  il  la  pose  et  réclamer,  au  besoin, 
la  division.  Si  le  président  persiste  dans  son  sentiment, 
la  Chambre  décide  au  moyen  d'un  vote  précédé  d'une 
discussion.  Le  vote  a  lieu  en  général  par  assis  et  levé. 
S'il  y  a  doute,   on  procède  à  un  appel  nominal   et  on 


—  H47 


PART.EMENTARISME 


compte  le  nombre  des  votants.  Tout  député  peut  réclamer 
que  le  nombre  des  votants  dans  les  deux  sens  soit  compté. 
Lorsqu'il  n'y  a  pas  doute,  le  vote  par  appel  nominal  ne 
peut  avoir  lieu  que  sur  la  décision  conforme  du  président 
et  que  si  50  membres  le  demandent.  Lorsque  20  mem- 
bres le  demandent,  le  président  doit  laisser  s'écouler  un 
intervalle  de  dix  minutes  entre  la  lecture  de  la  proposition 
et  le  vote.  Enfin,  le  scrutin  secret  est  pratiqué  de  cette 
manière  :  Chaque  député  reçoit  des  bulletins  imprimés 
portant  oui  on  non;  on  procède  à  l'appel  nominal  et  les 
votants  sont  comptés  ;  chacun  d'eux  dépose  un  bulletin 
dans  une  urne.  Si  le  nombre  des  bulletins  ainsi  déposés 
ne  correspond  pas  à  celui  des  votants,  le  scrutin  est 
recommencé.  S'il  y  a  autant  de  oui  que  de  non,  le  vote 
est  interprété  dans  le  sens  négatif.  Le  président  ne  vote 
jamais,  sauf  en  cas  d'élections.  Le  vote  est  strictement 
personnel,  et  tout  député  présent  est  obligé  à  voter. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  —  Le  président  dirige 
les  débats  et  maintient  Tordre.  Avant  d'aborder  l'ordre 
du  jour,  il  constate  si  la  Chambre  est  en  nombre  :  la  pré- 
sence de  100  membres  est  nécessaire;  faute  de  quoi,  la 
séance  est  remise  à  un  autre  jour.  Tout  député  qui  désire 
parler  sur  une  des  questions  placées  à  l'ordre  du  jour 
doit  aviser  le  président  de  cette  intention,  avant  le  com- 
mencement de  la  séance  :  il  doit  indiquer  en  même  temps 
s'il  parlera  pour  ou  contre.  Le  président  donne  lecture  à 
la  Chambre  des  noms  des  orateurs  inscrits  avant  l'ouver- 
ture du  débat  pour  lequel  ils  sont  inscrits,  et  les  orateurs 
prennent  la  parole  dans  l'ordre  de  leur  inscription,  mais 
en  commençant  par  un  orateur  contre  et  en  alternant  en- 
suite entre  les  pour  et  les  contre.  Les  orateurs  peuvent 
changer  entre  eux  leur  tour  de  parole  ou  le  céder  à  un 
collègue.  Aucun  ne  peut  parler  plus  de  deux  fois  sur  le 
même  sujet.  Le  député  absent  au  moment  où  son  nom  est 
appelé  perd  son  droit  à  la  parole.  Lorsque  tous  les  ins- 
crits ont  parlé,  tous  ceux  qui  ont  manifesté  l'intention  de 
parler  —  après  l'établissement  de  la  liste  —  sont  appelés 
à  leur  tour.  Si  le  président  lui-même  désire  prendre  part 
au  débat,  il  doit  quitter  le  fauteuil  et  ne  le  reprendre 
qu'après  la  clôture  du  débat.  Les  rapporteurs  doivent 
parler  à  la  tribune.  Ils  peuvent  être  entendus  même  après 
la  clôture  des  débats.  Les  ministres  et  les  hauts  fonction- 
naires peuvent  parler  autant  de  fois  qu'ils  le  veulent  et 
lire  des  discours  écrits.  La  clôture  peut  être  demandée, 
même  par  un  seul  député,  à  un  moment  quelconque  du 
débat.  Elle  est  mise  aux  voix  et  la  simple  majorité  relative 
suffit  pour  la  faire  adopter.  Mais  elle  ne  peut  être  ré- 
clamée pendant  qu'un  orateur  parle.  Lorsque  la  clôture  a 
été  votée,  les  orateurs  inscrits  pour  et  les  orateurs  ins- 
crits contre  ont  la  faculté  de  désigner  entre  eux  un 
«  orateur  général  »  et  lorsque  ces  deux  orateurs  géné- 
raux (l'un  pour  et  l'autre  contre)  ont  parlé,  si  un  mem- 
bre du  gouvernement  répond,  la  discussion  est  considérée 
comme  rouverte.  Lorsque  l'assemblée  devient  tumultueuse, 
le  président  peut  interrompre  la  séance  ou  même  la  lever. 
Si  un  orateur  s'écarte  de  la  question,  il  l'y  rappelle; 
lorsque  ce  rappel  réitéré  n'a  pas  produit  d'effet,  il  peut 
lui  enlever  la  parole,  mais  la  Chambre  peut  décider,  sans 
débat,  qu'il  sera  tout  de  même  entendu.  Le  rappel  à 
l'ordre  est  appliqué  à  tout  député  qui  trouble  l'ordre,  qui 
se  livre  à  des  personnalités,  qui  prononce  des  paroles  dé- 
lictueuses, qui  blesse  les  convenances,  ou  qui  porte  at- 
teinte à  la  dignité  de  la  Chambre,  et,  en  même  temps,  le 
président  peut  imposer  silence  à  celui  qu'il  rappelle  à 
l'ordre.  Si  la  Chambre  le  décide,  le  rappel  à  l'ordre  peut 
être  inscrit  au  procès-verbal.  Tout  député,  tout  ministre, 
toute  personne,  en  un  mot,  ayant  le  droit  de  prendre  part 
à  la  discussion,  peut  solficiter  du  président  un  rappel, 
soit  à  la  question,  soit  à  l'ordre.  Le  président  décide  sans 
consulter  la  Chambre.  Telles  sont  les  seules  mesures  dis- 
ciplinaires. 

Congés.  Les  congés  qui  ne  doivent  pas  dépasser  huit 
jours  sont  accordés  par  le  président,  ceux  qui  doivent 


être  plus  longs  sont  accordés  par  la  Chambre.  Tout  député 
absent  sans  congé,  si  la  maladie  n'est  pas  cause  de  cette 
absence,  est  considéré  comme  démissionnaire  s'il  persiste 
à  ne  pas  reprendre  sa  place  lorsque  le  président  l'a 
sommé  de  le  faire  dans  un  délai  de  quinze  jours.  Les 
congés  interrompent  d'ailleurs  le  payement  de  l'indemnité 
législative  s'ils  ne  sont  pas  motivés  par  la  maladie.  Les 
députés  ne  se  font  pas  faute,  d'ailleurs,  de  s'absenter, 
mais  ils  ont  la  précaution  —  comme  en  Angleterre  —  de 
s'entendre  avec  des  collègues  des  partis  diff'érents  ((ui 
veulent  également  s'absenter,  afin  que  dans  les  votes 
l'absence  des  uns  soit  annihilée  par  celle  des  autres. 

V.  Organisation  des  partis. —  Le  nombre  et  la  diver- 
sité des  nationalités  qui  composent  l'empire  autrichien 
sont  cause  que  les  partis  politiques  y  sont  très  nettement 
diversifiés  et  que  les  groupes  parlementaires,  qu'on 
appelle  clubs,  sont  plus  fortement  organisés  et  disciplinés 
qu'ils  ne  le  sont  même  en  Angleterre. 

A  droite,  on  distingue  quatre  clubs  :  celui  du  centre 
droit,  celui  des  Tchèques,  celui  des  Polonais,  celui  du 
centre.  Ces  clubs  ont  un  organe  commun,  le  comité  exé- 
cutif qui  dirige  souverainement  le  parti  autonomiste,  dont 
le  programme  est  d'obtenir  une  indépendance  de  plus  en 
plus  étendue  pour  les  pays  respectifs,  sans  néanmoins 
porter  atteinte  à  l'organisation  générale  de  l'Empire.  A 
gauche,  le  grand  club  de  la  gauche  réunie,  dirigé  par 
un  bureau  de  cinq  membres  et  qui  a  pour  programme  la 
défense  du  nationalisme  aUemand  et  de  l'unité  autri- 
chienne. Et  entre  les  deux,  un  parti  des  Sauvages  (FKfW^) 
ou  indépendants,  qui  se  recrute  parmi  les  mécontents  de 
tous  les  clubs. 

Les  clubs  imposent  à  leurs  membres  l'obligation  de 
voter  à  la  Chambre  les  résolutions  qu'ils  ont  adoptées  : 
ils  se  réunissent  avant  chaque  séance  importante  et  —  au 
temps  de  la  session  —  au  moins  une  fois  par  semaine. 
Tout  membre  doit  voter  pour  les  candidats  désignés  par  le 
club,  quand  une  nomination  doit  avoir  lieu  dans  l'as- 
semblée. Les  propositions  et  interpellations  doivent  être 
communiquées  au  club  avant  d'être  déposées  à  la 
Chambre,  etc. 

En  résumé,  et  d'après  les  résultats  des  élections  de  1897, 
le  parti  allemand,  qui  est  celui  de  la  cour,  de  l'armée,  de 
l'administration  et  de  la  haute  banque,  possède  à  la 
Chambre  196  sièges.  Il  a  contre  lui  les  partis  nationaux, 
disposant  de  215  sièges.  Le  club  roumain  compte  o  mem- 
bres ;  le  club  italien,  19;  le  club  Slovène,  35;  le  parti 
polonais,  68;  le  parti  des  Tchèques,  79.  Seulement,  ces 
derniers  partis  sont  fort  divisés.  Les  Italiens  se  scindent 
par  exemple  en  cléricaux  et  en  anticléricaux;  les  Polonais 
se  subdivisent  en  démocrates-chrétiens,  en  socialistes  et 
en  catholiques-conservateurs.  Les  Tchèques  comprennent 
les  jeunes  Tchèques,  presque  tous  calvinistes  et  défenseurs 
de  l'autonomie  de  la  Bohême,  et  les  vieux  Tchèques,  con- 
servateurs et  grands  propriétaires. La  m^ajorité  parlementaire 
n'est  donc  obtenue  que  par  le  groupement  des  Tchèques, 
des  Polonais,  des  autres  partis  provinciaux,  des  chrétiens- 
sociaux  et  des  catholiques  allemands,  contre  le  parti 
libéral  allemand.  Mais  c'est  là  une  majorité  précaire,  car 
il  y  a,  d'autre  part,  parmi  les  nationaux,  des  nationaux- 
radicaux  qui  font  cause  commune  ave(î  les  hbéraux  alle- 
mands, et  elle  ne  se  compose  guère  que  de  19  voix.  Il 
résulte  de  cette  situation  que  tout  le  travail  parlemen- 
taire est  arrêté.  L'opposition,  trop  forte,  recourt,  sans 
vergogne,  à  tous  les  artifices  dilatoires  d'une  obstruction 
savante,  tacilitée  par  la  discipline  des  clubs  et  les  lois  les 
plus  indispensables  ne  parviennent  pas  à  passer  (V.  Obs- 
truction). 

VI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  Le 
Reichsrath  siège  à  Vienne,  dans  un  palais  magnifique,  élevé 
sur  le  Franzensring,  d'après  les  plans  de  Hansen  (1874- 
84).  Ce  palais,  d'un  style  grec  très  pur,  renferme  toutes 
les  commodités  et  toutes  les  recherches  du  confort  mo- 
derne. La  salle  des  séances  de  la  Chambre  des  députés  est 


PARLEMENTARISME 


—  J448  — 


située  à  droite  d'un  grand  péristyle  richement  décoré, 
sur  lequel  s'ouvre  à  gauche  la  salle  des  séances  de  la 
Chambre  des  seigneurs.  Ces  deux  salles  sont,  elles  aussi, 
remarquablement  décorées,  ainsi  du  reste  que  les  salles 
des  commissions,  notamment  celle  de  la  commission  du 
budget.  Elles  sont  disposées  en  amphithéâtre  et  leur  amé- 
nagement intérieur  diffère  peu  d'ailleurs  de  celui  de  nos 
Chambres.  Les  sessions  ont  lieu  de  novembre  ou  décembre 
à  mai  ou  juin.  Les  séances  ouvrent  d'ordinaire  à  onze 
heures  du  matin  pour  se  terminer  à  quatre  ou  cinq  heures 
du  soir.  Elles  sont  publiques.  Les  députés  sont  rangés 
suivant  leurs  opinions  politiques,  comme  dans  nos  Assem- 
blées. —  C'est  le  président  qui  dirige  tous  les  services 
intérieurs,  nomme  et  révoque  les  fonctionnaires  et  est 
responsable  des  dépenses  de  la  Chambre  au  cas  où  elles 
dépasseraient  les  chiffres  portés  au  budget.  Il  veille  à  la 
publication  des  impressions  (rapports,  etc.),  à  la  rédac- 
tion des  procès-verbaux  des  séances  qui  sont  imprimés  et 
distribués,  à  celle  des  comptes  rendus  analytiques  qui  sont 
également  imprimés  et  auxquels  sont  annexés  les  projets, 
motions,  rapports  des  commissions  relatifs  aux  objets  qui 
ont  été  discutés.  Il  est  encore  chargé  d'assurer  la  sûreté 
intérieure  et  extérieure  de  l'Assemblée,  ainsi  que  la  police 
intérieure  ;  il  peut  faire  évacuer  les  tribunes  publiques, 
de  sa  propre  initiative  ou  si  dix  députés  le  demandent. 

VIL  Rapports  de  l'Assemblée  avec  la  seconde  Chambre 
ET  AVEC  LE  GOUVERNEMENT.  —  La  Chambre  des  députés  com- 
munique avec  la  Chambre  des  seigneurs  et  celle-ci  avec 
la  Chambre  des  députés  par  la  voie  de  messages  ou  par 
lettres  signées  de  leurs  présidents  respectifs  et  d'un 
secrétaire.  Elles  doivent  se  mettre  d'accord  par  des 
('oncessions  réciproques.  Si  l'accord  ne  peut  se  faire  lors- 
qu'il s'agit  de  lois  importantes,  comme  le  budget,  une  loi 
concernant  les  finances  ou  l'armée,  une  conférence  com- 
posée d'un  égal  nombre  de  membres  de  chaque  Chambre 
est  chargée  de  présenter  un  rapport  supplémentaire  qui 
est  discuté  d'abord  dans  la  Chambre  où  a  été  déposé  le 
projet.  Deux  présidents  sont  élus  par  la  conférence  et  ils 
président  à  tour  de  rôle.  Les  votes  ont  lieu  au  scrutin  secret. 

Le  Ministère.  L'Empereur  exerce  le  gouvernement 
par  l'entremise  d'un  ministère  commun  qui  s'occupe  des 
affaires  étrangères,  des  finances  et  de  l'armée  de  toute  la 
monarchie  et  qui  est  responsable  de  sa  gestion  devant 
les  délégations  :  elles  peuvent  traduire  les  ministres  de- 
vant une  cour  spéciale.  Il  y  a,  en  outre,  un  ministère  autri- 
chien responsable  devant  la  Chambre  des  députés  qui 
peut  traduire  les  ministres  devant  une  cour  composée  de 
juges  élus  par  cette  Chambre  parmi  ses  propres  membres, 
et  un  ministère  hongrois. 

VIII.  Fln  DE  l'Assemblée.  —  Le  Reichsrath  arrive  au 
terme  de  son  existence  six  années  après  la  date  de  sa 
convocation.  Il  peut  être  dissous  par  l'empereur. 

Chambre  des  seigneurs.  —  Le  président  et  les  deux 
vice-présidents  sont  nommés  par  l'empereur  et  présentés 
à  l'Assemblée  par  un  des  ministres  de  la  Couronne.  Dès 
que  cette  présentation  est  faite,  le  président  monte  au 
fauteuil  ;  il  constitue  avec  les  vice-présidents  et  des  secré- 
taires le  bureau,  qui  est  permanent.  Les  règles  pour  la 
présentation  et  la  discussion  des  projets  de  loi,  des  mo- 
tions, etc.,  sont  à  peu  près  les  mêmes  que  celles  qui  sont 
suivies  dans  le  Reichsrath.  Dix  signatures  seulement  sont 
nécessaires  à  la  Chambre  des  seigneurs  pour  appuyer  les 
motions  provenant  de  l'initiative  parlementaire.  Au  début 
de  chaque  session,  on  nomme  trois  commissions,  composées 
généralement  de  9  membres  chacune  et  relatives  :  h  aux 
questions  politiques  ;  2"  à  la  justice  ;  3^  aux  finances.  Pour 
que  la  Chambre  puisse  délibérer,  il  faut  que  40  membres 
soient  présents.  —  Les  partis  politiques  ont  les  mêmes 
groupements  qu'à  la  Chambre  basse,  seulement  les  clubs 
sont  moins  fortement  disciplinés.  Les  membres  de  l'iissem- 
bléese  distinguent  en  cléricaux,  conservateurs  et  libéraux. 
Le  centre  (Mittel  ou  Reichspartei)  joue  un  rôle  politique 
assez  important,  car  ses  voix  sont  nécessaires  à  la  droite 


-    ou  à  la  gauche  pour  obtenir  la  majorité.  La  Chambre  de 
seigneurs  siège  dans  le  même  palais  que  le  Reichsrath. 

2'^  HONGRIE  —  Le  Parlement  hongrois,  est  lui  aussi, 
composé  de  deux  Chambres  :  la  Chambre  des  seigneurs  et 
la  Chambre  des  députés. 

Chambre  des  députés.  — I.  Constj  iution  de  l'Assem- 
blée. —  Un  bureau  provisoire  dirige  les  premières  réu- 
nions d'un  nouveau  Parlement.  La  grande  affaire  est  alors 
la  vérification  des  élections.  La  Chambre  est  divisée  par 
le  sort  en  neuf  sections  auxquelles  sont  renvoyés  les  dos- 
siers. Chacune  de  ces  sections  examine  les  dossiers  des 
membres  de  la  section  précédente  ;  par  exemple,  la  deuxième 
ceux  de  la  première,  la  troisième  ceux  de  la  seconde  et 
ainsi  de  suite  jusqu'à  la  neuvième  dont  les  dossiers  sont 
examinés  par  la  première.  Cet  examen  porte  uniquement 
sur  le  point  de  savoir  si,  d'après  les  procès- verbaux,  les 
opérations  électorales  ont  été  régulières. 

Il  résulte  de  cet  examen  une  première  classification  des 
élections  qui  sont  ainsi  réparties  :  1^  celles  dont  la  forme 
est  réguhère  et  qui  n'ont  donné  lieu  à  aucune  réclamation; 
2^  celles  dont  la  forme  est  régulière,  mais  qui  ont  donjié 
lieu  à  réclamation  ;  3°  celles  qui  sont  irrégulières.  Les 
sections  nomment  ensuite  neuf  commissaires  choisis  parmi 
les  députés  dont  l'élection  ne  donne  lieu  à  aucune  contes- 
tation et  qui  seront  adjoints  à  la  commission  nommée  par 
la  Chambre  pour  examiner  les  élections  contestées.  Enfin, 
elles  déposent  chacune  un  rapport  sur  les  élections  qu'elles 
ont  examinées.  Ces  rapports  sont  lus  à  la  Chambre,  et  le 
président  pj'ovisoire  proclame  élus  les  députés  dont  les 
pouvoirs  n'ont  pas  été  contestés.  Si  ces  députés  sont  assez 
noml)reux  pour  former  la  majorité  absolue  de  l'Assemblée, 
on  procède  à  la  nomination  du  bureau  définit  if  d'après  les 
règles  suivantes  :  un  des  secrétaires  provisoires  appelle, 
dans  Tordre  alphabétique,  les  noms  des  députés  proclamés 
qui,  un  par  un,  viennent  déposer  leur  vote  dans  une  urne 
placée  devant  le  président  provisoire.  Après  un  réappel, 
les  secrétaires  provisoires  comptent  les  votes  devant  l'A  s- 
semblée,  et  le  président  provisoire  proclame  le  résultat. 
Si  la  majorité  absolue  n'a  pas  été  atteinte,  on  vote  de 
nouveau,  mais  alors  pour  les  deux  députés  qui  ont  obtenu 
le  plus  de  voix.  Il  est  ainsi  procédé  pour  l'élection  du 
président,  des  2  vice-présidents  et  des  6  secrétaires,  mais 
ces  derniers  sont  élus  en  bloc  et  pour  eux  la  majorité 
relative  suffît.  Le  gouvernement  trar^met  à  la  Couronne 
ces  résultats,  et  le  président  définitif  déclare  que  la  Chambre 
est  constituée.  Les  pouvoirs  du  président  s'étendent  à 
toute  la  durée  du  Parlement  ;  les  autres  membres  du 
bureau  sont  renouvelés  tous  les  ans  dans  les  deux  ou  trois 
premières  séances  de  la  session. 

IL  Travail  lntérieur.  —  Sections  et  commissions. 
Outre  les  9  sections  (chacune  de  7  députés),  chargées  des 
vérifications  d'élections,  outre  la  commission  de  vérifica- 
tion des  élections  contestées,  dont  nous  avons  parlé,  la 
Chambre  est  divisée  par  le  sort,  aussitôt  après  sa  consti- 
tution, en  9  sections  et  en  12  commissions  qui  restent  en 
fonction  pendant  toute  une  session.  Ces  commissions  sont  : 
'[''  Justice  (IS  membres);  2«  finances  (15  membres); 
3^  Voies  de  communication  (15  membres);  4°  Education 
(15  membres);  5°  Pétitions  (15  membres);  6^  Commerce 
et  industrie  (7  membres);  Procès-verbaux  (25  membres)  ; 
7°  Milice  (7  mem])res)  ;  9*^  Bibliothèque  (7  membres)  ; 
10*^  Sûreté  (15  membres)  ;  11°  et  12«  Comptabilité  (7  et 
15  membres).  La  Chambre  peut  d'ailleurs  nommer  toute 
espèce  de  commission  spéciale  qui  lui  semble  nécessaire 
Les  réunions  de  ces  commissions  sont  ouvertes  à  tous  les 
députés  et  les  heures  de  leurs  séances  sont  notifiées  au 
bureau.  Sections  et  commissions  élisent  —  en  dehors  de 
leur  sein  —  un  président  et  un  secrétaire.  Elles  examinent 
les  projets  qui  sont  déposés  par  le  gouvernement.  Quand 
les  commissions  ont  fait  leur  rapport,  le  rapporteur  ou 
l'auteur  de  la  proposition  rapportée  peut  demander  que 
la  question  soit  mise  à  l'ordre  du  jour  sans  être  transmise 
préalablement  aux  sections.  Cette  motion  est  mise  aux 


1149 


PARLEMENTARISME 


voix  dans  l'Assemblée,  si  deux  membres  l'ont  appuyée. 
Quand  les  sections  ont  terminé  leur  examen,  elles  nomment 
un  rapporteur  pour  chaque  affaire.  Le  président  de  la 
Chambre  réunit  les  rapporteurs  et  en  forme  une  commis- 
sion centrale  qu'il  préside  lui-même  ou  fait  présider  par 
un  des  vice-présidents.  La  commission  centrale  nomme  à 
son  tour  un  rapporteur  qui  défendra  l'œuvre  de  la  com- 
mission devant  la  Chambre.  Le  rapport  de  la  commission 
centrale  est  imprimé,  distribué  et  mis  à  l'ordre  du  jour 
dans  les  trois  jours  de  cette  distribution.  Lorsque  la 
Chambre  renvoie  l'affaire  soit  à  la  commission  centrale, 
soit  aux  sections  pour  plus  ample  examen,  de  nouveaux 
rapporteurs  doi^^nt  être  désignés.  Toutes  les  commissions 
peuvent  se  subdiviser  en  sous-commissions,  qui  peuvent 
déposer  aussi  des  rapports  où  l'opinion  de  la  minorité, 
fût-elle  d'un  simple  membre,  devra  être  consignée.  Les 
membres,  qui  n'assistent  pas  aux  séances  des  commissions 
et  les  empêchent  ainsi  de  délibérer  utilement,  sont  signalés 
à  la  Chambre  qui,  si  elle  le  juge  utile,  nomme  d'autres 
membres  pour  les  remplacer.  Enfin,  au  début  de  chaque 
session,  une  commission  de  9  membres  est  désignée  pour 
examiner  les  cas  d'incompatibilités  parlementaires. 

Projets  et  propositions  de  loi.  Ils  suivent  tous  hi 
même  marche  devant  les  sections  et  les  commissions.  La 
seule  différence  entre  une  motion  et  un  projet  gouverne- 
mental, c'est  que  la  Chambre  peut  statuer  sur  une  motion 
sans  la  référer  aux  sections  et  commissions,  tandis  qu'un 
j)rojet  doit  leur  être  nécessairement  renvoyé.  Il  y  a  encore 
cette  différence  entre  un  projet  énumé  du  gouvernement  et 
un  projet  émané  de  Tinitiative  parlementaire,  que  la 
(<hambre  peut'repousser  ce  dernier  par  la  ({uestion  préa- 
lable, tandis  que  le  premier  doit  être  nécessairement  ren- 
voyé à  une  commission. 

III.  Travail  en  séanck  pubijqur.  —  Le  président,  au 
début  d'une  séance,  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  précédente.  Il  communique  à  l'Assemblée  la  liste 
des  questions  dont  elle  a  à  s'occuper,  donne  quelques 
brèves  indications  sur  les  communications  officielles  qui  y 
sont  jointes,  fait  connaître  les  pétitions  déposées  depuis 
la  dernière  séance.  Puis  le  débat  s'ouvre  sur  le  premier 
projet  inscrit  à  l'ordre  du  jour  par  une  discussion  géné- 
rale. Après  quoi  on  passe  à  l'examen  des  articles. 

Motions  et  interpellations.  Elles  doivent  être  inscrites 
d'abord  sur  un  registre  placé  sur  le  bureau  de  la  Chambre. 
Deux  fois  par  semaine,  le  mercredi  et  le  samedi,  le  prési- 
dent donne  lecture  de  ce  registre  et  demande  à  la  Chambre 
de  décider  sans  débats  si  les  motions  doivent  être  prises 
en  considération  et  de  fixer  les  jours  oti  les  interpellations 
seront  discutées.  Lorsqu'un  ministre  désire  répondre  à  une 
interpellation,  il  fait  connaître  son  intention  à  l'Assemblée 
au  moins  un  jour  à  l'avance.  En  général,  le  ministère 
donne  réponse  aux  demandes  d'interpellation  dans  le  délai 
d'un  mois.  La  Chambre  décide,  sans  débats,  après  que 
l'interpcllatenr  a  répondu  au  ministre,  si  les  explications 
données  l'ont  satisfaite  ou  s'il  y  a  lieu  de  placer  Tinter- 
pellation  à  l'ordre  du  jour  pour  la  discuter  à  fond. 

Amendements.  Les  règlements  ne  prévoient  aucune 
procédure  spéciale  relative  aux  amendements.  Comme  tous 
les  membres  de  la  Chambre  ont  le  droit  d'assister  aux 
séances  des  sections  ou  commissions  et  d'y  prendre  la 
parole,  il  se  trouve  que  tous  les  projets,  après  avoir  passé 
j)ar  le  crible  des  sections,  des  commissions,  de  la  commis- 
sion centrale,  non  seulement  sont  suffisamment  dégrossis, 
mais  encore  ont  été  amendés  par  tous  les  députés  qui  ont 
désiré  le  faire.  Il  s'ensuit  que  peu  d'amendements  sont 
présentés  au  cours  de  la  discussion  publique. 

Votes.  Le  débat  clos,  le  président  met  aux  voix  la  ques- 
tion, qui  peut  être  divisée  si  la  Chambre  en  décide  ainsi. 
La  présence  de  100  membres  est  nécessaire  pour  la  vali- 
dité d'un  vote  et,  s'il  y  a  doute,  on  doit  procéder  au 
comptage.  Après  la  clôture  d'une  discussion,  le  vote  peut 
être  remis  au  lendemain  si  '20  membres  en  font  la  demande 
par  écrit. 


On  vote  d'ordinaire  par  assis  et  levé.  En  cas  de  doute, 
il  y  a  lieu  à  contre-épreuve.  On  peut  aussi,  soit  sur  la 
proposition  du  président,  soit  sur  celle  de  10  membres, 
procéder  au  comptage  des  votants.  Si  20  membres  le  de- 
mandent par  écrit,  le  vote  par  appel  nominal  est  ordonné. 
Ordinairement,  le  président  laisse  s'écouler  un  intervalle 
de  cinq  minutes  entre  la  position  de  la  question  et  le  vote. 
Le  vote  de  l'ensemble  d'une  loi  ne  doit  avoir  lieu  que 
vingt-quatre  heures  après  la  tin  de  la  discussion  des 
articles. 

IV.  Discn^iJNE  DE  l'Assemblée.  —  Le  président,  après 
avoir  ouvert  le  débat  sur  une  question,  ne  doit  pas  per- 
mettre qu'un  membre  quelcon(iue  prenne  la  parole  sur  un 
autre  sujet  sans  la  permission  expresse  de  la  Chambre. 
Le  rapporteur  prend  le  premier  la  parole  ;  s'il  est  absent, 
l'auteur  de  la  proposition  le  remplace.  Les  orateurs  parlent 
alternativement  pour  ou  contre,  d'après  leur  rang  d'ins- 
cription sur  une  Hste  tenue  par  le  greffier  delà  Chambre. 
Aucun  député  ne  peut  parler  plus  d'une  fois  sur  l'ensemble 
de  la  question  et  plus  d'une  fois  sur  chacun  des  articles. 
Lorsque  tous  les  orateurs  ont  parlé,  les  rapporteurs  de 
la  commission  centrale  et  de  la  commission  spéciale,  celui 
de  la  minorité  ou  l'auteur  de  la  motion,  si  la  question 
n'a  pas  été  renvoyée  à  une  commission,  peuvent  encore 
parler  avant  qu'il  soit  procédé  au  vote.  Les  ministres 
peuvent  toujours  prendre  la  parole.  Un  député  a  aussi 
toujours  le  droit  d'être  entendu  sur  l'ordre  du  jour,  pour 
répondre  à  des  personnalités,  pour  relever  une  interpréta- 
tion erronée  de  ses  paroles  ou  pour  un  rappel  au  règle- 
ment. Personne,  sauf  le  président,  ne  doit  interrompre  un 
orateur.  Le  président  peut  le  rappeler  à  la  question  et, 
s'il  persiste  à  s'en  écarter,  lui  retirer  la  parole.  On  ne 
peut  pas  demander  la  clôture.  Les  membres  qui  offensent 
la  moralité,  la  décence  ou  la  dignité  de  l'Assemblée 
peuvent  être  rappelés  à  l'ordre,  et,  après  deux  rappels  à 
l'ordre  inutiles,  privés  de  la  parole.  Si  le  député  ainsi 
fautif  ne  s'excuse  pas  ou  s'excuse  mal,  le  président  peut 
demander  à  la  Chambre  de  lui  inftiger  la  censure,  avec 
inscription  au  procès-verbal.  Une  commission  dite  des 
«  Privilèges  »  examine  la  conduite  des  membres  qui  trou- 
blent l'ordre  avec  persistance  et  leur  inflige  au  ))esoin  les 
pénalités  suivantes  :  i°  des  excuses  solennelles  ;  2^  la 
censure  avec  inscription  au  procès-verbal,  à  la  Gazette 
officielle,  et  affichage  dans  la  circonscription  électorale  du 
délinquant  ;  3«  l'exclusion  temporaire. 

Aucun  député  n'a  le  droit  de  protester  contre  les  déci- 
sions du  président  et  d'en  faire  le  sujet  d'un  débat.  Lorsque 
la  séance  est  tumultueuse,  le  président  peut  la  lever  pour 
une  heure. 

Congés.  Le  président  accorde  les  congés  qui  ne  doi- 
vent pas  dépasser  quinze  jours  ;  la  Chambre  statue  sur  les 
autres.  Lorsque  les  congés  expirent,  les  députés  qui  en 
ont  joui  doivent  se  présenter  personnellement  au  prési- 
dent. Si  le  nombre  des  absents  empêche  la  Chambre  de 
déHbérer,  le  président  procède  à  l'appel  nominal  et  le  len- 
demain communique  les  noms  des  absents  à  l'assemblée. 
Si  la  Chambre  le  décide,  il  convoque  les  absents  à  j oui- 
déterminé  pour  faire  valoir  leurs  motifs.  S'il  en  est  qui 
ne  se  présentent  pas  ou  qui  donnent  des  raisons  insuffi- 
santes, la  Chambre  leur  inflige  la  censure  avec  inscription 
au  procès-verbal  et  une  retenue  sur  leur  indemnité  légis- 
lative. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Les  partis  sont  très 
disciplinés  en  Hongrie,  comme  en  Autriche,  et  pour  les 
mêmes  raisons.  Les  clubs  parlementaires  imposent  stric- 
tement à  leurs  membres  l'obligation  de  leur  soumettre 
toute  motion  ou  toute  demande  d'interpellation  qu'ils  ont 
dessein  de  présenter  à  la  Chambre  ;  même  le  plan  de  tout 
discours  important  qu'ils  veulent  prononcer.  Les  ministres 
eux-mêmes  indiquent  aux  clubs  dont  ils  font  partie  le 
sens  des  réponses  qu'ils  comptent  faire  aux  interpella- 
tions qui  leur  sont  adressées.  En  somme,  les  clubs  discu- 

'    tent  presque  complètement  à  l'avance  les  questions  qui 


PARLEMENTARISME 


—  1150 


se  présenteront  à  la  Chambre  et  à  l'avance  arrêtent  leurs 
votes.  Ces  groupes  sont  le  parti -peuple  (ancien  parti  ca- 
tholique), comprenant  20  membres,  dont  les  revendica- 
tions sont  à  peu  près  celles  des  socialistes  catholiques; 
le  parti  national  (38  membres),  qui  réclame  une  part  plus 
large  aux  droits  de  la  Hongrie,  une  armée  nationale,  la 
liberté  de  la  presse,  la  liberté  électorale  ;  le  parti  radical 
(50  membres),  qui  veut  la  suppression  du  compromis  entre 
l'Autriche  et  la  Hongrie  ;  le  parti  libéral  (290  membres), 
qui  est  celui  du  gouvernement.  Comme  on  le  voit,  les  li- 
béraux qui  sont  les  ministériels  possèdent  une  majorité 
imposante. 

VI.  Orgaxisatiox  matérielle  ue  l'Assemblée.  —  Le 
Parlement  siège  à  Pest,  sur  le  quai  du  Danube,  dans  un 
magnifique  palais  achevé  en  1896.  L'édifice  est  construit 
dans  un  style  composite  où  se  mêlent  les  motifs  byzantins, 
gothiques  et  vénitiens.  H  est  dominé  par  une  coupole  de 
105  m.  de  hauteur.  L'installation  est  remarquablement 
comprise.  La  salle  des  séances  est  en  hémicycle  et  com- 
parable, comme  aménagement,  à  celle  de  la  Chambre  au- 
trichienne. Les  sessions  commencent  en  octobre.  Il  y  a 
des  vacances  à  Pâques  et  pendant  les  mois  d'été.  Los 
séances  commencent  généralement  à  dix  heures  du  matin 
pour  se  terminer  à  deux  heures  après  midi.  Le  président  di- 
rige les  services  intérieurs  à  la  tête  desquels  sont  encore 
les  secrétaires,  un  bibliothécaire  et  un  sergent  de  la 
Chambre.  Ce  dernier  fonctionnaire  est  chargé  de  l'entre- 
tien des  bâtiments,  du  matériel,  etc.  ;  il  commande  les 
gardes  et  les  serviteurs  de  la  Chambre.  Nommé  par  l'As- 
semblée, généralement  en  même  temps  que  le  bureau,  il 
conserve  ses  fonctions  dans  l'intervalle  des  sessions  et 
dans  le  cas  d'une  dissolution  de  la  Chambre,  il  passe  sous 
les  ordres  du  ministre  de  l'intérieur  jusqu'à  la  constitu- 
tion de  la  nouvelle  Assemblée.  —-  Les  procès-verbaux  ré- 
digés par  les  soins  des  secrétaires  sont  imprimés  et  dis- 
tribués aux  députés.  Ce  sont  aussi  les  secrétaires  qui 
veillent  à  l'impression  de  tous  les  documents  parlemen- 
taires et  contrôlent  la  marche  des  services  qui  en  sont 
chargés.  —  La  police  des  tribunes  publiques  appartient 
au  président  qui,  en  cas  de  désordre,  les  fait  évacuer  ; 
qui  peut  livrer  les  délinquants  à  la  justice  et  qui,  au  be- 
soin, peut  recourir  à  la  force. 

VIL  Rapports  de  l'Assemblée  avec  la  secoxde  Chamuke. 
—  Les  deux  Chambres  communiquent  au  moyen  de  mes- 
sages écrits.  Lorsqu'elles  ne  parviennent  pas  à  se  mettre 
d'accord  sur  le  texte  d'une  loi,  après  divers  messages, 
cette  loi  est  ajournée  jusqu'à  une  époque  plus  favorable. 
Ce  sont  les  secrétaires  de  la  Chambre  des  députés  qui  sont 
charges  d'établir  et  d'entretenir  les  communications  avec 
la  Chambre  des  seigneurs. 

VIII.  Fin  de  l'Assemblée.  ■—  Les  pouvoirs  de  la  Chambre 
des  députés  expirent  au  bout  de  cinq  années  à  partir  de 
sa  convocation.  Elle  peut  être  dissoute  par  l'empereur. 

Chambre  des  seigneurs.  —  Cette  assemblée,  qui 
s'est  appelée  jusqu'en  1885  Cha) libre  des  magnats,  slèga 
en  même  temps  que  la  Chambre  des  députés,  à  partir 
d'octobre.  Son  président  et  ses  deux  vice-présidents  sont 
nommés  par  l'empereur  sur  la  présentation  du  président 
du  Conseil  des  ministres  ;  leurs  pouvoirs  durent  pendant 
toute  la  législature.  L'Assemblée  nomme  ell«-même  au 
scrutin  secret  un  questeur  et  des  secrétaires.  En  ce  qui 
concerne  les  demandes  d'interpellation,  la  présentation, 
la  discussion  des  lois,  motions,  etc.,  la  procédure  sui- 
vie est  à  peu  de  chose  près  celle  de  la  Chambre  basse. 
La  présence  de  50  membres  est  nécessaire  pour  la  validité 
des  votes.  Quant  à  la  discipline,  le  président  peut  pro- 
noncer le  rappel  à  la  question  ou  à  l'ordre.  Un  orateur  qui 
a  été  rappelé  à  Tordre  une  première  fois  et  qui  persiste 
à  le  troubler  peut  être  rappelé  à  l'ordre  avec  inscription 
au  procès-verbal  si  la  Chambre  le  décide,  et  dans  ce  cas, 
il  lui  est  interdit  de  continuer  son  discours.  Un  membre 
de  l'Assemblée  qui  trouble  l'ordre,  bien  que  n'ayant  pas 
U  parole,  y  est  rappelé  par  les  coups  de  sonnette  du  pré- 


sident. S'il  persiste,  il  est  appelé  par  son  nom,  et  si  cette 
mesure  est  encore  inutile,  le  président  suspend  la  séance 
pour  une  heure.  Les  partis  n'ont  pas  la  forte  organisa- 
tion qu'ils  ont  dans  la  Chambre  basse,  et  les  membres 
siègent  pêle-mêle  sans  distinction  d'opinions  politiques. 

Parlement  austro-hongrois.—  Le  Parlement  aus- 
tro-hongrois est  constitué'  par  la  réunion  de  la  délé- 
gation autrichienne  et  de  la  clélégation  hongroise  (V.  Cons- 
titution, t.  XII,  p.  704).  Il  se  réunit  alternativement  à 
Vienne  et  à  Pest,  en  automne.  Chaque  délégation  délibère  et 
vote  à  part,  avec  un  président  choisi  par  elle;  son  premier 
acte  est  une  adresse  à  l'empereur.  Toutes  les  questions 
doivent  être  décidées  à  la  majorité  absolue.  La  principale 
affaire  est  l'établissement  du  budget  commun  aux  deux  pays. 
Il  est  présenté  séparément  à  chacune  des  délégations  qui 
se  communi(|uent  réciproquement  leurs  résolutions  en  y 
ajoutant,  s'il  le  faut,  les  motifs.  Cette  communication  se  fait 
par  écrit  :  en  allemand,  de  la  part  delà  délégation  autri- 
chienne ;  en  hongrois,  de  la  part  de  la  délégation  hon- 
groise, mais  de  part  et  d'autre  avec  une  traduction  cer- 
tifiée conforme.  Si  les  deux  délégations  ne  parviennent 
pas  à  se  mettre  d'accord,  les  deux  présidents  les  réunis- 
sent en  Assemblée  plénière.  L'Assemblée  tranche  alors 
la  question  par  un  vote  qui  n'est  valable  que  si  les  deux 
tiers  des  membres  de  chaque  délégation  sont  présents  et 
([ue  s'il  réunit  la  majorité  absolue  des  voix.  Si  un  plus 
grand  nombre  de  membres  d'une  des  délégations  assiste 
à  la  séance,  on  rétablit  l'égalité  en  forçant  à  s'abstenir 
un  nombre  correspondant  de  membres  de  l'autre  déléga- 
tion. En  ce  cas,  c'est  le  sort  qui  désigne  les  membres  qui 
devront  s'abstenir.  Les  séances  sont  publiques  et  le  pro- 
cès-verbal est  rédigé  dans  les  deux  langues.  La  procé- 
dure, en  ce  qui  concerne  les  propositions  de  loi,  etc.,  est 
semi)lable  à  celle  du  Reichsrath  :  les  délégations  se  sub- 
divisent, pour  leur  examen,  en  autant  do  commissions 
qu'il  est  nécessaire.  Dès  leur  première  réunion,  elles  nom- 
ment une  commission  des  finances  qui  examine  les  bud- 
gets des  finances,  des  affaires  étrangères,  de  la  guerre  et 
de  la  marine.  Ces  commissions  doivent  être  presque  tou- 
jours au  complet  pour  délibérer;  le  membre  qui  s'absen- 
terait sans  excuse  suffisante  pendant  trois  réunions  con- 
sécutives est  remplacé  d'office  ;  elles  peuvent  mander  dans 
leur  sein  les  ministres  pour  en  obtenir  des  explications. 
Les  séances  de  chaque  délégation  doivent  être  suivies 
au  moins  par  30  membres.  Le  procès-verbal  de  la  séance 
précédente  est  lu,  rectifié  et  relu  une  seconde  fois.  Les 
motions  et  rapports  sont  annoncés  :  des  questions  sont,  s"il  y 
a  lieu,  posées  par  écrit,  et  sont  faites  les  communications 
adressées  soit  par  le  gouvernement,  soit  par  l'autre  dé- 
légation, soit  par  les  commissions.  Un  procès-verbal  est 
rédigé  :  il  contient  l'état  des  questions  soumises  au  vote, 
le  résultat  des  scrutins,  etc.  ;  il  est  imprimé  et  distribué. 
Les  motions  régulièrement  présentées  et  appuyées  sont 
imprimées  et  placées  à  l'ordre  du  jour.  Les  propositions 
du  gouvernement  ont  le  pas  sur  toutes  les  autres,  sauf 
sur  celles  dont  la  discussion  est  déjà  entamée.  La  tenue 
des  séances  et  les  mesures  disciplinaires  ne  présentent 
point  de  particularités  différentes  de  ce  qui  se  passe  au 
Reichsrath.  Lorsqu'une  question  vient  pour  la  première 
fois  à  l'ordre  du  jour,  son  auteur  peut,  s'il  le  désire,  dé- 
velopper les  arguments  c|ui  militent  en  sa  faveur.  La  dé- 
légation décide  alors,  sans  débats  si  la  question  doit  être 
renvoyée  à  une  commission  déjà  existante,  ou  à  une  com- 
mission spéciale.  Le  fait  de  ne  pas  renvoyer  une  propo- 
sition à  une  commission  équivaut  à  son  rejet.  En  cas 
d'urgence,  la  délégation  peut  décider  :  que  les  commis- 
sions déposeront  leur  rapport  à  un  jour  déterminé  ;  que 
la  discussion  générale  commencera  immédiatement  après 
la  distribution  de  ce  rapport  ;  que  le  rapport  ne  sera  pas 
imprimé  ;  que  l'auteur  d'une  proposition  pourra  la  déve- 
lopper quand  même  elle  ne  serait  pas  inscrite  à  l'ordre 
du  jour;  enfin,  cjue  l'examen  préliminaire  des  commis- 
sions n'aura  pas  lieu.  Hors  le  cas  d'urgence,  en  effet,  les 


—  1151  — 


PARLEMENTARISME 


rapports  sont  imprimés,  puis  la  proposition  est  placée  à 
l'ordre  du  jour  vingt-quatre  heures  au  moins  après  la  dis- 
tribution ;  elle  passe  par  une  première  et  une  seconde 
lecture  et,  si  elle  est  adoptée  (le  vote  sur  l'ensemble  ne 
devant  avoir  lieu  qu'à  la  séance  qui  suit  celle  où  le  débat 
a  été  définitivement  clos),  elle  est  renvoyée  à  l'autre  dé- 
légation. Les  membres  peuvent  réclamer  l'ajournement  ou 
la  clôture  de  la  discussion.  Les  délégations  et  leurs  com- 
missions ne  peuvent  communiquer  qu'avec  les  ministres, 
par  l'intermédiaire  de  leurs  présidents  :  il  ne  leur  est  pas 
permis  de  correspondre  avec  les  Assemblées  provinciales, 
ou  de  publier  aucune  espèce  de  manifeste.  Les  sessions 
sont  closes  par  chacun  des  deux  présidents,  lorsque  les 
travaux  sont  terminés.  Elles  peuvent  être  closes  par  ordre 
de  l'empereur. 

RELGIQUE.  —  Le  Parlement  belge  se  compose  d'un 
Sénat  et  d'une  Chambre  des  représentants. 

Chambre  des  représentants.—-  L  Constitulionde 
l'Assemblée.  —  Au  début  de  chaque  session,  le  fauteuil 
de  la  présidence  est  occupé  par  le  doyen  d'âge  assisté 
de  4  secrétaires  d'âge.  Au  début  d'une  législature,  il 
est  procédé  immédiatement  aux  vérifications  des  dossiers 
d'élection  qui  sont  répartis  entre  6  commissions  de  7  mem- 
bres. La  Chambre  prononce  leur  validité  ou  l'invahdation. 
Après  quoi,  elle  procède  à  l'élection  du  bureau  définitif 
composé  de  :  1  président,  2  vice-présidents  et  4  secré- 
taires. Cette  élection  a  Heu  à  la  majorité  absolue.  L'As- 
semblée est  alors  régulièrement  constituée. 

IL  Travail  L\TÉRiEm\.  —  Sections  et  commissions. 
Un  tirage  au  sort  répartit  les  députés  en  6  sections  de 
22  membres  qui  sont  renouvelées  tous  les  mois.  Chaque 
section  choisit  son  président,  son  vice-président  et  son 
secrétaire,  et  procède  à  l'examen  des  propositions  et  amen- 
dements qui  lui  sont  renvoyés  par  la  Chambre.  Un  rap- 
porteur, élu  à  la  majorité  eabsolue  des  voix,  indique  dans 
un  rapport  les  résultats  de  cet  examen.  Quand  les  deux 
tiers  des  sections  ont  terminé  leurs  travaux,  leurs  rap- 
porteurs en  informent  le  président  qui,  sous  sa  propre 
présidence  les  réunit  en  une  section  centrale.  Cette  sec- 
tion nomme  un  rapporteur  qui  analyse  les  discussions  qui 
ont  eu  lieu  et  les  résolutions  qui  ont  été  prises.  Son  rap- 
port est  imprimé  et  distribué  deux  jours  au  moins  avant 
la  mise  en  déUbération  devant  l'Assemblée.  Deux  commis- 
sions permanentes  sont  nommées  au  début  et  pour  toute 
la  durée  de  chaque  session  :  celle  des  finances  et  celle  de 
l'agriculture,  industrie  et  commerce.  Elles  sont  élues  au 
scrutin  de  Hste  et  se  composent  de  7  membres  ou  plus,  si 
la  Chambre  le  juge  utile.  Chaque  mois,  les  sections  dési- 
gnent chacune  un  de  leurs  membres  pour  former  la  com- 
mission des  pétitions.  La  Chambre  peut,  en  outre,  nom- 
mer autant  de  commissions  spéciales  qu'elle  le  désire. 
Les  propositions  de  loi  sont  renvoyées  aux  sections  ou 
aux  commissions,  et  elles  suivent  à  peu  près  la  môme  pro- 
cédure qu'en  France. 

Projets  et  propositions.  Chaque  député  a  le  droit  de 
présenter  des  propositions,  mais  aucune  proposition  ou 
motion  ne  peut  être  signée  de  plus  de  6  membres.  Toute 
proposition  est  déposée,  signée  par  son  auteur,  sur  le 
bureau  de  la  Chambre  ;  elle  est  transmise  aux  sections 
et,  si  une  d'elles  seulement  est  d'avis  de  la  recevoir,  elle 
est  lue  à  la  séance  qui  suit.  Son  auteur  fait  alors  connaître 
le  jour  où  il  désire  être  entendu.  S'il  est  appuyé  par 
4  collègues,  la  discussion  est  ouverte  ce  jour-là,  et  la 
Chambre  décide  si  la  proposition  sera  prise  en  considéra- 
tion, ou  ajournée  ou  repoussée. 

III.  Travail  en  séance  publique.  -—  Les  résolutions  de 
la  section  centrale  ou  d'une  commission  arrivent  en  leur 
temps  devant  l'Assemblée  :  la  discussion  porte  d'abord 
sur  l'ensemble,  puis  sur  les  articles  et  les  amendements 
qui  s'y  rattachent.  Le  vote  sur  l'ensemble  doit  avoir  lieu 
le  lendemain  au  moins  du  jour  où  les  derniers  articles 
ont  été  votés.  Dans  cette  seconde  séance,  les  amende- 
ments adoptés  et  les  articles  rejetés  sont  remis  en  discus- 


sion et  soumis  à  un  vote  définitif,  ainsi  que  les  nouveaux 
amendements  qui  ont  seulement  pour  but  l'adoption  ou 
le  rejet.  Une  motion  peut  être  retirée  par  son  auteur  môme 
lorsqu'elle  a  été  mise  en  délibération,  mais  en  ce  cas  un 
autre  membre  peut  la  reprcjidre.  Chaque  résolution  doit 
réunir  la  majorité  absolue  des  votes.  L'égalité  des  voix 
entraîne  le  rejet.  Le  vote  n'est  valable  que  si  la  majorité 
des  membres  de  la  Chambre  sont  présents. 

Interpellations  et  questions.  Le  député  qui  veut  user 
de  son  droit  d'interpellation  doit  annoncer  son  intention 
et  faire  connaître  l'objet  de  son  interpellation  soit  par  une 
motion,  soit  par  une  déclaration  écrite  remise  au  prési- 
dent^ qui  en  donne  lecture  à  la  Chambre.  L'Assemblée 
fixe  immédiatement,  par  assis  et  levé,  ou  à  la  séance  sui- 
vante si  le  gouvernement  le  demande,  le  jour  où  l'inter- 
pellation sera  développée.  Mais  elle  ne  peut  être  renvoyée 
à  plus  de  huit  jours,  à  moins  du  consentement  de  l'inter- 
pellateur. 

Amendements.  Aacun  amendement  n.e  peut  être  mis 
en  discussion  si,  après  avoir  été  développé  par  son  auteur, 
il  n'est  pas  appuyé  par  o  membres  au  moins.  Si  la  Chambre 
décide  que  des  amendements  doivent  être  renvoyés  à  une 
commission  ou  aux  sections,  le  débat  est  suspendu.  On  ne 
peut  plus  en  présenter  lorsqu'on  discute  sur  l'adoption 
définitive  d'une  proposition,  à  mo'ins  qu'ils  ne  tendent  sim- 
plement à  son  refus  ou  à  son  adoption. 

Voies.  Les  votes  ont  généralement  lieu  par  assis  et  levé, 
avec  contre-épreuve.  Le  président  et  les  secrétaires  en 
apprécient  le  résultat.  S'il  y  a  doute,  ou  bien  si  5  membres 
Font  demandé,  ou  encore  s'il  s'agit  de  voter  sur  l'ensemble 
d'une  loi,  il  est  procédé  à  l'appel  nominal.  On  suit  l'ordre 
alphabétique,  le  nom  du  premier  député  appelé  étant  tiré 
au  sort.  Chaque  député,  à  l'appel  de  son  nom,  doit  faire 
connaître  son  opinion  en  disant  distinctement  c>ui  ou  7102^. 
Après  quoi,  le  président  requiert  chacun  des  députés 
n'ayant  pas  voté  de  voter  ou  de  donner  les  raisons  de  son 
abstention.  Lorsque  plusieurs  lois  d'intérêt  local  ou  d'iii- 
lérèt  privé  ont  été  l'objet  d'un  seul  rapport  et  n'ont  pas 
rencontré  d'opposition,  elles  sont  soumises  en  bloc  à  un 
seul  vote  par  appel  nominal. 

IV.  Discipline  de  l'Asse3iblée.  —  Les  règles  obser^TCb 
pour  la  tenue  des  séances  sont  à  peu  près  les  mômes  qu'en 
France.  Les  orateurs  doivent  faire  inscrire  leur  nom  sur 
une  liste  :  ils  peuvent  demander  la  parole  de  leur  place 
et  ne  la  prennent  que  si  le  président  les  y  autorise.  Dans 
les  débats  importants,  on  suit  l'ordre  de  la  liste  en  alter- 
nant les  orateurs  pour,  les  orateurs  sur  et  les  orateurs 
contre.  Les  orateurs  sur  sont  ceux  qui  ont  des  amen- 
dements à  proposer,  amendements  qu'ils  doivent  déposer 
sur  le  bureau  en  quittant  la  tribune.  Les  orateurs  par- 
lent généralement  de  leur  place;  on  n'use  de  la  tribune 
que  pour  y  lire  des  rapports.  Il  n'est  pas  permis  de  parler 
plus  de  deux  fois  sur  la  môme  question,  à  moins  que  la 
Chambre  n'accorde  une  autorisation  spéciale.  Les  de- 
mandes d'ordre  du  jour,  de  priorité,  de  rappel  au  règle- 
lement  ont  la  priorité  sur  le  débat  principal  (fu'on  suspend 
pour  statuer  sur  elles.  La  question  préalable,  l'ajourne- 
ment, sont  mis  aux  voix  avant  les  motions  principales. 
Le  président  rappelle  à  la  question  l'orateur  qui  s'en 
écarte.  Après  deux  rappels  à  la  question,  sans  résultat,  la 
Chambre  est  consultée  sur  le  point  de  savoir  s'il  n'y  a 
pas  lieu  d'interdire  la  parole  à  l'orateur  pour  le  restant  de 
la  séance.  Si  un  membre  trouble  l'ordre,  il  y  est  rappelé, 
par  son  nom,  par  le  président;  si  le  rappel  à  l'ordre  est 
maintenu  par  l'Assemblée,  il  est  inscrit  au  procès-verbal. 
L'exclusion  peut  être  prononcée  contre  un  député  récal- 
citrant, pour  4o  jours  au  plus  ;  mais  s'il  est  constaté  que 
la  voix  du  député  exclu  eût  changé  le  sens  d'un  vote,  on 
doit  procéder  à  un  nouveau  scrutin  auquel  il  prendra  part. 
Si  la  Chambre  devient  tumultueuse,  le  président  peut 
lever  la  séance  ;  et  si  le  trouble  continue  à  la  reprise,  il 
peut  l'ajourner  pour  une  heure,  pendant  laquelle  les  dé- 
putés se  réunissent  dans  leurs  bureaux.  Lorsqu'un  débat 


PARLEMENTARISME  —  115^2 

est  épuisé  et  que,  de  toute  évidence,  la  majorité  témoigne 
de  la  fatigue  et  que,  de  toute  évidence  aussi,  la  minorité 
abuse  du  règlement  pour  faire  de  l'obstruction,  l'un  des 
jnembres  de  la  majorité  consulte  le  premier  ministre  et 
le  président  sur  l'opportunité  d'une  demande  de  clôture. 
S'ils  sont  tous  les  deux  de  cette  opinion,  d'autres  membres 
de  la  majorité  poussent  le  cri  de  «  la  clôture  »,  aussitôt 
que  le  membre  de  l'opposition  qui  a  la  parole  a  terminé 
son  discours.  La  parole  est  cependant  encore  accordée  à 
un  membre  de  la  majorité  et  à  un  membre  de  l'opposition. 
Lorsque  ce  dernier  a  terminé,  si  les  cris  de  «  la  clôture  » 
se  reproduisent  avec  plus  de  vigueur,  le  président,  sur 
la  motion  de  iO  membres  qui  se  font  connaître  en  se  le- 
vant de  leur  place,  met  la  clôture  aux  voix,  par  assis  et 
levé.  Mais  avant  de  poser  la  question,  il  doit  encore 
accorder  la  parole  pour  ou  contre  la  clôture.  Enfin  la 
minorité  peut  toujours  demander  un  appel  nominal. 

Congés.  Les  congés  ne  sont  pas  a(hnis;  ils  sont  rem- 
placés par  la  déclaration  d'absence  qui  n'admet  d'excuse 
que  pour  le  cas  de  maladie.  Cette  rigueur  a  produit  la 
pratique  du  couplage:  c.-à-d.  que  deux  membres  d'opi- 
nion contraire  et  également  empêchés  s'abstiennent  si- 
multanément de  paraître  à  la  Chambre,  en  avertissant  les 
chefs  de  partis. 

V.  Orgamsm'ion  drs  partis.  —  Les  partis  sont  si  for- 
tement organisés  en  Belgi(pie,  que  l'on  peut  connaître  à 
l'avance  le  résultat  de  tous  les  votes  importants.  Les  Belges 
ont  emprunté  à  l'Angleterre  l'institution  des  whips  par- 
lementaires. Lu  sorte  que  les  représentants,  sûrs  d'être 
avertis  en  temps  voulu  lorsqu'il  s'agit  d'un  vote  intéres- 
sant la  vitalité  du  ministère,  ne  s'occupent  guère,  avec 
passion,  que  des  grandes  discussions  politiques,  abandon- 
nant à  un  petit  noyau  tic  spécialistes  les  questions  d'af- 
faires. Au  reste,  le  parti  conservateur,  qui  s'appelle  le 
parti  catholi([ue  ou  le  pai'ti  clérical,  a  la  prééminence  ab- 
solue, avec  les  1 1^2  voix  dont  il  dispose  à  la  Chambre.  Il 
se  subdivise  en  :  une  gauche,  les  démocrates  chrétiens  ;  une 
droite,  les  catholiques  intransigeants  ;  un  centre,  les  ca- 
tholiques sans  qualification.  Le  parti  libéral,  subdivisé 
lui-même  en  doctrinaires  et  radicaux,  qui  joua  jadis  un 
rôle  si  brillant  sous  la  direction  de  Frère-Orban,  ne  pos- 
sède guère  que  12  voix.  Le  parti  sociaHste  ou  parti  ouvrier, 
qui  a  progressé  à  mesure  que  le  parti  libéral  s'effritait, 
ne  compte  pas  moins  de  28  membres  à  la  Chambre.  Mais 
en  admettant  même  le  groupement  persistant  de  ces  deux 
partis  d'opposition,  l'écart  entre  le  nombre  de  voix  dont 
ils  pourraient  se  prévaloir  et  celui  de  la  majorité  est  telle- 
ment formidable,  qu'ils  sont  réduits  à  l'impuissance. 

VL  Organisation  matérielle  ue  l'Assemdlée.  —  La 
Chambre  des  représentants  siège  avec  le  Sénat,  dans  le 
Palais  de  la  Nation,  reconstruit  en  188i.  C'est  un  édifice 
décoré  de  8  colonnes  cannelées  et  surmonté  d'un  fronton 
triangulaire.  Le  péristyle,  d'ordre  dorique,  aboutit  à  2  es- 
caliers en  marbre  d'une  belle  ordonnance  :  le  premier,  à 
droite,  conduit  à  la  Chambre  des  représentants;  le  second, 
à  gauche,  au  Sénat.  La  salle  des  séances  a  la  forme  d'un 
hémicycle  et  ses  dispositions  sont  analogues  à  celles  de 
de  notre  Chambre  des  députés.  Les  membres  du  parti  ca- 
tholique forment  la  droite  ;  ceux  du  parti  lil)éral,  la  gauche. 
Le  public  est  admis  sans  billets  dans  des  tribunes  spéciales. 
La  session  commence  le  deuxième  mardi  de  novembre 
pour  se  terminer  en  mai  ou  en  juin.  Les  séances  ont  lieu 
généralement  de  deux  heures  à  cinq  heures,  sauf  les  lundis 
et  samedis.  Le  président  dirige  les  services  administratifs. 
La  Chambre  publie  le  compte  rendu  in  extenso  de  ses 
débats  et  des  xinnales  parle)nentaires  qui  renferment 
tous  les  débats  et  les  documents  à  l'appui. 

VIL  Rapports  m:  l'Asse.miîlée  avec  l'autre  Chambre  et 
A\EC  LE  Gouvernement.  —  Ils  sont  sensiblement  les  mêmes 
que  ceux  qui  existent  entre  la  Chambre  et  le  Sénat  français. 
Le  Ministère.  Le  ca])inet  se  compose  des  chefs  des 
divers  départements  exécutifs  Les  ministres  sont  nom- 
més et  révoqués  parle  roi  qui  les  choisit  parmi  les  membres 


marquants  de  la  majorité  parlementaire  et  presque  toujours 
(sauf  le  ministre  de  la  guerre)  parmi  les  ,  membres  de  la 
Chambre  des  représentants.  Leur  responsabilité  devant 
le  souverain  est  plus  effective  qu'en  Angleterre.  Le  cabi- 
net se  réunit  sous  la  présidence  du  premier  ministre,  en  cas 
graves  sous  la  présidence  du  roi.  Ses  délibérations  sont 
secrètes,  et  il  n'en  est  pas  tenu  procès-verbal.  Les  ministres 
ont  le  droit  d'entrer  dans  les  deux  Chambres.  Ils  ont  une 
action  sérieuse  sur  le  travail  législatif.  Ils  sont  rarement 
interpellés  et  généralement  les  interpellations  n'ont  pas  de 
sanction  formulée  i)ar  un  ordre  du  jour.  Ils  peuvent  être 
mis  en  accusation  par  la  Chambre  des  représentants  et 
sont  alors  jugés  par  la  Cour  de  cassation. 

VIII.  Fin  de  l'Assemrlée.  —  Les  pouvoirs  de  la  Chambre 
des  représentants  expirent  normalement  au  bout  de  quatre 
ans,  à  dater  de  sa  convocation.  Le  roi  ne  peut  pas  la  dis- 
soudre ;  il  ne  peut  que  l'ajourner  pour  un  mois.  Elle 
ne  peut  être  dissoute  de  plein  droit  que  dans  le  cas  où 
elle  aurait  déclaré,  avec  le  Sénat,  qu'il  y  a  lieu  de  re- 
viser la  constitution. 

Sénat.  —  La  procédure  parlementaire  y  diffère  très 
peu  de  celle  qui  est  appliquée  à  la  Chambre  des  représen- 
tants. Aussi  n'entrerons-nous  point  dans  de  longs  détails. 
Le  Sénat  siège  en  môme  temps  que  la  Chambre  et  s'ajourne 
en  même  temps  qu'elle.  Ses  séances  sont  moins  nombreuses 
et  plus  régulières.  Pour  les  vérifications  d'élections,  l'As- 
semblée est  divisée  en  trois  comités  où  les  membres  sont 
répartis  de  telle  manière  qu'aucun  sénateur  ne  puisse 
examiner  une  élection  de  la  province  à  laquelle  il  appar- 
tient lui-même.  Les  élections  pour  le  bureau  définitif  ont 
lieu  à  la  majorité  absolue  des  voix.  Tout  sénateur  a  le 
droit  d'initiative,  mais  on  lui  demande  généralement  de 
rédiger  ses  propositions  sous  forme  de  lois,  de  les  signer 
et  de  les  déposer  sur  le  bureau  où  elles  sont  lues  par  un 
des  secrétaires.  Une  proposition  appuyée  par  2  membres 
est  développée  par  son  auteur  au  jour  fixé  par  le  Sénat. 
Mais  pour  qu'un  débat  puisse  ensuite  avoir  lieu,  il  faut 
que  4  membres  demandent  que  le  Sénat  prenne  en  consi- 
dération la  proposition  qui  lui  est  soumise.  —  Le  Sénat 
est  divisé  en  autant  de  commissions  qu'il  y  a  de  départe- 
ments ministériels.  —  Il  nomme  au  début  de  chaque  ses- 
sion un  comité  permanent  de  l'agriculture,  du  commerce 
et  de  l'industrie,  composé  de  9  membres  (un  de  chaque 
province).  A  chaque  séance  le  nombre  des  membres  pré- 
sents est  contrôlé,  au  moyen  d'un  appel  nominal  ;  s'il  est 
insuffisant,  l'ajournement  à  quatre  jours  est  prononcé,  et  la 
liste  des  sénateurs  présc«its  est  inscrite  au  procès- verbal. 
Au  Sénat  il  n'existe  même  pas  de  tribune.  Cette  Assem- 
blée peut  être  dissoute  en  même  temps  que  la  Chambre 
en  cas  de  re vision  de  la  Constitution. 

BULGARIE.  —  La  représentation  de  la  principauté  bul- 
gare consiste  dans  le  Sobranié,  qui  forme,  suivant  les 
cas  :  l'Assemblée  nationale  ordinaire  ou  la  Grande  Assem- 
blée nationale. 

Assemblée  nationale  ordinaire.  —  I.  Constitu- 
tion DE  l'Assemblée.  —  L'Assemblée  nationale  ordinaire 
comprend  des  représentants  élus  par  le  suffrage  direct 
dans  la  proportion  d'un  député  par  20.000  hab.  Les  dé- 
putés représentent  non  seulement  leur  circonscription, 
mais  toute  la  nation  :  aussi  leur  est-il  interdit  d'accepter 
aucun  mandat  obligatoire.  A  l'ouverture  de  la  session,  le 
doyen  d'âge  préside,  et  aussitôt  l'Assemblée  procède  à  l'élec- 
tion de  son  bureau  définitif,  composé  d'un  président,  de  2  ou 
3  vice-présidents,  de  12  à  44  secrétaires  et  de  4  questeurs. 

IL  Travail  intérieur.  ~  Pour  l'examen  des  projets  et 
propositions  de  loi,  il  est  institué  autant  de  commissions 
permanentes  qu'il  y  a  de  ministères,  savoir  :  Affaires  étran- 
gères et  Cultes,  Intérieur,  Finances,  Travaux  publics.  Com- 
merce et  Agriculture,  Justice,  Instruction  publique.  Guerre. 
Il  y  a  de  plus  une  commission  du  budget,  une  commission 
des  pétitions,  une  commission  de  comptabilité  du  Sobranié. 
C'est  le  bureau  qui  désigne  les  membres  des  commissions, 
et  il  leschoisit  le  plus  souvent  dans  la  majorité  del'Assemblée. 


—  1153  — 


PARLEMENTARISME 


îl  peut  y  avoir  des  commissions  spéciales  nommées  pour 
l'examen  de  projets  déterminés.  Les  rapporteurs  désignés 
par  les  commissions  déposent  leurs  rapports  en  manuscrit  : 
ces  rapports  ne  sont  pas  imprimés,  à  moins  que  l'Assem- 
blée ne  le  demande  formellement. 

Projets  et  propositions.  L'initiative  appartient  au 
prince  et  à  l'Assemblée.  Tout  député  qui  désire  présenter 
une  proposition  doit  être  soutenu  par  le  quart  des  membres 
présents.  Tout  projet,  ou  proposition,  peut  être  retiré  tant 
qu'il  n'aura  pas  été  voté  en  entier.  Un  projet  rejeté  en- 
tièrement ne  peut  être  présenté  à  nouveau  sans  modifi- 
cation, dans  la  même  session. 

IIL  Travail  en  séance  publique.  —  Les  projets  et  pro- 
positions doivent  passer  par  trois  lectures.  Ces  trois  lec- 
tures sont  obligatoires.  En  cas  d'urgence,  elles  peuvent 
avoir  lieu  le  même  jour.  La  première  lecture  n'est,  en 
somme,  que  notre  prise  en  considération  :  sauf  en  cas  de 
déclaration  d'urgence,  elle  doit  obligatoirement  donner 
lieu  à  un  débat  général.  Lorsque  le  projet  est  revenu  de 
Fexamen  des  commissions,  les  deuxième  et  troisième  lec- 
tures s'ouvrent  sur  le  rapport  manuscrit.  En  général,  on 
se  conforme  à  l'ordre  de  travail  suivant  :  procès-verbal, 
congés,  communications  à  l'assemblée,  ordre  du  jour 
(affaires  d'intérêt  local,  projets  de  loi,  propositions),  et  à 
la  fin  interpellations  ;  s'il  y  a  lieu. 

Interpellations.  Tout  député  a  le  droit  d'interpeller  le 
ministère  ;  mais  le  ministre  visé  par  une  interpellation 
n'est  tenu  de  répondre  qu'à  la  fin  de  la  session.  S'il  accepte, 
l'interpellation  est  toujours  discutée  à  la  fin  d'une  séance; 
et  seul  l'interpellateur  peut  intervenir.  Les  ministres  ré- 
pondent assez  volontiers  aux  simples  questions,  mais  l'As- 
semblée n'a  pas  le  droit  de  transformer  une  question  en 
interpellation. 

Amendements.  Les  députés  peuvent  amender,  com- 
pléter, corriger  les  projets  qui  sont  présentés  à  l'Assemblée. 
Les  amendements  doivent  être  présentés  oralement  et  non 
par  écrit.  Si  le  gouvernement  ne  consent  pas  aux  amen- 
dements, additions,  corrections  proposés,  il  doit  retirer  les 
projets  ou  les  présenter  de  nouveau  dans  leur  rédaction 
primitive  avec  des  éclaircissements  et  des  observations. 
Il  peut  encore  les  présenter  avec  les  amendements  et 
additions  qu'il  juge  à  propos  d'y  introduii^e. 

Votes.  Pour  que  les  votes  soient  valables,  il  faut  que 
plus  d'un  tiers  de  tous  les  représentants  soient  présents  à 
la  séance.  Les  députés  doivent  voter  en  personne  et  publi- 
quement. Le  vote  peut  être  secret,  si  10  membres  au  moins 
le  demandent  et  à  condition  que  cette  demande  soit  acceptée 
par  l'Assemblée.  L'Assemblée  décide  les  questions  à  la 
majorité  des  voix.  En  cas  de  partage,  le  projet  est  con- 
sidéré comme  rejeté. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  —  Le  président  veille 
à  la  tenue  des  débats  et  à  la  police  de  l'Assemblée.  Les 
députés  qui  désirent  parler  demandent  la  parole  au  cours 
de  la  séance.  Il  n'y  a  d'inscription  préalable  que  lorsqu'il 
s'agit  de  discuter  des  questions  très  importantes.  Comme 
mesures  disciplinaires,  il  n'existe  guère  que  le  rappel  à 
l'ordre,  qui  est  appliqué  par  le  bureau,  et  l'exclusion  pour 
la  durée  de  quelques  séances,  peine  qui  est  appliquée  par 
l'Assemblée  elle-même.  L'opposition  peut  difficilement  faire 
de  l'obstruction.  Elle  n'y  parvient  qu'en  réclamant  la 
constatation  du  quorum,  qui  sur  la  demande  d'un  seul 
député,  doit  être  faite  par  les  questeurs.  L'Assemblée  ne 
peut  en  effet  valablement  délibérer  en  l'absence  de  quo- 
rum et,  en  ce  cas,  dûment  constaté  par  les  questeurs,  le 
président  doit  lever  la  séance.  —  La  clôture  du  débat 
peut  être  demandée,  mais  le  président  ne  peut  la  pro- 
noncer avant  que  7  orateurs  aient  pris  la  parole. 

Congés.  Les  congés  de  moins  de  huit  jours  sont  accordés 
par  le  bureau  qui  en  rend  compte  auSobranié.  Les  congés 
de  plus  d'une  semaine  doiventêtre  accordés  par  l'Assemblée. 
Les  absences  non  justifiées  entraînent  la  suppression  de 
l'indemnité  législative  (c.-à-d.  20  fr.  par  jour,  pour  tout 
le  temps  de  la  session). 

GRANDE  encyclopédie.   —   XXV. 


V.  Organisation  des  partis.  —  Les  partis  sont  extrê- 
mement divisés,  en  sorte  qu'il  est  presque  impossible  de 
constituer  un  cabinet  homogène.  Comme  en  d'autres  pays, 
ils  se  distinguent  plutôt  par  le  nom  de  leurs  chefs  que 
par  des  dénominations  de  principe.  Dans  la  Chambre,  ils 
siègent,  comme  dans  notre  Chambre  des  députés,  et  de  la 
manière  suivante:  à  l'extrême  gauche,  les  libéraux  démo- 
crates dirigés  par  M.  Karavelov;  à  gauche,  les  Radosla- 
vistes,  ou  partisans  de  M.  Radoslavov,  formant  un  groupe 
compact  et  fort  influent;  au  centre  gauche:  1°  les  libé- 
raux nationaux,  qui  sont  tous  d'anciens  partisans  de  Stam- 
boulov;  2°lesTsankovistes  (partisans de  M.  Tsankov),  assez 
nombreux  ;  au  centre,  les  unionistes,  presque  tous  Rou- 
méliotes,  partisans  de  l'union  des  deux  Bulgaries,  qui  s'al- 
lient tantôt  avec  les  libéraux,  tantôt  avec  les  conserva- 
teurs, et  forment  un  groupe  important  ;  au  centre  droit, 
les  conservateurs  dont  le  chef  est  M.  Stoilov  qui,  alliés 
aux  unionistes,  ont  formé  h  parti  national;  enfin,  à 
l'extrême  droite,  M.  Natchevitch  et  quelques  amis  person- 
nels, groupe  réactioimaire  dont  le  chef  a  fait  partie  de  tous 
les  ministères. 

VI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  Le 
Sobranié  siège  à  Sophia,  dans  un  palais  construit  en  1883 
et  aménagé  à  peu  près  comme  nos  Chambres.  Il  y  a  une 
tribune  pour  les  orateurs.  Les  ministres  siègent  autour 
d'une  table  placée  à  droite  de  la  tribune  et  ils  parlent 
de  cette  table  et  jamais  de  la  tribune.  Le  prince  convoque 
régulièrement  l'Assemblée  chaque  année.. La  session  dure 
du  15  oct.  au  15  déc.  ;  il  peut  y  avoir,  en  cas  de  be- 
soin, des  sessions  extraordinaires.  De  même  la  durée  de 
la  session  ordinaire  peut  être  prolongée,  mais  il  faut  que 
ce  soit  du  consentement  mutuel  du  prince  et  de  l'As- 
semblée. L'ouverture  et  la  clôture  de  la  session  sont  faites 
par  le  prince  en  personne  ou  par  un  délégué  désigné  spé- 
cialement à  cet  effet.  Les  séances  ont  lieu  trois  fois  par 
semaine  (lundi,  mardi  et  vendredi)  ;  elles  ouvrent  à  une 
heure  de  l'après-midi  et  durent  jusqu'à  cinq  heures  du 
soir,  se  prolongeant  parfois  jusqu'à  minuit.  Le  samedi  est 
réservé  aux  pétitions.  Les  séances  sont  publiques.  Cepen- 
dant le  président,  l'un  des  ministres  ou  3  membres  de 
l'Assemblée  peuvent  proposer  le  huis  clos.  Cette  proposi- 
tion est  discutée  et  décidée  par  le  vote  des  membres  pré- 
sents à  la  majorité  des  voix.  Personne  ne  peut  entrer  armé 
dans  l'enceinte  du  palais  législatif  et  dans  la  salle  des 
séances.  Des  gardes  militaires  et  des  forces  armées,  en 
général,  ne  doivent  pas  être  placées  auprès  des  portes  de 
la  salle  des  séances,  ni  dans  le  bâtiment  de  l'Assemblée 
lui-même,  ni  près  de  ce  bâtiment,  à  moins  que  l'Assemblée 
ne  le  désire.  Le  président  veille  à  la  police  intérieure,  et 
le  personnel  nécessaire  est  mis  sous  ses  ordres.  Les  ques- 
teurs dirigent  les  services  intérieurs,  qui  comprennent 
une  cinquantaine  d'employés.  Les  services  législatif  s  sont: 
la  chancellerie  et  le  procès- verbal  analytique,  les  archives, 
la  sténographie.  L'Assemblée  imprime  le  moins  possible 
de  documents. 

Le  règlement  de  l'Assemblée  est  tellement  vague,  sur 
presque  tous  les  points,  qu'en  1895-96  MM.  Guéchov  et 
Youroukov  en  ont  proposé  la  refonte  complète  en  se  gui- 
dant sur  les  grandes  lignes  des  règlements  de  nos  Chambres 
françaises  ;  mais  ce  projet  n'a  pas  été  adopté  par  le  So- 
branié. 

VIL  Rapports  de  l'Assemblée  avec  le  pouvoir  exécutif. 
—  Les  ministres  peuvent  assister  aux  séances  de  l'As- 
semblée et  prendre  part  à  ses  discussions.  Ils  doivent 
être  entendus  chaque  fois  qu'ils  le  désirent.  Le  prince 
peut,  au  lieu  et  place  des  ministres  ou  conjointement 
avec  eux,  nommer,  pour  présenter  des  explications  sur  les 
projets  de  loi,  des  commissaires  spéciaux  qui  jouissent  des 
mêmes  droits  que  les  membres  du  cabinet.  L'Assemblée 
peut  inviter  les  ministres  et  commissaires  à  assister  à  ses 
séances  pour  donner  les  renseignements  et  éclaircisse- 
ments nécessaires.  Ministres  et  commissaires  sont  obligés 
de  se  rendre  à  ces  convocations  et  en  personne.  Les 

73 


PARI^ÇMENTARtSME  —  M34  — 

projeta  de  loi  soiU  présentés  à  l'Assemblée  par  les  minis- 
tres |*espectifs,  sur  un  ordre  du  prince. 

Conseil  des  ministres.  Le  coiiseil  est  composé  de  tous 
les  ministres  ;  un  d'entre  eux,  au  choix  du  prince,  est 
nomiiié  pî^ésident  du  conseil.  Les  ipinistres  sopt  nommés 
et  révoqués  par  le  prince.  Ils  sont  responsables  collecti- 
vement devant  le  pnpce  et  l'Assemblée  nationale  pour 
toutes  les  mesures  prises  en  commun,  et  chacun  person- 
nellement pour  ses  actes,  dans  les  limites  de  ses  attributions, 
lis  peuY§nt  être  mis  en  accusation  par  l'Assemblée  natio- 
nale pour  trahison  envers  la  patrie  où  le  prince,  pour 
violation  je  la  constitution,  pour  prévaricatiop  ou  préju- 
dice causé  à  la  principauté  dans  un  but  d'intérêt  personnel. 
Toute  proposition  de  luise  en  accusation  d'un  ministre 
doit  être  présentée  par  éçrjt,  énumérant  tous  les  chefs  d'ac- 
cusation ^t  être  signée  au  moins  par  un  quart  des  meinbres 
de  l'Assemblée  nationale.  Pour  la  mise  en  jugenient  d'un 
ministre,  la  majorité  des  deux  tiers  des  membres  présents 
de  J'x4s§emblée  est  nécessaire.  Les  ministres  sont  jngés  par 
un  tribunal  d'Etat  spécial. 

VIII.  Fin  de  l'Assemblée.  —  Les  pouvoirs  des  députés 
sont  valables  pendant  cinq  ans,  à  dater  du  décret  de  con- 
vocation. Le  prince  a  le  droit  de  prorogation,  mais  pour 
deux  moi^  au  plus.  Une  seconde  prorogation  dans  le  cours 
d'une  mènxe  session  n©  peut  avoir  Heu  sans  le  consente- 
ment de  l'Assemblée.  Le  prince  peut  dissoudre  l'Assemblée. 
Grande  Assemblée  nationale.  —  Elle  se  compose  de 
représentants  élus  directement  par  ^e  peuple,  dont  le  nombre 
est  double  de  celui  des  membres  de  l'Assemblée  nationale. 
Le.  burej^u  se  compose  d'un  président,  d'un  vice-président 
et  de  secrétaires  élus  par  l' Assemblée  parmi  ses  membres. 
Jiisqu'à  ce  que  ces  élections  aient  eu  lieu,  le  doyen  d'âge 
préside.  La  gvande  Assemblée  nationale  est  convoquée 
par  le  prince,  par  la  régence  ou  par  le  conseil  des  mi- 
nistres. 

Elle  est  convoquée  par  le  prince  :  pour  discuter  les 
questions  (Je  cession  ou  d'échange  de  quelque  partie  du 
territoire  dQ  la  principauté  ;  pour  se  prononcer  sur  la  ques- 
tion de  savoir  si  le  pj^ince  de  Bulgarie  pourra  être  en 
même  temps  le  souverain  d'un  autre  Etat  ;  pour  modifier 
au  révise^'  la  constitution.  Le  vote  doit  réunir  la  majorité 
des  deux  tiers  des  voix  de  tous  les  membres  de  l'Assemblée. 
Elle  est  convoquée  par  la  régence  :  pour  examiner  les 
questions  d'aliénations  ou  d'échange  de  quelque  partie  du 
territoire  de  la  principauté.  Le  vote  doit  réunir  la  majo- 
rité des  membres  présents. 

Elle  est  convoquée  pai^  le  conseil  des  ministres  :  i*^  pour 
élire  un  nouveau  prince,  dans  le  cas  où  le  prince  régnant 
meurt  sans  laisser  d'héritier  ;  l'élection  se  fait  à  la  ma- 
jorité des  deux  tiers  des  membres  présents  ;  2*^  pour  élire 
les  régents  pendant  la  minorité  du  prince  ;  l'élection  se 
fait  à  la  majorité  des  membres  présents. 

BxVNEMARK. — Le  Parlemejit  danois  ouRigsdag  se  com- 
pose d'un  Sénat  ou  Landstking  et  d'une  Chambre  des  dé- 
putés ou  Folkething, 

Folkething.  —  I.  Lonsiuution  de  l'Aî^semdlée.  — 
Les  premières  séances  d'une  session  nouvelle  sont  présidées 
pm*  le  doyen  de  l'Assemblée.  Lorsqu'un  nombre  suffisant 
d'élections  ont  été  vériftées,  on  procède  à  la  nomination 
d'un  président,  de  2  vice-présidents  et  de  4  secrétaires, 
qui  ne  demeurent  en  fonction  que  quatre  semaines. 

IL  Travail  lntérieur.  —  Au  début  de  chaque  session, 
4  commissions  permanentes  sont  nommées  :  î  ^  commis- 
sion de  règlement  des  travaux  de  l'Assemblée,  composée 
des  2  viee-présidents  et  de  4  membres  ;  2^  commission 
des  pétitions  (9  membres)  ;  3*^  commission  des  élections 
(7  membres)  ;  4°  commission  des  finances  (o  membres). 
Cette  dernière  commission  est  chargée  de  la  revision  des 
comptes  de  l'exercice  financier  précédent  (  l^^'  avr.-31  mars) 
présentés  par  les  reviseurs  d'Etat,  dont  2  sont  nommés 
par  le  Folkething  et  2  par  le  Landsthing.  Les  reviseurs 
recherchent  les  causes  des  augmentations  budgétaires  et 
font  un  rapport  de  leurs  constatations.  Les  ('hambres  déci- 


dent ensuite  si  les  ministres  doivent  être  tenus  respon- 
sables des  augmentations  de  dépenses  ou  s'il  faut  leur  en 
donner  quittus.  Des  commissions  spéciales  peuvent  être 
nommées  pourl'examen  de  tous  projets  de  loi,  motions,  etc. 
Elles  nomment  un  président  et  un  rapporteur  qu'on  ap- 
pelle orateur.  Il  y  a,  en  outre,  4  sections  composées  d'un 
nombre  égal  de  membres  et  chargées  de  la  vérification  des 
pouvoirs.  En  Danemark,  le  travail  fait  dans  les  biu'eaux 
et  commissions  est  très  considérable  et  très  effectif,  ce  qui 
abrège  d'autant  le  travail  en  séance  publique. 

III.  Travail  en  séance  publique.  —  Les  projets  et  propo- 
sitions de  lois  ayant  été  imprimés  et  distribués  sont  portés 
à  Tordre  du  jour.  Ils  sont  soumis  à  trois  lectures.  Dans  la 
première,  la  Chambre  examine  l'ensemble  et  aucun  membre 
ne  peut  prendre  la  parole  plus  de  deux  fois  sans  le  con- 
sentement formel  de  l'Assemblée,  sauf  les  secrétaire.. 
d'Ltat,  l'auteur  de  la  proposition,  le  rapporteur  de  la 
commission.  A  la  seconde  lecture,  qui  doit  avoir  Heu  deux 
jours  au  moins  après  la  première,  les  articles  sont  discutés  en 
même  temps  que  les  amendements  qui  s'y  réfèrent.  Lorsque 
des  amendements  sont  adoptés,  la  Chambre  doit  décide i- 
par  un  vote  si  la  proposition  ainsi  modifiée  sera  soumise 
à  la  troisième  leclure.  Cette  troisième  lecture  doit  avoir 
lieu  deux  jours  au  moins  après  la  seconde.  On  peut  encore 
présenter  des  amendements  et  même  des  amendements  aux 
amendements  adoptés,  mais  ce  droit  appartient  non  plus  à 
chaque  député,  comme  en  seconde  lecture,  mais  seulement 
à  la  commission,  au  ministre  intéressé,  ou  à  un  groupe  de 
15  députés.  Le  projet  est,  après  la  fin  du  débat,  relu  en 
entier  à  haute  voix  par  un  secrétaire,  puis  on  vote  sur 
l'ensemble.  Les  motions  présentées  par  les  députés  sont 
prises  ou  non  en  considération  par  la  Chambre,  mais  tou- 
jours à  une  séance  ultérieure  à  celle  où  elles  ont  été  dé- 
posées. 

InterpelhUions .  Les  demandes  d'interpellation  doivent 
être  remises  par  écrit  au  président  qui  les  soumet  à  lu 
Chambre.  La  Chambre  décide  à  la  séance  qui  suit  celle  ou 
cette  communication  a  été  faite  si  elle  donne  ou  non  son 
assentiment  à  l'interpellation.  Si  elle  y  consent,  la  de- 
mande est  adressée  parle  président  au  ministre  intéressé, 
et  un  jour  est  fixé  pour  le  développement  de  TinterpelKi- 
tion. 

Voles.  Les  votes  ne  sont  valables  que  s'ils  sont  rendus 
par  la  majorité  de  r.\ssemblée  (la  moitié  plus  un).  Une 
motion  ordinaire  peut  être  adoptée  à  la  majorité  des 
membres  présents,  sauf  en  cas  d'urgence  où  la  majorité  des 
trois  quarts  est  nécessaire.  Les  députés  votent  générale- 
ment par  assis  et  levé,  le  résultat  étant  contrôlé  par  les  se- 
crétaires. Si  ce  résultat  est  douteux  ou  lorsque  4  2  membres 
le  demandent  par  écrit,  on  procède  au  vote  par  appel  no- 
minal, et,  si  25  membres  le  demandent,  on  vote  à  l'aide 
de  boules.  Mais  en  ce  dernier  cas,  si  25  autres  membres 
se  lèvent  pour  protester,  la  Chambre  doit  trancher  la  ques- 
tion. Les  élections  au  sein  de  l'Assemblée  se  font,  soit  par 
le  scrutin  de  pluralité,  soit,  si  15  membres  le  demandent, 
par  scrutin  proportionnel.  Le  scrutin  proportionnel  con- 
siste en  ce  que  le  nombre  de  suffrages  exprimés  est  divisé 
par  celui  des  personnes  à  élire,  et  le  quotient  sert  ensuite 
de  base  aux  opérations  suivantes  :  les  bulletins  ayant  été 
tous  réunis  et  mélangés  dans  l'urne,  le  président  les  dé- 
plie i'mi  après  l'autre  et  lit  le  premier  nom  inscrit  sur 
chacun.  Les  bulletins  sur  lesquels  le  même  nom  est  inscrit 
en  tète  sont  mis  ensemble,  et  dès  que  le  chiffre  de  ces  suf- 
frages en  arrive  à  se  confondre  avec  celui  du  quotient,  la 
lecture  est  interrompue.  On  procède  pour  canti\)le  à  un 
second  comptage ,  et,  s'il  concorde  avec  le  premier,  le 
membre  est  déclaré  élu.  La  lecture  est  easuite  reprise,  le 
nom  de  l'élu  étant  laissé  de  côté  s'il  se  rencontre  de  nou- 
veau, et,  en  ce  cas,  c'est  le  second  qui  est  compté  à  sa 
place.  Un  nouveau  candidat  atteint  le  chiffre  du  quotient 
et  est  proclamé.  Reprise  de  la  lecture  et  nouveau  comp- 
tage pour  le  troisième  candidat  en  négligeant  les  noms  des 
deux  autres,  et  ainsi  de  suite. 


1155 


PARLEMENTARISME 


IV.  Discipline  ul  l  x\bSE>iBLÉE.  —  Le  président  est 
chargé  de  maintenir  l'ordre  et  de  diriger  les  travaux  de 
l'Assemblée.  Il  accorde  la  parole  à  tout  député  qui  la  de- 
mande. Il  a  le  droit  de  le  rappeler  à  l'ordre  s'il  s'en  écarte, 
et,  après  deux  appels  inefficaces,  de  proposer  à  la  Chambre 
de  lui  retirer  la  parole  pour  la  durée  de  la  séance.  En  cas 
de  tumulte,  la  séance  peut  être  suspendue  et  même  ajour- 
née. En  théorie,  les  marques  d'approbation  et  de  désappro- 
bation sont  interdites.  Lorsque  le  président  est  d'avis  que 
le  débat  se  prolonge  outre  mesure,  il  peut  proposer  la  clô- 
ture, qui  est  mise  aux  voix  sans  discussion.  La  clôture  peut 
être  encore  mise  aux  voix  sur  la  demande  de  15  membres. 
Mais  il  est  extrêmement  rare  que  la  clôture  soit  demandée 
ou  appliquée  à  la  Chambre  danoise.  D'ordinaire,  c'est  le 
président  qui  règle  l'ordre  du  jour,  mais,  si  25  membres 
le  demandent  par  écrit,  il  peut  être  fixé  par  la  Chambre. 

Congés.  Aucun  député  ne  peut  s'absenter  plus  de  trois 
jours  sans  la  permission  du  président  qui  a  le  droit  d\\u- 
loriser  une  absence  de  quinze  jours  au  plus.  Au  delà,  c'est 
la  Chambre  qui  doit  prononcer. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Durant  des  années  ce 
Nont  les  questions  constitutionnelles  qui  ont  alimenté  l'ac- 
tivité des  partis  et  même  entravé  les  travaux  législatifs  du 
Parlement.  En  1894,  les  modérés  et  la  droite  conclurent 
une  alliance  pour  créer  une  majorité  capable  de  réaliser 
une  œuvre  effective.  Mais  les  élections  de  1895  ne  furent 
pas  favorables  à  cette  alliance,  et  la  droite  perdit  un  grand 
nombre  de  sièges  :  elle  se  trouva  ainsi  dépouillée  de  la  ma- 
jorité relative  qu'elle  avait  eue  dans  la  Chambre.  Use  forma 
alors  unenouvelle  union  conservatrice  qui  senommalajeurie 
droite  et  qui  compte  dans  FAssemblée  i6  membres.  La 
gauche  jadis  unie  se  compose  de  radicaux  (63  membres), 
d'amis  deS'  paysans  (23  membres).  Quant  au  centre, 
qu'on  appelait  le  parti  national-libéral,  il  s'est  fondu  dans 
la  droite.  Les  socialistes,  très  remuants,  sont  au  nomJjre 
de  12.  Les  élections  de  1898  ont  donné  la  majorité  aux  ra- 
dicaux auxquels  se  sont  souvent  ralliés,  pour  faire  échec  à 
la  droite,  les  modérés,  les  socialistes,  et  môme  les  agra- 
riens. 

VI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  Le 
Rigsdag  siégeait  a  Copenhague  dans  le  palais  de  Christians- 
horg  qui  a  été  brûlé  en  1884.  Depuis,  les  Chambres  ont  été 
installées  tant  bien  que  mal  dans  le  Rigsdagsbygning,  sur 
la  Fredericiagade.  Les  sessions  commencent  en  octobre. 
Le  public  est  admis  aux  séances  qui  ont  Meu  à  une  heure 
de  l'après-midi  ;  le  président  est  chargé  de  la  police  des 
galeries  qu'il  peut  faire  évacuer  si  bon  lui  semble.  Les  dis- 
positions intérieures  concernant  les  places  des  députés  et 
du  bureau,  etc.,  sont  les  mômes  que  dans  la  plupart  des 
Parlements.  Les  orateurs  parlent  généralement  de  leur 
place.  L'administration  intérieure  est  placée  sous  les  ordres 
d'un  clerc  principal  qui  est  nommé  et  révoqué  par  la 
Chambre  sur  la  proposition  du  président.  Il  est  chargé  des 
(ravaux  législatifs,  de  la  garde  des  archives  et  de  la  pu- 
blication de  la  Gazette  du  Folkettiing  qui  contient  les  dé- 
bats et  documents  parlementaires. 

VIL  Rapports  i>e  l'Assemblée  avec  l'altre  Chaihjke 
ET  AVEC  le  Gouvernement.  —  Lorsqu'un  projet  de  loi  a  étc 
adopté  par  la  Chambre,  le  président  le  transmet  au  pré- 
sident de  l'autre  Chambre.  S'il  est  amendé  par  celle-ci, 
il  est  immédiatement  renvoyé  à  la  commission  qui  l'a  déjà 
examiné.  Deux  jours  après  le  dépôt  du  rapport  if  est  mis 
en  délibération,  suivant  la  procédure  appHquée  pour  la 
ti'oisième  lecture,  mais  avec  cette  différence  qu'aucun 
membre  ne  peut  présenter  d'amendements.  Si  le  projet  est 
alors  adopté  dans  la  forme  où  il  Fa  étépar  l'autre  Chambre, 
le  président  le  transmet  au  président  du  Conseil.  Sinon  il 
est  retourné  encore  à  l'autre  Chambre,  et,  si  le  conflit  se 
prolonge,  on  nomme  un  comité  mixte  dont  le  rapport  est 
soumis  aux  deux  Chambres  et  sur  lequel  elles  prennent 
une  résolution  finale. 

Le  Ministère.  Les  ministres,  nommés  par  le  roi,  diri- 
gent les  divers  départements  exécutifs  sous  leur  respon- 


I    sabilité.  Ils  peuvent  être  mis  en  accusation,  soit  par  le 
,   roi,  soit  par  le  Folkething  devant  le  Rigsret  pour  les  faits 
I   concernant  leur  administration.  S'ils  sont  condamnés  par 
,   cette  haute  Cour,  le  roi  n'a  pas  le  droit  de  leur  faiie 
;   remise  de  leur  peine  à  moins  que  le  Folkething  n'y  coii- 
,   sente  formellement.  Un  conseil  d'Etat,  présidé  par  le  roi, 
I   prépare  toutes  les  lois  et  les  mesures  de  gouvernement 
I   importantes.  Lorsque  le  roi  ne  peut  tenir  ce  conseil,  ses 
I   attributions  sont  dévolues  au  Conseil  des  ministres  qui  se 
réunit  sous  la  présidence  du  président  du  Conseil.  Chaque 
ministre  donne  son  avis,  puis  son  vote,  et  les  décisions 
sont  prises  à  la  majorité.  Les  procès-verbaux  des  séances 
'   sont  rédigés  et  mentionnent  les  scrutins.  Ce  registre  confié 
au  président  du  Conseil  est  contresigné  par  tous  les  mi- 
nistres. Il  est  présenté  au  roi  qui  tantôt  sanctionne  immé- 
diatement les  propositions  de  son  Conseil  des  ministres, 
tantôt  décide   qu'elles  seront  l'objet    d'un   rapport    ;'il 
Conseil  d'Etat.  Les  ministres   ont  leur  entrée  'dans   le-. 
deux  Chambres,  où  ils  peuvent  prendre  la  parole  au.:)hi 
souvent  qu'ils  le  désirent.  Mais  ils  ne  peuvent  prendre  part 
au  vote  à  moins  qu'ils  ne  fassent  partie  de  l'Assemblée. 

VIILFiNDE  l'Assemblée.  —  Le  Folkething  se  renouvelb' 
tous  les  trois  ans.  Il  peut  être  dissous  parle  roi,  mais,  enca^ 
de  dissolution,  l'autre  Assemblée  ne  reprend  ses  séances 
que  le  jour  de  la  réunion  du  nouveau  Folkething. 

Landsthing.  ■—  Les  choses  se  passent  à  peu  près  de 
même  au  Landsthing  qui  est  un  Sénat.  Ce  Sénat  peutd'aiL 
leurs  être  dissous  par  le  roi,  tout  comme  la  Chambre.  Il 
nomme  un  certain  nombre  de  ses  membres  qui, pendant  quatre 
ans,  avec  un  égal  nombre  de  membres  de  la  Cour  suprême 
du  royaume,  feront  partie  du  Rigsret  ou  haute  Cour  de- 
vant laquelle  sont  jugés  les  ministres,  soit  surla  demande 
du  roi,  soit  sur  celle  du  Folkething.  —A  l'ouverture  d'une 
session,  c'est  le  doyen  de  la  haute  Assemblée  qui  préside 
et  conserve  le  fauteuil  jusqu'après  les  vérifications  d'élec- 
tions. Le  bureau  définitif  conserve  ses  fonctions  jusqu'à  la 
tin  de  la  session.  Le  président  dirige  l'administration  in- 
térieure par  l'intermédiaire  d'un  secrétaire  qui  a  dans  ses 
attributions  la  publication  et  le  contrôle  de  la  Gazette  du 
Landstfiing  et  la  confection  des  tables  des  gazettes  des 
deux  Chambres. 

ESPAGNE.  —  Le  Parlement  espagnol,  ou  Cartes,  com- 
prend deux  Chambres,  le  Sénat  et  le  Congrès  des  députés. 
Congrès  des  députés.  ~  ï.   Constitution  de  l'As- 
semblée. —  Au  début  d'une  session,  les  députés  nouvelle- 
ment élus  se  présentent  au  secrétariat  de  la  Chambre  avec 
les  certificats  de  leur  élection  dont  le  secrétaire  prend  note 
au  fur  et  cà  mesure  de  leur  présentation  et  en  les  numéro- 
tant. Le  jour  qui  précède  l'ouverture  des  Chambres,  les  dé- 
putés se  réunissent,  à  dix  heures  du  matin,  au  palais  législa- 
tif. Le  premier  inscrit  sur  la  liste  des  secrétaires  occupe  îc 
fauteuil  de  la  présidence  et  procède  à  l'élection  des  membres 
qui  devront  accompagner  le  roi  et  la  famille  royale  à  leur 
entrée  et  d  leur  sortie  du  palais  législatif,  lors  de  l'ou- 
verture solennelle  de  la  session.  Le  lendemain  de  cette  ou- 
verture, on  nomme  le  bureau  provisoire  qui  se  compose 
de  :  1  président,  4  vice-présidents  et  4  secrétaires.  Les  élec- 
tions sont  vérifiées  par  une  commission  de  15  membres 
qui  examine  celles  cj[ui  ne  donnent  lieu  à  aucune  contestation 
ou  seulement  à  des  contestations  peu  graves  et  renvoie  les 
dossiers  qui  prêtent  à  discussion  à  un  conseil  des  «  actas 
graves  >>  composé  de  2  {députés.  Lorsqu'un  nombre  suf- 
fisant d'élections  ont  été  vérifiées,  on  nomme  le  bureau  per- 
manent, composé  comme  le  bureau  provisoire.  La  Chambre 
est  alors  constituée. 

IL  Travail  prÉRiEUH  —  Sections  et  commissions. 
Dès  la  constitution  de  l'Assemblée,  on  procède,  par  la  voie 
du  sort,  à  la  division  en  7  sections,  composées  chacune  d'un 
égal  nombre  de  membres.  Chaque  section  nomme  1  pré- 
sident, 1  vice-président,  1  secrétaire,  1  vice-secrétaire  et 
examine  les  projets  de  lois  qui  lui  sont  renvoyés  ;  elle  dé- 
signe ensuite  un  de  ses  membres  qui,  avec  les  6  nommés 
par  les  6  autres  sections,  formera  la  commission  chars^ée 


PARLEMENTARISME 


—  1156  — 


de  rapporter  le  projet.  C'est  le  procédé  français,  qui  est 
également  appliqué  dans  le  choix  et  le  mode  de  délibéra- 
tion des  commissions  spéciales.  Les  commissions  dites  per- 
manentes sont  :  la  commission  des  finances  (35  membres), 
la  commission  de  l'examen  des  comptes;  la  commission 
des  grâces  et  pensions  (7  membres),  la  commission  des 
pétitions  (mensuelle)  ;  la  commission  de  règlement  inté- 
rieur (7  membres,  plus  le  président  du  Congrès  et  le  pre- 
mier secrétaire),  la  commission  de  revision  des  comptes 
rendus  (2  députés  et  un  des  secrétaires).  Tous  les  députés 
et  les  ministres  ont  le  droit  d'assister  aux  séances  des 
commissions. 

Pivjets  et  propositions.  Les  projets  émanant,  soit  du 
gouvernement,  soit  de  l'autre  Chambre  sont  immédiate- 
ment renvoyés  aux  sections.  Ceux  qui  proviennent  de  F  ini- 
tiative parlementaire,  signés  de  7  membres  au  plus,  sont 
remis  au  président  et  transmis  par  lui  aux  sections  qui 
décident  si  leur  lecture  sera  ou  non  autorisée.  Lorsque 
cette  autorisation  a  été  donnée,  un  des  auteurs  de  la 
proposition  la  présente  à  la  Chambre.  Si  elle  est  prise 
en  considération,  elle  est  renvoyée  de  nouveau  aux  sec- 
tions, qui  nomment  la  commission  qui  sera  chargée  de 
l'examiner  et  de  la  soumettre  à  la  Chambre  sous  forme 
de  rapport. 

IIL  Travail  en  séance  publique.  —  Lorsqu'une  com- 
mission a  terminé  ses  travaux,  elle  en  informe  le  prési- 
dent qui  fixe  un  jour  pour  la  discussion.  Il  est  à  noter 
que  seules  les  décisions  d'une  commission,  qui  portent  sur 
des  objets  importants,  font  l'objet  d'un  rapport  imprimé. 
De  même,  il  faut  qu'il  s'agisse  d'objets  importants  pour 
que  la  discussion  porte  d'abord  sur  l'ensemble,  ensuite 
sur  les  articles.  Le  débat  est  réduit  au  strict  minimum 
pour  toutes  les  lois  d'intérêt  local  ou  autres  sans  grande 
importance  ou  pour  lesquelles  la  Chambre  ne  réclame 
pas  elle-même  une  discussion  étendue.  Les  projets  de  co- 
dification peuvent,  par  contre,  donner  lieu  à  plusieurs  dis- 
cussions générales  sur  les  livres  ou  titres  qu'ils  compren- 
nent. 

Interpellations  et  questions.  Tout  député  a  le  droit 
d'interpeller  les  ministres,  à  condition  de  faire  connaître, 
d'une  manière  explicite,  soit  par  écrit,  soit  verbalement, 
l'objet  de  son  interpellation.  Pour  le  reste  et  pour  les 
questions,  on  suit  d'ailleurs  la  même  procédure  qu'en 
France. 

Amendements.  Aucun  amendement  n'est  admis  s'il 
n'est  appuyé  par  7  députés,  et  s'il  n'est  présenté  avant  le 
débat.  Après  avoir  été  lus,  ils  sont  renvoyés  à  la  commis- 
sion compétente.  Ils  reviennent  ensuite  devant  l'Assem- 
blée, en  même  temps  que  le  projet  auquel  ils  se  réfèrent  ; 
lus  alors  une  seconde  fois,  ils  sont  défendus  par  l'un  de 
ceux  qui  les  ont  présentés.  Après  qu'un  des  membres  de 
la  commission  a  répondu,  la  Chambre  est  consultée  sur 
leur  prise  en  considération.  S'ils  sont  pris  en  considéra- 
tion, ils  sont  discutés  avant  l'article  auquel  ils  se  ratta- 
chent. 

Votes.  Les  scrutins  ont  lieu:  soit  1°  ^ar  assis  et  levé; 
soit  2*^  par  appel  nominal;  soit  3^  par  bulletins  ;  soit 
4<^  par  boules.  Le  scrutin  n°  1  est  le  plus  employé,  ses 
résultats  sont  annoncés  par  un  des  secrétaires.  S'il  y  a 
doute,  ou  sur  la  réclamation  d'un  député,  le  président  dé- 
signe deux  des  députés  qui  ont  voté  pour,  et  deux  des 
députés  qui  ont  voté  contre,  afin  de  compter  les  votants 
pour  et  contre.  Aucun  député  ne  peut  entrer  dans  la  salle 
des  séances  ni  en  sortir  pendant  que  le  comptage  a  lieu. 
S'il  y  a  encore  doute,  soit  parce  que  l'écart  entre  les  voix 
n'est  que  de  trois,  soit  parce  que  les  compteurs  ne  sont 
pas  d'accord,  soit  parce  que  7  députés  le  demandent,  on 
procède  au  scrutin  n^  2.  Les  députés  sont  appelés  suivant 
l'ordre  dans  lequel  ils  sont  assis  et  répondent  par  oui  ou 
par  non.  Le  scrutin  n°  3  est  employé  pour  les  élections. 
Les  députés  restent  à  leurs  places  et  des  huissiers  recueil- 
lent leurs  bulletins  dans  des  lu'nes.  Le  scrutin  n°  4  ou 
scrutin  secret  a  heu  lorsqu'il  s'agit  de  décider  une  en- 


quête sur  la  conduite  d'une  personne,  ou  lorsque  les  deux 
tiers  de  la  Chambre  le  demandent.  Chaque  député,  à  l'ap- 
pel de  son  nom,  reçoit  du  président  une  boule  blanche 
et  une  boule  noire.  Il  dépose  l'une  des  deux  boules  (blanche 
=2  oui;  noire  =  non),  dans  l'urne  destinée  au  vote  et 
l'autre  dans  une  urne  de  contrôle.  Le  président  et  les  se- 
crétaires comptent  les  boules,  et  un  des  secrétaires  an- 
nonce le  résultat  des  votes.  Pour  qu'un  vote  soit  valable, 
il  faut  qu'il  réunisse  la  moitié  plus  un  du  nombre  total 
des  députés. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  —  Le  président  ouvre 
et  clôt  les  séances  du  Congrès  ;  il  indique  les  jours  où  elles 
seront  tenues,  maintient  l'ordre,  dirige  les  discussions, 
accorde  la  parole  aux  députés  dans  l'ordre  oti  ils  Font  de- 
mandée, etc.  A  la  fin  de  chaque  séance,  il  annonce  les 
objets  qui  seront  discutés  dans  la  suivante.  70  députés  au 
moins  doivent  être  présents  pour  qu'une  séance  soit  ou- 
verte. Les  députés  parlent  alternativement  pour  et  contre, 
suivant  l'ordre  dans  lequel  ils  ont  demandé  la  parole. 
Mais  il  n'est  pas  permis,  sur  n'importe  quelle  question,  à 
plus  de  6  orateurs  (3  pour,  3  contre)  de  se  faire  entendre. 
S'il  arrive  qu'aucun  député  ne  demande  la  parole  contre, 
on  procède  au  vote,  sans  plus  de  délai.  D  autre  pai't,  la 
Chambre  peut  décider  la  prolongation  du  4ébat,  et  il  suf- 
fit en  ce  cas  qu'un  membre  le  demande  pour  qu'on  mette 
aux  voix  la  motion,  «  que  le  sujet  a  été  suffisamment  dis- 
cuté ».  Chaque  orateur  doit  parler  sans  interruption,  mais 
si  la  séance  vient  à  être  levée  avant  qu'il  ait  terminé  son 
discours,  il  faut  qu'il  obtienne,  pour  le  continuer  à  la  séance 
suivante,  une  autorisation  spéciale  de  la  Chambre.  Les  in- 
terruptions ne  sont  pas  admises.  La  clôture  n'existe  pas  à 
proprement  parler.  Mais  le  président  ayant  le  pouvoir  de 
régler  comme  il  l'entend  l'ordre  du  jour,  il  peut  remettre 
à  la  séance  suivante  toute  proposition  portée  à  cet  ordre 
du  jour  et  arranger  à  son  gré  et  au  gré  du  gouvernement 
le  travail  parlementaire.  Lorsque  le  débat  sur  une  pro- 
position a  été  clos,  le  texte  législatif  est  transmis  à  la 
commission  de  correction  ;  il  revient  ensuite  devant  la 
Chambre  pour  être  soumis  au  vote  définitif.  Si  un  projet 
est  rejeté  en  totalité  ou  en  partie,  on  vote  sur  le  point  de 
savoir  s'il  doit  être  renvoyé  à  la  commission  qui  l'a  déjà 
examiné,  pour  être  représenté  à  nouveau.  Le  président 
dispose  de  diverses  pénafités  disciplinaires  :  le  rappel  à 
la  question,  appHcable  au  député  qui  s'en  écarte  ou  qui 
revient  sur  des  points  précédemment  tranchés  ;  le  rappel 
à  l'ordre,  applicable  au  député  qui  le  trouble  ou  qui  use 
d'expressions  peu  parlementaires.  Lorsqu'un  député  a  été 
rappelé  trois  fois  à  l'ordre  le  même  jour,  le  président 
consulte  la  Chambre  pour  savoir  si  la  parole  doit  lui  être 
interdite  pour  le  reste  de  la  séance.  Si  un  membre  pro- 
fère des  expressions  «  malsonnantes  »  ou  injurieuses  à 
l'égard  d'un  de  ses  coUêgues,  sur  la  plainte  de  ce  dernier, 
le  président  saisit  aussitôt  le  Congrès  de  l'incident,  ou,  au 
plus  tard,  à  la  séance  suivante,  et  l'Assemblée  prend  la 
résolution  qui  lui  paraît  convenir  le  mieux  à  sa  dignité  et 
à  la  bonne  union  qui  doit  régner  entre  les  députés. 

Congés.  Tout  député  qui  veut  s'absenter  plus  de  huit 
jours  doit  y  être  autorisé  par  le  Congrès  après  avoir  ex- 
posé par  écrit  les  motifs  de  son  absence.  D'autre  part,  le 
Congrès  ne  peut  accorder  de  congés  au  delà  du  tiers  du 
nombre  de  députés,  excédant  le  quorum  nécessaire  à  la 
validité  des  délibérations  de  l'Assemblée. 

V.  Organisation  des  partis.  — L'organisation  des  par- 
tis en  Espagne  a  été  fortement  troublée  par  la  guerre  his- 
pano-américaine, et  le  personnel  parlementaire  est  encore 
peu  remis  du  trouble  où  l'ont  jeté  les  derniers  événements. 
Les  partis  d'extrême  opposition,  comme  les  républicains  et 
les  carlistes,  affaiblis  par  des  dissensions  intestines,  ont 
repris  de  la  vitahté,  mais  ils  sont  trop  peu  nombreux  au 
Parlement  pour  n'être  pas  réduits  à  l'impuissance.  La 
lutte  pour  le  pouvoir  continue  donc  entre  le  paiti  conser- 
vateur et  le  parti  libéral,  les  répubUcains  appuyant  de 
leurs  voix  tantôt  l'un,  tantôt  l'autre,  suivant  qu'il  est  ou 


—  4157  — 


PARLEMENTARISME 


non  au  gouvernement.  Ces  partis  se  subdivisent  eux- 
mêmes  en  groupes  :  ainsi  les  libéraux  sont  fractionnés  en 
constitutionnels  ou  libéraux  dynastiques,  en  démocrates, 
en  droite  libérale,  en  protectionnistes.  Les  républicains  sont 
fractionnés  en  centralistes  (centre  gauche),  en  possibi- 
listes,  en  fédéraux,  en  révolutionnaires.  Enfin  les  conser- 
vateurs sont  :  conservateurs  modérés,  conservateurs  mo- 
dernes, plus  libéraux  que  les  précédents,  néo-conservateurs, 
pour  la  plupart  anciens  libéraux  et  même  anciens  répu- 
blicains, parti  militaire,  réformistes,  vieux  conservateurs. 
Les  carlistes  eux-mêmes,  malgré  leur  petit  nombre,  sont 
ultramontains  intransigeants  ou  bien  légitimistes.  Enfin, 
il  y  a  encore  des  indépendants  et  des  libéraux  dissidents. 
Les  élections  de  4899  ont  donné  239  sièges  aux  gou- 
vernementaux des  divers  groupes,  et  456  aux  membres 
de  l'opposition,  dont  45  républicains  et  3  carlistes. 

VL  Organisation  matérielle  de  l'AssEx>iblée.  —  La 
Chambre  est  installée  à  Madrid  dans  le  palais  du  Congrès 
des  députés,  sur  la  place  des  Cortès.  Elle  siège  chaque 
jour,  sauf  les  jours  de  fête  ;  l'heure  des  séances  est  fixée 
par  le  président,  les  séances  durent  environ  quatre  heures, 
délai  prolongé  jusqu'à  six  heures  pour  les  délibérations 
importantes.  La  salle  des  séances  est  carrée  :  l'un  des  côtés 
est  occupé  par  le  bureau  du  président  et  de  ses  assistants  ; 
en  face  s'étagent  les  sièges  des  députés,  placés  les  uns  au- 
dessus  des  autres  et  divisés  en  rangées  régulières  par  les 
couloirs  d'accès;  les  ministres  occupent  le  «banc  bleu», 
à  la  droite  du  fauteuil  présidentiel  ;  leurs  partisans  se 
rangent  derrière  eux.  Les  orateurs  parlent  de  leur  place. 
Le  président  a  la  police  de  l'Assemblée  et  de  l'édifice  où 
elle  se  réunit;  il  donne  à  cet  effet  les  instructions  néces- 
saires aux  employés  et  aux  chefs  de  la  garde  militaire.  Il 
fait  expulser  des  tribunes  les  perturbateurs  et  les  fait  dé- 
t'enir  s'il  y  a  lieu  et  remettre  aux  autorités  compétentes. 
Si  un  événement  «  désagréable  »  vient  à  se  produire  à 
l'intérieur  de  l'édifice,  le  président  a  le  droit  de  prendre 
toutes  les  mesures  qui  conviennent,  et  cela  sous  sa  seule 
responsabilité.  En  cas  de  désordre  considérable  dans  la 
salle  des  séances,  il  lève  la  séance.  Les  secrétaires  tien- 
nent les  procès-verbaux  des  débats,  ils  doivent  rendre 
compte  de  toutes  les  communications  faites  à  la  Chambre 
et  signent  les  expéditions  des  résolutions  adoptées.  Ils  di- 
rigent les  services  intérieurs  du  secrétariat  et  des  archives. 
La  Chambre  publie  un  recueil  d'annales  parlementaires 
comparable  à  celui  que  publie  notre  Chambre  des  députés. 
La  commission  de  règlement  intérieur  dirige  et  contrôle 
la  publication  du  Diario  del  Congreso,  qui  contient  tous 
les  faits  qui  se  passent  et  tous  les  discours  qui  se  pro- 
noncent dans  les  séances  publiques.  Elle  nomme  aux  em- 
plois vacants  parmi  les  fonctionnaires  du  Congrès,  et  dresse 
le  budget  spécial  de  l'Assemblée.  Dans  l'intervalle  des 
législatures,  le  président  du  congrès,  assisté  de  2  membres 
de  la  commission  de  règlement  désignés  par  lui,  remplit 
ces  fonctions. 

VIL  Rapports  de  l'Assemblée  avec  l'autre  Chambre 
ET  AVEC  le  Gouvernement.  —  Les  projets  votés  par  une  des 
Chambres  sont  transmises  à  l'autre  par  un  message  du  prési- 
dent contresigné  de  2  secrétaires.  S'il  y  a  désaccord  entre 
elles  sui*  le  texte,  une  commission,  composée  d'un  même 
nombre  de  sénateurs  et  de  députés,  est  réunie  pour  conférer 
sur  le  meilleur  moyen  de  concilier  les  opinions  adverses. 
Le  Ministère.  Le  Conseil  des  ministres  exerce  avec  le 
souverain  le  pouvoir  exécutif.  Ses  membres  sont  respon- 
sables devant  les  Cortès  pour  les  actes  résultant  de  leur 
administration.  Ils  sont  choisis,  généralement,  parmi  les 
membres  de  la  majorité  de  l'une  et  de  l'autre  Chambre, 
où  ils  ont  le  droit  de  pénétrer  et  de  prendre  part  aux 
débats  quand  ils  le  désirent.  Leur  action  et  leurs  préro- 
gatives sont  analogues  à  celles  du  cabinet  français. 

VIII.  Fin  de  l'Assemblée.  —  Les  pouvoirs  des  députés 
au  Congrès  expirent  au  bout  de  cinq  années,  à  compter 
du  décret  de  convocation  d'une  nouvelle  législature.  Il 
peut  être  dissous  par  le  souverain. 


Sénat.  —  Les  dispositions  du  règlement  du  Sénat  sont 
peu  différentes  de  celles  du  règlement  du  Congrès.  Le  pré- 
sident et  les  vice-présidents  sont  nommés  par  le  roi,  les 
secrétaires  seuls  sont  élus  par  les  sénateurs  à  la  majorité 
absolue  des  membres  présents.  Dès  que  l'Assemblée  est 
constituée,  une  commission  de  7  membres  est  nommée 
pour  examiner  les  dossiers  des  sénateurs  élus.  Les  sec- 
tions, au  nombre  de  7,  sont  renouvelées  tous  les  deux 
mois.  Les  commissions  permanentes  sont  les  mêmes  qu'à 
la  Chambre;  mais  le  Sénat  nomme,  en  outre,  directement 
et  sans  passer  par  l'intermédiaire  des  sections,  une  com- 
mission des  élections,  une  commission  de  la  bibliothèque, 
une  commission  chargée  de  la  nomination  des  membres 
du  tribunal  des  comptes  du  royaume  et  des  membres  du 
contrôle  de  la  dette  publique.  30  sénateurs  au  moins 
doivent  être  présents  pour  qu'une  délibération  puisse  être 
ouverte,  et  40  pour  qu'une  résolution  puisse  être  adoptée. 
Mais  le  vote  définitif  d'un  projet  doit  réunir  la  majorité 
absolue  des  sénateurs.  Le  Sénat  siège  à  Madrid  dans  un 
palais,  ancien  couvent  d'augustins,  situé  sur  la  place  des 
Ministères.  La  salle  des  séances  est  oblongue,  et  ses  dis- 
positions intérieures  rappellent  celles  des  Chambres  an- 
glaises. 

ÉTATS-UNIS  D'AMÉRIQUE.  —  Le  pouvoir  législatif 
est  exercé  par  un  Congrès  qui  se  compose  d'un  Sénat  et 
d'une  Chambre  des  représentants. 

Chambre  des  représentants.  —  I.  Constitution  de 
l'Assemblée.  —  A  l'ouverture  d'une  nouvelle  session,  le 
clerc  de  l'Assemblée  préside.  Il  appelle  par  ordre  alphabé- 
tique d'Etats  les  membres  élus,  et,  lorsqu'il  a  constaté  que 
la  majorité  est  présente,  un  des  membres  propose  que  la 
Chambre  procède  à  l'élection  d'un  speaker.  Le  clerc  met 
cette  motion  aux  voix  ;  si  elle  est  acceptée,  il  désigne 
4  scrutateurs  (tellers)  et  procède  à  l'appel  des  noms  par 
ordre  alphabétique.  Chaque  représentant  répond  en  nom- 
mant à  haute  voix  la  personne  pour  laquelle  il  vote.  Les 
listes  de  vote  pour  chaque  candidat  sont  relues  ensuite  par 
le  clerc,  et  un  des  tellers  annonce  le  résultat  du  vote. 
Si  aucun  candidat  n'a  réuni  la  majorité,  on  procède  à  un 
second  tour,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  qu'une  majorité  se 
soit  formée.  Le  clerc  désigne  alors  deux  membres  (pris 
ordinairement  dans  deux  partis  différents)  pour  conduire 
le  speaker  élu  au  fauteuil  et  un  autre  membre  pour  lui 
déférer  le  serment  constitutionnel.  En  cas  d'empêchement 
du  clerc  pour  un  motif  quelconque,  son  office  est  rempli 
par  le  sergent  d'armes  ou,  à  son  défaut,  par  le  garde  des 
portes.  Le  speaker  prononce  un  discours  de  remercie- 
ments, et  un  message  est  envoyé  au  Sénat  pour  l'avertir 
que  la  Chambre  est  constituée  ;  enfin,  une  commission  de 
3  membres  est  nommée  qui,  se  joignant  à  une  com- 
mission de  3  membres  nommée  par  le  Sénat,  informe 
le  Président  des  Etats-Unis  que  les  deux  Chambres  sont 
constituées. 

IL  Travail  intérieur.  —  Commissions^  Le  speaker 
désigne  les  membres  qui  doivent  faire  partie,  soit  des  com- 
missions spéciales  nommées  pour  examiner  une  loi  déter- 
minée, soit  des  commissions  permanentes.  Celles-ci  sont 
les  suivantes  :  Agriculture  (45  membres)  ;  Appropria- 
tions (45  membres)  ;  Réclamations  (45  membres)  ;  Com- 
merce (45  membres)  ;  District  de  Colombie  (43  membres)  ; 
Education  (43  membres)  ;  Travail  (43  membres)  ;  Examen 
des  lois  adoptées  par  les  deux  Chambres  (7  membres)  ; 
Affaires  étrangères  (43  membres)  ;  Affaires  indiennes 
(43  membres)  ;  Justice  (45  membres)  ;  Bibliothèque  (3 
membres)  ;  Manufactures  (44  membres)  ;  Armée  (43  mem- 
bres); Mines  (43  membres)  ;  Marine  (43  membres)  ;  Pa- 
tentes (43  membres);  Pensions  (43  membres);  Postes  et 
routes  postales  (45  membres)  ;  Impressions  (3  membres) , 
Elections  (45  membres)  ;  Bâtiments  publics  (43  membres)  ; 
Domaines  de  la  nation  (43  membres)  ;  Revision  des  lois 
des  Etats-Unis  (43  membres)  ;  Règlement  (5  membres)  ; 
Territoires  (43  membres)  ;  Voies  et  moyens  (43  membre»)  ; 
Banque  (43  membres)  ;  Monnaies,  poids  et  mesures  (43 


PARLEMENTARISME 


1158 


membres)  ;  Rivières  et  ports  (13  membres)  ;  Marine  mar- 
chande et  pêche  (13  membres);  Canaux  (13  membres); 
Milice  (18  membres);  Pensions  pour  les  invalides  (15 
membres)  ;  Réclamations  provenant  de  guerres  (13  mem- 
bres) ;  Comptes  (9  membres);  etc.,  sans  compter  huit 
cormnissions  de  sept  membres  chargées  de  contrôler  les 
dépenses  des  huit  départements  ministériels.  Le  président 
de  chacune  de  ces  commissions  est  le  premier  membre 
inscrit;  en  cas,  d'empêchement  il  est  suppléé  par  le  second 
membre  inscrit  et  ainsi  de  suite.  Chaque  président  nomme 
les  clercs  et  employés  nécessaires  au  fonctionnement  de 
la  commission.  Une  telle  organisation  implique  que  le 
travail  dans  les  bureaux  est  considérable  et  laisse,  en 
somme,  peu  de  chose  à  faire  en  séance  publique.  En  effet, 
loute  loi  proposée  est  renvoyée  à  Texamen  de  la  com- 
mission compétente  ;  des  sous-commissions  peuvent  être 
nommées  pour  y  procéder  avec  plus  d'attention  et  faire 
les  enquêtes  nécessaires.  La  commission  a  tout  pouvoir 
sur  le  bill,  sauf  celui  d'en  changer  le  titre  et  le  fond  :  elle 
le  rapporte,  mais  généralement  les  rapports  ne  sont  im- 
primés que  s'ils  concluent  au  rejet  de  la  proposition.  Une 
fois  le  rapport  fait,  la  commission  est  dissoute  de  droit,  et 
elle  ne  peut  plus  se  réunir  que  si  la  Chambre  lui  en 
donne  l'autorisation  formelle.  Enfui  les  commissions  peu- 
vent convoquer  des  témoins  et  déférer  le  serment,  et  ceux 
qui  refusent  de  répondre  sont  passibles  de  pénahtés  et 
d'amendes. 

D'autre  part,  comme  en  xVngleterro,  le  système  du 
comité  de  toute  la  Chambre  est  en  vigueur  ;  il  y  en  a 
même  deux  :  1"  le  comité  de  toute  la  Chambre  chargé 
d'examiner  les  lois  d'intérêt  général  ;  ^^  le  comité  de 
toute  la  Chambre  chargé  d'examiner  les  lois  et  affaires 
d'intérêt  privé.  Ces  comités  sont  présidés  par  un  prési- 
dent désigné  par  le  speaker,  qui  pourtant  a  le  droit  de 
reprendre  son  fauteuil  en  cas  de  trouble  ou  de  désordre 
dans  l'assemblée  ou  les  couloirs.  La  présence  de  100  mem- 
bres est  nécessaire  pour  délibérer.  Un  débat  général  a 
lieu  d'abord  sur  chaque  affaire,  puis,  lorsqu'il  est  terminé, 
tout  représentant  peut  présenter  un  amendement  et  le 
développer;  mais  le  temps  consacré  à  ce  développement 
ne  doit  pas  dépasser  cinq  minutes  ;  un  membre  peut 
répondre  pendant  cinq  minutes  aussi  :  après  quoi,  le 
déoat  est  clos.  Seulement  on  peut  présenter  un  amende- 
ment à  un  amendement,  et  il  est  mis  en  délibération  de 
la  même  manière.  Comme  ce  mode  de  travail  prêterait 
facilement  à  l'obstruction,  le  comité  peut,  à  un  moment 
quelconque,  décider  la  clôture  du  débat:  une  telle  motion 
doit  être  votée  à  la  majorité  des  membres  présents.  Les 
propositions  relatives  aux  impôts  sont  soumises  en  pre- 
mier lieu  au  comité  de  toute  la  Chambre.  Ces  proposi- 
tions, de  même  que  celles  qui  concernent  les  bills  d'appro- 
priation et  encore  les  rivières  et  ports,  passent  avant 
toutes  les  autres.  Lorsqu'il  se  présente  une  objection  à  la 
prise  en  considération  de  telle  ou  telle  proposition  ou  de 
tel  ou  tel  bill,  le  comité  lève  la  séance  :  l'objection  est 
alors  soumise  à  la  Chambre  qui  décide  sans  débat  si  le 
bill  ou  la  proposition  doit  être  pris  ou  non  en  considéra- 
tion. Après  quoi,  le  comité  reprend  sa  séance. 

IIL  Travail  EN  SÉANCE  publique.  —  Les  bills  sont  sou- 
mis à  trois  lectures.  La  première  consiste  dans  la  lecture 
de  leur  titre  ;  la  seconde,  dans  la  lecture  de  leur  texte  : 
la  question  préalable  peut  alors  être  posée.  Ces  lectures 
sont  de  pures  formalités,  le  bill  ayant  été  examiné  à  fond 
en  comité  de  la  Chambre  entière,  et  on  se  borne,  dans  la 
pratique,  à  énoncer  son  titre.  Cependant  tout  représentant 
a  le  droit  de  réclamer  la  lecture  complète.  Après  la 
seconde  lecture,  la  question  se  pose  de  savoir  si  le  bil 
doit  être  rédigé  dans  les  formes.  Une  réponse  négativel 
équivaut  à  un  rejet.  Le  bill  ayant  été  grossojè  {engrossed) 
passe  en  troisième  lecture.  On  peut  alors  le  discuter, 
mais  non  Pamender.  Puis  on  vote  sur  son  adoption  défi- 
nitive. La  même  procédure  s'applique  aux  bills  d'ordre 
privé. 


Afm  d'éviter  les  surprises  et  les  erreurs  que  pourrait 
susciter  la  complication  des  travaux  parlementaires,  on 
suit  en  séance  un  ordre  invariable  :  Lecture  des  prières 
par  le  chapelain;  —  comptage  des  membres  présents  afin 
de  s'assurer  du  quorum  ;  —  lecture  et  adoption  du  procès- 
verbal;  —  dépôt  de  rapports,  propositions,  etc.,  à  la  table 
du  speaker  ;  —  continuation  des  travaux  non  terminés  à 
la  séance  précédente  ;  —  prise  en  considération  des  bills 
rapportés  par  les  commissions  ou  discutés  par  le  comité 
de  la  Cbambre  entière  ;  —  comité  delà  Chambre  epitière; 
—  ordre  du  jour.  Tous  les  vendredis  sont  généralement 
consacrés  à  des  lois  d'intérêt  privé.  De  plus,  ce  même 
jour,  une  séance  a  lieu  de  cinq  à  huit  heures  du  soir  ou 
jusqu'à  dix  heures  et  demie  au  plus  tard,  pour  l'examen 
des  pensions,  des  incompatibihtés  parlementaires,  etc.  Le 
second  et  le  quatrième  lundi  de  chaque  mois,  les  lois  et 
propositions  relatives  an  district  de  Colombie  ont  la 
priorité  sur  les  autres. 

Votes.  Les  votes  ont  lieu  par  oui  et  non  et  par 
assis  et  levé.  A  la  fm  d'un  débat,  le  président  pose  la 
question  de  cette  manière  :  «  Que  ceux  qui  approuvent 
disent  oui;  que  ceux  qui  rojetent  disent  non.  »  S'il  y  a 
doute,  ou  si  le  vote  par  assis  et  levé  est  réclamé,  les 
membres  pour  se  lèvent,  et  après  eux  les  membres  con- 
tre. S'il  y  a  encore  doute  ou  sur  la  demande  du  cin- 
quième du  quorum  de  l'assemblée,  le  président  nomme 
deux  représentants,  d'opinions  contraires,  qui  procèdent 
au  comptage.  Ils  se  placent  devant  le  bureau  du  speaker, 
et  entre  eux  deux  passent  les  oui  les  premiers,  les  non 
les  seconds.  Ils  font  connaître  au  spcoaker  le  résultat  de 
leur  supputation,  et  celui-ci  le  proclame.  Il  a  été  souvent 
question  do  forcer  les  représentants  à  voter,  mais  toutes  les 
tentatives  en  ce  sens  ont  échoué. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  — Le  speaker  n'occupe 
son  fauteuil  que  lorsqu'il  y  a  une  majorité  (quorum)  des 
membres  présents.  Tout  membre  qui  désire  la  parole  doit 
se  lever  de  son  siège  et  la  demander  au  speaker,  et,  lors- 
qu'il l'a  obtenue,  il  doit  être  écouté  jusqu'au  bout  de  son 
discours,  à  moins  que  laCtiambre  n'en  décide  autrement. 
Si  plusieurs  représentants  se  lèvent  h  la  fois,  on  procède 
comme  au  Parlement  anglais  pour  décider  celui  qui  doit 
obtenir  le  premier  la  parole.  Aucun  orateur  ne  peut  par- 
ler plus  d'une  fois  sur  le  même  bill,  dans  la  même 
séance.  Tout  pouvoir  est  donné  au  speaker  pour  refuser 
d'accepter  toute  motion  qu'il  considère  comme  dilatoire. 
L'orateur  doit  s'abstenir  de  parler  à  côté  de  la  question, 
de  désigner  un  collègue  par  son  nom,  de  lui  adresser  des 
paroles  outrageantes  ou  grossières.  Par  contre,  ses  collè- 
gues devront  s'abstenir  de  troubler  l'ordre  en  toussant, 
crachant,  sifflant,  chuchotant  entre  eux,  etc.,  ou  de  tra- 
verser la  salle.  Contre  les  infractions,  le  speaker  dispose 
du  rappel  à  Tordre  ;  après  plusieurs  appels  sans  effet,  il 
peut  appeler  par  son  nom  le  représentant  récalcitrant  ; 
la  Chambre  peut,  en  ce  cas,  ordonner  l'expulsion  du  pertur- 
bateur. 

En  cas  d'altercations  violentes  ou  de  voies  de  fait,  les 
intéressés  sont  mis  en  demeure  de  déclarer  à  la  Chambre 
qu'ils  ne  donneront  pas  suite  à  leur  querelle  :  s'ils  s'y 
refusent,  ils  doivent  comparaître  devant  le  speaker  (jui 
tente  de  les  concilier  ;  s'ils  persistent  dans  leur  refus,  ils 
seront  mis  aux  arrêts  jusqu'à  ce  qu'ils  consentent  à  obéir. 
Lorsqu'un  membre  a  encouru  la  peine  de  l'expulsion,  la 
Chambre,  une  fois  qu'il  s'est  retiré,  applique  la  punition 
qu'elle  estime  applicable  à  son  cas  :  cette  punition  peut 
être  la  réprimande,  la  censure,  Famende,  Parrestation. 
Contre  les  tentatives  d'obstruction,  la  Chambre  dispose 
de  la  question  préalable  qui  a  pour  effet  de  couper  court 
à  tout  débat  et  d'amener  un  vote  immédiat.  La  question 
préalable  doit  être  votée  par  la  majorité  des  membres 
présents.  On  se  sert  aussi  de  la  question  jpréalable,  çiui 
est,  en  somme,  une  clôture,  pour  abréger  les  formalités 
des  lectures  et  les  lenteurs  de  la  procédure  ordinaire,  en 
cas  d'urfi^enee. 


1159  — 


PARLEMENTARISME 


Les  congés  ne  sont  pas  prévus  par  les  règlements. 
Tout  membre  doit  se  trouver  dans  le  palais  législatif 
pendant  les  séances,  à  moins  d'être  excusé  ou  empêché 
par  force  majeure.  Les  absents,  lorsque  le  défaut  de 
quorum  a  été  établi,  peuvent  être  contraints  à  comparaître. 
S'ils  s  y  refusent,  ils  peuvent  être  recherchés  et  amenés  de 
force  par  les  soins  du  sergent  d'armes.  La  Chambre 
décide  ensuite  quelle  punition  leur  sera  infligée.  La  cou- 
tume du  pair  âge  existe  comme  en  Angleterre.  Elle  est 
même  officiellement  reconnue,  car,  lorsqu'un  appel  nomi- 
nal a  lieu,  le  clerc  fait  connaître  les  noms  des  pairs  qui 
sont  insérés  au  procès-verbal,  à  la  suite  des  noms  des 
nin-yotants. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Deux  gi'ands  partis  se 
partagent  l'opinion  ;  non  pas  seulement  dans  Içs  miheux  par- 
lementaires, mais  dans  tous  les  Etats-Unis.  L'un,  le  parti 
républicain,  est  le  parti  progressiste,  sauf  en  matière 
économique  où  il  tient  pour  les  tarifs  prohibitifs.  L'autre, 
le  parti  démocratique,  représente  l'élément  conservateur, 
sauf  en  matière  économique  où  il  réclame  la  suppression 
des  tarifs  prohibitifs  et  la  liberté  commerciale.  Un  parti 
assez  nouveau  venu,  mais  qui  fait  tous  les  jours  des  pro- 
grès, est  le  parti  populiste.  Les  populistes  sont,  en 
somme,  des  socialistes.  Ils  réclament  la  frappe  libre  et 
illimitée  de  l'argent,  l'impôt  progressif  sur  le  revenu,  la 
journée  de  huit  lieures,  la  nationalisation  des  chemins  de 
fer,  etc.  Depuis  les  élections  de  1896,  les  républicains 
ont  la  majorité.  Ils  comptent,  à  la  Chambre  des  repré- 
sentants, 202  membres,  contre  130  démocrates,  21  po- 
pjlistes,  1  fusionniste,  3  indépendants. 

VI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  La 
Chambre  des  représentants  siège  à  Washington,  oti  elle 
occupe  une  partie  du  monumental  Capitole.  La  salle  des 
siéances  est  située  dans  l'aile  sud  de  la  rotonde.  Elle  est 
disposée  en  hémicycle.  Le  fauteuil  du  président  se  trouve 
au  centre,  les  sièges  des  députés  s'étendant  devant  lui  en 
demi-cercles  concentriques,  Des  pupitres  sont  placés  devant 
les  sièges.  Derrière  la  chaire  présidentielle  s'étend  un 
espace  réservé  aux  étrangers.  Devant  la  chaire,  le  bureau 
du  clerc,  puis  les  bureaux  des  sténographes  officiels  ;  à 
droite,  le  siège  du  sergent  d'armes.  Comme  à  la  Chambre 
des  communes  d'Angleterre,  une  masse  est  placée  sur  le 
bureau  du  clerc,  quand  le  speaker  préside.  Les  représen- 
tants tirent  leurs  places  au  sort  au  commencement  de  la 
session.  Généralement  les  séances  ont  lieu  de  midi  à 
quatre  heures  ;  en  cas  d'urgence,  on  siège  aussi  de  quatre 
heures  et  demie  à  sept  heures.  A  la  fin  des  sessions,  on 
commence  à  dix  ou  onze  heures  du  matin.  Les  repré- 
sentants parlent  de  leur  place  et  s'adressent,  non  à  l'as- 
semblée, mais  au  speaker;  en  cas  d'indisposition,  ils  sont 
autorisés  à  parler  assis  ;  ils  gardent  leur  chapeau  sur  la 
tète,  sauf  lorsqu'ils  prennent  la  parole  ;  mais  il  leur  est 
recommandé  de  ne  pas  entrer  dans  la  salle  la  tête  cou- 
verte et  d'éviter  de  passer  d'une  place  à  l'autre  le  cha- 
peau sur  la  tête.  Un  règlement  commun  à  la  Chambre  et 
au  Sénat  {Joint  rides)  dispose  que  ni  spiritueux,  ni  bières, 
ni  vins  ne  peuvent  être  offerts  en  vente  ou  présentés  ou 
gardés  au  Capitole,  ni  dans  aucune  place  du  bâtiment  s'y 
rattachant,  ni  sur  un  terrain  public  adjacent.  Le  speaker 
veille  à  l'ordre  et  au  décorum,  et  si  quelque  trouble  se 
produit  dans  les  galeries  publiques,  il  peut  les  faire  évacuer. 
Ses  pouvoirs  s'étendent  sur  toutes  les  parties  du  palais 
réservées  à  la  Chambre.  L'administration  intérieure  se 
compose  des  fonctionnaires  élus  par  l'Assemblée  elle-même 
au  début  de  chaque  législature  et  qui  demeurent  en  fonc- 
tion jusqu'à  l'élection  de  leurs  successeurs.  Les  princi- 
paux sont  :  le  clerc,  qui  a,  entre  autres  attributions, 
l'appel  nominal  des  représentants,  l'état  hebdomadaire 
des  propositions  et  lois  en  discussion,  le  contrôle  des  im- 
pressions, de  la  distribution  des  procès-verbaux,  le  sceau 
des  documents  issus  de  l'Assemblée,  le  contrôle  de  son 
budget;  •— lesçrgent  d'armes,  qui  occupe  un  siège  dans  la 
salle  des  sénnces,  avec  charge  d'y  maintenir  l'ordre,  sous 


la  direction  du  speaker,  et  qui  exécute  les  décisions  de 
l'Assemblée  relatives  au  maintien  de  ses  prérogatives  ou 
de  sa  discipline  ;  il  paie  les  indemnités  législatives  ;  —  le 
portier,  qui  dirige  le  service  intérieur  des  garçons  et 
agents  de  l'Assemblée,  qui  pourvoit  les  salles  de  commis- 
sions des  fournitures  de  bureau  nécessaires  ;  il  doit  in- 
terdire à  toute  personne  l'entrée  de  la  salle  des  séances 
durant  les  séances  et  ne  doit  laisser  séjourner  dans  les 
couloirs  et  dépendances  que  les  personnes  qui  en  ont  le 
droit  ;  —  le  maître  des  postes,  qui  dirige  les  bureaux  de 
poste  installés  au  Capitole  pour  la  commodité  des  repré- 
sentants ;  —  le  chapelain. 

VIL  Rapports  avec  l'autre  x^ssemblée  et  avec  lf. 
Gouvernement.  —  Les  bills  passent  d'une  Chambre  à 
l'autre,  après  leur  adoption  définitive,  par  les  soins  du 
clerc  ou  du  secrétaire  du  Sénat.  Lorsque  le  Sénat  a  ap- 
porté des  amendements  à  un  bill,  il  le  renvoie  à  la 
Chambre  ;  si  elle  accepte  les  modifications,  elle  en 
informe  le  Sénat,  et  le  bill  est  inscrit  au  rôle.  Si  elle 
ne  les  accepte  pas  et  que  diverses  procédures,  parmi 
lesquelles  une  déclaration  que  la  Chambre  ou  le  Sénat 
insiste  sur  sa  manière  de  voir,  ont  été  épuisées,  on 
nomme  une  commission  de  conférence,  comprenant 
3  membres  du  Sénat  et  3  membres  de  la  Chambre, 
qui  tâche  de  résoudre  le  conflit  et  présente  un  rapport 
de  ses  délibérations  à  l'Assemblée  qui  peut  accepter  ou 
rejeter  ses  propositions,  mais  non  les  amender.  Les  bills 
adoptés  par  les  deux  Assemblées  sont  renvoyés  au  pré- 
sident des  Etats-Unis,  qui  les  signe  s'il  les  approuve, 
ou  les  retourne  avec  ses  objections  à  la  Chambre  qui  en 
a  eu  l'initiative.  Si  la  Chambre  vote,  à  la  majorité  des 
deux  tiers  des  membres  présents,  le  maintien  du  bill,  il 
devient  loi.  De  même,  si  le  président  dos  Etats-Unis  ne 
renvoie  pas  un  bill  dans  les  dix  jours,  ce  bill  devient  loi 
ipso  facto. 

Le  Ministère.  Les  ministres  sont  les  chefs  des  di- 
vers départements  exécutifs.  Ils  sont  nommés  par  le 
président  des  Etats-Unis,  mais  son  choix  doit  être  ap- 
prouvé par  le  Sénat.  Les  ministres,  qui  sont  exclus  des 
Chambres  et  indépendants  du  Congrès,  ne  sont  pas 
choisis  ordinairement  parmi  les  membres  du  Parlement. 
Bien  qu'on  donne  le  nom  de  cabinet  à  la  réunion  des 
ministres,  ils  sont  si  peu  solidaires  les  uns  des  autres  que 
cette  expression  ne  saurait  avoir  la  signification  qu'elle  a 
ailleurs,  par  exemple  en  Angleterre.  Ils  délibèrent  parfois 
en  conseil,  mais  les  décisions  qu'ils  prennent  sont  de 
simples  avis  que  le  président  est  libre  de  ne  pas  suivre,  car 
il  a  conservé  entre  ses  mains  tout  le  pouvoir  exécutif,  et 
les  ministres  ne  sont,  en  somme,  que  des  agents  subor- 
donnés. Aussi  est-ce  le  président  des  Etats-Unis  qui  est 
seul  responsable  des  actes  de  tous  ses  ministres,  tandis 
que  chacun  d'eux  n'est  responsable  que  de  ses  propres 
actes.  Les  ministres  ne  peuvent  communiquer  avec  le 
Parlement  que  par  messages  écrits;  ils  ne  peuvent  as- 
sister aux  séances.  Dans  ces  conditions,  ils  ne  peuvent 
exercer  aucune  action  sérieuse  sur  les  Chambres,  et,  d'autre 
part,  les  Chambres  ne  peuvent  leur  imposer  leurs  volontés, 
car  elles  ne  disposent  contre  eux  que  d'une  arme  d'un 
maniement  difficile  :  leur  mise  en  accusation  devant  le 
Sénat. 

VIII.  Fin  de  l'Assemblée.  — Les  pouvoirs  des  membres 
de  la  Chambre  des  représentants  expirent  au  bout  4e  deux 
ans,  à  dater  du  décret  de  convocation. 

Sénat.  —  Cette  Assemblée  (V.  Constitution,  t.  XÏI, 
p.  726)  n'estpas,  à  proprement  parler,  une  assemblée  légis- 
lative. Elle  exerce  des  pouvoirs  qui,  en  d'autres  pays,  sont 
du  domaine  de  l'exécutif;  elle  a  un  contrôle  sur  l§s  nomina- 
tions aux  emplois  fédéraux  ;  elle  doit  approuver,  à  îa  majorité 
des  deux  tiers,  les  traités  avec  les  nations  étrangères  ;  elle  a 
encore  des  pouvoirs  judiciaires  et  connaît  des  procès  ({\xï 
lui  sont  renvoyés  par  la  Chambre  des  représentants,  te 
président  du  Sénat  est  le  vice-président  des  Etats-Unis. 
Le  Sénat  siège  généralement  à  midi.  Installé  au  Capitole, 


PARLEMENTARISME 


—  1160  — 


comme  la  Chambre,  il  a  une  salle  des  séances  carrée, 
dont  les  dispositions  intérieures  sont,  à  peu  de  chose 
près,  celles  de  la  Chambre.  Les  démocrates  (34)  siègent 
à  gauche  de  la  chaire  présidentielle  ;  les  républicains  (46), 
à  droite.  Il  y  a,  de  plus,  5  populistes  et  3  indépendants. 
L'office  du  clerc  de  la  Chambre  est  rempli,  au  Sénat,  par 
le  secrétaire  du  Sénat  ;  il  y  a,  en  outre,  un  clerc  chef,  un 
principal  clerc  législatif,  un  clerc  exécutif,  un  clerc  chargé 
des  procès-verbaux,  un  sergent  d'armes  et  des  portiers. 
Les  projets  de  loi  sont  soumis  à  trois  lectures,  à  des  jours 
différents,  à  moins  qu'à  V unanimité  le  Sénat  n'en  décide 
autrement.  Aucun  amendement  n'est  admis,  aucun  renvoi 
aux  commissions   et  au  comité  ne  peut  être  prononcé 
avant  ces  trois  lectures.  Cependant,  les  bills  provenant  de 
la  Chambre  des  représentants  peuvent  n'être  lus  qu'une 
fois  ou  deux  fois  dans  la  même  séance,  si  l'on  n'élève  pas 
d'objections  à  ce  procédé  expéditif.  Mais  jamais,  à  moins 
de  consentement  unanime,  ils  ne  peuvent  être  mis  en 
délibération  ou  examinés  devant  le  comité,  le  jour  de  leur 
présentation.  Tous  les  bills  qui  ont  passé  par  deux  lec- 
tures sont  examinés  par  le  Sénat  constitué  en  comité  de 
l'Assemblée  entière,  et  alors  amendés  s'il  y  a  lieu.  Après 
quoi,  ils  reviennent  devant  le  Sénat,  qui   examine  les 
amendements  adoptés  et  les  admet  de  nouveau  s'il  y  a 
lieu.  En  troisième  lecture  les  amendements  ne  sont  plus 
admis,  à  moins  de  consentement  unanime  ;  mais  on  peut, 
à  une  phase  quelconque  de  la  délibération,  renvoyer  les 
bills  au  comité.  Toutes  les  commissions  du  Sénat  sont 
élues  à  la    pluralité  des  voix.  Le  président  de  chaque 
eammission  permanente  est  également  élu  par  l'Assemblée. 
Au  commencement  de  chaque  législature,  le  Sénat  nomme 
ainsi  41  commissions  permanentes  ;  nous  nous  conten- 
terons de  mentionner  celles  qui  diffèrent  de  celles  de 
la  Chambre  :  Contrôle  des  dépenses  du  Sénat  (3  mem- 
bres) ;  Recensement  (9  membres)  ;    Services   civils  et 
suppression  des   dépenses   (9    membres)  ;    Bills   gros- 
soyés  (3  membres)  ;  Maladies  épidémiques  (7  membres)  ; 
Dépenses  publiques  (7  membres)  ;  Finances  (7-11  mem- 
bres) ;    Pêcheries  (7   membres)  ;    Commerce   intérieur 
(9  membres)  ;  Chemins  de  fer  (11  membres),  etc.  Le  Sénat 
peut,  en  outre,  nommer  des  commissions  spéciales,  mais, 
en  ce  cas,  il  ne  peut  leur  adjoindi^e  des  employés  pour 
faciliter  leurs  travaux  sans  autorisation  de  la  Chambre. 
Dans  les  scrutins,  quand  il  y  a  égalité  des  voix,  le  vice- 
président  fait  connaître  son  opinion,  qui  tranche  la  ques- 
tion. Quand  un  sénateur  a  refusé  de  voter  et  a  fait  con- 
naître ses  raisons  d'agir  ainsi,  le  président  pose  à  l'As- 
semblée la  question  de  savoir  s'il  doit  être  ou  non  excusé 
de  voter.  Cette  question  est  tranchée  sans  débats.  Voici 
comment  on  procède  dans  les  votations  :  le  président  in- 
vite d'abord  ceux  qui  approuvent  à  dire  oui,  ceux  qui 
désapprouvent  à  dire  non.  Si  le  résultat  de  cette  consul- 
tation lui  paraît  douteux,  il  a  recours  au  vote  par  assis 
et  levé.  S'il  y  a  encore  doute  ou  si  le  cinquième  des 
membres  présents  le  demande,  on  fait  l'appel  nominal  par 
ordre  alphabétique.  Chaque  sénateur  à  l'appel  de  son  nom 
doit,  à  moins  qu'il  n'ait  été  excusé  par  l'Assemblée,  faire 
connaître  à  haute  voix  s'il  approuve  ou  désapprouve  la 
motion  mise  aux  voix. 

GRÈCE.  — Chambre  (Bou>.ri).  —  I.  Constitution  le 
l'Assemblée.  —  Au  commencement  de  chaque  session 
parlementaire  fonctionne  un  bureau  provisoire,  composé 
d'un  président  qui  est  le  doyen  d'âge,  de  quatre  secré- 
taires qui  sont  les  plus  jeunes  membres  de  l'Assemblée. 
La  Chambre  procède  sans  désemparer  à  la  vérification  des 
pouvoirs.  Elle  se  divise  pour  cela  en  huit  comités  égaux 
en  nombre  qui  se  répartissent  les  dossiers.  Les  rapports 
sont  présentés  à  l'Assemblée  qui  valide  ou  invalide.  C'est 
absolument  le  système  français.  Lorsque  les  pouvoirs  sont 
vérifiés,  on  procède  à  l'élection  du  bureau  définitif.  Le 
président,  les  vice-présidents  et  secrétaires  sont  présentés 
au  roi  et  lui  annoncent  que  la  Chambre  est  constituée. 
II.  Travail  intérieur.  —   Comités.  Aussitôt    après 


l'élection  présidentielle,  la  Chambre  élit,  au  scrutin  secret 
et  à  la  majorité  relative,  12  comités  :  Budget  ;  Finances; 
Intérieur;  Agriculture;  Commerce  et  Travaux  publics  ; 
Marine  ;  Enseignement  ;  Affaires  ecclésiastiques  ;  Justice  ; 
Armée  ;  Affaires  étrangères.  Pétitions  et  Comptabilité  de 
l'Asseniblée,  qui  sont  nommés  pour  la  durée  de  la  session. 
Le  comité  du  budget  a  21  membres  :  il  examine 
aussi  les  comptes  des  exercices  antérieurs  ;  les  autres 
comités  ont  chacun  9  membres.  Il  y  a  encore  :  un  gra^id 
comité,  composé  du  président,  des  vice-présidents  et  des 
secrétaires  et  de  10  membres  élus,  et  un  petit  comité, 
composé  du  président,  des  vice-présidents  et  des  secré- 
taires, lesquels  sont  chargés  de  présenter  les  adresses  au 
roi,  et  un  comité  de  9  membres  chargé  de  rédiger  la  ré- 
ponse au  discours  du  roi,  à  l'ouverture  des  sessions. 
Aucun  membre  ne  peut  faire  partie  de  plus  de  3  comités 
en  même  temps. 

Projets  et  propositions.  Ils  sont  remis,  signés  par 
leur  auteur,  au  président,  inscrits  sur  un  registre  spécial, 
imprimés  et  distribués,  puis  renvoyés  aux  comités  com- 
pétents. 

Rapports.  Chaque  comité  élit  parmi  ses  membres  un 
président  et  un  secrétaire  et  autant  de  rapporteurs  qu'il 
y  a  de  projets  renvoyés  à  son  examen.  Le  rapport  doit 
faire  connaître  l'opinion  de  la  minorité  aussi  bien  que 
celle  delà  majorité,  et  formuler  une  motion  précise.  Il  est 
imprimé  et  distribué. 

III.  Travail  en  séance  publique.  —  Au  début  de  la 
séance,  le  président  fait  lire  le  procès-verbal  de  la  séance 
précédente  qui  est  approuvé  et  amendé  s'il  y  a  lieu.  Il 
fait  connaître  ensuite  toutes  les  communications,  mo- 
tions, documents  qu'il  a  reçus,  puis  donne  lecture  de 
l'ordre  du  jour  et  ouvre  le  débat.  Chaque  projet  de  loi 
doit  passer  par  trois  lectures  qui  ont  lieu  à  des  inter- 
valles de  trois  jours  au  moins.  Dans  la  première,  le  débat 
porte  sur  l'ensemble.  Si  la  Chambre  est  favorable,  elle 
renvoie  le  projet  à  un  de  ses  comités,  en  fixant  une  date 
pour  le  dépôt  du  rapport.  A  cette  date,  si  le  comité  n'a 
pas  déposé  son  rapport,  la  Chambre  lui  accorde  une  pro- 
longation de  délai,  ou  bien  passe  outre,  et  procède  à  la 
seconde  lecture.  On  discute  alors  les  amendements, 
les  amendements  aux  amendements  et  les  articles  du 
projet  un  par  un.  Le  projet  avec  les  amendements  adoptés 
est  réimprimé  et  distribué  avant  la  troisième  lecture.  Il 
est  alors  relu  et  mis  aux  voix. 

Amendements.  Ils  doivent  être  rédigés  par  écrit,  im- 
primés et  distribués  aux  députés.  S'ils  sont  présentés  au 
cours  du  débat,  le  président  soumet  à  la  Chambre  la 
question  de  savoir  s'ils  doivent  être  discutés  immédiate- 
ment, ou  imprimés  et  distribués  comme  ci-dessus.  Le 
président  indique  l'ordre  dans  lequel  chaque  amendement 
viendra  en  discussion  ;  si  une  objection  est  présentée,  la 
Chambre  décide.  Les  amendements  ne  sont  pas  admis  en 
troisième  lecture. 

Votes.  La  votation  la  plus  habituelle  est  le  vote  par 
assis  et  levé.  Le  président  en  apprécie  le  résultat.  Mais, 
sur  la  demande  de  15  membres,  on  procède  au  vote  par 
appel  nominal.  Un  des  secrétaires  appelle  les  députés 
tour  à  tour,  pointe  sur  une  liste  ceux  qui  votent  et  le 
sens  de  leur  vote.  Il  est  surveillé  dans  cette  opération  par 
des  scrutateurs  désignés  par  le  président  parmi  les  op- 
posants. Chaque  député  peut  demander  une  copie  de 
ladite  liste.  Les  élections  ont  lieu  au  scrutin  secret  qui 
est  également  usité  dans  toutes  les  questions  de  per- 
sonnes. Le  vote  par  bulletins  a  lieu  de  la  manière  sui- 
vante :  chaque  député  reçoit  du  bureau  de  la  Chambre 
un  bulletin  et  une  boule  ;  il  inscrit  les  noms  de  ses  can- 
didats sur  le  bulletin,  et,  à  l'appel  de  son  nom  par  un  des 
secrétaires,  il  dépose  son  bulletin  dans  une  urne  placée 
sur  le  bureau  et  sa  boule  dans  une  autre  urne.  Cette 
opération  est  surveillée  par  deux  scrutateurs.  Un  second 
appel  a  lieu  pour  les  membres  qui  n'ont  pas  voté.  Le  dé- 
pouillement du  scrutin  a  lieu  publiquement.  Le  prési- 


—  1161 


PARLEMENTARISME 


dent  ou  un  des  vice-président  lit  les  bulletins  un  à  un, 
pendant  que  les  secrétaires  prennent  note  des  votes  cor- 
respondant à  chacun  des  noms.  Si  les  listes  des  secré- 
taires portent  toutes  le  même  résultat,  le  président  le 
proclame,  comme  résultat  incontestable  du  vote.  S'il  y  a 
quelque  différence  entre  elles,  on  procède  à  un 
nouveau  comptage.  Lorsque  le  résultat  définitif  a 
été  proclamé,  les  bulletins  de  vote  sont  détruits,  et  un 
procès-verbal  constatant  le  résultat  est  signé  par  le  pré- 
sident, les  vice-présidents,  les  secrétaires  et  les  scruta- 
teurs. Dans  le  scrutin  secret,  un  des  secrétaires  appelle 
tous  les  députés  à  tour  de  rôle.  Chacun  d'eux  reçoit  une 
boule  des  mains  d'un  autre  secrétaire  et  la  dépose,  soit 
dans  une  urne  portant  l'indication  oui,  soit  dans  une 
urne  portant  l'indication  non.  Lorsque  tous  ont  voté,  les 
trois  secrétaires,  assistés  de  trois  scrutateurs,  comptent 
les  boules,  et  le  résultat  obtenu  est  proclamé  par  le  pré- 
sident. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  — L'Assemblée  ne  peut 
délibérer  valablement  si  la  majorité  absolue  de  ses  membres 
n'est  présente.  Le  président  ouvre  et  clôt  la  séance,  et, 
avec  l'autorisation  de  la  Chambre,  fixe  le  jour  de  la  pro- 
chaine séance  et  règle  l'ordre  du  jour.  Avant  l'ouverture 
de  la  séance,  un  des  secrétaires  lit  la  liste  des  membres, 
par  ordre  alphabétique,  et  marque  les  noms  des  absents. 
Lorsqu'on  aborde  les  questions  portées  à  l'ordre  du  jour, 
les  députés  qui  désirent  parler  doivent  y  être  autorisés 
par  le  président.  Ils  ne  peuvent  parler  plus  de  deux  fois 
dans  la  même  discussion,  à  moins  que  la  Chambre,  sur  la 
proposition  du  président,  ne  les  autorise  à  parler  une 
troisième  fois.  Ils  parlent  à  la  tribune,  mais  peuvent  par- 
ler de  leur  siège  avec  la  permission  du  président.  iVucune 
limitation  n'est  imposée  au  débat  qui  ne  peut  être  clos 
qu'après  que  tous  les  orateurs  inscrits  sur  la  liste  du  pré- 
sident ont  pris  la  parole  ou  ont  renoncé  à  leur  droit  de  la 
prendre.  Les  interruptions  sont  interdites.  Pour  le  main- 
tien de  la  discipline,  le  président  dispose  :  du  rappel  à 
l'ordre,  appUcable  aux  députés  qui,  dans  leurs  discours, 
se  livrent  à  des  attaques  personnelles,  et  à  ceux  qui  troublent 
l'ordre  ;  du  rappel  à  l'ordre  avec  inscription  au  procès- 
verbal,  applicable  aux  députés  qui  ne  se  sont  pas  soumis 
au  rappel  simple.  Si  le  député  ainsi  rappelé  deux  fois  à 
l'ordre  persiste  dans  son  désordre,  le  président  consulte 
l'Assemblée  sur  son  cas,  et,  si  elle  désapprouve  sa  con- 
duite, mention  de  cette  désapprobation  est  faite  au  procès- 
verbal.  Lorsqu'il  se  produit  dans  l'Assemblée  un  tumulte 
dont  les  appels  de  cloche  n'ont  pu  venir  à  bout,  le  prési- 
dent se  lève  et  avertit  la  Chambre  qu'il  ajournera  le  débat 
si  le  tumulte  continue.  Si  cet  avertissement  demeure  sans 
eifet,  il  ajourne  la  séance  pour  un  temps  déterminé. 

Congés.  Les  députés  qui,  pour  une  raison  quelconque, 
sont  obligés  de  s'absenter  et  même  de  quitter  la  séance, 
doivent  informer  le  président  des  motifs  de  leur  absence. 
Les  noms  des  absents  qui  ne  se  sont  pas  conformés  à 
cette  règle  sont  imprimés  dans  le  journal  de  l'Assemblée. 
Aucun  député  ne  peut  quitter  Athènes  sans  une  permis- 
sion écrite  du  président,  qui  ne  peut  la  donner  qu'après 
l'avoir  obtenue  lui-même  de  la  Chambre.  Avant  le  com- 
mencement de  chaque  séance,  un  des  secrétaires  fait 
l'appel  des  députés  et  marque  les  noms  des  absents. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Les  partis  ne  portent 
pas  de  dénominations  particulières,  on  les  distingue  par 
le  nom  de  leurs  chefs.  Chacun  d'eux  se  compose,  par 
conséquent,  d'un  certain  nombre  de  députés  qui  se  groupent 
autour  d'un  homme  poh tique  dont  les  idées  les  ont  séduits, 
Cette  organisation  implique  peu  de  fixité  dans  les  cadres 
d'un  parti  et  prête  à  des  transformations  assez  rapides. 
C'est  précisément  ce  qui  s'est  produit  lorsque  les  événe- 
ments de  la  guerre  turquo-grecque  ont  brusquement  déso- 
rienté les  esprits.  Avant  la  guerre,  par  exemple,  les  mi- 
nistériels ou  Delyanistes  étaient  160  et  les  opposants  39, 
dans  une  Chambre  de  207  membres.  Après  la  guerre, 
les  Delyanistes  n'étaient  plus  que  83,  les  Rallistes  13,  les 


Tricoupistes  13,  les Carapanistes  4,  les  indépendants?,  le 
centre  5  et  77  flottants  ! 

VI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  La 
Chambre  siège  à  Athènes,  dans  un  palais  situé  rue  du 
Stade  et  inauguré  en  1875.  Pendant  les  sessions  (octobre- 
avril),  les  séances  ont  lieu  tous  les  jours,  de  quatre  heures 
à  huit  heures  ou  neuf  heures  du  soir.  Le  public  y  est 
admis  sans  cartes,  dans  des  galeries  spéciales  ;  il  y  a  des 
galeries  réservées,  où  l'on  entre  sur  la  présentation  de 
billets  distribués  par  le  président  aux  députés,  ou  délivrés 
directement  par  lui  aux  membres  du  corps  diplomatique, 
aux  ofiîciers,  fonctionnaires  publics,  membres  de  la 
presse,  etc.  Les  étrangers  doivent  observer  un  silence 
absolu.  Si  quelque  trouble  se  produit  dans  les  galeries,  le 
président  peut,  mais  avec  le  consentement  de  la  Chambre, 
les  faire  évacuer. 

L'administration  intérieure  de  la  Chambre  est  sous  les 
ordres  d'un  bibliothécaire,  qui  est  un  député  élu  à  ces 
fonctions  par  ses  collègues,  au  début  de  chaque  session, 
et  d'un  trésorier  élu  de  la  même  façon.  Le  bibliothécaire 
a  toutes  les  attributions  qu'exerce  en  France  le  secrétaire 
général  de  la  questure,  et  il  a,  en  plus,  la  direction  de  la 
bibliothèque  et  des  archives.  D'autre  part,  le  président 
nomme  les  fonctionnaires  du  service  plus  spécialement 
législatif,  comme  les  rédacteurs  et  sténographes,  et  les 
employés  chargés  du  service  d'ordre  et  de  police. 

VIL  Rapports  de  l'Assemblée  avec  le  pouvoir  exécutif. 
—  La  Chambre  exerce  le  pouvoir  législatif  conjointement 
avec  le  roi,  et  ils  ont  l'un  et  l'autre  le  droit  d'initiative. 
Lorsqu'une  loi  a  été  votée  par  la  Chambre  et  qu'elle  n'est 
pas  sanctionnée  par  le  roi  dans  les  deux  mois  qui  suivent 
la  clôture  de  la  session,  elle  est  considérée  comme  ayant 
été  rejetée. 

Le  Ministère.  Le  pouvoir  exécutif  est  exercé  par 
des  ministres  nommés  par  le  roi.  Ils  sont  responsables  et 
peuvent  être  traduits  par  la  Chambre  devant  une  cour 
spéciale  présidée  par  le  président  de  l'Aréopage.  Ils  sont 
choisis  dans  la  majorité  de  l'Assemblée,  ou  ils  peuvent 
entrer  et  exercer  le  droit  d'initiative  que  la  Constitution 
a  reconnu  au  roi. 

VIII.  Fin  de  l'Assemblée.  —  Les  pouvoirs  des  députés 
expirent  quatre  ans  après  le  décret  de  convocation  de 
l'Assemblée,  qui  peut  d'ailleurs  être  dissoute  par  le  roi. 

HOLLANDE.  —  Les  Etats  généraux  de  Hollande  se 
composent  de  deux  Chambres,  dénommées  première  et 
seconde  Chambre,  ou  encore  Chambre  haute  et  Chambre 
basse  (V.  Constitution,  t.  XII,  ^.  691). 

Seconde  Chambre.  —  I.  Constitution  de  l'Assem- 
blée. —  A  l'ouverture  de  chaque  session,  les  deux 
Chambres  sont  réunies  pour  entendre  lecture  du  décret  de 
convocation,  puis  elles  se  séparent  pour  vaquer  chacune 
à  ses  travaux  respectifs.  Dans  la  seconde  Chambre,  le 
doyen  d'âge  préside  ;  aussitôt  que  50  membres  sont  pré- 
sents, on  nomme  quelques  commissions  de  3  membres 
chargées  de  vérifier  les  pouvoirs  des  nouveaux  représen- 
tants. La  Chambre  prononce,  sur  le  rapport  de  ces  com- 
missions, l'admissibifité  ou  la  non-admissibilité.  Dès  que 
50  membres  ont  été  admis,  la  Chambre  nomme  3  repré- 
sentants, parmi  lesquels  le  souverain  choisira  le  président 
définitif. 

IL  Travail  intérieur.  —  Sections  et  comités.  La 
Chambre  est  divisée  par  la  voie  du  sort  en  5  sections  re- 
nouvelables tous  les  mois  ou  tous  les  deux  mois.  Chaque 
section  nomme  son  président  et  son  vice-président.  On 
appelle  Section  centrale  une  section  formée  par  le  pré- 
sident de  la  Chambre  et  par  les  présidents  des  différentes 
sections.  Les  projets  de  loi  sont  soumis  aux  sections,  et  la 
section  centrale  arrête  l'ordre  dans  lequel  ils  viendront 
en  délibération  devant  elles.  Chacune  nomme  un  rappor- 
teur, et  lorsque  toutes  les  sections  ont  délibéré,  les  rap- 
porteurs se  réunissent  en  comité,  qui  nomme  un  rappor- 
teur général.  Dans  les  matières  importantes,  la  Chambre 
peut,  soit  sur  la  motion  du  président,  soit  sur  la  demande 


PARLEMENTARISME 


1162  — 


de  10  représentants,  créer  un  «  comité  de  préparation  » 
dont  les  membres  sont  nommés  par  le  président  ou,  si  la 
Chambre  le  désire,  sont  délégués  par  les  sections.  Ce 
comité  est  chargé  de  présenter,  après  s'être  mis  d'accord 
avec  le  ministre  intéressé,  un  rapport  dont  les  indications 
serviront  de  guide  dans  les  débats  qui  seront  ouverts 
devant  la  Chambre.  Dans  certaines  circonstances,  par 
exemple  lorsqu'il  apparaît  que  certains  points  importants 
d'une  loi  ont  été  discutés  dans  quelques  sections  et  ne 
Font  pas  été  dans  les  autres,  le  président  peut  réunir 
toutes  les  sections  qui  délibèrent  alors  ensemble  sur  ces 
points  spéciaux. 

Rapports,  Le  comité  des  rapporteurs  présente  un  rap- 
port qui  contient  :  une  analyse  du  principe  de  la  loi,  un 
résumé  des  débats  des  sections,  un  compte  rendu  du  ré- 
sultat des  échanges  de  vues  qui  ont  pu  avoir  lieu  avec  le 
gouvernement.  Si  le  comité  pense  que  le  projet  doit  être 
amendé,  les  amendements  qu'il  propose  sont  donnés  en 
annexe.  Ce  rapport,  avec  son  annexe,  les  documents  fournis 
au  comité,  les  réponses  du  gouvernement,  etc.,  est  im- 
primé, distribué  aux  représentants  et  envoyé  au  gou- 
vernement. Puis  il  est  placé  sur  le  bureau  de  FAssemlilée. 

Projets  et  propositions.  La  seconde  Chambre  seule  a 
le  droit  d'initiative.  Elle  a  le  droit  d'amender  les  projets 
présentés  par  le  gouvernement.  Tous  les  projets  et  pro- 
positions sont  imprimés,  distribués  aux  représentants  et 
renvoyés  aux  sections. 

ni.  Travail  en  séance  publique.  —  Lorsqu'un  rapport 
a  été  déposé  et  distribué,  le  président  fixe  la  date  du 
débat  que  la  Chambre  peut  changer  si  elle  le  désire.  Il  y 
a  deux  lectures,  l'une  portant  sur  l'ensemble,  l'autre  sur 
les  articles.  Si  une  loi  a  plusieurs  sections,  la  Chambre 
peut  instituer  un  débat  sur  chacune  d'elles.  Le  budget 
est  présenté  dès  l'ouverture  de  la  session. 

Amendements.  Tout  représentant  peut  présenter  des 
amendements  entre  la  période  fixée  pour  la  lecture  du 
rapport  et  le  commencement  de  la  discussion  des  articles. 
Ces  amendements  sont  imprimés  et  distribués.  Pour  qu'ils 
soient  discutés,  ils  doivent  être  appuyés  par  5  membres 
au  moins.  La  Chambre  peut,  sur  la  proposition  de  cinq 
membres  ou  du  président,  suspendre  le  débat  sur  chaque 
amendement  ou  le  renvoyer  aux  sections  ;  il  en  est  de  même 
des  modifications  proposées  par  le  gouvernement.  Le  co- 
mité des  rapporteurs  ou  le  comité  de  préparation  doivent 
rapporter  les  amendements  que  la  Chambre  leur  désigne. 
Entre  le  vote  des  articles  et  le  vote  final  de  l'ensemble 
d'un  projet,  on  ne  peut  présenter  que  des  amendements 
destinés  à  rendre  plus  clair  le  texte.  Enfin,  avant  le  vote 
définitif,  la  Chambre  peut  encore  renvoyer  un  projet 
amendé  au  comité  des  rapporteurs  et  au  comité  de  prépa- 
ration afin  d'en  obtenir  un  rapport  sur  l'influence  que  ces 
amendements  pourront  exercer  sur  la  teneur  du  projet.  Ce 
rapport  lu,  aucun  débat  n'est  institué,  et  la  Chambre 
passe  au  vote  final,  ou  renvoie  le  projet  amendé  et  le  rap- 
port à  l'examen  des  sections.  Les  motions  suivent  la  même 
procédure. 

Interpellations.  Le  représentant  qui  désire  interpeller 
le  gouvernement  doit  en  demander  l'autorisation  à  la 
Chambre  qui,  en  l'accordant,  fixe  un  jour  pour  le  débat. 
S'il  y  a  urgence  et  si  le  ministre  intéressé  assiste  à  la 
séance,  la  question  peut,  si  la  Chambre  le  désire,  être 
traitée  immédiatement. 

Votes.  Un  vote  a  lieu  à  la  conclusion  de  chaque  débat. 
Les  noms  des  représentants  sont  appelés.  Chacun  d'eux  à 
l'appel  de  son  nom  répond  pour  ou  contre.  Le  président 
vote  le  dernier.  Les  résolutions  doivent  réunir  la  majorilé 
absolue.  Les  nominations  ont  lieu  au  scrutin  secret.  Le 
président  nomme  alors  4  scrutateurs  ;  il  annonce  le 
nombre  des  membres  présents  ;  l'un  des  scrutateurs  an- 
nonce celui  des  bulletins  trouvés  dans  l'urne.  Chacun  des 
bulletins  est  lu  à  haute  voix  par  deux  scrutateurs,  les 
deux  autres  pointant  les  votes.  Enfin  la  Chambre  est  infor- 
mée du  résultat  par  le  premier  nommé  des  scrutateurs. 


IV.  Discipline  DE  l'Asshmblke.  —  C'est  le  président  qui 
décide,  sous  sa  responsabilité,  des  réunions  de  l'Assem- 
blée, et  il  les  multiplie  quand  cela  lui  paraît  nécessaire. 
Chaque  représentant  en  arrivant  à  la  séance  signe  une 
Uste.  Dès  que  cette  liste  porte  51  signatures,  le  pré- 
sident ouvre  la  séance.  Lorsque  ce  quorum  n'est  pas  at- 
teint au  bout  d'un  quart  d'heure,  le  président  monte  au 
fauteuil,  lit  les  noms  des  absents  et  les  fait  insérer  au  pro- 
cès-verbal, puis  il  ajourne  la  Chambre.  Aucun  membre 
ne  peut  prendre  la  parole  avant  de  l'avoir  demandée  et 
obtenue  du  président.  Une  liste  des  orateurs  inscrits  dé- 
termine l'ordre  dans  lequel  ils  parleront,  et  qui  est  celui 
de  leur  inscription.  On  ne  peut  parler  plus  de  deux  fois 
sur  le  même  sujet,  à  moins  de  permission  spéciale  de  la 
Chambre.  Bien  que  le  règlement  ne  prévoie  pas  formelle- 
ment la  clôture,  elle  existe  en  fait.  Une  motion  pour  la 
clôture  du  débat  doit  être  appuyée  par  5  membres  au 
moins  dont  les  noms  sont  appelés  par  le  président,  et  qui 
se  lèvent  pour  bien  marquer  leur  intention.  Aucun  débat 
ne  doit  s'engager  sur  la  clôture.  Mais  avant  de  la  mettre 
aux  voix,  le  président  demande  si  les  ministres  ou  les  au- 
teurs d'un  projet  de  loi  désirent  parler  encore  sur  la  ques- 
tion en  délibération.  Comme  au  Parlement  hollandais,  les 
discussions  sont  fort  calmes  et  fort  courtoises,  il  n'y  existe 
pas  d'autre  mesure  disciplinaire  que  le  rappel  à  l'ordre 
que  le  président  applique  au  représentant  qui  use  d'ex- 
pressions offensantes,  et  le  rappel  à  la  question  appHcable 
au  représentant  qui  s'écarte  par  trop  de  l'objet  en  dis- 
cussion. Enfin,  si  le  représentant  ainsi  rappelé  à  la  ques- 
tion s'obstine  à  s'en  écarter,  le  président  peut  demander 
à  la  Chambre  l'autorisation  de  lui  retirer  la  parole  pour 
le  reste  du  débat. 

Congés.  Les  règlements  ne  prévoient  pas  les  congés  : 
on  a  indiqué  plus  haut  les  mesures  prises  contre  les  ab- 
sences. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Comme  en  Belgique, 
c'est  la  question  religieuse  qui  marque  la  division  des  opi- 
nions politiques.  Longtemps  deux  partis  seulement  ont  été 
en  présence,  les  libéraux  et  les  conservateurs  ;  la  loi  sur 
l'enseignement  primaire  de  1859  donna  lieu  à  une  nou- 
velle classification,  et  l'on  eut  en  présence  des  antirévo- 
lutionnaires, ainsi  nommés  de  leur  horreur  pour  les  prin- 
cipes de  la  Révolution  de  1789,  et  des  libéraux.  Dans  la 
Chambre  qui  précéda  celle  de  1897,  les  libéraux  étaient  57, 
les  catholiques  25,  les  protestants  15,  les  radicaux  3. 
Ces  divers  partis,  y  compris  un  très  petit  nombre  de  so- 
cialistes, se  groupaient  en  deux  divisions:  1^  les  anticlé- 
ricaux, partisans  du  libre-échange  et  comprenant  les  libé- 
raux, les  radicaux  et  les  socialistes;  ^^  les  cléricaux, 
partisans  du  système  protectionniste  et  comprenant  les 
catholiques  et  les  antirévolutionnaires  (protestants).  Les 
élections  de  1897,  attendues  avec  une  certaine  curiosité, 
parce  qu'elles  étaient  faites,  pour  la  première  fois,  d'après 
le  nouveau  régime  électoral  qui  a  admis  au  vote  un  plus 
grand  nombre  d'électeurs,  ont  envoyé  à  la  Chambre  :  47  li- 
béraux, 22  catholiques,  22  protestants  antirévolution- 
naires, 4  radicaux,  en  sorte  qu'aucun  parti  ne  peut  être 
assuré  d'une  majorité  certaine,  les  libéraux,  malgré  leur 
nombre,  ne  pouvant  gouverner  qu'avec  l'appui  des  radi- 
caux et  des  socialistes. 

YI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  La 
Chambre  occupe  une  partie  de  l'immense  palais  gothique 
de  Binnenhof,  à  La  Haye.  La  salle  des  séances  est  petite, 
et  l'installation  des  représentants  est  assez  défectueuse. 
Une  grande  tribune  réservée  au  public  et  à  la  presse  oc- 
cupe le  fond  de  la  salle  ;  au  bas,  le  bureau  et  le  fauteuil 
présidentiel,  et,  de  chaque  côté,  les  sièges  des  représen- 
tants. Les  séances  commencent,  en  général,  à  onze  heures 
du  matin  et  se  terminent  à  quatre  heures  ou  quatre  heures 
et  demie  ;  elles  n'ont  généralement  pas  lieu  les  lundis  et 
samedis.  Le  président  exerce  la  pouce  de  l'Assemblée  et 
peut  faire  évacuer  les  tribunes,  si  quelque  désordre  s'y 
produit.  Les  débats  sont  généralement  fort  calmes  ;  les 


M6P> 


PARLEMENTARISME 


orateurs  parlent  de  leur  place.  Ils  usaient  jadis,  en  s'adres 
sant  à  leurs  collègues,  de  formules  des  plus  courtoises, 
consacrées  par  un  long  usage  :  «  Nobles  puissances  !  Hauts 
et  puissants  seigneurs!  »,  mais  depuis  1848,  elles  ont  été 
remplacées  par  celle  plus  prosaïque  de  messieurs.  Au  reste, 
il  arrive  souvent  que  l'orateur,  suivant  la  coutume  an- 
glaise, commence  son  discours  en  s'adressant  au  prési- 
dent de  r Assemblée.  L'administration  intérieure  se  com- 
pose d'un  greffier  et  d'un  greffier  adjoint  nommés  par  la 
Chambre.  Le  greffier,  sous  le  contrôle  du  président  et  de 
2  membres  élus  chaque  année,  dirige  les  services  inté- 
rieurs. Un  comité  des  affaires  intérieures  présente  le  bud- 
get spécial  de  la  Chambre  qui  l'examine  en  comité  se- 
cret. 

VIL  Rapports  de  u  Chambre  avec  l'autre  Assemblée 
ET  AVEC  LE  GOUVERNEMENT.  —  La  première  Chambre 
n'ayant  pas  le  droit  de  modifier  les  projets  adoptés  par 
la  seconde,  les  rapports  entre  les  deux  assemblées  sont 
extrêmement  simplifiés.  Si  la  première  Chambre  accepte 
un  projet  de  la  seconde,  elle  l'envoie  aussitôt  au  roi.  Si 
elle  ne  l'accepte  pas,  elle  informe  la  seconde  Chambre  de 
sa  décision  par  un  message. 

Le  Ministère.  Le  Conseil  des  ministres  est  composé 
des  chefs  des  départements  exécutifs.  Ils  sont  nommés 
par  le  roi  et  sont  responsables  de  leurs  actes  aussi  bien 
devant  le  souverain  que  devant  la  seconde  Chambre,  qui 
ont  l'un  et  l'autre  le  droit  de  les  traduire  devant  la  haute 
Cour.  Ils  ont  l'entrée  dans  les  deux  Chambres  et  peuvent 
prendre  part  aux  débats,  mais  non  voter,  à  moins  qu'ils 
ne  fassent  partie  du  Parlement.  Le  souverain  tient  compte 
des  indications  de  la  majorité  parlementaire,  et  un  vote  de 
défiance,  aussi  bien  dans  la  pz^emière  que  dans  la  seconde 
Chambre,  amène  un  changement  de  ministère. 

Vin.  Fin  de  l'Assemblée,  —  Les  pouvoirs  des  membres 
de  la  seconde  Chambre  expirent  au  bout  de  quatre  ans,  à 
compter  du  décret  de  convocation.  Elle  peut  être  dis- 
soute par  le  roi. 

Première  Chambre.  —  Cette  Assemblée  n'ayant  pas 
le  droit  d'amender  les  lois  votées  par  la  seconde,  n'ayant 
pas  même  le  droit  de  motiver  son  refus  quand  il  lui  arrive 
d'en  rejeter  une,  n'ayant  pas  le  droit  d'initiative,  est  en 
quelque  sorte  une  simple  Chambre  d'enregistrement.  Ce- 
pendant elle  peut  interpeller  les  ministres,  et  son  vote  de 
blâme  fait  tomber  le  ministère»  Son  président  est  nommé 
par  le  roi  ;  il  n'y  a  ni  vice-président,  ni  bureau  :  en  sorte 
qu'en  cas  d'absence  du  président,  c'est  son  prédécesseur 
ou  le  doyen  d'âge  qui  le  remplace.  Le  président  forme 
avec  deux  membres  une  commission  chargée  d'exercer, 
pendant  la  durée  de  la  session,  la  surveillance  de  la  biblio- 
thèque, et  de  veiller  aux  affaires  intérieures  de  la  Chambre. 
]^e  président  a  le  droit  de  rappeler  à  l'ordre  ses  collègues 
ou  même  les  ministres,  mais  les  discussions  sont  telle- 
ment calmes  et  courtoises,  qu'il  n'a  jamais  eu  à  exercer 
ce  droit.  Les  débats  de  la  première  Chambre  sont  sténo- 
graphiés, comme  ceux  de  la  seconde,  et  réunis  dans  une 
(collection  des  débats  parlementaires  des  Etats  généraux, 
qui  contient  aussi  les  documents  annexes.  Ces  débats  et 
documents  sont  réimprimés  dans  une  seconde  collection 
qui  est  distribuée  en  annexe  du  Journal  officiel.  La  pre- 
mière Chambre  ne  siège  qu'une  trentaine  de  fois  par  an. 
Les  séances  commencent  à  onze  heures  du  matin  pour 
fermer  à  quatre  ou  cinq  heures  du  soir  ;  il  y  a  parfois  des 
séances  du  soir  qui  s'ouvrent  vers  sept  heures.  L'admi- 
nistration intérieure  ne  comporte  qu'un  greffier,  un  com- 
mis-greffier, un  commis-chef,  et  quelques  agents  subal- 
ternes. La  première  Chambre  occupe,  en  face  de  la 
seconde,  des  locaux  infiniment  mieux  appropriés  à  leur 
destination. 

ITALIE.  —  Chambre  des  députés.  —  l.  Constitution 
DE  l'Assemblée.  —  Les  formahtés  qui  précèdent  l'élec- 
tion du  bureau  définitif  différent  peu  de  ce  qui  se  passe 
en  France.  Aussi  n'y  in^ist^rons-nous  pas.  Lorsque  le  bu- 
j:^eau  définitif,  qui  comprend  4  président,  A  vice-prési- 


dents, 8  secrétaires  et  2  questeurs,  a  été  élu,  l'Assemblée 
est  constituée,  et  avis  en  est  donné  au  roi  et  au  Sénat. 

IL  Travail  intérieur.  —  Bureaux  et  commissions.  La 
Chambre  est  divisée  par  la  voie  du  sort  en  9  bureaux  re- 
nouvelés tous  les  deux  mois.  Chaque  bureau  nomme  son 
président,  son  vice-président,  son  secrétaire,  et  ne  peut 
valablement  délibérer  que  si  9  membres  pour  le  moins 
sont  présents.  Chaque  bureau  examine  les  propositions, 
amendements,  etc.,  qui  lui  sont  renvoyés,  et  nomme  un 
rapporteur.  Les  rapporteurs  se  réunissent  en  un  bureau 
central  et  exposent  les  opinions  de  leurs  bureaux  respec- 
tifs, puis  ils  nomment  un  rapporteur  dont  le  travail  est 
imprimé  et  distribué.  La  Chambre  peut  nommer  des  com- 
missions pour  l'examen  de  projets  spéciaux  ;  elle  nomme 
3  commissions  permanentes  :  la  commission  du  budget 
(36  membres),  celle  des  pétitions  (18  membres),  celle  de 
l'examen  des  articles  de  comptes  sur  lesquels  la  Cour  des 
comptes  a  formulé  des  réserves  (6  membres)  ;  une  com- 
mission de  la  Bibliothèque,  etc. 

Projets  et  propositions.  Ces  projets  sont  imprimés  et 
distribués  et,  lorsqu'ils  ont  été  pris  en  considération  par 
la  Chambre,  peuvent  passer  par  des  phases  différentes  que 
nous  examinerons  plus  loin. 

IIÏ.  Travail  en  séance  publique.  —  Lorsqu'un  projet 
ou  une  proposition  arrive  devant  la  Chambre,  la  première 
question  qui  est  posée  après  la  prise  en  considération  est 
celle  de  savoir  si  ce  projet  ou  cette  proposition  suivra  la 
procédure  des  trois  lectures  ou  celle  des  bureaux.  La 
Chambre  tranche  cette  question  après  avoir  entendu  seu- 
lement un  orateur  pour  et  un  orateur  contre.  Mais  l'ur- 
gence peut  être  réclamée  soit  par  le  ministre,  soit  par  le 
député  qui  présente  le  projet,  soit  par  une  demande  si- 
gnée par  10  membres.  On  peut  même,  à  l'aide  de  20  si- 
gnatures, réclamer  le  bénéfice  de  l'extrême  urgence.  Ces 
diverses  déclarations  ont  pour  effet  d'abréger  considéra- 
blement les  délais  que  nécessite  la  stricte  application  do 
la  procédure  ordinaire. 

Procédure  des  trois  lectures.  Un  jour  est  fixé  pour  la 
première  lecture,  mais  à  condition  qu'il  y  ait  un  délai  de 
huit  jours  entre  ce  jour  et  celui  où  le  projet  a  été  distri- 
bué. Cette  première  lecture  est  une  discussion  générale 
sur  l'ensemble,  et  elle  débute  par  les  explications  du  mi- 
nistre ou  du  député  auteur  du  projet.  La  Chambre  ayant 
consenti  à  une  seconde  lecture,  la  loi  est  renvoyée  à  une 
commission  dont  le  rapport  est  distribué  et  mis  à  l'ordre 
du  jour,  six  jours  au  moins  après  la  date  de  la  distribu- 
tion. C'est  la  Chambre  qui  décide  de  cette  inscription  à 
l'ordre  du  jour,  après  avoir  entendu  un  orateur  pour  et 
un  contre.  La  deuxième  lecture  consiste  dans  la  discussion 
des  articles.  Lorsqu'elle  est  terminée,  la  Chambre  fixe  le 
jour  de  la  troisième  lecture,  qui  doit  avoir  lieu  huit  jours 
au  moins  après  la  seconde.  La  troisième  lecture  n'est  que 
la  revision  générale  du  projet  et  son  vote  au  scrutin  se- 
cret. 

Procédure  des  bureaux.  Les  projets  ayant  été  distri- 
bués sont  transmis  aux  bureaux,  qui  nomment  une  com- 
mission pour  leur  examen.  Le  rapport  de  cette  commis- 
sion ayant  été  distribué,  la  Chambre  procède  à  la  discussion 
générale  (vingt-quatre  heures  au  moins  après  cette  dis- 
tribution), au  vote  des  articles,  à  l'examen  des  amende- 
ments. Puis  la  Chambre  approuve  ou  rejette  le  projet. 

Interpellations  et  questions.  Tout  député  peut  pré- 
senter une  demande  d'interpellation  qu'il  remet,  écrite, 
au  président.  Celui-ci  en  donne  lecture  à  la  Chambre.  Dès 
la  séance  qui  suit,  le  ministre  intéressé  doit  déclarer  s'il 
a  l'intention  de  répondre.  Si  telle  est  son  intention,  la 
Chambre  fixe  le  jour  où  aura  lieu  l'interpellation.  S'il  re- 
fuse d'y  répondre,  l'interpellateur  expose  ses  motifs,  et  la 
Chambre  prononce  entre  lui  et  le  ministre.  Lorsqu'une 

i.^4- «11^4^«„ J«,^+      X      T^^J»-.,^         Alt      \r\ttvi         i~ir\-n        r>n  +  A-l1«     \n      Ad 


d'un  projet  de  résolution,  et  un  jour  est  fixé  pour  sa  dis 


PARLEMENTARISME 


1464 


cussion  :  cette  motion  une  fois  déposée  ne  peut  pas  être 
retirée  par  son  auteur  sans  le  consentement  de  l'Assem- 
blée. Pour  les  questions,  il  est  procédé  comme  en  France. 

Amendements.  1°  Dans  le  cas  de  la  procédure  des  trois 
lectures,  les  amendements  présentés  par  le  gouvernement  ou 
portant  la  signature  de  i&  députés  doivent  être  remis  au 
président  quarante-huit  heures  au  moins  avant  l'ouver- 
ture du  débat  sur  la  troisième  lecture.  Ils  sont  imprimés, 
distribués  et  communiqués  au  comité  général  vingt-quatre 
heures  avant  ce  débat.  Ils  sont  mis  en  discussion  et,  cette 
discussion  terminée,  tout  député  peut  être  autorisé  par 
le  président  à  faire  une  déclaration  relative  à  leur  vote. 
2°  Dans  la  procédure  des  bureaux,  tous  les  amendements 
doivent  être  remis  au  comité  qui  fait  sur  eux  un  rapport. 
Un  amendement  rejeté  par  le  comité  ne  peut  pas  être  mis 
en  délibération  à  moins  que  15  membres  ne  le  demandent. 
En  ce  cas,  l'auteur  de  Famendement  expose  les  raisons 
qu'il  a  d'insister  pour  son  adoption  ;  le  rapporteur  du  co- 
mité répond,  et  la  Chambre  tranche  la  question  en  votant 
la  clôture  ou  la  continuation  du  débat.  Lorsqu'il  s'agit  de 
discussions  importantes  occupant  plusieurs  séances,  les 
amendements  sont  imprimés  et  distribués.  Un  amende- 
ment retiré  par  son  auteur  ne  peut  être  repris  par  un 
autre  membre,  à  moins  qu'il  ne  fasse  partie  du  comité 
central.  Enfin,  lorsque  le  moment  de  voter  l'ensemble  de 
la  loi  est  venu,  le  comité  ou  un  ministre  peut  attirer 
l'attention  de  la  Chambre  sur  les  amendements  adoptés 
par  elle  et  qui  lui  sembleraient  en  désaccord  avec  l'esprit 
de  la  loi  ou  avec  quelqu'une  de  ses  dispositions.  Les  au- 
teurs d'amendements  ou  un  député  quelconque  peuvent 
répondre  à  cette  objection  :  le  comité  ou  le  ministre  a  en- 
core le  droit  de  répliquer.  Après  quoi,  la  Chambre  passe 
au  vote. 

Votes,  La  plupart  des  votes  se  font  pai^  assis  et  levé, 
avec  contre-épreuve  si  un  député  la  réclame.  Le  président 
et  les  secrétaires  apprécient  les  résultats.  En  cas  de  doute 
ou  si  10  membres  le  demandent,  on  procède  à  la  division 
(divisione  deW  aula).  Le  président  indique  de  quel  côté 
de  la  Chambre  doivent  se  ranger  ceux  qui  sont  pour  et 
de  quel  côté  doivent  se  placer  ceux  qui  sont  contre. 
Les  secrétaires  comptent  les  uns  et  les  autres,  et  le  pré- 
sident proclame  le  résultat.  Sur  la  demande  de  15  membres, 
on  a  recours  au  vote  par  appel  nominal.  Le  président 
commence  par  expliquer  le  vote,  un  des  secrétaires  fait 
l'appel,  les  autres  comptent  les  voix.  Sur  la  demande  de 
20  membres  et  toutes  les  fois  qu'il  s'agit  du  vote  final  sur 
les  propositions  de  loi,  on  procède  au  scrutin  secret  :  deux 
urnes,  l'une  blanche  et  l'autre  noire,  sont  placées  sur  le 
bureau  :  chaque  député  reçoit  deux  boules,  l'une  blanche, 
l'autre  noire  ;  à  l'appel  de  son  nom,  il  s'approche  du  bu- 
reau et,  s'il  approuve,  il  dépose  la  boule  blanche  dans 
l'urne  blanche  et  la  boule  noire  dans  l'urne  noire.  S'il 
désapprouve,  il  dépose  la  boule  blanche  dans  l'urne  noire 
et  la  boule  noire  dans  l'urne  blanche.  Les  secrétaires 
comptent  les  boules.  Si  quelque  irrégularité  est  signalée, 
par  exemple  si  le  nombre  des  boules  trouvées  dans  une 
urne  est  plus  considérable  que  le  nombre  des  votants,  le 
président  peut  annuler  le  vote  qui  est  immédiatement 
recommencé.  Le  bureau  tient  une  liste  de  ceux  qui 
votent  et  de  ceux  qui  s'abstiennent  dans  les  scrutins 
secrets. 

IV.  Discipline  DE  l'Assemblée.  —  Les  séances  commen- 
cent par  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  précé- 
dente et  des  communications  à  faire  à  l'Assemblée.  En 
l'absence  de  quorum,  le  président  ordonne  l'appel  nomi- 
nal :  les  noms  des  absents  sont  insérés  au  Journal  ofji- 
eiel.  Les  orateurs  se  font  inscrire  sur  une  liste  déposée 
sur  le  bureau  du  président,  et  la  parole  leur  est  donnée 
alternativement  pour  et  contre  :  ils  ne  peuvent  parler 
qu'une  fois  dans  la  même  discussion,  excepté  en  cas  de 
rappel  à  Tordre,  de  position  de  la  question  ou  de  question 
personnelle.  La  lecture  des  discours  est  tolérée,  pourvu 
qu'elle  ne  dure  pas  plus  d'un  quart  d'heure.  Aucun  dis- 


cours ne  peut  être  interrompu  ou  continué  à  une  séance 
suivante.  Les  autres  dispositions  réglementaires  sont  ana- 
logues à  celles  du  Parlement  français.  La  question  préa- 
lable peut  être  posée  par  un  député  avant  l'ouvertui^e  du 
débat  et  par  15  députés  au  cours  de  ce  débat.  Deux 
membres  peuvent  parler  pour  et  deux  contre.  La  clôture 
peut  être  demandée  par  10  députés,  le  président  la  met  aux 
voix  et,  s'il  y  a  quelque  opposition,  un  membre  pour  et 
un  contre  sont  entendus. 

L'orateur  qui  s'écarte  de  la  question  et  qui  y  a  été  rap- 
pelé deux  fois  par  le  président  peut  être  privé  de  la  pa- 
role pour  le  reste  de  la  séance.  Au  cas  où  il  refuserait  de 
se  soumettre  à  l'autorité  présidentielle,  la  Chambre  dé- 
cide à  son  égard,  mais  sans  débat.  Le  député  qui  trouble 
la  Chambre  est  nommé  par  le  président.  Il  peut,  en  ce  cas, 
fournir  des  expHcations  sur  sa  conduite  ;  mais,  s'il  pro- 
teste contre  la  censure  qui  lui  est  infligée,  le  président 
invite  la  Chambre  à  se  prononcer  par  assis  et  levé,  et 
sans  débat.  En  cas  de  tumulte,  le  président  se  couvre,  et 
la  déhbération  est  interrompue.  Si  le  trouble  persiste,  il 
suspend  la  séance  pour  un  temps  donné  et,  en  cas  de  be- 
soin, l'ajourne. 

Congés.  Les  députés  ne  peuvent  s'absenter  sans  avoir 
obtenu  un  congé  ;  la  liste  des  congés  est  affichée  dans  la 
salle. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Il  y  a  à  la  Chambre 
une  droite,  un  centre  et  une  gauche,  mais  ces  divisions 
ne  correspondent  pas  à  des  partis  distincts.  On  trouve  des 
groupements  artificiels  de  députés  autour  de  telle  ou  telle 
personnalité  politique  marquante  :  groupements  sans  au- 
cune organisation  et  sans  stabiUté,  tels  par  exemple  que 
nous  en  avons  rencontrés  en  Grèce,  avec,  par  surcroît, 
un  autre  élément  de  division,  l'esprit  régional,  que  l'unité 
de  l'Italie  n'a  point  fait  disparaître.  En  somme,  on  cons- 
tate ce  fait  unique  dans  l'histoire  du  parlementarisme 
moderne  :  un  seul  parti,  le  parti  libéral,  scindé  en  groupes 
divers  qui  ne  se  distinguent  les  uns  des  autres  que  par 
des  nuances,  d'ailleurs  peu  tranchées.  Aux  élections  de 
1897,  le  parti  catholique,  qui  pourrait  former  le  véritable 
parti  conservateur,  a  continué  son  abstention  systéma- 
tique :  les  ministériels  ont  obtenu  320  sièges,  le  groupe 
Crispi  75,  les  radicaux  27  et  les  socialistes  18.  Le  gou- 
vernement disposait  d'une  majorité  d'environ  146  voix, 
mais  par  suite  de  l'instabilité  qui  résulte  du  manque  d'or- 
ganisation des  partis,  dès  la  fin  de  l'année,  le  ministère 
était  mis  en  minorité,  et  un  cabinet  nouveau  n'obtenait 
plus  qu'une  majorité  incertaine  de  16  voix. 

VL  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  La 
Chambre  occupe,  à  Rome,  sur  la  place  de  Monte-Citorio, 
un  palais  qui  est  l'ancienne  Curia  Innocenziana,  bâtie  au 
xvii®  siècle  par  le  Bernin  et  C.  Fontana.  La  salle  des 
séances  a  été  construite  en  1871  dans  une  cour  recou- 
verte d'une  toiture.  Ses  dispositions  intérieures  rappellent 
beaucoup  celles  de  notre  Chambre  des  députés.  Les  sièges 
des  députés  sont  rangés  en  demi-cercles  concentriques, 
faisant  face  au  fauteuil  présidentiel  dressé  sur  une  plate- 
forme peu  élevée  et  flanqué  à  di^oite  et  à  gauche  des  bu- 
reaux des  secrétaires.  Il  y  a  une  tribune,  mais  on  n'en 
fait  usage  que  pour  les  communications  et  la  lecture  des 
rapports.  Les  orateurs  parlent  de  leur  place.  Les  ministres 
siègent  à  une  table  placée  devant  le  bureau.  Les  sessions 
ont  lieu  généralement  du  15  nov.  à  fin  juin,  avec  des  va- 
cances à  Noël,  à  Pâques  et  au  Carnaval.  Les  séances  ou- 
vrent à  deux  heures  de  l'après-midi  pour  durer  jusqu'à 
six  ou  sept  heures.  Le  président  a  la  police  du  Palais  lé- 
gislatif. Des  tribunes  sont  réservées  au  public.  Si  un 
trouble  s'y  produit,  leur  évacuation  peut  être  ordonnée 
sur-le-champ.  L'administration  intérieure  est  sous  la  sui-- 
veillance  des  secrétaires  pour  les  services  législatifs  et  des 
questeurs  pour  la  bibliothèque,  la  trésorerie.  Les  chefs 
de  service  sont  nommés  et  révoqués  par  l'Assemblée.  La 
Chambre  publie  des  annales  parlementaires  comparables 
aux  nôtres. 


—  4165  — 


PARLEMENTARISME 


Vil.  Rapport  de  la  CHAM^iRE  avec  l'autre  Assemblée 
ET  avec  le  Gouvernement. — Une  loi  adoptée  à  la  Chambre 
est  transmise  au  Sénat  qui  Taccepte  ou  la  rejette.  S'il 
la  rejette,  elle  ne  peut  être  représentée  dans  le  cours  de 
la  même  session.  Lorsqu'une  des  Chambres  a  amendé 
une  loi  provenant  de  l'autre  Chambre,  elle  la  lui  retourne, 
et  les  renvois  se  succèdent  jusqu'à  ce  qu  elles  se  mettent 
d'accord. 

Le  Ministère.  Le  cabinet  se  compose  *de  tous  les  chefs 
des  départements  exécutifs.  Les  ministres  sont  nommés 
par  le  roi,  ou  plutôt  ils  sont  choisis  par  un  premier  mi- 
nistre auquel  le  souverain  confie  ce  choix,  qui  n'est 
jamais  très  facile  à  cause  de  l'émiettement  des  partis.  Les 
ministres  sont  généralement  pris  dans  la  Chambre  des 
députés,  quelques-uns  dans  le  Sénat.  Ils  sont  responsables 
à  la  fois  devant  le  roi  et  devant  le  Parlement  et  peuvent 
être  renversés  par  un  vote.  Le  chef  de  cabinet  convoque 
ses  collègues  aux  séances  et  dirige  les  discussions  du 
conseil  auquel  le  roi  assiste  quand  il  s'agit  de  questions 
graves.  Il  est  tenu  un  registre  de  ces  délibérations,  et  le 
premier  ministre  en  délivre  des  extraits  aux  ministres  qui 
en  ont  besoin.  Les  ministres  n'ont  guère  d'action  sur  les 
travaux  législatifs,  car  les  commissions  parlementaires  ont 
absorbé  à  leur  profit  toute  l'influence  qui  devrait  appar- 
tenir au  cabinet  et  elles  l'exercent  plutôt  contre  les  pro- 
jets du  gouvernement  qu'en  leur  faveur.  Ils  sont,  d'autre 
part,  soumis  à  un  contrôle  incessant  des  Chambres  qui 
abusent  des  interpellations,  questions,  enquêtes,  de- 
mandes de  documents,  etc. 

VIII.  Fin  DE  l'Assemblée.  —  Les  pouvoirs  de  la  Chambre 
expirent  au  bout  de  cinq  ans,  à  dater  du  décret  de  con- 
vocation. Elle  peut  être  dissoute  par  le  roi. 

Séiiat.  —  Le  président  et  le  vice-président  du  Sénat 
sont  nommés  par  le  roi.  Le  bureau  définitif  comprend,  en 
outre,  4  secrétaires  et  2  questeurs  élus  au  scrutin  de  liste. 
Les  fonctions  de  ces  dignitaires  sont  les  mêmes  qu'à  la 
Chambre.  —  Les  lois  et  propositions  sont  renvoyées  aux 
bureaux  ou  à  des  commissions  spécialement  élues.  Il  y 
a  une  commission  permanente  des  finances  (15  membres), 
une  de  comptabiUté  (5  membres) ,  une  des  pétitions 
(5  membres).  Les  commissions  spéciales  peuvent  être 
nommées,  soit  par  les  bureaux,  soit  directement  par  la 
Chambre,  au  scrutin  de  liste,  ou  encore  désignées  par  le 
président  ou  même  par  la  voie  du  sort.  Les  règles  du  dé- 
bat sont  les  mêmes  qu'à  la  Chambre  :  la  clôture  doit  être 
demandée  par  8  sénateurs.  Les  règlements  intérieurs  sont 
à  peu  près  semblables.  Au  Sénat,  le  président  est  aidé 
par  les  questeurs  dans  l'accomplissement  de  ses  devoirs 
de  police  ;  il  n'a  pas  le  droit  de  faire  évacuer  les  tribunes 
sans  que  l'Assemblée  l'y  ait  autorisé  par  un  vote  for- 
mel, par  assis  et  levé,  sans  débat.  Le  Sénat  peut  être 
érigé  en  haute  cour  de  justice  pour  le  jugement  des  crimes 
de  haute  trahison  ou  pour  juger  les  ministres  traduits 
devant  lui  par  la  Chambre  des  députés. 

JAPON.  — Le  Parlement  japonais  comprend  deux  Assem- 
blées législatives  :  la  Chambre  des  pairs  et  la  Chambre 
des  représentants. 

Chambre  des  représentants.  —  I.  Constitution  de 
l'Assemblée.  —  Le  président  et  le  vice-président  de  la 
Chambre  sont  nommés  par  l'empereur  sur  une  liste  de 
trois  membres  pour  chaque  emploi,  votée  par  l'Assem- 
blée. Le  secrétaire  général  occupe  la  présidence  jusqu'à 
la  nomination  du  président. 

IL  Travail  intérieur.  —  Sections  et  comilés.  La 
Chambre  est  divisée  en  sections  d'un  égal  nombre  de  mem- 
bres, par  voie  de  tirage  au  sort.  Un  comité  permanent, 
dont  les  pouvoirs  durent  pendant  toute  la  session,  se  di- 
vise en  diverses  branches  qui  se  répartissent  l'examen  des 
affaires.  Les  membres  de  ce  comité  sont  élus  par  les  sec- 
tions. Des  commissions  spéciales  sont  élues  par  la  Chambre 
quand  besoin  est.  De  plus,  il  y  a,  comme  en  Angleterre, 
comité  de  toute  la  Chambre  dont  le  président  est  élu  au 
commencement  de  chaque  session.  Le  comité  permanent 


et  les  commissions  spéciales  élisent  eux-mêmes  leur  pré- 
sident parmi  leurs  membres.  Le  comité  de  toute  la  Chambre 
ne  peut  délibérer  ou  voter  aucune  résolution  à  moins  que 
le  tiers  du  nombre  total  des  députés  ne  soit  présent.  Lorsque 
le  parlement  n'est  pas  en  session,  la  Chambre  peut  nom- 
mer un  comité  qui  continue  l'examen  des  lois  non  venues 
encore  en  délibération. 

Projets  et  propositions.  Les  projets  du  gouvernement 
doivent  être  renvoyés  à  l'examen  d'une  commission  ;  mais, 
en  cas  d'urgence,  le  gouvernement  peut  demander  la  dis- 
cussion immédiate.  Les  propositions  des  députés  doivent 
être  appuyées  par  vingt  signatures. 

III.  Travail  en  séance  publique.  —  Tout  projet  de  loi 
doit  passer  par  trois  lectures,  sauf  en  cas  d'urgence  ou 
sur  la  demande  de  iO  membres;  mais  la  procédure  d'ur- 
gence doit  être  votée  par  les  deux  tiers  des  membres  pré- 
sents. A  l'ordre  du  jour  les  projets  du  gouvernement  ont 
le  pas  sur  les  autres.  Des  mesures  spéciales  sont  prévues 
pour  le  vote  rapide  du  budget  :  la  commission  doit  dépo- 
ser son  rapport  quinze  jours  au  plus  après  le  dépôt  du 
projet,  et  aucun  amendement  n'est  mis  en  délibération  s'il 
n'est  appuyé  par  30  membres. 

Interpellations.  Les  représentants  peuvent  adresser  des 
questions  au  gouvernement,  mais  chaque  question  doit 
être  appuyée  par  30  membres,  rédigée  sous  forme  de  mé- 
morandum, signée  par  le  président  et  transmise  par  lui 
au  gouvernement.  Un  des  ministres  répond  alors  immé- 
diatement ou  fixe  un  jour  pour  le  débat,  ou  enfin  expose 
les  raisons  qu'il  peut  avoir  de  ne  pas  répondre. 

Amendements.  Un  amendement  doit  être  appuyé  par 
20  membres  ;  un  amendement  au  budget,  par  30  membres  ; 
et  ils  doivent,  pour  être  admis,  être  votés  à  la  majorité  des 
deux  tiers  des  membres  présents. 

Votes.  Les  votes  doivent  réunir  la  majorité  absolue  des 
voix. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  —  C'est  le  président  qui 
règle  l'ordre  du  jour  et  dirige  les  débats.  Il  dispose  des 
mesures  disciplinaires  suivantes  :  le  rappel  à  l'ordre,  appli- 
cable à  tout  représentant  qui  enfreint  le  règlement  ou 
trouble  la  Chambre  d'une  manière  quelconque.  Ce  rappel 
à  l'ordre  comporte  des  nuances.  Il  peut  être  un  simple 
avertissement,  il  peut  aboutir  au  retrait  de  la  parole ,  il 
peut  être  une  demande  de  rétractation  des  observations 
incorrectes  qui  ont  été  faites.  Le  représentant  qui  résiste  au 
rappel  à  l'ordre  peut  être  privé  de  la  parole  pour  le  res- 
tant de  la  séance  ou  même  expulsé  de  la  salle.  Si  l'Assem- 
blée devient  tumulteuse,  le  président  a  la  ressource  de 
suspendre  ou  de  clore  la  séance.  Les  personnalités  et  les 
insultes  sont  rigoureusement  réprimées.  La  Chambre  a, 
par  ailleurs,  un  comité  de  discipline  chargé  d'enquêter  sur 
les  cas  qui  peuvent  donner  lieu  à  des  punitions  discipli- 
naires. Si  un  de  ces  cas  se  produit,  le  président  en  in- 
forme aussitôt  le  comité  qui  rend  une  sentence,  laquelle 
est  soumise  à  l'approbation  de  l'Assemblée.  Ces  punitions 
sont  les  suivantes  :  la  réprimande  solennelle  devant  l'As- 
semblée ;  la  rétractation  solennelle  du  représentant  cou- 
pable devant  l'Assemblée  ;  l'interdiction  de  reparaître  de- 
vant la  Chambre  pendant  un  délai  fixé  ;  l'expulsion  (qui 
doit  être  votée  à  plus  des  deux  tiers  des  membres  pré- 
sents). Le  membre  expulsé  a  d'ailleurs  la  faculté  de  se 
faire  réélire. 

Congés.  Le  président  accorde  des  congés  pour  huit  jours 
au  plus  ;  les  congés  plus  longs  doivent  être  accordés  par 
la  Chambre,  mais  en  aucun  cas  ils  ne  peuvent  être  illi- 
mités. Aucun  représentant  ne  peut  s'absenter  de  la  Chambre 
ou  ne  pas  se  rendre  à  une  commission,  sans  donner  au 
président  les  raisons  de  son  absence.  Les  représentants  qui 
ne  se  rendent  pas  au  Parlement,  dans  les  huit  jours  de 
la  convocation,  ou  qui  ne  fournissent  pas  de  raisons  plau- 
sibles de  leur  absence,  soit  aux  réunions  de  la  Chambre, 
soit  à  celles  des  commissions,  ou  qui  dépassent  le  congé 
qui  leur  a  été  accordé,  reçoivent  une  mise  en  demeure 
formelle  du  président  :  s'ils  ne  s'y  soumettent  pas  ou  ne 


PARLEMENTARISME 


—  1166  — 


fournissent  pas  de  motifs  plausibles,  ils  peuvent  être  ex- 
pulsés. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Dans  un  pays  aussi  nou- 
vellement ouvert  au  parlementarisme  que  le  Japon,  il 
s'est  formé  tout  de  suite  trois  partis  puissants  :  les  pro- 
gressistes, les  libéraux  et  les  conservateurs.  Mais  lorsque 
l'opposition  obtenait  dans  la  Chambre  une  supériorité  nu- 
mérique trop  marquée,  le  gouvernement  rétablissait  la  ba- 
lance en  sa  faveur  à  l'aide  de  grosses  sinécures,  qui  trans- 
formaient en  zélés  partisans  ses  adversaires  de  la  veille. 
De  plus,  la  rivalité  existant  entre  les  libéraux  et  les  pro- 
gressistes lui  donnait  la  partie  belle.  Mais,  depuis  1898, 
les  libéraux  et  les  progressistes,  pour  mieux  résister  aux 
projets  tiscaux  du  gouvernement,  se  sont  amalgamés  en  un 
seul  groupe,  dénommé  le  parti  constitutionnel  (ilens^i-/o), 
qui  réclame  nettement  le  gouvernement  parlementaire 
dans  toute  son  extension:  c.-à-d.  surtout  la  responsabilité 
des  ministres  devant  la  Chambre.  En  face  du  parti  cons- 
titutionnel s'est  constitué  un  fort  parti  de  gouvernement, 
appuyé  sur  la  cour.  En  sorte  que  les  luttes  pour  le  pou- 
voir dans  la  Chambre  des  représentants,  partagée  en  deux 
fractions  presque  égales,  eussent  présenté  le  plus  vif  in- 
térêt si  les  libéraux  ne  s'étaient  avisés  d'expulser  tous  les 
progressistes  du  Kensei-to,  et  n'avaient,  par  cette  sorte  de 
coup  d'Etat  brutal,  ramené  cet  état  anarchique  qui  s'op- 
posait à  l'extension  du  parlementarisme. 

VI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  La 
Chambre  siège  à  Tokio  ;  les  dispositions  intérieures  de  la 
salle  des  séances  rappellent  celles  de  la  plupart  des  Parle- 
uients:  bureau  présidentiel,  tribune,  et  en  face  rangées  de 
sièges  en  demi-cercles  concentriques.  Les  séances  sont  ])u- 
bliques,  mais  peuvent  être  secrètes  en  deux  cas  :  1^  sur 
la  motion  du  président  ou  la  demande  de  10  membres,  ra- 
tifiée par  la  Chambre  ;  2"  sur  la  demande  du  gouverne- 
ment. La  police  est  confiée  au  président,  à  la  disposition 
duquel  le  gouvernement  met  les  forces  nécessaires.  Les 
personnes  qui  assistent  aux  séances  dans  les  galeries  doivent 
garder  le  silence  ;  tout  perturbateur  peut  être  expulsé  et 
même  remis  entre  les  mains  d'un  officier  de  police  ;  en 
cas  de  tumulte,  le  président  fait  évacuer  les  galeries.  L'ad- 
ministration est  aux  mains  d'un  secrétaire  général,  sous 
le  contrôle  du  président.  Il  nomme  les  employés.  Lui- 
même  ainsi  que  les  secrétaires  adjoints  sont  nommés  par 
la  Chambre.  Outre  l'administration  intérieure,  les  secré- 
taires ont  dans  leurs  attributions  la  signature  des  docu- 
ments officiels,  la  tenue  des  registres  des  procès-verbaux 
des  débats  et  la  préparation  du  travail  législatif. 

VIL  Rapports  de  la  Chambre  avec  l'autre  Assemblée 
et  avec  le  Gouvernement.  — Lorsqu'une  loi  a  été  tran§i]iise 
par  une  Chambre  à  l'autre  et  que  cette  dernière  l'accepte  ou 
la  rejette,  elle  fait  connaître  sa  détermination  à  l'empereur  et 
à  la  Chambre  d'où  provient  la  loi.  Si  les  Chambres  ne  s'ac- 
cordent pas  sur  les  amendements  introduits  par  l'une 
d'elles,  on  peut  réunir  une  conférence  composée  de  dix 
membres  au  plus  de  chaque  assemblée.  La  conférence 
ayant  adopté  un  texte  le  renvoie  à  la  Chambre  qui  a  la  pre- 
mière reçu  le  projet  du  gouvernement  ou  qui  en  a  eu 
l'initiative,  et  celle-ci  le  transmet  à  l'autre  Chambre  après 
adoption.  Les  ministres  d'Etat,  commissaires  du  gouver- 
nement, les  présidents  des  deux  Chambres  peuvent  assister 
à  la  conférence  et  y  exprimer  leur  opinion.  Les  votes  ont 
lieu  au  scrutin  secret;  en  cas  de  partage,  le  président  a 
voix  prépondérante.  Ce  président  delà  conférence  est  a  tour 
de  rôle  le  président  choisi  entre  eux  par  les  délégués  de 
chaque  Assemblée.  Le  sort  décide  celui  qui  occupera  le 
premier  le  fauteuil. 

Le  Ministère.  Les  ministres  d'Etat  sont  nommés  par 
l'empereur  et  sont  responsables  devant  lui.  Ils  sont  con- 
sultés par  le  souverain  sur  toutes  les  affaires  importantes 
concernant  l'Etat,  et  chacune  des  ordonnances  et  lois, 
chacun  des  rescrits  impériaux  doivent  être  contresignés 
par  l'un  d'eux.  Les  ministres  ont  le  droit  d'entrer  dans 
les  deux  Chand)res,  d'y  parler  quand  ils  le   désirent  et 


d'assister  aux  séances  des  comités  et  commissions.  Les 
présidents  des  Assemblées  doivent  leur  faire  connaître,  en 
conséquence,  les  heures  des  réunions  de  ces  comités  et 
leur  communiquer  les  ordres  du  jour  des  Chambres. 

VIII.  Fin  de  l'Assemblée.  —  Les  pouvoirs  de  la  Chambre 
des  représentants  sont  valables  pour  quatre  ans,  à  partir 
de  la  convocation.  Elle  peut  être  dissoute  par  l'empereur. 
Chambre  des  pairs.  —  A  l'ouverture  des  sessions, 
les  deux  Chambrés  sont  réunies  dans  la  salle  de  la  Chambre 
des  pairs  et,  sous  la  présidence  de  son  président,  forment 
alors  la  diète  impériale.  Le  président  et  le  vice-président 
de  la  Chambre  des  pairs  sont  nommés  par  l'empereur,  le 
premier  pour  sept  ans  s'il  est  membre  héréditaire,  ou  pour 
le  terme  de  son  mandat  s'il  est  membre  élu.  Tout  membre 
qui  encourt  une  condamnation  à  la  prison,  ou  autre  peine 
grave,  ou  qui  est  déclaré  en  faillite,  doit  être  expulsé  pin- 
un  ordre  impérial.  Lorsque  l'expulsion  est  une  peine  dis- 
ciplinaire prononcée  par  l'Assemblée  contre  un  membre, 
le  président  doit  en  référer  à  l'empereur  qui  rend  une  dé- 
cision définitive.  Tout  membre  expulsé  ne  peut  faire  à 
nouveau  partie  de  la  Chambre  à  moins  d'une  autorisation 
spéciale  de  l'empereur.  La  clôture  des  sessions  se  fait  avec 
les  mêmes  formalités  solennelles  que  leur  ouverture. 

NORVÈGE.  —  Storthing.  —  Le  pouvoir  législatif  est 
exercé  par  le  Storthing,  qui  se  partage  en  deux  Assem- 
blées :  le  Lagthing  et  l'Odelsthing,  l'une  formée  des  trois 
quarts,  et  l'autre  du  quart  des  membres  du  Storthing.  Ces 
deux  Assemblées  ont  chacune  un  président,  mais  elles  ne 
sont  point  autonomes  :  elles  sont,  en  réahté,  deux  sections 
d'une  mémo  assemblée,  le  Storthing,  qui  ont  été  formées 
pour  la  meilleure  discussion  des  affaires  et  qui  sont  de 
nouveau  réunies  en  une  seule  lorsqu'il  s'agit  d'examiner 
des  lois  relatives  aux  finances  ou  à  la  constitution. 

I.  Constitution  de  l'Assemblée.  —  Après  les  vérifica- 
tions des  pouvoirs,  le  Storthing  procède  à  l'élection  des 
présidents  et  des  secrétaires,  des  vice-présidents  et  des 
vice-secrétaires,  qui  formeront  le  bureau  de  chacune  des 
divisions  de  l'Assemblée.  Il  est  interdit  d'être  en  même 
temps  président  ou  secrétaire  dans  les  deux  divisions,  ou 
d'être  président  dans  une  division  et  secrétaire  dans  l'autre, 
et  vice  versa.  Les  pouvoirs  des  membres  du  bureau  expirent 
après  quatre  semaines:  une  nouvelle  élection  a  lieu  alors, 
les  anciens  titulaires  sont  rééligibles,  mais  il  est  d'usage 
qu'il  ne  se  représentent  pas  avant  un  assez  long  délai. 
Après  l'élection  du  bureau  a  lieu  l'élection  des  membres 
qui  formeront  le  Lagthing.  L'Assemblée  est  alors  consti- 
tuée et  avis  en  est  donné  au  roi. 

IL  Travail  intérieur.  —  Comités,  commissions,  con- 
férences. Le  Storthing  élit  parmi  ses  membres  un  comité 
de  sélection,  composé  de  23  députés,  et  dont  les  attribu- 
tions sont  :  la  nomination  d'une  commission  des  finances 
et  des  actes  publics  ;  la  nomination  des  commissions  per- 
manentes et  la  distribution  entre  ces  commissions  ou  des 
commissions  spéciales  des  projets  de  loi  et  autres  matières 
législatives  dont  il  est  saisi,  soit  par  le  Storthing,  soit  pai' 
chacune  de  ses  divisions.  Les  membres  du  comité  de  sé- 
lection sont  de  service  chacun  pendant  huit  semaines. 
Leur  renouvellement  s'opère  de  la  manière  suivante  :  quatre 
semaines  après  la  constitution  du  comité,  11  membres 
désignés  par  le  sort  se  retirent  ;  ensuite,  de  quatre  en  quatre 
semaines,  ont  lieu  des  élections  pour  le  remplacement  à 
tour  de  rôle  de  11  ou  i"!  membres;  les  membres  qui  se 
retirent  sont  toujours  rééligibles.  Enfin,  le  comité  de  sé- 
lection veille  à  ce  qu'à  T'approche  des  fins  de  sessions, 
les  commissions  encore  saisies  hâtent  leur  travail  et  que 
le  Storthing  puisse  du  moins  terminer  les  affaires  les  plus 
importantes. 

La  commission  des  finances  et  des  actes  publics  (9  mem- 
bres) examine  les  actes  du  gouvernement,  les  rapports  et 
documents  qui  en  émanent,  et  elle  en  rend  compte  à 
l'Odelsthing.  Elle  examine  les  rapports  de  la  Cour  des 
comptes  sur  les  finances  pubHques  et  contrôle  la  gestion 
de  cette  institution.  Les  commissions  permanentes  sont  les 


Ii67 


PARLEMENTARISME 


suivantes  :  1*^  Revision  de  la  constitution,  Affaires  étran- 
gères, Naturalisations;  2^  Cultes  et  Enseignement  ;  3^  Jus- 
tice et  Police  ;  4<^  Douanes, Taxes  sur  les  alcools  ;  5*^  Affaires 
militaires;  6*^  Appointements  des  fonctionnaires  et  Pen- 
sions; 7°  et  8^  Commerce;  9"^  Routes,  Postes,  Agricul- 
ture; 40°  Chemins  de  fer,  Télégraphes,  Navigation; 
11*^  Budget  et  Impôts. 

Chaque  commission  élit  son  président  et  son  secrétaire. 
Le  président  veille  à  ce  que  la  commission  ait  tous  les 
éléments  d'information  nécessaires  à  son  travail,  et  à  ce 
que  les  rapports  et  propositions  qu'elle  fait  soient  trans- 
mis au  président  de  la  division  du  Storthing  qu'elles  con- 
cernent. 

Conférences.  Pour  activer  la  besogne  parlementaire, 
les  présidents  et  vice-présidents  des  deux  divisions  con- 
voquent de  temps  à  autre  tous  les  présidents  des  commis- 
sions et  présentent  un  rapport  sur  la  marche  des  travaux 
indiquant  s'il  y  a  lieu  de  modifier  la  distribution  des  af- 
faires entre  les  commissions. 

IIL  Travail  EN  séance.  —  Les  matières  qui  alimentent 
les  discussions  du  Storthing  et  de  ses  divisions  sont  les 
projets  de  loi  présentés,  soit  par  les  députés,  soit  par  le 
gouvernement,  les  motions  qui  smt  des  propositions  rela- 
tives à  la  formation  des  commissions  ou  des  demandes 
d'enquête  ;  les  projets  de  résolutions  qui  aboutissent  à 
l'expression  d'un  désir,  d'un  blâme,  d'un  manque  de  con- 
fiance. Les  lois  et  motions,  qui  doivent  être  rédigées  par 
écrit,  sont  reçues  par  le  président  à  la  fin  de  chaque 
séance.  La  division  compétente  décide  si  elles  doivent 
être  prises  immédiatement  en  considération,  ou  si  elles 
doivent  demeurer  sur  le  bureau  (deux  ou  plusieurs  jours), 
où  les  députés  en  prendront  connaissance  avant  de  statuer 
à  leuY  égard,  ou  enfin  si  elles  doivent  être  renvoyées 
à  une  commission.  Pour  éviter  toute  surprise,  toute  déci- 
sion prématurée,  il  suffit  que  le  président  ou  un  cin- 
quième des  députés  présents  élèvent  une  objection  contre 
la  prise  en  considération  immédiate.  Les  projets  ou  mo- 
tions déposés  après  le  45  févr.  ne  sont  pas  examinés 
tant  que  les  travaux  en  cours  n'ont  pas  été  terminés,  sauf 
ceux  qui  concernent  la  constitution  ou  les  règlements  in- 
térieurs du  Storthing.  Dans  la  première  semaine  qui  suit  le 
4  5  févr. ,  les  présidents  du  Storthing  et  de  ses  divisions  réunis- 
sent les  commissions  permanentes  et  opèrent,  d'accord  avec 
elles,  une  sélection  des  projets  suivant  leur  importance.  Ceux 
delà  première  catégorie,  les  plus  importants, sont  soumis 
les  premiers  aux  délibérations  ;  ceux  de  la  deuxième  ca- 
tégorie viennent  ensuite,  et  ce  classement  ne  peut  être 
modifié  sans  une  résolution  du  Storthing.  Un  projet  passe 
d'abord  par  FOdelsthing  ;  s'il  y  est  accepté,  il  est  envoyé 
au  Lagthing  qui  l'approuve  ou  le  rejette  :  en  ce  dernier 
cas,  il  est  renvoyé  à  l'Odelsthing  avec  les  objections  pré- 
sentées. Celles-ci  débattues,  l'Odelsthing  écarte  le  projet 
ou  le  retourne  avec  ou  sans  modifications  au  Lagthing. 
Quand  l'Odelsthing  a  présenté  deux  fois  le  même  projet 
au  Lagthing  et  que  celui-ci  l'a  repoussé  deux  fois,  le  Stor- 
thing tout  entier  s'assemble  et  par  les  deux  tiers  de  ses 
voix  décide  du  sort  final  du  projet.  Entre  chacune  de  ces 
délibérations  il  faut  qu'il  s'écoule  un  délai  d'au  moins 
trois  jours.  Si  le  projet  est  adopté  par  le  Storthing,  il 
est  transmis  au  Lagthing  qui  lui  donne  la  forme  usuelle 
d'une  loi. 

Les  présidents  des  deux  sections  du  Storthing  s'enten- 
dent pour  que  les  travaux  des  deux  assemblées  n'empiè- 
tent pas  les  uns  sur  les  autres  et  qu'elles  ne  se  gènmt  pas 
mutuellement. 

Votes.  Les  votes  ont  lieu  de  quatre  manières  diffé- 
rentes :  4°  le  président  prie  les  membres  qmsont  contre 
une  proposition  de  se  lever  ;  '^'^  si  les  résultats  de  ce  vote 
paraissent  incertains  au  président,  ou  s'ils  sont  contestés 
par  un  cinquième  des  votants,  on  procède  à  l'appel  no- 
minal ;  3*^  dans  les  matières  importantes  et  lorsque  la 
grande  majorité  des  votants  le  demande,  on  vote  par  bul- 
letins où  chaque  membre  écrit  son  vote,  le  date  et  le 


signe  ;  4^  on  procède  au  scrutin  secret,  au  moyen  de  bul- 
letins, lorsqu'il  s'agit  de  nominations.  En  ce  cas,  aucun 
des  membres  présents  ne  peut  quitter  la  salle  avant  la  fin 
du  vote,  et  de  même  un  membre  qui  n'aurait  pas  assisté 
à  la  fin  du  débat  n'a  pas  le  droit  de  voter. 

En  ce  qui  regarde  les  trois  premiers  modes  devotation. 
un  membre  a  toujours  le  droit  de  donner  son  vote  par 
écrit  de  manière  à  le  faire  enregistrer  dans  les  procès- 
verbaux. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  —  Les  présidents  des 
sections  du  Storthing  s'arrangent  de  manière  que  les  réu- 
nions d'une  des  assemblées  ne  puissent  troubler  les  tra- 
vaux de  l'autre.  Lorsque  toutes  les  deux  sont  réunies,  ce 
sont  les  travaux  du  Storthing  proprement  dits  qui  ont  la 
préférence.  Les  ordres  du  jour  sont  affichés  vingt-quatre 
heures  à  l'avance;  dans  les  cas  urgents,  les  membres  sont 
prévenus  individuellement  par  des  messagers.  Un  quart 
d'heure  avant  l'ouverture  de  la  séance,  un  des  représen- 
tants fait  l'appel  nominal  de  ses  collègues  et  dresse  h 
liste  des  absents  qu'il  remet  ensuite  signée  au  président, 
lequel  la  fait  insérer  aux  procès- verbaux.  Si  les  deux  tiers 
des  membres  sont  présents,  on  ouvre  le  débat  sur  la  pre- 
mière question  portée  à  l'ordre  du  jour.  Il  est  donné  lec- 
ture du  projet  qui  doit  être  soumis  au  vote.  Le  prési- 
dent invite  ensuite  ses  collègues  à  faire  connaître  leur  opi- 
nion. Celui  qui  désire  le  faire  se  lève  et  demande  la 
parole.  Si  plusieurs  se  lèvent  à  la  fois,  le  président  désigne 
celui  qui  parlera  le  premier.  Les  auteurs  de  propositions, 
les  membres  de  la  commission  qui  a  examiné  le  projet, 
ont  la  priorité.  L'orateur  doit  s'adresser  au  président  et 
s'abstenir  d'expressions  offensantes  pour  le  Storthing  ou 
ses  divisions,  ou  un  quelconque  de  ses  collègues.  Tout 
représentant  peut  parler  aussi  souvent  qu'il  le  désire  ; 
aucune  question  ne  peut  être  mise  aux  voix  tant  qu'un 
représentant  désire  être  entendu  à  son  sujet.  La  clôture 
est  donc  une  chose  inconnue  au  Parlement  norvégien  ; 
cependant,  lorsque  le  débat  prend  des  proportions  dérai- 
sonnables, le  président  peut  insister  sur  la  nécessité,  soit 
d'abréger  les  discours,  soit  d'éviter  des  répétitions  avéréo, 
il  peut  même  suggérer  à  l'assemblée  l'utilité  qu'il  y  au- 
rait de  clore  la  discussion.  Les  marques  d'approbation  ou 
de  désapprobation  sont  interdites,  en  principe  du  moins. 
Les  mesures  disciplinaires  sont  douces  :  le  président  a/ 'é?/- 
tit  le  représentant  qui  trouble  l'ordre  ou  ne  se  conforme 
pas  aux  prescriptions  du  règlement.  Cet  avertissement  est 
répété  au  besoin  trois  fois.  Si,  malgré  ces  trois  avertisse- 
ments, le  représentant  persiste  à  troubler  l'ordre,  le  pré- 
sident consulte  l'assemblée  sur  le  point  de  savoir  s'il  ne 
convient  pas  de  l'expulser  pour  le  reste  de  la  séance. 

V.  Organisation  des  partis.  — Le  Storthing  a  toujours 
témoigné  des  tendances  fort  démocratiques  :  il  a  été  com- 
posé, depuis  ses  origines,  en  majeure  partie,  de  représen- 
tants appartenant  à  la  classe  des  petits  propriétaires  ru- 
raux (environ  53  7o),  puis  de  membres  du  clergé  et 
d'instituteurs  (8  ^/o),  d'avocats  ou  hommes  d'affaires 
(6  ^/o),  d'officiers  de  terre  et  de  mer  (^2  7o).  Les  partis, 
fortement  organisés,  sont  les  suivants  :  conservateurs  et 
modérés  qui,  s'étant  coalisés,  avaient  eu  longtemps  la  ma- 
jorité dans  le  Storthing,  puis,  l'ayant  perdue,  avaient  eu 
encore  assez  d'importance  pour  imposer  un  ministère  de 
conciliation.  Mais  depuis  les  élections  de  4897,  cette 
union  n'a  obtenu  dans  l'assemblée  que  35  sièges,  tandis 
que  les  radicaux  en  obtenaient  79. 

YI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  Le 
Storthing  siège  à  Christiania  dans  un  imposant  édifice 
dont  nous  avons  donné  la  reproduction  (V.  Christiania, 
t.  XI,  p.  269).  Les  séances  ont  lieu  chaque  jour  de  la 
semaine,  de  dix  heures  du  matin  à  deux  heures  après- 
midi,  et,  en  cas  d'urgence,  sur  la  proposition  du  président, 
de  cinq  à  huit  heures  du  soir.  Les  représentants  sont  ran- 
gés dans  la  salle  des  séances  suivant  l'ordre  alphabétique 
des  circonscriptions  qui  les  ont  élus  (Storthing  et  Odels- 
thing),  ou  suivant  le  nombre  de  voix  qu'ils  ont  obtenues 


PARLEMENTARISME  —  1168 

(Lagthiiig).  Les  présidents  et  secrétaireti  occupent  un  bu- 
reau spécial.  Il  n'y  a  pas  de  tribune.  Les  présidents  sont 
chargés  de  la  police  intérieure  et  veillent  au  maintien 
de  Tordre  dans  les  galeries  publiques  dont  l'entrée  est, 
d'ailleurs,  rendue  très  facile.  Au  début  de  chaque  nouveau 
Parlement,  le  Storthing  nomme  un  conservateur  des  ar- 
chives et  un  secrétaire  adjoint  qui  dirigent  l'administration 
intérieure. 

VIL  Rapports  DES  divisions  dk  l'Assemblée  entre  elles 
ET  AVEC  le  Gouvernement.  —  Lorsque  l'Odelsthing  et  le 
Lagthing  sont  en  désaccord  sur  une  loi  votée  par  la  pre- 
mière de  ces  assemblées,  la  question  est  soumise  au  Stor- 
thing et,  si  les  deux  tiers  de  ses  voix  ne  se  déclarent  pas 
en  faveur  de  la  loi,  elle  est  considérée  comme  rejetée. 

Le  Ministère.  Les  ministres  d'Etat  sont  nommés  par 
le  roi  et  responsables  devant  lui  et  devant  le  Storthing 
qui  peut  les  traduire  devant  une  haute  cour,  le  Rigsret, 
composé  en  partie  des  membres  du  Lagthing.  Depuis  1880, 
ils  ont  le  droit  de  siéger  dans  l'Assemblée.  Deux  d'entre 
eux  doivent  faire  partie  du  Conseil  d'Etat,  et  l'un  de 
ceux-ci  est  adjoint  au  vice-roi  pour  le  gouvernement  de 
l'Etat,  lorsque  le  roi  s'absente  ;  l'autre  accompagne  le  roi 
et  a  son  entrée  dans  le  Conseil  des  ministres  de  Suède  où 
il  prend  part  aux  délibérations  quand  elles  concernent  des 
matières  communes  aux  deux  royaumes.  Le  roi  n'a  pas 
le  droit  de  gracier  des  ministres  qui  auraient  été  condam- 
nés par  le  Rigsret. 

VIII.  Fin  de  l'Assemblée.  —  Les  pouvoirs  du  Storthing 
expirent  au  bout  de  trois  années,  à  partir  du  jour  de  sa 
convocation.  Le  roi  n'a  ni  le  droit  de  le  dissoudre,  ni  celui 
de  prolonger  son  existence. 
PAYS-RAS  (V.  Hollande). 

PORTUGAL.  —  Le  pouvoir  législatif  est  exercé  par 
les  Cortès  qui  se  subdivisent  en  deux  Chambres  :  la  Chambre 
des  pairs  et  la  Chambre  des  députés. 

Chambre  des  députés.  —  I.  Constitution  de  l'As- 
semblée. —  Le  roi  ayant  ouvert  les  Cortès,  les  députés 
se  réunissent  le  jour  suivant,  à  midi,  et  procèdent  à 
peu  près  comme  en  Espagne,  à  la  vérification  des  pou- 
voirs, sous  la  direction  d'un  bureau  provisoire  composé 
du  doyen  d'âge  et  des  deux  plusjeunes  membres  présents. 
Trois  commissions  de  sept  membres  chacune  sont  élues  au 
scrutin  de  liste  et  se  partagent  les  dossiers.  Lorsque  les 
pouvoirs  de  la  moitié  plus  un  des  membres  delà  Chambre 
ont  été  vérifiés,  le  président  provisoire  lit  les  noms  des- 
dits membres  et  les  proclame  valablement  élus.  La  Chambre 
nomme  alors,  au  scrutin  de  liste,  cinq  députés  dont  les 
noms  sont  soumis  au  roi  qui  choisit  parmi  eux  un  prési- 
dent et  un  vice-président.  Deux  secrétaires  sont  élus  di- 
rectement par  l'Assemblée.  Le  président  provisoire  dirige 
les  travaux  de  la  Chambre  jusqu'à  ce  que  le  roi  ait  choisi 
le  président  définitif  auquel  il  remet  ses  pouvoirs.  Une 
députation  de  13  membres  informe  alors  le  roi  de  la 
constitution  définitive  de  la  Chambre  et  lui  présente  en 
wièmçi  temps  une  liste  de  cinq  membres,  parmi  lesquels  il 
choisira  un  président  et  un  vice-président  suppléants. 

IL  Travail  intérieur.  —  Commissions.  La  Chambre 
peut  nommer  toutes  les  commissions  qu'elle  désire  pour 
l'examen  d'objets  spéciaux  ;  tantôt  elle  les  nomme  au 
scrutin  de  liste,  tantôt  elle  laisse  au  président  le  soin  de 
désigner  les  membres  qui  en  feront  partie.  Au  commen- 
cement de  chaque  session,  elle  nomme  ou  laisse  nommer 
par  le  président  les  commissions  permanentes  suivantes, 
composées  chacune  de  o  membres  (en  général)  :  Finances, 
Administration,  Législation,  Instruction  publique,  Tra- 
vaux publics,  Guerre,  Cultes,  Affaires  étrangères.  Ma- 
rine, Colonies,  Statistique,  Agriculture,  Commerce  et 
Arts,  Hygiène  publique,  Rapports  des  conseils  généraux. 
Règlement,  Infractions  au  règlement.  Administration  de 
la  Chambre.  Cette  dernière  commission  comprend  le  pré- 
sident, le  premier  secrétaire  et  trois  députés.  Les  com- 
missions examinent  toutes  les  propositions  et  projets  de 
loi  déposés  sur  le  bureau  qui  leur  sont  renvoyés,    et 


elles  désignent  un  rapporteur  chargé  de  faire  connaitre  à 
la  Chambre  les  résolutions  qu'elles  ont  prises.  Aucun  rap- 
port ne  peut  être  imprimé  et  distribué  s'il  ne  porte  la  si- 
gnature de  la  majorité  des  commissaires  et  celle  du  rap- 
porteur, et  il  doit  toujours  déclarer  si  la  décision  de  la 
commission  est  ou  non  conforme  aux  vues  du  gouverne- 
ment. 

Projets  et  propositions.  Les  projets  et  propositions  de 
loi  doivent  être  rédigés  et  signés  ;  mais  ils  ne  doivent  pas 
porter  plus  de  7  signatures,  à  moins  qu'ils  n'émanent  d'une 
commission  composée  de  plus  de  7  membres. 

III.  Travail  en  séance  pubuque.  —  Dès  le  début  de  la 
séance,  lecture  est  donnée  du  procès-verbal  de  la  séance 
précédente;  après  quoi,  on  suit  l'ordre  de  travail  suivant  : 
communications  du  président  à  la  Chambre  ;  lecture  de  la 
correspondance  ;  lecture  des  représentations  adressées  à  la 
Chambre  ;  approbation  définitive  de  l'ensemble  d'un  pro- 
jet; seconde  lecture  des  projets  de  loi  et  des  propositions 
des  députés  ;  présentation  de  projets  de  loi  par  le  gouver- 
nement; présentation  des  rapports  des  commissions;  dé- 
libération sur  les  sujets  portés  à  l'ordre  du  jour.  Il  ne 
peut  être  dérogé  à  l'ordre  du  jour  que  si  le  président  a 
une  communication  urgente  à  présenter  à  l'Assemblée  ou 
à  lui  demander  le  vote  définitif  d'un  projet  de  loi,  ou 
bien  encore  si  un  député  demande  la  parole  pour  une 
comtnunication  urgente,  ou  si  un  ministre  d'Etat  demande 
à  faire  une  communication  urgente  de  la  part  du  gouver- 
nement. Lorsque  l'ordre  du  jour  est  épuisé  avant  l'heure 
fixée  pour  la  levée  de  la  séance,  le  reste  du  temps  est 
employé  à  continuer  l'examen  des  matières  qui  figurent 
ci-dessus  avant  Tordre  du  jour. 

L'auteur  d'une  proposition,  après  avoir  obtenu  de  la 
Chambre  l'autorisation  de  la  préseuter,  est  requis  d'en 
donner  lecture,  puis  il  la  remet  au  président.  A  la  séance 
qui  suit,  elle  est  lue  de  nouveau  par  un  des  secrétaires, 
et  le  président  met  aux  voix  la  prise  en  considération.  Si 
elle  est  votée,  la  proposition  est  renvoyée  à  une  commis- 
sion spéciale  ou  à  celle  des  commissions  permanentes  qui 
est  compétente  pour  son  examen.  Chaque  projet  doit  pas- 
ser par  deux  lectures,  à  moins  qu'il  ne  contienne  qu'un 
article.  La  première  lecture  porte  sur  Tensemble,  la  se- 
conde sur  les  articles  seulement.  En  cas  d'urgence,  la  pro- 
position peut  être  discutée  le  jour  même  de  sa  présentation. 
Les  projets  présentés  par  le  gouvernement  sont  toujours 
considérés  comme  urgents. 

Interpellations.  Le  député  qui  désire  interpeller  dé- 
pose sa  demande  par  écrit  sur  le  bureau  du  président  ;  le 
premier  secrétaire  en  adresse  le  jour  même  copie  au  mi- 
nistre intéressé.  Lorsque  le  président  a  reçu  l'avis  que  le 
ministre  est  prêt  à  répondre,  il  fixe  lejour  de  la  discussion. 
Seuls  l'interpellateur  et  l'interpellé  ont  droit  de  prendre 
part  à  la  discussion,  et  chacun  d'eux  ne  doit  parler  que 
deux  fois.  Cependant  la  Chambre  peut  autoriser  un  autre 
membre  à  intervenir.  Lorsque  l'interpellation  porte  sur 
des  questions  de  politique  générale  ou  sur  uû  point  im- 
portant d'administration,  le  débat  est  iihmité.  Les  inter- 
pellations ont  pour  sanction  le  vote  d'un  texte  qui  exprime 
l'opinion  de  la  Chambre.  Tout  député  a  le  droit  de  pré- 
senter des  amendements. 

Votes.  Il  y  a  deux  sortes  de  votation:  le  vote  public  et 
le  vote  secret.  Le  vote  public  a  heu,  soit  par  appel  nomi- 
nal, soit  par  assis  et  levé.  Dans  le  premier  cas,  le  pre- 
mier secrétaire  appelle  les  députés,  et  chacun  d'eux  répond 
distinctement  par  ces  mots:  J'approuve  ou  je  rejette. Le 
second  secrétaire  prend  note  et  des  députés  appelés  et  de 
leurs  réponses.  Le  vote  nominal  a  lieu  pour  toutes  les  pro- 
positions de  loi,  sur  leur  adoption  en  dernière  lecture  et, 
en  outre,  toutes  les  fois  qu'un  tiers  de  la  Chambre  le  de- 
mande. Dans  le  vote  par  assis  et  levé,  le  président  prie 
ceux  qui  approuvent  de  se  lever.  Un  des  secrétaires  compte 
les  membres  debout,  un  autre  les  membres  qui  sont  restés 
assis.  S'ily  adoute  sur  le  résultat,  on  recommence  l'épreuve  : 
mais  alors  le  président  fait  lever  ceux  qui  étaient  d'abord 


—  1169  — 


PARLEMENTARISME 


assis  et  asseoir  ceux  qui  étaient  levés.  Le  vote  secret  a 
lieu,  soit  par  bulletins,  soit  par  boules.  Dans  le  premier 
cas,  cbaque  député  écrit  sur  un  bulletin  autant  de  noms 
qu'il  y  a  de  nominations  à  faire,  et,  à  l'appel  de  son  nom, 
place  ce  bulletin  dans  une  urne  qui  figure  sur  le  bureau. 
Ces  bulletins  sont  tous  identiques  comme  forme,  couleur, 
dimensions,  et  sont  distribués  à  l'avance  aux  députés. 
C'est  le  président  qui  les  retire  de  l'urne,  les  compte  à 
haute  voix  et  fait  connaître  le  résultat.  S'il  y  a  désaccord 
entre  le  nombre  des  bulletins  et  le  nombre  des  votants,  le 
vote  est  recommencé.  Dans  le  vote  par  boules,  chaque  dé- 
puté reçoit  une  boule  blanche  (approbation)  et  une  boule 
noire  (désapprobation),  et,  à  l'appel  de  son  nom,  s'avance 
vers  le  bureau  et  place  dans  une  urne,  à  la  droite  du  pré- 
sident, la  boule  qui  marque  son  opinion,  et  l'autre  dans 
ure  urne  située  à  la  gauche  du  fauteuil  présidentiel.  Le 
vote  terminé,  l'urne  de  droite  est  dépouillée  sur  le  bureau, 
et  le  résultat  est  contrôlé  par  le  comptage  des  boules  de 
l'urne  de  gauche.  S'il  y  a  une  différence  entre  le  nombre 
des  boules,  le  vote  est  recommencé.  Tout  député  présent 
dans  la  salle  des  séances  au  moment  d'un  vote  est  obligé 
de  voter.  Lorsqu'il  y  a  égalité  de  voix,  le  débat  est  rou- 
vert, ou  bien  le  vote  est  remis  à  la  séance  suivante.  S'il  y 
a  égalité  de  voix  après  trois  votes,  la  proposition  mise  aux 
voix  est  considérée  comme  rejetée.  Lorsqu'au  moment  d'un 
vote  le  quorum  n'existe  pas,  le  président  ajourne  aussitôt 
la  Chambre,  et  les  noms  des  membres  présents  sont  insé- 
rés aux  procès- verbaux. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  —  Tout  député  peut 
prendre  la  parole  à  condition  d'y  avoir  été  autorisé  par  le 
président.  Préalablement  il  doit  se  faire  inscrire,  soit  sur 
la  hste  relative  aux  questions  qui  viennent  avant  l'ordre 
du  jour,  soit  sur  la  liste  des  orateurs  qui  veulent  parti- 
ciper à  une  discussion.  Dans  le  premier  cas,  il  doit  se  faire 
inscrire  aussitôt  après  l'approbation  du  procès-verbal. 
Dans  le  second,  il  doit  attendre  que  le  président  ait  dé- 
claré la  discussion  ouverte  sur  le  sujet  sur  lequel  il  désire 
parler.  Dans  les  deux  cas,  il  doit  dire  s'il  parlera  pour  ou 
contre.  La  parole  est  accordée,  suivant  la  Uste  dlnscrip- 
tion,  alternativement  à  un  député  contre  et  à  un  député 
pour.  Les  ministres  d'Etat,  les  rapporteurs  de  commis- 
sions, les  auteurs  de  propositions  interrompent  l'ordre  de 
l'inscription,  et  obtiennent  la  parole  s'ils  la  réclament,  de 
préférence  aux  députés  inscrits  avant  eux.  L'orateur 
s'adresse  au  président  et  parle  à  son  gré,  soit  de  sa  place, 
soit  de  la  tribune.  Une  peut  être  interrompu,  mais  il  doit 
s'abstenir  de  phrases,  de  paroles,  d'allusions  qui  impliquent 
une  injure  pour  un  individu  ou  une  collectivité.  S'il  s'écarte 
de  la  question,  il  peut  y  être  rappelé  par  le  président 
propriomotu  ou  sur  la  réclamation  d'un  membre  de  l'As- 
semblée. —  Contre  les  tentatives  d'obstruction,  la  Chambre 
dispose  de  la  question  préalable,  de  l'ajournement  et  de 
la  clôture.  Les  mesures  disciplinaires  sont  :  le  rappel  à 
l'oi'dre,  applicable  aux  orateurs  qui  usent  de  paroles  ou 
d'allusions  injurieuses  ;  l'interdiction  de  la  parole  pour 
le  reste  de  la  discussion,  applicable  aux  orateurs  qui  per- 
sistent à  faire  des  remarques  offensantes,  malgré  le  rap- 
pel à  l'ordre.  Le  député  rappelé  à  l'ordre  doit  se  sou- 
mettre à  l'admonestation  du  président,,  Mais  il  peut  avoir 
recours  à  un  vote  spécial  de  la  Chambre  à  laquelle  il  sou- 
met la  question  de  savoir  s'il  a  réellement  contrevenu  à 
l'ordre.  Lorsque  la  discussion  dégénère  en  tumulte  et  que 
le  président  est  impuissant  à  rétablir  l'ordre,  après  avoir 
agité  trois  fois  sa  sonnette,  il  se  couvre  et  interrompt  les 
travaux.  Les  députés  quittent  alors  la  salle  des  séances  et 
les  étrangers  évacuent  les  galeries  :  la  séance  ne  peut  être 
reprise  qu'après  une  demi-heure  au  moins. 

Congés.  Les  députés  doivent  être  à  la  Chambre  dans 
toutes  les  sessions,  et  assister  à  toutes  les  séances  depuis 
le  commencement  jusqu'à  la  fin.  Un  membre  qui  veut 
s'absenter  doit  obtenir  la  permission  de  la  Chambre.  Si 
pour  une  raison  plausible  il  ne  peut  assister  à  la  séance, 
il  doit  en  informer  le  bureau.  Dès  que  la  session  parle- 

GRANDE  ENCYCLOPÉDIE.  —  XXV. 


mentaire  est  ouverte,  nul  député  ne  peut  s'absenter  de  la 
capitale  pour  plus  de  huit  jours,  sans  avoir  obtenu  préa- 
lablement un  congé  de  la  Chambre. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Les  partis  politiques 
sont  assez  mal  organisés,  en  ce  sens  qu'ils  sont  amoindris 
par  des  divisions;  qu'ils  n'ont  pas,  en  général,  de  pro- 
gramme bien  net  et  que  les  membres  des  divers  groupes 
ne  suivent  pas,  avec  beaucoup  de  fidélité,  les  chefs  qu'ils 
se  sont  donnés.  Les  progressistes,  assez  nombreux,  pos- 
sédant des  organes  importants,  ont  été  plusieurs  fois  aux 
affaires.  Mais  ils  ont  perdu  leur  popularité  en  ne  réalisant 
pas  les  réformes  qu'ils  avaient  promis  d'accomphr,  entre 
autres  la  liberté  de  la  presse  et  l'abolition  des  lois  res- 
treignant la  hberté  individuelle,  et  en  se  montrant  finan- 
ciers peu  avisés.  Leurs  adversaires,  les  conservateurs  ou 
régénérateurs,  ont  eu  une  influence  considérable  sur  la 
politique  du  roi,  mais  le  souverain,  pénétré  de  l'esprit 
constitutionnel,  n'a  pas  hésité  à  rejeter  leurs  conseils 
lors(jue  les  progressistes  ont  eu  dans  la  Chambre  une  ma- 
jorité suffisante  pour  prendre  le  pouvoir.  Les  républicains 
ont  gagné  tout  le  terrain  perdu  par  les  progressistes, 
mais  ils  sont  peu  nombreux  à  la  Chambre,  ayant  pra- 
tiqué aux  élections  l'abstention  systématique.  En  dehors 
de  ces  trois  grands  partis  on  trouve  quelques  indépen- 
dants, quelques  rares  légitimistes  ou  migueHstes  et  des 
ultramontains  ou  cléricaux  renforcés.  En' somme,  depuis 
plusieurs  années,  le  gouvernement,  qu'il  soit  conservateur 
ou  progressiste,  s'est  trouvé  aux  prises  avec  une  opposi- 
tion grandissante  et  a  été  par  suite  acculé  à  des  mesures 
de  rigueur  qui  n'ont  fait  qu'accroître  la  force  du  parti 
répubhcain. 

VI.  Organisation  matérielle  de  i/Assemblée.  —  Les 
Cortès  siègent  à  Lisbonne,  au  centre  de  la  ville,  dans 
un  palais  qui  est  un  ancien  couvent  de  dominicains.  La 
Chambre  des  pairs  occupe  l'aile  gauche  ;  la  Chambre  des 
députés,  Faile  droite.  Les  sessions  ouvrent  au  début  de 
janvier,  les  séances  de  la  Chambre  ont  lieu  chaque  jour, 
sauf  les  dimanches  et  jours  de  fête  ;  mais  un  jour  par  se- 
maine est  réservé  aux  travaux  des  commissions.  La  séance 
ouvre  à  midi,  s'il  y  a  un  nombre  suliisant  de  députés 
présents.  Sinon,  on  procède,  à  une  heure,  au  comptage,  et 
si  le  quorum  n'est  pas  encore  atteint,  la  séance  est  remise 
au  lendemain.  Chaque  séance  dure  cinq  heures  ;  elle  peut 
être  prolongée,  si  un  député  et  un  ministre  ayant  la  pa- 
role au  moment  où  l'heure  de  la  clôture  arrive  désire 
achever  son  discours,  et  y  est  autorisé  formellement  par 
la  Chambre.  Trois  heures  sont  consacrées  aux  questions 
portées  à  l'ordre  du  jour,  et  une  heure  aux  questions  di- 
verses qui  précèdent  l'ordre  du  jour.  Le  président  a  la 
police  du  palais  législatif.  Il  veille  à  ce  que  les  personnes 
introduites  dans  les  galeries  observent  le  silence  et  la  cor- 
rection, et  il  fait  évacuer  ces  galeries,  si  les  dispositions 
du  règlement,  qui,  du  reste,  y  est  affiché,  sont  enfreintes. 
Les  employés  de  police  de  la  Chambre  doivent  saisir  en 
flagrant  délit  toute  personne  qui,  à  l'intérieur  du  palais, 
commettrait  quelque  désordre  ou  déht,  et  la  faire  con- 
duire à  la  plus  proche  section  de  police.  L'administration 
intérieure  est  placée  sous  les  ordres  et  le  contrôle  du  pre- 
mier secrétaire.  La  Chambre  publie  les  comptes  rendus 
de  ses  débats,  les  procès-verbaux  et  les  divers  documents 
parlementaires. 

VIL  Rapports  de  la  Chambre  avïk;  l  autre  Assemblée 
ET  avec  le  Gouvernement.  —La  Chambre  ayant  adopté  un 
projet  de  loi  le  transmet  à  la  Chambre  des  pairs  ;  si  elle  l'a 
rejeté,  elle  envoie  au  roi  une  députation  de  7  membres  pour 
l'informer  de  sa  décision.  Lorsque  la  Chambre  des  pairs 
modifie  le  texte  adopté  par  la  Chambre,  elle  le  lui  renvoie 
avec  un  message  ;  de  même,  sixlle  rejeté  ce  texte.  Lorsque  la 
Chambre  n^idmet  pas  les  modifications  de  la  Chambre  des 
pairs,  ou  vice  versa,  on  nomme  un  comité  mixte  composé 
d'un  égal  nombre  de  pairs  et  de  députés  (de  3  à  42,  suivant 
l'importance  du  projet),  qui  cherche  un  terrain  d'entente  et 
adresse  un  rapport  aux  deux  Chambres;  si  l'une  d'elles 

74 


PARLEMENTARISME  —  ^^'^^ 

rejette  encore  la  loi,  elle  ne  peut  être  représentée  dans  la 
même  session. 

Le  Ministère.  Le  Conseil  des  ministres  est  compose  de 
chefs  des  divers  départements  exécutifs.  Les  ministres  sont 
nommés  par  le  roi,  et  ils  doivent  contresigner  tous  ses 
actes  pour  qu'ils  aient  force  de  loi.  Ils  sont  responsables 
devant  les  Chambres  qui  peuvent  les  mettre  en  accusation 
pour  les  chefs  de  corruption,  trahison,  abus  de  pouvoir, 
inobservance  des  lois,  entreprises  contre  la  liberté,^  la 
propriété  des  citoyens,  etc.  Un  ordre  verbal  ou  même 
écrit  du  souverain  ne  pourrait  les  soustraire  à  cette  res- 
ponsabilité. Un  vote  de  défiance  des  Chambres  peut  amener 
la  chute  du  ministère,  le  roi  choisissant  d'ordinaire  les 
ministres  parmi  les  membres  de  la  majorité  parlemen- 
taire. .       T     T      /.,         1 

YIlI.FiNDt:  l'Assemblée.  —Les  pouvoirs  de  la  Chambre 
sont  valables  pendant  trois  ans,  à  compter  du  décret  de 
convocation.  Le  roi  peut  dissoudre  l'Assemblée,  et  il  use 
assez  souvent  de  ce  droit. 

Chambre  des  pairs.  —  C'est  le  roi  qui  nomme  le 
président  et  le  vice-président  de  la  Chambre  haute.  Les 
séances  de  cette  Assemblée  commencent  à  deux  heures  de 
l'après-midi,  et  elles  durent  trois  heures.  Lorsque  19  pairs 
ne  sont  pas  présents  dans  le  délai  d'un  quart  d'heure,  la 
séance  est  remise  au  lendemain.  2  secrétaires  et  2  vice- 
secrétaires  sont  élus  directement  par  l'Assemblée.  Les 
commissions  permanentes  nommées  au  début  de  chaque 
session  sont  au  nombre  de  12  :  Législation,  Affaires 
étrangères,  Guerre,  Cultes,  Finances,  Manne  et  Co- 
lonies, Administration,  Instruction  publique,  Travaux 
publics,  Agriculture,  Commerce  et  Industrie,  Impressions 
et  Pétitions.  Chacune  est  composée  de  5  à  7  membres; 
il  y  a,  en  plus,  une  commission  de  7  membres,  chargée  de 
la  vérification  des  pouvoirs  des  pairs  nouveaux  ou  des 
pairs  élus.  Par  ailleurs,  les  dispositions  du  règlement  de 
la  Chambre  des  pairs  sont  sensiblement  les  mêmes  que 
celles  du  règlement  de  la  Chambre. 

ROUMANIE.  —  Le  pouvoir  législatif  est  exercé  par 
deux  Chambres  :  le  Sénat  et  la  Chambre  des  députés.  Le 
règlement  intérieur  de  ces  Assemblées  est  visiblement  ins- 
piré par  les  règlements  des  Assemblées  parlementaires 
des  peuples  latins.  Aussi  nous  abstiendrons-nous  des  dé- 
tails qui  seraient  de  simples  redites. 

Il  y  a  lieu  de  signaler  particulièrement  les  dispositions 
rigoureuses  qui  ont  été  prises  pour  entraver  l'absence  des 
députés.  Dès  leur  entrée  dans  la  salle  des  séances,  chacun 
d'eux  se  présente  au  bureau  et  fait  pointer  son  nom  sur 
la  liste  de  l'appel  nominal.  Aussitôt  que  le  président  a 
proclamé  l'ouverture  de  la  séance,  il  fait  connaître  le 
nombre  des  présents,  et  un  secrétaire  lit  les  noms  des 
absents,  qui  sont  signalés  au  procès-verbal.  Si  l'on  ne 
constate  pas  la  présence  de  la  moitié  plus  un  des  membres 
inscrits  sur  la  liste  d'appel  nominal  et  celle  d'au  moins 
60  députés,  l'Assemblée  ne  peut  valablement  délibérer. 
Si  20  membres  le  demandent,  on  vérifie  par  appel  nominal 
le  nombre  réel  des  présents.  Le  député  qui  n'a  pas  fait 
pointer  son  nom  sur  la  liste,  ou  qui  n'a  pas  répondu  à 
l'appel  nominal,  perd  l'indemnité  législative  pour  la  séance. 
Aucun  député  ne  peut  s'absenter  sans  congé  accordé  par 
la  Chambre.  Un  député  absent  pendant  six  séances  con- 
sécutives sans  congé,  ou  qui  dépasse  le  temps  qui  lui  a 
été  accordé,  est  considéré  comme  démissionnaire.  Les 
empêchements  pour  cause  de  force  majeure  doivent  être 
eoR'^tatés  par  les  autorités  locales,  et  les  maladies  certifiées 
par  m  médecin  officiel.  Tous  les  mois  parait  au  Moniteur 
officiel  uiie  liste  des  députés  qui  n'ont  pas  assiste  a 
touKîS  les  séances,  avec  ou  sans  motifs. 

Les  mesures  disciplinaires  sont  :  le  rappel  à  la  question. 
Fadinouf  sîation  nominative,  le  rappel  à  l'ordre,  Finterdic- 
tion  de  la  pai'ole.  l^a  cas  de  tumulte,  le  président  a  recours 
à  la  susper/slon  et,  au  hmni,  à  l'ajournement  de  la  séance. 

l,es  votatioas  oui  lieu:  par  assis  et  levé,  généralement 
sii^  les  aîlieles  des  orojets  de  loi  ;  par  appel  nominal,  sur 


la  prise  en  considération  des  projets  de  loi  ou  sur  un  en- 
semble. Le  vote  par  appel  nominal  peut  être  effectué  à 
l'aide  de  boules  blanches  ou  noires,  si  15  membres  le  de- 
mandent. Le  scrutin  secret,  au  moyen  de  bulletins,  n'est 
usité  que  pour  les  nominations,  élections  et  questions  per- 
sonnelles. 

Le  Sénat  et  la  Chambre  siègent  à  Bucarest.  Les  partis 
politiques,  très  divisés  par  des  questions  de  personnes,  ont 
fini  pai^  former  deux  grands  groupes,  celui  des  conserva- 
teurs ou  gouvernementaux  et  celui  des  nationaux  libéraux. 
Le  parti  conservateur  se  subdivise  en  vieux  parti  conser- 
vateur ou  des  boyards  (149  sièges  à  la  Chambre  et  43 
au  Sénat)  et  jeune  parti  conservateur  ou  junimiste  (13  sièges 
à  la  Chambre  et  4  au  Sénat),  distingués  l'un  de  l'autre 
par  des  nuances.  Lorsqu'ils  se  sont  unis,  ils  ont  obtenu  une 
majorité  écrasante  dans  les  deux  Chambres .  Le  parti  natio- 
nal hbéral,  qui  se  distingue  par  ses  sympathies  marquées 
par  la  Franco  et  des  conceptions  politiques  et  sociales 
inspirées  des  nôtres,  compte  des  personnalités  marquantes 
et  a  répandu  son  influence  sur  l'esprit  public.  Ce  parti  se 
scinde  en  divers  groupes  :  libéraux  dissidents,  libéraux 
indépendants,  libéraux  conservateurs,  etc.  De  1871  à  1876, 
le  parti  conservateur  s'est  trouvé  au  pouvoir  ;  de  1876 
à  1888,  le  parti  libéral:  de  1888  à  1895,  le  parti  con- 
servateur; de  1895  à  1898,  le  parti  libéral  et  depuis  1899 
le  parti  conservateur. 

SERBIE.  --  Le  Parlement  serbe  comprend  deux  As- 
semblées :  la  Skouptina  ordinaire  et  la  Skouptina  extraor- 
dinaire. Celle-ci  n'est  convoquée  que  dans  des  circonstances 
particulières:  élection  du  roi,  désignation  des  régents, 
revision  de  la  constitution,  cession  de  territoire  ou  si  le 
roi  désire  lui  soumettre  une  question  importante.  La  Skoup- 
tina ordinaire,  qui  se  réunit  chaque  année,  siège  à  Belgrade 
dans  un  palais  assez  peu  confortable  et  très  exigu.  La 
salle  des  séances  est  disposée  en  hémicycle.  Les  députés 
parlent  de  leur  place,  car  il  n'y  a  pas  de  tribune.  Les 
votes  ont  lieu  par  assis  et  levé  ou,  en  cas  de  doute,  sur  le 
résultat,  par  appel  nominal,  mode  de  votation  qu'on  em- 
ploie encore  dans  les  circonstances  très  importantes.  Les 
députés  n'ont  pas  le  droit  de  s'abstenir  de  voter.  Les  partis 
politiques  sont  très  nombreux  et  extrêmement  remuants. 
Les  principaux  sont:  1°  les  radicaux,  qui  furent  en  grande 
majorité  et  se  recrutaient  parmi  le"  bas  clergé,  les  petits 
paysans,  les  instituteurs  des  communes  sont  russophiles.  Ils 
ont  perdu  toute  influence  dans  l'Assemblée  ou  ils  ne 
détiennent  plus  qu'un  siège  (élections  de  1898);  2^^  les 
progressistes  (62)  sont  des  hommes  de  gouvernement  ;  ils 
sont  nombreux  au  Parlement  et  ont  souvent  occupé  le 
pouvoir;  ils  tiennent  pour  l'alliance  autrichienne;  3*^  les 
libéraux  (112)  sont  des  conservateurs,  qui  sont  plutôt 
slavophiles  que  russophiles.  Ils  se  recrutent  dans  le  haut 
clergé,  les  professeurs,  les  fonctionnaires,  les  principaux 
commerçants.  On  compte  encore  19  neutres. 

SUÈDE.  —  Le  Parlement  suédois  est  constitué  par  une 
diète  ou  Riksdag  qui  se  partage  en  deux  Chambres  :  la 
première  Chambre  et  la  seconde  Chambre.  Le  Riksdag  se 
réunit  au  complet  pour  les  cérémonies  de  l'ouverture  et 
de  la  clôture  de  cha([ue  session. 

Seconde  Chambre.  —  I.  Constitution  de  l'Assemblée. 
—  A  l'ouverture  de  la  session,  la  Chambre  s'assemble  le 
jour  qui  suit  Finformation  qui  a  été  fournie  à  ses  membres 
que  les  certificats  d'élection  ont  été  vérifiés.  Cette  vérifi- 
cation est  faite  par  le  ministre  de  la  justice  ou  son  délégué 
assisté  d'une  commission  de  hauts  fonctionnaires;  la 
Chambre  décide,  parla  suite,  tout  ce  qui  concerne  les  élec- 
tions contestées.  Le  président  provisoire  est  le  député  qui 
a  fait  partie  du  plus  grand  nombre  de  Parlements  :  il  nomme 
un  garde  des  archives  et  des  fonctionnaires  provisoires  de 
l'Assemblée.  Une  députation  de  12  membres  est  envoyée 
au  roi  pour  le  prier  de  désigner  un  président  et  un  vice- 
président  ;  cette  désignation  est  immédiatement  faite  par 
le  souverain,  mais  ces  dignitaires  ne  sont  pas  députés. 
Cinq  jours  au  plus  après  le  commencement  de  la  session, 


1171 


PARLEMENTARISME 


et  après  l'accomplissement  de  ces  formalités  préliminaires, 
le  roi  ouvre  solennellement  le  Riksdag. 

[1.  Travail  miÉRiEUR.  —  Commissions.  Dans  les  huit 
jours  qui  suivent  l'ouverture  de  la  session,  le  Riksdag 
nomme  les  commissions  permanentes  suivantes  :  Commis- 
sion de  constitution  (20  membres)  ;  commission  des  iinances 
(24  membres)  ;  commission  des  recettes  (20  membres)  ; 
commission  des  banques  {i6  membres)  ;  commission  légis- 
lative (16  membres).  Les  nominations  sont  faites  au -vote 
direct  ou  au  vote  à  deux  degrés  ;  des  membres  sup- 
pléants sont  désignés  pour  remplacer  en  cas  de  besoin 
les  titulaires.  Dans  ces  commissions,  la  moitié  des  meml)res 
appartiennent  à  la  première  Chambre,  et  la  moitié  à  la 
seconde  ;  elles  se  réunissent  sur  la  convocation  des  prési- 
dents, mais  jamais  en  même  temps  que  le  Riksdag.  Les 
commissaires  qui  sont  forcés  de  s'absenter  doivent  pré- 
venir le  président  ou  le  secrétaire  de  la  commission  à  la- 
quelle ils  appartiennent,  de  manière  qu'on  puisse  les  rem- 
placer par  les  membres  suppléants.  Un  membre  qui 
s'absente  trois  fois  de  suite  sans  motif  suffisant  est  rem- 
placé par  la  Chambre  à  laquelle  il  appartient.  Des  commis- 
sions spéciales  peuvent  en  outre  être  nommées  ;  de  même 
les  commissions  permanentes  peuvent  demander  l'aug- 
mentation du  nombre  de  leurs  membres.  En  tout  cas, 
toutes  les  commissions  doivent  se  réunir  dans  les  quatre 
jours  au  plus  de  leur  nomination  et  présenter  leurs  rap- 
ports le  plus  tôt  possible. 

Projets  et  propositions .  Les  projets  émanant  du  roi  et 
ses  communications  sont  présentés  à  la  Chambre  par  un 
membre  du  conseil  d'Etat  et  doivent  être  accompagnés 
de  l'avis  de  ce  conseil  d'Etat,  ou  de  l'avis  de  la  cour  su- 
prême, si  elles  touchent  à  la  législation  civile,  ecclésias- 
tique ou  criminelle.  Lorsqu'une  proposition  est  présentée 
pour  la  première  fois,  elle  est  déposée  sur  le  bureau  jus- 
qu'à la  séance  suivante,  puis  renvoyée  à  un  comité  ;  les  dé- 
putés en  prennent  connaissance  et  peuvent  transmettre 
leurs  ol)servations  aux  commissions. 

III.  Travail  en  séance  publiqle.  — -  Le  travail  qui  doit 
être  élaboré  à  chaque  séance  est  l'objet  d'un  ordre  du 
jour  réglé  à  la  tin  de  la  séance  précédente.  Les  matières  se 
présentent  presque  toujours  dans  l'ordre  suivant  :  I.  Lois 
ou  communications  émanées  du  roi  et  motions  présentées  à 
la  Chambre  ;  11,  Propositions  et  amendements  provenant 
des  commissions  ou  des  bureaux  législatifs  de  l'Assemblée  ; 
m,  Rapports  des  hauts  fonctionnaires  du  Riksdag  ;  IV,  Rap- 
ports des  commissions  permanentes  et  spéciales;  V,  Af- 
faires intérieures.  Cet  ordre  du  jour  doit  être  communiqué 
à  l'autre  Chambre  ainsi  que  toutes  les  modifications  qu'on 
y  pourrait  faire. 

Les  rapports  des  commissions  sont  déposés  sur  le  bu- 
reau ;  ils  sont  lus  et  leurs  conclusions  sont  soumises  à 
trois  reprises  différentes  aux  délibérations  de  l'Assemblée. 
Lorsqu'il  s'agit  de  l'adoption  définitive,  tous  les  docu- 
ments relatifs  à  la  question  sont  lus  de  nouveau  à  haute 
voix,  si  un  membre  le  demande  ;  aucune  décision  déh- 
nitive  ne  peut  d'ailleurs  être  prise  avant  que  le  président 
ait  mis  aux  voix  la  clôture  du  débat.  Des  amendements 
peuvent  être  présentés  à  une  phase  quelconque  de  la  dé- 
libération. 

Votes.  Les  votes  ont  lieu  par  oui  ou  i^avnon  :  ils  peu- 
vent être  motivés  dans  les  procès-verbaux,  mais  non  en 
séance.  Si  les  résultats  sont  contestés,  on  procède  au  vote 
par  bulletins  imprimés  non  marqués,  simples,  fermés  et 
roulés.  4  députés,  sur  la  demande  du  président,  viennent 
prendre  place  au  bureau;  2  contrôleront  l'ouverture  des 
bulletins,  les  2  autres,  avec  le  secrétaire  de  la  Chambre, 
prendront  note  des  suffrages.  Chaque  député,  à  l'appel  de 
son  nom,  remet  son  bulletin  sur  le  bureau  :  le  président 
en  donne  lecture  à  haute  voix  ;  les  scrutateurs  notent  les 
suffrages,  et  le  résultat  est  annoncé  par  le  président.  Lors- 
qu'il s'agit  d'une  élection,  le  président  doit  remettre  un 
certain  nombre  de  ces  bulletins  au  vice-président  qui,  as- 
sisté de  quatre  députés  et  de  fonctionnaires  delà  Chambre, 


les  ouvre,  les  vérifie,  en  donne  lecture  et  en  prend  acte. 
Afin  d'éviter  le  partage  égal  des  voix,  le  président  avant 
le  comptage  prend  un  bulletin,  le  cachette  et  le  met  à  côté 
de  lui.  S'il  y  a  égalité  de  suffrages,  il  ouvre  ce  bulletin 
cacheté  et  tranche  ainsi  la  question;  si,  au  contraire,  une 
majorité  se  trouve  acquise,  le  bulletin  cacheté  est  aussitôt 
détruif . 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée.  —  Les  débats  étant  gé- 
néraleuient  fort  calmes,  le  règlement  suédois  est  très  bénin, 
écarte  toute  mesure  répressive,  et  s'embarrasse  d'aussi 
peu  de  procédure  parlementaire  que  possible.  Le  député  qui 
désire  parler  demande  la  parole  au  président.  Celui-ci  la 
lui  accorde  dans  l'ordre  des  inscriptions  ;  si  deux  membres 
la  sollicitent  à  la  fois,  il  décide  entre  eux.  L'orateur  parle 
debout  de  sa  place  ou  de  tout  autre  endroit  que  le  prési- 
dent lui  désigne  ahn  qu'il  soit  mieux  entendu.  Les  con- 
seillers d'Etat  obtiennent  la  parole  quand  ils  la  deman- 
dent, sans  égard  au  tour  d'inscription. 

Congés.  Les  membres  qui  désirent  s'absenter  doivent 
obtenir  un  congé  de  la  Chambre.  Ce  congé  ne  peut  se  pro- 
longer plus  de  quinze  jours,  à  moins  de  circonstances  tout 
à  fait  extraordinaires.  Le  député  qui  dépasse  le  terme  de 
son  congé,  sans  motif  plausible,  est  frappé  d'une  amende 
de  10  riksdalers  par  jour  d'absence.  Le  député  qui  néglige 
de  venir  aux  séances  de  la  Chambre  encourt  aussi  une 
amende  pour  chaque  jour  d'absence,  quel  qu'en  soit  d'ail- 
leurs le  motif. 

V.  Organisation  des  partis.  —  En  Suède,  il  y  a  eu 
longtemps  les  deux  grands  partis  classiques  du  parlemen- 
tarisme :  libéraux  et  conservateurs.  Aujourd'hui  ce  sont 
les  questions  économiques  qui  l'emportent  sur  les  politiques 
et  le  pouvoir  est  disputé  par  les  libre-échangistes  et  les  pro- 
tectionnistes. Les  groupes  de  la  première  Chambre  portent 
d'ailleurs  ces  dénominations.  Ceux  delà  seconde  Chambre, 
bien  qu'ayant  les  mêmes  préoccupations,  se  distinguent  :  en 
agraires  (Landtmannaparti),  bien  disciplinés,  dirigés  par 
des  chefs  expérimentés  et  qui  sont  d'ailleurs  en  grande  ma- 
jorité protectionnistes  et  conservateurs;  et  en  radicaux, 
assez  peu  nombreux,  tous  libre-échangistes,  mais  jouissant 
d'une  influence  des  plus  restreintes,  parce  qu'ils  ne  pos- 
sèdent pas  de  porte-parole  autorisés  et  éloquents.  Il  y  a 
bien  un  petit  parti  démocratique  et  socialiste,  mais  il  n'a 
pas  de  sérieux  appui  dans  le  pays  :  il  n'a  qu'un  seul  siège 
au  Riksdag. 

VI.  Organisation  maiérielle  de  l'Assemblée.  —  Le 
Riksdag  siège  à  Stockholm  dans  la  «  maison  du  Parlement  », 
énorme  bâtiment  rectangulaire,  à  trois  étages,  plus  imposant 
par  sa  masse  que  remarquable  par  son  architecture.  La  salle 
des  séances  estoblongue.  Le  président  occupe  une  table  dres- 
sée à  une  des  extrémités  de  la  salle  ;  devant  lui  sont  les 
greffiers,  à  droite  et  à  gauche  les  bancs  et  les  pupitres  des 
députés  qui  sont  classés  dans  l'ordre  des  circonscriptions 
qui  les  ont  élus.  Les  ministres  occupent  le  premier  rang 
des  sièges  à  la  droite  du  président.  Le  Parlement  s'assemble 
de  droit  le  lo  janv.  de  chaque  année.  Les  séances  com- 
mencent généralement  à  dix  heures  du  matin  ;  elles  sont 
publiques,  à  moins  que  l'Assemblée,  sur  la  demande  do 
5  membres^  au  moins,  ne  décide  le  huis  clos.  En  ce  cas,  le 
président  fait  évacuer  les  tribunes  et  il  en  agit  de  même  si 
un  désordre  s'y  produit  ;  au  besoin,  il  défère  les  pertur- 
bateurs à  la  justice.  L'administration  intérieure  est  dirigée 
par  une  commission  de  8  membres  nommés  par  l'Assem- 
blée. Les  fonctionnaires  sont  à  la  nomination  du  président. 
Le  Riksdag  publie  chaque  année  comme  supplément  au 
Rulletin  des  lois  le  résumé  de  toutes  les  résolutions  qu'il 
a  adoptées  pendant  la  session.  Le  secrétaire  de  la  Chambre 
tient  un  procès-verbal,  ou  sont  mentionnés  les  matières  en 
discussion,  les  noms  des  orateurs,  les  opinions  et  propo- 
sitions du  président,  les  résultats  des  scrutins,  et  les  ré- 
solutions de  la  Chambre.  Il  est  lu  par  lui  et  revisé  par 
l'Assemblée  sept  jours  après  la  séance  à  laquelle  il  se  réfère. 
Les  discours,  recueillis  par  des  sténographes  officiels,  sont 
signés  par  eux  et  remis  trois  jours  après  qu'ils  ont  étépro- 


PARLEMENTARISME 


1172 


nonces  au  secrétariat  de  la  Chambre  où  leurs  auteurs  peu- 
vent en  prendre  connaissance  et  les  corriger  pendant  quatre 
jours.  Enfin  le  secrétariat  tient  un  journal,  où  sont  consi- 
gnées toutes  les  motions  présentées  à  la  Chambre,  l'état 
à  jour  des  travaux  législatifs  ;  ces  documents  sont  à  la 
disposition  de  tous  les  députés. 

VII.  Rapports  de  la  Chambre  avec  l'autre  Assemblée 
ET  AVEC  le  Gouvernement.  —  Lorsque  les  Chambres  sont 
en  désaccord,  les  commissions  soit  permanentes,  soit 
spéciales,  chargées  de  l'examen  des  projets  en  litige  etqui 

—  on  s'en  souvient  —  sont  composées  d'un  égal  nombre 
de  membres  de  chaque  Assemblée,  doivent  faire  tous  leurs 
efforts  pour  aboutir  à  une  entente.  Les  projets  amendés 
sont  renvoyés  de  l'une  à  l'autre  à  plusieurs  reprises,  au 
l)esoin  de  nouvelles  commissions  sont  nommées  ;  s'il  est 
bien  évident  qu'on  n'arrivera  pas  à  trouver  un  terrain  de 
conciliation,  la  question  est  considéi'ée  comme  retirée  pour 
tout  le  reste  de  la  session.  Cependant,  si  le  désaccord  porte 
sur  les  questions  suivantes  :  Budget,  Banque  nationale. 
Dette  publique  ou  autre  matière  de  cette  importance  qui 
ne  peut  être  laissée  en  souffrance,  chacune  des  Cham- 
bres vote  sur  le  texte  qui  lui  convient,  et  la  décision  qui 
obtient  le  plus  grand  nombre  de  voix,  en  additionnant 
tous  les  votes  des  deux  Assemblées,  est  considérée  comme 
la  décision  définitive  du  Riksdag.  Afin  d'éviter  l'égalité  des 
voix,  avant  le  scrutin  on  dépose  à  la  seconde  Chambre  un 
bulletin  scellé  qui  tranche  la  question  en  cas  d'égalité  ou 
qui  est  détruit  sans  être  ouvert  si  une  majorité  s'est  pro- 
noncée. 

Le  Ministère.  Le  Conseil  des  ministres,  composé  des 
7  chefs  des  départements  exécutifs  et  de  3  ministres 
sans  portefeuille,  est  dirigé  par  un  premier  ministre  dé- 
signé par  le  roi.  Le  roi  ne  peut  prendre  aucune  décision 
en  matière  administrative  sans  qu'elle  ait  été  l'objet  d'une 
discussion  en  conseil  et  adoptée  par  3  de  ses  membres 
outre  le  ministre  compétent.  Un  registre  de  ces  délibéra- 
tions est  tenu  et  contient  mention  des  opinions  exprimées 
par  chacun  des  ministres.  Ils  ont  entrée  dans  les  deux 
Chambres,  où  ils  peuvent  parler  quand  ils  le  désirent, 
mais  non  voter,  à  moins  de  faire  partie  du  Parlement  ; 
ils  ne  peuvent  participer  à  l'élection  des  comités  ni  en 
être  nommés  membres.  Lorsque  le  roi  désire  faire  au 
Riksdag  des  communications  qui  doivent  rester  secrètes, 
chacune  des  Chambres  élit  6  délégués  chargés  de  conférer 
avec  lui.  Le  secrétaire  et  le  personnel  attachés  à  cette 
commission  très  spéciale  sont  nommés  par  le  souverain. 

VIII.  Fin  DE  l'Assemblée.  —  Les  pouvoirs  des  députés 
arrivent  à  leur  terme  trois  ans  après  la  date  de  leur  con- 
vocation. Le  Riksdag  peut  être  dissous  par  le  roi,  mais 
seulement  trois  mois  après  sa  réunion  :  la  dissolution  peut 
s'appliquer  à  l'une  ou  à  l'autre  des  deux  Chambres.  Lors- 
qu'elle a  eu  lieu,  la  nouvelle  Chambre  ne  peut  plus  être 
dissoute  avant  quatre  mois. 

Première  Chambre.  —  Les  règlements  sont  iden- 
tiques à  ceux  de  la  seconde  Chambre. 

SUISSE.  —  Le  Parlement  fédéral  suisse  comprend  une 
Assemblée  fédérale  divisée  en  deux  Chambres  :  le  Conseil 
national  et  le  Conseil  des  Etats.  L'Assemblée  fédérale 
correspond  à  notre  Congrès  (V.  Constliution,  t.  XII, 
p.  720)  ;  elle  siège,  quand  il  y  a  lieu,  dans  la  salle  du 
Conseil  national. 

Conseil  national.  — I.  Constliution  de  l'Assemblée. 

—  Le  Conseil  national  est  convoqué  par  le  Conseil  fédéral 
qui  fixe  l'heure  de  sa  réunion  et  arrête  autant  que  possible 
les  travaux  qui  lui  seront  soumis.  Un  bureau,  composé 
de  :  1  président,  1  vice-président  et  4  scrutateurs,  est 
nommé,  au  début  de  chaque  session,  au  scrutin  de  liste 
et  à  la  majorité  absolue.  Si  le  Conseil  est  nouvellement 
élu,  il  est  préside  par  un  doyen  d'âge  ;  dans  le  cas 
contraire,  c'est  le  président  de  la  session  précédente  qui 
occupe  le  fauteuil  jusqu'à  l'élection  du  bureau  définitif. 

II.  Travail  intérieur.  —  Le  Conseil  nomme  des  com- 
missions pour  l'examen  des  affaires  quikîi  sont  renvoyées. 


soit  au  scrutin  de  hste,  soit  par  assis  et  levé  ;  il  s'en 
rapporte  souvent  au  bureau  pour  leur  nomination.  Le 
président  de  chaque  commission  est  ordinairement  le  pre- 
mier nommé.  Pendant  les  intersessions,  des  commissions 
de  l'une  ou  l'autre  Chambre  s'assemblent  parfois  avec  un 
ou  deux  conseillers  fédéraux,  en  diverses  parties  du  ter- 
ritoire, pour  discuter  des  questions  qui  seront  plus  tard 
soumises  à  l'Assemblée  fédérale.  Les  rapports  des  com- 
missions sont  rédigés  en  deux  langues  :  en  français  et  en 
allemand. 

III.  Travail  en  séance.  —  Le  Conseil  national  ne  peut 
valablement  délibérer  que  si  la  majorité  de  tous  ses  mem- 
bres est  présente.  Aussi,  au  début  de  chaque  séance, 
procède- t-on  à  un  appel  nominal.  Les  matières  soumises 
aux  déhbérations  de  l'Assemblée  sont  :  les  lois,  motions, 
rapports  et  communications  iwovenant  du  Conseil  fédéral; 
les  rapports  présentés  par  les  commissions  ;  les  motions 
provenant  de  l'initiative  parlementaire  et  les  pétitions. 
L'ordre  du  jour  est  réglé  par  le  président.  Le  débat 
s'ouvre  sur  l'ensemble  d'une  question  portée  à  l'ordre  du 
jour.  Le  passage  aux  articles  est  ensuite  mis  aux  voix, 
sans  débats,  sur  la  proposition  d'un  membre. 

Les  amendements  aux  amendements  sont  mis  aux  voix 
avant  les  amendements  et  les  amendements  avant  la 
motion  principale.  Quand  toutes  les  motions  ont  été  mises 
aux  voix  et  qu'aucune  n'a  o])teiui  la  majorité,  l'Assemblée 
décide  par  un  nouveau  vote  entre  les  deux  motions  qui 
ont  été  mises  aux  voix  les  dernières.  Et  l'on  remonte 
ainsi  de  proche  en  proche  jusqu'à  ce  qu'une  majorité 
absolue  se  soit  déclarée.  Après  un  vote  sur  l'ensemble, 
tout  membre  a  le  droit  de  proposer  la  mise  en  discussion 
de  certains  articles,  et  un  nouveau  débat  s'ouvre  sur  ces 
articles,  si  l'Assemblée  accepte,  par  un  vote,  sans  débats, 
cette  proposition. 

Les  membres  du  Conseil  fédéral  ont  le  droit  de  prendre 
part  aux  discussions  et  de  proposer  des  amendements.  Ils 
peuvent  être  interpellés  ou  interrogés  sur  la  conduite  du 
Conseil  fédéral  et  doivent  donner  une  réponse  aussitôt 
après  que  la  demande  d'interpellation  leur  a  été  commu- 
niquée. Toute  résolution  de  l'Assemblée  fédérale,  c.-à-d. 
adoptée  par  les  deux  Chambres,  est  communiquée  au  Con- 
seil fédéral  pour  exécution.  C'est  la  Chambre  qui  a  discuté 
la  première  cette  résolution  qui  est  chargée  de  la  trans- 
mission. Les  lois,  résolutions,  etc.,  ainsi  adoptées,  sont 
imprimées  en  trois  langues  :  français,  allemand,  itaUen 
et  communiquées  aux  gouvernement  des  cantons  qui  les 
publient. 

Votes.  Les  membres  de  l'Assemblée  ne  sont  nulle- 
ment contraints  de  voter.  Mais  si  une  fraction  importante 
d'entre  eux  refuse  de  voter,  c'est  la  majorité  de  ceux  qui 
votent  qui  tranche  k  question  en  litige.  Les  votes  ont 
lieu  par  assis  et  levé,  à  moins  que  20  membres  ne  récla- 
ment l'appel  nominal.  Les  élections  ont  heu  au  scrutin 
de  liste,  à  l'aide  de  bulletins  portant  une  marque  spéciale 
et  qui  sont  distribués  aux  membres.  Le  nombre  des  bulle- 
tins distribués,  qui  est  d'ailleurs  mentionné  au  procès- 
verbal,  est  annoncé  à  l'Assemblée  par  les  scrutateurs  qui 
constatent  ensuite  le  nombre  de  votes  émis.  Si  ce  nombre 
excède  celui  des  bulletins  distribués,  le  vote  est  annulé  et 
recommencé.  Pour  les  deux  premières  épreuves,  il  est 
permis  de  voter  pour  autant  de  candidats  qu'on  le  désire  ; 
après  la  seconde  épreuve,  les  candidats  qui  ont  obtenu  le 
moins  grand  nombre  de  voix  sont  éliminés.  Si  l'un  des 
candidats  obtient  la  majorité  relative  et  tous  les  autres 
un  même  nombre  de  voix,  on  procède  à  une  votation 
spéciale.  Chaque  votant  écrit  sur  son  bulletin  le  nom  du 
ou  des  candidats  qu'il  engage  à  se  retirer. 

IV.  Discipline  de  l'Assemblée. —  Le  président  est  chargé 
de  diriger  les  débats  et  de  faire  observer  le  règlement. 
Il  donne  la  parole  aux  membres  qui  la  demandent.  Ceux- 
ci  ne  peuvent  parler  plus  de  trois  fois  sur  la  même  ques- 
tion. Ils  peuvent  à  leur  guise  prononcer  leur  discours,  soit 
en  français,  soit  en  allemand,  soit  en  italien.  Si  le  prési- 


—  1173  — 


PARLEMENTARISME 


dent  est  Suisse-Allemand,  il  parle  en  allemand,  mais  ses 
obsen^ations  sont  immédiatement  traduites  en  français  par 
un  fonctionnante  placé  à  côté  de  lui.  S'il  est  Suisse-Fran- 
çais, il  parle  en  français,  et  ses  observations  sont  immédia- 
tement traduites  en  allemand.  La  liste  des  orateurs  est  close 
dès  que  le  débat  est  commencé,  La  clôture  des  débats 
peut  être  prononcée  si  les  deux  tiers  des  membres  pré- 
sents la  réclament,  mais  elle  ne  peut  être  mise  aux  voix 
si  un  membre  qui  n'a  pas  encore  parlé  désire  présenter 
ses  observations.  Il  n'existe  pas  d'autre  mesure  discipli- 
naire que  le  rappel  à  la  question.  Les  membres  ne  doivent 
pas  s'absenter  sans  raison  suffisante  :  celui  qui  ne  répond 
pas  à  l'appel  de  son  nom  au  début  de  la  séance  perd  un 
jour  de  son  indemnité  législative. 

V.  Organisation  des  partis.  —  Le  pouvoir  est  disputé 
par  quatre  partis,  subdivisés  eux-mêmes  en  groupes  assez 
nombreux.  Ce  sont  :  les  catholiques  ou  cléricaux,  les  libé- 
raux, les  socialistes  et  les  radicaux.  Cependant  les  discus- 
sions entre  groupes  n'offrent  pas  les  caractères  tranchés 
que  l'on  remarque  en  d'autres  pays.  Ce  sont  de  simples 
nuances,  et  les  groupements  parlementaires  s'agrègent  ou 
se  désagrègent  souvent  suivant  les  questions.  Grâce  à  leur 
union,  les  socialistes  et  la  majorité  des  radicaux  des  cantons 
allemands  ont  la  majorité  dans  les  deux  Assemblées.  Sous 
la  dénomination  à'étatistes,  ils  se  préoccupent  davantage 
des  questions  d'économie  sociale  que  de  celles  de  politique 
et  pratiquent  le  socialisme  d'Etat.  Dans  la  Chambre,  il  y 
a  un  centre,  comprenant  les  conservateurs  et  les  libéraux 
modérés  ;  une  gauche,  radicaux  et  socialistes  ;  une  droite, 
libéraux  et  catholiques.  • 

VI.  Organisation  matérielle  de  l'Assemblée.  —  Le 
Conseil  national  et  le  Conseil  des  Etats  siègent  à  Berne, 
dans  le  palais  fédéral,  édifice  construit  de  1852  à  1857 
et  assez  mal  aménagé  pour  qu'on  ait  songé  à  édifier  un 
palais  du  Parlement  qui  n'est  pas  encore  terminé  (1899). 
Le  Conseil  national  tient  deux  sessions  :  une  d'été,  qui 
commence  le  premier  lundi  de  juin,  et  une  d'hiver,  qui  com- 
mence le  premier  lundi  de  décembre  Ces  deux  sessions  se 
prolongent  rarement  plus  d'un  mois.  Les  séances  ont  lieu, 
en  général,  à  huit  heures  du  matin  en  été,  à  neuf  heures 
en  hiver;  les  lundis,  elles  commencent  à  trois  heures  de 
l'après-midi.  Elles  durent  en  moyenne  cinq  heures.  Ce 
sont  les  bureaux  du  chancelier  fédéral  qui  sont  chargés 
des  soins  de  l'administration  intérieure  et  qui  nomment  un 
secrétaire  dont  les  fonctions  sont  analogues  à  celles  des 
secrétaires  généralement  élus  par  les  assemblées  parlemen- 
taires parmi  leur  membres. 

VII.  Rapports  de  la  Chambre  avec  l'autre  Assemblée. 
—  Lorsqu'une  loi  a  été  acceptée  par  une  des  Chambres, 
elle  est  signée  par  le  président  et  le  secrétaire  et  transmise 
au  moyen  d'un  message  à  l'autre  Chambre,  dans  le  délai 
de  deux  jours.  Si  l'autre  Assemblée  accepte  telle  (juelle  la 
proposition  qui  lui  est  renvoyée,  elle  la  retourne,  avec 
mention  de  cette  acceptation  signée  aussi  parle  président 
et  le  secrétaire.  Si,  au  contraire,  elle  modifie  la  proposition, 
les  amendements  sont  transmis  à  l'autre  Assemblée  qui 
les  discute  et  communique  ensuite  sa  décision.  Si  les  deux 
Chambres  n'arrivent  pas  à  se  mettre  d'accord,  la  question 
reste  en  suspens,  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  remise  à  l'ordre 
du  jour  de  l'Assemblée  qui  en  a  eu  l'initiative,  et  qui  lui 
applique  la  même  procédure  que  s'il  s'agissait  d'une  nou- 
velle proposition. 

YlII.  Fin  de  l'Assemblée  —  Les  pouvoirs  du  Conseil 
national  viennent  à  leur  terme  trois  ans  après  sa  convocation. 

Conseil  des  Etats.  —  Les  différences  qui  existent 
entre  le  fonctionnement  de  cette  Assemblée  et  celui  du 
Conseil  national  sont  de  si  minime  importance  qu'il  n'y  a 
pas  lieu  de  consacrer  un  article  spécial  au  Conseilles 
Etats.  René  Samuel. 

BiDL.  :  GÉNÉRALITÉS.  —  Hamilton,  la  Logique  parle- 
mentaire ;  Paris,  1886,  in-12.—  Lair,  Dos  Hautes  Cours  po- 
litiques en  France  et  à  l'étranger;  Paris,  1889,  in-8.  —  Ra- 
DENAc,De  la  Dissolution  des  Assemblées  législatives  ;  Paris, 
1897,  in-8.  —  Arzens,  l'Echec  du  gouvernement  parlemen- 


taire; Paris,  1898.  in-8  —  Louis  Mioiion,  Vlniliative  parle- 
mentaire et  In  réforme  du  travail  législatif;  Paris,  1898,  in-8. 

—  Matter,  la  Dissolution  des  assemblées  parlementaires; 
Paris,  1898,  in-8.  ~  Lecky,  Z)e?770C7'acy  and L/beri?/;  Londres, 
1899, 2  vol.  in-8.  —  Bagou,  De  l'Influence  du  fédéralisme  sur 
l'institution  des  Chambres  hautes;  Toulouse,  1899,  in-8.  — 
Tarde,  les  Transformations  du  pouvoir  ;  Paris,  1899,  in-S 

—  Reports  respecting  thepraciice  and  régulations  of  légis- 
lative Assemblies  in  foreiqn  coimtries  presented  to  Par- 
liament  (document  officiel  du  Parlement  anglais);  Londres, 
1881  et  suiv.,  in-l.  —Reports  respecting  the  qualifîcalions 
for  the  Parliamentary  Franchise  in  foreign  countries  {id.); 
Londres,  1883,  in-4.  —  Reports  upon  the  political  oaths 
or  affirmations  reciuired  from  the  memhers  of  foreign  lé- 
gislative Assemblies  {id.)  ;  Londres,  1882,  in-4.  —  Rey- 
naert,  Histoire  de  la  discipline  parlementaire;  Paris. 
1884,  2  vol.  in-8.  —  Dickinson,  Summary  ofthe  consti- 
tution and  procédure  of  foreign  Parliaments  ;  Londres. 
1890,  in-8.  —  Sentupéry,  l'Europe  po^iiigiie; Paris,  1894-96, 
2  vol.  gr.  in-8.  —  J.  Wenzel.  Coinparative  vie\^s  of  the 
executive  and  législative  departments  of  the  Governments 
of  the  United  States,  France,  England  and  Germany  ; 
Boston,  1891.  in-8.  —  Gomel,  Essai  historique  sur  les 
Chambres  hautes  françaises  et  étrangères;  Paris.  1873, 
in-8.  --  Revue  politique  et  parlementaire;  Paris,  1893  et 
suiv.,  in-8. 

France.  —  J.  Poudra  et  Eug.  Pierre,  Traité  pratique 
de  droit  parlementaire  ;  Paris,  1878,  in-8.  —  Eug.  Pierre, 
de  la  Procédure  parlementaire,  Etude  sur  le  mécanisme 
intérieur  du  pouvoir  législatif;  Paris,  1887,  in-12.  —  Du 
môme,  Traité  de  droit  politicpie  électoral  et  parlementaire; 
Paris,  1893,  gr.  in-8. 

Allemagne.  — -  Wiermann,  Der  deutsche  Reichstag  : 
Leipzig,  1886,  2  vol.  —  Freyer,  Der  deutsche  Reichstag  ; 
Berlin,  1888.  —  G.  Hirth,  Deutscher  Parlannents  Alma- 
nach  ;  Munich,  1898,  in-8.—  Joseph  Kûrschner.  Der  neue 
Reichstag;  Leipzig,  1898,  in-32.  —  Lefevre-Pontalis,  les 
Elections  au  Reichstag;  Paris,  1898,  in-8. 

Angleterre.  —  Erskine  May,  Treatlse  on  the  Law,  Pri- 
vilèges, proceedings  and  usage  of  Parliament  ;  Londres, 
1893,  in-8,  10«  éd.  —  Franqueville,  le  Gouvernement  et  le 
Parlement  britanniques  ;  Paris,  1887,  3  vol.  in-8.  —  Mau- 
rel-Dupeyré,  les  Usages  du  Parlement  anglais;  Paris, 
1870,  in-8.  —  Gneist,  Das  englische  Parliament  in  tau- 
sendjâhrigen  Wandelungen  ;  Berlin,  1886.  — -  Todd,  On 
Parliamentary  Govermnent  in  England;  Londres,  1887- 
89,  2  vol.  in-8.  —  Pike,  A  Constitutional  History  of  the 
house  of  Lords;  Londres,  1894,  in-8  — •  Dickinson,  The 
development  of  Parliament  during  the  nineteenthCen- 
tnry  ;  Londres,  1895.  —  Dod,  Parliamentary  Companion  ; 
Londres,  1899,  in-32.  —  G.-D.  Weill.  Mœurs  parlemen- 
taires anglaises;  Paris,  1888.  in-8.  —  Lords  and  commons, 
an  illustrated  parliamentary  paper;  Londres,  1899,  gr.  in-L 
Autriche-Hongrie.  —  CoLnsTREA^[,  The  Institutions 
of  Austria;  Westminster,  1895.  —  L.  Léger,  Histoire  de 
l'Autriche-Hongrie  ;  Paris,  1895,  4°  éd.  —  Umlauft,  Die 
ôsterreichisch-ungarische  Monarchie  ;  Vienne,  1896. 
30  éd.—  Steinbach,  Die  ungarischen  Verfas^ungsgesetze  ; 
Vienne,  1891.  —  Lefèvre-Pontalls,  les  Elections  en 
Autriche-Hongrie  ;  Paris,  1897,  in-8. 

Belgique.  —  Manuel  à  l'usage  des  membres  du  Sénat  et 
de  la  Chambre  des  représentants  de  Belgique;  Bruxelles. 
1874.  —  Manuel  à  l'usage  des  membi^es  du  Sénat  et  de  la 
Chambre  des  représentants  ;  Bruxelles,  1886.  —  Lefèvre- 
Pontalis,  les  Elections  en  Belgique;  Paris,  1894,  in-12. 

Bulgarie.  —  Durastel,  Annuaire  international  de  la 
Bulgarie;  Sophia,  1899,  in-8. 

Danemark.  —  Règlement  du  Rigsdaq^  dans  Bulletin  de 
la  Société  de  législation  comparée,  1876,  p.  265. 

Espagne.  —  Rovira  y  Rauassa,  Tratado  de  derecho 
politico  ;  Madrid,  1882,  in-8.  —  Manual  de  los  seilores  depu- 
tados;  Madrid,  1891,  in-12.  —  Lefèvre-Pontalis,  les 
Elections  en  Espagne;  Paris,  1896,  in-8. 

Etats-Unis  d'Amérique.  —  Story,  Commentaries  on 
the  Constitution  ofthe  United  States  ;  Boston^  1891.  2  vol. 
in-8.  —  CooLEY,  A  treatise  of  the  constitutional  limita- 
tions wich  rest  upon  the  législative  power  of  the  States 
of  the  American  Union;  Boston,  1878,  in-8.  — Règlement 
des  deux  Chambres,  dans  Bulletin  de  la  Société  de  légis- 
lation comparée,  1876,  p.  388.  —  Bryce,  The  American 
Commonwealth  :  Londres,  1893-95.  2  vol.  în-8. 

Hollande.  —  De  Hartog.  De  Gronden  der  staats-pro- 
vinciale  en  geemente-inrichting  van  Nederland  ;  Leyde, 
1883.—  Règlement  des  Etats  généraux,  dans  Bulletin  de  la 
Société  de  législation  comparée,  1876.  p.  221.  —  Lefèvre- 
PoNTALis.  les  Elections  dans  les  Pays-Bas  ;  Paris,  1897,  in-8. 
Italie.  —  Coldstream,  The  Institutions  of  Italy  : 
Londres,  1895.  —  Palma,  Corso  di  diritto  costituzionale  ; 
Florence,  1877,  2  vol.  in-8.  —  Règlement  du  Parlement^ 
dans  Bulletin  de  la  Société  de  législation  comparée^  1876. 
p.  239. 

.Japon.  —  Constitution  of  the  Empire  of  Japan;  Tokio, 
1889.  —  Layrle,  la  Restauration  impériale  au  Japon  ; 
Paris,  1893,  in-8. 

Norvège.  —  Nils  Hô-jer,  le  Storthing  de  Norvège  (en 
suédois),  Stockholm,  1882,  in-8.— Aschelhoug,  D?*oitpu5/ic 
de   Norvège  (en    suédois);  Christiania,  1885,   2»   part.   — 


PARLEMENTARISME  —  PARME 


1174  — 


Règlement  du  Storthing,  clans  Bulletin  de  la  Société  de 
législation  comparée,  1876,  p.  270. 

'Roumanie.  —  E.  Marbeau,  Tn  A' ouî^eait /?o?yaH7nc;  Paris, 
1881,  in-8. 

Suède.  ~  Rydin,  le  Parlement  suédois^  sa  composition^ 
son  fonctionnement  (en  suédois);  Stockholm,  1873-79, 
3  vol.  in-8. 

Suisse,  —  J.  Dubs,  le  Droit  public  de  la  confédération 
suisse /Neucliâtel,  1878,  2  vol.  in-8.  —  Règlement  des  deux 
Conseils,  dans  Bidletin  de  la  Société  de  législation  com- 
parée, 1876,  p.  259.  —  Vincent,  State  and  fédéral  govern- 
ment  in  Switzerland  ;  Baltimore,  1891,  in-8. 

PARLOIR  AUX  Bourgeois.  Ancien  nom  du  modeste  local 
où  les  mandataires  de  la  bourgeoisie  de  Paris  tenaient 
leurs  assemblées  :  il  était  primitivement  situé  près  le  Châ- 
telet;  puis  il  fut  transféré  derrière  les  Jacobins  (faubourg- 
Saint- Jacques)  jusqu'en  4837,  où  il  fut  établi  place  de 
Grève  (V.  Hôtel  de  Ville,  t.  XX,  p.  296).     II.  Monl\. 

PARLY.  Com.  du  dép.  de  l'Yonne,  arr.  d'Auxerre, 
cant.  de  Toucy;  995  hab. 

PARMA  (Archéol.  milit.)  (V.  Bouclier,  t.  VII,  p.  576). 

PARMA.  Rivière  d'Italie,  affl.  dr.  du  Po,  longue  de 
95  kil.,  qui  naît  au  mont  Brusa,  descend  au  N.  en  décri- 
vant des  coudes  vers  l'E.,  arrose  Parme,  où  elle  reçoit  la 
Baganza,  et  finit  à  Brescello. 

PARMÂCELLA  (Malac).  Genre  de  Mollusques  Pulmo- 
nés.  Corps  allongé,  pourvu  d'une  cuirasse  très  grande. 
Orifice  respiratoire  au  bord  postérieur  droit  de  la  cuirasse  ; 
orifice  génital  derrière  le  grand  tentacule  droit.  Coquille 
rudimentaire,  composée  d'une  lamelle  et  d'un  nucléus 
épais,  brillant  et  spirescent.  P.  valencienemis  \Yebb. 
Animal  herbivore,  habitant  la  région  méditerranéenne. 

PAR  NI  AIN.  Com.  du  dép.  deSeine-et-Oise,  arr.  dePon- 
toise,  cant.  de  l'ïsle-Adam  ;  1.099  hab.  Vieille  église  à 
Jouy-le-Comte. 

PARME.  Ville.  —  Ville  d'Italie,  ch.-l.  de  la  prov. 
de  ce  nom,  sur  la  Parma,  à  58  m.  d'alt.  ;  52.783  hab. 
(en  1895).  De  forme  circulaire,  elle  est  entourée  d'une 
enceinte  bastionnée,  percée  de  cinq  portes,  qui  sert  de  pro- 
menade ;  au  S.  s'élève  le  château  bâti  en  4591.  La  Parma 
divise  la  ville  en  deux  parties  inégales,  reliées  par  trois 
ponts;  la  plus  vaste  est  à  l'E.  La  principale  rue  traver- 
sant la  ville  d'E.  en  0.  est  l'antique  via  iîlmilia  (auj. 
corso  Vittorio  Emanuele  et  strada  Massimo  d'Azeglio)  ;  au 
centre,  elle  traverse  la  grande  place  décorée  par  une  tour 
d'horloge.  La  promenade  favorite  des  habitants  est  le  Stra- 
done,  entre  la  ville  et  le  château.  —  Parme  compte 
60  églises  ;  la  principale  et  la  plus  ancienne  est  la  cathé- 
drale bâtie,  en  style  roman  lombard,  de  1059  à  1074,  re- 
maniée jusqu'en  1463,  souvent  restaurée  ;  la  façade  est 
ornée  de  trois  galeries  à  colonnettes  et  de  trois  portails  ; 
l'intérieur  comprend  trois  nefs  et  une  coupole  peinte  à 
fresque  par  le  Corrège.  Au  S.-O.  de  la  cathédrale  est  le 
baptistère  (1196-1280),  en  marbre  de  Vérone,  avec  trois 
beaux  portails.  Citons  encore  :  Saint-Jean-l'Evangéliste, 
bâti  par  Zaccagni  (1510),  et  décoré  par  le  Corrège  ;  la 
Madonna  délia  Steccata,  bel  édifice  Renaissance  bâti  sur  les 
plans  de  Zaccagni  (1521)  ;  San  Paolo,  avec  le  tombeau  du 
comte  Neipperg,  et,  dans  une  salle  du  couvent,  des  fresques 
mythologiques  du  Corrège  (1518).  Les  principaux  édifices 
laïques  sont  :  le  grandiose  palais  délia  Pilotta  inachevé,  où 
l'on  a  réuni  la  bibliothèque,  les  archives,  les  musées,  un 
théâtre  bâti  en  1618  par  5.000  spectateurs;  le  palais 
ducal  affecté  à  la  préfecture  ;  le  palais  del  Giardino  bâti 
en  1564,  décoré  par  Agostino  Carrache  ;  le  palais  commu- 
nal (1627);  ceux  des  SanvitaH,  Soragna,  Pallavicini,  etc» 

La  ville  de  Parme  est  assez  industrielle  ;  elle  renferme 
des  usines  métallurgiques,  des  filatures  de  soie,  des  fa- 
briques de  pâtes  alimentaires,  de  conserves,  de  cordon- 
nerie, une  manufacture  de  tabac.  Le  commerce  agricole  y 
est  actif,  la  ville  étant  située  sur  la  grande  voie  ferrée  de 
Plaisance  à  Bologne  et  reliée  par  embranchements  à  la  Spe- 
zia,  Brescia,  Suzara,  sans  pailer  des  tramways.  —  L'Uni- 
versité, fondée  en  1512,  a  trois  facultés,  droit,  médecine, 
science,  et  comptait  63  professeurs  et  313  étudiants  en 
4892.  Le  musée  possède  600  tableaux  dont  beaucoup  du 


Corrège  et  de  ses  élèves.  La  bibliothèque  (Palatine)  pos- 
sède 215.000  livres  plus  3.039 incunables,  et  4.754  ma- 
nuscrits. Parme  est  le  siège  d'un  évèché,  d'une  cour  d'appel. 
Le  physicien  Melloni,  les  peintres  Parmegianino  et  San- 
franco,  le  compositeur  Paer  y  sont  nés. 

Parme  était  une  ville  gauloise  lorsqu'une  colonie  ro- 
maine y  fut  installée  en  183  av.  J.-C.  Elle  devint  sous 
Auguste  colonia  Julia  Augusia,  prospéra  par  le  com- 
merce, fut  surnommée  Chrysopolis,  conquise  en  570  par 
les  Lombards.  Dans  la  querelle  des  Investitures,  elle  tint 
souvent  pour  l'empereur,  notamment  au  temps  des  anti- 
papes Honorius  II  (Cadalus)  et  Clément  III  (Wibert)  qui 
étaient  Parmesans.  Mais,  en  1247,  les  guelfes  chassèrent  le 
podestat  de  Frédéric  II,  Enrico  Testa,  et  le  remplacèrent  par 
Gherardo  Correggio  ;  l'empereur  vint  assiéger  la  ville  et 
en  bâtit  une  autre  à  côté  qu'il  nomma  Vittoria  ;  elle  fut 
incendiée  par  les  Parmesans  qui  défirent  l'armée  impé- 
riale (18  févr.  1248).  En  4306,  Giberto  Correggio  éta- 
blit sa  tyrannie  sur  Parme  ;  il  ne  put  s'y  maintenir;  après 


Cathédrale  et  baptistère  de  Parme. 

des  guerres  prolongées,  la  principauté  passa,  de  4335  à 
4344,  aux  délia  Scala,  puis  aux  Correggio,  à  Obizzo  III 
d'Esté,  et  enfin,  en  4346,  à  LuchinoVisconti  de  Milan.  Après 
la  conquête  française,  le  pape  Jules  II  l'occupa  en  4541, 
et  la  réunit  aux  Etats  du  Saint-Siège  ;  mais,  dès  1545,  elle 
devint  capitale  d'un  duché  (V.  ci-après). 

Province.  —  La  prov.  de  Parme,  qui  appartient  à 
l'Emilie,  a  8.288  kil.  q.  et  273.880  hab.  (fin  1895); 
elle  est  comprise  entre  celles  de  Crémone  et  Mantoue  au 
N. ,  Reggio  à  l'E. ,  Massa  et  Carrare  au  S. ,  Plaisance  à  l'O. , 
s'étendant  de  l'Apennin  au  Po,  arrosée  par  l'Enza,  la 
Parma,  le  Taro  et  de  nombreux  canaux.  On  y  trouve  du 
pétrole,  du  sel,  de  la  chaux.  L'agriculture  y  est  prospère; 
en  1894,  on  récolta  600.000  hectol.  de  blé,  300. 000 hec- 
tol.  de  mais,  308.000  de  vin,  etc.  ;  on  y  élevait  89.000 
bœufs,  67.500  moutons,  et  préparait  1.800.000  kilogr.  de 
fromage  et  443.000  de  cocons  de  soie.  —  La  province  se 
divise  en  trois  cercles  :  Parma,  Borgo-San-Donnino,  Bor- 
gotaro. 

Duché.  —  Le  duché  de  Parme,  lors  de  sa  réunion  au 
royaume  d'Italie,  avait  6. 158  kil. q. ,  peuplés  de  502.247  hab. 
(en  1858)  ;  on  en  a  formé  les  prov.  de  Parme  et  de 
Plaisance,  exception  faite  du  district  méridional  de  Luni- 
giane  qui  fut  réuni  à  la  prov.  de  Massa  et  Carrare  dont 
il  forme  le  cercle  de  Pontremoli.  Ce  duché  fut  constitué, 
le  26  août  1545,  à  titre  héréditaire,  par  le  pape  Paul  III 
Earnèse,  comme  duché  de  Parme  et  Plaisance,  en  faveur 
de  son  fils  naturel,  Pietro-Luigi  Farnese.  Ce  dernier,  oppri- 
mant la  population,  fut  assassiné  par  des  nobles;  son  fils 
Ottavio  garda  Parme ,  mais  l'administrateur  impérial  de 
Milan  occupa  Plaisance  que,  pourtant,  Philippe  II  d'Espagne 
fit  rendre  au  duc  en  4558.  Ottavio,  qui  s'était  allié  aux 


1175  — 


PARME 


Habsbourg  pour  résister  aux  revendications  du  pape,  eut 
pour  successeur  son  second  fils,  le  fameux  duc  de  Parme 
(V.  ci-après  sa  biographie),  Alexandre  Farnèse,  qui  bâtit 
la  citadelle.  A  celui-ci  succéda  son  fils  aîné  Ranuccio 
(1592-1622),  qui  réprima  férocement  une  conjuration  des 
nobles  (1612),  et  bâtit  le  palais  délia  Pilotta.  Puis  régnè- 
rent le  second  fils  de  Ranuccio,  Odoardo  (1622-49),  ma- 
rié à  Marguerite,  fille  du  grand-duc  Cosme  de  Toscane, 
puis  leurs  fils  Ranuccio  II  (1646-94),  Francesco  (1691- 
1727),  Antonio  (1727-31).  Avec  ce  dernier  s'éteignit  la 
dynastie  des  Farnèse. 

Les  duchés  de  Parme  et  Plaisance  passèrent  à  l'infant 
d'Espagne,  Charles  de  Rourbon;  sa  mère  Elisabeth,  pe- 
tite-fille de  Ranuccio  II,  mariée  en  1714  à  Philippe  V 
d'Espagne,  en  avait  obtenu  l'expectative  dès  1720.  Le 
duc  Charles  put,  après  la  guerre  de  succession  de  Pologne, 
par  le  traité  de  Vienne  (1735),  échanger  ces  duchés  con- 
tre le  royaume  des  Deux-Siciles.  L'Autriche  ne  les  garda 
pas  longtemps  ;  en  1745,  l'Espagne  les  reconquit,  et  en  1748 
Marie-Thérèse  les  céda  avec  Guastalla,  qui  y  fut  incor- 
poré, à  l'infant  espagnol  Philippe,  frère  cadet  de  Charles. 
Il  mourut  en  1765,  laissant  le  trône  à  son  fiJs  mineur 
Ferdinand  (1765-1802)  ;  pendant  sa  minorité,  son  mi- 
nistre, le  Français  Guillaume  du  Tillot,  appliqua  les  idées 
réformatrices  des  philosophes,  restreignit  les  pouvoirs  de 
l'Eglise.  Devenu  majeur,  en  1781,  Ferdinand  le  congédia 
et  rétablit  l'Inquisition  en  1787.  Il  prit  part  à  la  guerre 
contre  la  France  révolutionnaire;  Ronaparte  lui  vendit 
un  armistice  (9  mai  1796)  au  prix  de  2  millions  de  fr., 
20  tableaux  et  des  approvisionnements  ;  le  5  nov.  il 
signa  la  paix  ;  il  dut  céder  à  la  République  Cisalpine  ses 
possessions  de  la  rive  gauche  du  Pô  (1797).  Une  entente 
franco -espagnole  constitua  pour  Louis,  fils  du  duc  Fer- 
dinand et  de  Marie-Amélie  d'Autriche,  un  royaume 
d'Etrurie  (21  mars  1801)  ;  mais  à  la  mort  de  Ferdinand 
(9  oct.  1802),  Louis  dut  céder  les  duchés  de  Parme, 
Plaisance  et  Guastalla  à  Napoléon,  qui  les  incorpora  à 
l'Empire  français  le  21  juil.  1805.  Dès  le  30  mars  1806, 
il  détacha  le  duché  de  Guastalla  au  profit  de  sa  sœur  Pau- 
line Rorghèse.  L'archichancelier  Cambacérès  reçut  le  titre 
de  duc  de  Parme,  mais  sans  droits  de  souveraineté  ;  l'archi- 
trésorier  Lebrun,  le  titre  de  duc  de  Plaisance  ;  le  territoire 
de  ces  duchés  forma  en  1808  le  département  du  Taro. 

Le  congrès  de  Vienne  attribua  les  duchés  de  Parme, 
Plaisance  et  Guastalla  en  toute  souveraineté  à  l'archidu- 
chesse Marie-Louise,  ci-devant  impératrice  des  Français. 
En  1817,  on  décida  qu'après  sa  mort  ces  duchés  revien- 
draient aux  Rourbons,  descendants  du  roi  Louis  d'Etrurie 
qu'on  avait  casés  à  Lucques.  Marie-Louise  mourut  le 
17  déc,  1847,  et  Charles  II  Louis  de  Bourbon  imt  pos- 
session des  duchés.  Ses  sujets  lui  demandèrent  des  ré- 
formes ;  il  refusa,  s'allia  à  l'Autriche  qui  fit  occuper  le 
pays  par  un  corps  hongrois  (9  fév.  1848).  Une  demande 
d'éloignement  de  ces  troupes  fut  repoussée,  et  le  lende- 
main le  peuple  s'insurgea  (20  mars).  Le  duc  céda,  puis 
quitta  le  pays  en  laissant  une  régence  (19  avr.).  Quand 
le  roi  de  Sardaigne  déclara  la  guerre  à  l'Autriche,  les 
Parmesans  s'unirent  à  lui  (10  mai  1848);  mais  l'armis- 
tice du  9  août  1848  stipula  l'évacuation  de  Modène, 
Parme  et  Plaisance;  le  corps  autrichien  du  baron  d'Aspre 
s'établit  à  Parme.  Quand  les  hostilités  reprirent,  le  12  mars 
1849,  les  Parmesans  demandèrent  à  nouveau  leur  an- 
nexion au  royaume  de  Sardaigne,  et  La  Marmora  réoc- 
cupa leur  ville.  Mais,  la  semaine  suivante,  le  désastre  de 
Novare  abattait  les  Italiens,  et  le  6  avr.  les  x\utrichiens 
rentraient  à  Parme.  Le  14  mars  1849,  le  duc  Charles  II 
Louis  avait  abdiqué  au  profit  de  son  fils,  Charles  III,  qui  prit 
le  pouvoir  en  août  1849.  La  réaction  fut  impitoyable  ;  avec 
l'appui  d'une  garnison  autrichienne  fortifiée  dans  la  cita- 
delle, le  duc  comprima  toute  opposition  ;  mais  le  26  mars 
1854,  il  fut  frappé  d'un  coup  de  couteau  et  mourut  le 
lendemain.  Son  fils  Robert,  né  le  9  juil.  1848,  lui  suc- 
céda sous  la  tutelle  de  sa  mère,  Louise  de  Rourbon,  sœur 


du  comte  de  Chambord.  Le  7  fév.  1857,  les  garnisons 
autrichiennes  partirent,  sauf  de  Plaisance.  Lors  de  la 
guerre  de  1859,  la  population  réclama  l'union  avec  le  roi 
de  Sardaigne;  soldats  et  officiers  l'exigèrent  (30  avr.),  et 
la  régente  se  retira  à  Mantoue  avec  son  fils.  Un  gouver- 
nement provisoire  fut  institué  qui  prépara  l'annexion; 
mais  alors  une  fraction  des  troupes  rappela  la  duchesse 
(4  mai);  elle  revint,  désarma  la  garde  nationale  et  af- 
firma sa  neutrahté,  tandis  que  les  Sardes  occupaient  une 
partie  du  pays.  Après  Magenta,  la  régente  délia  ses  sol- 
dats du  serment  de  fidélité  et  partit  (9  juin).  Un  gou- 
vernement provisoire  fut  constitué  qui  offrit  la  souveraineté 
à  Victor-Emmanuel  ;  un  gouverneur  piémontais  arriva  le 
16  juin  ;  un  plébisciste  vota  par  63.403  voix  contre  506 
la  réunion  au  nouveau  royaume  d'Italie  qui  fut  consommée 
par  décret  du  18  mars  1860.  A. -M.  R. 

BiBL.  :  Affo,  Storisi  clelhi  citta  d'i  Parma;  Parme,  1792- 
95,  4  vol.  —  ScARABELLi,  Stovia  civile  clei  clucaii  di  Parma, 
Piacenza  e  Guastalla,  1858,  2  vol.  ~  Pezzaîs'o,  Storia  délia 
citta  di  Parma,  1837-59,  5  vol. 

FARM  E  (Alessandro  Farnèse,  duc  de),  gouverneur  géné- 
ral des  Pays-Ras,  né  à  Rome  le  27  août  1545,  mort  à 
l'abbaye  de  Saint- Waast,  près  d'Arras,  le  3  déc.  1592.  Il 
était  fils  d'Octave  Farnèse,  duc  de  Parme,  et  de  Margue- 
rite d'xAutriche,  fille  naturelle  de  Charles-Quint.  Il  suivit 
sa  mère  à  Rruxelles,  lorsqu'elle  eut  été  nommée  gouver- 
nante générale  des  Pays-Ras,  puis  séjourna  quelque  temps 
à  la  cour  de  Philippe  II  et  fut  ensuite  envoyé  en  Italie  ; 
il  se  distingua  à  la  bataille  de  Lépante  contre  les  Turcs 
et  à  celle  de  Gembloux  contre  les  Gueux.  Après  la  mort 
de  don  Juan,  il  devint  gouverneur  général  des  Pays-Ras  ; 
tout  justifiait  ce  choix  :  aucun  des  vieux  généraux  espa- 
gnols n'effaçait  le  duc  en  valeur  ni  en  prudence  ;  à  ces 
qualités  militaires,  il  joignait  une  adresse  extrême  dans  le 
maniement  des  affaires  politiques.  Il  n'était  pas  facile  de 
restaurer  dans  les  provinces  belges  l'autorité  du  roi  d'Es- 
pagne ;  après  les  tentatives  malheureuses  de  don  Juan,  la 
tâche  pouvait  même  paraître  impossible.  Mais  les  Relges 
commirent  la  faute  de  se  diviser  ;  le  duc  de  Parme  profita 
habilement  des  circonstances.  Il  s'avança  en  Rrabant  avec 
35.000  hommes,  contraignit  les  troupes  belges  à  se  replier 
sur  Anvers,  et  alors,  maître  de  la  campagne,  il  se  rabat- 
tit sur  Maastricht,  prit  cette  place  d'assaut,  après  quatre 
mois  de  siège,  et  la  livra  à  toute  la  fureur  d'une  soldatesque 
effrénée.  Pendant  ce  temps,  il  avait  négocié  une  réconci- 
liation avec  les  catholiques  du  Hainaut  et  de  l'Artois  qu'on 
appelait  les  Malcontents  (V.  Coconas),  et,  hbre  de  ce  côté, 
il  enleva  successivement  Matines,  Rois-le-Duc,  Tournai 
(V.  Epinoy  [Christine  de  Lalaing,  princesse  d']),  soumit 
la  Flandre,  en  recourant  tour  à  tour  à  la  force,  à  la  dou- 
ceur et  à  la  corruption,  et  enfin  obligea  Anvers  à  capi- 
tuler. La  soumission  de  cette  dernière  ville  coûta  cher. 
Alexandre  en  avait  commencé  le  blocus  dès  1584  ;  il  entre- 
prit de  fermer  le  passage  de  l'Escaut  en  jetant  un  pont  de 
bateaux  sur  ce  fleuve,  de  Calloo  à  Oordam  ;  tous  les  efforts 
des  assiégés  contre  ce  gigantesque  ouvrage  échouèrent  ; 
ces  échecs  répétés,  le  manque  de  vivres  et  surtout  la  nouvelle 
de  la  reddition  de  Rruxelles  et  de  Matines  abattirent  l'éner- 
gie des  Anversois,  et  ils  se  rendirent  le  16  août  1585  à 
des  conditions  favorables.  La  domination  espagnole  était 
rétablie  dans  la  partie  méridionale  des  Pays-Ras,  mais  le 
succès  des  armes  de  Farnèse  n'alla  pasplus  loin.  Les  pro- 
vinces du  Nord  furent  secourues  par  la  reine  d'Angleterre. 
Or,  la  situation  delà  Hollande  et  de  la  Zélande  les  rendait 
presque  inattaquables  aussi  longtemps  qu'elles  n'avaient 
rien  à  craindre  du  côté  de  la  mer.  Le  duc  de  Parme  reçut 
l'ordre  de  réserver  ses  efforts  pour  détrôner  la  reine  Eli- 
sabeth ;  mais  l'invincible  Armada  (V.  ce  mot)  fut  tenue 
en  échec  par  les  marins  anglais  et  hollandais  et  dispersée 
par  les  tempêtes  (1587).  Après  l'insuccès  de  cette  expé- 
dition, Alexandre  dut  marcher  contre  les  protestants  fran- 
çais :  il  dégagea  successivement  Paris  et  Rouen,  sans  se 
laisser  entamer  par  les  forces  de  Henri  IV.  Il  mourut  des 
suites  d'une  blessure  reçue  au  siège  de  Rouen.  Son  corps 


PARME  —  PARMÉNIDE 


—  1176 


fut  transporté  à  Parme  ;  la  ville  de  Plaisance  lui  érigea 
une  statue  équestre,  due  au  ciseau  de  Jean  de  Bologne.  De 
son  mariage  avec  Marie  de  Portugal,  Alexandre  Farnèse 
eut  deux  fils  :  Ranuce,  qui  lui  succéda  ;  Odoard,  qui  devint 
cardinal,  et  une  fille,  Marguerite,  qui  épousa  Vincent,  duc 
de  Mantoue.  E.  Hubert. 

RiBL.  :  Les  historiens  du  règne  de  Philippe  II.  —  Grœn 
Van  Prinsterer,  Archivesde  la  mfiiso7id' Orange-Nassau  ; 
La  Haye,  1807-18t>2,  8  vol.  in-8.  —  Gachard,  'Correspon- 
dance de  Philippe  II  sur  les  affaires  des  Pays-Bas  ; 
Bruxelles,  1848-1871,  5  vol.  in-4.  —  Du  môme,  Correspon- 
dance d'Alexandre  Farnèse^  pynnce  de  Parme,  gouverneur 
général  des  Pays-Bas  ;  Bruxelles,  1853,  in-8.  —  Moke  et 
Hubert,  Histoire  de  Belgique,  1885,  in-8.  --  Fea  Pietro, 
Alessandro  Farnese,  daca  di  Parnia  ;  Rome,  1886,  xlviii, 
530  p.  in-8.  —  P.  Genard,  Anvers  à  travers  les  ânes: 
Bruxelles,  1892,  2  vol.  in-L 

PAR  MEGI  AN  I  NO  ou  LE  Parmesan  (Francesco  di  Filippo 
Mazzola  ou  Mazzuoli,  surnommé  il),  peintre  italien,  né 
à  Parme  le  11  janv.  1504,  mort  à  Casalmaggiore  le 
24  août  1540.  Imitateur  du  Corrège,  mais  négligeant  les 
sublimes  enseignements  du  «  peintre  des  Grâces  »,  il  lui 
emprunta  surtout  les  éléments  de  décadence  qui  se  sont 
glissés  dans  son  œuvre  et  atteignit  ainsi  à  une  affectation, 
à  un  maniérisme  dignes  plutôt  du  frivole  xv!!!*^  siècle  que 
de  la  Renaissance,  sévère  et  pleine  de  foi.  Certains  des 
tableaux  religieux  peints  par  le  Parmesan,  tels  :  la  Sainte 
Famille,  du  musée  des  Offices,  la  Madone  au  long  cou, 
du  palais  Pitti,  la  Sainte  Catherine,  de  la  galerie  Bor- 
ghèse,  etc. ,  etc. ,  présentent  des  types  regrettables  de  fausse 
distinction.  Par  contre,  ce  défaut  s'amoindi'it  ou  semble 
moins  choquant  dans  les  scènes  profanes  ;  VHistoire  de 
Diane,  à  la  villa  Sanvitalc,  près  de  Naples,  est  une  suite 
d'intéressants  morceaux  où  revit  la  manière  du  Corrège, 
avec  moins  d'émotion  et  plus  de  fougue.  En  tant  que  por- 
traitiste, le  Parmesan,  n'ayant  plus  à  s'inspirer  d'un  idéal 
factice,  se  révèle  comme  un  artiste  d'un  talent  supé- 
rieur. Les  deux  tableaux  oii  il  s'est  représenté  lui-même 
et  qui  figurent,  l'un  au  musée  des  Offices  et  l'autre  au 
musée  de  Vienne,  peuvent  être  classés  parmi  les  chefs- 
d'œuvre  du  xvi®  siècle.  Le  Louvre  possède  deux  Sainte 
Famille,  dues  au  pinceau  de  cet  artiste,  et  quelques 
dessins  d'un  sentiment  gracieux.  P.  de  Corlay. 

BiBL  :  Affo,  Vitadel...  Fr.  Mazzuola;  Parme,  1784.  — 
MûNTz,  Histoire  de  l'Art  pendant  la  Renaissance. 

PARMELIA  {Parmelia  Ach.)  {Bot.).  Lichen  ascosporé, 
gymnocarpe,  à  thalle  hétéromère,  foliacé,  d'une  couleur 
variant  du  blanc  ou  blanc  cendré  au  jaune  et  au  brun, 
de  forme  générale  orbiculaire,  arrondie-lobée,  à  lobes 
imbriqués  larges,  àapothécies  lécanorines,  horizontales,  à 
spores  simples.  Habitat  :  lieux  exposés  au  soleil,  surtout 
vers  les  régions  polaires.  Espèces  principales  :  P.  pâlies- 
cens,  lichen  tinctorial,  fournissant  la  parelie  ou  orseille 
d'Auvergne,  tandis  que  l'orseille  d'herbe  est  fournie  par 
le  Roccella  tinctoria;  P.  esculenta,  alimentaire,  souvent 
emporté  par  le  vent  en  morceaux  gros  comme  une  noisette 
et  retombant  sur  le  sol  en  une  sorte  de  pluie  (manne  des 
Hébreux?).  Cette  espèce  est  fossile  dans  le  succin,  P.  ace- 
tabulum.  H.  F. 

PARMÉNIDE  d'Elée,  fils  de  Pyrès,  né  vers  le  milieu 
du  vi^  siècle  av.  J.-C.  (544-540).  —Nous  n'avons  que  très 
peu  de  renseignements  sur  sa  vie.  Nous  savons  seulement 
qu'il  était  d'une  famille  illustre  ;  qu'il  fut,  dans  sa  jeu- 
nesse, en  rapport  avec  les  pythagoriciens,  et  qu'il  donna, 
dit-on,  des  lois  aux  citoyens  d'Elée.  Les  anciens  sont  una- 
nimes à  louer  son  caractère  et  sa  science.  Le  poème  de 
Parménide,  le  seul  ouvrage  qu'il  paraisse  avoir  écrit,  était 
intitulé  De  la  Nature.  Il  en  reste  environ  160  vers. 

Xénophane  avait  déjà  affirmé  l'unité  et  l'immobilité  de 
l'être  et  peut-être  distingué  le  point  de  vue  de  l'opinion  du 
point  de  vue  de  la  vérité.  Parménide  établit  d'une  façon 
plus  logique  et  plus  explicite  les  mêmes  principes,  et  en 
déduit  plus  rigoureusement  les  conséquences.  Son  poème 
se  divisait  en  deux  parties,  dont  la  première  traitait  des 
Choses  au  point  de  vue  de  la  vérité;  la  seconde,  des 
Choses  au  point  de  vue  de  l'opinion. 


Il  faut,  dit  Parménide,  choisir  entre  deux  partis  :  ou 
bien  admettre  que  l'être  est  et  que  le  non-être  n'est  pas, 
ou  bien  prétendre  que  l'être  n'est  pas  et  que  le  non-être 
est.  Cette  dernière  position  est  intenable;  elle  ne  se 
laisse  même  pas  concevoir,  puisqu'on  ne  peut  penser  que 
ce  qui  est.  Il  faut  donc  croire  et  affirmer  que  l'être  est 
et  que  le  non-être  n'est  rien.  C'est  pour  ne  pas  assez  re- 
connaître cette  vérité  que  les  hommes,  aveugles  et  stu- 
pides,  sont  plongés  dans  l'erreur  et  dans  l'incertitude. 
Tenons-nous  en  donc  à  cette  proposition  que  l'être  est  et 
qu'il  n'y  a  pas  autre  chose  que  l'être.  De  là  résulte  :  qu'il 
est  improduit  et  indestructible.  —  quelle  cause,  en  effet, 
autre  que  l'être,  pourrait  lui  avoir  donné  naissance  (?);  — 
qu'il  est  un  tout,  seul  de  son  espèce,  immobile  et  éter- 
nel ;  (ju'il  n'y  a  en  lui  ni  présent  ni  futur,  puisqu'il  est 
tout  entier  actuellement  réalisé,  et  que  qu'il  a  été  ou 
sera  équivaudrait  à  affirmer  qu'il  n'est  pas;  qu'il  est  un  et 
continu,  car  il  est  partout  semblable  à  lui-même,  et  ses 
parties  ne  pourraient  être  séparées  que  par  le  non-être  ; 
qu'enfin  il  est  immobile,  car,  pourrions-nous  dire,  complé- 
tant la  pensée  de  Parménide,  il  ne  pourrait  changer  que 
pour  devenir  ce  qu'il  n'est  pas,  c.-à-d.  non-être.  Par  cela 
même  qu'il  est  un  tout  complet  auquel  rien  ne  manque, 
l'être  n'est  pas  infini  ;  il  est  limité  et  sphérique,  car  il 
s'étend  également  de  toutes  parts;  seul,  en  eff'et,  le  non- 
être  pourrait  l'empêcher  de  le  faire.  Il  est  de  nature 
divine,  bien  que  distinct  de  tous  les  dieux  et  de  tous  les 
êtres  désignés  par  des  noms,  car  aucun  nom  particulier 
ne  saurait  lui  convenir. 

Telle  est,  d'après  les  fragments  que  nous  avons  à  peu 
près  textuellement  traduits,  la  doctrine  métaphysique  de 
Parménide.  Le  caractère  logique  de  ce  système  paraît  in- 
contestable. C'est  en  dénaturer  le  sens  et  la  portée  que  de 
voir,  comme  on  l'a  fait,  dans  Parménide,  un  physiologue 
principalement  préoccupé  de  résoudre  l'antinomie  qu'Anaxi- 
mandre  avait  soulevée  en  soutenant  à  la  fois  que  le  monde 
est  infini  et  animé  d'un  mouvement  circulaire.  Est-ce  à 
dire  qu'il  faille  le  considérer  comme  un  idéaliste  au  sens 
moderne  du  mot  ?  Ce  serait  aller  trop  loin.  La  théorie  de 
l'identité  de  l'être  et  de  la  pensée  n'a  peut-être  été  clai- 
rement aperçue  par  aucun  ancien  et,  en  tout  cas,  ce  n'est 
pas  chez  Parménide  qu'il  faudrait  la  chercher.  Les  pas- 
sages où  l'on  a  voulu  la  trouver,  signifient  seulement 
«  qu'il  n'y  a  que  ce  qui  est  qui  puisse  être  pensé  ». 
Aristote  a,  en  un  sens,  raison  de  dire  que  Parménide  ne 
s'est  pas  élevé  au-dessus  du  point  de  vue  de  la  matière. 
L'être  est  encore,  pour  lui,  corporel  et  étendu.  On  ne  sau- 
rait comprendre  autrement  l'homogénéité,  la  continuité, 
l'indivisibilité  qu'il  lui  attribue,  et  l'on  serait  tenté  de  croire 
que  l'être  de  Parménide  n'est  que  «  l'espace  partout  homo- 
gène et  continu  »,  s'il  n'avait  soutenu,  en  même  temps, 
que  le  réel,  c'est  le  plein.  Le  non-étre,  le  rien,  c'est  le 
vide.  Dans  un  passage  où  il  vise  manifestement  les  Eléates, 
Démocrite  soutient  que  le  néant  n'existe  pas  moins  que 
l'être,  c.-à-d.  que  le  vide  n'existe  pas  moins  que  le  plein. 
Ainsi  l'on  exprimerait  assez  exactement  la  pensée  de 
Parménide  en  disant  que  l'être  est,  d'après  lui,  quelque 
chose  comme  l'atome  de  Démocrite,  se  prolongeant  uni- 
formément dans  tous  les  sens,  sans  lacunes  ni  diversité 
d'aucune  sorte. 

L'opinion  voit,  iJ  tort,  dans  les  choses,  une  diversité 
qu'elle  explique  par  la  réunion  de  deux  éléments  con- 
traires :  d'un  côté  le  feu,  clair  et  ténu,  homogène  ;  de 
l'autre,  la  nuit  obscure,  corps  dense  et  épais.  D'après  Aris- 
tote, Parménide  donnait  aussi  à  ses  éléments  les  noms  de 
feu  et  de  terre,  et  considérait  le  premier  comme  le  prin- 
cipe actif,  le  second  comme  le  principe  passif  ou  matérieL 
Mais  il  est  possible  qu'en  lui  attribuant  cette  opinion, 
Aristote  ait  interprété  à  son  point  de  vue  la  doctrine  de 
Parménide.  Car,  si  ce  dernier  avait  attribué  au  feu  le  rôle 
de  cause  motrice  et  efficiente,  il  n'aurait  pas  eu  besoin  de 
placer,  comme  il  le  fait,  au  centre  du  monde,  la  déesse  qui 
préside,  d'après  lui,  à  l'union  des  éléments  et  qu'il  appelle 


—  1177  — 


PARMENIDE  —  PARMENTIER 


la  Justice,  la  Nécessité,  etc.  —  L'univers  est  composé  de 
plusieurs  cercles  concentriques.  Le  cercle  supérieur  et  le 
cercle  inférieur  sont  faits  de  l'élément  sombre,  les  autres 
de  feu  sans  mélange.  Ces  cercles  ont  la  forme  de  couronnes 
creuses,  ils  sont  remplis  de  feu;  le  soleil  et  Ta  voie  lactée 
en  sont  comme  des  soupiraux;  la  terre  est  immobile,  au 
centre  du  monde.  Au-dessus  vient  une  couronne  ignée, 
peut-être  l'air;  au-dessous  de  la  voûte  solide  qui  enveloppe 
l'univers  comme  un  mur,  se  trouvent  l'éther,  séjour  des 
astres,  et  la  partie  ignée  que  nous  appelons  ciel.  Les  astres 
sont  du  feu  condensé  et  se  nourrissent  des  vapeurs  exhalées 
de  la  terre.  Les  opinions  de  Parménide  sur  l'origine  des 
hommes,  —  qui  seraient  sortis  de  la  terre  sous  l'influence 
de  la  chaleur  solaire,  —  et  les  causes  de  la  différence  des 
sexes  sont  sans  grande  importance.  Ce  que  nous  savons 
de  ses  théories  relatives  à  l'àme  et  à  la  pensée  offre  un 
peu  plus  d'intérêt.  Parménide,  dit  Théophraste,  prétend 
que  la  connaissance  a  lieu  suivant  celui  des  deux  éléments 
qui  l'emporte.  La  pensée,  en  effet,  varie  selon  que  le 
chaud  ou  le  froid  prédomine  ;  celle  qui  a  lieu  parle  chaud 
est  meilleure  et  plus  pure.  C'est  aussi  de  la  proportion 
plus  ou  moins  heureuse  de  l'élément  chaud  et  de  l'élément 
froid  que  dépendent  la  mémoire  et  l'oubli.  Le  semblable 
est  senti  par  le  semblable;  c'est  pourquoi  un  cadavre  ne 
sent  ni  la  chaleur  ni  la  lumière,  par  suite  de  l'absence  du 
feu,  mais  peut  encore,  dans  une  certaine  mesure,  être 
sensible  au  froid  et  à  l'obscurité.  Théophraste  remarque 
avec  raison  que  Parménide,  bien  qu'il  reconnaisse  la  supé- 
riorité de  la  pensée  sur  les  sens  et  l'opinion,  ne  distingue 
pas  encore  la  sensation  de  la  raison.  La  distinction  du 
spirituel  et  du  corporel  lui  est  même  encore  étrangère. 

Parménide  n'a  pas  inventé  sa  physique,  et  il  déclare 
lui-même  qu'il  expose  des  opinions  qui  ne  sont  pas  les 
siennes.  Il  parait  suivre  sur  certains  points  Anaximandre 
et  Anaximène  ;  mais  c'est  au  pythagorisme  qu'il  a  fait  les 
emprunts  les  plus  nombreux.  La  divinité  qui  gouverne 
le  monde  correspond  au  feu  central  des  pythagori- 
ciens ;  Parménide  conçoit,  ainsi  qu'ils  l'avaient  fait,  l'uni- 
vers comme  sphérique  et  composé  de  zones  concentriques  ; 
c'est  encore  à  leur  exemple  qu'il  admet  que  la  sphère 
intérieure  et  la  sphère  extérieure  sont  formées  du  même 
élément.  Enfin,  et  surtout,  l'opinion  que  tout  résulte  du 
mélange  de  deux  éléments  contraires  lui  vient,  sans  doute, 
des  pythagoriciens.  Ce  n'est  donc  pas  sans  raison  que  cer- 
tains auteurs  anciens  appellent  Parménide  un  pythagori- 
cien. Mais  cela  ne  suffit  pas  pour  nous  autoriser  à  penser 
qu'il  a,  dans  les  détails  de  sa  physique,  suivi  exac- 
tement les  anciens  pythagoriciens,  et  à  chercher  dans 
sa  doctrine  des  renseignements  sur  la  leur.  Il  n'est  pas 
plus  vraisemblable  qu'il  ait  été  exclusivement  leur  dis- 
ciple. Si  l'on  n'a  pu  trouver  de  raison  décisive  pour 
prouver  que  Parménide  n'a  été  qu'un  physiologue,  on  ne 
saurait  en  invoquer  aucune  qui  établisse  avec  quelque  vrai- 
semblance, contre  la  tradition,  qu'il  n'a  pas  été,  avant 
tout,  le  disciple  de  Xénophane.  G.  Rodier. 

Les  alchimistes  gréco-égyptiens  prétendaient  se  ratta- 
cher à  la  tradition  des  philosophes  ioniens,  et  notamment 
à  celle  de  Parménide,  admettant  la  permanence  d'un  prin- 
cipe unique  primordial.  Olympiodore  invoque  son  autorité, 
et  on  retrouve  son  nom  dans  la  Twba  philosophormn. 
compilation  arabico-latine.  M.  Berthelot, 

BiBi..  :  Les  fragments  de  Parménide  ont  été  réunis  par 
MuLLACH,  Fragrnentci  philosophorum  GraBCorum,  t.  L  -- 
Pevron,  Empedoclis  et  Parmcnidis  fragmenta  ;  Leipzig, 
1810.  —  Stein,  Fragmente  des  Parmenides  tz»  9ua£to;, 
dans  les  Symbola  philolooorum  Bonnenshun  in  honorem 
F.  Ritschl.  ;  Leipzig,  1864-67.  —  Consulter,  outre  les  traités 
généraux  d'histoire  de  la  philosophie  et  les  ouvrages  rela- 
tifs à  l'école  d'Elée  (V.  ce  mot)  :  Riaux,  Essai  sur  Par- 
ménide d'Elée;  Paris,  1840.  —  E.-F.  Apelt,  Parmenidis 
et  Empedoclis  doctrina  de  mundi  structura, -léna,  1856.  — 
Vatke,  Parmenidis  Veliensis  doctrina  qualis  fiierit;  Ber- 
lin, 1864.  —  Dauriac,  les  Origines  logiques  de  la  doctrine 
de  Parménid^e,  dans  Revue  philosophique,  1883.  —  TA^- 
NERY,  la  Physique  de  Parménide,  dans  Revue  philoso- 
phique, 1884.  —  Baeumker,  Die  Einheit  des  Parmenidis- 


)    chen  Seienden,  Jahrb.  f.  Philolog.,   1886.  —  Berger,  Die 
Zonenlehre  des  Parmenides  ;  Leipzig,  1895. 

PAR  M  EN  ION,  général  macédonien,  né  vers  400  av. 
J.-C,  tué  à  Ecbatane  en  329.  Fils  de  Philotas,  il  fut  le 
principal  lieutenant  du  roi  Philippe  et  son  conseiller  pré- 
féré. En  356,  il  commande  l'armée  qui  inflige  une  com- 
plète défaite  aux  ïllyriens  ;  en  346,  il  négocie  à  Athènes 
un  traité  de  paix  ;  en  342,  il  occupe  l'Eubée  et  s'empare 
d'Oreos.  En  336,  il  passe  en  Asie  avec  Attale,  dirigeant 
l'avant-garde  de  l'expédition  contre  les  Perses;  à  Tan- 
nonce  de  la  mort  de  Philippe,  il  se  prononce  pour  Alexandre 
et  l'aide  à  se  débarrasser  d 'Attale.  Dans  les  campagnes 
d'Alexandre,  il  fut  le  premier  lieutenant  du  roi,  chef  de 
l'infanterie  (phalange),  commandant  l'aile  gauche  dans 
chacune  des  trois  grandes  batailles  au  succès  desquelles 
il  contribua.  Le  roi  lui  témoignait  la  plus  grande  confiance, 
bien  que  n'écoutant  pas  toujours  les  conseils  de  prudence 
du  vieux  général.  Ce  fut  lui  qui  prit  possession  des  tré- 
sors de  Darius  déposés  à  Damas,  et  lorsque  Alexandre  se 
lança,  en  Hyrcanie,  à  la  poursuite  du  roi  des  Perses,  il 
chargea  Parménion  de  transporter  à  Ecbatane  les  trésors 
royaux  conquis  en  Perse.  Des  trois  fils  de  Parménion  deux 
avaient  péri  dans  la  guerre;  le  troisième,  Philotas,  fut  im- 
pliqué dans  une  conspiration  contre  le  roi  et  mis  à  mort. 
Alexandre  redoutant,  dit-on,  une  vengeance  de  son  père, 
chargea  un  de  ses  officiers,  Poly damas,  d'aller  assassiner 
Parménion. 

PAR  W EN  ION,  architecte  grec  employé  par  Alexandre 
le  Grand  à  la  construction  d'Alexandrie  ;  il  dirigea  la  dé- 
coration sculpturale,  en  particulier  celle  du  temple  de  Sé- 
rapis,  souvent  désigné  par  son  nom,  Parmenionis. 

PARMÉNION,  poète  épigrammatiste  macédonien,  con- 
temporain d'Auguste,  dont  quelques  épigrammes  ont  été 
conservées;  elles  sont  brèves  et  médiocres  (Cf.  Brunck, 
Lectiones,  et  Jacobs,  Anthologia  Grœca,  t.  II,  pp.  18 i 
et  suiv.). 

PARMENSE  (Gian-Francesco),  médailleur  italien 
(Y.  Enzola). 

PARMENTIER.  Village  du  dép.  d'Oran  (Algérie),  arr. 
de  Sidi-Bel-Abbès,  corn,  mixte  de  la  Mekerra,  à  22  kil.  0. 
de  Sidi-Bel-Abbès,  au  pied  de  montagnes,  contreforts  du 
Tessala,  et  sur  un  affluent  du  Sig;  356  hab.  dont  193 
Français,  le  reste  étrangers  européens.  Céréales  et  vignes. 
Il  fut  créé  en  1875  au  lieu  dit  Aïn  el  Hadjar.    E.  Cat. 

PARMENTIER  (Jehan),  navigateur  français,  né  à 
Dieppe  en  1494,  mort  dans  l'île  de  Sumatra  en  1530. 
Avec  deux  de  ses  frères,  il  avait  abordé  en  1520  sur  h 
côte  de  Fernambouc  (auj.  Recife),  d'où  il  avait  rapporté 
des  pelleteries),  et,  à  son  retour,  Ango  (V.  ce  nom)  l'avait 
envoyé  en  Chine  et  aux  Indes.  Au  cours  d'un  nouveau 
voyage  dans  ces  régions,  il  planta,  le  premier,  le  pavillon 
français  sur  la  côte  de  Sumatra,  et  il  mourut  Tannée  sui- 
vante, dans  cette  île,  ainsi  que  son  frère  cadet,  Raoul, 
emportés  par  une  fièvre  ardente.  Il  a  laissé  plusieurs  map- 
pemondes, des  cartes  marines  et  quelques  pièces  de  vers. 
Bibl.  :  J.  EsTANCELiN,  Joumal  du  voyage  de  J.  Par- 
mentier  à  l'Ile  de  Sumatra;  Paris,  1832. 

PARMENTIER  (Jacques),  peintre  français,  né  à  Paris 
en  1658,  mort  à  Londres  le  2  déc.  1730.  Il  fut  élève  de 
Sébastien  Bourdon  et  vers  1680  émigra  en  Angleterre  oti 
il  travailla,  sous  la  direction  de  Charles  Lafosse,  aux  déco- 
rations de  l'hôtel  Montagne  qui  est  maintenant  le  British 
Muséum.  Le  roi  de  Hollande  le  chargea  d'une  partie  des 
restaurations  du  château  de  Loo,  mais  il  ne  put  s'entendre 
avec  Daniel  Marot  qui  dirigeait  ces  travaux,  et  laissa  ina- 
chevés les  trois  plafonds  qu'il  avait  entrepris  et  qui  ont 
été  détruits.  On  a  conservé  de  lui  quelques  toiles,  entre 
autres  Moïse  recevant  la  loi  et  Diaiie  et  Endymion , 
ainsi  que  des  fresques.  Jacques  Parmentier  rappelle  par 
plusieurs  côtés  son  maître  Sébastien  Bourdon. 

PARMENTIER  (Antoine- Augustin),  chimiste  et  agro- 
nome français,  né  à Montdidier  (Somme) le  17  août  1737, 
mort  à  Paris  le  17  déc.  1813.  Il  perdit,  tout  jeune,  son 


PARMENTIER  —  PARNASSE 


1178  — 


père,  demeura  jusqu'à  dix-huit  ans  auprès  de  sa  mère, 
qui,  peu  fortunée,  mais  très  instruite,  fit  elle-même,  avec 
l'aide  d'un  ecclésiastique,  son  éducation,  et,  en  1755,  se 
plaça  chez  un  apothicaire  de  Montdidier,  d'où  il  passa, 
l'année  suivante,  chez  un  de  ses  parents,  qui  exerçait  à 
Paris  la  même  profession.  On  était  au  début  de  la  guerre 
de  Sept  ans.  En  1757,  Parmentier  se  fit  admettre  comme 
pharmacien  dans  l'armée  de  Hanovre.  Il  s'y  trouva  sous 
les  ordres  de  Bayen  (V.  ce  nom),  qui  le  prit  en  très 
grande  affection,  et,  bientôt  promu  pharmacien  en  second, 
il  donna,  au  cours  d'une  épidémie,  qui  décima  nos  régiments 
des  preuves  multipliées  de  talent  et  de  courageuse  huma- 
nité. Entre  temps,  il  profita  de  son  séjour  à  Erancfort-sur- 
le-Main,  où  il  se  lia  avec  un  pharmacien  alors  célèbre, 
Meyer,  pour  perfectionner,  sous  la  direction  de  ce  savant 
praticien,  ses  connaissances  chimiques,  et,  à  son  retour 
à  Paris,  en  1763,  il  suivit  les  cours  deNollet,  de  Rouelle, 
de  Jussieu.  Nommé  bientôt,  au  concours,  apothicaire 
adjoint  (1766),  puis  apothicaire  en  chef  ('1772)  de  l'hô- 
tel des  Invalides,  il  vit,  dans  ces  fonctions,  son  autorité 
méconnue  par  les  sœurs  de  la  Charité,  qui  étaient  en  posses- 
sion du  service  depuis  l'origine  de  l'établissement.  Il  fut 
contraint  de  leur  laisser,  en  fait,  la  direction  des  labora- 
toires, et  il  profita  des  loisirs  que  lui  laissait  cette  situa- 
tion pour  s'adonner  à  des  travaux  purement  scientifiques. 
L'Académie  de  Besançon  avait,  à  la  suite  de  la  disette  de 
1769,  institué  un  prix  pour  récompenser  le  mémoire  qui 
indiquerait  la  substance  végétale  la  plus  propre  à  remplacer 
éventuellement  le  pain.  Parmentier,  qui  avait  eu  l'occasion, 
durant  son  séjour  en  Allemagne,  d'apprécier  les  qualités 
d'un  légume  introduit  par  les  Espagnols  en  Europe  vers 
le  milieu  du  xv^  siècle,  mais  encore  à  peu  près  inconnu 
en  France,  sauf  dans  quelques  provinces  du  Midi,  la 
pomme  de  terre,  communiqua  sur  cette  solanée  un  tra- 
vail et  qui  était  intitulé  Examen  chimique  de  la  pomme 
de  terre  (Paris,  1773)  et  qui  remporta  le  prix.  Il  s'em- 
ploya dès  lors  à  combattre  les  préventions  de  toutes  sortes 
qui  avaient  cours  contre  cet  aliment,  et,  ayant  obtenu  du 
gouvernement,  dans  la  plaine  des  Sablons,  54  arpents  de 
terre,  réputés  jusque-là  absolument  stériles,  il  les  ense- 
mença de  graines  de  pommes  de  terre.  Il  eut  la  satisfac- 
tion de  pouvoir,  au  bout  de  quelques  mois,  montrer  aux 
nombreux  incrédules,  qui  traitaient  son  expérience  de 
folie,  de  superbes  pousses,  et,  avec  les  premières  fleurs, 
il  composa  un  bouquet,  qu'il  alla  solennellement  offrir  au 
roi.  On  sait  que  Louis  XVI  en  para  sa  boutonnière  et  que 
la  cour  d'abord,  puis  le  peuple,  entraînés  par  le  suffrage 
du  monarque,  voulurent  bientôt,  à  l'envi,  goûter  à  la 
merveilleuse  racine.  Il  fallut,  pour  satisfaire  aux  de- 
mandes de  graines  qui  affluaient  de  tous  les  coins  de  la 
France,  que  Parmentier  répétât  son  essai  dans  la  plaine 
de  Grenelle.  La  pomme  de  terre,  que  François  de  Neuchâ- 
teau  proposa  d'appeler  j»«rm^nh'ér^,  put  ainsi  être  rapide- 
ment répandue,  et  elle  ne  tarda  pas  à  prendre  définitive- 
ment rang  parmi  nos  richesses  agricoles.  Parmentier,  qui 
avait  donné  les  moyens  de  composer  avec  ses  pulpes  et 
sa  fécule,  combinées  en  égales  quantités,  un  pain  savou- 
reux, sans  aucun  mélange  de  farine,  s'occupa  ensuite 
d'améliorer  les  conditions  de  fabrication  du  pain  ordinaire 
lui-même.  Il  préconisa  un  procédé  de  mouture  écono- 
mique, qui  augmente  le  rendement  en  farine  d'un  sixième, 
fit  ouvrir  à  Paris  une  école  pratique  de  boulangerie,  dont 
il  reçut  la  direction,  et  résuma  tous  les  principes  qu'il 
avait  émis  sur  la  question  dans  son  Parfait  boulanger 
(Paris,  1778).  Le  mais,  la  châtaigne,  l'eau,  le  lait,  le 
vin,  le  sirop  de  raisin,  qu'il  proposa  de  substituer  au  sucre, 
furent  également  et  tour  à  tour  l'objet  de  ses  recherches 
et  de  ses  écrits.  Durant  la  Révolution,  il  fut  tenu  en  une 
certaine  suspicion  à  raison  des  anciennes  faveurs  royales 
et  on  le  chargea  seulement,  nklgré  la  réputation  que  lui, 
avaient  acquise  tant  de  travaux,  de  surveiller  les  salaisons 
destinées  à  la  marine,  ainsi  que  la  fabrication  du  biscuit 
de  mer.  Mais  le  Directoire  le  comprit,  lors  de  la  réorga- 


nisation de  l'Institut  (1795),  parmi  les  premiers  membres 
de  la  section  d'économie  rurale,  et,  sous  le  Consulat,  il 
fut  successivement  nommé  professeur  d'économie  politique 
et  d'agriculture  à  l'Ecole  centrale,  président  du  conseil  de 
salubrité  du  dép.  de  la  Seine,  inspecteur  général  du  ser- 
vice de  santé  des  armées  et  administrateur  des  hospices. 
Il  donna  dans  ces  diverses  fonctions,  qu'il  conserva  sous 
l'Empire,  de  nouvelles  preuves  de  son  dévouement  au 
bien  public,  fit  notamment  beaucoup  améliorer  le  pain  du 
soldat,  rédigea  un  Code  pharmaceutique  (Paris,  1802; 
4® éd.,  1811),  dont  les  excellentes  prescriptions  devinrent 
presque  aussitôt  d'une  application  à  peu  près  générale,  et 
contribua,  pour  une  grande  part,  à  la  propagation  de  la 
vaccine.  Outre  les  ouvrages  déjà  cités,  il  a  publié  :  Avis 
sur  la  manière  de  faire  le  pain  de  pommes  de  terre 
(Paris,  1777);  Traité  de  la  châtaigne  (Paris,  1780); 
Recherches  sur  les  végétaux  nourrissants  qui  dans  les 
temps  de  disette  peuvent  remplacer  les  aliments  or- 
dinaires (Paris,  1781);  le  Maïs  ou  blé  de  Turquie  (Bor- 
deaux, 1785);  Traité  sur  la  culture  et  les  usages  des 
pommes  de  terre,  de  la  patate  et  du  topinambour 
(Paris,  1789);  Economie  rurale  et  domestique  (Paris, 
1790,  8  vol.);  VArt  de  faire  les  eaux-de-vie  et  vinai- 
gres (Paris,  1805);  Formulaire  pharmaceutique  (Pa- 
ris, 1812),  etc.  Il  est,  de  plus,  l'auteur  d'un  grand  nombre 
de  mémoires  et  d'articles  sur  les  engrais,  la  viticulture, 
la  vinification,  les  vins  médicinaux,  le  chocolat,  etc.,  pa- 
rus dans  divers  recueils  et  journaux  scientifiques,  notam- 
ment dans  les  Annales  de  chimie  et  le  Journal  de 
pharmacie.  Une  statue  lui  a  été  élevée,  en  1848,  sur 
l'une  des  places  publiques  de  Montdidier.  L.  S. 

BiBL.  :  CuviKR,  Elo(je  de  Parmentier^  dans  Mémoires  de 
VAcad.  des  se.,  anii.  1815.  —  Vitrey,  De  la  Vie  et  des  Ou- 
vrages de  Parmentier  ;  Paris,  1814.  —  A. -F.  de  Silvestre, 
Notice  biographique  sur  Parmentier  ;Y'Q.v\^,  1815.  —Mu- 
tel,  Vie  de  Parmentier  ;  Paris,  1819.  —  A.  Miquel,  Eloge 
de  Parmentier  ;  Paris,  1822.  —  E.  Mouchon,  Notice  histo- 
rique sur  Parmentier;  Lyon,  1843. 

PARM ENTIÈRE  (Bot.)  (V.  Pomme  de  terre). 
PARMESAN  (Comm.)  (V.  Fromage,  t.  XVIII,  p.  194). 
PARMESAN  (Mazzuoli,  dit  /^),  peintre  italien  (V.  Par- 

MKGIANINO  [II]). 

PARM! LIEU.  Corn,  du  dép.  de  l'Isère,  arr.  de  La 
Tour-du-Pin,  cant.  de  Crémieu;  623  hab. 

PARNAC.  Com.  du  dép.  de  l'Indre,  arr.  du  Blanc,  cant. 
de  Saint-Benoît-dii-Sault  ;  1.417  hab. 

PARNAC.  Com.  du  dép.  du  Lot,  arr.  de  Cahors,  cant, 
de  Luzech  ;  484  hab. 

PARNAHYBA.  Fleuve  du  Brésil,  long  de  1.040  kil.  dont 
670  navigables  pour  les  bateaux  ;  il  naît  entre  les  serras 
das  Mangabeiras  et  Gurgueia,  divise  pendant  tout  son 
cours  les  Etats  de  Piauhy  et  Maranhao,  passe  à  Sào  Gon- 
çalo,  Therezina,  et  se  jette  dans  l'océan  Atlantique  par  six 
bras,  formant  un  large  delta  à  TE.  duquel  est  la  ville  de 
Parnahyba.  Ses  principaux  affluents  sont,  à  dr.,  le  Gurgueia, 
le  Piauhy  grossi  du  Canindé,  le  Poty,  le  Longa;  à  g.  le 

PARNAHYBA  (Sao  Luis  de).  Ville  du  Brésil,  port  de 
l'Etat  de  Piauhy,  sur  le  bras  oriental  du  Parnahyba,  dit 
Barra  de  Iguarassu,  à  22  kil.  de  l'Océan;  12.000  hab. 
Son  port  peu  profond,  accessible  seulement  aux  navires 
de  ioO  tonnes,  exporte  du  coton,  du  bétail,  des  peaux. 
Le  chmat  est  peu  salubre. 

PARNANS.Com.  du  dép.  de  la  Drôme,  arr.  de  Valence, 
cant.  de  Romans;  678  hab. 

PARNASSE  {Parnassos;  aujourd'hui Zz<2A;oi«y/). Massif 
montagneux  sur  le  bord  du  golfe  de  Corinthe,  à  la  fron- 
tière des  provinces  de  Béotie-et-Attique  et  de  Phtiotide- 
et-Phocide  (V.  Grèce).  Ce  massif  dresse  vers  le  ciel  deux 
sommets  semblables  aux  deux  pointes  d'un  croissant  :  le 
Liakoura  (Lycorea)  (2.458  m.)  et  le  Hiérondovrachos 
(Tithorea)  ail  N.,  moins  haut  de  24  m.  seulement.  Ce 
sont  ces  deux  sommets  qui  ont  valu  au  Parnasse  les  épi- 
tliètes  anciennes  Bixdpucpoç,  ZCkot^Q<;  ei  biceps  {k\di  double 


Id79  — 


PARNASSi:  —  PARNELL 


tête).  De  ces  sommets,  on  jouit  du  panorama  le  plus 
beau  qui  soit,  sur  le  Pinde,  l'Olympe,  l'Atlios,  Li  Boétio 
et  l'xUtique,  le  golfe  de  Corinthe  jusqu'à  Lépante  et  les 
massifs  d'Arcadie.  Ces  deux  sommets  neigeux  se  dressent 
au-dessus  d'un  plateau  fertile  et  bien  cultivé,  où  se 
trouvent  les  kalyvia  (clialets)  d'Arachova  :  ces  chalets, 
qui  se  trouvent  à  4  heures  du  sommet,  ne  sont  habités 
que  pendant  Tété  ;  quant  au  plateau  sur  lequel  ils  se 
dressent,  il  s'étend,  entouré  de  sapins,  au  S.-O.  des  sommets 
qui  le  dominent  et  fournit  de  blé  les  habitants  d'Arachova 
et  de  Kastri,  comme  jadis  ceux  de  Delphes;  il  est  aussi 
riche  en  pâturages.  A  30  m.  au-dessus  de  ce  plateau 
s'ouvre  la  grotte  Corycienne  (aujourd'hui  Saranta  Avli) 
par  \Ane  ouverture  étroite,  qui  donne  accès  dans  deux  salles 
magnifiques  aux  immenses  stalactites.  Cette  grotte  était, 
comme  en  témoigne  une  inscription  votive,  consacrée  à 
Pan  et  aux  nymphes.  Plus  bas  encore,  au-dessous  des 
roches  Phsedriades  (ait.  627  m.),  se  trouvent  les  bourgs 
de  Kastri  (Delphes)  et  d'Arachova.  Dans  cette  zone  naît  la 
fontaine  de  Kastalie.  Au  S.-E.,le  Parnasse  est  séparé  des 
contreforts  de  l'IIélicon  par  les  fameuses  gorges  où 
Œdipe  tua  son  père  (ay^iatr)  ôB6;  ouTpioSoç)  et  oùMégas, 
en  4856,  détruisit  une  bande  de  brigands  (S^?«['roci/"omz 
ton  Mega  ou  Carrefour  de  Mégan).  AuN.-E.,  le  Parnasse 
s'abaisse  brusquement  vers  le  Céphise,  tandis  qu'au  N.-O. 
il  se  rattache  au  Chiona  et  au  S.  au  Kirphis  (Kerovouni), 
dont  le  sépare  le  ravin  du  Xeropotanos  (ancien  Pleistos). 
Vers  l'E.,  le  N.  et  l'O.,  les  pentes  du  Parnasse  sont 
couvertes  de  forets.  Le  Parnasse  a  participé  à  la  renommée 
et  à  l'importance  du  grand  oracle  de  Delphes  V.  ce  mot). 
Consacré  à  Apollon,  à  Dionysos,  aux  Muses,  il  est  devenu  la 
montagne  sacrée  des  poètes,  auxquels  l'eau  de  la  source 
Castalie  donnait  l'inspiration  poétique.        R.  Gauthiot. 

PARNASSE  (Littér.)  (V.  France,  §  Littérature, 
t.  XVn,  p.  1088). 

PARNASSIE  (Parnassia  T.).  Genre  de  SaKifragacées, 
trilm  des  Parnassiées,  formé  d'herbes  vivaces  pro]»res  aux 


Parnassia  palustra  L. 


Fruit  déhiscent 


régions  froides  et  tempérées  de  l'hémisphère  boréal  et  aux 
montagnes  de  l'Inde.  Leurs  feuilles,  radicales,  sont  alternes, 
coriaces,  glabres,  et  à  leur  aisselle  naissent  des  pédoncules 
uniflores,  souvent  feuillus  vers  le  milieu.  Les  tleurs  sont 
réguKères,  le  calice  à  5  sépales,  la  corolle  à  5  pétales 
périgynes  portant  à  leur  base  des  écailles  nectarifères  laci- 
niées  dont  les  divisions  fdiformes  portent  des  glandes  à 


leur  extrémité  ;  il  y  a  5  étamines  périgynes,  libres,  à 
anthères  introrses  ;  l'ovaire  uniloculaire,  à  placentation 
pariétale,  est  surmonté  de  4  stigmates  presque  sessiles. 
Le  fruit  est  une  capsule  à  déhiscence  loculicide  ;  les  graines, 
dépourvues  d'albumen,  ont  le  testa  membraneux,  lâche, 
réticulé,  l'embryon  droit.  L'espèce  type,  P.pahistrisL., 
connue  sous  le  nom  vulgaire  de  :  Hépatique  blanche  ou 
noble,  Fleur  ou  Gazon  du  Parnasse,  Chiendent  du 
Parnasse,  est  commune  en  Europe,  dans  les  marais,  les 
prés  humides  et  tourbeux  des  montagnes.  Elle  est  tonique, 
astringente  et  diurétique,  amère  en  infusion,  et  a  été  em- 
ployée dans  les  ophtalmies,  les  diarrhées,  les  maladies  du 
foie,  etc.  D^'  L.  IIx. 

PARNASSIUS  (Entom.).  Genre  d'Insectes  Lépidoptères- 
Rhopalocères,  de  la  famille  des  Papihonides,  établi  par 
LatreiHe  (Hist.  natiir.  Crust.Jns.,  1805,  XIV,  p.  110). 
Ces  Papillons  sont  remarquables  par  les  grandes  ailes  blan- 
châtres, ocellées,  demi-transparentes.  Le  genre  comprend 
une  trentaine  d'espèces  appartenant  aux  régions  froides, 
soit  boréales,  soit  montagneuses.  L'espèce  type  est  le  P. 
Apollo  Lin.,  que  l'on  trouve  en  France,  en  Sibérie,  en 
Suède  et  en  Norvège. 

PARNAY.  Com.  du  dép.  du  Cher,  arr.  de  Saint-Amand- 
Mont-Rond,  cant.  de  Dun-sur-Auron  ;  135  hab. 

PARNAY.  Com.  du  dép.  de  Maine-et-Loire,  arr.  et 
cant.  (S.)  de  Saumur;  .383  hab. 

PAR  Ne.  Com.  du  dép.  de  la  Mayenne,  arr.  de  Laval, 
cant.  d'Argentré  ;  969  hab.  Stat.  duchem.  de  fer  de  l'O. 

PARNÉAH  (angl.  Purneah).  Ville  de  l'Inde, Rengale, 
ch.-l.  de  district  de  la  div.  de  Rhagalpour,  prov.  du  Rihar. 
Atteint  dans  sa  prospérité  par  le  recul  vers  l'O.  de  la 
rivière  Koqî,  elle  n'a  plus  que  15.000  hab.  C'est  une 
station  de  la  ligne  de  Sahebgandj  à  Khanwa  Ghat. 

PARNELL  (Thomas),  poète  anglais,  né  à  Dublin  en 
1679,  mort  à  Chester  en  1718.  Après  avoir  terminé  ses 
études  à  l'Université  de  Dublin,  il  entra  dans  les  ordres 
et  devint  archidiacre  de  Clogher  en  1706.  S'intéressant  vi- 
vement au  mouvement  littéraire,  il  se  lia  d'une  franche 
amitié  avec  Pope,  avec  Swift,  Arbuthnot,  Gay,  Congrève, 
Oxford.  En  1716,  il  fut  nommé  vicaire  de  Finglas,  et  en 
1717  il  pubUa  Homefs  Battle  of  the  Frogs  and  Mice 
avec  les  remarques  de  Zoile  et  une  vie  de  Zoile.  C'est  le 
seul  livre  qu'il  ait  donné  de  son  vivant  ;  il  est  rempli  d'al- 
lusions malicieuses  aux  mauvais  critiques  du  temps.  Ses 
poésies,  remarquables  par  leur  forme  musicale,  par  leur 
délicate  sensibilité,  ont  été  pubhées  par  Pope  en  1721. 
Vn  volume  à'OEuvres  posthumes  parut  encore  en  1758. 
Goldsmith  donna  une  nouvelle  édition  en  1770,  avec  une 
excellente  biographie  du  poète.  Mentionnons  encore  l'édi- 
tion de  Glasgow  (1786,  in~fol.),  celle  de  J.  Mitford 
(Londres,  1833),  et  celle  de  G. -A.  Aitken  (Londres,  1894). 
BiBL.  :  Oliver  Goldsmith,  lAfe  of  Dr.  T.  Parnell  ; 
Londres,  1770,  in-8. 

PARNELL  (Henry  Brooke)  (V.  Congleton  [Lord]). 

PARN  ELL  (Charles  Stewart),  homme  politique  irlandais, 
né  à  Avondale  le  27  juin  1846,  mort  àBrighton  le  6  oct. 
1891.  Il  descendait  d'une  famille  anglaise  originaire  du 
Cheshire  établie  en  Irlande  depuis  Charles  H  et  qui  compta 
parmi  ses  membres  le  poète  Th.  Parnell,  célèbre  sous  la 
reine  Anne,  et  plusieurs  juges  et  représentants  de  la  cause 
irlandaise  dans  les  parlements  d'Irlande  et  du  Royaume- 
Uni.  Il  était  petit-fds,  par  sa  mère,  de  l'illustre  commo- 
dore  américain  Charles  Stewart  dont  il  avait  hérité  la 
froide  et  indomptable  énergie.  Elevé  dans  diverses  écoles 
d'Angleterre,  il  passe  seulement  ses  vacances  à  Dublin, 
entre  en  1865  au  Magdalene  collège  de  Cambridge,  et  y 
demeure  quatre  années,  silencieux,  réservé,  impénétrable, 
comme  il  le  resta  toute  sa  vie  même  pour  ses  meilleurs 
amis  ;  il  est  étudiant  médiocre  et  n'obtient  aucun  grade. 
De  retour  à  Avondale,  Parnell  mène  l'existence  d'un  gen- 
tilhomme campagnard  de  tendances  conservatrices  ;  il  se 
livre  aux  sports  où  il  excelle,  devient  officier  de  la  milice, 
voyage  (1872-73)  en  Amérique,  est  nommé  haut  shérif 


PARNELL 


—  1180  — 


du  comté  de  Wicklow  (1874).  Néanmoins,  il  suit  atten- 
tivement le  mouvement  fenian,  manifeste  une  aversion 
profonde  pour  la  répression  cruelle  que  les  Anglais  opposent 
aux  révolutionnaires  irlandais;  en  mars  1874,  il  offre  son 
concours  à  Isaac  Butt  qui  menait  de  front  la  défense  des 
fenians  et  la  campagne  du  Home-rule  à  la  tête  de  la  Home- 
rule  Association  et  de  l'Amnesty  Association.  Il  échoue  aux 
élections  parlementaires  de  1874  à  Dublin,  se  fait  élire 
l'année  suivante  dans  le  comté  de  Meath.  A  la  Chambre 
des  communes,  il  prend  la  défense  des  fenians,  transforme 
en  tactique  parlementaire  l'obstructionnisme  inventé  par 
Biggar,  impose  le  respect  à  ses  collègues  par  sa  correc- 
tion, ses  allures  britanniques,  ses  attaches  protestantes, 
son  éloquence  sans  éclat,  puissante  par  la  logique  des 
idées  et  l'ardeur  de  la  conviction.  Le  parti  irlandais  im- 
puissant, divisé,  ridiculisé  dans  les  Communes,  le  prend 
pour  chef  en  1877,  à  la  place  de  Butt,  et  il  définit  aussi- 
tôt sa  politique  :  «  Ma  politique  n'est  pas  une  politique 
de  conciliation,  mais  une  politique  de  représailles  ».  Dès 
lors,  Parnell  et  ses  amis  emploient  tous  leurs  efforts  à 
arrêter  Faction  législative  en  prolongeant  indéfiniment  les 
discussions,  et  y  réussissent  en  dépit  des  mesures  prises 
contre  eux  ;  la  séance  du  31  juil.  1877  dure  vingt-six 
heures,  celle  du  o  juil.  1879  près  de  vingt-trois  heures. 
Butt  déclare  cette  tactique  révolutionnaire  ;  les  home-ru- 
1ers  se  séparent  de  Parnell  (1877),  mais  celui-ci  est  acclamé 
en  Irlande.  Parnell,  après  des  hésitations  justifiées,  fait 
un  pas  de  plus  en  s'alliant  par  l'intermédiaire  de  Davitt 
avec  les  fenians  de  l'association  Clan-na-Gaël  dont  le 
centre  était  en  Amérique  ;  il  voulait  grouper  contre  «  l'en- 
nemi commun  »  les  organisations  révolutionnaires  et  par- 
lementaires jusque-là  séparées  par  une  défiance  réciproque  : 
mais  il  ne  peut  obtenir  l'adhésion  du  second  groupe  fe- 
nian, VMsh  Republican  Brotherhood,  composé  des  par- 
tisans de  la  lutte  ouverte.  Il  s'associe,  en  1879,  à  l'agita- 
tion agraire  menée  dans  le  comté  de  Mayo  par  ses  nouveaux 
alliés,  décide  de  l'étendre  à  toute  l'Irlande,  et  en  octobre 
de  la  même  année  participe  à  la  fondation  de  la  Natio7ial 
Land'League  ofireland  dont  il  est  nommé  président.  Peu 
après  il  partait  pour  l'Amérique  afin  d'y  recueillir  les 
sommes  nécessaires  à  son  parti  et  de  s'assurer  définitive- 
ment la  coopération  du  groupe  Clan-na-Gaél.  Il  réussit 
dans  sa  double  tentative,  est  accueilli  avec  enthousiasme 
dans  les  villes  américaines,  reçu  solennellement  par  le 
congrès  à  Washington  (1880),  et  revient  précipitamment 
au  mois  de  mars  à  l'annonce  de  la  prochaine  dissolution 
du  Parlement.  Il  dirige  avec  la  plus  grande  activité  la  cam- 
pagne électorale  en  Irlande,  est  élu  lui-même  dans  trois 
circonscriptions  :  le  parti  du  Home-rule  sort  de  la  lutte 
avec  68  membres,  la  plupart  hommes  nouveaux  choisis 
par  Parnell  lui-même  dans  toutes  les  classes  de  la  société 
pour  leur  activité  et  leur  esprit  de  discipline.  Reconnu 
chef  du  parti,  Parnell  entraîne  l'adhésion  individuelle  de 
nombreux  membres  de  l'Irish  Republican  Brotherhood,  de 
tous  les  fermiers  et  tenanciers,  et  même  du  clergé  catho- 
lique qui  devient  son  plus  utile  auxihaire.  Pendant  près 
de  dix  années,  son  ascendant  et  sa  volonté  devaient  main- 
tenir la  cohésion  de  cette  armée  disparate,  et  lui  imposer 
une  sévère  disciphne. 

En  1880,  Parnell  suggère  aux  paysans  irlandais  la  pra- 
tique (lu  boycottinq  contre  ceux  d'entre  eux  qui  accep- 
taient de  succéder  dans  une  ferme  aux  victimes  d'une  évic- 
tion, entretient  l'agitation  par  de  nombreux  discours,  se 
voit  traduire  avec  quatre  de  ses  collègues  devant  un  jury 
sous  l'inculpation  de  menées  séditieuses,  mais  est  acquitté 
(janv.  1881).  Le  même  jour  était  présenté  au  Parlement 
par  Forster,  secrétaire  pour  l'Irlande,  un  Coercion  bill, 
qui  devait  instituer  en  Irlande  un  véritable  état  de  siège. 
Parnell  et  ses  amis  le  combattirent  avec  acharnement, 
prolongèrent  pendant  quarante  et  une  heures  le  débat  du 
31  janv.  1881,  que  le  speaker  ferma  de  sa  propre  auto- 
rité. Davitt  fut  arrêté.  Le  3  févr.,  Parnell  et  26  de  ses 
collègues  irlandais  sont  expulsés  par  la  force,  mais  n'en 


continuent  pas  moins  leur  tactique  les  jours  suivants. 
Parnell  accepte  sans  confiance  le  Land  net  de  Gladstone, 
qui  établissait  des  tribunaux  spéciaux  chargés  de  fixer  le 
taux  des  redevances  des  fermiers  irlandais.  Après  la  ses- 
sion, au  miheu  des  violences  et  des  attentats  multipliés 
en  Irlande  par  les  moonUghters,  Parnell  est  lui-même 
arrêté  avec  plusieurs  de  ses  lieutenants  de  la  Land-League 
et  emprisonné  à  Kilmainham  (octobre).  La  Land-League 
est  déclarée  dissoute.  Mais  la  Ladies  Land-League  continue 
l'agitation  ;  la  sœur  de  Parnell,  Anna  Parnell,  paraît  dans 
les  meetings.  Parnell,  surnommé  «  le  roi  sans  couronne 
d'Irlande  »,  est  acclamé  citoyen  de  Dublin.  Gladstone  re- 
nonce à  la  répression,  et  tente  une  conciliation.  Par  l'in- 
termédiaire d'un  ami  de  Parnell,  le  capitaine  O'Shea,  fut 
scellé  dans  la  prison  de  Parnell  l'arrangement  connu  sous 
le  nom  i]e  pacte  de  Kilmainham  (mai)  ;  le  gouvernement 
se  séparait  de  Forster  et  promettait  d'étudier  un  nouveau 
Land  act  ;  Parnell  l'assurait  de  sa  coopération.  Le  6  mai, 
l'assassinat  de  lord  Cavendish,  successeur  de  Forster,  et 
de  Th. -H.  Burke,  son  sous-secrétaire,  par  les  Invincibles, 
remet  tout  en  question.  Parnell  désavoue  les  assassins, 
offre  sa  démission,  puis  à  l'annonce  de  nouvelles  mesures 
de  répression  reprend  son  attitude  d'implacable  hostilité.  Il 
organise  de  nouveau  l'obstruction  dans  les  Communes,  re- 
forme en  Irlande  la  Land-League  sous  le  nom  àlrish  Na- 
tional Leagiie,  repousse  avec  une  dédaigneuse  ironie  les 
imputations  de  Forster  (|ui  afiirmait  sa  connivence  avec 
les  auteurs  d'attentats  irlandais,  soutient  la  réforme  élec- 
torale de  1884.  La  chute  de  Gladstone,  l'attitude  conci- 
liante du  ministère  Salisbury  et  du  nouveau  secrétaire 
pour  l'Irlande,  le  comte  de  Carnavon,  produisent  une  sorte 
de  trêve.  Le  Parlement  dissous,  Parnell  fait  sa  campagne 
électorale  sur  la  question  du  Home-rule  :  «  Tout  notre 
effort,  dit-il,  tendra  dans  la  prochaine  assemblée  à  obtenir 
la  restauration  de  l'indépendance  législative  pour  l'Irlande  ». 
Les  libéraux,  Chamberlain,  Morley,  semblent  se  rapprocher 
de  lui  ;  il  trouve  des  sympathies  dans  l'entourage  de  Glads- 
tone (Childer)  ;  les  tories  et  lord  Salisbury  évitent  de 
condamner  le  home-rule  et  essaient  de  gagner  Parnell  : 
86  parnellites  sont  élus.  Le  rappel  de  Carnavon,  les 
nouvelles  propositions  de  mesures  de  répression,  sont  suivis 
de  la  chute  de  Salisbury  et  de  l'arrivée  au  pouvoir  de 
Gladstone  qui  présente  enfin  un  bill  de  Home-rule  (avr  .1886) . 
Parnell  triomphait  :  il  accepte  le  bill.  On  connaît  la  défaite 
de  Gladstone  au  Parlement,  son  appel  aux  électeurs,  la 
condamnation  du  Home-rule  par  ceux-ci  (juin),  la  consti- 
tution d'une  majorité  de  tories  et  de  libéraux-unionistes, 
le  retour  de  Salisbury  aux  affaires  (juil.  1886).  L'Irlande 
retombe  sous  un  régime  de  rigueurs  exceptionnelles.  Par- 
nell change  alors  de  tactique  et  devient  le  fidèle  allié  des 
libéraux  ;  il  ne  s'associe  pas  à  l'action  révolutionnaire 
du  Plan  de  campagne  imaginé  par  J.  Dillon,  combat 
vainement  avec  l'aide  des  libéraux  le  Crimes  bill  de  Bal- 
four  (mars  1887),  mais  réussit  à  faire  insérer  quelques 
amendements  dans  VIrish  Land  bill  de  juil.  1887  ;  il  se 
prononce  formellement  contre  les  actes  de  violence  des 
patriotes  irlandais. 

Cependant,  dans  les  premiers  mois  de  1887,  le  Tiïnes 
publiait,  sous  le  titre  Parnellism  and  Crime,  une  série 
d'articles,  bientôt  suivis  d'un  fac-similé  de  lettre  de  Parnell 
certifié  authentique  par  un  expert,  et  par  lesquels  le  jour- 
nal prétendait  démontrer  la  complicité  de  Parnell  et  de 
son  groupe  parlementaire  avec  les  meurtriers  et  dynami- 
teurs irlandais.  Parnell  ne  relève  point  immédiatement  la 
])rovocation  du  Times,  qu'il  déclare  calomnieuse  ;  au  mi- 
lieu de  la  plus  violente  et  de  la  plus  déloyale  campagne 
menée  contre  lui  par  les  tories,  Parnell  se  voit  refuser 
l'enquête  parlementaire  qu'il  demande  aux  Communes. 
Après  de  longs  débats  est  enfin  constituée  une  commis- 
sion composée  de  juges  du  Banc  de  la  reine  et  devant  la- 
quelle l'attorney  gênerai  dirige  lui-même  la  défense  du 
Times  (sept.  1888).  64  députés  irlandais  sont  cités  ;  Pigott, 
l'auteur  des  fausses  lettres,  acculé  à  l'aveu  de  son  crime. 


—  4181  — 


PARNELL  —  PAROARE 


le  procès  n'en  continue  pas  moins  sous  forme  d'une  longue 
enquête  contre  les  procédés  de  la  politique  parnelliste. 
Parnell  se  retire  avant  la  lin  du  procès,  mais  Ch.  Russell 
prononce  durant  trois  séances  une  éloquente  plaidoirie, 
qui  réhabilite  Parnell  et  l'Irlande,  et  gagne  sa  cause  de- 
vant l'opinion.  Parnell,  devenu  l'homme  le  plus  populaire 
de  l'Angleterre,  entouré  des  leaders  libéraux,  accueilli 
aux  Communes  par  une  ovation  enthousiaste,  proclame 
l'œuvre  de  sa  vie  accomplie,  la  réconciliation  de  l'Irlande 
et  de  l'Angleterre  achevée.  Reçu  à  Hawarden  par  Glads- 
tone, il  y  arrête  les  clauses  du  futur  bill  du  Home-rule, 
lié  désormais  à  la  fortune  du  parti  libéral.  Le  rapport  de 
la  commission  judiciaire  est  présenté  aux  Communes  le 
lo  févr.  1890  ;  Parnell,  déchargé  de  toute  complicité  avec 
les  auteurs  d'attentat,  est  acquitté  sur  ce  point,  mais  se 
voit  reprocher  ses  plaidoiries  en  faveur  de  fenians  con- 
damnés, ses  demandes  d'argent  aux  Irlandais  d'Amérique, 
les  sommes  qu'il  avait  distribuées  aux  députés  de  son  parti. 
Les  unionistes  n'en  persistent  pas  moins  à  dénoncer  sa 
comphcité  morale  avec  des  assassins  ;  les  libéraux  le  sou- 
tiennent ;  Gladstone  le  défend  avec  une  énergie  passionnée, 
mais  ne  peut  obtenir  un  vote  de  flétrissure  contre  ses 
adversaires  (mars) . 

Parnell  succombe  presque  aussitôt  dans  un  procès  d'ordre 
intime  ;  accusé  d'adultère  avec  M"^^^  O'Shea,  femme  du  ca- 
pitaine, son  ancien  ami,  il  fait  défaut  au  procès  engagé 
par  le  mari.  Condamné  (17  nov.  1 890),  Parnell  est  d'abord 
maintenu  à  la  tête  de  son  parti  par  un  vote  unanime  des 
députés  irlandais.  L'Irlande  applaudit  à  cette  décision.  Mais 
le  24  nov.,  Gladstone  la  condamne  dans  une  lettre  rendue 
publique  et  adressée  à  J.  Morley.  Parnell  voit  une  trahi- 
son dans  l'acte  de  Gladstone,  sent  renaître  en  lui  sa  haine 
de  l'Angleterre,  et  répond  par  un  manifeste  au  peuple 
irlandais.  Mais  son  existence  mystérieuse  et  retirée  des 
dernières  années,  ses  absences  prolongées  avaient  affaibli 
son  influence.  11  offre  sa  démission  en  la  subordonnant 
seulement  à  la  communication  des  plans  de  Home-rule  des 
libéraux.  Cette  communication  fut  refusée.  Les  députés 
irlandais,  craignant  de  compromettre  leur  alliance  avec  les 
libéraux,  enlèvent  alors  leur  confiance  à  ParneUpar  45  voix 
contre  26  (6  déc.  1890).  Dès  lors,  Parnell  se  dépense  en 
efforts  surhumains  pour  reconquérir  l'Irlande  divisée  en 
parnellites  et  antiparnellites,  multiplie  les  meetings, 
les  discours  sans  désespérer  jamais.  Mais  ses  meilleurs 
amis  l'abandonnent,  le  clergé  le  condamne  et  refuse  de 
bénir  son  mariage  avec  M"^^  O'Shea  :  ses  candidats  sont 
successivement  battus  aux  élections.  Sa  santé  ne  résiste 
point  aux  fatigues  et  aux  anxiétés  de  cette  lutte  acharnée. 
Sa  mort  fut  apprise  avec  stupeur  en  Irlande,  mais  ne  fit 
point  l'union  des  patriotes  ;  ses  partisans  seuls  lui  firent 
de  magnifiques  funérailles  à  Dublin.  L.  Mâury. 

BiBL.\  Vies  de  Parnell  parse«  admirateurs  :  J.-S.  Maho- 
NEY  ;  New  York,  1886.  -  T.  Sherlocke;  Dublin,  1887.  - 
J.  ICoNELLÂN  ;  New  York,  1888.  —  O'Connor  :  Londres, 
1891.  —  F.  Walsh  ;  New  York,  1892.  -  V.en  outre  :  Par- 
nellism  and  Crime  (Extr.  du  Times)  ;  Londres,  1887.  — 
R.  JoHNSTON,  Parnell  and  the  Parnells.  A  historical  sketch  ; 
Londres,  1888,  in-16,  2»  éd.  —  O'Connor  et  R.  Mac  Wade, 
Gladstone^  Parnell  and  the  great  Irish  StrugglQ,  vcith  gê- 
nerai introduction  by  Parnell; Londres,  1888.  —  O'Connor, 
The  Parnell  Movenient,  being  the  history  of'the  Irish  ques- 
tion from  the  death  of  O'Connell  to  the  suicide  of  Pigott  ; 
Londres,  1889.  —  Ch.  Russell,  The  Parnell  Commission, 
the  opening  speech  for  the  defence;  Londres,  1889,  3"  éd. 
~  J.  Macdoxald,  Dianj  ofthe  Parnell  Commission  l'evised 
from.The  Daily  News  ;  Londres,  1890.  —  A.  Filon,  Profils 
anglais  ;  Paris.  1893,  in-16.  —  Nemours  Godré,  la  Bataille 
du  home-rule.  Paîmell,  sa  vie,  sa  fin  ;  Paris,  1892,  in-16. 

PAR  NES.  Corn,  du  dép.  de  l'Oise,  arr.  de  Beauvais, 
cant.  de  Chaumont  ;  314  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de 
l'Ouest.  Eglise  des  x^^  xiii^,  xv^  et  xvi^  siècles.  Château 
d'Halaincourt  des  xiii®  et  xv^  siècles. 

PARNÈS  (Mont)  (V.  Attique,  t.  fV;  p.  521). 

PAR  NON.  Chaînes  de  montagnes  de  la  Grèce  (V.  ce 
mot,  t.  XIX,  p.  273). 

PARNOT.  Com.  du  dép.  de  la  Ilaute-Marne,  arr.  de 
Langres,  cant.  de  Bourbonne-lcs-Bains  ;  622  hab. 


PARNY  (Evariste-Désiré  de  Forges,  chevalier  et  ensuite 
vicomte  de),  poète  français,  né  en  1753,  mort  en  1814. 
Parny  a  vu  le  jour  sous  le  ciel  des  tropiques,  à  l'île  Bour- 
bon ;  mais,  de  très  bonne  heure,  il  fut  envoyé  en  France  ; 
il  fit  ses  études  au  collège  de  Rennes  et  revint  au  pays  natal 
oii  il  séjourna  seulement  deux  années,  de  1773  à  1775. 
C'est  là  que  se  déclara  son  goût  passionné  pour  la  poésie  ;  il 
composa  des  élégies  amoureuses,  inspirées  par  un  sentiment 
vrai,  par  un  amour  profond  pour  une  jeune  fille  que  son 
père  ne  lui  laissa  pas  épouser  et  qui  devint  la  femme  d'un 
autre.  Publiées  peu  de  temps  après  le  retour  de  Parny  en 
France,  ces  Poésies  erotiques  furent  très  goûtées  ;  on  y 
admira  la  grâce  voluptueuse,  le  négligé  coquet,  la  mélan- 
colie aimable,  et,  plus  que  tout  le  reste,  une  aisance,  une 
facilité  à  manier  le  vers  vraiment  extraordinaires.  Vol- 
taire appela  Parny  son  cher  Tibulle,  et  les  contemporains 
souscrivirent  au  jugement  du  vieux  maître.  Avant  et  après 
les  Poésies  éroHniies,  le  jeune  poète  publia  successive- 
ment un  Voyage  de  Bourgogne,  imité  de  Chapelle  et  Ba- 
chaumont,  et  fait  en  collaboration  avec  son  ami  Berlin 
(1777),  une  Kpître  aux  insurgents  de  Boston  (1777), 
des  Opuscules  poétiques  (1779).  Il  s'adonnait  au  plaisir 
dans  sa  belle  résidence  de  Feuillancour,  près  de  Saint- 
Germain,  et  ne  faisait  des  vers  qu'à  ses  moments  perdus, 
surtout  après  1786,  quand  il  donna  sa  démission  d'officier 
à  la  suite  d'une  compagnie  aux  Indes.  La  Révolution  ne 
lui  inspira  ni  enthousiasme  ni  crainte,  et  il  vécut  paisible- 
ment jusqu'au  jour  oti  le  discrédit  des  assignats  le  ruina 
et  le  contraignit  à  soUiciter  un  emploi  dans  l'administra- 
tion. C'est  alors  qu'il  composa  un  ouvrage  très  différent 
de  ceux  qu'il  avait  publiés  jusqu'alors,  un  poème  où  le 
cynisme  et  l'impiété  se  donnent  Ubre  carrière,  la  Guerre 
des  dieux  (1799).  Parny  fut  élu  à  l'Académie  française 
en  1803  et  continua  à  composer  des  œuvres  d'une  nature 
très  particulière,  entre  autres  le  Paradis  perdu  (1805), 
où  il  «  traitait  gaiment,  dit  Marie-Joseph  Chénier,  un  sujet 
délicat  et  singulier  que  Milton  avait  osé  traiter  d'une  autre 
manière  ».  L'auteur  de  ces  poèmes  n'en  reçut  pas  moins 
de  Napoléon,  en  1813,  une  pension  de  3.000  fr.,  et 
J.  Chénier  «  écartant  avec  respect  des  questions  épineuses 
qui  dépassent  la  littérature  »,  se  crut  obligé  «  de  recon- 
naître en  M.  de  Parny  l'un  des  talents  les  plus  purs,  les 
plus  brillants  et  les  plus  flexibles  dont  puisse  aujourd'hui 
s'honorer  la  poésie  française  ».  La  gloire  de  Parny  est 
loin  d'être  de  nos  jours  ce  qu'elle  était  alors  ;  ses  élégies 
elles-mêmes  semblent  avoir  beaucoup  perdu  de  leur  valeui', 
et  depuis  soixante-dix  ans  qu'a  paru  la  dernière  édition 
des  OEuvres  choisies  de  Parny  (1827),  on  n'a  pas  songé 
à  les  réimprimer.  Ce  poète  si  admiré  de  ses  contemporains 
semble  destiné  à  ne  plus  figurer  qu'à  l'état  fragmentaire 
dans  les  Anthologies.  Et  pourtant  il  lui  fut  donné  d'exercer 
une  influence  considérable  sur  les  hommes  de  son  temps. 
Chateaubriand  commença  par  se  mettre  à  son  école,  et 
avant  de  publier  les  Méditations,  Lamartine  passa  dix 
ans  de  sa  vie  à  composer  des  vers  à  la  Parny  ;  lui-même 
a  déclaré  qu'il  en  avait  jeté  au  feu  tout  un  volume.  Bé- 
ranger,  enfin,  s'est  beaucoup  inspiré  du  poète  dont  il  a 
chanté  la  mort,  et  ses  imitations  ne  lui  ont  pas  toujours 
porté  bonheur.  L'apparition  de  la  poésie  romantique 
en  1820  a  nui  plus  que  toute  autre  chose  à  la  gloire  de 
Parny,  parce  qu'alors  le  lyrisme  véritable  a  succédé  au 
lyrisme  de  cabinet  dont  le  poète  des  Poésies  érotupies 
était  peut-être  le  plus  célèbre  représentant.  A.  Caziek. 
BiBL.  :  Saixte-Beuvk,  Portraits  contemporains,  art- 
Parny. 

PAROARE  (Ornith.).  Genre  de  Passereaux  de  la  famille 
des  Fringillidœ,  caractérisé  par  un  bec  épais,  droit,  à 
peine  recourbé  à  la  pointe,  à  bords  un  peu  rentrés  ;  les 
tarses  robustes  et  de  longueur  moyenne  ;  les  ailes  pointues, 
atteignant  le  milieu  de  la  queue  qui  est  arrondie.  Le  type 
de  ce  genre  est  le  Dominicain  {Paroaria  dominicana), 
appelé  aussi  Cardinal  dans  son  pays  d'origine,  qui  est  le 
N.  du  Brésil  et  la  Guyane.  C'est  un  oiseau  de  18  centim. 


PAROARE  —  PAROISSE 


1182  — 


de  long,  à  plumage  gris  sur  le  dos,  blanc  sous  le  ventre, 
avec  la  tête  et  le  devant  du  cou  d'un  rouge  de  sang.  Le 
mâle  porte  une  huppe  sur  le  derrière  de  la  tête,  il  est 
surtout  recherché  pour  la  beauté  de  son  plumage,  et  on 
le  voit  assez  souvent  en  cage.  Son  chant  est  clair  et  vibrant, 
mais  court  et  n'a  pas  l'ampleur  de  celui  du  véritable  Car- 
dinal (V.  ce  mot).  C'est  le  Cardinal  gris  des  marchands 
d'oiseaux.  On  le  nourrit  de  graines,  de  pain  imbibé  de  lait 
et  de  vers  de  farine.  Il  vit  bien  et  se  reproduit  même  sous 
notre  climat,  mais  en  hiver  il  est  prudent  de  le  tenir  en 
volière  fermée  et  chauffée.  La  femelle  pond  en  juin  de 
3  à  4  œufs,  qu'elle  couve  quinze  jours,  relevée  par  le  mâle. 
Le  nid  est  construit  sur  un  arbuste  à  feuillage  persistant 
(if,  cyprès),  ou,  à  défaut  d'arbre,  dans  un  nid  artificiel, 
que  les  parents  garnissent  de  crin,  de  foin,  de  bourre  et 
des  autres  matériaux  mis  à  leur  disposition  dans  ce  but. 

E.  Trouessart. 
PAROCHES  (Les).  Corn,  du  dép.  de  la  Meuse,  arr.  de 
Commercy,  cant.  de  Saint-Mihiel  ;  467  hab. 

PARODI  (Filippo),  sculpteur  italien,  né  à  Gênes  en 
1640,  mort  à  Gênes  vers  4708.  Habile  artiste,  il  s'adonna 
à  la  sculpture,  et  laissa  à  Gênes,  à  Venise,  à  Padoue, 
d'intéressants  ouvrages,  parmi  lesquels  un  Saint  Jean- 
Baptiste,  une  statue  de  la  Vierge,  etc.  On  lui  doit  les 
figures  qui  décorent  l'église  de  Lorette,  à  Lisbonne.  G.  C. 
PARODI  (Domenico),  peintre  et  sculpteur  itaKen,  né  à 
Gênes  en  1668,  mort  en  1740,  fds  du  précédent.  Il  fut 
l'élève  de  son  père  et  du  peintre  Sebastiano  Bombelli, 
qu'il  connut  à  Venise.  Domenico  Parodi  pratiqua  la  sculp- 
ture et  la  peinture  avec  un  égal  succès.  Comme  peintre,  il 
se  distingue  par  un  dessin  correct,  par  des  teintes  agréables 
et  vigoureuses  ;  une  heureuse  distribution  des  figures  et 
des  groupes,  l'ingénieuse  variété  des  attitudes,  la  richesse 
du  costume  sont  encore  des  qualités  qui  éclatent  dans  la 
plupart  de  ses  œuvres,  dont  les  principales  ornent  la 
grande  salle  du  palais  Negroni  :  Achille  instruit  par  le 
centaure  Chiron,  Hercule  étouffant  le  lion  de  Némée,eic. 
Comme  sculpteur,  il  enrichit  également  le  palais  de  Gênes 
de  plusieurs  statues  remarquables.  En  outre,  les  Lions 
qui  décorent  l'escalier  de  l'ancien  collège  des  jésuites,  un 
groupe  de  Romulus  et  Remus,  à  la  fontaine  du  palais 
de  Brignole,  et  diverses  autres  statues  de  saints  ou  figures 
mythologiques  attestent  son  savoir  et  son  habileté.  G.  C. 
PARODI  (Dominique-Alexandre),  littérateur  français, 
né  à  La  Canée  (Crète)  le  15  nov.  1840.  Fils  d'un  consul 
des  Deux-Siciles,  il  fut  élevé  à  Smyrne,  se  maria  à  Ge- 
nève, se  fit  naturaliser  Français.  lia  pubhé  le  Dernier  des 
papes,  roman  ;  trois  volumes  de  vers  (Passions  et  idées, 
1865,  in--l8;  Nouvelles  Messéniennes,  1867  ;  Cris  de 
la  chair  et  de  l'âme,  1883)  ;  fit  jouer  en  1870  un  drame  en 
cinq  aiites  et  en  vers,  Ulm  le  parricide,  puis  en  sept.  1876, 
au  Théâtre-Français,  Rome  vaincue,  tragédie  en  cinq  actes 
et  en  vers,  dont  le  succès  fut  retentissant.  Il  a  pubhé, 
depuis,  Séphora  (1877),  poème  biblique  en  deux  actes  ; 
la  Jeunesse  de  François  l"^'  (1884),  drame,  et  fait  jouer 
à  la  Renaissance  V Inflexible  (1884),  drame  en  cinq  actes 
et  en  prose.  Il  a  aussi  écrit  un  ouvrage  de  critique  sur  le 
Théâtre  en  France  (1885,  in-18). 

PARODIE.  Imitation  burlesque  d'une  œuvre  sérieuse. 
C'est  un  procédé  littéraire  mis  à  la  mode  par  le  poète  grec 
Hipponax  à  rencontre  de  l'épopée  et  dont  un  exemple 
fameux  est  la  Batrachomyomachie,  parodie  de  V Iliade. 
Le  système  le  plus  usité  est  de  reproduire  la  forme  et  le 
ton  du  poème  parodié  en  l'apphquant  à  un  récit  burlesque. 
Ce  procédé,  fréquemment  employé  par  les  poètes  comiques, 
à  commencer  par  Aristophane,  a  fini  par  constituer  à  lui 
seul  un  genre  dramatique.  Citons  :  Chapelain  décoiffé, 
imitation  burlesque  d'une  partie  du  Cid;  la  Folle  Querelle^ 
par  Subligny,  parodie  en  trois  actes  de  VAndromaque  de 
Racine.  Le  Théâtre  de  la  Foire  et  le  Théâtre-Italien  vé- 
curent, en  partie,  de  parodies,  au  xvii^  et  auxviii^  siècle. 
On  peut  rappeler  :  Œdipe  travesti,  parodie  de  X Œdipe  de 
Voltaire  ;  Bolus,  parodie  du  Brutus  de  Voltaire  ;  Arnali 


ou  la  Contrainte  par  cor,  pdiroàie  deVHernani  deViciov 
Hugo;  le  Petit  Faust,  parodie  du  Faust  de  Gounod,  etc. 
Les  bouffonneries  de  Meilhac,  Halévy  et  Offenbach  sont,  en 
grande  parlie,  des  parodies  de  la  poésie  classique.  En  Al- 
lemagne, on  cite  comme  parodie  célèbre  des  tragédies  fa- 
tahstes  Ja  Verhœngnissvolle  Gabel  de  Platen. 

BiDL.  :  Dflepierre,  la.  Parodie  chez  les  Grecs^  les  La- 
lins  et  les  Diodernes  ;  Londres,  1871. 

PAROI.  I.  Construction  (V.  Mur). 

II.  Physique.  —  Principe  de  la  paroi  froide.  — 
Ce  principe  est  aussi  connu  sous  le  nom  de  principe  de 
Watt  ;  on  sait  qu'un  liquide  placé  dans  un  espace  vide  de 
gaz  émet  des  vapeurs  dont  la  tension  ne  peut  pas  dépasser 
une  certaine  valeur  qui  est  la  tension  maxima  de  la  va- 
peur du  liquide  considéré  à  la  température  où  se  fait  l'ex- 
périence, celte  température  étant  supposée  uniforme.  Dans 
le  cas  oti  les  diverses  parties  de  l'enceinte  sont  à  des  tem- 
pératures différentes,  la  vapeur  ne  peut  avoir  une  pression 
supérieure  à  la  tension  maxima  de  la  vapeur  correspondant 
à  la  température  de  la  partie  la  plus  froide.  Aussi,  dans  un 
vase  vide  de  gaz,  contenant  un  liquide  et  sa  vapeur,  il  y  a 
distillation  continuelle  de  la  partie  oti  se  trouve  le  liquide 
vers  la  partie  la  plus  froide.  Ce  principe  est  continuelle- 
ment employé  dans  les  machines  à  vapeur  à  condensation  : 
la  vapeur,  au  sortir  du  cylindre,  au  lieu  de  s'échapper  dans 
l'air,  sous  la  pression  atmosphérique,  se  rend  dans  un 
condenseur  entouré  d'eau  froide,  où  la  vapeur  ne  peut 
conserver  que  la  tension  maxima  correspondant  à  cette 
basse  température,  c.-à-d.  une  pression  notablement  infé- 
rieure à  la  pression  atmosphérique  ;  comme  c'est  la  diffé- 
rence des  pressions  exercées  sur  les  deux  faces  du  piston 
qui  fait  mouvoir  celui-ci,  en  abaissant  au-dessous  de  la 
pression  atmosphérique  la  tension  en  arrière  du  piston, 
on  augmente  d'autant  cette  difîerence,  et  par  suite,  l'ac- 
tion résultante  de  la  vapeur  sur  le  piston. 

De  môme,  les  appareils  de  distillation  sont  fondés  sur 
le  principe  de  la  paroi  froide  :  un  liquide  se  trouvant  placé 
dans  un  vase  que  l'on  chauffe  (alambic)  émet  constamment 
des  vapeurs  qui  ne  peuvent  garder  cet  état  que  si  toutes 
les  parois  du  vase  sont  à  la  même  température;  mais  si 
une  portion  du  vase  est  plus  froide  (serpeiitin),  la  vapeur 
s'y  condense  partiellement,  c.-à-d.  jusqu'à  ce  que  sa  ten- 
sion soit  ramenée  à  la  valeur  de  la  tension  maxima  pour 
cette  température.  Si  le  vase  qui  contient  le  liquide  ren- 
ferme un  gaz,  le  principe  de  la  paroi  froide  n'est  plus 
applicable,  parce  que  le  transport  de  la  vapeur  de  la  partie 
la  plus  chaude  à  la  partie  la  plus  froide  n'est  plus  instan- 
tané; il  ne  peut  plus  se  produire  que  par  diffusion  et,  par 
conséquent,  lentement.  A.  Joannis. 

PARO I R.  Ce  nom  est  donné  à  nombre  d'outils  de  métier. 
C'est  ainsi  qu'il  sert  à  désigner  le  marteau  à  panne  tranchante 
dont  se  sert  le  tonnelier  pour  parer  le  dedans  d'une  futaille, 
rinstrument  servant  au  maréchal  ferrant  pour  parer  le  pied 
des  chevaux,  la  lame  tranchante  avec  laquelle  le  chaudi^on- 
nier  gratte  les  pièces  à  étamer.  Il  désigne  encore  l'engin  du 
corroyeur,  formé  d'une  pièce  cylindrique  en  bois  fixée  par 
ses  deux  extrémités  sur  des  supports  scellés  dans  un  mur  ; 
c'est  sur  cette  pièce  que  l'ouvrier  passe  les  peaux  pour  les 
travailler.  L'outil  consistant  en  un  couteau  à  lame  large, 
terminée  par  un  arc  de  cercle  du  côté  du  tranchant,  avec 
lequel  on  amincit  les  peaux,  porte  aussi  ce  nom.  De  même, 
le  boutonnier  dénomme  paroir  l'outil  dont  il  se  sert  pour 
parer  les  moules  de  boutons. 

PAROIS.  Com.  du  dép.  de  la  Meuse,  afr.  de  Verdun, 
cant.  de  Clermont;  332  hab. 

PAROISSE.  L  Législation.  —  Ensemble  des  fidèles 
catholiques  réunis  sous  la  direction  spirituelle  d'un  même 
curé.  La  paroisse  n'est  pas  une  circonscription  ou  une 
division  administrative  ;  on  peut  même  soutenir  qu'elle  ne 
constitue  pas  une  personne  morale  capable  d'acquérir,  de 
recevoir  par  dons  ou  legs,  de  vendre,  d'échanger,  etc. 
Elle  ne  se  confond  pas  davantage  avec  la  commune,  car 
si,  habituellement,  elle  comprend  le  même  territoire  que 


~  4183 


PAROISSE  —  PAROLE 


celle-ci,  il  arrive  souvent  que  deux  ou  plusieurs  com- 
munes sont  réunies  pour  former  une  seule  paroisse,  et, 
inversement,  une  seule  commune  se  divise  parfois  en  plu- 
sieurs paroisses.  Les  paroisses  sont  créées  par  un  décret 
du  président  de  la  République  rendu  sur  un  vœu  du  con- 
seil municipal  adressé  au  préfet  et  approuvé  par  l'évêque. 
Elles  sont  administrées,  pour  les  intérêts  spirituels,  par 
un  curé  ou  desservant,  et,  pour  les  intérêts  pécuniaires, 
par  un  conseil  de  fabrique  composé  de  5  ou  9  membres, 
se  renouvelant  par  fraction  tous  les  trois  ans,  à  l'éleclion, 
et  dont  le  curé  et  le  maire  sont  membres  de  droit.  D'après 
certains  auteurs,  la  paroisse  constitue  une  personne  mo- 
rale, qui  peut  être  propriétaire,  le  curé  n'exerçant  sur  ses 
biens  que  les  droits  d'un  usufruitier  ;  dans  une  autre  opi- 
nion, la  paroisse  n'est  pas  une  personne  morale,  et  c'est 
la  fabrique  qui  seule  peut  être  propriétaire  ou  locataire 
des  biens  administrés  par  son  conseil,  et  dont  le  curé  ou 
desservant  n'a  que  la  jouissance. 

IL  x4dministration  ecclésiastique.  (V.  Presbytlre). 
On  y  trouvera  tout  ce  qui  se  rapporte  à  l'organisation 
paroissiale. 

BiBL.  :  Gaudry,  Lé<iisl8Âlon  des  cultes 

PAROLE.  I.  Physiologie  (V.  Voix). 

II.  Philosophie.  —  Tout  phénomène  sensible  peut  être 
signe,  car,  ce  qui  constitue  essentiellement  un  langage,  c'est 
une  association  fixe  et  durable  entre  des  objets  perçus  et 
des  états  de  conscience  quelconques  :  théoriquement  donc, 
il  peut  y  avoir  un  nombre  illimité  de  langages.  Mais,  en 
fait  et  pour  des  raisons  pratiques,  le  nom}3re  des  langages 
généraux  est  fort  restreint,  et  le  plus  important  de  beau- 
coup a  toujours  été  la.  parole.  La  parole  a  pour  caractères 
distinctifs  :  1^  d'être  un  langage  général,  c.-à-d.  de  pou- 
voir exprimer  tous  les  objets  de  pensée  sans  exception  ; 
2°  d'être  un  langage  ay^ticulé,  c.-à-d.  formé  d'éléments 
fixes  et  distincts  qui  peuvent  être  diversement  groupés  et 
combinés;  3*^  d'employer  comme  signes  les  mots,  c.-à-d. 
des  sons,  simples  ou  composés,  émis  parla  voix  humaine. 
Au  sens  strict,  la  parole  consiste  exclusivement  dans  un 
système  de  sensations  sonores.  Mais,  en  fait,  elle  est 
souvent  hée  à  la  représentation  des  mots  sous  forme  de 
signes  visuels,  c.-à-d.  à  l'écriture.  D'autre  part,  elle  est 
presque  inséparable  du  langage  spontané  des  gestes  et  de 
la  physionomie.  Nous  verrons  qu'elle  est  intermédiaire 
entre  ces  deux  langages  :  plus  consciente  et  plus  volon- 
taire que  le  second,  plus  riche  aussi,  elle  est  moins  arti- 
ficielle  et  plus  vivante  que  le  premier  ;  elle  retient  des 
caractères  de  l'un  et  de  l'autre,  et  ce  n'est  que  par  abs- 
traction que  l'on  peut  complètement  l'en  isoler. 

L'étude  de  la  parole  soulève  trois  questions  principales 
nettement  distinctes  :  L°  il  faut  expliquer  le  mécanisme 
de  la  parole,  c.-à-d.  décrire  les  caractères  des  signes  em- 
ployés, montrer  comment  ils  sont  produits  et  interprétés; 
étude  physiologique  et  surtout  psychologique  ;  2"  il  faut 
rechercher  Y  origine  delà  parole  :  étude  historique,  philo- 
logique et  même  métaphysique  ;  3^  il  faut  enfin  déterminer 
quels  en  sont  les  rapports  avec  la  pensée  :  étude  psycho- 
logique et  logique.  —  Cet  article  se  divisera  donc  natu- 
rellement en  trois  parties. 

Mécanisme.  On  ne  peut  expliquer  comment  nous  produi- 
sons et  comprenons  la  parole  sans  dire  un  mot  d'aijord 
des  phénomènes  physiques  et  physiologiques  qui  en  sont 
la  condition.  Les  mots  sont  des  sons.  Ils  sont  produits 
par  un  courant  d'air,  qui  dépend  des  organes  respi- 
ratoires, poumon  et  muscles  de  la  cage  tlioracique,  et 
qui  est  diversement  modifié  par  les  organes  proprement 
vocaux,  interposés  sur  son  passage,  à  savoir  les  cordes 
vocales,  la  langue  et  la  bouche.  Ces  sons  possèdent  inten- 
sité, hauteur  et  timbre  :  l'intensité  dépend  de  la  force  du 
courant  d'air  produit  ;  la  hauteur  varie  selon  la  tension 
plus  ou  moins  grande  des  cordes  vocales  que  l'air  fail 
vibrer  en  passant  entre  elles;  le  timbre  rchiille  du  la 
résonance  variable  des  parties  osseuses  et  musculaires  au 
milieu  desquelles  l'air  circule.  On  a  distingué  une  réso- 


nance relativement  fixe,  qui  est  le  timbre  propre  de  cha- 
que voix  individuelle,  et  une  résonance  plus  variable  qui 
constitue  un  timbre  propre  à  chaque  voyelle  et  qui  dépend 
de  la  position  particulière  donnée  aux  organes  vocaux 
(B.  Bourdon).  Toutes  les  différences  physiques  des  sons 
que  nous  émettons  s'exphquent  ainsi  par  des  mouvements 
musculaires  plus  ou  moins  compliqués,  et  ces  sons  peuvent 
être  très  riches,  très  variés  et  relativement  puissants,  sans 
nuire  au  fonctionnement  des  organes  vitaux  et  sans  nous 
priver  de  la  libre  disposition  de  nos  membres  :  la  parole 
sera  donc  un  instrument  d'expression  bien  supérieur  au 
geste. 

Les  phénomènes  nerveux  qui  rendent  possible  la  parole 
sont  encore  mal  connus  :  cependant  les  travaux  de  Broca, 
de  Wernicke  et  surtout  de  Kussmau]  (dont  l'ouvrage  sur 
les  Troubles  de  la  parole  est  classique)  ont  permis  de 
poser  quelques  principes  généraux.  —  L'appareil  nerveux 
du  langage  parlé  se  compose  essentiellement  des  parties 
suivantes  :  1°  des  (ilets  nerveux,  constituant  le  nerf  au- 
ditif et  reliant  l'oreille  interne  au  centre  auditif,  où 
aboutissent  les  excitations  sonores,  et  dont  le  siège  précis 
n'est  pas  rigoureusement  déterminé  ;  2°  le  centre  moteur 
du  langage,  qui,  comme  l'a  démontré  Broca,  a  pour  siège 
la  partie  postérieure  de  la  3^  circonvolution  frontale 
gauche  (quelquefois  droite,  chez  les  gauchers),  et  qui  est 
rehé  par  des  filets  nerveux  intercentraux  au  centre  au- 
ditif ;  3^  enfin  des  filets  nerveux  qui  mettent  en  commu- 
nication ce  centre  moteur  avec  les  muscles  qui  font  mou- 
voir les  organes  vocaux.  Les  hypothèses  les  plus  diverses 
sont  proposées  pour  expliquer  le  fonctionnement  de  ces 
différents  organes  extrêmement  complexes  (cf.  Kùssmaul, 
ouvr.  cit.,  et  Preyer,  VAme  de  V enfant,  ch.  xvii).  Il 
est  nettement  établi  pourtant  que  la  fonction  du  langage 
disparait  lorsque  la  communication  est  détruite  entre  le 
centre  auditif  et  le  centre  moteur,  de  sorte  que  la  simple 
audition  ne  rend  pas  par  elle-même  possible  l'intelligence 
des  mots,  de  même  que  le  pouvoir  d'articuler  des  sons  ne 
suffit  pas  pour  parler. 

Si  nous  analysons  mamtenant  la  parole  au  point  de  vue 
psychologique,  on  constate  qu'un  mot  est  un  signe  com- 
plexe qui  produit  dans  la  conscience  plusieurs  espèces 
distinctes  de  sensations,  les  unes  directement  provoquées, 
les  autres  suggérées  par  association,  dont  le  rôle  et  l'im- 
portance sont  très  variables.  Lorsque  nous  prononçons  ou 
entendons  un  mot,  nous  éprouvons  en  effet  :  1"  des  sen- 
sations auditives,  2°  des  sensations  musculaires  et 
tactiles,  résultant  des  divers  mouvements  des  organes 
vocaux  et  du  contact  de  la  langue  avec  les  différentes 
parties  de  la  bouche;  ces  sensations,  directement  éprouvées 
lorsque  nous  parlons,  sont  simplement  réveillées  par  asso- 
ciation sous  forme  d'images  lorsque  nous  écoutons  ;  3°  enfin, 
les  mots  éveiUent  quelquefois  par  association  des  sensa- 
tions visuelles,  consistant  dans  la  représentation  de  leur 
forme  graphique,  ou  même  4°  des  sensations  muscu- 
laires nouvelles,  à  savoir  k  représentation  des  mou- 
vements nécessaires  pour  écrire  ces  mots.  Ces  deux 
derniers  éléments  sont  directs,  lorsque  nous  Ksons  ou 
écrivons,  et  suscitent  à  leur  tour  les  deux  premiers  par 
association.  Le  mot  peut  donc  présenter,  lorsqu'il  éveille 
l'état  de  conscience  le  plus  riche,  quatre  caractères,  au- 
ditif, moteur,  visuel  et  graphique,  qui  peuvent  tous, 
soit  isolément,  soit  conjointement,  nous  suggérer  la 
signification  du  mot.  —  On  sait  qu'on  a  essayé  de  fonder 
sur  ces  faits  une  classification  des  caractères  humains. 
L'observation  chnique  et  pathologique  a  d'ailleurs  prouvé 
la  réalité  de  cette  distinction  :  les  maladies  du  langage 
n'affectent  en  effet  quelquefois  que  l'une  de  ces  espèces  de 
sensations,  et  on  a  reconnu  quatre  maladies  distinctes  :  la 
surdité  verijale,  l'aphasie  motrice,  la  cécité  verbale  et 
l'agraphie. 

Ces  observations  ne  prouvent  pas  seulement  que  le  mot 
provoque  en  nous  des  sensations  multiples,  mais  aussi  que 
l'acte  psychologique  par  lequel  nous  attachons  au  mot  une 


PAROLE 


—  1184 


signification  déterminée  est  liii-mérae  complexe.  Pour  que  le 
mot  soit  compris  en  etFet,  trois  opérations  de  pensée  sont 
nécessaires  ;  4^  le  mot  est  perçu  en  tant  que  son;  2"  nous 
comprenons  que  ce  son  est  un  signe  ;  3**  nous  y  associons 
une  idée  déterminée.  Si  ces  trois  phases  sont,  à  l'état 
normal,  confondues  et  instantanément  réalisées,  elles  se 
trouvent  parfois  isolées  dans  certains  cas  pathologiques. 
On  distingue,  en  effet,  trois  formes  correspondantes  de  la 
surdité  :  1^  la  surdité  proprement  dite,  dont  la  cause 
physiologique  se  trouve  dans  une  altération  de  l'oreille, 
du  nerf  ou  du  centre  auditif  ;  2°  la  surdité  psychique  ; 
le  son,  encore  perçu,  n'éveille  aucune  idée  de  significa- 
tion ;  le  malade  ne  fait  aucun  effort  pour  comprendre  le 
mot  entendu  et  le  considère  comme  un  bruit  quelconque; 
il  y  a  dans  ce  cas  lésion  des  nerfs  qui  relient  le  centre 
auditif  au  centre  moteur  du  langage  ;  3"  la  surdité  ver- 
bale (Kiissmaul)  :  le  malade  perçoit  le  mot  comme  son  et 
comme  signe,  mais  ne  peut  plus  y  associer  un  sens  déter- 
miné ;  il  fait  de  vains  efforts  pour  le  comprendre  ;  la  lésion 
porte  dans  ce  cas  sur  1^  éléments  du  centre  moteur  lui- 
même.  —  Des  troubles  analogues,  présentant  les  mêmes 
phases,  peuvent  affecter  les  sensations  visuelles  et  muscu- 
laires également  provoquées  par  les  mots. 

Ces  faits  —  encore  obscurs  et  mal  connus  —  se  trou- 
veront en  partie  expliqués  par  les  théories  physiologiques 
sur  l'origine  de  la  parole,  que  nous  exposerons  plus  loin. 
Toute  étude  du  langage  articulé  aboutit  en  effet  à  un 
problème  historique  :  Comment  ce  langage  a-t-il  pris 
naissance  ?  comment  les  sons  ont-ils  pu  devenir  pour  nous 
les  représentants  des  idées,  et  tel  son  particulier  de  telle 
idée  particulière  ? 

Origine.  Le  problème  classique  de  l'origine  du  lan- 
gage ne  porte  en  réalité  aujourd'hui  que  sur  l'origine 
de  la  parvle.  La  question  ne  peut  plus,  en  effet,  se  poser 
pour  le  langage  spontané  des  gestes  et  de  la  physionomie  ; 
il  est  établi  qu'ici  ce  que  nous  regardons  comme  un  signe 
de  l'émotion  est  partie  intégrante  de  cette  émotion  même  ; 
nous  avons  appris  à  interpréter  ces  signes,  mais  non  à 
les  produire  ;  le  geste,  le  cri,  la  grimace  sont  des  signes  de 
la  douleur  comme  la  fumée  est  un  signe  du  feu.  Mais  la 
parole  nous  apparaît  plutôt,  au  contraire,  comme  un  ins- 
trument artificiel  et  conventionnel,  distinct  de  la  pensée 
qu'il  exprime  et  uniquement  destiné  à  la  communiquer. 
D'autre  part,  cet  instrument  réagit  si  visiblement  sur  la 
pensée  elle-même  qu'il  est  de  première  importance  de  sa- 
voir comment  il  a  été  fabriqué.  Ainsi  le  problème  de  l'ori- 
gine de  la  parole  s'impose  à  nous  aujourd'hui  comme  aux 
plus  anciens  philosophes.  Nous  n'exposerons  paslesinnom- 
Ijrables  solutions  proposées  :  on  en  trouvera  la  revue  dé- 
taillée dans  les  histoires  de  la  philosophie  (cf.  Histoire 
de  la  philosophie,  de  Janet  et  Séailles,  ch.  ix  :  le  Pro- 
blème du  langage).  Nous  montrerons  seulement  com- 
ment le  problème  s'est  posé  à  notre  époque,  et  nous  cher- 
cherons à  dégager  une  conclusion  des  théories  contem- 
poraines. 

1°  C'est  toujours  entre  deux  conceptions  extrêmes,  très 
nettes,  que  les  philosophes  ont  oscillé  :  pour  les  uns,  la 
parole  est  une  invention  arbitraire  de  l'homme,  et  les  mots 
sont  sans  aucun  rapport  naturel  avec  les  choses  qu'ils  dé- 
signent; pour  les  autres,  la  parole  est  l'oaivre  même  de 
la  nature,  le  langage  est  inné  en  nous  et  les  mots  expri- 
ment réellement  l'essence  des  choses.  Les  deux  opinions  sont 
déjà  en  présence  dans  le  Cratyle  de  Platon.  Hermogêne 
y  expose  la  théorie  de  l'invention  (Gc'asi),  attribuée  à  Dé- 
mocrite  ;  Cratyle  soutient  au  contraire  la  thèse  naturaliste 
((puGisi),  attribuée  à  Heraclite.  Un  passage  célèbre  de  Lu- 
crèce {De  Natura-  rerum,  liv.  V,  v.  1025-87)  contient 
une  réfutation  très  forte  de  la  première  théorie  et  indique 
une  solution  voisine  des  idées  contemporaines.  Les  deux 
théories  étaient  encore  soutenues  au  début  de  ce  siècle, 
l'une  par  l'école  empiriste,  l'autre  par  l'école  théolo- 
gique. 

Les  philosophes  du  xviii^  siècle  avaient,  en  effet,  presque 


tous  adopté  la  théorie  de  l'invention.  On  sait  l'importance 
([u' avait  à  leurs  yeux  l'étude  du  langage  :  les  rapports 
des  mots  avec  la  pensée  semblaient  l'objet  principal  de 
la  logique,  et  Condillac  soutenait  «  que  tout  l'art  de  rai- 
sonner se  réduit  à  l'art  de  bien  parler  »  (Logique,  Impart., 
ch.  v).  Or  la  tendance  habituelle  de  ces  philosophes  k 
expliquer  l'origine  de  toutes  les  institutions  humaines  par 
l'oeuvre  de  la  raison  raisonnante  et  de  la  volonté  réfié- 
chie  les  amenait  à  une  conception  analogue  sur  l'origine 
de  la  parole.  Les  uns,  comme  Adam  Smith  et,  par  ins- 
tants, Rousseau,  regardent  le  langage  comme  le  résultat 
d'une  convention  expresse.  L'homme  a  senti  le  besoin 
de  communiquer  à  autrui  ses  impressions  ;  il  s'est  d'abord 
servi  de  signes  naturels  comme  les  gestes  ;  puis,  ce  pre- 
mier langage  devenant  insuffisant,  il  a  choisi  la  parole 
pour  les  avantages  qu'elle  présentait  et  s'est  servi  de  la 
voix  comme  moyen  d'expression  ;  un  véritable  contrat 
social  a  déterminé  l'imposition  des  noms  aux  choses. 
D'autres,  comme  Condillac,  le  président  de  Brosses,  etc., 
atténuent  la  rigueur  de  cette  théorie  et  soutiennent  que 
le  langage  parlé  est  une  transformation  du  langage  d 'ac- 
tion, que  la  forme  des  mots  primitifs  a  été  déterminée, 
non  par  le  caprice  arbitraire,  mais  par  la  structure  même 
de  l'organisme,  qui  est  comme  un  langage  inné  (Con- 
dillac), et  par  l'imitation  des  objets  de  la  nature.  Mais 
toujours  le  langage  apparaît  comme  une  œuvre  sinon  ar- 
tificielle du  moins  réfléchie  ;  le  besoin  du  langage  s'est 
fait  d'abord  sentir  et  en  a  suggéré  peu  à  peu  l'invention. 
C'est,  en  somme,  la  pensée  qui  a  façonné,  pour  son  propre 
usage,  un  instrument  d'expression. 

D'autre  part,  dans  sa  réaction  générale  contre  les 
idées  du  xviii^  siècle  l'école  t Jiéo logique ,  reprit,  au 
début  de  ce  siècle,  l'ancienne  théorie  naturaliste,  mais 
poussée  cette  fois  presque  jusqu'à  l'absurde.  La  théorie 
qu'exposa  M.  de  Bonald  est  célèbre  :  la  parole  est  le  ré- 
sultat d'une  révélation  divine.  L'importance  du  langage 
articulé  est  trop  grande,  en  effet,  pour  qu'il  soit  possible 
d'en  attribuer  l'origine  à  l'invention  humaine.  Non  seule- 
ment l'homme  parle  pour  exprimer  sa  pensée  une  fois 
formée,  mais  il  doit  déjà  se  représenter  des  mots  que  lui 
fournit  le  langage  intérieur  pour  pouvoir  même  former 
cette  pensée.  L'homme  pense  sa  parole  avant  de  par- 
ler sa  pensée  {Législation  primitive,  Disc,  prélim.). 
Si  donc  la  parole  est  nécessaire  à  la  naissance  même  de  la 
pensée,  elle  n^  peut  être  l'œuvre  de  celle-ci,  et  il  faut 
la  considérer  comme  innée  et  préformée  dans  l'esprit 
humain.  C'est  parce  que  l'homme  découvre  en  lui  des 
signes,  qu'il  peut  susciter,  par  leur  moyen,  des  idées.  Ces 
signes  nous  ont  donc  été  comme  révélés  par  le  Créateur  : 
les  mots  ne  sont  pas  moins  innés  que  les  idées,  puisque 
c'est  seulement  par  leur  intermédiaire  que  la  pensée  peut 
se  manifester.  L'origine  de  la  parole  se  trouve,  en  somme, 
dans  l'intelligence  et  la  volonté  divine. — Ces  deux  concep- 
tions si  contraires  s'accordent  pourtant  en  un  point  :  l'une 
et  l'autre  considèrent  la  parole  comme  un  pur  instrument 
d'expression,  absolument  distinct  de  la  pensée  elle-même. 
Entre  l'état  de  conscience  et  le  mot  qui  l'exprime,  iVdam 
Smith  ni  de  Bonald  ne  conçoivent  de  véritable  parenté.  Aussi 
le  langage  garde-t-il  toujours  dans  leurs  théories  un  carac- 
tère artificiel  :  qu'il  ait  été  fabriqué  par  Dieu  ou  par 
l'homme,  il  est  aussi  différent  de  la  pensée  que  le  miroir 
l'est  de  la  lumière.  Or,  par  là,  les  deux  théories  se  sont 
trouvées  également  en  désaccord  avec  les  faits  ;  les  dé- 
couvertes de  la  philologie  comparée  d'un  côté,  de  la  phy- 
siologie de  l'autre,  en  ont  presque  en  même  temps  montré 
la  fragilité. 

Leibniz  avait  eu  déjà  l'idée  d'une  étude  vraiment 
scientifique  du  langage  articulé,  qui  aurait  pour  principal 
moyen  la  comparaison  méthodique  des  différentes  langues 
connues,  au  point  de  vue  du  vocabulaire,  de  la  grammaire 
et  de  la  syntaxe.  C'est  cette  idée  que  la  philologie  com- 
parée tenta  d'appliquer.  Or,  les  travaux  de  Bopp,  des 
Schlegel,  de  Pott,  de  Burnouf,  etc.,  établirent  bientôt  un 


—  H85 


PAROLE 


fait  dont  l'importance  était  capitale  pour  la  question  d'ori- 
gine :  à  savoir  que  toutes  nos  langues  actuelles  se  rat- 
tachent à  plusieurs  familles  distinctes.  On  admet  généra- 
lement aujourd'hui  trois  langues  primitives  et  irréductil)les, 
ayant  engendré  chacune  une  famille  nombreuse  et  de  plus 
en  plus  diverse,  la  famille  aryenne  ou  indo-européenne, 
la  famille  sémitique  et  la  famille  mongolique  ou  toura- 
nienne.  Ces  faits  suffisaient  déjà  à  renverser  et  la  théorie 
de  la  révélation  et  la  théorie  de  l'invention.  Si  le  langage 
est  né  d'une  révélation  divine,  comment  expHquer  cette 
multiplicité  originelle  des  langues  ?  Il  semble  que  l'intel- 
ligence divine,  imprimant  dans  les  esprits  un  même  système 
d'idées,  ne  pouvait  aussi  leur  fournir  ([u'un  seul  système 
de  signes.  D'autre  part,  si  la  parole  était  une  invention 
arbitraire  des  hommes,  il  semble  que  le  nombre  des  laji- 
gues  primitives  eût  dû  être  très  considérable,  de  sorte  qu'au 
lieu  de  trouver  à  l'origine  deux  ou  trois  idiomes  seulement 
qui  vont  ensuite  en  se  multipliant  et  en  se  diversifiant, 
on  aurait  dû  voir  au  contraire  une  multiplicité  originellement 
très  grande  tendant  peu  à  peu  vers  l'unité,  et  les  pro- 
grès de  l'intelligence  humaine  auraient  amené  la  réduction 
et  non  la  multiplication  des  langues.  L'hisloire  même  du 
langage  articulé  semblait  donc  en  désaccord  avec  les  ori- 
gines qu'on  lui  attribuait. 

En  même  temps,  et  par  une  tout  autre  voie,  la  pliy- 
siologie  suggérait  une  nouvelle  explication  des  rapports 
du  signe  à  la  chose  signifiée.  Les  travaux  de  Bell,  de  Dar- 
win, de  Duchenne  (de  Boulogne),  de  Gratiolet,  etc.,  sur  le 
langage  spontané  étabUssent  en  effet  que  les  gestes,  les 
cris,  les  mouvements  de  la  physionomie  ne  sont  pas  es- 
sentiellement des  moyens  d'expression,  mais  qulls  font 
tout  d'abord  partie  intégrante  de  l'état  exprimé,  lùitre  le 
signe  et  la  chose  signifiée,  la  dualité  n'est  pas  primitive, 
mais  acquise  :  à  l'origine,  il  y  avait  identité.  Ch.  Bell 
soutenait  ([ue  tous  les  mouvements  expressifs  du  corps  ba~ 
main  ne  sont  que  des  actions  commencées,  puis  arrêtées 
par  la  volonté.  Toute  émotion  comporte  la  représentation 
de  certains  mouvements  à  accomplir  et  tout  au  moins  un 
commencement  d'exécution.  Darwin  expliquait  à  son  tour 
les  gestes  :  l'^  par  Vassociation  des  habitudes  utiles  :  nos 
gestes  actuels  sont  des  vestiges  d'actions  qui  nous  étaient 
primitivement  utiles  ;  2^  par  V action  directe  sur  l'orga- 
nisme des  excitations  du  système  nerveux  :  tout  phé- 
nomène psychologique  de  quelque  insensité  suppose  la  mise 
en  liberté  d'une  certaine  quantité  de  force  nerveuse  qui  se 
répand  dans  l'organisme  et  produit  nécessairement  des 
mouvements  musculaires  en  grande  partie  inutiles.  —  Il 
était  facile  d'étendre  à  la  parole  cette  explication  du  geste. 
La  distinction  habituellement  faite  entre  le  langage  spon- 
tané et  le  langage  articulé  est  factice  :  le  mot  est,  lui  aussi, 
un  signe  naturel.  Toute  émotion  en  effet  détermine  et  mo- 
difie des  émissions  de  sons  vocaux  :  le  cri  est  l'effet  natu- 
l'el  de  la  douleur.  C'est  là  qu'il  faut  chercher  l'origine  de 
hi  parole.  L'observation  montre  à  l'enfant  que  son  cri  est 
interprété  comme  un  appel  :  il  s'en  servira  pour  appeler. 
Peu  à  peu  la  parole  deviendra  artificielle  et  voulue  : 
Fhomme  s'imitera  lui-même,  jouera  ses  propres  émotions 
pour  les  faire  comprendre.  Mais  il  en  est  de  même  du  lan- 
gage des  gestes  :  la  pantomime,  dont  nous  accompagnons 
ordinairement  la  parole  ou  qui  nous  sert  parfois  à  y  sup- 
pléer, n'est  guère  moins  conventionnelle  et  factice  que 
celle-ci.  Si  la  parole  a  pris  un  développement  prépondé- 
rant et  est  bien  vile^evenue  le  langage  par  excellence, 
c'est  qu'elle  était  plus  riche,  plus  rapide,  plus  variée,  plus 
facile,  etc.,  que  le  geste  :  en  un  mol,  les  (pialités  de  la 
parole  Tout  t'ait  triompher  de  la  concuirence  et  en  ont  gé- 
néralisé l'emploi.  Mais  elle  est  originairement  une  mani- 
festation naturelle  et  spontanée,  une  conséquence  et  non 
un  simple  signe  de  nos  états  de  conscience. 

Par  conséquent,  pour  cette  raison  encore,  il  fallait  re- 
noncer aux  vieilles  théories  :  à  quoi  bon  recourir  aux  hy- 
pothèses arbitraires  de  la  révélation  ou  de  l'invention, 
puisqui3  la  constitution  psycho-physiologique  de  Thomme 

GRANDE    ENCYCL0PKT>TF..    —    XXV. 


suffit  à  expliquer  l'origine  de  la  parole.  Elle  est  innée,  en 
ce  sens  que  les  conditions  en  soMt  déterminées  d'avance 
par  notre  organisme  ;  mais  elle  est  inventée  aussi,  en  ce 
sens  que  l'intelligence  intervient  pour  la  modifier  et  la  per- 
fectionner. Mais  le  langage  articulé  n'est  ni  un  don  inné  ni 
une  invention  arbitraire  :  la  parole,  comme  le  geste,  a  vrai- 
ment précédé  le  langage,  c.-à-d.  qu'ils  existaient  pour 
des  raisons  naturelles  et  que  l'homme  a  seulement  appris 
par  l'expérience  à  les  utiHser  comme  signes. 

2^  Le  progrès  des  sciences  modernes  a  donc  eu  pour  con- 
séquence une  position  nouvelle  du  problème.  Les  deux  sys- 
tèmes jusque-là  nettement  opposés  doivent  se  rapprocher 
et  se  fondre  pour  expliquer  les  faits.  Pourtant  ce  n'est  pas 
aux  savants  eux-mêmes,  ni  aux  philologues  comme  Max 
Midler  ou  Renan,  ni  aux  transformistes  comme  Darwin, 
que  nous  demanderons  la  solution  définitive  du  problème. 
Noub  allons  montrer,  au  contraire,  en  exposant  leurs  théo- 
ries, ((u'elles  sont  encore  insuffisantes  et  que  la  philosophie 
doit  ici  compléter  l'œuvre  de  la  science. 

Au  problème  métaphysique  de  l'origine  du  langage,  les 
philologues  ont  prétendu  substituer  la  question  plus  pré- 
cise de  Voriijiue  des  racines.  La  comparaison  des  diffé- 
rents idiomes  a  permis  de  dégager  les  formes  qui  leur  sont 
communes  et  de  reconstituer  les  débris  des  langues  mères 
de  chmpie  famille.  C'est  ainsi  qu  on  a  pu  isoler  les  quatre 
ou  cin([  cents  racines  delà  langue  aryenne  primitive.  L'ob- 
servation a  montré  aussi  que  les  mots  une  fois  formés  évo- 
luaient selon  des  lois  naturelles  et  que  la  multiplication 
des  langues  était  un  effet  nécessaire.  Max  Midler  distingue 
deux  lois  principales,  V altération  phonétique,  qui  résulte 
d'habitudes  de  prononciation  de  plus  en  plus  divergentes, 
et  le  renouvellement  dialectal,  c.-à-d.  renrichissement 
constant  de  la  syntaxe  et  du  vocabulaire  par  l'aftlux  de 
formes  verbales  nouvelles  venant  des  langues  voisines,  des 
dialectes  provinciaux  ou  professionnels,  de  néologismes, 
proprement  dits,  etc.  Ces  deux  lois  contiennent  un  prin- 
cipe de  changement  perpétuel  et  de  révolution,  mais,  en 
même  temps,  la  loi  plus  générale  d'imitation,  le  respect 
d'une  forme  classique  chez  les  nations  hautement  cultivées, 
assurent  au  langage  une  stabilité  relative  et  variable. 
Mais,  tandis  que  tous  ces  changements  affectent  le  voca- 
bulaire et  la  syntaxe,  la  grammaire  reste  beaucoup  plus 
stable  :  elle  est,  en  effet,  l'élément  essentiel  et  caractéris- 
tique des  familles  de  langues.  La  forme  d'arrangement  des 
mots,  le  système  de  déclinaison  et  de  conjugaison,  restent 
reconnaissables  dans  les  différents  idiomes  d'une  même 
branche  ;  les  trois  familles  primitives  diffèrent  moins  encore 
par  leur  vocabulaire  et  leurs  racines  que  par  leur  système 
grammatical,  Visolement  àsius  les  langues  touraniennes, 
V agglutination  dans  les  langues  sémitiques,  la  flexion 
dans  les  langues  indo-européennes.  C'est  encore  à  ce  signe 
que  se  reconnaît  la  parenté  des  langues  :  ainsi  l'anglais 
reste  par  sa  grammaire  une  langue  germanique,  quoiqu'il 
compte  au  moins  deux  tiers  de  vocables  français  ou  cel- 
tiques. 

De  ces  faits,  les  philologues  ont  conclu  que  le  langage 
ne  pouvait  avoir  été  formé  peu  à  peu  par  l'intelligence, 
mais([u'il  était  un  don  naturel  et  inné,  vraiment  irréduc- 
tible et  inexplicable.  — MaxMuller  croit  à  Texistence  d'une 
«  faculté  distinctive  de  l'homme  »,  car  le  langage  suppose 
la  formation  d'idées  générales  et  l'expression  de  ces  idées 
sous  forme  de  sigjies.  Les  racines  sont,  en  effet,  à  ses  yeux 
les  éléments  constitutifs  du  langage.  Or  «  toutes  les  ra- 
cines expriment  une  idée  générale  et  sont  des  types  plia- 
néti({ues  produits  inslinctivemcnt  jtar  une  puibsanve 
inticrente  a  la  nature  humaine  »  {la  Science  du  kin- 
(jage,  9^  leçon).  —  Renan,  plus  occupé  delà  grarnmairo 
que  du  vocabulaire,  voit  dans  la  parole,  non  pas  une  fa- 
culté spéciale,  mais  l'œuvre  spontanée  et  instinctive  de 
l'ensemble  des  facultés  humaines.  De  même  que  le  cri  est 
chez  l'animal  l'expression  naturelle  de  ses  sensations,  de 
même  l'homme  possède  non  moins  naturellement,  pour  des 
étals  plus  complexes,  des  facwlté^d'expi-ession  plus  riches  t 

7^ 


PAROLE 


iiÈ6 


la  parole  est  chez  lui  naturelle  «  et  quant  à  sa  }3roduction 
organique  et  quant  à  sa  yaleur  expressive  »  {l'Origine 
du  langage,  p.  90).  La  parole  est  le  «  produit  vivant 
de  tout  l'homme  intérieur  »,  et,  dès  son  apparition,  elle 
fut  douée  de  tous  ses  caractères  essentiels.  Les  transfor- 
mations que  nous  montre  Fhisloire  ne  sont,  en  somme, 
([ue  secondaires,  et  l'homme  apparaît  armé  du  langage, 
parce  que  sa  constitution  physique  et  morale  comporte  une 
telle  faculté. 

Ces  deux  théories  célèbres  ne  diffèrent,  en  somme,  que 
par  des  détails  ;  toutes  les  deux  font  du  langage  une  œuvre 
spontanée  de  la  nature  ;  ils  l'expliquent  par  l'instinct,  non 
par  l'intelligence.  Elles  ne  peuvent,  pour  cette  première 
raison,  nous  satisfaire  ni  l'une  ni  l'autre.  Recourir  à  l'in- 
néité  et  à  l'instinct,  c'est  renoncer  à  résoudre  le  problème, 
et  l'on  aperçoit  assez  mal  chez  Muller  et  chez  Renan  les 
raisons  d'un  parti  si  désespéré.  H  semble  que,  pour  avoir 
vu  de  plus  près  que  les  profanes  la  merveilleuse  origi- 
nalité du  langage,  ils  se  soient  laissés  comme  éblouir  et 
n'aient  pu  se  résoudre  à  reconnaître  dans  un  instrument 
si  parfait  un  produit  de  l'intelligence  humaine.  —  D'autre 
part,  on  peut  douter  que  la  découverte  des  racines  ait 
iDeaucoup  avancé  l'explication  de  l'origine  du  langage, 
quoi  qu'en  ait  dit  Max  Muller.  Car  ces  racines  ne  sont,  au 
fond,  que  des  abstractions  et  des  conjectures  et  n'ont  ja- 
mais été  des  réalités  historiques.  M.  Michel  Bréal  l'a  excel- 
lemment montré  [Mélanges  de  mythologie  et  delinguis- 
liqiie,  les  iiacines  indo-européennes) .  Pas  plus  que  les 
langues  modernes,  la  langue  indo-européenne  primitive 
n'a  employé  de  racines  nues,  mais  des  mots  où  étaient 
comme  enveloppées  ces  racines  ;  ces  mots  eux-mêmes  étaient 
déjà  le  produit  d'une  longue  expérience  linguistique  qu'il 
nous  est  impossible  de  reconstituer.  Donc  les  racines  que 
nous  dégageons  hypothétiquement  de  la  comparaison  du 
sanscrit,  du  grec,  du  latin,  etc.,  n'ont  jamais  été  des  mots 
vivants  :  nous  ne  saisissons  pas,  il  s'en  faut,  leur  forme 
originelle.  «  Il  n'y  a  donc  aucune  information  directe  à 
tirer  des  racines  pour  la  question  de  l'origine  du  lan- 
gage »  {ibid,  p.  440).  —  Si  donc  la  philologie  nous  per- 
met de  suivre  jusqu'à  une  très  haute  antiquité  l'évolution 
du  langage,  elle  ne  nous  en  révèle  pas  plus  la  première 
origine  que  l'histoire  proprement  dite  ne  nous  fait  connaître 
la  première  constitution  des  sociétés  ou  la  vie  primitive 
de  l'homme.  Le  problème  d'origine  n'est  pas  un  problème 
véritablement  scientifique,  et  les  méthodes  de  la  philo- 
logie ne  permettent  pas  de  le  résoudre. 

La  théorie  évolutionniste,  qu'ont  proposée  Darwin  et 
Spencer,  qu'ont  acceptée  M.  Darmesteter  et,  dans  une 
certaine  mesure,  M.  Whitney,  est  au  contraire  entiè*'ement 
dominée  par  des  idées  biologiques,  et,  à  force  de  voir 
dans  le  langage  un  phénomène  de  la  vie,  elle  oublie  qu'il 
est  essentiellement  une  manifestation  de  l'esprit.  —  La 
parole  est  «  une  matière  sonore  que  la  pensée  humaine 
transforme  insensiblement  et  sans  fin,  sous  l'action  in- 
consciente de  la  concurrence  vitale  et  de  la  sélection  natu- 
relle »  (Darmesteter,  la  Vie  des  mots,  p.  27).  C'est  en 
effet  le  mécanisme  général  de  la  transformation  des  es- 
pèces qui  a  fait  naître,  puis  évoluer,  le  langage  articulé. 
Le  cri  a  été  pour  les  espèces  animales  une  conquête  pro- 
gressive, qui  a  dû  sa  persistance  aux  avantages  qu'il  con- 
férait. De  môme,  sous  l'action  de  la  concurrence,  le  cri 
s'est  peu  à  peu  perfectionné  dans  certaines  espèces,  et  il 
est  enfin  devenu,  chez  l'homme,  la  parole  :  entre  le  cri 
inarticulé  de  l'animal  et  laparole  articulée,  il  n'y  a  qu'une 
différence  de  degré.  Elle  doit  donc  son  origine  à  des  causes 
nécessaires  ;  ici  comme  partout,  c'est  le  besoin  qui  a  créé 
l'organe,  non  pas  d'une  façon  consciente  et  volontaire,  par 
une  invention  véritable,  mais  par  l'effet  mécanique  des  lois 
de  la  lutte  pour  la  vie  et  de  la  persistance  des  plus  aptes. 
Peu  à  peu,  le  caractère  physiologique  originel  de  la  pa- 
role s'est  effacé  ;  elle  a  commencé  à  exister  pour  elle- 
même  et  à  titre  de  signe  ;  l'immense  utilité  qu'elle  pré- 
sentait a  comme  abaissé  les  obstacles  devant  elle,  et  la 


\ie  du  /«n^a^^  s'est  développée  selon  les  lois  nécessaires, 
comme  la  vie  des  sociétés  et  des  individus.  Les  langues 
sont  donc  bien  des  organismes  vivants,  dont  le  germe  pri- 
mitif n'a  été  ni  créé  ni  fabri(|ué,  mais  dont  la  naissance, 
la  vie  et  la  mort  sont  régies  par  des  lois  inflexibles,  infini- 
ment supérieures  à  la  volonté  des  hommes. 

Il  nous  paraît  difficile  de  prendre  à  la  lettre  ces  méta- 
phores biologiques,  dont  il  a  été  fait  grand  abus  dans  tous 
les  domaines,  et  dont  la  mode  commence  d'ailleurs  à  pas- 
ser. Pas  plus  que  les  sociétés,  les  mots  ne  sont  des  orga- 
nismes :  en  tant  que  sons,  ils  obéissent  aux  conditions 
générales  de  la  physique  et  de  la  physiologie  ;  en  tant  qu'ar- 
ticulations plus  ou  moins  compliquées,  ils  évoluent  selon 
les  lois  de  la  phonétique  ;  mais  en  tant  que  signes  expri- 
mant des  idées,  c'es(  de  la  psychologie  qu'ils  relèvent,  et, 
à  leur  origine  comme  dans  leur  histoire,  il  faut  toujours 
faire  intervenir  l'intelligence  pour  les  expliquer.  En 
tout  cas,  la  sélection  naturelle  et  la  concurrence  ne  ren- 
dent pas  un  compte  suffisamment  précis  de  l'origine  même 
de  la  parole.  —  Le  problème  n'est  donc  complètement 
résolu  ni  par  les  philologues  ni  par  les  biologistes,  et  nous 
devons  maintenant  rechercher  une  explication  plus  com- 
préhcnsive  et  plus  philosophique,  qui  donne  le  rôle  prin- 
cipal à  l'esprit. 

3°  Nous  ne  concevons  pas  le  langage  primitif  comme 
formé  de  racines,  c  -à-d.  de  signes  d'une  nudité  pour 
ainsi  dire  schématique,  exprimant  tout  d'abord  des  idées 
abstraites  et  générales,  comme  l'a  longtemps  soutenu  Max 
Midler.  Les  mots  primitifs  ont  été  de  véritables  mots, 
comme  ceux  du  sanscrit  ou  du  grec,  moins  riches  sans 
doute  de  formes  et  de  sens  moins  précis,  mais  qui  n'en 
exprimaient  pas  moins  un  état  de  conscience  personnel 
et  concret.  On  doit  supposer  que  Ehomme  a  naturel- 
lement associé  à  ses  pensées  les  manifestations  physiques, 
les  gestes,  les  sons  qui  les  accompagnaient  spontanément 
d'ordmaire,  et  qu'il  a  peu  à  peu  perfectionné  ces  signes 
pour  les  accommoder  aux  progrès  même  de  son  esprit.  La 
pensée  primitive  a  comme  entraîné  dans  son  développe- 
ment les  signes  auxquels  elle  se  trouvait  liée,  et  lorsque 
l'homme  fut  en  possession  d'un  système  d'idées  distinctes 
et  reliées  par  des  rapports  logiques,  il  se  trouva  tout  na- 
turellement maître  d'un  vocabulaire,  d'une  grammaire  et 
d'une  syntaxe,  relativement  beaucoup  plus  restreints,  mais 
qu'il  pouvait  perfectionner  et  qui  le  forcèrent  en  retour 
à  préciser  et  à  analyser  ses  premières  pensées. 

Pourquoi  tel  mot,  tel  système  de  sons  déterminé,  s'est- 
il  trouvé  le  signe  de  telle  idée  particulière  ?  —  Il  serait 
vam  de  chercher  à  résoudre  directement  le  problème  par 
l'observation  des  racines  ;  nous  avons  dit  qu'elles  ne  sont 
que  des  abstractions,  des  reconstitutions  hypothétiques, 
et  les  mots  qu'elles  constituaient  dans  la  langue  aryenne 
par  exemple  étaient  déjà  comme  émoussés  par  un  long 
usage  ;  il  serait  bien  hasardeux  de  prétendre  y  retrouver 
des  onomatopées  ou  des  interjections  primitives.  «  Nos 
mots  et  nos  racines,  dit  M.  Bréal,  n'imitent  pas  vraiment 
les  bruits  de  la  nature,  mais  nous  entendons  ces  bruits  à 
travers  les  mots  auxquels  notre  oreille  a  été  habituée  de- 
puis l'enfance.  »  —  Le  choix  des  mots  primitifs  n'a  été 
ni  arbitraire,  ni  nécessaire,  mais  toujours  ynotivé 
(Renan,  l'Origine  du  langage).  Si  l'on  rejette,  en  effet,  la 
convention  ar])itraire  —  manifestement  chimérique  —  et 
l'action  nécessaire  de  causes  physiques  —  insuffisante  — - 
il  reste  que  l'homme  ait  été  guidé  par  de  multiples  ana- 
logies entre  les  mots  et  les  choses,  et  qu'il  ait  eu  toujours 
des  raisons  plus  ou  moins  conscientes  pour  ses  choix  spon- 
tanés. C'est  ainsi  que  les  interjections,  des  onomatopées 
très  simples  et  naturelles,  ont  dû  fournir  une  partie  du 
vocabulaire  primitif,  Renan  signale  aussi  très  justement  ce 
don  naturel  des  enfants,  des  sauvages,  des  simples,  d'aperce- 
voir avec  délicatesse  de  mystérieuses  correspondances  entre 
les  mots  et  les  êtres.  En  somme,  l'imitation  sous  toutes 
ses  formes,  directe  et  indirecte,  doit  avoir  présidé  à  cette 
première  formation. 


—  4187  -- 


PAROLE 


Mais  si,  par  leur  origine  même,  les  mois  se  Iroiivenl 
avoir  pour  point  de  départ  des  sensations  particulières  et 
individuelles,  cependant  la  parole  devait  peu  à  peu  se 
dépouiller  de  cette  marque  originelle  pour  devenir  apte  à 
tout  exprimer.  Pour  désigner  une  idée  générale,  en  effet, 
il  faut  (pie  le  mot  puisse  s'accorder  avec  tous  les  objets 
compris  dans  son  extension,  et,  par  suite,  il  ne  doit  res- 
sembler trop  particulièrement  à  aucuji.  Par  exemple,  le 
mot  ouct-oiid,  s'il  évoque  plus  vivement  l'image  de  cer- 
tains chiens  particuliers  que  le  mot  chien  lui-même,  a 
pourtant  l'inconvénient  de  s'harmoniser  mal  avec  l'idée 
d'une  levrette  ou  d'un  griffon,  il  faut  donc  que  les  mots 
perdent  peu  à  peu  leur  personnalité  ti*op  sensible  pour 
devenir  de  purs  signes.  Et  la  pensée  qui  les  a  fait  naître 
les  modèle  ainsi  peu  à  peu  à  son  image  et  ressemblance  et 
pour  ses  besoins. 

La  parole  nous  paraît  donc  un  phénomène  naturel  qui 
accompagne  la  pensée  et  qui  lui  obéit.  Sans  révélation  ni 
nécessité,  l'homme  a  sa  se  faire  des  instruments  de  tra- 
vail avec  les  matériaux  que  la  nature  lui  fournissait  ;  de 
même,  avec  les  gestes  et  les  cris  d'abord,  puis  avec  la 
parole,  il  s'est  fait  des  inslruments  d'expression.  Tandis 
que  les  sons  se  transforment,  que  les  idées  se  développent 
et  se  modifient,  la  pensée  intervient  toujours  pour  main- 
tenir entre  eux  les  mêmes  rapports  de  signe  à  chose  si- 
gnifiée, qu'elle  avait  d'abord  institués.  Et  nous  aperce- 
vons déjà  que  la  parole  n'est  pas  la  cause  de  la  pensée, 
comme  l'avaient  soutenu  Condillac  et  de  Bonald,  qu'elle 
n'est  pas  même  une  condition  première  et  absolue  de 
toute  pensée,  mais  qu'elle  résulte  de  la  pensée,  se  laisse 
façonner  par  elle,  l'accompagne  dans  son  développement 
et  lui  rend  en  môme  temps  par  un  effet  naturel  une  partie 
du  secours  .qu'elle  en  reçoit.  C'est  ce  qu'il  nous  reste  à 
montrer  en  étudiant  les  rapports  de  la  parole  et  de  la 
pensée. 

llapporls  de  la  parole  avec  la  pensée.  Com- 
prendre les  origines  de  la  parole,  c'est  déjà  déterminer  sa 
nature  et  son  rôle  ;  par  conséquent,  nous  ne  ferons  ici  que 
tirer  les  conclusions  de  ce  qui  précède.  Mais  c'est  l'im- 
portance pratique  de  cette  question  logique  qui  fait  pour 
la  philosophie  l'intérêt  principal  du  problème  d'origine. 
La  parole  présente  un  double  rapport  avec  la  pensée  : 
d'une  part,  elle  nous  sert  à  exprimer  pour  nous-même 
ou  pour  les  autres  nos  propres  idées  ;  nous  cherchons  les 
mots  capables  de  rendre  fidèlement  ce  que  nous  avons 
dans  l'esprit  ;  il  y  a  passage  de  la  pensée  à  la  parole;  — 
mais,  d'autre  part,  la  parole  n'est  pas  seulement  articulée, 
elle  est  aussi  entendue  et  interprétée  ;  ici,  il  nous'  faut 
alors  dégager  le  sens  enfermé  dans  les  mots,  en  allant  par 
conséquent  die  la  parole  à  la  pensée.  —  Quand  les  hommes 
(communiquent  entre  eux,  la  parole  est  donc  un  intermé- 
diaire nécessaire,  une  valeur  d'échange  émise  contre  des 
idées  et  qui  devra  être  à  son  tour  convertie  en  idées.  Or 
il  est  impossible  qu'en  passant  par  cet  intermédiaire  la 
pensée  ne  se  modifie  pas  :  la  parole  réagit  en  effet  sur 
elle  et  la  force  à  revêtir  de  nouveaux  caractères  qu'elle 
ji' aurait  pas  sans  cela. 

Tout  d'abord,  la  parole  est  un  instrument  ^'analyse; 
elle  oblige  la  pensée  complexe  à  se  décomposer,  car  elle 
n'exprime  que  toui'  à  tour  les  éléments  simultanément 
pensés.  Cela  est  vrai  de  tout  langage,  du  geste  comme  de 
l'écriture,  mais  plus  encore  de  la  parole  cpii  ne  dispose 
(pie  de  sons  nécessairement  successifs  :  la  succession  est 
la  loi  du  discours.  La  parole  accomplit  donc  nécessaire- 
ment une  amvre  logique.  La  définition,  qui  consiste  à 
faire  passer  nos  concepts  par  une  forme  verbale,  devient 
une  garantie  de  la  précision  et  de  la  distinction  de  ces 
concepts,  La  parole  joue  donc  ainsi  un  rôle  bienfaisant. 

En  même  temps,  la  parole  est  un  instrument  de  syn- 
thèse. De  sa  nature,  en  effet,  la  pensée  est  infiniment  plus 
riche,  plus  souple  et  plus  variée  que  le  langage  :  nous  ne 
pouvons  avoir  un  mot  pour  chaque  état  de  conscience,  un 
tour  pour  chaque  rapport  que  rious  percevons.  Bien  plus, 


nous  ne  devons,  pour  être  compris,  désigner  par  des 
mots  que  ce  cpii  dans  notre  pensée  peut  être  communiqué, 
ce  qui,  par  conséquent,  est  général.  Le  cri  peut  être 
rigoureusement  individuel  et  particulier,  il  ne  comporte 
pas  un  sens  précis  et  clair.  Le  mot,  qui  doit  avoir,  au 
contraire,  une  signification  nettement  déterminée,  la 
même  pour  tous,  peut  donc  seulement  exprimer  l'élément 
général  de  nos  pensées.  Aussi  chaque  mot  se  trouve-t-il 
constituer  comme  un  résumé.  C'est  grâce  à  la  parole  que 
nous  pouvons  fixer  et  conserver  nos  idées  abstraites  et 
générales.  La  multiplicité  même  des  propriétés  de  l'indi- 
vidu est  rassemblée  par  nous  dans  un  nom  propre.  Enfin, 
chaque  forme  de  la  syntaxe  et  de  la  grammaire  exprime, 
comme  en  abrégé,  des  idées  et  des  rapports  multiples. 
Par  conséquent,  pour  parler,  il  nous  faut  grouper  nos 
idées,  et  c'est  par  masses,  par  ensembles,  qu'elles  pénè- 
trent dans  l'esprit  de  celui  qui  nous  écoute.  —  Ces  deu\ 
fonctions  inverses  —  également  nécessaires  —^  du  langage 
se  font  heureusement  équilibre.  La  première  seule  décom- 
poserait nos  pensées  jusqu'à  rémiettement,  la  seconde 
seule  ruinerait  toute  précision  :  leur  accord  est  fécond. 
Nous  condensons  et  groupons  nos  idées  pour  les  nommer  ; 
nous  les  décomposons  ensuite  pour  les  expliquer.  Les 
langues  vont,  en  effet,  dans  leur  évolution  d'une  forme 
synthétique  à  une  forme  de  plus  en  plus  analytique.  La 
parole  n'exprime  donc  la  pensée  qu'en  la  transformant 
pour  son  plus  grand  bi(^n. 

Faut-il  aller  plus  loin,  soutenir  que  le  rap|wrt([ui  unit 
la  pensée  à  la  parole  est  plus  intime  encore  et  (pie  nous 
ne  pourrions  absolument  penser  sans  le  langage?  —  On 
a  souvent  prétendu  que,  si  la  parole  extérieure"  succède  à 
la  pensée  dont  elle  est  l'expression,  cette  pensée  elle-même 
n'a  été  rendue  possible  que  par  une  parole  intérieure, 
un  langage  de  l'àme  avec  elle-même.  Discutons  en  quel- 
ques mots  cette  thèse.  Que  presque  toujours  cette  parole 
intérieure  accompagne  notre  pens<^e,  c'est  un  fait  incon- 
testable (cL  V.  EggTr.  la  Parole  intérieure).  Mais  est- 
ce  bien  un  fait  naturel,  une  nécessité,  et  n'est-ce  pas  plu- 
t(jt  une  habitude  acquise,  (|ue  nous  avons  inconsciemment 
contractée  pour  faire  profiter  notre  pensée  des  services 
que  rend  le  langage  ?  —  L'observation  psychologique^ 
semble  en  effet  montrer  que  cette  parole  intérieure  tant(»t 
précède  et  tantôt  suit  la  pensée,  selon  (pie  celle-ci  est  pro- 
fonde ou  banale  et  selon  que  nous  sommes  plus  ou  moins 
maîtres  du  langage  que  nous  employons.  —  Il  suOit  donc 
de  dire  cpie  la  parole,  compagne  naturelle  de  la  pensée, 
réagit  constamment  sur  elle  et  la  force  à  se  modifier, 
sans  aller  jusqu'à  faire  dépendre  l'esprit  du  langage,  ce 
qui  nous  ramènerait  à  l'erreur  déjà  critiquée  de  Condillac 
et  de  Bonald. 

Mais,  si  tel  est  le  rapport  général  qui  existe  entre  la 
pensée  et  la  parole,  n'y  a-t-il  pas  un  lien  plus  étroit  entre 
chaque  idée  particulière  et  le  mot  déterminé  qui  l'ex- 
prime ?  Chaque  signe  ressemble-t-il  à  la  chose  qu'il  signi- 
tie?  Il  ne  s'agit  plus  ici  du  problème  d'origine.  Nous  avons 
dit,  en  effet,  que  des  analogies  plus  ou  moins  subtiles 
avaient  déterminé  la  forme  des  mots  primitifs.  Mais  en 
est-il  toujours  ainsi,  et  ces  analogies  nous  aident-elles  en- 
core aujourd'hui  à  comprendre  et  à  ])arler? 

L'hypothèse  n'est  pas  davantage  admissible.  La  philo- 
logie nous  apprend,  en  effet,  (pie  la  matière  sonore  du 
langage  se  transforme  selon  des  lois  purement  phonéti- 
ques, (pii  se  ramènent  au  principe  du  moindre  effort  et  de 
la  concurrence,  et  qui  sont  complètement  indépendantes 
des  variations  subies  dans  le  même  temps  par  les  signifi- 
cations. Tel  mot,  (jui  a  presque  gardé  en  français  sa  forme 
latine,  présente  aujourd'hui  un  sens  tout  nouveau  ;  tel 
autre  mot,  transformé  au  point  d'être  méconnaissable, 
garde  encore  sa  signification  primitive.  L'évolution  du  lan- 
gage a  donc  le  plus  souvent  effacé  la  relation  qui  devait, 
à  l'origine,  exister  entre  le  sens  et  la  forme  phonétique. 
—  C'en  est  une  autre  preuve  que  l'oubli  pratic{ue  des  étymo- 
logies,  (pii  sans  cela  seraient  si  importantes.  L'étymologie 


PAROLE  —  PAK0NYCHIÉ1':S 


—  1188 


lie  nous  sert  que  pour  les  mots  nouveaiix  et  rares  dont 
elle  nous  donne  comme  une  définition  ;  c'est  ainsi  que  nous 
comprendrons  les  termes  du  vocabulaire  scientifique,  les 
mots  d'hémiplégie  ou  d'ataxie  locomotrice.  Mais,  dès  qu'un 
mot,  môme  ainsi  formé,  est  entré  dans  l'usage,  nous  le 
comprenons  par  une  association  directe,  et  le  sens  réel 
qu'il  présente  finit  même  parfois  par  être  très  différent  de 
son  sens  étymologique  :  quelles  idées  nous  suggèrent  au- 
jourd'hui les  mots  télégramme  ou  photographie  ?  Il  sub- 
siste bien  encore,  sans  doute,  dans  le  langage  courant  des 
mots  qui  font  image,  des  onomatopées  (coucou,  teuf- 
teuf),  des  mots  métaphoriques  ou  imitatifs  (zigzag,  grin- 
cer) ;  mais,  si  ces  caractères  ajoutent  au  pittoresque  des 
mots,  ils  n'ajoutent  guère  à  leur  précision,  et,  en  fait, 
nous  remarquons  rarement  ces  analogies.  Bien  plus,  pour 
se  prêter  à  l'expression  d'une  pensée  développée,  les  mots 
doivent  avoir  perdu  leur  ressemblance  originelle  avec  les 
choses,  ou  tout  au  moins  l'avoir  laissé  oublier.  Car  les 
choses  sont  particulières  et  nous  pensons  surtout  avec  des 
idées  générales.  Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  le  mot  doit 
convenir  à  l'idée  dans  toute  son  extension,  et,  par  suite, 
il  ne  doit  pas  exprimer  d'une  façon  privilégiée  tel  ou  tel 
individu  d'un  genre.  La  parole  doit  être  impartiale,  et 
l'esprit  a  besoin  de  ne  voir  en  elle  qu'un  pur  signe,  ex- 
primant fidèlement  et  indifl'éremment  toutes  les  choses 
auxquelles  il  convient.  Nous  voyons  donc  que,  si  les  mots 
ont  pu  présenter  à  l'origine  un  rapport  formel  et  sensible 
avec  les  choses,  l'usage  même  du  langage  a  dû  les  dé- 
pouiller peu  à  peu  et  en  faire  des  signes  conventionnels 
et  impersonnels.  L'esprit,  qui  a  pris  les  matériaux  du  lan- 
gage dans  les  sensations,  dans  la  nature,  s'est  efforcé  de 
îes  adapter  de  plus  en  plus  à  sa  pensée  qui  se  comph- 
quait  elle-même.  La  parole  est  donc  bien  intermédiaire 
entre  la  nature  et  Fesprit,  elle  participe  de  l'une  et  de 
l'autre  et,  dans  son  développement,  elle  doit  nécessaire- 
ment s'éloigner  de  plus  en  plus  des  choses  pour  se  mode- 
ler plus  fidèlement  sur  la  pensée. 

Nous  comprenons  aussi  par  là  les  défauts  et  les  incon- 
vénients que  tous  les  logiciens  ont  reprochés  au  langage 
en  général  et  surtout  à  la  parole.  Bacon  voyait  dans  la 
parole  la  plus  dangereuse  des  Idoles,  l'idole  du  forum 
{idolum  fori).  qui  impose  au  respect  de  l'homme  de  pures 
formes  de  langage  transformées  en  réalités.  D'une  part, 
en  effet,  la  parole  matérialise  pourainsi  dire  nos  pensées, 
et  nous  fait  prendre  pour  des  choses  ce  qui  n'est  qu'état 
de  conscience,  pour  des  réalités  ce  qui  n'est  qu  abstrac- 
tion. D'autre  part,  les  mots  les  plus  généraux  et  les  plus 
abstraits  gardent  comme  un  reflet  de  la  sensation  parti- 
culière qu'ils  exprimaient  à  l'origine,  et  la  pureté  de  nos 
idées  en  est  troublée.  La  grammaire  et  le  vocabulaire 
ont  chacun  leur  part  de  responsabilité  dans  les  erreurs 
où  nous  sommes  ainsi  engagés.  L'adjectif,  (jui  exprime 
t^implement  la  sensation  éprouvée,  l'état  de  conscience 
total,  semble  avoir  été  la  première  forme  gramma- 
ticale des  mots.  Mais  il  se  dédoubla  bientôt  jiour  donner 
naissance  au  substantif  d'un  côté,  au  verbe  de  l'autre. 
Dans  les  langues  sémiti(|ues,  le  substantif  se  forma  le  pre- 
mier ;  dans  îes  langues  aryennes,  ce  fut,  au  contraire,  le 
verbe.  Or  déjà  le  verbe  et  le  substantif,  s'ils  répondent 
à  des  besoins  de  notre  pensée,  n'expriment  plus  ildèle- 
ment  et  impartialement  les  phénomènes  donnés.  Quand, 
avec  les  verbes,  nous  formons  des  substantifs  absiraits, 
comme  le  \\\{)X  pe)isée  par  exemple,  nous  supposons  Texis- 
tence,  en  dehors  de  nous,  de  ce  qui  nous  avait  seuleujent 
été  donné  sous  forme  d'action  dans  notre  propre  cons- 
cience. Quand  nous  disons  :  «  la  pierre  tombe  ».  nous 
créons  des  substances  et  des  causes.  Les  catégories  de 
notre  esprit  s'insinuent  donc  à  notre  insu  dans  le  langage 
par  la  grammaire,  et  nous  ne  potivons  pas  parler  des 
choses  sans  leur  prêter,  par  notre  parole  même,  les  carac- 
tères de  notre  pensée.  Le  vocabulaire,  à  son  tour,  nous 
fournit  des  mots  qui  ont  tous  eu  à  l'origine  une  significa- 
lion  concrète  et  sensible  ,et  nous  devons  les  employer  pour 


l'expression  des  idées  même  les  ])lus  abstraites.  Tels  sont 
par  exemple  les  mots  qui  désignent  les  différentes  opéra- 
tions de  la  connaissance,  comprendre,  saisir,  découvrir, 
supposer,  etc.  Or,  malgré  tous  nos  efforts,  ces  mots  ne 
sont  pas  encore  assez  immatériels  pour  nos  besoins,  et  l'es- 
prit ne  réussit  jias  toujours  à  se  garder  des  impressions 
sensibles  qu'ils  nous  suggèrent.  Nous  ne  pouvons  donc 
prendre  connaissance  de  nous-même  qu'au  moyen  d'images 
qui  nous  viennent  des  choses.  La  parole  se  trouve  comme 
suspendue  entre  la  réalité  et  l'esprit  et,  elle  a,  par  consé- 
quent, des  inconvénients  pour  l'un  et  pour  l'autre. 

Il  serait  donc  dangereux  de  considérer  la  parole  comme 
un  instrument  construit  une  fois  pour  toutes  et  auquel 
nous  pouvons  mécaniquement  confier  nos  pensées  ou  de- 
mander celles  des  autres,  lin  réalité,  il  faut,  au  contraire, 
une  intervention  incessante  de  l'esprit  pour  parler  et  poui* 
comprendre.  Nous  devons  veiller  soigneusement  à  ce  que 
nos  paroles  soient  bien  l'expression  fidèle  de  nos  pensé<>s 
et  découvrir  avec  pénétration  le  sens  qu'elles  présentent 
dans  la  bouche  d'autrui.Nous  recréons  la  signification  des 
mots  chaque  fois  que  nous  les  prononçons  ou  que  nous  les 
comprenons.  11  est  inexact,  en  effet,  quoi  qu'en  aient  dit 
des  philologues  et  des  philosophes,  que  toute  forme  ver- 
bale porte  nécessairement  avec  elle  une  idée  distincte  et 
(|ue,  réciproquement,  toutes  les  idées  d'un  peuple  soient 
représentées  dans  sa  langue  par  une  forme  propre.  Ln 
fait,  les  mots  sont  toujours  insuffisants  et  équivoques;  la 
grammaire  est  pleine  de  lacunes,  et  la  syntaxe  de  confu- 
sions. M.  Bréal  en  a  donné  d'excellents  exemples  :  que  Ton 
veuille  bien  songer  aux  rapports  innombrables,  aux  nuances 
infinies  que  désigne  également  le  sufiixe  ter  dans  les  mots 
pommier,  grenier,  bouclier,  clievaliei%  bouvier,  charpen-  ' 
tier,  épicier,  prisonnier,  Icvriei',  etc.  La  pensée  doit  donc 
toujours  être  active  et  vigilante  pour  combler  ces  lacunes 
et  dissiper  ces  confusions.  La  parole  ne  subsiste  (jue 
par  l'esprit,  et  on  ne  peut  en  comprendre  ni  l'origine,  ni  . 
le  développement,  ni  le  rôle  sans  toujours  tenir  compte  de 
la  dépendance  où  elle  est  de  la  pensée.      G.  Beaulavox. 

BiBL.  :  1°  II.  de  Mevi:r.  les  Oi-(jinies  de  la  pnvole  (tr.id. 
Claveau,  Bibliolh.  scient,  internât.):  Paris.  ~  Kûssmauj., 
les  Troubles  de  lu  ji^role.  —  Article  Parole,  par  le  D'Cheu- 
vix.  dans  le  Dictioniwire  encyclop.  des  Se.  médicales.  — 
W.'I^R]':yer,  VAme  de  l'Enfant,  cii.  xvir  et  xviii  (tr.  IL  de 
Varigny;  Pa.ris.  1887).  —  B.  Bouiiuo-x,  VExprcssion  des 
émotions  et  des  tendances  dans  le  ln7iga(/e;  Paris,  18D2.  — 
Darwin,  de  l'Expression  des  émotions.  —  2°  Max  Mur- 
LER,  la  Science  du  hin(jiig:e  (trad.  Ilarris  et  Perrot:  Paris. 
l>^7(i).  _  jS^oiivelles  leçons  sur  la  science  du  langoxfe  (t  vol.. 
trad.  par  les  mêmes)".  —  Ernest  Rexax,  l'Origine  du  lan- 
r/a{/c;  Paris.  —  Whitnev,  la  Vie  du  langage  dans  Bibl. 
scient,  intern.:  Paris.  —  .V.  Darmestj:ter,  la  Vie  des  mots: 
Paris,  188G.  —  M.  Bréal.  Mélanges  de  mythologie  cl  de 
lin(inislique;Piiviii,  1878.  —  Wegener.  Untersuchvntjen 
ûber  die  Gnuidfragen  des  Sprachlebens.  ~  Hermann 
VxvL,  Pfincipien  der  Spvachgeschichle.  —  3°  Ravais^^un, 
Rapport  sur  lapldlosophie  en  Frunce,  cli.  xxxi  ;  Paris.  — 
Albert  Lemoine.  de  Ui  Pligsionotnie  et  de  la  Parole;  Va- 
ris,  1865.  —  V.  Egger,  /;*  Parole  udérieare;  Paris,  1881.  — 
Kleinpaul,  Spraclie  oime  Worte. 

PARON.  Com.  du  dép.  de  l'Yonne,  arr.  et  cant.  (S.) 
de  Sens;  i'43  hab. 

P l\nony CHltES [ParongchiaceœX.  Rich.,  Paronij- 
chieœ  A.  S.  H.).  Groupe  de  plantes  Dicotylédones,  voisin 
à  la  fois  des  (^aryophyllacées  et  des  Chénopodiacées,  et 
dont  Bâillon  ne  fait  qu'une  tribu  des  Caryophyllacées. 
Ce  sont  des  herbes  propres  aux  régions  tempérées  del'bé- 
misphère  boréal,  à  feuilles  ojiposées.  stipulées,  à  fleuri 
régulières,  petites.  Le  calice  ofire  i  ou  5  sépales;  la  co- 
rolle, le  même  nomiu'eou  un  nombre  doul)les  de  pétales,  ou 
est  nulle  ;  l'androcée  est  conqiosé  de  .j  élamines,  en  gé- 
néral ;  le  gynécée  d'un  ovaire  libre,  à  une  loge,  renfer- 
mant un  ovule  anatrope;  le  fruit  est  une  akène  conte- 
nant une  graine  albuminée  avec  embryon  enroulé  et  k 
radicule  dirigée  vers  le  bile.  —Le  genre  Paronychia  T. 
est  voisin  des  Herniaria  T.  (V.  Herniaire),  et  s'en  dis- 
tingue essentiellement  par  les  sépales  munis  d'une  pointe 
dorsale  et  par  des  languettes  de  nature  indéterminée  qui 
alternent  uvec  les  sépales  et  les  étamines  qui  sont  au 


il89  — 


PARONYCHIEES  —  PAROUSIE 


nombre  de  3-5  ou  plus  nombreuses  que  les  sépales.  Les 
fleurs  sont  disposées  en  cymes  contractées  axillaires  ou 
terminales,  entourées  d'un  involucre  bractéal  blanchâtre. 
Lo  P.  argentea  Lnck  et  le  P.  nivea  DC.  sont  préconi- 
sés comme  diurétiques,  le  P.  cijmosa  Lnck,  contre  la 
la  dysurieet  le  P.  sessilis  Desf.  du  Malabar  a  les  feuilles 
comestibles.  —  Les  autres  genres  sont:  lllecebrum  L., 
(lorrigiola  L.,  Srleranfhiis  L.,  Telephium  L.,  Lœfîin- 
(jia,  etc.  D^  L.  Hn. 

PAROOPHORE  (Embrvol.)  (V.  Paradidyme). 

PAROPAMISE.  Nom  communément  donné  par  les 
géographes  grecs  à  la  barrière  de  montagnes  qui  s'étend 
à  rO.  du  coude  de  l'Indus  et  au  N.  du  Kaboul-roud  et  du 
Heri-roud,  et  qui  correspond  à  l'Hindou-Kouch  des  mo- 
dernes, en  y  comprenant  ses  prolongements  occidentaux 
jusqu'à  Hérat.  Toutefois,  l'ensemble  de  la  chaîne  portait 
plutôt  chez  les  anciens  l'appellation  générique  de  Caucase,  et 
le  terme  de  Paropamise  s'appliquait  plus  particulièrement  à 
la  partie  occidentale,  celle  qu'on  désigne  aujourd'hui  sous 
les  noms  de  SafedKoh,  montagnes  Blanches,  et  de  monts 
de  Ghor  et  de  Hérat.  Quelques  géographes  ont  proposé,  de 
nos  jours,  d'appliquer  de  nouveau  cette  désignation  à  l'en- 
semble encore  assez  mal  connu  de  ces  chaînes  par  où  l'Hin- 
dou-Kouch et  le  Koh-i-Baba  se  relient  aux  montagnes  du 
Khoraçan  persan. 

PAROS  (Paro).  L'une  des  Cyclades,  à  TO.  de  Naxos 
dont  elle  est  séparée  par  un  chenal  de  41  à  12  kil.  de 
largeur.  Elle  mesure  environ  58  kil.  de  circonférence  et 
105  kil.  q.  de  superficie.  Elle  ne  compte  pas  plus  de 
8.000  hab.,  répartis  en  quatre  dèmcs  :  Paros,  Naousa, 
Marpisa,  Lenkffi.  Paros  se  compose,  en  réalité,  d'une  seule 
montagne  qui  atteint  771  m.  au  mont  Hagios,  HeHas  ou 
Saint-Elie,  qui  se  trouve  approximativement  au  centre  de 
VAe  par  37«  2'46''  lat.  N.  et  22«  51'  11'^  long.  E.  Au  N. 
de  l'île,  s'ouvre  la  belle  et  profonde  baie  de  Naousa,  entre 
les  deux  promontoires  de  Korax  et  de  Phillenghi  ;  à  l'O., 
celle  de  Parikia  ;  au  S.-E.,  le  chenal  étroit  qui  sépare  Paros 
d'Antiparos.  La  capitale  de  l'île  est  Parikia  (llapoixia), 
l'ancienne  Paros,  dans  la  baie  du  même  nom  ;  port  excel- 
lent ;  2.338  hab.  Naousa,  la  localité  qui  vient  en  second 
après  Paros,  a  1.348  hab.  et  est  aussi  un  fort  bon  port. 
La  montagne  qui  forme  Paros  est  toute  en  marbre,  sauf 
quelques  gneiss  et  micaschistes  ;  son  marbre,  fameux  dans 
l'antiquité,  n'est  plus  exploité;  en  revanche,  on  peut  voir 
sur  le  mont  Marpessa,  entre  Naousa  et  Parikia,  les  car- 
rières antiques.  Paros  est  fertile,  bien  cultivée  et  produit 
des  vins  et  du  blé.  Paros  fut  colonisée  d'abord  par  les 
(j^étois,  puis  par  des  Grecs  du  Péloponèse  ;  elle  pros- 
péra rapidement  ;  au  viii^  siècle  av.  J.-C,  e\\Q  essaimait 
vers  Thasos.  Au  temps  des  guerres  médiques,  elle  se  joi- 
giiit  au  grand  roi,  résista  à  Miltiade,  qui  vint  pour  la 
châtier,  mais  dut  se  soumettre  à  Thémistocle  après  la 
bataille  de  Salamine.  La  chute  d'Athènes  la  délivra.  Elle  prit 
part,  dans  notre  siècle,  à  l'insurrection  de  1821.  R.  G. 

PARÛT  (Ornith.)  (V.  Rossignol). 

PAROTIDE  (Anat.,  Phys.,  Path.).  La  parotide  est  la 
plus  volumineuse  des  glandes  salivaires.  Double  et  placée 
symétriquement  de  chaque  côté  de  la  face,  en  arrière  de 
la  branche  montante  du  maxillaire  inférieur,  elle  occupe 
la  loge  parotidienne.  De  forme  pyramidale  à  base  externe, 
cette  loge  est  tapissée  par  une  membrane,  dédoublement 
de  l'aponévrose  qui  part  de  la  gaine  du  sterno-mastoidien 
et  passe  sur  la  face  externe  de  la  parotide  par  son  feuillet 
superficiel  pendant  que  le  feuillet  profond  tapisse  la  paroi 
postérieure  de  la  loge  (sterno-mastoîdien,  ventre  posté- 
rieur dudi-gastrique),  prend  point  d'appui  sur  l'apophyse 
styloide  et  l'emonte  sur  la  paroi  antérieure  (ptérygoïdien 
externe,  branche  montante  et  masséter) ,  sur  la  face  externe 
duquel  elle  rejoint  le  feuillet  superficiel.  Cette  aponévrose 
envoie  des  cloisonnements  séparant  les  divers  lobes  de  la 
parotide  qui  rempht  toute  la  cavité  et  envoie  un  prolon- 
gement dans  la  profondeur,  en  arrière  du  ptérygoïdien  in- 
terne vers  le  pharynx,  à  travers  un  hiatus   du  fond  de 


l'aponévrose,  et  un  autre  prolongement  sur  la  face  externe 
du  masséter.  Outre  la  parotide,  on  trouve  dans  Tintérieur 
de  la  loge  des  organes  importants  :  ganglions  lymphatiques 
superficiels  et  profonds,  nerffocial  qui  la  traverse  d'arrière 
en  avant,  artère  carotide  externe,  veine  jugulaire  externe, 
nerf  auriculo-temporal  à  la  partie  supérieure.  Entre  l'apo- 
physe styloide ,  la  parotide  et  le  pharynx,  on  trouve  la 
jugulaire  interne,  la  carotide  interne,  et  plus  en  dedans  les 
nerfs  qui  sortent  du  trou  déchiré  postérieur  (spinal,  glos- 
so-pharyngien,  pneumogastrique  et  grand  sympathi(|ue). 
On  conçoit  l'importance  de  ces  rapports  quand  on  porte  un 
bistouri  de  dedans  en  dehors  sur  la  paroi  latérale  du  pha- 
rynx. Enfin,  entre  la  peau  et  la  glande,  on  trouve  des  filets 
nerveux  venant  du  plexus  cervical. 

La  parotide  est  une  glande  en  grappe  dont  les  lobes  ont 
des  conduits  excréteurs  (jui  se  réunissent  en  un  canal  né 
du  prolongement  massétérin  et  ({u'oii  nomme  le  canal  de 
Sfénoii  (V.  ce  mot).  Traversant  la  joue  suivant  une  di- 
rection allant  du  conduit  auditif  à  la  commissure  labiale, 
ce  canal  déverse  la  sécrétion  parotidienne  dans  le  vesti- 
bule de  la  bouche  par  un  orifice  correspondant  à  la  partie 
moyenne  du  collet  de  la  première  molaire  supérieure.  La 
sécrétion  parotidienne  est  intermittente,  provoquée  par  le 
réflexe  guslatif  ou  par  la  simple  idée  de  nourriture  et  fa- 
vorisée par  les  mouvements  de  mastication.  La  salive  pa- 
rotidienne est  surtout  liquide  et  joue  un  rôle  important 
daus  la  lubréfaclion  du  bol  alimentaire. 

La  région  parotidienne  peut  être  le  siège  de  plaies  qui, 
si  efles  portent  sur  la  glande  seulement,  peuvent  être  l'ori- 
gine de  fistules  salivaires  dont  le  pronostic  est  d'une  béni- 
gnité relative  et  qui  guérissent  parla  compression,  la  cauté- 
risation ou  la  suture.  La  blessure  du  facial  peut  entraîner 
la  paralysie  totale  ou  partielle  des  muscles  de  la  face;  celle 
de  l'auriculo-temporal  ou  des  filets  cervicaux,  une  perte 
plus  ou  moins  complète  de  la  sensibilité  de  la  région.  Mais 
les  blessures  des  vaisseaux  intra  ou  rétro-parotidiens  ont 
une  bien  plus  grande  gravité  en  raison  de  la  profondeur 
à  laquelle  on  doit  agir  pour  fier  les  bouts  et  de  la  quasi- 
impossibilité  de  reconnaître  le  vaisseau  lésé.  La  peau  de 
la  région  parotidienne  ne  présente  rien  à  noter  au  point 
de  vue  de  sa  pathologie  ;  les  ganglions  superficiels  ou  pro- 
fonds peuvent  s'enflammer  et  s'abcéder,  leur  induration 
chronique  peut  faire  confondre  l'adénite  avec  un  néo- 
plasme. On  observe  aussi  des  inflannnations  de  la  glande 
elle-même  ou  parotidite.  La  parotidite  peut  présenter  deux 
formes  :  catarrhale,  épidémique,  spécifique,  elle  porte  le 
nom  d'oreillons  (V.  ce  mot)  ;  suppurée,  portant  sur  tous 
les  éléments  de  la  glande,  due  à  des  propagations  micro- 
biennes par  le  canal  de  Sténon,  favorisées  parla  déchéance 
organique,  la  diminution  de  la  saiivc  (ju'entraînent  les  graves 
aifections  pyrétiques  (fièvre  typhonle,  scarlatine,  etc.), 
c'est  la  parotidite  phlegmoneuse  qui  demande  une  inter- 
vention précoce. 

Des  tumeurs  peuvent  s'observer  dans  la  région.  Dans  le 
tissu  cellulaire  sous-cutané,  ce  sont  des  kystes  sébacés, 
des  kystes  séreux,  des  lipomes  ;  dans  l'intérieur  de  la  loge 
et  même  très  profondément  des  lipomes,  des  adénites  aiguës 
ou  chroniques.  La  glande  eUe-mème  peut  être  le  siège  de 
lésions  organiques  :  bénignes  (kystes  salivaires  dus  à  un 
obstacle  au  cours  de  la  salive,  chondromes,  adénomes)  ; 
mahgnes  (sarcomes,  épilhéliomes).  L'extirpation  de  la  tu- 
meur, en  ménageant  tant  que  faire  se  peut,  les  nerfs  qui 
traversent  la  région,  est  le  traitement  de  ces  affections; 
c'est  une  intervention  diflîcile  et  périlleuse  en  raison  des 
nombreux  et  gros  vaisseaux  artériels  et  veineux  qui  tra- 
versent la  région  et  sont  englobés  le  plus  souvent  dans  la 
masse  néoplasique.  D^"  S.  Morer. 

BiBL.  :  TiLLAUx.  Traité  d'aiiatomie  topographique.  — 
Simon  Duplay  et  Reclus,  Traité  de  chirurgie.  —  Ledentu 
et  Delbet,  Kirmisron,  Mamiel  de  pathologie  externe. 

PAROTIDITE  (Méd.)  (V.  Oreillons  et  Parotide). 
PAROUSIE.  Terme  théologique,  qui  désigne  le  retour 
visible  du  Christ  sur  cette  terre  à  la  fin  des  siècles.  Le 


PAROUSIE  —  PARPAILLOT 


^90  — 


mot  est  lire  de  la  Lingue  grecque  clu  Nouveau  Testament 
et  signifie  «  retour  ».  On  sait  que  les  apôtres  attendaient 
l'apparition  prochaine  du  Christ,  de  leur  vivant  (p.  ex., 
L  ThessaL,  iv,  15  ;I,  Cor.,  xv,  d\  et  suiv.).  Cette  espé- 
rance resta  vivante  jusque  vers  la  lin  du  ii^  siècle  (p.  ex., 
Justin,  Apolog.,  L  32).  Deux  causes  en  modifièrent  le 
caractère.  La  théologie  alexandrinespiritualisa  la  doctrine 
du  retour  visible  du  Seigneur  sur  les  nuées  du  ciel.  D'auti'c 
part,  la  création  de  l'Eglise  chrétienne  officielle,  au  com- 
mencement du  iv^  siècle,  obscurcit  Fespérancc  iJe  la  dé- 
livrance que  les  chrétiens  persécutés  rattachaient  à  l'at- 
tente de  la  parousie,  et  recula  l'apparition  du  Christ  à  la 
consommation  des  siècles,  comme  l'exprime  le  symbole 
apostoh([ue  ,  venlunis  esl  judicare  vivos  et  niorluos 
(V.  Eschatologie).  F. -IL  K. 

PAR  OVAIRE  (Embryol.)  (V.  PAP.AmDYME). 

PAROy.  Com.  du  dép.  du  Doubs,  arr.  de  Besançon, 
cant.  de  Quingey;  456  liab. 

PAROY.  Com.  du  dép.  de  la  Haute-Marne,  arr.  de 
Wassy,  cant.  de  Poissons,  sur  la  Saulx(r.  dr.),  à  la  limite 
du  dép.  delà  Meuse, dans  laBarrois;  i"24  hab.  Ancienne 
industrie  métallurgique.  EUe  faisait  partie  du  diocèse  de 
Tout.  La  seigneurie  appartint  au  marquis  do  Pimodan,  l)a- 
l'on  d'Echenay.  E.  Ch. 

PAROY.  Com.  du  dép.  de  Seine-et-Marne,  arr.  dePi'o- 
viiis,  cant.  de  Donnemarie-cn-Montois ;  401  hab. 

PAROY-en-Othe.  Com.  du  dép.  de  l'Yonne,  arr.  de 
Joigny,  cant.  de  Brienon;  344  hab. 

PAROY-sur-Tholox.  Com.  du  dép.  de  EVomie,  arr. 
et  cant.  de  Joigny;  335  hab. 

PAROY  (Jacques  de),  peintre  français  du  xvi^^  siècle, 
né  à  Saint-Pourçahi-sur- Allier  en  1585,  mort  à  Moulins 
en  1687.  Elève  du  Dominiquin,  il  se  consacra  surtout 
à  la  peinture  d'histoire  et  d'une  manière  plus  particulière 
à  la  peinture  sur  verre.  Ses  ouvrages  sur  l'art  de  la 
verrerie  furent  très  appréciés  de  soji  temps  et  sont 
malheureusement  perdus.  11  mourut  à  l'âge  do  cent  deux 
ans.  On  lui  doit  les  vitraux  de  l'église  de  Saint-Merri,  à 
Paris  {l'Histoire  de  Suzanne,  les  Quaire  Pères  de 
l'Eglise). 

PAROY  (Guy  Le  Gentil,  marquis  de),  homme  politique 
français,  né  le  !20  juil.  17i28,  mort  à  Fontainebleau  le 
'24  mai  1807.  Il  entra  au  service  comme  2®  enseigne  aux 
gardes  françaises  le  23  nov.  1749  et  devint  sous-lieute- 
nant le  30  mars  1760.  Il  avait  acheté,  en  -1752,  la  terre 
de  Paroy  en  Brie,  qui  fut  érigée  en  marquisat  deux  ans 
plus  tard.  Grand  baiUi  d'épée  des  villes  et  comté  de  Pro- 
vins et  de  Montereau,  député  de  la  noblesse  du  bailliage 
de  Provins  aux  Etats  généraux,  le  27  mars  1789,  il  se 
montra  fervent  royaliste  et  démissionna  en  mai  1791.  Il 
émigra,  revint  en  France  à  la  veille  du  10  août  1792, 
puis  se  réfugia  à  Fontainebleau  et  ensuite  à  Bordeaux,  il 
allait  s'embarquer  pour  Saint-Domingue,  quand  il  fut 
arrêté  le  25  juin  1793.  Mis  en  hberté,  arrêté  de  nouveau, 
il  sortit  de  prisôu  le  22  mars  1794,  grâce  aux  efforts  de 
son  fils,  et  rentra  à  Fontainebleau.  Il  fut  rayé  de  la  liste 
des  émigrés  le  4  déc.  1801.  Il  a  laissé  des  Souvenirs, 
pubhés  en  1883  par  le  marquis  de  Chennevières.  Et.  C. 

BiiJL.  :  Souvenirs  du  marquis  de  Paroy.  })ubli6s  dauhla 
J^ecue  de  lu  Eéuolution.  —  Etienne  Ciiaravav,  Mémoires 
du  comte  de  Poroy.  Introduction. 

PAROY  (Jean-Philippe-Guy  Le  Gentil,  comte,  puis 
marquis  de),  graveur  français,  né  à  Paris  le  9  juin  1750. 
mort  à  Paris  le  22  déc.  1824,  fils  du  précédent.  Il  entra 
au  service,  le  12  août  4765,  comme  sous-heutonant  au 
régiment  d'infanterie  du  roi,  devint  commandant  du 
bataillon  de  garnison  du  régiment  de  Lyonnais,  avec  rang 
de  heutenant-colonel,  le  31  janv.  1783,  et  reçut  la  croix 
de  chevaUer  de  Saint-Louis  le  -19  oct.  1785.  Il  cultivait 
les  arts,  et  notamment  la  gravure,  et  il  fut  reçu  hono- 
raire associé  libre  de  l'Académie  de  peinture  le  13  sept. 
1785.  Cousin  de  la  duchesse  de  Polignac,  il  était  un  des 
familiers  delà  cour  et  il  sut  se  concilier  les  bonnes  traces 


de  Marie-Antoinette.  Esprit  inventif,  il  imagina  les  dessus 
de  boite  qui  portèrent  son  nom.  Royahste  ardent,  il  ma- 
nifesta sa  fidélité  en  défendant  Louis  XVI  dans  les  jour- 
nées du  20  juin  et  du  10  août  1792.  Il  eut  grand'pèine  à 
se  dérober  aux  recherches  et  il  se  réfugia  à  Bordeaux,  où 
il  parvint  à  sauver  son  père  et  à  plaire  aux  chefs  du  parti 
révolutionnaire  et  à  Theresia  Cabarrus,  la  future  M"^^  Tal- 
lien.  Ruiné,  il  gagna  sa  vie  en  inventant  une  nouvelle 
forme  de  réticules.  R  se  fit  rayer  de  la  liste  des  émigrés 
le  27  janv.  1795.  Sous  rijupire,  il  fut  arrêté  et  empri- 
sonné au  Temple.  La  Restauration  ne  lui  donna  pas  les 
satisfactions  (ju'il  espérait.  Paroy  eut  de  violents  démêlés 
avec  (iuatremère  de  Lhiincy,  qu'il  poursuivit  de  ses  sar- 
casmes et  de  ses  libelles.  Il  se  consola  en  inventant  un 
vernis  à  faïence  et  un  nouveau  procédé  de  stéréotypie.  Il 
publia,  en  J822,  un  Précis  sur  la  stéréolypie  ci  admi- 
nistra l'i^cole  royale  gratuite  de  mathématiques  et  de  des- 
sin. 11  s'occupa  aussi  à  rédigei'  des  Mémoires,  (juiont  été 
publiés  en  1894.  Ses  gravures  forment  un  oaivre  assez 
considérable.  '  Etienne  Cuaravây. 

Biin.  :  Klionnc;  CfiARAvAY,  Mé?7îoi?^es  du  comte  dePii- 
roy.  Introduction, 

PAROZ  (Jules),  pédagogue  et  écrivain  suisse  contem- 
porain, né  au  Fuet,  près  de  Tavannes  (Jura  bernois),  le 
2  juin  1824.  \\  fit  ses  études  à  l'école  primaire  de  Nods, 
puis  à  l'Ecole  normale  de  Porrentruy  ou  il  revint  comme 
maître,  en  1845.  après  avoir  été  un  an  instituteur  à  Soii- 
villier.  Mais  l'agitation  politique  de  1850  aboutit  au 
triomphe  du  parti  catholique  et  à  la  suppression  de  l'Ecole 
normale.  Mais  il  fut  appelé  à  fonder  et  à  diriger  à  Berne 
une  école  secondaire  de  jeunes  filles.  C'est  dans  ce  poste 
difficile  que  M.  Paroz  se  familiarisa  avec  la  pédagogie  et 
étudia  les  méthodes  de  Pestalozzi,  Cramer,  Ramner,  etc. 
Ln  1866,  il  fut  nommé  directeur  de  l'Ecole  normale  d(^ 
Grandchamp,  transférée  en  1873  à  Neufchâtel.  M.  Pa- 
roz exerça  ces  fonctionsjusqu'au  mois  de  sept.  1892,  époque 
à  laquelle  il  prit  sa  retraite.  Il  se  retira  quelque  temps  eu 
Italie,  puis  à  Faoug,  sur  les  bords  du  lac  de  Morat. 

M.  Paroz  a  publié,  entre  autres  ouvrages  pédagogiques  : 
Pestalozzi,  sa  vie,  sa  méthode  et  ses  ^principes  (Berne, 
1857)  ;  Histoire  universelle  de  la  pédagogie  (Paris, 
1883,  5^  éd.),  ouvrage  traduit  en  russe,  en  espagnol,  en 
italien  et  en  roumain  ;  Leçons  de  choses  (Neufchâtel, 
1882,  ¥  éd.);  V  Ecole  primaire,  cahiers  de  pédagogie 
d'après  les  principes  de  Pestalozzi  (Lausanne,  1880). 
Il  a  traduit  de  l'allemand  l'ouvrage  populaire  de  Funcke. 
l'Empreinte  des  pas  du  Dieu  vivant  dans  le  sen- 
tier de  ma  vie  (Xeufchâtel,  1899).  M.  Paroz  avait 
fondé,  tandis  qu'il  enseignait  à  Porrentruy,  le  premier 
journal  d'éducation  de  la  Suisse  romande,  FEducateur 
populaire;  il  collabora  à  r Ecole  normale  de  Larousse. 
Ses  nombreux  travaux  lui  ont  valu  des  distinctions  hono- 
rifiques d'un  grand  nombi'e  de  sociétés  savantes  ou  péda- 
gogiques de  Suisse,  de  France  et  d'Italie.    Th.  Ruyssen. 

PARPAILLOT.  Sobriquet  donné  aux  protestants.  Il  ne 
provient  ni  de  Perrin,  sieur  de  Parpaille,  décapité  à  Avi- 
gnon en  1562,  après  s'être  rallié  à  la  Réforme  un  an  au- 
paravant seulement,  ni  surtout  d'un  incident  du  siège  de 
Clairac  (1621),  puisque  Rabelais  parle  {Gargantua,  1. 1, 
chap.  m)  de  Parpaillots  dès  1535.  \\  est  difficile  de  con- 
tester une  allusion  aux  protestants  dans  son  emploi  de  ce 
mot.  Mais  les  documents  raan(]uentpour  décider  si  le  curé  de 
Meadon  a  inventé  le  sobriquet  ou  s'il  l'a  pris  dans  l'usage 
populaire.  Comme  parpaillot  signifie  papillon  en  proven- 
çal et  dans  d'autres  dialectes,  on  ne  saurait  mieux  expri- 
mer la  raison  de  l'application  aux  huguenots  de  cette 
épithète,  que  ne  le  fait  une  chanson  poitevine  de  la  pre- 
mière moitié  du  xvii^  siècle  : 

Quo  soni  ,a'eons  de  poay  de  servelle 
Qualles  niallotrus  de  parpaillaux 
De  si  bnifely  ù  la  cliandelle, 
A])rès  que  ciiont  fat  ton  de  maux. 

F.-H.  K. 

BiBL.  :  C.  OsMONï,  del'Orif/ine  d'un  sobriciuet  donné  a^iv 


—  1191  — 


PARPAILLOT  -~  PARRHASIUS 


disciples  de  la.  Réforme  en  France  ;  Condé-sur-Noireau, 
1859,  in-8.  —  Cazalis  de  Fondouce,  les  Parpaillots.  Re- 
cherches sur  Voriginc  de  ce  sohriciuet^  etc.  ;  Montpellier, 
1860. 

PARRAIN  ou  PARPAING  (Constr.).  Terme  usité  depuis 
plusieurs  siècles  pour  désigner,  dans  une  assise  de  ma- 
çonnerie, toute  pierre  qui  traverse  toute  l'épaisseur  du 
mur  et  dont,  par  conséquent,  les  deux  extrémités  forment 
parement  sur  les  deux  faces  de  ce  mur.  Ainsi  un  mur 
est  dit  faire  parpaing  lorsqu'il  est  entièrement  cons- 
truit de  pierres  semblables  le  traversant  de  part  en  part 
et  formant  parement  sur  les  deux  faces.  Les  soubasse- 
ments dont  l'épaisseur  est  formée  d'une  seule  pierre  et  que 
l'on  établit  dans  les  devantures  de  boutiques  ou  dans  les 
distributions  intérieures,  sous  des  cloisons  de  briques  ou  sous 
des  pans  de  bois  ou  des  pans  de  fer,  sont  toujours  composés 
de  parpaings  et  en  portent  le  nom.  On  appelle  parpaing 
d'échifjre  la  partie  de  limon  en  pierre  recevant  les  marches 
d'un  escalier,  (il  parpaing  d'appui  la  pierre,  parementée 
sur  ses  deux  faces,  comprise  dans  l'embrasure  d'une  croi- 
sée et  servant  d'appui  à  la  menuiseiie  de  cette  croisée. 

PARPAN.  Village  de  Suisse, cant.  des  Grisons  ;  71  bab. 
Située  à  1.511  m.  d'alt.,  sur  la  belle  route  alpestre  de 
i'Engadine,  cette  localité  est,  à  cause  de  la  salubrité  de 
l'air  et  des  beautés  pittores([ucs  de  la  contrée,  une  station 
de  touristes  (rès  ]'enommée.  On  y  trouve  un  joli  lac  très 
poissonneux,  et  l'on  voit,  au  milieu  de  cette  nature  agreste 
et  sauvage,  dans  ce  site  oti  aucune  céréale  ne  pousse, 
quelques  maisons  particulières  cossues,  que  l'on  est  fort 
surpris  de  rencontrer  à  pareille  altitude. 

PARPEÇAY.  Com.  du  dép.de  l'Indre,  arr.  d'Issoudun, 
cant.  de  Saint-Cbristophe-en-Bazelle  ;  591  bab. 

PARPEVILLE.  Com.  du  dép.  de  l'Aisne,  arr.  de  Saint- 
Quentin,  cant.  de  Ribemont;  705  hab. 

PARQUES  (Mythol.)  (V.  Moira,  §  Mythologie). 

PARQUETetPARQUETERlE.Ï.  Architecture. —  On 
appelle  parquet  un  assemblage  de  pièces  de  bois  de  peu 
d'épaisseur,  dites  lamei>  ou  frises,  servant  à  revêtir  le  sol 
des  pièces  intérieures  des  édifices  publics  ou  privés.  On  a 
longtemps  employé  en  France  le  mot  parqiieierie  pour 
désigner  l'art  de  faire  les  parquets  de  luxe,  lesquels  se 
distinguent  des  parquets  orelinaires  par  la  forme  et  la 
variété  des  dessins  et  aussi  par  les  diôerentes  couleurs  des 
])ois  mis  en  œuvre.  Les  parquets  ordinaires» se  font  quel- 
quefois en  bois  de  sapin  ;  mais  il  est  beaucoup  préfé- 
rable de  les  faire  en  bois  de  chêne.  Il  faut  distinguer  les 
parquets  des  planchers,  ces  derniers  sont  composés  de 
planches  de  22  centim.  de  largeur  assemblées  à  joints 
plats,  tandis  que  les  parquets  sont  formés  de  frises  de  7  à 
12  centim.  de  largeur,  assemblées  à  rainure  et  languette  et 
dont  l'épaisseur  varie  de  27  à  34mi[iim.  Les  parquets  re- 
çoivent différents  noms  d'après  les  dessins  suivant  lesquels  ils 
sont  exécutés  :  parquelsà  V anglaise , parquets àpoinls  de 
Hongrie,  parquets  à  bâtons  rompus,  parquelsà  enca- 
drements, parquets  à  compariinienis,  parqueis  à 
mosaïque,  etc.  Autrefois  les  parquets,  même  ceux  assez 
ordinaires,  étaient  assemblés  dans  un  encadrement  régnant 
le  long  des  murs  des  pièces;  mais,  de  nos  jours,  les  lames 
de  parquet  viennent  butter  le  long  de  ces  murs,  dont  la 
partie  inférieure  reçoit  un  cours  de  plinthes  qui  couvrent 
les  bouts  des  lames,  de  sorte  qu'il  ne  reste  plus  d'enca- 
drement qu'autour  des  foyers  des  cheminées,  encadrement 
sous  lequel  les  lames  de  parquet  viennent  s'assendiler  à 
i^ainure  et  à  languette.  Charles  Lucas. 

IL  Economie  domestique  (V.  (^itiE,  t.  XI,  p.  451, 
et  Encaustique). 

m.  Finances  (V,  Bourse,  t.  VU,  p.  820,  et  Agent 

DE  CHANGE,  t.  I,  p.   8^9). 

IV.  Organisation  judiciaire.  —  Le  mot  parquet  a 
dans  la  langue  du  droit  différentes  acceptions. 

1^  Il  désigne  le  lieu  où  les  officiers  du  ministère  public 
reçoivent  les  communications  qui  doivent  leur  être  faites 
et  les  actes  extrajudiciaires]  que  la  loi  prescrit  de  leur  si- 
l^tiifier.  En  ce  jens,  on  peut  dire  tîue  le  Parauet^est  le  do-. 


micile  légal  des  procureurs  généraux  et  des  procureurs 
de  la  République.  Le  nom  de  parquet  vient  de  ce  qu'au- 
trefois les  sièges  des  membres  du  ministère  public  étaient 
placés  sur  le  plancher  —  sur  le  parquet  —  de  la  salle 
d'audience,  au  bas  de  l'estrade  occupée  parles  juges. 

2*^  Par  extension,  on  désigne  sous  le  nom  de  Parquet 
l'ensemble  des  magistrats  composant  le  ministère  public. 
C'est  en  ce  sens  que  l'on  dit  :  le  Parquet  a  poursuivi, 
ou  a  refusé  de  poursuivre  tel  ou  tel  individu. 

PARR  (Catherine),  reine  d'Angleterre  (V.  Catherine 
Parr,  t.  IX,  p.  840). 

PARR  A  (Miguel),  peintre  espagnol,  né  à  Valence  en 
1784,  mort  à  Madrid  en  1846.  Elève  de  Benito  Espinos 
et  de  Vicente  Lopez,  il  a  produit  dans  tous  les  genres, 
histoire,  sujets  religieux,  paysages  et  nature  morte,  mais 
c'est  surtout  dans  la  peinture  des  fleurs  qu'il  s'est  véri- 
tablement montré  supérieur.  Le  musée  de  Valence,  qu'il 
contribua  à  créer  et  à  organiser  à  l'aide  des  tableaux 
provenant  des  églises  et  couvents  supprimés,  conserve  de 
lui  un  assez  grand  nombre  d'ouvrages,  parmi  lesquels  on 
remarque  :  Agar  et  Isiimël,  les  portraits  de  la  reine 
Isabelle,  du  génn-alODonnell,  ci  des  tableaux  de  fleurs. 
(]uelques-uns  de  ses  meilleurs  ouvrages  en  ce  dernier 
genre  existent  au  palais,  à  Madrid,  au  Casino  del Principe, 
à  l'Escurial,  et  dans  diverses  collections  particulières. 
Signalons  encore  :  VEnlrée  de  Ferdinand  VU  a  Valence 
ainsi  que  le  Passage  de  la  rivière  l'iuvià  par  le  cortège 
royal,  qui  valurent  à  Parra  sa  nomination  de  peintre  de 
la  chambre.  —  Son  fils  et  son  élève,  José  Felipe,  s'est 
presque  entièrement  voué  à  la  peinture  des  fleurs,  où  il 
excelle,  bien  qu'il  ait  peint  aussi  le  portrait  et  des  sujets 
d'histoire.  On  note,  entre  autres,  parmi  ses  plus  impor- 
tants ouvrages  :  Vxirrivée  de  dofia  Maria- Cris tina  au 
Grao,  en  IBM,  qui  fut  acquis  en  1846  par  la  reine 
Isabelle.  P.  Lefort. 

BiBL.  :  OssoRio  Y  Bernard,  Galerhi  biografica  de  ar~ 
listns  espailoles  ;  Madrid,  1868. 

PARRAIN.  ï.  Théologie  (V.  Commère,  Compère). 

II.  Droit  féodal  (V.  Commise  et  ïxceste). 

PARRAL.  Ville  du  Chili,  prov.  de  Linare;  6.000  hab, 
Stat.  du  chem.  de  fer  de  Talca  à  Chillan. 

PARRAL  (Hidalgo  ou  San  José  de).  Ville  du  Mexique, 
Etat  de  Chihuahua  ;  6.000  hab.  Importantes  mines  d'argent. 

PARRAMATTA,  ville  d'Australie,  Nouvelles-Galles-du- 
sud^  sur  le  Parramatta-river,  anse  du  Port-Jackson  ; 
11.680  hab.  (en  1893).  Un  chem.  de  fer  la  joint  à  Syd- 
ney. Grandes  fabriques  de  drap  tweed,  commerce  de  fruits  ; 
les  environs  sont  couverts  de  vignobles  et  de  bois  d'oran- 
gers. 

PARRANQUET.  Com.  du  dép.  de  Lot-et-Garonne,  arr. 
de  Villeneuve-sur-Lot,  cant.  de  Villeréal;  263  hab. 

PAR  RAQUA  (Ornith).  «  Parrakoua  »  ou  Parraqua  est, 
dans  l'Amérique  du  Sud,  le  nom  indigène  d'une  espèce  du 
genre  Pénélope  (V.  ce  mot)  dont  on  a  fait  le  type  d'un 
genre  à  part  sous  le  nom  d'Ortalida. 

PARRAS  DE  LA  FuENTE.  Ville  du  Mexique,  Etat  de 
Coahuila,  à  1.493  m.  d'alt.  et  à  50  kil.  d'un  lac  salé  du 
même  nom  ;  13.S00  hab.  (en  1890).  Mines  d'argent, 
cotonnades,  distilleries,  etc. 

PARRET  (Fleuve)  (V.  Graxde-Bretagne,  t.  XIX, 
p.  159). 

PARRHÂSIUS,  célèbre  peintre  grec  ancien  d'Ephèse, 
qui  vivait  à  Athènes  vers  400  av.  L-C.  et  mourut  avant 
388.  Fils  et  élève  d'Evénor,  il  est  avec  Zeuxis  le  pluh 
ilhistre  chef  de  l'école  ionienne.  A  la  peinture  décorative 
et  monumentale  de  Polygnote,  ils  opposent  le  tableau  de 
chevalet,  développent  l'eftét  pictural  proprement  dit  par 
l'exacte  observation  des  proportions,  le  relief  plastique, 
le  jeu  des  ombres  et  des  lumières,  l'expression  des  phy- 
sionomies. Leur  science  du  dessin  et  de  la  couleur  fut 
poussée  jusqu'au  trompe-l'œil.  Plusieurs  anecdotes  mettent 
Parrhasius  en  scène.  Athénée  dit  qu'il  se  qualifiait  de 
nrince  de  l'art,  se  promenait  drapé  de  pourpre^  une  cou-^ 


PARRHASrUS  —  PARRICIDE 


—  4192  — 


roniie  d'or  sur  la  tête  ;  à  Samos,  il  concourut  contre  Ti- 
manthe  pour  un  Ajax  disputant  à  Ulysse  les  armes  d'Achille, 
mais  son  rival  l'emporta.  Pline  conte  que  Zeuxis  ayant 
peint  une  grappe  de  raisin  que  les  oiseaux  vinrent  bec- 
queter, Parrhasius  peignit  par-dessus  un  voile  de  lin,  si 
bien  imité,  que  Zeuxis  le  pria  de  le  tirer.  Les  tableaux 
dont  le  souvenir  s'est  conservé  sont  :  d«ux  athlètes,  l'un 
suant  sous  les  armes,  l'autre  haletant  en  les  dépouillant  ; 
Enée,  Castor  et  Pollux;  Télèphe,  Achille,  Agamemnon  et 
Ulysse  ;  à  Lindus,  un  Héraklès  ;  à  Rhodes,  Méléagre,  Hé- 
raklès  et  Persée  ;  la  nourrice  Cressa  avec  un  enfant  sur 
le  bras  ;  le  poète  Philiskos  ;  Dionysos  et  la  Vertu  ;  deux 
enfants  s 'ébattant  insouciants  ;  un  prêtre  avec  l'enfant  qui 
l'assistait  dans  le  sacrifice.  On  cite  encore  :  son  portrait  en 
Hermès;  Ulysse  simulant  la  folie;  Philoctète  blessé;  des 
scènes  lascives  :  Atalante  et  Méléagre  et  l'Archigallus 
achetés  par  Tibère  (Suét.,  Tih.  A4)  ;  enfin,  son  fameux  ta- 
bleau du  Peuple  athénien,  Démos,  qu'il  avait  figuré  avec 
tous  ses  caractères  :  inconstant,  irritable,  injuste,  léger, 
docile,  prudent,  pitoyable,  généreux,  fier,  bas,  brave  et 
lâche  ;  plusieurs  critiques  d'art  ont  perdu  leur  temps  à 
imaginer  par  quel  procédé  Parrhasius  avait  pu  exprimer 
ces  multiples  caractères. 

PARRICIDE.  Le  parricide  est  le  meurtre  d'un  ascen- 
dant par  un  descendant.  De  tous  les  crimes  le  plus  con- 
traire à  la  nature,  il  soulève  une  horreur  que  les  législa- 
teurs ont  souvent  traduite  en  édictant  la  répression  la  plus 
rigoureuse.  Cependant,  certaines  législations  omettaient 
d'en  parler,  comme  si,  par  sa  monstruosité  même,  ce  crime 
s'était  mis  en  dehors  des  prévisions  :  telles  étaient  les  lois 
de  Solon,  à  Athènes.  A  Rome,  le  terme  de  parricidium 
désigna,  dans  le  langage  usuel,  tout  crime  contre  la  patrie 
et  tout  attentat  à  la  vie  d'un  citoyen  ;  il  fut  plus  spéciale- 
ment appliqué  au  meurtre  des  parents,  en  particulier  des 
ascendants;  lesDouze  Tables  prescrivaient  que  le  coupable 
serait  cousu  vivant  dans  un  sac  de  cuir  et  noyé  ;  du  temps 
de  Cicéron,  il  était  frappé  de  verges  jusqu'au  sang,  puis 
cousu  dans  un  sac  oti  l'on  enfermait  avec  lui  un  chien,  un 
coq,  une  vipère  et  un  singe  vivants,  et  jeté  à  la  mer  ;  un 
ancien  commentateur  attribue  au  choix  de  ces  animaux  une 
signification  symbolique  ;  le  chien  était  pris  comme  symbole 
de  la  rage  ;  le  coq,  parce  qu'il  bat  souvent  sa  mère  ;  le  singe, 
en  raison  de  sa  ressemblance  avec  l'homme  ;  la  vipère,  parce 
qu'en  naissant  elle  déchire  le  ventre  de  sa  mère.  Plus 
tard,  les  lois  romaines  condamnèrent  aussi  le  parricide 
aux  bêtes  ou  au  feu. 

En  France,  avant  la  Révolution,  le  fils  parricide  était, 
en  général,  roué  vif;  il  devait,  au  préalable,  faire  amende 
honorable  et  on  lui  faisait  subir  l'amputation  du  poing 
droit  ;  son  corps  était  brûlé  et  les  cendres  en  étaient  jetées 
au  vent.  La  fille  parricide  était  brûlée  ou  pendue. 

La  législation  révolutionnaire  édictait  simplement  la  peine 
de  mort;  les  rédacteurs  du  code  pénal  jugèrent  cette  péna- 
lité insuffisante  et  empruntèrent  au  droit  antérévolution- 
naire  partie  de  ses  dispositions  :  le  coupable,  condamné 
à  mort  pour  parricide,  était  conduit  au  lieu  de  l'exécution 
en  chemise,  nu-pieds  et  la  tête  couverte  d'un  voile  noir  ; 
il  était  exposé  sur  l'échafaud  pendant  qu'un  huissier  fai- 
sait au  peuple  lecture  de  l'arrêt  de  condamnation  ;  il  avait 
ensuite  le  poing  droit  coupé,  puis  était  immédiatement 
exécuté.  Lors  de  la  revision  du  code  pénal,  en  4832, 
on  supprima  l'amputation  du  poing,  mais  on  laissa  subsis- 
ter les  autres  accessoires  de  l'exécution.  On  peut  se  deman- 
der si  cet  appareil  ne  constitue  pas  une  aggravation  inutile 
et  comme  un  supplice  barbare.  L'exposition  sur  l'échafaud, 
la  lecture  de  l'arrêt  de  condamnation,  à  une  époque  où  la 
publicité  des  exécutions  capitales  est  si  restreinte,  ont  perdu 
toute  signification,  puisqu'elles  ne  peivent  plus  avoir  aucune 
portée  sur  le  peuple. 

Les  législations  étrangères  sont  entrées  dans  la  voie 
<{ue  nous  indiquons  ;  certaines  considèrent  bien  le  lien  de 
parenté  comme  une  cause  d'aggravation,  mais  celles  même 
qui  prononcent  la  peine  de  mort  contre  le  descendant 


meurtrier  se  bornent  à  cette  pénalité  et  ne  l'entourent  pas 
de  l'appareil  spécial  admis  encore  par  notre  législation. 
Nous  avons  dit  que  le  parricide  était  le  meurtre  d'un 
ascendant  par  un  descendant  (art.  299  du  C.  pén.)  ;  il  est 
donc  classé  parmi  les  homicides  volontaires  ;  le  coupable 
doit  avoir  tué  (ou  tenté  de  tuer)  un  ascendant  avec  l'in- 
tention de  lui  donner  la  mort.  Cette  intention  venant  à  fiure 
défaut,  le  coupable  n'est  pas  un  parricide  au  sens  tech- 
nique du  mot  :  il  a  commis  le  crime  de  «  coups  et  bles- 
sures ayant  entraîné  la  mort  sans  intention  de  la  donner  » , 
crime  puni,  d'ailleurs,  d'une  peine  aggravée,  en  raison  du 
lien  de  parenté  existant  entre  la  victime  et  le  coupa])le 
(art.  3'12duC.  pén.).  Mais  il  n'est  point  nécessaire  pour  quil 
y  ait  parricide,  puni  de  la  peine  de  mort  aggravée,  qu'il  y  ait 
eu  préméditation  ou  guet-apens.  Le  meurtre  non  prémé- 
dité d'un  ascendant  est  puni  de  mort,  tandis  que  le  meurtre 
non  prémédité,  où  la  victime  n'a  pas  la  qualité  d'ascendant 
du  meurtrier,  est  simplement  puni  des  travaux  forcés  à 
perpétuité.  D'ailleurs,  on  est  d'accord  pour  admettre  que 
l'empoisonnement  d'un  ascendant  par  son  descendant  est 
un  parricide. 

Pour  qu'il  y  ait  parricide,  il  faut  que  la  victime  ait  avec 
le  coupable  les  relations  de  parenté  strictement  détermi- 
nées par  la  loi.  Le  code  ne  comprend  dans  cette  qualifica- 
tion que  le  meurtre  d'un  ascendant  par  son  descendant  ; 
elle  n'y  fait  pas  rentrer  le  meurtre  du  descendant  par 
l'ascendant,  puni  comme  les  homicides  simples  (sauf  le  cas 
d'infanticide)  :  le  mouvement  d'opinion,  qui  a  abouti  à 
faire  aggraver  les  peines  prononcées  contre  les  ascendants 
qui  ont  exercé  des  sévices  sur  leurs  descendants  (loi  du 
49  av.  4898),  n'a  pas  conduit  à  des  modifications  en  ce 
qui  concerne  l'homicide  volontaire  commis  par  l'ascendant 
sur  son  descendant.  Le  parricide  ne  comprend  pas  davan- 
tage le  meurtre  d'un  allié  au  degré  d'ascendant,  par  exemple 
celui  du  beau-père  par  le  gendre. 

Le  lien  de  parenté  que  la  loi  envisage  est  aussi  bien 
celui  de  la  filiation  naturelle  ou  adoptive  que  celui 
de  la  filiation  légitime  ;  mais,  tandis  que  l'incrimination 
spéciale  de  parricide  s'étend  à  tout  meurtre  commis  par 
des  descendants,  en  quelque  degré  que  ce  soit,  sur  des 
ascendants  légitimes,  au  contraire  le  meurtre  du  fils  ou  de 
la  fille  sur  le  père  ou  la  mère  est  seul  qualifié  parricide 
quand  il  s'agit  du  lien  de  parenté  (art.  299)  naturelle  ou 
adoptive.  Cette  différence  provient  de  ce  que  la  loi  n'admet 
pas  de  parenté  naturelle  ou  adoptive  au  delà  du  lien  qui 
rattache  directement  les  parents  et  les  enfants.  Il  impor- 
tera peu  d'ailleurs  que  la  parenté  soit  la  parenté  naturelle 
simple,  la  parenté  naturelle  adultérine  ou  la  parenté  natu- 
relle incestueuse.  La  preuve  de  la  filiation,  si  elle  vient  à 
être  contestée  par  le  meurtrier,  en  vue  de  faire  disparaître 
l'élément  d'aggravation  relevé  contre  lui,  se  fera  par  les 
modes  prévus  par  la  loi  civile  ;  c'est  la  juridiction  crimi- 
nelle saisie,  la  cour  d'assises,  qui  statuera  sur  l'exception 
ainsi  soulevée  par  l'accusé. 

D'ailleurs,  pour  qu'il  y  ait  parricide,  il  ne  suffit  pas 
qu'en  fait  le  descendant  ait  tué  son  ascendant,  il  faut  qu'il 
ait  connu  le  lien  de  parenté  qui  l'unissait  à  sa  victime  ; 
l'intention  coupable,  en  effet,  doit  porter  sur  tous  les  élé- 
ments du  délit  :  volonté  de  tuer  et  volonté  de  tuer  un 
ascendant.  Non  seulement  la  loi  frappe  plus  sévèrement 
le  parricide  que  les  meurtres  ordinaires,  mais  elle  apporte 
plus  de  rigueur  dans  l'appréciation  des  circonstances  acces- 
soires ;  telles  de  ces  circonstances  qui  entraînent  une  dimi- 
nution de  peine  ou  même  l'absolution  du  coupable  sont 
inopérantes  lorsque  ce  coupable  est  un  parricide  ;  c'est  ce 
que  la  loi  proclame  en  ces  termes  :  le  parricide  n'est  jamais 
excusable.  Il  ne  faut  d'ailleurs  entendre  ces  expressions 
que  des  excuses  tirées  de  la  provocation  (art.  324)  et  de 
l'escalade  et  effraction  effectuées  dejour  (art.  322) .  L'excuse 
résultant  de  l'âge  du  meurtrier  (minorité  de  seize  ans)  ou 
de  la  provocation  d'une  nature  spéciale  résultant  du  flagrant 
délit  d'adultère  (art.  324  C.  pén.)  produisent  leurs  effets 
habituels  en  faveur  du  parricide.  A  plus  forte  raison,  la 


1493  — 


PARRICIDE  —  PARROCEL 


sévérité  de  la  loi  n'exclut-elle  pas  l'application  des  cir- 
constances atténuantes,  institution  toute  différente  de 
l'excuse.  Elle  n'exclut  pas  davantage  les  causes  de  justi- 
fications telle  que  la  démence,  la  contrainte,  le  défaut  de 
discernement  chez  le  mineur  de  seize  ans,  la  légitime  défense 
et  le  cas  que  la  loi  y  assimile  :  l'escalade  de  nuit  pour  s*in- 
troduire  dans  la  maison  habitée  par  le  meurtrier.  Ces 
rigueurs  dans  la  répression  s'étendent  aux  complices  du 
parricide  ;  elles  s'étendent  également  aux  coauteurs,  à 
ceux  qui,  non  seulement  ont  aidé  l'auteur  principal  du 
crime,  comme  les  complices,  mais  y  ont  pris  une  part 
directe.  En  revanche,  le  descendant  qui  se  rend  simplement 
complice  d'un  meurtre  sur  la  personne  de  son  ascendant 
échappe  aux  peines  du  parricide.  On  peut  se  demander  si 
cette  solution  satisfait  pleinement  l'esprit. 

Les  législations  étrangères  relatives  au  parricide  se 
partagent  en  deux  catégories  :  les  unes  traitent  le  parri- 
cide comme  un  homicide  volontaire  ordinaire  :  telles  sont 
les  législations  des  Pays-Ras  et  de  l'empire  d'Allemagne  ; 
les  autres,  et  ce  sont  les  plus  nombreuses,  envisagent, 
au  contraire  le  lien  de  parenté  entre  la  victime  et  le  meur- 
trier comme  une  cause  d'aggravation  de  la  peine.  La  légis- 
lation belge  est  semblable  à  la  nôtre  et  supprime  seule- 
ment les  accessoires  de  l'exécution  capitale.  La  législation 
hongroise  ne  punit  de  mort  le  parricide  que  s'il  réunit  les 
éléments  de  l'assassinat  ;  mais,  tandis  qu'elle  punit  le 
meurtre  ordinaire  de  dix  à  quinze  ans  de  réclusion,  elle 
punit  de  la  réclusion  à  vie  le  meurtre  commis  par  le  des- 
cendant sur  son  ascendant  légitime,  et  par  l'enfant  naturel 
sur  son  père  ou  sa  mère  qui  l'ont  reconnu  ;  même  aggra- 
vation d'ailleurs  pour  le  meurtre  commis  par  l'un  des 
époux  sur  l'autre  et  pour  le  meurtre  de  plusieurs  personnes. 

La  législation  autrichienne  désigne  sous  le  nom  d'as- 
sassinat tout  homicide  volontaire,  prémédité  ou  non,  et 
le  punit  de  mort  ;  elle  qualifie  de  meurtre  le  crime  qui, 
dans  notre  Code  pénal,  constitue  les  coups  et  blessures 
ayant  entraîné  la  mort  sans  intention  de  la  donner  et  le 
punit  de  cinq  à  dix  ans  'de  réclusion  ;  les  relations  de 
parenté  entre  la  victime  et  le  coupable  n'entraînent  aucune 
aggravation  quand  il  s'agit  de  l'assassinat  ;  quand  il  s'agit 
de  meurtre,  la  durée  de  la  réclusion  est  élevée  à  dix  ou 
vingt  ans.  La  législation  autrichienne  contient,  en  outre, 
des  dispositions  intéressantes  en  ce  qui  concerne  les  com- 
plices :  tandis  que  les  complices  d'un  assassinat  ordinaire 
sont  punis  de  cinq  à  dix  ans  de  réclusion,  les  complices 
d'un  assassinat  commis  par  un  descendant  sur  son  ascen- 
dant, s'ils  ont  connu  ce  lien  de  parenté,  sont  punis  de 
dix  à  vingt  ans  de  réclusion. 

La  législation  suédoise  considère  comme  une  circons- 
tance très  aggravante  de  l'assassinat  ou  du  meurtre  cer- 
taines relations  entre  la  victime  et  le  coupable  ;  il  en  est 
ainsi  notamment  si  la  victime  était  l'ascendant,  le  con- 
joint, l'aUié  au  degré  de  beau-père  ou  de  belle-mère,  le 
maître,  le  tuteur,  etc.,  du  coupable. 

La  législation  italienne  ne  contient  de  dispositions  spé- 
ciales, en  ce  qui  concerne  le 'parricide,  que  pour  le  meurtre  : 
le  parricide,  dont  le  crime  réunit  les  éléments  de  l'assas- 
sinat, est  puni  comme  l'assassin  ordinaire  des  travaux 
forcés  à  perpétuité,  la  peine  de  mort  n'existant  plus  en 
Italie  ;  mais  tandis  que  le  meurtrier  ordinaire  est  puni  de 
dix-huit  à  vingt  et  un  ans  de  réclusion,  le  meurtre  du  père 
adoptif  est  puni  de  vingt  et  un  à  vingt-quatre  ans  de  réclusion , 
et  le  meurtre  du  père  légitime  ou  naturel  des  travaux  forcés. 

La  législation  espagnole  qualifie  de  parricide  l'homi- 
cide des  parents  naturels,  légitimes  ou  adoptifs,  des  des- 
cendants ou  des  conjoints  ;  elle  punit  de  mort  l'assassinat, 
l'homicide  volontaire  accompagné  d'actes  de  cruauté,  le 
parricide  ;  de  mort  ou  de  la  chaîne  à  vie,  le  meurtre  ordi- 
naire. Le  Sueur. 

BiBL.  :  Chauvkau  et  Hélie,  Théorie  du  codepénal,  t.  III, 
n»*  1197  et  suiv.—  Garraud,  Traité  de  droit  pénal  français^ 

PARROCEL.  Famille  de  peintres  français  du  xvii®  et 


du  xvni®  siècle,  originaire  de  Montbrison  et  de  Rri- 
gnoles. 

Barthélémy,  peintre  français,  né  à  Montbrison  en  1600 
et  mort  à  Rrignoles  en  1660,  appartenait  à  une  famille 
riche  et  distinguée.  Destiné  à  la  prêtrise,  il  refusa  d'entrer 
dans  les  ordres  et  partit  pour  l'Italie  afin  d'y  étudier  la 
peinture.  Il  visita  d'abord  l'Espagne,  puis  s'embarqua  et 
fut  pris  par  des  corsaires  qui  l'emmenèrent  en  i\lgérie. 
Un  échange  de  captifs  lui  fit  recouvrer  la  liberté.  Il  arriva 
enfin  à  Rome,  y  passa  quelque  temps,  puis  revint  en 
France  à  Rrignoles,  où  il  se  maria  et  eut  deux  fils.  On  ne 
connaît  de  lui  ({u'un  tableau,  une  Descente  de  croix, 
inspirée  par  le  chef-d'œuvre  de  Daniel  de  Volterra. 

Joseph,  dit  Parrocel  des  batailles  et  Parrocel  d'Avi- 
gnon, célèbre  peintre  français,  fils  du  précédent,  né  à 
Rrignoles  en  1646  et  mort  à  Paris  en  1704.  La  mort  de 
son  père,  qu'il  perdit  lorsqu'il  avait  à  peine  treize  ans, 
l'obhgea  à  gagner  sa  vie  de  très  bonne  heure.  Il  partir 
pour  Marseille,  oti  il  travailla  chez  un  entrepreneur  de 
peinture  de  navires.  Ayant  fait  quelques  économies,  il 
se  rendit  à  Rome,  où  il  eut  pour  maître  Le  Rourguignon. 
Il  visita  toutes  les  villes  artistiques  d'Italie  et,  ne  s'y  trou- 
vant pas  en  sûreté,  revint  en  France,  à  Paris,  où  il  se 
maria.  Son  remarquable  tableau,  une  Sortie  de  la  gar- 
nison de  Maestricht  repoussée  par  les  Français  com- 
mandés par  Louis  XIV  en  personne,  le  fit  entrer  à 
l'Académie.  Sans  avoir  jamais  vécu  dans  les  camps  ni  dans 
les  armées,  il  devint  un  très  grand  peintre  de  batailles, 
traduisant  avec  une  admirable  vérité  la  fureur  du  soldat, 
le  mouvement  et  le  fracas  de  la  mêlée.  Son  Passage  du 
Rhin  par  Louis  XIV est  considéré  comme  un  chef-d'œuvre. 
On  a  aussi  de  lui  quarante  gravures  très  estimées  repré- 
sentant des  sujets  empruntés  à  la  vie  de  Jésus-Christ. 

Charles,  peintre  français,  né  à  Paris  le  6  mai  1688, 
mort  aux  Gobelins  le  25  mai  1752,  fils  du  précédent  et 
d'A.  Jacquelin.  Il  perdit  son  père  lorsqu'il  avait  seize  ans 
et  fut  élevé  par  son  parrain,  Charles  Lafosse,  qui  prati- 
quait la  peinture  et  la  lui  enseigna.  Il  se  fit  bientôt  un 
nom  comme  peintre  de  batailles  et  fut  choisi  pour  peindre 
les  conquêtes  de  Louis  XIV.  Il  fut  élu  membre  de  l'Aca- 
démie des  beaux-arts  en  1721 .  Le  talent  de  Charles  Par- 
rocel se  distingue  de  celui  de  son  père  par  la  fraîcheur  et 
la  variété  du  coloris,  mais  ses  toiles  sont  d'une  exécution 
bien  moins  achevée.  Ses  Campagnes  de  Louis  XIV  eurent 
néanmoins  un  très  grand  succès.  Il  existe  deux  portraits 
de  Charles  Parrocel,  dont  l'un,  fait  peu  de  temps  après 
sa  mort,  est  de  Cochin. 

Pierre,  peintre  et  graveur  français,  né  à  Avignon  en 
1670,  mort  à  Paris  en  1739.  Il  fut  élève  de  son  oncle 
Joseph  et  acheva  son  éducation  en  Italie  sous  la  direction 
de  Moralta.  Il  peignit  beaucoup  de  tableaux  pour  le  prince 
L'ugène  de  Savoie.  On  lui  doit  un  Couronnement  de  la 
Vierge  par  l'enfant  Jésus,  qui  fait  partie  d'une  série  de 
tableaux  destinés  à  l'église  des  religieuses  de  Sainte-Marie 
à  Marseille,  mais  cette  toile  seule  a  été  conservée  ;  les 
autres  ont  disparu.  Le  duc  de  Noailles  le  chargea  de  peindre 
VHistoire  de  lobie,  œuvre  qui  fut  très  critiquée,  et  dans 
laquelle  on  prétendit  trouver  presque  un  plagiat  de  Mignard . 
Pierre  Parrocel  se  distingua  aussi  dans  la  gravure  au  burin 
et  à  r eau-forte. 

Joseph-Ignace-François,  peintre  français,  fils  du  précé- 
dent, né  à  Avignon  en  1 705,  mort  à  Paris  en  1781 .  Elève  de 
son  père,  il  s'adonna  plus  spécialement  à  la  peinture  dé- 
corative dans  le  goût  de  Watteau  et  de  Roucher.  Ses  pan- 
neaux, entre  autres  le  Triomphe  de  Vénus,  Vénus  et 
les  Amours,  Ronde  d'Amours,  furent  très  appréciés  de 
1755  à  1781.  Il  était  membre  de  l'Académie  de  peinture 
depuis  1753.  Peu  de  temps  après,  il  fut  nommé  peintre 
du  roi.  Il  contribua  aux  fresques  de  l'hôtel  Lambert  ;  ces 
compositions  ont  été  détruites.  Joseph-François  Parrocel 
laissa  trois  filles  qui  cultivèrent  également  avec  succès  la 
peinture  :  W^^  Valsaureaux,  peintre  de  fleurs  et  d'ani- 
maux, morte  en  1825  ;  Maria  Parrocel,  peintre  d'histoire. 


PARROCEL  -  PARRY 


—  4494 


morte  en  4824,  et  Thérèse  Parrocol.  peintre  en  minia- 
ture, morte  en  4835. 

BiBL.  :  Mémoires  Inédits,  II,  10,  405.  —  Charles  HI.A^'^, 
Ecole  françDisc.  —  Billierd'e  la  Chavigxerie,  II.  207, 
209.  —  Etiexxe  Parrocel.  Monogrnphie  des  Parrorcl  : 
Marseille,  1861. 

PAR  ROT  (Georg-Friedrich),  physicien  allemand,  né  à 
Montbéliard  (alors  wurttembergeois)  le  45  juil.  4767, 
mort  à  Helsingfors  le  8  juil.  4852.  Il  étudia  d'abord  la 
lhéologie,puis  les  sciences  physiques,  fut  de  4785  à  4788 
précepteur  chez  le  comte  d'iîéricy,  on  Normandie,  puis 
professa  les  mathématiques  à  Carlsruhe  et  à  Offenbach. 
I:^n  4800,  il  fut  appelé  à  l'Université  de  Dorpat,  y  occupa 
jusqu'en  4826  la  chaire  do  physi'jue  et,  à  cette  dernière 
date,  devint  membre  de  l'Académie  de  Saint-Pétersljourg. 
A  partir  de  4840,  il  vécut  dans  la  retraite.  Ses  écrits  sont 
remplis  d'idées  neuves,  mais  parfois  paradoxales.  Le  nombre 
en  est,  d'ailleurs,  considérable.  On  connaît  de  lui  en  effet, 
outre  une  centaine  de  mémoires  originaux  sur  la  physique, 
la  chimie  et  la  météorologie,  parus  dans  le  Magazin  filr 
Phijsik  (1795-97)  et  le  Magazin  fur  Naturkunde  de 
Voigt  (4797-1802),  dans  les  Annalen  de  Gilbert  (4802- 
23).  dans  celles  de  Poggendorff  (4825-47),  dans  les  re- 
cueils de  l'Académie  de  Saint-Pétersbourg  (1834-41)  et 
dans  les  Annales  de  chimie  et  de  physique  (4829-34), 
vingt-deux  ouvrages  parus  à  part.  Les  principaux  ont  pour 
titres  :  Traité  sur  la  manière  de  changer  loute  espèce 
de  lumière  artificielle  en  lumière  solaire  {SiamiQ,  4794, 
en  allem.  ;  trad.  franc.,  Strasbourg,  4792);  der  Ellipso- 
graph  (Viemie,  1792),  description  d'un  instrument  de 
son  invention  ;  EinflussderPhgsik  und  Chemie  (Dorpat, 
4802);  Uebersichtdes  Systems  der  Iheoretischen  Phijsik 
(Dorpat,  4809-44,  2  vol.  ;  2«  éd.,  Kiga,  J845,  3  vol.)  ; 
Die  Capillaritdt  (Dorpat,  4817)  ;  Eittretiens  sur  la 
phijsiqiie  (Dorpat,  1849-24,  6  vol.).  —  Ses  deux  frères, 
Chr isioph-Friedrich{ni\ i- iS \ -2) ,  professeur  de  mathé- 
matiques à  Erlangen,  puis  directeur  de  la  Chambre  des 
domaines  du  Wurttemberg,  Gi Johanm^s-Leonhar d (il 60- 
J830),  directeur  général  du  domaine  privé  du  roi  de  Wurt- 
temberg,  ont  laissé  égalemicnt  de  nombreux  écrits  sur  les 
mathématiques,  Léconomio  politique  et  la  statistique. 

PAR  ROT  (Johann-Jacob-Friedrich- Wilhelm),  natura- 
liste et  voyageur  allemand,  né  à  Carlsruhe  le  4  4  oct. 
4794,  mort  à  Dorpat  le  45  janv.  4844,  tUs  du  précédent. 
11  étudia  à  Dorpat  la  médecine  et  les  sciences  naturelles 
et,  dès  -1844,  entreprit  avec  Maurice  Engelhardt  (V.  ce 
nom)  un  graïul  voyage  d'exploration  en  Crimée  et  dans 
te  Caucase,  au  cours  duquel  il  releva,  à  l'aide  du  baro- 
mètre, la  différence  de  niveau  de  la  mer  Xoire  et  de  la 
mer  Caspienne.  Nommé  à  son  retour  aide-médecin  et,  en 
4845,  chirurgien-major  dans  l'armée  russe,  il  fit,  en  1846 
et  en  4847,  dans  les  Alpes  et  dans  les  Pyrénées,  plusieurs 
ascensions  scientifiques,  devint,  eu  4824,  professeur  de 
physiologie  et  de  pathologie,  puis,  en  1826,  de  physique 
à  l'Université  de  Dorpat,  et,  en  4828,  effectua  daiis  la  Kak- 
hétie  et  en  Arménie  son  second  grand  voyage,  iinfu],  il 
alla,  en  4837,  à  Torneâ  et  au  cap  Nord,  et  il  rapporta 
de  ce  troisième  voyage  uii  grand  nombre  d'observations 
sur  les  oscillations  du  pendule  et  le  magnétisme  terrestre. 
11  est  rinventeur  d'un  gazomètre  et  d'un  baro-thermomèti'e. 
il  a  en  outre  vulgarisé  en  Livonie  le  cadran  solaire  cata- 
lan, petit  instrument  de  poche,  de  forme  cylindrique,  ayant 
8  centim.  environ  de  longueur  sur  4  centim.  1/2  de  diam. 
11  a  publié  :  Ueise  in  die  Krim,  und  der  Kaukasus,  en 
collai),  avec  Engelhardt  (Berlin,  4(S  15-18.  2  vol.);  Ileise 
in  die  Pijreneen  (Berlin,  4825);  Reise  zum  Ararat 
(Berbn,  183is  2  vol.). 

PARROT  (Marie-Jules),  médecin  français,  né  à  Kxci- 
deuil  (Dordogne)le  10  nov.  4829,  mort  à  Paris  le  5  août 
4883.  Reçu  agrégé  à  la  Faculté  de  Paris  en  4860,  médecin 
des  hôpitaux  en  1862,  il  fut  nommé  en  4876  professeur 
d'histoire  de  la  médecine,  et.  en  4879,  échangea  cette 
chaire  contre  celle  de  clinique  des  maladies  des  enfants. 


Il  fut  reçu  membre  de  l'Académie  de  médecine  en  1878. 
Ses  études  d'anatomie  pathologique  le  conduisirent  à  ad- 
mettre que  le  rachitisme  est  une  manifestation  éloignée 
de  la  syphilis  héréditaire.  Ses  idées  et  ses  travaux  sur 
les  affections  gastro-intestinales  des  enfants,  sur  le  mu- 
guet, Férylhème,  les  convulsions,  sont  résumés  dans  ses 
îjelles  leçons  sur  l'athrepsie  (Progrès  méd.,  4875-76; 
Œnique  des  nouveau-nés.  UAthrepsie;  Paris,  4877, 
in-8,  43  pi.).  Mentionnons  encore  ses  travaux  sur  le  zona, 
les  bruits  respiratoires  et  cardio-vasculaires,  l'histoire  de 
la  médecine,  l'anthropologie,  etc.,  répandus  dans  les  re- 
mèdes périodiques  de  ré])0(iue  et  dans  le  Picl.  encjjcl. 
des  sciences  médicales.  D^'  L.  Hn. 

PARROY.  Com.  du  dép.  de  Meurthe-et-Moselle,  arr.  et 
cant.  (S.)  de  Lunéville;  532  hab. 

PARRY  (Archipel).  Groupe  d'Iles  situées  dans  la  partie 
la  plus  septentrionale  de  l'Amérique  du  Nord,  entre 
75«  et  78'^  de  lat.  et  82*^  et  427*^  de  long,  occiden- 
tale, et  ayant  une  superficie  de  plus  de  450.000  kil.  q. 
La  suite  des  détroits  désignés  sous  le  nom  de  Passage 
N.-O.  le  limitent  au  S.  ;  il  est  baigné  par  les  détroits  du 
Gi'oenland  à  l'E.  et  par  l'océan  Polaire  au  N,  et  à  l'O. 
ou  aucun  navire  n'a  pénétré  ;  l'exploration  en  a  été  faite 
en  traîneau.  11  constitue  la  moitié  septentrionale  de  Tar- 
clîipel  polaire  américain.  Son  nom  lui  vient  du  navigateur 
anglais  William  Parry  (Y.  ci-dessous),  qui  a  le  premier 
(en  4819)  pénétré  dans  cette  région.  Les  îles  en  sont 
rangées  de  l'E.  à  l'O.  dans  l'ordre  suivant  :  Devon  sep- 
tentrional (55.400  kil.  q.),  île  au  N.  de  laquelle  est  la 
Terre  d'Ellesmer,  très  incomplètement  connue,  la  Teire 
de  Cornwallis  (4.700  kil.  q.),  la  Terre  de  Grinnell 
(5.000  kil.  q.)  et  le  Cornouailles  septentrional  dont  on 
n'a  aperçu  (jue  la  côte  S.  ;  ces  trois  dernières  îles,  dispo- 
sées du  S.  au  N.,  sont  séparées  du  Devon  septentrional 
par  le  canal  Welhngtondans  lequel  a  péri  le  lieutenant  Bellot 
et  oïl  ont  été  abandonnés  les  deux  navires  anglais  Pio- 
neer et  Assistance  (4854)  ;  Vllede  Bathurst  (49.400  kil. 
q.),  séparée  des  précédentes  par  le  détroit  de  Crozier  et 
le  canal  de  la  Reine;  Vile  de  Melville  (42.500  kil.  q.), 
séparée  de  la  précédente  par  le  canal  Byam  Martin  et 
découpée  par  deux  baies  profondes  ;  c'est  dans  une  crique 
située  sur  la  côte  méridionale  et  dite  Winter  Harbour  que 
Parry  a  hiverné  en  4849;  Pile  Eglington  (4.700  kil.  q.) 
et  Vile  du  Prince  Patrick  (48.550  kil.  q.),  séparée  de 
la  précédente  par  les  détroits  Kellett  et  Fitzwilliam.  L'île 
du  Prince  Patrick  a  été  explorée  en  traîneau  en  4853  par 
Mac-Clintock  et  par  Mechœm,  pendant  que  leurs  navires 
hivernaient  dans  les  anses  du  passage  Nord-Ouest.  Les 
autres  lies  connues  ont  moins  de  1.000  kil.  q.  Ces  îles 
sont  entièrement  couvertes  de  glaces,  les  détroits  qui  les 
séparent  restent  gelés  en  très  grande  partie  pendant  tout 
Pété.  Ce  n'est  guère  que  dans  le  canal  Wellington  que 
des  navires  ont  pu  une  fois  (1854)  s'avancer  en  longeant 
la  côte  et  hiverner;  ils  n'ont  pas  pu  se  dégager  en  été.  Elles 
sont  inhabitées,  quoiqu'on  ait  trouvé  en  4853  quelques 
huttes  d'Fsquimaux  dans  l'Ile  de  Melville  (V.  Poladir^ 
[Régions]).  E.  Levasseur. 

PARRY  (Sir  William-Edward),  navigateur  anglais,  né 
à  Bath  le  19  déc.  1790,  mort  aux  eaux  d'i^jus  le  8  juil. 
4855.  Fils  d'un  médecin,  il  s'engagea  à  dix-huit  ans  dans 
la  flotte  anglaise  et  fit  campagne,  jusqu'en  4844,  sur  les 
côtes  de  Fr'ance,  sur  celles  des  Etats-Unis  et  dans  la  Bal- 
tique, occupant  ses  loisirs  à  étudier  l'astronomie  et  la 
science  nautique.  4]n  4847,  il  projeta  de  prendre  part  à 
une  expédition  qui  se  préparait  pour  remonter  le  Congo  ; 
mais,  empêché  par  un  contretemps  de  la  rejoindre,  il  se 
rabattit  sur  une  autre  expédition  qui  devait  tenter,  sous 
la  direction  du  capitaine  John  Ross  (V.  ce  nom),  de  décou- 
vrir, dans  les  mers  polaires,  un  passage  Nord-Ouest  et 
partit,  l'année  suivante,  à  bord  de  VAlexander,  en  qua- 
lité de  lieutenant.  On  n'alla  pas  plus  loin  que  le  détroit 
de  Lancastre,  Ross  ayant  cru  apercevoir  des  montagnes 
qui  lui  barraient  la  route,  etysix  mois  après,  on  était  de 


4495  — 


PARRY  —  PARSISME 


retour  en  Angleterre.  Cependant,  Parry  était  convaincu 
que  les  obstacles  qui  avaient  arrêté  Ross  étaient  pure- 
ment imaginaires.  Il  s'en  ouvrit,  à  peine  débarqué,  à 
l'amirauté,  et  une  seconde  expédition  fut  décidée.  Parry  en 
reçut  la  direction.  Il  quitta  Londres,  le  44  mai  4849,  avec 
deux  navires,  ÏIlécîaQtle  Griper,  ce  dernier,  aux  ordres 
du  capitaine  Liddon,  atteignit,  le  24  juil.,  par  le  détroit 
de  Davis  et  la  baie  de  Baffin,  le  détroit  de  Lancastre. 
obstrué  par  des  masses  do  glaces  flottantes,  n'en  alla  pas 
moins  de  l'avant  et  s'avança  jusqu'à  443^  54'  0.,  décou- 
vrant successivement  le  canal  de  Prince-Régent,  le  détroit 
(le  Barrow,  le  canal  de  Wellington  et  l'île  de  Melville,  où 
il  fut  bloqué  cinq  mois  (24  sept.  4849-7  févr.  4820).  La 
fatigue  de  son  équipage  ne  lui  permit  pas  d'avancer 
davantage  vers  l'ouest.  Au  mois  de  novembre,  il  était  de 
retour  en  Angleterre  et  il  reçut  la  prime  de  5.000  1.  sterl. 
(425.000  fr.)  promise  par  le  gouvernement  anglais  à  celui 
de  ses  sujets  qui  franchirait  le  410®  degré  0.  Deux  nouvelles 
expéditions,  qu'il  entreprit  avec  le  Funj  et  VHécla,  furent 
moins  heureuses.  La  première,  qui  dura  deux  ans  et  demi 
(mai  1824-oct.  4823),  fut  dirigée  par  le  détroit  d'Hudson  ; 
elle  amena  la  découverte  du  détroit  de  Fury-et-Hécla, 
entre  le  promontoire  de  Melville  et  la  terre  de  Cockburn, 
mais,  à  deux  reprises,  les  navires  furent  emprisoimés  dans 
les  glaces,  et  on  dut  revenir  après  dix-sept  mois  de  rigou- 
reuse captivité.  La  seconde  (mai  4824-oct.  4825)  se  borna 
à  l'exploration  du  canal  Prince-Régent;  ÏHécla  revint 
seul,  le  F'ury  ayant  été  brisé  par  une  banquise,  sans  perdre 
d'ailleurs  un  seul  homme.  Parry  désespéi'a  d'arriver  à  jamais 
découvrir  le  passage  Nord-Ouest.  Il  dirigea  alors  ses  regards 
vers  le  pôle  et,  l'amirauté  ayant  approuvé  le  plan  qu'il 
lui  soumit,  il  partit,  le  3  avr.  4827,  avec  VHécla.  Le 
24  juin,  il  jeta  l'ancre  sur  Ja  côte  N.  du  Spitzberg  et,  le 
lendemain,  il  s'aventura,  avec  James  Ross  (V.  ce  nom), 
le  neveu  de  son  ancien  chef,  sur  deux  bateaux  plats,  spé- 
cialement construits,  qu'ils  parvinrent  à  mener,  en  che- 
minant à  travers  les  glaces  flottantes  ou  en  les  traînant 
sur  les  banquises,  jusqu'à  82*^ -45'  N.  (23  juil.  4827).  Ils 
rejoignirent  VHécla,  le  24  août,  après  une  absence  de 
soixante  jours  et  ils  rentrèrent  à  Londres  au  mois  de  sep- 
tembre. Ce  fut  la  dernière  expédition  polaire  de  Parry.  11 
fut  fait  chevalier  (4829),  nommé  hydrographe  de  l'ami- 
rauté, puis  commissaire  de  la  société  austrahenne  d'agri- 
culture, et,  en  cette  dernière  qualité,  il  alla  résider  cinq 
ans  à  Port-Stephens  (4829-34).  En  4837,  il  fut  pourvu 
de  l'emploi  d'inspecteur  des  machines  à  vapeur  de  la  ma- 
rine. Il  démissionna  en  4846,  pour  vivre  désormais  dans 
la  retraite,  etil  fut  promu  en  4852  contre-amira.1.  En  4853, 
il  reçut  le  titre,  d'ailleurs  purement  honorifique,  de  vice- 
gouverneur  de  l'hôpital  de  la  marine,  à  Greenwich.  Les 
relations  de  ses  voyages,  publiées  successivement  par  les 
soins  de  l'amirauté,  ont  été  réunies  ensidte  sous  le  titre  : 
Fouî'  voijages  lo  ilie  North-Pole  (Londres,  4833,  5  vol.). 
Il  en  existe  une  traduction  française  par  Defauconpret. 

BiBL.  :  Edw.  Parry,  Memoir  of  sir  W.-E.   Parry  :  Ox- 
ford, 1857. 

PARRY  (William),  peintre  anglais,  né  en  4742,  mort 
à  Londres  en  4794.  Il  fut  élève  de  l'Académie  de  Saint- 
Martin's  Lane,  dirigée  par  le  peintre  Shipley,  puis  de 
sir  J.  Reynolds.  Grâce  à  la  libéralité  de  sir  Watkin 
Williams  Wynn,  qui  le  protégeait,  il  fit,  en  1770,  un 
voyage  en  Italie,  où  il  séjourna  quatre  ans,  et,  peu  de 
temps  après  son  retour,  fut  nommé  associé  de  la  Royal 
Academy  (4776).  Il  était  déjà  membre  de  l'Incorporated 
Society  of  Artists.  A  la  mort  de  sa  femme  (4788),  il 
quitta  de  nouveau  l'Angleterre  et  se  fixa  à  Rome  pour 
plusieurs  années,  jusqu'à  ce  que  le  mauvais  état  de  sa 
santé  le  décidât  à  regagner  Londres.  On  connaît  de  lui 
une  copie  de  la  Transfiguration  de  Raphaël,  faite  pour 
sir  W.-W.  Wynn,  pendant  son  premier  séjour  en  Italie, 
plusieurs  portraits  et  une  petite  estampe  destinée  à  servir 
de  billet  d'entrée  à  un  concert  donné  par  son  père,  le 
musicien  aveugle  Parry. 


PARS  ou  PARS~lès-Chavanges.  Com.  du  dép.  de 
l'Aube,  arr.  d'Arcis,  cant.  de  Chavanges;  432  hab. 

PARS  ou  PARS~LES-RoMiLLY.  Com.  du  dép.  de  l'Aube, 
arr.  de  Nogent-sur- Seine,  cant.  de  Romilly-sur-Seine  ; 
300  hab.  ' 

PARSAC.  Com.  du  dép.  de  la  Creuse,  arr.  de  Roussac, 
cant.  de  Jarnages  ;  1.608  hab.  Stat.  du  chem.  de  fer  de 
Guéret  à  Montluçon.  —  Eglise  paroissiale  du  xii^  siècle 
avec  collatéraux.  Château  de  Jardon  bien  conservé.  Il  ne 
reste  rien  d'un  prieuré  mentionné  au  xiv^  siècle  et  dépen- 
dant de  la  Sainte-Chapelle  de  Riom. 

PARSAC.  Com.  du  dép.  de  la  Gironde,  arr.  delibourne, 
cant.  de  Lussac  ;  233  hab. 

PARSEVAL  (Théorème  de).  Ce  théorème  permet,  quand 
on  connaît  les  valeurs  des  séries 

f{x,)   ™  ^/o  -1-  ^h^  +  ^^2-'    •••    ^n^''"' 

^(z)  ■=.  b^,  ~\-  b^z  -+-  b.^z'^  4-  ...  /;,5-^... 
d'en  déduire  la  valeur  de 

<^(l)  :—  aQb^^  H-  a^b^t  -f-  aJ^^f-  ... 
on  a  en  eiîet 


a  b  t^ 


W) 


i^v/ 


^i//K9^ 


l'intégrale  étant  prise  le  long  du  cercle  de  rayon  R,  décrit 
de  l'origine  comme  centre,  pourvu  que  le  long  de  ce 
cercle  les  séries  proposées  soient  convergentes.  Si  l'on 
savait  que  entre  0  et  2;^ 

/(Û)  —  S  rt^CosîiO,  cp(6)  =z  ^  bj:osn^, 

on  en  concluerait 


:aj)^,~\-aj)i  +  ...  . 


C'est  encore  là  une  des  nombreuses  formes  (jue  Ton 
peut  donner  au  théorème  de  Parseval. 

PARSEVAL-Granumaison  (Erançois-Auguste) ,  poète 
français,  né  à  Paris  en  4759,  mort  en  4834.  Eils  d'un 
fei'mier  général  qui  périt  sur  Eéchafaud,  il  s'adonna  d'abord 
à  la  peinture,  et,  n'y  pouvant  réussir,  il  se  rabattit  sur 
la  poésie.  Débile  fut  son  maître  et  lui  apprit  à  aligner 
ces  alexandrins  descriptifs  et  pompeux  dont  la  lecture  est 
si  fastidieuse.  Parseval  accompagna  Ronaparte  en  Egypte 
et  fit  partie  du  célèbre  institut  du  Caire  ;  mais  il  ne  paraît 
pas  avoir  compris  la  poésie  de  l'Orient  et  en  particulier 
celle  des  pyramides.  Un  poème  en  vingt  chants  sur  l'ex- 
pédition d'kgypte  n'est  jamais  sorti  de  son  portefeuille 'et 
n'a  sans  doute  pas  été  achevé.  En  1804,  il  puWia  son 
meilleur  ouvrage,  un  poème  intitulé  les  Amours  épiques, 
où  sont  traduits  des  passages  d'Homère,  de  Virgile,  de 
l'Arioste,  du  l'asse,  de  Milton  et  de  Camoéns  relatifs  aux 
amours  d'Andromaque,  de  iJidon,  d'Angélique,  d'Armide, 
d'Eve  et  d'Inès  de  Castro.  En  4840  parut  une  de  ces 
œuvres  fades  comme  en  a  tant  produit  la  littérature  impé- 
riale, un  Dithyrambe  à  l'occasion  du  mariage  de  Napo- 
léon, suivi  en  4844  d'un  CÂant  h  roïque  pour  la  nais- 
sance du  roi  de  Home.  En  4825,  enfin,  après  vingt 
années  de  labeur,  Parseval-Grandmaison  fit  imprimer  un 
poème  héroïque  en  douze  chants  intitulé  Philippe- Auguste, 
Supérieur  à  la  Pucelle  de  Chapelain  et  à  la  plupart  des 
épopées  françaises  modernes,  ce  poème,  trop  vanté  par 
les  contemporains,  est  tombé  depuis  longtemps  dans  l'oubli 
le  plus  profond,  et  c'est  justice  ;  il  ne  supporte  pas  la 
lecture.  Parseval  était  entré  à  l'Académie  française  en 
4814  ;  M.  de  Salvandy,  qui  l'y  a  remplacé,  a  fait  son  éloge 
en  4835.  "  A.  Gâzier.' 

PARSIFAL,  héros  légendaire  (V.  Peuceval). 

PARSISME.  On  entend  j^ar  parsisme  Eensemble  des 
dogmes,  des  croyances  religieuses,  des  mœurs  et  des  cou- 
tumes des  sectateurs  de  Zoroastre,  adorateurs  du  feu,  dont 
la  colonie  la  plus  importante  est  établie  depuis  des  siècles 
sur  la  côte  N.-O.  de  l'Hindoustan,  où  elle  vit  presque 
exclusivement  de  négoce. 


PARSISME 


119(5  — 


Le  recensement  de  1891  a  constaté  dans  l'Inde  la  pré- 
sence de  89.904  parsis,  dont  76.456  dans  la  présidence 
de  Bombay.  On  en  trouve  encore  un  groupe  de  9.000  dans 
les  provinces  persanes  d'Yezd  et  de  Kirman  ;  au  siècle  der- 
nier, ces  communautés  comptaient  encore  100.000  fidèles  ; 
les  principales  sont  à  Taft  etYezd.  DansTInde,  en  dehors 
du  grand  centre  de  Bombay,  les  parsis  vivent  surtout  à 
Surate,  Barotch,  Karatchi  (Kurrachee) .  Vivant  surtout  du 
commerce,  ils  sont  établis  dans  les  principaux  ports  de 
Tocéan  Indien,  en  Chine,  à  Caboul,  Aden,  Zanzibar  et  jus- 
qu'à Londres  et  Liverpool. 

Le  mot  parsisme  dérive  du  nom  de  parsi,  (jui  est  celui 
par  lequel  on  désigne  généralement  les  zoroastriens  ;  ce 
nom  est  postérieur  à  la  conquête  qui  fit  passer  la  Perse 
sassanide  sous  le  joug  des  khalifes  omeyyadcs,  puis  des 
abbasides  ;  il  dérive  du  mot  Pars,  qui,  dans  la  langue 
ancienne  comme  dans  la  langue  moderne,  est  appliqué  à 
l'une  des  provinces  de  l'Iran,  plus  connue  aujourd'hui  sous 
le  nom  de  Susiane.  En  réalité,  ce  nom  à^  parsi  désignait 
pour  les  musulmans  les  gens  qui  étaient  restés  fidèles  à 
l'ancienne  civilisation  et  à  l'antique  religion  de  l'Iran, 
sans  préciser  davantage  la  partie  de  ce  vaste  pays  dont  Qs 
étaient  originaires;  c'est  de  même  que  le  nom  de  pehlvi, 
qui  désigne  la  langue  parlée  en  Perse  à  l'époque  sassa- 
nide, ne  désigne  point,  comme  Fétymologie  pourrait  le 
faire  croire,  la  langue  des  Parthes  (V.  Pehlvi),  mais  uni- 
quement la  langue  ancienne  de  la  Perse.  Les  parsis  ont 
adopté  ce  nom,  quoiqu'ils  ne  l'emploient  pas  volontiers, 
préférant  se  servir  de  celui  de  bëh-dln  (anciennement 
vrh-dln  et  shapïr-din),  «  homme  de  la  bonne  religion  » 
et  (le  mazdayasn,  «  mazdéen  ».  Le  nom  de  guèbres  n'est 
employé  que  par  les  musulmans  dans  un  sens  d'ailleurs 
injurieux  ;  le  terme  de  zendik,  que  l'on  ne  trouve  jamais 
chez  les  mazdéens,  désigne  chez  les  historiens  arabes  et 
persans  les  manichéens  et,  en  général,  les  sectes  hétéro- 
doxes issues  du  mazdéisme,  qui  finirent  par  se  fondre  avec 
rislam  et  qui  amenèrent  les  terribles  commotions  révolu- 
tionnaires au  milieu  desquelles  le  monde  musulman  n'a 
pas  cessé  de  se  débattre  jusqu'à  nos  jours. 

La  religion  des  parsis  est  le  mazdéisme  et  remonte  à 
l'époque  de  la  dynastie  sassanide.  Nous  renvoyons  pour  ce 
qui  concerne  les  faits  historiques  à  l'art.  Perse  ;  on  y 
trouvera  également  des  indications  relatives  au  principal 
livre  sacré  des  mazdéens,  VAvesta,  qui  a  été  aussi  l'objet 
d'un  article  spécial. 

La  doctrine  mazdéenne  a  pour  principe  fondamental 
l'existence  d'un  dieu  suprême,  Ahura-Mazda,  «le  seigneur 
omniscient  »,  qui  a  créé  le  monde  par  sa  pensée  et  qui 
est  assisté  de  six  divinités  :  Vohu-Mano.  «  la  bonne  pen- 
sée »  ;  Asha-Vahishta,  «  la  sainteté  parfaite  »;  Khshathara- 
Vairya,  «la  royauté  qui  règne  suivant  son  désir  »;  Spenta- 
Armaiti,  «  la  bienfaisante  pensée  parfaite  »  ;  Haurvatat 
et  Ameretat,  «  la  santé  et  la  longue  vie  »,  qui  portent  le 
titre  d'Amesha-Spenta,  «  immortels  bienfaisants  »,  et  d'un 
très  grand  nombre  de  génies  bienfaisants  comme  les  pré- 
cédents, mais  qui  leur  sont  inférieurs  en  puissance  et  en 
dignité.  Ces  génies  sont,  les  uns,  des  personnifications  des 
forces  de  la  nature,  les  autres,  des  abstractions  morales 
et  religieuses  qui  n'ont  jamais  eu  d'existence  indépen- 
dante. En  face  d'Ahura-Mazda,  l'esprit  bienfaisant  (Spenta- 
Mainyu),  se  trouve  un  esprit  de  mal  et  de  ténèbres, 
Angra-Mainyu,  l'Ahriman  du  pehlvi  et  du  persan  mo- 
derne; Angra-Mainyu  lutte  constamment  contre  Ahura- 
Mazda  pour  détruire  sa  création  à  mesure  qu'il  l'accom- 
plit ;  et,  à  chaque  Amesha-Spenta,  il  oppose  un  démon, 
daôva  (persan,  div),  chargé  de  contrarier  sa  mission.  Ces 
démons  sont  au  nombre  de  six  et  sont  aidés  dans  leur 
tâche  malfaisante  par  un  nombre  infini  d'autres  démons, 
moins  importants,  nommés  driijs,  dont  chacun  a  pour  rôle 
bien  défini  de  lutter  à  outrance  contre  l'un  des  esprits 
créés  par  Ahura-Mazda,  et  contre  celui-là  seul.  Ces  démons 
et  ces  drujs,  créés  par  Angra-Mainyu,  ne  sont  que  de 
froides  abstractions;  les  six  archi-démons  eux-mêmes, 


créés  pour  combattre  les  six  Amesha-Spenta,  les  archanges 
ne  sont  que  leurs  contre-parties  fidèlement  décalquées  sur 
eux  ;  ce  fait  tendrait  à  faire  penser  que  le  dualisme  tel 
(ju'il  se  trouve  dans  l'Avesta  n'est  point  primitif  et  qu'il 
y  a  eu  un  mazdéisme  qui  ne  le  connaissait  point.  Un  fait 
curieux  est  que  le  premier  Darius  dans  l'inscription 
trilingue  de  Bisoutoun  ne  parle  jamais  que  d'Ahura-Mazda. 
qui  n'est  pas  son  dieu  unique,  mais  seulement  le  plus 
grand  des  dieux  ()iinthishta  bagdnâm)  ;  jamais  il  ne 
parle  d'un  esprit  de  ténèbres,  et  il  aurait  cependant  eu 
plus  d'une  fois  l'occasion  de  le  fo^ire  et  de  lui  attribuer 
les  révoltes  sans  fin  contre  lesquelles  il  eut  continuelle- 
ment à  lutter  pendant  son  règne.  Néanmoins,  cet  argu- 
ment est  loin  d'être  sufiisant  pour  que  l'on-puisse  affirmer 
que  le  mazdéisme  de  Darius  ne  connaissait  point  le  dua- 
lisme. Malgré  tout,  ce  que  l'on  connaît  par  Hérodote  de  la 
religion  de  l'Iran  sous  le  règne  des  Achéménides  ne  con- 
corde pas  toujours  avec  FAvesta,  de  telle  sorte  qu'il  est 
très  probable  que  le  mazdéisme  de  Darius  et  de  ses  des- 
cendants était  différent  de  celui  des  Arsacides  et  des  Sas- 
sanides. 

Voici  ([uels  sont  les  principaux  points  de  la  religion  de 
VAvesta.  Dans  l'ordre  dogmatique  :  le  dualisme,  la  lutte 
d'Ahura-Mazda  et  d'Angra-Mainyu  durant  12.000  ans,  la 
défaite  finale  de  l'esprit  du  mal,  après  la  venue  de  trois 
])rophètes,  fils  à  naître  de  Zoroastre,  et  d'un  Messie,  nommé 
Bahram  Amavand  ;  la  résurrection  ;  le  culte  de  plusieurs 
divinités  naturalistes,  parmi  lesquelles  Mithra  et  Ardvi 
Soura-Anahita. 

Dans  l'ordre  moral  :  le  culte  de  la  vérité,  de  la  pureté, 
de  la  famille,  qui  était  très  rigoureusement  fermée,  du 
travail  et  de  l'agriculture. 

Dans  l'ordre  liturgique  et  légal  :  le  sacrifice  sanglant, 
le  sacrifice  non  sanglant  du  Ilaoma,  correspondant  à  celui 
du  Soma,  dans  l'Inde  brahmanique  ;  certaines  lois  de  pureté 
légale  protégeant  la  nature  contre  la  souillure  de  la  terre, 
des  eaux  et  du  feu. 

On  ne  sait  exactement  dans  quelle  partie  de  l'Iran  cette 
religion  si  majestueusement  simple  dans  son  ensemble  et 
la  plus  noble  de  tout  l'Orient  a  pris  naissance  ;  d'après  la 
tradition,  Ahura-Mazda  a  dicté  le  texte  de  VAvesta  à  un 
mage  nommé  Zoroastre  (Zarathustra),  dont  la  légende  parait 
localisée  danslaMédieet  dans  l'Atropatène  (l'Azerbaidjan 
moderne)  ;  ce  Zoroastre  est  lui-même  donné  comme  un 
successeur  des  prêtres  de  Haoma,  dont  le  culte  était  bien 
antérieur  au  mazdéisme  et  qui  remonte  aux  périodes  pri- 
mordiales de  l'aryanisme.  Ce  qui  paraît  certain,  c'est  que 
cette  rehgion  fut  élaborée  dans  un  pays  extrêmement  froid, 
car  le  feu  [Ataré)  et  le  soleil  (Hvare)  y  sont  considérés 
comme  les  divinités  bienfaisantes  par  excellence,  tandis  que 
l'hiver  glacial  des  hautes  régions  y  porte  constamment 
l'épithète  de  «  créé  par  les  démons  »  (daèvo-data)  ;  c'est 
au  N.  que  se  trouve  la  demeure  des  démons,  et  l'enchan- 
teur Malkôsh  fait  périr  l'humanité  en  couvrant  la  terre 
d'Iran  d'un  blanc  linceul  de  neige. 

Lorsque  les  défaites  répétées  de  Yezdegerd  et  de  ses 
généraux  eurent  montré  aux  mazdéens  que  c'en  était  fait 
de  l'indépendance  de  la  Perse,  les  fidèles  de  la  religion  de 
Zoroastre,  qui  ne  voulurent  pas  se  convertir  à  la  foi  des 
envahisseurs,  allèrent  chercher  sous  d'autres  cieux  des 
maîtres  plus  cléments.  i)uelques-uns,  la  minorité,  sui- 
virent Firouz,  fils  de  Yezdegerd,  et  allèrent  se  réfugier 
dans  le  Turkestan,  puis  en  Chine.  Firouz,  que  les  histo- 
riens chinois  nomment  Firouz  III  sans  que  l'on  sache  exac- 
tement pourquoi,  reçut  un  haut  commandement  dans  les 
troupes  du  Céleste-Empire  et  construisit  un  temple  du  feu 
à  Si-ngan-fou;  son  fils,  le  Ni-ni-ssé  des  auteurs  chinois, 
mourut  général  commandant  l'aile  gauche  de  l'armée  de 
l'empire  du  Milieu. 

Le  plus  grand  nombre  des  fugitifs  se  retirèrent  dans  le 
Kouhistan,  où  ils  vécurent  durant  environ  cent  ans;  ils 
descendirent  ensuite  à  Ormuzd  sur  le  golfe  Persique,  et, 
après  y  avoir  séjourné  pendant  quinze  ans,  ils  s'embar- 


1497  — 


PAKSISME 


quèreut  pour  riiide  et  abordèrent  à  Diu.  Au  bout  de  dix- 
neuf  ans,  ils  crurent  voir  dans  leurs  livres  de  divination 
que  le  séjour  de  celte  ville  ne  leur  serait  pas  favorable, 
et  ils  se  rembarquèrent  ;  une  violente  tempête  les  jeta  à 
5  lieues  environ  au  S.  de  Nargol,  localité  située  à  une 
dizaine  de  lieues  de  Daman,  sur  la  route  de  Basim.  Dès 
(ju'ds  furent  descendus  à  terre,  l'un  de  leurs  chefs  alla 
saluer  Djadirao,  raja  de  cette  partie  du  Goudjerate,  et  lui 
fit  quelques  présents;  ce  prince,  inquiet  de  la  présence 
dans  ses  Etats  d'un  aussi  grand  nombre  d'étrangers,  ne 
voulait  pas  leur  permettre  d'y  rester  s'ils  n'acceptaient  les 
cinq  conditions  suivantes  :  lui  dévoiler  les  mystères  de 
leur  religion,  rendre  leurs  armes,  abandonner  leur  langue 
pour  adopter  celle  du  pays,  laisser  leurs  femmes  sortir  le 
visage  découvert  comme  les  Indiennes  et  célébrer  les  cé- 
rémonies du  mariage  au  commencement  de  la  nuit.  Les 
parsis  acceptèrent  ces  cinq  conditions  qui  n'avaient  d'ailleurs, 
connne  on  le  voit,  rien  de  draconien,  et  ils  purent  s'éta- 
blir dans  la  ville  de  Sandjan,  où  ils  construisirent  un 
temple  du  feu  pour  exaucer  un  vœu  qu'ils  avaient  fait 
avant  de  quitter  la  Perse. 

Trois  cents  ansemiron  après  ces  événements,  les  parsis, 
s"étantl)oaucoup  multipliés,  allèrent  s'établir  dans  plusieurs 
autres  localités  du  Goudjerate,  Bankanir,  Baroutch,  An- 
klesir,  Kambaye  etNausari.  11  y  avait  plus  de  trois  siècles 
(]ue  les  mazdéens  s'étaient  tixés  dans  l'Inde  quand  les  mu- 
suhnans  parurent  à  Tchapanir  ;  le  sultan  ghaznévide  Mah- 
moud, fils  de  Seboukteqin,  envoya  contre  le  raja  de  Sand- 
jan, une  armée  sous  le  commandement  d'Asaf  Khan.  Les 
mazdéens  embrassèrent  immédiatement  le  parti  du  raja 
et  ils  infligèrent  une  sanglante  défaite  aux  musulmans  ; 
mais  un  retour  offensif  de  l'armée  ghaznévide  fit  bientôt 
évanouir  l'espoir  que  les  Indiens  en  avaient  conçu.  Sand- 
jan fut  livrée  au  plus  affreux  pillage,  et  les  parsis  durent 
se  réfugier  dans  les  montagnes  deBehrout,  près  de  Tcha- 
panir, où  ils  passèrent  douze  années.  Ils  se  retirent  ensuite 
ù  Bandah,  ville  située  à  60  kil.  environ  d'Aurengàbàd, 
emportant  avec  eux  le  feu  Bahram  ;  il  semble  qu'à  cette 
époque  les  mazdéens  étaient  tombés  dans  un  état  de  dé- 
cadence presque  complète  et  qu'ils  avaient  laissé  perdre 
les  livres  dans  lesquels  se  trouvaient  renfermés  les  dogmes 
de  leur  religion.  C'est  à  peu  près  vers  l'époque  où  les  parsis 
s'enfuirent  de  Sandjan,  qu'un  destour,  ou  grand  prêtre, 
Nint  de  la  province  de  Perse  que  l'on  nomme  le  Seislan 
et  apporta  aux  prêtres  de  l'Hindoustan  une  copie  du  Ven- 
didad  avec  sa  traduction  pehlvie.  La  supériorité  des  com- 
munautés mazdéennes  restées  en  Perse  était  tellement  évi- 
dente que,  quatorze  ans  après  cet  événement,  un  riche  parsi 
de  Nausari,  nommé  Tchengah  Chah,  envoya  demander  aux 
destoui's  du  Kirman  des  consultations  sur  la  rehgion  ;  il 
établit  ensuite  à  Nausari  un  temple  du  feu  Bahram,  qui 
enleva  toute  importance  à  celui  de  Sandjan.  Dans  le  pre- 
mier quart  du  xviii^  siècle,  un  destour  fort  instruit,  nommé 
Djamasp,  vint  du  Kirman  dans  le  Goudjerate  pour  donner 
bon  avis  sur  quelques  détails  de  la  liturgie  ;  il  en  profita 
l)jur  corriger  le  texte  du  Vendidad  dans  lequel  s'étaient 
ghssées  plusieurs  fautes  et  pour  former  quelques  disciples, 
Dai'ab  à  Sourate,  Djamasp  à  Nausai'i  et  un  autre  à  Baroutch. 

On  voit  que  jusqu'au  commencement  du  xviii^'  siècle,  les 
descendants  des  mazdéens,  qui  avaient  préféré  rester  en 
Perse  et  y  subir  le  joug  des  musulmans,  jouissaient  d'une 
sitiiHlion  bien  supérieure  à  celle  de  leurs  frères  de  l'Hiji- 
doustan  ;  mais  aujourd'hui  les  choses  sont  bien  changées. 
Les  /ommunautés  mazdéennes  de  Perse  végètent  miséra- 
J)lenienl,  à  peine  tolérées  par  lesKadjars,  dont  l'insolence 
\  ih-à-vis  des  faibles  n'a  d'égal  que  leur  aplatissement  de- 
vant ceux  qui  ont  ou  qui  paraissent  avoir  la  force.  La 
colonie  parsie  du  Goudjerate  est  en  pleine  prosj)érité  et  a 
drainé  une  très  grande  partie  des  capitaux  du  N.-O.  de 
rinde  ;  la  plupart  des  fidèles  de  la  loi  de  Zoroastre  se 
livrent  à  la  banque  et  au  haut  commerce,  se  soutenant 
tous  étroitement.  Depuis  quelques  années,  ils  sont  entrés 
résolument  dans  la  voie  de  ce  (ju'on  est  convenu  d'ap- 


,  peler  la  civihsation  européenne  ;  les  femmes  se  font  rece- 
i  voir  doctoresses  et  exercent  la  médecine  quand  elles  n'écri- 
I  vent  pas  des  articles  de  journaux  ou  des  romans,  tandis 
que  les  hommes  tendent  à  prendre  une  situation  pohtique. 
Bien  que  demeurant  fidèles  à  la  langue  goudjerati,  qu'ils 
ont  adoptée  depuis  des  siècles,  un  grand  nombre  de  par- 
sis parlent  anglais.  Ils  ont  multiplié  les  écoles  à  tous  les 
degrés  et  le  Sir-  Jamshedji  Jijibhoy  translation  found 
fait  aussi  bien  traduire  les  œuvres  européennes  en  goud- 
jerati que  les  œuvres  parsies  en  anglais.  Jamshedji  est  ce 
marchand  parsi  de  Bombay  (1783-1859)  que  la  reine  créa 
baronnet  en  48o7.  Depuis,  le  parti  libéral  a  même  fait  élire 
un  parsi  député  de  Londres. 

Le  culte  mazdéen.  —  Le  sacerdoce  est  le  privilège  ex- 
clusif et  par  conséquent  héréditaire  d'une  caste  ;  le  prêtre 
(appelé  âthravan  ou  magou  aux  époques  anciennes,  au- 
jourd'hui mobed)  tient  son  pouvoir  de  sa  naissance  tout 
comme  le  brahmane.  Les  ??^o/;^^/,s•  ne  doivent  épouser  qu'une 
fille  de  mobed;  mais  aujourd'hui  ils  épousent  une  fille 
quelconque,  pourvu  qu'elle  ait  une  belle  dot.  Le  fils  d'un 
mobed  ne  devient  lui-même  mobed  qu'après  avoir  subi 
trois  initiations  successives  :  le  nô-zoûd,  le  nàbar  et  le 
maraiib  ;  par  la  première  des  trois  cérémonies,  il  est  d'abord 
admis  dans  la  communauté  mazdéenne;  parla  seconde,  il 
devient  herbed;  la  troisième  seule  en  fait  un  mobed  ;  le 
no-zoûd  a  lieu  quand  l'enfant  a  atteintsept  ans  ctdemi; 
il  consiste  en  un  bain,  la  récitation  d'une  formule  de  con- 
trition, et  l'investiture  du  sadéré,  sorte  de  camisole,  et  du 
Iwsti,  ceinture  composée  de  soixante-douze  fils  de  laine 
tressés,  que  les  parsis  portent  constamment  sur  eux.  Le 
mibar.  se  fait  à  quatorze  ans,  le  candidat  doit  connaître 
par  cœur  le  Yasna,  le  fispéred  et  le  Khorda-Avesta. 
Tous  les  mobeds  de  l'Hindoustan  appartiennent  à  cinq  fa- 
milles, les  Sandjanas,  les  Bhdgarias,  les  Kambâtas,  les 
Broatchas  et  les  Godavras.  Les  plus  anciens  sont  les 
Sandjanas.  Dans  le  culte  mazdéen  sassanide,  le  nombre 
des  prêtres  officiants  était  bien  plus  considérable  qu'au- 
jourd'hui, VAvesta  cite  le  zaotar,  le  hâvanan,  Vâtra- 
vaklisha,  le  fraberetar,  Vdberet,  Vdsnatar,  le  rathwish- 
ktare  et  le  sraoshavarez. 

Le  lieu  du  culte  pour  les  grands  sacrifices  est  le  temple 
du  feu  qui  porte  aujourd'hui  dans  l'Hindoustan  le  nom  de 
Dar-i-Mihir,  «  palais  de  Mithra  »,  et  qui  s'appelait  an- 
ciennement aleshgclJh  «  pyrée  ».  Il  y  a  deux  sortes  d(; 
temples,  le  grand  temple,  ou  temple  du  feu  Bahram,  Atash 
Bahram,  et  le  petit  temple  Adarân  ou  Agyârl. 

La  préparation  du  feu  Bahram  qui  est  adoré  dans  le 
premier  dure  un  an  entier  ;  il  est  formé  de  seize  espèces 
de  feux  différents  combinés  avec  la  récitation  de  nom- 
breuses formules. 

Le  temple  se  compose  essentiellement  de  deux  parties, 
la  chambre  du  feu  sacré,  V adarân,  et  la  chambre  où  s'ac- 
coinphssent  les  cérémonies  du  culte,  Ylzislin  Gàh,  vaste 
pièce  quadr angulaire,  divisée  en  plusieurs  parties  d'égales 
dimensions,  dont  chacune  peut  servir  à  un  office  distinct. 
Dans  chacun  de  ces  compartiments,  il  y  a  une  table  de 
pierre  qui  porte  le  vase  à  feu.  et  qui  se  nomme  ddoslit, 
une  autre  table  de  pierre  sur  laquelle  on  dépose  les  ins- 
truments du  sacrifice  et  (jiii  s'appelle  iirvis  ou  âtàt-gàh 
chez  les  modernes.  Les  instruments  du  culte  sont  :  le  mor- 
tier (fidvan),  dans  lequel  on  broie  le  haonia  avec  un  pilon 
(dast)  ;  le  barsoni,  faisceau  de  tiges  d'arbre  liées  avec  un 
lien  fait  d'une  feuille  de  dattier  ou  par  des  tig<^s  de  cuivre 
qui  ont  l'avantage  de  servir  indéfiniment  ;  une  soucoupe 
percée  de  neuf  trous  [tashii  nu  surdkh).  ([ui  sert  à  filtrer 
le  jus  du  haoma;  hvars  ou  cheveu  entourant  uni}  bague 
de  métal  ;  un  certain  nombre  de  soucoupi'S  {lasht}  et  de 
\'àses(whr-l)ardn).  A  coté  de  Vagyàrl  se  trouve  un  puits 
qui  fournit  l'eau  pour  le  sacrifice  et  un  jardin  contenant 
un  dattier  et  un  grenadier. 

Les  offrandes  consistent  en  Jmn  (zend  haoma)  ;  le 
haoma  est  une  plante  à  feuilles  jaunes  douée  de  vertus  mys- 
tiques comme  le  soma  indien  ;  Vurvaram,  petite  tige  de 


PARSISME  -"  PARSONS 


—  1198  — 


grenadier  qui  est  piiée  dans  un  mortier  avec  le  haotna  ; 
le  bois  et  Fencens  [ësm-bTn)  que  l'on  met  sur  le  feu  ;  le 
dâroûn,  petit  pain  non  levé,  de  la  grandeur  d'une  pièce 
de  o  fr.  ;  les  offrandes  animales  sont:  la  yiande  {gôsht  ou 
gdshodd,  zend  gaiish-liudliâo)  ;le  lait  {jîo  ou  jlvdm,  zend 
gâitsh-jivya)  ;  des  fruits  et  des  fleurs. 

On  ne  connaît  pas  le  nombre  exact  des  cérémonies  exé- 
cutées h  l'époque  où  le  culte  mazdéen  était  dans  toute  sa 
prospérité,  il  est  évident  qu'elles  étaient  bien  plus  nom- 
breuses qu  aujourd'hui  ;  les  seules  qui  sont  relevées  dans 
rinde  sont:  le  Yasna  ou  Mino-Sakir ;  le  Vispéred;  le 
Vendidad  ;  le  Yasna  de  Rapithwin  ;  les  Gdhdnbârs  ;  le 
Srôsh-DârofiJi ,  le  ZoJir-Alash,  VArda-Frohav  et  les 
Afringan  célébrés  en  l'honneur  des  morts  ;  le  Gitl-Khi- 
rid;  le  Zeiida-Uavan,  le  lloinasl. 

Il  n'y  a  plus  (pie  deux  prêtres  pour  accomplir  tous  les 
sacrifices,  le  Zôt  (zend  Zaotar)  et  le  Raspi  (Ratliwish- 
kare),  ce  dernier  tenant  à  lui  seul  la  place  de  sept  autres 
prêtres  qui  officiaient  en  même  temps  que  le  Zaotar'  à 
l'époque  sassanide  ;  pour  célébrer  le  sacritice,  il  faut  être 
mobedet  avoir  fait  le  khob  ou  purification  générale. 

Pour  célébrer  le  Yasna,  il  faut  avoir  de  l'eau  pure 
[pàdyàb)  que  l'on  se  procure  en  récitant  des  formules  sur 
de  l'eau  ordinaire,  puisée  dans  le  puits  du  temple  ;  on 
coupe  ensuite  des  tiges  de  grenadier  (tdë),  dont  on  enlève 
les  feuilles  et  les  nœuds  avec  un  couteau  à  manche  de 
métal,  on  lave  plusieurs  fois  le  couteau  et  les  tiges  qui 
forment  le  barsom;  pour  le  Yasna,  il  en  faut  23  ;  pour 
le  Vispéred  {'X  le  Vendidad,  35;  pour  le  Yasna  de  lUipi- 
Ihwin,  43.  Le  prêtre  coupe  eiisuite  une  feuille  de  dattier, 
la  déchire  en  six  morceaux  qu'il  noue  bout  à  bout  et 
dépose  ensuite  Vcvdnghin^mû  formé  dans  un  vase  d'eau 
pure  ;  il  va  ensuite  couper  une  pousse  de  grenadier  et  la 
dépose  dans  le  vase  ou  se  trouve  déjà  ïévdngliin.  On 
amène  ensuite  une  chèvre,  qu'il  trait,  il  pose  le  vase  à  lait 
sur  la  pierre  urvis  ;  on  puise  deux  coupes  d'eau  dans  la 
cuve  et  on  les  met  sur  le  bord  de  la  pierre  urvis;  cette  eau 
forme  le  zolir  ;  il  lie  ensuite  le  barsôm  avec  ïévdnghin 
et  passe  à  la  préparation  du  haoma.  Le  haonia  est  une 
plante  qui  est  apportée  de  Perse  et  conservée  dans  une 
boîte  de  fer;  le  prêtre  en  prend  cinq  ou  six  morceaux  et 
après  les  avoir  lavés  et  avoir  récité  plusieurs  formules, 
il  les  broie  dans  le  mortier  (havan)  ;  le  liquide  formé  du 
résultat  de  cette  pressuration  du  hôni,  de  Vurvardni,  do 
whr  et  de  jlvàm  est  nommé  le  Pârahom,  qui  est  destiné 
à  être  bu  par  le  prêtre.  Toutes  ces  cérémonies  ([ue  nous 
venons  de  décrire  très  succinctement  ne  forment  que  la 
préface  au  sacritice,  le  Paragra.  Ce  n'est  qu'alors  que 
commence  la  récitation  du  texte  zend  du  Yasna,  au  cours 
de  laquelle  le  prêtre  boit  une  partie  du  Pàrahôm  préparé 
dans  le  Paragra.  Quand  tout  le  texte  est  récité,  le  prêtre 
déhe  le  faisceau  de  barsom  et  va  jeter  le  reste  de  l'eau 
(xohr)  dans  le  puits  qui  est  à  côté  du  temple.  Le  sacri- 
tice est  alors  terminé. 

Usages  civils  et  religielx  des  parsis.  —  La  purilica- 
iion  joue  un  rôle  capital  dans  la  religion  mazdéenne,  toute 
souillure  matérielle  étant  produite  par  un  démon,  l'homme 
(jui  en  a  été  atteint  doit  s'en  débarrasser  le  plus  vite  pos- 
sible sous  peine  de  compromettre  le  salut  de  son  âme. 

Les  parsis  ont  quatre  sortes  de  purihcation  :  le  Pa- 
diav,  qui  consiste  à  se  laver  avec  de  l'eau  les  mains  et 
les  bras  jusqu'aux  coudes,  les  pieds  jusqu'à  la  cheville, 
et  le  visage;  le  Ghosel,  ablution  faite  avec  àvigoniez-,  eau 
additionnée  d'urine  de  bœuf;  le  Barashnum  de  neiif 
nuits,  opération  extrêmement  longue  et  pénible,  qui  ne 
se  fait  que  pour  les  grandes  souillures  ;  la  quatrième  sorte, 
le  Si-Shouï  ou  «  trente  ablutions  »,  n'en  est  qu'un 
diminutif. 

Quand  un  enfant  naît,  le  père  envoie  chercher  du  Pâ- 
rahom chez  un  mobed,  il  y  fait  tremper  un  tampon  de 
ouate  qu'il  presse  ensuite  dans  la  bouche  de  l'cniant  ;  on 
le  lave  ensuite  avec  du  gomez  :  à  partir  de  ce  moment,  il 
n'est  plus  impur;  on  tire  ensuite  son  horoscope,  pratique 


qui  est  évidemment  contraire  au  mazdéisme  et  que  les  parsis 
ont  empruntée  aux  Hindous  ;  après  cela,  on  lui  donne  un 
nom;  à  trois  ans,  les  parents  font  pour  lui  une  offrande 
à  Mithra.  A  sept  ans,  à  dix  dans  le  Kirman,  on  lui  met  le 
kosti  et  on  lui  fait  subir  la  cérémonie  du  barashnïun  ; 
on  a  A^u  qu'à  quatorze  ans,  le  parsi  doit  subir  le  nd-zoïid 
pour  devenir  herbed.  Le  mariage  est  une  obligatioji 
presque  rehgieuse  pour  le  parsi,  et  surtout  le  mariage 
consanguin,  Khvëtiikdâs  ou  Khvëshl  ;  dans  l'Inde,  on 
tiance  les  enfants  à  deux  ou  trois  ans  ;  quand  une  fille 
est  en  âge  d'être  mariée,  elle  peut  demander  à  ses  ascen- 
dants responsables  de  lui  donner  un  mari  et,  s'ils  refusenl. 
ils  se  rendent  coupables  du  plus  grand  crime. 

Les  fiançailles  se  nomment  B^m-^ati.  Il  y  a  cinq  sortes 
de  mariage  :  1°  celui  oli  la  femme  est  shah-xan,  c.-à-d. 
vierge  ;  2°  goiigzan,  quand  elle  se  marie  pour  que  son 
premier  fils  soit  réputé  celui  de  son  père  ou  de  son  frère 
qui  n'en  a  point  ;  quand  cet  enfant  a  atteint  l'âge  de 
quinze  ans,  elle  se  remarie  avec  son  époux  comme  shah- 
%an;  3°  satr-zan,  quand  elle  se  marie  pour  que  son  pre- 
mier fils  soit  considéré  comme  celui  d'une  personne  décé- 
dée ;  quand  l'enfant  a  quinze  ans,  elle  se  marie  comme  la 
précédente,  en  shah-zan  ;  ~i^  tchager-ian,  c'est  le  cas 
de  la  veuve  qui  convole  en  secondes  noces  ;  5°  khode- 
sharaê-xan,  c.-à-d.  qu'elle  se  marie  sans  le  consente- 
ment de  ses  parents  ;  û\q  doit  se  remarier  en  sliah-zan 
quand  son  fils  a  atteint  quinze  ans. 

Un  homme  ne  doit  avoir  qu'une  seule  femme  ;  toutefois, 
si  elle  est  stérile,  il  peut,  avec  sa  permission,  mais  à  cette 
condition  expresse,  en  prendre  une  seconde  ;  le  divorce 
n'est  pour  ainsi  dire  pas  permis. 

Les  femmes,  dans  le  temps  de  l'impureté  légale,  doivent 
se  tenir  dans  un  endroit  particulier  de  leur  maison,  le 
dashtanislan,  dans  lequel  le  soleil  ne  pénètre  pas,  et 
loin  de  tout  être  vivant  ;  la  purification  des  accouchées  est 
également  l'une  des  choses  les  plus  importantes  des  obli- 
gations du  parsi.  Les  cérémonies  funèbres  des  mazdéens 
ont  été  réglées  par  cette  même  préoccupation  d'épargner 
à  la  nature  vivante  le  contact  d'un  corps  impur.  Dès  qu'un 
homme  est  mort,  on  amène  un  chien  que  l'on  fait  regar- 
der dans  la  direction  du  cadavre,  on  pense  que  cela  chasse 
le  démon  de  la  corruption  ;  deux  croque-morts  [nasâ-sa- 
Idrs)  se  tenant  unis  par  une  corde,  ce  qui  est  un  point 
capital,  revêtent  le  mort  d'un  habit  le  plus  usé  qu'on  puisse 
trouver  ;  il  est  ensuite  porté  par  des  nasâsâlâi'S  midakh- 
ma  ;  le  dakhma  est  une  vaste  tour  circulaire,  garnie  de 
compartiments,  où  l'on  dépose  les  cadavres  et  où  les  vau- 
tours viennent  les  dévorer  ;  les  os  sont,  en  dernier  lieu, 
jetés  dans  un  puits  central  ménagé  dans  l'axe  du  dakh- 
ma. Pour  assurer  le  repos  de  l'âme  du  défunt,  ses  parents 
doivent  se  livrer  à  de  longues  prières  et  à  des  sacrifices. 

E.  Blochet. 

BiUL.  :  AxQUF/riL-DuPKRRON,  Zend-Avesta^  ouvrage  de 
Zoroastre  ;  Paris,  1771.  —  Siitegel,  Avesta  (trad.  ail  j  ; 
Leipziu-,  1852-63,  3  vol.  {introd.  du  t.  H).  —  Dosabhai 
Fraaidji  (parsi),  History,  manners,  religion of  the Parseez; 
Londres,  1885.  —  James  Darmesteter,  Zend-Avestu, 
1892,  etc.  —  Karaka,  History  of  the  Parsis;  Londres,  1881, 
2  vol.  —  Houtum-Sdhindler,  Die  Parsen  in  Persien,  au 
t,  XXXVI  de  Zeitschrift  der  deutschen  Morhenlœnd. 
Gesellschaft,  1882.  —  Reuter,  Die  Parsen  und  ihrc 
Schriften;  Stuttgart,  1893. 

PARSONS  (Robert),  célèbre  jésuite  anglais,  né  àNe- 
ther  Stowey  (comté  de  Somerset)  le  "iijuin  4546,  mort 
à  Rome  le  45  avr.  4640.  H  fit  de  fortes  études  à  Oxford, 
se  convertit  au  catholicisme  à  Louvain  en  4574,  et  com- 
mença à  Padoue  des  études  médicales  qu'U  abandonna 
bientôt  pour  entrer,  à  Rome,  dans  la  Société  de  Jésus 
(4575).  En  4580,  il  fut  envoyé  en  mission  en  Angleterre 
avec  Edmond  Campion.  Il  y  pénétra  déguisé  en  soldat  pour 
dérouter  le  gouvernement  qui  n'aimait  guère  les  jésuites. 
Il  eut  bientôt  créé  un  vaste  foyer  d'agitation  religieuse  que 
l'ambassadeur  espagnol  Mendoza  songea  à  tourner  en 
agitation  politique".  En  4584,  le  Parlement  était  convoqué 
«  pour  trouver  un  remède  au  poison  distillé  par  les  je- 


—  1499  — 


PARSONS  —  PART 


suites  ».  Parsons  répondait  à  toutes  les  attaques  par  des 
pamphlets  incisifs  qu'il  imprimait  clandestinement.  Des 
prêtres  furent  arrêtés  et  mis  à  la  torture,  Campion  fut 
pris,  et  Parsons  réussit  à  passer  en  Normandie.  11  se  mit 
en  relation  avec  le  duc  de  Guise,  intrigua  avec  les  amis 
de  Marie  Stuart,  et,  d'accord  avec  le  duc  de  Lennox,  es- 
saya de  gagner  à  la  cause  de  la  reine  le  roi  Philippe  d'Es- 
pagne. Un  plan  d'invasion  de  l'Ecosse  fut  adopte,  mais  le 
l'aid  de  Kuthven  en  empêcha  l'exécution  (158:2).  Enlo83, 
Parsons  intriguait  à  Rome,  puis  en  Flandre;  en  JoBo,  il 
revenait  à  Rome  pour  arracher  une  suhvention  à  Sixte  V. 
l^e  résultat  de  toutes  ces  intrigues  fut  la  Grande  Armada. 
A  partir  de  io88,  Parsons  s'établit  en  Espagne  et  en  Por- 
tugal, où  il  ne  fut  guère  occupé  que  des  affaires  intérieures 
de  son  ordre.  En  1591,  il  recommença  ses  tentatives  pour 
pousser  Philippe  à  une  nouvelle  entreprise  en  Angleterre. 
Elisabeth  en  eut  connaissance  et  les  dénonça  dans  une  ])ro- 
clamation.  Parsons  répondit  en  pubHantson  fameux  traité, 
Conférence  ahout  ihe  next  succession  (1594),  où  il 
prouve  que  les  peuples  ont  le  droit  d'intervertir  Tordre 
direct  des  successions  au  trône  pour  de  justes  causes  et 
que  l'infante  d'Espagne,  descendant  de  Jean  de  G  and, 
avait  tous  les  droits  de  succéder  à  Elisa])etJi.  Ce  livre  fit 
scandale  en  Angleterre,  et  le  Parlement  considéra  comme 
un  acte  de  haute  trahison  le  fait  d'en  posséder  un  exem- 
plaire. Parsons,  après  s"êlre  absorbé  dans  les  intrigues 
auxquelles  donna  lieu  la  mort  du  cardinal  Allen,  devint 
recteur  du  collège  anglais  de  Rome  en  1597.  Il  eut  la 
haute  main  sur  les  nominations  du  haut  clergé  en  Angle- 
terre, et  jusqu'à  sa  dernière  heure  il  se  consacra  à  l'œuvre 
à  laquelle  il  avait  voué  sa  vie  :  le  retour  do  l'Angle- 
terre à  l'Eglise  de  Rome.  Simple,  clair,  vigoureux,  il  a  été 
un  polémiste  remarquable  et  un  des  meilleurs  écrivains  de 
son  temps.  Il  a  laissé  un  nombre  considérable  d'ouvrages 
dont  on  trouvera  la  liste  dans  de  Racker,  Bibliolhèque 
des  Ecrivains  de  la  Compagnie  de  Jésus,  lll,  564,  et 
dans  la  National  Biography  (t.  XLÏÏI).  11.  S. 

PARSONS  (ïheophilus),  jurisconsulte  américain,  né  à 
Ryficld  (Massachusetts)  le  24  févr.  1750,  mort  le  30  ocl. 
1813.  Premier  juge  de  l'Etat  de  Massachusetts  depuis 
1806,  il  a  laissé  des  ouvrages  estimés,  entre  autres:  Coni- 
mentaries  on  the  laiv  ofthe  United  States.  —  Son  lils. 
Ïheophilus  (1797-1882),  professeur  distingué  à  fUniver- 
sité  d'Harvard,  a  donné,  lui  aussi,  des  ouvrages  renommés, 
notamment  en  ce  qui  concerne  le  droit  maritime  et  le 
droit  commercial.  Citons  :  The  Law  of  contracts  (Roston, 
1873,  3  vol.  in-8,  6®  éd.)  ;  A  treatise  on  the  law  of  Ship- 
ping  and  the  law  and  practice  of  admiralty  (Roston. 
1869,  2  vol.  in-8).  R.  S. 

PARSO N  S  (Abraham) ,  voyageur  anglais,  mort  à  Leghorn 
en  1785.  Consul  à  Scanderoun  (Asie  Mineure)  de  1767  à 
1773,  il  a  fait,  de  1773  à  sa  mort,  de  nombreux  voyages 
eUxVsie  et  en  Afrique  dont  il  a  laissé  le  récit  :  Account  of 
travels  in  Asia  and  Africa  (Londres,  1808,  in- 4) .    R .  S. 

PART.  I.  Médecine  (V.  Accouchement). 

ÏI.  Droit.  —  Suppression,  SuBsirruiioN,  SupposrnoN 
DE  PART.  —  L'expression  suppression  de  part  vient  do 
notre  ancien  droit.  C'était  un  crime  consistant  à  faire 
disparaître  un  enfant  nouveau-né  ou  à  supprimer  son  état. 
Il  se  distinguait  de  la  supposition  de  part,  ayant  pour  but 
d'attribuer  à  une  femme  un  enfant  dont  elle  n'était  pas 
accouchée,  et  de  la  substitution  de  part  ayant  pour  but 
de  modifier  l'état  d'un  ou  deux  enfants  en  faisant  passer 
l'un  dans  la  famille  de  l'autre.  La  suppression  de  paît 
était  assimilée  à  l'infanticide  et  punie  comme  lui.  Notre 
Code  pénal  a,  dans  son  art.  345,  réuni  les  trois  infrac- 
tions sous  le  nom  de  suppression,  substitution  et  suppo- 
sition d'enfant,  sans  se  servir  du  mot  part,  qui  n'est  plus 
employé  en  pratique.  L'art.  345  du  C.  pén.  est  un  de  ceux 
qui  ont  le  plus  prêté  à  la  discussion  et  sur  l'interprétation 
duquel  les  jurisconsultes  n'ont  pu  arriver  à  se  mettre 
d'accord.  Cela  tient  surtout  à  la  place  assignée  dans  le 
Code  à  cet  article  et  de  la  rubrique  générale  sous  laquelle 


il  se  trouve.  Lasect.  VI,  Uv.  liï,  tit.  2  dn  C.  pén.,  dans  la- 
quelle il  figure,  est  intitulée  «  O'imes  et  délies  tendant 
à  empêcher  ou  détruire  la  preuve  de  l'état  civil  d'un  en- 
fant, ou  à  compromettre  son  existence  ».  On  en  avait  conclu 
que  l'élément  constiiutif  du  crime  de  suppression  était  la 
volonté  de  détruire  l'état  civil,  l'attentat  commis  contre  la 
personne  de  l'eiifant,  en  dehors  de  cette  intention,  ne 
pouvant  être  considéré  autrement  que  comme  un  des  crimes 
prévus  par  la  sect.  1  du  même  titre,  infanticide  ou  meurtre. 
L'art.  315  a  été  complété  par  la  loi  dn  13  mai  1863,  qui 
prévoit  le  cas  ou  l'enfant  supprimé  n'aurait  pas  vécu  et 
celui  où  il  n'aurait  pu  être  établi  qu'il  avait  vécu.  Rien 
qu'il  résuhe  des  travaux  préparatoires  que  cette  loi  n'avait 
pas  eu  l'intention  de  moditiej'  les  conditions  requises  pour 
qu'il  y  ait  crime  de  supj)rossion,  mais  seulemeiU,  de  combler 
une  lacune  regretlable  do  la  loi,  il  Ji'en  est  pas  moins  vrai 
que  la  suppression  de  l'état  civil  n'est  plus,  dans  l'esprit 
du  législateur,  l'élément  dominant,  puisqu'il  punit  la  sup- 
pression d'un  ]]K)rt-né,  c.-à-d.  d'un  enfant  ne  ])ouvant 
avoir  d'état  civil.  Aussi,  après  avoir  beaucoup  varié,  la 
jurisprudence  a-t~elle  fini  par  admettre  que  le  premier  pa- 
ragraphe de  notre  article  vise  la  suppression  de  la  per- 
sonne même  de  l'enfant,  et  qu'il  est  suffisant  qu'elle  ait 
eu  pour  effet  de  comprometlre  son  état  civil  sans  que  c*^ 
fût  là  le  but  recherché. 

Dans  notre  législation  actueiîe,  |)our  qu'il  y  ait  crime 
ou  délit  de  suppression  d'eufant,  il  faut  trois  éléments: 
1'^  suppression  matérielle  ;  2°  intention  cj'imiuelle  ;  3°  un 
enfant  comme  objet.  La  suppression  peut  avoir  Heu  de  trois 
façons  différentes  :  suppression  pure  et  simple,  subslituiion 
ou  supposition.  La  première  a  de  grandes  analogies  avec 
1  infanticide.  La  différence  entre  les  deux  est  que  l'infan- 
ticide ne  peut  résulter  que  de  la  preuve  d'un  meurtre  vo- 
lontaire, tandis  que  la  suppre^^sion  n'existe  que  si  l'inten- 
tion de  l'auteur  était,  non  de  faire  périr  l'enfant,  mais  de 
dissimuler  sa  naissance.  En  fait,  ce  dernier  crime  cache 
toujours  un  infanticide  dont  la  preuve  formehe  n'a  pu 
être  faite,  tandis  qu'oii  a  établi  celle  de  la  grossesse,  de 
l'accouchement  et  de  la  disparition  de  l'enfant.  La  subsli- 
tution  et  la  supposition  sont  exclusifs  do  tout  attentat  sur 
la  personne.  Il  en  est  de  même  de  deux  autres  crimes, 
prévus  par  le  môme  article,  l'enlèvement  et  le  recel,  qui 
ne  sont,  enréahté,  que  des  formes  de  la  suppression.  L'in- 
tention criminelle  consiste  dans  la  volonté  de  faire  perdre 
la  trace  de  l'enfant  ou  de  faire  croire  à  sa  inort  ;  l'autem' 
doit,  en  même  temps,  savoir  que  ses  uuuiœuvres  auront 
pour  effet  de  supprimer  l'état  civil.  Sous  l'ancien  régime, 
il  fallait  que  le  crime  fût  commis  conlre  un  nouveau-né, 
Texpression  suppression  de  pari  l'indique  sulfisammcjit. 
La  jurisprudence  moderne  s'est  servie  ^olontairemont  du 
mot  enfant,  en  lui  domiant  un  sens  moins  reslreinl.  Il  est 
indispensable,  à  ce  sujet,  de  faire  une  distinction  entre  le 
^  l®^'  de  l'art.  345  et  les  deux  suivauls  ajoutés  par  la 
loi  de  1863,  entre  le  crime  et  le  délit.  S'il  est  établi 
que  l'enfant  n'a  pas  vécu,  ou  s'il  n'est  pas  établi  qu'il 
a  vécu,  la  suppression  n'est  qu'un  délit  puni  d'une  peine 
de  six  jours  à  deux  mois  d'emprisonnemcjU,  dans  le  pre- 
mier cas,  de  un  mois  à  cincf  ans,  dans  le  second.  Il  ji'est  pas 
douteux  qu'il  s'agit  ici  del'eniant  qui  vieni  de  naître.  W  n'en 
es!  pas  de  même  dans  le  cas  pi'évu  par  le  ^  1  et  puni  de  la 
réclusion.  L'enfant  doit  alors  être  né  vivant,  mais  peu  im- 
porte qu'il  soit  ou  non  nouveau-né  :  la  jurisprudeiu:e  admet 
généralement  qu'il  y  a  crime  de  suppression  alors  mêjue  qu(*. 
la  naissance  remonte  aune  épocjne  éloignée,  si  la  victime  est 
encore  incapable  de  se  rendre  compte  de  sa  situation  sociale. 
Mais,  en  réalité,  ce  cas  ne  se  présentera  guère  et  presque 
toujours  la  victime  sera  un  nouveau-né. 

En  résumé,  l'art.  345  a  pour  objet  la  protection  des 
enfants  et  atteint  presque  toujours  des  crimes  d'infanti- 
cide dont  la  preuve  si  diillcile,  ou,  pour  mieux  dire,  pres- 
que toujours  impossible  à  faire,  n'a  pas  été  rapportée. 
Telle  qu'elle  était  primitivement  conçue,  cette  protection  était 
loin  d'être  complète  et  efficace,  puisque,  la  suppression 


PART 


1200 


d'un  itioi't-iié  n'étant  pus  punissable,  le  coupable  pouvait 
facilement  mettre  la  justice  dans  Timpossibilité  de  vérifier 
si  l'enfant  avait  ou  non  vécu,  lui  forçant  la  mère  à  repré- 
senter le  cadavre  et  en  la  piniissant  au  cas  où  elle  l'aurait 
fait  disparailre,  la  loi  de  18G3  a  j)ermis  de  rechercher  plus 
facilement  si  l'enfafit  avait  vécu  et  surtout  empêche 
d'échapper  à  toute  sanction  péfiale  la  mère,  dont  le  crime 


est  la   plupart  du  temps  moralement  établi,  sans  que  la 
preuve  matéi'ielle  en  ait  pu  être  faile.       L.  Levassi:uk. 

BiBL.  :  CirAUvKAu  et  Faustix  IIklii:.  Tlu-orie  du  code 
peu.,  t.  IV.  —  Garraud.  TndW'  du  droit  péiuil  français, 
t.  IV.  —  Blaxciii;,  Etudes  sur  le  Code  pénal,  t.  V. 

PART  MON u;ÀrE  (Droit  canon)  (V.  Officks  clalstualx, 
t.  XXV.  p.  ^i80). 


1  i:n    du    tome    yingt-lk\(>  l  iKMi: 


1  ^i  p  p,  I M  F,  n  I E    i: 


ap. iiArrr    t.  i